Journal des débats de la Commission de l'aménagement du territoire
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 23 novembre 2023
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Vol. 47 N° 30
Étude détaillée du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d’habitation
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous. Je constate le quorum, alors la Commission de l'aménagement
du territoire est ouverte.
Je rappelle que la commission est réunie
aujourd'hui afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 31,
Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Est-ce que nous avons des remplaçants, M.
le secrétaire?
Le Secrétaire : Oui. M. Ciccone
(Marquette) est remplacé par Mme Prass (D'Arcy-McGee).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, hier, selon mes informations, nous en étions toujours à l'article...
l'amendement déposé de l'article 37.2. Il y avait des sous-amendements déposés
par la députée de Mille-Îles. Alors, nous en sommes aux sous-amendements.
Alors, nous poursuivons les échanges...
Mme Dufour : Les temps de
parole, on était rendus où?
Le Président (M. Schneeberger) : Les
temps de parole, oui. Alors, pour le sous-amendement, Mille-Îles, vous avez 14 min 35 s.
M. le député de Laurier-Dorion, c'est 8 min 40 s. M.... des
Îles-de-la-Madeleine... le député des Îles-de-la-Madeleine, à 20 minutes. Et
Mme la députée de D'Arcy-MgGee, 20 minutes. Voilà. Alors...
Mme Dufour : Est-ce qu'on a
repris ou...
Le Président (M. Schneeberger) : ...est-ce
qu'il y avait des questions...
Mme Dufour : Mais on a
repris, là?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui, on est en ondes, les micros sont ouverts.
Mme Dufour : O.K. De la façon
que les gens parlent, on ne pensait pas. D'accord. Bien, écoutez, M. le
Président, pour ce qui est de la nécessité d'avoir une idée de l'implantation
de la mesure et de son impact, je pense que c'est nécessaire. On comprend, par
les échanges qu'on a eus avec la ministre, que ça ferait partie du rapport, peut-être,
annuel, donc on aurait ces détails-là à ce moment-là. Donc, moi, ça faisait le
tour du rapport, en tant que tel, par rapport à la mesure, là.
Le Président (M. Schneeberger) : ...est-ce
que nous avons des commentaires?
Mme Duranceau : Bien, je veux
juste réitérer... Moi, j'ai bien entendu ce que les oppositions ont mentionné.
Je pense que notre modification, là, vise à couvrir l'aspect transparence. Puis
je m'engage, à travers le plan d'action, là, à suivre cette mesure-là.
Évidemment, on veut voir qu'est-ce que ça va donner. Ceci dit... Puis je veux
répéter que ce n'est pas pour n'importe quoi. On demeure en zone résidentielle,
on vise à accélérer, mais je m'attends à ce que ce soit utilisé judicieusement
par les élus. Je pense que le débat qu'on a eu sur cet article-là vient en
montrer l'audace puis vient aussi montrer l'importance, pour les élus qui vont
choisir de l'utiliser, de bien documenter leur approche, parce que ça va être
scruté. Ça fait que... Puis c'est une bonne chose, mais, en même temps, mesure
exceptionnelle, encore une fois, dans un contexte de crise exceptionnelle.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Est-ce que ça va? Oui? Alors, nous allons passer... Ah! allez-y.
Mme Dufour : Je vais juste
souligner... Parce que la ministre a dit : J'ai entendu les oppositions.
Mais je rappelle que c'est juste en zones résidentielles. C'est, en fait, ça,
le problème, c'est que c'est en zones...
Mme Dufour : ...résidentielle.
C'est l'endroit où est-ce que la... la... l'intégration est la plus
problématique, c'est en zone résidentielle. C'est rarement en... en zone
industrielle que les gens s'opposent. Les grandes oppositions, c'est en zone
résidentielle. Les... les enjeux où de... de... que j'ai soulevé mes
inquiétudes, je n'ai parlé que de zones résidentielles. Vous savez, quand il y
a un projet... Puis c'est justement le réflexe qu'on avait comme élus: quand il
y avait un projet en... en... d'ampleur, mais qu'on savait que c'était entouré
de zones commerciales ou industrielles, on ne se posait même pas la question,
on savait que l'intégration allait bien se faire. Mais, quand on est en zone
résidentielle, et particulièrement en zone résidentielle de plus basse densité,
c'est là qu'il y a le plus d'enjeux et c'est là qu'on doit être prudent, et
c'est pour ça que j'avais proposé un amendement pour... pour venir régir la...
la densité, parce que, c'est ça, il y a quand même une... une... une inquiétude
que ce soit disproportionné par rapport au cadre bâti adjacent. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Merci. D'autres questions, commentaires? Député de Laurier-Dorion.
• (11 h 50) •
M. Fontecilla : Oui. Merci,
M. le Président. Il y a un aspect de l'évaluation qui doit... qui doit être,
selon moi, absolument... être considéré, puisque la... la ministre démontre de
l'ouverture à... à... ne serait-ce qu'à... à évaluer la... la productivité de
cette mesure-là, le rendement, dans son... dans son plan d'action, même si de
toute évidence elle va refuser cette... cette... ce sous-amendement-là, mais
c'est — et... et je... je la... je la sensibilise au même temps — c'est...
dans... toute la question des... du changement de zonage et l'effet sur les
prix, là, d'un projet pour du logement social, par exemple, versus un... un
projet privé. On sait que l'amendement 37.2 présenté par la ministre concerne
toute, toute forme de logement, y compris du logement hors marché, là, donc du
logement social, entre autres, et... et du logement... du logement privé, là.
Mais ce qui est... ce que plusieurs intervenants ont mis de l'avant, là, c'est
qu'un changement... Et moi, je... je suis tout à fait d'accord d'accorder
des... des allégements réglementaires et urbanistiques aux projets de logements
sociaux et... et j'ai des réticences, des fortes réticences concernant le...
le... l'allégement concernant le logement locatif privé, mais on sait que, dans
un contexte de nécessité de produire un grand nombre de logements... l'effort
de... d'investissement, qui a été souligné par la ministre aujourd'hui même
pendant la période des questions, là, 1,8 milliard pour construire
8 000 logements sociaux ou... ou abordables, selon... selon ses
termes, c'est... c'est nécessaire de... de... de mettre de l'avant des
allégements réglementaires pour arriver à l'objectif recherché.
Et la question du zonage est fondamentale,
M. le Président, là, dans cette... dans la facilité ou... des... pour produire
du logement, là, parce que je m'inspire, entre autres, du mémoire de
l'organisme Vivre en... en ville, qui nous dit qu'un changement de zonage
permet, et je cite le... le mémoire qui a été présenté dans le cadre de ce
projet de loi, là: «Un changement de densité permet d'augmenter instantanément
la valeur d'un terrain, sauf si le potentiel de changement de zonage a été pris
en compte dans la valeur d'une transaction parce qu'une dérogation est jugée
facile à obtenir. Si une telle dérogation apparaît peu probable pour un... pour
un projet privé, mais est garantie pour un projet sans but lucratif, ce dernier
aura un avantage à la négociation, en plus d'avoir accès à un... à un terrain à
un prix par unité plus bas, ce qui réduit la part du... la part du financement
public requis. On sait que dans plusieurs municipalités du Québec, là, bien, en
fait dans la plupart, il y a quand même une compétition pour avoir accès à... à
des terrains, et, si on permet la construction de davantage de... de... de
logements d'habitation sur un terrain... sur un terrain donné, automatiquement,
le prix de ce terrain-là va augmenter, parce que le prix est en fonction... en
fonction des revenus qu'il pourrait générer dans... dans le... dans le futur.
Mais, en incluant... en incluant le logement privé et locatif privé et mettant
sur le même pied d'égalité le logement privé et le logement hors marché, social
par exemple, le logement social, on fait en sorte que le... l'argent public va
être en compétition avec des investissements privés, et ça va encore une fois
produire un... risque... ça risque de produire un effet de...
M. Fontecilla : ...de
marchandage qui ne fait que pousser le prix à la hausse. Donc, si le
gouvernement voulait se donner véritablement les moyens de construire le plus
rapidement possible les 8 000 logements hors marché qu'il a promis à
un moindre prix, évidemment, là, et, si c'est possible, dépasser, avec le même
1,8 milliard sur la table, dépasser l'objectif de
8 000 logements, il est de mise de ne considérer que la possibilité
que d'octroyer des changements de zonage aux projets de logement social.
Il existe toujours, d'après ce que je
comprends de l'amendement 37.2... que les municipalités pourront toujours
choisir cette voie-là, donc octroyer des changements de zonage seulement aux
projets de logements sociaux, ce qui va donner automatiquement un avantage aux
projets de logements sociaux pour obtenir plus rapidement une entente à moindre
prix. Donc, il est impératif, selon moi, que la ministre considère la
possibilité d'effectuer une évaluation comparative des municipalités, du coût
des projets et de la facilité à les sortir de terre entre les municipalités qui
ont octroyé seulement des dérogations de zonage à augmenter la densité, en
d'autres termes aux projets de logements hors marché, versus les municipalités
qui ont octroyé des permis à du logement privé et à du logement hors marché. Je
crois, mais c'est à la... après évaluation des projets soumis, que le
gouvernement va d'une part payer plus cher pour les projets, plus cher pour les
terrains, pour des projets qu'il... ou en tout cas les contribuables, va payer
plus cher pour les terrains pour du logement hors marché, et ça va être plus
difficile pour ces projets d'arriver à une rentabilité, là. Donc, en
privilégiant un secteur, on facilite la réalisation des projets à moindre prix.
Et j'incite la ministre à considérer la possibilité d'évaluer de façon serrée
la productivité de ces mesures-là, de la façon dont on les applique, si c'est
appliqué seulement à du logement social ou si c'est appliqué à toutes sortes
de... à des projets, soit qu'ils soient privés ou qu'ils soient du logement
hors marché.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Alors, ça va? Oui. Ce sera dans les
commentaires que...
M. Fontecilla : Je voulais
savoir si la ministre est consciente de cette problématique-là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
c'est une question que vous posiez comme ça?
M. Fontecilla : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, est-ce que nous avons une réponse au niveau de la ministre?
Mme Duranceau : Bien, je n'ai
pas d'autres choses à ajouter, moi, M. le Président, j'ai dit ce que j'avais à
dire, là, sur cet article-là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
est-ce qu'il y a d'autres commentaires, questions au niveau de l'amendement...
au sous-amendement déposé? Sinon, nous allons passer au vote. Alors, est-ce que
le sous-amendement de 37.2 est... Oui?
Une voix : ...Par appel
nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
par appel nominal. Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour, Mille-Îles?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : Mme Prass,
D'Arcy-McGee?
Mme Prass : pour.
Le Secrétaire : Mme
Duranceau, Bertrand?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme
Jeannotte, Labelle?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard,
Lac-Saint-Jean?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon,
Jonquière?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Rivest,
Côte-du-Sud?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire : M.
Fontecilla, Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : M.
Schneeberger, Drummond-Bois-Francs?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Le Secrétaire : Rejeté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
le sous-amendement est rejeté. Alors, nous revenons actuellement au... À
l'amendement principal, qui est le 37.2. Questions, commentaires? Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Il y a un
amendement qui a été envoyé, donc peut-être suspendre, le temps qu'il soit
reçu.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons suspendre quelques instants pour recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
(Reprise à 12 h 02)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, Mme la députée de Mille-Îles souhaite
déposer... Le sous-amendement du 37.2. Alors, députée de Mille-Îles, allez-y
avec votre lecture et l'explication de votre sous-amendement.
Mme Dufour : Oui. Alors, c'est
assez simple, c'est de changer de cinq ans vers trois ans le terme
d'application de cet amendement. Donc, l'amendement introduisant
l'article 37.2 du projet de loi est modifié, dans le premier alinéa, par
le remplacement des mots «cinq ans» par «trois ans», au début de l'alinéa ainsi
que dans le paragraphe deux. Et donc, je ne lirai pas tout, là, tout, parce que
là, c'est... Il y a quand même beaucoup de texte, mais, si on peut... je peux
le déposer officiellement, puis après ça, je pourrai en parler davantage.
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
vous pouvez y aller avec l'explication de votre changement, pas de problème.
Mme Dufour : Parfait.
Parfait. Donc, voilà. Alors, on a parlé de tout... de l'impact quand même
important que ça pourrait avoir. Il y a aussi un élément, là, le trois ans,
c'est une façon... Tu sais, tout à l'heure, on a parlé d'un rapport après trois
ans, ici c'est la possibilité de se donner trois ans pour voir si ça
fonctionne, puis par la suite... parce que c'est un super pouvoir exceptionnel,
et par la suite, si le gouvernement suite... souhaite le renouveler, bien,
c'est toujours possible, il y a des omnibus en habitation, en municipalités, à
tous... deux fois par année. Et donc, là, c'est un moment un petit peu moins
long, entre guillemets, de l'impact, peut-être, le contraindre, parce qu'on n'a
pas voulu limiter la densité, mais là on vient limiter le temps.
Et je veux peut-être soulever que, dans le
fond, en 2025, il y aura des élections municipales. On a parlé beaucoup
de : Ah! la cohorte d'élus municipaux actuels est extraordinaire, puis les
risques de dérives sont minimes, mais en 2025, il y aura une toute nouvelle
cohorte d'élus municipaux, et on n'a aucune idée de ce qui nous attendra. Je
donnais l'exemple, je ne sais pas si c'était ça en caméra ou off, en dehors de
la caméra, hier, mais je parlais de... En Argentine, ils ont élu... Ils ont
fait tout un virage...
12 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...assez
dramatique, et donc on ne sait jamais ce qui peut nous arriver. Et là, j'ai l'impression
qu'on fait des mesures en fonction qu'on pense aux individus plutôt que de
penser à l'urbanisme.
Et là je vais peut-être... Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles, sur ces commentaires, je voudrais dire que c'est le
peuple qui décide des présidents ou des élus. Alors, à ce moment-là, le choix
des citoyens, c'est à eux autres, ultimement, de choisir. Alors, il faut être
conséquent toujours de qu'est-ce qu'on choisit. Alors, c'est juste, peu importe
les...
Mme Dufour : Sauf que là, on
parle d'urbanisme, là. Je m'excuse, là, mais on encadre...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
bien, ça, vous parliez des élections, là.
Mme Dufour : Bien oui, mais
on encadre. On encadre l'urbanisme assez serré avec la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Je peux vous dire qu'elle fait pas mal de pages, cette loi-là, si
on l'encadre de cette façon-là, c'est parce qu'on a jugé qu'on ne pouvait pas
juste laisser ça dans les mains d'individus élus qui, parfois, n'ont aucune
connaissance en urbanisme, et c'est la réalité, qui sont à risque d'être soumis
à des pressions. Et donc ce n'est vraiment pas parce que des gens élisent des
élus que ça veut dire que tout ce qui est fait par ces élus-là est la... est
parfait, là, loin de là. Et, des exemples, je pourrais vous en donner des
dizaines, je pourrais passer tout mon 20 minutes à vous donner des
exemples, des erreurs malheureuses qui ont été autorisées et qui aujourd'hui,
on en paie le prix. Donc, je m'excuse, ce n'est pas...
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
avez probablement raison, là, mais je voulais quand même le mentionner.
Mme Dufour : ce que je
disais, c'est que je craignais. C'est qu'on a fait état beaucoup du fait que,
bien, on a une belle cohorte d'élus, là, actuellement, là, les 112 villes
qui seraient touchées par cet amendement-là, là, bien, c'est des bons élus, là.
Oui, mais... tu sais, un, on ne les connaît pas tous très, très... dans tous
les détails, de deux, ils peuvent subir des pressions, de trois, dans deux ans,
il y aura des nouveaux élus, et on n'a aucune idée. Donc, l'idée, c'est que si
on a développé tous ces outils-là puis qu'on juge que les élus des autres
villes, on ne leur donne pas ce pouvoir-là, c'est parce qu'on ne veut pas aller
vers ces risques-là. Alors, moi, ce que je dis, c'est qu'on pourrait prévenir
en disant : bien, tu sais, parce que des projets, ça se développe quand
même sur quelques années, donc un trois ans, ça permet de développer des
projets, de les débloquer.
Ceci dit, maintenant je voudrais parler de
ce que Maxime Pedneaud-Jobin a écrit ce matin, et je pense qu'il y a des
éléments qui sont très pertinents à cet élément-là. Et, je vais dire, il parle
par exemple du fait que les 60 000... il y a deux ans, puis ça, c'est un
rappel important, puis on n'en a pas assez parlé, il y a deux ans, il s'est
construit 68 000 logements au Québec. Ce n'est pas vrai que les...
que tous les logements qui ne se construisent pas actuellement sont bloqués
parce qu'il y a des problèmes dans la municipalité. Ce n'est pas vrai. Il y en
a que oui, mais il y en a que non, c'est d'autres éléments qui les retardent. Alors
que cette mesure exceptionnelle là, on veut la donner parce qu'on prétend qu'il
y a trop d'affaires qui est pris dans la mélasse, mais la mélasse, ce n'est pas
que dans les villes, il y a aussi tout un autre... tout un paquet d'autres
circonstances. Il dit : «un règlement de zonage est la transcription
juridique d'une vision pour un quartier, multiplier les exceptions affaiblit ce
plan d'ensemble. Les contre-pouvoirs citoyens, comme les référendums et la
réglementation, existent parce que les projets de pacotilles sans vision, mal
placés, les trop hauts ou trop bas sont légion. Ce sont ses mots. Les
mobilisations citoyennes nous permettent d'éviter des erreurs avec lesquelles
nous aurions à vivre longtemps.» Et je vous l'ai dit, M. le Président, moi, j'en
ai que j'ai vécu, que je vis encore, parce qu'ils sont dans mon entourage, je
les vois, dans le quotidien, où je me promène. On ne construit pas pour cinq
ans, mais pour 100 ans, et c'est pour ça que je dis que ce super pouvoir
là, il est important d'en réduire son temps dans le temps parce que ça peut
laisser place à des dérives. Il dit : «Au lieu d'improviser une règle
générale périlleuse, le gouvernement aurait pu proposer un mécanisme pour que
les villes puissent modifier rapidement leur règlement de zonage pour augmenter
la densité dans certaines zones stratégiques, comme autour des stations de
transport collectif, et ce, après un processus de consultation.» C'est quelque
chose qu'on avait parlé dans le projet de loi 16. «Les promoteurs auraient
pu ainsi construire de plein droit, donc éviter la multiplication des
assemblées publiques. Le risque de favoritisme aurait été moins grand et la
vision d'ensemble, respectée. Tout cela aurait été faisable en quelques mois.»
Il dit... Finalement, là, il dit un peu ce qu'autant M. le député de
Laurier-Dorion et moi-même disent depuis le début, là : Si la capacité de
suspendre les règlements...
Mme Dufour : ...Appliquée au
logement social et au logement étudiant, donc au logement à but non lucratif,
elle serait utile et plus sûre. L'ouverture à tous les projets a de quoi
susciter l'inquiétude.» En terminant, il dit : «Les vrais cas de pas dans
ma cour existent, ce que je vous dis, la lourdeur administrative existe, je le
confirme, mais ce ne sont que des diversions, le désengagement de l'État, la
démographie, les coûts de construction et l'accès au capital sont les vraies
explications de la crise du logement.»
Je ne peux pas le dire mieux que ce qui
est écrit là. C'était dans La Presse ce matin et ça résume absolument... je
pense que... tout ce que j'ai tenté de dire à propos de cet amendement-là.
Donc, voilà, ça conclut, M. le Président, pour moi.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci pour votre... Vos bonnes explications. D'autres... Oui. Députée de
D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Bien, je
voudrais savoir sur quels principes, sur quelles données la ministre s'est
basée pour que ça soit cinq ans, en premier lieu. Et justement, parce que c'est
des mesures exceptionnelles puis qui vont avoir des effets à long terme, je
pense que ça vaudrait la peine, parce que la mesure peut toujours être
reconduite, si elle a du succès, puis, si c'est six ans sans entrave pour les
habitations, constructions, etc. Donc, je voudrais savoir sur quelles données
la ministre s'est basée pour déterminer que ça serait une période de cinq ans.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
• (12 h 10) •
Mme Duranceau : Oui, M. le
Président. Bien, écoutez, je l'ai mentionné hier, il y a le projet de
loi 16 qui prévoit, là, tous les nouveaux schémas d'aménagement en lien
avec les nouveaux... les nouvelles Orientations gouvernementales. Alors, tout
ça va se réaliser pour les villes, les plus grandes villes du moins, sur une
période qui va s'échelonner probablement de manière réaliste sur cinq ans.
Nous, la problématique, c'est trop long,
c'est trop long pour rendre ça fluide dans un contexte de crise, alors, le cinq
ans, il est pour tenir compte de cette période parallèle là pour ce qui découle
du projet de loi 16. Et puis le cinq ans tient compte aussi du fait que
tous ces projets-là, de manière générale, les projets immobiliers, c'est long.
Alors, le trois ans, pour moi, ça ne rencontre pas l'objectif.
Encore là, c'est une mesure qui se veut
souple, que les choses avancent. Donc, je maintiens ma position initiale. La
transparence, je l'ai ajoutée. J'entends ce que les urbanistes disent, ils ont
le droit d'avoir leur vision. Il y a beaucoup d'autres gens qui ont des visions
qui diffèrent. Ce qu'on... Ce qui est important de souligner, c'est qu'on ne
peut pas faire n'importe quoi. Il y a beaucoup de mesures qui demeurent
applicables quand on pense aux restrictions en matière environnementale, en
matière... on l'a... Vous l'avez abondamment regardé hier, là, au niveau
bien-être, qualité de vie, alors il y a bien des règles qui restent applicables
dans ce contexte-là. On vient juste sauter des processus souvent trop longs
d'approbation puis de délai pour accélérer le logement. Puis effectivement,
c'est... Les logements bloqués, ce n'est pas toujours à cause de processus
administratifs, d'autres fois, c'est d'autres raisons. Bien, si ce n'est pas
applicable, cette mesure-là ne trouvera pas application. Mais là il faut des
mesures qui sont à la hauteur, qui sont audacieuses. C'est ce que la population
nous a demandé. C'est ça qu'on livre comme mesure.
