(Treize heures cinquante-neuf
minutes)
Le Président (M. Auger) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (14 heures) •
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rochon (Richelieu) remplace M. LeBel (Rimouski).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous entendrons cet après-midi les
organismes suivants : la ville de Laval, le Conseil du patronat du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, l'Association des directeurs de police du Québec et
l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec.
Je souhaite
maintenant la bienvenue aux représentants de la ville de Laval. Je vous
rappelle que vous avez 10 minutes
pour votre exposé, et par la suite nous procéderons à une période d'échange.
Dans un premier temps, bien vouloir vous présenter, et par la suite vous
pouvez commencer.
Ville de Laval
M. Demers (Marc) : Alors, bonjour,
M. le ministre Coiteux, M. le Président, chers membres distingués de la commission. Je me présente : Mon nom est Marc
Demers, maire de ville de Laval. Je suis accompagné de M. Stéphane Paré et de M. Danny Boudreault, membres des
Ressources humaines de ville de Laval. Je tiens à vous remercier de nous
donner l'occasion d'échanger avec vous sur le projet de loi n° 110.
D'entrée de
jeu, j'aimerais mentionner qu'il y a certaines choses qu'on apprécie, dans le
projet de loi n° 110, mais nous aurons des suggestions à vous
soumettre, M. le ministre.
Commençons
par ce que nous aimons. Il y a dès l'article 1 une affirmation qui définit
la municipalité comme une institution
démocratique redevable auprès de ses citoyens de l'utilisation du produit des
taxes et des tarifs; deuxièmement, responsable
de pourvoir à l'embauche de personnel qualifié, de gérer ses effectifs,
d'établir des conditions de travail justes et raisonnables quant aux qualifications requises, à la nature des
services rendus; responsable aussi d'assurer l'équité entre les membres du personnel. Toutes nos propositions
d'amélioration du projet de loi n° 110 vont exactement dans le sens
de ces affirmations fondamentales et des trois principes suivants, auxquels
nous croyons et qui ont guidé notre analyse.
Premièrement, nous croyons qu'un règlement
négocié est toujours préférable à un règlement imposé. À titre d'exemple, à Laval, nous avions déjà entrepris des
négociations de changement aux régimes de retraite en 2012, soit avant le dépôt du projet de loi n° 3, devenu la loi
n° 15. Nous avons continué à négocier par la suite et nous avons
récemment conclu des ententes avec les syndicats représentant les pompiers, les
professionnels, les cols bleus, les cols blancs. Deuxièmement, nous affirmons l'importance de respecter l'autonomie des
administrations municipales et, troisièmement, nous croyons que le cadre
de négociation doit favoriser un règlement.
En ce qui concerne les policiers et pompiers,
Laval estime que le projet de loi n° 110 crée un cadre juridique permettant l'exercice de la négociation dans un
contexte particulier des policiers et des pompiers, qui n'ont pas le
droit de grève. Je m'explique. En prévoyant
qu'un conseil de règlement des différends aura le pouvoir de trancher les
points non résolus de la négociation, nous croyons que la loi proposée
incitera les parties à conclure un règlement à l'intérieur de délais
raisonnables. Selon notre compréhension, en vertu du projet de loi, la
négociation durera environ 210 jours. Le CRD
aura ensuite 180 jours pour instruire les différends et rendre sa
décision, période durant laquelle les parties pourront conclure une entente si elles le souhaitent. Ces
délais sont amplement suffisants pour en arriver à un accord ou à
constater une impasse. Nous approuvons aussi la durée de cinq ans suggérée.
Notre
approbation est cependant assortie d'une très importante réserve. En effet, le
projet de loi ajoute de nouveaux critères
à ceux qui existaient déjà et laisse, le CRD, l'entière discrétion de
déterminer ceux qui doivent être considérés en priorité. Laval demande donc que soient retirés les critères décrits aux
alinéas 4° et 5° de l'article 17 qui permettraient à un CRD de
fixer le niveau de rémunération d'une municipalité sur la base d'une
comparaison avec les augmentations accordées dans les secteurs public et
parapublic ou dans des municipalités comparables. Laval demande ainsi au gouvernement d'inscrire à l'article 17 que le
CRD doit rendre sa décision en accordant une importance prioritaire aux critères 1, 2 et 3, soit la situation
financière, fiscale de la municipalité, les conditions de travail applicables
aux salariés concernés
et les conditions de travail applicables aux autres salariés de la
municipalité. Ce faisant, le gouvernement serait fidèle aux principes
directeurs qu'il a lui-même précisés à l'article 1.
J'aimerais insister sur l'idée qu'une
municipalité doit pouvoir prendre ses décisions en fonction de sa propre
situation financière et non en fonction de celle des autres municipalités. Le
gouvernement du Québec fait de même lorsqu'il
négocie avec ses propres employés. Le principe de l'équité externe n'a donc pas
besoin d'être affirmé dans un cadre
juridique de négociation, il s'impose de lui-même par le marché de l'emploi.
Lorsque la structure de rémunération résulte
d'ententes négociées avec plusieurs syndicats, comme c'est le cas à Laval, il
serait profondément injuste de voir un CRD venir perturber l'équilibre
interne sur la base de critères établis à partir de comparaisons externes.
Hormis cette réserve fondamentale, nous
proposons des améliorations, quatre améliorations aux dispositions concernant
les policiers et les pompiers : premièrement, modifier l'article 16
de manière à clarifier le fait que le CRD doit baser ses décisions sur les
faits soumis par les parties en litige et non pas à partir d'une preuve qu'il
constituerait indépendamment des parties;
deuxièmement, interdire les moyens de pression durant le mandat du CRD;
troisièmement, il faudrait mieux évaluer le
nombre de personnes pouvant agir comme membres du CRD; quatrièmement et
finalement, limiter à 30 jours chacune des durées du prolongement du
mandat du CRD prévu à l'article 28.
En ce qui
concerne les employés autres que policiers et pompiers, j'aimerais maintenant
vous parler. En effet, le projet de
loi n° 110 ne corrige pas le problème fondamental de la situation
actuelle. Les négociations peuvent s'éterniser, car rien n'incite les
parties à régler.
La modification fondamentale introduite par le
projet de loi n° 110 est la possibilité pour le ministre, tel que décrit à l'article 41, de nommer un
mandataire spécial s'il estime que des circonstances exceptionnelles prévalent.
Cet article est doublement problématique. Je m'explique. En effet, nous croyons
qu'il ouvre la porte à une atteinte de l'autonomie
municipale sur la base de circonstances exceptionnelles qui ne sont définies
nulle part. Si les recommandations du mandataire spécial ne sont pas
acceptées par les parties, qu'arrive-t-il? Absolument rien, sinon que les
parties se retrouvent de nouveau face à
face, le retour à la case de départ, avec comme seule perspective la
négociation perpétuelle et le recours
à l'arbitrage. L'étape du mandataire spécial aura donc été d'autant plus
inutile que, selon l'article 44, son rapport ne peut être rendu
public.
Nous proposons une autre approche : que
l'une ou l'autre des parties puisse demander la nomination d'un mandataire spécial au terme de la négociation et
de conciliation infructueuses; que le mandataire spécial nommé par le
ministre puisse trancher les points non résolus par la négociation sur la base
des mêmes principes fixés au CRD, en formulant
les mêmes réserves; que la municipalité puisse accepter ou non les
recommandations du mandataire spécial et qu'elle soit tenue de les accepter ou non ou de les rejeter en bloc,
auquel cas les recommandations du mandataire deviennent publiques. Dans l'hypothèse où la municipalité
rejette de telles recommandations, la négociation reprend alors jusqu'à
la conclusion d'une entente.
J'aimerais vous rappeler qu'en vertu des
principes édictés à l'article 9 seule l'administration municipale a la légitimité d'accepter ou de refuser les
recommandations du mandataire spécial. Selon nous, cette approche,
respectueuse de l'autonomie municipale, crée
un équilibre qui tient compte de la responsabilité de l'administration
municipale face à la population ainsi que face à ses employés.
Advenant un refus, nous reconnaissons évidemment
que la situation redeviendrait au statu quo, en ce sens qu'il n'y aurait pas
d'autre choix que de continuer à négocier dans un contexte désavantageux pour
l'administration municipale. Si elle estime
que ces recommandations doivent être rejetées, la municipalité devra
l'expliquer à la population, et c'est elle qui en subira le contrecoup
politique. Le syndicat, pour sa part, sera plus enclin à négocier un règlement raisonnable, sachant qu'à défaut de le faire un
mandataire spécial pourrait être amené à trancher. Aussi, n'oublions pas
qu'il pourrait s'écouler 270 jours entre le début des négociations et la
remise des recommandations du mandataire spécial.
Enfin,
j'aimerais attirer votre attention que nous croyons important de pouvoir revoir
les services essentiels et toute la mécanique des services essentiels et
pouvoir vous en parler dans un contexte où est-ce qu'on disposerait de plus de
temps. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Auger) : Merci pour votre exposé. Nous allons commencer
la période d'échange. M. le ministre, vous avez la parole pour
16 min 30 s.
M.
Coiteux : Alors, puisque j'ai le loisir de vous poser des questions,
ma première question va vous permettre d'exposer
davantage sur la question des services essentiels. Vous souhaitiez avoir un peu
de temps là-dessus. Donc, ma question est la suivante : J'aimerais vous
entendre là-dessus, justement.
• (14 h 10) •
M. Demers (Marc) : Alors, on croit
que toute la notion des services essentiels est un élément important, qui distingue, là, évidemment, les négociations en
milieu municipal, milieu public et milieu privé. Et j'aimerais, au
niveau technique, demander l'assistance de
mes collègues pour vous faire part de notre réflexion, qui est partielle, ça
prendrait beaucoup plus de temps que 15 minutes.
Le Président (M. Auger) :
M. Boudreault.
M.
Boudreault (Danny) : Oui. Un peu comme le maire de Sherbrooke vous a
dit dans son allocution, dans les réponses
qu'il vous a faites hier, dans le fond, la réalité qui est vécue par les
municipalités, c'est que l'utilisation de cette loi, qui est correcte en soi, de protéger la santé et
la sécurité du public, fait en sorte que l'utilisation qui en est faite par
les syndicats, actuellement, c'est devenu un
élément stratégique plus qu'un élément de protection de la santé et de la
sécurité du public.
Dans le fond, comme vous a dit le maire de Sherbrooke, on met moins de
personnes en grève, on utilise cet
élément-là pour faire des grèves partielles, qui est interdit au sens du code,
dans une unité d'accréditation, on fait
des grèves tournantes, qui est aussi pas prévu au Code du travail, dans une
seule unité de négociation. Ça fait qu'on détourne cet élément-là, on
prend les dispositions des services essentiels pour faire ce genre de grève là.
La
réponse des municipalités face à ça
est nulle. Évidemment, il y a plus de monde que prévu dans les
services essentiels, donc... Puis les
services qui sont coupés, c'est toujours les services des loisirs, de la
culture. Donc, on pense que cet élément-là, ça mérite une réflexion de
la part du gouvernement.
On
pourrait rajouter aussi qu'à l'époque où il y avait un tribunal spécialisé et
des gens spécialisés dans la question des
services essentiels, les réponses étaient, selon nous, beaucoup plus
immédiates. Donc, les gens étaient spécialisés dans cet élément-là. Aujourd'hui,
bien, les conciliateurs qui font affaire dans ces cas-là, bien, c'est des
conciliateurs qui travaillent autant sur la
Loi sur les normes que sur des éléments d'accréditation. Donc, on préférerait
que ça redevienne un élément spécialisé à l'intérieur même du TAQ, là. Grosso
modo, c'est ça.
M.
Coiteux : On aura peut-être d'autres questions éventuellement
là-dessus, mais on va faire peut-être un petit peu... on va fouiller la
question davantage.
Je
vais vous poser quelques questions sur le mandataire spécial pour être certain
que j'ai bien compris, là, vos recommandations
à cet effet. Vous ne dites pas qu'il ne devrait pas y avoir un mandataire
spécial. Donc, la proposition d'un mandataire spécial, ce qui n'était
pas clair pour moi, c'est si vous anticipiez... Puis à ce moment-là ce serait
assez différent de ce que j'ai entendu d'autres représentants de villes ou
l'UMQ, par ailleurs. Est-ce que vous étiez prêts à envisager que le mandataire spécial devienne un arbitre, est-ce que
c'est ce que j'ai compris, ou bien il a un rôle différent?
M. Demers
(Marc) : Ça va se rapprocher du rôle d'un arbitre, mais, au bout de la
ligne, lorsqu'il dépose son rapport, plutôt qu'il demeure confidentiel, il
devra être rendu public, O.K., pour que la population puisse être mise au
courant. Et évidemment les villes se retrouvent dans une situation où, si une
négociation achoppe, ne porte pas fruit, ne
débouche pas, on n'a pas de levier, on n'a pas d'outil, dans le sens que, du
côté syndical, il y a une possibilité de moyens de pression, de grève et... Bon. Alors, il y a un blanc, là, O.K.?
Alors, la ville aurait un choix, un choix de dire : On refuse, mais, le rapport étant public, la ville va devoir
se justifier sur la place publique, et les élus municipaux sont assis sur
des sièges éjectables à tous les quatre ans.
Et, s'ils acceptent, évidemment, ça deviendra force de convention collective,
mais le public sera informé, et la décision,
plutôt que de revenir à l'Assemblée nationale... Puis, si je peux me servir
d'une image, M. le ministre, en tout
respect, je vois mal l'Assemblée nationale décréter les conditions de travail
des sauveteurs de piscine à Laval ou
dans n'importe quelle ville parce que la négociation achoppe ou ne porte pas
fruit. Alors, au moins, on aura un outil pour être maîtres de notre
destinée et répondre à la population, ultimement parlant.
M.
Coiteux : D'accord. Et, si j'ai bien compris, le mandataire spécial, la demande du mandataire spécial, dans
votre version, dans vos propositions, ce n'est pas une demande qui est faite au
ministre, c'est une demande qui est faite à une instance qui automatiquement
répond à l'une ou l'autre des parties. Est-ce que c'est ce que j'ai compris?
M. Demers
(Marc) : La demande pourrait être faite par une ou l'autre des parties
en cours de négociation si effectivement ça ne porte pas fruit.
M. Coiteux :
D'accord. Sur les policiers et pompiers, vous dites : Il y aurait lieu de
retirer un certain nombre de critères. Une
autre avenue qui a été évoquée dans certains échanges hier, c'était une
hiérarchisation des critères; sans en enlever, de les hiérarchiser.
Alors, il y a différentes formulations possibles, mais... Il existe des possibilités
de dire qu'il y a des critères qui sont absolus, qui doivent absolument être considérés,
et d'autres qui dans certaines circonstances peuvent être considérés, s'ils sont jugés pertinents. Est-ce que ce
genre de chose là répond aussi à vos préoccupations ou bien, vous, c'est
vraiment : Il y a trop de critères, il faut en enlever?
M. Demers
(Marc) : La hiérarchisation pourrait être une avenue et qui devra
avoir une certaine modulation, dépendamment des circonstances. Je vous explique
une situation. À Laval, on a presque signé l'ensemble de nos groupes d'employés dans un contexte, dans un cadre
financier. Si un arbitre arrive et décide de rendre sentence, ce qui
peut être tout à fait inéquitable à l'ensemble des autres employés ou
inéquitable pour... Alors, on se dit, oui, il y a une hiérarchisation des critères. Et, quand l'ensemble des employés sont
réglés, bien, le critère d'équité interne devrait être prédominant sur beaucoup
d'autres critères.
La
comparaison avec l'équité externe, c'est qu'il y a des choix, il y a
des choix politiques qui peuvent être faits. Je vous explique — puis je me réfère à mon ancien métier : Des fois,
la population est insécure, dans une ville, pour une
raison ou pour une autre, il y a un
choix politique d'augmenter la présence policière, d'augmenter le
service de police, et ça ne veut pas
dire que le fait de procéder ainsi, c'est le bon remède pour une autre ville
qui n'a pas cette problématique-là. Alors, chaque ville développe sa
ville selon son identité, selon son territoire, selon ses caractéristiques. Et,
dans ce sens-là, je pense qu'il faut respecter les choix politiques, et la
comparaison externe peut être souvent boiteuse.
M.
Coiteux : À l'heure actuelle, là, il existe un mécanisme d'arbitrage qui est en place, qui est
utilisé, qui a été utilisé beaucoup par le passé. On me dit qu'il est
moins utilisé aujourd'hui, mais occasionnellement il l'est.
D'autre part, des fois certains me disent : Bien, il ne l'est pas parce qu'il y a une crainte de ce qu'ils décideraient à notre place, bon, il y a toutes sortes de choses
qu'on entend, mais il existe actuellement un mécanisme d'arbitrage où le critère
d'équité externe est l'un des critères prépondérants, semble-t-il, là, dans les
décisions qui sont rendues.
Pouvez-vous nous parler un
petit peu comment vous voyez ça, le mécanisme actuel? Est-ce que vous... Visiblement, vous n'êtes pas satisfaits du
mécanisme actuel. À la lueur de l'expérience, quels sont les problèmes qui
sont liés au mécanisme actuel, d'une part, puis aux critères qui sont utilisés
dans le cadre de l'arbitrage actuel?
M. Demers (Marc) : Je peux vous
parler de mon expérience personnelle, M. le ministre. J'ai été 15 ans représentant syndical, j'ai travaillé dans le milieu du travail pour les policiers.
Et évidemment, depuis trois ans, tout près... deux ans et demi, je suis à la mairie, je suis
dans une autre position. Je peux vous dire que, oui, les recours aux
services d'arbitrage, pour moi, sont de plus en plus rares. Oui, les gros gains,
à ma connaissance — je
n'ai pas d'étude là-dessus — qui se sont faits au niveau de la masse
salariale, c'est en négociation plus qu'en arbitrage, selon mon expérience. Et j'ai négocié à
ville de Laval, mais j'ai été aussi assesseur pour la Fédération des policiers
municipaux du Québec.
Ceci étant
dit, je pense qu'on doit régulièrement se remettre en question, remettre nos mécanismes
en question et moderniser notre système.
Alors, je pense que la notion d'équité externe n'est pas toujours
le critère qui doit être dominant, même
je pense qu'il devrait être le moins dominant possible, le moins présent
possible. Et, si on parle d'autonomie des municipalités, si on parle des
particularités des municipalités, bien, écoutez, je pense que l'équité interne
doit être favorisée en préséance.
• (14 h 20) •
M. Coiteux : Votre point de vue est
doublement intéressant, par rapport à cette question-là, parce qu'on a eu des échanges hier avec des villes, avec des
représentants des villes, mais aussi avec des représentants des
associations de policiers, de pompiers, de cols bleus, de cols blancs, et eux,
ils semblent dire que l'équité externe, c'est le critère fondamental, c'est le critère le plus important. Et vous, vous avez vécu des deux côtés, hein, de
la négociation, vous avez été des deux côtés, donc vous avez été capable de regarder les deux côtés.
Alors, si vous tracez la ligne en quelque
part, là, pourquoi... Si vous
aviez été encore dans l'autre rôle, est-ce que vous auriez dit que l'équité
externe est le...
M. Demers
(Marc) : Dépendamment du
mandat que j'ai, M. le ministre. Mais là je n'ai pas votre mandat, je suis
maire d'une municipalité. Et, si j'avais été président de syndicat, j'aurais eu
un autre mandat.
Il y a
un fait que je peux constater, c'est que, un, au niveau des municipalités, quand les négociations n'aboutissent pas, on n'a pas de moyen, alors que l'autre partie a un certain levier,
certains moyens. Donc, il y a une réflexion à être apportée là-dessus.
Au niveau de l'équité externe, je pense que ça prend beaucoup trop de place par rapport à l'équité interne. Je vous répète
qu'on a 11 groupes d'employés. Au
niveau de la loi n° 15,
tous nos groupes d'employés, sauf un, sont réglés. Il y a eu un eu cadre financier de dessiné, et, par
équité pour tout le monde, on a dit : Voici le cadre financier. Et
l'ensemble des employés de ville de Laval,
et je tiens à le dire, ont décidé de dire : On a une problématique face
aux fonds de pension, on s'assoit
avec la ville; comment on trouve des solutions? Et c'est pour ça, aujourd'hui, que la grande, grande majorité
de nos groupes sont signés, au niveau de la loi n° 15. Il y a eu une collaboration, on a travaillé
ensemble, et je pense qu'il y
a eu de la bonne foi pour le grand ensemble des gens qui étaient présents.
Maintenant,
oui, on peut moderniser le Code du
travail. Et, nous, notre travail
s'est fait dans le cadre et dans
l'esprit du Code du travail, notre réflexion. On peut moderniser le Code du
travail et essayer de pallier à certaines choses.
Alors, j'ai
dit, un : Quand il n'y a pas de résultat, la ville n'a pas d'outil pour
faire avancer les négociations. On n'a pas moyens de pression, droit de
lock-out ou de grève, et c'est bien ainsi.
Deux, il y a
ceci de particulier dans le domaine public... Dans le domaine privé, si les
employés sont déraisonnables, et dans
toute collectivité il y a un pourcentage de déraisonnable, que ce soient les
employés ou même chez les maires, l'histoire récente peut le démontrer...
Il n'y a pas de conséquence dans le domaine public. Dans le domaine privé, la compagnie peut faire faillite ou peut déménager;
les villes, faire faillite ou déménager, c'est impossible. Alors, ils
n'ont pas de conséquence des demandes.
Oui, il faut
trouver une façon d'articuler, mais toujours trouver un mécanisme qui va
permettre aux employés de se sentir
respectés, bien traités et dans un équilibre du rapport de force pour une
négociation. Je crois fermement que, une négociation, la pire des
ententes vaut mieux que la meilleure des sentences. Alors, dans ce sens-là, si
les parties ne se sentent pas respectées...
Vous savez,
moi, j'ai vécu à ville de Laval, dans les années 70, huit ans de moyens de
pression pour un dossier qui a été
jusqu'en Cour suprême. Alors, je peux vous dire... Puis, si jamais vous voulez
qu'on aille le temps, je vous expliquerai ça. Alors, ça a un coût
incroyable pour une population.
Je vous donne un exemple. L'an passé, juste sur
les accidents de travail, et ça, le mérite revient à tout le monde à ville de
Laval qui sont des employés, du dernier arrivé au plus ancien, on a économisé
2 millions de dollars. Alors, c'est dû
au climat de travail, à la volonté et à une ambiance du travail. Et, pour moi,
ça, c'est riche. Et ça, on n'est pas obligés d'être d'accord, l'un et
l'autre, mais on doit discuter dans le respect et sentir qu'il y a un équilibre
des forces.
M. Coiteux : Il nous reste deux
minutes. Je pense que le député de Vimont aurait peut-être... ou le député de
Chapleau. Le député de Chapleau voulait poser une question.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière : Ce sera le député de
Vimont.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci. Merci, M. le maire, d'être ici, en passant.
Oui, merci, M. le Président.
Je regardais dans
votre mémoire — très
bien fait, en passant — vous
parlez de la durée des conventions collectives
de cinq ans. Hier, j'écoutais certaines centrales syndicales qui parlaient
comme quoi qu'il faudrait que ça reste à trois ans, l'importance du
trois ans. Vous semblez aller sur le cinq ans. Voulez-vous élaborer un petit
peu là-dessus, s'il vous plaît?
M.
Demers (Marc) : Bien, en fin de compte, un heureux compromis peut être le cinq ans, au lieu de la
décision de l'expiration de l'autre, alors, dépendamment. Et ce que j'ai
compris, c'est, pour la première convention, mettre un maximum de trois ans, je
n'ai aucun problème avec ça. Mais le cinq ans, comme principe de base général, est important parce
que ça permet à la poussière de
retomber. Et je pense que, le principe du cinq ans, nous, on y adhère. Et d'ailleurs on signe de plus en plus des conventions qui ont une portée plus longue qu'auparavant, où c'était un an ou deux
ans.
Le Président (M.
Auger) : 45 secondes. M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Bien, écoutez, j'aurais parlé un petit peu des
règlements, des fois, pour la paix sociale, parce qu'hier la mairesse de
Longueuil en parlait, là. Mais, vous, est-ce que vous avez senti une
obligation, des fois, de signer un contrat?
Mais remarquez bien que vous avez... Par votre court terme de maire... La
mairesse de Longueuil, ça fait plus longtemps qu'elle est là, là.
M.
Demers (Marc) : Je n'ai jamais senti que j'avais un couteau sur la
gorge. Mais ça fait juste deux ans et demi que je suis là, mais on a
renouvelé une dizaine de conventions collectives et de fonds de pension.
Le
Président (M. Auger) : C'est tout le temps que nous avions. Nous
allons poursuivre avec l'opposition officielle et M. le député de
René-Lévesque et porte-parole pour 10 minutes.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Demers. Je vais y aller
promptement parce qu'on a plusieurs choses
à discuter puis on n'a pas beaucoup de temps. À la page 11 de votre
mémoire, vous nous dites que... bon, vous faites des propositions mais pour «créer un contexte juridique qui
incite les parties à négocier et à régler, et de façon à matérialiser les engagements du gouvernement à
l'endroit des municipalités». Donc, je voudrais savoir si, selon vous,
ce projet de loi là n° 110 est une réponse au pacte fiscal pour
matérialiser les engagements du gouvernement.
Le Président (M.
Auger) : M. Demers.
M. Demers
(Marc) : Alors, la réponse, c'est oui. Il y a eu un pacte fiscal, où
l'Union des municipalités s'est positionnée
pour demander une révision du Code du travail et une mise à jour de l'équilibre
des forces. Alors, oui, je pense que ce projet de loi là vise ça, entre
autres.
M. Ouellet : Dites-moi... Encore une fois, dans votre mémoire, à la page 10,
bon, vous nous dites que «le régime actuel
permet aux négociations de traîner en longueur». Plus loin, vous dites que «des
moyens de pression qui s'éternisent provoquent,
par définition, une irritation constante du climat de travail et des
désagréments réels». Bref, vous nous faites une nomenclature des enjeux. Mais vous nous dites à la toute fin que
précisons que de telles situations, à Laval, heureusement, ça ne nous touche pas, «mais nous affirmons tout
de même la nécessité de changer la loi». Donc, vous voulez changer quelque chose avec cette loi-là qui, à la lecture
de votre mémoire, vous dites... ça ne vous touche pas, parce que le
climat de travail est bon. Il y a une bonne
ambiance, on fait de bonnes ententes. Bref, on réussit à maintenir une paix,
industrielle ou sociale, à l'intérieur de la municipalité.
On a entendu
plusieurs groupes de part et d'autre, et la crainte qu'on nous manifeste, c'est
qu'on va venir changer la façon dont on
réglemente les lois du travail dans les municipalités. Alors, si je résume,
vous nous dites que ça va bien, à
Laval, mais qu'il faudrait quand même changer, et ceux qui nous disent que ça
va changer nous disent que ça risque de
provoquer un climat de travail qui va se désagréger et peut-être, assurément,
avoir un impact sur votre ville. Alors, c'est quoi, votre situation par
rapport à ça? Vous voulez changer quelque chose qui, pour vous, semble bien
fonctionner?
M. Demers
(Marc) : Pour arriver à des résultats, il y a deux choses : il y
a la mécanique qui est un élément important,
et il y a évidemment les gens qui sont impliqués, alors l'attitude des gens. On
est chanceux, dans l'ensemble de nos
employés il y a une attitude positive, il y a une attitude où est-ce qu'on se
rencontre, on a une confiance mutuelle et on travaille ensemble. Ceci
étant dit, on peut-u perfectionner ou réviser? Oui. Les villes ont quand même
le handicap, de dire : Écoutez, si la
négociation ne fonctionne pas avec les employés, autres que policiers et
pompiers, on n'a rien; on n'a pas de
levier, on n'a rien. On attend, on négocie. On attend, on négocie. C'est un
fait, ça. On ne peut pas le nier, là, c'est un fait. Alors, oui, on peut
réfléchir là-dessus puis essayer de moderniser.
