(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Auger) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 122,
Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
pouvoirs.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Vallières (Richmond);
M. Gaudreault (Jonquière) est remplacé par Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve); Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Maltais
(Taschereau).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de Vivre en
ville. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre présentation, et par la suite il y aura
une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un
premier temps, bien vouloir vous identifier, par la suite vous pourrez
commencer votre exposé. À vous la parole.
Vivre en ville
M. Turgeon
(Alexandre) : Oui, bonjour. Merci, M. le Président. Alexandre Turgeon, je suis le président et
membre fondateur de Vivre en ville.
Je suis accompagné, à ma droite, de Christian Savard, le directeur général de l'organisation, et de Catherine Craig-St-Louis, qui est conseillère à
la direction générale, qui nous a aidés dans la préparation et dans la
rédaction du mémoire.
Je vais
simplement dire en ouverture qu'on est d'accord avec les principes et changements qui sont prévus
dans le projet de loi. On a évidemment, vous l'avez peut-être vu dans notre
mémoire, quelques recommandations, ajustements qui sont proposés pour assurer un meilleur équilibre possible entre développement urbain, démocratie locale et autonomie municipale.
Vous savez,
des organisations comme les nôtres, en général, ont une pensée
assez homogène, les gens s'entendent assez
bien sur les débats. Moi, depuis l'automne, ça fait trois organisations auxquelles je participe à des débats sur les questions
entourant les modifications sur les changements... l'approbation
référendaire liée aux changements de zonage. Et c'est trois débats que j'ai vus, qui ne sont pas faciles, où justement,
là, on n'a pas d'avis qui sont extrêmement consensuels. Mais Vivre en ville, on est assez contents. J'étais assez sceptique,
mais au conseil d'administration, vendredi, on est arrivés à un consensus
que je croyais impossible et qui nous semble être une solution assez
équilibrée.
Alors, je
vais passer la parole à Christian pour qu'il puisse faire la présentation des
grandes lignes de notre mémoire.
• (11 h 30) •
M. Savard
(Christian) : Donc, merci,
Alexandre. Bonjour à tous. Notre mémoire contient 20 recommandations sur les quelque 257 articles du projet de loi n° 122, quelques chantiers qu'on propose pour le Québec. Je ne pourrai évidemment
pas passer à travers chacune d'entre elles. Je vais commencer, d'entrée de jeu, avec un des éléments qui mènent le plus à débat, donc toute la question sur l'approbation référendaire des changements de
zonage, et j'espère pouvoir avoir le temps pour terminer avec quelques
autres aspects, là, qui nous semblent intéressants.
Donc, bien, d'entrée de jeu, en ce qui concerne l'approbation
référendaire des changements de zonage, il faut préciser qu'il s'agit là de l'encadrement d'exception. Le règlement de
zonage est le contrat social entre une ville et ses citoyens sur
qu'est-ce que sera le devenir de la ville. Et le changement de zonage, c'est
lorsqu'un projet semble assez intéressant
pour que la ville accepte de rouvrir ce contrat social là pour changer ce
zonage-là. Donc, c'est pour ça que la loi sur l'aménagement du
territoire et l'urbanisme et les différentes chartes des villes prévoient des
mécanismes pour encadrer ce changement-là du contrat social.
Donc, nous,
de manière générale, nous sommes d'accord avec les intentions et l'esprit du
projet de loi n° 122. Si vous
voulez avoir un résumé, là, de notre ligne directrice, vous l'avez à la
page 10, ça tient en une page synthèse avec une petite carte.
Donc, pour
nous, bien, il existe déjà un outil pour encadrer les changements de zonage, qui
s'appelle le Programme particulier
d'urbanisme, où, quand une ville considère qu'une zone a une forte pression
immobilière ou elle a des intentions de réaménagement précises, peut faire un programme
particulier d'urbanisme qui lève par la suite — et il y a des consultations publiques
qui viennent avec ça — l'obligation
d'approbation référendaire.
La nouveauté
du projet de loi n° 122, qu'on trouve très intéressante, c'est l'idée des
zones de requalification, les secteurs qui ne sont pas obligatoirement à très
forte pression mais où est-ce que la municipalité veut qu'il y ait une
densification, par exemple, une consolidation dans ces secteurs-là, et s'attend
à avoir parfois des projets, et là vous prévoyez un mécanisme de consultation
et d'étude d'impacts.
Et, pour le
reste, dans les villes en dehors de Montréal et de Québec, ce qui est prévu
dans le projet de loi, c'est qu'on
garde le processus référendaire tel qu'on le connaît. Notre proposition va dans
ce sens-là, à la différence, qu'est-ce qu'on
pense qui va venir équilibrer le projet de loi et en faire un projet de loi qui
peut être un coup de circuit, selon nous, avec ces ajustements-là, bien, c'est de faire en sorte que Québec et
Montréal soient également assujetties au régime qui est proposé pour les autres villes du Québec. Les
villes de Montréal et de Québec sont capables de décider à quel endroit on veut faire des zones de requalification et que
là, bien, il n'y aura plus d'approbation référendaire. Donc, vous allez obtenir
le même résultat, mais avec une finesse d'aménagement et des garanties aussi
pour les citoyens de ces deux villes-là.
Parce que le
projet de loi, actuellement, tel qu'il est écrit, bien, on se fie un peu sur la
bonne volonté des villes, de Québec
et de Montréal, de faire des consultations. Mais, si on tombe sur... À
l'époque, le maire Bourque avait tout simplement dit : Ah! Il n'y en a
plus, de ce genre de choses là. Donc, ça pourrait arriver. Donc, on pense que
le projet de loi devrait quand même
inclure des dispositions pour Montréal et Québec et que les dispositions pour
les autres villes sont une bonne idée
pour Montréal et Québec aussi parce qu'elles viennent justement venir encadrer
les objectifs d'aménagement, mais
également la démocratie locale. Donc, on va atteindre les mêmes résultats, mais
en gardant quand même un certain contrepoids
et une assurance de consultation pour les citoyens. Donc, dans le fond, on
reprend les bonnes idées du projet de loi, mais on les applique aussi à
Montréal et Québec.
Également, on
pense qu'il faut quand même venir préciser certains éléments du processus de
consultation, parce que pour l'instant, dans la loi, c'est écrit que la
ville adopte une politique de consultation et d'information. Nous, on propose des éléments qui devraient faire partie de
cette politique-là, que vous devriez demander aux villes, par exemple, l'application d'avis simples et clairs, mais plus
que sur Internet. Ça peut être sur le site, ça peut être aussi dans des
adresses proches de l'endroit où est-ce qu'il y a des changements de
zonage. C'est des choses qui existent, là, par exemple, en Europe, là, où est-ce qu'on s'assure que tout le
monde est informé, et on ne va pas par en dessous juste par un avis sur Internet. Je pense que c'est des petits éléments
comme ça. Et, par exemple, que la consultation soit menée un peu sur le modèle de l'OCPM, à Montréal, où est-ce qu'il y a
un commissaire indépendant. Pour les citoyens, l'idée que le rapport soit fait par quelqu'un d'indépendant et non pas
par les services municipaux est souvent un gage de confiance. Donc, aller dans
ce sens-là ferait ça également.
Donc, et
aussi, en ce qui concerne, bien, les endroits où est-ce qu'il va rester
l'approbation référendaire, on propose que
la zone soit un peu plus large. Je pense que la ville de Gatineau a parlé de ça
dans son propre mémoire. Nous, on propose que les zones contenues dans un rayon de 250 mètres fassent partie
de la zone pour ces endroits-là. Les endroits où est-ce qu'il restera
l'approbation référendaire, c'est des endroits où est-ce que les villes n'ont
pas d'intention de requalification ou
de consolidation, de densification. Et donc on pense qu'il faudrait vraiment
que le processus référendaire puisse être maintenu dans ces secteurs-là.
Donc, avec
ces ajustements-là, on pense qu'on établit, là, le bon équilibre, dans le
projet de loi, qui va mener à une meilleure...
à la fois une démocratie locale renforcée, mais également, à travers les trois
régimes, les programmes particuliers d'urbanisme,
les zones de requalification, et le reste, on va arriver aussi avec une
meilleure planification de nos villes qui va dans le sens de l'urbanisme
durable, et tout ça.
Donc, ça
résume, pour la partie sur la gestion des changements de zonage, notre position
qu'on pense qui va être rassembleuse,
qui va être bonne pour les citoyens, qui va être bonne pour les promoteurs et
qui va être bonne pour les élus municipaux.
Puisqu'il me
reste un tout petit peu de temps, je terminerais quand même sur un ou deux
éléments, là, qui ne sont pas spécifiques
aux changements de zonage. Donc, je mentionnerais qu'on souscrit encore, comme
on l'a fait lors du projet de loi sur
la capitale nationale, à l'ouverture que vous démontrez en ce qui concerne la
fiscalité municipale, donc de dire aux villes : Bien, vous avez maintenant
le droit de ne pas faire un certain nombre de choses, puis le reste, vous le
faites en fonction de votre milieu, de vos demandes. Donc, ça, on trouve
ça très intéressant.
Un autre
élément très intéressant, c'est les taux de taxation différenciés pour le
non-résidentiel. Très bonne initiative. Ça a été le petit coup de coeur de notre... du mémoire... du projet de
loi n° 122. On ne l'avait pas vu venir. On est contents que ça soit là parce que les villes vont pouvoir
se montrer justement, là... vont pouvoir aider un petit peu plus les commerces
qui ont une pression, là, qui n'est pas due
à leur travail de commerçant, mais souvent à une spéculation foncière
résidentielle. Donc, voilà une bonne idée.
Et, pour
finir, je terminerais que, maintenant qu'on a réglé la question de l'autonomie
municipale, il faut maintenant s'attaquer à la question de l'aménagement
du territoire et que le Québec doit se diriger vers une politique nationale
d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Je vous remercie.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation.
Nous allons débuter les échanges. M. le ministre, vous avez
16 minutes à votre disposition.
M. Coiteux :
Oui. Bien, d'abord, un gros merci pour votre présentation. Puis ce n'est pas la
première fois qu'on a l'occasion de
se rencontrer. Effectivement, on s'est rencontrés, notamment, je pense, dans le
cas du... bien, certainement dans le
cas du projet de loi sur la capitale nationale, mais je me demande si on ne
s'était pas vus dans un autre projet de loi auparavant. Donc, à chaque fois, j'apprécie la
qualité de votre mémoire, la qualité de votre... Bien, on sent, là, qu'il y a
de la densité d'expérience puis de connaissance. Et puis c'est fort
apprécié. C'est fort apprécié.
C'est
vrai qu'il y a deux modèles qui sont proposés sur la question de la
consultation en matière d'urbanisme dans le projet de loi. Il y a un modèle qui est proposé pour les deux villes
qui ont... l'une qui a déjà obtenu son statut particulier et l'autre qui, moyennant l'adoption du projet de
loi n° 121, qui est un autre projet de loi qui a été adopté avec la ville
de Montréal... donc, les deux qui auraient
un statut particulier. Il y a un régime pour elles, il y a un régime pour elles
qui est basé en bonne partie sur la
connaissance de leurs mécanismes de consultation citoyens, l'existence, et la
connaissance, et l'observation du
fonctionnement de leurs modèles de consultation. Et puis il y a d'autres qui,
sans doute, dans certains cas, ont
déjà des modèles de consultation, puis quand on parle avec un certain nombre de
ces villes-là, elles sont en train de mettre en place des modèles de
consultation plus robustes.
Vous,
vous avez regardé ça puis vous vous êtes dit : Ça serait peut-être mieux
que ça soit plus uniforme, là, les modèles, à travers le Québec. Puis
vous avez plutôt choisi le modèle qu'on destinait aux villes autres que Québec
et Montréal, plutôt que de dire : Bien,
le modèle Québec et Montréal pourrait s'appliquer également à d'autres villes,
qui a été une position qui a été
défendue hier. Hier, on nous a dit : Pourquoi, au moins pour les grandes
villes du Québec... Puis j'avais posé
la question : C'est quoi, une grande ville? Puis on m'avait répondu :
Bien, à mon époque... parce que c'est un
ancien ministre des Affaires municipales, il nous avait dit : Bien, à mon
époque, il y en avait neuf, donc j'ai compris qu'on parlait de villes de 100 000 habitants et plus; pourquoi
ne pas appliquer le même modèle que Montréal puis avoir la même vision
de confiance? Est-ce que vous avez regardé cette avenue-là? Puis qu'est-ce que
vous en pensez?
• (11 h 40) •
M. Savard
(Christian) : En fait, merci de la question. Justement, ça me permet
de préciser une chose. Ça nous a surpris
un peu que Montréal et Québec ne soient pas assujettis pour une raison, parce
que c'est là où est-ce qu'il y a le plus de pression. Et, de par la forme
urbaine, la densité, c'est là où il peut y avoir davantage de conflits par
rapport à la densification. Donc,
c'est là qu'on trouve où il faudrait davantage protéger le droit du citoyen à
une consultation pleine et entière.
Nous, notre lecture
du projet de loi fait en sorte qu'un maire très autocrate, O.K., pourrait ne plus
avoir de consultation ou avoir quelque chose de minimaliste, de la manière qu'on lit. Et on comprend le projet de loi, parce que le mécanisme des zones de requalification
que vous avez pour les autres villes fait en sorte que, bien, dans les zones de
requalification, il peut y avoir des
changements de zonage sans approbation référendaire, s'il y a
une politique, s'il y
a une consultation et une étude
d'impact. Mais ça, puisque vous faites un peu... je vais prendre... je veux
dire, sauter l'approbation référendaire pour Montréal et Québec,
bien, il n'y a plus cette obligation-là, en fait, c'est
un peu au bon vouloir des villes, à notre lecture. Donc, peut-être que
c'est quelque chose à préciser.
Et
justement, pour revenir à votre question plus précisément,
on pense que c'est au contraire, que, Montréal et Québec, on doit s'assurer à travers la loi... On fait la
loi pas parce que, bien, Montréal n'est pas pire, dans ce temps-ci, sur la consultation, on ne leur donnera pas d'obligations. Il faut faire la loi pour les
décennies à venir, les années à venir. Donc, on pense que ça serait une bonne idée de l'inscrire et on pense aussi
que les zones de requalification sont une bonne idée, d'un point de vue
d'aménagement du territoire et d'urbanisme, comme outil.
M. Turgeon (Alexandre) : Puis, si je me permettrais d'ajouter, entre ne
plus avoir du tout de processus d'approbation référendaire et le compromis auquel on est arrivés, là où on prévoit
qu'il devra toujours y avoir un processus d'autorisation
référendaire, on mentionne quand même,
dans notre mémoire, qu'il devrait y avoir des exceptions, qu'on devrait prévoir
des cas de densification douce, par exemple. Permettre le deuxième logement sur un lot ne devrait pas faire l'objet
d'une approbation référendaire parce qu'on modifie le zonage pour permettre un
deuxième logement. La transformation d'un garage en deuxième logement, par exemple, l'ajout d'un étage sur un
duplex de deux étages, le changement d'usage mineur, il y a plein d'éléments, à notre avis, qui
devraient être spécifiés, qui ne devraient pas faire l'objet d'approbation
référendaire, même dans ce qu'on
décrit dans le compromis comme devant... les zones où on devrait garder le
processus d'approbation référendaire.
C'est
un peu ça, le compromis qu'on a cherché, parce que... Vous savez, en gros, là,
c'est une question de confiance, hein?
Il y a des gens qui détestent le mécanisme actuel parce qu'il empêche tout
changement, il permet à une poignée de citoyens de bloquer tout projet
de changement au zonage. Mais, de l'autre côté, il y a des villes où il y a...
à deux, trois conseillers qui sont très
proches des promoteurs immobiliers, qui réussissent, là, tu sais... eux autres,
ils parlent plus fort que les autres
conseillers puis qui réussissent à imposer leur voix sur des changements de
zonage proposés. Et, dans ces cas-là,
on veut qu'il y ait des mécanismes qui permettent, à quelque part, de donner un
poids, un pouvoir aux citoyens de dire : Aïe, minute, là! C'est-u
vraiment ça qu'on veut?
Alors,
c'est une question qui n'est pas facile à trancher, puis comment trouver
l'équilibre, et comment partager les pouvoirs entre les élus et les
citoyens qui veulent essayer d'améliorer leur qualité de vie.
M. Coiteux :
...poursuivre là-dessus, sur la question des... Vous dites : Pour certains
types... Vous avez noté, par exemple :
supposons qu'on fait une pièce additionnelle au-dessus du garage, il ne devrait
pas y avoir la nécessité d'une approbation
référendaire. Est-ce qu'il y a d'autres types d'usage que vous verriez dans la
même catégorie d'exceptions, style, je ne sais pas, moi, pour une école,
pour...
M. Turgeon
(Alexandre) : Ah! ça, c'est clair. Tout usage public ne devrait pas...
ou même communautaire, à vocation sociale,
sur les questions de changement d'usage, à moins... On devrait être assez
flexibles pour permettre de ne pas passer par une autorisation
référendaire.
Parce que ce qu'il faut savoir, c'est que nos
règlements de zonage, là, ils sont... On a beau avoir une loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui date de 1979 et
des plans d'urbanisme à travers le Québec, qui ont été modifiés à la suite
de ça, notre zonage
est encore un zonage essentiellement inspiré des années 50, 60, où on
privilégiait la très faible densité, les
très faibles hauteurs puis la très grande ségrégation des fonctions, qui est à
l'encontre de la vision d'un urbanisme durable. Et, conséquemment, c'est normal qu'il faut se donner des flexibilités,
des moyens aux villes pour sortir de ce zonage-là qui a été pensé à l'époque du modernisme à la Le
Corbusier puis qui est à l'encontre de ce qu'on veut avoir comme villes,
comme milieu de vie aujourd'hui.
Maintenant, il y a des citoyens qui, eux autres,
leurs quartiers à 10 logements-électeurs, ils aiment ça, puis monofonctionnel résidentiel, ils aiment ça. Mais, à un moment donné, là, de permettre un usage complémentaire, le bureau à domicile, la garderie dans le fond du terrain, il y a plein d'usages différents pour lesquels ça n'a
pas vraiment d'incidence sur le voisinage puis qu'on pense qu'il faut qu'on ait une beaucoup
plus grande flexibilité. On avait demandé, en C.A. : On
peut-u faire un listing d'exemples? Puis finalement on s'est dit : Bien,
le ministère des Affaires municipales nous donnera le contrat puis on fera
l'exercice plus approfondi.
M. Coiteux : Je reviendrais sur une chose que vous avez dite tout à l'heure. Vous me direz si j'ai bien interprété, mais, dans le fond, vous regardez le modèle actuel de Montréal
avec son Office de consultation publique, puis, pour vous, ça a l'air d'être un bon modèle, notamment
parce que c'est conduit par une entité, une personne
indépendante, là, dans ce cas-ci.
Mais vous avez dit : Oui, mais on est à la merci d'une administration différente, autocrate. J'ai entendu ça. Bon. Et hier j'ai senti aussi, dans certaines questions
que j'ai posées, les gens disaient : Oui, à l'époque, il n'y avait
peut-être pas de référendums, mais c'était une autre administration, ça fonctionnait différemment, il
y avait une autre philosophie.
Et j'ai senti des fois que ce n'est pas tant les institutions qui importaient
que les élus en place.
Or, nous, quand on fait une loi, on fait une loi
sur la base de caractéristiques institutionnelles qu'on espère survivre, effectivement, à des élections. Donc, si les modèles — puis je prends l'exemple de Montréal — étaient, dans le fond, consacrés, là, qu'ils s'institutionnalisaient, en quelque
sorte, auriez-vous les mêmes craintes face à un modèle Montréal qui soit
différent de celui de la zone de requalification?
M. Savard
(Christian) : Bien, en fait,
vous mettriez, à la limite, plus de pression dans des zones où qu'il n'y a
peut-être pas besoin de ce modèle-là, qui est un peu plus lourd, mais très
démocratique. Donc, c'est pour ça que la zone de requalification est intéressante, parce
que peut-être qu'il va y avoir des
changements de zonage en dehors des zones de requalification, là où est-ce qu'il y a encore... et qu'il n'y aura pas personne parce que ça va être bien correct. Mais, si tu fais un
changement de zonage dans ces endroits-là, tu vas être obligé de faire une consultation publique de type OCPM, même
quand c'est mineur. Mais on croit qu'il
y a des endroits où ce n'est pas nécessaire,
à la limite, lorsque c'est plus petit, puis, si les citoyens
ne lèvent pas la main puis ça passe facilement, bien, c'est parce que c'était un projet relativement mineur.
Donc, je pense
que d'obliger à travers la loi, partout, ce n'est pas une bonne idée. Dans les
zones de requalification, c'est une
bonne idée parce que c'est souvent là qu'il est plus sensible, et, en
dehors des zones de requalification, lorsqu'il y aura encore approbation référendaire, bien, il
restera le contre-pouvoir, justement, citoyen.
Mais on pense que peut-être que
dans ces endroits-là on n'a pas besoin d'un gros processus de consultation lorsque c'est quelque
chose de mineur au changement de zonage. Et peut-être
que même, comme le disait Alexandre, qu'il y a certaines choses
qu'on peut juste soustraire, des
choses relativement mineures. Donc, je trouve qu'il faut
un bon équilibre entre les différents morceaux, les
différentes zones, mais on pense que notre proposition y arrive.
M. Turgeon
(Alexandre) : Nous, la
raison pour laquelle on aime, entre
autres, le modèle de l'OPCM... Puis
c'est le modèle du gouvernement du
Québec aussi, avec le Bureau d'audiences publiques en environnement
aussi. Ce n'est pas les ministres...
Le ministre des Transports, là, ce n'est pas lui qui va consulter la population
sur un projet de développement d'une autoroute puis qui entend les
citoyens, là.
Nous, on
pense que c'est sage que... Les conseillers municipaux, là, à Montréal, là, ils
vont aller assister, ils sont dans le
fond de la salle, ils observent, ils regardent qu'est-ce qui se passe, ils vont
recevoir un rapport puis, à la fin, ils vont prendre une décision. On pense que c'est un modèle qui est sage, plutôt
que de les mettre sur le stage, en avant, puis ils sont placés sur la défensive, quand les citoyens ne
sont pas contents du projet qui leur est présenté, dire : Il y a un projet
qui est analysé par des professionnels, il y a des recommandations, il
est étudié par une instance indépendante, puis, à la fin, il y a un rapport, puis les élus observent tout ce
processus-là, ils prennent une décision à la fin. Nous, on pense que c'est
plus sage, ça va améliorer la qualité de vie des élus aussi.
Parce que je ne sais pas si vous savez que des
élus qui se tapent des consultations publiques trois soirs par semaine, là, à travers le Québec, il y en a
beaucoup, notamment à Québec. Être responsable de l'aménagement du territoire
à Québec, là, c'est à peu près la pire job,
là, en termes de qualité de vie, là. Alors, de donner à une instance
indépendante le soin de faire les
consultations... Que les élus restent présents et assistent à ces séances-là,
pas de problème, mais en arrière, puis qu'à la fin ils tranchent. C'est
pour ça qu'on le trouve intéressant comme modèle.
• (11 h 50) •
M. Coiteux : Justement, ça, ça
m'intéresserait parce que vous avez la vision des deux grandes villes et des deux modèles, finalement. Comment vous les
comparez, les deux modèles de consultation, celui de Québec et celui de Montréal?
M. Savard (Christian) : Bien,
de manière générale, le modèle à travers l'Office de consultation publique de Montréal
est préférable pour les raisons qu'Alexandre vient de nommer. Et, juste pour
vous montrer le niveau de confiance que
les citoyens ont, il y a le pôle logistique, dans l'est de Montréal,
où, bien, les citoyens... Il y a une consultation menée par l'arrondissement, mais des
citoyens ont fait une pétition, il y a 5 000 citoyens qui ont demandé
qu'il y ait une consultation publique, mais pas juste de l'arrondissement, de l'OCPM. Et là, bien, là, les citoyens étaient satisfaits, et donc
se sont mis autour de la... et ils sont
prêts à aller autour de la table, au lieu d'être juste en mode opposition, ils
ont confiance que leurs points de vue soient entendus.
Donc, ça
démontre... on voit dans cet exemple-là comment les citoyens ont confiance dans un...
Et après ça il reste la marge de manoeuvre, hein, à la ville, là, pour prendre les recommandations. Mais les
citoyens se disent : Bien, celui qui
m'écoute, il m'écoute au complet, il n'a pas juste en arrière de la tête de
faire passer son projet. C'est là le niveau de confiance qu'amènent les commissaires
indépendants ou une institution indépendante. Et d'ailleurs, pour les plus
petites villes, lorsqu'il y aura un
changement de zonage, ça pourrait être juste un processus, là. Ils ne sont pas
obligés de tenir un bureau de manière permanente, là. On ne demandera
pas à toutes les villes du Québec d'en avoir un, là. Ça serait surstaffé, là.
Mais il y a moyen, là, tout à fait, d'imaginer un processus qui va dans ce
sens-là.
M. Turgeon
(Alexandre) : Sur Québec, je
pense que la ville de Québec a fait des efforts pour améliorer les choses
à plusieurs niveaux, mais il y a encore
place à amélioration. J'ai donné l'exemple des consultations aux villes, où
c'est les fonctionnaires de la ville
et les élus qui sont à l'avant, puis qui présentent le projet, puis qui
reçoivent les commentaires. Et, à
plus petite échelle, au niveau des quartiers, les plus petites modifications,
les conseils des quartiers, là aussi il y a... J'ai dit : Je pense
que les élus et même les fonctionnaires devraient être un peu plus sur le bord,
regarder les grandes consultations, donner ça à une instance indépendante.
Au sein des conseils des quartiers, pour les
petites consultations qui ne devraient pas relever d'une instance indépendante,
je pense qu'il faut leur donner plus de temps, hein? Je vous ai déjà expliqué
le processus, un conseil de quartier,
là : l'urbaniste et le promoteur arrivent, ils présentent leur projet; les
citoyens, live, ont trois minutes pour faire leurs commentaires; quand, au bout de 45 minutes, les commentaires
sont finis, on demande à chacun des neuf membres du conseil de quartiers : Qu'est-ce que vous en pensez? On ne les a
pas permis de se retirer, de réfléchir ensemble, d'émettre un avis comme conseil de quartier, on leur demande
de donner leur avis, là, tout de suite, à chaud, devant les citoyens, puis qu'ils veulent... Puis souvent les membres du
conseil de quartier ne veulent pas heurter les citoyens qui viennent dire
quelque chose, puis dire l'inverse. Ça fait que c'est un peu inconfortable, là,
comme processus.
Les conseils
des quartiers aimeraient pouvoir prendre du temps, formuler un avis comme
conseil de quartier, et non pas neuf avis individuels, puis faire ça à une
séance ultérieure, quitte à même recevoir des avis supplémentaires, des
questions supplémentaires qu'ils pourraient poser aux professionnels avant de
formuler leurs avis. Donc...
Le Président (M. Auger) :
Merci. Désolé...
M. Turgeon (Alexandre) : ...il
y a des choses à améliorer aux deux niveaux.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous allons maintenant poursuivre
avec l'opposition officielle. Mme la députée de Taschereau, avec
10 minutes.
Mme Maltais :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs, mesdames de Vivre en ville.
Effectivement, on s'est vus récemment
sur le projet de loi de la capitale nationale, puis on avait pris quelques-unes
de vos suggestions d'amendement, puis
on les avait intégrées, c'était très bien. Et effectivement on respecte
beaucoup votre organisation pour, je dirais, sa maturité.
Je comprends
de votre mémoire que vous... Je le résumerais comme ci : la loi devrait
s'appliquer de la même façon pour
tout le monde. C'est-à-dire qu'il y ait des zones... pour que tout le monde
comprenne, qu'on soit petite ou grande municipalité, qu'il y ait trois
types de zones avec un processus différent de consultation selon la zone.
Maintenant,
il y a quelque chose que vous évacuez, dans votre compromis, si j'ose
dire — parce
que c'est comme ça que vous l'avez
dit, vous avez fait un compromis — c'est le départ... la perte du pouvoir
citoyen. Je comprends qu'on est dans
une relation entre la ville et le ministre des Affaires municipales pour essayer
d'alléger les villes, leur donner plus
souplesse. Je comprends aussi qu'on va avoir plusieurs types de zones,
plusieurs moyens de consultation. Mais après ça, à la toute fin, même quand ça ne fonctionnait pas — sauf dans les PPU, j'y reviendrai — il y avait, à la fin, un pouvoir du citoyen d'en appeler aux gens autour d'eux. Ce
pouvoir-là, il disparaît, je dirais même, dans... quasiment plus... il
disparaît aussi dans votre
proposition, sauf dans la dernière partie.
Je suis un peu surprise puis j'aimerais ça comprendre pourquoi vous
faites disparaître ça, même dans les zones de requalification.
M. Savard
(Christian) : Bien, je pense
que je vais laisser Alexandre répondre. Je veux juste dire que nous, on considère qu'on a une proposition équilibrée et non pas comme un compromis. Mais, si on peut le présenter
comme ça, oui.
Mme Maltais : ...
M. Savard (Christian) : Oui,
oui.
M. Turgeon (Alexandre) : C'est peut-être
moi qui l'ai dit comme ça. Écoutez, vous avez soumis les cas de l'îlot Irving, l'îlot Esso, lorsque la ville de Québec est venue en commission la semaine dernière. Pour nous, c'est deux cas où... Il
y a des cas, au Québec,
où on est capables de dire : Ah! La crainte d'avoir un référendum,
au bout du compte, a permis d'améliorer
un projet. On en cite un, à Sainte-Foy, dans notre mémoire. Mais on est aussi capables de faire la liste
de projets où c'est l'inverse. Puis l'îlot
Irving, l'îlot Esso, c'est deux cas où les gens qui ont vu le premier projet se
disent : Les
gens s'opposaient pour des mauvaises raisons, et le projet qui nous est atterri
sur le terrain est de moins bonne qualité, est moins intéressant, sur le
plan social, que le premier projet qui nous était présenté.
D'ailleurs,
d'avoir eu 47 % de gens qui ont voté en faveur du premier projet de l'îlot
Irving, ça montre quand même qu'il y
avait un appui, une adhésion extrêmement importante. Mobiliser des gens dans un
référendum sur une modification... c'est
extrêmement difficile. C'est toujours plus facile, dans des processus comme ça,
de mobiliser les gens contre. Et ça fait
en sorte qu'il y a plein de projets qui tombent ou même des promoteurs qui,
quand ils sont en train... on n'est même pas rendu à l'étape du référendum, là, on n'est même pas en train
d'arriver en consultations publiques, le promoteur fait juste commencer à travailler avec les urbanistes à
la ville, puis là, quand il sait que, ah! ça, c'est une modification de zonage,
ça, ça va être soumis à l'approbation
référendaire : Non, on n'ira pas là. Les urbanistes de la ville essaient
de pousser pour créer une place
publique puis, en contrepartie, ils permettent de construire deux étages, mais
le promoteur : Non, non, je vais
construire sur 100 % de mon lot, le zonage me le permet, puis je n'aurai
pas ma place publique. Ça fait que, donc, pour ces raisons-là...
Mme Maltais :
...
Le Président
(M. Auger) : ...Taschereau. Juste un instant! Mme la députée...
M. Turgeon
(Alexandre) : ...on pense que ce n'est pas le bon mécanisme.
Le Président
(M. Auger) : Mme la députée.
Mme Maltais : O.K. C'est parce que je veux juste vous dire, c'est
parce qu'on a huit minutes à deux, à
peu près, là. C'est comme assez court. Bien, je ne suis pas tout à fait... écoutez, je n'ai pas les mêmes... Moi, je suis députée du
coin où ont lieu ces deux
bâtiments-là, puis, si je suis en partie d'accord avec vous sur Irving, je ne
suis pas d'accord avec vous sur Esso. Donc, vous voyez? Mais il y en a
eu cinq en 15 ans.
M. Turgeon
(Alexandre) : Il y en a eu cinq...
Mme Maltais :
Il y en a eu cinq, et la menace... Attendez, je vais terminer.
Le Président
(M. Auger) : Juste un instant, un instant. Mme la députée.
Mme Maltais : Il y en a eu cinq en 15 ans, mais on est
venu nous dire aussi que cette idée, cette menace d'un référendum
fait que le promoteur serait plus prudent pour essayer d'avoir un projet qui
corresponde à la volonté populaire. Donc,
moi, je me dis : Si le processus de consultation est très fort, avant, j'ai l'impression — mais
je vous écoute vraiment, là, pour voir si j'ai tort — que,
si le processus de consultation est bien encadré, il ne va rester à la fin, en
approbation référendaire, que quelque chose
qui fera vraiment répulsion, qui sera vraiment terriblement... qui ne
fonctionnera vraiment pas.
Le Président
(M. Auger) : M. Turgeon... M. Savard.
M. Savard
(Christian) : Oui. Il y a des cas où est-ce que les promoteurs... je
pense à La Cité verte, là, pour nommer un
cas de la ville, où, à la fin, là, il y avait des gens de la rue Monk qui
voulaient garder la vue sur le soleil le soir, quand ça se couchait, et que, peu importe le projet qui
aurait été présenté par le promoteur, ils l'auraient bloqué. Donc, puisque ça,
c'est un projet de plus de 25 000 mètres carrés, ça a été...
Mme Maltais :
...il y a déjà ce mécanisme-là.
M. Savard
(Christian) : C'est ça, il y a déjà... Mais, moi, je pense qu'avec un
mécanisme de consultation fort, avec
des commissaires indépendants, il n'y aura pas trop... Ça va être des
promoteurs sérieux qui vont être là pour écouter. Donc, l'espèce de gêne qu'on doit garder à travers
la consultation publique va demeurer, si on renforce la consultation
publique, versus le référendum, qui lui, à la fin, peut ultimement bloquer.
Le Président
(M. Auger) : Mme la députée.
Mme Maltais :
Tout simplement, donc, on renforce la politique de consultation, un organisme
indépendant, et, à ce prix-là, on peut peut-être... on peut lâcher
l'approbation référendaire. C'est votre position.
M. Savard
(Christian) : C'est exactement ce qu'on dit dans notre mémoire.
Mme Maltais :
Oui, mais il faut que ce soit bien, bien clair que ce n'est pas quartier libre
à la ville de Québec.
M. Savard
(Christian) : C'est ce qu'on dit dans notre mémoire.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de René-Lévesque.
• (12 heures) •
M. Ouellet : Merci, oui. Il ne nous reste pas beaucoup de
temps. J'aimerais vous entendre sur votre recommandation 13, qui est de modifier les articles 4 et 5 du
projet de loi qui reconnaissent le pouvoir des municipalités pour les rendre
conformes à ce qui avait été adopté
dans le projet de loi sur le statut de Québec. J'aimerais vous entendre
là-dessus, s'il vous plaît. Page 25
de votre mémoire.
M.
Savard (Christian) : Oui,
bien, en fait, c'était la notion... c'est
un détail, là, mais, dans le projet de loi sur la capitale
nationale, il y avait la mention d'aménagement rationnel, donc, qui amenait...
c'est le genre de choses symboliques mais
qui des fois peuvent vouloir dire quelque chose lorsqu'on est dans une
contestation ou pas, là, et l'idée d'aménagement rationnel est disparue.
C'est bien ce qu'on me précise.
Donc,
c'est un petit ajustement qu'on pense qui serait intéressant. Pourquoi l'avoir
écrit dans la capitale nationale et ne pas l'avoir écrit dans celui-là?
Mais je pense que, lors de votre étude, ça pourrait être...
Mme Maltais :
O.K. Là, il y a... Selon votre travail, les PPU seraient hors approbation
référendaire, les zones de requalification aussi. J'échange avec vous
parce que je sais que le ministre se pose des questions, des fois, sur les processus à Québec puis du climat de crainte que
je pense qui teinte un peu le projet de loi, je vais être honnête, là, et ça
vient probablement du fait qu'il y a des consultations sur des PPU.
Et
l'exemple le plus courant qui est sorti, c'est le PPU de Sainte-Foy, où il y a
eu deux consultations pour le PPU; pas
une, il y en a eu deux. Et, à la fin, malgré que la consultation ait été claire
puis qu'on ait décidé 30 étages, le maire est arrivé puis il a dit : Bon, bien, ça va être 65 étages en
collaboration... après avoir discuté avec un promoteur. C'est peut-être un très beau projet de 65 étages pour
qui aime les 65 étages, ce qui n'est pas moi, mais, si ça se
savait à l'époque, pourquoi on ne l'a
pas su pendant la consultation? Et c'est là que ça a entraîné... je pense,
c'est cette affaire-là qui a entraîné le plus grand problème de méfiance
à Québec. Alors, comment pallier à ça?
Le Président
(M. Auger) : M. Turgeon.
M. Turgeon (Alexandre) : Bien, je ne vois pas de solution. De toute façon,
sans le projet de loi, la ville
de Québec peut permettre le Phare à 65 étages, là. Ça fait que
c'est un débat, à mon sens...
Comment
on respecte les consultations, comment on respecte les outils collectifs qu'on
se donne à travers un PPU, c'est des
débats qui, avec ou sans le projet de
loi n° 122, vont demeurer, à
notre sens. Il va toujours falloir que les citoyens, les organismes de la société civile demeurent vigilants et exigeants envers
les villes sur la qualité des projets qu'ils vont présenter. Tu sais, soit dit en passant, nous, on
trouve que 30 étages, de toute façon, qui est du consensus à Sainte-Foy,
c'était trop élevé. Pas vrai qu'on va avoir
la vision urbaine de la requalification du boulevard Laurier et de l'Église
dans ce secteur-là si on permet du
30 étages partout. C'est trop de pieds carrés sur un trop grand territoire
et, en 2050, bien, ça va encore avoir l'air du strippe commercial que
c'est là.
Alors, 122 ne réglera
pas tout, ne réglera pas ça. D'ailleurs, on fait un encadré, ceci dit, sur le
Phare, là, pour l'illustrer, là. Puis je
voulais peut-être ajouter aussi... tu sais, vous avez dit : Il n'y a
eu que cinq référendums à Québec.
Ce qu'on oublie de dire, là, ce que 90 % du temps, là, quand il y a le nombre de
signatures suffisantes pour exiger la tenue d'un référendum pour avoir
l'approbation de la modification au zonage, là, il n'y a pas de référendum. Les
villes reculent, et ça, on ne le dit pas,
puis ça, même la ville de Québec n'a pas été capable de nous donner les stats
sur le nombre de fois qu'ils ont reculé.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. Turgeon. Nous allons
poursuivre avec le député de Blainville pour 6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Turgeon, M. Savard,
Mme Craig-St-Louis, merci.
J'avoue que depuis
hier... d'abord, le maire de Gatineau m'a ébranlé, vous l'avez souligné tantôt,
parce que lui-même, à l'intérieur des zones
de requalification, il voulait maintenir les référendums puis il est aux portes
de l'Ontario, où il n'y en a pas de
référendum, en Ontario, là. Donc, c'est pour ça que votre solution d'équilibre
équilibré, là, je la trouve intéressante, là. Je la trouve intéressante.
