(Onze
heures trente-cinq minutes)
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 16, loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement et la domination de la Régie du logement et l'amélioration de ses
règles de fonctionnement et modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec et diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal.
M. le
secrétaire, y a-t-il des remplacements ?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par M. Fontecilla
(Laurier-Dorion); Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par M. LeBel
(Rimouski).
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci. Nous allons entendre, cet avant-midi, l'Association des
propriétaires du Québec et l'Association professionnelle des courtiers
immobiliers du Québec.
Je demanderais un consentement
parce qu'on commence comme six minutes... donc, s'il faut retrancher les six
minutes pour finir à 13 heure, parce qu'on m'informe qu'il y a un caucus
ici qui se tient à 13 heures.
Mme Thériault :
...retirer six minutes?
La Présidente
(Mme Dansereau) : Bien, qu'on va partager dans...
Mme Thériault :
Bien, on peut donner le consentement pour continuer au-delà de 13 heures.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Bien, c'est parce que, si je demande
le consentement, je... Bon, je vais demander le consentement pour
poursuivre jusqu'à 13 h 6.
Des voix :
...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Bien... non, mais lui, il ne donne pas
consentement, ça fait qu'on fait quoi?
Une voix :
Il n'y a pas consentement, alors...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Ça fait qu'il n'y a pas consentement, ça fait
qu'on va diviser...
Mme Thériault :
Je comprends, Mme la Présidente, mais on n'a déjà pas beaucoup de temps pour
poser des questions, c'est le gouvernement qui en a plus.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Je suis d'accord.
Mme Thériault : Je comprends que mon collègue aussi, il a juste deux
minutes et quelques. Si on commence à retirer six minutes, ça veut dire que de
deux minutes et quelques, on va passer en bas d'une minute, c'est plate en
maudit.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Bien, c'est parce qu'il n'y a pas consentement,
ça fait que...
Une voix :
On devrait commencer tout de suite.
Auditions (suite)
La
Présidente (Mme Dansereau) : O.K., merci. Donc, je souhaite la
bienvenue à l'Association des propriétaires du Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à présenter puis à commencer votre exposé... à
vous présenter.
Association des propriétaires du Québec (APQ)
M. Messier (Martin A.) : Mme la Présidente, merci. Mme la ministre, Mmes
et MM. les députés, merci. On va contribuer, en parlant un petit
peu plus vite, à votre gain de temps. Mon nom est Martin Messier...
La Présidente
(Mme Dansereau) : ...vous avez 10 minutes, ça, c'est correct.
M. Messier (Martin A.) : Donc, mon nom est Martin Messier, je suis
président de l'Association des propriétaires du Québec, également avocat de formation. Je suis accompagné de
Me Annie Lapointe, qui est notaire, et de Me Robert Soucy, qui est avocat, qui pratique en droit du logement,
qui est également président du Comité de liaison entre le Barreau de Montréal
et la Régie du logement et qui, à un moment dans sa pratique, a été régisseur à
la Régie du logement.
L'APQ,
Mme la Présidente, c'est 17 000 membres, 17 000 membres,
300 000 logements, de petits propriétaires, de grands propriétaires, de petits propriétaires
qu'on a la mission d'accompagner au quotidien, donc, dans l'offre de services
qu'on leur adresse, on s'assure qu'ils sont
accompagnés dans l'ensemble du processus, donc, du début à la fin dans leurs
questionnements, dans le stress que génère
parfois la détention d'un immeuble en propriété et les débats qui peuvent se
retrouver devant la Régie du logement.
Donc,
sans plus tarder, on va débuter avec Me Soucy, où on va traiter de la
portion logement. Me Lapointe adressera quelques mots par la suite sur la section copropriété, qui touche de
plus en plus de propriétaires investisseurs, de copropriétés à des fins
de location. Donc, Me Soucy.
• (11 h 40) •
M. Soucy (Robert) : Bonjour. Bonjour, Mme la Présidente, Mme la
ministre, les membres du Parlement. Écoutez, nous sommes heureux de venir ici pour discuter du projet de loi. Nous
apprécions le projet de loi, nous sommes là, ici, pour l'appuyer, là, dans la très grande majorité des
dispositions, sauf qu'on a quelques remarques, quelques bémols à apporter
qu'on aimerait discuter et soumettre ici à
la commission. D'abord, si on regarde notre mémoire, on a 14 points, là, où on
est d'accord, mais je ne parlerai pas
des points qu'on est d'accord, je vais aller immédiatement aux points où on a
certaines réserves.
Le
premier point, je crois que c'est à
la page 3, là, de notre mémoire, c'est le dépôt après la notification. C'est
qu'on doit... la preuve de la
notification avec une liste des pièces, ça doit être déposé dans les 30 jours
suivant l'introduction de la demande,
sinon la demande qui est faite devient périmée, puis le tribunal ferme le
dossier. Il faut penser que parfois il
y a beaucoup de gens qui ne sont pas représentés par avocat, il y a beaucoup
de gens qui, à la Régie du logement, se présentent seuls, ils ne sont pas familiers avec les délais.
Donc, nous, ce qu'on suggère, bien, c'est qu'avant de fermer le dossier le
tribunal envoie un avis incomplet avant la
fermeture du dossier pour aviser la partie
que son dossier est incomplet, qu'il va être fermé. Et, encore là, on peut
suggérer aussi que, lorsque le dossier est fermé après 30 jours, la possibilité
de réouvrir le dossier... 30 jours de
la fermeture si la partie dépose les preuves manquantes, donc corrige son
défaut. Ça, c'est la première remarque qu'on aimerait apporter à votre
attention.
L'autre remarque,
c'est la procédure sur dossier sans audition, c'est l'article 83 du projet,
c'est l'article 60 de la Loi de la Régie.
Notre inquiétude, c'est les demandes de non-paiement de loyer et de résiliation
de bail. On le sait que les demandes de non-paiement de loyer et de résiliation
de bail, ça représente, bon an, mal an, entre 40 000 et 60 000
demandes à la Régie du logement.
Donc, ça demande beaucoup d'énergie de la part de la régie, il faut réserver
des locaux, réserver, traiter les dossiers, puis ainsi de suite. Nous,
on s'attendait à ce que le greffier spécial qui entend ces causes-là, d'office,
il entende les causes sur dossier parce que
maintenant la demande est présumée faite sous serment. Donc, avec le dépôt des
pièces, le greffier, en l'absence d'une
partie, devrait être capable, à notre avis, de rendre jugement sur le dépôt des
pièces. Le problème, c'est
qu'aujourd'hui on déplace beaucoup de gens, on demande aux propriétaires de se
rendre, parfois il y a des retards
lors des auditions, des retards qui peuvent aller de 40 minutes à
50 minutes, même à 1 h 15 min, des fois
1 h 30 min, le
propriétaire se déplace, il attend durant 1 h 30 min, puis là il
arrive, il passe devant le juge, ça prend à peu près deux minutes pour faire l'audition. Donc, c'est très frustrant,
là, pour le contribuable, pour l'usager, là, que ce soit le propriétaire ou le
locataire, là.
Mais
ce qu'on doit demander, c'est que peut-être qu'automatiquement on puisse
entendre les dossiers sur dossier. Parce
que la façon que le projet de loi est rédigé, l'article 60 de la Loi sur la
Régie, on dit «si les parties le demandent ou y consentent», on peut présumer que, si les parties le demandent, ça
prend les deux parties, puis, si elles y consentent, bien, ça prend le consentement du locataire. Un
locataire qui est non payeur, des fois ce n'est pas facile d'avoir la
collaboration de quelqu'un pour avoir
le consentement pour procéder sur dossier, donc on prétend qu'on pourrait
demander à une personne de produire
une défense écrite. Dans tous les autres cas, ça serait sur le dossier
immédiatement, la partie n'a pas besoin de se présenter. Si on prévoit une défense écrite au locataire, bien, à ce
moment-là, il y aura convocation du propriétaire, du locataire, puis il
y aura une preuve qui sera faite devant le tribunal, mais on pense que plus que
80 % à 85 % des causes seraient
sur dossier, à notre humble avis, et ça pourrait accélérer le processus, et
libérer aussi beaucoup de régisseurs, de cours, et ainsi de suite, et
faire des économies.
Le
problème n° 3 qu'on veut traiter avec vous, c'est le témoignage du médecin
et du policier, du pompier puis des autres
inspecteurs en vertu d'une loi. On pense, nous autres, que les témoignages de
médecin, ça représente suffisamment d'importance
pour qu'on puisse convoquer le médecin. C'est sûr que, si le médecin, il
transmet un rapport suffisamment détaillé,
on n'aura pas besoin du témoignage du médecin, mais on peut penser aussi que
certains médecins vont faire des rapports un petit peu abrégés ou des
billets de complaisance, et là on voudrait avoir le droit de convoquer le
médecin, malgré que la loi prétend que le
rapport tient lieu de témoignage.
Donc, on devrait permettre à une partie, avec des motifs légitimes, de demander la présence soit du
pompier, ou soit du policier, ou soit du médecin, et là le tribunal déterminera
les circonstances puis les conditions
dans lesquelles on va accepter que le témoin vienne témoigner. Donc, on
voudrait, là, qu'il y ait au moins une ouverture là-dessus, on pourrait
exiger la présence physique.
Le
dernier point qu'on voudrait aussi discuter avec vous, l'assistance par un
tiers de confiance, article 90 du projet de
loi, là, qui est l'article
74 de la Loi de la Régie. On prétend, là, que «si son âge [et] si son état de
santé le requiert», on trouve ça très, très
large, on n'a pas d'encadrement, on ne sait pas c'est quoi, une personne...
si on réfère à l'âge de la personne, son état de santé, on ne sait rien de ça. Et la question,
c'est qu'une personne peut être représentée par avocat, une personne
peut être aussi représentée par une personne physique, un parent, un allié ou un ami, on a déjà ça
dans la loi. Et là maintenant on ajoute un «tiers de confiance». On voudrait
que, tout d'abord, on précise que ce tiers de confiance là ne doit
pas être rémunéré, il ne doit pas... ce service-là doit être gratuit parce qu'on
craint qu'il y ait des gens que... dans le marché,
développent des petites entreprises, puis il pourrait y avoir de l'exploitation
aussi des personnes âgées. Donc, on a une méfiance
par rapport à ça, et donc apporter des précisions pour bien
encadrer ça. Et aussi il faut s'assurer que le tiers de confiance, il est là pour assister la personne
âgée, mais c'est la personne âgée qui doit rendre le témoignage
et non pas la personne qui interfère dans le processus, dans le
déroulement de l'audience.
Je vous remercie de
m'avoir entendu puis je vais céder la parole à Me Lapointe.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Il vous reste une minute, madame.
Mme Lapointe (Annie) : O.K. Bonjour. Donc, en fait, ça va être très, très
rapide. Pour ce qui est des modifications proposées au Code civil du Québec en matière de copropriété
divise, l'APQ est en accord avec la plupart des modifications qui sont proposées. On était un petit peu préoccupés par rapport aux coûts additionnels que ça va engendrer pour
les syndicats, les copropriétaires. Toutefois,
globalement, on croit que ça constitue des bonnes pratiques, que c'est, dans
l'ensemble, souhaitable qu'elles soient
mises en place. Par contre, on va attendre avec impatience la réglementation du
gouvernement qui pourra préciser
certaines modalités de plusieurs de ces obligations-là, comme il est mentionné,
là, que ce sera fait dans le projet de loi.
Puis également, pour
terminer, on demande au gouvernement de définir avec plus de précision quels
sont les renseignements concernant
l'immeuble et le syndicat qui sont de nature à permettre à un acheteur de
donner un consentement éclairé et que le syndicat aura l'obligation de
le divulguer, là, en vertu du projet de loi. Voilà, merci.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Merci. Pile dans le temps. Je vous remercie.
M. Messier (Martin A.) : Mme la Présidente, si vous le permettez,
10 secondes. Simplement parce qu'on n'en a pas traité, mais évidemment, dans notre mémoire, vous
pourrez lire qu'on est conscients qu'il faut commencer à quelque part, mais que, dans le monde locatif, il y a deux
grands absents d'une réforme à venir : le dépôt de garantie puis les taux
sur les travaux majeurs.
La Présidente
(Mme Dansereau) : O.K. Merci pour votre exposé. Nous allons
maintenant débuter la période d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous,
vous disposez de 14 minutes.
• (11 h 50) •
Mme Laforest :
Bon, alors, bonjour à vous, je suis très heureuse de vous revoir aujourd'hui.
On a eu, d'ailleurs, des rencontres ensemble. Bonjour à mes collègues,
on se revoit encore.
Alors, je suis très,
très heureuse de voir, quand même, que vous êtes en faveur du projet de loi,
bien entendu, et je suis d'autant plus
satisfaite de votre accueil, comment je pourrais dire, tout à fait délicat par
rapport à certains autres groupes, si
je peux dire, qui se manifestent plus... qui sont plus mitigés par rapport au
projet de loi, mais en même temps qui sont tout à fait d'accord. Alors,
je remercie votre accueil et votre bonne négociation pour le projet de
loi n° 16.
Tantôt,
quand... Quand on s'est rencontrés, d'ailleurs, puis c'est ce point-là que
j'aimerais discuter avec vous, vous avez
mentionné, à la fin de vos déclarations, que vous vouliez parler des dépôts
garantis. Quand on s'est rencontrés, on a discuté aussi également des
dépôts garantis. C'est certain que, si je peux dire, si on ajoute ça dans le
projet de loi, moi, j'aimerais ça vous
entendre parce qu'il y a beaucoup de discussions au ministère, des discussions
positives, des discussions moins
positives, puis c'est quand même un point d'interrogation chez nous. Là, vous
dites que vous avez manqué de temps pour discuter du dépôt garanti,
alors j'aimerais ça vous entendre parce que c'est quand même un point qu'on a
discuté, d'ailleurs, dans les journées
précédentes, avec les autres partis, puis j'aimerais ça que vous me donniez les
bons arguments, si vous voulez qu'on
exige les dépôts garantis. Ça fait que ça, c'est vraiment un point important pour moi de vous entendre. Puis j'ai
d'autres questions aussi, là, je vais y aller par la suite, mais on peut
commencer par ce point-là, si vous voulez.
La Présidente
(Mme Dansereau) : La parole est à vous, M. le président. La
parole est à vous.
M. Messier (Martin A.) : Excellent. Donc, sur le dépôt de
garantie, Mme la ministre, pour nous, c'est important de sensibiliser les
locataires. Et évidemment on est conscients que c'est assez lourd parce qu'il faut démarrer un système
qui n'existe pas. On est à peu près
la seule juridiction en Amérique du
Nord, là, qui ne permet pas, d'une
façon ou d'une autre, un dépôt de garantie. Et il y a vraiment un impact
chez les propriétaires, mais aussi chez les locataires, je dirais, Mme la Présidente — je
m'excuse, je me suis adressé à vous directement. Donc, Mme
la Présidente, la situation
fait en sorte que les locataires qui
négligent leurs obligations vont abandonner le logement dans un état qui est
très souvent inadéquat, ils vont
briser des choses, retirer les choses. Et là le nouveau locataire, lui, qui
arrive dans cet environnement-là, déménage, c'est supposé être une situation heureuse, on vient dans un nouveau milieu de vie,
il retrouve un logement parfois totalement
infect. Et il y a vraiment
un effet de conséquence parce que les gens arrivent dans cette situation-là
puis ils se disent : Moi, j'ai
reçu le logement dans cet état-là, pourquoi est-ce que je ferais le ménage
avant de repartir? Pourquoi je laisserais le logement? Et il y a vraiment un effet où, en n'ayant pas la possibilité d'avoir un dépôt de garantie, on encourage les gens à laisser le logement en
mauvais état. Et ça a un effet croisé parce que,
si on réussit à avoir un budget d'opération
qui nous permet de faire des travaux
et que, là, on les dirige vers de la réparation des gens qui ont saccagé le
logement, bien, on nuit également à l'ensemble de l'immeuble, à
l'ensemble des locataires.
Donc, pour nous, le dépôt de garantie, c'est la
sensibilisation, c'est la concrétisation de l'obligation de laisser le logement
en bon état parce que l'alternative, elle n'est pas simple, elle est
pratiquement impossible à vivre. Et il faut d'abord... Notre locataire s'en va, s'il a laissé le logement comme ça, il ne
nous dit pas où il s'en va, il faut le retrouver, ensuite il faut introduire une demande à la Régie du
logement, donc on se retrouve aux prises avec les délais. Il y a une audience
qui doit être tenue, on a des délais d'un an
et demi et parfois deux ans sur ce type d'audience là, et c'est extrêmement
décourageant pour les propriétaires.
Et donc nous, on pense que, par la mise en place d'un dépôt de garantie, on
vient, en sensibilisant les gens, éviter toute cette séquence-là
d'inconvénients.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
Mme Laforest :
Oui. Puis, juste au niveau de la gestion des dépôts, des dépôts de garantie,
avez-vous prévu de quelle manière que vous pourriez gérer cette
situation-là, ces dépôts? Avez-vous une idée?
M. Messier
(Martin A.) : On y a
réfléchi. Évidemment, comme il y a plusieurs juridictions qui le font, on a des
exemples d'un peu partout. Il y a la
possibilité de déposer dans un compte en fidéicommis. Il n'y a pas de solution
magique, honnêtement. Il y a quand
même un fardeau à gérer cette situation-là. Donc, il y a le compte en
fidéicommis, où les intérêts peuvent
servir à l'administration du fonds, l'administration des demandes. Il y a nos
voisins américains qui ont déterminé, eux,
que l'argent était détenu par le propriétaire, mais qu'à partir du moment où le
locataire disait qu'il avait droit à son dépôt, que le propriétaire disait non,
on saisissait un comité locataires-propriétaires qui décidait, sur une grille
d'analyse très, très formelle... un
peu comme ce qu'on peut retrouver chez certains locateurs à long terme
d'assurance automobile, là, un poêle
qui est laissé dans un état inconvenable, mais c'est un frais, par exemple, de
25 $, une brûlure ou une égratignure sur un tapis qui est de la grandeur d'une carte de crédit, pour faire le
parallèle avec les véhicules automobiles, c'est tarifé. Donc, on tarifait pour venir simplifier
l'administration de la preuve ou l'administration des dommages, et, pour eux,
bien, ça fonctionne très bien.
Donc, oui, il
y a des exemples un petit peu partout comme ça qui... Et il faut viser deux
choses, je pense, Mme la Présidente,
il faut viser un système simple où on va éviter les abus de part et d'autre
parce qu'il ne faudrait pas se retrouver avec des propriétaires qui retiendraient indûment le dépôt. Donc, il
faut que ça soit simple mais efficace, évitons les abus.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
Mme Laforest : D'accord. Au niveau de la visioconférence, on
avait discuté ensemble également, puis je ne sais pas comment vous voyez ça,
vous. Est-ce que vous êtes... Parce qu'on parle aussi d'accompagnement, tantôt
vous parliez des frais de gratuité au
niveau des personnes qui accompagnent les personnes aînées ou les personnes
ayant besoin d'assistance. C'est
certain que la gratuité, c'est quand même préconisé, bien entendu, pour ne pas
qu'il y ait d'abus. Mais, ceci étant dit, la visioconférence, comment
vous voyez ça? Vous êtes positif également pour ça?
M. Messier
(Martin A.) : Tout à fait.
Dans la plupart des cas, Mme la Présidente, la visioconférence, pour nous,
je pense que d'utiliser les moyens technologiques qui sont à notre disposition,
c'est une excellente nouvelle. D'ailleurs, si
le projet de loi se concrétise, on prévoit mettre à la disposition de nos membres des salles de visioconférence et se
débrouiller pour qu'il y en ait dans plusieurs
villes. Il faudra voir quels seront les paramètres de l'infrastructure qui sera déterminée, là, pour
garantir quand même la qualité audio-vidéo, mais on est en 2019, là,
il faut se débrouiller avec les moyens du jour. Et je pense que, pour plusieurs
dossiers, c'est salutaire. On pense à des régions plus éloignées où on pourrait
avoir des décideurs qui siègent à distance avec des parties qui
pourraient être représentées par des avocats. Actuellement, ça complexifie le dossier et la nature des frais.
Donc, oui pour la visioconférence, on va se débrouiller pour mettre les moyens
technologiques en place à la disposition des membres.
Mme Laforest : D'accord. Puis
moi, j'ai une dernière question, après je vais passer la parole à mes
collègues. Au niveau du rapport du médecin,
moi, je trouve ça... j'ai quand même une question parce que, je me dis, c'est
quand même difficile se trouver un
médecin aujourd'hui, il y en a qui n'en ont même pas. Puis, si vous demandez la
présence du médecin dans une cause, est-ce que vous trouvez que ça
risque de retarder, justement, le processus?
M. Messier (Martin
A.) : Bien, en fait, ça pourrait, Mme la Présidente, retarder
le processus, mais ce n'est définitivement pas le but. Le but, c'est de
s'assurer que le tribunal ait à sa disposition la preuve complète qu'il doit faire. Et on le sait, parfois on voit des billets
de médecin qui sont déposés où ça dit : Madame ne peut pas vivre dans son
logement, mais il manque de choses autour de
ça. Nos médecins, contrairement à ce qu'on peut voir, par exemple, dans d'autres rapports d'experts comme les ingénieurs
ou les gens de la ville, où c'est minuté, détaillé, ne sont pas nécessairement
outillés à formuler des rapports où les
conclusions sont très détaillées. Donc, on pourrait penser — c'est ce que mon collègue disait — qu'un médecin qui nous fournit un tel
rapport, on ne demandera pas la présence du médecin. Évidemment, quelqu'un
qui le demanderait sans que cela soit nécessaire devrait être soumis aux frais
qui sont requis pour ce déplacement-là.
Mme Laforest : Mais est-ce que
c'est quand même fréquent, des billets de médecin?
M. Messier (Martin A.) : C'est très
fréquent, Mme la Présidente, c'est très fréquent.
Mme Laforest :
Ah oui?
M. Messier
(Martin A.) : Et la seule chose, c'est...
Mme Laforest :
Avec plus ou moins de bonnes informations, c'est quand même fréquent?
M. Soucy (Robert) : C'est quasiment la coutume, là. C'est que,
malheureusement, aujourd'hui, si quelqu'un veut déposer un rapport de médecin, la partie adverse peut s'opposer parce
que ça se trouve à être du ouï-dire, on rapporte les paroles de quelqu'un devant le tribunal. Puis ce
qui arrive, c'est que les médecins, ils se présentent très, très, très rarement
devant la cour, ça, c'est un fait. Mais on
voit ça parce qu'aujourd'hui il y a beaucoup de causes concernant l'humidité
dans les logements, puis les problèmes respiratoires, puis ainsi de suite.
Donc, c'est là surtout qu'interviennent les médecins, et on a besoin un peu plus d'éclairage, là, sur leurs
billets qu'ils font parce qu'on a besoin des questions, de savoir est-ce que
ça fait longtemps que vous traitez cette personne-là, quel examen que vous avez
passé, pourquoi vous dites telle chose parce
que des fois c'est un peu laconique, puis ils tirent des conclusions qu'on ne
sait pas où est-ce qu'ils prennent les éléments pour tirer ces
conclusions-là.
Mme Laforest :
C'est bon. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Je cède la parole au député de Beauce-Nord.
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je vais me référer à votre document,
point 6, qui fait référence à un
nouvel article, l'article 56.2, dans le projet de loi, qui introduit
l'obligation de déposer une preuve de notification au défendeur dans les 30 jours du dépôt de la
demande, sauf dans certains cas, bien entendu. Et, quand je lis ça, là, vous
semblez être soit sceptiques ou, en tout cas, vous envisagez des difficultés
dans l'application de cette mesure-là. Pourriez-vous me donner plus d'explications,
s'il vous plaît?
M. Messier (Martin A.) : Bien, en fait, Mme la Présidente, cette mesure-là
va demander pour plusieurs propriétaires une organisation de travail,
une organisation de documents qui n'est pas toujours simplement à leur portée,
donc ça va demander une éducation. Il va également falloir voir de quelle façon
on va les transmettre. Évidemment, on va les accompagner dans ça, mais notre
inquiétude est quant au fait que le dossier soit fermé sans rappel. On a
beaucoup, Mme la Présidente, de très petits
propriétaires qui ont peu de moyens administratifs et qui vont avoir de la
difficulté. Je suis convaincu que le
tribunal du logement va informer les gens du processus, mais il va quand même y
avoir des situations où ces documents-là ne seront pas produits et où un
rappel administratif, selon nous, est pertinent.
M. Provençal :
Merci.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Est-ce que vous avez d'autres
questions? Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Laforest :
Oui, certain, j'ai plein de questions. En fait...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Il reste 2 min 30 s.
Mme Laforest :
Oui, je vais y aller rapidement. Votre point à la fin, vous parliez des travaux
majeurs, j'aimerais ça vous entendre
par rapport, justement, à l'augmentation du prix du loyer. Est-ce que je peux
vous entendre par rapport à ça?
• (12 heures) •
M. Messier (Martin A.) : Oui, certainement, Mme la Présidente. Sur les
travaux majeurs, pour nous, actuellement, la méthode est périmée. La méthode prévoit que, dans l'attribution du montant d'augmentation de loyer à chaque année, on utilise les certificats de dépôt à terme sur cinq
ans des institutions financières, ce qui nous donnait, l'année dernière... et on
ajoute 1 %, ce qui nous donnait du 2,7 %. Évidemment, quand on dit ça
à un propriétaire, d'abord, s'il a de l'argent dans son tiroir puis qu'il n'est pas obligé de le financer,
ce n'est déjà pas beaucoup, et là je prends de l'argent qui traîne dans un
tiroir ou dans un compte qui ne rapporte rien. Mais, dès qu'il y a des enjeux
financiers, et c'est le cas, Mme la Présidente, où il faut financer ces montants-là, puis là je dis à quelqu'un :
Tu vas emprunter, puis on va te donner 2,7 % de rendement pour refaire un toit, par exemple, mais le toit va
être largement fini avant qu'il ait eu le temps de penser essayer de récupérer
son argent.
Ça
fait quoi, Mme la Présidente? Ça fait des propriétaires qui se retrouvent dans
des situations guet-apens. On appelle ça des immeubles culs-de-sac,
c'est un immeuble dans lequel je suis rendu en bout de piste, je n'ai plus rien
à faire avec parce que le fil des années,
les taux qui sont actuellement permis mènent le propriétaire à ne pas être en
mesure d'aller chercher de financement. Moi, j'ai vu des cas, Mme la
Présidente, où on dit au propriétaire : Monsieur, vous êtes... Dans le cas
que j'ai en tête, c'est un professeur d'école, on lui a dit : Monsieur,
même avec vos revenus, je n'ai pas les moyens de vous financer. Votre immeuble,
avec les loyers, commande un prêt que vous avez déjà, je ne peux pas vous refinancer, c'est fini. Alors, qu'est-ce qu'on
fait? Bien, on essaie de tenir l'immeuble le plus longtemps possible, et puis
il finit par devoir ne plus être
utilisable, donc c'est... et c'est cet espoir-là qu'on doit donner au marché de
pouvoir entretenir nos immeubles.
Et
on est rendus à une étape importante où, si on prend l'exemple de la ville de
Montréal hier, qui annonçait la fin du
mazout sur son territoire, ça représente des dépenses importantes : pour
un 20 logements, on avait une soumission de près de 120 000 $ pour faire ces travaux-là. Alors, quand
je le mets dans la machine à 2,7 %, là, j'ai un propriétaire qui est en
crise de nerfs devant moi. Il faut qu'il y ait quelque chose qui soit fait. Il
faut mettre nos immeubles au goût du jour, il faut les rendre efficaces énergétiquement pour notre planète, de
façon sécuritaire... les normes de sécurité incendie, mais il faut
permettre aux propriétaires de respirer dans tout ça, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Merci. Je vais maintenant céder la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
vous disposez de 9 min 20 s.
Mme Thériault :
Merci, Mme la Présidente. M. Massé, Me Soucy, Me Lapointe,
bienvenue en commission parlementaire.
Excusez ma voix. Je vais essayer d'être précise sur mes questions, vous laisser
du temps, je vais peut-être en poser plusieurs en rafale.
Je me suis sentie
fortement interpelée, tout à l'heure, lorsque vous avez parlé des médecins, de
la présence des médecins en audience. Vous savez que ma collègue qui est à ma
gauche est avocate, et c'est bien évident qu'à chaque fois qu'on parle de papiers médicaux, de dossiers médicaux, il y a toujours
les questions de protection de vie privée qui soulèvent de grands
questionnements, et je suis consciente que vos formations de juriste aussi
doivent certainement vous interpeler par rapport à ça. Par contre,
je me suis comme dit : Bien, peut-être qu'il y
a quand même des solutions. Vous
savez, moi, je considère que ce que vous demandez, c'est logique, O.K.,
c'est une certaine logique. Tu ne peux pas te fier, juste avec un papier du médecin, que c'est
correct, là, O.K., ça ne marche pas. Si les institutions du Québec comme la Société
d'assurance automobile du Québec ou la CSST, on donnait juste des papiers, ça ne
marche pas, puis que madame a besoin de
se reposer, je ne pense pas que ça serait correct. Ça fait que, techniquement, ces deux organismes gouvernementaux là ont des
formulaires déjà préremplis avec des questions déjà d'établies qui, aussi,
confirment la confidentialité des données, et je me rends compte qu'à la Régie du logement il n'y a
pas de ce type de formulaire là. Je ne crois pas que ça existe à la
Régie du logement, un formulaire type, O.K.