• (14 h 30) •
M. Ouellet : Je suis content de vous entendre là-dessus, parce que vous me
dites : Dans les négociations, c'est une question d'attitude, alors que dans les différents groupes qu'on a
entendus précédemment, bon, les gens avaient une attitude, des fois, d'aversion envers le processus actuel,
ou la teneur, ou, je vous dirais, le niveau d'intensité des négociations.
Ce que vous me dites, M. le maire :
Tout est une question d'attitude. Avec les mécanismes qu'on a, vous aurez
prouvé que vous êtes capables d'y arriver.
Or, dans le projet de loi en question,
on veut changer la partie pompiers et policiers — et vous avez d'ailleurs été pompier
avant d'être maire. Les gens nous ont dit : Écoutez, on est ouverts à du
changement, différents groupes, associations. Et on a un rapport qui a été
préparé, le rapport du comité Thérien-Morency, avec lequel plusieurs des organisations, l'UMQ, la ville de Gatineau, la ville de Québec,
la ville de Montréal, la fraternité des policiers et policières
de Québec, l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec... Bref, tout le monde, depuis 2013, se
sont mis à la tâche pour évaluer une
façon de travailler différemment et plus efficacement, dans le respect des
règles qui étaient établies, et tout
le monde est arrivé à un certain consensus, qui semblait faire l'affaire des
deux parties, alors qu'aujourd'hui nous arrivons avec un tout nouveau projet
de loi qui va, dans certains cas, à l'encontre du consensus.
J'aimerais vous
entendre sur cette solution qui pourrait être interchangeable, selon certains
groupes qu'on a rencontrés, là, on applique
Thérien-Morency plutôt que 110 et on arrive à de meilleures solutions, et
surtout on maintient le climat de travail.
M.
Demers (Marc) : Alors, le projet de loi n° 110, c'est sur cette base-là qu'on est ici pour
commenter, O.K., on commente ce qu'on
croit être des améliorations au projet
de loi n° 110. Et, comme j'ai dit, je suis d'opinion que, oui, il
est important, régulièrement, de remettre en question nos lois, nos façons de
faire, nos procédures. Et on commence à développer
toute une expertise, au niveau de ville de Laval, là-dessus, parce qu'on efface
le tableau puis on recommence assez souvent. Alors, dans ce sens-là,
c'est le cas.
Maintenant,
est-ce qu'on a besoin d'un remède de cheval dans le monde des relations de
travail aujourd'hui? Je pense que non. Je pense qu'il y a des
ajustements qui doivent être faits, je pense qu'on peut s'améliorer, mais dans l'ensemble, je l'ai mentionné tantôt, l'arbitrage
est beaucoup moins fréquent qu'il l'a déjà été, les conflits de travail
sont moins fréquents qu'ils l'ont déjà été, et il y a des signatures qui se
font.
On peut regarder le
pourcentage du budget qui est dédié à la masse salariale, mais ça, c'est un
indice sur plusieurs si on veut réellement
l'évaluer. Une ville, c'est une entreprise de services. Chez nous, à 45 %
de mon budget qui va sur la masse
salariale, est-ce que je suis hors normes? Est-ce que, les villes de grandeur
similaire au Canada, c'est 22 % ou c'est 65 %? Je ne le sais
pas. Alors, c'est des choses comme ça que, je pense, si on veut commencer à
tirer des conclusions, on devrait faire une réflexion très pointue à ce
niveau-là.
Autre chose, on
évalue le salaire. Une des premières choses qu'on a faites, à notre arrivée au
pouvoir, c'est qu'on a dit : Les villes
comparables, c'est combien d'employés? Alors, on a pris les 10 plus grandes
villes au Québec. Si je voulais arriver dans la moyenne des 10 plus
grandes villes au Québec, je dois engager demain matin 500 personnes, passer de 3 500 à 4 000. L'économie de
ces 500 personnes là, est-ce que je peux en garder une partie pour les
citoyens puis une partie redistribuée aux
employés, qui manifestement assument une tâche peut-être supérieure
qu'ailleurs? Alors, c'est des réflexions comme ça qui doivent être
faites.
Maintenant,
aujourd'hui, on est invités à commenter le projet de loi n° 110 et on
commente dans le cadre du projet de loi n° 110.
M. Ouellet :
Je vais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Oui. Votre homologue de Québec, M. le maire, se plaignait hier, plainte qui a
fait la manchette, il sait toujours faire la manchette... il s'est
plaint du fait — il
a fait un clin d'oeil là-dessus tantôt, disant que ce n'était pas votre cas — de devoir négocier, dans le régime actuel,
le couteau sur la gorge et il s'est réjoui que le projet de loi qu'on a sous les yeux, là, rééquilibre le rapport de
force. Alors, je me suis, naturellement, demandé, et puis d'autres ont dû se
poser la question, si l'ustensile, le couteau, venait de changer de main et
d'être pointé en direction d'une autre gorge.
Vous
voudriez voir ajoutée à ce projet de loi, qui rééquilibre déjà le rapport de
force, de l'avis de votre homologue de
Québec, l'interdiction des moyens de pression entre le moment de la création du
conseil de règlement des différends, là, et le moment où ce conseil rend
sa décision. Après l'introduction de cette modification à ce projet de loi là,
qui paraît déjà faire l'affaire pas mal, là, du maire de Québec, il est rendu
où, le rapport de force, l'équilibre des forces?
M.
Demers (Marc) : Ce qu'on propose est bien différent de ce que le
projet de loi prévoit. Nous, on ne demande aucune intervention de l'Assemblée nationale pour régler un conflit de
travail dans une municipalité, on
dit : Si une ou l'autre des parties décide d'avoir recours au
médiateur spécial... pas au médiateur, au mandataire spécial, il y a un mécanisme
qui se met en branle, et son rapport, un jour ou l'autre, sera rendu public. Et
la ville, qui jusque-là n'a aucun moyen
pour pallier aux moyens de pression ou au droit de grève, aura une décision à
prendre sur la place publique, on applique
en totalité les recommandations ou on les refuse, et la ville aura à se
justifier sur la place publique, et, au bout de quatre ans, les
citoyens, dont les employés de la ville, pourront dire : Bien, écoute, on
est heureux, ou : On n'est pas heureux de la décision.
Mais,
dans ce sens-là, on a quand même une autonomie municipale. Je ne vois pas
l'Assemblée nationale décréter les conditions de travail. C'est comme
demander à son grand frère : J'ai un problème, peux-tu le régler?
Le Président (M.
Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions pour ce bloc
d'échange. Nous allons poursuivre avec la deuxième opposition et le
porte-parole, M. le député de Blainville, pour une durée maximale de
6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci. Merci, M. Demers, M. le maire, M. Boudreault, M. Paré,
d'être présents.
M. Le maire, vous avez raison, là, par rapport
au fait que... D'abord, quand vous comparez les villes avec l'entreprise
privée, vous l'avez dit, la ville peut faire faillite ou déménager. Le
gouvernement, lui, peut passer une loi spéciale;
le milieu municipal, lui, est obligé de faire face à la législation actuelle.
Et c'est important dans votre discours, parce que vous dites que vous n'avez pas besoin d'un remède de cheval.
Donc, ça veut dire que, pour vous, le projet de loi n° 110, ce n'est pas un remède de cheval, et vous avez raison,
c'est-à-dire qu'on redéfinit les critères, entre autres, on rediscute des critères, vous demandez que le
critère d'équité externe soit retiré, mais c'est sûr que, pour le milieu
syndical, qu'on a entendu, juste enlever ça, c'est un remède de cheval, vous
comprenez, là, tu sais.
Donc, à
quelque part, il faut... Je vais vous laisser la chance de nous expliquer que
le projet de loi, c'est juste une modification des critères, ce n'est pas
un changement drastique à tout le milieu du travail, là. C'est ça, M. Le maire,
si je comprends bien?
M. Demers (Marc) : En ce qui a trait
aux policiers et pompiers, vous avec raison. En ce qui a trait aux autres employés, il y a toujours l'épée de Damoclès que
l'Assemblée nationale décrète les conditions de travail. Et c'est là
qu'on se distingue des autres municipalités,
où est-ce qu'on dit : Pour nous, ce n'est pas une façon de faire, ce n'est
pas, je pense, adéquat, autant pour l'Assemblée nationale. Si j'étais
votre conseiller, M. le ministre, je ne vous le conseillerais pas. Mais je ne
suis pas votre conseiller.
Alors, pour moi, il y a des mécanismes qui
doivent être prévus. Et, si on parle d'autonomie municipale, bien, écoutez,
laissons à la municipalité l'autonomie de prendre une décision sur le rapport
qui sera déposé et qui sera rendu public.
Alors, le
fait que le rapport est rendu public, chaque partie a intérêt à être
raisonnable, chaque partie a intérêt à être raisonnable avant que l'autre partie déclenche la demande pour qu'il y
ait une intervention externe, où, à un moment donné, il y a un mécanisme
qui va se mettre en branle, puis une décision devra être acceptée. Placez-vous
à la place d'une municipalité qui va
dire : Non, je n'accepte pas la recommandation ou le rapport, et on
continue à négocier. Il va y avoir une certaine autonomie et pression,
là, sur les élus municipaux.
M.
Laframboise : Et là vous
rejoignez, bon, le maire de Québec et le maire de Montréal, là, qui disent qu'à
un moment donné il faut que le conseil
tranche. C'est-à-dire que, quand la municipalité décidera, ça va être une
résolution de conseil, il va y avoir un
débat au conseil, ça va être public. C'est ce que vous voyez, vous, là? Quand
la décision va être prise par la ville, ça va être une résolution de
conseil, qui va dire : On rejette le rapport du médiateur spécial?
M. Demers
(Marc) : Ce sera public. La mécanique, on ne s'est pas attardés à la
mécanique. À l'heure actuelle, lorsqu'il
y a des signatures de convention collective, ça se fait au niveau du comité
exécutif. Mais peu importe. Le principe, c'est que ça doit être public.
• (14 h 40) •
M. Laframboise : Sur les délais,
vous, bon, le 210 jours, là, cumulatif, et tout ça, ça fait votre affaire,
vous avez réglé le projet de loi n° 15,
comme vous dites, sauf un, dans les délais. Parce que c'était le 31 juillet, là, la date
ultime où tout le monde devait... mais il y a beaucoup de villes qui n'ont pas
réglé, là.
Donc, vous, est-ce que
vous faites affaire avec des firmes d'avocats, quand vous faites des négociations, des firmes d'avocats privées? Vous n'avez pas de difficulté avec
les délais, le temps, là? Parce que, 210 jours, il y a plusieurs intervenants qui nous ont dit : Bien,
210 jours, c'est trop court, et tout ça. Vous, vous vous sentez bien à
l'aise avec les délais pour être
capables de livrer, avec vos aviseurs légaux, et tout ça. Vous êtes capable,
là, vous vous sentez bien à l'aise.
M. Demers
(Marc) : Un, on ne fait plus
affaire avec des firmes d'avocats externes. Et je ne veux pas élaborer
là-dessus, on manquerait de temps.
Et, deuxièmement, oui, je pense... Vous savez, dans le temps où je faisais de la négociation, là, à un moment donné,
assez, c'est assez, on rentrait dans des locaux puis on disait : On sort lorsqu'il
y aura une entente, puis, si ça prend deux jours, trois jours, c'est là qu'on
sortait.
Alors, lorsqu'il
y a une volonté de trouver des solutions, je pense qu'il y a
certains moyens de les trouver, et on en a fait la preuve. Et j'aimerais dire que l'ensemble de nos employés, à ville de Laval, négociaient avant
seulement qu'on parle du projet de
loi n° 3. Les employés à ville de Laval ont accepté une baisse de la masse
salariale de 3,5 % en 2013, en 2014, et plusieurs groupes
d'employés ont accepté ça.
Alors, la
bonne foi, elle est là. C'est un ingrédient essentiel. Peu importe la mécanique
qu'on va mettre, n'importe où, si une
des deux parties n'a pas la bonne foi, la mécanique ne marchera. Alors, pour
obtenir la bonne foi, je pense, ça prend un système qui est respectueux
des parties en cause.
M. Laframboise : Et vous demandez le
retrait du critère de l'équité externe, et ça, c'est important parce que ça semble être un irritant majeur du côté
syndical. Mais expliquez-nous, l'équité externe, c'est quoi, l'impact? Parce
qu'il faut que les citoyens qui nous écoutent, là, comprennent bien, là, par rapport
à ça.
M.
Demers (Marc) : Alors, l'équité externe, la réalité qui est vécue dans
différentes villes n'est pas la même. Montréal,
là, il n'y a pas de comparable au Québec, il faut aller en Ontario et ailleurs,
et le coût de la vie est différent, et les priorités sont différentes, et la convention collective est différente.
Québec est aussi seule, et, Laval, les villes les plus proches sont à
100 000 habitants de nous, alors c'est toujours un petit peu boiteux. Il y
a un choix politique à savoir quelle sera l'importance qu'un service d'incendie, un service de police
pourra prendre, un service... des cols bleus, ou etc. Alors, dans ce
sens-là, l'équité externe est un peu boiteuse.
L'autre aspect, on
parle d'autonomie. Alors, il y a des places où est-ce qu'une municipalité ne
peut pas aller chercher d'autonomie. On le
sait, toutes les municipalités seront soumises aux lois provinciales, on n'aura
pas d'autonomie, c'est là. La province est soumise aux lois fédérales...
Le
Président (M. Auger) : Malheureusement, c'est tout le temps que nous
avions. Donc, M. le maire Demers, M. Boudreault, M. Paré,
merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à
14 h 43)
(Reprise à 14 h 47)
Le Président (M.
Auger) : Nous reprenons nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants
du Conseil du patronat du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre présentation, et par la suite nous procéderons à une période d'échange avec les membres
de la commission. Dans un premier temps, bien vouloir vous identifier, et par
la suite vous pourrez commencer.
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
M. Dorval (Yves-Thomas) : Merci,
M. le Président. Alors, mon nom est
Yves-Thomas Dorval, je suis le président et directeur général du CPQ, le
Conseil du patronat du Québec. Et je suis accompagné, à ma droite, par M.
Benjamin Laplatte, qui est directeur
principal, Affaires publiques et développement corporatif, et, à ma gauche, par M. Guy-François
Lamy, qui est vice-président, Travail et affaires juridiques au CPQ.
M. le Président, je voudrais d'abord remercier les membres de la commission de
nous accueillir pour échanger sur ce projet de loi important et également
souligner que le CPQ est une confédération d'employeurs au Québec et représente
directement ou indirectement plus de 70 000 employeurs ayant des
activités au Québec ainsi que plusieurs du
secteur municipal, il a pour mission essentiellement de s'assurer que les
employeurs au Québec disposent des meilleures conditions pour prospérer. Et nous avons cinq grandes priorités, et ce
projet de loi là touche trois des priorités du CPQ, notamment d'avoir accès à la disponibilité de
ressources humaines à un coût raisonnable, d'avoir, deuxièmement, comme priorité également une réglementation
intelligente, c'est-à-dire qui vise des objectifs de résultat, et,
troisièmement, aussi d'avoir des
finances publiques saines, pour une fiscalité concurrentielle. Alors, imaginez,
on a ça dans nos cinq priorités. Donc,
ce projet de loi là vise et touche directement trois de ces priorités-là, d'où
l'importance pour nous de ce projet de loi là.
Peut-être un petit
rappel, M. le Président, le contexte, avant de dire... ou je pourrais peut-être
commencer par dire que le CPQ appuie
l'adoption du projet de loi, qui améliorera, selon nous, le régime de relations
de travail dans le milieu municipal
et qui permettra aux municipalités de mieux contrôler leurs dépenses pour les
contribuables. Pourquoi? D'abord, on va parler du contexte un petit peu.
• (14 h 50) •
Le
premier contexte, il faut se rappeler, je pense que c'est important de le
souligner, on entend quand ça sort, puis après ça c'est comme si ça disparaît dans les limbes, il faut se
rappeler le rapport de la Commission de révision permanente des programmes, qui a émis des conclusions, des
analyses, et ainsi de suite, après quand même plusieurs mois d'étude, d'analyse, et ainsi de suite. Et, concernant
l'aide financière aux municipalités de la part du gouvernement du Québec,
les conclusions de l'examen des commissaires
expliquent que les transferts du gouvernement aux municipalités ont
fortement augmenté au cours des dernières années. Cette hausse des transferts a
soutenu une croissance rapide des dépenses, due — et c'est nous qui le
soulignons dans notre mémoire — en bonne partie à l'augmentation de la
rémunération des employés municipaux. Entre 2007 et 2012, les dépenses
consolidées des organismes municipaux sont passées de 14,7 milliards à 19,4 milliards de dollars, ce qui constitue
une augmentation annuelle moyenne de 5,8 %, alors qu'à titre
comparatif, durant cette même période, les dépenses gouvernementales, elles,
ont subi une augmentation annuelle moyenne
de 3 %, donc c'est toujours dans le secteur public, avec des postes, des
tâches, quand même, avec lesquelles on peut
voir plusieurs analogies entre deux secteurs publics. Concrètement, la commission
recommandait au gouvernement du Québec dans ses conclusions notamment de
donner des outils légaux aux municipalités pour mieux contrôler la rémunération des employés. Donc, il y a une
histoire derrière ça. Il y a une analyse qui a été faite par des groupes,
par des commissaires, et ils sont arrivés
avec des recommandations, ce qui a conduit d'ailleurs le gouvernement du Québec
à avoir des discussions avec les municipalités, et on sait les résultats
suite à une certaine entente.
Deuxième
contexte, c'est les impacts de ce que plusieurs considèrent comme un
déséquilibre dans le rapport de force au niveau des relations de
travail, au niveau des municipalités. Les impacts coûtent des sous aux
contribuables. Une étude de l'Institut de la statistique du Québec en
2015 — donc
c'est récent, et on ne peut pas dire que l'institut du Québec est
politisé — démontre
que la rémunération globale moyenne des employés municipaux est supérieure à 39,5 % à celle des fonctionnaires
provinciaux. Selon les emplois, les écarts varient entre 36 % et
48 %. L'écart moyen s'est même
creusé au fil des temps, il était de 24,7 % en 2009, 33,6 % en 2012,
37,9 % en 2013. Et ces écarts non négligeables sont financés par les contribuables. En fait, en
2013, la rémunération des employés municipaux représentait d'ailleurs 43 % des budgets des municipalités, c'est un
montant qui est significatif. Alors, ça, c'est un deuxième élément qu'on
doit prendre dans le contexte.
Troisièmement,
il y a des éléments aussi qui sont dans la jurisprudence. Alors, il ne faut pas
penser ici que, dans le projet de
loi, il y a, comment est-ce qu'on pourrait dire ça, là, une marge de manoeuvre
totale pour les employeurs. En fait,
la jurisprudence, au niveau canadien, est venue quand même restreindre énormément,
énormément toute décision qui touche
les relations de travail. Évidemment, certains groupes l'invoquent à leur façon
pour différentes raisons, mais il faut se rappeler qu'il n'y a pas, quand même, dans la jurisprudence, beaucoup de
marge de manoeuvre. Donc, on ne peut pas penser qu'il y aurait un
«free-for-all», là, pour les employeurs dans ce contexte-là. Les employeurs
sont limités, les décisions du gouvernement sont limitées, sinon ça ne
franchira jamais l'analyse du droit constitutionnel.
D'ailleurs, si je regarde, en ce qui concerne
particulièrement les policiers et pompiers, la décision de la Cour suprême dans le cas Saskatchewan Federation of
Labour contre la Saskatchewan, en 2015... Et je cite deux éléments de la
décision : «Les lois canadiennes qui suppriment le droit de grève des
pompiers et des policiers — dont
le caractère essentiel des fonctions est
indéniable — prévoient
toujours, en contrepartie, l'accès à l'arbitrage pour le règlement des conflits de travail. [...]Une raison d'ordre pratique
explique pourquoi les lois qui interdisent la grève prévoient presque toujours l'accès à un mécanisme indépendant et
efficace de règlement des différends. En effet, un tel mécanisme sert de
soupape de sûreté et empêche l'accumulation
dangereuse des tensions non résolues dans les relations de travail.»
Donc, on voit quand même, et je n'irai pas
dans le détail, mais qu'il y a beaucoup de balises dans la question des
capacités d'un gouvernement, par
exemple, d'adopter des décisions qui concernent les conventions collectives
dans le secteur public.
Alors, ça, c'est des éléments contextuels qui
sont importants. Mais je sais qu'on n'aura pas nécessairement tout le temps d'aborder les propositions, mais
vous avez, dans le mémoire, une série de conclusions. Et peut-être
rappeler que, pour nous, l'équilibre des
forces patronales et syndicales de même qu'une saine gestion des finances
publiques sont au coeur de nos préoccupations, comme je le disais au
début, et que le projet de loi n° 110 rencontre justement ces
objectifs-là.
Parmi les mécanismes, les municipalités, dans
certains cas, pourront demander dorénavant unilatéralement l'intervention d'un tiers. En ce sens, le projet
de loi donne davantage d'autonomie aux municipalités en matière de
relations de travail et, du même coup, il
reconnaît qu'elles sont des institutions démocratiques redevables devant leurs
citoyens et qu'elles doivent considérer, par
conséquent, la capacité de payer de ces derniers lors des négociations avec les
représentants de leurs salariés. C'est pourquoi, entre autres, on appuie
fortement la mesure qui vise à inclure dans les critères que pourraient avoir les décisions des tiers le
critère de l'aspect économique. Pour nous, c'est très important dans le
projet de loi comme considération dans les décisions qui devront être prises,
la question des finances publiques, donc de l'impact pour les contribuables.
En somme, la
modification au cadre des relations de travail qui est fournie dans le projet
de loi se caractérise par un nouvel équilibre. D'une part, le juste
pouvoir de négociation des salariés est respecté, et, d'autre part, l'intérêt
de l'ensemble des citoyens des villes est
pris en compte. C'est un arbitrage que le gouvernement tente de faire avec ce
projet de loi là, je pense que c'est donc
compréhensible. La saine gestion des finances publiques québécoises permet aussi d'assurer la prospérité économique
de l'ensemble des citoyens, et les travailleurs du secteur public en font
partie également.
On voudrait souligner que certaines modifications
pourraient être apportées au projet de loi. Et voici les principales modifications
qu'on suggère.
Le projet de loi prévoit que l'employeur transmet un avis au ministre
après 120 jours de négociation, si aucune entente n'est conclue, afin que s'enclenche le processus
de médiation. On croit que le projet
de loi pourrait être bonifié
si l'envoi de l'avis au ministre
pourrait être différé à une date ultérieure de l'accord commun des parties,
tant pour les policiers et pompiers
que les autres salariés municipaux,
lorsque les négociations se déroulent bien, malgré l'absence d'entente.
Le CPQ se
questionne également sur la pertinence du fait que le conseil d'arbitrage prévu
pour les policiers et pompiers, en
plus des critères énumérés au projet de loi à prendre en considération dans ses
décisions, peut tenir compte de tout autre élément de preuve requis à
l'enquête. Nous souhaitons que ce dernier critère soit pris en compte dans le
respect de ceux précisément énumérés.
Par ailleurs, il faudrait aussi se méfier du
critère des conditions applicables dans les autres municipalités, qui, appliqué
de manière paramétrique, pourrait entraîner des effets indésirables si on ne
tient pas compte du même coup de la capacité de payer de la municipalité
concernée. L'interdépendance des critères est donc primordiale.
Les
recommandations d'un expert au ministre dans le cas d'un conflit de travail qui
piétine pourront constituer un outil
d'une grande valeur. Toutefois, le CPQ soutient que le rapport du mandataire
spécial devrait être rendu public afin d'assurer une plus grande
transparence au sein du processus de règlement des conflits.
Et
finalement, en conclusion, il serait aussi pertinent que le projet de loi
détaille davantage les fonctions et les pouvoirs du mandataire spécial. Au surplus, nous soulignons qu'il
faudrait possiblement préciser l'expression «circonstances exceptionnelles» qui justifie l'intervention du
mandataire afin d'éviter d'éventuels litiges fondés sur son
interprétation.
Voilà, en
résumé, quelques bonifications ou modifications qu'on pourrait suggérer au
projet de loi, en répétant ou en réitérant notre appui aux objectifs et
au principe de ce projet de loi.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons débuter la période d'échange. M. le
ministre, vous avez la parole pour 15 min 30 s.
M. Coiteux : D'accord. Alors, merci
beaucoup, M. Dorval, pour cette présentation.
Écoutez, je
trouvais ça intéressant que vous fassiez un rappel des travaux de la Commission
de révision permanente des
programmes, et notamment du chapitre qui concernait la relation entre le Québec
et les municipalités d'un point de vue
des transferts, là, parce que c'est quand même important de rappeler que c'est
d'intérêt gouvernemental à double titre. Les villes, les municipalités, qui sont des institutions démocratiques,
redevables devant leurs citoyens, sont des gouvernements de proximité. Ce gouvernement est
engagé dans une démarche très ferme de reconnaître cette réalité qu'on a
affaire à des gouvernements. Ce n'est pas
des gouvernements qui ont les mêmes pouvoirs et les mêmes
responsabilités que le gouvernement du
Québec, mais ils assument des responsabilités importantes à l'échelle locale.
Ils ont un pouvoir de taxation. Les
élus municipaux se présentent aux élections, ils sont redevables devant leurs
citoyens, il y a une démocratie, donc,
qui s'exerce. Et on est d'avis que ça doit donner lieu à davantage d'autonomie
puis surtout ça doit donner lieu, dans ce qui nous préoccupe ici, à une révision, une modernisation du cadre de
négociation pour tenir compte de cette réalité-là, qui n'était pas tenue compte dans un régime dans
lequel... Puis, pour reprendre les termes qui ont été pris par certains
hier, ce n'est pas un affrontement entre le
capital et le travail, ce sont des élus qui négocient au nom de l'intérêt
public. Ils ont certains paramètres à
respecter, ils ont certaines exigences à respecter, puis ils doivent le faire
dans le cadre du respect du droit des travailleurs, droit d'association,
droit à des conditions de travail justes et raisonnables. Alors, vous avez tout
à fait raison de dire que c'est cet équilibre-là qu'on recherche.
Mais les
revenus des municipalités proviennent en partie aussi des transferts du
gouvernement du Québec. Et c'est certain
que, lorsqu'on voit que, pour des emplois comparables, à travers le temps, les
rémunérations globales par heures travaillées ont évolué de façon
différente, on se pose une question : Est-ce que les mécanismes en place à
un niveau de gouvernement et à un autre
niveau de gouvernement sont adéquats? Puis il faut de temps en temps avoir le
courage de revoir ces choses-là. Alors,
c'est intéressant que vous l'ayez mis dans ce grand contexte là, je pense,
c'est intéressant.
Le Conseil du patronat représente des employeurs
du secteur public et du secteur privé, donc vous avez des membres qui sont des membres du secteur public, et
j'aimerais ça vous entendre un peu sur ça, là. Est-ce qu'un employeur du secteur public, c'est différent d'un employeur
du secteur privé? Et, de ce point de vue là, est-ce qu'il faut
effectivement que le régime de négociation en tienne compte?
Le Président (M. Auger) :
M. Dorval.
• (15 heures) •
M. Dorval
(Yves-Thomas) : M. le
Président, en fait, spécifiquement au niveau municipalités, mais c'est vrai
aussi pour la Sûreté du Québec, mais qui a son propre régime, il y a quand même
des éléments spécifiques qui ont trait aux gens qui...