Par
contre, mon questionnement... parce que Montréal, de toute façon, avec
l'article 89 de la charte de la ville, Montréal
peut soustraire à un référendum. Il y a cette possibilité-là. Donc, ce serait
quoi l'avantage de Montréal d'adhérer à votre position équilibrée, exemple?
M. Savard
(Christian) : Bien, c'est ça le problème. C'est que là, le projet de
loi n'ayant plus d'approbation référendaire, l'article 89 devient un peu caduc,
donc ne sert plus à rien.
Donc,
ce qu'on fait, c'est que nous, on institutionnalise un petit peu, là, ou, en
tout cas, on légifère l'article 89 pour que ça devienne systématique lors des changements de zonage. Donc,
on fait en sorte que, disons, dans les zones de requalification, là, je ne sais pas, moi, le long du métro à
Montréal, là où on veut densifier, donnons cet exemple-là, dans ces endroits-là, lorsqu'il y aura un
changement de zonage — il ne faut pas oublier que c'est un régime d'exception, c'est quand
il y a un projet spécial qui arrive — bien là, il y aura automatiquement une consultation
publique comme un article 89.
Donc,
au lieu de nous faire disparaître l'article
89, on propose que, finalement... si on veut, tu sais, caricaturer,
c'est comme si l'article 89 se mettait systématiquement dans les zones de
requalification à Montréal.
M. Laframboise : Sauf qu'il pourrait les perdre dans les zones... c'est parce que,
pour lui, là — je
me mets à la place du maire de Montréal — là,
il les perdrait dans les autres zones, là, parce que là, présentement, il peut utiliser 89 partout,
là. C'est juste ça.
M. Savard
(Christian) : Est-ce qu'il
peut utiliser 89 partout? J'ai comme un petit doute, mais effectivement il perdrait... On pourrait garder 89 aux grosses limites,
là — là,
je parle... je réfléchis en vous parlant — pour les autres zones, là,
pour les projets d'une certaine envergure peut-être.
M. Laframboise : J'achète votre zone de qualification parce que la
zone de requalification... Puis pourquoi? Parce que, quand tu dois modifier ton règlement puis tes plans d'urbanisme, tu
dois quand même aller demander l'autorisation à Québec, là, tu sais,
parce qu'avant... tu sais, ils vont avoir besoin d'une autorisation préalable
par rapport à la zone de requalification,
qui va probablement être autorisée, là, mais, quand même, c'est quelque chose
qui est public parce qu'on doit faire une demande. Puis après que la
zone, elle est autorisée, bien là, à ce moment-là, c'est ce qui s'applique.
Je suis d'accord avec vous, avec votre mémoire
dans lequel vous dites : Bien, tant qu'à avoir un processus d'information puis de consultation, bien,
faisons-le comme il faut. Puis ça, là-dessus, là, je pense que ce que vous nous
apportez... puis je vais vous laisser le
soin de nous développer les éléments, là, vous voudriez qu'on ajoute, là...
tant qu'à faire un processus, vous voudriez qu'on le fasse, là... Puis
allez-y, là, expliquez-nous.
M. Savard
(Christian) : O.K.
Bien, là-dessus, effectivement, on propose publication d'avis publics simples et
clairs, accessibilité de l'information diffusée par voie électronique, mais également
la porte peut-être de la zone concernée, mais également sur le site. C'est un truc qui m'a toujours
frappé en Europe. Lorsqu'il y a des grands projets, là, il y a
les détails sur le site de qu'est-ce
que va être le projet. Des fois, ici, là, c'est marqué : Nouveau projet,
venez acheter des condos. Les gens
voient ça, ils disent : Hein, qu'est-ce qui se passe? Tu sais, il n'y a
pas de détail. Donc, l'information est très importante, ça augmente le niveau
de confiance.
Distinction
entre les étapes d'information, de
consultation et de prise de décision. Le BAPE est un peu sous ce modèle-là, le moment où est-ce que tu t'informes,
le moment où est-ce que tu fais des propositions. Donc, là-dessus, ça me
semble intéressant.
Et encore une
fois, on le répète, la neutralité des gens qui émettent le rapport de
consultation. Ça devient, après ça, un
outil pour les citoyens de dire : Regardez, c'est ça que dit le rapport.
Donc, il y a une espèce de distance qui se crée et qui donne un contrepoids aux citoyens versus le référendum qui peut
juste, à la fin, là, parfois être juste du blocage.
M. Laframboise : ...que l'OCPM à Montréal, il faut
être honnête, là, même les organismes qui veulent maintenir le référendum
disent que l'OCPM fait un excellent travail, là. Donc, à quelque part... parce
que c'est un tiers neutre. Donc, je pense
que c'est ce qu'il faut faire. Le maire de Québec, lui, les tiers
neutres, il aime moins ça un peu, il nous l'a dit, là, mais c'est un choix encore, c'est un choix que le gouvernement a à faire par rapport à ça, mais j'aime cette idée-là. Puis évidemment vous le prenez... vous dites : Bon, bien, écoutez,
plutôt que de prendre Québec et Montréal puis l'appliquer au reste du Québec,
pourquoi ne pas prendre la solution du reste du Québec puis l'appliquer à Québec
et Montréal?
Moi, tout ce
que je veux m'assurer, c'est que Montréal ne perde pas au change avec 89, là, tu sais. Je
veux juste m'assurer que Montréal,
là, ne se verra pas reculer parce que là, pour lui, là, il y a déjà des
choses qui pourraient être faites. Mais ça, je pense que ça peut...
M. Savard
(Christian) : Peut-être que Montréal pourrait s'appliquer... le
89 pourrait s'appliquer dans les zones qui ne sont pas sous zone de
requalification ou sous PPU peut-être. Ce serait une avenue.
M. Laframboise : C'est ça. Puis, si on le fait à Québec, exemple,
là, ça, ça veut dire qu'on l'oblige à avoir un OCPM là ou un OPCQ, là.
M. Savard
(Christian) : Un OCPM ou un
processus. À la grosseur de Québec, ils ont déjà pas mal de personnel qui s'occupe des questions de consultation. Donc, ce personnel-là qui irait dans un OCPM de Québec,
ce ne serait pas très difficile.
M. Turgeon
(Alexandre) : Franchement,
on n'a jamais discuté de la question avec le maire de Québec, de cette question-là,
mais je pense qu'il faut qu'il y voie les avantages. Il n'y a pas de perte de
pouvoir de sa part d'avoir un processus
indépendant qui tient les consultations, mais il
faut qu'il voie les avantages sur la
qualité du processus puis surtout sur
comment les élus ne seront pas constamment sous pression, parce que
c'est eux qui sont au bat à tenir ces consultations-là.
Moi, je pense
qu'il y aura un gain incroyable pour ces élus puis pour la
qualité des processus sur la confiance. Puis qu'il y ait un rapport aussi, parce que,
souvent, on tient une consultation puis, après ça, bien, on annonce c'est quoi,
la décision, mais il n'y a pas de rapport, on ne sait pas pourquoi on est
arrivé à ça.
Alors, moi, je pense que la ville de Québec
aurait tout à gagner à avoir un processus comme ça.
Le Président (M. Auger) :
15 secondes, M. le député.
M. Laframboise : Oui. D'autant plus qu'à la fin, bien, la ville
n'est pas obligée d'accepter le rapport. C'est comme le BAPE, le gouvernement du Québec n'est
pas obligé d'accepter le rapport du BAPE. Par contre, quand ils ont des
points intéressants, c'est assez rare que les élus vont aller contre.
Merci.
Le
Président (M. Auger) :
C'est tout le temps que nous avions. Donc, Mme Craig-St-Louis,
MM. Savard et Turgeon, merci beaucoup pour votre participation aux
travaux de la commission.
Je suspends les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Auger) : Nous
reprenons nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants de l'Association du transport urbain du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre présentation.
Par la suite, nous allons procéder à une
période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps,
bien vouloir vous identifier et, par la suite, vous pourrez commencer votre
présentation. À vous la parole.
Association du
transport urbain du Québec (ATUQ)
M. Varin
(Marc-André) : Alors, Marc-André Varin, directeur général de
l'Association du transport urbain du Québec.
M. Mercier (Alain) :
Alain Mercier, directeur général du Réseau de transport de la Capitale.
Mme Deschênes
(Stéphanie) :
Stéphanie Deschênes, secrétaire générale et chef des affaires juridiques
du Réseau de transport de la Capitale.
M. Richard (Luc) :
Luc Richard, directeur des services administratifs du Réseau de transport
de la Capitale.
Le Président (M. Auger) : Merci
et bienvenue. À vous la parole.
M. Varin
(Marc-André) : Merci. Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes et
MM. les députés, merci de l'invitation
à cette commission pour faire part de nos commentaires, de nos recommandations
sur le projet de loi n° 122. Bien
que je suis bien entouré des gens du RTC, nous sommes ici pour représenter les
neuf sociétés de transport en commun au
Québec, alors non seulement Montréal et Québec, mais il y en a d'autres à
travers la province également. Alors donc, c'est à ce titre que nous
sommes ici, que nous avons revu le projet de loi et vous proposons des
commentaires, des recommandations dans le cadre de notre mémoire.
À titre
d'information, en 2015, les sociétés de transport du Québec ont acheté pour
plus de 1,4 milliard en biens et services,
et donc c'est un élément important. Nous sommes particulièrement interpellés
par le projet de loi puisque nous sommes
régis par la loi sur les sociétés des transports. Et l'ATUQ, pour vous dire
quelques mots sur l'ATUQ, c'est pertinent également, parce que ce n'est
pas seulement une association qui offre des services de représentation, mais
l'ATUQ également, pour ses membres, est
impliquée dans des achats regroupés particulièrement pour le matériel roulant.
Alors, il y a des achats regroupés pour avoir des économies d'échelle et
une certaine standardisation. Alors, on est impliqué dans ces achats-là. On a des forums d'échange également au point de vue
technique pour appuyer les gens des différentes sociétés de transport.
Vous avez
reçu notre mémoire, je pense, avec neuf recommandations. L'objectif, dans les
10 prochaines minutes, ce n'est pas de passer à travers toutes les
recommandations, mais d'en signaler quelques-unes en particulier assez
rapidement et naturellement de répondre à vos questions.
Alors, c'est
toute la question de l'autonomie et de la flexibilité, si on comprend bien les
fondements du projet de loi et ce qu'on accueille favorablement,
naturellement. Et on voudrait mettre ça dans le contexte assez particulier des
sociétés de transport, les sociétés de transport qui ont des activités
commerciales, qui sont dans un contexte assez particulier,
qui ont un lien naturellement avec leurs municipalités, un lien très, très fort
avec les municipalités, mais qui sont dans un contexte quand même assez
particulier.
À ce
titre-là, on peut faire même certaines analogies entre les sociétés de
transport et certaines sociétés d'État qui sont également dans des activités commerciales de cette nature-là. Et on
ne dit pas qu'on veut aller jusqu'à la flexibilité et l'autonomie de sociétés d'État, mais il y a
quand même une certaine flexibilité.
Il y a certaines limites qu'on voit apparaître dans le projet de loi sur
lesquelles on voudrait mentionner et faire certaines recommandations.
Alors, ça
prend une certaine marge de manoeuvre. Il y a une certaine réalité commerciale
qui doit se refléter du côté contractuel surtout et pour laquelle on a
fait des recommandations.
Dans un premier temps, c'est l'objet de notre première recommandation, on traite, dans le projet de
loi, des contrats d'emphytéose, qui n'est pas un instrument qui est
communément utilisé par les sociétés de transport, mais, quand même,
il y a des opportunités de ce côté-là. Si on peut penser, par exemple, à des terminaux, à des infrastructures que les sociétés de transport pourraient avoir besoin pour développer leur réseau dans
des contextes immobiliers, commerciaux, résidentiels, ça pourrait être un genre de situation.
Et donc on parle de partenariats, on parle d'ententes sur le long terme, on
parle de financement sur le long
terme, dans lequel le principe d'un appel
d'offres comme on le connaît n'est peut-être
pas tout à fait
approprié. Alors, de ce côté-là, ça prend peut-être un peu plus de flexibilité pour s'assurer qu'on a le meilleur contrat, la meilleure entente
possible à long terme pour bien appuyer les sociétés de transport.
Alors donc,
de ce côté-là, on peut penser à des entrepreneurs qui ont une présence locale,
qui sont dans un projet immobilier,
et sous un principe qu'on connaît, d'appel
d'offres, à ce moment-là, ça n'assurerait pas le meilleur match, la meilleure opportunité pour la société de
transport. Et nous nous interrogions également sur l'opportunité d'assujettir de tels contrats à des procédures d'appel d'offres, alors que des contrats de vente immobilière, mêmes
conditionnels parfois à certains travaux, n'y sont pas assujettis.
Notre
troisième recommandation fait référence à l'ouverture de la négociation dans les processus pour la sélection de fournisseurs ou d'entrepreneurs, qu'on accueille tout à fait favorablement. On pense que c'est un élément important, qu'on voit souvent dans d'autres contextes, et c'est tout à fait approprié également dans le contexte des sociétés de transport.
Cependant, ce qu'on note, c'est que ça prendrait certaines clarifications,
selon ce qu'on voit au projet de loi, sur les différentes
étapes, modalités ou limites de ce dialogue compétitif. Alors, ça fait
référence à des éléments fondamentaux
de l'appel d'offres, de la nature de l'appel
d'offres, et peut-être que des balises seraient requises pour mieux encadrer ce
dialogue, les principes, et s'assurer que tout soit fait dans les règles de
l'art. Et ce serait peut-être des éléments qu'il faudrait ajouter, bonifier au projet de loi pour s'assurer qu'il n'y ait
pas d'insécurité juridique, de zones grises, et qu'on soit plus en
confiance de ce côté-là en ce qui a trait, donc, aux étapes du dialogue
compétitif.
La question des
compensations financières également dans les contrats, compensations
financières qu'on voit souvent. Moi, j'ai été impliqué avec des offres dans le
cadre de PPP, par exemple. Alors, ce genre de compensation financière là au proposeur qui n'est pas retenu
est quelque chose qu'on voit habituellement et également nous sommes
tout à fait favorables. On parle naturellement d'ententes assez importantes à
ce moment-là.
Cependant,
le projet de loi fait référence à un mécanisme d'autorisation préalable auprès
du ministre avec des délais
administratifs possibles. On a certaines appréhensions de ce côté-là, et ça serait
peut-être mieux de fixer, dans la loi ou dans des règlements, possiblement, la nature de ces compensations
financières là, quand peuvent-elles s'appliquer, de quelle façon elles pourraient être établies,
qu'elles s'appliquent seulement aux soumissionnaires qui sont conformes et qui
ont bien soumis. Alors, il y a peut-être des
clarifications, de ce côté-là, qui pourraient venir encore une fois bonifier le
projet de loi. Alors, ça, c'est l'objet de la recommandation n° 5 de notre
mémoire. Alain.
• (12 h 20) •
M. Mercier
(Alain) : Oui. Merci. Je vais poursuivre un peu. Nous souhaitons
profiter de l'occasion pour aussi demander la bonification des outils
contractuels mis à la disposition des sociétés de transport en commun afin de bénéficier des outils déjà utilisés par les
organismes publics assujettis à la loi sur les contrats d'organismes publics.
On peut se comparer à la Société des
traversiers du Québec et d'autres entités similaires, si on se rappelle que les
sociétés de transport disposent de
tous les pouvoirs d'une personne morale pour réaliser toute autre activité
commerciale. Donc, on se prend dans ce contexte-là.
Un exemple, par
exemple, ça serait que les sociétés de transport devraient pouvoir considérer
le coût total de l'acquisition d'un bien et
lui permettre de les ajouter au prix soumis pour déterminer la soumission la
plus basse au sens de la loi. On peut
prendre pour acquis, quand il y a un niveau de transition dans la technologie ou il y a des changements importants
dans les méthodes de livrer nos services...
Deuxièmement, dans le contexte de contrats à commande, lorsque les besoins sont
récurrents ou que la quantité de biens, le rythme ou même la fréquence
de leurs acquisitions sont incertains, les sociétés de transport pourraient retenir plusieurs fournisseurs afin de sécuriser
l'approvisionnement d'une société. Imagine, on est des sociétés
souvent... on a besoin de multiples
produits comme des pneus, des moteurs, des activités de remorquage où souvent
c'est dans les intérêts de maintenir un niveau de service, d'avoir
plusieurs fournisseurs disponibles pour offrir les services au moment nécessaire.
Les sociétés
souhaitent avoir la possibilité de procéder, dans certaines circonstances, à un
appel d'offres en deux étapes, tant pour les
contrats de services et d'approvisionnement que pour des contrats de
construction, où la première étape, celle d'une démonstration de la
qualité, est requise sans révéler l'identité des soumissionnaires.
Tous les
soumissionnaires ayant démontré un niveau de qualité minimal seront invités à
présenter une offre comportant uniquement le prix. Le contrat est ensuite
adjugé au soumissionnaire présentant le meilleur prix parmi ceux qui ont atteint la qualité minimale. On
prend, par exemple, des appels d'offres, par exemple, pour acheter des
véhicules, où on fait des appels d'intérêt à l'échelle internationale.
On reprocède après ça par un deuxième concours complet.
Le
Président (M. Auger) : Juste un instant, M. Mercier. Juste
pour savoir si... vous avez encore
pour combien de temps votre présentation, parce que le temps dévolu de
10 minutes est terminé. M. le ministre. Oui? Vous pouvez continuer,
M. Mercier.
M. Mercier
(Alain) : Je vais terminer en dedans d'une minute. C'est bien?
Donc,
le processus d'appel d'offres public dans de nombreuses étapes
pourrait nous bénéficier à rendre le produit plus compétitif et de plus
haute qualité à un meilleur prix pour les sociétés.
J'aimerais
conclure aussi en mentionnant que la majorité des articles de la loi réfèrent à
la notion de société. Toutefois, certains articles réfèrent au conseil
d'administration. Une de nos recommandations, c'est de porter attention, d'assurer...
que c'est nécessaire d'éviter tout l'ajout de contraintes à la gestion en
désignant spécifiquement l'autorité habilitée
à exercer un pouvoir plutôt que de déléguer le pouvoir à la société
même. Donc, c'est une précision. On porte l'exemple... l'article 96.1 et
99.0.8, par exemple, où on désigne le conseil d'administration versus la société.
Et,
pour finaliser, l'ATUQ propose aussi des mesures pour une gouvernance efficiente au niveau de la publication d'informations. On sait
tous aujourd'hui, d'octroyer plus de flexibilité et modernité dans le mode de
publication des règlements de la société,
où actuellement on affiche seulement dans les publications de journaux... et aujourd'hui on peut rejoindre beaucoup,
en grande partie, la population par d'autres moyens, à moindre coût. Et finalement
de fixer au 31 mars plutôt qu'au 31
janvier la date limite de la publication de la liste des contrats de plus de
2 000 $ au même contractant, si l'ensemble dépasse
25 000 $.
Donc, j'aimerais vous remercier pour votre
écoute.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons débuter les échanges. M. le ministre, il vous reste 14 minutes.
M. Coiteux : Bien, je
vous remercie beaucoup.
Alors, on va parler surtout de contrats, hein, de mode d'adjudication des contrats, parce que c'est vraiment
là-dessus qu'a porté... Ça se peut qu'on ait quelques
questions supplémentaires, là, mais ça va être d'abord et avant tout
là-dessus.
Bon, de façon
générale, je pense que votre demande, c'est de dire : Écoutez,
élargissez aux sociétés de transport un certain nombre de modalités
contractuelles qui sont permises aux organismes publics. De façon générale,
c'est ça. Vous citez notamment
les processus en deux étapes, c'est-à-dire on sélectionne d'abord sur la qualité. Donc, on
n'a pas pondéré qualité-prix dans un premier temps. Et ensuite, évidemment,
ceux qui se qualifient sur la qualité, bien là, on va à la question du prix. Vous parlez aussi du coût total d'acquisition,
et puis je pense qu'il y en avait un autre aussi, mais notamment, en
tout cas, ces deux-là pour commencer.
J'aimerais
juste ça que vous nous disiez dans quel type de contrat ça s'appliquerait, l'un
ou l'autre ou l'un et l'autre, dans votre réalité, là, votre propre
réalité d'affaires.
Le Président (M. Auger) : M. Richard.
M. Richard
(Luc) : M. le ministre, pour le coût total d'acquisition, je vais vous donner un exemple, qui
est arrivé dernièrement, entre
autres. Quand vient le temps de changer d'institution bancaire, on voit que les
institutions bancaires peuvent offrir
des rabais ou prendre en compte le coût que ça amène à une société, parce que,
vous le savez, là, ça amène plein de
dépenses supplémentaires de changer d'institution bancaire. Mais ça, c'est un
cas simple. Si ce n'est pas pris en compte,
il faudrait trouver la manière de l'inclure dans le coût total d'un transfert
s'il ne vient pas avec des rabais. Ça, c'est simple.
Maintenant,
s'il y a des coûts pour la société, dans d'autres cas, on pourrait penser
changer de fournisseurs en TI, par
exemple, où est-ce qu'il y a un coût d'apprentissage pour les gens de
l'interne. Il faut... puis là en ce moment, ça, c'est plus difficile. On n'est pas capable de le faire.
Il faut trouver un moyen de capturer ces coûts-là et de les ajouter aux coûts
de la soumission dans le but de déterminer le prix le plus bas. Je ne sais pas
si ça répond.
M. Varin
(Marc-André) : Un autre
exemple, sans trop rentrer dans la technicalité, on commence à regarder, naturellement, les véhicules électriques. Les véhicules
électriques ont différentes infrastructures de recharge, il y a quelques
options qui existent. L'infrastructure de
recharge, elle va être plutôt au garage ou plutôt en route, sur les différents
circuits. Donc, le bus, c'est une chose. L'infrastructure de recharge qui vient
avec, ça va faire partie du coût total de l'exploitation de ce bus-là, de ce réseau d'autobus là. Ça
pourrait être un autre exemple, également, et on va regarder ces modalités-là
cette année, particulièrement.
M. Coiteux :
Bien, ça, ça va avoir tendance vers des coûts élevés dans la première phase
d'acquisition, mais ensuite vous
allez comparer combustibles versus les coûts des recharges électriques, etc.
Donc, ça pourrait être un profil différent sur les décaissements, mais
néanmoins vous pourriez vous retrouver où l'acquisition des autobus électriques
serait, dans certains cas, mieux, même si le prix d'acquisition, au
jour 1, était le plus bas. C'est un peu ça.
Et là vous me dites qu'actuellement, là, dans
les modalités de la loi telle qu'elles s'appliquent aux sociétés de transport,
vous ne seriez pas capables de faire ça, de considérer ces facteurs-là?
M. Mercier
(Alain) : M. le ministre, essentiellement, c'est notre réalité, parce
que souvent, quand on va aller en appel
d'offres, on est dans une demande de fournir un produit. L'exemple de l'autobus
est très bien. On fait une demande pour
aller en appel d'offres pour un autobus avec une spécification très
particulière. On ne demande pas, par exemple, la fourniture de services auxiliaires. Je vais vous... simplement pour
dire, par exemple, si on change de fournisseur, ça pourrait arriver que
l'impact sur l'inventaire va être énorme. Il y a une nouvelle acquisition
d'inventaire à faire avec d'autres fournisseurs, des sous-assemblés qui
composent un bus.
Alors,
souvent, on n'est pas dans la capacité, dans la définition d'un appel d'offres
concret, de prendre en considération qu'il va y avoir des coûts
futurs — pièces,
outillage, formation — des
fois, qui peuvent aller jusqu'à 10 % ou 15 %, le coût d'acquisition
d'un actif de bus, par exemple, alors qui ne seront pas éligibles, dans notre
approvisionnement, directement avec un
fabricant de véhicules qui ne pourrait pas offrir ces services-là. Donc, on le
fait en deux temps et, à la fin, on
pourrait acheter un bus à un plus bas prix par un fournisseur, mais ça va
nécessiter des achats supplémentaires, dans le futur, à cause de
changement de technologies. On ne peut pas regrouper l'effet global des deux
ensemble.
M. Coiteux :
Ça m'amène à vous poser une autre question. Quand on travaille en coût total
d'acquisition, il y a différentes
façons de le regarder, mais une façon de le regarder, c'est le coût du
changement, là, c'est-à-dire on est déjà avec un fournisseur et passer à un autre fournisseur, même si le prix
semblait être bon au départ, peut entraîner d'autres coûts. Mais, des fois, c'est le contraire,
c'est-à-dire on peut passer avec un nouveau fournisseur dont le prix initial va
être plus élevé, mais, compte tenu de la technologie qu'on va utiliser à
long terme, ça va être à meilleur coût.
Peut-être que
vous allez nous dire que ça va dépendre des situations, mais néanmoins, si
demain, là, vous étiez devant la
possibilité de faire davantage d'appels d'offres basés sur le coût total
d'acquisition, auriez-vous l'impression que vous changeriez plus souvent
de fournisseurs ou vous resteriez plus attachés à vos fournisseurs actuels?
• (12 h 30) •
Le Président
(M. Auger) : M. Mercier.
M. Mercier
(Alain) : Oui, certainement. Ça dépend du cas particulier, ça
dépend de quel marché qu'on parle. Si
on regarde, par exemple, les autobus, présentement il y a deux fabricants en
Amérique du Nord qui ont la capacité de livrer un autobus, alors ça
dépend...
Une voix : Hybride.
M. Mercier
(Alain) : ...hybride, mais il y a très peu de fabricants dans
l'échelle. Un bon exemple, c'est qu'on est
allé en appel d'offres pour un véhicule à l'échelle internationale. Donc, on
espère, à la fin du processus, d'avoir un cycle de vie plus bas. Il y a des nouveaux fournisseurs, on va voir
l'impact, mais on ne peut pas prendre pour acquis, dans notre processus
d'évaluation, comment ça va s'établir parce que le marché est très limité dans
ce secteur-là.
Quand on
parle de technologies, embarquer des technologies pour information voyageurs,
les nouvelles technologies pourraient améliorer la qualité de notre
service. Il y a beaucoup d'exemples où on va avoir des bénéfices qu'on va
développer dans le temps, donc, en effet, il pourrait y avoir l'effet que vous
avez constaté qu'en effet on va avoir des baisses de coûts futures, mais
souvent on ne peut pas les inclure dans notre évaluation à l'achat.
M. Coiteux :
La question, maintenant, des contrats d'emphytéose. Vous avez débuté votre
présentation là-dessus, vous dites : C'est peu utilisé jusqu'à
maintenant. Il y a une part de ça qui semble être due à la rigidité des
processus contractuels qui vous sont permis.
Pourriez-vous juste élaborer un petit peu plus là-dessus? Peut-être là-dessus,
puis en même temps nous dire, oui, mais quel genre de contrat aurait
avantage à être conclu sous cette forme-là.
Le Président (M. Auger) :
Me Deschênes.
Mme Deschênes (Stéphanie) :
Oui. En fait, je pense qu'effectivement, jusqu'à maintenant, les sociétés de
transport en général n'ont pas eu nécessairement à se servir ou n'ont pas
décidé de servir de ce type de véhicules contractuels
là. Toutefois, toujours dans l'objectif... l'objectif étant éventuellement de
réduire le fardeau financier des sociétés
de transport et de l'impact aussi au niveau des gouvernements, de plus en plus
on tend à aller vers des partenariats avec
l'entreprise privée afin de faire des montages juridiques et financiers qui
nous permettent d'assumer une grande part de nos coûts de mise en place et ensuite d'exploitation. Alors, pour
nous, dans les développements qu'on entrevoit dans le futur, notamment la mise en place
d'infrastructures de transport en commun, ça pourrait être un véhicule très
intéressant que de conclure avec un
partenaire la possibilité qu'il prenne en charge, sous forme d'un contrat
d'emphytéose, la mise en place de
telles infrastructures, avec l'avantage que ça nous assure tout de même la
pérennité des infrastructures parce qu'au terme ils reviennent dans le
patrimoine financier de l'organisation.
M. Coiteux : Comme quoi, des
ateliers d'entretien, des garages?
Le Président (M. Auger) :
M. Mercier.
M. Mercier
(Alain) : Oui, certainement. On arrive dans une période où la
possibilité de développement d'infrastructures de transport en commun, c'est dans l'actualité, hein, avec
l'investissement fédéral, alors il y a certains réseaux, comme le nôtre, qui vont faire des investissements, par
exemple à des terminus. À cause des infrastructures qu'on va développer au niveau de l'aménagement global d'un terminus
dans un milieu urbain, bon, on passe par l'acquisition du fonds de terrain. Ça,
c'est la réalité. On est propriétaires
de nos terrains où non seulement on veut construire un terminus, je vais utiliser cet exemple-là,
mais on veut faire un développement immobilier autour de qu'est-ce qu'on
appelle dans le jargon de transport un «transit-oriented development» pour
incorporer l'aménagement global sur un environnement, mais ça va prendre un niveau de flexibilité à optimiser ces genres de transactions là au bénéfice d'une société de transport. Est-ce
qu'il va y avoir, par exemple, à assumer les
coûts d'entretien par un développeur, assumer un développement, une rente
qui pourrait revenir aux sociétés de
transport? Donc, il y a une notion de partage de risques qui devient nouveau
pour les sociétés de transport, et ce risque-là prend un peu de
flexibilité. C'est de nous donner des options au lieu de...
M. Coiteux : Juste pour bien...
Est-ce que j'ai encore un peu de temps?
Le Président (M. Auger) :
3 min 30 s.
M. Coiteux : Juste pour bien comprendre, où est l'obstacle,
actuellement? Est-ce que c'est parce que ce type de contrat là, typiquement, se fait de gré à gré?
Quelle est la nature, là, de l'obstacle? Puis, si vous aviez une suggestion à
faire, quelle est l'ouverture qui
devrait être incluse dans la loi, dans ce projet de loi n° 122,
pour permettre, là, dans le meilleur intérêt des utilisateurs et des
citoyens, bien entendu, d'avoir accès à des formes contractuelles un peu plus
flexibles?
Le Président (M. Auger) :
Me Deschênes.
Mme Deschênes
(Stéphanie) : En fait, ce
que nous, on recommande, c'est que ce ne soit pas inclus au même titre que les autres contrats.
L'emphytéose n'était pas incluse. C'est un avènement... C'est nouveau, c'est un
nouvel avènement par
l'introduction de cette disposition-là au projet de loi n° 122. Ce que
nous, on recommande, c'est que ça soit
exclu pour nous permettre soit de continuer de pouvoir négocier et de conclure
ce type d'entente de gré à gré ou encore de nous permettre d'identifier nous-mêmes les règles d'adjudication de ce
type de contrat là, là, par une politique de gestion contractuelle, par
exemple.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre. Oui, en complément, M. Varin.
M. Varin
(Marc-André) : Un dernier exemple, également, pour être en
communication avec les gens à Montréal, de la STM, on parle des stations de métro, également, qui sont dans des
contextes similaires. On parle d'utilisation des droits aériens, dans certains contextes, qui appartiennent à la STM, qui
pourraient être utilisés dans le cadre d'ententes avec des partenaires commerciaux, justement dans
un contexte accessoire à l'opération du métro et du transport en commun.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
Bien, c'est ça. Ce que je cherchais à comprendre, là, en relation avec ce qu'on
propose dans projet de loi n° 122, est-ce que, pour avoir un tel
partenariat financier à long terme, là, le mécanisme d'appel d'offres est quand
même quelque chose qu'il rend possible ou c'est quelque chose qu'il rend tout à
fait impossible?
Le Président (M. Auger) :
M. Mercier.
M. Mercier
(Alain) : Oui, certainement. Peut-être la souplesse qu'on recherche,
c'est... On est habiles en des processus d'appels de propositions qui
peuvent avoir une flexibilité d'identifier des partenaires, par exemple, plus limitatifs. Ça nous permet aussi de rentrer en
négociation pour optimiser, comme j'ai dit, le transfert de risques, qui est
nécessaire dans ces genres de contrat là, ou
d'optimiser les rentes futures potentielles. Alors, un appel d'offres avec des
règles d'adjudication fixes et fermes peut
limiter le potentiel économique pour une société de transport versus maximiser
les rentes potentielles dans le futur. Donc, c'est de garder une souplesse
versus une rigidité.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes.
M. Coiteux :
Bien, simplement pour vous dire qu'on va étudier attentivement les propositions
que vous faites, et on va les analyser avec tout le sérieux dont sont
capables nos équipes, et on va être en contact avec vous. Merci.
Le
Président (M. Auger) : ...poursuivre avec le porte-parole de
l'opposition officielle pour 10 minutes, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous
quatre, madame messieurs. J'aimerais vous amener sur la recommandation n° 5, soit de «prévoir que la possibilité
d'accorder des compensations financières aux soumissionnaires soit
encadrée par la loi, laquelle énoncera les conditions préalables à
l'utilisation de cet incitatif». Donc, vous faites mention, dans votre mémoire, de votre appréhension possible de dédales
administratifs pour obtenir ces autorisations-là dans le futur et vous nous proposez, dans le projet de loi en question,
de limiter ou d'établir sur quels critères on pourrait effectivement
donner ces compensations-là au lieu de demander l'autorisation à...
Le ministre a
parlé beaucoup d'autonomie et de pouvoirs délégués aux municipalités. Là, on
parle de pouvoirs et d'autonomie
délégués aux sociétés de transport. Présentement, ça vous permet de faire à peu
près ce que vous voulez, si ce n'est
que de demander la permission, alors que votre prétention c'est : Encadrez-nous
et nous n'aurons plus à demander la
permission. J'essaie de comprendre en quoi votre proposition vous servirait
plus que celle qui est maintenant dans le projet de loi en question, là.
M. Varin
(Marc-André) : Bien, quand on regarde les projets majeurs, le
processus administratif — les approbations requises
à tous les niveaux, les différents ministères et municipalités — est très lourd, si ce n'est... Moi, je
suis impliqué quotidiennement dans des
acquisitions d'autobus. Si je regarde les niveaux d'approbation requis, le
temps requis pour toutes ces approbations-là, c'est quand même assez
substantiel. Alors, ce qu'on recherche, comme on le mentionne dans le mémoire, c'est un petit peu de flexibilité de ce
côté-là. Ce n'est pas la possibilité de donner un chèque en blanc, mais c'est donner certaines balises et
paramètres qu'on pourrait utiliser pour éviter, encore une fois, d'escalader
cette décision-là pour avoir l'approbation
pour aller de l'avant avec l'inclusion de telle clause ou modalité dans un appel
d'offres.
M. Ouellet : Est-ce qu'à l'effet contraire, si, dans la
disposition de la loi, on mettait une indication que le ministère doit vous donner une réponse un délai x, ça
pourrait vous faciliter... Donc, on ne vient pas normer les critères, mais le
ministère a l'obligation de vous fournir une
demande dans, mettons, 15, 20, 25 jours, selon vos besoins, est-ce que ça,
ça serait...
• (12 h 40) •
M. Varin (Marc-André) : Ça
serait définitivement une amélioration de ce qu'on voit dans le projet de loi,
peut-être pas autant qu'on voudrait avoir. Moi, je pense qu'on pourrait
fonctionner avec des balises qui seraient très raisonnables et qui seraient déjà préétablies. Et, s'il y a exception,
s'il y a situation exceptionnelle pour quelque raison que ce soit que je ne peux pas imaginer, à ce
moment-là il faudrait escalader au ministre. Mais je pense qu'à la base on
pourrait avoir certaines limites qui seraient imposées. Ça pourrait
peut-être être un compromis.
M. Ouellet : Donc, si je comprends bien, les délais, c'est que
vous devez savoir si vous allez avoir l'autorisation de donner des compensations avant même de lancer
l'appel et, tant que vous n'avez pas ça, vous ne pouvez pas progresser dans les discussions ou dans les rencontres pour,
exemple, en avant-projet, arriver à l'établissement des besoins initiaux, là.
M. Varin
(Marc-André) : Exactement.
Et, déjà, il y a déjà, quand on demande des dérogations, des modalités un petit peu différentes, il faut déjà escalader ces
demandes-là particulières au ministre pour pouvoir les refléter dans l'appel
d'offres avant d'aller en appel d'offres, avant de publier l'appel d'offres.
M. Ouellet : J'adore votre image, escalader, donc par étapes, ça semble une
montagne. Je comprends que les gens du ministère et le ministre
entendent aussi ces situations-là, qui vous interpellent.
Coûts d'acquisition,
tout à l'heure, vous avez ouvert un peu — ouvert beaucoup,
d'ailleurs — pourquoi
vous demandez que ce soit, je vous dirais,
pris en compte. Mais je vous entendais, puis... Est-ce que, dans le cas des
nouvelles facilités pour la gestion
de la fluidité, à savoir les sociétés de transport, je peux connaître, à temps
précis, à quel moment le transport en commun est rendu... donc, bref,
par application. Ce sont des logiciels qui sont vendus et, de ce que je comprends, ce sont des logiciels qui sont vendus
avec des données fermées. Donc, une fois qu'on achète l'application, on est pris avec un état de fait, alors que, si
vous demandez qu'on puisse calculer le coût d'acquisition, on pourrait faire
affaire avec des entreprises qui permettent
d'avoir des données, donc, plus ouvertes et donc on pourrait modifier dans le
temps, selon les besoins et les usages de la société de transport... de
meilleures applications.
Est-ce
que je crois comprendre que, si on mettait ces dispositions-là de coûts
d'acquisition à l'achat, ces données ouvertes qui permettent de modifier
une application dans le temps, ce serait beaucoup plus avantageux, considérant l'évaluation des besoins versus l'achat d'une
technologie qui est fermée et qui, malheureusement, ne survit pas dans le
temps selon la modification des besoins que vous avez?
Le Président
(M. Auger) : M. Mercier.
M. Mercier
(Alain) : Oui, certainement. Je pense, l'exemple précis ne nous
causerait pas de difficulté parce que notre
pratique, dans notre industrie, c'est que les technologies où on va investir,
les données appartiennent aux sociétés de transport, ça, c'est primaire.
Alors, ça ne serait pas applicable, peut-être, dans ce contexte-là.
M. Ouellet :
Dans le cas des contrats, parce qu'on en a parlé beaucoup, là, dans différentes
sociétés d'État et d'organismes publics,
est-ce que vous êtes tenus, effectivement, d'acheter des... ou de faire affaire
avec des entreprises qui,
malheureusement, vous offrent des solutions qui sont fermées dans le temps, qui
ne vous permettent pas d'être évolutifs?
Le Président
(M. Auger) : M. Richard.
M. Richard (Luc) : Non, on n'a pas cette obligation-là.
Quand on part en appel d'offres, puis on l'a fait dernièrement, tu peux aller
avec des solutions. Le débat ne serait pas tout à fait là parce que la question
des données ouvertes, données fermées ou d'être propriétaire du code, ça
peut se négocier avec les processus qu'on a actuellement.
