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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît! La
commission des affaires sociales se réunit pour étudier les
crédits de ce ministère pour l'année 1983-1984.
Sont membres de cette commission: M. Boucher (Rivière-du-Loup);
M. Brouillet remplacé ce matin par M. Beauséjour (Iberville); Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), Mme Harel (Maisonneuve), M. Johnson (Anjou), Mme
Juneau (Johnson), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M. Picotte
(Maskinongé), M. Rochefort (Gouin), M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: M. Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blais (Terrebonne), M. French (Westmount), M.
Gravel (Limoilou), M. Hains (Saint-Henri), M. Lafrenière (Ungava), M.
Laplante (Bourassa), M. Marx (D'Arcy McGee).
Il faudrait, à ce moment-ci, que la commission nomme un
rapporteur.
M. Beauséjour: Mme Juneau, députée de
Johnson.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Johnson. Est-ce que cette proposition est acceptée? Acceptée.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai jamais vu perpétuer les
modèles comme cela.
Le Président (M. Gagnon): Toujours Mme Juneau.
Mme Lavoie-Roux: Quand ce n'est pas Mme Juneau, c'est Mme
Lachapelle. Quand ce n'est pas Mme Lachapelle, c'est Mme Juneau.
M. Johnson (Anjou): Voudriez-vous que cela soit Mme
Lavoie-Roux?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: M. le Président, on pourrait peut-être
proposer M. French. Il est responsable du dossier de la condition
féminine au sein de l'aile parlementaire du Parti libéral.
Le Président (M. Gagnon): Alors, Mme la
députée de Johnson, vous serez le rapporteur. M. le ministre,
est-ce que vous avez une déclaration préliminaire à
faire?
Exposés préliminaires M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. D'abord, vous me
permettrez de présenter l'équipe qui m'accompagne, étant
donné qu'il y a eu quelques changements. Le sous-ministre en titre est
toujours M. Jean-Claude Deschênes qui est assis à ma droite. Les
membres de la commission connaissent également M. Jacques Lamonde qui
est sous-ministre adjoint au budget du ministère, M. Jean Meloche,
sous-ministre adjoint aux relations de travail qui sera parmi nous cet
après-midi. Il y a trois additions nouvelles de sous-ministres adjoints
à la suite de départs ou de remplacements: le Dr Guy Rivard,
sous-ministre adjoint aux programmes de santé au ministère, Mme
Jeanne-D'Arc Vaillant, sous-ministre adjoint aux services sociaux et M. Jean
Taillon qui a été nommé la semaine dernière
sous-ministre adjoint à l'administation au ministère.
Quant aux membres de mon cabinet, ils sont toujours aussi peu nombreux:
mon chef de cabinet, M. André Racine, mon chef de cabinet adjoint, Mme
Denise Grenier, M. Guy Versailles, M. Despins, Mme Lise Genest, M. Martin
Hébert, M. Pierre Markowsky. C'est la totalité de mon cabinet en
ce qui concerne mes adjoints ou attachés politiques.
M. le Président, le budget du ministère des Affaires
sociales, sur une base comparable à l'an dernier, augmente de 6,8% si
l'on tient compte du paiement des arrérages. Il faut tenir compte,
évidemment, du fait qu'au-delà de 80% des dépenses dans le
secteur de la santé et des services sociaux au Québec, dans notre
réseau, sont reliées aux conditions salariales de ceux qui y
oeuvrent. Compte tenu de la législation qui a suivi la loi 70, on
comprendra que, dans la mesure où nous avons affecté de
façon sensible la rémunération, cette augmentation, qui
était habituellement d'environ 12% à 13%, est réduite
d'autant.
L'allocation budgétaire, cette année -je reviendrai sur
les raisons pour lesquelles nous le faisons ainsi - s'est faite de la
façon suivante. Nous avons procédé à une
compression, cette fois assez minime, dans le réseau des affaires
sociales, essentiellement, de cette partie du budget des dépenses qui ne
sont pas salariales et nous avons
redistribué une partie de cette compression,
réinjecté, dans chacune des régions, une
réallocation des ressources pour un meilleur équilibre entre
établissements d'une même région. Nous avons
également créé, pour le ministère, en termes de
développement ou de réajustement budgétaire, de même
que pour les conseils régionaux, une marge de manoeuvre et la
responsabilité de l'assignation de ces sommes d'argent reviendra au
conseil régional lui-même.
Nous avons donc, cette année, un budget de quelque 5 340 000 000
$. En pratique, l'effort demandé, à l'intérieur de ce
budget de 5 340 000 000 $, est de 29 000 000 $ dont 12 500 000 $, cependant,
ont été immédiatement réinjectés dans
différents programmes du ministère. Donc, en pratique, on parle
d'un effort budgétaire, pour les quelque 900 établissements du
réseau, mais qui est cependant concentré dans certains
établissements, de moins de 17 000 000 $ sur un budget total de 5 300
000 000 $ affectant certains établissements de santé qui ne sont
pas parvenus à l'équilibre budgétaire.
Cette année, finalement, pourquoi peut-on considérer,
toutes choses étant égales par ailleurs, que le ministère
des Affaires sociales a atteint un degré de croisière, qu'il
connaît maintenant une progression normale ou à peu près
normale sans qu'un effort plus important soit demandé aux
établissements? C'est essentiellement parce que l'effort des deux ou
trois dernières années a permis à l'ensemble du
réseau des affaires sociales d'être en équilibre
budgétaire puisque l'immense majorité des établissements
connaît une situation d'équilibre ou même de légers
surplus. Nous croyons que le ministère des Affaires sociales - et c'est
l'avis du gouvernement dans l'assignation de ces crédits - a
contribué à cette rigueur nécessaire sur le plan financier
et que maintenant le réseau est à même de respirer. Nous
pouvons considérer que les efforts additionnels, qui sont finalement
relativement minimes quand on regarde les masses monétaires
impliquées, pourront se réaliser sans qu'il y ait, pour autant,
de diminution de services aux citoyens, notamment grâce à un
ensemble de mesures de rationalisation dont nous avons fait l'expérience
depuis un an et demi, que ce soit à l'égard des buanderies, des
laboratoires, des services alimentaires, de l'informatique ou encore des
ententes interétablissements allant de la simple entente de service
jusqu'à la fusion.
Une autre caractéristique budgétaire et financière
qui a accompagné l'évolution du réseau depuis un an et
demi, c'est qu'il y a chez ces centaines de gestionnaires, de professionnels de
la santé, qu'ils soient médecins, infirmières, techniciens
de laboratoire ou autres, une très forte conscience de la
nécessité d'administrer avec une grande rigueur. Je fais
référence ici simplement à la thématique de
certains congrès de différentes associations, que ce soit des
associations de professionnels, de cadres ou d'établissements, qui,
depuis un an, tiennent des séminaires, des réunions, des
colloques ou même des assemblées annuelles sous le thème de
la rationalisation par exemple, ce qui, à mon avis, est un signe de
santé essentielle puisque, finalement, nous ne réussirons
à préserver ce remarquable système de santé et de
services sociaux que nous avons que dans la mesure où il ne crée
pas une pression indue face à l'opinion publique en termes de fardeau
fiscal sur les citoyens. Je pense que nous avons réussi depuis un an et
demi à démontrer que ce réseau tel qu'il est fait, avec
les programmes qu'il met à la disposition des citoyens du Québec,
est un acquis qui pourra être protégé, d'une part, et qui,
deuxièmement, pourra même se développer dans la mesure,
encore une fois, où nous maintenons cette approche rigoureuse quant
à la gestion des fonds publics.
Dans les événements qui ont marqué le réseau
des affaires sociales depuis un an, depuis notre dernière rencontre ici
à la commission des crédits, je pense qu'une chose qui est
l'évidence même, c'est d'abord, le temps que nous avons
passé dans la négociation avec les médecins et,
deuxièmement, le temps - d'aucuns diraient le trop de temps - et
l'énergie que nous avons dû mettre à l'égard des
négociations avec le front commun.
Sur le plan de l'administration interne, je me permets ici
d'évoquer des sujets qui peuvent paraître un peu
ésotériques, mais je sais qu'ils préoccupent certains des
membres de la commission de ce côté-ci comme en face. Je me
permettrai d'expliciter une série de choses en faisant remarquer,
toutefois, d'emblée, qu'un député de cette commission est
maintenant un peu plus au fait - et peut-être plus que la plupart de ses
collègues, ce qui est normal - de ce qui se passe au ministère
des Affaires sociales, puisqu'il est maintenant mon adjoint parlementaire. Il
s'agit du député de Gouin, M. Jacques Rochefort, qui a
également, en plus des fonctions générales
attribuées aux adjoints parlementaires, des fonctions plus
spécifiques en ce qui a trait aux ressources alternatives et à
l'approche que le ministère vise à favoriser dans l'année
qui vient, notamment à l'égard des personnes
âgées.
Donc, sur le plan interne: le contrôle budgétaire et
l'évaluation en cours d'année, je pense, du succès relatif
de cette opération très délicate et très difficile,
marquée par une collaboration je dirais très grande des
éléments principaux du réseau, que ce soit au niveau des
conseils régionaux ou même de la direction de l'immense
majorité des
établissements du réseau des affaires sociales.
Deuxièmement, l'élaboration au ministère et le
début d'une phase de préconsultation sur l'ensemble des
règlements découlant de la loi 27, dont nous avons
déjà parlé, les efforts constants et continus et la
consolidation assez définitive des transferts des services de
santé communautaire ou, dans certains cas, des centres de services
sociaux vers les CLSC au niveau de certains services de première ligne
et une série d'activités sous forme de comités ou de
groupes de travail interministériels ou intraministériels; du
côté interministériel, des préoccupations dont se
sont saisis des comités du Conseil exécutif à
l'égard de la pharmacie, du contingentement des médecins avec
l'Éducation, de la protection de la jeunesse avec la Justice et le
Secrétariat à la jeunesse, de la revue du régime des
pensions avec le développement social, de l'Aménagement avec les
prospectives à l'égard des MRC, de l'emploi avec la
Main-d'Oeuvre: 6 900 000 $ dépensés dans le réseau des
affaires sociales pour la création d'emplois dans le cadre des sommes
allouées par le ministère de la Main-d'Oeuvre et,
évidemment, une série d'activités internes au
ministère, que ce soit en échange avec la Régie de
l'assurance-maladie sur le programme des médicaments, la consultation
autour du programme AMEO, des aides visuelles, les soins dentaires ou la revue
que nous faisons en ce moment de certains types de service dispensé
comme la chirurgie esthétique; le groupe de travail sous la
responsabilité des sous-ministres adjoints sur la politique du
troisième âge, la condition féminine, les plans d'effectifs
médicaux et la politique des tranferts entre les CSS et les CLSC en
termes de services de première ligne.
Sur le plan de ce qu'on pourrait qualifier d'effort ou de recherche
d'humanisation, de façon très disparate - je le dirai - nous nous
sommes occupés de ces questions à travers, d'une part, la loi 27,
par la formation des comités des bénéficiaires, notamment
dans des établissements de soins prolongés et
d'hébergement, la présence de travailleurs
bénévoles au conseil d'administration des institutions. Le
soutien, que le ministère accorde à ces organismes
bénévoles est considérable. Cette année, le budget
a encore une fois augmenté de 23% ayant doublé en l'espace de
deux ans. Quant à l'exploitation des foyer illicites ou de ce qu'on
appelle, à l'occasion, les "illégaux", en deux ans, nous aurons
fait, dans les services d'agrément du ministère, 500 visites
d'établissements qualifiés d'illicites; 300 dossiers ont
été retenus pour étude, dont une partie a donné
lieu à des décisions de fermeture et de relocalisation des
personnes qui y étaient hébergées. Il y a la campagne du
bénévolat qui a connu un succès absolument certain et,
enfin, la création et la mise en application d'une série de
dispositions administratives nous ont permis, en matière d'adoption,
d'être présents tant en ce qui a trait aux problèmes
soulevés par l'adoption et la problématique, dont on
connaît certains des tenants, si on n'en connaît pas les
aboutissants, des retrouvailles. Mais aussi, en matière d'adoption
internationale, d'un encadrement, à mes yeux, extrêmement
important a eu lieu dans ce domaine, ce qui n'a pas, par ailleurs,
empêché que le nombre d'enfants adoptés provenant de
l'adoption internationale augmente malgré cet encadrement. Donc, on a
fourni tant aux parents qu'aux enfants éventuels qu'à
l'État québécois en termes de sa réputation
à l'égard de certains pays étrangers ce qu'il fallait pour
que ces choses se fassent comme elles doivent se faire.
D'autres réalisations qui nous apparaissent dignes de mention
depuis un an touchent, d'une part, la complétion, toujours en voie de se
faire, du réseau des CLSC; nous en avons maintenant 108 sur un
territoire. Nous projetons cette année, à l'intérieur de
nos crédits, d'en ajouter un certain nombre à nouveau.
Du côté des centres hospitaliers, Le Gardeur,
Pierre-Boucher et Valleyfield ont donné lieu à l'ouverture et
à l'addition d'une quantité de lits considérable en
matière de soins aigus dans la région immédiate de
Montréal. Gatineau est en voie de complétion cette année.
L'hôpital d'Ungava a été inauguré tout
récemment à l'ancien Fort-Chimo, Kuujiuaq maintenant.j
Également, à l'égard de la dimension santé,
des efforts considérables ont été déployés
depuis la loi 27 pour faciliter l'implantation de services médicaux dans
les régions périphériques ou dans les régions non
universitaires selon le cas. C'est une opération qui s'est
soldée, s'il y a encore une certaine fragilité à certains
endroits, malgré tout, par une addition nette d'un nombre impressionnant
d'omnipraticiens dans trois des régions les plus
périphériques du Québec, bien qu'à l'égard
des médecins spécialistes les succès aient
été beaucoup plus tempérés.
Dans le cas des centres d'accueil et d'ébergement, au-delà
de 1100 places nouvelles ont été ouvertes au cours de
l'année. Quant au CCUS dont nous reparlerons un peu plus tard, le Centre
de coordination des urgences santé, à Montréal, il y a une
consolidation de ce centre et je pense, de façon générale,
une satisfaction plus qu'évidente des citoyens qui disposent de ces
services assez remarquables.
Finalement, il y a un effort manifeste fait du côté de la
recherche scientifique par des ajustements budgétaires importants au
fonds de recherche en santé du Québec, cette année, de
telle sorte que nous
consolidions certaines des équipes de recherche en santé
et que nous puissions ajouter au-delà de 25 nouveaux boursiers dans ce
domaine.
M. le Président, c'était un aperçu
général. Je n'ai pas pris tout à fait quinze minutes pour
le faire et je souhaite que ma collègue et mes collègues de ce
côté-ci comme de l'autre côté puissent y
réagir. Je présume qu'ils auront certaines questions auxquelles
nous serons appelés à répondre sans doute dans
l'étude des programmes.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Le ministre vient
de nous servir sur son ton pacifiant une image assez réjouissante de
l'état des services de santé et des services sociaux au
Québec. Tout ce que je pourrais souhaiter, c'est que la population
partage son point de vue.
On se souviendra que, l'an dernier, vers le mois de mars, je faisais une
conférence de presse dans laquelle je présentais un bilan sur les
coupures budgétaires dans le réseau des affaires sociales.
J'avais alors recommandé une commission spéciale afin
d'évaluer toutes les retombées de la chirurgie brutale que le
gouvernement avait imposée à l'ensemble du réseau des
affaires sociales. Évidemment, une telle commission n'a pas vu le jour -
il ne faut pas s'en étonner - et une année s'est
écoulée depuis. Je pense que ce n'est pas se tromper que de dire
que toutes les répercussions néfastes sur la qualité et
sur l'accessibilité des services de santé et des services sociaux
que nous avions dénoncées se sont avérées
fondées en dépit des affirmations du premier ministre et du
ministre des Affaires sociales à l'effet contraire.
Évidemment, je comprends que, pour des gens qui sont responsables
de l'administration du Québec, il est normal, je suppose - enfin, je ne
sais pas si on pourrait dire normal, mais on peut peut-être comprendre -
que tous leurs efforts aillent dans le sens de rassurer la population et de
dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. (10 h 30)
Pourquoi ces coupures ont-elles eu des répercussions? Il faut
bien se rappeler que, depuis 1977-1978, ce sont des compressions de l'ordre de
750 000 000 $ qui ont dû être absorbées dans le
réseau, soit, au titre du plan de redressement budgétaire, un
manque à gagner de 360 000 000 $ - ce sont les chiffres de l'Association
des hôpitaux du Québec - ou à titre de coupures directes,
346 000 000 $ plus 29 000 000 $, duquel montant je veux bien retrancher les 12
000 000 $ qui seront réinvestis, comme l'a signalé le ministre
tout à l'heure, dans une péréquation régionale ou
dans la création de nouveaux services. Évidemment, ces 750 000
000 $ ne tiennent pas compte ici des coupures salariales au titre de la
récupération de salaires ou du gel des salaires.
Si on ajoutait à cela ce qui a été
récupéré, je pense qu'à cette rubrique nous en
arriverions à au-delà de 1 000 000 000 $ facilement. Mais
tenons-nous-en strictement -je pense que c'est ce qui pouvait affecter
directement la clientèle - aux 750 000 000 $ qui ont été
absorbés dans les cinq ou six dernières années.
Aujourd'hui, le ministre peut, évidemment, rendre public que le
réseau en est rendu à l'année de l'équilibre
budgétaire, mais il faut bien lui demander à quel prix. D'abord,
il nous disait tout à l'heure que, là, on est rendu au taux de
croissance normale; il a quand même nuancé en disant: ou à
peu près. Ce qu'il faut bien réaliser, c'est que l'augmentation
du budget prévue pour cette année est de 3,9%. Cette augmentation
atteint 6,8% si on parle des montants qui sont prévus pour combler les
déficits budgétaires encourus par les hôpitaux au cours des
années passées. Il reste que, strictement parlant, si on parle du
taux d'inflation prévisible - et je suis très
modérée - il s'agit de 5%. On pourrait se retrouver avec 6%, mais
gardons 5% pour ne rien exagérer. Ce sont, en fait, encore des
compressions budgétaires que les hôpitaux et les services de
santé, les services publics devront subir cette année.
Évidemment, il est toujours facile pour le ministre de nier ou
d'atténuer les faits. Mais la réalité est malheureusement
tout autre. On se souviendra qu'en de nombreuses occasions j'ai cité des
témoignages de différents professionnels de la santé et
des services sociaux, d'administrateurs, de travailleurs de toutes
catégories, d'usagers de services, de corporations professionnelles,
etc., en faisant toujours attention de ne rien exagérer pour
éviter toute panique dans la population, car, dans ces situations, il ne
s'agit pas de discuter de routes ou de béton, mais bien d'êtres
humains qui, entre autres, doivent vivre les souffrances physiques et morales
qu'entraînent les longs délais d'attente pour
l'hospitalisation.
Je voudrais reprendre ici, néanmoins, le témoignage d'un
groupe de médecins occupant des postes de responsabilités
importantes à l'intérieur des hôpitaux universitaires de
Montréal, qui représentent plus de la moitié des lits des
hôpitaux de cette région. Ils disent: Nous sommes trop souvent
témoins de malades dont la situation s'aggrave en attente
d'hospitalisation. Pendant les longues périodes de fermeture de lits
actifs, les malades ne nous arrivent
qu'en catastrophe médicale ou chirurgicale. Dans bien des cas,
l'aggravation a des conséquences permanentes qui laissent le malade
démuni et nous empêchent de lui sauver la vie. Une pression
excessive est mise sur les médecins pour éviter ou abréger
l'hospitalisation. La situation nous impose des comportements qui nous semblent
inhumains lorsqu'elle nous force à refuser l'admission et à
retourner très hâtivement ou trop hâtivement à
domicile des malades.
L'allongement sans précédent des listes d'attente pour
l'admission dans les établissements de courte durée,
dénoncé par cinq hôpitaux du nord de Montréal qui
ont uni leurs efforts pour sensibiliser le ministère des Affaires
sociales à leurs problèmes communs, est un autre exemple. On
disait -là-dessus, j'ai toujours été d'accord avec le
ministre qu'on peut calculer différemment ce que sont vraiment des
situations d'urgence -dans ce cas-là, que 5000 personnes attendaient
à domicile. Mais quand on regarde l'ensemble du Québec, on parle
de 22 000 personnes qui seraient en attente d'une intervention chirurgicale ou
médicale et qui ne peuvent pas entrer. Il est évident que ces 22
000 ne sont pas tous des cas de la même urgence. Mais, à
l'hôpital Saint-Luc, à l'hôpital Notre-Dame, à
l'hôpital Rosemont, à Québec et même dans la Mauricie
-souvent on concentre les problèmes à Montréal,
étant donné que la majorité des hôpitaux
universitaires est là et que les hôpitaux
surspécialisés sont dans la région de Montréal, de
Québec ou de l'Estrie; on parle généralement de
Montréal peut-être parce que la situation nous est plus
familière -cette situation de manque de lits de courte durée, qui
a pourtant été portée à la connaissance du
ministère dès 1981 par un rapport du CRSSS, ne s'est pas
atténuée.
Faut-il rappeler, par exemple, qu'il y a présentement - si tel
n'est pas le cas, que le ministre me corrige - des lits fermés en
permanence, des lits de courte durée? Rouvriront-ils un jour? Je ne le
sais pas. Il s'agit de près de 600 lits. L'été dernier,
soit entre le 24 juin et le 16 septembre, ce sont encore 2172 lits
fermés sur un total de 10 000 lits permis dans la grande région
de Montréal. Cette situation a des répercussions importantes sur
l'encombrement des urgences. De ce côté-là, le
problème n'est absolument pas résolu. On en est toujours au
même point. Il s'agit seulement d'aller à l'hôpital du
Sacré-Coeur, à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, à
l'hôpital Notre-Dame, enfin d'aller un peu partout dans les
hôpitaux de Montréal. Évidemment, comme il n'y a pas de
lits de courte durée pour admettre les patients, les
répercussions se font sentir sur l'encombrement des urgences.
Cette situation est, d'ailleurs, confirmée par les propos que le
docteur Boileau - que le ministre connaît, d'ailleurs, fort bien; c'est
un hôpital pour lequel il a un certain faible, ce que je ne lui reproche
pas - tenait récemment, devant des journalistes; il
dénonçait les situations de la salle d'urgence de cet
hôpital, qui a une capacité limite de 13 lits et qui devait
parfois héberger jusqu'à 40 patients, avec des délais
d'hospitalisation pouvant aller jusqu'à 10 jours.
Je pourrais reprendre - parfois, dans l'actualité, dans certains
articles, peut-être qu'on exagère les choses, mais ce sont toutes
des choses que j'ai vérifiées - le témoignage de
l'infirmière à l'urgence de l'hôpital du
Sacré-Coeur, à savoir qu'on en est réduit à faire
de la médecine de brousse dans un hôpital universitaire. Elle cite
des cas qui sont survenus: par exemple, neuf cas de cardiologie pour une seule
infirmière, alors que l'unité coronarienne compte trois
infirmières pour six patients; dans une autre salle, quatre cas de soins
intensifs pour deux infirmières; sept patients couchés sur des
civières, bloquant les sorties de secours; au cours de la soirée,
deux patients tombent de leur civière faute de surveillance. Enfin, on
pourrait ajouter à ce témoignage.
Je reviens à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. C'est une pure
coïncidence. Je rencontrais un médecin de cet hôpital en fin
de semaine. Il me disait que son chien était mieux traité que les
gens de la salle d'urgence de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.
M. Johnson (Anjou): Le médecin devrait y voir.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, est-ce que vous leur donnez les moyens
d'y voir? Ce serait peut-être la première question à se
poser. J'ai, d'ailleurs, eu l'occasion - je ne veux pas revenir sur ces
témoignages -d'apporter certains cas. Je suis sûre que le
ministère des Affaires sociales reçoit de tels témoignages
de personnes dont la condition s'est véritablement
détériorée, qui, en bout de ligne, sont devenues plus
handicapées qu'au point de départ parce que les admissions ont
trop tardé. Dans ce cas-là, il s'agissait de situations dans la
région de Québec. J'ai rapporté ici, à maintes
reprises, des témoignages d'ophtalmologistes, de chirurgiens de
différentes spécialités et la situation ne
s'améliore pas.
Comment pourrait-elle s'améliorer quand, depuis X nombre
d'années, on impose des coupures et des compressions? Évidemment,
on a développé un vocabulaire qui me faisait un peu sourire; dans
le cahier des crédits, à un moment donné, on parle des
efforts de productivité et, à un autre, on parle d'efforts de
rationalisation. La productivité, vous pouvez l'augmenter jusqu'à
un certain point, mais c'est une façon fort élégante de
faire oublier à la population que ceci se traduit, dans les faits, par
des
coupures quant à l'accessibilité des soins et quant
à la qualité des services.
Que dire du problème des personnes âgées?
Là-dessus, mes remarques se veulent constructives. Je pense que le
ministre est tout aussi au courant que moi des proportions que prend le
problème des personnes âgées, qui est dû,
évidemment, à la croissance rapide des personnes du
troisième âge dans nos sociétés occidentales, mais
peut-être d'une façon plus grande au Québec à ce
moment-ci, parce que nous avions connu une population relativement jeune
jusqu'aux années 1972, 1974. Depuis 1976 jusqu'en 1983, c'est une
augmentation de plus de 20% des personnes âgées que nous avons
connue au Québec, ce qui se traduit par une pression énorme sur
nos services de santé et nos services sociaux.
Je crois que, froidement, le ministre le reconnaît très
bien. Même si une rationalisation des services de santé et une
administration plus rigoureuse s'imposaient et ont eu lieu, il reste qu'en
même temps qu'on a imposé des compressions budgétaires on a
eu cet accroissement du nombre de personnes âgées qui vient
influencer les services de santé et les services sociaux. D'après
les études du ministère, que vous connaissez fort bien, les
personnes âgées sont admises deux fois plus souvent que les autres
dans les hôpitaux et elles y demeurent au moins deux fois plus longtemps,
ce qui se répercute sur les coûts qui leur sont consacrés.
D'ailleurs, je pense que c'est le ministre lui-même qui disait, dans une
conférence qu'il adressait à l'Association des hôpitaux du
Québec, qu'environ 70% de nos soins de santé et de nos soins de
services sociaux seraient absorbés par les personnes âgées
aux environs de 1995; il faudrait que je revérifie la date exacte.
Que faisons-nous pour ces personnes âgées?
Évidemment, pendant très longtemps, jusqu'en 1974, on s'est
tourné vers la création de centres d'hébergement et
d'hôpitaux de soins prolongés pour les personnes
âgées. Le gouvernement devrait certainement être au courant,
mais je voudrais le mettre en garde contre une continuation de cette approche.
On a beaucoup parlé de soins à domicile. Par contre, quand on
examine les budgets des services à domicile, ils n'augmentent pas en
proportion des besoins et leur croissance nette, si l'on tient compte de
l'inflation, diminue, en fait. L'année dernière, il y avait une
diminution par rapport aux dix dernières années. Cette
année, il y a une petite augmentation, mais qui, je pense, ne correspond
même pas à l'inflation.
Il faut aussi se pencher sur la qualité de vie de nos personnes
âgées qui sont dans les centres d'accueil. Je crois que tous,
autour de la table, à cause de leurs responsabilités politiques
et même ministérielles, ont eu l'occasion de visiter plusieurs
centres d'accueil. Une chose nous frappe: c'est l'inactivité de nos
personnes en centre d'accueil, c'est le peu de ressources que ces centres ont
du point de vue du maintien de l'autonomie des personnes âgées.
D'ailleurs, une étude du ministère est venue confirmer cette
chose le printemps dernier. C'est l'étude de M. Béland - à
moins que je ne la confonde avec une autre, il y a eu deux études en
même temps - qui faisait état d'une carence de services de
physiothérapie et d'ergothérapie dans les centres d'accueil et
dans les hôpitaux de soins prolongés, de l'ordre 83% dans le cas
de la physiothérapie, de 92% dans le cas de l'ergothérapie et de
88% dans le cas des services sociaux.
Quant aux soins infirmiers, je mentionnais également dans cette
conférence de presse que je donnais l'an dernier que, la
clientèle s'étant fortement alourdie dans les centres d'accueil,
les ressources infirmières dont disposent ces centres d'accueil sont
nettement insuffisantes. Dans cette étude, on faisait état d'un
déficit de 25% quant aux soins infirmiers qui y sont prodigués.
Si on se fie à cette étude qui vient confirmer les
témoignages que j'avais eus, hors de tout doute, des ressources
additionnelles semblent indispensables pour les centres d'accueil non seulement
pour que l'on y donne un minimum de services de qualité, mais aussi pour
que les gens qui vivent à l'intérieur de ces centres d'accueil ne
soient pas là comme dans des déversoirs ou dans ce que certains
appellent des "mouroirs", en attendant que cela finisse, mais que vraiment on
s'efforce de leur assurer une certaine autonomie. (10 h 45)
On reconnaît présentement que 33% des personnes qui se
trouvent en centres d'accueil ne devraient pas y être ou, enfin, que si
on avait mis à leur disposition d'autres types de services, elles
auraient pu rester dans la communauté. Je lisais récemment une
étude établissant qu'il y aurait une différence entre le
taux de personnes en centres d'accueil dans l'est de Montréal ou dans ce
qu'on appelle la région périphérique de Montréal
par rapport au centre de Montréal. Je ne l'ai pas étudiée
pour voir si elle est rigoureuse au plan scientifique; elle semblait être
bien faite. Elle indiquerait qu'on est plus porté - et là, il ne
s'agit pas de régions éloignées; il s'agit toujours de
l'agglomération montréalaise - à se tourner
immédiatement vers des centres d'accueil et d'hébergement dans
une certaine partie de la région de Montréal, alors que dans
d'autres régions, soit pour des orientations différentes ou une
orientation différente des professionnels ou des ressources ou du
bénévolat, on semble recourir moins rapidement à cette
ressource d'hébergement.
Enfin, ce sont des points de réflexion qui m'amènent,
quand même, à dire au ministre que, si nous nous retrouvons
aujourd'hui devant la présence d'un aussi grand nombre de foyers
illicites, ceci est dû au manque de places dans le réseau ou au
manque de services à la population touchant les personnes du
troisième âge.
En dépit des problèmes sociaux considérables qui
sont reliés à la conjoncture économique, entre autres,
pendant cette période où la population la plus faible est soumise
à de plus grandes pressions et doit faire face tout à coup
à des problèmes qu'elle n'avait pas entrevus, on s'étonne
que, si on regarde le budget accordé aux centres de services sociaux, on
se trouve, en fait, devant une réelle coupure budgétaire. Il ne
s'agit même pas d'augmentation de 1% ou de 2%. Tout le monde sait qu'en
crise budgétaire le nombre des bénéficiaires augmente et
qu'il doit également y avoir une modification de la nature des services
qui sont offerts.
Les interventions revêtent de plus en plus un caractère
d'urgence alors que le suivi et la dimension préventive ne peuvent
être que difficilement assurés. Cette approche qui
privilégie la situation de crise et d'urgence contribue à
accroître le coût des services, puisque les mesures qui doivent
être alors mises en place requièrent davantage de moyens et
souvent même le recours à l'une ou l'autre des institutions du
réseau. Ainsi, des services essentiels à la protection des plus
démunis diminuent au moment où les victimes sociales de la crise
économique actuelle ont de plus en plus besoin d'appui et de secours
même les plus élémentaires, comme en faisaient foi les
déclarations d'organismes d'entraide, entre autres, l'Armée du
salut qui dit que les demandes de dons alimentaires ont augmenté de 40%
depuis un an. Vous aviez les mêmes réclamations ou les mêmes
observations de la part d'un grand nombre d'organismes de bienfaisance qui
soulignent au gouvernement la situation extrêmement pénible dans
laquelle se trouve une grande partie de notre population.
Je voudrais également souligner au ministre, dans le domaine des
services sociaux, l'effet qu'auront les coupures et les compressions
budgétaires qui continueront à s'ajouter cette année, si
on se fie au budget qui est devant nous, par exemple, dans le domaine de la
prévention. D'un côté, le gouvernement - et c'était
même une partie du discours inaugural; il faut dire que c'est la
troisième fois, quand même, - parle de politique familiale. D'un
autre côté, on enlève tout ce qui pourrait être un
appui aux familles avant que les familles se brisent. Je pense qu'il ne faut
pas prendre comme un fait inéluctable qu'une famille sur deux doive
divorcer ou se séparer. Je ne sais pas quelle est la statistique pour le
Québec, mais elle ne doit pas être très
éloignée de la statistique générale que l'on
retrouve au Canada et en Amérique du Nord. Pourtant, il n'y a presque
plus de services sociaux qui peuvent offrir des services d'orientation et
d'appui à la famille d'une façon raisonnable, parce qu'on ajoute
continuellement aux services sociaux sans leur ajouter de ressources.
C'est le premier ministre qui, au mois de février, donnait une
conférence de presse sur le problème des jeunes. Il parlait de ce
qu'on allait faire pour les jeunes: la création d'emplois,
l'augmentation des ressources aux organismes bénévoles. De fait,
dans le budget, ce sont les maisons de jeunes qui reçoivent la plus
grosse augmentation, alors qu'on a encore une fois oublié les femmes,
mais enfinl Par contre, le premier ministre ajoutait: II y aura plus
d'interventions des services sociaux auprès des familles pour aider
à prévenir la délinquance, la protection, etc. Quand on
regardait à l'endos ou, enfin, à la troisième page de ce
communiqué de presse, on y retrouvait le coût de l'augmentation du
budget aux organismes bénévoles pour les jeunes, mais, pour tous
les autres, aucun coût, moins évidemment les créations
d'emplois. D'une part, on leur dit: Occupez-vous de ceux-ci, occupez-vous de
ceux-là; mais, d'autre part, depuis combien d'années leur
coupe-t-on les vivres?
On me dira peut-être que l'organisation ou la bureaucratie est
trop grande dans les services sociaux. Je pense qu'il y a eu des efforts de
faits de ce côté. Ils n'ont peut-être pas été
suffisants. Mais on pourrait peut-être se poser la même question
à l'égard, par exemple, des CRSSS ou du ministère qui,
cette année, ne réduira son personnel que de deux personnes et
qui, pourtant, s'accordera, peut-être pas dans l'ensemble, mais à
certaines rubriques de son budget, des augmentations assez
intéressantes.
M. le Président, je voudrais revenir sur un sujet que j'ai
traité l'an dernier dans mes notes d'introduction, celui de la
psychiatrie. Peut-être que, devant l'éclatement ici et là
de problèmes plus aigus dans ce domaine, le gouvernement finira par
bouger. Mais, tout le monde sait que, en dépit des directives qui
avaient été données pour que les services psychiatriques
ne soient pas touchés lors des compressions budgétaires, il y a
eu des coupures de postes, que ce soit au niveau du nursing, que ce soit au
niveau des travailleurs sociaux, que ce soit au niveau des psychologues, que ce
soit au niveau des ressources générales. Pourtant, là
encore, les problèmes ne vont pas en diminuant, ils vont en
augmentant.
Mais, je voudrais attirer - je l'ai fait l'an dernier -
particulièrement l'attention sur
la nécessité de ressources alternatives. Le ministre nous
a dit tout à l'heure que son adjoint s'occupera des ressources
alternatives. Bravo! Mais, M. le Président, les quelques ressources
alternatives qui existent - on peut les compter sur les cinq doigts de la main
-vivotent, leur existence est continuellement remise en cause. Il n'y a,
évidemment, pas eu de développement depuis des années, il
y a même eu des diminutions depuis l'avènement du gouvernement
actuel dans le domaine des ressources alternatives.
M. le Président, je voudrais simplement revenir sur cette
question des ressources alternatives à la suite d'un témoignage
d'un directeur d'une ressource alternative pour les femmes battues, M. Lacroix,
qui découvre qu'aucune des quatre maisons d'accueil de la région
de Québec, pas plus que le YWCA, n'accepte de cas de psychose dure et de
cas de crise, bien qu'ils admettent avoir découvert que 25% de leur
clientèle représentait des cas psychologiques et de psychiatrie
dont les sujets étaient incapables de fonctionner en milieu ouvert. Il
ajoutait: II n'y a pas de ressources alternatives pour ce genre
d'hébergement dans le réseau et c'est une grave lacune. Celui-ci
affirme également que, parce que l'accès aux listes d'admission
de patients en cure psychiatrique est épouvantablement bloqué,
des femmes vivent actuellement des situations épouvantables,
inadmissibles, parce que personne ne leur fournit le soutien nécessaire
à leur cas.
M. le Président, j'ai recueilli des témoignages semblables
dans la région de Montréal. Je pourrais passer des semaines en
commission parlementaire à vous citer des témoignages de ce
type-là. Pourtant, le ministre nous dit en introduction: Écoutez,
on est maintenant dans une période de croissance relative,
d'équilibre budgétaire. Les problèmes n'en parlons pas,
parlons surtout de ce qui se fait.
Je le mentionnais tout à l'heure, la psychiatrie rejoint le
problème des femmes qui se retrouvent dans des maisons de femmes parce
qu'il n'y a absolument pas d'autres ressources pour elles. Vous les retrouvez
au YWCA de Montréal. Vous les retrouvez sur la rue et vous les
retrouvez, sans vouloir dramatiser, se suicidant.
On a peu parlé du suicide. C'est encore un sujet tabou. Il y a
souvent des familles ou même peut-être quelqu'un d'ici qui ontdéjà été touchés par ce drame. Il reste
que c'est au congrès de l'Association des hôpitaux du
Québec que le Dr Gauthier disait: On ne peut pas ignorer très
longtemps ce problème déjà très important dans les
statistiques de 1976. Des travaux plus récents faits par le
Comité de la santé mentale du Québec nous
démontrent une augmentation dramatique des taux de suicide de 1950
à 1979. Nous sommes rendus la province avec le plus haut taux de suicide
dans tous les groupes d'âge, mais surtout entre 15 et 29 ans chez les
hommes. L'augmentation observée dans le groupe des personnes ayant entre
65 et 74 ans est aussi frappante. Il est possible que la situation de crise que
nous vivons ait des effets sur la croissance de ce phénomène et
il est sûr que nous ne pouvons l'ignorer.
Je trouve une chose étonnante; le ministère a - nous
l'avons depuis le printemps 1982; alors, je m'imagine que le ministère
l'a eu avant nous - ce rapport du Comité de la santé mentale du
Québec, qui est très intéressant, même s'il est
très troublant, sur le problème du suicide. Déjà
depuis plusieurs années, on savait que le taux de suicide dans la
région du Nord-Ouest était le plus élevé du
Québec. Pourtant, on se retrouve aujourd'hui avec un ministre qui nous
dit qu'il a maintenant un adjoint qui va probablement s'occuper de trouver des
ressources alternatives. On a aussi les bons mots tout à fait touchants
du ministre dans le dernier numéro, de la revue Carrefour qui avec son
air de philosophe - très bonne photo, en fait - nous dit: "Le suicide
est un problème qui nous concerne tous".
M. Johnson (Anjou): Vous allez me faire devenir rouge à
parler de mes photos. C'est la seule façon.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et on pourrait peut-être parler des
dépenses de photographie de votre ministère. Je ne ferai pas
cela.
Cela, pour nous dire que c'est une préoccupation du
ministère des Affaires sociales, que ce fléau se traduit par une
série d'études pour, finalement, faire une apologie du
bénévolat comme ressource pour répondre au problème
du suicide.
C'est évident que les attitudes autour de nous ont un impact sur
un phénomème comme celui-là. Il ne faut pas penser qu'on
va résoudre ce problème ou qu'on va s'y attaquer en attendant un
an pour nous dire qu'il y a une autre étude au niveau du
ministère sur le rapport du Comité de la santé mentale et
que là, enfin, on va se pencher sur le suicide. Cela fait deux fois. On
nous dit: De toute façon, comptons surtout sur le
bénévolat, parce que désormais c'est devenu un peu la
politique de tous les gouvernements qui ont des problèmes
économiques; on a ressuscité le bénévolat qu'on
avait mis à la porte pendant un grand nombre d'années. Je pense
que cela est heureux et je pense qu'on doit lui donner tout l'appui
nécessaire. Mais il ne faudrait pas penser que, dans des situations
aussi tragiques que celles-ci, le bénévolat puisse se substituer
complètement aux responsabilités gouvernementales au-delà
des études que l'on multiplie et remultiplie et dont souvent on
connaissait le résultat avant de les
commencer. (11 heures)
M. le Président, je pourrais ajouter d'autres problèmes,
celui de l'équipement médical qui, on le sait, devient
désuet. Même si, à certaines occasions, on trouve encore
les moyens de se payer des équipements extrêmement dispendieux, il
reste que nous paierons, à court terme, et très prochainement, la
négligence du gouvernement qui a réduit d'une façon
dramatique les sommes affectées à l'achat d'équipement
depuis maintenant au moins cinq ou six ans. Ces sommes sont passées de
32 000 000 $ à 8 000 000 $, en 1981-1982; elles reviennent à 10
000 000 $, mais, si on tient compte de l'inflation, du développement de
la technologie et de la nécessité de remplacement, on continue
à creuser la fosse de la qualité de nos équipements
médicaux. On sait que c'est coûteux, mais ces rattrappages et la
non-mise à jour des besoins deviennent beaucoup plus coûteux
à long terme.
Il y a beaucoup d'autres problèmes qu'on pourrait aborder, par
exemple, l'état de santé de la population vivant dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est fort intéressant ou
fort...
M. Johnson (Anjou): Inquiétant. Mme Lavoie-Roux:
...inquiétant. M. Johnson (Anjou): J'en arrive.
Mme Lavoie-Roux: Vous en arrivez. Vous me direz peut-être
que Radio-Québec a exagéré.
M. Johnson (Anjou): Je ne le sais pas, je n'ai pas
écouté Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! On dit, par exemple, que l'indice de
mortalité est beaucoup plus élevé et on aura l'occasion
d'y revenir au moment de l'étude des crédits pour la Régie
de l'assurance-maladie.
Je pense qu'il serait fort normal que les gens me disent: C'est bien
beau, vous avez fait une longue énumération des problèmes
- mais j'ai à peine effleuré les problèmes - avez-vous des
solutions? La plus grande solution serait que le gouvernement administre avec
beaucoup plus de prudence. Je pense que ceci est une espèce
d'évidence, et il est extrêmement important que le gouvernement
soit responsable dans le choix de ses priorités. Je disais tout à
l'heure que le ministère des Affaires sociales a une augmentation de 200
000 000 $, 3,9% - ne l'oublions pas - et que les 6,8% viennent combler les
déficits des années précédentes. J'entendais le
ministre dire à la radio l'autre jour - il me corrigera, j'espère
que je me suis trompée - qu'il y aurait possibilité que trois
centres hospitaliers fassent des transplantations cardiaques au Québec:
l'hôpital Notre-Dame, l'Institut de cardiologie et l'hôpital
Sainte-Justine. Je pense que je ne me suis pas trompée parce que,
d'habitude, il réagit plus fort que cela.
C'est une question de priorités. Est-ce que le Québec peut
s'offrir cela avec ses 6 000 000 de population et avec les problèmes
qu'il rencontre quant au vieillissement de sa population, quand on voit, par
exemple, que les budgets dans le domaine de la réadaptation sont
à peine de 1%, alors que l'inflation sera de 6% et que, année
après année, on a eu des coupures et des compressions dans les
centres de réadaptation, quoique moindres que dans les hôpitaux?
Et on se dit qu'il nous faut trois centres de transplantations cardiaques!
Je suis prête à admettre qu'on ait un centre de
transplantations cardiaques, mais, même là, il faudrait se poser
des questions. On peut dire que le Québec, surtout s'il devenait
indépendant, aurait besoin de son centre de transplantations cardiaques.