(Interruption)
M. Dorval
(Yves-Thomas) : ... — voici un dynamitage, j'imagine — mais le rôle des policiers et des pompiers
est différent, c'est pour ça qu'on ne peut pas... Et c'est pour ça qu'on voit
qu'il y a une absence de droit de grève, par exemple,
pour les policiers et pompiers, et, en contrepartie, il y a une obligation d'intervention de tiers. Alors, ça, je
pense que c'est bien compris.
Au niveau des
autres employés de l'État... La différence entre les employés du secteur
public et les employés du secteur
privé, essentiellement, d'abord, c'est que la survie d'une entreprise,
elle est menacée, c'est-à-dire qu'elle peut faire faillite. Un État peut faire faillite en théorie, là, mais on se
comprendra que, dans la pratique, une municipalité
ou le secteur public d'un gouvernement provincial ou fédéral, ça ne peut pas
faire faillite. Donc, à quelque part, il y a un rapport de force qui s'installe automatiquement qui est différent parce que, si on demande trop
dans le secteur privé, le risque,
c'est la viabilité de l'entreprise, qui disparaît, les emplois vont disparaître. Dans
le secteur public, ce n'est pas le cas. Donc, tout de suite, on voit qu'il
y a un contexte bien différent.
Le deuxième, par rapport à ça également, c'est
la question des services essentiels. Dans le secteur privé, c'est moins... Ça existe, les services essentiels, dans le secteur
privé, à mon avis, là, dans certains secteurs. Je veux dire,
moi, si le port de Montréal est touché par un lock-out ou une grève, là, moi, à
mon avis, là, il y a un impact, c'est un service essentiel, maintenant, dans l'économie nord-américaine,
et du Québec, et du Canada. Mais essentiellement ce n'est pas la même nature des services. Dans le secteur public,
il y a des services essentiels, c'est pour ça que les possibilités de
conflit de travail qui déboucheraient, par
exemple, à une grève sont, bien sûr, balisées par des questions de services
essentiels. Donc, c'est une dimension qui est différente, qu'on ne
retrouve pas dans le secteur privé.
Dans le
secteur municipal en particulier, je veux dire, en réalité, il n'y a
pas de possibilité de lock-out. Quand on examine à fond, en théorie il pourrait peut-être
y en avoir, mais il est impossible qu'une ville, dont l'objectif
est de rendre des services, se mette
en lock-out, parce qu'elle ne rendrait pas les services à la population.
La réalité, c'est qu'il n'y a
pas de droit de lock-out, et ça débalance
donc l'équilibre de force, si d'un côté vous avez la possibilité d'exercer un pouvoir, même balisé par des services
essentiels qui sont... une possibilité de faire une grève, versus l'impossibilité
d'exercer un lock-out. Et ça, tant la partie
syndicale que patronale recherchent toujours d'avoir un rapport de force en équilibre. Alors, ici, on ne le retrouve pas, au niveau municipal, dans ce contexte-là, et vous doublez ça de la perspective que
le secteur public ne peut pas entrer en faillite. Alors, ça, c'est des
éléments importants.
Dans
l'histoire, on a vu qu'il y a eu des décisions qui ont été prises au niveau
fédéral... au niveau provincial, au niveau
de l'État. Encore une fois, les décisions ont été de plus en plus balisées, il
y a eu beaucoup d'interprétations en Cour suprême qui sont arrivées puis
qui ont venu vraiment, vraiment limiter cette capacité-là. Alors, ça a eu des
impacts dans le passé, on voit qu'ils sont en train d'être atténués par la
jurisprudence.
La liberté
d'association et de négociation est importante. Et, encore une fois, à notre
point de vue, ce que le projet de loi
tente de faire ici particulièrement pour le secteur municipal, c'est que, si on
prend en compte deux des éléments que j'ai
mentionnés tout à l'heure, plus le fait que c'est le contribuable qui paie,
alors, à la fin, la facture est
relayée à quelqu'un d'autre. Et cette
personne-là, elle peut toujours élire un nouveau maire ou un nouveau conseil
municipal, la prochaine élection,
mais la réalité, c'est qu'elle va être obligée de payer pareil les taxes, alors
ça, c'est... tandis qu'un consommateur, à la fin, n'est pas obligé d'acheter tel produit
ou tel service, dans le secteur privé, peut aller ailleurs
ou peut ne pas l'acheter. Mais, dans le service municipal, il est obligé
de payer ses taxes.
M. Coiteux : J'aimerais vous
entendre sur... On a encore un peu de temps, hein, M. le Président?
Le Président (M. Auger) : Oui. Neuf
minutes.
M.
Coiteux : On a encore neuf
minutes. J'aimerais vous entendre sur les critères qui sont énumérés dans le
cas des policiers et pompiers, en cas de renvoi
au conseil de règlement des différends, mais ces mêmes critères et les
mêmes principes de base devraient
s'appliquer également à la réflexion d'un mandataire spécial. Si un
jour un ministre décidait,
suite à une demande de l'une ou l'autre des parties, de nommer un mandataire
spécial, ce seraient ces critères-là qui devraient guider aussi l'ensemble de
la réflexion. J'aimerais vous entendre un petit peu là-dessus. Pourquoi? C'est parce qu'on a entendu différents points de vue sur
les critères, puis j'aimerais ça entendre votre son de cloche là-dessus.
Il y a des villes qui nous disent :
Écoutez, il faudrait hiérarchiser les critères. Là, vous les avez énumérés,
puis c'est comme s'ils avaient tous une importance égale.
Alors, peut-être
qu'il devrait y avoir des critères obligatoires puis des critères qui
pourraient être considérés selon les circonstances, il y en a qui nous
disent ça. Il y en a qui nous disent : Non, non, il y a des critères qui
ne devraient pas être là. On vient d'avoir
une discussion avec les représentants de ville de Laval, ils nous disent : Le
critère d'équité externe, même balisé
par des circonstances où ce sont des villes comparables, ne devrait pas être
là. On nous a dit : Le marché va discipliner dans certains cas, et
puis on a entendu un peu ce point de vue là hier également. Par contre, du côté
des associations de pompiers et de policiers et du côté des
syndicats de cols bleus et de cols blancs, on nous a dit que le critère d'équité externe, c'était pratiquement le critère
fondamental. Et vous, vous ne vous êtes pas trop prononcés, là, sur les critères, dans votre présentation, donc j'aimerais
ça voir comment vous vous situez par
rapport à ce débat-là.
Hiérarchisation? Une liste plus restreinte? Comment vous voyez ça?
M. Dorval (Yves-Thomas) : M. le
Président, je vais commencer et je vais laisser la parole ensuite à mon collègue,
qui pourra élaborer davantage.
Le critère,
pour nous, qu'il était très important de voir et qui est majeur, c'est le critère de la
situation financière et fiscale de la municipalité et des impacts
que ça a pour les contribuables, parce
qu'ils ne sont pas pris en compte.
C'est comme une tierce partie qui n'est pas
à la table de négociation mais qui a une obligation de payer, hein? Ce
n'est pas une question de... j'ai un choix, par la suite, d'ajouter tel
ou tel produit, je suis obligé de payer. Remarquez qu'il peut déménager de
ville aussi, mais on comprend que, quand tu es un citoyen, tu vas payer tes
taxes. Ça, c'est le premier élément qui...
Donc, pour nous, ce n'est pas une question de hiérarchisation, mais cet élément-là est
incontournable et il doit faire partie des critères, peu importent les
critères qu'on utilisera. Ça, c'est notre premier point de vue.
Le deuxième point de vue... Et là, si vous me permettez, M. le Président, je vais vous
faire une anecdote. Un jour, je me
suis ramassé par hasard dans un congrès où j'assistais à des ateliers de
formation sur comment... — et
c'était un atelier de formation pour
des groupes sociaux ou syndicaux, etc. — comment
obtenir gain de cause pour obtenir ce qu'on veut avoir. Puis là on expliquait que, par exemple, dans une région
donnée, tu vas voir les endroits où il n'y a pas d'enjeu particulier et
tu obtiens des conditions de travail spécifiques ou des décisions
réglementaires spécifiques par rapport à un
besoin qui impacte peu ces organisations-là. Et là, à un moment donné, tu en
accumules comme ça quelques-unes,
puis là ça devient l'exemple d'équité avec
lequel tu te compares avec un autre. Mais là tu te ramasses avec un autre
endroit, ils n'ont pas nécessairement les mêmes enjeux, mais là tu dis : Regardez, équité, eux autres,
ils ont ça, donc on devrait avoir ça. Ça, c'est un premier exemple.
Le deuxième,
je regarde les fusions municipales. Qu'est-ce
qui s'est passé dans les fusions municipales avec les différentes conventions collectives qu'on
retrouvait dans les différentes municipalités qui étaient fusionnées? Est-ce
qu'on a vu beaucoup de conventions
collectives qui ont été à la baisse par rapport à certains enjeux? Non, on a
essayé d'équilibrer toujours à la hausse.
Finalement,
l'équité salariale est un autre exemple. Quand on fait un exercice d'équité
salariale, puis qu'on compare des
groupes, puis qu'on ramène... est-ce qu'on a déjà vu des groupes baisser pour
être en équité avec eux? Non, on voit tous les autres groupes monter
pour atteindre l'objectif de ce qui est la condition favorable la plus
importante.
Ce que je
suis en train de vous dire, c'est la réalité qui conduit à ces choses-là. Ce
n'est pas mal intentionné, c'est une
réalité. Alors, pour moi, les critères qu'on considère, qu'on regarde, quand on
regarde l'équité, doivent être pris en compte, mais on va l'élargir, à
ce moment-là. Pourquoi l'équité avec la fonction publique provinciale par
rapport aux conditions de travail? Pourquoi
est-ce que l'équité est différente, à ce moment-là? Puis on le voit dans les
chiffres, elle est très différente.
Pourtant, c'est des postes qui sont aussi importants. Puis c'est la même chose
avec le fédéral, soit dit en passant.
Alors, ce que
je suis en train de vous dire, c'est : Il y a plusieurs critères. L'équité
en fait partie, il n'est pas le seul. On
peut jouer dans des éléments qui vont faire en sorte que l'équité va changer,
si tu t'en vas dans des endroits pour obtenir des conditions dans des circonstances où il n'y a pas de problème
d'accorder telles conditions, dans ce secteur-là, mais peut-être que
dans un autre endroit il y en aura.
Le Président (M. Auger) : Me Lamy,
en complément.
M. Lamy (Guy-François) : Oui, merci. Et effectivement ce que
M. Dorval dit est exact. Je pense qu'il
faut surtout tenir en considération, quand on regarde l'ensemble des
critères, et c'est ce qu'on mentionne dans notre mémoire,
l'interdépendance de ces critères-là, tout en considérant qu'au coeur de
ceux-là ce sont les considérations économiques
pour les employeurs, pour les municipalités qui sont visées ici. Je dirais,
particulièrement sur le critère... Parce
que, là, de vouloir hiérarchiser, par exemple, le critère de l'équité comme
certains groupes, certains représentants vous l'ont proposé, le critère de l'équité externe, ce qu'il faut
remettre en contexte, c'est qu'on comprend que la liste de critères qui est proposée ici, à l'article 17
du projet de loi, c'est une liste de critères qui vient justement
contrebalancer les effets qu'a eu ce critère
qui a été appliqué par les arbitres de différends par le passé, d'équité
externe, qui s'est trouvé à en être un essentiellement de plus haut
dénominateur commun, avec des effets néfastes pour certaines municipalités qui
n'avaient pas nécessairement la même capacité de payer, d'où le rééquilibrage
par cette liste de critères là qui est proposée
et le fait que notre constat, c'est l'importance de l'interdépendance de ces
critères-là et qu'il ne faudrait surtout pas qu'un tiers qui vienne
aider à la résolution d'un différend commence à piger là-dedans, d'où notre
inquiétude du deuxième alinéa aussi, qu'on a
soulevée, à l'effet que tout autre élément de preuve recueilli à l'enquête,
c'est un critère qui devrait pris en considération dans le contexte des
huit critères énumérés, là, à l'article 17.
Le Président (M.
Auger) : 2 min 30 s.
M. Coiteux :
2 min 30 s. Je pense que M. le député de Chapleau...
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
• (15 h 10) •
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Vous souhaiter la bienvenue, M. Dorval, M. Lamy et...
J'oublie l'autre nom, je suis désolé.
Dans
votre conclusion, là, vous énumérez, là, quelques modifications. Vous dites : «Le CPQ se questionne sur la pertinence du fait que le conseil d'arbitrage, en
plus des critères énumérés à prendre en considération dans sa décision,
peut tenir compte de tout autre élément de preuve recueilli à l'enquête. Le CPQ
souhaite que ce dernier critère soit pris en compte
dans le respect de ceux...» Pouvez-vous élaborer là-dessus et pourquoi vous
avez des craintes sur le fait que le conseil, là, d'arbitrage prenne en
considération d'autres éléments que ceux qui sont déjà inclus?
Le Président (M.
Auger) : Me Lamy. 1 min 45 s.
M. Lamy (Guy-François) : Merci. Bien, en fait, je vais poursuivre sur ce
que je disais, justement, en réponse, là, à la question du ministre.
Quand
on lit l'article, le deuxième alinéa de 17 avec les huit critères, on a
l'impression, à une première lecture à tout le moins, que ça peut avoir pour effet de venir atténuer la portée des
huit autres critères, de dire... Mais je comprends très bien qu'on
puisse dire : Bien, écoutez, s'il y a d'autres éléments qui sont
pertinents, on va en tenir compte, mais il ne faudrait
pas que ce soit interprété comme voulant dire qu'en raison d'autres éléments
pertinents déposés à l'enquête on va venir
éliminer l'importance de ces
critères-là qui sont énumérés précédemment. Autrement dit, ce qu'on vous dit
c'est : Il est tellement important pour nous que les critères qui sont
économiques, là, le critère de la capacité de payer de la municipalité soient pris en compte qu'il ne
faudrait pas qu'un élément de preuve quelconque puisse inciter un membre
du conseil à considérer qu'il devrait
écarter ce critère-là, à notre avis. Donc, c'est pour ça qu'on vous dit dans
nos conclusions que le deuxième
alinéa de 17 devrait prévoir, d'une certaine façon, que ces autres éléments de
preuve retenus à l'enquête devraient être pris en considération dans le
contexte des huit critères qui sont énoncés au premier alinéa de 17.
Le Président (M.
Auger) : 30 secondes.
M.
Carrière : Donc, vous êtes d'accord avec une hiérarchisation des
critères... ou si vous n'êtes pas d'accord? Parce que ce que vous dites, c'est qu'il y a une contrepartie, mais
êtes-vous d'accord avec une hiérarchisation de critères, internes,
externes, etc., ou...
Le Président (M.
Auger) : 15 secondes.
M. Lamy
(Guy-François) : Je vous dirais que la question de la hiérarchisation,
c'est... Vous parliez plus d'interdépendance,
tout à l'heure, que de hiérarchisation. Mais vous avez compris aussi qu'il y a
quelque chose qui est au coeur de nos
préoccupations, c'est la capacité de payer, sans nécessairement... Si vous
parlez de hiérarchisation au sens où celui-là vaut 10 points,
celui-là vaut 20 points, celui-là vaut 30 points, on n'est pas là
dans notre analyse.
Le Président (M.
Auger) : Merci, maître.
M. Lamy
(Guy-François) : Merci.
Le Président (M.
Auger) : Nous allons poursuivre avec l'opposition officielle pour
9 min 15 s. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. Dorval. Saluer aussi les
membres votre équipe.
Je vais vous
faire une confidence, j'étais quand même assez intrigué d'avoir à lire votre
mémoire, je vous dirais, d'avoir le
Conseil du patronat qui vient donner son avis sur les affaires municipales dans
le cas de négociation et de relations de travail, je me demandais pourquoi, mais, à la
lecture de votre mémoire, je pense que vous avez été capables, en tout
cas pour ma part, d'apporter certains éclairages sur la pertinence de votre
présence, alors...
Et puis
d'ailleurs, en commençant, puis je pense que vous y allez de façon très
explicite, mais je veux être sûr de bien
comprendre, vous avez fait mention tout à l'heure d'emblée que le travail de la
commission avait recommandé au gouvernement
de donner des outils légaux aux municipalités pour mieux contrôler sa
rémunération de ses employés, et vous faites
rapidement... Parce que M. le ministre, à travers les différents groupes qu'on
a eus, a essayé de nous faire croire que c'était un mythe, que le pacte fiscal et le projet de loi n° 110
n'étaient pas intimement liés, donc, les coupures de 300 millions et la promesse d'avoir des
outils, et dans certains cas on avait promis un décret, ce n'était pas lié,
mais vous en faites la démonstration pure et simple en disant :
«C'est dans ce contexte qu'a été déposé le projet de loi n° 110 le 10
juin. Ce dernier découle directement de la signature de l'accord de partenariat
avec les municipalités[...], qui a été conclu
entre [les] parties...» Et vous rajoutez, à la page 12 : «Nous réitérons
que dans le contexte actuel où les employés du secteur municipal ont des salaires nettement plus élevés que les
fonctionnaires de l'État québécois, et que les municipalités subissent d'importantes coupes dans leurs
transferts alloués par le gouvernement, il est essentiel que ce critère soit
pris en compte sérieusement.» Donc, vous
faites le lien concret que, pacte fiscal, coupures aux municipalités, promesse
d'avoir des outils en relations de travail, on arrive au projet de loi
n° 110. C'est bien ça?
Le Président (M. Auger) : M. Dorval.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Oui.
Alors, la réponse à votre question : D'abord, ce n'est pas une question de
cause à effet, c'est une question de
contexte. Il est clair qu'il y a eu un rapport gouvernemental qui a dit :
Il faut trouver une solution à cette
question-là. Ça touche tant l'administration municipale que l'administration
provinciale, en passant, parce qu'il
y a des transferts qui se font du provincial au fédéral, puis c'est le payeur
de taxes qui paie en bout de piste aussi dans les deux cas. Ça, c'est le
premier élément.
Le deuxième
élément, il y a eu des discussions dont on n'a pas fait partie, entre les
parties, mais, chose certaine, il y avait une demande de la part des
municipalités. Elles ont dit : Écoutez, nous autres, là, c'est bien beau,
telle, telle obligation, ou telle, telle
décision, ou tel, tel transfert, mais, pour avoir plus d'autonomie, ça nous
prend des meilleurs outils, et, comme
presque 50 %, 46 %, j'ai dit tantôt, ou quelque chose comme ça sont
de la masse salariale, puis qu'il y a
d'autres dépenses aussi qui sont, je veux dire, non variables, qui sont fixes,
bien, il faut que, sur cet élément-là, on ait des outils. Et la demande
des municipalités était bien plus importante que ce que le gouvernement
présente dans son projet de loi.
Donc, le
projet de loi n'est pas : On a signé un chèque avec les municipalités, en
tout cas ça ne nous apparaît pas... il
faudrait poser la question au ministre, mais bien davantage en disant :
C'est un élément de contexte, il faut trouver des solutions. La demande,
elle est bien, bien plus grande que ça, et le législateur arrive avec une
compréhension aussi de la réalité des relations de travail, de la
jurisprudence, etc.
Donc, si vous
me posez la question, c'est un élément de contexte, puis on ne peut pas le
nier, il est là. Mais est-ce que le
projet de loi découle directement d'une entente? Ça, c'est le ministre qui
pourra répondre. La seule chose qu'on peut
comprendre, de notre côté en tout cas, les municipalités demandaient bien
davantage, et que ce qu'on voit là, ici, je dirais, c'est une analyse
réaliste de la capacité réglementaire, constitutionnelle de l'État
d'intervenir, qui pourra probablement... ou
peut-être un jour fera l'objet d'autres contestations, mais à tout le moins, à
notre avis, là, quand on regarde ça, ça
apparaît comme étant un moyen, un arbitrage juste pour donner aux municipalités
davantage de capacité, d'outils, de
mesures, non pas pour brimer... Parce qu'à la fin, quand on regarde tout le
projet de loi, je veux dire, tous les droits
des travailleurs se retrouvent quand même là, là, en termes de pouvoir
négocier, etc., même la grève n'est pas
touchée là-dedans, là. Ce qu'on voit là-dedans, là, c'est une obligation de
résultat. Puis l'obligation de résultat, selon l'analyse qui a été faite
pour les années antérieures, n'était malheureusement pas un résultat basé sur
un équilibre de rapport de force, il fallait modifier le rapport de force. Moi,
c'est ma compréhension, mon analyse. Pour le reste, il faudrait que ce soit le
gouvernement qui réponde à votre question.
M.
Ouellet : Je comprends,
mais, pour faire un petit exercice comptable assez succinct, là, bien, les
municipalités, une partie de leurs revenus
sont effectivement l'assiette fiscale et, dans certains cas, les transferts
gouvernementaux. On réduit les
transferts gouvernementaux et on dit aux municipalités : Bien, on va vous
donner des outils pour avoir un certain contrôle sur votre masse salariale, pour diminuer l'impact de nos
coupures. Je pense que, dans un modèle entrepreneurial, vous seriez
capables de comprendre cette logique.
Mais on va aller ailleurs parce que je veux vous
entendre sur d'autres sujets. L'ISQ, écoutez, on a entendu les chiffres, les
mêmes chiffres mais décriés de part et d'autre, sur la statistique de l'ISQ et
le fameux 40 % d'écart en matière de
conditions salariales, mais là vous, vous y mettez un certain bémol, puis je
pense que c'est courageux, mais je veux juste être certain que... Si je
comprends bien... Vous dites : «Même s'il est vrai que les chiffres doivent
être considérés en tenant compte de
l'adoption du projet de loi n° 3[...], il persiste tout de même un écart
considérable...» Et vous dites que,
dans le fond, l'écart des salaires en 2015 est plutôt de 20,4 %, plutôt
que le fameux 40 %. Donc, vous, dans votre statistique, vous avez
cru bon de dire : Écoutez, il faut faire une application de la fameuse loi
n° 3, du projet de loi n° 3 qui est devenu la loi n° 15, pour
véritablement comparer. C'est bien ça?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Tout à
fait.
M. Ouellet : O.K. Donc, pour vous,
le 40 %, ce n'est pas vrai, c'est...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Bien, ce n'est pas que ce n'est pas vrai, c'est que...
M. Ouellet : Bien, c'est ce que vous
dites.
M. Dorval (Yves-Thomas) : C'est la
réalité avant l'application, je dirais, des dernières conclusions des régimes,
là.
M. Ouellet : Oui, bon, O.K. Mais
tout le monde sont venus nous dire ici : C'est 40 % de coût,
40 % de coût. Vous, vous arrivez — puis vous êtes dans le milieu des affaires,
là, vous savez qu'un chiffre, c'est important : 20,4 %, c'est
votre optique à vous. L'ISQ, elle, l'écart réel, là, c'est 20 %...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : L'écart des
salaires en 2015, sans même considérer les avantages sociaux, s'élevait à 20,4 %, il faut faire attention, sans
considérer les avantages sociaux, parce qu'on exclut... À cause des
modifications qui sont passées, on n'a pas nécessairement la conséquence exacte
au niveau des avantages sociaux. Alors, il faut faire attention, on ne compare
pas tout à fait la même chose dans le 20,4 %. On exclut de ça les
avantages sociaux.
M.
Ouellet : Ça fait que vous
êtes conscients que les chiffres qu'on a utilisés, le 40 %, n'est pas un
bon comparable pour dire qu'il y a un
déséquilibre à cette hauteur-là dans le secteur municipal, entre les
municipalités et les syndicats?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Il
faudrait rajouter les avantages sociaux pour avoir le meilleur comparable.
Nous, on...
Une voix : ...
M. Dorval (Yves-Thomas) : Pardon? M.
le Président...
Le Président (M. Auger) :
Me Lamy.
M. Lamy (Guy-François) : Bien, en
fait, c'est 40 %, environ, en incluant les avantages sociaux, 20 % en
les excluant. Il y a deux chiffres, qui sont tous deux exacts.
M. Ouellet : Puis, quand vous...
Oui, 20 % en incluant...
M. Lamy (Guy-François) : En excluant
les avantages sociaux.
M. Ouellet : O.K. Le salaire.
• (15 h 20) •
M. Lamy (Guy-François) : Donc, le
salaire, la rémunération salariale uniquement, on est à 20,4 %, dans ces
chiffres-là. Donc, 20 % là. 40 % en comparant les avantages sociaux.
Autrement dit, ce qu'on écrit dans notre mémoire à ce passage-là, c'est qu'on anticipe l'argument,
justement, des gens qui vont nous dire : Mais le projet de loi n° 3 qui a été adopté, la loi n° 15,
elle va avoir un impact sur les avantages sociaux, ce à quoi on dit : Effectivement, il va y avoir
cet impact-là. Donc, si on en tient compte, donc, éliminons pour l'instant... Parce que la réponse, elle sera, dans
l'avenir, entre 20 % et 40 %, si on enlève... si on tient compte de
l'impact réel dans le futur qu'auront les avantages sociaux. Alors, on se dit,
si on veut avoir un portrait juste, là, la fourchette, c'est 20 % à
40 %.
M. Ouellet : Ça fait que ce n'est
pas 40 %, c'est entre 20 % et 40 %.
M. Lamy (Guy-François) : C'est actuellement
40 % en matière de rémunération et avantages sociaux.
M. Ouellet : Oui, mais là... Oui,
mais c'est parce que...
M. Lamy
(Guy-François) : Nous, ce
qu'on anticipe, c'est qu'à l'avenir on pourra être entre 20 % et
40 %. C'est ce qu'on vous dit.
M.
Ouellet : C'est parce que,
dans le projet de loi en question, on nous dit que ça continue de
monter, et vous l'avez dit tout à l'heure, les frais continuent de monter. Donc, moi, je me projette dans
l'avenir. Et, si je me projette dans l'avenir et je suis votre
raisonnement, ça va se situer entre 20 % et 40 %, donc 40 % et
en bas.
Ça fait que c'est correct. O.K. J'aimerais
laisser la parole à mon collègue de Richelieu, s'il vous plaît.
Le Président (M. Auger) : Oui. Pour
45 secondes, M. le député de Richelieu.
M.
Rochon : Oh mon Dieu! Bien,
je vais y aller juste d'une mise en garde, alors. À tous ceux qui adhèrent
ou reprennent le vocabulaire du ministre, qui parle de moderniser les relations
de travail parce qu'on intègre la situation financière des municipalités, chapitre 54 de la Loi concernant les
corporations municipales et scolaires et leurs employés, sanctionnée le
10 mai 1947 par le gouvernement de Maurice Duplessis : «Lorsqu'une
corporation municipale ou une corporation
scolaire est partie à un différend, le conseil d'arbitrage doit tenir compte,
pour la décision du différend, de la situation
financière de cette corporation, de sa capacité de faire face aux obligations
additionnelles qui peuvent résulter de la sentence et des impôts qui
grèvent déjà ses contribuables.» 1947. Ça a changé sous le gouvernement Lesage
avec l'adoption du Code civil. Voilà.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Nous allons poursuivre
avec la deuxième opposition et le porte-parole, M. le député de Blainville,
pour une durée maximale de 6 min 15 s.
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. Dorval, vous et vos collègues,
d'être présents.
D'entrée de
jeu, bon, vous avez parlé de l'augmentation des transferts du gouvernement vers les municipalités.
Je voudrais avoir la position du Conseil du patronat. Les transferts que le gouvernement fait aux villes doivent être, pour vous,
contraints, restreints? Comment vous voyez ça, là, par rapport aux transferts,
là?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Oh! Toute une question! Évidemment qu'on vient ici davantage sous l'angle
des relations de travail, c'est plus de notre expertise que la question des
transferts entre le gouvernement provincial et le gouvernement municipal. La
question est très simple : à la fin, c'est un contribuable qui paie.