Toutefois,
la question des TI est un très bel exemple
parce que, justement, il faut prévoir dans le temps l'évolution de
ces technologies-là, et avec les façons de faire actuelles, c'est un petit peu plus difficile. Si on avait le coût total d'acquisition, bien entendu, ça forcerait les sociétés
à évaluer à plus long terme et à inclure ça dans les appels d'offres. Cette flexibilité-là, ça nous amène un «burden» de plus, aux sociétés,
mais tellement gagnant pour tous. Donc, de ce côté-là, ça
pourrait être bénéfique, là, pour répondre à votre question.
M. Ouellet : Ça devient un enjeu essentiel pour votre
clientèle, à savoir la fluidité, l'accessibilité, la rapidité ou, dans le cas qu'il y a
des pépins, de quelle façon je peux être mieux connecté avec mes usagers. Je
pense que ce serait un avantage pour vous.
Les avis publics, vous demandez d'avoir les mêmes dispositions que les municipalités pour ne plus être obligés de les faire paraître
dans la presse locale parce que vous voulez rejoindre plus de clientèles. C'est
ce que je comprends. Mais présentement vous pouvez le faire par les médias non
traditionnels, à savoir le Web, les chaînes de lettres, les applications. Ça, vous pouvez déjà le faire, donc la loi ne vous empêche pas de le
faire. Ce que je crois comprendre, c'est : Enlevez-nous l'obligation
d'avis publics, les sommes sauvées pourraient être investies à une meilleure
diffusion ou à une meilleure propension. Est-ce que je comprends?
Le Président
(M. Auger) : M. Varin, la réponse.
M. Varin
(Marc-André) : Oui, exact, c'est bien ça.
Le Président
(M. Auger) : Trois minutes.
M. Ouellet : Oui, merci. Une autre recommandation, 6 : «De permettre d'adjuger à plusieurs
fournisseurs un contrat d'approvisionnement,
de services ou de construction répondant aux mêmes besoins et retenir ensuite
les fournisseurs ou entrepreneurs selon leur disponibilité et leur rang
respectif.» J'aimerais vous entendre sur cette spécificité-là de votre recommandation 6,
à la page 13.
Le
Président (M. Auger) : Me Deschênes.
Une voix :
C'est le deuxième picot.
Mme Deschênes (Stéphanie) : Oui, alors, le deuxième picot de la recommandation 6, effectivement. En fait, c'est qu'il arrive qu'il soit opportun qu'on veuille, si on veut, regrouper
certains besoins pour faire un appel
d'offres. Je donne
l'exemple : au lieu d'aller à la pièce chercher des services qu'on
pourrait peut-être octroyer de gré à gré en raison des montants, on décide des fois de regrouper ces services-là pour en faire
un appel d'offres général. Ça
va arriver, par exemple, en technologies de
l'information, ça peut arriver au
niveau des architectures. Souvent, c'est ce qu'on appelle dans notre
jargon des contrats ouverts où on va chercher, dans le fond, une liste de prix.
Et, en fonction du soumissionnaire qui a
obtenu le meilleur pointage final, le contrat lui est accordé pour une période
de temps, et à ce moment-là, dans le temps, lorsqu'on a des mandats
spécifiques, on se tourne vers l'adjudicateur du contrat pour faire réaliser le
mandat. Comme ce n'est pas un contrat
qui est fixe dans le temps, parce que vous aurez compris que c'est pour la réalisation de plusieurs mandats sur une longue période de temps, il
arrive que notre approvisionnement soit mis en péril parce que les fournisseurs ne sont pas nécessairement disponibles dans le temps qu'on leur demande. Alors, ce qu'on aimerait
avoir, à l'instar de ce qui se fait
dans la Loi sur les contrats des organismes
publics, c'est de pouvoir procéder à
un appel d'offres, aller
choisir, par exemple, les trois meilleurs fournisseurs, et, lorsqu'on
a un besoin, on s'adresse au premier, et, s'il n'est pas disponible, on peut se retourner à ce moment-là sur le deuxième ou le troisième. Actuellement, notre loi est
assez rigide et ne nous permet pas réellement de pouvoir assurer la
sécurité de notre approvisionnement.
M. Richard
(Luc) : ...
M. Ouellet :
Oui, allez-y.
Le Président
(M. Auger) : Oui, 45 secondes, M. le député.
M. Richard
(Luc) : En complément, M. le député.
M. Ouellet :
En complément, oui.
M. Richard (Luc) : Merci. Cette façon de faire pourrait aussi
favoriser l'ouverture du marché parce que souvent un fournisseur n'osera pas
soumissionner par crainte de ne pas toujours être capable de répondre au niveau
de ressources demandées. Donc, ça pourrait à la fois faciliter
l'ouverture des marchés.
M. Ouellet : Donc, on sécurise la chaîne d'approvisionnement mais aussi on obtient
de meilleurs prix en ayant plusieurs
compétiteurs qui, selon le niveau de disponibilité, pourraient être là sur la
deuxième ou la troisième disponibilité si le premier n'est pas là.
Est-ce que je comprends?
M. Richard
(Luc) : Oui.
M. Ouellet :
O.K. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Auger) : Merci. M. le député de Blainville, pour
6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci, madame messieurs.
Moi, je vais me concentrer sur l'emphytéose parce que je pense que c'est
important, là. Bon, je suis notaire de formation, donc... Évidemment, l'emphytéose, c'est un démembrement du droit de
propriété. Donc, pour moi, c'est plus équivalent à une vente, tu sais, puis déjà on appelait ça le bail emphytéotique. Maintenant,
on appelle ça... Parce qu'un bail, bien, théoriquement, tu n'es pas propriétaire, mais l'emphytéose fait que tu es
quasi propriétaire pour un certain nombre d'années puis après ça tu remets
ça au propriétaire en titre, là. Donc, vous,
vous dites : De toute façon, on n'a pas l'obligation dans les ventes,
puis là vous nous obligeriez à aller
en appel d'offres pour les emphytéoses. Puis moi, je comprends ça, pourquoi
vous avez... Mais informez-nous, là. Pourquoi
vous avez besoin de la marge de
manoeuvre, quand vous faites des
achats, de ne pas toujours être obligés d'aller en appel d'offres? Parce que, finalement, vous avez
des endroits précis, vous avez un pouvoir de négociation que beaucoup d'autres n'ont pas. C'est vous qui choisissez
où vous mettez vos terminaux, vos... Donc, c'est ça qu'il faut faire comprendre
à la commission, là, que, finalement, vous avez besoin de garder votre pouvoir de faire
des acquisitions. Puis, dans ma tête
à moi, une emphytéose, c'est comme une acquisition, là. Mais juste nous
expliquer ça, pourquoi vous avez besoin de cette marge de manoeuvre là, s'il
vous plaît.
Le Président
(M. Auger) : Me Deschênes.
Mme Deschênes
(Stéphanie) : Juste pour être certaine qu'on se comprenne bien, ce qui
a été introduit par le projet de loi n° 122, c'est lorsque nous-mêmes — je veux juste m'assurer qu'on se comprend bien — sociétés de transport, sommes
propriétaires du terrain et que nous voulions confier par emphytéose ou vendre?
M. Laframboise :
Bon, O.K., donc, acquisition ou vente. Dans votre cas, c'est vente, là, bon.
Mme Deschênes
(Stéphanie) : C'est ça. C'est ça.
M. Laframboise : Allez-y. Pourquoi vous avez besoin d'avoir votre marge de manoeuvre pour faire vos transactions sans être obligés d'aller toujours
en appel d'offres public, là?
Le Président
(M. Auger) : Me Deschênes.
Mme Deschênes (Stéphanie) : C'est sûr que, dans ce type de montage là, on
parlait tout à l'heure que ça pourrait être un montage approprié pour, par
exemple, des infrastructures majeures en matière de transport en commun. Je pense qu'il est important parce qu'on fait comme se
départir, effectivement, du droit de propriété, en quelque sorte, pour une longue période,
mais on demeure quand même liés parce
qu'au retour l'infrastructure va revenir dans notre patrimoine. Alors, je pense qu'il est important qu'on puisse
négocier les termes relatifs à ce type d'entente là. C'est important pour nous.
D'autre part, je vous
dirais que les infrastructures de transport en commun ne sont pas
nécessairement situées toujours de façon
correspondante aux grands pôles de développement économique du secteur. Alors,
déjà, d'attirer certains joueurs,
d'attirer certains promoteurs privés pour investir avec nous dans ce genre
d'infrastructure, ça peut déjà en soi être un défi. Alors, s'il faille qu'on soumette ces gens-là à un processus
aussi contraignant qu'un processus d'appel d'offres avec qualification, etc., je pense qu'on pourrait
créer l'effet inverse, et de venir, en quelque sorte, réduire notre marge de
manoeuvre, et nous empêcher d'avoir le meilleur contrat possible.
• (12 h 50) •
M. Laframboise : Si je comprends bien votre exemple du concept TOD, là, il est frappant,
là, c'est-à-dire qu'on installe un terminus mais on veut, autour du
terminus, un complexe d'habitation. Et on fait un développement, donc, inévitablement, ce n'est pas garanti qu'il va y
avoir une rentabilité. Donc, c'est ce que vous nous dites, là : Nous, on
veut prendre un risque, on veut faire
ça. Puis ça, évidemment, là, le PMAD oblige... Moi, qui est de Blainville, et
tout ça, il va falloir vivre cette
situation-là. Puis les TOD sont un bel exemple, il faut les installer. Donc,
inévitablement, vous, vous dites :
On doit être capables d'avoir la marge de manoeuvre nécessaire pour atteindre
notre objectif. C'est un peu ça, là.
Une voix :
C'est exactement ça.
M. Laframboise : Et sur les autres... Parce que probablement que ça n'a pas été fait
juste pour les exemples que vous donnez là, là. Donc, quelle autre
situation d'emphytéose que vous pouvez vivre?
Mme Deschênes
(Stéphanie) : Au niveau des sociétés de transport? Essentiellement,
c'est le développement immobilier, là, de nos grandes infrastructures, là, qui
sont sur les prochains plans d'investissement qu'on a, là. C'est
essentiellement sur ces aspects-là.
M. Laframboise :
Parfait. Puis vous, vous n'utilisez jamais l'emphytéose pour acquérir des
droits, là, pour vous-mêmes, là. Vous, vous êtes toujours acheteurs, vous
n'êtes pas...
Mme Deschênes (Stéphanie) : C'est arrivé une fois, on a conclu un contrat
d'emphytéose avec un partenaire pour l'installation
d'un terminus, mais là ce n'était pas nous, effectivement, qui étions
propriétaires du fonds. Nous sommes propriétaires des installations sur
le fonds, mais là c'est donc l'inverse, à ce moment-là.
M. Laframboise : Par contre, c'est encore la même chose, vous ne pouvez pas demander un
appel d'offres... Vous avez besoin de vous installer à tel endroit, tu
sais...
Mme Deschênes
(Stéphanie) : C'est fondamental.
M. Laframboise : C'est ça. Si vous faites un appel d'offres, tout ce que ça peut faire,
créer une diversion dans la communauté
puis dire : Bon, bien là, ce n'est pas là qu'on l'aurait mis, le terminus,
mais l'appel d'offres a fait qu'il va être plus loin parce que c'était
lui qui était le moins cher, puis ce n'est pas ça qui nous intéressait, là.
C'est un peu ça.
Mme Deschênes (Stéphanie) : Tout à fait. Le situs de ces infrastructures-là
est fondamental. Alors, c'est pour ça qu'on
a besoin de conserver un libre marché pour être capables de négocier avec des
promoteurs qui peuvent être intéressés à développer des investissements
communs avec nous dans ces secteurs-là en question, là.
M. Laframboise :
Tout à fait. Ça va.
Le Président
(M. Auger) : Ça va, M. le député de Blainville?
M. Laframboise :
Oui.
Le
Président (M. Auger) : Donc, Me Deschênes, MM. Mercier,
Varin et Richard, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de
la commission.
Et
la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 53)
(Reprise à 15 h 6)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi
visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
pouvoirs.
Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association
des vérificateurs généraux municipaux du Québec.
Bonjour à vous quatre. Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour votre présentation, et par la
suite nous aurons une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Donc, dans
un premier temps, bien vouloir
vous identifier, et par la suite vous pourrez commencer votre présentation.
Association des vérificateurs généraux
municipaux du Québec (AVGMQ)
Mme Galipeau
(Michèle) : Alors, mon nom
est Michèle Galipeau. Je suis la vérificatrice
générale de Montréal et la présidente
de l'Association des vérificateurs généraux municipaux du Québec. Et je vais
vous présenter mes collègues dans ma présentation.
Donc, M. le
Président, M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire, mesdames et messieurs les membres de la commission, c'est avec
plaisir que l'Association des vérificateurs généraux municipaux participe aux auditions publiques sur le projet de
loi n° 122 qui donne suite à la volonté exprimée par les unions
municipales de redéfinir leurs institutions à la lumière des enjeux
d'aujourd'hui. Nous vous remercions de votre invitation.
Notre association réunit les vérificateurs généraux
des 10 municipalités du Québec de 100 000 habitants et plus. Je
suis accompagnée aujourd'hui par trois d'entre eux, que je m'empresse de vous
présenter : Mme Andrée Cossette, vérificatrice générale de la
Ville de Trois-Rivières, M. Michel Samson, vérificateur général de la
Ville de Québec, et M. Yves Denis, vérificateur général de la Ville de
Lévis.
D'entrée
de jeu, permettez-moi de vous rappeler le rôle du vérificateur général. Il
consiste principalement à fournir au
conseil municipal et aux citoyens un regard objectif et indépendant sur la
qualité de la gestion de la Ville, qu'il s'agisse de l'utilisation efficace, économique et
efficiente des ressources, de la conformité aux lois et règlements ainsi que de
la fiabilité des états financiers.
Compte
tenu de notre rôle et de nos observations sur les enjeux qui nous occupent,
nous croyons être en mesure d'apporter
des éléments de réflexion pertinents sur le travail mené jusqu'ici en vue
d'accroître l'autonomie et les pouvoirs municipaux. En ce sens, l'Association des vérificateurs généraux
municipaux est d'avis que cette redéfinition des institutions municipales doit s'accompagner de mesures de
gouvernance et de mesures de reddition de comptes et de transparence. Notre intervention d'aujourd'hui portera donc
essentiellement sur ces deux volets du projet de loi ainsi que sur
l'adjudication des contrats.
Débutons
par la gouvernance et plus particulièrement les rapports financiers.
L'Association maintient premièrement qu'il faut soumettre la
présentation de tout rapport émis par le vérificateur général au conseil et non
au trésorier. Le vérificateur général,
rappelons-le, relève du conseil municipal. C'est donc à ce dernier qu'il doit faire
rapport. Nous croyons aussi que le
rapport financier devrait être approuvé par le conseil municipal et non déposé
à celui-ci par le trésorier. Nous nous
interrogeons sur la portée du nouvel article 105.2.1 prévoyant que le
trésorier puisse faire la correction du rapport financier, qui,
rappelons-le, est audité.
• (15 h 10) •
Deuxièmement, nous
sommes d'avis que la possibilité d'imposer aux vérificateurs généraux
municipaux la production de tout autre
document déterminé par le ministre pourrait entraîner une impasse sur le plan
financier. En effet, le budget des vérificateurs généraux municipaux est
fixe dans la loi et il est non compressible en raison des obligations prévues par la loi dont ils doivent s'acquitter. Par
conséquent, l'ajout de tout document, effectué à la demande du ministre,
pourrait compromettre la vérification
des comptes et affaires de la municipalité, de l'optimisation des ressources et
de la conformité. Une telle demande
ne peut avoir préséance sur les obligations du vérificateur, tel que prévu à
l'article 107.12 de la loi.
Troisièmement,
l'association déplore l'absence de modifications apportées au projet de loi en
ce qui a trait à la nomination
obligatoire d'un comité de vérification, car, selon nous, la nomination d'un
comité de vérification, composé notamment
de personnes indépendantes et détenant l'expertise et les compétences requises
en matière de vérification, constitue le meilleur moyen qui soit pour
assurer le suivi de la reddition de comptes de l'administration.
Nous
allons plus loin. Un tel comité de vérification devrait pouvoir jouer ce rôle
et bénéficier de l'appui d'une charte ou de règles de régie interne
répondant à certains paramètres et pratiques de saine gouvernance. Enfin, nous considérons que le comité de vérification devrait,
entre autres, participer activement au processus d'approbation des états
financiers et soutenir le conseil municipal à cet égard.
Au chapitre
de l'adjudication des contrats, nous estimons que le projet comporte certains
risques, surtout suite à la tenue de
la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans le
secteur de la construction, devant laquelle, rappelons-le, notre
association a déposé un mémoire.
Par
ailleurs, l'association comprend que le projet de loi favorise le
décloisonnement des règles d'attribution afin d'accorder plus de souplesse aux responsables de la gestion
contractuelle municipale... en ayant les coudées franches, pourront optimiser leurs pratiques de saine
gestion. Cela dit, nous sommes d'avis que cette démarche devrait s'accompagner
d'un mécanisme de rétroaction auprès des
soumissionnaires afin qu'ils soient mieux informés de l'évaluation qualitative
de leurs soumissions et des moyens de
bonifier leurs propositions futures. Un tel mécanisme existe déjà, et il est
mis en oeuvre par les organismes publics assujettis à la Loi sur les
contrats des organismes publics.
Contrairement aux règles en matière
d'information et de consultation publique, aucune balise n'est fixée par le projet de loi quant à la politique d'attribution
des contrats qui comportent une dépense entre 25 000 $ et
100 000 $. Or, il nous
apparaît nécessaire de corriger cet aspect dans le projet de loi n° 122.
Pourquoi? Pour prévoir, un peu à la manière de l'article 14 de la Loi sur les contrats des organismes publics,
l'obligation d'évaluer systématiquement la possibilité, pour ces contrats précis, de procéder par appels
d'offres publics ou sur invitation, de mettre en place des dispositions de
contrôle relatives au montant de tout
contrat ou de toute dépense supplémentaire qui s'y rattache, plus particulièrement
lorsqu'il s'agit d'un contrat conclu de gré
à gré, de se doter d'un mécanisme de suivi permettant d'assurer l'efficacité et
l'efficience des procédures utilisées à
l'égard de tout contrat dont le montant est inférieur au seuil d'appels
d'offres publics.
Quant au
champ d'application des règles d'attribution des contrats, prévu par les
articles 573 à 573.3.4 de la Loi sur les cités et villes,
l'association s'interroge sur la portée des pouvoirs de vérification de ses
membres au regard de l'application de l'article 107.7. En effet, force est
de constater que le champ de compétences décrit à l'article 107.7 pourrait exclure certaines entités par ailleurs
assujetties aux règles d'adjudication des contrats en vertu de cette nouvelle
disposition. De même, les organismes
désignés par le ministère comme étant assujettis aux règles d'attribution des
contrats ne sont manifestement pas
couverts par l'article 107.7. C'est pourquoi il y aurait lieu de clarifier
cette question afin de permettre aux vérificateurs municipaux de
procéder aux vérifications de conformité d'usage auprès de ces entités.
Abordons
maintenant la question de la reddition de comptes et de la transparence. Selon
notre compréhension, l'article 474.1
de la Loi des cités et villes serait abrogé par le projet de loi et mettrait
ainsi fin au dépôt du rapport du maire sur
la situation financière de la municipalité. Or, selon nous, l'autonomie et les
pouvoirs accrus conférés par le projet de loi ne doivent pas inciter les organisations à se soustraire à l'obligation
de rendre des comptes, bien au contraire. D'autant que le rapport du maire a toujours donné au maire,
qui est le chef exécutif de l'administration municipale, l'occasion de s'adresser aux citoyens en toute transparence.
Si ce
mécanisme de communication avec les citoyens doit être revu, il doit être résolument axé sur
le bilan des résultats au regard des objectifs initiaux et de la
communication des objectifs pour la prochaine année tant en termes de gouvernance, d'administration que de projets d'immobilisations. Cet exposé
assurerait ainsi une reddition de
comptes accrue.
Enfin, toujours dans un souci de transparence et
dans le but d'améliorer la reddition de comptes au sein des municipalités, nous
croyons en l'importance de rendre obligatoire la publication des décisions du
comité exécutif.
En terminant,
l'association comprend que le projet de loi n° 122 vise à redéfinir les institutions municipales
à la lumière des enjeux actuels, et ce, en leur accordant plus d'autonomie, de souplesse
et de pouvoir. Toutefois, comme nous venons
de le démontrer, dans un souci de responsabilisation et de transparence des
municipalités envers leurs citoyens, cette
démarche doit être bien encadrée et s'accompagner de mesures de gouvernance
claires et de redditions de comptes rigoureuses.
Afin de s'assurer de la conformité des décisions prises par les administrations
municipales et de la saine gestion des
nouveaux leviers mis à leur disposition, il est indispensable que le projet de
loi tienne compte du renforcement du rôle de l'autonomie et de
l'indépendance de la fonction du vérificateur général municipal.
Pour mieux
faire leur travail en toute indépendance, sans que la loi ne permette quelque
interprétation quant à leur possibilité
d'ingérence dans les travaux ou de la gestion des fonds alloués, l'association
profite de l'occasion pour rappeler qu'elle effectue depuis plusieurs
années des demandes de modifications législatives. En ce sens, notre
intervention d'aujourd'hui s'inscrit dans la
poursuite des meilleures pratiques en matière de gouvernance et de reddition de
comptes dans lesquelles se retrouve
le rôle du vérificateur général, un des piliers essentiels de la gouvernance
des municipalités, qui, rappelons-le,
rassure le conseil municipal et les citoyens quant à la gestion efficace,
efficiente et économique des fonds publics.
Voilà
l'essentiel des observations qui découlent de notre analyse du projet de loi.
Nous sommes maintenant à votre disposition pour répondre à vos
questions.
Le Président
(M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons
débuter la période d'échange. M. le ministre, pour les
15 prochaines minutes.
M. Coiteux :
Oui, merci. Merci beaucoup pour votre présentation. Puis ce n'est pas un
reproche, mais, comme on vient tout
juste de recevoir le mémoire — écrit, du moins — on n'a pas eu le temps d'en faire l'analyse
complète, donc certainement qu'il y aura des... On va faire ça puis on
va faire très certainement ça, donc peut-être qu'on aura, à ce moment-là, d'autres consultations qu'on voudra
faire ultérieurement avec vous. Mais je vais quand même poser quelques questions sur des aspects, là, qui m'intéressaient
plus particulièrement. Ce n'est pas que le reste ne m'intéresse pas, mais
je vais juste me concentrer sur un aspect
pour commencer puis, ensuite, je vais aller sur des questions plus générales,
si vous me permettez bien.
Concernant
les contrats de 25 000 $ à
100 000 $, vous parlez notamment, là, de la possibilité de se doter
de... ce qu'on prévoit d'ailleurs
dans le projet de loi, sans nécessairement préciser ce qu'il y aurait à ce
stade-ci dans un éventuel règlement
ou recommandation, vous parlez d'une politique contractuelle puis là vous
dites : La possibilité de regarder un certain nombre de choses ici. Et vous parlez notamment d'effectuer
une rotation parmi les concurrents ou les contractants auxquels la municipalité fait appel ou de recourir
à de nouveaux concurrents ou contractants. Est-ce que vous voyez ça pour tout type de contrat
ou pour des contrats particuliers? Est-ce que vous voyez ça différemment... de
la même manière, indifféremment de la taille des municipalités, des
situations régionales?
• (15 h 20) •
Mme Galipeau
(Michèle) : Écoutez, ce qu'on fait dans le projet de loi, c'est qu'on
donne la possibilité... En fait, ce qu'on
permet pour les 25 000 $ à 100 000 $, c'est que la
politique de la municipalité va avoir préséance sur la loi. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est que, dans les
mécanismes potentiels qu'ils peuvent mettre, il faudrait qu'il y ait des
éléments qui soient justifiés pour
tout type de contrat, effectivement, qu'il y ait, entre autres, par exemple,
des éléments au niveau de la rotation des concurrents. Donc, c'est un
des éléments qu'on met.
Mais
c'est sûr qu'aujourd'hui ce qu'on vient faire, c'est qu'on donne un pouvoir,
aux municipalités, plus grand pour les 25 000 $ à
100 000 $. On dit : Votre politique va avoir préséance sur la
loi. Alors, ce sera la municipalité qui décidera.
Mais par contre on doit mettre des mesures. Et ce qu'on dit, nous : Ce
serait un des éléments. Et c'est déjà prévu dans une loi provinciale, à l'article 14, sur les lois, donc on a
repris exactement ces éléments-là en disant : Bien, un des
éléments, ça pourrait être les rotations, effectivement, des fournisseurs de
services quels qu'ils soient.
M. Coiteux :
Bien, je pense en particulier à des petites municipalités ou pour des petits
contrats où il y a peut-être juste un ou
deux... deux entreprises ou même personne, des fois, qui sont en mesure de
rendre le service dans la municipalité. Ou je pense aussi à des cas
possibles, pour faire une rotation, ça serait passer d'un bon service à un mauvais service, puis un bon service, puis à
nouveau un mauvais service. Est-ce que ça ne pourrait pas être quelque chose
qui...
Mme Galipeau
(Michèle) : On parle quand même de contrats de gré à gré, là, ici. Il
va falloir justifier. On parle de
25 000 $ à 100 000 $. On donne une latitude aux
municipalités. Elles devront... Comme on dit, il faut procéder par appels d'offres, et il va falloir justifier
pourquoi elles le font. Elles auront, à ce moment-là, à documenter le pourquoi
elles le font et leur décision, là.
M. Coiteux :
Non, ça, je comprends, mais je voulais juste qu'on puisse...
Mme Galipeau
(Michèle) : À ce moment-là, je pense que...
M. Coiteux :
...discuter ensemble que, des fois, ce qui pourrait être intéressant en soi
devient compliqué dans certaines situations particulières de certaines
municipalités.
Mme Galipeau
(Michèle) : Elles auront à le justifier puis à rendre compte en
conséquence, là.
M. Coiteux :
Oui. Bien, il est prévu qu'elles doivent publier tous les contrats de façon
transparente.
Mme Galipeau
(Michèle) : ...2 000 $ et plus pour un minimum de
25 000 $, c'était déjà dans la loi, là, c'était dans le rapport du maire. Maintenant, on me dit de
le mettre sur SEAO, mais en réalité, là, on n'explique pas vraiment pourquoi on a pris ce choix-là par rapport à un
autre fournisseur de services, là. Alors, aujourd'hui, ce qu'on dit,
c'est : Mettez des balises et
que les gens viennent rendre compte du choix, et si, effectivement, dans
certaines petites municipalités, il y
a peu de fournisseurs de services par rapport à ça, bien, écoutez, ils auront à
justifier, là, pourquoi elles ont choisi un fournisseur versus l'autre.
M. Coiteux :
Est-ce que vous avez regardé aussi ce qui se fait... parce que, là, vous avez
regardé l'aspect municipal, mais
cette règle du 100 000 $ pour les contrats d'appels d'offres, elle
tient actuellement pour les commissions scolaires, notamment. Est-ce que
vous avez regardé comment ça se passe dans ce secteur-là?
Mme Galipeau
(Michèle) : ...vérificateurs généraux des municipalités, là, je pense
qu'on va s'en tenir à notre rôle à nous, là, des municipalités.
M. Coiteux :
Mais est-ce que vous voyez des problèmes particuliers, dans les municipalités,
que vous ne verriez pas dans d'autres entités du secteur public? Parce que
c'étaient les seuls, là, qui n'étaient pas uniformisés de ce point de
vue là avec le reste du secteur public.
Mme Galipeau
(Michèle) : ...aujourd'hui, c'est que la loi permet de rendre de
25 000 $ à 100 000 $. Là, ce qu'on dit après ça,
c'est : Il faut avoir des mesures de gouvernance et de la reddition de
comptes. On ne dit pas qu'il y a un problème
par rapport à le rendre ou ne pas le rendre. Ce qu'on dit aujourd'hui,
c'est : Il faudra que ça soit justifié, il faudra qu'on rende
compte de la reddition de comptes par rapport ça. Alors, c'est les éléments
qu'on rajoute, là.
M. Coiteux :
Je veux juste explorer une autre chose. Puis après ça je pense que...
Mme Galipeau
(Michèle) : Écoutez, tout montant... Si vous me permettez.
Le Président
(M. Auger) : Oui, juste un instant. Mme Galipeau.
Mme Galipeau
(Michèle) : Oui. Tout montant... Écoutez, vous pouvez augmenter, là,
de 25 000 $ à un autre montant. Ce qu'on ne requestionne pas, c'est qu'on voit que le projet de loi veut
donner les coudées franches aux municipalités et que leurs politiques aient préséance sur la loi par rapport aux
25 000 $ à 100 000 $. Alors, ce qu'on dit aujourd'hui :
C'est bien, O.K., si vous faites le choix de
faire ça. Néanmoins, il va falloir qu'il y ait des mesures de gouvernance puis
qu'il y ait de la reddition de comptes qui
soit faite par les municipalités. Et, si elles choisissent de prendre un
fournisseur de services comme vous
expliquez, là, dans une plus petite municipalité, bien, elles devront justifier
le pourquoi elles ont pris ce fournisseur de services là.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Coiteux : Ensuite, vous
parlez d'instaurer des mesures favorisant l'acquisition de biens, de services
ou de travaux de construction auprès de
concurrents ou de contractants de la région concernée. Je veux juste comprendre
dans quel état d'esprit vous avez inscrit cette disposition-là.
Mme Galipeau (Michèle) : ...qu'on
avait ajouté, c'est vraiment l'article 14 de la Loi sur les contrats des
organismes publics, puis ce qu'on a dit, c'est : De voir aussi à favoriser
les gens de la région puis effectivement de donner une chance à pas juste un
fournisseur de services, mais à plusieurs fournisseurs de services, là, qui
peuvent faire affaire avec la municipalité, là. Ce n'est pas de concentrer...
M. Coiteux : ...contre ça, pas
du tout, loin de là, mais...
Mme Galipeau (Michèle) : Encore
une fois, c'est de le justifier, c'est de rendre compte des mesures qu'ils auront mises en place, là. On donne certains
exemples, dans la présentation, des éléments qu'on pense qui pourraient être
mis dans le projet de loi pour, en fait, que les municipalités rendent compte
des choix qu'ils ont pris.
M. Coiteux :
Non, non, je ne suis pas contre ça, là, forcément. C'est juste que je le mets
en rapport avec votre rôle, notamment
pour vérifier l'optimisation des ressources, tout ça. Parfois, ça peut aller à
l'encontre de l'optimisation des
ressources, de telles mesures, parce que ça impose une espèce de contenu local
face peut-être à un concurrent qui serait un peu plus loin, qui aurait un meilleur produit ou un meilleur rapport
qualité-prix. Je ne dis pas que c'est forcément le cas puis je ne suis pas contre les politiques de
développement local, ce n'est pas ça que je dis. Je dis juste que je suis juste
un petit peu surpris que ça vienne de vous, ce genre de recommandation
là.
Mme
Galipeau (Michèle) : Qu'est-ce qu'on a fait, c'est qu'on a repris
vraiment l'article et on a dit : Il va falloir... En fait, notre message, globalement, c'est qu'il y ait
des mesures de gouvernance, et qu'il
y ait des redditions de comptes, et que
ce soit public, et qu'on rende compte, à
ce moment-là, de vraiment
ces éléments-là par rapport aux municipalités, et que
les municipalités justifient pourquoi elles ont fait ces choix-là par rapport à un autre fournisseur de services. Et, si le service est
meilleur à l'extérieur, bien, ils auront à justifier leur choix.
M. Coiteux : Bien, est-ce que
je comprends, dans le fond, que la démarche...
Le Président (M. Auger) : Juste
un instant. Oui, M. le ministre, allez-y.
M. Coiteux : Est-ce que je comprends que la démarche, ici,
c'est dire... vous cherchez une plus grande symétrie entre les politiques
du gouvernement du Québec et celles des municipalités, vous voulez que ça soit
assez uniforme, finalement, nos règlements, leurs règlements, que ça soit à peu
près pareil?
Mme Galipeau
(Michèle) : ...des exemples
par rapport à ça, puis on se dit que c'est des éléments qui
pourraient être considérés, effectivement, dans les municipalités, comme
étant des éléments à considérer effectivement.
Le Président (M. Auger) :
...Mme Cossette?
Mme Cossette
(Andrée) : Oui. À titre d'exemple,
comme dans la loi 14, où est-ce que c'est spécifié, des barèmes de reddition
ou d'encadrement de cette politique-là. Donc, c'est, à titre d'exemple, de
venir préciser l'encadrement.
Le Président (M. Auger) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui. Merci, M. le Président. Vous savez, ce qu'on voit
souvent dans nos mandats, lorsqu'on effectue
nos travaux puis lorsque ce sont des contrats donnés de gré à gré, la question,
souvent, ce n'est pas : Il n'aurait pas dû le donner — excusez l'expression — c'est : Comment vous le justifiez?
C'est ce qu'on ne retrouve pas, souvent. Et je me permets de dire :
De mon ancienne vie au Vérificateur général du Québec, c'était aussi une
problématique importante. Ce que
Mme Galipeau vous dit, le message qu'on vous livre, c'est : Il n'y a
pas de problème à ce que ça se fasse de
gré à gré, peu importe la limite, mais donnons un certain encadrement ou des
mesures pour que les municipalités doivent justifier pourquoi le contrat est donné de gré à gré, une question de
transparence puis de... Sinon, pourquoi il est donné? C'est là que ça
laisse supposer toutes sortes de choses, parce que c'est difficile de venir
porter un jugement par après.
Le Président
(M. Auger) : M. le député des Îles-de-la-Madeleine. À peu près
5 min 30 s.
M. Chevarie :
Oui. Merci, M. le Président. J'aimerais ça, par rapport au rapport financier,
qui est un élément de reddition de comptes,
j'aimerais ça vous entendre, pour le bénéfice de nos téléspectateurs puis ici,
savoir, habituellement, là, comment
ça se passe quand vous présentez votre rapport financier. À qui et quel est...
les étapes qui sont subséquentes.
Mme Galipeau
(Michèle) : Le rapport financier, aujourd'hui, de par la loi, c'est le
trésorier qui dépose le rapport financier.
Ce rapport-là, il est audité, mais c'est un dépôt. Alors, c'est le trésorier
qui a tout ça sur ses épaules, et c'est celui qui est responsable de la production. En fait, il y a un dépôt par
le trésorier du rapport financier de la ville au conseil municipal,
directement.
M. Chevarie : Bien, vous, comme
firme de vérification, vous le présentez au trésorier?
Mme Galipeau
(Michèle) : Nous, en fait, aujourd'hui, on fait rapport au conseil,
mais... notre rapport est adressé au
conseil, mais c'est le trésorier qui prend le rapport du vérificateur et qui le
rajoute au rapport financier, qui le dépose au conseil municipal. Aujourd'hui, il n'y a pas... en fait, le conseil
municipal n'approuve pas l'état financier, c'est un dépôt.
M. Chevarie :
Et, dans les situations où il peut y avoir des notes aux états financiers et il
peut y avoir également des
recommandations, qui sont deux choses différentes, dans ces situations-là, de
ce que j'en comprends, une note, c'est moins sévère qu'une
recommandation. Non?
Mme Galipeau
(Michèle) : Non, non. Il faut faire attention. La note aux états
financiers fait partie intégrante du rapport financier, là. L'état
financier... la note, elle est très importante, là. Pour un comptable, là, les
notes aux états financiers sont auditées.
Pour nous, c'est aussi important. Les informations qu'on met dans les notes
sont importantes, aussi importantes,
là. Le rapport financier, ça ne comprend pas juste les états, là. Au début, ça
prend toutes les notes, c'est l'ensemble de tout ça.
Les
recommandations de contrôle interne, aujourd'hui, dépendant, là, des villes,
parce qu'on n'a pas une obligation d'avoir
un comité de vérification, bien, elles sont déposées, effectivement, elles sont
présentées souvent à l'administration, parce
qu'il n'y a pas d'obligation par rapport au comité de vérification. Quand il
n'y a pas de comité de vérification, il n'est pas présenté au comité de
vérification.
Mais, dans
mon exemple... par exemple, pour Montréal, lorsqu'il y a un comité de
vérification, c'est sûr qu'on les
présente au comité de vérification, mais ce n'est pas déposé au conseil. La loi
n'exige pas que ces recommandations-là soient
déposées au conseil. Ce qui est déposé, c'est le rapport financier, et toutes
les notes aux états financiers font partie intégrante... Quand on parle de rapport financier, là, c'est tout, tout,
tout compris, incluant les notes, toutes les pages, là.
• (15 h 30) •
M. Chevarie :
Et, en général, le comité de vérification, c'est des élus ou des personnes
indépendantes? Parce que dans votre...
Mme Galipeau
(Michèle) : ...premièrement, ce n'est pas obligé aujourd'hui. Ce n'est
pas une obligation, donc il y a des
villes qui n'ont pas du tout de comité de vérification. Dans les grandes
villes, je peux vous dire, c'est à peu près 50 % qui n'en ont pas.
Deuxièmement,
dépendant... puisqu'il n'y a aucune obligation dans la loi, des fois c'est des
élus, parfois il y a des membres
indépendants. Dans certaines villes, il y a des membres indépendants; dans
d'autres villes, il n'y en a pas. Là, c'est à la volonté de la ville,
là...
M. Chevarie : O.K. Merci.
Mme Galipeau (Michèle) :
...puisque ce n'est pas légal.
Le Président (M. Auger) :
...Saint-François, 2 min 30 s, à peu près.
M. Hardy : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde.
Écoutez, ma
question est presque pareille à celui du député des Îles-de-la-Madeleine parce
que vous marquez dans votre rapport
que... «Nous nous interrogeons sur la portée du nouvel article 105.2.1
prévoyant que le trésorier puisse faire la correction du rapport
financier qui, rappelons-le, est audité.»
J'aimerais vous entendre un petit peu plus
là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Galipeau
(Michèle) : ...ce qui arrive, c'est que le nouveau projet de loi
permet au trésorier d'apporter des corrections.
Normalement, lorsqu'un rapport financier est audité, on ne devrait pas avoir à apporter
des corrections, même à la demande du
ministre, sans passer par le vérificateur, parce que normalement, quand le
vérificateur a émis son opinion, c'est
qu'il représente, dans tous les aspects significatifs, la situation financière.
Donc, normalement, ce rapport-là devrait être correct.
Alors, si on
commence à dire : Bien là, fais-moi des changements, on permet de faire
des corrections, bien, à ce moment-là,
il faut absolument que le vérificateur soit mis au courant. Le vérificateur
peut être en désaccord avec certaines corrections,
là. L'état financier, il est audité. Lorsqu'on fait un travail d'audit
financier, on vient émettre un rapport. Il y
a beaucoup, beaucoup de travaux qui sont faits, et lorsqu'on émet le rapport et
ce rapport-là est déposé au conseil, c'est
que le vérificateur externe et le vérificateur général ont émis leurs rapports.
