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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Blank): La commission permanente des
affaires sociales est de nouveau réunie pour continuer l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Affaires
sociales.
Ce matin, les membres de la commission sont: M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Brouillet (Chauveau), remplacé par M.
Beauséjour (Iberville), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Johnson (Anjou), Mme Juneau (Johnson), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M. Picotte (Maskinongé), M. Rochefort
(Gouin) et M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: M. Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blais ( Terrebonne), M. French (Westmount), M.
Gravel (Limoilou), M. Hains (Saint-Henri), M. Lafrenière (Ungava), M.
Laplante (Bourassa), M. Marx (D'Arcy McGee) et le rapporteur, qui est
déjà nommé, Mme Juneau (Johnson).
M. le ministre, quel est le programme?
M. Johnson (Anjou): Nous sommes au programme 5, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): Programme 5.
M. Johnson (Anjou): Nous avions adopté les programmes 1, 2
et 4.
Le Président (M. Blank): 1, 2 et 4. C'est cela.
Services en centres d'hébergement
M. Johnson (Anjou): Nous sommes au programme 5: Services en
centres d'hébergement.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pourrait-on nous donner
la liste des centres d'accueil qui ont été ouverts cette
année, ainsi que le nombre de places?
M. Johnson (Anjou): Oui, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Mais j'aimerais, de temps en temps, qu'on nous
remette des copies de cela, parce que quand vous nous donnez cela ainsi...
M. Johnson (Anjou): Oui, d'accord. On peut sans doute le
faire.
Au sujet des lits ouverts en 1982-1983, on en fera simplement une
nomenclature rapide et ensuite, on en fera faire une copie. À Beau
Manoir, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, 25 lits. Dans la
région de Québec, au Faubourg et à la Villa
Alphonse-Bonenfant - le Faubourg, c'est tout près du parlement et
Alphonse-Bonenfant, c'est situé à l'Île d'Orléans -
respectivement 96 et 50 lits.
Mme Lavoie-Roux: C'est celui-là qui a été
une faveur au député de Montmorency. Il était le 32e sur
la liste des priorités du CRSSS de Québec. D'accord? C'est une
parenthèse, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): Dans la région de la
Mauricie-Bois-Francs relié au centre hospitalier Cloutier, le centre
d'accueil, centre d'hébergement et centre hospitalier
Luc-Désilets, 50 lits. Dans la région montréalaise 6-A,
Ernest-Routhier, CH Jacques-Viger, de Lorimier, CACH Henri-Bradet, dans l'ouest
de Montréal. Je m'excuse; de Lorimier, qui est dans l'est de
Montréal; Henri-Bradet, qui est le CH Julius Richardson; Henri-Dunan,
Judith-Jasmin, relié à Maisonneuve-Rosemont dans le magnifique
comté d'Anjou; le pavillon Sung Pai, qui est le centre hospitalier
chinois, sur la rue Saint-Denis; le CACLSC Robert-Cliche, dans le comté
de Rosemont; la résidence Paul-Gouin, reliée au centre
hospitalier Rosemont; le CACLSC Paul-Lizotte, relié au CLSC
Montréal-Nord, pour un total de 940 lits dans la région
montréalaise 6-A. Dans la région 6-C, c'est-à-dire sur la
rive sud de Montréal, la résidence Richelieu a eu un ajout de 15
lits. Dans la région 09, qui est la Côte-Nord, à
Baie-Trinité, le CACLSC, 15 lits. Pour un grand total, en 1982-1983, de
1191 places.
En voie de réalisation, nous en avons un peu plus de 1000. Pour
l'année en cours, normalement, ce qui est prévu comme ouverture
est le pavillon Armand-Lavergne, situé à Montréal; la
Pinière, qui est située à Laval, cela devrait se faire
très bientôt; Saint-Euzèbe, dans la région de
Joliette, le pavillon Youville, à Rouyn, et Forestville, pour un total
d'environ 500 lits qui devraient être ouverts. Cependant, il y en a
encore 900 qui sont à différents stades d'étude, de plans,
de devis, etc., mais dont on ne peut
pas s'imaginer qu'ils vont ouvrir dans l'année 1983-1984 mais
plutôt en 1984-1985.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre peut nous dire, cela fait
plusieurs années et je pense que des crédits sont prévus
cette année, mais vous aviez annoncé 200 places pour Dorchester
aux crédits pour l'année 1982?
M. Johnson (Anjou): Pour Dorchester, normalement, les travaux
devraient commencer d'ici quelques semaines. On a été
obligé de prendre beaucoup de temps pour trouver le terrain. On pense
l'avoir trouvé mais...
Mme Lavoie-Roux: Où sera-t-il situé?
M. Johnson (Anjou): Au coin de Saint-Jacques et... J'essaie de me
souvenir. On a fini par trouver un terrain dans le cadre des échanges
avec la ville de Montréal. C'est près des terrains où,
dans le cadre de l'opération 20 000 logements, la ville de
Montréal va avoir des développements à l'angle sud-est de
la rue Saint-Jacques et des Seigneurs.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Le comté de Sainte-Anne, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, on dit que c'est une question
de terrain mais c'est un problème qui dure depuis 1977-1978 où on
a parlé de danger pour la population. Ce n'est pas encore ouvert, ce
n'est pas encore construit. Vous me dites que cela doit commencer dans quelques
semaines.
M. Johnson (Anjou): Oui. Mme Lavoie-Roux: Est-ce...
M. Johnson (Anjou): Les plans et devis sont...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela est approuvé par le
Conseil du trésor?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être pour combien de places?
M. Johnson (Anjou): 200 places.
Mme Lavoie-Roux: 200. Combien sont-ils dans Dorchester?
M. Johnson (Anjou): Actuellement ils sont 200. On avait
baissé la capacité par mesure de sécurité. Ils
étaient 300 à l'origine et on a baissé à 200.
D'autres centres d'accueil ont été agrandis pour relocaliser les
100 supplémentaires qui étaient à la résidence de
Dorchester.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les 140 lits de Maïmonides sont
prêts?
M. Johnson (Anjou): Ils sont en processus d'ouverture. Ils ne
sont pas tout à fait prêts.
Mme Lavoie-Roux: Combien y en a-t-il de prêts?
M. Johnson (Anjou): 35.
Mme Lavoie-Roux: C'est un problème qui traîne depuis
1976 également.
M. Johnson (Anjou): II est en train de se régler, c'est
cela qui est intéressant.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, cela va faire dix ans
bientôt. C'est presque le temps. Dans le comté d'Outremont, le
centre d'accueil Groulx, lui aussi cela fait... Les ministres affichent leur
nom à tour de rôle sur le panneau pour dire que le centre
d'accueil va se construire.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il n'y a plus de panneau.
Mme Lavoie-Roux: Ils l'ont enlevé, cela va être
moins gênant pour vous autres.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'on a eu...
M. French: ...une petite place pour les autres ministres. C'est
la députée de Johnson qui a fait cette constatation.
M. Johnson (Anjou): Ce panneau est rendu à Windsor. Je
pense qu'il n'y a plus de panneau. Bon, deux problèmes autour...
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que je n'ai pas passé devant
depuis un bon bout de temps.
M. Johnson (Anjou): Deux problèmes autour de Lionel
Groulx...
Mme Lavoie-Roux: Le...
M. Johnson (Anjou): ...et je dois dire tout de suite que le
député d'Outremont a fait de nombreuses démarches, il m'en
a parlé à plusieurs reprises, il m'a écrit, il a
même eu la gentillesse, dans son dépliant, de photographier le
panneau...
Mme Lavoie-Roux: Avec votre nom dessus?
M. Johnson (Anjou): ...qu'il a distribué à 40 000
exemplaires à tous les citoyens du comté d'Outremont.
Mme Lavoîe-Roux: Vous ne pouvez quand même pas le lui
reprocher.
M. Johnson (Anjou): Non, je ne peux pas le lui reprocher.
Mme Lavoie-Roux: Parce que cela fait sept ans.
M. Johnson (Anjou): Je veux simplement accuser le coup des
efforts considérables qu'il a faits pour que ce dossier débloque,
sauf qu'il n'y peut rien et nous non plus, à certains égards,
dans la mesure où il y a ce problème de terrain dont on parlait.
À l'origine, cela devait être sur des terrains en annexe à
l'hôpital Sainte-Justine. On a eu un problème de
réglementation municipale sur les stationnements. Cela aurait
amené des investissements de 3 000 000 $ seulement pour faire des
stationnements qui auraient été connexes, parce que cela prenait
la place d'un stationnement et qu'il fallait faire un stationnement souterrain.
C'était une affaire à n'en plus finir. Bref, on était en
train de faire essentiellement de l'immobilier et pas de services d'accueil.
Donc, on est parti à la recherche de terrains. Je dois dire qu'en
même temps, une réévaluation est faite de
l'opportunité de le mettre à cet endroit plutôt qu'un peu
plus à l'ouest, étant donné qu'il y a, en ce moment,
notamment avec l'hôpital Jewish General et certaines autres ressources,
dans le cadre d'une rationalisation des ressources, des efforts que nous
faisons, des allocations financières qu'on va faire en termes de soins
prolongés ou d'hébergement, qui vont peut-être nous amener
à réévaluer l'opportunité d'en faire un à
l'endroit prévu initialement.
Mme Lavoie-Roux: Quand j'aurai la liste tantôt, je ferai la
vérification.
M. French: M. le Président, très brièvement,
je voudrais signaler au ministre qu'il y a un problème réel avec
une population très âgée dans ce coin-là, dans
Outremont, Montréal, Westmount, le nord de Westmount. Le problème
est un peu le suivant. S'il y a une ceinture de prospérité qui
entoure cette population qui est souvent juive et canadienne-française,
âgée, on n'a pas l'impression qu'il y a de vrais problèmes.
Mais au fond de tout cela, dans le nord de mon comté, dans le
comté d'Outremont, au sud du côté de Montréal, il y
a une population qui est passablement dépourvue. Je voudrais tout
simplement dire au ministre que le fait qu'il y ait Montréal, Outremont,
Westmount et Hampstead autour n'empêche pas qu'il y ait vraiment une
population en besoin.
M. Johnson (Anjou): Nous sommes parfaitement conscients, à
l'égard notamment de la communauté juive, à cause de ce
que vous appelez la ceinture de prospérité, où il y a une
population fort bien pourvue, qu'il y a des populations absolument
dépourvues en plein coeur de cet environnement. C'est pour cela qu'on
est en ce moment en démarche. D'ailleurs, lundi prochain, je dois
rencontrer des représentants de la communauté juive au sujet de
certains problèmes de ressources à cet égard dans l'ouest
de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais appuyer les propos du
député de Westmount. D'abord dans toute la région
montréalaise, de la région 6-A, en 1996, il y aura 6,3% de
personnes âgées - qu'on me corrige s'il y a erreur - du point de
vue de la concentration. Dans le DSC de Sainte-Justine présentement il y
a 27% de personnes âgées; dans le DSC du Montreal General, il y a
23% de personnes âgées, ce qui dépasse de beaucoup. Quand
on parle d'une population vieillissante on parle, dans certains pays d'Europe,
de 15%. Là vous avez des taux de 23% et de 27%. Je pense que la question
est fort pertinente.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
Johnson.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y on reviendra. Vous allez en avoir un
centre d'accueil, vous êtes chanceuse.
Mme Juneau: Je ne le sais pas, j'espère encore, madame. Si
vous me permettez, quand j'écoutais, tout à l'heure, la
nomenclature des places déjà faites et d'autres en voie de
réalisation, je me suis demandé s'il y avait quelque chose pour
les miens. Depuis que j'ai été élue, je me suis fait le
porte-parole officielle d'une multitude de personnes âgées de
Windsor et des environs.
Je suis née à Windsor, j'ai grandi là et j'y vais
encore; donc, je peux vous donner un témoignage assez précis des
besoins des miens. Je voudrais vous faire part d'un dossier qui est là
depuis - écoutez bien cela - le 25 septembre 1968. Je possède ici
la lettre d'acceptation.
M. Johnson (Anjou): 1968.
Mme Juneau: Je pourrais même vous déposer la
lettre.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas une erreur de frappe.
Mme Juneau: Non, absolument pas. Si vous me le permettez, je vais
vous la lire.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Juneau: C'est adressé au maire de l'époque, M.
Louis Craig, Centre d'hébergement et de logement, Pavillon Jean XXIII,
Windsor. "M. le Maire, pour faire suite à la requête
présentée par un groupe de citoyens de la municipalité de
Windsor et des environs, le ministère de la Famille et du
Bien-Être social est très heureux de vous faire part qu'il
autorise le comité provisoire déjà constitué
à développer à Windsor un centre d'hébergement et
de logement dont la capacité ne pourra pas être supérieure
à 60 lits. "Les officiers de la Direction générale des
services aux personnes âgées et aux autres adultes de mon
ministère entreront sous peu en contact avec vous pour vous faire part
des procédures à suivre pour mener à bonne fin votre
projet."
M. Johnson (Anjou): Sous peu.
Mme Juneau: Sous peu. "Je vous félicite, vous et votre
groupe, pour le magnifique travail accompli jusqu'à ce jour afin de
répondre aux besoins des personnes âgées de votre milieu et
soyez assuré, cher monsieur, de la collaboration des officiers de mon
ministère. Signé: M. Jean-Paul Cloutier," ministre de
l'époque.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'Union Nationale.
Mme Juneau: Oui, c'est cela. Mais malheureusement, en 1970, les
libéraux ont pris le pouvoir sous la...
Mme Lavoie-Roux: Êtes-vous une ancienne de l'Union
Nationale?
M. Johnson (Anjou): Cela sonne...
Mme Juneau: Les contrats avaient été
accordés, les fondations étaient coulées, tout avait
été fait. Lors de la prise du pouvoir par les libéraux
justement, en 1970, on a cassé les contrats, on a enterré les
fondations et voilà! Tous les rêves de ces personnes
âgées étaient engloutis, réenterrés et tout
cela.
M. Johnson (Anjou): II y avait vraiment un trou qu'ils ont
rempli?
Mme Juneau: Oui, il y a encore un mur de ces fondations, à
Windsor, qui s'appelle "le mur de la honte". Il est rouge.
M. Johnson (Anjou): II est peint en rouge. (10 h 30)
Mme Juneau: Depuis ce temps, j'ai repris le flambeau de mes
aînés, des gens qui ont travaillé avant moi et, depuis que
j'ai été élue en 1981, je fais des pressions, j'ai fait
toutes sortes de pressions, une pétition d'au-dessus de 1000 noms; j'ai
fait une recherche auprès des gens de Windsor qui sont en foyer
d'hébergement à l'extérieur, soit à Sherbrooke,
à Richmond, à Brompton. J'en avais 83 lorsque j'ai fait la
recherche dans les foyers à l'extérieur; j'en ai avais 46 sur une
liste d'attente à Windsor, qui n'avaient de place nulle part. Depuis ce
temps, je multiplie les interventions pour avoir en fin de compte pour les
miens ce fameux centre d'accueil qu'on attend depuis quinze ans. Je voudrais
savoir, M. le ministre, si vous êtes capable de me dire qu'en 1983-1984
les miens pourraient au moins jouir d'un centre d'accueil qui serait bien le
leur à Windsor. J'aimerais bien cela que vous puissiez me donner une
réponse à savoir si dans vos crédits de cette année
vous avez prévu une chose comme celle-là. Merci.
M. Johnson (Anjou): Merci. Je ne veux pas ironiser mais quelqu'un
me disait tout à l'heure que, ce que la députée de Johnson
appelle le mur de la honte, certains prétendraient l'appeler le mur des
lamentations. Je comprends finalement qu'une population, qui, dans le fond,
à compter de 1968 a même vu rentrer les bulldozers et le reste,
considère qu'on lui a enlevé ce qu'elle avait presque
déjà.
Deuxièmement, je connais l'insistance de la députée
de Johnson sur cette question. Je sais qu'elle y attache beaucoup d'importance,
d'autant plus que chaque fois que je la rencontre - ce qui est souvent -elle
m'en parle, ce qui est souvent...
Mme Lavoie-Roux: II doit aller vite.
M. Johnson (Anjou): ...et est tenace. Maintenant, cette
année, il faut tenir compte de deux facteurs. Il faut tenir compte des
besoins en hébergement dans la région ou la sous-région
qui est impliquée et, deuxièmement, il faudra, au moment
où j'irai avec le plan d'immobilisation au Conseil du trésor - ce
qui devrait se faire incessamment - tenir compte des possibilités qu'il
y a de ce côté.
Je pense qu'il y a des facteurs, au-delà des statistiques, qui
jouent dans le cas de Windsor, une certaine répartition de la population
en hébergement dans la grande région de Sherbrooke. Je peux lui
dire que nous allons regarder cette question d'un oeil très ouvert et
avec une oreille qui continuera d'être attentive mais je ne peux pas
aujourd'hui lui donner d'assurance quant à cela. Si jamais cela
réussissait, tant mieux! Mais je ne peux pas lui donner aujourd'hui
cette assurance. Nous étudions ce dossier en
étant conscients qu'il y a là des difficultés
considérables à l'égard des normes générales
admises sur le territoire.
Je pense qu'il y a une notion de continuité de la
responsabilité de l'État là-dedans dont il faut quand
même tenir compte à certains égards. Si ce n'avait
été qu'un engagement ou qu'une promesse à l'occasion d'une
campagne électorale... C'est que ce type d'engagement et ces promesses
sont des choses plus ou moins fréquentes. Nous croyons, quant à
nous, au Parti québécois, que nous les respectons à la
fois de façon générale et spécifique mais il y a
aussi la lettre de M. Cloutier, en 1968 -cela fait quand même quelques
années, merci signée par le ministre responsable à
l'époque. Il faut bien dire cependant aussi qu'à cette
époque la notion d'hébergement, de centre d'accueil,
n'était pas tout à fait la même qu'aujourd'hui et qu'il n'y
avait pas eu le développement, dans la région immédiate de
Sherbrooke et de Windsor, du type de ressource qu'on y connaît
aujourd'hui. Alors nous allons regarder plus qu'attentivement ce dossier mais
je ne peux pas prendre d'engagement aujourd'hui.
Mme Juneau: Je vais continuer de vous rencontrer souvent, M. le
ministre, et de vous en parler souvent.
Mme Lavoie-Roux: Écrivez-lui une lettre. Si vous
êtes chanceuse, peut-être qu'il va vous répondre.
M. Johnson (Anjou): Qu'est-ce que c'est cela?
Mme Juneau: II répond, il répond.
Mme Lavoie-Roux: II répond, bon. Quand
prévoyez-vous que les 200 places de la résidence Dorchester
seront ouvertes?
M. Johnson (Anjou): Si cela commençait dans... Il y a un
délai d'environ deux ans après le début de la
construction. C'est gros.
Mme Lavoie-Roux: Un délai de deux ans. Alors, cela n'a pas
été réalisé en 1982. Est-ce que les 140 autres
places de Maïmonides seront ouvertes?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: D'ici quoi? Six mois?
M. Johnson (Anjou): C'est une question de processus parce que les
budgets sont accordés déjà. 35 lits en avril et 105 lits
au mois de novembre 1983.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Peut-être en avez-vous parlé,
mais il y avait le centre d'hébergement qui devait être construit
à Berry...
M. Johnson (Anjou): Ah oui!
Mme Lavoie-Roux: Cela doit être Burry, probablement.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est Berri, la rue Berri.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Johnson (Anjou): Dans les locaux du CRSSS. À moins que
ce ne soit dans...
Mme Lavoie-Roux: 150 lits...
M. Johnson (Anjou): ...un village loyaliste des Cantons de l'Est
qui s'appellerait Berry.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que c'était Burry, je ne
connaissais pas Berry.
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est celui qui était au
CRSSS de Montréal. Il y a eu des plans et des projets de ce
côté, sauf qu'en pratique, j'ai fait mettre de côté
ce projet pour toutes sortes de raisons, notamment que l'immeuble était
très vieux. Évidemment, en soi, l'idée est
séduisante de dire: ce magnifique édifice qu'on connaît,
qui fait le quadrilatère Saint-Denis, Cherrier, etc., ne serait-ce pas
magnifique? Il y a des arbres et il y a une espèce de petit parc
à côté, etc. Mais en pratique, c'est un édifice qui
est tellement vieux que la quantité de rénovations qu'il y aurait
à y faire serait...
Mme Lavoie-Roux: Alors, celui-là est
éliminé.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. C'est cela. Ceci dit, même
s'il est éliminé comme projet dans ces locaux, nous sommes
toujours à la recherche de terrains dans ce coin pour y réaliser
un projet analogue. Deuxièmement, cela sert d'édifice à
bureaux, non seulement pour le conseil régional, mais pour plusieurs
organismes bénévoles de ce coin et pour le CSS et l'Institut des
sourds et muets.
Mme Lavoie-Roux: Bon. L'ouverture de l'Institut canadien polonais
était prévue pour avril 1983? Est-ce que cela se fait?
M. Johnson (Anjou): On s'aligne... On doit commencer les travaux
prochainement.
Mme Lavoie-Roux: Ah! non, non. C'étaient ceux
annoncés - vous avez raison -ce n'était pas l'ouverture en
1983.
M. Johnson (Anjou): Ah! C'est cela, il y a la pelletée de
terre demain. Je m'excuse.
Je comprends que les travaux commencent. Mon collègue, le
député de Gouin, adjoint parlementaire, s'en va s'éreinter
à lever la première pelletée de terre demain.
Mme Lavoie-Roux: ...qui est situé où?
M. Johnson (Anjou): C'est situé sur la rue
Bélanger.
Mme Lavoie-Roux: Bélanger. La Pinière n'est pas
encore parti...
M. Johnson (Anjou): Ah! La Pinière ouvre en juin.
Mme. Lavoie-Roux: C'est presque aussi bon que Windsor.
M. Johnson (Anjou): Pardon? La Pinière ouvrira cet
été. À cet égard, le député -est-il
là? - de Fabre a des questions sur sa région de Laval. Il m'a dit
qu'il voulait intervenir à un moment donné. Peut-être qu'on
peut resituer l'ensemble du problème de la Pinière dans le
constexte des ressources de Laval.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, en fait, on devait
procéder à l'ouverture de la Pinière il y a quelques
années, mais il y a eu des empêchements à cause de
difficultés techniques, de difficultés de ressource en eau qui
ont retardé l'ouverture de la Pinière. La Pinière doit
ouvrir au mois de juin ou au mois de juillet. Par contre, je voudrais essayer
de situer un peu un problème par rapport à la Pinière. La
Pinière pourrait ouvrir ses portes actuellement, tout est en place; on
sait qu'il en coûte présentement 20 000 $ en gardiennage seulement
pour maintenir la Pinière ouverte. On nous répond qu'on attend
l'ameublement. Je veux bien qu'on attende l'ameublement pendant quelques mois,
mais cela me semble être une longue attente. La crainte des
administrateurs et des gens de l'hôpital -parce qu'il y a un
problème relié à l'hôpital - qui compte 300 places,
est que, de ces 300 places, il y en a 70 qui sont occupées
présentement par les malades chroniques. L'hôpital attend avec
impatience l'ouverture de la Pinière. Je vous demande s'il n'y aurait
pas moyen, en fait, M. le ministre, d'accélérer l'ouverture de la
Pinière. On sait très bien - on nous le promet pour juin ou
juillet - que ces promesses nous conduisent souvent à des retards de
quelques mois et la crainte des administrateurs et des gens de l'hôpital,
c'est qu'on ouvre la Pinière finalement en septembre ou octobre. On a un
peu de difficulté à croire que c'est à cause de
l'ameublement qu'on retarde l'ouverture de la Pinière. Je
répète qu'il en coûte actuellement au Québec 20 000
$ par mois pour maintenir simplement un centre d'accueil qui pourrait - qui est
prêt -recevoir les patients, mais qui ne peut pas à cause de
l'ameublement qui manque et qu'on attend, nous dit-on, pour le mois de juin ou
de juillet.
Je vous avoue qu'il n'y a personne qui s'y comprend dans cette histoire
d'attente d'un ameublement, alors qu'on sait que l'industrie du meuble au
Québec attend les contrats et, il me semble, pourrait pourvoir à
ce besoin dans des délais un peu plus courts.
M. Johnson (Anjou): Je remercie le député de Fabre
de m'avoir donné avis qu'il soulèverait ces problèmes. La
Pinière, c'est un centre d'accueil de 100 lits situé dans la
région de Laval. Effectivement, au début, les retards
étaient causés par des problèmes d'approvisionnement en
eau reliés à ce centre d'accueil. Cela retardait pendant, je ne
sais pas, sept, huit mois ou presque un an, à toutes fins utiles. Les
problèmes se sont réglés avec la municipalité
finalement. Il est construit. Je peux assurer le député de Fabre
et ses commettants ainsi que les gens de la Cité de la santé
à Laval qui pourraient être intéressés à ce
que des patients qui sont "A-3" ou "A-4" puissent y aller, que l'achat
d'équipement, qui est soumis à des règles
évidentes... Je veux dire qu'on a des crédits, il faut respecter
la loi. Entre le moment où on fait les crédits et le moment
où on fait la commande, il se passe toujours des délais qu'on
essaie de raccourcir. L'équipement du centre d'accueil la Pinière
est en priorité au ministère.
Il a été commandé au début de mars.
Normalement, la livraison devrait se faire quelque part à compter de la
fin de mai, selon le type d'équipement, au cours du mois de juin. On a
bon espoir qu'on devrait, au mois de juillet, assister à l'ouverture ou,
en tout cas, à la mise en place de tout cela. L'autre question qui se
pose, c'est celle qui est reliée au personnel de la Pinière.
Comme on le sait, les conditions de travail des employés des secteurs
public et parapublic prévoient la sécurité d'emploi
après deux ans en poste et une mobilité d'un rayon de 50
kilomètres. Nous avons du personnel en disponibilité dans la
grande région de Montréal. Nous voulons et nous tenons... Nous
l'avons fait à Pierre-Boucher où à peu près 80% du
personnel de cet hôpital a été recruté dans les
autres établissements. Nous voulons qu'à la Pinière, un
taux très élevé du personnel qui y travaillera soit
recruté à même les effectifs du réseau des affaires
sociales de la région de Montréal, encore une fois, pour des fins
de cohérence et d'attitude responsable, à mon avis, à
l'égard des fonds publics, du fait qu'il y a du personnel en
disponibilité dans la région de Montréal qu'on pourrait
mettre là, en souhaitant que des citoyens résidant à Laval
qui travaillent dans
des centres d'accueil, dans les hôpitaux ailleurs à
Montréal puissent peut-être faire des demandes, etc.
Ces choses sont en train de s'organiser. Cela aurait pu entraîner
un certain nombre de délais, mais je peux dire que, normalement, au tout
début de l'été, vous devriez voir des choses qui non
seulement commencent à bouger, mais sans doute des patients qui vont
commencer à entrer. Ce n'est pas nécessaire d'avoir tout le
personnel pour entrer les patients. Cela peut se faire progressivement, au fur
et à mesure qu'on ouvre un étage ou une aile sur un étage.
L'autre chose, ce sont les ressources, finalement, de la Cité de la
santé. Je ne sais pas si le député de Fabre a l'intention
d'y revenir au moment des crédits sur la santé où s'il
préfère qu'on en parle. C'est parce que c'est relié plus
ou moins directement à cela, finalement. (10 h 45)
M. Leduc (Fabre): Je voulais y revenir, parce qu'il y avait un
problème relié aux travailleurs sociaux.
M. Johnson (Anjou): D'accord. On y reviendra au moment des
crédits sur la santé.
M. Leduc (Fabre): Au sujet du personnel, compte tenu que la
Pinière devait ouvrir il y a quelques années, les administrateurs
des centres d'accueil - en fait, il y a trois centres d'accueil
administrés par un même conseil d'administration - ont promis aux
travailleurs qui seraient mis en disponibilité qu'ils seraient
replacés au centre d'accueil la Pinière; tout cela se faisant
avec l'idée que la Pinière serait ouvert dans les mois suivants.
Finalement, cela a retardé de plus en plus, de telle sorte qu'il y a un
problème qui se pose aujourd'hui. Les administrateurs du centre
d'accueil de Laval ont saisi le ministère du problème. Il s'agit
d'un problème prioritaire de relocalisation pour les employés des
centres d'accueil de Laval qui s'attendent à être
relocalisés à la Pinière. Je vous ai saisi, M. le
ministre, de ce problème. En tout cas, personnellement, je trouverais
normal qu'on donne priorité à ces employés, compte tenu du
problème particulier qui est soulevé dans le cas de la
Pinière.
M. Johnson (Anjou): Dans l'assignation du personnel d'un nouveau
développement dans la région de Montréal, le premier
objectif du ministère - ce à quoi il tente d'amener les
établissements par différentes méthodes qui visent
essentiellement à être convaincantes, doucement ou moins doucement
- est de s'assurer qu'on a le moins de gens possible qui sont aptes à
faire ces tâches et qui sont chez eux à recevoir leur
chèque ou bien présents dans leur établissement, plus ou
moins à l'occasion, et pas à un niveau qui soit idéal sur
le plan de la productivité. C'est notre premier objectif.
Notre deuxième objectif est de faire en sorte que, dans la mesure
du possible, on favorise, pour des fins de motivation du personnel ou de
qualité de la gestion qui peut en découler, d'efficacité,
d'efficience et de productivité, l'exercice d'un choix par ces
travailleurs quant à l'endroit où ils vont aller. C'est un
deuxième objectif.
Le troisième objectif, c'est de favoriser la possibilité -
compte tenu des deux premiers objectifs, toujours à l'intérieur
du réseau des affaires sociales - que les gens puissent, dans la mesure
du possible, être le plus près de chez eux et travailler
près de la communauté à laquelle ils appartiennent comme
citoyens. Je dois dire que ce n'est que le troisième objectif et
parfois, il est plus difficilement réalisable, sauf que, dans le cas de
Laval, il faut bien voir qu'il y a -c'est vrai - d'autres centres d'accueil
où il y a eu des mises en disponibilité à la suite des
exercices de rigueur budgétaires auxquels ils ont été
soumis depuis deux ans. Mais il y a aussi de nombreux Lavallois que
j'appellerais des Lavallois fonciers qui travaillent dans les hôpitaux et
les centres d'accueil de Montréal, par exemple, et qui, dans certains
cas, peuvent peut-être vouloir postuler pour y aller. Cela dit, nous
avons un groupe qui s'appelle le service de placement des affaires sociales -
le SPAS - dont la fonction principale est de s'occuper de ce type de transfert
et qui doit tenir compte de cet ensemble de choses, mais en tenant compte de
l'ordre des priorités, cependant, que j'ai évoquées tout
à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en 1980, le ministre des
Affaires sociales du temps avait annoncé la construction de 20 nouveaux
centres de jour en plus des 62 qui verraient le jour à
l'intérieur de chacun des centres d'accueil actuellement en
construction. Peut-on nous dire où on en est rendu pour les centres de
jour? Cela en faisait 82. A-t-on ouvert, depuis 1980, 82 centres de jour?