Alors, pour nous autres, que ça vienne du provincial ou que ça vienne du
fédéral, c'est le contribuable qui paie.
Mais plus la municipalité aura son autonomie, davantage elle va être aussi imputable de ses dépenses
devant ses citoyens. Donc, il y a un lien plus direct entre ce que
la municipalité va dépenser versus ce qu'ils vont taxer. Alors,
c'est sûr qu'à un moment donné, si on est dans une situation où à la fin il y a
quelqu'un qui va payer la facture, nonobstant les décisions qu'on va prendre... Puis ce n'est pas juste la question
des affaires municipales... des
relations de travail, là, il ne faut pas penser que... Là, on parle de
relations de travail, ici, mais c'est toute la gestion, quand même, au sein des
municipalités qui est importante, là.
Mais sauf
qu'il y a un élément qui est important : 40,6 %, c'est la masse
salariale. Et on voit statistiquement que, les conditions ou les revenus, quand on parle de la masse salariale totale,
au niveau municipal, elle est quand même beaucoup plus élevée. On a parlé de 40 % tantôt. On
verra avec le temps l'effet des changements au niveau des systèmes de
retraite, mais ça reste majeur, hein?
Et donc, pour nous, la question des transferts,
c'est : Plus l'organisation qui dépense a l'autonomie mais aussi l'imputabilité de ce qu'elle fait, plus c'est
transparent, à la fin, et plus ça l'incite l'organisme en question de prendre
des décisions qui sont plus responsables à l'égard de ses commettants, de ses
constituants.
M. Laframboise : Vous avez fait le
lien, c'est-à-dire, entre l'augmentation des salaires des employés puis l'augmentation des transferts du gouvernement,
donc, pour vous, il y a un lien, là. C'est-à-dire que, quand on regarde,
statistiquement, bien, il y a une
augmentation de la rémunération des employés puis il y a une augmentation... Je
ne sais pas si vous l'avez faite,
l'analyse, si elle est proportionnelle ou quoi, mais il y a une augmentation,
là, qui est des transferts du gouvernement du Québec vers les
municipalités, là, pour compenser pour d'autre chose sûrement, là, tu sais,
c'est un peu ça, la réalité, là.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : M. le Président, en fait, c'est la commission Robillard qui fait ces analyses-là.
Nous, on a pris l'information qui existait, on n'a pas décidé nous-mêmes de
faire ces évaluations-là.
M. Laframboise : Vous ne l'avez pas
fait vous-mêmes, là, comme organisation.
Vous avez
parlé de la jurisprudence... Parce
qu'une partie de votre mémoire parle
de la jurisprudence, puis vous
sembliez mettre en garde, là. Ça semblait
être, en tout cas, un constat, mais est-ce qu'il y a une mise en garde? Parce
que peut-être que vous n'avez pas entendu le
maire de Laval, mais il y a des élus municipaux qui nous le demandent,
puis je peux être... j'ai un intérêt, là,
évidemment, comme parti politique ça nous intéresse, là, de voir évoluer la
situation. Ce qu'ils nous demandent, c'est, à la fin... puis quand je
prends le maire de Laval, exemple, qui dit que dans l'hypothèse où... «Que la
municipalité puisse accepter ou non les recommandations — ils
veulent le pouvoir d'accepter ou non les recommandations — du mandataire spécial et qu'elle soit tenue
de les accepter ou de les rejeter en bloc, auquel cas les
recommandations [...] deviennent publiques. Dans l'hypothèse où la municipalité
rejette telles recommandations, la négociation
reprend alors, jusqu'à conclusion d'une entente.» Donc, la ville, avec le
pouvoir de dire... bon, bien là, là, évidemment,
le mandataire spécial fait son rapport, ça ne fait pas notre affaire, puis on
recommence, est-ce que vous avez analysé,
là, l'impact juridique, là, par rapport aux décisions? Est-ce que vous
conseillez, vous, vos membres? Est-ce que vous avez tout un département
de votre organisation qui conseille vos membres, là, et tout ça?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Oui et non.
C'est-à-dire qu'on donne des avis, mais on n'est pas... Les
organisations sont autonomes et prennent leurs avis de leurs propres
ressources, internes ou externes. Nous, on analyse ça de façon plus globale. Ce
qui nous préoccupe, nous autres, c'est toujours l'impact d'une décision sur un
ensemble d'éléments.
Mais la
première des choses, sur la jurisprudence, vous avez dit tantôt : Vous
voulez nous mettre en garde. En fait, ce
n'est pas une mise en garde, je veux rassurer les parties, entre autres la
partie des travailleurs. Il ne faut pas penser, là, que la marge de manoeuvre, là, des... Il ne peut pas y
avoir des décisions unilatérales du gouvernement, ou ci, ou ça sans
avoir établi énormément de processus de consultation, de médiation, de travail
qui est fait. Ça n'arrive pas comme ça, là. La
jurisprudence démontre que tu n'es pas Dieu le Père, là, quand tu es au
gouvernement, là, il y a plein de droits constitutionnels qui doivent être
respectés. Donc, ce n'est pas une mise en garde, c'est de rassurer les parties
qu'il faut faire attention, là, on n'est plus dans un far west, là, hein, il y
a beaucoup... Ça, c'est le premier point.
Le deuxième point, c'est qu'au niveau des
décisions d'un tiers parti, on en a parlé dès le début, c'était dans le premier
échange auquel j'ai contribué, là... c'était le fait que le secteur municipal,
c'est un secteur particulier, hein, il n'y a pas de lock-out, il y a un rapport
de force qui est différent, etc. Alors, pour nous, l'intervention d'un tiers...
Puis je pense que le plus bel exemple, c'est les policiers et pompiers. Et ça,
c'est reconnu pas juste ici, là, c'est reconnu ailleurs aussi, là, c'est pour
ça qu'on a parlé de jurisprudence aussi, là. Si tu n'as pas un droit de grève,
c'est normal que tu aies accès à un tiers.
Bien, si tu n'as pas le droit de lock-out, ça devrait être normal aussi qu'à un
moment donné il y ait une décision qui est prise.
Maintenant, je vais laisser Me Lamy
peut-être compléter.
Le Président (M. Auger) : C'est
malheureusement tout le temps que nous avions. Donc, M. Dorval,
Me Lamy, M. Laplatte, merci beaucoup pour votre contribution.
Je vais suspendre quelques instants pour permettre
au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 28)
(Reprise à 15 h 31)
Le
Président (M. Auger) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous rappelle que vous avez
10 minutes pour votre présentation, par
la suite on procédera à une période d'échange avec les trois groupes
parlementaires. Donc, dans un premier temps, bien vouloir vous
identifier, et par la suite vous pourrez commencer.
Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante (FCEI)
Mme Hébert
(Martine) : Merci, M. le
Président. Alors, Martine Hébert, vice-présidente principale à la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Je suis accompagnée de M. Simon Gaudreault, directeur des affaires
économiques pour le Québec à la fédération.
Alors, M. le
Président, distingués membres de la commission, je tiens à vous remercier,
d'abord, de nous donner l'opportunité
aujourd'hui de discuter avec vous du projet de loi n° 110. Évidemment, la
fédération représente des petites entreprises,
on n'est pas des juristes, on n'est pas des spécialistes en droit du travail,
mais quand même on est très concernés par
le projet de loi, puis je vais vous expliquer pourquoi c'est important pour les
PME québécoises, ce projet de loi là.
Alors, comme
vous savez, on regroupe 24 000 PME, au Québec, qui oeuvrent dans
toutes les industries et toutes les régions.
Et, vous savez, l'entrepreneuriat étant d'abord souvent au niveau local, les
chefs de PME sont étroitement liés à leur collectivité et ils entretiennent une relation généralement forte avec
leur municipalité. On sait que les PME représentent le poumon de l'économie québécoise aussi, et je vous
dirais qu'elles jouent un rôle très important en tant que payeurs de
taxes municipales. Et, comme le projet de
loi traite de la capacité de payer des contribuables, je pense que c'est
important de venir rappeler certains
faits ici relativement, justement, à ces contribuables municipaux que sont les
petites et moyennes entreprises, là, sur le territoire québécois.
Alors, selon les
statistiques 2015 du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire, les contribuables de la
catégorie non résidentielle, dont une majorité de PME, évidemment,
représentaient environ... moins de 7 %,
c'est-à-dire, des unités d'évaluation recensées sur le territoire municipal du
Québec cette année-là, mais généraient plus
de 21 % des 17,7 milliards de revenus récoltés par les municipalités.
Alors, l'apport majeur de nos PME à la santé économique et financière de
nos municipalités n'a donc d'égal aussi, il faut bien le dire, par contre, que
leur désir de voir leur ville se développer
durablement et efficacement. C'est pourquoi les entrepreneurs se préoccupent de
la manière dont est gérée leur ville
et que la FCEI s'est intéressée d'ailleurs historiquement et de plus en plus
aux questions touchant l'ensemble des
politiques locales. À ce titre, le contrôle des dépenses municipales, M. le
Président, dont la masse salariale se taille la part du lion, fait
l'objet d'une attention, donc, spéciale et particulière de la part des PME.
Je pense qu'on peut affirmer qu'en ce sens-là on considère
qu'il était temps de revoir et de moderniser, justement, le régime de négociation au niveau municipal. Et
on espère pouvoir contribuer à cette modernisation-là, là, en vous
faisant valoir le point de vue et les attentes légitimes des PME et des
entrepreneurs du Québec envers leurs municipalités.
Alors, il faut bien
rappeler qu'au niveau, si vous voulez, des budgets des municipalités il y a un
fardeau disproportionné à l'heure actuelle.
En fait, on peut même affirmer que, dans le cas des PME, la contribution qu'ils
ont au niveau de la taxation municipale excède,
à l'heure actuelle, ce qu'on peut considérer comme étant une juste part dans
la plupart des plus grandes municipalités du
Québec. C'est d'ailleurs la conclusion qu'on a pu tirer de l'analyse des
données budgétaires transmises au MAMOT par
des municipalités en 2013 notamment et qu'on a réitéré dernièrement, avec
les dernières données à jour. On constate
qu'alors que pour une même valeur... En fait, ce qu'on constate, c'est que,
pour une même valeur foncière, le compte de
taxes moyen des contribuables de la catégorie des immeubles non résidentiels
est de 2,2 fois celui des résidents. Alors, vous comprenez pourquoi on est
très préoccupés par l'évolution des dépenses dans le secteur municipal, parce
que qui dit dépenses accrues dit
taxation accrue, et donc les PME sont 2,2 fois plus touchées,
lorsque le compte de taxes augmente, là, pour une même valeur foncière, que les
résidents.
Alors,
cette analyse indique aussi que, par
rapport à l'année de référence,
l'écart de taxation était en augmentation dans 54 municipalités sur
100, au Québec, les 100 plus grosses qu'on a examinées, et en diminution dans seulement
13 municipalités. M. le Président, je pense que les entreprises, dont un grand nombre de PME, demeurent
donc la vache à lait fiscale de nos
plus grandes municipalités, qui de surcroît leur en demandent de plus en plus chaque année. Et ça, c'est pour ça d'ailleurs aussi qu'on est
préoccupés par la capacité des municipalités à contrôler leurs dépenses. Et,
dans un contexte où le fardeau fiscal municipal
est particulièrement lourd, il n'est pas étonnant de nous voir, là,
s'inquiéter de ça, surtout dans un
contexte où on a regardé l'évolution des dépenses dans les municipalités au Québec,
là, entre 2009 et 2014 et, lorsqu'on prend les dépenses réelles... C'est
quoi, les dépenses réelles? Ça veut dire lorsqu'on enlève l'effet de l'inflation, là... lorsqu'on tient compte de
l'inflation. Donc, lorsqu'on observe l'évolution des dépenses réelles entre 2009 et 2014, au Québec, les dépenses municipales, la croissance a
été de plus de quatre fois celle de la population, quand on tient compte de l'inflation. Alors, pendant ces cinq années-là, les dépenses
du secteur municipal ont excédé ce qui devrait être considéré
comme une croissance normale, on notera que ces dépassements-là de coûts
accumulés, là, pendant ces années-là
représentent un total de 13 milliards
de dollars. Et c'est important, M. le Président, parce que ça veut dire qu'une gestion plus serrée de ces dépenses-là aurait
dégagé des sommes qui auraient bien pu être utilisées ailleurs, comme par
exemple pour développer de l'infrastructure, réduire le fardeau fiscal des contribuables
municipaux ou encore stimuler le développement économique, là, dans nos
collectivités.
Et cette part-là
des... cette croissance-là des dépenses repose beaucoup, beaucoup sur la
masse salariale, je pense que ce
n'est rien de nouveau qu'on vient vous dire aujourd'hui. On sait que la
masse salariale représente... les données, là, du MAMOT indiquent que 49 % des dépenses dans les municipalités du
Québec vont en paiement des salaires, des cotisations, des contributions aux assurances, aux régimes de
retraite et toute autre dépense associée, là, aux employés des municipalités.
Sur l'écart salarial, je sais qu'il y a beaucoup
de gens aussi qui sont venus devant vous et qui vous ont parlé d'écarts
salariaux. Nous, à la FCEI, on utilise les données de recensement, hein, c'est
quand même assez robuste, de Statistique
Canada, ce sont des données qui sont fiables généralement, donc... Et on a
comparé, en fait, avec des postes similaires
dans le secteur privé, ça fait qu'on a pris des pommes avec des pommes. On a
pris, par exemple, des travailleurs des
postes administratifs, là, dans le secteur privé, qu'on a comparé avec le même
type de poste dans le secteur municipal. Et la conclusion à laquelle on est arrivés, pour le Québec, est la
suivante, c'est qu'au niveau des salaires, si on prend juste la portion
salaires, au niveau municipal, donc, les employés municipaux jouissent, par
rapport à leurs homologues du secteur privé et non pas du secteur public, du
secteur privé... donc, ils jouissent d'un avantage salarial de 7,1 %. Et, lorsqu'on additionne à ça les avantages sociaux,
c'est de 23 %, on tombe à 23 %. Cette situation-là, d'ailleurs, elle
n'est pas nouvelle, on était arrivés aux
mêmes conclusions dans les études qu'on a faites en 2003, 2005 et 2008, et
qu'on répète, là, de façon
périodique, lorsque les données du recensement sont publiées. Alors, cet
écart-là perdure dans le temps, et on n'arrive pas à le résorber.
Alors, nous,
on pense que l'évolution de plusieurs des composantes de la masse salariale des
villes, là, n'est pas le fruit du
hasard et qu'elle est notamment, cette évolution-là, la résultante, d'une part,
d'un cadre général de relations de travail
qui, à l'heure actuelle, ne favorise pas la partie patronale à la table de
négociation. Et, depuis longtemps, il nous appert que la pratique semble avoir été de consentir,
probablement, hein, à cause de ce déséquilibre-là, à chaque convention
collective, dans plusieurs cas, juste un petit peu plus que ce qui aurait été
raisonnable afin d'en arriver à une entente ou encore d'acheter la paix. Et puis le processus de sédimentation, bien, avec les
années, a fait son oeuvre et a mené, là, aux dépenses excédentaires et
aux sommes excédentaires, là, qui enlèvent d'ailleurs de la marge de manoeuvre
aux municipalités. Puis on considère, si on
veut arrêter ce train-là, bien, qu'il y a des gestes qui doivent être posés, et
c'est dans cet esprit-là qu'on
considère comme essentiel de rééquilibrer les rapports de force dans les
négociations municipales et qu'on considère comme essentielle, M. le Président, l'adoption du projet de loi
n° 110 dans ses grands objectifs, en tout cas, qu'il vise. Voilà.
Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation. Donc,
on va commencer la période d'échange avec le gouvernement et le ministre
pour 15 min 30 s.
• (15 h 40) •
M.
Coiteux : Oui. Merci beaucoup, Mme Hébert, puis merci,
M. Gaudreault, pour la production de ce mémoire, la présentation de
ce mémoire puis de nous donner l'occasion, justement, d'échanger là-dessus.
Vous avez
beaucoup parlé de la question du rapport de force dans les négociations. Vous
nous avez partagé des statistiques
différentes de celles qui ont été discutées au cours des derniers jours et bien
auparavant, bien entendu, dans le contexte, évidemment, de la
négociation des relations de travail dans le secteur municipal, et puis je vais
vous poser certaines questions là-dessus.
Mais je voudrais juste réitérer pourquoi on est en train de tenir des
consultations sur un tel projet de
loi, parce que ça ne tombe pas des nues, ça ne tombe pas de nulle part. Je
voudrais rappeler que, lors des dernières élections, notre équipe
s'était engagée à revoir en profondeur la relation entre le gouvernement du
Québec et les municipalités. C'est un engagement qui a été pris, les Québécois
nous ont fait confiance, ils nous ont élus. Et, dans le discours inaugural du premier ministre, il a été clairement établi qu'au
cours de ce mandat la relation entre le gouvernement du Québec et les municipalités changerait en
profondeur dans le sens de l'autonomie, dans le sens de la
reconnaissance du rôle essentiel que jouent
les municipalités dans la vie démocratique, la vie économique, la vie politique
du Québec. Alors, ça teinte l'ensemble de nos décisions par rapport aux
municipalités.
Vous savez
qu'on a déposé un projet de loi sur le statut de capitale nationale déjà, et
puis on aura l'occasion d'en discuter
au cours de l'automne, et puis on a annoncé qu'on allait déposer un projet de
loi donnant à Montréal le statut de métropole et un projet de loi plus
général qui revoit en profondeur la relation avec l'ensemble des municipalités
du Québec. Alors, ça, c'est la trame de
fond. Puis, la trame de fond, le fil conducteur de tout ça — puis là je prends les termes qui sont ceux du livre blanc de l'UMQ, mais il y a
différentes façons de traduire ça — c'est la reconnaissance des gouvernements de proximité, la reconnaissance que
les municipalités sont une forme de gouvernement qui assument des
responsabilités importantes sur leur territoire et qui ont le pouvoir de taxer
leurs citoyens. C'est le cas, puis ça, c'est important, puis vous avez fait
allusion à ça énormément puis l'impact que ça peut avoir notamment sur les PME.
Ce n'est pas la même chose qu'une entreprise privée, ce n'est pas n'importe
quelle entité.
Alors,
pour le gouvernement du Québec, cette reconnaissance-là de fond, cet
engagement-là, ça veut dire aussi que le
régime de négociation qui s'applique dans le secteur municipal ne peut pas être
vu comme la relation antagonisante entre le capital et le travail comme il a été entendu hier par certains qui
nous ont présenté des choses, on ne peut pas avoir les mêmes principes. Alors, c'est en ce sens-là qu'il
faut moderniser, c'est en ce sens-là qu'il faut moderniser. Et c'était
une demande de l'UMQ dès 2011. C'est un
engagement qu'on a mis sur papier mais qui a été longuement discuté
auparavant. Oui, lors du pacte fiscal, mais le pacte fiscal, il n'est pas tombé
des nues non plus, il y a toute une gestation et des engagements qui ont été
pris, en ce qui nous concerne, dès 2014. Alors, ce n'est quand même pas tombé
des nues.
Alors,
c'est important parce que, quand on parle de modernisation, ça commence par un
article 1, ici, qui dit qu'en sa «qualité d'institution
démocratique, une municipalité est redevable auprès de ses contribuables de
l'utilisation du produit des taxes et tarifs
qu'elle perçoit pour assumer la prestation des services publics qui lui
incombent ou qui incombent à un autre employeur municipal dont elle
assume en totalité ou en partie les dépenses, chaque employeur municipal ayant par ailleurs pour mission première de
dispenser des services de qualité aux résidents de chaque territoire
desservi». Et ça, ce n'était ni dans les
lois des années 60 ni dans les lois des années 40. Alors, ça, c'est
un principe fondamental, qui est au
coeur de cette loi. Et de là découlent un certain nombre de principes, mais ces
principes-là, ils doivent être compatibles aussi avec des droits fondamentaux en matière de droit d'association,
droit de négocier, droit à des conditions de travail justes, et vous les retrouvez également, ces
principes-là, dans l'article 1. Alors, il y a des critères qui ensuite
définissent un certain nombre de modalités,
mais c'est de ça qu'on parle ici, c'est l'autonomie municipale qui se reflète
là également, comme elle va se refléter dans d'autres projets de loi,
dans d'autres initiatives du gouvernement.
Je
pense que c'est important de le réitérer, parce qu'on a des échanges en même temps
qu'on pose des questions, aujourd'hui,
et des choses sont dites qui ne correspondent pas à la réalité, dans le cadre
de ces échanges-là, et je pense qu'il fallait
que je remette ici les pendules à l'heure. C'est extrêmement important de le
dire parce que c'est de ça qu'il s'agit, c'est vraiment de ça qu'il
s'agit.
À partir de là, on a
eu toutes sortes de discussions, depuis les dernières 24 heures, et puis
vous avez une discussion beaucoup sur l'impact que ça peut avoir sur les PME,
l'écart de rémunération qui aurait crû à travers le temps. Il y a différentes statistiques pour le mesurer, et les
fourchettes montrent quand même des écarts qui sont importants. Alors que dans le secteur public québécois les
choses ont évolué d'une façon, dans le secteur municipal ça a évolué
d'une autre façon, dans le secteur public... dans le secteur privé ça a évolué
d'une autre façon.
Vous
vous êtes moins prononcés sur comment
on a amené les critères. Peut-être que vous n'êtes pas directement concernés en votre qualité d'association qui représente des PME, mais, si... Est-ce que vous avez eu l'occasion
de regarder un petit peu les critères concernant les principes de base sur
lesquels devrait se baser une négociation
dans le secteur municipal? Est-ce que vous avez eu le temps de regarder ça? Puis est-ce que
vous avez des choses à dire là-dessus?
Mme Hébert (Martine) : À l'article 17, entre
autres, notamment,
que vous référez? Bien, je vous dirais, M. le ministre, d'abord, vous avez fait référence à l'article
premier qui énonçait certains principes de base dans le projet de loi; je pense qu'il y
en a un autre aussi important
que vous n'avez pas mentionné, c'est la question de la capacité de
payer des citoyens et des contribuables. Et ça, quand on parle de
contribuables, on parle à la fois des contribuables résidentiels et, évidemment,
des contribuables non résidentiels.
Je
vous dirais que, nous, quand on a regardé l'article 17, c'est sûr
que, pour nous, c'est un ensemble de critères qui sont là, et puis c'est un petit peu comme dans une négociation, hein, c'est comme si tu commences... Quand tu
arrives à un consensus sur quelque
chose, tu commences à faire du
«cherry picking», le consensus ne tient plus, ça ne marche plus. Alors, on pense qu'il y a quand même
une certaine interdépendance entre ces critères-là et qu'on doit tenir compte
de ça dans l'analyse, là, qui aura lieu, probablement, article par article, à la suite de ces consultations-là. Je pense
qu'il y a une interdépendance
et qu'on ne peut pas... si vous voulez, on ne peut pas faire abstraction de ça.
Maintenant,
on a quand même, nous, proposé qu'à l'article 17, justement, dans les critères, là, soit peut-être prise en compte une certaine notion de comparatif relativement aux contribuables, c'est-à-dire que, l'un des critères, on avait proposé, à la page 8 de notre mémoire,
de rajouter un critère qui pourrait prendre en compte, lorsque
disponible, là, les conditions de
travail applicables aux salariés occupant des emplois comparables dans le
secteur privé. Ça pourrait être un autre critère aussi qui pourrait être
rajouté et qui pourrait ajouter à cette dimension-là, justement, de respect de
la capacité de payer des contribuables, M. le ministre, parce que, si on compare les salaires, si, dans les négociations, on se base sur des critères
qui se comparent avec l'ensemble des travailleurs, des contribuables, si vous voulez, qui contribuent au régime,
que ce soit à travers leurs impôts au
niveau du gouvernement provincial, qui effectue des transferts, ou
encore au niveau municipal... Je pense que
ça pourrait, en tout cas, venir renforcer la proposition, là, qui est contenue
dans le projet de loi relativement aux critères qui seront pris en
compte. Et je pense qu'en ce sens-là...
Cela étant, on pense que les critères, là, sont
vraiment interreliés, mais, tu sais, moi, je n'ai pas fait d'analyse à savoir le numéro 1 est-u plus important que
le numéro 5, il est-u plus important ou est-ce qu'il devrait avoir
préséance, ou combien de pointage devrait être accordé. On n'est pas dans ce
niveau de détail là, là.
M.
Coiteux : Donc, vous ne vous inscrivez pas dans une perspective de
hiérarchisation de critères, de pondération de critères. Parce que différents avis ont été émis. Donc, c'est pour ça
que j'essaie de faire parler tout le monde là-dessus, pour qu'on puisse
avoir la plus grande amplitude d'opinions, là, pour qu'on puisse tenir compte
des points de vue.
Mme Hébert (Martine) : Moi, je pense qu'ils sont interdépendants puis je
n'ai pas d'opinion... je ne suis pas dans
une logique comme ça. Moi, je pense que ce qui est important, par exemple,
c'est de maintenir l'intégralité, parce que, si tu enlèves... si tu commences à faire, comme j'ai dit tantôt,
excusez-moi l'expression en anglais, là, du «cherry picking», je pense que vous comprenez, bien, ça
veut dire qu'on vient affaiblir... dans le fond, on viendrait affaiblir
ou on viendrait diluer la portée de
l'ensemble de l'esprit de cet article-là ou de l'ensemble des critères qu'on
veut examiner.
Puis
il ne faut pas perdre de vue qu'en bout de ligne, dans le fond, ce qu'on veut
s'assurer, c'est que, lorsqu'on va négocier
les conditions de travail des employés dans le secteur municipal, on va tenir
compte de la situation financière des villes
et on va tenir compte... Donc, en bout de ligne, ça revient à quoi? À la
capacité de payer des citoyens et des contribuables.
M. Coiteux :
J'aimerais ça vous poser une question qui n'est pas directement sur le projet
de loi mais sur le contexte, là, ici, de ce
projet de loi, parce que je sais que vous êtes en lien, quand même, avec vos
homologues dans les autres provinces, vous avez des... Vous êtes
membres, d'ailleurs, de la grande fédération canadienne, vous collaborez à un certain nombre de publications. Est-ce que
vous avez eu l'occasion d'échanger avec vos homologues dans les autres
provinces canadiennes sur la situation qu'ils vivent eux-mêmes dans leurs
municipalités? Est-ce qu'ils ont le même type de problèmes que nous avons?
Est-ce qu'ils abordent les choses de la même façon?
Mme Hébert (Martine) : C'est une bonne question, puis je vais laisser
Simon y répondre, parce qu'il est justement le nez en plein dans les
dernières études qu'on est en train de faire à cet égard-là.
Le Président (M.
Auger) : M. Gaudreault.
• (15 h 50) •
M.
Gaudreault (Simon) : Merci.
Bien, je vous dirais que là-dessus, bien qu'il existe des différences, là,
entre les provinces, des fois une question
de subtilités, le cadre législatif va être différent d'une province à l'autre,
mais ce qu'on constate, c'est que,
que ce soit sur les écarts salariaux, le contrôle des dépenses dans les municipalités ou ce que Mme Hébert évoquait
tout à l'heure, l'écart de taxation, la surtaxation dans la
classe non résidentielle, on voit ça, malheureusement, dans l'ensemble
des provinces, et c'est un problème qui est, semble-t-il, généralisé.
Nous,
ce qu'on aime dans la situation au Québec présentement, c'est que le Québec, avec le projet de loi sur les retraites d'il y a
deux ans, semble être un des précurseurs, une des provinces qui prennent un peu plus le taureau par les cornes puis tentent de redresser la situation,
et ça, c'est un point positif d'un point de vue de l'ensemble du secteur municipal
canadien parce que ça donne l'exemple qu'il y a quelque chose qui peut être
fait et qu'effectivement la question des
dépenses, du contrôle des dépenses, c'est un incontournable, dans le secteur
municipal, si on veut s'assurer de respecter la capacité de payer des
contribuables, PME.
