Journal des débats de la Commission de l'aménagement du territoire
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 30 janvier 2024
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Vol. 47 N° 39
Étude détaillée du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d’habitation
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10 h (version non révisée)
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission de l'aménagement
du territoire ouverte. La commission est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplaçants?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Ciccone (Marquette) est remplacé par Mme Dufour
(Mille-Îles) et Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont) est remplacée par Mme Prass
(D'Arcy-McGee).
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Alors, je vous souhaite à tous une belle rentrée parlementaire.
Alors, bienvenue dans cette enceinte de l'Assemblée nationale. Alors, lors de l'ajournement,
le 7 décembre dernier, nous en étions à l'introduction d'un article qui était
le 0.5.1 de la ministre. À titre de rappel aussi, l'étude des amendements
introduisant les articles 0.9, 1.1.2, 1.1.4, 1.1.5, 37.4 était toujours
suspendue. Il reste aussi l'étude de l'article 38.
Alors, nous allons débuter les travaux.
Alors, je laisse la parole à Mme la ministre pour commencer l'échange avec l'article
0.5.1.
Mme Duranceau : Oui, merci, M.
le Président. Je vais juste référer à mon collègue.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Bonjour, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Bonjour.
M. Fontecilla : ...sous-amendement,
pardon, sous-amendement à l'article qu'on va discuter.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Un sous-amendement en lien avec l'article 0.5.1.
M. Fontecilla : Oui. Tout à
fait.
Le Président (M. Schneeberger) :
O.K. Parfait. Alors, nous débutons les travaux.
Mme Duranceau : O.K. Merci, M.
le Président. Alors, je salue tous mes collègues des oppositions. Bon retour!
On est reposé, on est en forme. Donc, écoutez, on va avoir une belle... bonne
journée de travail aujourd'hui. Alors, je vais d'emblée, là, y aller avec...
Puis je vous souhaite une bonne année. Je nous souhaite une bonne année, d'ailleurs,
on est encore en janvier. Donc, une bonne année en santé pour tout le monde,
puis des beaux projets qu'on va réaliser tous ensemble.
Donc, je crois que je dois lire, hein,
0.5.1.
Le Président (M. Schneeberger) : ...je
ne sais pas s'il avait été élu, mais, bon, pour, je pense, rafraîchir la
mémoire, là, ça fait quand même plus d'un mois et demi. Alors...
Mme Duranceau : Pour un petit
rappel, là, comme ça on revient.
Le Président (M. Schneeberger) : Exact.
Mme Duranceau : Alors, l'article
0.5.1, qui est article 1943 du Code civil du Québec : Insérer, après l'article
0.4.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant. Donc, 0.5.1. L'article 1943
de ce code est modifié par l'insertion, dans le deuxième alinéa et après «l'avis»,
de...
Mme Duranceau : ...doit
indiquer les droits et les recours du locataire prévus aux articles 1945
et 1947 et contenir toute mention prescrite par règlement.
Donc, vous vous souviendrez qu'on voulait
venir ici préciser ce qu'un avis de renouvellement devait contenir. Et donc, on
modifie l'article 1943 du Code civil afin que soit indiqué dans l'avis du
locateur informant le locataire de son intention d'augmenter le loyer les droits
et recours du locataire prévus aux articles 1945 et 1947, lesquels
encadrent le droit de contester une telle hausse. Il devrait également indiquer
toute mention prescrite par règlement du gouvernement. Alors donc, c'était
l'objectif de la mesure.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce que nous avons des questions sur l'amendement? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aurais une
question. Lorsqu'à la toute fin de l'amendement, on mentionne le fait de... que
l'avis doit contenir toute mention prescrite par règlement, je me posais la
question : il s'agit de quel règlement et quelle mention pour être... à
quelle mention fait-on allusion?
Mme Duranceau : Oui. Bien,
c'est un règlement, évidemment, qui va être à édicter. Puis on se souviendra,
là, que, si on venait modifier les articles 1945, 1947 ou on aurait recopié les
articles 1945, 1947 dans l'article 1943, pour... de façon à être plus
précis, puis là, on s'est dit : ça va juste compliquer la lecture au
niveau du Code civil, on va venir préciser dans le règlement... on va venir
mettre en mots ce que contient... ce que contiennent les articles 1945 et
1947. Donc, le règlement, ce qu'il devra contenir, c'est, un peu comme ce qui
est déjà transmis, là, au locataire, mais qui va venir préciser que le
locataire qui reçoit un avis a le choix de trois réponses, un, d'accepter le
renouvellement du bail avec ses modifications, deux, je refuse les
modifications proposées et je renouvelle mon bail, ou trois, je ne renouvelle
pas mon bail et je quitterai le logement à la fin du bail, O.K.? Donc, souvent,
c'est le deux, c'est le deux qui n'apparaît pas, là, donc, ça, c'est la...
c'est ce que le règlement va dire. Puis on va ensuite ajouter des précisions
pour les...
Une voix : ...
Mme Duranceau : ...oui, les
coopératives d'habitation. Je peux vous le lire, là. Donc, «si le bail
mentionne que le logement est situé dans une coopérative d'habitation dont le
locataire est membre ou dans un immeuble construit ou dont l'affectation a été
changée depuis cinq ans au moins, le refus de toute modification au loyer, là,
oblige le locataire à déménager à la fin du bail.» Ça, c'est déjà prévu à cause
des articles 1945 et 1955, donc on va venir le mettre dans le règlement.
Puis on va venir aussi préciser «si le locataire refuse l'augmentation ou les
modifications proposées, le locateur peut, dans le mois de la réception de ce
refus, s'adresser au tribunal administratif du logement pour faire fixer le
loyer ou statuer sur la modification du bail. Le locataire et le locateur
devront alors respecter la décision du tribunal, donc le nouveau loyer et les
nouvelles conditions. Puis, si le locateur ne s'adresse pas au tribunal, alors
le bail est renouvelé au même loyer et aux mêmes conditions.» Ça fait qu'on
vient préciser dans le règlement ce qui finalement, grosso modo, est déjà
inscrit sur le formulaire de bail, ceci dit.
Une voix : ...
Mme Duranceau : Sur le modèle
qui est proposé par le Tribunal administratif du logement, le modèle d'avis,
c'est ça. Donc, ça existe déjà, tout ça, là on vient le préciser par règlement
pour le rendre obligatoire, finalement. Donc, déjà dans la forme, c'était
utilisé, mais bon, peut-être qu'il y avait quelques... quelques dissidents.
Donc, le but... notre but, c'était vraiment de s'assurer que les locataires et
les... principalement dans ce cas-ci les locataires sont au courant de leurs
droits. Parce qu'on le voit, c'est souvent la problématique, les gens ne savent
pas quels sont... ne connaissent pas bien leurs droits, donc l'avis devra être
plus explicite pour que les gens comprennent bien ce qui les protège.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Ça va, M. le député? Oui?
M. Fontecilla : Justement, je
pense que...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
autre question?
M. Fontecilla : ...pour
continuer la discussion sur cet amendement-là, il serait pertinent et utile de
tout de suite introduire mon sous-amendement. Est-ce que vous permettez? Ça a
déjà été envoyé?...
Le Président (M. Schneeberger) : ...il
a été... Est-ce que les greffes l'ont reçu? Parce que, si les greffes l'ont
reçu, on peut continuer, si les greffes ne l'ont pas reçu, à ce moment-là, on
va demander une suspension.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
O.K. Bon, regardez, moi, ce que je vais faire, à ce moment-là, vous allez lire
l'amendement et, puis après ça, si on a besoin d'une suspension, on suspendra
pour en prendre connaissance. Alors, je vous écoute, M. le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : On va le
trouver, mais... C'est celui-là? Donc, c'est l'article... sous amendement,
l'article 0.5.1, l'article 1943 du Code civil : Modifier
l'amendement créant l'article 0.5.1 en remplaçant les mots «les droits et
les recours du locataire prévus aux articles 1945 et 1947 et compte tenu
de toute mention prescrite par règlement» par «le droit du locataire de refuser
une augmentation et de demeurer dans son logement».
Cet amendement a pour but de clarifier
celui proposé par le Gouvernement. Si l'inclusion du libellé des
articles 1945 et 1947 est un pas dans la bonne direction, il demeure que,
dans un souci de vulgarisation juridique et de clarté pour les locataires...
peut informer l'usager du vocabulaire... d'un vocabulaire clair est primordial.
Donc... attendez une minute, de cette manière, le locataire qui fait face à un
avis qui ne prévoit pas le délai de refus et/ou l'option de rester... a le
droit de faire valoir. Ainsi, l'amendement 0.5.1, tel que... tel qu'il se
lirait : Insérer, après l'article 0.4.1 du projet de loi tel
qu'amendé le suivant... 0.1... «L'avis de modification qui vise à augmenter le
loyer doit indiquer en dollars le nouveau loyer proposé ou l'augmentation en
dollars ou en pourcentage du loyer en cours. Cette augmentation peut être
exprimée en pourcentage de loyers qui sera déterminé par le tribunal si ce
loyer fait déjà l'objet d'une demande de fixation ou de révision. L'avis, et
c'est là que le sous-amendement intervient, la ville doit indiquer le droit du
locataire de refuser une augmentation et de demeurer dans son logement. Il doit
de plus indiquer la durée proposée du bail si le locateur propose de la
modifier et le délai accorder au locataire pour refuser la modification
proposée.»
• (10 h 20) •
Donc, M. le Président, le principal enjeu
ici, c'est celui de l'information. On a... on en a déjà... on a déjà abordé le
sujet, pour la plupart, une très grande majorité des locataires, ils ne savent
pas qu'il existe trois options, donc soit accepté l'avis d'augmentation de
loyer et rester dans le logement, refuser la hausse et quitter, et c'est la
troisième qui nous importe tout particulièrement, c'est la possibilité pour le
locataire, tel qu'établi par les articles de loi, de refuser l'augmentation et
rester... demeurer dans le logement, ce qui ouvre la porte à une procédure de
fixation des loyers. Il est amplement connu par tout le monde que, souvent, les
avis d'augmentation des loyers ne comportent que deux options, soit celle
d'accepter et rester, soit celle de refuser et quitter.
Dans ce sens-là, j'ai ici un amené deux
documents anonymisés, qui sont la copie des avis de renouvellement de bail, là,
qui indiquent... qui n'indiquent que les deux... les deux options, là.
Donc : «Avis de renouvellement de bail, veuillez cocher la case appropriée
et signez en dessous. J'accepte de renouveler mon bail aux conditions ci haut
mentionnées, j'ai n'accepte pas de renouveler mon bail pour l'année à venir.
Dès que... dès que vous n'acceptez pas, vous consentez automatiquement à ce que
votre appartement reçoive des visiteurs, tous les jours, des 9 heures... de
neuf a.m. à huit p.m., le tout selon la loi.» Donc, voilà, c'est ce qui
signifie que le locataire, s'il refuse l'augmentation de loyer, doit quitter
l'appartement avec le consentement des personnes qui sont mentionnées, en
particulier dans... là, je dépose ce document, M. le Président, ça va être
envoyé. Voilà, donc, encore une fois, le principal problème demeure, comment
dire, l'opacité des articles de loi spécifiant cette... cette procédure qui est
une conséquence des articles 1945 et 1947, et il est impératif donc de
clarifier cette situation-là au bénéfice de l'information pour tout le monde,
en particulier pour les...
M. Fontecilla : ...locataires
qui peuvent être... subir un très grand préjudice puisqu'ils ne comprennent pas
tout à fait les lois. Dans ce sens-là, M. le Président, on a soulevé le fait
qu'il y aurait une répétition dans l'article 1943 que nous sommes en train
d'amender, avec l'article 1945 et 1947. Mais je pense que, dans le Code civil,
et il y a amplement d'endroits où on a tendance à reprendre le contenu d'autres
articles pour éclairer un article précis, ce n'est pas une pratique nouvelle,
et si on va dans ce sens-là, on va aller dans le sens de vulgariser les droits
des locataires et les obligations des locateurs et favoriser moins de
déménagements qui ne sont pas justifiés. On va donner plus d'informations aux
locataires, de façon plus claire, et ça va être fait au bénéfice de tout le
monde, parce qu'en ce moment, là, on joue sur les nuances, et beaucoup,
plusieurs locateurs ne respectaient pas les articles 1945 et 1947. On nous dit
que cette obligation va être définie dans un règlement ultérieur, et j'en suis,
fort bien, sauf que, pour l'instant, ce règlement n'est pas adopté, et, en
général, cela ne... pour un locataire qui cherche à connaître ses droits, on
lui complique la tâche, parce que, non seulement il va devoir aller lire le
Code civil, les articles concernés, les comprendre, ce qui, déjà, n'est pas une
mince affaire, mais, ensuite il devra aller se procurer et comprendre le
règlement dont on ne connaît pas la teneur ni la formulation.
Donc, ce serait éminemment pertinent de
procéder tout de suite et clarifier dans l'article, dans le sous-amendement
proposé par le gouvernement, clarifier une fois pour toutes l'obligation de
stipuler très clairement les trois options : soit j'accepte l'augmentation
et je demeure, soit je refuse et je quitte, soit je refuse et je demeure dans
le logement. Ça va aider grandement les ménages locataires qui font face à
plusieurs pressions pour accepter des hausses abusives, sinon quitter, avec tous
les préjudices que cela cause pour un ménage locataire. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires suite au dépôt du sous-amendement du député
de Laurier-Dorion? Oui, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Écoutez,
bien respectueusement, je vais dire que je pense que notre proposition est plus
complète. Je comprends ce que le député de Laurier-Dorion veut venir... veut
voir précisé, là, mais on va le préciser dans le règlement. Là, en indiquant
seulement un des éléments des trois options possibles, quand il y a un avis qui
est envoyé, je pense que ça porte un peu à confusion, ou, du moins, ce n'est
pas complet. Il y a trois choix, là, quand un avis est envoyé, puis on va venir
le préciser dans le règlement, puis là la modification proposée ne parle même
pas de la possibilité d'avoir un règlement qui vient donner des précisions
aussi sur l'application ou l'exécution, là, au niveau de l'avis. Alors, je
pense que notre proposition est plus complète puis j'ai le même objectif que le
député de Laurier-Dorion, là, c'est que les locataires connaissent leurs droits
comme il faut puis qu'ils les connaissent tous, puis c'est ce qu'on veut
édicter dans le règlement. Ça fait que c'est sûr qu'il y a un petit délai, là,
au niveau, avant que le règlement soit adopté, mais c'est l'objectif, là, je
m'en vais à même place que le député de Laurier-Dorion. Par contre, je pense
que, d'un point de vue juridique, là, notre proposition est plus complète, puis
va mieux servir tout le monde, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Oui, députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Quelle échéance
que vous vous donnez, justement, pour la production du règlement?
Mme Duranceau : Bien, on me
dit que ça prend environ quatre mois parce qu'il y a deux publications, là...
il y a une publication, prépublication et publication, ça passe au Conseil des
ministres, puis... En gros, là, c'est un processus d'environ quatre mois, mais
on sait pas mal ce qu'il y aura à contenir, là il est déjà prêt.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Mme Prass : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, notre proposition fait en sorte de...
M. Fontecilla : ...l'opération
des déductions du droit au maintien dans les lieux à partir des articles 1945
et 1947, parce que c'est de ça qu'il s'agit en ce moment, là. Et le locateur et
le locataire doivent, à la lecture de ces deux articles là, déduire de
l'opération qu'il existe une troisième option, ce qui n'est pas à la portée de
tout le monde, là, surtout lorsqu'on agit dans la célérité.
Et, dans ce sens-là, moi... c'est une
proposition que je fais, en même temps, à la ministre... ce que j'en déduis, de
la ministre, c'est que notre proposition est incomplète, et la proposition du
gouvernement est plus complète, parce que, dans mon sous-amendement, je ne fais
pas mention du règlement. Fort bien. Moi, je suis tout à fait prêt à inclure
cette proposition là de référer à un règlement, tout en l'ajoutant à ce que je
viens de déposer comme sous-amendement. Soit que je le retire, et on produit
une nouvelle... un nouveau sous-amendement comportant les deux, ou une autre
procédure, qui pourrait être discutée.
Je ne m'oppose pas au fait de définir en
plus, par règlement, cette obligation là d'avoir les trois options. Mon but,
c'est surtout, et avant tout, de stipuler qu'il doit y avoir trois options, au
lieu de procéder à une déduction, et s'il faut, pour cela, ajouter le fait de
renvoyer à un règlement qui va être adopté ultérieurement, moi, je suis tout à
fait d'accord. Donc, moi, je propose à la ministre... de la façon dont elle
l'entend, qu'on procède à garder l'allusion à... le refinancement à un
règlement ultérieur, tout en adoptant l'obligation d'avoir trois options. Donc,
je suis tout à fait ouvert à cette possibilité-là.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
D'autres... Mme la ministre.
Mme Duranceau : Un
commentaire, M. le Président. Est-ce que vous permettez au président du
Tribunal administratif du logement de donner quelques précisions?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, avec le consentement. Consentement pour que Me Simard puisse prendre la
parole? Alors, vous présenter, avec votre nom et votre titre, et puis allez-y.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, Patrick Simard, président du Tribunal administratif du
logement. Peut- être, dans le but de rassurer le député, l'orientation que
prévoit cet article-là, c'est d'énoncer clairement, dans l'avis qui sera...
dont le contenu sera obligatoire, par règlement, le contenu exact de ce que
stipule le..., qui prévoit les trois options, qui prévoit la possibilité de
demeurer dans le logement. Et, je vous dirais, l'intention, parce que j'y ai
participé, aux travaux, là, qui... Comme la ministre l'a dit, le projet de
règlement est presque monté en entier, là. On ne peut pas présumer de l'issue
des travaux, alors il n'est pas, évidemment, complet, mais, dans la mesure où
la commission et le... en faisait la proposition... l'adoption, plutôt, et que
l'Assemblée nationale a adopté la loi, ce qui est prévu, c'est que le contenu
de l'avis de modification, qui est le modèle du TAL, qui prévoit toutes les
options, toutes les modalités, toutes les informations, ce soit le contenu
obligatoire.
L'objectif, ce n'est pas d'imposer le
modèle en tant que tel, parce qu'il y a un format, il y a un PDF, puis il y a
des organisations qui travaillent avec d'autres systèmes informatiques que le
nôtre, mais d'imposer, non pas le modèle, mais tout le contenu du modèle. Vous
me direz : ça revient au même. Effectivement, ça revient au même. Donc,
l'objectif, c'est que ce que le TAL met à la disposition des gens devienne le
contenu obligatoire de tous les avis de modification de baux des locateurs au
Québec, qui prévoit, je le répète, ce que le député énonce comme étant des
éléments importants de connaissances à divulguer aux locataires, également, aux
locateurs, je vous dirais. Donc, je pense que l'objectif, il est atteint, dans
la mesure où, par règlement, on va prévoir l'ensemble de ces modalités-là.
Et le règlement — je terminerai
là-dessus — nous donne plus de flexibilité, dans la mesure où le
législateur était d'avis que ça ne va pas encore assez loin, malgré que c'est
le modèle actuel qui fait, je pense... qui a démontré, là, son efficacité et a
démontré qu'il était complet, là. Mais dans la mesure où il y avait des
modifications à y apporter, ou s'il y a d'autres modifications dans une loi à
venir, bien, le procès de... le projet de règlement, d'y aller par règlement,
est davantage flexible, nous permet davantage d'agir rapidement, plus de
flexibilité que de revenir en Assemblée pour...
10 h 30 (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...des
modifications de contenu qui seraient dans le Code civil, parce que là ce
serait... il reste une lourdeur qu'on n'a pas par voie réglementaire. Donc, en
terminant, le contenu, c'est celui de l'avis proposé par le TAL, qui devient
obligatoire, qui contient, à mon sens, je pense, toutes les informations
requises pour atteindre l'objectif que vous poursuivez.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos renseignements, Me Simard. Questions? Ça va? Alors, oui, députée de d'Arcy-McGee.
Mme Prass : Si... Quel
recours est-ce que le locataire aurait si jamais le règlement n'est pas suivi?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : ...pourrait
prétendre que cet avis-là est inopposable puisqu'il ne contient pas les
mentions prescrites.
Mme Prass : D'accord. Donc,
ce serait pour l'année qui suit ou est-ce qu'il y a une certaine période que le
locateur pourrait représenter une nouvelle augmentation?
M. Simard (Patrick) : La
jurisprudence actuelle ne prévoit pas que le locateur puisse envoyer des avis
successifs. Alors, s'il y a une erreur, on vit avec l'erreur.
Mme Prass : Parfait. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, Me
Simard de ces explications-là. Mais, pour approfondir le sujet, la
jurisprudence à l'état actuel, est-ce qu'un locataire peut déclarer nul un
avis, un avis de renouvellement du bail avec une augmentation qui n'est pas
conforme aux articles 1945 et 1947?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : La
réponse est oui. Tout à fait. Il y a des modalités, mais la réponse est oui.
Tout à fait.
M. Fontecilla : Donc, si je
comprends bien, s'il n'y a pas, dans l'avis de renouvellement de bail avec
une augmentation, s'il n'y a pas les trois options, éventuellement, un
locataire qui s'y oppose pourrait dire : Ce n'est pas valide comme avis,
et cet avis-là n'a plus cours.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui, le
tribunal fait du droit, on ne fait pas de la mathématique. Donc, il n'y a pas,
passez-moi l'expression, mais une switch on/off, là, où est-ce que c'est aussi
simple que ça. Parce que si le locataire énonce dans le cadre de l'audience :
Oui, je le savais qu'il y avait cette possibilité-là, mais je vous dis juste
que l'avis n'était pas complet, il le savait déjà. Alors, il y a toute la
question de la confusion, je pense, qui peut être plaidée, d'une part, l'intention
de de nuire, là, d'avoir un préjudice parce que le locataire est informé, mais,
je dirais, à moitié ou à peu près. Donc, toutes ces notions-là sur le
consentement à la réponse à l'avis sont susceptibles de faire l'objet d'une
démarche, et le tribunal peut tout simplement invalider l'avis, le rendre
inopposable. Donc, dans ce cas-là, par exemple, pas d'augmentation de loyer,
pas de modification...
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? D'autres questions? Alors, nous allons passer... Comment?
M. Fontecilla : Je n'ai pas d'autre
question.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, nous allons mettre aux voix le sous-amendement proposé par ld député de
Laurier-Dorion? Es- ce que le sous-amendement est adopté? Vote par appel
nominal. Parfait. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à l'amendement original.
Est-ce qu'il y a... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Tel que j'ai
dit tantôt, j'aurais un deuxième amendement. Est-ce qu'il a été...
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il est déposé au greffe?
M. Fontecilla : Un
sous-amendement, pardon.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Parfait. Alors, allez-y, faites votre lecture.
M. Fontecilla : Donc, si je
peux en faire la lecture. Donc, article 0.5.1 de l'article 1943 du Code civil
du Québec. Modifier l'amendement créant l'article 0.5.1, en ajoutant, à la fin,
et par l'ajout à la fin de l'alinéa suivant : «L'avis qui ne contient pas
la mention prévue, au deuxième alinéa, est nulle, de nullité absolue.»
Cet amendement a pour but de s'assurer que
l'avis qui ne respecterait pas l'article 1943 soit inopposable aux locataires,
et ce, peu importe les circonstances. Il importe de souligner qu'à l'heure
actuelle un avis qui ne contient pas les droits garantis par l'article 1947 et
1947, tel que le droit de refuser l'augmentation et de demeurer dans le
logement, ou bien le délai de refus, ne sera pas automatiquement frappé de
nullité. Bien au contraire, la jurisprudence indique clairement qu'un avis non
conforme ne sera frappé de nullité que si le locataire visé par l'avis subit un
préjudice. Ainsi, il n'est pas rare qu'un locataire qui réussit à mobiliser ses
droits et attaquer la validité de l'avis ne se fasse opposer...
M. Fontecilla : ...préjudice
par le tribunal. Donc, l'article 1943 du Code civil tel que... tel qu'il
se lirait.
«1943 L'avis de modifications qui vise à
augmenter le loyer doit indiquer en dollars le nouveau loyer proposé où
l'augmentation en dollars ou un pourcentage du loyer en cours. Cette
augmentation peut être exprimée un pourcentage du loyer qui sera déterminé par
le tribunal. Si ce le loyer fait déjà l'objet d'une demande de fixation ou de
révision, l'avis doit indiquer les droits et les recours du locataire prévus
aux articles 1945 et 1947 et contenir toute mention prescrite par
règlement. Il doit de plus indiquer la durée proposée du bail si le locateur
propose de le modifier et le délai accordé au locataire pour refuser les
modifications proposées. L'avis qui ne contient pas la mention prévue au 12ᵉ alinéa
est nul de nullité absolue.»
Voilà donc. Et encore une fois on revient
au sujet qu'on a abordé il y a quelques... quelques minutes. D'emblée, je suis
encore une fois tout à fait disposé à modifier cet amendement... Ce
sous-amendement, là, pour inclure la référence à un règlement ultérieur, c'est
tout à fait possible. Je suis tout à fait d'accord avec cette proposition-là,
mais il demeure que, et on a entendu le président du Tribunal administratif du logement,
là, la question de la nullité d'un avis non conforme est sujette à discussion
et il peut arriver des cas où c'est accepté ou pas accepté. Il faudrait une
fois pour toutes, il me semble, qu'en tant que législateur, trancher cette...
cette question-là et indiquer très clairement, envoyer le message qu'un avis de
renouvellement comportant une augmentation de loyer doit être conforme et
comporter les contenus. Et je suis bien d'accord avec Me Simard, les
contenus et non pas nécessairement la forme telle que définie dans les avis
d'augmentation des loyers et les modifications d'une autre condition du bail
tel que spécifié par le Tribunal administratif du logement. Mais on parle du
contenu. Et ce contenu se réfère à trois options qui ont été amplement discutées
ici. Donc, on enverrait un message très clair à l'ensemble des locataires et
locateurs qu'on doit retrouver ces contenus-là dans les avis d'augmentation des
loyers et les modifications d'une autre condition du bail. Et cela devrait être
inscrit selon... selon moi dans le Code civil parce que c'est là,
principalement, que la plupart des citoyens et citoyennes se réfèrent pour bien
comprendre la teneur des leurs droits et obligations.
• (10 h 40) •
Donc, il y a un appel, ici, à clarifier au
maximum les dispositions du Code civil régissant un point aussi sensible que le
renouvellement d'un bail qui concerne une très grande quantité de ménages au
Québec qui... et qui, à l'heure actuelle, doivent composer avec des
formulations qui ne les renseigne pas de façon... de façon adéquate. Et les
erreurs sont fréquentes, autant de la part des locateurs que de leurs
locataires. Et donc il est nécessaire, il est même impératif de clarifier et
envoyer un message, un message très clair dans le sens qu'un avis d'augmentation
qui ne comporte pas ces trois options, je ne le répéterai pas, mais n'a pas...
peut être contesté et déclaré... peut être déclaré par le Tribunal
administratif du logement comme... pouvait être invalidé à toutes fins
pratiques, là.
Donc, et il me semble qu'en tant que
législateur on a l'obligation de clarifier au maximum ces dispositions-là,
parce que ça va bénéficier à l'ensemble des... des ménages locataires, et aussi
aux locateurs qui sauront très clairement c'est quoi leurs obligations au lieu
de, si je peux me permettre l'expression, nager dans une... dans une sorte
d'ambiguïté qui induit la confusion et la perte des droits par un grand nombre
de locataires qui reçoivent, comme je l'ai mentionné tantôt, là, des avis ne
mentionnant que deux options. Et ça, ça amène à la perte d'un droit
fondamental, celui d'avoir un chez-soi à un prix déterminé. Donc, il est
primordial, selon moi, que... de profiter de... du projet de loi no 31...
M. Fontecilla : ...pour
clarifier un aspect qui suscite un très grand nombre de situations
problématiques et peut-être même sur le... sur le... à un niveau plus pratique,
là, à une surcharge du travail au tribunal administratif du logement. Ça va
être utile pour tout le monde ainsi que pour la machine administrative en
charge d'appliquer les lois dans ce domaine-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Est-ce que nous avons des questions suite à la... Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Oui. J'aimerais
référer à Me Simard, s'il vous plaît, qui va pouvoir préciser pourquoi
juridiquement on va avec... on souhaite demeurer avec la solution qu'on
propose.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, Maître Simard, vous avez la parole.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, j'apprécie votre souci quant à la surcharge de travail
du TAL, parce qu'effectivement on est très sollicité, vous avez raison.
Ceci étant, cette modalité-là qui est
proposée aujourd'hui de rendre tout simplement l'avis de nullité absolue nul de
nullité absolue parce qu'il ne contiendrait pas un des éléments prévus ne se
retrouve pas dans les autres avis par ailleurs du code civil, notamment en
matière d'éviction, en matière de reprise non plus. Ce serait un cas... un cas
particulier qui, malheureusement, à mon sens, enlève toute la latitude au
tribunal pour agir devant les cas de bonne foi. Par exemple, quelqu'un pourrait
avoir fait une erreur de bonne foi qui n'est pas visée par un élément de dol,
c'est-à-dire de fraude ou d'intention malveillante, s'est simplement trompé,
alors que le locataire n'en subit pas nécessairement de préjudice, parce que
c'est ça, l'analyse que le tribunal en fait, donc est-ce qu'il y a vraiment un
préjudice, est-ce qu'il y a eu une intention également. Donc, dans ce cas-là,
je pense que laisser la marge de manœuvre aux situations, qui sont aussi
nombreuses que notre imagination nous le permet, donne, je pense, plus de
flexibilité d'intervention, dans la mesure où on connaît clairement l'intention
du législateur de rendre obligatoire le contenu des avis, mais de voir, dans
les cas qui nous sont présentés, qu'est-ce qui mérite une intervention aussi
importante, aussi loin que de déclarer nul de nullité absolue l'avis plutôt que
d'en déclarer simplement une partie par exemple inopposable ou d'avoir cette
discussion-là avec les parties devant le juge pour voir quels sont... quels
sont les éléments de reproche, quels sont les éléments de préjudice qui ont pu
être amenés au locataire pour finalement trancher en fonction du cas qui est
présenté devant nous, plutôt que d'avoir une obligation pour le tribunal à la
fois où on constate simplement un élément qui manque, il pourrait manquer un
mot pour dire que... si je vais jusque dans l'absurde, là, et d'arriver à la
simple conclusion : Bon, il n'est pas conforme, je le déclare nul, ce qui
voudrait dire que tous les changements proposés ne seraient pas... ne seraient
pas possibles d'être envisagés.
