(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Boutin) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je souligne que cette séance se
déroulera à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve, et
dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Alors, la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi
sur les élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Kelley (Jacques-Cartier) est remplacé par M. Benjamin
(Viau); M. Tanguay (LaFontaine) est remplacé par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); et M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le secrétaire. Alors, lors de notre ajournement de nos travaux
hier, la députée d'Anjou—Louis-Riel avait la parole sur un amendement de
Mme la députée Vaudreuil à l'article 3. Mais là je comprends que
Mme la députée de Vaudreuil va poursuivre la discussion.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : À vous
la parole.
Mme Nichols : Bon matin, bon matin,
tout le monde. Alors, il me fait plaisir d'être dans cette commission jusqu'à
22 h 30, ce soir.
Alors, on
voulait continuer... Oui, hier, on était sur l'article 3 et, à
l'article 3, on avait déposé un amendement. Puis, l'amendement, ce que ça disait... dans le fond, c'était pour
éviter le cumul des fonctions entre être un élu municipal puis être un élu d'une commission scolaire. Puis
on le sait, que c'est une commission... quand on parle d'élu de commission
scolaire, là, on sait qu'on parle d'un élu
de commission scolaire anglophone, là, parce que, francophone, c'est des
centres de services.
Puis même, si
je remonte, là, dans la journée, là, dès qu'on a abordé, là, l'article 3,
là, j'avais soulevé d'emblée, là, cet
enjeu-là. Puis là on est revenus avec... il y a eu... bien, il y a eu un petit
temps où on est allés consulter, puis là on est revenu en nous disant qu'on ne pouvait pas légiférer ou on ne
pouvait pas mettre ça dans la loi, étant donné que le projet de loi
n° 40, là, était contesté.
Je n'ai pas un gros département juridique, mais
j'ai quelques collègues, étant avocate de formation, donc je suis allée
chercher des avis juridiques là où je le pouvais, dans les temps requis, parce
qu'on est quand même sortis d'ici à 22 h 30, hier soir, puis on ici
depuis 7 heures, ce matin, alors... Et, Mme la Présidente, moi, ce que je
soumets, puis je réitère, là... je réitère
notre volonté, là, via l'amendement qu'on a déposé, à l'effet que définitivement
il y a un conflit d'intérêts. On ne
peut pas être un élu scolaire, soit président de commission scolaire... on ne
peut pas être un commissaire scolaire
puis en même temps être un élu municipal,
puis pour des raisons, là, bien évidentes, là, tu sais, pour des raisons
que ça saute aux yeux, là.
On va... Il y a tellement de conflits
d'intérêts, là, je pourrais les énumérer, mais, en fait, j'ai ma collègue... Ma
collègue qui est avec moi ce matin pourra en parler puisqu'elle a été bien
impliquée au niveau des commissions scolaires,
puis c'est pour ça qu'elle est... qu'elle m'accompagne ce matin, là, elle
pourrait justement être plus précise que moi sur ce sujet-là.
Mon point est que... Le fait que la loi
n° 40, là, elle soit contestée, là, ça ne concerne même pas la
problématique de l'élu, là. Ce qui est contesté ou, en fait, ce qui est
suspendu pour le moment, c'est la gouvernance scolaire.
Donc, ce qu'on... le motif, là, l'enjeu, là, la contestation, là, c'est que les
commissions scolaires anglophones veulent
continuer d'avoir des élus dans les commissions scolaires anglophones. C'est
ça, l'enjeu. Ça fait que ça n'a pas de lien direct avec ce qu'on parle
ici, de mettre qu'un élu scolaire anglophone est inéligible à siéger, donc il
n'y a pas d'enjeu — hein,
première fois, je l'ai bien dit — donc, il n'y a pas d'enjeu à cet
effet-là.
Puis ce que
j'ai fait valider, entre autres, c'est que supposons que... Un, ce n'est pas le
même sujet, là, la loi n° 40 qui est contestée puis ce à quoi on
parle ici, là, ce n'est pas la même chose, là. Supposons que la loi n° 40,
ça passe. On va y aller avec les deux
décisions possibles. La décision possible qui dit que, oui, les commissions
scolaires anglophones ont le droit de garder leurs élus, ont le droit de
garder leurs commissaires, bien, super, parce que nous, ici, on va déjà l'avoir intégré, qu'un élu scolaire, un commissaire scolaire
ne peut pas cumuler les deux fonctions, ça va être déjà là, on l'a prévu, c'est ce qui est prévu dans
l'amendement. Si c'est l'inverse, si on vient dire : Bien non, les
commissions scolaires ne... les commissions scolaires anglophones vont
devenir comme des centres de services pareils comme les francophones, il n'y
aura pas d'élu, bien, cet article-là devient caduc, ça ne s'applique pas. Donc,
il n'y en a pas, de problématique, il n'y en a pas, de problématique, là,
juridique à l'intégrer, à intégrer qu'un élu d'une commission scolaire
anglophone ne peut pas siéger. Ça fait que je ne la vois pas, la problématique.
Ça fait que je resoumets, là, l'ensemble de mes arguments.
Puis là où était ma collègue d'Anjou—Louis-Riel,
hier soir, là, ce qu'elle disait, entre autres, là, c'est que, dans le projet
de loi n° 16, là, la ministre, là, elle est intervenue dans un dossier qui
était... dans un dossier qui était... qui
était contesté, qui était déjà dans la machine judiciaire, là, puis on parle du
fonds de pension des policiers. La ministre est intervenue, là, puis ça
a tranché le litige. Puis le litige n'a pas continué en cour, là. Puis même la
cour disait : Bien, on va attendre de
voir comment ça va être tranché par l'Assemblée nationale. Donc, ça a mis un
terme au dossier, là, ça a, bang, fini, là.
Mais ce n'est pas ce qui va arriver ici, là. Je
veux dire, le fait qu'on dise que va être inéligible à siéger un élu d'une commission scolaire, ça ne met pas fin au
litige de la loi n° 40, là, donc ça n'a aucun impact sur la
contestation du projet de loi n° 40. Donc, c'est, entre autres, là,
une partie de mes arguments sur l'amendement qu'on a déposé.
Mais, si vous me permettez, je peux céder, là,
tout de suite, là, la parole à ma collègue, là, qui peut faire un petit bout de
chemin sur cet amendement-là. Est-ce que c'est possible de le mettre,
l'amendement, à l'écran?
La Présidente (Mme Boutin) : ...il
était là, je pense, puis il a comme disparu. Allez-y, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis,
à vous la parole.
Mme Maccarone : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui en ce qui concerne ce
projet de loi et en particulier l'amendement de ma collègue, que je trouve très
à propos et très important. Je pense que la députée de Vaudreuil a fait
vraiment un bel exposé du pourquoi, mais je veux renchérir sur qu'est-ce
qu'elle a partagé, parce qu'on parle vraiment d'un conflit d'intérêts puis on
parle aussi de la concordance.
Je vois en mal pourquoi nous ne pouvons pas
poursuivre avec cet amendement, parce que, peu importe qu'est-ce qui arrive
avec le projet de loi n° 40, en ce qui concerne la communauté anglophone
et le droit d'élire leurs propres commissaires,
on ne sait pas quand est-ce ceci, ce sera réglé. Nous avons actuellement
plusieurs élus scolaires qui sont en attente d'avoir une date pour les
élections, car tout est suspendu pour eux, ça fait que ça reste qu'en ce qui
concerne l'inéligibilité pour les personnes qui peuvent être éligibles pour
être commissaire scolaire, tout ça aussi, c'est suspendu.
Alors, on a un devoir ici, à l'intérieur de
cette commission, de corriger le tir pour s'assurer que nous n'avons pas de conflit d'intérêts. C'était quelque chose
qui était discuté lors du débat en ce qui concerne le projet de loi n° 40,
je pense que tout le monde avait un accord.
Et ma collègue a fait l'exposé aussi, hier, de dire que ce n'est pas une
attaque envers les personnes qui occupent actuellement les deux rôles.
On sait que c'est des personnes qui veulent bien faire, on sait que c'est des
personnes qui sont dévouées à leur communauté, des personnes qui veulent
donner. Surtout être commissaire scolaire, quand on sait que c'est des gens qui
ne sont pas bien rémunérés, c'est beaucoup d'heures de travail, c'est beaucoup d'implication qui est demandée des gens qui sont
presque des bénévoles au sein de leurs commissions scolaires et de leurs
communautés. Mais ça reste que c'est un conflit d'intérêts. Parce qu'au sein
d'une commission scolaire et du partenariat
avec la ville... Écoute, ils sont presque mariés, c'est un couple. La seule
façon qu'une commission scolaire peut
vraiment rayonner dans leur territoire, c'est avec un bon partenariat avec la ville,
alors d'où l'importance d'avoir une séparation entre ces deux états.
On va parler du transport. Les commissions
scolaires, ils vont développer des relations très, très proches avec le
municipal. Si on parle surtout des plus grandes villes qui offrent du transport
public, bien, ils vont développer des ententes, Mme la Présidente, qui vont
être votées au sein de la commission scolaire. Alors, le municipal va faire
l'argent, dans le fond, parce que c'est un contrat de plusieurs millions de
dollars en ce qui concerne le transport de nos élèves au sein des commissions
scolaires. C'est quand même assez gros comme mandat. Alors, on devrait avoir une séparation. On ne devrait pas avoir quelqu'un
qui se retire tout le temps aussi, parce que, si quelqu'un reconnaît que c'est
un conflit d'intérêts puis ils sont un élu scolaire, bien, il va
falloir qu'ils se retirent toujours du débat, alors... parce qu'ils
reconnaissent aussi que c'est un conflit. Alors, nous sommes en train de priver
la population, qui ont voté pour cet élu scolaire, de sa place autour de la
table parce que c'est un conflit d'intérêts. Puis ça, c'est un exemple.
• (11 h 40) •
On peut parler des terrains. On sait qu'il y a tellement
une pénurie de terrains, tellement que c'est difficile de trouver des terrains
pour bâtir des écoles, on a dû mettre un amendement à l'intérieur du projet de
loi n° 40 pour donner plus de pouvoirs aux commissions
scolaires pour avoir... et de centres de services scolaires maintenant, pour avoir plus de pouvoirs au sein de la ville pour
négocier et trouver des terrains. Encore
une fois, un conflit d'intérêts assez important en ce qui concerne les élus municipaux et les
élus scolaires. Ils ont des attentes en ce qui concerne tout ce qui est école
publique et la police, parce que c'est aussi un partenaire très important.
Encore un conflit d'intérêts. La communauté, les parcs-écoles, écoute, la liste est longue, Mme la Présidente, en ce qui concerne les conflits
d'intérêts potentiels.
Nous avons vraiment une opportunité en or, aujourd'hui,
de corriger le tir. Je répète, c'est de la concordance avec ce qui est désiré à
l'intérieur du projet de loi n° 40, qui n'était pas
contesté lors des débats. Je pense que tout le monde avait un accord que, oui,
on reconnaît que c'est le temps de faire cette modification, c'est le temps de
faire ce changement. On veut avoir du monde autour de la
table, mais on connaît aussi que c'est un... on reconnaît que c'est un enjeu.
À poursuivre avec l'amendement, qui est maintenant
affiché — merci
beaucoup pour ceci — en
faisant ceci, je pense qu'on envoie un
message que l'éthique, la déontologie, c'est quelque
chose qui nous tient à coeur, c'est quelque chose que nous pensons assez important
de mettre vers l'avant, aujourd'hui, en adoptant cet amendement. Parce que, comme j'ai dit, il y a des élections qui s'en
viennent pour les commissions
scolaires. On ne sait pas quand les
élections s'en viennent, mais ça
reste qu'il y a plusieurs élus qui occupent les deux rôles. Ça fait qu'en adoptant
l'amendement, même si ce n'est
pas pour les élections qui s'en viennent prochainement, ça envoie un message.
Puis on ne
sait pas quand la contestation du projet de loi n° 40 en ce qui concerne
la gouvernance... Ma collègue l'a très bien dit, ce n'est pas lié avec
le conflit d'intérêts entre un élu municipal et un élu scolaire. C'est lié au
droit de la communauté d'expression anglaise
d'élire leurs propres représentants, la démocratie locale qui leur tient à
coeur, le droit de la communauté de
s'exprimer au scrutin de c'est qui qui va être leur représentant, ce n'était
jamais une question d'inéligibilité en ce qui concerne le conflit
d'intérêts. Ce n'était pas ça, le débat, du tout, du tout.
Alors, je
vois en mal comment nous ne pouvons pas poursuivre ici, malgré ce qui se passe
à l'intérieur du projet de loi n° 40, qui est une demande constitutionnelle de reconnaître les droits de
la communauté minoritaire d'expression anglaise,
leur droit de gérer et contrôler leurs institutions en matière d'éducation.
Alors, j'aimerais beaucoup entendre c'est
quoi, les arguments pourquoi nous ne pouvons pas poursuivre avec cet amendement, pour mieux comprendre, pour avoir un débat qui est constructif
avec le gouvernement. Parce que j'y tiens vraiment, à cet amendement qui a été
déposé par ma collègue la députée de Vaudreuil. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci, Mme
la députée. Mme la ministre, voulez-vous intervenir?
Mme Laforest : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) : À vous
la parole.
Mme Laforest : Oui. Bien, merci pour
ces informations, en fait, mais, comme on avait mentionné hier, durant la
journée, au niveau des commissions scolaires anglophones, la loi est quand même
suspendue, il y a des décisions qu'on attend, il y a des décisions... des
jugements qui vont... qui se prononceront. Maintenant, c'est pour ça qu'on ne
peut pas l'inclure ici, pour faire un résumé rapide de ce qu'on avait dit hier,
considérant la situation que la loi est
suspendue pour les commissions scolaires anglophones. Donc, ici, on ne peut pas
l'ajouter parce qu'évidemment, si on l'ajoute puis il y a une décision à
l'inverse avec le projet de loi n° 40... bien, on ne peut pas l'ajouter
ici.
Par contre,
c'est comme on a dit hier... puis il ne faudrait pas non plus que
l'article 3 bloque le projet de loi n° 49, pour aller de l'avant, mais, comme on le disait,
on va suivre, durant les prochains mois, les prochaines semaines, notre projet
de loi n° 49, on va suivre les travaux qui se font pour le projet de loi n° 40.
Puis, comme je le disais à mes collègues hier, on va regarder quelle
décision sera rendue. Puis, à ce moment-là, s'il y a lieu, on pourra prendre
des décisions. Mais, pour l'instant,
l'ajouter à l'article 3,
considérant le jugement attendu, comme il devrait se faire normalement
incessamment, on ne peut pas aller de l'avant. Mais je comprends très, très
bien votre préoccupation, c'est certain. On va attendre de voir qu'est-ce qui
va se passer pour la loi sur les commissions scolaires anglophones.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je suis désolée,
mais je ne comprends pas la réponse, parce que, si nous sommes en train de faire un exposé de c'est qui qui devrait être
éligible ou inéligible, pourquoi ne pas le mettre à l'intérieur de cette liste
malgré qu'est-ce qui se passe? Si le projet de loi n° 40 aurait été adopté
puis il n'y aurait pas de contestation, on l'aurait
mis, on l'aurait mis quand même, je pense. Je pense que... Tu sais? Parce que,
si l'argument, c'est : On ne peut pas le mettre parce qu'on a quand
même une contestation... S'il n'y avait pas de contestation, est-ce qu'on
l'aurait mis? Je pense que oui, parce que ce serait quand même de la
concordance.
Alors, peu importe qu'est-ce qui arrive avec le projet
de loi n° 40, vraiment, je ne comprends pas l'argument de dire : On
ne peut pas le faire parce qu'on attend une réponse ou une décision en ce qui
concerne la contestation, malgré que ça aurait été un critère important pour
faire de la concordance, pour dire que, oui, nous sommes d'accord avec
qu'est-ce qui est écrit dans le projet de loi n° 40.
Mme
Laforest : Pas tout à fait,
parce qu'on aurait fait de la concordance avec la décision du projet de loi n° 40, par
rapport à la décision qui était à donner, là, avec les commissions scolaires
anglophones. Ça fait que, dépendamment de
la réponse ou de l'ajout qui aurait été fait dans le projet de loi n° 40, dépendamment de la décision du projet de loi n° 40, on ne l'aurait pas ajouté ici, là,
comme je vous mentionne.
C'est parce que, si le projet de loi n° 40
l'étudie, en fait, et la décision est prise, la décision qu'on attend, là,
pour... avec la décision d'occuper deux fonctions en même temps, là, élus
municipaux et les commissions scolaires, bien, quand... si la décision avait
été rendue ou si encore le projet de loi n° 40 avait été de l'avant avec
cette étude qui est présentement analysée, bien, on ne l'aurait pas ajouté ici
non plus, là. Ça fait que de dire : On va l'ajouter parce que, même si...
En fait, peut-être, je m'exprime mal, là. En
fait, simplement, c'est de dire que, le projet de loi n° 40, si la loi
n'avait pas été étudiée, présentement, pour les commissions scolaires
anglophones, bien, on n'aurait pas eu ici à l'ajouter.
Vous comprenez? Mais là, étant donné... considérant le jugement qui est
attendu, bien, on doit attendre la réponse du jugement. Vous comprenez? Parce
que c'est sûr que, s'il n'avait pas été... si on n'était pas dans la même situation,
actuellement, avec le projet de loi n° 40, qui est suspendu, pour la loi
sur les commissions scolaires anglophones,
évidemment, bien, on n'aurait pas eu non plus à l'ajouter, parce qu'il aurait
été dans l'autre projet de loi.
Ça fait qu'à ce moment-là, évidemment, s'il est
dans l'autre projet de loi, on ne le met pas ici, parce qu'il est déjà dans le projet
de loi n° 40. Vous comprenez que ce qui est dans le projet de loi par
rapport à cette demande-là, s'il l'est dans le projet de loi n° 40, on n'a
pas ici à l'ajouter. Par contre, comme je vous dis, on va suivre les travaux,
on va regarder, tout le monde, tout le long de notre projet de loi, on a quand
même beaucoup d'articles à étudier, on va regarder qu'est-ce qui va se passer,
quelle décision qui sera prise. Puis, comme j'ai dit à mes collègues hier, on
reviendra, s'il faut revenir, cet automne.
Mme Maccarone : Je vais le poser
autrement, Mme la Présidente. Si jamais la communauté d'expression anglaise
gagne leur débat devant le tribunal en ce qui concerne la contestation du projet
de loi n° 40, alors le projet de loi n° 40 ne s'appliquera pas envers
eux. Est-ce que ça veut dire que la ministre est d'accord qu'on peut être un
élu scolaire et un élu municipal?
Mme Laforest : La question est
excellente, mais je n'ai pas à être d'accord ou non. Tu sais, je ne peux pas me
positionner, j'attends la réponse, justement, que la cour va donner. Ça fait
que, dépendamment de la réponse que la cour va donner, on va regarder, après
ça, c'est quoi... comment ça a été jugé, quels points sont étudiés, les
raisons. Tu sais, est-ce que c'est applicable ou non applicable?
Parce que je sais quand même, là... puis on dit
ça comme ça, je sais que c'est pour des grandes commissions scolaires puis
c'est plus vers Montréal évidemment, mais la double fonction d'élu comme là on
le lit dans l'amendement, là : «Qui cumule les fonctions électives au
niveau municipal et scolaire», bien, c'est certain qu'il faut voir qu'il y a
des petites, petites municipalités qu'il n'y a pas de candidat, c'est très,
très difficile à avoir, où il y a moins de conseillers. Parfois même, on a de
la misère à avoir un maire ou une mairesse. Ça fait que, des fois, il y a un
cumul de fonctions.
Maintenant, avec la décision qui sera prise dans
les prochains mois, bien, on pourra peut-être rediscuter ensemble à ce
moment-là. Moi, je suis ouverte à discuter, là, quand la décision sera prise,
sans problème, là. Ce n'est pas du tout, du tout une fermeture. C'est que,
comment je pourrais dire, je n'ai pas... il y a un malaise présentement, là. Tu
sais, quand même, c'est... si moi, je vais de l'avant, tu sais, quand on attend
une décision de la cour, bien, c'est embêtant, la ministre va aller de l'avant
pendant qu'il y a une loi qui est étudiée présentement. Ça fait que vous
comprenez ma position. La seule affaire, c'est que, moi, vous pouvez voir que
j'ai hâte, là, de voir la décision qui sera prise, évidemment, dans le futur.
Ça fait qu'on va attendre de voir la décision. Puis c'est ça.
Puis je ne voudrais pas non plus supposer des
décisions qui seront rendues de la Cour d'appel. Tu sais, ce n'est pas non plus
à moi de faire des suppositions si c'est possible ou non de cumuler deux
fonctions scolaires au niveau municipal. Donc, moi, je pense que je ne veux pas
supposer la décision qui sera prise, ça fait qu'en même temps, moi, ce que je
dis présentement, c'est : même si on discute, comme je l'avais dit hier
soir, là, en longueur de cette demande-là, bien, je pense qu'on va toujours
arriver à la même conclusion.
Mais ce que j'entends, c'est très, très bien.
J'entends de votre part qu'il y a un malaise, puis vous voudriez que ce soit
amélioré dans le projet de loi n° 49. Ça, je l'entends très, très bien.
Maintenant, à suivre.
• (11 h 50) •
Mme Maccarone : Je remercie la
ministre pour la réponse, mais ce n'est pas une réponse à ma question. Je ne
demande pas à la ministre non plus de supposer qu'est-ce qui peut arriver
devant le tribunal. Ce n'est pas ça que je
demande. La question est vraiment hypothétique. Si notre tribunal décide en
faveur de la communauté d'expression anglaise,
alors le projet de loi n° 40 ne s'applique pas à eux. Ça veut dire : lors de cette décision, on peut avoir des
élus scolaires qui sont aussi des élus municipaux, puis on ne l'aura pas
corrigé ici. Est-ce que ça veut dire que la ministre est en accord qu'on peut
avoir des élus qui occupent les deux fonctions?
Mme
Laforest : Ce sera la même réponse, parce que, si, si, si, je ne peux
pas répondre si. On va attendre de voir la décision qui sera prise, puis je ne peux pas supposer non plus que...
si la décision est favorable ou si la décision n'est pas favorable, je
ne peux pas, là, argumenter sur ça, là. Vous comprenez de toute manière, ça, je
suis convaincue. Maintenant, on va attendre de voir la décision qui sera prise.
Mme Maccarone : Ça fait qu'est-ce
que la ministre est d'avis, d'abord, que c'est au moins un conflit d'intérêts
d'être un élu scolaire et un élu municipal en ce qui concerne des contrats de
transport, de terrain, de parc, de police, de communauté? C'est un conflit
d'intérêts?
Mme
Laforest : Bien, comme je vous dis, je vais attendre de voir la
décision qui est prise et les arguments, ça, c'est certain.
Mme Maccarone : Non, non, je ne
parle pas de ça.
Mme
Laforest : Puis, suite à ça, suite au travail puis au jugement qui
sera rendu, bien, peut-être qu'après ça je vais pouvoir vous répondre,
mais, pour le moment, je ne peux pas. Tu sais, je ne peux pas répondre parce
que je veux voir
comment... c'est quoi, les dispositions qui seront prises ou les
non-dispositions qui ne seront pas prises non plus, là. Ça fait que moi,
je n'aurai pas la... J'ai un malaise d'avoir la prétention de dire : Oui,
c'est un conflit d'intérêts, non, ce n'est pas un conflit d'intérêts. Est-ce qu'il
y a un conflit d'intérêts entre... pour les décisions des appels d'offres avec le transport, avec les terrains, avec... Tu
sais, c'est pour ça, je dis : Présentement, je suis neutre, considérant la
situation actuelle qui est suspendue. Donc, c'est suspendu, il y a des
gens qui vont se prononcer, puis on va attendre, puis après ça...
Mme
Maccarone : C'est quand même intéressant, comme position, étant donné
que le ministre de l'Éducation, votre collègue, Mme la ministre, a dit
que c'était un conflit d'intérêts puis c'était pour cette raison que c'était
écrit en noir et blanc dans le projet de loi n° 40
qu'on ne peut pas être éligible aux deux postes. Alors, je pense que c'est
quand même la position du gouvernement actuel, puis c'est pour ça que c'était
écrit dans le projet de loi n° 40 qu'on ne peut pas
occuper les deux. Alors, si c'est un changement de position puis de réflexion
en ce qui concerne les élus scolaires ainsi
que les élus municipaux, je pense qu'il faut vraiment avoir un discours là-dessus,
parce qu'honnêtement, pour moi, c'est clair, puis je pense que, pour
plusieurs personnes, c'est un conflit d'intérêts. Puis c'est pour ça que
c'était écrit dans le projet de loi qui a été adopté, adopté par votre
gouvernement.
Pour répondre à la question en ce concerne ce que
la ministre a dit pour le cumul de fonctions dans les régions, dans les plus
petites municipalités, je suis d'accord. Écoute, je suis une ancienne
présidente d'une commission scolaire, j'ai
couvert un territoire de trois régions, la grandeur de Belgique,
53 000 kilomètres carrés. Je sais c'est quoi, les défis de trouver des représentants de la communauté.
C'est très, très, très difficile, encore plus difficile dans les populations
qui sont très petites, qui sont très
rurales. Mais, cela étant dit, ça n'enlève pas ce que nous sommes en train de
discuter aujourd'hui.
J'en suis tout à fait
d'accord, qu'il faut trouver des bons candidats, mais il faut aussi faire une
exposition de qu'est-ce qui est un conflit d'intérêts, puis c'est ça, c'est de
ça que nous sommes en train de faire le débat ici, à l'intérieur de ce projet de loi, c'est l'éthique et déontologie. Ce
n'est pas éthique d'occuper les deux fonctions. Ce n'est pas éthique, peu importe qu'est-ce qui arrive avec
le projet de loi n° 40, je suis convaincue. Ce n'est même pas une question
de supposer qu'est-ce que le tribunal va dire, ce n'est pas un conflit
d'intérêts, c'est de la concurrence.
Puis ça envoie aussi
un message ici. On enlève le débat en ce qui concerne les commissaires. Si on
parle d'éligibilité pour les élus municipaux, il n'y a pas de contestation
envers eux, ce n'est pas eux qui ont levé la main pour dire qu'on ne veut pas
être nécessairement élus scolaires. Si on change le débat pour dire que,
maintenant, ce qui s'applique aux élections
municipales, pour les élus municipaux, on dit que vous ne pouvez pas aussi être
élu scolaire, ce n'est pas un conflit
d'intérêts, ça va être... Je lance le défi de trouver la jurisprudence pour
dire que nous ne pouvons pas faire ceci puis de faire adopter cet
amendement en ce qui concerne l'éthique qui s'applique aux élus municipaux.
Les élections sont au
coin, là, ce sont dans quelques mois. Ça va être très important que les gens
sachent qui est éligible, qui n'est pas éligible pour mettre leurs noms et
leurs faces sur un poteau. C'est un message pour la communauté. Ça va aussi
ouvrir des postes. C'est beaucoup de pouvoir pour une personne, c'est une
personne qui va pouvoir influencer plein de
choses. Puis, comme j'ai dit, je n'accuse personne. Je sais que c'est des
bonnes personnes qui veut occuper des postes, qui veut être des
représentants auprès de leur communauté, mais ça reste que c'est des conflits
d'intérêts importants, pour un conseiller municipal, à occuper les deux rôles.
Ça fait que les
élections qui s'en vient, on va avoir des conseillers municipaux qui vont aussi
avoir beaucoup de pouvoir au sein de leurs commissions scolaires. Ce n'est pas
acceptable, ce n'est pas acceptable du tout. C'est difficile pour la gestion
des commissions scolaires, ça va être difficile aussi pour la gestion des
municipalités, parce que l'influence est indue, est inacceptable. On a une
occasion en or, aujourd'hui, de corriger le tir et de mettre tout sur le côté
d'éthique et déontologie.
Vraiment,
il n'y a pas de conflit entre les deux actions de ce qui se passe pour la
contestation du projet de loi
n° 40 et ce que nous pouvons
faire ici, aujourd'hui, ensemble, entre collègues, pour dire qu'est-ce qui est éthique, pour assurer
que, les conflits d'intérêts, on dit que c'est non. C'est ça, le message qu'on
veut envoyer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Boutin) : Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Laforest : Oui. Bien, en
fait, juste pour corriger, là, ce n'est pas du tout, du tout un changement de
position, là, ce n'est pas du tout,
du tout un changement de position, puis je veux vraiment le présider... le
«présider», le préciser. Parce que c'est juste la situation que, présentement,
la loi a été suspendue par la cour. Alors, vous comprenez, vous l'avez, la position, de toute manière, comme vous
l'avez mentionné tantôt, avec le projet
de loi n° 40. Vous le savez, la
volonté pour occuper la fonction de deux postes pour les élus, de cumuler les
deux fonctions, si je peux dire, vous l'avez, la position, dans le projet de
loi n° 40, mais vous savez également que notre position est celle-ci,
celle du gouvernement. Maintenant, la loi, considérant qu'elle est suspendue,
on ne peut pas l'ajouter ici présentement, considérant que... Sauf que de dire
qu'il y a un changement de position... pas du tout, du tout, là. Je ne veux
que... je ne veux pas non plus qu'on sous-entende que, présentement, il y
aurait un changement de position pour le cumul des deux fonctions, là.
Ça fait que je veux
quand même vous rassurer. C'est juste que la situation qui est présentement à
l'étude, la suspension, c'est dû à la suspension de la loi, donc c'est pour ça
qu'ici moi, j'ai comme... je ne veux pas l'ajouter. On ne voudrait pas
l'ajouter parce que ça serait comme prétendre... ou encore aller, comment je
pourrais dire... aller devancer une décision qu'on sait très, très bien qui sera
prise bientôt, là, qui sera déterminée bientôt, là, qui sera jugée
prochainement.
• (12 heures) •
Mme Maccarone :
On ne sait pas que ça va être décidé prochainement. Moi, je pense qu'il n'y a
personne qui a une boule en cristal pour dire qu'il y a une décision qui s'en
vient, là. Je pense qu'il faut avoir de prudence en disant ça, parce que ça,
c'est... Tout le monde attend à avoir une réponse à ce sujet.
Ce n'est pas
le projet de loi n° 49 qui est suspendu, là, on est en train de faire le
débat. Alors, tu sais, juste... Parce que
je sais que ma collègue la députée de Vaudreuil, elle veut s'exprimer
là-dessus, mais 49 n'est pas suspendu. Le 49, si tout va bien, après
tout le débat puis avec toutes les bonifications puis les modifications qu'on
aura au sein de ce projet de loi pour le bénéfice de la population québécoise,
sera adopté avec l'amendement qu'on adopte en ce qui concerne l'article 3.
Je ne pense pas que le projet de loi n° 49 serait
suspendu ou qu'il y aura une contestation de la communauté qui dit : Non,
non, non, écoute, moi, je suis contre cet effet que je ne peux pas être un élu
municipal et un élu scolaire.
C'est un faux débat, Mme la Présidente, parce
qu'on fait un exposé de qu'est-ce qu'on a voulu faire à l'intérieur d'un projet
de loi qui est suspendu, mais on les sépare, c'est deux arguments totalement
différents. Lors de l'adoption,
si c'est adopté, le projet de loi n° 49, si on a cet article qui est adopté puis qui
est entamé dans le projet de loi, ce ne
sera pas suspendu nulle part, il n'y aura pas une contestation par la suite
parce que ce n'était pas ça qui était contesté, ce n'était pas l'inéligibilité
de la communauté qui était contestée.
Mme Laforest : Mme la Présidente,
est-ce que c'est possible de suspendre un petit peu?
La Présidente (Mme Boutin) : Oui, on
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 01)
(Reprise à 12 h 07)
La Présidente (Mme Boutin) : Alors,
c'est reparti. Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Laforest : Oui. Bien, en fait,
c'est ça, je vais rester sur la même position que je disais précédemment. On a
fait des vérifications, puis je comprends vraiment les inquiétudes de ma
collègue, mais, en même temps, on va rester
sur la position, considérant cette suspension de la loi qui est...
présentement. Ça fait qu'on a fait des validations, mais on doit quand même être prudents. Et c'est la
position que je garderai présentement, avec l'article 3, pour l'ajout
du cumul des deux fonctions.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je voulais juste être
certaine, là, tu sais, oui, on dit : «Cumul des deux fonctions»,
mais je veux juste qu'on comprenne bien. Tu sais, dans le fond, on fait référence
au cumul des fonctions électives,
c'est-à-dire municipale, scolaire, là, mais, tu sais, ce qu'on veut, là, c'est
ajouter qu'il est inhabile à siéger ou qu'il est inéligible... pas à
siéger, là, mais il est inéligible... un élu, un élu scolaire, là. C'est
vraiment, tu sais... là, on a écrit :
«fonctions électives», là, il était, je pense, 10 h 20, hier soir,
là, mais juste... Tu sais, dans le fond, ce qu'on veut, là... tu sais,
on fait souvent l'énumération : les juges des tribunaux judiciaires — je ne
repartirai pas là-dessus — les
directeurs généraux des élections, les membres du Parlement du Canada, mais, tu
sais, ce qu'on veut aussi, c'est qu'il y ait
un point qui dit : Aucun élu scolaire. Puis là c'est sûr que, oui, là, la
problématique, c'est : les élus scolaires, c'est seulement dans les
commissions scolaires anglophones, là.
Mais, moi, ce que je veux dire, là, Mme la
Présidente, là, c'est qu'il n'y en a pas, d'incidence, là. Présentement, il n'y
en a pas. Si on décide d'ajouter, là, que les élus scolaires, là, ne sont pas
éligibles, là, ça ne vient pas influencer le
projet de loi n° 40, là. Puis c'est ce que j'ai validé, là, juridiquement,
là, c'est que ça n'a aucune influence sur
le projet de loi n° 40. Puis, moi, mon inquiétude, là, je vous la partage,
là, c'est qu'il y en a, des élections municipales, le 7 novembre
prochain. Puis ce que je comprends, là, c'est qu'on ne veut pas intervenir puis
qu'on va dire... parce qu'il y en a, là, présentement, là, qui sont présidents
de commission scolaire anglophone puis qui sont maires d'une municipalité, puis
là c'est qu'on va leur dire, le 7 novembre prochain: Vas-y, mon tit-pit,
dépose-la, ta candidature. On l'a traitée,
mais on ne veut pas se prononcer, on est neutres. Ça me fâche, câline, ça me
fâche parce que c'est ici qu'on peut le faire puis c'est ici qu'on a le
pouvoir de le faire, on est les législateurs.