M. Johnson (Anjou): De 1972 à 1982, il y en a eu 70, d'une
part.
Mme Lavoie-Roux: Je vous demande combien, depuis 1980.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais il faut mettre un peu les choses en
perspective. Il n'y en a pas eu depuis 1982 pour le motif essentiellement que,
même s'il y avait, quand je suis arrivé au ministère, une
brochure qui était prête à être publiée,
à toutes fins utiles, sur le rôle des centres de jour, j'ai
arrêté sa publication et j'ai arrêté l'ouverture des
centres de jour, afin
d'intégrer cette démarche des centres de jour dans un
ensemble qui, quant à moi, vise une approche, cohérente en
même temps que productive sur le plan budgétaire, de
réponse aux besoins des personnes âgées en termes de
services légers, de services de jour, de soutien ou de maintien des
services à domicile.
Cette politique - j'en ai déjà parlé - à
l'égard de ressources autres et légères et leur
intégration au réseau des affaires sociales ou leur collaboration
avec le réseau des affaires sociales est en voie de se terminer. Elle
implique, à moyen terme pour le Québec, des choix massifs. On
parle littéralement de centaines de millions de dollars en termes de
développement qui serait plus ou moins inévitable, si on
regardait la croissance des années antérieures et l'approche
qu'on a toujours prise en termes d'immobilisation. On parlait d'un
déplacement de l'approche des immobilisations vers des ressources de ce
type. On ne fait pas cela en y allant à la pièce, en continuant
d'augmenter les centres de jour et peut-être un hôpital de jour,
etc. Je pense que cela prend une approche assez intégrée et nous
sommes en voie de terminer ces travaux. Donc, dès que ce sera fait, on
pourra envisager... Il est très clair que, comme perspective, c'est un
instrument intéressant, mais il s'agit de situer cela dans un cadre plus
général et peut-être beaucoup plus systématique.
Mme Lavoie-Roux: Peut-on me dire, depuis que cette brochure a
été publiée en octobre 1980, combien de centres de jour
ont été ouverts?
M. Johnson (Anjou): Je rappelle que, en 1980-1981, il y en a eu
neuf.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): En 1981-1982, il y en a eu 20.
Mme Lavoie-Roux: Alors, au lieu de 82, c'est 29.
Une voix: II y en a 70...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je fais référence
à la publicité de votre ministère.
M. Johnson (Anjou): Ah! Pardon! Oui, oui. Je m'excuse. C'est quoi
déjà? Je veux voir laquelle c'est...
Mme Lavoie-Roux: Je vois qu'elle circule encore dans des...
M. Johnson (Anjou): Montrez-moi cela! Est-ce que je peux le
voir?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Vous pouvez le voir.
M. Johnson (Anjou): Merci, c'est gentil. J'ai déjà
vu cela, parce que je trouve que c'est beau, les pommes et...
Mme Lavoie-Roux: C'est de la publicité
mensongère...
M. Johnson (Anjou): On juge un arbre à ses fruits.
Mme Lavoie-Roux: ...et trompeuse du gouvernement.
M. Johnson (Anjou): Qu'y a-t-il de trompeur là-dedans? Il
n'y a rien de trompeur là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Que je vous le lise et vous verrez... Vous
trouvez que c'est la vérité, n'est-ce pas? "Construction de 20
nouveaux centres de jour en plus des 62 qui verront le jour à
l'intérieur de chacun des centres d'accueil actuellement en
construction."
M. Johnson (Anjou): Pourriez-vous répéter?
Mme Lavoie-Roux: "Construction de 20 nouveaux centres de jour en
plus des 62 qui verront le jour à l'intérieur de chacun des
centres d'accueil actuellement en construction." Cela voulait dire qu'il y
aurait, si j'ai bien additionné, 82 centres de jour.
M. Johnson (Anjou): II y en a un total en ce moment de 70.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Et vous me dites que...
M. Johnson (Anjou): C'est une réponse à 80%. C'est
pas mal. Si on peut "scorer" de même tout le temps, on va être
bon.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes aussi bon que votre
prédécesseur. Il annonçait cela. Vous parlez de ceux qui
sont en activité depuis 1972 et moi, depuis 1980.
M. Johnson (Anjou): Ah! Depuis 1980.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Alors, il y en a 29.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela que vous appelez la
vérité? C'est cela, la vérité?
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, on a choisi... Parce que
le Québec a changé depuis quelques années. Je peux
peut-être
rappeler des choses qu'on a tendance à oublier depuis un certain
nombre de semaines. Il y a une crise et elle se manifeste aussi dans les
budgets de l'État. Elle implique aussi qu'on réfléchisse
sur la façon de donner aux citoyens les services qu'on souhaite voir
répondre à leurs besoins, mais à même les ressources
qu'on a. Cela nous a amenés à prendre une décision. Je ne
sais pas quand cela a été publié...
Mme Lavoie-Roux: Octobre 1980.
M. Johnson (Anjou): Octobre 1980. Mon Dieu Seigneur! Deux ans
après. Le taux d'intérêt, au mois d'octobre 1980,
était encore en bas de 15%. C'est dans les mois qui ont suivi qu'il y a
eu une crise économique d'assez grande importance, qu'il y a eu des
effets qui ont été soulignés par l'Opposition, je pense,
à l'occasion et qui ont amené aussi l'État à
réfléchir et à remettre en question certaines de ses
façons de procéder, y compris dans le secteur des affaires
sociales. C'est pour cela que, de ce temps-ci, ce n'est pas un concours de
popularité. Néanmoins, je suis convaincu que, à cause des
phénomènes démographiques au Québec et de la
nécessité de réévaluer ce qu'on va faire à
l'égard des personnes âgées, il faut amorcer, au
début des années quatre-vingt, ce qui va nous permettre de faire
face à des besoins qui vont être énormes au tournant de la
décennie.
Vous évoquiez déjà tout à l'heure qu'au
début des années quatre-vingt-dix, Montréal
connaîtra une concentration absolument phénomale de personnes
âgées; c'est vrai. Pour ces fins, quand je suis arrivé au
ministère des Affaires sociales, j'ai fait en sorte qu'un groupe qui
était déjà au travail sous mon collègue, mais plus
peut-être dans une approche de prospective, devienne carrément un
groupe de travail en termes de définition de politiques et de gestes
à poser dans les deux ou trois prochaines années au
ministère des Affaires sociales, en termes des choix qu'on fera entre
les immobilisations et les services plus légers, l'intégration de
l'ensemble de ces ressources dites légères, la présence
des différentes facettes du réseau des affaires sociales,
notamment la question de l'hébergement et des soins prolongés.
À cet égard, d'ici quelque temps, un haut fonctionnaire sera
mandaté, en plus des comités qui existent, pour me
présenter le plan de mise en oeuvre de cette appproche. C'est une chose
qui progresse à grands pas, mais qui implique, d'une part, une
réflexion qui n'est pas sur un coin de table et aussi une série
de décisions qui ne sont pas très populaires.
M. French: M. le Président, je suis convaincu par contre
que le ministre va retirer les dépliants de la circulation dans la
mesure du possible, puisque les circonstances ont tellement changé.
M. Johnson (Anjou): II doit dire autre chose, ce
dépliant-là.
Mme Lavoie-Roux: ...on parle des centres d'accueil; si vous
voulez que je vous parle du reste, je peux en parler: On dit que la
majorité des CLSC sont ouverts sept jours par semaine et à temps
plein. C'est en 1980.
M. Johnson (Anjou): On dit qu'il y a eu un remboursement de
l'impôt foncier pour les propriétaires et locataires. C'est
vrai.
Mme Lavoie-Roux: C'était une décision du
gouvernement d'avant.
M. Johnson (Anjou): Une gratuité des médicaments
prescrits par un médecin ou un dentiste sur présentation de la
carte d'assurance-maladie pour les personnes âgées, c'est vrai.
Gratuité du transport ambulancier, c'est vrai. Modifications au
Régime de rentes du Québec afin de permettre aux personnes
âgées de continuer à travailler tout en touchant la pleine
pension du gouvernement du Québec, c'est vrai. Et il y aura même
d'autres choses en ce sens. Construction de 20 nouveaux centres de jour en plus
des 62 qui verront le jour à l'intérieur de chacun des centres
d'accueil actuellement en construction, c'est un fait, mais c'est
présenté comme des choses pour l'avenir et on a vu pourquoi elles
ne se réalisaient pas. Vigoureux programmes d'aide visant à
assurer le maintien des soins à domicile pour les personnes qui ne
peuvent, seules ou avec l'aide de leur entourage, combler leurs besoins les
plus élémentaires, comme lavage, préparation de repas.
C'est une illustration, finalement, de ce qu'on appelle les services de
maintien à domicile. C'est vrai que nous avons progressé, et
regardez-nous bien aller, dans les mois qui viennent. La majorité des
centres locaux de services communautaires et plusieurs cliniques
médicales privées offrent, jour et nuit...
Mme Lavoie-Roux: Sept jours par semaine, que j'ai vu hier
soir.
M. Johnson (Anjou): ...et sept jours par semaine, des services
d'urgence de soins médicaux.
Mme Lavoie-Roux: C'était en 1980.
M. Johnson (Anjou): En 1980, plus: 1400 professionnels de la
santé, répartis partout au Québec, assurent des services
à travers le réseau des affaires sociales. Voilà un
excellent moyen d'être reçu rapidement par un professionnel de la
santé. Il y a une nuance de taille dans le cas des CLSC. Il y
a peut-être le mot "et"; il y a une erreur de frappe "ou la nuit".
Quant à l'hébergement, depuis 1976, il s'est créé
en moyenne, annuellement, 1231 nouvelles places d'hébergement en centres
d'accueil. Regardez si on a été gentils; on a dit, à part
cela, ce que vous aviez fait de 1973 à 1976, vous en aviez fait 46.
Mme Lavoie-Roux: C'est un mensonge également. En tout cas,
on ne reviendra pas sur cela.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Vous publierez un dépliant.
Environ 80% des besoins sont actuellement comblés.
Mme Lavoie-Roux: Ce que c'est beau!
M. Johnson (Anjou): Les services sont offerts prioritairement aux
personnes qui ont des problèmes aigus de santé physique ou
mentale, c'est un fait. C'est le phénomène des "A3", "A4", ces
personnes dont les services à domicile ne répondent plus à
leurs besoins et qui doivent être hébergées en familles
d'accueil ou en pavillons en centres d'accueil ou en centres hospitaliers
à soins prolongés.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'il y en a 3000 qui sont en besoins aigus
et qui sont encore chez eux ou dans des conditions terribles.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Les choses s'améliorent,
cela va beaucoup mieux que ça allait.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez publié en 1980, vous avez
pris de l'avance.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, c'est parce qu'on faisait
confiance à la capacité de l'État de prendre de l'avance
et effectivement c'est arrivé. Ceci dit, si je regarde tout cela
globalement, l'ensemble de ces réalisations remarquables depuis 1976
nous amène à considérer qu'effectivement, il y a
peut-être une ou deux imprécisions dont une nuance de taille, non
une imprécision, parce que c'était au futur, les nouveaux centres
de jour. Ce n'est pas arrivé pour une partie d'entre eux, pour les
raisons que j'ai évoquées tout à l'heure. La vraie
question qui se pose, c'est: Combien va-t-on mettre de milliers de dollars pour
se promener partout pour tirer les dépliants? (11 heures)
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous pouvez simplement envoyer une
lettre. Cela circule dans les CRSSS, cela circule dans les CLSC.
M. Johnson (Anjou): Oui?
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez qu'à envoyer une lettre, cela
ne vous coûtera même pas 3000 $ pour faire cela. Vous n'avez pas
besoin d'envoyer d'émissaire du tout.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Dans le fond, ce qu'on pourrait
faire, c'est de le remplacer par un autre qui fait un nouveau bilan, parce
qu'il y a des choses qui se sont améliorées depuis ce temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui, qui serait exact. Je n'ai pas
d'objection.
M. Johnson (Anjou): Oui? Ah bon! Excellent.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez sûrement des copies. Vous
pouvez me laisser ma seule copie.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
M. Beauséjour: ...la circulation.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais...
M. French: ...la circulation chez nous.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il faut bien se rappeler, c'est que ceci
était sorti... on prévoyait des élections à
l'automne 1980...
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas eu d'élection à
l'automne 1980.
Mme Lavoie-Roux: Non, elles ont été remises parce
que les sondages étaient mauvais, vous le savez fort bien.
C'était la préparation aux élections. Cela avait
coûté tout près de 500 000 $ à l'État en
publicité, à même les fonds des contribuables. Cela avait
été envoyé à tous les gens juste avant les
élections, pour annoncer la tournée du ministre du temps.
M. Johnson (Anjou): Construction de 20 nouveaux centres de jour.
C'est vrai qu'ils ont été construits, mais ils n'ont pas de
budget de fonctionnement. Les espaces sont là physiquement.
Mme Lavoie-Roux: C'est fort utile. C'est comme quand, à
Maïmonides, les lits ont été fermés pendant quatre
ans. Cela rend beaucoup service aux gens.
M. Johnson (Anjou): Je vous dis simplement, si on veut être
précis, qu'il y a des espaces, sauf qu'il y a une décision
administrative qui implique pas seulement le ministère des Affaires
sociales, mais d'autres ministères aussi, y compris le Conseil du
trésor et une orientation qu'on doit prendre quant à
l'utilisation de ces ressources. Les
espaces sont là et, à un moment donné, ils vont
sans doute servir.
M. French: Probablement avant les prochaines
élections.
Mme Lavoie-Roux: Oui, avant les prochaines élections.
M. Johnson (Anjou): Mon Dieu, que vous êtes cyniques!
Mme Lavoie-Roux: Vous, cela ne vous connaît pas.
J'espère encore avoir la liste pour que je puisse faire la comparaison.
Je reviendrai vu que je ne l'ai pas. Concernant le foyer Notre-Dame-du-Rosaire,
Sainte-Anne-de-Bellevue, le DSC Montréal Général, le
comté de Dorion, il y avait des prévisions pour ces centres
d'accueil. Pour Youville et Forestville, je pense que vous avez donné la
réponse tantôt, si je ne m'abuse.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Pour Notre-Dame-du-Rosaire, on
est à la recherche de terrains.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait longtemps qu'il est sur la liste.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai. On a relocalisé les
personnes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de Sainte-Anne-de-Bellevue, de
Dorion, de Sorel et de celui dans le DSC Montréal Général,
pour le moment, c'est gelé. Cela représente 320 sur un total de
1762. Pour les autres, encore une fois, il y a différentes
démarches qui sont en train de se faire. Je sais qu'on a trouvé
le terrain pour Joseph Triest, qui va être reconstruit. C'est celui qui
est sur le bord du port de Montréal à côté de Cast
et les autres.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me remetttez la liste, j'y
reviendrai.
M. French: Je voudrais tout simplement dire que c'est exactement
le genre de documentation qu'il serait valable d'avoir avant la commission.
Mme Lavoie-Roux: À chaque année, je suis
obligée de la demander. Cela m'arrive.
M. French: C'est absurde.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait quatre ans que je vous le demande,
chaque fois. Je suis sûre que mon prédécesseur le demandait
aussi.
M. Johnson (Anjou): Oui, je m'en souviens.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Saint-Laurent. Le
ministre pourrait-il nous dire ceci également. Il y a un budget de
développement de 28 000 000 $ pour les centres hospitaliers et les
centres d'accueil.
Centres hospitaliers et centres d'accueil
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il nous donner la ventilation
pour...
M. Johnson (Anjou): Oui, il y a sûrement une partie de cela
qui peut vous être donnée. C'est ce qu'on appelle le
développement obligatoire. Dans le cas des centres d'accueil, c'est la
Pinière, Armand-Lavergne, Sainte-Trinité et Pavillon d'Youville.
Je m'excuse, je répète. C'est la Pinière, Laval...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Armand-Lavergne qui est à
Montréal; sur la rive sud de Montréal, le CA
Sainte-Trinité qui compte un ajout d'une dizaine de lits.
Mme Lavoie-Roux: Ici, je vois la Pinière, Armand-Lavergne,
Sainte-Trinité...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Le Pavillon d'Youville dans le nord-ouest.
M. Johnson (Anjou): Exactement.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour les centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Quant aux centres d'accueil pour les jeunes,
est-ce qu'il y a du développement?
M. Johnson (Anjou): Réadaptation? Quant à la
réadaptation pour les jeunes socio-affectifs sur la rive sud de
Montréal, en ce moment, on a à l'étude cinq emplacements
possibles. Ce qu'on veut faire, dans la mesure du possible, c'est d'utiliser la
ressource qui va répondre aux besoins de base de la rive sud à la
fois en termes d'emplacement géographique comme de capacité de
recevoir, mais on a des études qui présupposent qu'on pense dans
trois cas à des immeubles déjà existants qui pourraient
peut-être être transformés.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre si c'est envisagé pour remplacer Weredale, dans mon
comté ou si j'ai perdu trace totalement? Je ne sais pas.
M. Johnson (Anjou): C'est une addition. M. French:
Weredale va rester.
M. Johnson (Anjou): C'est ce qu'on me dit...
M. French: Weredale se ferme.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'un établissement qui
existe à Saint-Bruno. Celui-là est réaménagé
dans des édifices existants à Montréal, un projet
concernant l'acquisition et le réaménagement d'une école.
C'est en cours de discussion avec le CRSSS Horizon-Jeunesse et Shawbridge.
M. French: Saint-Bruno se ferme.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. French: Weredale se ferme.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend à quoi on se
réfère à...
M. French: Je veux dire l'emplacement dans mon comté.
M. Johnson (Anjou): II y a la dimension sécuritaire. Il y
a une petite unité pour le sécuritaire qui va être
réaménagée ailleurs. C'est cela qui est en discussion
actuellement avec le conseil régional, Shawbride et
Horizon-Jeunesse.
M. French: Est-ce qu'on a là un mélange
d'anglophones et de francophones dans la même institution?
M. Johnson (Anjou): Cela a été réglé.
Cela reste sous la responsabilité de Shawbridge.
M. French: Shawbridge va toujours administrer, mais l'institution
qui est en cause ici, l'acquisition et le réaménagement d'une
école va être uniquement...
M. Johnson (Anjou): Pour les anglophones.
M. French: À quelle étape en est-on rendu?
Saint-Bruno est toujours ouvert, mais on s'apprête à le fermer
dès que les arrangements institutionnels pour l'acquisition d'une
école et l'aménagement à Montréal seront faits.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Dès que les
disponibilités à Montréal vont exister, vont être
organisées, c'est uniquement à partir de ce moment que
Saint-Bruno va fermer ses portes.
M. French: Les fonds sont-ils déjà disponibles ou
s'il s'agit également de revenir au Conseil du trésor pour avoir
l'approbation?
M. Johnson (Anjou): Parmi les priorités acceptées
par M. Johnson, on note l'aménagement d'une école. Cela ne
devrait pas poser de problème sur le plan financier puisque le principe
est déjà acquis qu'il aurait fallu investir au-delà d'un
million à Saint-Bruno. La proposition qui est en discussion actuellement
est beaucoup moins coûteuse.
M. French: Est-ce que vous avez une idée à savoir
où est l'école en question?
M. Johnson (Anjou): Je pense que c'est dans le West-Island
près de Dorval.
M. French: Merci beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les budgets de
développement sont d'environ 28 000 000 $. La partie qui va aux centres
d'accueil est d'environ 4 800 000 $. Aux centres de réadaptation, il n'y
a absolument rien de prévu, en tout cas, d'après le livre des
crédits. Là, on parle de construction.
M. Johnson (Anjou): Ce sont des immobilisations par voie
d'obligations, alors ce n'est pas dans les crédits.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dans les crédits.
M. Johnson (Anjou): Dans la mesure où il s'agit
d'immobilisation, cela se finance par voie obligataire.
Mme Lavoie-Roux: II faut que vous retourniez devant le Conseil du
trésor pour toutes ces choses.
M. Johnson (Anjou): Pour les immobilisations, oui,
effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils sont prévus dans les
immobilisations générales?
M. Johnson (Anjou): C'est à ce moment à
l'étude avec le Conseil du trésor.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Alors, il n'y a pas de réponse en ce
moment.
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas de réponse. J'ai
approuvé, récemment, la liste
de certaines priorités. C'est en discussion avec le Conseil du
trésor.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, pour éviter de revenir
là-dessus, je sais bien qu'on fait une digression, mais comme mon
collègue l'a fait sur... Ils sont passés tout à l'heure.
Je voudrais tout simplement attirer l'attention du ministre, dans le dernier
rapport du Comité de la protection de la jeunesse, sur les enfants
hébergés hors de leur famille. Dans la région du
Richelieu, on dit que l'utilisation des camps d'été a
remplacé le motel comme mesure de dépannage pour adolescents. Des
enfants trimbalés vécurent ainsi un long pèlerinage qui
les fit passer tour à tour au camp No-tre-Dame-de-Joliette, du camp
Sacré-Coeur, de Contrecoeur, à la base militaire de Saint-Hubert
pour finir à la base militaire de Longue Pointe avant d'atteindre leur
destination finale, le centre d'accueil Cité des Prairies. Tous les
enfants ne se voient pas imposer un aussi grand nombre de déplacements,
Dieu merci! Mais on peut regretter qu'ils soient placés dans des centres
éloignés de leur milieu familial et social durant de longues
périodes. Dans la région Laurentides-Lanaudière, le
problème se pose avec moins d'acuité. Il n'en demeure pas moins
qu'on a dû utiliser des motels à deux reprises pour absorber un
surplus occasionel de jeunes. Dans une autre région, celle de
l'Outaouais, plus de 30 adolescents doivent s'exiler dans des centres d'accueil
de Montréal et du nord-ouest. Il y a d'ailleurs eu un autre rapport qui
est, je pense, de l'Association des centres de services sociaux ou de
l'Association des centres d'accueil et que je n'ai pas devant moi et dans
lequel on fait référence à ces enfants qui sont
trimbalés d'un endroit à l'autre, qui partent de l'Outaouais et
qui s'en vont dans les Cantons de l'Est et ainsi de suite. Même si ces
centres d'accueil mettent à la disposition des jeunes de l'Outaouais des
services de qualité, il n'en demeure pas moins que la réinsertion
sociale de ces jeunes pose de sérieux problèmes. En
Gaspésie, on ne dispose d'aucune ressource d'hébergement pour les
filles. Durant la période touchée par ce rapport, on ne disposait
pas encore de places en centres de sécurité pour garçons.
Les ressources pour anglophones, dans la région de Montréal, de
jeunes anglophones...
Une voix: On vient de...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela fait longtemps qu'ils disent
qu'ils sont pour régler cela. C'est la première fois que tu viens
ici. Je t'assure que ce n'est pas la première fois qu'on en parle et,
à chaque fois, on entend la même chanson. C'est pour cela que je
le lis.
M. Johnson (Anjou): J'ai deux bonnes nouvelles là-dessus.
Je vous écoute.
Mme Lavoie-Roux: Je vais écouter vos bonnes nouvelles pour
ne pas lire pour rien.
M. Johnson (Anjou): D'abord, on a l'accord de principe du Conseil
du trésor pour une ressource sur la rive sud de Montréal. Le
problème, c'est seulement le choix de l'emplacement.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait longtemps qu'on le cherche.
M. Johnson (Anjou): Oui, je le sais. Ce qu'on veut, c'est
s'arranger pour que la ressource... C'est évident, idéalement, on
en construit un neuf et cela coûte quelque 5 000 000 $. On essaie de voir
s'il n'y a pas une solution...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): ...qui nous permettrait de dépenser un
peu moins à partir du genre de considérations auxquelles vous
faisiez référence pour le CLSC d'Asbestos.
Deuxièmement, nous avons...
Mme Lavoie-Roux: C'est une admission fort
intéressante.
M. Johnson (Anjou): Non, pas dans le cas d'Asbestos, c'est
l'univers de références, c'est l'utilisation de solutions de
rechange. Ce n'est pas nécessairement le cas d'Asbestos...
Mme Lavoie-Roux: Non, non... M. Johnson (Anjou): ...en
principe.
Mme Lavoie-Roux: ...je parle du CLSC d'Asbestos. Je ne parle pas
de la ville d'Asbestos.
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, dans le cas de la
région de l'Outaouais, que vous évoquiez, nous avons des budgets
de fonctionnement et nous sommes, en ce moment, en pourparler au niveau de la
section des immobilisations avec, je pense, une commission scolaire - c'est
cela, une ancienne école possiblement - pour voir si on ne pourrait pas
utiliser des locaux qu'on pourrait réaménager. Du
côté de l'Outaouais comme du côté de la rive sud de
Montréal, on pense qu'avec... D'une part, on a un accord de principe
pour l'immobilisation et, d'autre part, on a le budget de fonctionnement,
disponible pour un autre. Il restera à trouver cette école, dans
le cas de l'Outaouais. Je pense que cela devrait atténuer de
façon considérable ces difficultés
dont on parlait.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je vais finir ma lecture parce que vos
bonnes nouvelles n'ont pas couvert ce paragraphe. Dans la région de
Montréal, de jeunes anglophones se voient placés sur une liste
d'attente de deux à six mois avant d'accéder à une
ressource de réadaptation. Cela entraîne la multiplication de
lieux de dépannage de 24 heures pour des périodes allant de trois
à six semaines. Ces établissements pour stage de courte
durée sont forcés à improviser au pied levé des
programmes de réadaptation inadéquats, surtout quand on
considère leur état d'engorgement. Alors...
M. Johnson (Anjou): C'est ce qu'on évoquait tout à
l'heure, à la suite de la question du député de Westmount,
c'est l'école Dorval-Garden, je pense, qui pourrait être la
ressource. Dans le fond, vous voyez qu'on a déjà des marrons dans
le feu sur ces trois choses.
Mme Lavoie-Roux: Vous en aviez des marrons dans le feu ici
aussi.
M. Johnson (Anjou): Non, ils étaient verts à cette
époque-là, les marrons. (11 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Non, il y en avait qui étaient rouges;
c'étaient les pommes.
M. Johnson (Anjou): Elles étaient dans les airs, à
part cela, les rouges.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela confirme bien.
Je voudrais aborder le problème des disponibilités de
ressources en personnel. Ah non! Je vais terminer sur les centres d'accueil,
quant à leur réaménagement. On sait qu'il y a des centres
d'accueil qui ne sont pas fonctionnels, compte tenu de l'alourdissement des
clientèles et, maintenant, les gens s'entendent pour dire qu'une partie
de la clientèle des centres d'accueil est analogue à celle des
hôpitaux de soins prolongés. Quels sont vos plans de
réaménagement de ces centres d'accueil? Je sais, par exemple,
que, dans mon comté - je prends celui-là parce que je le connais
- au Foyer Saint-Laurent, on a prévu de l'argent pour le
réaménager, mais il semble que le processus soit très lent
et que, finalement, cela paralyse presque le fonctionnement de ce centre
d'accueil. Je voudrais savoir quel est votre plan général de
réaménagement des centres d'accueil et votre ordre de
priorité pour les réaménager pour répondre aux
besoins de la population. C'est ma première question, et la
deuxième touchera les ressources en personnel des centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Par rapport aux rénovations du Foyer
Saint-Laurent, en particulier, il fait partie du plan triennal, mai6 il n'a pas
été mis en priorité par le conseil régional pour
1983-1984 en termes de rénovations. On se pose encore la question:
Est-ce que, en termes de vocation de l'établissement, on l'orientera
vers une vocation d'hébergement de clientèle "lourde" ou si, en
termes d'aménagement des ressources des vocations, on conservera la
vocation de Saint-Laurent pour une clientèle plus légère?
Devant le choix qui sera fait, il y aura rénovation, bien sûr, si
la solution de l'hébergement des clientèles plus lourdes est
retenue, et il sera remis en priorité pour rénovation, à
la suite de cette recommandation du conseil régional.
Mme Lavoie-Roux: Comment se fait-il que, à toutes fins
utiles, il avait été reconnu comme... Je n'avais même pas
l'intention d'apporter ce cas, mais il m'est plus familier. Enfin, on a
paralysé un peu le fonctionnement du foyer puisqu'on ne reçoit
plus maintenant que pour du dépannage - ce qui rend fort service,
remarquez bien - les nouveaux cas, mais on ne prend pas de cas en permanence en
attendant la rénovation. Vous me dites que ce n'est pas pour le budget
de 1983-1984. Est-ce qu'on pourrait avoir copie de votre plan triennal de
rénovation?
M. Johnson (Anjou): Non, il n'est pas approuvé encore.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas approuvé.
M. Johnson (Anjou): Bien non. Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Johnson (Anjou): Quand il sera approuvé, je pense bien
qu'on pourra le faire connaître.
Mme Lavoie-Roux: ...le rendre public. D'accord.
Du point de vue des ressources humaines, j'avais fait allusion, l'an
dernier, au fait que, dans les centres d'accueil pour les personnes
âgées, il y avait un manque de ressources en soins infirmiers. Je
n'avais même pas parlé des ressources de réadaptation qu'on
devrait normalement trouver aussi dans tous nos centres d'hébergement
pour personnes âgées. Vous avez du personnel en
disponibilité, au moins 1200, je pense - on m'a même parlé
de 1500 - je ne sais pas si cela a été résorbé.
Est-ce que le ministre a l'intention - il ne s'agit pas d'un ratio - de changer
un peu les normes de fonctionnement au point de vue du personnel infirmier et
du personnel de physiothérapie, d'ergothérapie, de services
sociaux ou autres, mais particulièrement en physiothérapie
et en ergothérapie?
M. Johnson (Anjou): II y a deux choses. D'abord, le personnel en
disponibilité au SPAS, selon les derniers chiffres: 1335. Soit dit en
passant, dans la mesure où la Fédération des affaires
sociales du Québec ne fait pas comme les douze ou treize autres
syndicats et ne signe pas, elle se verra appliquer, par définition, les
décrets. C'est ce que la loi dit. Je ne suis pas sûr qu'on sera
tenu à ce plafond dans les circonstances. Il y a cependant, dans ce
personnel, une très forte majorité de personnes - je pense que
c'est près de 80% du temps qui est passé quand même
à faire du remplacement - avec une assignation qui, sans être dans
un contexte idéal de productivité et d'assignation
précise, sont quand même des ressources qui sont utilisées.
Ce ne sont pas des gens qui sont chez eux à ne rien faire.
