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(Dix-neuf heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires sociales est
réunie ce soir pour entendre des personnes et des groupes
intéressés à faire des représentations en regard de
l'adoption de la réglementation sur l'organisation et l'administration
des établissements découlant de la loi no 27.
Les membres de la commission sont: MM. Boucher (Rivière-du-Loup),
Brouillet (Chauveau), Mmes Dougherty (Jacques-Cartier), Harel (Maisonneuve), M.
Johnson (Anjou), Mmes Juneau (Johnson), Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Leduc
(Fabre), Picotte (Maskinongé), Rochefort (Gouin), Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville), Bisaillon
(Sainte-Marie), Blais (Terrebonne), French (Westmount), Gravel (Limoilou),
Hains (Saint-Henri), Lafrenière (Ungava), Laplante (Bourassa) et Marx
(D'Arcy McGee).
Nous entendrons ce soir quatre groupes. Un premier groupe formé
de dix corporations professionnelles qui entendent donner une réaction
commune au projet. Un deuxième, la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux du Québec. Un troisième, la Corporation
professionnelle des psychologues du Québec. Un quatrième,
l'Association des cadres intermédiaires des affaires sociales.
J'inviterais le premier groupe, le groupe de dix corporations
professionnelles, à s'approcher, s'il vous plaît!
Mme Linda Manzo, est-ce vous qui allez faire la lecture du
mémoire?
Mme Manzo (Linda): Oui.
Le Président (M. Desbiens): Puis-je vous demander s'il
vous plaît de descendre d'un siège.
Regroupement de dix corporations
professionnelles
Mme Manzo: Ah oui, certainement.
Le Président (M. Desbiens): Vers la droite ou vers la
gauche, cela dépend, de façon que personne n'attrape le
torticolis.
Mme Manzo si vous voulez présenter d'abord les personnes qui vous
accompagnent et procéder à la présentation du
mémoire.
Mme Manzo: Oui.
M. le ministre, mesdames et messieurs les députés,
permettez-moi de vous remercier au nom des dix corporations professionnelles
signataires du mémoire d'avoir accepté de nous entendre ce
soir.
Je vais d'abord vous présenter vos interlocuteurs. Il s'agit
à ma gauche, de M. Pierre Landry, directeur général de la
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux et à ma droite, M.
Michel Sabourin, président de la Corporation professionnelle des
pyschologues.
J'aimerais également vous présenter les autres
présidents des corporations professionnelles qui sont présents ce
soir. Il s'agit de Mme Louise Desaulniers, présidente de la Corporation
professionnelle des diététistes. Je les inviterais à se
lever pour que vous puissiez les identifier. Mme Patricia Girard
présidente la Corporation professionnelle des physiothérapeutes,
Mme Jeanne Grimard, présidente de la Corporation professionnelle des
technologistes médicaux, Mme Monique Hébert, présidente de
la Corporation professionnelle des orthophonistes et audiologistes, Mme Jeanine
Pelland-Baudry s'est excusée ce soir, elle est retenue à
Montréal, et M. Alain Cromp, président de la Corporation
professionnelle des techniciens en radiologie et M. Louis Roy, président
de la Corporation professionnelle des conseillers d'orientation.
Le regroupement des dix corporations professionnelles en vue de vous
soumettre un mémoire aujourd'hui est certes un précédent
dans l'histoire du professionnalisme au Québec. Il faut comprendre que
ce sont nos préoccupations au sujet de la qualité des soins et de
la protection du public qui ont sous-tendu nos réflexions au sujet du
projet de règlement dont il est question. Chacune de nos corporations a,
dans les dix dernières années, évolué vers une
meilleure connaissance et une meilleure maîtrise de son mandat. C'est
sans doute à cause d'une certaine maturation dans notre identité
et dans notre rôle qu'il nous fut possible de mettre sur papier les
principes, les commentaires et les interrogations dont nous vous entretiendrons
dans quelques instants et qui se veulent - il ne faut pas l'oublier - un apport
positif à vos délibérations. Nous nous permettons enfin de
vous souligner que notre mandat, ce soir, se limite à la
présentation
du mémoire commun. Vous comprendrez que, pour des raisons
évidentes, nous ne pouvons prendre position sur des sujets qui touchent
les mémoires de chacune des corporations et qui vont au-delà du
contenu du mémoire commun.
L'inquiétude des professionnels de la santé oeuvrant au
sein de l'ensemble du système de distribution des services de
santé et des services sociaux a déjà été
communiquée au gouvernement. Les interrogations fondamentales qui ont
été soulevées sont demeurées tout aussi
d'actualité lorsque le projet de règlement sur l'organisation et
l'administration des établissements a été publié.
Cette démarche provient aussi du fait que le projet de règlement
est silencieux quant à l'organisation de certains de leurs services dans
les établissements. Pourtant ces professionnels rendent des services
indispensables à la santé et au bien-être des citoyens du
Québec, aussi bien dans la communauté que dans tous les
établissements, quels qu'en soient la catégorie, la classe ou le
type. Cette intervention du groupe des corporations professionnelles se situe
à l'intérieur de leur mandat d'assurer la protection du public,
comme je le disais tantôt, et la qualité des services fournis aux
individus, aux familles et à la collectivité.
Il faut d'abord souligner que ces professions, dont la participation des
membres est essentielle pour répondre à l'aspect global des
besoins de santé de la population, sont reconnues dans la
société québécoise par une législation
particulière. Pour être constituées en corporations
professionnelles, ces professions ont satisfait à toutes les conditions
stipulées à l'article 25 du Code des professions. L'article 25 du
code se lit comme suit: "Pour déterminer si une corporation
professionnelle doit ou non être constituée, il est tenu compte
notamment de l'ensemble des facteurs suivants: "1- les connaissances requises
pour exercer les activités des personnes qui seraient régies par
la corporation dont la constitution est proposée; "2- le degré
d'autonomie dont jouissent les personnes qui seraient membres de la corporation
dans l'exercice des activités dont il s'agit, et la difficulté de
porter un jugement sur ces activités pour des gens ne possédant
pas une formation et une qualification de même nature; "3- le
caractère personnel des rapports entre ces personnes et les gens
recourant à leurs services, en raison de la confiance
particulière que ces derniers sont appelés à leur
témoigner par le fait notamment qu'elles leur dispensent des soins ou
qu'elles administrent leurs biens; "4- la gravité du préjudice ou
des dommages qui pourraient être subis par des gens recourant aux
services de ces personnes par suite du fait que leur compétence ou leur
intégrité ne seraient pas contrôlées par la
corporation; "5- le caractère confidentiel des renseignements que ces
personnes sont appelées à connaître dans l'exercice dans
leur profession."
Deux volets sont indissociables pour assurer la fonction de protection
du public par le contrôle dévolu aux corporations
professionnelles. C'est en grande partie ce qui nous amène ici ce soir.
Il y a d'abord la compétence professionnelle des membres et les
conditions administratives et techniques d'exercice de leurs actes
professionnels. D'ailleurs ce mandat de protection du public serait illusoire
s'il n'engendrait chez les mandataires un souci particulier de la façon
dont sont organisés leurs services professionnels dans le réseau
de la santé et des services sociaux.
Même si toutes nos professions ne sont pas également et de
la même façon affectées par le projet de règlement
proposé, l'analyse commune a permis de constater la présence
d'ambiguïtés qui risquent, selon nous, de compromettre les buts de
rationalisation des services et de diminution des coûts poursuivis par la
loi. Nous reconnaissons qu'un des mécanismes prévus à
cette fin, fort louable d'ailleurs, est l'intégration du corps
médical au processus décisionnel des établissements de
santé. Nous souscrivons aussi à d'autres objectifs tels que la
volonté d'assurer une plus grande décentralisation,
l'implantation d'une meilleure complémentarité des ressources et
la valorisation de l'autonomie des établissements dans la
préparation de plans d'organisation propres à chacun. Par contre,
les moyens utilisés pour les atteindre ne doivent pas, notamment,
constituer une entrave aux droits fondamentaux des bénéficiaires
d'avoir accès aux ressources de santé et de mesures sociales et
de recevoir les services professionnels de leur choix, droits qui leur sont
reconnus par l'article 6 de la loi.
C'est donc dans l'esprit de notre mandat de protection du public et de
la responsabilité professionnelle attenante que nous croyons opportun
d'attirer votre attention sur certaines lacunes et certaines
ambiguïtés du projet de règlement soumis et de
suggérer l'addition de précisions qui nous semblent essentielles
pour assurer à la fois une plus grande efficacité administrative
et organisationnelle et une meilleure qualité des services aux
bénéficiaires.
L'analyse du projet de règlement par le groupe des corporations
professionnelles a été guidée par des principes
fondamentaux. Il s'agit de la complémentarité et de la
continuité des services, de l'accès de la population aux services
professionnels en fonction de leurs besoins sur les plans physique,
psychologique et social, de la participation des professionnels à une
gestion
efficace et efficiente des établissements du réseau. Pour
ces motifs, le présent mémoire traite de l'organisation des
établissements, du comité consultatif à la direction
générale, de l'accès de la population aux services et
d'une préoccupation relative aux commissions administratives
régionales et, enfin, il traite également du caractère
confidentiel des dossiers des bénéficiaires.
Donc, le premier grand point dont nous allons traiter est:
l'organisation des établissements. Le gouvernement désire
maintenir la qualité des soins auxquels la population a pleinement
droit. Comme les conditions administratives et techniques d'exercice des
professionnels ont des conséquences directes sur la qualité des
services, il nous semble essentiel d'associer et d'intégrer à
l'administration tous les professionnels qui oeuvrent dans les
établissements. Dans ce contexte, il importe de prévoir une
structure organisationnelle qui assure aux professionnels des conditions
d'exercice respectant l'autonomie professionnelle indispensable à la
distribution, par des personnes compétentes, de services de
qualité.
Considérons d'abord l'organisation des centres hospitaliers.
Malheureusement, la réglementation proposée est muette sur
certaines composantes organisationnelles des centres hospitaliers. En effet,
les dispositions du projet de règlement n'apportent pas toute la
clarification indispensable aux articles 70 et 71,1 de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, en ce qui a trait à certaines
expressions énoncées dans ces deux articles. Il s'agit des
expressions suivantes: départements et services cliniques,
définition des ressources de son département et règles
d'utilisation des ressources des centres hospitaliers.
Le libellé de ces articles ouvre la porte à une
interprétation très large et très libre de ces trois
formulations. Nous pensons que ces expressions devraient avoir un sens strict,
c'est-à-dire qui limite "les départements et services cliniques"
aux seules ressources médicales. À notre avis, elles n'ont pas le
sens large qui pourrait inclure tous les professionnels, comme il semble que
cela est véhiculé dans certains milieux. En maintenant une telle
ambiguïté, le gouvernement s'expose à des
interprétations abusives de sa réelle volonté
législative et permet, en conséquence, l'établissement de
dangereux précédents.
Unités administratives distinctes. Alors que la Loi sur les
services de santé et les services sociaux ne précise nulle part
que les "ressources" se limitent dans les faits aux seules ressources
médicales, les articles 69 et 70 du projet de règlement
éliminent par contre, dans leur version actuelle, toute
ambiguïté en intégrant sous le vocable "ressources" tous les
professionnels non-médecins de ces départements.
Je vous rappelle un peu le contenu de ces deux articles. L'article 69
dit: "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier de soins de courte
durée doit prévoir la formation d'un département clinique
de radiologie. Sous l'autorité du DSP - directeur des services
professionnels - le chef de ce département clinique gère les
ressources humaines, matérielles et financières de
l'établissement nécessaires à la poursuite des objectifs
du département."
D'autre part, l'article 70 dit: "Le plan d'organisation d'un centre
hospitalier de soins de courte durée doit prévoir la mise sur
pied d'un département clinique de laboratoires de biologie
médicale. Sous l'autorité du directeur des services
professionnels, le chef de ce département clinique gère les
ressources humaines, matérielles et financières de
l'établissement nécessaires à la poursuite des objectifs
du département."
Nous croyons qu'une structure administrative saine devrait
prévoir, à ces deux articles, une mention du chef de service des
techniciens en radiologie, par rapport à l'article 69, et du chef de
service des technologistes médicaux, par rapport à l'article 70,
dont le mandat est de gérer les ressources humaines, matérielles
et financières de son service.
Pour ces raisons, il est recommandé: Que les articles 69 et 70 du
projet de règlement soient modifiés afin que la gestion des
ressources humaines, matérielles et financières par le chef d'un
département clinique de radiologie ou de laboratoires de biologie
médicale n'inclue pas la mention des resssources confiées au chef
de service des techniciens en radiologie ni celles confiées au chef de
service des technologistes médicaux.
La réglementation devrait reconnaître, sur le plan
administratif, que tous les professionnels qui ne le seraient pas
déjà soient clairement regroupés dans des unités
administratives distinctes des départements cliniques médicaux,
la gestion professionnelle et administrative de ces unités devant alors
être assurée par un chef de service de la même
profession.
S'il faut en croire le projet de règlement, les articles 156 et
158 du règlement d'application actuel concernant les chefs de service et
décrivant leurs fonctions seraient bientôt une chose du
passé. Il serait étonnant et surtout navrant de devoir conclure
que c'est là la vision que le gouvernement a de la valeur et de la
spécificité de nos services professionnels. Une telle conclusion
irait en effet à l'encontre du principe même de la
pluridisciplinarité essentielle au fonctionnement des services offerts
dans les centres hospitaliers en fonction des besoins des
bénéficiaires. Par quel moyen, donc, les conditions
administratives et techniques essentielles à
l'offre compétente de nos services professionnels peuvent-elles
être assurées?
Nous demandons que le gouvernement exerce son pouvoir de
réglementation prévu à l'article 173i, en ce qui concerne
la détermination des services que le plan d'organisation d'un
établissement doit prévoir.
Dans le souci du respect de l'autonomie des établissements quant
à leur plan d'organisation, mais aussi pour favoriser la distribution
efficace et efficiente des différents services rendus à la
population dans ces établissements, le groupe des corporations
professionnelles demande que soit reconnue, au projet de règlement,
l'obligation d'instituer dans les centres hospitaliers des services regroupant
les professionnels autres que les médecins lorsque les besoins de
bénéficiaires, la nature et le volume des activités ainsi
que les caractéristiques du centre l'exigent.
Il est donc recommandé: Qu'une section intitulée "services
cliniques dans les centres hospitaliers" soit insérée entre la
section IV et la section V du chapitre VI du projet de règlement.
Que cette nouvelle section comprenne les articles suivants: "1. Lorsque
les besoins des bénéficiaires, l'intensité et la
complexité des soins requis, la gravité des maladies, la nature
et le volume des activités et les caractéristiques du centre le
justifient, le plan d'organisation d'un centre hospitalier doit prévoir
la formation d'un service de diététique, d'un service
d'ergothérapie, d'un service d'orientation, d'un service d'orthophonie,
d'un service d'audiologie, d'un service de physiothérapie, d'un service
de psychologie, d'un service de radiologie, d'un service de technologie
médicale et d'un service social. (20 heures) "2. Le chef des services
prévus au plan d'organisation est membre en règle de sa
corporation professionnelle et il gère les ressources humaines,
matérielles et financières de son service."
Par ces modifications, le législateur tiendrait compte des
réalités complexes des différents services professionnels
offerts dans les centres hospitaliers. Faisant appel à la gestion
responsable d'un chef de service, l'établissement pourra mieux voir
à ce que la coordination des ressources professionnelles du service, le
choix et l'étendue des activités professionnelles offertes le
soient dans le meilleur intérêt des
bénéficiaires.
Représentativité auprès de la direction
générale. La reconnaissance organisationnelle des services rendus
aux bénéficiaires par différentes disciplines suppose la
reconnaissance d'une responsabilité administrative auprès de la
direction générale. Afin d'assurer l'interdisciplinarité,
la complémentarité et la continuité des services, les
ressources de ces services établis dans un centre hospitalier doivent
être représentées au niveau décisionnel,
c'est-à-dire auprès de la direction générale d'un
centre hospitalier, par un gestionnaire autre qu'un médecin. Dans cette
optique, il est recommandé: que soit précisé au projet de
règlement un mécanisme permettant que les chefs de services
cliniques instaurés dans un centre hospitalier soient
représentés auprès de la direction générale
par un gestionnaire autre qu'un médecin.
En second lieu, considérons l'organisation dans les centres
d'accueil. Dans les centres d'accueil d'hébergement, la section V du
chapitre VI du projet de règlement prévoit des dispositions pour
que soient intégrés au plan d'organisation de ces centres un
service médical et un service de pharmacie.
Qu'en est-il des autres services rendus aux bénéficiaires?
Les centres de réadaptation ne nécessitent-ils pas aussi une
certaine organisation des services, puisque ces centres offrent des services
spécialisés d'adaptation et de réadaptation à une
clientèle qui comprend des individus mésadaptés sur le
plan socio-affectif, des handicapés mentaux, des handicapés
physiques et des toxicomanes?
L'absence de mesures d'encadrement pour l'ensemble des professionnels
qui offrent des services aux bénéficiaires admis ou inscrits dans
les centres d'accueil de réadaptation nous préoccupe. En effet,
les tendances sociales actuelles démontrent l'accroissement du nombre de
personnes qui nécessitent une réadaptation ou un placement. Alors
que le projet de règlement n'identifie des dispositions que pour les
centres d'accueil d'hébergement, il serait opportun que des mesures
soient prévues pour les centres d'accueil de réadaptation.
Pour assumer la complémentarité et la continuité
des services et pour favoriser l'interdisciplinarité, le groupe des
corporations professionnelles suggère que le plan d'organisation d'un
centre d'accueil de réadaptation véhicule le principe de la
représentativité, au niveau décisionnel, d'un
professionnel oeuvrant dans ces centres. Si les besoins des
bénéficiaires, le volume et la nature des activités
l'exigent, un tel centre doit pouvoir instaurer des services cliniques
particuliers dirigés par un chef de service de la même
profession.
Il est recommandé que le chapitre VI soit modifié et
s'intitule: Organisation des centres hospitaliers et des centres d'accueil;
qu'une section soit ajoutée à la fin du chapitre VI concernant
les services professionnels en centre d'accueil de réadaptation.
En second lieu, nous soumettons quelques considérations au sujet
du comité consultatif à la direction générale. Le
comité
consultatif à la direction générale doit faire les
recommandations qu'il juge nécessaires en ce qui concerne, entre autres,
les orientations, les priorités d'action, le plan d'organisation et les
moyens à mettre en oeuvre pour assurer la complémentarité
des services.
Comme le prévoit la loi, le conseil consultatif du personnel
clinique - CCPC - a la responsabilité de faire auprès du conseil
d'administration des recommandations sur l'organisation scientifique et
technique de l'établissement, en vertu de l'article 109. Étant
donné l'importance du rôle du conseil consultatif du personnel
clinique et considérant que le personnel clinique fait partie
intégrante de la vie de l'établissement, le projet de
règlement devrait considérer l'opportunité d'utiliser
à bon escient les compétences des membres de ce conseil lors
d'une analyse des orientations, du plan d'organisation, des priorités et
des moyens d'action du centre hospitalier. Pour ces raisons et dans une
perspective d'approche globale du bénéficiaire, nous demandons
que le président du conseil consultatif du personnel clinique soit
membre du comité consultatif à la direction
générale et que, conséquemment, l'article 17 du projet de
règlement soit modifié dans ce sens.
De même, compte tenu des obligations du personnel clinique et des
conséquences que peut avoir un règlement d'un conseil
d'administration sur ses activités, il est recommandé qu'un
paragraphe soit ajouté à la fin de l'article 8 afin que,
lorsqu'un règlement adopté par un conseil d'administration a une
incidence sur les responsabilités du conseil consultatif du personnel
clinique, il ait d'abord fait l'objet d'une consultation auprès de ce
dernier.
Troisièmement, nous vous soumettons un bref commentaire au sujet
des commissions administratives régionales. La reconnaissance
administrative de l'apport essentiel des professionnels à l'offre de
services de santé au Québec devrait être accompagnée
de mesures similaires permettant une représentation adéquate de
leur contribution auprès des instances qui orientent et qui planifient
les services aux niveaux régional et sous-régional en vue de
pourvoir aux besoins de la population. C'est du moins ce que le groupe
souhaite.
Quatrièmement - et non le moindre -le point qui touche
l'accès aux services. Les professionnels du domaine de la santé
et des services sociaux ont démontré au fil des années le
caractère essentiel et complémentaire de leurs divers services
professionnels, leur pertinence ainsi que leur rentabilité en termes de
rapports coût-rendement. La population, appréciant aussi la
spécificité de la contribution essentielle de l'approche
médicale, n'en continue pas moins de requérir et de
réclamer des services de santé complémentaires et
respectueux du caractère global de la personne sur les plans physique,
psychologique et social.
Dans le chapitre IV du projet de règlement qui traite de
l'accès aux services dispensés par les établissements, les
modalités d'inscription sont définies de façon telle
qu'elles risquent de ne pas tenir compte de la liberté qu'a une personne
de choisir le professionnel dont elle désire recevoir les services; et
pourtant, ce droit est reconnu par la loi. Bien sûr, l'article 21 du
projet de règlement prévoit qu'une personne est inscrite dans un
établissement lorsqu'elle y reçoit des services qui ne
nécessitent pas son hospitalisation. Par contre, l'article 25, traitant
spécifiquement de l'inscription dans un centre hospitalier de soins de
courte durée, précise la nécessité d'une demande
d'un médecin ou d'un dentiste qui est membre du conseil des
médecins et dentistes de l'établissement. Nous ne comprenons pas
la raison d'une telle obligation de référence
médicale.
L'expérience révèle que les services offerts sous
le mode de l'inscription en clinique externe permettent aux
établissements de diminuer le volume des besoins et des coûts
d'hospitalisation. De plus, les centres hospitaliers à vocation
régionale peuvent répondre, par cette modalité, à
la nécessité d'offrir des services de santé
appropriés. Il nous apparaît donc inadmissible qu'un citoyen
puisse n'avoir accès aux services dans les centres hospitaliers qu'en
passant obligatoirement par l'intermédiaire d'une
référence médicale. Même si un médecin peut
inscrire un bénéficiaire, nous soulevons le problème
relatif à l'accès direct des citoyens à une
évaluation ou à une intervention professionnelle de
l'ergothérapeute, de l'infirmière ou de l'infirmier, de
l'orthophoniste ou de l'audiologiste, du physiothérapeute, du
psychologue, du travailleur social ou du conseiller d'orientation. Il est
nécessaire de rappeler que les programmes externes comprennent des
activités multidisciplinaires qui sont planifiées,
organisées et contrôlées à l'intérieur d'un
encadrement institué par le centre hospitalier, de sorte qu'une personne
devrait pouvoir s'inscrire à ces programmes sans qu'on exige
nécessairement une demande de la part du médecin.
Considérant que toute personne a la liberté de choisir le
professionnel dont elle désire recevoir des services, que les programmes
en externe comprennent des services multidisciplinaires dispensés tant
par le médecin, le dentiste que par le personnel clinique, et qu'ils
sont accessibles selon les politiques établies par
l'établissement, il est recommandé que soit éliminé
l'article 25 exigeant une demande d'un médecin ou d'un dentiste membre
du conseil des médecins et
dentistes de l'établissement pour que soit inscrite une personne
à des services ne nécessitant pas son hospitalisation.
Un cinquième et dernier point qui traite du caractère
confidentiel du dossier. Nous nous inquiétons de certaines dispositions
de la réglementation concernant le dossier du bénéficiaire
en ce qui concerne l'obligation pour un établissement de fournir au
ministre les informations apparaissant à l'annexe 2 du projet de
règlement. Ces dispositions de l'article 24 soulèvent toute une
série de questions sur le caractère confidentiel de ces
documents. Qu'arrive-t-il du secret professionnel et du droit à la
protection des renseignements? L'informatisation des données
protégera-t-elle ces droits fondamentaux et l'accès à ces
informations sera-t-il vraiment circonscrit? Nous n'avons pas trouvé,
à l'heure actuelle, de réponse claire à ces questions.
Nous nous interrogeons sur les dispositions de l'article 24 en nous demandant
si elles sont conciliables avec les dispositions de la Charte des droits et
libertés de la personne, ainsi qu'avec les dispositions de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Nous croyons qu'il est de notre
responsabilité de vous transmettre nos inquiétudes et nos
interrogations à ce sujet.
Pour conclure, disons que nos concitoyens et nos concitoyennes dans
l'ensemble et les bénéficiaires de façon plus
spécifique ont un droit strict à l'accès à des
services professionnels qui répondent de façon
particulière au caractère global de leurs besoins en
matière de santé et de services sociaux. Les avantages
indéniables de l'intervention multidisciplinaire fondés sur
l'autonomie essentielle des diverses professions en cause appellent des
règles de saine gestion qui devraient être intégrées
au projet de règlement sur l'organisation et l'administration des
établissements. Il est donc impérieux que le gouvernement voie
à la création ou au maintien dans le réseau des affaires
sociales d'unités administratives responsables et respectueuses de ces
apports professionnels distincts.
Nous vous remercions de la considération que vous accorderez
à nos préoccupations. Nous sommes maintenant disposés
à répondre à vos questions visant à clarifier le
contenu de ce mémoire.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, Mme Manzo, ainsi qu'à vos
collègues, ceux qui sont assis à côté de vous ou
dans les premières rangées de la salle. J'apprécie
à sa juste valeur la qualité de votre mémoire compte tenu
des contraintes considérables que vous avez de représenter une
ligne commune ou une sorte de dénominateur commun de corporations aussi
diversifiées que celles que vous représentez. Je pense que vous
êtes parvenue, en tout cas, à faire l'exercice d'une façon
suffisamment impressionnante pour que votre mémoire soit clair. De plus,
je comprends aussi qu'à l'égard de nos questions, je vais tenter
de les formuler en termes les plus généraux possible. Je
comprends que vous êtes dans une situation un peu délicate aussi
pour répondre au nom d'autres corporations.
Peut-être ferais-je beaucoup plus de commentaires plutôt que
de vous poser des questions. Le premier commentaire que je ferais nous vient de
la préoccupation que vous reconnaissez d'emblée dans votre
mémoire de mieux intégrer les médecins à
l'administration hospitalière et à la vie de
l'établissement. C'était l'objectif de la loi 27 et c'est dans la
poursuite de cet objectif que nous proposons ce projet de règlement sur
lequel nous vous entendons aujourd'hui. Il reste que - j'aimerais
peut-être entendre certains commentaires un peu plus tard - les
propositions que vous nous faites, que ce soit au niveau du CCPC, de
l'inclusion de personnes représentant les professions non
médicales au conseil consultatif, que ce soit dans la notion de gestion
des ressources humaines et de l'exclusion que vous voudriez nous voir apporter
dans le cas des technologistes ou des techniciens en radiologie, vous me
semblez reconduire sur le plan des concepts la dichotomie qui existe, à
laquelle nous ne mettrons fin que par des ambiguïtés
créatrices pour reprendre, non pas une expression, mais le mot
ambiguïté que vous avez dans votre mémoire. (20 h 15)
Quant à l'article 25 qui vous préoccupe passablement, je
vous dirai que la seule chose que nous changeons dans le règlement
actuel, c'est le fait qu'il faut que cette référence par un
médecin vienne d'un médecin qui est membre du CMD. C'est la seule
précision que nous apportons. Ce que nous reconduisons, c'est ce qui a
toujours existé et cela vient de la logique qui a inspiré la mise
sur pied des programmes d'assurance-hospitalisation et d'assurance-maladie, qui
est ce que l'État voulait couvrir au moment où il a adopté
ces programmes.