Donc, je pense que de laisser la latitude,
comme on l'a fait dans le passé, à la fois dans le p.l. 16 de la première
législature, à la fois dans celui-ci, de laisser la latitude au tribunal
d'intervenir au bon moment avec les bons moyens, c'est ce que le législateur
nous donne aujourd'hui par le projet de loi n° 31, notamment. Donc, je
pense qu'il faut continuer en ce sens-là, c'est ma proposition que je soumets
aux députés.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires, maître. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Pour bien
comprendre, M. le Président, si je comprends, si j'entends l'ensemble de cette
discussion-là, j'en déduis que la ministre, tout d'abord, stipule la nécessité
de traduire concrètement, dans un avis d'augmentation de loyer, des
modifications de notre condition de bail, le contenu de l'article 1945 et
1947, sans stipuler c'est quoi la... comment dire, la formulation, la
formulation finale, là, c'est-à-dire les trois options.
D'autre part, la ministre renvoie à un
règlement qui est déjà en cours d'écriture, si je comprends les propos qui ont
été tenus ici, là, à un règlement, cette obligation-là. Donc, je comprends que,
dans le règlement, il va y avoir l'obligation faite par le gouvernement au
locateur de définir très clairement les trois... les trois options en termes de
contenu, si je comprends bien. Et ce règlement-là ne fera pas... ne rendra pas
cette disposition-là... c'est-à-dire les trois options, ne les rendra pas
obligatoires dans l'absolu, mais en cas de litige, ça va être laissé au discernement
de... du tribunal administratif du logement, là, le fait de décider s'il y
avait bonne foi ou mauvaise foi dans la transmission de... du contenu contenant
les trois... les trois options de l'avis d'augmentation de loyer et de
modification de notre condition de bail. Est-ce que... Donc, je reviens sur la
question du règlement, je comprends bien qu'il va y avoir...
M. Fontecilla : ...des
indications pour faire en sorte que les avis d'augmentation contiennent les
trois options, au moins, là. C'est ce que je peux comprendre.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons une réponse? Mme la ministre?
Mme Duranceau : Oui, c'est
oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
M. Fontecilla : Je n'ai pas
d'autre intervention, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous allons mettre aux voix le
sous-amendement déposé par le député de Laurier-Dorion. Est-ce que le
sous-amendement est...
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Par
appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à l'amendement original.
Est-ce qu'il y a des commentaires? Question? Alors, s'il n'y a pas de
commentaire, question, est-ce que le sous-amendement qui introduit
l'article 0.5.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
maintenant, nous allons poursuivre sur une série d'articles qui avaient été
suspendus. Alors, nous commençons par le 1.1.2.
Mme Duranceau : O.K. Là, ça,
ça avait été lu, ça, j'imagine?
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
Mme Duranceau : Non, c'est
beau.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Bien, moi, je pense qu'étant donné que ça fait quand même plusieurs semaines,
je vous inviterais à relire l'article en question.
Mme Duranceau : 1.1.2, 1.1.4,
1.1.5.
Mme Duranceau : Souhaitez-vous
qu'on suspende quelques instants ou...
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
1.1.2. Eh bien, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 51)
(Reprise à 10 h 52)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons. Alors, député de Laurier-Dorion, excusez-moi, je ne savais pas
que c'était vous qui avez déposé cet article. Ce n'est pas mentionné. Alors, je
vous laisse lire votre amendement.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, nous allons aborder un élément important, là, c'est la
protection des locataires et aînés, et c'est l'article 1.1.2. Donc, il
s'agit d'insérer, après l'article 1 du projet de loi, le suivant :
1.1.2. L'article 1959.1 de ce code
est modifié par le remplacement :
1° au premier alinéa de «70 ans» par
«65 ans»;.
2° au premier paragraphe du deuxième
alinéa de «70 ans» par «65 ans»;
3° au deuxième paragraphe du deuxième
alinéa de «70 ans» par «65 ans»;
4° au troisième paragraphe du deuxième
alinéa après âgé de «70 ans» par «65 ans» et après «de moins de
70 ans» par «65 ans».
L'article 1959.1, tel qu'amendé, se
lirait ainsi :
1959.1. Les locateurs ne peuvent reprendre
un logement ou en évincer un locataire lorsque ce dernier ou son conjoint, au
moment de la reprise ou de l'éviction, est âgé de 65 ans ou plus, occupe
le logement depuis au moins 10 ans et a un revenu égal ou inférieur au
revenu maximal lui permettant d'être admissible à un logement à loyer modique,
selon le règlement sur l'attribution des logements à loyer modique
(chapitre S-8L.1). Il peut toutefois reprendre les logements dans...
M. Fontecilla : ...l'une ou
l'autre des situations suivantes : il est lui-même âgé de 65 ans ou plus
et souhaite reprendre le logement pour s'y loger, le bénéficiaire de la reprise
est âgé de 65 ans ou plus, il est un propriétaire occupant âgé de 65 ans ou
plus et souhaite loger dans le même immeuble que lui un bénéficiaire âgé de
moins de 65 ans.»
Donc, M. le Président, on saura que... on
va se rappeler que l'article 1959.1 est aussi connu comme la loi Françoise
David parce que c'est elle qui l'a négocié dans une autre législature. C'était
un projet d'une députée d'opposition et qui visait à justement mieux protéger
les locataires aînés, qui constituent une population particulièrement
vulnérable, pour les locateurs qui procèdent à des évictions, souvent des
évictions qui sont plus ou moins... plus ou moins conformes à la législation.
Donc, c'est une population qui est facilement... on peut intimider plus
facilement et qui connaissent moins leurs droits, qui sont moins aptes à... qui
sont moins portés à défendre leurs droits à aller se renseigner, font plus
confiance à des figures d'autorité comme un propriétaire. Donc, il était devenu
évident que... dans un contexte de crise du logement et de multiplication des
procédures d'éviction, il était devenu évident qu'il était plus nécessaire que
jamais de protéger davantage les locataires aînés.
Aujourd'hui, avec l'approfondissement,
comment dire, ou l'élargissement de la crise du logement, il est devenu
nécessaire d'effectuer un autre tour de vis, si je puis m'exprimer ainsi, à
cette législation-là, pour mieux protéger les locataires aînés, qui souvent
sont les victimes d'avis de la part des locateurs peu scrupuleux. Dans ce
sens-là, on propose de baisser le seuil d'âge à partir duquel on peut appliquer
cette protection-là, tel que spécifié dans l'article 1959.1, de 70 ans à
65 ans.
D'ailleurs, on peut... on peut aisément se
questionner sur la norme de 70 ans. Pourquoi 70 ans? Pourquoi pas 80 ans,
pourquoi pas 69 ans, etc., là? Il a été décidé, au moment de l'adoption de
l'article 1959.1, que 70 ans, c'était une norme acceptable, mais,
toutefois, on peut se... dans une situation d'épidémie des procédures
d'éviction, le 70 ans est loin d'être suffisant, il est... il est temps d'abaisser
cette norme-là à 65 ans ou plus.
Et 65 ans, pourquoi 65 ans? Parce qu'il
est admis que... au Québec en tout cas, parce que 65 ans, il y a un seuil dans
la vie d'une personne, c'est le seuil à partir... c'est l'âge à partir duquel
on prend notre retraite. C'est notre... C'est un seuil qui est communément
admis. On passe d'une catégorie de personne qui travaille, qui est dans le...
dans la population active à un statut de retraité. Donc, en quelque sorte, le
65 ans, pour une personne... une personne aînée, c'est ce que le 18 ans
représente pour une personne jeune. C'est un... C'est un seuil défini par les
lois. À partir de 18 ans, on devient majeur et, à partir de 65 ans, on devient
retraité.
Donc, le 70 ans est en quelque sorte
arbitraire. Dans le contexte actuel, encore une fois, d'épidémie des procédures
d'éviction, il est nécessaire d'étendre cette... ce critère-là à... de le
baisser à 65 ans, et c'est une demande largement partagée par l'ensemble des
regroupements de personnes aînées, par l'ensemble des organismes qui s'occupent
de défendre les droits des locataires et par toute une série d'organisations
dans la société qui considèrent que...
M. Fontecilla : ...est
arbitraire, et que, dans le contexte actuel, on doit davantage protéger les aînés
contre les procédures d'éviction et remettre à 65 ans l'âge à partir
duquel... de laquelle on peut... on peut être protégé par
l'article 1 959.1. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos explications. Est-ce que nous avons des questions, commentaires sur
l'amendement? Député de... les Îles-de-la-Madeleine. Bonjour.
M. Arseneau : Si vous
permettez, M. le Président, je pense qu'ici on a un genre de moment de vérité,
là, si on veut véritablement que le projet de loi n° 31 apporte un
bénéfice à des gens qui sont parmi les plus vulnérables, c'est le moment
d'agir, c'est le moment d'agir pour les personnes aînées. Je pense qu'une
amélioration de cet article-là, qui avait déjà été adopté à 70 ans, donc abaisser
l'âge à 65 ans... il y a d'autres amendements qui s'en viennent du même
genre, ça peut effectivement faire une différence. Ça peut nous permettre
d'éviter des évictions aux gens qui souvent n'ont pas la capacité, n'ont pas
les compétences, n'ont pas la volonté, parfois pas la santé, pas les moyens de
se défendre face à des procédures d'éviction. Et M. le député de Laurier-Dorion
l'a fort bien expliqué, l'âge de la retraite selon les régimes des rentes et
selon les pensions fédérales, c'est 65 ans. Et, entre 65 ans et
70 ans, que se passe-t-il de différent lorsqu'on est retraité, lorsqu'on a
un revenu, là, selon les barèmes actuels, là, qui nous permettent d'être
admissibles à un logement à loyer modique? Que peut-il se passer de différent
entre 65 ans et 70 ans? En fait, la seule chose, c'est qu'on devient
plus vulnérable, mais on l'est autant à 65 ans qu'on l'est à 70 ans. C'est
la raison pour laquelle je pense que ce qui a changé aujourd'hui, c'est que le
marché, à l'heure actuelle, est extrêmement défavorable aux locataires et que
les locataires les plus vulnérables sont susceptibles d'être la cible
d'éviction. Et on le voit de façon régulière dans les... dans les médias. Pour
ceux qui osent dénoncer, on nous dira que ça peut paraître anecdotique. Moi, je
mettrais au défi l'État du Québec de faire une recension de ce qui se passe
véritablement entre le moment où on a adopté l'article original, là, sur les
70 ans et aujourd'hui, la situation s'est dégradée sur le plan de l'accès
à un loyer et par rapport à la crise du logement. Donc, si on veut
véritablement faire la différence aujourd'hui, au moins pour une catégorie de
la population, c'est-à-dire les personnes aînées, si on veut faire vraiment une
différence, serrer la vis, donc abaisser l'âge minimal, puis je pense qu'on
peut faire autre chose aussi, c'est-à-dire la durée de... du bail, là,
antérieur à la procédure d'éviction. Donc, réduire de 10 à cinq ans, on y
reviendra tout à l'heure. Je pense que c'est le geste... le geste à poser.
• (11 heures) •
Et je vois mal comment on peut
aujourd'hui, dans la situation actuelle, dire qu'on est impuissants comme
législateurs à agir. On a la capacité d'agir, on a l'occasion d'agir, on a un
projet de loi ici, il y a un amendement qui est proposé. C'est notre responsabilité
devant ces gens-là, d'agir avec bienveillance, avec détermination, avec
conviction aussi, pour améliorer leur sort. Alors, M. le Président, j'ose
espérer que la réponse de la ministre, elle a eu amplement le temps d'y
réfléchir pendant les dernières semaines... On a suspendu l'article pendant
combien de temps, deux mois? J'espère que la réflexion va nous permettre
d'avancer de façon déterminée et résolue pour protéger les gens qui sont les
plus vulnérables face à la crise du logement actuellement, les locataires et
les locataires aînés.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Député de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Un autre élément
pour encourager que l'âge soit 65 ans et non 70 ans. Récemment, on a
appris que, quand une personne est frappée d'invalidité, est reconnue invalide
après un processus, le régime des rentes du Québec, une fois que la personne
arrive à son 65 ᵉ anniversaire est punie parce que leurs prestations sont
réduites de 24 % vu qu'elle a touché des prestations d'invalidité entre 60
et 65 ans. Donc, on ne parle pas seulement de personnes qui sont aînées
ici, mais des personnes qui sont invalides. Et comme présentement il y a
plusieurs qui sont touchés par ce... cet élément qui fait en sorte qu'il y a
presque un quart de leurs prestations qui sont réduites annuellement, il serait
d'autant plus important que ces gens-là aient justement une protection qui fait
en sorte que ce n'est pas parce qu'ils se rendent à...
11 h (version non révisée)
Mme Prass : ...ans, et là leur
prestation est réduite et qui sont dans une situation où peut-être leur
logement... leur accès au logement dans lequel ils sont n'est plus protégé.
Donc, je pense que la question de 65 ans, il y a plusieurs éléments qui font en
sorte que ça fait du sens qu'on le réduise à cet âge-là, d'autant plus, comme j'ai
dit, qu'on parle spécifiquement, dans ce cas-là, des 65 ans et plus qui sont
considérés... qui reçoivent des prestations d'invalidité. Donc, il ne faudrait
surtout pas qu'eux soient pénalisés une deuxième fois. Donc, je joins ma voix à
celle de mes collègues dans ce sens.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a des commentaires? Mme la ministre.
Mme Duranceau : ...M. le Président,
alors là, ici, on parle de l'âge, là, de faire passer l'âge de 70 à 65 ans. Je
tiens d'abord à dire que je suis préoccupée par les situations d'éviction, qu'elles
visent des gens en bas de 65, en bas de 70 ou en haut de 70 ans. Pour moi, c'était
clair qu'il fallait agir à cet égard-là, puis c'est ce qu'il fait, le projet de
loi, hein? Au niveau des évictions, on vient renverser le fardeau de la preuve.
Ça va être au propriétaire... Quand on dit : Les personnes aînées vont
avoir plus de difficulté à se défendre, bien, c'est justement ce à quoi on
vient répondre. On dit : Ça va être le propriétaire qui va devoir faire la
preuve de sa bonne foi, s'il reprend le logement, et non plus le locataire. Si
un locataire n'accepte pas l'éviction ou s'il n'y répond pas, il ne sera plus
présumé avoir consenti à l'éviction, le locateur devra aller s'adresser au
tribunal pour pouvoir reprendre le logement. Ça fait qu'on vient changer, là,
la façon de faire, on vient changer le fardeau de la preuve puis on vient mettre
ça sur le dos des propriétaires, puis tout ça dans le but de protéger,
justement, les gens qui sont les plus démunis.
On vient aussi, avec le projet de loi,
fixer des indemnités minimales qui sont beaucoup plus importantes qu'avant, qui
vont tenir compte du nombre d'années en logement. Alors, c'était clair pour moi
qu'il fallait agir, puis c'est de cette façon-là qu'on agit, au niveau des
évictions, et, peu importe l'âge, là, du locataire en question. Je pense que,
là, ici, on parle beaucoup... on parle beaucoup de l'âge, mais il ne faut pas
non plus confondre les personnes âgées vulnérables puis l'âge de la retraite,
tu sais. C'est quand même deux choses, 65 ans, ça arrive vite. Il y a bien des
gens qui ne sont pas vulnérables à 65 ans. Donc, on vient protéger les gens qui
le sont avec les mesures d'éviction, puis c'est par là qu'on... c'est par là qu'on
agit, M. le Président. Alors, moi, c'est la précision que je voulais donner,
là, sur le débat quant à l'âge.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Est-ce que nous avons d'autres... Député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Il est
important de... Évidemment, là, ce n'est pas toutes les personnes de 65 ans et
plus qui sont extrêmement vulnérables, mais la ministre n'est pas sans savoir
que, de façon générale, plus on avance en âge, et ça dépend de chaque cas
particulier, là, mais plus on... il y a plus de fragilité, plus d'insécurité,
justifiée ou pas, et plus de vulnérabilité. Et donc c'est au cours de qu'on a
déjà appelé le troisième âge, là, qu'on retrouve plus des possibilités pour
effectuer des abus de personnes, de personnes aînées. D'ailleurs, ce n'est pas
un hasard si plusieurs personnes de très mauvaise foi se concentrent sur cette
population-là, pour, justement, profiter des personnes aînées. Heureusement, il
y a toujours des personnes qui sont très réveillées et réussissent à exercer
leurs droits.
Ceci étant dit, il faut se rappeler
également qu'il n'y a qu'une faible minorité des locataires, peu importe l'âge,
des jeunes et des moins jeunes, qui utilisent le Tribunal administratif du
logement, pour différentes raisons, soit parce qu'ils ne connaissent pas leurs
recours, soit parce qu'ils ne veulent pas de problème, soit parce qu'ils
craignent des procédures qu'ils considèrent trop complexes, judiciaires, etc.,
là, bref, tout un ensemble de raisons qui font en sorte que seulement en
moyenne 6 % des locataires...
M. Fontecilla : ...6 %
utilisent le Tribunal administratif du logement pour faire respecter leurs
droits, et ce pourcentage-là doit sans doute diminuer au fur et à mesure qu'on
avance en âge, là. Et il faut aussi considérer, et c'est important de se
rappeler, là, les préjudices très importants pour les personnes aînées d'une
procédure d'éviction, qu'elle soit justifiée ou pas. Ce n'est pas parce qu'une
procédure d'éviction est justifiée et elle est faite conformément aux lois
existantes que cela ne suscite pas un préjudice, un grand préjudice aux
personnes aînées. Et le fait d'abandonner un logement, pour n'importe qui, ça
peut être, surtout pour les personnes qui ont vécu longtemps dans un logement
et dans un milieu, dans une communauté, peut être un événement traumatisant qui
provoque une détresse importante, et en particulier pour une personne aînée et
pas... surtout si elle est à faibles revenus, et souvent ces personnes-là, et
on va y revenir dans un autre amendement, paient des loyers moins élevés, ce
qui leur permet d'avoir un meilleur niveau de vie, justement parce que les personnes
aînées, de façon très générale, et on peut toujours trouver toutes sortes
d'exceptions, mais demeurent plus longtemps dans un logement. Et le fait d'être
évincée, de devoir déménager provoque non seulement une détresse économique,
parce que la personne devra sans doute se reloger dans un logement qui est
beaucoup plus cher selon le marché actuel, donc ça provoque un appauvrissement
important de ces personnes-là, un niveau d'anxiété élevé, parce que chercher un
appartement qui correspond à nos besoins et qui correspond à notre capacité de
payer dans le marché actuel est une source de stress extrême pour n'importe...
pour quiconque, mais en particulier pour une personne aînée. Et donc les... Et
le fait, le seul fait de s'installer et d'arriver à trouver quelque chose de
convenable, sans doute à un prix majoré, dans un autre milieu... Parce que
trouver un appartement dans le même quartier, pour une personne aînée qui vient
d'être évincée, c'est pratiquement impossible. Ces personnes-là doivent
s'exiler dans un autre quartier, dans un autre milieu, donc elles perdent...
ces personnes-là perdent leurs repères personnels et sont en quelque sorte
déracinées d'un milieu où elles ont... ces personnes-là ont réussi à créer des
relations et à trouver un réseau, et un réseau soit d'amitié, ou soit
d'organismes communautaires, un réseau sociocommunautaire, là, qui les
satisfait, qui les rassure, qui leur vient en aide, là, et... au besoin, là,
ces personnes-là doivent s'exiler, se déraciner dans un autre milieu et s'y
habituer, ce qui comporte aussi des pertes importantes en termes de repères...
• (11 h 10) •
Une voix : ...
M. Fontecilla : Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : Je
m'excuse. Vous êtes dans votre envolée verbale, mais ça fait déjà plusieurs
secondes que votre temps est dépassé, puis là, j'essaie de vous laisser finir,
mais vous n'arrêtez plus. Alors, je vous dois de vous arrêter.
M. Fontecilla : Donc, j'ai
dépassé mon 20 minutes, moi?
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
M. Fontecilla : J'ai dépassé
mon 20 minutes?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Parce
que le temps était accumulé depuis l'automne, là, sur l'amendement.
M. Fontecilla : Ah!
Le Président (M. Schneeberger) : Bien
oui! On n'a pas oublié, nous. Alors, je n'ai pas le choix, il faut que je fasse
respecter les règles. Voilà.
M. Fontecilla : Parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : D'autres
commentaires? Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Je suis
surpris de la réponse de la ministre. Je pensais que le premier ministre avait
dit qu'on voulait ébranler le statu quo, que c'était la volonté de le faire au
cours des prochains mois. Et là, la ministre nous dit : Non, non, le statu
quo nous convient fort bien. Il y a une crise du logement, il y a des personnes
qui se voient évincées, il y a des personnes plus vulnérables qui sont dans des
situations intolérables. On pourrait, on a l'occasion d'augmenter le facteur de
protection de l'État envers ces personnes les plus vulnérables, puis on
dit : Non, on ne procédera pas, parce que dans un autre article on...
M. Arseneau : ...le fardeau de
la preuve sur le locateur. Or, si on suit la logique, pourquoi ne pas tout
simplement enlever le facteur d'âge, 70 ans? Pourquoi le facteur d'âge...
et puis j'aimerais entendre la ministre là-dessus, pourquoi le facteur d'âge...
parce que c'est de ça qu'il s'agit, pourquoi le statu quo sur le facteur d'âge,
qui est complètement arbitraire, à 70 ans et non pas à 65 ans, alors
qu'on sait très bien que l'âge régulier de la retraite au Québec, là, c'est
reconnu par tous, je pense qu'on n'a pas besoin de faire une longue
démonstration là-dessus, c'est 65 ans? Et à partir de 65 ans, si on
est admissible au revenu... au logement à loyer modique, selon le règlement sur
l'attribution des logements à loyer modique, ça veut dire qu'on n'a pas un gros
salaire. Ça veut dire qu'essentiellement, là, on n'a pas atteint le plafond, on
est sous le plafond du revenu déterminant... comment on appelle ça, le seuil
des besoins impérieux. Si les mots ont un sens, «les besoins impérieux», là,
ça, ça veut dire période de... la pyramide de Maslow. Ça veut dire qu'il faut
être en sécurité, ce qui induit aussi avoir un toit puis pouvoir se nourrir,
besoins essentiels. Donc, on a un revenu qui nous permet de combler nos besoins
essentiels. On a 65 ans, on a atteint l'âge de la retraite et on a
vraisemblablement un revenu qui est non seulement limité, mais une capacité
d'augmenter notre rémunération et notre revenu qui est nulle ou extrêmement
faible, donc là, on fait face à une procédure d'éviction, de reprise de
logement. Si l'État ne nous protège pas, si le fardeau de la preuve qui repose
sur le locataire est admis et qu'il a une raison qui est reconnue selon la loi,
conforme, bien, on va avoir ces gens de 65 ans et plus qui se trouvent
dans l'obligation, en pleine crise du logement, de se trouver un nouveau toit,
nécessairement, avec l'évolution des loyers telle qu'on le voit depuis quelques
années. Cette personne-là, 65 ans et plus, un revenu qui lui permet de
répondre à ses besoins impérieux, y compris le loyer actuel, va devoir nécessairement
se trouver un loyer et, souhaite-t-on, dans la même région ou dans le même
quartier qu'elle habite, avec peut-être son conjoint, sa conjointe, peu
importe. À ce moment-là, il est évident, je pense qu'on peut le dire, que cette
personne-là devra payer plus cher pour se trouver un nouveau logement. C'est
précisément l'intention du législateur, à l'époque où on a fixé l'âge de
70 ans... c'est précisément la raison pour laquelle on a décidé d'ajouter
au Code civil cet alinéa, cet amendement pour protéger ces personnes
vulnérables à une période qu'on ne qualifiait pas à l'époque de crise du
logement, dans un contexte qui était beaucoup plus favorable.
Alors, moi, j'aimerais quand même
comprendre de la part du ministre comment elle peut justifier aujourd'hui, avec
un projet de loi qui nous permet d'améliorer la protection des personnes les
plus vulnérables, comment est-ce qu'on peut dire que 70 ans, ça
fonctionne, puis 65 ans, ça ne fonctionne pas? Quelle est la différence
entre la personne qu'on veut protéger à 70 ans et la personne qu'on veut
protéger à 65 ans, compte tenu de la capacité de cette personne-là, qui a
atteint l'âge de la retraite, de se payer un loyer plus cher,
vraisemblablement, suite à une éviction?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, M. le Président, je le sais que la situation est difficile pour
plusieurs Québécois, plusieurs Québécoises, peu importe l'âge. L'objectif, dans
le contexte actuel, c'est vraiment d'augmenter l'offre de logements pour que
tous les Québécois puissent se loger convenablement, d'augmenter l'offre de
logements hors marché pour avoir des loyers qui seront... qui seront abordables
justement pour les Québécois les plus vulnérables. Le projet de loi,
évidemment, ne vise pas ça, là. Le projet de loi vient modifier certaines
règles pour l'équilibre locataire/locateur. En matière d'éviction, je pense
qu'on a adopté des bonnes mesures déjà. Puis c'est de cette façon-là qu'on va
aider les...
Mme Duranceau : ...à être
mieux protégé.
Encore une fois, là, le débat sur 70, 65
ans... oui, 65 ans, c'est l'âge de la retraite, mais ce n'est pas parce que
c'est l'âge de la retraite que tout le monde devient soudainement plus
vulnérable. On protège les gens avec la mesure sur l'éviction, sur le
renversement du fardeau de la preuve, sur des compensations qui sont plus
respectueuses et plus importantes. Donc, c'est de cette façon-là qu'on vise à
protéger les gens plus vulnérables.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député des...
M. Arseneau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
vous avez encore du temps.
M. Arseneau : ...pas
qu'est-ce que j'avais d'accumulé avant...
Le Président (M. Schneeberger) : Bien
là, je ne l'ai pas sous les yeux parce que les chronos... mais, allez-y.
M. Arseneau : ...mais donc,
si vous me donnez la parole, M. le Président, j'aimerais revenir sur la
question d'augmenter l'offre de logement. On est tous d'accord. On est tous
d'accord aussi qu'avec les programmes qui ont été mis en place, ce n'est pas
pour demain, là, que la loi, le projet de loi no 31, là, il ne touche pas à ça,
puis qu'un plan du gouvernement pour augmenter le nombre de logements pour les
personnes vulnérables, pour les personnes qui ont besoin d'un logement... ce
n'est pas demain la veille qu'on va résorber le déficit.
Alors là, ce n'est pas de ça qu'on parle,
on parle de la protection des locataires notamment. En tout cas, nous, on veut
parler de la protection des locataires, des locataires les plus vulnérables, en
période de crise du logement. On a l'occasion, avec un projet législatif,
d'améliorer la protection des gens les plus vulnérables. On nous dit : Tout
le monde va être protégé également parce que le fardeau de la preuve est
renversé, sur la question des évictions. Nous, ce n'est pas le débat qu'on fait
aujourd'hui. Le débat qu'on fait, c'est sur l'âge des gens qui sont davantage
protégés par l'État. Et on n'a pas fait la preuve qu'à 70 ans on avait
davantage protection... besoin de protection que 65 ans, mais ce dont on a fait
la preuve, c'est que la situation, au moment de l'adoption de l'amendement au
Code civil pour protéger les gens de 70 ans, le contexte de l'époque... et le
contexte d'aujourd'hui, il est complètement différent, M. le Président. On ne
parlait pas, à ce moment-là, d'une crise du logement, et on s'est donné la
mission, comme législateurs, de protéger les gens qui étaient à la retraite
puis qui avaient un revenu qui leur permet à peine de combler leurs besoins
impérieux.
• (11 h 20) •
Aujourd'hui, on est dans une crise
historique, jamais vue, les gens se font jeter dehors par leurs propriétaires,
sans défense, et on dit : Bien non, suffisamment protégés, ces gens-là, on
n'ira pas plus loin, 70 ans, c'est correct. 65 ans, non, non, ils ont encore
l'option de se battre jusqu'à 70 ans, de trouver autre chose.
Nous, ce qu'on demande au gouvernement,
c'est de faire la preuve qu'on peut faire davantage. C'est une police
d'assurance, ce projet de loi là, cet article-là, là, 70 ans. On est bien
conscients que tous les gens au Québec qui ont 70 ans et plus, qui occupent un
loyer, ne vont pas se faire évincer, mais lorsque la procédure est entreprise,
les conséquences financières, les conséquences sur le plan de la santé mentale,
et qui éventuellement découlent sur la santé physique, sur la détresse
psychologique, elles sont évidentes et sont documentées. Elles sont tout aussi
grandes lorsqu'on a 70 ans que lorsqu'on a 65 ans ou 68 ans. Surtout lorsqu'on
s'adresse à une clientèle qui, par un autre critère, définit qu'elles n'ont pas
de grands moyens puis qu'elles n'ont pas non plus la capacité d'augmenter leurs
revenus pour faire face à une hausse de loyer parce qu'on aura décidé qu'elles
doivent déménager. C'est simplement ça, le plaidoyer qu'on veut faire.