Donc,
de changer le discours général dans le secteur municipal, on n'a pas
nécessairement en premier un problème de
revenus. Dans le secteur municipal, de notre point de vue, il faut d'abord
s'occuper de la question des dépenses, et ensuite de ça on pourra avoir une discussion peut-être
plus juste sur l'absence ou non de marge de manoeuvre du côté des
revenus. Mais c'est clair que, du côté des
dépenses, on voit que le problème est généralisé dans l'ensemble des provinces
canadiennes.
Mme Hébert (Martine) : Par contre, évidemment, si vous me permettez un
complément de réponse... Par contre, évidemment,
ça varie d'une province à l'autre et d'une ville à l'autre. Et, quand on fait
un comparatif des grandes villes canadiennes et qu'on regarde, par
exemple, comme la ville de Montréal par rapport à ses homologues canadiennes,
c'est sûr qu'on n'est jamais en tête, on est plutôt en queue de peloton qu'à la
tête du peloton lorsqu'il est question, justement, de taxation, etc. Ce qu'on
constate, c'est que nos entreprises sont souvent beaucoup plus taxées, ici, et
la fiscalité est beaucoup moins conviviale à
l'égard des petites entreprises, là, ici que dans d'autres grandes villes
canadiennes. Ça, c'est clair.
Le Président (M.
Auger) : 3 min 30 s.
M. Coiteux :
3 min 30 s. Je pense que peut-être mon collègue de Vimont ou...
Chapleau.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
M. Carrière :
Merci, M. le Président. Mme Hébert, M. Gaudreault, merci d'être là.
Ce
n'est pas la première fois, là, que j'ai le plaisir d'entendre le point de vue
la FCEI. J'aimerais vous entendre, dans
une des recommandations que vous faites à l'article 44... Et on l'a
entendu, là, depuis hier à plusieurs reprises, toute la question de rendre publiques la décision ou les
recommandations de l'arbitre. J'aimerais vous entendre là-dessus un peu,
là. C'est quoi, votre point de vue là-dessus?
Le Président (M.
Auger) : M. Gaudreault.
M. Gaudreault
(Simon) : Bien, en fait, simplement, ce qui nous chicotait un peu plus
là-dedans, c'était la question de
dire : Le rapport demeure jusqu'à un certain point confidentiel. Alors, on
ne révèle pas les détails de ce qui peut... du travail du mandataire.
Et ça nous amène sur un terrain peut-être un
petit peu plus large, qui est la question de la transparence. C'est très
important, de notre point de vue. Du côté municipal, peut-être qu'il y a des
choses qui pourraient être faites afin d'assurer une meilleure transparence dans le
secteur municipal, parce que ça aide à avoir une meilleure gestion. On
le constate nous-mêmes quand on fait nos rapports de recherche, la difficulté
d'obtenir de l'information pour s'assurer qu'on puisse suivre le travail des
villes dans une gestion rigoureuse de leurs dépenses.
Alors, ça
vient s'ajouter, là, la question de la disponibilité de l'information. De notre
point de vue, de manière générale, c'est préférable d'avoir plus de
transparence que d'en avoir moins, et c'est pour ça qu'on a fait cette recommandation-là sur l'article 44. De dire
que ça demeure confidentiel, ce n'est pas diffusé, pour nous, bien, ça
n'allait pas exactement dans le sens d'une plus grande transparence, là.
M.
Carrière : Les maires, hier, qui sont venus nous voir, l'UMQ, tout ça,
ils avaient la même... ils disaient : On est d'accord puis on veut même, tu sais, l'adopter par
résolution, tu sais, de notre position, etc. De votre côté, est-ce que
vous croyez que le citoyen, plus il est
informé, pourra voir, bien, oui, c'est raisonnable, non, ce n'est pas
raisonnable, tu sais, au niveau de ce que le mandataire a pu
recommander?
Mme Hébert (Martine) : C'est sûr
que, de notre perspective, c'est toujours, en fait, comme on dit, plus de
transparence. Puis je pense qu'on s'en va dans cette direction-là dans
plusieurs domaines. Les saines pratiques de gouvernance,
maintenant, on n'a plus les mêmes critères qu'on avait par rapport à ça il y a
plusieurs années, on évolue. Et je pense
que collectivement, comme société, on tend vers de plus en plus des mécanismes
qui sont plus transparents, qui s'appuient davantage sur les principes
de saine gouvernance, et, pour nous, ça en fait partie.
M.
Carrière : Je veux revenir...
Vous parlez de l'interdépendance des critères, donc ce que je comprends,
c'est que vous n'êtes pas d'accord à une
hiérarchisation, là, des critères. Mais moi, je veux vous parler de ce que vous
proposez comme neuvième critère. Donc, il y a l'équité interne, l'équité
externe. Il y en a qui n'en veulent pas du tout, il y en a qui y tiennent. Et
vous, vous en ramenez un troisième qui est de comparer avec le secteur privé...
si ça se fait, là, naturellement, là.
Est-ce que
vous voyez une complification... ou en
tout cas ça vient complexifier,
pardon, tout le travail de ceux qui
auront à prendre des décisions et à faire des recommandations, là, sur...
parce que, là, il y a un troisième élément, là, qui s'ajoute
dans...
Le Président (M. Auger) : ...c'est
tout le temps qu'on avait pour ce premier bloc d'échange. Nous allons
poursuivre avec l'opposition officielle pour 9 min 15 s. M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Bonjour, Mme Hébert. Bonjour, M. Gaudreault. Ça me fait particulier de vous voir ici aujourd'hui. Pour le bien de la commission,
j'ai eu l'opportunité d'avoir un comité de sélection et d'avoir, à l'époque, sélectionné le jeune
M. Gaudreault comme économiste, à Baie-Comeau, pour un emploi au
CLD.
Une voix : C'est un bon
économiste.
M.
Ouellet : Oui. Et je
comprends que tu aies changé d'emploi parce que, si tu étais resté au CLD chez
nous, bien, tu n'aurais plus de job, parce que le pacte fiscal a coupé
les CLD. Ça fait que je suis content de ton cheminement, alors, de te voir
là-dessus.
Question, Mme Hébert, en commençant, juste
pour bien comprendre : La FCEI, avez-vous des PME... ou des membres, pardon, qui sont syndiqués? Oui, vous en
avez? Et, le reste de vos entreprises, dans le fond, on applique le Code
du travail proprement dit.
J'aimerais savoir... Parce qu'on est ici
aujourd'hui en commission parlementaire sur les affaires municipales pour venir légiférer... pour venir entendre,
pardon, et pour plus tard légiférer sur le Code du travail. J'aimerais savoir,
pour ce qui est de vos membres et pour ce
qui est de la fédération, comment vous trouveriez ça si dans le futur... Parce
qu'on sait que le Code du travail, ce sont...
un juste équilibre qui a été établi entre le patron et le syndicat, on s'est
donné des normes pour fonctionner. Comment, dans le futur, si on avait à
modifier ce Code du travail là, on le faisait à travers une autre commission parlementaire, que le Code du travail...
comment la fédération se sentirait? Vous sentiriez-vous biaisés? Tu
sais, je vous donne un exemple. Mettons, dans le secteur manufacturier, il
arriverait, comme on l'a vu plus tard... plus tôt, c'est-à-dire... il n'y aurait pas un équilibre qui serait juste entre
les différentes parties, et là on décide, à travers le ministère de l'Économie, de modifier le Code du travail.
Comment vous trouveriez ça qu'on n'est pas autour du ministère du
Travail, mais on est autour d'un autre
ministère puis on vient jouer dans quelque chose qui est important et, je
présume, qui est essentiel pour les
employeurs, c'est-à-dire un juste équilibre, à travers un code qui est reconnu
et discuté entre deux parties?
Mme Hébert (Martine) : Votre
question est intéressante, M. le député, parce que ça permet de rappeler la différence entre ce que le Code du travail vise
dans les rapports de négociation entre les entreprises du secteur privé
et leurs salariés syndiqués... Et il y a une
différence fondamentale avec celle des employés du secteur municipal et les
entités que sont les municipalités,
qui sont leurs employeurs. C'est-à-dire qu'une entreprise privée, ça peut faire
faillite, ça peut fermer ses portes,
ça peut déménager, ça peut faire beaucoup de choses, alors qu'un gouvernement
municipal, bien, il ne peut pas faire
faillite puis il ne peut pas fermer. Puis la différence aussi, une autre
différence importante, c'est que le gouvernement municipal, il n'a pas
le droit de lock-out, alors que, dans une négociation... Puis encore une fois
je ne prétends pas être une experte en droit
du travail, mais j'en connais assez pour savoir qu'il y a quand même... au
niveau des négociations, il y a un rapport de force plus
équilibré, je considère, parce qu'il y a un droit de lock-out d'un côté, tu as un droit de grève
de l'autre, bon, etc., puis... Sauf que dans le secteur municipal on ne l'a
pas, ça, et donc c'est sûr que ça teinte
le rapport de force qu'il y a entre la municipalité qui... Elle ne peut pas
dire, elle, demain matin, non plus : Je vais me délocaliser, je
vais aller ailleurs, je vais fermer mes portes, je vais faire faillite, si elle
consent des conditions trop importantes. Et ça, bien, veux veux pas, quand tu
es assis à la table de négociation, bien, c'est sûr que ça va teinter le
rapport de négociation.
• (16 heures) •
Alors, moi, ce que je
comprends que le gouvernement tente de faire aujourd'hui, c'est de rééquilibrer
ce rapport de force là. Et c'est important de le faire parce que, comme j'ai
dit au début de ma présentation, les petites entreprises...
Et vous le savez, vous en avez dans votre comté, je suis certaine, vous en avez
tous dans vos comtés, des petites
entreprises, vous savez que c'est le poumon de l'économie du Québec. Dans
toutes les régions, elles sont présentes. Les trois quarts de nos
entreprises au Québec sont des entreprises de moins de 10 employés, ça fait
qu'elles sont très importantes pour
l'économie de nos régions, les petites entreprises. Et, alors qu'elles
représentent 7 %, moins de 7 % des unités d'évaluation, elles paient 21 % des 18 milliards qui
sont collectés par les municipalités. Alors, elles paient beaucoup plus
en proportion que ce qu'elles représentent.
Et
c'est pour ça que, pour nous, c'est important de dire... Quand on sait que, les
dépenses municipales, la grande partie
de leur augmentation est liée à la rémunération des employés, c'est pour ça que
c'est important de rééquilibrer le rapport
de force, parce qu'on a vu, au fil des ans, puis qu'on prenne n'importe quel
chiffre, là, qu'on prenne notre 23 % par rapport au secteur privé
ou le 40 % des autres par rapport au secteur public provincial, il demeure
quand même, là... il y a quelque chose qui
fait l'unanimité, c'est qu'il y a un écart nettement favorable à la fonction
publique municipale. Alors, il y a un
problème. Et c'est ça qui nous faire dire qu'il y a un problème, et c'est pour
ça que nous, on considère qu'on fait
bien de vouloir venir rééquilibrer le rapport de force, parce que le contexte
est différent, et malheureusement ce qu'on voit, c'est qu'à travers les
ans ça s'est reflété justement dans les augmentations salariales, les
augmentations de rémunération qui ont été consenties, qui se sont traduites en
taxes pour les contribuables.
M. Ouellet : O.K., on va reculer pour que je comprenne bien votre position. Vous
dites que, de façon pondérée, malheureusement, les petites entreprises
paient plus cher de taxes que ce qu'elles devraient payer. C'est bien ça? Vous
parliez tantôt de 23 %, puis elles représentent 7 %. C'est ça?
Mme Hébert (Martine) : C'est-à-dire que ce qu'on dit, c'est qu'elles
paient davantage que ce qui devrait être considéré comme étant leur juste part, O.K.? Et elles sont taxées... Et
il ne faut pas oublier que, pour une même valeur foncière, une petite entreprise est taxée en moyenne, au Québec, là,
quand on prend les 100 plus grosses municipalités du Québec, à peu près 2,2 fois ce qu'on va payer pour
une même valeur foncière dans le secteur résidentiel. Ça veut dire, ça, que, si vous payez, pour une valeur foncière,
1 000 $ dans le résidentiel, bien, vous allez payer, dans le non-résidentiel,
2 200 $ pour la même valeur
foncière, c'est ça que ça veut dire. Et c'est tellement grave qu'il y a
certaines municipalités et certaines artères, même, commerçantes où les
petites entreprises nous disent : Bien là, ça n'a pas de bon sens, les
taxes sont tellement augmentées que c'est rendu que je paie quasiment plus cher
de taxes municipales que je paie de loyer.
Alors, oui, c'est une préoccupation. Puis, quand on demande à nos membres puis
aux petites entreprises, là : Est-ce que c'est une préoccupation pour
vous?, oui, c'en est une, préoccupation, et très grande, d'ailleurs.
M. Ouellet : Le problème que j'ai, c'est qu'on impute exclusivement l'augmentation
de taxes à une augmentation de la
masse salariale. Et, quand on voit vos chiffres, 49 % masse salariale,
51 % d'autres dépenses, vous convenez avec moi que l'autre 51 % des dépenses de la ville
sont faites en juste connaissance de cause. Donc, une ville peut décider
d'investir dans ses trottoirs, dans son parc
industriel, d'augmenter son développement; bref, investir dans ses
infrastructures et se donner les moyens d'être plus attractive et
d'augmenter la présence d'entreprises pour augmenter son assiette fiscale. Donc, si aujourd'hui des entreprises se sentent
lésées de payer trop de taxes, moi, je veux dire, il faut faire attention.
Si c'est le choix d'une ville d'avoir
augmenté son assiette fiscale en faisant des investissements et de décider de
faire reposer cette augmentation-là sur ceux et celles qui sont INR ou
la grande entreprise parce qu'elle a fait du développement, je pense que c'est légitime qu'une entreprise paie
plus parce qu'elle a fait du développement... la ville a fait du
développement économique pour assurer une meilleure viabilité.
Mme Hébert
(Martine) : Il faut faire attention aux mots. C'est Simone de Beauvoir
qui disait : «Pourquoi les mots, cette
précision brutale qui maltraite nos complications.» Ce qui veut dire que, quand
on parle d'«exclusivement», on n'a
pas dit que l'augmentation des dépenses municipales était exclusivement liée
aux salaires. Ce qu'on a dit, par contre, c'est que la rémunération, la masse salariale occupe la part du lion des
dépenses municipales et que, quand on regarde comment est-ce qu'elle évolue et à combien... et quand on la compare à
celle du secteur privé, bien, il y a visiblement une bonne explication, une grosse composante,
l'augmentation des dépenses des municipalités, qui est liée à la masse
salariale. C'est clair pour nous. Les chiffres sont là, là, je veux dire, tu ne
peux pas dire que les dépenses ont augmenté, alors que ça représente la moitié du budget des municipalités...
tu ne peux pas dire que les dépenses des municipalités ont augmenté...
Le Président (M.
Auger) : ...permettre une dernière question au député.
M. Ouellet : Écoutez, les effectifs municipaux, là, vous dites... dans votre
mémoire, on les compare, bon, dans le secteur
privé, entre 2004 et 2014, le municipal était à 28 %, versus 10 %
dans le privé. Vous êtes consciente, vous l'avez dit tantôt, une municipalité, ce n'est pas une
entreprise, ça donne des services. Et, quand vous faites vos comparatifs,
vous le dites, la FCEI, il faut comparer
avec l'ensemble des entreprises pour avoir une juste et équitable comparaison.
Vous êtes consciente comme moi que,
si on fait cette comparaison-là, c'est normal que les municipalités augmentent
l'effectif. Si elles donnent plus de
services, elles ont besoin de plus de monde. L'optimisation en affaires puis
l'optimisation de processus dans une
municipalité, ce n'est pas pareil. Ça fait que vous êtes d'accord avec moi que,
si on donne plus de services, c'est évident qu'on voit une augmentation
du nombre...
Le
Président (M. Auger) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions, malheureusement. C'est une
belle envolée, mais c'est tout le temps que nous avions. Nous allons
poursuivre avec la deuxième opposition et M. le député de Blainville pour
6 min 15 s.
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup. Merci,
Mme Hébert, M. Gaudreault, d'être présents.
D'abord,
je suis content que vous soyez là, parce
qu'on entend des représentants syndicaux, municipaux, mais c'est la première organisation qui est véritablement des
payeurs de taxes, donc, parce qu'on n'aura pas... tu sais, il n'y a pas
d'association québécoise des payeurs de taxes résidentielles, mais en tout cas
il y a une association qui paie des taxes commerciales et industrielles.
Et
ça, là-dedans, j'aimerais vous entendre, parce que c'est sûr que c'est un
fardeau important des dépenses de vos entreprises et... Avez-vous fait
le calcul de l'augmentation de coût des taxes municipales par rapport au
pourcentage d'augmentation des dépenses de
vos entreprises? Est-ce que, les taxes municipales, là, vous avez l'analyse
comme quoi qu'elles ont augmenté de
façon plus importante que la moyenne des dépenses des entreprises, des autres
postes de dépenses de vos entreprises? Est-ce que vous avez fait cette...
Le Président (M.
Auger) : M. Gaudreault.
M.
Gaudreault (Simon) : Oui. Merci pour votre question, M. le député.
Donc, la réponse courte, c'est : Non, on n'a pas sondé les membres pour qu'ils nous communiquent leurs données et
puis savoir si ça occupait une plus grande part de leur budget. Mais la
réponse longue : C'est ce qu'on peut déduire.
Lorsqu'on
regarde l'augmentation des dépenses municipales, donc l'augmentation, dans les
dernières années, du besoin d'aller
chercher des revenus, et l'augmentation du ratio de taxation entre le
résidentiel et le non résidentiel, hein, il s'est accru, donc on a eu besoin d'aller chercher plus de revenus et on
est allé chercher beaucoup du côté des PME. Ce qu'on peut déduire logiquement, c'est que la pression fiscale sur les
PME, elle ne s'est pas allégée du tout. Et ça, c'est corroboré aussi par les échos qu'on a de nos membres, un peu
comme ce que Mme Hébert disait tout à l'heure, qui disent que la pression fiscale est de plus en plus lourde sur
leurs épaules. Les taxes foncières, évidemment, c'est une taxation qui
est fixe, hein? Peu importe qu'on fasse du
profit dans une année ou qu'on n'en fasse pas, la valeur de l'immeuble, généralement, ne va pas fluctuer, en similarité,
et puis ça va faire en sorte que, si on a une mauvaise année, on va
devoir payer un montant important de taxes.
Donc,
ce qu'on constate, en bref, chez les membres de la FCEI, c'est une inquiétude,
je vous dirais, grandissante par rapport à la pression fiscale
municipale.
M. Laframboise : Et souvent le problème de vos entreprises, c'est qu'elles n'ont pas le
droit de vote, c'est des compagnies,
et tout ça, donc elles ne votent pas, là. Pour vos entrepreneurs, oui, mais
l'entreprise elle-même, elle n'a pas ce pouvoir de voter. C'est important, parce que tantôt j'écoutais mon
collègue de l'opposition officielle, là. Qu'est-ce qu'ont fait les
villes, finalement, au cours des dernières années, des 10, 15 dernières années?
Vous le voyez à Montréal, là, aujourd'hui,
vos entrepreneurs, là, depuis deux trois jours, là, tous les bris d'aqueduc, ce
que ça coûte, et tout ça. Ils ont laissé
de côté les investissements en infrastructures, c'est ça qui est une réalité,
là. Puis souvent c'est vos entrepreneurs qui paient le prix de ça, quand
il n'y a pas d'investissement dans les infrastructures. Puis il n'y a pas eu un
sous-investissement dans la masse salariale,
mais il y a eu un sous-investissement dans les programmes d'infrastructure.
Parce que c'est ça, là. De l'argent,
tu ne l'inventes pas, puis, la capacité de payer, si elle est atteinte, bien,
le miracle n'existe pas. Chez vous, c'est la même chose. Vos entreprises, s'ils vendent leurs produits plus cher
que le compétiteur, bien, à un moment donné, ils ne seront plus dans le marché, là, c'est ça, la
réalité, alors que les villes, elles, inévitablement, si les citoyens ne sont
plus capables de payer, bien, à ce
moment-là, si elles sont obligées d'augmenter la masse salariale, bien, elles
vont réduire les dépenses en immobilisations et d'autres secteurs de
dépenses. Donc, c'est ce que vous constatez, vous, là?
M.
Gaudreault (Simon) : Bien, effectivement. C'est sûr qu'il y a les
dépenses de fonctionnement d'une part, il y a les dépenses
d'investissement de l'autre, mais il est clair que, si vous n'avez pas un
contrôle sur vos dépenses de fonctionnement,
vous n'avez pas de marge de manoeuvre; vous ne pouvez pas, par exemple, payer
l'infrastructure «cash» sur les frais
d'intérêt pour le financement, vous avez moins de marge de manoeuvre. Donc,
c'est clair qu'il y a un lien entre les deux, et c'est ce qu'on dit.
Dans le fond, la situation actuelle fait en sorte qu'il y a un déséquilibre à
la table de négociation qui a un impact sur
le plus gros poste budgétaire de dépenses de fonctionnement et qui enlève la
marge de manoeuvre des villes, qui
doivent composer avec ça, et, bon, bien, ça s'est répercuté en partie sur une
surtaxation des PME.
M. Laframboise : Vous proposez d'ajouter un critère à l'article 17 qui est la
comparable avec vos entreprises privées,
là. Les villes veulent justement retirer les paragraphes 4° et 5°, là, qui est
toute comparaison externe, là. Donc là, eux ne veulent pas de comparable
externe. Vous, vous proposez un comparable externe supplémentaire.
Est-ce que vous, vous
souhaitez qu'ils maintiennent les comparables, là, par rapport aux conditions
de travail, là, avec les régies intermunicipales, les comparables externes?
Vous souhaitez qu'ils maintiennent les comparables externes puis qu'ils
rajoutent le neuvième paragraphe comme vous le souhaitez?
M. Gaudreault (Simon) : Absolument.
Mme Hébert (Martine) : Absolument.
• (16 h 10) •
M. Gaudreault (Simon) : Écoutez,
c'est clair que, si on veut s'assurer, par exemple, que, dans nos villes, nos
techniciens en informatique, nos adjoints administratifs, nos cols bleus ou,
c'est-à-dire, les gens, par exemple, qui vont opérer de la machinerie lourde
soient payés selon des conditions qui reflètent vraiment le marché du travail,
bien, c'est dans le secteur privé, souvent, que ces conditions-là sont
déterminées de la manière la plus équitable. C'est déterminé par les lois du
marché, et c'est ça qui reflète la capacité de payer, finalement, des
contribuables.
Donc, c'est
pour ça qu'on demande qu'on ajoute un critère de comparaison avec le secteur
privé. C'est là qu'on peut aller
chercher en bonne partie un certain équilibre, un certain lien avec ce que le
marché du travail offre vraiment pour des fonctions qui sont
comparables.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes. M. le député.
M. Laframboise : Bien, je n'ai pas
d'autre question. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Donc, Mme Hébert et
M. Gaudreault, merci beaucoup pour votre participation aux travaux
de la commission.
Sur ce, je vais suspendre quelques instants pour
permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 15)
Le Président (M. Auger) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association des directeurs de police du Québec.
Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour la présentation, par
la suite on procède à des échanges avec les
trois groupes parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous
présenter, et par la suite vous pourrez commencer.
Association des
directeurs de police du Québec (ADPQ)
Mme Dion
(Helen) : Merci, M. le Président.
Alors, je suis Helen Dion, directeur du service de police de Repentigny
et aussi présidente de l'Association des directeurs de police du Québec. Je
vous présente mes deux collègues : à ma droite,
M. Marco Beauregard, directeur du Service de police de Granby et aussi
membre de l'Association des directeurs de police, et, à ma gauche, j'ai M. Stéphane Fleury, qui est directeur
du service de police de Châteauguay et vice-président à l'Association
des directeurs de police du Québec.
Le Président (M. Auger) : Merci.
Bienvenue.
Mme Dion (Helen) : Alors, permettez-nous de remercier le ministre des Affaires municipales
et de l'Occupation du territoire, de
la Sécurité publique et responsable de la région de Montréal et les membres de
cette commission pour cette audition.
L'Association des directeurs de police du Québec a pour
mission première de représenter les dirigeants policiers et leurs partenaires afin de contribuer à
l'amélioration de la sécurité des citoyens du Québec. Précisons que notre
mémoire représente la position de l'ensemble des corps de police municipaux du
Québec.
Tout en supportant
les intentions du projet de loi n° 110, nous souhaitons illustrer devant
vous les lacunes du processus actuel et la nécessité de mieux limiter les
délais de règlement des conventions collectives des policiers municipaux. À cet effet, nous avons notamment pu
constater et expérimenter des négociations amorcées quelques jours
seulement avant la fin d'une convention collective en vigueur ou encore bien
loin après son expiration, les délais interminables
que s'accordent par la suite l'une ou l'autre des parties pour reporter les
rencontres de négociation. Un vrai dialogue
sur le fond peut nécessiter des semaines, voire des mois avant de s'amorcer
réellement. Contrairement à ce que devrait
être une négociation usuelle, aucune contrainte temporelle n'exerce une
pression sur l'une ou l'autre des parties comme le font le droit de
grève ou de lock-out sur des négociations d'autres types de salarié. Donc, sans
cadre légal, vous comprendrez que rien ne presse.
Les stratégies de
négociation vont aussi tendre vers un cumul de revendications tirées de
l'ensemble des conventions collectives nouvellement signées, tendance surnommée
le «cherry picking». La parité à tout prix n'a aucune limite, quelle que soit la réalité locale. Et, oui, le timing du
règlement final est souvent dicté par la proximité d'une élection
municipale.
Quant au processus d'arbitrage des
différends actuel, il prend des semaines, sinon des mois avant de démarrer,
ce qui nous éloigne d'autant plus d'une
décision rendue dans un délai qu'on peut qualifier de raisonnable. Le temps,
les coûts et l'énergie qui y sont
consacrés sont habituellement totalement démesurés par rapport au résultat
final, et en plus, quelle que soit la
décision, elle aura une portée limitée de trois ans à compter de la date
d'expiration de la dernière convention, ce qui s'avère souvent périmé avant même qu'elle puisse voir son application.
Cette dernière constatation témoigne à elle seule d'un processus coûteux, désuet et mal adapté à la
fonction policière. Mes collègues pourront à votre gré témoigner des
expériences passées dans leurs organisations.
En 2010, l'ADPQ a
ainsi commandé une étude de fond, menée par des chercheurs associés à
l'Université de Montréal, portant sur la
situation des négociations récentes ou en cours, sur la nature de leur
déroulement et sur d'autres formes de
négociation applicables au milieu policier ailleurs au Canada et dans certains
États américains. Les résultats de l'étude
ont permis de constater et confirmaient sans équivoque que certaines modalités
qui prévalaient et qui prévalent encore au Code du travail étaient
dépassées, mal adaptées et inadéquates pour la fonction policière. À cet effet,
les chercheurs recommandaient des mesures
ayant pour objectif de réduire les délais des processus de négociation, de
revoir les règles d'arbitrage de différends, d'inclure la conciliation
obligatoire et de réduire les délais dans la nomination d'un arbitre ainsi que
les délais pour entendre l'ensemble de la preuve et rendre une décision.
À compter de 2012, l'ADPQ a également collaboré à un groupe
de travail portant sur l'arbitrage de différends, mené conjointement par le ministère du Travail et
de la Sécurité publique du Québec. Les parties concernées s'entendaient
notamment sur des modalités visant à réduire très significativement les délais
de négociation.
