Journal des débats de la Commission de l'aménagement du territoire
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 9 février 2024
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Vol. 47 N° 42
Interpellation de la députée des Mille-Îles à la ministre responsable de
l’Habitation sur le sujet suivant : L’habitation au Québec : un autre échec
caquiste
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9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous. Alors, je déclare la Commission de l'aménagement du
territoire ouverte. Je demanderais juste bien surveiller votre téléphonie
cellulaire, de bien vouloir les fermer.
Alors, la commission est réunie ce matin
pour procéder à l'interpellation de la députée de Mille-Îles à la ministre
responsable de l'Habitation sur le sujet suivant : L'habitation au Québec :
un échec caquiste.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplaçants?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président.
Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval); M. Girard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel); et Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont) est
remplacée par Mme Dufour (Mille-Îles).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, question de règlement. Alors, conformément à l'entente qui est
survenue lors du début de la 43e législature, considérant que le député des
Îles de la Madeleine nous a informés de son intention de participer à la
commission ce matin, le deuxième groupe d'opposition interviendra lors des
trois et septième séries d'interventions et le député indépendant lors de la
cinquième série d'interventions.
Alors, nous avons commencé à l'heure.
Alors, nous n'avons pas besoin de demander le consentement pour le report.
Alors, nous allons débuter ce matin par la députée de Mille-Îles. Bonjour.
Alors, vous avez un 10 minutes de parole et, par la suite, ce sera la ministre.
Alors, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, merci à tous les tous les gens présents ici pour parler de ce
sujet fort important qui est l'habitation, la crise de l'habitation, je dois
dire. Et ce n'est plus un mystère pour personne, ce n'est pas... ça n'a pas
été... ce n'était pas une priorité d'habitation pour ce gouvernement. Pendant
tout le premier mandat, le gouvernement a nié la crise du logement, juste à la
fin... la fin... juste avant les élections, on a admis qu'il y avait une
problématique, et et on se retrouve, là, presque six...
10 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...un an
plus tard. M. le Président, depuis l'arrivée de la CAQ, où on est face à un
mur. On est en train d'aller face à un mur. Et là, actuellement, bien, l'ensemble
des Québécois en souffre. Les municipalités et tous les acteurs du milieu ont
interpelé le gouvernement. Il faut agir, mais on tarde et on tard. Évidemment,
je crois que la ministre a des bonnes intentions, mais je ne crois pas qu'elle
a tous les moyens pour agir comme elle le souhaiterait. Mais ça reste qu'on est
face à six années d'inaction qui aujourd'hui nous mènent face à un mur.
Et je vais vous faire la démonstration, M.
le Président, qu'on est face à un gouvernement qui n'a pas de plan, qui n'a pas
de vision et qui a... et qui n'a surtout pas de vision systémique. C'est... C'est...
Quand qu'on... Quand... Chaque action... On dit que chaque action, hein, a une
réaction, hein, les effets papillon. Bien, si on ne semble pas en prendre... en
prendre, comment je pourrais dire, en prendre... et prendre en considération, on
semble avoir des visions en silo et à courte vue.
Alors, malheureusement, nous sommes devant
une bien plus grande tempête que ce qu'on pouvait imaginer, et elle a été
entièrement construite par la CAQ. Elle est le fruit de l'inaction de la CAQ
dans plusieurs dossiers. Alors d'abord, nous avons le sujet de la journée,
hein, l'habitation, la crise du logement et, je dois dire, le déficit prévu de
logements nécessaires d'ici 2030. Il faudrait en construire plus de 1 million,
mais juste avec les prévisions de ce qu'on pourrait peut-être construire, on
est en déficit de 860 000, 860 000 unités de logement. 860 000,
c'est beaucoup de monde, ça, qui pourrait ne pas avoir de logement d'ici 2030.
C'est énorme.
Et comment en est-on arrivé... on en est
arrivé là? Il y a eu une négociation avec le gouvernement fédéral qui a duré
trois ans. Quand je disais que, pendant trois ans, on niait la crise, bien,
pendant trois ans, on gagnait du temps. Pendant que les autres provinces
avaient signé avec le gouvernement et agissaient, bien, nous, on attendait. Et
là je réfère à la précédente entente, celle qui avait été signée par la
précédente ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Il n'y a pas
eu de préparation ou de présentation d'un plan stratégique pour la construction
de logements et... ou d'habitations domiciliaires malgré des demandes répétées
du milieu. Il y a une économie qui est mise à mal, on ne le cachera pas, là,
par la pandémie, la pandémie de la COVID-19, mais il y a eu aussi une hausse
importante des taux d'intérêt, une hausse importante de l'inflation.
Et je dois vous dire que les autres
provinces ont prévu le coup, et ils voyaient ça venir. Ils n'ont pas dilapidé
les fonds publics à un moment où est-ce que ça allait bien. Ils savaient que
les taux d'intérêt allaient monter. Ils ont eu une prévision. Pas ici. Et
aujourd'hui, bien, ce qu'on voit en l'absence de mesures, bien, on voit une
baisse dramatique des mises en chantier. On a le pire bilan au Canada dans les
mises en chantier, le pire bilan. C'est nous, le Québec, qui tirons le Canada
vers le bas. Si ça n'avait pas été du Québec, il n'y aurait eu pratiquement pas
de baisse de mise en chantier au Canada. On a vu des baisses de 32 %. C'est...
Et puis ce que ça a créé, bien, ça a créé
un débalancement complet de l'offre et de la demande en matière de logement, ce
qui fait en sorte qu'on a vu une hausse drastique des loyers, des prix des
loyers. C'était... C'est dramatique actuellement. Et en l'absence de mesures
fiscales, plutôt je devrais dire un refus complet d'offrir des mesures fiscales
pour stimuler l'économie, bien, la situation ne fait qu'empirer. Alors, crise
du logement d'un côté, mais en plus on a une crise énergétique, M. le Président.
Elle se pointe à l'horizon. On l'a vu, on
a... On est actuellement sur le projet de loi no 41 en efficacité
énergétique. Et Hydro-Québec est venue nous dire à quel point il fallait... On
avait des enjeux avec la pointe. La pointe, c'est les moments où l'énergie est
la plus consommée au Québec. Qu'il y a des municipalités qui pourraient ne...
qui... qu'on ne pouvait pas interdire le gaz naturel parce qu'on avait des
enjeux d'approvisionnement en électricité. Ils l'ont dit, là, il y a à peine
deux semaines, et je vais même citer le premier ministre en 2022. On prévoit
que, dans les prochaines années, on va manquer d'électricité. Donc, il faut
être prudent. Pourtant, on avait des forts, des très grands surplus lorsque le
parti...
Mme Dufour : ...libéral du
Québec a quitté le gouvernement, il y avait des très grands surplus
d'électricité. Puis là, soudainement, on va manquer d'électricité. Mais, Mme la
Présidente... M. le Président, pardon, mon texte a été écrit en pensant que ce
serait une dame, les prochaines années, là, bien, c'est aujourd'hui. Les... La
filière batteries, les alumineries, les centres de données, les centres de
minage de cryptomonnaie, ce sont des grands consommateurs d'électricité. Il
faut les servir, c'est vrai, mais est-ce qu'on peut prioriser d'abord, penser
aux futurs quartiers résidentiels? Nos gens ont le droit d'être logés en
priorité. Il est où le plan du gouvernement pour ces gens-là, elle est où la
stratégie de développement?
Là, on a vu un plan, là, d'Hydro-Québec,
là, très, très ambitieux, mais c'est sur un fort très long horizon. Et
malheureusement, on voit le nombre de cas où Hydro peine à brancher les
nouveaux clients qui augmentent. Et il informe les municipalités que tout
projet domiciliaire pourrait être difficile à brancher, qu'il faut prévoir du
gaz naturel. Mais on ne peut plus attendre quelques années. Les besoins
énergétiques, c'est maintenant. On l'a dit, on a une crise du logement. Il faut
rattraper, il faut rattraper un retard immense qu'on a... qu'on a accumulé.
Maintenant, on a aussi une crise des infrastructures
municipales, comme je l'ai dit, et là, c'est colossal pour nos infrastructures,
elles sont vieillissantes. Le déficit de maintien des actifs en infrastructures
municipales en eau, c'est de 38 milliards aujourd'hui. Des... Il y a des
terrains, là, qui seraient propices à la construction de logements mais qui
restent inoccupés actuellement parce que les investissements nécessaires sont
trop importants et imposants pour les municipalités. Elles ne peuvent pas
financer ces travaux-là, puis, évidemment, ça impacte les coûts des logements,
et on voit des milliers d'unités qui sont retardées.
Est-ce que la planification de ces travaux
est faite? Bien, actuellement, elle est au point mort parce qu'il y a une
négociation avec le gouvernement fédéral pour le transfert de la TECQ, la TECQ,
ça, c'est le programme, là, sur la taxe de l'essence, et des sommes qui...
Avant les municipalités avaient accès à des sommes importantes et essentielles
pour les infrastructures municipales. Bien là, maintenant, on ne sait même pas
en... cette année-là, il y a eu un cri du cœur des municipalités, on ne sait
même pas si on aura accès à ces sommes-là prochainement.
Donc tous ces retards d'investissement,
bien, en infrastructures font en sorte qu'un homme... un nombre grandissant de
municipalités doivent retarder, même stopper le développement immobilier
résidentiel de leur communauté en raison de la capacité limitée de leurs
infrastructures en eau, eau potable, mais aussi eaux usées. Et ce qu'on voit
aussi, c'est des moratoires. Beaucoup, plusieurs municipalités ont dû faire des
moratoires, et actuellement les programmes qui sont en place ne sont pas
suffisants pour pallier.
• (10 h 10) •
Donc, maintenant ce que j'essaie de faire
comme portrait, ce que j'ai mentionné, c'est le manque de vision systémique, et
je vous présente ce problème-là dans cette vision-là parce qu'il n'y a rien...
tout est dans tout, comme on dit, et tout est interrelié. Et, pour pouvoir se
sortir de la crise du logement, bien, on va avoir besoin évidemment de
construire beaucoup plus, mais ça va impliquer d'avoir aussi beaucoup plus
d'électricité et avoir aussi beaucoup plus d'infrastructures ou des
infrastructures qui doivent... qui devront être mise aux normes. Il y a des
endroits où est-ce que les études pour voir si le réseau peut accueillir un
nouvel... un nouvel immeuble prend des années à faire. C'est des années qu'on
n'a pas, M. le Président, mais on ne semble pas avoir vu ça d'avance, on ne
semble pas avoir eu cette vision systémique là d'avance. Et aujourd'hui, on se
retrouve face à une tempête parfaite. Malheureusement, ce n'est pas positif,
cette tempête-là. On s'en va dans un mur, M. le Président. Il nous faut un plan
global, mais un plan qui va adresser tous ces enjeux-là, pas seulement la crise
du logement, pas seulement le logement social, l'ensemble, parce qu'on a besoin
de construire davantage de logements pour être capables de se sortir de la
crise. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Mille-Îles. Alors, nous allons maintenant du côté
ministériel, et j'écoute la ministre de l'Habitation.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. D'abord, j'aimerais saluer mes collègues des oppositions, mais aussi
mes collègues... et surtout mes collègues ici du gouvernement, la députée de
Labelle et adjointe parlementaire, députée de Roberval, députée
d'Anjou-Louis-Riel. Alors, merci de m'accompagner dans ces beaux moments ce
matin.
Donc, écoutez, je suis contente tout de même
de... d'être ici aujourd'hui, là, et de discuter avec la députée des
Mille-Îles, qui m'a invitée à cette...
Mme Duranceau : ...interpellation.
Elle nous fait la démonstration que sa formation politique comprend ce qui
préoccupe les Québécois. Alors... Et puis ça, bien, moi aussi, ça... ça me
préoccupe. Alors, vous savez, on fait face à une crise du logement. Elle
affecte énormément de Québécois. Elle touche les locataires, les propriétaires,
les premiers acheteurs. On a dit crise du logement, mais effectivement, c'est
une crise de l'habitation. Ça a aussi des impacts, notamment sur les services
sociaux. On voit une hausse de plusieurs phénomènes, notamment l'itinérance.
C'est un problème complexe et multifactoriel qui cause beaucoup de stress et de
détresse. On a d'énormes défis devant nous en habitation. C'est un enjeu
économique, mais aussi humain. Et j'ai envie de le dire d'emblée à la députée
des Mille-Îles : Je crois sincèrement que, si on veut régler la crise du
logement, on doit travailler en collaboration avec les villes, avec le fédéral,
avec les promoteurs privés, avec les OBNL, mais aussi entre partis politiques.
Et je travaille aussi bien sur... et je travaille aussi, bien sûr, en
concertation avec mes collègues ministres, notamment aux Services sociaux, aux
Finances, au Travail, aux Relations canadiennes, aux Affaires municipales, et
j'en passe. Alors, je fais confiance à ma collègue pour élever le débat
aujourd'hui. C'est un sujet trop important pour que l'on fasse de la partisanerie.
On parle d'un besoin de base des Québécois. Vous savez, quand j'ai été nommée
ministre responsable de l'Habitation, j'étais très fière qu'on me confie cette
responsabilité. Le premier ministre m'avait bien... avait bien cerné mon
profil. Je suis comptable et fiscaliste de formation et j'ai aussi travaillé en
immobilier commercial. Je suis donc très consciente des défis qui sont devant
nous. Et, dans un premier temps, il faut le dire, sans être défaitiste :
Il y a plusieurs facteurs qui causent la crise du logement. Il y en a plusieurs
qu'on ne contrôle pas et on est présentement face à une importante pénurie de
main-d'oeuvre et à une hausse majeure du coût des matériaux. Et le rapport de
la SCHL, paru la semaine dernière, nous le confirme, surtout à Montréal,
l'afflux massif de résidants non permanents exerce une pression importante sur
la demande de logements. J'en profite pour réitérer qu'on demande au
gouvernement fédéral de prendre ses responsabilités. On leur demande de mieux
répartir ces personnes à l'intérieur du Canada et on veut un remboursement des
dépenses encourues par le Québec pour les accueillir.
Mais je reviens à la question plus précise
du logement. La pénurie de main-d'œuvre, la hausse du coût des matériaux et la
croissance démographique, ce sont des facteurs avec lesquels on doit composer.