Deuxièmement, à l'égard des centres d'accueil
précisément, dans la mesure où on a du personnel
infirmier, dans certains cas, qui est en disponibilité, à la
suite de ce qui s'est fait dans certains hôpitaux, il y en a qui vont
dans les centres d'accueil.
Troisièment, quant à...
Mme Lavoie-Roux: Qui vont dans les nouveaux centres
d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Oui, dans les nouveaux centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Je vous parle de ceux qui fonctionnent et qui
manquent de personnel.
M. Johnson (Anjou): Oui. Il y a deux choses: une plus
immédiate et une qui est un peu plus à moyen terme, dans le cadre
de ce que j'évoquais tout à l'heure, à l'égard des
ressources, à l'égard des personnes âgées. À
court terme, dans cet exercice budgétaire, nous avons, par des
compressions relativement minimales pour chacune des régions,
dégagé une marge de manoeuvre pour le ministère, comme une
marge de manoeuvre pour les conseils régionaux. Dans la marge de
manoeuvre qu'on a dégagée pour le ministère, on a fait sur
une base régionale une réallocation de ressources à
l'intérieur d'une même région et parfois en faisant des
transferts de programmes de santé vers des programmes de services
sociaux, donc vers les centres d'accueil dans certains cas.
Deuxièmement, quant aux conseils régionaux, il y aura une
masse d'environ 7 600 000 $, je crois, qui sera réaffectée par
les conseils régionaux, région par région.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce de l'argent supplémentaire, de
l'argent neuf?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que ce sera de l'argent
disponible beaucoup plus par transfert, encore une fois, des programmes de
santé vers des programmes de services sociaux dans certains cas. C'est 6
800 000 $, non pas 7 600 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Qui vont venir des hôpitaux et qui vont
aller vers les centres d'accueil?
M. Johnson (Anjou): Pas nécessairement. Cela dépend
des endroits. Globalement, il y a 6 800 000 $ qui vont faire l'objet de
réallocation sur le plan de chacune des régions par les conseils
régionaux, ce qui veut dire, en pratique... Donc, à
l'intérieur de ces 6 800 000 $, il va y avoir un certain montant de plus
à l'intérieur de la marge du ministère pour donner
l'allocation interégionale. Il y aura au-delà de 2 000 000 $ qui
vont être réaffectés vers les centres d'accueil. C'est donc
pour répondre à ce qui est ressenti comme un sous-financement
relatif de certains centres d'accueil à l'égard de la lourdeur
des clientèles qui sont impliquées. Je présume que, dans
certains cas, cela peut vouloir dire ergothérapeute ou
physiothérapeute ou des choses comme cela qui sont rendues disponibles.
Je n'ai pas les détails ici. C'est la perspective. On a donc des
instruments dans l'année en cours pour commencer des transferts de
ressources vers les centres d'accueil.
D'autre part, depuis l'an dernier, il y a un processus assez
systématique de révision des bases budgétaires de chacun
des établissements par région, pour essayer de mieux
équilibrer les ressources, mais, cette fois, sur une base de vision
régionale des besoins auxquels il faut répondre plutôt que
par une norme nationale seulement qui s'applique horizontalement. Selon qu'il
s'agit de santé et de services sociaux, on essaie de faire une analyse
régionale.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je comprends, c'est que vous avez 6 800
000 $ qui, au plan régional, vont être
réalloués...
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Dont une partie ira vers les
centres d'accueil, une autre vers les CLSC et une autre, dans certains cas,
vers la santé, le curatif...
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est environ 2 000 000 $ qui iraient vers
les centres d'accueil...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...pour l'ensemble des centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Pour les centres
d'accueil d'hébergement seulement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas considérable.
Combien avez-vous de centres d'accueil?
M. Johnson (Anjou): Nous en avons 258.
Mme Lavoie-Roux: 258. Ils vont avoir 2 800 000 $...
M. Johnson (Anjou): On en a ouvert 13 depuis tout à
l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit 258. M. Johnson (Anjou):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Cela peut apporter, j'imagine, un petit
soulagement, mais on est encore loin du compte si on s'en rapporte à
l'étude qui a été faite par votre ministère.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela sera applicable en 1983-1984.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est l'amorce de quelque chose
d'assez important.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Cela veut dire que cela peut apporter,
j'imagine, dans la région de Montréal, par exemple... Je suis
sûre que c'est pareil ailleurs. Les centres d'accueil ou les
hôpitaux de soins prolongés diront: Écoutez, on voudrait
avoir une physiothérapeute. Le CRSSS répondra: Parfait! Mais il
n'y a pas d'argent. J'insiste beaucoup sur la dimension de la
réadaptation et le maintien de l'autonomie des gens. Vous êtes
chanceux, je ne peux faire de comparaison avec ailleurs, mais je sais qu'en
Ontario, là où il y en a, il y en a beaucoup plus, ils sont
beaucoup mieux équipés dans certains de leurs centres, au point
de vue de la réadaptation.
M. Johnson (Anjou): Ils en ont cependant moins. Ils ont
beaucoup de ce qu'on appelle les "nursing homes"...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): ...beaucoup de HLM.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, tout le problème a
été abordé...
M. Johnson (Anjou): L'approche ontarienne est très
différente de la nôtre.
Mme Lavoie-Roux: Probablement aussi à cause d'une question
culturelle qui entre en ligne de compte. C'est pour cela que je ne veux pas
faire de comparaison. Mais il faut se promener dans nos centres d'accueil,
même publics, je pense que le personnel de nursing s'y dévoue
beaucoup et fait un excellent travail, mais, quand vous voyez les conditions de
vie.. C'est une mauvaise expression...
M. Johnson (Anjou): ...la qualité...
Mme Lavoie-Roux: On se réfère ordinairement aux
conditions de vie physique, si c'est propre ou si on mange bien ou quelque
chose comme cela. Mais on y voit...
M. Johnson (Anjou): ...la qualité...
Mme Lavoie-Roux: ...l'inactivité et la passivité
des gens qui sont là, c'est incroyable. Vous êtes là, vous
regardez la télévision - si votre vue est assez bonne -vous vous
rendez manger et on vous fait jouer au bingo. Dans bien des cas, les
activités se réduisent à cela et l'autonomie des gens
diminue. Finalement, on se berce en attendant de mourir. Cela semble un peu
cruel de dire cela, mais, malheureusement, il faut visiter des centres
d'accueil pour bien réaliser que c'est ce qui se passe. À moins
que vous n'ayez un peu plus d'investissement du côté de
l'ergothérapie, de la physiothérapie. Je voyais, en Ontario, un
centre de réadaptation où les possiblités d'exercice
physique ne sont pas uniquement dans ce qu'on appelle le service de
physiothérapie. Vous avez de l'équipement qui permet aux gens,
même sur leur étage ou dans leur quartier, de faire de
l'activité physique sans être toujours obligés... C'est
simplement dans les plans de construction que ce genre de choses sont
prévues. C'est probablement moins coûteux que lorsque nous sommes
toujours obligés d'ajouter cela plus tard. Je pense qu'on n'a pas de
démonstration à faire de cela. J'insiste beaucoup sur ce point,
parce qu'à cet égard, on marginalise nos personnes
âgées d'une façon terrible et inutile.
M. Johnson (Anjou): Là-dessus, je partage, pour en avoir
visité plusieurs depuis deux ans, en partie la perception de la
députée de L'Acadie. Il y a des endroits où,
effectivement, c'est assez désolant de voir que, finalement, la vie
passe en attendant la mort plus qu'autre chose. Il y a aussi à certains
endroits des choses remarquables.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): II y a, à cause du personnel, de la
direction, de l'atmosphère qui y règne, un effort
considérable pour animer le milieu, pour tenir les gens le plus
éveillés possible par des activités physiques.
La présence de plus en plus importante des organismes
bénévoles en milieu de centres d'accueil, quant à moi, me
frappe. J'ai même vu l'évolution - cela m'a frappé, en
l'espace de deux ans - dans une trentaine de centres d'accueil que j'ai
visités, j'ai déjà vu beaucoup de changements. Je pense,
par exemple, à l'association des auxiliaires hospitaliers ou
hospitalières du Québec qui, depuis un an, a dix centres
d'accueil dans lesquels elle est maintenant présente et je pense que
cela ira en croissant. Je pense à une expérience que j'ai vue
dans mon propre comté, au centre d'accueil Judith-Jasmin, où il y
a plus ou moins spontanément des gens qui se présentent et qui
viennent non pas adopter une personne seule, mais qui s'engagent à une
sorte de parrainage auprès de personnes âgées seules en
particulier. Finalement, je dois dire que, depuis cinq ans, tous les plans des
nouveaux centres d'accueil prévoient maintenant des espaces sur les
étages et de l'équipement pour les fins du type d'activité
que la députée de L'Acadie décrivait tout à
l'heure. Alors, je dois dire que, si c'est vrai que cela peut être une
façon de présenter une bonne partie de la réalité,
il y a aussi des choses assez remarquables qui se font depuis un certain temps.
(11 h 30)
Mme Lavoie-Roux: J'espère, parce que, quand même, on
investit joliment là-dedans...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste qu'au niveau de la
réhabilitation physique, si on veut l'appeler ainsi, ou la
réadaptation physique, c'est pauvre dans les institutions.
M. Johnson (Anjou): II y a peut-être une nuance qui, pour
moi, n'est pas une nuance ordinaire. Je pense que c'est une
responsabilité de tout le personnel dans un centre d'accueil. Ce n'est
pas seulement une responsabilité des gens dont le titre de la profession
finit en "eute" ou en "ogue". Quand on travaille dans un centre d'accueil, et
c'est ce que j'ai vu à quelques endroits, je pense à celui -
est-ce Robert-Cliche? - ou dans le comté de Mercier...
Mme Lavoie-Roux: Vous aviez vu la Pieta...
Une voix: De Lorimier.
M. Johnson (Anjou): ...de Lorimier, où j'ai
été frappé de voir l'implication du personnel infirmier,
des préposés aux malades ou même du personnel des cuisines
auprès des personnes qui sont là. C'est une chose. C'est encore -
je ne dirai pas que c'est ce que véhiculait la députée de
L'Acadie - ce que véhiculent bien des gens, cette maudite manie de dire:
Bon, dans le fond, l'organisation du bien-être des personnes sur le plan
psychologique, sur le plan de ce qu'on considère être une vie de
gens autonomes, on a des spécialistes pour cela. Ils ont trois ans
d'université. Ils ont un titre, une corporation à titre
réservé et des conditions de travail de 200 pages. Ce n'est pas
comme cela, la vie. Je comprends que cela a marché ainsi au
Québec pendant 20 ans, mais je pense que cela va changer.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais je pense que le ministre admettra
quand même qu'il ne s'agira pas de développer un ratio de
physiothérapeutes selon le nombre de personnes dans un centre de
réadaptation.
M. Johnson (Anjou): Mais, cela dit, il en manque quand
même.
Mme Lavoie-Roux: II en manque. Et je pense que...
M. Johnson (Anjou): Bon! Voilà: Parfait!
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas à moi d'établir le
ratio, si vous voulez, mais, si quelqu'un pouvait faire de l'animation
auprès des autres, pouvait faire ce type d'animation auprès des
infirmières et auprès d'autres personnes, je pense que tout le
monde y gagnerait. Il ne s'agit pas de transformer nos...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...en tout cas. Une dernière question
là-dessus. Je ne l'ai pas abordée hier parce qu'on y allait assez
rapidement; c'est la question des foyers clandestins...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...qui revient. Cela aurait peut-être pu
être avec les familles d'accueil, mais... En 1982, vous disiez, M. le
ministre, qu'on avait découvert 171 ressources illicites dont 134
étaient en bon état et 34 devaient être fermées. En
novembre, on reprenait des renseignements auprès de votre
ministère et, à ce moment-là, il y avait 228 ressources
illicites dont 98 étaient en bon état, 68 devaient être
légèrement modifiées et 46 devaient être
fermées. Sur les 46, il y en avait qui étaient devant la cour,
d'autres en relocalisation et d'autres à venir. Voici des questions
précises. À votre connaissance, combien de personnes - enfin, ce
sont celles que vous connaissez, parce que celles que vous ne connaissez
pas...- ceci implique-t-il quand vous vous retrouvez avec 228 ressources
illicites? Cela peut au moins donner, même si vous le corrigez, l'ordre
de grandeur des personnes
qui se trouvent dans les ressources illicites.
M. Johnson (Anjou): Comme il y a beaucoup de problèmes de
définition dans le temps et des statistiques qui valent pour telle
période...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...je vais donner le sommaire d'un rapport
préparé le 22 avril 1983.
Mme Lavoie-Roux: Parfait! On va parler pour aujourd'hui.
M. Johnson (Anjou): C'est donc un rapport de la semaine
passée.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Johnson (Anjou): Les données sont celles qui regroupent
les mois à partir de septembre 1980 au 31 mars 1983. Donc, les
dernières statistiques disponibles. La Direction de
l'agrément...
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est pour une période.
M. Johnson (Anjou): ...a donc visité, pendant cette
période, 501 installations qui ont été signalées
par le public, les centres de services sociaux, les conseils régionaux
de la santé ou d'autres organismes. Toutes ces installations
signalées comme hébergeant des personnes âgées et
susceptibles d'être des ressources illicites ont été
visitées. Nous en avons retenu 301 pour traitement de fermeture ou
d'accréditation comme familles d'accueil, pavillons, centres d'accueil
privés autofinancés. Les 200 qui n'ont pas été
retenues ne nécessitaient pas de traitement par le...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...ministère des Affaires sociales,
puisque, en fait, elles étaient des logements ou des chambres seulement
et des ressources autres, des familles d'accueil déjà
accréditées, de l'hôtellerie ou encore des endroits
n'hébergeant plus des personnes âgées. Les 301 dossiers
retenus ont été analysés par un comité qui regroupe
des représentants du ministère, des conseils régionaux,
des services sociaux et des CSS. Par l'observation de la clientèle
âgée, selon qu'elle était autonome ou en besoin de soins et
de protection sociale, les installations ont donc été
orientées vers les statuts suivants: ou bien elles étaient
considérées comme chambres et pension, ce qui fut le cas de 144
de ces 301 installations, pensionnant 1740 personnes âgées
autonomes, ou bien comme centres d'accueil autofinancés,
c'est-à-dire, à toutes fins utiles, une maison qui accueille les
personnes, comme on en connaît surtout dans la région de
Montréal. 70 installations hébergeant 1873 personnes
étaient considérées comme étant des centres
d'accueil privés autofinancés; 9 installations
considérées comme pavillons, hébergeant 203 personnes, et
23 installations considérées comme familles d'accueil
hébergeant 153 personnes. Finalement, 55 installations hébergeant
631 personnes ont été fermées. Et 631 personnes, pour
cette période, ont fait l'objet d'une relocalisation.
C'est un service dont on a fait des gorges chaudes, je ne dis pas en
face de nous, bien qu'un de vos collègues, à l'occasion, ait
manié ces données de façon un peu légère. Je
sais aussi qu'un reportage sur un cas spécifique dans la région
de Québec a fait grimper beaucoup de gens dans les rideaux. Je pense que
les données dont je viens de vous faire part démontrent le
sérieux et l'approche très responsable du ministère et des
services d'agrément du ministère grâce à la
participation, notamment, de beaucoup d'institutions, sur le plan
régional ou local, et la présence des médecins. Il
m'arrive régulièrement de signer des mandats, en vertu de la loi,
qui autorisent une équipe, comprenant un médecin, un
représentant du CSS et des gens du ministère, à faire une
opération des fois pas très délicate et pas très
agréable pour les propriétaires de ces établissements.
À toutes fins utiles, on arrive avec le département de
santé communautaire, on entre là et on regarde ce qui se passe.
Dans certains cas, on les prend, comme c'est arrivé tout
récemment sur la rive sud de Montréal, en flagrant délit
de ne pas fournir des choses de base à des citoyens âgés.
Dans d'autres cas, il y a moyen de s'organiser, ils font des petits
changements, etc. Voilà.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire que le problème demeure
constant. De mémoire, c'est en 1980 qu'on avait modifié la loi -
je pense que le sous-ministre s'en souviendra, peut-être même avant
1980, en 1979, je pense; en tout cas, 1979 ou 1980 - pour permettre un meilleur
contrôle des foyers. Il ne semble pas que cela ait donné les
résultats escomptés. C'était pour essayer d'avoir moins de
complications avec les procédures judiciaires et pouvoir procéder
plus rapidement. Le problème reste quand même pour ceux qui
s'ouvrent à côté.
M. Johnson (Anjou): On en a fait 55. Cette année, pour
répondre à cela, on va développer 402 places en
pavillons. On a obtenu ces crédits, à la suite de discussions au
Conseil du trésor, il y a trois semaines, un mois, et on va donc couvrir
400 places de pavillonnement.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le problème qui gêne,
c'est que, si vous faisiez de la publicité, à savoir qu'il y a
des places pour les gens...
M. Johnson (Anjou): En familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: ...en familles d'accueil ou ailleurs, je pense
qu'ils iraient moins là. Ce qui est inquiétant, c'est qu'on a dit
que certains hôpitaux, et pas plus tard que dans un reportage à
Montréal-Express juste avant Pâques, qu'il y a même des
ressources sociales qui se servent des foyers illicites. Il y a des situations
d'urgence où on n'a rien. Ils s'en servent comme dépannage et
j'imagine que la situation doit devenir chronique, de toute façon, parce
que ce n'est pas facile de... Cela devient un dépannage permanent.
M. Johnson (Anjou): C'est le cas, notamment, d'une série -
c'était quatre ou cinq - d'établissements de cette nature pour
lesquels ont a dû faire une enquête assez vaste, il y a trois
semaines ou un mois, sur la rive sud de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Si vous ne faites pas le type de
publicité à savoir qu'il y a des places, c'est qu'il manque des
places et c'est là que le cercle devient vicieux.
M. Johnson (Anjou): On a fait une publicité à
l'intérieur du réseau parce que...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est parmi la population qu'il faut
la faire, parce qu'il y a toujours quelqu'un qui est prêt à...
M. Johnson (Anjou): Oui, je comprends, sauf que, dans la mesure
où on parle de la liaison entre les établissements de
santé et les ressources...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, d'accord.
M. Johnson (Anjou): ...qu'ils recherchent, notamment pour ceux
qui sont "Al" et "A2" plutôt que "A3" et "A4", il s'agit de bien informer
l'ensemble du réseau. Je ferai peut-être une remarque ici. J'ai
cru être témoin d'une certaine réticence des centres de
services sociaux à certains endroits de faire connaître
l'existence de ressources qu'on peut appeler les autofinancées, pour
toutes sortes de raisons qui peuvent être idéologiques ou à
cause de mauvaises expériences dans le passé, mais il y a des
ressources dites autofinancées qui sont remarquables. J'en connais une
ou deux, sauf qu'en pratique, compte tenu du...
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez parler de ressources
privées?
M. Johnson (Anjou): C'est cela, complètement
privées.
Mme Lavoie-Roux: Un nouveau nom, les "autofinancées".
D'accord.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela, des ressources
privées autofinancées, mais, dans certains cas, il faut bien voir
que cela peut aller jusqu'à 1200 $ par mois, je pense. Ce n'est pas
exactement destiné à l'ensemble des citoyens. Cela fait beaucoup
d'argent par année.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Ils ne peuvent pas...
M. Johnson (Anjou): Mais il y en a qui sont de très grande
qualité et qui ont des problèmes à être connus,
apparemment, à certains endroits. Je trouve cela un peu étonnant.
Ils ont de la misère à se faire connaître et les CSS,
à l'occasion, hésitent à publier leurs noms.
Mme Lavoie-Roux: Là-dedans, ils suivent peut-être la
philosophie du gouvernement qui, en général, n'a pas un
préjugé très favorable vis-à-vis de ce qui est
privé. Il ne faut peut-être pas s'en étonner. L'exemple
vient de haut, vous savez.
M. Johnson (Anjou): Cela vaut peut-être la peine qu'on en
parle deux minutes, parce que j'entends beaucoup de commentaires de cette
nature. Les résistances, à mon avis, normales qu'on retrouve dans
le réseau et peut-être, à certains égards, au
ministère lui-même à l'égard du secteur privé
dans l'hébergement, proviennent d'une préoccupation qui
m'apparaît tout à fait saine et qui est le fait que c'est bien
beau qu'on ait des ressources dites privées où on a des
activités ou des corporations privées qui dirigent un centre
d'accueil privé autofinancé, mais si, à un moment
donné, on n'est plus capable de répondre en termes de services au
type de clientèle parce que les gens perdent de plus en plus
d'autonomie...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Sur cela, on est d'accord.
M. Johnson (Anjou): Si on laisse aller cela ainsi, à un
moment donné, on va se retrouver avec des milliers de cas, d'une
part.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est vous qui avez soulevé le
problème, M. le ministre. Ce n'est pas moi.
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, quant à la
philosophie ou aux convictions sociales qu'on peut avoir, je ne vois cependant
pas de péché mortel dans le fait
qu'il y a des ressources privées - absolument pas - et, ma foi,
dans la mesure où cela peut rendre des services, dans la mesure
où on a un contrôle adéquat de la qualité des
services qui sont donnés à ces endroits, dans la mesure où
on suit les règles de sécurité, je n'ai pas d'objection
à cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est la vôtre, mais ce n'est
peut-être pas nécessairement celle...
M. Johnson (Anjou): Celle de qui?
Mme Lavoie-Roux: De votre gouvernement.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend. Le ministère des
Affaires sociales, il me semble qu'en vertu de la loi, c'est moi qui en ai la
responsabilité pour le moment, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je ne voudrais pas faire une
digression sur ce qu'on se propose de faire aux garderies privées, parce
qu'on pourrait entrer...
M. French: Ce serait un bon exemple.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait un bon exemple. Il n'a pas
compris.
M. Johnson (Anjou): Par exemple, on a augmenté de 885
places depuis 1981, au moment où je suis arrivé au
ministère, 885 places privées...
M. French: On parle du privé.
M. Johnson (Anjou): ...autofinancées...
M. French: Je m'excuse. Autofinancées.
M. Johnson (Anjou): ...de permis qui ont été
accordés. Si on comparait cela aux années antérieures, ce
serait une augmentation plus que sensible.
Mme Lavoie-Roux: Depuis que vous êtes arrivé.
M. Johnson (Anjou): Depuis deux ans et demi.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Bon!
M. French: Ce n'est pas net, par exemple.
M. Johnson (Anjou): Et quand, par définition, on
reconnaît les maisons chambre et pension, on reconnaît le secteur
privé.
Mme Lavoie-Roux: II y a une question que je voudrais vous poser.
Dans la ventilation que vous avez faite, à un moment donné - j'en
ai perdu en cours de route, mais peu importe - il y a un nombre X de personnes
qui ont été identifiées comme chambreurs et il semblerait
que vous ne les ayez pas...
M. Johnson (Anjou): Le dossier vert. (11 h 45)
Mme Lavoie-Roux: ...considérés comme des foyers
illicites. On sait également que, dans le cas des chambreurs, il y a des
situations extrêmement pénibles. Il ne s'agit pas uniquement de
personnes âgées. On pourrait parler d'ex-patients psychiatriques;
enfin, il y a plusieurs catégories de personnes. De quelle façon
le ministère des Affaires sociales se penche-t-il sur ce
problème? Dans la ventilation que vous m'avez donnée, j'ai
l'impression que ceux-là, finalement, ne faisaient pas partie des foyers
illicites, qu'on les avait mis de côté. C'est peut-être une
fausse perception que j'ai. Ils sont souvent tout autant victimes d'abus que
dans ce qu'on appelle les foyers illicites où il s'en trouve quatre ou
cinq. Est-ce qu'à ce moment on assure une certaine protection? Cela
rejoint la préoccupation de ma collègue de Jacques-Cartier qui
disait hier...
M. Johnson (Anjou): Les personnes âgées dont on
abuse et qui sont sujettes à de mauvais traitements. J'ai une
réponse, d'ailleurs, là-dessus, parce qu'on a retrouvé le
document.
Mme Lavoie-Roux: On parlait des mauvais traitements ou, enfin, de
la protection de la personne âgée. Sans vouloir tomber dans de la
surprotection, je pense qu'il y a un problème réel au plan
humain.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Il y a trois choses qui sont
faites. Premièrement, il y a ces visites que j'ai décrites sur
une période de trois ans; même pas trois ans, 500 visites. Une
fois qu'on a classifié une ressource comme étant chambre et
pension, 144 impliquant 1740 personnes, il se passe deux choses. D'une part, on
les visite à tous les ans pour être sûr qu'il n'y a pas de
détérioration...
M. French: Sans avertissement.
M. Johnson (Anjou): En principe, sans avertissement.
Mme Lavoie-Roux: Pour les personnes en chambre.
M. Johnson (Anjou): Oui, cela est pour les chambres. On visite
cela à tous les ans. Donc, s'il y a une détérioration des
conditions par rapport au rapport de l'année antérieure, on est
capable de prendre les mesures. À ce moment, on décide:
Est-ce
que c'est autofinancé, pavillon, famille d'accueil ou est-ce
qu'on ferme? Deuxièmement, le fait d'avoir fait une visite dans un
premier temps est signalé aux CSS et aux institutions régionales
locales du réseau. Ces établissements font donc, par
définition, l'objet d'une surveillance qui va au-delà de
l'inspection. S'il y a des problèmes qui se développent, il y a
des intervenants qui sont sensibilisés à l'existence de telles
ressources. Finalement, je veux simplement revenir sur ce que disait la
députée de Jacques-Cartier hier. Effectivement, la lettre
datée du 18 mars du Women's Council que nous avons reçue au
ministère le 28 a fait l'objet d'une réponse de la Direction des
programmes de services sociaux. Dans cette réponse, la directrice
demande au signataire de la lettre de nous faire parvenir les rapports dont il
parle.
Nous avions déjà été sensibilisés
à certaines choses à l'occasion de la consultation dans le cadre
de la politique du troisième âge que nous élaborons, mais
nous ne connaissions pas ce rapport ou ces rapports. Nous avons demandé
au Women's Council de faire parvenir la copie des documents dont il parle pour
qu'ils fassent l'objet d'une analyse.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Westmount.
M. French: Le ministre a bien fait valoir qu'il n'avait pas
d'hostilité envers les ressources autofinancées. Ma
réaction, c'est que non seulement ne devrait-il pas avoir
d'hostilité, mais n'y aurait-il pas moyen d'encourager une plus grande
offre de places par cette voie? Je pense à mon comté où il
y a un besoin extrêmement important. Certaines parties du comté,
évidemment, seraient obligées, puisqu'on y est relativement
pauvre, de faire appel à l'État. D'autres parties du comté
n'étant pas vraiment pauvres, elles seraient en mesure probablement de
fournir le genre d'abri nécessaire compte tenu de l'âge, mais ne
trouvent pas d'institutions, ni près ni loin du comté, qui sont
susceptibles vraiment de les fournir. Il me semble que là il y a un
marché. Je ne parle pas du nord de mon comté qui est relativement
pauvre, mais du sud de la ville de Westmount où une demande existe, mais
le marché n'existe pas. Il n'y a pas d'offre. Je crois que, dans une
certaine mesure, le manque d'offre fait suite à une méfiance des
entrepreneurs possibles dans le domaine. Je n'aime pas tellement le mot
"entrepreneurs", mais enfin on est obligé d'y avoir recours. Les
entrepreneurs sont un peu gênés par la possibilité qu'un
autre ministre arrive et change la philosophie, etc. Ils sont quand même
méfiants envers le gouvernement, sinon envers le ministre des Affaires
sociales et puisqu'en prenant la décision d'investir à l'endroit
escompté ou calculé sur une base d'au moins une décennie,
sinon quinze ans... Il y a là un problème. Le ministre a-t-il
bien compris?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
M. French: La question est la suivante: Y a-t-il moyen
d'encourager? Est-ce une bonne idée ou est-ce que cela n'en vaut pas la
peine? Est-ce dangereux?
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il y a là... Il faut
être conscient des dangers, et c'est la prudence
élémentaire pour les équipes du ministère de m'en
faire part, notamment le danger que certaines des entreprises - je ne les
qualifie pas et je ne dis pas lesquelles - soient finalement des espèces
d'opérations un peu "fly by night"; deuxièmement, il y a d'autres
types d'entreprises qui fonctionnent très bien pendant deux ou trois
ans, mais qui, après cela, vous laissent le bébé sur les
bras, et c'est la bâtisse avec les gens dedans, etc. Il faut être
très prudent là-dedans. Cela dit, cependant, cela n'empêche
pas que, depuis un an, au ministère, nous recevons des projets au rythme
d'environ dix par semaine de promoteurs qu'on rencontre ou avec lesquels nous
avons des échanges de correspondance. Nous discutons avec les conseils
régionaux. Nous analysons chacun des projets et cela a donné, en
l'espace d'un an et demi, l'ouverture de 885 nouvelles places.
Mme Lavoie-Roux: 880 places.
M. French: Nouvelles places, nouveaux lits.
M. Johnson (Anjou): Nouvelles places -c'est cela -
autofinancées et privées. Je pense qu'à cause des
phénomènes démograhiques qu'on évoquait tout
à l'heure, on n'a pas le droit de se fermer les yeux sur la
nécessité à moyen ou à long terme de s'assurer
d'une certaine jonction du développement privé dans ce secteur,
en étant conscient, cependant, qu'il y a là des nuances de taille
entre ce qui est du logement et ce qui est une ressource qui est de
l'hébergement. Bon! Dans le cas de l'hébergement, il y a ce que
nous faisons au ministère avec une approche et un protocole assez bien
définis, même si cela ne fait qu'un an qu'on le fait à
l'égard du traitement de ces dossiers. Dans le cas de l'habitation
proprement dite, mon collègue, le ministre de l'Habitation - et on devra
en reparler bientôt au Comité de développement social - est
à mettre au point une révision de la politique du logement,
puisque je pense que, dans bien des cas, chez des citoyens, ce qu'ils
recherchent, c'est une ressource de type logement, ressource à laquelle
seraient
accolées des possibilités de services médicaux ou
de disponibilités de services médicaux ou infirmiers. Je pense
qu'il y a des opérations importantes à faire dans ce domaine. Je
pense, notamment, à une jonction nécessaire, mais qui va
être très délicate et très difficile, auprès
des offices municipaux d'habitation qui ont tendance à régler le
problème chez eux en fonction de leurs besoins immédiats,
c'est-à-dire que, quand ils construisent un HLM dans la ville de
Montréal, ils s'arrangent pour que, dans le "lobby", il y ait - je ne
sais pas, moi - 60 ou 100 pieds carrés de moins qui soient
attribués au grand hall. Ils font une petite pièce et ils
appellent un médecin qui vient y pratiquer la médecine à
l'acte régulièrement. Je ne suis pas sûr que ce soit la
façon de régler le problème à moyen et à
long terme. Je pense qu'il faut faire une jonction de ces ressources, y coller
dans une certaine mesure les ressources de type CLSC qui peuvent être
existantes et faire en sorte qu'on diminue d'autant la pression sur des
ressources d'hébergement, parce qu'on fournirait des ressources de
logement avec une certaine sécurité quant à la
disponibilité des services.