Juste
que vous me suiviez dans mon cheminement, quand tu vas voir le médecin pour un
accident de travail, CSST, ou à la suite d'un accident d'auto, Société
d'assurance automobile, ils ont des formulaires préremplis déjà, à remplir pour dire : Telle affaire, telle affaire,
oui, il y a une colonne cervicale, ci,
ça, c'est arrivé dans tel contexte. Il y a
des questions précises déjà qui sont
posées pour être capables d'enclencher le dossier à la Société d'assurance automobile ou à la CSST. Bien, pourquoi on ne pourrait pas peut-être déterminer par règlement de faire un formulaire préétabli
que, lorsqu'il y a quelqu'un qui
invoque une clause médicale, il n'y ait pas un formulaire de disponible à la
régie qui soit rempli, qui pourrait toucher les questions de
confidentialité de dossiers médicaux puis le respect de la vie privée, mais
qu'on pourrait avoir un complément
d'information avec des questions précises qui pourraient dire : Oui,
effectivement, à cause de telle raison... Il me semble que, peut-être, c'est quelque chose qu'on devrait peut-être
regarder. Puis je le dis bien amicalement, écoutez, je n'ai jamais pensé à ça, sauf que je vous
entendais parler puis je me disais : Bien, c'est sûr qu'il y a une
certaine problématique qu'un médecin dise oui ou non avec un petit
papier, tu sais, ce n'est pas un billet d'absence pour motiver l'absence d'un enfant à l'école, hein, on est dans
une autre catégorie complètement, il s'agit de faire casser un bail. Ça fait que
c'est sûr qu'il y a certaines questions qu'on pourrait peut-être
essayer de regarder avec la régie. Vous pensez quoi de cette idée-là, M.
le président?
M. Messier (Martin A.) : Bien, écoutez, Mme la
Présidente, d'emblée, j'ai toujours
un esprit d'ouverture face à une nouvelle proposition. C'est le cas, ça
mériterait qu'on le regarde.
Les
questions qui me viennent à l'esprit dès maintenant,
c'est d'abord... Évidemment, le formulaire, il y a plusieurs situations
qui peuvent se produire, c'est peut-être plus difficile de prévoir un formulaire adapté,
puis évidemment la personne qui remplit le formulaire peut plus ou moins
détailler, donc c'est... Puis notre système judiciaire... puis je sais que c'est lourd, mais notre système judiciaire, pour
administrer la meilleure preuve possible, demande souvent une preuve contradictoire. Il faut poser des questions
à quelqu'un pour avoir la version, donc c'est... Sûrement
que, par contre, que ce soit
un formulaire... puis je pense que l'idée d'un formulaire ou d'un guide aux
parties qui pourrait être remis au médecin en disant : Écoutez, si on a ces éléments-là, il y a
des bonnes chances qu'on ne vous convoque pas, il y a peut-être,
à ce moment-là, une motivation
supplémentaire, il y a certainement un travail de réflexion à faire autour de
ça.
Mme Thériault : O.K. Je
lance l'idée comme ça, là, je n'ai absolument aucune idée si c'est faisable, sauf... C'est
parce que je comprends que de convoquer un médecin à la Régie du logement, ça
doit être pas mal plus difficile que de faire remplir un formulaire, puis on a besoin de nos médecins dans les
cliniques pour être capables de donner des prescriptions, donc je pense
que c'est un peu normal.
Vous
dites, dans votre mémoire : «L'Association des propriétaires [...] est favorable
à la plupart des modifications[...]. Autant
pour les propriétaires que les locataires...» Par contre, vous parlez de
l'enjeu du délai qui est un irritant majeur qui interpelle à plusieurs reprises le Protecteur du citoyen. Hier, on avait
Mme Bourque qui était ici, avec la CORPIQ, qui nous a parlé de son cas. Elle est en cour aujourd'hui, je lui souhaite la plus sincère des chances, ça va prendre presque
deux ans avant d'avoir statué sur la
cause. Je pense qu'on a tous compris qu'il y avait une espèce
d'histoire d'horreur qui se jouait, puis
je suis convaincue qu'il y en a de tous les côtés, autant les locataires que
les propriétaires. Il y a des propriétaires qui ne sont pas toujours
fins puis qui abusent du pauvre monde, mais il y a aussi l'inverse, c'est vrai,
malheureusement, dans notre réalité.
Donc, c'est
sûr que je pense que ce que la ministre vise avec ce qu'on a devant nous, c'est de
réduire les délais le plus possible.
Est-ce que vous êtes confiants que, dans les propositions qui sont déposées
à toutes les étapes possibles, on va vraiment arriver à réduire des délais? Et, si votre
réponse est «oui, peut-être, mais», voulez-vous m'expliquer, s'il y a un «mais», qu'est-ce qu'il manque
pour enlever encore plus de délais?
M. Messier
(Martin A.) : Bien, en fait,
Mme la Présidente, oui, on est confiants que le projet de loi va très loin pour faire
améliorer les choses, améliorer les délais. Évidemment, ça va dépendre
ensuite du nombre de ressources disponibles parce qu'évidemment on a de très beaux principes sur la gestion de
l'instance, et c'est tout à fait rafraîchissant pour un propriétaire d'entendre ça, un cas comme celui
qu'on soulevait, où au lieu d'attendre d'audience en audience, on pourrait
avoir un membre du tribunal qui décide de la
structure de l'audience, qui convient d'un processus qui lie les parties.
Ça se fait dans les autres tribunaux,
et je pense que c'est tout à fait rafraîchissant, mais il faut avoir suffisamment de ressources pour
être en mesure d'administrer ces dossiers-là qui sont, disons-le... c'est des
dossiers qui sont lourds, il y a plusieurs éléments à
régler, donc il faut avoir suffisamment de ressources. Donc, s'il y avait un «mais», Mme la Présidente, ce serait celui-là. Mais en termes de principe, là, la gestion
de l'instance, on accueille ça de façon extrêmement favorable.
Mme Thériault : Parfait. Je comprends que vous êtes au même endroit que la CORPIQ aussi
par rapport à ce qui est
déposé. C'est bien, c'est bon, ça va augmenter l'efficacité de la régie, mais
ça ne règle pas le fond des problèmes par
rapport à, justement, les réparations que les édifices ont de besoin
parce qu'il n'y a aucun programme. Puis c'est sûr que, quand le parc immobilier, il est vieillissant,
qu'il n'a pas été entretenu, bien, on fait face à des grosses, grosses,
grosses, très grosses dépenses, donc on comprend qu'un programme
de subvention éventuel ou une manière d'aider les propriétaires
serait intéressant aussi au niveau du parc locatif.
Dans votre
mémoire, vous dites aussi, à la page 6, que vous êtes en faveur de la
conciliation comme mode de résolution des
différends. Hier, la CORPIQ est venue nous dire : En autant que ce ne soit
pas le régisseur qui fasse la conciliation, parce qu'il pourrait essayer de faire la conciliation,
puis après ça il se ramasse devant le même groupe encore. Est-ce que vous
partagez ce point de vue là, que ça devrait être des personnes différentes des
régisseurs?
• (12 h 10) •
M. Messier
(Martin A.) : Bien, tout à fait. Je pense que c'est déjà prévu, en fait, au projet de loi que ce ne soit
pas la même personne. Et j'ai eu l'occasion d'expérimenter avec des
clients des dossiers de conciliation, Mme
la Présidente, et je peux vous dire
que ça a été une expérience extrêmement favorable. Je ne suis pas d'un naturel toujours conciliant,
je dois l'avouer, mais j'ai eu vraiment de bonnes expériences où des
parties qui, avant la conciliation, ne pouvaient tout simplement pas entrer en échange et qui se sont fait une accolade en
sortant de l'audience avec... et ça a été, dans la plupart des dossiers,
une excellente chose de favoriser la communication et permettre... donc je
pense que c'est une excellente nouvelle qu'on mette l'accent sur la
conciliation.
Mme Thériault : Vous avez évoqué, dans votre mémoire, aussi les aspects qui touchent à
la copropriété divise par rapport
à une augmentation potentielle de coûts. Mais on comprend tous qu'à
partir du moment où c'est nos bâtisses, là, si on ne le fait pas puis qu'on
repousse, qu'on repousse, qu'on repousse, on va se ramasser dans le marché du
condo de la même manière que le
marché locatif est présentement, avec zéro rénovations de faites et avec des
immeubles qui ne valent plus rien.
J'entends que
vous êtes préoccupés un peu par le carnet d'entretien qui, par la mise à jour...
parce qu'il faut la mettre à jour aux
cinq ans, peut-être que, si on étalait sur sept ans ou un peu plus tard, qu'on
étirait un peu plus, est-ce que ça ferait votre bonheur pour éviter
d'avoir un impact financier trop important sur les copropriétaires?
M. Messier
(Martin A.) : Mme la
Présidente, je vous dirais qu'effectivement le carnet d'entretien et des
rénovations qu'on doit apporter à un
immeuble détenu en copropriété, c'est absolument essentiel, mais qu'évidemment
ça comporte des coûts qui sont pas nécessairement budgétés. Et on a des gens
qui ont accédé à la propriété en achetant un immeuble en condo, et ce n'est pas toujours facile pour eux.
Il y a des gens qui sont déjà aux prises... Mais il faut faire attention. Je
pense que ça pourrait être une grille ou un délai qui varie selon l'année de
construction de l'immeuble pour nous permettre de ne pas placer des immeubles qui sont déjà dans une
situation difficile de les poursuivre parce qu'on a des choses... puis déjà je
parlais avec des syndicats de copropriété qui ont à vivre avec l'interprétation
que font les assureurs de 1074.2 du Code civil...
La Présidente (Mme Dansereau) :
M. le président, je dois vous couper.
M. Messier (Martin
A.) : Ah! désolé, j'étais parti.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le député de Laurier-Dorion, vous
disposez de 2 min 20 s.
M. Fontecilla : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, merci d'être
ici. Écoutez, je vous entendais être favorable à la procédure de conciliation,
là. Vous l'avez même dit, la grande majorité des cas à la régie, c'est les cas
de non-paiement de loyer. Est-ce que
vous pensez que la procédure de conciliation devrait surtout s'appliquer à...
utiliser la mesure de conciliation afin de trouver une entente de
paiement entre locataire et locateur?
M. Messier
(Martin A.) : En fait, les
cas de conciliation sont normalement des cas qui sont plus lourds, qui impliquent
beaucoup plus de choses, que ce soit du bruit, les conditions du logement, de
l'humidité. Quand c'est une situation de non-paiement
de loyer, c'est un peu simple parce
que je ne peux pas établir de séance
de négociation. Il faudrait que j'aie la possibilité d'étaler mes taxes, mes impôts, mon
hypothèque en même temps parce que le propriétaire est souvent coincé entre le revenu et l'obligation de payer, et donc,
pour le loyer, il y a plusieurs propriétaires qui vont le faire
d'emblée. Donc, si un locataire
dit : J'ai des difficultés, notre but, ce n'est pas d'évincer les gens,
là, c'est d'essayer de les garder en place. Mais en situation de non-paiement de loyer, il y a
urgence, il faut que le propriétaire reçoive ses sommes parce que
c'est lui qui avoir un avis de la banque. Donc, ce n'est peut-être
pas l'endroit pour la médiation, à moins qu'il y ait un ensemble de
choses qui justifient... je ne sais pas, un
locataire qui ne paie pas son loyer parce
qu'il y a un ensemble de situations, là ça le justifie, mais en
médiation, normalement, c'est des cas beaucoup plus lourds.
M. Fontecilla : Donc, est-ce
que vous pensez que les ententes de paiement devraient se faire devant la
régie?
M. Messier
(Martin A.) : Bien,
normalement, la position du... déjà les délais sont assez longs pour les
propriétaires, bon, moins longs qu'à
plusieurs endroits dans le monde, mais assez longs. Donc, si on fait une
demande à la Régie du logement, actuellement, il faut attendre que le
loyer... en résiliation du bail, il faut que j'attende trois semaines. Je vais
avoir une audience quatre à huit semaines plus tard, je vais avoir ma décision
deux semaines plus tard qui, elle, va prévoir entre 10 et 30 jours. Donc, vous voyez, il y a un processus déjà qui
prend plusieurs mois. Et, si vraiment quelqu'un a une difficulté
temporaire et un intérêt pour offrir ou négocier, selon nous, il a amplement le
temps de le faire dans cette période-là.
M. Fontecilla :
Et concernant la question de l'accompagnement ou l'assistance, vous demandez à
ce que ce soit resserré comme définition?
La Présidente (Mme Dansereau) :
Merci. Je m'excuse, je dois maintenant céder la parole au porte-parole du
troisième groupe de l'opposition. M. le député de Rimouski, vous disposez de
2 min 20 s.
M. LeBel :
Merci. Bonjour. Vous, si vous aviez à aller devant le tribunal en audience,
est-ce que vous aimeriez mieux être là en direct avec le juge ou y aller
par visioconférence, si vous avez le choix?
M. Messier
(Martin A.) : Ça dépend des
situations. Je vous dirais qu'il y a des situations qui parfois sont assez simples, et puis je prends des exemples où, par
exemple, en fixation de loyer aussi, je suis en mesure de transmettre les
documents, parce que des fois ça peut
être assez volumineux, je n'ai pas du tout besoin d'être là. En non-paiement de
loyer, je n'ai pas du tout besoin d'être là.
M. LeBel : Est-ce que c'est
mieux en direct ou en visio?
M. Messier (Martin
A.) : Souvent, ce serait mieux en visio pour les parties, en
fait, oui.
M. LeBel : Ce serait mieux en
visio qu'avoir le juge devant vous qui peut voir les gens, qui peut entendre
les personnes?
M. Messier
(Martin A.) : Pour les cas
simples, oui. Pour les cas compliqués, je
pense qu'il y a... puis le projet de loi le prévoit, là, que je juge peut décider de convoquer les parties. Il y a
des cas compliqués où il faut évaluer la crédibilité des témoins, voir un peu leurs réactions, et à ce moment-là, bien, évidemment, comme je suis peut-être un peu
plus âgé, j'aime bien la présence physique, dans ces cas-là.
M. LeBel : Bien, moi, ça m'intéresse, là, mais je suis content d'avoir votre opinion là-dessus.
Parce que, là, les régions éloignées, on a l'air à vouloir les
visioconférencier, là, ça fait que je ne suis pas à l'aise avec ça. Déjà que je
ne suis pas à l'aise avec le concept «régions éloignées», je ne suis pas plus à
l'aise avec le concept «régions conférenciées».
L'autre
affaire, c'est le dépôt garanti. Pour les personnes qui vivent sous le seuil de
la pauvreté, qui ont déjà de la
difficulté à arriver puis à se trouver des logements convenables, est-ce que
vous pensez que l'arrivée d'un dépôt garanti va aider à l'accès au
logement de ces personnes-là?
M. Messier (Martin
A.) : Bien, effectivement, ça fait partie, Mme la Présidente,
d'une préoccupation. Il faut arriver avec
une méthode qui permettra... et on avait discuté, dans le passé, même d'un
dépôt progressif où il y aurait une somme mensuelle qui s'accroît jusqu'à un
objectif visé. Bien, évidemment, il faut qu'il y ait une solution pour les gens
qui ont peu de moyens pour que, si on
démarre la roue, il faut la démarrer d'une façon à ne pas écraser personne, Mme
la Présidente.
M. LeBel :
Hier, la CORPIQ disait : Peut-être que ce serait à l'État de payer le
dépôt garanti. Pensez-vous que c'est une façon de voir?
M. Messier (Martin
A.) : Ça pourrait être une possibilité à explorer, mais je
pense qu'il y a moyen d'aménager avec
différentes solutions, notamment un dépôt graduel, une somme. Et puis, quand on
parle de dépôt de garantie, là, je ne suis
pas obligé d'avoir six mois de loyer dans le compte de banque. Dès qu'il y a
une somme nominale qui permet aux gens d'avoir un intérêt... désolé.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Je vous remercie.
M. Messier (Martin A.) : Je suis
facile à partir comme ça.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Je vous remercie de votre contribution aux
travaux de la commission.
Je
suspends les travaux pour quelques instants. On va permettre au prochain groupe
de prendre place. Merci à vous.
(Suspension de la séance à
12 h 17)
(Reprise à 12 h 19)
La Présidente
(Mme Dansereau) : Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la
bienvenue à l'Association professionnelle
des courtiers immobiliers du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Association professionnelle des courtiers
immobiliers du Québec (APCIQ)
Mme Bégin
(Nathalie) : Mme la Présidente, Mme la ministre, Mmes
et MM. les députés, au nom de l'Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, j'aimerais vous
remercier de nous offrir l'opportunité de nous exprimer aujourd'hui lors des consultations particulières.
Je me présente, je suis Nathalie Bégin, présidente du conseil d'administration
de l'association, ma collègue, Anouk Vidal,
qui est vice-présidente du conseil d'administration, et Mme Martine
Bélanger, qui est notre directeur général du bureau de Québec.
L'Association
professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, c'est une association à
but non lucratif qui a été formée le
1er janvier de cette année à la suite d'une fusion des chambres immobilières du
Grand Montréal, de Québec et des Laurentides. On représente aujourd'hui plus de
12 000 membres à travers la province de Québec et 740 agences immobilières, soit plus de 90 % de tous les
courtiers immobiliers de la province de Québec. L'Association professionnelle
des courtiers est responsable de promouvoir
et de défendre les intérêts en tenant compte des enjeux auxquels est exposée
la profession du courtage immobilier et des
diverses réalités professionnelles et régionales de ses membres. Nous
contribuons aussi à la mise en place des mesures favorisant l'accès à la
propriété.
L'association a deux
filiales. On a la Société Centris, qui offre une gamme complète de solutions et
d'outils technologiques pour les courtiers immobiliers et ses membres, et on a
également le site centris.ca, que beaucoup d'entre vous connaissent, et qui est le site en immobilier le plus vu à travers
le Québec. On a également la deuxième filiale, qui est le Collège de
l'immobilier du Québec, qui accueille les futurs professionnels en courtage
immobilier.
Les premières
dispositions législatives sur la copropriété divise au Québec ont vu le jour il
y a plus de 50 ans, et la réalité de
l'immobilier a considérablement évolué depuis, alors que le droit s'est vu peu
modifié, voire inchangé. Le projet de loi répond donc à l'évolution que
connaît le parc immobilier du Québec et aux réclamations des acteurs du milieu. L'inspection en bâtiment et la gestion de
la copropriété sont des activités qui sont primordiales pour la santé de
l'industrie immobilière et ont une incidence importante sur les activités
professionnelles des courtiers immobiliers qui sont membres de notre association. L'association appuie donc avec
enthousiasme la mise en place d'un encadrement qui est adapté de ses
activités et inscrit ses commentaires dans cette perspective. L'encadrement de
l'inspection en bâtiment est au coeur des
préoccupations de l'association professionnelle et de ses membres. Elle est primordiale,
puisqu'elle permet à toutes les
parties, soit les courtiers immobiliers, les acheteurs et les vendeurs, de
réaliser une transaction de façon éclairée, avec la meilleure connaissance possible de l'état de l'immeuble qu'ils
convoitent. Nous considérons celle-ci problématique dans sa forme actuelle en raison du manque
d'uniformité dans les compétences et l'expertise des inspecteurs et de
l'inconstance des rapports d'inspection.
Le
projet de loi n° 16 introduit plusieurs amendements à la Loi sur le
bâtiment afin d'offrir une première tentative d'encadrement des
inspecteurs. Actuellement, lors de fautes de la part d'un inspecteur en
bâtiment, c'est généralement, malheureusement,
l'acheteur qui en subit les conséquences. L'inspection est une partie intégrante
du processus de vente d'une
propriété, c'est donc essentiel qu'une décision aussi importante soit basée sur
une inspection de qualité fournissant des
informations justes, vérifiables et comparables. Nous croyons que les
modifications proposées par le gouvernement sont un premier pas dans la bonne direction, mais nous croyons qu'il est
possible d'aller plus loin pour assurer un service de qualité aux
acheteurs et aux vendeurs.
Premièrement,
l'association considère que les inspecteurs en bâtiment devront répondre à
certaines exigences pour pouvoir
exercer leurs fonctions. Celles-ci devraient avoir pour principal objectif de
protéger les clients, en plus d'amener une
uniformisation des pratiques. Nous recommandons au gouvernement de s'inspirer
des exigences de la Loi du courtage immobilier au Québec pour la
recommandation d'un inspecteur en bâtiment.
De
plus, l'association recommande aussi une formation uniforme et obligatoire qui
permettrait d'assurer un certain standard dans l'exercice de la profession.
La formation déjà offerte par certains établissements, déjà reconnue par le ministère de l'Éducation, pourrait servir de base
pour l'élaboration de critères de formation. Cette formation serait accompagnée d'un examen uniforme à travers les
différents programmes d'études existants à travers la province, et la réussite de cet examen serait obligatoire pour
l'obtention d'un certificat. Finalement, il faudrait assurer la formation
continue des inspecteurs, notamment en fonction de l'évolution fréquente
du code du bâtiment.
En plus de rendre le rapport d'inspection
obligatoire, on croit que la standardisation s'impose au niveau du contenu et
de la forme de celui-ci. Notre expérience nous démontre que le rapport final a
tendance à varier grandement en fonction de l'inspecteur
et des firmes. Et la mise en place de normes de rédaction et d'un contenu pour
les rapports d'inspection permettra d'uniformiser les services rendus tant aux
acheteurs et aux vendeurs québécois.
Contrairement
à certaines autres organisations, nous ne plaidons pas pour l'inspection
obligatoire, mais souhaitons vivement un standard de compétences chez les
inspecteurs. Toutefois, nous ne sommes pas en désaccord avec le fait de rendre l'inspection obligatoire pour les bâtiments
qui seraient construits... de plus de 20 ou 25 ans. Et, si le gouvernement
venait à rendre obligatoire l'inspection
préachat, nous souhaitons que certains types d'acheteurs puissent être
exemptés, c'est-à-dire, par exemple,
ceux qui devraient construire des propriétés et qui prévoient déjà à l'avance
de rénover pour plus de 50 % de
l'immeuble ou pour des compagnies qui font souvent l'acquisition de propriétés,
qui ont déjà de l'expertise en construction, etc., elles ne devraient
pas être obligées, à ce moment-là, de se soustraire à cette obligation.
Une lacune du
projet de loi est certainement le manque de précisions quant au processus des
plaintes et de contestation auprès de
la Régie du bâtiment. On demande donc au gouvernement de s'assurer que celle-ci
mette en place un processus formel et
simple pour le dépôt des plaintes et des contestations par les consommateurs,
en plus d'un processus d'enquête efficace pour garantir un suivi
efficient.
Maintenant, concernant l'encadrement des
copropriétés, c'est impossible de nier la popularité grandissante des copropriétés au Québec, qui représentent 24 %
des ventes en 2018 au niveau de l'association et 50 % des parts de marché
dans la grande région de Montréal. Ce nouvel
encadrement là va donner non seulement une valeur ajoutée aux yeux des
acheteurs, mais va permettre également aux courtiers de remplir plus
efficacement leur devoir de vérification.
La
transparence quant à la consignation des documents rayonne dans le projet de
loi, et les mesures qui s'y rattachent sont
très bien accueillies par l'association. Comme la vérification diligente est le
devoir premier des courtiers immobiliers, un resserrement des règles en matière de documentation est plus que
bienvenu. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il peut être ardu d'obtenir les documents nécessaires de la
part des syndicats de copropriété pour fins de transaction et de déterminer
la justesse, surtout, de l'information
reçue. C'est aussi difficile d'obtenir ces mêmes documents de certains
gestionnaires de copropriété, puisque
souvent ils ne travaillent pas nécessairement à temps plein sur la gestion d'un
seul immeuble. Ça peut considérablement ralentir les processus d'achat
ou de vente, surtout dans un marché immobilier aussi effervescent que ce que l'on vit actuellement au Québec. De plus,
la non-consignation standardisée des documents peut mettre la transaction
immobilière à risque d'échouer lorsque les
courtiers effectuent leurs activités avec des données erronées et ainsi
agissent involontairement à l'encontre des intérêts de la protection de
leurs clients.
Donc, un canal de communication efficace entre
les courtiers et les conseils d'administration, c'est une source d'assurance pour les clients sur l'état de la
gestion de la copropriété tant au niveau de l'immeuble que du syndicat. On
croit toutefois qu'il est possible de faire plus et mieux en instaurant
un registre commun obligatoire et standardisé pour toute documentation relative aux copropriétés et leur
gestion. Ce type de registre là qui pourrait se trouver sur une plateforme
numérique, par exemple, serait facilement accessible, devrait permettre aux
copropriétaires, aux courtiers immobiliers, les promettants-acquéreurs et les notaires d'accéder à l'information en
temps réel. Son coût d'implantation devrait être aussi modique en plus
d'assurer la sécurité des informations, et la délivrance de ces informations
devrait même être systématique.
Concernant l'obligation de mettre en place un
carnet d'entretien produit dans le projet de loi, actuellement les informations sur l'entretien d'un immeuble peuvent
être difficiles à obtenir, et la tenue du carnet peut varier considérablement,
surtout dans les petites copropriétés. Notre
association soutient entièrement l'initiative servant à rendre plus accessible
et juste l'information capitale pour la gestion de l'immeuble. Il est
particulièrement important pour les courtiers immobiliers d'avoir accès
à ce type d'information pour faire connaître à leurs clients les dépenses
associées à la propriété. Nous recommandons aussi au gouvernement d'uniformiser
au maximum la forme, le contenu et les modalités de cette liste.
L'association
souhaite aussi saluer l'obligation de l'étude de fonds de prévoyance avancée
dans le présent projet de loi et on
encourage fortement le gouvernement à mettre en place un standard d'étude de
prévoyance qui permettrait au public et aux acteurs du milieu de pouvoir
analyser facilement la situation financière d'une copropriété. Nous croyons aussi qu'il est important pour les gouvernements
de statuer sur les professionnels qui pourront s'acquitter de cette tâche-là.
Il est essentiel que ceux-ci possèdent les
connaissances et l'expertise nécessaire, autant du côté financier que de la
gestion des propriétés, pour effectuer cette étude-là. Nous recommandons donc
de baliser la certification des professionnels responsables des études
de fonds de prévoyance afin de s'assurer de leur compétence et de la justesse
de l'information.
Nous pensons
que des mesures visant à rendre obligatoire la formation pour les administrateurs
et les gestionnaires de copropriété
devraient se trouver dans le projet de loi. Un lien efficace entre les
courtiers et les administrateurs ainsi que l'accessibilité aux documents
de copropriété sont des éléments primordiaux aux activités de courtage. En
obligeant les administrateurs bénévoles de
copropriété à suivre une formation de base, on pourrait les responsabiliser
quant à leurs rôles, leurs obligations et les différentes actions
légales et administratives.
Tout comme le Regroupement des gestionnaires en
copropriété du Québec, nous recommandons une formation simple, rapide et qui peut s'effectuer à distance. Pour ce qui est des
gestionnaires de copropriété, le caractère professionnel de leur rôle les distingue des administrateurs, et
c'est pourquoi on croit que des mesures distinctes devraient leur être
imposées. Nous proposons que les
gestionnaires de copropriété soient encadrés au même titre que les inspecteurs
en bâtiment par un organisme désigné par le gouvernement à l'instar
d'autres provinces canadiennes. Merci.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je vous remercie, Mme la présidente,
pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange.
Mme la ministre, la parole est à vous, vous disposez de 15 minutes.
• (12 h 30) •
Mme Laforest :
D'accord. Alors, bonjour. Bienvenue,
hein, je suis très heureuse de vous rencontrer. On a parlé beaucoup
de vous dans le projet de loi, évidemment, avec des causes que les acheteurs ont vécues,
des causes que ça a été très positif, et aussi ça a été négatif après
certains achats.
J'ai une question,
simplement parce
que vous plaidez pour que
l'inspection ne soit pas obligatoire,
puis j'aimerais vous entendre. Parce qu'étant donné que, justement, on a
tellement entendu de causes et de cas qui ont été difficiles à traiter,
je voudrais vous entendre là-dessus, je ne comprends pas pour quoi vous
plaidez.
Mme Bégin
(Nathalie) : En fait, ce qu'on dit, c'est que, si le gouvernement veut
le faire, on mettrait des restrictions, dans le sens qu'il y a des groupes d'acheteurs qui, sincèrement, n'en
ont pas besoin, et on en a beaucoup, de ça, principalement dans la grande région de Montréal. Ça fait que, si
le gouvernement voudrait le rendre obligatoire au niveau de l'inspection,
comme on a dit dans notre rapport, dans le mémoire, on n'est pas contre, mais
par contre il faudrait faire des exceptions parce
qu'il y a beaucoup, beaucoup de compagnies, d'entrepreneurs, de spécialistes de
la construction qui sont acquéreurs de
propriétés puis de leur imposer une surcharge additionnelle au niveau de
l'achat, de l'inspection... ils sont eux-mêmes des professionnels dans
le domaine, c'est plus à ce niveau-là.
Mme Laforest :
Si eux sont professionnels dans le domaine, est-ce que, là, on ne parle pas d'un
conflit d'intérêts? Est-ce qu'on ne parle pas des entrepreneurs qui sont
en même temps inspecteurs? Expliquez-moi, voir.
