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(Dix-neuf heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des affaires sociales reprend
ses travaux pour étudier les crédits de l'année 1983-1984
de son ministère.
Mme Lavoie-Roux: II nous reste les centres hospitaliers, les
CRSSS et la direction du ministère. Je pense que ce sont les trois
programmes qui restent.
Une voix: II reste aussi le programme 7.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! La recherche.
Le Président (M. Desbiens): Nous sommes au programme
3.
M. Johnson (Anjou): Nous commencions le programme 3, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Nous commençons le
programme 3. M. le ministre.
Services en centres hospitaliers
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je voudrais
simplement, pour les fins de l'enregistrement de nos débats, dire que
nous avions adopté, la semaine dernière, le programme 4, au cas
où cela n'aurait pas été consigné, ainsi que le
programme 5, Services en centres d'hébergement, ainsi que le programme
6, Services en centres de réadaptation. Les programmes 1 et 2 avaient
été adoptés à la séance
précédente. Il reste donc le programme 3, Services en centres
hospitaliers; le programme 7, Coordination de la recherche; le programme 8,
Coordination régionale et nationale, et le programme 9, Direction et
gestion.
M. le Président, à l'égard du programme 3, Services
en centres hospitaliers, compte tenu du fait qu'au moment de mes remarques
préliminaires, au début de la commission, j'ai eu l'occasion
d'évoquer certains des éléments les plus importants, je
laisserai la députée de L'Acadie faire des commentaires
généraux en matière de santé, si elle en a.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, qu'on avait
abordé le programme 3 en posant des questions d'ordre
général touchant la santé. Par exemple, on avait
parlé de l'épandage des insecticides - on n'y reviendra pas - et
de diverses questions comme celle-là. Je les appelle "des questions
d'ordre général", en fait, qui touchent le fonctionnement des
hôpitaux et ainsi de suite. Il y en avait peut-être quelques autres
sur lesquelles je voudrais continuer.
Si ma mémoire est bonne - je peux me tromper - je pense que,
lorsque nous nous sommes quittés, on parlait de l'effectif en
disponibilité dans le réseau des affaires sociales. Le ministre
nous avait dit qu'il y en avait environ 1500 en disponibilité.
M. Johnson (Anjou): Environ 1350.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut avoir le chiffre exact?
M. Johnson (Anjou): Oui. On va vous le donner tout de suite. Ce
sont 1337.
Mme Lavoie-Roux: II y en a 1337 qui sont en disponibilité.
J'aimerais poser une question au ministre, là-dessus. Lors de la
dernière ronde de négociations - en fait, qui n'est même
pas tout à fait terminée - il y a eu un plafond établi
quant aux mises en disponibilité qui devaient être d'environ 1200.
Cette disposition est valable pour un an, je pense, jusqu'en mars 1984. Le
ministre peut-il nous dire ce qu'il adviendra des personnes qui pourraient
être mises en disponibilité dans les efforts de rationalisation
qui pourraient être faits à l'intérieur des
établissements et, d'une façon plus particulière,
là où des décisions administratives sont prises ou
à la veille d'être prises quant à la transformation
d'établissements? Je pense à Sainte-Jeanne-d'Arc et au Reddy
Memorial. Je pense au transfert d'effectif, dans la région de
Québec, touchant la pédiatrie. Si ce plafond de 1200 existe,
comment pourra-t-on procéder à la rationalisation?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II y a deux choses. Il y a, d'une part, la
définition du plafond, sa durée et son applicabilité.
D'autre part, à toutes fins utiles, la question que soulève
la
députée de L'Acadie, c'est, de façon
générale: Dans quelle mesure peut-on concilier la notion d'un
plafond avec des mesures de rationalisation qui entraînent une
augmentation du nombre de personnes mises en disponibilité dans certains
cas?
Quant à la première partie de sa question, je dirai que,
s'il est exact que nous avons consenti un plafond de 1200 personnes lors de la
négociation avec les syndicats, notamment à la suite de la
rencontre des présidents des centrales syndicales avec le premier
ministre le 20 janvier, il s'agissait d'une proposition qui était dans
le cadre d'un effort de règlement, règlement que nous avons
obtenu avec l'ensemble des syndicats, à l'exception du plus important
sur le plan de l'effectif numérique, la CSN, c'est-à-dire la
Fédération des affaires sociales. Dans la mesure où la
Fédération des affaires sociales, la CSN, ne signe pas cette
entente, je ne suis pas sûr que nous devons nous considérer comme
liés à l'égard de cette notion de plafond.
Or, il y avait à la CSN, au début de l'année,
environ 950 personnes sur un total de 1195 ou 1200. Si la CSN n'accepte pas de
signer une entente, ce sont les décrets qui s'appliquent. C'est ce qu'on
aura l'occasion de constater à l'occasion du dépôt du
projet de loi visant à remédier aux problèmes de forme,
à l'égard de la question linguistique, notamment. Dans la mesure
où nous ne nous sentons pas liés par ce plafond, je pense que
nous avons là une plus grande marge de manoeuvre sur le plan des efforts
qui seraient faits du côté de la rationalisation.
Deuxièmement, il faut bien se rendre compte qu'il y a deux
choses. Il y a, d'une part, le développement et, deuxièmement,
l'attrition, qui peuvent jouer pour toutes sortes de raisons. Le plafond est un
plafond "provincial" et nous considérons que, dans les crédits
pour l'année qui vient, il y aura près de 1200 postes, au total,
dans les équivalents à temps plein qui s'ouvriront dans le
réseau. Il faut bien se rendre compte qu'il y a là-dedans le
Centre hospitalier de Gatineau avec 800 postes équivalents à
temps plein et d'autres postes. Je pense à des centres d'accueil, je
pense à certains CLSC et, évidemment, à Pierre-Boucher qui
n'a pas terminé son recrutement, de même qu'à Valleyfield
et Le Gardeur. Il y a donc là un potentiel d'absorption qui est,
cependant, limité avec la clause des 50 kilomètres, dans la
mesure où elle s'applique, mais elle ne s'applique pas dans tous les
cas. D'autre part, il y a l'attrition naturelle, des départs qui se font
dans le réseau par décès ou autrement, qui libère
autant de postes.
S'il est exact que cette notion de plafond nous rend les choses plus
difficiles administrativement en termes de planification, et, je dirais, de
conséquences financières dans l'espace d'une année
financière plutôt que deux ou trois, il n'en demeure pas moins que
c'est une chose avec laquelle nous pouvons vivre. Quant à nous, dans
l'équilibre toujours difficile qui se fait en négociation entre
obtenir un règlement et accepter des contraintes additionnelles c'est un
jugement que nous avons porté à ce moment-là. Mais, encore
une fois, la question reste ouverte quant à savoir si le plafond doit
s'appliquer dans le cas de la FAS, dans la mesure où elle n'a pas
signé. Les autres ont signé sur un plafond.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre semble dire avec certitude que la
notion du plafond ne s'applique pas à la FAS, mais est-ce que ce
n'était pas un plafond qui était établi pour l'ensemble du
réseau?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment, c'est difficile de partager
les uns et les autres.
M. Johnson (Anjou): Deux choses: premièrement - c'est un
élément que j'ai négligé - il y a un autre
mécanisme qui permet une résorption du Service de placement des
affaires sociales, le SPAS. Maintenant, les nouvelles dispositions des
conventions collectives ou du décret, selon le cas, prévoient
qu'il y a une priorité aux employés qui ont la
sécurité d'emploi sur les employés qui sont sur la liste
de rappel et n'ont pas la sécurité d'emploi. Cela veut dire en
pratique que, dans une région comme Québec ou Montréal,
par exemple, dans la mesure où des postes sont ouverts à la suite
d'un départ, les anciennes conventions collectives faisaient en sorte
que quelqu'un qui n'avait pas la sécurité d'emploi, mais
était sur la liste de rappel depuis, disons, huit ans était le
premier à pouvoir postuler le poste, alors que maintenant, les nouvelles
dispositions disent: On y va par statut, selon qu'il s'agisse d'une personne
qui a la sécurité d'emploi ou non. Les personnes qui sont dans la
région de Québec, possiblement en disponibilité, se
verront assignées de façon prioritaire pour remplir des postes
laissés vacants pour n'importe quelle raison dans d'autres
établissements dans la même région. C'est un
troisième mécanisme important en ce qui concerne la
résorption du plafond.
Quant à la question de savoir si le plafond est applicable
à tous, je ne veux pas me transformer en interprète juridique des
textes. Je dirai ceci: II a été établi à partir de
considérations qui touchaient, entre autres, la CSN, la FAS, mais qui
touchaient également onze autres groupes. Nous avons les chiffres au
moment où nous avons établi le plafond. Il y avait, par exemple,
à titre
d'hypothèse, quelque 900 personnes de la FAS, 12 du Syndicat
canadien de la fonction publique, 13 ou 18 ou 32 du SPIIQ, etc. C'est en
fonction de leur appartenance à ce plafond que nous nous
considérons liés, que ce soit au prorata ou en termes de chiffres
absolus. Mais dans la mesure où la FAS ne signe pas, je considère
que nous ne devrions pas nous sentir liés à cet égard.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'interprétation du ministre. Je
lui ferai remarquer que, dans le cas du changement de vocation
d'hôpitaux, à Québec, la pédiatrie du CHUL et celle
de Saint-François-d'Assise, si je ne me trompe pas, plusieurs
infirmières sont touchées par cela. En général,
est-ce qu'elles ne font pas davantage partie du SPIIQ et de tous les
regroupements d'infirmières que de la FAS? Ce sont les
auxiliaires-infirmières que vous retrouvez beaucoup dans la
Fédération des affaires sociales...
M. Johnson (Anjou): Quelques infirmières.
Mme Lavoie-Roux: ...et aussi les gens des CLSC. Il y aura
plusieurs infirmières qui seront touchées par cela. En tout cas,
cela demeure un problème qui ne simplifiera pas les choses.
M. Johnson (Anjou): II faut bien comprendre, cependant, que le
réseau a connu des périodes qui l'ont à l'occasion
ébranlé. Il a sûrement fait parler beaucoup de gens pendant
trois ans. On peut dire en toute objectivité, quand on regarde les
crédits et ce qui s'en vient, que les compressions sont plus en
arrière de nous qu'en avant. À cet égard, ce sont surtout
les compressions budgétaires qui ont engendré des mises à
pied, alors que les établissements ont tenté d'amincir un peu
leur forme en termes de performance. La rationalisation, pour sa part, ne
produira pas à court terme des déplacements aussi massifs. Quand
on tient compte à la fois des mécanismes d'attrition, de
résorption du plafond par la priorité des sécuritaires et
de certains développements obligatoires, je pense que ce sera
relativement marginal dans le type de masse qu'on a connue dans le
passé, ce qui pourrait affecter globalement ces questions de
mobilité de main-d'oeuvre. Ce sera beaucoup plus facile à
administrer que ce ne l'aurait été d'imposer un tel plafond il y
a trois.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il nous dire s'il a l'intention
de demander aux nouveaux établissements d'aller puiser dans le personnel
en disponibilité? À cet égard, j'aimerais qu'on nous dise
quelle est la proportion ou le nombre de personnes qui, dans le cas de
Pierre-Boucher, ont été recrutées dans le bassin de mises
en disponibilité et celles qui ont été recrutées
à partir de nouveau personnel.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Non seulement le ministère a
l'intention de... mais il le fait depuis un an et demi, même un peu plus.
En pratique, si on l'analyse strictement, je ne dirai pas sur le plan
financier, mais sur le plan de la meilleure utilisation possible de l'argent
des contribuables, dans la mesure où il y a des gens qui oeuvrent dans
le réseau des affaires sociales et qu'on veut qu'ils aient une
assignation, ce qu'on a fait dans le cas de Pierre-Boucher, c'est qu'on a fait
en sorte que l'établissement fasse affaires avec un certain nombre
d'autres établissements de Montréal qui, eux, étaient
appelés à faire des mises à pied dans l'application de
plans de compression ou d'équilibre budgétaire, ce qui a fait que
beaucoup d'infirmières, de techniciens, d'employés de
différentes catégories, qui étaient tantôt à
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, tantôt à l'Hôtel-Dieu,
à Notre-Dame ou ailleurs et qui, dans bien des cas, résidaient
sur la rive sud, ont choisi d'aller à Pierre-Boucher.
Donc, si sur le plan de l'équilibre budgétaire de chacun
des établissements, cela pouvait changer quelque chose, sur la masse
globale et sur le plan d'une utilisation rationnelle des ressources, cela
faisait en sorte que, les personnes qui quittaient un hôpital de
Montréal pour se rendre à Pierre-Boucher n'étant pas
remplacées, on avait exactement l'équivalent que si on avait fait
des mises à pied, qu'on les avait envoyées au SPAS et qu'ensuite
on les avait reclassées. Sauf que l'avantage de la procédure
qu'on a prise avec les établissements, sur une base qui n'était
pas coercitive, c'est qu'il y a des éléments de choix qui ont
joué pour les travailleurs là-dedans et c'est très
important sur le plan de leur motivation.
Au total, qu'est-ce que cela a donné comme résultat? 284
candidats en provenance du réseau, 86 en provenance du SPAS (le service
de placement) 10 candidats en provenance de l'extérieur du
réseau, 4 candidats en provenance de la Buanderie communautaire de
Montréal, qui est un organisme, à toutes fins utiles,
subventionné. Le résultat est donc encourageant puisque, sur la
base de ce qui s'est passé, 95% du recrutement à Pierre-Boucher
s'est effectué auprès de candidats du réseau des affaires
sociales qui, dans beaucoup de cas, n'ont pas été
remplacés en quittant l'établissement d'où ils venaient.
71% du personnel qui a été recruté, de fait, permettait la
libération ou l'économie d'un poste quelque part dans le
réseau, dans cette région.
C'est donc, je pense, une méthode qui nous a permis non sans
difficulté au début, il faut bien le voir, de respecter les
impératifs
que les gestionnaires ont accepté de ne pas qualifier d'absolus
à Pierre-Boucher, parce que de façon absolue, pour eux, cela
aurait été la liberté totale de recrutement. Nous, on a
dit: On a un autre impératif, qui s'appelle une utilisation rationnelle
des ressources humaines et de la quantité d'argent des contribuables
dans la région de Montréal qu'on met pour cela. Cela a
donné 71% du recrutement qui s'est fait à l'intérieur
d'établissements où, à toutes fins utiles, cela a permis
des économies de postes. Donc, c'est considérable.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui justifiait qu'on aille chercher
des gens à l'extérieur du réseau? Est-ce que
c'était du personnel-cadre?
M. Johnson (Anjou): Écoutez, il y en a tellement peu.
C'est 10 candidats; c'est à peine 3% ou 4%. C'est probablement pour des
travaux plus techniques. On me donne comme exemple l'informatique, qui est un
secteur qui s'est développé dans les hôpitaux et qui
continue de se développer. Il y a très peu de gens qui quittaient
des établissements pour y aller. Alors, c'est plutôt pour des
choses spécialisées. C'est bien fait, c'est bien
administré.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sauf les plaintes qu'on a eues de personnes
qui étaient en disponibilité. On a pris des gens qui
étaient dans des établissements et elles sont restées sur
la liste de mises en disponibilité. Peut-être que c'est
satisfaisant au plan comptable, mais au plan des personnes qui attendent un
poste d'infirmier ou d'infirmière, ou quelque autre poste et qui sont
mises en disponibilité pendant qu'on va en chercher 284 dans les
institutions - je suis d'accord avec vous qu'ils viennent de l'intérieur
du réseau, c'est déjà bon - à ce moment, il n'y a
plus beaucoup de priorité qui est accordée, par exemple, à
l'expérience, à l'ancienneté ou à ces
choses-là. Je pense que le ministre peut être satisfait, mais il y
en a peut-être d'autres qui le sont un peu moins.
M. Johnson (Anjou): Mais la raison de base, c'est qu'au Service
de placement des affaires sociales il n'y avait plus de nursing. C'est pour
cela que cela a été vidé. Ce qu'il y avait
d'infirmières en disponibilité...
Mme Lavoie-Roux: II n'en restait plus?
M. Johnson (Anjou): II n'en restait plus au moment où cela
a été fait. C'est ce qu'on me dit, ce sont les informations que
j'ai. Je n'ai pas de peine à le croire, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Moi, ce sont des plaintes d'infirmières
que j'ai eues.
M. Johnson (Anjou): Des infirmières auxiliaires
peut-être? Préposées aux malades?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas préposées aux
malades.
M. Johnson (Anjou): Non? Infirmières auxiliaires
possiblement.
Mme Lavoie-Roux: Non, il me semble que ce sont des
infirmières, mais avant de l'assurer de façon exacte, il faudrait
que je revérifie; mais c'étaient certainement des
infirmières. Il ne me semble pas que c'étaient des
infirmières auxiliaires, mais, pour l'affirmer sans l'ombre d'un doute,
il faudrait que je revérifie ces choses.
M. Johnson (Anjou): Hum, hum.
Mme Lavoie-Roux: Lorsque je vois le ministre être toujours
fort content de lui-même, je me dis qu'il y a quand même des
nuances.
M. Johnson (Anjou): Oh non, ce n'est pas tellement de
moi-même que je suis content; c'est de ce que font les gens au
ministère. Je trouve qu'ils travaillent bien.
Mme Lavoie-Roux: On verra cela plus tard. Pourrait-on nous dire
si les budgets ont été envoyés aux établissements
pour l'année 1983-1984?
M. Johnson (Anjou): II y a dix jours que les budgets provisoires
sont partis du ministère. Donc, ils devraient être là, sauf
peut-être à Chimo.
Mme Lavoie-Roux: Mais leur année financière a
commencé le 1er avril?
M. Johnson (Anjou): Oui. C'est pas pire, c'est un progrès,
parce que je me souviens d'une année où ils les ont reçus
trois mois en retard.
Mme Lavoie-Roux: Oh oui, je vous en avais parlé aussi
à ce moment-là. C'est quand vous avez fait vos coupures,
cela.
M. Johnson (Anjou): De toute façon, ils administrent en
fonction de l'ancien budget en vertu de la loi. À la rigueur, cela peut
causer certains casse-tête aux gestionnaires, mais sur le plan de la
saine administration et de savoir où l'argent va, on sait qu'ils ne
dépensent pas plus que ce à quoi ils ont droit.
Mme Lavoie-Roux: Vous trouvez que c'est de la bonne
administration de recevoir son budget - un budget juste provisoire -
trois semaines après le début de l'année
financière?
M. Johnson (Anjou): L'idéal pour moi, c'est s'ils
pouvaient le recevoir trois mois avant.
Mme Lavoie-Roux: On ne vous en demande pas tant, mais
peut-être un mois avant.
M. Johnson (Anjou): Non, mais idéalement, s'ils savaient
où ils s'en vont à peu près vers la fin du mois de janvier
ou au début du mois de février, ce serait parfait. Sauf qu'on a
une contrainte assez importante, ce sont les crédits: dans la mesure
où nous fonctionnons sous un système de subventions aux
établissements, pour que le ministre des Affaires sociales envoie des
subventions à 1000 établissements dans le réseau des
affaires sociales, il faut qu'il y ait des crédits et, pour avoir des
crédits, il faut qu'ils soient déposés en Chambre; pour
qu'ils soient déposés en Chambre, il faut qu'il y ait eu une
revue de programmes et, pour qu'il y ait une revue de programmes, il faut que
le ministre des Finances ait vu ce qu'était la revue de programmes faite
par son collègue du Conseil du trésor, qu'ils se soient
consultés, et qu'il ait calculé quelles sont ses perspectives de
budget. Tout cela nous amène dans un cycle qui va du 1er avril au 31
mars.
Mme Lavoie-Roux: N'y a-t-il pas une différence à
faire entre la préparation des budgets - il reste que les budgets
commencent à se préparer à l'automne de toute
façon, pour autant que le gouvernement est touché - ou les normes
budgétaires, ou le cadre budgétaire et l'adoption des budgets en
Chambre? Ce sont deux choses différentes.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que je ferais deux
nuances. La première, c'est que, pour un réseau de la dimension
du réseau des affaires sociales ou de celui de l'éducation,
à toutes fins utiles, qui, à eux deux, ramassent pas loin de 59%
ou 60% du budget, un peu plus que cela, quand le président du Conseil du
trésor fait la revue de programmes avec ses équipes, il y a une
consultation qui a lieu quelque part au mois de janvier avec le ministre des
Finances. Ce n'est pas avant cette période que le ministre des Affaires
sociales a une idée s'il va envoyer 100 000 000 $ de compressions ou est
capable de dire: Ce sera l'équilibre cette année; ce n'est pas
avant cette démarche qui n'implique pas que lui, mais qui implique
l'ensemble de l'administration gouvernementale. (19 h 45)
Cela dit, cependant, je me permets ici d'évoquer ce qui
m'apparaît souhaitable, soit une notion autour de laquelle nous avons mis
en branle un comité conjoint auquel participent à la fois le
Conseil du trésor, le Vérificateur général, le
ministère et où seront représentés les
intérêts du réseau. On étudie la possibilité
de revoir le cycle budgétaire pour que l'année financière
soit changée dans le réseau des affaires sociales. Si on pouvait
parvenir à une année financière différente, je
pense qu'on réglerait une fois pour toutes ce problème. Je ne
vois pas pourquoi cela ne serait pas intrinsèquement impossible. Je
pense que c'est possible. Cela demande, cependant, des ajustements
législatifs, surtout organiquement, avec le Conseil du trésor et
le bureau du Vérificateur général, parce que ce sont de
grosses masses. C'est - je ne sais pas - 29% du budget du gouvernement. On ne
peut pas déplacer l'année financière de 29% du budget du
gouvernement sans tenir compte d'autres facteurs y compris de ceux de la
vérification. Mais on travaille très fort là-dessus. Si on
pouvait déplacer cette année financière et la faire, par
exemple, à juin ou juillet, à juin ou juillet comme c'est le cas
au ministère de l'Éducation. Je pense qu'on pourrait, à
partir de ce moment-là, permettre aux établissements de voir
venir leur planification budgétaire deux ou trois mois à
l'avance, parce que les crédits resteraient toujours à la
même époque. Sauf que le paradoxe, c'est que l'Éducation et
les Affaires sociales auraient le même cycle budgétaire.
L'Éducation, c'est en juin, en ce moment?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est à la fin de juin,
l'année financière.
M. Johnson (Anjou): C'est juin. Disons que les Affaires sociales
auraient la même chose, vous avez les deux tiers du budget et vous
continuez de déposer les crédits au mois de mars. Je comprends
pourquoi il y a des résistances un peu naturelles ou, en tout cas, que
cela ne vienne pas spontanément à l'appareil gouvernemental de le
faire.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous dites que ce sont les budgets
provisoires qui leur ont été envoyés, cela implique quoi?
Cela veut dire que ce que sera leur budget n'est pas encore tout à fait
certain, si je comprends bien.
M. Johnson (Anjou): La variation est d'environ - entre le budget
provisoire et celui qui pourrait être définitif - 1% de ce qu'on
appelle les autres dépenses, c'est-à-dire, en pratique, de moins
de 20% du budget de chacun des établissements. Donc, on parle d'une
fraction de 1% qui est la marge d'incertitude dans la mesure où, comme
je l'ai expliqué au début de la
commission la semaine dernière, cette année, on
prévoit un mécanisme de réallocation de ressources sur le
plan régional.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, quand vous dites que c'est moins de
1%...
M. Johnson (Anjou): C'est 1% de ce qu'on appelle "autres
dépenses". Par exemple, dans le budget d'un hôpital, en gros, on a
82% du budget consacré à la main-d'oeuvre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Les 18% qui restent sont consacrés aux
autres dépenses: les fournitures...
Mme Lavoie-Roux: C'est celui-là qui n'est pas certain?
M. Johnson (Anjou): Celui-là est définitif moins
1%. Sur le budget global de l'hôpital, la marge d'incertitude de
l'établissement est inférieure à 0,2%.
Mme Lavoie-Roux: À 0,2%. D'accord. Puisqu'on est dans la
question des budgets, est-ce que le ministre peut nous dire, s'il y en a eu ce
qu'il advient des surplus des établissements? Est-ce que ce serait
possible d'avoir une liste des déficits encourus par les
établissements pour l'année 1982-1983? Merci.
M. Johnson (Anjou): C'est à l'égard de la
disposition des surplus, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: La deuxième. M. Johnson (Anjou):
La deuxième.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, une liste des déficits encourus
par...
M. Johnson (Anjou): Chacun des établissements?
Mme Lavoie-Roux: ...chacun des établissements.
M. Johnson (Anjou): II y en a quelques-uns qu'on connaît
par coeur.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, cela ira plus vite. Si vous me
permettez une parenthèse, la semaine dernière, je vous ai
demandé des données - je ferais mieux de parler dans mon micro -
et on m'a dit: On ne peut pas vous donner cela demain. D'ailleurs, je
comprenais cela fort bien. Mais je ne pensais pas qu'on reviendrait la semaine
suivante. Est-ce que vous avez les données que j'ai
demandées?
M. Johnson (Anjou): C'était sur quoi,
déjà?
Mme Lavoie-Roux: J'en ai demandé sur les CLSC, sur les
mises à pied, les cadres, les temps partiels, les hommes, les femmes,
les pères, les mères. Mais on va revenir à mes deux
questions: la liste des déficits et qu'advient-il des surplus?
M. Johnson (Anjou): Alors, je n'ai pas la liste des
déficits à la portée de la main. Je dois vous dire que
Notre-Dame a encore un déficit cette année, ainsi que quelques
autres.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, vous me l'aviez remise.
M. Johnson (Anjou): Oui. On va tenter de l'avoir d'ici à
la fin de la séance. En général, on parle d'une quinzaine
d'établissements hospitaliers dont une dizaine ont des déficits
qui excèdent de beaucoup, 1% de leur budget total. C'est finalement, en
termes du nombre d'établissements, très peu. Nous avons une
proportion intéressante d'établissements, cette année, qui
ont réalisé des surplus. Nous sommes en discussion avec le
Conseil du trésor quant à ce qu'on appelle une politique de
libération des surplus. Selon le principe que nous voudrions voir retenu
-il reste à en fixer certaines modalités; les
établissements seront fixés assez rapidement dès qu'on
aura terminé cela avec le Conseil du trésor - il s'agirait de
permettre aux établissements de disposer de 80% du surplus de
façon autonome et 20% du surplus serait envoyé au niveau
régional pour une réallocation régionale. Tout cela
à partir de la cohérence que j'ai déjà
évoquée depuis deux ans. Il est, à mes yeux,
impératif d'impliquer, de plus en plus, une conscience régionale
quant au problème de réallocation des ressources.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'ai bien compris, M. le
Président, quand le ministre m'a dit que 20% serait
réalloué au niveau régional et que 80% resterait à
l'établissement?
M. Johnson (Anjou): D'après le principe
général - je m'excuse, mais cela faisait quelque temps que je
n'avais pas vu cela, on a eu une longue réunion là-dessus, cela
me revient - on fait une espèce de corridor de 1% pour les
établissements. Ils conservent tout ce qui est en excédent de
leur budget; tout surplus qu'ils auraient réalisé, mais
représentant 1% et moins du budget total des établissements,
c'est à eux, cela. Ce qui est au-dessus de 1% dans un surplus, disons un
établissement qui aurait 3% de son budget en surplus; c'est assez rare,
il n'y en a pas beaucoup dans les hôpitaux, en tous cas, on en a
quelques-uns dans le secteur de la
protection sociale ou autrement - est analysé. Si ce qui est
au-dessus de 1% est considéré comme des gains de
productivité, que ce soit par des méthodes de gestion,
l'introduction d'un appareillage, le changement d'un équipement, la
centralisation des cuisines, par exemple, à certains endroits, ce qui
engendre des économies absolument phénoménales, ou la
participation à un "pooling" dans le cas d'une buanderie, etc., si c'est
une véritable augmentation de productivité, dis-je,
l'établissement, en plus de garder le 1% de son surplus, va conserver
80% de l'excédent de 1%.
Exemple: sur 10 000 000 $, 1%, c'est 100 000 $. Disons que
l'établissement fait un surplus de 150 000 $. Il garde les premiers 100
000 $. Sur les 50 000 $ qui restent, on dit: Est-ce que c'est de la
productivité? Si c'est de la productivité, on dit: Oui, parfait,
80% des 50 000 $, vous les conservez, c'est-à-dire 40 000 $ et 10 000 $
s'en vont au conseil régional qui fait de la réallocation de
ressources. Si, cependant, ce qui est en excédent de 1% n'est pas
considéré comme de la productivité, cela peut être
de la surbudgétisation, du développement, des coupures de
services, on dit: Ce n'est pas un véritable surplus, cela devient,
à toutes fins utiles, confisqué.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il serait exact de dire que tout
surplus qui équivaudrait à moins de 1% du budget de
l'établissement lui resterait?
M. Johnson (Anjou): J'aimerais pouvoir vous dire que c'est
approuvé au Conseil du trésor; ce n'est pas encore cela, mais
c'est cela, le projet.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question c'est: Tout surplus
qui représente moins de 1% ou jusqu'à 1% du budget de
l'établissement...