M. French: Y a-t-il, M. le Président, un
énoncé de politique à part le règlement auquel doit
obéir tout promoteur, tout gérant ou tout propriétaire
d'une ressource autofinancée? Y a-t-il d'autres énoncés de
politique dans ce domaine?
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on a, pour le moment, ce n'est pas un
énoncé de politique. Je comprends où veut en venir le
député de Westmount. C'est que, dans le fond...
M. French: Si on veut investir des millions, il faut une certaine
sécurité à long terme.
M. Johnson (Anjou): Voilà! Il faut avoir une vague
idée où tout cela s'en va. Je pense qu'ils en ont plus qu'une
vague idée en ce moment. Ce qu'on a, c'est un document de
référence au ministère, mais qui n'a pas fait l'objet de
ce qu'on pourrait appeler une politique ministérielle, notamment parce
qu'avant de couler dans le ciment certaines de ces choses, il faut faire la
jonction avec les autres éléments dont je parlais tout à
l'heure. Ce sont ces choses sur lesquelles on travaille depuis un certain
nombre de mois au ministère et qui devraient nous permettre
d'intégrer ces éléments à une politique à
l'égard du troisième âge.
M. French: Donc, le document de référence est
public et disponible.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, pour les promoteurs.
M. French: Je pourrais en avoir une copie? J'aimerais en avoir
une copie, si vous...
M. Johnson (Anjou): On vous en enverra une copie, si vous le
désirez.
M. French: Oui. Mme la députée de L'Acadie
demandait, pour ce qui est des 85 places...
M. Johnson (Anjou): Ce sont 885 places.
M. French: Je m'excuse, 885 places. Quel était le
coût? Combien d'institutions et quel était le coût?
M. Johnson (Anjou): Le prix qu'ils exigent?
Mme Lavoie-Roux: Oui, le taux.
M. Johnson (Anjou): Les gens exigent environ 400 $; dans le cas
de la résidence Mont-Royal, c'est 60 $ à 65 $ par jour.
Mme Lavoie-Roux: Cela existait depuis longtemps.
M. Johnson (Anjou): Depuis longtemps. En général,
cela varie entre 400 $, 500 $, 1000 $, 1200 $ par mois. Il faut s'assurer aussi
que la clientèle a la capacité, évidemment, de payer. Ce
sont en général des clientèles légères, sauf
certains établissements qui ont des clientèles aussi lourdes que
nos établissements publics. Je pense à la résidence
Mont-Royal.
M. French: Aux États-Unis, il y a, par exemple, un
modèle de condominium avec service d'infirmière, hôpital,
service de médecins. On peut tranquillement faire la transition en deux,
en trois, en quatre. Tout en investissant au début, on vend sa maison,
on achète une place jusqu'à la mort et tout est
comptabilisé sur une base actuaire.
M. Johnson (Anjou): En fait, il y a beaucoup d'endroits
où, de plus en plus, avec la concertation, avec les offices municipaux
d'habitation, le développement des logements pour personnes
âgées se fait en concertation, de façon à planifier
le développement dans le même environnement que les centres
d'accueil, justement.
On a des ressources légères disponibles dans le cadre de
ces orientations dont je parlais tout à l'heure.
M. French: Je soulève le problème tout simplement,
pas uniquement parce qu'il a une signification pour mon comté, certains
autres comtés un peu mieux pourvus, certains secteurs de ces
comtés. Dans la mesure où on enlève à l'État
le fardeau de ces
personnes, il me semble qu'on aide tout le monde avec cela. Je le dis au
ministre: je pense que c'est une piste à suivre.
M. Johnson (Anjou): Je suis d'accord en principe. C'est un peu
comme cela que j'ai abordé ce dossier en arrivant au ministère,
jusqu'à temps que je découvre que c'est au-delà de 80% des
personnes hébergées qui, à toutes fins utiles, sur le plan
de leurs revenus sont au seuil minimal, c'est-à-dire à qui il
reste 90 $ par mois pour leurs petites dépenses. Il faut bien voir que,
pour toutes sortes de raisons, sociologiques, historiques, l'immense
majorité des personnes dans les centres d'accueil et
d'hébergement publics au Québec sont des personnes dont les
revenus sont minimaux et que la pression continue de venir surtout de
ceux-là; et que c'est aussi une limite intrinsèque en
reconnaissant qu'il y a certaines personnes qui peuvent se permettre d'autres
ressources et je ne vois pas pourquoi on empêcherait cela
systématiquement. Je veux dire que la vraie solution n'est pas
là.
M. French: Non.
M. Johnson (Anjou): Mais cela pourrait diminuer quelque peu la
pression dans certains endroits.
Mme Lavoie-Roux: II y a une question sur laquelle je voudrais
revenir et que j'avais soulevée l'an dernier. C'est le prix des chambres
qui a été haussé radicalement, on le sait. Il y avait
déjà eu une hausse, je ne veux pas lancer de pourcentage, mais si
je mettais 50% la première fois, je pense que je ne me tromperais pas.
En janvier 1983, cela a été haussé de nouveau de 38%,
passant de 480 $ à 662 $ par mois pour les chambres privées et
une hausse de 46%, passant de 380 $ à 553 $ par mois pour une chambre
semi-privée. On sait que la politique du ministère, et je ne
voudrais pas faire cela trop long parce que le ministre la connaît autant
que moi, c'est que, finalement, on dit: On peut aller chercher chez les
bénéficiaires jusqu'au moment où le plafond qui leur est
permis à la banque est de 1500 $. J'avais parlé, l'an dernier, du
problème de "désincitation". Je pense que le ministre a dit: Oui,
on pourrait peut-être quand même trouver une échelle qui
soit moins "désincitative" du point de vue de la motivation des gens
à ne pas être dépendants totalement de l'État rendus
au troisième âge.
Je vais plutôt, cette année, attirer son attention sur un
point particulier. Le plafond est de 1500 $. Est-ce que le gouvernement
envisage d'augmenter ce plafond dans le sens de le faire passer au moins
à 3000 $ ou à 5000 $? Il a été souligné, par
la Coalition des malades, il y a quinze jours ou trois semaines, que
finalement, même aujourd'hui, un plafond de 1500 $, c'est à peine
pour vos funérailles. Je ne sais pas. Heureusement que je n'ai pas eu
à faire ce genre de calcul depuis bien longtemps, mais on sait fort bien
que 1500 $, c'est un montant ridicule. Il n'y a pas eu d'indexation de ce
montant-là depuis X années. Sans répondre au
problème philosophique de fond, il y a celui-ci.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais, en pratique, c'est essentiellement
un problème de concordance avec la Loi sur l'aide sociale. Les
règles qu'on tente d'appliquer chez nous, puisque, finalement, on forme
une partie relativement mineure de ce problème de sécurité
du revenu, c'est à nous d'être en concordance avec l'approche de
l'aide sociale. Et, à l'aide sociale, c'est toujours 1500 $.
Peut-être que mon collègue a des projets aussi, mais...
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cela bien beau, la cohérence.
Je souhaiterais qu'on en ait toujours autant dans tout mais, quand on veut
comparer strictement avec l'aide sociale, la personne
bénéficiaire d'aide sociale peut prévoir - on peut, au
moins, le lui souhaiter - qu'un jour elle en sortira et qu'à ce
moment-là, elle pourra avoir des revenus plus convenables. Dans le cas
de la personne qui est rendue en centre d'hébergement, c'est exactement
l'inverse qu'on fait. On lui dit: Vous avez un revenu X et il faut absolument
qu'on le diminue. On ne dit pas "absolument", mais les choses vont faire qu'en
bout de piste vous allez vous retrouver avec 1500 $ parce qu'il doit y avoir
concordance avec l'aide sociale. Je pense que les deux situations sont loin
d'être analogues.
M. Johnson (Anjou): D'abord, un détail, même s'il
est de caractère un peu morbide. Il y a de plus en plus de personnes
âgées qui font des arrangements funéraires à
l'avance, dans le contexte de ces programmes mis sur pied par des entreprises
funéraires. Donc, ils n'ont pas besoin de ce coussin. Il reste que 1500
$, c'est beaucoup. Je vais seulement donner quelques chiffres et quelques-uns
des principes qui nous limitent à ce sujet. Pour passer d'un avoir
liquide de 1500 $ à 3000 $, par exemple, et de 2500 $ à 5000 $,
dans le cas des couples... C'est ça?
Mme Lavoie-Roux: Chacun des conjoints a droit à 1500
$.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, il y a deux catégories.
Alors, pour passer de 1500 $ à 3000 $, disons pour doubler - je veux
seulement prendre cette colonne-là - il en aurait coûté, en
1981, 1 240 000 $. La mesure n'aurait touché, en pratique, que 1140
personnes âgées hébergées qui contribuent, soit 3%
des 38% qui paient une
contribution entre le minimum et le maximum. L'immense majorité
de nos gens est au niveau quasi minimal. Toute majoration entraîne une
augmentation du budget de l'aide sociale par définition. De plus, la
mesure viserait une clientèle qui est plus favorisée - en mettant
les nuances qu'il faut, c'est relatif - c'est-à-dire celle qui peut se
permettre d'épargner quelque peu, ce qui n'est pas le cas des personnes
âgées qui vivent à domicile, souvent dans des logements qui
sont désuets. Elles doivent faire face, elles, à des coûts
de logement et de chauffage qui sont sans cesse croissants. Il y a une
inflation qui les a affectées, comme on l'a vu dans le passé,
dans le coût de la nourriture.
Il y a donc là également un problème
d'équité à l'égard de ceux qui restent chez eux. Il
faut éviter de faire un tel clivage que non seulement les personnes ont
les avantages intrinsèques d'être dans un univers très
sécurisant, mais, en plus, elles ont un coussin plus important alors
qu'il y a encore des milliers de citoyens qui n'ont pas accès à
ces ressources, qui sont obligés de se débrouiller à
domicile et de faire face à l'inflation. Il y a un problème
d'équité, dans le fond. Dans la mesure où on ne peut pas
répondre aux problèmes de tout le monde, il ne faut pas
surfavoriser une catégorie par rapport à d'autres. De toute
façon, en surfavorisant une catégorie par rapport à
d'autres, ce sont autant de ressources qu'on ne mettra pas à la
disposition des autres qui sont à domicile. Il s'agit de trouver un
équilibre. Ce sont les facteurs limitants qu'on a.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je réalise bien
qu'il y en a qui sont en centre d'hébergement et qui pourraient
peut-être être à domicile, comme les autres.
M. Johnson (Anjou): Relativement, oui.
Mme Lavoie-Roux: Mais on s'éloigne de plus en plus de ce
problème-là, compte tenu des besoins et de l'évolution de
l'approche à l'hébergement pour les personnes âgées.
Je reviens quand même au fait que 1500 $, cela m'apparaît tout
à fait inadéquat, surtout que c'est un montant qui est là
depuis X années et qu'on ne l'a jamais indexé. Vous dites: Cela
nous aurait coûté 1 000 000 $ de plus. J'espère que ce
million a, au moins, été bien utilisé...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: ...ce dont on est loin d'être convaincu.
Il y a l'autre problème - je ne voulais pas le reprendre sous cet angle
- de l'effet tout à fait désincitatif pour les personnes de
vouloir prévoir pour leurs vieux jours, en disant, à ce
moment-là:
L'État me prendra en charge après 65 ans, au fond, s'il
faut que j'aille en centre d'accueil, c'est fini.
Il y a aussi des parents qui font tout de suite des legs à leurs
enfants et les font administrer par leurs enfants en continuant d'en retirer
les intérêts; enfin, il y a des arrangements qui peuvent se faire
quand vous avez une bonne relation avec vos enfants. J'imagine que les enfants
ne martyrisent pas nécessairement leurs parents, même s'il y a de
ces cas. Il y a tous ces effets. Je me demande si, en fin de compte, vous ne
serez peut-être pas plus regagnants de toute façon. Parce que vous
êtes incapables de calculer cette partie. Elle peut être assez
considérable. Selon les renseignements que j'ai, elle est assez
importante. Cependant, je n'ai pas de chiffres à l'appui à vous
donner, sauf des cas qui nous sont rapportés.
M. Johnson (Anjou): J'en prends bonne note. Je voudrais seulement
revenir sur les augmentations. Je ne sais pas pourquoi on a des
difficultés de concordance de chiffres entre ce que vous disiez et ce
que j'ai devant moi.
Mme Lavoie-Roux: N'est-ce pas 662 $ par mois pour les chambres
privées?
M. Johnson (Anjou): En 1980, il y a eu une augmentation de
"14,55%", pour la chambre simple, par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): ...qui est l'affaire la plus courante...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. On va en prendre une seulement.
M. Johnson (Anjou): Donc, "14,55%" en 1980; en 1981, "15,99%". Je
m'excuse, c'est 14,55 $ à 15,99 $, ce qui fait 9% d'augmentation. De
1981 à 1982, c'est passé de 15,99 $ à 19,85 $, ce qui fait
une augmentation de 24%. De 1982 à 1983, une augmentation de 11% pour
amener le tarif à 22,07 $.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si on part de 1980, cela vous fait une
augmentation totale de combien? Environ 40%?
M. Johnson (Anjou): Oui. À l'oeil, oui, c'est cela, 40%.
Mais il faut bien comprendre que ce sont les montants maximums et que c'est un
faible pourcentage des gens qui paient ces montants. Si on prend la
contribution maximale, cela peut représenter environ 44% du per diem
moyen au Québec, tandis qu'en ce qui concerne l'ensemble des revenus,
pour les clientèles hébergées, la contribution des
bénéficiaires
représente 24%. Cela donne un peu l'indication de la moyenne de
contribution. Elle est en bas même de la contribution pour la chambre
double. C'est une infime partie et ceux qui contribuent...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, je le sais. C'est de ceux-là
dont je parle, évidemment.
M. Johnson (Anjou): ...à ces montants, souvent, ont des
revenus et ne font même pas de déclaration de gains et
revenus.
Mme Lavoie-Roux: Là, on va tomber dans un autre
problème, à savoir si les gens qui ont de l'argent doivent payer
ou pas. Je pense que les gens qui ont de l'argent - et j'en connais - peuvent
payer et qu'ils payent. Je ne viens pas plaider leur cause.
M. Johnson (Anjou): La vraie solution là-dessus, soit dit
en passant, serait de faire sauter le plafond mensuel de 670 $... Si on disait
qu'il n'y a pas de plafond à la contribution de quelqu'un qui est dans
un centre d'accueil ou d'hébergement, sauf, évidemment, en
fonction de ses revenus, on pourrait en induire que, dans le fond, il va
avoir...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait...
M. Johnson (Anjou): La personne qui aurait les moyens de payer
1200 $ par mois, par exemple, la population d'une partie du comté du
député de Westmount, premièrement, elle n'est pas
très nombreuse et, deuxièmement, on se dit, de toute
façon...
Mme Lavoie-Roux: Même dans le comté du
député.
M. Johnson (Anjou): Oui, cela dépend. On n'entrera pas
là-dedans. C'est un beau quartier, vous savez.
Mme Lavoie-Roux: Outremont, ce n'est pas vilain, non plus.
M. Johnson (Anjou): Non plus. Et la ville d'Anjou, non plus.
M. French: Vous en savez quelque chose pour Outremont. Le
ministre connaît très bien Outremont.
M. Johnson (Anjou): C'est mon coin. Cela dit, en pratique, si on
faisait sauter le plafond, cela voudrait dire que les ressources auxquelles
feraient appel les gens... Si on facturait le maximum pour que cela ne
coûte rien à l'État, cela coûterait normalement 1500
$ par mois pour que nos centres d'accueil soient autofinancés. Si on
faisait sauter le plafond, tant qu'à payer 800 $ ou 900 $ par mois pour
aller dans un centre d'accueil public, quelqu'un déciderait
peut-être d'aller dans un centre d'accueil privé. C'est vrai, sauf
que cela mettrait, à toutes fins utiles, ceux qui sont juste à la
limite de la capacité de payer dans une position très
vulnérable. Ce sont aussi les gens qu'on veut protéger quand on
parle des 1500 $ à la banque.
Il y a un équilibre qui est très, très difficile
à trouver. A priori, j'aurais peut-être eu tendance à dire
qu'on pourrait peut-être faire sauter le plafond pour introduire le
principe que ceux qui sont capables de payer le fassent, mais je me rends
compte qu'il y a une strate de population qui est juste à la limite et
pour laquelle on serait sans doute très injuste, alors qu'on fait des
efforts considérables pour ceux qui sont au minimum, au seuil de la
pauvreté, en leur assurant cet hébergement gratuitement et
même avec une contribution de 90 $ par mois pour leurs menus besoins.
C'est toujours la même chose. Cela ferait qu'en pratique les gens
donneraient - dans certains cas, on le sait - leur avoir à leur
famille.
Mme Lavoie-Roux: Mais j'ai dit que...
M. Johnson (Anjou): On sait qu'on envoie un billet pour aller en
Floride de temps en temps. On sait que cela arrive.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand j'ai dit...
M. Johnson (Anjou): Surtout dans les HLM.
Mme Lavoie-Roux: Quand j'ai eu la réaction de dire que les
gens qui peuvent payer, paient, je n'ai pas suggéré au ministre
de faire sauter le plafond. Ce que j'ai suggéré au ministre,
c'est que je n'avais pas d'objection, quand on dit qu'il y en a qui paie 660
$...
M. Johnson (Anjou): II y a seulement le député de
D'Arcy McGee qui fait sauter le plafond.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous en ennuyez. On pourrait le faire
revenir. Je maintiens que le plafond de 1500 $ devrait être
corrigé, mais le gouvernement fera ce qu'il voudra. L'allocation de 90
$, on en a parlé hier très brièvement. Si je me souviens
bien - et je me suis fait répondre cela de nombreuses fois par votre
prédécesseur en Chambre - lorsqu'on discutait de cette fameuse
allocation, la réponse était qu'il était normal que 75% -
je pense que c'était cela, le pourcentage - de ce qui provenait de la
pension de vieillesse et de la sécurité du revenu,
c'est-à-dire le supplément de revenu garanti, aillent à la
pension. Que les 25% qui restaient pour les besoins personnels,
c'était
tout à fait normal. Je dois vous dire que depuis environ quatre
ans, le montant de 90 $ n'a pas été indexé et que depuis
ce temps-là la pension et le supplément de revenu ont toujours
été indexés. Cela veut dire que ce raisonnement des 25% -
si ma mémoire est bonne - ne s'applique plus pour le gouvernement.
M. Johnson (Anjou): En pratique il ne s'applique plus.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne s'applique plus. Cela fera
peut-être une autre chose où il faudra corriger le journal des
Débats. On corrigera les dépliants publicitaires...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que la réalité a
changé et pas l'imprimerie du journal des Débats.
Mme Lavoie-Roux: Mais la réalité...
M. Johnson (Anjou); Au moment où cela a été
dit, c'était vrai.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi n'est-ce plus vrai aujourd'hui?
M. Johnson (Anjou): Parce qu'on a moins d'argent...
Mme Lavoie-Roux: Moins d'argent.
M. Johnson (Anjou): ...et que cela coûterait très
cher. Cela dit, je suis en discussion avec mon collègue, le ministre de
la Sécurité du revenu. Je suis conscient que les 90 $ par mois
représentent vraiment le minimum minimorum. On travaille sur
différentes hypothèses. Je ne sais pas si on va arriver à
une solution. On me dit que pour les mêmes catégories de
dépenses l'aide sociale donne 83 $. Ceux qui demeurent à domicile
et qui ont la pension de vieillesse et le supplément de revenu garanti,
en termes de dépenses personnelles, selon les quelques analyses qu'on a
faites, il ne leur reste pas plus de 90 $, à moins de demeurer dans leur
famille. Mais pour ceux qui doivent payer un logement, la nourriture,
l'entretien de leur maison et qui sont dans la même situation, en termes
d'équité pour les gens qui sont à domicile, la marge n'est
pas très grande. On ne veut pas avantager de façon marquée
ceux qui sont dans les centres d'accueil par rapport à ceux qui sont
à domicile et qui ont les mêmes catégories de
dépenses. (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, M. le
Président, je me fais le porte-parole de mon collègue de
Saint-Louis parce que lui, il est muet... C'est strictement une question
d'information sur le manoir de l'âge d'or dans Jeanne-Mance qui,
apparemment, aurait été fermé pour une période de
six mois pour des réparations.
Vous me corrigerez, c'est ce qu'on m'a soufflé à
l'oreille.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, est-il rouvert et comment se fait-il
qu'il ait été en si mauvais état qu'il ait fallu le fermer
pendant six mois?
M. Johnson (Anjou): On avait pensé le rebaptiser le manoir
Ouellet, parce qu'il était "miufé". Comme il y avait de la MIUF,
comme on avait des rapports médicaux très clairs, dans ce cas, de
pathologies aggravées chez des personnes, on a été
obligé de procéder à un transfert vers Henri-Bradet pour
une période de quatre ou cinq mois. On a procédé au
"démiufage". Il y a eu une fête au manoir dernièrement pour
le retour.
M. Blank: Comment se fait-il qu'on n'ait pas été
invités?
M. Johnson (Anjou): Moi non plus, je n'y suis pas allé,
vous n'avez pas à vous en faire.
Une voix: M. Ouellet?
M. Johnson (Anjou): On avait invité M. Ouellet et il a
décliné.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Johnson (Anjou): Cela nous tente de lui envoyer la
facture.
Mme Lavoie-Roux: J'ai terminé sur cela.
Mme Dougherty: On parle beaucoup de la nécessité
d'humaniser les services. Il y a un petit problème qui revient souvent:
c'est celui de la pratique du ministère des Affaires sociales d'appeler
les femmes âgées par leur nom de jeune fille. C'est vraiment un
peu stupide.
M. Johnson (Anjou): Par leur prénom ou leur nom de
fille?
Mme Dougherty: Mary Smith, non pas par leur nom de femme
mariée, non pas par le nom de leur mari comme Mme Johnson, d'accord.
Depuis 50 ou 60 ans, elles ont toujours porté le nom de Mme Johnson.
Tout d'un coup, elles deviennent Mary Smith; elles ont des problèmes
à se rappeler leur vrai nom, Mme Johnson. Dans les
établissements, tout d'un coup, c'est Mary. On les traite comme des
enfants, d'abord. On écrit au-dessus de leur porte leur nom de jeune
fille. Vraiment, c'est une surprise pour elles et
même pour leurs parents; soudainement, elles sont une autre
personne. Est-ce que c'est une politique de votre ministère?
M. Johnson (Anjou): Je crois que c'est une affaire d'attitude. Au
moment de l'admission de quelqu'un, ce qu'il nous faut, c'est avoir leur nom de
jeune fille pour être sûrs qu'il n'y a pas de confusion, comme
lorsque vous entrez à l'hôpital et qu'on vous demande votre nom de
fille, le nom de votre père. C'est une affaire de comportement. Il y a
deux choses. Je comprends que dans le cas d'une femme d'un certain âge de
se faire appeler par son nom de fille alors qu'elle est mariée depuis
l'âge de 18 ans, cela peut faire un peu drôle.
Mme Dougherty: Elles ne se reconnaissent pas.
M. Johnson (Anjou): À cet égard, cela pose
peut-être le problème de la rétroactivité des
idéologies: je ne suis pas sûr qu'il faut que les
idéologies soient rétroactives, d'une part, et, d'autre part, il
y a une autre plainte...
Mme Lavoie-Roux: Le tutoiement des personnes
âgées.
M. Johnson (Anjou): ...que nous avons eue souvent et à
laquelle je suis quelque peu allergique aussi, c'est le tutoiement
systématique. Évidemment, dans la langue anglaise le
problème ne se pose pas dans la mesure ou le "you" n'a pas tout à
fait le même sens; dans le cas du "you", c'est une affaire d'intonation,
ce n'est pas une affaire de mot. On intervient de façon assez
systématique de ce côté. Je suis sûr qu'on doit avoir
un grief quelque part pour avoir dit à quelqu'un: Arrêtez donc de
tutoyer les gens qui ont 72 ans et qui se sont toujours fait dire "vous". On
leur doit cela comme respect; on n'a pas à leur imposer ce qui est
finalement un changement dans la société.
Je me souviens qu'à Saint-Pie-de-Bagot, quand j'étais
petit gars, les gens vouvoyaient leurs parents. De ma génération,
c'était déjà différent; on tutoyait nos parents.
Mais je ne suis pas sûr, encore une fois, qu'il faut imposer des choses
aussi fondamentales sur le plan du comportement aux personnes
âgées. Alors, on le leur rappelle régulièrement. Il
y a aussi des cours de formation d'approche aux malades ou aux
bénéficiaires et je pense que, dans ces cours, on sensibilise les
gens à la nécessité, d'une part, d'être
délicats sur toutes ces questions et, deuxièmement, de ne pas
traiter comme des enfants les personnes âgées.
Maintenant, la notion de traiter les personnes âgées comme
des enfants n'est pas une chose nouvelle. À ce titre, je vous dirai que
la profession médicale a longtemps donné l'exemple. Le rapport
qui existe avec les bénéficiaires d'une institution
hospitalière ou d'un centre d'hébergement, de fait, est une forme
de rapport de domination réelle, objective, de fragilité des uns
et d'aisance des autres, et la nature humaine a tendance à exprimer cela
au niveau de ses attitudes. Maintenant, au fur et à mesure qu'on tente
de sensibiliser les gens au fait que le respect passe par beaucoup plus que la
couleur des vêtements qu'on a et la propreté de l'environnement,
mais aussi dans les comportements, je pense que ces choses peuvent
s'améliorer. Ce sont des choses auxquelles je tiens beaucoup. On n'est
quand même pas pour se promener avec des avis de licenciement parce que
les gens disent "tu" aux autres.
Mme Dougherty: Mais sur la question du nom?
M. Johnson (Anjou): Sur la question du nom, encore une fois, il
n'y a rien qui, dans la loi, dans les procédures administratives ou quoi
que ce soit, oblige les femmes à porter leur nom de fille. Absolument
pas. C'est seulement que, dans les dossiers, à l'origine, on donne le
nom composé, on décompose le nom, mais il y a des gens qui - je
ne sais pas pourquoi, dans un centre d'accueil que vous connaissez
peut-être - le font systématiquement.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils font la même chose aussi dans les
hôpitaux maintenant. Dans les hôpitaux, il y a quelqu'un qui a
laissé passer son tour à cause de cela, c'est-à-dire que,
sur le moment, elle n'a pas réagi et...
M. Johnson (Anjou): C'est une affaire de zèle. C'est cela.
C'est la rétroactivité des idéologies de façon
zélée. Cela arrive.
Le Président (M. Blank): Adopté, ce programme?
Mme Lavoie-Roux: Oui, adopté.
Le Président (M. Blank): Le programme 5 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, on est rendus à 6. J'avais
tourné ma feuille.
Le Président (M. Blank): Lequel maintenant?
M. Johnson (Anjou): Le programme 6.
Le Président (M. Blank): Le programme 6, Services en
centres de réadaptation.
Services en centres de réadaptation
Mme Lavoie-Roux: À moins que le ministre n'ait des
remarques, on peut peut-être passer aux questions.
M. Johnson (Anjou): Brièvement, puisqu'on a
déjà abordé ces questions tout à l'heure, un mot
pour dire que les progrès considérables qu'on a faits aussi dans
les maisons de jeunes ne permettent pas, évidemment, et ne
prétendent pas régler le problème des ressources
institutionnelles pour les jeunes mésadaptés socio-affectifs.
Mais c'est sûr, à la fois, qu'on diminue la pression qu'il y a
dans ce domaine dans la mesure où il y a des alternatives et,
deuxièmement, ce sont des ressources qui, dans bien des cas, ont une
espèce de caractère complémentaire au moment de la sortie
des jeunes de ces institutions.
Je rappelle qu'en 1979 il n'y avait pas d'argent dans les maisons de
jeunes, qu'en 1980 il y a eu 246 000 $; pour 1983-1984, on prévoit 2 405
000 $, c'est-à-dire qu'on a multiplié par 10 les ressources qu'on
mettait dans ce secteur il y a à peine quatre ans. On est passé,
en termes du nombre de maisons, de 7, en 1979, à 41, en 1982-1983. Ces
maisons, dans l'ensemble, je pense, fournissent une occasion d'implication des
jeunes et de la communauté.
Je vous relaterai simplement une expérience que j'ai vécue
récemment quant à cela en allant, je pense que c'était sur
la rue Gilford, dans le comté de Mercier. J'ai rencontré les gens
qui inauguraient cette maison. Je pense que le budget était de 26 000 $;
cela implique plusieurs dizaines de jeunes. Je pense qu'il y en a environ 60
qui gravitent autour de cette maison. La personne qui avait organisé le
buffet avec des viandes froides, du fromage et un vin d'épicerie de
fabrication québécoise me disait combien elle était
heureuse que cette maison ouvre ses portes. C'était un monsieur dans la
cinquantaine avancée et je lui ai dit: Pourquoi? Est-ce que vous avez
quelqu'un dans votre famille qui a des problèmes de cette nature? Il m'a
dit: Non, non. Je suis le dépanneur au coin de la rue ici. Je me suis
fait faire - se faire faire signifiant que quelqu'un est entré et lui a
demandé son tiroir-caisse - douze fois depuis un an et demi et, avec la
maison de jeunes, je pense que je vais me faire faire moins souvent. J'ai
trouvé cela intéressant comme phénomène. Je pense
que l'implication va au-delà des convictions ou même de
l'idéologie qu'on peut avoir. C'est aussi sur un plan social un tampon
important à l'égard des phénomènes de
délinquance que suscitent les conditions économiques actuelles.
En termes des conséquences sociales que cela aura chez ces jeunes, je
pense qu'il faut continuer. Cette année, nous envisageons d'ouvrir sans
doute sept ou huit autres ressources dans ce domaine, peut-être un peu
plus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais aborder le
problème du centre d'accueil Anne-Leseigneur.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Problème d'hépatite à
Anne-Leseigneur
Mme Lavoie-Roux: On sait que sévit au centre d'accueil
Anne-Leseigneur une épidémie d'hépatite qui remonte
à 1980, alors qu'il y avait eu quelques personnes de touchées,
mais depuis, la situation s'est détériorée. J'aimerais
demander au ministre comment il se fait, alors que le DSC avait
été averti, que le député de Chambly, il y a au
moins un an, avait été saisi du problème et que, selon nos
informations, il en aurait parlé avec des ministres, qu'aucune
intervention n'a été faite, sauf à la suite de
l'éclatement public et de la demande de la CEQ, il y a à peu
près une semaine ou dix jours. Je l'ai, la lettre; c'est le 18 avril.