Mme Prass : Mais compte tenu,
justement, de tous les processus qui vont être suspendus avec cet article, je
vois difficilement pourquoi trois ans ne seraient pas acceptables. Puis
ensuite, comme j'ai dit, on peut revoir à ce moment-là si ça a été... si ça a
bien fonctionné pour le reconduire pour une autre période de temps. Parce que
là, ça va avoir des effets, toutes ces constructions vont avoir des effets à
long terme suite à la mesure. Et je veux savoir, par curiosité, est-ce que vous
avez estimé combien de logements vous vous attendez puissent être construits à
chaque année de cette mesure exceptionnelle?
Mme Duranceau : Non, je n'ai
pas estimé ça. J'espère le plus possible, on a besoin d'augmenter l'offre.
C'est ça, la vraie problématique qui crée toutes les autres discussions. Donc,
c'est un des outils, on a dit que ça prenait une multitude d'outils pour
amoindrir la crise, alors, ça, c'en est un. Peut-être que ça n'aura aucun
impact, peut-être que ça en aura, mais au moins on donne de la latitude. Puis,
encore une fois, on permet aux gens sur le terrain de pouvoir être agiles.
C'est une des grosses problématiques. C'est... Au Québec, c'est l'enjeu majeur,
toute l'agilité puis la capacité de construire rapidement. Les autres provinces
nous battent sur ça. Donc, on a choisi cette approche-là, on ne serre pas la
vis aux villes, on ne leur impose rien. Encore une fois, les élus vont avoir le
choix de l'appliquer ou pas et de prendre les commentaires qui viendront avec
dans leur municipalité. Mais...
Mme Duranceau : ...Là, il y a
trop... Il y a de trop petits groupes qui s'élèvent contre des projets qui
bénéficieraient à la majorité. Puis, à un moment donné, il faut que ça soit la
majorité qui soit entendue, là.
Mme Prass : Est-ce que c'est
des groupes, ces groupes, ou c'est des groupes qui sont juste opposés à ce que
vous demandez? Parce que, tu sais, des petits groupes, ça s'additionne.
Mme Duranceau : ...pas dans
ma cour, là, sur des projets spécifiques.
Mme Prass : D'accord. Donc,
encore une fois, tu sais, c'est des mesures exceptionnelles, puis on suspend
des mécanismes qui sont en place. J'ai de la difficulté, encore une fois, à
comprendre pourquoi vous y tenez nécessairement, à cinq ans, parce qu'avec les
constructions qui pourront se faire, vous êtes prête à faire une évaluation
dans le rapport annuel, donc je ne comprends pas pourquoi, ça, ça ne pourrait
pas faire partie de cette même pensée là, et donc revoir dans trois ans à
quoi... Quels sont les résultats, quel est le consensus de la population, etc.,
puis ensuite, pouvoir le reconduire si nécessaire. Parce que cinq ans c'est une
longue période, et cinq ans, bien, ça veut dire qu'il y aura des élections
municipales qui vont avoir lieu entre-temps. Et, comme on l'a dit, là on veut
faire confiance aux élus municipaux, mais qui vont changer, qui peuvent changer
d'ici la prochaine élection. Ou, comme j'ai mentionné la semaine dernière, moi,
dans mon comté, il y avait eu un projet que le maire voulait qui aille de l'avant
pour... à Hampstead, pour la construction d'un immeuble de condos de
12 étages, et ça n'a pas fonctionné, c'est une des raisons pour laquelle
le maire n'a pas été reconduit, donc, là, vous remettez la responsabilité sur
les élus, qui, dépendamment de ce qu'ils vont faire, vont être réélus ou non.
Mais c'est beaucoup au hasard, si vous voulez, et remettre la confiance dans
des gens qu'on ne connaît pas leurs motivations. Donc, je pense que, par
précaution, il serait responsable de votre part de ramener ça à trois ans, et
ensuite, comme j'ai dit, de voir où nous sommes rendus et de pouvoir le
reconduire, si c'est un succès, si c'est nécessaire. Parce qu'aussi d'ici trois
ans, justement, comme vous ne savez pas combien de logements vont être
construits, on est tous d'accord qu'il faut en construire, mais trois ans, cinq
ans, ça pourrait donner un nombre satisfaisant d'ici trois ans. Donc, encore
une fois, je ne comprends pas la raison pour laquelle vous y tenez
nécessairement à ce que ça soit cinq ans.
Mme Duranceau : M. le
Président, je vais le répéter pour une dernière fois. On s'attend à ce que les
OGAT printemps-été 2024, ça prenne deux ans, après ça, ça va prendre un
autre... Je m'excuse, il y a les OGAT printemps-été 2024, on va avoir deux ans
pour réviser les schémas d'aménagement, après ça, il va y avoir un autre deux
ans pour concordance des règlements municipaux, puis avec tous les délais, tout
ce qui découle du p.l. 16, c'est cinq ans. Alors, la logique de cette
mesure-là, temporaire, c'est cinq ans pour qu'au bout de ce périple-là, les
villes soient plus souples, plus agiles. Je le répète, il y a une obligation de
consultation citoyenne. Si les maires, mairesses, administrations municipales
veulent faire fi des consultations citoyennes, bien, ils en feront fi, mais ils
vont être obligés de vivre avec les conséquences de ça. Ou, moi, je pense qu'il
va y avoir des consultations, le projet sera adapté en conséquence. Là, on a
une problématique d'offre, il faut augmenter l'offre. Il faut arrêter le pas
dans ma cour, et c'est une mesure qui, très bien, suscite des craintes, suscite
des commentaires, c'est parfait, ça veut dire qu'elle va être dans le radar de
tout le monde, puis on va la surveiller. Puis moi, je répète, je m'engage à ce
qu'annuellement on fasse un décompte de ce qui découle de cette mesure-là.
Mais, cinq ans, c'est cohérent avec le projet de loi 16, c'est cohérent
avec la manière, le temps requis pour gérer des projets, pour démarrer des
projets puis les livrer, alors je pense que tout ça tient la route. Puis on
s'évite un processus, même de notre côté, un autre processus législatif, encore
là, qui n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci. Là, vous
venez de dire que les élus vont devoir vivre avec les conséquences de ces
décisions, mais ce n'est pas juste les élus, c'est tous les citoyens qui vont
devoir vivre avec les conséquences de ces décisions-là. Donc, un élu, tu sais,
il ne peut pas être... possiblement ne sera pas réélu, mais les gens qui
habitent dans ces quartiers, dans ces municipalités-là, eux, ils vont être pris
avec les conséquences de ces décisions à long terme. Donc, vous le dites
vous-même, des conséquences, et je pense qu'il ne faut pas juste remettre les
conséquences sur les élus, mais les effets de ces conséquences sur les
municipalités et leurs citoyens.
Une voix : M. le Président,
est-ce que je peux intervenir?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
bien, vous avez le droit, parfaitement...
Le Président (M. Schneeberger) : ...députée
de...
Mme Jeannotte : ...rebondir
un petit peu sur ce qui se passe ce matin. J'aimerais rebondir un petit peu,
parce que, vous savez, au Québec, on nous reproche de ne rien faire quand il y
a une crise du logement, et là, on a un gouvernement, une ministre qui veut
faire quelque chose d'audacieux, c'est vrai, mais c'est... Puis là, on nous
reproche encore d'agir. Moi, là, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
On se fait dire qu'on a trop de réglementation, que c'est lent. La ministre l'a
très bien expliqué, pourquoi on a besoin du cinq ans, les OGAT.
• (12 h 20) •
Puis, au-delà de ça, là, ça... Il faut
qu'on regarde le «big picture» puis qu'on réalise qu'on est en crise puis que
ceux qui ont les leviers, c'est les municipalités. Puis là, c'est un petit peu
triste d'entendre qu'on s'enfarge sur le fait qu'il va peut-être y en avoir un,
enjeu, un dossier qui va faire ombrage. La ministre l'a expliqué aussi, hier, que
c'était une question d'évaluation des risques. Mais dans un moment de crise, il
faut penser en dehors de la boîte, puis là, c'est ce qu'on propose.
Moi, ça va me chercher parce que ça fait
plus d'un an qu'on entend des entrepreneurs dire : on n'est pas capables
d'avancer, c'est trop lent. Puis honnêtement, je trouve ça triste qu'on ne
regarde pas plus, au contraire, le fait que l'État, là, il veut aller plus
vite, pour une fois. Ça fait que, je pense, c'est salué par l'Union des
municipalités, par la FQM, c'est salué par les maires. Pour une fois, on... les
maires, au contraire, ils sont heureux de ça, donc, c'était plus fort que moi,
je voulais intervenir, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
avez parfaitement le droit d'intervenir, tout comme tous les députés. Alors,
député... Là, je ne sais pas lequel des deux avait levé la main en premier, là,
mais je vais y aller avec le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, merci,
M. le Président. Moi aussi, je réagis à la déclaration de la députée de
Labelle, là. Elle a dit : Il faut qu'on réalise qu'on vit une crise, là,
je suis bien content que le parti au pouvoir, la CAQ, réalise enfin qu'on vit
une crise, là. Et c'est un peu... C'est très paradoxal. Parce que c'est la...
certaine de nos collègues, là, qui se plaisent à le répéter quotidiennement au
Salon bleu, là, ce gouvernement-là est en sa cinquième année...
Une voix : ...
M. Fontecilla : ...sixième,
merci, donc deuxième mandat, et c'est un peu drôle parce que ce gouvernement-là
a passé son premier mandat, 90 % du temps, à nier l'existence de la crise
du logement. Et là, voilà un deuxième mandat, et il y a... on va dire, il y a
un réveil par rapport à cette réalité-là. Et c'est comme les... Il y a un
mouvement d'oscillation, là, qui va d'un extrême à l'autre. On est passés de la
négation de cette crise-là à une situation où est-ce qu'on veut tout faire pour
produire du logement. Du logement, ça prend longtemps à faire, là, et voilà, on
dirait que dans cette volonté-là, dans ce réveil-là, ils veulent aller... Le
gouvernement veut aller trop vite et, comment dire, passer outre, encore une
fois, tout un... des systèmes qu'on a créés pour encadrer démocratiquement et
en respect des communautés locales, là, le développement de nos municipalités.
Donc, on passe d'un extrême à l'autre.
C'est bien, et je salue le réveil du gouvernement par rapport à la crise du
logement. Je salue, là, la députée de Labelle, là, qui dit qu'il faut qu'on
réalise qu'on vit une crise, là. Moi, ça fait cinq ans que je réalise, et pas
juste moi, beaucoup de gens, beaucoup de gens réalisent que depuis longtemps
qu'on vit dans une crise du logement. Mais, encore une fois, il ne faut pas
abattre, il ne faut pas détruire tout ce qu'on a et passer outre nos... tous
les mécanismes qu'on a créés pour faire un développement cohérent, respectueux
des communautés locales, qui admet l'expression démocratique des citoyens et
citoyennes. Évidemment, il y a toujours le phénomène pas dans ma cour, là, mais
il faut encadrer les... mieux encadrer les, comment dire, l'allègement, là, que
le gouvernement est en train de... qu'on est en train d'adopter maintenant.
Donc, bien d'accord d'alléger la réglementation entourant l'approbation des
projets domiciliaires, mais il faut faire ça de la bonne façon pour, encore une
fois, ne pas se... faire un recul en arrière. Oui, il faut construire plus de
logements, mais il ne faut pas non plus défigurer nos municipalités...
M. Fontecilla : ...nos
municipalités pour... pour y arriver.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Députée de D'Arcy-McGee, vous... je pense que vous
souhaitiez aussi un... questionner ou émettre un commentaire.
Mme Prass : Oui, merci,
justement pour répondre aux commentaires de la députée de Labelle. Moi, ce que
j'entends de l'autre bord, c'est toujours... on parle des municipalités puis on
parle des développeurs, puis on ne parle pas de ceux qui sont victimes de la
crise du logement, donc les locataires. Oui, ça prend de la construction,
etc...
Une voix : ...
Mme Prass : ... — je
veux finir ma parole — oui, ça prend de la construction, etc., mais,
encore une fois, on... on met toute la... on met tout le... le pouvoir dans la
main de... dans les mains de certains sans prendre en compte l'effet à long
terme que cela va avoir sur les municipalités. Donc, c'est... ça ne peut pas
être un... un «free for all», on va faire de la construction, tout le monde
va... vont... vont construire ce qu'ils veulent construire, puis on aura plus
de logements. Mais ce n'est pas comme ça, d'une façon responsable, qu'un gouvernement
gouverne, et donc j'ai... j'ai... j'ai de la difficulté à toujours entendre de
la part du gouvernement qu'on a parlé aux développeurs, on a parlé aux
municipalités, mais que suite à ça on... on ne consulte pas les autres, parce
que ce n'est pas leurs opinions qui sont importantes. Donc, je ferais ce
commentaire-là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors...
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous... Juste rappeler d'en... et généralement, qu'il serait quand même bien
de... des commentaires ou questions qui se... qu'on... portent toujours sur
l'article, ou l'amendement, ou le sous-amendement déposé. Voilà.
Alors, est-ce que nous avons d'autres...
Oui, députée de Mille-Îles. Micro, s'il vous plaît.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Écoutez, la députée de Labelle a quand même soulevé des... a dit que
les oppositions reprochaient des éléments puis elle a... elle a dit: On nous
reproche de ne rien faire, on nous reproche qu'il y a la crise du logement. Par
rapport à cet amendement-là, là, je vais rappeler que depuis le début, mon
reproche, le seul reproche, c'est qu'on n'a pas pu consulter les groupes sur
l'amendement. Ça aurait dû faire partie du projet de loi lorsqu'on a eu les consultations
particulières. J'ai proposé à un moment donné qu'on le sorte, puis qu'on le
mette dans un projet de loi tout seul, puis qu'on traite juste de ça, pour être
capables d'avoir des consultations exprès pour ça. J'aurais bien aimé pouvoir
entendre les groupes, et ça aurait dû être fait comme ça. Ça aurait dû être
fait comme ça, parce qu'on change complètement - puis, en... questions ce
matin, en période de questions, le député de... le député des
Îles-de-la-Madeleine l'a bien dit, là - on change complètement la nature du
projet de loi, et je comprends la ministre qu'elle veut réagir, mais ça reste
qu'on a changé la nature du projet de loi. On a consulté des groupes sur un
projet de loi qui est substantiellement différent, de par cet amendement-là.
Le 37.2 change toute la donne. Il aurait
dû... Il aurait pu faire partie du projet de loi n° 16 - il n'était
probablement pas prêt à ce moment-là - il aurait pu être le premier projet de
loi, ça aurait pu être un projet de loi séparé, peu importe, mais ça n'aurait
pas dû faire partie d'un... d'être intégré, présenté comme un amendement d'un
projet de loi qui est complètement différent.
Alors, c'est un peu normal, je vous
dirais, là, qu'on réagisse, puis qu'on propose des... des amendements, puis
qu'on... on... on veuille avoir des échanges. La partie ministérielle a dit
avoir consulté des groupes. Mais ce n'est pas ça, une consultation officielle
d'un projet de loi, c'est les consultations particulières qu'on a des groupes
qu'on s'entend, puis qu'on entend tous la même chose, puis que les groupes
extérieurs puissent mettre des mémoires là-dessus. Il n'y a personne qui a
été... qui a pu émettre dans leurs mémoires... La ministre a dit: J'ai entendu
les groupes, ils ont fait... ils ont fait leurs... leurs plaidoyers dans les
consultations particulières. Mais personne ne s'est exprimé sur le 37.2
spécifiquement, parce qu'ils n'ont pas eu la chance, il est arrivé après, il
est arrivé il y a 10 jours, donc ce n'est pas vrai. C'est ça, le reproche qui
est fait, tout simplement, et c'est là-dessus qu'on aurait dû le gérer
séparément. Il y a vraiment, là, ici, à mon... En tout cas, je pense que je
vais me... perdre mes... je suis en train de perdre mes... les gonds, là, mais
je vais me... me recentrer.
Moi, je vais... je vais poser une
question, parce que...
Le Président (M. Schneeberger) : Prenez
une gorgée de café, ça a été servi.
Mme Dufour : Oui. Pas du
café, je ne bois pas de café. Mais, maintenant, je vais poser une question,
parce que j'ai entendu la ministre dire que... Bien, elle a parlé du cinq ans,
pourquoi c'est important, le cinq ans, parce qu'il y avait les OCAT, après ça,
qu'il fallait que les... les plans d'aménagement de territoires soient... les
PMAD et compagnie soient adaptés, etc., après ça les... les... les schémas, les
plans d'urbanisme. C'est vrai que ça prend du temps, puis d'ailleurs j'avais...
j'avais eu une rencontre, lorsque j'étais à la ville de Laval, avec le
ministère où j'avais parlé de ça, puis, officiellement, nous, chez nous à
Laval, ça a pris 10 ans, au-dessus de 10 ans...
Mme Dufour : ...que ça arrive
sur le terrain des vaches. Ça fait que même le cinq ans, là, c'est court pour
les processus actuels, donc c'est clair qu'il faut les revoir. Puis ça, ça a
été dit. Moi, je l'ai dit lorsque j'étais aussi présidente de l'Association
québécoise d'urbanisme. On a eu des consultations pour la politique nationale
d'aménagement du territoire, je l'ai dit, ça n'a aucun sens, le délai entre le
temps qu'on adopte des OGAT, les nouvelles orientations gouvernementales, puis
le temps qu'elles arrivent sur le terrain. C'est dément.
Maintenant, il y a quand même d'autres
choses qui peuvent être faites entre-temps. Parce qu'on n'a pas besoin des OGAT
pour être capables de densifier, là. Les plans d'aménagement peuvent être
modifiés... en fait, les plans d'urbanisme peuvent être modifiés tout
simplement. Il y aurait eu d'autres... Il y aurait possibilité d'avoir d'autres
formules.
• (12 h 30) •
Et j'aimerais entendre, dans le fond, sur
la proposition qui a été faite, dans le fond, par Maxime Pedneaud-Jobin, où il
dit qu'au lieu... Il dit, dans le fond, on aurait pu proposer un mécanisme pour
que les villes puissent modifier rapidement leur règlement de zonage. Et moi,
j'ai demandé... J'en ai parlé avec la ministre des Affaires municipales, lors
du PL 16, il faut revoir le processus de consultation de zonage. C'est urgent. Ça
fait que, dans ce trois ans là que je propose, ce processus-là pourrait se
faire. Il y aurait possibilité de revoir le processus de consultation de
zonage, que les villes, elles, entre-temps, revoient leurs règlements de zonage
pour augmenter la densité, en même temps qu'elles utilisent la proposition de
la ministre. Les deux pourraient se faire. On n'a pas besoin d'attendre les
OGAT, et que ça découle, ça s'en aille sur le terrain, là. C'est ça que
j'aimerais entendre, la ministre, sur cette possibilité-là, qu'on travaille
là-dessus en attendant, mais qu'on n'a pas besoin de cinq ans pour que tout ça
se mette en branle, à mon avis.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Est-ce que nous avons d'autres commentaires, questions? Oui?
Mme Duranceau : Bien, j'ai
donné tous mes commentaires, là, sur ça. C'est cinq ans. C'est ça, les délais.
Il faut que ça avance, puis c'est une excellente mesure pour permettre aux
villes d'être plus agiles.
Mme Dufour : Je n'ai pas
entendu la réponse à la question, à savoir : est-ce qu'on peut,
entre-temps, pendant... moi, je propose trois ans, mais revoir le Processus de
consultation de zonage pour que ça soit... Parce que l'affaire, c'est que, si
on ne fait rien d'autre que cette mesure-là, bien, dans cinq ans ou dans trois
ans, peu importe, tout le monde va dire : Bien, il faut la refaire, puis
il faudrait la faire pour toujours parce que les processus sont trop
compliqués. Bien, c'est vrai qu'ils sont compliqués, il faut les revoir. Ça
fait qu'il faut commencer le processus pour les revoir. Donc, est-ce que, ça,
est-ce qu'on va s'engager à le faire?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Oui, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Dernier
commentaire de ma part. Ce que la députée de l'opposition propose, c'est
louable, je comprends, mais ça va prendre trois ans à exécuter. Alors, cette
mesure-là, elle est adoptée, elle est en vigueur. En 2024, en 2024, les villes
peuvent bouger, peuvent partir des projets. Il faut des mesures pour assouplir
puis pour augmenter l'offre. Alors, c'est ça, là.
La perfection n'est pas de ce monde. Et la
perfection, dans un contexte de crise, elle ne peut être atteinte. On pèse les
pour, les contre, puis on fait ce qui est le mieux dans les circonstances. Puis
là on vient donner des moyens pour agir à cet égard-là. Alors là, c'est tout ce
que je peux ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Donc, ça va? Bon, alors...
M. Arseneau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Bien, alors
je voudrais me prononcer sur l'amendement qui a été proposé de réduire, donc,
la période pendant laquelle la réglementation d'urbanisme serait suspendue ou
pourrait être suspendue dans plusieurs municipalités où il y a des projets qui
y sont déposés et qui, essentiellement, contreviennent aux règles d'urbanisme.