Ils ont fait tout le travail d'audit pour s'assurer que ça représente
significativement la situation financière.
Là,
on vient ouvrir une porte en disant : Bien, il peut y avoir des
corrections. C'est parce qu'on est... ce qu'on dit, c'est que c'est très dangereux. De un,
normalement, il ne devrait pas y avoir de corrections importantes et, à ce
moment-là, il faut que le
vérificateur soit mis au courant s'il y a des corrections, quelles qu'elles
soient. Mais normalement il ne devrait pas
avoir des... Nous, on émet une opinion en termes des normes comptables. Il ne
devrait pas y avoir de corrections, là.
M. Hardy :
...c'est dangereux qu'il y ait des corrections qui soient faites par le
trésorier.
Mme Galipeau
(Michèle) : ...le vérificateur ne soit pas au courant alors qu'il a
émis une opinion sur les états financiers.
Le Président
(M. Auger) : Merci. 15 secondes. Ce n'est pas suffisant?
M. Coiteux :
Si jamais un collègue veut poser la question... À la page 7 de votre
mémoire, là, vous avez des questionnements autour de la modification aux articles 573
à 573.3.4 de la Loi sur les cités et villes et le lien avec l'article 107.7.
Si vous avez l'occasion de clarifier ça, j'aimerais bien. Sinon, on s'en
reparlera.
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Nous allons maintenant poursuivre avec le porte-parole de l'opposition officielle, M. le député de René-Lévesque, pour les
neuf prochaines minutes et 30 secondes.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous quatre.
Bon,
vous avez parlé de votre... pas de votre interrogation, mais votre appréhension
de maintenant permettre des appels d'offres entre 25 000 $ et 100 000 $. Puis
pourquoi je veux qu'on aborde ça, c'est parce que... Bon, ce n'est pas la
première fois qu'on en parle, ça a été mis
dans les médias quand la disposition est apparue, et là on a vu des maires
contents de cette nouvelle disposition-là et on a vu des citoyens plutôt
sceptiques d'amener ce niveau-là. Tu sais, on sort de la commission Charbonneau, on a parlé, dans certains
cas, de corruption dans certaines municipalités. Et là les maires, tout de suite, ont dit : Bien là, attendez, on
n'est pas tous des comme ça, on n'est pas tous croches, faites attention, on
est capables de bien nous gérer. Puis je pense que ça a transcendé aussi
dans certaines discussions qu'on a eues avec les gens ici, notamment du milieu
municipal.
Ce
que vous nous dites, c'est que, si le projet de loi est plus d'autonomie, plus
de pouvoirs, dans le cas de cette nouvelle
disposition là, il faut que nos maires et nos mairesses soient capables aussi
de jouer dans la cour des grands de la gouvernance et de la reddition de
comptes. C'est ce que vous nous dites?
Mme Galipeau
(Michèle) : Absolument.
M. Ouellet : Donc, si on veut mettre la main sur cette disposition-là, il faudrait
être capable aussi, en contrepartie, d'être
capable de justifier le pourquoi de cette décision-là. Et, dans le cas de
l'exemple que vous nous donnez, justement, d'instaurer des mesures favorisant l'acquisition de biens et services
régionaux, c'est d'expliquer avant pourquoi on le fait. Comme ça, quand la décision, elle est prise, bien,
le soumissionnaire qui ne l'obtient pas, qui pose une question, va savoir
que, dans le cadre x, c'était déjà prévu,
tel qu'inscrit, qu'une municipalité peut, de gré à gré, procéder de cette
façon-là.
Mme Galipeau
(Michèle) : Un des éléments qu'on a ajoutés, qu'on a parlé justement,
c'est la rétroaction par rapport au
soumissionnaire qui n'a pas obtenu nécessairement la soumission. Même si on va
de gré à gré, on peut inviter plusieurs
soumissionnaires, là. Rien ne nous empêche de le faire, là. Je peux vous le
dire que je le faisais même comme vérificateur général, mais ce qu'on
dit, c'est qu'il faut donner rétroaction et être capable de justifier pourquoi
cette personne-là n'a pas eu le contrat, mais de justifier pourquoi
aussi on a fait ce choix-là. Ce n'est pas parce qu'on permet...
Aujourd'hui,
ce qu'on demande dans le projet de loi, ce qu'on met, c'est qu'on dit : On veut
donner plus d'autonomie, plus de
latitude aux villes parce qu'elles sont plus grandes. Puis effectivement, vous l'avez bien dit, nous, ce qu'on dit, c'est : Si vous voulez avoir plus d'autonomie, pas de
problème, mais il faut que vous puissiez rendre compte aux citoyens et de justifier le pourquoi
de vos décisions et de rendre compte aussi, de dire... par exemple, un des exemples que j'ai vus dans la loi sur les organismes publics, s'il y a des
excédents de plus que 10 %, de venir... de justifier certains contrats, donc de venir justifier et de venir
rendre compte aux citoyens. Parce qu'en bout de piste, du moins, je l'espère,
c'est... Je pense que le projet de loi, à la
toute fin, c'est qu'on vient mieux servir les citoyens. Alors, si on veut mieux
servir les citoyens, il faut qu'on rende compte aux citoyens de ce que
l'on fait des fonds publics. C'est hyper important.
Donc, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut mettre
des mesures de gouvernance en termes de contrat. C'est donc dire... de venir
justifier le choix que l'on a fait, s'il y a des dépassements, de venir
l'indiquer, de rendre compte de l'information puis de mettre des
balises, certaines balises puis pouvoir avoir l'information disponible.
M. Ouellet : Écoutez, sur la notion, est-ce qu'un trésorier peut
réécrire un rapport du vérificateur
général, ça n'a aucun sens.
Ça, je suis d'accord avec vous, là, c'est...
Mme Galipeau (Michèle) : En fait, le rapport du vérificateur général ne peut pas être réécrit par personne d'autre que le vérificateur
général.
M. Ouellet :
C'est ça, c'est ça. C'est votre compétence qu'on va chercher. C'est votre
opinion.
Mme Galipeau
(Michèle) : Mais, dans nos
normes comptables, je peux vous dire qu'à partir du moment où on utilise
le rapport du vérificateur général dans n'importe quel document, on doit
obtenir son approbation. Ce sont nos normes.
Et aujourd'hui, si on amène des correctifs, tu sais, ce qu'on
vient dire, c'est que le vérificateur qui a fait son audit et qui a émis une opinion, bien, on vient
dire : Écoute, il y a des
changements à apporter. Alors, le vérificateur, normalement, quand il a émis son opinion, selon lui, l'état
financier ou le rapport financier qui a été produit représente fidèlement la
situation financière dans tous les aspects significatifs. Alors, ça, c'est
important, là.
M. Ouellet :
Vous accordez une attention particulière au fait qu'au lieu que votre rapport
soit déposé, il soit approuvé. Selon vous... Pourquoi la nuance?
Mme Galipeau
(Michèle) : Aujourd'hui, les municipalités ont fait... c'est le trésorier qui a, je dirais,
la responsabilité sur ses
épaules de déposer le rapport financier. On veut donner plus d'autonomie aux municipalités,
et en matière de gouvernance, normalement, une entreprise va ou un organisme va autoriser
ses états financiers. Ça veut dire qu'il va falloir qu'il soit beaucoup plus... c'est une
grande responsabilité vis-à-vis le citoyen. Lorsqu'on autorise, ce n'est pas le dépôt.
On ne donne pas seulement
au trésorier, qui fait partie de l'administration municipale. Là, on donne au conseil municipal l'exigence...
Nous, ce qu'on recommande,
c'est qu'il autorise l'état financier. Moi, je peux vous dire qu'à Montréal
j'ai 18 paramunicipaux en plus de la ville de Montréal, mais les 18
paramunicipaux ont un conseil qui autorise leurs états financiers. Ça veut dire, on comprend l'état financier que l'on
a et on l'autorise parce que le conseil municipal, c'est l'instance suprême
dans une ville. Elle devrait autoriser son état financier.
M. Ouellet :
...accepte ce qui est à l'intérieur.
Mme Galipeau
(Michèle) : Je comprends ce qu'il y a dans l'état financier.
M. Ouellet :
Dans le cas de notre commission, je ne sais pas si vous avez pu suivre...
Mme Galipeau
(Michèle) : Je pourrais peut-être juste rajouter une chose. C'est qu'aujourd'hui
les conseils municipaux approuvent leur budget déjà
alors que le rapport financier vient
rendre compte, par rapport au budget, quels sont les résultats. Pourquoi il ne viendrait pas approuver ça et
pourquoi il ne viendrait pas expliquer aux citoyens que voici le budget que j'avais, voici les résultats que
j'ai obtenus et expliquer les variances importantes? Dans les municipalités,
aujourd'hui, on a des budgets, on a des
plans triennaux d'investissement, on a beaucoup de documents où on fait
beaucoup de promesses. Nous, ce qu'on dit : O.K., les promesses,
maintenant, il faut rendre compte par rapport aux promesses.
M. Ouellet : Lors de la commission, je ne sais pas si vous avez pu suivre tous les
travaux, mais on a rencontré plusieurs
groupes, puis un des groupes nous a parlé de l'opportunité que d'autres municipalités de moins de 100 000 soient assujetties au vérificateur
général. Ils soumettent la proposition de 34 000... en haut de 35 000
jusqu'à 100 000.
J'aimerais
vous entendre là-dessus. Qu'est-ce que vous en pensez? Parce que vous
parlez beaucoup de reddition de comptes, de gouvernance. On veut donner plus d'autonomie, et on sait
que le vérificateur général, par ses travaux, par la résultante, peut avoir un effet intéressant sur la
modification des comportements, mais aussi une certaine
reddition de comptes vers les citoyens sur certaines décisions qui ont
été prises par le passé et la conséquence sur l'état des finances de la municipalité.
• (15 h 40) •
Mme Galipeau
(Michèle) : Il est évident
pour nous que le vérificateur général, c'est un pilier de la gouvernance. C'est un rapport qui vient
rassurer le conseil municipal et les
citoyens quant à la gestion efficace, efficiente et économique des fonds publics. Mais je vous dirais, avant d'entreprendre...
puis il y a différents modèles, là, qu'on peut prendre pour augmentation
la gouvernance.
Mais
je vous dirais aujourd'hui, moi, comme représentante de l'Association des
vérificateurs généraux municipaux du
Québec pour les 10 plus grandes villes, je vous dirais, avant de faire ça,
depuis plusieurs années, l'association demande à avoir des modifications au niveau législatif. Et pour nous,
aujourd'hui, je vous dirais : Avant d'augmenter le nombre de vérificateurs généraux, et je ne peux pas vous
dire qu'on est contre ça, là, je vous dirais qu'il est important
d'apporter les modifications
législatives dans la loi actuelle pour donner aux vérificateurs généraux toute
la latitude pour pleinement remplir leur mission qui est de rassurer le
conseil municipal et les citoyens quant à la gestion efficace, économique et
efficiente des fonds publics.
M. Ouellet :
Combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Auger) : 1 min 30 s.
M. Ouellet : Écoutez, on aurait beaucoup de choses à redire
là-dessus, mais je veux juste prendre la balle au bond. Le ministre l'a dit à quelques reprises, parce que
ça fait plusieurs projets de loi que nous avons ensemble et nous abordons la façon d'améliorer le travail et les dispositions législatives qui touchent les vérificateurs généraux, son intention... je
ne veux pas lui remettre les mots dans la bouche, mais son intention,
c'est d'avoir, à un autre moment, ce genre de discussion
là qui pourrait être vue de façon plus globale. Oui, on pourrait parler des VG
dans d'autres municipalités, mais ce
que je vous entends, il y aurait d'autres dispositions et d'autres améliorations que nous
pourrions apporter. C'est ce que je comprends?
Alors, je
présume que l'intention et l'écoute du ministre est au même endroit aujourd'hui de ce qu'on a pu entendre et
qu'assurément nous pourrions nous revoir dans une autre disposition par rapport au vérificateur général. Ça serait votre
souhait.
Mme Galipeau
(Michèle) : Oui, puis je
crois que ce dont on vous parle aujourd'hui au niveau gouvernance et reddition de comptes doit être en parallèle avec le projet
de loi n° 122. On ne peut pas
donner plus d'autonomie sans apporter ces règles de gouvernance et reddition
de comptes là en même temps.
M. Ouellet : Donc, rapidement,
nous devrions travailler sur un projet de loi qui adresse ces questions-là et
qu'ensemble on trouve...
Mme Galipeau
(Michèle) : En parallèle,
les deux en même temps. Et, quand je dis je crois, là, nous croyons...
excusez-moi.
M. Ouellet : Nous croyons, oui.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Nous allons maintenant poursuivre avec le porte-parole de la deuxième opposition, M. le député de Blainville,
pour 6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci beaucoup,
M. le Président. Mesdames messieurs, merci. Quand même Montréal, Québec, Trois-Rivières,
Lévis, là, on a une bonne orientation du Québec, là.
Moi, je suis tout à fait d'accord avec vous, là, par rapport à la reddition de comptes. C'est sûr qu'un projet de
loi comme celui-là, qui fait passer
les contrats de gré à gré de 25 000 $
à 100 000 $, a un impact peut-être différent chez vos membres, mais un impact important. Et la même
chose pour la nouvelle façon d'aller en appel d'offres, là, parce que, là,
ce n'est plus le plus bas soumissionnaire,
puis c'est correct, on peut tous être en accord avec ça, mais il y a une
reddition de comptes à la fin, puis ça, ça m'inquiète depuis les tout
débuts, là.
J'ai regardé
le rapport de votre prédécesseur à Montréal, là, parce qu'il a souligné le
problème d'indépendance, puis je vois
que vous avez les mêmes préoccupations. Est-ce que vous sentez que vous avez la
pleine indépendance présentement?
Mme Galipeau (Michèle) :
Écoutez, je pense que tous les gens qui sont assis ici, en avant, veulent
beaucoup l'indépendance, mais au cours des années, certains vérificateurs
généraux ont vécu des choses qui ont touché leur indépendance. Et là ce qu'on
dit, quand on n'a pas...
Je vais donner... un des premiers dossiers qu'on
demande depuis des années, c'est le budget, les ressources suffisantes. En donnant pleinement toutes les
ressources nécessaires, je dirais, un plancher à 300 000 $, pour une
grande ville, pour faire l'audit d'optimisation,
l'état financier, l'audit d'états financiers de conformité aux lois, il faut
comprendre que nous avons le même
rôle. Québec est un pilier à ce niveau-là, là, en termes de gouvernance, avec
les vérificateurs généraux municipaux
par rapport... On a le même rôle que le Vérificateur général du Québec et le
Vérificateur général du Canada, mais
par contre il faut que nous ayons... Nous, on a des obligations à faire. En
audit financier, on fait les mandats. Par la suite, on regarde les fonds
qu'il nous reste. Il faut voir qu'est-ce qu'on a de disponible.
On a
l'indépendance, mais, au cours des années, nos collègues et même moi, là,
j'étais à Laval avant, on a vécu des
situations où on a interprété la loi différemment, et ça, quand les
vérificateurs généraux doivent se battre à coup d'avocats avec les fonds publics pour défendre leur
indépendance... ce qu'on voudrait aujourd'hui, c'est que les modifications
soient apportées à la loi pour donner pleinement... il n'y ait aucune
source d'interprétation différente.
Vous parliez
de mon prédécesseur, mais mon prédécesseur, je veux dire, c'est public, a
vécu des choses où il a été... des
caméras, ses courriels, des choses qui sont inadmissibles. Tout ce qu'on veut,
c'est que... le vérificateur général, c'est un
pilier de la gouvernance, et il est là pour rassurer le conseil municipal
et les citoyens. C'est son rôle, mais laissons-le faire son travail avec tous les remparts, tous les
garde-fous pour qu'il n'y ait pas d'interprétation et qu'on puisse faire notre
travail en paix pour sept ans. On est là pour sept ans.
M. Laframboise : Vous avez tout à fait raison, parce que
je regarde, là, entre autres le
rapport de votre prédécesseur, là,
bon, il a fait des recommandations, les suivis. Ma question : Avez-vous le personnel? Tu sais, c'est la même chose que la Vérificatrice générale
du Québec. Elle, elle fait sa recommandation, mais elle, après ça, elle peut dire : Je vais faire une enquête et j'envoie mon personnel pour faire
le suivi. Là, vous, je ne suis pas sûr que vous êtes capables de tout faire
la même chose.
Mme Galipeau (Michèle) : Moi, à
Montréal, c'est différent, là, j'avais un beaucoup plus gros budget. Il faut
comprendre tout ça, là, mais, si je parle de ma collègue de Trois-Rivières à côté
de moi, là, écoutez, un plancher à 300 000 $
pour faire le même métier que moi, moi qui ai un budget de près de
6 millions, on va se le dire, bien, ce n'est pas acceptable, là.
Elle a le même métier que moi, là, aujourd'hui.
Mme Cossette
(Andrée) : On demande un
budget minimum plus élevé pour être en mesure d'avoir les ressources
nécessaires pour bien faire notre travail. Ce sont les mêmes obligations. Qu'on soit à Trois-Rivières ou à
Montréal, les obligations sont les mêmes.
M. Laframboise : Et d'être capable de faire le suivi, lorsque vous ciblez un problème,
de dire : Bon, bien là, oui, mais il faut que j'aie les ressources
pour être capable de faire le suivi. Sinon, ça devient quelque chose qui
fait...
Puis
c'est ça qui est inquiétant, dans le sens où... puis je l'ai dit, ce n'est pas la première fois, là, depuis le début de
l'audition de témoins, c'est de dire : Ça nous prend une contrepartie. Là,
vous, vous nous dites : C'est la reddition
de comptes, puis c'est ça que ça prend... parce que
nous, pour qu'on dise aux citoyens maintenant : Bien là, les contrats, c'est de 25 000 $
à 100 000 $. Drummondville, là, ça va être 47 %, puis avant,
c'était aux alentours d'un petit peu moins que 30 %. Ça, ça veut dire que tu as 20 % des contrats qui évidemment
vont pouvoir se donner de gré à gré. Il faut être capable de... S'il y a un problème, ce n'est pas tout le
monde que... Vous, vous avez le BIG à Montréal, là, puis, au pire, vous pouvez
peut-être faire un téléphone, puis appeler le BIG, puis dire : Je pense
qu'il y a un problème, là, parce que...
Mme Galipeau
(Michèle) : ...exemples qui ont sorti dans les journaux, un élément
qui a été fait par mon prédécesseur
sur les contrats de déneigement, où le vérificateur général voyait
potentiellement... a fait un mandat et, à la fin, a dit : Il y a potentiellement des éléments
de collusion... et donné à BIG. Mais pas tout le monde a les moyens d'avoir
un BIG. On va s'entendre, hein, on va se le dire.
Et
l'élément que M. le ministre parlait précédemment, sur la portée, là, du 573 à
573.3.4, c'est la même réalité pour
BIG, là. Il y a la même disposition que moi, là. Donc, ça, ce n'est pas tout le
monde qui a ces moyens-là financiers.
Par
contre, le Québec a dit qu'il voulait des vérificateurs dans une loi il y a
plus de 15 ans, des vérificateurs généraux municipaux pour les villes de 100 000 et plus, et, depuis 15 ans,
le plancher n'a pas varié. Le coût de la vie a changé, on va se le dire,
et on donne... On a tous le même métier.
M. Laframboise : Et si la Vérificatrice générale... parce que j'étais là, elle nous
disait qu'elle n'avait pas les budgets même
pour pouvoir être capable d'aller chercher du personnel, parce qu'elle trouvait
qu'elle avait des contraintes. Donc, si
elle, elle en a, des contraintes, vous avez sûrement des contraintes à avoir du
personnel dans chacune de vos boîtes, là. Parfait. Donc, merci beaucoup,
messieurs dames.
Le Président
(M. Auger) : Mmes Galipeau et Cossette, MM. Denis et
Samson, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la commission.
Je vais suspendre
quelques instants pour permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à
15 h 49)
(Reprise à 15 h 51)
Le
Président (M. Auger) :
Nous reprenons nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants de l'Alliance Ariane. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre présentation, et, par la suite, nous
procéderons à une période d'échange
avec les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous
identifier, et, par la suite, vous pourrez commencer votre exposé. Donc,
à vous la parole.
Alliance Ariane — Pour une politique nationale de
l'aménagement du territoire et de l'urbanisme
Mme Robin
(Jeanne) : Bonjour. Alors,
merci de nous accueillir ici. Donc, je suis Jeanne Robin. Je coordonne
les travaux de l'Alliance Ariane qui regroupe des experts et des organisations,
je dirais, passionnés par les questions d'aménagement du territoire et qui ont
à coeur qu'elles deviennent une priorité au Québec. Je suis accompagnée de
Mme Marie-Odile Trépannier qui est urbaniste émérite et membre du comité
directeur de l'Alliance Ariane.
Les points qu'on va
vous présenter aujourd'hui sont le fruit du travail de plusieurs organisations
membres de l'Alliance, et donc ce mémoire est soutenu à la fois par la
Fondation David-Suzuki, Héritage Montréal, l'Ordre des architectes du Québec,
le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec,
l'Union des producteurs agricoles et Vivre
en Ville ainsi que par Clément Demers et Marie-Odile Trépanier qui sont
également membres du comité directeur de l'Alliance Ariane.
Alors,
l'Alliance Ariane était particulièrement intéressée par le projet de loi
n° 122 qui, pour nous, s'inscrit dans la redéfinition des relations
entre l'État et les municipalités, qui est un dossier d'intérêt pour l'Alliance
Ariane puisque l'État et les municipalités se partagent la compétence de
l'aménagement du territoire. Donc, c'est pour ça qu'on l'a consulté avec attention. Vous verrez que les
points qu'on va porter à votre attention aujourd'hui concernent principalement
des éléments qu'on suggère d'ajouter dans
les attendus du projet de loi et puis des points sur ce qui devrait constituer
la suite, une fois que ce projet de
loi sera adopté, donc davantage en contexte et puis des étapes ultérieures.
Pour les points de détails, un certain nombre d'organisations de
l'alliance ont présenté ou présenteront des mémoires distincts.
Donc,
je voudrais commencer avec trois principes qui sont présentés dans notre
mémoire. Donc, tout d'abord, considérant
qu'il s'agit de reconnaître les municipalités comme gouvernements de proximité
et de redéfinir la relation de l'État
avec ces organisations, l'Alliance Ariane suggère de réaffirmer le caractère
partagé de la compétence d'aménagement du territoire, et cela, dès le
préambule du projet de loi pour, c'est ça, le reconnaître comme compétence
partagée.
Au niveau des
principes d'encadrement de la loi, l'Alliance Ariane recommande également de
reprendre certains des éléments qui
ont déjà figuré dans le projet de loi n° 47 qui devait réviser la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et qui
établissait clairement que les nouvelles prérogatives et les nouvelles compétences
données aux municipalités devaient s'inscrire
sous l'égide du développement durable. Donc, on recommande, là encore,
d'insérer, dans le préambule ou dans un
nouvel article 1, une référence explicite aux principes énoncés dans la Loi sur
le développement durable, qui fait partie de l'arsenal législatif de l'État québécois et qui serait utile pour
expliciter, disons, les intentions de l'État dans ses relations avec les
municipalités en tant que gouvernements de proximité.
Par ailleurs,
l'Alliance Ariane a regardé avec attention toutes les mesures qui sont
contenues dans le projet de loi. Il
nous apparaît que ces mesures-là vont avoir divers effets et il importe de
mesurer ces effets-là. On va reconnaître des nouveaux pouvoirs, on va modifier la reddition de comptes des
municipalités, on va changer les relations
des municipalités avec l'État,
mais aussi avec leurs citoyens, et, à
notre avis, c'est important
de pouvoir faire un exercice d'évaluation de ces effets-là
par rapport à l'application des principes du développement durable, par exemple, par rapport aux objectifs de la loi elle-même, par rapport aux
effets sur la démocratie municipale.
Donc, c'est
pour ça qu'on suggère de préciser dans les attendus que l'État,
les gouvernements de proximité, la
société civile participeront à une
évaluation quinquennale des effets de cette loi-là qui est fondatrice pour les
gouvernements de proximité. Et on
suggère également qu'il y ait la création d'un observatoire de la gouvernance
de proximité, qui serait chargé, en
fait, de permettre cet exercice quinquennal là, puisqu'on sait qu'un exercice
quinquennal, ça se prépare dans les cinq années précédentes, finalement.
Donc, c'est
nos suggestions en ce qui concerne les principes qui devraient encadrer la loi.
Après, on a un certain nombre de recommandations un petit peu plus
précises sur des éléments du projet de loi.
D'abord, ce
projet de loi crée les gouvernements de proximité. Il assume donc que les
municipalités sont un nouvel ordre de
gouvernement, et l'Alliance Ariane est d'avis que ça doit venir, cette
reconnaissance-là, avec une amélioration, en tout cas, un renforcement de la démocratie locale qui, pour le
moment, est... cet objectif de renforcement là ne se lit pas clairement dans le projet de loi. Donc, on suggère
de prévoir des mécanismes plus forts, plus précis et de commencer par
l'affirmer dans les attendus que maintenant que les municipalités sont
redevables envers leurs citoyens et non plus seulement envers le gouvernement,
il faut que la démocratie locale soit renforcée.
On a
également une proposition, où il y a un élément de la loi qui touche la
protection du territoire agricole, pour lequel on recommande de ne pas passer outre la Commission de protection
du territoire agricole, mais plutôt de modifier... en fait, de ne pas passer outre ses
recommandations par un décret gouvernemental, dont on trouve que ça élargit
trop le pouvoir discrétionnaire, mais de passer plutôt par une révision
de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles et de
définir précisément les éléments qui devraient être exclus de la compétence de
la CPTAQ. C'est nos recommandations 8 et 9.
J'en arrive à
un point plus fort en matière de participation de la société civile aux
pratiques d'aménagement du territoire,
à la définition des orientations gouvernementales en aménagement du territoire.
L'Alliance Ariane a pris acte que,
dans le projet de loi, le gouvernement reconnaît les municipalités comme
vis-à-vis dans l'élaboration des orientations gouvernementales et s'engage donc, à cet effet, à les consulter à
l'occasion de l'élaboration des orientations gouvernementales en
aménagement du territoire.
Ça nous
apparaît essentiel que les instances municipales et leurs représentants soient
consultés, mais on recommande que
cette consultation-là ne s'arrête pas aux représentants des municipalités, mais
aille au-delà, auprès de la société civile, parce que l'aménagement du territoire a des effets considérables sur
divers enjeux, et que, donc, plusieurs organisations ont une expertise à livrer et devraient donc être
consultées à cet effet-là, et qu'à notre avis il doit y avoir un vrai exercice
de consultation, un exercice public
transparent et ouvert dans la définition des orientations gouvernementales en aménagement du territoire. On est en train de
vivre cette redéfinition-là, et actuellement, justement, il y a une intention
de consultation de la part de divers
ministères, qu'on salue, d'ailleurs, et on pense que ça, ça devrait être
inscrit précisément dans la loi.
• (16 heures) •
J'en arrive au dernier point de notre mémoire,
qui est l'appel à la définition d'une politique nationale de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme au Québec. En fait, une fois les municipalités
reconnues comme des gouvernements de proximité,
à notre avis, il reste deux chantiers à ouvrir pour l'État. D'abord, s'assurer
de la contribution des municipalités
à l'atteinte des grands objectifs du Québec, hein? On pense à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, à
l'amélioration de la santé, bon, la protection du territoire agricole. En tout
cas, il y a beaucoup d'objectifs que se fixe l'État et qui dépendent de la participation et de l'implication des
municipalités, et ça, à notre avis, c'est nécessaire d'ouvrir un réel chantier là-dessus et ça ne peut
passer que par une politique nationale qui permettrait à tous ces acteurs-là
de travailler ensemble. En fait, les
municipalités, ce projet de loi là fait en sorte qu'elles n'auront plus une
reddition de comptes sur... en tout
cas, une reddition de comptes moins forte vis-à-vis de l'État sur les moyens utilisés. Donc, on pense
que ça veut dire qu'il faut aller vers davantage une reddition de comptes par
rapport aux résultats attendus et que ce chantier-là, il est à ouvrir.
Et puis
l'autre chantier qu'il est nécessaire d'ouvrir, c'est un engagement de l'État,
de l'ensemble de ses ministères et organismes
à établir une meilleure cohérence dans l'ensemble des actions d'aménagement du territoire
et une meilleure cohérence à la fois des actions de l'État entre elles
mais aussi vis-à-vis des orientations des municipalités locales, et notamment en ce
qui concerne la localisation des
édifices et des activités gouvernementales. En fait, l'État est un très gros
acteur d'aménagement du territoire, c'est un très gros acteur immobilier. Les
décisions de l'État ont une influence essentielle
et structurante sur l'organisation du territoire des municipalités, sur les besoins de transport, sur l'accès aux
services, et en raison de cette importance-là on croit qu'il faut absolument
réfléchir avec une vue d'ensemble et donc se doter d'une politique
nationale de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Je vous remercie.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation.
Nous allons poursuivre avec la période d'échange. M. le ministre, pour
16 minutes.
M. Coiteux :
Oui. Merci beaucoup. Peut-être que je vais commencer par le dernier point de
votre... ce n'est pas dans le projet de loi, mais vous avez noté que,
dans le projet de loi, à tout le moins on a l'intention, et on le met dans la
loi, de consulter les municipalités sur les nouvelles orientations
gouvernementales en matière d'aménagement du territoire.
On va faire un exercice très important, là, au cours des prochains mois à cet
effet. Ça va être quelque chose de probablement aussi important pour ses
impacts à moyen et long terme que le projet de loi n° 122 lui-même. Je
pense qu'il faut prendre les choses ensemble
pour voir qu'est-ce qu'on va faire au cours des deux prochaines décennies,
disons, en la matière.
Alors,
j'aimerais vous entendre un petit peu plus sur cette question de la politique
nationale de l'aménagement du territoire.
Comment vous voyez ça? D'abord, qu'est-ce que ça pourrait nous permettre
d'accomplir, au-delà de ce que vous
voyez être les conséquences probables du projet de loi n° 122, d'une part,
puis d'un exercice ambitieux de renouvellement des OGAT?
Mme Robin
(Jeanne) : Bien, d'abord, l'objectif d'une politique nationale...
Bien, je veux déjà préciser que, bon, c'est le mandat principal de
l'Alliance Ariane que le Québec se dote d'une politique nationale de
l'aménagement du territoire et de
l'urbanisme, là. Donc, au moment de sa création, l'Alliance Ariane a élaboré ce
qu'on a appelé une déclaration pour
une politique nationale de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme qui
établit un certain nombre de principes
sur lesquels devrait s'appuyer cette politique-là. Et cette déclaration-là,
après avoir été rendue publique, a été signée par à peu près
2 000 personnes, dont je dirais que l'essentiel sont des
professionnels de ce domaine-là ou des personnes
qui se sentent particulièrement concernées par ces éléments-là, que ce soient
des médecins, par exemple, ou des acteurs environnementaux, à titre
d'exemple.
Donc, cette
politique-là, l'Alliance Ariane n'est pas la seule à l'appeler de ses voeux. Il
y a un grand nombre de personnes au
Québec qui jugent important d'accorder davantage de priorité à l'aménagement du
territoire et à l'urbanisme. Donc, le
premier objectif d'une politique, ce serait de se donner une vision et que
cette vision-là soit reconnue et partagée par l'ensemble des acteurs à l'issue d'une réflexion conjointe, donc
vraiment de se dire qu'est-ce qu'on veut faire de notre territoire et
voici ce qu'on s'engage à faire pour notre territoire. Ça, c'est le premier
point.
Après, il y a
un grand nombre, actuellement, d'organismes, de ministères gouvernementaux mais
aussi de différents acteurs sur le terrain qui font de l'aménagement du
territoire sans le savoir. Bon, le ministère des Transports fait de l'aménagement du territoire, et je pense que,
maintenant, il le sait. Mais, par exemple, le ministère de l'Éducation en fait
également avec les choix de localisation des écoles, avec les différentes
politiques. Même les politiques éducatives contribuent
à faire de l'aménagement du territoire en modifiant la taille des écoles, en
modifiant les bassins de desserte, par
exemple. Le ministère de la Culture fait de l'aménagement du territoire avec
les programmes de soutien et le fait que, par exemple, il finance la création de bibliothèques en intégrant ou pas
des critères de localisation qui peuvent faire en sorte que ces bibliothèques-là vont se trouver sur
le bord d'une autoroute ou se trouver au coeur d'un quartier. La Société
des alcools du Québec fait de l'aménagement
du territoire en délocalisant... en fait, je dirais, défait de l'aménagement
du territoire, plutôt, en délocalisant
actuellement certaines de ses succursales pour les enlever de rues principales
et les amener plutôt dans des zones commerciales périphériques. Donc,
tous ces acteurs-là qui font de l'aménagement du territoire sans le savoir
doivent être convoqués dans un exercice
national pour mettre en cohérence leurs actions parce que sinon on se
retrouve toujours à défaire d'une main ce qu'on a fait de l'autre.
Et l'Alliance
Ariane a travaillé avec de nombreux acteurs sur des ébauches de chantiers puis
dans certains cas, des ateliers qui
ont réuni un grand nombre de professionnels de différentes origines, et c'est
une réflexion fréquente que l'État ne
respecte pas toujours les propres orientations qu'il se fixe, que ce n'est pas
toujours le meilleur élève dans une municipalité.
C'est parfois justement les acteurs gouvernementaux qui vont aller à l'encontre
à la fois des orientations gouvernementales
en aménagement et puis des orientations locales aussi des objectifs de la
municipalité. Donc, c'est des éléments qui permettraient d'être résolus
par une politique nationale.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
Merci. Je vous amènerais... On va rester dans les grandes questions. Je pense
que c'est à ce niveau-là que
j'aimerais que l'on discute plutôt que d'articles spécifiques, en tout cas pour
l'instant. S'il nous reste un peu de temps, on ira sur des articles
spécifiques. Il nous reste 11 minutes.
Vous avez
parlé de la démocratie municipale, donc de tout ce qui peut permettre d'animer
encore davantage la démocratie
municipale. Il y a un objectif, hein, dans ce projet de loi là... je ne sais
pas s'il est évident pour tout le monde, mais il y a un objectif de l'animer davantage. Vous avez dit que ce
n'était pas évident pour vous. Je pense que vous avez dit ça. Mais il y a le pari qui est ici fait que,
justement, en donnant plus d'autonomie, en donnant plus de capacités
décisionnelles qui ne passent pas par le paternalisme du gouvernement du
Québec, qui ne passent pas par des normes mur à mur, nationales
imposées par le gouvernement du
Québec, des modèles uniques... il y a ce pari que, justement, les citoyens
des villes vont moins systématiquement venir
faire pression sur les élus provinciaux pour obtenir des résultats dans les
municipalités et davantage s'impliquer dans la vie démocratique de leurs
municipalités, dans le fond, pour demander à
leurs élus municipaux de prendre des grandes orientations, de prendre des
grandes décisions, d'établir des politiques pour leurs villes. C'est vrai en matière
d'aménagement du territoire, c'est vrai en matière d'urbanisme, c'est vrai en
une série de matières. Il y a cet espoir-là, il y a ce pari-là.
Et
puis on a différents groupes qui viennent, là, ces jours-ci, dans nos consultations, et je sens qu'il y a encore un peu de résistance à ça de certains groupes qui
reviennent à dire : Bien, non, on ne peut pas confier la possibilité aux villes de faire ça, il faut que
ce soit le gouvernement qui établisse, par une loi, une norme, il faut que ce
soit partout pareil, il faut que ce
soit le même modèle, il faut qu'il y ait des exigences, il faut que la
reddition de comptes soit uniforme, il faut
que le gouvernement reste en contrôle. Je sens encore ça beaucoup. Moi, je
pense qu'on est rendus à un point où je pense qu'on va animer davantage la démocratie municipale si on fait
confiance aux villes. Parce que, si on fait confiance aux élus municipaux, on fait confiance aux
citoyens ensuite pour pas juste faire pression, mais s'impliquer localement
dans la politique locale. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Moi, c'est le
pari que je fais.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Trépanier.
• (16 h 10) •
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui. Je n'ai pas lu tous les mémoires, mais il y a eu
beaucoup de propositions qui ont été
faites dans différents mémoires. Vous dites «faire confiance aux élus», je ne
pense pas que ça correspond au climat
social actuel et je pense que ça a été mentionné dans les journaux récemment.
On lit de plus en plus d'articles dans les journaux, d'éditoriaux qui
disent : Donner carte blanche aux élus, c'est donner carte blanche aux
promoteurs, par exemple. Ce n'est pas moi qui dis ça, là, c'est écrit dans les
journaux.
Alors,
il me semble qu'au lieu de juste dire «faire confiance aux élus», vous pourriez
aussi dire «faire confiance et aider
les citoyens à entrer en contact avec les élus et à suivre les élus». Aider les
citoyens, c'est peut-être leur donner un peu plus d'outils, un peu plus
de moyens pour rejoindre les élus. Alors, bon, il y a plein de propositions qui
ont été faites.
Ce qui est décevant
dans le projet de loi, bon, on le sait, c'est toute la question du référendum,
l'abolition du référendum dans Québec,
Montréal. Ce qui est choquant pour les citoyens, c'est qu'il n'y a pas de
justification, il n'y a pas d'explication
et il n'y a pas de mécanisme alternatif. Alors, qu'est-ce que ça veut dire? Le
maire a pris la parole, il nous a
dit : On a l'office. Oui, mais il y a juste Montréal qui a l'office, un.
Puis, deux, l'office, quand est-ce qu'on fait appel à l'office? Tout ça est aléatoire, on ne le sait
pas, on ne le sait pas quand on fait affaire à l'office. Il y a quelques règles
de base dans la loi ou dans les
règlements, mais, si on enlève le référendum, qu'est-ce qui va se passer par
ailleurs? Comment va se rétablir
l'équilibre? C'est ça, le problème, là. C'est que vous enlevez beaucoup de
contrôle sur les élus, mais on ne voit pas le rééquilibrage des pouvoirs
qui est fait. On ne le sent pas, ça.
Alors,
on n'a pas des réponses précises, mais on pense qu'on devrait aller plus loin.
Et ce n'est pas clair, l'objectif de
la loi. Est-ce que c'est juste enlever des contrôles administratifs mais sans
toucher à la démocratie — ce qui n'est pas le cas?
Est-ce que c'est créer des véritables gouvernements? Ça, créer des véritables
gouvernements, là, c'est quasiment un changement
constitutionnel. Vous savez ce qui se passe dans d'autres pays quand il y a des
changements constitutionnels? Il y a des référendums. Alors, pourquoi
est-ce qu'on ne fait pas un peu plus d'efforts pour rejoindre les citoyens pour
expliquer, pour leur donner des outils? Mystère.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Coiteux :
On est restés à un niveau général pour l'instant, je vais vous amener à un
niveau plus spécifique qui est sur la
divulgation, la transparence dans la divulgation des informations, l'accès aux
informations concernant les villes,
les projets de règlement, les avis de motion, etc. Donc, vous avez remarqué
qu'il y a un certain nombre d'outils qui
sont donnés aux villes à cet effet mais aussi des obligations de divulgation
dans le projet de loi. Comment vous voyez ça?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Robin.