C'est cela, à peu près une semaine.
M. Johnson (Anjou): D'abord, il y a un problème dans cet
établissement qui, on se le rappellera, faisait partie de l'institut
Ambar jusqu'en juillet 1979. L'administration actuelle a pris en charge
l'établissement à temps complet au mois d'avril 1980. Il faut,
quand même, être conscient, dans un établissement de cette
dimension, avec un budget de tout près de 6 000 000 $ et la mise en
place d'une administration depuis à peine deux ans, compte tenu de ce
qu'étaient l'institution Ambar, des difficultés qu'on a connues
au moment où on a intégré les établissements de
l'institution Ambar. Cela prenait quand même un certain temps de mise en
place et certaines des constatations, que ce soit au niveau du DSC ou d'autres,
impliquent des situations antérieures ou encore au moment où la
nouvelle administration a commencé à s'occuper de
l'établissement. Cela dit, le ministère a collaboré avec
le Département de santé communautaire, le CLSC de Richelieu et le
coordonnateur de la santé du conseil régional de
Montérégie, le Dr Jean Robert, qui est un des grands
spécialistes du problème de l'hépatite B au Québec,
qui est un auteur prolifique dans ce domaine, en même temps qu'une des
ressources en médecine communautaire infectieuse les plus remarquables
qu'on ait au Québec.
Le problème de l'hépatite B qu'on retrouve au centre
d'accueil Anne-Leseigneur, il faut bien voir que c'est un problème qui
est rapporté et qui fait qu'on a une proportion très
élevée de gens qui sont porteurs, même si la
majorité est asympto-
matique. On retrouve dans les séries
épi-démiologiques américaines au sujet de
l'hépatite B dans des milieux institutionnels avec, notamment, des
"mongols", des anomalies chromosomiques, un très fort taux, qui varie de
35% à 80% selon les institutions. (12 h 30)
On a donc, dans cet établissement, un fort taux de porteurs
d'hépatite B qui est, à la limite, supérieur à ce
qu'on voit dans les séries américaines, mais qui n'est pas
anormal. Si on retrouvait, dans un centre d'accueil et d'hébergement,
60% des gens porteurs d'hépatite B, on s'inquiéterait. On
s'inquiète quand même du fort taux qui est là, mais il faut
bien voir que ce sont des choses courantes, étant donné que
l'hépatite B est transmissible dans des conditions d'hygiène qui
sont très difficiles, notamment chez des trisomiques qui ont tendance
à avoir des sécrétions buccales très abondantes. On
a de la difficulté à les amener à avoir un comportement
à l'égard des autres. On n'est quand même pas pour les
garder tous en isolement physique. Donc, il y a une transmission très
facile, notamment par voie salivaire, au niveau de l'hygiène, et de la
difficulté chez beaucoup de ceux-ci à cause de leur comportement.
Il est difficile de les amener à avoir un comportement d'hygiène
qu'aurait quelqu'un qui n'a pas de déficience mentale. Cela, c'est pour
le problème épidémiologique qu'il y a là.
D'autres problèmes ont fait surface récemment concernant
le climat général qui a entouré certaines décisions
ou certaines absences de décisions, des problèmes avec le
personnel, le taux de roulement des cadres, le problème des services
médicaux. Au sujet du problème des services médicaux, je
dirai ceci: D'une part, il faut bien voir que, pour travailler dans un milieu
comme celui-là, on trouve très peu de médecins
disponibles. Je vous le dis aussi un peu d'expérience. Quand j'ai fait
mon cours de médecine à l'Université de Sherbrooke, j'ai
eu l'occasion de visiter le centre Butters, à l'époque, à
Austin, près de Magog. Il n'est pas facile de trouver des ressources
médicales stables et permanentes dans des institutions comme
celles-là. Par ailleurs, il y a des besoins évidents, puisque
beaucoup de ces enfants prennent des médicaments multiples, notamment
les médicaments antiépileptiques. C'est toujours, en soi,
très difficile d'avoir une stabilité des équipes. On ne
peut pas nécessairement s'attendre que le CLSC, sur une base permanente,
assure cela, étant donné, encore une fois, que tous les
médecins ne peuvent pas s'occuper de la même façon de ce
type de problème.
On a, cependant, depuis qu'on a parlé des difficultés
récentes, - antérieures, d'ailleurs, à l'intervention
"récupérante" du président de la CEQ - pris certaines
mesures. Selon ce plan, en regard des mesures d'hygiène
préventives, il s'agit d'abord, d'élaborer des procédures
d'hygiène à appliquer qui concernent, notamment, la
propreté des lieux, la propreté des personnes en contact avec les
bénéficiaires, la manipulation du sang et des
sécrétions et la manipulation du matériel souillé.
Ils ont à peu près un mois pour définir ce protocole.
Deuxièmement, la mise sur pied et la dispensation d'un programme
d'éducation du personnel à l'égard de ces
problèmes, notamment à l'égard des risques de contagion
qui sont présents dans le milieu, la politique et les procédures
de l'établissement pour prévenir les maladies transmissibles.
L'échéance est également d'un mois.
En regard des mesures de protection, il y a un nouveau vaccin qui est
arrivé sur le marché tout récemment contre
l'hépatite B pour tous les nouveaux bénéficiaires et ceux
qui n'étaient pas encore porteurs, donc ceux qui n'étaient pas
encore contaminés. Cette opération est en cours. Il y a une
investigation plus concrète du degré d'exposition de tout le
personnel qui est en contact avec les bénéficiaires pour
permettre de procéder à une vaccination qui soit mieux
circonscrite. Quant à la vaccination contre l'hépatite B du
personnel à risque en contact avec les bénéficiaires ou en
contact avec les sécrétions et le sang, il y a une
échéance de deux mois. Je rappellerai que le vaccin dont on parle
est le vaccin qui a été homologué par le gouvernement
fédéral le 25 octobre 1982. C'est quelque chose de très
récent comme moyen.
En regard de l'organisation des services, il s'agit d'identifier une
responsabilité médicale; deuxièmement, de
développer un programme de surveillance de l'état de santé
des travailleurs exposés en plus de ce qui touche les malades et de
développer un programme de surveillance de l'état de santé
des bénéficiaires pour prévenir les contagions. Ils ont
à peu près six mois pour faire cela.
Pour chacun des aspects, des responsables ont été
identifiés au niveau du DSC, du CLSC, du conseil régional ou du
ministère, le ministère ayant détaché quelqu'un qui
s'occupe du problème à temps plein. On a déjà
procédé au nettoyage. J'ai des choses aussi précises que
la firme qui s'occupe de la maintenance à Saint-Hubert qui débute
ses travaux le 18 avril; enfin, j'en ai quatre pages. Bref, tout cela pour vous
dire que ce qu'il y avait à faire à l'égard de cette
institution a commencé à être fait depuis un certain
temps.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est de bonne guerre
pour le ministre. Cela part d'une préoccupation normale de nous
expliquer tous les problèmes reliés à l'hépatite B.
Comment peut-il expliquer qu'il
y a eu un an de délai entre les avertissements au DSC,
c'est-à-dire les représentations qui ont été faites
au DSC et l'intervention du ministère? À quel moment le
ministère est-il finalement intervenu?
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on me dit, c'est qu'effectivement,
depuis un an, il y avait une sorte de rapport d'évaluation
préliminaire du DSC qui était sûrement de qualité
puisque les événements par la suite l'ont confirmé. On me
dit - cela arrive de temps en temps en termes de priorités à
travers les préoccupations quotidiennes de tous les services du
ministère - qu'il y avait eu des échanges à la suite du
premier rapport et finalement, une étude systématique en
novembre, décembre, janvier. À compter du mois de janvier, on a
commencé certaines mesures.
Mme Lavoie-Roux: À quel moment le ministre personnellement
a-t-il été saisi de ce problème?
M. Johnson (Anjou): II y a à peu près un mois et
demi.
Mme Lavoie-Roux: Jamais officieusement ou officiellement avant
cette date, vous n'en aviez entendu parler?
M. Johnson (Anjou): Je n'en ai pas le souvenir. Sûrement
pas officiellement.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela.
M. Johnson (Anjou): Au ministère, non. Maintenant, est-ce
que quelqu'un m'en aurait parlé depuis un certain nombre de mois entre
deux réunions de comité, que ce soit le député de
Chambly ou quelqu'un d'autre? Je dois vous dire honnêtement que je n'en
ai pas le souvenir. Habituellement, quand un collègue me parle d'un
problème de cette nature - et cela arrive tous les jours à au
moins deux reprises; j'accumule en moyenne douze à quinze remarques ou
demandes de collègues, y compris de mes collègues de
l'Opposition, par semaine quand je me promène à Québec;
d'où l'avantage de s'enfermer dans son bureau de temps en temps pour
travailler - je ne dicte pas de note. J'avertis quelqu'un de mon entourage
immédiat ou du bureau du sous-ministre selon le cas ou selon
l'importance qu'on accorde a priori à cette demande ou à cette
remarque. J'ai un rapport, mais je ne tiens pas un fichier de l'ensemble des
remarques qui me sont faites, compte tenu du nombre qu'il y a.
Il arrive, cependant, que la présentation d'un cas est telle que
cela appelle une action immédiate. J'ai dicté récemment
une très longue note, sur un problème que m'avait soulevé
un collègue concernant un établissement, que j'ai fait parvenir
au sous-ministre. Je dois dire que je n'ai pas de souvenir précis. Il
est fort possible que le député de Chambly m'en ait parlé.
Je n'en ai pas de souvenir précis.
Mme Lavoie-Roux: Le DSC a sans doute tenté d'intervenir
puisqu'il s'agit d'un problème dont il a été saisi il y a
au moins un an. Comment cela se fait-il que finalement, il a fallu attendre
l'éclatement du mois de février, mars ou avril pour qu'une action
soit prise?
M. Johnson (Anjou): Dans un premier temps, il y a à peu
près un an, le DSC a parlé de certains problèmes. Il y a
eu des communications, je présume, entre le DSC et le ministère
à un moment donné, et le DSC est...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il s'agissait, quand même, de
quelque chose d'extrêmement contagieux, comme ce que vous venez de nous
décrire vous-même.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais, encore une fois, comprenons-nous
bien. Quand on parle de l'hépatite B, on a tous des images
d'épouvante autour de cela, mais il faut bien comprendre que le
phénomène de l'hépatite B, dans les centres de ce
type-là, avec ce type de bénéficiaires, n'est pas une
chose nouvelle. Je ne dis pas qu'elle n'est pas alarmante compte tenu du niveau
qui a été constaté, mais je pense que ce niveau n'a
été constaté qu'à la suite de l'étude du
mois de novembre. Donc, c'est au mois de janvier.
Alors, qu'on nous ait dit: Écoutez, on pense qu'il y a des
problèmes d'hépatite là, on ne dit pas qu'il ne faut pas
s'en occuper. On dit que ce n'est pas en soi anormal, et c'est le mandat du
département de santé communautaire, en vertu de la loi, en termes
de santé publique, d'y voir. Ce que je crois comprendre, c'est
qu'à compter du mois de novembre il a fouillé de façon
plus précise et il est arrivé à des conclusions qui font
que cela avait atteint, effectivement, un seuil beaucoup plus alarmant que ce
qu'aurait pu nous laisser croire le fait qu'on rencontre cela à
l'occasion. De toute évidence, il y a des problèmes dans cet
établissement.
Mme Lavoie-Roux: Je sais que cette institution faisait partie du
réseau des maisons Ambar que l'ex-ministre avait achetées. On n'a
jamais su à quel prix, par exemple, l'ensemble du réseau. C'est
public? Oui?
M. Johnson (Anjou): C'est public. Il y a eu un décret.
Mme Lavoie-Roux: II reste que c'est quand même depuis 1980
que cette
transaction a eu lieu. Est-ce que le nouveau directeur a
été engagé par concours public?
M. Johnson (Anjou): Si le directeur a été
engagé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Oui. On me dit que oui.
Mme Lavoie-Roux: Par concours public? M. Johnson (Anjou):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que présentement on fait
enquête - il y a la partie médicale ou l'état physique -
sur l'administration du directeur?
M. Johnson (Anjou): On fait enquête sur l'ensemble de
l'organisation. En vertu de quelles dispositions, je ne le sais pas. En tout
cas, en vertu du bon sens, d'après ce que j'ai vu; deuxièmement,
possiblement en vertu de dispositions spécifiques. J'ai l'impression que
c'est au niveau d'une procédure administrative.
Ah bon! C'est cela. Ce n'est pas une enquête au sens de la Loi sur
les commissions d'enquête et ce ne sont pas des articles de la loi qui
nous permettent de le faire. C'est l'enquête administrative, comme on
fait quand on a des cas de cette nature.
Mme Lavoie-Roux: Selon les informations que j'ai eues, depuis
1980 il y a passablement d'argent qui aurait été affecté
à des études: des études sur le fonctionnement de la
cuisine, des études de productivité, six ou sept études
quant aux soins...
M. Johnson (Anjou): Par qui? Par l'établissement
même?
Mme Lavoie-Roux: Par l'établissement même. ...un
rapport d'étude par la firme Fornet. Est-ce qu'on est au courant de ces
études?
M. Johnson (Anjou): Non, mais je pense que le groupe qu'on a mis
sur pied pour évaluer ce qui se passe dans cette boîte va nous le
dire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait s'informer pour savoir
s'il est exact que celui qui avait été mandaté pour
produire le rapport d'étude Fornet, que j'apprécierais beaucoup
qu'on nous remette d'ailleurs...
M. Johnson (Anjou): Le rapport d'étude?
Mme Lavoie-Roux: Fait par la firme Fornet, Comme M. Net,
Fornet.
M. Johnson (Anjou): Qui est engagée par
l'établissement?
Mme Lavoie-Roux: Qui est engagée par
l'établissement. Est-ce qu'il y aurait possibilité d'obtenir
copie de cette étude puisque c'est payé par les fonds publics?
(1Z h 45)
M. Johnson (Anjou): Oui, sauf que je ferai une nuance à ce
sujet - c'est une affaire de principe qui n'a rien à voir avec
Anne-Leseigneur - en disant ceci, d'abord: Le mandat du groupe qu'on a mis sur
pied, venant du ministère, du CRSSS, et du département de
santé communautaire, avec le Dr Jean Robert qui a une expertise, encore
une fois, remarquable et est sans doute un des meilleurs experts dans ce
domaine au Québec, c'est de faire un rappel historique à
l'égard de la situation sanitaire, d'inventorier et d'évaluer les
mesures prévues pour enrayer la propagation de l'hépatite B,
d'évaluer les conditions sanitaires au sein de l'établissement,
de proposer des mesures à mettre en oeuvre pour assurer aux
bénéficiaires et au personnel des conditions de vie
adéquates en matière d'hygiène et de santé.
Troisièmement, quant aux conditions de vie des
bénéficiaires, l'analyse des services offerts aux
bénéficiaires qui sont admis, les conditions de vie des
bénéficiaires sur le plan de l'aménagement physique, de
l'alimentation et des activités. Quatrièmement, à
l'égard de l'administration, une analyse de ce qui se passe en termes de
gestion du personnel et des problèmes de relations de travail dans cet
établissement.
Le comité, en termes d'échéancier, doit nous
remettre un rapport d'étape sur la situation sanitaire à la
mi-mai, tandis que le rapport final devrait normalement être
déposé quelque part autour de la fin de mai. Je ne parle pas d'un
an, je parle d'un mandat de quelques semaines.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y aura possibilité de...
M. Johnson (Anjou): Maintenant, les rapports des études
faites par cet établissement, il faut bien voir qu'il y a un
problème de principe là-dedans. On a environ 900
établissements dans le réseau.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous inquiétez pas, on ne vous les
demandera pas tous.
M. Johnson (Anjou): Non, mais je dis cela. Dans la mesure
où on procède encore en vertu d'une théorie reconnue dans
nos lois soit l'autonomie de gestion, et d'une reconnaissance de cette
théorie par la notion du budget global, je ne suis pas sûr qu'il
est du rôle du ministre des Affaires sociales de remettre des documents
qui sont issus de contrats accordés par un établissement,
parce
que cela pose toute la question des limites de ce qu'on peut faire dans
ce domaine.
Je pense, cependant, que ce problème pourrait être
résolu en partie peut-être par la loi 65. Je ne sais pas, je n'ai
pas les dispositions à l'esprit, mais j'ai l'impression que c'est le
genre de chose qui est sujette à la loi 65 dont la mise en vigueur est
là, mais il y aura des procédures prévues pour cela et on
va décentraliser ou atomiser le processus. On n'est quand même pas
pour donner aux 23 ministres le rôle de publier toutes les études
de chacun des établissements qu'ils subventionnent. Je pense qu'en
termes de principes, non, je ne remettrai pas ce rapport à l'Opposition.
Je pense que, s'il y a d'autres procédures prévues pour qu'ils
l'obtiennent, ils devraient le faire.
Quant au rapport que j'aurai là-dessus, je jugerai à la
lumière de ce que j'aurai. Il n'est pas coutumier, au ministère,
de rendre publics les rapports de nature administrative sur des
établissements bien qu'on rende publics, cependant, les rapports issus,
eux, d'une commission d'enquête ou des rapports de tuteur, ce qu'on fait
souvent. Cela a été le cas, par exemple, de Giffard mais
c'était une commission d'enquête au sens de je ne sais plus quel
article de la loi du ministère, avec les pouvoirs d'un commissaire
d'enquête; on pouvait forcer les gens à témoigner, etc., ce
qui n'est pas le cas de l'enquête administrative qu'on fait. On fait
régulièrement des enquêtes administratives de cette nature
devant les problèmes qu'on a. À ma connaissance, il y en a eu
sûrement une demi-douzaine depuis un an concernant certains
établissements.
Notre objectif, en fin de compte, n'est pas tellement d'aller clouer au
pilori des coupables. S'il y en a et qu'il y a des gens qui se rendent
passibles d'activités de nature criminelle, on fait ce qu'on a à
faire auprès du ministère de la Justice. Notre objectif est de
nous assurer que ces établissements remplissent la vocation que leur
attribue la loi et les exigences qui découlent des budgets qu'on leur
donne. En fin de compte, notre préoccupation est que ces
établissements fonctionnent. Ce n'est pas de passer notre temps dans des
procès de ceux qui, au niveau des relations de travail, de
l'administration ou ailleurs, auraient des problèmes, ce qui n'est pas
étonnant dans un immense réseau comme celui-là.
Alors, je ne peux pas, en ce moment, savoir si oui ou non je rendrai le
rapport public. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on va avoir un rapport
d'ici deux mois, d'ici le mois de juin au plus tard, fin mai début juin,
et que les mesures correctrices qui auront à être prises le seront
par celui qui vous parle.
Mme Lavoie-Roux: Je ferai simplement remarquer au ministre que
celui qui a fait cette étude de cette firme serait maintenant à
l'emploi de l'institution.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! C'est intéressant. On en prend
bonne note.
Mme Lavoie-Roux: Le problème était rendu si loin
que le Curateur public a dû écrire au Conseil régional de
la santé et des services sociaux de la Montérégie,
puisqu'il était responsable, à titre de Curateur public, de 17
des patients qui sont là.
M. Johnson (Anjou): À quelle date est-ce?
Mme Lavoie-Roux: Au mois de mars.
M. Johnson (Anjou): Au mois de mars de cette année?
Mme Lavoie-Roux: 1983.
M. Johnson (Anjou): 1983, donc tout récemment.
Mme Lavoie-Roux: II disait au Conseil de la santé et des
services sociaux: "Je suis informé qu'après avoir interdit aux
seuls médecins de l'établissement d'y travailler plus d'un
minimum d'heures chaque semaine, le directeur général du centre
d'accueil, M. Jean Boudreau, soudainement et sans avis, ni mesures
sérieuses pour assurer la continuité des soins médicaux, a
congédié, samedi le 19 mars 1983, le docteur Keable. Des cas
d'ingérence directe de l'administration dans les soins médicaux
et leur fréquence ne sont pas, non plus, sans m'inquiéter
sérieusement." Est-ce que le docteur Robert auquel vous faisiez allusion
a strictement la responsabilité d'enquêter sur les conditions
physiques ou les conditions médicales ou s'il assume maintenant des
responsabilités auprès des patients?
M. Johnson (Anjou): Non, la responsabilité du docteur
Robert est une responsabilité d'expertise quant aux choses qu'il a
à faire à l'intérieur de ce comité. Par ailleurs,
jusqu'à ce qu'on ait le rapport qui nous suggère des formules
plus permanentes, pour le moment, c'est le docteur Gilles Desmarchais qui est
rattaché au CLSC Richelieu qui assure... Je pense que ce sera de
façon transitoire, je ne pense pas que ce soit définitif. Je
doute à ce stade-ci, pour toutes sortes de raisons - et on verra ce que
nous dira le comité - que le CLSC obtienne la responsabilité
institutionnelle d'assurer les services pour des raisons de priorités et
de possibilités pour ce CLSC de répondre à la fois aux
besoins de services à domicile, etc., et de s'occuper d'une institution
de cette ampleur. Je pense que la
situation idéale serait d'avoir un médecin ou une
équipe médicale régulière, sans compter
possiblement la présence d'un pharmacien à temps partiel compte
tenu de l'utilisation de médicaments qui se fait dans cette
institution.
Quant au départ du docteur Keable, j'en ai entendu parler. J'en
ai eu des échos par des gens de la région. Le docteur Keable est
un médecin spécialiste en médecine interne, je crois, qui
avait accepté la responsabilité. Elle est partie dans des
circonstances que je ne connais pas. Je sais qu'elle a remis sa
démission à la suite, si j'ai bien compris, de pressions
très fortes qui étaient exercées sur elle par la direction
de l'établissement. Je n'ai pas ici à présumer des bonnes
ou des mauvaises raisons qu'aurait eues l'établissement pour faire ces
pressions pour qu'elle démissionne. Il est fort possible que
l'établissement ait eu tort, comme il est possible qu'on ait eu des
reproches à son égard. Je ne le sais pas. C'est aussi simple que
cela. Ce que je sais, cependant, c'est que le CLSC, dans les jours qui ont
suivi cette décision de l'établissement, a vu arriver en autobus
sept patients, à 18 heures, parce qu'on disait que le CLSC s'occuperait
des patients...
Mme Lavoie-Roux: C'est un peu bizarre.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas pour rien qu'on fait une
enquête administrative.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que le ministre a au moins ces
informations-là. Depuis que la nouvelle direction a assumé ses
fonctions, il y a eu 25 congédiements ou démissions. Il y a eu
une rotation de cinq médecins. On doit être rendu au
sixième, j'imagine. Les trois infirmières-chefs ont
démissionné avec des lettres assez impressionnantes quant
à la qualité des soins, les conditions d'hygiène et
l'organisation de la maison.
M. Johnson (Anjou): À écouter la
députée de L'Acadie, j'ai l'impression qu'on rencontre les
mêmes personnes en fin de semaine.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si on rencontre les mêmes
personnes.
M. French: Au Salon de la femme.
Mme Lavoie-Roux: J'étais au Salon de la femme en fin de
semaine. Il y a déjà eu quatre infirmières qui, par
intérim, assument le poste d'infirmière-chef. Je ne peux
m'empêcher de me surprendre que ce problème ait
traîné aussi longtemps. Même le ministre - il faudrait
l'envoyer à la commission de l'énergie et des ressources,
là aussi la mémoire fait défaut - n'a pas nié
qu'officieusement quelqu'un a pu lui en parler. Je comprends que tout le monde
l'assaille d'un tas de problèmes, mais il reste qu'il s'agissait d'une
situation qui était plus grave qu'ailleurs ou peut-être aussi
grave que dans d'autres endroits, je ne peux pas juger.
M. Johnson (Anjou): Espérons que non.
Mme Lavoie-Roux: Espérons que non. Il s'agit de jeunes
adultes déficients. On peut se demander quelle est la part de
responsabilité qui peut être imputée, d'abord, à la
maison elle-même, au DSC et même au conseil régional. Je ne
sais pas à quel moment le conseil régional en a été
saisi pour la première fois. Il est certain que le député
de Chambly en a été saisi depuis au moins un an. Je m'explique
mal qu'avec un problème aussi important que celui-ci dans son
comté, avec autant de démarches qui ont été faites,
il a fallu que cela éclate et que cela prenne des proportions
très considérables, que, finalement, ça devienne une
urgence pour que tout le monde s'en occupe. On ne pouvait plus continuer de
l'ignorer. Évidemment, le ministre aura le loisir de garder le rapport
public ou privé. Mais, au moins, s'il ne veut pas le publier en
détail j'espère qu'on en aura ...
M. Johnson (Anjou): Les faits saillants.
Mme Lavoie-Roux: ...les faits saillants, cela veut dire ce que
ça veut dire. Les faits saillants, on les a déjà; il faut
au moins savoir à qui les responsabilités doivent être
imputées. Comme je vois qu'il y avait au moins 17 jeunes adultes qui
étaient sous la Curatelle, cela veut dire des jeunes qui n'ont à
peu près pas de contacts avec d'autres personnes. À toutes fins
utiles, ce sont des personnes abandonnées. Quant aux autres, on peut se
demander aussi quelles étaient les possibilités pour ces gens
d'avoir des parents qui les visitaient régulièrement. J'attendrai
le rapport sur ce sujet.
Cela m'amène à la question suivante. Qu'en est-il des
fameux comités de bénéficiaires qui sont dans la loi, mais
qui ont été rendus plus obligatoires avec la loi no 27? D'abord,
il serait intéressant de savoir s'il y en avait un à
Anne-Leseigneur. Je pense qu'il y avait des dispositions de la loi pour que des
parents puissent y siéger. Cela pourrait être le cas à
Anne-Leseigneur. Où en êtes-vous rendus dans leur création
ou leur établissement dans tous ces établissements de
santé et centres d'hébergement? Est-ce qu'il y a des statistiques
sur cela?
M. Johnson (Anjou): On n'a pas de bilan, parce que cela fait
à peine un an. Les conseils régionaux participent à
l'organisation
des élections ou à la désignation de certaines
personnes dans certains cas. Effectivement, on ne sait pas s'il y en avait
à Anne-Leseigneur, mais on pourra vous le dire bientôt.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a un?
M. Johnson (Anjou): On ne le sait pas. Mme Lavoie-Roux: On
ne le sait pas.
M. Johnson (Anjou): On pourra vous le dire bientôt. J'ai
l'impression qu'en ce qui concerne l'implantation des comités de
bénéficiaires tels que prévus dans la loi no 27, dans le
courant de l'année, on devrait avoir un rapport de chacune des
régions. Le ministère ne fait pas cet inventaire en ce qui
concerne les quelque 900 établissements. On croit que c'est une chose
qui relève du secteur régional; les gens se connaissent, les
réseaux de communications sont plus simples. On peut avoir cela comme
bilan et avoir un portrait global au Québec.
Par ailleurs, Mme Vallières me dit que, dans les centres
d'accueil et d'hébergement, il y en a partout, cela on le sait, et les
CHSP. Alors, il reste donc réadaptation et hôpitaux, mais les
hôpitaux, c'est la section CHSP; il reste le secteur de la
réadaptation qui comprend 150 établissements.
Mme Lavoie-Roux: Des ressources devaient être mises
à la disposition de ces comités de bénéficiaires.
On peut bien en créer un sur papier, mais finalement il sera
inopérant à cause d'un manque de ressources. C'est
peut-être la deuxième question qu'il faut se poser. On peut en
avoir un d'office, mais inopérant.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on adopte ce
programme?
M. Johnson (Anjou): Le programme 6, adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas fini, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Ah bon!
Le Président (M. Blank): La commission suspend ses
travaux. On reprend après la période des questions.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 16 h 25)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires sociales reprend ses travaux aux
fins d'étudier les crédits budgétaires du ministère
des Affaires sociales. La parole est à Mme la députée de
L'Acadie. On est encore au programme 6: Services en centres de
réadaptation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais essayer d'aller
le plus rapidement possible.
Le Président (M. Blank): Excusez-moi. Après la
motion de la Chambre, vu que c'est une reprise de cette commission, les membres
sont les mêmes que ce matin.
Mme Lavoie-Roux: D'accord! M. le Président, ma
première question porte sur le centre d'accueil de Tilly où il y
a des problèmes sérieux, peut-être moins sérieux, je
l'espère, que ceux du centre d'accueil Anne-Leseigneur, mais où
il y a eu des démissions. Le ministre peut-il nous dire
brièvement ce qu'il en est? Il y a eu des congédiements, je
pense, il y a eu des mises à pied. Il y a eu aussi des primes de
séparation. J'avouerai très humblement que je le fais à
partir strictement d'informations que j'ai eues, sans pouvoir les
vérifier.
M. Johnson (Anjou): Alors, il s'agit d'un établissement
dont l'exiguïté est reconnue et qui, par ailleurs, a une
quantité de personnel apparemment considérable qui ne
répondrait pas aux normes habituellement exigées pour accomplir
les tâches. On se souvient que c'est le type d'établissement qui a
été intégré progressivement, etc.
Mme Lavoie-Roux: C'est un centre d'accueil pour la
protection...
M. Johnson (Anjou): C'est un centre d'accueil offrant des
services sécuritaires...
Mme Lavoie-Roux: Pour enfants.
M. Johnson (Anjou): ...pour les jeunes mésadaptés
socio-affectifs.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Du côté des cadres
supérieurs, on a eu quelques problèmes jusqu'en 1981 aussi au
niveau de la gestion. En 1981, le ministère et le conseil
d'administration ont fait appel au directeur général d'un centre
d'accueil de Montréal de même type pour procéder à
une réorganisation du centre considéré comme un centre de
réadaptation à court terme; on a entrepris alors de
développer des programmes de réadaptation à long terme. On
a procédé à l'engagement de cadres supérieurs et
intermédiaires en 1982. À la fin de 1982, on a
procédé à l'évaluation complète du
personnel et des éducateurs, ce qui a entraîné la
démission de 20 personnes dans ce contexte. Au niveau de l'organisation
physique, un comité du conseil régional de la région 03,
où le ministère était représenté, de
même que l'établissement, a étudié
différentes options de relocalisation et de rénovation de
l'établissement. Au cours de 1982, on a entrepris la mise en place de
deux unités de réadaptation à long terme, ce qui a
entraîné la fermeture temporaire de deux unités qui ont
été transférées, avec les jeunes, au centre
d'accueil Cartier pour la période de la rénovation. Cette
période a entraîné certaines perturbations apparemment,
nous dit-on, chez les jeunes dont quatre ont formulé des plaintes au
Comité de la protection de la jeunesse, lequel a fait enquête en
1982...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Johnson (Anjou): ...et a recommandé la fermeture des
unités de réadaptation à long terme, lesquelles
étaient en phase de réorganisation au moment de l'enquête.