Je pense que c'est ça qui est la plus grande inquiétude, moi, que je peux
exprimer aujourd'hui. C'est le fait que pendant cinq ans, on permette à des
projets d'aller de l'avant, qui, dans les circonstances régulières, n'auraient
probablement pas été approuvés. Et pourquoi ils n'auraient pas été approuvés?
Parce qu'ils ne respectaient pas le cadre juridique dans lequel on évolue.
Alors, on a bien beau vouloir invoquer la
crise, qui est d'ailleurs assez extraordinaire, aujourd'hui et depuis depuis
deux jours... en fait, d'entendre parler de l'urgence d'agir parce qu'on est en
crise, de faire des parallèles avec l'urgence sanitaire, alors que, pendant
cinq ans, souvenons-nous, le mot en c était banni, nous ne pouvions pas parler
de crise, il n'y avait pas de crise, il y a eu une espèce de virage à...
12 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...degrés qui
est quand même extraordinaire, et j'allais dire presque admirable, mais qui est
aussi révélateur d'une certaine contradiction dans l'approche gouvernementale
où on se disait qu'on allait faire les choses correctement et dans l'ordre. Et
on a... on voulait agir sur un certain nombre d'éléments. C'est ce qu'on avait
proposé dans le cadre du projet de loi qui était déposé en juin dernier, ce
défunt projet de loi, qui, maintenant, n'existe plus ou qui a été transformé de
façon tellement majeure qu'il n'est plus l'ombre de lui-même, parce qu'il
aborde toute une série de règles et de... et touche à toute une série de
prérogatives qui ne sont pas celles qui étaient identifiées au départ, et que j'ai
déjà eu l'occasion de dénoncer, préalablement. Alors, ça fait en sorte qu'on
crée une certaine confusion, je pense, un peu partout, là, avec l'idée que
maintenant, la panacée, la façon de régler le dossier... puis on a besoin de
cinq ans.
D'ailleurs, d'où vient ce cinq ans?
Pourquoi pas 10? Pourquoi ne pas suspendre les règlements ad vitam aeternam et
dire que... puisqu'on fait confiance aux élus municipaux, là, pourquoi leur
faire confiance seulement pour cinq ans. Si on veut, un vote de confiance. Si
on présume que tout le monde est de bonne foi, est bienveillant et prend
toujours les meilleures décisions en tout temps, pourquoi attendre une période
de crise pour le faire? Pourquoi ne pas simplement leur donner les clés de la
réglementation gouvernementale ou territoriale et dire : Bien, finalement,
vous ferez bien ce que vous voudrez, quand vous voulez, parce que vous êtes
élus puis vous rendrez des comptes une fois aux quatre ans. Et puis nous, bien,
on va prendre les données, on va les récolter une fois par année, puis là, on
ne sait pas encore si ces données-là seront rendues publiques de façon
transparente et s'il y aura une évaluation de ce qui a été fait. Moi, je pense
que c'est une préoccupation qu'on va amener et qui me semble absolument
légitime, si tant est qu'on adopte la proposition, là, du 37.2.
Mais pour revenir sur la question des cinq
ans ou des trois ans, moi, je pense qu'il faut... On est, à l'heure actuelle, à
déréglementer de façon débridée, voire sauvage, les règles qui existent
présentement dans le milieu municipal, et moi, je ne suis pas certain que ça
fait l'unanimité dans la société civile. Et, la raison pour laquelle je ne suis
pas certain, c'est parce qu'on n'a pas eu l'occasion de poser la question à
quiconque, parce qu'il n'y a pas eu, donc, le dépôt de cette proposition-là
dans les règles de l'art, ici, en commission parlementaire, en consultations
particulières avec des groupes, avec des mémoires qui étaient déposés sur cet
objet-là comme sur tous les autres qui nous ont été apportés de façon surprise
ou tardive, et qui n'ont pas fait l'objet de débats et de réactions et d'analyses
de ce que ça peut aussi avoir comme conséquences. Alors, moi, je dis que le
trois ans vaut bien le cinq ans dans la mesure où, dans trois ans, on a quand
même le temps. Je ne crois pas que ce soit pour la construction, puis l'ouverture,
puis l'inauguration, puis la coupe du ruban, là, on parle de l'approbation d'un
projet. Ce que je comprends... puis je voudrais savoir à ce moment-ci si je
suis juste dans mon évaluation du fait que, les cinq ans qui sont proposés par
la ministre ou encore les trois ans dans l'amendement qui est devant nous, c'est
pour donner une approbation, donc pour donner l'autorisation d'un projet, ou si
c'est pour faire en sorte que le projet, lui, se concrétise et soit
essentiellement inauguré, habité, si on parle d'habitation, à l'intérieur du
délai imparti? Alors, je ne sais pas si la ministre ou ses... Les membres de
son équipe peuvent me dire si je comprends bien le fait que les cinq ans
initiaux, puis si on adoptait les trois ans, c'est les paramètres à l'intérieur
desquels les municipalités peuvent accorder le permis. Donc, ça ne calcule pas
la durée de construction, qui, elle, peut évidemment, là, s'étaler sur
plusieurs mois, voire plusieurs années.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
merci beaucoup pour le questionnement. Alors, est-ce que nous avons du... Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, je vais
répéter, là, parce que je l'ai expliqué, le cinq ans, là, il y a... un petit
peu plus tôt. Le cinq ans, c'est parce que tout ce qui découle du projet de loi 16
ne verra le jour de manière réaliste qu'au terme de cinq années, avec toutes
les étapes qui doivent être franchies pour mettre à jour toute la
réglementation municipale. Là, on a des projets d'habitation qui pourraient
voir le jour dès 2024 dans la mesure où on est capables, par résolutions, de
faire avancer les choses. Et...
Mme Duranceau : ...Donc, c'est
ça. C'est ça, le cinq ans, c'est parce qu'il ne se passera rien au niveau LAU
qui aura des effets tangibles sur le terrain, alors on dit : Bien, dans
l'intérim, on a une mesure qui permet aux municipalités d'être agiles, et ça va
permettre de débloquer des projets ou d'autoriser des projets d'habitation plus
rapidement.
M. Arseneau : Plus
précisément, j'avais entendu cette explication-là sur l'idée qu'il s'agit d'une
mesure transitoire entre le projet de loi 16 puis autre chose, un nouveau
cadre réglementaire ou d'urbanisme dans les municipalités. Ça, on a compris
puis on pourrait en débattre. Mais moi, je veux savoir si la période de cinq
ans, c'est strictement pour autoriser les projets ou pour les voir naître et se
déployer et être complétés, auquel cas l'argumentaire que je vous soumets,
c'est qu'on aurait trois ans pour débloquer des projets qui vont se réaliser
non pas dans les trois premières années, mais dans les six premières années.
• (12 h 40) •
Mme Duranceau : Pendant cinq
ans, les municipalités vont pouvoir se prévaloir de cet article de loi là.
Donc, année quatre, avant-dernière journée, techniquement, ils peuvent encore
s'en prévaloir.
M. Arseneau : C'est ça. Mais,
encore une fois, qu'on se comprenne bien, si, à l'année 4... à la fin de
la cinquième année, puisqu'on parle au départ d'un projet de cinq ans, la
municipalité peut autoriser un projet au 364e jour de la cinquième année,
bien, le projet, le lendemain, il ne sera pas complété, il ne sera pas
construit. L'autorisation sera donnée de construire sur une période de construction
régulière, n'est-ce pas?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Tout à fait.
Tout à fait, c'est ça.
M. Arseneau : D'accord. Mais
d'où l'idée que la période de construction peut s'étaler bien au-delà des cinq
ans. Et, si on appréhende un certain nombre de projets qui contreviennent au
règlement d'urbanisme, donc la durée d'application ou les conséquences d'une
suspension de la réglementation sur cinq ans vont s'étaler sur une période bien
supérieure aux cinq ans, probablement six ou sept ans. Alors, la proposition de
ma collègue de Mille-Îles, dans ce cadre-là, est intéressante puisqu'elle
réduit la période d'autorisation, mais elle maintient essentiellement la
période pendant laquelle des projets pourront être... voir le jour... en fait,
être mis à terme. Et, si c'est l'objectif de la ministre, il serait atteint,
mais dans une période un peu plus restrictive, ce qui nous permettrait
justement probablement de remplir cette période, là, où la ministre semble
croire que tout projet est bloqué parce que la réglementation, on vient de le
découvrir au cours du dernier été, empêche 25 000 habitations ou
projets de se réaliser.
Et la question qui est le corollaire de
tout ça, c'est que cette information-là, nous, on ne l'a pas de première main.
On travaille sur du ouï-dire, et ça, c'est assez inadmissible dans le cadre
d'une commission parlementaire qui se veut sérieuse, une institution comme
l'Assemblée nationale. Et moi, j'aimerais avoir devant nous, ici, là, les
représentants des organisations qui nous disent et qui nous prouvent, données
probantes à l'appui, que les 25 000 projets, là, c'est parce que les
villes se traînent les pieds puis parce qu'il y a des... une Lenteur
administrative qui fait en sorte qu'ils ne débloquent pas ou s'il y a d'autres
facteurs qui font en sorte qu'ils ne débloquent pas. Est-ce que ça peut être
tout simplement parce que ces projets-là, dans une certaine mesure, certains de
ces projets-là ne cadrent tout simplement pas avec les orientations des villes,
des municipalités et des citoyens qui les habitent, dans la mesure où ils se
sont donné des règles d'urbanisme qui ont été votées démocratiquement et qui
faisaient en sorte qu'on avait une vision de l'avenir pour le développement et
le... de la municipalité, de la ville, la préservation du paysage, la
densification dans certains secteurs, bien sûr, mais également la préservation
de d'autres secteurs aussi?
Et, ces 25 000 projets dont on
parle, on n'a pas d'information non plus sur la capacité des promoteurs de les
livrer dans le cadre actuel, là, d'une inflation galopante, d'une pénurie de
main-d'oeuvre, des règles aussi, là, qui régissent la construction. Puis on
demande aussi de changer ces règles-là, là, les classes, là, d'emploi dans le
domaine de la construction. Je sais que le collègue de la ministre, responsable
du Travail, va aussi déposer une loi pour réviser, là, les corps d'emploi. Je
ne veux pas m'éloigner, mais est-ce qu'on a décidé de suspendre des règles puis
que n'importe qui pouvait faire n'importe quoi dans le domaine de la
construction...
M. Arseneau : ...en attendant
qu'on change les règles? Non. On a dit que les règles actuelles s'appliquaient
jusqu'à ce que de nouvelles règles entrent en vigueur. Là, ici, on dit :
En attendant que de nouvelles règles viennent en vigueur, on va suspendre les
règles. Moi, j'ai rarement vu... Ou jamais vu, en fait, là, dans une société de
droit, une logique telle que la réglementation actuelle, qui était jugée inopérante
ou inadéquate ou peut-être vétuste, à revoir, était suspendue le temps qu'on y
arrive.
En fait, ce qu'il faut, c'est accélérer le
processus. Accélérer le processus et lever les barrières pour la construction,
j'en suis, mais abolir toutes les barrières puis ne pas accélérer le processus
de révision qui mène à des nouvelles règles d'urbanisme, ça, j'ai un petit
problème avec ça. Et c'est là où j'ai l'impression qu'on a un diagnostic, mais
qui est très, très partiel. C'est comme si on saisissait aujourd'hui, là, non
seulement l'impact de la crise, mais qu'on se servait de la crise pour
l'instrumentaliser à des fins, disons, qui permettraient un peu de faire passer
des projets qui, autrement, n'auraient jamais vu le jour, parce qu'il y avait
effectivement une inadéquation entre le projet puis la vision des citoyens, qui
se sont donné ces règles-là dans chacune de leurs municipalités.
Puis il ne faut pas oublier non plus qu'il
y a un volet citoyen. Et je crois qu'on l'a peu abordé jusqu'à présent dans la commission,
et je trouve ça dommage. Parce que l'idée de dire qu'il y a des projets qui
sont bloqués tout simplement par le réflexe du pas dans ma cour, qu'est-ce que
ça veut dire, le pas dans ma cour? C'est l'expression de citoyens qui ont une
vision, une approche, une conception du vivre-ensemble qui fait en sorte... et
qui sont déjà installés, qui sont des payeurs de taxes puis qui vivent dans un
quartier, dans un secteur, dans une ville, quelque part au Québec, et qui
expriment leur opinion sur des projets qui vont bousculer leur quotidien, qui,
bien souvent, sont amenés par des promoteurs qui ne les ont pas nécessairement
consultés ou mis dans le coup. Et évidemment, c'est très attrayant pour les
élus municipaux de dire : Bien, regarde, il faut stimuler la construction,
il faut stimuler également... oui, la construction et le développement
économique, et cet impératif-là peut parfois nous faire perdre de vue qu'il y a
des citoyens qui peuvent se sentir, à bon droit, brimés par des projets qui
sont déposés, et là, actuellement, ne pas pouvoir s'exprimer autrement que par
une consultation dont on sait que la conclusion est déjà écrite d'avance. Ce
n'est pas comme si le fait de tenir une consultation, c'était gage qu'on va
modifier le projet, qu'on va prendre en contre... en compte, pardon, l'opinion
des citoyens. C'est comme si on s'imposait, là, une espèce de procédure où on
va informer les citoyens, mais qu'est-ce qui garantit qu'on va prendre en
compte leurs objections? Et ça, vous nous direz : bien oui, bien, il
appartient au conseil municipal, aux élus, ils représentent leur population, et
tout ça. Ils représentent leur population, mais sous pression. Sous la
pression, oui, de la crise du logement, c'est une pression économique, c'est
une pression des promoteurs également.
Et il n'est pas dit à l'heure actuelle
qu'il n'y a pas un déséquilibre dans l'opinion et dans le point de vue des uns
et des autres. Et de négliger de cette façon-ci le point de vue des citoyens,
des résidents, des contribuables de nos villes et de nos municipalités au
Québec en disant que ce sont des gens qui sont... contrairement à ce qu'on
disait, là, des élus municipaux, qui sont exemplaires et de bonne foi et qui
vont toujours prendre les meilleures décisions dans l'intérêt des citoyens,
bien, à l'inverse, on décrit les citoyens comme des empêcheurs de tourner en
rond. Ce sont des gens qui, si on suit la logique, n'ont pour objectif que de
faire perdurer la crise de l'habitation et puis qu'ils ne veulent rien savoir
de projets qui pourraient être structurants, qui pourraient être intéressants
pour leur communauté. Moi, je trouve que le raisonnement est plutôt court, M.
le Président.
Je ne sais pas s'il me reste encore
quelques minutes ou...
Le Président (M. Schneeberger) : Je
n'ai pas les minutes exactes, mais il vous reste encore un peu de temps.
M. Arseneau : Il me reste
encore un peu de temps. Si vous voulez m'avertir, me signifier quand il me
restera...
Le Président (M. Schneeberger) : Inquiétez-vous
pas, je vais vous arrêter, vous pouvez être sûr.
M. Arseneau : Bien, je
voudrais que vous m'arrêtiez juste avant que je manque de temps, si vous le
voulez bien, là, parce que je veux bien m'assurer qu'on puisse faire le tour de
la question.
Et, encore une fois, la question, j'y
reviens, c'est sûr, le fait que, bon, il y a beaucoup de projets...
M. Arseneau : ...qui sont
bloqués par la réglementation actuelle, et qu'on ne sait pas quelle est la
nature des obstacles qui se posent devant ces projets-là, à savoir s'ils sont
strictement bloqués parce que la réglementation est désuète ou parce qu'ils
n'ont pas... bien, «réglementation est désuète», oui, mais est-ce que la... en
fait, la question qui se pose, c'est : est-ce que la réglementation correspond
toujours à un consensus dans nos communautés? Alors, si la réglementation peut
évoluer, j'en suis, mais, pour avoir participé à des discussions sur justement
les règles du vivre-ensemble dans une situation municipale ou même de MRC, ces
arbitrages-là sont extrêmement complexes. Et, si, aujourd'hui, on a un cadre,
bien, c'est... un cadre juridique, c'est parce qu'on en a débattu longuement.
• (12 h 50) •
Et aujourd'hui, ce qui m'irrite le plus
profondément comme législateur, c'est de dire qu'on n'en débatte pas
suffisamment ou en profondeur, qu'on n'ait pas l'analyse complète de la
situation, puis qu'on ne puisse pas poser un diagnostic sur la base de données
probantes et de dire... et logiquement faire le cheminement, avec la ministre
et son équipe, et de dire, évidemment : voici l'état de situation, voici
les problèmes qu'on a identifiés, voici comment on les a caractérisés, comment
on les a analysés, et voici les solutions logiques qui s'imposent, et c'est la
raison pour laquelle nous amenons ici une réglementation qui est nouvelle. Là,
il y a comme une espèce de solution fourre-tout qui dit : bien, pour le
nombre d'étages, bien, on n'aura plus à compter, pour le revêtement, ce n'est
pas important, les cases de stationnement, on s'en balance. Mais quoi d'autre
encore? Quels sont les autres aspects de la réglementation qui seront carrément
bafoués simplement parce qu'on a pour objectif de couper des rubans puis de
faire monter des projets?
Ce qu'on va créer, et ça, je le crains,
dans certains cas, c'est des projets immobiliers qui vont... avec lesquels on
sera pris pour des années et des années, des décennies et des décennies, avec
ce que ça comporte sur le plan évidemment esthétique, visuel, mais sur le plan
du... Je dirais aussi du vivre-ensemble, et avec les reculs que ça implique
quant aux règles qu'on s'était données pour, je dirais, progresser de façon à
pouvoir avoir un aménagement qui soit certes fonctionnel et agréable pour les
gens, mais qui puisse aussi procéder d'une certaine logique dans la mobilité,
par exemple, dans la passation des services de proximité, dans la vision et
l'approche d'aménagement d'un territoire et d'urbanisation, qui nous permette
d'aller de façon cohérente vers un objectif commun qu'on s'est donné, des
villes plus vertes, par exemple.
Et moi, je ne suis pas certain, à l'heure
actuelle, que dans la hâte puis dans... sous cette pression-là, en disant que
c'est la crise et que tous les projets, finalement, bons, moins bons ou
carrément mauvais, doivent être adoptés, parce qu'il y a cette espèce de raison
d'État, là, de construire pour construire, ça, pour moi, ça m'inquiète. Et je
pense qu'il y a des opinions, à l'heure actuelle, qu'on n'a pas entendus et
qui... des voix qui devraient être justement entendues publiquement, non pas
seulement, là, dans des chroniques ou dans des lettres publiées, des lettres
ouvertes publiées dans les journaux, mais dans un processus formel où on puisse
faire la part des choses. Et je pense que c'est notre objectif, c'est notre
fonction, c'est notre responsabilité de législateurs de le faire.
Alors, je terminerai en mentionnant que,
si j'appuie la proposition d'amendement de ma collègue de Mille-Îles, c'est
dans un objectif de limiter les dommages. Cinq ans, c'est long, et surtout, lorsque
l'on va voir la façon dont on peut exploiter au maximum... et je ne veux pas
prêter de mauvaises intentions aux élus, mais je peux imaginer que certains
promoteurs puissent découvrir qu'il y a là quelque chose comme une voie rapide
pour faire un peu du n'importe quoi. Et, plus on va avancer dans le temps, une
année, deux années, plus on va voir qu'il y a comme des choses qui... qu'on ne
pensait pas possibles, qui peuvent maintenant le devenir et qui peuvent être
extrêmement dommageables pour nos municipalités, pour nos villes et pour ceux
et celles qui les habitent. Alors, là-dessus, M. le Président, j'ai complété
ma... Mon point de vue pour soutenir l'amendement de ma collègue de Mille-Îles.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Merci
beaucoup. Alors, nous allons... ça va comme ça. D'autres... Député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Tout d'abord, j'aimerais compléter une affirmation de notre collègue
de Mille-Îles, là, qui nous disait tantôt que personne n'a eu l'opportunité de
s'exprimer publiquement sur cette modification quand même majeure de notre
cadre législatif, là, qui dirige en quelque sorte le développement immobilier
domiciliaire à travers tout le Québec, là. En fait, oui, presque personne. Mais
il y a eu une seule instance qui s'est prononcée, par voie de communiqué de
presse, c'est l'Ordre des d'urbanistes, par voie de communiqué de presse, là,
donc très... de par sa nature même, de façon très succincte. Et les autres,
bien, c'est... des autres, tout ce qu'on sait, c'est que, semble-t-il, les
municipalités, on ne sait pas laquelle, ont appelé Mme la ministre de
l'Habitation pour lui dire qu'elles étaient d'accord. Moi, j'aimerais... et je
pense que je ne suis pas le seul, l'ensemble des parlementaires, ici, en
commission, on aimerait pouvoir les voir, les entendre directement, leur poser
des questions et voir avec eux, là, si c'est la meilleure façon d'orienter et
d'accélérer le développement domiciliaire du Québec.
Je reviens sur la notion de...
l'amendement de la collègue des Mille-Îles, donc de limiter cette... comment
dire, cette dérogation généralisée au schéma d'urbanisme des différentes
municipalités de cinq ans à trois ans, là. Encore une fois, c'est un changement
majeur, là, qui peut produire des effets délétères dans les communautés
locales.
La ministre dit vouloir combattre le
phénomène de pas dans ma cour, là. Et, comment dire, j'abonde dans le sens du
collègue député des Îles-de-la-Madeleine, là, les pas dans ma cour, il ne faut
pas oublier non plus que c'est des citoyens, des citoyennes qui se mobilisent
de façon démocratique pour exprimer leur voix. Et, des fois, ils portent des
motifs, des raisons ou des critiques, là, qui sont tout à fait valables, et il
est important d'écouter ces gens-là. Je pense que nous, en tant... ici, autour
de la table, là, l'ensemble des parlementaires, on est bien conscients que les
citoyens se mobilisent, et chaque fois que ça arrive, bien, on est à l'écoute
de ce qu'ils ont à nous dire, parce que c'est important de les écouter, parce
que c'est nos commettants, au final, là.