M. Johnson (Anjou): Reste à l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: ...reste à l'établissement?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est la définition qu'on
donnerait de ce qu'est l'équilibre budgétaire dans un
réseau très complexe où on ne peut pas tout normer et
où, je pense, cela risque de motiver bien des gens.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des hôpitaux qui sont
déficitaires ou qui ont encouru des déficits pour l'année
courante, comment prévoyez-vous la budgétisation pour
l'année qui vient?
M. Johnson (Anjou): Dure.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Johnson (Anjou): Les établissements qui sont en
déficit, et on pense surtout à certains
établissements...
Mme Lavoie-Roux: Prenez-en un hypothétique, on ne le
nommera pas, qui a 6 000 000 $ de déficit. Je n'en ai aucun en
tête. Honnêtement j'ai lancé cela à tout hasard.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend en quelle
année.
Mme Lavoie-Roux: Disons pour l'année 1982, parce que les
autres, vous êtes censé les avoir résorbés.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Bon, enfin, officiellement.
M. Johnson (Anjou): La plupart des autres ont été
résorbés.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Prenons un établissement qui a un
déficit de 6 000 000 $ - il semble que cela soit possible, à vous
entendre rire - qu'arrive-t-il à cet établissement pour
l'année 1983-1984?
M. Johnson (Anjou): On aurait pu être tenté de faire
comme cela a déjà été fait ailleurs ou en d'autres
temps: simplement envoyer un budget et faire exactement comme si
l'établissement allait réaliser une compression de 6% de son
budget. On sait que cela n'a pas de sens. On sait qu'en pratique ce n'est pas
cela qui arrive. On sait que cela, c'est jouer avec les cahiers; on peut
s'imaginer qu'on fait des équilibres, mais c'est dans les livres et avec
de l'encre, au lieu d'être dans la réalité, avec des
piastres. Alors, ce qu'on fait, on a deux équipes au ministère,
à la direction de la santé et à la direction des budgets,
qui sont en relation avec ces établissements. On a mis sur pied des
comités qui impliquent des représentants du conseil
d'administration, de la gestion, à l'occasion - cela dépend des
établissements, selon le choix qui a été fait par
l'établissement lui-même - des représentants des
médecins, dans le mesure où les médecins occupent une part
importante quand il s'agit des établissements hospitaliers, et des
représentants du ministère. Le conseil régional est
également tenu au courant de ce qui se passe là puisque le
conseil régional, en général, subit les pressions des
établissements qui, eux, sont arrivés à un
équilibre budgétaire et il
se fait dire: Celui-là n'arrive pas à l'équilibre
budgétaire et nous, nous sommes pénalisés à cause
de cela.
Il faut maintenir une certaine équité. Il faut être
conscient de cela. Il y en a qui ont fait leur effort, au Québec.
L'immense majorité des établissements du réseau des
affaires sociales l'a fait. Il y en a quelques-uns qui ne l'ont pas fait.
Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? Je pense qu'il y a trois choses. C'est cela que
ces comités essaient de voir avec eux. Une partie de cela, ce sont des
opérations qui n'ont simplement pas été conduites et qui
sont de nature presque administrative. On avait, au ministère l'an
dernier, je me souviens, une sorte de liste de pointage - si on était en
élections partielles, il faudrait utiliser une autre expression, enfin,
"check list" - d'une quarantaine d'éléments qui peuvent
être vérifiés dans la gestion quotidienne des
établissements. Cela va des fournitures, des inventaires, à
l'équipement, etc.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre le ministre, mais je ne veux pas qu'il nous donne trop de
détails là-dessus. Je comprends qu'il fait bien son possible et
je l'apprécie. Ce que je veux savoir, c'est comment ce déficit se
résorbera-t-il et quelle est la partie que l'institution devra
résorber à même son budget de 1983-1984? (20 heures)
M. Johnson (Anjou): Je ne fais pas comme si je n'avais pas
entendu la députée. J'étais rendu à la
deuxième partie et je vais répondre à sa question. Une
première partie... Peut-être qu'ils n'ont pas fait ce qu'il y
avait à faire; cela ne veut pas dire que, même s'ils faisaient
tout ce qu'il y avait à faire et ce que les autres ont fait, ils vont
réaliser 6%. On est conscient de cela.
Dans la deuxième partie, il y a peut-être de la
sous-budgétisation dans certains postes. Je suis disposé à
regarder cela. Mais pas brandi comme un drapeau, parce qu'on a vu de grands
établissements ayant une grande réputation - Dieu merci que nous
les avons parce que ce sont des fers de lance importants de la médecine
québécoise - mais qui, au nom de cela, pouvaient justifier qu'ils
étaient, par définition, sous-budgétisés. On est
d'accord pour regarder cela, mais poste par poste, élément par
élément et élément du budget par
élément du budget. On est réceptif à certaines
choses, mais je suis certain qu'on n'arrivera pas à la conclusion que,
dans un établissement où il y a un déficit de 6 000 000 $,
il y a une sous-budgétisation de 6 000 000 $. L'expérience de
deux ou trois gros établissements dans la région de
Montréal nous a démontré... Je me souviens très
bien d'un cas, quand je suis arrivé au ministère, où
l'établissement hurlait, les médecins faisaient venir
régulièrement des photographes dans la salle d'urgence ou
faisaient des conférences de presse et, c'est drôle, en deux ans,
ils ont réussi à résorber plus de 75% de leur
déficit, sans causer de drame.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a encore des problèmes
dans les salles d'urgence?
M. Johnson (Anjou): Relativement peu.
Mme Lavoie-Roux: II fait venir le photographe, mais...
M. Johnson (Anjou): Je vais régulièrement à
cet hôpital.
Mme Lavoie-Roux: On sait lequel.
M. Johnson (Anjou): Ils ont quand même réussi
à faire leur boulot. En se résituant dans le discours qu'ils
tenaient il y a deux ans, il fallait absolument combler 100% du déficit
alors que, en fait, c'est peut-être 20%, c'est peut-être 12%, c'est
peut-être 25%. Donc, on regarde cela comme ça.
Le troisième élément, c'est la
complémentarité de certains services. Il faut que certains
établissements acceptent qu'ils ne peuvent pas avoir une vocation
universelle dans tous les domaines. C'est un peu plus difficile à
accepter pour certains grands établissements universitaires. On en est
conscient. Au nom même, je pense, du maintien de la qualité et de
l'excellence de la médecine au Québec dans certains domaines, il
va falloir accepter que cela n'est pas vrai que c'est partout, dans tous les
hôpitaux universitaires, qui sont en plus grand nombre ici que partout
ailleurs au monde, compte tenu de notre population, qu'on va développer
les 26 spécialités et les 48 sous-spécialités qui
les accompagnent. On va peut-être en développer 24 et en laisser
deux ou trois à un autre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous me dites qu'il y a une
sous-budgétisation dans certains cas.
M. Johnson (Anjou): Sauf que cela n'a pas été fait
dans d'autres cas.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce que ceci va quand même leur
imposer des coupures supplémentaires...
M. Johnson (Anjou): Des plans de redressement, oui.
Mme Lavoie-Roux: Encore des plans de redressement.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est...
M. Johnson (Anjou): Ils ne sont pas nombreux.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit qu'il y avait une quinzaine
d'hôpitaux qui avaient eu...
M. Johnson (Anjou): C'est cela, mais il y en a chez qui c'est
très marginal. Quand on parle... Je pense à un
établissement dont je n'ai pas le nom à l'esprit. Je me souviens
d'avoir vu dans la liste...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que...
M. Johnson (Anjou): II y a un plan de redressement de 70 000 $
sur un budget d'environ 30 000 000 $, ce n'est pas un drame. Cela se fait vite,
seulement en dépenses de congrès et d'autres affaires.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait aussi aller...
M. Johnson (Anjou): Je vous dis, dans les quinze, qu'il y a des
choses comme cela.
Mme Lavoie-Roux: ...pour d'autres choses dans le
réseau.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, dans les quinze, il y a des choses
comme cela. Dans les quinze, il y en a aussi cinq...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce sont tous des
établissements universitaires?
M. Johnson (Anjou): ...plus gros... Non, ils ne sont pas tous
universitaires, à moins que l'hôpital de Chicoutimi ne soit
redevenu un hôpital universitaire récemment.
Mme Lavoie-Roux: Lequel?
M. Johnson (Anjou): À moins que l'hôpital de
Chicoutimi ne soit redevenu un hôpital universitaire récemment. Je
sais qu'ils ont fait cette demande depuis longtemps.
Mme Lavoie-Roux: Alors, eux sont en déficit.
M. Johnson (Anjou): Oui. Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Johnson (Anjou): Mais, il y a plusieurs choses qui se
règlent à Chicoutimi. Cela va bien.
Mme Lavoie-Roux: Le reste, est-ce que le gouvernement va injecter
de l'argent pour combler la différence?
M. Johnson (Anjou): On verra. On est en train d'évaluer
cela à chacun des établissements. Les comités ne
fonctionnent pas de la même façon dans tous les
établissements. Je pense à deux établissements en
particulier. Encore une fois, je préfère ne pas les mentionner
ici afin de les laisser faire leur travail, jusque dans le courant de
l'été. Dans ces deux établissements, c'est assez
remarquable ce qui s'est fait au niveau des comités. Vous avez
été tenue au courant. Je pense, d'ailleurs, à un
établissement que vous connaissez particulièrement bien et qui
n'est pas dans votre comté.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'établissement dans mon
comté.
M. Johnson (Anjou): Vous n'avez pas Sacré-Coeur?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas chez vous, cela?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Johnson (Anjou): Ah non! C'est Bois-de-Boulogne.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est un petit hôpital...
M. Johnson (Anjou): Très bien.
Mme Lavoie-Roux: ...de soins prolongés. Ah oui!
Très bien, sûrement. Je vous en reparlerai une autre fois.
M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire comment
s'appliquera la coupure de 16 000 000 $? On a décortiqué les 29
000 000 $ de coupure, il en reste environ 16 000 000 $ à 17 000 000 $.
Il y a 12 000 000 $ qui ont été réinjectés. Il y a
1 000 000 $ qui vont aux établissements de réadaptation sociale,
un peu dans les CSS, et le reste va dans les hôpitaux. Je pense qu'il
reste environ 16 000 000 $ ou 17 000 000 $, où seront-ils
utilisés?
M. Johnson (Anjou): 15 200 000 $.
Mme Lavoie-Roux: 15 200 000 $. D'ici à ce que vous sortiez
le tableau, je voudrais revenir sur la question des mises en
disponibilité et sur l'entente qui doit être signée avec la
FAS et que la FAS refuse de signer. Il y a ici un engagement du gouvernement du
Québec, si on se réfère à la publicité qui a
été faite durant les négociations, voulant que les offres
du gouvernement qui avaient été faites demeuraient toujours
valables. Bien que rejetées par le conseil fédéral de la
FAS,
ces offres demeurent toujours valables, mais ne pourraient plus
être considérées comme maintenues en cas de grève
illégale. Si on se souvient bien, les syndiqués ont voté
contre la grève. Ils ne sont pas allés en grève
illégale, à la grande satisfaction du public. Je comprends mal
qu'à ce moment-ci, la signature de l'entente redevienne une condition
pour que ces offres soient intégrées dans le décret.
M. Johnson (Anjou): II faut bien se comprendre. Il faut revenir
sur quelques réalités élémentaires de ce qu'est une
négociation, même dans un contexte extrêmement contraignant
comme celui qu'on a vécu, depuis un an. Les offres sont là pour
une signature.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson (Anjou): Les offres sont là pour une signature.
Il y a des points de suspension. Quant à moi, ma signature est
prête. Les documents sont prêts. Ils sont tellement prêts
qu'on a signé avec onze autres syndicats. Il y en a un qui ne veut pas
signer. Nous disons: Les autres ont signé, les autres ont
accepté; c'est vrai, à reculons, tout ce qu'on voudra, mais, ils
ont fini par le faire et ils ont dit: On y consent, on ne dit pas qu'on est
content. Il n'y a personne qui s'est pété les bretelles, ni du
côté du gouvernement, ni du côté des syndicats. Je
comprends. Mais, cela s'est fait, cela s'est réglé. Il y a des
conventions et c'est bon pour trois ans. Il y a un syndicat qui ne veut pas.
Pourquoi ferait-on un cadeau à une structure syndicale qui, elle, a
choisi de ne pas signer? C'est un choix de la FAS. Je pense que cela
pénalise les travailleurs, paradoxalement, que de ne pas signer.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est une forme...
M. Johnson (Anjou): ...les autres travailleurs ont des conditions
qui se sont améliorées à cause des signatures. Je ne vois
pas pourquoi on ferait un cadeau à une structure syndicale qui a
décidé d'être "jusqu'au-boutiste". Il ne s'agit pas
d'être revanchard, il s'agit de reconnaître, à
l'égard des onze autres qui ont agi de façon responsable,
même si c'était difficile... Je ne vois pas pourquoi...
Mme Lavoie-Roux: On reprendra...
M. Johnson (Anjou): ...on se fermerait les yeux sur un autre
syndicat parce qu'il y a l'histoire qu'on connaît.
Mme Lavoie-Roux: On reprendra ce débat en Chambre,
probablement...
M. Johnson (Anjou): Oh oui!
Mme Lavoie-Roux: ...parce que, dans le fond, vous avez fait du
chantage avec les autres syndicats. Vous n'avez rien donné aux
syndicats, vous êtes toujours allé chercher quelque chose. Vous
dites: On ira chercher davantage si vous ne signez pas. C'est une drôle
de façon de négocier. Cela prend des syndicats qui ont joliment
d'humilité pour aller signer vos décrets, vos décrets
amendés. En tout cas, on reviendra là-dessus. On revient à
nos chiffres. Quant à vos 15 200 000 $, avez-vous trouvé votre
tableau, M. le ministre?
M. Johnson (Anjou): Oui. Alors, je peux vous le donner par
région.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est peut-être la
meilleure façon de procéder. Chacun des conseils régionaux
est en train de faire cette ventilation. L'exercice devrait être
terminé...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on ne peut pas en avoir une copie?
Parce que, s'il faut que je prenne cela à la dictée, M. le
ministre, cela sera trop compliqué.
M. Johnson (Anjou): Sûrement. On peut vous faire une
transcription de cette partie des données.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Je vais simplement vous donner, au moins...
Je ne vous donnerai pas les cents. Je vais vous donner les ordres de grandeur.
Cela sera peut-être plus simple à retenir. Dans la région
01, Bas-du-Fleuve, 796 000 $ sur 157 000 000 $; dans la région 02,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 943 000 $ sur 181 000 000 $; région 03,
Québec, 3 570 000 $ sur 785 000 000 $; région 04,
Mauricie-Bois-Francs, 510 000 $ sur 243 000 000 $; région 05, l'Estrie,
617 000 $ sur 184 000 000 $; région 6A, l'île de Montréal,
7 110 000 $ sur 1 800 000 000 $; région 6B, nord de Montréal, 80
000 $ sur 185 000 000 $; il n'y a pas de région 6C pour les raisons
qu'on connaît, c'est une des rares régions qui est en
développement en termes de... à cause de... pas à cause...
à cause du comté de Taillon?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas dit cela encore.
M. Johnson (Anjou): ...région 07,
Outaouais, 582 000 $ sur 143 000 000 $; région 08,
Abitibi-Témiscamingue, 480 000 $ sur 100 000 000 $; région 09,
Côte-Nord, 507 000 $ sur 70 000 000 $. Ce qui fait un total de 15 200 000
$.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les conseils régionaux qui vont
décider où les coupures vont s'appliquer.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est le ministère qui
décide, sauf qu'on permet aux établissements de faire valoir leur
point de vue et de faire certains arbitrages régionaux. On tient compte
de ce que nous suggèrent les conseils régionaux et ensuite le
ministère tranche. C'est pour cela qu'il y a des budgets
provisoires.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre pourrait-il nous dire où il
en est rendu dans les négociations avec la FMOQ et la
Fédération des médecins spécialistes? Quelle est
l'ordre de grandeur d'augmentation qu'il prévoit?
M. Johnson (Anjou): Pour...
Mme Lavoie-Roux: Les négociations avec les
fédérations.
M. Johnson (Anjou): Deux choses. La première, c'est que je
vais simplement vous dire que les 15 200 000 $ dont j'ai parlé... Nous
pensons que l'essentiel de cela pourra se réaliser à travers
literie, lingerie, gestion de stock, achat de groupe et regroupement de
services administratifs. On ne parle pas de coupures de services dans la
population ni de mises à pied nombreuses.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des coupures dans les services
à la population.
M. Johnson (Anjou): Non, non, c'est ce que vous
prétendiez.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir de...
M. Johnson (Anjou): Non, c'est ce que vous prétendiez.
Vous me posez une question, évidemment, à laquelle je ne peux pas
répondre.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne pouvez pas répondre.
M. Johnson (Anjou): Bien non.
Mme Lavoie-Roux: Cela va bien, de toute façon. Allez-vous
régler cela d'ici le mois de juin?
M. Johnson (Anjou): Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Lavoie-Roux: Bien, je vous le demande. Je ne suis pas dans
les négociations.
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas. D'habitude, une
négociation se fait à deux.
Mme Lavoie-Roux: Les hésitations, lorsqu'il ne veut pas me
donner les chiffres, je suis prête à accepter cela. Mais les
hésitations du ministre me laissent inquiète parce que ce qu'on
avait vu dans les journaux, c'est que tout allait bien et que tout le monde
était prêt à signer. (20 h 15)
M. Johnson (Anjou): II y a eu une déclaration du
président de la Fédération des médecins
omnipraticiens qui, je pense, avec raison, considérait que les
négociations allaient bon train. Je peux confirmer que les
négociations vont bon train avec les deux fédérations
médicales.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-ci, vous êtes
très optimiste dans la perspective que les documents pourraient
être signés au mois de juin.
M. Johnson (Anjou): On souhaite toujours qu'il y ait des
signatures.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. On sait que, dans la
région de Montréal en particulier, le problème des
urgences et des listes d'attente est encore très considérable en
dépit des affirmations contraires du ministre en Chambre qui nous a dit
que, sauf ici et là, tout ce que le monde dit, c'est de
l'exagération. J'en prends à témoin - j'ai eu l'occasion
de citer des témoignages de différentes sources - aujourd'hui la
conférence de presse qu'a tenue la Coalition pour les droits des malades
qui insiste, entre autres choses, sur trois points particuliers. Je ne vais pas
tout reprendre, à ce moment-ci; seulement les trois points: la question
de l'engorgement des urgences, la longueur des listes d'attente ou
l'allongement des listes d'attente et, troisièmement, le manque de
budget pour l'équipement dans les hôpitaux, pour le renouvellement
de l'équipement qui devient de plus en plus désuet.
On sait que, depuis un nombre X d'années, depuis 1978, si ma
mémoire est bonne, on est passé de 32 000 000 $ à 8 000
000 $. Cette année, on remonte à 11 000 000 $. De 9 000 000 $, on
passe à 11 000 000 $. Ce n'est pas strictement le point de vue des
professionnels de la santé, c'est aussi l'opinion des administrateurs
des hôpitaux que l'on prend un retard considérable, par exemple,
dans le domaine -j'en ai parlé l'autre jour - de la radiologie
diagnostique et dans différents autres équipements pour traiter
le cancer, etc. Je pense que, dans la région de Québec, des
représentations ont été faites par le CRSSS de la
région de Québec où le manque d'équipement serait
particulièrement très sérieux. Non seulement dans la ville
de Québec, mais dans tout l'Est du Québec, il y aurait une
pénurie d'équipements médicaux.
Selon le témoignage du Dr Morin, cardiologue à
l'Hôtel-Dieu de Québec, et d'autres médecins de la
région de Québec, il n'y a pas de ville universitaire, en
Amérique du Nord, où prévaut une situation de
pénurie d'équipements médicaux comme celle que l'on
retrouve dans les hôpitaux de la ville de Québec et de l'Est du
Québec.
Ceci étant dit, j'aurais quelques questions précises
à poser au ministre. En ce qui a trait à l'encombrement des
salles d'urgence et l'allongement des listes d'attente qui sont dus,
évidemment, au manque de lits de courte durée dans la
région de Montréal, le ministre va me répondre: C'est ce
qu'on essaie de faire en faisant la conversion du Reddy Memorial de
Sainte-Jeanne-d'Arc et du Chest Hospital. Le ministre sait fort bien que ce
n'est pas suffisant. Espérons que cela puisse alléger un peu, vu
que les patients de courte durée sont moins longtemps dans les
hôpitaux universitaires que les patients de longue durée.
Qu'est-ce que le ministre entend faire pour régler ce
problème? C'est évident que les photographes ne vont pas tous les
jours dans les salles d'urgence, ils l'ont fait pendant au moins deux ans. Ce
n'est pas que le problème soit moindre, il est tout aussi
considérable. Quant à la question de l'allongement des listes
d'attente, il n'y a pas eu de progrès de ce côté non plus.
Qu'est-ce que le ministre entend faire pour réduire les listes d'attente
et l'engorgement des salles d'urgence? D'une façon plus précise,
est-ce qu'il entend rouvrir les lits fermés en permanence dans les
hôpitaux universitaires? Il y en a à peu près 600.
D'ailleurs, j'ai cela sur un rapport. Je pense que ce sont les statistiques du
mois de février du CRSSS de Montréal.
Que compte-t-il faire aussi pour diminuer le nombre de fermetures de
lits durant l'été qui ont été au-delà de
2000 durant la saison estivale l'an dernier, parce que c'est la seule
façon pour les hôpitaux de procéder pour satisfaire aux
exigences budgétaires qui leur sont imposées par le
ministère des Affaires sociales?
M. Johnson (Anjou): Mme la députée de L'Acadie va
sûrement me donner trois, quatre minutes pour répondre à sa
question, c'est un problème assez vaste. On part d'un postulat
d'engorgement des salles d'urgence et des listes d'attente. D'abord, les listes
d'attente sont plus importantes qu'il y a un certain nombre d'années.
Cela s'explique notamment ainsi. Je ne dirais pas que c'est le seul facteur, je
ne veux pas tourner en dérision la préoccupation de la
députée, mais il faut comprendre aussi que l'augmentation du
nombre de praticiens spécialistes dans certaines disciplines, par
définition, a augmenté les listes d'attente. J'ai dit souvent, et
je le répète, que l'on pourrait ouvrir un hôpital de soins
aigus de 1000 lits à Montréal, et il serait rempli en l'espace de
deux mois parce que la demande est en partie engendrée par la
disponibilité, et je ne voudrais pas que, dans chaque cas, ce soit
l'État qui, par des fonctionnaires ou autrement, décide de la
pertinence. L'intervention de l'État se fait à partir des
ressources globales qu'il consacre à cela.
C'est un facteur dont il faut objectivement tenir compte qui peut
expliquer l'augmentation, compte tenu du fait qu'il y a une stabilisation des
ressources, mais une augmentation des spécialistes dans certains
domaines. Il ne faut pas s'étonner qu'il y ait plus de demandes de
traitements variés, d'opérations qui n'existaient presque pas il
y a un certain nombre d'années et qui maintenant existent, pour
lesquelles il y a une nouvelle demande. Avant qu'un type de chirurgie, par
exemple, s'évanouisse pour laisser place à un autre, il y a au
moins une phase où les deux continuent concurremment avec un apport
additionnel de praticiens dans ce domaine.
Le deuxième facteur, c'est qu'on identifie souvent l'engorgement
des salles d'urgence par la durée d'attente à la salle d'urgence
pour les gens. Cela, je l'ai vu dans trois hôpitaux universitaires dans
lesquels j'ai pratiqué à Montréal. Ce n'est pas toujours
relié au fait qu'il n'y ait pas de lit, qu'il n'y ait pas de ressources.
C'est relié parfois à l'organisation de la salle d'urgence. Je
continue de prétendre, j'en ai discuté avec des
représentants des deux fédérations médicales, que,
dans la mesure où, à l'urgence, c'est une médecine
à l'acte, il ne faut pas s'étonner que, notamment les fins de
semaine et les nuits, les médecins ne voient pas d'intérêt
à se partager un relativement petit nombre de patients; cela crée
donc autant d'attente que s'ils étaient deux plutôt qu'un seul.
Cela aussi est un facteur dont il faut tenir compte quand on parle
d'engorgement.
Troisième facteur, c'est celui des politiques d'admission dans
chacun des établissements. Encore une fois, il n'y a pas de politique
générale gouvernementale, je n'en souhaite pas, qui dirait:
Dorénavant, les laparotomies vont passer avant les opérations de
type commando en ORL. Ce n'est pas à l'État de décider
cela. C'est à chaque établissement de le faire, où se joue
une dynamique au niveau du conseil d'administration, du conseil des
médecins et dentistes, de différents comités
médicaux. C'est là où ces choix sont faits. C'est
extrêmement varié, surtout quand on parle des
hôpitaux universitaires qui ont le plus souvent ce type de
problème, où il y a une dynamique qui joue entre
spécialités au niveau des lits et du contrôle des lits.
Donc, qu'est-ce qu'on peut faire devant cela?
Je m'excuse, dernier facteur - ensuite, je vais parler de ce qu'on peut
faire à l'égard de certains de ces facteurs, ce qu'on est en
train de faire - c'est celui de la présence en nombre anormalement
élevé, on le sait, c'est un long débat, de personnes en
hébergement ou en soins prolongés dans des hôpitaux qui
sont équipés pour donner des soins aigus ou de courte
durée. À l'égard de ce dernier problème, je
rappelle qu'il y a, prévue dans les crédits de cette
année, l'ouverture de 1000 lits additionnels dans la région de
Montréal en centres d'accueil et d'hébergement, et que les
critères de sélection pour les bénéficiaires y
ayant accès seront resserrés pour qu'on ne retrouve pas -ce qui
s'est fait depuis un certain nombre d'années - de personnes dans ces
centres d'accueil qui, dans le fond, pourraient fort bien être dans un
HLM, alors qu'on sait qu'on a des personnes qui sont l'équivalent de ce
qu'on appelle des A-3 ou A-4 dans des hôpitaux de soins aigus. Donc, en
termes de possibilités de recevoir des patients en hébergement
chronique dans la région de Montréal, la première
ouverture qui va se faire cette année, c'est 1000 lits pour les CAH.
Deuxièmement: Pierre-Boucher, 360 lits additionnels dans la
région métropolitaine; Valleyfield, 64 lits additionnels;
Repentigny, 200 lits additionnels et, un peu plus tard, dans un certain nombre
d'années - le temps de construire l'hôpital, cela prend quand
même un certain nombre d'années éventuellement,
Châteauguay. Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas encore parti, Châteauguay. On
va se rendre à la prochaine élection.
M. Johnson (Anjou): Le concours pour la sélection des
professionnels, je pense, est terminé.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je ne veux pas vous distraire.
Continuez.
M. Johnson (Anjou): On aura peut-être l'occasion d'en
reparler.
À l'égard du facteur des politiques d'admission, le
ministère entend, à partir de la loi 27 et des règlements
qui en découleront, faciliter l'instauration de mécanismes un peu
plus précis au niveau des établissements pour que ces arbitrages
se fassent d'une façon qui reconnaisse, en tout cas, la priorité
de l'urgence sur d'autres types d'hospitalisation. À l'égard du
type de rémunération dans les salles d'urgence - cela reste,
à mes yeux, un objectif valable, je souhaite qu'on puisse y parvenir un
jour - je pense à modifier la rémunération dans les salles
d'urgence. Je pense que cela simplifierait beaucoup de choses, à la fois
pour les praticiens et pour les patients. Mais il y a là valeur de
"précédent", aux yeux des fédérations, à
l'égard d'autres aspects de la pratique de la médecine. Je
comprends, sans nécessairement tout accepter, les réticences que
je vois chez les fédérations à cet égard. On peut
donc dire que, tant à l'égard du pouvoir réglementaire que
nous avons et qui doit demeurer limité si on ne veut pas une
ingérence démocratique dans les décisions de nature
médicale, tant à l'égard des lits en centres d'accueil et
d'hébergement et de la conversion des établissements dont on a
parlé en termes de soins prolongés, sans compter qu'ils auront
aussi une activité à l'égard des personnes
âgées ou en médecine familiale pour les gens du quartier,
je pense qu'il y a là des choses qui ont été mises en
branle et qui devraient continuer de soulager cette pression qui a
été croissante depuis un certain nombre d'années dans la
région de Montréal. Je pense que nous verrons, et serons mieux en
mesure d'apprécier cela à la fin de l'année, l'effet
sûrement très positif qu'aura eu l'ouverture de Pierre-Boucher et
les 200 lits de Repentigny qui ont commencé à ouvrir, qui ouvrent
cette année. Maisonneuve-Rosemont, par exemple, et Santa Cabrini
drainaient une partie du volume qui venait de cette partie de la rive sud
où se trouve Pierre-Boucher, par le tunnel Hippolyte-Lafontaine, et
même des gens qui venaient de Repentigny. Dans la mesure où on a
Pierre-Boucher et Repentigny, avec un total de plus de 500 lits additionnels
qui s'ouvrent dans ces régions ou dans ces coins, on pense que cela
devrait alléger la pression sur les hôpitaux de l'est de
Montréal, en particulier.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je remercie le ministre.
Sa réponse ressemble étrangement à celle qu'il m'a
donnée l'an dernier. D'ailleurs, je ne sais pas si...
M. Johnson (Anjou): Oui, mais là, on développe.
Mme Lavoie-Roux: Vous répondez un peu plus longuement.