Toutefois, à la suite d'une rencontre avec les représentants du
centre d'accueil et du Comité de la protection de la jeunesse et compte
tenu des délais entre le moment de l'enquête et le
dépôt du rapport, la situation ne correspondait plus à la
réalité au moment du dépôt du rapport. Il a
été suggéré au comité de revoir sa
décision. Le comité a accepté de reconsidérer son
opinion. Il n'a, cependant, pas rendu sa décision. S'il la confirme,
c'est une autre paire de manches. C'est le contexte dans lequel tout cela se
fait. Évidemment, dans le mesure où il y avait, à
l'égard du personnel, des évaluations qui se faisaient quant aux
exigences minimales de travail chez les éducateurs et qui ont
amené des démissions, etc., je pense qu'on ne doit pas
s'étonner qu'il y ait eu ce type de problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien qu'on parle
de personnel qui a démissionné, mais je voudrais savoir dans
quelle mesure on oblige aussi le personnel à démissionner.
M. Johnson (Anjou): Je vais demander à M. Lavoie, des
services de réadaptation du ministère, de répondre
là-dessus.
Essentiellement, dans le fond, le personnel devait se qualifier pour de
nouvelles tâches, compte tenu de la réorganisation, comme le
précisait M. le ministre. À la suite de cette situation à
laquelle le personnel était confronté, il y avait deux
possibilités. Si le personnel se qualifiait pour les postes, à ce
moment, il pouvait effectivement obtenir des postes; certains en ont obtenu.
D'autres, par ailleurs, qui avaient peut-être une formation moins
avancée au plan théorique, universitaire notamment, avaient la
possibilité de tenter de se qualifier, sinon de s'en aller au service
provincial de placement des Affaires sociales. Il y a une disposition dans la
convention collective qui prévoit qu'une personne peut opter de briser
son lien d'emploi moyennant une prime de séparation de six mois. Il y en
a donc un certain nombre qui, au lieu d'entreprendre tout le processus de la
qualification et de s'en aller au service provincial de placement, ont
préféré tout simplement briser leur lien d'emploi,
moyennant une prime de séparation de six mois. C'est une clause de la
convention collective.
C'est une clause prévue par la convention.
Mme Lavoie-Roux: De quelle façon procède-t-on? Il y
a là-dedans des éducateurs qui avaient dix, douze ans
d'expérience. Il n'ont peut-être pas un diplôme de
deuxième ou troisième cycle, peut-être même pas de
premier cycle. Il reste que, dans ces cas, l'expérience à
l'intérieur d'un centre d'accueil est quand même importante. Avant
que vous me répondiez, je voudrais dire que cela fait au moins trois
institutions qui ont des nouvelles directions, dont celle dont on parlait ce
matin, Anne-Leseigneur, où on fait passer des tests de
personnalité aux gens -me dit-on - pour évaluer leurs
capacités. Ce n'est même pas relié à une partie de
la compétence technique ou professionnelle. J'aimerais savoir quelles
sont les politiques du ministère. Il peut facilement se commettre des
abus dans ce sens. Un nouveau directeur entre en place - je n'aime pas affirmer
des choses gratuites, mais elles ne sont pas tout à fait gratuites - et
il a des gens à faire entrer et aussi des gens à faire sortir. Il
reste quand même que la justice doit s'appliquer de la façon la
plus stricte possible. Je suis prête, si on veut me démontrer le
contraire, à croire que toutes les hypothèses faites dans ces cas
sont non fondées. Il reste qu'on a l'impression que cela ne se fait pas
selon les règles strictes de la justice envers les gens qui sont
là et qu'il y a bien d'autres motifs qui président à des
décisions.
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas nécessairement parler
pour l'ensemble des cas. Dans le cas de Tilly, de façon
particulière, il faut savoir que c'est un centre d'accueil qui, comme
l'a souligné M. le ministre tout à l'heure, a posé depuis
nombre d'années des problèmes sérieux de relations de
travail. Les gens étaient engagés, dans le temps, souvent comme
gardiens de sécurité et, au fil des ans, parfois, à cause
d'un certain manque de rigueur des directions en place, ils ont obtenu des
titres ronflants, mais ne
correspondant pas au travail qu'ils faisaient. Ce qui est arrivé,
c'est que le personnel a dû se requalifier, justement pour éviter
ce genre d'abus. La direction du centre, en accord avec le conseil
d'administration, a décidé de faire appel à des
consultants externes pour évaluer la compétence du personnel. Ce
n'est pas simplement basé sur le fait de dire: II donne de bons
services, il me plaît ou il ne me plaît pas.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je parle des tests de
personnalité.
M. Johnson (Anjou): Dans l'ensemble du cheminement auquel le
personnel a été confronté, dans la perspective où
il devait se qualifier, il y avait une série de questionnaires,
d'entrevues, de tests. Je ne sais pas si ce sont des tests de
personnalité, je n'ai pas vu les tests de façon précise.
Mais, quand des employés sollicitent un emploi, il est fréquent
qu'ils soient confrontés à une série de tests, de quelque
nature qu'ils soient. Dans ce cas, c'est ce qui a été fait. Je ne
suis pas informé qu'il s'agit de tests de personnalité tout
à fait particuliers. C'est le cheminement régulier qui se fait au
niveau de l'engagement de personnes.
Justement pour objectiver la question de la décision,
l'établissement a référé à des consultants
externes pour éviter le genre de problème que vous invoquiez,
soit que les gens se disent: Celui-là est favorisé ou ne l'est
pas.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous demandez à des personnes qui
approchent 50 ans ou qui ont dépassé la cinquantaine, qui ont
été éducateurs pendant X années de retourner se
classifier il y en a qui sont prêtes à retourner mais il reste que
cela représente un contexte un peu spécial.
Vous dites que c'est une prime de séparation de six mois. Dans un
cas, il y aurait eu une prime de séparation de 40 000 $.
M. Johnson (Anjou): C'est ce qu'on a appris ce matin. Justement,
M. Meloche me confirmait ce matin qu'il y avait quelqu'un sur place pour faire
un état de la situation relativement aux "allégués" qui
étaient rapportés dans les journaux et qui ont fait l'objet d'une
émission de télévision hier soir. Ce cas-là en
particulier va être vérifié. M. Meloche me confirmait
justement ce matin qu'il envoyait quelqu'un pour faire le point sur cette
situation. L'information qu'on avait eue était que ce qui était
appliqué rigoureusement, c'étaient les articles prévus
à la convention collective. L'employé, tel que prévu
à la convention collective, a le choix ou de briser son lien d'emploi
moyennant six mois ou d'être référé au service
provincial de placement.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je pense que le ministère -
ou enfin, je ne sais pas si ce sont les CRSSS ou d'autres; peut-être que
c'est sous la responsabilité du sous-ministre aux services sociaux -
devrait examiner la nature des tests qu'on fait passer à ces personnes.
Si vous faites passer des tests à des gens qui ont été
éducateurs peut-être - je suis prête à l'admettre -
un peu formés sur le tas, comme on le dit, et que vous amenez des
universitaires qui ont des doctorats en psychologie et leur faites passer des
tests de compétence, il y a de bien gros risques qu'on ne les trouve pas
compétents du tout. En toute justice, j'aimerais que cette question soit
examinée pour les gens qui sont concernés.
M. Johnson (Anjou): Sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites enquête, apparemment, sur
cette situation.
M. Johnson (Anjou): Oui, depuis ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Depuis ce matin. Bon.
M. Johnson (Anjou): On a entendu le même bulletin de
nouvelles.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui m'étonne, c'est qu'on n'ait pas
fait enquête avant ce matin.
M. Johnson (Anjou): Parce qu'on en a entendu parler ce matin ou
la semaine dernière, il y a quelques jours à peine. J'ai entendu
cela en me réveillant, je pense, lundi matin à Radio-Canada, aux
nouvelles régionales, parce que je n'écoute pas M. Arthur.
Mme Lavoie-Roux: Moi, non plus. Une question touchant les centres
d'assistance-maternité.
M. Johnson (Anjou): D'assistance-maternité.
Mme Lavoie-Roux: Les centres d'accueil et de réadaptation
d'assistance-maternité.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: II semblerait que la direction des services
professionnels,
j'imagine, du ministère a préparé en 1981 un
rapport assez intensif. Est-ce le ministère qui a préparé
cela? Direction des services professionnels?
M. Johnson (Anjou): Qu'est-ce que c'est le titre? Continuez.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que je ne retrouve pas le sigle du
ministère.
M. Johnson (Anjou): C'est La Clairière.
Mme Lavoie-Roux: C'est La Clairière qui a
préparé cela.
M. Johnson (Anjou): C'est un établissement.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce qu'il y a une politique qui a
été définie finalement par le ministère quant
à leur développement, quant à leur maintien? Quelle est la
politique du ministère sur ces centres d'accueil puisqu'il semble y
avoir des appréhensions à savoir qu'il y aurait des changements
d'orientation?
M. Johnson (Anjou): Effectivement, cela se situe dans l'ensemble
de la situation des femmes, de la violence qui est faite aux femmes. Il s'agit
d'hébergement, de dépannage et autres. On est en relation avec le
CRSSS de Québec actuellement. On regarde l'ensemble des centres
d'accueil qui desservent cette clientèle. On a un bout qui est fait sur
les centres d'hébergement pour femmes en difficulté, dont on a
parlé hier soir; l'orientation, l'espace ou la mission de ces centres
vont être regardés dans l'ensemble.
Donc, il y a un groupe de travail qui est actuellement formé dans
la région de Québec avec les centres impliqués, le conseil
régional et une participation du ministère, de quelqu'un de chez
nous qui est responsable plus spécifiquement de la condition, de la
santé des femmes en difficulté, laquelle est Louise Guyon, avec
quelqu'un de la réadaptation. Donc, on ne veut pas le regarder à
la pièce, mais vraiment l'ensemble de la situation des femmes.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Westmount.
M. French: Dans ce contexte, vous avez un groupe de travail qui
étudie une politique. Il y a, d'après les documents qui passent
sur nos bureaux ces temps-ci, une crise de financement pour les maisons de
transition, les maisons d'hébergement pour les femmes battues.
M. Johnson (Anjou): Non. Au contraire, on a
amélioré de façon sensible le financement des maisons pour
femmes en difficulté.
M. French: Je vais y revenir. M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il eu une étude d'effectuée
par le ministère des Affaires sociales sur cette question?
M. Johnson (Anjou): On est en train de regarder cela
actuellement. J'ai eu des rencontres. J'en ai discuté avec le conseil
régional et actuellement on a un comité. On ne voulait pas
regarder la question des centres d'accueil indépendamment de ce qui se
passait au niveau des organismes bénévoles, des centres
d'hébergement pour femmes en difficulté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Johnson (Anjou): On en a parlé hier. Le document de
travail est fait. Il y a eu des consultations et, là, on a un groupe de
travail avec le CRSSS de Montréal, les établissements, et Louise
Guyon, qui est la responsable du dossier, est impliquée aussi dans ce
dossier. On veut clarifier cette situation le plus rapidement possible, sachant
fort bien qu'il y a des tensions au niveau de ces centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Par contre, je pense qu'on ne décidera
pas de la politique cet après-midi, puisque vous avez un comité
conjoint qui travaille là-dessus, mais, à vous entendre et
à entendre les appréhensions, il semblerait que vous vous dites
que les maisons pour les femmes pourraient répondre aux besoins de ces
adolescentes. En tout cas, il faudrait être bien prudent, parce que
peut-être que les centres, tels qu'ils existent, sont trop temporairement
mis à l'écart. Il y a peut-être ce problème, mais,
par contre, je ne suis pas sûre que cela coïncide exactement avec
les problèmes que vivent les femmes battues, qui est quand même un
problème de dépannage, alors que l'autre est probablement un
problème de réinsertion sociale, de réadaptation.
M. Johnson (Anjou): Je voulais seulement dire que j'ai eu
l'occasion de visiter un de ces centres d'accueil, celui qui est situé
sur le chemin Sainte-Foy, à Québec...
Mme Lavoie-Roux: La Clairière.
M. Johnson (Anjou): ...La Clairière, c'est cela, et de
rencontrer des bénéficiaires, des gens de la direction et le
personnel qui était là. Effectivement, je ne sais pas ce que va
me produire ce comité conjoint. Je peux
seulement dire, pour être allé voir, il y a quelque six ou
sept mois, ce qui s'y passait, que j'ai cru y voir quelque chose d'un peu
différent de l'idée qu'on peut se faire de ce que sont les
centres pour les femmes en difficulté, par exemple, qui ont
été victimes de violence. Le contexte y est un peu
différent. Cet établissement, en tout cas, dans le cas de La
Clairière, est essentiellement axé sur la maternité et sur
la période de grossesse chez les femmes en difficulté. On cherche
aussi de l'emploi pour après dans certains cas. Je pense qu'on est
très sensible à ce qu'évoque la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une question sur une demande
qui a déjà été endossée par le CRSSS de
Québec touchant le développement de ressources pour les centres
de réadaptation pour adultes déficients mentaux. Apparemment, ils
ont l'approbation du CRSSS. C'est un montant assez minime de l'ordre de 35 000
$. Il y aurait un manque de 90 places pour ces déficients mentaux
adultes. Vous avez sûrement cette étude, puisque je l'ai, dans
laquelle on prévoit un manque de places, si on n'en débloque pas
en 1986-1987, qui pourrait aller jusqu'à... Il faudrait trouver le
nombre exact. Je pense que ce serait à ce moment-là - je vous le
donne absolument de mémoire - au-delà d'environ 300 places. C'est
cela, 386 places. (16 h 45)
M. Johnson (Anjou): Là-dessus, oui, on a effectivement le
mémoire. La demande est connue. Maintenant, comme vous le savez, les
budgets de développement se font très rares. Donc,
là-dedans comme ailleurs, on essaie de voir s'il n'y a pas des
réaménagements qui sont possibles.
Mme Lavoie-Roux: Mais quel est le montant exact qu'on vous a
demandé?
M. Johnson (Anjou): 87 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Moi, on m'a parlé de 35 000 $.
M. Johnson (Anjou): Donc, il y a une bonne position de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, il me semble que 35 000 $ ne doit
pas être impossible à trouver...
M. Johnson (Anjou): Mais voyez-vous...
Mme Lavoie-Roux: ...si vraiment cela doit servir à 90
personnes qui sont en attente. Là, ce qu'on fait, on les scolarise
jusqu'à 21 ans, ce qui est excellent. Mais on sait fort bien que, s'ils
restent à la maison le moindrement longtemps - ce n'est pas que les
maisons soient mauvaises en soi - s'il n'y a plus aucune stimulation, c'est
toujours le danger du déficient mental adulte de se replier sur
lui-même, de s'asseoir devant la télévision. Enfin, le
recul peut être rapide.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Si on regarde ce qui s'est fait
dans le passé, répondre à ces problèmes de la
même façon qu'on y répondait dans le passé
apparaît difficilement concevable, compte tenu de la question des
coûts et compte tenu du nombre aussi. Mais, une orientation possible sur
laquelle le ministère aura à se pencher, c'est l'orientation de
plans individuels de services. Comment le dit-on? Des plans individuels
adaptés?
Une voix: Plans individuels de services.
M. Johnson (Anjou): Plans individuels de services. Parce que, au
bout du compte, s'ils restent, après l'âge de 21 ans, dans ces
établissements où, en fait, ils subissent une formation qui leur
permet d'évoluer par la suite, il faut être conscient que la
difficulté de trouver de l'emploi pour ces personnes existe toujours. Je
ne suis pas sûr que la solution est institutionnelle. Sans vouloir
regarder à trop long terme et sans être idéaliste, je pense
que l'approche qui est prise, par exemple, dans un endroit comme
Baie-Saint-Paul, où il y a une intégration assez remarquable des
déficients mentaux à la vie de la communauté, est
intéressante et, en ce sens, n'est absolument pas institutionnelle.
Finalement, il y a l'éternel problème, dans ces choses, de
l'équité des ressources entre les différentes
régions du Québec et de tenter, finalement, d'être juste
sur l'ensemble du territoire en termes des ressources qu'on consacre sur le
plan institutionnel à ces groupes.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous appelez le "plan individuel
adapté", est-ce que c'est le plan de services...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...de l'Office des handicapés?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la place pour en discuter, puisque
cela relève d'un autre ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais cela ne marche pas?
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas poser un jugement aussi absolu
que cela, mais ce n'est pas encore le Pérou, pour être
réservée dans mes jugements. Je pense que vous avez
peut-être une certaine approbation à mes commentaires
derrière vous. Penser que c'est une solution de rechange... Ce sont les
pigeons qui passent.
M. Johnson (Anjou): Ce sont les pigeons! M. Pigeon!
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas s'illusionner et penser que, si
c'est la seule solution possible, elle soit vraiment très efficace.
Quand je vois des montants comme ceux-là et que je vois ce que cela veut
dire pour des familles... De toute façon, maintenant, ces ateliers
protégés sont tous financés par le gouvernement.
Autrefois, il y en avait que la communauté avait
développés. On voit, par exemple, qu'on ne se gêne pas pour
payer plus cher pour une location que pour une autre.
M. Johnson (Anjou): J'aimerais cela qu'on me donne des cas.
Mme Lavoie-Roux: Celui du CLSC du Lac-Saint-Jean. On ne prendra
pas une heure. Je ne l'ai pas rapporté.
M. Johnson (Anjou): Oui, j'en prends note, par exemple. On va
aller vérifier.
Mme Lavoie-Roux: Examinez aussi du côté de
Berthier.
M. Johnson (Anjou): Ou côté de Berthier?
Mme Lavoie-Roux: II y en a probablement plusieurs dans le
comté de Berthier.
M. Johnson (Anjou): Près de chez le cantonnier, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je vous donnerai la place exacte, si vous
voulez. Je comprends. À ce moment-là, on se pose des questions
quand, à d'autres endroits, on est obligé d'empêcher des
services par manque d'argent.
M. Johnson (Anjou): Vous aurez une réponse aux
crédits de l'an prochain sur ces deux CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Entre-temps, n'attendez pas cela pour
résoudre le problème des gens. D'accord?
Le Président (M. Blank): M. le député de
Westmount.
M. French: Juste pour revenir un moment au sujet que j'ai
soulevé. J'ai une copie d'un télégramme qu'a envoyé
le Regroupement provincial pour les maisons d'hébergement et de
transition pour femmes victimes de violence. Je ne dis pas que c'est vrai.
M. Johnson (Anjou): Allez-y, allez-y.
M. French: Je dis tout simplement qu'innocemment...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. French: ...j'ai pris connaissance d'une série de
télégrammes.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. French: Plus de 72 télégrammes adressés,
plus de 80 appels téléphoniques logés, plus de 35 jours
d'attente, plus de 17 jours écoulés dans l'année
financière 1983-1984; résultat, deux lettres du cabinet Marois
annonçant pour bientôt argent et politique. Ces promesses
écrites ne paient pas les créanciers des maisons, ni ne
nourrissent des femmes hébergées. Pour que l'argent et la
politique arrivent enfin, que doivent faire d'autres maisons
d'hébergement? Alors, j'invite le ministre à nous expliquer
pourquoi il n'y a pas de problème.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que le député
de Westmount va apprécier ma candeur devant ces "lobbies" fort bien
organisés. Il est très clair que le problème des femmes
victimes de violence est un problème dont le gouvernement s'est saisi
depuis un certain nombre d'années. Il n'est pas inutile de rappeler ici
qu'en 1977 il y avait une ressource pour les femmes en difficulté, qu'en
1983, il y en a 38 et qu'il y en aura davantage d'ici quelques mois.
Chaque année, le regroupement, à peu près à
cette époque-ci, fait venir des journalistes de la presse
électronique, fait un "lobby" sous forme de télégramme ou
autrement, fait des pressions dans des bureaux de comté pour dire: On ne
veut pas que vous mettiez fin à nos jours. Pourtant, on est passé
de 1 à 2, à 11, à 18, à 21 et à 38. Il me
semble que cela n'a pas l'air d'une politique qui vise à les fermer.
Nous tentons chaque fois d'expliquer à la relationniste de ce groupe ou
à la personne qui rédige les communiqués qu'en vertu des
lois qui régissent le Québec on ne peut pas verser de subvention
ou même annoncer nos intentions de subvention si on n'a pas les
crédits disponibles pour le faire. Or, la période des
crédits, c'est le mois de mars. Au moment où le livre des
crédits est déposé en Chambre, je signe toutes les lettres
d'intention. Nous avons fait parvenir à chacune des maisons de femmes,
au début du mois d'avril, parfois cela va jusqu'à la mi-avril, au
pire, dans la dernière semaine d'avril, une lettre d'intention sous
ma
signature qui dit: Nous accorderons à votre maison 88 524 $ cette
année.
Il est très clair que le dernier mois, c'est une période
de flottement pour tous les organismes bénévoles tributaires de
subventions et théoriquement, je vous dirais, pour une bonne partie du
réseau des affaires sociales, y compris les hôpitaux. Je n'ai
jamais reçu de télégramme de l'AHQ qui me dit: Savez-vous,
on a peur que les hôpitaux ferment, parce qu'on n'a pas reçu vos
lettres d'intention sur nos budgets. C'est comme cela que fonctionne le cycle
budgétaire.
C'est vrai qu'il y a toujours une période de flottement d'un
mois. Je pense que cette procédure administrative maintenant devrait
leur être connue, qu'ils reçoivent, quelque part au cours du mois
d'avril, une lettre d'intention qu'ils vont présenter au directeur de la
caisse populaire ou de la banque avec laquelle ils font affaires et ils se font
faire une marge de crédit. En général, on fait un
chèque. Quand il s'agit d'un organisme débutant, il y a un
chèque si c'est en bas de 70 000 $; sinon, c'est en deux versements dans
le cas des plus gros. Comme on verse cela sous forme d'un chèque d'un
montant global qui peut aller jusqu'à 50 000 $ dans bien des cas,
l'accumulation des intérêts paye fort bien l'avance de
crédits qui a été faite pendant trois semaines ou un mois,
ou même deux mois dans certains cas.
Ce n'est pas un problème, mais cela permet, par contre, je dois
le dire, de refocaliser l'intérêt sur le fonctionnement de ces
maisons et sur la nécessité de faire face à tout cela. Et
non seulement on y fait face, mais on met 2 799 000 $ en 1982-1983, puis on va
mettre autour de 300 000 $ ou 400 000 $ de plus cette année. Je trouve
cela dommage que ce soit décrit comme une régression alors qu'on
augmente chaque fois, mais cela fait partie un peu, je présume, de
l'apprentissage des mécanismes complexes d'administration publique pour
ces organismes bénévoles et aussi d'un réflexe
répandu qui vise à sonner l'alarme pour assurer sa
sécurité.
Mme Lavoie-Roux: Cette fois-ci, j'ai cru comprendre que le
ministre disait que les subventions étaient augmentées pour
l'ensemble des organismes bénévoles, mais pas dans le cas des
maisons de femmes?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. On va les augmenter.
Mme Lavoie-Roux: Ah, vous m'avez dit que vous alliez
rapatrier...
M. Johnson (Anjou): C'est cela. On a 800 000 $ au total...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): ...qui vont être consacrés aux
organismes communautaires et aux femmes en difficulté. J'ai l'impression
qu'il y aura entre 300 000 $ et 400 000 $ pour les maisons de femmes.
Mme Lavoie-Roux: Ajoutés? M. Johnson (Anjou):
Ajoutés...
Mme Lavoie-Roux: Cela ne paraissait pas dans les
crédits.
M. Johnson (Anjou): ...aux crédits actuels de 2 800 000 $,
à toutes fins utiles.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): On va augmenter d'à peu près
20% cette année, ce qui n'est pas exactement...
M. French: L'une des raisons qui expliquent
l'insécurité que le ministre constate à l'intérieur
de ces maisons d'hébergement pourrait être un manque de politique
d'encadrement. Est-ce que je dois comprendre que l'exercice du groupe de
travail vise un énoncé de politique qui leur donnerait un peu
plus de balises sur une base pluriannuelle qui devrait soulager quelque peu
leurs inquiétudes à la fin de chaque année
financière?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Effectivement, je pense que ce
qui va arriver avec le cadre général... Je ne sais plus quel nom
donner à cela, si c'est une politique ou un cadre général.
Bref, on a un document d'un certain nombre de pages qui est une synthèse
des constatations, des recommandations ou des suggestions qui sont faites par
les équipes, avec Mme Guyon et Mme Saint-Laurent, du ministère,
chez la sous-ministre adjointe des services sociaux. Ce document est une
espèce d'encadrement de ce type d'activités. Il fait suite
à une présence sur le terrain pendant un an. Toutes et chacune de
ces ressources ont été visitées par quelqu'un du
ministère. Je pense que cela devrait être normalement de nature
à les rassurer. D'ailleurs, individuellement, la plupart de ces maisons
ne nous font pas part de leurs inquiétudes. C'est surtout le
regroupement qui nous en parle, dont une maison en particulier dans
l'Outaouais.
Mme Lavoie-Roux: On en a eu d'autres, par exemple.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: II faut parler des puéricultrices, alors.
Non, non, non. On en reparlera une autre fois. Laissons faire.
Je voudrais maintenant poser quelques
questions au ministre sur la fusion... M. Johnson (Anjou):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...du centre d'orientation Clairséjour et
de l'Accueil Boyer. J'ai l'impression qu'on vous a préparé des
munitions, M. le ministre, au sujet du nouveau centre d'accueil La
Clairière. Pourquoi je pose cette question? C'est en relation
directement avec La Clairière, mais aussi avec toutes les fusions qui
sont prévues et qui, je dois le dire, trop souvent, ne se font pas avec
de véritables consultations. Je ne dis pas que c'est le cas de La
Clairière. Très souvent, les études de rationalisation de
coûts qu'on invoque ne sont pas toujours très vérifiables
ou contrôlables. Souvent, on arrive avec des plans de fusion et on les
soumet aux clientèles quand ils ont déjà été
sousmis au MAS qui, évidemment, ne demande pas mieux que de rationaliser
les dépenses. On reviendra au sujet de la fusion des hôpitaux,
tout à l'heure, quand on touchera aux centres hospitaliers.
Dans le cas du nouveau centre La Clairière, je pense que les
conseils d'administration étaient d'accord pour que la fusion se fasse.
Même si au début il y avait eu des réticences de la part du
centre d'orientation en particulier, je pense que, finalement, son conseil
d'administration a signé et a accepté. (17 heures)
Par contre, il semblerait que, déjà depuis un bout de
temps - le ministre en a été saisi par lettre au mois de janvier
1983 - une partie d'une des parties n'est pas satisfaite de la façon
dont la fusion se fait. Il y aurait des approches différentes. Il s'agit
d'enfants en difficulté d'adaptation plus ou moins sérieuse et,
en général, assez sérieuse. Quand la fusion a dû se
faire, on les avait assurés qu'on conserverait des secteurs d'excellence
et que cela ne devrait pas, non plus, engendrer l'allocation de crédits
supplémentaires. Il semblerait que, au plan de l'intégration, du
moins du point de vue d'un certain nombre de parents dont les enfants sont
servis par La Clairière, il y a même des enfants qui ont
été transférés, je pense, à
Clairséjour qui présentent des difficultés
particulières d'adaptation, en tout cas une partie de ces
enfants-là; je n'ai pas tous les détails. J'aimerais savoir si le
ministère a suivi le dossier de près et ce qu'il a à dire
sur ce dossier.
M. Johnson (Anjou): Le ministère a suivi le dossier de
très près. J'ai eu l'occasion de prendre connaissance de ce
mouvement venant de certains parents dont les enfants étaient
bénéficiaires de l'ancien centre d'orientation. Mme Vaillant a eu
l'occasion de rencontrer le groupe au début de mars, si je ne me trompe,
pour réaffirmer la volonté du ministère de voir se
poursuivre le processus d'intégration des trois centres et a enjoint le
conseil d'administration de continuer à travailler en ce sens. Sur un
total de 130 employés qui sont impliqués dans les trois
boîtes, il y en a 16 qui, pour toutes sortes de raisons sur lesquelles je
ne veux pas porter de jugement, se disent passablement insatisfaits. Le conseil
d'administration a fait appel à une firme de consultants, le Centre de
psycho-éducation. En février, le conseil a adopté la
majorité des recommandations de ce groupe externe
d'évaluation.
Dans ce rapport, on affirme, entre autres, que les problèmes qui
sont vécus au centre d'orientation ont peut-être été
cristallisés à l'occasion de la fusion, mais qu'ils
étaient souvent antérieurs à cette question de fusion. Il
reste toute une autre dimension à laquelle il est extrêmement
difficile de répondre. Cela relève peut-être plus des actes
de foi que d'autre chose. C'est l'idée qu'on se fait de la notion
d'excellence qui est une chose qu'il est difficile de juger. Je pense qu'il est
normal que le ministère se préoccupe d'une notion
d'accessibilité la plus grande possible à des ressources.
Lorsqu'on procède à des fusions de cette dimension et de cette
importance d'établissements de nature publique à même les
fonds publics, il est normal qu'on voie de petites équipes, y compris
les parents des bénéficiaires qui vivent très près
de ces éducateurs, de ces orienteurs, de ces psychologues,
s'inquiéter de ce qui arrivera au caractère d'excellence du
travail qu'elles font et auquel elles sont habituées depuis plusieurs
années.
C'est un centre dont je connais les mérites passés. Je
pense que cela reste un problème d'organisation et un problème,
d'une certaine façon, de perception des relations de travail, ce qui ne
simplifie pas les choses. Je pense que c'est une tâche
considérable que de rassurer ce groupe-là. J'ai l'impression,
selon ce qu'on m'en dit, que le conseil d'administration, tout en persistant
dans cette orientation d'intégration, va prendre les mesures pour tenter
de rassurer, dans les faits, ces groupes.
Mme Lavoie-Roux: Non seulement j'ai l'impression, mais il
semblerait qu'une des raisons de la fusion soit la rationalisation des
dépenses. On veut récupérer à des endroits pour en
mettre ailleurs. Est-ce qu'on peut nous assurer qu'au plan économique
cette fusion permet une diminution de coûts? Est-ce qu'on peut en faire
la démonstration?