Donc, la ministre nous dit qu'il faut
combattre le phénomène des pas dans ma cour, là, comme si, en quelque sorte, on
était, comment dire, dans un conflit avec... un conflit musclé, dirais-je même,
là, avec des citoyens qui ne font qu'exercer leur devoir, leur prérogative
démocratique. Donc, j'aimerais un peu, comment dire, dégonfler ou baisser le
ton, là, par rapport à ces mobilisations citoyennes qu'on décrit souvent comme
des phénomènes de pas dans ma cour, là, mais rappelons-nous que c'est des
personnes qui ne font qu'exercer leur prérogative, leur devoir citoyen.
Ceci étant dit, là, bien, l'ampleur de cet
amendement-là est tellement importante, là, que la ministre aurait pu
parfaitement considérer la possibilité d'inscrire dans son amendement un trois
ans. Et, à la limite, je lui dis, je lui suggère ça comme ça, ce serait
peut-être à étudier, c'est donner la capacité de renouveler pour un deux ans
supplémentaire, par voie réglementaire, par exemple, afin de ne pas être
obligés de passer par un nouveau projet de loi, et renouveler, par voie
réglementaire, cette disposition-là pour se permettre, après trois ans, là, de
voir ce qui a été fait, est-ce que ça a produit, effectivement, les effets
escomptés, est-ce qu'on a produit des nouveaux logements, des nouveaux projets
d'habitation, et quelle est la qualité de ces projets-là, quel est l'état de...
Les oppositions ou les comportements des différentes municipalités par rapport
à ces nouveaux pouvoirs, et constater que peut-être on est allés trop loin et
que c'est le temps de mettre un frein et de ne pas renouveler et ne pas aller
jusqu'à...
M. Fontecilla : ...5 ans,
justement, pour lui donner la capacité de moduler l'application de cette
règle-là. Parce que tout ce qui va être fait, à partir de la sanction de cette
loi-là, avec l'article 37.2, jusque dans 5 ans, ça a été dit
amplement dit par différents collègues, là, mais on va en vivre... on va vivre
les conséquences pendant plusieurs décennies, là. Et on sait qu'après 35,
40 ans, là, un édifice, là, un bâtiment, là, bon, bien, on doit considérer
à soit le rénover ou soit le démolir, mais 40 ans, c'est très... Et, si on
décide de le renouveler... de le rénover, bien, on a pour 80 ans. Donc, on
va vivre avec les conséquences pendant très longtemps, les conséquences qui
peuvent être négatives, là. Je ne dis pas que ça va être nécessairement
négatif, mais la ministre devrait se donner l'opportunité, donner l'opportunité
à son ministère d'évaluer cette mesure-là après trois ans, quitte à se...
encore une fois, à se donner, par voie réglementaire, l'habilitation, là, pour
renouveler pour un autre deux ans, là, le temps que le plan d'aménagement... au
schéma d'aménagement, là, soit adopté par les différentes municipalités. Mais
ici...
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Laurier-Dorion, compte tenu de l'heure, on... nous allons
suspendre pour la pause midi. Nous reprenons à 14 h.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 38)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. Nous reprenons les travaux. Alors, suite aux discussions...
et c'est pour ça que la commission a tardé à réouvrir cet après-midi, il y a eu
des discussions, alors, Mme la députée de Mille-Îles, suite aux discussions, je
pense que vous souhaitez retirer le sous-amendement déposé en avant-midi.
Alors, j'ai besoin du consentement de la table.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Et là vous allez redéposer à nouveau un nouvel sous-amendement. Alors, on vous
écoute.
Mme Dufour : Alors, M. le
Président, dans l'article 37.2, c'est toujours un sous-amendement, donc,
remplacer, dans le premier alinéa, «cinq ans» par «trois ans» partout où cela
se trouve. Ajouter, à la fin...
Mme Dufour : ...l'alinéa
suivant: «La ministre responsable de l'Habitation peut prolonger le terme prévu
au premier alinéa pour une période n'excédant pas deux ans.»
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup.
Mme Dufour : Donc, là, ça
ouvre le débat.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, parfait. Est-ce qu'il y a des discussions suite au dépôt du
sous-amendement? Micro. Voilà.
Mme Dufour : Parfait. Je peux
peut-être juste expliquer. Dans le fond, tout à l'heure, j'avais déposé un
amendement pour réduire le terme à trois ans, le terme s'appliquerait, puis,
lors des échanges avec le député de Laurier-Dorion, il a été suggéré de...
de... de leur... de donner une... une possibilité de le prolonger, pour
finalement arriver aux cinq ans qui sont visés par la ministre, mais que ce ne
soit pas automatique, et... et... et la ministre a accepté, a offert, là, dans
le fond, de... de... c'est ça, d'aller de... de l'avant avec cette
proposition-là, donc c'est pour ça que j'ai retiré et redéposé un nouveau
sous-amendement.
• (14 h 40) •
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Dufour : Donc, ça, ça
ouvre...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
c'est bien correct comme ça. Alors, tout le monde semble satisfait. Alors, à ce
moment-là, nous allons mettre aux voix le sous-amendement.
Mme Dufour : Attendez,
monsieur...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. J'avais
quand même des points que je n'avais pas pu exprimer tout à l'heure, et je
voudrais juste pouvoir les dire, parce qu'un coup qu'on va avoir voté, moi, il
ne me restera plus de temps après ça pour parler.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
Parfait.
Mme Dufour : Donc, j'aimerais
quand même pouvoir le dire, parce que c'était le temps de... du sous-amendement
précédent, puis ça, il m'en restait.
Je voudrais juste mentionner... Le
collègue de... de... des Îles-de-la-Madeleine a mentionné ce matin que c'est un
arbitrage complexe, mettre en place des... des règlements de... de zonage.
Faire un plan d'urbanisme, ça prend du temps, et... et je... je l'ai vécu, là,
à... à... à... je l'ai fait pour la ville de Laval, ça a pris trois à quatre
ans, toutes les études qui ont été nécessaires. C'est sûr que c'était une
refonte complète des règlements d'urbanisme, mais il y a eu énormément d'études
afin de déterminer c'était quoi, les meilleures densités, les meilleures
hauteurs, selon les secteurs, le type de... de... de volumétrie existante puis
jusqu'où on pouvait aller pour... sans enfreindre, dans le fond, le droit à
avoir du soleil, à avoir... ne pas vivre des vents non... à n'en plus finir,
parce que, des fois, certaines tours créent du vent, etc. Donc, tout ça a... a
nécessité beaucoup, beaucoup, beaucoup d'études pour en arriver là. Alors,
c'est certain, puis je dois le dire, que de... de ne plus avoir ce contrôle-là,
de permettre qu'on passe par-dessus ces contrôles-là, c'est quand même
inquiétant.
Et... et je voudrais souligner que j'ai
fait une tournée des promoteurs du... de... d'un certain secteur pour aller
capter, un peu comme la députée de Labelle l'a fait, mais... plus petite
échelle, aller capter c'était quoi, les enjeux principaux, puis il y a... c'est
vrai qu'il y a des enjeux avec les villes, puis je l'ai vécu, comme conseillère
municipale, où j'ai vu que ce n'est pas toujours facile. Mais ce qu'on m'a le
plus mentionné cet été lorsque j'ai rencontré les... les... les promoteurs,
c'est... c'est que ce n'est pas ça actuellement qui retarde la majorité des
projets. Même, d'ailleurs, j'ai rencontré des promoteurs qui me disaient: Mon
projet, je l'ai, l'autorisation, puis j'en ai rencontré plusieurs, là, qui
m'ont dit ça. Ils ont les autorisations, mais ils ne vont pas de l'avant.
Pourquoi? Parce que le marché, actuellement, fait en sorte que c'est... c'est
trop d'argent investi sans avoir l'assurance qu'ils vont vendre leurs unités ou
les louer, mais c'est aussi parce que l'équité qui est demandée par les
banques, avec les taux d'intérêt actuels, fait en sorte que c'est trop d'argent
qui est mis dans les projets, que, s'ils le mettent dans un projet, bien, c'est
un autre projet qui ne pourra pas se faire, ils sont obligés de faire des
choix. Et c'est vraiment... Ça a doublé, ce n'est pas compliqué, là, ça a
doublé, l'équité, actuellement, par rapport à ce que c'était il y a... il y a
deux, trois ans, et c'est une bonne partie de ce qui explique pourquoi, il y a
deux ans, on en... on construisait 68 000 logements, puis que cette année on
n'en construira même pas 40 000. Et ce n'est pas que c'est dans la mélasse dans
les villes, ce n'est... ce n'est pas ce que les... les... les... Ce n'est pas
la majorité, du moins. Puis, vraiment, ils m'en ont parlé beaucoup, de ça.
Alors, même avec l'amendement 37.2, là, il y a quand même beaucoup de projets
qui ne sortiront pas de terre, parce que les promoteurs, ils ne peuvent...
juste financièrement, ça n'arrive... ils n'arrivent pas. Donc...
Puis peut-être une petite note, là, que je
voulais absolument corriger, parce que le... le député de Laurier-Dorion a
parlé de... de bâtiments qui duraient 40 ans. C'est beaucoup plus long que ça,
là, et je pense que, tu sais, le... le... le... Maxime Pedneaud-Jobin a parlé
de 100 ans ce matin dans son... dans sa chronique, c'est beaucoup plus près de
ça. Donc... donc, je voulais juste le... le préciser, là, parce que des...
des... des bâtiments, quand ils sont construits, quand ils sont bien
construits, ils... ils sont faits pour durer facilement 100 ans, en ayant
les... les rénovations nécessaires en cours de route, l'entretien nécessaire.
Donc... donc, c'est... c'est... c'est...
ça fait le tour de ce que je voulais mentionner. M. le Président, là, j'avais
besoin...
Mme Dufour : ...de corriger
ces faits-là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour les explications. Alors, à ce moment-là, nous allons mettre aux
voix le sous-amendement de l'article 37.2. Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, maintenant, nous en sommes au 37.2 tel qu'adopté... tel
qu'amendé, voyons, excusez-moi. Voilà. Une chance que vous suivez, hein, c'est
le fun, hein?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous en sommes à l'adoption de l'amendement qui introduit l'article 37.2.
Est-ce que 37.2 est adopté?
Mme Dufour : Vote par appel
nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Pour.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Pour.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Le Secrétaire : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
l'article est adopté. Maintenant, si je suis bien la procédure, je pense que
nous changeons de thème, le thème V, le bloc V, c'est bien ça?
Mme Duranceau : Effectivement.
Le Président (M. Schneeberger) : Bon.
Alors, si nous en sommes autant au bloc V, nous allons débuter par l'article 7.
Mme Dufour : Effectivement.
Oui. Donc, l'article 7. Alors, le Code civil est modifié par l'insertion, après
l'article 1978, de la sous-location... de la sous-location suivante :
«8.1. De la cession du bail
«1978.1. Lorsque l'avis de cession prévu à
l'article 1870 concerne un bail de logement, il doit indiquer la date de
cession prévue par le locataire.
«1978.2 Le locateur qui est avisé de
l'intention du locataire de céder le bail peut refuser d'y consentir pour un
motif autre qu'un motif sérieux visé au premier alinéa de l'article 1871. Le
bail est alors résilié à la date de cession indiquée dans l'avis transmis par
le locataire.»
Ça va? O.K. Alors... Bon, mais, écoutez,
je pense que ça, il y a déjà eu beaucoup de choses dites à ce sujet-là. Ce que
je pourrais venir peut-être préciser ici, c'est que c'est un... c'est un ajout.
Donc, déjà, on pouvait on prévoyait que deux situations où un locataire pouvait
se départir de ses obligations ou pas, là, relatives à un bail, bien...
Et, quand un locataire décidait de céder
son bail, le propriétaire pouvait accepter la cession. Il pouvait aussi refuser
la cession dans le cas où il y avait des motifs sérieux, souvent, si la
jouissance paisible des lieux allait être remise en cause ou si le nouveau
locataire, pour des raisons financières, là, n'allait pas être en mesure de
payer son loyer. Et là ce qu'on vient ajouter, c'est de permettre, par exemple,
à un propriétaire de duplex de choisir le locataire qui viendra s'installer
au-dessus de sa tête, donc. Et si, dans ce cas-là, le propriétaire décide donc
de refuser la cession de bail pour décider qui viendrait habiter en haut de sa
tête, bien, il doit par ailleurs résilier le bail, donc décharger le locataire
qui quitte de son obligation.
Alors, du point de vue du locataire qui
quitte, il est déchargé de ses obligations. C'est ce qui est souhaité par cette
mesure-là. Et, du point de vue du locateur, il pourra choisir qui va habiter
au-dessus de sa tête, dans l'immeuble qu'il détient. Alors, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour les explications. Oui, députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui, merci. Donc,
comme vous l'avez mentionné, c'est un article qui a fait beaucoup de bruit dans
les médias, et on a entendu le premier ministre suite aux chiffres qui sont
sortis sur l'itinérance, et la première raison pour cette itinérance étant
l'expulsion des logements. Donc. Le 14 septembre, le premier ministre qui dit,
à propos de cet article de la cession de bail, qu'«on n'exclut rien et que nous
sommes ouverts aux propositions». La ministre a dit la même chose le...
Mme Prass : ...excusez-moi,
qui a été ouvert à des modifications. Et là, le 30 septembre, on a un
article avec une citation de la ministre qui dit qu'elle reste inébranlable sur
la cessation de bail. Donc, on parle ici d'un droit acquis qui existe depuis
50 ans cette année, depuis 1973. Et moi, je suis curieuse à savoir quelle
est la motivation de la ministre derrière cet article, compte tenu qu'on estime
que c'est 1 % ou 2 % des baux signés chaque année qui passe par une
cessation de bail. Et on comprend également que c'est un des rares mécanismes
que les locataires ont pour justement essayer de faire en sorte que les prix
des logements n'augmentent pas de façon faramineuse.
• (14 h 50) •
Donc là, je vais vous lire justement un
des mémoires qui a été déposé dans le cadre de cette commission pour ce projet
de loi, du Regroupement des comités logement et associations des locataires du
Québec. Donc, je cite leur mémoire, en faisant référence à l'article
sept : «Cet article a été fort mal accueilli par les locataires car les
raisons mises de l'avant pour justifier le retrait de ce droit acquis ne
tiennent pas la route. Le cabinet de la ministre de l'Habitation dit vouloir
plus de latitude au locateur lors de la cessation de bail. Cette explication
est irrecevable car elle revient à encourager les pratiques discriminatoires
des locateurs et des hausses de loyer abusives en permettant ces pratiques lors
de la cession de bail. Or, les locateurs ne possèdent pas de droit à la
discrimination et aux hausses abusives. Le gouvernement devrait encourager la
lutte contre la discrimination et faciliter la cessation de bail plutôt que de
mettre fin à cette pratique honorable. La cessation de bail n'est pas un mécanisme
très populaire. Une infime minorité que nous estimons à 1 % ou 2 %
des baux signés chaque année passe par une cessation de bail. Ainsi, en 2022,
le tribunal administratif du logement a rendu seulement 16 jugements
relatifs à une demande d'autorisation d'une cessation de bail, un nombre qui
pourrait être à la baisse cette année. Il n'en demeure pas moins que les
locataires du Québec peuvent y avoir recours pour empêcher les propriétaires
d'imposer des hausses abusives en changement de locataire et pour contourner la
discrimination omniprésente dans l'accès au logement, surtout en période de
pénurie de logements. Ce qui est au centre de la cessation de bail, c'est la
discrimination que subissent les locataires à la recherche d'un logement. Donc,
il y a deux types de discrimination à l'oeuvre, une discrimination statistique
et une discrimination fondée sur l'intention malveillante qui implique des
préjugés personnels. Un contexte de pénurie de logements encourage la
discrimination, très souvent de nature économique, et permet au propriétaire
bailleur d'être sélectif et accélérer... d'accélérer les pratiques
discriminatoires comme l'augmentation des loyers.»
Et justement, dans la dernière année, on a
vu une augmentation de 14 % des loyers sur l'île de Montréal, et on se
comprend que les salaires n'ont pas augmenté de 14 % dans la dernière
année, donc difficile de voir comment on veut enlever un des rares outils
contre les abus, que les locataires ont... auxquels ils ont droit. Surtout que
c'est utilisé très peu, comme on a dit, 1 % ou 2 % des baux qui sont
signés à chaque année, donc pourquoi vouloir s'attaquer à un outil que les
locataires ont pour justement essayer de contrer des hausses fulgurantes des
loyers? Donc, je voudrais savoir quelle est la motivation de la ministre avec
cet article.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci.
Je le répète, là, on n'a rien enlevé au locataire. Le Locataire qui souhaite
quitter des lieux va être en mesure de le faire, puis il y a une option
additionnelle. Il y a une option additionnelle : dans un cas où le
propriétaire n'est pas d'accord avec la cession de bail, bien, il va résilier
le bail. Donc, le locataire qui veut quitter un logement a une option de plus.
Donc, on n'enlève rien au locataire.
Ce qu'on vient faire, c'est qu'on a un
paquet de petits propriétaires, au Québec, là, qui ont des triplex, des duplex,
puis qui veulent... Tu sais, je pense que c'est très raisonnable que quelqu'un
qui a un duplex veuille choisir qui va habiter au-dessus de sa tête, puis ne
veuille pas qu'un locataire qui quitte vende son bail à quelqu'un d'autre ou
cède son bail sans avoir un mot à dire, sans pouvoir dire : Aïe, qui va
habiter au-dessus de ma tête? Alors, c'est ça qu'on vient corriger. Je ne suis
pas en train de m'attaquer et de vouloir nuire à qui que ce soit, je viens
juste...
Mme Duranceau : ...corriger
une anomalie qui existait dans la loi. Alors, on vient corriger cet élément-là
et on n'enlève rien au locataire. Puis je le répète depuis plusieurs mois, le
gros enjeu, en ce moment, c'est le manque d'offres de logement. Si on avait une
offre qui est suffisante, bien, ce que vous décrivez comme potentielle
sauvegarde, là, de redonner au suivant, mais ce ne serait pas... ce ne serait
pas soulevé parce qu'on aurait une offre suffisante. Par ailleurs, bien, on va
discuter de d'autres amendements qui sont déposés dans le projet de loi en lien
avec la conformité relative à la clause G, puis d'indiquer quel est le loyer le
plus bas payé dans l'année précédente... quel était le loyer payé dans l'année
précédente.
Alors, je pense que l'ensemble des
mesures, dans le thème V, qui sont proposées viennent circonscrire la
situation, là, puis adresser la problématique que vous soulevez.
Mme Prass : ...on se comprend
que les duplex ne représentent pas la majorité des baux, c'est surtout les
appartements et également que c'est pour des périodes écourtées. Quand on fait
une cessation de bail, c'est pour une période de temps qui reste dans le bail
d'une année. Donc, ce n'est pas qu'on est pris avec cette personne... qu'on est
pris avec ce locataire à long terme. Et ce n'est pas parce qu'on ne fait pas
confiance à la personne qui a signé le bail original, que la personne, à
laquelle ils vont faire le transfert, ne sera pas respectueuse des lieux de la
même façon.
Donc, c'est un petit peu de la
discrimination, ce que je trouve votre explication, dans le sens que, bien, il
y a certaines personnes qu'on veut qui habitent au-dessus de nous puis
certaines personnes qu'on ne veut pas qui habitent au-dessus de nous, mais on
ne fait pas la distinction à savoir lequel ce serait. Également, là, on parle
de motif sérieux, tandis qu'auparavant il y avait quand même un recours pour
aller devant le Tribunal administratif du logement. Et là tout ce que ça prend,
un motif sérieux, et on ne sait pas ce que c'est, comment ça va être défini, ce
terme de «motif sérieux».
Je voudrais vous lire un autre passage
d'un mémoire qui a été déposé dans cette commission, sur ce projet de loi, de
l'Association des juristes progressistes, et je cite : «Le droit de céder
un bail n'est pas sans limites et fait l'objet d'une abondante couverture sur
le tribunal au fil du temps. Actuellement, l'article 1871 du Code... du Québec
prévoit que le locataire peut refuser une cessation de bail pour des motifs
sérieux. Les propriétaires sont autorisés à procéder à une enquête sur la
solvabilité de locataires et de faire toutes vérifications nécessaires.
«L'accès aux antécédents des cessionnaires
est devenu facile, rapide et peut se faire via des plateformes en ligne ou même
par des agences créées à cet effet. Ces mesures sont suffisantes afin de
laisser la latitude au locateur de sélectionner un locataire qui serait capable
d'assumer toutes les obligations découlant du bail de logement. Les raisons qui
amènent un locataire à refuser la cession doivent être objectives,
raisonnables, réelles et sérieuses, et l'utilisation du terme «sérieux» par le
législateur laisse clairement transpirer l'intention de ce dernier de
restreindre la marge de manœuvre du locataire. La proposition vient ici
essentiellement anéantir le droit à la cessation de bail et dénué de tout sens
les mécanismes de la cessation de bail.
«Nous croyons par ailleurs que la
proposition faite n'est pas appuyée d'une analyse approfondie du mécanisme et
des données disponibles à cet effet. Encore une fois, le rapport de gestion
2021-2022 du Tribunal administratif du logement est silencieux sur le nombre de
demandes introduites par les locataires afin de statuer sur la cession de bail.