Mme Bégin
(Nathalie) : Oui, bien, c'est parce qu'en fait la personne qui achète,
souvent, au niveau de l'immobilier, qui
va décider d'acquérir des maisons qui ont besoin de beaucoup de rénovations,
qui vont changer le statut de l'immeuble... Même, par exemple, ça se voit
beaucoup dans la grande région de Montréal, les gens vont acheter un triplex
pour pouvoir éventuellement le transformer
en copropriété, et là, à ce moment-là, la personne qui va acheter va tout
changer au complet de la maison. Donc, lui, dans ses prévisions, quand il
achète, l'inspection en bâtiment, de toute façon, n'est vraiment pas nécessaire parce qu'il va tout enlever. C'est pour
ça qu'on disait : soit un ratio de 50 % et plus qui pourrait être
modifiable, mais en même temps, si on
change le statut de l'immeuble, si la personne qui achète foncièrement est pour
tout stripper au niveau de la maison,
l'inspection n'a rien à voir là-dedans parce que c'est des gens qui sont dans
le domaine, qui vont investir et qui ont les moyens financiers pour
pouvoir faire les travaux, et c'est déjà prévu lors de l'achat.
Mme Laforest :
O.K. O.K., parce que ça... ça me questionne quand même. Moi, au niveau des
questions, j'aimerais ça laisser du temps à mes collègues, bien entendu. Je
suis quand même... je suis très heureuse de voir que vous êtes en faveur du projet de loi. Puis je vous écoute, vous
avez l'air très, très, très efficace, très rapide, alors vous devez être
heureuse que le projet de loi soit
arrivé rapidement comme ça. Je vous en remercie beaucoup, merci de l'appui,
puis je vais laisser la parole à mes collègues.
La Présidente
(Mme Dansereau) : O.K. J'inviterais la députée de Labelle.
Mme Jeannotte :
Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord, je tiens à souligner la qualité du
mémoire. Vraiment, c'est vraiment
incroyable, les recommandations, vous avez été en profondeur, c'est très, très,
très intéressant. Juste pour aider peut-être la ministre, avant d'aller
plus loin dans la... moi, j'aimerais parler du fonds de prévoyance, mais juste vous réentendre sur l'explication que vous avez
donnée. Dans le fond, là, ce que je comprends de l'explication que vous avez donnée à la ministre, c'est que l'inspecteur
en bâtiment, là, ce n'est pas pertinent pour certaines choses, c'est ça que
vous dites, dans le fond, puis ça va être de la paperasse pour rien. C'est ça
que vous dites, dans le fond.
Mme Bégin
(Nathalie) : Mme la Présidente, encore une fois, pour préciser
vraiment, c'est que l'inspection en bâtiment, on n'est pas contre de la rendre obligatoire, mais il y a des catégories
d'acheteurs assez nombreux qui, volontairement, n'ont pas besoin parce qu'eux-mêmes sont des
spécialistes dans le domaine et ils achètent dans une volonté de vouloir
changer le statut, d'investir des
gros montants. Alors, pour lui, le rapport d'inspection... il sait déjà ce
qu'il a à faire dans l'immeuble.
Mme Jeannotte :
Puis par ailleurs le projet de loi n° 16 prévoit que
le vendeur doit remettre au promettant-acheteur l'attestation sur l'état des
finances du syndicat et sur l'état de l'immeuble et que le promettant-acheteur
peut demander au syndicat de lui fournir avec
diligence les renseignements concernant l'immeuble et le syndicat. Tant que
toutes les copropriétés n'auront pas
d'étude de fonds de prévoyance, il est possible que l'attestation sur l'état
des finances du syndicat et l'état de
l'immeuble ne reflète pas la réalité. Le cas échéant, et je pense que vous avez
donné des exemples là-dessus, est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de prévoir des mesures transitoires relativement à
l'application de ces dispositions? Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Bégin
(Nathalie) : Mme la Présidente, effectivement, ça pourrait être une
porte de sortie, effectivement, de pouvoir le faire, pour répondre à
votre question, ce serait un enjeu intéressant.
Mme Jeannotte :
Bien, vous n'avez pas d'exemple concret là-dessus?
Mme Bégin
(Nathalie) : Bien, écoutez, c'est sûr et certain que, quand on impose
des mesures, que c'est très rapide, ça
a des conséquences, souvent, dépendamment du type de propriété et du type de
vendeur, un peu comme nos collègues précédents
ont mentionné à certains niveaux sur un autre sujet. Alors, des mesures
transitoires pour être sûr et certain, une... quelque chose d'intéressant pour,
justement, ne pas coincer les gens qui vont peut-être avoir de la misère,
justement, à faire ce qu'ils ont à faire.
Mme Jeannotte :
D'accord. Ça va.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Il reste encore 10 minutes.
Des voix :
...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Oui, je vous donne la parole.
M. Thouin :
Donc, bien, bonjour. En fait, c'est en lien avec vos recommandations 4, 5, 6,
7, le projet de loi prévoit une période de
transition de trois ans pour permettre aux
syndicats de copropriété d'obtenir une étude de fonds de
prévoyance et le carnet d'entretien. Il
prévoit également que les copropriétés auront 10 ans pour
s'assurer de bien capitaliser et que les sommes qui sont nécessaires
dans le fonds de prévoyance, là, seront suffisantes.
Ma
question : Est-ce
que, selon vous, ces périodes de
transition sont convenables, selon ce que vous connaissez, là, du marché? Est-ce qu'elles devraient être plus longues, plus courtes, selon ce que vous voyez, évidemment,
là, du marché? Qu'est-ce que vous pensez de ça, les deux périodes de
transition, là?
Mme Bégin
(Nathalie) : En fait, il y en a
jamais, d'idéal pour les gens, Mme la
Présidente, parce que,
dans certaines catégories, il y aura toujours des gens qui vont dire que ce
n'est pas assez long, puis il y aura toujours des gens qui vont dire que c'est
trop. Alors, c'est sûr et certain que ceux qui vont avoir plus de difficultés,
c'est les plus petites copropriétés. Au
niveau du courtage immobilier — je suis moi-même courtier sur le
terrain — c'est
certain que les petites copropriétés, présentement,
puis c'est pour ça qu'on salue le projet, ça va les aider à mieux s'encadrer.
Mais ça va être encore difficile parce
que, souvent, ils n'ont pas beaucoup de moyens, le désir d'implication n'est
pas là, d'où la recommandation qu'on a faite au niveau de la formation
pour pouvoir conscientiser les gens au niveau de la copropriété, à leur
implication, leurs obligations légales, etc.
Ça fait que les délais, pour répondre à votre question, selon l'association, ça
pourrait être un délai qui est acceptable, mais on va avoir quand même,
sur le terrain, des difficultés, puis ça, je vous le confirme.
M. Thouin :
Sans être parfaits, les délais seraient acceptables, selon vous, dans les deux
cas.
Mme Bégin
(Nathalie) : Il faut partir à quelque part.
M. Thouin :
On part là. Merci, c'est gentil.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Je cède la parole au député de Beauce-Nord.
M. Provençal :
Mme la ministre aurait peut-être une question.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Mme la ministre, est-ce que...
Mme Laforest :
O.K., bien, moi, j'ai une question, en fait. Au niveau de la qualification des
inspecteurs en bâtiment, d'après vous, pour ceux qui n'ont pas la
formation, pour ceux qui ne voudraient pas faire la formation, au niveau de la
reconnaissance des acquis, comment vous percevez ça?
Mme Bégin
(Nathalie) : Oui, Mme la Présidente, en fait, ça, c'est le plus gros
point qu'on est très inquiets. En fait,
je vous dirais que, pour nous, là, on l'a mentionné dans le mémoire, ça serait
essentiel que ceux qui sont déjà sur le terrain, présentement, qui ne sont pas membres d'un ordre professionnel
déjà, comme l'Ordre des ingénieurs, l'Ordre des architectes, qui ont ont déjà, présentement, vraiment, des
qualifications et des plans par rapport à ça, que ceux qui ne se sont pas là, qu'il y aurait une mise à niveau
obligatoire pour les gens de terrain, présentement, et un examen pour vérifier
parce que, justement, c'est la
problématique qu'on a présentement, je vais être très honnête, pour être
courtier sur le terrain, ce n'est pas avec l'Ordre des ingénieurs ou avec les
ingénieurs ou les architectes, c'est les autres. Alors, c'est là qu'il faudrait
vraiment qu'il y ait un resserrement au niveau du projet de loi et les encadrements
soient là.
Mme Laforest :
O.K. Il doit me rester un peu de temps aussi?
La Présidente
(Mme Dansereau) : Oui, il vous reste sept minutes.
Mme Laforest :
J'ai une autre question à savoir... Parce que, dans le projet de loi, c'est
certain qu'on s'est posé la question
à savoir si on obligeait l'inspection du bâtiment avant achat, puis on se
disait : On n'a jamais assez d'inspecteurs formés au Québec pour obliger ça. Est-ce que vous êtes d'accord aussi
avec ça? Puis, d'après votre pratique, si on avait obligé ça tout de
suite en partant, on doit obliger l'inspection, la réception aurait été
laquelle?
Mme Bégin
(Nathalie) : Bien, Mme la Présidente, juste dans les moments où on
sait... Au niveau du domaine de l'immobilier, présentement, là, c'est le gros,
gros temps, là, alors tous les courtiers sont très, très, très occupés, et présentement c'est extrêmement difficile, même
sans avoir l'inspection obligatoire, d'avoir parfois un inspecteur en bâtiment
pour venir inspecter nos maisons. Souvent,
nos acheteurs qui font affaire avec un inspecteur, il n'est pas disponible, ça
fait déjà des délais, ça fait que c'est déjà une problématique. Ça fait que,
moi, c'est sûr que j'ai une inquiétude par rapport à ça, pour comment on va gérer ça, parce qu'il y a...
c'est certain que, selon moi, présentement, à l'heure actuelle, il n'y a pas assez
d'inspecteurs pour répondre à la demande si on rend ça obligatoire.
Mme Laforest :
O.K. Je peux poser une autre question?
La Présidente
(Mme Dansereau) : Bien oui, vous avez encore six minutes.
Mme Laforest :
Au niveau, justement, du carnet d'entretien, j'aimerais ça vous entendre par
rapport à la grandeur des copropriétés ou le nombre de copropriétés.
Est-ce que vous voudriez que le carnet d'entretien soit uniforme?
• (12 h 40) •
Mme Bégin
(Nathalie) : Mme la Présidente, bien, uniforme dans son contenu, oui,
parce qu'en fait... puis je vais vous donner la raison, c'est très simple. Tous
les documents qu'on reçoit, présentement, comme courtiers immobiliers, où on doit faire la vérification, naturellement le
courtier doit l'analyser, mais, quand on le présente à l'acheteur, il doit être
en mesure de le comprendre aussi. Puis ça,
c'est une des problématiques qu'on a, présentement, parce que vu que
l'information n'est pas uniforme d'un à l'autre, c'est très difficile pour nos
clients de pouvoir s'y retrouver là-dedans, puis ce n'est pas tout le
monde, naturellement, qui a le même niveau de compréhension. Alors, c'est pour
ça qu'on demandait ça.
Au
niveau du carnet comme tel, est-ce qu'on irait de toutes les catégories au
niveau des petites copropriétés? C'est un
peu ça, votre question? Bien, écoutez, c'est sûr et certain que, pour nous,
idéalement, s'il l'avait partout, on serait très heureux comme association parce que, que ça soit une petite copropriété
ou une mégacopropriété de 50, 100 unités, les acheteurs veulent quand même savoir ce qu'il y a à
faire sur la propriété, alors donc c'est toujours une inquiétude. D'ailleurs,
quand il y a une transaction puis que nos membres font une transaction, nos
membres courtiers avec un client, une des premières
questions, c'est : Va-t-il y avoir des dépenses à venir dans le futur?
Combien ça va coûter? Et est-ce que ça va avoir un impact sur une future cotisation spéciale qui peut venir
complètement débalancer le budget mensuel d'une famille? Alors, donc,
c'est sûr, que ça soit petit ou grand, pour nos membres, eux, ça serait idéal
d'en avoir un. Là où est-ce qu'on
s'entend, c'est peut-être
les délais qui pourraient être différents, la petite copropriété pourrait peut-être
ne pas avoir un délai de cinq ans pour pouvoir le mettre à jour parce qu'il y a moins de travaux ou des choses comme ça peut-être,
mais le contenu ou l'information, que ça soit petit ou grand, l'acheteur
veut l'avoir, la même information.
Mme Laforest :
O.K., dernière question vite, vite, vite, si j'ai le temps.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Non, vous avez encore quatre minutes.
Mme Laforest : Oui? Ah mon Dieu! Je vais prendre mon temps! Non.
Quand on va, admettons, obliger l'inspection obligatoire, quand l'inspection va être obligatoire, en fait,
croyez-vous qu'il va y avoir plusieurs courtiers immobiliers qui
pourraient être inspecteurs en même temps? Est-ce que vous avez pensé qu'il y
aurait conflit d'intérêts? Est-ce qu'un courtier immobilier pourrait être
inspecteur en bâtiment en même temps?
Mme Bégin
(Nathalie) : Mme la Présidente, je vous répondrais que non et, comme
présidente d'association, je vais me lever très, très haut si cette pratique-là
commence parce que, selon moi, il y a conflit d'intérêts total à ce niveau-là.
Alors, donc... et, dans notre milieu,
présentement, je vous dirais que je n'en vois pas vraiment qui font les deux.
C'est vraiment deux choses
différentes, puis souvent ils choisissent un ou l'autre. Alors, ce n'est pas
une pratique, présentement, et ça n'en deviendra pas une.
Mme Laforest :
Mais on a des entrepreneurs qui sont aussi inspecteurs, à ce moment-là, ça fait
que c'est pour ça qu'il faut faire attention
au niveau des conflits d'intérêts. C'est pour ça que je voulais savoir votre...
Ça fait que vous n'avez aucune crainte avec cette...
Mme Bégin
(Nathalie) : Non, Mme la Présidente.
Mme Laforest :
Mme la présidente, merci.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Vous avez encore
2 min 44 s. Je peux céder la parole à la députée de Labelle,
allez-y.
Mme Jeannotte :
Je voulais juste, s'il vous plaît, vous réentendre sur l'organisme, là.
«Mandater un organisme pour l'encadrement des gestionnaires de copropriétés»,
je voulais vous réentendre là-dessus. Comment vous le percevez, ça?
Mme Bégin
(Nathalie) : Écoutez, on n'a pas fait de recommandation sur qui ou
quoi devrait encadrer, mais, selon nous,
il y a une grosse problématique au niveau des gestionnaires en copropriété,
présentement, parce qu'on le vit comme nos
membres sur le terrain, que ça soit au niveau de la demande d'information, du
temps qui est consacré, de la documentation, il n'y a aucun encadrement au niveau des gestionnaires, et on vit la
même chose qu'avec les inspecteurs dans cette catégorie-là. Et on sait que les gestionnaires en copropriété,
souvent, vont gérer des fonds énormes au niveau de certains syndicats, pas
d'encadrement, on ne sait pas c'est qui qui est en arrière de ça, et souvent
nos clients, quand ils vont acheter une propriété,
bien, ça va être un des facteurs, ils vont vouloir savoir la solvabilité de la
compagnie. Ils vont déposer leur argent tous les mois, ils ne savent pas trop, et il n'y a rien là-dessus, alors
c'est pour ça. Mais on n'a pas fait de recommandation sur qui, mais par
contre il faudrait que ça soit fait. Ça, ça serait essentiel.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Encore 1 min 30 s.
Mme Laforest :
Avez-vous d'autres questions? Moi, ça répond vraiment à mes questions.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Le député de Beauce-Nord, peut-être, qui m'avait demandé la parole.
M. Provençal : Oui. Quand on
regarde votre recommandation n° 5, là, «modifier l'article 1068.2 en
ajoutant "avec diligence et à des coûts raisonnables" et rendre
systématique la délivrance des informations», pourriez-vous juste élaborer une
petite affaire, s'il vous plaît?
Mme Bégin
(Nathalie) : Bien, oui, bien sûr. En fait, c'est que, présentement, on
vit, dans notre domaine, des écarts de
coûts incroyables au niveau des demandes d'information, et ce niveau-là doit
être certainement réglé. Il n'y a rien là-dessus, présentement, alors, d'une copropriété à l'autre,
au niveau des coûts, c'est pour ça qu'on a marqué «d'une façon diligente
et raisonnable» sans mettre de coûts
nécessairement. Je sais qu'il y a d'autres organismes qui ont fait des
recommandations, mais il faudrait statuer par rapport à ça parce que,
malheureusement, parfois, tant l'information est difficile à avoir, tant les
compagnies de gestion ou même les syndicats vont charger des montants
exorbitants pour obtenir l'information qui leur est due, en fait. Alors, je
pense que, pour ne pas prendre les gens en otages, malheureusement, ça serait
bien qu'il y ait un montant qui soit établi
par rapport à ça ou du moins, éventuellement, de limiter les frais par rapport
à ça au niveau de la copropriété.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, Mme la présidente. Je cède
maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle. Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel,
vous disposez de 10 minutes.
Mme Thériault : Merci,
Mme la Présidente. Bienvenue en commission parlementaire, plaisir de vous
revoir. Effectivement, votre mémoire est très, très bien élaboré, vous avez
beaucoup de recommandations. Mme la présidente, Mme Bégin, vous savez, autant l'encadrement des inspecteurs en
bâtiment que de revoir les règles qui régissent la copropriété ainsi que le carnet d'entretien, essentiellement,
visent une chose : protéger l'acheteur de maison, le consommateur dans...
Tout le monde sait qu'au Québec le parc
immobilier ne tombe pas presque en ruines, mais demande beaucoup d'amour, donc, nécessairement, un investissement d'argent, puis que l'investissement le plus important pour une petite famille, notamment,
c'est d'acheter une maison ou d'acheter un
condo qui... Souvent, la copropriété est le premier achat, puisque ça demande
une mise de fonds beaucoup
plus basse. Ça fait que c'est évident que le carnet d'entretien, oui, ça peut
coûter de l'argent pour l'élaborer, par
contre le contenu, il est aussi
drôlement important parce que c'est ce qui va faire si on va se
ramasser avec des surprises ou pas, on est capables de voir s'il y a des
choses, des dépenses qui sont anticipées.
Moi, je suis
propriétaire de deux copropriétés. J'en ai une qui est gérée avec une compagnie
de gestionnaires très professionnels, zéro cotisation, tout est fait
dans les règles de l'art, avec un ascenseur et un garage souterrain, donc on a des frais de copropriété beaucoup
plus élevés, mais savez-vous quoi, numéro un, zéro cotisation
spéciale. L'autre est gérée par un
syndicat de bénévoles qui font du mieux qu'ils peuvent, on est à peu près
40 dedans, on a tout refait, ce n'est pas compliqué, là, on a une étude
de fonds de prévoyance qui a été faite correctement, selon les règles de l'art,
puis malgré tout ça, on des cotisations
spéciales, puis on en a eu pour le toit. Mais là tout est fait, là, je vous
dis, on finit les fenêtres puis on a fait les balcons, on a fait les
portes-patio, on a fait le toit, on a fait la brique, tout est fait, ça fait
qu'il n'y a pas de danger pour la personne
qui va l'acheter parce qu'on a payé, et c'est vraiment fait selon les règles
de l'art. Par contre, comme Me Joli-Coeur
le disait hier, et je voyais votre réponse à la question de la ministre
par rapport à la formation, l'encadrement au niveau
des gestionnaires dans le projet de
loi, il y a... tout ce qui était
avant dans le 401 pour la formation des gestionnaires n'est
pas là. Qu'en pensez-vous?
Mme Bégin
(Nathalie) : Bien, comme je
mentionnais, c'est sûr et certain qu'au
niveau des gestionnaires c'est
souvent la problématique d'un immeuble à l'autre, où on se retrouve avec des compagnies très professionnelles
et, à l'inverse, avec d'autres compagnies où on n'a aucune information,
aucune collaboration. Et c'est un travail qui... Je dirais que voilà plusieurs
années — moi,
ça fait longtemps que je fais de l'immobilier, ça fait plus de 20
ans — ça
n'existait pas, comme le mot «inspecteur» n'existait pas. Il y a plein
de choses qui sont arrivées. Mais là c'est là, c'est dans une réalité, et malheureusement il y a beaucoup de gens qui s'improvisent gestionnaires, présentement. Alors donc, c'est pour ça que nous, nous croyons, l'association, que ce serait important d'encadrer cette
section-là dans la loi parce que justement, souvent il va se passer des situations où
ils vont prendre les syndicats ou les copropriétés en otages dans des
situations vraiment très tristes que nous-mêmes,
on a vécues sur le terrain, où ils sont partis avec la caisse ou qu'il est
arrivé des situations vraiment déplorables et qui mettent en péril, dans le fond, tout l'argent qui avait été accumulé par un syndicat durant de
nombreuses années, alors c'est essentiel.
Mme Thériault : Parfait.
Je vous entends, j'espère que la ministre entend aussi parce que moi aussi,
comme... tu sais... C'est sûr qu'à partir du
moment où on demande de faire les études de fonds de prévoyance, il va y avoir
des sommes d'argent beaucoup
plus substantielles que ce qu'il y a présentement, également, parce qu'on va être obligés de mettre de
l'argent de côté, on n'aura pas le choix, c'est pour le bien... Je comprends
que le propriétaire actuel, il peut trouver ça un peu désagréable, mais la journée qu'il va vendre, il va être bien
heureux de pouvoir dire que son fonds de prévoyance est bien rempli puis que les réparations, elles ont
bien été faites parce que ça va lui donner un avantage certain à vendre puis,
en même temps, bien, on ne passera pas un citron au prochain propriétaire qui
va acheter.
Et je suis
convaincue que, vous, dans votre travail de courtier, ça va être beaucoup
plus facile. Moi, je sais que mon notaire,
à moi, il avait une check-list, là, où on disait : T'as-tu ça? T'as-tu ça?
T'as-tu ça? Bien, je pense qu'avec le carnet d'entretien,
je pense, avec ce qu'on a mis dans la loi, on est en train de mettre la
ceinture, les bretelles. Il manque-tu quelque
chose, selon vous, qu'on devrait demander à ajouter au niveau
des copropriétés pour s'assurer que toute l'information soit là,
transparente et limpide?
Mme Bégin
(Nathalie) : Bien, en fait,
je vous dirais que, dans toutes les recommandations qu'on a faites, pas mal tout est là. Et l'idée là-dedans, c'est surtout de
rendre l'information disponible. Et c'est là, la problématique majeure qu'on a dans l'industrie,
présentement, et malheureusement c'est triste, mais il y a des acheteurs... puis
on a un milieu effervescent énorme, présentement, au
niveau de l'immobilier, et il y a
des propriétaires qui doivent... ils ont vendu leur propriété, doivent
se racheter une propriété, ils vont perdre l'achat de la maison, du condo parce
qu'on n'est pas capables d'obtenir les documents puis qu'ils veulent acheter de façon diligente
et protéger leurs acquis, puis on ne peut pas obtenir l'information, donc on va être obligés de laisser tomber la vente, s'en aller
ailleurs. Et on vit des situations — parce que je suis dirigeante d'agence
aussi — incroyables,
présentement, souvent à cause de cette disponibilité de l'information qui ne l'est pas. Alors, je vous dirais que c'est assez important
d'arriver à quelque chose à ce niveau-là.
• (12 h 50) •
Mme Thériault : Je vous remercie de votre franchise. De toute façon, je pense que,
quand on n'est pas capable d'avoir les documents, ça devrait allumer une grosse, grosse, grosse
lumière sur l'état de la copropriété, et des problèmes, et des surprises qui risquent de suivre aussi. Si
on n'a pas de collaboration du syndicat avant d'avoir acheté le condo,
imaginez après. Donc, je pense que c'est peut-être un bien pour un mal,
mais ça ne règle pas le problème.
Au niveau de l'inspection des bâtiments, j'ai
entendu vos demandes par rapport au fait de si on l'oblige ou si on ne l'oblige pas. Je comprends que, quand tu
achètes une bâtisse, puis que tu la strippes, puis que tu recommences, ce
n'est pas le même niveau. Moi, je sais qu'on voulait l'obliger, mais on voulait
aussi prévoir des exceptions. Exemple, si je
vends ma maison à mon fils, on ne lui fera pas faire une inspection en
bâtiment. Je suis capable de lui dire ce qui ne va pas aussi, puis il va
savoir ce qu'il doit réparer. Donc, il était question de prévoir aussi une
liste d'exceptions.
Outre la personne
ou le groupe d'investisseurs qui achète, quelles autres exceptions vous devriez
voir si la ministre décidait d'aller de l'avant avec l'imposition de
l'inspection de bâtiment, puis je vais le répéter, dans le but de protéger
l'investissement de la petite famille qui s'achète une maison,
pour qu'elle ne fasse pas face à... pour qu'elle ne soit pas dans l'état de
faire face à des dépenses imprévues, qu'on n'a pas vues, qu'on aurait dû voir
lors de l'inspection? Parce que
c'est ce que l'inspection obligatoire vise,
protéger l'investissement. Mais il y a des cas d'exception, j'en conviens.
Outre la famille et ce que vous nous avez mentionné, quels cas devraient
être dans les exceptions?
Mme Bégin
(Nathalie) : Alors, Mme la députée, Mme la Présidente, en fait, la
raison pour laquelle on a donné seulement ces deux points-là... Puis je vais
reprendre votre exemple, Mme la députée, concernant la petite famille, le père
qui vend à sa fille. Comme courtier
immobilier sur le terrain, je recommanderais quand même l'inspection parce que,
même si c'est la maison de ton père... L'inspection a deux buts, hein, c'est de
protéger, dans le fond, l'acheteur, et savoir ce qu'il va avoir à faire comme dépenses sur la propriété,
puis ce n'est pas nécessairement de trouver des problématiques sur l'immeuble, alors... et souvent... Donc, c'est pour ça qu'on
ne l'a pas mis dans cette liste d'exceptions là parce qu'à quelque part, comme
acheteur et comme courtier immobilier, de le suggérer pareil... Je suggérerais,
moi, à la fille qui achète la maison de son
père, même si elle a habité là 25 ans, de l'inspecter quand même pour budgéter
dans le futur. Ça fait que c'est pour ça que les raisons pour lesquelles
on a mis, dans le mémoire, les deux exceptions, il y a vraiment une raison
financière en arrière de ça. C'est comme des gens qui veulent, dans le fond, se
partir un petit parc immobilier, qui ont des sous, qui connaissent la
construction, alors donc, ces gens-là, on les a mis vraiment dans une catégorie
à part. Mais on n'est pas allés ailleurs au
niveau de ça parce qu'on pense que l'inspection, pour les autres catégories,
c'est un must, dans le fond, pour pouvoir acheter en toute quiétude et
d'avoir une prévision des dépenses futures au niveau de l'immeuble.
Mme Thériault : O.K. Par contre, présentement, dans
notre droit, c'est possible de ne pas avoir de taxe de bienvenue quand il y a un transfert entre conjoints, ou
d'avoir le frais de dossier sans repayer la taxe de bienvenue, ou entre
familles, donc je pense que c'est
quand même aussi au point de vue financier. C'est sûr que, s'il y a des
incitatifs du gouvernement puis qu'il y a certaines dépenses qui peuvent
compter sur un crédit d'impôt, comme c'est le cas présentement grâce à une mesure qui avait été faite par notre
gouvernement, l'inspection en bâtiment, les frais de notaire, les déménagements,
les certificats de localisation, tu sais, il
y a beaucoup de paperasses qui vont venir. Si on oblige le certificat de
localisation, alors qu'il n'y a rien
qui bouge des fois en dedans de 10 ans, encore moins sur une copropriété, bien,
pourquoi on ne pourrait pas faire en sorte d'avoir quelque chose qui va
vraiment protéger l'acheteur, dont une inspection?
Mme Bégin (Nathalie) : Oui.
Mme Thériault : Donc, c'est pour ça que moi, je me
dis, bien, c'est sûr que, oui, il faut faire de la mise à niveau, oui,
il y a de la reconnaissance des acquis.
Je suis au
même endroit que vous par rapport aux conflits d'intérêts. Je pense... que ce
soit la Régie du bâtiment qui s'en
occupe, je trouve que c'est correct d'avoir une espèce de formule hybride pour
venir compléter le triangle. Vous savez que les électriciens et les
plombiers, c'est à part, ce n'est pas dans les ordres professionnels, les
inspecteurs en bâtiment permettent de
compléter. Que ce soit sous l'égide de la régie, je trouve que c'est une bonne
idée. Honnêtement, je trouve que
c'est... on ne peut pas aller ailleurs non plus pour l'inspecteur des
bâtiments. Par contre, je pense que la ministre devrait certainement prendre en
considération... sur les différentes technicalités de la mise à niveau de la
formation pour être capables de faire un minimum de reconnaissance des
acquis parce que, sinon, on ne pourra pas avoir d'inspecteurs en bâtiment. Mais je trouve
particulier aussi des fois d'entendre... particulièrement sur la Rive-Sud de
Montréal, il y a un poste de radio
qui fait la promotion pour une formation d'inspecteur en bâtiment avec une
très, très petite quantité d'heures. Moi, ça me... Oui, je vous le dis, là, j'ai entendu ça, puis ça dérange un peu
la législatrice en moi alors qu'on essaie de faire en sorte que les gens
ne peuvent pas s'improviser.
Et c'est une
problématique aussi que vous avez probablement déjà vue, puis la ministre a dû
être sensibilisée à ça, les maisons
dans lesquelles on fait pousser du pot. Il y a plusieurs milliers de maisons,
on n'est pas capables de les identifier, mais les inspections pourraient
les détecter.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition.
M. le député de Laurier-Dorion, vous disposez de
2 min 30 s.