Mais ne serait-il pas aussi acceptable, lorsqu'on doit faire des
transplantations cardiaques, d'aller ailleurs? Ceci est une possibilité;
je suis prête à admettre l'existence d'un centre, mais quand on
parle de trois endroits pour faire des transplantations cardiaques, pendant ce
temps, qui en souffre? Ne devrait-on pas, plutôt, unir nos efforts pour
la prévention et les soins curatifs dans le domaine du cancer quand on
sait que les gens aux prises avec des problèmes de cancer sont en
attente d'hospitalisation pendant des semaines et des semaines? Ne devrait-on
pas davantage mettre l'accent sur le développement de la radiologie,
diagnostique ou autre, qui, présentement, accuse un retard au
Québec? On sait que, par exemple, l'utilisation du laser peut
éviter des hospitalisations et assurer les traitements de la maladie
d'une façon efficace. Il n'y en a pas ou, du moins, c'est dans une
situation pitoyable. Est-ce que ce ne sont pas là des questions
prioritaires que le gouvernement doit se poser?
À l'intérieur du ministère des Affaires sociales,
on parle présentement de la planification des CLSC. Dans quelles
conditions faisons-nous l'établissement de ces CLSC? Est-ce qu'on va les
faire d'une façon uniforme? On sait fort bien qu'il y en a qui sont
planifiés dans la région de Montréal pour lesquels la
population n'a jamais été consultée. Est-ce qu'on peut
s'éloigner un peu du modèle uniforme et, surtout, n'en pas mettre
là où il y a d'autres ressources? Quand on procède
à l'établissement d'un CLSC, est-ce qu'on pourrait éviter,
par exemple, de toujours aller chercher le loyer qui coûte le plus cher?
Est-ce qu'on pourrait éviter, par exemple, qu'on bâtisse un CLSC
quand il y a des espaces vacants dans les centres hospitaliers?
Et là, j'ai laissé de côté à dessein
tous les autres reproches que nous faisons au gouvernement du point de vue de
l'établissement de ses priorités générales, des
subventions qu'il donne à des entreprises qui s'en vont en faillite, des
nationalisations qui, jusqu'à maintenant, n'ont apporté aucun
résultat concret. Et l'ensemble des dépenses gouvernementales, je
ne veux même pas y toucher. Uniquement et strictement à
l'intérieur du ministère des Affaires sociales, je pense qu'il y
a encore des endroits où on peut décider de ses priorités
en meilleure connaissance de cause qu'on ne semble le faire
présentement.
Evidemment, il y a des petites choses et on a presque l'air mesquin
quand on en parle. On lisait, par exemple, que la Commission des affaires
sociales avait affiché un compte de frais de déplacement
supérieur à 3500 $ - parce qu'on ne parle pas de ceux qui sont
inférieurs à 3500 $ -soit 4151 $ en 1976. Et, quatre ans plus
tard, on en comptait 16, pour un montant total de 94 249 $. Évidemment,
au Québec, on est tellement habitué maintenant à parler de
millions et de milliards que, quand on parle de dizaines de milliers de
dollars, cela n'a pas d'importance. On dit: Non, il n'y a pas d'économie
là, c'est 10 000 $, c'est 20 000 $. Mais, M. le Président, ce
qu'il faut qu'on réalise, c'est qu'à Québec même et
pas plus tard que la semaine dernière, l'association pour la
déficience mentale attend depuis je ne sais combien de temps une somme
de 30 000 $ pour ouvrir un autre centre de travail pour des déficients
mentaux. Il a été approuvé par le CRSSS de Québec,
mais on attend toujours. Alors, il ne faut pas toujours penser que des
économies, ce sont des économies de 100 000 000 $ ou de 40 000
000 $. C'est souvent cette rigueur qu'on exige des autres, mais qu'on
n'applique pas à soi-même.
Je voudrais revenir sur la question des urgences. Je vais quand
même donner un bon point au ministre: le Centre de coordination des
urgences à Montréal, je pense, fonctionne bien. Même s'il
reste encore des déficiences, je pense qu'il ne faut pas demander la
perfection la première ou la deuxième année. Il reste
qu'on semble, du côté de cette coordination des urgences, avoir
fait des progrès considérables relativement à ce qui
existait précédemment. Par contre, encore une fois ici, je
voudrais souligner au ministre que la difficulté du gouvernement
à bien choisir ses priorités et à ne pas ajouter, par
exemple, dans la région de Montréal, des lits de courte
durée dont on a besoin, crée des problèmes au centre des
urgences. Et on se trouve maintenant dans une position où X
hôpitaux vont demander des détournements d'ambulance parce que
leur urgence est prête. Alors, on en est rendu au point où on dit
qu'il va falloir faire fi de ces détournements d'hôpitaux; ils ne
doivent pas être toujours justifiés. On recommence à
connaître les difficultés qu'on connaissait avant
l'établissement du centre des urgences de Montréal, qui demeure
en soi une bonne chose et un progrès quant aux soins à prodiguer
aux malades, etc.
En terminant, je voudrais simplement dire au ministre que je sais que,
dans la période économique que nous vivons, il n'est
peut-être pas rentable politiquement de parler de problèmes
sociaux, de parler des besoins des plus démunis, de parler des
problèmes de santé et de la nécessité d'y ajouter
des ressources ou, du moins, de se traiter aussi bien que d'autres
ministères. Je constate que l'Assemblée nationale va avoir une
augmentation de 6,8% de son budget et qu'au ministère des Affaires
sociales on a une augmentation de 3,9%. Je voudrais bien qu'on m'explique
cela.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, cela va venir.
Mme Lavoie-Roux: Aux Affaires intergouvernementales, il y a une
légère diminution, mais on va quand même avoir une
augmentation de 5,1%. Il ne faut pas, non plus, oublier qu'on a
créé le ministère du Commerce extérieur qui,
certainement, vient chercher des responsabilités du ministère des
Affaires intergouvernementales, si bien que, là encore, on n'a pas de
difficulté à trouver de l'argent. Mais quand il s'agit de
s'occuper du monde, des vrais besoins, cela devient beaucoup plus
difficile.
Je voudrais rappeler au ministre que toutes les études ont
démontré que, même dans des conditions favorables - quand
il n'y a pas de problèmes - les personnes les plus démunies de la
société sont celles qui utilisent le moins les services publics
de santé et les services sociaux. Je pense qu'il est extrêmement
important que, dans un contexte de réduction des services, de
difficultés économiques, le gouvernement s'assure que cette
sous-utilisation par les plus faibles des services sociaux et des services de
santé ne soit pas accentuée.
M. le Président, il sera toujours facile, pour le ministre et
pour moi-même, d'avoir les services de santé et les services
sociaux dont nous aurons besoin. Mais c'est beaucoup plus difficile pour la
partie de la population la plus faible. Je pense qu'il faut que le gouvernement
en soit conscient. Même si, parfois, cela embarrasse le gouvernement que
nous le lui rappelions, je pense que c'est une partie importante de nos
responsabilités. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le ministre, avez-vous des
réponses à apporter?
Réplique du ministre
M. Johnson (Anjou): Oui, à moins que d'autres
collègues ne veuillent prendre la parole. Évidemment, je ne peux
passer sous silence plusieurs des affirmations, des allusions ou des opinions
de la députée de L'Acadie. Une première chose qui me
frappe dans ses remarques, c'est qu'elle s'est référée, au
moins à cinq reprises - je les ai prises en note - au discours de l'an
dernier, un peu comme si on n'avait pas de nouveaux crédits cette
année. Deuxièmement, je comprends que la présentation
mathématique et budgétaire est une chose assez - comment
dirais-je? -...
Mme Lavoie-Roux: Technique.
M. Johnson (Anjou): ...technique, oui, et rébarbative,
à toutes fins utiles, mais comprenons-nous bien, ce ne sont pas environ
3% d'augmentation; ce sont 6,8%, dans la mesure où on compare des choses
comparables. L'an dernier, dans le budget du ministère, on tenait compte
de la dimension des arrérages. Dans les crédits de cette
année, on n'en tient pas compte alors que, de fait, il en a
versé. Ou bien on les enlève du budget de l'an dernier ou bien on
les ajoute au budget de cette année. Si on fait l'une ou l'autre
opération, on arrive à une augmentation de budget de 6,8%, ce qui
va au-delà de l'inflation prévisible pour cette année. En
ce sens, l'argument au sujet des quelque 3% est strictement une raison de
présentation technique. Si on compare des oranges avec des oranges, cela
donne 6,8% d'augmentation.
Troisièmement, je vais soulever rapidement ce que la
députée de L'Acadie a appelé "des petites choses qu'elle
ne voulait pas mesquines" au sujet du compte de dépenses de la
Commission des affaires sociales. Je dirai d'abord que la Commission des
affaires sociales ne relève pas du ministre des Affaires sociales. Elle
relève de la Sécurité du revenu. Je pense aussi que
l'augmentation considérable de l'activité de cette commission,
notamment à cause de l'application et de la juridiction d'appel de cette
commission au titre des régimes de pension et de la santé et
sécurité du travail, justifie sans doute beaucoup de choses en
terme d'accessibilité pour les citoyens à ces services d'une
commission qui siège en appel des décisions de la CSST ou
d'autres organismes. Cela peut expliquer l'augmentation des comptes de
dépenses. Je pense que mon collègue du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pourra sûrement
en répondre.
Quant à mon adjoint parlementaire, je dirai que je suis fier
d'avoir le député de Gouin comme adjoint parlementaire. C'est un
homme qui a démontré, dans le passé, dans plusieurs
activités, sa capacité d'agir avec énergie et bon sens et
qu'il ait, en dehors des reponsabilités ministérielles que je
dois assumer, à aiguillonner celui qui vous parle et son
ministère à l'égard des ressources alternatives ne va que
dans le sens de stimuler l'activité autour d'un objectif que je pense
que nous partageons avec nos collègues de l'Opposition. (11 h 15)
Au sujet des urgences, je dirai que je prends acte très
précisément des commentaires de la députée de
L'Acadie sur le fonctionnement qu'on peut, au minimum, qualifier
d'adéquat du CCUS dans les circonstances. Je rappellerai, puisqu'elle a
voulu faire des retours en arrière comme dans la plupart de ses
commentaires un peu comme si elle étudiait les crédits de l'an
passé...
Mme Lavoie-Roux: II ne s'est rien passé.
M. Johnson (Anjou): ...que le CCUS, au moment où nous
l'avons créé, a soulevé un tollé. Je pense,
notamment, à une certaine presse, particulièrement à la
presse anglophone de Montréal où vraiment les gens étaient
littéralement grimpés dans les rideaux et ont
présenté des histoires d'horreur aux citoyens. Ma foi, on pourra
peut-être accuser le ministre des Affaires sociales d'avoir un ton
lénifiant; nous avons dit à ce moment qu'à
l'expérience nous étions convaincus que ce centre donnerait les
services qu'il doit donner. J'ai été heureux de constater que
récemment les maires de l'ouest de Montréal en particulier, qui
dans certains cas avaient véhiculé ces appréhensions l'an
dernier, se sont ralliés à toutes fins utiles à
l'équivalent de félicitations importantes au niveau du conseil de
sécurité de la Communauté urbaine de Montréal
envers le CCUS. À l'occasion de ses commentaires sur le CCUS, la
députée de L'Acadie parlait de ce qu'elle perçoit comme
une carence de ressources en termes de services, de lits de soins aigus dans
nos hôpitaux dans la région 6-A. Je dirai que c'est effectivement
cette préoccupation qui nous vient des données qu'on retire du
CCUS au niveau des détournements, qui nous amène à devoir
prendre des décisions difficiles en ce qui touche la rationalisation des
services sur l'île de Montréal.
L'objectif de transformation de la vocation de certains
établissements - on pense ici au Reddy Memorial, à ce qui a
impliqué le Chest à un moment donné et à
Sainte-Jeanne-d'Arc - ce n'est pas tellement d'accroître les ressources
en termes de soins prolongés pour cette région de
Montréal, puisque objectivement on n'augmente pas le nombre de lits,
mais c'est de décongestionner l'appel de ressources qui est causé
par la
présence de personnes en soins prolongés dans des
hôpitaux, que ce soit au niveau du Lakeshore, de Saint-Laurent, donc de
Sacré-Coeur qui est un coin que la députée connaît
bien, que ce soit Fleury, Jean-Talon, Saint-Michel, le nord-est de
Montréal. Ces hôpitaux ont des taux d'occupation en soins
prolongés qui font qu'il n'y a pas de lits disponibles en
quantité suffisante pour accorder des services aux citoyens de ce coin
de l'île de Montréal en termes de services aigus. La
transformation de certains hôpitaux du centre-ville ou d'une partie de
ces hôpitaux en services de soins prolongés va permettre,
justement, un meilleur équilibre de ces ressources, une diminution
à la fois des listes d'attente quand ce n'est pas carrément du
temps d'attente dans les salles d'urgence dans ces régions. C'est la
rationalité qui nous amène à devoir prendre ces
décisions extrêmement impopulaires. Maintenant, on n'a pas
été élus pour être populaires, on sait cela.
Une voix: Vous y réussissez.
M. Johnson (Anjou): Oui, on y réussit. Je dirai que les
autres commentaires un peu en exergue que nous donnait la députée
de L'Acadie sur les budgets d'autres ministères, en invoquant,
notamment, le Commerce extérieur posent, à mes yeux, une question
de fond quand on nous parle de problèmes d'établissement des
priorités interministérielles dans le gouvernement.
Le système de santé et de services sociaux que nous nous
sommes donné est basé historiquement sur la présence d'une
richesse qui est menacée par la crise économique que nous
connaissons. Il faut être conscient que nous ne pourrons comme
société non seulement développer, mais même
maintenir ces services que dans la mesure où nous parviendrons comme
société à accroître la base de richesse qu'on peut
ainsi partager à travers des programmes de transfert ou des programmes
de prestation de services comme les services de santé et les services
sociaux.
Or, le Commerce extérieur - je ne suis pas ici pour
défendre les crédits de mon collègue qui le fera fort
bien, j'en suis convaincu - est un des éléments qui, à
notre avis, est une présence très concrète, très
active du gouvernement pour stimuler certains secteurs économiques. Si
l'on stimule les secteurs économiques du Québec, ce sera autant
de richesse qu'on pourra partager par la voie des transferts ou de la
fiscalité ou autrement.
D'autres préoccupations touchent la santé mentale. Je
ferai remarquer à la députée de L'Acadie que, dans les
crédits de développement qui ont été
accordés cette année, 300 000 $ ont été
versés au chapitre strictement de la prévention du suicide et 200
000 $ ont été versés à la prévention en
général, en termes de santé mentale. Donc, 500 000 $ cette
année d'augmentation de crédits au chapitre de ce qui est
relié à la santé mentale et/ou à la
prévention du suicide.
Le mode par lequel nous agirons - c'est vrai, j'ai eu l'occasion de
l'écrire dans la revue Carrefour du ministère - c'est surtout, on
le dira, par un appel des ressources bénévoles. Ce n'est pas
parce que le gouvernement n'a pas d'argent - ce qui est un fait, par ailleurs -
mais c'est, d'abord et avant tout, à partir d'une analyse des
succès de ce type d'approche, notamment en Grande-Bretagne, par ce qu'on
appelle les "good Samaritans". Les conclusions des psychiatres, des
psychologues et des spécialistes du domaine au Québec, que ce
soit ceux du Comité de la santé mentale ou que ce soit des gens
comme le Dr McKay ou d'autres, sont que la survenance du suicide,
particulièrement chez les jeunes adultes, est attribuable surtout
à des facteurs d'isolement et de solitude et que le meilleur moyen de
briser les barrières de l'isolement et de la solitude, c'est de faire
appel à des ressources de citoyens qui s'impliquent. Par
définition, les citoyens qui s'impliquent le font dans le cadre
d'activités bénévoles.
C'est pour cela que nous avons choisi -non pas par absence
d'imagination, bien au contraire - premièrement, étayés
sur une excellente étude, deuxièmement, convaincus qu'il y a ici
des citoyens qui veulent s'impliquer à cet égard, d'investir
près de 500 000 $ dans ce domaine dans l'année qui vient pour
donner un encadrement financier minimal et un soutien financier essentiel
à ces groupes qui doivent, d'abord et avant tout, se baser sur
l'implication des individus et où, finalement, des valeurs de
solidarité s'expriment à travers des choses très
très concrètes qui sont tantôt des réseaux
téléphoniques de type SOS, qui tantôt des présences
auprès des institutions spécialisées et, dans certains
cas, des familles d'accueil, tantôt l'encadrement au niveau des loisirs
ou l'appel à des ressources telles des maisons de jeunes ou de femmes
ayant subi la violence.
Je dirai à cet égard, pour parler de ces ressources
communautaires dont nous parlons, que je ne comprends pas très bien
pourquoi la députée de L'Acadie essaie de nous dire que cela a
quasiment régressé alors que, si je regarde les chiffres, en
1979-1980 - je ne veux pas remonter à 1973 et à 1976 - sur une
base de quatre ans, ce qui est quand même raisonnable, le nombre total
d'organismes communautaires était de 55. Il est passé, en
1982-1983, à 96. Les budgets sont passés, puisqu'il y a des
transferts, de 4 000 000 $ à 3 063 000 $, sauf qu'il y a un transfert
qui se ferait en faveur d'autres groupes. En 1979-1980, il y avait 11
ressources pour femmes en difficulté; en
1982-1983, il y en a 38. Les budgets sont passés, en 1979, de 645
000 $ à 2 799 000 $, en 1982-1983. Il y avait, en 1979, 7
ressources-jeunesse; il y a, en 1982-1983, 41 ressources-jeunesse. Le budget
est passé, en 1979-1980, de 246 000 $ à 1 500 000 $ en 1982-1983.
Ce qui fait, pour l'ensemble des organismes communautaires, femmes en
difficulté et ressources-jeunesse qu'on passe de 73 organismes pour 4
962 000 $, en 1979-1980, à 175 organismes pour 7 368 000 $ en
1982-1983.
Je ne comprends pas qu'il y ait encore des gens qui disent que cela
régresse, sinon que je vois, pour certains groupes de revendication,
là comme ailleurs dans notre société - je trouve
regrettable de voir la députée de L'Acadie donner si facilement
et sans rigueur dans ce domaine; on est habitué à autre chose
chez elle - que je vois, dis-je pour plusieurs organismes dans notre
société, qu'ils soient dans les secteurs public et parapublic, ou
que ce soit, à l'occasion, certains groupes de citoyens, que finalement,
le réflexe de dépendance envers l'État, comme si
l'État allait régler tous les problèmes, les amène
à dire des absurdités comme: On a régressé, alors
qu'on est passé de 4 000 000 $ à 9 000 000 $ d'injections de
ressources dans ce domaine en moins de quatre ans et qu'on ajoutera cette
année un total d'au-delà de 1 500 000 $, si on prend les
ressources communautaires pour femmes et jeunes. Avec 1 500 000 $ cette
année, je trouve que c'est une exagération absolument
inconcevable de dire que cela ne progresse pas dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): Vous aurez la parole.
M. Johnson (Anjou): ...je n'ai pas d'objection à ce que la
députée de L'Acadie revienne tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement répondre à
cela, parce que je pense que vous avez mal compris. Ce que j'ai dit, c'est que
j'avais vu que vous aviez augmenté d'environ 1 000 000 $, en tout cas,
assez considérablement les ressources pour les organismes
bénévoles pour les jeunes. Je pense que j'ai dit cela tout
à l'heure, j'ai bien dit cela. Mais j'ai dit que, par contre, dans le
cas des femmes, on restait avec une augmentation d'environ 6% qui ne faisait
strictement pas d'ajouts aux maisons de femmes. J'ai reconnu que vous aviez
augmenté du côté des organismes pour les jeunes, mais que,
du côté des femmes, évidemment, en dépit des
demandes qui avaient été faites et des besoins - je vous en ai
cité tout à l'heure - il n'y avait pas eu d'augmentations de
ressources. Si vous regardez les remarques que j'ai faites sur les
crédits antérieurs, une des choses que j'ai toujours reconnues au
gouvernement, c'est que, du côté des organismes
bénévoles, il y avait assurément eu...
M. Johnson (Anjou): Des progrès.
Mme Lavoie-Roux: ...des progrès dans les dernières
années. Je pense que vous pourriez le retrouver au moins à deux
ou trois reprises. Alors, le ministre n'a pas besoin de monter dans les
rideaux, de mal interpréter ce que j'ai dit et de dire que je fais le
jeu de ceux qui crient pour rien. Il faudrait, d'abord, savoir s'ils crient
pour rien; c'est la première des choses. De toute façon, ce
n'était pas du tout le sens de ma remarque. J'ai dit: Vous avez
augmenté pour la jeunesse, mais vous n'augmentez pas -sauf pour l'indice
de l'inflation - pour les femmes. C'est ce que j'ai dit.
Le Président (M. Gagnon): Merci, madame. Si vous le
permettez, on laissera le ministre terminer et après...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): ...vous aurez...
Mme Lavoie-Roux: II était tellement fâché; je
ne voulais pas qu'il...
Le Président (M. Gagnon): Parce que, tantôt, si j'ai
bien observé, le ministre vous a laissé faire votre
introduction.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me suis pas fâchée comme cela
contre lui.
M. Johnson (Anjou): Même pas un soupir, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): Je voudrais préciser, à
l'égard de ces organismes bénévoles, que, cette
année, nous avons 900 000 $ de plus pour les maisons de jeunes et 800
000 $ à partager entre organismes, communautés et maisons de
femmes. Il faut tenir compte du fait que, dans le cas des jeunes femmes en
difficulté, on parle surtout des jeunes femmes qui n'ont pas un statut
marital. Il y a quand même la moitié de cette population des
maisons de jeunes qui est formée de jeunes femmes et, à cet
égard, ces ressources-jeunesse sont un élément important
pour ce groupe féminin, sans compter qu'il y aura un ajout qui n'est
pas encore fixé, mais qui sera sans doute d'environ la
moitié de l'autre montant de 800 000 $. Donc, il y aura un ajout dans le
cas des maisons de femmes.
Je voudrais revenir sur une autre chose sans, pour autant, que la
députée de L'Acadie ait l'impression que je grimpe dans les
rideaux. C'est assez fondamental comme perspective de ce que signifie le
bénévolat dans notre société. J'ai eu l'occasion,
récemment, d'en discuter avec un groupe à Montréal, sous
la présidence du Dr Paul David, qui s'appelle le Carrefour des
chrétiens pour la santé, qui regroupe des citoyennes et des
citoyens du réseau des affaires sociales ou des organismes
bénévoles. De même, j'ai eu l'occasion de rencontrer
l'Association des auxiliaires bénévoles des hôpitaux du
Québec récemment, la semaine dernière.
Il y a encore des gens - vous ne les verrez pas dans les organismes
bénévoles; vous les verrez chez ceux qui tentent d'analyser ces
phénomènes ou qui se permettent de les commenter sans les
analyser à l'occasion - qui ont tendance à dire que ce recours ou
cette affirmation des pouvoirs politiques de l'importance du
bénévolat, c'est une façon de se débarrasser des
problèmes parce qu'on n'a pas d'argent. Ce n'est pas vrai. On a
développé, comme société, depuis vingt ans, un
degré de dépendance et d'absence de
générosité des structures qui est absolument
phénoménal. Pour moi, ce n'est pas cela l'avenir d'une
société faite d'individus, de personnes qui se tiennent debout et
d'une collectivité qui, globalement, est capable de se tenir debout. Si
on ne fait pas appel à la volonté des citoyens de s'impliquer
comme individus au-delà de leurs conventions collectives, au-delà
d'un encadrement ou d'un plan de carrière, on est aussi bien de jeter le
gant tout de suite. On est peut-être aussi bien, à ce
moment-là, carrément de remettre en question la quantité
considérable de ressources qu'on met comme société dans le
secteur des affaires sociales. (11 h 30)
Dans ce sens, il y a là un débat fondamental et, à
mon avis, il y a une erreur de perception de s'imaginer que faire appel au
bénévolat, c'est faire un faux débat. Absolument pas. Au
contraire, c'est un débat fondamental dans notre société.
J'y crois et je continuerai de faire des efforts comme on l'a fait au
ministère dans ce domaine. Je continuerai de tenter de sensibiliser les
structures et mes concitoyens à la nécessité de faire
appel à ces ressources.
La question des personnes âgées. Quelques chiffres tout
d'abord. Quant aux ressources institutionnelles, il y a eu, en 1982-1983, 1191
nouvelles ressources, nouveaux lits, à toutes fins utiles, qui ont
été ouverts dans le secteur de l'hébergement,
essentiellement pour les personnes âgées. Dans la seule grande
région de Montréal, c'est-à-dire la région 6-A du
conseil régional, 940 nouveaux lits ont été ouverts. Ce
n'est pas exactement des "peanuts". Cela correspond à l'effort aussi
qu'il fallait faire. On est prêt à reconnaître qu'il y a
encore des efforts à faire dans ce domaine.
Quant au maintien à domicile, sans, non plus, remonter jusqu'au
déluge, je dirai qu'en 1980-1981 il y avait 54 000 000 $ dans le
maintien à domicile et, en 1983-1984, il va y avoir 72 800 000 $,
presque 73 000 000 $, dans ce secteur. C'est, quand même, une
augmentation également considérable. Par rapport à l'an
dernier, cela représente une augmentation de presque 6 000 000 $. Ce
sont des augmentations extrêmement importantes. En plus de cela, en
1983-1984, au niveau des ressources qu'on veut ouvrir, il y aura normalement un
peu plus de 1000 places, autour de 1100 places qui seront ouvertes cette
année, dans l'année budgétaire qui s'en vient ou qui est
en cours. On ne peut quand même pas parler de stagnation dans ce domaine
et d'insensibilité à la nécessité de régler
certains de ces problèmes.
Cependant, et je le reconnais, à l'égard d'une
intervention qui signifierait un virage important, pour ne pas dire massif,
dans le secteur des personnes âgées, le ministère est
à préparer depuis de longs mois - ce sont des problèmes
à la fois très complexes où on a, parfois, de la
difficulté à cerner les problématiques, mais
également qui impliquent beaucoup de structures, beaucoup
d'éléments du réseau ou des approches de santé
sociale qui sont nuancées - les sous-ministres eux-mêmes sont
chargés, au ministère, de mettre au point un document qui, je le
souhaite, sera disponible d'ici un certain nombre de semaines ou de mois, d'ici
l'été, je le souhaite en tout cas, qui nous permettra d'affirmer
les grandes orientations que le ministère des Affaires sociales entend
prendre à l'égard de toute cette approche de maintien à
domicile des personnes âgées, d'utilisation des ressources
alternatives et de ressources légères qui visent à
favoriser le plus possible l'autonomie des personnes.
Mes derniers commentaires porteront -je pense qu'au cours de
l'étude des crédits on aura l'occasion de revenir sur d'autres
sujets qu'à évoqués la députée - sur
l'exemple qu'elle a donné de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. C'est
un hôpital que je connais fort bien et que j'affectionne en particulier,
malgré les commentaires un peu rapides d'un de ses membres
éminents. C'est un hôpital qui a 93 000 000 $ de budget. La
députée de L'Acadie et les membres de l'Opposition ont souvent
fait, devant certaines dispositions de la loi 27 ou de la loi omnibus 101 du
mois de décembre
dernier, la bataille des établissements sur le budget global.
Nous avons reconnu l'importance de cette technique du budget global qui
comporte des avantages considérables pour le réseau des affaires
sociales, pour les administrateurs, pour les gestionnaires, pour le personnel
médical et paramédical et, au bout de la ligne, pour les services
aux citoyens, au point, d'ailleurs, que cette technique du budget global est
appliquée dans les hospices de Lyon, qui est un des centres hospitaliers
les plus importants en Europe; les hospices de Lyon contrôlent 20
établissements d'importance et plusieurs milliers de lits et leur
assignation budgétaire se fait sur la base de ce qu'ils appellent le
budget Québec; ils se sont inspirés de cette technique du budget
global qu'on a ici. Sauf qu'il faut bien voir qu'on ne peut pas défendre
le budget global et défendre l'autonomie des établissements et,
en même temps, s'en prendre au ministre des Affaires sociales parce qu'il
y a quelqu'un, quelque part, dans une boîte, qui fait des choix de
priorités qui résultent en des inconvénients plus visibles
pour les citoyens.
Je donnerai l'exemple de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont qui,
pendant des années - je dois dire que, depuis trois ans, cela a
changé - a reçu des millions pour s'équiper en termes de
laboratoires, ce qui aurait simplifié, notamment, l'utilisation des
services d'urgence, mais qui a mis cela dans la recherche. C'était son
choix parce qu'il avait un budget global, mais qu'en fin de compte, on ne
vienne pas à la fois défendre le budget global et reprocher au
ministère des Affaires sociales que ce type d'assignation
budgétaire, en fin de compte, est la responsabilité unique du
ministère des Affaires sociales. On considère qu'on a une
responsabilité à l'égard de ces services et c'est pour
cela qu'on tente de collaborer avec les établissements et qu'on le fait
d'une façon régulière.
Je dois dire que, dans le cas de Maisonneuve-Rosemont, depuis trois ans,
le travail qui s'est fait dans ce domaine est assez remarquable. Mais il faut
aussi être cohérent, qu'on soit du gouvernement, de l'Opposition
ou qu'on soit dans les établissements. C'est toujours facile pour un
établissement, dans le cadre d'un budget global, de faire exactement ce
qu'il veut dans certains secteurs en termes d'allocation de ressources et de
laisser les affaires les plus visibles, qui font le plus mal aux citoyens,
à la responsabilité politique, pour venir après cela, nous
chercher des budgets additionnels. Il faut que les gens acceptent de prendre
leurs responsabilités. Je pense que, de plus en plus, dans les
hôpitaux - en tout cas, c'est mon expérience aux Affaires sociales
depuis deux ans - il y a une sensibilité à cet égard et on
verra qu'en fin de compte cela aura pris peut-être deux ou trois ans pour
parvenir à ce type d'équilibre sans que, pour autant, on remette
en cause de façon fondamentale la notion d'autonomie des
établissements.
Si les établissements n'étaient pas autonomes et si
c'était le ministre des Affaires sociales ou ses hauts fonctionnaires
qui décidaient quotidiennement de certaines choses qui se passent dans
les établissements, il y aurait sûrement certains avantages
à cela. Je peux vous en donner un exemple: dans certaines salles
d'urgence, il y aurait quatre médecins de garde le soir et la nuit au
lieu d'en avoir juste un, ce qui fait que les gens attendent plus longtemps.
Mais il y aurait aussi peut-être des inconvénients, parce que, par
définition, les contrôles nécessaires, technocratiques et
bureaucratiques, nous amèneraient finalement à une lourdeur qui
ferait qu'on centraliserait peut-être un peu trop. En fin de compte, il
faut équilibrer les avantages et les inconvénients pour les
citoyens.
Je pense que le système qu'on a est relativement adéquat.
Il faut, cependant, que le ministère affirme les moyens qu'il entend se
donner pour que certaines priorités soient plus reconnues par les
établissements, mais, chaque fois qu'on touche à cela, c'est le
grand débat philosophique sur l'autonomie des établissements. Je
pourrais ici citer des pages de discours de la députée de
L'Acadie sur l'autonomie des établissements.
Cependant, ce qu'il y a de plus fondamental au-delà de cela - je
reprends encore cette approche en regard de ce qui s'est passé dans le
réseau depuis trois ans -si on a fait les efforts du passé, si,
cette année, on n'a que 16 000 000 $ de compression réelle sur un
budget de 5 034 000 000 $, surtout dans ces établissements qui n'ont pas
atteint l'équilibre budgétaire, c'est que les
établissements ont largement fait leur boulot, d'une part, et c'est
parce que, deuxièmement, c'est la seule façon de garantir pour
l'avenir des Québécoises et des Québécois
l'accès à un système de santé comme celui que nous
connaissons sur une base gratuite. Nous ne sommes pas obligés d'aller
sur la planète Mars pour voir ce qui se passe ailleurs. L'Alberta et la
Colombie britannique imposent des tickets modérateurs de 20 $ quand nous
sommes soignés dans une salle d'urgence, et de 20 $ par jour pour ceux
qui bénéficient d'un lit, même public, même en salle,
pas dans les chambres privées. Il y a de l'"overbilling" qui se fait
dans plusieurs provinces canadiennes; il y a donc une diminution de
l'accessibilité pour les citoyens les plus démunis aux services
de la santé et aux services sociaux.
Après cela, on viendra nous dire que le Québec ne fait pas
son boulot. Même Mme Monique Bégin, du gouvernement
fédéral, qui
n'est pas, par tempérament, portée à faire des
éloges à l'égard de ce gouvernement est obligée de
reconnaître, comme le premier ministre du Canada, que probablement un des
endroits où l'accessibilité, en termes de services de
qualité, est la mieux assurée au Canada, c'est le Québec.
Cela aurait été impossible si on n'avait pas fait les efforts
qu'on a faits depuis deux ans. À ce moment-là, cela aurait
été un étau, un poids et un fardeau financier qui auraient
littéralement obligé le gouvernement du Québec à
imposer des restrictions à l'accessibilité, comme c'est le cas,
en ce moment, en Alberta et dans d'autres provinces canadiennes. En ce sens, je
suis heureux malgré tout, malgré certaines difficultés
réelles à certains endroits, de constater que, globalement, le
système est apte à continuer à être un
système de qualité et d'accès gratuit pour l'ensemble des
citoyens du Québec. Et c'est cela, l'objet de notre effort depuis deux
ans.
Encore une fois, on ne considère pas que cela a été
une sinécure pour qui que ce soit, ni pour les citoyens, à
certains endroits, où on brise des mentalités de clocher, et,
reconnaissons-le. Pensons aux drames qu'on a vus récemment, par exemple,
autour de la rationalisation de la pédiatrie dans la ville de
Sherbrooke, y compris des photos d'enfants battus où on associait
l'hôpital qui allait être le dispensateur des seuls services de
pédiatrie à Sherbrooke au fait qu'on maltraitait les enfants dans
cet hôpital, alors que c'est un grand hôpital universitaire. Je
parle du CHUS, à Sherbrooke. Des charriages incroyables où,
à toutes fins utiles, ce sont des chapelles professionnelles, quand ce
ne sont pas des chapelles politiques, municipales ou autres qui, à
l'occasion, jouent. Malgré tout, si on regarde ce qui se passe, à
Sherbrooke, maintenant, il y a une rationalisation de la pédiatrie. Les
citoyens en sont satisfaits.
Cela a permis de dire que les économies ainsi
réalisées nous permettent de continuer à développer
d'excellents services pour l'ensemble des citoyens, dans la mesure où on
accepte de changer un peu nos attitudes à l'égard de certaines
choses. Je pense qu'on y est parvenu assez largement depuis deux ans. Je pense
qu'on va continuer dans ce sens-là et, surtout - encore une fois, dans
le cas de la rationalisation ou de la productivité, ce sont des notions
qui parlent de la capacité globale du réseau et non pas de tel
individu au sixième nord qui dispense des services ou des soins -
maintenir la progression nécessaire qu'il y a dans le domaine de la
santé comme dans celui des services sociaux.
En conclusion, M. le Président, je dirai que j'aborde ces
crédits en étant conscient que nous aurons des échanges,
mais j'espère qu'ils reposeront, d'une part, sur le présent et,
d'autre part, sur des faits.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne répondrai
pas au ministre, car on va se répondre jusqu'à demain matin. Je
voudrais simplement dire que, lorsque j'ai soulevé la question des
affaires extérieures, je ne mettais pas en cause l'existence du
ministère du Commerce extérieur. Ce que je disais, c'est qu'une
partie des fonctions du ministère du Commerce extérieur qui ont
été prises du ministère des Affaires intergouvernementales
aurait dû entraîner des coupures ou des compressions plus grandes
au ministère des Affaires intergouvernementales. Je pense qu'il ne faut
pas mêler toutes les choses pour retrouver la réponse qu'il vous
faut. Je n'ai jamais mis en cause la nécessité du
ministère du Commerce extérieur. Il y a d'autres de mes
collègues qui peuvent peut-être l'avoir mise en cause, mais c'est
une autre affaire. Dans le moment, je pense qu'il ne faut pas mêler les
choses.
Quand vous dites que la députée de L'Acadie a fait de
grands discours sur l'autonomie des hôpitaux, je dis: Oui, M. le
Président, et je vais continuer d'en faire. Peut-être, qu'il y a
eu des erreurs dans l'administration et, fort probablement qu'il y en a eu - je
prends toujours votre parole -dans le cas de Maisonneuve-Rosemont. Mais, la
réalité est - et cela, le ministre nous l'a dit et redit - que le
secteur est surpeuplé, c'est-à-dire qu'il y a une grande demande
à Maisonneuve-Rosemont. Si on dit simplement que c'est parce que cela a
été mal administré, mais que, depuis trois ans, cela va
mieux et que cela devrait se régler, si on le voit seulement sous cet
angle, à un moment donné, ils n'auront plus les services qu'il
leur faut. Il peut y avoir ce facteur de mauvaise administration que je ne suis
pas à même d'évaluer, mais résumer la situation
à ceci, je pense que c'est, pour le ministre, un peu trop facile.
Puisqu'il a présenté la question de la rationalisation et de la
fusion des institutions - on y reviendra, à un moment donné, dans
le dossier - je dois vous dire que, dans des cas, c'est bon. Je ne m'y suis
jamais opposée. D'ailleurs, il y a déjà eu des
regroupements d'obstétrique bien avant que le ministre soit là,
même sous l'ancien gouvernement. Il y a eu des transformations
d'institutions. Je me souviens d'un hôpital de maternité
transformé en hôpital pour malades chroniques, dans l'ouest de
Montréal, l'hôpital de la Salvation Army. (11 h 45)
M. Johnson (Anjou): Marie...
Mme Lavoie-Roux: L'hôpital de la Salvation Army, je pense.
Je ne rappelle plus
le nom...
M. Johnson (Anjou): Catherine Booth.
Mme Lavoie-Roux: Oui, Catherine Booth. Mais il reste que,
même là-dedans, il va falloir que les CRSSS - je comprends qu'ils
sont l'objet de critiques, parce que ce sont eux qui sont obligés de
faire ces propositions au ministère et c'est normal que les gens s'y
opposent - au moins, eux, respectent les règles du jeu dans le sens de
la consultation, que le gouvernement respecte aussi les règles du jeu
dans le sens de la consultation et que les décisions ne soient pas
prises avant qu'on commence tout le processus de la consultation.
Ce qui me désole dans tout cela, c'est que le ministre,
évidemment, dit: Mme Bégin nous a dit qu'on était les plus
fins. Ce qu'a dit Mme Bégin, c'est que la Régie de
l'assurance-maladie était la mieux administrée du point de vue de
l'assurance-maladie. C'est à cause de la Régie de
l'assurance-maladie...
M. Johnson (Anjou): Elle a aussi dit qu'elle n'admet pas...
Mme Lavoie-Roux: Les frais supplémentaires.
M. Johnson (Anjou): ...les frais supplémentaires qu'on
impose dans le système hospitalier.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. D'accord.
M. Johnson (Anjou): Cela n'a rien à voir avec la
régie.
Mme Lavoie-Roux: Nous, non plus. On a même
été obligé de vous surveiller, il y a quelques
années, pour que vous ne succombiez pas à la tentation.
Là-dessus, on s'entend aussi. Il y a tous les témoignages de
gens, de bénévoles et de la population en général,
qui disent qu'il faut surveiller les services de santé et les services
sociaux parce qu'ils vont en décroissant, que les besoins grandissent,
que l'État ne collabore pas suffisamment, que ses priorités ne
sont pas toujours bien établies, M. le Président. Je le maintiens
et je vais le maintenir aussi longtemps que le gouvernement ne modifiera pas
son comportement vis-à-vis de ses priorités.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
discours préliminaires à l'étude des crédits?
Mme Lavoie-Roux: Juste une remarque, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le ministre a dit qu'on
allait mettre tant d'argent pour la prévention du suicide, etc. Cela
m'invite à une remarque. Mes collègues - et avec justesse, je
pense - m'ont dit: Est-ce tout ce que tu as pour préparer tes
crédits? On a eu beaucoup de documentation, fort intéressante
d'ailleurs; on y reviendra à l'occasion. Comment vouliez-vous que je
puisse trouver là-dedans qu'il y en avait tant qui allait pour la
prévention du suicide? Vous savez, il faut deviner. Si vous comparez ce
que vous nous envoyez comme cahier de crédits à ce que vous avez
à l'Éducation -peut-être que le député
de...
M. Johnson (Anjou): De Gouin.
Mme Lavoie-Roux: ...Gouin va se le rappeler parce qu'il me semble
que je l'ai déjà vu à l'Éducation -...
M. Rochefort: Pas souvent mais parfois.
Mme Lavoie-Roux: ...il n'y a pas de commune mesure. Si vous
n'avez pas déjà fait les crédits deux ou trois ans
d'avance, vous serez presque incapable de vous y retrouver. Honnêtement!
C'est une remarque que mes collègues m'ont faite dans ce sens. Je
trouvais qu'elle était justifiée. Vous m'en avez donné
l'occasion quand vous avez dit qu'il y avait 300 000 $ plus 200 000 $ qui
allaient à la prévention du suicide. Il aurait fallu que je le
devine, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je ferai une remarque là-dessus. Sur
autre chose, notamment sur le point des 6,8%, je pensais que c'était
clair. Pourtant, les documents sont clairs à cet effet. C'est clair
aussi dans le cahier des crédits que ce ne sont pas 3,9%, mais bien 6,8%
d'augmentation. C'est à cela que j'appliquais mon raisonnement.
Maintenant, sur la santé mentale et la prévention du suicide, ce
sont des décisions récentes du comité des priorités
et qui, comme telles, ne figurent pas dans le cahier des crédits. Je ne
peux pas en vouloir à la députée de L'Acadie de ne pas
l'avoir su. Cela a fait l'objet d'une annonce dont je parle pour la
première fois aujourd'hui à toutes fins utiles, même si la
décision a été prise il y a à peu près un
mois et demi.
M. French: Cela a été annoncé hier, je
pense.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. French: Cela a été annoncé hier.
Mme Lavoie-Roux: Non. M. French: Pas hier.
M. Johnson (Anjou): Non, cela n'a pas été
annoncé.
Mme Dougherty: Je l'ai vu à Pulse, hier soir.
M. Johnson (Anjou): Ah! Ils en ont parlé à Pulse,
hier soir. Ce n'est pas nous autres. Ce doit être le syndicat des
professionnels.
Mme Lavoie-Roux: Je préparais mes crédits, je n'ai
pas regardé Pulse.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. French: M. le Président, je ne voudrais quand
même pas laisser tomber la question de la forme de la documentation que
nous recevons pour l'étude des crédits des Affaires sociales. Ma
collègue m'a demandé de l'aider la semaine dernière. Donc,
comme un bon élève, j'ai apporté toute la documentation
chez moi pour apprendre, ensuite, que, sans avoir eu une expérience
préalable en détail des crédits des Affaires sociales, il
m'était pratiquement impossible de me préparer de façon
utile pour contribuer constructivement à la commission. Je voudrais,
tout simplement, dire au ministre que, même son discours d'ouverture, si
cela avait été possible, je ne dis pas de le recevoir au
préalable, mais de l'avoir ici dactylographié, cela aurait
été utile. Il y a toute une gamme de possibilités pour
améliorer les renseignements disponibles, des mesures qui sont
déjà utilisées dans d'autres ministères et que,
respectueusement, je recommanderais au ministre.
Le Président (M. Gagnon): Et-ce que vous désirez
aborder les programmes dans l'ordre du cahier ou si, à cause des
invités que vous avez, M. le ministre, vous suggérez de prendre
certains programmes avant d'autres?
Mme Lavoie-Roux: On a convenu qu'on commencerait par la
régie, tout à l'heure.
Le Président (M. Gagnon): Ce serait quel programme, la
régie?
M. Johnson (Anjou): II faut procéder avec le livre, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui. Ce serait quel
programme?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je demanderais
à la députée de L'Acadie, si elle en convient avec moi,
que nous puissions entendre ce matin - on s'en est parlé un peu avant -
peut-être la Régie de l'assurance-maladie du Québec et
l'adoption, qui est un programme...