Plus encore, ces restrictions au droit à la cessation de bail sont contraires à
des années de décisions établies en la matière et risquent de déstabiliser un
courant jurisprudentiel bien établi, consolidé et unanime.»
«L'adoption de cet article — excusez-moi — les
titulaires des baux...» Oui, un instant. Donc : «Suivant l'adoption de cet
article, les titulaires de baux commerciaux bénéficieront de plus de droits en
matière de cessation de bail que les titulaires de baux de logement, les
locataires. Il nous semble évident qu'il s'agit d'une anomalie et d'une erreur
juridique qui favorise ainsi les entreprises au détriment des locataires. Il
faut tout de même ajouter qu'il est connu et reconnu que la cessation de bail
est devenue, avec le temps, un mécanisme de lutte contre la spéculation
immobilière et les effets pernicieux de la crise du logement. La cessation de
bail est un moyen pour les personnes issues de groupes marginalisés de céder
leur bail à des membres de leur propre communauté...
Mme Prass : ...des personnes
qui autrement seraient victimes de discrimination lorsqu'elles cherchent un
logement sur le marché de l'immobilier.»
Et je voudrais mentionner aujourd'hui la
question, durant la période de questions, de notre collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, que j'ai trouvée vraiment poignante dans le sens
qu'une personne... voici une personne qui a vécu cette expérience-là et qui
vient vous témoigner que, si ce n'était pas pour ce mécanisme, il y aurait la
possibilité qu'elle se serait trouvée dans la rue. Donc, je trouve difficile,
encore une fois, avec le fait que là, les locataires commerciaux auront
toujours droit... auront toujours accès à ce... mécanique, mais... Et que ça...
Encore une fois, ça représente un très petit nombre de bails au cours... de
bails signés au cours de l'année, donc j'ai quand même de la difficulté à
comprendre, à part le fait que quelqu'un ne veut pas qu'une personne en
particulier habite en haut dans un duplex, que je trouve honnêtement un petit
peu raide comme réponse, je ne vois pas en quoi ça va avoir un effet vraiment
sur la crise du logement quand justement c'est une façon pour des gens qui se
sentent marginalisés et discriminés d'avoir une autre option, un outil qui est
à leur disposition justement pour faire face à la crise du logement et de
l'augmentation des loyers.
• (15 heures) •
Mme Jeannotte : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
Mme Jeannotte : Est-ce que je
pourrais juste rebondir, rapidement, rapidement?
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
vous avez... Bien, ça va dépendre. Est-ce que...
Mme Jeannotte : Si c'est
correct?
Le Président (M. Schneeberger) : Je
veux juste savoir si la députée de D'Arcy-McGee avait fini.
Mme Prass : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Alors, à ce moment-là, oui, vous avez le droit.
Mme Jeannotte : Parce que,
juste à votre argument de dire...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Labelle... O.K., vas-y.
Mme Jeannotte : Merci
beaucoup, M. le Président. Juste votre argument de dire qu'on peut juste... Ça
donne juste le choix au propriétaire de choisir, j'aimerais juste amener un
autre élément pour votre gouverne. Parce que j'ai eu la chance de rencontrer et
des propriétaires et des locataires. C'est toujours un contrat, hein, un bail,
justement, ça le dit. Puis, en règle générale, il y a une bonne entente entre
le propriétaire et le locataire. Mais ce qu'on oublie souvent, c'est que
lorsqu'il y a une sous-location, le sous-locateur n'a pas la conversation avec
le propriétaire sur des règlements comme par exemple les animaux, le
stationnement, les interdictions de fumer, et ça crée un impact sur les autres
locataires, qui, eux, sont en colère. Parce que cette sous-location-là, le
sous-locataire, lui, il n'était pas au courant du contrat initial qu'il y avait
eu. Donc, vous comprenez pourquoi que là, on appelle ça un... c'est là où le
droit du propriétaire prend tout son sens, qu'il a le droit d'avoir un contrat
avec celui qui signe. Me suivez-vous? Est-ce que je suis claire?
Mme Prass : Oui, je vous suis
tout à fait. Sauf que, quand la personne signe le bail, la cessation de bail,
la deuxième personne qui arrive, quand il signe le bail, donc, il est obligé de
suivre justement tout ce qui est... Bien...
Mme Jeannotte : C'est ça. Ce
n'est pas lui, le propriétaire. Ce que je vous explique...
Mme Prass : Non, mais... Non,
non. Mais, quand on signe un bail, ce n'est pas question de propriétaire, quand
on signe un bail, on s'engage à que ça soit ne pas fumer, pas d'animaux, etc.
Donc, quand la deuxième personne arrive puis qu'ils font la cessation de bail,
eux, ils doivent également... Oui. Non. Ils doivent également suivre les règles
dans le bail. Ce n'est pas qu'on donne de l'argent à quelqu'un et ensuite il
n'y a plus de contrat qui nous... auquel on est soumis.
Mme Jeannotte : Moi, j'ai eu
la chance d'écouter de part et d'autre, et c'est ce qu'on m'a dit du côté des
propriétaires. Et le sous-locateur n'a pas la même relation, lui, avec le
propriétaire. L'Entente initiale, elle n'est pas suivie. C'est juste un argument
plus que je vous voulais vous amener parce que je l'ai entendu. C'est juste ça.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Labelle puis députée de D'Arcy-McGee, s'il vous plaît, juste ne pas vous
interpeler à chaque fois, parce que là, ça devient dur à suivre.
Mme Jeannotte : C'est bon.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
un à la fois, s'il vous plaît, sinon j'interviens. Alors, c'est pour vous.
Mme Jeannotte : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, je pense, Mme la ministre, vous voulez intervenir.
Mme Duranceau : Encore là, le
propriétaire du duplex, c'est à lui de choisir puis d'avoir la discussion avec
le prochain locataire. Ce n'est pas au locataire qui quitte et qui souhaite se départir
de ses obligations en vertu du bail de décider ce qui va se passer pour les
cinq, 10, 15, 20 prochaines années en haut du duplex. Il s'en va, lui, ça
ne le regarde plus. Celui qui a le droit de choisir ce qui se passe dans son
duplex ou dans son triplex, c'est le propriétaire du duplex ou du triplex.
C'est juste ça qu'on dit. Le locataire qui veut quitter, il quitte, il se
départit de ses obligations, ça fait partie du passé, puis lui, il passe à
d'autres choses. Mais la personne qui a tout mis son argent de côté pour
investir pour sa retraite dans son duplex ou dans son triplex, je pense que
c'est raisonnable de dire que c'est cette personne-là qui a le droit de choisir
ce qui va se passer en haut de sa tête. Et actuellement, on voit...
15 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...plein de
cas où il y a des histoires d'horreur. Les locataires quittent, ils vendent
leur bail, ils font de l'argent sur le dos du propriétaire qui... Bien, vous
pouvez en douter, là, mais on les a vues, ces histoires-là. Donc, ça n'a pas
lieu. Il y a des injustices de tous les côtés, là, il faut avoir un équilibre.
Et puis cette mesure-là, elle vient rétablir l'équilibre dans ces situations-là
bien précises. Et puis je tiens... Là, personnellement, je ne fais pas reposer
le règlement de la crise du logement sur cette mesure-là, je viens simplement,
dans ce projet de loi ci, corriger une anomalie. Ce n'est pas ça qui va régler
la crise du logement. Il faudrait arrêter de faire reposer la crise du logement
sur les cessions de bail puis sur les propriétaires de duplex puis de triplex
qui souhaitent décider ce qui va se passer en haut de leur tête. C'est juste ça
que je dis, ou que je m'évertue à dire, ou que j'essaie de dire depuis
plusieurs semaines et mois, mais le discours s'en va dans d'autres sens, là.
Ceci dit, je pense que ça, c'est clair.
Puis il n'y a personne qui peut m'accuser de ne pas être raisonnable dans ce
raisonnement-là.
Mme Prass : Vous parlez de
plein de cas où il y a eu des... disons. Est-ce que vous avez des chiffres à
cet effet-là? Parce que quand on dit que ça représente... les cessations de
bail représentent un 2% des baux, vous parlez aussi de gens qui se font de l'argent
sur le dos des propriétaires. Avez-vous des chiffres à cet égard-là?
Mme Duranceau : Bien, je suis
bien certaine qu'ils ne déclarent pas ça dans leur déclaration d'impôt. Alors,
non, je n'ai pas des chiffres. On a des statistiques au même titre que des
statistiques à plein d'égards en matière de logement. Bien, ce qu'on nous dit
du côté des propriétaires, c'est que c'était une mesure qui était peu utilisée
par le passé, mais que, depuis deux ans, mais c'est très fréquent, très
fréquent, jusqu'à 50 % des renouvellements de baux, dans le cas de
certains propriétaires à qui j'ai parlé, où il y a des histoires de cession de
bail.
Alors, ce n'est pas ça l'outil, ce n'était
pas ça. Un locataire veut se départir de ses obligations. Il y a des conditions
dans lesquelles ils peuvent le faire. On vient de lui en donner une nouvelle option :
Tu peux quitter, tu auras... Ta cession est refusée, mais tes obligations
sont... ton bail est résilié. Alors, qu'est-ce que tu veux de plus, là? C'est...
Mme Prass : Et là vous dites
que... Bien, parce qu'aussi, je suis curieuse, vous continuez de parler de
duplex et de triplex et, encore une fois, il y a plein d'appartements.
Mme Duranceau : ...la
majorité des logements locatifs au Québec, là.
Mme Prass : Bien, il y a des
appartements aussi, je pense que...
Mme Duranceau : Ça fait
partie des appartements, là, autres, duplex, c'est un appartement.
Mme Prass : Oui, mais des
appartements dans un immeuble, quand vous dites, on ne veut pas... on veut
savoir qui va habiter en haut de nous, mais quand on habite dans un immeuble où
il y a 50 ou 100 logements, ce n'est pas la même réalité, je veux dire, chacun
a le droit de se retrouver un logement. Puis, si ça a augmenté dans les deux,
trois dernières années, c'est parce que, justement, c'est un outil pour contrer
les prix de logement qui n'arrêtent d'augmenter. Donc, si c'est utilisé
davantage, c'est parce que la situation fait en sorte que, justement, c'est un
des rares outils où les personnes peuvent trouver des loyers à prix raisonnable
qui n'augmentent pas tout le temps.
Donc, je trouve que... bien, je trouve que
votre argument ne tient pas debout dans le sens que, si ça a augmenté, c'est
parce que c'est un outil qui est efficace et nécessaire, donc, et là vous
voulez justement le soustraire à un certain point, donc.
Mme Duranceau : Ce n'est pas
le bon outil, ce n'est pas l'outil pour exercer un contrôle de loyer. Pour le
contrôle des loyers, on a le Tribunal administratif du logement, on a la
clause G. On va discuter de pénalités pour une clause G qui n'est pas
respectée. C'est ça, pour faire... pour contrôler les loyers. La cession de
bail, c'est un outil, quand un locataire veut quitter et se départir de ses
obligations, il y a trois options qui s'offrent à lui. Alors, ce n'est pas un
outil de contrôle des loyers, cette histoire-là. Je comprends que les
locataires l'utilisent pour ça, mais ce n'est pas ça, le bon outil.
Mme Prass : Mais là vous
mentionnez, excusez-moi, j'ai perdu mon fil, vous mentionnez... Oui. Donc,
encore une fois, vous parlez des locataires, vous parlez des propriétaires. On
entend très rarement, de ce côté de la table, qu'on parle des droits des
locataires, seulement des propriétaires. Parce que, dans votre argument, c'est
les locateurs... c'est les propriétaires qui ne veulent pas se mettre dans une
situation où peut-être il y aurait des dégâts parce qu'on ne connaît pas la
personne qui a repris le logement. Mais, encore une fois, vous ne parlez pas
des locataires qui, eux, ont de la difficulté à trouver des logements à prix
abordable et qui font en sorte que...
Mme Prass : ...si vous voulez
l'admettre ou non, on le dit. Puis je peux vous lire une douzaine de citations,
de mémoires qui ont été déposés, qui disent que, justement c'est un outil pour
contrer les abus d'augmentation de loyer. Donc, je trouve que vous représentez
un certain point de vue et vous n'êtes... vous ne faites pas la part des choses
pour regarder les deux côtés de la médaille. Vous vous êtes vraiment focussée
sur les propriétaires et leurs droits et ce qui les importe plutôt que, encore
une fois, ceux qui sont dans le cœur d'une crise du logement, donc les gens qui
sont vulnérables et qui ont de la difficulté à trouver des logements à prix
raisonnables.
Mme Duranceau : Écoutez,
c'est une mesure, les mesures d'éviction, c'est... Vous n'étiez peut-être pas à
l'écoute, là, quand on a parlé des mesures d'éviction en début de... d'étude
détaillée, mais les mesures d'éviction, ça visait à aider les locataires. Et
là, cette mesure-ci, c'est un juste équilibre entre les deux, parce que les
locataires ont une option de plus quand ils souhaitent se départir de leur
obligation, la cession de bail. Il ne faut pas l'oublier, c'est un outil pour
se départir d'une obligation en vertu d'un bail. Ce n'est pas un outil de
contrôle de loyer. Alors, le locataire qui veut se départir de son obligation
en vertu du bail a une nouvelle option. Si le propriétaire refuse, eh bien, il
peut résilier le bail, et le locataire s'en trouve donc mieux parce que son
obligation est retirée.
• (15 h 10) •
Et je le répète, la cession de bail, ce
n'est pas l'outil de contrôle de loyer. On va, dans le thème cinq, aborder
d'autres éléments qui viennent justement retravailler la notion de contrôle des
loyers entre deux locataires. Et je répète, l'instance qui est là pour
contrôler les loyers, c'est le tribunal administratif du logement, ce n'est pas
la cession de bail entre deux locataires.
Mme Prass : O.K. là, je vais
lire un autre passage d'un autre mémoire qui a été déposé à la commission, qui
dit : «La cessation de bail, qui est un des seuls instruments dont
disposent collectivement les locataires pour empêcher les augmentations
abusives lors du changement de locataire, au moins dans une partie des
logements concernés. Le Code civil prévoit présentement que les propriétaires
ne peuvent refuser de consentir à une cessation sans un motif sérieux. Le
projet de loi vient affirmer que, dorénavant, ils et elles pourront le faire
pour un motif autre qu'un motif sérieux. Tout refus pourrait directement mettre
fin au bail. L'expérience démontre que c'est à l'occasion des déménagements que
les hausses de loyer sont plus marquées. Dans l'ensemble des centres urbains du
Québec, les loyers des logements de deux chambres à coucher ont en moyenne
augmenté de 13,2 % entre 2021 et 2022. Dans les... dans la grande région
de Montréal, ces augmentations ont respectivement été de... a été de
14,5 %. Pour pouvoir permettre aux locataires de défendre leurs droits sur
la base d'information facilement disponible et véridique... que le Regroupement
des locataires revendique depuis des années un registre public des loyers
résidentiels que jusqu'à présent vous avez refusé, même si Vivre en ville vous
a proposé de leur... de partager le sien, qu'ils ont mis en ligne avec vous, et
cette demande pour le registre public des loyers résidentiels a récemment été
reprise par les maires et mairesses de 14 municipalités du Québec, dont
Québec, Gatineau, Laval, Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay et Rimouski.»
Donc, pour vous, ce n'est pas un outil.
Clairement, pour les groupes de défense des locateurs, ça l'est. Encore une
fois, je vous demande d'avoir un esprit plus ouvert et de prendre en
considération les... Plus que... De prendre en considération la réalité des
locataires et non juste ceux des propriétaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je comprends, là, les... Mais ce sont les mêmes arguments. Alors, moi,
j'ai dit ce que j'avais à dire sur ça.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, est-ce que nous avons d'autres...
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Questions? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Tout
d'abord, M. le Président, j'aimerais, en quelque sorte, m'attarder, là, sur la
vision très idyllique et très politique, hein, présentée par la ministre, là,
en parlant du petit propriétaire qui veut choisir son locataire au-dessus de sa
tête, là. Puis elle l'a utilisée à plusieurs reprises, là, comme si c'était la
grande majorité des locateurs qui sont des petits propriétaires qui veulent
choisir la personne pour des motifs autres que sérieux. Donc ça peut être des
motifs futiles, là : au-dessus de leur tête...
M. Fontecilla : ... Je
rappelle à la ministre que 43 % du parc locatif est possédé par des
propriétaires... par des... de six logements et moins; 41 % du parc
locatif est possédé par des propriétaires ayant entre sept et
99 logements, 41 %; et 800 propriétaires ont plus de
100 logements, et ce qui correspond à 16 % du parc. Si on regroupe
les propriétaires qui ont 100 logements et plus et les propriétaires qui
ont entre sept et 99 logements, ça fait exactement 57 % du parc de
logements qui est la propriété des grands proprios, 57 %, là. On est loin
de l'image idyllique, là, que nous donne la ministre aujourd'hui, là, comme
quoi c'est le pauvre petit propriétaire qui veut choisir qui va demeurer en
haut de sa tête, là, pour la plupart du temps c'est des grands... des... des
grands propriétaires, et on pourrait même se poser la question si un
propriétaire qui a six logements et plus, là, c'est un petit propriétaire qui
veut choisir le locataire qui va vivre en... en haut de... au-dessus de...
de... de sa tête. Donc, la ministre, en... en utilisant ces images-là, elle
induit... elle induit une fausse image de ce qui est le parc, là... le parc
locatif actuel, là, qui est en grande... en grande proportion, dans sa... dans
sa majorité, possédé par des... des propriétaires qui ont entre sept et plus
de... de... de 100... de 100... 100... 100 logements, là, donc, d'une part.
Et... et... et je me demande bien qu'est-ce qui est le propriétaire et quel est
le... le... le droit... le droit sacré du propriétaire qui possède — on
va aller... on va aller à l'échelle moyenne, là — entre sept et
99 logements, qui possède 41 % du parc locatif, là, quel est son...
son droit sacré à «ne pas accepter pour un motif autre que sérieux la... la...
la cession... la cession de bail».
Ceci étant clarifié, là, c'est... c'est
important de faire... de remémorer un petit peu l'histoire, là. Le gouvernement
de la CAQ, après avoir passé quatre ans à nier la crise du logement, a... a été
réélu au mois de... d'octobre dernier, et ils ont nommé une nouvelle ministre
de l'Habitation qui avait comme mandat d'en quelque sorte régler la crise du...
du logement, parce qu'ils se sont rendu compte que finalement il y avait... il
y avait un petit problème, là, que... et il fallait... il fallait s'y attaquer.
La ministre nous a rapidement promis qu'elle allait faire une tournée de
consultation au... à partir du mois de janvier, là, pour consulter les différents
acteurs et nous arriver et... et proposer une nouvelle loi, là, qui allait...
qui allait régler, si ce n'est pas l'ensemble de la crise du logement, mais en
tout cas un certain nombre de problèmes qu'on retrouve tout particulièrement
dans le marché locatif, non pas... et je ne parle pas ici des... du déficit de
constructions, le parc... le... le... le parc locatif actuel, là, qui fait...
dans lequel on retrouve 40 % de la population québécoise, quand même, là,
et 1,4 million de... de ménages.
Ça a pris six mois. Ça a pris six mois de
consultation pour voir arriver cette... cette loi-là. Elle l'a présentée, on
connaît l'histoire, à la toute dernière journée de... de la session. Ça... On a
repris au mois de septembre dernier, ça a pris un mois avant de commencer le...
le... l'étude détaillée. Et, dans ce projet de loi, on retrouve plusieurs
mesures, là, mais dont deux, là, qui concernent... qui concernent étroitement
le... le monde du... les relations entre locateurs et locataires, donc deux
mesures: premièrement, la cession de... de bail, là, qui a été amplement
décriée par les... les... les locataires, et une autre... une autre mesure
qui... qui renverse le fardeau de la preuve, là... de la preuve concernant les
évictions.
Très bien. Ça fait longtemps... Moi-même,
depuis l'ancienne législature, j'ai réclamé à l'ancienne ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation de corriger cette... cette... cette anomalie
de... et aller vers le renversement de la preuve, là, concernant les... les évictions,
qui ont des... qui ont... des évictions qui ont des lourdes conséquences sur la
vie d'un... d'un... d'un ménage. Mais la ministre, elle nous sort une mesure
que personne n'avait réclamée jusqu'à maintenant, en tout cas publiquement,
c'est la cession de bail, là. Donc, on... on a l'impression... on a
l'impression que la ministre s'est dit: Bon. Je vais régler un problème criant — parce
que, depuis longtemps, les médias sont remplis d'articles sur ce sujet-là, sur
les... les... les rénovictions — je vais régler cette... cette...
ce... ce... ce problème-là, mais je ne peux pas m'arrêter là, je dois donner
quelque chose de l'autre bord aussi aux... aux... aux locateurs, là, puis elle
s'est rabattue sur la... la... la cession de bail, là, en faisant... sous
l'excuse qu'il faut maintenir l'équilibre. On ne parle pas des...
M. Fontecilla : ...d'équilibre
ici, monsieur. Et on ne devrait pas parler d'équilibre, on devrait parler de
justice, point à la ligne, là, de justice et de régler cette crise du logement
qui affecte tout particulièrement des locataires. Et ça fait des drames humains
horribles comme par exemple celui de faire perdre un toit à un ménage et
induire un grand nombre de personnes à l'itinérance, comme l'a démontré le
dernier dénombrement des personnes en situation d'itinérance à Montréal. Un
quart des personnes dénombrées en situation d'itinérance ont été... sont
devenues itinérantes à la suite d'une augmentation abusive des loyers ou d'une
rénoviction. C'est ça, le véritable problème, non pas la cession de débat, là.