Puis, quand
je dis qu'il n'y en a pas, d'incidence, il n'y en a pas, on le met, puis, au
pire, là, le pire du pire, là, tu sais... je veux dire, il n'y a pas
d'impact négatif, le pire, c'est que, s'il n'y en a plus, d'élus, s'il n'y en a
plus, là, d'élus scolaires, là, si ça n'existe plus, des élus, dans les milieux
anglophones, là, bien, il sera juste caduc, ça sera juste plus bon. Puis, s'il y
en a, bien, on viendra dire : Tu ne peux pas cumuler les deux fonctions.
• (12 h 10) •
Tu sais, la problématique, là, la vraie
problématique, là, ce pour quoi on vient légiférer ici... Puis, tu sais, je comprends quand on dit : Oui, mais on va
peut-être avoir moins de candidats. Oui, on va avoir moins de candidats, mais
c'est quoi, on préfère tolérer le conflit d'intérêts? Moi, c'est ce que je lis,
là, entre les lignes, là, tu sais. On va avoir moins de candidats dans les petites municipalités, puis, encore là, tu
sais, on va dire : Oui, mais dans les petites municipalités, il y
en a moins, de candidats. Ah oui, O.K., parce qu'il y a moins de candidats dans
les petites municipalités, on va tolérer le conflit d'intérêts? Non, mais, tu
sais, c'est ça, la réponse, c'est ça, la réponse qu'on nous donne là.
Ici,
là, je le rappelle, on est dans un projet de loi, on est dans le sujet
Introduire de nouveaux motifs d'inéligibilité. C'est ça, le sujet qu'on
traite présentement. Bien, ça, c'en est un, motif. Ça, c'en est un, motif.
Puis, sincèrement, on ne peut pas soulever que la partie gouvernance scolaire
anglophone est traitée ailleurs parce qu'on ne sait même pas quand est-ce qu'on
va avoir une décision, mais on sait qu'il y a des élections municipales le 7 novembre
prochain, par exemple.
Donc, on va... on ne se penchera pas là-dessus,
on va revenir dans peut-être un an, deux ans, trois ans, puis, pendant ce
temps, bien, il va y en avoir, des conflits d'intérêts, puis on va continuer de
les traiter. Ça fait que, moi, c'est ça qui
me fatigue. Puis, oui, il y a les élections municipales le 7 novembre
prochain, mais il y a sûrement des élections scolaires partielles qui
n'ont pas lieu.
Ça fait que je le réitère, là, tu sais, moi,
quand je vois tout ça, là... Puis les réponses que j'entends ici aujourd'hui,
c'est que, un, ça va avoir une incidence sur le projet de loi n° 40. Ce
n'est pas vrai, ça ne va pas venir trancher le projet de loi n° 40, pas
pantoute. Puis ça, Mme la ministre... Mme la Présidente, là, si je le dis, puis
à Mme la ministre aussi, là, mais si je le
dis, c'est parce que je l'ai validé, là, tu sais, je l'ai validé, là. Il n'y en
aura pas, là, d'incidence sur le projet de loi n° 40, ce n'est pas
ça qui va venir trancher le projet de loi n° 40. Qu'on vienne dire ici que c'est un motif d'inéligibilité, le fait qu'on
soit... je m'en viens bonne, le fait qu'on soit un élu scolaire, là, ce n'est
pas ça qui va venir trancher le débat, là, du projet de loi n° 40, mais
pas du tout.
Mais ce que ça va dire, par exemple, c'est qu'on
met notre pied à terre comme législateur puis on est proactif, on dit qu'il y
en a, des conflits d'intérêts. Ça, on est d'accord, là. Ça, ça a été traité au
projet de loi n° 40, là. Ma collègue
l'a dit, ça a été traité, il y en a, des conflits d'intérêts. Ça a été admis
par la partie gouvernementale. Il y en a quand on cumule ces deux fonctions-là d'élu municipal puis d'élu
scolaire, il y en a, des conflits d'intérêts. Ça fait que, là, ce qu'on
vient faire, on met notre pied à terre en disant : Bien, regardez, là, que
ça passe ou que ça ne passe pas, il n'y en aura pas, de conflit d'intérêts.
Puis c'est ça qu'on vient légiférer aujourd'hui.
Ça fait que je trouve, tu sais, je trouve...
Bien, en fait, j'aimerais bien qu'on nous oriente, là. Tu sais, on nous dit que
ça a peut-être un impact sur le projet de loi n° 40 puis qu'on aime mieux
rester neutre. Moi, j'aimerais savoir l'ampleur de l'impact sur le projet de
loi n° 40. À quel niveau ça va intervenir sur le projet de loi n° 40?
La Présidente (Mme Boutin) :
Pouvez-vous répondre ou... Allez-y Mme la ministre.
Mme Laforest : Bien, j'ai donné tous
les arguments, j'ai donné toutes les raisons. Puis il faut juste préciser, il
faut faire attention, là, que... il ne faut pas dire qu'il a été... qu'on
aurait entendu que, parce qu'il y a moins d'élus, on va permettre que les élus cumulent deux fonctions. J'ai juste dit des
exemples de situations. Alors, il faut faire attention, je n'ai pas dit que j'étais pour qu'un élu cumule des
fonctions dans des municipalités qu'il n'y a pas beaucoup d'habitants.
Il faut vraiment être prudent, c'est
complètement une autre chose, c'est... considérant la loi qui est suspendue
présentement, ce sera impossible d'ajouter l'amendement qui est proposé présentement.
Donc, il n'y a aucune supposition de mon côté,
là. Parce que, oui, c'est vrai qu'il y a des élus qui cumulent deux fonctions dans des endroits, puis j'ai donné
ça comme exemple dans les petites municipalités, mais c'est beaucoup
plus au niveau de la suspension de la loi, et ce sont pour ces raisons-là.
C'est des bonnes raisons que j'ai données, là, Mme la Présidente.
Mme
Nichols : Oui, parfait, mais ma question, c'est à savoir c'est quoi,
l'impact. C'est quoi, tu sais, juridiquement,
là... Puis, écoutez, donnez-moi une réponse, tu sais, convainquez-moi, puis on
va en... Je veux dire, on est capables... tu sais, on est capables de
comprendre, là, mais convainquez-moi que le fait qu'on vienne ajouter ici qu'un
élu scolaire ne peut pas être un élu municipal... en quoi ça viendrait
influencer le projet de loi n° 40. C'est ça, ma
question.
Mme Laforest : Mais c'est ça,
justement, je n'ai pas dit qu'un élu municipal pourrait être élu dans une
commission scolaire anglophone ou encore cumuler les deux fonctions. Je n'ai
jamais dit ça. En quoi ça dérange? Bien, en quoi ça dérange, c'est que,
présentement, on attend un jugement. On va l'avoir, on va avoir la décision de
la cour puis, après ça, on va voir comment
être vraiment... les deux projets de loi, p.l. n° 40,
p.l. n° 49, pour que ça s'applique dans les
deux projets de loi, à ce moment-là, quand la décision sera rendue. Mais,
présentement, moi, c'est certain que... De toute manière, bien, vous le voyez,
là, il y a un malaise, là, c'est important de voir que... on va attendre la décision qui sera prise, mais la position de notre
gouvernement a déjà été prise, là, dans le projet de loi n° 40, et la position était claire dans le projet
de loi n° 40 aussi. Donc, maintenant que cet article... ou ce projet de
loi là est... cette loi est suspendue, pour
mieux le dire, bien, elle est suspendue pour bien répondre à cette
situation-là. Alors, il va y avoir une décision,
puis à ce moment-là on pourra... Possiblement que je serai plus à l'aise quand
la décision sera rendue. Donc, ça va être la même réponse que je vais
avoir, évidemment, là. Donc, il faut juste être prudent. Ce n'est pas une
question que je suis pour cumuler des fonctions, là. Il faut juste faire
attention.
Mme Nichols : Mme la Présidente, on
est au projet de loi n° 49. On ne vient pas ici interpréter le projet de
loi n° 40, ou on ne vient pas non plus s'introduire dans le débat du projet
de loi n° 40, ou on ne vient pas interpréter ou donner une orientation à la décision que pourrait avoir le projet de loi n° 40, pas du tout. On traite du projet de loi n° 49, on est à l'article 3, on parle de
la probité des élus, l'honnêteté, l'intégrité, la droiture, c'est ça, la
probité des élus. On introduit, entre autres, des nouveaux motifs
d'inéligibilité, on parle... puis là on peut en faire... on en a traité, là,
dans les journées, là, précédentes, puis ce qu'on dit, c'est d'introduire le
fait que, si tu es un élu scolaire, tu ne peux pas te présenter
aux élections municipales. C'est problématique présentement sur le terrain. Ça
n'a pas rapport avec le projet de loi n° 40. Le projet de loi n° 40,
ce qu'on comprend, c'est que c'est la gouvernance qui est suspendue. Ce n'est
pas ça qu'on traite, là. Puis c'est comme si on venait me dire : Bien,
aïe, tout qu'est-ce qui est élu scolaire anglophone, là, bannissez ça de votre
vocabulaire, on ne touche plus à ça. Bien, on ne fait rien là-dessus, il y a le
projet de loi n° 40. On ne vient pas demander ici d'interpréter le projet
de loi n° 40, là, ce n'est pas ça qu'on fait, là. On traite le projet de
loi n° 49.
Là, on est dans les endroits où il y a
potentiellement un conflit d'intérêts. Puis on est en 2021, les conflits
d'intérêts puis l'apparence de conflit d'intérêts, on est sensible à
l'apparence de conflit d'intérêts. Des conflits d'intérêts, là, il y en a un
puis un autre, là. On les a entendus quand ils sont venus en commission
parlementaire, des élus, l'UMQ, la FQM. Il y a des conseils municipaux qui nous
ont écrit, des élus municipaux qui nous ont écrit. Des conflits d'intérêts, il y en a, puis c'est pour ça qu'on veut faire,
entre autres, de la formation pour les élus municipaux. C'est pour ça
qu'on veut leur donner cette formation-là, pour qu'ils comprennent les limites
de tout ça. Là, ce qu'on est en train de dire ici, là, c'est qu'il n'y en aura
pas, de limites, là, puis on n'interviendra pas sur cet aspect-là, alors qu'on venir intervenir ailleurs, mais ici on
traite du projet de loi n° 49. On nomme les personnes qui ont
potentiellement un conflit d'intérêts dans leur travail ou dans ce
qu'ils accomplissent dans la vie, qu'il y a un conflit d'intérêts avec le fait d'être un élu municipal. Puis là on vient
dire ici : Bien non, il y en a un, conflit d'intérêts, mais on n'aime
mieux pas se positionner.
Puis je le répète, là, ce n'est pas de se
positionner vis-à-vis le projet de loi n° 40, là. Puis, moi, c'est sur cet
aspect-là, là. Il n'y a pas de préséance d'une loi sur l'autre, là, le projet
de loi n° 49, là, ne va pas avoir force de loi, préséance sur le projet de
loi n° 40, là, pas du tout, là. Puis la preuve, là, c'est que, peu importe
le résultat du projet de loi n° 40, là, ça va avoir des incidences
partout, là. Il y a plein de lois qui vont devoir s'ajuster en fonction des conclusions du projet de loi n° 40, là.
C'est tout. Puis ici, là, dans le pire des cas, là, dans le pire des cas, là,
on prévient le conflit d'intérêts en rendant inéligible un élu scolaire,
donc on prévient ce conflit d'intérêts là, puis, peu importe le résultat du projet
de loi n° 40, là, ça va s'appliquer, le 49 va s'appliquer. Puis, au pire,
tu sais, au pire, on dira : Bien, ça n'a servi à rien de mettre un élu
scolaire. Mais, quand même, moi, mon devoir en tant que législateur, là...
puis, tu sais, ça, c'est la partie qui vient me chercher à chaque fois, là,
notre travail en tant que législateurs, notre devoir... Puis on l'étudie ici, hein? On est dans un projet de loi éthique et
déontologie dans le milieu municipal. On veut donner plus de dents à la CMQ d'intervenir quand il y a
des potentiels conflits d'intérêts. Puis ici, là, on n'en a même pas, de dents,
nous autres, pour... de dents, là, je parle de dents, pour intervenir, pour
venir dire : Il y en a un, conflit, mais on va le laisser passer.
• (12 h 20) •
Sincèrement, là, Mme la ministre... Puis, pour
vrai, là, hier, je n'étais pas certaine, hier je n'étais pas certaine, puis
c'est pour ça que j'ai approché la partie gouvernementale d'emblée, dès qu'on a
ouvert l'article 3, pour dire : Est-ce qu'il y a une problématique à
cet effet-là? Puis on nous est revenus rapidement, ça fait que j'ai rapidement compris que la position, c'était : On ne se
positionnera pas, on va attendre le projet
de loi n° 40. Je le réitère, il
n'y en a pas, il n'y a pas d'incidence sur ce qu'on est en train de
faire sur le projet de loi n° 40. Je ne pense pas qu'au projet de loi n° 40 ils vont venir plaider : Oh! Oh! Oh! Au projet de loi n° 49, on a introduit qu'un élu scolaire ne peut pas
être un élu municipal. Sérieux, là, ce
n'est pas ça qui va venir trancher sur la gouvernance des commissions scolaires
anglophones, là, ce n'est pas ça qui
va venir déterminer. Comme ma collègue disait, c'est constitutionnel, là. Les
anglophones soulèvent un droit constitutionnel d'avoir leurs commissions
scolaires avec des élus scolaires. C'est tout.
Ça fait qu'il
n'y a pas... Tu sais, écoutez, là, je l'ai tourné de tous les sens. Je l'ai...
On a fini tard hier soir, puis je me suis permis de déranger des collègues,
des juristes pour valider ce point-là. Ça fait que, tu sais, si on me dit
qu'il n'y a pas de... c'est pour ça, je vous dis : Sortez-moi un argument
en droit, là, sortez-moi un argument en droit que je n'ai peut-être pas étudié, que j'ai... ou qu'on n'a pas porté
attention — je
ne veux pas dire «étudié», parce qu'on s'entend qu'on n'a pas dormi beaucoup
cette nuit, là — mais
sortez-moi un argument en droit qui dit que ce qu'on est en train de faire va avoir une incidence sur le projet de
loi n° 40, puis là je vais dire :
Oui, moi, je ne veux pas aller jouer dans le projet de loi n° 40, je
ne veux pas jouer dans ce film-là. Mais ça n'en a pas, d'incidence. Tu sais,
c'est ça, la problématique.
Moi, mon
rôle, mon devoir, c'est d'être assis ici et de dire : Il y a des conflits d'intérêts là, là, là, puis j'aimerais ça intervenir pour qu'il n'y en ait
pas, de conflits d'intérêts. Ça a été porté à notre attention, c'est ça, notre
devoir, là, en tant que... législateurs — oups! ça va être beau
tantôt — puis
c'est ça qu'on est en train de faire.
Puis, sérieux, là, je n'en ai pas, d'argument,
je n'en ai pas, d'argument. À date, là... puis on essaie des petits arguments, là, on essaie des petites choses. Puis,
tu sais, les conflits d'intérêts potentiels, là, on les a nommés, je pense
que ma collègue, elle les a nommés. Un élu
municipal, là, vous le savez, ça joue un rôle à plusieurs niveaux, au niveau
des transports, au niveau du choix de
terrains. Ça, je pense qu'on est allés, là, sur les... c'est évident, ça saute
aux yeux, là, les potentiels conflits d'intérêts.
Les élus
municipaux, ça touche à peu près à tout, puis c'est vrai qu'on ne peut pas
cumuler ces deux fonctions-là, ça, on ne peut pas, là. Hier, on avait le
député de Chomedey qui était là, qui nous disait que, lui, son prédécesseur
était député puis était aussi... en tout cas, il cumulait les fonctions. Aïe!
ça n'a aucun sens. En 2021, là, ça ne passe pas, ça ne passe pas, on ne peut
pas tolérer ça. Ça fait que moi, je vous le dis, je vous le dis, Mme la
Présidente, c'est hypersensible, ce sujet-là des conflits d'intérêts.
Les élections municipales, c'est le
7 novembre prochain. On est en train de passer un message à l'effet qu'on ne veut pas se prononcer parce qu'il y a un projet
de loi n° 40. Est-ce qu'on est en train de dire : Ah! bien, c'est
correct. Parce qu'il y en a, là, puis ce n'est pas comme s'il n'y avait pas de
situation, là, tu sais, il y en a, il y en a, des situations, là, il y en a, des cas, là, présentement, là. Puis
là on est en train de dire : Bien, on va les tolérer quand même le 7 novembre. Puis je ne pense pas qu'on va rouvrir cette
loi-là dans un avenir rapproché. Ça veut dire que quoi? On va continuer à
tolérer parce que ça ne sera pas inclus dans le projet de loi? Voyons. Il est
ouvert, là, on a la chance. Au pire, là, il
deviendra caduc. C'est pour ça que je dis : Donnez-moi, s'il vous plaît,
là, des arguments pour me convaincre que je ne suis pas sur la bonne
piste.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, Mme la députée. Est-ce que vous vouliez intervenir,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
ou Mme la ministre? Non?
Mme
Laforest : Mme la Présidente, je pense que je me suis bien expliquée
précédemment. C'est la même explication que je donnerais, ça fait que je vais
rester sur ça.
La Présidente (Mme
Boutin) : Parfait. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, allez-y.
Mme
Maccarone : Je pense que
j'irai un petit peu plus loin que ma collègue la députée de Vaudreuil,
en disant qu'il y a des conflits
d'intérêts potentiels, je vous dis, il y a
des conflits d'intérêts. C'est un conflit d'intérêts d'occuper
les deux postes. Actuellement, à ce jour, il y a des conseils de commissaires
qui sont réunis dans leurs réunions, qui sont aussi des élus municipaux qui
sont en train de voter sur des enjeux qui ont une implication au niveau
municipal. Ils occupent les deux rôles.
C'est des conflits d'intérêts, puis pas parce qu'ils veulent mal faire mais
parce qu'ils avaient la permission de le faire. Puis ce n'est pas entamé
nulle part pour dire qu'ils devront se retirer, ils devront se lever la main.
Ça, ça veut dire que, même si c'est ça, la solution temporaire, nous sommes en
train de priver la population de leur droit d'avoir un représentant autour de
la table, que ce soit au niveau municipal ou au niveau des commissions
scolaires, parce que le représentant doit se retirer de tous les débats et tous
les votes.
Et il y en a
plusieurs, ce n'est pas quelque chose qui arrive une fois par année, une fois
par chaque cinq ans, c'est récurrent, ces votes, c'est au quotidien, ces
débats. Il y a trois, quatre, cinq rencontres par mois au sein des commissions
scolaires. Je ne peux pas parler des conseils municipaux, je n'ai pas cette
expérience ou cette expertise. Mais il y en
a plusieurs, rencontres, des séances de travail où nous sommes en train de
discuter ça va être quoi, les prochains terrains, ça va être quoi, le budget, ça va être quoi, le don, ça va
être quoi, le partenariat, ça va être quoi, le contrat que nous aurons
avec la police, ça va être quoi, le contrat que nous aurons avec la communauté.
Puis je rajoute, on a des élections qui s'en
viennent, ceux qui sont actuellement élus scolaires qui se présentent pour être
élus municipaux, ils ont un avantage
sur les autres candidats, parce qu'ils ont accès à une autre communauté, à
d'autres registres, à des parents, à
des électeurs sur leur propre territoire, que les autres candidats n'auront
pas. C'est injuste. On a une opportunité en or de corriger le tir.
Je regrette
presque... Nous avons évoqué le projet de loi n° 40. Moi, j'avais pensé
que ça aurait été important de le soulever,
parce que c'est de la concordance, parce que c'était la position du
gouvernement lors de l'adoption de ce projet
de loi. J'enlèverais ça, je supprimerais même le débat sur le projet de loi
n° 40, parce que ce n'est même pas lié, en ce qui concerne qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de ce projet de
loi et ce que nous pouvons faire ici pour
les conflits d'intérêts. Ce n'est pas
potentiel, c'est actuel. C'est ça que nous sommes en train de dire. C'est
correct. C'est ça qui arrive sur le terrain maintenant. C'est un enjeu,
nous avons un devoir de corriger.
Vous savez, Mme la
Présidente, ce qui n'est pas un conflit d'intérêts, c'est d'adopter cet amendement
en ce qui concerne le conflit d'intérêts d'occuper les deux postes. C'est ça
qui n'est pas un conflit d'intérêts, mais c'est un conflit d'intérêts de ne pas
le faire. J'ai un grand malaise si nous n'adoptons pas cet amendement.
Je suis prête à entendre peut-être une solution ou une autre façon de le
«rédacter», de l'insérer à l'intérieur de ce projet de loi, mais on a un devoir
de protéger la population de ce conflit d'intérêts, pas potentiel, réel,
vraiment réel. Pas pour mal faire, mais parce
que c'est comme ça que c'est actuellement en place. Puis nous pouvons le
corriger, nous pouvons mettre quelque chose
en place qui va protéger la population de ce conflit, de ce manque d'éthique.
C'est un manque d'éthique d'occuper les mêmes postes. Puis c'est un faux débat
de dire que nous n'avons pas assez de candidats, etc. Ce n'est pas ça. On va
trouver des bons candidats. Puis, à la limite, je serais prête de dire qu'on
laisse un poste vacant, puis de ne pas avoir un conflit d'intérêts parce
qu'on occupe les deux postes, parce qu'on a un devoir de protéger la
population.
C'est impossible de
se retirer d'un débat au complet en ce qui concerne un terrain pour bâtir une
école. C'est la raison d'être d'une
commission scolaire. Puis de dire que cette personne ne pourra pas s'insérer
dans le débat s'il est président ou présidente de sa commission
scolaire, bien, c'est impossible, c'est la personne qui doit s'exprimer, c'est la porte-parole de la commission scolaire, c'est
la personne qui va faire toutes les rencontres. Bien, écoute, ça va être bien
facile, moi, je suis présidente et je suis conseillère municipale, alors je
vais me parler à moi-même. Je ne peux pas me
retirer de ce débat, c'est impossible, c'est impossible. Nous devons corriger
la Loi électorale, ici, à l'intérieur du projet de loi n° 49, pour éviter ce conflit d'intérêts, pas potentiel, je
répète, Mme la Présidente, actuel, réel. C'est en place, c'est ça qui arrive
aujourd'hui dans nos conseils municipaux et à l'intérieur de nos commissions
scolaires anglophones puis...
La Présidente (Mme
Boutin) : Je suis vraiment désolée. J'ai fait le saut par ma
minuterie, votre temps est écoulé, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Je suis vraiment désolée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement qui a été présenté par la députée
de Vaudreuil, par appel nominal.
• (12 h 30) •
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Pour les membres de
l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La
Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Oui? De toute façon, il y a encore
du temps pour l'article 3, là. Allez-y, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Je vais vous
demander de suspendre, Mme la Présidente. On va déposer un autre amendement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 12 h 54)
La Présidente (Mme Boutin) : C'est
reparti pour notre séance. Alors, Mme la députée de Vaudreuil, je vous
inviterais à nous présenter votre amendement.
Mme
Nichols : Oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, pas très compliqué, l'article 3 du projet de loi est modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa, du
suivant :
«Ne peut exercer les fonctions d'un élu
scolaire.»
La Présidente (Mme Boutin) :
Voulez-vous intervenir?
Mme Nichols : Bien oui, certainement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y.
Mme
Nichols : J'attendais votre
directive, Mme la Présidente, j'attendais votre directive. Alors, oui, certainement. Bien, vous comprendrez qu'on
faisait référence, là, au cumul des fonctions. Peut-être que ce n'était pas
superclair. Ici, là, je me dis, là, c'est vraiment
direct, clair, là, c'est qu'on ne peut pas exercer les fonctions d'un élu
scolaire quand... Parce que ce qu'on
fait, c'est une énumération, là, de ceux qui sont inéligibles à siéger. Donc,
on fait... évidemment, là, on fait l'énumération, puis c'est une
énumération, là, qui est encadrée, hein, ce n'est pas une énumération... Donc,
on vient dire ça pour les postes, là, entre autres, là, pour lesquels on
pense qu'ils sont inéligibles, puis on en fait la liste.
Donc, nous, ce qu'on souhaite, c'est que ça soit
ajouté dans la liste, l'élu scolaire. Bien sûr, on sait que, dans les centres
de services scolaires, il n'y en a pas, d'élu scolaire. Donc, quand on fait
référence à l'élu scolaire, pour le moment, c'est bien clair, on parle des commissions
scolaires anglophones.
Mme la Présidente, je vais... je vous le dis
d'emblée, là, on a quand même pensé, puis ça peut peut-être être une des solutions aussi, de le... tu sais, de
rouvrir la Loi électorale, l'article 235, puis c'en fait partie, ça fait
qu'on peut attendre aussi au bloc sur la Loi électorale, parce que ça
fait partie des lois que nous allons toucher, qui sont touchées dans ce projet
de loi là, puis de l'ajouter dans
l'énumération. Bon, ici, on a décidé, là, de poursuivre, là, dans la même
veine où on était, puis de continuer avec
l'article 3, puis d'ajouter, après le deuxième alinéa, qu'il ne peut pas
exercer les fonctions d'un élu
scolaire. Mais ce n'est pas grave, j'annonce tout de suite mes couleurs que
c'est une des possibilités où on pourrait aussi introduire le même
concept.
Je vais
essayer, Mme la Présidente, de ne pas être redondante, mais vous comprendrez
que l'objectif est le même, la problématique reste la
même, c'est-à-dire que... bien, oui, je le sais, c'est plate, il faut le
répéter, là, c'est comme ça, mais c'est-à-dire que, tu sais, l'objectif est le même. Puis je pense que, tu sais, tout le monde le voit, là, tout le monde
le voit, je pense que c'est évident, les exemples qui ont été donnés
relativement aux conflits d'intérêts, puis pas juste potentiellement conflits d'intérêts, là, ma collègue avait soulevé d'excellents points à l'effet que
le conflit d'intérêts est là, directement sur le terrain, puis
je pense qu'il y aurait même d'autres exemples à cet effet-là.
Moi, là où j'ai un intérêt particulier, c'est
relativement à l'aspect légal. Puis c'est là où j'ai... tu sais, je me dis : Donnez-moi des critères, donnez-moi de
l'information supplémentaire relativement à l'aspect légal. Est-ce que le fait qu'on vienne rajouter ici un élu scolaire,
dans le projet de loi n° 49... c'est quoi, l'incidence sur le projet de loi n° 40? Parce
que je comprends l'argument, tu
sais, c'est ça, tu sais. On reste prudent, la partie gouvernementale reste prudente, la ministre nous dit : Je reste neutre.
Mais on ne lui demande pas de se prononcer sur le projet de loi n° 40, là.
Ce n'est pas ce qu'on fait ici, là, puis ce n'est pas la place pour le faire
non plus, là, hein? On ne va pas se prononcer ici, dans l'étude détaillée du projet
de loi n° 49, sur l'éthique et la déontologie en matière municipale, entre
autres, dans le bloc 3, sur la probité des élus
municipaux, dans la thématique d'introduire de nouveaux motifs d'inéligibilité.
Bien, ce n'est pas ce qu'on demande, là, ce
n'est pas ici qu'on demande de venir se prononcer sur le projet de loi
n° 40. Au contraire, ce qu'on dit, c'est : Il y en a une,
problématique. Mettons «élu scolaire», puis, au pire, là, dans le pire des cas,
puis je le réitère, là, Mme la Présidente, là, au pire, là, ça sera caduc.
Mais là je me disais : Peut-être que caduc,
ça ne dit pas grand-chose, hein, caduc. Puis là j'ai une collègue anglophone à
côté de moi qui fait : Non, caduc... Bien, peut-être qu'on peut expliquer,
c'est quoi, caduc, peut-être que... Tu sais, caduc, là, ça... Puis ça arrive
souvent, là, puis je le dis, là, ça arrive souvent... ça arrive souvent que,
quand on adopte un nouveau projet de loi, bien, ça rend des articles, dans
d'autres lois qui ont été adoptées, caducs. Ça rend... Ça arrive souvent, là,
c'est quelque chose qui arrive souvent en droit. Puis on le voit souvent quand
on étudie le droit des obligations.
Particulièrement, là, quand on étudie, là, des actes, on dit : Bien,
l'acte est caduc, l'acte est... C'est
intéressant, hein? Mais c'est ça, c'est qu'il y a un effet... «Caduc», c'est
«qui a cessé d'être valable», «qui est périmé», «qui est désuet».
Donc, dans le
fond, ce qu'on dit, c'est que ça signifie que c'était régulier, c'était valable
au moment de son édiction, au moment de sa création, c'était valable.
Donc, quand on le crée, là... comme là on est ici, là, on travaille un projet
de loi, on travaille un article en particulier, quand on est ici puis on le
crée, bien, c'est sûr que là il va y avoir un effet juridique, il va y avoir
des conséquences, c'est-à-dire qu'il va y avoir des conséquences... entre
autres, quand qu'il est adopté, ça va avoir des conséquences pour le
7 novembre prochain, où, bien sûr, ça va rendre des candidats... tu sais,
ça va mettre un terme, le candidat ne pourra pas être un élu municipal puis un
élu... En fait, il ne pourra pas se présenter aux élections municipales s'il
est déjà élu scolaire, il aura un choix à faire. Puis on le fait, nous autres, quand on arrive au provincial, hein, on le fait,
le choix, là. Puis, bien sûr, on a un code d'éthique, mais on le fait, le
choix.
Donc, moi, ce que je dis, c'est qu'ici on
signifie que c'est régulier, c'est valable lors de l'édiction, lors de la
création... Ah! on va continuer après la période de dîner?
La
Présidente (Mme Boutin) :
Oui, malheureusement, je suis désolée de vous interrompre, Mme la députée.
Mme Nichols : Pas de problème.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 28)
La
Présidente (Mme Boutin) :
...Loi modifiant la Loi sur les
élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions
législatives.
Alors, lors de notre suspension, un petit peu
plus tôt aujourd'hui, nous en étions... À vous la parole... Vous aviez la parole, Mme la députée de Vaudreuil,
pour expliquer votre amendement. Alors, je peux vous redonner la parole
dès maintenant.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'était notre deuxième amendement, là, en lien avec la problématique... ou, en fait, le conflit
d'intérêts, là, qu'on voit, là,
d'être un élu municipal et un élu scolaire, là, en même temps. On peut peut-être trouver une voie de passage, il
y a des échanges de part et d'autre. Est-ce que je peux vous demander de
suspendre quelques minutes?
La Présidente (Mme Boutin) : Oui. On
va suspendre la séance.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
(Reprise à 15 h 52)
La
Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti pour notre séance. Mme la députée de Vaudreuil,
je vous laisse la parole.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, je fais un petit point, là, je veux juste dire que, quand on suspend, c'est parce qu'il y a
des échanges, là, de part et d'autre, là, il y a un travail qui se fait
avec les équipes. Puis, des fois,
c'est parce que c'est plus facile de suspendre, là, les conversations vont plus
vite, puis il n'y a pas nécessairement... En fait, c'est bénéfique parce que
ça nous permet d'avancer.
Vous le
savez, dans l'article 3, il
y a un point auquel on tient ou, en
fait, qu'on voit qu'il y a un conflit
d'intérêts, là, qui nous titille, ce
pour quoi on a déposé, entre autres, là, deux amendements. Je pense qu'on a
exprimé, là, clairement la problématique. Puis on a échangé avec Mme la ministre et avec son équipe, je pense qu'on a trouvé une voie de passage, je
vais le dire comme ça, je pense qu'on a trouvé une voie de passage. Tu sais, l'objectif,
il faut le dire aussi, là, on ne veut pas créer de préjudice à des citoyens ou à des gens qui
voudraient se présenter comme élu municipal, c'est clair, mais on veut aussi les...
les conscientiser à l'effet... — c'est dur, hein, dure semaine. On veut
aussi qu'ils prennent conscience qu'il y a
des choix à faire, quand on devient un élu municipal, puis qu'on ne peut pas...
Tu sais, comme je disais, les conflits d'intérêts, en 2021, c'est
hypersensible.
Donc, pour éviter des préjudices avec des motifs
d'inéligibilité, bien, on regardait voir si on ne pouvait pas plutôt utiliser
le terme d'«inhabile» à siéger. On sait, là, que ça existe déjà. Puis
d'ailleurs, là, je me suis trompée à de nombreuses reprises, ce matin, en
parlant... je faisais plutôt référence à l'inhabilité de siéger. Donc, c'est
sur cet aspect-là qu'on est en train de regarder s'il n'y aurait pas une voie
de passage.
Alors,
relativement à l'article 3 et à notre amendement, là, si la ministre est
d'accord et si l'équipe de la ministre est d'accord, bien, on proposerait, là, de retirer notre amendement, de continuer avec
l'article 3. Si la ministre veut bien, là... je ne veux pas dire
«s'engager formellement», là, mais veut bien nous rassurer puis nous dire que,
oui, il y a une possibilité d'aller vers
l'inhabilité à siéger. Parce qu'il y aura du maillage à faire après. Si on s'en
va sur cet aspect-là, là, il y aurait
du maillage à faire au niveau de la CMQ, il y aura... Puis, bien sûr, bien, il
y a une équipe de juristes, là, qui doit regarder tout ça pour que ça concorde. Sauf que, l'aspect préjudice qui
va être... qui pourra être causé à un citoyen en lui disant d'emblée
qu'il est... qu'il ne peut même pas déposer sa candidature, là, bien, on
enlèverait, entre autres, là, cet aspect-là, qui est quand même, là, assez
rassurant. Donc, est-ce que, Mme la ministre, vous voulez...
La
Présidente (Mme Boutin) :
Bien, avant de demander le consentement pour le retrait, je vais laisser la
parole à Mme la ministre pour voir qu'est-ce qu'il en est.
Mme Laforest : Oui. Alors, qu'est-ce
qu'il est important de voir, c'est qu'on travaillait sur le concept, sur la
notion d'inéligible, la personne qui est inéligible à se porter candidat, si je
peux dire. Je le dis toujours dans des mots plus confortables pour moi, en fait,
et plus simples, on va travailler plus la notion d'inhabile, d'inhabilité.
Donc, ce qui a été discuté... Il faut voir que
tout le temps qu'on a pris pour discuter est quand même très, très important, parce qu'on a travaillé sur... on va
travailler sur la notion que la personne pourrait être inhabile à siéger si
elle occupe deux postes, deux fonctions en même temps. Donc, c'est important de
voir qu'on ne peut pas toucher aux articles, comme je le disais,
l'article 3 et 4, on s'est bien entendu, si je ne me trompe pas, sauf que,
sur les demandes et sur les discussions
qu'on a eues ce matin, bien, on va plus travailler sur la notion d'inhabile à
siéger ou inhabile à être candidat, exactement. Donc, je pense que le
but est le même, c'est juste qu'on va travailler sur deux notions différentes,
mais qui va donner le même résultat. Parce que l'important, je pense, c'est que
les élus ne siègent pas à deux endroits et qu'il y ait des conflits d'intérêts,
le but, c'est ça, puis je pense qu'on va pouvoir répondre à cette demande-là.