Donc, encore une fois, je ne comprends pas
pourquoi cette fermeture à améliorer la protection de l'État face à des gens
qui ont un faible revenu, qui ont atteint l'âge de la retraite, qui se voient
contraints de déménager, qui se voient mettre à la rue. Et, malgré l'article
dont on parle, sur le fardeau de la preuve, ce n'est pas suffisant. Parce qu'à
ce compte-là, je répète, a contrario, on pourrait dire qu'on fait sauter
l'article de 70 ans parce qu'à partir de ce moment-là l'article, la
modification amenée par la ministre va être d'une telle efficacité que, peu
importe l'âge, tout le monde est protégé. Ce qui est faux, et je pense que la
ministre le sait pertinemment. Si on a décidé de conserver le facteur 70, c'est
parce qu'il y a encore des gens qui vont se trouver à la rue à partir de 70 ans
et plus et qui vont être dans le trouble, qui vont devoir payer plus cher pour
un loyer dont ils n'ont pas les moyens.
Alors, ce qu'on dit, c'est la catégorie de
ces gens-là, bien, elle ne commence pas à 70 ans, elle commence à 65 ans. Et,
tout simplement, pourquoi on le fait aujourd'hui? Parce que la situation a
changé. On jugeait, comme législateurs, comme gouvernement, comme Québécois,
qu'on avait un devoir envers ces gens-là qui ont bâti le Québec puis qui se
retrouvent dans une position...
M. Arseneau : ...financière
précaire, qui se voit mettre à la rue, et on a fixé, à ce moment-là, dans les
conditions du marché, que 70 ans, c'était un âge à partir duquel il fallait que
l'État intervienne. Notre plaidoyer, aujourd'hui, c'est de dire que la
situation a changé, pas pour le mieux, de façon très négative, pour ces
gens-là, pour les gens qui ont atteint l'âge de la retraite, et qui ont un
faible revenu, et qui n'ont pas d'autre alternative. Sinon, ils déménageraient
par eux-mêmes. Si les alternatives étaient si extraordinaires pour ces gens là,
bien, ils déménageraient par eux-mêmes, on n'attendrait pas l'éviction.
Nécessairement, leur situation, leur bien-être va se dégrader. Protégeons-les,
protégeons-les, et on peut le faire simplement par l'adoption de cet amendement
qui est proposé par mon collègue de Laurier-Dorion.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de... Vous souhaitez intervenir? Non? Députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : ...la ministre
nous parle des éléments d'éviction qui ont été... qui sont en place dans le
projet de loi. Par contre, je ne vois pas pourquoi on ne peut pas avoir un
élément parmi d'autres qui vient renforcer, justement, cette protection d'une
population qui est plus vulnérable. Les aînés, ça se peut que, par exemple, il
y a une certaine discrimination contre eux quand ils vont aller chercher un nouveau
logement. Il y a plusieurs éléments qui font en sorte que leur situation peut
être différente que celle d'autres personnes. Il faut prendre tout ça en
considération parce que, comme on dit, on vit une crise du logement, on vit
l'inflation, on vit des situations qui n'étaient pas présentes auparavant, et
il faut s'assurer que nos plus vulnérables... Et ce n'est pas tout le monde de
65 ans qui est considéré vulnérable, mais il y en a plusieurs qui peuvent
l'être, et il faut penser à ces gens-là. Et ce n'est pas parce qu'on a mis une
mesure en place, qui est une mesure, un petit peu, parapluie, si vous voulez,
qui touche toutes les tranches d'âge, tous les individus... et ne pas
s'assurer, comme ça a été fait, dans le passé, pour les 70 ans et plus, qu'il y
ait une considération et une protection additionnelles pour les gens de 65 ans
et plus. Donc, personnellement, je ne vois pas la raison pour laquelle on ne
peut pas faire les deux.
Justement, si le gouvernement est
convaincu que... s'il veut vraiment protéger les locataires et les vulnérables,
la raison... je ne vois pas pourquoi on ne mettrait pas les deux mesures en
place, plutôt que dire : Bien... les évictions, on devrait les protéger
aussi, «devrait» étant entre guillemets, disons. Donc, encore une fois, une
population qui est vulnérable, qui peut être discriminée contre, quand ils vont
arriver au moment où ils doivent quitter leur logement, pour plusieurs raisons,
donc, on pense que ça devrait être également mis de l'avant dans le projet de
loi.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. D'autres commentaires? Alors, s'il n'y a pas d'autre
commentaire, nous allons mettre aux voix l'amendement déposé par le député de
Laurier-Dorion. Est-ce que l'amendement qui... Oui?
M. Fontecilla : ...par appel
nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
nominal, oui. Alors, est-ce que l'amendement qui introduit l'article...
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est... Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aimerais
déposer un autre amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
mais je veux juste finir, parce qu'il y a déjà d'autres amendements qui sont...
que vous avez déposés aussi par la suite, là. Alors, l'amendement est rejeté.
Alors... M. le député de Laurier Dorion, vous souhaitez déposer un autre
amendement sur le même article? Parce que vous avez déjà un autre amendement
aussi, en lice, qui était suspendu, qui était le 1.1.4.
M. Fontecilla : Sur le même
sujet qu'on vient de traiter, là? C'est sur l'âge?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Là, vous souhaitez déposer un autre amendement?
M. Fontecilla : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, par contre, il faut quand même que les gens puissent en prendre
connaissance. Je vais devoir suspendre quelques... Mme la ministre?
Mme Duranceau : ...quelques
minutes?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 30)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, M. le député de Laurier-Dorion souhaitait
amener un nouvel amendement. Alors, M. le député de Laurier-Dorion, je vous
écoute.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, toujours en lien avec la question de l'âge à partir duquel on
est admissible à une protection contre les évictions, c'est... l'article,
c'est : Insérer, après l'article un du projet de loi, les suivants :
«1.1.2.1. L'article 1959.1 de ce code
est modifié par le remplacement :
«1° au premier alinéa, de
"70 ans" par "67 ans";
«2° Au premier paragraphe du deuxième
alinéa, de "70 ans" par "67 ans";
«3° au deuxième paragraphe du deuxième
alinéa, de "70 ans" par "67 ans";
«4° au troisième paragraphe du deuxième
alinéa, après "âgé de" de "70 ans" par
"67 ans" et après "de moins de", de
"70 ans" par "67 ans".»
Est-ce que vous avez... Bon, je vais lire
le reste, là. L'article 1959.1...
Des voix : ...
M. Fontecilla : Voilà. Donc,
c'est ça. Avez-vous besoin que je lise? Parce qu'on ne fait que changer «67»
par... «70» par «67». Est-ce que j'ai besoin de lire l'ensemble du texte?
Le Président (M. Schneeberger) : ...je
pense que le... c'est similaire à l'article ou à l'amendement précédent, ça
fait que, je pense, tout le monde avait compris le... Alors, là-dessus, on... C'est
parfait.
M. Fontecilla : O.K. j'ose
apporter cet... ce sous-amendement... cet amendement-là, parce que peut-être
que la ministre veut... aurait, comment dire, une réticence à... au 65 ans
parce que ça allonge de cinq ans le nombre d'années, là, dans le... pour
lesquelles les propriétaires... les locataires aînés pourraient être protégés.
Ce qui fait quand même... ce qui pourrait concerner un très grand nombre de
locataires. Et donc, dans une tentative de réduire ce bassin d'éventuels
locataires protégés, j'ose avancer un 67 ans parce que, voilà, c'est deux
ans de moins, et peut-être que ça pourrait faire réfléchir la ministre. On
avait déjà eu des discussions informelles par le passé, là, sur la notion de
l'âge, et moi, je serais même prêt à accepter un 67 ans. Évidemment, ce
n'est pas 65 comme je le voudrais, et encore une fois, ça exclut un certain
nombre des locataires, mais, à tout prendre, c'est...
11 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...67, c'est
mieux que 70 ans.
Ceci étant dit, M. le Président, j'aimerais
revenir sur l'élément apporté par le collègue des Îles-de-la-Madeleine, là,
concernant la réponse de la ministre, nous disant que la... la modification apportée
concernant le changement du fardeau de la preuve en cas d'éviction est
amplement suffisante pour régler ce type de problème et de possibilité d'abus.
Mais, si c'était... c'était le... c'était le cas, c'est comme si on venait tout
juste de trouver la formule magique pour éviter les abus, alors que c'est un
pas dans la bonne direction, et je suis... je suis bien d'accord avec cette
disposition-là, mais c'est loin, c'est loin de régler l'ensemble des problèmes
existants dans le monde locatif, tout particulièrement concernant les
évictions. J'espère que ça va avoir un effet substantiel, mais je doute que cet
article-là, concernant le changement du fardeau de la preuve en cas d'éviction,
va régler un grand nombre de problèmes, parce qu'il va toujours se... il va
toujours y avoir des locataires qui ne sont pas informés de leurs droits et des
locateurs qui... heureusement, ils sont... il y en a une minorité, en tout cas,
je l'espère, qui veulent profiter de la fragilité, de l'ignorance, on va se le
dire, de la non-connaissance des lois, de la vulnérabilité de certains ménages
pour tenter de procéder à des évictions.
Je le rappelle encore, il n'y a que
6 % des locataires qui ont recours, pour toutes sortes de causes, au
Tribunal administratif du logement, et donc il y a un très grand nombre qui n'y
ont pas recours, soit parce qu'une bonne quantité n'ont pas de problème, en
tout cas, je l'espère, et on peut supposer que d'autres n'y ont pas recours
parce qu'ils ne connaissent pas leurs... les possibilités que le droit leur
offre. Donc, l'argument comme quoi... la disposition concernant le changement
du fardeau de la preuve, en cas d'éviction, n'est pas... ne réussit pas à
régler ces problèmes-là.
Ensuite, la ministre nous a fait mention
de l'augmentation des indemnités en cas d'éviction, mais, encore une fois, deux
aspects problématiques à cet argument-là. L'indemnité se produit lorsque l'éviction
est déjà acquise, donc les préjudices, pour l'aîné qui doit être... qui doit
déménager, se trouver un logement beaucoup plus cher, se déraciner... et
trouver des repères dans un nouveau milieu... les préjudices existent déjà pour
ce locataire-là, et l'indemnité ne vient que partiellement compenser les
préjudices causés. Et ce n'est pas l'argent qui va diminuer la perte des
repères, le déracinement d'un locataire aîné. Ça peut consoler, ça peut aider,
évidemment, là, mais, comment dire, c'est un remède qui est loin de résoudre la
problématique dans son ensemble.
Et comme dernier élément, M. le Président,
je pense que la question de l'éviction des locataires aînés, puis l'actualité
regorge de ce type de cas, est, en fait, une tentative de ce que certains
experts appellent l'optimisation des bâtiments, surtout lorsqu'un nouvel
acheteur arrive, là. Donc, il s'agit, fondamentalement, de changer des
locataires qui payent des loyers bas, parce que, souvent, ils restent depuis
longtemps dans ces logements-là, pour avoir des nouveaux locataires qui vont
payer des loyers beaucoup plus élevés. Il est amplement connu que c'est lors
des changements des locataires qu'il y a une augmentation substantielle des
loyers, ce qui contribue à l'augmentation du prix de l'immobilier en général.
Donc, c'est une opération, avant tout, et souvent, là, d'après les cas que l'actualité
nous fait connaître...
M. Fontecilla : ...c'est un
cas typique d'opérations de... spéculatives, spéculatives, qui, additionnées
l'une à l'autre, agrégées, font en sorte de faire grimper les prix non
seulement dans le locatif, mais les prix dans l'ensemble du secteur immobilier,
ce qui est une opération nettement... est une dynamique qui est néfaste pour la
santé économique d'une société et pour le bien-être des citoyens et citoyennes,
qu'ils soient locataires ou ou propriétaires. L'augmentation des prix, l'augmentation
inconsidérée, ça a des effets délétères, néfastes pour l'ensemble de la
société. Donc, tout en sachant que la procédure d'éviction d'une... de la
population aînée vise souvent des... implique, plutôt, des... une pratique
spéculative, je pense que la ministre devrait considérer ce point de vue là et
tenter de colmater les brèches afin de limiter, autant que possible, les
opérations spéculatives, là, qui... sur un public particulièrement vulnérable,
qui sont les locataires aînés.
Donc, dans ce sens-là, si la ministre
trouve que 65 ans, c'est un peu trop demander, bien là, je lui propose
d'abaisser cette norme-là de 70 ans à 67 ans. Il va y avoir moins de locataires
aînés qui vont être concernés, mais on va quand même élargir la protection de
la loi Françoise David, là, pour mieux protéger les locataires contre les
évictions. Donc, je fais un pas en avant, et 67 ans, j'espère que ça pourra
être un... ça pourra faire en sorte d'éliminer ou, en tout cas, d'amoindrir ses
réticences à améliorer la loi Françoise David. Merci. M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Schneeberger) : ...M.
le député de Laurier-Dorion. Est-ce que nous avons un retour là-dessus, Mme la
ministre? Ça va, oui?
Mme Duranceau : Non, ça va.
Le Président (M. Schneeberger) : Non?
O.K. Député des... c'est beau... des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bien, merci, M.
le Président. Alors, je pense que l'amendement qui est... de nous permettre de
discuter des chiffres, puis d'essayer de comprendre sur quelle base la ministre
insiste tellement pour le statu quo eu égard à l'âge à partir duquel on peut
davantage protéger les personnes en situation de vulnérabilité et en situation
économiquement défavorable sur le plan du revenu maximum.
J'aimerais comprendre si, pendant le temps
où l'amendement initial, qui visait à réduire l'âge à 65 ans entre ce moment là
puis aujourd'hui, est-ce qu'on est ce qu'on a fait des vérifications? Est-ce
qu'on a pu valider le fait qu'à partir d'un certain nombre d'indicateurs, que
le 70 ans, c'était la meilleure décision que puisse prendre les législateurs et
l'État du Québec, alors qu'entre 65 et 67 ou 70, cette protection-là n'était
pas nécessaire, était frivole, était essentiellement contre-indiquée. Moi,
c'est vraiment... Parce qu'on pourrait décider, là, un peu comme ça en jasant,
que 70 ans même, c'est beaucoup, beaucoup trop jeune. Moi, je connais des gens,
j'ai des amis, j'ai des gens dans ma famille qui, à 75 ans, sont encore actifs,
bon, ainsi de suite. Mais alors sur quelle base on détermine que 70 ans, là,
c'est l'âge exact à partir duquel il faut commencer à protéger les locataires
face à des procédures de reprise ou d'éviction. Et des locataires, je le
précise, qui ont un revenu faible, un revenu qui leur permet, je le disais tout
à l'heure, de répondre à leurs besoins impérieux, mais pas plus.
Donc, c'est déjà factuellement prouvé que
ces gens-là, s'ils doivent se trouver un nouveau loyer dans une période de
crise du logement, vont devoir payer plus cher et ils n'en ont pas les moyens.
Donc, on imagine la situation qu'on leur fait subir. Et, dans les cas les plus
dramatiques, ce sont des gens qui vont vivre des situations où ils ne peuvent
tout simplement pas se trouver un appartement au même coût que celui qu'ils
pouvaient se permettre auparavant. Et sans vouloir changer de sujet, on ne peut
pas, après ça, se surprendre...
M. Arseneau : ...que la crise
du logement, l'augmentation des loyers, les procédures d'éviction, bien, ça a
aussi un impact sur un phénomène qu'on déplore tous, je l'espère, là, de la
même façon où, depuis deux ans, on voit l'itinérance au Québec doubler. C'est
aussi des faits. On voit aussi de plus en plus de personnes âgées qui se
retrouvent en situation d'itinérance.
Alors donc, moi, je voudrais... ces
éléments-là, ils font partie du paysage dans lequel on baigne depuis un certain
nombre d'années, et j'aimerais qu'on me démontre que nos inquiétudes, sur la
base des faits qui nous sont exposés bien souvent par les médias ou par des
rapports gouvernementaux concernant par exemple le phénomène de l'itinérance ou
par rapport au phénomène de la hausse des loyers, qu'on nous démontre qu'on
s'inquiète pour rien. Moi, je trouve ça très inquiétant de voir qu'il y a une
crise du logement, qu'on a l'occasion de pouvoir davantage protéger les
personnes qui sont âgées, qui ont atteint l'âge de la retraite ou qui dépassent
l'âge de la retraite, qui ne sont pas propriétaires, qui ne sont pas
propriétaires. Ce sont des locataires qui sont dans le même loyer depuis une
dizaine d'années et davantage, et ils ont un revenu qui est minimal.
On dit ce... que ces gens-là, bien oui,
ils sont encore en forme puis ils peuvent se trouver autre chose. Leur capacité
de trouver, de se trouver un autre logement au même prix, dans le même
voisinage est extrêmement faible. Du moins, c'est l'impression que je peux
avoir. Est-ce que le ministère, est-ce que Mme la ministre, avec son équipe,
peut nous rassurer sur le fait qu'à 67 ans, il n'y en a pas, de problème, là,
pour les gens qui ont un revenu minimal qui sont susceptibles d'être évincés,
et... mais qu'à 70, ça devient grave, ça devient extrêmement sensible et
important que l'État intervienne? Moi, je voudrais voir la différence. 67, 70,
il est où, le problème? Il faut tracer la ligne. Nous, on vous propose des
indicateurs qui sont basés sur l'âge de la retraite reconnu au Québec, sur le
revenu minimal qui devient difficile à compléter, ou à améliorer, ou à
augmenter sur la base d'un travail rémunéré lorsqu'on a atteint l'âge de la
retraite. Y a-t-il d'autres indicateurs qui permettent de dire qu'entre 65 et
70, il n'y a pas de problème, mais que rendu à 70 ans il y a une espèce de
phénomène qui fait que maintenant l'État doit intervenir, donner un facteur de protection
supplémentaire à ceux qui sont locataires depuis 10 ans? J'aimerais comprendre,
j'aimerais comprendre.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Pour vos commentaires, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Pour
renchérir sur le collègue, dans le dernier dénombrement du gouvernement sur les
chiffres sur l'itinérance, on a vu que 23 % des personnes qui se
retrouvent dans la rue, c'est en raison de l'éviction de leur appartement... de
leur logement, plutôt, et, comme on le dit, le dénombrement aussi démontrait
que, par rapport... les années passées, il y a un nombre supérieur de personnes
aînées qui se retrouvent - un nouveau phénomène, disons - qui se retrouvent en
situation d'itinérance.
Alors, encore une fois, pour donner toute la
protection qu'il faut à ces personnes-là, ceux qui sont dans les situations
vulnérables, avec la réalité de la crise du logement, et pour diminuer ou à
moins... réduire le nombre de personnes qui pourraient se retrouver dans la rue
dans les prochaines années, 67 ans et plus, qui - excusez-moi - qui pourraient
se retrouver en situation d'itinérance, je pense qu'encore une fois ces
questions de mettre différentes mesures en place pour trouver le filet social,
les différentes situations, les personnes se retrouvent dans la vie dans
différentes situations, il faut s'assurer de leur donner tous les outils, avoir
toutes les mesures pour bien les protéger, surtout compte tenu de la nouvelle
réalité d'aujourd'hui, et justement c'est un outil de plus pour... bien,
essayer que notre population de personnes itinérantes ne croît pas en raison
de... uniquement de la perte d'un logement, quand il y a eu des mesures qui
auraient pu être mises en place comme celle-ci. Donc, je pense qu'il faut
prendre aussi cet aspect en considération à propos de cet amendement, qui
serait quand même, comme j'ai dit, une protection additionnelle pour des
personnes.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
D'autres... Mme la ministre.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. Alors, comme vous le dites... comme la députée de D'Arcy-McGee le
mentionne, il y a un filet social, et un filet social au Québec, on agit en
matière d'itinérance. Le projet de loi n° 31 vient agir au niveau des
évictions. On pense que c'est comme ça qu'on peut mieux protéger l'ensemble
des...
Mme Duranceau : …puis la loi
Françoise David, c'est un autre des outils. Il est déjà là, il existe, il est
déjà là. Et la notion de 65 ans, là, l'âge de la retraite n'a pas changé
depuis l'adoption du projet de loi. Françoise David, c'était... on a statué à
ce moment-là que c'était 70, puis c'est ça... c'est ça, le chiffre. Et, si vous
me permettez, M. le Président, j'aimerais demander à ma collègue députée de
Labelle. Parce que, là, on voit la situation juste dans un sens, puis les
effets supposément favorables de modifier l'âge, mais il y a des effets aussi
négatifs à aller vers ça, et c'est pour ça qu'on maintient sur cet élément-là.
On bouge... On bouge avec le projet de loi, on brasse bien des choses, on
brasse bien des façons de faire pour livrer plus de logements. Ça fait qu'il
n'est aucunement question de statu quo quand on regarde notre gouvernement,
mais au niveau de cet outil-là, il existe, il fonctionne, on le garde comme ça.
Puis ma collègue députée de Labelle va donner des cas qui font voir aussi
l'envers de la médaille sur le terrain.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, pas de problème. Alors, députée de Labelle, allez-y.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Bien, je veux juste donner un exemple parce que, dans les... J'ai eu
la chance d'entendre les deux côtés de la médaille, comme on dit, des cas de
locataires et des cas de propriétaires dans mon bureau de comté. Alors, ces
cas-là sont importants parce que les maisons, ils n'appartiennent pas à l'État.
Des fois, on entend du côté des oppositions, comme si le gouvernement pouvait
tout faire. Mais ces maisons-là n'appartiennent pas au... oui, au gouvernement,
ils appartiennent à des gens. Ces gens-là, ce sont des propriétaires, hein, les
locateurs. Moi, j'ai eu la chance, dans mon bureau de comté, d'entendre les
deux parties.
• (11 h 50) •
Je vais vous donner, M. le Président, un
cas concret que j'ai vécu. Le Monsieur, il a un bungalow qu'il loue, et puis
lui, son intention, à sa retraite, c'était de le reprendre. Et là il vient me
voir puis il dit : Ça n'a pas de bon sens à cause de la clause Françoise
David, je vais avoir 60 ans, je prends ma retraite, mais ma locataire,
elle a 70 ans, je ne peux plus reprendre. Mme Jeannotte, moi, c'était
mon... puis ce n'est pas quelqu'un de riche. On oublie, donc, vous comprenez le
fait que les maisons n'appartiennent pas au gouvernement, elles appartiennent à
des gens. Ça fait que déjà le gouvernement, en ayant gardé la clause David,
démontre son empathie puis sa compréhension des faits que, du côté des
locataires, c'est difficile. Mais, pour le propriétaire, lui, là, il n'est pas
content. Il aurait voulu qu'on amende pour qu'il puisse reprendre son bungalow
à sa retraite. Il ne peut pas le faire à l'heure où on se parle.
Puis l'autre chose que je voudrais dire à
propos de l'âge... Oui, ça peut sembler arbitraire, mais ça discrimine.
Savez-vous savez, ça a été quoi, sa réaction, lui? Ça a été : Vous savez
quoi? Il n'y a plus personne qui va louer à des personnes âgées. Ça fait qu'il
y a des effets pervers. Ça fait qu'on baisse à 67, selon moi, ça pourrait même
entraîner des effets encore plus pervers. Parce que là, tu vois, quelqu'un
arriver à 60 ans pour louer ton logement quand tu es locateur, et tu
pourrais dire : C'est encore pire, elle, je ne la veux pas.
Comprenez-vous? On augmente encore plus la discrimination potentielle. Par
contre, le gouvernement, en ayant laissé la clause David à 70 ans, et le
10 ans, c'est déjà... c'est une avancée qu'on avait comme société au
Québec, dans le sens que c'est un filet social, mais ça ne fait pas l'affaire
de tous les locateurs, là, loin de là. Donc, je ne sais pas si j'ai été claire,
mais c'est un équilibre et il n'y a pas de statu quo là-dedans. Quand la
ministre dit : Au contraire, la personne peut aller devant le TAL et faire
valoir ses droits, de part et d'autre, les deux côtés de la médaille peuvent
aller à notre outil qui est... qui est extraordinaire au Québec, qui s'appelle
le TAL, qui va... qui aide énormément nos locataires et nos aînés. C'est ça
qu'on souhaite, puis c'est ça qu'on fait avec l'actuel projet de loi.
Mme Duranceau : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
députée de Labelle. Est-ce que nous avons d'autres commentaires? S'il n'y a pas
d'autre commentaire... Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Tout d'abord, justement, chers collègues, si, dans le cas que vous
nous présentez d'un monsieur âgé de 60 ans, évidemment aujourd'hui,
d'après ce que je comprends, sa locataire est admissible à la loi Françoise
David. Donc, lui, il faudrait qu'il attende 10 ans avant d'y avoir... d'y
avoir accès. Et avec l'amendement que... le premier amendement que j'ai proposé,
eh bien, il n'aurait qu'à attendre 5 ans, donc, ça pourrait l'avantager,
là. Ça va... ça va dans les deux sens, cette question-là. Donc, ça peut
avantager quelques locateurs qui voudraient...
M. Fontecilla : ...avoir accès
à un logement pour lui-même, parce que l'exception est déjà prévue dans
l'article de loi. Cette mesure-là pourrait avantager et les locataires et les
locateurs selon les circonstances, donc raison de plus de... d'abaisser le
seuil minimal pour avoir accès à cette... à cette protection-là.
Évidemment... Et je crois que, dans votre
intervention, chère collègue, là, on voit... on voit le... un peu le fond de la
réticence gouvernementale, parce que ça ne fait pas l'affaire de tous les
locateurs, et je reprends... je reprends vos mots. Évidemment, ce n'est pas
tous les locateurs qui voudraient avoir... qui voudraient évincer des
locataires aînés pour s'installer lui-même ou quelqu'un de leur famille, là. Le
cas de figure beaucoup plus courant, là, c'est le locateur qui veut tout simplement
évincer un locataire aîné parce qu'il ne paie pas cher et il faut qu'il
optimise, entre guillemets, son bâtiment, donc remplacer ce locataire-là qui ne
paie pas cher par un locataire qui va payer... qui va payer plus cher. C'est
ça... De façon générale, c'est ça, le but de l'opération, là.
Et d'ailleurs la version actuelle prévoit
certaines exceptions qui avantagent justement le locateur qui voudrait utiliser
le logement pour lui-même ou pour un membre de sa famille. Donc, cette
possibilité-là est... est considérée, mais c'est surtout pour éviter le
phénomène des abus visant les spéculations dans le domaine locatif, là, que la
loi Françoise David visait à éviter tant bien que mal, et on pourrait
l'améliorer grandement si on changeait un tout petit peu les critères.
Mais, moi, la question qui me... qui me
taraude, M. le Président, là, c'est qu'on voit ici qu'il y a un non pas... si
on regarde la chose non pas strictement du point de vue des usagers ou des
consommateurs de logements ou des consommateurs qui offrent des logements,
parce qu'on pourrait le voir comme ça aussi, mais non pas du point de vue
individuel, et c'est important, et je suis le premier à considérer tout d'abord
cette... ce point de vue là, c'est-à-dire l'effet de notre législation sur des
cas... des cas... des cas concrets, mais, si on voyait, de l'autre côté, d'un
point de vue macro, d'un point de vue plus, comment dire, d'ensemble, et si...
ce que j'ai mentionné il y a quelques minutes, si on considérait la... l'effet
des évictions qui se sont multipliées depuis quelques années, en particulier
sur la population aînée, quel effet cela peut avoir sur l'économie, si l'on
peut dire, l'économie du monde locatif ou immobilier, là. Est-ce que... La
question fondamentale que j'aimerais poser à la ministre, là, est à savoir si
elle est préoccupée par l'inflation des loyers dans le domaine locatif.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je vais répondre, là. C'est sûr, je suis préoccupée, là. Je veux dire,
on est tous conscients de la gravité de la crise du logement. Et moi, je
travaille sur augmenter l'offre de logements, faire différemment, construire
plus vite, avec les bons partenaires puis avec des outils financiers performants.
Mais là, je pense, ça dépasse le cadre du projet de loi, là. En tout cas, on
n'en traite pas dans le projet de loi pour le moment, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va, député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : ...la
ministre est préoccupée et elle nous dit que la solution, c'est la création
de... le développement de l'offre, de l'offre locative, entre autres. Fort
bien, là. Mais on a entendu, lors des consultations... consultations pour le
p.l. 31, entre autres le FRAPRU qui nous disait, là, il y a... de façon très
pédagogique, là, qu'il y a... grosso modo, il y a deux secteurs, il y a la...
deux domaines, il y a la création de nouveaux logements, et ça, c'est un monde
en soi, on aura l'occasion de discuter amplement de cet... de cet aspect des
politiques gouvernementales là, mais il y a aussi le... la création du... bien
non, pas la création, mais le domaine de... du locatif ou de l'immobilier déjà
existant, en particulier dans le secteur locatif, qui est aussi une source
de... une source de spéculation foncière. Avec tout l'appareillage
institutionnel qu'on a mis en place, là, il produit quand même une
augmentation...
M. Fontecilla : ...une
augmentation du prix de l'immobilier de façon générale, y compris pour la construction...
la construction neuve, là. Donc, il faut agir dans un domaine, c'est à dire la
création de nouveaux logements, mais aussi il faut faire en sorte... pour que
le secteur déjà existant ne s'emballe pas et produise une bulle spéculative,
là. Est-ce que... Pour la ministre, la question qui se pose : Est-ce
qu'elle est consciente de ce problème-là, et si, pour elle, c'est un impératif
politique de contrôler l'inflation de la bulle spéculative dans le secteur
locatif?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je n'ai pas
d'autre commentaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
n'avez pas d'autre commentaire.
Mme Jeannotte : ...M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Oui, merci.
Si la ministre n'avait pas de... si elle n'était pas sensible, on ne serait pas
en train de travailler le projet de loi n° 31. Nous avons la preuve au Québec
que le Tribunal administratif du logement fonctionne. Pourquoi? Parce que les
loyers sont les plus bas dans tout le Canada. Ça fait que ça fonctionne, puis
on est en train de bonifier le Tribunal administratif du logement avec le pl
31. Ça fait que je ne comprends pas qu'est-ce que... votre intervention, ça
fait qu'expliquez-moi. Mais on travaille fort pour bonifier le Tribunal
administratif du logement pour qu'il y ait encore plus de dents, de mordant,
c'est ce qu'on fait en renversant le fardeau de la preuve, par exemple.