Mme Lavoie-Roux: Si on a fini, je n'ai pas d'objection à
ce qu'on examine l'adoption.
M. Johnson (Anjou): Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon:) Cela serait à quel
programme que vous commenceriez?
Régie de l'assurance-maladie
M. Johnson (Anjou): La Régie de l'assurance-maladie n'est
pas dans les Affaires sociales. C'est à la page 23-1 de votre livre des
crédits, dans l'ordre alphabétique à "R", pour la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. Vous allez me permettre,
M. le Président, d'inviter le Dr Auguste Mockle qui est le nouveau
président de la Régie de l'assurance-maladie depuis
l'étude de nos derniers crédits.
M. French: C'est à quelle page?
M. Johnson (Anjou): C'est à la page 23-1, la Régie
de l'assurance-maladie. Est-ce qu'il y a des questions sur la Régie de
l'assurance-maladie du Québec?
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez des
explications additionnelles à donner? Y a t-il des questions sur le
programme 1 de la Régie de l'assurance-maladie?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord une explication, M. le
Président. Comment se fait-il qu'on note une augmentation beaucoup moins
considérable cette année que les années
antérieures? Nous, on a estimé à moins de 1% la variation
pour le Régime d'assurance-maladie.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je vais prendre une
première - partie de la réponse et je vais laisser le Dr Mockle
répondre sur les aspects de l'analyse des programmes. On sait que la
Régie de l'assurance-maladie du Québec administre au-delà
d'une vingtaine de programmes; le plus important, c'est celui de
l'assurance-maladie lui-même, c'est-à-dire les honoraires des
mé-decins. À cet égard, on se rappellera que, l'an
dernier, la rémunération des médecins est passée
par le collimateur du reste des secteurs public et parapublic avec un gel d'un
an, ce qui, évidemment, a eu une influence importante sur les masses
globales qui sont impliquées. Je pense que c'est un facteur important
qu'il faut avoir à l'esprit.
Quant aux autres dimensions, je laisserai peut-être le Dr Mockle
en parler.
Le Président (M. Gagnon): Dr Mockle, si vous voulez, vous
pouvez vous rapprocher de votre propre microphone. Cela va?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je crois comprendre
que vous voulez que j'expose en gros les programmes que nous
administrons...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce que je voulais savoir...
M. Johnson (Anjou): ...ou que je réponde aux
questions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que, si mes collègues ont des
questions sur les programmes que vous administrez, c'est quand même assez
clair dans votre rapport annuel, l'optométrie, la pharmacologie et ainsi
de suite.
M. Johnson (Anjou): D'accord!
Mme Lavoie-Roux: C'est le peu d'augmentation cette année
au budget, la variation quand même moindre du budget.
M. Johnson (Anjou): Dans le domaine des services dentaires, vous
avez évidemment, au mois de juillet 1982, une révision
complète du programme de services dentaires pour les enfants où
on a retranché la prévention que nous assumions au
préalable et qui maintenant est assumée par le réseau. Il
y a aussi une rationalisation de certains services qui ont été
inclus dans ce qu'on appelle l'horaire global d'autres services, la
radiographie, par exemple. Du côté des médicaments - parce
que vous prenez l'ensemble du coût des 23 programmes - vous avez eu
également à deux reprises la rationalisation de la liste des
médicaments, qui, par exemple, sur une année devrait amener des
économies de l'ordre de 11 000 000 $. Vous avez également
certains autres programmes où vous avez eu, dans le cas des services
médicaux optométriques, entre autres, une révision des
tarifs. De nouvelles négociations ont abouti à
l'été 1982 et à l'automne 1982 à de nouveaux tarifs
avec une certaine rationalisation ce qui fait que, lorsqu'on compare
globalement, vous n'avez pas une augmentation radicale très
élevée. Donc, dans l'ensemble, on peut dire que toutes les
mesures qui ont été prises au niveau de la rationalisation des
services, au niveau des négociations également, font qu'on
observe cette variation qui est relativement faible.
Mme Lavoie-Roux: Vous aviez fait une estimation: vous avez
parlé de 11 000 000 $ pour les services pharmaceutiques. Vous avez quand
même une demi-année d'écoulée là-dessus.
Est-ce que les prévisions qu'on avait faites se sont
avérées justes? Parce que, des fois, il y a eu des
médicaments d'enlevés et, finalement, il y a eu...
M. Johnson (Anjou): Des substituts.
Mme Lavoie-Roux: ...des substituts et cela n'a pas apporté
la réduction qu'on espérait.
M. Johnson (Anjou): Effectivement, de janvier 1982 à juin
1982, les économies ont été de l'ordre de 8 400 000 $ au
titre à la fois de la rationalisation du médicament d'exception
et de l'application de la médiane; de juillet 1982 au 31 décembre
1982, elles ont été de 9 800 000 $ au même chapitre. Donc,
en gros, on est arrivé, à quelques milliers de dollars
près, à ce qu'étaient les prévisions.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des soins dentaires,
avez-vous observé la même chose?
M. Johnson (Anjou): Sur une base annuelle, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement revenir sur une question;
je pense que c'est le meilleur moment d'y revenir. Il y avait le dossier sur la
santé dentaire au Québec, qui était fort
intéressant. On ne m'a pas "sondée" pour savoir si j'aimais la
revue Carrefour, mais vous pouvez ajouter cela à votre pourcentage de
gens satisfaits. Les problèmes demeurent considérables du point
de vue de la santé dentaire des Québécois. Du
côté des personnes âgées, j'ai été
assez abasourdie de voir - je ne sais pas si je vais retrouver le chiffre exact
- qu'il n'y a plus que 13% des personnes âgées qui ont encore
leurs dents personnelles. Je ne sais pas si on appelle cela comme cela, disons
leurs propres dents.
M. Johnson (Anjou): Des dents biologiques.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, cela a des
conséquences sur l'alimentation et sur l'hygiène, etc. Tout ce
qui est prévu dans le moment à la régie, c'est de couvrir
les bénéficiaires de l'aide sociale dans le cas des personnes de
65 ans et plus. Est-ce que je me trompe?
M. Johnson (Anjou): Pour les prothèses dentaires?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, pour les personnes
âgées.
M. Johnson (Anjou): Les services dentaires?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
(12 heures)
M. Johnson (Anjou): On n'a rien pour les personnes
âgées dans les services dentaires. On en a dans les
médicaments, mais pas dans le domaine des services dentaires, sauf si
une personne est bénéficiaire de l'aide sociale, cela va de soi,
peu importe qu'elle soit une personne âgée ou pas.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, elle n'aura pas 65
ans et plus.
M. Johnson (Anjou): Généralement pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Alors, cela veut dire que, pour les
personnes de 65 ans et plus, il n'y a absolument rien.
M. Johnson (Anjou): Les soins dentaires ne sont pas couverts.
Mme Lavoie-Roux: Les soins dentaires ne sont pas couverts.
Qu'est-ce que le ministère entend faire, pas nécessairement du
point de vue de la couverture de services, parce que je comprends que les soins
dentaires, c'est aussi une aventure.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire qu'on parle seulement des
65 ans et plus?
Mme Lavoie-Roux: Oui. On reviendra aux autres après.
M. Johnson (Anjou): Bon, d'accord, on reviendra aux autres. Dans
le cas des 65 ans et plus, on constate effectivement que le degré
d'"édentation" de la population de 65 ans et plus est très
élevé et les problèmes qui y sont connexes sont des
problèmes d'hygiène et, à l'occasion, des problèmes
gastro-intestinaux qui y sont reliés à cause des
phénomènes de mastication ou du reste. Premièrement, il
n'y a, à cet égard, aucun programme. Il n'y en pas
d'envisagé en termes de couverture par la régie.
Deuxièmement, cependant, il y a, en ce qui concerne la prévention
dentaire - même si l'effort a surtout été axé sur
les jeunes pour l'avenir, finalement - quand même une série de
programmes de prévention, particulièrement au niveau des CLSC,
qui visent ces personnes. Il faut bien le dire, en dehors de l'activité
des CLSC où le concept d'une approche globale est peut-être plus
présent qu'ailleurs dans le réseau, il n'y a pas, que ce soit
dans le milieu hospitalier ou par le programme de la Régie de
l'assurance-maladie dans les consultations privées, de chose
systématique en dehors de ce que peuvent choisir de faire les
professionnels. En ce sens, il y a aussi le fait qu'on peut faire très
peu dans ce domaine dans la mesure où le tort de la perte des dents est
déjà là pour cette population. Il faut vivre avec cela. La
seule façon d'y voir est surtout d'encourager des programmes de
prévention en matière d'hygiène buccale, essentiellement,
chez ces personnes.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas quelque chose dans les centres
d'accueil ou dans les hôpitaux de soins prolongés pour cela?
M. Johnson (Anjou): Un instant, s'il vous plaît!
Je sais que la députée de L'Acadie trouve que cela fait
deux ou trois ans qu'elle se fait dire la même chose. Mais j'ai dit que
c'était une tâche d'une ampleur assez remarquable à
l'intérieur de l'étude qui devrait donner lieu à un
document d'orientation d'ici quelques mois sur les personnes
âgées. Il y a un groupe mixte santé et services sociaux -
services sociaux à cause de l'hébergement, entre autres, des
centres d'accueil - qui doit me faire des recommandations dans ce domaine.
Mais, au moment où nous nous parlons, je pense qu'il y a effectivement
très peu de ressources dans les centres d'accueil, autrement qu'à
travers les programmes plus ou moins réguliers où l'approche de
plus en plus dans les centres d'accueil et d'hébergement, notamment dans
ceux qui ont des contrats de services avec les CLSC, est une approche
préventive. Je présume que, à ce chapitre, c'est couvert
plus ou moins intrinsèquement.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'impliquerait pas des coûts. Est-ce
qu'il ne pourrait pas y avoir une préoccupation, à moins qu'elle
n'existe, dans les centres d'accueil pour promouvoir l'hygiène dentaire
des personnes âgées? C'est un peu ce que j'essayais de souligner
dans l'introduction. On a, vis-à-vis de la personne âgée -
je ne veux pas trouver de coupable, c'est un peu notre attitude
générale à tout le monde - une attitude comme celle-ci:
bien, ils sont vieux; c'est entendu que, à ce moment-là, les os
commencent à être plus friables et l'intelligence commence
à être moins fonctionnelle; les dents doivent pourrir. On a
développé une espèce de comportement défaitiste
à l'endroit des personnes âgées. C'est pour cela que je me
dis que cela devrait, quand même, être une responsabilité
à l'intérieur d'un centre d'accueil. Dans le fond, ils doivent
faire une certaine promotion pour la bonne alimentation, j'imagine. Ils
pourraient bien en faire une pour l'hygiène dentaire. D'ailleurs, c'est
une des recommandations de l'étude de dire: "Le ministère des
Affaires sociales se doit d'assurer l'accessibilité de soins dentaires
de façon prioritaire dans les centres d'accueil et hospitaliers." Par
contre, on parle du rôle des autres ressources pour promouvoir
l'éducation sanitaire, évidemment les CLSC,
CSS, pour les gens qui sont à l'extérieur.
M. Johnson (Anjou): Une fois qu'on aura une approche un peu plus
globale qu'à la pièce... Je présume que cela doit valoir
pour la revue Carrefour que je parcours régulièrement quand elle
est publiée. Je suis sûr que, si on accumulait les textes de la
revue Carrefour depuis deux ans, on se rendrait compte qu'il y a beaucoup de
choses prioritaires et, par définition, des priorités, c'est
toujours un choix. C'est pour cela que cela nous prend - j'ose à peine
utiliser le mot - une politique à l'égard des personnes
âgées. C'est cela qui est en voie d'élaboration. Je pense
qu'il va y avoir une place pour cela, c'est bien évident.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des jeunes, ce n'était
guère plus réjouissant quand on regardait l'étude. Je
pensais que cela se référait à l'étude de McGill
qui a, quand même, deux ans maintenant. Finalement, c'est une
étude qui est plus récente et qui remonte à 1982. Il
s'agit d'enfants qui sont à l'école. À un moment
donné, on dit qu'on a fait un peu de progrès, mais les
statistiques sont encore incroyables par rapport aux autres provinces. Est-ce
qu'on peut à ce moment, ou si c'est trop tôt, mesurer l'effet des
modifications qui ont été apportées au programme des soins
dentaires pour les jeunes?
M. Johnson (Anjou): Je ne parlerai pas des effets
budgétaires, parce que, dans ce contexte, ce n'est pas important.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Ce n'est pas de cela que je
parlais.
M. Johnson (Anjou): Je présume que la
députée de L'Acadie parle des effets en termes de santé.
En pratique, on a en poste actuellement 185 hygiénistes dentaires, alors
qu'on n'en avait que 106, à peu près, à la même date
l'an dernier. Donc, il y a une extension importante de l'activité des
hygiénistes dentaires dont le rôle en est un de prévention.
Est-il nécessaire de rappeler que la plupart des problèmes
dentaires qu'on voit chez les jeunes sont issus de problèmes
d'hygiène? La réponse à cela, ce n'est pas tellement la
chaise du dentiste que des programmes de prévention systématique
auxquels les dentistes peuvent participer, évidemment, mais qui sont,
d'abord et avant tout, préventifs et non pas curatifs. S'il y a un
domaine où la prévention a des effets évidents,
manifestes, c'est bien celui de la santé dentaire.
Donc, on a fait un pas très important cette année. On a
augmenté de près de 80% l'effectif d'hygiénistes dentaires
sur le territoire du Québec. Dans la seule région de
Montréal, par exemple, on est passé de 30 à 43
hygiénistes dentaires; sur la rive sud de Montréal, de 13
à 21; Laurentides-Lanau-dière, de 8 à 18. Il y a des
problèmes, je ne sais pas pourquoi, qu'on semble considérer comme
plus sérieux dans cette région pour toutes sortes de raisons.
Dans la région de Québec, c'est passé de 19 à 32.
Il y a là une présence très importante. Quant aux effets,
il est encore très tôt. Cela fait à peine un an.
Mme Lavoie-Roux: On avait dit l'an dernier aux crédits que
vous en engageriez une centaire de plus. Vous en avez engagé 75 de
plus.
M. Johnson (Anjou): On en a engagé 75. C'est cela. C'est
en date d'aujourd'hui. Il y a des projets pour continuer l'extension.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): J'avais dit, d'ailleurs, l'an dernier, que
c'était sur une période de 18 mois qu'on en engagerait une
centaine de plus. Cela fait douze mois et on en a 80.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce cas, vous avez raison, M. le ministre.
Qu'arrive-t-il des dentistes qui devaient aller dans les CLSC? Est-ce que cela
est passablement couvert, qu'est-ce qu'il en est?
M. Johnson (Anjou): Je vais vous donner les chiffres. Il y a
effectivement eu dans ce domaine des progrès. On a réussi
à débloquer cette année des crédits assez
importants. Les frais afférents qui devraient être pris au budget
global... 34 CLSC ont les équipements, 9 CLSC ont un dentiste à
salaire, 20 CLSC un dentiste à l'acte, 5 CLSC n'ont pas...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, pouvez-vous répéter
les deux dernières lignes? J'ai eu une distraction.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse. Les frais afférents qui
doivent être pris au budget global posent un problème à
cause des dentistes qui sont à l'acte. Il y a 34 CLSC qui ont les
équipements...
Mme Lavoie-Roux: Oui, qui ont les équipements.
M. Johnson (Anjou): ...il y en a 9 où il y a un dentiste
à salaire, 20 où il y a un ou des dentistes à l'acte et 5
CLSC qui ont de l'équipement et qui n'ont pas de dentiste en ce moment.
La solution pour régler le problème en partie, ce serait
d'investir 1 000 000 $ ou à peu près, 920 000 $. On a des projets
à l'étude pour améliorer un peu la situation. Maintenant,
on a un problème
extrêmement important de répartition dans le cas des
services dentaires et sur lequel on a très peu de poigne, parce que, en
termes de nombre et à cause du programme, la concentration des dentistes
peut continuer de se faire dans un milieu urbain pour encore un bon bout de
temps, comparée aux médecins où il y a déjà
des phénomènes de types de marchés qui commencent à
jouer à cause du nombre et qui ont tendance à aller vers les
régions, sinon excentriques, du moins un peu plus
périphériques des grands centres. Mais il reste qu'on a
progressé quand même au cours de l'année. Il nous resterait
cinq CLSC où il n'y a absolument aucun dentiste.
Mme Lavoie-Roux: Si vous vous souvenez, l'Association des
dentistes avait préparé un dossier quand il a été
question de modifier le régime voulant que, finalement, cela ne serait
pas plus économique, compte tenu des équipements, compte tenu des
salaires à payer etc. Vous n'avez aucune orientation à savoir de
quelle façon... Là, évidemment, vous pouvez dire
que...
M. Johnson (Anjou): Vers les hygiénistes dentaires? Est-ce
que vous parlez du dossier?
Mme Lavoie-Roux: II n'y avait pas seulement cela; il y avait les
équipements...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...il y avait les soins des dentistes et tout
cela.
M. Johnson (Anjou): II est encore tôt pour le dire, mais la
démonstration avait été faite à ce moment que la
répartition d'hygiénistes dentaires sur le territoire aurait des
effets certains. Je suis convaincu que, dans environ deux ans, on pourra
constater que, d'une part, c'était une solution qui ne coûtait pas
moins cher et, encore une fois, à cause du phénomène de la
concentration des dentistes, on a beau avoir 29 dentistes dans nos 32
départements de santé communautaire, ce n'est pas tant que cela.
Même si on n'avait pas choisi la solution ou, enfin, le volet des
hygiénistes dentaires, quelle aurait été l'alternative?
Cela aurait été rien. Il faut bien le voir. Cela aurait quand
même coûté cher de continuer avec les dentistes, sauf qu'on
n'en aurait pas eu. Il y a déjà cinq CLSC où on n'en a
pas.
Je reste convaincu que, même si on avait eu des
disponibilités de dentistes, ce programme produira des effets parce que,
encore une fois, le secteur de la santé dentaire est probablement un de
ceux dans la santé qui se prête le plus clairement et le plus
facilement à des effets évidents au bout d'un certain nombre
d'années, strictement par des mesures de prévention. Même
les problèmes diagnostiques sont presque... Je ne dirai pas qu'ils sont
secondaires dans chaque cas individuel, mais, pour avoir des effets de masse,
vous n'avez pas besoin de diagnostic. On les connaît, les diagnostics. Ce
qu'on sait être les problèmes, ce sont des problèmes
d'hygiène et d'habitudes et la façon de traiter l'hygiène
et les habitudes, je pense que, d'une façon générale, nos
hygiénistes dentaires sont fort bien pourvus pour donner ce type de
services.
Mme Lavoie-Roux: En fait, ce serait au point de vue des
résultats vis-à-vis de la santé plutôt que dans le
domaine des coûts qu'il y aurait progrès. Ce que vous
prévoyez, ce sont des résultats plus positifs au plan de la
santé dentaire qu'au plan des coûts?
M. Johnson (Anjou): Oui. Eh bien! sur le plan des
coûts...
Mme Lavoie-Roux: On ne le saura pas?
M. Johnson (Anjou): ...je pense que je ne suis pas en mesure
de... On avait planifié une centaine d'employés et c'est ce qui
est en train de se faire.
Mme Lavoie-Roux: Non, je parle de tout le...
M. Johnson (Anjou): Globalement? Oui. Écoutez, il y aurait
une façon de vous assurer que cela va coûter moins cher. Ce serait
de faire comme en Colombie britannique et d'abolir le programme
carrément. Il coûte combien, cette année? 76 000 000 $?
Bon, en Colombie britannique, du jour au lendemain, on a aboli le programme de
soins dentaires pour les enfants. La province a épargné un peu
moins que nous, il y a une moins grande population. Là, je nous verrais
mettre 25 000 000 $ dans l'hygiène dentaire et tout cela. Maintenant, ce
n'est pas un projet pour le moment. Je dis simplement que je trouve que les
citoyens s'en sont fort bien tirés, compte tenu des circonstances
financières et budgétaires. On continue d'avoir des services de
qualité et les enfants de moins de 16 ans ont accès à
l'essentiel des services curatifs. Et du côté de la
prévention, l'accessibilité, à travers les CLSC, comme les
écoles, en milieu scolaire, améliore considérablement la
situation. (12 h 15)
Finalement, les 76 000 000 $ que la Régie de l'assurance-maladie
met dans ce programme préparé par le ministère, ce n'est
qu'une fraction, enfin, cela représente à peu près 30% des
honoraires bruts des dentistes. C'est à peu près l'ordre de
grandeur? En tout cas, cela représente à peu près 30% des
honoraires des dentistes; il me semble que c'est cela. Donc, le gros de
l'activité dentaire par les dentistes, il se fait dans un
marché qui est privé. On a beau en mettre tant qu'on veut
dans le public, à moins de faire une couverture universelle, l'impact
qu'on peut avoir sur la distribution ou des choses comme celle-là est
finalement beaucoup plus marginal, contrairement au cas des médecins. Et
je dois vous dire qu'on n'a pas de projet pour étendre le programme
dentaire. On n'a pas l'intention d'en faire un programme universel.
Mme Lavoie-Roux: Je vois que la sagesse commence à vous
atteindre.
M. Johnson (Anjou): Ah! Vous ne voulez pas qu'on donne plus de
services aux gens?
Mme Lavoie-Roux: Des services de soins dentaires, c'est acquis,
on les donne.
Je voudrais aborder la question de la fluoration de l'eau. Je comprends
que vous soyez un peu ambivalent vis-à-vis de la revue. En 1975 - je
pense que c'était le député de Saint-Laurent, M. Claude
Forget, qui était ministre des Affaires sociales à ce
moment-là - il y avait eu une loi sanctionnée à
l'Assemblée nationale, la loi 88, concernant l'implantation de la
fluoration de l'eau. Et quand votre prédécesseur est
arrivé en poste - ici, on semble dire que cela a été un
litige entre l'Environnement et les Affaires sociales; peu importe le fond du
litige - il reste que cela a été mis en veilleuse et que, depuis
ce temps-là, de 1979 à 1982, le nombre de Québécois
qui consomment de l'eau fluorée a diminué progressivement de
28,7%. Cette tendance se poursuit de sorte que seulement 12% de la population
du Québec bénéficie actuellement de cette mesure, ce qui
représente le plus faible taux de participation de toutes les provinces
du Canada, après Terre-Neuve.
Ce qui est intéressant, c'est que le rapport, qui avait
été produit par les Services de l'environnement pour, j'imagine,
convaincre le gouvernement de ne plus procéder à la fluoration de
l'eau, a été rejeté par le Minnesota Department of Health
qui l'a étudié. Il l'a rejeté, ainsi que les
prétentions du groupe d'opposants à la fluoration comme
étant peu rigoureux. Ils ont tous souligné son peu de rigueur
scientifique. Ce n'est pas un prix d'excellence que notre ministère de
l'Environnement a eu à ce moment-là, apparemment. Pourtant,
partout, selon cette étude - je ne veux pas la lire -il semble y avoir
une relation certaine entre la fluoration de l'eau et le taux de caries
dentaires. On insinue dans l'article - c'était une étude, alors,
ils n'avaient pas à demander le consentement du ministre - qu'à
l'intérieur des Affaires sociales certaines personnes seraient
maintenant redevenues sensibles à ce problème de la fluoration de
l'eau.
Mais, plus sérieusement - parce que je pense qu'il ne faut pas
badiner autour de cela - les statistiques qui sont là - c'est une
étude du Québec - sont fort convaincantes quant à
l'influence de la fluoration de l'eau sur la santé dentaire. Qu'est-ce
que le ministre des Affaires sociales, lui, entend faire?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): D'abord, M. le Président, vous allez
me permettre de plaider la vertu pour dire que cette revue est publiée
par le service des communications du ministère; vous remarquez qu'il n'y
a pas d'ingérence politique là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! C'est très bien.
M. Johnson (Anjou): J'espère qu'on s'en souviendra.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cela très bien.
M. Johnson (Anjou): Vous remarquerez que, malgré tout,
malgré ce qu'on peut y dire...
M. French: II y a des belles photos.
M. Johnson (Anjou): ...indépendamment de la photo, il y a
un petit mot à la fin.
Mme Lavoie-Roux: Mais il abuse moins des photos que le ministre
Marois, quand même.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. On n'est pas en première
page. Vous avez remarqué que le mot des autorités
ministérielles n'est pas en première page.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je vous apporterai celle du ministre
Marois cet après-midi.
M. Johnson (Anjou): Sur le fond, le problème de la
fluoration de l'eau se pose à peu près de la façon
suivante. Il semble qu'une très large partie de la communauté
scientifique affirme qu'il y a un rapport évident de cause à
effet entre la fluoration de l'eau ou le degré et la teneur en fluor de
l'eau et la qualité de la santé dentaire de ceux qui boivent de
cette eau. Cela semble être le cas de la majorité des
scientifiques dans ce domaine.
Deuxièmement, il y a, historiquement, trois types de querelles.
La première touche les effets de la fluoration sur l'environnement; elle
a deux volets, le premier étant le problème du contrôle de
la
fluoration des aqueducs et du danger que représenterait une
surfluoration; le deuxième étant des commentaires
généraux, faits par les écologistes, sur
l'intérêt que représente la fluoration en milieu urbain,
etc., sur l'environnement et les dangers présumés qu'il y a
là.
Le deuxième débat est celui de la justification de la
fluoration. Il y a, parmi les groupes écologiques, des gens qui
prétendent que tout est biaisé dans ce domaine depuis les
années quarante, alors que les alumineries, voulant disposer de leur
fluor, avaient convaincu les autorités américaines de la
nécessité de fluorer les eaux. Certaines des personnes voient
là une vaste conspiration entre le gouvernement américain et
certaines entreprises pour leur permettre de disposer économiquement de
surplus de fluor. Je dois vous avouer que j'accorde l'importance que cela
mérite à ces affirmations qui sont, en général,
fort mal étayées.
Le troisième problème est un problème plus
concrètement politique, au sens le plus noble du terme - si tant est
qu'il reste une noblesse à ce titre - c'est celui des autorités
municipales qui ont des vues divergentes (par exemple, le maire Drapeau) sur
cette question, pour des raisons qui ne sont pas nécessairement
scientifiques ou des raisons qui s'appuient sur l'interprétation des
données scientifiques.
Le quatrième élément est celui de la comparaison
avec ce qui se fait ailleurs. Alors, une fois qu'on a vu ces trois
éléments, vous comprendrez que, sur la question de la fluoration,
comme sur d'autres questions, telles que les retrouvailles ou d'autres
problèmes importants qui font appel à beaucoup d'émotions,
il n'est pas facile pour le ministre des Affaires sociales de trancher dans un
tel débat, étant donné qu'il a devant lui, d'une part, des
oppositions évidentes au niveau de certains groupes de plus en plus
importants dans notre société. Deuxièmement, une marge
d'incertitude scientifique, si minime qu'elle soit, justifie des
autorités politiques locales d'intervenir. Troisièmement, il
reste que, devant cela, j'ai demandé qu'on me fasse un inventaire de ce
qui se fait ailleurs et de la façon dont on a résolu dans des
démocraties des problèmes de cette nature. Un rapport
préliminaire qu'on a évoqué devant moi il y a quelques
mois me disait qu'un certain nombre de pays européens qui avaient
fluoré l'eau il y a dix, quinze ou vingt ans étaient revenus sur
ces décisions et avaient choisi de ne plus la fluorer. On nage donc dans
un niveau d'incertitude assez avancé autour de cette question et c'est
toujours à l'étude.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je comprends de votre long discours, M.
le ministre, c'est que vous avez l'intention de ne rien faire?
M. Johnson (Anjou): Aujourd'hui, non.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, parmi les auteurs d'études,
il y en a un qui est chef du DSC de la Cité de la santé de Laval,
un autre est un consultant, ce sont tous des gens du DSC; une est
hygiéniste dentaire de l'hôpital Sainte-Justine, c'est un bon
hôpital, celui-là. Je trouve que c'est grave, parce que toutes les
évidences sont là.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Si je comprends bien, la
députée de L'Acadie est de l'opinion qu'il faudrait imposer la
fluoration sur le territoire?
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Johnson (Anjou): Oui?
Mme Lavoie-Roux: Tel que la loi le prévoyait? Quels
étaient les termes dans la loi? C'était une imposition? Oui.
M. Johnson (Anjou): J'en prends bonne note. M. le
Président, si nous arrivions aux mêmes conclusions, je suis
heureux de consater qu'il y aura un consensus.
Mme Lavoie-Roux: Cela arrive.
Le Président (M. Gagnon): D'autres questions, madame?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a une question que
je voudrais poser au président de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec. Elle touche des plaintes, sur lesquelles la
Fédération des médecins omni-praticiens et même la
Corporation des médecins sont intervenues, quant aux enquêtes qui
sont faites auprès des médecins sur le bien-fondé des
services qu'ils ont rendus. Je voudrais être claire au point de
départ. Je pense que, les fédérations, ne sont pas contre
le fait que la régie procède à des échantillonnages
et à des contrôles pour être bien sûre que les
services ont été rendus et qu'il n'y ait pas d'abus; qu'elle
fasse un contrôle quand les gens sont trop éloignés de la
moyenne quant à leurs revenus, etc. Mais voici ce sur quoi on en a.
J'aimerais que le président de la régie nous dise clairement de
quelle façon on procède. Ce n'est pas un gros dossier, M. le
ministre, ne vous inquiétez pas. Ce qui m'a un peu étonnée
c'est un questionnaire qui aurait été envoyé par la RAMQ
pour faire cette vérification. Si ce questionnaire existe vraiment -
j'ai l'impression qu'on ne l'a pas fabriqué de toute pièce - il y
a des questions qui m'apparaissent très détaillées. A
moins que vous ne m'en donniez la justification, car j'ai du mal à la
voir moi-même.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Docteur.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous donner des exemples, si vous
voulez.
M. Johnson (Anjou): Oui, cela va. Je suis au courant du
dossier.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais peut-être, pour le
bénéfice du journal des Débats, qu'on n'arrive pas avec
une chose sans fondement. Évidemment, il y a le temps de la visite,
quelles sortes de questions le médecin vous a posées au sujet...
Non, s'il vous a posé des questions - excusez-moi, il ne faut pas que je
déforme, moi non plus - au sujet de votre histoire médicale, de
votre famille, est-ce qu'il vous a posé...? Cela va. S'il a pris votre
pouls, votre tension artérielle, s'il vous a examiné la peau avec
un instrument, s'il vous a examiné le cou, l'abdomen, enfin, on passe
tout, l'examen génital, est-ce que vous avez été
examiné avec un instrument par un touché vaginal? Est-ce qu'on
vous a examiné les seins, etc? Finalement, cela me semble un peu
détaillé pour les besoins de la cause.
Le Président (M. Gagnon): Docteur, il reste une minute et
quelques secondes.
M. Johnson (Anjou): En gros, notre responsabilité pour les
1 500 000 000 $ qu'on administre, c'est de nous assurer que les fonds publics
soient dépensés à bon escient. Donc, la loi prévoit
que la Régie de l'assurance-maladie doit faire des contrôles en ce
qui concerne la conformité des actes, l'authenticité des actes et
la fréquence ou ce qu'on appelle la pertinence. Parce que la loi parle
de "médicalement requis", d'accord? Il y a l'authenticité, cela
veut dire, par conséquent: Est-ce que le professionnel - je n'emploierai
pas le mot médecin - a vu le patient? Deuxièmement, s'il l'a vu,
est-ce que ce qu'il facturera est conforme à ce qu'il a fait?
Je reviens au questionnaire. Nous avons deux façons de
procéder. Premièrement, ce qu'on appelle un petit questionnaire
que nous envoyons peu après le paiement avec une seule question:
Avez-vous vu tel professionnel tel jour?, de façon à s'assurer de
l'authenticité.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème.
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas de problème avec cela. La
deuxième, c'est la conformité. C'est-à-dire que, quand
vous regardez les ententes, vous avez plusieurs types d'examens: examen
sommaire, examen complet, examen complet majeur, où les tarifs sont
nettement différents. Il y a de grands écarts entre les tarifs.
D'autre part, les ententes précisent le contenu de l'examen. On dit en
quoi consiste l'examen sommaire. On indique en quoi consiste l'examen complet
et en détail, en quoi consiste l'examen complet majeur. Même dans
le cas de l'examen complet majeur, on indique que c'est un examen qui dure
environ 45 minutes. C'est écrit dans les ententes. (12 h 30)
Quand le professionnel, en l'occurrence le médecin, me facture
des examens, soit complets majeurs, soit complets ou autres, il faut savoir si
ceci est conforme. Comment le voir? On a préparé un formulaire,
lequel était utilisé par les gens qui allaient faire la
vérification dans le champ. Je dirai tantôt pourquoi on l'a
envoyé par la poste; je vais vous dire cela dans un instant. Donc, ce
questionnaire était un canevas de travail où les gens allaient
rencontrer les bénéficiaires et leur disaient: Écoutez, on
aimerait avoir des précisions pour nous permettre de vérifier ce
que le médecin, en l'occurrence, nous a facturé pour voir si
c'était bien un examen complet majeur ou sommaire. Si le médecin
facture un examen complet majeur et qu'il a fait un examen sommaire, il y a
tout un écart et ce n'est pas conforme.
Ce qui arrivait, c'est que les gens donnaient le formulaire à la
personne sur place qui le remplissait en posant quelques questions
additionnelles pour pouvoir comprendre le questionnaire. C'était
très coûteux parce que cela amenait de grands déplacements.
Ce qu'on s'est dit, c'est qu'à titre expérimental on pourrait
l'envoyer par la poste avec une lettre très délicate. D'ailleurs,
nous avons une lettre où on met des gants blancs et on explique pourquoi
on fait cela, etc. Donc, on a envoyé, à titre
expérimental, entre juillet 1982 et novembre 1982, 400 questionnaires
pour voir si on aurait la même efficacité que lorsqu'on se
déplace, parce que c'est très coûteux de se déplacer
et c'est difficile de rencontrer les gens car ils ne sont pas toujours
disponibles. On s'est dit: On va faire " une expérience uniquement pour
voir, car c'était le même questionnaire que celui qu'on utilisait
lorsqu'on rencontrait les gens. C'est ce qu'on a fait. On a mis fin à
l'expérience pour pouvoir l'évaluer et dire: Écoutez,
maintenant, cela a donné quoi par rapport à ce que l'on fait dans
la démarche individuelle, personnelle? On a évalué cela
pour voir s'il y avait lieu de continuer ou pas. On a réalisé
que, parfois, il y avait une incompréhension. Cela justifiait que les
gens qui étaient sur place expliquaient parfois pourquoi l'on voulait
savoir cela.
Les jeunes avocats m'ont demandé cela. Si c'est un examen complet
majeur, il aurait dû vous faire cela. S'il ne l'a pas fait, ce n'est pas
un examen complet majeur. S'il ne
vous a pas fait cela, ce n'est pas un examen complet, mais c'est
sommaire. Donc, avec les détails, cela permet à la Régie
de l'assurance-maladie de s'assurer que, si le médecin m'a
facturé un examen sommaire, c'est bien un examen sommaire qu'il a fait.
S'il m'a facturé un examen complet majeur et que c'est un examen complet
ou sommaire qu'il m'a fait, ce n'est plus conforme. Dans bien des cas, c'est ce
qui arrive. C'est cela qui est ce qu'on appelle l'approche du contrôle
que nous avons implanté vis-à-vis de l'assurance-maladie depuis
fort longtemps.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Est-ce qu'on pourrait
revenir sur le sujet cet après-midi? À la demande de votre parti,
on doit suspendre les travaux à 12 h 30 parce que vous avez un caucus.
Donc, on suspend les travaux...
Mme Lavoie-Roux: On recommence à 14 heures de toute
façon. Cela nous donne une heure et demie.
Le Président (M. Gagnon): On va suspendre les travaux
jusqu'à cet après-midi....
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, à 14 heures, le mardi
après-midi.
Le Président (M. Gagnon): ...après la
période des questions. La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise de la séance à 15 h 42)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires sociales reprend ses travaux. Lors
de la suspension, nous en étions à étudier les
crédits de la Régie de l'assurance-maladie du Québec. La
parole était à Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on va essayer d'aller
vite puisqu'on est allé assez lentement ce matin. Je pense que
c'était inévitable. Au moment où nous nous sommes
quittés, le Dr Mockle était à nous expliquer les raisons
pour lesquelles on a utilisé le type de questionnaire qu'on a
envoyé à un nombre X de bénéficiaires.
J'accepte vos explications: le désir de vérifier entre les
examens complets, les examens partiels, etc., pour être bien sûr
que vous exercez un bon contrôle. Je le laisse à votre
réflexion ou à la réflexion du ministre. Je sais que, dans
certains cas, ce sont les enquêteurs eux-mêmes qui se rendaient sur
place pour poser ce type de questions aux bénéficiaires. Je pense
qu'il y avait quand même des questions très personnelles, en tout
cas auxquelles des gens ont réagi. J'ai eu des plaintes, non seulement
de la part des médecins, mais aussi d'autres personnes. Je
n'exagère rien, j'ai deux personnes de mon comté qui ont
appelé pour se plaindre; dans leur cas, pas du questionnaire, mais des
enquêtes qu'on avait faites auprès des personnes directement.
Je me demande si on ne pourrait peut-être pas arriver au
même but, mais avec quelque chose d'un peu moins
"élaboré".
M. Johnson (Anjou): Je voudrais préciser que les
enquêteurs, lorsqu'ils vont rencontrer les bénéficiaires
à la suite d'une vérification, cela concerne surtout les examens
complets majeurs. Ceci se fait à la suite d'une observation de la
facturation où l'on observe que les médecins nous facturent en
assez grand nombre des examens complets majeurs à presque tous leurs
patients ou à un grand nombre de leurs patients. Il y a un doute et l'on
veut vérifer.
Je disais avant l'ajournement que les enquêteurs se rendent chez
le bénéficiaire avec un canevas de travail. Ils présentent
ce formulaire au bénéficiaire et lui demandent de leur
répondre. Ils l'attendent et sont prêts à répondre
aux questions.
Même s'il y a des questions à caractère personnel,
comme vous le dites, les gens y répondent ou peuvent ne pas y
répondre. L'enquêteur est là pour nuancer, expliquer ou
répondre à une question soulevée. Il ramène ce
questionnaire à la Régie de l'assurance-maladie et cela se fait
de façon tout à fait confidentielle. Cela se fait avec la
rencontre du bénéficiaire seul.
Lorsque nous avons fait le sondage par la poste, cela touchait
incidemment 22 médecins, 476 bénéficiaires, ce qui fait en
moyenne plus ou moins 20 formulaires par médecin; c'était pour
vérifier si on pouvait atteindre le même résultat en termes
d'efficacité. Car, comme je l'ai dit tantôt, c'est très
coûteux de préparer cela: demander un rendez-vous au
bénéficiaire qui n'est souvent pas prêt parce qu'il
travaille; il faut le voir le soir ou à un autre moment. Donc, il y a
souvent des contraintes. On l'a fait et, sur le formulaire qu'on a
envoyé, on avait retranché des questions dites honteuses, comme
par exemple le toucher Y, Z. Cela a été enlevé justement
pour cette raison. Et ce formulaire a été envoyé sous pli
confidentiel, avec une enveloppe affranchie également sous pli personnel
et confidentiel, à une personne de la Régie de
l'assurance-maladie pour s'assurer que la confidentialité est
respectée. Donc, c'était du travail supplémentaire et,
encore là, cela a été fait avec tout le doigté
voulu. Maintenant, quand on regarde le libellé des... Et, pour
répondre à votre question, quand on dit qu'un examen
complet majeur comporte les éléments suivants... Le
questionnaire porte sur un tas de choses, l'examen clinique des régions
suivantes: peau et ganglions, tête, cou, thorax, abdomen, organes
génitaux, colonne et extrémités; des recommandations au
patient; le questionnaire est pour vérifier si cela a été
fait. Par exemple, on dit: Est-ce que le médecin vous a examiné
la peau, le cou, les ganglions, l'abdomen, etc.?
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que l'examen est ainsi fait et
cela dure 45 minutes. Par conséquent, on veut s'assurer que c'est bien
ce qui a été fait. Parce que, si ce n'est pas cela, c'est
probablement un examen complet, mais non pas complet majeur. Quand vous avez
des écarts de coûts de 16 $, c'est-à-dire 20 $ pour un
examen complet et 36 $ pour un examen complet majeur, que 66% des services que
les médecins rendent sont des examens de consultation, que cela
correspond à peu près à 70% des coûts des services
médicaux, vous voyez l'importance qu'il y a à contrôler cet
aspect-là des examens. J'espère que cela répond, en gros,
à vos questions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je voudrais demander au ministre si on
peut prévoir, dans les programmes AMEO entre autres et les
prothèses pour les sourds, un élargissement du programme en
faveur des personnes plus âgées. Vous allez me répondre que
ceux qui ont 35 ans et plus, lorsqu'ils ont déjà un appareil, ont
droit au renouvellement, etc. Mais, c'est une demande sur laquelle le
gouvernement s'était engagé -le gouvernement actuel - à
plusieurs reprises. Est-ce que c'est tout à fait abandonné ou
s'il est question que... Parce que là, on ne sert pas les personnes qui,
souvent, entre 55 et 65 ans, peuvent avoir beaucoup moins de revenus que ceux
qui ont entre 35 et 45 ans.
M. Johnson (Anjou): Pour le moment, nous avons effectivement un
projet en consultation. Cependant, il ne vise pas à une extension de la
période couverte par le programme, mais plutôt à une
meilleure définition des appareils et à l'accessibilité
à ces appareils en région. Nous sommes en ce moment en
consultation, tel que le prévoit la loi, avec les organismes
impliqués.
Mme Lavoie-Roux: Donc, on ne peut prévoir, en tout cas
pour l'année qui vient...
M. Johnson (Anjou): Pas pour l'année qui vient.
Mme Lavoie-Roux: ...aucun élargissement favorisant les
personnes...
M. Johnson (Anjou): En fonction de l'âge, non.
Mme Lavoie-Roux: ...en fonction de l'âge. D'accord.
Dans votre rapport, Dr Mockle, à la page 15, vous parlez du
financement des programmes administrés par la régie et vous en
expliquez la provenance. Pouvez-vous nous dire quelle est la partie des frais
de la régie qui provient du fédéral? Parce que cela semble
tout à fait inexistant.
M. Johnson (Anjou): Cette donnée ne nous appartient pas et
nous ne l'avons pas. Elle relève du ministre des Finances et, par
conséquent, la question devrait être posée au ministre des
Finances.
Mme Lavoie-Roux: Bien. Alors...
M. Johnson (Anjou): En son absence, je peux peut-être
répondre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): C'est 50% des coûts admissibles dans le
cadre du régime canadien. Je n'ai pas le chiffre total, mais cela
représente à peu près, au total, 40% de l'ensemble des
programmes de la régie.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire que...
M. Johnson (Anjou): Un peu moins de 50% parce qu'on en a une
partie qui n'est pas admissible aux subventions fédérales.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui serait la moitié de 1 300 000 000
$.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Bien. Maintenant, quel a été le
produit de l'augmentation de la contribution de l'employeur?
M. Johnson (Anjou): Environ 3%. C'est passé de 1,5%
à 3%...
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela, je le sais, mais cela se
traduit...
M. Johnson (Anjou): Cela a doublé. La réponse est
le double.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le sais, mais je vous ai demandé
le produit.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais ce que vous voulez, c'est le
chiffre absolu?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Au fond, combien
de centaines de millions?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. La première
année, c'était 700 000 000 $. Maintenant, je ne sais pas ce que
c'est.
M. Johnson (Anjou): Je vous vois venir, si vous permettez. Le
fédéral met 500 000 000 $, les employeurs mettent 700 000 000 $,
cela donne 1 200 000 000 $. Sauf que les 3% payés par les employeurs sur
la masse salariale vont à la caisse de santé. Cela couvre
évidemment le budget des Affaires sociales également. Comme le
budget des Affaires sociales est de 5 430 000 000 $...