• (15 h 20) •
Donc, la question que je poserais à la
ministre, là : pourquoi elle a fait ce troc, en quelque sorte, je donne
quelque chose au locataire et je donne quelque chose au propriétaire, au fi de
ce qu'on pourrait appeler une justice naturelle, non pas une notion
d'équilibre, mais de justice pour régler un problème criant, là, qui sont les
évictions abusives, les évictions de mauvaise foi, les évictions qui causent
tant de souffrances à tant de familles?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, là, je ne sais pas quoi rajouter de plus, là. C'est vous, M. le député
de Laurier-Dorion, là, qui êtes dans une dualité propriétaire-locataire, là.
Moi, je suis dans une logique de corriger ce qui ne fonctionne pas. Puis, pour
moi, c'était clair qu'en matière d'éviction il fallait agir, puis c'est ça
qu'on a fait. Puis on a adopté, je pense, des articles qui sont... qui vont
être très bénéfiques. Puis, ici, je pense qu'il faut agir aussi. Il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas dans la vie de tous les jours, pour un grand nombre
de personnes, puis ce n'est pas logique. Puis je vais dire, peu importe le
nombre, si vous ne voulez pas que je parle seulement des propriétaires de
duplex et de triplex, qui, selon les chiffres que moi j'ai, là, représentent
une grande majorité des propriétaires de logements locatifs au Québec, bien, ce
n'est pas logique que ces gens-là voient se passer des choses au-dessus de leur
tête ou sous leur nez puis qu'ils ne puissent pas réagir.
Alors, je le répète, la cession de bail
n'est pas un outil pour contrôler les loyers. Je comprends que ça soit décrié
puis que les gens utilisaient ça, mais ce n'est pas le bon outil. Alors, on va
venir travailler sur la manière dont on contrôle les loyers, mais ce n'est pas
à travers la cession de bail. Et je le répète, on donne une option de plus aux
locataires qui souhaitent quitter pour qu'ils puissent se départir de leur
obligation. Alors, moi, je ne suis pas dans être juste avec un, et je veux être
juste pour l'ensemble, puis qu'il y a un équilibre pour l'ensemble. Et puis cet
élément-là se devait d'être corrigé depuis plusieurs années, puis c'est ce
qu'on fait. Crise du logement ou pas crise du logement, c'est un élément qu'il
fallait corriger puis qui était déficient.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Il y a eu...
Ça a été rapporté par les mémoires d'associations de juristes progressistes, ma
collègue de D'Arcy-McGee l'a cité tantôt, il y a eu 16 cas au Tribunal
administratif du logement, là, pour contester des cessions de bail, là. Est-ce
que c'est ça qui... est-ce que c'est ça, le problème généralisé qui vous a
incitée à légiférer de cette façon-là, Mme la ministre? Est-ce que c'est à
cause de 16 cas au tribunal administratif du logement, là? J'aimerais
connaître l'étendue du problème, là.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je ne sais pas où vous avez pris votre 16, là. Moi, j'ai 160 comme
chiffre, donc, pour... Puis spécifiquement pour la cession de bail... Ah,
c'est... le total, cession de bail, est? Sous-location... En tout cas le
chiffre que j'ai, 2023-2024...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Donc, en
2022-2023, 185, puis en ce moment, 160...
M. Fontecilla : 183...
Mme Duranceau : non, mais ce
n'est pas... M. député de Laurier-Dorion, là, ce n'est pas par rapport aux
chiffres, là, Ils ne se rendent pas tous au tribunal, là, ces causes-là, c'est
par rapport à quelque chose qui ne fonctionne pas. Puis on le voit, les... ça
nous a été relaté, ma collègue députée de Labelle a fait des consultations,
c'est un outil qui, dans le contexte actuel, est utilisé tel que vous le
décrivez, puis ce n'est pas le bon outil. Je comprends qu'il est utilisé pour
ça, mais ce n'est pas le bon outil. Ce n'est pas le bon remède pour le
problème. Il faut construire plus, il faut augmenter l'offre. Ça tombe bien, on
a 1.8 milliard pour construire 8 000 logements, on va travailler
sur ça...
Mme Duranceau : ...mais là on
a la chance d'avoir un véhicule législatif pour corriger les choses qui ne
fonctionnent pas bien dans la loi. Vous m'avez fait des bonnes suggestions en
matière d'éviction, on les a fait adopter. Ici, votre suggestion,
malheureusement, elle ne tient pas compte de l'ensemble de l'oeuvre, et je
viens corriger quelque chose qui ne fonctionne pas bien, sans rien enlever au
locataire, là. On répète, la cession de bail, c'est une mesure qui a été
introduite pour quand quelqu'un voulait se départir de son obligation et ne pas
mettre, par ailleurs, le propriétaire dans le pétrin, on est venu encadrer
comment quelqu'un pouvait se départir de son obligation en vertu du bail. Et là
on vient rajouter un élément, une règle quand quelqu'un veut se départir de son
bail, un propriétaire qui ne veut pas accepter une cession peut, par ailleurs,
résilier le bail.
Donc, encore là, le locataire qui choisit
de quitter et de vouloir se prévaloir de la cession de bail, il le peut
toujours. Il y a eu beaucoup de mésinformations sur ça. Mais le locataire a une
option de plus quand il veut quitter, et là il peut se départir de son
obligation en voyant son bail résilié. On n'a rien enlevé au locataire. On
vient, par ailleurs, corriger en donnant une option du côté du propriétaire qui
désire choisir qui sera dans son logement, soit au-dessus de sa tête si c'est
un duplex, soit dans son sixplex, parce que les autres locataires, il les
connaît bien, son immeuble va bien. Il choisit qui s'en vient s'installer dans
son sixplex qu'il a payé avec ses économies puis qu'il a le droit, de manière
raisonnable, là, de gérer comme il le veut.
Alors, ce n'est pas une question de
prendre le parti de un ou de l'autre, c'est vraiment de corriger ici quelque
chose qui ne fonctionne pas bien. Puis on va se rendre éventuellement aux
mesures qui viennent corriger le contrôle... ou, en tout cas, essayer
d'encadrer un peu mieux les hausses de loyer entre deux locataires. Ça, ça va
être les bons outils.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Il y a
plusieurs éléments. On va aller... On va laisser pour un autre moment qui va
arriver, la question de pourquoi, pourquoi la cession de bail est devenue, par
la force des choses, un outil de contrôle des loyers. C'est parce que les
autres, les autres outils qui existent, mais on va se le dire, ne fonctionnent
pas. C'est la seule mesure qu'ils ont, les locataires, pour tenter tant soit un
peu, là, d'avoir un minimum de contrôle sur les loyers, mais on va y revenir
plus en profondeur.
J'aimerais... Je sais que le ministre de
l'Habitation m'a dit que ce n'est pas un problème de chiffre, mais j'aimerais
quand même revenir dans les chiffres. Elle me dit qu'il y a 160 quelques cas
qui ont été, l'année dernière, traités à la Régie du logement, donc des contestations,
je suppose. Logiquement, ça devrait être des locateurs qui ont contesté la
cession du bail faite par leur locataire. Et combien de décisions ont été
rendues dans le sens, là, de rejeter cette demande-là parce qu'elle ne
constituait pas... l'opposition à la cession n'était pas fondée sur un motif
sérieux, j'insiste sur le «sérieux».
Mme Duranceau : On me dit que
ce n'est pas de l'information qui est disponible, là. On ne fait un registre
des décisions rendues sur un sujet versus un autre, là, dans ce niveau de
détail.
M. Fontecilla : On va aller
plus précisément, là, dans l'amendement que la ministre... pas l'amendement,
l'article que la ministre a déposé, là. C'est un changement très petit, hein,
très minimal, mais qui fait en sorte de l'idée de sa substance, la notion de
cession de bail, là, qui existe 1973, qui a été modifiée, sous sa forme
actuelle, en 1993, je crois, vous allez me corriger, mais qui existe depuis
déjà 50 ans, qui fait partie intégrante du droit régissant les relations entre
les locateurs et les locataires au Québec, là, qui fonctionne très bien. Ça a
été dit, il y a une vaste jurisprudence, là, établie sur ces droits-là qui
étaient octroyés par le législateur et qui, aujourd'hui, parce qu'on ignore les
raisons, là, ce n'est pas très, très clair, là, parce que la ministre en
exercice a décidé que, bien, voilà, il fallait rétablir un équilibre puis il
fallait vider de sa substance...
M. Fontecilla : ...là, les
dispositions concernant la cession du bail, là.
Mais revenons au texte. Le texte nous dit
que «le locateur qui est avisé de l'intention du locataire à céder le bail peut
refuser d'y consentir pour un motif autre qu'un motif sérieux visé au premier
alinéa de l'article 1871.» Je m'attarde sur le «peut refuser d'y consentir
pour un motif autre qu'un motif sérieux». Avant, le locateur pouvait refuser
une cession de bail, là, seulement pour un motif sérieux. Et, à travers les
années, les tribunaux, l'ancienne régie du logement et l'actuel Tribunal administratif
du logement, là, ont balisé cette notion de sérieux. Mme la ministre l'a nommé
tantôt, ça peut être une personne qui suscite des nuisances, ça peut être une
personne qui a eu, dans le passé, de la difficulté à payer son loyer, ça peut
être une personne... Ça peut être d'installer un nombre de personnes dans
l'appartement qui excède la capacité du logement. Bref, c'est... Et je suis sûr
que Me Simard, président de la régie... Du Tribunal administratif du logement,
pourrait nous expliquer plus en profondeur c'est quoi, les motifs sérieux pour
lesquels, un, le Tribunal administratif du logement, le TAL, peut refuser de
consentir à une cession de bail, là, mais il reste que ça doit être un motif
sérieux.
• (15 h 30) •
Maintenant, la ministre nous dit, là...
c'est une tournure assez drôle, là, mais qui est lourde de conséquence, là,
elle nous dit qu'un locateur peut refuser pour un motif autre que sérieux. Dans
une... comment dire, dans une... dans le langage courant, un motif autre que
sérieux, c'est un motif futile. Donc, ce qu'elle est en train de nous dire, Mme
la ministre, c'est qu'un locateur peut refuser la cession de bail pour un motif
futile, par exemple, pour un motif discriminatoire. Et on sait, et ça a été
amplement prouvé et ça a été apporté par différents intervenants dans le monde
du logement, là, que la cession de bail est un outil justement utilisé pour
éviter les situations de discrimination qui existent. D'ailleurs, j'aimerais
rappeler à la ministre de l'Habitation que, dans l'ancien mandat de son
gouvernement, il y a eu la mise en place, là, d'un groupe d'action contre le
racisme qui a très bien établi que les situations de discrimination existent
dans la location des logements et que c'est une réalité objective, là, qui est
amplement prouvée. Et la cession de bail, entre autres, est utilisée
aujourd'hui, malheureusement, pour éviter que des ménages soient discriminés
dans la recherche de logements. Mais revenons à la formulation, là, telle
qu'elle est dite : si ce n'est pas un motif sérieux, c'est un motif
futile, n'est-ce pas, Mme la ministre?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Quand on
parle de motif sérieux dans la loi, là, c'est un terme qui est juridique.
Alors, je vais vous référer, si vous le voulez bien, à notre juriste pour
commenter sur ça. Il n'est pas... Ce n'est pas du tout ce en quoi... Ce à quoi
vous référez.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, ça me prend le consentement pour que M. Dumont puisse prendre la parole.
Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Parfait. Alors, M. Dumont, juste vous présenter par votre titre, et puis vous
pourrez répondre.
M. Dumont (Luc) : Oui.
Bonjour. Luc Dumont, avocat à la direction des affaires juridiques du ministère
des Affaires municipales.
Donc, la notion de motif sérieux, on va en
parler, là, par rapport... a été élaborée, a été développée par la
jurisprudence du Tribunal administratif du logement. C'est généralement reconnu
qu'un motif sérieux est un mauvais dossier de crédit ou un mauvais dossier
auprès du tribunal administratif du logement, c'est-à-dire moult évictions,
notamment. C'est les deux principaux cas qui ont... dans le fond, qui font
quand même l'objet, là, d'une jurisprudence étoffée par rapport à ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M.... Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Est-ce que vous pourriez me définir un motif autre que sérieux?
M. Dumont (Luc) : Dans ce
spectre-là, un motif autre que sérieux serait, en fait...
15 h 30 (version non révisée)
M. Dumont (Luc) : ...toute
autre chose, jusqu'à présent, sous réserve du développement... de d'autres
développements jurisprudentiels à venir, parce qu'on ne sait jamais, mais,
autre que ça, ce qui ne rentre pas dans, par exemple, un mauvais dossier de crédit,
mauvaise créance ou mauvais dossier auprès de la Régie du... bien, pardon,
auprès du Tribunal administratif du logement, pour l'instant, selon l'état
actuel du droit, ce serait... ça ne tombe pas dans les motifs sérieux.
M. Fontecilla : Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre voudrait intervenir.
Mme Duranceau : Encore là,
motif sérieux, donc tu refuses la cession de bail puis tu dis au locataire :
Organise-toi, mais tu continues de me payer. Alors, c'est pour ça qu'il y a la
notion de motif sérieux. C'est que moi, je refuse pour des motifs sérieux, donc
toi, tu es obligé de rester pris avec ton bail puis de continuer de me payer.
Alors, c'est pour ça qu'il faut encadrer la notion de refus avec motif sérieux,
définir c'est quoi, les motifs, là, puis restreindre ça parce qu'on vient
restreindre le droit du locataire de quitter puis de céder son bail. Alors,
dans cette deuxième option là, il y a les motifs sérieux pour faire en sorte
que ça ne soit pas à toutes les sauces que le locataire soit pris avec son
bail. Puis, si on ne veut pas invoquer un motif sérieux, on dit : O.K., tu
as le droit de choisir les motifs pour lesquels tu refuses, mais, dans ces
conditions-là, si le motif ne se qualifie pas de motif sérieux, à ce moment-là,
tu résilies le bail. Tu dois résilier le bail du locataire et le décharger de
ses obligations. Donc, c'est une nuance qui est importante à faire, là.
Une voix : ...
Mme Duranceau : bien, c'est
sûr, quand on le regarde comme il faut, la cession de bail, c'est ça.
M. Fontecilla : Tout à fait,
si un locataire est obligé de payer son bail, là. Sinon, il y a des
conséquences assez rapides, hein? À moins que vous me disiez le contraire, là,
c'est la... lorsqu'on ne paie pas un bail, là, c'est la procédure la plus
expéditive au tribunal administratif du logement, là. En quelques...
Mme Duranceau : Non, ça, c'est
faux. C'est faux, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Ça prend
combien de semaines, pour un locataire... On va aller dans le détail, Mme la
ministre, combien de semaines, après le retard de paiement d'un locataire,
combien de semaines, au minimum, un locateur pourrait expulser son locataire?
Mme Duranceau : Ça prend...
les délais sont de...
Une voix : ...
Mme Duranceau : Oui, les
délais sont de 1.7 mois, alors que, quand on a un cas de santé et
sécurité, c'est 10 jours.
M. Fontecilla : Et un cas d'insalubrité?
Mme Duranceau : Bien, c'est
ça, c'est 10 jours.
M. Fontecilla : 10 jours?
Mme Duranceau : Oui.
M. Fontecilla : C'est tout à
fait le contraire de ce que le comité logement nous disent, là. Ça prend des
mois et des mois, là.
Mme Duranceau : Je sais, les
comités logement ont leurs propres statistiques. Mais moi, je me fie... en
général, je me fie aux chiffres de la Société d'habitation du Québec puis du
Tribunal administratif du logement.
M. Fontecilla : Revenons à l'essentiel,
là, les motifs sérieux ou pas sérieux. On vient de l'entendre par des juristes,
là, que la jurisprudence n'a pas une définition exacte de ce qui n'est pas
sérieux, là. Je vous pose la question, Mme la ministre : avoir trois
enfants en bas âge, est-ce que c'est un motif sérieux pour refuser la cession
de bail ou pas? C'est-à-dire, le prochain locataire qui va rentrer, là, qui est
le destinataire de la cession de bail, là, c'est une femme monoparentale avec
trois enfants, on lui refuse de... le locateur lui refuse cette cession-là.
Est-ce que c'est un motif sérieux ou n'est pas sérieux?
Mme Duranceau : Ce n'est pas
un motif qui est visé ici, là, dans ce cas-là, de discriminer sur la base du
nombre d'enfants, de la couleur ou de tout autre élément. Ce n'est pas visé par
ces articles-là, là. On a le protecteur du citoyen qui est là, on a...
Une voix : ...
Mme Duranceau : ...la
Commission des droits de la personne qui est là. Ce n'est pas cet article-là.
Je veux dire, je le sais que vous voulez beaucoup faire porter la cession de
bail, là, que tout repose sur ces deux articles-là, là, mais ce n'est pas ça.
Il y a un autre contexte pour ces cas-là.
M. Fontecilla : Mme la
ministre, vous êtes en train de me dire que vous êtes en train de conseiller à une
femme monoparentale d'une autre ethnie, qui s'est fait refuser une cession de
bail, là, vous lui dites : Mais allez à la Commission des droits de la
personne, contestez, pour des... Parce qu'apparemment il y a eu de la
discrimination, là, alors que ça va prendre 18 mois, deux ans, trois ans,
quatre ans avant de prouver, parce qu'il n'y a rien de plus difficile que
prouver une situation de discrimination, alors que cette femme-là a besoin d'un
logement maintenant? C'est... vous faites preuve d'angélisme, Mme la ministre.
Je vous pose la question : qu'est-ce
qui est un motif autre que sérieux? Est-ce que le fait d'avoir... Est-ce qu'on
pourrait... un propriétaire pourrait refuser une cession de bail, parce que,
par exemple, la personne qui est bénéficiaire de la cession de bail, là, a
trois...
M. Fontecilla : ...est-ce que
c'est un motif sérieux ou pas sérieux? Je ne sais pas, là, je vous pose la
question, parce que c'est le terme que vous utilisez, Mme la ministre, «pour un
motif sérieux», «autre que motif sérieux visé au... Donc, qu'est-ce qui est
non sérieux, là? On peut refuser un bail pour n'importe quelle raison, si je
comprends bien, là.
Mme Duranceau : Là, écoutez,
là, j'ai de la misère à vous suivre, bien franchement, là. Il y a un article
dans le Code civil qui prévoit les cas de discrimination dont vous parlez, puis
qu'on ne peut pas aller là, comme propriétaire, quand tu choisis de louer à
quelqu'un ou pas. Alors là, vous invoquez beaucoup de choses, toujours en lien
avec la cession de bail qui est comme la solution à tout, là, mais ce n'est pas
ça, là. Je ne sais pas ce que vous voulez dire.
• (15 h 40) •
M. Fontecilla : J'essaie,
j'essaie, Mme la ministre, de déterminer qu'est-ce que c'est un motif autre
qu'un motif sérieux. Est-ce que vous avez eu une idée, là? Est-ce que vous
pourriez nous dire qu'est-ce que c'est, un motif autre que sérieux?
Mme Duranceau : Bien, dans
l'état actuel du droit, un motif autre que sérieux, là, ça peut tout simplement
être de dire : Écoute, je vais en profiter pour faire de la peinture puis
changer les tapis dans l'appartement. Ça fait que ça ne fait pas mon affaire
que tu cèdes ton bail à quelqu'un à la date que tu veux, quand tu veux, puis
que tu empoches un profit. Ça va être ça, un motif autre que sérieux. Mais, par
contre, tu souhaites... M. le locataire, quitter le logement, bien, je t'enlève
toutes les obligations que tu as en lien avec ton bail, je résilie ton bail.
Donc, tu accomplis ton objectif, M. le locataire, tu peux quitter le logement
puis tu n'as pas d'autres obligations. Après ça, ce que je décide de faire ou
ce que le propriétaire décide de faire avec son logement, c'est son affaire. Ce
n'est pas au locataire qui quitte à décider de ce qui adviendra dans le
logement.
M. Fontecilla : Et est-ce
qu'il y a d'autres inteventions?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député des Îles-de-la-Madeleine, voyons, excusez ma voix, de la Madeleine.
Pardon.
M. Arseneau : Bon, soyons
sérieux et parlons de motif. Je vais continuer sur la même thématique, mais
d'abord avec une question d'ordre législatif, si on veut, là, et peut-être que
la ministre pourra me répondre, peut-être que c'est... un membre de son équipe
pourra le faire. Si je comprends bien, le Code civil, à son article 1871,
demeure inchangé, et l'article en question dit : «Le locateur ne peut
refuser de consentir à la sous-location du bien ou à la cession du bail sans un
motif sérieux. Lorsqu'il refuse, le locateur et tenu d'indiquer au locataire,
dans les 15 jours de la réception de l'avis, les motifs de son refus. S'il omet
de le faire, il est réputé avoir consenti.»
Cet article-là demeure intact. Il n'est
pas touché. Il reconnaît évidemment le droit à la cession de bail. Et là, ensuite,
on ajoute un nouvel article qui porte le numéro 1978.2, qui dit le contraire de
ce que je viens de lire, à peu près, là. Et j'aimerais savoir pourquoi on a
utilisé cette mécanique où, au Code civil, on a deux articles qui s'invalident
l'un, l'autre. J'aimerais vraiment comprendre la logique de ça, parce qu'il me
semblait, je ne souscris pas à l'intention de la ministre là-dessus, mais il me
semble que, si on avait amendé directement le 1871, en disant «le locateur peut
refuser de consentir sans motif sérieux», ça réglait un peu le problème que
vous semblez vouloir régler. Pourquoi une contorsion légale de ce type-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Je
pense, c'est Me Dumont qui va répondre.