La notion de référence médicale est une très
vieille notion dans notre système. Elle est vécue d'une
façon beaucoup plus évidente et manifeste à cause de la
nature même de ce que sont les fonctions hospitalières, elle est
vécue de façon beaucoup plus évidente au niveau
hospitalier. Je ne dirais peut-être pas de façon aussi
évidente dans les CLSC, par exemple, ou dans les centres d'accueil
où les autres professionnels de la santé sont appelés,
comment dirais-je, à exercer leur autonomie d'une façon
peut-être plus large ou moins
contraignante, non pas seulement à l'égard de la
profession médicale, mais du fait que ces établissements sont, en
général, beaucoup plus axés sur une dimension
multidisciplinaire, bien qu'elle soit quand même présente dans le
milieu hospitalier, surtout dans les cliniques externes, mais aussi du fait que
la diversité des intervenants et leur seul nombre sont beaucoup moins
impressionnants évidemment dans un CLSC ou dans un centre d'accueil
spécialisé en hébergement ou en réadaptation.
Les très grands hôpitaux, notamment les hôpitaux
universitaires des grandes régions urbaines du Québec, ont en
général des CCPC qui ont beaucoup de difficultés à
fonctionner, mais je dois dire, cependant, à l'exception de la
région 03 où il y a une sorte de tradition. Par ailleurs les plus
petits hôpitaux ont des CCPC qui fonctionnent. Pourquoi? Essentiellement
parce qu'il y a moins de gens dans les petits hôpitaux,
deuxièmement, parce que l'équilibre entre le corps médical
et "les autres professions de la santé" est différent et,
troisièmement, parce que la réalité syndicale aussi, ce
qui est toujours très délicat et très complexe - je sais
que vous n'êtes pas ici pour nous parler de cela - est probablement moins
présente pour une raison ou pour une autre. Dans les grands
hôpitaux, notre perception c'est que le travail ou la revendication qui
est faite par les professions de la santé que vous représentez
ici passe souvent par la voie syndicale. Encore une fois, je ne la qualifie
pas. Je ne dis pas que ce n'est pas correct, etc., mais je dis simplement que
l'instrument le plus naturel, souvent, pour les professions, à
l'exclusion des infirmières qui ont une structure très
précise, c'est la voie syndicale, la voie du grief, par exemple, dans
l'applicaiton de la convention collective, etc.
Encore une fois, je ne porte pas un jugement sur cela, mais je
considère que c'est une situation de fait et que si les conseils
consultatifs, c'est-à-dire les CCPC s'étaient
développés de façon très étendue,
probablement que ce serait leur instrument. Mais la diversité et les
nombres, je pense, ont joué contre le regroupement et probablement que
c'est un jugement qu'on peut porter sur l'application de la loi au moment
où elle est adoptée, au moment où on a choisi de
créer des CCPC qui sont, on le sait, dans l'immense majorité des
cas, des structures plutôt inopérantes.
À l'égard de la confidentialité, vous aussi, en
tant que corporation, c'est bien démontré dans votre document,
à la page 14, vous accomplissez, avec beaucoup de précision, vos
mandats de corporation. On en a déjà, d'ailleurs, assez
longuement traité dans des séances précédentes et
je peux vous dire qu'on prend très bonne note de vos commentaires.
Quant à l'accès aux services, il reste que vous reposez le
principe de la possibilité pour un professionnel régi par les
lois de vos corporations d'être celui qui initie ou celle qui initie,
finalement, une démarche d'accès aux services. C'est vrai dans le
secteur privé. Je pense, notamment, à la physiothérapie
qui, de plus en plus, est présente dans le secteur privé et
où les règles de responsabilité professionnelle
m'apparaissent a priori - ou en tout cas jusqu'à preuve du contraire -
respectées à la fois par les membres et par la corporation, mais
où l'environnement, encore une fois, est très monolithique. C'est
celui d'un cabinet de professionnel qui s'appelle physiothérapeute par
opposition à une équipe très diversifiée,
très large, très nombreuse, où ultimement ce qui est
couvert dans le cas de l'hôpital, c'est l'assurance-hospitalisation, ce
qui est couvert dans le cas de la présence du médecin, c'est
l'assurance-maladie, que ce soit à l'hôpital ou à
l'extérieur.
Ce n'est pas notre intention - je veux simplement vous le dire tout de
suite - de faire en sorte qu'on élargisse une chose qui n'existe pas en
ce moment dans nos hôpitaux, à savoir de donner une initiative aux
autres professionnels de la santé en termes d'utilisation de l'ensemble
des ressources à l'égard d'un patient. La règle veut, dans
notre système, que ce soit le médecin, ultimement, qui ait la
responsabilité d'amorcer le déclenchement du processus
d'hospitalisation et la sortie. On sait cependant - et je présume que
vos collègues de la Corporation des psychologues ou des travailleurs
sociaux nous en parleront, dans le cas de la psychiatrie, par exemple - la part
extrêmement importante qui est jouée par ces professionnels. Il
reste qu'au bout de la ligne, dans la mesure où cela se situe dans les
murs d'un hôpital, notre système est ainsi fait que c'est la
responsabilité du médecin qui est d'abord et avant tout
engagée à l'égard de la responsabilité de
l'établissement. Ce qui n'empêche pas que, évidemment, la
responsabilité de chacun des professionnels intervenant dans les
équipes multidisciplinaires existe au niveau de la qualité, des
règles de déontologie, d'excellence, etc. Et en ce
sens-là, je veux simplement vous dire - bien que je ne pense pas que
vous ayez eu l'impression qu'on se dirigeait vers cela - que nous n'avons pas
l'intention de modifier cette dimension d'initiative du corps médical
dans le cas des hôpitaux.
Pardon. J'ai peut-être besoin d'un physiothérapeute ce soir
pour faire du "clapping".
Donc, j'aimerais vous entendre réagir à certains de mes
commentaires et au dernier, sur les centres d'accueil, où j'aimerais
vous entendre aller un peu au-delà du paragraphe que vous avez à
la page 9 sur la notion de
l'encadrement en centre d'accueil. Voyez-vous - et, encore une fois, je
prends vos commentaires sous toute réserve parce que vous
représentez un groupe diversifié et que c'est délicat pour
vous - des axes d'organisation dans le cas des centres d'accueil qui seraient
passablement différents de ce qu'on retrouve en milieu hospitalier et
qui seraient peut-être un peu plus le reflet de la présence
beaucoup plus importante, effectivement, des autres professions, en termes
relatifs, que celle de la profession médicale dans ces centres
d'accueil?
Le Président (M. Desbiens): Mme
Manzo.
Mme Manzo: Oui. Vous avez abordé plusieurs points dans vos
commentaires. On va essayer de répondre le plus complètement
possible. Je pense qu'il est important de souligner qu'on est assez conscients
de la complexité qui se pose au législateur face à
l'organisation dans les institutions. J'aimerais peut-être, avant de
céder la parole à mes collègues, faire un rappel
historique de l'évolution des services de santé dans le sens
où, au début, il y avait le médecin, il y avait les
religieuses et il y avait le curé. Ensuite se sont
développées, pour X, Y, raisons, différentes professions
qui, peu à peu, ont installé les assises de leur science et qui
maintenant, je pense, arrivent à une maturité à ce
niveau-là. C'est ce qui explique en grande partie les
éléments que vous retrouvez dans le mémoire. Quand vous
parlez de dichotomie par rapport à l'implication des médecins
dans l'administration des établissements, je peux vous dire que, moi, je
ne la vois pas dans le sens où, si à tous les jours nous
collaborons par rapport au traitement à donner au
bénéficiaire, je pense que dans l'administration aussi il y
devrait y avoir une collaboration qui devrait s'installer et non pas de
minimiser la part administrative et professionnelle des uns pour permettre aux
autres de se prendre en charge de ce côté. C'est un commentaire
bien général. Je vais céder la parole à M. Michel
Sabourin et par après, à M. Pierre Landry.
M. Sabourin (Michel): Merci. J'aimerais simplement ajouter
quelques commentaires à ceux de Mme Manzo qui font
référence bien sûr aux commentaires du ministre concernant
notre mémoire.
En ce qui concerne son premier commentaire sur la question de mieux
intégrer les médecins dans les centres hospitaliers, comme
c'était le voeu de la loi 27, bien sûr que nous sommes d'accord et
nous l'avons mentionné. A ce sujet, il ne faut pas oublier que dans le
secteur hospitalier, il y a une proportion importante de professionnels qui ne
sont pas médecins qui, je pense, méritent aussi d'être
intégrés au niveau du système. Le sens qu'on peut donner
à notre démarche, ici, ce soir, c'est d'essayer de prévoir
qu'il y ait des mécanismes, des structures de fonctionnement
précis qui permettent à tous ces professionnels d'exercer
justement, comme disait le ministre, leur créativité à ce
moment et qu'ils puissent, en ce qui concerne le centre hospitalier ou le
centre de services sociaux auxquels ils appartiennent, contribuer d'une
façon plus grande en même temps en collaborant avec les
médecins qui font partie de l'établissement et qui y jouent un
rôle très important.
En ce qui concerne l'accessibilité aux services, nous
reconnaissons qu'il existe une logique et une tradition assez lointaine qui
fait qu'habituellement en ce qui concerne l'externe, les gens doivent
obligatoirement passer par les références médicales. Il
existe également à ce niveau - M. le ministre doit sûrement
être conscient de cela - dans plusieurs régions
éloignées et même dans des régions non pas aussi
éloignées - il existait d'une façon plus fréquente
antérieurement -cette possibilité d'accès à des
services directs offerts par des centres hospitaliers dans le cadre de
programmes précis qui ont été approuvés par le
centre hospitalier et qui se retrouvent au niveau d'une collaboration
multidisciplinaire. C'est-à-dire qu'il n'est pas question de demander
que nos professionnels exercent en cabinet privé dans un centre
hospitalier, ce n'est absolument pas le sens de notre demande. Mais simplement
nous demandons que cela continue comme avant, que les gens qui
requièrent des services de santé, des services médicaux,
les requièrent en externe par la modalité de l'inscription sauf
qu'ils puissent également et dans certains cas c'est très clair -
il y a des gens qui n'ont pas nécessairement besoin d'une intervention
médicale - requérir des services précis déjà
prévus par l'hôpital. On pense que ce serait peut-être
logique et surtout moins coûteux d'éliminer un
intermédiaire qui n'est pas nécessairement requis dans tous les
cas.
Par là, je voudrais faire remarquer que nous croyons que la
très grande majorité des inscriptions vont sans doute demeurer et
vont se faire de la même façon qu'actuellement. Il serait
important de reconnaître dans la réalité quelque chose qui
se passe déjà assez fréquemment dans les régions
éloignées de par le manque de professionnels. Il arrive
quelquefois que ceci soit fait en fonction du bienfait du
bénéficiaire. Les délais qu'on impose souvent pour
l'accès à certains services peuvent être quelquefois
préjudiciables à l'intérêt du
bénéficiaire. En ce qui concerne l'accès, ce qu'on demande
dans le mémoire, ce n'est pas tant de commencer toute une série
de traitements et ce n'est
pas tant, comme disait le ministre, l'utilisation de l'ensemble des
ressources de l'hôpital. Il ne s'agit pas de faire ce qu'on appelle
communément le "screening" mais uniquement de pouvoir donner des
services que les gens demandent et qu'ils ont droit de demander si on se
réfère à l'article 6 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Je vais limiter ces commentaires à
ces considérations pour le moment.
Mme Manzo: J'aimerais inviter M. Landry à vous entretenir
peut-être de certaines suggestions ou commentaires qu'il pourrait nous
faire sur l'organisation dans les centres d'accueil. (20 h 30)
M. Landry (Pierre): En fait, comme vous l'aviez un peu
prévu en ce qui concerne les centres d'accueil, il va m'être
difficile d'aller beaucoup plus loin que ce que nous disons dans le
mémoire. Essentiellement, ce qu'on dit dans le mémoire à
ce sujet, c'est que compte tenu du développement des centres d'accueil
avec beaucoup de vocations à caractère préventif,
protection et tout cela et qui est, je dirais, un milieu encore plus
naturellement favorable à la multidisci-plinarité et où
cela devient encore peut-être plus essentiel. On se dit que, dans le
fond, c'est un peu le modèle qu'on préconisait pour le milieu
hospitalier, dont on voit la même application. Je pense que cela revient
toujours et on essaie quand même d'être raisonnable. Lorsque les
besoins des bénéficiaires, le volume et la nature des
activités l'imposent - on connaît la grande diversité de
dimensions des centres d'accueil auxquels on peut avoir affaire - il y aurait
lieu, selon nous, d'instaurer des services et des petits départements
avec les divers professionnels. Dans le fond, c'est sensiblement la même
chose que ce qu'on préconise dans le milieu hospitalier, sauf qu'on est
peut-être dans un milieu où les traditions sont moins
instaurées ou établies d'une façon plus rigide.
Le Président (M. Desbiens): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que j'ai l'impression qu'on
vous a soumis à un exercice difficile en vous obligeant à vous
regrouper. Je dois avouer que je suis un peu partie à cet exercice parce
que, très honnêtement, le ministre m'en avait parlé. Il se
disait: On ne peut quand même pas entendre 10 corporations, comme dans
votre cas. Je me suis rendue au sens pratique du ministre, mais je
réalise aujourd'hui que cela vous paralyse passablement dans les
revendications, entre guillemets, que vous voulez faire aujourd'hui.
Vous avez soulevé plusieurs questions à côté
desquelles le ministre est peut-être passé un peu rapidement.
C'est sans doute à cause de sa mauvaise grippe et je suis fort
sympathique à sa mauvaise grippe. J'aimerais vous voir donner un exemple
- peut-être que le ministre passe un peu vite, sans doute à cause
de sa grippe - sur le fameux article 25. Si on se réfère à
l'article actuel, qui est l'article 49, le ministre nous dit: II s'agit d'un
changement mineur. L'article 49 se lisait: "Une personne est inscrite dans un
centre hospitalier lorsqu'elle requiert ou reçoit des soins ou
traitements qui ne nécessitent pas son hébergement, mais sans
plus" alors qu'à l'article 25 on lit: "Une personne est inscrite dans un
centre hospitalier à la demande d'un médecin ou dentiste qui est
membre du Conseil des médecins et dentistes de l'établissement;
ce médecin ou dentiste devient le médecin ou dentiste traitant du
bénéficiaire."
Il y a là une différence qui m'apparaît, à
moi aussi, majeure. Je sais pas si je vous interprète bien, quant aux
difficultés que vous tentez de faire valoir auprès de la
commission. Est-ce que je me trompe en disant que, dans le fonctionnement
actuel des hôpitaux, il pouvait y avoir, par exemple, des
références de l'infirmière à un professionnel, ou
encore, d'un autre professionnel qui n'était pas le médecin
à la diététiste, au travailleur social etc? D'après
ce que je comprends, ceci vient changer cette façon de fonctionner.
Est-ce que je me trompe ou si c'est cela que vous tentez de nous
communiquer?
Mme Manzo: Ce n'est pas tout à fait cela. Quand vous
parlez d'une référence de l'infirmière, par exemple,
à la diététiste ou du psychologue à
l'ergothérapeute...
Mme Lavoie-Roux: ...des gens dans l'hôpital.
Mme Manzo: ...la personne est déjà inscrite ou
admise à l'hôpital. C'est une chose. On parle ici de cas qui ne
seraient pas encore inscrits, des gens qui viennent de l'extérieur de
l'hôpital.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous donner un exemple concret de
cela?
Mme Manzo: M. Michel Sabourin soulevait tantôt l'exemple,
en régions éloignées, des personnes qui font une demande
à l'institution. Je vais prendre l'exemple de l'ergothérapie
parce que c'est la profession qui m'est la plus familière. Cela pourrait
être par exemple le cas d'un bénéficiaire qui a
été hospitalisé, qui a été admis et qui a eu
des traitements internes et externes, qui par la suite est retourné dans
son milieu de travail et qui présente des problèmes dans son
milieu de travail, et qui a besoin d'une réévaluation qu'on
appelle
"travail". Il n'a pas besoin de soins médicaux; il n'a pas besoin
de réévaluation dans les laboratoires ou de radiographie. Ce que
les personnes de la ressource dans le milieu ou ce que les employeurs veulent
savoir, c'est: comment peut-il fonctionner dans le milieu de travail? Ou est-ce
qu'on peut l'aider à mieux fonctionner? Alors dans un cas comme
celui-là je ne crois pas que l'intervention du médecin soit
nécessaire. Peut-être qu'on pourrait apporter d'autres exemples
aussi.
M. Sabourin: Je peux peut-être me permettre d'ajouter
très brièvement que le simple fait que des gens quelquefois se
présentent dans un centre hospitalier avec un problème bien
précis, bien délimité et qui n'est pas de nature
médicale, à ce moment-là ils veulent obtenir un service
précis; ils connaissent quand même leur besoin à ce
niveau-là et ils font la demande de ce service. Nous pensons que lorsque
quelqu'un a besoin d'un service qui n'est pas nécessairement
médical, il peut l'obtenir en s'inscrivant dans une clinique externe
d'un hôpital. L'exemple qu'on vient de donner est assez courant et on le
retrouve fréquemment dans la vie de tous les jours. Si je prends
l'exemple, comme Mme Manzo pour l'ergothérapie, d'une profession que je
connais bien, soit la psychologie, il arrive fréquemment que des gens
vont consulter des psychologues parce qu'ils ont besoin de services
psychologiques et qu'ils savent pertinemment qu'ils vont trouver la
réponse en consultant un psychologue. Il y a des programmes
spécifiques et précis qui existent très souvent dans les
centres hospitaliers. Ils peuvent demander d'y avoir accès. Par
ailleurs, je dois faire remarquer que pour la grande majorité de nos
corporations professionnelles, quand on reçoit un client en pratique
privée, supposons, et qu'à notre avis, il présente des
problèmes médicaux on le réfère
immédiatement au médecin. Bien sûr, on a appris à
reconnaître et à utiliser les services du médecin quand ils
sont requis à ce niveau.
Mme Manzo: Il est peut-être important de souligner que nos
préoccupations vont beaucoup autour du fait que c'est une pratique qui
existe présentement et qui n'est pas cautionnée d'aucune
façon par la loi et les règlements et qui doit l'être
puisque cela répond à des besoins.
Mme Lavoie-Roux: J'essaie de bien comprendre votre
préoccupation. Ne s'agirait-il pas de patients ou de
bénéficiaires qui ont déjà été
traités dans un centre hospitalier, qui ont eu leur congé, mais
qui, à l'occasion de leur suivi, que ce soit à l'hôpital ou
en clinique, ont eu des contacts avec différents professionnels. Prenons
la diététiste par exemple. Bon, ils retournent chez eux; les
choses vont bien pendant X temps et tout à coup on réalise qu'une
diète qui doit être suivie est mal suivie ou qu'elle devrait
être modifiée, enfin, le bénéficiaire s'en rend
compte lui-même. Ne s'agit-il pas à ce moment-là d'un
bénéficiaire qui retourne consulter le ou la
diététiste qui l'a suivi? Dans le fond, ce
bénéficiaire est toujours inscrit dans le centre hospitalier.
Avez-vous des gens qui vont venir directement de la communauté à
un service diététique d'un centre hospitalier pour demander des
conseils sur l'obésité, par exemple?
Mme Manzo: Ce n'est pas exclusivement des gens qui ont
déjà été traités et qui ont reçu des
soins dans le centre hospitalier. Cela peut être des gens qui n'en ont
pas reçu, je ne dirai pas jamais, mais qui ont un besoin et qui
s'adressent à l'institution. Je ne peux pas vous donner de
proportion.
Mme Lavoie-Roux: Non, je sais ce que vous voulez dire. Est-ce que
dans ces cas-là ce ne serait pas plus normal pour ces personnes, s'il y
en avait un, qu'elles soient référées au CLSC, ou, dans le
cas d'autres types de services, qu'elles soient référées
au CSS? Évidemment, il reste des professions qui seraient à
découvert parce qu'elles ne fonctionnent qu'en milieu hospitalier,
j'imagine.
Mme Manzo: Vous savez que justement les CLSC,
présentement, n'offrent peut-être pas la gamme des services qu'on
retrouve dans les centres hospitaliers. Il y a aussi la question de la lourdeur
des cas qui s'adressent aux centres hospitaliers, qui sont différents
des cas qui s'adressent aux CLSC. Maintenant, si on considère la
totalité de la province, on a vu naître différents
hybrides, différents agencements. On a des petits CLSC, des grands CLSC,
des petits hôpitaux. Tout cela fait un agencement qui n'est pas
homogène. Ce qui fait que dans certaines régions on peut
peut-être référer des cas au CLSC, cas qui vont s'adresser
à l'hôpital général dans une autre
région.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma collègue de
Jacques-Cartier m'a envoyé cette note. Pourquoi je la reprends? C'est
que j'ai vécu cela moi aussi à plusieurs reprises. Que ferait
dans une localité donnée l'école qui réfère
un enfant en difficulté d'apprentissage à un psychologue et que
la seule place où il s'en trouve c'est l'hôpital?
M. Johnson (Anjou): On revient non pas à une question de
préférence personnelle que d'aucuns voudraient attribuer à
celui qui vous parle ou d'autres à cause de ses
antécédents et de sa formation, mais on revient à ce que
dit la loi. La loi dit "services médicalement requis". C'est cela que
l'État a décidé de
régler il y a quelques années, les services
médicalement requis. C'est comme cela d'ailleurs qu'on va chercher la
moitié du financement. Nous, on dit 48% quand ils sont de bonne humeur
au fédéral. C'est cela qui est couvert dans notre régime,
c'est cela qu'on retrouve dans la Loi sur l'assurance-maladie, c'est cela qu'on
retrouve dans la Loi sur l'assurance-hospitalisation. Le cas que vous soulevez
est un cas extrêmement intéressant. Cela veut dire qu'en pratique
il faut qu'il y ait un contrat de service entre l'hôpital et la
commission scolaire. Il faut qu'il y ait un contrat de service. Il faut qu'il y
ait un paiement pour ce service par la commission scolaire. Pourquoi? Parce que
l'ensemble de notre structure est basé sur la notion du
"médicalement requis" qu'on retrouve à toutes sortes de places,
dans les règlements, dans les lois, dans le financement, etc. Je ne dis
pas que c'est le bonheur, surtout quand je sais à qui je m'adresse dans
le cas des corporations professionnelles autres que médicales. Ce n'est
pas pour rien que l'État, depuis un certain nombre d'années, a
développé les CLSC. Écoutez, sur la part des
psychoéducateurs dans les centres d'accueil et de réadaptation,
je dois vous dire qu'ils en mènent un peu plus large que les
médecins. Cela n'empêche pas l'État d'être
présent et de mettre littéralement des dizaine de millions
là-dedans.
Il reste que quand on parle de l'hôpital, la logique et la
cohérence du système c'est la notion du médicalement
requis. C'est là, je pense, qu'on doit trouver des réponses, non
pas dans les préjugés et les idéologies, essentiellement
parce que c'est ce que cela couvre. Les problèmes qu'on soulève,
je pense qu'il faut essayer d'y trouver des solutions à l'occasion. Je
ne pense pas que l'ouverture, qu'évoque le regroupement des corporations
professionnelles ici, le regroupement des dix qu'on entend ce soir, de la
notion d'inscription par toutes les autres professions soit une voie simple.
Sur le plan du financement ce ne sera pas drôle tout à l'heure. Je
pense que M. Sabourin me comprendrait si je parlais de Valleyfield. Dans la
mesure où on a une cohérence qui est le "médicalement
requis" dans le secteur hospitalier, il faut trouver d'autres voies pour
répondre à cela. Le jour où on ouvre cela à
l'égard de la notion d'inscription pour l'ensemble des autres
professions, tout en comprenant que dans les régions
éloignées en psychiatrie c'est évident... Je sais bien
qu'en Abitibi la moitié du temps ce sont les psychologues qui
règlent les problèmes. Ils ne peuvent pas prescrire de
l'Argactil, par exemple. Je sais bien qu'en physiothérapie, en pratique,
et en ergothérapie il y a une espèce de présence de fait
de la profession dans certains milieux où il manque de médecins,
où il manque d'encadrement, où il n'y a pas de physiatres, etc.
Je sais qu'en pratique les physiothérapeutes - je suis allé
récemment à l'hôpital de Chibougamau où on a un
service de physiothéraphie et j'ai l'impression qu'on en mène
assez large. Cependant, de temps en temps, il y a un orthopédiste qui y
va et il va y avoir du médicalement requis... Cela reste la
cohérence de nos lois sur l'assurance-maladie et
l'assurance-hospitalisation et, encore une fois, ce n'est pas une question de
choix idéologique. Le jour où on change cela, on change toute la
perspective, non pas sur le plan de l'idéologie et du respect des
professions, on change toute la perspective de financement du régime, et
nous ne sommes pas prêts à faire cela.
Cela dit, beaucoup des considérations des cas que vous avez
évoqués, des cas qui ont été évoqués
par les gens qui sont venus témoigner devant nous ce soir, devront
connaître dans une certaine mesure certaines réponses. Je ne suis
pas très optimiste quant à la précision des
réponses qu'on peut apporter à cela, parce que c'est un
échafaudage où chaque bloc dépend de l'autre, et le jour
où on en déplace un on déplace toute la pyramide; c'est
très complexe.
Dans le cas du milieu scolaire, la notion de contrat de services est
idéale: on fait payer la commission scolaire. Dans le fond, c'est le
psychologue de l'hôpital qui va régler le problème, il n'y
a pas de médecin dans le circuit et il n'y en aura pas non plus, mais il
faut que, quelque part, quelqu'un paie, alors on fait payer la commission
scolaire et on s'occupe d'aller vous taxer. (20 h 45)
Mme Lavoie-Roux: ...des psychologues bientôt.
Mme Manzo: Est-ce que vous aviez une question, madame?
Mme Lavoie-Roux: C'était pour qu'on aille un peu plus au
fond de la question que je vous ai posé cette question.
Mme Manzo: J'aimerais réagir à ce que dit M. le
ministre, parce qu'il vient de parler de respect des professions. J'aimerais
vous dire qu'il faut penser au respect du bénéficiaire et quand
on pense à "médicalement requis", qu'est-ce que cela veut dire?
Si on pense au bénéficiaire, on pense à un
bénéficiaire qui peut être malade physiquement, qui a des
besoins affectifs, qui peut avoir des disfonctions au niveau de son
fonctionnement social et au niveau de son fonctionnement biologique. Je crois
que le législateur doit en tenir compte dans la mesure du possible.
M. Sabourin: Si je peux me permettre,
je voulais simplement ajouter quelques mots à la suite des propos
du ministre. La question des coûts supplémentaires qui pourraient
être engendrés par une accessibilité plus universelle ne
m'apparaît pas évidente à première vue. C'est que,
dans les centres hospitaliers, les professionnels sont déjà
là, ils sont engagés et reçoivent un salaire. Dans le
fond, ce qu'on demande, c'est d'augmenter leurs tâches, mais on ne
demande pas d'augmentation de salaire en même temps.
M. Johnson (Anjou): Vous ne demandez pas d'augmentation
d'effectifs, par hasard?
M. Sabourin: L'idée qu'on vous a soumise ce soir a trait
uniquement à l'utilisation efficace des ressources là où
elles sont et des ressources qui sont en place, bien sûr.
M. Johnson (Anjou): M. Sabourin, là-dessus, j'ironisais un
peu. Je sais que vous n'êtes pas venus ici faire une revendication
syndicale, parce que votre mémoire avait le ton qu'on est en droit de
s'attendre d'une corporation professionnelle. Je dis simplement que finalement,
encore une fois, je ne nie pas l'intérêt que représente,
pour les citoyens, les bénéficiaires et l'évolution de
notre société, un accès plus large à certains des
services rendus par les professions, mais je dis: II n'y a rien dans nos lois
à ce stade-ci, il n'y a rien dans la logique de nos lois depuis quinze
ans au Québec dans ce sens. Il y a cependant une présence massive
de l'État à travers les CLSC et les centres d'accueil, par
exemple, où c'est clair que l'accès à beaucoup de ces
services contrairement à ce qu'on voit dans beaucoup d'autres provinces
ou beaucoup d'autres endroits sur le continent nord-américain -
où on a développé, malgré tout, une certaine
accessibilité à ce type de services... C'est pour cela que, nous,
nous le voyons de deux façons, il y a d'abord l'hôpital qui est le
gros morceau, ce sont les gros budgets, ce sont les affaires qui font mal au
monde, ce sont les besoins les plus évidents, les plus manifestes et,
dans l'hôpital, la notion du médicalement requis reste une notion
centrale.