Une voix: II s'améliore.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais, l'an
prochain, peut-être que... Et si j'avais des conseils à lui faire,
je lui en ferais. Je lui en ai fait pour sa centrale d'urgence et de
coordination. Vous l'admettrez, mais, cette année, c'est parce
que...
M. Johnson (Anjou): Cela a beaucoup
aidé aussi au niveau des salles d'urgence. (20 h 30)
Mme Lavoie-Roux: ...cette partie, c'est exactement la même
chose que l'an dernier. On pourrait revoir le journal des Débats de l'an
dernier, cela doit être, à peu près mot à mot, la
même chose. Ah oui! Là-dessus, il y de la pertinence.
M. Johnson (Anjou): Juste pour reprendre, si Mme la
députée me le permet, je ne peux pas laisser passer cela...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, allez-y, allez-y.
M. Johnson (Anjou): ...totalement. L'an dernier, j'ai dit qu'on
ouvrirait des lits à Pierre-Boucher et on en a ouvert 200. Je vous dis
qu'on en ouvrira 160 autres, cette année, et 200, à Repentigny;
bien, ils ouvriront.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Johnson (Anjou): Nous avons juste une parole, pas deux.
Mme Lavoie-Roux: II reste que je reprendrai très
brièvement certains des arguments. Quand le ministre dit que ce sont les
praticiens qui font la demande et que, si on ouvrait un hôpital de courte
durée de 1000 lits, il serait plein demain matin, c'est vrai qu'il
serait peut-être plein demain matin, mais la raison pour cela, c'est que
-le ministre le sait lui-même - lorsque vous regardez le rapport que le
CRSSS avait publié en 1981 - le rapport de M. Dorval -on
déplorait, comparativement à l'Ontario et aux ressources dans des
villes comparables d'Amérique du Nord, qu'il y avait un manque de 1600
lits de courte durée. Alors, c'est fort possible, mais il ne faudrait
pas le mettre nécessairement sur le dos des praticiens dans ce cas. S'il
y a un manque de lits de courte durée, c'est évident que, si vous
en ouvrez 1000, cela diminuera les listes d'attente, c'est clair. Alors, je
pense que...
M. Johnson (Anjou): Cela recommencera après.
Mme Lavoie-Roux: ...il ne faut pas le relier
nécessairement à cela. Il faudrait peut-être examiner aussi
l'admission des étudiants en médecine si on veut boucler la
boucle.
M. Johnson (Anjou): II est vrai que les effectifs médicaux
en première année seront diminués de 5% à compter
du mois de septembre et de 5% l'année suivante.
Mme Lavoie-Roux: Bon, c'est la première fois.
M. Johnson (Anjou): On vous avait dit qu'on le ferait, cela
aussi, c'est fait.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela est fait, bon, d'accord.
L'autre chose: vous parlez des politiques d'admission. Je pense que le
ministre conviendra qu'on est devenu beaucoup moins rigide, d'abord dans
l'attribution des lits à l'intérieur des hôpitaux qu'on ne
l'était il y a quelques années, que les politiques d'admission
aussi se sont assouplies et que la réservation des lits a dû se
modifier par la force des choses. Je pense que, de ce côté, il n'y
a peut-être pas seulement des blâmes à adresser aux
gens.
La troisième chose: tant mieux si Pierre-Boucher ajoute des lits.
Je pense que le ministre avait, quand même, reconnu l'an dernier que cela
devrait atténuer un peu. Il reste que les hôpitaux de
Montréal, du moins la plupart de ceux qui sont encombrés,
demeurent des hôpitaux surspécialisés, qui, de toute
façon, drainent la population de l'ensemble du Québec et non
seulement, de Montréal. On ne peut pas faire un calcul
mathématique en ajoutant 300 lits à Pierre-Boucher ou 200. Les
gens de Valleyfield qui ont besoin de venir à Montréal
continueront de venir à Montréal et ceux qui pourront se faire
traiter à Valleyfield seront fort heureux de se faire traiter à
Valleyfield, j'ai l'impression. Alors, je ne pense pas que ce soit
nécessairement équivalent quant au nombre d'ouvertures de
lits.
M. Johnson (Anjou): Je dois dire, cependant, que, dans les
hôpitaux de Montréal, seulement 15% des patients viennent de
l'extérieur de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: 15% qui viennent de l'extérieur de
Montréal; vous voulez dire qui viennent de l'extérieur de
l'île ou de la région?
M. Johnson (Anjou): De l'île.
Mme Lavoie-Roux: Bon, ce qui veut dire que cela ne changera pas
grand-chose pour vos lits de la rive sud et des autres régions.
M. Johnson (Anjou): Non, mais, si vous introduisez la distinction
quant à la notion d'hôpitaux surspécialisés, par
exemple, à Valleyfield où il y aura un service de
néphrologie, où il y aura de la gynéco-obstétrique,
de la gynécologie spécialisée et pas seulement de
l'obstétrique, c'est autant de ressources de plus pour Verdun, par
exemple, et même Notre-Dame, le Royal Victoria ou le General, car ce sont
autant de
patients qui ne s'y rendront pas pour ces services
surspécialisés.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que je pensais même que
c'était encombré plus qu'à 15% par des gens venant de
l'extérieur de l'île. Alors, la répercussion sera moins
considérable qu'on ne le pensait. Quant aux lits qui sont fermés,
est-ce qu'on envisage de les rouvrir? Vous savez, ces lits sont là, ils
existent et ils sont fermés en permanence à cause de la
rationalisation budgétaire, des coupures budgétaires.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas 600 lits... J'essaie de voir
d'où...
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous le sortir, je l'ai ici.
M. Johnson (Anjou): Oui, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous le donner, je l'ai. Je n'ai pas
autant de monde pour fouiller dans mes paperasses que vous, M. le ministre. Le
voilà.
M. Johnson (Anjou): Le chiffre que cherche Mme la
députée de L'Acadie, c'est 626 qui était dans le rapport
Dorval.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'en est un plus récent, à
partir des tableaux... Le rapport Dorval, c'est en 1981?
M. Johnson (Anjou): En 1980. Mme Lavoie-Roux: Non...
M. Johnson (Anjou): On peut prendre le chiffre du rapport Dorval,
626.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis 599, je l'ai ici.
M. Johnson (Anjou): Une bonne partie de ces lits...
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous le passer, si vous voulez:
Maisonneuve-Rosemont, ça descend à l'hôpital
Reine-Élizabeth, ça finit à l'Hôpital
Général jusqu'à la deuxième page et la moyenne de
lits fermés est de 559. Je vous ai dit 599, je m'excuse, c'est 559, je
vous le donnais de mémoire. En tout cas, on ne va pas se chicaner
là-dessus.
M. Johnson (Anjou): Bon. Il y a, dans certains cas, des lits qui
figuraient au permis et qui sont inutilisables. Je pense, notamment, aux cent
lits du Royal Victoria qui sont encore au permis, qui sont fermés, qui
sont inutilisables, c'est aussi simple que ça, à cause de la
désuétude. J'ai les conditions matérielles et physiques
dans lesquelles ils se trouvent. Il y a aussi, dans certains
établissements, ce qui était du développement
anticipé qui n'avait pas été autorisé même
s'il avait été planifié dans l'esprit de certains
gestionnaires et, au moment où est survenue la période de
restrictions budgétaires il y a trois ans, ces lits n'ont pas
été ouverts.
Dans la mesure où il y a dans certains établissements des
lits qui peuvent être identifiés et bien localisés dans une
aile ou un emplacement, c'est également ce qui pourrait servir de base
à une intégration de ces données avec celles du changement
de vocation de certains établissements pour soulager certains
hôpitaux de la pression au niveau des lits pour soins aigus. On ne peut
pas simplement le faire en disant que les 559... Cela dépendra de chacun
des établissements dans la mesure où cette opération est
reliée à chacun des établissements ou à une
opération régionale où l'allocation de ressources qu'on
veut faire en soins prolongés nous permet l'injection de fonds
additionnels. Je pense que c'est comme ça qu'il faut le voir. Il ne faut
pas voir ces lits comme simplement des ajouts à chacun des
établissements.
Mme Lavoie-Roux: II reste que ce sont des lits pour soins de
courte durée dans une région où il y a un manque de lits
pour soins de courte durée.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que ce sont des lits
d'hôpital et un lit d'hôpital à Notre-Dame, qui est
utilisé pour des soins prolongés, je veux bien croire que c'est
un hôpital de courte durée, mais il est utilisé pour des
soins prolongés quand même.
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait au renouvellement de
l'équipement?
M. Johnson (Anjou): II y en a eu pour 30 000 000 $ par
année. Et de 1979 à 1982 il y a eu 54 000 000 $ dans les CH
nouveaux ou en développement, en plus des 30 000 000 $ par année.
Cela dit, je pense que c'est un problème réel sur lequel il ne
faut pas se fermer les yeux.
Mme Lavoie-Roux: Bon on fait du progrès par rapport
à l'an dernier!
M. Johnson (Anjou): Oui, mais le problème réel,
c'est notre façon de voir le développement des équipements
hospitaliers, notamment dans le domaine de la médecine universitaire et
surspécialisée ou hyperspécialisée. Nous avons
approuvé, il y a un an - je pense que l'État sera de plus en plus
appelé à le faire - des "matching grants" en partie, non pas sur
une base de un pour un, mais parfois de un pour quatre ou de un pour cinq,
à des fondations qui se
consacrent au développement et au renouvellement
d'équipement dans certains secteurs où l'évolution de la
technologie de pointe nous amène à considérer qu'il faut
du développement.
C'est très clair que le réseau universitaire au
Québec a comme caractéristique, évidemment, d'être
excellent, d'avoir des praticiens qui ont des qualifications de type
nord-américain et qui sont suffisamment excellents dans bien des cas
pour rayonner bien au-delà du Québec et du Canada et même
de l'Amérique. Il est très clair qu'une autre
caractéristique de ce réseau, c'est qu'on a plus d'hôpitaux
universitaires par pouce carré ici que n'importe où ailleurs et
que ce n'est pas vrai qu'ils pourront tous se développer - dans un
système, à toutes fins utiles, étatique, qui l'est depuis
1971 - au rythme où leurs voisins américains se
développent. On peut aller dans des petites villes de la Caroline du
Nord où il y a neuf "Emi-scanners", et ce sont des petites villes, plus
petites que Sherbrooke. Ce n'est pas vrai que le Québec a les moyens de
se payer cela avec un système étatique.
Mme Lavoie-Roux: Combien le gouvernement en a-t-il payés
de ceux qu'on a au Québec?
M. Johnson (Anjou): S'il ne paie pas des "Emi-scanners", il paie
autre chose.
Mme Lavoie-Roux: II n'en a pas payé un seul, à ma
connaissance.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais il est pris pour payer des budgets
de fonctionnement. Je trouve que ce n'est même pas pertinent comme
question. Ce qui compte, c'est qu'il y en ait des "Emi-scanners" là
où il faut qu'il y en ait. Point. C'est cela, pour les citoyens et pour
les praticiens qui servent les citoyens.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est vous qui l'avez apporté.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui l'avez apporté en disant
qu'aux États-Unis il y a des fondations qui paient pour cela, tandis
qu'ici l'État ne peut pas le faire. Mais l'État ne le fait
pas.
M. Johnson (Anjou): Mais c'est tout le régime qui est
différent aux États-Unis. Aux États-Unis, l'État ne
se préoccupe pas, par définition, de l'accessibilité de
100% de la population aux services médicaux. Au Québec, il se
préoccupe de cela et au Canada, dans l'ensemble des provinces; en
particulier au Québec qui a le régime le plus universel et le
plus complet et la couverture la plus totale de ces services. C'est un choix
qu'on a fait comme société et qu'on continue de faire comme
société. On ne peut pas courir deux lièvres en même
temps là-dedans. Cela coûte cher, l'universalité. Aux
États-Unis, ils n'ont pas choisi l'universalité. Ils ont choisi
la technologie de pointe. C'est un choix qu'ils ont fait.
Je suis allé, récemment, en Californie, qui est
l'État américain le plus progressiste en matière de
couverture de type régime d'assurance-maladie, et vous avez quand
même 20% de la population qui n'a pas accès à des services
médicaux en Californie. Par contre, ils vous ont à Stanford et
ailleurs des hôpitaux drôlement bien équipés. Dans le
fond, il s'agit de maintenir une espèce d'équilibre. Au nom de la
technologie, on pourrait, au Québec, à compter de demain matin,
en faisant d'autres sortes de choix comme société, choisir de
transformer le Québec en une espèce de Californie ou de Stanford
de la médecine. Sauf que le jour où on décide cela comme
collectivité avec les ressources qu'on a, on vient de choisir de mettre
fin à un régime d'accès universel aux services de
santé.
Mme Lavoie-Roux: Oui. (20 h 45)
M. Johnson (Anjou): Cela dit, est-ce qu'un régime
universel condamne la médecine à la médiocrité? Je
suis de ceux qui croient exactement le contraire. Le choix de
l'universalité de nos programmes et de l'accès pour l'ensemble
des citoyens à des services de base et même à des services
superspécialisés ou hyperspécialisés, c'est un
choix qu'on peut maintenir comme société à condition,
cependant, que, d'une part, on accepte que le secteur privé participe au
développement des aspects technologiques de la médecine
québécoise.
Deuxièmement, que cela implique, par définition, que ce
n'est pas vrai qu'on va se développer partout en même temps. Ce
n'est pas vrai qu'un seul hôpital au Québec pourra
prétendre à l'excellence internationale dans les 48
spécialités ou sous-spécialités existantes. Les
hôpitaux pourront prétendre à l'excellence de services aux
citoyens et à l'excellence internationale dans plusieurs
départements ou services, mais ils ne pourront pas prétendre,
chacun isolé dans son coin, permettre à la médecine
québécoise de progresser parce qu'on n'a pas les ressources pour
le faire comme société. On a sûrement les ressources, au
niveau de l'État, pour s'assurer qu'il y ait des pointes d'excellence un
peu partout à condition que les gens se parlent et n'essaient pas de
faire la même chose à deux coins de rue l'un de l'autre et aussi
dans la mesure où on acceptera que, de plus en plus, le secteur
privé, au niveau des équipements, intervienne.
Qu'est-ce que le secteur privé? Le secteur privé, ce sont
des fondations comme celles du Royal Victoria, du Jewish, de Saint-Luc, de
Maisonneuve-Rosemont et de la plupart des grands hôpitaux qui ont
commencé à se développer, qui font appel pour des fins
philanthropiques et fiscales à de nombreuses entreprises pouvant leur
fournir de l'argent. Je crois en cela comme possibilité de
développement. Je ne vois pas pourquoi on se fermerait les yeux. C'est
un choix aussi que la communauté, en dehors de l'État, des
députés ici et de ceux qui votent les lois, trouve important. Les
gens sont prêts à mettre de l'argent dans des fondations
privées pour payer moins d'impôt, c'est vrai. Je trouve cela
très bien et je trouve qu'il faut le reconnaître et qu'il ne faut
pas assassiner, comme société, ce réflexe.
En ce sens, pour moi, ce sera une partie - je ne dis pas la
totalité - de ce qui permettra le maintien de l'excellence - pas le
maintien en général, car le maintien en général,
c'est le rôle de l'État d'y voir -dans certains domaines
nécessitant notamment beaucoup d'investissements sur le plan
technologique. Pour moi, il est évident qu'il va falloir accepter que
cela ne se fera pas comme cela s'est fait depuis 20 ans, alors qu'on se
tournait vers Québec et que Québec envoyait des millions. Il ne
les a pas, les millions, le Québec. Il a les millions pour maintenir
l'universalité, pour maintenir la qualité, pour maintenir
l'accessibilité et une partie des millions pour l'excellence. C'est ce
qu'il fait à travers le développement technologique, le
ministère de mon collègue, le député de Rosemont,
à travers le Fonds de recherche en santé du Québec, dont
on a augmenté le budget, cette année, de 21%.
Ce n'est pas assez, on le sait bien. Ce n'est pas avec les budgets du
FRSQ qu'on va mettre des scanners partout. D'abord, il y a une question qu'on
pourrait se poser: A-t-on besoin de scanners partout? Mais là où
il y en a qui pensent que c'est important, que cela doit se développer -
on regarde ce qui se passe ailleurs aux États-Unis et on regarde surtout
dans les autres provinces canadiennes, parce qu'aux États-Unis ils ont
fait d'autres sortes de choix - je pense qu'il va falloir une participation du
secteur privé. Il n'y a rien d'épouvantable là-dedans.
C'est parfaitement normal et c'est sain pour une société
d'être capable de mettre ses priorités là où elle
veut les mettre, dans la mesure où elle est obligée de faire des
choix dans ses priorités. Moi, mon choix c'est l'accessibilité et
l'universalité.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, très brièvement.
Le ministre est-il totalement satisfait que les critères de financement
pour les hôpitaux, compte tenu du discours qu'il vient de tenir,
respectent scrupuleusement l'indépendance des efforts de ce qu'il
appelle le secteur privé pour que les hôpitaux qui
réussissent le mieux à se financer autrement que par le biais du
trésor public, ne soient pas pénalisés pour leur
succès dans ce domaine en voyant leur financement étatique
diminuer d'autant?
M. Johnson (Anjou): Le député de Westmount sait
très bien qu'il n'y a pas de réponse définitive à
cela. Il n'y en aura pas tant qu'on vivra dans le genre de
société dans laquelle on vit où c'est ouvert et
démocratique; ce qui n'empêche pas les gens de se parler, parce
qu'ils vont aux mêmes endroits le midi. Il y a des hôpitaux riches
et des hôpitaux moins riches. Il y a des hôpitaux qui ont une
tradition de financement et de participation du secteur privé - je
pense, notamment, pour des raisons historiques, aux hôpitaux anglophones
de Montréal - et il y en a qui n'ont pas cette tradition.
Je pense que, dans les hôpitaux francophones, de plus en plus,
cela se développe, cependant, depuis deux à trois ans. Il va
falloir élaborer d'ici un an ou deux, au maximum, un cadre de
cohérence d'intervention gouvernementale à l'égard de
cette participation des fondations privées. Parmi les objectifs qu'on
aura, c'est de permettre cette présence du financement privé;
deuxièmement, de délimiter certains secteurs technologiques pour
lesquels il n'y aurait pas ou il y aurait partiellement, selon le cas, une
forme de compensation sur le plan budgétaire quand on pense au budget de
fonctionnement qui en découle pour essayer de tenir compte dans cet
ensemble de règles d'une certaine équité de
répartition. Je souhaite qu'on ne soit pas obligé de le faire de
façon impérative ou obligatoire. Mais je vois depuis un certain
temps à Montréal, notamment, le développement de fonds de
cette nature dans des hôpitaux qui n'en avaient pas antérieurement
parce qu'historiquement ils se fiaient aux communautés religieuses.
Cette approche ou cette tradition a aussi pénétré
dans le milieu francophone, entre autres, et c'est vrai aussi pour les
donateurs. J'ai vu des listes de donateurs récemment. Je me suis rendu
compte que de grandes institutions financières qui avaient tendance
à toujours donner aux mêmes fonds, qui étaient
reliés aux groupes de McGill entre autres, historiquement, donnent
maintenant aussi à d'autres fonds. Je souhaite que cela se fasse. Je
crois que le milieu est capable de générer cela et je pense que
cela serait la meilleure façon d'y parvenir, que le milieu le
génère et que ceux qui prennent ces décisions soient
conscients
d'un minimum d'équité dans cette répartition.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'était fort intéressant. Le
ministre s'est un peu éloigné de la première question que
je lui ai posée. Je ne lui ai pas demandé de mettre des "scans"
dans tous les hôpitaux du Québec et je pense qu'il le sait fort
bien. Ce que je lui ai dit - il l'a admis d'ailleurs au point de départ
- c'est que les budgets qui sont présentement affectés au
renouvellement de l'équipement et peut-être au
développement du nouvel équipement parce qu'il l'a abordé
sous cet angle, sont insuffisants. C'est vraiment ce point. Le ministre en a
profité pour faire une diversion qui était intéressante,
mais qui ne répond pas fondamentalement à ma question sur
l'insuffisance du budget d'équipement. Là, il ne s'agit pas de
l'équipement nécessairement surspécialisé; il
s'agit de renouvellement d'équipement qui est désuet,
détérioré.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai depuis un certain nombre
d'années. Je sais qu'il existe une étude qui n'est pas
publiée encore. J'ai rencontré son auteur récemment...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...qui prépare une maîtrise dans
ce domaine, vous l'avez peut-être rencontré avant moi. Il a fait
une analyse du financement du renouvellement de l'équipement. Je n'ai
pas vu les chiffres, on s'est vu trois minutes dans un aéroport. Il m'a
dit que c'était, je pense, du cinq pour un ou du quatre pour un de
financement de renouvellement d'équipement qui venait depuis un certain
nombre d'années de la participation privée par opposition aux
revenus des chambres privées qui s'en vont aux conseils régionaux
pour les fins d'équipement. Cela fait un certain nombre d'années
que ça dure.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas le sens de ma question. Ce que vous
me dites, c'est qu'il y a déjà une participation du secteur
privé au renouvellement de l'équipement. Cela a toujours
existé.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis qu'il y a un problème
réel.
M. Johnson (Anjou): À Québec, non. À
Québec ils ont un plan quinquennal et ils pensent qu'ils vont
régler tous leurs problèmes d'équipement dans les cinq
prochaines années avec leurs perspectives budgétaires.
Mme Lavoie-Roux: Dans la ville de Québec et dans la
région Est de Québec?
M. Johnson (Anjou): Je parle de la région 03.
Mme Lavoie-Roux: Du Québec et de l'Est du
Québec.
M. Johnson (Anjou): Tout l'Est du Québec. Je n'ai pas les
chiffres, mais je sais que, dans la région 03, le conseil
régional nous a dit que son plan quinquennal, pour lequel il a ses
perspectives budgétaires, lui permettait de régler ses
problèmes de renouvellement d'équipement pour toute la
région 03.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre a laissé entendre qu'il
offrait une certaine compensation ou donnait une certaine équivalence
des fonds qui étaient recueillis dans le secteur privé. Quel est
le montant des équivalences qui a été donné par le
gouvernement auquel le ministre faisait allusion? Ce que j'ai cru comprendre du
ministre, c'est que, par exemple, pour chaque dollar que le secteur
privé donnera, on donnera 0,50 $. Enfin, vous n'avez pas donné
cet exemple, mais c'est ce que vous avez laissé entendre. Est-ce que
c'est fait ou si c'est en devenir?
M. Johnson (Anjou): Ah bon! C'est fait dans un cas. Il y a un
autre cas qui est en ce moment à l'étude, puisque j'ai
reçu la demande tout récemment. C'est fait dans un cas, c'est le
Royal Victoria. Le Royal Victoria a ramassé à travers sa
fondation, sur une période de trois ans ou quatre ans, je pense, 20 000
000 $ et le gouvernement du Québec a fourni 5 000 000 $ additionnels.
Alors, c'était du 25%.
Mme Lavoie-Roux: C'est la première fois que cela se
faisait de compenser?
M. Johnson (Anjou): Directement auprès d'une fondation
privée, je ne pourrais pas vous l'affirmer, mais, à ma
connaissance, en tout cas, depuis deux ans au ministère, oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Parfait.
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas si cela a été
fait antérieurement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre ce qui arrive au plan de développement des services pour les
brûlés à l'Hôtel-Dieu de Montréal? Car on se
souviendra qu'il y a quelques années le ministre des Affaires sociales
du temps avait même donné en conférence de presse les
plans d'un grand développement pour les services des
brûlés à l'Hôtel-Dieu de Montréal et aussi
dans un hôpital de Québec, j'ignore lequel, c'était
peut-être Saint-Sacrement. Qu'en est-il?
M. Johnson (Anjou): II y a eu une longue discussion initialement
sur la quantité de lits et l'espace qui serait utilisé pour cela.
Cela s'est réglé et les plans et devis sont maintenant
terminés dans le cas de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Les plans
et devis sont terminés, c'est au conseil régional et la prochaine
étape, ce sont les appels d'offres. D'ailleurs, je me demande si ce
n'est pas fait, les appels d'offres.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les sommes d'argent ont
été accordées?
M. Johnson (Anjou): Ah non! Par définition, les sommes
d'argent seront là si on va en appels d'offres. À partir du
moment où on a les plans et devis, cela veut dire qu'on l'inscrit dans
le développement.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les sommes d'argent qui ont
été prévues?
M. Johnson (Anjou): Les sommes d'argent sont en fiducie au
conseil régional. Il y a quelque 800 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Comme vous-même disiez l'an dernier que
c'était votre prédécesseur qui avait annoncé cela,
est-ce que l'évaluation des besoins financiers qui a été
faite remonte à 1980 ou si ce sont des prévisions qui, au plan
financier, ont été mises à jour en fonction des
coûts de 1983?
M. Johnson (Anjou): À l'origine, l'établissement
évaluait cela à 1 250 000 $ et les discussions nous ont permis
d'évaluer que c'était 800 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Moins que 1 250 000 $?
M. Johnson (Anjou): Oui. Je ne vous aurais pas dit cela il y a un
an, mais il y a un accord. Parce que, dans le fond, c'est cela. Cela se
négocie. Il faut peut-être se mettre cela dans la tête quand
on parle du réseau des affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand prévoyez-vous que ce centre va
être en activité?
M. Johnson (Anjou): Les plans et devis étant faits, les
appels d'offres, deux mois, trois mois. Combien de temps à peu
près? Possiblement à l'automne, mais je préfère ne
pas... Je pourrai sans doute, à l'occasion d'un complément de
réponse en Chambre, donner une perspective plus précise, mais on
parle de quelque chose de l'ordre d'environ six mois. Les plans et devis, dans
le fond, sont la grosse partie. À partir de cela, ce sont les appels
d'offres et l'exécution des travaux.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de l'hôpital Saint-Sacrement
à Québec?
M. Johnson (Anjou): Saint-Sacrement? Même situation.
Mme Lavoie-Roux: Alors, d'ici six mois, eux aussi?
M. Johnson (Anjou): Si tout va bien. Je pense qu'ils n'auront pas
de problème avec les appels d'offres.
Mme Lavoie-Roux: Alors, d'ici six mois, cela devrait fonctionner
à l'Hôtel-Dieu et à Saint-Sacrement?
M. Johnson (Anjou): Je ne voudrais pas que la
députée me cite. Je n'affirme pas que d'ici six mois on va ouvrir
ce lit et que le premier patient brûlé...
Mme Lavoie-Roux: Ils en ont déjà, des patients
brûlés.
M. Johnson (Anjou): ...sera traité dans la nouvelle
unité. Je dis, tout simplement, qu'à partir du moment où
l'accord est intervenu, où le financement est réglé et
où les appels d'offres sont sur le point d'être lancés si
ce n'est pas déjà fait, normalement, c'est à peu
près six mois; il peut y avoir des pépins en cours de route, mais
normalement c'est six mois.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, il y en a déjà
eu.
M. Johnson (Anjou): L'autre avantage de la désignation de
Saint-Sacrement et de l'Hôtel-Dieu de Montréal, c'est la
désignation d'unités au Québec pour les grands
brûlés, ce qui fera qu'il y aura le développement
d'expertise, d'équipes, de modes de traitement, de relations plus
particulières entre ces groupes et des équipes très
spécialisées sur le plan clinique comme sur le plan
pharmaceutique, etc. Je pense que cela sera un progrès
considérable. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le ministre a fait son
grand discours sur la nécessité du secteur privé de
s'engager dans la technologie de pointe en médecine, etc. Le ministre
peut-il nous dire quelle est sa position quant au plan de développement
de programmes de transplantations cardiaques dans trois hôpitaux de
Montréal? Parce que ces choses là coûtent cher, M. le
Président, cela coûte au moins 50 000 $ par personne.
M. Johnson (Anjou): On me dit que l'évaluation des
coûts d'une transplantation est n'importe où entre 10 000 $ et 100
000 $, ce qui fait une marge d'erreur assez élevée, n'est-ce pas?
C'est parce que les gens ont de la difficulté à s'entendre sur
les coûts imputables à cela. Il faut bien voir que ce n'est pas
l'acte chirurgical lui-même qui coûte cher, c'est de la haute
couture qui exige beaucoup d'expertise. Fondamentalement, ce n'est pas de faire
les ligatures au niveau de l'aorte et des artères pulmonaires qui cause
les problèmes, c'est tout ce qui entoure l'opération, comme
l'immunologie, soutien de laboratoire, les soins intensifs particuliers, la
médication, le suivi du patient, etc. Évidemment, c'est le fait
que ce soient des équipes multidisciplinaires qui exigent beaucoup de
travail et des chirurgiens, en général, remarquables.
En vertu de la loi 27, on s'en souviendra, on s'est donné... Je
n'ai pas relu la transcription de ce qu'avait dit la députée de
L'Acadie à ce sujet, je ne pense pas y trouver de contradiction,
même si cela arrive à l'occasion...
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire vos contradictions?
M. Johnson (Anjou): Non, les vôtres.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne m'en avez pas cité souvent.
M. Johnson (Anjou): En vertu de la loi 27, on a donné un
pouvoir au ministre d'édicter par règlement la désignation
de centres pour des fins de services hyperspécialisés.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il n'y aura pas de contradiction
là-dedans de mon côté.