Commentaires plus
spécifiques sur le projet de loi comme tel. Nous nous attarderons
particulièrement aux chapitres I et II, et plus spécifiquement au cumul
des différents délais du processus proposé.
Dans le chapitre I, l'objet de la loi et les principes
directeurs, nous aimerions y retrouver un énoncé de principe portant sur
la responsabilité partagée d'une municipalité et de ses employés salariés afin
d'amorcer le processus de renouvellement de convention collective préalablement
à l'échéance des ententes en vigueur.
• (16 h 20) •
Au premier paragraphe de l'article 4, nous vous
suggérons de préciser ce qu'est la phase de négociation. Nous proposons
que cette phase de négociation soit réputée débuter 120 jours avant la fin
de la convention collective en vigueur et de
préciser qu'il s'agit de jours calendrier. D'ailleurs, à notre avis, le terme
de «jours calendrier» devrait être utilisé
pour l'ensemble des délais prévus au projet de loi. Nous suggérons aussi que
l'avis au ministre devrait être donné dans les 15 jours suivant la
fin de la convention collective.
En regard à
la nomination du médiateur et de la durée de son mandat, prévues aux
articles 5 et 6, nous croyons que le rôle du médiateur est
déterminant, il importe qu'il soit nommé rapidement. Nous proposons que le
délai de cette nomination soit plus spécifique.
Concernant le
rapport du médiateur prévu aux articles 7 et 8, nous suggérons qu'il fasse état des
accords convenus et des désaccords
encore en litige, qu'il y formule ses recommandations, que le rapport soit déposé dans un court
délai, prescrit, et que le rapport soit de nature publique.
Sur la question
de la désignation du conseil, prévue à l'article 9, nous suggérons d'en fixer le délai.
Concernant la composition du conseil de règlement
des différends et la nomination de ses membres, prévues aux articles 10
et 11, nous adhérons entièrement au principe d'un conseil de trois membres présidé par un avocat. Nous
sommes cependant d'avis que le
nombre de six nominations sera nettement insuffisant.
Relativement aux huit critères énoncés pour la prise de
décision du conseil, à notre avis, l'article 17 devrait être scindé en deux, à savoir que le conseil doive tenir compte des trois
premiers critères et puisse tenir compte et considérer les cinq derniers
critères. Il appartiendrait alors au conseil de motiver sa décision.
Relativement au dernier paragraphe, la décision
du conseil devrait se limiter aux éléments issus du rapport du médiateur. Ce paragraphe
devrait être modifié ou simplement retiré.
Pour ce qui est du rapport du conseil prévu à l'article 28, notre commentaire ici est similaire au
précédent. Nous proposons d'utiliser le terme de «180 jours calendrier»
et qu'il n'y ait pas de délai additionnel d'accordé.
Quant à la portée de la décision, considérant la
complexité du processus, les ressources et les fonds publics engagés, nous
recommandons qu'il soit précisé que ces cinq années s'appliquent à compter de
la décision du conseil.
Considérant la nature de l'article 50, puisque
le législateur prévoit une fin des hostilités à l'occasion d'une demande d'arbitrage pour les autres salariés de la
fonction publique municipale, nous l'invitons à évaluer la
pertinence d'une disposition similaire pour les salariés visés au chapitre II en faisant cesser
tout moyen de pression dès que le conseil est saisi du dossier.
Les mesures
transitoires prévues au chapitre V méritent d'être explicites. Nous nous
questionnons sur la portée d'une
décision qui serait rendue par un arbitre en fonction des règles
actuelles. Les mesures transitoires devraient, à notre avis, permettre de rendre une décision d'une durée
minimale de trois ans mais effective à partir du moment où elle sera rendue.
Recommandations
additionnelles. Nous ne pouvons présenter ce mémoire sans aborder encore une fois, M. le ministre,
la question des moyens de pression admissibles de la part de policiers chargés
d'appliquer la loi et d'assurer la sécurité
des citoyens du Québec. Nous ne prétendons aucunement
vouloir priver notre personnel de son droit de s'exprimer et de faire connaître leur insatisfaction. Cependant,
il est impératif de cesser les moyens de revendication qui s'attaquent
publiquement aux symboles représentant la loi et l'ordre, qui sont susceptibles
de porter atteinte à la sécurité de notre personnel
et de miner la confiance des citoyens. Le port intégral de l'uniforme et le
respect des édifices et des équipements publics doivent faire l'objet d'une législation, cette législation doit prévoir des conséquences
individuelles et corporatives à l'endroit de l'instance syndicale
impliquée. Cette tolérance, au Québec, n'a plus sa place.
Enfin,
l'Association des directeurs de police espère que le projet de loi puisse être
bonifié, précisé et surtout dûment adopté prochainement par l'Assemblée
nationale.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation. Nous
allons commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez la
parole pour 16 minutes.
M. Coiteux : Bien, Mme la
directrice, d'abord et avant tout, merci beaucoup d'être ici aujourd'hui, et
aux personnes également qui vous
accompagnent, mais merci surtout pour... Puis tout le monde a abordé,
évidemment, cette discussion-là avec
sérieux, mais on note, là, qu'il y a eu une étude très, très, très détaillée du
projet de loi, article par article, de
votre part, avec des recommandations extrêmement précises. Alors, soyez assurés
qu'on prend des notes dans chaque cas
puis qu'on analyse chacune de ces interventions-là puis de ces
recommandations-là avec tout le sérieux nécessaire, là. Donc, j'apprécie, là, la grande... le travail très
sérieux. Donc, forcément... Et puis vous nous avez donné du travail à
faire, puis on va faire ce travail-là effectivement, parce que vous avez beaucoup de recommandations, qu'on va prendre le temps d'analyser
correctement.
Vous avez parlé de travaux antérieurs au dépôt
du projet de loi concernant la réduction des délais liés au processus de négociation,
qu'ils comportent ou non un arbitrage, mais notamment qu'ils comportent un
arbitrage. Et je veux vous poser une
question, elle n'est peut-être pas simple, là, mais, par rapport aux travaux
qui ont été faits, qui, s'ils avaient
été appliqués, auraient peut-être permis, selon vous, de réduire les délais,
donc de corriger un certain nombre de problèmes,
par rapport à ces travaux antérieurs, comment vous situez le potentiel de ce
projet de loi là pour répondre à ces enjeux-là, sans les changements que
vous avez demandés et puis avec les changements que vous avez demandés? Je
comprends que c'est compliqué, là, mais...
Mme Dion
(Helen) : Bien, en fait,
l'objectif, là, principal d'une négociation est évidemment d'arriver à une entente qui va faire plaisir aux deux parties mais dans un
temps déterminé, parce qu'on sait que les conditions de travail, le
climat de travail se détériorent... Plus une
chose traîne, eh bien, plus les employés sont mécontents, plus les employeurs
deviennent mécontents, plus les citoyens
sont affectés. Donc, ça a vraiment des incidences importantes, d'où l'étude,
qui, on l'avait notifié en 2011 dans
un projet de loi n° 31... on avait mentionné qu'on voudrait qu'on
élabore au niveau des
conditions de travail.
Ce qui est important, c'est qu'on avait fait un
consensus que même, de part et d'autre, que ce soit la partie patronale, la partie syndicale, on reconnaît,
d'une part, que la partie patronale a causé des délais aussi, autant qu'une
partie syndicale a pu en causer, et ça,
c'est reconnu. Mais maintenant, à partir du moment qu'on n'a pas un encadrement,
on peut se lancer la balle de part et d'autre sur le temps, et celui qui, malheureusement,
subit les conséquences — je
peux vous faire témoigner M. Beauregard à
cet effet — bien,
évidemment, c'est notre personnel, et en bout de piste c'est
les citoyens. Donc, c'est les travaux qui
avaient mené à des discussions, de dire que la meilleure offre sur la table...
un peu basé sur ce qui se faisait en Ontario, il y a dans d'autres
services de police aux États-Unis, où ils n'ont pas de période de négociation
du tout, les conditions de travail sont imposées par décret, mais, nous, les
discussions qui avaient eu lieu en 2012 n'allaient pas dans cet effet-là,
avaient fait un consensus au niveau des délais et de resserrer tout ça, tous
partis confondus.
M.
Coiteux : Et justement
est-ce que ce projet de loi réduit les délais de manière significative s'il
était adopté?
Mme Dion
(Helen) : Il les réduit en
autant qu'on précise certaines choses. En fait, comme je vous dis, si ce
n'est pas des jours calendrier, on revient à
un prospectus de presque deux ans, la négociation. Si on en réduit les délais puis on aurait utilisé l'ensemble de ce qui est prévu
dans le projet de loi, dans les prolongations, que c'est inscrit, on
arriverait quand même à une convention collective dûment signée en
360 jours, si c'est suivant nos recommandations, ce qu'il nous apparaît, pour nous, un service de police, qui est
essentiel à la sécurité du public, très important d'en tenir compte dans
les décisions du gouvernement.
M. Coiteux : Maintenant, qu'est-ce que vous pensez de la durée des conventions collectives qui est proposée dans le projet de loi,
cinq ans plutôt que le trois ans?
Mme Dion
(Helen) : Cinq ans? Bien, à
partir du moment qu'on a une négociation... Je
comprends que le
360 jours ne comprend pas les 120 jours, là, les 120 jours de négociation
qui auraient eu lieu avant la fin de la convention, là. Nous, ce que l'on trouve intéressant du cinq ans, c'est qu'on va pouvoir établir un
climat de travail, établir des règles claires pour l'ensemble du
personnel pendant cinq ans et pouvoir se donner du temps aussi pour travailler
sur des projets opérationnels plutôt que de consacrer l'ensemble de notre temps
à des négociations, à des règlements de griefs, à des arbitrages de différends, à des mésententes. Donc, le temps serait
consacré vraiment... et les sous, les fonds publics seraient consacrés
aux opérations policières plutôt que dans les dédales administratifs.
M.
Coiteux : Pourquoi vous
trouvez que six personnes désignées pour faire partie du conseil de règlement
des différends, ce serait insuffisant? Qu'est-ce qui vous amène à penser ça?
• (16 h 30) •
Mme Dion
(Helen) : Je vous fais
référence rapidement au... Dans le secteur municipal, on a 29 services de
police au sein de l'association. Les
29 associations, de ces 29, 14, à l'heure actuelle, les conventions sont
présentement expirées. L'an prochain, au 31 décembre 2016, s'ajoutent à cela sept autres
conventions, donc plus du deux tiers sera expiré. Et ça, c'est seulement pour le secteur de la police. Et
je n'ai pas parlé encore du secteur des incendies, et qui ont encore
plus de fraternités que nous à négocier. Donc, on pense qu'à six ils n'y
arriveront pas dans le temps, dans les délais qui sont fixés, simplement.
M.
Coiteux : Mais, quand vous regardez l'ensemble des principes qui sont
au coeur de ce projet de loi là, est-ce que vous anticipez davantage de recours à un conseil comme celui-là, le
processus d'arbitrage, ou au contraire vous pensez que les gens vont
s'entendre avant d'en arriver là?
Mme Dion
(Helen) : Bien, moi, j'ai
extrêmement confiance à des ententes. Dans plusieurs organisations
policières, on y est arrivé. Évidemment, ça prenait un temps long, mais, si on
prescrit des délais, je pense qu'on peut continuer à y arriver, d'autant plus que les directeurs de police et les gens en
charge des négociations, que ce soit la partie syndicale, la partie
patronale, on connaît notre organisation, on sait ce qu'on a à travailler, on
pourrait limiter sur des enjeux plus importants
que de... Ça va forcer les parties à choisir des enjeux importants, plutôt que
d'aller sur l'ensemble des articles d'une convention collective.
M.
Coiteux : Sur les critères devant servir... En fait, les critères, ce
n'est pas seulement pour le conseil de règlement des différends, c'est les critères qui encadrent l'ensemble de ce que
devraient être les choses prises en considération dans une négociation dans le secteur municipal. Ce sont
les principes, évidemment, de l'équilibre entre le fait qu'une
municipalité, c'est une institution
démocratique qui peut taxer ses citoyens, donc il faut tenir compte de la capacité
fiscale, mais en même temps il faut
respecter le droit d'association des travailleurs, il faut avoir la
contrepartie pour ceux qui n'ont pas le droit de grève. Tous ces principes-là sont intimement liés et imbriqués dans la
loi, ça, c'est certain, mais... Il y a ces critères-là.
Alors, vous
avez dit... et vous vous inscrivez dans un débat qu'on a eu, là, depuis 24
heures avec les différents groupes,
vous avez dit : Bien, il faudrait qu'il y ait des critères obligatoires
puis des critères qui soient considérés seulement dans certaines
circonstances. Pourriez-vous élaborer un petit peu plus pourquoi vous voyez ça
comme ça?
Mme Dion
(Helen) : Bien, en premier
lieu, les critères qui sont là ont tous une certaine importance, mais on s'est placés, les directeurs de police, dans la position
du conseil. S'ils doivent tenir compte de l'ensemble des huit critères
pour prendre une décision, on trouvait que
ça commençait à être difficile, rendre une décision qui va être juste et
équitable pour l'ensemble des parties,
s'ils doivent tenir compte de l'ensemble. Par contre, le critère qui nous
semblait le plus important, c'est
vraiment la réalité régionale, qui, selon nous, au niveau des trois premiers
critères, répond vraiment à cette facette-là. L'ensemble des autres critères, ils vont pouvoir s'y référer,
l'utiliser, et même les fraternités et de notre côté, les utiliser pour
bonifier et aider, évidemment, le conseil à prendre la meilleure décision, qui
va faire le plus consensus, espérons-le, au niveau des parties. Donc, c'est en
ce sens-là. C'est un peu pour un peu moins lier les mains du conseil.
M.
Coiteux : D'accord. Par rapport à ces critères, justement, les
critères qui sont énumérés dans le projet de loi, par rapport à ceux-ci,
la pratique actuelle, là, lorsqu'il y a arbitrage... Mais je suppose que ce
n'est pas nécessairement parce qu'il n'y a
pas arbitrage que derrière la tête on n'a pas pensé : Oui, mais, si on
s'en va en arbitrage, c'est ça qui va s'appliquer. C'est quel critère
qui domine à l'heure actuelle? Est-ce qu'il y a un critère qui domine les
autres? Est-ce qu'il y a un critère qui semble être prépondérant dans l'état
actuel des choses?
Mme Dion
(Helen) : Ça va me faire
plaisir de passer la parole à M. Marco... qui est en plein dans le
processus.
Le Président (M. Auger) : M.
Beauregard.
Mme Dion (Helen) : Beauregard,
excusez-moi.
M. Beauregard (Marco) : Oui. J'ai
connu quelques processus d'arbitrage récemment à Granby, en fait, deux importants processus d'arbitrage, longs, pénibles pour les deux
parties, évidemment, et, dans les critères, présentement, les
critères que l'arbitre détermine, bien, évidemment, il tient compte des
critères internes, des critères externes, de
la capacité de payer, mais il y a beaucoup de la prépondérance de preuve là-dedans actuellement. Ça fait que c'est en vertu de ça et du Code du travail, présentement,
qu'il élabore puis qu'il prend sa décision finale.
M. Coiteux : Et qu'est-ce qui est le
plus facile à prouver?
M. Beauregard (Marco) : Qu'est-ce
qui est le plus facile à prouver? Écoutez, ça dépend de la qualité de la preuve. Ce qui est le plus facile à prouver, c'est
l'équité interne, c'est clair. Après ça, il y a l'équité externe.
Évidemment, on est tous policiers au Québec,
hein, et puis la richesse d'une organisation policière au Québec, c'est son personnel.
Ce n'est pas vrai que c'est plus dangereux
d'être policier dans une région qu'une autre ou dans une ville ou une autre.
Donc, il y a ces critères-là aussi qui doivent être tenus en compte.
Une violence
conjugale, exemple, à titre d'exemple, une violence conjugale à Granby ou une
violence conjugale qui survient à Montréal,
deux policiers répondent à cet appel-là, c'est une violence conjugale, c'est la
même affaire. Donc, les gens font le
même travail, font sensiblement le même travail dans les mêmes conditions.
Donc, l'arbitre doit aussi tenir compte de ce critère-là.
M. Coiteux : Donc,
dans le fond, pour le secteur policier, vous, votre vision, c'est que le
critère d'équité externe ne pose pas nécessairement problème, parmi
cette liste-là.
M. Beauregard
(Marco) : Bien, il pose problème lorsque d'une ville à l'autre il y a
un monde au niveau des conditions de
travail. C'est important. Nous, ce qu'on a vécu présentement... ou ce qu'on vit
présentement à Granby, c'est les
offres patronales versus les demandes syndicales qui sont calquées sur des
exercices de «cherry picking» qui se fait dans les autres conventions collectives au Québec. Bien, évidemment, ce
qu'ils veulent, ils veulent le meilleur des deux mondes, donc on a à travailler là-dessus, nous. Et
évidemment l'arbitre doit tenir compte de ce qui a été donné aux autres
employés municipaux, dans une municipalité, également.
M. Coiteux :
Le mécanisme qui est proposé dans le projet de loi n° 110, par rapport au
mécanisme actuel, les critères explicitement
énoncés, énumérés dans le projet de loi n° 110, par rapport à ceux qui
semblent être utilisés dans la pratique,
là, tel que vous le décrivez, cette comparaison-là, on n'a pas encore vu ça à
l'oeuvre parce qu'on n'a pas encore adopté le projet de loi, mais vous,
vous anticipez un changement important dans la façon de faire les choses, dans...
M. Beauregard
(Marco) : C'est surtout dans les délais, M. le ministre, c'est surtout
dans les délais.
Je
vais vous donner un exemple. Pour la convention collective 2011, 2012, 2013, à
Granby, bien, on a commencé à négocier
en mars 2016 avec la partie syndicale, il y a eu 11 jours de négociation.
Pendant ces 11 jours de négociation là, les parties se sont assises
ensemble environ 35 heures pour essayer d'en venir à une entente négociée.
La
partie syndicale a demandé l'arbitrage. Je vous rappelle, pour 2011, 2012,
2013, l'arbitre a été nommé par le ministère
du Travail, a été nommé le 6 novembre 2012, donc ça faisait déjà deux ans
que la convention collective était expirée.
Après ça, le tribunal d'arbitrage a tenu 26 séances d'arbitrage,
d'auditions, pendant ce processus-là, la 26e journée étant le 25 juin 2015, toujours pour 2011,
2012, 2013. La décision de l'arbitre, Me Guay, a été rendue le
21 septembre 2015 pour un contrat de travail de trois ans, 2011, 2012,
2013, décision rendue le 21 septembre 2015.
Le lendemain de la
décision arbitrale, les négociations sont à recommencer, on a déjà 21 mois
de retard. Et je pourrais vous parler du
processus d'arbitrage précédent, ça a été la même affaire. La décision avait
été rendue, cette fois-là, en août, mais ça faisait 20 mois que la
convention était expirée.
Donc,
on pense qu'il y a beaucoup de choses qui sont très intéressantes, dans le
projet de loi, au niveau du processus d'arbitrage, du processus pour en
venir à une entente.
M. Coiteux :
Vous me dites que, dans le cas que vous venez de décrire... J'ai encore un peu
de temps?
Le Président (M.
Auger) : ...
M. Coiteux :
Deux minutes? Dans le cas que vous venez de nous décrire, la demande
d'arbitrage est venue de la partie syndicale?
M. Beauregard
(Marco) : Oui.
M.
Coiteux : Ma compréhension, c'est que c'est à peu près toujours la
partie syndicale qui demande l'arbitrage. Ça arrive parfois que vous la
demandiez?
M. Beauregard
(Marco) : Dans les deux cas, dans les deux cas qu'on a vécus, c'est...
M. Coiteux :
Et dans la pratique antérieure?
M.
Beauregard (Marco) : Bien, dans la pratique antérieure, on y a été une
autre fois, en arbitrage, puis je crois bien que c'est le syndicat, la
partie syndicale qui avait demandé l'arbitrage.
M. Coiteux :
Pourquoi ce n'est jamais la partie patronale qui demande l'arbitrage dans le
système actuel?
M.
Beauregard (Marco) : Écoutez, on veut en venir à une entente négociée.
Je pense que la meilleure entente qu'on
peut avoir, c'est une entente négociée. Sauf qu'il faut qu'il y ait des délais
qui soient encadrés là-dedans. Sans ça, ça traîne de part et d'autre.
Comme Mme Dion
l'a mentionné, les délais, là, qui prévalent actuellement ou que ça prend pour
régler les dossiers, on ne dit pas que c'est
une partie plus que l'autre qui traîne, absolument pas, les deux parties ont un
travail à faire puis, pour toutes
sortes de considérations, repoussent ça dans le temps. Nous, comme dirigeants
policiers, ça devient très, très difficile à ce moment-là.
M. Coiteux :
Mais trouvez-vous que le mécanisme d'arbitrage actuel est équilibré entre les
deux parties?
Mme Dion (Helen) : Ça coûte très cher. Pour répondre à votre question, si mon collègue ici
peut vous répondre, lorsqu'il... Vas-y, quand est venu le temps pour
négocier, puis ta partie patronale l'avait demandé.
M. Fleury (Stéphane) : Bien, en fait...
Le Président (M.
Auger) : M. Fleury.
Mme Dion (Helen) : Excusez-moi.
M. Fleury
(Stéphane) : En fait, c'est sûr que la libre négociation, c'est ce
qu'il y a de mieux. Puis moi, j'ai eu à négocier pendant presque quatre
ans chez nous, à Châteauguay, puis on en est venus à une entente.
Mais
évidemment, tous les coûts encourus durant quatre années, vient un moment où
est-ce que tu es très, très proche
d'une entente, puis les parties ne veulent plus bouger, bien, tu es rendu au
point de décider : Est-ce qu'on envoie ça en arbitrage ou on règle? Mais évidemment, quand on se retourne vers la
municipalité... Parce que le service de police, ce n'est pas l'employeur. On représente l'employeur,
comme directeurs de police, mais ce n'est pas à nous de décider de ces finalités-là, Bien, dans bien des cas, la
ville sait très bien... M. Beauregard, il a coûté 750 000 $, son
dernier arbitrage. Mais la ville...
M. Beauregard (Marco) : En honoraires
professionnels.
M. Fleury (Stéphane) : En honoraires
professionnels.
• (16 h 40) •
M. Beauregard (Marco) : En
honoraires professionnels pour la partie patronale uniquement. Donc, on parle
d'économistes, on parle d'actuaires, on parle d'avocats et, évidemment, le
tribunal de différends, d'assesseurs.
M. Fleury
(Stéphane) : Donc, à
750 000 $, chez nous, si la ville était à peu près... à
200 000 $ près d'avoir une entente, bien, on va verser
l'argent du 200 000 $, on va toujours bien en avoir économisé
450 000 $.
M.
Coiteux : Et ça semblait
moins être une préoccupation du côté syndical, puisqu'ils demandent
l'arbitrage. C'est ce que je
comprends, là. Donc, j'essaie juste... On va manquer de temps, mais j'aurais
essayé d'approfondir ça avec vous si j'avais eu un peu plus de temps.
Le Président (M. Auger) : Nous
allons poursuivre avec l'opposition officielle pour 9 min 30 s. M. le député de
Richelieu.
M. Rochon : Oui, merci, M. le
Président. Nous allons amorcer l'échange avec vous de la même façon que le ministre
l'a amorcé, en tout cas sur le même élément, celui du comité de travail
sur l'arbitrage des différends. Alors, vous dites qu'à compter de 2012 vous y avez collaboré, mené conjointement ce
comité par les ministères du Travail et de la Sécurité
publique, ce qui est vrai que c'était
intelligent, le ministère du Travail, qu'il soit là, puisqu'il est le gardien
du code, c'est un ministère fantôme depuis le début des auditions ici. Outre
les représentants des deux ministères, y ont contribué des représentants de
certaines villes, Gatineau, Québec, Montréal, de l'UMQ, d'associations
syndicales de police, d'associations syndicales de pompiers puis l'Association
des chefs en sécurité incendie du Québec.
«La consultation — je
vous cite, là, je cite votre rapport, votre mémoire — alors menée semblait avoir trouvé un consensus des participants dès décembre 2012.
Seule la question de la rémunération des arbitres devant être réévaluée.
Les parties concernées s'entendaient notamment sur des modalités visant à
réduire très significativement les délais de négociation[...].
«L'encadrement
plus rigoureux du processus, sans bouleverser — notez-vous — de fond en comble les fondements et l'esprit du Code du travail, aurait ainsi
assuré une "paix sociale" de plus de deux ans suivant la décision de
l'arbitre.
«Pour des dirigeants policiers, cela aurait été
une grande amélioration.»
Alors, hier,
il y a des représentants des policiers, que vous connaissez bien, qui sont venus
nous dire : Mettons de côté le
p.l. n° 110 et repartons à partir des bases de ce comité de travail, de ce
qu'il a conclu. Cela vous réjouissait, ces conclusions. Nous entendons les associations de policiers dire qu'elles
les ont trouvées, ces associations, intéressantes, ces conclusions, également. Alors, je m'étonne de
lire en conclusion à votre mémoire que le projet de loi n° 110, que
les policiers contestent, se veut un espoir
important, se veut un espoir important, ils le contestent. J'aurais été moins
étonné de lire de votre part que le projet de loi n° 110, que vous avez
contesté par vos policiers, suscite chez vous la crainte d'instaurer un climat
de relations de travail difficile. Vous n'entretenez pas cette inquiétude?
Dites-moi pourquoi, je ne saisis pas.
Le Président (M. Auger) :
Mme Dion.
Mme Dion (Helen) : Écoutez, en
premier lieu, je vous dirais, oui, d'une part, en 2012, on avait réussi à faire
consensus avec les fraternités, parce que de part et d'autre, comme je vous ai
expliqué, de part et d'autre, les délais ne faisaient pas ni l'affaire du
patronat ni l'affaire des... Puis, pour des raisons x, comme je vous ai
expliqué, comme il n'y a pas de lock-out,
comme il n'y a pas de droit de grève, bien, il n'y a pas de limite dans le temps,
ça presse plus ou moins, ce n'est pas nécessairement une priorité, et
entre-temps c'est nous, les administrateurs, qui vivons avec des conditions de
travail qui se dégradent.
Aujourd'hui, le projet de loi qui nous est
présenté par le ministre va encore plus loin que nos espérances, et nous en sommes... Pour nous, ce qu'on regarde ici,
avec le processus qui était au consensus de 2012 on n'arrivait pas
encore à une convention en dedans de
360 jours, en dedans d'un an, là, ce n'était pas déterminé, tout ça, là,
l'avis de négociation, la négociation, les obligations, et là c'est encore plus clair, c'est
encadré et ça va être, de part et d'autre, connu, de notre côté comme la partie patronale et du côté
syndical. Donc, les règles sont claires, encore plus claires que l'ancien
processus qui avait été accepté.
Mais mon collègue voulait ajouter quelque chose,
si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Auger) :
M. Fleury.
M. Fleury
(Stéphane) : Bien, en fait,
si vous regardez les recommandations de 2012 et le projet d'aujourd'hui, on ne nous a pas demandé si on était d'accord
à ne pas tenir compte de 2012. Si 2012 aurait pu avoir sa place... Tout le monde s'entendait à ce moment-là, puis le point
important, c'était les délais. Puis pourquoi les délais? Je reprends une phrase que M. Beauregard a dite tantôt,
là : L'essence même de notre service de police, ce sont nos policiers.