Alors, si on
enlève la notion d'inéligibilité, il faudrait enlever les quatre premiers
points, Mme la Présidente, puis après
ça on va travailler... on va suspendre les premières mesures, parce qu'on parle
toujours d'inhabilité puis d'inéligibilité, et
après ça on tomberait sur le dernier point, qui est «modifier le régime de
paiement des frais de défense des élus municipaux».
Alors, oui, je m'engage, comme vous le demandez, là, à travailler sur ce qui a
été discuté auparavant, mais on va essayer de la travailler sur... avec
la notion d'inhabilité, et, comme ça, je pense qu'on sera, tout le monde, plus
confortables, là. Est-ce que je me suis bien expliquée?
La Présidente (Mme Boutin) : Pour
clarifier le tout, là, être sûre que je comprends bien, puis pour les
téléspectateurs, dans le fond, vous proposez de retirer votre amendement, qu'on
continue l'étude du 3 et du 4 ensuite. Par
la suite, nous allons suspendre les trois mesures suivantes, qui incluent, je
vais les nommer en temps et lieu, là, les articles, là, 28, 29, 30, 31, 38, 40, là, jusqu'à... dans le fond, qu'on irait après sur la dernière ligne, la dernière
mesure. C'est bien ça?
Mme Nichols : Oui, on s'en irait tout
de suite à «modifier le régime de paiement des frais», oui.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Bien, de toute façon, là, on va commencer par faire le retrait de l'amendement, continuer l'étude du 3 et du 4. Puis, quand on sera rendus là, bien, de toute façon, je vais avoir besoin de votre
consentement de nouveau pour faire... puis ça va être
fait de manière très claire. C'est bien ce que je comprends? Parfait.
Alors,
j'aurais besoin du consentement pour que Mme
la députée de Vaudreuil
fasse le retrait de son amendement.
Des voix : Consentement.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Alors, c'est parfait. Nous pouvons revenir à l'étude de
l'article 3. Alors, j'imagine qu'il y a des interventions.
Mme Nichols : Oui. Bien, oui et non,
là, parce que je pense qu'on avait fait quand même le tour sur l'article 3, là. Puis je pense que qu'est-ce
qui accrochait, là, sur l'article 3, là, c'était... puis je l'avais dit
d'emblée, dès qu'on a commencé, là, l'article 3, j'avais soulevé
la... puis je n'aurais peut-être pas dû le faire, que la problématique, c'était en lien avec le projet de loi n° 40, là, qui est contesté, puis le fait qu'un élu municipal, là, qui... l'élu municipal, là, qui
pouvait aussi se présenter, là, à des élections scolaires.
Parce qu'il faut rappeler, là, que
l'article 3, c'est dans les... tu sais, c'est la probité des élus, hein,
on parle de l'honnêteté, de l'intégrité, donc c'est superimportant, dont les
conflits d'intérêts. Puis ici il y avait des conflits d'intérêts, là, assez évidents, là. Je pense qu'on
en a beaucoup parlé, entre autres, là, cet avant-midi. Donc, moi, ça, c'était
ma préoccupation, c'était une des
préoccupations principales. Puis d'ailleurs on l'avait mis de côté, là, le
temps qu'on nous revienne avec, justement, là, des solutions puis qu'on
regarde, là, certaines voies de passage.
Mais, sur le reste de l'article 3, Mme la
Présidente, là, sincèrement, là, je pense qu'on avait fait le tour. Peut-être
juste une question, parce qu'on fait, entre autres, là, référence à
l'article 235 de la Loi électorale. Je veux juste... Juste au niveau de la
procédure, est-ce que je comprends qu'on va l'ouvrir, là, l'article... on va
ouvrir la loi sur les élections... la Loi électorale un peu plus tard, vu qu'on
fait référence à ces articles-là? Parce qu'on dit... Tu sais, au début du projet de loi, là, on avait énuméré, là,
toutes les lois que ça venait toucher. Ça fait qu'est-ce qu'on ouvre la Loi
électorale ou on n'ouvre pas la Loi électorale?
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis
(Nicolas) : Merci, Mme la Présidente. Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques au ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Nichols : Consentement jusqu'à
22 heures.
• (16 heures) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci. Le
projet de loi n° 49 ne touche pas la Loi électorale, ne modifie pas la Loi
électorale. Le projet de loi modifie la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités. Toutes les causes d'inéligibilité
municipale sont prévues dans la loi sur les élections municipales dans les
municipalités. Et c'est la même chose pour
les causes d'inhabilité, elles sont toutes inscrites dans la Loi sur les
élections et les référendums dans les municipalités. La Loi électorale
concerne les élus provinciaux.
Ce que fait l'article 3, il ne vient que
chercher des situations de défaut d'un élu provincial ou d'un candidat à un élu provincial qui le rend inéligible au niveau
provincial pour dire que, si tu es inéligible au niveau provincial, tu...
cette cause-là est également valable à titre
d'inéligibilité au niveau municipal. Mais on ne modifie pas la Loi électorale,
celle-ci ne relevant pas de la ministre des
Affaires municipales et de l'Habitation, bien entendu. La Loi électorale n'est
pas modifiée.
Mme Nichols : Oui, bien, je
comprends le propos, je l'apprécie. C'est juste qu'entre autres, là, dans les
notes explicatives, on parle des lois
modifiées par ce projet de loi, puis, à l'article 3, là, très précisément,
dès le début, on fait référence à l'article 235 de la Loi
électorale. Ça fait que c'était un peu ça, ma question, parce que... Puis je
vais vous le dire puis, je pense, je vous
l'ai déjà dit, là, même dans... Je regardais, là, l'élu scolaire, là, tu sais,
je me demandais même, si on ouvrait la Loi électorale, si on aurait pu
le glisser là. Ça fait que c'était pour ça que je posais la question.
M. Paradis
(Nicolas) : Dans les... Je comprends, oui, effectivement, là, puis ma
collègue légiste indiquait le lien, là, c'est que, dans la version
présentée, il y avait une modification de la Loi électorale en concordance avec
les autres modifications qu'on effectuait, mais ce sont dans les articles qui
sont retirés comme tels.
Mais, ici, dans le cas d'uniquement cet
article-là, ce n'est pas une modification de la Loi électorale. Et puis, même à l'égard des discussions qu'il y a eu à
l'égard des... entre les membres de la commission concernant la Loi sur les élections scolaires, c'est une inéligibilité
qui est prévue dans la loi sur les élections scolaires des commissions
scolaires anglophones ou centres de
services anglophones. Donc, c'est dans ce cas-là. Ça fait que... Mais on ne
veut pas toucher au régime qui régit les candidats, les députés de la province,
bien entendu, on ne touche à rien de ça dans le projet de loi.
Mme Nichols : O.K., mais je faisais
référence, entre autres, au projet de loi, pas juste à l'article 3.
M. Paradis (Nicolas) : Oui, oui,
oui.
Mme Nichols : Donc, c'est bon.
Merci, merci pour la précision. Moi, je n'avais pas d'autre question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Pas
d'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 3 par appel nominal. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'article 3 est adopté. Mme la ministre, je vous
inviterais à nous présenter le prochain article, qui est l'article 4.
Mme
Laforest : Oui. Alors, l'article 4, Mme la Présidente :
L'article 65 de cette loi est modifié par l'insertion, après le
premier alinéa, du suivant :
«Est également inéligible, pour la même durée
que celle prévue au premier alinéa, toute personne qui l'est en vertu du
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 235 de la Loi
électorale (chapitre E-3.3).»
L'article 4. Dans le même ordre d'idées que
la modification apportée de l'article précédent, il est proposé de modifier
l'article 65 de la LERM pour prévoir que le motif d'inéligibilité prévu au
niveau provincial dans la Loi électorale, soit celui pour un candidat
indépendant non élu de ne pas avoir acquitté toutes ses dettes électorales dans
le délai prescrit, entraîne également une
inéligibilité au palier municipal. La durée de cette inéligibilité serait de
quatre ans.
L'article 65 actuel tel qu'il serait
modifié, l'article 65 : «Est inéligible le candidat indépendant à une
élection antérieure qui n'a pas acquitté toutes les dettes contractées durant
son autorisation conformément à l'article 474, pendant quatre ans à
compter de son défaut.
«Est également inéligible, pour la même durée
que celle prévue au premier alinéa, toute personne qui l'est en vertu du
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 235 de la Loi
électorale (chapitre E-3.3).
«L'inéligibilité d'un candidat indépendant élu
cesse toutefois le jour de la transmission du rapport financier constatant
l'acquittement de toutes ces dettes, lorsqu'elle est faite avant l'expiration
de la période de quatre ans.»
Alors, ici, Mme la Présidente, on vient
renforcer la probité des élus municipaux, assurer une plus grande cohérence
entre la LERM et la LE. On empêche que des personnes inéligibles au palier
provincial puissent se porter candidates aux élections municipales. Alors,
merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
Mme la ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Vaudreuil,
allez-y.
Mme Nichols : Oui, merci, Mme la
Présidente. Je comprends les notes... bien, en fait, je pense comprendre l'article, là, puis les notes explicatives, là,
mais, dans le fond, ce qu'on vient prévoir ici, là, c'est pour le niveau
provincial. Dans le fond... Oui,
c'est ça, c'est parce que, là, ça vient toucher l'article 65 de la LERM,
là, mais, dans le fond, c'est de prévoir
que le motif, là, qui est prévu au niveau provincial soit le même pour le candidat non... le candidat indépendant.
Mme
Laforest : ...personne
n'est pas éligible au palier provincial ne le serait pas non plus au palier
municipal. Bref, quelqu'un
qui n'a pas pu... qui n'est pas éligible pour se présenter avec le gouvernement provincial comme député,
par exemple, ne pourrait pas se présenter aux élections municipales.
Mme Nichols : Parfait.
Mme Laforest : Je pense que c'est une
bonne mesure.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, à vous la parole.
Mme Maccarone : C'est plus une
question de précision de la terminologie. Pourquoi utiliser le jour de la
transmission du rapport et non de l'approbation du rapport? Parce que c'est
deux choses différentes. Mettons, on soumet, puis c'est transmis, mais, si
c'est refusé, si ce n'est pas approuvé, il n'y pas une précision à faire à
l'intérieur de ceci? À moins il y a quelque chose qui m'échappe, parce que je
ne connais pas tout à fait le processus.
Mme
Laforest : Pourquoi le jour de la transmission du rapport? Je ne le
sais pas, c'est peut-être plus...
La Présidente
(Mme Boutin) : Me Paradis, peut-être que vous pourriez clarifier.
M. Paradis
(Nicolas) : Oui, merci, Mme la Présidente. C'est lié au fait... à la
nature de l'inéligibilité qui est créée par cet article, en l'occurrence de ne
pas avoir acquitté toutes les dettes qui étaient contractées durant son
autorisation. Alors, ce qu'on dit, dans le fond, c'est que, le jour que le
rapport financier... Ce n'est pas tout d'avoir un rapport financier qui constate
l'acquittement des dettes pour mettre fin à cette clause d'inéligibilité,
encore faut-il qu'il soit transmis. Puis, dès lors qu'il est transmis, bien, à
ce moment-là, c'est là que cesse l'inéligibilité, parce que la personne aura
acquitté son obligation, en réalité, là, donc. Et c'est un élément, ça, qui est
déjà en vigueur et qu'on ne modifie pas, là, c'est les règles qui sont déjà en
vigueur depuis plusieurs, plusieurs années, là.
Mme
Maccarone : Je comprends, j'entends. C'est juste que je... il me
semble, ça aurait été prudent d'avoir une
approbation de quelque chose, parce qu'on peut transmettre plein d'affaires
puis que ce n'est pas conforme, il y a de l'information manquante ou ce
n'est pas nécessairement ce qui était attendu. Question de même, à mon avis...
Puis j'entends que c'est quelque chose qui apparaît, évidemment, ailleurs. Je
pense que je suis souvent confrontée avec ça quand on
fait des débats en ce qui concerne des articles, mais est-ce qu'on n'a pas une
manière de le corriger pour que ça soit transmis et approuvé? Ce n'est pas plus
prudent?
Mme
Laforest : Que ce soit transmis...
Mme
Maccarone : Et approuvé. Parce que, comme j'ai dit, on peut
transmettre plein de rapports, mais, si ce n'est pas le bon rapport, si c'est
un rapport rendu, que c'est transmis, puis, à la réception, on dit que ce n'est
pas approuvé, il y a de l'information manquante, ce n'est pas conforme... On
peut transmettre, dans le fond, n'importe quoi. Puis, encore une fois, je ne
dis pas que c'est... je me fie de la bonne foi des gens qui vont faire ceci,
c'est une question de... On parle d'éthique, déontologie, on parle de conflit
d'intérêts, on parle vraiment de faire des choses d'une façon qui est juste,
alors, à quelque part, je questionne si ce n'est pas nécessaire de mettre aussi
«approuvé».
Parce que, bon, là,
on est des élus, ici, nous, on sait que c'est important que le DGE approuve les
rapports. Je peux soumettre plein de rapports, je peux soumettre des rapports
pour mon association, mais il y a, quelque part... c'est important qu'ils
soient approuvés par le DGE.
Mme Laforest : En fait, dans la
phrase... Oui, est-ce que je peux... Je ne sais pas si, quand c'est
indiqué : «L'inéligibilité d'un
candidat indépendant élu cesse toutefois le jour de la transmission du rapport
financier constatant l'acquittement [des] dettes», ça veut comme
mentionner que, s'il y a un constat de l'acquittement des dettes, à ce
moment-là, le rapport fait foi de tout. Je ne sais pas, on voit ça comme ça.
Me Paradis, vous?
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci. C'est
qu'en somme il n'y a pas d'approbation ou de... faite par un tiers à l'égard du
rapport. C'est une déclaration, c'est un rapport qui est fait par, dans ce
cas-ci, le candidat indépendant, disant : J'ai acquitté l'ensemble de mes
dettes. Puis il va faire sa démonstration dans le rapport en question.
Qui plus est, en vertu de 492.1 de la LERM, il
est prévu, par ailleurs, que le rapport de dépenses doit être signé par, dans ce cas-ci, le candidat indépendant
et accompagné d'une déclaration de celui-ci selon la forme prescrite par le DGE. Il y a une déclaration comme quoi le
tout est conforme. Bien entendu, s'il s'avère qu'il commet une fausse déclaration, bien là, ça va s'inscrire dans les
manquements, les infractions à titre de manoeuvre électorale frauduleuse, là,
et il ne respecte pas les obligations qui lui sont imparties dans la loi, là.
Donc... Mais il n'y a pas d'approbation par un tiers qui est effectuée, là.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Avez-vous d'autres interventions? Mme la députée de Vaudreuil, allez-y.
Mme Nichols : ...puis je le
comprends puis je présume que c'est déjà comme ça, là, que ça fonctionne depuis
un petit bout de temps, mais «la transmission du rapport constatant
l'acquittement de toutes les dettes», là, ça fait que «constatant», là, c'est juste la signature, là, qui vient valider que
les dettes ont été acquittées, là, c'est juste la signature au bas du rapport.
Parce qu'il n'y a pas de... il n'y a pas nécessairement... Tu sais, dans le
fond, on vient présumer que c'est vérifié, acquitté, que c'est...
Mme Laforest : En fait, moi, je
pense que c'est bien expliqué, de dire que le rapport... En fait, le rapport
doit constater l'acquittement des dettes, le
rapport doit le constater. Donc, s'il n'y a pas acquittement des dettes, le
rapport ne peut pas être signé, c'est logique si on va le voir dans le
rapport. Puis c'est bien indiqué que, selon le rapport, si les dettes sont
acquittées, on signe le rapport, tout est correct. Normalement, c'est une
procédure normale.
«Il doit être
accompagné des factures, des reçus et des autres pièces justificatives ou de
copies certifiées conformes de ces documents ainsi que d'une liste de
ceux-ci.» Ah! c'est bien... Il manquait le petit bout. Merci, Me Delisle.
Mme Nichols : Définitivement, là,
c'est plus rassurant de savoir qu'il y a les pièces justificatives, là, qui conforment...
Oui, il manquait ce petit bout là. Merci beaucoup.
Mme Laforest : Merci.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Avez-vous d'autres interventions? Non. S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 4 par appel
nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme
Boutin) : Abstention. Alors, l'article 4 est adopté. Maintenant,
je vais avoir besoin de votre consentement...
Mme
Nichols : ...Mme la Présidente, juste avant que vous demandiez le consentement, je voulais juste
savoir : Le rapport, là, des dépenses puis le petit complément d'information
qu'on a apporté, c'était à 492.1 de la LERM?
Une voix :
...
Mme Nichols :
492 de la LERM. Merci. Je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Il n'y
a pas de problème.
Maintenant, je vais avoir besoin de votre consentement pour suspendre les articles dans les trois prochaines mesures. Je vais
vous nommer les articles. Alors, j'ai besoin de votre consentement pour
suspendre les articles 28, 29, 30, 31, 38, 40, 32, 33, 34, 35, 36, 82,
31.1 et 75.1. Est-ce que j'ai votre consentement?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Boutin) : Il y a un petit...
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Boutin) : Pardon?
Mme
Laforest : 75.2.
La Présidente (Mme Boutin) : Bien, c'est 75.2, mais on m'a dit qu'il y avait
un petit enjeu de numérotation. C'est
maintenant 75.2? Alors, c'est 75.1... En fait, le 75.2 a été
renuméroté en 75.1, c'est bien ça, ce qu'on me dit? Juste être sûre de
suspendre le bon article. Parfait, c'est le même article. Est-ce que j'ai votre
consentement?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Boutin) : Parfait. Alors, nous pouvons maintenant poursuivre avec l'article 93.1,
qui est un nouvel article. Mme la ministre, je vous invite à en faire la
lecture.
Mme
Laforest : Oui, alors nous
avons... nous allons discuter des articles qui touchent la modification du régime de paiement des frais de défense des élus municipaux.
Alors,
l'article 93.1 : Insérer, après l'article 93 du projet de loi,
l'article suivant... J'aimerais ça lire l'article 93, si vous êtes
d'accord.
Des
voix : ...
La Présidente (Mme
Boutin) : On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 15)
(Reprise à 16 h 19)
La Présidente (Mme Boutin) : C'est reparti. Alors, Mme la ministre, je vous réinvite à nous présenter l'article 93.1.
Mme
Laforest : Oui. L'article 93.1 : Insérer, après
l'article 93 du projet de loi, l'article suivant :
93.1.
L'article 604.6 de cette loi est modifié :
1° par
l'insertion, après le deuxième alinéa, du suivant :
«Les frais engagés en
vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la
complexité de la procédure visée.»;
2° par l'ajout, à la fin du troisième
alinéa, de la phrase suivante : «Elle est aussi dispensée de ces
obligations dans le cas d'une poursuite de nature criminelle, tant que la
poursuite n'est pas retirée ou rejetée ou que la personne n'est pas acquittée
par un jugement passé en force de chose jugée.»
Alors,
cet amendement apporte deux modifications au régime de paiement des frais de
défense des élus et fonctionnaires municipaux prévu dans la Loi sur les cités
et villes.
D'une
part, l'amendement propose de prévoir certaines balises pour mieux définir la
notion de frais raisonnables pouvant être payés ou remboursés par une
municipalité au bénéfice de l'élu ou de l'employé qui fait l'objet d'une
poursuite pour un geste posé dans l'exercice de ses fonctions. L'amendement
vient préciser que ces frais doivent être proportionnels
à la nature et à la complexité de la procédure visée, de façon à éviter, par
exemple, certaines situations où le régime de remboursement est utilisé
abusivement pour multiplier les recours coûteux devant les tribunaux,
parfois sans motifs juridiques valables au
soutien de ceux-ci, et dans le but, par exemple, de retarder l'application
d'une décision de première instance ou de faire durer une procédure le
plus longtemps possible.
• (16 h 20) •
D'autre part,
l'amendement vient prévoir qu'un élu ou un employé municipal ne peut bénéficier
d'un régime de protection s'il fait l'objet d'une poursuite criminelle pour un
geste posé dans l'exercice de ses fonctions. Dans un tel cas, le régime devient
applicable seulement si la poursuite est retirée ou rejetée ou si la personne
est acquittée par un jugement passé en force
de chose jugée. Cette modification est inspirée du régime de remboursement des
frais de défense des élus provinciaux prévu dans la Loi sur l'Assemblée
nationale, qui prévoit une telle application conditionnelle du régime à l'égard
des poursuites criminelles.
L'article 604.6
tel qu'il se lirait :
«604.6. Toute municipalité
doit :
«1° assumer la
défense d'une personne dont l'élection comme membre du conseil de la
municipalité est contestée ou qui est le défendeur ou l'intimé dans une
procédure dont est saisi un tribunal et qui est fondée sur l'allégation de
l'inhabilité de la personne à exercer la fonction de membre du conseil, de
fonctionnaire ou d'employé de la municipalité ou d'un organisme mandataire de
celle-ci;
«2° assumer la
défense ou la représentation, selon le cas, d'une personne qui est, soit le
défendeur, l'intimé ou l'accusé, soit le mis en cause, dans une procédure dont
est saisi un tribunal et qui est fondée sur l'allégation d'un acte ou d'une
omission dans l'exercice des fonctions de la personne comme membre du conseil,
fonctionnaire ou employé de la municipalité ou d'un organisme mandataire de
celle-ci; alors
«3° assumer la
défense d'un membre du conseil qui fait l'objet d'une demande en vertu de
l'article 312.1 de la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités(chapitre E-22).
«Si la personne
assume, elle-même ou par le procureur de son choix, cette défense ou
représentation, la municipalité doit en payer les frais raisonnables. La
municipalité peut toutefois, avec l'accord de la personne, lui rembourser ces
frais au lieu de les payer.
«Les frais engagés en
vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la
complexité de la procédure visée.
«La municipalité est
dispensée des obligations prévues aux deux premiers alinéas, dans un cas
particulier, lorsque la personne renonce par écrit, pour ce cas, à leur
application. Elle est aussi dispensée de ces obligations dans le cas d'une
poursuite de nature criminelle, tant que la poursuite n'est pas retirée ou
rejetée ou que la personne n'est pas acquittée par un jugement passé en force
de chose jugée.
«Pour l'application
de la présente sanction, on entend par :
«1° "organisme
mandataire" : tout organisme que la loi déclare mandataire ou agent
de la municipalité et tout organisme dont le conseil est composé majoritairement
de membres du conseil de la municipalité, dont le budget est adopté par
celle-ci ou dont le financement est assuré pour plus de la moitié par celle-ci;
«2°
"tribunal" : outre son sens ordinaire, un coroner, un
commissaire-enquêteur sur les incendies, une commission d'enquête ou une
personne ou un organisme exerçant des fonctions quasi judiciaires.»
Alors, l'objectif,
là, de cet... l'objectif de cet article : assurer un équilibre entre le
risque de poursuite inhérent à la charge
d'élu et la capacité de la municipalité d'assumer une partie de ce risque. Nous
voulons décharger la municipalité de la responsabilité d'assumer d'emblée les
frais de défense des élus dans les cas de poursuite criminelle ou d'abus
de procédure.
Alors,
l'article 604.7 de la Loi sur les cités et villes prévoit actuellement
qu'une municipalité peut réclamer le remboursement des frais de défense qu'elle
a versés à un élu municipal lorsque celui-ci a été déclaré coupable dans le cas
d'une procédure de nature criminelle ou pénale.
Pour tenir compte de
la gravité des infractions qui peuvent être en cause, l'article 607.6 de
la Loi sur les cités et villes est modifié afin de prévoir que, dans le cas
d'une poursuite criminelle, les frais de la défense et les frais judiciaires ne seraient payés que si la poursuite
a été retirée ou rejetée ou que si la personne a été acquittée par un jugement
passé en force de chose jugée ou a été libérée.
En
outre, l'article 604.6 de la Loi sur les cités et villes
est également modifié pour préciser que la municipalité est tenue de payer des frais raisonnables, étant
entendu que cette notion ne vise pas uniquement les honoraires facturés en
fonction du travail effectué mais également l'ensemble des honoraires facturés
pour toutes les procédures d'une cause
proportionnellement aux circonstances d'une affaire. Ainsi, une municipalité
estimant qu'une demande en contrôle judiciaire est déraisonnable
pourrait refuser d'assumer des frais de défense de l'élu.
Alors,
le régime applicable aux députés de l'Assemblée
nationale prévoit une mesure
similaire en ce qui concerne les procédures criminelles ou pénales. Ça,
c'est... on parle de la Loi sur l'Assemblée
nationale, l'article 85.2.
Certains tribunaux se sont déjà
prononcés en faveur de cette interprétation au niveau des frais raisonnables. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci, Mme
la ministre. Alors, y a-t-il des interventions? Mme la députée de Vaudreuil, à
vous la parole.
Mme
Nichols : Oui, merci, Mme la Présidente. Oui, bien, en fait, tu sais, des questions,
là, mais c'est surtout, là, beaucoup de précisions, là, puis
d'informations. Entre autres, là, je vais commencer avec les termes, là, qui
méritent de...
Une voix : ...
Mme
Nichols : Oui, c'est ça, bien,
d'être précisés ou, je m'en allais dire, d'être encadrés, là. Puis je vais y
aller tout de suite, comme ça, quand on dit : «Les frais engagés en
vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels», «proportionnels», tu
sais, c'est comme si on dit «frais raisonnables», «délai raisonnable»,
«proportionnels». Tu sais, «proportionnels»,
on se fierait sur quels motifs pour accepter ou refuser, en fonction qu'on se
dit que c'est proportionnel ou pas? Parce qu'on sait, là, souvent,
chaque dossier a sa complexité, là, chaque dossier. Ça fait que, là, on se
dit : Bien, lui, ce dossier-là... Puis,
tu sais, comme, même là, là, «la complexité de la procédure visée», il y a des
procédures qui sont plus complexes,
mais on l'évalue comment, tu sais? Ça fait qu'il y a la nature du dossier, il y
a l'aspect personnel aussi, là, du dossier, là, qui s'y rattache. Ça
fait que c'est pour ça je trouve que c'est... Tu sais, je comprends où on s'en va, mais je ne comprends pas comment on va
faire pour évaluer tout ça, là. La façon que c'est libellé, comme ça, ça
donne juste beaucoup de place à interprétation. Puis, dans le fond, quand on
interprète, on est souvent déjà rendu devant le juge, là.
La Présidente (Mme Boutin) : Mme la
ministre, oui, allez-y.
Mme Laforest : Bien, la notion «proportionnel», je vais laisser
Me Paradis l'expliquer, parce qu'évidemment,
«proportionnel», on parle toujours de... c'est du cas par cas, en fait. Donc,
«proportionnel» voudrait dire du cas par cas, Me Paradis, si on se fie à
cette notion-là? Parce que chaque dossier est différent, c'est un cas d'espèce,
donc c'est en proportion de la situation, des frais encourus.
C'est peut-être bon de mentionner le pourquoi de
cet article-là, quand même. Au départ, Mme la Présidente, c'est qu'on sait très
bien que, parfois, il y a des frais, puis je vais dire le mot sur le bout des
lèvres, déraisonnables par rapport à
certains élus qui vivent... qui ont subi des causes et qui sont reconnus,
parfois, responsables ou coupables. Donc,
ce sont tous les citoyens qui paient pour les frais de défense à ce moment-là. Donc, dans la loi, c'était important de mentionner, depuis le
début, que ce n'est pas aux citoyens de payer pour les frais d'avocat encourus.
C'était vraiment une demande, ça, récurrente que les frais d'avocat ne soient
pas à la responsabilité des citoyens.
Donc, l'article, ici, vient quand même, si je
peux dire, donner une orientation différente, dans le sens que, les élus qui
sont reconnus coupables, bien, à ce moment-là, il y a des frais qui ne seront
pas défrayés par la municipalité.
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis.
Mme Laforest : «Proportionnel»,
Me Paradis, c'est cas par cas, c'est... Oui?
• (16 h 30) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci. Il est
tout à fait juste, là, que cette rédaction-là s'inscrive dans une logique... C'est une situation d'appréciation au cas par cas qui doit être
effectuée par la municipalité. Ça se veut, en somme, une codification d'une règle jurisprudentielle qui a
été reconnue. La loi, à l'article 604.6, prévoit déjà, au deuxième alinéa,
que, si la personne assume elle-même ou par
le procureur de son choix cette défense ou représentation, la municipalité doit en payer les frais
raisonnables. Ça, c'est le volet raisonnable. Et après ça on ajoute le côté
proportionnel selon la nature... à la nature et complexité de la procédure
visée. C'est le volet qui est ajouté par la jurisprudence.
Il y a une décision qui a été rendue, en 2020
par la Cour supérieure, là, en lien, justement, avec une cause en éthique où,
là, il y avait... disons, la procédure... les coûts avaient été engagés de
manière vraiment très grande. Puis c'est... la cour a conclu... Je le résume
comme ça, c'est que ce n'est pas un régime avec un puits sans fin, là, ça, là.
Il y a des paramètres en termes de raisonnabilité, oui, du taux horaire, mais
également de l'ensemble des sommes qui sont assumées par rapport au manquement
reproché, par rapport à la nécessité qui est requise pour véritablement se
défendre. On sait que, lorsqu'on prend un recours judiciaire, il y a différents
moyens qui existent. On peut prendre différents moyens, des recours
interlocutoires, différentes requêtes qui... bien, peut avoir pour effet de
prolonger le processus de manière indue, malheureusement, et pour laisser, dans
le fond, cette appréciation et codifier cette règle que la jurisprudence a
reconnue. C'est déjà ce qui était présent, mais là on le met dans la loi pour
que ce soit clair et que ce ne soit plus appuyé uniquement sur la jurisprudence
des décisions rendues, mais c'est une appréciation au cas par cas. On ne peut
pas...
Mme Nichols : Oui, mais qui
l'apprécie? C'est qui qui va faire l'appréciation du cas par cas?
M. Paradis (Nicolas) : La municipalité
va l'apprécier en fonction de la situation. Il y a autant de dossiers... Il y a
différents types de manquement. Il y a différents contextes. Donc, c'est une
appréciation qui doit se faire par la municipalité.
Mme Nichols : ...
La Présidente (Mme Boutin) : Vous
pouvez continuer.
Mme Nichols : Oui, j'attendais. Moi, je suis tout à fait d'accord, Mme la ministre, à l'effet que, tu sais, il faut
intervenir, là, il faut faire quelque chose, là. On l'a vu dans les dernières années. Puis je le dis sans vouloir
vexer les municipalités, mais on a vu le cas de Terrebonne, là, qui... hein, c'est des recours
assez onéreux. Là, je ne sais pas à quelle jurisprudence on fait référence,
mais je vais aller... je vais les regarder là, évidemment. On fait référence...
il y en a plusieurs.
Puis c'est vrai, là,
qu'il faut venir encadrer ça. Ça, je suis 100 % d'accord avec ça, parce
que ce n'est pas nécessairement... Si ce n'est pas dans le cadre des fonctions
de l'élu ou même si c'est de nature, entre autres, là, criminelle, là, tu sais,
ce n'est pas au citoyen, là, de payer ces frais-là. Parce que, là, on comprend
que c'est les frais pour l'élu municipal, mais aussi les frais pour le
fonctionnaire municipal, là. Alors, ça peut monter assez vite puis ça peut être...
ça peut faire mal dans un budget, dans le budget de la municipalité.
Mais là où j'ai un
problème, c'est que l'appréciation viendrait des villes. Par le temps que ça se
rende à la municipalité, il y aura peut-être un changement de... ou il y aura
peut-être un changement au niveau du conseil municipal, au niveau du maire puis
il y aura peut-être soit une fermeture complète ou, sinon, si c'est le... si la
personne qui suit, tu sais, c'était le dauphin ou la personne qui avait été
sélectionnée par l'autre d'avant, là, ça sera peut-être le contraire, là, il y
aura peut-être le plat de bonbons dans lequel on pourra piger facilement. Ça
fait que je trouve que cette appréciation-là... ou je trouve qu'on donne
beaucoup de latitude à la municipalité. Puis c'est là où je me demande :
On ne peut pas venir... il n'y a pas une façon où on pourrait peut-être venir
encadrer ça? Puis je le sais, que c'est
délicat, là, puis, tu sais, c'est... mais c'est flou, c'est flou comme... c'est
flou comme notion. Mais, tu sais, on s'entend,
on s'entend qu'à la fin, là, on ne veut pas que ça soit les citoyens qui aient
à débourser pour des défenses ou...
Ça fait que, là,
j'essaie de réfléchir, là, rapidement à une façon qu'on pourrait... qu'on
pourrait encadrer le tout, parce que, tu sais, même... pour mieux définir la
notion de frais raisonnables, tu sais, qu'est-ce qui est des frais
raisonnables, tu sais? Si le meilleur avocat est à 450 $ de l'heure mais
qu'on se dit : Il est peut-être un peu cher, je vais prendre le moins bon,
à 150 $, tu sais, ce n'est pas... Ça fait qu'il y a plein d'aspects, là,
comme ça, là, de frais raisonnables ou de choses proportionnelles, là, qui
m'embêtent... qui m'embêtent... pas juste un peu, là, beaucoup.
Est-ce que la...
Parfait, là, pour le proportionnel, mais je vais revenir, là... ça m'embête
trop, mais on dit que c'est l'appréciation cas par cas puis qu'il y a eu une
règle jurisprudentielle. Est-ce qu'on tient compte, entre autres, de cette
règle jurisprudentielle là pour introduire cette notion-là? Puis, quand on fait
référence, entre autres, à la complexité de la procédure, c'est quoi, la
complexité de la procédure? C'est si... C'est quoi, la complexité de la
procédure, quand on fait référence à la complexité? On l'évalue comment, si la
procédure est simple ou complexe? Là, en partant, une procédure judiciaire, il
n'y a jamais rien de simple.
Mme
Laforest : La complexité de la procédure, honnêtement... Vous pouvez y
aller, Me Paradis? Qu'est-ce que vous auriez proposé, à ce moment-là? Ce serait
quoi...
Mme Nichols :
Bien, je voulais savoir, parce qu'on dit que... dans le deuxième... on
dit : «Les frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être
proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure visée.» Bon, on
peut peut-être commencer par la nature, là. Je présume que... bien, je vais
vous laisser... j'ai une idée, là, quelle est la nature, puis après ça on s'en
va avec la complexité de la procédure visée.
La Présidente (Mme
Boutin) : Me Paradis.