Heureusement, mon collègue député de Trois-Rivières et ministre du Travail a
déposé la semaine dernière son projet de loi pour réformer l'industrie de la
construction. C'est un projet de loi costaud, courageux, qui contient plusieurs
mesures qui, à terme, s'il est adopté, vont faciliter et accélérer la
construction. Il peut compter sur toute ma collaboration et, j'espère, celle
des oppositions. On a aussi hérité d'un contexte très difficile en Habitation à
notre arrivée au gouvernement en 2018. Les gouvernements précédents avaient
annoncé près de 15 000 logements qu'ils n'avaient pas été en mesure
de livrer. C'est le fameux arrérage AccèsLogis. Je m'y suis attaqué dès mon
arrivée en poste de manière très, très chirurgicale. Je me suis assise avec mon
cabinet et les équipes de la SHQ, et on a regardé comment on pouvait faire pour
que ces projets sortent de terre le plus rapidement possible. On a notamment
haussé les subventions pour le programme AccèsLogis qui étaient trop basses
pour le contexte actuel et on a bonifié l'accompagnement des organismes par la
SHQ pour s'assurer que les projets soient construits. Grâce à nos efforts, on a
diminué l'arrérage de 15 000 à 6 000 projets. On a dû être rigoureux,
mais on est très fiers de ce résultat, et le travail continue. On prévoit que
pour l'année 2025-2026, on aura complètement liquidé l'arrérage
AccèsLogis. Vous savez, on parle beaucoup de chiffres en habitation, ça peut
avoir l'air désincarné, mais les unités qu'on a retirées de l'arrérage
AccèsLogis, c'est du concret, ça veut dire plus de logements sociaux et
abordables pour les Québécois, ça veut dire des logements neufs qui respectent
la capacité de payer des nouveaux arrivants, des travailleurs, des personnes
seules, des familles, des personnes âgées, et j'en passe. Je suis très fière de
ça, et, malgré un contexte vraiment difficile, on livre en habitation pour les
Québécois. Ça ne va pas assez vite, j'en conviens et j'y reviendrai, mais énormément
de projets vont sortir de terre dans les prochaines années grâce aux efforts...
Mme Duranceau : ...de notre
gouvernement. On ne ménage pas nos efforts pour atteindre nos objectifs. Notre
objectif numéro un, M. le Président, c'est d'augmenter l'offre de logement...
pour le moment.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, nous allons maintenant débuter la période d'échange, des portions de
cinq minutes. Alors, nous débutons par la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je vous avoue que je pensais de commencer dans quatre minutes. Donc,
je vais commencer, d'abord, pour... Dans ce premier bloc, je vais parler de la
situation des mises en chantier. Donc, d'emblée, il faut reconnaître que la
crise du logement s'est aggravée partout en province. Et la SHL a publié ses
données, là, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, il y a
quelques semaines à peine, et les données sur les mises en chantier
résidentielles pour le mois de décembre, en fait, pour le Québec, là, c'est
catastrophique, catastrophique. On a eu une petite hausse en décembre, mais
pour l'ensemble de l'année, là, ça se termine avec une baisse de 33 % dans
les centres urbains du Québec, c'est vraiment catastrophique, alors qu'on devrait
être en rattrapage, on est en recul.
Donc, on ne s'en va vraiment pas dans la
bonne direction, M. le Président. Donc, l'écart s'agrandit. Les taux
d'inoccupation, bien, vous aurez compris qu'ils baissent à vue d'œil. Il y a
nombre de municipalités aujourd'hui qui se retrouvent avec des taux
d'inoccupation à zéro. Et plusieurs... la plupart des villes se trouvent en bas
ou près du 1 %, ce qui est famélique. Mais quand on regarde le portrait
sur les logements abordables, là c'est encore pire, parce qu'il y a quand même
un certain pourcentage de logements plus dispendieux qui... dans cette
catégorie-là, on retrouve des taux d'inoccupation plus élevés. Et donc, dans
l'ensemble, quand on est dans la catégorie logement abordable ou social, bien
là, c'est vraiment zéro partout, partout, partout.
Et on voit, là, lorsqu'il y a des annonces
de location, là, les gens, là... il y a une multitude de personnes qui se
lancent. Je le mentionnais plus tôt d'emblée, là, il faudrait construire 1,2
million de logements d'ici 2030, et, pour ça, il faudrait vraiment... il
faudrait tripler, tripler les mises en chantier. Mais, au lieu d'augmenter, on
a réduit, on s'en va vraiment dans la mauvaise direction. Eh bien, ça a aussi
un impact sur l'accès à la propriété, parce qu'aujourd'hui, bien, s'il n'y a
pas de logement qui se construit, s'il n'y a pas de nouvelle habitation, maison
qui se construit, bien, ça devient vraiment difficile d'en acheter. Les jeunes
ménages, là, qui tentent de s'acheter une propriété, bien, ce n'est plus
possible actuellement.
• (10 h 20) •
Et je vais... Je vais le mentionner, là,
on doit augmenter le taux de propriété des ménages québécois. Lorsqu'une
personne se déplace d'un loyer, d'un logement locatif vers une propriété, ça
libère un logement pour d'autres personnes. Actuellement, ce mouvement-là ne se
fait pas, ne se fait pas, et là il y a comme un goulot d'étranglement qui se
crée. Et donc la baisse du taux de propriété, c'est observé sur l'ensemble des
régions administratives du Québec. Il y a eu des diminutions importantes dans
la région que je représente, M. le Président, Laval, notamment, fait partie des
endroits où il y a eu un plus grand recul du taux de propriété. Pourtant,
Laval, il y a quand même... il y a eu quand même beaucoup de constructions dans
les années où j'étais au municipal. Mais il faut absolument que cette situation
change, autrement, comment... comment peut-on penser qu'on va se sortir de la
crise s'il n'y a pas de mise en chantier? Comment les gens pourront se payer un
loyer s'il n'y a pas de nouvelles constructions qui permettent de déplacer les
locataires qui ont les moyens de vivre... de devenir propriétaires? Comment
va-t-on... Il y a vraiment actuellement, là, un enjeu de disponibilité et,
comme je l'ai dit, M. le Président, on ne s'en va pas dans la bonne direction.
Alors, moi, ce que j'aimerais, et les
chiffres, ils doivent absolument changer, mais j'aimerais savoir quel est le
plan de la ministre pour corriger la situation. J'aimerais l'entendre dans ce
prochain bloc, là, j'aimerais, sur les mesures qu'elle compte mettre en place
pour augmenter les mises en chantier actuellement, maintenant, et et faire en
sorte...
Mme Dufour : ...que nos jeunes
familles puissent aussi se les payer, parce qu'elles doivent avoir accès.
Actuellement, là, elles sont... Il faut... Il faut gagner très cher, M. le
Président, actuellement, pour être capable de faire une mise de fonds sur ces
propriétés qui sortent de terre, les rares qui sortent de terre, ça en prend
beaucoup. Alors, j'aimerais connaître le plan de la ministre pour aider les
jeunes à accéder à la propriété et augmenter les mises en chantier.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée de Mille-Îles. Et je rappellerais que les mêmes règles s'appliquent
que lors de la période de questions. Les applaudissements sont bannis lors
des... de l'interpellation. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, je vais justement en profiter dans ce bloc-ci pour
parler de nos efforts pour augmenter l'offre de logements. On le sait, la
rareté de logements met une pression à la hausse sur les prix, souvent au
détriment des locataires. Les propriétaires font aussi face à un contexte
financier difficile, notamment avec la hausse des taux d'intérêt. M. le
Président, je vous avertis, vous allez être tanné de m'entendre le répéter, il
faut augmenter l'offre, c'est ma priorité de l'année, surtout le... l'offre de
logement social et abordable, mais l'offre de logement de manière générale.
C'est vraiment un des éléments les plus importants pour résorber la crise du
logement et pour contrer aussi tous les comportements... les effets pervers,
là, sur les comportements qu'entraîne la rareté des habitations.
Étant donné le contexte difficile que j'ai
détaillé à ma première intervention, on doit être créatifs pour augmenter
l'offre. On ne peut plus se contenter de faire ce que l'on a toujours fait. On
doit penser en dehors de la boîte. Et vous savez, moi, je suis impatiente,
aussi impatiente que le premier ministre. Je suis une fille d'action et de
solutions. Je veux des résultats. Et, avec la crise du logement qui affecte des
dizaines de milliers de Québécois locataires, propriétaires ou acheteurs, on ne
peut pas se permettre d'attendre pour augmenter l'offre.
En ce moment, c'est trop long construire
au Québec. J'ai parlé plus tôt de la réforme de mon collègue ministre du
Travail au niveau de la construction, qui va certainement contribuer à
accélérer les chantiers si elle est adoptée. Et ma collègue députée de
Chicoutimi, anciennement ministre des Affaires municipales et de l'Habitation,
a créé le Programme d'habitation abordable Québec pour corriger les lacunes
d'AccèsLogis, ce qui m'amène à apporter d'ailleurs certaines précisions sur le
PHAQ.
Il va nous aider à éliminer le maximum de
contraintes pour accélérer la construction de logements. Il met l'accent sur
des projets qui réunissent les conditions gagnantes pour démarrer rapidement.
Ces projets doivent répondre à des besoins régionaux bien précis, en plus
d'être appuyés par la municipalité où ils seront développés. Ils doivent
également tenir compte des besoins particuliers de chaque clientèle, qui
varient d'une région à l'autre. Bref, on met dans le coup tous les acteurs qui
ont une compréhension fine de leur milieu pour avoir un projet prêt à démarrer
rapidement, avec une obligation de résultat très claire. Les délais, c'est le
nerf de la guerre. En immobilier, le temps c'est de l'argent.
Ceci dit, le PHAQ est un jeune programme
et il est encore perfectible, et nous n'hésiterons pas à apporter les
améliorations requises, et on reconnaît qu'il y a... qu'il y avait, du moins,
certaines améliorations qui étaient requises. Mais il possède des
caractéristiques qui en font un outil précieux pour aborder les défis qui sont
face à nous.
Autre élément du PHAQ sur lequel
j'aimerais apporter des précisions, le secteur privé reste un acteur au même
titre que tous les autres qui évoluent dans l'écosystème de l'habitation. Nous
recherchons simplement un juste équilibre pour mettre le maximum de joueurs sur
la patinoire, et, dans les circonstances, je pense qu'on a besoin de tout le
monde. La contribution de tous est importante. Nous voulons additionner plutôt
que soustraire en habitation.
Dans le premier appel de projets, en 2022,
on a sélectionné 41 projets pour un total de plus de
1 700 unités. On a sept projets qui sont déjà en sentier et qui... en
chantier et qui représentent 325 unités. Alors, c'est un programme qui
exigeait que les projets démarrent à l'intérieur d'une période de 18 mois
et, par conséquent, ça nous assure que les projets sont livrés à l'intérieur de
trois ans, et c'est ce que nos prévisions démontrent.
Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas suffisant.
C'est pourquoi, à mon arrivée, en m'appuyant sur l'excellent travail de ma
collègue, j'ai voulu améliorer le travail... le programme. On a ajouté un prêt
de démarrage qui aide les organismes à payer, entre autres, les professionnels
qui sont impliqués au début du projet. Je suis consciente que ça va accélérer
les choses. Depuis mon entrée en poste en octobre 2022, on a déjà 999...
Mme Duranceau : ...unités qui
ont été annoncées, qui s'ajoutent aux 1 700 qui avaient été annoncées par
ma collègue. Des projets PHAQ sont en train de sortir de terre et on va avoir
une foule de mises en chantier d'ici au printemps. La SHQ fait un suivi très
serré avec les organismes qui sont sélectionnés. Les projets ont entre 12 et
18 mois pour sortir de terre, ce qui nous assure qu'on n'accumulera pas un
arrérage comme avec AccèsLogis. On estime que d'ici à la fin de 2026, les
projets PHAQ qu'on a annoncés en 2023 seront sortis de terre, et, si on compare
aux projets AccèsLogis qui se sont accumulés sans sortir de terre pendant plus
de 10 ans, le PHAQ, c'est une petite révolution, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Alors, j'en profite pour saluer notre bel auditoire ce matin
dans nos tribunes, alors bonjour à vous. Bienvenue à l'Assemblée. Alors, pour
la suite, je donne la parole à Mme la députée de Labelle pour un cinq minutes.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Bien, à mon tour de saluer évidemment ma collègue ministre, qui
travaille très, très fort et dont je suis quand même très fière malgré le vent
de face. Donc, je profite aussi de l'occasion pour saluer mes collègues des
oppositions et évidemment de la banquette gouvernementale.
Vous savez, M. le Président, moi je suis
témoin, là, de tout ce que mes collègues font. Mme la ministre en parlait,
c'est interministériel l'Habitation, ça touche les Affaires municipales, le
Travail, l'Emploi, la SHQ est à l'oeuvre, Finances, Santé, les Services
sociaux, et j'en passe. Et puis c'est tellement faux de dire qu'on n'est pas en
action. Au contraire, on est très, très, très en action. Puis cette semaine,
évidemment, on a eu l'occasion, là, d'entendre mon collègue le ministre des
Finances... pardon, le ministre du Travail nous parler de la construction, puis
on sait à quel point les... c'est criant de ce côté-là. Et on a aussi... on
connaît aussi une importante pénurie de la main-d'œuvre, puis j'aurai
l'occasion d'y revenir. Les règles sont très contraignantes dans le domaine de
la construction, ça prend beaucoup trop de temps avant de faire aboutir les
projets en construction au Québec.
• (10 h 30) •
Mais heureusement, la semaine dernière, le
ministre du Travail a imposé... a annoncé un important projet de loi qui vise à
moderniser l'industrie de la construction. Le projet de loi s'inscrit dans une
série d'initiatives visant à renforcer l'industrie de la construction. Avec
cette grande réforme, on vise à agir sur plusieurs fronts parce qu'il faut
absolument accroître la productivité et l'efficacité sur les chantiers. En
mettant en œuvre des mesures qui visent l'organisation du travail, la
polyvalence des travailleurs de la construction... on va être capable de mettre
en valeur toutes ces choses-là, puis ça va faciliter l'avancement des projets
d'habitations. Le projet de loi va permettre aux salariés permanents des
offices d'habitation du Québec de réaliser des travaux d'entretien.
Imaginez-vous, ça ne se faisait pas, ça n'a pas de bon sens. Des travaux de
réparation, de rénovation et de modifications dans les logements, dont les
offices sont responsables. Le projet de loi de mon collègue va permettre
également une plus grande mobilité de la main-d'oeuvre. Ça a-tu du bon sens, M.
le Président, qu'un employé de la construction qui... qui est dans un quartier
ne pouvait pas aller travailler à 50 kilomètres de chez lui? Donc, le
projet de loi va venir aider de ce côté-là, va venir... voyons, permettre la
mobilité de la main-d'oeuvre sur le territoire québécois pour bonifier la
flexibilité et ainsi sortir plus de logements et plus rapidement. C'est
important de souligner l'aspect inclusif de ce projet de loi là. On facilite
l'accès à l'industrie de la construction aux membres des Premières Nations et
Inuits ainsi que les personnes issues de l'immigration. On se donne plus de
main-d'oeuvre pour mener à terme les projets immobiliers. Donc, nous accuser de
ne rien faire, c'est faux.