Deuxièmement, il y a les autres professions. Dans le cas de
l'hôpital, on dit: Dans le fond, ils sont un peu à la remorque de
l'ordonnance médicale - ce qui est d'ailleurs vrai, j'ai l'impression,
pour 90% de la pratique de la plupart des professionnels -ils sont dans un
cadre de notion d'ordonnance médicale et, dans les autres cas, nous
disons: L'extension à ce type de services nécessiterait des
modifications extrêmement importantes à nos lois et
présupposerait qu'on accepte de changer un peu la nature de ce qu'ont
toujours été les hôpitaux. Je ne dis pas que ce ne serait
pas souhaitable, mais je sais qu'à ce stade-ci, il reste que certains
des problèmes très spécifiques qui sont
évoqués par les corporations dans certaines conditions, que ce
soit l'exemple qui nous a été donné sur
l'ergothérapie, la pschyco ou la physio, ce sont des choses auxquelles
il faut tenter de donner des réponses.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
auprès de nos invités si je pose une question au ministre, mais
comme nous n'aurons pas d'autres occasions, il faut bien que je la pose
ici.
L'article 49, tel qu'il existait, était plus
général, si on peut dire, et permettait, je pense, de
répondre à ce genre de requête qui pouvait venir de la
communauté ou autre, particulièrement dans les milieux qui ne
sont pas dotés de CLSC ou qui n'ont pas tous les équipements
qu'un centre plus urbain aurait. Quel est le but du ministre en le rendant
beaucoup plus contraignant par l'article 25?
M. Johnson (Anjou): Je vais vous donner un exemple. On a eu une
cause de jurisprudence. D'abord, il faut bien dire que l'article 49 appliquait
la loi, et dans la loi la notion du médicalement requis est là.
Il n'y a rien de nouveau sous le soleil quant à cela.
Mme Lavoie-Roux: ...dans les règlements, de toute
façon.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, mais ce que je veux dire, c'est
que l'article 49 de l'ancien règlement, il fallait le voir comme un
règlement d'application de la loi, et la loi a toujours
référé à une notion, sous un vocable ou l'autre, de
médicalement requis. Bon! Donc, on refond et on fait la distinction
entre l'admission, l'inscription, etc. Deuxièmement, pour revenir
à votre question, on a eu une cause de jurisprudence récemment.
Un médecin - entre guillemets -de pratique privée fait inscrire
un citoyen, un de ses patients à des services en externe. C'était
un hôpital. Le tribunal dit dans cette cause, si je ne me trompe,
à cause du pouvoir réglementaire, qu'il avait le droit de le
faire. Car le règlement n'était pas assez précis. Ce qui
voulait dire que du jour au lendemain, avec cette décision, on pouvait
présumer que n'importe quel médecin à n'importe quel
endroit sur le territoire pouvait, à toutes fins utiles, aller tirer ses
ressources des établissements, même en externe. Je comprends que
dans le cas précis qui était visé de M. ou de Mme Untel,
c'était peut-être une bien bonne chose et tout le monde trouvait
que c'était une bien bonne idée, mais il reste que cela n'a pas
de bon sens d'organiser un système semblable.
On n'est pas pour laisser 12 000 centres de décision sur le
territoire du Québec - c'est-à-dire le nombre de médecins
qu'il y a -décider comment vont fonctionner toutes les cliniques
externes de tous les établissements hospitaliers. Ce qu'on fait, c'est
de dire: L'inscription pour activités en clinique externe doit venir
d'un médecin qui est membre du CMD, ce qui veut dire qu'en pratique, le
médecin de quartier qui n'a pas de privilège d'hospitalisation
à cet endroit, ce qu'il va faire c'est de faire appel à un
collègue qui est membre du CMD. Sans cela, il n'y a pas de limites au
type de désorganisation qu'on peut avoir et il y a une utilisation
peut-être pas très rationnelle des ressources. C'est
évidemment plus contraignant pour les professionnels en pratique
privée, les médecins, mais je pense que c'est un peu mieux pour
le système comme cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez l'impression, vous autres, de toute
façon, que c'est une certaine limitation à l'accessibilité
des bénéficiaires et c'est dans ce sens que vous le
présentez. Bon! Je pense qu'on ne peut pas aller plus loin dans la
discussion.
Je voudrais maintenant passer au fameux problème soulevé
par votre coalition et qu'on retrouve dans différents mémoires.
C'est la question du médecin qui devient responsable, enfin! la
création des départements et services cliniques. On en mentionne
deux précisément dans les règlements, soit la radiologie
et les laboratoires où - et je l'ai vu à peu près dans
tous les mémoires, que ce soit les techniciens en radiologie, que ce
soit les physiothérapeutes, etc. - vous trouvez qu'il peut y avoir
là un accroc, peut-être pas nécessairement un accroc, mais
un danger pour l'autonomie professionnelle des professionnels - je m'excuse -
et j'aimerais lire ici, par exemple, - celui-ci m'a frappée
particulièrement - le mémoire de la Corporation professionnelle
des physiothérapeutes du Québec, j'en avais lu un qui
était aussi véhément, celui des techniciens en radiologie,
mais je n'ai pas le mémoire avec moi - qui dit à la page 8: "Nous
croyons sincèrement que l'autonomie des professionnels,
péniblement acquise, et que la multidisciplinarité
recherchée encore bien fragile seraient anéanties par les
dysfonctions administratives qui découleraient de l'application du
projet de règlement tel que présenté." On a
déjà discuté, avant que vous ne veniez aujourd'hui, des
responsabilités du médecin comme chef de département
clinique, pas nécessairement une ingérence, mais une certaine
interférence... Oui, interférence, je ne sais pas si c'est
français non plus, mais en tout cas, une certaine interférence
avec la pratique des différentes professions. Est-ce vraiment un danger?
Ici, on m'a dit que non, que ce n'en était pas un. D'ailleurs, ce sont
les médecins qui m'ont dit qu'il n'y en avait pas, si je m'en souviens
bien.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que je pense qu'il y a des
médecins qui sont capables de respecter l'autonomie professionnelle des
gens. Il y en a d'autres peut-être moins. Je ne le sais pas. Pouvez-vous
préciser un peu plus ce que vous dites, parce que cela semble comme un
danger appréhendé. Dans la pratique, cela présente-t-il un
problème majeur pour les professions?
Mme Manzo: Écoutez, je vais céder la parole
à M. Landry.
M. Landry (Pierre): Je pense que ce serait peut-être utile
de faire un bref rappel, et ce sont des considérations qui sont
semblables à celles qu'on apporte au niveau de l'accès aux
services en externe, particulièrement. Au cours des dix dernières
années, la façon de travailler en milieu hospitalier a
changé beaucoup et je dois reconnaître avec le ministre qu'on
s'est doté effectivement d'équipements plus sophistiqués
que ce qu'on voit dans beaucoup d'endroits en Amérique du Nord.
Notamment, il y a la réorganisation du réseau des affaires
sociales qui s'est faite en parallèle avec je dirais la mise en place du
Code des professions et des différents professionnels. Je pense qu'il y
a beaucoup de professionnels représentés ici ce soir qui sont
issus de professions relativement jeunes et qui se sont affirmés d'une
façon importante au cours des dernières années.
Ce que je veux dire, c'est que la délivrance, si on veut, des
services de santé et de services sociaux au Québec a
considérablement changé au cours de la dernière
décennie. Ce qu'on veut comme groupe professionnel - c'est la raison de
notre présence ici ce soir - c'est que cette présence
transparaisse, qu'elle soit reconnue. Il y a une complexité grandissante
de la façon de délivrer les services. Il y a la
spécificité des professions qui s'est développée.
Au fond, on dit qu'on aimerait que cela se reflète au niveau de
l'administration, dans l'organisation d'un département particulier, par
une représentation même au niveau de la direction
générale et tout cela. Pour répondre d'une façon
plus spécifique à votre question, Mme Lavoie-Roux, concernant les
difficultés qu'on voit, actuellement une place est laissée par la
loi et on ne définit pas d'une façon précise ce qu'est un
département clinique, quelles sont les ressources et l'ampleur de tout
cela.
Nous, on dit: Soyons un peu plus clair,
si possible, et définissons les ressources cliniques comme des
ressources médicales et qu'on ne mette pas dans des départements
un patron qui soit d'une autre profession que la plupart des gens qui y
travaillent. On prend l'exemple, particulièrement, des technolo-gistes
médicaux et des techniciens en radiologie. On peut voir, à un
moment donné, un département où le patron est à la
fois le patron et le principal client. Je pense que ces exemples sont
intéressants. L'exemple du technicien en radiologie, du technologiste
médical, le client de ces professionnels, ce n'est pas le
bénéficiaire, c'est le médecin. On voit un médecin
patron d'un département, gérant des ressources humaines alors
qu'il en est lui-même, d'une façon un peu étirée,
l'utilisateur. C'est un exemple un peu particulier qu'on retrouve
là.
Je pense qu'il faut surtout le voir en termes de développement de
l'autonomie. On se dit: II y a une autonomie professionnelle. Pour une grande
partie, nous sommes des corporations à titre réservé. On
sait les difficultés qu'on peut avoir à un moment donné
à faire respecter ne serait-ce que le titre que nous portons. Je
n'entrerai pas dans cela ce soir, mais ce que nous demandons, dans le fond,
c'est des garanties, des balises minimales pour essayer de garantir notre
autonomie et de garantir des services. Je ne sais pas si cela précise un
peu.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela précise un peu, mais je
voudrais revenir sur le mémoire des physiothérapeutes qui disent
- je voudrais qu'ils explicitent - que la multidisciplinarité
recherchée, encore bien fragile, serait anéantie par les
dysfonctions administratives qui découleraient de l'application du
projet de règlement tel que présenté. Les réactions
actuelles suscitées dans les milieux hospitaliers par la publication de
ce projet de règlement, et ce avant même qu'il soit adopté,
nous semblent être un sombre présage de ce que pourrait être
la réalité.
Est-ce qu'on peut nous donner des exemples de cela parce que là
on semble tomber dans les faits concrets. Je voudrais savoir jusqu'où
vont ces difficultés qui ne sont plus appréhendées
puisque, déjà, on semblerait les vivre. (21 heures)
Mme Manzo: On ne peut pas répondre pour la Corporation
professionnelle des physiothérapeutes. Si vous souhaitez obtenir une
réponse à la fin de la présentation du mémoire
commun, libre à vous de la demander. J'aimerais continuer, si vous
voulez, ce qui avait été ébauché par M. Landry,
afin d'apporter plus de précision.
Quand on parle d'autonomie professionnelle telle qu'elle est
définie dans le Code des professions, on parle de la difficulté
pour une personne, qui n'a pas la formation dans une discipline, de porter un
jugement sur les activités de professionnels qui exercent cette
profession. Si on pense à la gestion des services professionnels, cette
définition de l'autonomie prend de plus en plus d'importance, parce
qu'il ne faut pas oublier que la gestion des services professionnels, c'est une
gestion quotidienne. On n'est pas au niveau de la planification sur une grande
échelle. On peut dire que le chef de service, c'est un manager, si on
utilise des termes administratifs. C'est lui qui va faire la planification, la
coordination et le contrôle des activités quotidiennes d'un
service. C'est lui qui va faire la gestion quotidienne des ressources humaines,
matérielles et financières. Je ne crois pas que les
médecins, présentement, soient aptes à le faire. Qu'ils
aient cette préoccupation ou que ce soit réaliste qu'ils le
fassent pour les autres professions, ils ne sont pas habilités à
le faire. Ils sont peut-être habilités à le faire pour ce
qui est de la gestion des ressources médicales, mais pas pour la gestion
des autres ressources.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que je peux me permettre de revenir
là-dessus? Cela m'apparaît assez important ce que vient de dire
Mme Manzo en réponse à votre question. Dans l'exemple des
disciplines de laboratoire, on est conscient qu'il y a des gens qui exercent
des disciplines qui sont des professions à titre réservé.
M. Landry disait tout à l'heure que le client du laboratoire, ce n'est
pas le bénéficiaire; c'est le médecin. En gros, je suis
d'accord. Ultimement, c'est là, en principe, pour servir le
bénéficiaire; je pense que c'est évident à vos yeux
comme aux miens. Mais c'est vrai que celui qui demande des examens de
laboratoire... C'est rare que les gens arrivent à l'urgence en disant:
Faites-moi une glycémie. Cela peut arriver, mais c'est assez rare.
Entre deux modèles où, dans le premier, il y a une
espèce de jugement constant sur le plan administratif et sur le plan de
la gestion - je ne parle pas seulement sur le plan professionnel - par les
pairs - cela voudrait dire que, dans certains grands hôpitaux, on a
quinze structures pour le faire, parce qu'il y a quinze professions -et un
autre modèle qui dit: S'il est exact que c'est le médecin qui est
celui qui tire sur cette ressource qu'est le laboratoire et qui permet de
considérer qu'il n'est pas nécessairement en conflit
d'intérêts, et qui va même peut-être être un peu
mieux placé que d'autres pour expliquer à certains de ses
collègues qu'il y a peut-être des façons de voir un peu
différentes ou des façons de procéder un peu
différentes, je trouve que le deuxième modèle est plus
simple. Il implique un certain pari, cependant, sur la capacité et
l'intérêt des médecins à le faire et je pense que ce
n'est pas inexistant dans le réseau
des affaires sociales, même si c'est très inégal
selon les établissements et les régions. Mais ce n'est pas vrai
qu'un technologiste médical va, finalement, influencer de façon
aussi efficace le comportement médical dans l'établissement qu'un
chef de département qui est lui-même membre du corps
médical. Je pense qu'on peut dire que les relations humaines
étant ce qu'elles sont et les relations entre groupes étant ce
qu'elles sont, il y a peut-être plus de chance qu'un
hématologiste, qui est dans l'hôpital depuis dix ans, explique aux
gens admis à la salle d'urgence qu'il trouve que des SMA 12 ou chaque
fois que quelqu'un rentre avec un rhume, c'est peut-être une affaire
à remettre en question... Il y a plus de chance qu'il soit efficace que
si c'est le technicien responsable qui, lui, peut porter un jugement et se
rendre compte que, dans 99,8% des cas, ce qui sort, c'est de la
normalité, et qu'il y a bien de l'énergie et des ressources
perdues là-dedans. Mais, finalement, celui qui peut le mieux
véhiculer cela, je pense, dans le corps médical, cela reste un
médecin.
Mme Manzo: On est tout à fait d'accord avec vous sur ce
point. Ce qu'on vous dit est d'un autre ordre. Ce qu'on vous dit, c'est que la
gérance de l'apport professionnel des technologistes médicaux
n'est pas d'aller dire aux médecins qui sont dans l'institution
d'utiliser tel test plutôt que tel autre et qu'ils font des abus. La
gérance des apports professionnels des technologistes médicaux,
c'est au chef de service en technologie médicale. Ce n'est pas la
même chose. Ce sont deux choses différentes et distinctes.
M. Johnson (Anjou): Vous parlez strictement de l'accomplissement
professionnel? À ce moment-là, je vous dirai que je ne suis pas
sûr que ce soit le règlement ou le projet de règlement qui
crée cela. Cela existe dans la réalité de tous les jours.
J'en connais, des médecins biochimistes, responsables de laboratoires,
et j'ai l'impression que les relations qu'ils ont... J'ai connu des endroits -
je pense à deux, en particulier, où j'ai travaillé -
où les relations étaient particulièrement harmonieuses. Je
vais vous dire que le technologiste de laboratoire ne se laissait pas piler sur
les pieds, parce qu'il a sa technique, il a son code de déontologie, il
a son éthique. Ce n'est pas vrai qu'il laisse un autre professionnel,
fût-il un médecin, entrer dans les domaines purement
professionnels et d'appréciation professionnelle sans, au minimum, se
livrer à une sérieuse discussion et, en fin de compte,
revendiquer qu'en vertu des lois, de la pratique normale et du respect qui est
dû à sa profession, il a voix au chapitre. Je ne pense pas que le
règlement vienne modifier cette dynamique qui est très vraie, qui
est très réelle.
Mme Manzo: Écoutez, je pense qu'on dépasse le cadre
de mon expertise personnelle, en tout cas, en ce qui concerne les
technologistes médicaux. J'avais l'impression que vous confondiez les
deux niveaux de gestion. J'espère que je n'ai pas porté
préjudice aux membres de cette corporation.
M. Johnson (Anjou): Non, non. D'ailleurs...
Mme Manzo: Je les inviterais, en tout cas, si je l'ai fait,
à...
M. Johnson (Anjou): ...ils nous ont envoyé un long
mémoire et j'ai l'impression qu'on les verra après la commission
parlementaire, pour les entendre. Ce ne sera pas nécessairement à
la commmission, mais, on va lire leur mémoire et on va leur faire
parvenir des questions par la suite.
Non, je pourrais appliquer cela à d'autres. Il y a quinze ou
dix-sept professions de la santé à peu près - je ne sais
plus, cela dépend des hôpitaux. Je trouve que votre raisonnement
poussait un peu plus loin en disant que, dans le fond, personne ne peut
être le "supérieur" de qui que ce soit dans l'hôpital. Moi,
je me dis qu'à un moment donné il doit y en avoir un qui est
obligé de trancher. C'est sur le plan de la gestion, encore une fois,
pas sur le plan professionnel. Cela reste votre rôle à vous, les
corporations, de voir à cela. Cela reste à vos membres dans la
mesure où ils respectent les règles de déontologie, etc.,
dans la mesure où ils se taillent une place dans l'hôpital, ce
qu'ils ont fait, même si c'est inégal, encore une fois. Mais,
ultimement, il faut que quelqu'un puisse poser un jugement sur des aspects de
la gestion. Cela ne peut pas, je pense, être quinze structures dans
l'hôpital. C'est déjà assez compliqué comme cela. Il
y en a une demi-douzaine et les gens ne se retrouvent pas, parfois.
Mme Manzo: Je pense qu'on en arrive à des conditions
pratico-pratiques et je ne pense pas que ce soir, nous, on puisse y
répondre. Je trouve que votre question est très pertinente, mais
je n'ai pas l'impression qu'on puisse y répondre ce soir. Ce que je
pourrais vous proposer par ailleurs, c'est qu'on pourrait certainement
collaborer à essayer de répondre à cette question avec
vous.
M. Johnson (Anjou): Merci, Mme Manzo.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'amène à la question
suivante que vous soulevez dans votre mémoire. Peut-être vous
sentiriez-vous
moins inquiets au sujet du règlement si on ne faisait pas sauter
les articles qui prévoient des chefs de département
professionnels, que ce soient les physiothérapeutes, les
diététistes, les psychologues, les travailleurs sociaux. À
ce moment-là, j'ai l'impression que l'aspect de la gérance, les
corporations peuvent le voir, mais, comme on enlève aussi toute
possibilité de regroupement... Par exemple, vous pouvez avoir un
travailleur social qui est attaché au service de cardiologie, un autre
au service de neurologie, un autre au service d'orthopédie, etc.
Finalement, ces gens-là peuvent se retrouver passablement isolés,
d'autant plus que, dans un hôpital universitaire, vous pouvez avoir - je
ne sais pas - dix ou douze travailleurs sociaux, ou moins, ou davantage, et que
les règlements actuels ne prévoient plus de chefs de
départements qui regrouperaient un nombre de professionnels. À la
page 8, vous faites la suggestion que cette nouvelle section, les services
cliniques dans les centres hospitaliers, soit insérée - peu
importe où -lorsque les besoins des bénéficiaires,
l'intensité et la complexité des soins requis, la gravité
des maladies, la nature, etc. et les caractéristiques du centre le
justifient. Je me demande si vous pourriez préciser cela un peu plus. Je
me dis: Les besoins le justifient... Même si le ministre disait
peut-être que cela a du bon sens, il y a un nombre relativement important
qui justifierait un regroupement pour des fins professionnelles, cela reste
trop vague dans votre projet d'amendement.
M. Landry (Pierre): Ce qu'on a essayé de lier, c'est un
peu en relation avec ce que le ministre disait. C'est qu'évidemment, on
fait la distinction entre la gérance ou la supervision professionnelle
ou l'appréciation de l'acte professionnel et l'administration comme
telle. Ce qu'on trouve un peu intrigant, non pas au sens de faire des
intrigues, c'est que les rôles de coordination des chefs de
département ou des chefs cliniques semblent être des rôles
de gestion. Je me dis: Pourquoi ne les confie-t-on pas à des
gestionnaires? C'est un peu le genre de questions avec lesquelles on joue. Il
apparaît que, lorsqu'on est dans un milieu médical, lorsqu'on est
dans un milieu hospitalier, le médecin a cette prérogative
d'être capable de faire de la gestion automatiquement. Quand on arrive
à la section que vous soulevez Mme Lavoie-Roux, ce sont des choses qui
existent, ce ne sont pas des créations nouvelles. Il existe des
centres...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne le retrouvez plus dans les
règlements.
M. Landry (Pierre): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous ne le retrouvez plus dans les
règlements.
M. Landry (Pierre): Non, non, c'est exactement cela. Selon la
grandeur de l'hôpital, des régions, etc., on a les
départements de tous les professionnels qui sont
énumérés. Ce qu'on voudrait voir préserver, c'est
l'autonomie professionnelle et il ne faut pas être angélique.
L'autonomie professionnelle, à un moment donné, trouve un soutien
dans la gestion administrative, dans la situation actuelle qu'on vit.
M. Johnson (Anjou): Une brève remarque sur ce sujet. Je
voudrais qu'on se comprenne bien. Ce projet de réglementation a deux
buts - je l'ai dit au début de la commission - d'une part, de mieux
intégrer les médecins à l'hôpital et, d'autre part,
il veut déréglementer un peu. Il n'y a rien qui empêche,
encore une fois, que ces départements soient maintenus ou même
créés ou que des services soient créés ou
maintenus. Ce qu'on dit, c'est que cela reste un jugement local. Un article
comme celui qui nous est proposé a quelque chose d'un peu, je dirais
presque... Ce n'est pas de la nature d'un règlement, ce qu'on nous
propose. On dit: Lorsque les besoins, etc. Le plan doit prévoir, cela va
de soi, dans la mesure où ce règlement prévoit que,
localement, ces décisions peuvent se prendre. Je veux simplement
rassurer tout le monde sur ce sujet. On n'interdit pas que cela soit fait. On
dit simplement: C'est au niveau local que la décision va se prendre. On
me dira: Évidemment, au niveau local, on aimerait mieux si le
règlement nous protégeait un peu pour s'assurer que la dynamique
ne fait pas qu'on tasse du monde inutilement, avec les conséquences
qu'on évoquait sur le plan de l'autonomie professionnelle. Mais on ne
peut pas le dire et ne pas le dire. On ne peut pas faire les deux en même
temps. Ce qu'on dit, c'est que c'est un jugement local. Dans mon esprit, je
dois vous dire, dans l'immense majorité des établissements
où cela existe déjà, que je ne vois pas vraiment comment
ils vont faire autrement que reconduire, dans les plans d'organisation, les
notions de départements et/ou de services dans l'ensemble des secteurs
qu'on évoque.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais bien avoir la bonne foi du ministre.
Je suis sûre qu'il dit ceci avec beaucoup de conviction, mais on a
été témoin, pas plus tard que le printemps dernier, d'un
hôpital important, pour ne pas le nommer, Sacré-Coeur, où
on a décidé... Je ne veux pas poser de questions ou faire le
procès du conseil d'administration de l'hôpital. Il reste que ce
n'était pas un petit hôpital où il y avait un ou deux
psychologues; c'était un hôpital universitaire
et pourtant... Je ne sais pas si c'est un choix budgétaire qu'on
a fait. Cela peut être un choix budgétaire, je ne connais vraiment
pas la motivation de l'établissement, mais, quand on s'assoit uniquement
sur la bonne foi, vu que le poids de ces professions au niveau du conseil
d'administration d'un centre hospitalier n'est pas très
représentatif... (21 h 15)
M. Johnson (Anjou): J'allais dire: Dans la mesure où il y
a maintenant des représentants des CLSC aux conseils d'administration
des hôpitaux, leur poids est peut-être plus grand qu'il ne
l'était. En tout cas, il n'est sûrement pas moins important qu'il
ne l'était.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste que, concrètement, ils
sont peu représentés à l'heure actuelle. C'est dans ce
sens que, dans la mesure où ce sont même des prérequis des
universités pour des stagiaires, on peut se demander comment les gens
vont fonctionner quand tout à coup un conseil d'administration -
peut-être très bien intentionné, remarquez bien -
décide qu'avec dix psychologues, on fait sauter le chef de
département. Il faut quand même que, pour dix psychologues qui
fonctionnent un peu chacun à son gré dans différents
secteurs d'un grand centre hospitalier, il y ait un certain encadrement. Il y
en a pour d'autres; il y en a pour les médecins, il y en a pour... Je
trouve que c'est peut-être laisser la porte trop grande ouverte et
compter trop sur la bonne foi des gens, sur la bonne foi des administrateurs
qui, on le sait, sont fortement coincés par des impératifs
budgétaires. Je me demande si vraiment on assure, dans le fond, ce qu'on
veut assurer. Qu'on ait des chefs de département et qu'on leur paie des
salaires, cela me laisse absolument froide, mais je pense qu'on veut des chefs
de département pour assurer une qualité professionnelle, assurer
la vie professionnelle et donner un meilleur service aux
bénéficiaires, en fin de compte.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je reviens sur la question du
conseil d'administration. Il y a un représentant du CCPC dans tous les
conseils d'administration et il y a un représentant du CMD dans tous les
conseils d'administration, en vertu de la loi. C'est ce que la loi dit: II y a
un représentant du personnel clinique non médical aux conseils
d'administration. Bon Dieu! s'ils ne marchent pas dans la plupart des
hôpitaux, qu'on ne vienne pas dire au ministère que c'est de sa
faute. Cela ne fonctionne pas dans la plupart des hôpitaux. Le milieu a
de la misère à s'organiser pour le faire, mais la structure est
là; elle existe depuis quatorze ans. Il faut peut-être se mettre
cela en tête aussi. Peut-être parce que bien des professions dans
beaucoup d'établissements ont fonctionné chacune de son
côté, en tirant chacune sur sa couverte et en oubliant qu'elles
avaient un moyen collectif pour agir, d'une part.
Deuxièmement, il y a un représentant du CMD...
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre... M. Johnson (Anjou):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...peut-être que c'est vrai ce que vous
dites...
M. Johnson (Anjou): C'est ce que dit la loi.
Mme Lavoie-Roux: ...qu'il y a tellement d'intérêts
divergents, mais, écoutez, si vous voulez... On connaît une
profession à l'intérieur des hôpitaux où il y a
aussi souvent des intérêts divergents selon qu'on est
spécialiste ou omnipraticien. C'est la même profession,
alors...
M. Johnson (Anjou): En effet. Ils sont seulement deux
ceux-là; imaginez-vous, à quinze!
Mme Lavoie-Roux: Ils sont deux et de la même profession.
Alors, il ne faudrait peut-être pas leur jeter la masse trop fortement
parce qu'ils représentent quinze professions et qu'ils ne s'entendent
pas comme du papier à musique.
M. Johnson (Anjou): Oui. Je vous rappelle qu'il y a une bataille
pour la présidence du CMD, juste ces deux professions, pour savoir qui
sera président et qui ira au conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, je ne le savais même pas.
C'est vous qui me l'apprenez.