M. Johnson (Anjou): Non?
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas.
M. Johnson (Anjou): L'article a été adopté.
Le projet de règlement, j'ai ici un extrait de ce que pourrait
être l'article 95 qui dirait qu'un centre hospitalier ne peut offrir de
nouveaux services dans les secteurs d'activités suivants, sans
l'autorisation du ministre et sur avis du conseil régional: la chirurgie
thoracique et cardio-vasculaire, la chirurgie néonatale, la
neurochirurgie, la transplantation d'organes et la greffe de la moelle osseuse,
les unités de soins intensifs spécialisées,
l'hémodialyse, les unités de grossesse à risques
élevés, la radiothérapie, les techniques diagnostiques de
visualisation assistées par ordinateur, selon le cas,
l'électrocardiographie assistée par ordinateur.
Je dis bien que c'est un avant-projet.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai posé une question
précise.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais je reviens là-dessus. Cela
tomberait sous la rubrique chirurgie thoracique et cardio-vasculaire. Le
règlement n'est pas adopté. Tant et aussi longtemps qu'il ne sera
pas adopté, les établissements peuvent, comme ils l'ont fait dans
le passé, continuer de se développer comme ils l'entendent dans
ces domaines. Or, à Montréal, il y a Notre-Dame qui a
déjà procédé à deux ou trois greffes, je
crois. Trois greffes. L'Institut de cardiologie de Montréal a
laissé entendre qu'il était intéressé. Après
tout, je dois vous dire tout de suite qu'on n'a pas l'intention d'en faire un
hôpital de soins prolongés. Ce n'est pas tellement étonnant
qu'il soit intéressé à la greffe cardiaque: c'est le seul
institut spécialisé en chirurgie cardio-vasculaire du
Québec.
Le troisième qui a manifesté son intérêt est
Sainte-Justine, dans la mesure où 85% de la chirurgie cardio-vasculaire
chez les enfants au Québec se fait à l'hôpital
Sainte-Justine. Il y a, depuis neuf ans, des équipes qui, parmi les
travaux qu'elles font depuis en particulier quatre ans, à toutes fins
utiles, se préparent à des possibilités et à tout
l'apport immunologique, et pharmacologique entourant la transplantation
cardiaque chez les enfants. Donc, une réalité, c'est Notre-Dame;
une possibilité sérieuse qui nous est annoncée, en tout
cas, par l'Institut de cardiologie, c'est l'Institut de cardiologie.
Mme Lavoie-Roux: Ils en ont fait une la semaine
dernière.
M. Johnson (Anjou): Une possible... Oui, sauf qu'ils auront
besoin du soutien de toute la dimension médicale et non chirurgicale
autour de cela. Cela présuppose qu'ils ont des ententes de service
à cette effet avec l'hôpital Maisonneuve-Rosemont puisqu'il n'y a
pas d'immunologie à l'Institut de cardiologie. Le grand centre
d'immunologie à Montréal est situé à
Maisonneuve-Rosemont.
Il reste Sainte-Justine comme hypothèse pour le moment. Donc,
dans la mesure où il n'y a pas de réglementation dans le sens de
ce que j'évoquais tout à l'heure, les établissements
peuvent continuer de le faire.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je comprends de la longue réponse
d'une question qui était pourtant très courte, c'est que le
ministre ne rejette pas l'idée qu'il y ait trois centres de
transplantation cardiaque au Québec et tous les trois situés
à Montréal - d'ailleurs, qu'ils soient à Montréal
ou à Québec, cela ne changerait pas grand-chose - mais trois
centres de transplantation cardiaque au Québec. Peut-on me dire
combien il y en a dans les autres provinces du Canada?
M. Johnson (Anjou): II y en a un en Ontario.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas faire un
long débat là-dessus, mais, quand on parle de retards que l'on
prend sur d'autres problèmes majeurs, par exemple, du côté
du traitement du cancer, les retards que les gens doivent subir dans ce
domaine, de désuétude d'équipement extrêmement
important, que le ministre nous dise sans broncher qu'il y a
possibilité, et de fait il y en a deux qui fonctionnent
présentement, de trois centres de transplantation cardiaque au
Québec, je pense qu'il y a peut-être là un choix de
priorités à faire.
M. Johnson (Anjou): Jusqu'à maintenant, il a
été fait par les établissements et non pas par le ministre
des Affaires sociales qui n'avait aucun pouvoir pour l'empêcher.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, quand vous indiquez votre
réprobation, les gens sont plus hésitants que cela. Il n'y a pas
eu de votre part, et je vous ai entendu à la radio, de grande expression
de réprobation quant aux priorités qu'on devrait peut-être
retenir.
M. Johnson (Anjou): J'ai l'impression que, si on doit
"réprober", pour utiliser l'expression du député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Si vous en avez une meilleure, je suis
prête à l'accepter.
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est fort valable dans les
circonstances. Si l'on veut manifester sa réprobation devant cela, il
faut être capable de faire quelque chose le lendemain. Cela ne donne rien
de déchirer sa chemise si on ne règle pas les
problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Bon, je ne veux pas me prononcer
là-dessus. Puisque vous avez parlé des règlements de la
loi 27, est-ce que vous entendez tenir une commission parlementaire à
cet égard, comme nous vous l'avions demandé en décembre,
mon collègue de Westmount et moi-même?
M. Johnson (Anjou): C'est une idée que je trouve
intéressante.
Mme Lavoie-Roux: Des idées intéressantes, j'en ai
beaucoup, M. le ministre. Plus sérieusement, vous n'êtes pas
encore décidé et vous avez quand même eu trois ou quatre
mois de réflexion. Au moins quatre mois.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, quatre mois de réflexion.
Je ne dirai pas qu'on était occupé à faire beaucoup
d'autres choses. Je pense qu'on ne pouvait pas aussi se mettre à
discuter de la réglementation. Je dois dire qu'au niveau du travail fait
par le ministère, c'est extrêmement avancé. J'ai
l'essentiel de l'ensemble de la réglementation qui doit découler
de la loi 27 sur mon bureau depuis un certain temps. Nous avons
procédé à des espèces de consultation informelle.
Nous commençons à peine ce type d'échanges qui ne sont pas
des consultations. Je pense qu'à un moment donné, il va falloir
formaliser cela. À toutes fins utiles, sans doute qu'une commission
parlementaire est un forum tout à fait adéquat pour ce type de
discussion puisqu'il implique - j'ai fait la liste l'autre jour - 35
intervenants susceptibles d'être intéressés.
Mme Lavoie-Roux: On pourra les voir la nuit, M. le
Président.
M. Johnson (Anjou): Vous pourriez les voir la nuit.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous est déjà arrivé
dans le passé.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai et cela a été
efficace.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même extrêmement
important. Je ne blâme le ministère de ne pas être
prêt. Vous avez eu les négociations. Ma question précise:
Est-ce que, en se reportant au contexte qui a prévalu au moment de
l'adoption de la loi 65, il y a eu des commissions parlementaires pour
étudier les règlements afférents au chapitre 48?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je pense que cela a
été deux fois modifié depuis 15 ou 20 ans. Aux deux
occasions, il y a eu des commissions parlementaires.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous demande pas que ce soit le mois
prochain ou dans 15 jours, je vous demande si, en soi, il y aura une commission
parlementaire?
M. Johnson (Anjou): En soi, dans la mesure où ce sera moi
qui assumerai la responsabilité de ce dossier, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous nous annoncez que vous allez
avoir une promotion?
M. Johnson (Anjou): Non, mais dans la mesure où je ne
parle pas ici au nom du gouvernement. Une décision de tenir une
commission parlementaire, c'est une décision du gouvernement et non pas
du ministre. Il
faut que j'en discute avec mon collègue le leader, ce qui n'est
pas fait.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que c'est le
député de Vanier qui va vous empêcher de tenir une
commission parlementaire?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais cela a l'air assez
prometteur.
M. Johnson (Anjou): À chacun son rôle.
Mme Lavoie-Roux: À chacun son rôle. Celui-là,
c'est votre rôle au premier chef, c'est-à-dire de tenir une
commission parlementaire là-dessus.
M. Johnson (Anjou): Mon rôle est de le souhaiter. Le
rôle du leader est de décider.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
m'indiquer à quoi seront affectés les budgets de
développement prévus dans les centres hospitaliers de courte
durée pour les maladies physiques, au montant de 17 709 000 $? Il y a
sûrement quelqu'un qui écoute dans toute la salle et qui va lui
donner la réponse.
M. Johnson (Anjou): Les 17 000 000 $ vont être
affectés à quoi dans les soins...
Mme Lavoie-Roux: Dans les cas de maladies mentales, 1 441 000
$.
M. Johnson (Anjou): Je vais simplement énumérer des
noms d'endroits, sans donner de chiffres: LaSalle, Fleury...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...l'Institut de cardiologie - pour des
lits...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...pas pour un bloc opératoire - Le
Gardeur, Pierre-Boucher, évidemment, Châteauguay - mais au stade
des...
Mme Lavoie-Roux: Des plans et devis?
M. Johnson (Anjou): ...des plans, etc., ce n'est pas du
développement de service encore - Gatineau - gros morceau, Gatineau -
Baie-Comeau-Hauterive, Baie des Chaleurs. C'est l'essentiel. Je ne tiens pas
compte ici de montants de développement dans le cas du Grand-Nord. On a
aussi des crédits de construction dans le Grand-Nord avec Povungnituk et
deux dispensaires, un au sud de Kuugaq, et l'autre à Saglouc.
Mme Lavoie-Roux: Et dans le cas des maladies mentales? C'est une
somme de 1 441 000 $.
M. Johnson (Anjou): De quel poste budgétaire
parlez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Toujours le même, à la page 14.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute. Non, je me trompe. C'est
à la page 13 - excusez-moi - oui, c'est à la page 13, au bas: 1
441 000 $. Soins de courte durée, maladies mentales. C'est le...
M. Johnson (Anjou): Alors, 03-02. Mme Lavoie-Roux: C'est
ça.
M. Johnson (Anjou): Dans la liste que je vous ai donnée
tout à l'heure - je m'excuse je vous ai donné un montant de 21
215 000 $, ce qui regroupe les deux...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Alors...
M. Johnson (Anjou): ...c'est-à-dire courte durée et
maladies mentales. La ventilation à courte durée: il y a
Pierre-Boucher; il y a Le Gardeur...
Mme Lavoie-Roux: En fait, ce sont les services psychiatriques
à l'intérieur des nouveaux hôpitaux de courte
durée?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Mme Lavoie-Roux: Bon,
d'accord.
M. Johnson (Anjou): Ou de développement. Je les ai plus
précisément ici: Le Gardeur, Pierre-Boucher, Gatineau,
Baie-Comeau-Hauterive - c'est un gros morceau en termes relatifs, là
bas; c'est presque 500 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Pour combien de lits, dans l'ensemble? Du
côté de la santé mentale.
M. Johnson (Anjou): Je vais les additionner... Je regrette, je ne
les ai pas à la portée de la main.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas plus grave que cela. Laissez faire.
Vous me le direz l'an prochain.
M. Johnson (Anjou): Même avant. (21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Johnson (Anjou): Même avant.
Mme Lavoie-Roux: Même avant... Maintenant, au programme
03-04, vous avez aussi - 03-03, 03-04, 1 915 000 $ pour le développement
de programmes, maladie physique, et 120 100 $, maladie mentale, pour les soins
prolongés. Qu'est-ce que c'est?
M. Johnson (Anjou): Alors, Baie des Chaleurs...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est dans le comté du
chef de l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait longtemps qu'il attend cela.
M. Johnson (Anjou): ...par intérim. Il va être
content...
Mme Lavoie-Roux: II va être content, oui.
M. Johnson (Anjou): Évidemment, Le Gardeur,
Pierre-Boucher, Gatineau.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Johnson (Anjou): Les mêmes que tout à l'heure,
sauf Baie-Comeau-Hauterive.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Deux projets ont
été abandonnés, un de 100 000 $, frais d'abandon de projet
de 100 000 $. Dans les centres d'hébergement - je conviens qu'on les
avait terminés la semaine dernière - il y avait un abandon de
projet pour 250 000 $. Quels étaient ces projets-là?
M. Johnson (Anjou): C'est simplement une réserve de
prévision de frais d'abandon comme on en prévoit. L'an dernier,
on en a fait pour 239 000 $; on met 250 000 $ cette année, ce qui ne
veut pas dire que cela sera utilisé pour ces fins-là.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire...
M. Johnson (Anjou): Cela pourrait devenir périmé.
Ce sont des frais d'abandon. Cela paraît paradoxal qu'on fasse une
prévision d'un crédit pour quelque chose qu'on abandonne, sauf
qu'il y a des frais d'abandon. Cela peut être un problème de
litige autour...
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, avez-vous utilisé ces
sommes-là?
M. Johnson (Anjou): Oui, 239 000 $ dans le cas du centre
d'accueil Berri, dans la mesure où le centre d'accueil Berri, dont on
avait projeté initialement que...
Mme Lavoie-Roux: Et cela vous a coûté 239 000 $, et
Colombo et Berri?
M. Johnson (Anjou): II n'est pas seul. Colombo, Berri, c'est
tout. Sur un total de combien en immobilisations? Combien? Sur un total de 80
000 000 $.
M. Sirros: Est-ce que vous voulez dire que le centre d'accueil
Berri est abandonné?
M. Johnson (Anjou): Non, c'est-à-dire que les plans et
devis, les plans possibles ou l'étude, à toutes fins utiles, de
faisabilité qui avait été faite dans le cas de
l'édifice où est abrité le CRSSS de Montréal... Il
a fallu faire les plans. C'était un beau projet qui avait l'air
extrêmement intéressant. Il avait même l'air de tomber sous
le sens commun, sauf qu'à l'étude - et cela coûte cher de
faire des études - on s'est rendu compte que cela ne tombait pas sous le
sens commun. Il y a un problème de structures dans cet édifice,
de vétusté, de capacité de tenir, en termes de poids, les
équipements dont on parle. Cela a fait qu'on a abandonné. Au
total, je ne sais pas combien a coûté cette étude.
Sûrement pas 200 000 $ parce qu'il y a un terrain, dans le cas de
Colombo, qui devait valoir plus que cela.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser quelques questions au ministre
touchant les hôpitaux dont on a annoncé les changements de
vocation, le cas de Sainte-Jeanne-d'Arc et le cas de Reddy. Dans les deux
hôpitaux -on me corrigera - je pense qu'on prévoit des cliniques
familiales. On prévoit des cliniques de gériatrie. On
prévoit, au Reddy de garder des services de psychiatrie. Est-ce qu'on
prévoit de garder des lits de psychiatrie ou uniquement la clinique
externe? Parce que j'aimerais apporter... Je pense que le ministre est fort au
courant qu'il y avait là un des seuls hôpitaux, sinon le seul,
à offrir des services d'hébergement en psychiatrie, 24 heures sur
24, et qui répondait à un besoin. Il y a peut-être d'autres
hôpitaux, mais il n'y en a pas beaucoup qui le font. Ils le font
peut-être par l'urgence, mais ils ne sont pas strictement
organisés pour cela. Est-ce que cela sera maintenu?
M. Johnson (Anjou): Oui, dans le cas de Reddy, on maintient non
seulement des cliniques externes en psychiatrie, mais également des lits
en psychiatrie.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Une clinique familiale et une
clinique...
M. Johnson (Anjou): Une clinique familiale, donc de la
médecine générale pouvant répondre à
l'essentiel des demandes de la population du quartier. Deuxièmement, une
clinique spécialisée qui pourrait être - je ne dis pas qui
sera - ce qu'on appelle un
hôpital de jour dans le cas des personnes âgées ou
des personnes handicapées.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on maintiendra la chirurgie d'un jour
ou les services de cette nature?
M. Johnson (Anjou): Non, pas de chirurgie d'un jour.
Mme Lavoie-Roux: Ni dans l'un, ni dans l'autre?
M. Johnson (Anjou): Ni dans l'un, ni dans l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Le CRSSS de Montréal avait
évalué que la transformation de ces hôpitaux apporterait
des économies de l'ordre de 17 000 000 $. Est-ce exact? Est-ce que ceci
est confirmé par vos études?
M. Johnson (Anjou): L'évaluation est de 12 000 000 $
à 17 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Ah, bon! Cela vous donne déjà une
petite marge de 5 000 000 $. Est-ce qu'on a établi les coûts de la
transformation des hôpitaux?
M. Johnson (Anjou): Vous voulez parlez des aménagements
physiques.
Mme Lavoie-Roux: Les aménagements.
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas une évaluation de
coût au sens où on n'a pas l'équivalent de plans et devis
et de devis opérationnels sur lesquels on aurait quantifié ce que
cela coûterait. Il est évident qu'à partir du moment
où la décision sera prise, on va engager les fonds
nécessaires au niveau des services professionnels pour avoir une
évaluation précise des coûts: est-ce qu'on change tel
faux-mur à telle place, est-ce qu'on élargit les portes à
tel endroit ou si, au contraire, on crée de grands espaces, etc.?
Globalement, on en a tenu compte.
D'autre part, quand on parle d'une économie de 12 000 000 $
à 17 000 000 $, on parle d'économie sur la base des frais de
fonctionnement, donc, sur une base annuelle, alors que les immobilisations,
c'est-à-dire une transformation des locaux, cela n'arrive qu'une fois.
On paie une fois.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas établi le coût de la
transformation.
M. Johnson (Anjou): Non, je n'ai pas de chiffres.
Mme Lavoie-Roux: C'est strictement en regard du fonctionnement
d'un hôpital de soins prolongés par rapport à un
hôpital de soins de courte durée.
M. Johnson (Anjou): Exactement. On a des critères assez
clairs qui nous le permettent: tant de lits de soins prolongés
plutôt que tant de lits de soins aigus. Il y a des formules presque
mathématiques pour cela. On arrive toujours avec une marge d'erreurs. Il
n'y a pas de laboratoire, il n'y a pas de salle d'opération, il n'y a
pas de radiologie. Ce sont des choses qui s'évaluent simplement.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de la sécurité
d'emploi, est-ce qu'on a établi combien de personnes seront mises
à pied?
M. Johnson (Anjou): On a des évaluations quant à la
quantité de personnel que ça prend pour tant de lits de soins
prolongés dans un établissement comme celui-là, ce qui ne
résulte pas nécessairement par des mises à pied, dans la
mesure où il peut y avoir de l'attrition, des départs, etc. Ce
qu'on peut dire, au départ, c'est un minimum de temps. Les
équivalents à temps plein, dans le cas de Sainte-Jeanne-d'Arc,
qui pourraient être affectés sont de 424; dans le cas du Reddy,
131. Je dis bien qui pourraient être affectés. On parle bien
d'équivalents à temps plein. Qu'on se comprenne bien. Ce ne sont
pas nécessairement des individus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela pourrait être plus
d'individus.
M. Johnson (Anjou): Cela pourrait être moins aussi.
Mme Lavoie-Roux: Des équivalents à temps plein, je
ne vois pas comment ça pourrait être moins d'individus.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Je vois difficilement comment des
équivalents à temps plein pourraient être moins
d'individus, à moins qu'ils ne travaillent à temps et demi.
M. Johnson (Anjou): Je pense que vous avez raison. J'ai fait un
lapsus. Le chiffre est bon, mais c'est le titre qui ne l'est pas. C'est
équivalent à temps plein, bel et bien comme vous le disiez; cela
pourrait être plus de personnes.
Mme Lavoie-Roux: On doit envisager des mises en
disponibilité d'environ 500.
M. Johnson (Anjou): Possible.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que j'en ai même soustrait 50.
En tout cas, mettons 400 si on veut être modéré. Cela veut
dire qu'il y a de bonnes chances que ce soit au moins 400. Si on additionne les
deux...
M. Johnson (Anjou): Mais il y a du développement qui se
fait dans la région de Montréal. C'est cela qu'il faut voir
aussi. 1000 lits de centres d'accueil, cela va prendre du monde pour s'en
occuper. C'est à peu près une personne par lit en moyenne.
À Laval aussi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-on nous donner la
planification pour la région du Saint-Maurice? Il y a passablement de
brasse-camarades dans ce coin avec la région de
Trois-Rivières-Saint-Maurice. Qu'est-ce qu'on prévoit dans cette
région?
M. Johnson (Anjou): Je vais y aller rapidement. Je suis sûr
que cela va faire plaisir à la députée de Chomedey.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas qu'on prévoit de la
chicane.
M. Johnson (Anjou): Cela est fait. Je pense qu'on est en phase de
réconciliation en ce moment. Il y a essentiellement un gros bloc qui est
Trois-Rivières, c'est-à-dire les deux hôpitaux qui sont,
soit dit en passant, à vue d'oeil - sans se forcer - l'un de l'autre,
une chose qu'il faut toujours avoir à l'oeil et à l'esprit.
Deuxièmement, des décisions qui pourraient toucher
l'hôpital Laflèche à Grand-Mère, l'hôpital
Shawinigan, l'hôpital régional de la Mauricie, l'hôpital
Saint-Joseph à Nicolet, et l'hôpital Cloutier ou Comtois...
Mme Lavoie-Roux: Et Comtois à Louiseville.
M. Johnson (Anjou): ...Cloutier à Cap-de-la-Madeleine et
Comtois à Louiseville. Il y a un historique sur lequel je ne reviendrai
pas, mais très compliqué dans cette région. Je rappelle
que, dans le cas de ces régions, comme dans la majorité des
régions, le conseil régional me fait des recommandations que
j'entérine habituellement, mais il peut y avoir des exceptions que nous
tentons de rendre les moins nombreuses possible, d'autant plus que le travail
en général est bien fait. Je pense que le gros bloc, c'est
Trois-Rivières, où il y a des activités importantes
à faire pour s'assurer qu'on continue de développer un niveau
d'excellence avec les ressources qu'on a. Je pense notamment à certaines
disciplines chirurgicales, en pédiatrie, en obstétrique et
où c'est très clair: les corporations se sont quelque peu
braquées au moment de la discussion de différents projets. Ce qui
n'a pas simplifié les choses, c'est qu'une des hypothèses
évoquées par le conseil régional a été
qualifiée d'irrecevable par certains groupes parce que le conseil
régional avait comme directeur général l'ancien directeur
général de l'un des établissements. Comme on vit au
Québec et qu'il n'y a pas 250 000 000 d'habitants, ce sont des choses
susceptibles d'arriver.
C'est en ce moment à l'étude au ministère.
J'attends les recommandations de mon sous-ministre adjoint, qui est
lui-même originaire de la Mauricie, comme la députée de
Chomedey.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas du Centre hospitalier
régional de la Mauricie, il semble que ce soit surtout là qu'il y
a des problèmes. Entre autres, souvent ils ont été dans
l'obligation de fermer leur salle d'urgence, je pense que le ministre en est
conscient. Est-ce qu'en prévoyant de faire de ce centre un centre encore
plus spécialisé et susceptible de recevoir plus de patients, on
ne risque pas de créer plus de problèmes? (21 h 30)
M. Johnson (Anjou): Le problème de la fermeture de
l'urgence à l'hôpital de la Mauricie à Shawinigan, cela a
duré six mois et, dès l'ouverture de 60 lits pour soins
prolongés à Grand-Mère - c'est l'an dernier, au
début de l'année dernière - le problème ne s'est
plus jamais posé après cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est cette année qu'on en a entendu
parler.
M. Johnson (Anjou): Pas en 1983. La fermeture de l'urgence
à Shawinigan en 1983? Je n'ai eu aucun écho de cela. Je me
souviens que, l'an dernier, à peu près au mois de mars - quelque
chose comme cela, février ou mars - on a ouvert, au printemps 1982, le
centre Laflèche avec 60 lits pour soins prolongés. Depuis ce
temps, il n'y a pas eu de problème.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord. Tout va bien, comme le dit la
députée de Chomedey. Je vais vous accorder le
bénéfice du doute, parce que je n'ai pas l'article en main sur
cette chose.
Dans la région de Sherbrooke, qu'arrive-t-il à
l'urgence?
M. Johnson (Anjou): Elles sont ouvertes et elles fonctionnent. Il
n'y a pas de problème de fermeture, là.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de problème de
fermeture, je le sais. C'est-à-dire qu'il y a des problèmes de
fermeture, mais d'un autre ordre.
M. Johnson (Anjou): Oui. Il y a un projet à
l'étude. Je dois rencontrer, vendredi, le conseil régional de
l'Estrie.
Mme Lavoie-Roux: Vous acheminez-vous vers un regroupement des
urgences à l'Hôtel-Dieu?
M. Johnson (Anjou): Je sais que cela a
été évoqué par le conseil
régional...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous savez que cela fait
longtemps...
M. Johnson (Anjou): ...mais à titre d'hypothèse
seulement. Je sais - je le sais sûrement - que cette hypothèse a
été évoquée par le conseil, mais c'est une
hypothèse.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre connaît bien la région
de Sherbrooke...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...parce que je pense qu'il a même fait de
l'internat à l'Hôtel-Dieu.
M. Johnson (Anjou): De l'externat.
Mme Lavoie-Roux: Ah! De l'externat. D'accord.
M. Johnson (Anjou): À Saint-Vincent et au CHUS aussi.
Mme Lavoie-Roux: Les trois.
M. Johnson (Anjou): Le problème, c'est que je les connais
tous les trois.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Peut-il nous dire si cette
hypothèse lui paraît logique?
M. Johnson (Anjou): Ces choses se discutent à partir des
faits et de la réalité et non pas à partir d'une vision
impressionniste de la réalité. Les faits, les chiffres et les
arguments, nous les aurons en discutant avec le conseil régional.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Les pédiatries n'ont-elles pas
été regroupées dans un hôpital avec
l'hypothèse que l'urgence serait regroupée dans un autre
hôpital?
M. Johnson (Anjou): Quand on parle d'une région comme
Sherbrooke, qui a 85 000 de population comme ville, environ 125 000 de
population drainée par Sherbrooke...
Mme Lavoie-Roux: Oh! Il y en a plus que 125 000, je m'excuse,
pour la région de Sherbrooke.
M. Johnson (Anjou): Plus que cela. Je ne parle pas de toute la
région de l'Estrie.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Dans la ville, il y en a 85 000. D'accord,
mais...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est cela, 85 000.
Mme Lavoie-Roux: ...les hôpitaux de Sherbrooke drainent
plus que 85 000.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais faire en sorte que toute l'urgence
dans une ville comme Sherbrooke soit dans un seul hôpital fausse
carrément le problème de la vocation de ces établissements
à certains égards. Il y a peut-être des solutions. C'est
pour cette raison qu'on va sur le terrain. On va voir. On écoute ce que
les gens ont à dire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est parce que le ministre nous parle
d'une vision impressionniste. Je pourrais lui dire cela si on parlait des
hôpitaux, même de la région de la Mauricie avec laquelle il
est probablement moins familier ou de la région de l'Outaouais qu'il
connaît, qu'il a peut-être visitée, mais où il n'a
pas vécu. Dans le cas de Sherbrooke, la vision qu'il peut avoir devient
beaucoup moins impressionniste qu'il peut le sembler. En tout cas, je
m'étonne de la réponse du ministre. Par contre, il fait allusion
à des possibilités de changement de vocation d'hôpitaux.
Envisagera-t-on, par exemple, de changer la vocation de l'Hôtel-Dieu ou
la vocation du Sherbrooke Hospital?
M. Johnson (Anjou): Deux choses. La première, c'est qu'il
faut se rappeler que le conseil régional de l'Estrie et celui du
Saguenay-Lac-Saint-Jean ont des pouvoirs particuliers en vertu du décret
de 1981 et ils peuvent décider de l'affectation de certaines ressources.
Par exemple, c'est le conseil régional qui a décidé que la
pédiatrie serait au CHUS. Ils ont le pouvoir de rendre une
décision finale dans ces matières, contrairement aux autres
conseils régionaux. C'est pour cela que, compte tenu de l'importance de
cette région, compte tenu de l'importance de l'expérience de la
régionalisation qui se fait depuis trois ans, il me paraît
important de me rendre sur place et d'écouter ce que les gens ont
à dire. Encore une fois, même si j'ai vécu quatre ans
à Sherbrooke, ce sont des hôpitaux que je ne prétendrais
pas bien connaître. Vous savez, après avoir passé quelques
mois dans des cliniques, on ne prétend pas connaître tous les
tenants et aboutissants d'un hôpital, surtout quand on est
étudiant en médecine. J'ai besoin d'aller voir. C'est ce que je
vais faire.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je comprends, c'est qu'il n'y a aucune
décision de prise quant au regroupement de l'urgence à
l'Hôtel-Dieu.
M. Johnson (Anjou): La décision n'est pas prise, c'est
exact. L'hypothèse de tout mettre à l'Hôtel-Dieu a
été effectivement
évoquée, mais la décision n'est pas prise.
Problème de langue dans les
hôpitaux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une dernière
question avant de toucher aux établissements de psychiatrie. J'avais
écrit au ministre au sujet du problème de langue à
l'hôpital St. Mary's. Je dois dire qu'il m'a répondu.
M. Johnson (Anjou): Comme d'habitude.
Mme Lavoie-Roux: On va laisser passer. Vous m'avez répondu
par une lettre qui est un peu impressionniste aussi, pour utiliser vos termes.