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci d'être ici. Je reviendrais sur la
question des inspections. Écoutez, je
suis un néophyte, mais, pour vous, une inspection d'un petit bâtiment d'une
dizaine d'unités de condominium, est-ce que c'est la même inspection que pour
un gros édifice de 100, 200, 300, 20
étages? Et, si ce n'est pas la même
chose, parce que je vous vois... est-ce qu'il ne faudrait pas
imposer différents types de certification des inspecteurs, là, selon le type du
bâtiment dans lequel il travaille?
Mme Bégin (Nathalie) : M. le
député, Mme la Présidente, bien, en fait, au niveau, présentement, du courtage immobilier, l'acheteur qui achète une propriété...
une copropriété, sur les formulaires obligatoires de notre régulateur, dans la
clause d'inspection, il y a deux options, soit de faire une visite de
seulement... dans le fond, d'inspecter juste la partie privative, son appartement, ou de faire l'entièreté
du bâtiment. Il y a comme deux cases, et l'acheteur doit décider. Naturellement, ça a un impact au niveau du coût et
de la grandeur de la copropriété parce que, si on parle d'un immeuble de
400 unités, ça coûte... vraiment, il n'y a personne qui fait ça, en fait,
il n'y a pas un acheteur qui va le faire, ça coûterait des coûts astronomiques, d'où la raison, dans le
fond, d'avoir un bon carnet d'entretien, d'avoir des inspections régulières
qui est faite par la copropriété au niveau
du bâtiment. Mais normalement, dans l'industrie, en grande majorité, à part
pour les très petites unités, là, de
la grandeur de deux, trois unités qui, là, ils vont faire une inspection du
bâtiment parce que ça équivaut à peu près à la grandeur d'une petite
maison à revenus, duplex, triplex, donc l'inspecteur va avoir un prix, en fait, qui est raisonnable, alors là, ils vont le
faire. Ça fait que, donc, c'est sûr qu'au niveau du gouvernement, si jamais il
décide d'imposer, je pense qu'il va falloir quand même regarder ça parce que ce
n'est pas le même prix, ce n'est pas la même chose non plus. Puis il y a quand même des inspections obligatoires
au niveau des gros édifices, présentement, donc l'inspecteur n'a pas besoin de
repasser par-dessus ça à chaque fois qu'il y a la vente, nécessairement, d'une
unité. Ça fait qu'il faudrait absolument que le gouvernement regarde cet
aspect-là, ça, c'est certain.
M. Fontecilla :
Concernant, toujours, les inspections, là, vous souhaitez exempter certains
types d'acheteurs, là, du devoir
d'inspection, là, mais qu'est-ce qui garantit que l'acheteur va effectivement
transformer l'unité que... le bâtiment qu'il
achète, qu'il va faire ce qu'il a dit de faire, là? Est-ce que ça ne pourrait
pas être utilisé comme une voie d'échappatoire pour ne pas payer une
inspection?
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je vous remercie, le temps est
écoulé. Je cède maintenant la parole au troisième groupe d'opposition.
M. le député de Rimouski, vous disposez de 2 min 30 s.
M. LeBel :
Merci. Bonjour. Les premiers mois que j'ai été élu, en 2014, j'ai rencontré un
couple dans mon coin qui m'a parlé de
la mérule pleureuse, un champignon toxique qui s'installe dans le vide
sanitaire. Je suis arrivé au Parlement, j'ai discuté de ça avec des gens, personne ne connaissait ça, personne
ne connaissait ça. Moi non plus, je dois vous dire, mais personne ne connaissait ce phénomène-là, ça
fait qu'on s'est mis à documenter tout ça. Mais c'est parce qu'il y a des
impacts, là, tu paies l'hypothèque, puis la seule façon de te débarrasser de
ça, tu démolis ta maison, puis il y a des problèmes de santé, c'est très
gros. Personne ne connaissait ça, des pétitions, tout ça. Et la première, je le
dis, c'est la députée d'Anjou—Louis-Riel, alors ministre, qui a reconnu qui se
passait quelque chose là et qui a mis en place un programme. Et je dois dire, les inspecteurs ne connaissaient
pas ça non plus, ils ne savaient pas comment ça fonctionnait. Et puis ça
peut être en dormance une centaine d'années,
cette patente-là. Moi, cette expérience-là que j'ai vécue plaide, à mon avis,
pour l'inspection obligatoire. À votre avis?
Mme Bégin (Nathalie) : Merci
pour la question. Disons qu'au niveau de la mérule pleureuse, je vous dirais qu'un bon inspecteur en bâtiment connaît ça, en
fait, parce que même la majorité des courtiers immobiliers, dans les formations
qu'on va faire, on est au courant de la
mérule pleureuse. On n'en voit pas souvent, par contre, je vous dirais que
c'est une rareté, et, quand on en
voit, on sort en courant, là, parce que le seul moyen de l'enlever, c'est
mettre le feu dans la maison, alors
ce n'est pas nécessairement intéressant. Mais ce n'est pas une problématique
qui est répandue. Disons qu'il y en a beaucoup d'autres qui sont davantage
répandues au niveau des problématiques. Mais de là à mettre, donc, obligatoire...
Et, comme je vous dis, on n'est pas contre de mettre obligatoire, mais avec une
liste d'exceptions. Je vous dirais que l'entrepreneur,
comme tel, qui va visiter... Et ceux qui visitent nos propriétés de nos membres
et qui sont dans le domaine... parce
que, tantôt, il y avait une question de monsieur, on le sait rapidement, là,
parce que, premièrement, quand il rencontre le courtier immobilier puis qu'il fait affaire avec nous, un acheteur
qui achète pour changer le statut d'une maison, ou stripper, ou rénover, souvent ça fait plusieurs transactions
qu'il va faire avec, il a un langage différent, il va lui-même s'identifier.
Puis, quand on visite, ce n'est pas les
mêmes critères de sélection au niveau de la propriété, ça fait qu'on les
identifie très bien. Ça fait que, donc, la liste d'exceptions, pour nous, les deux cas qu'on
a mis, on pense que c'est approprié parce que ça va être une étape de plus dans l'étape. Souvent, ils
vont acheter des reprises de finance, des maisons très peu chères qui vont
mettre des prix, des fois, très, très bas et qui vont mettre des gros travaux,
les maisons de cannabis, et tout.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, Mme la présidente. Je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 7)
La
Présidente (Mme Dansereau) : Bon, bonjour, tout le monde. Bienvenue, Mme la ministre, MM. et Mmes
les députés, distingués invités. La Commission de l'aménagement du territoire reprend
ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électriques.
Nous
poursuivons les consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi n° 16, visant principalement l'encadrement
des inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la
dénomination de la Régie du logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement et modifiant
la Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions
législatives concernant le domaine municipal.
Nous entendrons cet après-midi la ville de Montréal, la
Chambre des notaires du Québec et le Regroupement des
comités de logement et associations de locataires du Québec.
Donc, je souhaite la bienvenue à la ville de Montréal. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé, messieurs.
Ville de Montréal
M. Rochette (Jean) : Merci, Mme la Présidente. Mme
la ministre, Mmes et MM. les
députés, mesdames et messieurs, je suis Jean Rochette, adjoint au directeur des
relations de travail de la ville. Je suis accompagné, à ma droite, de Me Valérie Korozs, du
contentieux de la ville, à ma gauche, de M. Jean-Yan Gagnon, le directeur
des relations de travail, plus loin,
M. Olivier Roberge, chef de section à la Direction de la rémunération, et finalement M. Jean Therrien, à la
direction des affaires gouvernementales et municipales.
Alors, sans plus tarder, je vais vous faire un résumé du
mémoire qui a été transmis hier et... voilà, sans plus tarder. Alors, par son mémoire, la ville de
Montréal souhaite tout particulièrement saluer la volonté du gouvernement de
confirmer l'intention de l'Assemblée
nationale lors de l'adoption de la loi n° 15 par les articles 129 et 146
du présent projet de loi. En adoptant la loi n° 15, cette intention
était d'assujettir les régimes de retraite des policiers de la ville comme tous
les autres régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal. La fraternité a elle-même compris que ces
régimes de retraite étaient visés par le projet de loi n° 3 lors de
ses représentations devant cette même commission.
• (15 h 10) •
Changeant toutefois sa lecture de la loi en avril 2015, la
fraternité s'est adressée à la ville, affirmant que les régimes de retraite des policiers n'y
étaient pas assujettis et lui demandant sa position à cet égard. En juin, la
ville lui a répondu qu'après vérification auprès du ministère des
Affaires municipales et de l'Habitation de même qu'auprès de Retraite Québec le
gouvernement considérait que la loi était
applicable. À la suite de cette réponse de la ville, la fraternité a déposé en
Cour supérieure une requête demandant qu'il soit déclaré que les
régimes de retraite des policiers n'étaient pas assujettis à la loi, requête qui a été rejetée par la Cour supérieure,
mais accueillie par la Cour d'appel, dont le jugement est actuellement en
appel devant la Cour suprême du Canada, qui a accordé l'autorisation d'en
appeler à la fin du mois de mars dernier.
Le
noeud du problème réside dans l'interprétation à donner aux mots «établi par un
organisme municipal» dans le premier
alinéa de l'article 1 de la loi. Ces mots sont susceptibles de deux
interprétations : l'une prend appui sur l'un des sens possibles du texte, alors que l'autre est, de
toute évidence, supportée par l'historique parlementaire du projet de loi.
Le juge de la Cour supérieure a appliqué ce
qu'on appelle la méthode d'interprétation législative bien établie, qui veut
qu'une disposition s'interprète eu égard à son contexte global. Pour lui, le
mot «établir» incluait «mettre en oeuvre» et «mettre en application». La majorité des juges de la Cour
d'appel ont reproché au juge de la Cour supérieure de ne pas avoir traité du
fait que la loi porte atteinte aux droits acquis et qu'en raison de la
présomption de respect de ces droits le législateur devait s'exprimer clairement. Elle s'est prononcée sans
s'intéresser d'aucune manière à l'historique parlementaire. La Cour d'appel a
déclaré ceci au paragraphe 100 : «Dans le présent cas, il est clair et
incontestable que le texte de la loi en cause ne peut soutenir l'interprétation que lui donnent la ville
et la Procureur général du Québec. Si erreur il y a, il appartient alors à
l'État de la corriger et non aux tribunaux de faire cette besogne au
service du gouvernement.» Pour sa part, le juge dissident de la Cour d'appel aurait rejeté l'appel de la
fraternité pour les mêmes motifs que le juge de la Cour supérieure. Pour lui,
le fait que la ville soit impliquée dans la
gestion des régimes et doive approuver les règlements de ceux-ci était
suffisant pour conclure que la ville
les a établis. Quant à la présomption de respect des droits acquis, le juge
dissident a affirmé qu'il était évident que le législateur entendait les
bouleverser.
Suite au dépôt du
projet de loi n° 3, la fraternité a présenté un
mémoire à cette commission. Elle a demandé d'exclure
les deux régimes du champ d'application de la loi, et je cite les extraits
suivants : «...la fraternité réclame que les régimes de retraite, dont celui des policiers de Montréal, qui ne
sont pas en situation de déficits ou dont la santé financière est saine,
soient purement et simplement exclus de l'application du projet de loi n° 3.»
Par contre, la politique qui a donné
lieu à la loi n° 15 voulait toutefois qu'elle s'applique à tous les
régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal, quelle que soit leur santé financière. Alors,
lors de l'étude article par article, le ministre Moreau, à l'époque, a affirmé
ce qui suit, et je cite : «Le champ d'application fait en sorte que la loi
va s'appliquer à tous les régimes
parce que tous les régimes, même ceux qui sont en santé financière, doivent
voir à ce que leur pérennité soit
assurée. [...]Alors, si on veut [...] assurer la pérennité de tous les régimes
du secteur municipal à prestations déterminées, on doit utiliser l'expression dans le contexte du champ d'application.»
Et par la suite, en réponse à une question de savoir s'il était prévu si on pouvait en arriver à un
moment donné à une situation où on pourrait exclure un ou l'autre des régimes,
M. Moreau a répondu comme ceci :
«La réponse à ça, c'est non. Mais l'effort de restructuration, dans les cas des
régimes qui sont correctement capitalisés et qui sont surcapitalisés,
l'effort n'en est que moins grand. C'est ce que l'on dit.»
Maintenant,
si la ville a obtenu l'autorisation d'en appeler à la Cour suprême du Canada,
le sort de son appel et, partant, de
sa participation financière dans son plus important régime de retraite reste
incertain, alors que l'intention du législateur
était, de toute évidence, d'inclure les régimes de retraite des policiers de la
ville dans la loi. Quoi qu'il en soit, pour
autant qu'il se soit agi d'une erreur de rédaction de la loi qu'il appartient
au législateur de corriger, selon la majorité de la Cour d'appel, comme
je l'ai lu, la légitimité de la modification projetée ne peut pas être mise en
doute d'aucune manière. Je réfère ici, vous
savez, à l'arrêt rendu en 2013 par la Cour suprême dans l'affaire qu'on appelle
Canada Bread. Il est important de
vous dire que c'est une affaire qui provient du Québec, dans laquelle la Régie
des rentes et le Procureur général
étaient impliqués, et qui concernait des décisions de la régie sur la
terminaison de régimes de retraite dans l'entreprise. La régie a considéré que des articles des régimes
étaient incompatibles avec la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Ces décisions ont été confirmées par le
TAQ puis par la Cour supérieure, mais, encore une fois, la Cour d'appel a rendu
un jugement contraire.
Pendant
que la demande d'autorisation d'appel de la régie en Cour suprême était
pendante, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale de l'époque,
M. Hamad, a déposé un projet de loi déclaratoire qui confirmait les
décisions de la régie. La Cour suprême a reconnu, dans cette affaire, le
pouvoir supérieur du législateur par rapport aux jugements des tribunaux. Je cite la Cour suprême, sous la plume
du juge Wagner, là, qui est le juge en chef actuellement : «Les lois
rétroactives attirent souvent la critique selon laquelle elles frustrent des
attentes légitimes. Le présent dossier traite des attentes liées à l'interprétation de certaines dispositions de la
Loi sur les régimes complémentaires de retraite du Québec. Il confirme que le
législateur peut contrecarrer ces attentes en adoptant des dispositions
déclaratoires, et que ces dispositions s'appliquent à toute instance non
encore tranchée au fond par un jugement définitif.»
Ensuite :
«Lorsque le législateur adopte une disposition déclaratoire à effet rétroactif,
il est présumé avoir mesuré la
nécessité de clarifier ainsi l'interprétation par rapport au bouleversement et
à l'iniquité pouvant résulter de sa rétroactivité. Les tribunaux doivent
donc faire preuve de déférence à l'endroit de cette décision du législateur.»
Et
la cour a cité les propos du ministre Hamad lors des travaux en commission
parlementaire, et je cite : «Alors, cet amendement vise à contrer les effets du jugement que la Cour d'appel du
Québec a rendu[...]. Avec respect pour la cour, ce jugement repose sur une interprétation de la Loi
sur les régimes complémentaires de retraite qui va à l'encontre des objectifs
qu'elle vise.»
La Présidente
(Mme Dansereau) : Il vous reste une minute pour conclure.
M.
Rochette (Jean) : Et par la suite la cour a clairement affirmé que
«le législateur intervient habituellement ainsi lorsqu'il veut corriger
une interprétation judiciaire qu'il estime erronée».
Advenant que l'appel
de la ville, qui est pendant actuellement, soit finalement rejeté par la Cour
suprême, la fraternité pourrait, en
l'absence de la modification législative, invoquer ce jugement à sa discrétion
pour exiger de remettre le régime de
retraite des policiers de la ville comme il était avant sa restructuration,
sans égard au cadre prévu par la loi. Par
contre, de leur côté, tous les autres régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal, et plus particulièrement ceux de la ville, demeureraient assujettis à ce
cadre pour assurer non seulement la santé financière, mais aussi la pérennité.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je vous remercie. Votre temps est
écoulé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. Mme la
ministre, la parole est à vous, vous disposez de 16 min 30 s.
Mme la ministre.
Mme Laforest :
Bon, alors, bonjour à vous tous. Bonjour, chers collègues, bonjour, chers
députés, et M. Rochette, M. Cara ou Cora?
Des voix :
Me Korozs.
Mme Laforest :
Me Cora, c'est vous?
Mme Korozs
(Valérie) : Me Korozs, Korozs.
Mme Laforest :
Ah! O.K., O.K. Alors, bonjour, bienvenue.
Mme Korozs
(Valérie) : Bonjour, merci.
Mme Laforest :
M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean-Yan) : Bonjour.
Mme Laforest :
Bonjour, MM. Roberge et Therrien.
Des voix :
Bonjour.
Mme Laforest :
Bon, alors, bonjour à vous tous. Je suis très, très heureuse de vous recevoir
cet après-midi, considérant la belle journée que j'ai eue hier et hier soir
aussi, avec les échanges que j'ai pu avoir avec les policiers de Montréal,
bien entendu. Et, ceci étant dit, c'est
certain que j'ai quelques questions à vous poser. Puis je vais répéter un petit
peu ce que j'ai dit hier, d'emblée, c'est
que, quand je suis arrivée en poste, c'est certain que tous les dossiers, pour,
justement, continuer le travail qui a
été fait par le passé... j'ai toujours dit ça, il ne faut pas briser le travail
qui a été fait par le passé, alors tous les dossiers qui avaient été
travaillés dans le passé, on a essayé de les continuer, bien entendu.
Alors, le dossier,
justement, du régime des retraites des policiers de Montréal était dans les
dossiers à étudier. Considérant que, là,
j'ai quand même constaté le régime de retraite à 25-75, et, oui, il y a eu une
augmentation de salaire, et j'ai vu tout le topo du dossier, moi,
j'aimerais vous entendre, honnêtement, par rapport aux conséquences qu'il y
aurait pour la ville de Montréal puis les
participants au régime de retraite si on attendait la conclusion... Je vais
tout de suite à la fin parce que
c'est ça, la question : Si on allait tout de suite à la conclusion
d'attendre le processus de la Cour suprême, ce serait quoi, les
conséquences?
• (15 h 20) •
M.
Rochette
(Jean) : Si vous permettez, Mme la ministre, avant de parler de
conséquences, là, le simple fait d'attendre,
ça serait empirer la situation par
rapport à la Cour suprême. Je ne vois
pas l'utilité sociale de continuer un dossier alors que le gouvernement
et l'Assemblée nationale, je pense, conviennent de l'erreur.
Alors,
on procéderait à la Cour suprême, si la ville de Montréal et la Procureure générale du Québec gagnaient, bien, tant mieux, il n'y aura
pas besoin de changer la loi. Mais, écoutez, on ne le sait pas. Si c'est la
fraternité qui gagne, qu'est-ce que
le gouvernement va faire? Alors, c'est préférable, je pense, de
procéder immédiatement, vu qu'il s'agit d'une erreur qui mérite d'être
corrigée pour faire respecter l'intention véritable du législateur. Ceci étant
dit, pour ce qui est de l'impact financier,
on parle, évidemment, de plusieurs millions de dollars, là, et je vais
céder la parole à M. Olivier Roberge.
M. Roberge
(Olivier) : Au niveau de l'impact financier pour la ville, si on
regarde, il faut aller rétroactivement au
début de l'année 2014. Donc, c'est depuis 2014 que la loi n° 15 a un impact au niveau du financement des régimes de retraite, dont celui des policiers. Vu que ça a
été applicable, graduellement, au régime de retraite, on parle d'un montant de
73,6 millions pour les années 2014 à 2019 puis après ça,
annuellement, on parle d'un montant de 6,5 millions, donc,
annuellement, récurrent, donc une économie que la ville perdrait.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Puis, quand vous avez discuté, justement,
anciennement, avec le gouvernement, comment ça
s'est passé avec le régime de retraite de la fraternité des policiers de Montréal?
Votre position était la même. Comment vous
voyez le régime de retraite de la fraternité? Parce qu'eux disent que leur régime de retraite est différent puis n'est
pas assujetti à la même
réglementation. Comment vous voyez ça? Vos arguments pour dire que leur régime
de retraite serait, de ce qu'ils disent,
possiblement différent de tous les autres régimes de retraite parce que, si je
comprends, sur 154 régimes de
retraite, si je peux dire, il y en a 153 qui sont assujettis à la même
réglementation, sauf lui de la Fraternité des policiers. Alors,
selon vous, quand vous avez rencontré le gouvernement, votre position
était de dire que le régime de retraite de la fraternité des policiers de Montréal était assujetti au même régime de
retraite que tous les autres régimes de retraite, c'est bien ça?
M.
Rochette (Jean) : Bien, le régime de retraite des policiers de la
ville de Montréal était, selon le projet de loi n° 3 qui est devenu
la loi n° 15, assujetti à ce cadre législatif qui a été décrété par cette
loi.
Maintenant,
le fait que le régime de retraite des policiers de Montréal ait une
particularité en ce sens qu'il est ancien, qu'il a été établi initialement par
l'Association de bienfaisance et de retraite, ensuite qu'il a fait l'objet de
plusieurs projets de loi au gré des années ne change strictement rien au
fait que c'est un régime de retraite établi par un organisme municipal, en l'occurrence la ville de Montréal.
Qu'il soit régi de cette manière, je dirais que c'est non pertinent. Les
régimes de retraite du secteur municipal, au nombre de 158, sont établis de
différentes manières par règlement, par entente, par convention collective. L'origine ou le mécanisme
d'établissement n'a rien à voir. Ce qui compte, c'est : Est-ce que c'est
établi au sens où on doit l'entendre par un
organisme municipal, c'est-à-dire est-ce que l'organisme municipal y participe
financièrement? Est-ce que l'organisme municipal y participe, à
l'administration? Est-ce que l'organisme municipal — et c'est le cas à Montréal — est appelé à approuver toute modification de
ce règlement-là? Il n'y a aucune modification du régime de retraite des policiers qui peut entrer en vigueur, selon sa
propre loi, d'ailleurs, constitutive, sans l'approbation du comité
exécutif. Alors, c'est un des 158 régimes à prestations indéterminées du
secteur municipal et c'est un, surtout, des
40 de ces régimes qui sont capitalisés à 100 % et plus. Alors, quand ils invoquent ce fait-là, je regrette,
mais, si l'Assemblée nationale ne
donnait pas suite au projet de loi ou aux deux articles qui nous concernent, on
se retrouverait avec les 40 capitalisés à 100 % et plus, surcapitalisés, sauf celui des policiers, avec
toutes les conséquences, je dirais, désastreuses pour la ville de Montréal.
Puis ces conséquences-là, c'est que ça serait le seul régime sorti du cadre prévu
par la loi n° 15 pour assurer non seulement
la santé financière, mais la pérennité du régime. Tu sais, on peut bien penser
aux retraites des retraités actuels, aux retraites des policiers
actuels, mais pensons, là, dans les décennies futures, à la retraite des
étudiants en techniques policières,
actuellement. C'était ça, l'exercice fondamental auquel le gouvernement s'est
livré à la suite de toutes les études qui ont été faites à partir du
rapport D'Amours.
L'autre
conséquence du projet de loi, c'est que ça permet de maintenir la
restructuration qui a été faite. Le régime de retraite des policiers a été
restructuré comme tous les autres et selon les paramètres de la loi. L'avantage
aussi, c'est que ça assure la
stabilité du renouvellement de la convention collective qui a été conclue en
2017, convention collective qui prenait
en compte la restructuration du régime de retraite. C'est la fraternité qui a
insisté pour qu'on négocie les deux en même
temps, et c'est un exercice global qui a été fait. Et la fraternité a pu, pour
compenser l'effet négatif de la restructuration en termes de coûts pour les participants... par des concessions de la
ville sur d'autres aspects de la rémunération, ce qui a réduit de beaucoup, de
beaucoup l'impact final de la loi pour la restructuration du régime de police
des policiers. Et je me rappelle
d'avoir lu dans les journaux, au mois de juin 2017, le communiqué de la
fraternité, les paroles de M. Francoeur, qui disait : C'est une excellente entente, c'est gagnant-gagnant.
Alors, je ne vois pas, là, l'à-propos du discours qui est tenu aujourd'hui. C'est plus un discours qui vise à
retourner en arrière, en 2014, pour questionner l'idée même du gouvernement
d'imposer ce cadre légal même à des régimes qui sont pleinement capitalisés.
Et finalement
ce qui s'est passé en vertu de la loi n° 15, l'importance que ça soit
maintenu, c'est pour assurer une équité
et une justice entre les travailleurs. Les travailleurs de Montréal qui ne sont
pas des policiers, eux, resteraient dans le cadre légal de la loi n° 15, mais les policiers de Montréal,
eux, ils seraient sortis. Tous les autres employés municipaux au Québec seraient assujettis aux mêmes
obligations de la loi n° 15, sauf les policiers de la ville de Montréal.
Et c'est toujours la même chose, si
au 31 décembre 2013 le fait était que le régime n'était pas en déficit,
qu'il était pleinement capitalisé, bien, c'était comme ça le 31 décembre 2013, mais qu'est-ce que ça va être
le 31 décembre 2023, 2030? Et dans le passé il y a eu des
variations assez spectaculaires, et M. Roberge peut vous en parler.
M. Roberge
(Olivier) : En effet, si on
regarde les résultats de l'évaluation actuarielle au 31 décembre 2006, le
régime de retraite des policiers étant sur
plus de 573 millions, donc, on parle d'un gros surplus, trois années plus
tard, au 31 décembre 2009, lors de l'évaluation actuarielle suivante,
suite à la crise financière de 2008, le régime de retraite se retrouve en déficit de 315 millions de
dollars. Donc, les régimes de retraite à prestations déterminées sont
extrêmement volatils. Les coûts de ces régimes-là sont volatils, et
c'est ce qui mettait la viabilité de ces régimes-là en danger.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
• (15 h 30) •
Mme Laforest : Oui. Parce que
j'entendais tantôt... quand il y a eu la négociation collective, j'ai entendu
que c'était une bonne entente, les deux parties étaient satisfaites. Mais la
convention collective, en fait, elle satisfaisait les deux parties à ce
moment-là? Les deux parties étaient satisfaites de la négociation? C'est ce que
j'ai entendu.
M.
Rochette (Jean) : Tout à
fait. Mais je vais céder la parole à
M. Jean-Yan Gagnon, qui a négocié directement
lui-même pour la ville.
Mme Laforest : D'accord.
M. Gagnon
(Jean-Yan) : Alors, bonjour,
Mme la ministre, Mmes,
MM. les députés. En fait, je
voudrais peut-être juste
préciser que, lors des négociations, effectivement, la Fraternité des policiers
demandait à la fois de négocier le renouvellement de la convention collective
ainsi que la restructuration du régime de retraite, tel que demandé par les dispositions de la loi n° 15. Le contexte de négociation a fait en sorte
que nous avons accepté de négocier en tenant compte de la convention
collective et de la loi n° 15 dans un contexte de rémunération
globale. C'est ce que nous avons fait.
Au cours des
négociations, la fraternité souhaitait maintenir le rang qu'elle avait avant le
processus de négociation
dans son positionnement en comparaison avec
les autres villes en termes de rémunération globale. Nous avons accepté de négocier sur cette base-là et d'arriver, finalement, à un renouvellement de convention
collective qui, pour répondre à votre
question, Mme la ministre, satisfaisait et satisfait toujours les deux parties,
qui incluait des dispositions à la fois sur le renouvellement de la convention
collective et qui permettait de restructurer le régime de retraite, tel que le
prévoit la loi n° 15.
Je pense que venir changer les dispositions ou de faire en sorte que la fraternité soit exclue de la loi n° 15
viendrait compromettre, dans le fond, les engagements dans lesquels les parties s'étaient aventurées au niveau du renouvellement de la convention collective.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
Mme Laforest : Merci beaucoup pour la réponse. Je vais laisser...
Louis-Charles... Je vais laisser un de mes collègues poser la question.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Le député de Labelle?
Mme Laforest : Oui.
M. Thouin : Rousseau.
Mme Laforest : Rousseau, Rousseau.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Ah! Rousseau.
M. Thouin :
Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde.
La Présidente (Mme Dansereau) :
...2 min 45 s.
M. Thouin :
2 min 45 s?
La Présidente (Mme Dansereau) :
Oui.
M. Thouin : O.K., on va essayer de faire ça vite. Donc, vous
l'avez dit tantôt, les coûts pour la ville sont énormes advenant que la Cour suprême donnerait raison
à la fraternité. Mais, pour moi, le montant, ce n'est pas la cause, c'est la
conséquence. Moi, ce qui est surtout
important, c'est d'aller vers la cause. La base du projet de loi, c'est de corriger une erreur
de rédaction. Et, pour moi, tout est là, parce que c'est une question
de justice et d'équité. Ce n'est pas une question de combien on paie
tantôt ou non parce que, si on avait à le payer, c'est mieux de le payer,
mais, si on n'a pas à le payer, il ne faut pas le payer. Il faut aller
vers la justice et l'équité.
Puis j'ai
envie de vous parler rapidement d'intentions, parce que toute la question
tourne autour de l'intention du législateur. Moi, j'avais 150 régimes à prestations
déterminées. J'ai entendu, tantôt, 158? 158. Sur les 158, il n'y en aurait seulement qu'un, si je
comprends bien, qui serait exclu de la loi, c'est ça?
M.
Rochette
(Jean) : Oui, tout à fait.
M. Thouin : C'est le cas? O.K. Et donc vous êtes de
l'avis que les intentions du législateur étaient claires. En fait, il n'a pas dit : On les veut tous sauf un, il
a dit : On les veut tous, mais de la façon que ça a été libellé, visiblement, ce n'était pas si clair, à l'opinion des parties et l'opinion
de la cour aussi, là, en Cour d'appel.