Ce n'est pas tout, M. le Président. On a
lancé une vaste opération de formation des travailleurs. Voyez-vous
l'interministérialité ici encore une fois, là? L'automne dernier, on a annoncé
d'importants investissements pour 4 000 à 5 000 personnes dans
des métiers en forte demande sur les chantiers : charpentier-menuisier,
opérateur de pelles, opérateur d'équipement lourd, ferblantier, frigoriste, électricien
et tuyauteur. Ce n'est pas rien, 300 millions ont été alloués à cette
offensive. Ça fait que ça, là, c'est... il ne faudra jamais... On ne le dira
jamais assez, là, c'est concret, puis on agit. Le ministère de l'Éducation du
Québec, par ailleurs, et la Commission de la construction du Québec vont
collaborer dans les prochains mois pour proposer des options travail-études.
Voyez-vous, encore une fois, il y a des actions concrètes. L'industrie de la
construction joue un rôle majeur dans la planification de l'économie, vous avez
raison, Mme la députée de Mille-Îles, puis c'est pour ça qu'on est dans
l'action. Vous avez raison, il faut travailler en équipe. Elle représente,
l'industrie de la construction 7,9 % du produit intérieur brut du Québec
en 2022...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Jeannotte : ...Près
de 73 milliards de dépenses d'investissement en construction ont eu lieu
en 2022. ...c'est pour ça qu'on s'y attaque. L'industrie de la construction est
essentielle à la réalisation des projets de construction de logements résidentiels.
Et le projet de loi du ministre du Travail prévoit également une exemption
partielle de l'application de la loi pour les salariés embauchés par les
offices d'habitation. Encore là, ça va nous aider, M. le Président. Cette
exclusion vise à faciliter la rénovation et rapidement remettre sur le marché
les logements sociaux et abordables sous la responsabilité des offices d'habitation
du Québec parce que dans certaines régions les offices d'habitation peinent à
trouver des entrepreneurs pour réaliser rapidement les travaux nécessaires à la
remise sur le marché de ces logements. Puis ça, ça nuit à l'accès au logement
abordable. En résumé, M. le Président, la logique du projet de loi est de
donner des outils et des leviers à...
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la députée de Labelle. Votre temps est écoulé. Alors, nous
allons maintenant du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de
Mille-Îles, cinq minutes pour vous.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Maintenant, dans cette... ce moment d'échange, j'aimerais vous
parler des enjeux énergétiques du Québec, mais liés à la crise du logement, à l'habitation.
Et donc, je l'ai mentionné, là, c'est un... encore une fois, le manque de
vision systémique du gouvernement. Cette crise énergétique là, elle a été créée
de toutes pièces par des décisions caquistes. Il y a... Il n'y a pas si
longtemps que ça, on avait des grands surplus, puis on a eu un contrat avec New
York et puis soudainement on a vendu notre électricité à des usines, on a été
vendre ça à la filière batterie et à un paquet de groupes. Puis là,
soudainement, on voit qu'il y a des projets domiciliaires qui pourraient être
bloqués, temporairement ou non, mais Hydro-Québec est clair, il pourrait
manquer d'électricité, particulièrement pour la pointe. Il y a même l'Institut
économique de Montréal qui a... qui en a parlé. Il parle d'un manque à combler
en 2027, qui pourrait toucher à la fois l'énergie et la puissance, et qu'on
estime, là, que les solutions envisagées par Québec sont trop tardives et
insuffisantes.
Et là mon objectif, ce n'est pas de faire
peur aux citoyens ou aux villes, mais il y a de quoi quand même s'inquiéter. Et
quand on regarde les... la littérature, les nouvelles, on voit à toutes les
semaines des... des éléments à ce sujet là. Il y a quelques semaines, c'était
la ville de Saint-Bruno, les élus qui souhaitaient faire un écoquartier
100 %, là, carboneutre. Ils se sont fait dire par Hydro-Québec : Non,
non, non! Vous devez absolument penser à un approvisionnement en gaz naturel,
parce qu'on pourrait ne pas être capable de vous offrir la totalité de l'électricité
que vous allez avoir besoin, en pointe notamment.
Il y a des maisons, là, qui sont prêtes à
être livées... livrées, mais qui ne sont pas habitables parce qu'il y a des
délais d'Hydro-Québec pour les brancher au réseau. Est-ce qu'on est... Et
malheureusement, là, on a vu des familles qui se retrouvent à la rue parce qu'ils
sont en attente d'un branchement. Il y a un couple à saint... Saint-Bruno, mais
Saint-Bruno près d'Alma, donc, qui s'est retrouvé à vivre dans un Airbnb
plusieurs mois parce que leur projet domiciliaire, il n'était toujours pas
branché, près de deux ans, deux ans, M. le Président, après avoir fait la
demande. À Saint-Côme, c'est 200 propriétés qui ont été mises sur pause en
raison des retards d'Hydro-Québec. À Gatineau, la mairesse a eu la mauvaise
nouvelle d'apprendre que des projets d'habitation à venir pour être retardés
afin de laisser le temps à Hydro d'augmenter sa capacité de distribution dans
la région. C'est inacceptable. Et ça, on parle d'années, là, pour faire ces
mises à niveau là. Et Gatineau, je le rappelle, c'est une des régions où la
crise du logement est la plus aiguë.
C'est là qu'il faut agir. C'est aussi les
plus défavorisés face à l'Ontario, je vais y revenir, et on a pu... on a pu
entendre le P... le D.G., le directeur général de l'APCHQ en Outaouais... La
députée de Labelle disait qu'il fallait travailler en équipe avec l'industrie
de la construction, mais l'industrie de la construction vous a dit : Je
crois que le premier ministre Legault doit avoir une discussion avec le P.D.G.
d'Hydro-Québec. Nous sommes en pleine crise du logement, et un représentant d'Hydro
vient dire à la ville de Gatineau que des projets résidentiels pourraient être
retardés parce qu'on n'a plus d'électricité. Ça, c'est le message. Et là on
entend aussi la société d'État dire que les délais qui sont liés aux demandes
de raccordement, bien, c'est en fait parce qu'ils auraient augmenté de
50 % depuis la pandémie...
Mme Dufour : ...mais, M. le
Président vit des chutes de mises en chantier. Alors, qu'est-ce qui va se
passer quand les mises en chantier vont redécoller? Est-ce qu'ils vont être
capables de suivre la cadence avec toutes les autres demandes qui vont venir
des industries de la filière batterie et de New York? Je pose la
question : Est-ce qu'on aura l'électricité puis est-ce qu'ils seront
capables de brancher, suivre la cadence des nouveaux projets? Est-ce que la ministre
va pouvoir s'imposer au Conseil des ministres et convaincre ses collègues à
l'Énergie que la priorité d'Hydro-Québec, c'est de brancher notre monde qui a
besoin de se loger? Ça devrait être ça, la priorité première d'Hydro-Québec.
Puis actuellement, ce qu'on voit, c'est qu'on nous dit : Bien... puis
pourtant, ça fait partie de la mission d'Hydro, mais ce qu'on voit, c'est que,
finalement, oui, on va vous brancher, mais ça pourrait prendre quelques années.
Et les exemples, là, ils sont nombreux. Il y en a beaucoup d'autres en région,
notamment, les régions plus éloignées. C'est inacceptable, M. le Président, il
faut loger notre monde en priorité et on doit le faire rapidement. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée de Mille-Îles. Alors, nous allons maintenant du côté de la
ministre. Alors, la parole est à vous pour cinq minutes.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
M. le Président, je suis contente de retrouver aussi mon collègue de Québec
solidaire. Je pense qu'on a eu une bonne collaboration, somme toute, avec son
parti pendant la commission parlementaire sur le projet de loi no 31. Je vais
prendre le temps de vous en parler dans un prochain bloc.
Mais avant ça, permettez-moi un aparté sur
la question de la collaboration. C'est beau critiquer, là, mais j'ai beaucoup
parlé de l'importance de collaborer, puis j'y crois vraiment, parce que, quand
on met tous nos cerveaux ensemble, on est capable de penser à des solutions
innovantes puis sortir du statu quo. Dans mon parcours professionnel, j'ai
toujours été connu comme quelqu'un qui obtenait des résultats. J'attribue ça en
grande partie au fait que j'adore travailler en équipe. Puis on est toujours
plus forts ensemble. On n'est pas toujours d'accord, les oppositions et moi, mais
dans notre engagement politique... notre engagement politique part de la même
place puis on veut faire avancer les choses. C'est particulièrement vrai dans
le domaine de l'habitation. C'est très complexe, et comme ministre, j'ai besoin
de tous les alliés possibles pour réaliser mon mandat. J'ai de gros défis
devant moi, rétablir l'équilibre entre les propriétaires et les locataires,
développer l'offre de logements et j'en passe. Heureusement, je suis vraiment
privilégiée de pouvoir compter sur l'appui de mes collègues ministres.
• (10 h 40) •
J'ai parlé à quelques reprises de la
réforme de la construction de mon collègue au travail, la députée de Labelle,
là, vient tout juste d'en parler. Le projet de loi visant à moderniser
l'industrie de la construction a pour objectif d'accroître la productivité et
la collaboration au sein de l'industrie de la construction. Celle-ci est plus
sollicitée que jamais par les nombreux projets d'infrastructures et de
logements dont la société québécoise a besoin. J'ai confiance que plusieurs
mesures proposées par mon collègue auront un effet positif sur la construction
de logements.
J'ai aussi d'autres collègues avec qui je
travaille en étroite collaboration. Ma collègue ministre de l'Emploi et députée
de Duplessis a lancé une offensive massive pour la formation de main-d'œuvre
dans les métiers de la construction les plus en demande. Combinée avec la
réforme proposée dans le p.l. n° 51, je m'attends à
ce que l'impact sur le dynamisme de l'industrie de la construction soit majeur.
Évidemment, les résultats ne se feront pas sentir du jour au lendemain, mais on
est vraiment en train de placer les bons pions à la bonne place pour que les
choses évoluent.
En plus de contribuer à la construction de
logements, mes collègues ministres contribuent à donner des services aux
personnes les plus vulnérables. Je pense notamment au ministre responsable des
Services sociaux et député de Taillon avec qui je travaille sur le dossier de
l'itinérance. Parmi les 8 000 unités de logement social et abordable
annoncées, on en a 500 qui vont être réservés pour cette clientèle. 500, c'est
le minimum. Si on en a besoin de plus, il y en aura plus. C'est mon adjointe
parlementaire, la députée de Labelle, qui est chargé de faire atterrir ces logements,
en collaboration avec le ministre responsable des Services sociaux et son
équipe. Les personnes en situation d'itinérance ont des besoins particuliers et
sont très vulnérables. Je ne vous apprends rien. On va donc redoubler
d'efforts... redoubler nos efforts pour leur offrir des milieux de vie adaptés
à leurs besoins. On a déjà plusieurs exemples concrets.
Il y a tout juste quelques semaines, mon
adjointe parlementaire, la députée de Labelle, me représentait à l'inauguration
du Pavillon Robert-Lemaire de l'organisme Maison du Père à Montréal. Ce projet,
réalisé en collaboration avec la Ville de Montréal et la SCHL, compte
54 studios pour hommes en situation de précarité ou d'itinérance, situé
sur la rue Atateken, dans l'arrondissement Ville-Marie. Ces nouveaux
logements...
Mme Duranceau : ...accueille,
depuis le 1er décembre, des hommes vulnérables qui sont suffisamment
autonomes pour vivre en communauté avec une supervision réduite. C'est un
milieu de vie sécuritaire, moderne et adapté aux besoins des locataires. Il
bénéficiera de la présence d'intervenants sociaux de jour. Conçu autour d'une
cour intérieure avec une entrée indépendante pour chaque studio, ce nouveau
projet permettra aux hommes locataires de développer leur autonomie tout en
bénéficiant d'un accompagnement social et d'une salle communautaire. C'est
l'exemple parfait du genre de projet qui se concrétise justement grâce à la
collaboration entre les ministères. On a aussi... Et évidemment les
intervenants sur le terrain.
On a aussi le projet, Le Christin, qui a
été inauguré par mon collègue des Services sociaux ce lundi à Montréal. C'est
le plus grand projet du genre jamais construit au Québec. Il offre un logement
à 120 personnes en situation ou à risque d'itinérance. Plus de 80 %
des logements bénéficient de suppléments au loyer permettant aux résidents et
aux résidentes de débourser seulement 25 % de leurs revenus pour se loger.
Ces suppléments au loyer sont évidemment financés en grande partie par la SHQ.
Hein, je vous dis que c'est un travail
d'équipe, M. le Président, c'est ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition. Et la parole est au député de Laurier-Dorion pour cinq minutes.
Alors, allez-y.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Je commence par saluer mes collègues du parti ministériel ainsi que
des oppositions, le personnel politique ainsi que M. Claude Foster,
président... non, directeur général de la Société d'habitation du Québec. Je ne
veux pas... enfin.
Donc, voilà, on est ici dans un débat sur
la question de... sur la crise de l'habitation, sur la crise du logement, là.
C'est intéressant. J'entendais les propos des collègues, là, et je pense que,
dans tous ce débat-là, il faudrait apporter une dimension historique, là, qui
peut nous éclairer grandement sur la situation actuelle, en général c'est le
rôle de l'histoire, et regarder le passé pour nous... pour éclairer le présent
et peut-être dégager des lignes pour l'avenir, en tout cas on l'espère.
Et dans ce sens-là, j'ai eu le plaisir ce
matin d'être, comment dire, le transporteur d'un petit cadeau pour la ministre
de l'Habitation de la part de M. François Saillant, militant pour le logement
bien connu, qui vient de publier un livre qui s'appelle Dans la rue, que je
recommande à tout le monde de lire, où est-ce qu'il fait l'histoire du FRAPRU,
le FRAPRU, le Front... le Front en réaménagement urbain, que tout le monde...
tout le monde connaît. Il fait l'histoire de cet organisme-là, un organisme
étroitement relié à toute la dynamique du... de l'habitation ici, au Québec.
Et, à la lecture de ce bouquin... de ce bouquin-là, on se rend compte que
l'histoire des crises du logement sont répétitives au Canada et au Québec, là.
Et la solution ou la... comment dire, l'approfondissement de ces crises-là sont
étroitement reliées à des politiques publiques, là, qui sont déclenchées à un
moment ou à un autre. Mais il y en a une qui revient très régulièrement, là,
c'est toute la question de la lutte au déficit. Chaque fois qu'il y a une lutte
au déficit, que ce soit au Canada ou au Québec, là, c'est le logement... les
politiques en habitation qui en pâtissent, en particulier le logement... le
logement social. Et cela a un effet cumulatif dans le temps, là, qui aggrave à
chaque fois les crises du logement qui surviennent périodiquement dans notre...
dans notre coin de pays, là.
Petit rappel historique, là. En 1993, le
gouvernement conservateur de Brian Mulroney décrète la fin de la subvention
fédérale pour le logement social, ce qui est... après avoir été vertement
critiqué par l'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien, lui-même, Jean
Chrétien, il reprend cette politique-là et il décide de ne plus financer le
logement social à travers tout le Canada, dont le Québec a aussi bénéficié.
Cela se traduit, selon justement François Saillant, là, de... par un déficit
cumulatif à travers les années, là, qui, si ce financement avait été... avait
été poursuivi à l'époque, là, tel quel, sans augmentation, on calcule
qu'aujourd'hui on aurait 80 000 logements sociaux de plus.