Il reste que, sérieusement, pour les hôpitaux anglophones, la
façon dont la Commission de surveillance de la langue française a
appliqué la loi a créé des problèmes réels.
Pas plus tard qu'hier ou avant-hier, j'ai su - je dois dire que je l'ai vu
après avoir reçu votre lettre, d'ailleurs -qu'un problème
semblable se pose au Reddy Memorial. Quelle est concrètement l'action
que le ministre a prise ou entend prendre pour éviter des conflits qui
n'aident personne, ni les gens de langue française, ni les
bénéficiaires, ni les professionnels et ni les hôpitaux et,
j'ajouterais même, ni le gouvernement?
M. Johnson (Anjou): II y a, d'abord, un problème
juridique. Il faut regarder ce que disent les lois. Le chapitre 48,
c'est-à-dire la loi organique des services sociaux et de santé au
Québec, dit que tous les citoyens ont droit à des services de
santé et à des services sociaux, sans distinction de race, de
langue, de sexe, etc. Ce droit cependant, aux articles 4 et 5 du chapitre 48,
n'est pas absolu pour qui que ce soit, dans la mesure où il est
tempéré dans le texte de loi lui-même par la notion
d'organisation des services et de ressources disponibles. C'est la base.
Deuxièmement, la Charte de la langue française dit, à
l'article 23, que tous ont droit de recevoir des services de santé et
des services sociaux "dans la langue officielle", et qu'ils peuvent en recevoir
en d'autres langues. Par ailleurs, il n'existe nulle part dans notre droit de
droit à recevoir ou d'obligation à dispenser les services dans
une autre langue que le français. C'est l'état du droit.
La pratique, c'est quoi? La pratique, c'est qu'à Montréal
- je parlerai du reste du Québec après - il y a des
hôpitaux qu'on appelle, dans la langue courante, des hôpitaux
anglophones parce qu'historiquement ils l'ont été, ils ont
desservi une clientèle anglophone; les conseils d'administration et
corporations qui les administrent sont du milieu anglophone, etc. Beaucoup des
professionnels sont des anglophones. Les us et coutumes, les traditions ont
voulu qu'en principe, dans ces établissements, on puisse desservir, dans
la mesure du possible, les francophones jusqu'à l'avènement de la
Charte de la langue française qui dit, à son article 23, que ce
n'est plus seulement une question d'us et de coutumes, mais c'est aussi une
question de droit. De la même façon, je dirais que les us et
coutumes ont fait que dans le reste du Québec - on m'a cité
quelques exemples récemment de la région de l'Estrie, justement,
où il y a des gens de souche loyaliste ou même de la
Gaspésie - on se débrouille en général pour
permettre, dans certaines conditions, que les personnes reçoivent des
services en langue anglaise pour le nursing, par exemple, ou, si ce n'est pas
par du personnel spécialisé, par la présence de personnes
bénévoles, des interprètes, des gens de la famille,
etc.
Je constate l'état du droit comme il est; le droit dit qu'on peut
exiger, au Québec, de recevoir les services de santé en
français. Je pense que le Québec continuera de faire en sorte
qu'ils puissent être assurés en anglais. Pour moi, c'est cela,
l'état du droit et de la situation. Maintenant, qu'on dise qu'à
St. Mary's la présence de l'office a créé plus qu'un
remous, a sûrement été un peu perturbatrice, cela
n'empêche pas que cette institution est remarquable. Ce n'est pas pour
rien qu'un jury indépendant de celui qui vous parle, mais nommé
par celui qui vous parle, a désigné St. Mary's comme
récipiendaire du prix Persillier-Lachapelle, un prix que le
ministère remet annuellement à un établissement du
réseau qui s'est fait remarquer pour la qualité humaine des
services qu'il rend. Quant à moi, dans le cas étudié par
la Commission de surveillance de la langue française - je ne veux pas
dire que ce n'est pas arrivé - si la commission de surveillance a tenu
son enquête et a fait le rapport que l'on connaît, dont j'ai pris
connaissance des grands paramètres et des conclusions...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez pris connaissance de l'ensemble?
M. Johnson (Anjou): J'aurais voulu ne pas en prendre connaissance
que je n'aurais pas pu. Je ne mets pas en doute que ce qui s'est passé
à cet endroit, ce que la commission a constaté, c'est qu'une
personne, à un moment donné de son hospitalisation, était
dans une situation où la qualité de la communication - non pas au
sens que les gens étaient bien dans leur peau quand ils se parlaient -
réelle dans l'échange de données entre une partie du
personnel soignant et une patiente a posé problème. Ce sont
peut-être des choses qui existent ailleurs et dans d'autres domaines. Je
pense que cela n'empêche pas que cet établissement, à
l'égard de l'ensemble des services qu'il donne
à la population, a sûrement mérité le prix
Persillier-Lachapelle, puisqu'il l'a obtenu.
Quant au reste de ce qui se passe dans la communauté anglophone
à l'égard de l'application de la loi 101, il y a un organisme qui
s'appelle le CELF (Centre d'évaluation de la langue française)
qui a été mis sur pied dans le réseau McGill qui
s'appelle, à Montréal, le Joint Institute, l'Institut conjoint,
qui regroupe, en fait, la plupart des hôpitaux anglophones de
Montréal. Le CELF, qui est une émanation de ces
établissements, procède lui-même aux tests linguistiques et
lui-même, à toutes fins utiles, administre les dispositions de la
loi 101 qui sont pertinentes, tout cela dans un contexte d'accord avec les
organismes gouvernementaux. Je pense qu'il faut être bien conscient de
cela; autant il y a peut-être eu un problème sur lequel on a mis
beaucoup de lumière pendant un bout de temps, autant beaucoup des
problèmes d'application de la loi 101 dans les établissements de
santé se sont réglés par la communauté
elle-même. (21 h 45)
Je trouve cela absolument souhaitable et je me réjouis du fait
que ça fonctionne depuis un certain nombre de mois et que ça va
relativement bien, semble-t-il. Il est arrivé un cas qui, de toute
évidence, n'est pas passé inaperçu. L'office, d'ailleurs,
a accepté les critères proposés par le CELF et
n'intervient, en aucune autre manière, dans ce processus. Les
résultats des tests ne sont communiqués par le CELF qu'aux
responsables des établissements, ils ne sont même pas
envoyés à l'Office de la langue française.
Mme Lavoie-Roux: Alors, qu'est-il arrivé dans ce cas?
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de St. Mary's?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Le rôle du CELF est de voir à ce
que le personnel ait -comment dit-on dans la loi? - une connaissance courante
de la langue, une connaissance d'usage ou adéquate pour les fins
professionnelles. Cela ne veut pas dire que c'est lui qui intervient dans
chaque cas individuel. Il s'occupe d'administrer les tests, de voir si
globalement...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y avait contradiction, à ce
moment-là? Puisque vous me dites que ce comité est en fonction
depuis un certain nombre de mois...
M. Johnson (Anjou): II n'a pas un rôle de surveillance de
la qualité.
Mme Lavoie-Roux: ...c'est probablement antérieur à
la décision rendue au sujet de St. Mary's. Vous dites qu'ils sont en
communication avec...
M. Johnson (Anjou): Avec l'office.
Mme Lavoie-Roux: Et non pas avec le comité de
surveillance.
M. Johnson (Anjou): C'est ça. Dans le fond, on se
souvient, à l'égard de la loi 101 - je ne veux pas prendre la
place de mon collègue responsable de la loi 101 - que l'office et la
commission ont deux rôles très différents.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais fort bien.
M. Johnson (Anjou): La mise en application des dispositions de
francisation des entreprises ou des établissements, ça, c'est
l'office. La commission est là lorsqu'un citoyen se plaint que ses
droits n'ont pas été respectés. C'est ce qui est
arrivé dans le cas de St. Mary's. Un citoyen, par sa succession
interposée, a dit: Nous n'avons pas obtenu ce qui, en vertu de l'article
23, était une obligation imposée à l'établissement
à l'égard de ce citoyen. C'est la commission qui a une
espèce de rôle judiciaire à jouer dans ce cas-là.
Quant au processus de francisation, je constate avec plaisir et satisfaction,
en termes du climat, que ça se fait par les établissements
eux-mêmes dans un rapport tout à fait adéquat entre
l'Office de la langue française et ce groupe d'établissements qui
ont décidé d'administrer les tests eux-mêmes et de voir
à la francisation des établissements.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
de...
Mme Lavoie-Roux: Si je résumais ce que le ministre a dit,
c'est qu'il est un peu désolé que ça se soit passé
et il fait une espèce de reconnaissance officielle de la bonne
volonté des institutions anglophones et de la bonne collaboration entre
l'office et les institutions anglophones. Mais le fond du problème,
c'est la commission de surveillance qui est venue - je n'utiliserai pas le
terme qu'on utilise habituellement - mettre le diable dans la boîte. Il
semble y avoir un manque de communication entre la commission de surveillance
et l'Office de la langue française, d'autant plus que la Commission de
surveillance de la langue française s'est prononcée sur quelque
chose qui ne devait prendre effet, de toute façon, qu'en décembre
ou en janvier 1984.
La question précise que je veux poser au ministre est la
suivante: A-t-il discuté de cette situation avec la Commission de
surveillance de la langue française ou avec
le ministre responsable et quels sont les gestes concrets qu'on veut
poser pour éviter que de semblables situations ne se
répètent, parce que je pense que c'est au détriment de
tout le monde?
M. Johnson (Anjou): Je pense que la loi dit bien que la
commission ne peut agir qu'à la suite d'une plainte. Encore une fois, je
ne veux pas répondre à la place de mon collègue; ce n'est
pas moi qui ai la responsabilité de la commission et d'en
répondre ici. La commission agit à la suite d'une plainte et la
commission a reçu une plainte; elle est obligée de la traiter
comme une plainte. C'est ce qu'elle a fait. Par ailleurs, je crois comprendre
que l'hôpital St. Mary's s'était déclaré,
antérieurement à cette plainte, comme étant dans une
situation où il pouvait assumer les responsabilités
découlant de la loi 101 quant à la francisation des
établissements. Donc, cela sortait des mains de l'office, du CELF et du
reste, l'établissement s'étant déclaré apte
à fournir les services en français. À partir de là,
le seul mécanisme qui existe, il s'agit d'une plainte d'un citoyen. Un
citoyen s'est plaint et la commission a fait enquête.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je pense qu'on peut constater
avec le ministre qu'il y a beaucoup de bonne volonté dans les
institutions qui sous cet empire, qui sont anglophones, de desservir leur
clientèle francophone en français. Il n'est pas, par ailleurs,
surprenant que l'hôpital St. Mary's se soit cru en mesure de fournir les
services en français puisque 25% à 40% de sa clientèle a
été, depuis quelques années, de langue française et
il n'a pas eu de plainte. D'ailleurs, sa clientèle francophone
récidivait régulièrement chaque fois qu'elle avait besoin
des services hospitaliers. Donc, l'hôpital, peut-être
naïvement, s'imaginait être en mesure de fournir les services en
français puisqu'il l'avait fait, à son jugement, à la
satisfaction de quelques centaines de francophones au cours d'une
année.
Ce qui est souligné par le jugement de la commission de
surveillance, c'est précisément ce que veut dire "services en
français". Si j'ai bien lu le jugement, il est évident que
l'interprétation de la commission et de son ineffable président
indique que chaque contact entre le personnel de l'institution et le client
francophone doit se faire en français. Cela crée des
problèmes assez graves pour les administrateurs d'une institution
anglophone avec les membres du personnel, soit le "staff", de soutien ou les
professionnels ayant une ancienneté de dix ou quinze ans et qui sont
unilingues anglais. Cette situation oblige cette administration, vu
l'interprétation de "services en français" faite par la
commission, à jongler avec les affectations de personnel en fonction de
la langue de la clientèle.
Le ministre sait fort bien, pour avoir récemment
négocié dans ce secteur, comment les conventions collectives
peuvent être contraignantes face à l'affectation du personnel,
comment les exigences de la gestion d'une institution fort complexe, comme
celle d'un hôpital, peuvent être difficiles sans y ajouter cette
problématique d'une espèce de couche de personnes de langue
française ou de personnes qui parlent français avec chaque client
francophone.
Je ne dis pas que ce que j'émets ici est la vérité
quant au comportement réel de ces administrateurs, mais je dis ce qu'un
administrateur rationnel devrait faire compte tenu du libellé de la
décision. Un administrateur d'une institution anglophone devrait faire
l'une de ces deux choses. Ou il décide de se défaire le plus
rapidement possible de son personnel unilingue ou il devrait faire en sorte de
minimiser autant que possible le nombre de francophones qui utilisent les
services de l'institution.
C'est un peu ce choix tout à fait impossible qui est la
réalité de l'impact de la décision sur les institutions
anglophones, à partir de cette constatation que la bonne foi et les
efforts vis-à-vis d'une clientèle francophone satisfaite ne
constituent pas une espèce d'abri contre les enquêtes, les
témoignages, les avocats, les procédures, une conférence
de presse ponctuée d'interventions tout à fait à
côté de la question par le premier responsable de la commission.
Tout cela est la menace qui reste suspendue sur l'avenir d'un administrateur
d'hôpital anglophone qui veut continuer d'accueillir tous les
francophones qui veulent profiter des services de son institution, compte tenu,
encore une fois, de la décision comme telle. On ne parle pas du
processus en gros de francisation; on parle précisément de la
signification de la décision et de ce que la décision dit aux
autres administrateurs dans le réseau.
Il me semble que tôt ou tard le ministre et ses collègues -
c'est, bien sûr, un problème qui n'est pas uniquement le sien
-devront se pencher là-dessus sérieusement. Puisque j'ai plus
confiance en ce ministre-ci que dans le ministre supposément responsable
de la loi, j'aimerais beaucoup connaître les réflexions du
ministre face à cela. Est-ce qu'il partage mon diagnostic ou est-ce
qu'il voit une faille quelque part? Deuxièmement, s'il partage mon
diagnostic, quelles sont ses réactions face à cela?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je ne voudrais pas
qu'en répondant ou en tentant de répondre aux questions du
député de Westmount, il tienne pour acquis que j'accepte le
postulat qu'il a énoncé avant de poser son interrogation quant
aux comparaisons qu'il fait entre les membres du gouvernement. Je veux,
d'abord, évacuer une couple de choses: tout le sensationnalisme qui a
entouré cette décision et, surtout, le processus...
M. French: Dont le président est largement
responsable.
M. Johnson (Anjou): Le sensationnalisme, à mon bon
souvenir, au moment du processus, avant la conférence de presse qui
donnait le jugement, est venu essentiellement des opposants à la
présence de la commission. Je pense que le député de
Westmount le reconnaît. À partir de là, au moment de la
sentence, il était évident que les feux de la rampe
étaient braqués là-dessus et le président de la
commission a choisi de faire ce qu'il voulait faire. Entre vous et moi, cela le
regardait. Cela le regarde, lui et son ministre titulaire. Je n'ai pas de
jugement à porter là-dessus. Je vous dirai franchement que je ne
suis pas sûr que j'ai même une opinion à avoir
là-dessus.
Je trouve intéressants les propos du député de
Westmount qui dit: Dans le fond, il faut peut-être placer cela dans une
espèce de perspective, parce que cela peut mettre des administrateurs
dans la drôle de position rationnelle, en logique pure, de dire: Moi, il
faut que je me débarrasse du personnel unilingue ou que je n'accepte
plus de patients francophones. Je pourrais lui répondre qu'il ne peut
pas prendre la deuxième décision, je pense, en vertu des lois et,
deuxièmement, en vertu de toute la sociologie de ce qu'est l'Ouest de
Montréal. Quant à la première décision, ce n'est
pas pour rien qu'il y a des exceptions dans la loi sur la francisation. Pour
les gens qui étaient en place, on n'exige pas, comme pour les nouveaux
diplômés, par exemple, la connaissance d'usage, etc.
S'il avait été question de quelqu'un qui aurait dit: Moi,
je suis arrivé au bureau d'enregistrement alors que je devais être
hospitalisé pour de la chirurgie élective et la
téléphoniste ne m'a pas compris, j'avoue que les cheveux
m'auraient peut-être dressé sur la tête de voir les
conclusions de la commission. Mais ce qui était en cause ici, ce
n'était pas cela. Je trouve, d'une certaine façon, que c'est un
mauvais exemple pour défendre la notion de souplesse qui, à mon
avis, doit exister. Le problème qui se posait était que vous
aviez une patiente avec une trachéotomie, c'est-à-dire quelqu'un
qui ne pouvait pas utiliser ses cordes vocales à cause d'un
appareillage, qui était aux soins intensifs, qui ne comprenait pas
apparemment, d'après ce que j'ai compris, un seul mot d'anglais et qui
se faisait dire par du personnel de soins intensifs, "cough", "toussez". Ne
comprenant pas ce que le mot "cough" voulait dire, la patiente n'avait d'autre
choix que d'essayer de signifier qu'elle ne comprenait pas. (22 heures)
Le problème de communication que je crois avoir
décelé dans ce que j'ai vu de ce rapport, c'est que, dans le
fond, c'était fondamental pour la santé de la patiente de
comprendre ce qu'on lui demandait de faire parce que, en postopératoire,
il faut que tu tousses, car, si tu ne tousses pas, tu risques d'avoir des
problèmes pulmonaires qui peuvent avoir un caractère fatal. Or
cela n'est pas écrit dans nos chromosomes, lorsqu'on subit une
trachéotomie, qu'il faut se mettre à tousser; il faut se le faire
dire par quelqu'un qui sait ce que c'est. Si on veut se le faire dire par
quelqu'un qui sait qu'il faut tousser et qui nous le dit, il faut comprendre ce
qu'il dit. C'est ce que j'ai retenu d'essentiel dans ce problème.
D'accord?
M. French: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Je pense que le député de
Westmount me suit là-dedans.
M. French: Qui, je vous suis, mais non pas en acceptant
totalement la démarche, par exemple. Vous avez raison sur les faits.
M. Johnson (Anjou): Les faits étant cela et la loi
étant ce qu'elle est - l'article 23 de la charte - c'est clair qu'il y
avait un problème. Maintenant, l'impact de cette décision, cela
est une autre paire de manches. Je pense qu'une des pistes qu'il faut voir,
c'est de se dire qu'il y a des choses qui tombent sous le sens commun, qu'en
termes de la gravité de la difficulté de communication, il faut
que des correctifs soient apportés là où il faut les
apporter. Je pense, notamment, aux soins intensifs, à l'unité
coronarienne, dans les salles d'urgence. Est-ce que cela veut dire qu'il faut
que tout le personnel, y compris le personnel sur place depuis 5, 10, 15 ou 20
ans, qui n'est pas bilingue soit absolument bilingue? Je dirai que ce n'est pas
sûr que c'est essentiel. Ce qui est sûrement essentiel, par contre,
c'est que tout problème de communication avec quelqu'un ayant des droits
en vertu de l'article 23 de la charte puisse être réglé sur
place.
L'exemple de cela, en pratique, on le vit dans le sens contraire alors
qu'on n'est pas contraint par une loi pour le faire au CCUS, le Centre de
coordination des Urgences-santé de Montréal, où les gens
téléphonent dans des situations de panique souvent, dans des
situations d'urgence et on a toujours sur place, si ce n'est pas chacune
des infirmières au téléphone ou chacun des
médecins qui sont là au téléphone qui parle
l'anglais ou l'italien, quelqu'un qui peut communiquer adéquatement,
dans une situation d'urgence, avec une personne de langue anglaise. Je pense
que c'est le cas aussi en langue italienne, mais je ne suis pas absolument
sûr. Cela, je pense, est un bon exemple - j'allais dire en grec
aussi...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration soit à la centrale
d'urgence.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il y a là une
expérience dans le sens inverse et sans contrainte de la loi, mais
où, en pratique, le système s'est organisé, non pas pour
obliger les comportements individuels de tous les professionnels à
répondre à l'obligation ou au bon sens, mais où
l'institution a réglé le problème. Le CCUS a
réglé son problème de bilinguisme. Il n'y a rien qui lui
impose de l'être, mais le gros bon sens impose que les gens qui
communiquent en anglais au CCUS, parce qu'ils ne parlent pas un mot de
français, puissent avoir un minimum de services adéquats
permettant l'évaluation pour envoyer un médecin ou une ambulance
le cas échéant. Je me dis: Peut-être que c'est une piste
intéressante dont on devrait s'assurer à l'égard de la
langue française dans certains établissements et qui, de toute
évidence, n'était pas le cas dans le cas étudié par
la commission où ce problème s'est posé objectivement dans
la réalité.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: ...j'ai deux observations à faire. La
première, ce qu'a évoqué le ministre à la fin, est
évidemment la piste à suivre. L'hôpital St. Mary's
prétend avoir suivi cette piste au meilleur de ses capacités,
mais ce n'est pas cela que dit la décision, malheureusement. Le
deuxième commentaire, c'est que c'est sûr et certain, compte tenu
de la nature particulière de la maladie de Mme Larose, qu'il y a
sûrement lieu de s'inquiéter du fait qu'il semble qu'elle ait
parfois été soignée par des personnes qui n'étaient
pas capables de parler français. Mais, encore une fois, malheureusement,
la décision n'est pas encadrée, parce que le ministre constatera
que le nombre de personnes qui se trouvent dans une situation où elles
ne peuvent pas elles-mêmes parler quelque langue que ce soit, à
cause de la nature même de leur maladie, n'est pas aussi
élevé que cela. Malheureusement, la décision exige, de par
la constatation élémentaire qui est son pivot - soit qu'il y a
quelque 35% du personnel qui avait un contact avec Mme Larose ou avec les
clients francophones et qui ne parlaient pas français -
qu'effectivement, il y ait une couche de francophones parmi les professionnels,
parmi les infirmières, etc., autour de chaque client qui parle
français dans une institution, quelle que soit la langue de
l'institution ou quelle que soit la langue originale de l'institution,
devrait-on dire.
Je ne peux pas demander au ministre de changer la Charte de la langue
française, mais je l'informe que, compte tenu de cette
réalité, la réaction dans le milieu, dans les institutions
anglophones qui s'adaptaient assez bien et qui continuent de vouloir s'adapter
assez bien aux exigences de la Charte de la langue française, est
extrêmement négative et est inquiétante pour l'avenir de la
francisation. J'imagine mal comment on va réparer le tort que la
combinaison de la nécessité de changement de vocation de
l'institution, de l'ingérence ou des décisions -je devrais dire
les sentences, parce que c'est le mot qu'a utilisé le ministre - de la
Commission de surveillance de la langue française, des problèmes
de relations de travail et des problèmes budgétaires des
institutions de santé vont créer, quant à la
rétention d'un personnel de qualité. L'hémorragie d'un
personnel de qualité du réseau est vraiment le problème du
ministre, mais je constate, sur une base anecdotique dans mon comté,
puisque j'ai à peu près plus de médecins par tête de
pipe dans mon comté que dans toute la province, probablement avec mon
collègue d'Outremont...
M. Johnson (Anjou): Mais pas à Chibougamau.
M. French: Oui, c'est cela. La perte de personnel de haute
qualité - je ne parle pas uniquement des personnes d'expression anglaise
- semble extrêmement grave et c'est le genre d'événement
qui, ajouté à tous les autres que j'ai mentionnés,
crée une problème extrêmement sérieux à
Montréal. Il y a donc une inquiétude qui se traduit par une
inquiétude de la clientèle.
Encore une fois, je reconnais que le ministre n'est pas responsable du
président de la commission de surveillance ni de ses décisions,
mais je lui signale qu'un deuxième cas comme cela, avec le même
genre de jugement, sans cette circonstance très spéciale et
importante de la nature de la maladie, créerait les plus grandes
difficultés pour toutes les institutions de langue anglaise et
créerait - ce qui est plus important, d'après moi - des
embûches extrêmement importantes au déroulement raisonnable
de la francisation et à la fourniture de services en
français.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...le ministre n'a pas répondu à
ma question. A-t-il eu, depuis cet incident, des discussions ou des
échanges, soit avec le ministre responsable de la loi 101, ou encore
avec l'Office de la langue française? Parce qu'il reste que la
Commission de surveillance de la langue française n'est pas totalement
indépendante de l'office. C'est une des filiales de l'office ou
peut-être que...
M. Johnson (Anjou): Non, je pense que c'est
indépendant.
Mme Lavoie-Roux: C'est indépendant. D'accord. En tout cas,
peu importe.
M. Johnson (Anjou): C'est complètement
séparé.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Avez-vous eu des échanges sur ce
problème?
M. Johnson (Anjou): Non. Avec le président, je n'ai pas
eu... Je n'ai jamais rencontré M. Cholette. Je l'ai peut-être
croisé quelque part. C'est M. Cholette? C'est cela? Je ne pense pas
avoir rencontré M. Cholette; peut-être avant qu'il soit
nommé, parce que c'est un ancien fonctionnaire des Affaires
intergouvernementales. Enfin, je n'ai pas rencontré M. Cholette, ni
à l'époque ni depuis cette enquête.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre - il ne l'a peut-être pas dit
en personne, il n'a peut-être pas le loisir de le faire - n'a-t-il pas
cru bon que quelqu'un du ministère contacte la commission de
surveillance pour essayer, quand même... J'ai parlé du ministre
responsable. Avez-vous parlé au ministre responsable? Ensuite, est-ce
que quelqu'un de votre ministère est entré en contact? Je
pourrais vous raconter une anecdote, parce que j'y ai fait allusion dans la
lettre que je vous ai envoyée. J'ai surtout insisté sur la
relation bénéficiaires-professionnels. Dans un hôpital
anglophone de Montréal, le Royal Victoria - je n'hésite pas
à le nommer - une patiente francophone assez âgée, qui est
traitée là depuis plusieurs années par un médecin
anglophone, reçoit la visite de ses soeurs - enfin, je ne porterai pas
de jugement - qui sortent en disant: On ne dit pas un mot de français
ici. Le résultat de ceci: Les infirmières l'entendent, retournent
voir la patiente et disent: On vous aime bien, Mme Unetelle, mais nous autres,
on vient d'entendre ce que vos soeurs viennent de dire et on ne veut pas
être prises dans le même pétrin qu'à St. Mary's.
Elles hésitent à continuer de la soigner. Vous allez me dire
qu'elles n'ont pas le droit de se retirer, vous allez me dire tout cela. C'est
simplement pour vous donner une démonstration du climat que cela
crée dans les relations bénéficiaires-professionnels.
C'est vraiment cet aspect qui m'inquiète. C'est ce que j'ai mis dans ma
lettre quand je vous ai écrit.
M. Johnson (Anjou): Si je n'ai pas rencontré M. Cholette,
il a cependant rencontré mon sous-ministre, M. Deschênes, pour lui
remettre le rapport. Je me permettrai de parler ici de ce que je sais de cette
rencontre, puisque M. Deschênes m'en a parlé. Je ne lui passerai
pas le micro pour la raison très simple que cela va figurer au journal
des Débats, comme étant le ministre qui parle. On se comprend
bien là-dessus. Cela mettrait M. Deschênes dans une drôle de
position, étant donné que je vous ai dit que je ne l'avais pas
rencontré et que le journal des Débats va dire: Oui, voici ma
conversation avec lui. Je vais vous dire ce que je sais de la rencontre du
sous-ministre avec M. Cholette. M. Cholette a remis une copie du rapport au
sous-ministre, après l'avoir rendu public. Il a fait part à M.
Deschênes du fait qu'il savait que cela allait soulever des choses dans
le réseau, notamment dans les hôpitaux anglophones -je pense que
je peux utiliser le mot - il a fait part de son inquiétude face à
la conscience qu'il avait des effets de son jugement et de la perception qui en
découlerait. Cela a été l'occasion pour M. Deschênes
de lui parler de ce qu'était le prix Persillier-Lachapelle.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous eu vous-même des échanges
avec le ministre responsable de la loi 101 sur ce problème?
M. Johnson (Anjou): Oui, mais je dirai que, jusqu'à
maintenant et volontairement, ce sont des échanges qui ont
été faits dans un cadre extrêmement limité, me
réservant le soin d'en discuter plus en profondeur avec lui une fois que
j'aurai eu une évaluation un peu plus globale et d'autres discussions,
puisque je voulais avoir certaines perceptions. Le député de
Westmount m'en a donné aujourd'hui. Je savais que l'étude des
crédits serait sûrement une occasion pour le faire.
Deuxièmement, s'il devait y avoir des changements éventuels
à la loi 101, je sais que mon collègue devra en discuter avec un
sous-comité du cabinet. J'aurai l'occasion de le faire.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il infirmer ou confirmer le
fait que, présentement, dans au moins quatre hôpitaux de langue
anglaise, il se ferait des sondages sur la satisfaction de la francisation des
institutions anglophones?
M. Johnson (Anjou): On me dit que oui. Je sais que quelqu'un de
mon cabinet a été avisé de cela récemment, mais on
me dit que ce n'est pas la commission qui fait ces sondages.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'office? (22 h 15)
M. Johnson (Anjou): C'est peut-être l'office. J'ai eu des
échos, par personne interposée, d'une de ces choses, au
début, où les gens semblaient voir cela comme
problématique, mais c'était en plein milieu du grand débat
autour de St. Mary's. On a attendu que la poussière retombe un peu; les
derniers échos que j'ai eus, c'est qu'il y avait une bonne collaboration
avec les établissements. Les sondages n'étaient pas ceux de la
commission pour des fins d'enquête, comme elle en fait, me dit-on, dans
les entreprises. Cela fait partie des procédures normales
d'évaluation de l'office dans l'application de la loi 101.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas qu'on prenne une minute de plus
là-dessus... Dans les journaux d'hier ou d'avant-hier, on rapportait
qu'une même enquête se faisait, je pense, au Reddy Memorial...