Mais, toujours dans le sujet de l'intention, ce
que je veux essayer de comprendre, c'est qu'un jour vous avez renégocié ensemble une nouvelle convention collective, qui est
une entente de rémunération globale, qui a inclus, entre autres, une hausse de salaire suite à... À partir du moment où le projet de loi n° 15 est en force et que,
là, ils savent que maintenant ça va être 50-50, les contributions, ça ne sera
plus 75-25, donc, d'un côté, on renégocie des conditions, dont des hausses
de salaire, mais au même moment où... quand
on décide d'aller en appel à la cour pour dire : Non, moi, j'aimerais ça,
finalement, tenter de... parce que l'objectif d'aller en appel,
évidemment, c'est de pouvoir récupérer son droit d'avoir 75-25, là, on s'entend. Ça fait que, d'un côté, je négocie le
beurre, puis après ça je veux avoir l'argent du beurre, juste que je comprenne
comme il faut. Est-ce que je comprends bien
ou non? Parce que ce n'est pas un dossier, évidemment, avec lequel je suis
très familier, mais peut-être que vous pourrez m'éclairer davantage.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Vous avez 30 secondes pour le faire.
M.
Rochette
(Jean) : Vous comprenez très bien. Mais M. Gagnon, qui a négocié,
pourrait être plus précis.
M. Gagnon (Jean-Yan) : Alors,
effectivement, dans le cadre du renouvellement de la convention collective, les liens étaient forts entre la restructuration
du régime de retraite puis la convention collective. La fraternité voulant
maintenir son rang en mode de
rémunération globale, il a fallu introduire dans la convention collective des
compensations financières pour les pertes du régime de retraite, c'est
évident. Alors, le cas échéant, on aurait une problématique.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, le temps est écoulé. Je cède
maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle. Mme la
députée de Vaudreuil, vous disposez de 11 minutes.
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je ne vous nommerai pas individuellement, mais soyez les bienvenus
à cette commission. Je m'excuse, d'ailleurs, auprès de mes collègues, là, hier
soir je n'étais pas là pour la dernière
présentation à la commission, on avait un débat d'urgence au salon bleu. Donc,
j'ai la partie, maintenant, de la ville de Montréal, mais j'ai quand
même lu le mémoire, là, de la fraternité des policiers de Montréal.
D'emblée, je
vous dirais qu'on est un peu dans une situation... Moi, je suis avocate de formation puis je vous
dirais que je ne suis pas nécessairement à l'aise d'être assise ici aujourd'hui.
Les deux groupes sont là, d'ailleurs, dans la salle. Et je vous rappelle qu'on
est une commission sur l'aménagement du territoire et pas nécessairement un
tribunal, et j'ai l'impression qu'on est ici
pour rendre une décision à savoir qui va gagner, qui va perdre, alors que je
pense qu'il y a déjà mille et une procédures qui sont en cours,
et puis on peut le lire, là, on peut voir, on peut le suivre.
Je pense que nous, on a fait notre travail quand
on a travaillé avec différents groupes le projet de loi n° 3
en 2014, et par la suite ce n'est peut-être
pas nécessairement une erreur de rédaction. Ça peut être une
erreur d'interprétation. Ça arrive
souvent qu'on va devant les tribunaux pour demander aux tribunaux d'interpréter.
Alors, ce n'est pas nécessairement une erreur de rédaction, ça peut être
une demande d'interprétation de l'intention du législateur, bien que la plupart
des groupes ont participé au projet de loi n° 3. Mais
tout ça pour vous dire que ça s'est passé à la Cour supérieure, à la Cour d'appel et c'est maintenant rendu à la Cour suprême. Puis vous pouvez
le prendre comme un commentaire personnel, je ne me prononcerai peut-être pas pour l'ensemble de la députation de mon côté,
mais j'ai un grand malaise à trancher ce genre de dossier là. Je pense
qu'on a des tribunaux qui font quand même un bon travail.
Cependant, on
peut quand même essayer de comprendre, de comprendre les deux
parties puis d'écouter surtout ce que
vous avez à nous dire. Et d'ailleurs, tantôt, Me Rochette, vous avez parlé que
c'étaient des conséquences désastreuses pour la
ville de Montréal si l'article était adopté. Est-ce que vous pouvez élaborer un
petit peu plus sur les conséquences auxquelles vous faites référence quand vous
parlez de conséquences désastreuses?
M.
Rochette
(Jean) : Je les ai énumérées tantôt, mais c'est important d'avoir à
l'esprit que, malgré l'intention du gouvernement, l'intention de l'Assemblée
nationale, en 2014, d'imposer ce
cadre de restructuration obligatoire pour tous les régimes de retraite à prestations déterminées au Québec,
et malgré que c'était la compréhension de la fraternité à l'époque, au
moment de faire ses représentations à la même commission, elle a obtenu quand
même une entente satisfaisante avec la ville de Montréal en 2017 et elle a
poursuivi ses démarches judiciaires pour sortir de la loi n° 15.
Au fond, là, elle a demandé à l'Assemblée
nationale d'exclure le régime de retraite des policiers, puis l'Assemblée nationale a dit non. Elle a demandé, et ça a été non.
L'exclusion a été refusée, elle n'a pas été accordée. Et là on se
retrouve avec la Cour d'appel qui accorde ce que l'Assemblée nationale a refusé
très clairement puis délibérément.
Mme Nichols : Je le comprends,
ça, Me Rochette. Ça, ça va, je vous suis.
M.
Rochette
(Jean) : Bon. La conséquence de ça, c'est...
Mme Nichols : Puis j'ai lu
aussi dans votre mémoire les citations, là, soit de Pierre Moreau
ou des réponses entre le ministre
puis les différents intervenants, ça, ça va. Mais moi, je me demande les
conséquences, c'est quoi. On est sûrement capables d'anticiper c'est quoi, la conséquence. Je comprends qu'il y a un impact financier important. Quelles sont les conséquences si cet article-là n'est pas adopté dans le... Je le rappelle, là, c'est un projet de loi omnibus, et la plupart, c'est sur des dossiers en habitation, puis ça, ça a été
inséré comme ça dans le projet
de loi n° 16. Mais quelles sont les conséquences directes?
• (15 h 40) •
M. Rochette
(Jean) : En
l'absence de la modification, là, adoptée par l'Assemblée nationale, les procédures à la Cour suprême vont se continuer. Et quel sera le jugement de la Cour suprême, au fond? On ne peut pas le savoir. Ce n'est pas parce qu'on a une autorisation d'en appeler qu'on va gagner au mérite. Alors, si la
ville gagne, on reste avec la situation actuelle, c'est-à-dire une loi n° 15 applicable
au régime de retraite des policiers restructuré en la respectant, mais, si la
ville perd, on se
retrouve avec une situation où
la fraternité pourra exiger de remettre le régime de retraite tel qu'il était,
notamment quant au partage des coûts,
à raison de 25 % du côté de participants et de 75 % du côté de la
municipalité. Déjà là, c'est un gros problème, avec les conséquences
chiffrées par M. Roberge.
Mme Nichols : Donc, je comprends que, dans le fond, si l'article est adopté, ça met fin à toute procédure légale,
donc la Cour suprême n'aura pas nécessairement... Ça interrompt toutes les
procédures, donc le...
M.
Rochette
(Jean) : Ça n'interrompt pas les procédures, c'est que la Cour suprême
aura une loi déclaratoire qui fait en sorte que la loi aura toujours été censée
libeller comme ça depuis le début et, par voie de conséquence, bien, écoutez,
elle va accueillir l'appel de la ville de Montréal.
Mme Nichols : Bien, l'article
adopté pourrait quand même, tu sais, mettre fin au débat, trancher le débat.
C'est lourd de...
M.
Rochette
(Jean) : Bien, c'est la cour qui va rendre un jugement à...
Mme Nichols : Je suis sûre que je ne suis pas la seule juriste
dans la salle, là, qui avale un peu de travers, là, en se disant :
Ouf! C'est toute une responsabilité, ça, là, là. Enfin...
M.
Rochette (Jean) : Mais c'est la responsabilité du Parlement de
le faire. C'est ce que la Cour
suprême a dit en 2013 dans
l'autre affaire qui impliquait le gouvernement du Québec, là.
Mme Nichols : Et est-ce qu'il y a... Parce que,
là, on voit, là, dans votre mémoire, vous avez parlé qu'en octobre 2017 vous
avez signé une entente globale sur la restructuration. Donc, je comprends qu'il y a quand même
des échanges qui peuvent être faits.
Vous avez convenu ici, là, d'un renouvellement d'une entente. Donc, est-ce
qu'il n'aurait pas plutôt possibilité
de s'asseoir ensemble puis d'essayer de
régler à l'avantage... Puis là j'ai l'air d'une médiatrice en droit, là, mais il n'y a
pas une possibilité de s'asseoir ensemble puis que chacun fasse son
petit bout, absorbe une partie?
M.
Rochette
(Jean) : Je vais céder la parole à M. Gagnon.
Mme Nichols :
Parce que les deux doivent avoir des
conséquences, là, importantes, que ça soit... puis je comprends que
c'est surtout financier, là, à la fin, mais...
M. Gagnon (Jean-Yan) : Bien, à
votre question, la réponse est toute simple : l'entente existe déjà, elle
a été négociée, elle a été négociée en
tenant compte de l'ensemble des dispositions de la convention collective et du régime
de retraite en termes de restructuration. Elle existe,
l'entente, elle est présente. C'est cette entente-là qu'on veut assurer... en
vigueur.
Mme Nichols :
Mais moi, je parle d'une entente qui pourrait... Parce que, là, il y a quand
même deux positions différentes, ça fait que
je parle plus d'une entente qui pourrait venir, à mi-chemin, satisfaire les
deux parties. Mais c'est beau, j'ai quand même une partie de la réponse
à ma question.
J'ai une autre question
pour vous. Je me demandais, l'article de loi est dans le... bien, l'article est
dans le projet de loi n° 16. Je voulais savoir, est-ce qu'il y a
eu des échanges précédemment avec
soit la ministre des Affaires municipales ou est-ce qu'il y a eu des échanges pour que cet article-là puisse
renaître ou puisse faire partie du projet de loi omnibus, le projet de
loi n° 16?
M.
Rochette
(Jean) : Tout à fait, oui.
Mme Nichols :
Oui?
M.
Rochette
(Jean) : Oui.
Mme Nichols :
Tout à fait, oui? Puis est-ce que c'est des échanges... Je présume que c'est la
ville de Montréal qui a contacté la ministre des Affaires municipales
afin de demander, en fait, qu'on revoie cet article-là?
M.
Rochette
(Jean) : Quand la fraternité a changé sa lecture de la loi en 2015, au
mois d'avril, elle a écrit une lettre au
directeur général, Alain Marcoux, dans laquelle elle disait que, selon elle, la
loi ne s'appliquait pas et demandait à la ville de prendre position. Et
la ville de Montréal a communiqué avec le ministère des Affaires municipales et
de l'Occupation du territoire à l'époque
ainsi qu'avec la Régie des rentes du Québec à l'époque, et la réponse a été
claire que la loi s'appliquait au régime de retraite des policiers. Et suite à
ça, bien, ils ont jugé opportun d'entreprendre des procédures. Et, lorsque le jugement de la Cour d'appel a été
rendu, le 1er juin 2018, bien, la ville de Montréal n'a pas tardé à reprendre
contact avec le ministère parce que le ministère avait dit : Si vous avez
des problèmes avec ces procédures-là, on va corriger la loi.
Mme Nichols :
Mais plus récemment, est-ce qu'il y a eu des échanges?
M.
Rochette
(Jean) : On n'a rien à voir avec la formulation telle quelle.
Mme Nichols :
O.K. Très bien. Moi, je veux juste peut-être vous réitérer, là, moi, je ne
prends pas plus pour un parti ou de l'autre, là, je ne suis pas ici pour
trancher le débat. Au contraire, hein, moi, je suis pour le principe de la
collaboration. Donc, ne voyez pas mes
questions comme un positionnement ou avec des effets négatifs pour un parti ou
l'autre parti, je ne suis pas procureure ni d'un ni de l'autre.
Mais
je me demandais... puis c'est une question qui est quand même
assez délicate, mais vous avez parlé tantôt que, bien, ce seraient les seuls
qui ne seraient pas assujettis. Mais les seuls qui ne seraient pas assujettis
n'ont pas, peut-être, une porte de sortie en disant qu'ils n'ont pas été
constitués par un organisme municipal? Ce n'est pas là, peut-être,
une porte de sortie pour peut-être pas l'exception pour... qui pourrait
être soulevée pour...
M.
Rochette
(Jean) : Il n'y a pas de raison de...
Mme Nichols :
Je vous pose la question.
M.
Rochette (Jean) : C'est non pertinent. Je regrette, madame, mais
c'est non pertinent, là, comment est-ce
qu'ils sont venus au monde,
là. Ça n'a pas de raison d'être.
Mme Nichols : Parfait. Bien, c'est ce que je voulais entendre.
Je voulais entendre votre position relativement à cet argument-là.
M.
Rochette (Jean) : Bien, comme j'ai expliqué tantôt, sur les 158, il y en a
qui ont été constitués de manière
tout à fait différente, et c'est le
cas de la fraternité. Maintenant, ils ont tous un point commun, c'est tous des
régimes de retraite à prestations déterminées qui sont à la charge des
municipalités, et...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Je m'excuse, mais le temps est écoulé. Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Laurier-Dorion, vous avez 2 min 45 s.
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames messieurs. Écoutez, c'est un vieux
dossier, là, mais nous, on s'était
positionnés, en 2014, contre l'adoption du projet de loi n° 15,
on était très, très, très critiques. Évidemment, il y a eu de l'eau qui a coulé
sous les ponts, etc. Là, aujourd'hui, nous sommes amenés, encore une fois, à se
positionner en arbitres sur cette
question-là, qui est assez complexe quand même, là. Mais moi, pour bien
comprendre, j'aimerais bien savoir,
là, est-ce que la loi n° 15 est venue modifier la rémunération globale des
policiers de la ville de Montréal, là, et est-ce que la convention
collective signée en 2017 est... Dans le cas... si elle l'a modifiée au
détriment du revenu des policiers, est-ce
qu'elle est venue corriger, augmenter cette rémunération globale là, incluant
régime de retraite et salaires directs?
M.
Rochette
(Jean) : M. Gagnon va vous donner les explications.
M. Gagnon
(Jean-Yan) : En fait, comme je l'ai dit plus tôt, comme on a négocié
sur la base de la rémunération globale et
que la fraternité avait formulé la demande de maintenir son rang, c'était son
objectif, on lui a répondu... puisque, si
on compare l'état de la situation en termes de rémunération globale, donc en
tenant compte des rémunérations directes et parfois indirectes ainsi que
le régime de retraite, le rang des policiers de Montréal est resté à peu près
le même.
Maintenant, si on
rentrait dans les chiffres puis qu'on détaillait concrètement l'impact de la
restructuration du régime de retraite en
tenant compte des compensations accordées dans le cadre du renouvellement de la
convention collective, je vais
laisser Olivier venir, là, expliquer la petite différence, mais il y a une
différence d'environ 2,25 %, qui a bougé un petit peu dans le
temps, là.
M. Roberge (Olivier) : Oui, bien, tout à fait. Si on prend seulement le
régime de retraite, donc, évidemment, la cotisation pour se rendre du 25-75 à 50-50 — parce que le 50-50, on l'a atteint à cause
de la loi — et ainsi
que la restructuration des
prestations, il y a eu une diminution de 7,25 % au niveau de la
rémunération, mais qui a été compensée par une prime, donc, qui a été donnée aux policiers, une prime de
5 %, ce qui donne le 2,25 % que mon collègue Jean-Yan Gagnon vient
de vous mentionner. Ça, c'était avec
l'évaluation actuarielle en date du 31 décembre 2013, parce qu'on sait que les
coûts d'un régime de retraite, ça peut bouger dans le temps, ça fluctue,
mais...
La Présidente
(Mme Dansereau) : Merci. Le temps est écoulé, je regrette. Je
cède maintenant la parole au troisième groupe d'opposition. M. le député de
Rimouski, vous disposez de 2 min 45 s.
M. LeBel :
Merci. Bonjour. C'est sûr que c'est un peu particulier, là. Moi, je pensais...
On est venus ici, puis on se préparait à parler d'habitation, et tout ça, et,
bang! hier soir on arrive avec ça. Ça nous surprend un peu. Mais je voudrais
savoir, est-ce que ça vient de vous, la demande
d'amener ces articles-là, 129 et 146, dans l'omnibus? Est-ce que ça vient de
la ville de Montréal, la demande?
• (15 h 50) •
M.
Rochette (Jean) : La ville de Montréal a manifesté son étonnement
de voir qu'une disposition de la loi n° 15 qui était comprise
de la même manière par tous les parlementaires, y compris par la Fraternité des
policiers elle-même, qui demandait, à
cause de cette formulation, d'être sortie... a été étonnée de lire le jugement
de la Cour d'appel. Et, dans ces circonstances-là, la ville a recommuniqué une deuxième fois avec le ministère
des Affaires municipales afin que la loi soit clarifiée, enlever
toute équivoque stérile, inutile par rapport à cette situation.
M. LeBel : Je me pose la question : Pourquoi ne
pas laisser les tribunaux décider? C'est déjà là, là. Pourquoi ne pas
laisser les tribunaux? Et est-ce que c'est exact de dire que vous avez fait une
entente avec la fraternité en 2017, là où vous engagez à dire : Si les tribunaux jugent la règle
inconstitutionnelle, vous consentissiez à renégocier le régime de retraite?
Est-ce que c'est exact? Est-ce que, dans cette entente-là de 2017 vous
aviez consenti à renégocier le régime si c'était jugé inconstitutionnel?
M.
Rochette (Jean) : Si c'est jugé inconstitutionnel, on n'y peut rien,
dans le sens qu'ou bien la loi est constitutionnelle puis elle l'est pour tout le
monde ou bien elle est
inconstitutionnelle puis elle est inconstitutionnelle pour tout le monde.
Ce n'est pas du tout la même chose.
M. LeBel :
Et est-ce que c'est vrai que, dans l'entente de 2017, il y avait un élément qui
disait que, si c'était inconstitutionnel, vous aviez consenti à renégocier le
régime avec la fraternité?
M.
Rochette
(Jean) : Bien, c'est-à-dire, les parties ont prévu que, si ça
advenait, elles entreprendraient des pourparlers
pour remettre les choses en état, selon ce que la cour pourrait ordonner. Parce
que, même si la cour, finalement, décidait que la loi est inconstitutionnelle,
elle n'exigerait pas nécessairement de remettre les régimes de retraite en état tel qu'ils l'étaient
avant le 1er janvier 2014. Elle pourrait émettre une ordonnance différente
comme quoi ça ne vaudrait que pour l'avenir, par exemple.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la
commission et je suspends les travaux quelques
instants afin de permettre au prochain groupe de s'installer et de prendre
place. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 52)
(Reprise à 15 h 55)
La
Présidente (Mme Dansereau) : On va reprendre les travaux, si les gens veulent prendre leur place. Je
souhaite la bienvenue à la Chambre des notaires du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous identifier puis
à commencer votre exposé. Bienvenue.
Chambre des notaires du Québec (CNQ)
M. Bibeau
(François) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, je me présente, mon nom est François
Bibeau, je suis président de la Chambre des notaires du Québec.
M'accompagnent aujourd'hui Me Stéphane Brunelle, qui est notaire, administrateur
élu au conseil d'administration de la Chambre
des notaires, ainsi que Me Nicolas Handfield, chef des services
juridiques et relations institutionnelles à la Chambre des notaires.
Alors,
Mme la Présidente, Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation,
Mmes et MM. les députés, bonjour. La
chambre porte une grande attention à l'évolution du droit afin d'assurer la
protection des Québécoises et des Québécois ainsi qu'une pratique
notariale innovante et au service du public.
Comme
vous le savez, la copropriété fait partie intégrante de la pratique
professionnelle des notaires. Les notaires rédigent les déclarations de copropriété, conseillent les parties lors
du financement et de l'achat d'unités privatives et donnent les conseils
appropriés afin d'assurer le bon fonctionnement de la copropriété. Les notaires
sont donc présents auprès des promoteurs,
copropriétaires et administrateurs durant toute la vie de la copropriété et
collaborent avec les autres professionnels et intervenants. En somme, ils veillent à la protection des droits des
individus et de ceux de la collectivité dans ce domaine particulier
comme dans plusieurs autres domaines, d'ailleurs.
C'est
pourquoi la Chambre des notaires, depuis 2009, se penche sur notre régime
québécois de copropriété. Son groupe
de travail a présenté des recommandations en 2011, puis, à la demande du
ministre, la chambre a chapeauté un
comité consultatif qui a déposé un rapport, en décembre 2012, qui a permis de
cibler la problématique et d'obtenir un portrait des propriétaires de condominiums. Par la suite, la chambre a collaboré
étroitement avec le gouvernement en émettant ses commentaires sur des
propositions de modifications législatives et réglementaires.
Par
conséquent, la volonté de la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation de présenter des modifications législatives substantielles en fonction
de la grande majorité des recommandations faites par la chambre et le comité
consultatif ne peut qu'être saluée. La
chambre note, entre autres, l'obligation du syndicat des copropriétaires de
fournir aux promettants-acheteurs un
portrait de l'immeuble et de sa gestion. Ceux-ci pourront ainsi se forger une
meilleure idée de l'état de la copropriété et prendre une décision
d'achat mieux éclairée.
Maintenant,
permettez-moi de vous entretenir succinctement de quelques recommandations de
la chambre qui prennent en compte
l'expérience des notaires sur le terrain et qui, à mon avis, ont une importance
particulière. Je précise qu'il ne
s'agit que de quelques-uns des sujets et des recommandations abordés dans notre
mémoire, que je vous invite à lire en entier, naturellement, mais je ne
veux surtout pas être ici trop technique.
Tout
d'abord, il faut dire que nous sommes très heureux que le projet de loi n° 16 introduise le carnet d'entretien ainsi que l'étude du fonds de
prévoyance. L'expérience nous a démontré qu'un montant de 5 % du budget
annuel est bien insuffisant pour couvrir les dépenses nécessaires aux
travaux majeurs et au remplacement des composantes des parties communes. De plus, changer le montant minimum par
une étude obligatoire aux cinq ans est une excellente proposition pour la collectivité des copropriétaires. La chambre
remarque toutefois que les dispositions transitoires devraient être revues afin
d'éliminer certaines problématiques
d'application, notamment pour y prévoir une méthode d'ajustement progressive et
ainsi prévenir les litiges lors de la vente d'une partie privative pendant la
longue période de capitalisation du fonds de prévoyance.
Pendant cette même période transitoire, et en lien avec l'établissement du
carnet d'entretien, la chambre recommande
que des normes d'inspections obligatoires des parties communes soient
instaurées afin de couvrir rapidement la problématique de la
détérioration des immeubles.
• (16 heures) •
Maintenant,
la chambre a noté la nouvelle obligation du vendeur de remettre une attestation
sur l'état des finances du syndicat au promettant-acheteur. Cette attestation
permettra d'obtenir des informations essentielles à considérer avant la finalisation de l'achat, ce qui est une très bonne
chose en soi. Elle fournira aux copropriétaires une motivation supplémentaire
de s'assurer de saines pratiques de gestion
afin que la valeur du patrimoine collectif du syndicat demeure à niveau. Mais
bien honnêtement, nous entrevoyons des difficultés d'application pratiques dans
le cadre des transactions immobilières avec le libellé proposé par le
projet de loi. Nous en faisons une énumération dans notre mémoire, mais notons
surtout notre recommandation que cette
attestation puisse être demandée directement au syndicat par un proposant-acheteur
au lieu d'être demandée au vendeur et
que toute promesse d'achat ne devienne ferme qu'à la suite d'une déclaration de
réception et de satisfaction de la part du promettant-acheteur.
Ensuite,
permettez-nous de vous entretenir un peu du certificat de localisation et de
son importance. Pour le notaire qui exécute une transaction immobilière,
le certificat de localisation constitue une pièce maîtresse lorsqu'il procède à
un examen de titre de propriété. Les
praticiens notaires vont vous dire que le certificat de localisation, c'est
comme leurs yeux sur le terrain. Nous croyons que, sans accès au
certificat de localisation global de l'ensemble de l'immeuble, il est
impossible pour un acheteur d'obtenir un portrait complet de la copropriété
divise, et ainsi l'acheteur n'a pas toute l'information
dont il devrait disposer. À notre avis, le promoteur devrait avoir l'obligation
de fournir au syndicat une copie authentique du certificat de
localisation global situant le bâtiment sur l'ensemble du terrain et une copie
authentique de chaque certificat de
localisation sur les parties privatives. De plus, le syndicat devrait
normalement, par la suite, tenir à
jour le certificat de localisation global. Comme le projet de loi n° 16 ne fait aucunement référence à quelque obligation que ce soit, soit du promoteur ou du syndicat, en
lien avec certificat de localisation, bien, vous voyez donc que la chambre est
fortement préoccupée à ce sujet. Le certificat de localisation est un document
essentiel pour la protection des parties à une transaction immobilière
et, je le répète, c'est un outil indispensable à la sécurité juridique des
transactions.
Comme on le sait,
depuis quelques années, certaines décisions de nos tribunaux ont accepté la
modification tacite de la déclaration de
copropriété. Pour nous, cette possibilité crée de l'incertitude pour les
copropriétaires, les futurs acheteurs et même les professionnels
impliqués, car ils ne peuvent être tout à fait certains des règles qui
encadrent la copropriété divise. À l'heure
actuelle, en l'absence d'un libellé clair à ce sujet au Code civil et de
manière à pallier à cette situation, les notaires rédigent, depuis 2013,
les déclarations de copropriété en interdisant les modifications tacites et en
y prévoyant que seule l'assemblée des copropriétaires est compétente pour y
adopter des modifications.
En lisant le
projet de loi n° 16, le législateur semble répondre à cette
problématique en introduisant, à l'article 1096 du Code civil, que le règlement
de l'immeuble ne peut être modifié que sur décision du syndicat prise à la
majorité des voix des copropriétaires présents à l'assemblée. Toutefois, pour la chambre,
et afin de clore le débat une fois pour toutes, nous recommandons d'insérer une stipulation claire et
explicite à l'effet que les modifications tacites sont tout simplement
prohibées.
La réforme
présentement envisagée ne s'arrêtera pas lors de l'adoption des nouvelles
dispositions législatives et réglementaires.
Elle ne sera complétée que lorsque le public y aura été sensibilisé. À notre
avis, le gouvernement doit former dès
maintenant un comité composé des principaux intervenants du domaine de la
copropriété afin de préparer et mettre en oeuvre un plan d'action visant
cette sensibilisation des copropriétaires et des administrateurs aux
principales nouveautés de la réforme. Ce
plan d'action est nécessaire pour que tous puissent s'approprier les
changements et les mettre en
application dans les délais impartis, permettant ainsi un déploiement efficace
des nouveautés législatives et réglementaires lors de leur entrée en
vigueur.
Ensuite,
le droit préventif... à l'accès accru à la justice, pardon, sont deux aspects
sur lesquels la chambre porte une attention particulière dans les
projets qu'elle commente. Rappelons que le recours aux tribunaux ne devrait pas
être privilégié, selon la volonté du
législateur, depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code de procédure civile en
2016. Le projet de loi prévoit
certains pouvoirs à la cour pour dénouer des impasses de la vie communautaire
des copropriétaires, ce qui permettra
de pallier aux injustices et limiter les préjudices occasionnés aux
copropriétaires en raison d'une administration inadéquate. Or, rien n'est prévu pour régler autrement les différends de
la copropriété, à l'instar de lois similaires adoptées dans d'autres provinces canadiennes. C'est
pourquoi la chambre recommande d'introduire une habilitation réglementaire
au Code civil permettant au gouvernement de
mettre sur pied des projets pilotes en matière de modes alternatifs de
règlement des différends, notamment
au moyen de la médiation. Cet ajout au Code civil permettrait d'encourager le
règlement des conflits autrement que
par les moyens judiciaires. La chambre suggère aussi qu'une réflexion soit
entreprise sur l'élargissement des
compétences du Tribunal administratif du logement afin qu'il puisse entendre
les litiges en matière de copropriété divise de destination résidentielle. Ainsi, les nouveaux litiges en matière de
copropriété pourraient être traités de manière accélérée et par un
processus simplifié.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, M. le président, pour votre
exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. Mme la
ministre, la parole est à vous, vous disposez...
Mme Thériault : Mme la Présidente, vous allez me permettre, avec la
permission des membres, j'aimerais que le
président puisse compléter, parce que la Chambre des notaires est vraiment
partenaire depuis le début de la réforme, puis il ne doit pas lui rester
grand-chose dans son mémoire. Vous enlèverez le temps sur le parti de
l'opposition.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Consentement? Continuez.
M. Bibeau (François) : ...rendu à la conclusion, à peine une minute.
Alors, je m'arrête sur ces quelques points. Le mémoire de la chambre traite, bien entendu, de beaucoup d'autres
questions également importantes sur la copropriété, je vais vous en
faire grâce, vous pourrez lire ça dans notre mémoire.