Mme Robin
(Jeanne) : Bien, je pense que, là-dessus, justement, le fait de créer
un observatoire de la gouvernance de proximité et s'assurer à faire un
bilan quinquennal des effets de cette loi-là est particulièrement important
parce qu'il y a plusieurs propositions qui
visent à améliorer la divulgation d'information. Les mesures qui sont proposées
vont certainement améliorer certains effets, là, mais est-ce qu'on va
priver certains pans de population de l'accès à une information? Est-ce que les municipalités vont choisir les bons
vecteurs? Est-ce qu'elles ont l'expertise? Est-ce que tous les outils sont là? Je pense que, là-dessus, il
faut, en tout état de cause, se donner les moyens de suivre les effets de ces
mesures-là. Je pense qu'il y a un grand nombre
de chercheurs compétents au Québec qui sont capables d'apporter leur
vision là-dessus puis leur oeil acéré et expert pour suivre les effets de la
loi sur ce plan.
M. Coiteux :
Est-ce que...
Le Président
(M. Hardy) : Quatre minutes.
M. Coiteux : On a encore quatre minutes? Par exemple
la question des avis, des avis publics, là, qui, dans une
loi très, très ancienne, oblige à aller
publier dans les journaux plutôt que
par des moyens plus... d'abord, par d'autres moyens possibles, là, s'il
y a d'autres plateformes qui existent, notamment sur Internet. Comment vous
voyez ça?
Mme Robin
(Jeanne) : Je dois vous dire que, là-dessus, le comité directeur de
l'Alliance Ariane ne s'est pas penché sur cet élément-là précis.
M. Coiteux :
D'accord. Un dernier sujet peut-être, en ce qui me concerne, à moins qu'un
collègue ait une question. Vous avez
brièvement parlé de la question des articles de la loi qui touchent aux
compétences de la CPTAQ sur certains domaines.
Je sais que l'UPA... je pense, c'est l'UPA, qui fait partie de votre alliance,
on les a rencontrés de façon spécifique, ils sont venus ici de façon spécifique, puis on a eu des échanges à cet
effet juste pour bien établir que l'objectif de ces modifications-là, d'abord, c'était vraiment des
aspects très circonscrits de la Loi sur la protection du territoire agricole,
ça touchait, loin de là, à l'ensemble et que
c'était vraiment dans un objectif de faciliter la vie notamment des
agriculteurs, par exemple en
permettant de façon beaucoup plus simple, et rapide, et moins tatillonne sur le
plan administratif que le conjoint ou
la conjointe d'un agriculteur puisse, dans le domicile, sur la ferme, avoir une
activité professionnelle. Bon, alors,
ça, c'est des éléments qu'on facilite dans les articles qui sont proposés. Et,
d'autre part, autant l'UPA que la CPTAQ nous disaient : Écoutez, en ce qui concerne ces usages non
agricoles en zone agricole qui sont portés, finalement, à l'attention et à la décision de la CPTAQ, il y en a toute une
série, on nous a dit. On nous a parlé d'une liste qui, dans le fond, n'aurait
pas besoin d'être présentée à la CPTAQ.
Alors, on est
en train de parler avec les parties prenantes de ça pour dresser cette liste-là
parce que je pense que l'élément qui soulevait
peut-être des inquiétudes, c'est qu'est-ce qu'il y aura dans cette liste-là,
qu'est-ce qu'il y aura dans ce
règlement-là, si le règlement est la voie de suivi, mais ça peut être tout
simplement mettre dans le corps de la loi la liste de ces activités-là. C'est supposé faire l'affaire
de tout le monde. Donc, les objectifs qui sont poursuivis dans ces articles-là
ne sont nullement de remettre en question la
protection du territoire agricole, mais de faciliter la vie des gens qui vivent
en milieu agricole, essentiellement, sans renier la protection.
Je ne sais pas si ça vous rassure comme
alliance. Je voulais simplement partager ça avec vous parce que peut-être que
vous avez eu l'écho ou pas de cette discussion-là qu'on a eue avec l'UPA et
avec la CPTAQ.
Mme Robin
(Jeanne) : Bien, écoutez,
c'est sûr que la consultation des parties
prenantes fait partie des recommandations apportées par l'Alliance
Ariane. Maintenant, en ce qui concerne la réalisation d'activités autres qu'agricoles sur le territoire agricole, ça
dépasse un petit peu la question de la CPTAQ, qui est là vraiment
pour protéger la zone agricole et les
activités agricoles, enfin, la loi puis son bras de la CPTAQ, mais on parlait
de se donner une vision pour
l'aménagement du territoire. Puis il ne faut pas oublier que tout ce qu'on
interdit en zone agricole, ça veut dire qu'on l'oriente ailleurs, et donc on l'oriente en réalité vers les coeurs
villageois, vers les noyaux villageois existants. Donc, en concentrant, en réservant la zone agricole à des
activités purement agricoles ou
vraiment très proches, associées, comme ça se fait déjà et comme ça se dessine
un peu plus dans l'avenir, bien, on favorise quand même le renforcement
de noyaux villageois. Donc, c'est loin
d'être anodin, en fait, d'alléger les exigences de la Loi sur la protection du
territoire agricole, c'est loin d'être anodin pour les conséquences sur
le territoire.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps alloué au
gouvernement est passé. Maintenant, je cède la parole à l'opposition
officielle pour 9 min 30 s. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le nouveau Président. Bien, bonjour, mesdames. Écoutez, le ministre a fait beaucoup mention de ce projet de loi là comme
étant quelque chose de nouveau et qu'on n'avait jamais vu depuis plusieurs
années en matière de politique municipale.
Avec ce projet de loi là, on semble tourner un nouveau chapitre de la politique
municipale. Mais, quand je lis votre
mémoire, quand je vois les recommandations que vous nous faites, j'ai
l'impression que, si on prend juste
la tendance de dire «faites confiance aux élus», «faites confiance aux gens qui
les élisent», ça nous amène dans un
drôle d'abîme qui va nous amener que la démocratie locale ne sera plus saine.
C'est un peu la perception que j'ai.
Alors, vous
les mettez dans votre mémoire, certains vecteurs qui vont nous permettre
d'évaluer si ce qu'on fait aujourd'hui
aura la portée, et les conséquences, et surtout les résultats qu'on devrait avoir.
Vous placez la démocratie locale comme
étant la pierre angulaire de la réussite de cette délégation de pouvoirs et
cette délégation d'autonomie, et la façon d'y arriver, c'est d'abord d'évaluer si ce qu'on fait en démocratie
locale est bien fait et pourrait être amélioré. Donc, votre observatoire serait une organisation indépendante
pour, je vous dirais, donner des orientations sur l'impact qu'auront eu les différentes dispositions que nous avons mises
de l'avant. Comment pourrions-nous les améliorer, mais surtout — et c'est
là que je veux vous entendre — comment ces dispositions-là auront amélioré
la démocratie locale dans les municipalités? Est-ce que je comprends
bien que c'est ça que vous voulez qu'il se passe?
Le Président (M. Hardy) : Mme Robin.
• (16 h 20) •
Mme Robin
(Jeanne) : Oui, effectivement, l'objectif de l'observatoire, c'est,
vous l'avez bien compris, d'être une
organisation indépendante, de pouvoir faire des recommandations, de s'assurer
de réunir l'information nécessaire pour évaluer le succès de la loi en
matière de démocratie locale. C'est difficile d'établir le cahier des charges
de cet observatoire-là, d'abord tant que la loi n'est pas votée puis qu'on ne
sait pas exactement ce qu'elle recourt, là. Il y a peut-être des modifications qui vont être apportées. Puis c'est
difficile de le faire d'autant plus que, si on a demandé la création d'un observatoire, c'est notamment parce
qu'on n'était pas en mesure, en tout cas dans le temps imparti pour le travail sur le projet de loi, là, pour la
réflexion sur le projet de loi, d'établir précisément les éléments qui
devraient être évalués parce qu'il y a vraiment beaucoup de choses dans
cette loi-là.
Et
c'est pour ça qu'on s'est dit : Si nous, autour de la table, qui
réunissons plusieurs compétences, plusieurs organisations,
on n'est pas en mesure, rapidement, de dresser une liste des objectifs à
atteindre avec la loi, des moyens que
cette loi donne pour y parvenir puis des résultats attendus, c'est qu'on a
besoin d'une expertise plus forte et donc d'une organisation comme un
observatoire. Je ne suis pas sûre de répondre à votre question.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Je pourrais ajouter que ce n'est pas juste une
question de démocratie, là. Toutes les
mesures fiscales, économiques, financières qui sont introduites dans la loi,
comment ça va s'appliquer? Est-ce que ça va générer d'autres problèmes? C'est des changements majeurs qui sont
apportés alors que ça fait 100 ans, 150 ans qu'on a des créatures de la province et maintenant on
change les choses. Alors, c'est un suivi qui devrait être fait, qui est normal
et qui est sain, à notre avis.
M. Ouellet : Pour avoir de l'autonomie ou des pouvoirs, dans le projet de loi on a l'impression qu'on donne des choses aux municipalités et, dans certains cas, on leur en enlève. À
votre avis, à votre connaissance, qu'est-ce qu'on enlève aux citoyens
dans ce projet de loi là et qu'est-ce qu'on leur donne pour améliorer la démocratie
locale?
Le Président
(M. Auger) : Mme Trépanier.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui. Je pense qu'on a déjà abordé cette question-là
avec le ministre. C'est sûr qu'on
leur donne des moyens d'information, qu'on facilite l'information, donc il y a
des éléments qui sont positifs de ce point de vue là, mais on leur
enlève aussi des moyens de s'exprimer, notamment en matière d'urbanisme.
M. Ouellet : Et, selon vous, qui y gagne, présentement, dans la démocratie locale?
Est-ce que ce sont les gens qui sont élus ou les gens qui choisissent de
les élire?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Qui choisissent?
M. Ouellet : Les électeurs. Selon vous, là, dans le projet de loi, là, en
question... parce que vous parlez beaucoup, dans votre mémoire, de l'importance de la démocratie locale, de la faire
vivre, de la faire grandir. Ce que je veux savoir, c'est, quand vous avez regardé de façon
transversale ce projet de loi là, est-ce que ce sont les élus qui y gagnent ou,
selon vous, ce sont les citoyens qui élisent les élus qui sont gagnants
là-dedans?
Mme Robin
(Jeanne) : Bien, vous savez, on est un peu tous dans le même bateau,
de toute façon, sur notre territoire, la
façon dont tu l'utilises, la façon dont on gère une ville. Au final,
l'objectif, ce n'est pas de déterminer qui est gagnant et qui est perdant. Ce qui est sûr, c'est que, nous, ce qu'on
cherchait un petit peu dans le projet de loi, c'étaient des garanties de recherche de l'intérêt collectif,
et actuellement on ne les trouve pas suffisamment. Et c'est pour ça qu'on
a proposé notamment d'établir des principes
au départ, par exemple en lien avec la Loi sur le développement durable,
et d'établir clairement certains éléments
sur un aménagement rationnel du territoire, sur les objectifs de l'aménagement
du territoire. Donc, c'est cette
intention-là qu'on cherche à introduire dans le projet de loi pour que,
justement, les intentions soient
claires à la fois pour les électeurs, et pour les élus, et pour les
professionnels des municipalités. Je dirais qu'on veut donner aux municipalités de nouveaux pouvoirs et
de nouvelles responsabilités associées à ces nouveaux pouvoirs là, donc rappeler les principes fondamentaux qui devraient
guider l'action des décideurs aux différents paliers de gouvernement, du
reste.
Le Président (M. Auger) :
2 min 45 s.
M. Ouellet : Vous faites beaucoup de place à la société civile. Vous demandez, à la
recommandation 6, que dans l'article 1.2,
lorsqu'on parle des orientations gouvernementales, bon, quelques objectifs, des
orientations poursuivies au gouvernement,
on arrive au milieu municipal, ça va, et qu'on rajoute que la société civile...
à la suite d'un exercice public, et transparent, et ouvert.
Donc,
ce que vous voulez, c'est qu'il y ait un endroit, un moment où est-ce que la
société civile prend part à la discussion,
prend part à l'action et prend part, dans certains cas, à la recommandation.
Cependant, est-ce que vous n'êtes pas
plutôt d'avis... lorsque les gens font leur choix d'élire quelqu'un, ce n'est
pas ça, le premier acte de prendre part à? Parce que j'essaie de voir un peu comment est-ce qu'on pourrait réaliser cet exercice-là de consulter la société civile avec le gouvernement sur plusieurs changements. Est-ce que les
élections ne sont pas un premier moyen de la consulter?
Mme Robin
(Jeanne) : Oui, tout à fait. L'élaboration d'un programme politique sur lequel les gens
vont voter, c'est un acte démocratique fondamental, et le vote, c'est un acte démocratique fondamental. Maintenant,
la plupart des paliers de décision
font déjà appel, dans
le cadre de consultations, aux compétences de la société
civile. En fait, on ne peut pas se priver de l'expertise de la société civile, que ce soient les chercheurs, que ce soient les différents experts, les
associations constituées. Je pense qu'il y
a une grande expertise dans la société civile québécoise et que, pour l'élaboration des orientations gouvernementales en aménagement du territoire, on ne peut pas s'en priver mais on ne peut pas
s'en priver non plus dans la réalisation de divers projets. Et d'ailleurs c'est extrêmement fréquent, de la part des municipalités, de constituer des tables de
concertation, d'avoir des comités de réflexion sur les grands travaux, sur les
grands sujets, aussi bien pour
l'actualité, qu'on continue. Donc, je
pense que ça ne va pas du tout à l'encontre du rendez-vous
démocratique que constituent les élections que de continuer à travailler
ensemble entre deux élections.
Le Président
(M. Auger) : 45 secondes, M. le député.
M. Ouellet : À l'article 177, on vient préciser, faire
apparaître la Table Québec-Municipalités et sa composition et on dit que c'est l'instance privilégiée de
concertation entre le gouvernement et le milieu municipal. On dit que le maire
de Montréal, le maire de Québec, ou la mairesse de Montréal, ou la mairesse de
Québec, ainsi que les présidents et présidentes
des unions de la FQM, UMQ pourraient siéger et même présidées par le premier
ministre. On n'a pas la société civile.
Selon vous, est-ce que c'est un manque? Parce que, si on est pour discuter des
orientations à donner à des projets de loi
qui ont un impact sur le quotidien de tous et chacun, ce ne serait pas là un
beau moment d'avoir cette discussion-là?
Mme Robin (Jeanne) : C'est
normal qu'il existe une table...
Le
Président (M. Auger) : Malheureusement, c'est tout le temps que
nous avions. Nous devons poursuivre avec la deuxième opposition. M. le
député de Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup,
mesdames. Hier, la MRC de Vaudreuil-Soulanges
est venue nous dire qu'ils reconnaissaient, dans le projet de loi, les
modifications qui vont faire en sorte que les ministères, avec leurs
mandataires, vont être obligés maintenant de respecter les schémas
d'aménagement puis la réglementation des MRC. Est-ce que vous avez vu ça ou
vous n'avez pas vu ça dans le projet de loi?
Mme Robin
(Jeanne) : C'est une excellente question. C'est un projet de loi quand
même volumineux. En tout cas, ce qui
est sûr, c'est qu'actuellement, même si c'est dans les intentions des
ministères de respecter les schémas et que, dans la plupart des cas, ils en respectent la lettre, ils n'en
respectent pas forcément l'esprit. Et là-dessus il y a vraiment un
travail à faire pour ranger les différents ministères et organismes derrière
cet objectif-là.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui, ce n'est pas dans le projet de loi, c'est dans la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
en principe, que les ministères doivent respecter les schémas d'aménagement
auxquels ils contribuent, par ailleurs. Mais l'application pose
problème, et c'est pour ça qu'on veut, avec la politique nationale
d'aménagement du territoire, monter d'un
cran cette mise en cohérence non seulement avec des orientations, ou des
politiques, ou des contenus plus étoffés, mais aussi avec des mécanismes
qui s'assureraient de cette cohérence.
On parle des
fois de... bien, dans un prochain projet de loi que vous allez examiner, le
réflexe Montréal. Bien, vous devriez
avoir aussi le réflexe territoire, plus globalement le réflexe aménagement du
territoire. Ça veut dire que chaque ministère,
chaque organisme gouvernemental, quand il prend une décision, devrait se poser
la question : Quel est l'effet de
la décision que je prends sur le territoire? Et, s'il ne se pose pas la
question, il devrait y avoir un mécanisme au sein du gouvernement pour
s'assurer que la question est posée et qu'on a la réponse, et ce n'est pas le
cas, actuellement.
• (16 h 30) •
M. Laframboise : ...c'est
important que vous apportiez les éclaircissements parce que... bon, vous parlez
de politique nationale d'aménagement du
territoire, d'urbanisme. Moi, je peux être en accord avec vous. Moi, évidemment,
je suis à Blainville, Communauté
métropolitaine de Montréal, le Plan métropolitain d'aménagement et de
développement, le PMAD, a été adopté
à la dure. Est-ce que votre politique nationale
d'aménagement va recommencer ça ou vous voulez juste qu'on
arrime tout ça? Parce que, tu sais, ça n'a pas été facile, le PMAD, là,
dans la CMM, là. Donc, est-ce qu'on se doit
de se relancer dans une opération urbanisme ou ce que vous souhaitez, c'est une
politique qui va arrimer tout ça? Je veux comprendre votre orientation.
Mme Robin
(Jeanne) : L'objectif de la politique, c'est justement de s'assurer
que les actions qui sont posées et les orientations
qui sont prises aillent dans le sens d'un aménagement plus rationnel, plus
économe, d'une utilisation plus économe
du territoire et davantage en lien avec les orientations qui ont été prises.
Donc, c'est sûr que les orientations qui sont dans le PMAD font partie
de la réflexion sur une politique nationale.
Ce qui est sûr, c'est que, dans le projet qu'on
propose, de politique nationale, avoir une politique nationale va rendre plus facile l'examen de certains projets,
de certaines politiques. Le travail de démarrage va déjà être fait, et donc
probablement que, s'il fallait adopter un
PMAD alors que le Québec s'est déjà doté d'une politique nationale d'aménagement
et d'urbanisme, ce serait beaucoup moins à la dure justement et ce serait
beaucoup plus facile.
M. Laframboise : Mais est-ce que vous considérez que le PMAD est
une réussite, tout simplement? Vous l'avez analysé, sûrement, vous
l'avez regardé, là.
Mme Robin
(Jeanne) : Bien, pour le moment, en tout cas, il a permis qu'il n'y
ait pas de dézonage agricole sur le territoire,
ce qui est déjà un élément. Pour le reste, il y a énormément de mesures qui
sont inscrites dans le PMAD puis qui restent à être mises en oeuvre, là.
C'est vraiment une mesure plus à long terme.
M. Laframboise : Oui,
considérant que chacune des MRC, des villes devraient ajuster leurs
réglementations, et tout ça.
Bon, ça
m'amène à tout le volet protection du territoire agricole, pour lequel on est
tous sensibles, là, mais vous êtes
conscients que présentement la CPTAQ n'est pas efficace, là, c'est-à-dire que
les délais sont disproportionnés. Il y a une partie... le ministre semble vouloir le régler, là, il y a une
partie des dossiers qui sont à la CPTAQ qui ne devraient pas y aller, là. Je
comprends que vous voulez voir le produit avant que ça arrive, là, c'est un peu
ça que vous nous dites. Vous voudriez
même... Bien, en tout cas, vous nous dites qu'on devrait retirer l'article 185
puis le remplacer par des... s'il y a des exceptions, bien, de les
énumérer carrément, là. C'est ça que vous nous dites, là, finalement?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui, bien, parce que, quand on lit l'article 185, on
dit : Le gouvernement peut, par
règlement, prévoir «les cas où l'utilisation des lots à une fin autre que
l'agriculture est permise sans autorisation de la commission». Bien, ça, ça ressemble beaucoup à
changer la loi de la commission, changer la loi de protection agricole, parce que la loi de protection agricole dit :
C'est la commission qui décide, et puis là, avec cet article-là, on dit :
Bien, ce n'est plus la commission, c'est le gouvernement. Alors, c'est
trop fort, c'est trop gros.
On est tous
d'accord sur les objectifs. On est d'accord qu'il faut alléger le travail de la
commission, il faut arrêter de lui
donner plein de petites affaires. Et puis c'est vrai qu'il y a beaucoup de
monde qui demande toutes sortes d'exceptions à la commission. Alors, comment alléger ça? Bien, on est d'accord avec
l'UPA qu'il faut travailler ensemble et ne pas donner un gros pouvoir,
aussi gros au gouvernement...
Le
Président (M. Auger) : Désolé, c'est tout le temps que nous avions, malheureusement. Donc,
Mmes Robin et Trépanier, merci beaucoup pour votre participation
aux travaux de la commission.
Je suspends quelques instants pour permettre au
prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 37)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre!
Chers collègues, nous allons reprendre nos travaux en souhaitant la bienvenue
à la chef de l'opposition officielle à la ville de Montréal. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation. Par la suite, il y aura
une période d'échange avec les trois groupes
parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous identifier, et, par la
suite, vous pourrez commencer votre présentation.
Projet Montréal
Mme Plante
(Valérie) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Bien sûr, bien, bonjour à
tous et toutes, MM. et Mmes les députés.
Alors, oui, je me présente, Valérie Plante, la chef
de l'opposition à Montréal, et je suis accompagnée de mon collègue François
William Croteau, qui est le maire de l'arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie.
Le Président (M. Auger) :
Bienvenue.
Mme Plante
(Valérie) : Merci beaucoup.
Alors, bien sûr, je tiens à vous remercier de nous accueillir cet
après-midi. Je
tiens également à souligner d'entrée de jeu que je suis extrêmement préoccupée par le projet de
loi n° 122, qui retire
non seulement les référendums, mais aussi fragilise les consultations publiques
tenues par l'Office de consultation publique de Montréal. Il
s'agit d'une attaque directe contre
les fondements de la démocratie participative et des mécanismes de consultation
publique. Cette décision va à
l'encontre de toutes les tendances actuelles en matière d'acceptabilité sociale et constitue un recul majeur
pour les citoyens.
Je suis
d'autant plus préoccupée qu'alors que je me présente de bonne foi ici devant
vous, devant cette commission chargée d'étudier avec sérieux ce projet
de loi j'ai appris par l'entremise des médias que le ministre des Affaires municipales n'avait pas l'intention de retirer du
projet de loi n° 122 la mesure prévoyant l'abandon des référendums. C'est le comble de l'ironie que de voir un ministre
déclarer, pendant l'étude d'un projet de loi sur le retrait des consultations
publiques des citoyens, qu'il n'a que faire
des arguments des gens qui se présentent devant cette commission et que son
idée est déjà arrêtée.
Je vais
malgré tout exprimer une seconde préoccupation, soit le fait que
l'article 68 du projet de loi révise les plafonds d'attribution de
contrats pouvant être octroyés de gré à gré, les faisant passer de
25 000 $ à 100 000 $. Nous craignons que l'augmentation du
plafond à 100 000 $ n'ouvre la porte à des abus. Nous avons
d'ailleurs plusieurs exemples de contrats ou d'embauches qui se situent tout
juste sous le seuil de 25 000 $ faits par la présente administration
municipale montréalaise et qui soulèvent de nombreuses questions éthiques.
Nous aurions
pu croire que le gouvernement aurait tiré des leçons de la commission
Charbonneau. Hélas, non! Nous invitons donc le gouvernement à réfléchir
à deux fois avant de céder aux pressions de ceux qui demandent ces
assouplissements sous prétexte d'aller plus vite. L'histoire récente nous
montre qu'en cette matière la prudence est la meilleure
conseillère et qu'au bout du compte c'est plutôt le manque de rigueur et de
transparence qui finit par coûter cher aux contribuables.
J'aimerais maintenant céder la parole à mon
collègue François Croteau.
• (16 h 40) •
M. Croteau
(François William) : Merci beaucoup, Valérie. Alors, j'aimerais tout
d'abord commencer par un bref état de
la consultation et de la participation publiques à Montréal, car la situation
est bien différente entre Montréal et les autres villes québécoises.
Comme
toutes les villes, lorsqu'elle procède à un changement de zonage, la ville de
Montréal doit proposer aux résidents
d'entamer ou non un processus d'approbation référendaire. Ces changements de
zonage visent souvent à permettre un projet immobilier.
L'exemption
pour Montréal, c'est que, contrairement aux autres municipalités, son conseil municipal dispose d'un pouvoir unique de court-circuiter les référendums en urbanisme et
d'opter plutôt pour une consultation
publique devant l'Office de consultation publique de Montréal,
soit l'OCPM, qui, grâce à l'article 89 de la charte de Montréal,
prévoit cette clause.
À ces outils de participation et de consultation,
la ville de Montréal ajoutait, en 2010, le droit d'initiative de consultation publique. Afin d'avoir droit à une consultation publique sur un enjeu qui les préoccupe, les citoyens
doivent recueillir de 5 000 à 25 000 signatures. En sept
ans, seul un groupe de citoyens y est parvenu. Malheureusement, comme l'a bien souligné Mme Carole Poirier en cette
commission, avoir à ramasser 5 000 signatures pour être entendu sur
un projet préoccupant pour une communauté, c'est une forme de déni de
démocratie.
Enfin,
Montréal s'est dotée, en 2002, de l'Office de consultation publique de Montréal,
l'OCPM, un organisme neutre dont le
mandat est d'accueillir l'opinion des citoyens sur des projets immobiliers
majeurs et des changements au plan d'urbanisme. Ceci dresse un tour
d'horizon des outils de participation et de consultation publique de Montréal.
Le projet de loi n° 122 abolit le
référendum en urbanisme pour les villes de Montréal et de Québec sans leur demander de mettre en place des mécanismes
compensatoires. Cette situation met en péril à la fois l'approbation
référendaire des projets immobiliers et les consultations publiques
tenues par l'OCPM.
En effet, il
faut souligner que le recours à l'OCPM, lors d'un projet immobilier ou de
changement aux règlements d'urbanisme,
est et restera facultatif. L'article 89 de la charte précise que le
conseil peut — et nous
mettons l'emphase sur le «peut» — permettre un projet
structurant sans qu'il soit susceptible d'approbation référendaire.
C'est la menace du référendum qui incite la
ville à envoyer de nombreux projets à l'OCPM. En éliminant les référendums, vous retirez le seul incitatif à
soumettre les projets à une consultation publique de l'OCPM. Imaginez un
instant qu'une cour de triage, ou une usine, ou un vaste développement
immobilier voit le jour au coin de votre rue. Est-ce que vous aimeriez
connaître les impacts de ce projet et être entendu sur vos préoccupations? Le
retrait des référendums et son corollaire,
la perte des consultations publiques devant l'OCPM pour les projets
d'envergure, créera un dangereux précédent.
Premièrement,
le législateur prive les citoyens d'un levier démocratique qui protège leurs
droits. La venue d'un important projet immobilier ou industriel peut
entraîner des nuisances importantes, faire diminuer la valeur d'une propriété
et porter gravement atteinte à la qualité de vie des résidents.
Deuxièmement,
l'abolition du processus référendaire aura pour effet de concentrer les
pouvoirs de décision en aménagement
du territoire et en urbanisme entre les mains seules des élus. En cette ère
post-commission Charbonneau, il est important plutôt de préserver les
mécanismes de reddition de comptes des élus envers les citoyens.
Nous sommes
en droit de nous demander si les processus référendaires représentent un réel
problème. Même si l'administration
montréalaise a qualifié l'approbation référendaire d'irritante pour les
promoteurs, dans les faits, rares sont les projets qui se sont rendu
jusqu'à l'étape du référendum dans les cinq dernières années.
Certains
prétendent que le processus référendaire permet à un faible nombre de résidents
de bloquer les projets d'envergure
qui seraient bénéfiques pour toute une communauté. Nous l'avons démontré plus
tôt, rien n'est plus faux. Le législateur
a prévu une procédure d'exemption afin que ces projets voient le jour pour le
bien commun. M. le Président, reprenons
l'exemple cité par M. le maire Denis Coderre lors de son passage dans cette
commission parlementaire. Il a affirmé
qu'un projet de bâtiment multifonctionnel près du métro Vendôme avait été
bloqué par référendum. Cet argument a
été taillé en pièces par les journalistes après une vérification des faits en
bonne et due forme. La réalité, c'est plutôt que ce projet de supermarché, assorti d'une résidence
pour personnes retraitées, aurait pu faire l'objet d'une mesure d'exemption
au processus référendaire. Rien n'empêche le
projet de voir le jour dans le cadre du système actuel. Ainsi, l'argument
voulant que les référendums en urbanisme
soient un frein au développement n'est pas validé par l'expérience
montréalaise.
Notre
expérience est plutôt la suivante. Un promoteur présente un projet mal adapté à
son milieu d'insertion. Les citoyens
informés du projet déclenchent la première étape du processus référendaire pour
signifier leur désaccord, et ainsi le promoteur
est alors renvoyé à la planche à dessin et à soumettre un projet bonifié. De
nombreux projets immobiliers ont été améliorés grâce aux référendums en
urbanisme.
Maintenant, je vais céder la parole à ma collègue
Valérie Plante.
Mme Plante
(Valérie) : Merci beaucoup, François. Donc, le message que nous portons aujourd'hui à ceux qui veulent bien
l'entendre, c'est qu'au lieu d'être simplement aboli, le processus référendaire
pourrait être repensé afin d'être simplifié et bonifié. Le processus
actuel place les citoyens devant une proposition de projet fini qu'ils sont
appelés à approuver ou refuser. À aucun
moment au cours du processus on ne cherche à recueillir l'avis et les
commentaires des citoyens afin d'améliorer le projet avant qu'il ne soit
présenté dans sa forme finale. Cette approche est contre-productive et
elle retarde le développement. En changeant cette disposition pour permettre
une consultation proactive plutôt que réactive, on pourrait éviter l'ouverture
du registre et, le cas échéant, un référendum en urbanisme.
Les effets
négatifs associés au projet de loi
n° 122 surpassent grandement
quelconque éventuelle conséquence positive.
Par ailleurs, ce projet de loi ne tient pas compte de la spécificité
montréalaise et notamment de l'article 89. Tout ce
que ce projet accomplit, c'est de retirer aux citoyens d'importants
outils dont ils disposent pour participer au développement de leur quartier.
À la lumière
des effets négatifs présentés, Projet Montréal demande que le processus d'approbation
référendaire ne soit pas aboli mais
plutôt amélioré, car il s'agit d'un fondement de la démocratie participative et
des mécanismes de consultation publique. Projet Montréal demande également au législateur de protéger le droit des citoyens
d'être consultés sur des projets d'envergure
et, à cette fin, d'amender le projet
de loi n° 122 afin que la Charte
de la ville de Montréal entraîne
systématiquement une consultation
obligatoire pour les projets structurants. Ainsi, à l'article 89 de la Charte
de la ville de Montréal, il est demandé de remplacer le verbe «peut» par
«doit».
Finalement,
nous demandons au gouvernement de réviser attentivement l'article concernant
l'augmentation du plafond
d'attribution des contrats de gré à gré et de s'assurer que les mécanismes
adéquats de reddition de comptes soient en place de façon à ce que les
abus dont nous avons été témoins dans le passé ne se répètent jamais. Merci
beaucoup.
Le Président
(M. Auger) : Merci pour votre présentation. M. le ministre, pour
les 15 prochaines minutes.
M. Coiteux :
Oui. Bien, merci quand même. Je dirais «quand même», parce que vous avez
abordé ça, disons, d'une certaine façon... peut-être que j'anticipais parce que
vous l'aviez anticipé par Twitter aussi avant d'être présente en
commission.
Je
vous dirais ceci : C'est normal qu'un gouvernement qui propose un projet
de loi croie dans son projet de loi, hein?
Je pense que c'est normal. Alors, si on fait un certain nombre de propositions
puis que ça se traduit par certains articles, bien, je pense qu'il faut
s'attendre à ce que le gouvernement défende son projet de loi. C'est normal.
Et
maintenant... puis on a eu de multiples occasions de le faire dans cette
commission, ici. On a souvent réussi à trouver des terrains par
lesquels on a amélioré les projets de loi qu'on a proposés. Ça tenait compte
d'une disposition d'esprit qui était celle
de la collaboration puis de la recherche de solutions à des problèmes qui sont,
finalement, reconnus de part et
d'autre. Et il y a des groupes qui viennent en commission qui ont cette
attitude-là, ils disent : Écoutez, il y a tel aspect du projet de
loi, on est heureux de ça, ici on a un problème, puis ils cherchent un terrain
d'entente.
Notamment,
avec la CPTAQ, et d'emblée, il y avait des articles qui ne leur plaisaient pas
tels quels. Ils nous ont fait part de
leurs préoccupations, et puis on a eu l'occasion d'échanger là-dessus de façon
très constructive, puis je pense que
déjà, sans avoir fait de proposition d'amendement encore, parce qu'on n'est pas
rendus à l'article par article, bien, je pense qu'on a déjà rassuré pas mal de monde sur des questions comme ça.
Mais c'est normal que je défende le projet de loi, et, en l'occurrence, c'est vrai que je pense que le système qu'on a
actuellement, ce n'est pas le meilleur système au monde. Je pense que ce
n'est pas la meilleure façon d'avoir les meilleurs projets. Moi, j'en suis
convaincu.
Mais,
si j'étais le seul... mais ce n'est pas ça. On a eu des groupes qui sont venus
ici, qui nous ont dit que c'était une
bonne idée de changer le modèle qu'on avait actuellement, notamment sur la
question des référendums en matière d'urbanisme.
Il faut faire attention, là. Il faut que les gens nous écoutent, là, là-dessus,
là. On n'est pas en train de dire... on n'est pas dans un système où toute la ville, tous les citoyens de la
ville votent dans un référendum comme on a eu, nous, à l'échelle du Québec à deux reprises par la volonté
de l'opposition officielle, qui était au gouvernement à l'époque, où là,
c'étaient des questions fondamentales où tous les citoyens participaient.
• (16 h 50) •
Ici,
souvent, et c'est ce que nous disent les villes, il y a des petits projets, ou
des moyens projets, ou parfois des grands
projets mais parfois des petits projets qui seraient tout à fait conformes aux
politiques d'aménagement, aux schémas d'urbanisme,
aux objectifs qui sont poursuivis par la ville et l'administration qui, oui, a
été élue par ses citoyens, souvent pour défendre ces choses-là, et qui
sont bloqués par une minorité. Et donc, souvent, ce n'est pas nécessairement
dans l'esprit de ceux qui voient ça
autrement que vous, ce n'est pas nécessairement
l'expression de la démocratie, mais
plutôt l'expression d'un droit de veto d'une minorité sur les intérêts
de la majorité. Alors, il y a tellement de gens qui nous disent ça puis de groupes qui nous disent ça, y
compris certains qui sont venus ici, en commission, que je pense que c'est
légitime qu'on remette en question ces choses-là puis qu'on cherche un modèle
alternatif.
Alors,
écoutez, il y en a qui nous ont dit : Regardez, pourquoi pas le modèle...
pourquoi pas on prendrait le modèle proposé
pour Montréal et Québec, que vous n'aimez pas visiblement? Vous avez le droit
de ne pas l'aimer, ce modèle-là qu'on
propose. On ne pourra pas l'étendre à toutes les grandes villes du Québec. Puis
ils sont arrivés avec des arguments pour
nous dire que ce serait une bonne idée de faire ça. Puis il y en a d'autres qui
nous ont dit le contraire, ils nous ont dit : Regardez, prenez le modèle que vous proposez pour toutes les
autres villes, à la place de Québec, puis appliquez-le à Montréal et à Québec, mais j'ai vu d'autres
groupes qui sont arrivés avec une attitude aussi négative et aussi
confrontationnelle. Je voulais dire
ça au départ, parce que, je pense, vous avez pris ce ton-là au début puis, je
pense, ça méritait quand même une humble opinion de ma part. Je voulais
la partager.
Maintenant,
je comprends aussi... vous savez, on a eu des groupes d'experts qui sont venus,
des gens en urbanisme, des gens qui
sont indépendants de la politique partisane. Nous, on est en politique
partisane forcément, bon, on est là-dedans, nous, vous aussi, vous êtes là-dedans. On a eu des groupes indépendants
qui sont venus, qui sont indépendants de cette joute-là, qui ont émis des opinions d'une certaine façon. Mais, puisque
vous êtes en politique municipale, je me permettrais de vous poser une question qui serait la suivante.
Elle est générale, là, mais j'aimerais ça vous entendre vraiment là-dessus.
Supposons
que vous seriez élue en novembre prochain, hein, puis vous aspirez à ça, vous
allez vous présenter comme candidate
à la mairie avec une équipe, supposons que vous êtes élue, les Montréalais vous
choisissent comme mairesse et
qu'entre-temps on ait adopté le projet de loi n° 122, hein — peut-être qu'on l'aura adopté d'ici là,
peut-être, là — la question que je vous poserais,
c'est : Quels sont les éléments de flexibilité? Quels sont les éléments de
nouveaux pouvoirs? Quels sont les
éléments d'oxygène, qu'on donne à la gestion des villes, vous souhaiteriez nous
voir vous retirer à partir du jour où vous seriez mairesse plutôt que
candidate à la mairie?
Le Président
(M. Auger) : Mme Plante.
Mme Plante (Valérie) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. Coiteux, pour votre question par
rapport à la... je tiens, moi aussi,
à m'exprimer sur la question de la confrontation. J'aurais tendance à peut-être
vous renvoyer aussi... Je pense que
de commenter de façon publique un processus comme celui-ci, pour moi, je crois
que c'est de la confrontation. Je
m'attends de la part de mon gouvernement qu'il ait une attitude d'ouverture
complète qui soit en pleine transparence du processus qui est en cours.
Alors,
pour moi, de venir cet après-midi m'adresser à vous avec les informations que
vous avez communiquées dans les
médias, vous dites que c'est normal d'y croire, c'est normal de croire dans
votre projet de loi, mais, moi, c'est dans
mon droit de me sentir lésée de venir ici, en commission, en ayant l'impression
que c'est peut-être peine perdue.
Ceci
étant dit, pour répondre à votre question, mais j'aimerais... avant, vous avez
parlé de la notion comme quoi... comment
des groupes de citoyens peuvent freiner un projet. Je pense qu'il faut donner
une information importante, c'est qu'il
ne faut pas oublier que c'est seulement les projets dérogatoires qui peuvent
être contestés et pour lesquels on peut avoir un droit de référendum. Et ça, c'est important de le mentionner
parce que les règles d'urbanisme font en sorte que, déjà, le zonage, les
hauteurs, tout est déterminé. Le schéma d'aménagement fait en sorte qu'on sait
à quoi s'attendre.