M. French: Nous parlons de la commission...
Mme Lavoie-Roux: Ah non! Je ne parle pas de l'office, je parle de
la commission.
M. Johnson (Anjou): Tout ce que j'en sais, c'est cet entrefilet;
je n'ai pas eu d'écho, mais je pense que c'est tout récent...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela; c'est avant-hier ou hier; bon,
d'accord.
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas eu l'occasion d'être saisi
avec plus de précision de cela.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Les infirmières auxiliaires
J'aimerais poser une question sur le problème des
infirmières auxiliaires dans les hôpitaux. J'ai écrit au
ministre le 13 avril. Je n'ai pas eu de réponse, mais cela ne fait
peut-être pas assez longtemps. Il semblerait et ceci m'a
été confirmé par la Corporation des infirmières
auxiliaires - que le problème vous a été soulevé en
relation avec l'Hôtel-Dieu de Québec, l'Hôtel-Dieu de
Sherbrooke, je pense, et peut-être un troisième hôpital; ce
serait dans un grand nombre d'établissements que la même situation
prévaudrait, c'est-à-dire que, dans les rationalisations - enfin,
quelles que soient les raisons - on procéderait
régulièrement à des fermetures de postes
d'infirmières auxiliaires, que celles-ci seraient remplacées par
des infirmières et qu'ensuite, celles-ci seraient mises en
disponibilité ou devraient occuper des postes de préposées
aux malades. Cela m'apparaît un peu surprenant que, tout à coup,
cela semble être le groupe de professionnels qui soient mis en
disponibilité presque régulièrement dans les centres
hospitaliers.
M. Johnson (Anjou): Oui, ce problème a été
signalé, non seulement à l'Hôtel-Dieu de Québec. Je
ferai une nomenclature rapide qui nous vient de la Direction
générale des relations de travail du ministère: au Centre
de santé l'Archipel, aux Îles-de-la-Madeleine, au centre
hospitalier de Matane, à l'hôpital de Chicoutimi, à
l'hôpital d'Alma, à l'Hôtel-Dieu de Québec, au Centre
hospitalier régional de la Mauricie, à l'hôpital Youville
-c'est à...
Mme Lavoie-Roux: ...Sherbrooke...
M. Johnson (Anjou): ...Sherbrooke - à Montréal,
à l'hôpital Saint-Luc, à l'hôpital
Sacré-Coeur, à l'hôpital Général et à
l'hôpital LaSalle; sur la rive sud, à Sorel; en Abitibi, à
l'Hôtel-Dieu d'Amos, au Centre de santé Sainte-Famille et au
centre hospitalier Saint-Sauveur de Val-d'Or. Ce sont les échos qu'on a
d'endroits où ces problèmes se sont posés. C'est
habituellement, d'une façon assez analogue à celle que je
décrirai dans le cas de l'Hôtel-Dieu. Je dis bien analogue, mais
non absolument identique. À l'Hôtel-Dieu de Québec, le
décret sur la délégation des actes s'appliquant de
façon rigoureuse, l'établissement a remplacé
dernièrement deux départs d'infirmières auxiliaires par
une infirmière diplômée. Les raisons sont que les besoins
du service, en termes de qualité de la dispensation des soins et de
responsabilité à l'égard de certains types de soins qui
sont de la juridiction professionnelle des infirmières
diplômées, l'exigeaient; ici, notamment, c'était
l'hémodialyse péritonéale avec formation
particulière en hémodialyse.
Le problème qu'il y a derrière cela, c'est le suivant: il
y a deux corporations professionnelles. Les infirmières
diplômées sont à l'égard des infirmières
auxiliaires un peu ce que peuvent être les médecins
spécialistes à l'égard des omnipraticiens. Encore une
fois, j'y vais par analogie.
Mme Lavoie-Roux: J'étais pour dire des médecins par
rapport aux infirmières.
M. Johnson (Anjou): Non, des médecins spécialistes
par rapport aux omnipraticiens, disons.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): II y a des choses qu'un médecin
omnipraticien, s'il est dans un contexte où il y a des
spécialistes, ne fera pas puisqu'il y engage sa responsabilité
professionnelle. Cependant, la différence entre la profession
médicale et les infirmières auxiliaires ou
diplômées, c'est que le médecin n'agit pas dans un lien de
préposition avec l'établissement et c'est une décision des
individus, alors que, dans le cas des infirmières et des
infirmières auxiliaires, elles sont des salariées et elles sont
donc dans un lien de préposition avec un établissement qui a une
direction des services infirmiers, etc.
En pratique, ce qui se passe, c'est qu'à l'occasion des
compressions qui, on le sait, ont été suffisamment importantes
pour être ressenties un peu partout dans le réseau, pendant trois
ans, des postes étaient coupés. Je vais donner un exemple
peut-être plus simple que celui de la dialyse péritonéale
et qui sera plus compréhensible pour nous tous, celui des urgences en
pédiatrie, exemple vécu récemment à
Maisonneuve-Rosemont. On dit: On n'a besoin, de nuit, à l'urgence de la
pédiatrie, que d'une personne. Il est évident que, s'il n'y a
qu'une personne au lieu de deux, il faudra que ce soit une infirmière
diplômée parce que certains des actes que les médecins
peuvent demander à ce personnel sont des actes qui sont de la
juridiction de l'infirmière diplômée. Quand il y avait deux
postes, ça pouvait être une infirmière
diplômée et une infirmière auxiliaire, étant
donné qu'une bonne partie des tâches que va être
appelée à faire l'infirmière diplômée quand
elle sera seule pourrait être faite par une infirmière
auxiliaire.
Le problème s'est souvent posé en ces termes, sauf que
sont venus se superposer à cela deux autres problèmes. Le premier
est celui du règlement proprement dit de délégation des
actes, qui doit d'abord émaner du niveau d'un médecin vers les
infirmières et, par la suite, des infirmières
diplômées vers les infirmières auxiliaires. La situation
des établissements est très variable. Il y a des endroits
où il y a très peu de délégation, il y en a
d'autres où la délégation est très stricte,
accrochée à une interprétation très restrictive du
décret, et donc où c'est le contraire.
Le deuxième problème qui est venu mêler ça,
c'est celui d'une bataille pour des emplois. Il faut être bien conscient
de ça. Je comprends que les infirmières et les infirmières
auxiliaires sont représentées par des structures syndicales en
plus d'appartenir à leur corporation, mais, dans la mesure où ce
sont des infirmières diplômées qui sont chefs de nursing
dans les hôpitaux, quand, depuis trois ans, elles ont été
appelées à prendre des décisions en termes de
réduction de postes désignés, devinez le poste de qui on
va couper; elles ont plutôt fait affaires avec l'autre confrérie
ou avec l'autre "consoeurie", peut-être.
C'est un peu, en toute analogie, comme si, dans un hôpital, il y a
beaucoup de médecins spécialistes, quelques médecins
omnipraticiens et que les médecins spécialistes dirigent le CMDQ
et les différents comités, à un moment donné, dans
les horaires et dans les différentes choses; devinez qui sera
plutôt favorisé. C'est un réflexe humain normal. Il n'y a
pas de règle absolue dans ce domaine. Pardon?
Mme Lavoie-Roux: C'est comme le gouvernement et l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): J'allais le dire, c'est un peu parfois comme
le gouvernement et l'Opposition dans des décisions de
développement, mais très rarement concernant les besoins de la
population; ce sont ceux-là qui comptent.
Mme Lavoie-Roux: Êtes-vous capable de dire ça sans
rire?
M. Johnson (Anjou): Cela va ouvrir la Pinière.
Mme Lavoie-Roux: On en a parlé, mais elle n'a pas encore
vu le jour. Cela s'en vient.
Ceci, c'est très beau, je me doutais que c'était ce qu'il
y avait en dessous de tout ça. Il reste que, quand même, vous avez
des infirmières auxiliaires qui rendent des services précieux
dans les hôpitaux, qui en ont rendu et qui sont prêtes à
continuer d'en rendre. D'abord, ça vous fera une autre statistique
à me produire, vous me demandiez tantôt ce que je vous avais
demandé; je vous avais demandé l'évolution du personnel
dans les hôpitaux depuis cinq ans; on pourrait peut-être savoir
aussi l'évolution du personnel en fonction des postes
d'infirmières et d'infirmières auxiliaires.
Qu'est-ce que le ministère compte faire? Est-ce qu'il dit: Si les
infirmières auxiliaires disparaissent, elles disparaîtront et on
aura seulement des infirmières? Il reste que c'est important pour au
moins 18 000 infirmières auxiliaires qui sont dans les
hôpitaux.
M. Johnson (Anjou): D'abord, j'ai le document sur
l'évolution des effets à temps complet et à temps partiel
de 1977 à 1980-1981. Les statistiques complètes qu'on a remontent
à 1980-1981. Cela nous prend à peu près deux ans avant de
pouvoir faire les calculs; alors, je remets ce document à la
députée.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je vous
remercie.
M. Johnson (Anjou): Quant aux statistiques à
l'égard des infirmières auxiliaires, il y a eu une
réduction nette des effectifs dans le secteur de la santé en
équivalents temps plein et, dans le cas des centres d'accueil publics,
une augmentation très marquée des effectifs de 3640.
Mme Lavoie-Roux: À cause de l'ouverture des centres
d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Voilà. Quant à
l'évolution, c'est un peu le contexte dans lequel cela s'est fait.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je voudrais qu'on reste...
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des infirmières
auxiliaires, je n'ai pas les statistiques. Je peux vous dire que le mouvement,
effectivement, qui s'est dessiné - les problèmes qu'on a dans les
régions et dans les hôpitaux que j'ai évoqués -
était relié à cela.
Qu'est-ce qu'on fait devant cela? Deux choses. La première, je
vais vous le dire, et je sais que c'est toujours avec un certain cynisme que
l'Opposition accueille ce type de réponse. Il y a un comité
formé avec l'Office des professions du Québec qui est à
voir à la formation d'un groupe de travail composé de
représentants de l'office qui agira à titre de coordonnateur du
dossier. Le groupe de travail inclut des représentants du
ministère, de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec, de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
quant à la délégation des actes médicaux. Tant que
ce problème ne sera pas réglé, on va connaître
encore...
Mme Lavoie-Roux: Mais je pensais qu'il y avait eu un
décret.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Il y a eu un décret, mais
il pose des problèmes.
Mme Lavoie-Roux: On recommence.
M. Johnson (Anjou): Enfin, on recommence... On regarde à
nouveau et, en attendant, on vit avec les ennuis du premier décret.
D'ailleurs, je suis convaincu que cela va continuer. Je ne veux pas minimiser
cela, mais ce sont des batailles de corporation, comme cela arrive chaque fois.
Je vais vous dire qu'on fait juste commencer au Québec. Cela ne fait pas
longtemps qu'on a des corporations. En quelle année l'Office des
professions a-t-il été créé?
Mme Lavoie-Roux: En 1975, je pense.
Une voix: En 1971.
M. Johnson (Anjou): En 1975.
Mme Lavoie-Roux: Avant cela, oui.
M. Johnson (Anjou): Les Français ont créé
cela au Moyen Âge et ils ont encore des problèmes.
Mme Lavoie-Roux: En 1972.
M. Johnson (Anjou): Nous autres, cela ne fait pas dix ans. Cela
fait à peine dix ans et, en France, cela fait 300 ans et ils commencent
juste à avoir des problèmes.
Cela dit, par définition, je pense que ce problème ne sera
jamais tranché de façon définitive.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour celui-là.
M. Johnson (Anjou): Cependant, à l'égard des actes
médicaux, il y a des choses à préciser parce qu'il y a des
réalités qui varient selon les régions du Québec,
selon la pratique, l'historique. Deuxièmement, dans le cas des centres
d'accueil, il y a des problèmes qu'on pense pouvoir régler
à ce niveau-là, notamment à l'égard de la
dispensation des médicaments. La vraie question qui se pose, pour faire
une longue histoire courte, c'est: Est-ce que, dans le fond, les
infirmières auxiliaires ne seraient pas aptes, dans certains centres
d'accueil, puisque, historiquement, on leur en a reconnu le droit par la
pratique, à remettre les médicaments? C'est toute la notion des
us et coutumes. Au ministère, nous sommes en train de préparer un
projet de directives, dont je ferai état sans doute bientôt
puisque je dois aller au congrès de la Corporation des
infirmières auxiliaires bientôt.
Mme Lavoie-Roux: Elles vont certainement vous poser des
questions.
M. Johnson (Anjou): Je n'en doute pas.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, c'est aussi au plan humain que
j'aborde le problème parce qu'il reste que ces gens-là ont une
formation, qu'ils ont oeuvré pendant un certain nombre d'années
et que, tout à coup... Vous savez ce qui arrive aux
préposés aux malades, parce qu'eux aussi sont souvent au bas de
l'échelle. Quand on coupe, on commence par là. Si vous regardez
l'évolution, on pourrait trouver beaucoup de préposés aux
malades. Votre comité, cela va aboutir... Est-ce qu'il est en fonction
présentement?
M. Johnson (Anjou): Oui. Cela fait six mois?
Une voix: Je rencontre le président de l'office
demain.
M. Johnson (Anjou): Cela fait à peu près six mois.
Il a été créé à l'automne et le
sous-ministre rencontre le président de l'Office des professions demain
pour faire le point sur l'état des travaux. Il est en marche. Je pense
qu'on vous en a parlé l'an dernier, lors de l'étude des
crédits. Ne vous a-t-on pas dit qu'on en ferait un? On l'a fait.
Mme Lavoie-Roux: C'est drôle, j'ai un trou de
mémoire. Je ne me souviens pas d'avoir soulevé ce problème
à l'étude des crédits l'an dernier, mais on pourra
toujours vérifier. Honnêtement, non.
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on pourrait passer
rapidement à la question des hôpitaux psychiatriques, si on veut
arriver aux programmes 8 et 9.
M. Johnson (Anjou): Pardon? Hôpitaux
psychiatriques
Mme Lavoie-Roux: Aux hôpitaux psychiatriques. Je pense que
je ne me trompe pas en disant que, du côté des hôpitaux
psychiatriques, il n'y a pas de développement de prévu, qu'il
s'agisse des hôpitaux de courte durée ou des hôpitaux de
longue durée, sauf, évidemment, les développements dans
les nouveaux hôpitaux. Le reste, c'est une indexation de 5,8%, je pense,
par rapport à l'année courante. Ce qui veut dire l'engorgement
non seulement des salles d'urgence pour les patients psychiatriques, mais aussi
des lits de psychiatrie. Quand on regarde les statistiques de la région
de Montréal, on constate que les lits sont toujours occupés dans
une proportion qui varie entre 95% et 110%. C'est bien ça, n'est-ce pas?
Il ne semble pas qu'on ait, à ce moment-ci, de projet de
développement, de projet correctif. On laisse continuer les choses. (22
h 30)
Je voudrais rappeler au ministre qu'en dépit des directives qu'il
avait données pour qu'il n'y ait pas de coupures en psychiatrie j'ai
visité assez d'hôpitaux psychiatriques et de départements
de psychiatrie pour m'être fait dire à peu près partout
que, dans les rationalisations budgétaires qu'on avait demandées,
la psychiatrie a écopé, peut-être à un degré
moindre, je ne pourrais pas me prononcer là-dessus, en dépit des
directives du ministère. C'est pourtant un domaine où les
besoins, loin d'aller en diminuant, vont en augmentant.
Ma première question: Est-ce vraiment le statu quo quant aux
services psychiatriques? Deuxièmement, quelles sont les ressources
supplémentaires qui sont mises du côté des ressources
alternatives, sauf 10 000 $ qu'on a ajoutés à l'atelier dont on a
parlé l'autre soir? Les problèmes sont aigus et je ne vois
d'ouverture ou de débouché nulle part.
Ma troisième question: Où en est rendu le ministère
quant à son plan de réorganisation des services psychiatriques ou
de la psychiatrie pour l'ensemble du Québec? Je vous les pose tout d'un
trait; comme cela, ça ira plus vite.
Ma quatrième question: II y a des pénuries de psychiatres
dans les régions éloignées, on en a parlé l'autre
jour. Il y en a même dans la région de Québec. Il y en a
aussi à l'hôpital Pierre-Janet, dans l'Outaouais, je pense. Un peu
partout, il y a une pénurie assez prononcée de psychiatres.
Qu'est-ce que le ministre entend faire pour cela? Cela en fait au moins quatre
ou cinq.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Si vous en voulez d'autres, je vous en
donnerai cinq autres.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que vous allez me reprendre
après. Le principe du développement des ressources psychiatriques
dans le réseau suit une politique qui existe depuis un certain nombre
d'années, c'est-à-dire que ce ne sont pas tellement les
hôpitaux psychiatriques qu'on développe; on développe des
services de psychiatrie dans les hôpitaux généraux. On a un
développement relativement important, notamment, dans la région
de Montréal, à cause de Pierre-Boucher. Je pense qu'il ne faut
pas écarter cela ou mettre cela de côté; c'est
extrêmement important comme approche de faire en sorte que les
hôpitaux généraux puissent augmenter leur capacité
de répondre aux besoins de la population à travers cela
plutôt qu'à travers les institutions psychiatriques
uniquement.
Deuxièmement, à l'égard des ressources
alternatives: oui, il y a du développement. D'abord, il existe en ce
moment - je vais simplement nommer des noms que la députée
connaît peut-être - la Maison de transition Vivre, la Maison
Alternative de Développement Humain, la Maison l'Entre-Deux, le Service
d'intervention en santé mentale Espoir dans 06-A, la Maison
Saint-Jacques, la Maison Les Étapes. Au total, il y en a
là-dedans pour un peu moins de 500 000 $; cette année, on ajoute
au départ 200 000 $ en développement. Donc, il y a presque 20%
d'augmentation de ce côté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'était presque inexistant, M.
le ministre, vous en
conviendrez. Il sort à peu près 1000 patients
psychiatriques des hôpitaux de courte durée ou de longue
durée sur une période de quatre à six semaines. C'est plus
qu'un retard qu'on a de ce côté. Évidemment, 200 000 $, si
vous comparez cela à ce qui était à peu près
inexistant, c'est évident que c'est une augmentation de 20%.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est vrai qu'on part de loin.
Deuxièmement, on a 250 000 $ dans la prévention du suicide, un
domaine important, notamment, à l'égard des jeunes, qui est un
tout nouveau budget.
Par ailleurs, avec la méthode qu'on utilise cette année de
réallocation de la compression minimale imposée sur les autres
dépenses, c'est-à-dire la partie des 18% qui n'est pas des
salaires, des réallocations vont se faire au niveau régional. Le
ministère, lui, a une certaine marge de manoeuvre qu'il va
réallouer sur une base régionale. Deuxièmement, les
conseils régionaux eux-mêmes vont pouvoir affecter des fonds en
fonction des besoins. Dans la mesure où, effectivement, les besoins en
psychiatrie sont plus manifestes et plus évidents qu'ils ne
l'étaient il y a un certain nombre d'années, je dois
présumer que cela va être une priorité pour les conseils
régionaux d'y affecter une certaine somme. Ce n'est quand même pas
complètement marginal. On parle de plusieurs millions de dollars qui
vont pouvoir être réalloués. Je ne dis pas que tout va
aller en santé mentale ou en psychiatrie, mais il y a plusieurs millions
de dollars qui vont être réalloués par les conseils
régionaux eux-mêmes dans des transferts de ressources à
partir de la méthode budgétaire de cette année.
Les psychiatres en région, c'est un gros problème. Les
anesthésistes, les psychiatres, c'est un énorme problème.
J'ai eu l'occasion de m'en entretenir récemment avec le président
de la Fédération des médecins spécialistes. On l'a
ici et ils l'ont partout.
Mme Lavoie-Roux: II y a des suggestions qui me sont faites pour
en trouver pour envoyer en région.
M. French: J'ai deux psychiatres pour aller en région, M.
le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Ils seraient moins facilement contrôlables
en région qu'ici.
M. Johnson (Anjou): D'abord: je dois vous dire que, pour cette
année, on n'a pas de résultats faramineux en termes de
répartition des psychiatres sur le territoire. Cela reste
problématique, notamment dans l'Abitibi-Témiscamingue; je pense
aussi à une partie du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la
Côte-Nord, au Bas-du-Fleuve. Il y a des problèmes à 40
milles de Québec. On nous explique quasiment que c'est une région
éloignée si on traverse un pont. Il y en a même dans la
ville de Québec. La répartition géographique, c'est
quelque chose qui commence à ressembler à un problème de
répartition par quartier. Il faut y faire face. Dans le cas de la
psychiatrie, c'est le métier qui permet la plus grande
mobilité.
M. French: Ne venez pas à Westmount avec cet argument.
M. Johnson (Anjou): C'est probablement la
spécialité médicale qui permet la plus grande des
mobilités puisqu'elle exige essentiellement, comme instrument de travail
de base, un crayon et du papier.
Mme Lavoie-Roux: Et un fauteuil. M. Johnson (Anjou): Et un
fauteuil. Mme Lavoie-Roux: Deux fauteuils.
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas minimiser, encore une fois; il
y a beaucoup de travail de laboratoire et d'évaluation par les
techniques diagnostiques en psychiatrie, quand on écarte les autres
diagnostics. Mais, quand même, c'est clair que cela pose un
problème. Maintenant, regardons un peu les "normes". Les normes
fédérales du ministère de la Santé nationale et du
Bien-être social, c'est 1 pour 11 000. Cela devrait être une norme
canadienne. Au Québec, on est à 1 pour 10 555. En Ontario, on dit
que la norme devrait être de 1 pour 8650. Je présume qu'il y a
peut-être plus de problèmes de ce côté en
Ontario.
Mme Lavoie-Roux: Ils s'en occupent peut-être plus
qu'ici.
M. Johnson (Anjou): Au Québec, et je comprends que je
parle quand même du vivant...
Mme Lavoie-Roux: On peut la fixer à 1 pour 11 000, si vous
voulez.
M. Johnson (Anjou): Non, non, je pense qu'il faut
améliorer cela, malgré tout. Je suis sûr que cela va
rassurer la députée de L'Acadie. En 1990, on pense qu'on va
être à 1 pour 7800. Encore une fois, il faut faire ici une
distinction entre la pénurie d'effectifs et leur répartition.
Mme Lavoie-Roux: C'est à la répartition que j'en
avais.
M. Johnson (Anjou): Une pénurie d'effectifs,
d'après les normes fédérales, non, mais le problème
de la répartition, avant de le régler dans les régions
éloignées, ce n'est
pas des blagues, il va falloir le régler entre la basse ville et
la haute ville à Québec. C'est à peu près cela. Il
y a toute la dimension de la pratique privée et de la pratique publique.
Dans la mesure où l'argent, qui ne fait pas le bonheur, peut, à
l'occasion, régler des problèmes, nous avons en psychiatrie
beaucoup plus de médecins qui sont à honoraires fixes,
c'est-à-dire à vacation ou à salaire, que dans les autres
spécialités. Nous avons toujours tenté, depuis un certain
nombre d'années, d'ajuster à un niveau un peu plus
élevé ceux qui étaient à rémunération
fixe. Ceux qui sont à rémunération fixe sont dans les
établissements plutôt qu'en cabinet privé. Ils ne
pratiquent pas en cabinet privé à taux fixe, c'est à
l'acte. Je ne me trompe pas? C'est bien cela? Bon!
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la rémunération
à l'heure, entre parenthèses, pour une entrevue en cabinet
privé?
M. Johnson (Anjou): En psychiatrie? Cela dépend du type
d'entrevue. Pour une vacation de trois heures, à
rémunération fixe, c'est un peu plus de 130 $.
Mme Lavoie-Roux: Non, en cabinet privé.
M. Johnson (Anjou): Bon! En cabinet privé, à
l'acte? En tout cas, si vous prenez trois heures, c'est 130 $. Une entrevue,
c'est 50 minutes. Alors, cela doit être quatre fois moins, parce que
c'est plus payé en termes relatifs...
Mme Lavoie-Roux: À la vacation. M. Johnson (Anjou):
...à la vacation.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. En tout cas, M. le ministre, c'est
à vous ou à votre ministère de trouver les solutions. Pour
le moment, c'est votre responsabilité.
M. Johnson (Anjou): C'est cela et, effectivement, je vous dis que
s'il est un domaine dans ce réseau, parmi quelques autres - et je suis
sûr que c'est évident - où nos moyens nous limitent, on en
est conscient, c'est celui-là.
Mme Lavoie-Roux: J'ai ici des statistiques qui viennent des
statistiques annuelles de la RAMQ et on y fait des prévisions jusqu'en
1984. Je dois vous dire qu'en 1976 il n'y avait aucun psychiatre dans la
région de la Côte-Nord et, en 1984, vous vous retrouvez encore
sans aucun psychiatre. Pour le Nord-Ouest, vous en trouvez deux en 1976, mais
ils sont chanceux, en 1984, ils en auront quatre.
M. Johnson (Anjou): Où cela? Dans quelle région?
Montréal?
Mme Lavoie-Roux: Vous riez de moi. Au Nord-Ouest.
M. Johnson (Anjou): Au Nord-Ouest?
Mme Lavoie-Roux: Dans les Cantons de l'Est, ils en ont quinze en
1976. Ils en ont 18 en 1984 et ainsi de suite. Évidemment,
Montréal est surpeuplée de psychiatres. C'est peut-être un
compliment pour les gens de la ville de Québec. Dans la ville de
Québec, cela n'évolue pas beaucoup, non plus. 89 à 107,
cela doit servir quand même l'agglomération de Québec. M.
le ministre, ce n'est pas beaucoup, 89 en 1976 et 107 en 1984. Ils sont 98 et,
si on compte ceux qui ont démissionné à Robert-Giffard, je
ne sais pas s'ils sont tous restés dans la région de
Québec.
M. Johnson (Anjou): Ils sont allés ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont allés ailleurs?
M. Johnson (Anjou): Oui, à Roy-Rousseau, qui est à
peu près...
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Johnson (Anjou): ...la moitié d'un coin de rue.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils sont restés dans la
région de Québec.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Ils sont restés dans le
quartier.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont restés dans le quartier.
M. Johnson (Anjou): Ils ne sont pas sur la Côte-Nord.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas sur la Côte-Nord.
Pourrais-je avoir la liste de tous les...
M. Johnson (Anjou): De tous les psychiatres du Québec?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'en ai pas besoin d'autant que
cela.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me donner la liste des ressources
alternatives et des subventions qu'ils ont, s'il vous plaît, pour
l'ensemble du Québec?
M. Johnson (Anjou): Sûrement. En santé mentale?
Mme Lavoie-Roux: En santé mentale.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Une dernière chose, je veux
simplement, pour qu'on ne s'imagine pas qu'on traite ce sujet à la
légère, dire que c'est un domaine où il est
extrêmement difficile d'avoir une grosse efficacité d'intervention
au niveau de la répartition géographique. Cela dit, on a quand
même fait des choses cette année. J'ai signé une entente
avec la Fédération des médecins spécialistes il y a
quelques semaines - il me semble que c'était au mois de janvier ou
quelque chose comme cela -dans laquelle on reconnaît le paiement de ce
qu'on appelle les frais de déplacement dans le cas des psychiatres
itinérants en région. C'est vrai qu'il n'y a que deux psychiatres
établis en Abitibi-Témiscamingue. Cependant, il y a de nombreux
psychiatres itinérants qui s'y rendent une fois toutes les deux
semaines, des choses comme celles-là. Il y a des équipes. (22 h
45)
Je sais qu'à un moment donné il y avait même un
psychiatre de Montréal qui projetait d'acheter un avion qui permettrait
à des psychiatres de Montréal de s'y rendre
régulièrement. Cela coûterait moins cher, disait-il, sauf
que c'était aussi consacrer le principe de l'itinérance à
jamais dans ce cas et peut-être dans d'autres. Ce n'est pas cela, la
vraie solution à long terme, sauf qu'en attendant, dans le cas de la
psychiatrie, alors qu'on peut attirer un médecin spécialiste, un
orthopédiste à Rouyn-Noranda avec de l'équipement, du fait
qu'il y a un bassin différent de clientèle, que c'est un milieu
dans lequel il y a des échanges avec des collègues, c'est
beaucoup plus difficile d'attirer des psychiatres sur une autre base.
Finalement, la députée de L'Acadie sait fort bien, puisque
c'est un milieu qu'elle connaît bien - pas celui de la psychiatrie
nécessairement, mais, enfin, tous les instruments de support social
qu'on peut trouver, les psychologues, les diplômés en service
social, etc. - qu'il y a là-dedans des querelles d'écoles
absolument incroyables. Je trouve cela toujours un peu renversant de me rendre
à un congrès de psychiatres - ce que j'ai fait il n'y a pas
très longtemps - et de voir la variété de
tempéraments, d'idéologies, pour ne pas dire d'attitudes, y
compris physiques, qu'on y retrouve. Ce n'est pas exactement un domaine de la
médecine très monolithique. Il y a beaucoup d'écoles. Il y
a des gens qui sont très ouverts, en psychiatrie, à la
présence des psychologues, des équipes multidisciplinaires, au
support donné par les infirmières et infirmiers, etc. Beaucoup de
travail peut être fait, finalement, par des intervenants du
système de la santé et des services sociaux.