M. Paradis
(Nicolas) : Merci. Bien, tout d'abord, la décision qui a été rendue,
celle que j'évoque, là, mais il peut y en avoir d'autres, là, c'est Béliveau c.
Municipalité de Lacolle, une décision rendue en 2020, là, par la Cour
supérieure. Dans ça, le tribunal avait dit qu'il ne remettait pas en question
le fait que les honoraires ont été facturés correctement pour des services
effectivement rendus par les avocats du demandeur. Mais là il insistait : «Il
ne suffit pas de démontrer que les honoraires facturés relèvent du travail
effectué ou que ce travail a été utile, il faut démontrer que les
honoraires sont raisonnables et proportionnels dans les circonstances.» Comme
je vous dis, c'est vraiment la règle jurisprudentielle, et, l'exemple qui
permet bien de l'imager, selon moi, le juge disait : «En prenant [...]
compte de l'objet du litige, replacé dans le contexte [...] du dossier et du
fait que le demandeur a dépensé à ce jour 139 000 $, il ne serait aucunement raisonnable et
proportionnel de dépenser une somme additionnelle de 22 000 $ de
deniers publics pour éviter au demandeur de rembourser [913 $].»
Alors là, il y a une
démonstration, on regarde c'est quoi, la conséquence, c'est quoi, les coûts qui
seraient inhérents au recours judiciaire.
Puis là c'est une appréciation que fait le conseil municipal. Dans ce cas-ci,
c'est : Est-ce que ça vaut la
peine de dépenser 22 000 $ pour vous éviter, conseiller municipal ou
élu municipal, d'assumer 913 $ de... Il y a une proportionnalité de
conséquence versus remède qu'on souhaite assurer, régime de défense, pour
garder un équilibre entre les deux.
Ça fait que c'est ce
que la jurisprudence dit, tout ça dans l'objectif premier de garder quand même
l'équilibre, que le régime de défense, il n'est pas là pour rien, il est là pour
protéger les élus, pour éviter que ceux-ci, que
les individus, les citoyens se sentent... à défaut d'un tel régime, ne soient
pas suffisamment encouragés à se présenter parce qu'ils devraient
assumer tous les risques par leur patrimoine personnel, là.
Ça,
c'était pour un des volets de la question de Mme la députée. Le deuxième volet,
je ne suis pas sûr que j'y ai répondu, par contre. Si, peut-être, elle
pourrait... Si vous pouviez la reposer, là...
Mme Nichols : Bien, oui. Il y avait,
tu sais, la proportionnalité, là. Ça, je pense que vous avez fait la lecture,
là, dans la jurisprudence, puis ce que je comprends, c'est que... les montants
dépensés relativement à la conclusion recherchée, c'est ce que je comprends
qui...
M. Paradis
(Nicolas) : C'est effectivement l'exemple que... C'est le cas concret,
là. Écoutez, c'est le...
Mme
Nichols : C'est la municipalité qui va apprécier ça, pour autoriser ou
pas la dépense... bien, autoriser le...
M. Paradis (Nicolas) : Non. Non, pas
pour autoriser. C'est pour la question du paiement, effectivement.
Mme Nichols : Le remboursement du...
M. Paradis (Nicolas) : Parce qu'à la
base, dans le fond... Il faut remettre ça dans le contexte du régime. Dans le
fond, le droit est créé d'office, à avoir cette défense-là lorsqu'on entre dans
l'une ou l'autre des situations évoquées à l'article 604.6. Donc, dès lors
qu'on est poursuivi pour un acte commis dans l'exercice de nos fonctions d'élu,
le régime de frais de défense s'applique. Donc, la personne a droit au
remboursement de ses frais de défense.
Après ça,
quelle est la hauteur du remboursement qui peut être effectué? C'est là
qu'entre en jeu ce qui était déjà dans la loi, la raisonnabilité des
frais, et, par ailleurs, ce qui a été ajouté et qui a été consacré par la
jurisprudence au préalable, la proportionnalité de ces frais eu égard à la
nature et à la complexité de la procédure visée. Donc, c'est l'équilibre qui
est fait comme ça. Donc, ce n'est pas une question :je décide, moi,
municipalité, de rembourser ou non, ou d'assumer une partie ou... d'assumer les
frais de défense ou pas.
Mme Nichols : Les frais engagés.
M. Paradis (Nicolas) : Là, c'est à
l'égard de la proportionnalité, la partie qui peut être engagée. C'est là
qu'est l'appréciation dans ce cas-ci. Mais le régime, à la base, il s'applique.
Comme dans l'exemple que je vous ai soumis,
dans le fond, il y avait 139 000 $, dans la cause, qui avaient déjà
été assumés par la municipalité, mais là il y avait une appréciation pour des montants
supplémentaires, 22 000 $ qui étaient demandés pour 913 $ qui
auraient été assumés par l'élu, là.
Mme Nichols :
Oui, mais ça, c'est parce qu'on a quantifié, là, le montant de 913 $, il y
a un montant quantifié. Mais il y a beaucoup de recours, entre autres,
qui... je donne un exemple, là, tu sais, l'élu pourrait se retrouver avec une
poursuite pour une affaire de ponceau, où il n'y a pas nécessairement de
montant de déterminé. Puis là on ferait comment pour déterminer, par exemple,
la proportionnalité ou ce serait quoi, la référence? Ça fait que, tu sais,
c'est un peu plus facile, là, dans cette jurisprudence-là de l'élaborer, mais,
sinon...
La
Présidente (Mme Boutin) :
Excusez-moi de vous interrompre. Je dois vous interrompre. Je pense qu'il y
avait consentement pour suspendre les travaux momentanément à
16 h 40. Il est 16 h 40 momentanément. Alors, ça tient
toujours? Je suis désolée de vous interrompre, je cherchais une petite craque.
On va suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprise à 17 h 18)
La
Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti. Lors de notre suspension, nous en étions à une discussion qui avait été entamée par Mme la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) : Je vous
avais interrompue, mais je vous invite à poursuivre.
Mme Nichols : C'est correct, c'était
pour les bonnes raisons. C'est bien correct, Mme la Présidente. Oui, je
reviens, j'avais une discussion, entre autres, à savoir : «Les frais
engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels [...] à la
nature et la complexité de la procédure visée.» On donnait l'exemple, par
exemple, là, de Béliveau contre la municipalité de Lacolle, en 2020, où il y avait un montant chiffré, puis on était
capable de dire, là, que, bien, ce
n'est pas proportionnel, là, pour une facture de 917 $ ou 931 $,
dépenser 22 000 $. Tu sais, ce n'est pas raisonnable. Mais, quand ce n'est pas quantifié comme ça, je me
demandais comment on fait. Tu sais, l'appréciation... l'appréciation du cas par cas, bien, un, là, ce que je comprends,
c'est que c'est la municipalité qui va faire l'appréciation du cas par cas,
mais je me disais : Est-ce qu'il y a des paramètres, est-ce qu'il
y a des lignes sur lesquelles on peut
se fier, des barèmes ou...
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis, voulez-vous y aller?
• (17 h 20) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci. Bien,
il n'y a pas de barème déterminé, quantifié, comme une charte, là, parce qu'il y a tellement de cas possibles et imaginables que ce n'est pas
déterminé en ce sens-là. Je me dois... je peux juste répéter que c'est du cas par cas, malheureusement, et... mais aussi réitérer, puis c'est comme ça, hein, que, même dans
cette cause-là, la municipalité... la cause à laquelle je référais, eux
l'avaient appliqué sous cet angle-là et ils avaient énoncé
que les sommes qui étaient réclamées n'étaient pas proportionnelles. Donc, le milieu
municipal connaissait déjà cette notion-là et voulait l'appliquer, cet
angle-là. C'est sûr que, là, ils avaient été confrontés, dans un tel cas, à une
poursuite disant : Non, non, il faut que tu les assumes, les frais, mais,
bon, la Cour supérieure est venue reconnaître, là, cette possibilité
qu'a... pour la municipalité d'apprécier le tout avec la proportionnalité.
C'est sûr que, quand on est capable de le quantifier avec des montants... plus
facile, l'exemple que je vous donnais était clair à cet égard-là, évident à cet égard-là. Puis, dans les autres
situations, bien, ils vont pouvoir l'apprécier quant à la nature ou, peut-être,
on pourrait dire même la nature et l'évidence du manquement et l'importance de
celui-ci.
Je pourrais prendre un exemple simple. Supposons
qu'on est dans une dynamique d'un manquement éthique pour... parce que le code
interdit la réception d'un don, qui serait, même, de valeur infime, mettons,
250 $. Ça peut être gros ou pas, là, peu importe, là, 250 $. La
personne avait reçu ce don-là, c'est factuel, c'est démontré, la preuve est
claire, la personne est condamnée par la Commission municipale, et s'ensuit une
série de recours, contrôles judiciaires devant la Cour supérieure. Et, pour
différentes raisons, en appel, la décision de la Cour supérieure, Cour suprême,
la proportionnalité liée à la complexité de la chose n'est peut-être pas
présente.
On comprend que, là, j'ai encore un montant,
mais, peu importe le montant, la complexité n'était peut-être pas à ce point
claire. Sans doute, ça ne se rendra pas à la Cour suprême si c'est simple, là,
mais c'est pour ça que c'est vraiment toute une série d'appréciations liées au
contexte. Et on donne aussi ainsi à la municipalité le soin de l'apprécier, là.
C'est la municipalité qui va l'apprécier aussi face à ce qui lui est présenté
comme demande de remboursement, par ailleurs.
Mme Nichols : Bien, c'est la partie
qui m'inquiète, c'est la partie qui m'inquiète, qu'on demande à la municipalité
de l'apprécier, parce qu'elle va apprécier, mettons, cette demande de
remboursement de frais de son prédécesseur... oui, ça peut être le
prédécesseur, là, je vais donner l'exemple de la ville de Terrebonne, là. Ça
fait que c'est cette notion-là, tu sais, de dire : Bien, on était dans la
même équipe, puis c'est vrai, il va se défendre, il peut piger dans le plat de
bonbons, on va tout autoriser, ou de dire : Aïe! Non, lui, c'était mon
adversaire, puis je l'ai battu, puis, tu sais, ce n'est pas vrai que... Ça fait
que, tu sais, c'est cette partie-là que...
Parce que je vais... Il y a deux aspects, là,
superimportants, puis c'est vrai, là, c'est important, ces articles-là, là.
Puis, même, je vais être franche avec vous, là, moi, après avoir pris
connaissance, entre autres, là, de ce qui se passait à la ville de Terrebonne,
je voulais même déposer un projet de loi à l'Assemblée nationale sur ces
articles-là, parce que je voyais une problématique, là, je trouvais, là, qu'il
fallait les amener. Ça fait que je suis bien contente qu'ils soient dans le
présent projet de loi, parce que, tu sais, il faut faire... je pense qu'il faut
protéger. Il y a une double protection à avoir, là, tu sais, il faut protéger
le citoyen pour ne pas qu'il se ramasse avec des factures, parce que c'est le
citoyen qui paie au bout de la ligne, ça fait que... mais aussi il faut
protéger les élus qui sont de bonne foi, parce que je pense que, des fois, puis
on ne se le cachera pas, il y en a, là, des procédures, là, frivoles, là,
contre certains élus. Ça fait que, tu sais, je pense qu'il faut protéger les
élus. Puis, si je ne me trompe pas, là, tant le Code municipal que la Loi sur
les cités et villes, là, eux autres, ils prévoient, entre autres, ce
mécanisme-là pour protéger les élus puis pour protéger les fonctionnaires
municipaux en cas de poursuite. Ça, c'est clair.
Mais, s'ils sont poursuivis en raison soit d'un
acte ou soit d'une omission dans l'exercice de leurs fonctions, bien, c'est
clair que la municipalité... Tu sais, ce que ça dit, là, le mécanisme dit, là,
c'est qu'un ou l'autre, soit l'élu ou le fonctionnaire, si c'est dans le cadre
de leurs fonctions, bien, c'est la municipalité qui doit assumer la défense,
qui doit payer les frais de défense, puis, si cette personne-là, elle se
représente elle-même, ça sera l'avocat de son choix. Ça, c'est clair.
Puis là ce que je comprends, c'est qu'on vient justement,
là, entre autres, là, légiférer, légiférer autour de ça parce que cette
règle-là était d'application automatique. Je suis d'accord, c'est là que je la
vois, la problématique, puis que... Tu sais,
la municipalité, là, elle ne peut pas nécessairement porter de jugement pour l'éventuelle culpabilité ou responsabilité
de l'élu ou du fonctionnaire, ça fait que... Je ne sais pas, j'ai de la misère
à mettre la... j'ai de la misère à mettre la municipalité dans la boucle, là,
pour lui dire : Bien, tu vas apprécier ou pas le... apprécier ou pas tout ça. Ça
fait que je ne suis pas certaine...
tu sais, la problématique, je la vois, mais je ne suis pas certaine qu'on la
libelle de la même façon. Peut-être, est-ce que vous pourriez
m'expliquer pourquoi, tu sais, pourquoi qu'il est... pourquoi qu'on vient le
légiférer comme ça, l'article 604.6?
Mme Laforest : Pourquoi on vient le
légiférer comme ça?
Mme Nichols : Oui, pourquoi on...
Oui, mais, en fait, expliquez-moi l'objectif, là, de l'apporter comme ça. Est-ce
que c'est parce qu'on... Mais je ne veux pas soumettre mes hypothèses, là, parce
que peut-être que ce n'est pas ça non plus, là, mais... Pourquoi on intervient,
on va... à la base, là, pourquoi on intervient ici?
Mme Laforest : Pourquoi l'article,
en fait, propose ces interventions? Pour peut-être mieux préciser, en fait,
c'est que, depuis le début, on le sait très bien, puis de par le passé, qu'il y
a certaines causes que ce sont les citoyens qui doivent défrayer les coûts,
veux veux pas, là, pour des causes qui sont entendues, à des manquements, là,
de certains conseillers, ou des maires, ou des mairesses, peu importe, là,
c'est pour les élus municipaux. Donc, la question, on va la poser
autrement : Pourquoi ce sont les citoyens qui payeraient?
L'autre, votre question à savoir où donner des
noms de municipalité... puis là c'est certain qu'on ne ciblera pas des municipalités
parce que ça touche toutes les municipalités. Et, en plus, dans l'interrogation
que vous avez, bien, si on regarde l'ajout qui a été fait, là, ça répond à
votre questionnement, parce qu'on dit : «Par l'ajout, à la fin du troisième alinéa, de la phrase suivante : "Elle
est aussi dispensée de ces obligations dans le cas d'une poursuite de nature
criminelle..."» Donc, quand on parle de nature criminelle, bien, à ce
moment-là, tous les frais sont assumés par, si je peux dire, l'élu fautif.
Donc, c'est pour ça qu'on l'a ajouté aussi, pour qu'on ait la notion de
poursuite criminelle, si c'est le cas.
Maintenant, la première des raisons, c'est, un,
que les citoyens n'assument pas les frais des élus municipaux. Ça, on en entend
parler depuis le début. Puis l'autre chose aussi qu'on touche, les causes de
nature criminelle, bien, c'était important
de voir que c'est l'élu qui est responsable de sa faute s'il est reconnu
coupable, pour payer lui-même les frais de défense.
Mme Nichols : On fait référence,
là... Évidemment, vous avez parlé, là, de la nature, là, quand c'est criminel
ou quand c'est civil. «Elle est aussi dispensée de ces obligations dans le cas
d'une poursuite de nature criminelle, tant que la poursuite n'est pas retirée
ou rejetée ou que la personne n'est pas acquittée par un jugement passé en
force de chose jugée.» Dans le fond, là, les frais vont être remboursés...
C'est parce que, là, on parle, là... le remboursement des frais de l'élu ou du fonctionnaire... ou du fonctionnaire municipal.
Les frais vont être remboursés à quel moment? Est-ce qu'au fur et à
mesure de la dépense... Puis je sais que ça avait été traité dans... je sais
que ça a été traité, là, dans des dossiers, là. Les frais vont être remboursés
à quel moment? À la fin? On assume dès le début? Est-ce que ça dépend de la
nature, si c'est civil ou si c'est criminel? Comment ça fonctionne?
Mme Laforest : Me Paradis,
peut-être, vous pourriez y aller, mais c'est tant que le jugement n'est pas...
et les frais ne sont pas complétés... Parce
que, durant la cour, c'est impossible. Donc, c'est à la fin que les montants
seront remboursés s'il y a faute commise.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Boutin) : ...
M. Paradis (Nicolas) : Il y a...
Merci, Mme la Présidente. Effectivement, il y a différents cas de figure, des
situations où ça peut être une facturation qui arrive à la toute fin puis qu'à
ce moment-là la municipalité va payer sur demande de remboursement. La nuance
est importante, c'est en fonction de la nature du recours ou de la poursuite.
S'il s'agit d'une poursuite criminelle, alors, à ce moment-là, avec
l'amendement qui est apporté, la modification par le deuxième alinéa, l'élu visé par la poursuite criminelle assumera tous
les frais de sa défense jusqu'à ce qu'il y ait le résultat final. S'il devait être condamné et reconnu
coupable, il assume entièrement la totalité des frais, ne peut rien demander
à la municipalité. Par contre, s'il devait être acquitté de l'acte reproché et
que celui-ci avait, bien entendu, un lien avec l'exercice de ses fonctions,
bien, à ce moment-là, il pourra demander un remboursement des frais assumés à
la municipalité suivant les paramètres qui existent dans le régime. En matière
civile, la municipalité assume les... la défense
ou la représentation. Il y a différents cas, bien entendu. Et elle peut
l'assumer, puis il peut y avoir de la facturation en cours de route, là, tout comme ça pourrait être
à la fin tout simplement, là, c'est une question comment l'élu organise
le tout avec son avocat en termes de facturation, là.
Mme Nichols : Puis, au niveau
criminel, bien, un, c'est sûr, je comprends, là, il faut que ça soit quand
même... qu'il y ait un lien dans le cadre de ses fonctions pour... Dans le
fond, on ne le paie pas au fur et à mesure, on attend, à la fin, le jugement.
Même s'il y a un lien dans le cadre de ses fonctions, on attend à la fin. À la
fin, s'il y a acquittement, l'élu ou le fonctionnaire peut se retourner vers la
municipalité puis dire : Bien, ça m'a coûté tant, puis il peut se faire
rembourser. Ça, c'est ce que je comprends au niveau criminel.
Au niveau civil, est-ce que, dès le début, si
l'élu ou le fonctionnaire démontre que c'est dans... c'est en lien, entre
autres, avec ses fonctions... donc est-ce que, dès le début, les frais sont
assumés au fur et à mesure ou on va se rendre à la fin, pour avoir le jugement,
pour décider si on rembourse ou pas? Puis est-ce que c'est là qu'il va rentrer,
entre autres, là, la notion de... tu sais, ou est-ce que c'est là qu'il va
rentrer la notion de proportionnel puis de complexité de la procédure, puis
c'est là que la municipalité pourrait intervenir avec son... avec son jugement
ou, en fait, avec sa... la discrétion qu'on lui donne?
M. Paradis (Nicolas) : Je vous
dirais, sa discrétion, elle peut l'utiliser à tout moment, là.
Mme Nichols : La municipalité?
M. Paradis
(Nicolas) : Elle va l'exercer, effectivement, dans le cadre de...
Lorsqu'elle va effectuer le remboursement, elle va assumer sa... je vais le
dire autrement qu'en termes de discrétion, plutôt son appréciation, parce que ce n'est pas tellement une discrétion
qu'une appréciation de la situation liée à son obligation. Elle a l'obligation
d'assumer les frais raisonnables qui... et
dans la mesure... avec la proportionnalité qu'on évoque, c'est une obligation.
Elle aura une appréciation de la situation, c'est pour ça... mais c'est quand
même une obligation formelle d'assumer les frais raisonnables et
proportionnels. Ça fait qu'elle ne pourra pas aller en bas de ces
conditions-là.
Et de sorte que... Imaginons la situation, on a
la facture à la toute fin du litige en civil, elle le reçoit, elle l'apprécie
une seule fois, ça va bien. C'est le cas facile. On aurait la situation en
cours de route, le litige s'échelonne sur
deux ans, trois ans, parce qu'il peut y avoir différents recours subséquents à
la décision de première instance, et puis là elle pourrait avoir assumé... elle pourrait avoir une demande qui lui
est faite, elle pourrait décider de l'assumer tout de suite. Bon, j'ai 20 000 $ pour le
recours de première instance, je l'assume, je regarde, frais raisonnables,
proportionnels, oui, il n'y a pas de problème, je
l'assume. Là, elle se rend compte que c'est en Cour d'appel, ça s'inscrit
toujours dans la proportionnalité, ils peuvent l'assumer. Puis, s'il se trouve,
tantôt, que, là, ils regardent la situation... un peu comme le cas que
j'évoquais un peu plus tôt, que c'était une demande de facture supplémentaire,
22 000 $ qui étaient demandés pour sauver 913 $, bien là, c'est
l'appréciation qui est faite, va dire : Bien, non, non, là, ça excède les
paramètres de mon obligation d'assumer frais raisonnables et proportionnalité.
Mme Nichols : Ça fait qu'en cours de
route, c'est ça, bien, c'est... en cours de route, la municipalité pourrait
dire : Ah! bien là, ce n'est plus proportionnel, puis elle pourrait
utiliser son pouvoir discrétionnaire pour dire : Bien là, je n'assume plus
les frais.
M. Paradis (Nicolas) : Elle va
pouvoir, effectivement, l'utiliser, oui. C'est une appréciation de la loi à ce
moment-là, effectivement.
Mme Nichols : Puis ça permettra soit
à l'élu ou au fonctionnaire tout de même de se retourner puis de dire :
Bien non, tu continues à assumer, je présume, parce que c'est dans le cadre de
mes fonctions, puis c'est ça que ça coûte, puis c'est ça, la procédure, puis je
n'ai pas le choix, il faut que je continue, je... Parce qu'il ne peut pas
arriver puis dire : Bien là, non, on n'assume plus, puis tu es en plein
milieu de la procédure, ou la municipalité dit : On avait budgété 50 000 $, cette année, dans le
cadre d'une procédure, puis là, bien, tu sais, ta procédure, tu es rendu à
75 000 $, on arrête. Je veux dire, tu sais, c'est ça. Moi, c'est
cette partie-là, là, où... qui m'inquiète.
M. Paradis (Nicolas) : Ce n'est pas nécessairement
une question de j'ai budgété tant, là, parce que, s'ils ne budgètent pas assez
eu égard à leur obligation de raisonnabilité des frais et proportionnalité, la municipalité
a quand même son obligation. Par contre, elle va l'apprécier. Puis ça ne coupe
pas les recours que peuvent avoir l'élu, là, concerné, là. Supposons qu'il va
en première instance, perd en première instance, décide de prendre un recours
en contrôle judiciaire devant la Cour supérieure, puis là la municipalité
considère que ce n'est pas... des coûts de la sorte, c'est disproportionné eu
égard à la situation, dit : Je n'assume pas les coûts requis pour le
contrôle judiciaire, bien là, à ce moment-là, l'élu municipal aura le choix. Il
décidera : je continue avec mes propres fonds, parce que je considère que
j'ai un excellent recours et je veux continuer la cause, il assumera le tout
puis... ou il dira : Bon, bien, dans les circonstances, je ne vais plus de
l'avant. Mais la municipalité, au moins, aura apprécié le tout. Dans la mesure
qu'elle l'aura apprécié correctement, elle n'aura pas de sommes supplémentaires
à verser par la suite.
Mme Nichols : Bien, je veux dire, je
comprends que, tu sais, la seule limite, dans le fond, là, c'est que les frais
soient raisonnables. Ça, tu sais, je la comprends, là, cette limite-là. Mais je
trouve que... tu sais, je trouve que c'est un peu... je ne veux pas dire
malhabile, là, mais c'est un peu délicat de donner ce contrôle-là
discrétionnaire à la municipalité. C'est plus cette partie-là qui m'embête au
niveau civil. Tu sais, au niveau criminel, je pense que c'est d'autre nature,
là, la nature criminelle, là. Puis j'aurai peut-être d'ailleurs un petit commentaire,
là, relativement au criminel, mais je veux
juste finir le civil, là. Au niveau civil, je ne sais pas, j'ai un malaise de
donner cette discrétion-là, mais, d'un autre côté, je suis d'accord
qu'on ne peut pas mettre non plus de...
Mme
Laforest : Il n'y aurait
pas d'autre moyen non plus, autrement que de le faire comme ça. Tu sais, il n'y
aurait... C'est la meilleure, comment je pourrais dire... c'est la
meilleure manière d'appliquer ces mesures-là, parce qu'autrement on
n'arriverait pas à dire... Je ne sais pas comment qu'on pourrait changer cette
procédure-là, parce que, veux veux pas, il
faut que le... il faut que ce soit la municipalité qui prenne la décision, ça fait qu'on ne peut
pas prendre des mesures et prendre les
décisions pour la municipalité au niveau civil. Donc, ça, on laisse aux municipalités
le soin d'apprécier.
Puis, au niveau criminel, bien là, à ce
moment-là, c'est un autre... Mais il n'y aurait pas d'autre manière de
fonctionner, c'est ça que je disais tantôt. Quelle manière vous auriez prévue?
Parce que c'est assez délicat, là.
Mme Nichols : Parce que, si on
arrive au criminel, là, je vais donner... Si on compare les deux, le criminel,
civil, là, tu sais, la municipalité ne paie pas au criminel, puis, si, à la
fin, là, il est acquitté puis il y a un lien avec... il y a un lien avec le
poste d'élu ou le poste de fonctionnaire, la municipalité va rembourser. Mais,
tu sais, tout le long du processus, là, la ville ne sera pas intervenue pour
dire que ce n'était pas proportionnel, que c'était... ce n'était pas
proportionnel puis... alors que, là, au civil, bien, la municipalité va suivre
le dossier puis, à un moment donné, elle peut dire : Là, non. Ça fait que
c'est pour ça que, je me dis, si je fais la comparaison entre le criminel puis
le civil... Puis je ne dis pas qu'il y en a un qui est moins important que
l'autre, ce n'est pas ça que je dis, au contraire, là, tu sais, ce que je dis, c'est que, le criminel, on
prévoit qu'elle ne peut pas rien dire. Ça fait que c'est pour ça que je me dis :
Au civil, ça ne pourrait pas être la même chose, on ne pourrait pas arriver, à la fin, au civil, puis dire : Bien,
si tu remplis tel, tel, tel...
Mme Laforest : Bien, il faut quand
même être très, très prudent, parce que la notion de protéger l'élu dans ses
fonctions est toujours applicable, là. Ça fait que, si, admettons, on va dans
ce sens-là, on enlève la possibilité de protéger les élus, au même titre que
les députés, là, au niveau de la protection des députés, évidemment. Ça fait
que c'est certain, l'aspect qui est... l'avancement qui est avec l'article 93.1,
c'est vraiment au niveau des poursuites criminelles, c'est vraiment une
avancée. Et, évidemment, ajouter la notion des municipalités qui peuvent
intervenir dans des causes au niveau civil, bien, c'est important
aussi, parce que les municipalités peuvent le faire, mais, maintenant, c'est vraiment
indiqué clairement avec la notion autant civile que criminelle, ça fait que
c'est sûr que ce sera beaucoup plus applicable et mieux défini, si je peux
dire.
Maintenant, c'est vraiment... Il faut laisser l'appréciation,
comme Me Paradis disait tantôt, à la municipalité, parce qu'on va toujours, toujours avoir la notion de cas par cas. Ça
fait que, même si on essaie de l'appliquer autrement, on a évalué des
situations, et c'est toujours des cas différents. Donc, l'appliquer d'une
manière qui serait toujours la même procédure ou encore les mêmes obligations
pour les municipalités, on n'arrivait pas, parce qu'évidemment on s'entend que
c'est... toutes les causes sont différentes et c'est toujours du cas par cas.
C'est pour ça qu'on l'applique de cette manière-là dans l'article.
• (17 h 40) •
Mme
Nichols : Mais, la comparaison entre le criminel puis le civil, là, le
nouveau... le niveau, là, d'intervention de la municipalité dans les deux procédures est quand même... tu sais,
l'intervention de la municipalité est quand même différente. Puis je ne
veux pas dire que c'est meilleur, une procédure au criminel, ou je ne veux pas
dire qu'une procédure est meilleure que d'autres, là, ni une ni l'autre, là,
c'est bien, bien le fun, surtout quand tu es partie à ce litige-là, mais, tu
sais, ce que je veux dire, c'est que le... Bien, je ne sais pas si c'est clair,
là, de la façon que je l'exprime, là, mais,
tu sais, c'est qu'au niveau criminel, tu sais, on attend vraiment, là, le
jugement ou, en fait, on attend l'acquittement. À partir du moment où il
est acquitté, on se retourne vers la ville puis on a juste à démontrer qu'on
était dans le cadre de nos fonctions. Dans le cadre de mes fonctions, je suis
acquittée, puis là on rembourse les frais.
Mais, dans le cadre civil, même si c'est dans le
cadre de nos fonctions, ce n'est pas comme ça, là. C'est que, tu sais, en cours de route, on peut arriver...
Puis je vais te donner un exemple, là. Parce que c'est vrai qu'au niveau que...
C'est criminel, pénal peut-être un peu plus, parce que... Bien non, bien,
criminel, il y a quand même des frais, là, qui sont... Mais non, les deux, il y a des frais, là, en bout de ligne, là,
ça fait que, tu sais, même... Puis, au niveau civil, c'est ça, tu sais,
à la fin, on peut se retrouver que la municipalité va avoir décidé de payer
75 % des cas, parce qu'en cours de route il va avoir payé, mais, à un
moment donné, il va avoir décidé d'arrêter de payer. Puis c'est correct, je
veux dire, c'est ça qu'on veut.
Mme Laforest : D'arrêter de payer?
Mme Nichols : Bien oui, si la...
Mme Laforest : Répétez votre
question, voir.
Mme Nichols : Oui. Si, en cours de
route, là, la municipalité, au civil, là, elle dit : Bien là... Parce
qu'on leur donne une... on leur donne une
discrétion relativement à la proportionnalité, ça fait qu'en cours de route on
leur dit, on dit à la
municipalité : Bien, tu peux intervenir, là, tu peux décider que, bien là,
c'est assez, là, tu sais? La municipalité va décider que, là, c'est
disproportionné, c'est exagéré.
Mme Laforest : La municipalité, oui,
va l'apprécier. Puis il ne faut pas oublier que la Cour supérieure est venue
quand même reconnaître la notion de proportionnalité, d'apprécier les cas par
cas. Ça fait que ça, étant donné que la Cour supérieure a vraiment jugé l'importance
de reconnaître les situations de cas par cas... C'est pour ça qu'il faut
laisser quand même l'appréciation à la municipalité de le faire. Si la
municipalité décide d'arrêter de payer les frais, Me Paradis, à ce
moment-là, il faut que ce soit une décision de la municipalité par résolution,
là. Puis ce qu'on souhaite, c'est vraiment que tous les citoyens du Québec ne
paient pas pour des situations et des causes extrêmes. Qu'est-ce qu'on vient faire, c'est qu'on vient dire, justement :
Vous êtes élus, vous êtes autant... si je peux dire, autant élus
municipaux qu'au niveau administratif également, vous faites une cause...
Mme Nichols : ...condamné, puis que
la municipalité a payé les frais au fur et à mesure, on fait quoi?
Mme Laforest : Bien, c'est à la
municipalité de prendre la décision puis de... de prendre la décision au niveau
des frais de défense. Est-ce qu'on paie les frais de défense? Est-ce que l'élu
doit en payer 50 %? Donc, c'est la décision qui revient à la ville, là. Si
la ville le décide, oui, vous avez raison, si la ville prend la décision, bien,
c'est la décision de la ville qui sera reconnue à ce moment-là. Mais on ne peut
pas appliquer un cadre normatif, ou un cadre
légal, ou un cadre habituel qui se passerait toujours de la même manière avec
certaines causes parce que... Bref, c'est vraiment différent pour
chaque...
Mme Nichols : Bien, c'est pour ça
que je... Dans le fond, là, ce que je fais, là, je cherche à cerner c'est quoi,
l'intention, là. C'est quoi, l'intention? Est-ce que c'est... C'est quoi,
l'intention de les mettre ici? L'intention, est-ce que c'est : quand il y
a un acquittement, puis c'est dans le cadre des fonctions, on rembourse, que ça
soit criminel ou que ça soit civil, ou on se dit : Bien non, même s'il y a
acquittement, le... voyons, le conseil municipal, parce que c'est le municipal,
là, le conseiller... le conseil municipal, là, qui va prendre la décision par
résolution... Bien, le conseil municipal va dire... va venir mettre :
Bien, tu sais, non, c'est disproportionné, on ne paiera pas. C'est pour ça, tu
sais, je cherche à cerner, là, c'est quoi, là, l'intention en arrière de ça,
c'est de le rembourser...
Moi, je vous le dis d'emblée, moi, si je pense
que c'est dans le cadre de ses fonctions que l'élu a pris une décision de bonne
foi puis qu'à la fin il est acquitté, tu sais, qu'il n'est pas retenu, tu sais,
sa faute n'est pas en jeu, puis... bien là, qu'on le
rembourse 100 %. Le conseil municipal ne pourra pas dire : Bien,
c'est disproportionné. Il a quand même fait les démarches, il l'a prouvé
puis...
Mme
Laforest : Je suis en train
de voir, Me Paradis, ce n'est pas l'article 93.2 qu'on aborde ces
questions-là? Parce qu'en fait c'est sûr que... Vous dites :
Pourquoi on a fait ces articles-là? Oui, il y a les raisons que j'évoquais tout à l'heure, mais, en même temps, c'est
important de voir qu'on vient comme... on vient faciliter le remboursement des élus qui sont coupables. Donc, étant donné qu'on l'applique
pour toutes les municipalités du Québec, la notion de remboursement aux municipalités
sera beaucoup plus rapide si on le fait comme ça. Donc, coupable pour des
poursuites criminelles, bien, c'est obligatoire que l'élu rembourse au complet
ou...
Mme Nichols : Non coupable.
Mme Laforest : Pardon?
Mme Nichols : Non coupable.
Mme Laforest : Non coupable?
Coupable. S'il est coupable, il faut qu'il rembourse les frais de défense et...
Mme Nichols : Ah! oui, O.K.,
rembourser, oui.
Mme Laforest : Oui, c'est ça. Ça
fait que, donc, évidemment, qu'est-ce qu'on vient... Je pense que qu'est-ce qui
va faciliter et qui va aider, ça va être vraiment la notion de remboursement,
les frais de remboursement seront beaucoup plus rapides à ce moment-là. Et,
quand c'est, en plus, une notion criminelle, bien là, l'élu rembourse au complet, tu sais. Ça fait que je pense que c'est
délicat. Honnêtement, c'est très, très délicat, mais, en même temps, le but,
c'est que ce ne soient pas les citoyens qui paient pour la culpabilité.