Mme Lavoie-Roux: ...milliards...
M. Johnson (Anjou): ...cette année, je peux vous assurer
que la contribution des employeurs est nettement inférieure pour boucler
le budget.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a aussi...
M. Johnson (Anjou): Je vais donner le chiffre absolu d'ici la fin
de la réunion.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a aussi une partie de l'impôt
qu'on n'est plus capable d'identifier non plus.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Enfin, tout ça va dans un
magma financier qui est une substance volcanique importante en cette
période qui s'appelle le fonds consolidé.
Mme Lavoie-Roux: Volcanique! Vous faites bien de... Il y a
plusieurs sens à lui donner.
M. Johnson (Anjou): Oh! II y en a plusieurs. C'est
omniprésent. C'est chaud et c'est très efficace. Alors, le fonds
des services de santé, c'est 711 000 000 $. Le fonds des services de
santé, c'est essentiellement la contribution des employeurs, les 3% de
la masse salariale.
Mme Lavoie-Roux: À peu près la même chose que
l'an dernier.
M. Johnson (Anjou): L'an passé, c'était 717 000 000
$; cette année, c'est 711 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: II y a moins de monde qui travaille.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Pourrait-on me dire quels ont été
les effets en région éloignée de la loi 27?
C'est-à-dire que vous l'avez abordé un tout petit peu du
côté des omnipraticiens, mais on sait fort bien que, du
côté des spécialistes, il reste une carence
sérieuse, particulièrement dans le domaine de la psychiatrie, de
l'anesthésie. Qu'est-ce que le gouvernement compte faire? Quel est le
degré de carence à ce moment-là?
M. Johnson (Anjou): Bon...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être, à la
même occasion, abordé la question du contingentement du point de
vue de la résidence, de la spécialité et ainsi de
suite.
M. Johnson (Anjou): Oui. Alors, depuis la loi 27, on note - je
peux le donner par région si cela vous intéresse - qu'il y a eu
un apport net, donc après avoir soustrait les départs de ces
régions, pour les régions 01, Bas-du-Fleuve...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous pourriez les donner dans
l'ensemble, sauf s'il y a des régions particulièrement...
M. Johnson (Anjou): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ...à problèmes ou si on peut me
remettre la copie...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que, dans le fond, disons qu'il y
a deux sortes de régions en dehors des agglomérations urbaines.
Il y a le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine,
d'une part, Côte-Nord, Abitibi-Témiscamingue. Il y a par ailleurs
d'autres régions, telles que la Mauricie, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et la région de l'Outaouais, mais qui ne sont
quand même pas des régions identiques en termes de
problèmes et d'éloignement. Si on prend le total de ces six
régions l'apport net de nouveaux omnipraticiens dans ces territoires,
c'est 53 personnes. Dans le cas des régions 01, 08 et 09, c'est 25,
l'apport net, cependant, avec la présence de 37 nouveaux omnipraticiens,
mais la différence étant des départs d'omnipraticiens qui
étaient déjà là. Donc, un apport net de 25 nouveaux
médecins omnipraticiens en Gaspésie, dans le Bas-du-Fleuve, aux
Îles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord et en
Abitibi-Témiscamingue.
Mme Lavoie-Roux: Comparativement, combien y avait-il
d'omnipraticiens, avant.
M. Johnson (Anjou): C'est 25 omnipraticiens de plus dans ces
régions...
Mme Lavoie-Roux: Parfait.
M. Johnson (Anjou): Compte tenu des départs. Tandis que,
dans les autres régions, c'est-à-dire la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la région de la Mauricie-Bois-Francs -en
pratique, on parle surtout de la Haute-
Mauricie - et la région de l'Outaouais, 28 de plus.
Mme Lavoie-Roux: De plus.
M. Johnson (Anjou): Un apport net d'omnipraticiens de 28
personnes dans ces régions.
Mme Lavoie-Roux: À combien aviez-vous évalué
les besoins en omnipraticiens quand vous avez fait votre carte?
M. Johnson (Anjou): Globalement, les chiffres, on en a
déjà discuté abondamment; je dois vous dire que je ne les
ai pas à la portée de la main.
Mme Lavoie-Roux: On procédera autrement. Quelles sont les
carences alors?
M. Johnson (Anjou): Les carences, en termes d'omnipraticiens, je
peux vous dire, pour avoir visité certaines de ces régions, pour
avoir eu des contacts réguliers par les services du ministère,
pour avoir eu certains contacts avec ces établissements par les
députés et après m'y être rendu, dans certains cas,
je peux vous dire que, dans le cas de la Côte-Nord, du Bas-du-Fleuve et
de l'Abitibi-Témiscamingue, à quelques exceptions, on peut
considérer que l'ensemble des équipes, surtout là
où il y a des hôpitaux, connaissent une stabilité et une
certaine sécurité quant à la stabilité. Cependant,
il y a une exception notoire, c'est Chibougamau, qui est quelque part entre
l'Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay-Lac-St-Jean, comme on le sait,
qui relève du Saguenay-Lac-St-Jean au niveau du conseil régional,
mais qui, en fait, est assimilable à la haute région du
Québec. Il y a là, tout de même, une certaine
fragilité du maintien des équipes. Il faut bien voir d'où
on est parti. À Chibougamau, il y avait deux médecins dans un
hôpital qui fonctionnait à 30% l'an dernier; cette année,
il y en a six. J'en arrive, d'ailleurs; je m'y suis rendu la semaine
dernière et j'ai eu l'occasion de discuter longuement avec eux et avec
les administrateurs, avec des citoyens, avec l'ensemble du personnel
impliqué. Il y a des espoirs que les choses durent. J'ai entendu, et je
vous le cite, deux médecins, dire que, n'eût été de
la rémunération différentielle, ils auraient quitté
l'an dernier. Ils ont choisi de rester à cause de la
rémunération différentielle. Cet endroit reste, à
mes yeux, probablement un des plus fragiles. On me dit que le problème
n'est pas tellement qu'un médecin y reste, une fois qu'il est venu, et
qu'il y reste un certain temps. Je ne parle pas de rester à vie, mais
c'est de l'amener une première fois à Chibougamau. C'est
probablement vrai pour d'autres endroits. À cet égard, la
région de Rouyn-Noranda a fait un travail remarquable puisque la chambre
de commerce, les municipalités, l'AFEAS et d'autres groupes ont produit
un document audiovisuel et sont allés se balader dans les
universités. Bref, ils ont obtenu des parts spéciales de
Quebecair ou d'Air Canada, je ne sais pas, pour ceux qui voulaient venir
visiter. Cela a tellement donné un bon effet qu'il y a maintenant une
ligue des jeunes nouveaux omnipatriciens qui joue au hockey avec la ligue du PQ
et du Parti libéral dans ce coin de temps en temps. Alors, cela doit
être un signe que des choses sont entrées dans l'ordre à
Rouyn, qui a connu une crise importante.
Mme Lavoie-Roux: Cela leur permet de se défouler.
M. Johnson (Anjou): Aussi, probablement. Dans le cas des
médecins spécialistes, c'est une autre paire de manches, le
problème est plus important. Le solde net pour les six régions
dont on parle, c'est plus 8%. Dans le cas des trois régions les plus
excentriques, c'est plus 4%; c'est plus 4% pour les autres aussi, avec une
mobilité assez importante, le taux de nouveaux arrivants et le taux de
départ s'équivalant assez rapidement.
Cependant, il faut bien dire que, quant à l'appréciation
de l'effet des mesures découlant de la loi 27, il faut faire deux
réserves. La première, c'est que, dans le cas des médecins
spécialistes, la promotion touchée par la
rémunération différentielle et la bonification des
conditions de travail de ceux qui sont en région isolée, en
particulier, c'était la première promotion qui sortait des
universités au mois de novembre dernier. En ce sens, en soi, le fait que
ce soit une première année doit nous amener à
considérer avec une certaine circonspection ce chiffre qui est
étonnamment bas pour certains, mais qui est peut-être significatif
du fait que c'est une première année. (16 heures)
Deuxièmement, il faut tenir compte du fait qu'il reste des choses
à régler. C'est en voie de discussion en ce moment avec les deux
fédérations quant à certaines des conditions de travail
des médecins spécialistes dans ces régions, notamment au
chapitre de la facilitation du jumelage entre établissements d'une
région périphérique et d'un centre hospitalier
universitaire en second lieu. Il y a également un problème au
ministère du Revenu quant à certaines primes. Je sais que la FMSQ
a une revendication en se plaignant de ce qu'elle considère être
une double taxation de la prime accordée aux résidents par la
Fédération des médecins spécialistes. Ces choses
sont en voie d'être étudiées.
Je pense qu'on peut essentiellement tirer deux conclusions, même
si ces données
sont préliminaires. La première est que, dans le cas des
omnipraticiens, on peut dire que, dans l'ensemble des régions du
Québec, c'est probablement très largement causé par la
rémunération différentielle. On a donc, dans l'ensemble
des régions, un minimum de stabilité des équipes
médicales, quant au nombre, en tout cas.
Deuxièmement, dans le cas des médecins
spécialistes, il est trop tôt pour porter un jugement. Il reste
des choses à faire en ce qui concerne la négociation au niveau du
le ministère du Revenu et quelques autres affaires comme
celles-là. Cependant, je ne voudrais pas dire que je considère
que ce sera facile. Je pense que ce sera toujours beaucoup plus difficile dans
le cas des médecins spécialistes pour toutes sortes de raisons
qui relèvent de la perception qu'ont les médecins
spécialistes en particulier de la dimension de la qualité de vie
personnelle, sociale, sportive, culturelle et un tas de
stéréotypes, finalement, qui sont véhiculés
à tort ou à raison au sujet de ces régions. Il y a aussi
le fait qu'il y a encore, dans le régime de rémunération
à l'acte, un phénomène de concurrence chez les
omnipraticiens quant au partage du marché qui n'est pas encore
très présent dans le cas des médecins spécialistes
dans beaucoup de spécialités, à l'exception d'une ou deux
qui sont atteintes. Donc, c'est plus difficle.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a des spécialités
qui ne sont pas couvertes?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: II y a la psychiatrie...
M. Johnson (Anjou): La psychiatrie...
Mme Lavoie-Roux: Du côté de l'anesthésie, il
y a des carences.
M. Johnson (Anjou): L'anesthésie est un problème
particulier qui provient de deux choses. D'abord, on a relativement peu
d'anesthésistes au Québec si on se compare à d'autres
endroits. Alors que, dans l'ensemble des provinces canadiennes, 20% de
l'anesthésie est pratiquée par des non-anesthésistes,
donc, en pratique, des techniciens ou des omnipraticiens, au Québec, il
n'y a que 10% de l'anesthésie qui est pratiquée par des
non-spécialistes ou par des omnipraticiens, la plupart du temps.
Deuxièmement, la corporation des médecins du Québec
a rendu une décision, il y a un an et demi à peu près,
dans laquelle elle disait que, selon ses standards, - tout cela était
survenu à la suite d'une poursuite civile impliquant un
anesthésiste dans un hôpital de Montréal - on
considérait qu'il n'est pas dans les règles de "l'art" pour un
anesthésiste de surveiller deux salles d'opération en même
temps. Ce qui a eu comme effet de créer une pénurie artificielle
de 100 anesthésistes pour l'ensemble du territoire. Les
anesthésistes ne pouvant pas surveiller deux opérations en
même temps, cela prend donc deux fois plus d'anesthésistes
à certains endroits et à d'autres peut-être. 4% de
plus.
On a donc non seulement des problèmes dans les régions
excentriques du Québec, mais des fois à l'hôpital Fleury de
Montréal. On a des problèmes en Mauricie. On a aussi des
problèmes en Beauce, on n'est pas obligé d'aller très
loin. Il y a un sérieux problème d'effectif
d'anesthésistes. Qu'est-ce qu'on fait devant cela? Il y a deux choses
qu'on fait.
Je touche la question du contingentement, qui était la
deuxième question de la députée. D'une part, il y a des
discussions en ce moment entre le ministère de l'Éducation et les
facultés de médecine, auxquelles nous avons participé,
quant à la définition du premier article. Le Conseil des
ministres sera appelé à prendre des décisions très
bientôt sur le niveau de contingentement des résidents
plutôt que des internes et résidents seulement.
Nous avons bon espoir, toujours avec les gants blancs qui doivent
respecter la liberté universitaire, que les facultés de
médecine accepteront de former un plus grand nombre de résidents
en anesthésie et en psychiatrie, qui sont deux des domaines dans
lesquels nous avons les carences les plus importantes à la fois dans
l'ensemble du territoire comme dans certaines régions, bien
évidemment.
Nous sommes à voir des moyens, je pense que certaines de ces
choses devraient aboutir bientôt, pour favoriser l'entraînement de
certains omnipraticiens qui oeuvrent dans des régions dites
périphériques et qui seraient intéressés à
pratiquer de l'anesthésie opératoire ou d'investigation. C'est un
domaine spécialisé, c'est évident. Un médecin,
c'est un médecin et en principe il est censé pouvoir tout faire.
Cela reste une question de responsabilité professionnelle
d'évaluer jusqu'où on peut aller, compte tenu de ses propres
connaissances face à un patient.
L'expérience très empiriquement, au Canada comme au
Québec, démontre que beaucoup d'anesthésies peuvent
être faites par des omnipraticiens qui ont un entraînement
spécifique dans ce domaine sans détenir de certificat de
médecin anesthésiste. Historiquement, c'est comme cela que la
discipline s'est développée au Québec. Quand on regarde la
moyenne d'âge des anesthésistes au Québec, on se rend
compte qu'il y en a beaucoup qui étaient en fait des omnipraticiens qui
ont appris cela sur le tas, puis ils ont eu la certification au
moment des chambardements de la législation en 1960 et en
1970.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les autres
spécialités qui manquent?
M. Johnson (Anjou): Psychiatrie, qu'on a
évoquée.
Mme Lavoie-Roux: Orthopédie.
M. Johnson (Anjou): Orthopédie. Pathologie ou
médecine de laboratoire ou les deux. Anatomopathologie.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jacques-Cartier m'avait demandé la parole depuis longtemps sur ce
sujet.
Mme Dougherty: J'aimerais poser une question sur l'autre
côté de la médaille. Je crois que vous avez parlé
tout à l'heure des anesthésistes et des psychiatres. Je sais
qu'au cours des récentes années, nous en avons perdu plusieurs
à cause des conditions qui prévalaient ici et pour plusieurs
raisons. Mais, spécifiquement, j'aimerais savoir si vous avez des
chiffres. Est-ce que les pénalités imposées à de
jeunes médecins qui n'ont pas accepté d'aller dans des
régions éloignées ont causé une perte de
médecins, une diminution du nombre de jeunes médecins
disponibles, ici au Québec?
M. Johnson (Anjou): Les données que nous avons, pour le
moment, sans rechercher un lien de cause à effet entre les
départs et la loi 27, nous permettent de constater que, l'an dernier, il
y a eu moins de départs de médecins du Québec que lors des
années précédentes. Et ce, en dépit de la loi
27.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: À ce sujet-là, sans inscrire de raisons
de départ, est-ce qu'il serait possible d'avoir les renseignements pour
les cinq ou sept dernières années, à savoir le taux
d'émigration des médecins?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que je ne les ai pas
ici...
M. French: Oui, oui, d'accord.
M. Johnson (Anjou): ...à la portée de la main.
M. French: Demain?
M. Johnson (Anjou): On s'arrangera pour que ce soit
disponible.
M. French: Merci.
Mme Dougherty: II faut avoir des chiffres nets concernant
l'émigration et l'immigration...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est ça. Mme Dougherty:
Le tout, parce que...
M. Johnson (Anjou): Je pense que nous avons effectivement une
étude qui a été faite sur les effectifs médicaux et
qui continue depuis plusieurs années. D'ailleurs, je me demande si cela
n'a pas déjà été rendu public.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais signaler au
ministre que j'ai révisé certaines données statistiques de
la Régie de l'assurance-maladie. En 1977 ou 1978 sortait le rapport du
Conseil du statut de la femme sur l'utilisation des services de santé
par les femmes comparativement aux hommes. L'an dernier, on a soulevé ce
problème-là très brièvement. Évidemment, je
ne vous dirai pas que j'ai fait la revue totale, mais je me suis
attardée à certaines choses. Il semble bien que, par rapport aux
années 1976, même si on avait parlé du fait que la ministre
de la Condition féminine du temps et que tous les ministres nous avaient
assuré, ainsi que le ministre des Affaires sociales du temps, qu'il
fallait que des choses soient faites pour tenter de rétablir une
espèce d'équilibre... Quand on regarde, par exemple, les
traitements psychiatriques, le taux de participation des hommes et des femmes,
les traitements chirurgicaux de 30 $ et plus, la radiologie, les actes
thérapeutiques, il y a un seul endroit où il y a un écart
insignifiant quant aux actes de diagnostic. Mais, dans le cas de la
psychiatrie, vous êtes toujours du simple au double, c'est-à-dire
que vous avez un taux de participation de 3,2% chez les hommes, de 6,6% chez
les femmes avec un taux, évidemment, du simple au double, de 509 000 000
$ par rapport à... Il doit y avoir une erreur dans les chiffres que
j'ai, ce n'est pas possible. En tout cas, c'est du simple au double, de toute
façon. Dans les actes chirurgicaux de 30 $ et plus, vous vous trouvez
exactement dans un rapport de 6,4% pour les hommes à 10,3% pour les
femmes. En radiologie, vous vous trouvez dans un rapport de 41,5% d'hommes par
rapport à 58,5% de femmes. En fait, particulièrement en ce qui a
trait à la radiologie, les actes chirurgicaux et la psychiatrie...
Même si on admet qu'à une période de sa vie une femme, par
exemple, pendant tout le temps où elle va être enceinte, à
l'époque de sa maternité, va faire appel plus souvent à la
médecine. Finalement, au ministère des Affaires sociales, en
dehors des rapports
qu'on nous fait et des études qu'on pourrait nous produire, si on
le demande, quels sont les gestes, au point de vue de la médecine
communautaire, par exemple, ou de l'éducation dans les écoles ou
ce que vous voudrez, qui sont posés pour en venir à modifier un
peu cette situation, qui nous semble quand même assez spéciale ou
anormale?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): D'abord, une première remarque. Ce
phénomène de plus grande consommation de services médicaux
n'est pas un phénomène caractéristique au Québec.
C'est un phénomène caractéristique...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je n'ai pas essayé de le
présenter comme cela.
M. Johnson (Anjou): ...de la plupart... C'est cela. Non, mais je
veux simplement le situer dans son contexte.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): C'est un phénomène qu'on
retrouve dans les autres États américains ou canadiens où
il y a un régime partiel ou entier de services de santé.
Deuxièmement, il y a une autre réserve qu'il faut faire,
qu'a déjà faite la députée de L'Acadie: c'est sur
le phénomène de la grossesse et de la consultation pour fins de
grossesse, ce qui augmente donc le potentiel.
Troisièmement, il y a les phénomènes de
dépistage. Par exemple, dans le cas de la radiologie, on pense à
la facturation des mammographies dans le cas du dépistage du cancer du
sein. Ce sont des choses beaucoup moins fréquentes chez l'homme, puisque
très peu de cancers donnent lieu à des examens dits de routine ou
de dépistage régulier, à l'exception du cancer du poumon,
chez les fumeurs en particulier, et dans certaines maladies industrielles.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez coûter cher à la
société.
M. Johnson (Anjou): La dernière remarque est à
l'égard des courbes démographiques. Il y a un plus haut taux de
consultation chez les personnes âgées. Or, il y a plus de femmes
dans la cohorte des personnes âgées, sur le plan statistique, pour
des raisons de longévité qu'on connaît. Alors, si on
additionne tous ces facteurs, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait une
certaine prépondérance de consultation médicale chez les
femmes. Cependant, je pense, sans être un expert là-dedans, bien
que je sois entouré d'une certaine expertise, que ce n'est sans doute
pas suffisant pour expliquer tout ce phénomène. Je pense qu'il y
a, à l'égard aussi de la médecine, des
phénomènes de dépendance et qu'il y a chez les femmes dans
notre société, pour toutes sortes de raisons sociologiques - Dieu
merci! qui évoluent et qui changent - des phénomènes de
manifestation de cette dépendance. Je pense, entre autres, au
très haut taux de mères monoparentales que nous avons et du fait
que la ressource médicale est parfois une ressource à laquelle
ces personnes ont recours alors que, au fond, il y a peut-être
derrière cela essentiellement un problème social.
Finalement, je dirai qu'il y a peut-être d'autres types
d'explication qu'on peut trouver. Si je prends ce que m'en disait
récemment un démographe des équipes de Henripin, à
Montréal, sur l'utilisation de l'hystérectomie et de la
stérilisation, donc, des actes chirurgicaux, il y a beaucoup moins
d'hystérectomies qu'avant, mais la stérilisation,
c'est-à-dire la ligature des trompes, est une opération qui a une
ampleur absolument phénoménale chez les jeunes femmes au
Québec. Cela explique beaucoup. Cela explique statistiquement les
radiographies, les interventions chirurgicales, les consultations, etc.,
puisqu'il s'agit d'une chirurgie qui, même si elle n'est pas majeure, est
une chirurgie sur le plan des codes d'admission à la RAMQ. Alors, je
pense que, si on prend tous ces facteurs-là ensemble, on a des facteurs
explicatifs, même s'ils sont partiels. (16 h 15)
Qu'est-ce qu'on y fait? À l'égard de la cohorte des
personnes âgées, on tente, à travers différentes
campagnes de sensibilisation au niveau de l'utilisation des médicaments,
au niveau de l'hygiène de vie tout court, d'agir notamment au niveau des
CLSC et des départements de santé communautaire. À
l'égard des femmes en général, je pense que la prise de
conscience, incarnée de façon très visible, mais
sûrement pas monopolistique, par les groupes de revendication
féminine, ce phénomène de prise de conscience est sans'
doute celui qui a l'effet le plus important. Aux États-Unis, par
exemple, j'ai eu l'occasion de voir une émission américaine
récemment sur le réseau ABC qui touchait justement l'utilisation
de la chirurgie comme étant beaucoup plus élevée chez les
femmes que les hommes. Cela fait l'objet en ce moment aux États-Unis
d'un très grand débat à l'intérieur même du
corps médical. Des femmes génico-obstétriciennes,
notamment, se distinguent par leurs revendications auprès de leurs
collègues masculins en dénonçant l'utilisation de
techniques chirurgicales qui datent peut-être d'une autre époque,
que ce soit l'hystérectomie ou même la ligature des trompes dans
certains cas, qui sont
présentées avec une certaine facilité. Je pense que
ces choses-là, dans le fond, ne connaîtront, dans l'ensemble, des
réponses qu'avec le temps et la prise de conscience.
Une dernière chose qui est aussi un phénomène de ce
qu'est notre famille au Québec: en général, c'est la
mère qui amène l'enfant chez le médecin, mais il arrive de
plus en plus que ce sont des pères. Je me suis déjà
retrouvé à l'urgence aussi avec mon fils ou ma fille, comme c'est
vrai pour de plus en plus de gens au Québec, particulièrement
ceux de la génération d'après-guerre. Il y a là un
contact avec un médecin, ce qui peut amener un échange, une
consultation éventuelle et finalement l'enclenchement d'un processus de
médicalisation pour des fins d'investigation ou qui correspondent
finalement, encore une fois, à d'autres fins, d'inquiétude ou
d'appréhension, mais qui n'avaient pas de fondements physiques, sauf
qu'on va vérifier pour savoir s'il y avait des fondements physiques.
Cela veut dire des actes diagnostics qui sont posés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander au
président de la régie s'il peut nous donner les statistiques
d'avortements pour l'année qui vient de s'écouler en centres
hospitaliers, en CLSC et en cabinets privés.
M. Johnson (Anjou): Pardon, je m'excuse!
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire en cliniques privées,
en CLCS et en centres hospitaliers.
M. Johnson (Anjou): À la même époque de
l'année, comme l'an dernier d'ailleurs, j'indiquais qu'on ne pouvait pas
fournir les données pour l'année en cours, l'année
précédente, parce qu'on est en train de compiler cela et, avec la
facturation...
Mme Lavoie-Roux: Bien, donnez-moi ceux de la dernière
année que vous avez, de toute façon.
M. Johnson (Anjou): C'est ce que j'avais apporté ici parce
que je m'attendais d'avoir une question là-dessus. En 1981, par exemple,
pour les avortements thérapeuthiques faits par les omnipraticiens, 5518
par rapport à 5451 pour l'année précédente et ceux
faits par...
Mme Lavoie-Roux: Excusez! Voulez-vous répéter?
M. Johnson (Anjou): 5518 par opposition à 5474 en 1980,
donc une stabilisation; par les spécialistes, 8675 en 1981 par rapport
à 8814 l'année précédente, donc une stabilisation
du nombre. Finalement, un code qui est "grossesse interrompue" habituellement
dans d'autres conditions...
Mme Lavoie-Roux: Et dans les CLSC?
M. Johnson (Anjou): ...406 par opposition à 427.
Mme Lavoie-Roux: Dans les CLSC.
M. Johnson (Anjou): Cela comprend tout. Pour les
spécialistes, ça ne se fait qu'en milieux hospitaliers; pour les
omnipraticiens, c'est en cabinets ou en CLSC, mais, en général,
c'est en cabinets.
Mme Lavoie-Roux: Êtes-vous capable de diviser les deux?
M. Johnson (Anjou): Je ne les ai pas, malheureusement.
Mme Lavoie-Roux: Entre les... Chez les omnipraticiens.
M. Johnson (Anjou): Je ne les ai pas.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y aurait moyen
éventuellement de les avoir? D'accord.
Il y a le problème aussi que je voudrais soulever, celui des
maladies vénériennes. Là-dessus, je dois vous dire que je
ne me suis pas retrouvée dans vos statistiques, je ne sais pas où
vous les placez. Il y a eu tout de même des représentations qui
ont été faites, entre autres, par un médecin de
l'Hôtel-Dieu de Lévis, le Dr Fortin, qui ont été
reprises par d'autres médecins, entre autres, de l'Hôtel-Dieu de
Montréal, de l'hôpital Saint-Sacrement à Québec.
Garde-ton des statistiques sur ce sujet? Y a-t-il augmentation au
Québec?
M. Johnson (Anjou): L'incidence des maladies
vénériennes.
Mme Lavoie-Roux: On reprochait aussi - je ne sais pas si c'est
justifié - que l'impact des coupures budgétaires se faisait
sentir non seulement au niveau de la prévention, mais au niveau du
traitement lui-même. Je ne sais pas si cela relève de votre
ministère; du point de vue des statistiques, oui, mais du point de vue
des mesures prises en cliniques, en centres hospitaliers ou en CLSC?
M. Johnson (Anjou): On va m'évoquer certaines choses avec
précision; je rappellerai seulement au départ que,
d'emblée, le traitement en milieu hospitalier des maladies
vénériennes est gratuit, ce qui n'est pas le cas de bien d'autres
choses. Par exemple, l'injection de pénicilline intramusculaire,
c'est un traitement qui est gratuit. C'est un programme qui existe au
ministère, qui n'a pas été coupé, que les
établissements eux-mêmes n'auraient pu couper en pratique. Je ne
suis pas au courant, à moins qu'il n'y ait là que des
commentaires personnels. On ne m'a pas dit qu'au contraire, il y avait une
régression des moyens qu'on s'était donnés pour faire face
à cela, étant donné que c'est cyclique, on le sait, en
Amérique du Nord. Le Québec, à cet égard, suit en
gros les cycles nord-américains. Je pense qu'on est encore au milieu
d'une période abondante.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministère a des
études épidémiologiques sur ce sujet?
M. Johnson (Anjou): Je vais en avoir dans quelques minutes, d'ici
à la fin de l'après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que ce sont des
représentations qui ont été faites publiquement à
Radio-Canada, entre autres, au mois de décembre, par quelqu'un du DSC de
Lévis qui, justement, se plaignait du manque de concertation et de
collaboration entre les différentes composantes du MAS sur ce
problème et que, dans les établissements, il y avait un gros
problème diagnostique. Voulez-vous qu'on reprenne demain?
M. Johnson (Anjou): Si on pouvait reprendre à l'occasion
de l'étude des crédits de la santé, au chapitre des
services de santé communautaire, on aura des détails.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
M. Dougherty: M. le Président, j'ai une autre question qui
touche la régie, je crois, je pourrais la soulever plus tard, c'est la
question des vieillards maltraités. Avez-vous des chiffres qui
démontrent le nombre de vieillards qui arrivent aux hôpitaux
à cause de mauvais traitements?
M. Johnson (Anjou): II est possible que cela existe, on n'a pas
porté, cependant, à mon attention de telles statistiques. On sait
qu'on est assez bien organisé maintenant dans le réseau des
Affaires sociales pour faire face aux enfants maltraités, les "battered
children". À l'égard des vieillards, il est vrai que c'est un
phénomène qui semble avoir pris de l'ampleur encore une fois chez
nos voisins du Sud depuis un certain nombre d'années. Le seul domaine
où nous sommes présents systématiquement, en dehors
d'études épidémiologiques qui pourraient être faites
à un moment donné par un CSS ou quelque chose comme cela, c'est
le fait que nous avons eu l'occasion de visiter 500 ressources dites illicites,
c'est-à-dire des endroits où des personnes sont en
hébergement sur une base privée. Il ne faut pas en conclure
cependant que ce sont 500 endroits où les gens sont maltraités,
mais dans 55 de ces installations, impliquant 631 personnes, nous avons
dû, pour des raisons ou d'hygiène ou de sécurité ou
de respect aux personnes et où on manquait pour différentes
raisons de cette nature, fermer ces établissements privés et
resituer 631 bénéficiaires dans le réseau public.
Mme Dougherty: J'ai soulevé cette question parce que vous
avez reçu une lettre datée du 18 mars, du conseil des femmes de
Montréal. Elle cite une étude faite ici au Québec par le
centre d'aide sociale de Montréal. Les résultats de
l'étude ont été présentés à une
réunion des associations canadiennes et américaines de
gérontologie. C'est une étude de 964 cas faite à la suite
d'une enquête du Québec qui démontre que, dans 43% des cas,
des mauvais traitements ont été infligés dans des
institutions. Une enquête auprès de 140 médecins,
infirmières et travailleurs sociaux au Québec a
révélé que quatre sur sept de ces derniers étaient
au courant d'un cas au moins où une personne âgée
était maltraitée. Donc...
M. Johnson (Anjou): Dans une institution?
Mme Dougherty: C'est tout ce que je sais, je n'ai pas d'autres
renseignements. Mais, à cause de cela, apparemment, dans d'autres
provinces, la loi pour les enfants maltraités oblige les citoyens
à rapporter tout cas de mauvais traitements et les abus touchant les
personnes âgées aussi bien que les enfants. Je me demande si votre
ministère a considéré un tel élargissement a la
loi.
M. Johnson (Anjou): À ce stade-ci, non, dans la mesure
où, d'une part, je n'ai pas pris connaissance de cette étude.
Quelqu'un de mon cabinet me confirme cependant que cette lettre est
entrée et a connu un suivi auprès de la machine dans le
ministère. Habituellement, ce qui se passe, c'est que le courrier entre
dans mon cabinet; un accusé de réception est émis; on
l'envoie à la direction concernée et je revois le dossier trois
semaines, un mois, deux mois après, selon la dimension du
problème et la priorité qu'on y accorde. Je dois dire que je n'ai
pas de connaissance personnelle de cette question. Cependant, si une
étude devait démontrer que 43% des personnes qui se plaignent
d'avoir été maltraitées sont dans des institutions
publiques, c'est un chiffre qui, a priori, m'étonnerait puisque je n'ai
pas d'indication d'un problème de cette ampleur venant des conseils
régionaux de la santé et
des services sociaux. Alors, je pense qu'il faut voir. Je dois dire que
je prends bonne note de la question de la députée. J'y verrai.
Est-ce qu'à court terme on a des projets d'étendre la notion de
signalement aux personnes âgées? Pour le moment, non, dans la
mesure où, dans le cas du secteur public, il y a des mécanismes
qui prévoient cela concernant les comités de
bénéficiaires ou les plaintes des parents ou d'autres personnes
auprès du conseil régional. Il y a un mécanisme
prévu dans la loi pour ceux qui sont dans une institution. Dans le cas
de ceux qui sont dans des ressources dites illicites, la Division de
l'agrément du ministère a fait 500 visites de ressources
illicites depuis deux ans. Donc, on y voit et on prend des mesures, y compris
la fermeture de certains établissements. Alors, pour le moment, je n'ai
pas d'indication, à savoir qu'il faudrait aller plus loin, sauf qu'on
verra à partir de ce que vous nous citez.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la question sur
l'industrie pharmaceutique, je sais que cela relève du ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, mais je pense que...
M. Johnson (Anjou): Cela relève de bien du monde.
Mme Lavoie-Roux: Cela relève de bien du monde, justement.
Il semble, selon les rapports qu'on a eus et que le ministre a sûrement
entendus, que ceci a défavorisé le maintien... Dans le cas de
l'article 41 de la loi canadienne, il s'agit évidemment du gouvernement
canadien, est-ce que, au point de vue des retombées au plan
économique, le gouvernement entend faire des représentations et
les a-t-il faites? J'essaie de faire mes questions brèves pour qu'on
aille un peu plus rapidement. Sur la question du prix médian qui a
été fixé et au sujet duquel aussi, dit-on, il y aurait, je
ne sais pas trop comment... On dit que ceci aurait des retombées quant
à l'industrie pharmaceutique. Mais ma question précise sur le
deuxième volet, c'est: Quels sont les coûts administratifs
nécessaires pour maintenir le programme du prix médian par
rapport aux économies réalisées depuis son lancement?
C'est zéro?
M. Johnson (Anjou): D'accord. C'est mécanisé, c'est
par informatique, c'est en fonction du code qu'on attribue au médicament
et les circonstances dans lesquelles il peut être donné ou pas.
C'est un code informatique. (16 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Dans le...
M. Johnson (Anjou): Cela fait une économie nette
sérieuse.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a évalué cette
économie?
M. Johnson (Anjou): 5 400 000 $.
Mme Lavoie-Roux: 5 400 000 $. C'est ce qui avait
été - je pense - prévu au départ?
M. Johnson (Anjou): On avait prévu 5 500 000 $. Ce n'est
pas si mal.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas si mal, pour une fois, vous
êtes plus près de vos prévisions que d'habitude.
M. Johnson (Anjou): On est toujours près de nos
prévisions.
Mme Lavoie-Roux: À ma première question...
M. Johnson (Anjou): Oui, on a sûrement fait des
revendications, quoi qu'en ait dit M. Ouellet, au fédéral. Est-ce
que vous voulez qu'on parte sur ce sujet?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je veux seulement savoir si c'est oui ou
non.
M. Johnson (Anjou): D'accord. On laissera cela au MIC. Je
comprends qu'on a fait des revendicationsl L'industrie pharmaceutique au
Québec se partage le marché canadien avec plus ou moins
l'équivalent de sa contrepartie ontarienne. Les industries
pharmaceutiques les plus importantes en nombre et en chiffre d'affaires au
Québec sont en général des filiales ou des succursales de
multinationales qui, en ce moment, sont en train, en Australie, au Canada, aux
États-Unis, en Belgique, en Hollande, en Suisse et en France, de faire
de vastes opérations de rationalisation pour des raisons de coût,
dans bien des cas.
Il est bien évident que l'introduction d'une mesure, par exemple,
comme le prix médian a eu pour effet, dans le cas de certains
médicaments, de les exclure du marché, que ce soit pour des
industries québécoises comme pour des industries ontariennes.
Nous somme sensibilisés à toutes ces dimensions.
Je dois vous dire que, en fin de compte, même si je
considère que l'industrie pharmaceutique a une importance certaine en
termes d'emplois, je suis également convaincu, contrairement à ce
que ces entreprises défendent - ce qui est un peu normal et pas
étonnant dans le type d'économie dans lequel on vit - qu'il y a
un
abus de consommation de médicaments au Québec, et que le
programme public destiné aux personnes de 65 ans et aux
bénéficiaires d'aide sociale, à cet égard, n'est
rien pour régler ce problème. Chaque fois qu'on y touche, alors
qu'on a un objectif non seulement de rationalisation des coûts, mais
également d'éducation par absence de choix, de promotion d'une
attitude saine à l'égard des médicaments, il est
évident qu'on brasse un autre dossier qui s'appelle les emplois dans
l'industrie pharmaceutique. C'est une espèce de cercle qui revient
constamment. Certains auraient l'impression qu'on le réglera le jour
où on aurait une régie d'État ou une compagnie
d'État qui s'en occupe. Personnellement, je ne suis pas très
convaincu à l'égard de cette approche, compte tenu du contexte
nord-américain dans lequel nous vivons.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui est du prix médian, il est
là pour demeurer. Dans l'autre cas, vous continuez vos
représentations...
M. Johnson (Anjou): Voilà: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...auprès du gouvernement
fédéral. Il y a une autre recommandation touchant... Ce sont les
opticiens qui avaient demandé, à l'appui d'un rapport de l'Office
des professions du Québec et celui de la Commission sur les pratiques
restrictives du commerce du gouvernement fédéral, qu'on
libéralise la publicité sur les biens et services professionnels,
le prix, par exemple. Est-ce que le ministre prévoit adopter un
règlement relatif à cette publicité sur les prix, compte
tenu de ce qui avait été recommandé par l'Office des
professions?
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela...
Mme Lavoie-Roux: Je vais faire le tour de votre ministère,
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que tout cela
intéresse le Dr Mockle un peu par définition. Je ne peux pas vous
dire où en est le dossier au moment où on se parle. Je pense
qu'il est quelque part entre un comité du ministère de
l'Éducation et le Comité de développement social au niveau
des fonctionnaires. Nous n'en avons pas encore été saisis au
ministère.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question touchant
les physiatres. L'an dernier, quand on vous avait interrogé sur ce
sujet, les physiatres étaient allés en appel dans une cause
impliquant des paiements qui avaient été faits par la
régie. Ce qui opposait la régie, en fait, aux physiatres
était à propos de traitements effectués en cabinet
privé dont le remboursement avait été demandé par
les physiatres, alors qu'ils avaient été donnés par des
physiothérapeutes. Est-ce qu'on pourrait savoir où en est rendue
cette cause en appel? Est-ce que c'est encore en suspens?
M. Johnson (Anjou): C'est toujours en appel.
Mme Lavoie-Roux: Toujours en appel.
M. Johnson (Anjou): En délibéré, je pense.
Les plaidoiries sont terminées. On attend le jugement.
Mme Lavoie-Roux: Entre-temps, quel est le contrôle que vous
avez établi pour éviter que le même problème se pose
de nouveau?
M. Johnson (Anjou): Nous agissons toujours en fonction de ce que
prévoit l'entente. Les physiatres ont le droit de rendre des services.
L'entente des spécialistes...
Mme Lavoie-Roux: Si le cas se présente, vous allez les
poursuivre aussi?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que l'entente des
spécialistes prévoit qu'ils peuvent se faire assister. Il s'agit
de vérifier pour nous que, lorsqu'on paie, on paie pour les services
rendus par le physiatre et non pas par des physiothérapeutes uniquement,
ceci en attendant que le jugement soit rendu.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question est courte et
s'adresse au ministre. Quand avez-vous l'intention de combler le poste
laissé vacant à la régie par la défaite du Dr
Hamel?
M. Johnson (Anjou): C'est fait depuis une semaine.
Mme Lavoie-Roux: Qui est-il?
M. Johnson (Anjou): C'est le Dr Clément Richer,
président de la FMOQ.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions.
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'on savait qu'on aurait la
question. On a pris la décision de combler le poste vacant.
Mme Lavoie-Roux: Cela a au moins du bon.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai une question sur les blessures aux
bébés dans les accidents de voiture. J'ai reçu des
représentations des médecins du Montreal Children's Hospital, qui
m'ont dit qu'il y avait un grand nombre d'accidents graves à cause du
manque de sécurité pour les bébés, qui en
général sont en arrière dans les autos. La loi sur les
ceintures de sécurité ne s'applique pas à eux.
Apparemment, il y a des lois, surtout aux États-Unis - je ne suis pas au
courant pour les autres provinces - où c'est obligatoire d'avoir des
sièges spéciaux pour les bébés sur le siège
arrière. Est-ce que vous avez examiné cette question? Est-ce que
vous avez l'intention de faire quelque chose?
M. Johnson (Anjou): Je suis au courant de cette question. J'ai vu
quelque part au ministère un document là-dessus. C'est surtout
lorsque j'étais au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Cette question
relève à la fois de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, au niveau de la prévention en matière de
sécurité; au niveau de la qualité des produits, je pense
que c'est l'Office de la protection du consommateur qui l'a
évoquée. Nous, évidemment, on a les résultats dans
les hôpitaux. Je pense qu'il faudrait poser la question à mon
collègue. Je pourrais peut-être obtenir une réponse d'ici
à demain et la donner à la députée. Cela
relève de l'Office de la protection du consommateur et de la
Régie de l'assurance automobile.
Par ailleurs, on m'informe que le ministère subventionne une
étude en ce moment par le truchement du service de santé
communautaire de l'île de Montréal. C'est possiblement le Montreal
General Hospital.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cette...
M. Johnson (Anjou): ...c'est à l'Hôpital
Général. Alors, ce doit être les mêmes personnes que
vous évoquez, sans leur prêter d'intention, qui se sont sans doute
adressées, ce qui est parfaitement normal, à leur
députée au moment où ils nous ont envoyé une
demande de subvention. La subvention a été accordée.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cela termine les
questions sur la Régie de l'assurance-maladie du Québec?
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. Bonne chance.
Le Président (M. Gagnon): Ce qui veut dire que les six
programmes des crédits de la Régie de l'assurance-maladie sont
adoptés avec l'ensemble des éléments. Adopté. Nous
revenons à...
Mme Lavoie-Roux: ...à l'adoption, au secrétariat
à l'adoption.
Le Président (M. Gagnon): C'est à quelle page?
Mme Lavoie-Roux: C'est rattaché au sous-ministre, selon ce
qu'on vient de me dire.
Secrétariat à l'adoption
M. Johnson (Anjou): Le secrétariat à l'adoption,
oui. Merci.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est cela. On l'adoptera quand on adoptera
la direction supérieure. Ce sera l'un des derniers qu'on va adopter.
M. Johnson (Anjou): C'est dans les crédits, mais ce n'est
pas un programme.
C'est dans la direction supérieure du ministère.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-être qu'on
pourrait nous dire quel est le budget du secrétariat à
l'adoption. Cela réglerait le cas.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, c'est un des
éléments à l'intérieur du programme 9.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas là, je ne l'ai pas vu. Cela
implique quand même qu'on manque un peu de...
M. Johnson (Anjou): Pour le secrétariat à
l'adoption? C'est cela, il n'y a pas de poste spécifique dans les
crédits, puisque ce n'est pas un organisme. C'est, cependant, une
section du ministère qui relève directement du bureau du
sous-ministre à la suite d'une décision que j'ai prise l'an
dernier à ce sujet. Pour des raisons pratiques, je pense que la
responsable du secrétariat, Mme Lizette Gervais, va pouvoir vous
exposer, dans la mesure où cela a donné des résultats
intéressants depuis un an dans ce domaine, où il y a des dossiers
sensibles, délicats et difficiles. En gros, on parle de cinq
employés dont deux contractuels. C'est très petit comme
structure, très léger. C'est un domaine, cependant, encore une
fois, où la sensibilité est très importante. S'il y a des
questions, nous sommes prêts à y répondre.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Mais quel est le budget?
M. Johnson (Anjou): C'est cela: on parle de cinq employés,
alors...
Mme Lavoie-Roux: Mais je voudrais connaître le budget.
M. Johnson (Anjou): On parle d'à peu près 175 000
$, y compris les traitements, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Un budget de 175 000 $?