Donc, les décisions qu'on prend
aujourd'hui, là, c'est ça qui est important de... vont avoir une conséquence
non seulement aujourd'hui, dans l'immédiat, mais une conséquence dans le moyen
et surtout dans le long terme. 80 000 logements sociaux de plus, si on
n'avait pas appliqué les politiques d'austérité des gens dans les
années 93. Afin de compenser cette perte, grâce à la mobilisation du
mouvement populaire...
M. Fontecilla : ...entre
autres, du FRAPRU, qui a mené cette lutte-là, et ils ont réussi à convaincre le
gouvernement péquiste de l'époque, de M. Jacques Parizeau, de mettre en place
un programme qui... on connaît jusqu'à aujourd'hui, là. C'était en 1997, là, la
naissance officielle du programme AccèsLogis, qui, jusqu'à présent, et malgré
tous les défauts qu'on peut lui attribuer, a réussi à construire 33 000
logements sociaux depuis 1997. 33 000, vous allez me dire que c'est peu,
mais c'est plus... c'est quand même substantiel, 33 000 logements, qui
abritent... qui permettent de loger des familles à faibles... ou de classe
moyenne, parce que le programme AccèsLogis, il y avait un critère très
important, qui est, aujourd'hui, aussi critiqué, celui de la mixité sociale,
là.
Donc, encore une fois, c'est le programme
AccèsLogis, et le principal défaut, comme souvent, ça arrive dans les
programmes, là, c'est qu'il n'est pas assez bien financé, et c'est les
politiques d'austérité du gouvernement libéral, des gens... de Philippe
Couillard, dans les années... à partir des années 2000, là, qui l'ont mis à
mal, encore une fois, et qui ont fait en sorte qu'il y a un déficit historique
dans la construction de logements sociaux aujourd'hui, au Québec. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Alors, nous retournons maintenant du
côté ministériel, avec Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci,
M. le Président. Alors, M. le député de Laurier-Dorion, je transmets mes
remerciements à M. Saillant pour le livre, que j'avais l'intention de lire.
Alors là, je n'ai même pas eu besoin de me déplacer pour l'acheter, donc merci
beaucoup.
M. le Président, je le répète, les causes
qui peuvent expliquer la crise du logement qu'on connaît actuellement sont
multiples, et c'est pour ça que les solutions sont, aussi, multiples. La
solution globale et structurante, c'est d'augmenter l'offre, notamment en finançant
plus de logements sociaux et abordables, mais aussi en innovant, pour inciter
le privé à construire plus. Mais, entre-temps, on doit agir pour mieux protéger
les gens qui vivent les contrecoups de la crise du logement.
Je voudrais donc passer plus de temps à
vous parler d'un autre outil qu'on a mis en place, qui vient compléter
l'ensemble des mesures, le projet de loi n° 31. Vous le connaissez bien,
on en est à traverser les dernières étapes du processus parlementaire. On
chemine, je l'espère, vers son adoption imminente. L'objectif principal de ce
projet de loi, M. le Président, c'est de rétablir l'équilibre entre les
locataires et les propriétaires. Ce n'était pas l'objectif de régler la crise
du logement avec ça, je pense. D'ailleurs, mon intervention était
particulièrement à l'égard des questions des évictions sauvages. C'était
inconcevable, pour moi, que les gens qui perdent leur logement ne soient pas
mieux protégés. On a agi en ce sens dans le projet de loi, mais il y a aussi
plusieurs autres bonnes mesures. D'abord, je l'ai dit tantôt, il faut augmenter
l'offre, et, pour ça, il faut accélérer la construction. Les municipalités ont
un rôle important à jouer à cet égard.
• (10 h 50) •
On entend souvent dire que la bureaucratie
municipale est lourde et complexe, et qu'elle empêche certains projets de
logements de sortir de terre. Les chiffres de l'APCHQ nous disent qu'il y a,
actuellement, plus de 25 000 logements qui sont bloqués, pour toutes
sortes de raisons. On ne peut pas se permettre ça en pleine crise du logement.
Il y a trop de bureaucratie dans le domaine de l'habitation. Je pense que les
municipalités sont d'accord avec moi là-dessus. C'est pourquoi on a ajouté,
dans le projet de loi, un pouvoir spécial pour les municipalités. Certaines municipalités
auront la possibilité de déroger à leurs règlements d'urbanisme, dans le
respect du schéma d'aménagement et des OGAT, afin d'accélérer la construction
de logement social ou abordable de trois unités ou plus. Les municipalités dont
le taux d'occupation est très bas auront, notamment, accès à ce pouvoir. Mais,
attention, ça ne dispense pas les villes de consulter leurs citoyens. Elles ne
couperont pas les coins ronds pour autant. Je veux rassurer mes collègues des
oppositions à cet égard. Je sens vraiment une volonté, de la part des maires et
des mairesses du Québec, de changer les choses. Comme notre gouvernement, ils
comprennent bien l'ampleur de la crise. Ils partagent notre objectif, ils
veulent être plus agiles, plus flexibles, plus efficaces pour construire plus
de logements, plus vite.
Comme je le disais précédemment, le projet
de loi n° 31 vient également mieux protéger les locataires dans le
contexte difficile qu'on connaît actuellement, notamment contre les évictions
et les reprises de logement. En cas d'éviction, on vient renverser le fardeau
de la preuve sur les épaules du propriétaire. Maintenant, le locataire qui ne
répond pas à un avis d'éviction va être présumé avoir refusé de quitter le
logement. C'est donc le propriétaire qui va devoir obtenir l'autorisation du
Tribunal administratif du logement pour réaliser son projet. En plus de ça, on
a augmenté les indemnités obligatoires que les propriétaires doivent...
Mme Duranceau : ...versé au
locataire en cas d'éviction. La somme va maintenant correspondre à un mois de
loyer par année de location continue du logement par le locataire. Il y aura un
minimum de trois mois de compensation jusqu'à un maximum de 24 mois. Il va
également s'ajouter à ça des frais raisonnables de déménagement. Une autre
chose dans le projet de loi n° 31 sur laquelle j'aimerais insister, c'est
l'introduction de dommages et intérêts punitifs pour les propriétaires qui ne
remplissent pas ou omettent de remplir la clause G du bail. Pour le bénéfice de
tous ceux qui nous écoutent, M. le Président, la clause G, c'est la section du
bail où le locateur doit indiquer le loyer le plus bas payé au cours des
12 derniers mois précédents. Ça permet notamment aux nouveaux locataires
de comparer le loyer proposé à celui qui le précédait. Le projet de loi va donc
permettre que les locataires puissent obtenir des dommages et intérêts punitifs
quand le propriétaire fait une fausse déclaration à la clause G du bail ou omet
de la remplir. Le montant des dommages et intérêts va être fixé par un juge du
tribunal administratif du logement selon certains critères, comme la capacité
de payer du propriétaire. Le prix des loyers sera donc beaucoup plus
transparent.
On va également donner plus de
prévisibilité aux gens qui habitent dans un logement construit depuis moins de
cinq ans. On modifie l'application de la clause F. Dorénavant, les
propriétaires vont devoir indiquer à l'avance les hausses de loyer qu'ils
prévoient appliquer. Comme ça, les locataires ne seront pas surpris par des hausses
abusives. Ce sont d'excellentes mesures, M. le Président, mais encore faut-il
que les gens connaissent leurs droits et leurs obligations. On va travailler
fort pour ça dans les prochaines semaines.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci, Mme la ministre. Alors, nous restons du côté ministériel et je donne la
parole à la députée d'Anjou-Louis Riel.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Alors, je vais nous amener sur un autre terrain, celui des fonds
fiscalisés, où le gouvernement agit également. Et je commence en remerciant nos
partenaires, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec, Fondaction et
la Fédération des caisses Desjardins du Québec. Alors, c'est grâce à ces
investissements que le développement régional de logements sociaux et
abordables peut avancer, M. le Président.
Plusieurs régions ont des beaux projets en
ce sens et c'est très attendu. Des projets verront le jour dans les grands
centres urbains, mais aussi à Drummondville, en Gaspésie, en Estrie et à
Rivière-du-Loup. À ce sujet, Guy Cormier, président et chef de la direction de
Desjardins, faisait état du manque de logements abordables pour lequel il est
nécessaire de favoriser activement la construction. Et permettez-moi de le
citer, M. le Président. Alors, il nous disait : «Je suis fier du travail
accompli par la grande équipe Desjardins, qui a travaillé en mode innovation et
intercoopération avec les différents organismes communautaires afin de rendre
disponibles 1500 logements abordables d'ici 2025.» M. Cormier affirmait
également dans une autre entrevue que malgré la conjoncture et plusieurs
éléments difficiles dont fait état les collègues aujourd'hui, il est quand même
très optimiste que, présentement, le logement, c'est la priorité de tout le
monde, y compris les gouvernements.
Ce partenariat est possible grâce à
l'intervention aussi du ministre des Finances, qui a favorisé les
investissements dans les fonds fiscalisés. Le Fonds immobilier de solidarité
FTQ fait partie d'un regroupement d'investisseurs qui offre une combinaison de
prêts hypothécaires traditionnels et de prêts patients sur 15 ans pour
soutenir la construction de logements abordables dans le cadre du PQI.
De façon concrète, M. le Président, voici
les principales façons dont les fonds fiscalisés contribuent à atténuer la
crise du logement au Québec. Premièrement, investissement dans le logement
abordable. Donc, les fonds investissent dans les projets immobiliers sociaux,
communautaires et abordables visant à offrir des logements à qualité et
également à des prix accessibles pour les ménages à faibles ou moyens revenus.
Le Fonds immobilier de solidarité FTQ, par exemple, a déjà soutenu dans le
passé plus de 220 projets de ce type, créant ainsi plus de 33 000 logements.
Deuxièmement, M. le Président, création
d'emplois et responsabilité sociale. Ces investissements contribuent à la
création d'emplois tout en promouvant la responsabilité sociale et
environnementale. Ils renforcent l'économie tout en répondant aux besoins essentiels
du logement. Et enfin, M. le Président, en collaboration avec le gouvernement,
les logements qui voient le jour suite à ces partenariats seront gérés par des
organismes à but non lucratif, des coopératives ou encore des offices
d'habitation, avec le soutien technique, et précieux et financier du Fonds
immobilier de solidarité FTQ.
D'ailleurs, le 24 avril dernier,
moins d'un an après le lancement de ce projet novateur, nous annoncions avec
Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ que l'objectif de 2 000 logements serait
dépassé, avec un ajout de 87, 5 millions, annoncé d'ailleurs par ma
collègue de l'Habitation. Ce partenariat propose une solution innovante pour
les organismes souhaitant saisir rapidement les opportunités du marché afin de
garantir la disponibilité continue de logements abordables au Québec. Les
organismes porteurs des projets s'engagent d'ailleurs à...
Mme Boivin Roy : ...à assurer
l'abordabilité des logements pour une période allant jusqu'à 35 ans. Avec
les projets de nos partenaires des fonds fiscalisés, nous sommes en mesure
d'aider de plus en plus de Québécois et de Québécoises qui sont dans une
situation précaire en habitation. Face à l'augmentation préoccupante de
l'itinérance au Québec, les chiffres alarmants du ministère de la Santé et des
Services sociaux indiquent une hausse de 44 % du nombre de personnes en
situation d'itinérance visible entre 2018 et 2022. Cette tendance n'est plus
limitée à Montréal, elle touche désormais toutes les régions de la province.
Le gouvernement de la Coalition avenir
Québec a réagi en investissant près de 1 million de dollars pour mettre en
place deux refuges permanents dans la belle région de ma collègue de Roberval
et Alma, offrant des lits, des intervenants et un agent de sécurité pour aider
les personnes en crise temporaire et les orienter vers les services appropriés.
Dans un contexte où le taux d'inoccupation est au plus bas dans plusieurs
villes et régions et que la situation tend à s'étirer dans le temps, le
gouvernement s'est mis en action au dernier budget pour venir en aide à
certaines clientèles qui ont des besoins spécifiques et urgents en matière de
logement. C'est ainsi 69 millions qui ont été octroyés en supplément au
loyer et en aide aux municipalités pour qu'elles offrent des services aux
ménages qui se retrouvent sans logis. Les investissements dans le logement
social, abordable et l'aide aux personnes en situation de vulnérabilité ont été
salués par les acteurs impliqués du milieu et nous comptons continuer, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel. Alors, nous allons maintenant du côté de
l'opposition officielle avec la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je parlais tout à l'heure de vision en silo et je pense que les
dernières interventions, là, le confirment, on m'a parlé de logement social, de
fonds fiscalisés, alors que je demandais si on s'inquiétait puis est-ce
qu'on... si on s'inquiétait puis qu'on allait faire de la pression pour
qu'Hydro-Québec assure des branchements des prochains projets immobiliers qui
allaient se faire à travers la province parce qu'il y a des retards de plus en
plus grands. Alors, vraiment, j'aimerais maintenant peut-être qu'on parle des
infrastructures municipales, et j'espère qu'on me répondra un peu, au moins un
peu sur le sujet cette fois-ci.
• (11 heures) •
Alors, même enjeu, cette fois-ci, au
niveau des infrastructures municipales. On voit de plus en plus de cas de
projets domiciliaires qui sont ralentis ou bloqués par un enjeu, là, par soit
le réseau d'eau potable ou le réseau d'eaux usées qui n'est pas à niveau ou,
parfois, c'est des prolongements qui seraient nécessaires, mais qui font en
sorte que l'usine de la municipalité aurait besoin d'être mise aux normes et
que cet investissement majeur là est trop important pour la municipalité
concernée. Je mentionnais un peu plus tôt, là, que le déficit de maintien
d'actif des infrastructures municipales en eau, actuellement, atteint
38 milliards de dollars. Et ça, là, ça ne compte pas toutes les
sommes qui seraient requises pour des prolongements de réseau. Ça, c'est juste
ce qui doit être mis aux normes actuellement.
Et il y a beaucoup d'exemples, il y a
plusieurs exemples, là. J'ai fait... Je me suis promenée à plusieurs endroits,
là, dans la province, j'ai rencontré plusieurs maires qui m'ont fait état de
cette situation-là, notamment en Montérégie, Châteauguay, Mercier, Léry. Le
réseau là-bas est à pleine capacité. Ils font face à des pénuries d'eau en été
et ça limite le développement résidentiel. De mémoire, à Léry, là, il y a un
développement de 2 000 unités qui est bloqué présentement qui
pourrait se faire, mais qui... par les investissements tellement... qui devrait
être mis... tellement importants, plutôt, ils n'ont pas... ils ne peuvent pas
le faire. Et je sais que la ministre des Affaires municipales a mis en place le
programme PRIMEAU, l'a quand même amélioré pour les petites municipalités, mais
ce n'est pas suffisant. Et il y a la municipalité... Il y a eu des exemples
aussi dans des grandes villes, Gatineau qui fait les frais, là, d'un manque de
capacité de pompage dans un secteur de la ville. Et, actuellement, toute
nouvelle demande d'ajout de logements est susceptible d'être mise sur la glace,
selon le président, là, du Comité consultatif d'urbanisme de Gatineau. À La
Prairie aussi, elle a dû mettre... la ville a dû mettre en place un moratoire
de développement qui pousse les entrepreneurs de l'endroit à quitter pour aller
développer ailleurs. Beauharnois... puis là on est toujours dans le même
secteur, là, toujours en Montérégie, Beauharnois aussi qui a dû maintenir un
moratoire pour régler les problèmes importants de pression d'eau dans un
secteur, et l'ensemble de ces infrastructures sont en fin de vie. Sutton, je
vais aller en Estrie, Sutton doit...