M. Dumont (Luc) : Oui. Donc,
Luc Dumont, avocat à la Direction des affaires juridiques du ministère des
Affaires municipales. C'est une très bonne question. En fait, la disposition
initiale dont vous parlez, elle se trouve aux règles générales du bail, donc de
tout type de bail, ça peut être le bail pour un véhicule, ça peut être un bail
pour une scie mécanique, c'est tout bail. Et il y a une section particulière
qui déroge, en fait, aux règles générales de la location et c'est celle de la
section sur le bail de logement. Donc, il n'y a pas que les articles qui sont,
actuellement, proposés, en fait, toute la section, en général, sur les règles
particulières du bail de logement, déroge aux règles générales.
Donc, lorsqu'on a une dérogation à ces
règles générales là, il faut, lorsqu'il s'agit d'un logement, il faut les
mettre dans la section qui est visée pour ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Alors, la
question, en fait...
M. Arseneau : ...pour
laquelle... la raison pour laquelle je posais cette question-là, c'est que je
comprends que le principe est valide, celui qui est inscrit au Code civil, pour
tout type de location, mais là, en pleine crise du logement, la ministre
dit : Il ne faudrait pas qu'il soit valide lorsqu'il est question du droit
au logement. Lorsqu'il est question du logement, là ça... Si c'est pour louer
une voiture, c'est totalement possible, là, de faire de la cession de bail. Si
c'est pour... question d'un outil, là, une scie mécanique, qu'on vient
d'utiliser l'exemple, ça, il n'y a pas de problème, ça ne déroge pas. Il n'y a
pas... Le propriétaire n'a pas un mot à dire là-dessus, là, tu sais. Puis pour
le logement, bien là, on va faire une exception, quand ça vient toucher la
capacité de quelqu'un, d'une famille à se loger. C'est ça qu'on vient défendre
ici aujourd'hui en commission parlementaire. C'est quand même ahurissant, non?
Si le principe est reconnu au Code civil pour tous sauf le logement... bien, en
fait, tout, y compris le logement, et là, on vient faire l'exception pour le
logement. Ce n'est pas assez important, pour nous, de reconnaître ce droit-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je vais
répondre, puis peut-être que soit Me Simard ou notre juriste pourra compléter.
Mais l'article général, il vise les baux commerciaux aussi. Puis, en
commercial, le propriétaire, le locateur a le droit de dire : tu ne
céderas pas ton bail. Alors, ça, c'est la règle générale, autant commerciale
que résidentielle, puis on vient préciser après ça ce qu'on permet de faire. En
résidentiel, tu es obligé de la permettre, la cession, elle est là. Alors, il y
a un article qui prévoit ça. Là, nous, on vient encadrer les conditions de
cession. Et, encore là, on donne un droit additionnel, on donne une option
additionnelle au locataire. Je le sais qu'il n'y a personne qui a parlé de ça
comme ça, là, mais il y a une option additionnelle au locataire ici.
C'est-à-dire qu'on n'a pas besoin de notion de motif sérieux, qui était très limitative,
et dans un contexte où un propriétaire dit : non, mais tu ne céderas pas,
mais je vais te résilier ton bail, bien, le locataire qui veut quitter son
logement, parce que c'était ça, son but, quitter son logement, bien, il va
pouvoir le faire sans autres obligations.
Une voix : ...
Mme Duranceau : Bien oui,
bien oui.
M. Arseneau : Je comprends
ici, là, que... Je reviens sur l'argument de départ, que cet article-là n'a
jamais été vu comme un problème important durant une cinquantaine d'années, et
aujourd'hui, je vais poser un peu le même genre de questions que mes collègues,
je... on l'a entendu dans les consultations particulières, que c'était
peut-être le plus mauvais moment pour corriger ce que la ministre décrit comme
une anomalie. Et j'aimerais savoir ce qui fait qu'aujourd'hui on le voit comme
un problème majeur alors qu'on est en pleine crise et qu'effectivement la
cession de bail peut être utilisée, c'est à peu près le seul moyen de contrôle
des loyers qui fonctionne, même si, comme le... selon ce que la ministre nous
dit, il n'était pas destiné à ça. Pourquoi? Qu'est-ce qu'elle répond, en fait,
à ceux qui disent que c'est le plus mauvais moment de choisir d'abolir cette
possibilité-là, de cession de bail? Sur le plan... même pas sur le plan
individuel, sur le plan, disons, collectif, puisque les outils qui sont en
place ne fonctionnent pas pour réduire l'augmentation des loyers à quelque
chose de raisonnable, de l'ordre de l'inflation, parce que les chiffres le
prouvent.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, je
réponds qu'il y a un ensemble de mesures proposées...
M. Arseneau : Qui ne
fonctionnent pas.
Mme Duranceau : Bien, on ne
les a pas encore analysées, là. Je ne sais pas si vous restez jusqu'à la fin,
on va probablement s'y rendre, là, mais on n'a pas analysé tout le thème cinq.
Puis il y a plusieurs amendements proposés par les oppositions et par nous pour
faire en sorte que tout ça se tienne. Parce que, je le répète, la cession de
bail, ce n'est pas l'outil pour le contrôle des loyers, ce n'est pas prévu pour
ça. C'est peut-être utilisé par certains pour ça, mais ce n'est pas le bon
outil. Alors, c'est pour ça qu'on vient le corriger, parce que là, on... ces
régles-là n'ont pas été revues depuis 40 ans. Vous voyez que ça soulève
quand même des passions, là, quand on y touche.
Alors là, on adresse les problématiques de
part et d'autre, et pour essayer aussi de créer un climat qui est favorable à
la construction de plus de logements, à la détention de logements, puis pour
s'assurer que les locataires sont bien traités dans un contexte où il y a une
crise de logement puis qu'il y a peu de disponibilité de logements...
Mme Duranceau : ...la cession
de bail, ce n'est pas une histoire pour redonner au suivant, là. La cession de
bail, c'est que, quand un locataire veut quitter, il a la latitude de quitter
sans avoir d'obligations qui le suivent. C'est ça qu'on vient de lui donner,
là, comme opportunité ici.
M. Arseneau : Sauf que vous
dites que ça ne doit pas servir à ça, mais dans le contexte où aucun autre
levier ne permettait d'empêcher les hausses abusives, c'est devenu un peu le
seul outil qui fonctionnait. Et vous dites : Ça ne fonctionne pas. Est-ce
que vous admettez au moins, Mme la ministre, qu'à l'heure actuelle, avant, là,
l'adoption de ce projet de loi là et des mesures dont on pourrait débattre
effectivement, et on pourra voir jusqu'à quel point vous voulez vraiment aller
jusqu'au bout dans les mesures qui pourraient permettre le contrôle des loyers,
par exemple le registre, on y reviendra, mais est-ce que vous reconnaissez qu'à
l'heure actuelle, même si ce n'était peut-être pas la fin à laquelle il était
destiné, la cession de bail fonctionne pour ralentir un tant soit peu les
hausses de loyer?
• (15 h 50) •
Mme Duranceau : Écoutez...
M. Arseneau : Est-ce que ça a
cet effet-là? C'est ce qu'on entend.
Mme Duranceau : Bien, ça a
peut-être cet effet-là, mais ce n'est pas le bon outil pour ça. Donc, ce n'est
pas de cette façon-là qu'au Québec on va adresser les hausses de loyer entre
deux locataires. Ce n'est pas ça, l'outil.
M. Arseneau : Bien, ce n'est
pas ça, l'outil, c'est votre point de vue, mais c'est un outil qui est
actuellement à la portée des locataires et qui fonctionne. Et, ce qu'on dit, ce
que les groupes nous ont dit, c'est : conservons-le en attendant de voir
si les autres outils qu'on va proposer fonctionnent mieux ou davantage ou plus
encore.
Mme Duranceau : Mais vous
regardez toujours ça d'un seul point de vue, là. On va les... on les aide, les
locataires. Il y a différentes façons d'aider les locataires. Il y a des
programmes d'aide au logement, il y a des programmes de suppléments au loyer,
il y a des subventions pour construire plus. Ça va être ça, les vraies mesures.
Là, on a la chance de faire un projet de loi qui vient toucher un paquet de
règles en matière de relations locataire-locateur, des excellentes mesures pour
les cas d'éviction, les fardeaux de preuve qu'on transfère au propriétaire. Je
pense qu'on fait beaucoup de choses, puis ça n'a pas été touché souvent, puis
on comprend pourquoi. Vous voyez l'intensité que ça entraîne, là, dans les
débats publics. Là, on le regarde, on le travaille. Puis, cet élément-là, c'est
une règle qui, à la base, comme je le dis, visait à s'assurer que les
locataires qui voulaient partir, bien, c'était encadré, puis qu'un propriétaire
pouvait décider d'accepter une cession de bail ou de la refuser dans certains
cas avec des motifs raisonnables. Puis là, on vient ajouter un volet où, si tu
refuses, bien, tu dois résilier, si tu n'as pas de motif raisonnable au sens où
l'entend la loi en ce moment, bien, tu dois résilier. Donc, pour le locataire...
Je comprends que les locataires ne veulent plus bouger, mais il demeure que
c'était ça, le... c'est ça, l'esprit de la cession de bail, c'est quand un
locataire veut bouger, on encadre son départ. Là, malheureusement, c'était
utilisé à d'autres fins. Ce n'était pas ça, l'esprit de cette règle-là, alors
on vient corriger une règle qui n'est plus utilisée pour la raison pour
laquelle elle avait été prévue.
M. Arseneau : Mais elle avait
été prévue pour s'assurer que le locateur n'y perde pas au change si le
locataire quittait. Et là, à l'heure actuelle, ce qu'on voit, c'est que le
déséquilibre actuel dans le marché est tel que, pour le locateur, bien, il n'y
a plus vraiment de risque de ne pas se retrouver... de se retrouver le bec à
l'eau parce que les demandeurs de logement sont plus nombreux que jamais. Et il
peut au surplus aller chercher un revenu supplémentaire en modifiant le loyer.
C'est ce qu'on constate, là, dans la vraie vie.
Alors, je comprends qu'à l'heure actuelle
c'est une mesure qui peut faire l'affaire de certains locataires, mais... de
locateurs, pardon, mais je voudrais encore une fois savoir quel est le
préjudice qu'on voit aujourd'hui, par le maintien de l'article tel qu'il est,
par rapport au préjudice qui pouvait exister il y a 20 ans ou 25 ans?
Objectivement, en quoi est-ce que le propriétaire des lieux, il y a
25 ans, n'était pas d'aucune façon affecté...
M. Arseneau : ...négativement
par cet article-là et qu'il l'est aujourd'hui, si ce n'est qu'aujourd'hui il a
la possibilité d'augmenter son loyer de façon abusive? C'est une possibilité,
ce n'est pas qu'ils le font tous. Quel est le préjudice... c'est... c'est...
et... et... et qu'on essaie de régler en... en changeant la... la loi à l'heure
actuelle? Moi, c'est la grande question que je me pose. Parce que sinon, on a
des... des... un argumentaire qui... qui... qui est de l'ordre de l'idéologie,
à savoir, bon, un propriétaire devrait pouvoir choisir son locataire, mais
c'était aussi le cas il y a 20 ans, il y a 30 ans, et personne ne s'en
offusquait, du fait qu'on puisse céder le... le bail sans que le propriétaire
puisse s'y opposer avec... avec un motif autre que sérieux.
Mme Duranceau : Bien, ça
aussi... Il y a... il y a 30 ans, là, on donnait des mois de loyer gratuits
pour... pour remplir les... les... les logements. Alors, le contexte était
différent. Donc, c'est pour ça qu'il y a 30 ans, ce n'était pas problématique.
Là, ce l'est, parce que le contexte est différent, l'offre n'est pas assez
grande, il faut augmenter l'offre.
L'autre chose, si on y va très
concrètement, là, ce qui se passe sur le terrain, c'est que, bien qu'on... on
dise que le locateur peut refuser pour des motifs sérieux, bien là, il refuse
tout simplement en ce moment la cession de bail, O.K., ou... Ça fait que, ça,
c'est des cas qui... cas qui se produisent aussi. Alors, il refuse la cession
de bail. Donc, là, le locataire qui veut... le cessionnaire qui veut... bien,
en fait, le cédant doit introduire une... une demande au TAL pour dire: Bien
non, écoute, ce n'est pas des motifs qui sont valables, et, pendant ce
temps-là, le cessionnaire, donc celui qui aurait bénéficié de la cession de
bail, bien, il est obligé d'attendre après ces délais-là, puis, finalement,
bien, il faut qu'il se trouve un logement, alors l'aventure ne se concrétise
pas, là. Donc, on voit beaucoup de cas comme ça, qui finalement ne sont pas
utiles. Si on pouvait résilier le bail, tel qu'on le propose, le locataire qui
veut quitter, il quitte, puis il n'y a pas de problématique pour lui. Puis là,
je comprends la volonté de vouloir redonner au suivant, mais je pense qu'en
bout de ligne, ce qu'il va souhaiter, c'est se départir de son obligation, là,
ultimement, le cessionnaire.
Alors, je ne suis pas sûre que le statu
quo sert bien qui que ce soit, ni du côté des locataires cédants ou
cessionnaires, et nécessairement pas, dans ce cas-ci, du côté du propriétaire
aussi, qui n'est pas capable de choisir qui va... va habiter au-dessus de sa
tête. Alors, ce n'est pas la bonne... Je le répète, puis je... en tout cas, je
vais continuer de le répéter, mais ce n'est pas la bonne mesure.
M. Arseneau : Oui, mais...
mais c'est quand même intéressant, ce que la ministre vient de nous dire: c'est
qu'à l'époque où il était plus difficile de trouver un locataire, le préjudice
posé par cet article-là au locateur, bien, il était déconsidéré, ce n'était pas
si important. Pour le... le... le propriétaire, là, d'un duplex, de connaître
ou non, de... de... de juger de sa capacité à... à payer ou être un bon voisin,
là, dans son... dans le logement qu'on... qu'on lui offre, ce n'était pas si
important que ça, et aujourd'hui ça devient la valeur cardinale du législateur.
J'ai... j'ai... j'ai... Je pense qu'il y a ici, là, une question économique qui
est très intéressante et qui nous éloigne du principe qui semble être celui de:
Il faut toujours faire le choix, lorsqu'on est propriétaire, de qui va pouvoir
occuper nos lieux.
Mme Jeannotte : Si vous me le
permettez, M. le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Il y a... À cette époque-là, le propriétaire, dans le fond, lui, il
perdait un... un... un mois de loyer, supposons, parce que le locataire voulait
partir ou il avait une promotion ailleurs. Donc, à cette époque-là, dans un
marché où l'offre et la demande étaient plus équilibrées, même il y avait
beaucoup plus d'offre que de demande, le propriétaire, lui, il... il... il
avait... c'était correct d'avoir ce... l'esprit de la cession bail comme ça,
parce qu'il pouvait se faire payer, puis il y avait une entente entre les deux
- c'est ça, un bail, hein, c'est un contrat entre les deux - puis il ne perdait
pas un mois de loyer, puis par ailleurs le locataire, lui, qui avait une
promotion ailleurs pouvait partir.
Mais, dans un marché comme on a
aujourd'hui, où est-ce que l'offre et la demande est carrément rompue, il n'y a
plus de... d'offre, eh bien là, c'est là ce... que se créent des effets
pervers. L'effet pervers, c'est que le... le... de la cession de bail, c'est
que le... le... le locataire sous-loue, et donc le droit est rompu entre les deux.
C'est ça qu'on veut venir corriger. Puis savez-vous ce que je me suis fait
dire? Le pire de tout, c'est que le... l'effet pervers ultime, là, c'est que
les propriétaires, là, se découragent tellement qu'ils ne font plus rien, et il
s'ensuit une dégradation du parc locatif à un point tel que ça finit par
décourager tellement le propriétaire...
Mme Jeannotte : ...qu'il vend
son immeuble, et c'est là qu'arrivent les pires conséquences, dans le fond,
pour même le locataire, parce que c'est là que les propriétaires font des
évictions, pour devoir tout rénover. Ça fait que, tu sais, c'est complexe, mais
j'espère que ça répond un peu plus à votre question.
M. Arseneau : Ce qu'il faut
comprendre de l'explication de la ministre puis de ma collègue ici, c'est qu'à
l'époque où cet article-là permettait de protéger les locateurs puis
bénéficiait aux locateurs, il était valide, puis, à partir du moment où il
bénéficie davantage aux locataires, il devient invalide. Moi, c'est ce que j'en
conclus.
Puis la ministre a dit tout à l'heure
qu'il y avait beaucoup de cas où, finalement, si on faisait appel au tribunal
administratif du logement, bien, il y avait des délais tels que, de toute
façon, le cessionnaire se retrouvait le bec à l'eau et sans logement, puis il
devrait s'en trouver un de toute façon, parce qu'il y avait des procédures qui
étaient mises en place et qui étaient présumément longues.
• (16 heures) •
Ce qui m'amène à la question :
beaucoup de cas? Et est-ce que les chiffres qui ont été avancés tout à l'heure
par ma collègue de D'Arcy-McGee, vous les corroborez ou non, au ministère de
l'habitation, sur le pourcentage des baux qui sont effectivement cédés?
Lorsqu'on parle de 1 % ou 2 % des baux qui sont... Qui font l'objet
d'une cession, est-ce que c'est valide? Est-ce que le chiffre est très grand ou
est-ce que les chiffres sont différents, ceux que vous possédez?
La raison pour laquelle je vous pose la
question, c'est qu'on peut s'imaginer que, s'il y a un pourcentage très, très
faible des baux qui font l'objet d'une cession, le nombre de cas qui font
l'objet d'un litige doit être aussi assez limité sur le pourcentage déjà
faible, et ceux qui se rendent justement dans les cas qu'on vient d'illustrer
doivent l'être encore davantage. Est-ce qu'on n'est pas en train
essentiellement de travailler pour régler un problème qui est extrêmement
marginal, d'une part, en tant que préjudice causé au locateur par rapport au
préjudice causé au locataire et en regard de la hausse des loyers qui explosent
un peu partout au Québec?
Mme Duranceau : Encore là, tu
sais, tout ce débat-là, là, il ne fonctionne pas, là, parce que le locataire
qui quitte, là, il n'en subit pas, de préjudice. Là, c'est qu'on essaie de
faire suivre le bail pour tous les locataires subséquents, là. Le locataire,
celui qui a le contrat de bail avec le locateur, ne subit aucun préjudice. Au
contraire, on vient donner une option additionnelle pour se départir de son
bail. C'est juste que là, toute la logique de redonner au suivant vient teinter
toute l'analyse. Cet outil-là n'est pas là pour contrôler les loyers. Cet
outil-là est pour prévoir les conditions dans lesquelles tu te départis de tes
obligations en vertu d'un bail. C'est tout. Mais là, on veut tout faire
poser... reposer la suite sur cet article-là. Ce n'est pas ça, la logique. Je
le sais que c'est parti comme ça dans le marché, là, mais ce n'est pas ça.
M. Arseneau : Mais je n'ai
pas de chiffres. Est-ce que c'est un problème qui est important?
Mme Duranceau : C'est un
problème de plus en plus important, oui.
M. Arseneau : Mais de plus en
plus important?
Mme Duranceau : les données,
je ne les ai pas. Je n'en ai pas. Au ministère, on ne les collecte pas, ces
données-là.
M. Arseneau : Bien, alors...
Mme Duranceau : Par contre,
on se fie aux différentes associations à qui on a parlé. Clairement, du côté
des locataires, il y en a, il doit y en avoir. Si ça fait un tollé comme ça,
c'est parce que c'est largement utilisé. Il y a des groupes Facebook de
50 000 personnes qui veulent se transférer des baux, clairement, il y
a de l'appétit de ce côté-là. Puis du côté de la CORPIQ, on nous dit c'est une
mesure qui... Je pense qu'il y avait, selon leur sondage, c'était 10 %, il
y a deux ans, deux ou trois ans, seulement 10 % d'occurrences, puis là, on
est rendus à plus que 33 %, là, le tiers des répondants, plus du tiers des
répondants disaient vivre cette situation-là. Alors, clairement, des deux
bords, des deux côtés, c'est une mesure qui...
Une voix : ...
Mme Duranceau : ...qui n'est
pas adéquate, non, puis qui est utilisée, ou en tout cas qui semblait servir
les intérêts de certains, mais clairement pas l'intérêt du locataire. Le vrai
locataire qui est dans les lieux puis qui a le contrat de bail, lui, s'il
quitte, il ne subit aucun préjudice.
M. Arseneau : En tout
respect...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Moi, je... en
tout respect, je voudrais vous soumettre que si...
16 h (version non révisée)
M. Arseneau : ...le locateur
peut refuser de consentir, pour un motif autre qu'un motif sérieux, peut
refuser, donc, une cession de bail. Moi, je vous dis, comme législateurs, là,
on ne devrait pas consentir à un changement de la loi sans motif sérieux. Et j'estime
qu'à l'heure actuelle nous n'avons pas de motif sérieux pour modifier la loi
telle que le propose la ministre tout simplement parce que ça ne repose que sur
l'opinion de certains groupes de propriétaires qui ont fait un sondage à l'interne
et qui peuvent être mis en doute tant et aussi longtemps qu'une instance
gouvernementale neutre et objective n'a pas fait un travail sérieux là-dessus.