M. Johnson (Anjou): Je dis simplement... Cela reste des choses
locales. On ne peut pas tenir le discours de la déréglementation,
de la décentralisation et de la responsabilisation locale et, en
même temps, demander à Québec de mettre tout cela dans son
règlement. C'est cela le choix qu'on fait.
Mme Lavoie-Roux: Si vous aviez déréglementé
tout le long et si vous décentralisiez véritablement, je suivrais
votre discours, M. le ministre, à fond de train...
M. Johnson (Anjou): On en a fait un grand bout.
Mme Lavoie-Roux: ...mais ce n'est pas exactement comme cela. Vous
ne pouvez pas dire cela en gardant complètement et totalement votre
sérieux.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire qu'il est évident
qu'on réglemente certains secteurs où on veut voir des choses
représenter les priorités jugées être les
priorités gouvernementales ou l'orientation gouvernementale. Cela reste
fondamentalement des cas locaux, aussi importants qu'ils soient, aussi ennuyeux
qu'ils puissent être, mais c'est la vie. Si la réponse à
cela, c'est de faire quinze structures parce qu'il y a quinze types de
professions dans les établissements, cela n'a pas de sens. C'est le
monde à l'envers. En ce sens-là, encore une fois, il y a le CCPC,
même s'il est dysfonctionnel, qui est un instrument très imparfait
où les arbitrages doivent se faire entre les différentes
corporations, mais où je présume que la préoccupation
commune du maintien de l'autonomie professionnelle de chacun de ces
regroupements puisse voir là les bases d'une collaboration qui permette
qu'ils s'affirment, y compris au niveau du conseil d'administration qui reste
l'instance décisionnelle.
Mme Manzo: M. le ministre, est-ce que je peux me permettre?
M. Johnson (Anjou): Oui, madame.
Mme Manzo: Je trouve qu'on mêle pas mal les cartes. On ne
peut pas parler de CCPC quand on parle d'unité administrative. Ce sont
deux choses différentes. Ce n'est pas le même niveau. De plus, on
vous a dit dans notre mémoire qu'il existait dans la loi et dans le
projet de règlement certaines ambiguïtés que certains termes
n'étaient pas clairs et que l'on souhaitait qu'une précision soit
apportée. On n'est pas contre qu'il y ait des choses qui se
décident à l'intérieur des centres hospitaliers, mais, si
le libellé de la loi et des règlements n'est pas clair, il va y
avoir des interprétations de cette loi. Je peux vous dire que, dans
certains centres hospitaliers présentement, les professionnels se font
dire: Vous n'aurez plus le droit d'administrer vos services. C'est fini. Si
vous nous dites que ce n'est pas selon l'esprit de la loi, elle n'est pas assez
claire parce qu'elle est mal interprétée dans certains
milieux.
Il me semble que la réglementation devrait prévoir le fait
d'apporter une clarification minimale à la loi. Le libellé des
articles qu'on vous propose est effectivement peut-être un peu flou,
d'après ce que Mme Lavoie-Roux en a compris, mais c'est peut-être
à dessein qu'on voulait laisser une certaine latitude pour que certains
articles puissent être applicables dans différentes institutions
qui n'ont pas toutes la même réalité dans leur
fonctionnement quotidien.
Mme Lavoie-Roux: L'article 156 disait: peut prévoir...
M. Johnson (Anjou): De l'ancien règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, de l'ancien règlement: peut
prévoir l'institution de services hospitaliers, notamment, d'un service
d'accueil, d'un service de pharmacie, etc. Enfin, il n'est peut-être pas
nécessaire de les énumérer. Ils sont tous
énumérés par profession. Il y a peut-être des
nouvelles professions depuis le moment où cette nomenclature a
été faite, mais ne pourrait-on pas trouver un article qui
permettrait que, mis à part les services médicaux, d'autres
services professionnels pourraient être prévus, sans les
spécifier? Parce que vous avez tout à fait raison en disant que
tel centre hospitalier n'a peut-être pas besoin de 15 types de
départements, en laissant aux établissements quand même la
latitude nécessaire.
M. Johnson (Anjou): J'ai deux commentaires à faire.
D'abord, si Mme Lavoie-Roux me le permet, je reprendrais un peu ce que disait
Mme Manzo. Vous dites que la loi ou le règlement n'est pas clair, parce
qu'il prête à des interprétations aussi folichonnes que
celle que tous les départements vont être abolis. Je dois vous
dire que mon expérience depuis quelques années dans la
réglementation fait que cela ne veut pas nécessairement dire que
les textes ne sont pas clairs. Si cela donne une interprétation
folichonne, c'est que parfois cela sert des intérêts et que le
seul fait que le gouvernement intervienne par réglementation ou par une
loi dans une affaire permet à des gens de dire n'importe quoi pour
toutes sortes de raisons: qu'ils peuvent avoir des intérêts
locaux, ou corporatifs, ou syndicaux, ou politiques, pour dire des choses comme
celles-là. Je sais qu'on voulait ameuter et qu'on était bien
sûr que les gens se battraient dans les autobus parce qu'on faisait le
règlement. Je pense que les citoyens ne se battront pas dans les autobus
pour cela. Il faut regarder cela tranquillement, écouter ce que les gens
ont à nous dire et essayer de trouver la meilleure formulation possible
dans une procédure exceptionnelle qui fait qu'on vous entend
aujourd'hui, alors que normalement on ne vous aurait pas entendus. Les
députés se seraient réunis, en auraient discuté
pendant deux heures et le ministre aurait envoyé son papier au Conseil
des ministres, et cela aurait été adopté. Mais on a
ventilé cela un peu et on a trouvé que cela en valait la peine.
C'est un précédent.
Deuxièmement, dans la formule proposée à la page 8
par le regroupement des corporations, on nous dit: Lorsque les besoins des
bénéficiaires, l'intensité et la complexité des
soins requis, la gravité des maladies, etc., le justifient, le centre
doit
prévoir... Je vous dis que, d'après moi, cela fait partie
de la réalité. Le jour où vous marquerez cela dans les
règlements de cette façon, qui va décider ce que sont les
besoins des bénéficiaires, l'intensité et la
complexité des soins requis? Comment cela va-t-il se faire? C'est quoi
la dynamique locale?
Mme Manzo: Ce serait un conseil d'administration sérieux
qui devrait analyser ces données et en arriver aux conclusions
nécessaires.
M. Johnson (Anjou): C'est ce qu'on dit quand on
déréglemente. C'est exactement cela qu'on dit, dans la mesure
où, dans les pouvoirs généraux du conseil
d'administration, on dit que c'est à lui d'adopter une série de
règlements sur une série de données; donc, des
données semblables à celles-là, quand on parle du plan
d'organisation, par exemple, les services, les départements, etc., sans
nécessairement en faire la nomenclature. Formulé comme cela, je
me dirais: C'est parce qu'il y a quelqu'un ici, d'un de ces services, qui va
démontrer ou qui va prétendre démontrer qu'il l'exige. Je
trouve que votre réponse est extrêmement importante parce que vous
dites: C'est le conseil d'administration. C'est cela qu'on dit. C'est cela
l'approche qu'on prend dans le règlement.
Mme Manzo: M. le ministre, il pourrait arriver que ce soit
à un de ces professionnels de faire la démonstration au conseil
d'administration, puisque c'est lui qui a l'expertise pour la faire, au fond.
Le conseil d'administration pourrait, à ce moment-là,
entériner ses recommandations. D'une certaine façon, cela
cautionne l'autonomie des professionnels.
M. Johnson (Anjou): Je me doute bien que c'est un peu votre
objectif en nous présentant cela. Je vous remercie. Pour moi, cela
va.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on a touché tout à
l'heure d'une certaine façon à l'accessibilité des soins.
Plusieurs groupes ont posé ici des questions touchant
l'accessibilité des soins, le choix du médecin, le choix de
l'établissement et également touchant le caractère
confidentiel du dossier. Je pense qu'on a répondu à ces questions
et que le ministre les a prises en considération. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie les représentants des corporations
professionnelles de leur participation à nos travaux.
Mme Manzo: C'est nous qui vous remercions.
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux
du Québec
Le Président (M. Desbiens): J'invite les
représentants de la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux
du Québec à s'approcher, s'il vous plaît.
M. Johnson (Anjou): Ou à rester en place. (21 h 30)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
II est 21 h 30 et il reste trois intervenants. La fin normale habituelle
des commissions est à 22 heures. Alors, est-ce qu'on s'entend
immédiatement...
Mme Lavoie-Roux: On examinera cela à 22 heures, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): À 22 heures, parfait.
M. Landry, si vous voulez présenter celui qui vous accompagne et
procéder.
M. Landry (Pierre): En l'absence de notre président, qui
est à l'extérieur du pays, j'aimerais vous présenter le
mémoire de la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux. Je
veux remercier le ministre et cette commission de nous donner l'occasion de
nous prononcer sur le projet de règlement, ce qui fait suite pour nous,
d'une certaine façon, aux commentaires que nous avions
déjà eu l'occasion d'exprimer lors du dépôt du
projet de loi 27.
Je voudrais vous présenter M. Richard Côté, qui va
m'assister au niveau des réponses et de l'argumentation. M.
Côté est notre ex-président et il demeure dans la
région de Québec.
Évidemment, ce sera sans surprise que vous apprendrez que notre
mémoire est complémentaire du mémoire de la coalition, que
nous endossons. Nous sommes en effet d'avis que les règlements, en
associant les médecins à la gestion des services de santé,
peuvent contribuer à une certaine diminution des coûts. Nous
souscrivons cependant à certains dangers exprimés par plusieurs
intervenants quant aux conflits d'intérêts et quant aux risques
d'une certaine rigidité avec une réglementation trop
précise. Je pense que la discussion qu'on vient d'avoir peut en
témoigner.
Les travailleurs sociaux ont quand même reconnu dans ce projet
l'intention fort louable du ministre de préciser le mandat et les
mécanismes d'accès aux établissements publics de
santé et de services sociaux, d'élargir les pouvoirs des conseils
d'administration de ces établissements, d'accroître la
participation et la responsabilité des médecins à la
gestion des coûts et de diminuer, sous certains aspects,
le fardeau bureaucratique que constitue la tenue de dossiers et de
registres dans les établissements publics.
Même si, dans la situation actuelle, les travailleurs sociaux,
qui, on le sait, travaillent par contrats de services entre les centres de
services sociaux et les centres hospitaliers, ont une certaine autonomie
"protégée", nous avons estimé important d'être
solidaires des travaux du regroupement. Les plans d'organisation sont des
choses qui viennent et qui vont, la distribution des services et les
professionnels, ce sont ordinairement des choses qui demeurent.
Nous appuyons donc sans réserve les principes visant à
garantir l'autonomie des professionnels dans la distribution des services, mais
c'est aux bénéficiaires que cette autonomie peut le mieux servir.
Dans ce sens, nous appuyons le principe d'une direction des services des
professionnels non médicaux, le principe d'entité administrative,
le regroupement des professionnels d'une même discipline avec à
leur tête un professionnel de cette discipline et une
représentation au niveau de la direction générale ainsi
que l'accès direct en externe, particulièrement. Notre point de
vue reflétera l'expérience spécifique des travailleurs
sociaux à tous les niveaux hiérarchiques des
établissements de santé et des services sociaux ainsi que notre
vive préoccupation des droits des bénéficiaires. Nos
commentaires, en fait, ne sont pas regroupés par thèmes. Ils font
suite tout simplement à l'ordre chronologique des articles du
règlement.
La première chose sur laquelle nous aimerions apporter quelques
commentaires, c'est l'article 7 qui prévoit trois catégories de
familles d'accueil. Je ne vous lirai pas le projet de règlement.
L'article 7, à notre point de vue, ne règle pas le
problème majeur des familles d'accueil qui en est d'abord un de manque
d'appui communautaire et professionnel. Nous applaudissons à l'intention
du législateur de reconnaître que certains
bénéficiaires exigent des services particuliers en raison de la
nature des handicaps physiques et psychosociaux qu'ils présentent. Nous
comprenons aussi que le ministère a l'intention de
rémunérer chacune de ces catégories selon les tarifs
fixés par lui en raison du permis accordé.
Cependant, nous voyons, dans cette hiérarchisation des familles
d'accueil, de très grandes difficultés d'application pratique que
l'on pourrait résumer comme suit. D'abord, les risques face à la
continuité du service: le bénéficiaire en besoin de
protection sociale mais dont l'état s'est amélioré
à la suite d'un séjour en famille d'accueil "spéciale"
devra-t-il être muté d'une famille à l'autre pour revenir
à une autre catégorie si son état se
détériore à nouveau? Les enfants et les adultes
psychiatrisés, entre autres, ont un très grand besoin de
stabilité et sont particulièrement vulnérables à ce
type de rupture dans leurs relations dans le milieu familial. On voit aussi un
certain risque accru de "commercialisation" des familles d'accueil.
Nous recommandons plutôt que des tarifs spéciaux soient
disponibles afin d'assurer un meilleur service aux bénéficiaires,
mais que les tarifs soient attribués aux catégories de
bénéficiaires et non à des catégories de familles
d'accueil selon des critères préétablis et régis
par des normes administratives soumises au ministre par les conseils
d'administration des établissements. Il n'y a pas lieu, à notre
avis, de rigidifier par la loi la ressource famille d'accueil qui est et qui,
je pense, doit demeurer une ressource dite légère et souple au
niveau du fonctionnement et de l'application.
À l'article 17 qui stipule que le conseil d'administration d'un
centre hospitalier doit constituer un comité consultatif à la
direction générale, nous recommandons, compte tenu de
l'importance des facteurs sociaux et psychosociaux liés à la
maladie, compte tenu de l'objectif de complémentarité entre les
établissements du réseau, que le chef de département de
service social ou le responsable des programmes de services sociaux
hospitaliers du centre de services sociaux contractant avec le centre
hospitalier soit partie au conseil consultatif a la direction
générale des centres hospitaliers. Nous faisons allusion, dans le
fond, au même principe qui est soutenu par la coalition de la
gérance d'un professionnel par un professionnel d'une même
discipline représentée par ce même professionnel au niveau
de la direction générale.
Aux articles 20, 21 et 22, on peut lire, à l'article 20, qu'une
personne est enregistrée; à l'article 21, qu'une personne est
inscrite et, à l'article 22, qu'une personne est admise selon certaines
modalités. Il nous semble qu'il y aurait lieu d'établir ici une
distinction claire entre les catégories d'établissements, parce
que cela nous semble quand même un peu étrange que l'ordonnance
médicale soit requise pour l'enregistrement d'un
bénéficiaire dans un centre de services sociaux ou un centre
local de services communautaires. Le libellé actuel nous porte à
croire ce que nous avançons.
À l'article 24, annexes II et III, un établissement doit
fournir au ministre les informations apparaissant aux annexes II et III, selon
sa catégorie. En fait, on reprend ici aussi, d'une façon un peu
plus élaborée, les inquiétudes que nous avions au niveau
de la confidentialité. La Corporation des travailleurs sociaux a une
longue tradition, je dirais, de s'intéresser aux problèmes de
confidentialité et on peut se reporter,
notamment, aux célèbres discussions autour du code CP 12,
il y a quelques années.
Nous reconnaissons la nécessité pour le ministre de
recueillir des données pertinentes et uniformes, dans le réseau
des affaires sociales, sur les services rendus aux bénéficiaires
afin de permettre une planification adéquate des services. Cependant,
nous sommes d'avis que la nature et la quantité des informations
à fournir au ministre par tous les établissements sur leurs
bénéficiaires constituent une violation de la vie privée -
tel que le règlement le stipule à l'heure actuelle, du moins. Il
nous semble qu'au niveau de la programmation et de la planification on n'a pas
besoin d'avoir des moitiés de code postal de bénéficiaires
ou encore même des renseignements relativement précis quant
à la nature des interventions des divers professionnels.
Nous craignons très sérieusement que ne se constitue, par
ce biais joint à d'autres biais, bien sûr, un fichier-citoyen, si
on veut, toujours une grande hantise, auquel ni la population ni
l'Assemblée nationale n'ont donné leur accord à ce jour.
Il semble qu'il devrait y avoir, un peu à l'instar du mémoire de
la coalition, un peu plus de concordance à ce niveau entre la Charte des
droits et libertés de la personne et une loi qu'on attend aussi
concernant l'accès à l'information gouvernementale.
À l'article 33, où il est question du système
d'admission en réadaptation, on stipule que ce système devrait
prévoir la participation d'un médecin, d'un travailleur social et
d'une infirmière. Je dois vous dire qu'on a été
étonné et particulièrement satisfait de voir que le
législateur inclut maintenant la présence d'un travailleur social
et d'autres professionnels qui sont mentionnés, nommément. On
trouve que c'est une amorce de concordance entre cette réglementation et
le Code des professions qui nous faisait assez défaut.
À l'article 49, on dit qu'un centre local de services
communautaires ou un centre de services sociaux doit prendre les mesures
nécessaires pour que toute personne dont l'état exige des
services d'urgence les reçoive, compte tenu des ressources de
l'établissement. On sait la difficulté ou, en tout cas,
l'interprétation de l'expression "compte tenu des ressources" qui,
très souvent, justifie de longues listes d'attente. Pour des raisons
évidentes, comme je viens de le signifier, avec l'expérience des
dernières années en situation de coupures budgétaires,
nous croyons que cet article devrait se lire comme suit: "Un centre local de
services communautaires ou un centre de services sociaux doit prendre les
mesures nécessaires pour que toute personne dont l'état exige des
services d'urgence les reçoive, compte tenu de la mission de
l'établissement." Évidemment, il faudra accorder aux
établissements les ressources nécessaires ou, en tout cas, qu'on
précise les limites de ses mandats. Autrement, cela devient des voeux
pieux.
À l'article 50, on dit qu'une personne est prise en charge par
une famille d'accueil selon les formalités suivantes. En fait, on se
pose des questions quant au terme "prise en charge" qui, dans notre
vocabulaire, désigne ordinairement une responsabilité
d'établissement et/ou d'un acte professionnel. Il nous semble que le
paragraphe pourrait se lire ainsi: Une personne est hébergée par
une famille d'accueil.
À l'article 51, on dit que lorsqu'un centre de services sociaux
dirige un bénéficiaire dans une famille d'accueil, il transmet
à la famille d'accueil un rapport sommaire écrit de l'état
de santé et des besoins du bénéficiaire. On croit,
évidemment, comme le législateur, à la
nécessité de transmettre aux familles d'accueil qui sont des
partenaires une information pertinente sur l'état de santé et les
services requis par le bénéficiaire. Nous nous posons, par
contre, certaines questions quant à la notion de "rapport sommaire
écrit" à transmettre aux familles d'accueil et nous trouvons que
c'est superflu. Nous nous posons surtout des questions sur les garanties qui
peuvent être apportées quant à la confidentialité et
à la conservation de ce genre de mini-dossier qui peut être
constitué au sujet d'un bénéficiaire dans une famille
d'accueil. (21 h 45)
À l'article 53, la préoccupation de notre corporation
touche le droit strict du bénéficiaire à un dossier. En
fait, on stipule dans cet article, notamment, qu'un établissement qui,
en vertu d'un contrat de services professionnels, prête les services de
membres de son personnel clinique à un autre établissement,
n'ouvre pas de dossier pour les services fournis au bénéficiaire
de l'autre établissement. Évidemment, on se réfère
ici au cas bien connu des dossiers de bénéficiaires qu'on ouvre
dans les centres hospitaliers, qui sont ouverts à la demande d'un centre
de services sociaux. On croit qu'il y a un droit strict du
bénéficiaire à un dossier qui rende compte de la nature et
de la qualité des services rendus à toutes les étapes de
l'intervention. Le dossier est, évidemment, un instrument de
responsabilité des établissements et des professionnels.
Cet article suscite aussi des interrogations sérieuses et nous
porte à demander des clarifications sur les points suivants. Par
exemple, quelle est la différence que le législateur fait entre
la notion de dossier et celle de registre? Toujours au même article 53,
on fait allusion à la tenue de registre. Dans ce cas-ci, le
bénéficiaire lésé dans ses droits par une erreur de
diagnostic, par exemple, en service
externe, possède-t-il les mêmes recours devant la justice
si aucun dossier n'est ouvert ou s'il n'y a qu'un registre? Quelles sont les
normes de confidentialité pour un tel registre?
Toujours concernant le même article, on se demande quel est le
sens des mots "évaluation" et "orientation". Est-ce que c'est le
même que celui qu'on entend ordinairement par la Loi sur la protection de
la jeunesse? Si c'est le même sens, on se demande comment on peut ne pas
être tenu d'ouvrir un dossier dans ces situations.
Enfin, au dernier alinéa de l'article 53, le législateur
abolit le dossier du centre de services sociaux pour les
bénéficiaires des établissements de santé. Nous
croyons que cela sème davantage de confusion quant à la
responsabilité civile d'un établissement "qui, en vertu d'un
contrat de services, prête les services de membres de son personnel
à un autre établissement", face aux actes posés par son
personnel clinique.
De plus, en quoi cet article est-il conciliable avec l'article 46 des
règlements de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux qui définit un bénéficiaire comme suit: "Toute
personne recevant des services de santé et des services sociaux d'un
établissement est considérée comme
bénéficiaire de services au sens du présent
règlement."
Les travailleurs sociaux croient que la réglementation devrait
clarifier toute cette question des relations du dossier social dans les
établissements de santé et surtout pas y ajouter davantage de
confusion.
Nous sommes également d'avis que pour les raisons
précitées et conformément au Code des professions, le
dossier des bénéficiaires doit permettre d'identifier et de
responsabiliser les professionnels qui ont rendu les services et ce, selon les
disciplines professionnelles spécifiques qu'ils représentent.
Nous ajoutons à cette présentation qu'il nous semble qu'il
devrait y avoir aussi une concordance avec les règlements de tenue de
dossiers au cabinet de consultation que sont tenues d'adopter les corporations
professionnelles.
A l'article 56, le dossier tenu par un centre de services sociaux, un
centre d'accueil ou un centre local de services communautaires, comprend,
notamment, des observations médicales ou psychosociales. Encore ici, on
croit qu'il y aurait intérêt -c'est une question de concordance -
à distinguer les dossiers d'un centre de services sociaux et ceux d'un
CLSC qui, évidemment, dans un CSS, ne contiendraient pas d'observations
médicales.
A l'article 62, un établissement doit permettre aux
représentants d'une corporation d'avoir accès au dossier d'un
bénéficiaire dans l'exercice du mandat de la corporation
professionnelle. Je tiens à dire que cet article nous satisfait
particulièrement, parce que je pense qu'il va permettre de lever, enfin,
toute espèce d'ambiguïté aux établissements qui font
des difficultés au niveau de l'accès des corporations
professionnelles dans l'exercice de leur mandat. Je pense ici, en particulier,
à l'inspection professionnelle.
A l'article 100, au premier alinéa, le comité
d'évaluation médicale et dentaire doit assumer les fonctions
suivantes: entre autres, on dit "veiller à ce que les dossiers des
bénéficiaires soient tenus conformément au présent
règlement où à ceux adoptés par le centre
hospitalier". Cela nous semble quelque peu surprenant et on considère
même inacceptable et inadéquat que la responsabilité de la
tenue des dossiers des bénéficiaires relève du
comité d'évaluation médicale et dentaire du centre
hospitalier. Cette responsabilité devrait être partagée par
le service des archives, notamment, et les responsables de chacune des
disciplines oeuvrant dans l'établissement, et probablement les
corporations concernées.
Nous vous remercions, M. le ministre, messieurs, mesdames membres de la
commission des affaires sociales.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. Landry, de votre exposé, du
sommaire et des commentaires que vous apportez ainsi que des suggestions.
Sur les familles d'accueil, brièvement, on prend 21 types de
familles et on essaie de les regrouper en 3 pour les fins du règlement.
La question que vous posez m'apparaît bien pertinente: s'assurer qu'il
n'y a pas d'effet pervers qui ferait que les gens soient obligés de
voyager d'une famille d'accueil spéciale à une autre qui ne l'est
pas, etc. On prend bonne note de vos commentaires. Ce qu'on veut se donner
essentiellement, c'est un instrument qui nous permette de les
catégoriser, notamment sur le plan du financement. Vous dites qu'il y a
un danger de commercialiser. Je pense que c'est probablement afin d'être
bref dans votre présentation; vous n'avez utilisé qu'une ligne.
Il reste que les cas dits plus lourds en matière de protection sociale
exigent plus d'efforts, ils sont plus complexes et, à la fin du compte,
les gens ont tendance à vouloir être
rémunérés davantage ou à avoir plus de ressources,
ce qui ne nous apparaît pas intrinsèquement anormal.
Dans le cas des catégories d'établissement, à la
page 4, aux articles 20, 21, 22, nous retenons bien votre suggestion. Il faut
qu'on clarifie le texte qui, effectivement, porte à
ambiguïté. Quant aux considérations sur la
confidentialité qu'on
retrouve à la page 5 touchant les articles 24 et les annexes 2 et
3, nous en avons déjà parlé très longuement. Non,
il n'y aura pas de fichier de citoyens. Je pense que tous les hommes politiques
depuis 25 ans s'évertuent a dire qu'ils n'en auront pas. Mais, chaque
fois qu'on est obligé d'en constituer pour les fins d'une
activité spécifique, il nous est donné de nous faire
rappeler qu'il faut faire attention. Alors, vous n'avez pas à vous
inquiéter à ce sujet. Il reste que la loi 65 a été
adoptée, il y a une commission qui siège et je pense que le
travail est remarquable. L'intérêt remarquable de cette loi, c'est
qu'elle est issue essentiellement d'un consensus du Parlement et qu'elle a
été adoptée à l'unanimité. On a toujours
affaire à des domaines très délicats, très
complexes, mais, dans la mesure où on a l'unanimité du Parlement
et que le débat a duré un an et demi, on se dit que c'est
probablement à peu près le meilleur mécanisme que l'on
pouvait trouver dans une démocratie. Et on va s'arranger pour que notre
règlement tienne compte de la loi 65.
Au sujet de l'article 49, au bas de la page 5, "compte tenu des
ressources de l'établissement", c'est la loi qui dit cela. On reprend ce
qui est dit dans la loi. Je ne suis pas sûr qu'on peut y faire une
extension par règlement, d'autant plus que l'extension que vous
évoquez, c'est l'obligation qui lie le ministère qui se doit de
fournir aux établissements...
L'article 50, oui, on regarde cela un peu en fonction de ce que vous
évoquez. Ensuite, l'article 51, le rapport sommaire. Dans le fond, notre
objectif, c'était celui de la transmission de renseignements pour qu'il
y ait un meilleur suivi sauf que vous soulevez le problème de la
confidentialité, etc. On va regarder cela, comme l'ensemble des articles
qui touchent l'accès aux informations privilégiées. C'est
une excellente chose que vous le souleviez.
Quant à l'article 53, il y a deux choses. Nous avons deux
objectifs. Le premier, ce n'est pas parce qu'on fait de la santé ou de
la prévention en milieu scolaire qu'on veut ficher 1 000 000
d'étudiants. C'est une espèce de principe de base qu'on prend,
à savoir qu'on n'est pas obligé de ficher tout le monde qui est
susceptible d'être là.
Deuxièmement, on recherche la protection des informations de
nature médicale. On ne voudrait pas que le dossier hospitalier passe
entre les mains d'une autre structure. Par ailleurs, je comprends que sur le
plan - d'autres groupes avant vous ont soulevé cela également -
de la responsabilité des établissements, notamment du CSS, il va
falloir clarifier la question du dossier. Mais, il faut bien comprendre que
notre objectif, c'est de faire en sorte que le dossier médical ne
circule pas ailleurs qu'à l'hôpital pour des raisons de
protection. Je vous ferai remarquer, quant à vos inquiétudes
à l'égard de l'informatisation des renseignements, que la
régie de l'assurance-maladie a codifié, depuis 1972, 50 000 000
d'actes médicaux qui comprennent le nom, le numéro d'aide
sociale, l'âge, l'adresse et un diagnostic des personnes qui ont
été vues. À ma connaissance, il n'est jamais rien
arrivé avec cela. Je trouve cela intéressant qu'il y ait
là un mécanisme de dix ans d'expérience. J'aurais le
goût de vous dire: donnez-moi cinq cas où vous avez appris que -
je ne sais pas où j'ai pris cela. Ah oui! Je vais être prudent -
donnez-moi cinq cas où, par exemple, l'utilisation de l'informatique, la
codification d'informations extrêmement confidentielles qu'on retrouve a
donné lieu justement à un bris de confidentialité.