C'est
seulement quand on demande... par exemple, si on est dans un environnement où
c'est tout des trois étages, puis il
y a un promoteur qui veut bâtir un 15 étages, on appelle ça un projet
dérogatoire. C'est à ce moment-là que des citoyens autour peuvent se rassembler et peuvent demander un droit de
référendum. Et je tiens à le mentionner parce qu'il ne faudrait pas donner l'impression à toute la
population que tout le monde peut faire un droit de référendum à chaque
fois que quelqu'un change sa porte ou qu'on construit, je ne sais pas, une
annexe à sa maison.
Enfin,
lorsque je serai mairesse, ce que je vais demander... la première chose que je
vais faire, je dois vous le dire, ça va être de consulter la population
montréalaise, parce que, dans le cadre du projet de loi n° 122 et la façon
dont, présentement, le maire de Montréal se
positionne, là où j'ai un problème, c'est que ça soit fait derrière des portes
closes, qu'on ne demande pas l'avis
des Montréalais et des Montréalaises. Même ici, moi, aujourd'hui, je vous
présente un point de vue, mais, si
j'avais le temps, les moyens et les ressources, je consulterais les Montréalais
pour savoir ce qu'eux en pensent de ce qui est amené aujourd'hui.
Alors, l'oxygène,
premier geste que je poserais, ce serait de consulter les Montréalais, les
Montréalaises et, dépendamment de la réponse, eh bien, j'entrerais en
représentation avec Québec. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Juste une consigne avant de continuer, on
ne doit pas... en fait, au niveau du décorum, on doit appeler non pas
par les noms de famille, mais par leur titre, soit député ou ministre.
Mme Plante
(Valérie) : Je m'excuse.
Le Président
(M. Auger) : Aucun problème. M. le ministre.
M. Coiteux :
Vous les consulterez sur quel article du projet de loi qui donne des nouveaux pouvoirs aux villes,
dont Montréal, que vous souhaiteriez éventuellement vous voir retirer?
Mme Plante
(Valérie) : Non, bien, moi,
en fait, vous savez, c'était l'article 24, donc c'est vraiment
sur celui-là qu'on se positionne présentement. Nous, ce qu'on voudrait, en fait, on ne veut pas que le droit de référendum
soit aboli en tant que tel. Aujourd'hui, on vient vous voir pour vous
dire qu'est-ce qu'on peut faire. Puis, honnêtement, moi, je trouve que c'est de
l'ouverture, de savoir qu'est-ce qu'on peut faire, comment est-ce qu'on peut
conserver le droit de référendum tout en l'améliorant ou... parce qu'on veut
s'assurer que la population, on peut continuer à la consulter. Parce que c'est bien un des problèmes,
présentement, ils se prononcent sur un fait accompli, sur un
projet une fois qu'il est final, et leur dernier recours est d'aller en
droit de référendum. Donc, d'une part, il y a cet élément-là.
Et
finalement on voudrait que l'article 89 s'applique pour tous les projets
structurants, que systématiquement, quand
il y a un projet d'intérêt public de
grande envergure, le projet se retrouve devant l'Office de consultation
publique de Montréal. Ça, c'est les deux éléments, par rapport à
l'article 24, qui nous intéressent beaucoup.
M. Coiteux :
Et les autres aspects du projet de loi?
Mme Plante
(Valérie) : Bien, en fait, il y avait l'article — il ne faut pas que je me trompe — 89 sur les contrats de gré à gré. On en a parlé, je vous en ai parlé
en ouverture. Donc, c'est l'aspect comme quoi on passe de 25 000 $,
pour des contrats de gré à gré, à 100 000 $,
et on considère que c'est assez risqué. Si on se base sur le taux de
l'inflation, on pourrait le majorer,
on pourrait aller peut-être à 33 000 $, 35 000 $, mais de
passer de 25 000 $ à 100 000 $, on s'explique mal cette hausse et on pense que ça peut amener
des dérives. On pense qu'il peut y avoir des risques de collusion et on
veut éviter ce genre de problématique là, surtout avec ce qu'on a vécu à
Montréal dans les dernières années.
M. Coiteux :
D'accord. Donc, est-ce que j'en conclus que les autres aspects du projet de
loi, vous considérez que c'est tout à fait positif, vous êtes contente
avec ça?
Mme Plante
(Valérie) : Oui, tout à fait. Bien oui, parce qu'en venant vous parler
on a décidé de se concentrer sur les
aspects sur lesquels on considère qu'il y a de l'amélioration à faire, mais,
pour l'ensemble de l'oeuvre, je vous dirais qu'on est d'accord.
M. Coiteux :
Bon, ce n'est pas si mal, il y a 260 articles, vous me parlez de deux. Bon, sur
les seuils d'appels d'offres, vous
dites : 25 000 $ à 100 000 $, c'est un peu trop,
peut-être 25 000 $ à 33 000 $, ça fonctionnerait, grosso
modo, donc.
Mme Plante
(Valérie) : ...quatrième, qui est l'article sur la diffusion des avis
publics, n'est-ce pas? J'ai oublié le nom
de l'article, j'ai oublié le nom, mais c'était le dernier élément qui posait
problème. Mais le plus important, définitivement...
Une voix : 52.
Mme Plante (Valérie) : 51?
Merci.
Une voix : 52.
Mme Plante (Valérie) : 52.
M. Coiteux : ...mettre ça sur
Internet plutôt que dans les journaux.
Mme Plante
(Valérie) : En fait, la raison... on n'est pas contre. Je ne pense pas
qu'il faut nous mettre dans une... On
n'est pas contre le fait de le mettre sur Internet, on est pour la plus grande
diffusion de l'information possible. Il y a des gens qui n'ont pas Internet, il y a des gens, à travers le Québec, que,
dans leur région, l'Internet à haute vitesse ne se rend pas. Pour pouvoir toucher toutes les populations,
même les populations vieillissantes, je pense que c'est important de garder
des façons de communiquer avec eux qui sont plus traditionnelles, disons-le.
M. Coiteux :
Je voulais juste vous rassurer sur une chose, Mme Plante, c'est
qu'effectivement, si vous êtes élue en
novembre puis qu'il y a cette question des avis publics, ce que propose le
projet de loi, ce n'est pas de vous obliger à le faire autrement que par les journaux. Vous pouvez continuer de le faire
par les journaux, vous n'aurez même pas besoin de consulter votre
population là-dessus, si elle était d'accord avec vous. Je voulais juste vous
rassurer à cet effet.
Il y a
beaucoup de groupes qui sont... oui, quand même beaucoup, je n'ai pas fait
toute l'énumération, mais il y a plusieurs
groupes qui nous ont dit qu'ils aimaient ça le processus de consultation par
l'office public de Montréal. Ils ont dit
que c'était même un très bon modèle. Ils l'ont cité en exemple. Il y a des gens
qui disaient que ça devrait faire école dans d'autres villes du Québec. Il y en a qui se sont dit peut-être que
même Québec pourrait s'inspirer de ça. Vivre en ville nous en ont parlé
aujourd'hui même. Alors, je comprends que ça, c'est un instrument qui est
positif pour vous, ça.
Mme Plante (Valérie) : Tout à
fait. Je vais laisser la parole à M. Croteau.
Le Président (M. Auger) :
M. Croteau.
• (17 heures) •
M. Croteau (François William) :
Oui. Merci pour votre question, M. le ministre.
En effet,
c'est d'ailleurs le point fondamental de notre argument. Contrairement aux
autres municipalités, Montréal
a une clause spécifique pour éviter ce qu'on
peut appeler les «pas-dans-ma-cour», ce qu'on appelle les irritants, entre autres les quelques individus qui voudraient, entre guillemets,
empêcher des projets. Le gouvernement, en 2000, a introduit une clause, qui est l'article 89, et a créé l'OCPM
pour permettre d'éviter... la ville de Montréal de mettre en place des projets structurants.
C'est exactement ce qui se produit à l'heure actuelle, et c'est pourquoi il n'y
a aucun projet structurant à Montréal qui a été bloqué par une menace de
référendum, parce que systématiquement la ville a fait appel à l'article 89.
Je pourrais
vous énumérer plusieurs projets, mais je vais vous donner un exemple tout
récent, qui s'est produit dans
Rosemont—La
Petite-Patrie, c'est dans l'arrondissement que je dirige, qui est le projet Angus, qui est un projet phare, qui est un projet structurant tant sur le point de vue immobilier qu'économique. Et, en effet, il y a des gens qui ont menacé
d'ouvrir un registre pour un référendum,
et, à la face même des commentaires que nous entendions, on pouvait prétendre
que c'était, en effet, du
«pas-dans-ma-cour». Nous avons donc demandé au conseil de ville de passer par l'article 89,
et le projet pourra avoir cours. Et
l'OCPM a l'avantage d'être un instrument consultatif qui permet à l'ensemble
de la communauté de faire valoir leurs points de vue sur un projet
majeur qui va avoir un impact sur des décennies à Montréal.
Maintenant,
si on enlève l'article sur le référendum, étant
donné que l'article 89
dit «peut» et non «doit» pour des projets d'envergure x, quand on parle
de 25 000 pieds carrés, ça devient un élément facultatif. Donc, le recours
à l'article 89 pour envoyer devant
l'OCPM, il est utilisé strictement pour éviter justement qu'un petit groupe
d'individus vienne empêcher un projet
structurant. C'est le fondement même de la création de l'OCPM et de
l'article 89. C'est pourquoi, aujourd'hui, on vient dire que c'est
inutile, dans le cas de Montréal spécifiquement, de retirer les référendums
parce qu'ultimement ils permettent deux choses, et je vais parler en connaissance
de cause.
Dans la
plupart des projets qui sont déposés dans les arrondissements — parce qu'on sait, à Montréal, contrairement
aussi aux autres villes, l'urbanisme est géré par les arrondissements et non
pas par la ville de Montréal — les projets dérogatoires qui sont proposés, il y a deux choses qui se produisent
lorsque des citoyens peuvent s'opposer : la première, le promoteur immobilier va retirer son projet
initial, va aller rencontrer les groupes pour connaître leurs arguments puis
trouver un point de rencontre et un point
d'entente, il va redéposer un nouveau projet bonifié. Je peux vous dire une
chose, M. le ministre, c'est que,
dans tous les cas qui se sont produits, on est arrivés avec un projet qui a
fait consensus et qui s'est même amélioré, de l'avis des promoteurs
même.
Je peux aussi vous
donner des exemples de projets immobiliers où les promoteurs, sachant le
processus, sachant où ils allaient
s'implanter, allaient consulter la communauté en amont pour être certains que,
lorsqu'ils déposaient un projet, il
allait satisfaire l'ensemble de la communauté. C'est un peu ce qu'on vient
aussi proposer dans l'article actuel, de venir bonifier.
Le Président (M. Auger) :
Excusez. C'est tout le temps que nous avions pour le premier...
Une voix : ...
Le
Président (M. Auger) : Non. Absolument pas. Nous allons
maintenant poursuivre avec l'opposition officielle et M. le député de
René-Lévesque pour les neuf prochaines minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Mme Plante,
M. Croteau, bien, tout d'abord, merci d'être là. Grâce à quelques coups de téléphone, on a réussi à vous
faire apparaître à la commission. C'était important pour nous parce qu'on
a entendu beaucoup de choses en commission
parlementaire, mais on a aussi entendu... on s'est fait dire : Bien, parce
qu'on est élus, on représente la
majorité, on peut prendre des décisions en fonction de la majorité. Alors, à ce
que je sache, vous êtes élus et vous
représentez des gens qui vous ont fait élire. Donc, pour nous, votre voix
compte, et c'est pour ça qu'on trouvait
important de vous entendre aujourd'hui et d'entendre, d'ailleurs, l'opposition
officielle de la ville de Québec juste après vous.
Cela étant
dit, avant de passer la parole à ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
j'aimerais vous entendre sur la recommandation
que vous faites concernant les contrats de gré à gré. La prétention qu'on avait
ou les discussions qu'on a eues, dans
certains cas, c'est que, pour ce qui est des grandes municipalités... des petites
municipalités, pardon, de passer 25 000 $
à 100 000 $, c'était peut-être beaucoup, dans le cadre des contrats
de gré à gré, peut-être risque de collusions. Bref, plusieurs choses ont été dites, mais surtout plusieurs prétentions
ont été portées à certains élus, et, dans certains cas, de mauvais égards. Alors que notre prétention
aurait pu être le contraire : dans le cas de Montréal,
100 000 $, dans le fond, quand
on regarde la grosseur des budgets, le nombre des contrats, c'est peut-être le
temps de se rendre jusque-là dans le cas
de Montréal. Alors que vous arrivez à une position très, très, très près du
25 000 $, en nous disant : Bien, écoutez, si on mettait
ça à l'IPC, ça nous donnerait à peu près 33 000 $. Donc, soyons
logiques, si l'IPC a augmenté jusqu'à ce niveau-là, donnons ces contrats, cette
fonction-là.
Alors, j'aimerais vous entendre sur la
pertinence de garder encore à Montréal de petits contrats à tout près de 33 000 $, alors qu'au nombre de budgets
puis aux volumes Montréal a ses outils, elle a ses compétences pour, je pense,
avoir le maximum de mécanismes pour éviter les dérives qu'on a pu connaître par
le passé.
Le Président (M. Auger) :
M. Croteau? Mme Plante?
Mme Plante (Valérie) : Non, ça
sera Mme Plante.
Le Président (M. Auger) :
Mme Plante, bien sûr, avec plaisir.
Mme Plante
(Valérie) : Bien, écoutez, vous l'avez un peu dit, dans le contexte
actuel ou plutôt à cause du passé, je
pense qu'on doit faire preuve de beaucoup de prudence. L'ère post-Charbonneau,
tout ce climat de méfiance, même on a
un certain cynisme envers les classes... envers les élus, à Montréal et
ailleurs. Mais, à Montréal, on a eu notre lot, là, de scandales à ce niveau-là. Donc, pour nous, à
Projet Montréal, on s'inscrit surtout dans une continuité de s'assurer que les
Montréalais vont pouvoir faire confiance à leurs élus et se dire : Bon,
bien, le gré à gré, je veux bien, mais on va s'en tenir à un taux somme
toute raisonnable.
Puis vous
l'avez dit vous-même, il existe tellement de mécanismes, on vote énormément de très gros contrats, mais le fait que ça passe en conseil municipal pour des sommes supplémentaires, mettons 35 000 $, moi, je pense que c'est garant d'une transparence et d'une bonne
pratique de gestion, vraiment. Et je ne vois pas la nécessité d'augmenter ce taux-là, d'augmenter le montant, là, des prêts
de gré à gré. Je pense que ça demeure... C'est très simple, comme réponse,
mais étant donné ce qui s'est passé, le passé, je pense qu'on préfère s'en
tenir à ce taux.
Le Président (M. Auger) :
M. Croteau.
M. Croteau
(François William) : Oui. Si je peux aussi compléter. Il faut savoir
que principalement, à Montréal, si on
regarde les contrats qui sont donnés de gré à gré sous les 100 000 $,
ce sont principalement des contrats d'ordre... de services professionnels, firmes d'ingénierie, firmes comptables,
firmes de relations publiques, etc., et, pour nous, c'est très
problématique étant donné justement ce qui s'est passé.
Actuellement,
on le voit très bien, il y a beaucoup de contrats qui se sont donnés à
24 999 $ à certains individus qui, pour nous, étaient encore dans l'ordre du douteux. Et je ne veux
pas faire plus d'évocation de sujets, ici, à ce propos, là, mais juste pour vous dire que c'est problématique,
surtout en ce qui a trait aux firmes d'ingénierie et particulièrement dans
le contexte où Montréal, plutôt que
d'augmenter son expertise interne en matière d'ingénierie, a plutôt diminué son
expertise interne. Montréal est plus
dépendante que jamais des firmes d'ingénierie qu'avant la commission
Charbonneau. Et d'augmenter le seuil
vient encore plus accentuer le danger dans lequel on pourrait se retrouver dans
l'avenir, surtout avec la capacité d'emprunt que Montréal a
actuellement, donne plus que jamais de contrats d'infrastructures.
Et en ce moment même les firmes
d'ingénierie ont de la misère à répondre aux demandes de la ville de Montréal,
donc vous pouvez vous imaginer, si on ouvre
la voie aux octrois de contrats de moins de 100 000 $ de gré à gré à
des firmes d'ingénierie, avec tous les contrats qu'on va donner, on a
peur à une grande dérive et qu'on se retrouve dans la même situation
post-commission Charbonneau.
Le Président
(M. Auger) : Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour quatre
minutes.
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Bonjour à vous deux, mes voisins. On va aller sur le
référendum. Je regarde vos propositions,
entre autres la numéro 4, à l'effet que tout ce qui passe par 89 fasse
l'objet obligatoire d'une consultation,
et j'apprécie la précision sur le fait que
ce ne sont pas tous les projets qui sont soumis à l'option référendaire, mais
bien ceux qui sont dérogatoires, là. C'est important de remettre ça dans
le contexte, là.
Cependant,
je nous ramènerais un petit peu à l'histoire. En 2011, le projet de loi n° 47 du ministre... actuel ministre de l'Agriculture, là, qui était ministre aux Affaires municipales, allait beaucoup
moins loin dans sa proposition, et il proposait essentiellement des zones
franches dans les plans d'urbanisme sans référendum. Moi, j'aimerais ça vous
entendre là-dessus.
Le Président
(M. Auger) : M. Croteau.
M. Croteau (François William) : Oui. Merci
beaucoup pour votre question,
Mme la députée. En
effet, le projet de
loi du ministre Lessard, à l'époque,
proposait des zones franches, ce qu'on pouvait appeler des zones de redéveloppement, en fait. Donc, principalement à Montréal, on parlait des zones, autrefois industrielles, où il y avait eu une
délocalisation de plusieurs
entreprises. Par exemple, principalement, il y en a beaucoup dans
Hochelaga-Maisonneuve, dans Rosemont‑La Petite-Patrie, il y en a dans le
Sud-Ouest, dans Ville-Marie, des usines, des anciennes usines, manufactures
transformées en résidentiel. Et parfois,
plutôt que d'aller vers soit les PPU ou d'autres types de planification et qui
pourraient, donc, arriver à des freins, des longueurs au point de vue
administratif, le ministre proposait des zones franches.
Par
contre, un de ces éléments-là, qui était manquant, c'était justement les consultations préalables requises à un tel processus. Je
pense que, comme dans le cas des PPU
à Montréal, les PPU doivent nécessairement passer devant
l'Office de consultation publique avant d'être adoptés, ce qui est pour nous nécessaire, que la
population puisse s'exprimer avant d'adopter un projet de planification
urbain de cet ordre-là. Et donc ce sont des éléments d'urbanisme qui peuvent
être introduits, qui empêchent justement
tout type de dérives. Et je pense que, pour une ville comme Montréal, il y a trop peu de plans de planification urbanistiques, il y a trop peu de PPU. Et nous,
ce qu'on a peur avec cette réglementation-là, c'est que justement ça fasse en sorte qu'on en adopte de moins en moins, de la planification
urbaine, et que Montréal devienne juste
un gros Griffintown, ce qui serait donc de laisser la ville complètement aux
promoteurs et que ce soient eux qui...
• (17 h 10) •
Le Président (M. Auger) :
Juste une minute. Mme la députée de Taschereau. Madame...
Mme Maltais :
Une minute. Vous me permettez?
Une voix :
Oui.
Mme Maltais :
Parce qu'avant on avait une heure, maintenant on a 45 minutes, gracieuseté
du gouvernement libéral. Le processus
de consultation de la ville de Montréal a souvent été cité comme étant un
exemple, par exemple, pour la ville
de Québec, qui ne veut pas avoir ce type d'organisme. Est-ce que vous êtes
satisfaits de ce type d'organisme, de ce que ça donne comme résultat de
consultation?
Mme Plante
(Valérie) : Tout à fait.
L'Office de consultation publique de Montréal est fabuleux. Et c'est pour ça
qu'on est ici. Parce qu'entre autres,
il ne faut pas l'oublier, le droit de référendum permet justement
d'utiliser ce mécanisme-là pour
éviter des référendums. Alors, il y a plein de projets qui jamais
n'auraient été devant l'Office de consultation publique, s'il n'y avait pas eu une certaine grogne ou une
certaine mobilisation de la population. Donc, c'est une excellente idée que d'autres villes s'inspirent peut-être
de l'OCPM, mais encore faut-il qu'il y ait un incitatif pour qu'on l'utilise à
pleine capacité. Et je dois vous dire
que l'OCPM se demande un peu, si jamais le droit de référendum, on l'abolit, qu'est-ce
qu'ils vont faire. Parce que ça fait partie de leur mandat.
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Merci beaucoup. Nous allons maintenant poursuivre avec,
pour les six prochaines minutes, M. le député de Blainville.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. Mme Plante,
M. Croteau, merci. Hier, la ville de Gatineau m'a ébranlé. Puis je vous disais ça aujourd'hui,
votre participation à notre commission
parlementaire est à point nommé.
C'est-à-dire qu'hier le maire de Gatineau, évidemment, membre de l'UMQ puis une des grandes villes du Québec,
puis voisins d'Ottawa, puis le reste,
tu sais... Bon, ce qu'on nous a dit, depuis les tout débuts de la commission parlementaire, c'est qu'ailleurs au Canada il n'y en a pas, de référendum, il n'y en a pas
aux États-Unis non plus, donc pourquoi nous, on est différents des autres? Et lui, le maire de
Gatineau, il est voisin d'Ottawa puis lui, il nous a demandé de maintenir les
référendums. Bon, pour moi, là, c'est...
Puis je vais
prendre la peine de le lire, parce que ça vaut la peine, là, puis ce n'est pas
bien long. Parce que lui, il voulait
une modification à 85.5, en disant : «Une municipalité peut délimiter dans son plan d'urbanisme toute partie de son territoire qui constitue une zone de
requalification à l'intérieur de laquelle elle peut élargir le bassin des
personnes habiles
à voter lorsqu'une modification réglementaire est susceptible d'approbation
référendaire.» Donc, lui, ce qu'il dit, c'est finalement : Dans les zones de requalification, il faut
maintenir le référendum, mais être capables de... parce que peut-être que le processus référendaire actuel,
ce n'est pas la solution idéale. Il faudrait s'attaquer au processus
référendaire, mais le maintenir. Moi, je trouve ça intéressant puis... Je
trouve ça intéressant.
Par contre,
à Montréal, mon problème puis depuis le début... Parce que
l'article 89... Moi, évidemment, je suis porte-parole de mon parti pour la métropole. Bien, Montréal a l'article 89,
ce que Québec n'a pas. Donc,
théoriquement, mon grand questionnement : Pourquoi
le maire veut absolument... Parce qu'il a déjà une façon, lui, d'opérer.
Je comprends que c'est pour les grands projets, quand je lis
89, c'est pour les plus grands projets, et là, les plus petits projets, ça
relève des arrondissements, donc ça
relève de vous, M. le maire d'arrondissement, donc ça relève de vous et de vos
collègues. Parce que vous n'êtes pas
seul, et il y en a quelques-uns à Montréal. Et ça, évidemment,
donc, vous, vous ne voyez pas de
problème à ça, puis j'aimerais que vous
donniez, sans partisanerie politique, là, comment ça se vit, pas juste dans le vôtre,
chez vos voisins, là. Est-ce qu'il y a un
problème, dans les arrondissements de Montréal, par
rapport au référendum, là, si
on maintenait la situation telle qu'elle est présentement, exemple?
Le Président
(M. Auger) : M. Croteau.
M. Croteau
(François William) : Merci
pour votre question, M. le
député. En fait il faut se rappeler
que, dans le projet de loi n° 121, on demande que, dans l'article 89,
on rabaisse le niveau à 15 000 pieds carrés, ce qui rendrait...
ce qui qualifierait des projets de plus
petite envergure qu'actuellement. Donc, c'est un peu contradictoire, si on demande
de rabaisser les niveaux pour les amener
devant l'OCPM, quand, d'un autre côté, on demande l'abolition des référendums,
qui mènerait à rendre caduque l'article 89.
Donc moi, je pense qu'on est d'accord pour le 15 000 pieds carrés
dans le projet de loi n° 121,
qui permettrait d'amener les projets vers l'OCPM. Mais il faut nécessairement
maintenir...
Pour
regarder un peu le quotidien d'un arrondissement, puis je vais parler de façon
générale, parce que je suis là depuis 2009 puis j'ai travaillé avec beaucoup
de mes collègues, les arrondissements peuvent émettre facilement 3 000 permis de rénovation et de
construction dans une année. Depuis 2009, j'ai personnellement fait face à
trois menaces de processus
référendaires dans Rosemont—La Petite-Patrie puis on a émis pour 5 000 permis...
5 000 unités de construction
depuis 2009. Ça vous donne une idée à quel
point il n'y a pas de problème avec le processus référendaire. Et, dans tous
les cas, et ça se produit ailleurs à
Montréal, les promoteurs ont retiré leur projet, et l'ont bonifié, et même ils
sont arrivés avec de la créativité.
Moi,
je pense que, dans un système économique libéral comme le nôtre, on doit
pousser les entrepreneurs comme les
créateurs à l'innovation, à la créativité. Si on enlève les obstacles qui
poussent les gens à se dépasser, on amène à la paresse. Et je peux vous
dire que la plupart des projets qui nous ont été proposés où les gens se
sont... dans tous les arrondissements
confondus, là, c'est qu'ils étaient inquiets par rapport à ce qu'ils voyaient.
Et les législateurs ont des limites dans
leurs pouvoirs, au point de vue, je dirais, du bon goût et des impacts sur la
qualité de vie des résidents. Et ça, je pense que c'est important de le
mentionner.
Et
honnêtement, quand on parle, là, qu'il y a des problèmes à Montréal, je fais
juste référence à Ville-Marie, parce que
le maire de Montréal est aussi le maire de Ville-Marie et il a à gérer des
octrois de permis dans son arrondissement, le plan d'urbanisme fait en sorte qu'il y a rarement des projets
dérogatoires dans Ville-Marie. En fait, à ma connaissance, il n'y en a pas, de projet dérogatoire dans
Ville-Marie. Il n'y a pas eu de groupes qui se sont opposés. Donc, quand le
maire Coderre a évoqué ces
éléments-là, j'ai du mal à comprendre à quel projet il fait référence, parce
qu'il n'y a eu aucun processus référendaire
qui a été mené à son terme pour tous les projets immobiliers au cours des
10 dernières années à Montréal.
Donc,
à mon sens, l'article 89 a joué son rôle, et, dans les arrondissements,
les projets de plus petite envergure ont été gérés localement, de bonne foi avec les promoteurs, qui a fait en
sorte qu'on a pu faire du développement sans entrave.
Le Président
(M. Auger) : 30 secondes, M. le député.
M. Laframboise :
Si on vous donnait une zone de requalification des zones franches mais avec un
processus référendaire, pour lesquelles on
pourrait modifier, là, est-ce que ça serait acceptable? Exemple, les zones
franches qu'avait déposées le ministre, à l'époque, mais avec un
processus référendaire qui pourrait faire votre affaire.
M. Croteau
(François William) : Bien là, je ne veux pas parler au nom de tout mon
parti, parce qu'on n'a pas parlé de
cet aspect-là. Personnellement, si je parle de mon expérience comme maire de
Rosemont—La
Petite-Patrie, je serais porté à vous dire oui.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup, donc, Mme Plante et
M. Croteau, de votre participation aux travaux de la commission.
Je suspends quelques
instants.
(Suspension de la séance à
17 h 18)
(Reprise à 17 h 20)
Le Président
(M. Auger) : Nous
allons reprendre nos travaux, en souhaitant la bienvenue à la chef de l'opposition officielle
à la ville de Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre présentation,
et par la suite il
y aura une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Donc, dans
un premier temps, bien vouloir vous identifier, et par la suite vous
pourrez commencer votre présentation. À vous la parole.
Démocratie Québec
Mme Guérette (Anne) : Merci
beaucoup. Alors, m'avez-vous demandé de m'identifier?
Le Président (M. Auger) : De
vous identifier, effectivement, et par la suite vous pourrez commencer votre présentation.
Mme Guérette
(Anne) : O.K.
Alors, je suis Anne Guérette, chef de
l'opposition à la ville de Québec, chef du parti Démocratie Québec et conseillère municipale également
dans le district du Cap-aux-Diamants.
Alors, M. le Président...
Le Président (M. Auger) :
...accompagnée de?
Mme Guérette (Anne) : Bien, je
vais vous le présenter.
Le Président (M. Auger) : Ah!
Mme Guérette
(Anne) : Inquiétez-vous pas,
je m'en viens, là! M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, merci de nous accueillir ici, aujourd'hui, pour nous permettre de vous présenter nos remarques sur le projet de loi n° 122. Je suis accompagnée de Me Denis L'Anglais,
président du parti Démocratie Québec, le parti qui est actuellement justement à
l'opposition à la ville de Québec.
Démocratie
Québec est un parti qui est né du désir de plusieurs d'amener plus de démocratie
à la ville de Québec. Notre
vision, c'est une démocratie ouverte, dynamique, participative, qui priorise
son action en fonction de ce qui s'exprime sur le terrain et pas juste aux quatre ans. C'est une démocratie
où les citoyens sont invités à prendre une part active au
sujet des enjeux qui ont un impact sur leur
cadre de vie, particulièrement les enjeux d'urbanisme et d'aménagement du territoire, qui sont, et vous le savez, des enjeux très
sensibles qui ont un impact à long terme sur la vie des gens et aussi
sur la qualité du territoire.
Démocratie
Québec est un parti qui est en faveur
d'une densification, mais une densification qui s'effectue en harmonie dans son environnement, en harmonie dans
son environnement naturel, dans l'environnement également, dans le cadre bâti et aussi dans son environnement
social, ce qui veut dire, bien sûr, avec une acceptabilité de la population.
Vous
comprendrez donc, suite à ce que je viens de vous dire, que, pour nous,
Démocratie Québec, éliminer le processus
référendaire va à l'encontre de notre mission et de notre vision de la
démocratie et du développement urbain. Alors,
notre position est claire et sans équivoque, nous demandons à ce que le
référendum soit maintenu. Nous demandons à ce que le référendum soit étendu dans les plans particuliers
d'urbanisme, qu'on appelle les PPU, parce qu'actuellement ils sont soustraits de l'obligation de référendum.
Et nous demandons également l'abolition de l'article 74.4 qui permet
de soustraire au processus référendaire des
projets à caractère communautaire, culturel ou ayant une surface, une
superficie de 25 000 pieds carrés et plus.
En ce qui concerne...
Une voix : ...
Mme Guérette
(Anne) : Mètres carrés?
Mètres carrés, pardon. En ce qui concerne la consultation, je pense que tout le monde s'entend pour dire que le processus
de consultation publique est désuet ou déficient un peu partout au Québec,
incluant, bien sûr, à la ville de Québec, et
l'Institut du Nouveau Monde le mentionne également dans son rapport qui est
sorti il y a quelques jours. La politique
actuelle de consultation publique a démontré, à Québec, son inefficacité à
plusieurs reprises. Mais, pour nous,
à Démocratie Québec, même lorsque la politique de consultation publique sera
rénovée, mise à jour et modernisée, nous tenons quand même à avoir, à
conserver le processus référendaire.
Évidemment, plus notre politique de consultation
publique sera adéquate, moins les citoyens, normalement, auront recours au processus référendaire. Mais, je
veux dire, pourquoi avoir peur de le conserver? Tant mieux si on n'a pas
besoin de l'utiliser, mais, pour nous, le processus référendaire est une forme
de police d'assurance.
Donc,
pourquoi on veut absolument conserver le processus référendaire? Parce qu'on
veut garantir aux citoyens que non seulement ils seront entendus, mais
que l'essence de ce qu'ils vont exprimer sera réellement prise en compte dans la décision. Et, advenant que les élus fassent
fausse route à cet effet, les citoyens auront en main un véritable levier
permettant de forcer soit l'abandon total d'un projet ou encore son
amélioration pour faire en sorte que l'acceptabilité sociale soit suffisante.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, les
référendums sont une forme de police d'assurance qui permet de prévenir les erreurs, les abus et le manque
d'écoute. Et disons qu'à Québec, dans les 10 dernières années, nous avons
quand même été servis. Nous avons
vécu plusieurs projets où les citoyens ont senti qu'ils n'étaient pas entendus,
que tout ce qu'ils exprimaient
n'était pas pris en compte et qu'on leur imposait des projets où il n'y avait
pas d'acceptabilité sociale.
Alors, je
termine en vous disant, ma partie à moi, que nous sommes ici pour représenter
l'intérêt des citoyens de Québec, qui
comptent sur vous pour que vous mettiez tout en oeuvre pour préserver la
démocratie à Québec et rassurer les citoyens à l'effet qu'ils auront réellement
leur mot à dire en matière d'aménagement de leur territoire et qu'on ne donnera
pas carte blanche à un maire ou une mairesse
qui pourrait avoir envie de tout contrôler et de faire fi de l'opinion des
citoyens qu'il ou elle représente. Merci.
Le Président
(M. Auger) : M. L'Anglais.
M. L'Anglais (Denis) : M. le Président, l'abolition des référendums dans
les villes rendrait les citoyens incapables d'avoir une prise et une voix au chapitre sur les projets dérogatoires
ayant un impact sur le milieu de leur vie... en fait, sur leurs milieux
de vie. Mais, malgré les objections formulées par des gens qui ne sont pas des
inconscients à plein temps, pour reprendre
l'expression du maire Labeaume, la ville de Québec n'a pas administré la preuve
d'une menace réelle ou appréhendée
résultant de l'usage du référendum ni n'a fait la démonstration du caractère
antidémocratique du recours
occasionnel au référendum au cours des 15 dernières années. Ceux-ci
servent davantage à moduler les projets dérogatoires de développement qu'à les empêcher. En conséquence de quoi
la ville n'a démontré ni l'urgence, ni l'opportunité, ni la pertinence
d'abolir les référendums.
M. Labeaume a
cité abondamment le rapport L'Allier, mais de ce rapport le maire ne retient
qu'une seule recommandation, c'est
l'abolition du référendum, en occultant toutes les autres recommandations
visant la mise en place d'un
partenariat performant entre les citoyens et les élus. Ce rapport date déjà de
près de 10 ans, et entre-temps, cependant, l'expression citoyenne à
Québec a fait peau de chagrin à coups de substitution du conseil municipal aux
pouvoirs de l'arrondissement en vertu de
l'article 74.4 de la charte, à coups de diminution du pouvoir de
consultation des conseils de
quartier, de recours aux PPU, de discrédit public à l'encontre des citoyens,
aux groupes de citoyens qui ne partagent pas son avis ou qui veulent
simplement améliorer le projet en question.
Les
propos du maire sur le soi-disant recours abusif des politiques des référendums
par les citoyens, sur son caractère antidémocratique sont alarmistes et,
à notre avis, tiennent davantage des faits alternatifs que de la réalité.
En
Suisse, où rien en se fait sans qu'il n'y ait référendum, ce pays n'est pas
devenu pour autant anarchique ni n'est un
pays sous-développé. Pourquoi est-ce qu'il en serait différemment à Québec et à
Montréal? Il y a, à mon avis, tentative d'instrumentaliser la commission permanente... la commission
parlementaire en laissant entendre qu'il y a péril dans la demeure, alors qu'il n'en est rien. Malgré les nombreux
outils à disposition de la ville, qui la met à l'abri des référendums, M. le maire cherche l'adoption d'une mesure
législative dont il n'a pas besoin pour continuer ce qu'il fait déjà, hélas!
trop bien.
Nous
demandons à la commission parlementaire, donc, de maintenir le recours au
référendum décisionnel dans les
municipalités, même à la lumière des recommandations de l'Institut du Nouveau
Monde, si on les met en application, qui devraient améliorer
sérieusement, donc, le processus consultatif et... référendums.
À
nouveau, les référendums modulent les projets mais ne les empêchent pas. De
fait, ils modèrent la voracité des promoteurs
immobiliers qui carburent à la marge bénéficiaire au mètre carré et aux
rendements aux actionnaires. Le citoyen, son milieu de vie, sa qualité de vie semble, de très loin, la dernière
des préoccupations. Puisqu'ils ne sont pas élus, ils n'ont pas de
comptes à rendre auprès de l'électorat.
Quant
au maire Labeaume, même s'il affirme qu'il n'est pas un inconscient à plein
temps, qu'il sait juger ce qui est bon,
ce qui ne l'est pas, puisque l'aménagement urbain est une affaire politique et
que, si les personnes ne sont pas contentes, elles devront se faire élire, il est, d'abord et avant tout, une
personne intéressée à plein temps. Il est juge et partie dans ce processus-là et surtout lorsqu'il se prononce
sur la pertinence d'un projet, puisque ce sont des recettes fiscales, c'est
une recherche d'équilibre budgétaire, c'est
l'obsession de la réduction de la dette de 1,6 milliard, constituée au fil
des ans depuis qu'il y est.
Enfin,
ce projet, et c'est ça l'enjeu majeur, heurte de plein fouet plusieurs des
16 grands principes de la Loi sur le
développement durable, qui a été adoptée par l'Assemblée nationale il y a
maintenant 10 ans. En effet, ce projet s'apprête à exclure les
citoyens, partie prenante et au coeur du processus décisionnel touchant leurs
milieux, à les écarter de la définition
d'une vision concertée du développement, à faire de la fiscalité... de la
rentabilité fiscale au mètre carré le centre des préoccupations de la ville, au détriment de l'équité, de la
solidarité, de l'engagement, de la participation citoyenne et au
détriment du rapprochement des lieux de décision avec les citoyens concernés.
• (17 h 30) •
Alors,
M. le Président, déjà, Mme Guérette a évoqué quelles étaient nos demandes, maintenir le recours au référendum
à titre de police d'assurance pour les citoyens, indépendamment de ce qu'il arrivera du rapport
de l'Institut du Nouveau Monde. Nous
souhaitons élargir bien sûr au PPU le recours à l'approbation référendaire, l'abrogation, bien
sûr, de l'article 74.4 et nous proposons en contrepartie de hausser
les seuils de signature des registres pour la mise en oeuvre du processus
référendaire comme nous proposons en
même temps d'élargir les zones
contiguës des personnes admises à
voter pour donner davantage de légitimité au processus référendaire. Enfin,
nous proposons que le projet de loi
n° 122 puisse se référer à la Loi sur le développement durable de
façon que les grands principes qui
apparaissent à cette loi-là y soient.