Ça fait que c'était plus fort que moi, là,
mais ayant rencontré les deux groupes, il faut être réaliste à un moment donné.
On a des outils au Québec, il faut le reconnaître, ce sont des faits, ne
trouvez-vous pas?
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
• (12 heures) •
M. Fontecilla : La députée de
Labelle, elle nous dit qu'elle ne comprend pas. Bien, écoutez, il me semble que
c'est relativement... relativement simple, elle nous dit que la situation au
Québec est différente de celle du Canada, elle est meilleure... la situation au
Québec est meilleure que dans le reste du Canada, là. Mais je me permets de le
rappeler, et corrigez-moi, les collègues, là, que l'augmentation des loyers,
seulement pour la dernière année, là, en 202, là, c'était une augmentation de
18 % en moyenne, et ça, ça, c'est une augmentation en moyenne, en moyenne.
Donc, on peut voir ces chiffres-là de deux façons, soit qu'il n'y a pas de
problème ou soit que, bien, c'est toujours pire ailleurs, là, donc on peut...
on peut se consoler, ou soit considérer une augmentation de 18% de loyer comme
un problème, là.
Et je reconnais les acquis et les
bienfaits de l'existence du Tribunal administratif et du logement. Heureusement
qu'il existe, parce que sinon cette augmentation de 18 %, en moyenne,
serait beaucoup plus importante. Peut-être, c'est grâce justement à l'existence
du Tribunal administratif du logement, donc, d'une certaine façon, à une
instance qui réglemente ce marché-là, que la situation n'a pas empiré en
comparaison avec d'autres juridictions où ce type d'institution n'existait pas.
Mais ce que nous... ce que moi, j'avance, là, c'est que ce n'est pas suffisant,
il faut aller encore plus loin, là, pour contrôler cette inflation, cette bulle
spéculative, là, dans le secteur locatif, qui se manifeste tout
particulièrement dans le phénomène des évictions des personnes aînées.
Donc, la question est à savoir si le
gouvernement considère que c'est une problématique à laquelle il faut
s'attaquer, ou qu'il n'y a pas de problématique là, et puis la solution se
trouve dans l'espoir qu'un jour on va construire assez de logements pour avoir
une offre plus importante, et ça, ça va prendre quelques années. Donc, on a
justement à prendre notre mal en patience et attendre que le marché produise
des centaines de milliers des logements, parce que c'est ça, dont on parle, les
estimés disent qu'il faut produire comme... bien, plusieurs centaines de
milliers de logements, ça ne va pas être fait demain matin. Et, pendant ce
temps-là, les marchés locatifs existants s'emballent, vivent une crise... une
bulle spéculative, là, et les moyens qui sont mis de l'avant, et c'est sur ça
qu'on est en train de se questionner, sont-ils suffisants ou pas? Moi, je pense
qu'ils ne sont pas suffisants, en particulier dans le domaine de... dans le
secteur des évictions de locataires aînés.
La question que je pose, là, c'est, si,
pour le gouvernement, la question de la bulle spéculative est un problème, s'il
faut s'y attaquer, et une bonne façon de s'y attaquer, c'est de tenter de
fermer cette brèche-là concernant les évictions des personnes aînées.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
D'autres commentaires? Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Bon, bien,
je reviens sur la question de l'âge, c'est...
12 h (version non révisée)
M. Arseneau : ...ça qu'il est
question. On parle de réduire l'âge de 70 à 67 ans. On a fait le plaidoyer
tout à l'heure sur l'âge de la retraite. La ministre nous a dit tout à l'heure,
dans sa plus récente réponse, que l'âge de la retraite n'avait pas changé
depuis l'adoption de cette mesure. On le sait. Ce qu'on dit et ce sur quoi on
insiste : le contexte au Québec, en ce qui concerne l'accès au logement
locatif, il a changé. Il a changé de façon magistrale et négative pour les
locataires. Et évidemment, pour les locataires qui ont un faible revenu, c'est
encore pire.
Donc, j'aimerais savoir si la ministre
admet que la situation n'est plus la même qu'à l'époque où on a adopté cette
règle-là. Si elle admet que la situation s'est détériorée, notamment pendant la
première année du mandat de ce gouvernement, qui niait la crise du logement, la
situation s'est détériorée année après année, nous sommes devant un projet de
loi qui, je croyais, visait à faire en sorte que l'État du Québec améliore les
choses pour les gens qui sont victimes de la crise du logement. On a des
victimes à l'ensemble... dans l'ensemble du Québec, donc des gens qui ont de la
difficulté à se loger, il y a des gens qui ont davantage de difficulté à se
loger en fonction de l'augmentation des coûts, qui n'ont pas les moyens, qui
sont passés l'âge de la retraite et dont le revenu est limité et dont la
capacité d'augmenter le revenu est nulle ou sinon très faible, on a l'occasion
d'améliorer leur sort.
C'est une question de volonté politique, à
travers un projet de loi, une mesure législative qui nous permettrait de dire
que depuis huit ans, depuis l'adoption de cet amendement au Code civil, qui
permet de protéger là où l'État a décidé de protéger les plus vulnérables, les
personnes les plus âgées, celles de 70 ans et plus, qui occupent un
logement depuis 10 ans... on a l'occasion donc d'améliorer la situation,
ou disons simplement, si on ne veut pas l'améliorer, d'ajuster les règles au
nouveau contexte qui est celui du Québec, où le prix des loyers a augmenté et
où le nombre de loyers disponibles donc le nombre de loyers où la proportion
des loyers inoccupés est à zéro, dans bien des cas, et on se refuse de le
faire.
Alors là, on essaie de comprendre. Est-ce
qu'il y a... il y a des indicateurs, il y a de l'information sur l'indicateur 70
qui nous permet de dire que ça fonctionne, ça fonctionne autant lorsque le
marché est en équilibre que lorsque le marché est complètement déséquilibré? J'ai
des gros doutes là-dessus. Si la situation change, habituellement, c'est la
raison pour laquelle on exerce, comme législateurs, c'est d'ajuster les lois
pour prendre acte d'une situation, d'un contexte qui peut être différent, puis
qui n'est pas nécessairement passager.
Parce que là, il faudrait éviter de tomber
dans l'angélisme ou de se mettre des lunettes roses puis de penser qu'avec un
plan qui est encore inexistant de la part du gouvernement, qu'on va réussir à
augmenter le nombre de loyers, de logements de telle sorte qu'on n'aura plus
besoin de ces mesures-là, qu'on... sur lesquelles on se penche, là, depuis déjà
quelques mois, dans le projet de loi n° 31. C'est illusoire. On est en
train de se dire qu'on a l'occasion de renforcer le filet social par différents
moyens. Et je ne rejette pas d'emblée tout ce qu'il y a dans le projet de loi
puis les articles qui ont déjà été écrits. Ce qu'on dit, on l'a dit dès le
début, lorsqu'on a fait ces propositions d'amendements, qu'on pouvait faire
davantage, qu'on pouvait faire mieux, qu'on pouvait faire plus que ce que la
ministre proposait déjà, notamment dans l'argumentaire qu'elle nous sert depuis
tout à l'heure sur le fardeau de la preuve qui est renversé.
Alors, politiquement, on peut se servir d'un
coffre à outils qui est beaucoup plus large que ce que la ministre veut se
donner la peine d'utiliser, et elle nous dit : non, ça fonctionne
suffisamment bien, là, pour la protection des personnes aînées, alors que les
faits nous disent le contraire, au jour le jour, avec des indicateurs qui sont
fiables, c'est-à-dire le prix des loyers, notamment. Et on essaie de deviner,
on essaie de comprendre pourquoi...
M. Arseneau : ...et je vous
dirais que le chat est un peu sorti du sac tout à l'heure, avec l'intervention
de la députée de Labelle qui nous dit : Bien là, on n'est pas là pour
essayer de régler la question, là, du manque de logements puis de l'impact sur
les locataires, il faut considérer les locateurs aussi. Puis là je dis :
O.K., considérons les locateurs aussi, et est-ce qu'on peut dire que, dans les
situations précises d'éviction, pour les personnes de plus de 65 ans, de
67 ans, de 70 ans, ils sont plus à plaindre que ceux qui se
retrouvent sans toit? C'est une question, là, d'échelle de valeur, disons, là,
c'est une question de besoins impérieux, on en parlait tout à l'heure. Est-ce
que dans cette situation-là, pour... on a... on a des données qui nous
permettent de dire qu'il y a un très grand nombre ou il y a un nombre même
important de locateurs, là, qui sont dans une situation intenable parce qu'ils
ont un locataire qui est âgé puis qui est là puis qui paie son loyer, mais qui
ne paie pas assez cher à son point de vue, ou qui utilise un loyer qu'on
voudrait bien utiliser à sa place. Je n'ai pas cette... ces indications-là. Je
n'ai pas d'information à l'effet que la situation des locateurs est celle qu'on
doit... résorber aujourd'hui, là, à travers le processus législatif qu'on...
dans lequel on est impliqué aujourd'hui.
• (12 h 10) •
Moi, je présumais que, si on avait déposé
un projet de loi dans le cadre d'une crise du logement inédite et historique...
que l'on s'attaquerait à adopter des mesures... on s'appliquerait à adopter des
mesures qui permettraient de soulager la crise pour ceux qui la vivent, et
c'est-à-dire pour ceux qui louent notamment des logements et qu'ils n'ont
pas... et qui n'ont pas l'embarras du choix, loin de là, qui sont dans un
marché qui est en déséquilibre, où le prix des logements augmente et augmente
encore davantage lorsqu'il y a changement de locataire suite à une éviction,
suit à une... suite à une reprise, suite à une rénoviction, et que c'était
là-dessus qu'il fallait agir. On a l'occasion de le faire, on multiplie les
amendements et on ne voit pas pourquoi ce qui était considéré comme une mesure
progressiste, une mesure généreuse, une mesure justifiée, légitime de la part
de l'État de... je le dirais dans un langage qui, j'imagine... qui ferait écho
de l'autre côté, là, qui va peut-être restreindre un peu la capacité du
locateur, là, de faire ce qu'il veut, quand il veut, où il veut, avec son...
avec son logement, là, donc restreindre un peu cette capacité-là, là, pour le
bien de ceux qui n'ont pas les moyens de se reloger. Et donc c'était un pas
dans la bonne direction.
Aujourd'hui, on dit : Bien, le contexte
a changé, il faut peut-être améliorer le filet de protection. Et ce qu'on
constate, c'est que la volonté politique n'y est pas, mais ça, on en prend
acte, là, on le note, là. Lorsqu'on va voir des cas où les gens sont mal pris,
ne sont pas en mesure de se trouver un logement puis qu'ils ont atteint l'âge
de la retraite puis qu'ils ont un revenu minimal, un revenu, là, qui dans
certaines régions, dont la mienne, là, un revenu annuel qui est inférieur à
l'augmentation de salaire que se sont donnée les députés, votée par la CAQ, il
n'y a pas un an de ça. Puis qu'on dit que ces gens-là, là, bien, on ne les
protègera pas davantage alors qu'on a l'occasion de le faire, mais moi, ça me
gêne, ça me rend très, très mal à l'aise. Ce ne sont pas des gens qui ont la
capacité d'absorber les hausses de loyer qui sont liées à la recherche d'un
nouveau logement lorsqu'on a plus de 65 ans puis qu'on a un marché qui est
saturé, puis qu'on sait très bien que cette procédure là d'éviction ou de
reprise va faire en sorte de continuer à doper les prix des loyers ici au
Québec. Qu'on ne vienne pas nous faire la comparaison avec l'Ontario, avec la
Colombie-Britannique, parce que ça ne tient pas la route. On compare des pommes
avec des pommes, on compare la situation du Québec avec la situation du Québec
et, au Québec, en 2015, 2016, on a décidé qu'on protégeait les personnes les
plus vulnérables, celles qui n'avaient pas un loyer très, très élevé, qui
n'avaient pas la capacité d'augmenter leur revenu disponible, puis qui se trouvaient
dans une situation où ils pourraient être évincés, puis qui occupaient un loyer
depuis 10 ans. On dit que la situation a changé, le Québec versus Québec,
il n'y a plus de loyer pour eux, s'ils se font évincer. On dit qu'on ne va pas
les protéger davantage parce que... bien, on ne sait pas trop pourquoi, mais ce
qu'on sait, c'est qu'il y a peut-être des locateurs qui vont être lésés dans
cette protection-là. Il faut quand même mentionner que, si l'article...
M. Arseneau : ...ici, l'amendement
était adopté, l'âge de 67 ans, ça vaut pour le locataire comme pour le
locateur. Donc, le locateur peut reprendre possession de son logement s'il a
l'âge de 67 ans.
On a vu un cas aujourd'hui, dans
l'actualité, où il y a une procédure qui nous... qui permet au locateur, s'il a
besoin de son loyer pour s'en servir pour héberger, pour donner un toit à
quelqu'un de sa famille qui a l'âge requis, bien, il peut le faire. Pourtant,
cette situation-là fait la une, comme quoi cette dame-là qui va être évincée
est dans une situation précaire. Mais on sait que la loi permet au locateur et
à la personne de sa famille d'agir. Donc, on a une situation où la loi
s'applique. Ce qu'on dit, c'est qu'on ne veut pas la multiplication de ces
phénomènes-là où on va évincer les personnes de plus de 65 ans qui n'ont pas la
capacité de se payer un nouveau logement à un coût supérieur, alors qu'ils
occupent déjà le loyer depuis un certain temps puis qu'ils ont une... un
revenu... souvent un revenu limité et fixe, qui peut être évidemment un revenu
de retraite, de retraite privé ou public.
Et, encore une fois, j'insiste sur le fait
que la situation a changé. C'est la raison principale pour laquelle les lois
évoluent, les règlements sont amendés, les législateurs se penchent sur un
phénomène. Et je pense qu'on est tous ici parce qu'on reconnaît enfin qu'il y a
une crise du logement et qu'il faut agir. La ministre agit dans un certain
nombre d'articles qu'elle a déposés, qu'elle a présentés dans son projet de
loi. Nous voulons bonifier la protection. On veut bonifier le processus.
Pourquoi s'arrêter en si bon chemin?
Si on me disait qu'il y a un coût pour
l'État, il y a un coût pour les citoyens du Québec, il y a un impact négatif
sur le développement de l'État du Québec, bien là, on pourrait en discuter un
peu. On vient bonifier le sort des personnes les plus vulnérables, et
l'argument qu'on nous sert, c'est : Bien, il y a huit ans, ça
fonctionnait, puis on ne reconnaît pas que le contexte a changé, ou
encore : Ça pourrait porter préjudice à certains locateurs.
Alors, moi, ce que je dis, c'est : La
loi prévoit encore que les locateurs, à certaines conditions, peuvent reprendre
leur logement. C'est possible de le faire avec l'âge de 70 ans. C'est aussi
possible à 65 ans. Ce serait aussi possible à 67 ans. Et, si on décide de le
faire, on sait que ça aura un effet positif sur un certain nombre de personnes,
de concitoyens ou de concitoyennes du Québec qui sont parmi les plus
vulnérables. Et on sait que, si on ne le fait pas, il y aura des cas, on ne
sait pas combien, mais il y aura des situations, et ça, moi, j'aimerais qu'on
ait les chiffres, puis on n'est pas capables, nous... mais on n'a pas la
capacité de l'État d'aller les chercher, mais on va les voir apparaître et on
se dira : Pourquoi on n'a pas fait ça? On avait l'occasion de le faire.
Oui, bien, il a fallu trancher. Il a fallu trancher sur quelle base? C'est la
question que je nous pose. Mais, si on le tranche sur la base des coûts, ça ne
tient pas la route. Si on le tranche sur la base d'une décision qui a été prise
sur huit ans puis qui doit rester, même si le contexte a changé, ça ne tient
pas la route. Et, si on tranche négativement sous l'angle où il y a quelques
locateurs qui pourraient se sentir lésés, mais alors la question, elle
revient : Qui veut-on aider davantage? Est-ce que ce sont les
propriétaires, dans des cas très très, très pointus, là, ou des personnes
vulnérables?
Le Président (M. Schneeberger) : ...député
des Îles-de-la-Madeleine...
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : ...votre
temps est écoulé. Est-ce que nous avons d'autres interventions? Pas d'autre
intervention. Alors, nous allons mettre aux voix. En passant, il y avait une
petite erreur, avant de mettre aux voix, le... la numérotation de l'article, il
s'est... Vous aviez nommé 1.1.2.1, mais, dans le fond, c'est 1.1.2 parce que
l'amendement précédent n'avait pas été adopté. Alors, c'est 1.1.2, c'est un
nouvel amendement. Est-ce que l'amendement déposé par le député de
Laurier-Dorion est adopté...
Le Président (M. Schneeberger) : ...par
vote nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla, Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme
Duranceau, Bertrand?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme
Jeannotte, Labelle?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest,
Côte-du-Sud?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon,
Jonquière?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard,
Lac-Saint-Jean?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass,
D'Arcy-McGee?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire : M.
Schneeberger, Drummond-Bois-Francs?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Nous allons maintenant continuer notre cédule,
qui est l'amendement qui avait été suspendu, un amendement qui...
l'article 1.1.4, déposé par le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, c'est l'article... un amendement, l'article 1.1.4
modifiant l'article 1959.1. Insérer, après l'article un du projet de loi,
l'article suivant :
«1.1.4. Insérer au premier... au premier
alinéa de l'article 1959.1 de ce code, après "ou inférieur au"
les mots... les mots "montant équivalent à 150 % du".»
L'article 1959, tel qu'amendé, se
lirait ainsi : 1959.1. Le locateur ne peut reprendre un logement ou en
évincer un locataire lorsque ce dernier ou son conjoint, au moment de la
reprise ou de l'éviction, est âgé de 70 ans ou plus, occupe le logement
depuis au moins 10 ans et a un revenu égal ou inférieur au montant
équivalent à 150 % du revenu maximal lui permettant d'être admissible à un
logement à loyer modique, selon le règlement sur l'attribution des logements à
loyer modique (chapitre S-8 R.1).
Il peut toutefois reprendre le logement
dans l'une ou l'autre des situations suivantes :
1° il est lui-même âgé de 70 ans ou
plus et souhaite reprendre le logement pour s'y loger;
2° le bénéficiaire de la reprise est âgé
de 10 ans ou plus;
3° il est un propriétaire occupant âgé de
70 ans ou plus et souhaite loger dans le même immeuble que lui un
bénéficiaire âgé de moins de 70 ans.
• (12 h 20) •
Voilà, M. le Président. Donc, pour
expliquer cet amendement-là, la loi Françoise David stipule... bien, il y a
trois critères, fondamentalement, on en a traité deux. Le premier, c'est
d'avoir 70 ans, nous, on proposait d'aller à 65 ans, le deuxième
critère, c'est de rester... d'être resté au moins de 10 ans dans le
logement avant d'être admissible à cette protection-là, je pense qu'il va y
avoir un amendement pour modifier cette période-là, et le troisième critère,
c'est le revenu. Le revenu, c'est... il était... pour... il faut avoir un
revenu maximal, tel que spécifié dans la loi Françoise David, là. C'est que ce
revenu-là permet à la personne d'être admissible à un logement à loyer modique
selon le règlement sur l'attribution des logements à loyer modique. Donc,
grosso modo, il faut... il faut être assez pauvre pour être admis dans un HLM.
Et on se le... on va se le rappeler, les montants pour être admissible à un
HLM, là, sont assez... sont assez bas, et il faut être parmi les personnes les
plus pauvres de la société pour être admissibles à une habitation à loyer
modique. Et je suis tout à fait d'accord avec cette disposition-là,
c'est-à-dire les HLM doivent nécessairement, impérativement... ne doivent être
accessibles qu'à la population à plus faibles revenus du Québec, mais en
faisant en sorte de lier la protection de... contre les évictions de la loi
Françoise David aux revenus... aux revenus pour être admissibles à un... à un
HLM, on exclut énormément des gens de la société, d'aînés de la société
québécoise, là, parce qu'il faut être un aîné particulièrement pauvre pour être
admissible à... pour être admissible à la protection de la loi Françoise David.
Donc, nous, ce qu'on propose, c'est
fondamentalement... c'est de hausser de moitié à peu près les revenus
admissibles pour que plus d'aînés puissent être admissibles à la loi Françoise
David. C'est un peu difficile de donner un chiffre absolu, parce que le
règlement sur l'attribution des logements à loyer modique change selon les
régions, il est différent, donc ce n'est pas possible de donner un montant
absolu, là, c'est un pourcentage qu'on... qu'on... qu'on avance, donc
150 %. Et...
M. Fontecilla : ...nous
croyons que, dans l'optique de rendre plus... étendre la protection de la Loi
Françoise David à plus, à davantage d'aînés, un montant de 150 % nous
paraît nécessaire. Donc, il faut non seulement abaisser l'âge minimal pour être
admissible à cette loi-là, non seulement baisser le nombre d'années où il faut
demeurer dans un logement pour être admissible à cette loi-là, mais aussi il
faut hausser le revenu maximal pour être admissible à cette loi-là parce qu'on
va se le dire, là, de la façon dont c'est rédigé, c'est seulement les personnes
qui vivent dans le, comment dire, dans les barèmes du Québec, là, qui vivent
l'extrême pauvreté, qui sont admissibles à la Loi Françoise David. Ça en fait
déjà beaucoup de gens. Vous allez... et je suis... Je pense que oui, ça fait...
ça concerne beaucoup de gens, mais il y a encore plus de gens, encore... un
pourcentage encore plus grand qui n'est pas admissible parce que, justement,
ils ne vivent pas une situation d'extrême pauvreté. Mais ça ne veut pas dire
que ces gens-là sont riches, c'est-à-dire avoir un revenu maximal équivalant à
150 % du revenu permettant d'être admissible à un loyer modique, là, ça ne
fait pas de cette personne-là une personne riche, loin de là, c'est une
personne qui peut vivre de la pauvreté, mais qui a des droits aussi, qui est
une personne pour qui une éviction va être tout aussi grave que pour une
personne à faible revenu, ça va susciter un appauvrissement, ça va susciter et
ça va provoquer un déracinement, ça va provoquer un processus d'adaptation qui
peut être plus ou moins difficile à un nouvel environnement. Et quoi qu'il en
soit, ça va susciter une grande détresse chez ces personnes-là, qu'elles
soient... qu'elles aient un revenu équivalent au revenu lui permettant d'être
admissible à un loyer à... à un logement à loyer modique ou qu'elles ne soient
pas admissibles.
Donc, voilà, M. le Président, le but,
c'est, encore une fois, c'est d'étendre cette protection-là à davantage
d'aînés. Et je pense que, comme société, nous devons faire des efforts tout
particuliers pour mieux protéger les aînés du Québec, là, au niveau de l'âge,
au niveau des... le temps de résidence dans un logement, mais aussi au niveau
du revenu. C'est le sens de cette proposition-là, donc d'être encore plus
bienveillants, encore plus généreux envers la population du Québec... aînée, la
population aînée du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Est-ce que nous avons des commentaires suite à l'amendement? O.K.
Député de... Îles-de-la-Madeleine. Pardon.
M. Arseneau : Est-ce qu'on a
le temps? Ce n'est pas terminé, on peut encore intervenir? Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Arseneau : Oui. Je ne sais
pas s'il y a quelqu'un du côté de la partie gouvernementale qui peut nous
expliquer, originalement, la raison pour laquelle on avait l'article original,
là, sur... comme indicateur ou comme barème, là, le revenu maximal qui permet
d'être admissible au logement à loyer modique, quel était la... le justificatif
à l'époque? Parce qu'évidemment si on discute aujourd'hui de la possibilité de
le rehausser, je pense que pour avoir une discussion qui est intéressante, ça
serait de voir quelles étaient les raisons pour lesquelles le législateur...
Mais si on n'a pas la réponse ici, on ira voir dans le verbatim des discussions
de l'époque, là, mais j'imagine qu'il devait bien y avoir une logique
applicable aux personnes à faible revenu admissibles aux HLM versus ceux qui
sont en logement régulier, si on veut, là. Alors, je vois qu'il n'y a pas... il
n'y a personne qui lève la main, alors je vous remercie, mais on fera la
vérification puis on reviendra avec ça.
Le Président (M. Schneeberger) : D'autres
interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement qui introduit l'article 1.1... Oui. Comment?
M. Arseneau : Mais je pensais
que le temps qui était imparti à la discussion nous permettait d'aller faire
les vérifications, mais je comprends qu'on... il nous reste que deux minutes
avant la fin des travaux ce matin, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Arseneau : O.K. Bien, je
préférerais qu'on ne vote pas pour battre la proposition de mon collègue de
Laurier-Dorion, si on n'a pas toute l'information. Alors, si vous permettez,
moi, je...
M. Arseneau : ...je vais
intervenir, non pas pour passer du temps, mais pour m'interroger sur le fait
que, si on a utilisé un barème à l'époque sur le revenu maximal qui permet aux
gens d'être admissibles à une telle mesure de production... de protection,
pardon, qui était relative à l'accessibilité, à l'admissibilité aux logements à
loyer modique, bon, selon le règlement, là, en question, le fait aujourd'hui de
modifier ce barème là, est-ce que ça fait en sorte qu'on... on est... en fait,
j'imagine, évidemment, on améliore la protection dans la mesure où le revenu...
on peut comptabiliser un revenu plus grand. Mais est-ce que, par ailleurs, ça a
un impact, par exemple, sur des mesures gouvernementales autres? Si on parle,
par exemple, du supplément au loyer. Est-ce que ça vous... ça a un impact ou
pas? Parce qu'il y a des personnes qui sont admissibles à ce genre de mesures
gouvernementales là. Je voudrais m'assurer que, si on veut avoir une discussion
en profondeur sur une proposition comme celle-là, qu'on en voie les impacts. Je
pense qu'on devine un peu les impacts positifs, mais je n'ai pas, là, à l'heure
actuelle, là, les informations qui nous permettraient de dire que ça pourrait
par ailleurs avoir un impact quelconque sur... sur les gens, sur la catégorie
de gens qu'on vise, qui ont 70 ans et plus puis qui sont... qui ont un
revenu, là, qui leur permettrait d'aller en un loyer modique.
• (12 h 30) •
Et tout ça dans la perspective où, on le
sait, il y a également un très grand nombre de personnes au Québec qui sont en
attente d'une place dans les HLM. Et là, bien, j'essaie juste de mesurer
comment une mesure comme... comment une proposition comme celle-là peut être
une mesure transitoire jusqu'à ce que le vœu de la ministre soit réalisé,
c'est-à-dire qu'on ait augmenté la construction, on ait augmenté le nombre
d'unités locatifs au Québec et vraisemblablement qu'on ait amélioré aussi le
nombre... augmenté le nombre de HLM et d'unités de HLM au Québec.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons suspendre la commission jusqu'après
la période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 50)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. Alors, la Commission de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi no 31,
Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Alors, ce matin, en suspendant les
travaux, nous étions à l'article de... un amendement déposé par le député de
Laurier-Dorion, qui était numéroté comme... de 1.1.4. Alors, nous étions sur le
bord de la mise aux voix. Alors, juste par procédure, je vais demander s'il y
avait d'autres interventions. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Donc,
nous étudions, M. le Président, à un amendement au p.l. no 31, proposant de
rehausser les seuils maximaux d'admissibilité à la protection de la loi mieux
connue comme la loi Françoise David. Telle qu'est la situation actuelle, c'est
que, grosso modo et de façon très vulgarisée, sont seulement admissibles à la
protection... la loi Françoise David, les aînés qui ont un revenu maximal leur
permettant d'avoir accès à une habitation à loyer modique, une HLM. On sait
que, pour avoir l'accès à un HLM, il faut être parmi les personnes les plus
pauvres du Québec. C'est vraiment un revenu très, très, très bas, et ça limite
d'autant plus l'accès à une protection de la loi à Françoise David. Et ces
revenus sont établis selon... Il s'agit, en fait, le nom technique, là, c'est
le plafond de revenus déterminant les besoins impérieux, PRBI, et sont
déterminés annuellement par la Société d'habitation du Québec, je crois savoir,
là, sous toute réserve, et ils changent selon les régions du Québec, puisque,
évidemment, le même revenu n'induit pas le même niveau de vie selon les
différentes régions, puisqu'il y a des régions où ça coûte plus cher pour vivre
que dans d'autres.
Mais j'aimerais vous signaler quelques
données, là, sur ces plafonds de revenus déterminant les besoins impérieux. Par
exemple, pour les Bas-Saint-Laurent, là, pour la... Matane et Rivière-du-Loup,
pour un couple ou une personne, il faut avoir gagné un maximum de 26 000 $
pour être admissible à la protection octroyée par la loi Françoise David. Au
Saguenay, c'est 25 000 $. Et j'y vais comme ça, à tout hasard, hein, dans
la région... RMR de Québec, c'est un petit peu plus élevé, mais ce n'est pas la
richesse non plus. On parle, pour un couple, une personne, de 34 000 $
et...
M. Fontecilla : ...j'essaie de
voir, pour Gatineau, où on sait que le coût de la vie est plus élevé, c'est 39
000 $, mais c'est vraiment une exception, ça tourne toujours entre... Par
exemple, pour, et ça pourrait intéresser notre collègue des
Îles-de-la-Madeleine, là, dans le Nord-du-Québec, plutôt, les zones rurales,
c'est 23 500 $. Donc, tout ça pour vous indiquer que, pour être admissible
à la protection de la loi, Françoise David, c'est des revenus extrêmement
faibles qu'il faut... qu'il faut avoir. Et voilà. On pourrait toujours dire que
la personne qui n'a... En fait, c'est ça. Il devient nécessaire, donc, dans ce
contexte-là, de rehausser, de façon substantielle, à mon avis, le revenu
maximal admissible. Nous, on propose que... de les hausser jusqu'à 150 %.