À ma connaissance, depuis deux ans et demi que je suis aux Affaires
sociales, cela n'existe pas. Je me dis: On a des leçons
intéressantes à prendre de cela. C'est un système bien
"sécure" en termes de protection de la confidentialité. Cela fait
quand même dix ans qu'il fonctionne, cela ne fait pas seulement six mois.
C'est intéressant. Je me dis: peut-être qu'il faut s'inspirer de
ces expériences. Cela peut aussi exister ailleurs, y compris dans les
CLSC.
Tout ce que vous évoquez, en pages 7 et 8, la série de
questions que vous évoquez m'appraissent absolument pertinentes. J'avoue
qu'il y a une certaine imprécision dans le projet de règlement
sur la nature du dossier. Je ne dis pas qu'on va répondre d'une
façon qui vous intéresse à tous les niveaux
là-dessus, mais, à mon avis, vous posez les bonnes questions. Ce
sera à nous de trouver les bonnes réponses. Je pense que j'ai
fait le tour. Je vous remercie, M. Landry. Je présume que vous avez
quelques commentaires sur les miens.
Le Président (M. Desbiens): M. Landry.
M. Landry (Pierre): En fait, c'est peut-être celui de la
confidentialité qui nous chatouille toujours. Je veux dire qu'il y a la
nature des renseignements qui sont aussi placés en banque, si on veut.
Ici, je ne me ferai pas l'ardent défenseur de... Je n'enfourcherai pas
mon cheval blanc pour défendre toute la question parce que c'est
vraiment complexe, toute la question de l'informatisation des données.
Nous n'en avons d'ailleurs pas parlé. L'informatisation nous semble
simplement une façon de porter les choses. Par contre, on ne sait pas ce
qu'on aura entre les mains comme banque de données dans quelques
années. Quant aux questions d'accès aux données
informatisées, cela commence à être une chose à
laquelle divers gouvernements s'intéressent. Je veux dire qu'on commence
à reconnaître, même au niveau du Code civil, ce genre
d'infractions. Tant mieux si, depuis dix ans, on n'a rien à se
reprocher. Je suis très content d'entendre cela.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de la RAMQ.
M. Landry (Pierre): Oui. Ce que j'allais ajouter justement
là-dessus, c'est que la nature d'une donnée confidentielle, comme
combien de rhumes de cerveaux ont été traités, je veux
dire que ce n'est pas quelque chose qui cause un grand préjudice.
M. Johnson (Anjou): En psychiatrie, les maladies
vénériennes, des choses aussi sensibles que cela comme
données, l'ensemble de ce que l'on retrouve dans une série de
pratiques médicales... Quand on pense, par exemple, aux employeurs qui,
sans faire en sorte que les gens se livrent à des examens
médicaux, posent des questions sur leur état de santé,
alors que, dans le fond, ils posent plus de questions en fonction de leurs
préjugés que de la réalité. Quant au fichier de la
RAMQ, je pense qu'il ne faut pas trop minimiser son expérience.
M. Landry (Pierre): Non, je ne veux pas la minimiser.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'elle est très valable. Il
y a beaucoup de données bien sensibles sur le plan social et sur le plan
des individus. Cela n'est jamais sorti. Je trouve cela important qu'on le
souligne. Ce qui ne veut pas dire que tous les systèmes sont parfaits,
mais celui-là a l'air pas mal bien.
M. Landry (Pierre): Oui, mais en fait...
M. Johnson (Anjou): J'avoue que les rhumes de cerveaux c'est sans
importance; on peut même éternuer en commission parlementaire.
M. Landry (Pierre): On peut même présenter des
mémoires avec cela. En fait, la préoccupation qu'on a à ce
niveau est plus globale, au sens où l'on sait qu'on monte des fichiers,
que ce soit au niveau de l'Éducation, que ce soit au niveau des Affaires
sociales et tout cela, et qu'il y a des concordances qui peuvent se faire
là-dedans. La question est de savoir pourquoi, au fond. Pourquoi a-t-on
besoin d'information personnalisée et individualisée? Cela nous a
surpris, lorsqu'on sait que dans le réseau des centres de services
sociaux, par exemple, on croit savoir qu'il y a déjà une
informatisation qui s'installe, qu'il y a des données qui sont
cueillies. Je pense qu'on est loin du moment des grandes revendications
où on disait: Comment veux-tu qu'on attribue un budget aux Affaires
sociales? On n'a pas de données. On a dépassé cela. Mais
ce que je dis, c'est que, lorsqu'on parle de planification et de programmation,
on n'a pas besoin de savoir que c'est M. ou Mme Chose. C'est tout. C'est une
prudence préventive qu'on a comme préoccupation à ce
niveau. (22 heures)
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, on peut vous donner
l'assurance que l'application de la loi 65 est garante de ces protections et
qu'on va faire en sorte de s'assurer que tout cela est absolument concordant
avec la loi 65 et les exigences de la commission.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je n'ai qu'une
seule question parce que tous les points que vous soulevez l'ont
été soit à l'occasion de la présentation du
mémoire de la coalition ou encore de celui des CSS ou apportés
par d'autres, soit les centres d'accueil et les CLSC. Est-ce que les trois
catégories de familles d'accueil telles qu'elles sont établies
vous semblent suffisantes et permettent de prévoir d'autres formules de
familles d'accueil expérimentales qu'on ne connaît pas sur une
base très étendue aujourd'hui? Est-ce que ces trois
catégories vous suffisent?
M. Landry (Pierre): J'aimerais donner la parole à M.
Côté, qui est plus près de ces pratiques que moi. Qu'il me
suffise de dire à ce moment-ci que ce qu'on a recueilli comme
information des travailleurs sociaux travaillant avec des familles d'accueil,
c'est que, jusqu'à un certain point, il y a effectivement divers types
de familles d'accueil qui existent, mais elles ne sont pas
catégorisées. Jusqu'à un certain point, on avait
l'impression ici qu'on aurait rigidifié considérablement notre
façon de fonctionner, mais peut-être pas dans le sens qui aurait
été souhaité.
M. Côté (Richard): D'après ce que l'on sait
de la part de nos membres qui oeuvrent auprès des familles d'accueil,
les trois catégories qui sont spécifiées dans le projet de
règlement constituent un avancement par rapport à ce qu'il y
avait auparavant, mais c'est quand même un carcan; il va être
difficile de trouver des idées créatrices en recherche de
nouvelles ressources pour de nouveaux besoins qui émergent. Il faudra,
non pas de façon irrégulière, catégoriser, dans ces
trois catégories mais ce sera illégal de le faire. Quand on pense
au mandat des centres de services sociaux, qui ont à gérer le
développement des ressources de familles d'accueil et qui doivent
accueillir dans ces ressources des enfants dont les besoins sont de plus en
plus lourds à supporter pour une famille, il faut trouver d'autres types
de ressources que la famille d'accueil
traditionnelle. Même si on l'éclate en famille d'accueil
régulière, spéciale ou de réadaptation,
d'après ce que nos membres nous disent, cela ne règle pas le
problème fondamental de trouver des budgets pour développer de
nouvelles ressources qui répondraient aux nouveaux besoins des gens.
Mme Lavoie-Roux: Si je soulève la question, c'est parce
que, par exemple, les appartements supervisés, cela tomberait où?
M. le ministre, je ne pense pas qu'il faille mettre dix types de
catégories de familles d'accueil, mais il pourrait y en avoir une
quatrième qui permettrait l'expérimentation pour laisser la porte
ouverte à d'autres formules éventuelles. Je sais qu'il y a des
projets d'hôpitaux psychiatriques. Je ne pense pas aux appartements
supervisés, mais à des hôpitaux psychiatriques pour enfants
où il y a l'aller et le retour entre l'institution... Enfin, je pense
à des formules un peu nouvelles.
M. Côté (Richard): Si nous suggérons que le
paiement soit effectué en fonction du besoin du jeune et non pas de la
catégorie de la famille d'accueil, c'est un peu pour résoudre le
problème d'une catégorisation qui ne nous permettrait pas de
latitude.
M. Landry (Pierre): D'une certaine façon, si on le reprend
justement par catégories de bénéficiaires, jusqu'à
un certain point, il y a des catégories de familles d'accueil qui vont
un peu d'elles-mêmes se former. Mais, au fond, je pense que l'essentiel
de notre propos, c'est vraiment de ne pas encadrer une ressource, de ne pas
prendre dans un règlement une ressource qu'on a toujours
considérée comme légère d'application, non pas
qu'elle ne puisse pas recevoir de cas lourds, mais c'est une ressource qui est
quand même flexible, qu'on peut aller chercher, qu'on peut reprendre,
etc., et qui est, comparativement à nos institutions, beaucoup plus
souple et beaucoup plus facile à administrer que des grands
établissements, par exemple.
M. Johnson (Anjou): Là-dessus, je veux simplement dire
qu'on se promène toujours d'une conception à l'autre dans ces
choses. En ce moment, on a une seule sorte de famille d'accueil reconnue dans
la loi, si je ne me trompe pas d'ailleurs, et, deuxièmement, l'article
173 de la loi nous donne la possibilité d'établir des
catégories. Or, en ce moment - depuis les modifications par la loi 27 -
dans la réalité, il y a à peu près 21 types de
ressources, me dit-on, que vous connaissez sans doute mieux que moi. On n'est
pas pour se mettre à faire 21 catégories, cela n'a pas de bon
sens, ce sera encore pire. Alors, on dit, dans le fond, qu'il y en a trois
sortes. D'abord, la famille d'accueil régulière, la souple et la
première, celle que recherche M. Landry; c'est d'ailleurs le fait de
l'immense majorité de ces ressources.
Deuxièmement, ce qu'on voulait, c'est préciser un peu -
notamment pour des raisons financières - les ressources spéciales
où les besoins sont beaucoup plus lourds, où les ressources donc
sont plus coûteuses et où ce n'est pas facile de recruter parfois.
Donc, établir une catégorie où on peut se simplifier un
peu la vie en termes d'identifier des ressources qui pourraient vous être
utiles, non pas tellement pour les catégoriser en fonction du
traitement, mais se donner un instrument pour négocier les tarifs, et
des choses comme celles-là, qui tiennent compte de cette
réalité.
Troisièmement, il y a la famille d'accueil de réadaptation
proprement dite, qui est la famille d'accueil qui ne s'occupe pas que
d'hébergement des personnes ou des besoins courants ou ordinaires des
gens, mais qui correspond à une ressource qui, dans le fond, est vue
comme une ressource qui s'imbrique dans le travail du CSS, notamment les
handicapés, et en particulier dans le cas des handicapés.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Sur le même sujet, M. le ministre. Est-ce que
le problème ne pourrait pas se régler par la possibilité
de cumuler, à l'intérieur d'une même famille d'accueil, une
ou deux catégories? Disons que tout dépend de l'enfant qu'elle
garde. Si elle garde un enfant qui ne présente pas de problème et
qu'elle en a un autre qui présente un problème, elle pourrait
être considérée comme une famille d'accueil
régulière et en même temps une famille d'accueil
spéciale. Elle pourrait cumuler des statuts.
M. Landry (Pierre): C'est un peu le sens de notre...
M. Boucher: Cela réglerait le problème, à
mon sens.
M. Landry (Pierre): ...proposition.
M. Boucher: Que le règlement ne soit pas exclusif en
disant qu'une famille d'accueil est considérée
régulière, point; elle ne peut plus être
considérée comme spéciale...
M. Landry (Pierre): C'est cela. Si on...
M. Boucher: ...au moment où elle garde un enfant qui est
spécial, à un moment donné.
Le Président (M. Desbiens): M. Landry.
M. Landry (Pierre): Oui, un des phénomènes
justement qu'on réalisait en discutant avec des praticiens, c'est que,
par exemple, la famille d'accueil de réadaptation n'était
peut-être pas intéressée, même s'il y a un attrait
pécuniaire et des capacités et des énergies. Elle n'est
peut-être pas intéressée compte tenu de l'énergie
que demande le type de clientèle qu'il y a là, à avoir
continuellement quatre personnes dans un programme actif de
réadaptation. Elle aurait peut-être le goût de recevoir,
pendant un an ou deux ans, deux bénéficiaires un peu moins lourds
et deux cas un peu plus lourds. C'est un peu dans ce sens qu'on va dans notre
suggestion, en collant plutôt la contribution supplémentaire au
bénéficiaire. Parce que, de toute façon, on se dit que,
finalement, on va atteindre à peu près un objectif semblable,
c'est-à-dire que les familles d'accueil vont se spécialiser
progressivement en fonction des clientèles qu'elles vont recevoir. Mais
on se garde une souplesse et je reviens à l'argument: on veut garder
à la famille d'accueil ce qui, je pense, est l'essentiel de cette
formule, c'est-à-dire sa souplesse et son adaptabilité et ne pas
mettre cela d'une façon trop cadrée dans un règlement. On
va soumettre cela à votre réflexion.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Merci.
Mme Lavoie-Roux: ...des fois, même pour le
bénéfice d'un enfant plus difficile qui est placé, la
famille peut recevoir deux autres enfants qui sont des enfants qu'on
appellerait "réguliers" ou qui tomberaient dans la catégorie A,
et leur présence serait bénéfique pour le
troisième.
M. Johnson (Anjou): De le laisser au bénéficiaire
plutôt que...
Mme Lavoie-Roux: Mais je pense aussi à son
développement éventuel et il se fait des expériences de
solutions de rechange. Il ne faudrait pas que ce soit, en tout cas...
M. Johnson (Anjou): Les foyers de groupes, les appartements
adaptés... Mais je pense que l'ensemble des ressources de rechange,
d'abord, cela correspond à l'orientation qu'on essaie de donner dans
certains secteurs, pour traduire cela sur le plan budgétaire et
autrement. Deuxièmement, je pense que le règlement ouvre sur cela
beaucoup plus facilement que l'ancien.
Mme Lavoie-Roux: Bon! En tout cas, si vous pensez que cela vous
permet toutes les initiatives... Est-ce que c'est avec les trois qui sont
là... Le ministre dit: Cela ouvre...
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que l'appartement
adapté, ce n'est pas dans le règlement qu'on va trouver la
réponse. Ce n'est pas une famille d'accueil. C'est dans les budgets et
dans ce qui se fait dans les établissements, etc. C'est ce que je veux
dire.
M. Landry (Pierre): Oui, c'est tout à fait vrai. On est de
votre avis, dans le sens où, finalement, on devrait... C'est pour cela
qu'on dit: On ne devrait même pas retrouver les catégories dans le
règlement. On va vous servir l'argument que j'ai entendu un peu plus
tôt.
M. Johnson (Anjou): Oui. À ce moment-là, on
pourrait ne pas avoir de règlement et seulement des budgets.
M. Landry (Pierre): Non, on sait qu'il y a peut-être la
nécessité de faire un peu de ménage là-dedans, mais
on vous suggère un autre moyen, dans le fond.
Le Président (M. Desbiens): Pas d'autres interventions?
Merci aux représentants de la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux.
M. Landry (Pierre): Merci beaucoup.
Corporation professionnelle des psychologues du
Québec
Le Président (M. Desbiens): J'invite les
représentants de la Corporation professionnelle des psychologues du
Québec à s'approcher, s'il vous plaît.
Il est 22 heures. Pendant que cela se produit...
M. Johnson (Anjou): Je vais aller prendre un cognac avec...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Sabourin, je vous demanderais d'abord d'identifier les
personnes qui vous accompagnent avant de nous présenter un sommaire,
j'imagine, de votre mémoire.
M. Sabourin: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
à ma gauche, j'aimerais vous présenter M. Ghislain Girard, chef
du service de psychologie de l'Institut Roland-Saucier à Chicoutimi;
immédiatement après lui, M. François Leduc, conseiller aux
affaires professionnelles à la Corporation professionnelle des
psychologues du Québec, et, à ma droite, Mme Jacqueline Carrier,
chef du service de psychologie du Centre hospitalier de Valleyfield et qui a
sans doute quelques commentaires à faire... (22 h 15)
Mme Lavoie Roux: ...mais c'est moins important.
M. Sabourin: ...éventuellement. Je désire d'abord
remercier le ministre de l'occasion qu'il nous donne de venir présenter
à cette commission les opinions et les commentaires des psychologues sur
le projet de réglementation relatif à la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Dans le présent mémoire,
nous allons surtout aborder trois points, soit: premièrement, la
structure d'organisation et la gestion des services professionnels non
médicaux dans les établissements; en second lieu, la
représentation des services professionnels non médicaux dans les
corps décisionnels et consultatifs; en troisième lieu,
l'accessibilité des bénéficiaires aux soins
professionnels. Nous ferons également quelques commentaires par rapport
à certains articles qui ne touchent qu'indirectement aux trois sujets
que je viens de mentionner.
Le projet de loi 27, modifiant certaines dispositions
législatives dans le domaine de la santé et des services sociaux,
poursuivait dans un contexte de rareté des ressources et dans une
perspective de saine gestion un certain nombre d'objectifs dont, entre autres,
la rationnalisation des services, la diminution des coûts, la
décentralisation des processus décisionnels, l'accroissement de
l'autonomie des établissements et l'implantation de principes
d'intercomplémentarité des ressources physiques dans la
distribution des soins. Ces objectifs s'appuyaient sur la
nécessité de maintenir dans le réseau la qualité de
soins à laquelle le bénéficiaire est en droit de
s'attendre. Il va sans dire que nous souscrivons entièrement à
ces objectifs et surtout au postulat sur lequel ils s'appuient. D'autre part,
le moyen privilégié retenu pour atteindre ces objectifs
était l'intégration du corps médical à la gestion
des établissements de santé.
Sur ce point, le projet de réglementation comporte toutes les
précisions devant permettre d'actualiser dans les faits la
volonté du législateur. Cependant, s'il se révèle
nécessaire d'intégrer les principaux responsables des coûts
au système de gestion des établissements de santé, il nous
semble également essentiel de procéder à
l'intégration structurale et fonctionnelle des professionnels non
médecins, dont les psychologues, qui, rappelons-le, jouent un rôle
indispensable dans la distribution des soins de santé. Or, la
réglementation proposée est muette sur ce point. Ce qui est plus
grave encore, c'est que certaines dispositions de la réglementation
actuellement en vigueur, qui apportaient des précisions utiles à
cet effet, seraient éventuellement abrogées si le projet actuel
de réglementation devait être adopté sans modification ni
ajout.
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse de vous
interrompre. Est-ce que vous avez l'intention de le lire au complet?
M. Sabourin: II y a certaines parties que je ne lirai pas.
Le Président (M. Desbiens): Je fais la remarque parce
qu'il y a évidemment l'heure, mais également je profite de
l'occasion pour mentionner que tous les mémoires ayant été
déjà remis à tous les participants de la commission, vous
tenez pour acquis qu'ils en ont pris connaissance déjà.
M. Sabourin: D'accord. Je vais essayer de synthétiser dans
la mesure du possible. Faut-il rappeler que cette reconnaissance d'une
participation essentielle de professions non médicales,
spécifiques et autonomes à la distribution des services de
santé tire son origine d'un constat fondé sur la sagesse
populaire et la réalité des faits. En effet, sans vouloir nier ou
déprécier le caractère spécifique et essentiel de
la contribution médicale, on doit admettre qu'elle n'en comporte pas
moins certaines limites quant aux services et aux soins qu'elle peut proposer,
surtout si l'on veut se montrer respectueux du caractère global de la
personne et s'appuyer sur la philosophie de la multidisciplinarité
déjà prônée dans le rapport Castonguay-Nepveu et
reprise plus récemment dans le rapport de la commission Houde.
Il est cependant malheureux de constater que ce souci, pourtant
réputé essentiel, d'une action collégiale et
complémentaire fondée sur la reconnaissance du caractère
distinctif et de la qualité de la formation des divers groupes
professionnels en cause est loin de se traduire toujours dans les faits, dans
les lois et dans les règlements. Ceci est d'autant plus surprenant que
le principe de l'interdisciplinarité est pourtant reconnu comme
essentiel par la très grande majorité des intervenants:
médecins et professionnels et gestionnaires des milieux de la
santé et des services sociaux. Partant de ces diverses constatations,
nous sommes donc étonnés de ne pas retrouver dans le projet de
réglementation des précisions sur l'organisation des services
professionnels dans les établissements.
Pourtant, comme nous l'avons vu, dès que l'on parle de services
de santé, on doit nécessairement tenir compte de la
multidisciplinarité, de la complémentarité des services et
de l'obligation d'assurer une continuité des soins.
Or, puisque rien n'est expressément prévu, il est possible
d'imaginer différents scénarios de structures possibles. Le
premier scénario, le premier modèle, c'est ce que je vais appeler
le modèle de structure par service où les professionnels sont
regroupés selon leur spécialité. Une telle structure
permet de développer et de maintenir un haut niveau de compétence
spécialisée, puisque les professionnels de la même
discipline sont tous réunis dans un même service et sous un
même chef. En plus de favoriser la création et le maintien de
relations intraprofessionnelles centrées sur la tâche, cette
structure permet d'accroître la stimulation et la motivation et
d'utiliser les ressources d'une façon plus souple et efficace. Aussi,
l'évaluation du rendement clinique d'un professionnel, mesure qui
comporte des aspects à la fois administratifs et professionnels, se
trouve effectuée par un cadre de la même discipline, seul
habilité à poser de tels jugements en vertu même de
l'article 25 du Code des professions.
En conséquence, nous recommandons que le manuel de gestion
financière identifie des postes d'activité distincts pour chacune
des professions non médicales et que la structure par service puisse
permettre à un chef de service d'exercer les fonctions qu'il devrait
nécessairement exercer s'il veut remplir à la fois le volet
professionnel et administratif de la tâche qui lui est
dévolue.
Je dois dire que le principe d'une structure par service est
actuellement admis et appliqué d'une façon assez
générale dans le réseau des établissements de
santé et que c'est d'ailleurs la structure qui est recommandée
par le conseil d'accréditation des hôpitaux. Je dois dire
également que la structure par service est parfaitement conciliable avec
un mode de gestion où les activités clliniques sont
structurées en programme selon la catégorie de
bénéficiaires ou le type de besoin. En fait, elle constitue le
prérequis indispensable au fonctionnement par structure matricielle. Je
donne une référence précise pour illustrer cet exemple.
Une chose qui est importante, c'est de préciser que la demande
d'autonomie qui est sous-jacente à la structure par service
n'entraîne pas nécessairement une opposition avec une
modalité de collaboration. En fait, je mentionne dans le mémoire
un exemple où le médecin et le psychologue collaborent d'une
façon fréquente et d'une façon efficace par rapport au
traitement du patient.
Un autre scénario possible, c'est celui d'une gestion
médicale des professionnels oeuvrant dans les établissements de
santé. La conception d'un pareil modèle part de l'existence de
départements médicaux spécialisés auxquels on
rattache directement, en vertu de certains rapprochements fonctionnels bien
connus - par exemple, la psychologie et la psychiatrie - les différentes
disciplines dont la contribution est essentielle à la bonne marche d'un
établissement de santé. Ici, le principe sous-jacent ne
découle pas de la primauté des besoins du
bénéficiaire, mais plutôt de la nécessité
d'offrir les services requis aux départements médicaux
spécialisés. Dans les faits, une telle structure prévoit
la gestion professionnelle et administrative d'une discipline par la
spécialité médicale qui s'en rapproche le plus. Ce
modèle a certes l'avantage de simplifier les structures et le
fonctionnement des établissements de santé en diminuant le nombre
des intermédiaires décisionnels, mais il entraîne une
situation intenable sur le plan de la logique administrative, menant à
une confusion de la hiérarchie clinique et de la hiérarchie
gestionnelle. Ainsi, une telle structure, axée sur l'illusion de
l'efficacité et sur une simplification excessive, ne peut tenir compte
de la réalité complexe des établissements de santé
et ne peut qu'engendrer des conflits profonds basés en grande partie sur
l'impossibilité pour quelque profession que ce soit de connaître
vraiment et de tenir compte de tous les apports spécialisés,
professionnels et techniques des différentes disciplines.
Mais au-delà des différences entre les disciplines, il
existe une complémentarité dont il convient d'exploiter toute la
richesse et ce, pour le plus grand bien du bénéficiaire qui doit
continuer d'être notre principal centre d'intérêt. Nous
sommes convaincus que le modèle de gestion médicale de toutes les
ressources professionnelles d'un établissement ne peut constituer une
solution valable et viable à la nécessité de
rationalisation et de gestion saine des coûts de la santé. Les
prémisses sur lesquelles il s'appuie sont inconciliables avec la
réalité complexe d'un fonctionnement multidiscipli-naire.
Par rapport aux recommandations qui découlent de cette section de
notre mémoire, je fais référence tout simplement, dans le
but d'accélérer, aux recommandations qui ont déjà
été formulées dans le mémoire commun. Ce sont des
recommandations que nous appuyons entièrement.
Représentation des services professionnels non médicaux
dans les corps décisionnels et consultatifs. Autant nous croyons qu'il
est essentiel de préciser dans la réglementation l'institution de
structures distinctes pour assurer des services professionnels autonomes,
autant nous pensons qu'il est absolument indispensable qu'on confie la
responsabilité de la gestion générale de ces ressources
à un directorat administratif, seul capable de garantir à la fois
le respect des spécificités professionnelles et une
représentation gestionnelle distincte auprès de la direction
générale de l'établissement.
En effet, puisque la loi accroît considérablement les
responsabilités du directeur des services professionnels sur le plan
strictement médical, nous sommes d'avis qu'on ne doit pas lui confier en
surcroît la responsabilité des ressources non médicales. Il
y aurait alors risque de conflit d'intérêts et il serait à
craindre que le directeur des services professionnels, de par la lourdeur et
l'envergure de la tâche qui lui est dévolue,
ne puisse accorder aux ressources non médicales toute l'attention
qu'elles requièrent au plan de la représentation auprès de
la direction générale. D'autre part, il est également
impensable de déléguer ce rôle à la Direction des
soins infirmiers, car il va sans dire que la gestion quotidienne des multiples
services offerts par les 51 000 infirmières et infirmiers du
réseau est déjà suffisamment lourde et complexe pour
éviter qu'on lui ajoute en plus la responsabilité d'assumer celle
du travail des autres professionnels non médicaux.
C'est pourquoi, étant donné que l'article 115 de la loi
stipule qu'un plan d'organisation peut prévoir un directeur des services
hospitaliers et que l'article 173i confère au gouvernement le pouvoir de
réglementation à cet effet, nous recommandons d'insérer
dans le projet de règlement l'article suivant: "Le plan d'organisation
d'un centre hospitalier doit prévoir l'institution d'une Direction des
services hospitaliers assurant la gestion des services professionnels non
médicaux de l'établissement."
Dans le mémoire, il y a un point qui est soulevé par
rapport au fait qu'il y a une possibilité de confusion au niveau des
comités consultatifs de par le fait que, à l'occasion, il se peut
que les mêmes personnes soient amenées à exercer à
la fois des rôles consultatifs et des rôles de régie. Comme
tout le monde le sait, il existe dans les hôpitaux un comité de
régie et les membres de ce comité seront éventuellement
aptes à devenir membres du comité consultatif. On demande s'il y
aurait possibilité que les aspects exécutif et consultatif ne se
confondent pas d'une façon excessive dans certains
établissements, peut-être parmi les plus petits.