En
terminant, donc, je souhaite souligner que la chambre est, depuis longtemps, un
leader pour obtenir une réforme en
matière de copropriété, elle entend donc jouer un rôle central dans la
réalisation. Le travail d'analyse et de rédaction à venir sera complexe, on le sait, et la consultation
d'experts sera donc nécessaire. Donc, à cet effet, je voulais simplement
assurer la commission et la ministre
que la chambre offre sa pleine collaboration et sera même disposée à agir à
titre de facilitatrice auprès de tous
les intervenants. Elle invite également les membres de la Commission de
l'aménagement du territoire ou toute
autre personne intéressée à communiquer avec elle pour toute précision
supplémentaire. Merci, Mme la Présidente, pour ce petit temps supplémentaire, ça m'a permis de compléter. Merci beaucoup à tous de votre écoute.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Merci, M. le président. Donc, Mme la ministre,
la parole est à vous, vous disposez de 16 min 30 s.
Mme Laforest :
Bon, alors, bonjour à vous tous. Bienvenue ici, chez nous, si je peux dire.
Alors, merci d'être favorables pour le projet
de loi, qui a été déposé très rapidement,
mais je sais que ça fait très, très longtemps, j'ai entendu parler des travaux que vous avez faits pour, justement,
amener ce projet de loi là également à ce qu'il soit accepté, puis je remercie vraiment
votre travail, comme vous l'avez mentionné auparavant.
Ceci étant dit — je
vais y aller tout de suite avec mes questions — on avait une discussion ici, qu'on ne peut
pas tenir ici parce que, quand même,
il fallait arrêter de discuter, hein, on vous écoutait, mais au niveau du
certificat de localisation. J'aimerais avoir plus de détails là-dessus
parce qu'on en avait discuté, justement, au ministère, puis là le certificat de
localisation, j'aimerais vous entendre
là-dessus, parce que, c'est certain, si on demande un nouveau certificat de
localisation, il y a des coûts assez
importants. Si c'est un ancien certificat de localisation, ce n'est pas la même
chose. Alors, j'aimerais ça que vous m'expliquiez parce que, nous, il y
a encore un point d'interrogation pour ce sujet-là.
M. Bibeau (François) : Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, le
certificat de localisation est un des documents les plus importants dans le
cadre d'une transaction immobilière, même pour une unité résidentielle isolée,
alors imaginez pour une unité de
copropriété, où ça prend toute son importance parce que tout le monde vit très
près l'un de l'autre, et les droits de l'un peuvent influencer sur les
droits de l'autre. Alors, pour le notaire, en pratique, c'est ses yeux sur le
terrain.
Mais
je vais quand même laisser — je ne suis pas venu seul, ce n'est pas pour
rien — mes
experts qui m'accompagnent pouvoir
répondre un petit peu plus à cette question-là, notaire Brunelle, qui a
parrainé notre comité d'experts
à la chambre. Alors, Stéphane.
• (16 h 10) •
M. Brunelle (Stéphane) : Merci, M.
le président. Alors, peut-être
juste pour simplifier, au niveau du certificat de localisation, on va le diviser en deux portions importantes :
la portion de la partie privative, donc c'est-à-dire l'unité que la personne
va acheter, ce certificat-là sera important pour ce futur propriétaire là, et il y aura
une deuxième portion ou un deuxième certificat, celui qui va faire état de
l'ensemble des parties communes : quels sont les accessoires au bénéfice
de l'ensemble de la copropriété? Sont-ils à
la bonne place? Sont-ils chez nous? Sont-ils conformes aux règlements
municipaux ou à différentes réglementations applicables?
Alors, c'est à deux niveaux. Le syndicat aurait l'obligation de maintenir à
jour ce certificat global sur
l'ensemble de l'immeuble, qui est le patrimoine collectif, donc ce n'est pas à
chaque copropriétaire à supporter les
coûts de confection, donc on le prévoirait annuellement, ou aux cinq ans, ou
aux 10 ans, peu importe, selon qu'il
y aura des changements au site. Et chaque copropriétaire, individuellement,
pour sa fraction, comme c'est déjà le cas aujourd'hui lorsqu'il y a des changements, par exemple, dans sa
fraction, dans son unité de copropriété, doit faire faire un certificat à jour. Donc, ce n'est pas une révolution,
c'est de s'assurer que les documents soient accessibles et qu'on ait
l'information juste pour que les acheteurs soient bien protégés, mais que le
syndicat aussi connaisse bien l'étendue de son site, tout simplement.
M. Bibeau (François) : Vous savez que certaines parties communes sur une
copropriété sont ce qu'on appelle des parties communes à usage
restreint, alors d'où l'importance aussi d'avoir une idée claire des parties
communes de la propriété quand on achète une
unité. Si, par exemple, la terrasse sur le toit est une partie commune mais
réservée simplement à l'utilisation exclusive du dernier propriétaire au
troisième étage, par exemple, bien, c'est important qu'on connaisse tous
les tenants de cette partie-là bien
explicitement, même si c'est une partie commune, parce que, là, le certificat
de localisation sur la partie privative ne nous révélera pas cet emplacement-là
nécessairement.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Mme la ministre.
Mme Laforest :
O.K., d'accord. Au niveau des modifications tacites sur la déclaration des
copropriétés, j'aimerais ça aussi avoir votre point de vue.
M. Bibeau
(François) : Je vais encore faire un effet miroir, si vous
permettez.
Mme Laforest :
D'accord, aucun problème.
M. Brunelle (Stéphane) : Bien, on vous réfère notamment à certaines
décisions rendues par nos tribunaux, qui ont reconnu la validité de
modifications tacites par le passé. Comme on le sait, à la base, une
déclaration de copropriété doit être reçue
par acte notarié en minutes, et des changements ultérieurs devraient suivre la
même forme, à l'exception de certains
changements, notamment les changements au règlement. Donc, quand on arrive à
une modification tacite qui est reconnue par le tribunal, qui n'est pas, par
exemple, publiée au registre, ça amène une incertitude au niveau de la
structure de la copropriété, donc ça rend les gens... à la fois les
copropriétaires, les professionnels qui devront oeuvrer pour les transactions,
mais également les administrateurs de ces copropriétés, ça les place dans une
position difficile pour suivre l'évolution
de la vie juridique de la copropriété. Donc, ce que l'on souhaite, c'est que ce
soit confirmé que les modifications tacites ne sont pas possibles, donc qu'on
ne peut modifier une déclaration que selon ce qui est prévu dans le
code. Donc, lorsqu'on parlera de l'acte
constitutif, on le modifie par acte notarié en minutes publié au Registre
foncier, et pour ce qui sera des règlements, bien, selon les règles
prévues, c'est-à-dire par écrit, constaté par écrit, voté à l'assemblée selon
le pourcentage requis et déposé au registre de la copropriété.
M. Bibeau
(François) : Me Hanfield avait peut-être quelque chose à...
compléter, en complément.
M. Handfield (Nicolas) : Bonjour à tous. Donc, pour faciliter la vie des
parlementaires, on vous réfère au libellé des articles 1052 et 1054 du Code civil tel qu'était libellé dans le
projet de loi n° 401, qui, à l'opinion de la chambre, était rédigé
correctement pour répondre à nos préoccupations.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Mme la ministre.
Mme Laforest :
Oui, c'est bon. Par rapport... parce que, là... Autre question, en fait. Vous
savez que la Régie du logement, nous
avons... nous voulons l'appeler le Tribunal administratif du logement, bien
entendu, il y a plusieurs raisons par
rapport à ça. Parce que vous comprendrez que la Régie du logement est un
tribunal administratif à 92 %,
on veut lui redonner la
reconnaissance qu'elle doit avoir et on veut lui redonner la confiance qu'elle
doit avoir également. Puis, ceci étant
dit, c'est certain qu'il y a une question de confiance aussi de par les gens
qui vont aller pour de la réglementation pour des litiges.
Ceci étant dit,
j'aimerais vous entendre parce que vous aviez des commentaires par rapport à
cette nouvelle dénomination là. Parce que
nous, pour nous, c'est vraiment important parce qu'il y a quand même 38 %
de causes qui sont reportées, que les gens... soit qu'ils n'ont pas les
bons papiers, qu'ils ne se présentent pas, alors c'est certain qu'on voit qu'il y a un manque de sérieux ou de confiance par
rapport à la Régie du logement. Alors, ceci étant dit, le nom et la vocation
qu'on lui redonne, Tribunal administratif du logement, j'aimerais ça vous
entendre à ce sujet-là.
M. Handfield (Nicolas) : Donc, par rapport à cela, la chambre est tout à
fait en accord par rapport à l'appellation Tribunal administratif du
logement, qui représente réellement qu'est-ce que la Régie du logement fait et
aussi rappelle que des
fois des mesures plus informelles facilitent le règlement des litiges parce que
la plupart des litiges peuvent naître de communications inefficaces entre les
parties ou, justement, de problématiques d'ordre administratif. Donc, c'est
pourquoi que la chambre amène que la
conciliation, qui est une mesure qui est discutée au projet de loi, devrait
être de plus en plus utilisée par le
tribunal, justement pour amener... les tracasseries administratives, si je peux
me permettre, qu'elles soient réglées
et que ça ne soit pas par du formalisme que les litiges sont terminés parce que, quand que c'est pour une
question de procédure, c'est sûr que
ça laisse plus un goût amer aux parties, puis ce n'est pas ça qui va favoriser,
par la suite, si, par exemple, le
locataire et le locateur demeurent au même... le locataire demeure, qui va
favoriser une bonne entente avec son
locateur par la suite. Donc, c'est pourquoi, de mettre plus d'emphase sur la
conciliation, de permettre qu'une seule des parties puisse la demander
et pas d'un commun accord, déjà, favoriserait grandement la chose.
Et
aussi on demande, justement, d'utiliser le parcours que la Régie du logement a depuis quelques années parce
que, dans certains types de dossiers, c'est un processus très rapide, on peut
dire, par exemple, pour des non-paiements de loyer, ou etc., c'est quand même rapide. Donc, d'utiliser cette force-là
et de pouvoir la mettre en oeuvre pour les copropriétés, on voit que ça
serait une mesure efficace.
Mme Laforest :
O.K. Puis par rapport à votre projet pilote pour le règlement des différends,
parlez-moi de votre projet pilote, voir.
M.
Handfield (Nicolas) : En tant que tel, si on va au Code de
procédure civile, il y a déjà un article — à mon souvenir, je pense que c'est l'article 27 ou 28 — au tout début du Code de procédure civile
qui dit que le ministre de la Justice,
en collaboration avec les tribunaux, peut mettre en place des projets pilotes
après consultation du Barreau ou de la Chambre des notaires, mais ça s'adresse
seulement aux tribunaux de droit commun. Nous, qu'est-ce qu'on essaie de dire,
c'est : Permettez-vous, donnez-vous la chance de pouvoir procéder par
projets pilotes, par règlement, d'utiliser d'autres moyens que les tribunaux de droit commun pour régler les litiges en
copropriété parce que la vie communautaire va demeurer par la suite, et on ne peut pas nécessairement
passer par l'habilitation qui est prévue au Code de procédure civile pour
procéder ainsi. C'est pourquoi qu'on vous suggère de rajouter une autre
habilitation afin d'y parvenir.
Mme Laforest :
O.K. C'est bon, merci. Pour la visioconférence, si vous êtes pour la
conciliation, bien entendu, vous devez être très, très satisfaits de la
possibilité de la visioconférence.
M. Bibeau (François) : Tous les moyens technologiques sont les
bienvenus. Je pense qu'on est en 2019, il faut en profiter quand c'est
possible.
M. Brunelle (Stéphane) : Oui, puis on peut peut-être ajouter là-dessus
qu'à la chambre on travaille très fort sur toute l'évolution des modes
technologiques pour faciliter la pratique, et notamment la comparution des gens
à distance est un élément qu'on étudie. Donc, si on peut participer à des modes
comme ça, on va être les premiers prêts à vous aider.
Mme Laforest :
O.K. D'accord. Alors, moi, j'ai terminé mes questions. Est-ce que...
La Présidente
(Mme Dansereau) : La députée de Labelle, je vous donne...
Mme Jeannotte :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci beaucoup de votre mémoire. C'est fait
avec énormément de sérieux, puis on
voit à quel point, là, vous avez travaillé fort. Dans le fond, j'ai peut-être
deux questions. Dans l'ensemble des
recommandations de la chambre, quelle est la plus importante, à vos yeux, que
la ministre devrait vraiment, là, tenir compte, la ou les?
M. Bibeau (François) : Dans le mémoire qu'on vous a soumis, il y a quand
même 22 recommandations. C'est un peu
comme Le choix de Sophie, là, quand... si vous avez vu l'émission... le
film, c'est difficile. Mais, bien entendu, toute la question... Vous les
avez en début de mémoire, mais il y a un sommaire des quatre ou... je vous
dirais, peut-être les cinq ou six
recommandations prioritaires, là. Je ne sais pas, Me Brunelle les a sous
les yeux, mais, nécessairement, tout ce qui concerne le fonds de
prévoyance, qui cause énormément de problématiques, les carnets d'entretien,
ça, c'est...
M. Brunelle (Stéphane) : Le carnet d'entretien, c'est quelque chose qui
est important pour nous... bien, pour nous, mais pour la collectivité des
copropriétaires, d'autant plus qu'avec l'ajout... je pense, c'est l'article 9.1
à la Loi sur le bâtiment, qui vient
dorénavant rendre clair que le syndicat est le propriétaire au sens de la Loi
sur le bâtiment. Ça va éviter toute
discussion qui existait, bien que le carnet d'entretien comporte également les
attestations de conformité exigées en vertu
de la Loi sur le bâtiment de certains propriétaires pour des accessoires,
pensons aux ascenseurs communs, aux systèmes de gicleurs. Donc, les acheteurs
auront un endroit de référence unique pour s'assurer que l'immeuble, bien, est
conforme, tout simplement.
Mme Jeannotte :
D'accord. Merci beaucoup. Et puis au point 15 vous parlez d'une réflexion
qui devrait être faite pour que le champ de compétence du Tribunal
administratif du logement soit élargi aux différends entourant les copropriétés
ayant une destination résidentielle. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi c'est
important, cette réflexion-là?
• (16 h 20) •
M. Brunelle (Stéphane) : Bien,
on pense que le Tribunal administratif du logement... on a pris l'habitude,
donc, déjà, de le... Et d'abord, tout d'abord, vous aviez raison de dire que ça
va lui accorder sa légitimité officielle, là, parce qu'effectivement les gens qui sont là, pour
en connaître quelques-uns, des régisseurs, ils travaillent très fort, et
souvent leur travail n'est pas reconnu, que ce soit pour les
propriétaires ou les locataires, mais ils ont l'expertise de régler les différends entre les gens, entre les individus, et
c'est beaucoup de la médiation ou de la conciliation qui se fait à ce
niveau-là. Et je parle par
expérience, sous mon autre chapeau, parce que je ne suis pas que notaire, j'ai
affaire, à l'occasion, à ce tribunal-là. Et heureusement, de plus en plus, on nous encourage à s'entendre. Alors,
si on peut pousser ce processus de médiation là de ces gens, qui sont des spécialistes de la vie en
communauté, en collectivité, vers la copropriété, bien, je pense qu'on aurait,
en tant que société, à y gagner.
M. Handfield
(Nicolas) : Et d'un niveau
un peu plus technique, pourquoi «destination résidentielle»? C'est que la copropriété est utilisée aussi dans le
commercial, des centre d'achats, où il y a des immeubles mixtes, où qu'il y a
une destination commerciale au rez-de-chaussée ou pour un commerce, puis
sur les étages, c'est du résidentiel. Donc, le Tribunal administratif du logement, on le verrait mal régler un problème
par rapport à un condo commercial alors que son champ de compétence est
réellement lié, comme Me Brunelle disait, entre deux personnes physiques.
Mme Jeannotte : Ça va pour moi.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Ça va? Mme la ministre, allez-y, il reste...
Mme Laforest :
...hypothèque mobilière. Je peux y aller, oui? C'est... Oui? O.K. Vous proposez
de modifier la Loi sur les pouvoirs
spéciaux des personnes morales pour exclure de son application les syndicats de
copropriété par règlement, pour mieux circonscrire l'hypothèque
mobilière consentie par le syndicat. Je voudrais vous entendre pour ça.
M. Brunelle
(Stéphane) : Je vais juste
faire attention pour ne pas entrer dans un discours-fleuve, là, à la Fidel
Castro.
Mme Laforest : Non, allez-y.
M. Bibeau
(François) : Il te reste deux minutes.
M. Brunelle
(Stéphane) : Oui, deux
minutes. Donc, très simplement, un syndicat est une personne morale. Dans
le Code civil, une personne morale qui n'exploite
pas une entreprise ne peut pas consentir d'hypothèque sur l'universalité
de biens, on se rattache donc à la Loi sur
les pouvoirs spéciaux, l'article 34, qui vient dire que les personnes morales
sans capital social peuvent consentir des hypothèques sur universalité
de biens.
Là où on voit
un danger, c'est que nos prêteurs institutionnels, qu'on aimerait favoriser
pour la mise en place de financement pour réaliser des travaux d'amélioration
ou de remplacement... bien, le danger qu'on a, c'est que, si on leur
permet de prendre une hypothèque sur universalité de biens... Quels sont les
biens principaux du syndicat? Les sommes à
recevoir, les cotisations, le fonds de prévoyance, le fonds d'autoassurance. Il
n'y a pas beaucoup d'autres biens. Alors, si on permet de prendre une hypothèque sur l'universalité de ses biens et
qu'un syndicat tombe en défaut, bien, le créancier pourra exercer, donc
percevoir ces créances, et le corollaire d'une hypothèque immobilière où le
créancier va prendre possession du bien,
l'obligation d'assurer les services aux occupants n'est pas là en matière
mobilière. Donc, le créancier va
faire quoi? Il va percevoir les créances, n'aura pas l'obligation de rendre le
service aux copropriétaires. Qui va payer l'assurance de la copropriété? Qui va
assurer l'entretien de l'immeuble? Donc, c'est dans ce sens-là qu'on veut
limiter, encadrer ce que les
syndicats pourront donner en garantie au créancier. Par ailleurs, on pense
qu'il est possible de favoriser un financement des copropriétés, mais en
limitant, justement, le pouvoir des créanciers d'en prendre plus.
Mme Laforest : Est-ce qu'il
reste encore...
La Présidente (Mme Dansereau) :
Cinq secondes.
Mme Laforest : Ah! merci
beaucoup d'être en accord avec le projet de loi. Merci.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci. Je cède maintenant la parole
au porte-parole de l'opposition officielle. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
vous disposez de 10 minutes.
Mme Thériault : Merci,
Mme la Présidente. Ça me fait très plaisir de vous revoir. Merci beaucoup
d'être avec nous cet après-midi, Me Bibeau,
Me Brunelle et Me Handfield. Je l'ai dit d'entrée de jeu, vous êtes
aux premières loges de la réforme de la copropriété depuis nombre
d'années. Très heureuse de voir que vous vous êtes réjouis du dépôt du projet
de loi n° 16, évidemment. Vous avez dit, à juste
titre, qu'il était inspiré du projet de loi n° 401,
donc vous voyez qu'il y a quand même une
certaine suite logique dans les choses. Je pense que ça démontre l'urgence de
poser certaines actions, notamment au niveau de la copropriété.
Vous avez dit dans vos remarques qu'il manquait
des bouts de 401 et que vous trouviez ça dommage, c'est de la musique à mes
oreilles. J'aimerais ça que vous rappeliez les articles pour être sûre qu'on
les entend bien parce que, justement, les
consultations particulières servent à bonifier les projets de loi et à regarder
ce qu'on aurait pu mettre de côté qui,
en fin de compte, mériterait d'être pris en considération par le législateur dès
maintenant, étant donné qu'il s'écoule quand même, généralement, pas mal plusieurs années entre le moment où on ouvre une loi pour
pouvoir faire des modifications, particulièrement
dans le Code civil du Québec, vous le savez, je n'ai pas à vous l'apprendre.
Donc, évidemment, c'est sûr que, si on peut dire très fort dans le micro ici
les articles manquants selon vous, je pense que les légistes,
et la ministre, et son
équipe vont certainement, à tout
le moins, réécouter les débats pour
voir s'il y a de la récupération qu'on pourrait faire
pour compléter et améliorer le projet de loi, puis je peux laisser Me Handfield
chercher.
Une voix : Oui...
Mme Thériault : Pendant
ce temps-là, vous avez mentionné nommément tout le côté de la gestion des administrateurs, la formation des gestions. Vous
êtes exactement... la formation des gestionnaires, pardon, vous
êtes à la même place que
Me Joli-Coeur, qui suit les travaux avec beaucoup d'attention. Je suis
sûre que c'est beaucoup de musique à ses oreilles à lui aussi à
chaque fois lorsqu'on parle de formation pour ceux qui gèrent les copropriétés.
Moi, je suis
à la même place que vous, là, honnêtement. Je pense que maintenant, surtout si on fait
faire une étude de fonds de prévoyance puis qu'on parle de six chiffres, puis
de millions plus, plus, plus à administrer et à gérer, on ne veut pas voir des histoires d'horreur. À partir du
moment où les fonds sont assez considérables, il peut y avoir un minimum de
formation donnée aux administrateurs, particulièrement chez les petites copropriétés, où, justement, on n'est pas à
l'abri de ça. J'aimerais vous entendre un peu là-dessus, mais
gardez-vous du temps, j'ai d'autres questions.
M. Handfield
(Nicolas) : Bien, ma réponse
va être courte. En tant que tel, vous avez ciblé déjà les deux aspects qu'on
parlait du projet de loi n° 401, c'est-à-dire par
rapport... les premiers articles que
je vous ai parlé, 1052 et 1054 du Code civil, par rapport aux
modifications tacites et aussi par rapport à la gestion de copropriété, où
qu'on vient dire que c'est quelque chose qui est complètement absent du projet
de loi et que... Malgré qu'on ne recommande pas nécessairement que l'article
qui était présent dans le projet de loi n° 401 soit repris, on souhaite
tout de même qu'il y ait une habilitation réglementaire qui soit présente dans
le projet de loi afin de permettre au gouvernement de continuer sa réflexion et
de permettre qu'il y ait soit une formation ou que... selon les études qui
devront être prises, mais au moins de ne pas faire en sorte qu'on soit obligés
de revenir dans une loi pour y parvenir.
Mme Thériault : Parfait. Vous allez me permettre de
vous féliciter, vous aussi, parce que — je vais le montrer, ça vaut vraiment la peine pour les gens qui nous
suivent — c'est
exactement ce que j'ai dit à Me Joli-Coeur aussi dans son mémoire : Nous, on adore ça quand on voit ça parce qu'on voit que
vous avez vraiment regardé ça comme les législateurs doivent le regarder, avec ce qui se fait
actuellement, ce qui est proposé par le ministre et vos modifications que vous
nous recommandez de faire. Moi, j'adore quand je vois ça puis ça permet
vraiment de voir le futur portrait, je vous félicite. Vous avez également... Vous en avez 56 pages comme ça, ça fait que c'est
assez impressionnant au niveau de la quantité de travail que vous avez
fait.
Je vois
également que vous avez 22 recommandations, toutes très précises. Et moi, je
vais me permettre de faire un petit clin d'oeil à la députée de Labelle puis de
lui dire que les 22 recommandations sont songées depuis plusieurs
années, puis je suis sûre que votre
recommandation, c'est qu'on adopte les 22 dans le projet de loi pour s'assurer
que ce soit fait correctement, puis
je pense que chaque volet que vous avez abordé dans votre mémoire mérite la
considération pour le travail qui a été effectué.
M.
Bibeau (François) : C'est la
raison pour laquelle je me suis permis de faire une entrée en la matière un
petit peu longue tout à l'heure,
quand j'ai fait mon allocution, pour expliquer puis on a... même, je vous avoue
qu'on a coupé dans ma présentation parce qu'on voulait vraiment faire le chemin
des étapes que la Chambre des notaires a... dans lesquelles la Chambre des
notaires s'est impliquée depuis le début, où on pense à une réforme de la
copropriété. Alors, effectivement, ça fait longtemps qu'on réfléchit à
ça, mais ça nous permet quand même à chaque fois de bonifier notre réflexion
puis d'ajouter des éléments au fameux tableau ou aux fameuses recommandations.
Mme Thériault : Parfait.
M. Brunelle
(Stéphane) : Puis on
pourrait juste aussi ajouter que, pour démontrer que notre travail a été fait
en faisant abstraction de tout élément corporatiste dans notre groupe de
travail, on a invité aussi des gens qui n'étaient pas notaires, dont un collègue avocat, donc, et ça nous a permis de se
challenger mutuellement dans la vision des commentaires pour améliorer le
produit.
• (16 h 30) •
Mme Thériault : Parfait. Je vais vous parler de
trois choses : comité, projets pilotes, conciliation. Évidemment, moi, j'ai entendu ce que vous avez par rapport au
rôle de la Régie du logement, qui va s'appeler le Tribunal du logement.
Il y a beaucoup de proximité, beaucoup de parallèles qu'on peut faire entre un
propriétaire, puis un locataire, puis une association
de copropriétés, puis un copropriétaire qui ne veut pas payer les cotisations
spéciales, ou ci, ou ça. Ça fait que je suis comme... C'est de la
musique à mes oreilles de dire... parce qu'il est vrai qu'il peut y avoir des
copropriétaires récalcitrants, qu'on va être obligés de faire une saisie ou
entreprendre des procédures légales qui risquent d'être assez élevées en fait de coûts pour un syndicat de
copropriétaires. Donc, évidemment, il y a des parallèles qui sont intéressants à faire.
Je ne sais pas si la ministre va vouloir aller jusque-là au niveau
du rôle de la Régie du logement, mais, quoi qu'il en soit, je pense qu'il faut vraiment
trouver un mode de conciliation quelque
part, c'est pour ça que je vous parle
de projets pilotes, conciliation. Vous dites vous-mêmes qu'à l'intérieur du Code de procédure civile, c'est possible de se trouver une voie de passage. J'encourage fortement la ministre
à faire quelque chose comme ça, parce que moi, je pense qu'il y a
des projets
pilotes qui valent vraiment
la peine d'être testés quand on parle de conciliation. On pourrait peut-être
se servir de l'expertise de la régie, présentement, qui est en projet
pilote, pour voir de quelle manière on pourrait l'amener.
Ou,
si on voit qu'il n'y a absolument pas de possibilité, moi, je vais vous encourager fortement à essayer
de regarder, avec le Barreau, qui va
venir un peu plus tard, s'ils viennent, ainsi que peut-être
les gens de Me Joli-Coeur avec la corporation des gestionnaires en copropriété, de quelle
manière on pourrait avoir un projet
pilote piloté par vous. Parce que
moi, je considère que les notaires,
vous êtes vraiment au coeur de tout le travail qui est fait, comme
les avocats le sont, mais vous l'êtes encore plus à cause de la
transaction immobilière. Moi, mon notaire, c'est un super de bon notaire, il
donne des conférences, vous l'avez déjà vu
quand on a fait la journée de réflexion. Ça fait que j'ai vraiment
toute ma confiance placée dans la Chambre des notaires, sans aucune problématique,
pour pouvoir trouver les bons endroits.
Moi,
j'aimerais ça aussi... parce que, là, vous dites : Un comité qui devrait
être permanent parce qu'effectivement, là, on regarde un type de copropriété,
mais il y a d'autres types de copropriété, vous l'avez soulevé à juste titre, il
y a du commercial, il y a
du mixte, il y a des questions qu'on ne regarde pas du tout, là, présentement, et je pense que la ministre
aurait intérêt à avoir un comité consultatif. Et on peut enchâsser dans la loi un
comité consultatif pour pouvoir suggérer à la ministre des choses, pour pouvoir
la conseiller, pour pouvoir faire un travail, de fait que tout le travail qui a
été fait au cours des dernières
années ne soit pas perdu. Parce que, là, on avance, je pense qu'on va avancer
vite, on va avancer à grands pas, vraiment,
c'est bien, mais il ne faudrait pas arrêter là puis attendre 20 ans pour
faire d'autres choses, il y a d'autres étapes déjà qu'on est capables de voir. Ça fait que j'aimerais savoir ce que
vous en pensez, et si la Chambre des notaires, évidemment, avec les
principaux partenaires, devrait être membre d'un comité consultatif conseil à
la ministre.
M. Bibeau (François) : Par rapport à toute la question des PRD,
règlement de différends, les nouvelles manières de faire au niveau de la nouvelle culture judiciaire... Moi, je suis
président du forum accès justice au Québec, et puis on veut trouver des moyens pour rendre la justice
plus accessible, désengorger les tribunaux, permettre d'avoir un règlement
plus humain. Là, on est au coeur des
problématiques des citoyens dans leur vécu de tous les jours, là : la
poubelle n'est pas placée à la bonne place ou bien je ne peux pas me
stationner à telle place, et c'est vraiment des petites situations très
particulières, mais qui finissent par entrer dans le quotidien des gens. On ne
peut pas commencer à penser qu'on va embarquer
dans un processus judiciaire à la cour. C'est sûr, pas pour les poubelles, mais
on comprend qu'il peut y avoir d'autres choses d'un peu plus sérieux où
ça va finir par être une question de coûts et de temps. Alors, on pense que ça serait une bonne idée d'y aller vers la
conciliation ou par la médiation, créer des projets pilotes. Et nécessairement
que la Chambre des notaires serait
tout à fait intéressée à participer activement à ça, le notaire et le juriste
de l'entente — mais on
m'a dit de ne pas faire de
corporatisme ici, alors j'essaie de ne pas en faire et puis d'être vraiment
ouvert — parce
que je pense qu'on a tout intérêt, justement, comme le disait
Me Brunelle, à avoir des comités multiparties qui vont mettre en avant l'expertise de chacune des personnes pour pouvoir
faire en sorte de ne pas laisser passer le train encore trop longtemps avant
de réagir à des situations qu'on n'avait pas
vues venir à ce moment-ci parce qu'on ne s'est pas adressé à ces questions-là.