Ce qui fait, par exemple, que, dans la municipalité, par exemple, de
Trois-Rivières, où c'est 24 500 $, le revenu admissible, ça, c'est
considéré comme 100 %. Donc, si on va à 150 %, c'est la moitié de
24 500, on va arrondir à 12 000, ça nous ferait un revenu maximal admissible de
34 000... 36 000 $, un petit peu plus de 36 000 $, ce qui n'est pas... ce
qui n'est pas un gros revenu non plus.
Donc, étant donné ces chiffres-là, si on
veut vraiment protéger les aînés du Québec, il est tout à fait justifié,
recommandé et pertinent de rehausser le revenu maximal admissible, et la
question est à savoir si la ministre de l'Habitation serait prête à considérer
cette possibilité-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce nous avons des commentaires suite à son
intervention? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Écoutez, on
ne touchera pas non plus au seuil de revenus, on ne veut pas créer des régimes
différents. Il y a un mode de calcul avec le PRBI, avec le... Puis c'est le
régime applicable, puis on ne veut pas créer de différence, là, dans un
contexte versus un autre. Je l'ai dit ce matin, la loi Françoise David, c'est
un des outils pour protéger nos citoyens aînés. Le projet de loi n° 31 vient
ajouter d'autres outils avec des mesures au niveau des évictions qui sont plus
contraignantes, et puis on s'en va dans cette direction-là. Je pense qu'on a...
on va avoir plusieurs outils.Puis, ultimement, la situation actuelle, elle va
se résorber ou elle va s'amoindrir quand on va augmenter l'offre de logement,
ça fait que c'est ce sur quoi on travaille.
Puis c'est pourquoi c'est important
d'adopter le projet de loi aussi parce qu'on vient donner des pouvoirs aux
villes là-dedans pour accélérer la création de logements. Ça va être ça, la
vraie solution, et non de légiférer à la pièce. Donc, voilà mon commentaire, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : On a entendu
plusieurs, à plusieurs reprises, la ministre de l'Habitation nous dire que la
véritable solution, c'est d'augmenter l'offre des logements. On sait que c'est
une solution, oui, ça fait partie de la solution, sauf que cette solution-là,
elle ne va être disponible, on va le dire, qu'à long terme. Ce n'est pas demain
matin qu'on va avoir une quantité suffisante de logements pour... comment dire,
rééquilibrer la différence entre l'offre et la demande au niveau de
l'habitation en ce moment. On a vérifié et les chiffres concernant, par
exemple, ne serait-ce que le programme de logement abordable du Québec, le
programme PHAQ, sur lequel la ministre place autant d'espoir pour produire
davantage de logements. Et aujourd'hui... la dernière fois que je l'ai vérifié,
c'était vendredi dernier, je crois, là, et peut être que ça a changé entre
vendredi et aujourd'hui, là.
Le programme PHAQ, depuis deux ans,
j'invite tout le monde à aller vérifier le tableau de bord de la Société
d'habitation du Québec, là, n'a livré... n'a livré aucun logement, zéro. Il y
en a plusieurs en réalisation, plusieurs dizaines d'autres en élaboration,
enfin, à différentes étapes, mais deux ans, la réalité, aussi triste soit-elle,
c'est que deux ans après son lancement, malgré les promesses faites...
M. Fontecilla : ...programme-là
n'a livré aucun logement à la population du Québec. On le sait, d'autres parts,
que les mises en chantier au Québec connaissent... vont connaître, au cours de
l'année 2024, un creux historique. Oui, il va s'en construire, des
logements, mais il va s'en construire beaucoup moins, en particulier dans
les... dans les marchés locatifs, là. Donc, oui, j'en suis, tout à fait
d'accord de construire des nouvelles unités locatives, en particulier du
logement social. Mais pour l'instant, là, ce n'est pas cette solution-là qui va
soulager les locataires du Québec, là, qui subissent une pression énorme
concernant les augmentations de loyer. Donc, il faut, oui, construire davantage
de logements, mais il faut aussi s'attaquer au parc locatif existant et aux
règles qui régissent le parc locatif existant, là, et tenter de colmater des
brèches, là, à travers lesquelles... qui constituent des ouvertures à travers
lesquelles il y a des augmentations abusives. Il y a création d'une bulle
spéculative et il y a une augmentation des... incontrôlée des coûts de location
à travers tout le Québec, là.
Donc, on ne peut pas... il faut agir sur
les deux fronts, là. On ne peut pas dire : J'agis sur un front et je
n'agis pas sur le deuxième. Il faut agir sur les deux fronts. Et on sait que,
dans le domaine locatif, les aînés subissent des fortes pressions et ce serait
une façon de colmater une des brèches à travers lesquelles la bulle spéculative
se forme, c'est-à-dire les évictions des locataires aînés. Ce serait une façon
d'admettre plus de gens dans cette loi-là. J'ai proposé trois mesures... en
fait, deux mesures, jusqu'à présent, là, à la ministre, elle a refusé toutes
les deux. Il y en aurait une toute simple, c'est l'objet de l'amendement
actuel, c'est de permettre à des gens qui ne vivent pas dans la misère, à des
aînés qui ne vivent pas dans la misère d'être admissibles à cette... à la
protection de la loi Françoise David. Il faut aller de façon globale, mais il
faut aller aussi à la pièce et colmater les différentes brèches qui existent
dans le domaine du locatif.
• (16 heures) •
Et donc ce n'est pas tant demandé, c'est
d'augmenter seulement le revenu admissible, faire en sorte que les aînés, et
pas seulement les aînés qui vivent dans des situations extrêmement précaires,
puissent être bénéficiaires de cette loi-là, mais aussi des aînés qui ont un
niveau de vie un tantinet plus élevé. On ne parle pas d'aînés qui ont des...
qui ont des... qui bénéficient de placements dans les paradis... dans les
paradis fiscaux. On parle de, par exemple, un aîné qui va gagner ou un couple
d'aînés qui va gagner 36 000 $,
annuellement, ce qui n'est pas une richesse excessive, là. Donc, je pense que
cela s'impose, là, que la ministre aille dans ce sens-là pour tenter de
soulager la pression énorme que ces aînés vivent, là, en ce moment-là avec la
crise spéculative dans le domaine du locatif privé.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député. D'autres interventions? Comme ça, s'il n'y a... Alors, député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bien, il est
question du revenu, puis généralement d'augmenter, d'améliorer la protection
des personnes les plus vulnérables, donc des personnes les plus âgées, on ne
veut pas toucher à l'âge. On dit qu'en 65 et 70 ans, cette catégorie d'âge
là n'a pas besoin d'une protection supplémentaire. À partir de 70 ans,
oui. Bon, maintenant, on sait, on l'a déjà fait valoir plus tôt ce matin, que
la situation était inédite. Et ce que la ministre nous dit, c'est que c'est la
construction d'unités de logement qui va résorber la situation. La question de
la crise du logement est certainement liée à la rareté du logement, mais,
lorsqu'il est question des coûts, j'aimerais savoir s'il est estimé que, si on
arrive à construire 8000 unités, que les gens qui sont essentiellement,
là, au seuil de la pauvreté ou à peu près, puis qui ont 70 ans et plus
puis qui n'ont pas de capacité d'augmenter leur rémunération, seront davantage
en moyen d'aller chercher un loyer après avoir subi une éviction, qu'ils...
qu'ils le sont aujourd'hui. En d'autres mots, est-ce qu'on peut vraiment, de
façon sérieuse, penser qu'avec un revenu de 24 000 $
ou 30 000 $ par
année dans...
16 h (version non révisée)
M. Arseneau : ...deux, trois
ou cinq ans, si on arrive à résorber la crise, c'est-à-dire d'avoir davantage d'unités
sur le marché, que le coût des loyers va avoir plongé suffisamment pour pouvoir
permettre à ces gens-là d'avoir un logement équivalent à celui qu'ils ont
aujourd'hui? Est-ce que c'est ça qu'il faut comprendre? Que l'augmentation du
nombre d'unités, si toutefois on a un plan et si toutefois on réussit à
atteindre les objectifs qui seraient fixés, entraînerait une plus grande accessibilité
au logement pour les personnes les plus vulnérables, les plus démunies, qui ont
le moins de moyens? On parle de 24 000 $, 30 000 $ par
année de revenus annuels.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : C'est ce qu'on
vise, là, quand on dit qu'on va financer du logement social et abordable, c'est
pour les clientèles les plus vulnérables. Avec le gouvernement, il y a plus de
20 000 unités, là, à différentes étapes de développement, là, et ces
20 000 unités là vont être dédiées à des clientèles particulièrement
vulnérables, ça fait que c'est sûr que ça va aider. Puis ces gens -là vont
libérer d'autres logements qui iront à d'autres personnes. Donc, on est là pour
du logement pour les personnes vulnérables.
On a par ailleurs le programme de
supplément au loyer qui vient aider aussi, donc ça peut être dans des logements
existants, on a le programme d'aide au logement qui vient aussi contribuer à
payer le loyer. Puis, par ailleurs, on investit avec le fédéral 2.2 milliards
jusqu'en 2028 pour la rénovation des HLM, ça fait que là-dedans aussi, on est
en train de créer... ou de recréer du logement qui était... qui était vétuste
un peu et qui n'était pas occupé, encore là, pour la clientèle qui est la plus
vulnérable.
Mais tous ces processus-là, là, c'étaient
encrassés depuis des années. Puis là, on est en train de tout débloquer ça, là.
Alors, moi, j'ai bon espoir que ça va... ça va porter fruit puis on va voir les
résultats. Puis là où le gouvernement investit, c'est vraiment pour les
clientèles vulnérables, donc ça va toucher les gens... les gens dont on parle,
je pense.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. J'apprécie
l'optimisme et l'enthousiasme de la ministre, mais malheureusement, je ne
partage pas le même optimisme pour les prochaines années. Et vous savez que
pour les personnes dont on parle aujourd'hui, les personnes de plus de 70 ans,
disons que les années où elles peuvent espérer occuper un logement de façon
autonome, bien, le nombre d'années est forcément plus limité que pour d'autres
catégories de gens. Alors, la question qu'on peut se poser, c'est, si on
améliore la protection de ces personnes aujourd'hui, le temps que la situation
se résorbe, je pense que ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau.
En d'autres mots, ce que nous fait
miroiter la ministre, c'est qu'un jour la situation va se résorber. Mais de
mémoire, là, il y a au-dessus de 40 000, je pense que c'est 46 000 personnes
qui sont en attente actuellement d'un HLM. Est-ce qu'on peut véritablement
penser qu'avec l'augmentation de la population... avec le vieillissement de la
population, c'est-à-dire, lorsqu'on sait qu'il y a au-delà de 54 % des
personnes de 65 ans et plus qui gagnent moins de 30 000 $ par
année, qu'on puisse trouver un équilibre pour les 10... d'ici les 10 ou 15 prochaines
années?
Donc, forcément, nous, on n'y croit pas.
Et c'est la raison pour laquelle on se dit : puisque ça ne coûte rien,
pourquoi ne pas renforcer le filet social? Ce que je veux dire, c'est que les
investissements dans la construction, dans évidemment des HLM, dans la
rénovation, dans les programmes de soutien à la construction, ça a un coût.
Mais les mesures législatives qu'on explore depuis ce matin, depuis le début de
l'étude du projet de loi, encore une fois, j'essaie de voir qu'est-ce qu'il
coûte à la ministre et au gouvernement et à la société d'améliorer la
protection, soit par l'âge, on a déjà refusé cette voie-là, mais sur la
question du revenu admissible pour cette protection-là, légale. Encore une
fois, je ne vois pas pourquoi, sur le plan politique, même avec des grandes
ambitions sur la construction de logement social, comment on peut résorber
la...
M. Arseneau : ...cette espèce
de problématique là pour les personnes qui sont les plus vulnérables face à une
éventuelle procédure d'éviction, alors que leurs revenus, leur capacité
financière est documentée et elle est... elle est très faible et documentée.
Donc, on a toute cette information-là pour dire que la situation va forcément
être plus difficile pour eux, pour les années à venir, avant que ça ne
s'améliore. Alors, c'est l'occasion de... d'agir.
Alors, encore une fois, moi, je pense que,
que ce soit pour l'âge, que ce soit pour le revenu ou encore pour la durée, là,
de... du bail précédant l'atteinte de l'âge, ce sont des mesures qui me
semblent susceptibles d'être corrigées à la lumière de la gravité de la crise
qu'on vit actuellement, mais de leur faire miroiter qu'un jour ça va
s'améliorer, bien, c'est... c'est d'induire une période de... d'incertitude et
de difficulté à un certain nombre de personnes dans cette population-là, ce
qu'on n'a pas... ce qu'on n'a pas à faire aujourd'hui.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : ...pour continuer
sur ce que dit mon collègue, là, alors on a une liste d'attente avec plusieurs
milliers de personnes qui vont devoir attendre des années pour la construction
de nouveaux logements, et nous sommes une population vieillissante. Donc, avec
les années, la liste ne va faire que s'allonger. Donc, encore une fois,
pourquoi proposer juste une option, ce que vous proposez, donc la construction
de nouvelles unités? Pourquoi est-ce qu'encore une fois, pour nos plus
vulnérables, qui vont... qui vont... qui vont monter en nombre dans les
prochaines années... est-ce qu'on ne peut pas leur donner un outil comme celui
qui est suggéré là, encore une fois, qui est accessible aux plus vulnérables?
Donc, on ne demande pas un élargissement énorme que ça va faire en sorte que la
demande ne pourra plus rencontrer la réalité, c'est déjà le cas, mais, encore
une fois, c'est de donner plusieurs outils puis pas juste de se fier à une
solution.
Il semble y avoir un manque de vision à
long terme. On voit ce qui se passe aujourd'hui, ce qui se passe par la suite
dans les prochaines années, mais, encore une fois, on est une population
vieillissante, et il faut penser à long terme parce que, si on n'adresse pas
ces enjeux aujourd'hui, on va se trouver dans une position similaire dans les
prochaines années, et ça sera tout à recommencer.
Donc, moi, c'était pour suggérer qu'on
puisse donner le plus d'outils possible à cette population-là plutôt que de
restreindre... de restreindre les différentes possibilités qu'ils ont pour
accès au logement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
ça va? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Donc,
nous sommes sur un amendement visant à augmenter le seuil de... le plafond de
revenus déterminant les besoins impérieux, ce qui pourrait donner accès à...
que davantage d'aînés puissent avoir accès à la protection de Françoise David.
Depuis tantôt, la réponse du côté ministériel tourne autour de la... non pas de
la nécessité d'améliorer les protections pour les aînés ou pour les locataires
en général, mais plutôt de... d'augmenter l'offre de logements. Fort bien. Ceci
étant dit, la ministre a lancé des programmes et etc., là. On connaît le taux
d'inoccupation. Et moi, j'aimerais... pour... puisqu'elle nous ramène
constamment sur le terrain de la réalisation de nouveaux logements, j'aimerais
savoir quels sont ses objectifs et combien de logements elle pense qu'il
faudrait créer. Je ne lui attribue même pas la responsabilité de créer tous ces
logements-là. C'est : Combien de logements faudrait-il? Quels sont les
objectifs qu'on se donne en tant que politique gouvernementale pour atteindre
certains objectifs? Quels sont-ils? Est-ce qu'il s'agit d'augmenter le taux
de... descendre... non, augmenter le nombre de logements disponibles de
combien? Quel taux d'inoccupation faudrait-il atteindre? A-t-elle seulement des
objectifs, là? Est-ce que la machine gouvernementale est en mesure de se doter
d'objectifs à atteindre ou on nage... on navigue à vue, là?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce que nous avons des réponses?
Mme Duranceau : Bien, M. le
Président, on...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : ...j'ai dit à
plusieurs reprises, là, qu'il faut augmenter l'offre de logements, puis on va
sortir, dans les prochaines semaines, là, un plan de match qui explique comment
on va s'y prendre pour augmenter l'offre de logements. Ça fait qu'à ce
moment-là je pourrai faire davantage de commentaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : ...au
moins...
M. Fontecilla : ...on a une
nouveauté, dans quelques semaines, on va avoir un plan de match. O.K., ça,
c'est... c'est... Bon, c'est un peu... un peu plus précis. Est-ce que la
ministre pourrait nous informer de quels sont au moins les grands éléments qui
vont comporter ce plan de match? Parce que pour l'instant, j'ai l'impression
plutôt désagréable de faire face à des incantations : Il faut créer plus
de logements. Mais est-ce que la ministre pourrait nous informer, c'est quoi,
les grands objectifs ou les grands domaines dans lesquels elle peut faire
des... elle s'attend à des avancées? Parce qu'on en a besoin pour étudier le
projet de loi n° 31, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je n'ai pas
d'autres commentaires sur ça, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires là-dessus? Alors, à ce moment-là, nous
allons mettre aux voix l'amendement qui introduit l'article 1.1.4. Est-ce
que 1.1.4 est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Par
appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla, Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme
Duranceau, Bertrand?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme
Jeannotte, Labelle?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest,
Côte-du-Sud?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon,
Jonquière?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard,
Lac-Saint-Jean?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass,
D'Arcy-McGee?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire : M.
Schneeberger, Drummond-Bois-Francs?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Nous en sommes maintenant à l'article... à
l'amendement déposé par le député des Îles-de-la-Madeleine, qui est l'article
qui introduit 1.1.5. Alors, député des Îles, à vous.
M. Arseneau : Oui, merci, M.
le Président. Alors, ce que je propose, avec l'amendement qui a été déposé,
c'est le remplacement, au premier alinéa des mots... bon, pour
l'article 1.1.5. L'article 1959.1 du Code civil du Québec est modifié
par, un, le remplacement, au premier alinéa, des mots «10 ans» par «cinq
ans».
Donc, l'article 1959.1 du Code civil
du Québec se lirait ainsi : Le locateur ne peut reprendre un logement ou
en évincer un locataire lorsque ce dernier ou son conjoint, au moment de la
reprise ou de l'éviction, est âgé de 70 ans ou plus, occupe le logement
depuis au moins cinq ans et a un revenu égal ou inférieur au revenu maximal lui
permettant d'être admissible à un logement à loyer modique, selon le règlement
sur l'attribution des logements à loyer modique. Il peut toutefois reprendre le
logement dans l'une ou l'autre des situations suivantes. Et je pense que je
vais vous faire grâce de la lecture, là, du reste de l'article, puisqu'il n'est
pas touché par l'amendement proposé.
Alors, évidemment, c'est le troisième
amendement, je dirais, dans la série de ceux qu'on a proposés depuis ce matin
au Code civil pour améliorer la protection des personnes âgées qui occupent
donc un logement et qui peuvent se retrouver en situation difficile, donc en
situation de précarité suite à la décision d'un locateur de reprendre
l'appartement, d'en évincer les locataires. Donc, si on ne touche pas au
facteur de l'âge, si on ne touche pas, puisque la ministre s'y oppose, à la
question du revenu, on aimerait au moins que la ministre considère la possibilité
de juger que lorsque l'on occupe un logement depuis cinq années et qu'on a
70 ans ou 75 ou 80 ans, et que le propriétaire, le locateur souhaite
agir pour procéder à l'éviction de ces personnes, bien, que l'on considère que
cinq ans, c'est le domicile permanent de la personne et qu'il... tant et aussi
longtemps que cette personne-là peut demeurer de façon autonome et dans ce...
dans ce logement, qu'elle puisse jouir d'une certaine stabilité et qu'elle soit
protégée donc par l'État du Québec.
L'idée aussi, le 10 ans, encore une fois,
lorsqu'il a été fixé, c'était dans une période où il y avait des logements
alternatifs qui étaient disponibles sur le marché bien davantage
qu'aujourd'hui, des logements qui pourraient... qui étaient sans aucun doute
comparables, même si la situation, à ce moment-là, il y a sept ou huit ans...
M. Arseneau : ...n'était
certainement pas rose, là, pour des personnes de 70 ans et plus qui
étaient en logement depuis sept ou huit ans, disons moins de 10 ans, mais
la crise s'étant exacerbée, on juge que cinq ans, c'est quand même une période
importante et qui couvre essentiellement les cinq années où la majorité des...
bien, la majorité des personnes, un certain nombre de personnes qui atteignent
donc l'âge de 70 ans sont à loyer dans le même logement depuis l'atteinte
de l'âge de la retraite. Et, encore une fois, si on regarde les statistiques
pour ce qu'elles sont, il y a la moitié, plus la moitié de la population de
65 ans et plus, encore une fois, comme par hasard, on utilise l'indicateur
de 65 ans, qui a un revenu extrêmement faible, en bas de
30 000 $. Je pense que si on a loué un logement à l'âge de
65 ans, qu'on a atteint l'âge de 70 ans, je pense qu'on peut
raisonnablement penser qu'on souhaitait que ce soit un logement permanent qui
soit garanti, qu'on puisse continuer à l'occuper avec un loyer qui augmente,
mais selon évidemment, là, les moyens de la personne et en fonction des règles
établies et des indications par le Tribunal administratif du logement, et non pas
se voir tout d'un coup, là, expulser à 70 ans ou à partir de 70 ans,
tout simplement parce que ça ne fait pas suffisamment longtemps qu'on occupe ce
logement-là, c'est-à-dire pas 10 ans ou plus.
• (16 h 20) •
Alors, encore une fois, c'est une question
d'améliorer le filet social de protection des personnes âgées. Et moi,
j'aimerais savoir dans quel univers on peut se situer comme Québécois qui
croyons, là, à une société qui est juste et qui souhaite, je dirais, partager
la richesse, oui, mais aussi s'assurer que les gens puissent vivre décemment et
qu'on puisse dire que parce que ça ne fait que six ou sept ans que vous occupez
votre loyer, mais à l'âge de 80 ou 82 ans, on vous dit : Bien non,
vous êtes malheureusement en deçà du nombre d'années nécessaire pour que l'État
puisse vous protéger, donc partez à la quête d'un nouveau logement. Vous êtes
autonomes, vous n'avez pas de grands moyens financiers, mais donc vous avez
plus de 70 ans, on aurait aimé ça vous protéger, mais pas assez longtemps
que vous êtes à loyer au même endroit. Donc, sept ans, ce n'est pas suffisant.
Huit ans, ce n'est pas suffisant. Neuf ans, ce n'est pas suffisant. Je pense
qu'à ce moment-là on peut se poser la question à savoir jusqu'à quel point
notre société partage les plus démunis et les plus vulnérables et quelle est la
conséquence pour l'État du Québec, parce qu'une personne qui atteint l'âge
vénérable de 80, 85 ans et qui se voit évincée et qui n'a pas les moyens de se
magasiner un loyer au même coût, dans la même... dans le même quartier, dans le
même secteur, quelle sera son... ses alternatives? Elle ne retournera pas sur
le marché du travail, du moins, là, c'est fort peu probable, pour augmenter sa
rémunération puis se payer un logement, parfois 40 % plus cher, là, si on
regarde un certain nombre de statistiques.
Donc, bon, on comprend, là, évidemment,
comment ça peut affecter le moral de la personne, sa santé mentale, tout ce qui
va avec l'anxiété et la détresse de perdre son toit, ce qui va se passer à
l'avenir, toute l'inquiétude que ça suscite, puis de voir quelles sont, dans
les... la vraie vie, dans la réalité, quelles sont ses options.
Et on en parlait plutôt ce matin, puis ce
n'était pas pour dramatiser la situation. Quand on dit que le phénomène de
l'itinérance a doublé puis qu'il y a là-dedans des personnes âgées, ce sont des
personnes qui n'ont pas été protégées par l'État du Québec, pour toutes sortes
de raisons, qui se sont vues à la rue, mises à la rue. Et on a l'occasion
aujourd'hui d'empêcher de...
M. Arseneau : ...que le
phénomène prenne de l'expansion, du moins sur la base du nombre d'années qu'ils
ont occupé leur logement. Et ça, je pense que c'est une occasion pour nous de
faire œuvre utile. Je voudrais, M. le Président, partager un certain nombre de
statistiques, là. Si on veut juger de la capacité des personnes à se retrouver
un logement aujourd'hui, lorsqu'ils sont évincés, particulièrement les
personnes qui ont un faible revenu, comme celles dont on parle depuis tout à
l'heure, des personnes de 70 ans et plus et qui se qualifient donc au
PRBI. Regardons le moment où la protection, là, au Code civil a été inscrite.
Je crois que ça remonte à 2015 ou 2016... 2016. À l'époque, lorsqu'on regardait
le coût moyen d'un quatre et demi occupé ou inoccupé, dans certaines régions,
par exemple Gatineau, on sait que la crise du logement frappe très fort là-bas
présentement, à l'époque, l'écart entre un logement inoccupé et un logement
occupé était relativement faible, même que le logement inoccupé était plus
abordable que le logement occupé, selon les statistiques, là, qui sont... de la
SCHL qu'on peut... qu'on peut consulter. Donc, il en coûtait 739 $ par
mois pour un loyer de quatre et demi inoccupé. Puis les loyers occupés, c'était
de l'ordre de 764 $.
Aujourd'hui, quand on dit que la situation
a changé, que le contexte est complètement différent, pour un... en 2022,
toujours selon les données de la SCHL, dans la même région de Gatineau, un
logement occupé, on l'évalue à 1 268 $ par mois. Donc, ça a augmenté
considérablement, de 752 $, mais ce qui a surtout augmenté, c'est les
logements inoccupés, de 741 $ par mois, on est maintenant à 1 502 $
par mois. Donc, le montant a presque doublé pour un quatre et demi dans la
région de Gatineau pour un logement inoccupé.
Alors, pour être certain qu'on me
comprenne bien, là, si l'on part d'un loyer qui est à 1 268 $ par mois, un quatre et demi, puis
qu'on nous demande de chercher autre chose parce que le locateur a décidé de
nous mettre dehors, parce que ça fait seulement sept ans, ou huit ans, ou neuf
ans qu'on est dans le loyer, puis qu'on a 70, 75, 80, 85 ans, on est
encore autonome puis qu'on est encore heureux de vivre là, parfois avec son
conjoint ou sa conjointe, qu'on nous dit : Malheureusement, là, vous avez
l'âge, vous avez le niveau ou le plafond de revenus, là, mais ça ne fait pas
assez longtemps que vous êtes dans l'appartement. Il va falloir aller frapper
aux portes puis regarder les petites annonces, puis regarder dans le secteur
puis regarder au-delà du secteur et payer presque 300 $ de plus par mois.
Comment on fait ça? Comment on va résoudre l'équation, si on est déjà dans la
catégorie des revenus les plus faibles parmi les personnes au Québec?
Et c'est la même chose pour la région de
Québec. Je vais vous donner les statistiques. On était presque à parité, si on
veut, en 2015, logements occupés, inoccupés, quatre et demi, 788 $ pour un
logement occupé, mais, si on changeait de logement, on pouvait espérer en
trouver un pour 782 $. On pouvait même faire une bonne affaire parce que,
visiblement, il y avait un certain équilibre. On part d'un loyer, on en trouve
un autre. C'est à peu près le même prix. Aujourd'hui, 2022, c'est encore
probablement... l'écart s'est probablement agrandi, mais on n'a pas les
statistiques, nous, pour 2023. Mais là, l'écart est passé à... en fait, le
chiffre maintenant, c'est 970 $ pour un quatre et demi en moyenne. Je dis
bien : En moyenne, là, parce qu'évidemment, ça, ça veut dire qu'il y a des
logements qui sont beaucoup plus élevés. Mais on parle de 1 536 $ pour un logement
inoccupé. Mais comment on paie 1 536 $
pour un logement inoccupé, si on part d'un logement qui nous coûtait
970 $, logement occupé? C'est presque 600 $ de différence. On ne peut
pas, quand on est une personne âgée de 70 ans et plus...
M. Arseneau : ...au Québec,
qui est sous le seuil de revenus d'environ 30 000 $ en moyenne au Québec, payer
600 $ de plus, parce qu'on a été évincé, peu importe les raisons du
locateur, et ça, je pense qu'on doit le réaliser, qu'on a l'occasion de
protéger ces gens-là aujourd'hui. Ça, c'était pour la région de Québec, je vais
vous donner Montréal aussi pour compléter ma démonstration. On était... C'était
légèrement plus élevé à l'époque, on avait 70 ans. Puis je vous rappelle qu'à
ce moment-là on a décidé de protéger les gens de 70 ans et plus, on a décidé de
protéger les gens qui avaient des revenus parmi les plus faibles, mais on a dit
que ça prenait 10 ans d'occupation du loyer pour bénéficier de cette protection-là,
10 ans. Mais la différence entre loyer de quatre et demie, évidemment, c'est
une moyenne, occupé, on partait d'un loyer de 759 $, puis on payait
794 $. Bon, une quarantaine de dollars de plus, certains pouvaient sans
doute se l'offrir.
• (16 h 30) •
Et, malgré tout, les législateurs de
l'époque, ça ne fait pas si longtemps, ont dit : Ça mérite quand même une
protection. Mets 10 ans, tu sais, sinon... Puis c'est davantage... dont on
discutait, que la question du revenu en tant que tel. Aujourd'hui, à Montréal,
on parle d'un loyer moyen de 1 000 $, toujours en 2022, 1 015 $, on est
évincé, on a 70 ans et plus, on n'a pas des grands revenus, il faut payer
402 $ de plus pour se loger par mois. C'est plus de 4 000 $ par
année, presque 5 000 $ par année. Si on a un revenu de 30 000 $, je repose
la question à la ministre : Comment on fait, en attendant que les dizaines
de milliers de logements sociaux lèvent de terre, soient ouverts et disponibles
dans l'ensemble du Québec, dans toutes ses régions, pour ces personnes-là,
comment on fait pour éviter que ces personnes-là qui sont évincées se
retrouvent à la rue en situation d'itinérance?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, M. le Président, cette mesure-là, puis là on parle du cinq ans versus
du 10 ans, là, ça a été exploré en 2016, il y a 10 ans, puis ça a été très
clair pour tout le monde, c'est pour ça qu'ils ont statué à 10 ans à l'époque,
que ce serait... ça pourrait devenir discriminatoire, cette mesure-là, puis
faire en sorte que des gens se présentent puis qu'on choisisse, même si ce
n'est pas permis par la loi, mais qu'on choisisse un locataire qui est moins
âgé qu'un autre, justement, parce qu'on allait être plus restreint, là, à
partir du moment où ça ferait cinq ans qu'il soit dans le logement. Alors, ça a
été clair en 2016, puis ça a été évacué assez... ça a été évacué du discours
pour la suite.