Concernant également la question de la représentation au
niveau du comité consultatif à la direction
générale, nous demandons d'inclure, à l'article 17 du
projet de règlement, le fait que le directeur des services hospitaliers
et le fait que le directeur des soins infirmiers, de même que le
président du conseil consultatif du personnel clinique, comme nous en
avons discuté tantôt lors de la présentation du
mémoire commun, soient inclus au niveau de la composition de ce
comité.
L'accessibilité des bénéficiaires aux soins
professionnels. L'article 6 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux stipule clairement que rien dans la présente loi ne
limite la liberté qu'a une personne qui réside au Québec
de choisir le professionnel ou rétablissement duquel elle désire
recevoir des services de santé ou des services sociaux. Pourtant, les
modalités d'inscription décrites à l'article 25 du projet
de règlement vont carrément à l'encontre de cette
liberté de choix en imposant comme condition obligatoire à
l'obtention de services de santé dans un centre hospitalier la
nécessité absolue d'une référence médicale.
Et qui plus est, cette référence médicale peut porter un
double caractère obligatoire car elle doit parvenir uniquement d'un
membre du CMD de rétablissement. Dans notre mémoire, nous donnons
un exemple qui nous provient d'un centre hospitalier à vocation
régionale qui démontre, je pense, assez clairement que
l'obligation de référer à un membre du conseil des
médecins et des dentistes de l'établissement peut entraîner
le fait qu'un grand nombre de bénéficiaires seraient en quelque
sorte privés de soins ou auraient un accès difficile à ces
soins. Je n'aborderai pas plus longuement ce sujet. C'est
présenté assez clairement dans le mémoire.
Par ailleurs, l'article 25, qu'il y soit ou non stipulée la
nécessité de recourir à un membre du CMD, n'implique pas
moins la nécessité d'une référence médicale
obligatoire. Nous croyons, toujours en accord avec le contenu du mémoire
commun, que cette nécessité est non seulement injustifiée,
mais contraire à la loi. Cette affirmation est d'autant plus vraie dans
le cas de l'accès aux services d'un psychologue. En effet, il suffit de
comparer cette situation à ce qui se passe en pratique privée en
psychologie clinique. Actuellement, environ 15% des membres de la corporation
exercent leur profession à temps plein en cabinet privé. Si l'on
ajoute à ce chiffre le nombre de psychologues qui exercent à
temps partiel, en faisant la transformation équivalente à temps
plein, une estimation conservatrice situerait à environ 25% la
proportion des psychologues qui offrent des services d'évaluation et
d'intervention à un public nombreux qui s'adresse directement à
eux sans l'obligation de recourir à une référence
médicale. Pourquoi en serait-il autrement au niveau des centres
hospitaliers et des autres établissements du réseau? La
population, de plus en plus informée quant à la
spécificité des services professionnels auxquels elle peut
recourir et de plus en plus consciente de la nature de ses problèmes et
de ses besoins, a appris à s'adresser directement au professionnel
qu'elle considère le plus en mesure de lui fournir les interventions
appropriées. (22 h 30)
II ne s'agit pas ici de promouvoir l'accessibilité directe des
bénéficiaires dans le but de s'assurer une clientèle
intéressante et nombreuse, mais bien de reconnaître que la
compétence et la fonction d'un psychologue l'autorisent à exercer
sa profession d'une façon autonome et responsable et de
reconnaître également que dans la très grande
majorité des cas le public peut très bien décider des
services de santé qui lui conviennent le mieux.
Il serait injustifié, à la fois au plan des
droits individuels et des coûts engendrés, d'obliger ce
même public à passer par une référence
médicale s'il veut avoir accès au service d'un psychologue dans
les établissements de santé qu'il contribue à financer.
Nous avons la ferme conviction que le respect du principe de
l'accessibilité directe aurait une valeur préventive importante
et ce à des coûts très minimes vu les
bénéfices escomptés. En effet, il empêcherait le
développement de situations plus graves pouvant engendrer des
coûts beaucoup plus importants sur le plan médical et social au
niveau, par exemple, des frais d'expertise professionnelle, d'hospitalisation
ou d'hébergement à long terme.
Considérant que l'article 21 respecte le droit des personnes
à l'accès au professionnel de son choix, nous recommandons que
soit éliminé l'article 25.
Parmi les commentaires et recommandations particulières, nous
tenons d'abord à souligner l'importance d'avoir précisé
dans les articles 34 et 39 la nécessité d'une évaluation
psychologique au niveau des évaluations requises pour l'admission dans
les établissements offrant des services en soins prolongés ou en
hébergement et l'attribution d'un congé en centre
d'hébergement. L'évaluation psychologique est en effet beaucoup
plus complète et pertinente, étant donné le type de
problèmes de la clientèle dont on évalue la
nécessité d'admission ou de congé, que l'évaluation
psychique nécessairement superficielle qui pourrait découler d'un
examen médical. L'avantage essentiel de l'évaluation
psychologique, dont on retrouve d'ailleurs une description nuancée
à l'annexe de ce mémoire, est qu'un tel examen porte non
seulement sur les processus psychopathologiques mais aussi sur les forces
vives, les capacités psychologiques résiduelles du
bénéficiaire et les pronostics de récupération. On
ne peut que féliciter le gouvernement de son souci d'assurer ainsi aux
bénéficiaires des services précis et complets à ce
niveau. D'ailleurs, la qualité et la pertinence de l'évaluation
psychologique sont déjà reconnues par la Régie de
l'assurance automobile du Québec. Elle est grandement utilisée
dans de nombreux milieux.
Dans les autres demandes qui sont faites au niveau des commentaires et
recommandations particulières, il y a simplement une question de
concordance au niveau des admissions par rapport à la précision
des évaluations. Il y a également une concordance au niveau des
comités d'admission, au niveau du système d'admission des
professionnels qui doivent s'occuper nécessairement des admissions. Je
vous ferai grâce de la lecture de ces recommandations. Je pense qu'elles
sont relativement logiques les unes avec les autres et relativement
claires.
Concernant les articles 55 et 56, il y a une recommandation
précise qu'on fait à ce niveau et qui recoupe celles qui ont
été faites avant moi par la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux ou par le mémoire commun. Il s'agit tout simplement
de prévoir une classification des informations contenues dans le dossier
sous forme de volets. On précise qu'il nous semblerait pertinent et
conforme à la réalité des faits de prévoir des
volets médicaux, psychologiques et sociaux.
La Corporation professionnelle des psychologues a voulu attirer
l'attention du législateur sur les implications du projet de
réglementation afférent à la Loi sur les services de
santé et les services sociaux dans le but d'en souligner certaines
lacunes et de proposer quelques corrections sous la forme d'ajouts et de
précisions. Les recommandations qu'elle a jugé bon de faire
portent sur trois points principaux. Le premier s'adresse à
l'organisation structurale des établissements de santé. Nous
avons souligné la nécessité, pour assurer une
administration saine et efficace, d'intégrer d'une façon
distincte dans les structures gestionnelles les services professionnels
essentiels à la bonne marche de l'établissement. Nous sommes
convaincus que c'est là la seule mesure capable de garantir aux
bénéficiaires la meilleure qualité possible des services.
Nos considérations ont porté en second lieu sur la
nécessité de regrouper les services professionnels non
médicaux sous la direction d'un responsable des services hospitaliers
distinct de la direction des services médicaux et de celle des services
infirmiers afin d'assurer à la fois une gestion plus efficace, une
meilleure coordination et la représentation essentielle de ces services
auprès de la direction générale et des corps consultatifs.
Enfin, nous avons insisté sur l'opportunité d'éliminer
l'article 25 du projet de règlement de façon à garantir au
bénéficiaire le libre accès aux services professionnels de
son choix qui lui est déjà reconnu par l'article 6 de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux.
Nous espérons que les membres de la commission permanente des
affaires sociales comprendront que ces recommandations s'inspirent du souci du
législateur de donner aux établissements de santé les
moyens d'assurer une gestion saine et efficace, respectueuse de l'autonomie des
corps professionnels qui y collaborent et avant tout capable de garantir aux
bénéficiaires tant le libre accès aux services
professionnels de leur choix que la meilleure qualité de soins possible.
Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. Sabourin,
d'avoir résumé votre mémoire qu'on a parcouru avec
intérêt et au sujet duquel d'ailleurs, je me suis
préparé quelques notes au moment où on l'a
analysé.
Je ne reviendrai pas sur les thèmes généraux qu'on
a déjà évoqués avec vos collègues des autres
corporations ou à d'autres occasions: confidentialité, la notion
d'accès, etc.
Juste deux remarques sur deux sujets très spécifiques.
Vous évoquez que le manuel financier devrait tenir compte de l'existence
des services. Je vous dirai - à moins que je vous aie mal compris - que
cela est parfaitement incompatible avec une chose au sujet de laquelle le
Québec se distingue et fait l'objet d'une certaine admiration de
beaucoup de sociétés occidentales, c'est la notion du budget
global. Chaque fois, d'ailleurs, qu'on demande aux hôpitaux de nous
fournir quelques données précises sur un service, ils nous
disent: Vous voulez tout défaire notre budget global. Si j'ai bien
compris, vous voudriez carrément que l'hôpital soit par services
et notamment par catégories professionnelles sur le plan
budgétaire.
M. Sabourin: Je pense que c'est un principe de base qu'on avait
d'ailleurs formulé au niveau du mémoire commun, concernant toute
la question, de faire assumer par une seule personne la gestion à la
fois des ressources humaines et financières telles que
précisées au niveau du mémoire. Je vais me permettre de
demander à Mme Jacqueline Carrier de nous donner quelques
précisions à ce sujet elle qui oeuvre dans le milieu
hospitalier.
Mme Carrier (Jacqueline): Je crois que cela ne va pas à
l'encontre de budget global, pas du tout. Nous faisons allusion au fait que les
directives qui viennent par rapport au manuel de gestion font que le budget qui
peut être attribué à un centre d'activité, tout
à coup n'est plus accroché à ce centre d'activité
et tout à coup revient à un autre centre d'activité.
Alors, on fait uniquement allusion à cela, sachant très bien que,
même si ces directives viennent, je crois qu'il y a des centres
hospitaliers qui font en sorte que cela ne modifie pas le plan d'organisation
chaque fois.
M. Johnson (Anjou): Sur la question des unités de mesure,
je suis très ouvert là-dessus et qu'on puisse, à partir
des données qu'on a, revoir les unités de mesure qu'on a,
notamment dans une approche qui semble être celle vers laquelle se dirige
la plupart des systèmes modernes en Occident - c'est le DRG, "Diagnosis
related groups" - qui est une approche qui vise à quantifier le
degré d'activité des établissements à partir de ce
qu'impliquent les regroupements diagnostiques sur le plan des ressources, y
compris des ressources où on doit tenir compte d'une unité de
mesure comme les services en psychologie ou autrement.
L'autre commentaire ou l'autre question que j'avais, c'était sur
la dimension de l'évaluation dans le cas de l'hébergement. Nous
voulions dire "psychosocials", c'est marqué "psychologique". Vous nous
dites que vous êtes contents que ce soit "psychologique", alors j'essaie
de regrouper. A propos de l'évaluation médicale de la personne
qui doit aller en hébergement, ce qu'on recherche dans le texte de
règlement, c'est de dire: Le dossier doit comprendre, dans la formule
que chaque région doit adopter, une évaluation et on dit
"psychologique", mais ce qu'on tentait de recouvrir comme égalité
c'est la notion psychosociale, qui est une notion peut-être un peu plus
générale et qui n'a peut-être pas la même connotation
professionnelle que vous lui accordez en le prenant au pied de la lettre.
J'aimerais peut-être vous entendre réagir sur la notion de
"psychosociale".
M. Sabourin: Oui. Étant donné que, souvent, des
regroupements n'apportent pas une clarification utile à la bonne
compréhension des termes, je pense qu'il est utile, au niveau des
évaluations, de faire appel aux dimensions de la personne
concernée. C'est pourquoi on était très content quand on a
vu, aux articles 34 et 39, qu'on précisait spécifiquement une
évaluation physique, psychologique et sociale, parce que ce sont quand
même trois aspects de la personne qui sont, bien sûr,
complémentaires, mais qui recouvrent des réalités qui,
parfois, pourraient devenir confuses si on les regroupait d'une façon
précise.
M. Johnson (Anjou): Si on disait "psychosociale" au lieu de dire
"psychologique et sociale", comment réagiriez-vous? Vous n'êtes
pas obligé de réagir tout de suite. Vous pourriez nous
écrire, mais...
M. Sabourin: Je pense qu'il y a une question de sémantique
intéressante derrière tout cela. Il y a même une question
théorique intéressante derrière tout cela, que je ne veux
pas aborder ici. Souvent, la réalité psychosociale comme telle
est à part de la réalité fondamentale psychologique et de
la réalité fondamentale sociale. Cela peut faire appel,
notamment, à l'intégration des deux concepts sans
nécessairement se référer aux deux éléments
de base qui y ont donné naissance. Là, on pourrait,
évidemment, aller dans une longue discussion théorique en faisant
appel à des concepts de psychosociologie et je ne veux vraiment pas
entrer dans ce débat ce soir.
M. Johnson (Anjou): Par exemple, on a des préoccupations
dans le cas de l'hébergement; quand on regarde les normes dans les
grands centres urbains et la pression qu'il y a sur le réseau, on veut
d'abord une bonne évaluation de l'autonomie des personnes. Quand on dit
qu'on veut maintenir, dans la mesure du possible, les gens le plus longtemps
possible chez eux, on ne veut pas que les grabataires restent pris dans des
appartements au troisième étage et tant mieux si le voisin passe.
Ce n'est pas ce dont on parle. On dit simplement: Dans la mesure où les
gens ont un degré d'autonomie et dans la mesure où ils ont le
goût d'exercer le choix de rester chez eux, on pense qu'il faut que
l'État les soutienne le plus possible.
Maintenant, il y a les autres et, dans les autres, l'autonomie se mesure
assez bien, habituellement, à partir de critères organiques,
notamment quant à l'évaluation de l'efficacité du
système locomoteur de la personne. Je dis "organiques" parce que je peux
y inclure aussi des phénomènes comme les psychoses organiques qui
sont souvent évaluées médicalement. Mais l'autre dimension
dont on veut tenir compte, dans le fond, c'est des choses qu'on peut regrouper
sous l'appellation générale de "degré de dépendance
des gens". Je distingue cela de la notion psychologique au sens où je
trouve que la notion de dépendance, c'est quelque chose d'empirique. Les
infirmières nous disaient d'ailleurs: Ne mettez pas "psychologique",
vous devriez mettre "psychosociale". Je pense que dans un de leurs
mémoires ou dans une de leurs interventions elles évoquaient
cela, quelque chose qui n'est pas nécessairement de l'ordre du
diagnostic très spécialisé.
Je ne veux pas être réductionniste, mais dans le fond, ce
qu'on recherche, c'est dans quelle mesure cette personne présente une
condition qui fait qu'il serait souhaitable qu'elle soit en hébergement
et, par opposition, dans quelle mesure elle a résolu son Oedipe ou son
Électre avec son père ou sa mère. Je ne dis pas que c'est
ce que vous faites seulement. C'est aussi cela et c'est correct. Bon! On se
comprend bien. Ce qu'on cherche, c'est une notion très fonctionnelle aux
fins de porter un jugement qui soit le plus adéquat, qui n'est plus
seulement sur un individu, mais qui permet de pondérer sa position par
rapport à un ensemble, parce qu'on veut être équitable dans
l'allocation des ressources. C'est là que la notion psychosociale, on la
trouve intéressante, par opposition à psychologique et sociale
qui sont des notions distinctes, ce qui n'empêche pas une bonne partie de
ce que vous évoquiez tout à l'heure.
M. Sabourin: Simplement pour ajouter un très bref
commentaire. Je partage entièrement vos vues concernant l'utilité
d'une notion d'évaluation psychosociale. Par ailleurs, en laissant les
deux termes séparés, on peut faire une évaluation
psychosociale. Cela ne nous empêche pas de le faire. Dans certains cas -
je ne dis pas que cela va être une question qui va se faire "at large" et
qu'on va faire passer une batterie de 122 tests à tout le monde pour
déterminer qui doit ou non entrer dans un centre d'hébergement,
bien sûr, je suis très réaliste à ce niveau - dans
certaines conditions, au-delà des analyses en profondeur auxquelles vous
vous référiez, il existe quand même des techniques et des
instruments psychologiques tels quels qui offrent à ce niveau, je pense,
une possibilité d'en arriver vraiment à une évaluation qui
soit très exacte et très précise au plan psychologique et
qui ne nécessite pas nécessairement une analyse extrêmement
complète et extrêmement longue de chacun des cas qui nous est
présenté. (22 h 45)
M. Johnson (Anjou): Merci de vos commentaires. Merci
également de votre mémoire qui est apprécié.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une seule question parce que plusieurs
éléments ont été discutés tout à
l'heure sur la question de l'autonomie professionnelle. Vous faites une
suggestion en page 7 que le projet de règlement comprenne un article qui
se lirait comme suit: "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier doit
prévoir l'institution d'une direction de services hospitaliers assurant
la gestion des services professionnels non médicaux de
l'établissement." Je me demandais si vous pouviez insister un peu
là-dessus. L'esprit de cette recommandation, c'est que ceci assure une
représentation au comité consultatif. Est-ce que c'est cela?
M. Sabourin: Dans un premier temps, la recommandation que nous
faisons va dans le sens qu'il y a quelqu'un, un administrateur qui puisse
représenter au niveau de la direction générale tous les
services de professionnels non médicaux. Dans un deuxième temps,
nous pensons que cette personne devrait normalement être parmi les gens
qui assurent la composition du comité consultatif à la direction
générale afin, quand même, de représenter les
idées, les points de vue, les préoccupations et les contributions
éventuelles de tous les professionnels médicaux - qui sont quand
même assez nombreux - qui oeuvrent dans les centres hospitaliers.
Mme Lavoie-Roux: II y en a plusieurs qui nous ont fait une
recommandation que
siège au comité consultatif un représentant de leur
corporation. Évidemment, dans l'esprit du ministre, je pense que le
règlement, enfin, une partie du règlement avait pour objet
précisément d'intégrer davantage la dimension
médicale à la gestion de l'institution. J'aimerais
peut-être connaître vos réactions, M. le ministre, à
cette suggestion. Il reste qu'il y a de nombreuses autres professions qui,
peut-être, se sentiraient plus à l'aise de voir qu'ils ont une
voix. Là ils seraient représentés au comité
consultatif par le truchement des chefs - qu'est-ce que c'est la formule?
M. Johnson (Anjou): DSH, c'est ce qu'on propose ici.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): II y a une autre formule. Je comprends cette
préoccupation. Je me dis: II va falloir trouver une façon d'y
répondre. Encore une fois, dans un établissement où il y a
des chefs de services cliniques qui sont des médecins, une direction des
soins infirmiers et une direction des services hospitaliers, il me semble que
si j'étais la directrice ou le directeur des soins infirmiers, ou une
directrice ou un directeur des soins hospitaliers et que je n'étais pas
invité à la réunion, je me poserais une mosus de question.
Vous savez, c'est la moitié de l'hôpital. L'autre moitié,
ce sont les médecins. Est-ce qu'il faudrait préciser des choses?
Est-ce qu'il faudrait dire, je ne sais pas moi, que le représentant du
CCPC devrait en faire partie, qui est un regroupement qui est plus dans la
nature des intérêts des corporations. On va regarder cela. On va
explorer cela. Je pense que cela nous a été dit à
plusieurs reprises.
Comme on voit, chaque fois qu'on parle même de former un
comité, fût-il consultatif, tout le monde vient nous expliquer qui
devrait le nommer et qui devrait en faire partie. Si on prenait toutes les
suggestions, on ne ferait pas de déréglementation. Mais on tient
compte de cette préoccupation.
Mme Lavoie-Roux: Cela paraît un compromis entre la
représentation de chaque profession au conseil d'administration ou au
comité consultatif. Alors, si le ministre reste l'esprit ouvert, on va
lui faire confiance. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie la Corporation
professionnelle des travailleurs sociaux du Québec.
Une voix: Et psychologues.
Le Président (M. Desbiens): Excusez. Je me suis
trompé d'une ligne. Et psychologues.
Je commence à rétrograder encore une fois.
J'invite l'Association des cadres intermédiaires des affaires
sociales à s'approcher, s'il vous plaît. Je profite de
l'intermède pour rappeler que toutes les copies des mémoires sont
conservées au Secrétariat des commissions où elles peuvent
être consultées.
À l'ordre, s'il vous plaît! Mme Cyr, veuillez
présenter les personnes qui vous accompagnent, s'il vous plaît, et
présenter le résumé de votre mémoire.
Association des cadres intermédiaires des
affaires sociales
Mme Cyr (Clairna): À ma droite, M. Laurian
Lefrançois, directeur général de l'association; à
ma gauche, M. Paul-André Léveillé, membre du conseil
provincial, M. Yvon Labonté, membre du conseil provincial et Mme
Françoise Caron, première vice-présidente de
l'association.
M. le Président de la commission parlementaire, M. le ministre
des Affaires sociales, mesdames et messieurs les députés, membres
de la commission parlementaire, nous tenons d'abord à remercier M. le
ministre des Affaires sociales pour son invitation à nous
présenter devant vous aujourd'hui.
Notre association est vouée à la promotion et à la
défense des intérêts socio-économiques des cadres
intermédiaires des établissements du réseau des affaires
sociales dont 5300 sont présentement membres. Comme l'indique bien le
nom de notre association, nos membres sont tous cadres de niveau
intermédiaire et proviennent de toutes les catégories
d'établissements du réseau des affaires sociales, à
l'exception des centres de services sociaux.
Le projet de règlement qui fait l'objet de la présente
commission parlementaire touche directement plusieurs de nos membres, non
seulement dans la circonstance entourant l'exercice journalier de leurs
fonctions, mais encore dans leurs liens d'emploi mêmes. C'est pour cette
raison que l'ensemble de nos membres a insisté pour que notre
association fasse clairement connaître au ministre des Affaires sociales
les préoccupations, voire les appréhensions que le dit
règlement suscite chez la majorité d'entre eux. Aussi, le fait
que nous représentons des gestionnaires de première ligne nous
impute la responsabilité de nous pencher sur les incidences de ce
règlement, tant du point de vue du fonctionnement global que
spécifique et journalier. Tout comme M. le ministre, nous sommes
ultrasensibles eux coûts énormes qu'engendrent les services
sanitaires et sociaux à la population active québécoise et
nous avons toujours fourni une collaboration maximale dans la poursuite des
objectifs tels
que définis par le ministre des Affaires sociales pour les
diverses catégories d'établissements et ce, dans le plus grand
souci de rentabilité pour chaque dollar investi.
Nous tenons donc, M. le Président, MM. les ministres, mesdames et
messieurs de la commission parlementaire, à ce que vous sachiez
clairement à quelle enseigne nous logeons.
Le mémoire que nous avons déposé n'est pas
volumineux et son contenu n'est nullement à caractère
philosophique. Il fallait qu'il en soit ainsi puisque les personnes que nous
représentons sont des gens pratiques, préoccupés et
responsables du fonctionnement journalier, chacun dans son service et en
harmonie avec les autres services de son établissement. Nous croyons que
les commentaires contenus dans notre mémoire reflètent ce
caractère particulier commun à nos membres.
Si vous nous le permettez, M. le ministre, M. le Président, nous
nous dispenserons de faire la lecture entière de notre mémoire
pour nous attacher aux extraits que nous considérons les plus importants
en fonction des intérêts immédiats de nos membres, soit la
formation du comité consultatif à la direction
générale, les départements cliniques dans un centre
hospitalier de soins de courte durée et enfin, la formation du service
médical dans les centres d'hébergement.
Chapitre III: Administration des établissements. Section V:
Comité consultatif à la direction générale dans les
centres hospitaliers, article 17. Qu'il nous soit permis d'abord de vous
signifier que notre association ne voit pas de nécessité
pressante pour la formation d'un tel comité, mais n'y est pas non plus
farouchement opposée. Pour cette raison, nous sommes d'avis que la
formation de ce comité ne devrait pas être obligatoire et que son
mandat de même que la fréquence de ses réunions devraient
être définis par le conseil d'administration de
l'établissement, sur recommandation du directeur
général.
Nous avons toutefois noté la composition de ce comité
consultatif et les sujets sur lesquels son analyse et ses recommandations
devraient porter. Il nous est alors apparu évident que l'intention du
ministre est de conscientiser et de responsabiliser les médecins face
aux coûts de fonctionnement de nos établissements de santé,
dans le but de les contenir et, possiblement, de les réduire. Notre
association croit que cet objectif est bon puisque le véritable
générateur des coûts d'un établissement de
santé est le médecin. Néanmoins, notre association juge
que le médecin n'est pas seulement générateur de
coûts; il en est aussi un consommateur important. C'est l'alliage de ces
deux qualités des médecins dans nos établissements qui
nous incite à demander une révision de la composition dudit
comité si le ministre en retient l'existence réglementée.
Nous préconisons d'y inclure deux éléments additionnels,
soit un représentant des cadres intermédiaires et un
représentant du personnel clinique. Ces deux éléments
nouveaux apporteraient dans la réflexion et dans les
préoccupations du comité un équilibre souhaitable qui est
loin d'être évident dans sa composition telle que prévue au
projet de règlement. La présence d'un représentant des
cadres intermédiaires au sein de ce comité aurait pour avantage
d'apporter un éclairage nécessaire en matière de
faisabilité puisque c'est ce groupe de gestionnaires qui doit assumer la
coordination de toutes les activités de soutien et un tel comité
peut difficilement se passer de la contribution en connaissances pratiques
opérationnelles que pourrait lui apporter un représentant des
cadres intermédiaires de l'établissement. (23 heures)
D'autre part, d'un même point de vue pratique, le
représentant du personnel clinique serait grandement utile pour aviser
le comité sur les répercussions possibles et les
difficultés envisageables dans l'implantation des programmes ou mesures
préconisés. Nous nous permettons donc d'insister pour que la
composition du comité consultatif à la direction
générale, prévue à l'article 17, inclue un
représentant des cadres intermédiaires de l'établissement
et un représentant du personnel clinique, si toutefois la formation d'un
tel comité devait être retenue dans le règlement.
Organisation des centres hospitaliers et des centres
d'hébergement. Départements cliniques dans un centre hospitalier
de soins de courte durée: articles 69 et 70. Nous recommandons que ces
deux articles soient modifiés de façon à être moins
limitatifs quant au directorat dont pourront relever ces chefs de
départements cliniques et, au lieu d'y lire qu'ils seront sous
l'autorité du directeur des services professionnels, on devrait y lire
qu'ils seront sous l'autorité du directeur spécifié au
plan d'organisation de l'établissement. Nous recommandons
également qu'il soit précisé que la gestion des ressources
humaines, matérielles et financières de l'établissement
confiée aux chefs de départements cliniques soit uniquement celle
applicable aux activités purement médicales. Les articles 69 et
70 se liraient donc de la façon suivante: 69. "Le plan d'organisation
d'un centre hospitalier de soins de courte durée doit prévoir la
formation d'un département clinique de radiologie. Sous
l'autorité du directeur spécifié au plan d'organisation de
l'établissement, le chef de ce département clinique gère
les ressources humaines,
matérielles et financières applicables directement aux
activités médicales du département."
C'est le même libellé pour l'article 70.
Notre intervention est basée sur plusieurs motifs dont les plus
importants sont les suivants: Nous croyons qu'il est très dangereux et
malsain de permettre à quiconque de fixer son propre salaire, ce qui est
sûrement le résultat le plus évident et, selon nous, le
plus inévitable lorsqu'on confie à celui qui est
rémunéré à l'acte le soin de gérer le
partage et l'utilisation des fonds. À ce sujet, notre intervention n'a
aucunement pour but d'offenser quelque individu ou quelque groupe d'individus
que ce soit; elle est l'expression honnête d'une réflexion
basée sur nos constatations du comportement habituel dans des
circonstances semblables, comportement normal auquel nos médecins n'ont
pas globalement démontré être en mesure d'échapper.