Mme Nichols : Bien, j'ai un malaise,
parce que ce que je comprends, c'est que, quand même, là, le conseil municipal va avoir une discrétion de rembourser ou
pas le montant total. On invite des gens à s'impliquer en politique puis on leur dit : Bien, ça se peut que... tu
sais, ça se peut que tu aies une poursuite contre toi, même si tu fais des
gestes de bonne foi, puis sache que
ça se pourrait qu'on ne te rembourse pas tes frais à 100 %, qu'il y ait
une petite discrétion par... Tu sais, c'est... À moins que ça ne soit
pas ça, là, à moins que vous me dites que je...
Mme Laforest : Bien, c'est parce
que, là, on parle d'élu et d'employé municipal aussi, là, ça fait que, tu sais,
c'est quand même important de voir que tout ce qui se passe dans les
municipalités serait mieux défini avec les articles comme ça s'il y a faute
soit d'un élu ou soit d'un employé municipal. Ça fait qu'en même temps je pense
qu'on le dit toujours, hein, on n'a pas droit à... bien, surtout les élus, on
n'a pas droit à l'erreur, on doit avoir des comportements assez... dans le
cadre de nos fonctions. Bien, maintenant, c'est sûr que, s'il y a une cause de
nature criminelle, bien, l'élu est responsable, puis, en même temps, l'élu...
autant pour l'employé municipal aussi. S'il y a un employé municipal qui est reconnu coupable au niveau criminel, bien,
il va payer tous les frais de défense. Ça fait que c'est quand même
important de voir que, maintenant, les citoyens ne sont plus responsables des
erreurs commises.
Mme Nichols : Mais, au niveau
criminel, est-ce que le conseil municipal pourrait dire : Je ne rembourse
pas tout non plus? Est-ce qu'il pourrait dire : C'est disproportionné,
puis je vais rembourser 50 % de la facture? Je veux dire, on choisit...
Mme Laforest : Bien, la notion
d'appréciation reste, oui, c'est la municipalité, la notion d'appréciation
reste, sauf que, là, je pense qu'on vient...
c'est certain, mais je ne suis pas sûre que la municipalité protégerait un élu
qui est reconnu coupable au niveau criminel, là, mais, si la municipalité
décide, c'est l'appréciation qui a été reconnue ici...
Mme
Nichols : Quand c'est criminel, là, la municipalité ne paie pas, elle
va payer à la fin s'il est acquitté,
tu sais, s'il est non coupable.
Mme Laforest : S'il est coupable...
S'il est non coupable, oui, O.K., oui.
Mme Nichols : S'il est non coupable,
oui, c'est ça, c'est juste ça. Ça fait que, s'il est non coupable, la municipalité
va payer. Mais ici la municipalité, est-ce qu'elle pourrait dire : Bien,
c'est disproportionné, les... parce qu'il avait pris un avocat à 600 $ de
l'heure, alors qu'il aurait pu en prendre un à 300 $, mais il a gagné, par
exemple, il est non coupable, bien, c'est disproportionné, on va...
Mme Laforest : Oui, aussi, la même
chose.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
C'est tout le temps qu'on avait pour Mme la députée de Vaudreuil. Je céderais
la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (17 h 50) •
Mme
Maccarone : Moi, je veux revenir un peu quand on parle de protéger les
citoyens. Puis je comprends que c'est ça, le but, parce qu'on ne veut pas que
les citoyens paient pour des frais qui sont exorbitants, etc., ça fait que je
comprends la nature de ça. Mais, pour réutiliser l'exemple de Me Paradis,
si, par exemple, il avait jugé que c'était approprié de rembourser le 22 millions
pour la facture de 913 $, c'est quoi, le recours pour le public? Parce
que, si le but, c'est vraiment de dire que nous allons protéger le public
d'avoir à défrayer ce genre de facture, c'est quoi, le recours? Est-ce qu'ils
vont pouvoir... Est-ce qu'il y a un règlement? Est-ce qu'ils vont pouvoir
interpeler la ministre ou le ministère?
Si, mettons, la
municipalité, parce que c'est à leur appréciation, décide que... bien, nous, on
décide que nous allons rembourser ceci, malgré que, quand on fait la
comparaison dans les coûts, bien, M., Mme Tout-le-monde vont juger que... Parce
qu'il me semble aussi, à moins que je ne m'abuse, de la façon que ça
fonctionne, tout ça, c'est voté au conseil municipal. Ça fait que c'est quand
même public, puis le public verra que le conseil municipal va voter à
rembourser les frais de 22 millions de dollars pour le conseil municipal,
qui a encouru ces frais suite à quelque chose qui était pour un don qu'il a
reçu, qu'il n'avait pas soulevé, 215 $, puis là c'est devenu quelque
chose, mais ils ont dit : Oui, nous, on dit que, dans notre appréciation,
on va le rembourser. Le public font quoi suite à ça?
Parce que je pense
qu'on a utilisé ceci comme exemple parce qu'on juge qu'évidemment ce n'est pas
comparable, la proportion de ceci, c'est injuste. Alors, c'est quoi, le recours
du public pour dire : Excusez-moi, mon conseil municipal, je ne comprends
pas pourquoi qu'ils ont voté pour ça, c'est clair que ce n'est pas
proportionnel? C'est quoi, le recours? Qu'est-ce qu'ils pourront faire, eux,
pour dire : Ça, ce n'est pas correct, puis je questionne cette décision
qui est prise?
La Présidente (Mme
Boutin) : Mme la ministre.
Mme
Laforest : Oui, bien, je suis en train de discuter au niveau... Parce
qu'il y a toujours possibilité de contestation. Maintenant, on est en train de
chercher un exemple qui pourrait répondre à la question, parce que, oui, il y a
toujours la possibilité de contester. Maintenant...
Tantôt, à la question
aussi, juste pour bien expliquer, puis ça va peut-être aussi aller dans le même
sens, parce que, oui, il y a possibilité de contestation, mais, en même
temps... Je donne un exemple, là, quand on dit que les citoyens... la
municipalité pourrait... ne pourrait pas être en accord, par exemple, quand la
personne est reconnue non coupable au civil. Puis on avait l'exemple, tout à
l'heure, admettons, d'un élu ou d'un employé municipal qui décide de prendre...
d'engager ou de se faire défendre par le meilleur avocat de la province du
Québec, par exemple, et ça coûte,
admettons... je ne sais pas combien au niveau des frais honoraires. Ça fait que
c'est sûr qu'à ce moment-là la municipalité pourrait dire : O.K.,
il est non coupable, mais, en même temps, il a pris l'avocat le plus
dispendieux de la municipalité ou de la... Ça fait que c'est certain que
même... Pour répondre à la question, même si la personne est reconnue non coupable,
mais les frais étaient exorbitants, alors... C'est pour ça que c'est important,
quand même, de laisser la notion d'appréciation.
Maintenant, si,
admettons, les citoyens ne sont pas d'accord, les citoyens peuvent contester,
Me Paradis, à ce moment-là, puis...
M. Paradis
(Nicolas) : Sur les volets de légalité et non pas d'appréciation
d'opportunité politique, on s'entend, là,
mais, s'il se trouvait qu'une municipalité n'avait pas respecté la loi dans
l'exercice de ses pouvoirs, un citoyen peut prendre un recours en
nullité d'une décision prise.
Je vais prendre un
exemple simple, là, supposons, une personne se voit défendre... elle prend...
est accusée... plutôt fait l'objet d'une poursuite et considère que cette
affaire... l'élu considère que cette affaire doit être défendue par une armada d'avocats, se prend un bureau
complet, 10, 15 avocats séniors qui décident de le défendre, je prends...
c'est un exemple excessif mais juste pour bien l'illustrer, puis que, la
municipalité, le résultat ultime, c'est que, dans le fond, c'est une facture de
600 000 $, 700 000 $ pour une cause extrêmement simple,
qui, autrement, avec un avocat normal, aurait coûté 5 000 $,
j'exagère, mais c'est juste pour l'illustrer, bien, dans un cas comme ça, et
que la municipalité considère que c'est raisonnable, fort est à parier qu'un
citoyen qui prendrait un recours en nullité dirait : Écoutez, c'est une
mauvaise application de la loi, et la municipalité doit assumer les frais
raisonnables. Là, est-ce que... Et là il y aurait une appréciation par un juge,
à ce moment-là, de la situation. Mais le citoyen a un recours dans un cas comme
ça. Mais c'est une question de respect de la loi et non pas une question
d'opportunité, là, d'aller de l'avant, là. Ça, c'est le propre du conseil
lorsque c'est une question d'opportunité.
Mme
Maccarone : C'est ça, je pense que ça m'amène à la question, puis je
comprends tout à fait ce qui est expliqué en ce qui concerne... c'est vraiment
cas par cas, mais, sans encadrement, est-ce que nous ne sommes pas à risque
d'avoir des tels cas, ou l'inverse? Parce que je comprends aussi... à quelque
part, on veut aussi protéger les élus, c'est
très important, ainsi que les employés, je comprends tout à fait, mais ça amène
la question de c'est quoi, le juste milieu pour s'assurer que nous
n'avons pas des tels cas.
Tu sais, on est tous
assujettis à tout ce qui se passe dans les médias, on est sous la loupe tout le
temps. Puis je comprends, encore une fois, je sais qu'on le répète souvent,
mais on y croit, dans la bonne foi des gens, mais, tu sais, c'est quand même... c'est subjectif. Ce n'est pas
objectif tout le temps, souvent c'est subjectif quand on parle d'une telle
affaire. On parle beaucoup de conflit
d'intérêts. C'est mon collègue autour de la table, puis, oui, à quelque part,
je veux le protéger, mais, quand il prend des décisions, ça ne prend pas
une balise, un encadrement, quelque chose?
Comme, ça m'amène à
une question : Si jamais le conseil municipal décide de ne pas voter en
faveur, c'est quoi, le recours pour l'élu? Et est-ce qu'il y a un temps limite
à faire une demande de remboursement ou à ce recours aussi?
Parce que, tu sais, à chaque quatre ans, on a des élections. Est-ce qu'il y a
quelque chose à l'intérieur de ceci, comme
une balise ou un encadrement, que ce serait nécessaire? Parce que qu'est-ce qui
arrive si, admettons, ils disent : Non, nous, on juge... non, notre appréciation, nous ne voulons pas vous
rembourser? Alors, qu'est-ce que l'élu devrait faire dans ce cas-ci,
étant donné que l'élu dit : Bien, moi, je pense que c'est proportionnel,
puis moi, je pense, tu sais, dans la mesure
du possible, que je devrais être remboursé, c'est raisonnable, puis vous ne
m'avez pas prévu au courant du
processus que votre appréciation serait : Non, on ne rembourse pas ça,
malgré que je vous ai avisés que moi, j'engage tel avocat ou l'armada
des avocats, comme il était évoqué?
Mais,
si, mettons, je fais l'exposé de qu'est-ce que moi, je veux faire à ma défense,
puis il me dit : On n'est pas rendu là, on n'est pas rendu au vote,
mais, rendu après que je vous ai avertis, comme collègue, que j'ai l'intention
de faire ceci comme processus, puis là vous votez contre, vous dites :
Non, on n'a pas l'intention de vous rembourser, qu'est-ce qu'il fait, cet élu-là,
malgré que cette personne pense qu'il est protégé à l'intérieur de cet article?
Mme
Laforest : À ce moment-là, il y a un délai de trois ans qui doit
être... le recours peut aller jusqu'à trois ans.
Mme
Maccarone : Toujours aux frais de cette personne? C'est l'élu en
question qui devrait défrayer les coûts pour le recours aussi.
Mme
Laforest : O.K., bien, c'est parce que, là, j'entendais la
question : Combien de temps a la personne, admettons, pour avoir
recours...
Mme Maccarone :
C'est deux questions.
Mme
Laforest : Oui, c'est ça. Le délai, c'est vraiment... les recours,
c'est jusqu'à trois ans.
Mme
Maccarone : Et trois ans aussi pour demander le remboursement auprès
du conseil?
Mme
Laforest : C'est trois ans
aussi, Me Paradis, pour demander le remboursement? Bien là, c'est sûr
qu'on vient l'appliquer dans la loi. Je ne sais pas si, à ce moment-là, c'est... Est-ce que c'est le même trois ans si on vient
l'ajouter ici, au niveau criminel, ou...
M. Paradis
(Nicolas) : Bien, la question du trois ans, c'est la question de la
prescription usuelle dans le droit civil,
là, c'est : quand on a un droit, on a trois ans pour faire valoir notre
droit, tout simplement, là. Ça fait qu'on n'a pas de prescription particulière, en droit municipal,
à l'égard de ça, et... ça fait que c'est l'application de la loi avec le délai
de prescription usuel prévu par la loi pour faire valoir nos droits.
Mais, si vous me
permettez, ce régime-là, il existe depuis 1996, là, tel quel, là, avec quelques
ajustements à la marge en termes de
bonification. Et là ce qui est apporté par l'amendement, ce sont... ça
s'inscrit dans des ajustements comme
ça. La notion de frais raisonnables ne pose pas de problème, là, elle n'a
jamais posé de problème. Plus encore, c'était appliqué avec une notion de
proportionnalité, la cour l'a reconnue. Alors là, ici, on veut juste s'assurer
que la législation suive le courant jurisprudentiel pour éviter des
écarts, parce que ça s'inscrit dans la logique souhaitée.
Et donc, pour les
questions de remboursement, ça suit... Dans le fond, les gens... l'élu qui a sa
facture, lui, il ne tardera pas, là, il n'attendra pas trois ans pour envoyer
sa demande à la municipalité pour être payé. S'il y a droit, il va envoyer sa demande. Si la municipalité refuse, et qu'elle soit en bon ou mauvais droit, puis que l'élu, lui,
se croit justifié de prendre un recours, bien, il évaluera ses chances
de prendre un recours puis il prendra son recours avec les règles de prescription habituelles. Mais, s'il se
trouve qu'il perd, bien, il va assumer tout aussi, il va assumer tous ses
frais, là, puis... Mais ça, c'est le
droit civil comme à l'égard de toutes les lois, à vrai dire, là. Lorsqu'un
droit est reconnu, il y a les moyens de le faire exercer, s'il est
exercé injustement, par les tribunaux.
Mme
Maccarone : De votre appréciation, ce n'est pas, peut-être, important
de, peut-être, considérer d'avoir un
règlement, peut-être, en ce qui concerne, peut-être, le budget de la ville en
question? Parce qu'on ne veut pas aussi qu'il y ait un vote pour... Mettons, mon budget, c'est
100 millions, et j'ai un recours qui
représente 1 % de mon budget. On ne devrait pas avoir un
remboursement des frais juridiques? On ne devrait pas avoir un règlement,
quelque chose, quelques balises, quelques précisions qui vont encadrer ce
processus pour protéger les citoyens et aussi pour protéger les élus...
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, Mme la députée. Je suis désolée, je vous laissais
terminer, mais là on dépasse quand même, là. Vous pourrez compléter lors de
notre reprise.
Alors, compte tenu de
l'heure, la commission va suspendre ses travaux jusqu'à 19 h 30.
Merci.
(Suspension de la séance à
18 heures)
(Reprise à 19 h 42)
La
Présidente (Mme Boutin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses travaux. Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 49...
Des voix :
...
La
Présidente (Mme Boutin) : ... — s'il vous plaît, mesdames — Loi modifiant la Loi sur les élections et
les référendums dans les
municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et
diverses dispositions législatives.
Alors, lors
de la suspension un petit peu plus tôt, nous en étions à l'étude de l'article 93.1, et je crois que la
parole... M. le député de Viau, à vous la parole.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Donc, bonsoir, bonsoir à chacun de vous, membres de cette commission. Voilà un projet de loi, en fait, dont je suis très, très, très content, donc, d'intervenir
là-dessus, puisque mon passé, en
fait, pas si lointain, donc, explique cette joie que j'ai, puisque j'ai eu, il
y a quelques années, à patauger dans
des histoires, dans des questions de ces enjeux autour de la participation
électorale. Chacun des blocs que je vois dans le cadre de cette étude détaillée me parle et me rappelle, en fait,
vraiment... que ce soient les commissions municipales
sur lesquelles j'ai eu à travailler, notamment je me rappelle la Commission de
la présidence du conseil municipal de Montréal, où nous avions eu, justement, à travailler sur
les enjeux relatifs à notre code d'éthique à la ville de Montréal. D'ailleurs, c'est au sein de
cette commission, d'ailleurs, qu'on devait réviser régulièrement, donc, le code
d'éthique de la ville de Montréal.
Alors, nous voilà, donc, dans le bloc 3, je
crois, donc, autour de l'article 93, pour... où on parle... le
bloc 3, donc, un des segments, c'est...
on parle de modifier le régime de paiement des frais de dépense des élus municipaux. Donc, étant donné... Donc, vous me pardonnez, Mme la ministre, donc, vous
excuserez le fait que je sois, justement, à peine arrivé au sein de cette
commission peut-être pour vous demander, ma première question, si vous pouvez
peut-être me faire un état des lieux par rapport à cet article que nous
avons devant nous.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Laforest : Alors, vous voulez
que je recommence tout ce qu'on a dit aujourd'hui sur l'article 93?
M. Benjamin : Pas tout ce qu'on a
dit autour de l'étude détaillée, mais tout... en fait, en quelques mots m'expliquer, en fait, cet article 93.1. Parce
que, bien sûr, je vais avoir des questions, mais je veux... si vous m'expliquez
un peu, donc, il se pourrait que... ça pourrait éviter que j'aie à vous poser
trop de questions, à demander trop d'éclaircissements. Parce que, bien que fort
de l'expérience dont j'ai évoqué tout à l'heure... mais il s'agit d'un projet de loi, donc... et c'est un projet de loi
important, donc, qui commande que je puisse avoir tous les éléments
d'information, de précision nécessaires pour pouvoir bien travailler au
sein de cette commission.
Mme Laforest : Bon, alors, je vais
quand même résumer l'article 93.1, parce que, l'article 93.1, on
parle des frais engagés au niveau des frais
de défense des élus municipaux et des employés municipaux, alors ce qui veut dire que, maintenant, avec
l'article 93, par exemple, ce que l'on veut, c'est, brièvement, que les citoyens
ne soient pas obligés de payer des frais
encourus pour des employés municipaux ou des élus qui contreviennent, par exemple, à la loi soit, par
exemple, pour des poursuites de nature criminelle ou encore pour quelque
poursuite, par exemple, au niveau civil.
Maintenant,
juste pour vous expliquer que plusieurs municipalités... par
exemple, quand il y a des frais
encourus pour des élus municipaux, la municipalité peut défrayer des
sommes pour protéger les élus municipaux. Donc, tout est à la décision et
l'appréciation de la municipalité.
Maintenant,
évidemment, ce ne sont pas les citoyens
qui sont obligés, selon nous... d'après l'article 93, ce n'est pas
les citoyens, d'après nous, qui sont obligés... qui devraient payer les frais
encourus pour des... pour certaines poursuites que les élus municipaux ou les
employés municipaux pourraient avoir.
Alors,
l'article 93.1, qu'est-ce qu'on vient faire? On vient ajouter à l'article, par exemple 1°, que «les frais engagés en
vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la
complexité de la procédure visée». Donc, ça, on parle, par exemple, des
procédures civiles qui sont engagées. Et évidemment tout est évalué selon les
cas particuliers, parce que, c'est normal,
c'est du cas par cas, parce que les causes sont toutes différentes, les élus
prennent parfois des décisions, et chaque décision est différente, ou encore
les employés municipaux aussi, selon la situation qui devrait être
jugée. Bien, à ce moment-là, on parle de
cause civile, et la municipalité doit, selon elle, selon son appréciation, décider
par la suite des frais encourus de défense des élus et des employés municipaux.
Qu'est-ce qui est intéressant, cher député de
Viau, c'est l'article... si on arrive au deuxième point, par exemple, on parle que la municipalité, par exemple, dans la
poursuite de nature criminelle, à ce moment-là... Qu'est-ce qu'on vient
ajouter — puis
c'est très bon — dans
l'article 93, c'est que les élus municipaux ou encore les employés
municipaux, s'il y a une question de
poursuite de nature criminelle, à ce moment-là, bien, l'élu ou l'employé
municipal ne doit pas exiger à la
municipalité qu'elle défraie les coûts suivant ces poursuites. Par exemple, si
un élu ou un employé municipal est pris à défaut dans une situation et
les frais d'avocat sont très, très élevés, bien, si c'est une question de
poursuite criminelle et l'élu est coupable, à ce moment-là c'est que l'élu ou l'employé
municipal est responsable de ses frais de défense.
Alors, vous comprenez ici qu'on vient protéger
la capacité, évidemment, de payer des citoyens, parce que ce n'est pas, comme je le redis, aux citoyens
de payer les frais encourus, par
exemple, si l'élu ou l'employé est
coupable. Alors ici, vraiment,
c'est intéressant parce que, depuis le début... Vous le savez, vous
étiez conseiller municipal, évidemment, vous
l'avez mentionné. Donc, si, parfois, vous êtes accusé, par exemple, je vous donne un exemple, au niveau criminel, selon moi, selon l'article 93 et tout ce qu'on a eu
comme demandes auparavant, ce n'est pas aux citoyens du Québec de payer vos
frais d'avocat, selon nous, si vous êtes jugé coupable, par exemple, dans une
poursuite criminelle. Je ne sais pas si vous
êtes d'accord avec ça, mais, en résumé, c'est vraiment
l'article 93. Donc, on vient, évidemment, donner la responsabilité à nos élus et aux employés municipaux
que, s'ils sont reconnus coupables, c'est à eux de défrayer les montants. Alors, c'est certain qu'on vient
comme ça essayer d'éviter que des causes très onéreuses... défrayées par
les citoyens, ce n'est pas acceptable.
Alors, je suis sûre que vous êtes d'accord avec ça. Donc, c'est ce qu'on a
discuté avec l'article 93.
M. Benjamin : Je vous remercie beaucoup,
Mme la ministre, donc, pour ces précisions, mais, puisqu'on parle ici d'un
amendement, donc je dois comprendre que c'est... on n'était pas dans une
situation de vide juridique. Alors, en fait, ma question : Les
modifications que vous apportez, par rapport à ce qui existait, quelles sont...
quelle est la grande nuance, qu'est-ce qui existait auparavant? Est-ce que
c'était... Parce que j'ai comme l'impression... par moments, j'entends, c'était
à chacune des municipalités de décider quoi faire. Qu'est-ce qui existait
auparavant et en quoi les modifications que
vous apportez aujourd'hui, donc, viennent renforcer, justement, les compétences
municipales et surtout, en regard aux questions de probité, la capacité
de payer des citoyennes, des citoyens?
• (19 h 50) •
Mme Laforest : Bien, en fait, on
vient respecter les fonds publics, parce que ce n'est pas, comme je le disais, aux citoyens de payer les coûts de... les
frais de défense pour les élus qui sont coupables, par exemple, au niveau
criminel. Puis on vient éviter aussi de continuer... ou de vivre des situations
problématiques, avec les situations qu'on a
vues dans le passé, des situations parfois abusives. Donc, oui, en tant
qu'élus, on doit être protégés, évidemment, dans notre... dans nos
fonctions, mais il y a une limite aussi. Comme nous, les députés, vous le
savez, il y a une certaine protection des députés, mais, quand on arrive, par
exemple, au niveau criminel, nous, on maintient que ce n'est pas aux citoyens
du Québec à payer les frais de défense.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? Vous me demandez
les situations dans le passé. Dans le passé, il y a eu certaines situations
abusives, puis je ne veux pas du tout, du tout nommer ces situations-là, parce
qu'évidemment, là, c'est passé. Puis il y en a même, des situations
particulières, présentement. Donc, moi, je ne veux pas entrer là-dedans. Puis
vous allez le voir, de toute manière, les situations. Si vous regardez, il y a
des situations assez particulières qui demandent... qui exigent des frais assez
élevés pour des frais d'avocat.
Donc, moi personnellement, je pense que ce n'est
pas à nous, et également tous les citoyens pensent la même chose parce que...
Vous le savez, de toute manière. Tu sais, je pense que... Hein, vous savez de quoi
je parle. Alors, l'article 93, d'après moi, vous allez saluer cette
nouvelle mesure parce que c'est important de voir que, si on est jugé coupable
d'une poursuite criminelle, bien, c'est : on est responsable.
M. Benjamin : Bien, évidemment, donc,
oui, je sais un peu de quoi nous parlons, mais on va s'assurer quand même de faire les bons gestes dans... pour aider à
mieux accompagner la municipalité par rapport à ce projet de loi là.
Une question que je voulais vous poser,
donc : Dans l'article, quand on parle des frais engagés, de quels types de
frais fait-on allusion ici, quand on parle des frais engagés?
Mme Laforest : Les frais engagés,
c'est les frais engagés, par exemple des frais de défense, par... les frais
engagés pour payer les avocats.
M. Benjamin : Donc, c'est uniquement
les frais pour payer des avocats. Est-ce que, par exemple, des frais pour payer des expertises, par exemple expertise
psychologique, expertise... est-ce que ces frais-là sont inclus ou est-ce
que c'est seulement pour les frais d'avocat?
Mme Laforest : Ça peut être pour des
expertises puis ça peut être aussi pour des frais d'avocat.
M. Benjamin : D'accord. Donc, ça
peut être pour des expertises aussi. Quand, dans ce même paragraphe là, vous parlez des... En fait, ça dit : «Doivent
être proportionnels», et vous sembliez nous dire, tout à l'heure, que ça va
être selon la municipalité. Quels sont les mécanismes qui seront mis en place,
à ce moment-là, pour... Qui va juger de cette proportionnalité-là?
Mme Laforest : La municipalité avec
le conseil municipal, parce que la Cour supérieure est venue vraiment
reconnaître la proportionnalité cas par cas.
M. Benjamin : Vous savez, vous
auriez pu aussi, Mme la ministre, mettre des plafonds, par exemple. Pourquoi
est-ce que... Pourquoi pas des plafonds? Pourquoi pas de plafond?
Mme Laforest : Expliquez-moi.
M. Benjamin : Un plafond. Par
exemple, vous dites : Les...
Mme Laforest : Un exemple, ce serait
bon, là, un exemple, dans une situation, comment on pourrait mettre un plafond.
M. Benjamin : Bien, on
s'est dit... on s'est dit tout à l'heure qu'on n'allait pas donner d'exemple,
c'est ce que vous avez suggéré...
Mme
Laforest : Non, mais là...
M.
Benjamin : ...et je vais m'en tenir à ce que vous avez suggéré.
Puisque vous nous dites que les frais engagés doivent être
proportionnels, est-ce que... jusqu'à quel montant? Est-ce que ça pourrait être...
Ça aurait pu être jusqu'à x montants?
Mme
Laforest : Bien, c'est parce que, là, vraiment, là, on a donné
l'exemple. Par exemple, un élu municipal ou
un employé municipal décide de prendre les avocats les plus... ou l'avocat le
plus dispendieux. Alors, la municipalité peut juger, cas par cas, qu'au
niveau des frais il y a peut-être un certain... un abus quelconque. Vous
comprenez que c'est ça. La municipalité,
elle, doit dire : Bien, je crois qu'on aurait pu travailler... que vous
auriez pu choisir un avocat qui est
moins dispendieux, par exemple dans une petite municipalité. Donc, c'est pour
ça qu'on dit qu'il y a une certaine logique
que la municipalité ne peut pas, par exemple dans une cause civile... parce
que, là, on parle d'une cause civile, évidemment, si l'élu ou l'employé
municipal décide de prendre l'avocat le plus chérant ou le plus dispendieux,
peu importe, par respect, c'est son choix, mais est-ce que la municipalité doit
payer les frais complets si les frais sont vraiment exorbitants? Ça fait que
c'est pour ça qu'on a amené ce point-là.
M.
Benjamin : Ah non! Je n'en disconviens pas, en fait. Je ne suis pas en
train de juger de la pertinence du point. En fait, ce que... Je vais vous
donner un exemple. Prenons les frais de déplacement, par exemple. Il y a des
entreprises qui disent : Écoutez, vous avez le choix, comme employé qui
travaillez pour une compagnie, d'utiliser soit votre véhicule, de
prendre l'autobus, de prendre le train, et voici le montant payé du
kilométrage, voici le plafond, et ces entreprises-là décident de fixer un
plafond. Bon.
Alors, la question
que je vous pose : Est-ce que, dans ce cas-ci... Bien sûr, vous donnez
cette compétence-là à la municipalité, donc, de pouvoir apprécier, mais est-ce
que... Vous auriez pu aussi dire, aussi, que, bien, il y a un plafond x en
termes de dépenses, de frais. Et la question que je vous pose : Pourquoi
est-ce que vous n'avez pas... cette option-là, vous décidez que vous n'avez pas...
vous ne l'avez pas exercée ou vous ne voulez pas l'exercer?
Mme
Laforest : Parce que, si on décidait d'un plafond, je crois qu'on
nuirait à une défense complète, parce qu'évidemment, si on dit : Le
plafond étant tel montant... je pense que ça nuirait à la défense d'un élu que,
si l'élu, par exemple... si la municipalité considère que les frais étaient
raisonnables, même si les frais étaient élevés, c'est à la municipalité
d'apprécier. C'est pour ça qu'on dit que l'appréciation est vraiment importante
à la municipalité, qui va évaluer si les frais... comme vous le dites. Parce
que les frais, par exemple, de déplacement, c'est différent dans chaque municipalité,
à ce moment-là, ça peut être très haut, ça peut être très bas. Il faut y aller
selon l'appréciation, comme ça a été très, très bien décidé.
Puis
d'ailleurs ça dépend aussi... ça dépend du type de recours,
ça dépend vraiment... Il y a plusieurs, plusieurs, comment je
pourrais dire... il y a plusieurs raisons, il y a plusieurs modalités, il y a
plusieurs justifications. Donc, c'est important d'y aller aussi en fonction du type de recours. Ça fait que c'est pour ça qu'il faut quand
même laisser... il faut ne pas
établir de plafond, parce qu'on serait mal... Ce n'est pas à nous à établir des
plafonds, selon nous.
M. Benjamin :
À ce moment-là, est-ce que... qu'est-ce que vous pensez, est-ce qu'une
municipalité pourrait mettre en place des plafonds...
Mme
Laforest : Bien non...
M. Benjamin :
...si ce n'est pas... selon vous?
Mme
Laforest : Non, parce qu'honnêtement, si on établit des plafonds, par
exemple, et qu'on a besoin d'une expertise...
si l'expertise n'était pas prévue, le plafond est établi, mais l'expertise
était essentielle pour juger de la cause, bien, si l'expertise est un peu plus dispendieuse, mais on en avait
vraiment besoin puis on a établi un plafond, ça veut dire que
l'expertise qu'on a eu besoin pour évaluer la situation ne serait pas
appréciable, vous comprenez, là.
M.
Benjamin : D'accord. Un scénario : une petite municipalité, donc,
décide... le conseil municipal décide de couvrir les frais pour un de ses élus ou un de ses employés, donc, et la
municipalité, n'ayant plus les capacités de payer les frais municipaux,
parce que c'est des frais exorbitants... Donc, qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là?
Mme
Laforest : Bien, en fait, au niveau de la couverture des frais, que
vous parlez?
M. Benjamin :
Oui, oui.
Mme
Laforest : Bien, au niveau de la couverture des frais, évidemment,
c'est là qu'on vient l'appliquer dans la loi, c'est ça qui va vraiment nous
aider.
M. Benjamin :
Je ne comprends pas, en fait, quand vous dites : C'est là que ça va nous
aider. J'essaie de comprendre, en fait. Qu'est-ce... Que fait la municipalité?
C'est-à-dire la municipalité a pris la décision, tel que vous le formulez,
d'apprécier le fait que c'est une poursuite qui nécessitait que son employé ou
son élu soit défendu, la municipalité décide de payer, mais ce sont des
poursuites exigeantes pour les fonds de la municipalité et des frais
exorbitants, donc la municipalité n'a plus les capacités de payer, si c'est une
petite municipalité. Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
• (20 heures) •
Mme Laforest : Bien, on revient toujours
à l'appréciation de la municipalité. Donc, si la municipalité n'est pas en
mesure de payer, par exemple, bien, c'est à ce moment-là qu'elle doit prendre
la décision à savoir est-ce que c'est à nous, comme municipalité... Vous savez,
les municipalités parlent par résolution. Alors, est-ce que c'est à nous, avec le conseil municipal, de payer tous les
frais encourus? Donc, c'est ça, la municipalité prendra sa décision par
résolution, parce qu'il n'y a pas de... en fait, il n'y a pas d'obligation.
Vous, vous croyez, admettons... juste pour bien
m'expliquer, vous croyez qu'il y a une obligation, à ce moment-là, par exemple,
que la municipalité soit obligée de payer tous les frais encourus. Si j'entends
bien, c'est ça?
M. Benjamin : Bien, écoutez, moi, en
fait, quand je lis le texte que j'ai devant moi et puis quand je vous entends
aussi au niveau des explications que vous me donnez, vous me dites : C'est
selon la municipalité; ensuite vous nous
dites : C'est du cas par cas. Alors, moi, ce que je vous soumets,
justement, un cas que la municipalité décide, à ce moment-là, de dire :
Cet employé-là ou cet élu-là, nous allons le défendre, nous allons mettre les
moyens pour le défendre, et... mais la poursuite devient onéreuse, donc
les frais de cour, les frais d'avocat, les frais d'expertise, etc., toutes sortes de frais reliés à cette poursuite-là
devient onéreux, que fait cette municipalité à ce moment-là? Qu'est-ce
que vous prévoyez, puisqu'il n'y a pas de plafond?
Mme Laforest : Bien, je crois, au
niveau légal, qu'on va expliquer la mécanique, si vous voulez, là, parce qu'il
y a quand même une mécanique. Si vous voulez, peut-être, Me Paradis, là...
Parce que, là, moi, honnêtement, je pense
que je réponds très, très bien à vos questions. Au niveau légal, peut-être,
Me Paradis pourrait définir exactement la mécanique comme telle au
niveau légal, si vous voulez. Êtes-vous d'accord?
M. Benjamin : Absolument. Merci.
Mme Laforest : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis
(Nicolas) : Merci, Mme la Présidente. Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques
au ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation.