Donc, pour moi, c'est clair qu'on ne
réouvre pas... qu'on ne réouvre pas ça. Ça fait que ça, c'est pour la mesure
Françoise David qui, comme je l'ai dit ce matin, est un des outils, il est là,
il est bon, on le garde dans sa forme actuelle. Puis je pense qu'il faut être
prudent aussi, là, je le répète, il faut augmenter l'offre, c'est ça, la vraie
solution. Je le sais que ce n'est pas tout de suite, ça ne se fait pas du jour
au lendemain, mais il faut être prudent, tu sais, d'être tenté, puis je pense,
c'est ça qui se passe, là, de faire porter l'inaction des gouvernements
précédents. O.K. Parce que je m'excuse, l'habitation, il n'y a pas grand monde
qui s'est occupé de ça pendant plusieurs années, puis je le vois là, j'en
récolte... le désintérêt, je le vois. Ensuite, le retrait du fédéral veux veux
pas, ça a fait en sorte qu'il y a eu moins d'investissements en habitation.
Donc, en suite de ça, on se retrouve, par ailleurs, dans une crise avec des
taux d'intérêt élevés, une main-d'oeuvre qui est manquante au niveau de la
construction, des coûts de construction élevés.
Puis on a parlé des effets de
l'immigration qui, veux veux pas, ajoutent une demande pour les logements.
Alors là, c'est tentant, dans ce contexte-là, de faire porter la crise du
logement sur quelques mesures législatives, là pendant six mois, ça a été la
cession de bail, là on est sur la loi Françoise David. Ce n'est pas ça, la
solution. On a des mesures qu'on est venu encadrer, bonifier dans le cas des
évictions, et, encore là, il faut garder en tête puis il faut maintenir
l'équilibre. C'est un équilibre, il y a des... Certains partis défendre un
point de vue, d'autres défendent d'autres points de vue. Moi, j'essaie de
rester dans l'équilibre là-dedans pour aussi créer un environnement où on va
avoir du monde qui vont construire, du logement. On va avoir des gens qui vont
avoir le goût de détenir du logement puis d'en faire un investissement à long
terme, justement, pour le bien de tout le monde. Alors là, c'est tentant, là,
de penser qu'en modifiant...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Duranceau : ...cet article
de loi là, on va tout régler. Mais je ne pense pas. C'est un des outils, puis
on a vu qu'on a un paquet d'autres outils dans le projet de loi n° 31 qui vont
venir accélérer la création de logements, puis c'est là-dessus qu'il faut
tabler pour faire une réelle différence pour l'ensemble des Québécois pour qu'ils
soient bien logés.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. Arseneau : ... Est-ce que
j'ai encore du temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui...
M. Arseneau : Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : ...encore
cinq minutes environ.
M. Arseneau : Oui. Non, mais
juste pour compléter l'échange, là, tu sais, je pense qu'il n'y a personne ici
qui pense qu'en modifiant, en bonifiant la mesure de protection des personnes
aînées, on a réglé le problème. Mais je pense qu'il n'y a personne ici non plus
qui pense que la crise du logement va se résorber en l'espace d'un claquement
de doigts quand la ministre, d'ici quelques semaines, aura déposé un plan. On
verra la nature du plan, la nature des investissements, l'ambition du
gouvernement puis on jugera l'arbre à ses fruits, mais ça va prendre un certain
nombre d'années, et il faut nécessairement que ça se fasse. Mais ce qu'on dit
aujourd'hui, c'est qu'on a les moyens, parce qu'on a une loi qui est déposée,
qui est étudiée, et qui est perfectible, et qui comporte un certain nombre d'éléments
qui peuvent permettre d'améliorer la situation pour certains, mais il y a aussi
certains éléments qui peuvent être bonifiés, et c'est exactement ce qu'on
propose.
Il y a aussi certains éléments qui
constituent un recul. On a parlé de la question de la cession de bail, c'est un
recul. C'est un outil qui à l'heure actuelle est utilisé parce que le marché
est déséquilibré. Alors, de dire qu'on veut garder un équilibre, j'imagine, là,
c'est entre les locataires puis les locateurs. Aujourd'hui, l'objectif, à mon
humble avis, c'est plutôt de gérer le déséquilibre dans le marché, qui affecte
de façon très importante les locataires, et particulièrement les locataires qui
sont plus vulnérables, qui ont moins de moyens financiers, qui sont plus âgés.
Alors, c'est ça, l'objet.
Mais on ne dit pas que ça va tout régler.
Ça ne va pas régler la crise du logement. On souhaite que le gouvernement
dépose un projet ambitieux pour la construction. Mais ce qu'on constate, c'est
que, depuis qu'on a commencé à discuter de ça, là, pas énormément de mises en
chantier, il n'y a pas, il y a... Si on pouvait dire que, depuis qu'on a mis au
rancart AccèsLogis puis qu'on a mis sur pied le PHAQ, on avait des résultats
tangibles, on pourrait commencer à imaginer qu'il y a une lumière au bout du
tunnel, mais on en est loin. Alors, c'est la raison, je pense, pour laquelle on
a des discussions sur les dispositions législatives en matière d'habitation qui
pourraient permettre non pas d'accélérer la construction, mais de gérer les
effets du déséquilibre financier puis de protéger les personnes les plus vulnérables
dans la société québécoise, et on parle ici des personnes aînées. Alors, encore
une fois, ce n'est pas la panacée, c'est un outil parmi d'autres, et la
bonification de la mesure qui était... qui a été adoptée en 2016, elle s'inscrit
dans un constat de la situation qui nous permet de dire qu'on n'est plus du
tout dans le même contexte qu'en 2016, et je pense que j'ai présenté certains
chiffres qui démontrent l'explosion des coûts des logements, en prenant un
loyer type pour un quatre et demi, pour plusieurs régions du Québec et qui
démontrent que, si on est évincé puis que nos revenus de retraite sont
plafonnés, que ça pose un problème majeur documenté et que ça va avoir des
effets délétères, voire tragiques pour un certain nombre de citoyens et de
citoyennes du Québec. Donc, on a l'occasion d'améliorer les choses, de bonifier
nos mesures et raccommoder un peu, là, le filet social, parce que la situation
s'est dégradée.
La ministre veut faire porter le poids au
gouvernement précédent des retards en construction ou de la crise du logement?
Fort bien. Mais, aujourd'hui, là, regardons vers le présent et l'avenir, et l'avenir
prévisible, ce n'est pas qu'il va y avoir 100 000 logements par année
de construits, l'avenir prévisible, c'est qu'il y a des gens... des personnes
âgées qui vont continuer d'être évincées, puis qui ont 70 ans et plus, qui
ont un revenu extrêmement faible et puis qui n'auront peut-être pas atteint,
là, le 10 ans nécessaire pour pouvoir être sous la protection de l'État.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, votre temps est écoulé...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Alors,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui.
J'aimerais revenir sur quelques déclarations de la ministre concernant des...
comment dire, des calculs ou des raisonnements qui ont été faits à l'adoption
de la loi Françoise David, là, tout particulièrement concernant la
discrimination, là, si, par exemple, on mettait un temps de résidence effectif,
là, dans un logement, de cinq ans au lieu de 10 ans. Évidemment, c'est un
peu... c'est un argument un peu particulier, une crainte très particulière
parce que les... comment dire... une autoprophétie, là : dès qu'on la
fait, on l'énonce, elle se réalise. Évidemment, s'il y avait une discrimination
à cinq ans, il pourrait tout à fait y avoir une discrimination avec la règle
actuelle à 10 ans, là. Et c'est la même chose pour la location à une
personne qui est pauvre et... bien, un aîné qui est... qui a un revenu... un
revenu très, très bas, bien, on ne va pas le lui louer parce qu'effectivement
il pourrait y avoir, à un moment donné... elle pourrait être soumise à la
protection de la loi Françoise David. Et il pourrait y aller ainsi de toutes
les dispositions qui protègent contre la discrimination. On pourrait très bien
dire que, bien, si on le met en pratique, là, ça pourrait augmenter la
discrimination en amont, justement, pour ne pas être soumis à une possible
accusation de discrimination. Donc, pour moi, ça m'apparaît un argument un peu
fallacieux justement destiné à ne pas... à ne pas agir.
• (16 h 40) •
La ministre a beaucoup mis l'emphase à
plusieurs reprises également sur la question de l'équilibre et la recherche
éternelle de l'équilibre en termes de... dans le monde des relations entre
locataires et locateurs. Et j'en suis, il faut... il faut chercher un
équilibre. Mais ici, j'abonde dans le même sens que mon collègue des
Îles-de-la... de la... de-la-Madeleine... des Îles-de-la-Madeleine, c'est
qu'ici on est en train... on fait face à un marché qui est en profond... en
profond déséquilibre, justement, là, et la situation n'est pas équilibrée, mais
pas du tout, là, et la balance penche fortement du côté des locateurs, à tous
les points de vue. Ils ont, comme on dit au Québec, là... au Québec, là, le
gros bout du bâton, là, et il y en a... heureusement, pas tout le monde, mais
il y en a qui en profitent allégrement, surtout lorsqu'il s'agit de... lorsqu'on
fait... il s'agit d'un changement de locataire pour augmenter passablement
la... le loyer, là. D'où les demandes, par exemple, insistantes d'un registre
des loyers, de garder la clause sur la cession du bail, là, qui permet
justement d'éviter cette hausse très souvent abusive de loyer lorsqu'un
locataire change, et d'autres mesures.
Donc, on fait face à un marché
profondément déséquilibré qui atteint plus particulièrement certains secteurs
de la population qui sont plus vulnérables. Et on parle... on pense
spécifiquement à la population aînée, mais il y a d'autres secteurs qui sont
aussi vulnérables. Faut-il rappeler encore une fois qu'approximativement un
quart des personnes récemment dénombrées et en situation d'itinérance sont
arrivées à l'itinérance suite à une éviction? Et beaucoup de ces personnes-là
sont des personnes aînées, donc le manque de protection des aînés produit des
conséquences concrètes, là, par exemple, par exemple, à l'extrême, produit
l'itinérance d'un certain nombre des ces personnes-là.
Laissons de côté... laissons de côté le...
comment dire, une vision idéaliste ou même sentimentaliste de cette
situation-là, pauvres personnes qui sont obligées à vivre dans l'itinérance,
mais allons, appliquons un calcul économique, là. Combien coûte à la société le
fait d'avoir plus d'itinérance dans la société? Il me semble que la... une
ministre de l'Habitation devrait se poser ces questions-là. Par exemple, une
absence de protection... de... une protection adéquate de la population
locataire aînée, en quelque, va avoir...
M. Fontecilla : ...une
conséquence, celle de, concrètement, l'augmentation de l'itinérance, mais ça,
on dirait que ça ne rentre pas. Je n'ai pas entendu la ministre parler de ces
situations-là. Ça ne... Ça ne fait pas partie de ces calculs-là.
Donc, encore une fois, on revient à la
question du déséquilibre, et le devoir, le mandat d'une ministre de
l'Habitation, quelque soit le parti, devrait justement... d'atténuer, de
corriger autant que possible cette situation de déséquilibre criant qui existe
en ce moment dans le domaine des relations entre les locateurs et les
locataires, en attendant, évidemment, le grand soir où il va y avoir tellement
de construction de logements, là, que ça va... ça va faire augmenter
sensiblement le taux d'inoccupation jusqu'à 3 %. Et même il y en a qui
disent qu'il faudrait... pour que ce soit véritablement un marché équilibré, il
faudrait aller jusqu'à 7 %. En attendant le grand soir de cette
réalité-là, bien, on vit avec une réalité très concrète où les locataires, et
particulièrement les locataires aînés, sont soumis à des pressions extrêmement
fortes pour quitter leur logement, et même, malgré l'adoption de la loi...
l'existence de la loi Françoise David, il peut toujours y avoir des fins
finauds qui profitent de la naïveté, l'ignorance, le manque de volonté, la
fragilité, la vulnérabilité des personnes aînées pour essayer de se... on va
dire, là, de se débarrasser de ces locataires qui ne payent pas beaucoup et
procéder à une augmentation substantielle de... du loyer, ce qu'on appelle communément,
et je le répète, là, parce que c'est un mot très intéressant, là,
l'optimisation, là, de l'investissement immobilier, là. L'investisseur
immobilier n'a que faire des locataires qui payent des loyers bas. Tout ce
qu'il veut dans la vie, là, son objectif en termes de... en termes de business,
en termes d'opérations immobilières, c'est de remplacer ces locataires par...
par des locataires qui sont en mesure de payer des loyers plus élevés. Mais,
entendons-nous, en mesure de payer pas parce qu'ils sont énormément plus
riches, parce qu'ils acceptent d'octroyer une part plus importante de leurs
revenus au paiement du loyer, ce qui implique souvent, bien, un appauvrissement
dans l'absolu, là.
Donc, on fait face à un marché, encore une
fois, déséquilibré, et la ministre devrait avoir comme mandat, justement, de
corriger certains aspects de ce déséquilibre-là, surtout auprès des populations
les plus... les plus vulnérables, comme les locataires aînés. Depuis ce matin,
nous discutons ici, là, de différentes mesures qui pourraient rendre la vie
plus facile, en tout cas assurer des meilleures conditions de logement à des
locataires aînés, mais on fait face à un refus systématique, là, par rapport
aux propositions présentées par les différentes oppositions. Et c'est dommage,
là, parce que la réalité, les médias nous rapportent quotidiennement des cas de
locataires aînés qui sont jetés à la rue, qui ne savent pas où aller et qu'on
ne sait pas quoi faire avec ces personnes-là, parce que, souvent, ils n'ont pas
les moyens d'aller à une résidence pour personnes aînées, qui coûte quand
même... il faut avoir les moyens pour se payer une RPA, et la seule solution
qui leur reste, là, c'est de s'ajouter à la liste d'attente d'une habitation à
loyer modique, d'un HLM, là. Et mon collègue des Îles-de-la-Madeleine l'a
mentionné tantôt, autour de 43 000 personnes... ménages sont sur
cette liste de... liste-là, donc 43 000 ménages qui ne sont pas près
d'avoir un logement à loyer modique, là, dont, de ces 43 000, il y en a
23 000 seulement sur l'île de Montréal. Ça fait que les HLM, en toute...
comment dire, de façon très réaliste, ne servent pas à régler en ce moment la
crise du logement parce qu'ils sont pleins, sont plein à craquer, et il y a une
liste énorme de gens qui veulent y avoir accès.
Donc, une solution, c'est de s'assurer que
les locataires aînés puissent rester dans leur milieu, chez eux, dans le
logement qu'ils occupent, là, par une amélioration des conditions de la loi
Françoise David, là, justement pour corriger ce déséquilibre-là. Donc, ici, on
fait face, comment dire, soit à un aveuglement en attendant le grand soir où il
va y avoir assez de logements pour loger tout le monde...
M. Fontecilla : ...le
prix par la magie du marché capitaliste de l'immobilier va s'équilibrer. Et ça,
je ne sais pas quand est-ce que ça va arriver. Et j'ai posé la question à la
ministre : Quand est-ce qu'elle prévoit ou son ministère prévoit que ça
pourrait arriver, là? Mais on est dans les je ne sais pas, mais je n'ose pas
croire que ça va être dans les calendes grecques, là. J'espère que le
gouvernement a un objectif à moyen terme, ne serait-ce qu'à moyen terme pour
réabsorber cette crise-là. Mais en attendant ce grand soir-là, il faut
retravailler sur les conditions objectives existantes maintenant qui sont un
resserrement des protections décidées, ne serait-ce qu'à certaines... certains
segments de la population, les aînés en particulier, par exemple en diminuant
les temps de résidence dans un logement de 10 à 5 ans afin d'être
admissible à la protection octroyée par la Loi Françoise David. C'est ça qu'il
faut. Il faut s'attaquer au déséquilibre actuel et le p.l. n° 31 est loin
d'aller dans cette direction-là, même qu'il va dans le sens contraire, parce
qu'il enlève certains dispositifs comme la cession du bail qui permettait,
justement, à des locataires d'éviter les hausses de... les hausses abusives des
loyers entre le changement des locataires.
• (16 h 50) •
Et la ministre, elle va dans le sens
contraire parce quelle enlève cette, à toutes fins pratiques, cette... ce
dispositif-là. Donc, et je l'ai dit dans d'autres conversations dans le p.l. n° 31,
là, cela fait en sorte d'alimenter davantage la bulle immobilière qui existe
dans le secteur locatif en ce moment, là. Le p.l. n° 31 ne règle pas les
problèmes, même qu'il ajoute du charbon à cette bulle spéculative, là. Et je
serais même prêt à dire que malgré la petite avancée concernant une... le
changement du fardeau de la preuve dans toute la thématique des rénovictions,
le p.l. n° 31 va faire en sorte d'augmenter le déséquilibre, d'empirer la
situation des locataires et du Québec, de faire en sorte qu'il va y avoir
encore plus d'éviction de locataires aînés. C'est justement la direction qu'il
ne faut pas aller, il faut resserrer davantage les protections destinées aux
locataires, et le p.l. n° 31 va complètement dans le sens contraire à ce
qu'il faudrait faire en ce moment.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires ou... là-dessus? Alors, non. Alors, à ce
moment-là, nous allons mettre aux voix l'article 1.1.5. Alors, est-ce que
l'article 1.1.5 est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Par
appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Une voix : Chantale. Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : L'amendement
est rejeté.
Alors, maintenant, nous en sommes
maintenant à l'amendement de l'article 0.9 qui avait été déposé par la
députée de Mille-Îles, si ma mémoire est bonne. Alors, vous aviez déjà pris la
parole là-dessus, alors je vous laisse aller à la suite des choses, c'est un
amendement qui avait été suspendu, on le reprend.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Alors, je voudrais, en fait, demander le consentement pour
retirer l'amendement. Et je tiens à préciser, là, que le retrait de cet
amendement-là, ce n'est pas le fruit de pressions ou de, c'est ça,
d'intimidation que nous avons vécue à mon bureau, loin de là. Je... Il y a eu
beaucoup d'échanges avec divers groupes, dont ceux qui ont visité nos bureaux
notamment et la SPCA, et on a convenu que ce n'était peut-être pas le moyen le
plus approprié pour protéger les propriétaires d'animaux et protéger d'abord et
avant tout les animaux de compagnie. Reste qu'il y a un enjeu majeur
actuellement où on voit de plus en plus de propriétaires qui refusent des
locataires avec des animaux et ça génère, en fait, énormément d'abandons, on le
voit au 1er juillet, mais à tout moment, là, lorsqu'une personne doit
quitter son logement, souvent ne retrouve pas un logement où elle peut être
avec son animal, et on voit des abandons, et ça, c'est vraiment... c'est...
Mme Dufour : ...en pleine
croissance, actuellement, il faut trouver une solution. Je comprends que la
solution qui avait été proposée, puis c'était vraiment pour discussion, le
dépôt de garantie seulement pour les animaux de compagnie, avait pour objectif
de simplement... de simplement donner une occasion, dans le fond, au
propriétaire qui voulait avoir de l'ouverture, mais qui avait une crainte par
rapport au surcoût, là, que ça peut amener lorsqu'il y a des logements qui sont
malheureusement parfois laissés dans un piètre état. Et c'est des cas, on
s'entend, ça n'arrive pas souvent, mais lorsque ça arrive, bien, ça fait peur à
tout... à l'ensemble des propriétaires qui voient ça dans les journaux puis ils
disent : Non, non, non, je ne veux pas vivre ça, moi non plus. C'est très
difficile de retrouver l'argent pour le propriétaire qui devra faire les
travaux correctifs le cas échéant.
Alors, il y a... il y a cet enjeu-là. Il
faudra penser à d'autres solutions. J'ai eu des conversations avec la ministre.
On pourra regarder peut-être une option d'assurance, il y a d'autres formules
qui existent. Et je ne veux pas que le débat se ferme ici, mais ceci dit, pour
l'instant, ce n'est pas une proposition qui était... qui était assez avancée,
assez réfléchie, puis visiblement, là, il faut qu'on la travaille davantage.
Donc, pour cette raison-là, je souhaite retirer, M. le Président, l'amendement
que j'avais fait pour les dépôts de garantie pour les animaux.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Bien, alors, avec le consentement, si tout le monde est d'accord, on va retirer
l'article... l'amendement, dans le fond, qui avait été déposé. Alors,
consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Parfait. Alors, pour ce dossier-là, c'est clos. Nous en sommes maintenant à
l'article 31.1. Ça, c'est un amendement qui avait été déposé par la
ministre, je pense. C'est bien ça? Voilà.
Mme Duranceau : ...que je
vais vous lire et puis qui faisait suite à une modification législative qui
était demandée par la juge en chef adjointe de la Cour du Québec. Tout le monde
était d'accord pour qu'on... qu'on... on fasse le travail pour déposer
l'amendement. Donc, je vous le lis : L'article 31.1. Article 94, Loi
sur le Tribunal administratif du logement. Insérer, après l'article 31 du
projet de loi, le suivant :
«L'article 94 de cette loi est
modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa, du suivant :
«"La décision frappée d'appel est
exécutoire à l'expiration des 10 jours qui suivent la date de notification
de la décision refusant la permission d'appeler sauf si le tribunal en ordonne
autrement."»
Alors, l'amendement modifie
l'article 94 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement afin
qu'une décision du TAL ayant fait l'objet d'une demande d'appel rejetée par la
Cour du Québec soit exécutoire 10 jours après la date de notification de
la Cour. Alors, ça faisait consensus à l'époque.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Est-ce que nous avons des questions sur l'amendement? S'il n'y a pas de
questions, nous allons passer aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 31.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, maintenant, pour la suite, moi, par contre, j'ai eu une demande ce
matin. Oui? Député de...
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Bon.
J'ai...
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Attends. Avant tout, je veux juste régler quelque chose. Ce matin j'ai eu une
demande du côté du... gouvernemental. C'est qu'il y avait deux articles, là, je
pense, c'étaient des... en tout cas, je ne le sais pas si c'est des amendements
ou des articles, avec la numérotation de 12.2 et 12.3. Ces deux articles là ont
été adoptés au niveau du projet de loi n° 39. Alors, la demande : il
souhaite qu'ils soient retirés du projet de loi. Alors, à ce moment-là, j'ai
besoin de l'amendement... du consentement, pardon, pour pouvoir retirer ces
articles-là, étant donné que ces articles-là ont été adoptés dans le projet de
loi n° 39.
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
12.2 et 12.3. Moi, ce que je veux, quoi, s'il y a confusion ou quoi que ce
soit, ce que je peux faire, c'est que je peux suspendre juste quelques pour que
vous preniez connaissance des articles qu'on veut... que le gouvernement
souhaite retirer. À ce moment... et puis après ça, on va... on va reprendre.
Est-ce que ça va comme ça ou si on peut procéder? Parce que là, j'ai besoin du
consentement, alors...
M. Arseneau : ...on était
dans l'article 31.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Arseneau : Puis nous, on
avait un amendement à déposer...
M. Arseneau : ...je ne sais
pas si... si vous voulez régler les autres articles avant.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
bien, ce n'est pas grave, là, si vous...
M. Arseneau : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Je
veux dire, le projet de loi, il n'est pas fermé. Vous êtes toujours capables de
déposer un amendement, peu importe l'article. Maintenant, moi, je voulais juste
régler ça parce que c'était une demande qui m'avait été faite, puis je suis...
dans le fond, je suis la... l'ordre des articles au niveau du cheminement.
Voilà. Alors, est-ce que vous... consentement pour le retrait ou vous souhaitez
une suspension pour vérifier ce qu'on retire?
M. Arseneau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
parfait. Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 04)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, justement, suite aux discussions, Mme la
ministre, il va y avoir des explications, dans le fond, sur le... la demande de
retrait de deux articles qui avaient déjà été adoptés auparavant, étant donné
que c'est deux articles qui ont été adoptés sur le projet de loi n° 39.
Alors, je vous laisse... je vous laisse aller sur les explications.
Mme Duranceau : Oui, bien,
écoutez, s'il y a consentement, je demanderais à ma sous-ministre adjointe de
faire les commentaires sur ces éléments-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, Mme la sous-ministre, vous nommer et par votre titre... Consentement?
Oui? Parfait. Allez-y.
Mme Petit (Katia) : Donc,
Katia Petit, sous-ministre adjointe aux politiques.
Donc, effectivement, l'article 12.2
de l'actuel projet de loi prévoyait notamment, là, que toute municipalité peut
accorder une aide financière aux fins de la réalisation d'un projet de logement
social abordable ou étudiant qui était visé, là, par une entente conclue entre
un ministère ou un organisme et un tiers, et il venait lever l'interdiction de
subventions municipales dans ces cas-là. Or, dans le projet de loi n° 39,
on est venu intégrer toute une section sur l'habitation, dans le projet de loi,
qui couvre tout ça et qui est même plus large, donc qui a une portée plus
large, mais qui permet exactement ce qui était visé ici. Alors, les articles
deviennent en quelque sorte caducs, puis, légistiquement parlant, là, ce n'est
pas... on ne peut pas maintenir ces articles-là à l'heure actuelle. Donc,
voilà. Mais c'est entièrement couvert et même plus.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que c'est... Ça va comme ça? Ça répond aux... aux questions. Alors, j'ai
besoin du consentement. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le retrait
des articles 12.2 et 12.3 du projet de loi? Consentement? Parfait. Alors,
les articles sont retirés.
Alors... il y avait... Oui, député de Laurier-Dorion,
oui.
M. Fontecilla : Je voudrais
déposer... Est-ce que je peux le faire maintenant?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
vous pouvez le faire maintenant.
M. Fontecilla : Donc, il a
été envoyé.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que tout le monde l'a reçu? Oui? Parfait. Alors...
M. Fontecilla : O.K. Je peux
en faire la lecture?
Le Président (M. Schneeberger) : Non?
M. Fontecilla : Non, pas
encore?
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
voulez... Est-ce que vous voulez qu'on suspende pour en prendre connaissance ou
ça va? Oui?
Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 06)
(Reprise à 17 h 09)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. M. le député de Laurier-Dorion avait un
sous-amendement à déposer, qui introduit un article 31.5. Alors, M. le député
de Laurier-Dorion, je vous laisse lire votre sous-amendement.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, je procède à la lecture d'un amendement. C'est l'article 31.5
modifiant l'article 5 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement. Il
s'agit d'insérer, après l'article 31.4 du projet de loi, le suivant :
31.5. Modifier l'article 5 de la Loi sur
le Tribunal administratif du logement par l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant : «5° d'archiver et de divulguer pour chaque lieu loué, pour
lequel un bail est inscrit, les renseignements inscrits à la section G qui apparaît
à l'annexe I et VI du règlement sur le formulaire de bail obligatoire et sur
les mentions de l'avis au nouveau locataire (chapitre T-15.01.R.3)».
L'article de la Loi sur le Tribunal
administratif du logement tel qu'amendé se lirait comme suit : «Le tribunal
exerce la compétence qui lui est conférée par la présente loi et décide des
demandes qui lui sont soumises. Il est, en outre, chargé :
«1° de
renseigner les locataires... les locateurs et les locataires sur leurs droits
et obligations résultant du bail d'un logement et sur toute matière visée dans
la présente loi;
«2° de favoriser la conciliation entre
locateurs et locataires;
«3° de faire des études et d'établir des
statistiques sur la situation du logement;
«4° de publier périodiquement un recueil
des décisions rendues par les membres du tribunal;
«5° ça, c'est la nouveauté - d'archiver et
de divulguer pour chaque lieu loué, pour lequel un bail est inscrit, les
renseignements inscrits à la section G qui apparaît à l'annexe VI du règlement
sur le formulaire du bail obligatoire et sur la mention de l'avis au nouveau
locataire (chapitre T-15.01.R.3).»
Voilà, M. le Président. Donc, il s'agit,
fondamentalement, de donner un nouveau mandat au Tribunal administratif du
logement, qui consiste à archiver et divulguer toutes les informations
concernant... pour chaque lieu loué, pour chaque appartement, chaque unité
locative, là, pour lequel un bail est inscrit, tous les renseignements
inscrits à la section G.
Donc c'est, fondamentalement, faire en sorte
que le Tribunal administratif du logement collige et divulgue les informations
des unités locatives concernant la clause G qui, on le sait, correspond à
l'ancien loyer, le loyer le plus bas payé dans les 12 derniers mois. Et donc
c'est ça qui est la clause G. Donc, on demande au Tribunal administratif du
logement, là, dans toutes les causes qui lui arrivent, là, d'archiver et de
divulguer ces informations-là afin d'aider d'éventuels locataires qui
voudraient connaître cette information-là et qui ne peuvent pas avoir accès,
généralement, parce que le locateur n'a pas rempli la section G. Mais en
s'adressant... en faisant une vérification au Tribunal administratif du
logement, ils pourront vérifier... connaître, en fait, le plus bas loyer payé,
au cours des 12 derniers mois, par le dernier locataire.
C'est une mesure de divulgation
d'iinformation qui pourrait grandement aider les locataires, puisqu'on le sait
que la section G n'est pas souvent... n'est pas souvent remplie. Et on espère
qu'avec les quelques modifications adoptées lors du pl 31, il va y avoir
peut-être un peu plus de baux qui auront la section G complétée. Mais, étant
donné la réalité actuelle, là, où la très grande quantité de baux de location,
la section G n'est pas remplie, bien, cette mesure-là pourrait aider un certain
nombre de locataires à connaître le plus bas loyer payé lors des 12 derniers
mois...