On me passe une note pour me dire qu'il y a 30 spécialités
médicales et qu'il y en a plusieurs sortes en psychiatrie, en plus. Il y
a d'autres écoles plus rigides qui, elles, disent: L'univers de la
psychiatrie, c'est l'univers de la médication et du contrôle de
type médical, etc. C'est très difficile, finalement, pour ce
groupe professionnel d'arriver à avoir des politiques qui nous
permettent d'avoir une meilleure répartition sur le territoire.
Mme Lavoie-Roux: Rapidement, si le ministre peut me
répondre. Ne deviez-vous pas rendre public un projet de
réorganisation de tous les services psychiatriques? Quand devez-vous le
rendre public?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Sur le plan de la structure au
ministère, c'est déjà fait, à toutes fins
utiles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. L'orientation?
M. Johnson (Anjou): C'est tellement fait que ce matin, en
rentrant à l'édifice Joffre, j'ai vu une table - d'habitude, il y
a des expositions de différents groupes - avec la nouvelle structure du
groupe de la santé mentale au ministère. Deuxièmement, il
y a le Comité de la santé mentale. Les consultations sont
toujours en cours.
Mme Lavoie-Roux: Une question précise. Le CRSSS de
Québec, par l'intermédiaire de sa commission administrative,
avait présenté un plan de distribution des services
psychiatriques pour cette région, qui était daté de mai
1981. Quelles suites et quels pouvoirs le ministre entend-il accorder pour la
réalisation de ce plan?
M. Johnson (Anjou): Le plan n'est pas définitif. Il y a eu
un temps d'arrêt au moment de l'enquête sur ce qui se passait
à Robert-Giffard. Cela doit être repris. Maintenant, j'ai
manifesté - je dois vous le dire - peut-être très
informellement, auprès de certaines personnes du CRSSS de Québec
que j'avais personnellement un penchant qui favorisait la dispersion des
ressources, l'utilisation des ressources alternatives, l'implication du milieu
au maximum, parce que, finalement, la solution de nature institutionnelle et le
bien institutionnel exigent un support professionnel qui n'existe pas. On n'a
pas les chiffres et les nombres. Les solutions ne sont pas dans le "pattern"
qui présume qu'on a 500 psychiatres de plus qu'on n'en a dans la
réalité. Il faut partir de la réalité telle qu'elle
existe et des projections telles qu'on les voit. Je pense que l'implication
communautaire est nécessaire. À cet égard, par exemple,
la
ville de Baie-Saint-Paul, en matière de déficience
mentale, est une communauté qui a fort bien intégré ce
problème. On voit à Baie-Saint-Paul combien sont
respectées, sont bien traitées, sont assumées par la
communauté les personnes qui souffrent de déficience mentale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais toute une
série de questions, mais j'ai l'impression qu'on arrive toujours
à la psychiatrie dans la dernière heure. On se reprendra un peu
plus tôt l'an prochain, lors d'un débat; je pense que le
problème est loin d'être vidé. Je demande au ministre de
deviner quelle question je lui poserai.
M. Johnson (Anjou): Sur le programme 3?
Mme Lavoie-Roux: Non, en fait, je suis en dehors du programme,
mais on peut adopter le programme 3.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Mais, comme il s'agissait encore
d'établissements, je voudrais demander au ministre ce qui arrive au
foyer du Sacré-Coeur à Magog.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Le foyer du Sacré-Coeur à
Magog.
M. Johnson (Anjou): Ah, mon Dieu! C'est réglé.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas réglé.
M. Johnson (Anjou): Notre direction de l'hébergement
était ici la semaine dernière.
Mme Lavoie-Roux: Bien, ces gens sont encore là, voyez
comme ils sont...
M. Johnson (Anjou): Ce ne sera pas long.
Mme Lavoie-Roux: Ils l'attendaient, celle-là. Je la pose
pour la cinquième année.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais je pense qu'on avait dit qu'on
réglerait cela cette année.
Mme Lavoie-Roux: J'ai mes notes ici, je vais regarder cela. Ils
ne l'ont pas encore réglée.
M. Johnson (Anjou): Si je me souviens bien, l'an dernier...
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous lire votre réponse, si vous
voulez.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y. On verra si cela se contredit.
M. Johnson (Anjou): Si je me souviens bien, l'an dernier, vous
aviez posé la même question effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait cinq ans que je la pose.
M. Johnson (Anjou): Et on vous avait dit qu'on ferait quelque
chose.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Sûrement.
M. Johnson (Anjou): Alors, le décret est adopté;
donc, le décret étant adopté, cela veut dire qu'on
procède à la construction.
Mme Lavoie-Roux: Que vous procédez à la...?
M. Johnson (Anjou): On aura les plans et devis bientôt. Le
décret étant adopté, le reste, c'est de l'intendance.
Mme Lavoie-Roux: La question de la négociation qui devait
se faire avec la communauté religieuse ou je ne sais trop qui, qui
était impliquée, est-ce que c'est réglé, cela
aussi?
M. Johnson (Anjou): Le désintéressement. C'est
terminé.
Mme Lavoie-Roux: Le désintéressement est
terminé.
M. Johnson (Anjou): Terminé. La communauté
religieuse a été payée.
Mme Lavoie-Roux: Alors, quand les gens peuvent-ils espérer
voir la première pelletée de terre?
M. Johnson (Anjou): Ah! Ne vous en faites pas pour cela, ils le
sauront.
Une voix: Ce sera une autre question pendant cinq ans.
M. Johnson (Anjou): On me dit à l'automne, à
l'occasion du festival des feuilles, peut-être, à Magog.
Mme Lavoie-Roux: Bon, parfait. M. le Président, on peut
passer...
Le Président (M. Desbiens): Au programme 7?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 7 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute! Je vais regarder lequel.
Qu'est-ce qu'il dit?
M. Johnson (Anjou): Le directeur de la construction me dit que ce
sera une pelletée de terre symbolique, puisque la construction se fait
par en dedans; c'est de la rénovation.
Mme Lavoie-Roux: C'est de la rénovation?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est un
réaménagement de toute la bâtisse.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous pourrez inviter le
député d'Orford à aller couper le ruban.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: II a été persistant. Je suis
seulement la voix du député d'Orford.
M. French: Cela fait 22 ans qu'il pose la question.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je me souviens aussi que le
député de Sherbrooke m'a longuement entretenu de ce dossier.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Bien là.
M. French: Ce n'est pas très probable.
M. Johnson (Anjou): Mais le député d'Orford m'en a
entretenu effectivement.
Mme Lavoie-Roux: II n'est jamais venu en parler ici, en tout cas.
Il vous a entretenu de cela dans les couloirs, mais vous oubliez...
M. Johnson (Anjou): Ni là-bas.
Mme Lavoie-Roux: ...tout ce dont on vous parle dans les couloirs.
On a vu cela l'autre jour avec Anne-LeSeigneur.
M. French: Cela ne vaut pas la peine de vous parler dans les
couloirs.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, vous ne vous en souvenez pas; il ne
faut pas vous en parler dans les couloirs. Oui, oui, il oublie.
M. Johnson (Anjou): C'est l'âge.
Mme Lavoie-Roux: Bon, il paraît qu'on est rendu au
programme 7; il y a de l'espoir, M. le ministre; c'est lequel,
celui-là?
Coordination de la recherche
M. Johnson (Anjou): Cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: C'est celui de la recherche. Vous nous avez dit
que vous en aviez ajouté.
M. Johnson (Anjou): Cela va bien à la recherche.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à l'adopter en vous
félicitant d'en avoir ajouté; mais sur quoi porteront vos
études et votre recherche? Est-ce que c'est surtout dans le domaine
social, dans le domaine médical?
M. Johnson (Anjou): Non, non, c'est dans le secteur
essentiellement...
Mme Lavoie-Roux: Médical.
M. Johnson (Anjou): ...biomédical.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): 21 000 000 $.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 7 est
adopté?
M. Johnson (Anjou): La recherche thématique et la
recherche opérationnelle et quelque 450 000 $ dans le secteur des
biotechnologies, à la suite des représentations de mon
collègue, le ministre délégué à la Science
et à la Technologie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une seule question. Il y avait une demande
touchant le Parkinson.
M. Johnson (Anjou): La maladie de Parkinson?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): L'Institut de recherche clinique, le Dr
Barbeau?
Mme Lavoie-Roux: La Fondation Parkinson du Québec avec le
Dr Barbeau...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...qui aurait demandé une subvention.
Elle a obtenu de l'aide d'une fondation américaine. Écoutez, il
faudrait que je relise cela. Mais, de toute façon, on la lui a
refusé. Dans l'article de Mme Dutrisac on peut lire: "Le Fonds de la
recherche en santé du Québec ne peut en
dire autant; lui, il ne verse pas un sou, alors que notre gouvernement
proclame que le troisième âge est l'une de ses
priorités."
M. Johnson (Anjou): Je prends note. L'Institut de recherche
clinique, dans la mesure où c'est lui que ça implique,
reçoit déjà la part du lion du Fonds de la recherche en
santé du Québec. Il reçoit 3 000 000 $ sur un budget de 21
000 000 $ distribué à 21 établissements; 3 000 000 $ sont
alloués à un seul endroit, l'institut du Dr Genest, l'Institut de
recherche clinique de Montréal. Si ses recherches sont là, on
comprendra peut-être que, de temps en temps, on regarde ailleurs
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Programme 7,
éléments 1 et 2? Le programme 7 est adopté au complet.
Est-ce que le programme 8 est adopté?
Coordination régionale et nationale
Mme Lavoie-Roux: Au programme 8, M. le Président, à
moins que le ministre n'ait quelque chose à dire...
M. Johnson (Anjou): Gestion?
Le Président (M. Desbiens): Coordination
régionale.
Mme Lavoie-Roux: Coordination régionale et nationale.
M. Johnson (Anjou): Cela va bien.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 8 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'est pas adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais qu'on m'explique comment il se fait
qu'au programme 8, qui touche la coordination régionale et nationale,
l'augmentation du budget est plus considérable qu'ailleurs. Je ne
voudrais pas entrer dans toute la discussion qu'on pourrait faire sur les
CRSSS, mais j'ai beaucoup de réticence quant à la façon
dont leur rôle évolue. Je pourrais revenir sur des dossiers qu'on
a déjà discutés. Par exemple, quand on fait des pressions
pour dire aux membres du conseil d'administration des CRSSS: Prenez une
décision, décidez-vous parce que le MAS nous pousse dans le dos,
je ne pensais pas que c'était là le rôle des CRSSS et on
peut se poser énormément de questions quant à la
qualité de la consultation qu'ils font.
Je pourrais donner des exemples dans chacune des régions, que ce
soit la Mauricie, Montréal, Québec, Sherbrooke, ainsi de suite,
l'Abitibi, Lanaudière. On pourra reparler tantôt de
Lanaudière, vous aimez ce dossier. Je pense qu'il y aurait lieu de faire
un débat sur la vocation et la façon dont la vocation des
conseils régionaux évolue. Il y a peut-être un seul espoir,
c'est que le ministre ne soit pas trop empressé d'adopter la
réglementation de la loi 27 qui, probablement, irait conférer
encore plus de pouvoirs aux CRSSS aux dépens des établissements
et du rôle qu'on demande à des bénévoles de jouer
à l'intérieur de ces établissements.
Cela étant dit, comment expliquez-vous qu'en 1979-1980 le budget
des CRSSS était de 7 665 000 $ et qu'en 1983-1984 on est rendu avec un
budget de 23 000 000 $, dont il faudrait soustraire, quand même, les 4
000 000 $ de la centrale d'urgence de Montréal? Cela veut dire que, de 7
000 000 $, on est passé à 19 000 000 $ de 1979-1980 à
1983-1984, alors que, partout ailleurs, ce sont des coupures, des restrictions.
Évidemment, le ministre nous dit qu'on est rendu au rythme de
croisière régulier, mais c'est un rythme de croisière qui
est pénible pour les institutions. Par contre, on trouve toujours de
l'argent pour ajouter au fonctionnement des CRSSS.
M. Johnson (Anjou): II y a une explication fort simple à
cela. Je parle ici du budget; je ne parle pas de la dernière
envolée un peu exagérée, je pense, de la
députée quand elle dit que partout ailleurs ce sont des coupures.
Voyons donc!
Mme Lavoie-Roux: Cela fait quatre ans que vous coupez partout
ailleurs.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas vrai cette année;
regardez les crédits, on les a vus.
Mme Lavoie-Roux: Vous coupez encore 29 000 000 $ et ici vous
augmentez.
M. Johnson (Anjou): Ce sont des compressions d'une fraction de
pourcentage, d'une part.
Mme Lavoie-Roux: On ne refera pas le débat qu'on a fait
mercredi dernier, on va continuer.
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, il faut comprendre que
les conseils régionaux, concernant leur budget de fonctionnement,
avaient, d'une part, ce qu'on pouvait appeler la subvention du
ministère, l'allocation budgétaire et, en plus de cela, ils
se
servaient, parce qu'il n'y avait pas de comptabilité
séparée, des intérêts provenant des fonds en
fiducie. Le ministère transfère aux conseils régionaux des
sommes considérables en fiducie, par exemple dans le cas de
l'implantation des CLSC. Où le CLSC est prévu dans la
programmation budgétaire, on transfère 150 000 $, 200 000 $ ou
300 000 $. Il est administré par le CRSSS jusqu'à ce que le CLSC
prenne jour et s'administre. (23 heures)
Les CRSSS, comme budget de fonctionnement, avaient donc deux sources de
revenus: d'une part, le ministère et, d'autre part, les
intérêts sur les fonds en fiducie qu'ils administrent. On a fait
une comptabilité séparée cette année, ce qui donne
comme résultat qu'on tient compte de ce montant qui, de toute
façon, était des dépenses faites pour eux. On fait une
comptabilité séparée et la moitié de l'augmentation
qui s'en va aux CRSSS s'explique par le fait qu'on impute cela maintenant
à une subvention gouvernementale. La partie qui allait chercher ses
intérêts des fonds en fiducie, si on enlève cette
moitié-là, cela fait une augmentation comme le reste du
réseau.
Mme Lavoie-Roux: Une augmentation de combien?
Le Président (M. Desbiens): L'ordre...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'on peut avoir le
consentement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Oui, quelques minutes, je pense bien.
Le Président (M. Desbiens): ...puisque l'ordre de la
Chambre, c'est de siéger jusqu'à 23 heures? Il y a consentement
pour terminer l'étude des crédits.
M. Johnson (Anjou): Oui, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Une fois soustraites les imputations des
dépenses pour les CLSC.
M. Johnson (Anjou): Pour les intérêts? C'est une
augmentation qui est absolument semblable. Je dois avouer que ce n'est pas
nécessairement évident quand vous voyez le livre des
crédits et tout cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui indique, pour l'an prochain, d'essayer de
les faire un peu plus clairs.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, c'est donc une augmentation comme
le reste. Non seulement c'est une augmentation comme le reste, mais, en plus,
c'est une garantie additionnelle. Comme il y a maintenant une
comptabilité séparée pour les fonds en fiducie, il y a une
garantie de l'attribution de ces fonds aux projets pour lesquels on les
tranfère éventuellement. Donc, cela veut dire que, dans le champ,
les gens qui sont en train de préparer un CLSC ou autre chose vont dire:
On sait que les fonds sont là. Le CRSSS n'aura aucun
intérêt à retarder les choses parce qu'il touche des
intérêts. C'est nous qui le subventionnons directement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'augmentation, par contre, du
personnel...
M. Johnson (Anjou): Une autre bonne réalisation du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: L'autre augmentation du personnel, à 318,
à quoi cela est-il attribué? Je n'ai pas le personnel, même
pour 1983-1984. Je l'ai simplement pour 1982-1983. Quel est le personnel pour
1983-1984? Évidemment, vous le saurez sûrement l'an prochain.
M. Johnson (Anjou): On ne l'a pas, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez quand même une
augmentation?
M. Johnson (Anjou): Mais on a des prévisions... Un
instant! Je vais vous donner cela tout de suite. Ils ont le même budget.
Normalement, ils devraient avoir à peu près les mêmes
effectifs, à quelques variations près.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils l'avaient augmenté de...
M. Johnson (Anjou): L'année précédente?
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est simplement...
M. Johnson (Anjou): Ah bon! La dernière variation. Je
m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): On était à 318, en 1981-1982.
Il y a eu une augmentation de 30 postes entre 1981-1982 et 1982-1983, qui
s'explique essentiellement dans la région de Montréal, et je
rappelle qu'on a mis sur pied...
Mme Lavoie-Roux: La centrale d'urgence.
M. Johnson (Anjou): ...la centrale de coordination des urgences
qui n'explique pas tout, soit dit en passant, puisque c'est une
comptabilité séparée, mais le travail de surveillance du
conseil régional et des effectifs que cela a exigé a fait qu'il y
a eu des réaménagements.
À la santé communautaire, cependant, on a ajouté un
conseiller, un demi-poste de secrétariat. En gestion de personnel, on a
ajouté un conseiller, un secrétaire; c'est relié
essentiellement aux CCUS. À la location d'espaces, on a ajouté un
conseiller, un demi-secrétaire; c'est un mandat, donc un mandat
temporaire. Aux achats en commun, où on travaille très fort,
encore une fois, on a économisé quelques millions l'an dernier;
un conseiller et cinq techniciens qui proviennent essentiellement du Joint
Institute du secteur anglophone de Montréal. Ensuite, au
perfectionnement, un conseiller, une secrétaire; un nouveau mandat leur
est donné. Au secrétariat financier et aux services
régionalisés de buanderie et de transport ambulancier, on a mis
beaucoup d'ordre et fait beaucoup d'économies; quatre commis pour les
fins du "processing", enfin, de ces données-là. Aux
données et analyses, un programmeur analyste. Au service de
références, un employé de secrétariat; c'est le
service direct aux citoyens.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ma collègue de Chomedey a
une question à vous poser.
M. Johnson (Anjou): Sûrement.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Chomedey.
Demande de création d'un CRSSS à
Laval
Mme Bacon: J'aimerais, si vous me le permettez, M. le
Président, revenir à une demande qui a été faite
par la population de Laval concernant un CRSSS à Laval et reprendre
certains des arguments que j'avais fait valoir l'an dernier en espérant
que le ministre les entende cette fois d'une meilleure oreille que l'an
dernier.
On sait que la ville de Laval est centrée sur la qualité
de la vie des citoyens, qui recherchent certainement la quiétude par
rapport à Montréal où ce sont souvent de grands projets
dont on a vu beaucoup d'images. Il y a quand même des impacts, des
différences fondamentales de plusieurs ordres quand on compare Laval et
Montréal. On a, à Laval, moins de personnes âgées en
situation urgente et notre délinquance est peut-être moins
violente, mais elle se manifeste quand même à certaines heures et
peut-être aussi pour des raisons différentes. Nos besoins en
services sont sûrement aussi tout à fait différents de ceux
de Montréal.
La population augmente chaque année et, en même temps, les
besoins augmentent aussi. Il me semble que tout retard dans la prise en main
des leviers de décisions pourrait être, à mon sens, en tout
cas, lourd de conséquences. On n'a qu'à prendre comme exemple les
services à la jeunesse en difficulté. Ces services sont
situés à Montréal et, si on se fie aux priorités et
aux engorgements, souvent, en cas lourds, que connaît le réseau
montréalais, il est encore loin le jour où les priorités
de Laval seront sur le dessus du paquet des problèmes qu'on retrouve au
CRSSS du Montréal métropolitain. De ce fait, je pense bien que le
jour où nous serons en priorité, ce sera parce que la situation
sera très grave.
Si nous étions responsables à Laval de notre territoire,
déjà, un grand nombre de mesures pourraient être prises de
façon préventive. L'état actuel de la situation ne nous
permet pas ce minimum d'action. Souvent, nos urgences sont noyées dans
les urgences de la région de Montréal. Il est évident que
cette démarche de la population de Laval s'appuie sur une solide dose de
bon sens. En réclamant un CRSSS à Laval, on veut surtout
réclamer la gestion du réseau des services aux Lavallois par les
Lavallois et non l'implantation d'une infrastructure trop sophistiquée
qui serait un dédoublement de services. Ce n'est pas ce qu'on demande
à Laval.
Nous sommes aussi conscients qu'il y a nécessité
d'établir des mécanismes d'échanges de services entre
Laval, Montréal et d'autres régions. Bien que Laval soit une
île, elle ne veut pas couper ses ponts d'avec les autres régions;
elle ne veut surtout pas s'isoler pour mieux s'assumer.
Il y aurait beaucoup d'avantages à la création d'un CRSSS
à Laval. On pourrait y redonner un deuxième souffle sur le plan
social et sur le plan politique. On pourrait aussi procéder à une
meilleure identification des besoins de la population si elle était
faite par le milieu. Il y aurait aussi un rapprochement des pouvoirs de
planification, de coordination, des pouvoirs de recherche et
d'évaluation auprès des établissements qui sont
impliqués dans l'exécution. On pourrait sûrement retrouver
une plus grande harmonie dans le réseau et une meilleure distribution de
l'argent aux établissements publics en fonction des besoins de la
population, de même que le respect de l'identité lavalloise, ne
seraient-ce qu'un meilleur contrôle des services rendus à la
population et une meilleure coordination du réseau. Encore une fois,
tout cela en évitant un dédoublement inutile. On pourrait donner
une impulsion nouvelle aux garderies, aux foyers monoparentaux, aux personnes
âgées, aux locataires, aux personnes en difficulté, par
exemple. Un regroupement des intervenants
de la santé et des services sociaux, une mobilisation en vue
d'une concertation véritable, une meilleure
complémentarité seraient aussi des avantages qu'on pourrait
retrouver. On pourrait aussi exercer un meilleur contrôle de
développement social, une complémentarité aux services qui
sont déjà offerts. Je pourrais en énumérer
davantage.
Je pense que la création ou l'établissement d'un CRSSS
à Laval, en tout cas, à mes yeux, n'aurait pas à engendrer
des coûts prohibitifs puisqu'on pourrait faire des placements. J'aimerais
profiter de la commission parlementaire, de l'étude des crédits
pour demander si, dans les crédits qui sont prévus, le ministre
en a pour la création d'un CRSSS à Laval. Est-ce que cela fait
partie d'une planification à court terme, dans les politiques de
création de CRSSS, par exemple?
M. Johnson (Anjou): Je remercie la députée de
Chomedey de ses préoccupations autour de l'idée éventuelle
d'un CRSSS à Laval. Je dois dire que ses préoccupations m'ont
également été transmises par son collègue
ministériel...
Mme Bacon: Je connais bien ses interventions.
M. Johnson (Anjou): ...le député de Fabre.
Pardon?
Mme Bacon: Je connais bien ses interventions.
M. Johnson (Anjou): Oui. Dont certaines ont été
particulièrement efficaces.
Mme Bacon: Cela veut dire quoi? Cela veut dire patronage?
M. Johnson (Anjou): II y a à Laval quatre CLSC, deux
centres hospitaliers de soins prolongés, un centre hospitalier de courte
durée, trois centres d'accueil et de réadaptation et, pour le
moment, deux centres d'accueil d'hébergement. Il y en a un
troisième qui s'installe, la Pinière, ce qui fait un total de
quinze établissements environ. Je dirai tout de suite que, au
départ, pour voir le type de difficulté que cela pose, si on
exclut la Côte-Nord pour toutes sortes de raisons, cela mesure 500 milles
de long, il y a en moyenne à peu près 80 établissements
par conseil régional au Québec. Deuxièmement, la
proximité de Montréal. Je ne mets pas en cause toute la notion de
l'implication des Lavallois sur leur développement, je dirai que je
partage cette approche et cela vaut, je pense, pour Laval comme pour bien
d'autres régions du Québec.
Cela ne doit pas être pour rien, d'ailleurs, que la ville de Laval
est la seule ville qui est en même temps une MRC. Je pense que c'est
assez significatif. Ce n'est pas cela que je remets en cause, absolument pas.
Tout ce qui vient avec l'idée d'une décentralisation, et je
n'entrerai pas ici dans les débats de la fin de semaine dernière,
de toute évidence, va s'appliquer un jour à Laval. Maintenant, de
faire à très court terme, un CRSSS à Laval en vertu du
chapitre 48, il n'est pas de mon intention de rouvrir le chapitre 48 à
court terme à moins que les obligations ne nous l'imposent. Cependant,
j'avais dit l'an dernier qu'on ferait deux choses. J'avais dit qu'on
s'arrangerait pour impliquer les gens de Laval dans des processus
décisionnels importants et j'ai nommé au Conseil régional
de la santé et des services sociaux de Montréal un
représentant qui est originaire de Laval et qui vient du milieu des
affaires, si je ne me trompe pas. C'est un homme qui a oeuvré à
la chambre de commerce surtout.
Cela, pour moi, c'est important. Au conseil régional de
Montréal il y a 17 membres dont des gens qui viennent des institutions
par catégories, etc., mais, chez les socio-économiques, il y en a
quatre que je nomme et il y en a un qui vient de Laval. Cela m'apparaissait
important. (23 h 15)
Deuxièmement, nous avons nommé l'an dernier,
également à l'automne, je crois, une coordonnatrice au niveau des
services à Laval qui, à toutes fins utiles, est coordonnatrice
d'une sorte de table de concertation des établissements. Je pense que
c'est une démarche qui doit se faire. On a dit qu'on le ferait et on l'a
fait. Donc, cela a progressé dans ce sens.
Je me permets de croire qu'en attendant que des choses débouchent
à l'égard des MRC dans une perspective un peu plus à long
terme, il y a sûrement un travail très important qui peut
être fait par les représentants de Laval au niveau des
différentes commissions administratives du Conseil régional de la
santé et des services sociaux de Montréal, notamment dans les
domaines où Laval croit avoir des besoins spécifiques et des
ressources spécifiques pour répondre à ces besoins. Je
pense, notamment, au secteur social plus qu'au domaine hospitalier.
Effectivement, l'hôpital la Cité de la santé de Laval est
probablement l'urgence la plus occupée du territoire du Montréal
métropolitain. C'est un hôpital remarquable, bien fait,
peuplé d'un personnel sûrement adéquat, et même plus
qu'adéquat, mais qui, à cause de la densité de la
population, est aux prises avec des problèmes d'engorgement d'urgence
absolument phénoménaux. J'y suis déjà allé
à deux reprises et cela m'a frappé de voir la quantité de
gens dans les salles d'attente.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi.
M. Johnson (Anjou): Oui, j'ai fait le tour
régulièrement de beaucoup d'établissements. C'est la seule
façon de se garder un contact avec la réalité. Pour
solutionner des problèmes de contenu à Laval, en ce moment, on a
entrepris aussi une série de mesures cette année. Notamment,
quand on dit qu'on va changer la vocation d'établissements au coeur de
Montréal - l'exemple que j'ai eu à donner le plus souvent est
celui de la Cité de la santé de Laval - il est bien
évident qu'il ne faudrait pas que la Cité de la santé de
Laval se retrouve avec un pourcentage de patients chroniques, je dirais
même, probablement moins élevé que la plupart des autres
établissements de Montréal. Cela n'aurait pas de sens de
dépasser un certain seuil, parce que ce serait vraiment sous-utiliser un
équipement remarquable pour les Lavallois. Cela aussi, je pense, va
avoir des effets concrets. La Pinière va ouvrir, normalement, au
début de l'été, dégageant donc l'hôpital de
beaucoup de personnes qui sont en hébergement et qui sont ce qu'on
appelle A-3 et A-4. Deuxièmement, il y aura ces décisions qui
affectent la coordination des lits de soins prolongés dans le
centre-ville pour débloquer un peu. Je suis sensible à cela. On
tentera d'en tenir compte dans la mesure du possible au niveau du permis pour
s'assurer qu'il y ait le moins possible de soins prolongés à la
Cité de la santé de Laval.
Quant à la notion même d'un CRSSS, je pense qu'il faut
encore parcourir du chemin avant qu'une décision soit prise. Ce chemin
se parcourt lentement avec l'évolution du dossier de la MRC,
évidemment, parallèlement à tout cela, mais, dans le
domaine spécifique de ce sur quoi on peut agir, la nomination d'une
coordonnatrice à la table de concertation m'apparaît
importante.
Mme Bacon: Le ministre a-t-il préparé un
échéancier de travail qui débouche sur une
décision?
M. Johnson (Anjou): Non, pas pour le moment.
Mme Bacon: Peut-on donner des espoirs à la population?