Il n'y a... Principe de base qu'il faut retenir
d'abord et avant tout pour bien comprendre la portée des amendements qui sont
expliqués par... qui sont expliqués et développés par la ministre : le
régime de défense prévu par la loi, c'est un régime obligatoire. Les municipalités
doivent appliquer le régime de défense. Les élus ont droit à ces... de
bénéficier de ce régime-là, et il n'y a pas de décision préalable qui doit être
prise par la municipalité pour qu'un élu puisse se voir rembourser des frais de
défense qui entrent dans les cas qui sont protégés lorsqu'un acte est posé dans
l'exercice des fonctions. Premier élément.
Ce que prévoit déjà la loi, c'est que ces frais
doivent être raisonnables. Ça, c'est la loi actuelle. Ce que prévoit également
la loi, ce sont des possibilités pour la municipalité, dans des cas bien
précis, de demander le remboursement des frais qu'elle aurait assumés en application
de la loi, notamment pour cause de faute lourde ou intentionnelle. Et là se
déclinent les différents paramètres qui doivent être pris en compte.
Dans ce contexte, ce que l'amendement apporte...
il ne vient pas modifier l'obligation de la municipalité d'assumer les frais de défense, à
l'exception : situation du criminel où l'amendement prévoit
expressément qu'il n'y a pas d'application d'office du régime pour les
actes criminels. Le régime de défense s'appliquera pour les actes... d'assumation des frais de défense pour les actes
criminels exclusivement si le conseiller est acquitté ou si la poursuite
est retirée. Donc, ça, c'est pour
l'élément... donc c'est la bonification qui est apportée à l'article pour préciser les
cas où cette obligation ne s'applique
pas ou... plutôt à quel moment elle s'appliquera si certains faits arrivent.
Premier élément.
Et, à l'égard
de l'exercice de... ou l'assumation de l'obligation qui est conférée à la municipalité, ce que prévoit l'amendement, c'est que, lorsque ce que la municipalité a assumé dans le cadre du régime, ce sont les frais raisonnables,
eh bien, l'amendement, comme la ministre
l'a expliqué, a pour effet de faire en sorte que les frais raisonnables doivent
par ailleurs être proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure
visée, consécration d'une décision qui a été rendue par la Cour supérieure et
qui est donc une application que les municipalités ont faite dans les dernières
années, le régime a plusieurs années de vie, donc c'est dans ce contexte-là.
Donc, il n'y a pas de discrétion en amont, c'est une application du régime, et
la municipalité l'applique en fonction des paramètres prévus par la loi, qui
sont bonifiés par les... ou qui seront modulés par les éléments de l'amendement
que la ministre exposait.
M. Benjamin : Merci, merci pour la
précision. Donc, une question, si vous permettez, M. le sous-ministre. Donc, en
fait, dans l'explication, tantôt, donc, on a parlé de «selon la municipalité».
Donc, c'est la municipalité qui aura à statuer, donc, dans l'éventualité que
nous avancions avec cet amendement-là. Et on a parlé du cas par cas, de cas par cas. Bon. Alors,
la question que je vous pose : Est-ce qu'ici... est-ce qu'on vient accentuer
le pouvoir discrétionnaire des municipalités, à la lumière de ce qu'on a
devant nous?
M. Paradis (Nicolas) : La réponse,
c'est non. On ne vient pas accentuer le pouvoir discrétionnaire, on vient
consacrer le pouvoir discrétionnaire qui était déjà existant et qui a été
reconnu par la jurisprudence. On ne fait que codifier une règle
jurisprudentielle qui existe et qui a été reconnue, notamment par une cause de
2020, par la Cour supérieure. Donc, non, on n'accroît pas le pouvoir
discrétionnaire de la municipalité avec l'amendement qui est à l'étude à 93.1.
M.
Benjamin : À ce moment-là, donc, s'il n'y a pas d'accroissement du
pouvoir discrétionnaire de la municipalité, donc qu'est-ce qu'on vient
donner comme ressources, comme compétences additionnelles aux municipalités,
que la municipalité n'avait pas auparavant?
M. Paradis (Nicolas) : On vient
consacrer la règle jurisprudentielle. C'est l'élément important du premier
paragraphe, là, de l'article, ça, c'est l'élément important. Vous savez, quand
la jurisprudence parle, la jurisprudence, c'est un jugement, c'est... Pour
1 100 municipalités, c'est moins parlant un jugement qu'une
disposition législative qui se trouve à être le code, le guide des activités
quotidiennes ou hebdomadaires d'une municipalité. On comprend, il n'y en a pas
tant... il n'y a pas tant de cas comme ça dans ce cas-ci, là, on s'entend, et
on en est bien contents, qu'il n'y ait pas tant de réclamations dans une année
pour une municipalité, on s'entend. Sauf que c'est l'outil, c'est...
La loi et le code, le Code municipal ou la Loi
sur les cités et villes, quand on consacre les règles qui sont reconnues par la
jurisprudence, ça assure une application plus certaine, et on évite aussi, par
le fait même, une fluctuation de la règle par différents jugements aussi. On
consacre une règle que la jurisprudence a reconnue. Donc, ça, ça permet de bien l'asseoir dans la loi. Donc,
c'est l'effet bénéfique recherché par l'amendement qui est proposé pour
ce volet.
Pour le
deuxième volet, bien entendu, là, on vient resserrer les règles à l'égard
du criminel. Là, dans ce cas-ci, on vient moduler le régime applicable
pour s'assurer qu'à l'égard d'un acte criminel le régime de frais de défense ne
s'applique pas d'office, d'entrée de jeu,
dès le début mais bien uniquement si l'élu est acquitté ou voit sa poursuite
retirée.
M. Benjamin : Si vous permettez,
avant que je poursuive, Mme la Présidente, il me reste combien de temps? Parce
que j'ai quand même pas mal de questions.
La Présidente (Mme Boutin) : Bien,
il y a du temps en masse, là. Ils vont m'avertir à environ trois minutes. Je sais que le député de Chomedey avait aussi des
questions, si jamais... pour vous informer, là. Je vais attendre... Et on
va me donner le temps...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Boutin) : C'est
comme au football, le temps, dans une...
M. Benjamin : ...temps, donc j'y
reviendrai.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Oui, je vais vous informer. Je vais vous faire des signes. C'est comme au
football, le temps, dans un amendement comme ça, ça paraît...
20 minutes devient une heure, presque.
M. Ouellette : On va faire une pause
publicitaire d'abord, madame...
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
vous allez... M. le député de Chomedey, allez-y.
• (20 h 10) •
M.
Ouellette : Mme la
Présidente, c'est pareil comme si on faisait une pause publicitaire, pour le
député de Viau.
Je regarde l'amendement et j'écoute, Mme la
Présidente, les explications de Me Paradis, qui sont très claires, et je ne peux m'empêcher que de faire un petit
sourire qu'on enchâsse dans une loi la jurisprudence pour les
1 100 municipalités. Ça me ramène à la discussion qu'on a eue hier
soir, que nous, les législateurs, on décide d'un amendement qui pourrait aider
certaines décisions judiciaires, mais je ne recommencerai pas le discours
d'hier soir.
Je me questionne sur la façon dont les frais
engagés, en vertu du deuxième alinéa, doivent être proportionnels à la nature
et la complexité de la procédure visée. Est-ce que, Mme la Présidente, selon
les explications de Me Paradis, la jurisprudence, parce que ce qu'on a
inscrit, et ce qu'on veut enchâsser dans la loi, est en fonction de la jurisprudence,
doit établir certains critères? Sans faire de cas personnel, je vous dirai
avoir exploré pas mal toute cette histoire d'avocat, de ce qui est payable, de
ce qui n'est pas payable, les frais de défense, les maximums. Les régimes de défense sont obligatoires. Je comprends
qu'il y a des avocats qui vont travailler à 500 $ de l'heure, il y en a
d'autres qui vont travailler à 200 $ de
l'heure. N'y aurait-il pas lieu d'avoir un barème? On en a un... Je regarde à
l'Assemblée nationale, et on en
a un qui est fixé. Tu peux prendre l'avocat que tu veux, mais, si tu utilises
cet avocat-là puis qu'il dépasse le maximum, c'est toi qui défraies la
différence.
Ça pourrait
pénaliser certaines municipalités qui sont moins riches que d'autres. Les municipalités qui sont bien riches se ramasseraient avec des avocats à gros
taux horaire. C'est une technicalité, dans ce que Me Paradis a dit, Mme la Présidente, que je suis intéressé à savoir, parce que
je trouverais aléatoire de... qu'on laisse à la municipalité, à moins qu'on
puisse me dire que la jurisprudence amène certains critères très, très, très
précis qui sont traduits par ce que c'est qu'on lit dans l'amendement, mais...
Et je vous donne un exemple. Toute réclamation
ou toute procédure, je regarde comment ça se passe à l'Assemblée nationale,
doit être autorisée par une autorité qu'on appelle un jurisconsulte, qui, lui,
décide : voici la complexité, le cas par cas — parce qu'on est au cas
par cas — voici
le cas par cas, la complexité, ça pourrait amener des déboursés de x, c'est
autorisé. Dans le cas qui nous occupe, ça serait autorisé par la municipalité à
un taux horaire qui est défini d'avance justement pour éviter certaines
iniquités ou certaines inégalités. Et ne pourrait-on pas considérer... ou
peut-être calquer ce que l'on veut faire dans ce qui est écrit, «proportionnels
à la nature et la complexité de la procédure visée», sur ce qui existe déjà? Si
ça fonctionne pour nous, les élus de l'Assemblée nationale, est-ce que ça
pourrait être quelque chose qu'on pourrait considérer? Si, Mme la Présidente,
vous me dites que non, pour les raisons... puis je pense que les raisons que Me
Paradis nous apporte en jurisprudence sont toujours très claires, bien, ça va
éclairer la lanterne.
Mais j'ai
certaines préoccupations que... Hier, on parlait de conflit d'intérêts. Bien, j'ai certaines préoccupations qu'une ville riche comme Laval, qui a des
surplus tout le temps, on pourrait avoir, pour des... le régime de défense
obligatoire, des avocats à 500 $, 600 $ de l'heure. Mais tu t'en vas
dans une municipalité en région, et, pour la même cause, ça pourrait être différent parce que la richesse de la
municipalité est très différente. Est-ce que ça amènerait que la
personne qui poursuit ou que le citoyen serait moins bien défendu? Je pense que
c'est toutes des questions qu'on a à se poser.
Et
j'apprécierais, Mme la Présidente, que, dans sa clarté habituelle... si soit
Mme la ministre ou soit Me Paradis pourrait éclairer ma lanterne ou regarder si on ne pourrait pas calquer
ce qu'on fait déjà de bien à l'Assemblée nationale, puis qui est très clair, à ce qu'on veut instaurer
pour nos élus municipaux. Très souvent, on entend, que ce soit la FQM ou que ce soit l'UMQ, dire : On veut avoir la
même chose que vous autres, à Québec, ou on veut avoir la même chose, on ne veut pas avoir moins que les régimes que
vous avez. Puis je comprends qu'on a un régime de défense obligatoire,
mais on peut-tu le bonifier, on peut-tu l'améliorer, on peut-tu faire en sorte
que ça soit équitable ou que ça soit la même chose partout pour ne pas qu'on se
ramasse... Parce qu'on est là-dedans, on est en train de travailler là-dedans
puis, comme je le disais hier, à nous de le bonifier.
Puis je pense que j'ai eu une partie de
l'explication de Me Paradis tantôt, et j'espère... en tout cas, j'espère que ma préoccupation est assez claire pour qu'on
puisse regarder si on l'a couvert, on y a pensé, et si... J'aurai peut-être
une explication additionnelle, là, qui suivra.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
M. le député. Mme la ministre, allez-y.
Mme Laforest : Oui. Bien, en fait,
votre question est bonne, parce que c'est un... si je peux dire, c'est un peu la même chose, sauf qu'il faut comprendre le
contexte que l'Assemblée nationale, c'est une chose, et les municipalités
sont 1 100 municipalités. Donc, imaginez, pour la petite municipalité,
par exemple, de L'Anse-Saint-Jean, s'il fallait établir les frais, par exemple, ou des sommes, ou... pour des petites municipalités.
Parce que, là, c'est sûr que l'Assemblée
nationale, c'est différent.
Par contre,
quand je vous dis que l'Assemblée
nationale... c'est un peu similaire à
grande échelle, par exemple, si on
regarde pour l'Assemblée nationale, vous devez sûrement le savoir, ça, parce que,
«dans chaque cas [ce] qui lui est soumis,
le Bureau de l'Assemblée nationale peut, après avoir obtenu l'avis — eh
voilà, vous le savez déjà — du jurisconsulte
nommé en vertu du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée
nationale (chapitre C-23.1), fixer le montant maximum à être payé
en vertu des premier et deuxième alinéas». Donc, ici, on peut le fixer aussi. Les municipalités pourraient le fixer, mais nous, on ne peut
pas le mettre là-dedans, considérant le nombre de municipalités
et le nombre différent d'habitants dans chaque municipalité.
À ce
moment-là, vous voyez qu'ici il y a quand
même une évaluation à faire. Ici, on
l'a, à l'Assemblée nationale. Et les
municipalités, elles, peuvent le faire mais elles-mêmes.
Parce que, nous, si on dit, dans l'article 93.1 : On va l'établir
nous-mêmes, c'est impossible, parce que Montréal puis L'Anse-Saint-Jean, ce
serait différent.
Ça fait que
vous comprenez, là, que la procédure pour... la logique de l'article
est le même autant pour protéger les
députés de l'Assemblée nationale que, par
exemple, certains élus ou employés municipaux, mais, considérant le nombre
différent de populations dans chaque municipalité, c'est impossible de
considérer votre demande, parce que, là, évidemment... Si les
1 000 municipalités avaient toutes le même nombre d'habitants, ce
serait pareil. C'est sûr, là, ce serait... on pourrait fixer des plafonds, on
pourrait établir des sommes, on pourrait établir des montants maximums. Mais là
c'est impossible de le faire considérant la taille des municipalités. Mais on y
a pensé, mais c'est impossible de l'appliquer.
M. Ouellette : Je comprends, Mme la
Présidente, de l'intervention de la ministre, et j'en suis... Puis même notre
loi, à l'Assemblée nationale, n'est pas parfaite à cet effet-là. Pour l'avoir
vécu les quatre dernières années, là, si vous ne faites pas l'objet d'accusation,
le régime de défense ne s'applique pas, c'est-à-dire les frais d'avocat sont à
la charge des députés. J'ai déposé, d'ailleurs, le projet de loi n° 195
pour faire modifier cette décision-là.
Mais le but de mon intervention... Puis je
comprends qu'on y a pensé, puis je pense que c'est important qu'on le dise, qu'on y a pensé. Je suis un peu
préoccupé... Sans qu'on fixe le montant de chacune des causes, exemple, bon, telle cause, en fonction de sa complexité, il
y aurait un maximum de 50 000 $ d'avocat qui pourrait être investi
dans cette cause-là... Bon, ma préoccupation n'est pas sur le montant de
la cause, mais ma préoccupation est peut-être un peu
plus, puis peut-être que la réponse existe, vous allez me la confirmer, sur le
taux horaire de défense d'un citoyen qu'une municipalité doit payer.
Et, quand je parlais d'équité, tantôt, c'est sûr
qu'à L'Anse-Saint-Jean... bon, peut-être qu'il y aura des avocats à 500 $,
en fonction du budget de la municipalité, puis ailleurs il y aura des avocats à
200 $. Mais est-ce que le régime de
défense obligatoire a des maximums pour les frais de défense? Est-ce que les
honoraires d'avocat, il y a un maximum dans les frais de défense
obligatoire ou c'est laissé à la discrétion de la richesse de chaque
municipalité?
Ça, je pense
que, pour les citoyens, c'est une question d'équité, parce qu'un avocat à
500 $, dans la tête du monde, tu as peut-être plus de chances
d'avoir des meilleurs résultats, là. Puis c'est peut-être juste une impression
qu'on a, mais ma préoccupation est au niveau, dans les frais de défense... dans
le régime de défense obligatoire, s'il y a des maximums. Peut-être que la mécanique, la mécanique qu'on évoque à 93.1,
dans l'amendement qu'on a... puis vous avez été très claire, Mme la Présidente, dans les explications de la
ministre, ma préoccupation était au niveau des maximums. Puis, ça, je
pense peut-être que Me Paradis pourrait nous éclairer là-dessus.
S'il n'y a pas de maximum, ça me préoccupe en
fonction de la richesse de chacune des municipalités puis en fonction de la capacité de défense de chacun des
citoyens. Parce qu'on le sait, puis je peux vous en parler personnellement,
le système est fait en sorte que plus on
peut financièrement priver un citoyen de se défendre, d'avoir une défense
pleine et entière, en laissant
traîner le dossier, bien, plus on a de chance qu'il soit pris avec son problème
tout seul jusqu'à la fin.
Ceci étant dit, c'était mon éditorial, mais je
veux en revenir à la question des maximums pour les honoraires des avocats. Est-ce
que c'est prévu dans le régime de défense obligatoire? Si vous me dites qu'on y
a pensé puis si Me Paradis a une réponse à ça, ça va me satisfaire. C'est
ma préoccupation à ce moment-ci, Mme la ministre.
• (20 h 20) •
Mme Laforest : Oui. Alors, juste
pour vous mentionner, parce que, c'est vrai, cet après-midi... juste pour vous
rappelez, il y a eu quand même une décision pour la municipalité de Lacolle, je
ne nommerai pas les noms des gens, c'est passé, évidemment, puis la décision a
fait jurisprudence, parce que la Cour supérieure, à ce moment-là, avec la cause de Lacolle, est venue vraiment
reconnaître la proportionnalité, comme je le disais tantôt, cas par cas. Alors,
c'est certain qu'on fait jurisprudence avec cette cause-là. Maintenant... Puis
ça, c'était en 2020, là, ça vient juste de se passer.
Là, votre question, à savoir est-ce qu'on
pourrait y aller selon la richesse de la municipalité, ça veut dire que, si une
municipalité a 200 habitants et la municipalité, vraiment, a des ressources
naturelles incroyables et vraiment... en tout cas, a des possibilités plus
importes que d'autres municipalités, pourrait à ce moment-là prendre des
avocats qui coûteraient beaucoup plus chers que l'autre municipalité d'à côté
qui, elle, a 200 habitants mais qui n'a rien, là, pour faire vivre,
disons, sa richesse foncière. Donc, ce qui veut dire qu'une municipalité qui
est plus riche pourrait prendre des avocats plus chers pour défendre les élus
et les employés municipaux, et l'autre qui n'a pas cette possibilité-là, il y aurait
vraiment une injustice, là. Selon moi, ce serait impossible de tolérer cette possibilité-là,
parce que c'est certain que ce serait... il n'y a aucune logique dans ça.
Par contre, comme je le mentionnais puis comme
il a été mentionné après-midi, avec la décision qui a été prise avec la municipalité de Lacolle, que
la Cour supérieure a vraiment décidé d'y aller en fonction de la proportion
cas par cas des élus et des employés municipaux, donc, on fait jurisprudence et
on se fie à cette cause-là. Donc, c'est important.
Au niveau...
Je vais peut-être laisser Me Paradis... parce que
vous vouliez avoir aussi la réponse de Me Paradis. Moi, je
l'explique dans mes mots, mais, en même temps, vous comprenez que la décision
qui a été prise pour Lacolle est vraiment importante, puis y aller selon la
richesse de la municipalité, ce serait vraiment triste pour les autres municipalités
qui n'ont pas cette richesse et... qu'elle veut défendre et elle ne pourrait
pas défendre ses élus ou ses employés municipaux. Merci.
M. Ouellette : Mme la Présidente,
juste avant qu'on aille à Me Paradis, puis je voudrais répondre à la ministre,
si vous me permettez, je suis entièrement d'accord avec vos propos, Mme la
ministre. Mon intervention, c'est justement pour les protéger, pour permettre
aux justiciables ou permettre aux citoyens d'avoir, peu importe la richesse de
la municipalité, la même possibilité, ou pour permettre à la municipalité
d'avoir les mêmes possibilités de défense. S'ils n'ont pas cette possibilité
financière là, sûrement qu'ils vont vous écrire, ils vont écrire à la ministre
ou ils vont écrire à quelqu'un pour lui dire : Bien, on aimerait peut-être
ça, parce que j'ai droit à une justice, à une défense pleine et entière, puis
j'ai les mêmes droits que la ville.
Parce que j'ai souri quand vous m'avez parlé de
certaines municipalités plus riches. On le voit dans les services de police, il
y a des municipalités qui se paient des corps de police par leur richesse
foncière puis... Bon, en tout cas, on ne fera pas ce débat-là, il y a eu un
beau rapport de la réalité policière, la semaine passée, là-dessus, puis...
Mais ma préoccupation est que, dans le régime de défense obligatoire, je n'en
suis pas... Je suis d'accord avec l'explication de la ministre puis je suis d'accord
qu'il ne faut pas pénaliser un par rapport à l'autre. Là où Me Paradis pourrait
nous éclairer, c'est sur le taux horaire.
Le jugement de Lacolle, c'est extraordinaire, ça
va nous aider à mieux servir nos citoyens. Puis c'est extraordinaire qu'il soit
arrivé tout dernièrement. O.K. Bon. Mais, dans le jugement de Lacolle, ils sont
allés en vertu du régime de défense obligatoire, puis tout ça. Moi, ce qui
m'intéresse, c'est : Est-ce qu'il y a un maximum pour les taux horaires
d'avocat? Est-ce qu'on ne devrait pas... On le fait à l'Assemblée nationale. Je
ne vous dis pas que c'est le meilleur exemple, on pourrait peut-être s'en
servir comme exemple, mais, à l'Assemblée nationale, il y a un taux maximum.
Mais, au niveau des municipalités ou au niveau de tout le régime municipal, que
ça soit dans une ville de 200 habitants ou à Montréal, qui en a
2 millions, est-ce qu'il pourrait y avoir un maximum de taux horaire ou
est-ce que c'est flottant? C'est là que je vais être suspendu aux lèvres de
Me Paradis.
M. Paradis
(Nicolas) : Merci. La loi ne prévoit pas l'établissement de taux
maximum, la loi prescrit un taux raisonnable. Et la... comme... Tant M. le
député de Chomedey ou que la ministre, l'objectif l'expose, l'objectif est de
faire en sorte que chaque élu municipal puisse bénéficier du régime de manière
équitable et non pas en fonction de la richesse de sa municipalité. Donc, tout
le monde peut bénéficier du même type de régime.
Prévoir un... Il n'y a pas de taux qui est
prévu, parce que, je le redis, c'est une dynamique de cas par cas. Pensons qu'à
titre d'exemple, dans une cause liée à l'éthique... on peut imaginer, dans une
cause liée à l'éthique qui ne relève pas
d'un degré de complexité particulier, qu'un taux avocat horaire normal serait
acceptable, là, je ne suis pas à même de le quantifier, mais mettons que
l'usuel est acceptable, mais que, dans une autre cause, où on a un degré de
complexité très grand, supposons une situation au niveau accusation criminelle
liée à un crime de nature économique en lien
avec la municipalité, beaucoup plus
complexe, pour lequel... où l'expertise d'un avocat plus chevronné pourrait
être requise, donc un taux horaire beaucoup
plus élevé, probablement parce qu'il y en a moins puis ils sont... expertises
particulières, des expertises, par
ailleurs, judiciaires beaucoup plus grandes, pourraient entraîner des dépenses
plus hautes... Complexité plus
grande, coûts plus grands, donc c'est... Ça fait qu'on ne peut pas être à même
de dire : Voici le taux horaire maximum qui peut être payé à un
avocat. C'est l'idée afférente.
Bien entendu,
c'est le caractère raisonnable de la chose, donc la municipalité va
l'apprécier. On peut s'entendre qu'un élu qui est poursuivi pourra
engager des discussions avec sa municipalité pour dire : J'ai pris un
avocat, je vais me faire défendre, tu vas avoir des factures, tu vas les
assumer, et pourrait dire : J'ai retenu les services de tel avocat qui est à 500 $ de l'heure. Et là, d'ores et
déjà, la municipalité pourrait, dans le cadre de la discussion, dire :
Bien, écoute, c'est tel type de
cause, tu sais, je suis guidé par «frais raisonnables» et «proportionnalité» — si l'Assemblée nationale adopte cette
mesure — ce
qui m'amène à considérer, dans mon évaluation, que c'est plutôt dans l'ordre
de, à titre d'exemple, 300 $. Rien qui n'empêchera la municipalité
d'évoquer ça en disant : Voici ce à quoi je suis lié comme obligation. Mais ce n'est pas une charte, une...
il n'y a pas de règlement, il n'y a pas de guide. C'est du cas par cas, c'est
une analyse au cas par cas que la municipalité doit et peut faire.
• (20 h 30) •
M.
Ouellette : Merci, merci
pour les explications. Je pense que ça nous éclaire. Là où mon travail de
législateur entre en ligne de compte, c'est que le mot «raisonnable», il
ne faudrait pas qu'il soit appliqué en fonction de... il faudrait... pas «il ne faudrait pas», il faudrait
qu'il soit appliqué en fonction de critères bien précis. Parce que ce qui est
raisonnable pour Mme la présidente n'est
peut-être pas raisonnable pour le député de Viau ou peut-être moins raisonnable
pour le député de Chomedey, et c'est très arbitraire.
Je me pose la question... puis votre
explication, Me Paradis, est très claire, je me pose la question si on ne devrait pas être plus... pas restrictifs mais plus
explicatifs dans le mot «raisonnable». Puis je me pose aussi la question... Il ne faudrait pas que le mot «raisonnable»,
pour une ville riche, n'ait pas la même signification pour une ville... on
reprend L'Anse-Saint-Jean ou on va prendre Laval ou autre chose, il ne faudrait
pas que le mot «raisonnable» ait une signification
différente à une place ou l'autre, parce
que c'est les mêmes procédures, c'est
les mêmes élus, je veux dire, c'est les mêmes... c'est les mêmes citoyens.
Il faut regarder en fonction... Il faut regarder en fonction de l'égalité.
J'entends les
explications de Me Paradis, elles sont satisfaisantes. Ça m'amène un questionnement, et je pense que notre travail de législateurs, c'est de faire
en sorte, justement, de clarifier le plus possible le mot «raisonnable» pour
que... pour ne pas que, dans une municipalité... puis j'en ai une en tête, là,
où, pour la personne qui a décidé, le directeur général, qui a eu à faire des recommandations
à la ville, le «raisonnable», pour des raisons beaucoup plus personnelles que
d'autres choses, bon, c'était le plus bas possible. Puis, dans une autre ville,
parce qu'il connaissait du monde puis que l'avocat de la ville était très
proche de certains élus, bien, le mot «raisonnable», bien, ça a été dans les
critères que Me Paradis nous a mentionnés. Je pense que notre travail
comme législateurs, c'est de faire en sorte... Est-ce que nous devons nous
poser la question? Et est-ce que nous devrions...
Puis j'en suis, je vous suis sur «la complexité
de la procédure», «proportionnels à la nature», mais là on a peut-être
besoin... Puis peut-être que la jurisprudence puis peut-être que le jugement de
Lacolle nous amènera certains éléments qui nous permettront... ou qui feront en
sorte qu'on pourra être plus détaillés ou descriptifs dans ce qu'on entend par
le mot «raisonnable». C'est mon commentaire, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de
Viau.
M.
Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je veux remercier le député
de Chomedey pour son intervention, donc,
empreinte de sensibilité. Donc, merci, M. le député de Chomedey. Vous parlez...
Vous savez de quoi vous parlez. Merci beaucoup. J'apprécie.
Et,
justement, je reprends la balle, donc, là où notre collègue le député de
Chomedey l'a laissée, Mme la Présidente, sur la question de
«raisonnable». Et puis il me semble, en fait, à la lumière des questions posées
par le député de Chomedey, que
l'interprétation de «raisonnable» pourrait être effectivement variable d'une municipalité
à une autre ou d'un conseil municipal
à un autre, et, moi, c'est... on fait des lois à l'Assemblée nationale pour
nous assurer que tous les Québécois, toutes les Québécoises soient
traités, justement, correctement et pareil, donc qu'il n'y a pas un Québec à deux vitesses, que l'ensemble des Québécoises et
des Québécois puissent avoir les outils et les ressources nécessaires,
et dans ce cas, dans le cas qui nous concerne, pour se protéger, donc, pour les
défendre.
Sur le «raisonnable», la question... la première
question que j'aimerais poser à Mme la ministre : Comment vous, vous interprétez le mot «raisonnable?»
Comment... Est-ce que vous... Est-ce que vous ne jugez pas pertinent que
nous puissions... comme l'a demandé le...
comme semble le suggérer le collègue de Chomedey, que nous puissions creuser
davantage sur cet enjeu de raisonnable afin d'éviter des disparités d'une
municipalité à une autre?
Mme Laforest :
Bien, la notion de raisonnable est déjà dans la loi. Ça fait qu'en partant,
vous savez très bien, quand on parle de
frais raisonnables, on se réfère à plusieurs articles de loi dans le passé,
quand on parle des frais raisonnables, par exemple, encourus pour une
cause quelconque. Maintenant... «raisonnable» étant, si je peux dire, décidé
selon ce que la municipalité va reconnaître comme frais raisonnables. Donc, les
frais raisonnables, si vous me demandez pour moi c'est quoi, pour une situation
quelconque ce sera très raisonnable, pour une cause, et, pour une autre cause, c'est complètement irraisonnable.
Maintenant, il y a quand même une décision, une appréciation qui arrivera
de la municipalité, à savoir est-ce que les frais le sont ou non.
Maintenant, la notion «raisonnable» est déjà
dans la loi. Ça fait que, là, c'est sûr que, si on essaie de jouer sur le terme
«raisonnable»... Le «raisonnable» est déjà dans plusieurs articles de loi.
Alors, il faudrait, quand même, réviser toute la notion du mot «raisonnable.»
Puis le mot «raisonnable» revient, encore là, à la logique de la décision qu'il y a eu en 2020 avec la cause de Lacolle, par
exemple, quand on dit que ce sera du cas par cas, ce sera proportionnel
à la cause entendue, proportionnel aux frais encourus. Donc, il faut que ce
soient, quand même, des frais raisonnables. Alors là, c'est certain que c'est
discuté avec le conseil municipal, il y a résolution. Si la municipalité décide
que c'est raisonnable, c'est à la municipalité de l'apprécier. Mais le mot
«raisonnable», pour moi, ne pose pas de problème du tout dans la loi, selon moi, là, parce qu'il est à plusieurs endroits
dans la loi. Ça fait que, si on commence à dire : Est-ce qu'il n'y aurait pas un meilleur mot que le mot
«raisonnable»?, moi, je pense que ce
ne serait pas raisonnable de commencer à dire...
Des voix : ...
Mme Laforest : Non, mais, quand même,
là, on joue sur le mot «raisonnable», qui est à plusieurs endroits dans la loi déjà.
Je ne sais pas, Me Paradis, le mot «raisonnable», on le voit partout... on
le voit régulièrement, c'est déjà... puis ça ne cause pas problème, le mot
«raisonnable», dans la loi? Je vais m'assurer avec Me Paradis que c'est
correct, mais, selon moi, dans la loi, il n'y a aucune problématique.
M. Paradis (Nicolas) : À vrai dire,
non, ça, il n'y a pas de problème lié à ça parce que c'est pris dans le
contexte du régime et de sa finalité, qui est celui d'assurer la protection des
élus.
Mme Laforest : Oui, c'est ça.
M. Paradis (Nicolas) : Donc, en
ayant cet objectif-là, le frais raisonnable, la raisonnabilité du montant qui
est exigé s'inscrit dans cette recherche d'assurer le bénéfice de bien protéger
les élus, mais tout en assurant la raisonnabilité,
l'équilibre eu égard au coût normal. La notion de raisonnabilité de prix, de
frais raisonnables, c'est ce qui correspond
à la mesure normale, usuelle, donc c'est une appréciation toujours
cas par cas, caractéristiques, complexité, ampleur de la tâche, qui peut
être appréciée.
Et la question, l'utilisation du terme «raisonnable»
dans les lois, c'est fréquent, oui, dans les lois. Il y a toujours
l'appréciation. En termes de procédure civile, il faut agir, hein, dans un
délai raisonnable. Est-ce que la cour a de la difficulté à appliquer la notion
de raisonnabilité à l'égard d'un délai? La réponse, c'est non. Ils l'apprécient
au cas par cas puis ils viennent voir, et il
se dégage des tendances, des courants jurisprudentiels
à l'égard de la procédure civile, mais c'est la même logique, et ça fait
plusieurs années que ça s'applique déjà ainsi dans le régime de frais de
défense des municipalités, et ça ne soulève pas de difficulté. Ce qui avait
soulevé une difficulté, qui a amené la cour à
se prononcer, ça a été l'application de la notion de proportionnalité, que la
cour a reconnue en 2020 et qui est la notion visée par l'amendement.
M. Benjamin : ...semble avoir une question
brûlante. Donc, je vais lui céder la parole, Mme la Présidente, si vous
permettez.
La Présidente (Mme Boutin) :
Momentanément, oui. Allez-y, M. le député de Chomedey.
• (20 h 40) •
M. Ouellette : Effectivement, c'est
une question brûlante, Mme la Présidente. J'écoute Me Paradis, et son intervention me soulève plein de critères de
raisonnabilité. Dans le mot «raisonnable», il y a la durée, il y a les heures,
il y a le nombre d'heures, il y a l'expertise, la complexité et il y a tout ce
qui est défini par la jurisprudence. Je suis un nouvel élu dans une municipalité
et j'ai à prendre une décision sur c'est quoi, les frais raisonnables que je
vais suggérer à la la municipalité d'engager dans une poursuite ou dans une
défense d'un élu, je vais faire quoi? Là, je vais aller voir ce qui existe. Si
je n'ai pas de définition puis si je n'ai pas de critère puis qu'on me dit
juste : C'est raisonnable... ce que je vous disais tantôt, Mme la
Présidente : Le «raisonnable» du député de Viau, le «raisonnable» du député
de Chomedey puis le «raisonnable» de vous, Mme la Présidente, c'est trois
«raisonnable» qui peuvent être très différents, puis on peut avoir une
différence de 300 $ de l'heure, qui va être ça, notre «raisonnable».
Je nous amène à penser... peut-être que ce n'est
pas nécessaire de le spécifier, mais je nous amène à penser... puis je nous
amène à nous le dire puis à en faire part aux citoyens qui nous écoutent, que,
dans le mot «raisonnable», dans toutes les discussions qu'on a eues, bien, je
pense qu'il va falloir tenir compte de l'expertise, de la complexité, si c'est une fraude économique qui risque de durer
très, très, très longtemps. La jurisprudence... puis on y revient souvent,
Mme la Présidente, puis Mme la ministre faisait référence à la décision de
Lacolle, bien, si on regarde... si on regarde la décision de Lacolle, on aura
sûrement des critères ou des éléments que, si moi, nouvel élu, j'ai à prendre
une décision de «raisonnable» pour suggérer à ma
municipalité... je vais aller référer à la décision, je vais aller référer à ce
qui existe, la décision de Lacolle puis d'autres décisions.