Ce qui est moins normal, c'est de placer certains d'entre eux dans une
situation de conflit d'intérêts possible.
Une autre de nos préoccupations est celle de l'assujettissement
des groupes de professionnels, techniciens en radiologie et technologistes
médicaux à celui des médecins. Nous considérons
qu'il y a là une menace à l'autonomie des corporations
professionnelles affectées et nous vous soumettons qu'il serait pour le
moins inopportun de créer une race de superprofessionnels. Dans sa
profession propre, chacun est réputé être le plus
compétent.
Notre association croit également qu'à moins que la
gestion dont il est question ne soit limitée à celle applicable
aux activités médicales les articles 69 et 70 constituent une
proposition qui n'est pas économiquement rentable. En effet, les
coûts que doit rencontrer notre société pour la formation
d'un médecin sont de plusieurs fois supérieurs à ceux
qu'engendre la formation d'un administrateur ou de tout autre professionnel. Il
est donc illogique de confier à des médecins des activités
qui ne sont pas directement reliées à l'exercice de leur
profession, alors qu'on pourrait tout aussi facilement les confier à une
personne compétente dont le coût de formation de même que le
salaire sont largement inférieurs à ceux qui sont
rattachés à l'utilisation d'un médecin dans ces
mêmes activités. Nous considérons donc que l'utilisation
des médecins dans des activités de gestion de ressources
humaines, matérielles et financières autres que celles
reliées directement aux activités médicales est une
mauvaise proposition d'un point de vue économique.
Enfin, si M. le ministre devait persister dans l'orientation qu'il a
annoncée, il devra prévoir qu'un chef de département
clinique sera un cadre, soumis aux mêmes règles que les autres
cadres du réseau des affaires sociales, pour ses conditions de travail
et ses conditions salariales afin que comme tous les autres gestionnaires, il
ait à faire face aux mêmes obligations envers son employeur et
rende compte, comme eux, de sa gestion.
Service médical dans les centres d'hébergement: articles
79, 80, 81 et 82. Notre intervention au sujet des articles
précités n'aura pas comme objectif de préconiser le rejet
de la formation d'un service médical, mais plutôt de promouvoir
des changements quant à sa composition. En effet, nous croyons que ce
service médical devrait être remplacé par un comité
de services médicaux et cliniques pour y inclure la participation de
représentants du personnel clinique, particulièrement ceux
oeuvrant dans les soins de santé et d'assistance. Le fait que les
médecins soient très peu présents dans les centres
d'hébergement nous incite à préconiser que le
contrôle de la qualité des soins aux bénéficiaires
qui y séjournent soit effectué au moins en collaboration avec les
professionnels dont la présence dans les centres est plus constante
et/ou assidue.
À ce moment, nous aimerions vous déposer un document,
à titre de réflexion, d'une structure administrative dite
matérielle qui illustre bien, à notre avis, la faisabilité
d'incorporer la participation médicale au processus de gestion sans pour
autant leur confier la responsabilité administrative totale des
ressources matérielles, humaines et financières et répond
aux besoins des professionnels. On pourrait en discuter sur un libre
échange.
Nous vous remercions, M. le Président, M. le ministre, mesdames
et messieurs les députés, de l'attention que vous avez eu
l'amabilité de nous accorder. Nous sommes confiants que nos commentaires
apporteront les réaménagements positifs pour le meilleur
fonctionnement du réseau et le mieux-être de la population
québécoise. Nous sommes prêts à répondre
à vos questions.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, Mme Cyr, pour votre mémoire et
de nous en avoir fait un résumé. Si je comprends bien, il y a un
document que vous faites circuler en ce moment. Encore une fois, je ne
reviendrai pas sur l'ensemble des choses qui sont plus ou moins communes
à différents des groupes qu'on a entendus ni même sur
certaines de vos prémisses parce que si jamais des médecins, par
choix ou autrement, devenaient des salariés ou des gens qu'on appelle
à honoraires fixes dans la nomenclature de la Régie de
l'assurance-maladie, je pense qu'il y a une bonne partie de vos arguments qui
ne pourraient pas tenir dans le cas des médecins de laboratoires, si je
ne me trompe.
Mme Cyr: On a signalé que dans l'éventualité
où un médecin deviendrait un gestionnaire salarié, il y
aurait à ce moment-là une mauvaise utilisation des ressources
médicales pour quelqu'un qui a été formé à
un coût très élevé, comparativement à
quelqu'un qui peut répondre essentiellement aux mêmes besoins des
gestionnaires à un coût moindre. C'est là que l'on dit que
cette thèse de faire des médecins des gestionnaires est
économiquement non rentable alors que quelqu'un d'autre peut aussi bien
faire le travail à un coût moindre. Notre grande
préoccupation est au point de vue de la rentabilité du
système.
M. Johnson (Anjou): Vous savez combien on est sensible à
ces préoccupations, mais il n'en demeure pas moins...
M. Labonté (Yvon): M. Johnson, je pourrais ajouter qu'on
est justement payés pour le savoir.
M. Johnson (Anjou): Oui, vous êtes payés pour le
savoir.
Mme Cyr: C'est pour cela qu'on est payés.
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas commenter plus longuement
qu'il le faut sur cet aspect. Je pense que c'est une discussion qui...
Mme Cyr: II n'y a pas grand-chose à ajouter, je crois.
M. Johnson (Anjou): ...ne manque pas d'intérêt, mais
il y a une espèce de logique infernale dans votre mémoire. Vous
dites: Écoutez, s'ils ne sont pas à honoraires fixes ou à
salaire, ils sont en conflit d'intérêts.
Mme Cyr: Exactement.
M. Johnson (Anjou): Puis s'ils viennent à salaire, vous
perdez de l'argent pour rien. Pourquoi payer du monde si bien formé?
Conclusion: Ne faites rien. C'est ce que vous nous dites?
Mme Cyr: Conclusion: Mettez des gestionnaires qui ne sont pas des
médecins.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais là je vous enverrai la copie
de mes discours en deuxième lecture sur la loi 27 et quelques autres
choses comme cela. C'est une orientation qu'on a prise et qu'on pense
justifiée. On est conscient qu'il y a des éléments de
risque là-dedans et je pense que le corps médical est prêt
à bouger dans bien des choses; il l'a démontré depuis
quelques années, malgré des situations pas toujours faciles
qui.
Quant aux centres d'accueil d'hébergement, je trouve cela
intéressant, ce que vous nous dites. Ce n'est pas que j'accroche
facilement, mais j'aimerais vous entendre là-dessus. La notion d'une
espèce d'évaluation multidisciplinaire dans le cas des centres
d'accueil, pourriez-vous expliciter un peu là-dessus? Je comprends que
la dominante n'est pas médicale a priori dans un centre d'accueil, je ne
suis pas sûr qu'elle ait à l'être à part cela, sauf
évidemment là où cela ressemble plus à un CHSP
qu'à autre chose. La dominante, ce n'est pas la dimension
médicale dans un centre d'accueil; idéalement, cela ne doit pas
l'être. Dans un hôpital, plus ou moins par définition, c'est
l'activité dominante sur le plan des volumes, du type d'actes qui sont
posés, des préoccupations quotidiennes des gens et de la vocation
de l'établissement. Or, dans le cas des centres d'accueil, comment
verriez-vous cela fonctionner, une espèce de comité
d'évaluation où il y a des médecins, des
infirmières et peut-être le pharmacien?
Mme Cyr: Vous l'avez signalé tantôt, l'équipe
multidisciplinaire, comprend des gens qui ont à donner des services aux
bénéficiaires, à s'assurer que les
bénéficiaires reçoivent les services nécessaires et
qu'on les réévalue très souvent en cours de route. Avec ce
genre de bénéficiaires, les besoins changent et il faut s'y
adapter. Nous ne sommes pas sûrs que les besoins sont
évalués en temps opportun, de façon qu'ils
reçoivent au moment opportun les services dont ils ont besoin. Parfois,
on a tendance à oublier ces gens à l'intérieur d'un
système et on laisse vaguer un peu à la va-comme-je-te-pousse,
alors que si on devait vraiment s'asseoir et réévaluer la
situation on rendrait davantage service aux bénéficiaires en
plus, parfois, d'économiser des ressources.
M. Johnson (Anjou): Vous revenez souvent là-dessus. Cela
doit être parce que vous savez que je suis sensible à cela.
Mme Cyr: En tant que gestionnaire, dans le pratico-pratique, M.
le ministre, tous les jours, on doit constamment sensibiliser notre personnel
aux coûts, et dans tous les détails.
M. Johnson (Anjou): Je sais cela, et souvent dans une position
où vous êtes pris entre l'arbre et l'écorce car vous
êtes des cadres intermédiaires.
Mme Cyr: Quand on doit justifier qu'on doive couper la
quantité de boîtes de kleenex de 50%, c'est quelque chose et on
doit le faire.
M. Johnson (Anjou): Pas ce mois-ci, franchement, c'est le mois
des grippes!
Mme Cyr: À l'occasion, on le fait au quotidien.
M. Johnson (Anjou): Faites cela avant la fièvre des foins
et avant l'automne ou après, mais...
Mme Lavoie-Roux: Nous ne sommes pas au plus creux de l'hiver, M.
le ministre!
M. Johnson (Anjou): Je disais en aparté à Mme
Lavoie-Roux qu'à la fin de la commission on va additionner tous ceux qui
veulent faire partie du comité consultatif de la DG et je vais annoncer
un nouveau programme de construction d'arenas à côté des
hôpitaux pour faire les réunions du comité!
Je veux simplement vous dire qu'il y a peut-être une certaine
confusion quant au rôle du comité. On l'a dit un peu au
début, le comité n'a pas un rôle de gestion. Il est bien
évident qu'il y a un bout du quotidien qui va s'y tramer et que les gens
vont se lancer des idées, des hypothèses et peut-être
s'engueuler à l'occasion, mais...
Mme Cyr: M. le ministre, le comité consultatif de la DG,
vous avez bien expliqué son rôle la semaine dernière et
vous l'avez réexpliqué ce soir, je crois. J'ai recueilli vos
propos à cet effet. C'est pour se consulter sur les grandes orientations
de la vocation du centre. Parfait. Ceci dit, quand on décide des grandes
orientations, très souvent, on y greffe des projets. Ces projets doivent
être actualisés, ils doivent être coordonnés,
incorporés aux activités régulières des services
impliqués.
Le corps intermédiaire, qui est près du quotidien, de la
faisabilité des projets, en tant que ressource nécessaire de
volume et de coordination, à l'intérieur de ses activités
régulières, peut dire: Oui, on peut faire ce projet à
telle et telle condition. Ce sont des projets qui partent très souvent
de gens qui ont des grandes idéologies et des théories. C'est
très bien, mais c'est important d'avoir une personne dans le
pratico-pratique qui vous ramène sur terre et qui dise: C'est bien beau
tout cela, mais coupez ce petit bout si vous voulez que cela marche. Je pense
que le corps intermédiaire est très important. Il peut aider,
entre autres, à vraiment actualiser des projets en apportant tous les
détails importants dans la faisabilité de tels projets. (23 h
15)
II arrive très souvent qu'on voie des projets qui achoppent parce
que justement, il y a quelqu'un en bas qui n'a pas apporté l'aspect
pratico-pratique et quelque part, la roue accroche. C'est cet aspect qui nous
préoccupe et je crois que le cadre intermédiaire qui doit en plus
assurer les bonnes relations du travail des services se fait parfois bousculer
par des gens qui partent des projets. Pour en nommer un, quand on a
installé les DSP dans les établissements, on arrivait avec des
projets très intéressants, mais on ne s'était pas
préoccupé dans le quotidien des implications dans les services et
des gens qui devaient fournir un apport à ces projets. Cela achoppait.
Cela créait des tensions. Combien de temps cela a pris? Cela a pris du
temps à vraiment incorporer l'idée des DSP, parce qu'on se
faisait lancer des projets sur la tête. On n'avait pas le choix. Il
fallait les incorporer. Il fallait le faire et les relations du travail ont
été très détériorées avec des
situations semblables. Le cadre intermédiaire qui, dans le quotidien,
assure les bonnes relations du travail, doit vendre cette marchandise
auprès des employés, leur faire comprendre son importance et
où on s'en va. Si le corps intermédiaire n'est pas là pour
vendre des projets qui pourraient découler d'une telle consultation,
cela risque d'achopper, parce qu'il faut les vendre. Les employés, quand
on leur demande: Avez-vous le temps pour des changements - on le vit dans le
quotidien et on vient d'en vivre avec les nouvelles mesures de coupures
budgétaires - on sait ce que cela peut donner. Les relations du travail
nous préoccupent autant que tout l'aspect budgétaire et la
rentabilité.
M. Johnson (Anjou): Je vous remercie, madame. Encore une fois, je
vous remercie de votre mémoire et de votre présentation.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. À la page
4 de votre mémoire plus officiel, vous mettez le gouvernement en garde
contre trop de réglementation et vous dites: "II est important de se
rappeler que les contrôles et rapports mobilisent des ressources humaines
et génèrent des coûts qui sont directement proportionnels
au nombre et à l'ampleur des contrôles eux-mêmes, le point
de saturation étant atteint quand les économies équivalent
aux coûts engendrés par ces derniers." Vous laissez entendre que
la réglementation actuelle apporte de la réglementation
supplémentaire - c'est ainsi que je l'interprète - qui va ajouter
aux coûts actuels. Pouvez-vous donner des exemples de ceux-ci?
M. Lefrançois (Laurian): Madame, au moment où on a
rédigé notre mémoire, c'était le 6 septembre. On a
appris par la suite que la gestion financière - parce que cette rubrique
traite de la gestion financière - ne ferait pas l'objet de la commission
parlementaire. C'est au niveau de la gestion.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela ne fait
rien. On peut en parler quand même, monsieur, vous savez.
M. Johnson (Anjou): C'est son sujet favori.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: J'ai beaucoup de sujets favoris. Ce sont des
règlements qui sont sortis quelques jours avant, je pense. C'est sorti
vers le 6 au lieu du 10.
M. Lefrançois: Cela est sorti le 3.
Mme Lavoie-Roux: Le 3 exactement, vous avez raison.
M. Lefrançois: Oui, les autres sont sortis le 10.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il n'y a rien qui empêche d'en
parler. Vous n'avez pas a vous en excuser. Pouvez-vous nous dire, puisqu'il
s'agit de cela, parce que ces règlements sont aussi soumis,
peut-être pas à la commission parlementaire, mais ils paraissent
dans la Gazette officielle et sont soumis à la règle des 60 jours
et ainsi de suite. Je crois qu'on est peut-être rendus aux 60 jours. Je
ne sais pas s'ils sont devenus officiels pour la gestion financière.
M. Johnson (Anjou): Non, pas encore.
Mme Lavoie-Roux: Pas encore? 90 jours ou 60 jours?
M. Johnson (Anjou): 60 jours.
Mme Lavoie-Roux: C'était le 3 août?
M. Johnson (Anjou): Si vous en parlez, oui...
Mme Lavoie-Roux: Septembre, octobre... M. Johnson (Anjou):
Novembre.
Mme Lavoie-Roux: Cela va faire 90 jours.
M. Johnson (Anjou): C'est exact. Il n'est pas trop tard.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais s'il y a des points...
M. Labonté: J'aimerais...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que le décret n'a pas
encore été adopté.
M. Labonté: Cet article...
Mme Lavoie-Roux: Bon! On le sait bien.
C'est parce que le gouvernement est en période de
réflexion, mais c'est heureux dans ce cas. Plus sérieusement, y
avait-il des points dans ce...
M. Labonté: On l'avait fait sous forme de commentaire
général et c'est voulu ainsi. On ne voulait pas traiter de cas
particuliers, mais je pense que c'est un lieu commun de dire que dans le
réseau des affaires sociales aujourd'hui, on dépense
énormément d'activités pour des rapports sous toutes leurs
formes. D'accord? La valeur des statistiques, à l'occasion, c'est
très bien. Cela peut même être intéressant pour la
lecture pour autant que cela donnera des résultats éventuels,
sauf que les gens du réseau trouvent, à l'heure actuelle - et les
cadres intermédiaires sont parmi ceux qui sont constamment
impliqués dans ce genre de choses - qu'on en est rendu à un point
de saturation au niveau des contrôles où on dépense
beaucoup trop d'énergie à faire des rapports sur les rapports
plutôt que dans des activités directement reliées au bien
des bénéficiaires. C'était écrit à
l'intention du ministre lui demandant, quand il va y avoir de nouvelles mesures
de contrôle, de songer à cet aspect parce qu'on dépense
présentement dans le réseau des sommes énormes pour les
contrôles. On commence à se demander si cela vaut la peine. Parce
que quand on dépense 1 $ pour contrôler 0,05 $, ce n'est pas
rentable.
M. Johnson (Anjou): Je suis d'accord avec vous...
M. Lefrançois: C'est là une mise en garde
uniquement.
M. Johnson (Anjou): ...que 1 $ pour contrôler 0,05 $, ce
n'est pas rentable. J'aimerais vous entendre - je n'ai aucune objection, au
contraire - pour mon bénéfice et le bénéfice de
ceux qui m'accompagnent.
Mme Cyr: M. le ministre, on ne peut pas aller dans les
détails. C'était simplement une mise en garde. On voit arriver
des mesures de contrôle par-dessus contrôle.
M. Johnson (Anjou): Avez-vous l'impression que ce qui
découle des nouveaux règlements, c'est plus contraignant que ce
qui existait auparavant?
M. Lefrançois: Ce commentaire était en fonction du
règlement sur la gestion financière.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que vous trouvez que le
règlement sur la gestion financière est plus contraignant que ce
qu'était l'exercice habituel au niveau du ministère, parce qu'il
y a une quantité de
paperasse inévitable? C'est 6 000 000 000 $, il faut savoir un
peu où cela s'en va. Vous trouvez que le nouveau règlement sur la
gestion financière est plus contraignant que les autres, que la
pratique.
M. Lefrançois: Ce n'était même pas le but de
notre propos. S'il fallait en enlever encore, il faudrait le faire. Si on
arrivait, à pousser notre pensée au bout, non seulement on a
atteint le point de saturation, on considère qu'on l'a
dépassé. Au niveau des contrôles, il va peut-être
falloir faire marche arrière, parce qu'on dépense vraiment trop
de ressources dans ce domaine.
M. Johnson (Anjou): Je retiens votre commentaire.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est important. Là, on a un
peu blagué, mais la même chose vaut pour l'éducation
où les directions d'écoles font des rapports pardessus rapports
et on se demande quand elles s'occupent de la direction pédagogique.
M. Johnson (Anjou): C'est le projet de loi no 40.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne parle pas du projet de loi-cadre, je
parle de la vie courante.
M. Johnson (Anjou): La vie courante.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'ai reçu énormément
de commentaires, même de la part d'infirmières chefs de
différents paliers d'administration des centres hospitaliers où
on dit: II y a de l'énergie qui serait peut-être mieux
consacrée à s'occuper directement des bénéficiaires
que de jouer avec de la paperasse. Enfin, dans tout ce genre de "statement" -
je ne trouve pas de meilleur mot - il peut y avoir une part
d'exagération, mais c'est basé généralement sur la
réalité. Les gens ne diraient pas cela s'il n'y avait pas un
fondement de réalité. On pourrait peut-être poser la
même question aux gens de votre ministère. Je ne sais pas si ce
sont ces derniers qui engendrent la paperasse dans les institutions. Je ne le
sais pas.
De toute façon, sur la gestion financière, on aura des
questions à vous poser, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Lors des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas lors de l'étude des
crédits. Demain soir.
M. Léveillé (Antoine): II y a quelques commentaires
à ajouter au sujet de la tâche de gestionnaire que vous confiez au
chef de département. Voici ce qui nous apparaît étonnant,
une mesure en somme assez accélérée... Le
législateur confie au chef de département l'administration
d'unités de mesures et de coûts absolument diversifées, qui
vont des coûts technologiques aux coûts d'activités
absolument sans rapport avec la profession médicale et, par-dessus le
marché, l'élaboration de mesures de qualité, de normes,
d'exercice médical et aussi d'élaboration de sanctions
administratives. Cela nous apparaît une initiative hors mesure et on est
absolument étonné de voir qu'on confiera toute cette charge
multidisciplinaire aux unités absolument discordantes dans un certain
sens à une seule personne qui exerce la profession médicale. On
ne peut pas comprendre, en l'espace de quelques mois, que le législateur
créera des experts autant en appréciation d'exercice où
des composantes technologiques arrivent en cause et aussi un exercice
absolument étranger à la profession médicale...
Vous savez que les professions non médicales de la santé
ne cherchent pas en soi à éliminer les symptômes et
soulager la douleur. Elles cherchent à voir à ce que la personne
progresse dans son état de santé, globalement. Comment
voulez-vous confier, en l'espace de quelques mois, à des
super-administrateurs que le législateur va mettre sur place sur
l'échiquier des services de santé et des services administratifs,
quelqu'un qui pourra apprécier toutes ces dimensions du jour au
lendemain?
Mme Cyr: Toujours dans le même esprit de
préoccupation et d'économie, M. le ministre, j'aimerais faire un
rappel d'incidents récents - tout le monde s'en souvient - pour
régler la pénurie des ressources financières du
gouvernement, les coupures budgétaires. Vous vous rappellerez que, parmi
les priorités lors des derniers plans de redressement, la
priorité no 1 était de couper 10% des effectifs dans la structure
administrative. Ont suivi: des coupures de postes, des coupures de salaires et
des gels de salaires. Les cadres intermédiaires ont assuré la
gestion de la mise en application de ces mesures très difficiles
à digérer. Encore aujourd'hui, on cherche des digestifs efficaces
pour continuer à digérer ces mesures. On comprend très mal
et on se pose la question: Quel autre digestif pourra-t-on choisir pour faire
comprendre à nos employés les nouvelles mesures annoncées
par le ministère? Pour nous, il y a un manque de cohérence si on
veut suivre toute la logique, les coupures budgétaires et les
redressements budgétaires, avec les nouvelles structures
proposées. On devra garder l'harmonie des relations du travail, encore
une fois. On devra vendre à nos employés le bien-fondé de
ces mesures, et quand on ne les comprend pas, on a beaucoup de
difficulté à les faire articuler dans le
quotidien. Vous savez, les relations du travail, c'est le quotidien pour
nous et c'est nous qui devons les vendre ces mesures-là à nos
employés. Quand on a de la difficulté à les comprendre
nous-mêmes, c'est très difficile de les faire comprendre aux
autres.
Mme Lavoie-Roux: II me semble que le ministre devrait
réagir à cela. Il me semble que vous devriez avoir une
réaction à cela, avant que je pose une autre question.
M. Johnson (Anjou): Cela s'en vient. Vous pouvez y aller. J'ai
pris des notes.
Mme Lavoie-Roux: Non, on va vous entendre et peut-être
qu'après cela ma question deviendra inutile.
M. Johnson (Anjou): Vous gardez toujours pour la fin. Je ne veux
pas recommencer à zéro, mais je pense que vous êtes
sensible à cela, Mme Cyr, et votre "membership" aussi. Vous savez, des
contrôles, il y en a parce qu'il faut qu'il y en ait parce que c'est 6
000 000 000 $ d'argent public. Ce n'est pas vous qui vous levez en Chambre,
tous les mardis, quand madame pose une question. C'est moi.
Une voix: M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II y a cela. Si vous me le permettez, je vais
prendre trois minutes. Deuxièmement, c'est vrai qu'on consomme une
certaine partie de l'énergie dans le réseau, comme dans tous les
grands réseaux, à des contrôles de nature administrative
qui nous donnent des choses qu'on peut quantifier et qui nous aident, de temps
en temps, à prendre des décisions raisonnables. Je pense que,
depuis trois ans -rien ne dit que, l'an prochain, ce sera pareil; plutôt
le contraire - avec les restrictions budgétaires, on a réussi
malgré tout, même si cela a été difficile à
certains endroits, à préserver l'essentiel. Et si on a
réussi à le faire c'est parce qu'on avait des données et
on avait des orientations basées sur des données. Ces
données-là nous venaient des mosus de contrôles qui
ennuient tout le monde. Ces contrôles sont essentiels même si, en
fin de compte, il y a peut-être - je ne sais pas - quatre ou cinq heures
de travail sur dix où cela ne servirait à rien. Mais les quatre
ou cinq heures où cela sert à quelque chose, c'est très
utile.
Deuxième considération...
Mme Cyr: Je m'excuse, mais on ne parle pas de la même
chose.
M. Johnson (Anjou): Si vous me le permettez, madame.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): Si vous me le permettez, madame, c'est moi
qui ai la parole. Je n'ai pas d'objection à ce que vous la preniez
après.
Mme Cyr: Simplement, c'est qu'on ne parle pas de la même
chose.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est M. le ministre qui a la parole. (23 h 30)
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, on ne demande pas mieux
que cela, nous autres, réduire les contrôles. Je suis sûr
que je vais avoir reçu de votre association une lettre ou un
mémoire sur le dernier projet de règlement en matière
budgétaire qui n'est pas encore entré en vigueur. On a des
discussions avec l'Association des hôpitaux et d'autres groupes
intéressés. Évidemment, par définition, le jour
où on réduira les contrôles, il y aura moins de postes
d'offerts à ceux dont le job est de les faire. Finalement, c'est
peut-être mieux comme cela pour le système, c'est bien
évident. Il n'en demeure pas moins qu'on ne pense pas créer une
nouvelle créature qui s'appelle le supermédecin administrateur
qui va régler tous les problèmes. Je voudrais ici m'inscrire un
peu en faux sur ce qu'évoquait monsieur. Je comprends ce qu'il veut
dire, mais je vais caricaturer, pour les fins de la discussion, ce qu'il a dit.
On ne s'imagine pas qu'on va créer une génération
spontanée de médecins administrateurs. D'ailleurs, le
règlement franchit un pas dans le sens d'une meilleure
intégration.
Deuxièmement, j'aurais tendance à vous dire que je connais
bien des gestionnaires dans bien des hôpitaux où la description
que vous me faisiez du surhomme ou de la surfemme, c'est le directeur
général et, d'après moi, il n'est pas plus fin que
d'autres. Je peux vous donner quelques exemples auxquels je pense en
particulier où des hôpitaux ont certains problèmes et
où il y a des départements qui sont tout croches à des
endroits. Ce ne sera pas plus croche parce que ce sont des médecins.
Quand vous me parlez des unités de mesure, celui qui a passé neuf
ans de sa vie à l'université à apprendre sa
médecine et une spécialité, qui a pratiqué cinq ou
six ans de sa vie et qui travaille avec des ordinateurs et le reste, je
comprends qu'il n'est pas formé comme gestionnaire, mais il y a
peut-être des chances qu'il soit capable d'évaluer ce que sont des
unités de mesure si quelqu'un à côté le lui montre,
en tout cas, normalement. Comme on les paie dans notre société,
ils doivent être capables de se saisir de certains de ces
problèmes-là. Vous faites signe que non. Moi, je pense que oui et
j'en
connais.
Je me refuse à faire de ce débat un débat
idéologique. Les gestionnaires qui savent tout et les médecins
qui ne connaissent rien en gestion, je ne crois pas à cela. Ce n'est pas
comme cela que ça fonctionne dans la vraie vie. J'ai regardé cela
aller dans les hôpitaux depuis deux ans avec les compressions qu'on a
eues et j'en ai vu des "docteurs" être capables de s'occuper de la
gestion. Et ils avaient présentes à l'esprit certaines choses
qui, à mon avis, étaient des choses communes à l'ensemble
de l'équipe médicale et administrative. Ils avaient en tête
les besoins des bénéficiaires et la capacité de leur
rendre des services.
Je me refuse à voir cet univers comme un univers isolé et
qu'on voudrait présenter comme étant déconnecté des
contraintes. Ils savent en "simonac" ce que c'est, des contraintes, les
médecins, depuis quelques années, parce qu'ils les subissent. Et
je me dis que, ma foi, il y en a peut-être une bonne partie qui ont
appris des choses à travers cela et qui ont une contribution
sérieuse à apporter.