Et parce qu'on dit : ça doit être un problème, ça doit être un problème,
de ne pas pouvoir augmenter le loyer quand un locataire quitte. Ça, moi, je
peux l'admettre, effectivement. Puis, si on dit que c'est utilisé par les
locataires puis par, donc, les citoyens pour... Dans une espèce de marché noir
qu'on semble l'évoquer, là, bien, à ce moment-là, s'il y a une pratique qui est
illégale ou qui est à réprimer, pourquoi est-ce que le gouvernement ne met pas
en place des mesures pour justement que cessent des pratiques qui seraient
illégales? C'est comme si on essayait, en fait, de répondre à une demande qui n'a
pas, à mon sens, à l'heure actuelle, été justifiée et démontrée comme étant un
problème majeur.
Et c'est absolument le contraire de ce qu'on
avait comme argumentaire lorsqu'il était question de l'article 37.2 sur la
suspension des règles d'urbanisme. C'est-à-dire, on disait essentiellement du
côté ministériel qu'on ne faisait pas d'omelette sans casser des oeufs, puis,
même si le fait de soulever, de suspendre les règlements d'urbanisme, ça
pouvait donner certaines aberrations, il fallait courir la chance qu'on le
fasse pour régler une partie de la crise du logement, faire sortir de terre des
projets. Là, on dit que... en tout cas, moi, je constate que c'est une pratique
qui semble relativement anecdotique, qui semble poser un problème, mais qui n'est
pas adéquatement et scientifiquement démontrée, mais il faut absolument le
régler, même si ça crée par ailleurs un impact majeur sur la collectivité de
gens qui ne sont pas propriétaires, donc qui sont locataires.
Et si individuellement, et je voudrais
terminer là-dessus, le cédant n'est pas celui qui est visé ou qui est affecté
par le changement qu'on veut mettre en œuvre, il faut le voir comme étant un
groupe de gens, de locataires qui, eux, de toute façon, dans un marché où dans
l'ensemble de cette mesure-là disparaît, c'est l'ensemble des loyers qui vont
augmenter parce que c'est un phénomène qui est sans contrôle. Et un jour ou l'autre,
les individus seront touchés parce qu'ils peuvent aussi migrer d'un logement à
l'autre. Alors, de voir ça sur une base strictement individuelle, au moment où
il y a un bail en particulier qui est l'objet d'une cession, c'est une façon,
je dirais, commode d'évacuer le fait que, collectivement, ce à quoi on assiste
au Québec et à Montréal en particulier, c'est une hausse majeure, au-delà de la
capacité de payer des locataires, une hausse des loyers au-delà... Largement
au-delà de l'inflation, également. Et ça, ça affecte un peu tous les
locataires. Cette augmentation du taux moyen ou des loyers moyens au Québec et
dans les villes québécoises à travers le territoire. Et c'est cet élément-là qu'on
essaie de faire valoir. Et s'il fonctionne actuellement, c'est parce qu'il
tire... la cession de bail peut, jusqu'à un certain point, agir comme
contrepoids à l'augmentation des loyers qui a cours lorsqu'on refuse justement
de céder la cession de bail ou encore lorsqu'on change de locataire sans
nécessairement respecter les règles générales, là, qui sont prescrites par le
TAL.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que la ministre veut intervenir? Non. O.K., Non, aucune intervention.
Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Je voudrais
revenir au point de mon collègue de Laurier-Dorion quand on parlait...
Mme Prass : ...de motif autre que
sérieux pour ne pas accepter la cession de bail. L'exemple qu'il a donné en est
une bonne. Donc, une mère monoparentale, avec plusieurs enfants, qui se voit
refuser, votre réponse est que, justement, il y a des garanties dans la loi
pour contrer ces discriminations. Et, comme il a mentionné, ces recours peuvent
prendre des mois, peuvent prendre des années, le temps que cette mère
monoparentale là et ses enfants ne trouvent pas de loyer à prix raisonnable.
Vous niez que c'est un outil pour le contrôle des loyers, mais dans le cadre de
cette consultation... de ces consultations, l'administration Plante, donc la
mairesse de Montréal, avance, dans le mémoire qu'ils ont déposé ici, avance que
la cession de bail constitue un refuge contre les abus et que, lors des
changements de locataire, le loyer augmente, en moyenne, de 14 % à
Montréal.
• (16 h 10) •
Donc là, on a ville de Montréal, la
municipalité qui prend acte et se prononce sur le fait qu'eux, ils
reconnaissent que, quand il y a un changement de locataire plutôt qu'une
cession de bail, qu'il y a une augmentation des loyers. Et juste pour vous
faire un petit historique, parce que là on dit que ça fait 50 ans que ce droit
acquis est en place, donc c'est dans les années... en 1973... dans les années
70, excusez-moi, le gouvernement du Québec a commencé à reconnaître le besoin
de protéger les droits des locataires et à promouvoir la flexibilité dans les
contrats de location.
«En 1973, la Loi sur le Régie du logement
a été adoptée, établissant un cadre juridique pour la location résidentielle au
Québec. Cette loi a introduit le droit à la cession de bail permettant aux
locataires de transférer leur bail à une autre personne avec l'accord du
propriétaire. Au fil des ans, la législation sur la cession de bail au Québec a
été modifiée et mise à jour pour refléter les besoins et les réalités
changeantes du marché locatif. Par exemple, en 1996, la loi a été modifiée pour
permettre aux locataires de céder leur bail à un membre de leur famille sans
avoir à obtenir l'accord du propriétaire. «En 2006, la loi a été à nouveau
modifiée pour renforcer les droits des locataires en matière de cession de
bail. Les propriétaires ont été tenus de motiver le refus de cession par écrit
afin de prévenir les refus arbitraires ou discriminatoires. De plus, les
locataires ont obtenu le droit de contester les décisions de refus de cession
devant la Régie du logement afin de garantir un processus équitable et
transparent.
«Plus récemment, en 2018, la loi a été
modifiée pour introduire des mesures visant à protéger les locataires contre
les abus et les pratiques déloyales en matière de cession de bail. Par exemple,
les propriétaires ont été tenus de fournir aux locataires des informations
claires et précises sur les droits et les obligations liés à la cession de bail
afin de garantir une compréhension mutuelle de toutes les parties. L'historique
du droit de cession de bail au Québec montre une évolution progressive vers la
protection des droits des locataires et la promotion de la flexibilité dans les
contrats de location.»
Donc, 50 ans, et on voit qu'avec les
années la loi s'est ajustée pour faire face aux différentes réalités, mais
toujours dans un esprit de donner un droit à ces locataires et de s'assurer que
les refus ne peuvent être arbitraires ou discriminatoires. Donc, quand vous
enlevez le motif de sérieux et que vous l'adaptez plutôt pour que ce soit des
motifs autres que sérieux, vous êtes en train de revenir en arrière dans le
temps. Parce qu'en 1996, comme j'ai mentionné, on a pris acte de...
Excusez-moi. En 2006, on a pris acte de cette possibilité de refus pour des
raisons arbitraires ou discriminatoires et on a fait en sorte de modifier la
loi pour renforcer les droits des locataires en matière de cession de bail.
Alors, encore une fois, vous n'avez pas de chiffres en tant que tels, à part
des chiffres qui vous ont été fournis par un groupe concerné. Donc là, on est
en train de prendre 50 années de droits acquis d'une loi qui a été adaptée au
fur... au cours des années, pour justement renforcer ce droit pour les
locataires.
Et là, basé sur des chiffres que vous
n'avez pas vraiment, vous voulez faire tout à fait le contraire et donner droit
au propriétaire pour n'importe quelle raison, ça peut être : Je n'aime pas
la composition de ta famille, je n'aime pas ta face, quoi que ce soit. Et, oui,
ces gens ont peut-être un recours, mais un recours à aller devant, ensuite, un
tribunal qui prendra des années avant...
Mme Prass : ...que leurs
causes ne soient entendues. Donc, encore une fois, basé sur des chiffres qui
vous ont été fournis par un groupe d'intérêts, je ne comprends pas pourquoi
après 50 ans et avec, à chaque... au cours des années, comme j'ai dit, on a
adapté la loi pour renforcer ce droit aux propriétaires, qu'est-ce qui fait en
sorte qu'aujourd'hui... Parce que j'habite dans un duplex puis je veux décider
qui habite en haut de chez nous, mais ça, ça fait en sorte que moi, tu sais,
moi, je peux dire non à telle personne parce que je n'aime pas leur face.
Donc, moi, personnellement, à part le fait
que je veux décider qui habite en haut de chez moi. Puis je ne trouve pas ça un
motif sérieux, je ne comprends pas le raisonnement de vouloir faire en sorte
d'enlever le motif sérieux pour des motifs autres que sérieux qui peuvent être
complètement arbitraires et discriminatoires.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
merci. Alors, est-ce que nous avons une réplique sur les questions ou... Non.
Ça va?
Mme Duranceau : Non. Je pense
que j'ai tout dit, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, d'autres interventions?
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Mme la ministre nous a dit tantôt qu'un motif non sérieux, autre que
sérieux, pour reprendre la formulation, la formulation du projet de loi, motif
que je qualifiais, si ce n'est pas sérieux, c'est donc futile, bon, ça pourrait
être, par exemple, que le propriétaire va procéder au changement de tapis,
faire de la peinture, des améliorations locatives. C'est important, dans ce type
de débat, là, de mettre en parallèle différents types de phénomène qui sont
corrélés, qui vont l'un avec l'autre, même concomitants, donc qui ont un
rapport l'un par rapport à l'autre. S'il y en a un qui bouge, l'autre phénomène
risque de bouger.
On sait que, et je suppose que Mme la
ministre est amplement consciente de ce phénomène-là, que c'est lorsqu'il y a
un changement de locataire qu'il y a une augmentation de... le locateur procède
à une augmentation des loyers. Et souvent, et souvent, une augmentation très,
très, très salée, là, dans le contexte de pénurie de logements actuels, parce
qu'ils savent que les locataires sont obligés de payer des montants nettement
exagérés pour avoir accès à un toit sur leur tête, parce que les locataires
n'ont pas de propriété. S'ils n'ont pas de... ne réussissent pas à se trouver
un logement, ils sont à la rue contrairement aux locateurs.
Et donc c'est lors du changement de
locataire qu'on procède à un changement du bail, là, et qu'on augmente de façon
substantielle, souvent de façon abusive, sans même ne pas remplir la clause G.
Et même si le locataire remplissait la clause G, le locataire, à court de
solutions solutions pour se trouver un toit sur sa tête, là, il va être obligé
d'accepter ce loyer beaucoup... dont il sait que le prix a été... en tout cas,
il devine que le prix a été augmenté. Et même si la clause G était remplie, il
sait que le prix a été augmenté. Donc, et là, la question qui se pose est à
savoir si un motif autre que sérieux pourrait être, par exemple, la recherche
dans des termes... dans le jargon technique, on pourrait appeler ça,
l'optimisation de sa propriété, donc l'optimisation de son logement locatif,
là, bref, l'enrichissement.
Est-ce qu'un motif autre que sérieux pourrait
être... gagner plus d'argent, on va se le dire sans détour et ce que certains
appellent l'optimisation, d'autres appellent s'enrichir, etc, et ne je dis pas
sans jugement de valeur, mais gagner plus d'argent? Je pose la question à la
ministre : Donc, est-ce que le motif autre que sérieux pourrait être celui
d'engranger plus d'argent à travers le loyer?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Est-ce qu'il
y avait une question formulée?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Fontecilla : Je peux le
répéter. Je voudrais savoir si, dans les motifs autres que sérieux, qui sont
déjà stipulés dans le code... bien, dans la jurisprudence, là...
M. Fontecilla : ...ça pourrait
être, par exemple, tantôt on a parlé de la possibilité de discrimination, donc
ça ne me tente pas d'avoir une locataire qui a trois enfants et qui va me
déranger, mais ça pourrait être un autre motif, et je reprends le terme de la
ministre, qui nous disait : je vais... je profite du changement de
locataire pour faire de la peinture, changer les tapis. Et, de façon empirique,
on sait comment ça se passe, là, c'est lors du changement de locataire qu'on
profite pour faire des augmentations substantielles de loyer. Est-ce que, pour
elle, l'opposition à la cession de bail par un motif autre que sérieux, le
motif autre que sérieux, ça pourrait être celui d'optimiser son loyer ou de
gagner, tout simplement... autrement dit, de gagner plus d'argent?
• (16 h 20) •
Mme Duranceau : Là,
premièrement, là, sur la question de discrimination, là, l'article 1899 du
Code civil prévoit que «le locateur ne peut refuser de consentir un bail à une
personne, refuser de la maintenir dans ses droits ou lui imposer des conditions
plus onéreuses pour le seul motif qu'elle est enceinte ou qu'elle a un ou
plusieurs enfants, à moins que son refus ne soit justifié par les dimensions du
logement.» Bon, je peux continuer, là. Donc, la notion de discrimination, là,
elle est prévue dans la loi. Puis ce n'est pas cet article-là qui vient
protéger ou pas contre la discrimination. Première des choses.
L'autre chose, c'est qu'on semble penser
qu'elle est parfaite, là, la mesure de cession de bail, puis qu'elle sert à
toutes les fins. Premièrement, l'objectif de cette mesure-là, c'est de relever
un locataire, donc celui qui a un bail avec un propriétaire, de relever ce
locataire-là de ses obligations en vertu du bail, s'il souhaite quitter, O.K.?
Après ça, là, c'est utilisé à plein d'autres fins qui ne sont pas celles qui
sont prévues par la mesure. C'est ce qu'on vient corriger. Mais on s'imagine
que c'est parfait, là, toutes les cessions de bail, entre guillemets,
illégales. Le locataire qui rentre, là, qui a payé 5 000 $ pour se
prévaloir d'un bail à bas prix, bien, je m'excuse, il n'a pas le loyer à bas
prix qu'il était supposé avoir. Il y a eu une petite prime de chargée au
passage, et puis ce n'est pas le loyer qu'il aurait dû avoir selon la clause G,
puis selon les règles établies. Ça fait que je pense qu'on généralise puis on
prétend que cette clause-là, elle marche à la perfection puis qu'elle sert les
intérêts de tout le monde, là, mais c'est complètement faux. Elle n'est pas
utilisée pour les raisons pour lesquelles elle a été mise en place. C'est ce
qu'on vient corriger. Et éventuellement, on va se rendre aux autres mesures qui
sont proposées dans le thème numéro cinq, qui viennent gérer puis encadrer les
hausses de loyer.
Et puis aussi je pense qu'il faut arrêter
d'avoir les œillères juste d'un seul côté, là, quand on regarde cette
clause-là. On a des gens qui ont mis toutes les... Leurs économies dans des
petits immeubles et qui doivent gérer leur immeuble pour qu'à la fin de l'année
ça balance aussi, là. Alors, si les gens décident de refuser une cession de
bail, de résilier un bail et de prendre la chance d'être capables ou de n'être
pas capables de relouer le logement après, ils ont le droit de faire ça, ils
ont le droit de réinvestir dans leur immeuble pour en améliorer la qualité.
Puis je ne pense pas que c'est au locataire, qui décide de céder son bail parce
qu'il vient d'obtenir un emploi dans une autre ville, de décider qui viendra
s'installer dans le logement en question.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Bien, je n'ai pas eu la réponse tout à fait que je voulais, là.
C'est difficile parce que Mme la ministre dit tellement de choses intéressantes
que ça a tendance à nous dévier, là, du débat, là.
Mais tout d'abord, j'aimerais... Elle nous
parle, évidemment, là, du petit propriétaire qui a mis toutes ses économies
dans son duplex et qui veut choisir la personne qui va rester au-dessus de sa
tête. Mais je suis convaincu qu'une femme cultivée comme Mme la ministre sait
très bien qu'il y a un phénomène qu'on appelle la financiarisation qui commence
à faire son œuvre aussi au Québec, là. Et il s'agit de grands... on est loin du
petit propriétaire de... qui cherche à assurer ses vieux jours, là. On parle de
grands intérêts financiers qui sont cotés en bourse, là, qui cherchent à
optimiser, et ça veut dire monter les loyers, là, pour engranger plus de
profits, et qui, eux aussi, ne sont pas intéressés à...
M. Fontecilla : ...la
possibilité de la cession de bail, là, parce que, justement, ça garde les
loyers... ça les empêche d'augmenter les loyers, là, et... Mais je veux revenir
à ma question et j'aimerais ça qu'elle me réponde, parce que ça a été... entre
autres, l'Association des juristes progressistes l'ont soulevé, il y a
plusieurs... Le Tribunal administratif du logement a traité, à plusieurs
reprises, du cas de figure suivant, c'est-à-dire un propriétaire qui refuse
d'accepter une cession de bail, là, parce que lui, il veut justement pouvoir monter
le loyer suite au départ du locataire, lorsqu'il va recevoir un autre
locataire. Et le Tribunal administratif du logement a statué, selon les lois
actuelles, selon... avec la cession du bail telle qu'elle est, il a statué que
la poursuite de l'enrichissement d'un propriétaire ne peut être considérée
comme un motif valable.
Et puisque la ministre n'avait pas répondu
directement à cette question-là tantôt, je pose la question au président du
Tribunal administratif du logement, là : Est-ce que, dans l'état actuel du
droit, la poursuite d'obtenir davantage de gains pécuniers, là, en refusant la
cession de bail, est acceptée par la jurisprudence en ce moment?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : M. le Président,
on mélange tout, là. Je veux dire, la cession de bail, là, ce n'est pas une
histoire en vase clos, là, qu'une fois que ça s'applique, il n'y a plus rien
autour, là. Il y a encore des règles, là, la clause G est encore là, on va
finir par en parler. Et le Tribunal administratif, il est encore là, il y a des
règles. Un propriétaire qui refuse une cession de bail et qui résilie le bail
et qui choisit de relouer à quelqu'un d'autre, il est assujetti aux mêmes
règles que les autres propriétaires. Donc là, c'est un épouvantail pour faire
croire que là, s'il n'y a plus de cession de bail, ça devient, ça devient le
far west. Ce n'est pas ça, là. Les mêmes règles s'appliquent et c'est prétendre
que tout notre système ne fonctionne pas, d'aller où vous allez. Donc, ça, je
ne suis pas d'accord avec ça.
Autre chose, vous me parlez de
financiarisation, là, les chiffres, on les a, la majorité, 88 % des
logements, c'est des petits propriétaires. Oui, il y a des grands propriétaires
puis des sociétés cotées en bourse. Savez-vous quoi, les sociétés qui sont
cotées en bourse, bien, elles ont des règles à respecter puis elles ont des
critères ESG, environnement, social, gouvernance, à respecter. Puis respecter
les lois, ça fait partie des choses qu'il faut qu'ils respectent.
Alors, moi, je ne m'inquièterais pas outre
mesure des grands propriétaires qui sont cotés en bourse, parce qu'ils ont
l'environnement réglementaire dans lequel il faut qu'ils opèrent ici, au
Québec. Puis je suis bien... Je vous dirais que je suis pas mal sûre qu'ils
font avec les règles, et ce n'est pas là qu'on a des problématiques. Il y a des
propriétaires cow-boys, peut être, mais on ne va pas faire reposer toute la
crise du logement sur la cession de bail puis sur des règles qui ne sont pas
bien adaptées puis qui ne visent pas... qui ne sont plus appliquées pour les
raisons pour lesquelles elles avaient été conçues pour ce que vous décrivez.
Le Président (M. Schneeberger) : Explications?
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Il me reste combien de temps sur cet article-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
vous reste... Je n'ai pas le temps, mais il vous en reste encore. Mais, de
toute façon, il reste trois minutes à la session.
M. Fontecilla : Je sais bien,
là. Écoutez, de toute évidence, on n'a pas le même chiffre, M. le Président,
là. Je les ai nommés tantôt, 57 % du parc de logements au Québec, là, est
détenu par les propriétaires qui ont entre sept et plus de 100 portes. Donc, on
est loin de l'image idyllique, là, que Mme la ministre veut nous... veut
forger, là, dans l'étude qui nous occupe aujourd'hui.
Mais je reviens à ma question, elle ne m'a
pas répondu encore, là, un motif autre que sérieux pourrait être la recherche
d'une augmentation de loyer, là, on va aller au plus simple. Est-ce que c'est
un motif autre que sérieux?
Mme Duranceau : ...je veux
dire, là, vous vous présumez que tout le monde augmente le loyer puis ne tient
pas compte des règles. Cette clause-là, elle vise à relever un locataire qui
veut quitter de ses obligations en vertu du bail. Puis le locateur qui choisit
de refuser la cession de bail et de résilier, bien, s'il veut augmenter le
loyer, bien, il va pouvoir l'augmenter en lien avec ce qui est prescrit par le
Tribunal administratif du logement puis en tenant compte des travaux qu'il aura
faits dans le logement. C'est un motif...
Mme Duranceau : ...Ce n'est
pas une question de motif autre que sérieux. Il y a une troisième option où tu
n'as pas de motif à donner. Puis peut-être que ça sera ça, les intentions du
propriétaire. Mais je le répète, c'est sa prérogative, comme propriétaire du
duplex, du Triplex ou du six plex, de décider ce qu'il veut faire compte tenu
de son investissement dans ce logement-là, et de vouloir que, quand il va le
relouer à quelqu'un d'autre, que les lieux soient mis à jour, plus neufs,
rénovés, je pense que c'est un motif qui est très valable. Puis il devra
toutefois se plier aux règles.
M. Fontecilla : Avec le loyer
plus cher, avec le loyer plus cher.
Mme Duranceau : Oui, mais là,
M. le député de Laurier-Dorion, rien ne se perd, rien ne se crée. Alors, s'il y
a des investissements qui sont faits, il y a des calculs qui sont prescrits par
le Tribunal administratif du logement, puis un locateur a le droit d'augmenter
en conséquence son loyer.
M. Fontecilla : Je pense que
vous...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux à mardi, le 28 novembre, 10 h.
(Fin de la séance à 16 h 30)