Alors, si on a un comité permanent qui prend
le pouls sur le terrain, comment ça se passe, bien, on pourra réagir beaucoup
plus rapidement, puis ça ne sera pas nécessairement un travail herculéen à
chaque fois qu'on aura à retravailler ce...
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, M. le président, je cède
maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe de l'opposition.
M. le député de Laurier-Dorion, vous disposez de 2 min 45 s.
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs, merci d'être ici. Je vous ai
entendu parler de la question de la
visioconférence, là, je vais y aller droit au but, là : Est-ce que vous
préférez rencontrer un client face à face ou par visioconférence?
M. Bibeau (François) : Ah! si vous me posez la question à moi puis à la
plupart des professionnels, là, j'ai l'impression
qu'on aime toujours ça être face à face avec notre client, bien entendu.
Cependant, il y a des situations où il peut être difficile d'avoir des
déplacements, et là, bien, nécessairement, il peut y avoir des technologies.
Là
où la problématique se pose, en tout cas pour ce qui est du notaire quand il
reçoit des gens puis qu'ils comparaissent devant lui, c'est de s'assurer de la capacité puis de la volonté bien
librement exprimée. Alors, quand on a quelqu'un qui est devant soi sur un écran en visioconférence puis
qu'il vient nous attester qu'il est bien d'accord pour aller de l'avant
vers une proposition,
on ne voit pas qui se situe l'autre côté de la caméra puis qui lui dit :
Tu es bien mieux de dire oui, comprenez-vous?
Alors, c'est toute la problématique dans ces situations-là, où on aura à
s'assurer de la réelle volonté des gens qui vont donner un consentement
parmi les vidéoconférences.
Donc,
les travaux dont Me Brunelle vous parlait, qui sont du programme
Émergence, au niveau de la dématérialisation de l'acte notarié — mais là je n'entrerai pas là-dedans — bien, c'est au coeur de ça parce que, si on
arrivait à recevoir la signature d'un
acte notarié à distance, il faut s'assurer que la personne donne son
consentement. Ici, ce n'est pas un acte notarié qu'on signerait à distance. Je pense que tout à l'heure, c'était
par rapport à la question de la régie... bien, le nouveau tribunal du logement, où là on pourrait peut-être
procéder de cette manière-là, mais ça va être les mêmes considérations qui
vont s'adresser à nous à ce moment-là.
M. Handfield (Nicolas) : Il y a aussi... c'est sûr et certain qu'une
présence personnelle en personne physique est à privilégier, mais des fois il y
a des situations d'invalidité où la personne a de la difficulté à se déplacer,
puis elle souhaiterait avoir accès à cela. Il y a aussi au Grand Nord,
tu sais, le territoire québécois est assez grand, et c'est difficile, pour être
efficient puis efficace, de faire en sorte que les gens se déplacent
constamment.
M. Fontecilla :
Mais est-ce que ça peut représenter... Oui, il y a des personnes à mobilité
réduite, etc., mais aussi il y a toutes ces personnes-là qui peuvent avoir de
la difficulté à bien transmettre ses idées devant une caméra, etc., il y a
d'autres facteurs qui sont plus subtils. Est-ce que vous, vous considérez que
la visioconférence peut constituer une difficulté d'accès à la justice?
M. Handfield
(Nicolas) : Ce n'est pas une difficulté d'accès à la justice si
toutes les parties la demandent.
M. Bibeau (François) : On ne pourra pas contraindre quelqu'un d'aller en
visioconférence, à mon sens. Ça pourrait être un outil pour permettre
ça.
M. Brunelle (Stéphane) : Peut-être le corollaire de ce que vous dites, il
y a des gens aussi qui ont beaucoup de difficultés
à s'exprimer devant une audience et qui sont beaucoup plus à l'aise en circuit
que j'appellerai fermé pour émettre ce qu'ils ont à livrer.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci. Le temps est écoulé. Je cède
maintenant la parole au porte-parole du troisième groupe d'opposition.
M. le député de Rimouski, vous disposez de 2 min 45 s.
M. LeBel :
Merci. Bonjour. Bien, merci pour la question, mon cher collègue, puis je vais
continuer là-dessus parce qu'on donne
l'idée de la visioconférence pour compenser les services qu'on peut donner dans
les régions plus éloignées. Ça fait
que vous dites : Ce n'est pas un problème si les gens choisissent. Mais
là, dans ces cas-là, on ne choisit pas parce que c'est ça, le système qu'on met en place pour dire qu'on veut
rejoindre tout le monde. Moi, j'ai peur, là, qu'on ne vienne régler le problème des régions plus éloignées par
la visioconférence et on fait en sorte que les gens de ces régions-là n'ont
pas le même service que les gens en ville parce qu'ils sont obligés de passer
par la visioconférence.
Un de mes collègues
me disait ce matin, en Gaspésie, qu'il y avait eu des cas comme ça dans un
tribunal, en visioconférence, où les deux, là, le plaignant puis l'autre, ils
étaient là en avant, puis tu as le juge, là, dans la TV, puis ils sont là, eux autres, les gars, ils se pognent
là, puis... Tu sais, il dit, il faut que ça soit bien coordonné, là, tu ne peux
pas laisser ça de même. Ça fait que,
moi, ce que j'ai peur, c'est que le service d'accès juridique ou le service
pour les gens en région... qu'on ne soit pas au même niveau, qu'on n'ait pas
droit à la même qualité parce qu'on est en région plus éloignée puis
qu'il faut faire affaire absolument avec la visioconférence.
M. Bibeau (François) : M. le député, je pense que votre inquiétude est
tout à fait légitime et aussi... et je la salue, parce que, quand on se
lance dans ces nouvelles méthodes-là pour faciliter l'accès à la justice et
donner plus d'ouverture à l'expression de ce
que la justice devrait être, il ne faut pas oublier ces choses-là. Alors, il
faut faire attention, et je pense que,
si jamais on décidait d'implanter un tel service, il faudrait nécessairement, à
mon sens, consulter les gens des régions, entre autres, qui pourraient
avoir à y recourir. Mais je ne crois pas que l'on doive nécessairement fermer
la porte à ces possibilités-là. Cependant,
il faut être vigilants si on veut introduire ce genre de procédé là et il ne
faut pas oublier que ça devrait être un outil qui est là pour le service
de la population, en bout de ligne, et non pas l'inverse.
M. LeBel : Parce que, quand la régie est allée déposer un...
s'est présentée devant la Commission de l'administration publique en 2016, on
parlait déjà de la visioconférence puis on disait : «Cependant, il a aussi
rencontré certains écueils : la réservation des salles ainsi que
l'embauche temporaire de préposés administratifs et d'agents de sécurité locaux
ont parfois posé problème. En outre, des
accrocs techniques entravent occasionnellement la bonne marche des audiences.»
Moi, je pense qu'on ne peut pas... ce n'est pas magique, la
visioconférence. Ça fait que...
M. Brunelle (Stéphane) : Il y a beaucoup de réflexion à faire derrière ça,
là, avant de se lancer à tête perdue, là, dans ça.
M. LeBel :
Merci pour vos bonnes réponses.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Messieurs, je vous remercie pour
votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux pour quelques instants afin de permettre au prochain groupe de prendre
place. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 40)
(Reprise à 16 h 45)
La Présidente
(Mme Dansereau) : J'inviterais les gens à prendre place. Nous
allons reprendre nos travaux.
Je
souhaite la bienvenue au Regroupement des comités de logement et associations
de locataires du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Regroupement des comités logement et associations
de locataires du Québec (RCLALQ)
M. Roy-Allard (Maxime) : Merci. Bonjour, Mme la Présidente, Mme la ministre, MM., Mmes les députés. Je
me présente, Maxime Roy-Allard,
cocoordonnateur et porte-parole du Regroupement des comités logement et
associations de
locataires du Québec, un groupe de défense des droits des locataires qui
représente 53 groupes à travers la province. Je suis accompagné
aujourd'hui de Nicole Dionne, présidente du regroupement.
J'aimerais
vous remercier de votre invitation à nous entendre à cette commission. J'espère
que notre analyse et nos
recommandations pourront alimenter vos réflexions et améliorer la version
finale de ce projet de loi. J'aimerais vous informer que nous limiterons notre intervention aujourd'hui à la portion
du projet de loi n° 16 qui touche à la Régie du logement.
J'aimerais
d'abord faire quelques remarques préliminaires. Le projet de loi n° 16 a été présenté comme la plus grande réforme de la régie depuis
sa création en 1980. Or, pour nous, il ne s'agit pas d'une réelle réforme, mais
de changements relativement mineurs à la
procédure et à la gestion interne du tribunal. Pourtant, la régie a besoin
d'une véritable réforme, car c'est un
tribunal malade. Nous ne comptons plus les locataires qui nous disent avoir
perdu confiance en la régie, qui ne l'utilisent
pas pour diverses raisons et donc, au final, ne défendent pas leurs droits. Ce
n'est pas seulement une question de délais,
mais aussi une question d'accessibilité dans les différentes régions du Québec,
de frais d'ouverture trop élevés, de procédures complexes et le manque
d'assistance par les juges lors des audiences.
Au RCLALQ,
nous réclamons depuis très longtemps une réforme complète de la régie afin de
la rendre juste et accessible pour
les locataires, bref, de leur donner envie d'utiliser le tribunal et ainsi
défendre leurs droits. Plus récemment, nous
avons lancé une grande campagne où nous avons notamment rédigé notre propre
réforme de la régie, bref, la régie que
nous voulons pour rendre justice aux locataires. Plus de 215 organisations
communautaires, syndicales et étudiantes ont appuyé nos revendications
jusqu'à maintenant. Nous avons également lancé des pétitions format papier
ainsi qu'en ligne sur le site de l'Assemblée
nationale, plus de 8 200 citoyens et citoyennes ont signé jusqu'à
maintenant. Enfin, 12 députés de l'Assemblée nationale ont appuyé
nos revendications.
Pour nous, la
régie et le droit locatif québécois sont plus que prêts pour une réforme
majeure afin de mieux protéger les droits des locataires. Le logement est un
droit fondamental qu'il est primordial de garantir et de protéger, d'autant
plus que nous sommes en pleine pénurie de
logements dans plusieurs régions du Québec, ce qui donne lieu à des abus de
toutes sortes et à une recrudescence de la discrimination, de hausses de loyers
abusives, de la disparition de logements abordables, d'évictions de
locataires.
Je reviens donc au projet de loi n° 16.
D'emblée, nous constatons que le projet de loi n° 16
transforme plusieurs éléments de la
procédure interne de la régie. Éléments techniques en apparence, ces
modifications posent des risques majeurs à l'accès à la justice, tout particulièrement pour les locataires, dont
la très grande majorité ne sont pas représentés par avocats. À nos yeux, plusieurs des modifications proposées
viendront complexifier et professionnaliser la régie. Ces changements viendraient certes aider le tribunal dans sa
gestion interne, d'ailleurs ce sont des demandes de longue date de la régie,
mais nous croyons que les risques de perdre les locataires en chemin
sont énormes, ce qui irait totalement à l'encontre de la mission d'un tribunal comme la régie, qui se doit
de faciliter l'accès à la justice pour les personnes non représentées et plus
vulnérables.
Sur le
changement de nom de la régie pour le Tribunal administratif du logement, nous
n'avons pas d'inquiétude, comme tel. Cela étant dit, nous voulons nous
assurer que ce changement nominal n'engendrera pas de modifications quant à la
mission d'information du tribunal. Le mandat actuel de la régie dépasse en
effet celui d'un tribunal purement administratif.
La régie se doit d'informer locataires et propriétaires de leurs droits et
obligations. Elle doit, en ce sens, répondre à un flot très important
d'appels téléphoniques, aider les personnes qui se présentent à la régie, mais
aussi mettre à la disposition du public des
fiches d'information et modèles d'avis. Les locataires, très souvent non
représentés par avocat et disposant
de moins de ressources, ont besoin de ces services. La mission d'information
doit être bonifiée. Nous saluons, à cet égard, l'ajout de
30 préposés à l'information, mais il faut aller encore plus loin.
À propos de l'utilisation
de la visioconférence, nous aimerions soulever de très sérieuses inquiétudes
sur le bon déroulement des audiences
et l'accès à la justice. Je passe rapidement sur les nombreux problèmes
techniques qui peuvent survenir via l'utilisation de tels moyens de
communication et qui peuvent rapidement venir gâcher le bon déroulement d'une audience. Notre expérience terrain nous
permet d'affirmer qu'il est déjà très difficile pour les locataires de s'y
retrouver dans des procédures d'une
audience en personne, imaginez à distance d'un juge, devant une caméra, sans
nécessairement avoir la possibilité
de voir le non-verbal de la personne que l'on contre-interroge. Les juges de la
régie sont censés assister les parties et les aider avec les procédures
et la défense de leurs droits, mais cette assistance est encore trop souvent incomplète, voire absente. Nous sommes portés à
croire que la situation pourrait être pire pour les audiences en
visioconférence. C'est pour cette
raison que nous recommandons à la commission de limiter le plus possible
l'utilisation de la visioconférence et
que celle-ci soit utilisée seulement comme mesure d'accès à la justice pour les
situations où les parties ou leurs témoins ne pourraient autrement être
présents à l'audience.
• (16 h 50) •
Sur
l'augmentation des pouvoirs des greffiers spéciaux, nous sommes très
sceptiques, puisque, pour nous, les juges sont les mieux à même de traiter des litiges entre propriétaires et
locataires. Permettre aux greffiers spéciaux d'entendre plus de dossiers pour ainsi régler le problème des
délais à la régie, c'est regarder le problème à l'envers. Il manque de
ressources au tribunal, il manque
énormément de juges pour entendre les dossiers dans les délais acceptables. Vu
l'ampleur du problème des délais, il y a lieu de se demander si neuf juges
supplémentaires seront suffisants. C'est pourquoi nous recommandons que,
plutôt d'augmenter les pouvoirs des
greffiers, d'augmenter considérablement le nombre de juges pour entendre les
dossiers dans des délais rapides, mais aussi pour desservir
équitablement l'ensemble des régions du Québec.
Le projet de loi n° 16 prévoit une utilisation plus importante de
la conciliation pour régler les litiges. Nous aimerions émettre quelques réserves. Tout d'abord,
une utilisation importante de la conciliation viendrait appauvrir
la jurisprudence, puisqu'aucune
décision publique n'en émane. Or, l'évolution de la jurisprudence est
fondamentale au droit. Ensuite, la conciliation
pose des risques sérieux de défavoriser les parties plus vulnérables. Lors
d'une séance de conciliation, les parties peuvent être amenées à
accepter des ententes plus défavorables que si un juge avait entendu la cause.
Certes, le dossier peut
être entendu plus rapidement, mais à quel prix? Pour nous, le risque de
défavoriser des locataires plus vulnérables est trop grand. Contrairement à un processus de conciliation, une juge a le
pouvoir et le devoir de s'interposer entre les parties, notamment en
leur portant assistance dans les procédures et en leur rappelant leurs droits
et obligations.
Cela
étant dit, nous croyons qu'un type de dossier en particulier aurait tout
avantage à être traité par conciliation : le non-paiement de loyer.
En effet, l'utilisation de la conciliation pour les causes en non-paiement de
loyer permettrait d'éviter de nombreuses
évictions de logement et aussi de permettre aux propriétaires de récupérer
leurs loyers dus. C'est pour ces
raisons que nous recommandons que la conciliation soit utilisée seulement pour
les dossiers en non-paiement de loyer afin de procéder à des ententes de
paiement et ainsi permettre aux locataires de demeurer dans leur logement.
Plusieurs
articles du projet de loi n° 16 viennent modifier des éléments de
procédure quant à l'ouverture et au suivi des dossiers ouverts par les parties.
Nous avons d'importantes craintes sur plusieurs modifications proposées à
l'article 80 du projet de loi
n° 16. Elles ont sans doute pour but de faciliter la gestion et le
traitement interne des dossiers par la régie, mais nous croyons que ces
nouvelles mesures affecteront négativement les locataires vulnérables, qui
peinent déjà à s'y retrouver dans les procédures.
Concernant
l'obligation de fournir la liste des pièces dans les 30 jours suivant
l'ouverture d'un dossier, il y a un réel
danger que les locataires comprennent mal ces procédures et que leur dossier
soit ainsi fermé par le tribunal. Nous nous opposons à cet ajout. Mais,
si la commission venait à le garder, il faudrait à tout le moins hausser le
délai à minimum 45 jours, puisque le délai actuellement proposé de
30 jours est complètement irréaliste.
L'ajout de conférences de gestion va aussi dans le
sens de professionnaliser la régie. Cet ajout sera peut-être apprécié des avocats, mais nous craignons que les locataires
non représentés y soient mal outillés et donc systématiquement
désavantagés. Nous recommandons également leur retrait du projet de loi.
Nous
sommes également déçus que le projet de loi n° 16 vienne restreindre le
droit à la rétractation pour les parties qui n'auraient pas signalé leur
déménagement au tribunal. Cette mesure viendra surtout pénaliser les locataires
qui sont amenés à déménager dans des proportions beaucoup plus élevées.
Nous recommandons aussi le retrait de cet article.
Le
projet de loi n° 16 vient aussi ajouter une nouvelle procédure expéditive
de traitement des dossiers, l'audience au dossier, qui permettrait de traiter
des dossiers en l'absence des parties, simplement avec les preuves et
témoignages écrits. Considérant les risques inhérents d'accès à la
justice pour les locataires, nous nous opposons à la venue de la procédure sur le dossier. Que ce soit par le fait de
produire une déclaration sous serment ou encore de produire la preuve
nécessaire, les locataires plus vulnérables pourraient rapidement en
ressortir pénalisés. Tout comme pour la visioconférence, nous privilégions des
audiences en personne où un juge peut assister les parties. Nous recommandons
donc le retrait de l'article 83 du projet de loi n° 16.
Concernant
l'assistance par un tiers de confiance pour les parties où l'âge ou l'état de
santé le requiert, nous saluons cet ajout, mais nous pensons qu'il faudrait
aller encore plus loin. Pourquoi ne pas permettre à l'ensemble des locataires
non représentés d'être accompagnés et assistés
lors d'une audience? Nous croyons qu'un tel ajout aiderait les locataires à
affronter un moment très souvent vécu comme stressant et difficile, une
audience contre leur propriétaire.
Enfin,
nous saluons le resserrement des dossiers en fixation de loyer, où la régie
pourra fermer tout dossier si le propriétaire n'a pas remis les
renseignements nécessaires au tribunal et au locataire dans des délais requis.
Cela dit, nous nous questionnons sur le délai de 90 jours, qui semble
injustement élevé comparativement au délai précédemment soulevé de 30 jours. Pourquoi un tel deux poids, deux mesures? Nous
recommandons ainsi que les délais soient les mêmes, autant pour la
fixation que pour les autres causes.
Voilà qui fait un
tour rapide de nos commentaires et recommandations sur le projet de loi
n° 16. Nous n'avons évidemment pas
présenté l'ensemble de nos revendications qui touchent de près ou de loin à la
régie. J'espère que nous aurons l'occasion d'y revenir dans nos
échanges. Merci.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Je vous remercie pour votre exposé.
Nous allons maintenant débuter la période d'échange. Mme la ministre, la
parole est à vous, vous disposez de 16 min 30 s.
Mme Laforest :
Oui. Alors, bonjour, bienvenue ici. Je ne suis pas surprise de vos
revendications, bien entendu. On s'est
rencontrés, c'est les mêmes revendications. Il y en a plusieurs qui vont être
améliorées grâce au projet de loi n° 16. Alors, moi, je suis très, très, très positive, vous le savez. Je suis
très confiante, je n'ai aucune inquiétude pour toutes les nouvelles procédures qu'on va instaurer dans le
projet de loi n° 16. Ceci étant dit, on avait eu des échanges ensemble,
alors je vais laisser mes collègues poser les questions, si vous êtes
d'accord, bien entendu.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Pas de problème. Je cède la parole à la députée
de Labelle.
Mme Jeannotte :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, merci d'être ici aujourd'hui pour bonifier
le projet de loi n° 16 de la ministre.
Concernant
le délai pour déposer une preuve de notification de la liste des pièces, vous
suggérez que le délai pour déposer
une preuve de notification de la liste des pièces soit de 45 jours plutôt
que de 30, tel que prévu au projet de
loi. Cela signifie d'ajouter un délai de 15 jours supplémentaires, si je
comprends bien. Comment conciliez-vous cette demande, de votre position selon laquelle les délais
d'attente devant la Régie du logement sont déjà trop longs? Je peux
continuer, puis après vous reviendrez
sur cette première question. Par
ailleurs, pourquoi ce délai
devrait-il être ramené à 20 jours pour le formulaire de renseignements
nécessaires? Comment justifiez-vous cette distinction?
M. Roy-Allard
(Maxime) : Bien, en fait, le
20 jours, c'est que c'est nos revendications historiques, au regroupement. Dans ma présentation, j'ai précisé que ça pourrait
être les mêmes, en fait. L'idée est d'égaliser tout ça pour que ce soient les mêmes délais pour tout
le monde. Donc, pour nous, 30 jours,
c'est trop expéditif, les délais, déjà, d'ouverture de dossier, c'est déjà
compliqué pour les personnes de bien comprendre les démarches, il faut leur
donner un délai supplémentaire. C'est aussi
des avocats, des avocates qui sont autour de nous, ils nous ont recommandé
d'augmenter ce délai-là parce que c'est
trop rapide, même à leurs yeux, donc imaginons pour des personnes non
représentées qui ont de la misère à s'y retrouver dans les procédures.
Je pense que de rajouter un 15 jours minimum serait apprécié.
Mme Jeannotte :
Mais ça ne va pas ajouter des... C'est des délais supplémentaires, ça, quand
même.
M. Roy-Allard (Maxime) : C'est sûr que, pour les causes urgentes, puis
c'est précisé dans le projet de loi, ce n'est pas nécessaire, les délais pour la
notification des pièces peuvent être contournés parce que c'est urgent, il faut
rapidement avoir
une audience. Mais les autres types d'audience sont entendues dans des délais
supérieurs à 30 jours ou à 45 jours, donc je ne vois pas de problème
d'augmenter le délai à ce niveau-là.
Mme Jeannotte :
D'accord, merci.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Ça va, Mme la députée? Je céderais la parole au
député de Beauce-Nord.
M. Provençal : Merci, Mme
la Présidente. Écoutez,
moi, dans votre mémoire, je regarde la recommandation 13. Votre
recommandation 13 dit : «Que l'ouverture d'un dossier soit
gratuite, que des points de service soient ouverts dans toutes les régions et que les heures d'ouverture
correspondent aux réalités...» Je vais m'en tenir plus à la notion du dossier gratuit...
de l'ouverture gratuite, excusez-moi. Actuellement, là, une personne qui fait
la preuve qu'elle reçoit des prestations en
vertu d'un programme d'aide de dernier recours prévu par la Loi de la
sécurité du revenu n'a pas à payer les frais à la Régie du logement. Je
ne me trompe pas en disant ça?
M. Roy-Allard
(Maxime) : Non, c'est bien ça.
M. Provençal : Mais là ce que je comprends, c'est que vous ne
trouvez pas que c'est suffisant. Est-ce à dire que votre recommandation
voudrait que ça s'applique pour l'ouverture d'un dossier par un locateur,
point?
Mme Dionne
(Nicole) : Je ne comprends pas bien, là, vous dites un dossier par
propriétaire... par locataire?
M. Provençal : Oui. Parce que vous dites l'ouverture d'un dossier
gratuite, mais présentement il y a déjà un encadrement
dans ça, là. J'ai de la misère à bien saisir votre recommandation. Pourriez-vous me la clarifier, s'il vous plaît?
Mme Dionne (Nicole) : Bien, en fait, oui, c'est vrai que les locataires
qui reçoivent des prestations d'assistance sociale n'ont pas à payer les frais d'ouverture de
dossier, ça va. Toutefois, ce n'est pas nécessairement la majorité
des locataires. Et les locataires à
plus faibles revenus qui doivent payer le 76 $ pour les ouvertures de
dossier, je vous assure que c'est un frein
à leurs démarches de reconnaissance au
niveau de leurs droits ou leurs
démarches de faire valoir leurs droits devant la Régie du logement.
Donc, sur le terrain, c'est ce qu'on constate, c'est suffisant pour empêcher
les locataires d'aller à la Régie du logement, ce montant-là, c'est vraiment un
frein pour les locataires qui ont peu de revenus.
L'autre
élément aussi, c'est que l'accessibilité aux bureaux durant la période de 8 h 30
à 16 h 30, ça fait en sorte qu'il y a
certains locataires qui ne peuvent pas se déplacer au niveau
du travail, qui ne peuvent pas prendre des heures de congé du travail pour
aller ouvrir un dossier ou même aller se représenter à la Régie du logement.
Donc, on demande une plus grande souplesse pour l'accessibilité à la
Régie du logement, c'est dans cet esprit-là.
M. Provençal : Et c'est ce qui fait que vous avez fait une recommandation au niveau 14 pour utiliser des moyens électroniques.
C'est dans ce sens-là?
M. Roy-Allard (Maxime) : Bien, c'est que, de manière générale, on veut
faciliter le plus possible l'accès à la justice. Puis on se remémore la
création de la régie, à sa création, c'était gratuit, ouvrir un dossier, pour tout
le monde. On veut retourner un peu à cette
époque-là de mission sociale de la régie, où on allait dans les cégeps, on
allait dans les résidences pour
personnes aînées faire de l'information juridique sur les droits et obligations
des locataires et des propriétaires. On veut vraiment que la régie retourne à cette forme de mission sociale là pour favoriser un plus grand accès à la justice,
une plus grande connaissance du droit locatif pour tout le monde.
M. Provençal :
O.K. C'est vraiment dans ce sens-là que vous soulevez vos recommandations.
M. Roy-Allard (Maxime) : Exact.
M. Provençal :
Ça va.
La Présidente
(Mme Dansereau) : Ça va? Député de Rousseau.
• (17 heures) •
M.
Thouin : ...complémentaire, juste pour être sûr que je comprends bien.
Donc, ce qu'on dit, c'est que, pour les locataires, actuellement, pour certains, en tout cas, ils ont l'accès
gratuit. On voudrait l'accès gratuit pour tout le monde, est-ce que ça s'adresse aussi aux locateurs?
M. Roy-Allard (Maxime) : On ne
fait pas de distinction à ce niveau-là. Si c'est gratuit, ça va être gratuit
pour tout le monde...
M. Thouin : Gratuit pour tout le
monde.
M. Roy-Allard
(Maxime) : ...puis ça va
être à l'État d'éponger, évidemment. En ce moment, la régie compte sur une part de revenus des ouvertures de dossier dans
son budget de fonctionnement, mais nous, on pense que c'est à l'État de garantir cet accès à la justice là pour tout le monde, et il doit donc donner plus d'argent à la régie pour éponger ce
transfert d'argent.
M. Thouin : Parce qu'on s'entend
que, tu sais, le mot «gratuit», ça n'existe pas sur la planète, là, tu sais. Qu'est-ce qui est gratuit pour quelqu'un
est payé par quelqu'un d'autre. Donc, vous, vous assumez que c'est
l'État qui devrait normalement devoir
payer, pour les locateurs et pour les locataires, l'ensemble du système qui
s'appelle Régie du logement ou tribunal...
M. Roy-Allard
(Maxime) : Oui, parce que la
forme la plus progressiste pour récupérer de l'argent et donc payer nos services, c'est l'impôt sur le revenu et c'est
donc là que l'État fait le plus d'argent. Il peut donc transférer à des
institutions davantage d'argent pour favoriser l'accès à ces
services-là.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Est-ce que ça va? Le député de...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dansereau) :
Bon...
M. Provençal : Parce que, dans votre mémoire vous faites
référence, entre autres, à la fermeture de bureaux, mais on regarde, c'est toujours à l'extérieur des
grands centres. Or, cette orientation-là qui a été prise, finalement,
ce que je peux comprendre, c'est que,
quand tu habites dans un grand centre, tu as beaucoup plus de facilité à
avoir accès à la Régie du logement
que si tu restes en région. Donc, est-ce
que je dois comprendre que vous
dénoncez une forme d'iniquité dans ça?
Mme Dionne
(Nicole) : Bien, tout à fait, parce que... par exemple, à Québec, le bureau de Lévis a fermé, donc les locataires
de Lévis ne peuvent pas aller déposer de demande, doivent traverser à Québec.
Il n'y a pas de transport en commun
significatif à Lévis, vous le savez, alors donc c'est une difficulté pour les
locataires qui vivent dans cette région-là. Ce n'est pas nécessairement d'aller dans le très, très
loin pour se rendre compte qu'effectivement peu de locataires ont accès à des audiences dans leur territoire. On pense aux
gens de Charlevoix, par exemple, qui
doivent faire des kilomètres pour aller
à leur bureau. Les journées d'audience, dans certaines régions, sont d'une
demi-journée. Alors, effectivement, on veut des bureaux dans l'ensemble
des régions puis on veut qu'il y ait des audiences dans l'ensemble des régions.
M. Provençal : Ça clarifie. Ça
clarifie ce que je voulais savoir. Merci.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Laforest :
Oui. En fait, je ne sais pas vraiment par où commencer puis je suis très
heureuse que le député de Vaudreuil-Dorion soit avec moi aujourd'hui...