Bon, je ne vous apprends rien en
disant que le métier de policier, c'est un métier qui est très difficile, c'est
un métier qui à la base est quand
même très négatif, on nous appelle
rarement quand ça va bien. Puis, quand on ajoute à notre personnel
d'être en conflit de travail durant
des années, pour toutes sortes de raisons, bonnes ou moins bonnes, bien, je pense
que ça devient doublement difficile,
autant de les diriger que de faire ce métier-là. Donc, on a tout intérêt, pour
notre personnel policier puis pour la qualité des services, là, qu'on
reste le moins longtemps possible dans un conflit qui...
Bien souvent,
nous, les directeurs de police, on est pris entre l'employeur et les employés, parce que les vraies influences qu'on peut avoir
puis qu'on peut échanger avec notre syndicat, c'est sur le volet opérationnel.
Quand on tombe sur les modalités de salaire
et avantages sociaux, assurances collectives, les régimes de retraite, ce n'est
assurément pas le chef de police qui va
régler ça. Mais le chef de police et son personnel ont la responsabilité de la sécurité publique puis de la sécurité du public. Puis déjà
le métier est de plus en plus difficile, de plus en plus exigeant. Puis, quand
on rajoute le niveau de difficulté
que le climat n'est pas bon, bien, ça ne devient vraiment pas agréable, puis
les résultats ne sont assurément pas comme ils
devraient l'être.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Richelieu.
M. Rochon : Oui, rapidement, mon
collègue aura plusieurs questions pour vous. Si le ministre m'étonnait,
m'étonnait et, devant les objections nombreuses, fortes, intenses qu'il a entendues
de la part des représentants des travailleurs, il se disait : Oui, c'est vrai, on n'est peut-être
pas en train de rééquilibrer de façon bien sage le rapport de force, le couteau sur la gorge dont le maire de Québec
m'a parlé en processus de négo est peut-être
en train d'être dirigé sur la gorge
d'autres personnes, il est peut-être entre d'autres mains, ce n'est peut-être
pas sage, et, devant ce constat,
qu'il décidait de plutôt, dans le cas
des policiers et des pompiers, oublier son projet de loi n° 110
et travailler à partir des recommandations du Groupe de travail sur l'arbitrage des différends, peut-être pour bonifier, peut-être,
les conclusions de ce comité de travail là, qu'est-ce que vous en diriez
à ce moment-là?
Mme Dion
(Helen) : Bien, moi, comme
je vous dis, comme je l'ai dit d'entrée
de jeu, je trouve que le projet de loi actuel encadre encore mieux
les délais et nous empêche de déraper dans des dédales qu'on a connus, que mon collègue de Granby et d'autres services de
police ont connus, et ça empêche aussi la dégradation des relations de travail. Parce qu'il ne faut pas oublier que les dirigeants policiers ont enduré et endurent
encore des... Les cadres policiers qui se présentent sur les parades,
les policiers se lèvent, ne leur parlent pas, ils ne donnent pas la poignée de
main, ne les saluent pas; subissent du harcèlement. Alors, tout ça pourquoi? Parce
que les relations, là, à partir du moment qu'on négocie pendant quatre ans, c'est comme... la pression retombe sur les
dirigeants policiers, comme si nous, on n'est pas présents à la table ou on ne veut pas les aider,
alors que ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on veut travailler, c'est en fonction de l'organisation et de
meilleur service aux citoyens.
Mais, vous
savez, toute chose qui perdure dans le temps, malheureusement, c'est
rarement pour les bonnes choses, et on souhaite évidemment... On se
connaît, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, on travaille ensemble
régulièrement, on connaît les enjeux de nos
organisations, on est capables de discuter ensemble, et simplement en resserrant, y compris de la part de nos municipalités, ils vont pouvoir nous donner aussi les écarts
qu'ils souhaitent, les augmentations, tout
ce qui s'appelle... Ce qui n'est pas opérationnel, ce que nous, on ne contrôle
pas, les municipalités aussi vont être obligées de prendre une décision rapidement, pour nous aider à
prendre les meilleures décisions puis à offrir les meilleures choses aux
membres de nos organisations.
Une voix : Mais l'aspect du
délai...
Le Président (M. Auger) : Juste un
instant, je vais permettre au député de René-Lévesque de poser une dernière
question. 45 secondes.
M. Ouellet : Bien, écoutez, dans les
exercices qu'on a faits, avec le rapport de Thierry-Morency, on arrive à 15 mois de processus, avec médiation,
arbitre. Et la question que j'aurais rapidement pour vous... Parce qu'on voit, là,
deux arbitrages seulement depuis 2006, et vous signez en moyenne des
conventions de quatre ans. Ça fait que, là, le cinq ans, moi, je ne le vois pas. Mais je comprends que d'être
continuellement en négociation, ça
peut être un enjeu, et ce qui vous importe, c'est le délai.
Alors,
comment trouvez-vous qu'un comité de règlement des différends va venir
améliorer le climat de travail quand dans Thierry et Morency nous avons
un médiateur, arbitre qui arrivait, avec des assesseurs, à régler? Et, il ne faut pas oublier, dans le cas du projet de loi, dans le cas
du CRD, la facture, on vous la refile. Comment vous trouvez que ça va être...
• (16 h 50) •
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Malheureusement, nous n'aurons pas la réponse immédiatement. Donc, je dois continuer avec M. le député de Blainville pour
6 min 30 s, porte-parole de la deuxième opposition.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président, oui, merci. Mme Dion,
M. Fleury, M. Beauregard, merci d'être présents.
Moi,
je n'ai pas de cachette. Nous, la Coalition
avenir Québec, on est en faveur du projet de loi. Mais je trouvais important, par rapport aux délais, ce que vous
dites, là. Il y avait des délais dans le projet de loi n° 3, qui est
devenu la loi n° 15, qui tombaient à
échéance le 31 juillet, puis ce n'est pas tout réglé, là. Donc, à quelque part, c'est le fun d'avoir des
délais... Vous, vous nous dites : Il
faudrait encore raccourcir les délais, jours calendrier, donc ça, ça veut dire
qu'on raccourcit les délais. Est-ce que vous
avez... Est-ce qu'on a assez d'avocats, d'actuaires, d'économistes, au Québec,
là, pour tout nous régler ça, là, puis
est-ce qu'ils ont des horaires assez disponibles? Parce que tantôt le maire de
Laval m'a dit : Moi, j'ai réglé
ça, je n'en ai plus, de ressource externe, bon, j'ai mon propre contentieux,
mais ce n'est pas tout le monde, ce
n'est pas toutes les villes qui sont Laval puis qui peuvent se permettre
d'avoir un contentieux permanent pour régler
ça, là. Donc, vous, évidemment, vous représentez des villes et pour lesquelles
vous faites affaire avec des ressources externes. D'abord, est-ce que, ces délais-là, vous pensez que vous avez
le personnel nécessaire? Est-ce qu'il va falloir que les villes se disciplinent ou je ne sais pas quoi,
là? Y a-tu quelque chose... Est-ce que vous pouvez me rassurer, là, par rapport aux délais puis le fait que vous allez
être capables de livrer puis de... Parce que ce que le milieu syndical
nous dit, c'est que vous ne serez pas
capables, là, vous allez manquer de... tu sais, vous n'aurez pas le temps, dans
les délais, si vous voulez rentrer, aussi court que ça, d'être capables
de livrer puis avoir le personnel pour vous supporter, là.
Mme Dion
(Helen) : Si vous me permettez, M. le Président, actuellement, la
partie patronale a des avocats, évidemment, qui sont spécialisés... Évidemment,
si on parle du contexte des arbitres, c'est une autre chose, mais, au niveau du contexte des négociations, les
municipalités se dotent d'arbitres, et tout ça. Ce qu'on vit à l'heure actuelle,
c'est que souvent la fraternité a le même
négociateur sur l'ensemble des villes. Et là je ne parle pas de Montréal, par
contre, je ne parle pas d'autres
municipalités, mais, la plupart des municipalités au Québec, il y a le même
négociateur, qui est le même pour
chacune des conventions collectives, et c'est là que viennent certains délais.
Et des fois aussi c'est de notre côté, les délais au niveau des... surtout les... Ce qu'on a connu, ce qu'on
connaît, à l'heure actuelle, au niveau de la loi n° 15, c'est les
délais au niveau des... voyons, ceux qui calculent, là...
Une voix :
Les actuaires.
Mme Dion (Helen) : ...les actuaires, voilà, les actuaires, qui sont
spécialistes de ce niveau-là. Et ça, là, oui, on l'a.
Et j'ai mon collègue
aussi, M. Fleury, qui voulait peut-être ajouter quelque chose.
Le Président (M.
Auger) : M. Fleury.
M.
Fleury (Stéphane) : Bien, en fait, il ne faudrait pas prendre pour
acquis qu'à partir de demain, parce qu'on aurait une loi comme celle-là, toutes les conventions collectives
embarqueraient dans la machine puis dans le mécanisme. Il va y avoir plein d'ententes qui vont se faire
encore demain puis, je l'espère, qui vont se faire par la voie de la
négociation. Puis je suis convaincu que ça va se faire.
Puis la police, au
Québec, là, ce n'est pas si grand que ça, là. À un moment donné, les horaires
de travail sont très semblables partout. Les journées de vacances, les journées
fériées, les modalités de formation, les modalités de dotation, promotion, c'est très, très, très semblable d'une convention à
l'autre. Ça fait que tout n'est pas à refaire à chaque négociation de convention collective. Souvent, ça
va arriver beaucoup plus dans les modalités salariales, par rapport à de
l'équité interne, ou quand on va se comparer avec l'externe.
Il
ne faudrait pas penser que demain, les 29 conventions collectives, les
gens ne se parleront plus, puis ça va tomber dans un mécanisme. C'est
juste qu'aujourd'hui l'obligation, dans un temps précis, que ça se fasse n'est
pas là. Ça fait qu'autant l'employeur,
autant le syndicat... J'ai vécu les deux, moi. Ça m'a pris quatre ans pour
négocier une convention collective
pas si complexe, là, puis, quatre ans, à un moment donné, là, tout le monde
était tanné d'avoir des chapeaux de shérif
puis des bottes de cow-boy, puis d'avoir des collants partout, là, tout le
monde avait hâte de passer à autre chose. Mais, si on avait été pris
dans un facteur temps, avec des responsabilités partagées, je pense que tout le
monde serait sorti gagnant.
Puis
dans la vie, des fois, il faut que tu t'entendes que tu ne t'entendes pas. Ça
fait que, quand tu en conviens, que tu ne t'entends pas, bien, tu donnes
ça à un tiers, puis il va venir régler ton différend, puis la vie continue.
Mais quatre ans, dans
la vie d'un policier, là, c'est des années, là. Puis il y en a qui vont vivre,
là, des années de conflit, là, beaucoup plus
longues que ça. Il y a des policiers qui sont rentrés dans la police, là, ils
n'ont même pas mis l'uniforme complet
encore, là, puis ça fait quatre, cinq, six ans, là, qu'ils sont dans la police.
Ce n'est pas ça, la carrière d'un policier.
Nos policiers sont fiers, ils ont envie d'être fiers, ils sont fiers de ce
qu'ils font, ils sont fiers de ce qu'ils sont. Mais, si on les abandonne dans un système où on
n'encadre pas ces règles-là, bien, on se donne une image de police qu'on
a aujourd'hui, puis c'est très décevant pour
les dirigeants, puis c'est assurément très décevant pour nos policiers
également.
Le Président (M. Auger) : M. le
député. Deux minutes.
M.
Laframboise : Oui. Puis, par
rapport au fonds de pension, ce que vous nous dites, bien, ça, à cause du
calcul actuariel, ça, c'était un concept différent. C'est ça que vous nous
dites?
Mme Dion
(Helen) : Oui, c'est
ça. Bien, c'est des spécialistes qui
sont vraiment, là, en
fonction des policiers, donc c'est un peu différent, là. Mais je ne
prévois pas, là... même chose, je suis de l'avis de mon collègue,
la même chose, parce qu'on s'entend, la plupart du temps on
s'entend, on s'entend avec nos syndicats, et surtout on va mieux
s'entendre encore, je suis convaincue, s'il
y a un facteur temps qui nous oblige à s'asseoir et à libérer nos agendas, tout
le monde, avocats compris, pour pouvoir arriver à une entente.
Donc, si on a cette obligation-là, je pense que
ça va amener un climat sain au sein de nos organisations pour continuer à développer, puis miser sur notre
mission première, et investir les fonds publics dans notre mission
première, c'est-à-dire la sécurité de nos citoyens au Québec, au lieu de des
processus d'arbitrage qui ne cessent de perdurer dans le temps.
M. Laframboise : Monsieur voulait...
Je pense que vous...
Le Président (M. Auger) : M.
Beauregard.
M.
Beauregard (Marco) : Vous
savez, M. le député, pour répondre à votre question,
aussi, dans les délais, nous, ce qu'on
demande au ministre, c'est de préciser... On parle de jours. C'est important
de dire que c'est des jours ouvrables ou de figurer ça parce que, on
sait, les journées de calendrier, versus les journées ouvrables, c'est très
différent.
Et évidemment ce qu'on recommande aussi, c'est
que la phase de négociation commence quand même 120 jours avant l'expiration de la convention collective, c'est
ce qu'on recommande dans notre mémoire qui est déposé. Donc, le délai est
sensiblement le même. On demande juste des précisions.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes.
M. Laframboise : C'est bien. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Donc, Mme Dion, M. Fleury, M. Beauregard, merci beaucoup pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Je vais suspendre quelques instants pour
permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 h 1)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux en souhaitant la
bienvenue aux représentants de l'Association des chefs en sécurité
incendie du Québec. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre présentation,
par la suite nous procéderons à des échanges avec les trois groupes
parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous identifier, et par la
suite vous pourrez commencer votre exposé.
Association des chefs
en sécurité incendie du Québec (ACSIQ)
M. Brazeau
(Daniel) : Merci, M. le Président. Mon nom est Daniel Brazeau, je suis le président
de l'association. Le vice-président, André Bonneau, et le secrétaire, Maxime Gendron. Ça nous fait... On
vous remercie d'accepter qu'on vienne s'exprimer à votre commission.
Je me permets, en débutant, de souligner que
l'ACSIQ est une association de cadres oeuvrant dans le milieu de l'incendie, plus de 1 000 cadres, nécessairement, du milieu
de l'incendie sont des membres de notre association, environ 90 % des services d'incendie qui sont
membres. C'est des directeurs ou des chefs dans plus de 500 services de
sécurité incendie au Québec.
Je laisserais la parole maintenant à
M. Bonneau, qui va continuer.
M. Bonneau
(André) : Merci beaucoup. Tel que souligné par M. Brazeau,
l'association des chefs est composée de gestionnaires qui doivent, en
plus de gérer les interventions d'urgence, gérer du personnel dans des
conditions qu'on pourrait qualifier souvent
de très difficiles. Nous tenons à préciser immédiatement que notre présence ici
aujourd'hui n'a aucunement but de
s'ingérer dans les responsabilités dévolues à nos employeurs respectifs mais de
rassurer nos membres face aux
situations qu'ils vivent quotidiennement lors du renouvellement des conventions
collectives des employés sous leur supervision. Notre souhait premier
est que les échanges entre les parties s'effectuent dans un contexte positif et
constructif. Cependant, nous saluons
l'initiative de ce projet de loi, qui, selon nous, a comme principal objectif
d'accélérer les échanges entre les parties
et d'assurer un climat de travail sain et productif à moyen et long terme
lorsque les échanges ne permettent pas de trouver une entente.
Nos membres nous ont
trop souvent rapporté des problèmes, des situations ou des exemples soulignant
les impacts négatifs des renouvellements qui ont perduré dans le temps. Il est
important de retenir que tout ce qui traîne en longueur, en relations de travail, génère des conflits,
qui entraîne des tensions inutiles entre les parties. Malheureusement,
les impacts et les répercussions perdurent beaucoup trop longtemps dans le
temps et réduisent de façon importante la prestation de travail à laquelle les
citoyens sont en droit de s'attendre.
Je peux, sans risque
de me tromper, vous confirmer que mes 45 années d'expérience dans cette
profession ne laissent aucun doute sur
l'importance de réglementer le processus des renouvellements de convention
collective. Notre mémoire se voulait très court et visait principalement
trois éléments distincts.
Compte
tenu des structures actuellement en place et étant donné que notre association
prône depuis plusieurs années les regroupements sous toutes ses formes
des services d'incendie, nous croyons important d'inclure également à
l'article 3 la définition des MRC. Effectivement, ce type de regroupement
est actuellement présent au sein du milieu incendie et risque de l'être encore
plus au cours des prochaines années.
Nos
commentaires aux articles 4, 7, 28 et 30 font tous référence à différents
délais prévus au processus proposé dans
le projet de loi. Notre intention sur ces articles sera très brève puisque nous
souhaitons tout simplement être rassurés face à certains délais aux étapes en question, puisqu'en appliquant
l'ensemble des dispositions prévues au projet de loi, dont certaines
restent muettes au niveau du temps, il demeure que le délai peut facilement
dépasser la période d'une année et plus.
En ce qui concerne l'article 4 du projet de loi, notre interrogation se situe à savoir comment interpréter la
période inscrite de 120 jours de la
phase de négociation. Est-ce que celle-ci débute 90 jours avant
l'expiration, à la date où l'une des parties a donné son avis écrit à
l'autre partie, 120 jours à l'avance ou encore à la date de la fin de la
durée de la convention collective?
À l'article 7,
il n'existe aucun délai, pour le médiateur, pour soumettre son rapport au ministre.
Sachant que certains d'entre eux risquent
d'être débordés, nous aimerions voir inscrire certains délais afin d'éviter que
les dossiers traînent en longueur inutilement.
À
l'article 28, le ministre peut accorder deux délais additionnels sans que
ceux-ci soient nécessairement définis dans le projet de loi. Forte de nos expériences passées, l'ACSIQ, l'association des chefs, souhaiterait que les délais en question soient
limités dans le temps, et nous suggérons que ceux-ci ne devraient pas être plus
d'un mois chacun. Et, quand on parle de
période, je me permets d'ajouter qu'on parle toujours de jours ouvrables ou
de jours de calendrier qui perdurent dans le temps. Donc, on voudrait
que ce soient vraiment des jours définis.
Le texte de
l'article 30 du projet de loi fait état que la décision lie les parties
pour une période de cinq ans. Devons-nous comprendre que la période de cinq ans
débute à la date de la décision ou à la date de la fin de la convention? On avait cette interrogation-là.
Considérant les différents délais qui peuvent être utilisés, la période
prévue de cinq ans risque d'être beaucoup moindre que cinq ans.
Il
est important de retenir que l'objectif de notre association est que les deux parties s'entendent sur un projet de règlement
ou de renouvellement de convention collective, mais qu'à défaut de pouvoir le
faire notre souhait est que la période
qui suivrait une décision soit suffisamment longue pour permettre aux parties de rebâtir leur
relation tout en offrant un service de qualité aux citoyens.
Finalement, notre
principale intervention d'aujourd'hui a pour objectif de demander aux membres
de cette commission de voir à la bonification de l'article 50 du
projet de loi, qui stipule qu'une demande d'arbitrage formulée
en application du chapitre III met fin
à toute grève ou à tout lock-out en cours, ce qu'on trouve tout à fait correct, mais qui ne nous
touche pas personnellement, parce qu'on n'a pas le droit de grève et
lock-out. Notre compréhension de cet article est que, lorsque les parties s'adressent à un tiers, soit à un médiateur ou
au conseil de règlement de différends, pour les aider à
solutionner leurs différends, la grève ou le lock-out doit s'arrêter immédiatement.
Cependant, le texte demeure muet sur le
maintien des moyens de pression exercés par les syndiqués, autant contre l'administration municipale que contre
les gestionnaires des services d'incendie. Pour nous, il est inconcevable, pour
les membres de notre association, qu'en demandant à un tiers de nous assister
l'application des moyens de pression contre eux soit maintenue.
Nul
besoin de faire état de tout ce qui a été imaginé et mis en place comme moyens
de pression dans le milieu de l'incendie
au cours des dernières années, mais il est important de préciser que notre
intervention dans ce dossier n'a pas pour but de vouloir restreindre ou
empêcher nos employés dans leur droit de faire connaître leur insatisfaction,
mais que celui-ci devrait s'effectuer dans
un cadre légal, à l'extérieur des heures de travail et sans l'utilisation des
biens publics. Cependant, nous réitérons que, lorsque l'on fait appel à
un tiers pour nous aider à solutionner notre problème, il nous apparaît
inconcevable que le maintien et même l'addition de moyens de pression soient
acceptés.
Le
Québec est le seul endroit au Canada où les cadres des services d'incendie et
la population doivent subir, je dis bien
subir les différents moyens de pression, jugés inutiles et problématiques, pour
un service d'urgence, surtout lorsque la décision appartient désormais à
un tiers. Certains représentants syndicaux nous diront que le maintien de
moyens de pression est un exutoire pour éviter les débordements de leurs
membres et que ceux-ci ont besoin de cet élément pour éviter de perdre le contrôle de ceux-ci. À l'inverse, nos membres,
c'est-à-dire les directeurs des services incendie, qui doivent gérer pendant ces conflits et subir ces
différents moyens de pression, sont unanimes à demander la fin de
ceux-ci. Les camions maquillés, peinturés ou
encore l'habillement rendant méconnaissables nos intervenants, en plus de
ridiculiser notre profession, n'apportent rien de plus au débat, rien de plus
de positif au débat.
• (17 h 10) •
Il
est évident que, dans un groupe, les actions se multiplient, non pas juste en
quantité mais en gravité, augmentant inutilement
les écarts de conduite. Nous aurions pu vous déposer une liste des différents
gestes posés par les employés syndiqués,
qui vous aurait probablement fait dresser les cheveux sur la tête, mais nous
croyons que vous avez vu et lu à peu près tout ce qui se passait sur le
terrain.
Avec tout ce qu'on vit aujourd'hui, il demeure
primordial et prioritaire que le port de l'uniforme soit obligatoire pour que les intervenants soient bien
représentés durant les heures de travail. Des citoyens, des entreprises,
des commissions
scolaires ont refusé l'entrée à nos pompiers du milieu d'incendie suite à leur
déguisement, cette situation les a empêchés
d'effectuer leur travail de prévention. Il est important de se rappeler que
l'objectif numéro un de la Loi sur la sécurité
incendie est la prévention et qu'il est inadmissible que les moyens de pression
utilisés nous empêchent d'atteindre l'objectif attendu. Le non-respect
de nos obligations en vertu de la loi risque, par la même occasion, de faire
perdre l'immunité pour les municipalités qui est déjà prévue au schéma de
couverture de risques.
Au cours des
derniers mois, nous avons grandement entendu parler du port de l'uniforme chez
les policiers au Québec et un peu
moins chez les pompiers. Nous nous permettons de préciser qu'il y a une
trentaine de services de police au Québec, tandis qu'on en a quand même,
chez nous, 699, et plusieurs subissent ou risquent de subir, au prochain renouvellement des conventions collectives, la
mise en place des moyens de pression. Il est important de retenir qu'un
seul refus d'une visite de prévention dans
un domicile peut être le résultat d'un décès lors d'un incendie parce que nous
n'aurons pas effectué les vérifications
d'usage ou nous n'aurons pas eu l'opportunité de transmettre nos messages de
prévention.
Nous
terminons en réitérant que nous jugeons que l'obligation du port complet de
l'uniforme devrait s'appliquer à tous les intervenants du milieu
d'urgence, que ce soit policiers, que ce soit pompiers, et qu'une disposition
en ce sens soit incluse au projet de loi.
Merci de nous avoir donné l'opportunité de faire
ces représentations.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Nous allons commencer les échanges. M. le
ministre, avec un temps de 15 min 30 s.
M. Coiteux : Oui. Alors, merci
beaucoup, MM. Brazeau et Bonneau, M. Gendron. On a l'occasion de se
rencontrer pour des questions de sécurité incendie qui n'ont rien à voir avec
le sujet, là, qui est celui qu'on examine ensemble aujourd'hui, c'est toujours
un plaisir d'échanger avec vous.
Mais
aujourd'hui on est là pour échanger sur un projet de loi qui est le projet de
loi n° 110, qui est un projet de loi qui vise à accomplir un certain nombre de choses, mais qui repose sur le
principe qu'une ville, ce n'est pas une entreprise privée, et que les mécanismes qui encadrent les
négociations, le renouvellement des conventions collectives doivent,
bien entendu, totalement respecter le droit
d'association, les droits fondamentaux des travailleurs, et il y a des
dispositions du projet de loi qui montrent bien que tous ces aspects-là
sont non seulement maintenus, mais ils sont rendus explicites par des articles très précis, mais en même temps qu'une
municipalité, c'est une entité démocratique, les élus municipaux ont des comptes à rendre à leurs
citoyens, il y a des élections, ils doivent s'assurer de l'intérêt de
l'ensemble de leurs citoyens, y compris la capacité de payer.
Donc, je sais
que vous ne décidez pas des grands paramètres budgétaires, mais vous avez à
gérer les opérations et vous avez une
perspective qui est celle de votre quotidien, là, de gérer les opérations.
Néanmoins, vous avez à gérer des budgets
aussi. Vous ne décidez pas à l'autre niveau, mais vous savez bien qu'en quelque
part la capacité de financer les services incendie, des services à la
population est en grande partie liée à la capacité, effectivement, d'en arriver
à des ententes négociées qui respectent la capacité de payer des citoyens des
villes, puis que, les maires, les conseillers municipaux,
qui doivent se préoccuper de ça, on doit reconnaître, là, qu'il y a une
situation qui doit être corrigée, puis il faut moderniser le cadre de
négociation. Donc, c'est l'objet ici.
Mais je vois
bien que votre principal enjeu ici, outre le port de l'uniforme, dont vous avez
parlé à la fin, c'est la question de
combien ça dure de temps, une négociation, combien de temps ça dure, des moyens
de pression parce qu'on est en négociation puis on n'a pas encore
conclu. Alors, j'aimerais ça qu'on élabore un tout petit peu plus là-dessus. Dans le moment, là, concrètement, hein, quand une
convention collective arrive à échéance, ça prend combien de temps avant
qu'on arrive à s'entendre sur une autre?
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
M. Bonneau (André) : Je vous dirais
que ça dépend toujours des dossiers. On a vécu des dossiers de la ville de Québec qui ont perduré dans le temps et qui ont
fait qu'il y avait une décision qui était déjà périmée parce qu'il
fallait retourner négocier. Si je vous parlais du service où j'ai l'occasion de
travailler actuellement, on a eu des périodes relativement
longues et difficiles, qui ont duré, je vous dirais, entre deux et trois ans.
Dans ma vie passée, on en a eu qui
ont duré... qui ont été très rapides, parce qu'il y avait peu d'éléments, mais
on en a eu qui ont été très longues et qui ont été accompagnées de conflits employeurs-employés, là,
dans le sens représentants de l'employeur, qui ont été très difficiles.
M. Coiteux : Vos conventions durent
combien de temps?
M. Bonneau
(André) : Je vous dirais qu'en moyenne les conventions durent à peu
près trois ans, la moyenne, quoiqu'on
a eu une tendance, au cours des dernières années... où Gatineau a eu une
convention qui a été sur une beaucoup plus
longue période, qui a permis ce qu'on parlait dans notre mémoire, qui permet
aux parties de rebâtir un climat de travail. Mais c'est une entente qui
a été négociée.
M. Coiteux : O.K., c'est comme une
exception, là. La règle de trois ans, c'est pas mal la moyenne qu'on observe?
M. Bonneau (André) : Je vous dirais
qu'actuellement les tendances sont un peu plus élevées que trois ans. C'est
quatre, cinq ans, aujourd'hui, les tendances, oui.
M. Coiteux : Donc, de
fixer à cinq ans minimum, là, comme norme... On a le droit de faire plus, là,
il n'y a rien qui interdit de faire sept ans, s'il y a une négociation
puis les deux parties s'entendent là-dessus, il n'y a pas d'enjeu là-dessus.