Ça fait que ça me
prend un point de départ en quelque part. Puis juste qu'on ait la réflexion. On
ne changera peut-être pas le mot «raisonnable», mais qu'on ait, entre nous
autres, la réflexion pour que les citoyens nous disent : Ah! O.K., «raisonnable»... parce qu'ils vont voir
le verbatim, les juges le font, les cours le font, venir voir le verbatim des discussions que les députés ont à l'Assemblée
nationale. Si, pour nous autres, «raisonnable», ça veut dire l'expertise,
la complexité, la durée, le nombre d'heures,
je pense qu'on vient de donner un très bon point de référence à une personne
à qui on va demander ou on impute la responsabilité de décider, dans une
municipalité, pour engager l'argent public, sur quelle devrait être sa décision
ou sa définition du mot «raisonnable».
Merci, Mme la Présidente.
M. le député de Viau, je vous rends les armes.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, M. le député. Député de Viau, allez-y.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, j'ai un collègue, ici, à l'Assemblée
nationale, qui n'est pas avocat mais qui m'a déjà dit quelque chose, que j'ai
retenu, au sujet des articles de loi. Il m'a dit : Écoute, Frantz, il faut
toujours voir, dans les textes de loi, les «et» et les «ou». Dès qu'il s'agit...
Dans un texte de loi, dès qu'il y a des «et» et des «ou», tu dois te poser des
questions. Et là, justement, donc, j'ai un «et» ici, pour ce qui est de «à la nature et à la complexité». Donc, j'aimerais
peut-être, dans un premier temps, demander à la ministre de pouvoir nous
expliquer l'addition de ces deux concepts de nature et complexité.
La Présidente (Mme
Boutin) : Mme la ministre.
Mme
Laforest : Où?
M.
Benjamin : Dans le
paragraphe 1° : «Les frais
engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la
nature et à la complexité...» Donc...
Mme
Laforest : Oui. C'est quoi, votre question? Et/ou...
M. Benjamin :
Oui. Pouvez-vous... Est-ce que vous pouvez me l'expliquer, «à la nature et à la
complexité», pourquoi ça prend les deux éléments?
Mme
Laforest : Bien, il faut aller valider au niveau, par exemple, des
frais si... est-ce que la cause est compliquée,
est-ce que la cause est complexe, est-ce qu'on a besoin d'une expertise, puis
c'est quelle cause, de quelle nature,
est-ce que c'est une cause très, très simple à défendre ou... Ça dépend. Bref,
ça veut tout dire. Honnêtement, «les
frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la
nature et à la complexité de la procédure visée»,
ça... Là, le «et/ou»... Je ne vois pas le «et/ou» là-dedans. Mais, bref, c'est
important de regarder la nature de la cause et est-ce que la cause
demande, bien, des vérifications, des justifications, des expertises.
Je
pense que c'est important, là, parce que, là, depuis tantôt, je vous entends,
là, puis, la cause, justement, qui a fait jurisprudence, de Lacolle, là, je
vais juste... je vais dire les éléments principaux, puis peut-être qu'au niveau
des frais raisonnables vous allez vraiment voir le sens, l'importance du
mot «raisonnable», parce qu'il n'est pas là pour rien.
Alors,
la personne — je
n'aime pas, moi, là, nommer les noms, alors je ne nomme pas le nom, c'est
passé — alors,
«demande au tribunal d'enjoindre à la municipalité [de] continuer d'assumer ses
honoraires extrajudiciaires. À la suite de
plaintes formulées contre le demandeur et de procédures d'enquête en éthique et
en déontologie, la municipalité accepte
de rembourser ses honoraires extrajudiciaires. [Troisièmement] la Commission
municipale du Québec a rendu deux décisions dans lesquelles elle retient
des manquements de la part du demandeur. [Quatrièmement] ces décisions lui
imposent une suspension de 30 jours et le remboursement du salaire qu'il a
reçu durant cette période, ainsi qu'un remboursement de 913,07 $ [de
remboursement]. Le demandeur a déposé deux pourvois en contrôle judiciaire à
l'égard de ces décisions. [Et sixièmement] à ce jour, la municipalité a
déboursé plus de 139 000 $ en frais de défense et représentation, auxquels s'ajoutent
27 000 $ relativement à l'arbitrage d'un compte au Barreau du Québec,
à la suite de l'échec de la
conciliation. En juin 2019, le premier pourvoi en contrôle judiciaire du
demandeur a été rejeté. [Huitièmement]
le demandeur évalue à 22 000 $ ses frais de représentation
supplémentaires pour la mise en état du dossier et l'audition de sa seconde
demande de pourvoi en contrôle judiciaire. [Neuvièmement] la municipalité
soutient qu'elle n'a plus
l'obligation d'assumer ces frais de défense, puisque ceux-ci ne sont pas
raisonnables et proportionnels au litige.»
Donc, ici, c'est pour
ça qu'on parle de la notion de la Cour supérieure, qui est venue reconnaître la
notion de proportionnalité, et la cause de cette municipalité, évidemment, a
fait jurisprudence. Alors, vous voyez que même les montants ont été jugés,
selon cette cause-là, si les montants étaient raisonnables ou non.
Maintenant, vous me
posez la question... «...doivent être — les montants — proportionnels
à la nature et à la complexité — les frais engagés — de la procédure visée.» Bien, c'est certain
que, quand il y a une cause qui nous... qu'on doit regarder, en tant que
municipalité, on regarde, un, la nature de la cause, c'est quelle cause,
premièrement, est-ce que c'est une cause
civile. Parce que, si ce n'est pas une cause civile, c'est une cause pénale,
c'est une autre chose, parce qu'une cause pénale, criminelle, l'élu ou
l'employé municipal va payer les frais de défense, d'avocat.
Donc, c'est merveilleux qu'est-ce qu'on vient
dire ici. On vient dire à tous les citoyens du Québec : Ne soyez pas
inquiets parce que vos élus... s'il y a une faute criminelle, pénale, l'élu ou
l'employé municipal va payer ses frais d'avocat. C'est vraiment important, là,
l'article 95, ça va plus loin que la notion de frais raisonnables. Puis,
en plus, là, avec la décision qui a été prise, comme on le dit, on peut
s'assurer qu'on a quand même un exemple, comme vous avez mentionné tantôt, excellent exemple. On a ici un exemple vraiment à
aller voir. Qu'est-ce qui s'est passé? Combien ça a coûté? Est-ce que c'était trop cher pour la municipalité? Est-ce
qu'il y a eu de l'abus au niveau des frais encourus? Ça fait que c'est
là qu'on vient attacher l'importance, autant au niveau civil qu'au niveau
pénal, pour les causes...
On ne le souhaite pas, là, tu sais, on ne veut
pas que nos élus ni nos... Nos employés municipaux sont parfaits, selon moi, tu sais, il n'y a pas de maires et de mairesses,
d'après moi, qui font ça, malheureusement, volontairement, quand il y a des causes encourues, évidemment, mais,
quand ça arrive, je pense que les citoyens, autant avec nous, les députés
à l'Assemblée nationale... bien, on a une certaine responsabilité, donc il ne
faut pas que ce soient les citoyens qui sont... que les citoyens soient
impactés par rapport aux gestes, ou peu importe, là, les événements, ou nos
actes qu'on pose. Donc, ici, il faut vraiment...
Bref, on a la protection des citoyens au niveau
des frais et également, on n'a pas oublié, on a toujours la protection de nos élus, comme nous, ici, les députés, à l'Assemblée nationale. Parce que, si
les maires et les mairesses n'étaient pas non plus protégés... Parce que
c'est normal aussi que, dans le cadre de leurs fonctions, on les protège, nos
élus. Il faut qu'il y ait une certaine protection, on le sait très bien, avec
tout ce qu'on vit, en plus, aujourd'hui. Il faut donner le goût à nos élus
d'aller en politique, soit municipale soit provinciale, donc ça leur prend
quand même une protection. C'est important de voir. Mais maintenant, quand on
est rendu aux frais de défense, comme ici, l'article 93
est mentionné, bien, je pense que ça vient vraiment compléter la nécessité d'et
protéger nos élus et protéger la capacité de payer de nos électeurs.
Je pense que j'ai bien résumé, là. Est-ce que ça
vous plaît comme ça?
M. Benjamin : Bien, on va voir à
partir de la prochaine question que je vais vous poser. Donc, j'ai bien compris, j'ai bien saisi, en fait, votre réponse,
mais votre réponse, Mme la ministre, touchait surtout sur la nature... pour
la nature. Si la nature, dans «doivent être proportionnels à la nature», était
prise de manière isolée, je vous aurais dit : Parfait, mais ma question,
Mme la Présidente, c'était : La nature est additionnée à la complexité,
qu'en est-il de la complexité et qui jugera de la complexité? À partir de quand
un cas est complexe? À partir de quand ne l'est-il pas? Donc, voilà ma
question, parce qu'on a ici «la nature et à la complexité». Donc, moi,
j'aimerais vous entendre sur la complexité.
Mme Laforest : Je vais laisser
Me Paradis...
• (20 h 50) •
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci, Mme la
Présidente. La nature, différents cas d'espèce. C'est un recours civil, un
recours pénal, un recours criminel. Donc, c'est ça, la nature d'une procédure.
La complexité... Je peux reprendre le même
exemple de tout à l'heure. Donc, complexité, si c'est une cause criminelle liée
à un crime économique, beaucoup plus complexe comme cause qu'une
situation de vol dans la petite caisse. Complexité... Je l'illustre, là, plus
simple pour pouvoir l'exprimer. Puis après
ça, au niveau civil, complexité, c'est un peu aussi de la même nature. Est-ce
qu'il s'agit d'une cause liée au non-respect
d'une règle, liée à un conflit d'intérêts ou à une implication dans la mauvaise
application sciemment des règles d'adjudication des contrats, qui possèdent
un degré de complexité quand même appréciable
dans la Loi sur les cités et villes? Est-ce que ça pourrait être ça? Ce sont des
exemples. C'est une question
de complexité, analyse au cas par cas de chaque situation.
M. Benjamin : Merci. Merci, maître. Justement
sur la question de la... sur la nature, on s'entend qu'il est peut-être plus
aisé, pour un conseil municipal, pour une municipalité, de statuer sur la
nature, donc ça tombe sur le sens, mais
c'est sur les enjeux de complexité, justement... Parce que ce sur quoi on doit
être clairs ici... nous avons devant nous,
en fait, moi, c'est ce que j'ai, c'est ce que je vois, des règles
d'appréciation qui se juxtaposent : «Les frais engagés doivent être
proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure visée.» C'est...
Et on a parlé tout à l'heure de «selon la municipalité», c'est du cas par cas.
Donc, il y a beaucoup de règles d'appréciation. Et, sur la complexité, donc,
Mme la ministre, donc, qui doit statuer sur la complexité? Est-ce que c'est
toujours la municipalité, selon vous, qui est l'entité idéale pour statuer sur
la complexité d'une cause? Donc...
Mme Laforest : Oui.
M. Benjamin : Oui?
Mme Laforest : Oui, tout à fait.
M. Benjamin : C'est la municipalité?
Mme Laforest : Oui, parce que la
municipalité a quand même des ressources pour évaluer si c'est une cause complexe, si on devrait, par exemple, défendre
l'élu. Si, par exemple... je vais dire ça comme ça, si, par exemple, il y a
une décision qui a été prise, par exemple,
je dis ça comme ça, par un conseiller, mais c'était une décision qui a été
prise... On prend une pause?
La Présidente (Mme
Boutin) : ...
Mme Laforest : Ah! O.K. Bon. Non,
mais je vous voyais faire des signes.
La Présidente (Mme Boutin) : ...
Mme Laforest : O.K. Non, mais je
pensais... O.K.
M. Benjamin : Je suis à l'aise si
vous voulez prendre une pause, Mme la ministre.
Mme Laforest : Vous voulez prendre
une pause?
M. Benjamin : Vous voulez prendre
une pause?
Mme Laforest : Non.
M. Benjamin : Ah! D'accord.
Mme
Laforest : Non, parce que je pense qu'on s'en vient, là, vraiment à la
fin de l'article puis je suis contente, parce qu'il faut quand même... il faut
quand même essayer de répondre à toutes vos questions, parce que vous
avez des questions d'une complexité incroyable, alors...
Des voix : Elles sont raisonnables.
Mme
Laforest : Bon, alors, vous
voyez, «raisonnable», le mot est important. Je donne un exemple. Par exemple, sur... au niveau... là, vous dites : Une cause qui est complexe,
est-ce qu'un élu municipal ou encore un employé municipal qui...
un élu municipal qui reçoit un don, qui se positionne en situation de conflit
d'intérêts, je donne un exemple comme ça, et que la municipalité juge qu'elle
doit le défendre, parce que c'est une erreur, c'est arrivé juste une fois, puis, à ce moment-là, l'élu, par rapport à la
municipalité, est capable de comprendre que c'est une erreur, c'est un élu,
c'est un conseiller extraordinaire, la municipalité en a besoin... est-ce que...
La municipalité, à ce moment-là, va dire :
Bon, quelle décision je dois prendre? C'est un don qui a été fait. D'ailleurs,
c'est important, là, les dons, on va en parler aussi plus tard, là.
Est-ce que ça implique des situations de conflit d'intérêts, par exemple dans
des montages financiers, au niveau corporatif? Donc, est-ce qu'il y a des gens
qui sont impliqués par rapport au don que l'élu a reçu ou l'employé municipal a
reçu? Après ça, il faut évaluer, là, pourquoi l'élu a reçu un don comme ça.
Est-ce que c'est la première fois? Est-ce que... Vous comprenez qu'il faut
quand même évaluer. Et est-ce qu'il y a plusieurs personnes qui sont impliquées
dans le don que la personne a reçu? Est-ce qu'on parle des compagnies? Est-ce
qu'on parle des entreprises? Est-ce que c'est la première fois? Ça fait que, tu
sais, c'est ça qui est à évaluer, là.
Ça fait que vous comprenez que, quand on parle
au niveau de la complexité de la cause, bien, s'il y a plusieurs personnes, ou
plusieurs entreprises, ou plusieurs OBNL qui sont impliqués dans la décision,
ça devient peut-être important d'évaluer la nature comme telle de la cause.
Est-ce que c'est une cause pénale? Est-ce que c'est une cause civile? Est-ce que... Vous comprenez que la nature... Et c'est
important aussi de voir est-ce que c'est criminel. Ça fait que c'est sûr qu'il
y a une évaluation à faire, là.
M. Benjamin : On s'entend sur la
nature, mais c'est un peu sur la complexité que je trouve qu'il y aurait encore
des... il y aurait des choses à dire, mais, écoutez, je n'ai pas beaucoup de
temps, il me reste peu de temps.
Dans le deuxième paragraphe, Mme la ministre, si
on va à la dernière ligne, lorsqu'on dit : «...tant que la poursuite n'est pas retirée ou rejetée ou que la
personne n'est pas acquittée par un jugement passé en force de chose jugée»,
pouvez-vous m'expliquer ce paragraphe?
Mme Laforest : Me Paradis.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci, Mme la
Présidente. Ce sont des concepts liés, bien entendu, aux différentes procédures
applicables à des poursuites de nature criminelle. Une personne peut être
accusée au criminel, elle est acquittée.
Donc, le procès est mené jusqu'à terme, et donc il y a un jugement qui est
rendu sur la cause, donc soit reconnue coupable, soit acquittée. Ça,
c'est le cas simple.
«Retirée» : le poursuivant, en l'occurrence
le directeur... le DPCP, le directeur des poursuites criminelles et pénales, procureur de la couronne, en somme,
pourrait décider de rejeter... retirer, par contre, les accusations en cours
de route, accusations déposées. Il les retire
pour différents motifs, là, qui sont liés à la procédure criminelle. La preuve,
de toute évidence, n'est plus suffisante en cours de route, il s'en rend
compte, retire, à ce moment-là, les accusations.
Et «rejetée»,
c'est que la cause pourrait être rejetée pour des motifs d'ordre
constitutionnel, pensons à la question des délais, notamment, donc une cause
qui serait rejetée... une poursuite rejetée pour cause de délai déraisonnable
pour intenter la poursuite en question. Donc, dans un cas comme ça, ce n'est
pas un acquittement mais plutôt un rejet formel de la
poursuite qui est fait pour des moyens, bien, procéduraux ou liés aux droits et
libertés, là, de différentes natures.
M.
Benjamin : Et, quand on dit : «Un jugement passé en force de chose
jugée», ça veut dire quoi précisément, maître?
M. Paradis (Nicolas) : Il ne peut
pas... il ne peut plus être porté en appel, le délai d'appel est échu, et donc
le jugement est définitif et exécutable.
M.
Benjamin : Parfait. Alors, à ce stade-ci, Mme la Présidente,
j'aimerais vous annoncer qu'on a un sous-amendement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Est-ce que vous voulez suspendre, le temps qu'il aille sur Greffier?
M. Benjamin : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 58)
(Reprise à 21 h 10)
La
Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti dans la commission. M. le
député de Viau, je
vous inviterais à nous présenter le sous-amendement.
M. Benjamin : Merci, merci, Mme la
Présidente.
Donc, alors, le sous-amendement se lirait comme
suit, donc : Modifier l'amendement proposé à l'article 93.1 du projet
de loi par l'insertion, dans le deuxième paragraphe, après les mots «d'une
poursuite de nature criminelle», des mots «et s'applique aussi en vertu de
l'article 2 de la Loi concernant la lutte contre la corruption».
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Oui, Mme la députée de Vaudreuil, à vous la parole.
Mme Nichols : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, mon collègue a déposé un sous-amendement, puisque c'est le
dernier, là, qui a eu... qui avait, entre autres, là, la parole, là, dans les
différents échanges. Je veux expliquer le sous-amendement. Puis j'ai aussi, là,
différents commentaires, là, en lien, évidemment, avec l'article 93.1.
D'emblée, là... puis on en a parlé dans les
échanges, puis je trouve que c'est important d'y revenir, là, à l'intention du
législateur en 1996. En 1996, c'était le projet de loi n° 24, et puis
c'est Rémy Trudel, entre autres, un député,
qui était là. Puis je vais juste vous lire, là, trois interventions
superimportantes qui nous remettent dans la peau... bien, qui nous remet
«dans la peau»... qui nous remet, là, en... qui nous remet, là, peut-être dans
les circonstances dudit projet de loi.
On disait... le député disait : «On a
indiqué à l'étape antérieure qu'on visait ici à instaurer un nouveau régime
pour assurer une protection contre certaines pertes financières liées à
l'exercice des fonctions municipales. Alors, on ne vise pas à donner une»... — voyons! — «une
immunité de type parlementaire comme nous vivons ici, à l'Assemblée nationale, de façon totale,
mais à accorder une protection contre les pertes financières pour les individus
à l'exception des fautes lourdes et intentionnelles. La municipalité, à
ce moment-là, assume la défense de cette personne, et je ne vais pas dans le
détail, assume la défense ou la représentation, selon le cas, d'une personne,
qui [...] soit le défendeur, l'intimé ou l'accusé, soit le mis en cause dans
une procédure dont est saisi le tribunal.»
Il y a eu une réplique qui disait :
«J'aimerais savoir du ministre si cette disposition-là ne peut pas, dans
certains cas, apporter une difficulté financière à une petite municipalité de
150 âmes qui aurait des procédures de 200 000 $
sur le dos au bout de deux ou trois ans. Est-ce qu'on a une balise quelque
part?» Ça fait que, même en 1996, là, on cherchait la balise.
La réponse : «Si ça met la municipalité en difficulté,
imaginez pour l'élu concerné.» Ça fait que c'était... tu sais, c'était un
projet de loi, là, qui visait, évidemment, à protéger l'élu. Bien sûr, là, on
comprend qu'on ne veut pas non plus refiler la totalité de la facture aux
citoyens. «Si ça mettait en cause la stabilité financière de la petite
municipalité, [imaginez] ce que ça voudrait dire pour la personne. Et je ne
crois pas déceler ici qu'il s'agit d'un phénomène tellement contagieux puis
immense. Cependant, il y a une tendance qui se dessine. Écoutez, depuis
l'adoption de la Charte des droits, il y a une grande tendance à poursuivre les
individus qui ont des fonctions et des rôles
qui les amènent à prendre des décisions. On ne poursuit pas l'organisme, on
poursuit la personne qui a pris la décision.
«Et je vais vous dire que ça peut avoir un effet
repoussoir et, à tout le moins, une réduction de l'attraction pour occuper des
responsabilités. L'important, c'est de rendre service aux concitoyens et ne pas
se mettre dans le trouble. J'agis au meilleur de ma connaissance, puis, à tout
coup, je mets la sécurité financière de ma famille en cause.»
Donc,
ce que ça dit, là, c'est que, quand on est un élu municipal, là, on prend des
décisions, là, puis, souvent, là, ces
décisions-là, bien, ça fait que... puis on le voit, là, on le voit en 2021, là,
il y a de plus en plus de poursuites, on se met souvent, justement, là,
dans une position où on est plus facilement poursuivi. Un citoyen pas content,
on le sait, là, on a souvent des menaces,
là, hein? On prend une décision comme élu, si ça ne fait pas l'affaire, tu vas
recevoir une poursuite. Bon, parfait.
Donc, l'objectif,
c'était de venir protéger l'élu municipal, parce que, tu sais, imaginez l'élu
municipal qui a une poursuite, là... Puis c'est vrai, là, quand on parle de la
sécurité financière de sa famille, ça a un impact sur la famille quand l'élu
municipal doit débourser de sa poche pour... tu sais, pour une procédure qui
est peut-être une procédure frivole, qui est peut-être une procédure qu'il va
gagner à la fin mais que l'objectif est de l'achever, l'élu municipal. Bon, je ne vous dis pas que c'est comme
ça dans tous les cas, là, au contraire, mais je vous dis qu'en 1996,
quand on va lire le verbatim, c'est surtout ça qui est soulevé.
D'un autre côté, là,
je les ai vus passer aussi, là, les... Tu sais, on en a peut-être un peu abusé,
entre autres au niveau criminel, au niveau... Puis je vais
faire... puis là je vais faire référence, entre autres, là, à la ville
de Terrebonne. On le sait, le maire en place est sorti
pour dire que ça n'avait pas d'allure, les factures qu'il avait reçues de
l'ancien directeur général... de l'ancien maire puis l'ancien directeur général
de la ville... ou son chef de cabinet. C'était son chef de cabinet. Lui, il
disait : Écoute, moi, j'ai reçu une facture de 579 000 $, comme
maire, ce n'est pas vrai que je vais avoir une taxe... que je vais faire une
taxe pour payer les frais juridiques de l'ancien maire puis de l'ancien chef de
cabinet.
Puis, à cet effet-là,
là, le maire de Terrebonne l'a dit puis il l'a même écrit dans le journal,
qu'il avait envoyé une lettre à la ministre des Affaires municipales puis de
l'Habitation pour que la loi permette à un élu... Dans le fond, ce qu'il
voulait, là, il voulait que ça soit revu que la municipalité ait à payer les
frais d'avocat de la ville, pour exclure les poursuites criminelles. Moi,
sincèrement, là, la partie sur les poursuites criminelles, là, moi, ça me va,
là. Moi, je me dis, quand il y a une partie poursuite criminelle, bien, ça va,
là, on regardera à la fin, puis, si la personne, elle est acquittée, puis
c'était dans le cadre de ses fonctions, bien, c'est correct, là, la ville
pourra... tu sais, pourra rembourser les frais, là, si la personne est
acquittée.
Moi, ce que je
propose, là... Parce que je pense que l'intention initiale, entre autres, du
législateur, c'était de protéger les élus municipaux qui pouvaient faire, là,
l'objet d'une poursuite pour une décision qui était rendue de bonne foi dans le
cadre de leurs fonctions. Bien, je pense qu'il y a lieu aussi, là, de venir
préciser, là, dans l'article de loi, dans l'article, là, 604.6, là... de venir
préciser... Puis là c'est de la façon que ça a été libellé, là, mais, moi, ce
que je dirais, ça serait d'exclure aussi le remboursement possible des frais
d'avocat lorsqu'une accusation est déposée en vertu de l'article 2 de la Loi concernant la lutte contre la corruption. Ça fait
que c'est sûr qu'on parle de droit criminel, mais je pense qu'on doit aussi,
là, expressément exclure les remboursements possibles des frais d'avocat quand c'est
une accusation qui est déposée en vertu de la Loi concernant la lutte contre la
corruption. Ça fait que c'est le but, là, de... le but de cet amendement-là.
J'aurais aimé ça poser
la question, entre autres, en étudiant le projet de loi n° 91, mais vous
comprendrez qu'on a un temps limité. Ça fait que, pour pouvoir poser la
question si, dans la poursuite criminelle, ça inclut, entre autres,
l'article 2, si ça inclut, entre autres, les articles qui concernent la
loi de la lutte contre la corruption, bien, c'est pour ça que je dépose un amendement,
pour m'assurer que ça soit inclus, entre autres, là, à cet article-là. Ma question,
c'est à savoir si c'est inclus ou pas.
Puis je fais... Bien,
je vais y aller par là... ou je peux peut-être, là, y aller en rafale, là.
L'autre aspect, puis je pense que mes... les deux collègues, là, en ont parlé,
relativement, là, à un maximum, soit un maximum pour le taux horaire ou soit un
maximum avant que la ville puisse utiliser son pouvoir discrétionnaire. Je vais
donner un exemple superordinaire, là, mais, tu sais... je sais que ça ne
s'applique pas là, là, mais c'est juste pour donner une image, là, mais un
divorce en région, là, ça coûte le même prix qu'un divorce à Montréal ou qu'un
divorce ailleurs, là. Puis ça coûte cher, j'ai passé par là. Ça fait que...
Mais c'est pour ça que je me dis : Pourquoi on ne fixe pas un montant? Je
le sais, je le sais, puis on l'a lu, puis même dans l'intention, là, des
précédents législateurs, là. Pourquoi on ne viendrait pas fixer un taux,
mettons, qui tient compte des petites ou des plus grosses municipalités, puis
pas en fonction du prorata, pas en fonction de la richesse foncière, mais, tu
sais, en fonction d'une procédure légale, combien ça coûte, tu sais, en
disant : Bien, regardez, c'est 100 000 $, la ville n'a rien à
dire jusqu'à 100 000 $ puis, après 100 000 $, elle pourra
utiliser ce pouvoir-là, là, proportionnel, là, qui est prévu dans
l'article 93, là, elle viendra, par voie de résolution, s'exprimer? Donc,
c'est ma question à deux volets.
La Présidente (Mme
Boutin) : Allez-y, Mme la ministre.
• (21 h 20) •
Mme
Laforest : Oui. Alors, juste pour rassurer le maire Plante, le maire
Plante de Terrebonne, oui, j'avais lu sa lettre, et, oui, l'article 93 va
répondre à sa demande. Parce que, si on pense aux causes criminelles, on touche
la corruption, l'abus de confiance, la malversation, la fraude, le trafic
d'influence, et ensuite, au niveau des causes civiles, on touche l'adjudication
des contrats, la loi sur les organismes publics, les usages abusifs des biens
publics. Et également, si ce soit... si on parle de ces deux causes-là, bien,
si c'est des fautes lourdes ou intentionnelles, bien, sûrement, ici, qu'on
parle avec le maire Plante de cette raison-là, bien, la ville, à ce moment-là,
peut demander le remboursement. Donc, pour la question du maire Plante, ici,
puis je l'avais lue, merci beaucoup... et ça a été vraiment spécifique, puis ça
vient justement répondre aux inquiétudes du maire Plante aux niveaux criminel
et civil. Donc, je veux quand même rassurer le maire de Terrebonne pour lui
dire qu'il a été entendu.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Nichols :
Oui. Ma question avait deux volets. Mon premier volet, je ne suis pas certaine,
là, d'avoir entendu la réponse, là, Mme la ministre. Puis je sais que c'est
tard, puis c'est plate répéter. Puis, quand on est ministre, on répète souvent,
hein, ça fait partie de notre rôle. Puis, quand on est dans l'opposition, bien,
on pose des questions, ça fait partie de notre rôle aussi. Ça fait que ma question,
c'est à l'effet que... Le sous-amendement que j'ai déposé, là, moi, c'était
pour m'assurer, là, que la... que les articles, là, qui font partie de la lutte
contre la corruption sont compris dans l'aspect criminel. Moi, c'est ça que je
veux savoir. Donc...
Mme Laforest : Oui, c'est compris
dans l'aspect criminel.
Mme Nichols : Parfait. Donc, quand
on parle de la nature du litige, là, la nature du litige, ça peut être civil,
criminel, lutte contre la corruption, ça fait partie de tous les recours
possibles, là, c'est inclus.
Mme Laforest : Ça revient à la
nature de la cause qu'on parlait tantôt, quand on disait les causes sont...
pourraient être de quelle nature. Alors, c'est sûr que les causes de corruption
sont incluses dans les causes criminelles, qui sont incluses à
l'article 93.1.
Mme Nichols : Est-ce que... puis je
pose une question, je vais un peu plus loin, là, est-ce qu'on ne pourrait pas
exclure totalement, là, le remboursement possible des frais d'avocat quand ça
touche... alors, ça reviendrait à la même chose, là, mais quand ça touche, là,
directement, là, la lutte contre la corruption?
Mme Laforest : Répétez votre question.
Mme Nichols : Bien, parce que, moi,
la façon que je l'avais libellé... puis c'est parce qu'on ne peut pas mettre
dans un amendement que... d'exclure une possibilité, mais moi, initialement, je
me disais... de venir préciser, entre autres, là, d'exclure le remboursement
possible des frais d'avocat lorsqu'une accusation est déposée en vertu de
l'article 2, là, de la Loi concernant la lutte contre la corruption. Mais est-ce
que je comprends que le fait de l'exclure, ça revient à l'inclure dans la
partie de notion criminelle? Je ne sais pas si je l'explique...
Mme Laforest : Bien, en fait, ce qui
est important de savoir, c'est que toutes les causes... non, tous les actes
criminels sont inclus ici, tous les actes criminels concernant la corruption
sont vraiment visés à l'amendement qu'on a proposé. Ça fait que ça, c'est
important, c'est clair, il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
Maintenant, au niveau des remboursements, comme
on le disait tantôt, c'est sûr que, par rapport à ces actes criminels qui
seraient possiblement liés à la corruption, à ce moment-là, la ville pourrait
demander le remboursement sans problème.
Mme Nichols : Parfait. Sur l'autre
volet, là... Parce qu'on s'entend, là, que, s'il est acquitté, il pourra avoir
un remboursement, là, mais, sur ce volet-là, là, le remboursement des dépenses,
là, est-ce qu'on ne pourrait pas... Moi, je
vous le dis, là, depuis le début, là, tu sais, ce qui m'embête, c'est que la
municipalité a comme ce pouvoir proportionnel d'évaluer la
proportionnalité dès le début, là, tu sais, dès le... ils peuvent tout de suite
intervenir, on leur donne d'emblée ce pouvoir discrétionnaire là.
Est-ce qu'on ne pourrait pas, Mme la ministre,
dire : Pour toutes les municipalités, que ce soit une municipalité...
Parce qu'un recours, là, tu sais, que ça soit une petite ou une grosse
municipalité, l'élu prend les... bon, peut-être pas les mêmes décisions, mais
l'élu prend des décisions puis l'élu s'expose à être poursuivi, peut-être même
pire dans les petites municipalités, parce que les gens, là, qui assistent, là,
dans les conseils municipaux des petites municipalités, là, des fois, ils sont
encore plus enflammés, puis des fois, là, ils ont la réplique facile de
dire : Je vais te poursuivre. Ça fait que... Puis, une poursuite, là, que
ça soit dans une petite municipalité ou une grosse municipalité, là, les frais
sont les mêmes. Je donnais l'exemple, là... puis c'est plate à dire comme
image, là, puis ça n'a pas de lien avec le municipal, mais un divorce dans une
région ou un divorce à Montréal, c'est un divorce, là, ça coûte probablement le
même prix, là.
Ça fait que c'est pour ça que je me dis :
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'établir un montant, d'établir... Mon
collègue de Chomedey avait proposé de dire : Bien, un maximum pour les
taux horaires, comme à l'Assemblée nationale, c'est 200 $. Si tu prends un
avocat à 350 $, tu payeras 150 $ de ta poche. Bon, ça, là, j'ai
compris qu'on était un peu réticent là-dessus, mais, si on disait, pour une
municipalité, là, je reviens au pouvoir discrétionnaire : Une
municipalité, là, jusqu'à 100 000 $, là, tu ne l'exerceras pas, ton
pouvoir discrétionnaire; à 100 000 $, tu pourras le... tu sais, tu
pourras l'exercer... Puis là je dis 100 000 $, ça peut être
75 000 $ ou 50 000 $, parce qu'il y a des plus petites ou des plus grosses municipalités, mais c'est sûr
que, tu sais, 50 000 $ pour une grosse municipalité, ça ne représente
pas beaucoup, mais il reste que... Tu sais, je vois les deux côtés, là.
Puis je trouve que mettre le plafond, ça vient
protéger l'élu dans son rôle. Parce qu'il faut le dire, là, les élus sont aussi exposés à des poursuites. Oui, des
fois, c'est... des fois, ils ont le don de se positionner, de se mettre les
pieds dans les plats, là, disons-le comme ça, mais, d'un autre côté, tu
sais... oui, il y a l'élu, puis, d'un autre côté, c'est vrai qu'on ne veut pas envoyer, là... envoyer la
facture. Ce n'est pas un chèque en blanc de 100 000 $, ça se peut
qu'il n'y en ait pas, de procédure contre un élu dans une municipalité,
mais c'est au niveau... Tu sais, je pense que ça vient dire à la municipalité à partir de quand tu peux intervenir
ou pas puis je pense que ça vient faire une certaine justice en disant :
Bien, tu sais, mon... le maire qui était là avant moi, qui est poursuivi, bien,
on était dans la même équipe, ça fait que, aïe! il peut
aller à 500 000 $, comme je disais, il peut avoir les mains dans le
plat de bonbons, puis c'est correct, on va le... le conseil municipal va le
laisser passer, mais, si c'est un adversaire, on le brake à 25 000 $,
tu sais? Mais je pense que, tu sais, si on vient mettre un montant, ça pourrait
peut-être dire : Bien, regarde, là, c'est 100 000 $, puis, après ce montant-là, on convient, là, que... je
donne l'exemple de 100 000 $, là, mais on convient, là, qu'à
100 000 $, là, il devrait
avoir une assez bonne défense ou un
assez bon avocat, là. Ça peut être 50 000 $, là, tu sais,
sérieusement, je pense que
50 000 $, ça peut être aussi raisonnable. Ça fait que, tu sais, 50 000 $, quand tu as une défense, après 50 000 $,
là...