Une voix : ...
Mme Laforest : ...Laurier-Dorion, excusez, parce que je vous entends, puis avec le
projet de loi n° 16 on a tellement mis de mesures pour vous accompagner, pour vous aider. Vous parlez
tantôt des frais, les frais pour la Régie
du logement, les frais sont
remboursés si vous avez gain de cause. Mais là vous parlez des frais, mais vous
ne parlez pas des frais s'il y a gain de cause, donc on vous les
rembourse.
Ensuite, ceci
étant dit, moi, c'est certain que ma priorité, c'est de bien loger les gens.
Étant ministre de l'Habitation,
c'est vraiment une de mes priorités.
Puis vous le dites, depuis 1980, il n'y a pas eu de changement avec la Régie du logement. Alors, on est en 2019, on a ajouté quand même plusieurs
mesures : la possibilité de la visioconférence, l'accompagnement et l'assistance pour les personnes aînées, les
délais — ça,
c'est sûr qu'on va les diminuer — les
pouvoirs des greffiers spéciaux, les
preuves sur papier au lieu d'être obligé d'être accompagné d'un pompier, d'un
policier, ensuite les 33 préposés qu'on distribue, si je peux dire, ou qu'on déplace dans les régions, les neuf...
10, qu'on vient de me dire, 10 régisseurs qui vont être situés dans
un bureau de comté à Montréal. Il y a tellement de mesures pour vous aider,
pour vous accompagner.
Là, je me
suis vraiment posé une question tantôt, j'ai dit : Comment
on va encourager les promoteurs à construire des immeubles à logements? Parce qu'on a quand même... J'ai eu la
possibilité d'avoir du ministre des
Finances un très bon montant dans le budget, on a eu un excellent montant.
Ceci étant dit, comment on va faire pour travailler ensemble si toutes les
nouvelles mesures qu'on fait ne vous satisfont pas? Je ne sais pas. Moi, j'ai vraiment
une question à vous poser : Qu'est-ce
qu'il y a de positif dans le projet de loi? Parce qu'on
part de 1980 à 2019, toutes les mesures qu'on change, puis j'essaie vraiment d'accompagner mon
cher député, justement, qu'on a eu des rencontres ensemble pour essayer
de loger les gens. Là, je me
dis : C'est certain que ça va être difficile d'encourager les promoteurs à
construire des immeubles à logements. Pouvez-vous me répondre?
M. Roy-Allard (Maxime) : Je ne
suis pas sûr de comprendre le lien avec le projet de loi sur la régie et
d'aider les promoteurs à construire des nouveaux
logements. En ce qui a trait à l'accès et ce projet de loi là sur la régie,
nous, ce qu'on dit, c'est que ça ne
va pas assez loin parce qu'on veut encadrer et mieux protéger le droit locatif
pour protéger les locataires. Je vais
vous donner un exemple. Quand on pense au non-paiement de loyer, on pense que
c'est trop facile aujourd'hui, en 2019, d'évincer des locataires en non-paiement
de loyer, alors que c'est des gens qui en arrachent sur le quotidien, qui ont de la misère à rejoindre les
deux bouts, et c'est très facile pour un propriétaire de l'expulser de leur
logement. Ensuite, ces personnes-là
vont avoir un dossier inscrit à leur nom à la régie, ils vont se faire
discriminer pour ces raisons-là. C'est
très facile aujourd'hui de reprendre un logement ou d'évincer des
locataires, faire une rénoviction, qu'on appelle, donc faire des rénovations
majeures pour se débarrasser de locataires et ainsi augmenter nos profits par
la suite. Donc, c'est vraiment... le coeur de ça, c'est de mieux protéger les
droits des locataires, ce n'est pas nécessairement de faciliter la visioconférence ou la conciliation. Pour nous, ça,
c'est des aspects plutôt superficiels. Il faut vraiment aller au coeur du
droit locatif, il faut aller dans le Code civil
du Québec et non pas se limiter à la Loi sur la Régie du
logement. Il est vraiment là, le coeur du problème.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Et, quand vous dites que les locataires sont
évincés très, très rapidement, rapidement, vous, c'est quoi, le délai?
M. Roy-Allard
(Maxime) : Bien, là, si on
part du jour 1, après 21 jours, on est en retard, il y a
des délais administratifs. On a
entendu la CORPIQ et l'APQ se lamenter là-dessus. Mais il
y a un délai administratif, évidemment,
puis il faut que les personnes puissent aller en rétractation au besoin et
porter en appel, c'est des droits importants dans le système
de justice. Mais ça demeure facile de
le faire parce que les locataires ne peuvent pas soulever des questions
de l'état de leur logement ou soulever une question
qu'ils en arrachent dans leur vie et donc qu'ils pourraient, ils voudraient
rembourser la dette, l'étaler sur plusieurs mois, procéder à une entente de paiement.
C'est pour ça qu'on dit : Utilisons la conciliation pour favoriser des ententes de paiement et ainsi faire en sorte que les locataires aient la chance de demeurer dans leur logement et de
rembourser leur propriétaire. Ça se fait en Ontario, et le tiers des
audiences en non-paiement sont remboursées via des ententes de paiement. Donc, c'est extrêmement intéressant, ce qui se fait là-bas. Donc, on facilite, d'une part, le maintien
dans les lieux des locataires et les
propriétaires récupèrent davantage la dette qui leur est due parce que
les locataires ont tout avantage à leur rembourser et non pas à
disparaître dans la brume pour éviter de rembourser leur propriétaire.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre.
Mme Laforest : Dans les délais, vous ne m'avez pas répondu à ma question.
D'après vous, quelqu'un qui... pour cause de non-paiement de
loyer, vous me dites que c'est trop, rapide étant quelle période?
Mme Dionne (Nicole) : En fait,
ce qu'on considère, c'est que, dans l'ensemble des dossiers qui sont entendus à la Régie du logement, ce sont les dossiers en
non-paiement de loyer qui passent toujours en rapidité par rapport à d'autres
dossiers où les locataires sont victimes de mauvais état du logement,
d'insalubrité, de présence de vermine, ou autres, et c'est là qu'on trouve qu'il
y a une iniquité. Comment on peut
mettre en avant-plan le remboursement d'une somme envers une corporation immobilière, par
exemple — ce n'est pas tous des petits propriétaires, au Québec — versus
un locataire qui vit avec de la
moisissure plein les murs, qu'on a besoin d'avoir des preuves à tout crin pour
pouvoir présenter devant le tribunal, qu'il y a des délais infinis. Alors,
c'est ça qu'on trouve qui est injuste, c'est que l'état de santé et de sécurité
de ces personnes-là est en danger versus le paiement d'un loyer d'une
corporation qui va avoir 2 000, 3 000 ou 5 000 unités locatives à gérer. Alors, c'est là qu'on trouve
que les délais en expulsion sont beaucoup plus rapides, alors que le préjudice
est beaucoup moins présent qu'une famille qui vit avec la présence de
moisissures, ou de vermine, ou de manque de chauffage
en hiver, ou des fenêtres qui ne ferment pas, là. C'est dans cet esprit-là
qu'on trouve que les délais d'expulsion sont beaucoup plus rapides.
L'autre
élément aussi sur la question du non-paiement de loyer, c'est que les
locataires qui se présentent à l'audience n'ont aucun motif qu'ils peuvent
invoquer pour justifier un retard ou un manquement dans le prix du loyer. C'est
la seule cause devant un tribunal où on n'a pas de défense à apporter. On est
accusé de non-paiement de loyer, on n'a pas un mot à dire, on n'a aucune preuve à démontrer et on
ressort de la salle d'audience, et on sait qu'on va être évincé. Ce n'est pas
étonnant que les locataires ne se présentent
pas nécessairement à leur audience pour ce type de dossier là. C'est là qu'on
trouve qu'il y a une injustice. Donc, c'est plus profond que ça, les
changements qu'on voudrait qui soient apportés à la Régie du logement.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Mme la ministre, il reste 1 min 30 s.
Mme Laforest :
1 min 30 s. Je vais terminer. Quels sont les aspects positifs du
projet de loi n° 16?
M. Roy-Allard
(Maxime) : J'en ai déjà
mentionné quelques-uns. Puis je profiterai de l'occasion de réaffirmer, pour
l'assistance aux parties, je pense qu'il
faut élargir. L'âge et l'état de santé, ce n'est pas suffisant, à nos yeux. Il
y a énormément de personnes vulnérables qui ne se catégorisent pas dans
ces deux choses-là, donc il faut élargir ça.
Mme Dionne (Nicole) : Les
dossiers de fixation de loyer aussi.
• (17 h 10) •
M. Roy-Allard (Maxime) : En
fixation de loyer, en effet, il faut venir descendre le nombre de jours, qui
nous apparaît beaucoup trop élevé en ce moment, qui est de 90 jours.
Mme Laforest : Non, des aspects positifs du projet de loi n° 16, est-ce
qu'il y en a? Parce qu'on a travaillé fort, quand même, on vous a entendus, puis je pense
que... j'ai très confiance ici, je suis en compagnie du président, justement,
du Tribunal administratif du logement, souhaitons-le. Alors, je pense qu'il a quand
même beaucoup de pression sur lui, hein, puis je pense que les délais, on va vraiment les améliorer. Alors, le
dernier point positif est lequel, du projet de loi n° 16? Il y a
sûrement un point positif.
Mme Dionne
(Nicole) : Bien, on ne sait
pas si le fonctionnement va faire améliorer les délais de façon... pour tout le
monde, mais le problème qu'on a trouvé, c'était que ça complexifiait beaucoup
la démarche des locataires dans nos comités
logement au quotidien. Il y a des locataires qui n'arrivent pas à comprendre
les démarches, les avis, et autres, on est beaucoup là pour les soutenir. La
Régie du logement, l'ensemble des bureaux de la Régie du logement nous réfèrent
de plus en plus de locataires pour les
aider, donc c'est comme si on rempirait un peu leurs difficultés d'accès à la
Régie du logement. Alors, c'est pour
ça qu'on trouve que ce n'est pas nécessairement sous cet aspect-là qu'on aurait
voulu... qu'il y aurait des améliorations à apporter au fonctionnement de la
Régie du logement, mais aussi à la législation elle-même.
La Présidente (Mme Dansereau) :
Merci, Mme la ministre. Le temps est écoulé. Je cède maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
pour une période de 10 min 45 s.
Mme Thériault : Parfait, pas de problème. Merci,
Mme la Présidente. Évidemment, Mme Dionne, M. Roy-Allard,
bienvenue en commission parlementaire. C'est toujours assez intéressant de voir
que les échanges, des fois, sont corsés, vigoureux,
mais que vous avez beaucoup de conviction et que vous affirmez haut et fort vos
convictions sur la place publique.
Là, je vais
peut-être faire rigoler un peu la ministre, là, mais je veux juste faire un
parallèle. Vous savez, quand vous avez
sorti le communiqué sur le projet de loi de la ministre, le projet de loi
n° 16, puis vous avez marqué : Projet de loi sur la Régie du logement : Une occasion manquée
de réformer le tribunal en profondeur, puis un peu plus loin vous dites que vous êtes «amèrement déçu
du projet de loi n° 16 déposé aujourd'hui par la ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation», Mme la
ministre qui est devant nous. Puis, quand j'ai déposé le projet de loi
n° 401, votre titre, c'était : Projet de loi sur la Régie du
logement, que vous êtes «insatisfait des mesures proposées par la
ministre». Et, un peu plus loin, vous disiez
que vous étiez déçus... oui, «est déçu du projet de loi n° 401». Donc, ils
sont «amèrement» plus dans votre projet que dans le nôtre. Je fais une
blague pour détendre un peu l'atmosphère.
Mais je veux
juste vous dire que c'est à peu près la même chose que la CORPIQ, O.K.? Bon,
puis la CORPIQ et l'Association des
propriétaires sont à un spectre de demande, puis, à l'autre bout complètement,
on va trouver le FRAPRU, le RCLALQ,
puis c'est correct aussi. Je pense que, puis je l'ai dit, là, on ne pourra pas
faire l'économie d'un débat d'une vraie
réforme du logement, O.K.? Bon, je le disais quand j'étais ministre, je le dis
encore, je l'ai dit à la CORPIQ, je le répète
ici, puis je vais le dire au FRAPRU aussi lundi prochain, ne soyez pas inquiets.
Mais, honnêtement, moi, je pense que ce que la ministre propose par
rapport à la Régie du logement, ça va améliorer le fonctionnement. Il y a de
l'argent, il y a du monde, il y a de la
conciliation, il y a un paquet de choses qui va faire que ça ne peut pas faire
autrement que de réduire les délais puis de traiter plus de monde, O.K.,
ou de causes, entre guillemets.
Je pense que...
bon, c'est sûr qu'on n'a pas proposé la même chose par rapport à
l'accompagnement des personnes âgées. La ministre ouvre sur les personnes
âgées, personnes plus vulnérables. Est-ce qu'on pourrait mieux le
définir? Moi, je suis parfaitement
consciente qu'il y a des personnes qui sont en situation d'itinérance, qui sont
analphabètes, qui ne savent pas lire,
qui font partie des gens plus vulnérables qui pourraient avoir besoin d'un
accompagnement, puis c'est en partie... je pense que le projet de loi de
la ministre va pouvoir dire oui à ça, puis c'est exactement... ça fait partie
de vos revendications qu'on puisse
accompagner les personnes qui sont un peu plus démunies dans la vie. Ils n'ont
pas tous le verbe aussi facile que
nous, comme parlementaires, c'est bien évident, mais je pense qu'il y a des
choses dans le projet de loi. Pour le
reste des choses, vous avez des positions qui sont aussi légitimes, vous, que
les autres associations peuvent demander, puis je pense que c'est
correct qu'on en parle, encore faut-il le faire correctement.
Je vais dire
aussi, bien amicalement, que moi, j'ai signé votre pétition. C'est d'ailleurs
sur votre page Facebook, puis vous
avez écrit : «Si une ancienne ministre libérale le peut, vous le pouvez
aussi.» Puis j'ai pris vraiment la peine... quand j'ai signé la
pétition, je vous l'ai dit parce que je crois aux débats, je crois aux échanges
d'idées puis je pense qu'une pétition a le
mérite au moins qu'on se pose la question : Est-ce qu'on est corrects dans
ce qu'on a déjà ou est-ce qu'on peut aller un
peu plus loin? Et ça engage un débat,
une pétition, surtout pour nous, les parlementaires. Un coup que les pétitions
sont déposées, les commissions
compétentes vont saisir la pétition. J'imagine qu'il y a
un député qui va déposer une motion pour
qu'on puisse entendre des pétitionnaires ou des gens qui l'ont initiée pour, justement,
qu'on puisse discuter de jusqu'où on doit aller puis qu'est-ce qu'on
doit rajouter.
Ça fait que vous avez des demandes qui sont là. Vous
revendiquez le droit
au logement pour... tu sais, qui sont des revendications
traditionnelles, je vais dire. Mais c'est
sûr que, dans le projet de
loi de la ministre,
il y a quand même des choses qui vont améliorer le sort des plus
démunis par rapport au logement, non?
M. Roy-Allard (Maxime) : Je pense que ça peut être des mesures qui peuvent
être rapidement interprétées comme favorisant l'accès à la
justice, qu'on pense à la visioconférence, qui est une nouvelle technologie,
qu'on peut tenir des audiences un peu partout
à travers la province, mais c'est qu'il
y a des risques inhérents à travers
ça qu'il ne faut pas oublier. À
travers une visioconférence, il y a des risques de miner l'accès à la justice, de
défavoriser les personnes plus vulnérables qui sont importants, qu'il ne faut
pas oublier à travers ça. La conciliation, c'est la même chose, il faut faire
très attention avec la conciliation.
Des études d'autres tribunaux, comme aux Petites Créances, nous ont montré que
la conciliation faisait en sorte que les parties plus vulnérables
acceptaient des offres, des ententes plus défavorables pour eux.
Mme Thériault : Parfait. On
entend ce que vous dites, vous n'êtes pas le seul qui dites ça, là, O.K.? Il y en a
d'autres qui disent aussi : Il faut faire attention parce qu'on ne
sait pas s'il y a quelqu'un en dehors de la caméra qui va pousser quelqu'un à prendre des ententes en
visioconférence. La Chambre des notaires l'a dit avant vous. Mais c'est sûr
qu'il y a des choses qui apparaissent comme... qui devraient normalement
favoriser.
Là, ici, je dois dire
bien honnêtement que je suis la première personne, peut-être, la plus
bouleversée, comme à peu près tous ceux qui écoutent les nouvelles, quand on
voit un reportage où il y a des méchants propriétaires — puis il y en a, des méchants propriétaires — qui vont louer à répétition des trous à
rats, qu'on appelle, ou des taudis, où on voit les vermines. Puis je pense qu'on vient tous bouleversés quand on voit
ça, puis moi, honnêtement, j'ai zéro pitié pour ces propriétaires-là, zéro. Moi, je pense que la loi
devrait même aller plus loin, devrait permettre aux villes de saisir, de
démolir, d'envoyer la facture... tu sais, je suis peut-être un peu plus
drastique.
Peut-être
que la ministre des Affaires municipales peut parler à la ministre de
l'Habitation pour voir comment on pourrait
peut-être pousser un peu plus loin ce cheminement-là, parce que moi, les
corporations... parce qu'on va les appeler les corporations, les machines à faire des piastres, ceux qui sont comme
ça, les reportages qu'on voit... qui mettent en danger la santé des citoyens à les faire vivre dans des
trous à rats, quand c'est infesté de je ne sais pas trop combien de bibittes,
ça, honnêtement, on devrait avoir zéro pitié là-dedans. Ça fait que ça...
puis je pense qu'il y a des cas extrêmes dans les deux camps, puis ça, je vous parle d'un cas extrême, comme hier, on a vu
une propriétaire qui avait un cas extrême. Ça fait que c'est sûr que... Moi, je pense que la ministre
veut essayer de trouver l'équilibre, puis je pense que tous les parlementaires,
on est ici, à dire : Comment on peut
faire avancer? Ça fait que c'est sûr que plus loin, après cette étude de projet
de loi là, il va falloir continuer. Vous savez, j'ai posé la question
pour la copropriété : Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un comité consultatif pour, justement, s'assurer qu'on
puisse aller de l'avant à chaque fois puis suivre la législation pour protéger
les droits des gens? Mais c'est vrai
aussi en habitation. Ce n'est pas juste pour la copropriété, c'est vrai qu'au
niveau de la location, au niveau des propriétaires, il faut faire
évoluer notre législation.
Ça
fait que je vous pose la question : Est-ce qu'il y a peut-être un mode de
communication où on pourrait essayer d'aller
concilier les demandes et les revendications historiques, autant des
propriétaires que des locataires puis des groupes de défense de droits
comme vous?
M. Roy-Allard (Maxime) : Ça a déjà été fait par le passé, ça s'est avéré des échecs
relatifs. Je peux rassurer la ministre, par
contre, vous l'avez bien dit quand on
s'est rencontrés, ce projet de loi là était une première étape, il y en aurait
d'autres à venir pour réformer en profondeur
la Régie du logement. On espère que le travail va être continué. Nous, on va
être là, à la table, et vous avez déjà nos revendications, on est prêts à les
expliquer davantage avec des études au besoin.
Mais
aussi on veut éviter qu'il y ait des reculs dans le même sens pour les droits
des locataires, et je pense ici à la légalisation du dépôt de garantie,
qui, pour nous, s'avérerait un recul majeur pour les droits des locataires dans
l'accès au logement et dans les abus qui
sont faits à ce niveau-là. Nous, on voit aussi, dans d'autres législations,
en France, par exemple,
c'est extrêmement difficile de récupérer son dépôt de garantie et
ça cause beaucoup de dossiers qui sont ouverts ensuite aux tribunaux pour régler ces litiges-là.
Donc, ça ne règle pas nécessairement le problème de la Régie du logement et ça
mine l'accès au logement.
• (17 h 20) •
Mme Thériault : O.K.
Quand vous avez émis certaines réserves par rapport à la conciliation
ou la visioconférence, moi,
j'imagine... Si la ministre prend l'engagement de faire un suivi serré de
causes avec la visioconférence ou les conciliations qu'ils vont mettre de
l'avant par rapport à étudier le nombre de cas, les résultats que ça
va avoir donné au niveau du temps, au niveau des verdicts qui seront
rendus, je pense qu'on est capables de suivre de près toute nouvelle mesure
qu'on va faire à la Régie du logement, d'autant plus qu'elle a de
l'argent et les ressources pour pouvoir le faire, est-ce que ça va vous sécuriser dans l'application si la ministre
prend cet engagement-là de faire un suivi serré pour s'assurer que les locataires
ne se retrouvent pas avec des droits qui auront été lésés parce qu'on
vient de changer un mode de fonctionnement?
M. Roy-Allard (Maxime) : Bien, dès qu'on cogne à notre porte, on est toujours
là. On va se joindre à différents comités
de travail au besoin, et nous, on a une expertise terrain. Les comités logement
à travers le Québec rencontrent des milliers de locataires, à chaque année, qui ont des problèmes et qui
auront des problèmes, probablement, de visioconférence, de conciliation, donc on
pourra apporter au besoin ces différentes situations là et pour
améliorer les choses. Mais on est là aujourd'hui avant que ces choses-là soient adoptées, on émet
des avertissements. On craint que certains de ces aspects-là viennent
limiter l'accès à la justice et nuire aux parties plus vulnérables.
Mme Thériault : Parfait. Je pense que votre message est bien entendu de tous les côtés
de la table. Merci. Merci de votre témoignage. Continuez le travail que
vous faites pour défendre les plus démunis, c'est important.
M. Roy-Allard (Maxime) :
Merci. Merci pour votre signature.
La
Présidente (Mme Dansereau) : C'est beau, Mme la députée? Il reste une trentaine de secondes. C'est beau?
Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe de
l'opposition. M. le député de Laurier-Dorion, vous disposez de
2 min 45 s.
M. Fontecilla : Merci. Bonjour.
Je vais y aller tout de suite avec deux questions, là. Il a été question à
quelques reprises... et vous abordé le sujet
brièvement, mais j'aimerais vous entendre plus en profondeur, là, de la
question... même si ça n'apparaît pas sur le projet de loi, la question
du dépôt de garantie. D'ailleurs, dans le mémoire du... le représentant de la
CORPIQ a ouvertement admis qu'il y avait de la discrimination des propriétaires
envers les locataires, les femmes monoparentales,
les personnes sur l'aide sociale, les personnes immigrantes, mais que la grande
solution pour éviter cette discrimination-là,
c'étaient des dépôts de garantie. Qu'est-ce
que vous pensez de... si vous pouviez
développer sur cette question-là. Et
la deuxième question, là, c'est que vous voyez un avantage à la conciliation,
là, c'est pour... uniquement, c'est pour le non-paiement de loyer, là,
j'aimerais vous entendre davantage aussi, là.
M. Roy-Allard
(Maxime) : Pour le dépôt de
garantie, je pense que c'est une tournure un peu incroyable de dire que
le dépôt de garantie va nuire aux personnes plus démunies, alors qu'il faut au
contraire lutter davantage contre la discrimination
au logement. Nous, on demande que la régie,
d'ailleurs, ait juridiction pour tous les cas de discrimination au logement parce qu'entendre les dossiers à la
Commission des droits de la personne c'est malheureusement trop long, et les
conséquences sont trop faibles.
Il faut, au contraire, favoriser l'accès au
logement en construisant davantage de logements sociaux, mais aussi en faisant que les propriétaires ne discriminent
pas dans l'accès au logement quand il y a recherche de logement, et, pour
ça, il faut favoriser... que les taux
d'inoccupation remontent, qu'il y ait plus de logements disponibles sur le
marché. Moi, je pense qu'il faut jouer sur tous les terrains à ce
niveau-là et faire en sorte que la discrimination cesse au logement, et il y en a énormément. Qu'on aille sur des annonces
dans les journaux pour chercher un logement, dès qu'on a des enfants, dès qu'on a différentes situations de pauvreté, on
est discriminé. Et c'est épouvantable aujourd'hui d'être discriminé quand
on recherche un logement.
Et je l'évoquais tout à l'heure, dès qu'on a un dossier
contre nous à la régie, on est sur une «blacklist». La CORPIQ et l'APQ ont des systèmes de recherche pour les propriétaires,
qu'ils mettent à la disposition de leurs membres, et ils vont aller
systématiquement sur le plumitif à la régie. Dès que le nom apparaît, ils vont
dire : Ne louez pas à cette personne-là,
c'est un mauvais locataire, alors que peut-être, dans son passé, en a arraché,
a eu de la misère à joindre les deux
bouts. Donc, c'est malheureux qu'on en vienne là. Donc, il faut vraiment
favoriser l'accès à la justice sur tous les niveaux.
La deuxième question était...
M. Fontecilla : Non-paiement de
loyer. La conciliation et le non-paiement de loyer.
M. Roy-Allard
(Maxime) : Oui. Pour nous,
il faut vraiment miser là-dessus pour favoriser le maintien des locataires
dans leur logement via les ententes de paiement de loyer.
La
Présidente (Mme Dansereau) : ...le temps est écoulé. Je cède
maintenant la parole au porte-parole du troisième groupe d'opposition.
M. le député de Rimouski, vous disposez de 2 min 45 s.
M. LeBel :
Bien, d'abord, bonjour. D'abord, dire, peut-être, à la ministre : Ça va
arriver souvent, des affaires comme ça.
Moi, avant de faire de la politique, il y a bien longtemps, j'étais dans les
mouvements communautaires — j'avais des cheveux dans
ce temps-là — et je me
souviens que je faisais ça souvent revendiquer de même, et, s'il n'y avait pas
eu des groupes communautaires pour
revendiquer, il n'y aurait pas d'aide juridique aujourd'hui, il n'y aurait pas
de centres de la petite enfance, il y
a bien des services aux aînés qui n'existeraient pas. Ça fait que c'est sûr
qu'ils poussent fort, mais, s'ils n'étaient pas là pour pousser fort, il y a
bien des choses qui ne se seraient pas faites au Québec, ça fait que continuez
à pousser.
Moi, là, par
rapport au dépôt, je suis vraiment contre ça, puis j'ai posé la question à la
CORPIQ hier, là, vraiment contre ce genre d'affaires là. Je pense que ça
n'amène pas les gens à se trouver des bons logements, c'est certain. Mais il y
a une recommandation que vous faites puis j'aimerais entendre... «des points de
service soient ouverts dans toutes les régions et que les heures
d'ouverture correspondent aux réalités des locataires».
Moi, le
comité logement à Rimouski travaille très fort là-dessus pour essayer d'amener
les locataires à pouvoir se défendre et il se frappe toujours le nez
dans des portes fermées de la régie ou dans des heures qu'ils ne sont pas là,
il n'y a pas de services, puis les
locataires... Les propriétaires sont capables de se débrouiller un peu; les
locataires, c'est plus difficile. Quand vous parlez de points de service...
Comme hier, on disait, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, la régie était à Jonquière
seulement. Si vous parlez de points de service, vous dites qu'il devrait y
avoir des points dans plusieurs municipalités de la région ou comment ça
fonctionne?
Mme Dionne (Nicole) : Bien, en
fait, ce qu'on voudrait, c'est que l'ensemble des locataires aient accès aux bureaux. S'ils doivent faire 200 kilomètres
puis qu'ils n'ont pas de voiture, oubliez ça, ils ne se présenteront pas à leur
audience, ils ne feront pas de
demande à la Régie du logement. Alors, c'est dans cet esprit-là qu'on veut
qu'il y ait une accessibilité plus grande à des
bureaux physiques de la Régie du logement. Il y a eu plusieurs bureaux qui ont
été fermés dans les dernières années, et ça
a nui aux locataires aussi. Au niveau des revenus, c'est clair que les
locataires ont beaucoup moins de
revenus que les propriétaires, il y en a beaucoup qui n'ont pas de voiture. À
Lévis, maintenant, moi, je suis au comité logement à Québec, et on reçoit énormément de demandes de locataires de
Lévis qu'on essaie d'aider, mais il n'y a pas de bureau à Lévis. Ça fait que, là, se déplacer à Québec, c'est difficile.
Alors, comment on a pu fermer ces bureaux-là et donner l'impression que
les locataires ont le même accès à la justice? Bien non, là, tu sais.
M. LeBel :
Puis, vous dites, le manque de services ou de la disponibilité de services
frappe beaucoup les locataires.
Mme Dionne
(Nicole) : Bien, davantage
les locataires parce qu'ils sont davantage moins bien organisés. Ils ont moins
la possibilité d'avoir des avocats, ils sont moins capables de se mouvoir
aussi, donc c'est un aspect qui a touché davantage
les locataires que les propriétaires, la fermeture des bureaux. Je ne dis pas
que les propriétaires n'ont pas été touchés par ça, mais les locataires,
ça les a beaucoup plus limités dans leur accès à la Régie du logement.
M. LeBel :
Comme le disait le député de Beauce-Nord, c'est sûr que ça a un lien beaucoup
sur les services en région. Et ce
n'est pas un service, là, qui n'existe pas, tu sais, moi, un bureau à Rimouski
ou un bureau à Rivière-du-Loup, c'est sûr qu'il y a des... c'est très
loin, puis c'est la même chose pour la visioconférence.
La
Présidente (Mme Dansereau) : Merci, le temps est écoulé. Je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission
ajourne ses travaux à demain, le jeudi 9 mai, après les affaires courantes, où
elle poursuivra les consultations particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 16.
(Fin de la séance à 17 h 28)