11 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...c'est 7 à
10 millions de dollars pour une canalisation, alors que leur budget est de
moins de 15 millions par année. Comprenez que l'écart est immense. Il y a
aussi un moratoire à Mirabel, ici, sur la rive nord. Et on parle aussi de
Longueuil qui aura à mettre, si je ne me trompe, pas, 1 milliard d'investissements
dans leurs infrastructures. Les sommes sont colossales et ça ralentit
évidemment les développements. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est
que, pour aller chercher cette information-là, ça prend quand même des études.
L'état des réseaux, ça prend des études quand même poussées et ce ne sont pas
toutes les municipalités qui ont les reins assez solides, la main-d'œuvre
aussi, et les capacités, là, techniques pour aller chercher cette information-là.
Je voudrais peut-être revenir sur un
élément que j'ai discuté avec la ministre cette semaine. On parlait des
municipalités. Et elle a parlé, là, de l'article 37.2 qui, selon elle, va
accélérer les sorties des projets. Mais beaucoup de promoteurs, ce qu'ils nous
disent et ce qu'ils disaient d'ailleurs dans la lettre ouverte cette semaine, c'est
qu'il y a des maires qui n'avancent pas intentionnellement. Et je n'ai pas
entendu lorsque j'ai posé la question cette semaine en Chambre, c'était hier,
est-ce qu'on pense trouver une façon de faire des cibles, de proposer des
cibles aux municipalités pour atteindre une émission ou des délais d'émission
de permis qui soient plus en adéquation avec les attentes du milieu? Parce qu'actuellement,
même... même si on a 37.2 éventuellement, bien, les villes qui ne veulent pas
aller vite, bien, n'iront pas plus vite. Et ça, c'est un enjeu qui n'a pas été
encore adressé par la ministre.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, Mme la députée... députée des Mille-Îles. Alors, nous allons
maintenant du côté de la ministre de l'Habitation.
Mme Duranceau : Oui.
Merci, M. le Président. Bien, concernant les cibles, là, les OGAT puis les
travaux de ma collègue aux Affaires municipales font en sorte que les
municipalités devront avoir des cibles. Et, par ailleurs, les maires qui... qui
n'aboutissent pas en matière d'habitation, bien, j'imagine, qu'ils vont devoir
répondre à leurs électeurs aussi, là. Ça fait qu'on... 37.2 existe. Mon rôle, c'est
de faire connaître cet article-là, ce pouvoir-là. Et puis après ça, bien, ceux
qui n'ont pas le courage politique de l'utiliser, bien... Eh bien, j'imagine qu'ils
vont se le faire rappeler aux élections suivantes.
Alors, M. le Président, l'opposition
officielle est très critique envers le bilan du gouvernement en habitation. Je
suis la première à dire qu'il faut en faire plus. Mais la députée de Mille-Îles
semble oublier que notre gouvernement a, en cinq ans, un bilan bien meilleur en
habitation que pendant l'ère libérale. Bon, ceci dit, ce n'est pas de sa faute
à elle, là, mais surtout considérant qu'on avait beaucoup de retard à rattraper
à notre arrivée un legs des précédents gouvernements, qui étaient libéraux et
péquistes, évidemment.
On a dû s'attaquer en priorité à l'arrérage
d'AccèsLogis qui était de 15 000 unités. Je vous l'ai dit, ça avance
très bien. J'ai mon beau tableau, ici, dont je suis très fière. Et on voit que
d'ici 2026 l'arrérage sera disparu avec beaucoup d'investissement et de temps.
Donc, on a donné un grand coup. On a agi sur plusieurs fronts, sur plusieurs
autres fronts. L'opposition semble avoir oublié nos réalisations en habitation.
Alors, je vais prendre le temps d'en parler.
Dans un premier temps, nous avons conclu
une entente qui nous a permis d'aller chercher 900 millions à Ottawa. Il s'agit
d'une entente qui, puis je vous rassure, respecte les compétences du Québec.
Vous savez, on est un gouvernement nationaliste. Alors, on a insisté pour
garder la mainmise sur le choix des projets. Ils doivent répondre aux besoins
spécifiques des régions du Québec. Cette entente bilatérale, avec laquelle le
Québec investit également 900 millions, nous permet notamment de financer
d'autres projets dans le cadre du Programme d'habitation abordable Québec. Et
on va aussi avoir une foule d'initiatives innovantes qui vont en découler.
On a d'ailleurs une première annonce
majeure de projet du PACTE qui s'en vient dans les prochaines semaines. J'ai
très hâte de vous en parler. En tout, avec l'argent d'Ottawa, c'est une somme
de 1 848 000 000 $ que nous avons annoncée à la mise à jour
économique. En plus de la construction de 8 000 logements, les
investissements que l'on a faits vont nous permettre de remettre encore plus d'argent
dans les poches des Québécois qui ont du mal à payer leur loyer. En effet, on
investit 50 millions pour créer 4 000 nouvelles unités du
Programme de suppléments de loyer. Donc, grâce à ces nouveaux PSL, les ménages
admissibles qui les recevront ne paieront qu'un maximum de 25 % de leur
revenu pour se loger. On a aussi débloqué 57 millions additionnels pour
permettre à 30 000 Québécois de plus de recevoir 100 $ par mois
avec le Programme d'allocation logement.
On agit pour aider les plus vulnérables.
Dans le cadre de la Loi visant principalement l'encadrement des inspections en
bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la dénomination, la
Régie du logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement et...
Mme Duranceau : ...modifiant
la Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions
législatives concernant le domaine municipal, déposé par ma collègue députée de
Chicoutimi.
Nous avons mis en place plusieurs mesures
en habitation. Depuis l'adoption du projet de loi, les municipalités locales et
régionales de comté devront, dans leurs documents de planification, décrire les
besoins projetés en matière d'habitation et prévoir des mesures afin d'y
répondre. Alors, ça revient à ce que je disais au début de l'intervention, ça
va nous permettre d'avoir une vision à long terme des besoins en habitation.
Les villes sont un partenaire précieux, je l'ai dit plusieurs fois. Grâce à la
loi que j'ai mentionnée plus haut, les villes peuvent dorénavant utiliser un
nouvel outil qu'est le zonage incitatif pour qu'en contrepartie d'un potentiel
de développement plus grand pour les promoteurs, elle puisse s'assurer
d'inclure plus de logement social abordable ou familial dans les projets. Elles
vont aussi pouvoir préserver notre environnement et nos milieux naturels ou
mettre en valeur notre patrimoine.
Avec la nouvelle loi, les conseillers...
les conseils municipaux pourront adopter les règlements visant à densifier
l'offre de logement à l'échelle des milieux, d'y autoriser la subdivision ou la
construction de logements accessoires sans que ces choix responsables et
démocratiques ne soient bloqués par une minorité d'opposants.
Afin de favoriser les projets
d'habitations multigénérationnelles que beaucoup d'aînés et leurs familles souhaitent
créer, la loi permet désormais aux municipalités de les aider financièrement.
Nous avons aussi élargi les pouvoirs des
municipalités en matière de revitalisation pour qu'elles puissent soutenir la
rénovation des logements existants et l'ajout de nouveaux logements.
Dans le cadre du projet de loi n° 39
sur la fiscalité municipale, nous avons également mis de l'avant plusieurs
mesures qui vont faciliter et accélérer la construction de logements.
Alors, on travaille vraiment en
collaboration, M. le Président. Et je tiens d'ailleurs à remercier ma collègue
des Affaires municipales à cet égard.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Alors, nous allons maintenant du côté du député indépendant.
Et la parole est au député des Îles-de-la-Madeleine pour un 5 minutes.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à tous les participants à cette interpellation.
Écoutez, la CAQ a nié pendant des années
qu'il y avait une crise du logement, et beaucoup en subissent les conséquences.
L'été dernier encore, le premier ministre affirmait qu'il n'y avait personne
qui s'était retrouvé à la rue au 1er juillet sous son gouvernement. C'est
véritablement du déni.
Ce qui saute aux yeux de tous les
Québécois pourtant, parce qu'il faut le rappeler, il y a quand même 40 %
des Québécoises et des Québécois qui sont des locataires, bien, ça semblait
passer complètement sous le radar du gouvernement.
Les chiffres sont clairs, se loger, mais
surtout se reloger, au Québec, est devenu extrêmement pénible, presque mission
impossible. Depuis que la CAQ est au pouvoir, les hausses de loyer dépassent de
loin l'inflation et la capacité de payer des Québécois.
• (11 h 10) •
La ministre prétend que le contrôle des
loyers existant au Québec est suffisant, pourtant, les chiffres de la SCHL
démontrent le contraire : qu'on regarde, par exemple, dans la région de
Gatineau, où la crise sévit particulièrement de façon forte, les hausses de
loyer, entre 2018 et 2022, sont de 79 %, on parle de 665 $ de plus
par mois, à Québec, on parle de 67 %, 618 $, et à Montréal,
52 %, on parle de 490 $ de plus par mois en cinq ans... en quatre
ans, même.
Ce qu'il y a de pire encore, c'est que
l'écart s'est creusé entre les logements occupés et inoccupés. C'est-à-dire que
dès qu'on a un roulement dans les logements, les prix des loyers augmentent
largement au-delà des recommandations du Tribunal administratif du logement.
L'écart, là, entre les logements occupés et inoccupés, à Gatineau aujourd'hui,
c'est 234 $, mais à Québec, 566 $, puis à Montréal, 402 $. Le
régime de contrôle des loyers au Québec est brisé.
J'aimerais parler aussi de la
concentration de la propriété et de la spéculation dans le monde de
l'immobilier. Les flips qui profitent, là, aux gros joueurs, c'est un fait de
plus en plus et qui est occulté à l'heure actuelle. On traite le logement comme
un produit financier. La ministre de l'Habitation a souvent parlé, là, de
certains articles du projet de loi n° 31 pour favoriser les petits
propriétaires d'un triplex ou d'un bloc, mais il faut bien se rendre compte
qu'à Montréal, selon une étude récente, 600 propriétaires se partagent
32 % du marché locatif. 600 propriétaires, c'est moins de 1 % de tous
les propriétaires, ils possèdent en moyenne 300 logements chacun. Donc,
pour qui décide-t-on d'agir ou de ne pas agir? La question reste en plan.
Les évictions sauvages, on ne semble pas
vouloir en prendre acte, et c'est un autre aspect de la crise du logement qui
est absolument troublant. Le nombre d'évictions a augmenté de 132 % au
Québec en 2023 par rapport aux données de 2022, 132 % en un an. Selon les
chiffres du regroupement des comités de logement et de la... et...
M. Arseneau : ...les
associations de locataires du Québec. On dénombrerait près de 100 000 cas
en 2023 et évidemment on en a abondamment parlé en commission parlementaire. Et
la ministre refuse... a refusé d'agir, soit en instaurant un registre de loyer
ou en cédant sur le côté de la cession de bail. Elle a toujours décidé de
l'enlever.
On a parlé du PHAQ, depuis le début de
l'interpellation et de la construction de logements, le gouvernement a voulu
réinventer la roue, réinventer le programme. Et ce programme-là, cette solution
miracle qui devait nous apporter 1700 unités en 2022, bien, il y en a que
324 qui sont en chantier actuellement. On est loin du compte et ce n'est pas la
panacée, même si on pouvait arriver à ces objectifs-là. On a pourtant... On
avait pourtant un programme, AccèsLogis, on l'a abandonné et la nouvelle
mouture ne donne pas les résultats escomptés.
On a complètement évacué la question du
logement étudiant. Au Parti québécois, on avait proposé 10 000 logements
étudiants en cinq ans. Aujourd'hui, la Fédération des cégeps le propose
également, demande des millions au gouvernement. On a des étudiants qui se
retrouvent dans les auberges du cœur. Le gouvernement n'en fait même pas
mention. En fait, il n'y a pas de plan à l'heure actuelle pour le logement dans
son ensemble, et c'est ce qu'on peut déplorer. À quand une véritable politique
de l'habitation au Québec? À quand un plan? À quand des moyens? À quand des
ambitions, des résultats?
L'accès à la propriété actuellement est
devenu extrêmement difficile pour les nouvelles générations. Le coût des
maisons a plus que doublé pour les jeunes propriétaires ou les jeunes personnes
sur le marché. C'est un drame. C'est une fracture générationnelle qu'on laisse
se produire. L'accès à la propriété est devenu maintenant un mirage et c'est
fort malheureux.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, député des Îles-de-la-Madeleine. Alors, la suite est à la ministre.
Voilà.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
M. le Président, bien, écoutez, je vais... comme moi, je suis tout à fait à
l'aise de dire qu'on agit, je vais vous parler de certains projets, mais
j'aimerais peut-être revenir, là, sur quelques notes que j'ai prises. Donc, le
projet de loi n° 39, j'aimerais dire, de ma collègue des Affaires municipales,
c'est un projet de loi qui a permis de donner des outils aux villes pour
qu'elles aient toutes les compétences voulues en matière d'habitation. Ça fait
que ça va permettre d'accélérer les choses aussi. Puis, vous savez, ça fait des
années qu'on ne construit pas assez au Québec. Et là j'entends les oppositions
critiquer, puis critiquer les nouvelles mesures qu'on met de l'avant, mais le
statu quo, là, ce n'est pas ça, la solution. Puis, bon, écoutez, je comprends
que les oppositions se sentent bousculées, là, parce que les... par tous les
changements qu'on mettait en place, mais on va le voir avec des projets
concrets, là, les choses avancent, M. le Président. Alors, voilà.
Donc, j'ai déjà parlé du projet Le
Christin, du projet... qui ont été inaugurés à Montréal dans les dernières
semaines. Cette semaine seulement, on a plus de 200 unités de logements
qui ont été annoncés, en plus de ces deux projets là, on monte à plus de 300,
si on annonce... si on ajoute le Christin. Ces logements sont répartis dans
quatre projets. Des logements étudiants, justement, à Trois-Rivières, des
logements abordables à Nicolet et des logements pour les personnes vulnérables
à Montréal. Ça vient d'ailleurs répondre à une préoccupation du député des
Îles. On construit du logement étudiant, je le rassure. On avait d'ailleurs
un... il y avait d'ailleurs une mesure, plusieurs mesures dans le projet de loi
n° 31 pour favoriser la construction de logements étudiants. Alors, j'imagine
qu'il pourra retourner à ses notes sur ça. On vient donc couvrir plusieurs
régions et plusieurs préoccupations. C'est d'ailleurs un des objectifs de notre
programme, répondre aux besoins régionaux par le biais des projets que l'on
finance. Alors, je suis très fière de ça, M. le Président, et j'avance.