Enfin,
on termine, M. le Président, en réaffirmant qu'il n'y a pas de menace
réelle ou appréhendée, que la mesure législative recherchée par
M. Labeaume constitue une mesure à contre-courant de la volonté citoyenne,
mais aussi à contre-courant des grands
principes de développement durable et contrairement à ce que le Québec a
adopté et à l'instar de ce qui se
fait sur le plan international. Et, enfin, nous affirmons que les membres de la commission parlementaire, au nom
des citoyens de Québec, devraient s'imposer comme le rempart contre les
dérives autoritaires en maintenant et en développant la démocratie
citoyenne à Québec et au Québec, en ayant à l'esprit ce proverbe cité par
Gandhi, Mandela et plus récemment M. L'Allier : Tout ce que tu fais
pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Auger) : Merci pour votre présentation. Nous allons
débuter la période d'échange. M. le ministre, il vous reste 13 minutes.
M. Coiteux :
Mme Guérette, M. L'Anglais, merci beaucoup. Je veux juste faire une petite
introduction un peu différente, mais
en même temps un peu similaire à celle que j'ai faite auparavant avec des
représentants de l'opposition officielle
à la ville de Montréal. Nous, de part et d'autre, ici, dans cette commission,
on est en politique partisane aussi, hein?
Donc, c'est vrai qu'on a des différends qui sont teintés par cette nature de ce
qu'on fait, hein, bien sûr, et c'est votre cas aussi, donc, et c'est le cas du maire de Québec qui est venu, et
c'est le cas du maire de Montréal qui est venu. Et c'est normal que vous dites que vous parlez au nom des
citoyens, que vous voulez défendre des citoyens, puis c'est tout à fait
correct, et légitime, et normal. Vous êtes là pour ça. Vous êtes là en
politique pour faire ça.
Mais le maire
de Québec est venu nous dire la même chose. Quand, lui, il défend un modèle
alternatif à celui qui existe
aujourd'hui, notamment en matière de référendum, en matière d'urbanisme, il ne
dit pas : Je le fais dans mon intérêt personnel, il dit qu'il le fait dans l'intérêt des citoyens. Puis il y a
d'autres maires, à travers le Québec, qui ont été élus par leurs citoyens puis, des fois, il y a même des
membres de leurs oppositions qui sont d'accord avec certaines dispositions
du projet de loi. Peut-être que, pour
d'autres villes que Montréal, Québec, c'est un modèle différent, mais néanmoins
c'est un modèle qui change la donne par rapport au modèle actuel des
référendums en matière d'urbanisme.
Pourquoi je
dis tout ça? C'est parce qu'on a des débats là-dessus, c'est légitime, c'est
tout à fait normal, mais le gouvernement fait une proposition, là, ici,
hein? Il fait une proposition de faire en sorte que ça soit la démocratie municipale, locale qui définisse les modèles de
consultation de leurs citoyens en matière d'urbanisme. C'est ça qui est le
modèle, c'est un modèle de confiance. Et on
a eu des groupes, notamment l'Institut de développement urbain du Québec,
puis ils étaient représentés par quelqu'un
qui a été ministre des Affaires municipales en plus et qui a eu une expérience
gouvernementale, qui nous a même dit que le
modèle qu'on propose pour Québec et Montréal, on devrait même l'étendre
à toutes les grandes villes du Québec.
Puis on eu ce
matin les gens de Vivre en ville, qui, eux, nous ont dit : Non, non,
prenez le modèle que vous proposez pour
toutes les autres villes que Montréal et Québec puis appliquez-le également à
Montréal et Québec, de telle sorte que le point de vue que vous défendez, il est tout à fait légitime, mais il ne
faut pas penser que c'est la seule façon de vouloir représenter l'intérêt citoyen. C'est juste ça que
je voulais dire, on a des désaccords, des désaccords légitimes là-dessus.
Ça, c'était mon introduction, vient maintenant
ma question. Supposons que ça n'avait jamais existé ça, ces référendums en matière d'urbanisme au Québec...
parce qu'ailleurs dans le monde, ce n'est pas partout que ça existe. Vous
avez cité la Suisse que je connais très
bien. Ce n'est pas juste en matière d'urbanisme, eux, ils ont des référendums
sur des questions aussi profondes
que : Devrait-on avoir une armée? Alors, ça va loin. Les taux de
participation sont faibles par
contre, sont très, très faibles, de telle sorte qu'on se pose des questions
parfois sur la représentativité de ces exercices-là. Je n'en dirai pas plus long. Mais justement les
gens, dans le modèle actuel, ils trouvent qu'il y a peu de citoyens, souvent
des minorités très organisées... ça
ressemble plus, dans certains cas, à une minorité de blocage qu'à l'expression
de l'intérêt citoyen, et les gens cherchent des modèles alternatifs.
Alors, supposons
que ça n'avait jamais existé et supposons que vous gouverniez, parce qu'on
parle de gouvernement de proximité
maintenant, la ville de Québec, puis vous diriez : On a actuellement un
modèle de consultation, qu'est-ce que vous
feriez pour améliorer le modèle actuel de consultation pour qu'il donne les
résultats que vous souhaitez sans passer par le mécanisme des
référendums?
Le Président (M. Auger) :
Mme Guérette.
Mme Guérette
(Anne) : Oui. Alors,
qu'est-ce qu'on proposerait? En fait, c'est sûr que, le problème habituel,
c'est quand on arrive avec des projets
démesurés, c'est quand on arrive avec des projets qui sont en dehors du zonage.
Ça fait que qu'est-ce qu'on propose,
qu'est-ce qui est très, très important, bien sûr, c'est la consultation en
amont. C'est certain, la consultation en amont, c'est le moment où on consulte
notre collectivité avec tous les citoyens au sens large du terme, autant les citoyens ordinaires que les
citoyens corporatifs, que les gens du milieu culturel ou communautaire. On entend toutes les parties, les professionnels
aussi, les experts, et là on établit le grand cadre, les règles du jeu de
comment on pense... qu'est-ce qui est bien pour encadrer le
développement de notre territoire.
Donc, ce qu'il faut qu'on fasse, c'est qu'est-ce
qu'on fait, donc, quand arrive un projet qui est complètement en dehors de ça. Bien, il faut aller consulter les
citoyens et puis c'est sûr qu'il faut faire les lois pas en fonction des
personnes qui gouvernent. On peut
avoir toutes sortes de personnalités, et donc il faut faire fi de ça, mais il
faut assurer les citoyens que ce
qu'ils diront en consultation publique sera réellement pris en compte. Et le
référendum est comme un levier qui donne
un équilibre dans le rapport de force. Sans ce levier-là, eh bien, un maire ou
une mairesse qui voudrait imposer ses projets sans tenir compte de ce
qui s'exprime, pourrait le faire, puis on l'a vécu à Québec.
On l'a vécu à
Québec, parce que l'îlot Esso, l'îlot Irving, ce sont des projets où on avait
consulté les citoyens en amont. Pour
l'îlot Esso, c'était 13 mètres, la hauteur de bâtiment. Alors, qu'est-ce
qui est arrivé? C'est que la mairie a permis
qu'un projet de 21 mètres soit étudié, travaillé, dessiné par les
promoteurs, étudié par la commission d'urbanisme pendant presque trois ans. Donc, c'est sûr que, deux ans ou trois ans
plus tard, quand le promoteur arrive devant les citoyens qui, eux, s'étaient entendus sur un contrat de
13 mètres, on arrive avec un projet fini de 21 mètres, et là les
citoyens disent : On ne veut pas
voir ça. C'est sûr que, là, tout le monde est malheureux. Les promoteurs ne
sont pas contents, les citoyens ne
sont pas contents, les fonctionnaires se font ramasser. Il n'y a personne qui
est content. Donc, évidemment, la consultation en amont, respecter la consultation en amont, c'est fondamental. Donc,
moi, je pense que ça prend un levier. Il faut permettre aux citoyens un
levier.
Et je veux
revenir sur la question des minorités. Moi, j'ai vécu de près plusieurs
référendums. Depuis 15 ans, je suis
sur le terrain avec les citoyens et je l'ai été comme citoyenne pendant cinq
ans. J'ai mené le premier référendum de l'histoire de la ville de Québec fusionnée en 2004 et moi, je n'ai pas
connu de minorité contre le développement. À chaque fois qu'il y a eu une mobilisation et que les
citoyens ont réussi à traverser ce processus référendaire qui est très
exigeant, c'est parce qu'il y avait
vraiment un projet sur la table qui n'était pas acceptable socialement et qu'il
fallait se rasseoir ensemble pour améliorer, bonifier.
Alors, si on n'avait pas eu ce processus
référendaire, bien, on aurait un bâtiment peut-être de huit étages au coin Cartier—René-Lévesque. Et, sur la rue Cartier, les
citoyens m'interpellent au quotidien, peut-être un peu moins, mais, au lendemain du référendum, les gens sont
tellement contents qu'on ait évité cette construction démesurée qui aurait
brisé notre avenue Cartier. Non, il a
fallu se battre. Pourquoi? Parce qu'il n'y avait pas d'écoute, malheureusement.
Parce que, moi, comme conseillère du
district, je l'ai dit en amont bien longtemps : Je connais mes citoyens,
je vous le dis tout de suite, moi, je
pense que ça ne passera pas. Vous pouvez continuer de pousser si vous voulez.
Moi, je vous le dis, là, les citoyens, ils n'accepteront pas ce
projet-là.
Donc, on a
continué quand même de pousser, puis les citoyens, finalement,
sont allés jusqu'au bout du processus, ont gagné le référendum, et c'est un processus citoyen, qui a été très
exigeant, que les citoyens ont traversé. On a réussi à améliorer les
choses.
Dernière petite chose avant... Je veux parler de
l'IDU, parce que M. Coiteux, tout à l'heure...
• (17 h 40) •
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
Mme Guérette
(Anne) : ...M. le ministre, pardon. Tout à l'heure, vous disiez qu'on peut avoir différentes visions,
qu'il y a plein de gens qui sont venus ici parler de l'intérêt citoyen. Je veux
juste vous dire que l'Institut de développement
urbain, c'est un regroupement de promoteurs
immobiliers qui, je crois, représente autour de... de milliards. Je n'ai pas le
nombre exactement, mais des milliards de chiffre d'affaires.
Donc, c'est
des gens qui ne veulent pas voir le processus référendaire, c'est bien évident.
Ce n'est pas dans l'intérêt des
citoyens, c'est dans l'intérêt de leur entreprise, c'est dans l'intérêt de leurs actionnaires, et
on les comprend. Si on était à leur
place, on viendrait ici, on vous ferait la même demande. Mais ce n'est pas dans
l'intérêt des citoyens que l'IDU vient vous demander le retrait du
processus référendaire. Je voulais juste le préciser.
Le Président (M. Auger) : M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie : Merci, M. le
Président. Tout d'abord, merci pour votre présentation. C'est intéressant et
c'est justement l'objectif de ce genre de
commission parlementaire, d'entendre différentes personnes, différents groupes
pour exprimer une opinion.
Et je reviens
sur la question du référendum, parce que ça nous semble un enjeu du projet de
loi, et on entend des gens qui sont pour puis d'autres qui sont opposés
au retrait. Maintenant, j'aimerais savoir de votre part, est-ce que le processus référendaire est un... Je vous dirais
quasiment, pour ce que j'entends à certains points de vue, c'est quasiment
le seul processus d'une démocratie citoyenne
ou d'une participation citoyenne. Et, quand je regarde les chiffres,
particulièrement à Québec, on parle
de cinq référendums sur une période de 15 ans, ce qui fait en moyenne un
référendum aux trois années. Alors,
ce n'est vraiment pas optimal. Peut-être, il y a un problème avec le processus
référendaire, mais on ne pourrait pas considérer
que c'est un élément extrêmement positif pour les citoyens, optimal pour avoir
une discussion avec sa ville ou avec le conseil municipal. Alors,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme Guérette
(Anne) : Absolument, c'est
sûr que ce qui... Il ne reste plus grand, grand, grand place pour donner
aux citoyens un levier, parce qu'on le sait, le PPU, à partir du moment où la
ville décrète un programme particulier d'urbanisme
sur un territoire, il n'est pas susceptible d'approbation référendaire. Donc, on a utilisé allègrement quand même cette façon de faire dans les
dernières années à Québec.
Donc, oui,
c'est le seul levier qu'il reste aux citoyens pour tenter soit de bloquer un
projet qui, selon eux, vient briser leur cadre de vie, et c'est comme
une police d'assurance, c'est-à-dire que la police d'assurance, bien sûr, on a tout avantage, tout le monde, à mettre tout
en oeuvre pour ne pas avoir à s'en servir, mais, quand elle est là, elle peut
être très utile, parce qu'effectivement notre développement
urbain... Quand on construit un bâtiment, c'est pour des décennies, voire des siècles, donc ce n'est pas à prendre à
la légère. On a vu déjà... La Révolution tranquille, vous le savez, il y a eu
beaucoup d'erreurs urbaines qu'on a faites à
cette époque-là et aujourd'hui il faut tenter d'éviter ces erreurs-là encore,
et c'est un levier qui permet, selon nous,
d'éviter des erreurs, de prévenir les abus de certains dirigeants qui auraient
beaucoup de pouvoir et qui pourraient
l'utiliser pour imposer des projets qui, un peu comme le disait tout à l'heure
mon collègue M. L'Anglais, rapportent beaucoup de taxes.
C'est sûr que la question aussi de la fiscalité,
évidemment, tu sais, c'est un problème qu'il va falloir adresser éventuellement, parce que c'est sûr qu'on est
encore tenté, certains maires sont encore tentés, évidemment, d'aller... Notre
pain puis notre beurre, c'est les taxes.
Donc, c'est sûr que des gros projets, c'est tentant encore, parce que ça
rapporte des taxes à court terme.
Puis la sagesse citoyenne, elle, elle nous calme un peu pour nous dire :
Bien là, qu'est-ce qu'on est en train de faire sur le long terme? Est-ce
qu'on est en train de briser notre ville? Donc, oui, c'est un levier, une
police d'assurance. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Nous allons poursuivre avec Mme la députée
de Taschereau pour les neuf prochaines minutes.
Mme Maltais :
Merci. Mme la chef de l'opposition, M. L'Anglais, bienvenue à cette commission
parlementaire.
J'ai trouvé très intéressante
l'envolée du ministre parce qu'elle vient de me prouver qu'il a compris que le
sujet venait de se recadrer. C'est
assez étonnant, ce qui vient de se passer. D'abord, je vais le rassurer, je ne
suis pas ici... Une fois assis autour
de la commission parlementaire dans un projet de loi, dans une audition, on
n'est pas là de façon partisane, puis
je pense qu'il l'a vu autour de l'attitude qu'on a eue autour du projet de loi
sur le statut de la capitale nationale, où... Maintenant, on est là dans une option d'assurer une qualité de vie
démocratique à notre société québécoise. Puis ce projet de loi là touche
à des éléments de la démocratie puis c'est là que le sujet vient de se
recadrer.
Le
titre du projet de loi, c'est de reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité, augmenter leur
autonomie et leurs pouvoirs. Donc, le projet de loi, quand le ministre l'a
présenté, c'était entre la municipalité et le gouvernement, mais il y a un citoyen en quelque part là-dedans, et la
surprise dans ce projet de loi là, ça a été de découvrir qu'on enlevait des pouvoirs aux citoyens et aux citoyennes
des villes. Et c'est là que le débat se fait et c'est là que le débat s'est recadré. Je pense que c'est ça, la... ce que
je viens de comprendre un peu de la surprise du ministre par rapport à la
façon dont on pouvait accueillir cette loi,
parce que sur l'autonomie on est d'accord, mais c'est sur ce retrait du pouvoir
d'un citoyen qu'il y a tout à coup, je vais
l'appeler comme c'est avec ce que je vois, une levée de boucliers qui grandit.
Puis je trouve ça important puis je trouve
ça intéressant comme le mouvement qui vient de se faire de l'autre côté, mais
qui se fait partout. Moi aussi, je me posais
des questions sur la loi puis je dirais que mon idée s'affermit de plus en
plus.
Vous
avez critiqué que les conseils de quartiers avaient perdu des pouvoirs ou,
enfin, des consultations. Vous dites que
les PPU sont aussi des endroits où on enlève le pouvoir référendaire. On sait
que l'article 74.4 existe à Québec, qu'il permet de soustraire un édifice de plus de 25 000... carrés à
l'option référendaire. Quels seraient, pour vous, les éléments qui
pourraient nous permettre d'ajuster les choses pour permettre peut-être un
meilleur équilibre, ce que souhaite le gouvernement
et ce que souhaitent les maires et mairesses, je pense? Vous savez, une des
propositions, c'est élargir la zone d'approbation
référendaire. Pouvez-vous nous en parler? Et, si vous avez d'autres suggestions
comme ça, on va les entendre.
Le Président
(M. Auger) : M. L'Anglais.
M. L'Anglais
(Denis) : Merci, M. le Président. Mme la députée, l'abolition de
l'article 74 permet au conseil municipal de
s'approprier les pouvoirs des arrondissements et de décider par-dessus la tête
des arrondissements les projets qui
intéressent l'arrondissement. Alors, qu'on abolisse cet article-là, ça va
redonner le pouvoir aux arrondissements, ça va rapprocher le
gouvernement de proximité, qui est celui de l'arrondissement, près des
citoyens, et ce sont les conseils d'arrondissement
qui vont gérer les projets et, en même temps, qui vont gérer les référendums
dans leur territoire ou sur leur territoire.
Un, augmenter les seuils de contribution au registre pour qu'il y ait
davantage... augmenter le niveau pour qu'on
ouvre les registres et, ensuite de ça, élargir les zones contiguës pour donner
davantage de légitimité au processus référendaire.
Mais
il y a certainement d'autres considérations à faire. Écoutez, si on retirait ou
si on abolissait le référendum, il ne faudrait pas que ce projet de loi
interdise les villes de pouvoir mener, envers et contre tous, un référendum si
elles estiment que c'est utile. Il faudrait
donc qu'on ne se retrouve pas à l'image de la Constitution espagnole qui
interdit le référendum en Catalogne.
Il ne faudrait pas qu'une loi empêche le référendum dans un arrondissement ou
dans une ville. Je pense qu'on ferait fausse route.
L'idée,
c'est de redonner dans un principe... en coordination avec les grands principes
de développement durable, c'est-à-dire
de remettre le citoyen au coeur de la décision qui le touche, et donc je pense
qu'on devrait aller dans ce sens-là plutôt.
Mme Maltais :
Je vais juste faire un autre commentaire avant de passer la parole à mon
collègue qui est le meneur du
dossier, mais je voudrais juste vous dire qu'il y a, dans votre mémoire,
beaucoup d'articles... vous parlez d'articles où on élimine, par exemple, l'obligation du maire de présenter
annuellement la situation financière, tout ça. Sur la reddition de comptes, c'est vraiment fouillé. Ça, on n'a pas
entendu ça dans les autres mémoires. Ça fait qu'on va sûrement revenir là-dessus, mais on va échanger avec le
gouvernement ou avec vous pour essayer de savoir exactement ce sur quoi vous
voulez nous alerter, mais on est sur le grand débat démocratique actuellement.
Mon collègue va prendre la suite.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de René-Lévesque, il vous reste à peu
près quatre minutes.
• (17 h 50) •
M. Ouellet :
Merci beaucoup. On a parlé des différents modèles, et, à travers les
différentes discussions de la commission
parlementaire, comme le ministre l'a rappelé, il y a différentes façons de voir
la façon d'améliorer le sort des lois
existantes. Et une des façons qui a été explorée ou qui a été échangée, c'est
pour ce qui est de la ville de Québec, donc d'imiter un peu, là, la
résultante de Montréal avec son office, donc quelque chose de vraiment
indépendant.
J'aimerais
vous entendre là-dessus. Si on avait à introduire ça dans la loi, parce
que présentement, ce n'est pas cas...
pour abolir les référendums de Québec, il n'y a pas de contrepartie à
l'intérieur de la loi, il n'y a pas d'obligation, alors que les municipalités, pour perdre leur
droit référendaire, doivent avoir une politique de consultation et
d'information. Donc, j'aimerais
vous entendre là-dessus. Québec n'a rien comme obligation, mais, si on avait à
mettre quelque chose, quelque chose
qui fonctionnerait, qui serait une véritable reddition de compte, une véritable
participation citoyenne, ce serait quoi, selon vous, madame?
Le Président
(M. Auger) : Mme Guérette.
Mme Guérette
(Anne) : Ce serait une
combinaison de plusieurs choses. Bien sûr, l'amélioration de la politique
de consultation en amont, c'est fondamental. La conservation du processus
référendaire et la création d'un office de consultation publique indépendant pour Québec,
nous y avons réfléchi. J'en ai parlé déjà, lors de ma course à la chefferie,
que moi, je m'engageais à créer pour Québec également un office de consultation
publique indépendant.
Si vous le
mettez dans la loi, nous, ça va être bien reçu par nous, c'est certain. Donc,
nous, ce qu'on veut, comme je l'ai
dit d'entrée de jeu, c'est plus de démocratie et non pas d'enlever... donc
d'enlever du pouvoir aux citoyens. Donc, l'office de consultation public
indépendant pourrait être très intéressant, justement, pour les projets de plus
grande envergure, parce qu'à Québec
l'article 74.4... puis ça, les citoyens me le disent souvent, c'est
drôle de constater que plus un projet
est gros, moins on a notre mot à dire dessus. Donc, à partir du moment où un
projet a 25 000 mètres carrés et plus,
là, on n'a plus rien à dire. Pourtant, c'est un projet majeur, au contraire,
sur lequel les citoyens d'un large périmètre devraient avoir la
possibilité de s'exprimer.
Donc, à
travers la création d'un office de consultation publique indépendant, on
pourrait, sans faire exactement comme
à Montréal... il faudrait l'adapter pour notre réalité à nous parce que nous
avons des conseils de quartier, ce que Montréal
n'a pas. Donc, il n'est pas question d'abolir les conseils de quartier. Il est
question de continuer de consolider le
processus qui permet un débat ouvert à la recherche des meilleurs projets pour
que notre ville grandisse toujours en beauté, en harmonie, en créant
plus de richesse collective et de qualité de vie pour les citoyens.
Le Président (M. Auger) :
1 min 45 s, M. le député.
M. Ouellet : Merci. Ma collègue, tantôt, elle a vu juste en
disant : On est en train de recentrer le débat sur l'essentiel.
Qu'est-ce qu'on perd, qu'est-ce qu'on gagne, du côté du citoyen?
Mais je vous
entendais parler tout à l'heure sur les avis publics, donc cette possibilité de
maintenir, dans le fond, l'obligation de mettre les avis publics dans les
médias écrits. J'ai l'impression qu'en vous entendant on vient de déplacer
un peu l'endroit où est-ce que l'information
va se trouver mais surtout la façon de l'obtenir. Anciennement, là, si on ne
prend aucune disposition puis on garde la loi actuelle, là, l'information, elle
se rend au citoyen. Quand je prends les nouvelles
dispositions à plusieurs variables, j'ai l'impression que maintenant, le
citoyen, il faut qu'il trouve l'information. Et ça, à vous entendre parler, c'est devenu un petit peu plus clair à
mes yeux, mais à vous entendre parler, on manque un petit peu de
reddition de comptes, mais on demande au citoyen de faire plus d'efforts.
Est-ce que
cet effort-là sera soutenu? Est-ce que cette information-là va être facilement
trouvable? J'aimerais vous entendre
là-dessus. Est-ce qu'on est en train de perdre, dans le fond, cette proximité
que nous avions de rendre l'information disponible en la transposant
comme étant une responsabilité du citoyen à la trouver, maintenant.
Le Président (M. Auger) : En
30 secondes, Mme Guérette.
Mme Guérette
(Anne) : Oui,
30 secondes. Effectivement, on s'inquiète à plusieurs égards dans le
projet de loi par rapport à
l'éloignement ou à l'obligation pour le citoyen d'aller chercher l'information,
que ce soit dans la diffusion des avis publics,
que ce soit dans le rapport annuel sur le taux global de taxation qui ne sera
plus au conseil municipal, que ce soit dans l'obligation du maire de
présenter la situation financière de la ville, que ce soit en trait à la liste
des contrats de 2 000 $ à
25 000 $. Donc, on a fait un peu un détail de quelques éléments comme
ça qui, selon nous, va rendre l'information plus difficile à trouver. Il
n'y aura pas de débat au conseil municipal...
Le
Président (M. Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous
avions. Nous allons maintenant poursuivre avec le porte-parole de la
deuxième opposition. M. le député de Blainville, pour six minutes.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Mme Guérette,
évidemment, M. L'Anglais, merci de votre présence à notre commission
parlementaire.
Comme j'ai eu
la chance de l'expliquer tantôt à ceux qui vous ont précédés, depuis hier, là,
moi, là, depuis que le maire de Gatineau qui... j'expliquais qu'il est
voisin de l'Ontario, qu'ils n'ont pas de référendum, et puis c'était une prémisse qu'on s'était dite en commission
parlementaire, depuis le tout début : les référendums n'existent pas dans
le reste du Canada. Il n'y en a pas aux États-Unis, question
d'efficacité. C'est quelque chose qui se tient, là.
Là, hier, le
maire de Gatineau qui est venu nous dire : Moi, je veux les garder, les
référendums. Et les zones de requalification, pour lui, c'est intéressant,
mais il veut regarder le processus référendaire à l'intérieur des zones de requalification. Bon, ça, Gatineau, c'est
Gatineau. Québec, c'est plus gros. Par contre, tout ça peut s'intégrer, là. Parce
que je vous écoute, là, vous nous dites,
vous êtes pour un office de consultation
publique. Donc, Montréal a déjà un office. Montréal, par contre, a l'article 89 dans la charte, c'est-à-dire
que pour les grands projets il n'y a de référendum, on s'en va en
consultation publique plutôt qu'avoir un référendum. Donc, ça, c'est le modèle
Montréal.
Et les
arrondissements tantôt nous ont dit... le représentant de Rosemont—La Petite-Patrie nous a dit : Bien, moi, si
j'avais une zone de requalification pour les
plus petits projets avec référendum, pour lesquels on modifie... évidemment, l'important, c'est le seuil de signature, parce
que c'était ça que le maire de Gatineau nous disait, là, il faut revoir le
processus référendaire, ce n'est
peut-être pas équitable présentement. Est-ce que ça pourrait s'appliquer à
Québec, là, tu sais? Aidez-moi un peu, là.
Le Président (M. Auger) : M.
L'Anglais.
M.
L'Anglais (Denis) : M. le
Président, M. le député, en réponse à la question, il faut se souvenir que, dès
que le maire M. Labeaume a pris
le pouvoir en 2007, dans les mois qui ont suivi, il a fait adopter une
résolution demandant l'abrogation du référendum et
ensuite de ça, le 19 mai 2011, devant cette même commission, il a demandé
que l'ensemble du territoire de
Québec soit déclaré zone franche de référendum, et ça, c'est dit dans les
documents, donc, de la commission parlementaire.
Alors, que ce soit pour un projet ou un projet de requalification seulement,
alors que M. le maire Labeaume demande
la totalité de la zone franche pour l'ensemble du territoire de la ville de
Québec, il le demande depuis 2007... et là ça fait maintenant depuis 10 ans qu'il le demande. C'est une
quête personnelle, il veut absolument et impérativement qu'il n'y ait
pas de référendum.
Alors,
est-ce qu'on y va juste pour une question de zone franche pour des projets de
requalification, sachant la volonté démontrée et farouche depuis 2007? On se
dit, il y a peut-être un risque, là, sur le plan politique. Et alors qu'on
devrait pouvoir utiliser d'autres
techniques, dont améliorer le processus référendaire, il y a quelque chose qui
n'a pas été beaucoup utilisé, c'est le référendum consultatif de la Loi
sur les élections et les référendums dans les municipalités. C'est un processus qui est admissible, et les
villes ont très peu utilisé ce processus consultatif sur des projets majeurs.
On n'a pas permis ou on n'a pas voulu
l'utiliser à l'initiative des villes, et pourtant c'est disponible, ça fait
partie des outils disponibles par les villes.
Alors,
il y a une requalification, il y a une précision, il y a une amélioration du
processus référendaire. On ouvre les registres, on améliore les zones
contiguës, on élargit les zones contiguës, mais en même temps il faut essayer
de redonner la capacité des citoyens d'intervenir sur leur propre milieu.
M. Laframboise : Donc, ce que vous nous dites, contrairement à Montréal qui, eux, vivent
présentement avec l'article 89,
pour lequel on peut se soustraire du processus référendaire par l'office, vous,
ce n'est pas ça que vous voulez. Vous
voulez... de toute façon, peu
importe, on veut une consultation référendaire quand même, même s'il y a un
office, là. Allez-y.
Le Président
(M. Auger) : M. L'Anglais.
M. L'Anglais (Denis) : M. le Président, nous, on a dit oui à l'office. S'il y a un office qui
est né, bien sûr, l'ensemble de la
démarche va passer du côté de l'office. Et, oui, on trouve que c'est beaucoup
plus garant d'un débat neutre, d'un
débat non partisan s'il y avait un office. Ça, pour nous, là, ça va de soi,
mais en même temps, en attendant que l'office se mette en place, en attendant... parce que la ville continue à
évoluer, il y a encore des choses qui doivent se faire. Il faut qu'on
permette donc la tenue d'un référendum jusqu'à ce qu'un office puisse se mettre
en place.
M. Laframboise :
Donc, quand l'office sera mis en place, ça pourrait être comme Montréal?
M. L'Anglais
(Denis) : Tout à fait.
M. Laframboise : Parfait. Donc, c'est important qu'on le comprenne parce qu'il faut
essayer de trouver quand même un processus qui soit équilibré pour
toutes les villes du Québec.
Bon,
évidemment, par rapport aux octrois de contrats gré à gré et tout ça, je
voudrais vous entendre. Puis il me reste combien de temps, monsieur...
Le Président
(M. Auger) : 1 min 15 s.
M. Laframboise : Je vais vous laisser la minute 15 secondes pour expliquer
comment vous voyez ça, là. Vous avez des réticences par rapport à ce qui
est dans le projet de loi.
Le Président
(M. Auger) : M. L'Anglais.
M. L'Anglais (Denis) : M. le Président, oui, des réticences,
effectivement. Pour nous, le 25 000 $ déposé ou la liste des contrats de 25 000 $ déposée
au conseil municipal, ça permettait une vigilance accrue sur les contrats qui
étaient octroyés, et nos amis de Montréal ont fait la référence à
l'utilisation du 24 900 $, là, de façon systématique.
Et
qu'on ajoute l'indice des prix à la consommation pour porter ça à
33 000 $ ou à 35 000 $, je ne pense pas qu'on voit d'inconvénient à la chose, mais il n'en
demeure pas moins qu'il faudrait qu'un règlement prévoie la mise à jour de
cet indice-là à chaque année, donc de façon que ça passe à 35 000 $,
36 000 $, 37 000 $ éventuellement.
Mais
l'idée, c'est que ces contrats-là ne doivent pas donner ouverture... parce que
35 000 $ à Québec est une chose et 35 000 $ à Montréal en est une autre, mais
35 000 $ à Saint-Séverin de Beauce, c'est autre chose. En d'autres
termes, il y a des tentations qui
sont probablement plus grandes dans certaines villes, villages, par rapport aux
grandes villes. En d'autres termes, d'abord et plus...
Le Président
(M. Auger) : Désolé, c'est...
M. L'Anglais
(Denis) : ...de transparence.
Le
Président (M. Auger) : ...tout le temps que vous avions. Donc,
Mme Guérette et M. L'Anglais, merci beaucoup pour votre
participation aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise
à 18 h 3)
Le
Président (M. Auger) :
Nous allons reprendre nos travaux, en souhaitant la bienvenue aux représentants de la Coalition pour la pérennité de la presse d'information au
Québec.
Donc,
je vous rappelle que vous disposez d'une période de 10 minutes pour votre présentation. Par la suite, il y aura une période d'échange avec les trois groupes
parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous identifier, et par la
suite vous pourrez commencer votre exposé. À vous la parole.
Coalition pour la pérennité de la presse d'information au
Québec
M. Cauchon
(Martin) : Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, mesdames
messieurs quasi ex-collègues — même si j'étais à Ottawa à l'époque, j'ai eu l'occasion de me présenter ici
régulièrement — je vous
remercie de nous recevoir aujourd'hui et de nous permettre de nous
exprimer sur le projet de loi n° 122.
Mon
nom est Martin Cauchon, et je suis président exécutif de Groupe Capitales
Médias et co-porte-parole de la Coalition
pour la pérennité des médias d'information au Québec. Je suis accompagné
aujourd'hui de mes collègues, qui vont se présenter eux-mêmes. Voilà.
M. Tardif
(Richard) : Alors, M. Richard Tardif, directeur général, Association
des journaux régionaux du Québec, Québec Community Newspapers
Association.
M. Paquette
(Gilber) : Gilber Paquette, directeur général d'Hebdos Québec,
un regroupement de 31 journaux ou hebdomadaires indépendants.
M. Myles
(Brian) : Brian Myles, directeur du Devoir. Le Devoir.
M. LeCavalier
(Donald) : Donald Lecavalier, vice-président principal finances,
Transcontinental TC.
Le Président
(M. Auger) : Merci. Bienvenue.
M. Cauchon
(Martin) : Merci beaucoup, M. le Président, M. le ministre et chers
députés. Notre coalition représente
178 publications, des quotidiens et des hebdomadaires qui sont publiés
dans toutes les régions du Québec et qui rejoignent plus de
6 millions de Québécoises et Québécois dans leurs foyers.
Nous
sommes ici aujourd'hui en tant que coalition pour discuter de deux points en
particulier : d'abord, la question des avis publics soulevée par les articles 51 et 90 du projet de
loi n° 122; ensuite, nous voulons saisir l'opportunité que nous avons pour vous sensibiliser aux
revendications de la coalition, alors que l'ensemble de nos membres traversent
une période de transition où ils doivent revoir et redéfinir leurs
modèles d'affaires.
Parlons
d'abord du projet de loi. Mmes,
MM. les députés, lorsque
vos prédécesseurs ont décidé de mettre dans le Code municipal et, plus tard,
dans la Loi sur les cités et villes
des dispositions obligeant les administrations municipales à publier
des avis publics, ils ne l'ont pas fait pour aider les journaux. Non. Ils ont
fait cela par souci de transparence. Ils ont fait cela car ils croyaient que les citoyens et citoyennes avaient le
droit de savoir comment étaient gérées et dépensées leurs taxes ou encore comment leur milieu de vie
serait-il affecté par un développement ou encore un règlement. Bref, comme vous, vos prédécesseurs étaient animés par
l'idée fondamentale de maintenir une saine démocratie. Toutes ces
raisons existent toujours aujourd'hui.
Selon
nous, la question que vous devez vous poser est la suivante : Si on
permettait l'adoption des articles 51 et 90 du projet de loi, articles qui modifient le mode de publication des avis
publics, est-ce que le droit des citoyens à l'information serait affecté? Est-ce que le nouveau mode de
publication se ferait en faveur d'une plus grande transparence? La réponse
pour nous, respectueusement soumise, est claire : Tout ceci se ferait aux
dépens d'une saine démocratie.
En
effet, nous tenons à souligner que les avis publics se trouvent déjà sur les
sites Internet des municipalités. Une enquête
de Léger Marketing a clairement démontré que les citoyens consultent ces avis
dans leurs journaux imprimés, mais à
peu près jamais sur le site de leur municipalité. De plus, tout le monde n'a
pas accès à Internet. Par exemple, dans le 20 % des moins fortunés de notre population, c'est près de la
moitié des ménages qui n'a pas d'accès à Internet à la maison. De même, toutes les enquêtes démontrent que, parmi
les personnes les plus âgées, le réflexe de consommer de l'information
en ligne n'est pas toujours très présent.
Par
ailleurs, l'argument utilisé pour justifier l'abandon des avis publics dans les
journaux imprimés est la question des
économies que cela pourrait générer pour les municipalités. Ici, nous vous
posons une question : Depuis quand les notions de transparence, de participation citoyenne et de saine
démocratie doivent-elles être gérées exclusivement à travers une ornière
économique?
Encore
aujourd'hui, les avis publics jouent un rôle important. Par exemple, un citoyen
peut apprendre, dans un de ces avis
publics, qu'une nouvelle usine polluante viendra s'installer dans son quartier.
Est-ce que ce citoyen serait allé sur le
site de la municipalité consulter les avis publics? Certainement pas. Seuls les
promoteurs eux-mêmes et les journalistes feront cela. Aujourd'hui, dans nos quartiers et dans nos villes, dans
nos villages, les journaux sont distribués à nos portes souvent gratuitement, et ces informations
précieuses sont livrées à l'ensemble de la population. Je pense que le retrait
des articles 51 et 90 est un pas minimal.
M. le
Président, si j'étais à votre place, chers membres de l'Assemblée nationale,
j'irais même plus loin. De plus en
plus, les avis publics, même ceux qui sont publiés dans les journaux, utilisent
un langage technique difficile à comprendre. Nous avons mis un exemple frappant dans notre
mémoire en page 6. Si l'objectif souhaité est la transparence, et nous le
pensons, on devrait exiger que ces avis
soient rédigés dans un langage clair de sorte qu'un citoyen ordinaire puisse
comprendre de quoi il s'agit.
Je passe maintenant la parole à mon collègue
Brian Myles.
• (18 h 10) •
M. Myles
(Brian) : Merci, Martin. M. le Président, Mmes et MM. les députés,
notre deuxième proposition est d'appuyer
les demandes de notre coalition. L'industrie des médias n'est pas une industrie
comme les autres. Nous sommes pour
ainsi dire les chiens de garde de la démocratie. Nous sommes responsables
d'assurer que les citoyens du Québec soient
bien informés. Et vous êtes à même de constater qu'il n'y a pas un problème de
société au Québec qui n'a pas été abordé
d'une façon ou d'une autre par les médias. On a joué ce rôle, au fil des ans,
d'éclaireurs, éclaireurs de nos réussites, mais aussi de nos
dysfonctions collectives.
Et au moment
où je vous parle, encore une fois, le Québec se prépare à vivre une autre
commission d'enquête, cette fois sur
la protection des sources journalistiques, une commission dont la création a
été applaudie par l'ensemble de la classe politique au Québec, y compris
le monde municipal. C'est bien la preuve que tous reconnaissent le rôle
important des journalistes et des médias dans le maintien de notre démocratie
et que des protections spéciales sont requises pour assurer la diffusion et la
libre circulation de l'information.
Mais pourtant, au moment même où on vit un âge
d'or du journalisme et du journalisme d'enquête, notre industrie traverse une crise sans précédent. Et je ne vais pas vous
faire l'inventaire de nos problèmes, puisqu'on pourrait déprimer longtemps, vous les connaissez.
Essentiellement, la révolution numérique a mis à mal, pour ne pas dire détruit
complètement le modèle traditionnel
d'affaires des médias de masse. Les médias qui dépendaient largement de revenus
publicitaires à l'imprimé ne retrouvent pas
ces revenus au numérique. Et, pire encore, c'est que les recettes numériques,
elles existent, mais elles nous échappent. En ce moment, on a deux conglomérats
étrangers, Google et Facebook, qui accaparent
presque 80 % des recettes publicitaires. Cette réalité est aussi bonne au
Québec, elle est bonne au Canada, elle est
bonne dans le reste du monde. Bref, on a créé une situation, avec ces outils,
où les gouvernements, les annonceurs, quiconque
veut placer de la publicité le fait maintenant chez des multinationales
étrangères, et ça vient accélérer la destruction de notre industrie.