Cela dit, il ne faut pas être naïf, je suis d'accord avec
vous. Il ne faut pas être naïf et on ne s'imagine pas qu'on va les
transformer en supergestionnaires, et ce n'est pas cela que le projet de
règlement prévoit non plus. S'il avait prévu cela, il
aurait probablement prévu l'abolition de bien des types des postes
administratifs dans les hôpitaux.
Vous savez, il y a bien des pays où ils se débrouillent
avec pas mai moins de personnel-cadre qu'on en a, nous, dans le réseau
des affaires sociales au Québec. Je ne dis pas qu'on en a plus chez nous
que dans d'autres secteurs d'activités, qu'on se comprenne bien. Mais on
en a peut-être un peu plus chez nous que dans d'autres
sociétés. Et il doit y avoir moyen de faire quelque chose avec
tout cela.
Je pense qu'un hôpital qui fonctionne sans ses médecins, ce
n'est plus un hôpital. Je pense que, dans l'époque dans laquelle
on entre, où il va y avoir des choix d'orientation importants pour les
établissements pour garantir le développement du réseau
hospitalier du Québec, il va falloir qu'on tienne compte du point de vue
des médecins. Encore une fois, sans être naïf, on est
conscient que quelquefois leur mode de rémunération et les
conditions dans lesquelles ils travaillent ou ont à travailler les
mettent dans des positions délicates, difficiles et sensibles, quand ce
n'est pas carrément en conflit d'intérêts. On est conscient
de tout cela. On se dit que globalement il doit y avoir quelque chose à
faire pour les citoyens pour les rendre solidaires de leurs
établissements, par choix. Je pense que la voie réglementaire
qu'on ouvre là, c'est une voie qui implique des choix et non pas des
obligations.
Le Président (M. Desbiens): Mme Cyr, est-ce que vous
avez...
Mme Cyr: Simplement, comme j'avais commencé à le
dire, on n'est pas contre les contrôles. On se pose des questions. C'est
le besoin de cette nouvelle structure et, comme je vous le disais, je ne peux
pas l'expliquer et j'essaie encore d'en comprendre le bien-fondé. La
semaine dernière, j'ai recueilli vos propos concernant la
nécessité d'impliquer les médecins dans la gestion. On en
est et on vous suit; on est d'accord. Par contre, vous n'étiez pas
prêt à aller jusqu'à la cogestion
médico-administrative et là, on vous suit. Par contre, où
cela commence à décrocher un peu, c'est quand on vous voit
confier la responsabilité administrative totale aux chefs de
départements cliniques. À notre avis, cela va plus loin que la
cogestion. C'est de la gestion médicale totale. Alors, pour moi, il y
a...
M. Johnson (Anjou): ...encore à quelqu'un. Ce n'est pas
seulement cela. On ne vient pas de multiplier le nombre d'hôpitaux au
Québec par le nombre de médecins.
Mme Cyr: Toujours dans notre préoccupation
d'économie des ressources et d'utilisation rationnelle des ressources,
on vous dit simplement que ce n'est pas économiquement rentable une
structure comme cela. Comment peut-on justifier le besoin d'une telle
structure, alors que le comité consultatif au DG, à notre avis,
répond à vos objectifs d'implication des médecins dans les
décisions d'orientation des centres? Pourquoi aller jusqu'à leur
donner une responsabilité administrative dans des secteurs
spécifiques? On sait très bien ou on pressent des ouvertures
encore plus grandes que seulement les départements de radiologie et de
laboratoire. Ce n'est pas de la cogestion, c'est plus que cela.
M. Johnson (Anjou): Un dernier commentaire, Mme Cyr, si vous
permettez. Je pense à deux établissements très
précis que j'ai en tête qui sont parmi les établissements
les plus performants du réseau hospitalier et où cela existe
déjà comme cela. Quand vous me parlez des arguments
économiques et que vous me dites que cela ne sera pas rentable... On a
sous nos yeux des exemples d'établissements performants. On ne demande
pas aux établissements d'être rentables; ce ne sont pas des
kiosques de patates frites, ce sont des lieux de services au public. On leur
demande d'arriver à l'intérieur de l'allocation de ressources que
la société nous permet de leur donner. J'en connais et j'en ai
deux à l'esprit qui sont
remarquables et c'est déjà comme cela qu'ils fonctionnent.
J'en connais aussi où c'est tout croche dans d'autres situations. Je dis
simplement que ce n'est pas le modèle en soi qui va faire que cela va
coûter plus cher ou moins cher. Je ne pense pas. C'est très
largement la capacité pour les individus de se solidariser dans un
travail d'équipe qui implique des objectifs communs. Des objectifs
communs, cela présuppose que, parmi les premiers
intéressés qui sont les médecins, ils participent au
processus décisionnel au niveau des orientations et qu'ils participent
encore une fois à l'univers des contraintes plutôt que simplement
d'avoir à le subir.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander au ministre ce qu'il
prévoit comme rémunération. Y aura-t-il une
rémunération au médecin qui assumera ce poste de directeur
de département, particulièrement en radiologie et...
M. Johnson (Anjou): Cela fait partie du champ des
négociations avec les fédérations. De la même
façon qu'on attribue une rémunération pour les personnes
dont c'est la fonction unique que de faire de la gestion, il nous
apparaît évident, sans prétendre qu'on va aller leur donner
l'équivalent d'un salaire pour le faire, qu'il va falloir qu'il y ait
une forme de rétribution qui soit accordée à ceux qui
s'adonnent à ce type d'activités. On s'est fait une
évaluation des coûts.
Mme Lavoie-Roux: Je sens qu'il y a un peu de tension sur le
sujet. Je pense qu'il y a des remarques qui nous ont été faites
par un grand nombres d'organismes sur la question de la gestion des ressources
humaines. Je pense qu'il y a une ambiguïté là-dessus.
Qu'est-ce que cela veut dire la gestion des ressources humaines? Ceux qui ont
des réticences à ce sujet la conçoivent comme allant
même jusqu'au fonctionnement professionnel des gens. Je pense que cela
n'a jamais été très clarifié de votre part, la
gestion des ressources. Personne n'accroche trop sur les ressources
financières, sauf peut-être ce groupe. Ce serait peut-être
un premier point à clarifier, ce qu'on entend par ressources
financières. Je voulais aussi vous demander si, dans votre esprit, le
fait qu'un médecin joue un rôle de gestionnaire pour lequel il
serait éventuellement rémunéré à
l'intérieur d'un département, dans une planification à
moyen ou à long terme, peut impliquer des coupures de cadres
intermédiaires qui, actuellement, assument des fonctions de gestion.
C'est ce que je crois comprendre des échanges qu'on a ici ce soir.
M. Johnson (Anjou): II peut y avoir un effet de substitution dans
certains services à moyen et à long terme; il est possible qu'il
y ait un regroupement de certaines fonctions. Encore une fois, il faut voir ce
que dit le règlement. Il parle, en ce moment, de deux
départements. Cela n'empêche pas qu'éventuellement, dans la
pratique, ces choses s'étendent un peu plus. Donc, on parle d'un horizon
de moyen et de long terme où il pourrait y avoir effectivement de la
substitution de fonctions. J'utilise cette expression parce que je ne veux pas
utiliser l'expression "coupure" pour une raison bien claire. "Coupure", cela
veut dire que l'an prochain on coupe tant de postes. Ce n'est pas de cela que
l'on parle. Il y a de l'attrition, etc.
Mme Lavoie-Roux: II y a des postes qui pourraient
disparaître par attrition ou...
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire qu'il y a des postes
où va se jouer un effet de substitution avec le temps. De plus, sur la
notion de gestion des ressources humaines... Prenons l'exemple précis
d'un hôpital qui, en ce moment, a une pièce d'équipement
assez remarquable, très utile et qui fonctionne huit heures par jour. Il
y a des listes d'un mois et demi pour subir les examens avec ce type
d'équipement. Il y a aussi un problème de ressources humaines
dans l'utilisation de cet équipement. Ce n'est pas un problème de
gestion purement financière; le problème, c'est d'utiliser au
maximum l'horaire utile de cet appareil qui peut servir à plusieurs
établissements et, donc, à une multitude de citoyens.
La notion de gestion des ressources humaines implique qu'on donne des
instruments pour essayer de régler cela. Il y a des balises, des
conventions collectives, le budget et la direction du personnel et les
congés des gens. Il ne s'agit pas de dire que cela va remplacer... Ce
n'est pas parce qu'un chef de département s'adonne à avoir MD au
bout de son nom que cela veut dire qu'il n'y a plus de conventions collectives
dans les hôpitaux; on dit simplement que celui qui a le MD au bout de son
nom dans ce département dira peut-être: La liste d'attente d'un
mois et demi, ceci et cela, c'est un problème en termes de service
diagnostique. Il faudra résoudre ce problème alors qu'autrement,
encore une fois, il est dans un contexte où il peut, à la
rigueur, s'en plaindre. Tant mieux si l'appareil y répond et, si
l'appareil n'y répond pas, il n'y a rien à faire. Le jour
où il a la maîtrise des ressources humaines et des ressources
financières, il a des instruments pour y faire quelque chose. Encore
là, c'est un instrument qui est bien imparfait parce qu'il a toutes les
autres contraintes des horaires.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce sont des ressources dont vous
parlez.
M. Johnson (Anjou): Non, dans un cas comme celui-là, par
exemple, vous pouvez avoir un problème d'horaire d'équipe.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, le problème qui se
pose.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est strictement du point de vue - je
vais le mettre entre parenthèses parce qu'on peut y attacher une
connotation péjorative - de la "rentabilité" des ressources
matérielles, des ressources humaines aussi.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, d'interproductivité dans
certains secteurs.
M. Léveillé: C'est à ce sujet aussi que les
corporations professionnelles se sont présentées ici et que
l'association des cadres met en garde contre l'application d'un tel
règlement parce que, dans ces circonstances, on confie à un
médecin la détermination de l'emploi des ressources
professionnelles. Dans ces circonstances, bien qu'il y ait effectivement des
balises d'ententes syndicales et des choses du genre, ce qui nous
inquiète, c'est que les balises d'ordre professionnel, qui en sera le
représentant? Qui sera le porte-parole du nursing à
l'intérieur d'un département de médecine
générale? Quelle autorité aura-t-il dans l'abus ou non de
l'emploi des horaires, dans un certain sens, absolument excessifs ou, dans
d'autres cas, des volumes de travail en technologie et des choses du genre?
Dans ces circonstances, on croit que, d'un côté, il peut
s'agir d'un médecin-chef dans chaque département, soit d'un
omnipraticien-chef pour les soins généraux, soit d'un
radiologiste-chef en radiologie et autres personnes du genre dans d'autres
types de département qui, eux, mettront le problème sur la table.
Dans un consensus de délibération tout à fait objectif et
de rationalisation des coûts et des emplois du temps des gens, on en
arrive, dans le fond, à une réalité où les gens
s'accordent à faire évoluer la situation. Mais un
représentant-chef du corps médical dans chaque département
pourrait tout aussi bien faire la chose, et peut-être mieux.
M. Johnson (Anjou): Vous dites peut-être mieux?
M. Léveillé: Peut-être mieux que...
M. Johnson (Anjou): Pour quelle raison? (23 h 45)
M. Léveillé: Pour la raison que je vous ai
donnée tout à l'heure. Si vous demandez à ce chef de
département d'assumer les unités et les coûts en nursing,
en dispensant des services professionnels, en dispensant du matériel de
fourniture médicale et autres choses du genre, vous confiez au
même personnage toute une somme de données disparates, il en
devient le seul interlocuteur.
M. Johnson (Anjou): Vous dites qu'en fin de compte, il faut que
quelqu'un réponde et cela s'adonne que c'est lui qui va répondre,
disons, dans le cas de la radiologie et des laboratoires. C'est lui qui va en
répondre et le D5P est...
M. Léveillé: Sans interlocuteur au niveau...
M. Johnson (Anjou): Oui, écoutez]
M. Léveillé: ...technique ou au niveau
professionnel.
M. Johnson (Anjou): Écoutez! Pour moi, c'est
l'évidence même. Vous devriez voir les pouvoirs que la loi me
donne et avez-vous remarqué les gens qui m'accompagnent ici?
M. Léveillé: Mais, M. le ministre, vous nous
étaliez tout à l'heure...
M. Johnson (Anjou): C'est comme cela que... Vous savez comme
moi...
M. Léveillé: ...que, dans le fond, toute cette
réalité-là est vécue localement.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Léveillé: Alors, dans des circonstances locales,
il est fort probable qu'il se passe bien des événements, des
décisions et des options dont vous n'entendrez probablement jamais
parler.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Léveillé: Bien oui! C'est pour cela que, dans
ces circonstances, nous considérons qu'une formule comme une structure
matricielle qu'on vous a offerte tout à l'heure nous permet de garantir
que, d'une part, la partie médicale est solidement
représentée par un chef médecin qui représente tout
son groupe médical qui oeuvre dans ce département; d'autre part,
que la direction du nursing soit aussi consciente de la façon dont sont
utilisées ces ressources et les recommandations favorables à une
meilleure utilisation et, finalement, une direction des services hospitaliers
qui représente et fait valoir l'amélioration des services qui
n'ont pas d'instance ou de considération médicale dans leur
exercice, des services qui ne cherchent pas
l'élimination des symptômes ou l'élimination de la
douleur, les services de croissance de santé globale.
M. Johnson (Anjou): Je vérifie avec le sous-ministre. La
direction des services infirmiers, elle est contenue dans la loi. Elle ne
disparaîtra pas. J'essaie de voir. Je vous écoute et...
M. Léveillé: On pense surtout à la direction
des services hospitaliers en ce moment.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais vous donniez l'exemple, tout
à l'heure, de la direction des services infirmiers. Écoutez! Il
ne faut pas avoir vécu dans un hôpital bien longtemps pour
s'apercevoir qu'un hôpital, cela ne fonctionne pas si les
infirmières ne sont pas là.
M. Léveillé: C'est exact. C'est capital.
M. Johnson (Anjou): Bon! 40% des effectifs d'un hôpital, ce
sont les infirmières.
M. Léveillé: Si on ajoute le personnel des
professionnels de la santé, on aborde, à ce moment-là,
quelque chose comme plus des deux tiers de l'hôpital qui consistent en
tous ces gens-là. Ce qu'on réalise, c'est qu'un chef de
département qui réunira toutes ces fonctions, tout ce
fonctionnement, est un professionnel, sans compter tout l'appareillage
technologique et de fourniture de soins de santé. Tout cela sera entre
les mains d'un porte-parole qui sera un médecin.
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, qui en est responsable à
l'intérieur d'un département?
M. Léveillé: Ce sont des coordon-natrices de soins
infirmiers ou des chefs d'unité infirmière qui conduisent
l'état des soins et les plans de soins. Ce sont des infirmières
ou, dans d'autres circonstances, comme dans des départements de
réadaptation, le service de réadaptation, ce sont des
professionnels de la santé qui peuvent être soit un psychologue
dans un cas, soit...
M. Johnson (Anjou): Mais le règlement n'empêche pas
l'exercice de ces responsabilités. Il n'abolit pas la direction des
services infirmiers et des DSH. Qu'on se comprenne bien. J'essaie de voir
d'où vient... Quelqu'un disait qu'il y a des gens qui font toutes sortes
d'interprétations. On n'abolit pas un DSH et un DSI dans le
règlement.
Mme Cyr: Le règlement ne l'abolit pas de fait, mais il va
en découler une abolition.
M. Johnson (Anjou): Des DSH, madame, saviez-vous que ce sont des
créatures purement locales? Cela n'a jamais été
obligatoire ni en vertu de la loi, ni en vertu des règlements.
M. Léveillé: C'est ce qui nous étonne.
Mme Cyr: C'est ce qui nous étonne...
M. Johnson (Anjou): Et cela existait quand même.
M. Léveillé: C'est ce qui nous étonne.
Mme Cyr: ...et qu'on voudrait conserver.
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on dit, c'est que, dorénavant,
ce qui est obligatoire...
M. Léveillé: Que vous ne normalisiez pas cette
situation-là.
M. Johnson (Anjou): C'est que, quand on dit "gestion des
ressources" en vertu de la loi 27, dans le règlement, la gestion des
ressources, ce sont toutes les ressources et c'est applicable dans deux
services, dans deux départements qu'on a évoqués. C'est
cela qu'on dit. On n'abolit pas le reste. J'essaie de voir...
M. Léveillé: C'est-à-dire...
Mme Cyr: Avec la possibilité de...
M. Léveillé: ...qu'un conseil d'administration peut
ouvrir autant de départements qu'il est justifié de le faire,
avec approbation.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais c'est déjà cela.
C'est déjà comme cela que ça fonctionne.
M. Léveillé: C'est dans ces circonstances-là
qu'on vous met en garde contre une telle application, parce que, dans ces
circonstances, il peut se produire éventuellement que les services
hospitaliers qui ne sont pas d'ordre médical, qui ne conçoivent
pas leur travail sous un angle médical, ne soient pas
représentés dans le département et hors du
département au niveau des comités de régie, entre
autres.
Ce qui nous inquiète, c'est que, dans un seul pas qui nous
apparaît un pas absolument gigantesque et presque
phénoménal, c'est presque un saut lyrique, dans ces
circonstances-là, on demande à un médecin, du jour au
lendemain, d'assumer tous ces ordres de valeur très multidisciplinaires
qui lui sont aussi, uniquement en termes de matériel et de technologie,
parfaitement étrangers. Nous pensons que, dès le
départ,
le médecin a tellement de tâches à faire dans sa
tâche de représentation...
Tenant compte du rôle représentatif de ce médecin au
comité consultatif à la direction générale pour des
projets interétablissements et ajoutant à ses
responsabilités d'élaborer les règles de planification et
d'utilisation des ressources médicales, les normes de soins
médicaux, la définition des outils qui seront utiles pour
évaluer le profil de la pratique médicale individuelle et
collective, le profil des caractéristiques des patients et toute
formulation de sanctions administratives contre les médecins qui ne
respecteront pas ces règles, nous ne pouvons que conclure à une
première expérience administrative considérable à
assumer pour un corps professionnel déjà peu sensibilisé
aux principes financiers et corporatifs et à la gestion des ressources
humaines et des soins de santé. Voilà ce qu'on dit dans notre
proposition. C'est pourquoi on vous propose, pour un premier temps, pour un
premier pas, de considérer une démarche naturelle par laquelle on
demande à des chefs d'unité de devenir des chefs
représentant le corps médical de ces départements et de se
contenter de faire cette tâche qui est quand même
déjà considérable.
M. Johnson (Anjou): Madame.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. Je pense qu'on a assez
échangé sur toute cette question. Je ne sais pas où est la
réponse, je vais vous l'avouer bien humblement, parce que je ne suis pas
sûre si je comprends plus ou moins qu'auparavant.
Il y a quand même une chose sur laquelle je veux revenir pour les
fins de la discussion: le chef de département. Tenons-nous-en au
département de radiologie. Il devra quand même défendre ou
justifier un budget, il devra rendre des comptes à savoir comment il
s'est payé - je vais caricaturer -un salaire de 150 000 $, qu'il n'y a
plus qu'un radiologiste et que les examens ne se font plus. Cela tournera mal
quelque part s'il y a des exagérations dans un sens ou dans l'autre. Il
devra répondre à la fin de l'année de la façon
qu'il a utilisé son budget. J'imagine que, lorsqu'il présente son
budget, il dit: J'ai besoin de tant de matériel, de tant de techniciens
en radiologie, de tant de secrétaires, de film, de pellicule, de
l'instrumentation, etc. J'imagine que c'est comme cela mais il sera
obligé d'en rendre compte. Si, à la fin de l'année, cela a
été renversé et qu'il a dépensé trop d'une
sorte et pas assez de l'autre, et dans l'hypothèse où c'est un
gros méchant et qu'il s'est payé un salaire de 150 000 $, il me
semble qu'il y aura quelqu'un dans l'institution pour lui demander des
comptes.
Je suis prête à admettre que, s'il ne l'a jamais fait, il
faudra qu'il trouve des moyens d'évaluer ce besoin de matériel et
toutes ces choses; mais, pour le reste, je ne pense pas qu'il soit
laissé libre, qu'on lui donne un magot de tant de milliers de dollars et
qu'ensuite il fasse... Il me semble que ce type de contrôle s'exercera
à l'intérieur de l'hôpital.
M. Johnson (Anjou): Tout d'abord, il y a la
réalité.
Mme Lavoie-Roux: Mais si les examens ne se font pas parce qu'il
n'y a pas assez de matériel...
M. Johnson (Anjou): Voilà: Un département de
radiologie, c'est là pour donner des services et non pas simplement pour
tenir occupé quelqu'un qui en assume la direction. De plus, il y a la
notion d'être responsable et de rendre compte de ce qu'on fait à
partir d'un budget, à partir des ressources mises à sa
disposition. C'est ce que la loi dit. Les ressources mises à sa
disposition, il n'en invente pas, il n'en fabrique pas. Ensuite, il y a un
équilibre entre les professions de la santé où, s'il est
vrai que ces choses-là s'entrecoupent et s'il est vrai que les
conceptions, particulièrement au Québec, parce qu'on s'est
donné un cadre extrêmement rigide à l'égard des
professions... Si on se compare avec d'autres endroits dans le monde, il y a
des notions ou des plates-bandes auxquelles tu ne touches pas sur le plan de la
direction professionnelle et sur le plan de la vie professionnelle des gens.
Finalement, il y a le fait qu'on tient pour acquis qu'il y a un potentiel pour
faire cela, et je le tiens pour acquis; mais il y en a qui ne veulent pas le
tenir pour acquis. J'ai bien remarqué cela.
Le système québécois est différent d'autres
systèmes. Je pourrais dire, par exemple, dans le cas des médecins
du Québec, qui sont généralement moins bien payés
que les médecins du reste du Canada -ce qui n'est pas exactement le cas
de nos cadres, qui sont généralement mieux payés que ce
qu'on retrouve ailleurs au Canada -qu'ils vivent des situations
différentes et plus particulières. Cela en est un aspect, et il y
en a une douzaine d'autres. Si vous allez aux États-Unis, dans certains
hôpitaux dits privés, ce qui est le cas d'environ la moitié
des établissements américains, il y a des hôpitaux qui
portent même le nom de "doctors' hospital", et ce n'est pas pour rien;
c'est parce que les actionnaires sont des médecins, les gestionnaires
sont des médecins et les cliniciens sont des médecins. Cela
existe. On n'est pas tout seul sur la terre. Je ne vous dis pas qu'il faut que
notre système public devienne une série de 250 "doctors'
hospital" pour le Québec. Je vous dis simplement que ce n'est pas parce
qu'on
a fait un cours de médecine qu'on est incapable de gérer,
comme ce n'est pas parce qu'on en a fait un qu'on peut affirmer que, par
définition, c'est cela qui nous intéresse le plus dans la
vie.
Je pense que ce règlement est un pas qui n'est pas un saut
lyrique; je pense que c'est l'expression que vous utilisiez. Ce n'est quand
même pas un saut lyrique. C'est un pas qui va dans le sens de ce qu'on a
dit être nos objectifs au moment de l'étude de la loi 27:
d'impliquer plus les médecins dans l'administration. Je pense que ce
n'est pas de façon désordonnée; ce n'est pas irrationnel;
ce n'est pas vrai qu'on est en train de revirer les hôpitaux à
l'envers avec cela. Mais on est en train de créer des conditions qui
vont faire que, de plus en plus, avec le temps, les médecins vont
pouvoir s'identifier à des aspects de gestion et que, dans un premier
temps, ils vont très largement avoir droit au chapitre sur les notions
de base qui m'apparaissent marquer les années qui viennent dans le
développement de notre système de santé, les notions
d'orientation des établissements et des choix qu'il y a à
faire.
Je rencontrais tout récemment les représentants
médicaux et administratifs d'un grand hôpital de Montréal,
qui ont des projets de fondation comme d'autres, qui ont commencé
à faire des choix extrêmement difficiles pour le corps
médical, à savoir: Est-ce qu'on continue ou pas tel type de
département au profit du développement de tel autre? Ce n'est pas
vrai qu'on va laisser ces décisions-là à quatre
sous-ministres adjoints à Québec et au cabinet du ministre des
Affaires sociales ou juste à des gens qui ont des MBA. Il faut qu'ils
soient impliqués dans ce processus, par définition, et je ne me
fais pas d'inquiétude à ce sujet.
Le ministère et tout le reste de la structure seront bien
là pour leur rappeler ce que sont leurs contraintes, par
définition, d'abord parce qu'on est plus nombreux au niveau des
gestionnaires qu'ils le sont comme médecins et, deuxièmement,
parce qu'il y a une tradition ici que les hôpitaux se sont
développés dans un système public qui impliquait une
très grande présence des gestionnaires qui vont, par la force des
choses, continuer d'occuper une place extrêmement importante. Mais cette
place-là ne doit pas exclure, comme on est en train de le faire - et
à un moment très critique et très important pour le
développement du système de santé au Québec, pour
l'avenir -la présence des médecins à ces différents
niveaux. Et on doit accepter aussi qu'à certains endroits, dans la
mesure où des conditions locales le permettent et dans la mesure
où certains secteurs sont plus clairement identifiables comme
étant susceptibles d'avoir des gages de succès dans cette
opération, on permette aux médecins d'exercer des pouvoirs de
gestionnaires à certains endroits.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
poser une dernière question au ministre. Est-ce que vous entrevoyez, par
exemple, que, dans un hôpital ou dans un département de radiologie
qui serait un département considérable, vu que c'est un
hôpital universitaire... Est-ce que vous entrevoyez qu'à un moment
donné ces gens-là puissent occuper cette fonction-là
à temps plein? À ce moment-là, est-ce qu'ils pourraient
être considérés comme cadres s'ils deviennent gestionnaires
à temps plein?
Deuxièmement, est-ce que vous avez fait une évaluation
grossière, si on veut, mais quand même une évaluation, des
coûts que cela peut impliquer? C'est aussi un élément
important, (minuit)
M. Johnson (Anjou): Je vérifiais une chose avec un des
sous-ministres adjoints qui a aussi une expérience de ce que la vie de
gestionnaire veut dire. De façon générale, dans le cas des
départements de radiologie, par exemple, on me dit que c'est
extrêmement rare que le chef du département de radiologie - et
cela existe dans certains hôpitaux en ce moment - se consacre
exclusivement à ces tâches de gestion. Je ne parlerai pas ici de
la dimension des tempéraments. Je pense qu'à l'exception des DSP,
en général, les médecins qui ont des fonctions d'une
nature administrative dans les hôpitaux conservent aussi un rôle
relativement important sur le plan clinique.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ces chefs de département qui
existent présentement dans certains hôpitaux assument actuellement
toutes les fonctions que le règlement prévoit, soit de
gérer les ressources humaines, matérielles et
financières?
M. Johnson (Anjou): Dans certains cas, oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans certains cas, complètement.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous fait une évaluation des
coûts de ces chefs de département? Enfin, une approximation...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...parce que c'est quand même important
aussi.
M. Johnson (Anjou): Oui, on a une approximation, mais vous me
permettrez de ne pas l'évoquer ici...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson (Anjou): ...d'abord parce qu'on est en public et,
deuxièmement, parce que je vois des représentants de la
Fédération des médecins spécialistes et que ce sont
des choses qui font partie des discussions à la table de
négociation. On a fait une évaluation et on pense qu'il y a moyen
d'aviser à l'intérieur de ce qu'on prévoit dans un avenir
possible.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci. M. Johnson (Anjou):
Merci.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'autres
interventions? Je remercie l'Association des cadres intermédiaires.
La commission des affaires sociales ajourne ses travaux à demain
matin, 9 h 30.
(Fin de la séance à 0 h 02)