Parce que ce n'est plus vrai que la crise
du logement, c'est seulement à Montréal. Le dernier rapport de la SCHL nous le
démontre bien. On a des taux d'inoccupation très bas, même en Gaspésie, à
Rivière-du-Loup et en Outaouais. C'est le fruit de la tempête parfaite que l'on
vit en habitation. Je me permets un petit aparté. Il y avait un article cette
semaine dans le New York Times sur la crise du logement sur l'île de Manhattan.
L'article expliquait que, comme au Québec, la ville de New York est aux prises
avec une pénurie importante de logements, surtout du logement social et
abordable. Mais il fait aussi état d'un immobilisme important dans l'appareil
gouvernemental municipal là-bas. Heureusement, nous, au Québec, on avance et on
construit. J'en reviens aux unités annoncées cette semaine. En plus de fournir
des logements additionnels, on vient donner dans certains de ces projets des
aides à la personne qui vont les aider à couvrir leurs frais de logement...
Mme Duranceau : ...et on voit
que nos divers programmes portent leurs fruits. Parmi ces projets, il y en a
qui sont annoncés grâce au travail qu'on a fait pour diminuer le fameux
arrérage AccèsLogis, et il y en a d'autres qui sont dans notre programme PHAQ.
Alors, on parle du Centre autochtone, à
Trois-Rivières. C'est un projet de 37 millions destiné aux familles
autochtones, aux études, à Trois-Rivières. Il s'agit d'un projet qui a été
pensé par et pour les autochtones, et les différents partenaires sont très
fiers de l'appuyer. C'est vraiment le fruit d'un travail d'équipe
impressionnant. C'est un projet qui compte 42 logements abordables. Le milieu
de vie comprend un centre de la petite enfance, une classe maternelle quatre
ans, des espaces collaboratifs, des cuisines collectives, des aires
extérieures, destinées à accueillir des activités culturelles, ainsi que les
bureaux du Centre d'amitié autochtone de Trois-Rivières.
Alors, c'est un concept novateur. On pense
en dehors de la boîte, on fait différemment. Je le sais que les oppositions ne
sont pas habituées à ça, mais, vraiment, on est ailleurs, M. le Président.
Donc, voilà, 5 millions de la SHQ qui ont été investis là-dedans. C'est un
milieu de vie entièrement aménagé pour répondre aux besoins spécifiques de ces
familles, puis elles auront accès à une foule de services sur place, un
avantage qui est non négligeable, pour mieux concilier leurs études et leur vie
personnelle. Évoluer dans un milieu sain et abordable est une condition
essentielle à la réussite scolaire, d'autant plus lorsque les étudiants ont de
jeunes enfants à charge. Alors, je suis vraiment fière de l'implication de
notre gouvernement et de ses partenaires dans la réalisation de ce projet. Dans
un contexte de crise du logement, on doit innover, et ce nouveau modèle est déjà
un succès.
Je pense que c'est important de parler
d'exemples concrets ici, M. le Président, parce qu'on parle beaucoup de
chiffres, on parle beaucoup de programmes puis ça ne dit rien aux gens. Mais il
y a des exemples concrets. On parle de plus de 200 nouveaux projets... plus de
200 unités annoncées cette semaine. Puis là je vous ai fait la description d'un
projet bien concret, qui va toucher les gens puis les aider.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Alors, nous retournons du côté de l'opposition
officielle, et la parole est à la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, j'ai entendu la ministre dire : On est ailleurs. Bien,
justement, j'aimerais lui demander d'aller ailleurs, ailleurs, là où l'Ontario
est allé, c'est-à-dire des mesures fiscales structurantes pour stimuler la
construction de logements. Et ça, on n'y est pas encore allés, du côté de la
CAQ, alors je l'invite à y aller, puis c'est de ça que je vais vous parler dans
ce bloc-ci.
• (11 h 20) •
Alors, je vais vous lister une liste
d'organisations, M. le Président : le gouvernement fédéral, l'Ontario, la
Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique, Terre-Neuve-Labrador,
Nouveau-Brunswick, l'Association québécoise de la quincaillerie, la Fédération
canadienne des contribuables, l'Association de la construction du Québec,
l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du
Québec, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, l'Institut du développement
urbain du Québec, Québec habitation, le président de la Banque du Canada, Tiff
Macklem, et j'en passe.
Qu'est ce que c'est... tous ces gens là
ont en commun, M. le Président? Ce sont tous des gens qui croient qu'il est
primordial d'éliminer la TVQ sur la construction de logements locatifs. Moi,
j'aimerais savoir pourquoi la ministre refuse et son gouvernement refuse
catégoriquement d'aider l'industrie avec des mesures fiscales structurantes
comme celle-ci. Qu'est-ce que toutes ces provinces, toutes ces organisations et
associations comprennent que le gouvernement ne comprend pas ou ne veut pas
admettre? J'ai même entendu le ministre Girard, cette semaine, dire... ou, la
semaine dernière, dire que ce n'était pas des mesures efficaces. Pourtant, ça
fonctionne en Ontario. On l'a vu, les mises en chantier chutent, chez nous,
alors qu'elles sont en augmentation à Toronto.
Et quand on pense à Gatineau, par exemple,
où ils sont pris avec une frontière très, très... une rivière qui les sépare de
l'Ontario, bien, les constructeurs nous disent : On ne construit plus à
Gatineau, on ne construit plus au Québec, on s'en va construire en Ontario. Ils
ont juste à traverser un pont, M. le Président, ce n'est pas très loin, et ça
coûte moins cher, maintenant, pour eux. En fait, ces projets... les projets en
Ontario sont... on est capables... ils sont capables d'être rentables, ce qui
n'est pas le cas au Québec présentement. Les coûts de construction en hausse,
les coûts de la main-d'œuvre, les coûts d'intérêt, les taux d'intérêt font en
sorte qu'actuellement faire du logement locatif n'est pas rentable.
L'investissement est tellement important qu'on préfère mettre les fonds
ailleurs. Dans un CPG, c'est plus intéressant actuellement...
Mme Dufour : ...que de
construire. Donc, l'Ontario a agi, mais pas le Québec. Et je dis «l'Ontario»,
là, mais il y a toutes les autres provinces que je vous... je vous mentionnais.
Donc, on doit absolument débattre de ça, et je n'ai pas entendu la ministre en
parler.
Et j'aimerais mentionner, là, ce que ça
pourrait représenter, les avantages d'éliminer la taxe de vente du Québec.
D'abord, ça permet évidemment de réduire les coûts pour les constructeurs, là.
Je parlais, là, de différentiel, mais quand on met, là, tout le plan... plein
remboursement de la TVQ, là, ça pourrait réduire de 7 % la mise de fonds
requise pour le démarrage. Ça, c'est considérable. Évidemment, si on réduit de
7 % la mise de fonds qu'on met sur ce projet-là, sur un projet x, bien, ça
libère des sommes pour d'autres projets. Actuellement, là, on a des fuites de
capitaux vers l'Ontario, donc d'éliminer la taxe de vente du Québec permettrait
de freiner ça, freiner cette fuite de capitaux là. Si on a besoin de
construire, il faut que ça soit attractif.
Mais il y a aussi la rentabilité, là, des
logements. L'exemption de la TVQ pourrait augmenter la rentabilité et
encourager, évidemment, la construction de nouvelles unités. Actuellement, on a
une baisse historique de 32 %, on ne s'en va pas dans la bonne direction.
Donc, il faut agir rapidement. Et si on ne
va pas de l'avant, si le gouvernement ne va pas de l'avant avec l'harmonisation
du remboursement de la vente... de la taxe de vente, bien, Mme la ministre,
dans le fond, vous allez formaliser l'écart fiscal avec l'Ontario, l'Ontario,
là, qui est la province que le premier ministre se réfère toujours, là, bien
là, on va vraiment avoir un vrai écart fiscal. Il faut agir rapidement. Puis
c'est d'ailleurs ce que le directeur... le président de la Banque du Canada a
dit : Il faut absolument considérer des mesures fiscales et financières
fortes. J'ai bien entendu, là, le PHAQ, mais ce n'est pas... ce n'est pas ce
qui va stimuler la construction résidentielle.
Alors, j'aimerais entendre la
ministre : Est-ce qu'elle compte convaincre le ministre des Finances de
mettre en place cette mesure-là au prochain budget?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Mille-Îles. Nous retournons du côté de la ministre
de l'Habitation.
Mme Duranceau : Oui, merci,
M. le Président. Alors, écoutez, l'opposition ramène toujours la même chose,
là. Ils nous disent qu'on n'a pas de vision en habitation. Je pense pourtant
que j'ai parlé abondamment de comment je vois les choses, dans la dernière heure
et demie, dans la... et dans la dernière année. C'est simple, je veux qu'on
travaille avec les bons partenaires pour sortir les meilleurs projets, pour
augmenter l'offre le plus rapidement possible.
J'en reviens donc aux choses novatrices
que l'on veut mettre de l'avant. Vous savez, je veux qu'on travaille plus avec
le privé. Je me répète, on doit ajouter, pas soustraire, en habitation.
L'expertise de tout le monde doit être mise à profit, y compris celle du privé.
Pensez-y, le privé a une expertise incroyable dans la construction de
logements, on a des promoteurs, au Québec, qui ont déjà construit des dizaines
de milliers de logements, ils sont une expérience et une expertise formidables.
Et, en plus, c'est dans la culture du privé de porter une attention
particulière aux coûts. Et le privé est intéressé à participer à la
construction de logement social et abordable. On a des promoteurs qui
contactent la SHQ régulièrement. Donc, on a à notre disposition des partenaires
qui veulent collaborer et mettre à profit leur expertise pour aller plus vite
et réduire nos coûts, on serait fous de s'en passer.
Évidemment, l'habitation, ça ne changera
jamais, ça ne sera jamais un bar ouvert. On doit être très rigoureux dans notre
utilisation des deniers publics. Et l'apport des organismes communautaires
demeure essentiel, ils doivent faire partie de la solution. M. le Président, en
habitation, le temps, c'est de l'argent, et on doit mettre tout le monde à
profit pour accélérer la construction de logements au bénéfice des Québécois.
M. le Président, je parlais du privé tout
à l'heure. Avec le programme d'habitation abordable Québec, le privé est un
nouveau joueur en habitation sociale et abordable. Ce n'est peut-être pas, dans
la tête de certains, une association évidente, mais pour moi, elle l'est, si on
veut atteindre nos objectifs. Il faut innover en habitation si on veut
augmenter l'offre pour résorber la crise. Ça ne se fera pas en claquant des
doigts, alors le travail doit commencer maintenant.
En fait, bien sûr, il a déjà commencé, M.
le Président. Je pense que dans la dernière heure et demie, j'ai fait une
démonstration assez éloquente que nos efforts en matière... sur nos efforts en
matière d'habitation. On a fait des partenariats avec Fondaction, Desjardins,
FTQ pour augmenter l'offre de manière innovante. On a créé un nouveau programme
pour faire sortir plus vite de terre les logements, le PHAQ. Et je vous
rappelle que, dans le PHAQ, autant le privé que le communautaire peut
contribuer. On s'est penchés sur les meilleures manières de réduire l'arrérage
AccèsLogis, et on a modifié beaucoup de dispositions municipales pour que les
municipalités soient une partie prenante intégrante...
Mme Duranceau : ...de la
solution. Les municipalités ont aussi un rôle important à jouer dans le
développement de l'offre de logement au Québec. C'est pourquoi j'ai pris le
taureau par les cornes et que je leur ai accordé des pouvoirs spéciaux avec
certaines mesures dans le projet de loi n° 31. Et, pour répondre à une préoccupation
que la députée de Mille-Îles a exprimée plus tôt, je vais aller rencontrer les
municipalités lorsque le projet de loi sera adopté afin de m'assurer que les
outils seront utilisés. Je vais faire un suivi très serré.
J'aimerais prendre le temps de revenir sur
les propositions de la députée de... que la députée de Mille-Îles a proposées
dans un communiqué qu'elle a émis dans les dernières minutes et dont elle vient
de nous parler. La députée nous demande de supprimer la TVQ sur les matériaux de
construction. Je vais laisser mon collègue ministre des Finances se prononcer
sur ça évidemment, mais je sais qu'il pense que l'impact de ce type de mesure
est mitigé, mais je comprends son raisonnement. C'est vrai que le secteur de la
construction fait face à de nombreux défis, mais je la rassure, et j'en ai déjà
parlé, on s'y adresse de manière robuste avec la réforme de la construction de
mon collègue du Travail ainsi que l'Opération main-d'oeuvre de ma collègue de
l'Emploi qui va permettre d'ajouter des milliers de travailleurs dans les
métiers clés de la construction.
Encore une fois, la députée de Mille-Îles,
au même titre que les oppositions, les solutions... Encore une fois, il faut
proposer des solutions qui ont... Encore une fois, je m'excuse, la députée de
Mille-Îles et les oppositions proposent des solutions qui ont un impact qui est
limité. Pour que l'on puisse se sortir de cette crise, c'est une réforme en
profondeur de nos pratiques en habitation que l'on doit revoir, M. le
Président, et c'est l'essence des... des... des modifications proposées par mon
collègue du Travail avec son projet de loi au niveau de la construction, la
formation de la main-d'oeuvre avec ma collègue à l'Emploi, les pouvoirs accrus
donnés aux villes en matière de fiscalité municipale qui ont été octroyés par
ma collègue ministre des Affaires municipales. On travaille tout le monde
ensemble. C'est tous les ministères qui sont concernés par la situation
actuelle en habitation, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Alors, nous restons du côté ministériel, et je donne la parole
à la députée de... Roberval, pardon, pour cinq minutes.
• (11 h 30) •
Mme Guillemette : Merci, M.
le Président. Mme la députée de Mille-Îles, M. le député de Laurier-Dorion,
merci de l'invitation ce matin. Salutations particulières à ma collègue la
ministre de l'Habitation et son équipe, parce que ça prend toujours une bonne
équipe, entourée d'une bonne collègue, et à mes deux collègues, ici, de la banquette
ministérielle. Écoutez, c'est important pour moi d'être ici aujourd'hui parce
qu'on ne se met pas la tête dans le sable, là, on est conscients de l'ampleur
des défis en matière de logement. Puis je remercie, justement, la députée de ce
matin, là, de nous permettre de faire un peu le tour de la situation et de
démontrer aussi qu'on a déjà posé des actions. On est en action en tant que
gouvernement, donc... Mais c'est aussi important d'être lucide avec les progrès
qu'on a accomplis. Mon intervention d'aujourd'hui servira à mettre en mémoire
nos efforts dans le domaine de l'habitation et de l'accès au logement. Et ça ne
constitue pas un échec, comme c'est bien inscrit dans le libellé de
l'interpellation de ce matin. Au contraire, je vais vous démontrer tangiblement
de notre sincère et inébranlable engagement envers le bien-être de nos citoyens
et envers notre volonté de livrer des habitations.