Je cherche le
point, tu sais, un point d'équilibre, là, pour ne pas qu'il y ait
d'abus de part et d'autre ou qu'il y
ait... pas une justice, il n'y
aura pas de justice, là, mais, tu sais, qu'on... un moment d'intervention
spécifique.
Mme
Laforest : C'est comme
impossible de répondre positivement à votre demande parce que,
logiquement, puis par... pas par expérience, mais évidemment, en
général, les avocats, par exemple, à Montréal, parfois, sont plus dispendieux. Puis je vais dire que certains
avocats qui pratiquent... je ne veux pas nommer de plus petites municipalités, parce qu'elles sont toutes
importantes, mais les avocats à Montréal sont plus dispendieux, nécessairement,
souvent, ou encore dans les grandes villes, que dans les plus petites
villes.
Alors, encore là, vous parlez d'un
50 000 $. Tu sais, il y a 10 grandes villes, on pourrait
dire : Bien, les avocats des 10 plus grandes villes, on établit le
plafond à x. Mais les avocats, par exemple, de ville de Saguenay, tu sais,
pratiquent à certain taux horaire, puis, ceux-là de Montréal, vous le savez, ce
n'est pas la même chose. Ça fait qu'encore là c'est vraiment inapplicable,
votre position.
Puis, quand
on parle toujours de la notion de corruption, il faut vraiment le répéter, avec
les causes, maintenant, qui sont... les causes criminelles, ici, qui
sont indiquées, de nature criminelle, à l'article 2... au
paragraphe 2°, bien, c'est certain que ça, c'est réglé au niveau de la
corruption, c'est inclus avec l'amendement. Ça fait que...
Puis, pour
certaines municipalités, par exemple, un dossier de... Non, non, mais on dit
comme ça, on parle, là. Un dossier pour des petites municipalités, quand la
cause est importante, peut-être que 5 000 $, c'est très, très, très
dispendieux, mais, pour une autre municipalité, une cause de 5 000 $,
c'est très raisonnable. C'est impossible, ça dépend
vraiment... ça dépend de la nature et de la complexité de la cause, Mme la
Présidente. C'est vrai, dans le fond.
• (21 h 30) •
Mme Nichols : Mais le montant qu'on
fixe, là, Mme la ministre, là, tu sais, c'est un montant, à la limite... je ne veux pas dire symbolique, là, mais c'est un
montant où on va pouvoir dire au conseil municipal... C'est parce que j'ai
l'impression qu'on dit au conseil municipal :
Tu peux intervenir quand tu veux. Si on lui dit : Bien, à partir de tel
montant, tu sais, là, tu vas avoir... là, tu vas pouvoir utiliser ton
pouvoir discrétionnaire pour intervenir. Moi, c'est plus sur cet aspect-là, ce
n'est pas tant, genre...
Puis je le dis, là, il y a des avocats... il y a
des petites municipalités qui vont chercher des avocats... Dans les
municipalités, là... Les municipalités font affaire avec des gros cabinets.
Même les petites municipalités travaillent avec des gros cabinets puis ils les
paient. Ce n'est pas... Moi, je suis à l'extérieur de Montréal, j'ai sept
municipalités, j'en avais 23 comme préfète,
puis ils travaillaient presque tous
avec des cabinets de Montréal pour les dossiers municipaux.
Mais, de
toute façon, ce n'est pas là, ma question. Moi, là, c'est de mettre un... tu sais, de
mettre un... même pas un plafond, là, un plancher à partir du moment, tu
sais, qui... Je ne sais pas, j'ai de la...
Mme Laforest : En fait, ce que vous
me parlez, là... je pense un peu, ce que vous dites, là, ça représente vraiment... Ce que vous voulez, d'après moi, là,
ce que je pense, là, ce que vous voulez vraiment mentionner ou donner en
exemple, c'est que ça prendrait un point d'équilibre. Mais le point d'équilibre
qu'on pourrait... sur quel montant qu'on pourrait statuer, par exemple,
si on dit : On a un plancher, c'est 5 000 $, je donne un
exemple, bien, si c'est ça, notre point
d'équilibre, puis la... ce n'est pas raisonnable pour la cause, par exemple, un
don de 250 $, puis notre plancher est
à 5 000 $, c'est là qu'on ne peut pas. Ça fait qu'il faut toujours
revenir à notre notion des frais qui sont raisonnables. Ça fait que je
pense que... C'est parce que ce serait vraiment dur à appliquer, moi, je pense,
de la manière que...
Mme Nichols : Bien, ce n'est
pas ça que je dis. Je ne fais pas le parallèle avec le montant de la procédure.
Tu sais, je ne fais pas le... Tu sais, le
don de 250 $, là, si ça coûte 1 500 $, puis la cause est finie,
là, bien, elle est finie, la cause, puis ça aura coûté
1 500 $, mais le conseil municipal aura... ne sera pas intervenu pour
dire... pour intervenir sur cet aspect-là parce que ça n'arrivait pas au palier
pour dire : O.K., là, on intervient puis... Ce n'est pas clair?
Mme Laforest :
Oui, c'est clair, mais c'est parce que c'est comme inapplicable. Je ne sais pas
comment... je trouve que... Je ne
sais pas si moi... Je ne m'exprime peut-être pas de la bonne manière, mais je
trouve que de le présenter de cette manière-là, bien, c'est impossible,
parce que ça prend quand même comme...
Bref, la municipalité, puis je vais revenir, là,
avec notre cause de Lacolle, là, bien, ça revient à ce qui est de... c'est quoi, la nature, est-ce que c'est complexe,
est-ce que c'est... quels frais seraient raisonnables par rapport à la nature
de la cause, par rapport à la complexité de
la cause. Puis c'est certain que, là... Imaginez, là, on est en 2021, on
applique des montants. Admettons, on
est ensemble, on adopte l'amendement, puis on met un plafond ou un plancher,
peu importe, puis là c'est certain que, dans deux ans, il va falloir le
changer, il va falloir changer nos montants. Alors, ça veut dire que les montants qu'on établit ici ne seraient plus du
tout adaptés dans deux ans. C'est pour ça que... Je ne sais pas comment,
mais moi, je ne vois pas comment qu'on pourrait appliquer cette demande-là. Ça
fait que je ne sais pas.
Mme Nichols : Ce n'est vraiment
pas ça, ce n'est pas... tu sais, ce n'est pas... Tu sais, c'est un montant...
Parce qu'on dit que la municipalité, là, va faire l'appréciation cas par cas.
La municipalité va décider, ça, si c'est... va décider si
c'est proportionnel à la nature et... parce que c'est un «et», là, «et à la
complexité de la procédure visée». On vient
donner dès le début un pouvoir discrétionnaire à la municipalité. Ça fait que
la municipalité, là, c'est bien «rough» ce que je vais dire, là, mais
mettons qu'il n'aime pas la face de l'élu qui se fait poursuivre, il va
dire : Hé! c'est non, rends-toi à la fin, mon homme, sèche-toi ou... «mon
homme», là, je dis ça comme ça, là, mais, tu sais, rends-toi à la fin, puis, si
tu gagnes, on te remboursera. Bien, non, tu sais, il aurait peut-être besoin
de... C'est un élu municipal, puis lui, il continue à plaider que c'est dans le
cadre de ses fonctions.
Puis je ne dis pas qu'il faut autoriser
500 000 $, puis je ne suis pas dans le cas du criminel non plus, mais
ce que je dis, c'est qu'avant que la
municipalité puisse venir utiliser ce pouvoir-là puis venir juger par
elle-même, pourquoi on ne met pas
10 000 $? Pourquoi, genre... Puis ça se peut que la procédure, ça ne
soit pas 10 000 $, mais il reste qu'un don illégal, c'est un
don illégal, là. Si c'est 250 $, c'est... Un don illégal, c'est un don
illégal, peu importe le montant de la procédure.
Mais, moi, ce que je veux dire, c'est... tu
sais, c'est un montant pour dire à la municipalité : Tu n'utiliseras pas
ton pouvoir discrétionnaire. L'élu municipal, là, il a le droit à
10 000 $ pour se défendre. Si l'élu municipal, il prend plus que
10 000 $ pour se défendre, bien là, là, tu... là, comme conseil
municipal, tu pourras intervenir puis tu pourras
dire : Bien, regarde, on t'a avancé 10 000 $. Puis, même à la
fin, là, tu sais, s'il perd, s'il est trouvé coupable, là, la municipalité pourrait dire : Tu me le
rembourses, là, le 10 000 $, bien, de toute façon, c'est ça qui est
prévu, là, tu me le rembourses, là, le 10 000 $, là.
Ça fait que, dans le fond, ce montant-là, là,
c'est... tu sais, c'est pour ne pas donner la... tu sais, c'est pour minimiser
l'intervention du conseil municipal dans le droit de se protéger contre une
poursuite de l'élu municipal. Puis, moi, ça me va, là, protéger le citoyen,
c'est pour ça que je dis : On ne donne pas 500 000 $, là. On ne
dit pas à la ville : C'est
500 000 $. Mais, tu sais, je trouve qu'on vient protéger ici l'élu
municipal, parce que c'était l'intention du législateur quand ils ont fait le
projet de loi. Quand ils ont fait cette loi-là, là, c'était l'intention du
législateur de protéger l'élu municipal. On prend des décisions, les
élus municipaux s'exposent à des poursuites, puis, des fois, c'est des
poursuites, à la fin, qui sont frivoles. Puis on va se le dire, là, ça arrive
souvent, entre autres, là, après les élections municipales, là, dès qu'on prend
une première décision, on se ramasse avec...
Ça fait que moi, je cherche juste un moyen, tu
sais, pour ne pas qu'on donne le genre de carte blanche au conseil municipal.
Ou même, là, tu sais, c'est de dire au conseil municipal : Bien, il a le
droit de se défendre, l'élu municipal, puis on va lui accorder jusqu'à
5 000 $, puis ça sera 5 000 $ pour un élu à Montréal aussi.
Puis, après ça, à la fin, bien, il se retournera... Puis, tu sais, ça va lui
donner un montant de départ pour faire valoir une défense, un début de défense.
Parce que, quand tu vas voir l'avocat, il faut que tu donnes un dépôt, puis il
faut qu'il rédige le document de défense, et... Ça fait que, tu sais, moi, je
me dis un montant minimum...
Ou, sinon, le collègue de Chomedey avait raison,
pourquoi on ne fait pas comme à l'Assemblée nationale, on ne fixe pas les honoraires maximums? Tu sais, pour
toutes les municipalités, c'est 200 $ de l'heure ou 150 $ de
l'heure, puis, en haut de ça, bien, tu le paies de ta poche. Ça fait
que, si tu veux payer... Non, je ne les nommerai pas.
La Présidente (Mme Boutin) : ...Mme
la députée, c'est tout le temps que vous aviez. Est-ce que quelqu'un d'autre
voulait intervenir? Oui, allez-y, M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, merci, Mme la
Présidente. Donc, je ne sais pas si Mme la ministre voulait réagir par rapport
aux dernières... à la dernière intervention de la...
Mme Laforest : J'ai réagi. Merci.
M.
Benjamin : D'accord. Mme la
Présidente, dans le cadre... Je vais intervenir sur l'amendement, évidemment,
mais permettez...
Une voix : ...
M. Benjamin : Pardon?
Une voix : ...
M. Benjamin : Oui, le
sous-amendement, merci. Merci, collègue. Je fais partie de cette génération
d'élus, d'anciens élus municipaux qui ont
été, donc... qui étaient là, donc, au moment où l'ensemble des municipalités québécoises, on a connu ce
grand sursaut de réveil, ce «wake-up call», pardonnez-moi l'anglicisme, Mme la
Présidente, sur les enjeux de
corruption. Et je regarde aussi, des années plus tard, tout le travail qui a
été abattu, tout le travail qui a été fait par les municipalités
québécoises afin de renforcer leurs structures. Je peux prendre pour exemple
une ville comme la ville de Montréal,
par exemple, tout ce que la ville de Montréal a mis en place, et j'aurais pu prendre d'autres
exemples aussi, d'autres municipalités du Québec, par rapport aux enjeux
concernant la lutte contre la corruption.
Et je pourrais même évoquer, je me rappelle,
lors de ma réélection en 2013, Mme la Présidente, le serment d'office qu'on
avait à prononcer pour les élus montréalais. C'est un serment très particulier.
C'est un serment où, nommément, on parlait,
on faisait allusion, donc, clairement, donc, il y a... dans le texte, on
parlait de s'engager vraiment contre
la corruption, donc. Et ça, je pense que je ne risque pas de me tromper si je
dis qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites, mais
évidemment il restera toujours des choses à faire dans la lutte contre la
corruption, il restera toujours des choses à faire. Et ce
que nous pouvons faire, ce que nous avons l'opportunité de faire, justement,
dans cette Assemblée, dans le cadre
particulier de ce projet de loi, c'est de pouvoir mieux accompagner, bien accompagner les
municipalités dans toutes leurs stratégies de lutte contre la corruption.
Ça tombe bien, il n'y a pas de match des
Canadiens ce soir, donc je soupçonne qu'il y a probablement quelques personnes qui nous regardent ce soir,
donc, dans le cadre de cette étude détaillée. Et moi, je ne suis pas avocat,
Mme la Présidente, donc c'est des questions de non-initié que je vais poser,
donc. Par exemple, lorsqu'on parle, dans ce
projet de loi là, de poursuites de nature criminelle, j'aimerais savoir :
Est-ce qu'on fait allusion à des poursuites en vertu du Code criminel?
Est-ce que c'est de cela dont il s'agit?
• (21 h 40) •
La Présidente (Mme Boutin) : Vous
pouvez répondre avec votre voix, oui.
Mme Laforest : Oui, oui, oui.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
M. Benjamin : Oui? Ah! d'accord,
parfait. Maintenant, l'autre question que j'ai : Est-ce qu'il se pourrait,
par exemple, que certaines poursuites, donc,
puissent s'apparenter à la criminalité, à une forme de criminalité, sans
qu'elles soient... sans qu'elles tombent sous le coup du Code criminel?
Je ne sais pas, donc, c'est...
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Bien, je
peux... À vrai dire, il y a différents types de... Si c'est de la nature
criminelle, normalement le législateur fédéral les inclut dans le Code
criminel. Autrement, bien, c'est de la nature plus pénale.
M. Benjamin : Pénale.
Mme Nichols : Est-ce qu'on peut
suspendre, Mme la ministre?
Une voix : ...
Mme Nichols : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Oui, on
va suspendre quelques instants, oui.
(Suspension de la séance à 21 h 41)
(Reprise à 22 h 05)
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
allez-y.
M.
Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, j'en étais, Mme la Présidente, sur les questions
que j'imagine que peut-être certains citoyens pourraient poser, donc, et je me mets dans la
peau de ces citoyens-là, donc, pour les poser. Donc, quand on... Et la question
que je posais tout à l'heure, est-ce
que... et c'était le... maître qui
nous répondait, se pourrait-il... Est-ce qu'il pourrait y avoir des
crimes qui ne tombent pas nécessairement... en fait, des infractions, en fait,
on va parler d'infractions pour être plus précis, qui ne tombent pas... je
pense...
Je vais y aller avec un exemple plus
précis : un élu municipal, par exemple, qui se fait poursuivre par... qui
est membre d'un ordre professionnel, par exemple, je ne sais pas, qui se fait
poursuivre par son ordre professionnel parce
qu'il aurait commis une infraction mais dans le cadre de son travail comme élu
municipal. À ce moment-là, comment tout ça... comment ça va... comment
ça se passe, maître, à ce moment-là?
M. Paradis (Nicolas) : Merci. Il y
a, effectivement, plusieurs cas, là, qui ne sont pas des infractions de nature
criminelle. Supposons qu'un élu municipal qui se trouverait, par ailleurs, à
être avocat, si je veux prendre votre
exemple, qui, dans le cadre... bien qu'en exerçant sa charge, sa fonction d'élu
municipal, poserait un acte dérogatoire envers son code de déontologie
d'avocat, de membre du Barreau, puis qu'à ce moment-là, bien entendu, il
serait... je ne sais pas si c'est poursuivi
ou mis en examen par son comité de déontologie, si c'est lié à un acte
proprement dit qu'il a posé, il
faudra voir si une défense liée à un acte et à l'exercice de fonction d'élu...
Ça m'apparaît éloigné, parce que c'est lié à la déontologie comme
avocat, cet exemple-là.
Mais je serais porté à me dissocier peut-être un
peu de votre exemple, parce que c'est des contextes bien particuliers, la
déontologie des ordres professionnels, mais il y a des infractions qui sont
prévues, dans les différentes lois
provinciales, qui ne sont pas des actes criminels, vrai. Dans ce cas-là, par
contre, comme Mme la ministre l'évoquait plus tôt, on serait donc non
pas dans une situation criminelle visée par le paragraphe 2° de
l'amendement mais plutôt dans une situation
de poursuite à une connotation plus civile ou pénale. Et, si tel était le cas
et qu'il s'avérait qu'il s'agissait d'une faute lourde ou
intentionnelle, à ce moment-là, la municipalité pourrait alors demander le
remboursement des frais qu'elle aurait versés,
conformément aux règles déjà prévues dans le régime de défense. Alors, de sorte
que la municipalité... le régime permet, dans un cas comme ça, d'éviter qu'il y
ait des paiements qui ne soient pas justifiables, le régime est ainsi déjà
fait, là.
M. Benjamin : Et, au niveau de la
Loi concernant la lutte contre la corruption, ce que je comprends... est-ce que
je dois comprendre qu'en lien toujours avec l'amendement que ma collègue a
déposé vous semblez nous dire que c'est
comme implicite, c'est implicite, donc, tout ce qui est infraction, poursuite
de nature criminelle, c'est... Donc, dès
qu'on parle de cas concernant la Loi concernant la lutte contre la corruption,
c'est déjà inclus. Est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Paradis (Nicolas) : Il y a deux...
Je vais le reprendre. Il y a différents actes qui sont prévus à
l'article 2 de la Loi concernant la lutte contre la corruption. Plusieurs,
voire la majorité de ceux-ci sont des actes criminels, et... Parce que cette loi-là, elle n'est pas dans une dynamique
de poursuite criminelle, elle est dans une dynamique d'application
différente liée à des... à lutter contre la corruption dans le cadre des
activités des organismes publics, provinciaux ou autres.
Donc, ne serait-ce que le paragraphe 1°,
là, on dit : «Une contravention à une disposition d'une loi fédérale...»
Loi fédérale, à quoi on pense principalement, c'est le Code criminel, mais il
pourrait y avoir la Loi sur la concurrence aussi. Bon, la loi fédérale ou une
loi du Québec, «un règlement pris en application d'une telle loi», et
là : «si cette contravention implique de la corruption — corruption,
c'est un acte criminel — de
l'abus de confiance — il
y a des actes criminels à cet égard-là — [...]malversation — il y
a des actes criminels également liés à la malversation — [...]collusion,
[...]fraude [...] trafic d'influence», c'est le cas également, après ça, entre
autres... dans, entre autres, certains actes particuliers, et là on réfère à
des actes plus civils, donc liés comme à l'adjudication des contrats. Là, on
est dans une déclinaison civile, ce ne sont pas ces infractions-là, à
proprement dit, qui sont vues.
Mais, s'il se trouvait qu'il y avait par
ailleurs d'autres infractions liées, à titre d'exemple, à la collusion dans des
dispositions pénales ou civiles, bien là, dans une loi du Québec, donc à nature
non criminelle au sens du Code criminel, bien là, à ce moment-là, on ne serait
pas visés par le paragraphe 2°, on serait visés par les autres règles qui
sont prévues dans le régime, qui permet, à ce moment-là, à la municipalité
d'apprécier la possibilité de rembourser si on est... si c'est une faute lourde
ou intentionnelle. Donc, tout est couvert à cet égard-là.
• (22 h 10) •
M. Benjamin : Donc, alors, à une
première question que j'avais posée, donc, vous m'aviez confirmé que, quand on
parle de poursuite de nature criminelle, on parle de... donc, c'est lié au Code
criminel. Et là je vous ai bien entendu, vous m'avez dit que, dans la Loi concernant
la lutte contre la corruption, donc, il y a beaucoup d'éléments qui concernent
le Code criminel, mais il y a des éléments qui ne concernent pas... qui ne
concernent pas le Code criminel. Donc, ce n'est pas gratuit, donc, d'évoquer à
la fois poursuite de nature criminelle et Loi concernant la lutte...
l'article 2, la Loi concernant la lutte contre la corruption.
M. Paradis (Nicolas) : Si le
législateur s'exprimait ainsi, à terme, il dirait deux fois la même chose sur plusieurs
éléments en ce que, comme je vous dis à l'égard du paragraphe 1° de
l'article 2, en tout cas, les éléments qui sont identifiés peuvent tous
être liés à des actes criminels. Donc, ce serait dire deux fois la même chose.
Par contre, il y a, dans les autres paragraphes,
contravention à des dispositions de la Loi sur les contrats des organismes
publics. C'est du civil, ce n'est pas du criminel. Il est vrai que c'est
différent, ça n'est pas du criminel. L'usage abusif de fonds publics ou de
biens publics, ce n'est pas du criminel, c'est vrai, mais ces cas-là sont donc
rejoints autrement que dans le régime de défense des élus en permettant à la
municipalité de se faire rembourser s'il s'agit d'une faute lourde ou
intentionnelle.
«Un usage abusif des fonds publics», «abusif»,
ce n'est pas un usage erroné des fonds publics mais bien abusif. Donc, la
connotation de «abusif» permettrait vraisemblablement, lors d'un cadre... s'il
devait y avoir une appréciation par un tribunal, de considérer qu'il peut,
selon les faits qui lui seraient présentés, s'agir effectivement d'une faute lourde ou intentionnelle. Ça s'écarte
de ce que... Les termes du Code civil sont ainsi faits, la personne raisonnable
est à même d'apprécier individuellement.
M. Benjamin : Merci.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Oui, M. le député... Vous avez terminé, M. le député de Viau? Parfait. M. le
député de Chomedey, oui, à vous la parole.
M. Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. Je regardais le sous-amendement proposé par mes collègues et je me
questionnais. J'apprécie qu'on s'interroge sur l'article 2, qui est toute
la définition des actes répréhensibles dans la
Loi concernant la lutte contre la corruption. J'apprécie aussi les
commentaires, Mme la Présidente, de Me Paradis. Et, comme je l'ai souvent mentionné depuis quelques
jours, c'est des choses qui vont rester. Et puis ça aide à nos citoyens
à comprendre.
Je souriais quand Me Paradis, Mme la
Présidente, me parlait de faute lourde ou intentionnelle. Sans parler de cas
personnels, c'est quelque chose... c'est à peu près la chose la... On a
beaucoup parlé de raisonnable tantôt, mais la faute lourde et intentionnelle,
c'est une autre chose qui est tellement dure à définir. Qu'est-ce qui est une
faute lourde? Bon, on la prend pour acquise, puis il faut la prouver, parce
que, puis on revient à la loi contre la corruption, on ne
peut pas poursuivre le commissaire dans sa loi à moins de prouver une faute
lourde. Vous comprenez qu'une faute lourde, la définition d'une faute lourde,
là, il y a tous les critères, puis c'est très particulier. C'est pour ça que ça
m'a fait sourire quand Me Paradis a amené ces explications-là, Mme la
Présidente.
Et je suis satisfait des explications, aussi,
qui ont été données par Me Paradis à l'effet que, dans la définition
d'acte répréhensible, il y a plusieurs actions, dans cette définition-là, qui
sont couvertes par des infractions au Code criminel
et qui sont déposées par autant la Direction des poursuites criminelles et pénales... qui touchent la corruption.
Je pense que ce qui est important ce soir, c'est
que les gens qui nous écoutent et les gens qui nous liront dans le futur
réalisent que les parlementaires ont une préoccupation pour la lutte contre la
corruption, et les parlementaires ont une préoccupation dans les frais de
défense payables, que, tout ce qui touche à la corruption, de près ou de loin,
qui sera généré ou qui sera couvert par le Code criminel, on avait cette
préoccupation-là et qu'il faut effectivement s'assurer que des actes reliés à
la définition de l'article 2 de la loi contre la corruption soient
couverts par... soient inclus ou fassent partie des exclusions des frais de
défense. Ça veut dire qu'on ne paie pas de frais d'avocat quand c'est des
infractions reliées à ça.
On a cette
préoccupation-là, on l'a exprimée, et, moi, en tout cas, des explications que
j'ai entendues, Mme la Présidente, de
Me Paradis, que c'est couvert, et les explications complémentaires de la
ministre me rassurent à ce point de vue là aussi, que c'est couvert par
des accusations en vertu du Code criminel, qui touche tout ce qui peut toucher
la corruption.
Parce que le mot «collusion», dans le Code
criminel, ça n'existe pas, ça n'existe pas, ça existe juste dans la Loi de la
concurrence. Dans le Code criminel, on parle de corruption, mais le mot
«collusion», c'est dans une loi fédérale qui touche la concurrence. Mais on
sait tous c'est quoi. Probablement que ça va aboutir sur des accusations d'abus
de confiance, ça va aboutir sur des accusations de fraude, mais ça aura une
interrelation avec la corruption. Et je pense qu'on a sensibilisé Mme la
ministre sur nos préoccupations à cet égard-là. Et les explications que j'en ai
eues de la part de Mme la ministre et de Me Paradis me satisfont, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Allez-y, Mme la ministre, vous vouliez intervenir?
Mme Laforest : Bien, je le sais quand
même, mais c'est important de le préciser. Parce que, suite à votre question à
Me Paradis, il faut quand même voir qu'il y a la Commission municipale, il
y a le CIME, le Commissaire à l'intégrité
municipale également. Puis je salue quand même leur travail, parce que, là,
c'est vrai qu'on va plus loin, puis c'est vrai que, là, il y a l'UPAC aussi.
Mais, en même temps, puis suite aussi à votre commentaire, c'est important
de mentionner que je le salue, parce qu'avec l'article 93.1 on démontre
vraiment, comme vous le dites, qu'il y a des décisions qui se prennent au
niveau législatif pour protéger nos citoyens également, nos élus aussi et les
employés municipaux. Ça fait que je pense
qu'il faut quand même saluer le travail que fait le CIME, le Commissaire à
l'intégrité, et la Commission municipale évidemment, et l'UPAC aussi.
Mais je pense qu'avec l'article 93... Je
suis contente de l'avoir entendu tantôt, parce que je veux quand même juste...
puis vous le savez sûrement, là, que le CIME, quand même, travaille très, très
bien, la CMQ travaille très, très bien,
mais, en même temps, on vient redonner certains pouvoirs à la CMQ et on vient,
justement, dire que, pour les actes, si
je peux dire, criminels ou civils, bien, encore là, il va y avoir des mesures
qu'on va aller plus loin pour les municipalités.
Ça fait que je pense qu'on encadre bien tout ce
qui est peut-être... où il y avait un certain vide dans les municipalités, qu'il pouvait y avoir un vide, ou
encore, tu sais, tantôt, on disait des frais judiciaires, il pourrait y avoir
de l'abus. Bien, je pense qu'aujourd'hui ce
qu'on fait, puis c'est important de le mentionner, ce qu'on a fait aujourd'hui
avec l'article 93.1, c'est vraiment... C'est toujours des gros articles,
là, d'ailleurs, qu'on travaille, chaque article est tellement important, parce
qu'il y a beaucoup de changements dans ce qu'on fait au niveau législatif,
depuis le début, dans tous les projets de
loi qu'on a faits, mais, en même temps, je pense, l'article 93.1 est
essentiel. Puis ce sera plus clair aussi.
Quand il va y avoir des décisions qui seront prises par la CMQ, bien, avec ça
aussi, ça va les aider, ça va nous aider, puis ça va aider les élus et
les citoyens du Québec aussi.
• (22 h 20) •
M. Ouellette : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Oui.
M. Ouellette : En réponse au
commentaire que je viens d'entendre de Mme la ministre, dans tous les
commentaires qu'on a faits depuis le début de la soirée sur les montants
maximaux, les frais de défense, etc., je pense qu'à plusieurs de mes collègues
il leur est passé dans la tête... il leur est revenu l'idée, à ce
moment-là : le Commissaire à
l'intégrité municipale a beaucoup de pouvoirs, il a une fonction très précise, il
pourrait probablement... Puis
ça ne sera pas à 93.1, mais on le regardera, parce que, dans le projet de loi, on précise certains pouvoirs, on lui enlève certaines choses
pour redonner à la Commission municipale, puis on jasera quand on sera arrivés
là.
Mais je me posais la question : L'arbitrage
sur le mot «raisonnable» dans les municipalités moins fortunées, d'autres qui le sont plus, certains
questionnements qui pourraient être faits par un nouvel élu qui a à trancher et à soumettre certaines idées pour une
résolution à... pour engager des frais des citoyens, est-ce que ça ne pourrait
pas, dans nos discussions futures, puis
gardons-le en mémoire... est-ce
que ça ne pourrait pas... est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir une référence ou qu'on ne pourrait pas
enchâsser dans la loi, dans un prochain article, à quelque part, une responsabilité
additionnelle pour le Commissaire à l'intégrité municipale, qui
pourrait agir comme arbitre ou qui pourrait agir comme référence sur les frais raisonnables ou certaines
technicalités suite à la... Exemple, la décision que vous avez eue ou que Mme la ministre nous
faisait référence par rapport à Lacolle aujourd'hui, ça va amener, sur le terrain, des changements, ça
va amener une nouvelle perception. Chaque nouvelle décision de la Cour
supérieure va amener des ajustements.
Pensons ou gardons à la mémoire... puis vous me
le faites penser par l'intervention que vous venez de faire, gardons à la mémoire,
quand on arrivera aux articles qui touchent le Commissaire à l'intégrité
municipale ou la Commission municipale, ne devrait-on pas leur garder un droit
de regard, ou un droit de référence, ou un droit de... une fonction quelconque pour s'assurer d'une équité et d'un service
qu'ils auraient à donner aux 1 138, 1 138 ou 1 183, là, ça
change d'une journée à l'autre... c'est plus difficile à compter que les corps
de police, mais pour l'ensemble des municipalités du Québec, qu'elles soient
petites ou qu'elles soient grandes? Je pense que c'est une réflexion qu'on doit avoir, et que j'exprime là, puis qui
reviendra dans les prochains articles, parce que je pense qu'à 93.1 on a pas
mal fait le tour.
Mme Laforest : Merci. Mais je vous
invite à continuer de venir ici, à la commission, parce qu'honnêtement, ce que
vous dites, le CIME, la CMQ, vous ne serez pas déçu, là, pour les prochains
articles qui seront étudiés, puis vous allez voir que vos préoccupations sont
entendues.
M. Ouellette : Merci, Mme la ministre. De toute façon, j'ai...
étant député d'une ville de l'importance de Laval, qui sert d'exemple
dans beaucoup de nos articles, quand on a changé certaines choses, positivement
ou, des fois, peut-être moins, je pense que
l'intérêt de nos citoyens puis l'intérêt des citoyens lavallois sont là. Ça
fait que je me fais un peu le
porte-parole des six députés de Laval, parce qu'on est six sur l'île de Laval,
on représente 440 000 personnes, je pense qu'on a... on leur
doit cette... d'avoir le meilleur projet de loi possible. Puis c'est pour ça
que, quand je partage ce genre de réflexion, Mme la Présidente... et je pense
que Mme la ministre y voit un objectif, effectivement, qu'on soit en mesure
d'accomplir notre rôle de législateur de la meilleure façon possible.
Merci. Ça sera probablement mon dernier
commentaire de la soirée, Mme la Présidente. Puis j'accepte l'invitation
de la ministre, je vous promets, puis déjà je m'engage à revenir demain.
La
Présidente (Mme Boutin) : Vous
êtes toujours le bienvenu, M. le député de Chomedey.
Est-ce qu'il y avait d'autres interventions pour le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix du
sous-amendement par appel nominal. Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire
formant le gouvernement, M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons donc à l'amendement qui introduit l'article 93.1.
Pour vous donner une idée, là, M. le député de Viau, il vous reste près de cinq
minutes, et, M. le député de Chomedey, il reste une minute. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Bon, alors, on y va
sur l'amendement. Donc, merci, Mme la Présidente. Donc, quand on revient
sur le deuxième paragraphe, Mme la Présidente, donc, quand on dit... qui
se lit comme suit : «Elle est aussi dispensée de ces obligations dans le
cas d'une poursuite de nature criminelle, tant que la poursuite n'est pas
retirée ou rejetée ou que la personne n'est
pas acquittée [ou] un jugement passé en force», lorsqu'il s'agit... par exemple, s'il s'agit... nature... des poursuites, par exemple, de l'UPAC, par exemple, j'aimerais savoir ça tient à quoi, finalement,
l'interprétation de ce paragraphe-là.
La Présidente (Mme Boutin) : Me
Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci. Les
poursuites de l'UPAC, lorsqu'elles ont un lien avec des connotations pénales ou criminelles, vont, à ma connaissance, être effectuées par le biais du DPCP, qui procédera, donc, aux
poursuites appropriées. Donc, ça va entrer là-dedans s'il s'agit d'actes
criminels.
M. Benjamin : Donc, pendant que vous
y êtes, maître, donc, je vais continuer, donc, sur... À moins que la ministre
souhaite peut-être y répondre. Quand on parle, dans le premier paragraphe, «les
frais engagés en vertu du deuxième alinéa
doivent être proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure
visée», donc, on parle de quel type de procédure, à ce moment-là, quand
on parle de procédure visée?
M. Paradis
(Nicolas) : Bien, des procédures criminelles. Dans ce cas-ci, là, pour
prendre l'exemple que vous avez, c'est la procédure criminelle, donc c'est les
actes d'accusation criminelle qui... Donc, c'est la procédure judiciaire.
M.
Benjamin : Oui. Et ça, ça commence dès l'accusation? Ça commence à
partir de quand, cette procédure-là?
M. Paradis (Nicolas) : En matière
criminelle, la procédure judiciaire commence par la mise en accusation.
M. Benjamin : O.K. Donc, dès la mise
en accusation. Parfait. C'est bon, merci.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Il reste deux minutes, là, avant la fin, vous
pouvez... Il n'y a pas d'autres interventions? Parfait. S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder avec la mise aux voix de l'amendement qui
introduit l'article 93.1, par vote nominal... appel nominal, pardon.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'amendement qui introduit l'article 93.1 est adopté.
Alors, maintenant, je vais vous remercier de votre belle collaboration, là, de
fin de soirée.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 29)