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on peut donner des espoirs
à la population de Laval que ses problèmes vont se régler
de plus en plus et qu'il y aura de plus en plus de concertation quant aux
ressources que Laval, en tant qu'entité municipale et regroupement de
communautés humaines, met à la disposition de ceux qui ont besoin
de ces services. Mais ce n'est pas un schéma bureaucratique ou
juridique. C'est une affaire de la réalité de tous les jours. Je
pense qu'on a mis en place des choses cette année qui permettent cette
plus grande implication et cette plus grande pertinence d'une jonction entre
les ressources disponibles dans la communauté et une expertise
évidente. Il y a des personnes qui connaissent cela, les
problèmes sociaux, à Laval; des professionnels et même,
au-delà des professionnels du réseau, des gens impliqués
dans des groupes communautaires. J'en connais. J'ai visité aussi des
CLSC dans ce coin-là. Il faut permettre à cela de s'exprimer. Je
pense que sûrement, dans un premier temps, la table de concertation est
un bon endroit. Je peux vous dire qu'au niveau des décisions qui
touchent Laval, au ministère, je me fais un devoir de tenir compte de
l'abondant courrier que m'a fait parvenir la députée de Chomedey
comme des commentaires plus qu'occasionnels de tous mes collègues de
Laval du côté ministériel. On tente, dans la mesure du
possible, de coordonner certaines choses. Je pense aux maisons de jeunes, aux
ressources alternatives, ce qui fait partie des décisions où il y
a une forme de discrétion ministérielle qui s'applique. On tente
de tenir compte de cette réalité.
Mme Bacon: Ce n'était pas cela, M. le Président. Il
y a quand même des décisions qui devront être prises. Il y a
des espoirs qui ont été suscités les années
passées par des membres du gouvernement qui représentent Laval.
Il faudrait quand même regarder le nombre d'établissements qui
dépendent du CRSSS du Montréal métropolitain et qui sont
drôlement nombreux, comparativement aux autres CRSSS de la province.
C'est évident -je vais répéter ce que j'ai dit
tantôt - que souvent on retrouve les dossiers de Laval qui ne sont pas
sur le dessus du paquet, ils sont souvent en dessous. L'inquiétude de la
population est une inquiétude normale parce qu'elle se demande combien
de temps encore elle devra attendre la création du CRSSS qu'on lui avait
promis, que le député de Laval lui-même avait promis avant
la dernière élection. Je veux bien qu'on fasse des promesses,
mais il faudra réaliser ces promesses à un moment donné.
Je ne veux pas que le ministre des Affaires sociales réponde aux
engagements de son collègue, mais il doit quand même être
conscient qu'on a créé des espoirs de la population et qu'il
faudra un jour soit lui livrer la marchandise ou lui dire exactement si c'est
faisable ou pas faisable.
M. Johnson (Anjou): Avec tout le respect que j'ai pour les
commentaires que pourraient faire ma collègue ou d'autres, si vous vous
promenez dans les rues de Laval et si vous demandez aux gens ce qu'est un
CRSSS, ou si vous vous promenez au coin de Peel et de Sainte-Catherine et si
vous demandez aux gens ce qu'est un CRSSS, je
ne suis pas sûr qu'ils vont vous répondre qu'ils savent ce
que c'est. Je connais même des fonctionnaires d'autres ministères
qui ne savent pas ce qu'est un Conseil régional de la santé et
des services sociaux. Je ne peux pas les en blâmer vraiment.
Ce qu'a évoqué ma collègue dans le passé et
ce qui a été repris par d'autres collègues, en termes
d'avancement, c'était plus présenté comme un instrument
pour régler des problèmes. Ce qui compte, c'est de les
régler. Ce n'est pas de savoir par quelle formule juridique on va le
faire. Quand on parle des MRC, c'est une autre paire de manches, mais, quand on
parle des conseils régionaux, je pense que, finalement, c'est
différent, notamment à cause d'une raison fondamentale: les MRC
sont formées d'élus. La grande distinction qu'il faut faire dans
les structures administratives, dans les structures régionales au
Québec, c'est cela. C'est la notion du caractère de
représentativité de ceux qui décident. En ce sens, quant
à moi, on ne peut pas parler d'un CRSSS comme on parle d'une MRC,
même si les CRSSS, en ce moment, ont beaucoup plus de pouvoirs de
présence et de domaines d'activités que n'en ont les MRC.
À moyen terme, pour le Québec, l'avenir est dans des structures
représentatives et des délégations de pouvoirs. Il se fera
de la déconcentration auprès d'organismes administratifs et il se
fera de la décentralisation auprès d'organismes
représentatifs.
Je n'ai jamais compris que l'opinion de mes collègues de Laval,
c'était qu'il fallait absolument que les CRSSS soient élus au
suffrage universel.
Mme Bacon: On déplace le problème, on ne parle pas
de cela.
M. Johnson (Anjou): J'ai compris qu'ils trouvent qu'il faut que
Laval puisse être un endroit où, dans la mesure du possible, dans
certains secteurs d'activités, les citoyens de Laval prennent
eux-mêmes des décisions en ce qui les affecte. La perspective de
la MRC à cet égard est importante. À l'égard de la
solution de problèmes concrets, notamment dans le domaine social
à Laval, la présence de cette table de concertation, qui est la
seule des sous-régions au Québec où on l'a fait, où
on paie un coordonateur dans la sous-région, c'est quelque chose qui non
seulement fait évoluer certains concepts, mais règle des
problèmes. C'est cela que les citoyens veulent. C'est à cela que
se sont engagés mes collègues. Je suis sûr que c'est ce qui
préoccupe la députée de Chomedey.
Mme Bacon: J'aimerais faire remarquer que je n'ai pas
parlé de MRC au ministre, c'est lui-même qui ramène
toujours les MRC dans la discussion. J'aimerais quand même qu'il soit
sensibilisé. Il peut faire des gorges chaudes et dire que la population
de Laval ne connaît pas le CRSSS.
M. Johnson (Anjou): À Montréal non plus.
Mme Bacon: Les gens du milieu connaissent les besoins. Les gens
du milieu, la table de concertation dont parle le ministre, savent très
bien que la création d'un CRSSS pour Laval est une chose très
importante afin d'assurer à la population, ne serait-ce que pour la
prévention dans certains domaines à caractère social, ne
serait-ce que cela, ce serait déjà régler certains
problèmes qui existent en ce moment. Considérant non seulement la
population de Laval, mais toute cette région située au nord, je
pense que, comme je disais tout à l'heure, Laval ne veut pas s'isoler,
au contraire, mais Laval n'est pas Montréal. Laval ne fait pas partie
de...
M. Johnson (Anjou): Je suis parfaitement conscient de cela.
Mme Bacon: ...l'agglomération montréalaise à
ce niveau, au niveau des problèmes sociaux et des problèmes de
santé en général.
M. Johnson (Anjou): La députée connaît
sûrement un peu ce domaine puisqu'elle a oeuvré au
développement social à une certaine époque, mais les
conseils régionaux ne rendent pas de services directs à la
population.
Mme Bacon: Ils les coordonnent drôlement.
M. Johnson (Anjou): Les conseils régionaux sont des
structures administratives de planification, d'orientation et, maintenant, un
peu plus, d'allocation budgétaire intraprogramme et, peut-être,
interprogramme. Mais présenter comme elle le fait, avec une certaine
ambiguïté qui n'est sans doute pas voulue, la création et
l'avènement de cette structure juridique qu'est un CRSSS comme
étant l'assurance qu'en termes de prévention, il se fera plus de
choses... C'est le service de santé communautaire, ce sont les CLSC qui
s'occupent de la prévention, ce n'est pas le conseil régional de
la santé et des services sociaux. Il y a un DSC et il y a quatre CLSC
à Laval. Ce qui compte, dans un premier temps, c'est que ces gens se
parlent entre eux pour régler les problèmes. C'est cela qu'on a
mis sur pied cette année et on leur a donné des moyens pour le
faire.
Donc, on respecte ce qu'il y a là et on comprend les aspirations
de cette population qui, c'est vrai, n'est pas montréalaise, mais
qui, de façon générale, n'est pas
intéressée intrinsèquement, dans sa vie quotidienne, si on
parle de l'ensemble des citoyens, que ce soit à Laval, à
Drummondville, à Amos ou au coin de Peel et de Sainte-Catherine ou au
coin de la rue Des Ormeaux ou Azilda, dans mon comté, en soi, à
la notion d'un CRSSS, dans la mesure où cela ne touche pas les services
des citoyens; je ne suis pas sûr que cela préoccupe les individus
dans leur vie quotidenne. Que cela préoccupe, cependant, les ressources
impliquées dans le domaine de la dispensation des services sociaux et de
la santé, je le comprends. Ce qu'ils veulent, c'est avoir un mot
à dire dans les décisions qui les affectent. Il y a des moyens
qui ont commencé à être pris pour cela et,
éventuellement, on verra.
Mme Bacon: J'ai un autre dossier, si vous me le permettez,
où l'on retrouve certaines ambiguïtés à Laval. Il y a
eu la création d'un centre d'accueil pour handicapés mentaux
qu'on a appelé Rayon de soleil. Ce centre d'accueil semble avoir
été voué, dès le départ, à faire face
à beaucoup de problèmes. On parle d'absence de budget
adéquat, on parle de fusion forcée, on parle de signature de bail
par Caprol, avec lequel on veut fusionner Rayon de soleil. J'aimerais que le
ministre me donne davantage d'information ou actualise le dossier du centre
d'accueil Rayon de soleil. Est-ce que le ministre m'écoutait en
même temps? Oui?
M. Johnson (Anjou): Pardon?
Mme Bacon: Avez-vous compris ma question?
M. Johnson (Anjou): Oui, Rayon de soleil.
Mme Bacon: Oui, et Caprol.
M. Johnson (Anjou): Caprol, une fusion entre les deux.
Mme Bacon: Les deux, oui.
M. Johnson (Anjou): Un instant!
Mme Bacon: Le député de Fabre connaît bien le
dossier, il s'en occupe beaucoup.
M. Johnson (Anjou): En instance d'obtenir la charte du
ministère des Institutions financières.
Mme Bacon: Pourquoi force-t-on cette fusion?
Mme Lavoie-Roux: Ah! bien, c'est l'attitude
générale.
M. Johnson (Anjou): II y a un protocole de fusion et les deux
établissements l'ont signé.
Mme Bacon: Oui, mais on sait comment on peut faire signer
certains protocoles de fusion.
M. Johnson (Anjou): Je ne dois pas présumer de cela,
étant donné que j'ai vu le contraire à l'occasion, et ce
n'est pas pour rien qu'on a un pouvoir de l'imposer quand il faut
l'imposer.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a vraiment entendu toutes les demandes
faites par Rayon de soleil avant de forcer cette fusion?
M. Johnson (Anjou): La fusion n'a pas été
forcée. Je ne dis pas qu'on ne s'est pas senti...
Mme Bacon: ...coincé...
M. Johnson (Anjou): ...qu'on n'a pas senti que c'était une
orientation qu'on favorisait, mais, ceci dit, je n'ai pas eu à
décider ou à forcer une fusion, donc, je n'ai pas eu à
entendre les parties.
Mme Bacon: Pourquoi avoir créé Rayon de soleil?
Mme Lavoie-Roux: Pour faire un peu de lumière! (23 h
30)
M. Johnson (Anjou): Pas pour faire les crédits, non.
Mme Bacon: Non, avant de faire la fusion.
M. Johnson (Anjou): Avant de faire la fusion? Je ne suis pas au
courant, étant donné que je n'y ai pas participé. Je n'ai
pas consulté le député de Laval-des-Rapides sur la fusion
de Rayon de soleil avec Caprol, étant donné que je n'ai pas eu
à intervenir dans cette fusion.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je ne veux pas
prendre trop de temps parce que je pense qu'on a déjà
consacré pas mal de temps à la question des CRSSS, mais, en tant
que responsable de ce dossier au caucus des députés du Parti
québécois, je suis heureux de constater que ma collègue de
Chomedey et moi partageons les mêmes préoccupations. Je dois dire
que, sur cette question, il y a unanimité sur l'idée d'avoir un
CRSSS un jour à Laval. Je dois dire que j'ai suivi de près le
dossier puisque j'ai été en étroite relation avec les
gens du milieu qui ont le plus fait la promotion du CRSSS,
c'est-à-dire les représentants des divers établissements
de Laval qui forment la table de concertation des établissements sociaux
et de santé de Laval.
C'est une table de concertation extrêmement dynamique qui existe
depuis des années. La table de concertation a fait cette demande depuis
de nombreuses années à votre prédécesseur,
d'ailleurs, M. le ministre. Il faut dire qu'après consultation avec le
groupe de concertation, ce groupe est extrêmement heureux d'avoir obtenu
cette année une coordonnatrice qui s'occupe des dossiers
spécifiques à Laval. Je dois dire que, dans un premier temps,
bien sûr, on souhaiterait tous obtenir un CRSSS dès cette
année ou dès l'année prochaine. Je dois dire que nous
sommes... Je me fais un peu l'interprète du groupe de concertation
puisque c'est avec son accord que nous avons obtenu de votre part une
coordonnatrice pour Laval, qui travaille en étroite collaboration avec
le CRSSS de Montréal, qui permet au milieu d'identifier les besoins dont
parlait la députée de Chomedey.
Je pense que, dans un premier temps, avant même d'obtenir un
CRSSS, il faut bien identifier les besoins des gens. Il faut, pour cela,
accomplir une certaine recherche et c'est dans le mandat de la coordonnatrice;
il faut faire une certaine orientation, une certaine planification et c'est
également dans le mandat de la coordonnatrice. Je pense que personne ici
ne peut imaginer qu'on obtient un CRSSS de façon automatique, surtout
qu'on sait très bien que ce CRSSS à Laval, même si nous le
souhaitons, serait un petit CRSSS, compte tenu de la population, compte tenu
également du nombre d'établissements qu'il y a à Laval. Il
y aurait beaucoup d'ententes de services à établir avec le CRSSS
de Montréal ou avec celui qui est situé au nord de Laval. Laval
n'est pas desservie que par des établissements de Laval, il y a une
foule d'établissements de Montréal qui desservent la population
de Laval. Mentionnons l'hôpital Sacré-Coeur, l'hôpital
Albert-Prévost et d'autres hôpitaux également.
Il faut mentionner également qu'un CRSSS n'accorde pas
automatiquement non plus des services à la population. Je pense que ce
que veut en premier lieu la population de Laval, ce sont des services. Je pense
qu'à ce niveau, la population de Laval est relativement bien servie par
les services qui sont assurés par le CRSSS de Montréal.
Donc, cette planification, M. le ministre - ces orientations, cette
recherche -qui sera établie par la table de concertation avec l'aide de
cette coordonnatrice vous sera soumise en temps et lieu. Mais je pense que,
pour l'instant, le milieu est amplement satisfait de ce qu'il a obtenu cette
année et je dois vous en remercier au nom des représentants
à la table de concertation.
Je ferai une courte intervention en ce qui concerne le dossier
Caprol-Rayon de soleil, que j'ai suivi de près. Je dois dire
également que l'orientation dont vous parliez a été
donnée il y a à peu près un an et que le milieu a
été, puisque j'ai eu l'occasion de suivre le dossier, très
consulté. Rien n'a été laissé de côté
pour s'assurer que le conseil d'administration de Caprol et le conseil
d'administration de Rayon de soleil soient amplement consultés, encore
une fois, avec l'aide d'un agent du CRSSS ou du CSS de Montréal, pour en
arriver à cette fusion que nous connaissons aujourd'hui. Après
avoir rencontré, encore récemment, les deux groupes, Rayon de
soleil et Caprol, je dois dire que cette fusion, finalement, est
acceptée. Je pense que cette fusion se fait -c'est important de
l'ajouter; je pense que les deux milieux en sont très conscients - dans
l'intérêt de la population de Laval. Dans ce sens-là, je
pense que la fusion aura été une bonne chose.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 8 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre peut nous dire comment il
se fait qu'on a prévu une augmentation de 98 000 $ pour porter à
235 000 $ le coût des honoraires pour agir à titre de conseillers
dans le cadre des négociations avec la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec? 235 000 $; on vient d'ajouter
98 000 $.
M. Johnson (Anjou): Ce sont des réserves qui, souvent,
comment dit-on, deviennent pas désuètes, mais
périmées. Au moment où on a bâti les crédits,
peut-être que les négociations n'allaient pas aussi bien que
depuis qu'on les a déposés.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire que les honoraires vont
être de 235 000 $ pour cette négociation?
M. Johnson (Anjou): Non, pas nécessairement. Les
honoraires seront ce que sera la facture des multiples conseillers qu'il y a
dans ce domaine. Il y a des actuaires. Il y a, évidemment, des
équipes du ministère, mais il y a des représentants aux
tables qui sont des professionnels de la négociation.
Mme Lavoie-Roux: 98 000 $, c'est pour le Dr Claude Roberge.
M. Johnson (Anjou): Pas nécessairement pour une personne.
Il y a une série de conseillers.
Mme Lavoie-Roux: C'est indiqué: Fournisseur: Claude
Roberge, médecin omnipraticien. Montant de l'engagement: 98 000 $.
M. Johnson (Anjou): C'en est un, sur la période de
l'année, mais je pense qu'il ne travaille pas seul. Il y a un
médecin et un avocat dans cette équipe, le fournisseur
étant celui dont le nom est là.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question sur les CRSSS. On
indique que les CRSSS reçoivent des budgets des institutions. Est-ce que
le ministre s'assure que, dans leur opération d'équilibre
budgétaire, ce qui doit revenir à la psychiatrie y revient? J'ai
apporté l'exemple de l'Institut Albert-Prévost où 250 000
$, qui devaient être imputés au centre de jour en
pédopsychiatrie, vont au budget général de l'institution.
Il y a une chose spéciale, par exemple, dans la région de
Sherbrooke, où on a prélevé des différentes
institutions des montants d'argent qui devaient être affectés
à la psychiatrie et qui ne sont pas retournés à la
psychiatrie.
M. Johnson (Anjou): À Sherbrooke? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de Sacré-Coeur? Ce ne sera
pas long. Je peux donner une réponse technique au sujet de la
pédopsychiatrie. Le budget de fonctionnement alloué à
l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal pour le
développement de la pédopsychiatrie se résume donc, en
1979-1980, à 100 000 $, sur une base annuelle, de 150 000 $ en dollars
1983-1984, l'équivalent de 213 500 $; en 1980-1981, 10 000 $, sur une
base annuelle, de 64 000 $ correspondant à 82 800 $ en dollars de
1983-1984; en 1982-1983, 45 600 $ sur une base annuelle de 46 000 $, par
rapport à 48 200 $ en dollars de 1983-84, pour un total de 344 500
$.
Cependant, conformément à la directive concernant le
rectificatif postbudgétaire, les crédits de développement
alloués la première année et non utilisés sont
récupérés par le ministère. L'année
suivante, la base annuelle est intégrée au budget global. En
conséquence, les transactions suivantes ont été
effectuées. En 1979-1980, 100 000 $ récupérés par
le MAS; en 1980-1981, 10 000 $ utilisés pour le foyer de protection
L'Envol; en 1982-1983, 45 000 $ qui devraient être
récupérés par le MAS. La base annuelle des crédits
de développement indexés au taux d'accroissement a servi à
atténuer la compression budgétaire effectuée par le
ministère au cours de la dernière année. Le projet
implique une construction évaluée à 380 000 $ en 1981 et
le décret 1298-81 octroie au centre hospitalier un budget de 12 000 $
pour l'engagement de professionnels afin de confectionner des plans et devis.
Le projet est rendu à cette étape et le moratoire d'un projet de
construction, accompagné de différentes difficultés dans
le recrutement des professionnels, a expliqué le retard. Lorsque la
construction sera terminée, l'hôpital pourrait effectuer un
réaménagement à l'intérieur du budget pour
dégager les crédits nécessaires au fonctionnement de la
pédopsychiatrie.
C'est la note un peu technique que j'ai eue des services. En pratique,
premièrement, il y a un problème au niveau du retard à
cause du recrutement des professionnels pour les fins de plans et devis.
Deuxièmement, il y a toute la question de savoir si, oui ou non, c'est
un développement qui peut se faire par l'intérieur ou qui exige
qu'on empiète sur les terrains de stationnement. Cela repose toute la
question de l'institut Albert-Prévost.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous voulez dire, en termes plus simples,
c'est que cela n'a pas été affecté au budget de
l'hôpital.
M. Johnson (Anjou): Cela n'a pas été au budget de
pédopsychiatrie, c'est un fait.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a une partie qui a
été affectée au budget? J'ai compris qu'il y en avait une
partie qui avait été retournée au ministère des
Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Oui, au MAS et l'autre, au budget de
l'hôpital. Je m'excuse, tout a été
récupéré au MAS.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, l'autre jour, à cette
question sur le département de pédopsychiatrie, vous m'avez dit
que c'était relié à la vocation éventuelle de
l'institut Albert-Prévost. J'ai cru comprendre, à
l'Assemblée nationale - j'aimerais que le ministre me le confirme - que
votre décision est de garder le pavillon Albert-Prévost là
où il se trouve.
M. Johnson (Anjou): Pour le moment, j'ai demandé un
moratoire. La querelle sur la construction, donc, à toutes fins utiles,
l'élimination de l'institut Albert-Prévost tel qu'il existe en ce
moment, est une affaire qui a retardé bien des choses et qui existe
depuis longtemps. J'ai demandé qu'il y ait un moratoire sur une
décision comme cela. Je ne pense pas qu'il faille, en ce moment, changer
la vocation de l'institut Albert-Prévost.
Mme Lavoie-Roux: Bon, parfait. Alors,
cela va pour ce programme.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 8 est
adopté.
Le programme 9 est-il adopté?
Direction et gestion
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Un instant. Est-ce qu'on peut nous indiquer
pourquoi, à la direction supérieure, il y a une augmentation de
20%? Comment expliquez-vous cela? C'est une variation pas mal plus
considérable.
M. Johnson (Anjou): Quel article?
Mme Lavoie-Roux: Direction supérieure,
élément 1. (23 h 45)
M. Johnson (Anjou): 10 000 000 $ à 12 000 000 $. Je peux
commencer à répondre; je donnerai le reste en cours de route. Il
y a une réorganisation au ministère, notamment au niveau de la
Direction du budget. Une partie des activités, qui relève
aujourd'hui de la Direction du budget, donc, de la Direction supérieure
du ministère, relevait auparavant d'une autre partie du ministère
qui, elle, n'était pas de la Direction supérieure. C'est un
transfert de poste à poste, en partie.
Mme Lavoie-Roux: L'autre partie?
M. Johnson (Anjou): L'autre partie, cela doit être
l'augmentation normale. C'est d'autant plus vrai que l'élément 1
descend, il ne monte pas.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, il passe de 10 000 000 $ à
12 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, c'est parce qu'on est dans
l'autre. Moi, j'étais à 01. La première partie de
l'explication -c'est ce que j'évoquais tout à l'heure - c'est un
compte de poste à poste dans le cas de la Direction
supérieure.
Mme Lavoie-Roux: Cela se trouvait où? Est-ce que cela se
trouvait à l'administration?
M. Johnson (Anjou): Cela se trouvait quelque part à
l'administration, sauf qu'on a ici la même chose qu'on a
évoquée à l'occasion des autres discussions la semaine
dernière. Ce à quoi il faut se fier, c'est à ce
document-ci, les crédits détaillés 1983-1984...
Mme Lavoie-Roux: Je vais trouver le programme 9, un instant.
M. Johnson (Anjou): ...page 40. Le chiffre n'était pas de
10 000 000 $ l'an dernier; il était de 13 000 000 $. Comme, cette
année, c'est 12 500 000 $, il y a une diminution de 500 000 $ et non pas
une augmentation de 2 000 000 $. Alors qu'au cahier des crédits, encore
une fois, ce qui figure c'est 10 000 000 $, qui a été
établi sur la base des prévisions avant la confection du livre
des crédits détaillés.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a...
M. Johnson (Anjou): Donc, il n'y a pas d'augmentation à la
Direction supérieure; il y a une diminution.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
M. Johnson (Anjou): Enfin, au programme 9, pardon, il n'y a pas
d'augmentation.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous. Quand vous regardez
les programmes de santé, ils passent de 13 000 000 $ à 10 000 000
$, ce qui est une diminution de 19%. À l'administration, vous avez une
diminution de 1% ou, enfin, de près de 2%. Vous avez une diminution au
Conseil des affaires sociales et de la famille et vous avez une augmentation
à la Direction supérieure. Je suis prête à admettre
que, globalement, cela peut représenter une diminution, vous avez
raison, parce que, de 52 000 000 $, on est à 49 000 000 $ maintenant.
Comment se fait-il qu'à la Direction supérieure on augmente?
M. Johnson (Anjou): C'est à quelle page? Ah! vous
êtes dans le livre des crédits généraux. Puisque la
députée a décidé d'ouvrir cela, je pense qu'il va
falloir le fermer. Pourrais-je demander à la députée de
L'Acadie de prendre son cahier à la page 40, direction
supérieure. En 1982-1983, c'était 13 003 500 $; en 1983-1984,
c'est 12 520 400 $, donc, une réduction au chapitre de la Direction
supérieure. Bon! Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi de vous interrompre...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...mais ce que vous aviez prévu,
c'était 10 415 000 $ en 1982-1983...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...et vous avez dépensé 13 000 000
$.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire qu'on a
changé la structure. C'est cela. C'est tout le débat. Vous
vous souvenez au début, quand on a commencé la commission la
semaine dernière, on a expliqué...
Mme Lavoie-Roux: Bon! Écoutez...
M. Johnson (Anjou): ...que les chiffres qui figuraient dans la
colonne de 1982-1983 dans le livre des crédits n'étaient pas les
chiffres dont il fallait tenir compte, mais que c'étaient les
crédits détaillés, parce qu'ils étaient
basés sur...
Mme Lavoie-Roux: Et le chiffre de 10 000 000 $ n'était pas
dans le livre des crédits détaillés de l'an dernier.
M. Johnson (Anjou): Non.
Mme Lavoie-Roux: Bon! En tout cas! Je veux bien qu'on compare les
mêmes choses, mais...
M. Johnson (Anjou): L'an dernier, dans le livre des
crédits, on avait 10 000 000 $ pour 1982-1983. De fait, on a obtenu des
crédits de 13 000 000 $. Cela ne veut pas dire qu'on a
dépensé 13 000 000 $, mais on a obtenu des crédits de 13
000 000 $. Alors qu'on a obtenu des crédits de 13 000 000 $ l'an
dernier, cette année, c'est 12 500 000 $, une réduction de 500
000 $, crédits à crédits, dépenses à
dépenses.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dépensé combien des 13
000 000 $ que vous avez obtenus?
M. Johnson (Anjou): On va vous dire cela plus tard. Il faut
attendre les rapports. On vient de finir l'année financière. Il
faut fermer les livres.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que c'est l'an prochain que je
vais savoir cela?
M. Johnson (Anjou): Comme d'habitude. On pourrait vous parler de
cela en 1980-1981, probablement.
M. French: ...au rapport financier déposé, le plus
court délai dans tout le Canada.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils ne sont pas là-dessus, eux
autres.
M. French: II n'y a pas de crédits périmés
dans le secteur privé.
Le Président (M. Desbiens): L'élément 1
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je vais leur donner le bénéfice du
doute. Je suis sûre qu'ils sont honnêtes. Ils me disent cela.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 9 est-il
adopté avec tous ses éléments?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Le Président (M. Desbiens): Les crédits du
ministère des Affaires sociales...
Mme Lavoie-Roux: Non, non! Une minute, M. le
Président!
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Quand allez-vous déposer un projet de loi
touchant des modifications à la loi 24?
M. Johnson (Anjou): Pardon? Je m'excuse, je n'ai pas entendu.
Mme Lavoie-Roux: Quand allez-vous déposer un projet de loi
touchant des modifications à la loi 24?
M. Johnson (Anjou): Possiblement au mois de juin.
Mme Lavoie-Roux: II pourrait être adopté quand?
M. Johnson (Anjou): Si on le dépose au mois de juin, on ne
peut pas l'adopter avant l'automne.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Je voudrais simplement rappeler au ministre
que, quand on nous a mis la corde au cou pour ce comité en disant: II
faut que vous fassiez cela avant le mois de décembre - c'est le cas de
le dire, on avait la police après nous - on a tout fait, on a
travaillé pour couper les coins ronds, etc., et, finalement, cela va
faire un an que le rapport aura été déposé et les
modifications n'auront pas été apportées. M. le
Président, je veux simplement dire au ministre - d'ailleurs, cela vaut
pour la loi 27 - que c'est la dernière fois que j'accepte de me faire
prendre dans des prétendues urgences qui n'existent pas et qui sont
simplement dans l'esprit des ministres qui veulent se débarrasser le
plus possible de ce qui est bien fatigant à porter, des projets de loi
et des lois, etc. Cela fait au moins deux fois qu'on se fait prendre - et de
façon très évidente - dans les soi-disant urgences du
gouvernement, vous en conviendrez, M. le
ministre. Merci, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je voudrais remercier
tous mes collègues de la commission, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, pour leur
collaboration. Bonne nuit.
Le Président (M. Desbiens): Les crédits
budgétaires...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, excusez-moi. Je voudrais
aussi remercier le ministre et ses fonctionnaires.
Le Président (M. Desbiens): II reste encore quatre
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier mes collègues qui
m'ont aidée dans la préparation et l'étude de ces
crédits.
Le Président (M. Desbiens): Troisième tentative.
Les crédits budgétaires du ministère des Affaires sociales
1983-1984 sont adoptés avec tous leurs éléments et
programmes.
Mme Lavoie-Roux: On les a adoptés.
Le Président (M. Desbiens): La commission permanente des
affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 56)