M. Fontecilla : ...voilà, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos explications. Est-ce qu'il y a des questions ou des commentaires sur
le dépôt de l'amendement? Je n'en vois pas. Alors, à ce moment-là, nous allons
mettre aux voix l'amendement. Alors, est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 31.5 est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Par
appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : ...
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, oui? Comment?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : À
ce moment-là, ça me prend le consentement pour enregistrer son vote...
consentement. Est-ce que j'ai le consentement pour enregistrer le vote du
député de Lac-Saint-Jean? Consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
Alors, le résultat reste le même. Nous allons maintenant du... avec
l'article 37.4. Oui?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a quelque chose?
M. Arseneau : Oui, oui, on
avait envoyé une demande d'amendement, une proposition d'amendement. Je pense
que le secrétariat...
Le Président (M. Schneeberger) : Pour
le 37.4?
M. Arseneau : Non, pour 31.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
O.K. O.K., il est déjà déposé, O.K., parfait. Alors, à ce moment-là, est-ce que
tout le monde l'a reçu, l'amendement? Oui. Parfait. Alors, député des
Îles-de-la-Madeleine, on vous laisse faire la lecture.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
par contre, juste vérifier, on me dit que normalement la numérotation devrait
statuer le 31.5 et non 31.3.
M. Arseneau : Oui, mais je
pense qu'il y a... il y a quelque chose, on vous a envoyé... je ne pense pas
que ce soit l'amendement qu'on veut discuter, là, si vous voulez le
montrer.Parce que je pense que cet amendement-là... est-ce qu'on peut descendre
un peu pour voir. Ça, c'est l'amendement que le collègue de Laurier-Dorion a
déposé...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
bien, à ce moment -là, regardez, moi, je vais... je vais suspendre, parce que
ce n'est pas clair. Alors, on suspend... vérifier le bon amendement. Parfait.
Alors, nous suspendons.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, juste avant de laisser la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine, je voudrais juste amener une précision sur
l'amendement qui a été déposé, là, au niveau de la numérotation, on devrait
lire 31.5 et non 31.3. Alors, à part ça, il n'y a rien qui... d'autre qui a
changé. Alors, député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez la parole.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Effectivement, merci d'avoir fait la correction, c'est notre
erreur. Donc, l'article 31.5 que nous proposons, en fait, c'est d'insérer,
après l'article 31 du projet de loi, le suivant :
31.3. Modifier l'article 5 de la Loi
sur le Tribunal administratif du logement par l'ajout, à la fin du deuxième
alinéa, du paragraphe suivant :
«5° d'archiver et de divulguer, pour
chaque lieu loué pour lequel un bail est inscrit, les renseignements
suivants :
«a) la désignation des lieux loués;
«b) le loyer convenu ou fixé par le
tribunal;
«c) les dates de la dernière période de
location.»
Ce qui fait que l'article 5 de la Loi
sur le Tribunal administratif du logement, tel qu'amendé, se lirait comme
suit :
«5. Le tribunal exerce la compétence qui
lui est conférée par la présente loi et décide des demandes qui lui sont
soumises. Il est en outre chargé :
«1° de renseigner les locateurs et les
locataires sur leurs droits et obligations résultant du bail d'un logement et
sur toute matière visée dans la présente loi;
«2° de favoriser la conciliation entre
locateurs et locataires;
«3° de faire des études et d'établir des
statistiques sur la situation du logement;
«4° de publier périodiquement un recueil
de décisions rendues par les membres du tribunal;
«5° — et c'est là qu'intervient
l'amendement — d'archiver et de divulguer, pour chaque lieu loué pour
lequel un bail est inscrit, les renseignements suivants :
«a) la désignation des lieux loués;
«b) le loyer convenu ou fixé par le
tribunal;
«c) les dates de la dernière période de
location.»
Alors, vous aurez compris que l'amendement
que nous proposons ressemble beaucoup à celui qui avait été proposé par mon
collègue de Laurier-Dorion et a le même objectif, c'est celui de mettre en
place un registre des loyers ici, au Québec, tel que l'ont demandé un très
grand nombre d'intervenants depuis que l'on a commencé à débattre du projet de
loi n° 31. On sait que Vivre en ville a déjà un registre des loyers qui
est tout prêt, tout chaud et gratuitement offert au gouvernement pour s'en
inspirer ou s'en servir pour permettre une plus grande transparence dans les
données qui sont déjà en possession du Tribunal administratif du logement, donc
des chiffres qui sont inscrits dans les baux qui sont consignés par le TAL. Et
on souhaite que cet outil-là supplémentaire soit adopté dans la même
philosophie qui nous anime depuis le début de l'étude du projet de loi, c'est
qu'on voit à l'heure actuelle au Québec, avec la pénurie de logements, avec la
spéculation aussi et l'augmentation du coût des loyers, la spéculation
immobilière et l'augmentation des coûts de loyer, que les... le rôle du
Tribunal administratif du logement pourrait aller encore plus loin dans la défense
des intérêts des locataires, et c'est ce qui... ce qui nous anime dans la
proposition actuelle, parce que, si on regarde la définition, là, de... du rôle
ou des compétences, là, ce qui revient au Tribunal administratif du logement,
notamment c'est de renseigner les locateurs et les locataires sur leurs droits
et obligations. Mais nous, on estime que, si on veut renseigner, avoir toute
l'information comme locataire sur nos droits, bien, il serait utile, voire
essentiel de pouvoir connaître ce que comportait le bail des locataires
précédents du lieu que l'on souhaite louer. Ce serait une façon de renforcer la
défense des droits des locataires, et c'est une information, on l'a souvent
dit, qui est disponible par... disponible pour l'État du Québec et pour le
Tribunal administratif du logement, mais qui n'est pas compilée, qui n'est pas
donc rendue disponible ou divulguée aux citoyens du Québec. Et on s'étonne du
fait que, si on...
M. Arseneau : ...vraiment
améliorer la situation, que l'on ne se saisisse pas de la... l'opportunité
actuelle pour intervenir, si telle est la volonté de la ministre et du
gouvernement, intervenir pour s'assurer que les recommandations du Tribunal
administratif du logement soient davantage observées par le marché, par les locateurs.
J'ai plus tôt argumenté sur le fait que
les locataires aînés de 70 ans et plus qui ont un revenu minimal et qui
sont protégés, s'ils ont habité un logement pendant 10 ans ou plus, on a
fait des amendements... des propositions d'amendement là-dessus, dans quelle
situation ils pouvaient se trouver, s'ils étaient évincés. Et je ne répéterai
pas l'ensemble de la démonstration de tout à l'heure, mais ce que je voudrais
réitérer de façon plus synthétisée, c'est que le loyer moyen au Québec, dans la
plupart... dans la totalité, en fait, des régions du Québec, a augmenté depuis
environ 7 à 8 ans. Et, si le rôle et les responsabilités du tribunal
administratif du logement pouvaient suffire à une certaine époque, en période
de crise du logement, on pense qu'on peut renforcer ce rôle-là, le rendre plus
efficace. Parce qu'à l'heure actuelle à l'évidence les règles ne permettent pas
de faire en sorte que l'on contienne l'augmentation des hausses de loyer dans
la fourchette qui est proposée par le tribunal administratif du logement. Et,
si l'écart était relativement faible en 2015 ou 2016 entre un logement occupé
et inoccupé, ce qui permettait à quelqu'un de... justement, de déménager sans
subir les contrecoups financiers de façon majeure, voire tragique, ce n'est
plus la même situation aujourd'hui.
Donc, les faits sont têtus. Et sur cette
base-là, lorsqu'on regarde, je vais quand même utiliser un chiffre dans la
région de Montréal, si entre un loyer occupé, un quatre et demi occupé à
1 015 $, on regarde un loyer inoccupé à 1 417 $, ce sont
des données de la SCHL, on s'aperçoit donc que l'augmentation du loyer est
beaucoup plus grande lorsqu'il y a justement une succession de locataires,
quand il y a eu une suite de locataires qui négocie son bail avec le locateur.
Donc, visiblement, ce n'est pas par pure générosité que les locataires paient
davantage à leurs locateurs, sans nécessairement que ça respecte les consignes
ou les recommandations du tribunal administratif, c'est, et notre prétention,
par manque d'information. Cette information-là est accessible, alors pourquoi
le gouvernement ne met pas en place une façon, un processus et un outil, en
fait, de compilation et de divulgation de l'information qui permet justement
aux locataires de mieux défendre leurs droits? Encore une fois, on pourrait
dire qu'il y a une gestion qui est peut-être supplémentaire de la part du
tribunal, ou qu'on lui demande, c'est une intervention supplémentaire, mais
encore une fois, est-ce qu'on peut se dire que cette intervention-là permet de
juguler ou permettrait de juguler davantage ou mieux les hausses de loyer?
Est-ce qu'en fait ce qu'on favorise c'est la hausse des loyers ou le contrôle
des loyers? Et, si on favorise le contrôle des loyers, est-ce qu'on peut mettre
en place un registre, donc un outil qui nous permet justement comme locataires
de faire valoir nos droits, c'est-à-dire de s'assurer qu'on puisse avoir un
loyer qui ne... qui soit dans l'ordre du marché et qui... ne pas faire... ne
pas faire les frais d'une augmentation abusive.
On a voulu, je sais que c'est probablement
l'argumentaire que nous servirait la ministre, renforcer, là, la section G,
augmenter les amendes et puis resserrer un peu de ce côté-là, mais disons que
les doutes sont...
M. Arseneau : ...très fort à
l'effet que l'effet dissuasif sera suffisamment grand. Parce qu'encore faut-il
que les locataires, les signataires de bail... ou de baux soient suffisamment
informés, motivés et déterminés pour pouvoir entreprendre un processus de
dénonciation ou de plainte. Et c'est là où c'est faire porter le poids de la
hausse des loyers, de façon générale, dans les régions du Québec, sur les
épaules, de façon individuelle, des locataires, alors que l'État du Québec a
déjà toute l'information et le moyen de faire en sorte qu'on puisse savoir dans
quel genre de marché on évolue. Je pense qu'il y a quelqu'un en consultations
particulières qui... un intervenant qui indiquait que, si on le fait, la
publicité des droits existe dans le marché de l'immobilier, et qu'il n'y a
personne qui questionne le fait que l'information sur une propriété immobilière
est au vu et au su de tous. Alors, on peut la consulter, ce qui n'empêche pas
évidemment la spéculation immobilière et la vente et la revente au prix du
marché. Cette information-là, néanmoins, est rendue disponible par l'État du
Québec, est compilée, divulguée. Et c'est une question de transparence, on
connaît un peu l'état du marché. Puis pour l'État aussi, c'est un moyen pour
voir s'il y a une bulle immobilière, s'il y a des... lieu d'intervenir.
• (17 h 30) •
Et on souhaiterait, soit dit en passant,
que le gouvernement intervienne à l'heure actuelle sur l'accès à la propriété,
même si ce n'est pas l'objet de notre projet, à l'heure actuelle, le projet de
loi, projet de loi n° 31. Mais dans le plan sur l'habitation, on pourrait
souhaiter que le gouvernement intervienne de ce côté-là, parce qu'il a les
chiffres, il a les données qui lui permet de dire : Voici l'état de
situation.
Là, ce qu'on propose essentiellement,
c'est que le gouvernement en fasse un peu plus pour protéger les droits des
locataires et s'assurer que les locateurs respectent les recommandations du
tribunal administratif du logement. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Puis
comment on fait ça? On ne fait pas ça, là, sur une impression, sur un feeling,
sur l'idée que, bien, somme toute, c'est en équilibre puis... Ce n'est pas une
appréciation qui est qualitative. On a de la difficulté à comprendre l'approche
ministérielle à l'heure actuelle qui dit : J'ai de l'information qui est
disponible, mais je ne veux pas me donner la peine de la compiler puis de la
rendre publique, même si je sais que ça peut avoir des bénéfices pour les
locataires. Et on essaie de comprendre pourquoi on irait... on ne ferait pas le
pas supplémentaire, si l'objectif du projet de loi n° 31, encore une fois,
est d'intervenir pour s'assurer qu'un plus grand nombre de Québécois aient les
moyens de se loger, donc pour éviter une augmentation abusive des loyers au
Québec dans toutes les régions.
Je vous rappellerai d'ailleurs que
plusieurs villes sont venues intervenir en commission pour dire qu'elles
étaient généralement... enfin, il y en a plusieurs qui étaient favorables, là,
à cette situation-là parce qu'elles constatent que ça a des conséquences sur
leurs citoyens, sur leur population, sur le phénomène de l'itinérance, encore
une fois. Donc, d'arriver avec la compilation des données, la divulgation des
données, c'est permettre aux gens en situation souvent de vulnérabilité parce qu'ils
se cherchent un loyer aussi. Je ne vous parle pas uniquement de la
vulnérabilité financière qui est déjà présente, mais des gens qui sont
justement en recherche d'un loyer n'ont pas nécessairement le loisir de
négocier ou n'ont pas l'embarras du choix. Parce qu'on nous dirait... Je sais,
j'ai déjà entendu la ministre dans un échange nous dire : bien, libre au
locataire ou à la personne en recherche de logement de signer ou pas le bail,
libre à cette personne-là d'aller s'informer ou encore de regarder sur le bail
si la clause G a été... a été remplie et puis d'exiger qu'elle le soit. C'est,
en fait, un peu en... je vous dirais, une vision, là, optimiste de ce qui se
passe dans la réalité lorsque le marché est à ce point déséquilibré et que les
gens qui recherchent actuellement des loyers avec un certain budget à leur
disposition... Donc, c'est se leurrer de penser qu'ils ont un pouvoir
d'intervention ou de négociation ou qu'ils ont...
17 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...le choix.
Donc, il faut, à notre point de vue, s'assurer d'une transparence dans le
marché. Et là, il ne s'agit pas nécessairement de favoriser... Parce qu'on a
souvent, pendant nos échanges, eu tendance à... et on l'a tous fait, chacun des
intervenants, à antagoniser les locateurs et les locataires. Ce n'est pas ce qu'on
veut faire. On dit simplement : Donner l'information. On ne pourra pas
nous accuser de dire : Bien, regarde, il y a un équilibre, là, entre le
locateur et le locataire. On demande simplement l'information. Alors, je pense
que c'est une proposition qui est raisonnable. Il y a de l'information, elle
est... elle est compilée, elle est disponible, la compiler, la divulguer et
ensuite le libre choix. Le libre arbitre s'exerce. Les locataires respectent
les recommandations du TAL, en grande partie, et les locataires sont aptes à
signer en toute connaissance de cause un bail ou ne pas le signer ou encore
porter plainte s'ils voient qu'à sa face même le bail est mal rempli ou les
clauses ne sont pas... ne sont pas remplies. Alors, c'est une question purement
et simplement d'information, de compilation et de divulgation d'informations.
Alors, c'est la proposition que l'on fait
avec cet amendement-là, et je pense que c'est une façon d'intervenir qui
devient extrêmement positive parce qu'elle rééquilibre justement les choses
entre les locateurs et les locataires sur la base d'une donnée probante,
vérifiable et déjà disponible. C'est un coût marginal pour le gouvernement du
Québec ou pour le tribunal si l'on considère les coûts actuels de la crise du
logement pour la société québécoise, les coûts de l'itinérance, les coûts de la
détresse des gens qui se recherchent... qui sont à la recherche d'un loyer puis
qui n'y arrivent pas, ou qui arrivent difficilement, puis qui coupent ailleurs,
puis qui vivent des problèmes de santé mentale, santé psychique, au travail,
santé physique éventuellement. Il y a un coût à cette situation d'insécurité,
quant à savoir si, l'an prochain, on peut avoir un toit et pouvoir se le
permettre. Donc, je ne pense pas à l'heure actuelle que l'augmentation abusive
des loyers serve l'économie du Québec ou l'État du Québec et encore moins la
population du Québec.
Quels sont les outils qui sont à notre
disposition? Certains outils législatifs, le temps qu'on dépose un plan pour
rééquilibrer le marché de... le marché locatif. Je pense que cette mesure là de
transparence serait extrêmement progressiste et qu'elle permettrait au tribunal
administratif du logement d'avoir un effet beaucoup plus fort, beaucoup plus
significatif et une intervention qui soit positive, alors qu'on voit que la
tendance est très clairement à l'effet que malgré la qualité des personnes qui
y oeuvrent ou les décisions qui sont prises, il lui manque peut-être un outil.
Et cet outil-là, c'est le registre des loyers. Alors, je vous propose qu'on l'institue
avec l'amendement devant vous.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos explications. Est-ce que nous avons des questions sur.... ou des...
sur le dépôt? Non, aucunement. Alors, s'il n'y a pas de question, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement déposé, l'amendement 31.5,
déposé par le député de Laurier... député des Îles-de-la-Madeleine, pardon, est
adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : ...abstention.
Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous en sommes maintenant à l'article 37.4
qui avait été déposé par le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Donc, 37.4, ça concerne tout... fondamentalement, encore une fois,
là, la possibilité, l'opportunité, dirais-je, même, d'adopter un registre des
loyers. Et, je crois, M. le Président, que j'ai déjà...
M. Fontecilla : ...fait la
lecture de cet article-là, il est assez long, et donc, si vous permettez, je vais
vous épargner la lecture de cet article-là. Quoi qu'il en soit, nous, on a
proposé par cet amendement-là un registre des loyers, une certaine... une forme
de faire un registre des loyers, il peut y en avoir plusieurs. Ça, c'est
fondamental à ma... Notre proposition, c'est fondamentalement tiré d'un projet
de loi dont j'ai oublié le... projet de loi de l'opposition, de ma formation
politique, je vais vous le dire tout de suite : c'était le projet de loi
n° 595, Loi créant le registre des loyers, déposé déjà en 2020. Ce n'est pas
une idée nouvelle, c'est une vieille revendication, une proposition, etc. qui
circule dans le milieu, mon collègue des Îles-de-la-Madeleine en a amplement
fait mention il y a quelques minutes. Nous, on en a proposé une version, et
d'autres versions peuvent être... ont été mises dans le débat public, là, en
particulier dernièrement l'une très complète, une proposition très complète
préparée par l'organisme Vivre en ville, qui, suite à une subvention importante
du gouvernement fédéral, je crois, là, a procédé à l'élaboration d'un registre
des baux comportant des... comment dire, remplissant tous les critères en
termes de sécurité et opérationnalité, et il a été offert gratuitement au
gouvernement, au ministre de l'Habitation pour qu'elle l'adopte sans aucuns
frais, et jusqu'à présent, eh bien, la ministre n'a pas daigné accepter ce
grand cadeau qui lui a été offert. C'est malheureux, c'est malheureux.
D'habitude, on accepte les cadeaux, surtout des cadeaux d'une aussi bonne
qualité.
• (17 h 40) •
Et l'organisme Vivre en ville a proposé
une façon très simple pour compléter ou colliger les données dans ce registre
des baux, parce qu'à toutes fins pratiques, les usagers, les différents
locataires du Québec n'auraient pas à envoyer, déposer de la documentation, de
remplir des formulaires pour alimenter ce registre des baux, le gouvernement
n'aurait qu'à utiliser ses propres données, qu'il possède déjà, pour remplir ce
registre des baux. C'est fondamentalement l'utilisation du relevé 31, donc
c'est dans le domaine fiscal. Tous les locateurs doivent informer le
gouvernement et le fisc des... de ces revenus tirés... des revenus tirés de la
location de logements locatifs, en particulier. Donc, le gouvernement possède
déjà toutes ces informations-là, il n'aurait qu'à les inclure dans un registre
des baux pour faire en sorte que l'ensemble de la population puisse le
consulter. Donc, c'est une formule très, très facile avec un coût de gestion
minimal. Je me rappelle encore, lorsque j'avais questionné l'ancienne ministre
des affaires... non, l'actuelle ministre des Affaires municipales et ancienne
ministre de l'Habitation et députée de Jonquière, si je ne me trompe pas,
corrigez-moi si je me trompe, je... Chicoutimi. Merci, collègue, merci, collègue,
là. Et elle nous avait opposé l'argument comme quoi ça coûtait trop cher,
qu'ils avaient fait les calculs, ça coûtait plusieurs dizaines de millions de
dollars, alors que, selon une information fournie par l'organisme Vivre en
ville, ça aurait... ça coûterait une fraction de ce prix avec la mouture mise
de l'avant par l'organisme Vivre en ville.
Donc, au-delà de la faisabilité technique,
financière de ce registre-là, qui a été complètement, comment dire, amplement
prouvée par la proposition de l'organisme Vivre en ville, il reste toujours la
question sur... et je pense que c'est... il faut s'y pencher, la question sur
la pertinence, la pertinence sur le fond d'avoir un registre des baux, et on a
à plusieurs reprises évoqué ce sujet-là, et encore une fois on... va falloir
aller dans le vif du sujet, là. On sait que le Québec vit une période
d'inflation spéculative très marquée dans le domaine du...
M. Fontecilla : ...du logement
locatif et les prix augmentent sans aucune mesure... aucune... aucun rapport
avec l'augmentation du taux d'inflation, et se produit pour... à cause d'une
série de facteurs entre autres l'insuffisance de logements, et on en a
amplement... amplement discuté, et réabsorber cette... ce déficit de
construction dans... de nouveaux logements, ça va prendre des années, voire des
décennies. Donc, il faut agir dans l'immédiat dans le marché locatif existant.
Et on sait très bien comment... c'est quoi, la mécanique de cette... de
l'augmentation des loyers. Heureusement qu'on a un tribunal administratif du
logement, une législation qui protège les locataires mais surtout qui protège
les locataires qui ne déménagent pas. Donc, c'est plutôt difficile pour un
locateur d'arriver et d'envoyer un avis d'augmentation de loyer à un locataire qui
reste dans le même... qui reste dans la même unité locative depuis plusieurs
années, et on sait très bien combien on paie, là, et ce n'est pas une situation
qui va passer comme une lettre à la poste. C'est surtout lors du changement de
locataire qu'il y a des augmentations faramineuses de loyer puisque le nouveau
locataire ne connaît pas combien l'ancien locataire payait ou quel est le plus
bas loyer payé dans les 12 derniers mois, selon ce que stipule spécifiquement
la loi. Et, en l'absence de cette information-là et avec un taux d'inoccupation
extrêmement bas et avec une difficulté chronique pour les locataires de se
trouver un logement, le locataire va être enclin à accepter un prix... un prix
qui... même si ce prix-là lui paraît très important, bien, il faut qu'il ait un
toit sur la tête, hein, donc il est prêt à s'appauvrir pour acquérir... pour
avoir accès à ce bien-là et accepter le prix offert, surtout qu'il n'a pas
d'alternative et il ne connaît pas le prix payé par l'ancien locataire, il
n'est pas capable de savoir s'il y a eu une augmentation abusive du loyer,
donc, et cette situation se répète une fois après l'autre.
On sait que, quand même, au Québec, il y a
beaucoup, beaucoup de... il y a un... comment dire, un pourcentage... un
pourcentage substantiel de locataires qui déménagent, et donc ça fait en sorte
que constamment il y a un renouvellement des... renouvellement du stock de...
comment dire, des nouveaux locataires qui prennent des nouveaux logements en
location, et ça, ça fait en sorte d'augmenter le niveau général des loyers au
Québec, là, avec toutes les conséquences néfastes que cela entraîne pour le...
pour le... pour le segment du locatif privé, mais aussi pour l'ensemble de
l'immobilier. En fait, encore une fois, on assiste à une bulle spéculative, là,
qui commence dans le secteur locatif et contamine, finit par polluer l'ensemble
du secteur immobilier, là. Donc, il est primordial de s'attaquer à cette... à
ces mécanismes-là d'augmentation des loyers, à colmater cette brèche qui se produit
lorsqu'il y a un changement de locataire. Et ce n'est pas seulement le député
de Laurier-Dorion qui le propose ou quelques organismes comme Vivre en ville ou
d'autres députés comme le député des Îles-de-la-Madeleine, c'est toute une
série de gens, et pas les moindres, qui considèrent que le registre des loyers,
il est... il est très important d'adopter.
Ceci étant dit, j'aimerais... j'aimerais
rappeler à la ministre... sans doute elle s'en rappelle, mais les... parmi les
gens qui... non, qui appuient cette mesure-là, c'est des maires, des maires de
14 municipalités qui réclament un registre des loyers au Québec, là. Ils l'ont
réclamé pas plus tard qu'il y a six mois, le 23 juin dernier, en 2023, des
maires et des mairesses, les maires de Laval, de Gatineau, Trois-Rivières, de
l'arrondissement Sud-Ouest à Montréal, les mairies de Nicolet, de Québec,
Rimouski, Saguenay, Saint-Jean-sur-Richelieu, Sherbrooke, Terrebonne, pour ne
nommer que ceux-là, ont demandé au gouvernement, à la ministre concrètement de...
d'adopter un registre des loyers qui rend disponible...
M. Fontecilla : ...l'ancien
loyer, qui va, comme corollaire aussi, alléger le processus au tribunal
administratif et probablement améliorer les relations entre le propriétaire...
le locateur et le locataire.
Il y a quelques mois, il y a, quoi, au
mois de décembre, le 11 décembre dernier, deux professeurs universitaires,
François Delorme, professeur associé au département d'économique, École de
gestion de l'Université de Sherbrooke, et Marc-André Lechasseur, avocat et
professeur adjoint à l'Université McGill et doctorant à l'Université de
Montréal, ont, dans un texte d'opinion... ont lourdement insisté sur la
nécessité d'adopter un registre des loyers. Et on dirait que cette situation...
cette solution-là fait consensus dans la société québécoise. Et on dirait que
c'est seulement le parti ministériel qui est contre.
Et j'aimerais bien comprendre pourquoi la
ministre de l'Habitation refuse d'aller dans ce sens-là. Est-ce parce
qu'elle... est-ce parce qu'elle refuse de régler la hausse... de contrôler les
hausses abusives des loyers? J'ose croire que non, que ce n'est pas ça, son
intention. Mais j'aimerais bien comprendre pourquoi elle refuse ce cadeau de
Vivre en ville, là, qui est si pratique, qui ne va rien nous coûter, qui va
nous coûter très peu d'argent à... pour l'administrer et qui va donner des
résultats concrets rapidement, en attendant le grand soir où, par ses
politiques, elle va avoir réussi à construire des dizaines, voire des centaines
de milliers de logements.
• (17 h 50) •
On lui donne un mécanisme concret qui va
aider concrètement des centaines de milliers de locataires au Québec, là, à ne
pas s'appauvrir, à conserver un loyer plus bas, à calmer les ardeurs du...
spéculatives existantes dans le marché immobilier. Il n'a que du bon, ce
registre des loyers. Et moi et plusieurs autres, on se demande : mais
pourquoi le gouvernement s'entête à le refuser? Quelle est la raison pour...
Parce qu'il y a des gens qui lui conseillent d'aller dans le sens contraire?
Qui sont ces gens-là et quels sont les... leurs arguments? Pourquoi s'opposer à
l'adoption d'une si bonne idée, là? Je pose la question à la ministre.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. On en a un système au Québec, de contrôle des loyers, qui
fonctionne. Puis la preuve, la preuve, c'est que nos loyers sont moins chers au
Québec que partout au Canada, d'une part.
D'autre part, là, oui, Vivre en ville a
proposé une option, la Ville de Montréal regarde aussi des options, ça fait
qu'on va laisser... Si la Ville de Montréal veut aller de l'avant avec ça,
bien, on va... on va regarder comment ça fonctionne puis si ça... si c'est
pertinent d'agir sur l'ensemble du territoire.
Ça ne fait pas l'unanimité, là. Je
comprends que vous décrivez ça comme une grande merveille, mais ça ne fait pas
l'unanimité au sein de tous les maires. De notre point de vue, c'est encore de
la paperasse administrative, encore de la lourdeur administrative, sans compter
les coûts reliés à ça aussi de maintien d'un registre. Alors, on n'est pas un
gouvernement qui aime ça, rajouter des fardeaux administratifs, de la paperasse
puis des coûts administratifs, donc on ne va pas dans ce sens-là.
Par ailleurs, le projet de loi n° 31,
si on l'adopte, bien, il y a déjà des mesures qui sont prévues pour rendre la
clause G un peu plus mordante. Alors, à un moment donné, il faut se laisser le
temps aussi de laisser vivre les mesures qu'on a... qu'on a convenu d'adopter,
puis on verra, s'il y a d'autres choses à faire, mais très certainement pas
d'ajouter des fardeaux administratifs, là, dans le système. Puis je pense que
les mesures qu'on a adoptées déjà, relativement à la clause G, bien, auront le
mordant qu'il faut pour dissuader... dissuader ceux qui n'entendent pas suivre
les règles. Parce que les règles sont là, puis, si tu ne les suis pas, bien, il
y a des pénalités, on l'a vu, il y a des dommages punitifs qui peuvent être
appliqués directement par le tribunal administratif du logement. Alors, le
mordant puis les conséquences négatives, on est venus les préciser. Donc, je
pense qu'il faut se donner le temps de laisser vivre les mesures aussi avant de
vouloir trop venir contraindre le marché toujours, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Bien,
allons-y point par point, là. Le système fonctionne, les loyers au Québec
sont...
M. Fontecilla : ...moins élevé
que dans le reste du Canada. Soit. Sauf que les loyers au Québec connaissent en
moyenne une progression encore plus forte que dans le reste du Canada. Donc, on
est en train, et j'ajoute l'adjectif rapidement, d'atteindre... à ce rythme-là,
on atteindra rapidement la moyenne des loyers dans le reste du Canada. C'est
traditionnel, depuis longtemps qu'on sait qu'au Québec, là, les loyers sont
moins chers, justement parce qu'il existe une ancienne Régie du logement,
l'actuel Tribunal administratif du logement, donc un appareillage
institutionnel qui garde, qui protège les locataires et qui fait en sorte que
les loyers sont moins élevés au Québec, là, ce n'est pas l'action divine ou la
bonne foi des acteurs économiques qui ont des intérêts économiques, là, et qui
ont fait... qui ont créé cette situation-là des loyers généralement moins chers
au Québec que dans le reste du Canada, c'est uniquement grâce à l'action
législative, à la création d'une instance qui protège et qui régule les
relations entre les locateurs et les locataires, en particulier concernant
l'aspect critique qui est le bail, là, parce que c'est ça le coeur du problème
qui nous occupe aujourd'hui.