M. Johnson (Anjou): Habituellement oui. Je ne sais pas si on a
les chiffres.
On n'a pas encore les chiffres parce que c'est récent, on n'a pas
pu voir les
effets encore.
Il y avait des problèmes d'immobilisation, notamment en ce qui
concerne l'Accueil Boyer. Par ailleurs il y a quelques années on a
construit un centre, celui de Clairséjour, dans lequel il restait, si je
ne m'abuse, 48 places non occupées. Il y avait la moitié du
centre qui n'était pas occupée pendant qu'ailleurs on avait des
problèmes d'immobilisations. Un des objectifs de la fusion - ce n'est
pas le seul, qui a été proposé aux gens - a
été d'arriver à utiliser de façon adéquate
une ressource immobilière non utilisée dans sa
totalité.
L'autre problème, c'est qu'au sujet de la clientèle dite
0-12 ans en mésadaptation sociale dans la région de
Montréal il y avait un très grand nombre d'intervenants de telle
sorte que souvent la clientèle était malheureusement
laissée entre deux chaises. Le fait de diminuer le nombre d'intervenants
et de prévoir moins d'interlocuteurs faisait en sorte qu'on était
plus assuré que les quelques interlocuteurs qui demeuraient se sentaient
vraiment responsables des enfants et que les enfants n'étaient pas
ballottés en disant, par exemple: Celui-ci, je ne peux pas le prendre,
il ne correspond pas à mes critères d'admission ou va-t'en
ailleurs, l'autre centre a d'autres critères d'admission. Il y avait ces
problèmes aussi dont la solution était espérée par
le projet de fusion. Le projet de fusion ne visait pas que des objectifs
économiques. Il y avait des objectifs d'utilisation d'immeubles,
premièrement; deuxièmement, ce qui était encore plus
important, il visait une meilleure utilisation et une meilleure
complémentarité entre les ressources afin d'éviter que les
jeunes ne se retrouvent entre deux chaises.
L'impact de la fusion au plan des économies reste à faire.
Ce n'était pas le principal objectif de la fusion. On n'a pas fait cela
pour des raisons pécuniaires.
Mme Lavoie-Roux: J'admets la meilleure utilisation de locaux,
peut-être aussi d'empêcher particulièrement entre Boyer et
Clairséjour trop de ballottage d'enfants parce que Boyer était
plutôt un centre de dépannage, je crois?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue de l'approche
thérapeutique qu'on avait dans un centre par rapport à l'autre,
est-ce qu'on sacrifie quelque chose? Cela aussi compte.
M. Johnson (Anjou): Cela avait été très
nettement indiqué au départ que les points d'excellence auxquels
faisait allusion M. Johnson devaient nécessairement se trouver dans
l'organisation fusionnée. C'est ce à quoi travaille actuellement
le conseil d'administration du centre. Par ailleurs, quant à ce
processus d'intégration qui est en cours visant l'articulation, la
décision a tout dé même été prise uniquement
au mois d'août ou au début de l'automne l'an passé. Il y a
un plan d'organisation sur lequel on travaille actuellement. Cela suscite, tout
de même, beaucoup d'insécurité auprès d'un certain
nombre d'intervenants, ce qui est un phénomène normal. Mais si on
regarde le rapport qui a été fait par le Centre de
psycho-éducation du Québec, il y a une recommandation qui
reprécise les émissions et qui essaie de mieux définir les
différentes approches thérapeutiques dans le but de mieux les
intégrer.
Le conseil d'administration travaille sur ce sujet. Le Centre de
psycho-éducation du Québec a été mis à
contribution pour arriver à une intégration des
différentes approches, tout en respectant les points forts de chacun.
Cela implique un minimum de changements, cela implique un peu
d'insécurité comme tout changement. C'est un peu la
réaction à laquelle on est confronté actuellement. Mais
les points d'excellence de chacun, notamment du Centre de
psycho-éducation puisque cela était reconnu au départ, il
n'est pas question que ce soit sacrifié pour la fusion, absolument
pas.
Mme Lavoie-Roux: Comment expliquez-vous alors - et cela m'a
été confirmé de deux sources - que des enfants qui
étaient du centre d'orientation aient de la difficulté à
s'adapter à Clairséjour?
M. Johnson (Anjou): Le point de vue qu'on avait et qui a
été confirmé par le Centre de psycho-éducation
reconnaissait qu'il s'agissait de difficultés existant avant la fusion.
Ce qu'on peut regretter, c'est que la fusion n'ait pas réglé ces
problèmes encore.
Mme Lavoie-Roux: Je parle du point de vue des enfants; le nombre
de fugues des enfants a augmenté. Il y a eu des choses concrètes
d'apportées. Évidemment, on peut tous dire: On garde
l'excellence, mais est-ce...
M. Johnson (Anjou): II faut dire que, l'état de conflit
actuellement où se situe une partie de l'équipe par rapport
à l'ensemble, ce n'est malheureusement pas un climat qui favorise le
bien-être des enfants. Le plus regrettable dans toute cette question de
conflit, c'est qu'il n'y a pas que les adultes qui paient la note, mais il y a
surtout les enfants. Ce qu'on fait comme intervention, c'est dire aux adultes
qui sont au coeur du problème: Essayez de mettre un peu d'eau dans votre
vin parce que vous payez peut-être pour cela, mais il y a surtout, en fin
de compte, les enfants qui paient. On ne peut
pas le nier, actuellement le conflit a des répercussions sur les
enfants. C'est la raison pour laquelle on prend tous les moyens requis pour
faire en sorte - j'ai une tendance à le dire - que les adultes
règlent leurs conflits entre eux au plus vite pour permettre aux enfants
d'avoir un climat favorable à leur évolution.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on disait, par exemple, qu'il y avait
eu onze fugues en une semaine. C'était plus que ce qu'il y avait eu
durant toute l'année dernière pour les enfants qui provenaient du
centre d'orientation. Il reste que les adultes peuvent peut-être se
chicaner, mais c'est, quand même, symptomatique.
M. Johnson (Anjou): C'est officiel que c'est symptomatique, mais
cela dénote, quand même, l'ampleur de l'impact du problème
sur les enfants et la raison pour laquelle il faudrait - c'est sur quoi on
insiste - que les tenants des deux parties - je pense qu'on a l'impression
qu'au conseil d'administration ils assument leurs responsabilités
là-dedans -acceptent de faire des changements indiqués pour le
bien des jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, je me suis laissé dire que -
je connaissais les deux centres d'avance; j'ai déjà
été au conseil d'administration de Clairséjour, il y a
plusieurs années et je connais bien le centre aussi - l'approche du
centre d'orientation est beaucoup plus ouverte du point de vue de
l'intégration des enfants ou de leur participation à la vie
communautaire, par exemple, les activités de natation, etc., alors
qu'à Clairséjour tout serait, selon ce qu'on me dit - parce pour
moi, c'était Clairséjour sur la rue Claremont dans le temps
beaucoup plus centré autour de la maison elle-même.
M. Johnson (Anjou): C'était, effectivement, une des
réalités qui existaient il y a quelques années, mais un
des effets qu'on espère pouvoir obtenir avec la fusion, c'est qu'en
intégrant différentes approches il y ait une ouverture. Par
ailleurs, Clairséjour, au cours des dernières années,
graduellement, s'ouvre à la communauté et c'est ce qui fait, dans
le fond, que la fusion devient possible. Parce qu'il faut bien
reconnaître aussi que la fusion n'a pas été imposée.
Il y a eu de nombreuses discussions, et elle était souhaitée par
Clairséjour, et ce centre savait les conséquences que cela
représentait pour lui. Cela avait des impacts sur ses propres
programmes, de telle sorte qu'il devrait, à la suite de la fusion, les
ouvrir davantage sur la communauté. Et cela encore, c'est en
cheminement.
Maintenant, compte tenu des énergies que l'administration a
dû mettre à
Clairséjour sur des problèmes qui ne sont peut-être
pas les plus essentiels, cela a fait d'autant moins d'énergies à
consacrer à l'orientation des services et autant qui ont
été mises au niveau des relations de travail. Si on tient compte
que la fusion effective s'est faite, si je ne m'abuse, au mois d'août
dernier - cela ne fait même pas un an - les énergies qu'ils ont du
mettre sur des questions de relations de travail, cela fait autant
d'énergies de moins qui auraient pu être mises sur les services
aux enfants, l'intégration des approches, etc.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je pense qu'il y a deux choses qui
demeurent importantes. Peut-être que j'aurai une réponse en 1984,
1985 sur les coûts réels que cela implique, parce que des fois on
pense faire des économies et on n'en fait pas nécessairement.
Deuxièmement, je pense que cela demande peut-être une
réflexion, particulièrement dans la fusion d'institutions aussi
spécialisées que ce type d'institutions, pour être bien
sûrs qu'un travail préalable soit fait avant que les enfants
soient directement touchés parce que ce sont eux, comme vous le
mentionniez tout à l'heure, qui paient en fin de compte.
M. Johnson (Anjou): Cela va être
réévalué, parce que le conseil d'administration est
d'accord pour qu'on fasse une évaluation de la dimension des coûts
en cours de route.
M. French: M. le Président, ne connaissant pas le cas, je
reste un peu insatisfait. Est-ce que c'est par respect pour l'autonomie de
l'institution que le ministère se trouve incapable de faire autre chose
que, si j'ai bien compris, demander aux deux parties de mettre de l'eau dans
leur vin? Est-ce que j'en ai manqué un bout ou est-ce que,
essentiellement par respect de leur autonomie, il vous faut avoir cette
espèce de position, de souci ou de préoccupation sans vraiment
poser d'autres gestes concrets?
M. Johnson (Anjou): En vertu de la loi, il faut, par
définition, respecter l'autonomie des établissements, sauf qu'on
sait que le ministère, à l'occasion, imprime des orientations au
réseau. Dans le cas de cette fusion, d'abord pour des fins d'utilisation
maximale des immobilisations en place quand on parle de 40 places qui
n'étaient pas occupées, on n'a pas le droit de se fermer les yeux
là-dessus - le ministère a manifesté son
intérêt, puis le conseil régional et à peu
près 25 intervenants là-dedans. Finalement, ils en sont
arrivés à la conclusion que ce serait une bonne idée de
fusionner tout cela au centre d'orientation qui a une réputation pour la
qualité de ce qu'il a fait dans certains domaines et qui a des
relais
importants chez beaucoup de parents. Il m'arrive rarement, depuis un an,
de pouvoir me promener dans certains coins de Montréal sans en entendre
parler. (17 h 15)
II reste qu'il y a de l'insécurité
générée par le changement à la fois chez les
parents des enfants qui y sont, chez les professionnels, chez les gens de la
direction. Ce que nous tentons de faire - et c'est le type d'orientations que
j'ai évoquées avec mes hauts fonctionnaires là-dessus et
qui ont été transmises aux membres du conseil d'administration -
c'est s'assurer que les pointes d'excellence, ce pourquoi ce centre
était particulièrement reconnu, doivent être
protégées au maximum. Mais, dans la mesure où il y a des
gens dans le champ qui font une équation entre la protection des pointes
d'excellence et le statu quo, c'est clair qu'on ne peut plus se parler sur ces
choses.
Je pense qu'il est possible d'en arriver à cette fusion
administrative, d'autant plus que le conseil a fini par souscrire à
cette entente. Ce qui reste à mettre en place, c'est une
définition précise de ce que cela veut dire, les pointes
d'excellence du centre d'orientation et comment on peut garantir cela sur le
plan des effectifs, sur le plan de la programmation, etc. On est prêt
à donner un coup de main au conseil d'administration dans cet effort de
définition, mais il faut aussi être conscient que les autres,
Boyer et Clairséjour, tirent un peu sur leur côté de la
couverture.
On ne peut pas intervenir d'autorité pour trancher de
façon définitive, mais j'ai fait part de mes
préoccupations de cette nature auprès de certains des
intervenants et, évidemment, auprès des intervenants du
ministère quant aux efforts qu'il faut déployer très
concrètement dans la programmation et au niveau des effectifs pour
s'assurer du maintien d'un degré d'excellence de ce qui était
à l'origine le centre d'orientation.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre a rencontré les
parties concernées avant la fusion dans ce dossier?
M. Johnson (Anjou): Pas formellement.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, d'après la loi 27, elles
auraient pu faire des représentations auprès du ministre.
M. Johnson (Anjou): Non, parce que c'était sur une base
volontaire... Cela n'a pas été forcé. On n'a pas
forcé la fusion ou changé la vocation.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'était sur une base volontaire.
M. Johnson (Anjou): Sauf que j'ai rencontré M. Hogues
à quelques reprises, étant donné qu'il était
également conseiller auprès de la municipalité de la ville
d'Anjou et qu'il m'arrivait de le croiser dans des inaugurations d'immeubles de
la municipalité ou de choses comme celles-là. J'ai aussi
rencontré d'autres personnes qui ont été très
actives dans le groupe des parents, qui m'ont fait part de leurs
appréhensions, de leurs inquiétudes, de bien des
façons.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, M. le Président. La
dernière question est sur la réadaptation des alcooliques et
autres toxicomanes. Là aussi, il y a des fusions qui sont en train de se
faire à Montréal, je pense, entre... J'oublie les deux centres,
mais ce n'est pas sur ce plan que je voulais l'aborder, c'est du point de vue
des crédits.
Pour la réadaptation des alcooliques et autres toxicomanes, c'est
une augmentation de 3,4%. Si on tient compte de l'inflation, ce serait
même - vous pouvez corriger mes chiffres s'ils sont inexacts - une perte,
une diminution des crédits en termes réels dans le cas de la
réadaptation des alcooliques et autres toxicomanes. Je pense que je n'ai
pas besoin de faire de démonstration au ministre pour savoir que ce
n'est pas en régression, à moins qu'il puisse me dire le
contraire.
M. Johnson (Anjou): C'est toujours le même problème
sur la conciliation des chiffres, sur les besoins anticipés, etc. Mais,
premièrement, il n'y a pas de compressions dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais j'ai pris cela dans le bon cahier.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Premièrement, il n'y a pas
de compressions; deuxièmement, il y a un budget de développement
de 200 000 $, celui que j'évoquais qui n'est pas dans les
crédits, qui est au comité des priorités. C'est une
décision qui a été prise il y a trois semaines et une
bonne partie de cette activité est en milieu hospitalier, soit dit en
passant.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Évidemment, c'est
l'inconvénient d'étudier les crédits avant que le
budget... Non, le budget a été déposé. Je ne sais
pas d'où vient votre argent, mais en tout cas.
M. Johnson (Anjou): Le budget des dépenses. Non, cela
vient du comité des priorités.
Mme Lavoie-Roux: Je peux quand même étudier
seulement ce qu'il y a dans votre cahier de crédits.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Non, non, je comprends; je ne
fais pas une
critique à la députée de L'Acadie. Sauf que, d'un
autre point de vue, par contre, pour ceux qui bénéficient du
développement, c'est l'avantage d'avoir un comité des
priorités.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais en ajoutant vos 200 000 $...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...cela fait 12 203 100 $...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...par rapport à 11 608 200 $. On a
encore nos mathématiciens en arrière; cela fait une augmentation
nette de combien? Si l'on tient compte de l'inflation de 5%, qu'est-ce que cela
donne comme augmentation nette? L'inflation est de 6%, n'est-ce pas?
Une voix: 10%.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Pour l'année prochaine, ce ne
sera quand même pas 10%.
M. Johnson (Anjou): Alors, on me donne l'explication suivante:
les 3,6% d'augmentation que cela représente dans votre livre des
crédits - si je ne tiens pas compte des 200 000 $ - c'est-à-dire
la différence entre 493 000 $ et 511 000 $ permettent de couvrir
totalement l'indexation des fournitures et l'augmentation des traitements.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Donc, les 200 000 $ qui s'ajoutent sont pour
du développement, et il n'y a pas de compressions.
Mme Lavoie-Roux: Pour cela, pas de compressions, je suis
d'accord. Bon, on va vous faire confiance, mais vous ne pouvez pas dire que
c'est devenu une priorité pour le gouvernement en tout cas, n'est-ce
pas?
M. Johnson (Anjou): Dans la mesure où l'on investit 200
000 $ de plus cette année, oui; deuxièmement, dans la mesure
où on a fait des efforts en termes de réallocation et que ces
gens se parlent entre eux, et dans la mesure où effectivement on fait
des efforts au niveau hospitalier.
Mme Lavoie-Roux: Alors, le taux d'inflation général
qu'on prend - je pense qu'on a été raisonnables, j'ai toujours
calculé 5% - ne s'applique plus aux crédits.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que ce qu'il faut
comprendre, c'est que dans chaque catégorie...
Mme Lavoie-Roux: Cela comprend les salaires et
l'équipement...
M. Johnson (Anjou): Et les fournitures.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela; quand je parle
d'équipement, je parle des fournitures.
M. Johnson (Anjou): II faut dire que le taux d'augmentation
salariale, à cause des décrets...
Mme Lavoie-Roux: ...est en bas de l'inflation.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est là qu'est le rattrapage.
M. Johnson (Anjou): Et il ne s'applique pas de la même
façon dans toutes les catégories d'établissements. Cela
dépend des structures salariales qu'il y a partout.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, d'accord. Bon, vous aviez raison.
M. Johnson (Anjou): Merci.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous a pris du temps à le trouver,
par exemple, n'est-ce pas? Je le reconnais toujours quand vous avez raison.
M. le Président, le ministre m'avait dit hier - et il me
corrigera - quand je lui ai fait ventiler la coupure de 17 000 000 $ qui
restait... On a établi celle des CSS à 0,07%, si ma
mémoire est bonne, mais il y avait une coupure aussi dans les...
M. Johnson (Anjou): Dans la réadaptation, 1 100 000 $, je
pense.
Mme Lavoie-Roux: 1 100 000 $. Où s'applique cette
coupure?
M. Johnson (Anjou): M. Lavoie.
La compression, on l'a divisée dans différents secteurs:
mésadaptation sociale, handicapés mentaux et handicapés
physiques. La plus grande partie de la compression est assumée en
mésadaptation sociale dans la région de Montréal. Si on
regarde la mésadaptation sociale à Montréal, 26% de la
clientèle et 51% des ressources. C'est principalement Montréal
qui assume une partie substantielle de la compression qui englobe 400 000 $ sur
1 100 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Le reste, c'est à l'extérieur de
Montréal.
M. Johnson (Anjou): Dans les différentes régions et
dans les différents secteurs pour la mésadaptation sociale et les
handicapés mentaux, par exemple, dans la région 05, on parle
d'une compression de 7 700 $ pour trois centres d'accueil. Dans la
région 01, 21 000 $. On a vraiment éparpillé le plus
possible cette compression.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est quand même assez
difficile à comprendre; il ne s'agit pas d'un montant énorme, 1
100 000 $. J'aurais accepté votre raisonnement qu'ils avaient 51% des
ressources avec 26% de la clientèle, mais j'aurais cru qu'à ce
moment-là vous les auriez envoyées en région. Ce n'est pas
ce que vous avez fait; là, il s'agit vraiment de compression. Là,
il y a des coupures. D'accord.
Le Président (M. Blank): Le programme 6 est-il
adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté. Programme 3.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on va au programme
3?
Mme Lavoie-Roux: II faut bien aller au programme 3, on n'a pas
d'autre place où aller.
Le Président (M. Blank): Les programmes 7, 8.
Mme Lavoie-Roux: Non, on est mieux d'étudier le programme
3, si on revient pour les programmes 7 et 8.
Le Président (M. Blank): Services en centres hospitaliers,
programme 3.
Services en centres hospitaliers
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à moins que le
ministre n'ait des remarques préliminaires... Il reste 15 000 000 $, je
pense, dans le secteur hospitalier.
M. Johnson (Anjou): Regardez juste la colonne de gauche.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas pire! Je vais vous la traduire, si
vous voulez. Ce sont les écarts entre les régions, entre autres,
j'ai vu ça.
M. Johnson (Anjou): Entre autres.
Mme Lavoie-Roux: Avant de passer à ça, il y a des
questions que je voudrais poser au ministre, qui touchent le domaine
général de la santé. Il y a eu des représentations
faites par des médecins eu égard aux exigences ou aux
restrictions de la CSST quant aux soins qu'ils décident de prodiguer
à leurs patients, les 79. J'ai le texte quelque part, si je le retrouve.
Je vais vous le trouver, je l'ai ici.
M. Johnson (Anjou): L'affaire des 79 que j'ai lue dans les
journaux.
Mme Lavoie-Roux: II y avait les 79; c'est celui-là dont je
viens de prendre connaissance.
M. Johnson (Anjou): Lequel? Je ne l'ai pas vu,
celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Moi, non plus, je ne l'ai pas vu. Je vais vous
le prêter, je vais vous le donner.
M. Johnson (Anjou): Le mercredi 6 avril, c'est où? C'est
dans la Tribune.
Mme Lavoie-Roux: L'autre, ce n'était pas dans la Tribune.
(17 h 30)
M. Johnson (Anjou): Je l'ai vu une fois. "La détestable
politique interventionniste de la CSST." Il ne s'agit pas de jeter le gant ou
de se mettre la tête dans le sable comme les Autrichiens, comme disait un
collègue, mais cela relève vraiment de la CSST, ce que je vois
à travers cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Je comprends qu'en termes d'effets sur la
santé... Je préférerais pouvoir consulter mon
collègue qui est responsable de la CSST là-dessus avant de
commenter cela.
Mme Lavoie-Roux: Lequel de vos collègues?
M. Johnson (Anjou): Le ministre du Travail.
Mme Lavoie-Roux: Ses crédits doivent être finis?
M. Johnson (Anjou): Je ne saurais pas vous le dire.
Mme Lavoie-Roux: Je vous le signale... M. Johnson (Anjou):
C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...parce que ce n'est certainement pas sans
fondement.
M. Johnson (Anjou): Je pense, d'ailleurs, que nos cabinets se
sont parlé récemment à la suite de la publication de cela.
Je n'ai pas de rapport à faire dans la mesure où, s'il y a des
mesures à prendre, d'après ce
que j'ai compris, elles doivent émaner de la CSST ou du ministre
responsable et non pas de chez nous. On peut donner notre opinion, passer nos
commentaires.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez quand même...
M. Johnson (Anjou): Je pense que s'il y a des choses à
faire, cela découle beaucoup plus de là-bas.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, si c'était justifié,
vous avez quand même une responsabilité pour faire des
pressions.
M. Johnson (Anjou): On peut faire des pressions pour que cela
soit fait, oui, c'est évident.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous l'examinez. D'accord.
On discute beaucoup - d'ailleurs, à l'Assemblée nationale,
on n'en parle pas; on écoute les autres - de la fameuse question de
l'épandage des insecticides.
M. Johnson (Anjou): Oui, on a quelque chose là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Un rapport du ministère de
l'Environnement sera déposé incessamment ou il a
été déposé, je pense, et on doit le rendre public.
J'aime bien que cela se passe entre les environnemen-talistes...
M. Johnson (Anjou): Oui, les écologistes, c'est plus
simple.
Mme Lavoie-Roux: ...les écologistes... M. Johnson
(Anjou): Les écolos.
Mme Lavoie-Roux: ...et d'autres qui ont d'autres types
d'intérêts, mais il reste que c'est un problème de
santé publique.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais connaître la position du
ministre là-dessus.
M. Johnson (Anjou): Bon! Le ministère a été
associé à un comité conjoint au niveau des gens qui
s'occupent de santé publique chez nous avec le ministère de
l'Environnement. On nous a fait récemment une proposition qui est
à l'étude, c'est une affaire qui impliquera des décisions
incessamment. Je pense, si je ne me trompe pas, que cela doit passer par un
décret du Conseil des ministres. Je ne suis pas sûr, en fin de
compte. C'est cela, cela implique un décret. Cela doit venir au
Comité du développement social incessamment. Des démarches
ont été entreprises au niveau de nos fonctionnaires. Je sais,
pour avoir évoqué cette question avec le ministre de
l'Environnement récemment, qu'il est très ouvert aux
représentations que nous avons faites là-dessus sur le plan de la
santé.
Mme Lavoie-Roux: Les représentations du ministère
des Affaires sociales j'aimerais quand même que ce soit un peu plus clair
- sont dans quel sens?
M. Johnson (Anjou): Sur le contenu? C'est de s'assurer que la
santé publique est protégée dans la mesure du possible. Je
peux peut-être évoquer la question des insecticides biologiques
par opposition aux insecticides chimiques, etc.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ne tombez pas dans les grands discours
du député de Deux-Montagnes - que je ne critique pas, d'ailleurs
- qui nous a fait toute une grande démonstration. Il y a quand
même, par exemple, la Nouvelle-Écosse qui s'est prononcée
contre cela au plan de la santé. Elle a arrêté les
épandages. Au plan de la santé, quelle est la position du
ministère des Affaires sociales?
M. Johnson (Anjou): Sur le contenu? Ce n'est pas pour rien qu'on
fait des comités avec des biologistes, des médecins, etc.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): C'est parce que ces choses, qui sont de
nature technique, doivent d'abord et avant tout passer par des techniciens. La
décision récente du Conseil des ministres - je disais qu'il y
aura un décret, je m'excuse, il y a eu un décret; il a
été adopté - c'est de former un comité conjoint de
l'Environnement, du MAS, de l'Énergie et des Ressources. Ce qu'on
m'avait présenté récemment, c'était la formation et
le mandat du comité. Le comité a été
créé à la suite de ces pressions, d'une part, des groupes
d'écologistes inquiétés, mais aussi à cause des
considérations de santé publique dans l'utilisation de certains
de ces insecticides et, finalement, aussi, en raison d'une
préoccupation, que je peux comprendre, du ministre de l'Énergie
et des Ressources, qui ne voudrait pas voir une partie de nos forêts
disparaître parce qu'on ne s'en occupe pas.
On a participé aux audiences publiques, soit dit en passant. Ce
sont des produits déplaisants pour l'environnement, mais qui ne sont pas
nécessairement nuisibles pour la santé publique.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas nécessairement
nuisibles.
M. Johnson (Anjou): Pas nécessairement. C'est pour cela
qu'on crée un comité. On vous dit simplement, de ce que j'en ai
vu et de ce qu'on m'en dit, qu'il n'y a pas, a priori, d'inquiétude
majeure, d'alerte, en termes de santé publique, qui se pose autour de
ces questions. Il y a peut-être des évaluations à faire
quant aux quantités, quant à l'utilisation, quant à la
capacité de drainage des sols sur lesquels on va le faire, quant aux
endroits ou aux agglomérations de population desservis par ce drainage
des sols, etc. Mais, a priori, ce n'est pas de la même nature que ce
qu'on a vu - où était-ce? - au Nouveau-Brunswick...
Mme Lavoie-Roux: En Nouvelle-Écosse.
M. Johnson (Anjou): ...ou en Nouvelle-Écosse.
Mme Lavoie-Roux: Au Nouveau-Brunswick.
M. Johnson (Anjou): II y aurait des produits différents
utilisés selon la proximité des populations, selon la
contamination, en fait, la présence de ces produits, par exemple, dans
l'eau utilisée par la population. Alors, ces choses-là font
l'objet en ce moment d'un traitement extrêmement sérieux par un
comité interministériel qui a été fixé par
décret.
Mme Lavoie-Roux: Quand la décision sera prise dans un sens
ou dans l'autre, est-ce que le ministère des Affaires sociales fera
connaître publiquement à la population le pour et le contre au
plan de la santé?
M. Johnson (Anjou): Je pense que ce sera le rôle du
comité de trouver le terrain qui est la position gouvernementale. Je
pense que c'est de cette façon, a priori, qu'il faut le voir. Je peux
vous assurer que, si les responsables de la santé publique au
ministère croient qu'il y a matière à menacer la
santé publique, ils feront des pieds et des mains - non pas "ou des
mains", mais "et des mains" - pour s'assurer que la santé publique est
protégée. Je pense que c'est le premier des critères dans
ces choses-là et c'est celui de la santé publique. C'est bien
évident. On n'est quand même pas pour mettre en danger des vies
pour sauvegarder des arbres.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
sensibiliser le ministre à la situation que vit la Cité de la
santé de Laval, pour ce qui est des ressources sociales. Cet
hôpital dessert une population globale d'environ 300 000 personnes. Or,
les postes nécessaires pour compléter les effectifs en services
sociaux sont les suivants, et je les énumère d'après les
renseignements que j'ai obtenus de l'hôpital: un poste de chef de service
à temps plein, deux postes en psychiatrie, un poste au médical,
un poste à l'unité de médecine familiale. Ce sont les
besoins au moment où on se parle.
Je voudrais également sensibiliser le ministre au fait que le
ratio des travailleurs sociaux professionnels par rapport à la
population adulte de 20 ans et plus à la Cité de la santé,
c'est le ratio le plus bas dans toute la région de Montréal. Pour
une population adulte de 87 000 personnes, il y a deux travailleurs sociaux
professionnels. Je prends, par exemple, un hôpital comme Jean-Talon
où il y en a quatre pour une population adulte deux fois moindre. Cette
situation, la Cité de la santé la vit depuis ses
débuts.
J'ai, par ailleurs, comme information que 23 000 000 $ - c'est sans
doute pour le budget de l'an dernier - ont été injectés
par le ministère des Affaires sociales pour différents programmes
de santé, mais qu'aucun budget n'a été alloué au
CRSSS de Montréal pour le développement de programmes sociaux.
C'est sans doute pour l'an dernier. J'aimerais connaître la situation
pour l'année qui vient et savoir si on trouvera les moyens de
répondre à la situation que vit la Cité de la santé
de Laval, depuis ses origines.
M. Johnson (Anjou): II y a deux choses. D'abord, d'une part, il y
a la question de la Cité de la santé de Laval. Je remercie le
député de le souligner. Il m'avait donné un préavis
de cela, ce qui nous a permis de voir quel était exactement
l'état du dossier. Il y a eu un problème temporaire relié
au départ, pour cause de maladie, d'un des employés et à
la démission d'un autre. Ce problème sera réglé
à compter du début du mois de mai et les deux personnes qui ont
quitté seront remplacées dès le mois de mai, ce qui
n'empêche pas, cependant, l'autre volet de sa question touchant la
Cité de la santé de Laval. C'est le niveau d'employés,
finalement, en services sociaux accordés à cet hôpital,
compte tenu de la population qu'il dessert. Ce sera évalué au
Conseil régional de la santé et des services sociaux. Quant
à l'autre question qui touche les développements dans la
région 6-A, le Conseil régional de la santé et des
services sociaux de Montréal métropolitain, qui inclut donc
Laval, si c'est vrai qu'il y a eu 23 000 000 $ du côté de la
santé, il y a eu également, je vais avoir le chiffre d'une
seconde à l'autre, en tout cas quelque 1140 nouvelles places dans le
secteur social; juste à l'oeil, cela représente je ne sais
combien de millions. M. Lamonde est en train de nous
faire le calcul. Je vais vous donner cela dans quelques secondes, mais
il y en a eu. Qu'on pense juste à la nomenclature des centres d'accueil
dont j'ai parlé un peu plus tôt ce matin. C'est du
développement dans la région 06.