M. Johnson (Anjou): Jusqu'à maintenant, il y a eu
très peu de déplacements et...
Mme Lavoie-Roux: Trois personnes régulières et deux
contractuelles?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Et, encore une fois, il y a eu,
jusqu'à maintenant, très peu de voyages, bien que, dans le cas de
l'adoption internationale, il faudrait quand même s'attendre, cette
année, qu'il y en ait quelques-uns. Il faut aller vérifier ce
qu'est l'état des ententes qu'on a avec certains pays.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que 175 000 $ c'est pour cette
année? Quel était le budget de l'an dernier?
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas eu de grosses variations. Cela a
commencé au mois de juillet dernier. On parle sur une base annuelle de
quelque chose de l'ordre de 175 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Une première chose. Pourriez-vous nous
expliquer comment il se fait qu'il y avait quand même, au
ministère des Affaires sociales, un service qui s'occupait de
l'adoption, dans lequel on retrouvait, par exemple, Me Perron. Ces
personnes-là, qui avaient quand même acquis une expérience
importante - j'oublie les noms, mais j'ai cela quelque part, attendez un
instant - ont été mises de côté et on est reparti,
en somme, avec des personnes tout à fait nouvelles dans le domaine de
l'adoption alors qu'il y avait quand même une longue expertise.
M. Johnson (Anjou): Mme Perron a eu une promotion. Elle est
maintenant membre de la commission d'appel, présidente de la commission
d'appel, en vertu du code criminel, pour l'internement des patients atteints de
maladies psychiatriques, ce qui est un poste extrêmement important et
aussi d'une très grande sensibilité dans lequel, soit dit en
passant, le Québec a une réputation tout à fait enviable
de par le monde. J'ai eu l'occasion de voir les gens qui participaient à
un colloque international au Québec, il y a à peu près un
an et demi. Il y avait là des experts dans ce domaine, des
États-Unis, d'Europe et du reste du Canada et qui disaient combien notre
système est assez remarquable. Mme Perron est maintenant
présidente de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Et que sont devenues les autres personnes qui
étaient là? M. Guérin?
M. Johnson (Anjou): M. Guérin est attaché au
cabinet du sous-ministre adjoint. Il était dans ce service. Il est
attaché au cabinet du sous-ministre adjoint, Mme Vaillant, aux services
sociaux. Le secrétaire de Mme Perron est maintenant à la
commission. C'est tout.
(16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je voudrais saluer Mme Gervais.
J'aimerais que vous nous fassiez un bref sommaire des principaux points qui ont
retenu... Plutôt, je pense que je vais vous poser des questions pour que
ce soit plus rapide.
Il y a trois problèmes. Je pense qu'on peut diviser cela en
trois: II y a le problème de l'adoption internationale; il y a le
problème soulevé par la fameuse question des retrouvailles; il y
a finalement les modifications qui ont été apportées aux
lois sur l'adoption et leur mise en pratique.
Dans le cas de l'adoption internationale, quelles sont les politiques
mises de l'avant? Est-ce qu'on peut nous donner le nombre d'adoptions
internationales qui ont été faites? Dans quel pays? Y a-t-il des
statistiques là-dessus?
Le Président (M. Gagnon): Mme
Gervais.
M. Johnson (Anjou): Oui. D'abord, je pense qu'il est important de
dire qu'on voulait définir des politiques. Nous avons donc des grandes
lignes, des principes directeurs qui sont que l'adoption doit se faire dans un
esprit de coopération internationale, que cela demeure une mesure
exceptionnelle. Il n'est pas question d'aller sortir les enfants de leur pays.
Il s'agit d'aider d'abord des enfants dans leur pays d'origine. C'est en ce
sens qu'on travaille avec les centres de services sociaux, avec les organismes
bénévoles qui travaillent en adoption internationale. Je pense
qu'on a un accord là-dessus et que, de toute façon, il demeure
quand même que l'adoption, c'est, pour certains enfants, le projet de vie
le plus valable. Jusqu'ici, on a donc donné un accord sur de nombreux
dossiers. On a donné un accord, au cours des six derniers mois, depuis
qu'on a les dossiers au secrétariat à l'adoption, sur 146
dossiers. C'est-à-dire qu'on donne notre accord pour que le
ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du
Québec émette le certificat de sélection du Québec
et, à ce moment-là, que le ministère de l'Immigration et
la Commission de l'immigration du Canada
permettent l'entrée de ces enfants. Il est important qu'il y ait
un contrôle au moment où l'enfant va quitter son pays d'origine
plutôt que de tenter des contrôles qui n'étaient pas
possibles à l'arrivée des enfants, ici.
Je pourrais donc vous donner copie du nombre de pays. On parle d'une
trentaine de pays. Disons que les endroits où il y a le plus d'adoptions
sont Haïti, la République dominicaine, le Guatemala, la
Corée.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure êtes-vous capable de
contrôler l'adoption internationale qui se fait d'une façon
clandestine, disons, parce que je n'ai pas d'autres mots...
M. Johnson (Anjou): ...privée...
Mme Lavoie-Roux: ...privée, oui. Dans les circonstances,
elle est devenue...
M. Johnson (Anjou): Elle peut l'être, en tout cas...
Mme Lavoie-Roux: ...clandestine dans le sens où, de par la
loi, on a quand même mis des balises à l'adoption
internationale.
M. Johnson (Anjou): Votre question était, je pense, dans
quelle mesure peut-on apporter des contrôles...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Dans quelle mesure...
M. Johnson (Anjou): ...en faisant respecter la loi? Je pense que
ce qui est important, c'est que chaque fois qu'on nous a signalé des cas
d'intermédiaires, par exemple, qui sont interdits par la loi, sauf, bien
sûr, les organismes qui sont reconnus, comme le ministère ou le
directeur de la protection de la jeunesse, on a fait ou bien des mises en
demeure ou bien donné des avertissements sérieux. Le pays qui a
peut-être posé le plus de problèmes, c'était
Haïti. Maintenant, on a vraiment établi un contrôle. Les
enfants ne peuvent pas quitter Haïti sans que nous ayons donné
notre accord. Nous donnons notre accord seulement quand la famille, ici, qui
désire avoir un enfant, a été évaluée par un
centre de services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Dernièrement, il y a eu un
incident...
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: II n'est peut-être pas arrivé
dernièrement, mais, en tout cas, on en a parlé
dernièrement...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. Vous avez raison. Il concernait un
enfant. Je pense que c'est une émission diffusée à
Radio-Québec... Mme Lavoie-Roux: Un enfant d'Haïti.
M. Johnson (Anjou): Oui. On était tout à fait
d'accord pour que les gens se rendent compte jusqu'à quel point ce sont
les enfants qui sont les premiers à souffrir de nombreux
déménagements, quand l'adoption n'est pas faite en respectant
l'intérêt de l'enfant. L'intérêt de l'enfant veut
dire, dans les pays avec lesquels c'est possible, l'intervention d'un organisme
privé avec lequel on a une entente.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que c'est dans la mesure où
vous en avez connaissance, finalement.
M. Johnson (Anjou): Non, non. On a établi des
mécanismes qui nous permettent, avec le ministère de
l'Immigration du Québec et celui du Canada, de contrôler...
Mme Lavoie-Roux: Qu'il n'y ait plus d'enfants qui entrent d'une
façon...
M. Johnson (Anjou): Je ne vous dis pas qu'il n'y en a plus aucun,
mais je pense qu'il y en a sûrement moins.
Mme Lavoie-Roux: II y en a sûrement moins. La semaine
dernière, il y a eu un cas. Je pense que c'était dans un
hôpital du Lakeshore, c'est-à-dire que c'était une
naissance au Lakeshore, mais avec tout le fracas que ceci a fait, quelles
mesures - je pense que ce serait davantage votre ministère que le
secrétariat à l'adoption -entend-on prendre? Enfin, je ne veux
pas faire d'histoire. Vous en avez eu connaissance, c'est la petite fille qui
avait été donnée en adoption, un peu contre le gré
de la mère, sur le Lakeshore, et finalement la cour s'est
prononcée en faveur de la mère naturelle. Il reste que ce
médecin-là allait à l'encontre des lois existantes.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous entendez faire?
M. Johnson (Anjou): Mme Gervais est intervenue dans le
dossier.
Oui, justement. Tout d'abord, on a fait venir ce jugement d'adoption
pour l'étudier. Ensuite, on a communiqué avec le directeur de la
protection de la jeunesse de Montréal pour qu'on puisse étudier
ensemble l'intérêt de l'enfant parce que c'est quand même
une enfant qui a passé presque deux ans dans une famille, je pense, qui
est d'origine italienne. Donc, cela pose quand même, avant tout, des
problèmes...
Mme Lavoie-Roux: Non, moi, c'était à l'endroit du
médecin.
M. Johnson (Anjou): ...pour l'enfant. À l'endroit du
médecin, c'est...
Mme Lavoie-Roux: Toutes les mesures qui ont été
prises ont...
M. Johnson (Anjou): Après lecture du jugement, on pourra
voir si vraiment il s'agit d'un cas d'adoption privé, ce qui, à
ce moment-ci, me paraît, en tout cas, être un cas d'adoption
privé qui est interdit, qui était d'ailleurs interdit par la loi.
Je pense que ce sont les instances qui doivent poursuivre et qui poursuivront
à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, est-ce que c'est
vous autres qui le portez à l'attention du ministère de la
Justice?
M. Johnson (Anjou): C'est le ministère de la Justice.
Premièrement, il faut avoir un jugement et, deuxièmement, selon
le jugement, le ministère de la Justice pourra procéder.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Maintenant, le fameux problème
des retrouvailles, je ne voudrais pas qu'on fasse le débat ici parce
qu'on pourrait peut-être faire durer cela bien longtemps. Quelle est la
position du secrétariat de l'adoption là-dessus?
M. Johnson (Anjou): Je me demandais, sur un plan
précis...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire...
M. Johnson (Anjou): ...si vous voulez dire sur
l'interprétation des articles de loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on pourrait faire ça, quoique ce
soit en appel ça aussi, je pense.
M. Johnson (Anjou): C'est cela que j'allais vous dire,
justement.
Mme Lavoie-Roux: Mais, votre position, vous autres. Moi, je dois
vous dire, à ma courte honte, quand c'est passé dans la
révision du code civil, que j'étais prise ailleurs et que je n'en
ai pas eu connaissance. Il reste que, justement, les modifications qui ont
été apportées font que cela rend plus difficile,
finalement, les retrouvailles. Autant c'est un problème sur lequel on
peut être pour, on peut être contre, il y a du pour et du contre,
cela ne se tranche pas au couteau, cette chose-là, il reste que cette
recommandation qui a été faite, j'imagine, lors de la
révision du code civil, a dû partir du ministère des
Affaires sociales ou le ministère des Affaires sociales, par le
truchement du secrétariat ou autrement, a dû être partie
à cette décision. Alors, je voudrais savoir si vous maintenez
toujours cette décision-là qui a rendu plus difficile les
retrouvailles et sur lesquelles la Commission des droits de la personne a
d'ailleurs fait des représentations. Encore une fois, j'étais
absente. Alors, les absentes ont toujours tort, mais il n'est jamais trop tard
pour se reprendre.
M. Johnson (Anjou): Trop tort ou trop tard, selon le cas.
Mme Lavoie-Roux: Trop tard que je voulais dire.
M. Johnson (Anjou): Le problème des retrouvailles, c'est
une question qui est comme une ou deux autres questions dans notre
société, c'est le genre de choses qui soulève des passions
et finalement met les gens avec les nerfs à fleur de peau pour toutes
sortes de raisons. Pourquoi? Parce que, dans le fond, c'est un problème
de conflit de droits et de la perception qu'on a des droits de chacun
là-dedans. D'une part, le droit qu'on voudrait voir reconnu dans nos
lois. Aux États-Unis, le débat amène môme ceux qui
sont en faveur des retrouvailles, du côté des enfants en
particulier, à invoquer leur "constitutional rights" à
connaître leurs origines. Il y a également aux États-Unis
un débat très important autour de cette question. Le
Québec est tributaire de ces grands courants d'Amérique du Nord
comme d'habitude. Donc, ce sont les droits qu'on présume ou qu'on
voudrait voir inscrits de façon spécifique pour un enfant dit
naturel, une fois qu'il a atteint la majorité, de pouvoir
connaître et rencontrer sa mère naturelle et possiblement ses
parents naturels. À côté de cela, il y a un autre droit que
l'on infère de ce qui s'est passé historiquement, surtout
à l'époque où il y a eu beaucoup d'adoptions au
Québec, donc dans les années cinquante et au début des
années soixante, droit de la mère naturelle qui a choisi de
remettre son enfant pour adoption. Et dans quelle mesure, et c'est l'avis du
Conseil du statut de la femme, dans quelle mesure doit-on troubler la
quiétude de celle qui lucidement, en principe, a choisi à un
moment de sa vie de laisser son enfant pour adoption, ou répondre au
contraire aux exigences d'un enfant naturel ayant atteint la majorité de
connaître sa mère naturelle? C'est un problème, finalement,
qui est presque ontologique. Il l'est particulièrement pour ceux qui
visent à retrouver leurs parents naturels. Il y a un investissement
affectif dans ce domaine qui est peu commun et qui rend ce problème,
encore une fois, très difficile et très délicat.
Deuxièmement, il y a un problème très concret qui
se pose au Québec quant à cela; la variété de la
documentation quand à l'origine biologique d'un enfant naturel qui a
été donné en adoption dans les années cinquante ou
soixante. Il y a des registres d'état civil à partir des
naissances dans les hôpitaux, à partir des paroisses; il y a des
médecins qui ont été impliqués dans cela dans les
années cinquante. Il faut se rappeler ce qu'était l'univers
culturel auquel on avait affaire et où, finalement, il est très
difficile, dans certains dossiers, de retracer l'origine précise d'une
personne. On voit le genre de situation qu'il faudrait éviter et on me
dit que c'est déjà arrivé - bien que je n'aie pas vu de
document - qu'une enfant naturelle retrouve sa mère naturelle, qu'elles
échangent, sont heureuses de se revoir, pour apprendre deux mois plus
tard qu'elles ne sont pas mère et fille. Il y avait eu un
problème de registre d'état civil parce que le frère Untel
ou le père Untel, qui s'occupait de ces problèmes pour une
certaine partie de la société où on trouvait qu'être
enceinte sans être mariée était une chose qu'il fallait
cacher et on envoyait cette jeune femme à Sept-Îles ou ailleurs
pour qu'elle accouche et ensuite réintègre la
société, comme si de rien n'avait été, le
père Untel ou le frère Untel ou la soeur Unetelle ou le Dr Untel,
dis-je, avait mis cela sur un petit bout de papier dans ses poches en se disant
que peut-être, dans quinze ans, si quelqu'un le demande... Mais il est
décédé et on ne sait pas où c'est. Il y a cela
aussi qui est très réel. On ne peut pas jouer avec des choses
aussi importantes que celles-là, on ne peut pas ignorer que ce sont des
facteurs extrêmement troublants et importants.
Le Code civil, à l'article 631, dit: "Les dossiers judiciaires et
administratifs ayant trait à l'adoption d'un enfant sont confidentiels
et aucun des renseignements qu'ils contiennent ne peut être
révélé, si ce n'est pour se conformer à la loi.
"Toutefois, le tribunal peut permettre la consultation d'un dossier d'adoption
à des fins d'étude, d'enseignements, de recherche ou
d'enquête publique, pourvu que soit respecté l'anonymat de
l'enfant, des parents et de l'adoptant."
Par ailleurs, à l'article 632, on dit: "L'adopté majeur a
le droit d'obtenir les renseignements lui permettant de trouver ses parents, si
ces derniers y ont préalablement consenti. "Il en va de même des
parents d'un enfant adopté, si ce dernier, devenu majeur, y a
préalablement consenti. "Ces consentements ne doivent faire l'objet
d'aucune sollicitation." Or, le juge Sirois dans la cause dont on parle, a
choisi, dans la sagesse du tribunal, d'interpréter le mot
"sollicitation" de façon restrictive en disant que toute forme de
démarche par le centre de services sociaux qui visait à se
renseigner auprès de la mère pour savoir si elle était
prête à donner ce consentement devait être
considérée comme une forme de sollication. C'est cette cause qui
en ce moment fait l'objet d'un appel. Cela aura l'effet, à toutes fins
utiles, si jamais le jugement final qui intervient dans cette cause est de
confirmer l'interprétation du juge Sirois, de dire: Toute forme de
démarche individualisée par les CSS pour retracer les parents
naturels ou la mère naturelle, en pratique, va à l'encontre des
dispositions de l'article 632 du Code civil.
Cependant, à nos yeux il y a une ouverture possible. D'abord,
quant à l'avenir, dans la mesure où nous pouvons, bien que ces
cas soient très rares... De la même façon que, socialement,
une femme qui portait un enfant alors qu'elle n'avait pas de statut marital,
s'en allait quelque part de façon très discrète terminer
sa grossesse et, parfois, remettait son enfant à l'adoption, de la
même façon, aujourd'hui, on a plutôt tendance à
considérer, à voir que c'est le contraire. Il y a des
mères qui n'ont pas le statut marital et qui désirent, dans la
majorité des cas, et je ne pense pas me tromper, garder leur enfant. Les
problèmes qui en découlent sont d'une autre nature. La filiation,
en tout cas, ne fera pas de problème. (17 heures)
Il y a donc pour l'avenir la possibilité, quand cela arrive, et
encore une fois cela n'arrive pas souvent, qu'on demande à la
mère de consentir initialement que quand l'enfant qu'elle donne pour
adoption aura atteint la majorité, l'on puisse auprès d'elle
faire des démarches. Donc, dans la mesure où le Code civil
resterait ce qu'il est et dans la mesure où le jugement final à
intervenir confirmerait l'approche du juge Sirois, cela viserait à
régler la notion de consentement qu'on retrouve au premier paragraphe de
l'article 632.
Quant au présent, cependant, c'est-à-dire ces quelques
centaines d'enfants naturels et, à l'occasion, de parents naturels qui
ont exprimé le désir de retracer leurs origines ou leur
progéniture, dans l'immédiat, la seule ouverture que je vois,
c'est la possibilité, sur une base confidentielle encore une fois,
à travers un ou des CSS, mais possiblement pas tous les CSS du
Québec, car cela demanderait des énergies trop
considérables, de créer une banque de consentements, dans la
mesure où nous savons qu'il y a au Québec, en ce moment, 2738
personnes qui ont donné leur nom et qui sont des personnes
adoptées en recherche de filiation et 631 parents biologiques qui sont
en recherche de leur enfant, dans la mesure où on peut, encore une fois,
de façon anonyme, sans qu'il y ait autre chose que l'offre aux
personnes
de s'inscrire à un registre, dans la mesure où on peut
faire deux listes et faire l'appariement de ces listes, en étant
conscient, cependant, qu'il y aura aussi des difficultés
d'identification au niveau des registres et du reste et d'entourer cela de
toutes les précautions nécessaires, aussi d'accompagner cela d'un
service disponible d'aide psychologique chez ces gens-là, parce que
c'est une expérience parfois traumatisante ce type de retrouvailles,
même si la télévision ne nous en présente que les
beaux côtés.
J'ai vu récemment, puisqu'il m'arrive le soir, en arrivant chez
moi, de regarder l'émission de Ted Koppel à ABC, un débat
extrêmement important entre une mère naturelle qui avait
été retrouvée par sa fille naturelle. On demandait
à ces deux personnes, devant 30 000 000 de
téléspectateurs, de partager avec les gens leurs émotions
et leurs sentiments. La jeune femme, ayant retrouvé sa mère, se
disait satisfaite d'avoir vu qui était sa mère et d'avoir
échangé avec elle, continuant sa vie comme si de rien
n'était, et la mère, elle, de son côté, expliquant
qu'elle était incapable de répondre à la question,
à savoir si elle était heureuse qu'on l'ait retracée
après tant d'années. Celles-là ne se font peut-être
pas entendre comme ceux qui revendiquent de retrouver ou leur
progéniture ou leur mère naturelle. Cela reste un problème
extrêmement délicat. Dans la mesure où il y a des
consentements réciproques et dans la mesure où la loi
jusqu'à maintenant présuppose, à cause de
l'interprétation du juge Sirois, qu'il n'y a pas de sollicitation
même discrète possible, je pense que la seule voie qui s'ouvre
devant nous, c'est de créer une banque de consentements.
Le Président (M. Gagnon): Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est seulement pour convenir
là-dessus. Si le jugement était maintenu, puisqu'ils sont
allés en appel, vous ne considéreriez pas de réviser le
Code civil à ce moment-là?
M. Johnson (Anjou): À ce stade-ci, non. Je pense qu'il y a
une avenue possible à court terme sur laquelle nous travaillons au
ministère, à la demande de Mme Gervais et de ses collaborateurs.
Ils ont travaillé très fort avec le centre de services sociaux du
Montréal métropolitain, en particulier, et celui de Québec
aussi, je crois, avec des gens qui ont de l'expertise dans ce domaine. Ils sont
arrivés à cette proposition de créer une banque de
consentements. Nous sommes en train d'analyser les implications administratives
et financières de cela et nous sommes prêts à travailler
dans cette direction.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Cette question, c'est un problème
délicat qui concerne des milliers de personnes. Je ne voudrais pas, cet
après-midi, plaider sur le fond. C'est un débat récent
dans notre société, mais il n'est pas que nord-américain.
Je pense particulièrement au débat qui s'est tenu en Angleterre
et qui a résulté en l'adoption d'une loi en 1976. Il demeure que
ce débat récent n'a permis ni aux adoptés ni aux parents
biologiques ni aux parents naturels d'être, je dirais,
adéquatement représentés lors des travaux de la commission
parlementaire qui étudiait la réforme du Code civil, faute
d'organisation adéquate à ce moment-là.
Il est évident que, quand le ministre parlait d'un choix lucide,
je pense qu'il faut tempérer ses propos. Il faut savoir qu'un certain
ordre social a prévalu qui offrait, en contrepartie du silence, de la
honte et du secret, la sauvegarde de l'honneur. C'est un peu face à ce
problème que se retrouvent des centaines de personnes - on me dit 200
000 personnes - qui ont connu l'adoption depuis la deuxième guerre au
Québec. Si on désire que les personnes concernées se
fassent entendre, je pense qu'il serait très opportun qu'on puisse avoir
une commission parlementaire pour aborder l'ensemble du dossier. Je sais que -
Mme Gervais a pu participer à Québec et j'ai eu l'occasion de le
faire à Montréal - ce dossier est très chargé
émotivement. J'ai assisté à des témoignages
éloquents et très dramatiques. Mais il demeure que plusieurs
d'entre eux ont l'impression que justice ne leur a pas été faite
parce qu'ils n'ont pas pu se faire entendre. Je pense que, fondamentalement,
indépendamment de l'opinion qu'on peut en avoir, parce qu'il y a
effectivement un conflit de droit, il y a lieu de permettre aux personnes
concernées de se faire entendre. Dans ce sens, je souhaite la tenue
d'une commission parlementaire pour examiner l'ensemble du dossier.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ferai deux
remarques à l'égard des propos de la députée de
Maisonneuve-Rosemont... Pardon, la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ...
M. Johnson (Anjou): C'est une vieille obsession. D'une part, je
dois, malgré le jugement sur la sociologie des années cinquante
au Québec, présumer que le choix
a été lucide, même si je sais que, dans certains
cas, c'étaient des forces sociales importantes qui agissaient sur ces
femmes sans statut marital qui étaient enceintes, mais je ne peux pas
présumer qu'il n'y avait pas de choix lucide.
Deuxièmement, s'il est vrai que, depuis 40 ans, au Québec,
il y a eu 200 000 adoptions, ce n'est pas vrai qu'il y a 200 000 personnes qui
ont ce problème. Les personnes qui recherchent l'identité de leur
mère ou de leur enfant naturel, je dirai qu'il y en a au total 3369,
dont 81% sont des enfants à la recherche du parent naturel et 18%, ou
à peu près, dans le sens contraire.
Troisièmement, s'il est vrai que les gens peuvent se faire
entendre, je pose simplement la problématique suivante à la
députée de Maisonneuve: La mère qui, en 1955, avait un
enfant subissait un certain ostracisme social. Elle a dû terminer sa
grossesse à Sept-Îles, dans la Beauce ou ailleurs et a
donné naissance à un enfant qui a été, par la
suite, adopté et elle a peut-être aussi choisi de refaire sa vie.
Il est aussi possible qu'elle n'ait parlé de cet événement
difficile de sa vie à personne, y compris son nouveau conjoint et ses
nouveaux enfants. Je ne pense pas que ces dizaines de cas, pour ne pas dire ces
centaines et peut-être ces milliers de cas, soient des personnes qui
viendraient s'installer à la barre ici pour expliquer qu'elles ne
veulent pas en entendre parler pour la raison qu'elles ont choisie, à ce
moment-là. Je ne connais pas d'organisation de mères naturelles
qui ont refait leur vie, qui se sont formées en association et en
organisme sans but lucratif dont le but est de dire: On ne veut plus en
entendre parler. Si on veut que la loi s'applique comme elle est là,
c'est un peu normal parce que ce qui les amène à être
opposées à cela c'est précisément le fait, que pour
elles, c'est une partie de leur vie et elles ne veulent pas que ce soit l'objet
d'un étalement, si privé soit-il dans certains cas.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que la députée de
Maisonneuve demande.
M. Johnson (Anjou): Je dis simplement qu'il est très clair
que ce sont celles qui revendiquent au nom des retrouvailles qui se font
entendre. Ce ne sont pas les autres. Par définition, les autres ne se
font pas entendre. C'est pour cela que les autres, peut-être très
discrètement, et je pense particulièrement aux femmes qui ont,
dans la majorité des cas, dépassé la quarantaine, beaucoup
de ces femmes ont choisi et sont satisfaites de l'état de la loi. Elles
ne viendront sûrement pas nous l'expliquer ici en avant. Je pense que
cela est une réalité dont on n'a pas le droit de ne pas tenir
compte.
La dernière dimension que je vais évoquer avant de parler
du rôle du secrétariat, c'est aussi les "clusters", les
agglomérations finalement assez petites de filiation dans le
Québec rural des années cinquante, et où, à
Saint-Anicet ou bien à Sainte-Christine de Bagot, peut-être que 20
ans après, cela serait un facteur de perturbation sociale et familiale
considérable pour ces personnes. On n'a pas le droit, encore une fois,
de ne pas penser à toutes ces dimensions. Je suis sûr que la
députée de Maisonneuve y pense également, même si
elle n'a pas été explicite puisqu'elle parlait d'un autre
aspect.
Finalement, une des raisons pour lesquelles nous avons mis sur pied l'an
dernier le secrétariat à l'adoption, c'est pour fouiller toute
cette problématique. Plutôt que de le faire dans un contexte, avec
tout le respect que j'ai pour les institutions parlementaires, même s'il
y en a une qui en prend une claque de ce temps-ci au salon rouge - je pense que
le savant juriste, le député de D'Arcy McGee, sait ce que je veux
dire - en dépit de tout le respect que j'ai pour nos institutions
parlementaires, il m'apparaît qu'une bonne partie du travail qu'il y a
à faire autour de cette délicate question doit être faite
avec beaucoup de doigté, de réserve et de discrétion.
À mon avis, le secrétariat à l'adoption, compte tenu de sa
composition et des personnes qui y ont des responsabilités, a tous les
attributs, je pense, pour faire progresser ce dossier. Il l'a
déjà fait progresser en moins de six mois en nous
suggérant une formule de banque de consentements. Je pense que c'est
déjà là un pas extrêmement important.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je ne veux pas
amplifier la volonté que peuvent avoir des adoptés ou des parents
biologiques de se retrouver, mais je ne veux pas qu'on la minimise non plus. Il
reste qu'elle va en s'amplifiant, en fait. Les demandes qui sont
adressées dans les centres de services sociaux le prouvent bien. Je ne
pense pas que ces demandes vont se tarir rapidement. Je pense au contraire
qu'on peut présumer qu'elles aumgenteront.
Par ailleurs, les conflits de droit, je pense que c'est au
législateur qu'il appartient d'arbitrer ces conflits. Il reste que je
souhaite que le ministre puisse, à l'occasion, rencontrer des personnes
qui ont été celles précisément dont il
décrivait la situation. Je pense particulièrement à une
dame très âgée qui est venue avec son mari me rencontrer et
qui espère, avant la fin de ses jours, pouvoir retrouver son enfant
qu'elle a eu à l'âge de treize ans. (17 h 15)
Il y a des situations qui sont extrêmement dramatiques. Il reste
que la problématique du droit aux origines s'est
développée partout, en fait, dans les sociétés
occidentales. Que ces personnes puissent faire valoir leurs vues, le
législateur aura à arbitrer. Je ne pense pas que les personnes
soient un empêchement parce qu'elles peuvent être
représentées par les associations représentatives. Par
ailleurs, la revendication sur le fond demeure de faciliter le consentement.
J'aurais souhaité, moi, un moratoire sur les dispositions 631, 632. Cela
aurait permis d'explorer plus à fond cette question qui ne l'a pas
été, en fait. Mais, puisque ça n'a pas été
le cas, puisqu'on a à vivre avec des dispositions qui rendent plus
difficile plutôt qu'elles ne facilitent l'obtention du consentement par
ce qui est en cause, alors, il faut quand même se le dire: la Commission
des droits de la personne recommande, dans son mémoire, qu'une fois
l'entrée en vigueur de la loi, toute personne adoptée puisse
connaître son état civil, mais qu'antérieurement à
la mise en vigueur de la loi, il soit nécessaire d'obtenir le
consentement et que ce consentement soit facilité par les dispositions
de la loi et par, également, les services sociaux.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez une réponse?
M. Johnson (Anjou): Une dernière remarque sur la
législation étrangère. C'est vrai que la Grande-Bretagne a
adopté une loi qui, d'une part, ne donne l'accès aux dossiers de
filiation qu'aux adoptés, c'est-à-dire aux enfants et non pas aux
parents et que, d'autre part, la pratique sociale est très restrictive,
c'est-à-dire que, si l'adopté recherche sa filiation naturelle,
il y a une évaluation qui est faite de son cas. Si l'on considère
qu'il y a, chez cette personne, des problèmes d'une autre nature, comme,
par exemple, des problèmes relevant du domaine social ou sur le plan du
comportement psychosocial, des faiblesses de type névrotique ou
psychotique, cet accès est interdit. Il y a donc une pratique sociale
restrictive dans l'application de cette loi et une multiplicité
d'interventions de l'appareil. Donc, on n'a pas libéralisé autant
que cela en Grande-Bretagne, même si c'est nettement supérieur
à ce qui existe au Québec en termes de sollicitation.
Mme Harel: Très concrètement, la loi anglaise
prévoit que l'adopté doit se soumettre à une entrevue
préalable avec un travailleur social avant de recevoir une copie de son
certificat de naissance original. Mais il reçoit copie sans avoir eu
besoin, je pense, du consentement, en ce qui concerne l'Angleterre. Je souhaite
simplement que vous soyez aussi sensible, M. le ministre, puisqu'il s'agit
là d'un conflit de droit, au droit des parents et des enfants qui
veulent se retrouver.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre a fait
état de beaucoup de problèmes possibles, à savoir dans
quelles conditions les adoptions s'étaient faites. Je me souviens, moi,
des années cinquante - je ne suis pas de l'après-guerre - et,
évidemment, de tous les tabous et de tout ce qui entourait ce qu'on
appelait à ce moment-là la grossesse illégitime; je pense
que c'est comme ça que ça s'appelait.
Je me permets de donner un témoignage. Je suis allée, un
peu par je ne sais quel hasard, à une émission de
Radio-Québec, il y a quinze jours ou trois semaines, peu importe,
où je me suis retrouvée la seule personne politique
présente alors qu'il devait y avoir des gens du côté du
gouvernement. C'était à Droit de parole. Il y avait là un
auditoire beaucoup plus important, ou plutôt une participation, parce que
c'est une table de participation, beaucoup plus grande qu'à
l'accoutumée. Ce qui m'a surtout frappée, cela a
été - dans le fond, celle qui se sentait probablement la plus
émotive dans tout cela, c'était moi -chez les gens directement
impliqués, non pas cette grande émotivité, mais
passablement de rationalité. Vous aviez là une table assez
diversifiée, composée, par exemple, de cette femme qui avait
probablement pas loin de 40 ans et qui disait: Moi, je ne veux pas les
retrouver, mes parents. Elle a donné ce témoignage. Je suis
heureuse. Mes parents adoptifs, ce sont mes parents. Je ne veux pas retrouver
mes parents. Je ne les cherche pas. Il y en avait d'autres qui,
évidemment, étaient à la recherche de leur enfant ou des
enfants à la recherche de leurs parents. Et il y avait aussi des
expériences vécues, avec l'aide du personnel des services
sociaux, qui avaient été extrêmement positives, où
vous aviez les parents adoptifs, la mère naturelle et l'enfant, enfin,
les trois parties étaient là.
Il y a une chose que je me suis dite en sortant - parce que je suis
entrée avec, évidemment, des préjugés ou des
appréhensions que vous avez exprimés - c'est que nous, on n'a
jamais vécu cette situation-là, en tout cas pour ma part, et je
ne pense pas que ce soit le cas du ministre non plus. Tout de même, leurs
demandes, si elles se font de bonne foi, si elles se font dans des conditions
acceptables, m'ont paru tout à fait légitimes. Je ne dis pas
qu'on va commencer une publicité monstre impliquant tout le monde, pour
se retrouver mais je me suis dit qu'il faudrait quand même trouver des
moyens ou un moyen, pour ceux qui le désirent, pour donner suite
à ces demandes
qui sont légitimes. Ce n'est quand même pas d'aller manger
son prochain. C'est vraiment un sentiment qui doit être très
profond chez ces personnes, je pense. Parfois, des gens, parce qu'ils ont des
problèmes, s'imaginent que, s'ils retrouvent leur mère naturelle,
cela va résoudre leurs problèmes. Enfin, il y a toute cette
théorie psychologique, mais il y avait là des gens pour qui cela
paraissait comme un désir légitime. Ce n'était absolument
pas névrotique. Enfin, il y a tous ces qualificatifs qu'on peut
utiliser. Le ministre dit qu'il y a 2000 cas d'enfants et 600 cas de
mères. Mais tous les chiffres qu'on a devant nous vont au-delà de
ces chiffres. Je pense que la Commission des droits de la personne
elle-même parle d'un chiffre de 6400 personnes - je l'ai sous les yeux -
qui ont envoyé au gouvernement une pétition en juin dernier.
Elles parlent, pour leur part, de 9000 membres dans leur association, si ma
mémoire est bonne.
Ce qui veut dire - là-dessus, je suis d'accord avec la
députée de Maisonneuve -qu'il ne s'agit pas d'un
événement isolé. Je pense que c'est un
événement qui va prendre de l'ampleur. Peut-être faut-il
lui permettre d'évoluer? Je pense aussi qu'il faut lui donner des
conditions pour qu'il puisse évoluer. Au départ, si on fait
abstraction de tous les tabous et de toutes ces choses, c'est quand même
une chose qui me paraît fort acceptable. La banque dont vous parlez peut
être un début de solution. Je pense qu'il ne faut pas minimiser le
problème et penser qu'on va l'enterrer ou qu'il va se dissoudre de
lui-même. L'angoisse ou le désir de ces personnes est très
ancré.
J'aurais peut-être espéré que - je ne veux pas
parler d'ouverture, parce que cela a quelque chose d'un peu négatif -
les orientations du gouvernement soient un peu plus ouvertes dans le domaine
des représentations de ces personnes, tout en tenant compte de toutes
les parties impliquées, parce qu'il y a trois parties impliquées.
Il y a aussi les parents adoptifs.
En tout cas, j'arrête ici mes propos, mais je trouve vraiment
dommage qu'il n'y ait pas eu un moratoire ou qu'on n'ait pas donné
l'occasion aux gens impliqués de se faire entendre.
La dernière question que je voudrais poser porte sur les
modifications qui ont été apportées aux lois sur
l'adoption. Est-ce que, du point de vue pratique, des choses se sont faites,
enfin, est-ce que l'application s'en fait facilement? Peut-être
pourriez-vous nous donner des statistiques sur le nombre d'adoptions qui ont
été faites l'an dernier et cette année? J'aurais une
question encore plus précise. On avait décidé, dans cette
Loi sur l'adoption, d'accorder une rémunération aux parents, aux
familles d'accueil qui prenaient en adoption leurs enfants...
M. Johnson (Anjou): Pour deux ans.
Mme Lavoie-Roux: ...pour deux ans. Combien ceci a-t-il
coûté? Combien de ces adoptions ont été finalement
complétées?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II y a eu, au 31 octobre 1982, 194 demandes,
dont 185 ont été acceptées, cinq refusées, trois
reportées parce que non admissibles au moment de la demande et une a
été retirée après sa présentation. Du
côté des enfants, 115 concernaient des garçons et 19 des
filles. Les enfants, dans 18% des cas, avaient 16 ou 17 ans. Dans 36% des cas,
ils avaient de 12 à 15 ans. Dans 32% des cas, ils avaient de 5 à
11 ans. Dans 12% des cas, ils avaient de 0 à 4 ans. Ce sont les
statistiques que j'ai là-dessus.
Quant au coût, le montant total du programme est de... C'est cela.
Il y a un côté un peu vénal quand on pense à cette
affaire-là. Parce que, en fin de compte, si on veut parler seulement de
chiffres, cela a l'air tellement froid, tellement déconnecté des
réalités bien plus fondamentales que ça. Il reste qu'en
pratique, les coûts encourus dans ce programme font, évidemment,
que cela coûte moins cher à l'État que si les enfants
continuent en familles d'accueil, puisque, lorsqu'ils sont en familles
d'accueil, ils reçoivent...
Mme Lavoie-Roux: Cela a été un facteur de
véritable incitation.
M. Johnson (Anjou): Oui, 194 demandes avec 185 cas, alors...
Finalement, ça normalise aussi la relation entre les enfants dans cette
famille, dans la mesure où ils ne deviennent pas des enfants pour
lesquels ils reçoivent tant de dollars par mois, etc., pendant deux ans.
On subventionne l'installation pour ce que cela vaut.
Mme Lavoie-Roux: Et quel est le nombre d'adoptions, en dehors de
ce programme-là, fait au Québec?
M. Johnson (Anjou): II y a relativement peu d'adoptions qui se
font au Québec. On n'a pas les données. C'est tellement... Il
faut en être conscient, c'est tellement marginal. 428
complétées. C'est pour cela que l'adoption internationale prend
autant...
Mme Lavoie-Roux: 428 complétées, incluant les
adoptions internationales et incluant ce groupe de 185 ou au-delà de ces
groupes-là?
Au total.
M. Johnson (Anjou): Au total.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Seulement une petite question. La nouvelle Loi sur
l'adoption est entrée en vigueur le premier décembre. À
mon bureau d'avocats, on fait des requêtes pour adoptions. Depuis le
premier décembre, on a eu beaucoup de problèmes avec le Tribunal
de la jeunesse parce qu'on ne sait pas ce qu'on doit faire, quelles sortes de
requêtes. Est-ce qu'il y a déjà des jugements? Parce que,
maintenant, il y a une requête pour fins de placement et une
requête pour fins d'adoption. Il y a les deux maintenant. Est-ce qu'on a
des jugements depuis le premier décembre?
M. Johnson (Anjou): II y a des jugements depuis le premier
décembre. De toute façon, quand ce sont des avocats de pratique
privée ou des centres de services sociaux, ils peuvent s'adresser
à nous pour obtenir des renseignements. Il y a une avocate chez nous qui
s'occupe de l'information.
M. Blank: Mais ce n'est pas plus accessible. On essaie d'avoir de
l'information de la cour et la cour dit: C'est vous qui êtes des avocats.
À moi, on dit: C'est vous qui faites les lois. Arrangez-vous!
M. Johnson (Anjou): Ils ne vous ont pas encore dit de nous
appeler.
M. Blank: Non, pas du tout.
M. Johnson (Anjou): Cela m'étonne.
M. Blank: Oui, mais c'est vrai. On a du mal à avoir de
l'information du Tribunal de la jeunesse de Bellechasse. On a de l'information
du Tribunal de la jeunesse de Longueuil. Là, on nous a donné un
peu d'information. Je pense que le ministre devrait au moins donner aux avocats
le nom de cette personne chez vous qui peut donner de l'information, parce que
c'est tout un mélange. On ne sait pas. Je pense que le
député de D'Arcy McGee était ici lorsqu'on a voté
la loi, la loi 89, où on a changé la Loi sur l'adoption. C'est
très difficile à comprendre sur le côté des
procédures. Je ne parle pas pour les profanes. Je parle pour les
avocats, à ce moment-ci.
M. Johnson (Anjou): C'est ça. Alors, M. le
Président, je suis fort tenté de faire le commentaire suivant.
Donc, je le ferai. D'une part, nous avons publié, grâce au travail
du secrétariat à l'adoption, ce petit document destiné aux
profanes, pour les gens qui n'ont pas le privilège d'être le
député-avocat de Saint-Louis. J'aurais tendance à...
M. Blank: Oui, mais...
M. Johnson (Anjou): J'aurais tendance à...
M. Blank: Ce n'est pas ce dont je parle, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui, je dis ça en toute bonhomie
à l'égard de notre collègue.
M. Blank: Ce n'est pas de cela que je parle. Tout ça, on
le comprend.
M. Johnson (Anjou): Vous parlez finalement de
l'interprétation et de l'utilisation des requêtes.
M. Blank: L'interprétation, non; on demande à qui
on doit signifier cette requête.
M. Johnson (Anjou): Alors?
M. Blank: On ne sait pas à qui on doit la signifier. Qui
doit-on aviser, qui doit signer? On ne le sait pas.
M. Johnson (Anjou): Alors?
M. Blank: Ce n'est pas dans votre document.
M. Johnson (Anjou): Ce que je suggérerais à notre
collègue... D'abord, je ferai un premier commentaire. C'est la mise en
vigueur progressive d'une réforme sur le droit des personnes dans le
Code civil. Je présume qu'en 1866, quand ils l'ont adopté et
qu'ils ont fait l'équivalent plus ou moins de ce qu'on a fait au
chapitre des personnes, cela a dû prendre un certain nombre de mois ou
d'années avant que les gens se débrouillent dans
l'interprétation des mots et de la procédure et qu'en fin de
compte, le ministère de la Justice a beau émettre des opinions et
des formulaires, le barreau, habituellement, publie, à un moment
donné, l'équivalent d'un vade-mecum pour les... Je
suggérerais que Me Blank fasse des pressions auprès du barreau
pour qu'il l'inclue dans le prochain vade-mecum ou chez Wilson Lafleur.
Finalement, ce sont les tribunaux qui tranchent. Il existe...
M. Blank: II va nous falloir le nom de cette avocate.
M. Johnson (Anjou): On me dit que Me Jean-Pierre
Sénécal et Me Andrée Ruffo ont donné deux cours au
barreau récemment sur cette question. (17 h 30)
Le Président (M. Gagnon): D'autres questions sur le
même sujet? Merci, Mme Gervais. Est-ce qu'on continue le programme
9 ou si on revient au programme... M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Juste parce que j'ai peut-être induit
nos collègues en erreur tout à l'heure. L'an dernier, il y a eu
592 adoptions "régulières". Il y a eu des adoptions
"spéciales", c'est-à-dire les nouveaux conjoints ou le cas des
familles d'accueil, etc.
Mme Lavoie-Roux: Combien y a-t-il de nouveaux conjoints?
M. Johnson (Anjou): J'ai adoptions "spéciales"
globalement, c'est-à-dire tout sauf internationales et
régulières; donc, c'est nouveaux conjoints et familles d'accueil,
un total de 1488.
Mme Lavoie-Roux: II y a les nouveaux conjoints dans cela.
M. Johnson (Anjou): Mais les nouveaux conjoints, c'est
très important.
Mme Lavoie-Roux: Cela doit modifier passablement.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que c'est très
important comme quantité, mais je n'ai pas la ventilation.