Essentiellement,
les revenus publicitaires dans les journaux ont diminué de 40 % à
60 %, selon les circonstances, depuis
une dizaine d'années. On subit cette concurrence des grands groupes étrangers
et on le prend difficilement. Parce qu'au
fond un budget publicitaire des gouvernements et des agences, ce n'est rien de
moins que les taxes et les impôts des Québécois qu'on transforme en
budget. Et de plus en plus on voit les agences prendre ces budgets-là et les
placer directement sur les médias sociaux,
alors que nous, on développe quantité de patrons numériques, on a pris le
virage, on n'a pas attendu qu'on
vienne nous sauver. Le Devoir se décline sur une application
mobile, une tablette, un site Internet, et tous les membres de la coalition ici font pareil. Mais force est de
constater qu'on déploie de plus en plus de plateformes, de plus en plus d'efforts et d'investissements
pour ces plateformes-là, alors que les gouvernements eux-mêmes placent
leur argent chez Google et Facebook. Ce n'est pas banal.
Et les
circonstances, bien elles sont réelles. Il n'y a pas une salle de rédaction,
vraiment, qui est en croissance au Québec
en ce moment. On a géré la décroissance, les mises à pied, le non-remplacement
des départs à la retraite. Bref, on fait toujours plus, c'est-à-dire on
alimente toujours plus de plateformes, mais on le fait avec des effectifs qui
sont soit stables ou soit en diminution. Et
il s'est perdu énormément d'emplois dans l'industrie des médias au Québec et
dans le reste de l'Amérique du Nord au cours des dernières années.
Alors, ce
modèle d'affaires est mis à mal. Et le Québec, on a parfois des défauts :
on est le dernier de classe en matière
d'aide de l'État à la presse. Ça existe, de l'aide de l'État pour la presse.
Les champions toutes catégories, c'est les Finlandais, les Suédois, les
Norvégiens. En Finlande, de mémoire, on dépense 92 $ par habitant en aide
directe ou indirecte à la presse. Au Québec,
c'est à peu près 3,50 $, peut-être 4 $. On dépense moins qu'aux
États-Unis, qui est pourtant le champion de la non-intervention dans les
médias.
Cette aide,
nous estimons qu'elle est nécessaire et raisonnable, en ce moment, et c'est une
aide transitoire, que l'on demande.
Les médias du Québec ne demandent pas le modèle français, où les médias
français ont été sous perfusion étatique
pendant longtemps, trop longtemps, et cette aide a été prise pour acquise et a
généré une situation où on a freiné l'initiative. Nous, ce qu'on vous demande,
c'est une aide ponctuelle, transitoire, de cinq ans, pour nous aider tous
autant que nous sommes à affronter les défis
du numérique et à poursuivre notre transition d'un monde analogique, d'un monde
imprimé à un monde numérique avec des plateformes numériques.
Nous avons eu l'occasion de faire certaines
demandes, je les réitère ici, aujourd'hui, d'autant plus que nous approchons de l'échéance du budget. Nous demandons
essentiellement un programme et des crédits... programme ou des crédits d'impôt
remboursables pour les coûts de production de l'information. Parce qu'on fait
vivre des gens, on fait vivre des familles,
on emploie des salariés qui sont principalement syndiqués. L'industrie des
médias est un créateur net d'emplois au Québec.
On demande également des programmes ou des
crédits d'impôt remboursables pour nos investissements numériques, le développement de nos fameuses plateformes; une exemption
de la contribution payante en argent pour les services de collecte
sélective municipale, qui est notre bête noire.
Là, je vous
invite à retourner dans vos circonscriptions respectives et aller demander à
vos citoyens, vos concitoyens s'ils
accepteraient une hausse de taxe de 1 075 % en 10 ans. Si vous
en trouvez, envoyez-les-moi, s'il vous plaît, on va faire un portrait
dans le journal, ça va être très rare. C'est le lot des médias traditionnels.
Le fardeau de la taxe sur le recyclage,
c'est une augmentation de plus de 1 000 % pour nous. La collecte
sélective, c'est un monstre tentaculaire, c'est une entreprise qui n'a pas su gérer ses coûts de développement. Et,
alors que les journaux éprouvent des grandes difficultés à faire leur virage
numérique, on est pris avec une taxe qui ne cesse d'augmenter. C'est un
non-sens. Le tonnage global de papier diminue, mais la taxe continue
d'augmenter. Cherchez l'erreur.
Ensuite, on
demande l'abolition de la taxe de vente pour les journaux vendus, la TPS et la
TVQ. On estime que, si le livre est
un produit culturel, un objet culturel qui n'est pas un objet de consommation
comme les autres, on devrait traiter les journaux imprimés de la même
façon. Ce ne sont pas des objets comme les autres, ce sont des outils pour
s'informer, ce sont des instruments qui permettent de faire avancer le débat
d'idées et la démocratie.
Et, enfin,
une politique éthique, une politique de placement publicitaire qui, avant
d'enrichir des étrangers qui ne paient
pas de taxes et d'impôts chez nous, va venir consolider notre industrie, donc
une politique de placement publicitaire et des budgets augmentés d'une
manière significative dans nos médias, sur nos plateformes numériques.
À court
terme, je vous invite à réfléchir à l'importance de protéger le droit du public
à l'information, et j'appuie Martin
Cauchon et tous les membres de la coalition l'appuient d'ailleurs quand on
demande le retrait des articles 51 et 90 du projet de loi n° 122. L'enjeu, ce n'est pas seulement un enjeu
financier, pour nous, c'est un enjeu de transparence et de reddition de
comptes.
Le
Président (M. Auger) : Un instant, M. Myles. On a déjà
dépassé de trois minutes le temps prévu qui était de 10, et M. le
ministre avait des questions à vous poser. Donc, peut-être une conclusion très
rapide.
M. Myles
(Brian) : Alors, je conclus en vous disant qu'on a un enjeu
fondamental en ce moment, c'est la survie de nos médias d'information au Québec, et je vous invite à vous saisir
de ce problème d'une manière urgente et immédiate. Merci.
Le Président (M. Auger) : Merci
pour votre présentation. Donc, M. le ministre, 12 minutes.
M. Coiteux :
Et les gens de plume sont également gens de parole, et puis je ne voulais
surtout pas vous couper la parole,
c'est pour ça que je vous ai laissé un peu de mon temps. Donc, j'aurais
peut-être un peu moins de temps pour les échanges, mais ce n'est pas grave parce que c'était important de vous
entendre. Vous avez parlé de deux choses, en fait, la transparence puis vous avez parlé d'enjeux
économiques, d'enjeux économiques particulièrement du côté des médias.
Je vais commencer peut-être par la partie économique puis ensuite j'irai à la
question de la transparence.
Mais sur la question économique, les villes nous
disent que c'est un réel enjeu pour elles, cette obligation. Puis il y en a qui nous disent : Écoutez,
donnez-nous le choix, donnez-nous le choix. Puis là, il y en a qui sont venus
nous voir pour nous dire qu'eux
c'était tellement... Parce que des petites municipalités, il y en a une qui est
venue nous voir, ils sont
500 habitants. Saint-Denis-De La Bouteillerie. Je ne sais pas si ça vous
dit quelque chose. Ils sont venus nous voir puis ils nous ont dit que, pour
eux, là, c'était un gros enjeu, ça, cette question-là, puis ils seraient
capables de faire les choses autrement et de
manière tout aussi transparente. C'est sûr que c'est une petite municipalité,
peut-être que la somme que ça représente pour les médias n'est pas
grande, mais pour eux, c'est un gros enjeu.
Donc,
lorsqu'on parle de ce que ça coûte en moyenne pour les municipalités, ça cache
de grandes disparités. Donc, il y a
beaucoup, beaucoup de villes du Québec qui, depuis des années, nous
disent : Pourquoi une loi du Québec nous oblige à choisir une façon particulière de publier nos
avis? Pourquoi ne pas nous donner le choix? Puis il y en a qui nous disent,
puis il y en a qui sont venus nous dire que,
devant ce choix, ils continueraient de publier les avis publics dans les petits
journaux.
Et je vous
écoute, vous êtes... bien là, vous êtes tous des hommes aujourd'hui, là, mais
il y a aussi des femmes dans les médias, vous êtes hommes de plume, mais hommes
de parole, et je suis certain que dans certains cas vous allez en convaincre des élus municipaux, dans certaines
villes, de continuer de publier leurs avis publics sur des plateformes. Je suis
convaincu que vous allez être capables. Mais est-ce qu'on doit pour cela
obliger tout le monde à passer par le seul mécanisme?
Puis je vous
ai lu, en particulier M. Myles, au mois de décembre, là-dessus, vous
dites : Peut-être qu'on pourrait même,
nous, proposer notre propre plateforme électronique. Qu'est-ce qui vous
empêcherait de le faire, justement, si vous avez des produits qui vont intéresser les municipalités? Alors,
essentiellement, pourquoi ne pas choisir la voie de travailler, vous,
avec les municipalités dans un contexte où ils ont le choix?
Parce que,
pour certains, ça va être un gros enjeu, pour d'autres, moins, ou d'autres vont
tellement tenir à maintenir une
certaine proximité — je ne
parle pas de proximité pour influencer le contenu, j'espère qu'on me comprend
bien — qui vont vouloir tellement s'impliquer dans la survie
de leurs hebdos qu'ils n'auront pas de problème à travailler avec vous. Mais pourquoi les obliger? Pourquoi ne pas
justement avoir confiance en vous-mêmes? Ils ont la capacité de proposer
des solutions à des prix raisonnables, des
solutions qui vont faire l'affaire des municipalités, que ça soit sur un format
électronique ou sur un format traditionnel
papier, quitte à ce que certains vous abandonnent puis trouvent d'autres moyens?
Pourquoi pas? Pourquoi on n'est pas rendus là?
Le Président (M. Auger) :
M. Myles.
• (18 h 20) •
M. Myles
(Brian) : Écoutez, je vous dirais que le cas de Saint-Denis est, de
mon point de vue, anecdotique. Et on a
fait nos devoirs, on a colligé les informations, les avis publics, partout au
Québec, ça représente 10 millions de dollars pour les journaux, sur
des budgets municipaux de 18 milliards. C'est un vingtième de 1 %. Et
plus la ville est grande, notamment Montréal, plus le poids des avis publics
est marginal. Les avis publics de Montréal sont, au Devoir, en ce moment...
je vous dirais, c'est de la poussière d'étoiles. Ce n'est pas vrai que c'est un
argument économique. Et je le ramène à l'enjeu de la transparence. Et je vous dirais
que ça arrive à un très mauvais moment. Ça arrive à un moment où l'industrie
des médias, au Québec,
a un genou à terre. Et, si on pouvait au moins reporter cette réflexion à plus
tard, on serait tous gagnants, je vous dirais. Et ça nous permettrait
ensuite de développer notre offre numérique.
Et, si vous
décidez d'amender le projet et si vous estimez qu'il est encore nécessaire
de changer la donne, je vous dirais
qu'au minimum il faut qu'on permette puis qu'on force les municipalités à annoncer dans des médias, hein, que ce soit numérique ou papier, mais que ça reste dans les médias. Parce que,
si vous donnez à la ville, aux villes, la possibilité d'annoncer sur leurs propres plateformes, leurs
sites Internet, les avis publics, ça
va devenir un secret confidentiel que les gens ne verront plus. Et ça
nous ramène à l'enjeu de la transparence.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Coiteux : Je vous entends.
J'écoute ça, la question de la transparence. Mais moi, je suis convaincu qu'ils
peuvent être transparents autrement. Pourquoi ils ne pourraient pas être transparents
autrement? Pourquoi ils ne pourraient pas
davantage rejoindre leurs citoyens autrement? Je ne suis pas convaincu par cet
argument-là. Je ne suis pas convaincu. Ça peut être ma... On peut mal faire les
choses sur une plateforme papier comme on peut mal faire les choses sur une
plateforme électronique, mais a priori, on
ne peut pas dire que, s'ils choisissent un autre moyen que le format papier, ça
va être nécessairement moins
transparent. Ça dépend comment ça va être fait. Ça dépend comment ça pourrait
être encadré. Ça dépend de quel guide de bonnes pratiques on pourrait
établir, d'une part.
Mais vous
avez utilisé le mot «forcer» : les forcer à aller vers quelque chose.
C'est justement la philosophie de ce projet
de loi, au-delà même des articles qui vous concernent directement, c'est de les
forcer beaucoup moins et de leur faire
confiance dans leurs propres choix. C'est ça, la philosophie de ce projet de
loi là, faire confiance aux élus municipaux pour qu'ils fassent les bons
choix dans l'intérêt de leurs citoyens. Et je me demande pourquoi vous ne vous
faites pas confiance à vous-mêmes, comme
entreprises médiatiques présentes, notamment, dans les régions. Pourquoi vous
ne vous feriez pas confiance à
vous-même pour être capables de présenter des bonnes solutions aux
municipalités, qui vont faire en
sorte que certaines d'entre elles — mais peut-être pas toutes, si on ne les
force pas, peut-être pas toutes, mais en même temps ça va vous amener à
innover, aussi — choisissent
de continuer de travailler avec vous peut-être sur format papier,
peut-être sur format électronique?
Le Président (M. Auger) :
M. Cauchon.
M. Cauchon
(Martin) : Si vous
permettez, M. le ministre, écoutez, je vous entends et je vous suis aussi. Vous
savez, de temps en temps, on peut être en
matière de politique privée; ici, on est en matière de politique publique. Si vous me dites : Faites-vous
confiance, je pense que je vais me faire confiance. Et, quand je regarde le
bout de chemin qu'on a fait, Groupe
Capitales Médias, en deux ans, avec l'équipe, c'est extraordinaire ce qu'on a pu faire pour réussir à maintenir une qualité d'information dans l'ensemble
des régions du Québec, qui est notre mandat, une bonne information de qualité, de proximité. Mais, ici, ce dont on parle, M. le
ministre, c'est une question de politique publique.
J'ai moi-même
été dans un siège similaire au vôtre, et combien de fois il aurait été facile
pour moi d'écouter et de me
dire : C'est vrai, en bout de ligne, on devrait donner la latitude dans
tel dossier parce que ça va leur permettre d'économiser, ça va leur donner beaucoup plus de flexibilité,
et, de l'autre côté : Je devais d'abord et avant tout aller de l'avant et
poser un geste au nom de l'intérêt public et au nom d'une saine politique
publique. Je pense que le débat ici, outre la question économique, le
débat, c'est ça.
Et, quand
vous regardez la réalité sur le terrain... Et oubliez la question de :
nous, nos modèles sont en transformation. On s'en occupe. Je crois comprendre que le gouvernement a bien compris. Mais, si on met ça de côté, regardez les outils.
Le but que vous avez, c'est de faire en sorte que tout ce qui doit être publié par avis public le soit effectivement et aille chercher le plus
grand nombre de personnes possible. Ça, c'est un élément important.
C'est certain que, moi, si je suis maire,
vous me donnez la latitude, je vais aller dans mon Internet parce que je vais sauver des sous. Par
contre, est-ce que vous rencontrez
votre objectif public d'aller chercher le plus grand nombre de personnes? À mon
point de vue, respectueusement, M. le ministre, la réponse, c'est non.
Exemple, si
vous faites un survol, et demandez à votre équipe de le faire, de regarder tous
les outils publics dont on dispose au
Québec, en matière de communication, commencez avec les sites Internet des
municipalités et des villes et
regardez par la suite les outils qu'offrent les gens qui sont ici aujourd'hui.
Regardez, par exemple, l'équipe de Transcontinental,
qui ont des hebdos partout, et vous regardez le... en anglais l'«outreach» de leurs publications, de leurs
sites Internet, de leurs plateformes électroniques, dans certains cas, la visibilité
auprès du lectorat, auprès de la population
est 10 fois plus grande.
Donc, ce que
je soumets respectueusement, ici, ce
n'est pas une question de politique privée, c'est une question de politique publique. Ce n'est pas une question
d'économie, c'est une question de rencontrer des objectifs pour maintenir
une saine démocratie. Les avis publics, ça
existe, ça existe pour une raison, et la raison, elle est encore là aujourd'hui,
M. le ministre, je le soumets
respectueusement. Vous savez, on parle d'avis publics, ici, on ne parle pas
d'avis de recherche. Ça fait qu'il faut s'assurer de pouvoir le
communiquer le plus possible à l'ensemble des contribuables.
Le Président (M. Auger) : ...M.
le ministre, 2 min 30 s M. le ministre.
M.
Coiteux : Bien, si je peux me permettre juste une question — vous choisirez qui y répondra, vous êtes nombreux : Si c'était aujourd'hui qu'on avait
eu à prendre cette décision-là, dans l'univers technologique d'aujourd'hui, là, pas dans celui de... Je ne me souviens pas, d'ailleurs,
depuis... Depuis quand on a cette obligation, M. Croteau, vous qui
êtes un sage de ces matières?
M. Croteau (Marc) :
...pas dire un vieux, là, c'est ça que vous dites?
M. Coiteux : Non. Un homme de
grandes connaissances.
M. Croteau (Marc) : Non,
ça fait plusieurs dizaines d'années, là.
M. Coiteux : Plusieurs... quelques décennies, donc, hein?
L'univers technologique était radicalement différent. Si c'était aujourd'hui qu'on prenait cette décision-là, pensez-vous vraiment
qu'on aurait donné l'obligation que ça soit dans des médias écrits?
Le Président (M. Auger) :
M. Cauchon.
M. Cauchon
(Martin) : Je pense que, si l'objectif
était de communiquer les avis publics, à l'époque, au plus grand nombre de personnes dans la population
pour assurer une saine gestion, je pense qu'aujourd'hui on ferait exactement
la même chose.
Et, encore
une fois, M. le ministre, je le répète : Demandez à votre équipe de
regarder, faire le tour des sites
Internet des différentes cités et
villes et des villages au Québec, comparez-les avec le lectorat de n'importe quel membre
ici. Dans certains cas, c'est jusqu'à
10 fois supérieur. Donc, si vous voulez communiquer, je pense qu'en matière de politique publique ce
qui se fait présentement était une saine décision politique,
à l'époque, et une saine décision démocratique, et, à mon point de vue, elle l'est toujours
aujourd'hui.
M. Paquette
(Gilber) : Je me
permettrais peut-être d'ajouter... j'ai un exemple concret. Les hebdos
indépendants, on a lancé un portail
qui contient tous nos journaux, à l'automne. On a 1,5 million de lecteurs papier toutes les semaines; on a 22 000 téléchargements
à ce jour. Alors, si on ne passe pas les avis publics dans les journaux mais
bien sur cette application-là, il y a
1 480 000 personnes qui ne seront pas exposées à nos journaux.
Le projet de loi, dans sa forme actuelle, renverse la responsabilité, force le citoyen à aller chercher son
information. Et le citoyen, il n'est pas rendu là, Bryan l'a dit tantôt, pour deux raisons : les médias vivent
une crise, mais les citoyens dans les régions ne sont pas sur le Web puis ils
ne s'informent pas...
Le Président (M. Auger) : Juste
un instant. Dernière question, 45 secondes, M. le ministre.
M. Coiteux :
En fait, ça va être un commentaire, puis, je veux dire, ce n'est pas pour clore
la discussion puis avoir le dernier mot. Je ne doute pas, là, des études
que vous faites sur l'impact, là. Vous faites sûrement ça de façon très professionnelle. Mais c'est sûr que, lorsque les
journaux sont distribués, vous pouvez dire : Bien, ils ont été mis à la
porte, hein? Je ne sais pas si les
gens ont lu tous les avis, je ne sais pas si vous êtes capables d'aller à ce
degré de sophistication. Et, en ce
qui concerne les plateformes électroniques et tout ça, c'est peut-être une
indication que vous avez des produits à
développer davantage, les rendre plus attrayants. Puis il y en a qui le font,
au Québec, cette chose-là. On est dans un monde de changements
technologiques, puis vous n'avez pas le choix, vous allez devoir vous inscrire
de toute façon là-dedans. C'est ce que je crois.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. Nous allons
maintenant poursuivre avec l'opposition officielle. M. le député de
René-Lévesque, pour les neuf prochaines minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Messieurs, merci
d'être là. Si vous êtes ici, vous êtes venus nous dire que, si on ne change pas la disposition, les
avis publics qui sont placés dans vos médias risquent de fragiliser votre
modèle d'affaires. Et le ministre disait, tout à l'heure : C'est un enjeu
que les maires ont commencé à discuter, et pourquoi
qu'on est obligés de faire ça? On va reculer la cassette un peu parce que je
pense que c'est important de faire la mise en contexte, là.
Il y a un
pacte fiscal qui dit aux municipalités : On vous enlève 300 millions
par année, mais on va trouver un moyen
d'augmenter vos revenus et de baisser vos dépenses. Alors, on a eu un paquet de
projets de loi, n° 83, n° 110, la capitale de Québec, et, dans certains cas, dans le projet de loi actuel,
on dit : Écoutez, dans le cas des revenus, on va vous donner un nouveau pouvoir de taxation, on va vous
donner des redevances. Dans le cas du projet de loi n° 110, on est venu jouer dans les relations de travail. Alors,
on est venu donner aux municipalités des nouveaux moyens et on a trouvé pertinent, dans le projet de loi en
question : Bien, écoutez, peut-être que ça vous coûte trop cher, de le
mettre dans les médias écrits, alors
on va vous enlever cette obligation-là. Alors, vous avez compris que, si je
vous donne moins d'argent de Québec aux municipalités, bien, c'est de
l'argent que vous avez moins à dépenser dans les médias.
• (18 h 30) •
Ce qui était
plus aberrant, en plus, c'est qu'on a la FQM, des élus, des préfets qui sont
venus nous dire : Écoutez, M. le
ministre, dans certaines dispositions
de la loi, vous nous dites que vous allez pouvoir rendre publics les documents
par Internet, mais vous savez quoi, on n'est pas prêts, on
aurait besoin d'une mesure financière de transition pour nous amener à faire ce virage-là. Alors, ce que je suis en train de vous dire, là, c'est que,
si on adopte la disposition telle quelle puis que
les représentations des maires et mairesses dans les municipalités font qu'ils
mettent la main sur un fonds de transition,
bien, en plus, les municipalités vont avoir des moyens pour contourner
l'obligation qu'ils avaient à faire et, malheureusement, ne plus avoir
affaire avec vous. Vous comprenez, là, l'aberration.
M.
le ministre vous a posé la question : Aujourd'hui, si on avait à prendre
la décision de garder, oui ou non, l'obligation pour les médias écrits... Parce que, pour lui, c'est acquis; pour nous,
c'est fondamental. La question serait la même qui s'est posée par rapport à ça puis ça serait la
même qui se pose aujourd'hui. Pour les régions du Québec, pour la ruralité
du Québec, le journal se trouve à la porte,
se trouve dans les restaurants, se trouve dans les centres d'achats, bref, l'information
trouve son lecteur. Et, comme vous le disiez
tout à l'heure et comme je l'ai dit aux différents groupes juste avant vous,
là, présentement on a renversé, et
c'est maintenant le lecteur qui doit trouver son information. Et dans certains
cas, et surtout dans le cas des avis
publics, ce n'est pas la chose à faire si on veut donner plus de transparence
et plus de redditions de comptes.
Moi, quand je vous
regarde, les gars, là...
Mme Maltais :
C'est pertinent.
M. Ouellet : ...je vois des nouvelles locales, je vois des journalistes qui suivent
les conseils municipaux puis qui ramènent
les enjeux aux citoyens, citoyennes qui n'ont peut-être pas le temps d'être au
conseil parce qu'ils ont les enfants à
la garderie, ou ils ont le kid qui joue au hockey, ou ils ont la fille qui est
en train de faire un cours de gymnastique, ça fait que c'est leur relais
d'information.
Quand
je vous regarde, je vois des élus qui se font poser des questions — puis des fois qui ne veulent pas y
répondre — par vos journalistes. Quand je vous vois, je vois
vos journalistes faire un travail d'enquête. Ma crainte... Parce que c'est ça, le vrai débat aujourd'hui, là,
ce n'est pas de savoir si les avis publics sont rentables ou pas pour vos
journaux. C'est quoi, la suite pour les
médias locaux? C'est quoi, la suite pour les médias généraux? C'est ça, le vrai
débat qu'on a aujourd'hui, là.
Alors,
moi, si on adopte cette disposition-là, considérant le contexte avec lequel
vous êtes, moi, demain matin, là, je ne vois plus mes journalistes, je
ne vois plus mes nouvelles, je ne vois plus les enquêtes et je n'ai plus de
vitalité démocratique. C'est ça que j'ai devant moi aujourd'hui.
Le Président
(M. Auger) : M. LeCavalier.
M. LeCavalier
(Donald) : Oui, je peux confirmer. D'ailleurs, lorsqu'on parle de
rempart par rapport à la transparence,
on a expliqué un peu plus tôt les statistiques par rapport à la portée des avis
publics dans nos journaux qui sont beaucoup plus grandes. Donc, je
dirais que c'est le premier rempart.
Le
deuxième rempart, comme vous l'avez dit, M. le député, dans certaines villes,
villages, le journaliste, le seul journaliste
qui suit le maire, c'est de notre journal. Or, si on affecte le modèle
financier d'un journal local, premièrement, en lui enlevant des revenus d'avis publics, c'est probablement la
précarité du journal local qu'on met en jeu. Et, deuxièmement, si le journal disparaît, c'est le deuxième rempart
par rapport à la transparence qui disparaît parce que le seul journaliste
qui peut suivre les activités de la municipalité disparaît aussi. Donc, c'est
un élément important.
La
deuxième chose que je pourrais rajouter aussi, M. le ministre, vous avez
mentionné qu'on est des hommes de plume.
Je suis un homme de chiffres, moi, je suis en finances. Et effectivement ça
peut représenter des enjeux pour les villes
d'avoir à déposer des avis publics dans les journaux. Si vous demandez aux gens
de finances des sociétés publiques au
Québec, ça représente beaucoup d'enjeux d'avoir présenté nos chiffres à l'AMF,
mais je verrais mal des demandes des sociétés publiques dire :
Dorénavant, nos chiffres, on va les mettre seulement sur notre site Internet.
Donc, à ce niveau-là, oui, c'est un enjeu,
mais je pense que c'est un enjeu qui défend la transparence et qui fait un
rempart important à ce niveau-là.
Le Président
(M. Auger) : Merci. Mme la députée de Taschereau, il reste
3 min 45 s.
Mme Maltais :
Merci. Bonjour, messieurs. J'ai lu attentivement vos demandes. Accorder
l'exception culturelle, j'aime bien la formule. Vous avez référé à un des
sujets qu'on a beaucoup aimés au Québec, l'exception culturelle. Vous avez quatre ou cinq éléments que vous proposez
comme solutions. Est-ce qu'il y a des choses plus importantes ou des
éléments plus importants qui nous permettraient de dire : La solution,
elle est là?
Ceci
dit, mais je pense que l'esprit que vous avez, c'est conserver quand même les
avis publics. Ça, je comprends parce
qu'une annonce à la radio, il faut l'attraper, sur Internet, il faut avoir
l'Internet, mais le journal local, je peux le dire au ministre, là, il
traîne sur les tables dans la maison puis il est là 24 heures sur 24.
Mais,
dans vos demandes qui sont en page 14, programme de crédit d'impôt sur la
production, sur les investissements numériques,
et tout ça, quel serait l'ordre? Comment enchaîner ça? Quel serait l'ordre?
Vous parlez de cinq ans. Pourquoi cinq ans? Qu'est-ce qui se passe?
Le Président
(M. Auger) : M. Myles.
M. Myles
(Brian) : Pourquoi cinq ans? Parce qu'on a tous entrepris un
virage — puis on
n'est pas dupes, on sait que l'avenir
est au numérique et qu'un jour on vivra dans un monde postpapier — mais il n'y a pas personne qui a été capable
de prédire la date exacte de la disparition
du papier. Il en restera peut-être différentes itérations comme un produit de
niche, mais on sait que l'avenir est
au numérique, d'où l'importance du cinq ans, pour ne pas qu'on s'assoie sur nos
lauriers.
Maintenant,
qu'est-ce qui est important? Je vous dirais, pour ma part, peut-être que mes
collègues pourront me contredire ou
compléter, c'est la notion de crédits sur le virage numérique, qu'on puisse
avoir accès à des crédits d'impôt au même titre que les autres
industries culturelles, hein, que le cinéma, la télé, les producteurs, les
éditeurs de livres. L'écosystème culturel
québécois n'existerait pas sans une intervention de l'État indirecte par des
programmes de crédits d'impôt. Ça nous permettrait de poursuivre le
virage.
La taxe sur
le recyclage, c'est pénible. C'est pénible d'autant plus que le journal, c'est
une des matières les plus recyclées,
les plus réutilisées, alors on n'est pas la bête noire des mouvements écologiques
qu'on voudrait nous faire croire.
Et enfin moi,
j'insiste sur le placement publicitaire. Il s'en place, il y en a, de la
publicité. La publicité numérique au
Québec, c'est maintenant 790 millions par année, globalement. C'est plus
que la publicité de télé ou la publicité dans l'imprimé. Mais cette
publicité numérique là, 8 $ sur 10 $ à Silicon Valley.
Mme Maltais :
Est-ce qu'on devrait demander... Est-ce qu'il y a des règles gouvernementales
pour que la publicité soit dans les médias québécois? Je pense qu'on n'a
pas, à mon souvenir, ce type de règle là.
M. Myles
(Brian) : On n'a pas ça encore, et d'où l'importance de la
recommandation 5, une politique de placement éthique et une politique qui valorise le placement
publicitaire dans nos médias à nous. Avant d'enrichir les autres, est-ce
qu'on peut penser à, au moins, assurer la pérennité de notre industrie?
Mme Maltais :
Petite question : Vous avez parlé de la lisibilité des avis publics,
voulez-vous commenter un peu? Parce qu'effectivement c'est quelque
chose, lire un avis public.
M. Paquette
(Gilber) : ...c'est-à-dire que le langage qui est utilisé est
assez technique, et l'avis ne dévoile pas tout. Je vais donner un cas très, très concret. J'ai vécu pendant sept
ans à Sainte-Adèle et à Saint-Sauveur. Il y avait un projet de construire un Canadian Tire. L'avis
public qui a été publié dans le journal local ne spécifiait pas quel était le
projet au juste mais qu'il y avait une
demande de dézonage pour la construction d'un magasin à grande surface. Il a
fallu qu'un citoyen se rende à la
mairie pour avoir plus d'information, et après ça les gens se sont monopolisés.
L'avis public devrait donner toute
cette information-là d'entrée de jeu, sans obliger le citoyen à faire une
recherche pour avoir tous les morceaux du casse-tête.
Le Président (M. Auger) :
Merci. Et finalement, pour les six prochaines minutes, M le député de
Blainville.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Merci,
messieurs, de votre participation à notre commission. D'abord, sur le volet économique, moi, je vais
vous suivre par rapport aux investissements dans le numérique. Ça, je pense
que vous avez besoin d'aide. Dans le
recyclage également parce que, je vais vous dire, le contrôle des dépenses, là,
que vous avez dit tantôt, dans tout
le secteur du recyclage, qui est souvent contrôlé par les villes, c'est le fun
qu'ils demandent des choses, mais il
faudrait peut-être qu'ils fassent un effort de l'autre côté. Puis ça, là, je
suis très conscient de ça, qu'il va
falloir qu'on suive tout le milieu du recyclage, le contrôle des dépenses parce
que vous en faites les frais. Bien, par rapport au recyclage, là, c'est un genre de combat de société, ça, c'est
difficile de dire : On retire un secteur. Bien, qu'on contrôle les dépenses dans ce secteur-là parce
qu'à quelque part c'est contrôlé par les municipalités puis, tu sais, eux
autres, tout ce qu'ils font, c'est
demander à ce que les coûts augmentent. Ça, je pense qu'à un moment donné il
faut que ça cesse, là, parce que, sinon, là, il n'y a plus de fin à ça.
Ça m'amène à
l'article 51 puis l'article 90. La pénétration, vous l'avez. Donc,
théoriquement, là, votre discours, là, M. Cauchon,
de dire : Si je suis un bon gestionnaire public, je veux m'assurer que la
population ait connaissance... Vous représentez
la pénétration dans les foyers que n'a pas les villes. Ce n'est pas parce
qu'ils ne veulent pas. C'est que, moi, là, si j'utilise mon... puis comme
on le fait tous, là, on va aller voir vos médias parce qu'on veut avoir les
nouvelles. Je vais aller voir le site de la ville de Blainville, je vais vous
dire, une fois à tous les deux mois, là, alors que je vais y aller dix fois par
jour pour vous autres, là. Puis c'est la réalité de tous les
citoyens. Donc, vous avez le taux de pénétration. Ça, je pense que vous l'avez.
Mon problème,
il est économique, pour les villes. C'est-à-dire, vous avez eu une
restructuration du milieu très importante.
Comment je peux garantir à mes villes que, tu sais, ils vont en avoir pour leurs
argents? Je vous donne ça, là, comme exemple, là, puis je vais être bien ouvert
avec vous autres, là, quand ils ont réformé le Code de procédure civile,
tout le secteur des huissiers, ils ont
décidé d'imposer un tarif. C'est le gouvernement qui a dit : Bon, bien,
pour faire des significations, c'est
le privé qui le fait, ça va vous coûter tant. Est-ce que c'est pensable qu'un
jour on s'assoit pour dire... Parce
que moi, théoriquement, je vous dirais que vous êtes incontournables. On
devrait se servir de vous puis on devrait maintenir les avis. Mais comment je fais pour me garantir qu'il n'y aura
pas une surenchère dans le milieu? Est-ce que c'est pensable qu'on dise que les avis, bien, ça marche à la ligne
agate, ou je ne sais pas quoi, là, puis il y a un tarif qu'on peut négocier avec le gouvernement? Il y a-tu
quelque chose qu'on peut faire pour garantir aux citoyens que toute cette
réforme, là, qu'il y a eu dans l'industrie
ne fait pas qu'à un moment donné, finalement, les villes paient... Tu sais, ils
n'ont pas le choix, il faut qu'ils publient, c'est nous autres qui les obligeons,
puis en même temps, bien, ils n'ont pas le choix de payer le prix parce
qu'il n'y a plus de compétition, là. C'est ça que j'aimerais vous entendre.
• (18 h 40) •
Le Président (M. Auger) :
M. Myles.
M. Myles
(Brian) : Très rapidement, écoutez, les appels d'offres, le coût à la
ligne agate a diminué d'une manière assez
importante, principalement parce que les contrats sont donnés sous appel
d'offres et qu'on est tous en compétition les uns avec les autres pour avoir les contrats
des différentes municipalités. Alors, ça, ça permet aux villes d'avoir le
meilleur prix pour le service. C'est un outil important.
M. Laframboise : Sauf que moi, j'ai juste un joueur, là. Tu sais,
dans le milieu local, là, pour Thérèse-De Blainville, j'ai un
joueur. Donc là, il n'y a pas de... Tu sais, c'est ça que je veux vous dire,
là.
M. Myles (Brian) : Si c'est
juste ça, le problème, je suis convaincu qu'on peut trouver une solution.
M. Paquette
(Gilber) : Vous êtes
un cas particulier parce que, dans d'autres marchés, la plupart du temps... Si
je suis à Sainte-Agathe et je veux desservir le marché de Saint-Sauveur,
comme ville de Saint-Sauveur, j'aurais le droit d'annoncer à Sainte-Agathe parce
qu'ils m'ont offert un meilleur prix.
Ils mettent en concurrence des journaux locaux. Ils nous mettent en concurrence, nous, les indépendants, contre TC
Media, et le meilleur va l'emporter. Il faut savoir qu'un avis public, là, plus petit que ça dans un
journal, c'est en moyenne 260 $.
C'est un très petit prix. C'est moins cher qu'une publicité
traditionnelle qu'un annonceur local va payer. Comme Brian disait, les prix ont
fortement chuté dans les dernières années.
M. Laframboise : O.K. Bien là,
bon, en tout cas, moi, ça va faire partie de mon analyse.
Puis, pour ce
que vous demandez, l'aide économique, là les crédits, est-ce que vous avez déjà
analysé par rapport aux crédits
d'impôt? Sûrement, là, vous êtes... Est-ce que vous avez fait une analyse
approfondie des besoins, des demandes? C'est-u comparable à d'autres...
Le Président (M. Auger) :
M. Cauchon.
M. Cauchon (Martin) : Si vous
permettez, M. le Président.
Le Président (M. Auger) : Oui.
M. Cauchon
(Martin) : Ce qu'on a demandé, les recommandations qui ont été
mentionnées par Brian, la question du
crédit d'impôt, c'est un crédit d'impôt qu'on veut, évidemment, remboursable
qui porte sur les salles de nouvelles et tous les artisans qui sont autour des salles de nouvelles. Pourquoi?
Parce que, rapidement, on est projeté dans l'ère numérique. Quand vous nous regardez, on a tout l'ensemble des
produits dont un annonceur peut rêver dans l'univers numérique. Donc, tout ça, on y est déjà. Sauf que ce qui
demeure central dans notre monde à nous, c'est le contenu. On est des
producteurs de contenu sur du
multiplateforme. Donc, pour nous, ce qui devient drôlement important, c'est
d'être capables de maintenir nos salles de nouvelles et éventuellement
les faire croître parce que, vraiment, c'est le moteur de l'ensemble de nos entreprises. Donc, de ce côté-là, un crédit
d'impôt remboursable pour les salles de nouvelles, comme ça peut se faire en
matière de, je ne sais pas, moi, recherche et développement, par
exemple.
L'autre
élément aussi, c'est qu'il existe beaucoup de programmes pour l'ensemble des
entreprises. Je connais ce qui s'est
passé au cours des années... fin des années 1990, 2000, on a éliminé les
subventions à cause d'un certain nombre de règles, particulièrement au niveau international. On a décidé d'aller
de l'avant avec ce qu'on appelait des contributions remboursables. Donc, il y a
des programmes qui existent, un peu partout dans les ministères, qui offrent
des contributions remboursables sans intérêt. Mais, pour nous, ça, c'est des
éléments importants. Puis, quand on regarde les différents programmes, c'est comme s'il n'y avait rien pour
nous, alors que, quand vous regardez chez nous, par exemple, c'est
450 emplois dans l'ensemble des
régions du Québec, des emplois de qualité. Donc, il me semble qu'on devrait
être traités comme une autre entreprise à certains égards.
Le Président (M. Auger) : C'est
tout le temps que nous avions. Donc, MM. LeCavalier, Cauchon, Myles,
Paquette et Tardif, merci beaucoup de votre contribution aux travaux de la
commission.
Et la commission ajourne ses travaux au jeudi
23 février 2017, après les affaires courantes, où elle poursuivra son
mandat.
(Fin de la séance à 18 h 44)