M. Leduc (Fabre): Si je comprends bien, il s'agit du
développement des programmes sociaux dans les milieux hospitaliers.
M. Johnson (Anjou): Non, les centres d'accueil.
M. Leduc (Fabre): Je parle des centres hospitaliers.
D'après les informations que j'ai, aucun budget n'a été
alloué pour le développement des programmes sociaux. Je vous le
demande pour les milieux hospitaliers.
M. Johnson (Anjou): Qu'il y ait eu 23 000 000 $ pour le
développement de programmes de santé à l'intérieur
des hôpitaux, c'est possible, je n'ai pas les chiffres avec moi. Qu'il
n'y en ait pas eu beaucoup dans le domaine des services en milieux
hospitaliers, c'est fort possible.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas du tout, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Au fond, dans la mesure où on
fonctionne avec un budget global, cela nous prend toujours au moins un an avant
d'avoir la réponse.
Mme Lavoie-Roux: C'est un budget qui ne relève pas de
l'hôpital, mais qui relève des services sociaux. Là, ce
n'est pas le budget global, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est le budget global du CRSSS.
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on aura l'argent, est-ce qu'on peut
s'attendre à avoir l'argent nécessaire pour répondre
à de tels besoins? Je pense en particulier à la Cité de la
santé. Il y a un manque évident de ressources. Cela se parle
beaucoup dans le milieu. Est-ce qu'on aura l'argent nécessaire pour
répondre à ces besoins? Encore une fois, j'insiste sur le fait
que la Cité de la santé vit cette situation depuis ses
origines.
M. Johnson (Anjou): Je prends bonne note de la
préoccupation du député de Fabre. Je ne peux
malheureusement pas lui donner de réponse. Si j'avais à lui en
donner une aujourd'hui, je dirais que la réponse est négative.
Mais, dans la mesure où on tente des transferts entre programmes, dans
certains cas, dans la mesure où on pense que c'est une façon plus
adéquate de répondre aux besoins des citoyens, il est possible
qu'il y ait du développement dans ce secteur.
Le Président (M. Blank): Cela va intéresser le
député de Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: Si vous permettez, c'est parce que...
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on va l'autoriser? Oui.
Spécialisation dans les hôpitaux
M. Rivest: M. le ministre, je voudrais vous fournir l'occasion,
peut-être à l'occasion de l'étude de vos crédits, de
faire le point sur un dossier qui intéresse grandement la région
de Québec, la pédiatrie, en particulier, le CHUL, l'avenir du
CHUL et de l'hôpital Saint-François-d'Assise. Vous avez rendu une
décision il y a maintenant quelques mois. Compte tenu des
développements et des commentaires à gauche et à droite
qui sont survenus, j'aimerais que vous puissiez très rapidement et
succinctement, pour les gens que cela intéresse, faire le point, s'il
vous plaît. (17 h 45)
M. Johnson (Anjou): D'accord. D'abord, cela vaut peut-être
la peine de rappeler brièvement les principes qui ont
présidé à cette décision qui fait couler de l'encre
dans la région de Québec. Le premier principe est celui d'une
autosuffisance régionale pour la région 03 en matière de
services pédiatriques. À cause de la technologie, à cause
des conséquences de la crise économique sur les budgets de
l'État, il faut maintenant, dans beaucoup de ces dossiers, envisager
que, pour progresser et maintenir des critères d'excellence le plus
uniformément possible, c'est dans chaque région et non pas dans
chaque établissement qu'il faut faire le point. Or, dans la
région de Québec, il y avait des ressources abondantes en
matière de pédiatrie, mais qui, par définition, ici comme
à Sherbrooke, comme à Montréal dans le passé, comme
dans la région de la Mauricie, étaient condamnées,
finalement, à une forme de devenir en nivellement par le bas, si ce
n'est pas... Et je pense que la médecine s'adapte mal à la
médiocrité, dans la mesure où on sait très bien
qu'on ne peut plus répondre aux demandes de chacun des groupes
surspécialisés dans toutes les régions du Québec
dans chacun des établissements. Il fallait donc prendre une
décision de nature régionale.
Deuxièmement, il faut donc s'assurer dans ce contexte, compte
tenu des ressources disponibles et du très bas taux d'occupation des
lits en pédiatrie à Québec - certains des hôpitaux
avaient un taux d'occupation de moins de 50% - que cela ne produise pas
d'immobilisations additionnelles. Les
équipements sont là. Il y a des établissements. Il
y a des lits. Il y a tout ce qu'il faut. Le taux d'occupation ayant atteint en
moyenne 45% dans sept centres, on voyait là la possibilité de
concentrer relativement facilement les ressources en pédiatrie; donc,
pas de constructions nouvelles, ce qui, en pratique, impliquait que le CHUL
était écarté dans cette décision.
Troisièmement, il faut s'assurer d'une masse critique sur le plan
des activités scientifiques, sur le plan des activités cliniques
et sur le plan des activités éducatives universitaires pour des
fins de formation de pédiatres, en même temps que faire de
Québec un lieu qui pourrait être, dans cette perspective, sur une
base de quelques années - je ne parle pas de dix ans, je parle
peut-être de trois ou quatre ans selon les secteurs - un lieu de drainage
pour offrir des services hyperspécialisés - pas seulement
surspécialisés - pour l'Est du Québec.
Quatrièmement, il y a la nécessité de s'arranger
avec quelque chose qui est encore très mal défini et qui le
restera jusqu'à ce qu'on vive beaucoup d'expériences au
Québec dans ce domaine d'un rattachement de l'obstétrique et de
la pédiatrie, dans la mesure du possible, sous le vocable
général de centre mère-enfant et dont la définition
varie d'une région à l'autre selon les professionnels, selon les
groupes de pression, etc., mais c'est une notion de jonction de
l'obstétrique et de la pédiatrie.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne sais pas ce qu'ils en pensent.
M. Johnson (Anjou): C'est autre chose. Mme Lavoie-Roux:
C'est autre chose? M. Johnson (Anjou): Peut-être. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Ils ont un historique bien
différent.
Finalement, il s'agit d'une décision qui n'est pas isolée
parce qu'elle touche aussi d'autres services. Qu'on pense, notamment, à
la gériatrie, l'ophtalmologie, la traumatologie dans la région de
Québec où, à l'occasion de l'implantation de ce centre
pédiatrique hyperspécialisé dans le temps, on rationalise
les ressources. On a une masse critique. On peut faire de l'enseignement,
offrir des services à bien plus même que la population de la ville
de Québec seulement. On est dans une région qui est
déjà bien dotée en termes de lits de courte durée.
Il y a donc, là aussi, l'occasion... Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont chanceux...
M. Johnson (Anjou): Oui, effectivement.
Mme Lavoie-Roux: C'est la capitale de...
M. Johnson (Anjou): C'est la capitale.
Mme Lavoie-Roux: La capitale du nouveau pays, à part
cela.
M. Johnson (Anjou): ...une carte de membre aussi, on est en
campagne de recrutement.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour augmenter votre financement?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Rochefort: ...des convictions...
M. Johnson (Anjou): C'est le contexte dans lequel nous avons pris
ces décisions. L'échéancier exige que le conseil
régional s'assure que toutes les étapes de la planification
soient bel et bien faites, adéquatement faites et impliquent, dans la
mesure du possible, toutes les personnes concernées. Donc, c'est un
dossier qui continuera à brasser certaines appréhensions et
certains groupes. Je pense notamment aux gens qui sont en chirurgie, dans ce
domaine, à l'Enfant-Jésus, dans certaines des disciplines
chirurgicales, je devrais dire. Pas à l'Enfant-Jésus...
Une voix: À Saint-François d'Assise.
M. Johnson (Anjou): ...à Saint-François d'Assise.
Je pensais à l'Enfant-Jésus parce qu'il est possible qu'il y ait
un centre de traumatologie, à toute fins utiles, à
l'Enfant-Jésus. Ce qui voudrait dire une diminution considérable
des activités en traumatologie adulte à Saint-François
d'Assise et leur transfert vers l'Enfant-Jésus. Le dossier évolue
adéquatement. Je n'ai pas de raison de m'inquiéter de la mise en
vigueur de cette décision quand je regarde ce qui s'est passé
à Sherbrooke dans le cas de la pédiatrie ou à
Montréal dans le cas de l'obstétrique, qui sont des endroits,
finalement, qui, en termes de ressources, même si, en chiffres absolus,
les ressources sont plus grandes qu'en termes de prorata, en termes de lits par
tête, en termes de tout ce qu'on voudra, ne sont pas
nécessairement aussi bien dotés que la capitale. Finalement, la
pédiatrie s'est fort bien réglée à Sherbrooke.
C'est en marche.
Mme Lavoie-Roux: ...envoyer à l'hôpital
universitaire.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais Saint-François d'Assise
aussi, à cet égard, est
reconnu comme un hôpital universitaire pour les fins de la
pédiatrie. C'est à la demande même de la faculté de
médecine qui se...
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà un hôpital
universitaire.
M. Johnson (Anjou): Oui. Et qui se faisait dire par le conseil
canadien d'agrément des facultés... Enfin, le Dr Rivard me
corrigera...
Une voix: Le Conseil canadien d'agrément des
hôpitaux.
M. Johnson (Anjou): Le Conseil canadien d'agrément des
hôpitaux, à toutes utiles, considérait que, à la
fois sur le plan de la capacité de développer des ressources en
pédiatrie à Québec, compte tenu des taux d'occupation, du
morcellement, de tout cela, et sur le plan de l'enseignement, il ne pourrait
sans doute pas être accrédité. Cela veut dire qu'on ne
pourrait plus former de pédiatres à la faculté de
médecine de l'Université Laval. Il fallait donc faire un choix.
Je sais que, pour bien des gens, il y a quinze ans ou, enfin, douze ans, au
moment de l'ouverture du CHUL, on voyait cela comme ce qui pourrait être
l'Hôpital Pédiatrique, avec un "H" et un "P" majuscules. Mais,
pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure, c'est
impossible.
M. Rivest: Est-ce que je dois comprendre de la réponse du
ministre que la décision qu'il a annoncée est
irrévocable?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Rivest: Bon! Deuxième question. Vous savez qu'un des
éléments qui comptent beaucoup dans le contexte actuel, ce sont
les coûts; le facteur des coûts, c'est-à-dire pas de
dépenses additionnelles d'immobilisation, comme vous l'avez
évoqué. Est-ce que vous êtes absolument certain - parce que
c'est contesté par certains intervenants dans le dossier - que les
coûts engendrés par l'opération... Est-ce que vous avez une
étude ou êtes en mesure d'établir très clairement
que les coûts de l'opération se situent à un niveau tel
qu'effectivement, en termes stricts de rentabilité, votre
décision s'avère fondée? Troisièmement, sur le plan
de la recherche, de l'expertise du CHUL, est-ce que vous êtes absolument
certain, ou si vous avez évalué ou êtes en mesure de faire
le point sur les conséquences qu'aurait sur la recherche, strictement,
le fait de déplacer le CHUL vers Saint-François d'Assise? Je
soulève uniquement ces trois dimensions, parce que je ne veux pas
prolonger indûment le débat, mais j'y tenais, parce qu'on nous a
fait, comme vous l'imaginez, à l'ensemble des collègues de la
région de Québec, un nombre assez considérable de
représentations.
M. Johnson (Anjou): II y a trois choses. D'abord, la notion
même de coûts. Qu'on se comprenne bien, la médecine au
Québec va stagner dans les dix prochaines années si on ne se
donne pas les moyens de la faire évoluer avec la technologie
nord-américaine et la variété au niveau à la fois
des instruments diagnostiques et thérapeutiques que nous impose le
contexte nord-américain dans lequel on vit sur le plan de la
technologie. Pour moi, c'est une donnée de base. La médecine au
Québec va devenir médiocre d'ici à dix ans si on ne se
donne pas les moyens de le faire.
Quels sont les moyens que l'on a de le faire? C'est de faire des choix
sur une base régionale, et de faire en sorte que les gens ne
prétendent pas se concurrencer de façon absurde d'un coin de rue
à l'autre au nom de la sacro-sainte autonomie des
établissements.
Il y a à faire dans le domaine de la pédiatrie si on ne
veut pas que cela stagne dans la ville et dans la région de
Québec comme pour l'Est du Québec. Il y a des efforts
considérables en termes de concentration d'effectifs, en terme de
concentration d'expertise et de technologie. On ne pouvait pas faire cela avec
sept centres hospitaliers. C'est rêver en couleur, à moins qu'on
ne décide de tout remettre en cause à l'égard de notre
système de santé, et de privatiser la médecine
complètement, et qu'on ait une médecine des riches pour 20% de la
population et une autre sorte de médecine pour les autres, et qu'on ait
peut-être l'équivalent de deux merveilleuses cliniques Mayo sur le
territoire du Québec, mais la médiocrité totale dans
l'ensemble.
Donc, il faut faire des choix et ces choix-là, dans la mesure
où l'on veut qu'ils soient compatibles avec le type de régime
qu'on a, présupposent qu'on fasse un "pooling" de ressources
régionales.
L'exemple de la pédiatrie à Québec, à cet
égard-là, indépendamment de la notion de coût,
justifie ce qu'on fait en ce moment. Par ailleurs, il pourrait s'avérer
que cette opération suscite elle-même des "économies" ou
s'autofinance. Ce que nous avons comme évaluation, c'est que
l'autofinancement de l'opération, compte tenu évidemment des
changements qu'il y a à faire dans les aménagements physiques
à Saint-François d'Assise, va se faire sur une base de cinq ans.
Donc, on aura réussi d'une part, à se doter d'un centre
d'excellence; deuxièmement, à en assurer le développement;
troisièmement, que ce développement soit au diapason et à
la mesure de l'évolution de la technologie et des équipes
médicales; quatrièmement, on se sera donné
également la possibilité de le
faire à même les ressources de plus en plus limitées
que l'État a à mettre dans des secteurs qui coûtent aussi
cher. Je me dis que c'est un ensemble de raisons qui me semble plus
qu'adéquat.
Finalement, quant à la question de la recherche. À moyen
terme, je parle sur une base de deux ou trois ans, la concentration des
équipements, du matériel clinique et le fait du drainage d'une
partie de la population de l'Est du Québec qui, en ce moment, se rend
à Sainte-Justine devraient normalement fournir l'ambiance, le contexte,
les ressources et l'appel normal de chercheurs, parce que cela crée une
dynamique.
À cet égard, on n'a qu'à regarder Sainte-Justine,
qui a une grande réputation dans certains des domaines où ils se
surspécialisent. Je pense notamment à une partie de
l'immunologie, à la pneumologie, à ce qui se fait même sur
le plan clinique indépendamment de la recherche.
Sur le plan clinique, on pense à toute cette approche à
l'égard des enfants victimes de cancer. C'est un hôpital où
les médecins publient régulièrement et beaucoup dans les
revues canadiennes, dans les revues internationales. Tout cela, pourquoi? Parce
qu'il y a une concentration finalement, il y a une espèce de masse
critique sur le plan des moyens pour les chercheurs de produire.
M. Rivest: C'est un peu cela en pédiatrie.
M. Johnson (Anjou): Voilà, cela aurait été
une façon de voir que de dire que le CHUL l'aurait, sauf que, si on
avait pris cette décision - ce n'est pas pour rien qu'on a
consulté le doyen de la faculté de médecine, le Dr Rochon
- cela aurait entraîné par définition le déplacement
de l'ensemble des spécialités du CHUL. Cela aurait, à
toutes fins utiles...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre...
M. Johnson (Anjou): ...oui, on a le consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II est maintenant 18 heures,
est-ce qu'on a le consentement pour continuer?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas trop longtemps, car il va falloir
y revenir de toute façon.
M. Johnson (Anjou): Bon, je prends bonne note que ce sera plus de
quinze heures. Cela nous sera crédité sans doute l'an
prochain.
M. Rivest: Vous venez d'avoir une augmentation de salaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'espère que le
ministre saura se rappeler que j'avais fait du temps quadruple quand il a voulu
adopter sa loi 27 avant Noël.
Une voix: J'étais là moi aussi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il peut bien m'accorder quelques heures,
d'ailleurs, ce n'est pas pour moi, c'est pour les crédits. (18
heures)
M. Johnson (Anjou): À l'égard de la recherche. Si
le CHUL avait été choisi, d'une part, il aurait fallu agrandir;
deuxièmement, cela aurait déplacé l'ensemble des
spécialités, dont des spécialités où il se
fait de la recherche en dehors de la pédiatrie, ce qui aurait
amené le démantèlement de certaines équipes de
recherche. La recherche actuelle au CHUL a un excellent système de
références, par exemple, en génétique. C'est
également un centre d'excellence reconnu mondialement et il n'y a aucun
danger que cette équipe et le programme de médecine
génétique soient menacés par une telle décision. Il
est évident que tout cela entraîne des changements. La vie fait
qu'il y a des changements. Et je pense que le milieu universitaire, le milieu
médical et le milieu paramédical peuvent vivre avec cela,
même si cela cause des soubresauts à l'occasion.
Je dirai, en terminant, juste pour revenir à la question de
l'autofinancement que, sur le plan des immobilisations, c'est
autofinancé sur une base de cinq ans; c'est ce qu'on me donne; sur le
plan des budgets d'activités, on parle d'une économie possible de
1 400 000 $.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une dernière question, quant à moi. Le
ministre s'y est lui-même référé, je pense, en
début de réponse, et sa décision, je pense, est
contestée. Non seulement fait-elle couler beaucoup d'encre, mais il a
même évoqué la possibilité qu'elle continue d'en
faire couler. Il y a des gens qui contestent vivement, à tort ou
à raison, la décision du ministre. Je voudrais bien que le
ministre essaie de nous indiquer quels égards il accorde et entend
accorder, au cours des prochaines semaines, des prochains mois, alors que ce
dossier va faire l'objet d'un débat public, à tous ceux qui
s'opposent à sa décision. Le ministre m'a indiqué que sa
décision était irrévocable. Est-ce que cela signifie que
les gens qui remettent en cause la décision prise vont simplement parler
dans le vide, sans que, d'aucune manière, la décision du
ministère des Affaires sociales soit modifiée? Je veux que cela
soit bien clair, parce que ça continue. Il y a des groupes qui sont
mobilisés, qui se réunissent,
qui agissent et il faudrait bien que le ministre ait au moins... Le
danger, c'est que le ministre adopte comme attitude de maintenir sa
décision et qu'il souhaite, au fond de lui-même, que le mouvement
s'essouffle et qu'ensuite lui-même puisse procéder. Mais je pense
qu'il faut avoir un minimum d'égards - que le ministre a probablement -
à l'endroit des gens qui s'opposent à la décision, de
façon à leur dire très clairement: C'est fini, c'est
Saint-François d'Assise. Je voudrais que le ministre le dise en toute
clarté.
M. Johnson (Anjou): Sûrement. Je peux peut-être
commencer par le dire ici. Je suis sûr que les députés de
la région de Québec pourront le transmettre aux groupes
intéressés.
M. Rivest: Comptez sur nous.
M. Johnson (Anjou): Toute contestation qui viserait à
remettre en cause, en soi, la décision - avec tout le respect que j'ai
pour ceux qui contestent et pour la valeur des intérêts qu'ils
représentent...
M. Rivest: Ce n'est pas seulement de la contestation, ce sont des
arguments...
M. Johnson (Anjou): Non, non, mais qui remettent, qui
remettraient hypothétiquement ou possiblement en question... Si la
remise en question est sur la décision elle-même plutôt que
sur certains aspects de la transition, de la définition qui va se faire,
etc., je ne dirai pas que c'est irrecevable, mais cela ne peut pas être
reçu comme tel. La décision est prise dans ce sens-là.
Ça ne me fait rien, moi. Ça m'étonnerait que la
région de Québec veuille condamner la pédiatrie à
la médiocrité. Si c'est ce que les gens veulent, qu'on en fasse
la démonstration. Je ne pense pas, n'est-ce pas? Je ne pense pas. Mais
l'analyse...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la condamner à la
médiocrité que de la laisser au CHUL, quand même.
M. Rivest: Je pense que vous allez convenir avec moi que les gens
qui... C'est discutable, ces choses-là, ce n'est pas absolu, parce que
vous avez décidé cela...
M. Johnson (Anjou): Je pense que si...
M. Rivest: D'ailleurs, vous y avez réfléchi et il y
avait diverses hypothèses.
M. Johnson (Anjou): Mais si le...
M. Rivest: Mais les gens qui soulèvent des objections ne
veulent pas nécessairement que la médecine soit réduite
à un état de médiocrité.
M. Johnson (Anjou): Non, je suis sûr qu'il n'y a aucune
intention dans ce sens et que c'est tout le contraire. Les lettres que j'ai
reçues de personnes intéressées à ce
domaine-là, effectivement, revendiquent au nom de la qualité des
services cliniques qui sont donnés et contestent cette décision
au nom même du principe de la qualité et de l'excellence. Ceci
dit, si je regarde l'évolution dans la réalité des budgets
et de la médecine au Québec et des projections qu'on peut se
permettre d'en faire pour les dix prochaines années, ce n'est pas vrai
que, comme société - qu'on se mette cela dans la tête - on
va préserver le système d'assurance-maladie sur le territoire si
on ne fait pas des efforts de régionalisation. Et, dans la mesure
où des hôpitaux et où des établissements viennent
nous expliquer qu'ils font un bon boulot chez eux... Comme j'ai eu l'occasion
de le dire aux gens du Reddy Memorial: I have no contest with that. Vous faites
un bon boulot chez vous. Mais ce qu'on vous dit, c'est que, pour assurer le
développement de la médecine, par exemple, à un moment
donné, il y en a parmi vous qui vont être condamnés
à la médiocrité parce qu'on n'aura plus d'argent pour vous
financer dans quatre, cinq ou six ans. Si on veut que la médecine
québécoise continue d'exceller, comme elle excelle dans de
nombreux domaines, il faut faire ces efforts. Ces efforts postulent
l'appréciation des besoins sur une base régionale et la
complémentarité des surspécialités entre
établissements, sans compter la complémentarité des
établissements universitaires avec le reste des établissements
dans notre société. Dans la mesure où c'est cette
cohérence et cette logique que la crise économique nous a
amenés à considérer, je vous dirai que les revendications
qui remettent cela en cause, à mes yeux, remettent en cause ce qui fait
partie de la réalité inévitable.
Par ailleurs, nous sommes prêts et nous avons toujours
été prêts à entendre les remarques qui toucheraient
certains aspects spécifiques, mais qui ne peuvent pas remettre en
question la décision, en soi, d'une part. D'autre part, il y a, au
niveau du conseil régional, l'ensemble des établissements
touchés qui sont représentés et qui peuvent y faire les
représentations au Conseil des médecins et dentistes. Le Conseil
des médecins et dentistes a un siège au conseil régional
de la région de Québec. Les médecins peuvent exprimer leur
point de vue par cette présence. On l'a fait dans la loi 27. Ce n'est
pas pour rien. C'était pour associer les médecins à la
définition de la régionalisation, dans les années qui
viennent, de certains services. On n'a pas le droit de garder les
médecins à l'extérieur de ce
processus décisionnel. Ils sont là, organiquement,
précisément, et ils vont l'être de plus en plus au niveau
des établissements, dans certains cas, avec les règlements
découlant de la loi 27.
Quant aux autres groupes, que ce soient les infirmières, que ce
soient les techniciens, les administrateurs, les représentants de la
communauté, ils ont différents canaux par lesquels ils peuvent
faire connaître leur point de vue mais, encore une fois, dans la mesure
où la vision qu'on a, dans la solution de ces problèmes, est une
vision régionale parce que la réalité nous impose cette
approche régionale.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une dernière
question. Est-ce que le ministre peut nous dire dans quelle mesure on va
pouvoir empêcher un certain ralentissement, par exemple, au niveau de la
recherche, dans la phase de transition? Il reste que je ne sais pas si
l'hôpital Saint-François d'Assise, du point de vue du laboratoire
ou du point de vue de l'équipement dans les recherches, est
équipé de la même façon que le CHUL. Il ne l'est
certainement pas. Comment prévoit-on et peut-on assurer qu'il n'y aura
pas...
M. Johnson (Anjou): D'accord. C'est la faculté de
médecine qui s'occupe de cela. C'est pour cela qu'on a associé la
faculté de médecine à tout ce processus depuis le
début. L'université est présente à toutes les
phases de ce développement. Encore une fois, il y a une logique et il y
a une cohérence à cela. Au Conseil régional de la
santé et des services sociaux de Québec, il y a un
représentant désigné par le milieu universitaire. Ce n'est
pas pour rien. En plus de cela, dans les comités, on associe la
faculté de médecine à ces démarches. Non seulement
la faculté de médecine y est-elle associée, mais elle
était d'accord avec cela, comme, d'ailleurs, à
l'unanimité, les pédiatres hospitaliers de la région de
Québec étaient d'accord avec le regroupement en un seul
centre.
Or, quand on dit que c'est dans un centre et qu'il y en a sept où
cela pourrait aller, devinez ce qui arrive le jour où vous
décidez où cela sera? Il arrive qu'on vous explique: Non, cela
aurait dû être chez nous. Mais je pense que personne de
sérieux va remettre en cause, au niveau des pédiatres et au
niveau de la recherche, l'intérêt que représente la
centralisation des services, dans la région de Québec, dans un
établissement pour les fins de la pédiatrie.
M. Rivest: Une dernière précision. Est-ce que
l'échéancier de réalisation, dans la mesure où le
ministre nous indique assez clairement que sa décision est
irrévocable -je comprends qu'elle n'est pas publique, elle est au niveau
des instances d'évaluation - est déterminé?
M. Johnson (Anjou): C'est le rôle du comité
d'implantation de le faire au niveau du conseil régional.
Le Président (M. Laplante): C'est tout. Est-ce que le
programme 3 sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non. On vient de le commencer.
Le Président (M. Laplante): II ne sera pas adopté.
Est-ce que vous continuez jusqu'à 19 heures ou si vous suspendez vos
travaux?
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu qu'il faut revenir...
M. Johnson (Anjou): Oui. Je ne veux pas prendre en défaut
la députée de L'Acadie ni aller trop rapidement, mais si on
pouvait au moins avoir une perspective, parce qu'on se rend compte de la
quantité de personnes que les crédits retiennent... Ce qui est
normal, par ailleurs, c'est le moindre respect qu'un ministère doit
avoir à l'égard du législateur...
Mme Lavoie-Roux: II nous reste les centres hospitaliers. S'il y a
des gens qui sont plus intéressés à la psychiatrie, on va
passer à la psychiatrie en deuxième lieu. Ensuite, il nous reste
la direction générale du ministère et les CRSSS.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Quand on parle de la direction
générale du ministère, on parle...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire qu'on va poser des questions
sur les crédits. On n'a pas de questions aussi techniques, je
pense...
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on pourrait avoir au moins une
approximation de la quantité d'heures dont voudrait disposer la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Disons qu'avec cinq heures, ça devrait
aller.
M. Johnson (Anjou): Cinq autres heures?
Mme Lavoie-Roux: En fait, pour les hôpitaux, on a pris...
Je pense que le député de Fabre - cela était fort
légitime - et le député de Jean-Talon avaient des
questions à poser. On ne peut pas dire qu'ils ont pris beaucoup de temps
à la commission. C'est le moins qu'on pouvait leur laisser. Si on peut
le faire en moins... Je n'essaie pas d'établir
des records...
M. Johnson (Anjou): On ne parle pas de deux jours, là.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, cinq heures, cela se fait dans une
journée.
M. Johnson (Anjou): Dans une même journée?
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, à la condition qu'on ne
commence pas à 20 heures.
M. Rivest: Vous avez déjà battu tous les records,
tout le monde le sait.
Mme Lavoie-Roux: Normalement...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on s'entend
là-dessus?
M. Johnson (Anjou): C'est parce que je voudrais simplement dire
que le...
Mme Lavoie-Roux: Moi, je suis prête à les faire
dans... Je suis prête à venir lundi, si vous voulez. On devait
d'ailleurs commencer lundi, sauf qu'on nous a dit que les députés
du Conseil des députés du Parti québécois ne
voulaient pas travailler le lundi, ici à Québec. Ils voulaient
travailler chez eux.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je voudrais simplement dire qu'il
ne s'agit pas là d'une excuse, mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Quand je parle de chez vous, c'est
dans votre comté.
M. Johnson (Anjou): Je pense que la députée de
L'Acadie reconnaîtra que nous avons tous été de bonne foi
dans cet exercice. On a un problème assez sérieux et je veux
simplement lui dire tout de suite que je devrai, si on ne finit pas les
crédits hospitaliers aujourd'hui, alors que j'avais toutes les raisons
de croire qu'on devait les finir aujourd'hui...
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas les finir en quarante-cinq
minutes, c'est cela le problème.
M. Johnson (Anjou): Je devrai cependant me passer des services du
sous-ministre adjoint à la santé au ministère, à
qui j'ai donné le mandat de se rendre à la conférence
internationale de l'Organisation mondiale de la santé où il fera
partie d'une délégation canadienne. Il doit partir demain. Je me
débrouillerai sûrement avec son équipe, mais je veux
simplement dire que je devrai l'excuser. Le sous-ministre en titre a une
connaissance et une expérience considérables de ces dossiers, par
définition, mais il sera absent...
Mme Lavoie-Roux: Cela aurait été son baptême
du feu. Il va le manquer.
M. Johnson (Anjou): On était prêt à lui... On
était prêt à le prendre.
M. Rivest: C'est une délégation canadienne, c'est
quand même...
M. Johnson (Anjou): Le problème est qu'il me semble qu'il
y a quelqu'un qui n'est pas prêt à verser l'eau dans les fonts
baptismaux.
Mme Lavoie-Roux: Honnêtement, pouvez-vous penser qu'on va
faire toute la psychiatrie et tout le médical en trois quarts
d'heure?
M. Johnson (Anjou): Non, j'y ai cru jusqu'à midi.
Le Président (M. Laplante): Si c'est pour en discuter
jusqu'à 19 heures... Je prends avis qu'il y aura entente entre le
leader, le représentant de l'Opposition aux Affaires sociales et le
ministre pour continuer les travaux que j'ajourne sine die.
(Fin de la séance à 18 h 13)