Internationales, c'est 241.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, juste une précision, je
n'étais pas le porte-parole de l'Opposition quand on a adopté ce
projet de loi, c'était le député de Saint-Laurent. Je
m'excuse, je ne suis pas au courant comme je le devrais.
M. Johnson (Anjou): Vous, vous avez une excuse.
M. Marx: Même quand je suis le porte-parole pour certains
projets de loi, malheureusement, le gouvernement ne nous écoute pas;
même quand il écoute, il fait des erreurs. Cela est un autre
problème.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee.
Maintenant, est-ce qu'on continue le programme 9 ou si on revient au
programme...
Mme Lavoie-Roux: On s'en va dans les ambulances.
Le Président (M. Gagnon): On s'en va en ambulance!
Merci, Mme Gervais.
Mme Lavoie-Roux: ...dans coordination régionale.
Coordination régionale et nationale
Une voix: Cela vous garde réveillé, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, nous avons avec nous
M. Marcoux, qui est directeur général du Conseil régional
de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain, et M. Lefebvre, qui est directeur du Centre de
coordination des Urgences-santé de Montréal. S'il y a des
questions.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ma première question est davantage au
ministre. Je suis heureuse que vous soyez ici, je ne vous avais pas
invités particulièrement, alors vous allez me permettre de poser
une question au ministre. La CUM vient de prendre sa décision sur les
services ambulanciers. Est-il dans les intentions du ministre - cela peut
être aussi pour l'Urgence-santé - de continuer d'utiliser les
services de ses ambulances pour une période donnée? Est-ce que
l'Urgence-santé de Montréal serait prête à tout
assumer et à dire que demain les ambulanciers ne remplissent aucune
fonction sur l'île de Montréal?
M. Johnson (Anjou): Dans la mesure où la communauté
urbaine prend ses décisions, et ses décisions lui appartiennent
à l'égard des services policiers, on regarde ce que dit la loi et
les obligations qui nous sont imposées. Nous avons une double
obligation: d'une part, d'assurer le service du transport ambulancier à
Montréal, deuxièmement de s'assurer qu'il est fait dans un
contexte qui soit adéquat et reconnu comme tel. Si la communauté
urbaine décide qu'il y aura retrait progressif, total ou partiel des
services ambulanciers, ce que nous voulons, c'est collaborer avec les
autorités de la communauté urbaine pour assurer aux citoyens des
services de qualité dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Actuellement, est-ce qu'il y a des contacts
entre la CUM et la coordination des Urgences-santé pour qu'il y
ait...
M. Johnson (Anjou): Un retrait progressif.
Mme Lavoie-Roux: ...un retrait
progressif des services de la CUM? Ou encore, est-ce que
l'Urgence-santé nous dit: Non, nous, il n'y a pas de problème?
Ils peuvent partir demain matin et on couvre tout avec autant
d'efficacité, etc. C'est cela le problème.
M. Johnson (Anjou): Nous n'exigeons pas le retrait, qu'il soit
progressif ou immédiat; on dit simplement qu'on peut vivre avec la
décision de la CUM, quelle qu'elle soit. Si c'est progressif parce que
la CUM choisit que ce soit progressif, on veut être capable de s'entendre
quant au nombre, quant aux disponibilités, parce qu'il faut contracter
dans le secteur privé avec des ambulances en termes de
disponibilité pour en assurer une quantité adéquate sur le
territoire. Alors, ce n'est pas nous qui déterminons cela; ce n'est pas
nous qui avons des exigences au niveau du retrait ou de la forme du
retrait.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez vous adapter...
M. Johnson (Anjou): Voilà! À la situation.
Mme Lavoie-Roux: Et vous pouvez vous adapter du jour au
lendemain?
M. Johnson (Anjou): Nous pouvons nous adapter, dans la mesure
où ce dossier est dans les airs depuis un certain temps. Je peux vous
dire, pour avoir reçu des documents de la direction du CCUS et du
conseil régional, que déjà des simulations ont
été faites, des hypothèses sont là selon un cas ou
l'autre, à la fois au niveau de l'évaluation de la
quantité d'ambulances nécessaires, de la disponibilité et
financièrement, ce que cela représenterait.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est l'opinion du directeur du
service?
M. Johnson (Anjou): Oui. On a des rencontres avec les
autorités policières de la ville de Montréal qui ne datent
pas du fait que des ambulances doivent être retirées ou non, mais
qui datent du fait qu'elles existaient depuis une quinzaine d'années.
Donc, on a déjà des contacts avec eux depuis le début de
l'existence d'Urgence-santé. On n'en est pas à nos premiers
contacts avec les autorités policières dans ce sens. On a aussi
des contacts avec les autorités policières sur un modus vivendi
acceptable pour les deux parties en termes de retrait progressif des ambulances
de la police. Par ailleurs, si, pour une raison ou pour une autre, il devait ne
pas y avoir d'ambulances de la police demain matin, que ce soit à cause
de la décision de la communauté urbaine ou parce qu'il y a une
grève, ou parce qu'il y a autre chose, on s'est toujours dit qu'à
la limite, il faudrait faire la "job" quand même, si vous me permettez
l'expression, on n'aurait pas le choix. En ce sens, s'il n'y en a pas demain
matin, on peut le faire. On ne dit pas que c'est sans difficulté, mais
on peut le faire. Par exemple, on va toujours accorder priorité aux
urgences, quelles qu'elles soient. On peut s'entendre avec l'ensemble des
établissements de la région métropolitaine, parce qu'on
effectue les transferts interétablissements pour des fins diagnostiques,
pour retarder les horaires de transfert interétablissements pour
accorder priorité au remplacement de la police. Or, sur le plan des
urgences, on pourrait très bien faire le travail. Notre
préférence va sans doute au fait qu'on aimerait mieux un
démantèlement harmonieux sur une période, au minimum, de
quelques mois. Mais s'ils n'étaient pas là demain matin, on
pourrait répondre.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la proportion ou la ventilation du
transport en ambulance que vous faites, relativement au transport
interétablissements et aux urgences?
M. Johnson (Anjou): Sur une base quotidienne, il se fait à
Montréal, excluant les transports de la police, entre 425 et 450
transports ambulanciers. Environ 125 à 135 de ces transports
ambulanciers sont pour l'urgence, c'est-à-dire du domicile vers un
établissement; le reste, c'est du transfert interétablissements,
que ce soit pour des fins diagnostiques...
Mme Lavoie-Roux: La majorité alors.
M. Johnson (Anjou): La majorité, oui. La majeure partie,
ce sont des transports interétablissements.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous des statistiques sur le nombre
d'appels auxquels vous répondez? Il n'y a pas quelque chose qu'on
pourrait nous remettre? On n'a absolument rien.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Avec le rapport annuel, il y aura
des statistiques. J'en ai quelques-unes dans le cadre de la préparation
de la commission parlementaire, mais il y aura une étude assez
exhaustive qui sera rendue publique...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela s'est stabilisé? Est-ce
que c'est allé en augmentant ou en diminuant? Qu'est-ce que cela a
fait?
M. Johnson (Anjou): Si vous voulez, le nombre d'appels total sur
une base annuelle est d'environ 280 000 appels téléphoniques. Sur
les 280 000 appels téléphoniques,
quotidiennement, et cela est stable depuis un an et demi, peu importe le
nombre de détresses médicales, le nombre d'urgences est quasi
invariable depuis un an et demi. Ce n'est pas parce qu'on a plus d'appels qu'il
y a plus de détresse. C'est que les gens ne vivent plus en situation
d'urgence. Le nombre d'envois médicaux quotidiennement est entre 150 et
175. Ce nombre est stable depuis un an et demi. Donc, la moyenne quotidienne
d'envois de médecins est d'environ 148.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a eu une progression - parce que
vous avez quand même une existence relativement courte, c'est même
difficile de comparer deux ans -mensuelle ou si cela s'équivaut?
M. Johnson (Anjou): Cela s'équivaut. On peut vous donner
un relevé quasi mensuel...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On attendra le rapport annuel pour
cela.
M. Johnson (Anjou): ...sur le nombre d'envois de
médecins.
Mme Lavoie-Roux: Au point de vue du coût, on en avait
discuté, on s'était dit: Est-ce que cela coûtera moins cher
ou plus cher? Est-ce que vous êtes capable d'évaluer cela?
M. Johnson (Anjou): Oui, je pense qu'on peut dire que les... Cela
non plus, ce n'est pas exactement pour des cacahuètes. On parle quand
même, dans le cas des visites médicales d'urgence, de 5 500 000 $.
L'organisation même de la centrale, l'informatique, l'équipement,
le personnel considérable qui est là, la référence,
la grille d'analyse, le "screening" qui est fait par des infirmières
spécialisées, tout cela, au total, coûte environ 6 500 000
$. On parle d'environ 12 000 000 $ au total pour cette dimension de
l'opération.
Si on se réfère à ce que représentait la
croisssance des coûts des visites à domicile, avec seulement les
examens qui étaient facturés comme des examens d'urgence à
l'époque où il y avait un système privé... Cela
débordait quand même le territoire de Montréal, il faut
bien le voir. Il y avait SOS-Médecin, Urgence-Médic,
Laval-Médic...
Mme Lavoie-Roux: II y avait le sud et le nord.
M. Johnson (Anjou): Bon! Si on prenait le total de
Télé-Médic, SOS, Urgence-Laval, Urgence-Médic...
Disons qu'en 1980, pour Laval-Médic et Urgence-Médic, ce qui
était essentiellement la grande région métropolitaine, il
y avait pour 10 000 000 $ d'examens dits d'urgence et 26 000 000 $ d'examens
non urgents. En fait, la croissance qu'on peut voir est beaucoup plus
exprimée en termes de croissance relative des coûts dans le
domaine de ce qui était qualifié d'urgent ou à domicile et
dans un contexte d'appels téléphoniques. La croissance des
coûts est passée, en 1976, de 11% qui étaient des examens
d'urgence à 60%, en 1981, des examens dits d'urgence. Ce qui est
intéressant, c'est que, après un an de fonctionnement au CCUS, on
nous dit: Les cas de détresse, à toutes fins utiles, se sont
stabilisés. Pourtant, si on s'était strictement fié au
code de facturation de la Régie de l'assurance-maladie, les cas de
détresse augmentaient de 30% par année. Il y a quand même
là, globalement, c'est très clair, même si ces choses sont
difficiles à ventiler sur le plan budgétaire, l'atteinte d'un
objectif parmi d'autres. Mais l'objectif de base était, à
même les ressources qu'on avait, d'assurer à la région
métropolitaine une bonne coordination à la fois des ambulances et
des services médicaux d'urgence. Je pense que c'est acquis, sans compter
la dimension de l'analyse de ce qui se passe dans chacune des salles d'urgence
et évidemment la référence aux autres ressources, aux
ressources alternatives, à l'urgence de soir ou de nuit, par exemple,
pour les citoyens vers les cabinets privés ou les CLSC dans certains
cas.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: En ce qui concerne les coûts, vous avez dit que
c'étaient des transferts interétablissements qui formaient la
majorité des voyages. C'est cela, le transport par ambulance. J'ai une
question assez simple. Prenons deux hôpitaux, un dans mon comté et
un à l'extérieur de mon comté, disons un voyage de
l'hôpital Maïmonides de la Côte-Saint-Luc à
l'hôpital juif. Avant Urgence-santé, quel était le prix?
Quel est le prix maintenant?
M. Johnson (Anjou): L'avènement d'Urgence-santé n'a
rien changé.
M. Marx: Non, je veux seulement les coûts.
M. Johnson (Anjou): L'avènement d'Urgence-santé n'a
rien changé au coût d'un transport ambulancier. Les coûts
des transports ambulanciers sont décrétés par le
ministère des Affaires sociales. (17 h 45)
M. Marx: Oui, c'est cela, mais dites-moi...
M. Johnson (Anjou): ...on applique les coûts...
M. Marx: ...non, mais disons juste...
M. Johnson (Anjou): ...8 500 000 $. M. Marx: Non, je ne
veux pas cela.
M. Johnson (Anjou): Bien, vous voulez les coûts ou vous ne
les voulez pas?
M. Marx: Je vais me perdre dans les chiffres. Non, tout ce que je
veux savoir, M. le ministre, c'est très simple. Avant
l'Urgence-santé, il y avait la compagnie X et, quand l'hôpital
Maïmonides avait besoin d'une ambulance pour envoyer quelqu'un à
l'hôpital juif, on téléphonait à la compagnie X et
la compagnie X facturait tant de dollars pour le voyage. C'était avant
l'Urgence-santé. Maintenant, la compagnie X fait partie de
l'Urgence-santé et les gens font le même voyage. J'aimerais savoir
combien cela coûtait à l'hôpital avant Urgence-santé.
Combien cela coûte-t-il maintenant?
M. Johnson (Anjou): Au coût unitaire. M. Marx: Bien
oui, par voyage.
M. Johnson (Anjou): Au coût unitaire, c'est maintenant 64 $
du transport, plus 1,60 $ du kilomètre.
M. Marx: 60 $ plus 1 $.
M. Johnson (Anjou): 64 $.
M. Marx: Oui.
M. Johnson (Anjou): Plus 1,60 $ du kilomètre parcouru. Ce
qui est supérieur à ce que c'était avant
Urgence-santé. Il faut bien comprendre une chose. Avant
Urgence-santé...
M. Marx: ...combien cela était-il avant?
M. Johnson (Anjou): C'était 60 $; maintenant, c'est 64 $,
d'une part...
M. Marx: ...c'était beaucoup moins que cela des deux
hôpitaux...
M. Johnson (Anjou): ...dans certains cas...
M. Marx: ...qui avaient...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole...
M. Johnson (Anjou): ...si le député me permet de
répondre...
M. Marx: ...je ne veux pas avoir...
Le Président (M. Gagnon): ...je m'excuse, vous pourrez
revenir après. Il ne faudrait pas parler ensemble.
M. Marx: Je ne veux pas avoir la réponse sur tout ce qui
se passe à Montréal. Je veux une réponse à une
question simple; je veux une réponse à cette question, pas
à d'autres hypothèses que je n'ai pas soulevées.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je remarque le ton habituel du
député, M. le Président. Ce qu'évoque le
député de D'Arcy McGee, c'est qu'avant Urgence-santé, il y
avait une lutte de prix qui se faisait entre les compagnies, notamment parce
que la grande région de Montréal possède un bassin
d'ambulances qui faisait que, si on appliquait strictement la loi du
marché, il y avait effectivement une lutte de prix.
Le tarif officiel était de l'ordre d'à peu près 60
$, mais il y avait des ententes au niveau de chacun des établissements
qui faisaient qu'un monsieur de la compagnie Y qui connaissait tel
hôpital et qui faisait affaires avec lui depuis dix ans réglait
pour un volume de tant par année et il payait son monde au salaire
minimum, etc. C'est un fait et c'est difficile de faire des moyennes parce que
cela se négociait par établissement.
Le tarif qu'on a fixé maintenant nous permet de constater que,
globalement, dans le transport ambulancier, on ne dépense pas des sommes
astronomiques et supérieures, mais que la part qui aurait
été différente du marché, dans la mesure où
on pouvait présumer ce qu'aurait été le marché, est
imputable au fait que, maintenant, en étant dans Urgence-santé,
ils doivent assurer une disponibilité qu'ils n'étaient pas
obligés d'assurer avant. Donc, on ne peut pas comparer les deux
systèmes à cet égard, même si on peut comparer les
coûts. Si on compare les coûts, il faut comparer avec les
coûts globaux de ce que coûtaient la RAMQ, le transport
interétablissements, la disponibilité, les appels d'urgence et
les références. Si on compare des pommes avec des pommes et des
oranges avec des oranges, cela fait qu'on a un système qui fonctionne
bien, qui donne des services et où la progression des coûts n'a
rien à voir avec les 30% ou les 35% qu'on voyait antérieurement.
Il est nettement plus stable.
En fin de compte, on répond à la détresse, d'une
part, et on assure le transport interétablissements, ce qui permet aussi
d'avoir une stabilité de la disponibilité des entreprises
ambulancières qui, avant, étant soumises à la loi du
marché, nous annonçaient quelques jours à l'avance
qu'elles allaient fermer, qu'elles n'en faisaient plus parce que cela ne
marchait pas. Là, on a quelque chose de régulier,
planifié, constant,
à des coûts inférieurs à ce que nous
coûtait globalement l'ensemble de ces services. Je pense que la
réponse est claire. Si cela ne satisfait pas le député, je
vais tenter d'être plus clair après.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Peut-être que le ministre sera plus clair quand il
aura consulté ses fonctionnaires. Le ministre a parlé de lutte de
prix. On peut appeler cela aussi la concurrence libre dans un marché. Ce
n'est pas nécessairement une lutte de prix. Je reviens à ma
première question. Je pense qu'entre les hôpitaux que j'ai
mentionnés, avant Urgence-santé, le coût était
d'environ 30 $ à 35 $. Maintenant, si je me fie à la
réponse que M. Lefebvre a donnée, cela coûte environ 80 $
l'heure, c'est-à-dire que...
M. Johnson (Anjou): Plus le kilométrage.
M. Marx: ...plus le kilométrage, à peu près
10 kilomètres et...
Le Président (M. Gagnon): Allez, M. le
député. Vous répondrez après, M. le ministre.
M. Marx: Donc, avant, c'était 30 $ ou 35 $. Maintenant,
c'est 72 $.
J'aimerais souligner, M. le ministre, que les hôpitaux
étaient heureux du service qu'ils avaient avant. Si vous voulez
prétendre, quand vous dites que les compagnies ont fait faillite,
qu'elles n'ont pas offert le service, etc., j'aimerais avoir des exemples
précis, des compagnies précises qui n'ont pas fait l'affaire de
tel ou tel hôpital, etc. Je sais que les propriétaires des
compagnies d'ambulances sont très heureux aujourd'hui parce que, du jour
au lendemain, leurs taux ont doublé. Cela me rendrait heureux aussi.
M. Johnson (Anjou): Sauf que le volume a diminué. Les
compagnies qui demandaient entre 28 $ et 32 $ le voyage, en vertu des lois de
la concurrence dans le secteur de la santé - qui sont des choses assez
étrangères à notre système, malgré tout - se
rattrapaient sur le volume. Elles avaient plus de volume qu'elles n'en ont
maintenant. Donc, globalement, pour les contribuables qui sont impliqués
dans les coûts, comme c'était le cas avant, on a un transport
ambulancier qui ne coûte pas plus cher, une centrale de coordination des
urgences qui envoie des médecins et une centrale de coordination
d'urgence qui fait également la référence pour les
citoyens à un coût qui n'est pas plus élevé, y
compris le transport ambulancier.
M. Marx: M. le ministre, prenons un hôpital qui a fait tant
de transferts interétablissements. Je ne sais pas combien de milliers
par année. L'hôpital a payé tel montant d'argent.
Maintenant, le même hôpital, qui fait tant de transferts, double le
prix. Cela ne prend pas un génie pour trouver cette réponse. Vous
pouvez faire des grands discours, mais je pense que c'est cela. Supposons qu'on
prend...
Le Président (M. Gagnon): Vous êtes trop loin de
votre microphone. Nous avons de la difficulté à vous
entendre.
M. Marx: Je veux seulement que le ministre... Il est en train de
parler avec son fonctionnaire, c'est inutile de parler...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre est à parler...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le
député de D'Arcy McGee, cela lui vient tellement facilement qu'on
dirait qu'il fait exprès pour être
désagréable...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Ah! On proteste!
M. Marx: Pas avec mon ministre
préféré...
M. Johnson (Anjou): Dieu sait pourtant que la
députée de L'Acadie le connaît bien.
M. Marx: Non, mais le ministre des
Affaires sociales est mon ministre préféré.
Je ne ferais jamais cela, quel que soit le cas.
Le Président (M. Gagnon): Votre ministre
préféré avait la parole. On va lui laisser la parole. M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas sûr que je m'en flatte,
M. le Président. En fin de compte, le ministère recevait la
facture de l'hôpital. Il payait pour un montant qui était
supérieur à ce que l'hôpital payait. Le tarif inscrit aux
livres du ministère était de 60 $. La compagnie d'ambulance que
vous connaissez allait voir les gens du Jewish ou du Maïmonides ou
d'ailleurs, leur disait qu'elle leur ferait cela pour 33 $ et qu'elle se
débrouillerait sur le volume en en faisant un petit peu plus. Elle se
rattrapait. Elle se faisait une moyenne qui reviendrait à environ 40 $
l'unité, si on le transposait aujourd'hui, mais le ministère
recevait une facture de 60 $...
Mme Lavoie-Roux: De l'hôpital?
M. Johnson (Anjou): Voilà. Comme c'est un budget global,
comme l'hôpital payait
32 $, devinez ce qu'il faisait avec les 28 $ qui restaient? Il faisait
autre chose.
Mme Lavoie-Roux: II s'occupait du...
M. Johnson (Anjou): Alors, si l'hôpital a un
problème, ce n'est pas tellement parce que cela coûte plus cher
pour le transport ambulancier, c'est nous qui l'assumons maintenant. C'est
parce qu'il n'y a pas un surplus auquel, normalement, il n'aurait pas eu droit,
parce qu'on lui payait 60 $ du transport alors qu'en fait cela lui
coûtait moins cher. Mais, en fin de compte, pour les contribuables du
Québec, cela revient au même et on a un meilleur service. C'est
aussi simple que cela.
M. Marx: C'est incroyable de dire cela! De conclure ce que vous
avez conclu, c'est incroyable! Vous voulez dire que les hôpitaux ont mis
les 28 $ dans les vidanges...
Mme Lavoie-Roux: ...dans leurs poches...
M. Johnson (Anjou): Bien non! Ils l'ont mis dans la cagnotte du
budget global. Ils ne l'ont pas mis...
M. Marx: Ils ont fait quelque chose avec. Ils ont acheté
des choses...
M. Johnson (Anjou): Je n'en doute pas.
M. Marx: Ils ont donné un service. Ce n'était pas
un gaspillage d'argent.
M. Johnson (Anjou): Sauf que les hôpitaux n'assuraient pas
la disponibilité des ambulances pour les citoyens de Montréal.
Ils mettaient cela dans la recherche, dans l'urgence, dans les lits, dans autre
chose, sur toutes sortes de choses, évidemment, extrêmement
intéressantes. Je suis sûr que si, demain matin, on faisait un
chèque de 125 000 000 $ au Jewish, ces gens sauraient quoi faire avec.
Mais la question n'est pas là. La question est de savoir si,
globalement, la quantité de ressources qu'on contrôle donne le
type de services qu'on veut donner à l'ensemble des citoyens, comme
c'est la responsabilité de l'État en vertu du fait qu'il finance
98% du budget. C'est clair que, dans le budget global de l'hôpital, cela
créait une réserve flottante qu'il pouvait affecter à
d'autres besoins, d'autres développements, d'autres choses. Là,
il ne l'a plus, sauf qu'en échange, les citoyens de Montréal ont
maintenant un transport ambulancier qui a de l'allure.
M. Marx: Et les hôpitaux ont moins d'argent à
dépenser, si je suis votre raisonnement. Ils ont moins... Est-ce
que...
M. Johnson (Anjou): Au chapitre du transport ambulancier.
M. Marx: Mais ils ont moins d'argent parce que le
ministère a payé 60 $ ou 64 $ quand ils ont juste
dépensé 32 $. Il restait 30 $ ou 32 $ pour d'autres
dépenses. Ils n'ont pas gaspillé l'argent. S'ils ont
gaspillé l'argent, vous n'avez pas assez surveillé. Bon.
Avez-vous l'exemple d'un hôpital, prenez n'importe quel hôpital de
Montréal, qui a fait autant de transferts? J'aimerais avoir les chiffres
de l'hôpital Notre-Dame, des grands hôpitaux à
Montréal; j'aimerais savoir combien de transferts entre
établissements ils ont fait avant Urgence-santé et après.
J'aimerais avoir la comparaison des coûts. Moi, j'ai parlé
à un certain nombre de propriétaires de compagnies d'ambulances,
ils sont très heureux. Ils ont doublé leur profit du jour au
lendemain sans qu'ils en fassent la demande. C'est comme dans d'autres
domaines. Vous allez décider qu'ils vont acheter le pain; au lieu de
payer 1 $ le pain, ils vont l'acheter d'une autre façon, d'une autre
manière et ils vont payer 2 $. Le gars qui vend le pain sera
bienheureux. C'est la même chose avec les compagnies d'ambulances. Elles
ont doublé leurs tarifs du jour au lendemain.
Le Président (M. Gagnon): C'est la question, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je veux
répondre à la question. Moi, je recherche la cohérence
dans les critiques de l'Opposition. Je comprends qu'il arrive au
député de D'Arcy McGee ce qui lui arrive habituellement à
l'étude de nos crédits. Il y a des députés qui
viennent s'inscrire à la fin de la commission et qui ont manqué
le premier exposé de base.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement,
Mme la député de L'Acadie.
M. Marx: Je crois que je ne suis pas son député
préféré.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre s'il vous
plaît; Mme la député de L'Acadie sur une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je proteste. D'abord,
c'est le privilège de mes collègues d'être ici, et le
député de D'Arcy McGee tout particulièrement est
peut-être le
député de l'Assemblée nationale le plus conscient
des droits des personnes et de la communauté.
Le Président (M. Gagnon): Je vous ferai remarquer que ce
n'est pas une question de règlement.
M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne voulez pas que je soulève une
question de privilège?
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. le ministre, il vous reste un peu plus d'une minute.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'on a le consentement pour
terminer l'exposé du CCUS pour ne pas faire revenir les gens.
D'une part, il y a un problème de cohérence. On semble
nous reprocher - et que le député de D'Arcy McGee m'explique, si
j'ai mal compris - de garrocher l'argent par les fenêtres. Bon! Je veux
bien prendre cela dans mon carnet de notes que le député de
D'Arcy McGee dit qu'on garroche notre argent par les fenêtres; c'est
à 17 h 57, le 26. Je vais lui envoyer avec plaisir la transcription des
remarques préliminaires de la députée de L'Acadie, qui a
expliqué ce matin qu'on ne donnait pas assez d'argent aux gens.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr qu'ils vont concilier leurs
données et leurs perceptions.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit que vous le dépensiez mal. (18
heures)
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, le problème qui
se profile derrière les affirmations du député, à
mon avis, en plus d'ignorer un aspect important de la réalité des
besoins dits régionaux et des moyens qu'on se donne pour le
régler, ce n'est pas l'addition des intérêts de chacun des
hôpitaux qui fait que l'on répond à un besoin
régional, cela présuppose une forme de coordination. À mon
avis, l'exposé du député de D'Arcy McGee ignore
complètement cette dimension et elle est fondamentale pour
apprécier à la fois les coûts et l'efficacité du
système qu'on a là.
Ensuite, on nous parle du budget global. L'Opposition est un des grands
défenseurs du budget global. Quand l'approche du budget global va au
détriment d'un établissement, que ce soit à
Maisonneuve-Rosemont, à Maïmonides, au Royal Victoria ou à
Notre-Dame, on nous dit: Écoutez, soyez spécifiques. Vous donnez
combien? C'est ce que je comprends du député de D'Arcy McGee.
Quand, par ailleurs, cela semble être à l'avantage de
l'établissement, on nous dit le contraire. Il faudrait peut-être
à un moment donné comprendre et que notre collègue fasse
un effort d'appréciation de ce qu'est le budget global d'un
hôpital. Ce que nous affirmons, c'est que, dans le cas du transport
ambulancier, s'il est vrai que le tarif réel payé par un
établissement en particulier envers la compagnie qui transigeait avec
cet établissement était inférieur à ce qu'il
recevait du ministère des Affaires sociales, le ministère disait:
C'est 60 $ pour un transport ambulancier et l'hôpital disait: J'ai fait
400 transports ambulanciers cette année multipliés par 60 $.
Voici ce qu'on y versait dans son budget global au chapitre du transport
ambulancier réclamé à ce titre par l'établissement.
Or, on sait qu'en pratique, cela lui coûtait 32 $. Il faisait donc
quelque chose avec le reste de l'argent et il le mettait dans son budget
global. On sait bien. Tout à coup il y en aurait d'autres comme cela?
Mais, à un moment donné, on nous fait des batailles sur un sujet,
alors que, sur d'autres, il y a des hôpitaux qui empochent pour le budget
global. Si on veut trouver une certaine cohérence, non seulement dans le
discours de l'Opposition, je devrais dire dans celui du député de
D'Arcy McGee, il faut bien voir que ce qu'on touche là, c'est une
approche à l'égard du budget des établissements, d'une
part. D'autre part, regardons les budgets régionaux. Que faisaient
Maisonneuve-Rosemont, Notre-Dame ou Maïmonides pour régler le
problème du transport ambulancier à Montréal? Zéro.
Parce que ce n'est pas leur travail de faire cela, et c'est normal. On ne leur
demande pas de régler tous les problèmes de la région de
Montréal.
Que fait le CRSSS depuis la création d'Urgence-santé, du
842-4242 à Montréal? Premièrement, il donne une
priorité aux urgences; deuxièmement, il donne du transport
ambulancier d'urgence; troisièmement, il donne du transport ambulancier
interétablissements; quatrièmement, il donne de la
référence; cinquièmement, il permet, à toutes fins
utiles, d'avoir autre chose qu'une médecine à la chaîne et
au volume dans le cas des visites à domicile et de l'urgence. En ce
sens, j'additionne les factures et les coûts globalement pour la
région de Montréal et je me dis: On a donné tout cela aux
citoyens de Montréal. Les hôpitaux collaborent, de façon
générale. Si je compare les colonnes de chiffres, cela ne
coûte pas plus cher que cela coûtait avant et peut-être un
peu moins. Je trouve que c'est cela, du développement rationnel. C'est
ce qu'on a fait à l'Urgence-santé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais seulement répéter un petit
point et après demander au ministre un certain nombre de chiffres.
Peut-être pourra-t-il nous fournir ces chiffres demain.
Premièrement, le ministre doit être conscient de cela, et
peut-être ne l'est-il pas: une compagnie d'ambulances qui a fait le
trajet de Royal Victoria à Notre-Dame a reçu 30 $ pour ce voyage;
maintenant, cette compagnie reçoit 72 $.
M. Johnson (Anjou): Sauf qu'elle est en disponibilité et
qu'elle a des obligations à l'intérieur du CCUS et qu'elle est
obligée d'entraîner son personnel. À toutes fins utiles,
elle ne participe plus au même système.
M. Marx: Elle fait un profit beaucoup plus intéressant
aujourd'hui qu'avant. Les chiffres que j'aimerais avoir du ministre... S'il
consulte son fonctionnaire, j'attendrai.
M. Johnson (Anjou): Seulement pour répondre rapidement,
j'ai la réponse à ces questions.
M. Marx: Oui?
M. Johnson (Anjou): Les citoyens paient au total 64 $. Ce n'est
pas la compagnie qui reçoit 64 $. La facture aux citoyens, aux
contribuables de Québec, c'est 64 $. Au lieu de seulement deux
hôpitaux qui se parlent et qui transportent des malades pour des fins de
diagnostic, ils obtiennent le système dont on parle, avec l'urgence, le
téléphone, les médecins et le reste. Ce qu'on paie
à l'ambulancier, c'est ceci: Premièrement, 30 $ l'heure pour la
disponibilité. Il faut des ambulances disponibles pour ramasser les
gens. Deuxièmement, 37 $ pour un transport ambulancier entre deux
établissements qui vient s'ajouter à la disponibilité.
M. Marx: Votre fonctionnaire a parlé de 72 $, il y a
quelques minutes.
M. Johnson (Anjou): On a parlé du coût que cela
représente. Si vous prenez l'ensemble des coûts et que vous
divisez par le nombre de transports ambulanciers interétablissements,
cela revient à des chiffres qui sont le double du prix unitaire. C'est
vrai. Mais, globalement, cela ne coûte pas plus cher. Parce que - pour le
député de D'Arcy McGee qui est arrivé un peu plus tard
pour des raisons qui peuvent être parfaitement justifiables - il y a un
nouveau système à Montréal qui s'apelle
Urgence-santé.
M. Marx: Avant, mais, maintenant, vous êtes en train
de...
Une voix: De revenir à zéro.
M. Marx: ...revenir à zéro. Au début, vous
étiez d'accord pour dire que le ministère a payé tant pour
un voyage, dont 60 $ ...
M. Johnson (Anjou): Aux hôpitaux.
M. Marx: ...aux hôpitaux. L'hôpital a payé 30
$ pour...
M. Johnson (Anjou): Voilà!
M. Marx: ...le transfert. Donc, l'hôpital est resté
avec 30 $...
Une voix: Dans son budget.
M. Marx: ...dans son budget et il a fait autre chose avec. Est-ce
que j'ai raison?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. Marx: Je regarde vos fonctionnaires. Ils ne sont pas tout
à fait d'accord ou ils sont d'accord?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Allez-y, M. Marcoux.
Oui, M. le Président. Il y a deux choses complètement
différentes qu'il ne faut pas mêler. C'est que le ministère
des Affaires sociales finance à 60 $ par transport, maintenant 64 $, le
nombre de transports ambulanciers qui se fait sur le territoire de
l'agglomération de Montréal. Cela, c'est une chose. Cela
représente la masse globale dont parlait tantôt le ministre qui
est de 8 000 000 $. Depuis octobre dernier, nous avons, avec l'accord du
ministre, conclu une entente avec tous les transporteurs ambulanciers. Il n'y a
aucun transporteur ambulancier à Montréal qui est payé 60
$ ou 64 $ par transport. Ils sont payés selon la grille de
disponibilité: 30 $ l'heure pour l'ambulance, 32,50 $ pour un
interétablissement et 37 $ pour un transport d'urgence. Tous les
transporteurs ambulanciers ont consenti, justement, parce que,
antérieurement, il se faisait du marchandage, mais il n'y a personne qui
reçoit pour un transport, actuellement, à Montréal, une
somme de 64 $ plus le kilométrage. C'est cependant la facturation qui
est faite à toutes les régies et à tous les programmes de
gratuité du gouvernement et qui nous permet, avec l'enveloppe globale,
de financer maintenant un changement majeur. C'est que les transporteurs
ambulanciers ne fonctionnent plus au voyage. Vous voyez la différence
qu'il y a entre les 32 $ et les 37 $ pour les cas d'urgence.
M. Marx: M. Marcoux, vous m'avez dit...
Le Président (M. Gagnon): ...M. le député de
D'Arcy McGee, comme je peux le voir, la discussion peut...
M. Marx: ...deux minutes, c'est pour deux minutes.
Le Président (M. Gagnon): C'est parce qu'il y a des
députés qui ont des engagements à 18 heures et j'en suis
un.
M. Marx: Oui, ils vont faire le sacrifice...
Le Président (M. Gagnon): Alors, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Vous allez faire le sacrifice pour la
vérité.
Le Président (M. Gagnon): Deux minutes.
M. Johnson (Anjou): ...unreal, Herbert.
M. Marx: Attendre quelques minutes. Well, get your act together,
M. le ministre. J'ai posé la question au début; vous étiez
d'accord, M. le ministre, et maintenant, vous êtes en train de dire que
vous n'êtes pas d'accord.
Au début, c'était bien clair et vous étiez d'accord
qu'un hôpital a facturé 64 $ au gouvernement pour un transfert
interétablissements. L'hôpital a payé à une
compagnie d'ambulance 34 $. Donc, l'hôpital est resté avec 30 $.
Pour ce transfert interétablissements, cela coûtait moins cher
avant l'Urgence-santé.
M. Johnson (Anjou): À l'établissement, pas au
gouvernement.
M. Marx: Pas au gouvernement... M. Johnson (Anjou):
Voilà...
M. Marx: ...mais l'établissement avait l'argent dans son
budget pour faire autre chose.
M. Johnson (Anjou): Mais oui.
M. Marx: Maintenant, l'hôpital n'a pas cet argent; donc,
à la fin, cela coûte plus cher au gouvernement et aux
contribuables. Je n'ai rien d'autre à dire...
M. Johnson (Anjou): Parfait...
M. Marx: ...parce que, si le ministre ne comprend pas cela, il ne
comprend rien. Le député de Gouin comprend bien cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: De la même façon que le ministre
disait tantôt au député de D'Arcy McGee que, lorsqu'il le
désignait comme son ministre préféré, il
n'était pas certain qu'il s'en glorifiait, moi non plus je ne suis pas
certain que je vais me glorifier de ce qu'il vient de dire à mon
endroit.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie aurait quelques questions à poser.
Mme Lavoie-Roux: J'ai quatre questions et je vais les
énumérer tout de suite afin que cela aille rapidement. Quel est
maintenant votre temps de réponse? Deuxièmement, une plainte qui
m'a été répétée à quelques reprises,
c'est que, quand quelqu'un téléphone en langue anglaise ou dans
une autre langue, les gens semblent être désemparés. Il
faut qu'on aille chercher quelqu'un et qu'on fasse attendre. Je vous donne la
plainte telle que je la reçois. Troisièmement, le problème
de l'engorgement des hôpitaux et, pour parler français - il
faudrait que je trouve le terme français, quand même - la
répartition des ambulances. Et, la quatrième question: Dans
quelle mesure - et cela s'adresse autant au ministre - êtes-vous
organisés du point de vue d'un désastre civil dans la ville de
Montréal?
M. Johnson (Anjou): La première question...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, la cinquième: Est-ce que les
problèmes qui avaient trait à l'Urgence-santé à
Laval, en tout cas sur la rive nord, se sont réglés parce qu'on
s'était plaint que le service était plus lent? La plainte
n'existe peut-être plus, c'est seulement parce que je veux m'en
informer.
M. Johnson (Anjou): Je peux vous dire que c'est
réglé quant au cinquième point.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Le temps-réponse, on va rapidement
dissiper des équivoques à ce sujet. On a toujours fait des
moyennes de temps-réponse avec les temps-réponses
d'Urgence-santé. Puisque Urgence-santé assure des services
médicaux hors établissement, donc des services d'urgence, assure
aussi des transports ambulanciers d'urgence, mais assure aussi des transports
ambulanciers pour des fins de diagnostic, le temps-réponse
d'Urgence-santé pour une urgence ou une détresse médicale
est inférieur à cinq minutes. Et ce, depuis huit mois. Il est
inférieur à cinq minutes. Vous comprendrez par ailleurs que,
puisqu'on assure des transports ambulanciers, possiblement pour quelqu'un qui
s'est fracturé
une jambe, on n'a pas besoin d'être là en cinq minutes. Et,
étant donné qu'on a toujours à choisir entre une urgence
vitale et d'autres types d'urgence, on avertit les citoyens qu'on va les
transporter, mais que, dans certains cas, si c'est un examen diagnostique du
domicile, on va être là en vingt minutes. Et les gens sont
très satifaits de cela. Mais, sur le plan de la détresse
médicale, notre temps-réponse est aussi bon sinon meilleur que
celui de la police. On n'a aucun problème à entrer en
compétition avec qui que ce soit. Si vous faites une moyenne de notre
temps-réponse de vingt minutes par rapport aux quatre minutes, vous
arrivez avec une moyenne de douze ou treize minutes, mais cela ne tient pas
compte de la réalité.
Mme Lavoie-Roux: Dans les cas de détresse, vous l'avez
abaissé convenablement.
M. Johnson (Anjou): Sur le plan de l'affectation, on a quatre
types de priorités: priorité 1, 2, 3, 4 et nos
temps-réponses sont de quatre minutes quatre-vingt-dix-huit secondes,
quatre minutes quatre-vingt-dix secondes, six minutes dix-neuf secondes et cinq
minutes quatre-vingt-douze secondes pour les types de priorité qui sont
ce qu'on appelle les temps "stat", les détresses vitales, pour une
réévaluation de cas, pour un transport tel que je vous l'ai
expliqué tantôt, pour une personne âgée ou autre qui
doit être transportée de son domicile. Il est bien sûr qu'on
n'est pas là non plus en quatre minutes pour un transport aux fins de
diagnostic d'un établissement à un autre; cela n'est pas
nécessaire.
Les plaintes concernant le personnel d'Urgence-santé...
Mme Lavoie-Roux: Au plan linguistique.
M. Johnson (Anjou): Récemment, j'ai eu l'occasion de
parler à plusieurs reprises de cela, notamment avec des journalistes de
la Gazette, entre autres, et avec ceux qui étaient venus nous poser des
questions là-dessus. L'an passé, avant l'ouverture
d'Urgence-santé, on a fait évaluer tout le personnel sur le plan
de sa capacité, non pas d'un anglais parlé ordinaire, parce que
c'est une situation d'urgence lorsque le citoyen appelle, mais sur sa
capacité de parler anglais dans des conditions d'urgence. On a
envoyé à l'école les gens qui étaient plus faibles
en anglais que les autres.
Cette année, on a refait la même évaluation parce
qu'on embauche - le personnel roule constamment - et on a une entente avec la
section anglaise de la Commission des écoles catholiques de
Montréal où une quinzaine de personnes d'Urgence-santé
sont inscrites, même celles de l'an passé, pour se
spécialiser encore plus en anglais, à des cours adaptés
à un contexte comme le nôtre. Alors, c'est un problème
qu'on suit de près. Effectivement, il peut arriver qu'une
infirmière parle moins bien anglais qu'une autre, mais, par ailleurs, le
citoyen a toujours sa réponse, parce qu'on a toujours quelqu'un à
Urgence-santé qui maîtrise bien la langue anglaise. On est
très préoccupé par cette question et on prend soin de bien
évaluer le personnel et de l'envoyer à l'école pour se
perfectionner en anglais.
L'engorgement des salles d'urgence...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'on m'a soulevé un
problème de répartition des ambulances, compte tenu du fait que,
maintenant, vous téléphonez au service d'urgence, enfin, ce qu'on
appelle les détournements d'ambulances. (18 h 15)
M. Johnson (Anjou): D'accord! Il y a 29 centres hospitaliers avec
service d'urgence à Montréal. On est en contact quotidien avec
les centres hospitaliers pour obtenir des données sur la
disponibilité des lits. Lorsqu'un ambulancier prend une personne en
charge, il appelle à Urgence-santé et dit: Je me dirige vers tel
hôpital et nous, on autorise ou pas un détournement parce que les
hôpitaux ne peuvent plus, depuis Urgence-santé, faire des
fermetures temporaires sans en demander l'autorisation à
Urgence-santé. On va autoriser des détournements et non pas des
fermetures d'urgence - je pense que la nuance est importante - parce que aucun
hôpital ne peut fermer son service d'urgence. On va donc autoriser des
détournements temporaires d'ambulances pour permettre à
l'hôpital de se désengorger. On va diriger l'ambulance vers un
autre hôpital qui est, à ce moment-là, plus apte à
recevoir le bénéficiaire en ambulance. Même si on a
autorisé un détournement à un hôpital donné,
si le cas transporté en ambulance est un cas de détresse vitale
et qu'il faut qu'il soit transporté vers l'hôpital le plus
près, même le service d'urgence qu'on a détourné est
obligé de prendre ce patient et on a un téléphone dans
chacune des urgences où nos répartiteurs peuvent appeler à
l'urgence et dire: Dans deux minutes, vous recevrez tel cas. Puisqu'on a des
médecins à bord pour les cas d'urgence, on peut, si le
médecin nous donne le diagnostic préliminaire, avertir
l'hôpital du type de cas qui se pointera à son urgence dans X
minutes. Ce qui fait que, du point de vue du patient ou du
bénéficiaire qui est transporté en ambulance, peu importe
si on a autorisé un détournement ou pas, le
bénéficiaire est toujours assuré, lui, d'avoir un service
à l'urgence. Le problème se pose plus avec les clientèles
ambulatoires qu'avec les clientèles transportées en ambulance,
les clientèles ambulatoires sur lesquelles on n'a pas de
contrôle.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que vous n'en êtes pas
arrivés à des moments où il y avait tellement d'urgences
qui faisaient un détournement ou qui déclaraient être
pleines que vous étiez obligés de "forcer" l'acceptation par les
urgences de ces patients et que, à ce moment-là, ils se
retrouvaient avec les mêmes problèmes que ceux qu'on a connus?