La crise du logement, ça persiste. On est
confrontés à des chiffres alarmants, la députée de Mille-Îles l'a dit tout à
l'heure et elle en a nommé quelques-uns. Cependant, il est essentiel aussi de
souligner les initiatives audacieuses qu'on a eues pour atténuer la crise.
Exemple, chez moi, dans le comté de Roberval, on a un défi aussi comme les
autres comtés. Le taux d'inoccupation, chez nous, est à 0 %. Vous
conviendrez avec moi que c'est assez anémique, là, quand on pense que le taux
d'inoccupation qui constitue le point d'équilibre, c'est 3 %. 0 %. On
a des enjeux majeurs chez nous aussi. Localement, bien, on n'a pas été surpris
de ça parce que déjà, à chaque mois de juillet, on voyait que les gens avaient
de plus en plus de misère à se trouver du logement. Le maire de Roberval, Serge
Bergeron, disait qu'il y avait espoir que le marché reprenne parce qu'il a mis
des terrains à la disponibilité des promoteurs. Il y avait des promoteurs
intéressés, la municipalité a même baissé l'impôt foncier pour stimuler la
construction de logements, mais ça ne sortait pas de terre. Vous savez, le coût
des matériaux, la pénurie de main-d'œuvre, l'après-pandémie, le...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Guillemette : ...contexte
économique actuel, c'est tous des facteurs qu'on parle ici, là, en Chambre
depuis très longtemps. Et vous savez, avec les efforts que la municipalité a
mis, avec les moyens qu'on a mis en place avec ma collègue, imaginez ce qu'on
fera dans les prochaines années avec le projet de loi qui sera bientôt adopté,
on le souhaite. Bien, écoutez, il y a 75 logements qui vont sortir, qui
sont présentement, là, en train de sortir de terre dans la municipalité de
Roberval. Donc, je tiens à un féliciter tout le monde pour cette belle
réussite.
Vous savez, à l'échelle nationale, le Plan
québécois d'infrastructures 2021-2031, avec ses investissements massifs de
135 milliards de dollars, incarne notre détermination à moderniser et
à développer les infrastructures publiques, y compris le secteur crucial du
logement. On a annoncé, depuis qu'on est au pouvoir, 5,7 milliards de
dollars. C'est beaucoup d'argent, c'est un investissement historique, ça. Donc,
en janvier 2023, notre gouvernement a annoncé davantage des diminutions sur
les... les critères d'accessibilité. On a assoupli les critères d'accessibilité
dans les HLM en baissant le seuil de revenu maximum. Donc, ça fait que plus de
gens ont accès à nos HLM.
Vous savez, la ministre l'a dit tout à l'heure,
il faut augmenter l'offre. On doit être créatifs. Et je pense que c'est ce qu'on
fait en tant que gouvernement. Puis je suis très fière de mon gouvernement. On
travaille en équipe. Nos ministères et nos ministres travaillent en équipe pour
trouver des solutions. Vous savez, si on fait... Si on fait toujours la même
recette, on va toujours avoir le même gâteau. Donc, il faut rajouter des
ingrédients, il faut travailler ensemble. Et je suis fière de notre
gouvernement. Vous savez, les défis sont grands, autant en habitation qu'ailleurs,
mais on est en action en tant que gouvernement. On veut livrer et on va livrer.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée de Roberval. Alors, nous allons maintenant du côté de la
deuxième opposition. Et le député de Laurier-Dorion, vous avez la parole pour
cinq minutes.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, on sait que les crises du logement sont étroitement associées
aussi à un déficit dans la construction d'unités d'habitation en général et d'unités
d'habitation locatives en particulier. Et vous savez, ce n'est pas qu'au Québec
il y a... il y a moins... il n'y a plus du tout de la construction. Oui, il y a
de la construction. Il y a une baisse marquée. Ma collègue des Mille-Îles
parlait d'une baisse de 34 %...
Une voix : ...
M. Fontecilla : Pardon?
Une voix : 32 %.
M. Fontecilla : 32 %.
Merci de la... de la précision, là. Et cette année... Mais il s'en construit, il
s'en construit quand même. Dans le secteur locatif, la crise est encore plus
aiguë. Parce qu'il s'en construit du locatif, là, mais souvent, il s'en... il s'en
construit, du locatif haut de gamme, c'est-à-dire qui coûtent très cher, qui
sont hors de portée des ménages à revenus moyens ou à plus faibles revenus.
Donc, il y a un déficit dans la construction.
Et il y a deux secteurs, grosso modo, qui
peuvent construire du logement, là, soit le secteur privé ou le secteur... ou
le secteur public, à travers différents types de programmes, là. Et le
secteur... le secteur privé, la construction, là, évidemment, ça vise à
construire du logement et à dégager un rendement, ce qu'on appelle... ce qu'on
appelle aussi un profit, et c'est tout à fait... c'est tout à fait légitime,
là. Et, si les conditions ne sont pas réunies, bien, il y aura moins d'investissements
dans la production de logements par le privé. Et de façon très schématique, là,
le privé va prendre en considération son... la possibilité de faire un rendement
sur la base de la capacité du consommateur, consommatrice à avoir accès au
produit qu'il va livrer. Et cet accès-là est conditionné de façon générale par
deux facteurs, là, tout d'abord son revenu personnel, sa capacité... son... sa
capacité à payer une hypothèque, et en deuxième lieu, l'endettement produit,
là, c'est-à-dire le taux... le taux hypothécaire. C'est les principaux... c'est
les principaux critères qui déterminent si un projet privé va aller de l'avant
ou pas. En l'absence de création de logements par le privé, et jusqu'à présent
ça a été toujours du logement... bien, en général, beaucoup de logements haut
de gamme, là, bien, ça va être à l'État de compenser cette insuffisance de
création de logements par le privé et par différents types de programmes. On le
sait...
M. Fontecilla : ...la
création, les logements, la brique et le mortier, là, et tout ce qui est...
tout ce qui concerne l'habitation, ce n'est pas des petits montants, c'est des
montants importants, là. Et les programmes d'habitation au Canada et au Québec
ont toujours été à la merci et dépendants des politiques... des politiques
concernant les finances publiques, là, en particulier les politiques des...
Chaque fois qu'on rentre dans une... dans une période de compressions
budgétaires, de recherche de déficit... du déficit zéro ou d'équilibre
budgétaire, bien, c'est beaucoup les... mais pas uniquement, mais beaucoup les politiques
en habitation de la part l'État qui vont en pâtir, là, donc. Et ça, c'est
l'effet de tous les gouvernements qui se sont succédé jusqu'à présent, là, et
même y compris... y compris le gouvernement de la CAQ qui a bénéficié d'une
conjoncture très particulière puisque, suite aux années d'austérité de l'ancien
gouvernement libéral, le gouvernement caquiste s'est retrouvé avec d'importants
surplus budgétaires qu'il a, selon moi, dilapidés dans des baisses d'impôt,
alors qu'il aurait pu l'investir dans des secteurs beaucoup plus productifs,
entre autres, les... de financer mieux les programmes AccèsLogis.
Vous savez, M. le Président, lorsqu'on
veut... On dit au Québec, là, que, lorsqu'on veut tuer son chien, on l'accuse
d'avoir la rage, c'est exactement ça qui s'est passé avec le programme
AccèsLogis qui aurait pu... qui aurait pu mieux fonctionner. Oui, il avait des
problèmes, là, mais à la base, son problème, c'est un problème de financement
insuffisant, là. Il a déjà produit, je l'ai dit tantôt, 33 000 logements en quelque
30 ans d'existence, un petit moins, là. Il aurait pu le faire, mais il a
toujours été insuffisamment financé. Donc, il n'a jamais pu être... donner les
fruits escomptés.
Aujourd'hui, le ministre nous dit :
Je vais miser sur le privé, tant mieux, mais elle, elle a créé le programme
de... le programme habitation abordable du Québec, le PHAQ, là. Mais j'aimerais
savoir, j'aimerais savoir combien de promoteurs privés ont présenté des
projets, là, ou si on n'assiste pas plutôt à un déplacement des projets... des
projets des groupes sociaux, OSBL, les coopératives, etc., vers le PHAQ, au
lieu d'intéresser les promoteurs privés. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Alors, nous avons terminé la période d'échange
de cinq minutes. Nous en sommes maintenant à la conclusion. Alors, il y aura
deux fois 10 minutes qui vont être accordées, 10 minutes à la
ministre et 10 minutes à la députée qui a fait la demande d'interpellation
d'aujourd'hui. Alors, nous allons commencer par la ministre.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. Alors, chers collègues, nous sommes déjà... nous sommes déjà arrivés
à la conclusion de cet exercice parlementaire et je tiens à remercier tous les
députés qui étaient présents. On a parfois des approches différentes, mais nous
avons tous le même désir, comme nos partenaires d'ailleurs, soit de bâtir une
offre de logements à la hauteur des besoins et des moyens de la population
québécoise. Le droit d'avoir un toit décent à un prix acceptable n'est pas une
demande déraisonnable dans une société comme la nôtre. À chaque moment
charnière de notre histoire où des obstacles se sont dressés devant nous, nous
avons fait preuve de courage et d'imagination. C'est ce que nous sommes en
train de répéter. Nous nous entendons tous, les facteurs de la crise actuelle
sont multifactoriels et provoquent cette tempête parfaite. Mais elle ne sera
pas éternelle.
• (11 h 40) •
Que ce soit au chapitre des taux
d'intérêt, des coûts des matériaux de construction, de la pénurie de
main-d'œuvre ou de la croissance démocratique, les indicateurs sont en
constante évolution. J'ai confiance que la situation va s'améliorer, mais ce ne
sera pas instantané. Et surtout, il ne faut pas rester dans le statu quo. Moi,
je me concentre sur les leviers où nous avons actuellement du pouvoir,
c'est-à-dire mettre en place les conditions propices pour faire lever le
maximum de logements et protéger les personnes plus vulnérables. Je suis animée
de cette volonté de construire vite, bien et de manière rigoureuse avec la
réduction du backlog AccèsLogis et les unités du PHAQ qui vont bientôt sortir
de terre, j'ai confiance qu'on entre dans un nouveau paradigme en habitation.
J'en suis très fière, puisque ces nouveaux logements sociaux qui viennent
directement améliorer la qualité de vie des Québécoises et des Québécois...
Nous misons gros sur le programme
d'habitation Abordable Québec pour lequel, je l'ai dit, nous voulons éliminer
le maximum de contraintes pour accélérer la construction de logements. Il met
dorénavant l'accent sur des projets qui réunissent les conditions gagnantes
pour démarrer rapidement. En répondant à des besoins régionaux bien précis, en
plus d'être appuyés par les municipalités où ils seront développés, en se
collant aux besoins des clientèles particulières qui varient d'une région à
l'autre, ce qui change au final dans l'équation, c'est une obligation de
résultat rapide...
Mme Duranceau : ...Plus de
1 700 unités sont déjà en développement avec le premier appel de
projets, et de bonnes nouvelles sont attendues très prochainement avec notre
deuxième appel de projets.
Enfin, une dernière précision au sujet du
PHAQ. À ceux qui disent que nous abandonnons le volet social du logement, c'est
tout le contraire qui se réalise. 94 % des projets sélectionnés ont été
portés par le secteur communautaire et social.
Autre initiative qui nous a amenés en
dehors des sentiers battus, c'est l'implantation des fonds fiscalisés. Voilà
une façon innovante d'aller chercher de nouveaux partenaires, le Fonds de
solidarité de la FTQ, Fondaction et la Fédération des Caisses Desjardins du
Québec pour la construction de logements, et en préserver leur accessibilité.
Présentement, nous surpassons l'objectif initial, qui était de
3 000 logements, avec 3 571 unités en cours de réalisation.
Fort de ce succès, le gouvernement du
Québec a ajouté au mois de décembre dernier un montant de 87,5 millions pour
un total de 500 nouveaux logements abordables dans les fonds fiscalisés.
On surmonte ensemble les défis du marché. On simplifie le financement et on
s'assure d'une livraison efficace et rapide des projets.
Permettez-moi juste un court mot sur le
préfabriqué, une filière sur laquelle nous fondons beaucoup d'espoirs avec
notre président de la SHQ. Nous mettrons en branle dès le début de l'été un
appel de propositions pour faire construire des logements répartis un peu
partout sur le territoire dans des immeubles allant jusqu'à quatre étages. On
cherche des gains d'au moins 30 % sur les échéanciers habituels et des
économies, plus particulièrement dans les régions éloignées.
Alors, vous voyez, ce sont toutes de
nouvelles avenues qui portent déjà leurs fruits et annoncent une nouvelle ère
au Québec en matière de réalisation de logements.
Parallèlement à ces avancées
administratives, nous avons fait un solide travail sur le plan législatif. Nous
le savons, la réglementation et la bureaucratie sont souvent lourdes et
fastidieuses, elles mettent des freins à notre productivité. Nous avons voulu
les alléger autant avec le projet de loi n° 31, dont nous venons de
terminer l'étude cette semaine, qu'avec le projet de loi n° 39 sur la
fiscalité municipale de ma collègue des Affaires municipales, qui a été adopté
avant Noël. Nous recherchons à donner aux municipalités plus de souplesse et de
la latitude pour accélérer la construction de logements et favoriser une
densification intelligente.
L'habitation au Québec commande une vision
horizontale et collaborative. Je parlais, au début de cette conclusion, à notre
séance de cet... de cet avant-midi, de l'importance d'échanger sur nos
approches respectives. Je disais que, sans avoir des vues convergentes sur tous
les sujets, nous étions tous animés par un objectif commun, mieux loger les
Québécois à un coût raisonnable. Mon approche à moi est sans contredit centrée
sur une refondation de notre écosystème en habitation. Je veux y insuffler une
bonne dose de nouvelles pratiques et l'ajout de partenaires inédits qui sauront
diversifier nos pistes d'action. Et, à voir le bilan de la dernière année, j'ai
confiance que nous sommes sur la bonne voie. Nous le devons aux Québécois et
Québécoises, dont la demande... dont la demande de combler... Nous devons aux
Québécois et Québécoises la demande de combler efficacement leurs besoins de
base, qui est pleinement légitime.