Mais une norme minimale de cinq ans, pour vous, c'est quelque chose de positif?
Le Président (M.
Auger) : M. Brazeau.
M.
Brazeau (Daniel) : Moi, dans
mes négociations avec mon syndicat, on s'entend sur cinq
ans. Mais, tout en négociation, puis on va commencer à négocier, la convention s'est terminée le
31 décembre 2014, et on va commencer, là. Ça fait qu'il y a tout le temps l'histoire des agendas, et ainsi de
suite, là. Mais on avait trois ans. Là, on s'en va sur cinq ans puis on
croit que ça devrait fonctionner sur une convention de cinq ans.
M.
Coiteux : O.K. Donc, si je vous entends bien, dans le fond, la portion
de ce projet de loi là qui établit une norme de cinq ans accompagne une tendance naturelle. C'est quasiment pareil
dans le secteur public, remarquez. Dans le secteur public québécois, les deux dernières fois on est
allés à cinq ans d'un commun accord, mais il faut faire une loi spéciale
pour que ce soit cinq ans, parce que sinon ce serait trois ans d'office.
Autrement dit, la législation n'est pas tout à fait en accord avec la pratique.
Donc,
si je vous entends bien, vous nous dites que cet aspect-là du projet de loi
accompagne la tendance. Donc, ça ne devrait pas être quelque chose qui
fasse lever des boucliers, hein, puisque ça y va naturellement.
M. Brazeau
(Daniel) : Il y a des conventions présentement qui ont été signées
cinq ans.
M. Coiteux :
Maintenant, le délai pour arriver à une entente, ça peut aller jusqu'à trois
ans, vous m'avez dit?
M. Bonneau
(André) : Bien, on a eu des conventions qui ont été très, très
longues, et c'est ce qu'on souhaite, que les
délais soient très limités dans le temps, pour obliger les parties à s'asseoir
puis à trouver un règlement très rapidement,
soit de débuter plus tôt soit de convenir de délais comme il est prévu au
niveau du projet de loi pour obliger les parties à s'asseoir, à trouver des
périodes de négo et d'arriver à un règlement.
M. Coiteux :
Parce qu'encore une fois, pour faire une comparaison, le secteur public
québécois, on a une norme de trois ans, mais, les deux dernières rondes de
négociations, on s'est entendus sur cinq ans. On voit bien cette tendance-là à vouloir avoir des ententes à plus
long terme, surtout compte tenu du temps que ça prend pour négocier puis
être capable de planifier bien les choses. C'est quelque chose de positif.
Il
y a eu de la variabilité, là, là-dedans, mais en moyenne, dans le secteur
public québécois, c'est plutôt un an et demi, là, à peu près, que ça
prend, au moins pour le gros, là, le gros des négociations. Donc, vous êtes
quasiment au double du temps, hein, dans le
fond, à peu près. Donc, de trouver des mécanismes par lesquels ça ressemble
plus au reste du secteur public, c'est quand même positif, ça aussi.
Est-ce
que vous trouvez que dans le projet de loi ici les processus... Je sais que
vous demandez des précisions, là : Ça veut dire quoi, 120 jours? Ça commence quand, 120 jours?
Mais en soi, là, vous regardez ça, à sa face même, avec quelques
précisions que vous demandez, vous voyez ça raccourcir les délais de manière
significative?
M. Bonneau
(André) : Oui. Oui, effectivement, les délais qui sont prévus actuellement
au projet de loi vont permettre de
raccourcir, vont obliger les parties à s'asseoir, vont obliger les parties à se
rendre disponibles et à trouver une entente ou, à la limite, d'avoir une
décision qui va être beaucoup plus rapide dans le temps.
M. Coiteux :
O.K. Maintenant, je sais bien que... Peut-être vous l'avez regardé, ce n'était
pas dans votre présentation, en tout cas, mais il y a toute une partie qui
touche aux principes en vertu desquels doivent se tenir ces négociations. Si
jamais on doit aller en règlement d'un différend, les principes s'appliquent,
tout ça.
Est-ce
que vous les avez regardés? Puis est-ce que vous avez un jugement à apporter
sur les principes qui sont proposés dans le projet de loi?
M.
Bonneau (André) : Je vous dirais qu'on n'a pas nécessairement regardé
cette partie-là, puisqu'on l'a laissée à nos employeurs, qui, je pense,
ont eu l'occasion d'intervenir. Nous, on s'est limités pratiquement à ce qui
était de l'opérationnel, pour nous, sur le terrain.
• (17 h 20) •
M.
Coiteux : Mais à sa face
même... Parce que, bon, souvent vous avez vécu, hein... vous n'avez
pas toujours été directeur, et donc
vous avez vécu toutes les phases d'une carrière dans le domaine de la sécurité
incendie, dans plusieurs cas. Donc,
vous avez connu les deux côtés de la médaille, hein? Bien, en tout cas, je le présume. Et, quand vous regardez ça, est-ce que vous
trouvez quand même qu'il y a une espèce d'équilibre, là, dans les critères qui
sont proposés... ou au contraire vous pensez qu'il n'y a pas d'équilibre là?
M.
Bonneau (André) : Je vous
dirais, dans mes 45 années, j'en ai eu 20 comme employé syndiqué et 25 ou
à peu près comme employé-cadre, et effectivement il y a quelque chose... il y a
un équilibre qui permet aux gens, de part et d'autre, à trouver un règlement à
l'intérieur de ça.
M. Coiteux : O.K.
Donc, pour vous, ça ne remet pas en question l'équilibre entre les grands
principes, là, qui doivent guider une négociation. Donc, dans le fond, je vous
écoute, on lit votre mémoire, vous trouvez que le projet de loi
améliore notamment et surtout la question des délais, parce que
c'est votre principal sujet de préoccupation, vous avez à gérer le quotidien, donc ça
dure combien de temps, ça, ces moyens-là de pression. Vous trouvez qu'il y aura
une amélioration, vous pensez qu'il y a un certain équilibre dans les
principes. Donc, dans le fond, vous pensez qu'on va améliorer la situation avec
un projet de loi comme ça.
M. Bonneau (André) : Si on inclut
les aspects touchant tous les moyens de pression, oui, ça va améliorer de façon
importante.
M. Coiteux : Qu'on va, bien sûr,
analyser de façon très attentive et très minutieuse.
M. Brazeau
(Daniel) : On parle également,
M. le ministre, du port de l'uniforme, qui est quand même important à nos yeux comme employeurs. Puis je pense qu'on doit
avoir une bonne réflexion là-dessus, parce
que nos gars, ils font de la
prévention, je pense qu'il doit y avoir une réflexion importante. Puis on le
mentionne dans le document qu'on vous a présenté tantôt, que le port de
l'uniforme est très, très important également.
M.
Coiteux : Ce n'est pas dans
le projet de loi, là, ici, cette question-là, évidemment,
mais, puisqu'on en parle, vous avez
dit qu'il y a des commissions
scolaires qui ont refusé l'accès à
des policiers parce qu'ils ne
portaient pas l'uniforme réglementaire. Est-ce que c'est quelque chose
qui est arrivé dans plusieurs commissions scolaires? Est-ce que c'est très
répandu?
M. Bonneau (André) : Je vais vous
dire qu'on a plusieurs cas qui...
M. Gendron
(Maxime) : À ma connaissance...
Moi, j'ai un cas qui m'a été relaté, puis c'est les pompiers, dans le fond, et non les policiers, là, mais au niveau des
pompiers qu'on a refusé l'accès, étant donné qu'ils étaient en
réconciliation avec leurs employés suite à
des moyens de pression plutôt difficiles. Ça fait que, pour eux, la cicatrice
était encore là, puis ils ne
voulaient pas générer peut-être des tensions à l'intérieur de l'école avec le
corps professoral ou les employés, ça fait que ça a été évident, par le
personnel cadre de la commission scolaire ou de l'école en question, de refuser
l'accès aux pompiers.
M.
Coiteux : Mais néanmoins vous avez fait référence à un article du
projet de loi, quand même, qui parle de moyens de pression, de grève ou lock-out. Donc, encore faut-il que le
groupe concerné ait le droit de grève ou lock-out, puis, comme vous le savez, bien, les pompiers
n'ont pas le droit de grève. C'est pour ça qu'il y a une contrepartie;
que, si on ne peut pas s'entendre, il y a un
arbitrage, puis un arbitrage basé sur des principes équilibrés, ce qui est dans
le projet de loi.
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
M. Coiteux : Et...
Le Président (M. Auger) : Oui,
excusez, M. le ministre, allez-y.
M. Coiteux : Oui. Est-ce que j'avais...
Le Président (M. Auger) : Non, c'est
parce que M. Bonneau voulait faire un complément, là. Mais après.
M. Coiteux : Ah! O.K. Ah! ça va. Là,
j'ai peut-être perdu...
Le Président (M. Auger) :
Excusez-moi, M. le ministre.
M. Coiteux :
Non, mais ce n'est pas grave, M. le Président, c'est... Mais encore faut-il
avoir le droit de grève, donc. Et c'est pour ça que, quand on ne réussit
pas à s'entendre, bien, il y a un mécanisme d'arbitrage, basé sur des principes
d'équilibre, là, ce qui est proposé dans le projet de loi. Mais il y a la
question des moyens de pression aussi.
Alors, si on
n'a pas le droit de grève, qu'est-ce qui est un moyen de pression acceptable à
vos yeux? Parce que, là, ici, vous
nous demandez d'empêcher certains moyens de pression, même dans le cas des
groupes qui n'ont pas le droit de grève. Alors, qu'est-ce qui est un
moyen de pression acceptable?
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
M. Bonneau (André) : Dans le
document que je vous ai lu tout à l'heure, on parle de moyens de pression. On
ne veut pas leur enlever leurs moyens de pression ou leur droit de s'exprimer,
que ce soit faire des manifestations à l'extérieur des heures de travail, que
ce soit de faire de la publicité. Je me souviens, dans d'autres services où
j'ai travaillé, on était aux stations de
métro le matin pour aller remettre de la publicité aux gens, pour les inciter à
appuyer notre cause, des choses comme ça. Mais d'utiliser les véhicules, les
biens publics ou l'uniforme...
Vous nous avez parlé, tout
à l'heure, est-ce qu'on a eu quelques refus? Il y a énormément de gens, de nos membres qui nous informent qu'il y a
des gens qui refusent. Puis je vous donne un exemple : Il y a
deux pompiers qui arrivent en pyjama
se présenter au domicile d'un citoyen parce
qu'ils font des visites de
prévention. Le citoyen regarde
deux gros gaillards en pyjama, non, ne
rouvre pas la porte. Est-ce qu'ils auraient pu faire un message? Est-ce qu'ils auraient pu vérifier leurs avertisseurs de fumée ou autres? Ça,
ça aurait été positif, mais ils n'ont pas ouvert.
Et à
l'inverse ça pourrait être deux personnes mal intentionnées qui se présentent à
la porte en disant : On est des pompiers.
Ils n'ont pas besoin d'uniforme. Les pompiers, dans certaines municipalités, ils n'ont plus d'uniforme parce qu'ils sont en moyens de
pression. Là, les gens ne savent plus.
Mais il y a énormément
de personnes, de chefs, chez nous, qui nous informent qu'à plusieurs
reprises les gens refusent de leur ouvrir la porte.
M. Brazeau (Daniel) : C'est un petit
peu comme si on était venus, après-midi, en pyjama ici. Je ne suis pas sûr que
ça aurait passé, là, comprenez-vous? Mais ça arrive, puis là le monde ne veut
pas rouvrir.
M. Coiteux : Nous, je sais qu'au salon bleu il faut porter une
cravate. C'est clair, ça. Pour nous, ça, c'est très clair.
Mais, je pense, j'ai posé cette question-là parce
qu'on a évoqué l'article 50 ici, puis là, oui, ça concernait directement
le projet de loi. Mais vous vouliez dire quelque chose avant, puis justement...
M. Bonneau
(André) : Oui, bien,
concernant l'article 50, on aurait pu l'inclure à la fin puis dire...
On voudrait l'ajout d'un article qui parlerait que les gens doivent
porter l'uniforme puis ne puissent pas utiliser les biens publics, mais... Quand on a vu l'article 50, où on dit, quand on fait une demande à une partie supérieure pour
prendre en charge le dossier, que, les employeurs et les syndiqués, il
n'y a plus de grève et de lock-out, bien, on a dit : On va le proposer à
cet article-là, mais ça aurait pu être à n'importe lequel.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes.
M.
Coiteux : 30 secondes? Écoutez, je vous remercie pour les
échanges qu'on vient d'avoir. Et puis on a pris note, là, sur les
recommandations que vous faites pour qu'on puisse les analyser.
Le Président (M. Auger) : Nous
allons poursuivre avec l'opposition officielle pour 9 min 15 s.
M. le député de Richelieu.
M. Rochon : De Richelieu, oui.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Auger) : C'est
vous, M. le député de Richelieu.
M. Rochon : J'étais distrait. Sans
doute que je m'imaginais en pyjama autour de cette table. Je ne sais pas si
j'aurais fait peur à quelqu'un, j'en doute.
Parce que
vous avez dû suivre nos travaux avant d'y participer physiquement vous-mêmes,
messieurs, vous avez entendu
notamment le maire de Québec dire que les forces en présence n'étaient pas
équilibrées dans ces négociations, là, du monde municipal, le rapport de
force n'était pas équilibré, hein, il a dit avoir souvent le sentiment de mener
ses pourparlers le couteau sur la gorge. Et
là M. le maire se réjouit du projet de loi n° 110. Vous comprendrez que
certaines personnes se questionnent sur ce
qui se passe. Donc, est-ce que l'équilibre que recherche le maire vient de
faire passer le couteau de la main de l'un à la main de l'autre et sur
la gorge de celui qui ne l'avait pas? C'est une question légitime.
Or, il se
trouve dans votre mémoire une demande que nous avons entendue d'un autre groupe
avant vous. Cette demande est
d'intégrer au projet de loi, durant les périodes où le médiateur et le conseil
de règlement des différends sont saisis
d'un dossier, l'interdiction de moyens de pression entachant les activités du
service par l'une ou l'autre des parties.
Comment cela se situe-t-il, là, dans la fameuse
question de l'équilibre du rapport de force, la demande que vous faites là?
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
• (17 h 30) •
M. Bonneau (André) : Dans les
périodes de négociation, notre position est, lorsqu'on demande à un tiers de nous aider à trouver une solution, que la
poursuite, ou la mise en place, ou l'augmentation de moyens de pression, ce
n'est pas nécessaire. On demande à un tiers,
de dire : Est-ce que tu peux nous aider à trouver un règlement?, ou :
Tu vas nous dicter un règlement,
parce que ça va être une décision. Le maintien des moyens de pression, à part
d'apporter un fardeau au gestionnaire...
Parce que l'employeur est dans son bureau, mais le gestionnaire, il est sur le
terrain, et c'est lui qui le subit, il le
subit parce que les gens ne lui parlent pas, lui font des grimaces, peu
importe, là, ce qu'on peut imaginer, puis
je ne voudrais pas en énumérer, j'ai de mes confrères en arrière qui
savent très bien les moyens de pression qui ont été mis en place au cours des dernières années, mais nous, on pense que ce n'est
pas nécessaire. Ça ne change rien au problème, on demande à un
tiers de venir rendre une décision. Et c'est pour ça qu'on dit que les moyens
de pression, c'est inutile. Qu'ils veulent
sensibiliser la population, qu'ils veulent faire des articles dans les
journaux, qu'ils veulent, en dehors des heures de travail, se promener... Mais pourquoi maquiller les véhicules?
Ils ont juste à maquiller les leurs, s'ils veulent vraiment passer un
message. Mais ils utilisent les biens publics, ils ne portent pas l'uniforme.
Et l'absence du port de l'uniforme
a un impact direct sur notre fonction, c'est d'aller rencontrer les citoyens,
de les sensibiliser aux mesures de prévention. Et malheureusement, dans
bien des cas, ça n'existe pas.
M.
Rochon : Vous avez confié au
ministre que vous aviez, pendant 20 ans, exercé le
métier de pompier et que, depuis
25 ans, vous exerciez celui de cadre, hein? Votre municipalité peut être rassurée, le passage de syndiqué à cadre est accompli,
on le sent dans les propos que vous exprimez devant cette commission.
Est-ce que
vous n'allez pas bien loin quand vous écrivez que «l'expérience [...] des
dernières années ne laisse [pas] de doute que les moyens utilisés par
les employés syndiqués mettent en péril la santé et la sécurité des citoyens,
tout comme celles de leurs confrères et consoeurs de travail»?
«Le port de
vêtement inapproprié — je
parcours, là, textuellement votre mémoire — tout comme le maquillage des véhicules d'urgence — vous venez d'en parler — des
intervenants sont les premières actions mises en place. Les impacts
négatifs de ces moyens sur la vie et la santé des citoyens et des employés ont
été clairement démontrés.» C'est une accusation très sévère, très, très importante.
Ce n'est pas aller un peu loin à l'appui de vos arguments?
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
M. Bonneau (André) : Je vous dirais
que non. Il y a des négociations qui se passent très bien, les échanges sont bien. J'ai vécu dans mes années plusieurs
services d'incendie, j'en ai vécu, des années où ça a été excessivement difficile pour les cadres. Il y en a qui ont été
grandement affectés par leur santé suite aux moyens de pression qui
étaient exercés, de toutes sortes, là, de
toutes sortes, et je peux vous dire qu'il y en avait de très sérieux. Quand je
parle des citoyens, quand le citoyen,
par crainte de voir des individus qu'il ne puisse pas identifier, il leur
refuse l'accès... ou, à la limite, qui leur permettrait l'accès, puis ce
n'est pas des pompiers ou des gens du service d'incendie, oui, ça met en jeu
leur santé et sécurité. Puis, si on n'intervient pas pour effectuer des visites
de prévention, est-ce qu'il n'y aura pas de feu? Est-ce qu'il n'y aura pas d'intervention... Est-ce qu'il n'y aura pas de situation
désastreuse? On ne le sait pas, mais effectivement ça peut arriver.
M.
Rochon : Alors, laissez-moi
rassurer le ministre : Si jamais il m'exprimait qu'il n'aime pas beaucoup mes questions et refuserait pour
cette raison, pour ce motif, de me serrer la main, je rassure le ministre, ça
n'affectera pas, moi, ma santé mentale, qu'il le refuse.
Je vais laisser la suite à mon collègue de René-Lévesque.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Auger) :
2 min 30 s.
M. Ouellet : D'accord. Pour faire
une mise en contexte très courte, à travers les différents groupes qu'on a rencontrés, aujourd'hui et hier, le ministre
a fait souvent le parallèle en essayant d'expliquer que, bon, il existe le
droit du travail dans les entreprises privées et qu'il devait exister un droit
du travail dans les entreprises... pas les entreprises mais dans les organisations municipales.
Alors, pour nous, pour le Parti québécois, et pour le bien de la commission,
ce qui est important pour nous, c'est de bien faire comprendre que, pour nous,
le droit du travail n'est pas privé, n'est pas municipal, il est public. Alors, les questions qu'on pose et la façon
dont on interroge les gens, c'est pour être certains qu'on n'est pas en
train de causer un préjudice à un autre groupe ultérieurement.
Alors, dans
le cas qu'il en est question pour vous, vous avez fait mention beaucoup, dans
votre mémoire, de la notion de délai,
bon, et de mesures prises par les salariés pour faire valoir les moyens de
pression, mais j'aimerais savoir, si on
enlève la partie délai, là, demain matin on règle les délais, on est plus
court, hein... Je le disais tout à l'heure, le rapport Thierry-Morency,
pour lequel votre association a participé, quand on fait la somme des délais,
on arrive à peu près à 15 mois pour un
processus complet. J'aimerais savoir en quoi, selon vous, dans le projet de
loi, le conseil des différends est une meilleure chose, versus un
arbitre qui tranche. Parce que, oui, il y a les questions salariales, mais il y
a aussi les questions d'organisation du travail. Alors, en quoi un avocat et
deux spécialistes des affaires, ou du droit municipal, ou de l'économie vont être les meilleures personnes pour dire :
Dans ce cas-là, voici ce qui devrait être imposé en termes de conditions
de travail?
Le Président (M. Auger) :
M. Bonneau.
M. Bonneau (André) : Merci. J'ai
participé à l'autre... les autres travaux qui ont été faits, et on avait une entente, un consensus avec des délais qui étaient beaucoup
plus courts, qui permettaient aux gens de possiblement trouver un règlement,
un peu ce qu'on retrouve, sensiblement, dans le projet de loi. Dans l'autre
projet qui a été discuté, il n'y avait malheureusement aucune disposition qui entourait le maintien ou la mise en place de
moyens de pression, et, dans l'autre
cas, il y avait une décision qui était trois ans à partir de la fin de la
convention collective, qui nous donnait une convention de plus ou moins deux années. Donc, il y avait ces
aspects-là, qui sont différents dans le projet de loi n° 110, mais
qui... Le projet de loi qui est sur la table, c'est celui-là qu'on a à
commenter, et on s'est dit qu'il rencontrait les attentes, avec quelques
modifications ou suggestions qu'on a émises.
Le Président (M.
Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions pour ce bloc
d'échange. Nous allons continuer et terminer avec M. le député de Blainville
pour 6 min 15 s.
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. Brazeau, M. Bonneau,
M. Gendron. On vous salue. M. Gendron, qui est de Blainville,
on vous salue.
Je vais commencer par les uniformes, parce qu'il
y a eu un débat avec le ministre, et tout ça, et vous vous sentiez à l'aise de parler du dossier des
équipements, des uniformes. Puis, si je comprends bien... Parce qu'à l'article 50,
bon, cet article-là dit quand même
qu'à partir de... bon, «une demande d'arbitrage formulée en application du
chapitre III met fin à toute grève ou à tout lock-out». Bon. Donc, ça, ça
veut dire... Si on peut mettre fin à une grève ou à tout lock-out, pourquoi
qu'on ne pourrait pas, dans ce projet de loi là, si j'ai bien compris, dire
qu'à partir de... que, les uniformes puis les équipements, on ne peut pas les
altérer? C'est un peu ça que vous nous dites, là, hein?
M. Bonneau (André) : Affirmatif.
M.
Laframboise : Bon, je la
tends, la main, au ministre, là, M.
le ministre, là, qui nous écoute, là.
Moi, je serais à l'aise, je serais à l'aise à ce qu'on ait un amendement
aux autres dispositions, à ce que le gouvernement dépose un amendement qui pourrait dire, là : Sur
réception de l'avis prévu à l'article 4, il est interdit d'altérer,
modifier et travestir, je vous dirais, les vêtements puis les
équipements d'opération des services, là.
Donc, si on
avait quelque chose comme ça, ça vous satisferait, là. Dès qu'on enclenche le
processus... Surtout que, là, on
raccourcit les délais. Donc, inévitablement, en raccourcissant les délais, là,
tous les moyens de pression vont aller vite,
là. Donc, inévitablement, si on fait ça, ce serait peut-être un bon moment de
dire : Bon, bien là, il faudrait peut-être qu'il y ait une mesure qui dise : Dès qu'on commence
le processus de négociation, on ne peut plus altérer les équipements,
les vêtements, et tout ça. Ça, ça pourrait être quelque chose d'intéressant, si
je comprends bien.
Le Président (M. Auger) : M.
Bonneau.
M. Bonneau
(André) : Effectivement, ce serait intéressant. Je vous dirais qu'on
est en demande peut-être un peu plus,
c'est-à-dire que jamais le port de l'uniforme ne soit utilisé comme moyen de
pression. C'est notre demande initiale.
M.
Laframboise : C'est ça.
C'est parce que nous, on... Moi, je dois vivre avec la recevabilité d'un tel
amendement. Donc, il faut que ça cadre dans le cadre de notre législation.
C'est pour ça
que je tends la main au ministre. Donc, on pourrait le faire dès
l'enclenchement des processus, parce qu'à l'extérieur des moments de
négociation ça doit avoir été assez rare où vos membres utilisaient des moyens
de pression, à l'extérieur des délais. Ça arrivait-u ou...
M. Bonneau
(André) : Je vous dirais qu'habituellement, quand les gens sont en
discussion, les échanges sont bons, et
il y a habituellement pas ou peu de moyens de pression. C'est lorsque ça
devient un peu plus tendu et que ça s'étire, c'est la mise en place de
moyens de pression.
M.
Laframboise : Et évidemment
le gros de vos amendements, c'est sur les délais, là. Vous, ce que vous
voulez, comme les chefs policiers tantôt nous ont dit, c'est les délais.
Est-ce que
vous avez... Parce que, nous, ce que nous dit la partie syndicale, c'est :
De toute façon, par rapport aux délais,
ils n'ont pas le personnel requis. C'est sûr que les policiers, ils ont moins
de fraternités que vous, vous en avez plus. Avez-vous le personnel de soutien, les avocats, tu sais, tous ceux, là...
tout le personnel que les villes engagent? Parce que, Laval, lui, il a
tout réglé ça, il s'est créé son propre... Bon, ça va bien, ça, lui, là, il a
l'argent, à Laval, là, pour être capable de
créer son propre service juridique, mais ce n'est pas toutes les villes qui ont
cet argent-là. Souvent, vous devez engager des firmes. Est-ce que vous
pensez qu'on est capable, là, avec l'expérience que vous avez, là, d'avoir tout
le personnel nécessaire, que vous avez besoin, en support, là?
• (17 h 40) •
M. Bonneau
(André) : Je vous dirais que
c'est la responsabilité de l'employeur. Comme directeurs de
service d'incendie, on n'a pas ces
pouvoirs-là. Et je ne pense pas que, les représentants de l'employeur,
on se soit plaint de vouloir allonger
ou d'étirer les délais, je pense que tout
le monde souhaite quelque chose de rapide. Et, quand on a des délais qui nous obligent à être rapide, on a beaucoup plus tendance à se
rendre disponible puis à négocier beaucoup plus sérieusement, dans le sens que, si on a l'épée de Damoclès au niveau temps qui est en
arrière de nous, on dit : Woups! on va s'asseoir puis on va trouver
un compromis acceptable pour les deux.
M. Laframboise : Par contre, sur les
fonds de pension, il y avait des délais, vous savez, qui se terminaient le 31 juillet, puis il y en a
beaucoup qui n'ont pas été réglés, là. Donc, c'est pour
ça, là, qu'il faut... Moi, je veux juste m'assurer qu'on est capable de livrer. C'est le fun de le
dire puis de dire à la population : Ça va se régler rapidement,
mais il faut être capable de livrer. Ces fonds de pension, là, qu'est-ce
qui s'est passé si ça a pris...
M. Bonneau
(André) : Bien, je vous
dirais, dans ma faible connaissance de tout le dossier, il y a
des dispositions pour nommer des
personnes. Est-ce qu'il va y en avoir assez pour répondre à l'ensemble des
besoins? Je ne le sais pas, mais je
vous dirais qu'avec cette obligation-là je suis porté à croire qu'il y a
beaucoup plus de conventions qui vont se signer, parce que les gens vont convenir... Écoutez, on a
toujours dit... mon père m'a toujours dit que la pire entente est
meilleure qu'une décision imposée. Et je pense que les gens vont être capables
de s'entendre puis de trouver des solutions.
M. Laframboise : C'est tout. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci. En passant, M. le député, je vous
rassure, vous allez avoir du temps, là, pour vous assurer de la
recevabilité des amendements que vous allez proposer.
Donc, MM. Brazeau, Gendron et Bonneau,
merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la commission.
Et la commission ajourne ses travaux à demain,
le jeudi 18 août, à 9 h 30, où elle poursuivra son mandat. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 42)