Cela ne vous crée pas de problème au point de vue de la
répartition de vos ambulances?
M. Johnson (Anjou): Cela crée toujours des
problèmes si le centre hospitalier avec urgence le plus près du
patient est temporairement détourné. Cela cause probablement des
problèmes à la personne qui est transportée ainsi
qu'à sa famille. Ce qui fait qu'on évite le plus possible ces
types de détournement. Mais notre premier souci est de faire en sorte
que la personne qui est dans l'ambulance soit traitée le plus
adéquatement possible et le plus rapidement possible.
Mme Lavoie-Roux: Quelle peut être la longueur maximale de
détournement d'un hôpital?
M. Johnson (Anjou): Cela peut varier selon les situations. On est
au courant -comme je vous l'ai dit - de la disponibilité des lits et,
lorsqu'on autorise un détournement temporaire, je ne vous cacherai pas
qu'on est en constante négociation avec l'hôpital. L'hôpital
pourrait commencer par nous demander: Est-ce que je pourrais détourner
pour six heures? Là, on argumente. C'est le pain quotidien des
coordonnateurs. C'est une relation bona fide. Il faut le comprendre. On est
à Urgence-santé, on n'est pas dans l'hôpital. À
chaque fois que quelqu'un de l'hôpital nous appelle pour nous dire: Je
suis engorgé, c'est vrai qu'il est engorgé. Mais la connexion
qu'on fait tout de suite est avec le service d'admission de l'hôpital
pour libérer des lits pour admettre les patients dans
l'hôpital.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que six heures est le temps maximal que
vous acceptez pour un détournement?
M. Johnson (Anjou): Encore là, cela dépend des
situations. On peut accepter deux heures, on peut accepter quatre heures, on
peut accepter huit heures aussi; s'il n'y a plus aucun moniteur cardiaque
à l'hôpital, par exemple, on ne peut pas débrancher les
patients à volonté.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela n'irait pas au-delà de huit
heures?
M. Johnson (Anjou): À moins qu'on ne soit en train de
débâtir l'urgence.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela peut aller au-delà de huit
heures?
M. Johnson (Anjou): Mais cela pourrait aller... Cela serait une
situation assez exceptionnelle.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas arrivé?
M. Johnson (Anjou): Cela a pu arriver, oui, à certaines
occasions. Je n'ai pas les statistiques, mais cela a pu arriver.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on a débâti l'urgence.
M. Johnson (Anjou): Au moins, on l'aurait fait en partie. Je ne
vous parle pas de débâtir l'urgence pour rien. C'est parce qu'on
nous a demandé, à Urgence-santé, la permission de fermer
l'urgence pour douze heures parce qu'on était en train de la refaire.
Effectivement, dans au moins un cas, je m'en souviens, c'est arrivé.
Mme Lavoie-Roux: II y avait les désastres civils.
M. Johnson (Anjou): On a un plan de sinistre. Cela s'appelle un
plan de sinistre, selon l'Office de la langue française...
Mme Lavoie-Roux: Probablement, je ne savais pas le terme exact.
Je l'ai...
M. Johnson (Anjou): ...on avait appelé cela un plan de
désastre nous aussi. Cela s'appelle un plan de sinistre. Il est
terminé pour le conseil régional. Le conseil régional a
fait sa consultation auprès des établissements de la
région de Montréal. L'étape à laquelle on en est
rendu, c'est de tenter d'intégrer le plan de sinistre pour lequel le
conseil régional est responsable, c'est-à-dire l'envoi du
médecin et de l'ambulance en situation de sinistre. On est rendu
à l'étape de l'intégrer à toutes les
municipalités qui forment la Communauté urbaine de
Montréal. Il y a 31 municipalités. C'est un travail qu'on s'est
fixé pour l'année en cours.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Marx: M. le ministre, juste une petite question. Entre
Urgence-santé et les compagnies d'ambulances, est-ce qu'il y a un
contrat de services? Est-ce qu'il y a un contrat type? Quel genre de contrat
Urgence-santé signe-t-elle avec ces compagnies d'ambulances? Est-ce que
c'est un contrat que le gouvernement a rédigé?
M. Johnson (Anjou): C'est un contrat qui existe entre le conseil
régional et les compagnies ambulancières. C'est un contrat
qui est basé sur la loi 27 qui dit que toute compagnie
ambulancière dans la région de Montréal doit accorder
l'exclusivité de ses services et s'inscrire auprès
d'Urgence-santé. Le contrat, c'est le conseil régional qui l'a
préparé en fonction des heures de disponibilité qu'elles
doivent nous accorder.
M. Marx: C'est un contrat type pour toutes les compagnies?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Marx: Quand la compagnie a un problème, elle s'adresse
à qui? Au conseil régional?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Marx: Qu'est-ce que le ministre a dit? C'est cela? C'est
quoi?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
M. Marx: Peut-être que le ministre veut me dire des choses
auxquelles je n'ai pas pensé encore. Il veut peut-être me devancer
dans mes soupçons.
M. Johnson (Anjou): Tout ce qu'on peut dire et même ne pas
dire a été dit par le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui. Si la compagnie a une plainte à
formuler...
M. Johnson (Anjou): ...au conseil... M. Marx: ...elle va
au conseil.
M. Johnson (Anjou): Au conseil régional. Très
sommairement, Mme la Présidente, le contrat contient deux clauses qui
sont extrêmement importantes et qui sont vitales pour
Urgence-santé.
La première, c'est la conformité aux normes et
règlements provinciaux de la Loi sur la protection de la santé
publique pour les véhicules et pour le personnel à
l'intérieur des véhicules. Si Urgence-santé n'avait pas eu
ce type de contrat, elle n'aurait sûrement pas relevé le grand
défi de prendre les 400 transporteurs ambulanciers de
l'agglomération de Montréal dans une période de huit mois
et de leur faire faire, pour 99% maintenant des effectifs, leur "training"
complet pour qu'ils se conforment à la loi.
M. Marx: II y a des standards et ils doivent respecter ces
standards. Est-ce qu'il y a beaucoup de ces compagnies qui étaient en
dessous de ces standards lorsque Urgence-santé est arrivée?
M. Johnson (Anjou): II y avait 90% des compagnies.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est prévu dans la loi de la
santé publique, tout est à point?
M. Marx: Donc, 90% des compagnies étaient en dessous des
standards que la loi établissait.
M. Johnson (Anjou): Sur le plan notamment de la formation des
ambulanciers.
M. Marx: Sur l'équipement?
M. Johnson (Anjou): Écoutez, je n'avais pas, avant
l'avènement d'Urgence-santé, inspecté tous les
véhicules. Ce que je peux dire, c'est qu'au moment où on les a
pris, on avait un sérieux boulot à faire pour les rendre
conformes aux exigences de la loi.
M. Marx: Les standards pour le personnel sont entrés en
vigueur quand l'Urgence-santé est arrivée ou si c'était
avant?
M. Johnson (Anjou): Les standards étaient
déjà là.
Mme Lavoie-Roux: Avant vous.
M. Marx: Mais ce n'était pas respecté.
M. Johnson (Anjou): On leur a donné trois mois et,
progressivement, maintenant tout le monde est en place.
La Présidente (Mme Juneau): On a conclu, M. le
député?
M. Marx: Pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Félicitations. Je pense que vous avez
réussi quand même à bien organiser le service.
M. Johnson (Anjou): Merci, madame.
La Présidente (Mme Juneau): Mesdames et messieurs, je vous
remercie. La commission des...
M. Marx: Je ne réponds pas aux questions; moi, je pose des
questions.
La Présidente (Mme Juneau): La commission des affaires
sociales...
M. Marx: Je ne veux pas répondre aux questions...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député, je
vous en prie. La commission des affaires sociales suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 24)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales poursuit l'étude de ses
crédits. Les membres sont les mêmes que cet après-midi. On
commence avec le programme 1. Est-ce qu'il y a des remarques ou des questions
préliminaires?
Discussion générale
Mme Lavoie-Roux: Les remarques sont faites. On pourrait passer
aux questions. Il y aurait quelques questions préliminaires, avant
d'entrer dans ce programme. Ce ne sont pas de longues questions. M. le
Président, le ministère nous a remis des documents. Le conseiller
en matière d'adoption internationale pour le secrétariat à
l'adoption, c'est M. Luc Bergeron. Quelle est son expérience?
M. Johnson (Anjou): Disons que, depuis deux ans, M. Luc Bergeron
était aux études pour faire une maîtrise en droit
international, d'abord, à l'Université Laval et, ensuite,
à Aix-en-Provence, en France, pour un doctorat. Ses études sont
en droit international. C'est, d'ailleurs, une des expertises sur lesquelles on
a tablé puisqu'un volet particulièrement en difficulté,
sur lequel on pouvait s'interroger en matière d'adoption était
celui ayant trait à l'adoption internationale.
Mme Lavoie-Roux: C'est un des deux conseillers dont on a
parlé, j'imagine, les deux contractuels.
M. Johnson (Anjou): L'autre, c'est Mme Gervais, peut-être,
à moins qu'il y ait aussi M. Jacques Wilkins, qui a été
détaché de la Fédération des CLSC pour collaborer
au secrétariat. Je crois que M. Wilkins a travaillé avec le
secrétariat à l'adoption jusqu'à il y a quinze jours. Il
est en train d'être remplacé.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je ne les ai pas posées. De
toute façon, ce sont des questions auxquelles le ministre peut me
répondre. Cela veut dire que, dans tout le secrétariat, que ce
soit à titre d'occasionnels ou à temps complet, si on veut, il
n'y a personne qui vient du secteur du service social.
M. Johnson (Anjou): Strictement parlant, non, bien que vous
connaissez l'expérience de Mme Gervais, autant, d'ailleurs, dans ses
activités ayant trait aux associations reliées à la Ligue
des droits de la personne, etc., que dans le secteur des regroupements de
parents ayant adopté, justement, des enfants sur la base
internationale.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on a quand même demandé
à Mme Gervais de dépasser ce problème. Elle touche
à beaucoup d'autres problèmes. Je tiens à faire remarquer
que l'expertise qui s'est développée dans le domaine de
l'adoption, c'est quand même dans le service social, et ne pas retrouver
un seul représentant, à titre d'occasionnel, si on veut, ou
à titre d'expert, dans le secrétariat à l'adoption, je
trouve cela assez étonnant. Je veux le mentionner au ministre. Je ne
sais pas s'il a des commentaires à faire là-dessus.
M. Johnson (Anjou): Parfait.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que cela sent même un peu le
parti pris. Ma deuxième remarque est plutôt une demande, c'est le
rapport de M. Maltais qui a pour fonction de rendre opérationnel le
rapport produit par la Direction de la santé communautaire et services
aux communautés autochtones. Y aurait-il moyen d'avoir copie de ce
rapport?
M. Johnson (Anjou): Le rapport Maltais? Quel était le
sujet?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. Maltais c'est celui qui doit rendre
opérationnel le rapport produit par la Direction de la santé
communautaire et services aux communautés autochtones. Peut-on nous
l'apporter demain matin?
M. Johnson (Anjou): Normalement.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Je vois, à l'annexe I, que
M. Roland Minguy a fait une mise à jour des relevés existants sur
les services de buanderie d'environ 25 établissements de la
région de Montréal, en termes d'équipements de locaux et
de conditions de travail. Y aurait-il possibilité d'obtenir cette mise
à jour? Quel était le but de cette mise à jour?
M. Johnson (Anjou): Demain, cela va?
Mme Lavoie-Roux: Je vois, en dernière page, qu'il y a eu
du travail de secrétariat payé à l'Université de
Montréal, au bureau de la présidente du Conseil
québécois de la recherche sociale.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Le CQRS, en fait, n'avait pas de
véritable budget de fonctionnement. Il fallait, pour les fins des
dossiers, avoir du personnel de secrétariat.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Il y a des crédits
périmés de l'ordre de 129 000 000 $. Ces crédits ont-ils
été affectés à d'autres fins ou retournés au
fonds consolidé ou quoi?
M. Johnson (Anjou): Au fonds consolidé, c'est la
définition même des crédits périmés.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne les réaffectez pas?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Johnson (Anjou): Incidemment, la cause...
Mme Lavoie-Roux: Non, je pensais que vous pouviez, avec
autorisation, les utiliser à d'autres fins.
M. Johnson (Anjou): Non. Il faut se dépêcher
beaucoup avant la période de péremption. C'est la technique
habituelle. Ce montant de 129 000 000 $ a l'air considérable. On se dit:
Ma foi, sur un budget... Ce sont essentiellement les crédits qui ont
été périmés à cause de la loi 105.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les crédits de la loi 105. Sur
les listes des traitements de vos attachés politiques, M. le ministre,
je vois deux nouveaux noms ou, enfin, des noms qu'on ne retrouve pas sur la
liste de l'an dernier, M. Martin et M. Markowski. Ce sont de nouveaux
attachés politiques?
M. Johnson (Anjou): Ce sont des nouveaux; cependant, il y a eu un
départ. M. Claude Filion, qui était mon chef de cabinet, a
quitté et M. Paul Lanctôt a également quitté. Il y a
eu un réaménagement des fonctions à l'intérieur de
mon cabinet avec deux additions, à toutes fins utiles, sous forme de
remplacements. M. Markowski, compte tenu de ses états de service ou
enfin de sa formation, m'est rattaché pour certains dossiers du
ministère, mais surtout pour des fonctions de liaison avec le
Comité de développement social dont j'assume la
présidence.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander au ministre, non pas qu'il y
ait quoi que ce soit d'exagéré dans les augmentations, comment il
se fait que, de tous ceux qui m'apparaissent être d'anciens membres de
votre cabinet, par rapport à l'an dernier, il n'y en a que deux, si on
exclut les deux nouveaux, qui n'ont aucune augmentation. C'est une drôle
de coïncidence que ce soit deux femmes, mais cela n'a peut-être rien
à faire.
M. Johnson (Anjou): Si vous pouviez me donner les noms.
Mme Lavoie-Roux: Mme Grenier et Mme Genest. Mes propos ne portent
pas sur les montants qui ont été accordés.
M. Johnson (Anjou): Ah oui! C'est cela, c'est en fonction de
l'évaluation. Bien qu'on ne soit pas absolument tenu à cela, on
essaie de se coller, dans la mesure du possible, pour des raisons de
cohérence, à l'évaluation de tâches assimilables
dans la fonction publique. Dans la mesure où ces modèles
s'appliquent, c'est ce que cela impliquait dans les deux cas.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste que...
M. Johnson (Anjou): II faut dire que, dans un cas comme dans
l'autre, il s'agit de personnes qui ont la permanence également, puisque
ce sont d'anciens fonctionnaires ou des fonctionnaires détachés.
C'est un critère dont on tient compte dans les conditions de
rémunération, étant donné que la majorité
des membres d'un cabinet, si jamais je devais quitter - ce qu'il ne vous
appartient pas de décider, ni moi non plus, se retrouveront devant
l'éventualité de se replacer là où ils le peuvent
dans la vie en général. On essaie de tenir compte de cela.
Finalement, ces deux personnes, compte tenu de leur rémunération,
ont également le deuxième et le troisième niveau de
salaire dans le cabinet. Ce sont des critères d'une sorte
d'équité interne qu'on tente d'appliquer à
l'intérieur et qui sont discutés, soit dit en passant, avec les
intéressés.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Sur la publicité, je
reviendrai là-dessus.
Vous voulez que ce soit le programme no 1. Globalement, ce que je
voulais demander au ministre, c'est: Peut-il, au point de départ, nous
dire où s'appliqueront les compressions de 17 000 000 $ qui sont des
coupures de cette année?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, c'est qu'on était au
secteur social. Dans le fond, ce que vous voulez c'est la distribution
social/santé et par quel type de programmes. C'est cela. Je m'excuse,
mais on s'était préparé pour aborder le programme 1, alors
que nous sommes dans les généralités.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, mais on n'avait pas posé de
questions préliminaires.
M. Johnson (Anjou): Je peux dire, d'emblée que l'essentiel
de la compression, compte tenu de l'ampleur des budgets et des endroits
où il y a un problème de déséquilibre
budgétaire, se fera surtout dans certains établissements
hospitaliers. C'est 15 200 000 $ dans le secteur de la santé.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Ces 16 000 000 $
de compressions, sur un total de 5 034 000 000 $, ce sera à
raison de 15 200 000 $ dans le secteur de la santé et de 1 400 000 $
dans le secteur social, distribués de la façon suivante: dans le
secteur social, les CLSC: aucune compression; les centres d'accueil et
d'hébergement: aucune compression, à quelques exceptions
près, un montant pour lequel on a des cibles précises; les CSS:
300 000 $ et les centres d'accueil et de réadaptation: 1 100 000 $.
Mme Lavoie-Roux: On reviendra aux hôpitaux quand on
touchera aux centres.
Une autre question d'ordre général que je voulais poser au
ministre: Quelles suites entend-il donner aux recommandations
d'Urgence-médiation? Vous avez reçu un mémoire, on vous a
demandé une entrevue, je pense. Quelles suites le ministre entend-il
donner à la requête du groupe Urgence-médiation touchant
les relations de travail, la révision du mode de médiation ou le
type de négociation, dans le secteur de la santé et des services
sociaux?
M. Johnson (Anjou): II ne s'agit pas ici de jeter sur le tapis la
question de la députée, je me suis engagé auprès
d'elle, en fin d'après-midi, à ce que mes réponses soient
brèves et les plus factuelles possible. Puisqu'il s'agit de savoir
quelles suites sont données, la première, c'est de partager
à la fois la lecture et la réflexion autour du rapport
d'Urgence-médiation avec un certain nombre de collègues, ce qui
est commencé.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous devez les rencontrer?
M. Johnson (Anjou): J'ai déjà rencontré le
groupe Urgence-médiation, il y a environ dix jours, je crois, au moment
où ils m'ont remis ce document. Il y avait, à cette
réunion, M. Maurice Champagne-Gilbert, le Dr Paul David, M. Alfred
Rouleau, Mme Thérèse Baron et... Je regrette, mais j'ai
oublié, il y avait une autre personne; les noms ne me viennent pas
à l'esprit et je n'ai pas le rapport devant moi.
Mme Lavoie-Roux: Dans quel délai...
M. Johnson (Anjou): II y avait aussi M. René Doucet,
spécialiste en relations de travail de l'Université de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Le premier ministre s'est engagé, lors du
discours inaugural, à ce que le gouvernement se penche le plus
rapidement possible - je ne sais pas si ce sont ses termes exacts - sur tout ce
problème des relations de travail, des négociations dans les
secteurs public et parapublic. Évidemment, ceci a un caractère
encore plus urgent pour ce qui est du domaine de la santé. Est-ce qu'on
prévoit que ce sera réexaminé dans l'année qui
vient? Est-ce qu'il y a un échéancier prévu?
M. Johnson (Anjou): L'échéancier n'est pas encore
fixé. Cependant, je pense pouvoir m'aventurer, même si je ne peux
pas parler au nom du Conseil des ministres, à considérer que,
dans l'année qui vient, ce problème fera l'objet d'une forme de
décision gouvernementale, ou à l'égard du contenu ou
à l'égard de quelque chose dans le genre de ee qui est
suggéré par Urgence-médiation en termes d'études ou
autrement. Mais, dans l'année qui vient, il y aura des suites à
ce rapport ou à cette question et à l'engagement du premier
ministre dans le discours inaugural.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, cela va pour ça. Je pense qu'on
peut passer au programme 1,
Services en centres locaux de services
communautaires
Le Président (M. Blank): Programme 1, Services en centres
locaux de services communautaires. Est-ce qu'on étudie les
éléments séparément ou ensemble?
M. Johnson (Anjou): On peut avoir une discussion sur le programme
et, par la suite, adopter les éléments 1, 2, 3 et 4, comme
d'habitude.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce qu'on ne vous promet pas de rester
toujours à l'élément 1 sans passer à
l'élément 2.
Le Président (M. Blank): D'accord, nous étudierons
le programme 1 en bloc.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous des remarques préliminaires, M.
le ministre?
M. Johnson (Anjou): Non. J'en aurais, mais tellement; alors, je
peux partir des questions de la députée.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait déposer la liste
des centres communautaires existants avec leur budget, la date de leur
création, le plan d'implantation et l'échéancier
prévu pour les autres CLSC? Est-ce que c'est possible d'avoir cela?
M. Johnson (Anjou): Quant à la liste, sûrement.
Quant au budget, sûrement. Quant au plan d'implantation de chacun, si je
comprends bien, l'échéancier, par exemple, entre le moment de la
création et le moment de l'ouverture éventuelle...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): ...c'est un peu difficile dans certains cas
parce qu'à beaucoup d'endroits, notamment sur la rive sud de
Montréal, qui en est un bon exemple, on a fait des réallocations
de ressources internes qui ont permis, avec un budget de fonctionnement de
départ d'environ 100 000 $, de commencer le transfert de juridiction du
personnel du DSC ou du CSS vers le CLSC.
Par ailleurs, il y a autre chose qu'on pourrait avoir, mais je ne pense
pas qu'on ait les données aujourd'hui. Les conseils régionaux de
la santé et des services sociaux doivent nous fournir, pour l'ensemble
des territoires, le plan de réallocation de ressources. On sait comment
fonctionne un CLSC dans chaque région. Un CLSC est formé à
un endroit donné. Il va récupérer les services de soins
à domicile qui sont au CSS ou au département de santé
communautaire. Dans certains cas, cela implique des transferts de ressources
des budgets santé, à cause des départements de
santé communautaire, ou des budgets des CSS, des centres de services
sociaux. On va avoir cet ensemble en juillet. On a le secteur santé. On
n'a pas encore le secteur social venant des régions.
Il faut comprendre que c'est plus facile dans le cas du secteur
santé compte tenu du type d'activités auxquelles se livrent les
départements de santé communautaire, qui savaient, par
définition, quand ils ont commencé ces activités, il y a
dix ans, que c'était appelé à être
transféré.
Alors, les programmes qui vont être transférés
progressivement, je peux peut-être en faire une nomenclature. Ce sont les
programmes de périnatalité, de santé maternelle et
infantile, de santé scolaire à l'élémentaire et au
secondaire, qui sont dans les départements de santé communautaire
en ce moment, de santé dentaire, de santé au travail et de soins
et d'aide à domicile. Le rôle du département de
santé communautaire, une fois qu'il a transféré ses
ressources, c'est un rôle de planification, de programmation et
d'évaluation, évidemment, tel que stipulé dans
l'organisation, la loi et la réglementation.
Mme Lavoie-Roux: Quels sont les critères d'implantation
dans une communauté donnée que le ministère met de l'avant
compte tenu des autres ressources existantes? L'exemple le plus simple, c'est
peut-être un grand centre urbain par rapport à une
communauté semi-urbaine ou même rurale.
M. Johnson (Anjou): En principe, les critères sont les
mêmes partout, sauf qu'en pratique, compte tenu qu'on ne le fait que
progressivement à cause des ressources qui sont disponibles et qu'il
nous en reste quand même pas loin d'une soixantaine à combler,
c'est un peu tempéré par la réalité. Il faut se
rappeler que le critère de base a été établi lors
de l'adoption de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, le chapitre 48, et que les CLSC devaient constituer des services de
première ligne dans l'ensemble des districts, dans une sorte
d'organisation fonctionnelle qui présupposait la notion de
première ligne à l'égard du secteur social comme du
secteur santé. Le secteur social pose plus de problèmes pour
toutes sortes de raisons, on le sait. On tient compte, cependant, puisqu'on ne
peut pas les développer tous en même temps, des ressources
disponibles dans chaque territoire. Je peux vous donner un exemple
peut-être assez frappant. On sait que, sur la rive sud de
Montréal, on manque de ressources en termes relatifs à cause de
la croissance très rapide de la population et des problèmes qui
découlent de cette croissance rapide, notamment dans le domaine social.
Donc, on va avoir tendance à accélérer, à
privilégier cette région-là.
À l'intérieur d'une région, disons, d'un territoire
plus large, à basse densité de population, rurale ou pas, par
exemple, le Nord-Ouest québécois, on se fie très largement
aux recommandations du conseil régional qui tient compte, notamment, de
la disponibilité des ressources de première ligne, par exemple,
en services curatifs médicaux, puisque, dans certains cas, cela a une
fonction en ce sens, bien que la fonction des CLSC soit plus élargie et
un peu plus globale que celle simplement des services médicaux curatifs.
(20 h 30)
En fin de compte, cela veut dire que, pendant l'année, on aura
peut-être sept ou huit CLSC dont on pourrait annoncer l'implantation, ce
qui veut dire qu'au moment où on le fera on sera appelé à
faire des choix entre les régions et à l'intérieur de
chaque région, en général, en se fiant passablement sur la
recommandation du CRSSS; dans certains cas, c'est la discrétion
ministérielle qui joue.
Mme Lavoie-Roux: Cela, on le sait.
M. Johnson (Anjou): Oui? Ah, bon! Je voudrais simplement
souligner que, dans le cas des ressources transférables des
départements de santé communautaires vers les CLSC, dans une
région comme la région 04, par exemple, il y a 57 000 000 $ de
transferts dont 47 000 000 $ imputables aux DSC et environ un peu moins de 10
000 000 $ imputables au niveau des ressources des CRSSS et du conseil
régional. C'est vrai, les conseils régionaux ont des budgets en
fiducie, en plus.
En d'autres termes, le bilan de cette année à cet
égard est significatif. C'est une
des activités importantes internes du ministère d'avoir
complété, à beaucoup d'endroits, ce transfert de
ressources vers les établissements de santé ou de services
sociaux, vers les CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous avez énuméré tout
à l'heure les services qui avaient été
transférés des DSC aux CLSC dans le domaine de la santé.
Quels sont ceux qui sont transférés dans le domaine social, du
réseau des CSS aux CLSC?
M. Johnson (Anjou): C'est, en ce moment, essentiellement l'aide
à domicile pour 9 000 000 $. Je m'excuse. Je vous ai donné tout
à l'heure l'exemple de la région 04, c'était à
titre...
Mme Lavoie-Roux: 9 000 000 $, ce n'était sûrement
pas pour la région 04.
M. Johnson (Anjou): Non, c'était tout sauf pour la
région 04. Les transferts des CSS sont les services de maintien à
domicile, en ce moment, mais il y a quelque chose qui se prépare au
ministère. C'est une réflexion, je le sais, qui en ameute
certains dans les milieux des CSS, quant à l'opportunité, en
matière de prévention en milieu scolaire, de faire ce transfert
vers les CLSC, ce qui a déjà donné lieu, alors que le
ministère n'a pas pris de décision, à des prises de
position de la part de certaines commissions scolaires, des CSS eux-mêmes
et de différents groupes ou corporations impliqués.
Nous sommes, en ce moment, en train d'étudier cette notion et
c'est au niveau des sous-ministres que la décision sera prise, que la
recommandation nous sera faite, devrais-je dire à savoir quel autre type
d'activités pourrait être transféré à
certains CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous parlez du transfert possible des
services scolaires au niveau de la prévention sociale - au niveau de la
prévention santé, elle est faite par le transfert des DSC - il
faut quand même songer à ne pas diviser les ressources qui ne sont
pas très considérables. Les CSS ont une fonction de services de
deuxième ligne et, si vous coupez vos ressources en deux, vous allez
trouver que cela s'amenuise passablement. Enfin, c'est une remarque que je
fais.
M. Johnson (Anjou): Je sais qu'il y a des problèmes de
perception à ce niveau, des querelles de structures normales, mais la
difficulté vient surtout du fait que les CSS sont des structures
régionales, alors que les CLSC sont d'authentiques structures locales ou
sous-régionales. En ce sens, quand on parle de prévention en
milieu scolaire, l'argument qui veut qu'il y ait là une vocation
régionale absolue, nécessaire, avec ce que cela implique de taux
d'encadrement, d'activités, de voyagement, etc., la question qu'on se
pose, c'est l'efficience de tout cela. Dans la mesure où certains
programmes pourraient être administrés localement, on pense qu'ils
peuvent être bien branchés à la fois sur la
réalité du milieu, les ressources disponibles et l'efficience,
alors que rattacher à une structure régionale des ressources
très dispersées sur un territoire et surtout sur des grands
territoires, cela génère au plan central un niveau
d'activités et de coûts, évidemment, administratifs, autant
de coûts relativement élevés qui ne sont pas dans les
services directs aux citoyens.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne faudrait pas mêler les
deux problèmes. Il y a la question de la structure des CSS, c'est une
chose, mais il y a aussi la question des services de première ligne et
de deuxième ligne.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les services sociaux scolaires ne
font pas que de la prévention. Ils font de l'animation, de la
consultation, mais ils prennent aussi des cas en traitement. Si,
évidemment, il y en avait suffisamment et qu'on pouvait les
répartir... Je ne veux pas discuter du problème plus longuement.
Je pense qu'il ne faut pas mêler cela avec le problème de la
structure des CSS. Je pense que ce sont deux choses différentes du point
de vue du service à la population. L'an dernier, vous avez dit qu'il y
avait 22 CLSC - je vais avoir la réponse demain, probablement - qui
étaient en voie d'être implantés. Même certains de
ces CLSC avaient été annoncés en 1980-1981. Est-ce que
l'implantation de ces 22 auxquels vous faisiez allusion dans les crédits
de l'an dernier est terminée?
M. Johnson (Anjou): Je vais vous dire cela, ce ne sera pas long.
Cela va bon train, en tout cas. Sur les 22 dont on parle, il y en a 16 qui ont
été implantés, incluant trois centres de santé.
Ceux de 1981-1982 et 1982-1983, c'est-à-dire respectivement six et deux,
sont en voie de l'être.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais que vous me donniez votre conception
du CLSC. C'est-à-dire pas votre conception du CLSC, je vais restreindre
la question un peu ou être plus explicite. À tort ou à
raison, on a l'impression - pas juste l'impression, je pense que c'est pas mal
près de la réalité -qu'évidemment le CLSC avait une
vocation qui lui était propre d'assurer des services de première
ligne. Je pense que, quand les 60 premiers ont été
implantés, leur développement a été plus ou moins
accéléré
selon des ressources qui étaient disponibles. C'est
peut-être heureux, d'une certaine façon qu'on n'ait pas
implanté les 160 - c'était 210, même, au début, ou
220 - ou les 220 à la fois. Je me demande souvent si, tout en gardant
les notions de prévention et d'éducation, etc., sociale et
sanitaire, on n'utilise pas assez, au fond, les ressources qui existent dans un
milieu pour peut-être diversifier les modèles de CLSC en les
faisant partir de ressources qui existent déjà. Je vais vous
donner un exemple. Il ne s'applique peut-être pas et je ne l'ai pas
approfondi. Je ne veux pas, non plus, en faire une cause particulière et
vous auriez probablement de meilleurs exemples que moi. Je sais - je ne connais
pas la valeur du service - que, du côté, je pense, de Lachine...
Ce n'est pas tout à fait le Lakeshore, c'est un peu avant.
M. Johnson (Anjou): Je pensais que vous parliez de la Chine ou de
la Thaïlande.
Mme Lavoie-Roux: L'autre Chine. Les Chinois d'ici... il y a, par
exemple, l'Ordre des infirmières visiteuses, le Victorian Order of
Nurses. Je ne connais pas l'âge de la population de la région
qu'elles desservent. Je ne vous le propose pas, ce n'est pas une vente que
j'essaie de vous faire. C'est pour partir d'une notion concrète pour
expliciter ce que je veux dire. Ces gens sont, quand même,
spécialisés dans les soins à domicile; ils fonctionnent
sept jours par semaine, offrent un service de 24 heures, si je ne m'abuse; on
peut vérifier cela. Si la population est passablement âgée
- c'est un milieu où il y a des hôpitaux, où il y a des
centres d'accueil, où il y a d'autres ressources, enfin, on n'est pas
dans le Grand-Nord - compte tenu qu'on a assez parlé, ce matin, du
vieillissement de la population, que cela devient des besoins de plus en plus
aigus et que, probablement, un tas de services communautaires devraient
être centrés autour de ce problème ne pourrait-on pas
expérimenter des modèles qui soient un peu différents et
qui, peut-être, collent plus aux besoins du milieu au lieu de partir du
modèle plus traditionnel qui n'est pas exactement le même partout,
j'en suis convaincue?
J'ai l'impression que, trop souvent, on ne tient pas compte de ce qui
existe dans le milieu, surtout dans les centres urbains où il y a
d'autres types de ressources, et peut-être aussi dans d'autres milieux;
je ne suis pas familière avec cela. En tout cas, c'est dans ce sens que
je demandais: Est-ce que la notion qu'on avait du CLSC ou la conception qu'on
s'en fait, sans oublier les grands objectifs globaux, a évolué
dans le sens de mieux s'adapter aux besoins des milieux? Peut-être que
cela coûtera moins cher - on n'aura pas nécessairement le
même modèle - et, par contre, ce sera plus efficace et
répondra mieux aux besoins du milieu. C'est cela, le sens de ma
question.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas parfait, évidemment, mais
je pense que cela a évolué dans le sens de ce que vous
suggérez à partir de deux choses essentiellement: une qui est une
espèce d'orientation que j'ai tenté de donner en traduisant
l'orientation que j'entendais prendre en arrivant au ministère des
Affaires sociales, en rencontrant les gens du congrès annuel de la
Fédération des CLSC, il y a deux ans, en leur disant, de
façon peut-être un peu caricaturale - je sais que cela en a
choqué quelques-uns - que, dans le fond, à la limite, pousser le
concept du CLSC, qui est celui du chapitre 48, cela pouvait vouloir dire qu'on
mettait toutes les missions de l'État à l'intérieur d'une
boîte de 25 ou 30 personnes, y compris la création d'emplois.
C'est tellement vaste quand on parle de promotion, de progrès social,
d'action communautaire que, finalement, on peut tout englober, peut-être
même, à la rigueur, la science et la technologie. Encore une fois,
c'était une peinture à grands traits qui visait beaucoup plus
à dire: Nous entrons dans une ère où les choix seront
nécessaires. Une notion de responsabilité des structures locales
comme celles-là qui sont subventionnées par l'État, exige
d'effectuer des choix et d'appliquer de véritables priorités et
non pas de se dire que tout est prioritaire. Je pense qu'il y avait un peu de
cela qui était une tendance, dans la mesure où on appelait
beaucoup de ressources au moment de la grande phase de développement
jusqu'à 1978 à peu près, où on percevait que cela
pouvait continuer. Je pense qu'il y a eu un resserrement depuis deux ans.
D'abord, il y a eu la sensibilisation des administrateurs à cela
et, deuxièmement, une action très concrète au moment de
l'implantation d'un CLSC. Je ne sais pas si c'est applicable à tous les
cas, mais je pourrais donner quelques exemples. Le CLSC du Montréal
métropolitain par exemple, auprès duquel oeuvrent 200
bénévoles qui font surtout du maintien à domicile de
personnes âgées a une espèce de vocation spécifique,
alors que, si on va à Bedford ou à Lac-Mégantic ou
à un autre endroit comme cela, dans le fond, le CLSC fait
peut-être un peu de maintien à domicile, fait peut-être un
peu d'organisation communautaire, mais il va peut-être être
appelé à faire beaucoup de services de médecine curative.
Si je prends un autre exemple, j'arrive de Chibougamau où il y a un
point de service du CLSC de Chapais. Il faut le dire, le CLSC de Chapais est
assez remarquable, parce que c'est l'ancien hôpital de la mine qui a
été ajouté et qui est équipé aux as, avec
trois lits d'observation...
Mme Lavoie-Roux: À Asbestos, cela vous aurait
coûté moins cher.
M. Johnson (Anjou): On ne commencera pas.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas vous distraire.
M. Johnson (Anjou): II y a des choses qui sont frappantes,
à des endroits comme Chibougamau, par exemple, j'ai vu un objet qui est
en train d'être relégué au rang des antiquités, qui
est le carrosse dans lequel on pousse les enfants. On en voit beaucoup dans une
ville comme Chibougamau. Il y a beaucoup de jeunes couples et il y a là
un taux de natalité plus élevé. Donc, on a vu se
développer un peu plus dans des CLSC comme celui-là toute
l'approche autour de la périnatalité, plus que les services de
soins à domicile pour les personnes âgées, alors qu'il y a
à peine 1% de la population qui a 65 ans et plus. (20 h 45)
Théoriquement, en vertu de l'approche et de la définition
originale de ce qu'est un CLSC au ministère, il doit s'occuper de tout
cela mais, dans la pratique, depuis deux ans, cela s'est resserré, je
pense, en termes de clientèle prioritaire. Maintenant, tout cela
s'inscrit, quand même, dans les principes généraux,
c'est-à-dire une approche intégrée visant à la fois
la prévention, la promotion, l'action communautaire, au-delà de
la dimension purement curative dans le secteur de la santé. Cela reste
les grands principes qui animent cela mais, de plus en plus, c'est avec
beaucoup de parcimonie et de précision qu'on décide de regrouper
des ressources et on essaie de faire aussi une bonne jonction des ressources
existantes dans le milieu.
Une dernière remarque que je pourrais faire là-dessus -
pour prendre peut-être encore 30 secondes - c'est qu'au moment de la
formation des CLSC j'ai participé, pendant un certain temps, à
celui de Centre-Sud, Sherbrooke, au moment où il a été
créé, alors que j'étais à Sherbrooke. J'avais le
tort, aux yeux de certains des membres du conseil d'administration dans
l'assemblée de citoyens qui le formaient, d'être malheureusement
issu du milieu universitaire. Donc, on tenait comme suspect tout ce que je
pouvais dire sur ces questions. Il y avait beaucoup de cela en 1971 - on se le
rappellera - d'autant plus que j'étais étudiant en
médecine; cela était bien plus grave, on était sûr
que je n'avais rien à dire sur la santé et l'action
communautaire.
Il reste qu'à cette époque on avait aussi tendance
à dire, compte tenu du mandat qu'avait défini au CLSC la
réforme Castonguay, qu'il fallait que cela réponde aux besoins de
la population. Donc, on devient instantanément un groupe
d'épidémiologie, on fait de l'évaluation scientifique,
etc., alors qu'on sait que ces ressources ne sont pas toutes
centralisées localement dans un endroit comme Sherbrooke. En fait, ces
données sont parfois même difficiles à obtenir pour une
structure comme le ministère des Affaires sociales. Il y a quand
même, je pense, une espèce de conscience des limites,
au-delà de la vocation initiale, que les CLSC se sont imposées
avec le temps et ils travaillent de plus en plus en collaboration avec le
conseil régional et le département de santé communautaire
qui a une fonction d'évaluation et de planification.
En ce sens, je dirais que les projets que j'ai vus depuis que je suis au
ministère, les endroits que j'ai visités et qui sont en voie
d'implantation... Je pense à celui qu'on a implanté et qui
s'appelle la Petite Patrie dans le quartier Villeray de Montréal. J'ai
rencontré les gens qui animaient cette structure et, essentiellement,
ils sont axés sur le maintien à domicile, sur une
intégration des ressources bénévoles et non pas sur ceci:
on refera ici toutes les études épidémiologiques du monde
entier pour connaître les problèmes du monde. Il y a des choses
qui crèvent les yeux et, surtout, en période de crise. Je pense
que les CLSC ont tendance à être un peu plus pragmatiques que
l'image qu'on leur fait en général.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais soulever un cas spécifique pour
démontrer peut-être le manque de consultation du gouvernement. Les
gens du West Island s'inquiètent parce qu'ils ont l'impression - ce
n'est plus une impression - apparemment, que le gouvernement a l'intention
d'implanter, je crois, deux CLSC au West Island; un ou deux, je n'en suis pas
certaine. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de consultation et les
gens du West Island s'inquiètent parce qu'ils n'étaient pas
impliqués sur le plan de la planification, ni sur le plan du programme,
ni sur le plan personnel, ni sur le plan des "trustees", des
représentants de la communauté qui sont très importants
pour cette communauté. Ils ont peur que les CLSC ne reflètent pas
le caractère culturel et linguistique de notre communauté, ni
dans leur personnel, ni dans leurs services.
Je me demande et les citoyens du West Island se demandent si les
services seront basés sur un "needs assessment", une évaluation
des vrais besoins de la communauté. Est-ce que les usagers futurs seront
impliqués dans la planification et les activités des CLSC?
Nous avons parlé des bénévoles aujourd'hui et le
West Island est une communauté qui a une tradition très forte
sur le plan des organismes bénévoles. On m'a
demandé si le gouvernement tiendra compte des services actuels dans la
communauté. Quel sera l'impact sur Ville-Marie Social Services, par
exemple, dans le West Island? Quel sera l'impact sur le département de
santé communautaire de l'hôpital Lakeshore? Quel sera l'impact sur
la gamme des services pour les personnes âgées et pour des jeunes,
tous des services organisés à l'heure actuelle par des groupes
bénévoles du West Island? Quel sera l'impact sur les
écoles qui sont, à l'heure actuelle, inadéquates?
Ce sont des questions posées par les citoyens de West Island.
Est-ce que le gouvernement reconnaît l'importance de l'implication des
représentants de la communauté? Ils envisagent, dans le West
Island, une espèce de conseil de direction, de "health board" ou quelque
chose comme ça au niveau des services préventifs. Ce n'est pas
prévu dans les lois du gouvernement, mais ils sont tellement
impliqués dans les services de première ligne de notre
communauté qu'ils devraient trouver une place privilégiée
sur le plan de la planification, ainsi que sur le plan du fonctionnement des
CLSC prévus. Est-ce que le ministre pourrait m'assurer que la
communauté, ses organismes et ses représentants seront vraiment
impliqués dans la planification et le fonctionnement des CLSC pour
qu'ils puissent vraiment répondre aux vrais besoins sentis par la
communauté et non sentis uniquement par le gouvernement?
M. Johnson (Anjou): Je cherchais l'expression française
pour qualifier le type de garantie que recherche la députée de
"Marguerite-Bourgeoys"; c'est une garantie de "non-destruction" des
services.
Mme Dougherty: La députée de Jacques-Cartier.
M. Johnson (Anjou): La députée de Jacques-Cartier.
Ah, mon Dieu! Je ne devrais pas faire cette erreur.
Mme Dougherty: Nous sommes voisins.
M. Johnson (Anjou): Dieu sait que vous n'avez pas beaucoup de
choses en commun avec Fernand Lalonde! Je regrette, ce n'est pas... Ce que je
comprends de l'exposé de la députée de Jacques-Cartier,
c'est, finalement, une notion de continuité à la fois dans les
services concernant des personnes, des groupes impliqués, et une
correspondance aux besoins ressentis, puisque, nous dit la
députée de Jacques-Cartier, de façon
générale, le CSS, le département de santé
communautaire ou des organismes bénévoles rendent des services
remarquables et reconnus comme tels dans la communauté, d'autant plus
que, dans le cas de West Island, il y a une très large proportion de la
population chez qui jouent des phénomènes d'identité
culturelle sur une base linguistique, sociologique ou autre.
Je dirai qu'il y a des garanties de cette nature. D'abord,
j'évacuerai une première chose: nous n'avons pas eu de demandes
de création d'un, deux, trois ou quelques CLSC venant du West Island.
Nous n'avons pas de tels dossiers en ce moment.
Mme Dougherty: C'est une surprise pour la communauté.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je veux simplement situer cela.
Nous n'avons pas eu de demandes venant de qui que ce soit.
Une voix: Ils n'en auront pas.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Alors, s'ils n'en demandent pas,
ne vous en faites pas, on ne le leur en imposera pas, parce qu'on a des
demandes en quantité venant d'ailleurs, au Québec.
Cela dit, le Conseil régional de la santé et des services
sociaux du Montréal métropolitain, en ce moment, a des
équipes qui travaillent à deux fins. La première, c'est la
délimitation des territoires de CLSC éventuels. Puisque
gouverner, c'est prévoir, c'est ce que fait le CRSSS. Pour ce faire, il
a réuni des équipes multidisciplinaires, donc des praticiens
sociaux venant des centres de services sociaux et des gens provenant des
départements de santé communautaire et, possiblement aussi - je
dis possiblement, parce que personne ici du CSSMM ne pourrait me le confirmer -
des gens qui ont une bonne connaissance du bénévolat dans ces
milieux, qu'ils viennent du CSS ou du DSC.