Malgré cela, malgré l'existence du TAL on
dénote depuis plusieurs années une augmentation accélérée des loyers moyens au
Québec, ce qui nous indique que, malheureusement, malheureusement, le système
mis en place depuis le début des années 80, là, n'arrive pas à contrer les
tendances spéculatives qui existent non seulement au Québec, partout à travers
le monde. Le Québec ne fait pas bande à part non plus, là, si on subit cette
tendance spéculative là, c'est parce que tout autour de notre société, on vit
la même réalité. Donc, on a deux choix, là, soit d'adopter une attitude
fataliste, de dire : Bon, mais les locataires, finalement, il va falloir
qu'ils s'adaptent à la situation puis qu'ils paient le même prix moyen qu'à
Toronto ou Vancouver. Donc, bien, voilà, ils n'ont qu'à s'appauvrir parce que
la tendance c'est comme ça, c'est une attitude fataliste, ou renforcer notre
appareillage institutionnel pour protéger davantage les locataires, surtout que
l'on sait, grâce à... bien, à un débat de société, à l'existence des
associations de propriétaires ou encore d'association de locataires qui
identifie les problèmes, là, on connaît les solutions qu'on pourrait apporter à
cette situation d'augmentation, des pressions à la hausse des loyers.
Donc, les loyers sont moins chers au
Québec, là, qu'ailleurs, là, mais la tendance qui est constatée, c'est un
rattrapage rapide des augmentations de loyer, ce qui n'est pas la bonne chose.
Mme la ministre nous dit que Montréal est
en train d'étudier cette situation-là, fort bien, mais, en même temps, Montréal
n'a pas accès à tous les moyens, comment dire, à toute l'information dont
dispose l'État québécois, là, pour accomplir cette tâche-là. L'État québécois a
accès à la fiscalité, a accès aux données fiscales concernant le revenu des...
revenus des locations, donc ça va être beaucoup moins cher et beaucoup plus
facile pour l'État québécois de mettre en place un registre des loyers.
D'ailleurs, il est, comment dire, il n'est
pas souhaitable, il est même... c'est le moins... c'est une voie à éviter de
faire en sorte que les municipalités commencent à se doter des registres des
loyers différents où il y en a une qui en adopte un, mais la municipalité d'à
côté n'en a pas. Il s'agit d'une politique nationale qui protège l'ensemble des
locataires répartis sur l'ensemble du territoire, on ne peut pas se permettre
de morceler cette problématique-là selon le bon vouloir de la municipalité où
est-ce que... ou selon l'endroit au Québec où est-ce qu'elle est située.
La paperasse administrative. Bien,
écoutez, je souhaite... Il y a toujours, là, ça, c'est un lieu commun, là,
chaque gouvernement qui arrive ici au Québec, là, nous dit qu'il va combattre
la paperasse. Et on a déjà connu... entendu cette rengaine-là, pourtant la
paperasse, elle existe toujours parce qu'elle est intrinsèquement nécessaire au
fonctionnement de l'appareil d'État. L'appareil...
M. Fontecilla : ...il n'y a
pas d'État. C'est tout simple. L'État fonctionne avec des papiers, avec des
contrôles, avec... etc. On peut toujours avoir la volonté de simplifier le
processus de... mais la dimension de paperasse, ça va toujours exister pour
rationaliser, évidemment, la machine gouvernementale, j'en suis, mais, des
fois, il faut appliquer une... il faut appliquer des nouveaux mécanismes qui
vont peut-être... et j'en suis convaincu, qui vont faire en sorte de diminuer
la paperasse à un autre... à un autre niveau. Parce qu'un registre des loyers
pourrait faire en sorte de diminuer les niveaux des litiges qui sont
apportés... qui sont présentés au... ou qui sont, comment dire, étudiés par le
Tribunal administratif du logement.
Dernier élément apporté par la ministre,
il faut laisser... il faut laisser aux changements apportés par le p.l. 31 à la
clause G... où est-ce qu'on a supposément donné un peu plus de mordant, il faut
lui laisser le temps de faire ses preuves. Je suis bien d'accord, mais je
pense, Mme la ministre, que vous allez être déçue par, comment dire, le
rendement de cette... de cette mesure-là, des mesures de... des mesures comme
dans le... des punitions, des dommages punitifs. On va voir ce que ça va
donner. Mais est-ce que ça va régler quelque chose qui est intimement lié au
fonctionnement du marché locatif? Je ne le pense pas. Et c'est sûr qu'on pourra
toujours épingler quelques locataires qui ont soit donné des mauvaises
informations ou qui n'ont pas rempli carrément la clause... la clause G, mais
ça va être une minorité.
• (18 heures) •
Donc, pour toutes ces raisons là, on
est... c'est les arguments que vous nous avez exprimés, Mme la ministre, pour
moi, ne réussissent pas à expliquer un refus aussi catégorique de l'adoption de
la clause d'un registre des loyers. Et je pense qu'il y a là, en quelque sorte,
un refus, un refus à la base d'étudier cette... et d'aller dans cette voie-là
que tant de gens réclament dans... dans la société. Donc, je ne suis pas,
comment dire, satisfait des réponses que vous nous avez fournies. Et je
persiste à croire que le gouvernement du Québec devrait aller dans la voie de
l'adoption d'un registre des loyers.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui, bien,
j'aimerais quand même commenter les réponses ou les... l'argumentaire de la
ministre sur la proposition de mon collègue, qui ressemble à la proposition
d'amendement que j'avais moi-même faite, ou qui du moins répond aux mêmes
objectifs, donc la compilation de données et la divulgation sur les loyers au
Québec par l'État du Québec pour favoriser un meilleur contrôle des loyers.
J'aimerais commencer par l'argument sur la
lourdeur administrative et les coûts administratifs. En fait, moi, j'estime que
la lourdeur administrative, elle peut être vue comme négative si effectivement
elle n'est... le processus n'est pas efficace, s'il n'est pas pertinent, s'il
n'est pas utile. Et la question du coût, c'est en fait la question de
l'investissement. Et encore une fois, la question est de savoir si ça rapporte.
Et je pense que l'argument, tu sais, d'une espèce de lourdeur administrative ne
peut être valide que si le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Et ce qui m'amène à poser la question, à
savoir si l'augmentation du coût du loyer moyen, au-delà des recommandations du
TAL, est considérée comme une bonne nouvelle, comme quelque chose de positif
pour le Québec, pour le marché, pour les villes, pour les entreprises, pour
les... pas... les locateurs, bien entendu, pour les locataires, pour la société
du Québec. Est-ce que c'est une bonne chose? On nous dit qu'on est encore en
deçà du marché canadien, vraisemblablement, mais on s'en rapproche. Est-ce que
c'est une bonne chose? Est-ce que, dans ce domaine de l'habitation, puis de
l'accès à un loyer abordable au Québec pour... pour toutes les classes de la
société, est-ce que l'objectif de la ministre...
18 h (version non révisée)
M. Arseneau : ...c'est de
rattraper l'Ontario, est-ce que c'est de rattraper la Colombie-Britannique? Si
toutefois la réponse était : Non, on ne souhaite pas que la spéculation
immobilière puis l'augmentation effrénée du coût des loyers, qui a une conséquence
réelle sur les familles et sur les plus vulnérables... Si on juge que c'est un
effet délétère, si on juge que c'est un effet négatif, on intervient. On a la
capacité d'intervenir, on a l'information pour intervenir, on a des outils qui
sont proposés gracieusement à l'État du Québec, à la ministre, on a la capacité
de compiler l'information et de la rendre publique parce qu'on aurait un
objectif.
Alors, moi, ce qui... ce qui... M. le
Président, ce sur quoi je m'interroge, c'est sur l'objectif que poursuit le
Gouvernement eu égard à la hausse des loyers qui, comme on le voit, s'accentue
de plus en plus, tout simplement parce qu'on peut déduire que les mesures de
contrôle des loyers, dont la ministre dit qu'ils sont efficaces, bien, ils sont
de moins en moins efficaces face à la rareté des logements et face à la
situation de crise qu'on vit.
Et je l'ai démontré tout à l'heure, je le
répète encore une fois, alors que le marché était relativement équilibré il y a
un certain nombre d'années, bien, il l'est de moins en moins, preuve à l'appui.
C'est-à-dire que les loyers augmentent beaucoup plus rapidement, si on fait la
différence entre les loyers inoccupés et occupés aujourd'hui dans chacune des
régions du Québec, et c'est de l'ordre de... dans certains cas, de 40 % à
50 %, parce qu'on a changé de locateurs... de locataires, pardon. Donc, on
a augmenté de façon importante le coût des loyers, ce qui fait qu'après un
certain nombre d'années, bien là, il y a un écart majeur pour un loyer de même
dimension. Donc, de dire qu'à une certaine époque les mesures qui étaient mises
en place par la Régie du loyer ou par le tribunal fonctionnaient, aujourd'hui,
elles ne fonctionnent pas de façon optimale.
Et c'est là qu'on propose une solution à
la ministre pour dire : si on veut que ça fonctionne, et là, c'est la
question que... fondamentale, si on veut que le contrôle des loyers soit plus
performant, pourquoi ne pas compiler l'information, la divulguer et faire en
sorte que les lois soient respectées ou les règlements soient respectés, c'est-à-dire
qu'on puisse vérifier que la clause G est bel et bien remplie, mais que ce
soit... qu'il y ait un outil de vérification qui est à la disposition des
locataires? Alors, c'est une question de volonté, encore une fois, de volonté
politique d'intervenir ou non.
Puis on pourrait dire de façon générale
que tout ce qui est processus, procédures administratives est lourd puis que le
gouvernement, à l'heure actuelle, cherche l'efficacité, cherche à réduire la
bureaucratie. Si j'avais des indications à l'effet que c'est la philosophie
gouvernementale à tous égards, dans tous les domaines, bien, je dirais : O.K.,
voilà la raison, on veut un retrait de l'État de la... du contrôle des loyers,
on veut un retrait de l'État du... de plusieurs objectifs sociaux ou politiques
qu'on pourrait se donner, mais je souris quand je vois que la philosophie d'un
certain nombre de collègues de la ministre déléguée à l'habitation, c'est d'avoir
des données. On a adopté un projet de loi dans le domaine de la santé sur la
question des données. Les données deviennent gages de tout, il faut compiler
tout ce qui est actes médicaux, tout ce qui a cours dans le milieu de la santé
et des services sociaux, parce que c'est le gage dont on a... en fait, c'est l'information
dont on a besoin, les indicateurs dont on a besoin pour prouver que le système
s'améliore, devient plus efficace, tout ça. On a les données, on possède ces
données pour les loyers. Est-ce que l'objectif, c'est de s'assurer qu'on a un
meilleur contrôle, qu'on puisse s'assurer donc que les loyers demeurent
abordables? Alors, le moyen d'y arriver, c'est par la compilation et la
divulgation des données, comme on le fait en santé, si l'objectif est d'améliorer
le système.
En éducation, on vient d'adopter un projet
de loi, encore une fois, en disant : les commissions scolaires... bien, en
fait, les centres de services scolaires possèdent un paquet de données, puis
nous, au ministère, on ne les a pas. La ministre a la capacité d'avoir toutes
les données et les partager avec les locataires, avec ceux pour qui ce serait
important d'avoir l'information avant de signer un bail. On s'y refuse. Donc,
il y a... il y a... il y a deux philosophies différentes d'un ministère à l'autre.
Puis le dernier exemple que je voulais
donner, donc ce n'est pas une philosophie politique qui est applicable dans
tous les domaines. Il y a un projet de loi qui vient d'être déposé en
environnement sur la performance environnementale des bâtiments, et ça, c'est
particulièrement intéressant. Lorsqu'il est question du bâtiment puis de ceux
qui l'occupent, on ne veut pas savoir ce qui se passe. On ne veut pas...
M. Arseneau : ...pas compiler
les données, c'est beaucoup trop lourd, c'est beaucoup trop coûteux de s'assurer
que les Québécoises et les Québécois, les gens qui sont à loyer, puissent avoir
accès à un loyer à bas prix, à un prix abordable, ça, c'est trop lourd, ça,
c'est trop coûteux. Par contre, quand il est question de la performance
environnementale des bâtiments puis qu'on a des objectifs à atteindre pour
2030, réduction des gaz à effet de serre, donc réduction du gaspillage
énergétique, là, bien, le ministre dépose un projet de loi, il va être étudié à
partir d'aujourd'hui, là, il est à l'étude, bien, on va créer, et je vous le
donne en mille, un registre. On va créer un registre des bâtiments dans lequel
on va calculer, avec probablement ce que la ministre décrirait comme une
lourdeur administrative, avec des coûts administratifs importants, savoir si le
Québec atteint ses objectifs pour améliorer la performance énergétique des
bâtiments.
Je souscris à cet objectif. J'applaudis au
fait qu'on puisse avoir des données qui nous permettent de voir si les
objectifs climatiques du gouvernement, puis pas seulement dans la performance
des bâtiments, dans l'ensemble des objectifs qu'on se fixe, de réduction des
gaz à effet de serre, qu'on puisse avoir des cibles mesurables sur la base
d'indicateurs fiables et sur une collecte de données qui puissent être aussi rendues
publiques et divulguées dans un registre.
• (18 h 10) •
Alors, je m'étonne que, sur le plan
social, sur la question du logement, de savoir que les gens puissent avoir un
toit et que le marché puisse être régulé de façon à ce que les hausses abusives,
bien, on n'en voie pas, que les mesures de contrôle de loyers qui sont
appliquées par le tribunal administratif puissent fonctionner comme elles
fonctionnaient peut-être davantage il y a cinq ou six ou huit ans, mais
qu'elles... on puisse s'assurer qu'elles fonctionnent encore aujourd'hui dans
un marché déséquilibré, qu'on se prive d'un outil qui nous permette de
s'assurer que ça fonctionne, on puisse permettre de donner de l'information, de
divulguer de l'information à ceux et celles qui sont victimes de la hausse
actuelle et de la perte de contrôle sur les loyers, qui est évidente, qui est
documentée.
Alors, c'est une question de volonté
politique. Ce n'est pas une question de philosophie politique gouvernementale.
Elle est applicable ailleurs, elle est appliquée ailleurs, mais ici on s'y
refuse. On a, sur un plateau d'argent, une proposition qui est faite par Vivre
en ville, des amendements qui sont déposés par les différents partis
d'opposition et une fermeture totale de la ministre sur, encore une fois, un
argumentaire qui ne résiste pas à l'analyse si on a vraiment les mêmes
objectifs. Et, encore une fois, je pose la question : Quels sont les
objectifs? Est-ce que c'est une bonne chose, ce qu'on constate, une
augmentation des loyers qui rend la chose... qui rend la situation difficile
pour nombre de familles au Québec? Si c'est considéré comme une bonne nouvelle,
bien, alors disons-le, mais sinon agissons. On a le pouvoir législatif d'agir.
C'est notre travail, c'est notre rôle.
Donc, encore une fois, si l'argument de la
lourdeur ne s'applique pas dans les autres ministères, pourquoi il
s'appliquerait dans celui-ci? C'est la question des coûts. Ça veut dire qu'on
ne juge pas que c'est important d'agir, parce que c'est un retour sur
l'investissement qu'on souhaite. Je pense qu'il y a un retour sur
l'investissement lorsqu'on s'assure que les familles québécoises puissent
avoir... se payer un toit et puissent continuer de... d'avoir une qualité de
vie qui leur permette, donc, avec souvent des revenus limités, de pouvoir
continuer de répondre à leurs besoins les plus élémentaires.
Si on dit que le phénomène de
l'itinérance, par exemple, c'est une question qui touche des grandes villes et
qui... les grandes villes et les régions, et que ça a doublé dans les dernières
années et que, parmi ceux-là... pas les chiffres exacts, il y a des gens qui
n'ont tout simplement pas eu les moyens de suivre l'augmentation du coût des
loyers et qu'on dit que ce n'est pas une question... Puis là je veux qu'on soit
clair, là, la lutte à l'itinérance, de l'aveu de plusieurs membres du
gouvernement, c'est une question interministérielle. Je pense qu'on ne peut pas
ici dire que ce n'est pas... ça ne fait pas partie du portrait. C'est un
élément. Ce n'est peut-être pas l'élément premier, mais c'est un élément à
considérer.
Puis, encore une fois, je terminerai
là-dessus, je trouve ça dommage que l'on voie la situation...
M. Arseneau : ...en se
disant : Bien, finalement, ce n'est pas si mal, parce que, même si on a un
peu perdu le contrôle au Québec, c'est encore moins pire qu'à Toronto ou c'est
moins pire qu'en Colombie-Britannique. Moi, je pense que les gens qui sont dans
une situation où ils cherchent un loyer, ils ont de la difficulté à trouver des
loyers abordables, les gens qui sont victimes de rénovictions, de reprise de
leur logement n'ont que faire de la situation dans une autre province, avec un
autre système de taxation et de redistribution de la richesse et un autre filet
social, du moins, un contexte qui diffère, un revenu moyen qui diffère et des
mesures, donc, qui ne sont pas comparables dans un contexte qui n'est pas
comparable. Et c'est pour ça que l'outil dont il faut prendre compte, c'est
l'évolution de la situation au Québec par rapport au Québec. C'est ce qui... on
pouvait observer il y a un certain nombre d'années, avec les règles qu'on avait
et l'évolution de la situation. Et, à sa face même, il y a un problème qu'on
peut décider de voir ou ne pas voir, de reconnaître ou ne pas reconnaître, d'agir
ou de ne pas agir. Et moi, ce que je comprends, c'est qu'on décide de ne pas
agir.
Puis la grande question qui demeure, pour
moi, c'est : Est-ce qu'on reconnaît qu'il s'agit d'un problème, si, à une
certaine époque, pas si lointaine, dans les années 2014-2016, le coût d'un
loyer occupé ou inoccupé était similaire et qu'aujourd'hui, bien, un loyer
inoccupé par rapport à un loyer occupé, bien, il est plus élevé de l'ordre de
30 %, 40 %, 45 % selon les régions du Québec, dans une situation
où il y a une rareté de logements qui crée un problème pour nombre de familles
et d'individus au Québec, qui évidemment n'ont pas les moyens, eux,
d'investir... d'avoir accès à la propriété ou d'investir dans l'immobilier, par
exemple? Alors, c'est un outil qui est à la portée du gouvernement et de la
ministre, dont, vraisemblablement, on ne voudra pas se prévaloir. Et je trouve
que c'est une occasion ratée, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : ...d'autres
commentaires? Ça va? Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Donc, j'abonde dans le sens que le collègue des
Îles-de-la-Madeleine... et j'aimerais apporter quelques éléments factuels, là,
concernant le fameux fardeau pour l'État québécois, là.
Tout d'abord, l'hébergement, l'hébergement
du site, il est... il y a une gratuité assurée pendant trois ans grâce à une
subvention de Centraide du Grand Montréal, donc c'est l'hébergement plus le
site, et c'est un hébergement qui comporte les plus hauts standards de
sécurité. Évidemment, le gouvernement pourrait très bien adapter ce site-là et
les standards de sécurité à ses propres normes. Et, selon les informations dont
on dispose, l'exploitation du registre annuellement ne dépasse pas les
100 000 $.
Donc, on n'est pas dans un fardeau
extraordinaire pour l'État québécois, qui a un budget de plusieurs... de plus
d'une centaine de milliards de dollars. 100 000 $ d'exploitation par
année, c'est, à toutes fins pratiques, une goutte d'eau dans l'océan, surtout
si on prend en considération les bienfaits de... d'un registre des loyers, qui
va concrètement ralentir l'explosion, l'inflation exponentielle des loyers
telle qu'on l'a connue depuis quelques années. C'est de... C'est un
investissement bien placé. Ça va calmer les ardeurs d'un marché locatif qui est
devenu détraqué, qui est devenu fou et qui n'a plus moyen de le contrôler,
malgré l'existence du Tribunal administratif du logement. Il faut adopter ce
type de mesure pour calmer...
M. Fontecilla : ...un marché,
là, qui risque d'affecter l'ensemble de la société québécoise, là, et c'est ça
qui... c'est ça qui peut... qui, moi, me dérange davantage, là. C'est qu'on
dirait qu'on refuse d'adopter des mesures qui ne coûtent somme toute presque
rien, là, mais qui coûtent quand même un petit peu d'argent, là, et qui
pourraient bénéficier à l'ensemble de la population du Québec, là. Parce qu'on
va se le rappeler, M. le Président, là, nous sommes tous consommateurs et
consommatrices d'habitations, qu'on soit propriétaire ou locataire, tout le
monde, soit par le système bancaire, on acquiert une propriété, ou soit par des
systèmes locatifs, on loue l'usage exclusif d'une unité locative. Nous sommes
tous et toutes des consommateurs d'un bien de consommation qui est une
habitation, là, sans égard à différentes... aux différentes catégories. Donc,
et c'est comme... et c'est le phénomène de l'inflation, si ça affecte un
secteur, inévitablement, ça va contaminer un autre avec des conséquences
néfastes pour l'ensemble de la société.
• (18 h 20) •
Et c'est ça qui me dérange
davantage : pourquoi le gouvernement de la CAQ refuse d'utiliser un moyen
qui est et recommandé par à peu près... Je suis bien d'accord, il y a des gens
qui ne sont pas... ne sont pas d'accord avec un registre des loyers, surtout,
on va se le dire, les associations de propriétaires, mais il y a beaucoup
d'autres gens et d'acteurs dans la société qui conseillent d'utiliser ce
moyen-là, qui pourrait concrètement ralentir la croissance des loyers au Québec,
là. Donc, on dirait que le gouvernement, bien, il tend l'oreille plus d'un côté
que de l'autre, donc il accentue ainsi le déséquilibre existant.
Justement, la ministre, on l'a entendu,
que, pour elle, c'est important d'assurer l'équilibre. Mais d'après ce que je
constate, là, elle est en train de creuser le déséquilibre au lieu de vouloir
contrebalancer le déséquilibre existant. Et ça devient... ça devient un peu
contre-productif, là, comme... Parce qu'au lieu, encore une fois, là, de
contenir les tendances inflationnistes, les tendances spéculatives existantes
dans le système locatif québécois, bien, on est en train de mettre du...
d'ajouter du charbon dans la chaudière, et ça va devenir de plus en plus
difficile.
Donc, j'incite la ministre à écouter non
seulement les partis d'opposition, mais écouter plein de gens, y compris des
maires, des chercheurs, des organismes, etc., qui l'incitent depuis longtemps à
adopter le registre des baux, qui va avoir des conséquences très importantes
pour l'ensemble de la société.
Et un détail que j'avais oublié
d'expliciter, c'est la capacité, à travers l'adoption d'un registre des baux...
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le...
M. Fontecilla : ...la
capacité que s'octroie le gouvernement pour ramasser des données. Le collègue
des Îles-de-la-Madeleine mentionnait tantôt cette nécessité-là de recueillir,
d'accumuler des données à partir desquelles on peut déduire des tendances,
des...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : C'était
juste mentionner qu'actuellement vous avez déjà... vous êtes déjà à
40 minutes, alors vous êtes, dans le fond... c'est... étant donné qu'il y
a 10 sous-articles, c'est 10 minutes... 20 minutes par article.
Alors, juste vous mentionner qu'à ce moment-là vous êtes normalement, au niveau
de votre temps pris, vous seriez rendu au niveau au niveau de l'article deux du
37.4.
M. Fontecilla : Sur cet
article-ci, est-ce qu'il me reste du temps ou pas?
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
c'est parce que la règle, c'est 20 minutes par article. Étant donné qu'il
y a 10... on va les appeler des sous-articles, là, si on veut, parce que si on
appelle l'article 37.4, c'est 20 minutes chacun. Alors, et, tu sais,
ce n'est pas évident de parler, tu sais, on parle de quel article quand il y a
des discussions globales, là, ce n'est pas évident à gérer. Alors, moi, je vais
vous le mentionner. Par contre, chaque article, c'est un 20 minutes, alors, à
ce moment-là, actuellement, vous n'auriez plus de temps pour parler du 37.4 et
de l'article un, qui... l'article 1896. Vous comprenez? C'est comme ça.
M. Fontecilla : Donc, je n'ai
plus de temps pour les autres articles?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Fontecilla : Il m'en reste
encore...
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui,
oui.
M. Fontecilla : O.K., mais je
veux avoir du temps pour les articles.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui, exactement. C'est juste vous le mentionner, parce que...
M. Fontecilla : ...m'informer
que, si je continue comme ça, là, je n'aurai plus de temps pour les autres
articles.
Le Président (M. Schneeberger) : ...et
c'est ça la complexité de suivre, étant donné que c'est une discussion globale,
il y a beaucoup d'articles qui ont... qui se ressemblent. Alors, pour le
président, de commencer à calculer le temps... O.K., là, vous avez fait...
30 secondes sur ça, tu sais, ce n'est pas pas évident. Alors, moi, je vais
quand même vous le mentionner. Puis, par la suite, bien, je vous laisse aller,
mais moi, je vais quand même vous mentionner que, là, il n'y a plus de temps
pour l'article un dans la procédure actuelle.
M. Fontecilla : Il n'y a plus
de temps pour l'article deux? Un...
Le Président (M. Schneeberger) : Là,
on est dans l'article deux actuellement.
M. Fontecilla : Et il n'y
aurait plus de temps... O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
M. Fontecilla : Écoutez, je
vais finir mon idée, en deux, trois phrases, puis voilà, je mets... j'essaie de
conserver du temps pour les autres articles. Est-ce que je... sur quoi je...
une utilité très concrète de l'adoption d'un registre des baux, c'est que ça
permet au gouvernement de se doter, d'avoir accès à un très grand nombre des
données qui nous permettront de suivre presque au jour... au jour le jour les
tendances du marché immobilier. Et je pense qu'on en a bien besoin aujourd'hui,
là, d'avoir davantage de données. C'est un autre avantage du registre des
loyers. Et j'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Voilà.
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
ça va? Parfait. C'est tout. Autres... d'autres questions? Oui. Alors...
excusez-moi, parce que, là, j'avais trois discussions en même temps, ça fait
que ce n'est pas évident. Vous avez terminé?
M. Fontecilla : Sur mon...
pour mon amendement qui est...
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
O.K.
M. Fontecilla : Attendez une
minute, là... 37.4.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
C'est bon. Super. Alors, est-ce qu'il y a d'autres questions? Ça va comme ça?
M. Fontecilla : ...mais étant
donné la contrainte que vous m'avez mentionnée.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Bien, c'est parce que... Alors, à ce moment-là, s'il n'y a pas d'autre
question, à ce niveau-là, moi, je mets aux voix l'article... dans le fond,
votre amendement, qui est déposé de 34.7... oui, c'est ça, 37.4, pardon.
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Par
appel nominal. Parfait.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Pour,
contre, abstention, M. Fontecilla.
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Rejeté, alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous poursuivons nos travaux.
Souhaitez-vous poursuivre pour le cinq minutes? Oui. Oui, parfait. Alors, on
est à l'article... un autre amendement qui avait été déposé par le député de
Laurier-Dorion, c'est bien ça? L'article 1.2. Il n'a pas été élu. O.K.
Alors, à ce moment-là, étant donné qu'il n'a pas été lu, mais déposé, M. le
député de Laurier-Dorion, je vous inviterais à le lire et puis expliquer ça.
M. Fontecilla : Normalement,
l'article 1.2, modifier l'article 1938 du Code civil du Québec :
Insérer, après l'article 1.1 du projet de loi, le suivant :
L'article 1938 de ce code est modifié par l'ajout, après le premier
alinéa, du suivant :
«Une personne qui, sans être nommée au
premier alinéa, habite avec le locataire depuis au moins 12 mois, a
également droit au maintien dans les lieux selon les mêmes modalités.»
L'article 1938 du code tel qu'amendé
se lirait comme suit : «L'époux ou le conjoint uni civilement d'un
locataire ou s'il habite avec ce dernier depuis au moins six mois, son conjoint
de fait, un parent ou un allié, a droit au maintien dans les lieux et devient
locataire, si, lorsque cesse la cohabitation, il continue d'occuper le logement
et avise le locateur de ce fait dans les deux mois de la cessation de la cohabitation.»
Et l'ajout que j'apporte : «Une personne qui, sans être nommée au premier
alinéa, habite avec le locataire depuis au moins de 12 mois, a également
droit au maintien dans les lieux selon les mêmes modalités, et ensuite, la
partie qui reste inchangée, la personne qui habite avec le locataire au moment
de son décès a le même droit et devient le locataire si elle continue d'occuper
le logement et avise le locateur de...
M. Fontecilla : ...dans les
deux mois du décès. Cependant, si elle ne se... pas de ses... ne se prévoit pas
de ses droits, le liquidateur de la succession ou à défaut un héritier, peut,
dans le mois qui suit l'expiration de ce délai de deux mois, résilier le bail
en donnant au locataire un avis d'un mois. Dans tous les cas, la personne qui
habitait avec le locataire au moment de son décès, le liquidateur de sa
succession ou l'héritier n'est tenu, le cas échéant, au paiement de la partie
du loyer afférente au coût du... au des services qui se rattachent à la
personne même du locataire qu'à l'égard des services qui ont été fournis du
vivant de celui-ci. Il est... il en est de même du coût des tels services
lorsqu'ils sont offerts par le locateur en vertu d'un contrat distinct du bail.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, merci pour votre lecture. Alors, compte tenu de l'heure, nous ajournons
la commission aujourd'hui, nous... sine die, et puis parce qu'il y a des
travaux qui suivent au salon bleu. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 30)