Je vais conclure en vous disant que
j'apprécie sincèrement l'intérêt que l'opposition porte à la question du
logement, mais malheureusement, je pense qu'ils ne proposent pas les bonnes
solutions aux bons problèmes. Ils ne posent pas les bons diagnostics, ils
proposent des solutions dont la portée est beaucoup trop limitée. La pierre
angulaire de la crise, c'est le manque d'offre. Ça ne veut pas dire que l'on ne
peut pas agir pour protéger les plus vulnérables dans un contexte de crise. On
le fait. Je rappelle qu'on a grandement bonifié les mesures d'aide à la
personne pour le paiement du loyer des gens les plus vulnérables. Et on a aussi
légiféré en ce sens. On a rendu beaucoup plus robustes les protections en cas
d'éviction pour les locataires dans notre projet de loi n° 31. On comprend
bien l'importance de poser des actions pour protéger les gens que la crise rend
vulnérables, mais avant tout, il faut agir à la source. Toutes les solutions
que la deuxième opposition propose, elles ciblent des conséquences de la crise
du logement. Comme je le disais, je n'ai rien contre ça, mais tant qu'on n'aura
pas réussi à augmenter l'offre, les mesures que proposent les oppositions
auront un impact très limité.
Et j'ai le regret de dire, M. le
Président, qu'à part critiquer nos programmes, Québec solidaire ne propose
absolument rien de concret pour augmenter l'offre. Il ne propose rien non plus
pour augmenter la richesse des Québécois, qui est une des conditions
importantes pour accéder à la propriété et pouvoir payer son loyer. Écoutez, je
trouve ça très dommage. C'est une suite d'occasions manquées de leur part. Mais
heureusement, on ne manque pas d'idées, et j'ai très, très confiance qu'on va
livrer des résultats. Savez-vous pourquoi, M. le Président? Parce qu'on
travaille en équipe et on innove. On ne répète pas les mêmes vieilles idées,
les mêmes vieilles solutions...
Mme Duranceau : ...comme le
font les oppositions. On ne s'accroche pas aux vieux programmes pour défendre
qui que ce soit, là, toujours. On avance. Je collabore avec mes collègues
ministres, avec les oppositions, avec les municipalités, avec les OBNL, les
offices d'habitation, le secteur privé. On veut mobiliser un maximum de
ressources, et c'est comme ça qu'on va augmenter l'offre, qu'on va résorber la
crise, pas en proposant des mesurettes dont l'effet n'est pas démontré, comme
Québec solidaire l'a fait aujourd'hui.
Je voudrais, en terminant, remercier tous
les membres de mon équipe qui m'ont accompagnée ce matin, ainsi que tous les
employés de la SHQ, qui accomplissent un travail sans relâche. Ils ont su se
réinventer. Tout le monde travaille dans la même direction, on veut faire
différemment, on est en mode solution. Je leur dis : Il faut être en mode
«faire le deal» puis trouver des solutions pour que les choses se concrétisent.
Et puis je sens que le paquebot est en train de... a déjà dévié, M. le
Président, et c'est une excellente nouvelle. Ceci dit, je conclus comme ça.
Par contre, j'aimerais revenir sur
certains éléments, là, qui ont été soulignés au cours des interventions de mes
collègues. J'aurais peut-être pu le faire avant ma conclusion officielle, mais
bon, on va le faire après. Alors, je tiens à réitérer... Quand on... Quand
l'opposition officielle mentionne : Écoutez, il n'y a pas de vision, bien,
écoutez, moi, je réitère qu'on agit sur plusieurs fronts, puis la vision, c'est
ça, c'est d'agir sur plusieurs fronts. Et, je l'ai mentionné tantôt, plusieurs
ministères sont impliqués. J'ai parlé en Chambre, cette semaine, d'une cellule
interministérielle. Donc, il y a les ministres, mais en dessous de ça, on a des
sous-ministres, on a des équipes qui travaillent entre elles et à qui... on a
une cellule, à qui on porte les projets en habitation qui sont bloqués. On a
parlé d'enjeux avec Hydro-Québec, on a parlé d'enjeux en matière
d'infrastructures. Bien, cette cellule-là, bien qu'elle ne soit pas dans les
journaux à tous les jours, elle travaille concrètement à régler les
problématiques terrain, M. le Président, puis on voit, on voit que ça débloque.
Alors, j'invite les oppositions, s'ils ont conscience de problématiques très
terrain, au même titre que sur les projets d'habitation, de communiquer avec
mon cabinet, puis on va faire en sorte que ces projets-là — par
exemple, si c'est un enjeu avec Hydro-Québec — soient portés par les
bons joueurs, pour faire débloquer les choses.
Moi, M. le Président, je ne suis pas ici
pour jaser puis juste critiquer. Je suis ici pour, vraiment, agir sur le
terrain. Je suis une fille de résultats, puis il faut que les choses avancent.
Alors, il faut apporter des solutions concrètes pour faire bouger les choses. Donc,
c'est pour ça que je suis là, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Alors, nous terminons cette conclusion avec la députée de
Mille-Îles, pour un dernier 10 minutes.
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Alors, je vais peut-être commencer par répondre à un élément que la ministre a
dit : les oppositions n'amènent pas les solutions aux bons problèmes. Le
problème, c'est le manque d'offre. Je suis tout à fait d'accord avec elle, et
toutes les solutions qu'elle a parlé pendant toute cette interpellation
tournaient autour du logement abordable. Elle a eu un élément qu'elle a
mentionné qui sortait de ce cadre, et c'était le fameux article 37.2 du projet
de loi n° 31. Je suis d'accord avec elle. Le problème, c'est le manque
d'offre. Les solutions que je propose, que nous proposons, s'attaquent au
manque d'offre.
• (11 h 50) •
Les solutions qu'on a entendues de la part
de la ministre, aujourd'hui, parlent de logement abordable. Ça fait partie de
l'équation, ça, c'est certain, mais quand elle nous sort des chiffres comme,
ah! bien, 979 unités, 1 500 unités ici... M. le Président, il faut
construire 1,1 million de logements. Elle parle de gouttes homéopathiques,
là, dans l'offre. Évidemment que l'offre de logement social, elle doit être
augmentée, mais pour ce qui est de l'offre globale de logement... On ne pourra
pas régler la crise du logement si on n'augmente pas l'offre globale. J'ai
entendu des gouttes homéopathiques de la part de la ministre ici, je n'ai pas
entendu le remède de cheval qu'on a besoin, je n'ai pas entendu de réponse au
remède de cheval que je propose.
Je trouvais ça, aussi, intéressant de voir
que la ministre, quand elle lisait les notes, elle a dit : Le ministre des
Finances ne pense pas qu'enlever la TVQ c'est une mesure efficace. Elle n'a pas
dit qu'elle ne le pense pas. Parce que je lui avais posé la question, et je
suis certaine qu'elle le sait, parce qu'elle a été en contact avec l'industrie,
elle vient de l'industrie. Le calcul... Elle l'a dit, elle est comptable, elle
est fiscaliste. Elle sait que le calcul, actuellement, ne fonctionne pas pour
les projets de logement privés, elle le sait. Alors, c'est pour ça qu'elle ne
peut pas nous dire qu'elle ne pense pas...
Mme Dufour : ...c'est
efficace, la mesure. C'est pour ça qu'elle nous dit que le ministre ne le pense
pas. Mais est-ce que le ministre ne le pense pas vraiment, ou c'est parce qu'il
n'a pas la capacité budgétaire d'accepter une telle mesure, que les autres
provinces, toutes les autres provinces et le fédéral pensent que oui, c'est
efficace, peut-être parce qu'il a trop dépensé dans le passé? Peut-être qu'il
n'a plus de capacité financière pour cette mesure-là. Mais, au bout du compte,
je vais poser la question : Combien ça va nous coûter de ne pas stimuler
la construction de logements? Et je m'excuse, l'article 37.2, que la ministre
mentionne, je l'ai mentionné plus tôt, mais ça ne va pas régler la crise du
logement. Je vais peut-être rappeler qu'en 2020-2 021, là, on avait toutes les
règles d'urbanisme et toutes les règles gouvernementales... Toutes les
procédures qu'on a aujourd'hui, on les avait toutes en 2020-2021. On a eu des
records de mises en chantier à ce moment-là. Aujourd'hui, on est... on a les
records de faibles mises en chantier, alors qu'en 2020-2 021, on a eu les
meilleures années de mises en chantier. L'enjeu, là, ce n'étaient pas les
permis, l'émission des permis en 2021... 2020, les chantiers sortaient de
terre. J'ai rencontré des promoteurs qui ont des permis en main et qui ne
sortent pas leurs projets actuellement, parce que l'équation ne tient pas la
route. Il y a beaucoup de promoteurs qui l'ont dit à la ministre, je suis
certaine qu'elle le sait. Mais, bon, elle doit tenir la ligne.
Mais ce que ça me dit, c'est que la
cellule interministérielle à laquelle elle fait référence, bien, peut-être
qu'elle n'a pas le poids de convaincre ses collègues. Et je vais poser la
question : A-t-elle le poids de convaincre le collègue du ministre de
l'Énergie... le ministre de l'Énergie? Elle ne m'a pas parlé de l'énergie.
J'ai... Pourtant, j'ai fait un bloc complet là-dessus, mais elle ne m'en a pas
parlé du tout. Mais c'est inquiétant, c'est inquiétant. Est-ce qu'on va s'assurer
de brancher en priorité les Québécois, les développements immobiliers? Je ne
l'ai pas entendue à ce sujet-là.
Eh oui, si... je dois le dire, le
gouvernement n'a pas de vision systémique. Quand on parle d'une mesure comme
enlever la TVQ, si on ne le fait pas, que les autres gouvernements le font
autour de nous, bien, on va perdre en attractivité, les fonds vont se déplacer.
Les unités qui ne sortent pas de terre, ça accentue une crise du logement qui
est déjà très aiguë, ça va augmenter éventuellement des gens... l'itinérance.
L'Union des municipalités du Québec a bien démontré que le coût de l'itinérance
est plus élevé que le coût de faire du logement social.
La ministre a mentionné qu'il y avait eu
beaucoup d'éléments, là, tu sais, beaucoup de logements sociaux qui avaient été
construits, etc., mais il n'y en a pas tant, là, qui sont sortis de terre. Pour
le PHAQ, actuellement, je n'ai pas connaissance qu'elle ait coupé un ruban, là,
d'un projet PHAQ, à ma connaissance. Elle a parlé que la ministre... Ah oui!
puis d'ailleurs j'ai bien aimé qu'elle dise que le PHAQ, c'était une petite
révolution. Eh bien, je pense, c'est le bon terme, c'est une petite, très
petite révolution. Je ne sais pas combien d'acteurs m'ont dit qu'AccèsLogis,
là, ça fonctionnait. Il y avait un problème de financement, il y avait certains
éléments du programme qui devaient être modifiés, mais il y avait plus de
flexibilité que dans le PHAQ actuellement puis que ça sortait plus d'unités que
le PHAQ actuellement. Donc, si on veut juste parler logement social, c'est ce
que j'aurais à dire.
Et elle a parlé de l'excellent travail de
l'ancienne ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Je vais quand
même souligner que pendant trois ans elle a nié qu'il y avait une crise du
logement. Je ne sais... Elle a peut-être été une bonne ministre des Affaires
municipales dans ces années-là, mais certainement pas une bonne ministre de
l'Habitation, parce qu'elle n'a pas agi pendant trois ans sur la crise du
logement.
Maintenant, on l'a dit, il faut travailler
avec l'industrie de la construction. Mais je ne vois pas les mesures que
l'industrie de la construction demande, et, quand je l'ai... j'en ai parlé avec
la ministre, je n'ai pas eu de réponse à ce sujet-là. Elle a mentionné que les
villes, par rapport aux cibles que les villes devraient avoir pour émettre les
permis... elle a mentionné les OGAT. Ça, les OGAT, c'est les orientations
gouvernementales en aménagement du territoire. Il n'y a pas de cibles dans les
OGAT, des cibles pour atteindre des délais d'émission de permis ou d'analyse de
dossiers, il n'y aura pas ça dans les OGAT. Elle a dit qu'ils devront répondre
à leurs électeurs, ceux qui n'auront pas le courage de s'en servir. Mais il y a
quand même un enjeu. Actuellement, il y a des projets qui sont... tu sais, il y
a eu des projets dans le passé, là, même dans les années 2020-2021, qui ont été
bloqués parce que c'est des enjeux...
Mme Dufour : ...acceptabilité
sociale. Alors, les maires sont aussi pris avec ça, où s'ils ne se servent pas
de l'article... s'ils se servent de l'article 37.2, ils pourraient aussi
payer le prix. Alors, il y en a beaucoup qui risquent de, finalement, ne pas
bouger aussi vite qu'ils le voudraient par prudence. Et c'est ce qui était dénoncé
cette semaine, dans une lettre... dans une lettre ouverte d'une... de Mélanie
Letarte, de Gestion Dumoulin, qui mentionnait que les maires font preuve de
prudence. Ils ont... ils ont peur des réactions, ils ont peur de ne pas se
faire réélire. Ce qui fonctionne en Ontario, parce qu'ils ont vécu exactement
la même chose, c'est de se donner des cibles, et des cibles avec un incitatif
financier. C'est ce qu'on propose.
Et là, maintenant, je vais juste... parce
qu'il me reste deux minutes, là, je vais revenir avec le fait qu'on a trois
enjeux. C'est ce que j'ai voulu démontrer aujourd'hui. On a une crise qui
est... qui est... qui est systémique, là, qui est... il faut le voir dans son
ensemble, où on a la crise du logement, il nous manque de logements, on a une
crise énergétique et on a une crise aussi municipale, des infrastructures. Et
tout ça est en son ensemble. Si on a besoin d'augmenter le nombre de logements,
1.1 million de logements d'ici 2030, bien, ça va nous prendre
d'électricité et ça va nous prendre des infrastructures municipales pour les
accueillir. Actuellement, il y a des milliers d'unités qui sont bloquées autant
par un que par l'autre, que par la crise de l'énergie que par les
infrastructures. Et donc les mesures qu'on propose aujourd'hui, bien, c'est de
réduire... d'éliminer la TVQ sur la construction de logements locatifs pour
stimuler la construction, pour que ça devienne un minimum rentable pour faire
du logement, ensuite, de donner des cibles aux municipalités, mais pas des
cibles contraignantes, mais des cibles avec la carotte, la carotte, un fonds de
200 millions de dollars, qui, si les villes atteignent... les villes
qui atteindraient ces cibles-là, bien, auraient accès. Et ce n'est pas juste
pour les délais d'émission de permis, mais aussi pour l'analyse des dossiers.
Et cet argent-là serait investi entièrement dans les réseaux d'égouts et
d'infrastructure municipale. Et finalement, bien, de s'assurer qu'Hydro-Québec,
ce soit sa priorité numéro un, la première, de brancher les Québécois, les
développements immobiliers. Il faut assurer la disponibilité énergétique pour
nos futures constructions, c'est essentiel.
Alors, ça fait le tour, M. le Président,
de ce que... de l'enjeu, comment je le vois et comment je propose de le...
de... comme premières mesures, et ce n'est que le début.
• (12 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée de Mille-Îles.
Alors, la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux sine die. Je vous souhaite à tous un bon retour
dans vos circonscriptions respectives. Et pour nos auditrices et auditeurs, une
belle fin de semaine. Et on se revoit mardi.
(Fin de la séance à 12 h 01)