Le premier objectif, c'était de définir le territoire. Ils
nous ont fait des propositions pour cet éventuel territoire. C'est
encore en discussion. Le découpage, dans le cas de Montréal,
n'est pas définitif.
Le deuxième type de garanties, c'est que, s'il devait y avoir,
d'ici un certain nombre d'années, l'implantation de CLSC dans le West
Island, les territoires de ces CLSC correspondraient au territoire du
département de santé communautaire, c'est-à-dire qu'il y
en aurait un ou deux, mais à l'intérieur d'un territoire qui est
déjà un territoire organisé et dont on connaît les
qualités d'organisation.
Troisièmement, par définition, les ressources qui sont
utilisées - j'ai eu l'occasion d'en parler tout à l'heure,
à la suite de la question de Mme la députée de L'Acadie -
sont beaucoup de ressources du milieu, en plus de celles du DSC et du CSS,
donc, des organismes bénévoles impliqués dans la
communauté où la définition des
besoins ne se fait pas par en haut. Par définition, c'est cela un
CLSC. C'est pour cela, d'ailleurs, qu'en général, avant d'en
ouvrir un, on attend qu'il y ait des pressions du milieu qui regroupe des
organismes bénévoles, des intervenants, souvent des
employés du réseau des affaires sociales qui oeuvrent dans un
milieu, qui se font un conseil d'administration, qui demandent une charte, qui
brassent un peu le projet, qui vont faire le lobbying au CRSSS, qui vont dans
les bureaux de députés, qui finissent par nous envoyer une lettre
et qui attendent qu'on réponde. Cela m'a l'air qu'il n'y a pas
grand-chose de tout cela qui a été fait. Je peux donc tout de
suite calmer les appréhensions...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut compter avoir un CLSC au
bout?
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas de garantie, à part
cela.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Johnson (Anjou): Mais il faut, au moins, passer par cela.
Comme il n'y a pas grand-chose de tout cela qui est fait dans le cas du
territoire dont me parle Mme la députée de Jacques-Cartier, je
pense que je peux tout de suite calmer ses appréhensions dans
l'immédiat. Cependant, je pense qu'il faut, quand même, faire le
travail de délimitation éventuelle du territoire, d'analyse des
ressources à transférer, puisqu'on tente au maximum de
développer le réseau des CLSC à partir d'un transfert
réel de ressources, santé/social dans le cas des DSC, et
social/social programme à programme. C'est un travail de rigueur qu'il
faut faire dans lequel il faut voir venir les coûts quelques
années à l'avance, même, dans la mesure du possible, pour
une planification financière un peu plus intelligente ou la plus
intelligente possible.
Finalement, je donnerai quelques exemples de CLSC de la région du
Montréal métropolitain. Je pense que son collègue, le
député de Laurier, pourrait en parler à Mme la
députée. Je pense au CLSC du Montréal
métropolitain, à celui de Pierrefonds, à celui de
Saint-Louis-du-Parc et de Côte-des-Neiges qui, dans les services qu'ils
rendent à la population, sont très collés sur des
populations qui ont des caractères spécifiques sur le plan
linguistique, culturel, ethnique, etc. Je pense, en particulier, au CLSC
Parc-Extension qui est le CLSC dont le député de Laurier est
l'ancien directeur général, un petit CLSC qui fonctionne fort
bien, qui donne des bons services et qui, en pratique, dessert beaucoup la
population d'origine...
Mme Lavoie-Roux: II y a un vieux proverbe au Québec: Quand
on parle du diable, il se montre les cornes. (21 heures)
M. Johnson (Anjou): Je pense que le CLSC, par extension,
historiquement, comme tout récemment, a fort bien desservi les
intérêts de la communauté hellénique qu'on retrouve
sur ce territoire. Je pense que je peux tout de suite, à la fois
administrativement, dans le temps, quant au fond des problèmes,
répondre aux appréhensions de la députée. Si les
gens veulent absolument nous envoyer des lettres et brandir des pancartes pour
dire qu'ils n'en veulent pas, on est habitué aux pancartes et aux
lettres.
Mme Lavoie-Roux: Les lettres, vous les ignorez un peu. On aura
l'occasion d'y revenir.
Mme Dougherty: Ma question porte sur l'évaluation des
besoins, "needs assessment". Le gouvernement a-t-il l'intention de faire un
"needs assessment" à West Island? La communauté a
déjà exprimé une priorité pour un "nursing home",
pour des services aux personnes âgées. Que ce soit n'importe
quelle communauté, est-ce que la communauté a un choix ou s'il
faut accepter un CLSC, même si ce n'est pas vraiment un besoin
prioritaire dans une communauté?
M. Johnson (Anjou): Un CLSC ne saurait prendre la place d'un
centre d'accueil ou d'hébergement. En tant que structure, c'est
très différent. Pour les services donnés, c'est aussi
très différent. Ce qui compte, dans le fond, c'est
l'évaluation des besoins, tels qu'on les perçoit à travers
les études épidémiologiques, les trucs du code postal de
StatsCan et tout ce qu'on veut. On ramasse des tonnes de papier et on se fait
des évaluations qu'on compare avec la notion de dépendance du
milieu. On s'est trouvé une espèce d'univers assez
cohérent, qui est loin d'être parfait et qui connaît des
exceptions importantes, qui nous permet de dire, en gros, les besoins de cette
population, compte tenu de sa composition démographique, des ressources
disponibles, de l'utilisation des services de santé, des ressources
existantes en matière d'hébergement, de santé, de
promotion, etc., le taux de délinquance, le niveau de revenu, la
violence, la criminalité. On rassemble tout cela et on fait une
espèce d'évaluation qui nous permet de dire, en gros, qu'il y a
tel type de besoins.
Avoir un CLCS, en principe, ne règle pas le problème de
savoir si on doit, oui ou non, avoir un centre d'accueil, bien que, dans la
mesure où on a affaire à une population dont les ressources sont
à la limite, compte tenu des critères qu'on a, on dise: C'est 4,9
places par 100 personnes de 65 ans et plus sur un territoire donné pour
un centre d'accueil. Disons qu'on est à la limite du
critère utilisé à ce moment par le
ministère, peut-être que renforcer les services de soutien
à domicile, par exemple, peut être perçu comme une
façon de subvenir à ce besoin.
Donc, il y a trois étapes: d'une part, l'évaluation des
besoins à partir des études statistiques
épidémiologiques; d'autre part, la décision quant aux
ressources les plus adéquates, compte tenu de l'évaluation des
besoins qu'on a faite et compte tenu de l'interprétation qu'on en a
faite, qui peut varier d'un milieu à l'autre, dans certains cas et,
troisièmement, la décision de l'implantation de ressources.
Ceci dit, le cheminement administratif de la décision de
l'implantation, par exemple, d'un centre d'accueil dans le West Island est un
cheminement qui n'est pas nécessairement relié à celui
d'un projet d'implantation de CLSC autrement que dans la mesure où ce
CLSC fournirait des services très précis à cette
population en termes de maintien à domicile, si tel est le besoin. Nous,
on en tiendrait compte et on dirait: II y a une demande de CLSC, une demande de
centre d'accueil, on est à peu près à la limite des
ressources dans ce quartier ou dans ce coin de la ville, on en a d'autres
à donner ailleurs, que ce soit à Sherbrooke,
Trois-Rivières ou Québec, et la décision est prise, ce
sera le CLSC. On va leur dire, en évaluant cela, que, dans le fond,
c'est peut-être une bonne idée qu'ils accentuent le maintien
à domicile. C'est à peu près le type de cheminement qu'on
fait, encore une fois, parce que, les ressources étant limitées,
on doit étaler dans le temps - et peut-être plus que jamais
à bien des égards l'instauration de ce type de ressources et on a
été habitué à tenir pour acquis que cela se ferait
très rapidement dans le passé.
Mme Dougherty: Je reviens à l'essence de ma question. Je
crois que la communauté de West Island, est capable de définir
ses propres besoins. Pourquoi ne pas demander à la communauté de
définir ses propres besoins ou priorités que ces gens envisagent
eux-mêmes? Il est possible qu'ils aient des priorités qui ne sont
pas des priorités du gouvernement. Pour être plus efficace, pour
respecter l'autonomie des communautés, pourquoi ne pas respecter les
besoins précisés par la communauté?
M. Johnson (Anjou): Je dirais: On le fait et on ne le fait pas.
Dans le cas du CLSC, puisqu'on parle de CLSC, la définition des
activités du CLSC est censée provenir de la définition des
besoins du milieu tels que préparés par le groupe promoteur du
CLSC qui devient le conseil d'administration en général. On ne le
fait pas non plus complètement parce que, si on disait aux gens, partout
au Québec, sur la base des 160 territoires de CLSC! Définissez
vos besoins! imaginez-vous la quantité de centres d'accueil qu'on
aurait. On aurait probablement une quinzaine d'hôpitaux de plus au
Québec. Il y a un moment donné où quelqu'un dans
l'État doit dire: Voici, entre les besoins perçus par la
communauté et une idée qu'on se fait de certaines normes,
standards ou équivalences de répartition des services sur le plan
national et compte tenu des ressources financières qui, par
définition, sont limitées dans la société, il faut
qu'à un moment donné, quelqu'un prenne la décision et ce
quelqu'un, c'est celui qui assume la responsabilité de la taxation.
C'est l'État.
Par ailleurs, ce cheminement de la communauté à
l'égard de ses besoins est présent dans des choses
préexistantes même à un CLSC dans un coin comme le
vôtre. Le conseil régional, par exemple. C'est un des mandats du
conseil régional que d'étudier et d'évaluer "les besoins
de la communauté". La quantité d'expertises qu'on retrouve dans
les conseils régionaux à cet égard est assez remarquable.
Ils ont souvent recours à l'expérience très
concrète et aux études épidémiologiques sur le
terrain qui sont faites par les départements de santé
communautaire, par exemple, ou aux problèmes vécus par le centre
de services sociaux. II ne faut quand même pas dire ou tenir pour acquis
que la communauté est étrangère à ce processus
d'évaluation des besoins. Je pense, bien au contraire, qu'elle est
très présente. Sauf que, si on veut dire ne pas être
étranger à ce processus, c'est prendre des décisions quant
aux priorités complètement sur notre territoire, cela est
impossible. Cela est la république de Platon. On va tous se
réunir dans le stade et on va décider ensemble, de
préférence toute l'île de Montréal, et ensuite on
fera la même chose à Chicoutimi.
C'est évident qu'il y a une limite à cela dans la mesure
où ce sont des fonds publics et où il y a une
responsabilité, non seulement de contrôle de fonds publics -c'est
une affaire qu'on a assez entendue depuis deux ans - mais aussi
d'équité entre les régions, entre les sous-régions
et dans le cadre d'une loi qui est l'accès gratuit à des services
de façon universelle sur l'ensemble du territoire, compte tenu des
ressources comme le dit l'article de base de la loi du ministère.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il existe présentement un comité de
promotion pour les CLSC dans le West Island?
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas s'il y a un comité de
promotion, mais moi, je n'ai pas reçu de demande. Cela se peut qu'il y
ait un comité de promotion en formation.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a un comité de
promotion?
M. Johnson (Anjou): II existe peut-être, mais il ne s'est
pas fait connaître. Lise voit tout le courrier qui entre au bureau.
Une voix: Chanceuse!
M. Johnson (Anjou): On me dit qu'à votre connaissance, vu
qu'on reçoit de 200 à 300 lettres par jour, de différentes
sortes, on n'a pas de demande qui est arrivée au cabinet
récemment; ni le responsable des dossiers, ni le responsable du triage
des demandes ne se rappellent cela. On me dit que, non pas au cabinet, mais au
ministère, à la Direction des services sociaux, un groupe qui
s'appelle le Citizens Advisory Council, de LaSaile, se serait fait
connaître. Voilà.
Mme Dougherty: LaSalle n'est pas impliquée...
M. Johnson (Anjou): C'est à LaSalle.
Mme Dougherty: LaSalle n'est pas dans le...
M. Johnson (Anjou): Vous n'appelez pas cela West Island?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est le conseil de...
M. Johnson (Anjou): C'est dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Dougherty: C'est dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: C'est le mauvais comté.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai. Le West Island, où
commence-t-il, incidemment? Est-ce comme la Gaspésie?
Une voix: Dorval.
M. Johnson (Anjou): Dorval.
Mme Dougherty: Je crois que c'est Dorval.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
Mme Dougherty: Officiellement, c'est Dorval.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Ce n'est pas à l'ouest de la
rue Saint-Laurent, quand même.
Une voix: Ne touchons pas aux comtés
représentés ici...
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas Hudson non plus.
Mme Lavoie-Roux: Je suis juste sur la ligne.
Mme Dougherty: II y a un organisme qui s'appelle le West Island
Citizens Advisory Council qui a pris volontairement l'initiative de
sensibiliser les gens du West Island sur ce qui se passera. Ce n'est pas
officiel, ils n'ont aucune liaison avec le gouvernement.
M. Johnson (Anjou): Comment s'appelle-t-il?
Mme Dougherty: West Island Citizens Advisory Council.
M. Johnson (Anjou): C'est le même genre d'appellation, sauf
que ce n'est pas LaSalle.
Mme Dougherty: Ce n'est pas la même chose.
M. Johnson (Anjou): Que font-ils dans la vie?
Mme Dougherty: C'est un organisme-parapluie, un "umbrella"...
M. Johnson (Anjou): Se veulent-ils un comité
promoteur?
Mme Dougherty: ...qui réunit plusieurs organismes. C'est
un organisme...
M. Johnson (Anjou): D'échanges.
Mme Dougherty: ...d'échanges. C'est tout.
M. Johnson (Anjou): Se perçoivent-ils comme un organisme
de promotion d'éventuels conseils...
Mme Dougherty: De promotion de leurs priorités...
M. Johnson (Anjou): Ils ne sont pas à la recherche d'une
structure qui s'appelle un CLSC.
Mme Dougherty: Non, pas du tout. M. Johnson (Anjou): Ah
bon!
Mme Dougherty: Mais comme, apparemment, c'est l'intention du
gouvernement d'implanter des CLSC, ils ont pris l'initiative...
M. Johnson (Anjou): Non, s'ils n'en
veulent pas, ils n'en auront pas.
Mme Dougherty: ...de sensibiliser les gens. Le samedi, par
exemple, il y aura une réunion qui durera toute la journée avec
plusieurs organismes pour parler de l'impact de cette intitiative, pour
envisager les initiatives qu'ils doivent prendre pour communiquer avec le
gouvernement, le choix des priorités. Ils s'inquiètent de
l'impact de tout cela.
M. Johnson (Anjou): Dans la mesure où je décode
bien ce que me dit la députée - je comprends que ce n'est pas
nécessairement très clair pour tout le monde, ce qui se passe
là-dedans - il y aurait un groupe qui, en ce moment, s'appelle le West
Island Advisory Council ou Citizens Committee, qui est en train d'expliquer aux
gens du West Island que c'est très inquiétant que le gouvernement
veuille leur imposer un CLSC. Si c'est leur raison d'être, ils devraient
tout de suite s'abolir, parce qu'il n'est pas de notre intention de leur
imposer un CLSC.
Mme Dougherty: Non, ils ne sont pas nécessairement
contre.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Mme Dougherty: Ils
veulent...
M. Johnson (Anjou): Contre quoi? Il n'y a rien. C'est ce qui est
fantastique.
Mme Dougherty: Ils veulent que les citoyens soient
impliqués dans chaque étape pour qu'ils puissent avoir le
meilleur service possible. C'est tout.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Dans le fond, ce que
m'évoque le député de Gouin, mon adjoint parlementaire, en
termes de préoccupation à l'égard de ces choses, c'est de
dire: Ces choses vont se tramer au-dessus de nos têtes, on va tout
défaire notre réseau à la fois communautaire, de services,
etc. Au pire des pires, ce qui pourrait arriver, même si on avait le feu
aux pieds pour faire un CLSC dans le West Island, ce qui n'est pas le cas, il y
aura un comité, par définition, qui sera formé de citoyens
du coin où il doit y en avoir un. Donc, ils ont toutes les assurances de
ce côté. Ils n'ont vraiment pas à être inquiets pour
cela. On n'impose pas une structure de CLSC à des gens qui n'en veulent
pas, parce que, par définition, c'est cela. Maintenant, je dois dire
que, si jamais, au Québec, on arrive à avoir 158 CLSC, qu'il en
manque deux sur la carte - je ne pense pas que ce soit pour 1984 - et que ces
deux sont dans le territoire possible du West Island, cela posera
peut-être de petits problèmes administratifs, mais nous sommes
très loin de cela. Je pense bien que la députée et
moi-même aurons beaucoup de cheveux blancs quand cela arrivera. (21 h
15)
Mme Lavoie-Roux: Vous vous en venez bien, M. le ministre.
Je voudrais poser une question au ministre... Ce n'est rien de... On dit
que cela inspire le respect.
M. Johnson (Anjou): Cela ne paraît pas tout le temps.
Mme Lavoie-Roux: Plus sérieusement, je voudrais
m'enquérir du projet de CLSC dans la municipalité
régionale de comté de Maskinongé. Il est concret,
celui-là, et il y a des gens qui en veulent un. De fait, il y a
déjà quelques années, le CRSSS de la région 04,
dans une étude sur l'aménagement du CLSC dans cette
région, reconnaissait que ce territoire était la priorité
no un. Et pourtant, on doit constater que deux territoires classés moins
prioritaires ont déjà obtenu leur CLSC. Alors, on voudrait avoir
des explications. Est-ce qu'il se trouve, par exemple, dans la série des
six ou huit autres qui doivent être implantés et auxquels on
faisait allusion quand on a dit qu'il y en a eu seize et qu'il en reste six ou
huit?
M. Johnson (Anjou): Effectivement, dans la région 04, il y
a un an et demi ou deux ans, quelque chose comme cela, ou peut-être un
peu plus même, on avait évoqué que la recommandation -
puisque c'est le rôle du CRSSS - était de considérer que ce
CLSC était prioritaire. Pour une raison ou pour une autre, ils ont
changé d'idée en cours de route.
Mme Lavoie-Roux: On se demande pourquoi, n'est-ce pas? Je ne sais
pas.
M. Johnson (Anjou): Je ne le sais pas. Je sais que j'en ai
implanté un à Nicolet, mais je ne sais pas si cela a un
rapport.
Mme Lavoie-Roux: Cela doit être un meilleur comté
que le comté de Maskinongé.
M. Johnson (Anjou): Un hasard, sans doute. La description
géographique de ce territoire, c'est qu'il comprend Belleau,
Hunterstown, Louiseville, Maskinongé, Saint-Alexis,
Sainte-Angèle, Sainte-Anne-d'Yamachiche,
Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup...
Mme Lavoie-Roux: ...de Padoue...
M. Johnson (Anjou): Non,
Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! C'est sympathique.
M. Johnson (Anjou): ...Saint-Barnabé,
Saint-Édouard, Saint-Joseph-de-Maskinongé, Saint-Justin,
Saint-Léon-le-Grand, Saint-Paulin - village et paroisse, mais c'est la
même chose maintenant - Saint-Sévère, Sainte-Ursule,
Yamachiche, Maskinongé, Maskinongé, partie du lac Villiers ouest,
Saint-Maurice, sortie du lac Kempt ouest... A-t-on mis Saint-Alexis-des-Monts?
Oui, Saint-Alexis. Le CRSSS s'est remis récemment à
l'étude, quant à la priorité de ce territoire, et se
prononcera sans doute de nouveau sur l'acceptation de la délimitation de
la MRC que je viens de décrire, Maskinongé a été
unanime par les différents maires dont les municipalités
étaient incluses dans la zone de consultation prévue par le
ministère des Affaires sociales, puisqu'on fait - il faut être
conscient de cela - dans l'ensemble du Québec un effort pour faire
correspondre le territoire des CLSC dans la mesure du possible au territoire
des MRC, bien que ce ne soit pas parfait. Toutefois, il y a eu un arbitrage au
niveau du parc de Mastigouche qui se trouve partagé entre la MRC de
Maskinongé et celle de Matawinie. Je suis sûr que M. Picotte sera
intéressé à savoir cela. Il y a eu aussi un
problème de représentation quant au nombre de votes pour les
municipalités de Louiseville, de
Saint-Antoine-de-Rivière-du-Loup, ce qui n'est pas étonnant.
Espérant le tout à votre entière satisfaction...
J'ai eu l'occasion récemment de rencontrer le maire de
Saint-Alexis-des-Monts, qui est située à la limite nord de cette
MRC. Les gens de Saint-Alexis-des-Monts sont préoccupés par le
fait qu'ils ont une population flottante assez importante. Beaucoup de
touristes l'été, sans compter l'accès à la
réserve de Mastigouche, ce qui fait qu'il y a environ 15 000
pêcheurs qui se rendent là pendant la saison de pêche. Donc,
ça fait un volume important. C'est une population relativement
isolée; il y a à peu près 23 000 personnes dans l'ensemble
de la MRC. Mais, à Saint-Alexis-des-Monts, je pense qu'il y a 2500
personnes et, pendant la période estivale, il y a de 15 000 à 17
000 personnes. Ils sont arrivés avec l'idée qu'il faudrait que
ces gens puissent bénéficier des services d'un CLSC.
J'ai eu l'occasion de dire au maire de Saint-Alexis, à ce
moment-là, que je comprenais qu'il y avait des problèmes
particuliers à Saint-Alexis. Cependant, je ne pouvais pas me prononcer
sur l'implantation d'un CLSC dans l'immédiat tant que je n'aurais pas
les recommandations du conseil régional et qu'on n'aurait pas
évalué cela au niveau du ministère. Deuxièmement,
il serait peut-être étonnant de voir le siège social
situé d'une façon aussi périphérique dans cette MRC
puisque c'est à l'extrémité nord de la MRC, si vous voyez
à peu près le coin du Québec que je décris.
Cependant, je lui ai dit qu'il m'apparaîtrait normal et souhaitable dans
les circonstances qu'il y ait un point de service éventuellement
à cet endroit et qu'on insiste probablement sur la dimension de
santé curative dans ce coin puisqu'il y a peu de ressources
médicales.
Je crois savoir que le député de Maskinongé a fait
un peu comme s'il annonçait l'implantation d'un CLSC dans la
municipalité de Charette. Je dois lui dire que je ne suis pas au
courant; tant mieux si lui est au courant. Je ne suis pas sûr que ce sera
dans la municipalité de Charette.
Mme Lavoie-Roux: Vous suivez vraiment les activités du
député de Maskinongé pour savoir ça.
M. Johnson (Anjou): II m'arrive de lire les journaux, surtout la
presse régionale qui recèle plein de choses et qui a tendance
à être moins morose que la presse nationale.
Mme Lavoie-Roux: On vous voit de plus loin.
M. Johnson (Anjou): C'est ce que j'avais à dire sur
l'éventuel CLSC de Maskinongé.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, je pense que c'est quand
même un grand territoire, comme l'a mentionné le ministre, et je
voudrais... Je ne sais pas si c'est une correction, on n'a peut-être pas
lu le même courrier régional. Le député de
Maskinongé, de fait, a eu à en parler, je ne sais pas au cours de
quelle réunion; c'est rapporté dans le Nouvelliste de
Trois-Rivières, j'imagine. La position qu'il a prise était la
suivante: il était prioritaire qu'un CLSC puisse s'installer dans la MRC
de Maskinongé, mais il était souhaitable "que les gens ne fassent
pas d'esprit de clocher dans toute cette affaire concernant l'endroit où
serait installé le CLSC". Il a tenu à préciser qu'un CLSC
était vraiment différent d'un hôpital, alors qu'on doit
aller vers les gens et fournir des services à partir d'un point central.
Cela semble contredire un peu l'autre presse régionale du ministre,
parce qu'il n'a pas promis... Vous parliez de Charette...
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas à quelle date ont paru
ces coupures, mais il y en a une autre avant où il parlait de
Charette.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout récent, 9 avril 1983.
M. Johnson (Anjou): C'est l'autre avant. Il y quelques semaines,
il annonçait que ce serait à Charette.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'êtes pas à jour dans vos
lectures.
M. Johnson (Anjou): Je suis content de voir que sa marge
d'incertitude est revenue.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, est-ce que vous entrevoyez,
pour l'année 1983-1984, l'implantation d'un CLSC dans cette MRC?
M. Johnson (Anjou): Je ne peux pas le dire en ce moment. C'est
tout simplement possible qu'en 1983-1984, on puisse obtenir l'émission
des lettres patentes et le début du regroupement... Quoiqu'ils aient
peut-être leurs lettres patentes déjà. Non? Il est possible
qu'on puisse l'obtenir dans le cas de cinq ou six CLSC sur le territoire. On
aura à décider en termes de région et à
l'intérieur de chaque région à partir des informations qui
nous sont données.
On me dit que le comité promoteur pour l'implantation a
été créé à la mi-mars 1983. Je pourrais vous
dire que, sur mon bureau, j'ai quelques demandes de comités promoteurs
qui ont fait beaucoup avancer leur boulot dans beaucoup de régions du
Québec et qui remontent, dans certains cas, à il y a deux ou
trois ans. Sans me prononcer, je dirai que ce sera pris en
considération, ce sera évalué au mérite, et
j'assumerai la responsabilité de mes décisions.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, si vous examinez les demandes
à partir uniquement de la date de la demande...
M. Johnson (Anjou): Non, non, pas uniquement, entre autres.
Mme Lavoie-Roux: ...parce que, dans ce cas-là, comme je le
disais tout à l'heure, il y a longtemps qu'il devrait y en avoir un
à Cartierville et à Bordeaux, parce qu'il y a un comité
formé, même avant que vous et moi soyons à
l'Assemblée nationale.
M. Johnson (Anjou): Ce que vous me dites, si je comprends bien,
c'est que, si on accordait des CLSC...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Johnson (Anjou): ...sur une autre base, cela serait d'abord
dans votre comté avant celui de Maskinongé.
Mme Lavoie-Roux: Absolument pas. Ce que je vous dis, c'est de
tenir compte des besoins de la population.
M. Johnson (Anjou): Bien, évidemment, c'est le
critère de base. Je ne dis pas qu'il n'est pas tempéré par
une série d'autres facteurs...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...organisationnels.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander au ministre... Nous avons
ici les budgets pour les services en milieu scolaire. Est-ce que ce sont des
budgets récupérés des DSC?
M. Johnson (Anjou): Santé en milieu scolaire, oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est marqué: Services en milieu
scolaire.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, mais c'est au chapitre des DSC,
je pense. C'est santé scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Dans les services à domicile - je pense
que le ministre l'a dit ce matin, j'ai essayé de faire l'addition des
services à domicile, j'en arrive, en les récupérant aux
centres hospitaliers, aux CRSSS et aux CLSC, à un montant global
d'environ 72 861 000 $.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, exact. 300 $.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais faire remarquer au ministre qu'il
est vrai que ce sont des sommes considérables et c'est pour cela qu'il
est tellement important qu'elles soient utilisées à bon escient.
J'ai un tableau et je sais que le ministère en a un semblable j'imagine
que nos chiffres doivent coïncider à peu de chose près - on
a fait un relevé - on le fait d'une année à l'autre -de
l'évolution des budgets consacrés aux services à domicile
depuis 1970 jusqu'à 1984. Quand vous regardez les variations des
crédits en tenant compte de l'inflation, il y a eu - évidemment,
cela a commencé en 1971-1972 - de gros montants, une variation nette
importante en 1972-1973, ensuite en 1975-1976 et, en 1977, il y a encore de
gros montants. Il y en a eu ensuite en 1978, 1979 et en 1980.
Depuis 1980 ou depuis l'année 1980-1981 jusqu'à
aujourd'hui, les variations nettes sont à peu près, si on tient
compte de l'inflation, nulles. Il n'y a pratiquement pas d'augmentation. C'est
du maintien. Alors que vous aviez, en 1981-1982, une augmentation nette de
2,5%; en 1982-1983, de 4,2%, aujourd'hui, si on tient compte du taux
d'inflation de 5% et si nos calculs sont bons, il n'y a pas...
Évidemment, tout cela est attribuable à l'inflation et je le
comprends fort bien. Les montants impliqués sont importants, mais
c'est...
M. Johnson (Anjou): Est-ce que...
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez me répondre, oui.
M. Johnson (Anjou): Je trouve cela... Je peux peut-être le
donner en termes d'effectif pour démontrer que ce n'est pas seulement du
maintien. En 1980-1981, dans les soins à domicile, il y avait 240 postes
- ce qu'on appelle ETP - équivalents à temps plein. En 1982-1983,
il y en avait 313. Dans le cas de l'aide à domicile, par opposition aux
soins à domicile, donc ce sont des services autres que des services
infirmiers, en 1980-1981, c'était 576 et, en 1982-1983, c'est 635. Il y
a donc eu augmentation des postes alloués à cela.
Évidemment, la merveille là-dedans - si on prend les postulats
que vous donniez et ceux que je vous donne - c'est qu'on soit parvenu à
avoir des augmentations importantes en allouant des budgets en
deçà de l'inflation. Je suis sûr que cela demeure un
mystère pour... Si jamais il y avait des gens du Conseil du
trésor qui étaient assis dans cette salle, je suis sûr
qu'ils viendront nous voir pour savoir comment on fait des choses aussi
magnifiques.
Quant aux organismes subventionnés -parce qu'on a des organismes
subventionnés d'aide à domicile dont il faut tenir compte -on
avait 216 organismes en 1979-1980. En 1980-1981, il y avait 325 organismes
subventionnés. En 1982-1983, il y en a 410. Il y a donc là une
augmentation de présence d'effectif et non seulement d'argent, en termes
de déploiement en quantité de services. (21 h 30)
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, cela doit bien être le seul
endroit où vous réussissez à faire passer de 240 à
313 en personnel. Il y avait tout de même eu une augmentation de
4,2%.
M. Johnson (Anjou): II y a eu du gras dans le "gaz".
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de CLSC dans l'ensemble des
services à domicile.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des CLSC spécifiquement,
deux dernières remarques. Dans le cas des CLSC, c'est un budget
protégé et il y a une majoration dans ces budgets dans le cadre
du budget global, d'une part, parce qu'on considère que c'est une
priorité, et les CLSC aussi, en général, selon leur
milieu. C'est à peu près vrai dans l'ensemble du territoire.
Deuxièmement, loin de moi de prétendre que passer de 240 à
313 postes dans les soins et 576 à 635, cela règle les
problèmes de maintien à domicile au Québec; on est loin du
compte. Ce qu'on essaie de dire, c'est que cela a progressé non
seulement en termes relatifs sur les masses budgétaires, mais en termes
de quantité de services. C'est pour cela que nous en sommes en ce
moment, dans le cadre de ce que j'évoquais ce matin à
l'égard du troisième âge, à la révision de la
politique du maintien à domicile.
Mme Lavoie-Roux: De quelle façon faites-vous votre
distribution entre les soins et les services? Il y a une étude parmi
probablement des centaines d'autres, si on se réfère à
celle où l'on parle des motivations pour les gens de demander un
placement en centre d'accueil ou rester à domicile. Je ne sais pas si
c'est celle-ci ou la bleue; en tout cas, l'autre, je ne l'ai pas. On expliquait
dans cette étude que ce n'est pas tellement le fait qu'on ait des
services à domicile en soi; c'est le fait qu'on ait quelqu'un qui aille
chez soi assez régulièrement et assume certains services, par
exemple, strictement de tenue de maison - je vais l'appeler comme cela faute
d'un meilleur terme - et de contacts et non nécessairement des soins.
J'ai l'impression que, d'après ce que vous me donnez, si on tient compte
des salaires, il y a plus de gens à soins à domicile qu'il y en a
à services à domicile dans le sens le plus restreint.
M. Johnson (Anjou): II y a trois choses. Il y a les soins, l'aide
à domicile...
Mme Lavoie-Roux: ...l'aide à domicile, c'est cela que je
ne trouvais pas.
M. Johnson (Anjou): ...c'est cela. Il y a les soins.
Mme Lavoie-Roux: La répartition entre les soins et
l'aide.
M. Johnson (Anjou): II y a l'aide à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Et les services, c'est le tout.
M. Johnson (Anjou): Les services, c'est le tout. Cependant, quand
on parle de 313 postes équivalents à temps plein dans les soins
et 635 dans les CLSC et les centres de santé pour l'aide à
domicile, on ne dit pas que ce sont des effectifs du réseau des affaires
sociales avec des conventions collectives de 300 pages et des agents de griefs,
des directeurs de relations de travail. Tout cela fait des services et c'est
une bonne chose. À côté de cela, il y a aussi les
organismes bénévoles qui s'occupent de maintien à
domicile, où on retrouve beaucoup de ce type d'activités qu'on
évoquait tout à l'heure dans le cas de cette enquête. Je le
sais parce qu'il y en a dans mon comté et je les connais bien. Je pense
à un groupe qui coûte à peu près 28 000 $ par
année au total. Ils ont 70 personnes bénévoles, ils ont
une clientèle d'à peu près 100 ou 125 personnes, ils vont
régulièrement auprès de ces personnes. D'abord, il y a le
truc de la
chaîne téléphonique régulière;
deuxièmement, rendre des services de type le ménage; la personne,
par exemple, qui est handicapée a un déplacement pour certaines
raisons; l'accompagnement dans le cas des gens qui doivent aller à
l'hôpital suivre des traitements ou subir des examens diagnostiques.
C'est considérable comme activité.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que...
M. Johnson (Anjou): Et on ne vise pas à les
empêcher; bien au contraire, on fait tout ce qu'on peut, même si,
à l'occasion, cependant, on assiste, comme je l'ai vu dans certains
endroits, à des querelles qui prennent toutes sortes de formes, y
compris des formes corporatistes où on dit: Les bénévoles
vont aller déplacer des malades qui ont des dislocations de hanche. Non,
ce n'est pas cela. Cela prend quelqu'un qui a un entraînement, donc cela
prend des services du type préposé aux malades ou
infirmière auxiliaire ou à surveillance à distance. Dans
le fond, on sait dans quoi on débouche, dans ce temps-là. Ce
n'est pas parce qu'à l'occasion, il y a des cas comme ceux-là
qu'il faut élaborer une politique à partir d'une notion qu'il
faut absolument que ce soit dans le réseau et que ce soient des
effectifs à temps plein tout le temps.
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, vous considérez -
oublions les organismes bénévoles et les gens qui sont
impliqués là-dedans - probablement que, dans les 300 ou 410
organismes, il y a aussi les popotes roulantes que vous calculez
là-dedans et tout.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. Mme Lavoie-Roux: C'est cela?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Mais dans les autres, est-ce que cette
distribution vous apparaît la meilleure distribution entre l'aide et les
soins à domicile? Des gens payés, des gens
rémunérés?
M. Johnson (Anjou): On aura sûrement l'occasion d'en
rediscuter plus longuement quand on arrivera à cette révision de
la politique des soins à domicile et du maintien à domicile.
C'est très clair que, dans certaines régions, pour certaines
populations d'âge et de pathologie déterminés, cela prend
des soins à domicile et pas du service à domicile. Je ne parle
que du réseau public, je ne parle pas des organismes
bénévoles.
On pense à certains types de pathologie qui exigent un suivi que
je qualifierais de paramédical plus important. Qu'on pense aux personnes
qui font de l'hypertension, qu'on pense aux diabétiques insuliniques,
qu'on pense à une série de conditions comme celles-là.
Encore une fois, je pense qu'il faut essayer de définir cela dans un
cadre général et j'aurais tendance à croire, comme le
démontrent certaines études, bien qu'elles ne soient pas unanimes
là-dessus, qu'il y a beaucoup de place pour ce qui relève de la
notion de maintien et de services et non pas de soins.
Je pense que l'expérience qu'on a vécue dans beaucoup de
CLSC va dans ce sens et il ne faut pas se laisser obnubiler par des querelles
qui, dans certains cas, sont des querelles corporatistes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on pourrait me
dire si une des grandes plaintes de tout le domaine des services à
domicile ou du maintien à domicile est le fonctionnement sur une base
horaire rigide des CLSC? Pouvez-vous me dire, à ce moment-ci, combien de
CLSC fonctionnent sept jours par semaine?
M. Johnson (Anjou): On va avoir les chiffres précis dans
deux minutes, mais, en gros, c'est à peu près 60%. Il faut bien
voir que ces statistiques qui sont intéressantes parfois cachent des
réalités. À Chapais, j'ai visité un CLSC absolument
remarquable, équipé comme je souhaiterais en voir un dans mon
comté et que je ne verrai pas, qui est ouvert 24 heures par jour
à l'urgence.
Mme Lavoie-Roux: II y a plusieurs centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Ils ont, de nuit, en l'espace de cinq mois,
eu 85 cas. En cinq mois, la nuit, dans cette urgence. Ils ont deux lits
d'observation, mais qui ne sont pas utilisés nécessairement
très fréquemment parce que les gens sont transportés
à 35 milles de là, à l'hôpital de Chibougamau, quand
il est ouvert. Il est ouvert cette année. Alors, c'est disponible, c'est
ouvert, sauf qu'on pourrait peut-être même se poser
carrément des questions d'opportunité. Les ouvertures de nuit,
cela entraîne des coûts considérables, parce qu'il faut une
infirmière au poste, parce qu'il faut la disponibilité de
quelqu'un pour le laboratoire, etc. Ce sont des coûts
considérables.
Alors, en bref, voici les chiffres: on en a 21 qui sont ouverts sept
jours par semaine, 24 heures par jour, dont celui de Chapais.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ferai remarquer au
ministre que son prédécesseur était là et cela
remonte en 1979 ou 1980. C'est dommage que je ne l'aie pas devant moi, mais,
à ce moment-là, il y en avait à peu près quinze ou
seize qui étaient ouverts sept jours par semaine, 24
heures par jour. Ce qui avait d'ailleurs permis au ministre du temps de
faire une publicité ronflante, on s'en souviendra, en 1980, aux frais
des contribuables, pour dire que les personnes âgées n'avaient pas
à s'inquiéter, qu'il y avait des services partout 24 heures par
jour. On est rendu à 21 et on a quand même une centaine de CLSC.
Je comprends qu'ils ne sont pas tous au même niveau de
développement, mais c'est peut-être encore plus prioritaire, au
moins dans certaines régions, que le développement de nouveaux
CLSC, dans le fond, parce que cela coûte cher de les garder ouverts sept
jours par semaine, 24 heures par jour. En tout cas, c'est seulement une
remarque.
M. Johnson (Anjou): On peut peut-être passer à autre
chose, mais je vais avoir l'addition des colonnes de chiffres d'ici quelques
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me dire si les soins de courte
durée dans les centres de services communautaires... Je suis un peu
mêlée dans les services, vous voulez dire...
M. Johnson (Anjou): Ce sont les centres de santé.
Mme Lavoie-Roux: Ah! ce sont les centres de santé.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Ce sont les centres de
santé. Il y a un total de onze centres de santé. On pense
à celui de l'Archipel, par exemple, des Îles-de-la-Madeleine. On
pense à Sainte-Famille, à Ville-Marie, en Abitibi, à
Port-Cartier, etc. Ces centres de santé, dans le fond, c'est une
structure de CLSC, des établissements à vocations multiples et
qui sont en fait de petits hôpitaux également. C'est surtout dans
les régions particulièrement isolées. Ceux-là, soit
dit en passant, sont en générai ouverts 24 heures par jour. Pas
en général, ils sont tous ouverts. Alors, il y a là des
soins de courte durée de l'ordre de 30 329 800 $.
Mme Lavoie-Roux: Pour les soins prolongés, vous faites
allusion à quoi dans les CLSC?
M. Johnson (Anjou): II y a quelques établissements. Il y
en a un dans l'Est de Montréal et il y a celui où on a eu des
difficultés pendant la grève...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est parce qu'ils sont reliés
à un CLSC?
M. Johnson (Anjou): Trois-Saumons?
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord, cela va.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Il y a celui de la
Haute-Côte-Nord, je pense, qui a des lits de soins prolongés.
Mme Lavoie-Roux: Oui. D'accord. Non, c'est la notion de
l'association que j'avais perdue.
L'an dernier, il y a eu un problème ayant trait aux services
à domicile qui a été longuement soulevé, qui a
créé passablement de contestation et qui, d'ailleurs, revient
fréquemment. Ce sont les projets de services de maintien à
domicile pour les personnes handicapées. Vous vous souviendrez qu'une
partie... Mais je ne veux pas revenir sur ce vieux problème, ce qui
avait été utilisé à une rubrique budgétaire
plutôt qu'à une autre; c'est vraiment ce que vous envisagez comme
développement du côté du maintien à domicile des
personnes handicapées, parce que, là aussi, il y a des
problèmes. C'est que la flexibilité des horaires des CLSC, je
devrais plutôt parler de leur rigidité, empêche vraiment que
ce soit aux heures où les gens ont besoin de services.
M. Johnson (Anjou): Le cas de
Montréal, notamment, je pense que c'est là que
c'était le plus évident...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela peut arriver ailleurs. C'est
parce que c'est Montréal qui l'avait soulevé.
M. Johnson (Anjou): Mais Montréal est peut-être le
cas le plus évident. Il y avait une quarantaine de cas dits d'urgence,
que nous sommes en train de régler, ce qui implique des ressources
d'à peu près 400 000 $, ce qui est beaucoup d'argent; ensuite,
nous avions pris l'engagement auprès des groupes de personnes
handicapées de revoir la politique et les règles qui
régissent le maintien à domicile des personnes
handicapées. C'est en train de se faire. Un des groupes est
associé à cela grâce à l'Office des personnes
handicapées de chez Mme Robillard. C'est en voie d'étude, sauf
que les 40 cas de Montréal sont en train de se régler.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela, ce sont des cas particuliers.
Mais, dans l'ensemble du programme, quelle est la partie qui leur est
consacrée? (21 h 45)
M. Johnson (Anjou): La proportion?
Une voix: La proportion.
M. Johnson (Anjou): II y a deux choses. D'une part, il y a les
budgets de l'Office des personnes handicapées qui relèvent de mon
collègue et que vous verrez dans les crédits du Conseil
exécutif, où il y a des per diem qui sont donnés. Il y a,
d'autre part, dans le
maintien à domicile au ministère des Affaires sociales, un
budget protégé. Mais nous nous sommes toujours refusé et
nous continuons de refuser d'identifier des clientèles à
l'intérieur du maintien à domicile, parce que, le jour où
nous commencerons cela, qu'est-ce que ce sera? Ce sera l'âge? Le type de
handicap? Comme on a affaire à un territoire qui est très vaste,
à des ressources qui sont réparties de façon très
différente et, finalement, à une population qui n'est pas si
grande que cela, on peut bien élaborer tous les schémas
théoriques fantastiques possibles sur les protections des
clientèles, on arrivera avec des absurdités. Ce qu'on dit: Les
budgets de maintien à domicile - dont les handicapés
représentent environ 10% à 12% de la clientèle qu'ils
desservent - sont protégés.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il...
M. Johnson (Anjou): Mais on ne protège pas
spécifiquement chacune des clientèles.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que vous les protégeriez dans
une proportion...
M. Johnson (Anjou): Je tiens pour acquis que, en
général...
Mme Lavoie-Roux: ...de 10% à 12%?
M. Johnson (Anjou): Je dois vous dire que ce sont, en
général, des groupes fort bien organisés qui ont fait
connaître, quand ce n'est pas carrément accompagnés de
fonctionnaires permanents de l'OPHQ qui sont les porteurs de pancartes...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez donc de la misère.
Une voix: Voyons donc!
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez jamais porté de pancartes, M.
le ministre?
M. Johnson (Anjou): Oui, j'en ai porté souvent.
Mme Lavoie-Roux: J'allais dire que vous devez bien être le
seul au gouvernement...
M. Johnson (Anjou): Contre le régime
précédent.
Mme Lavoie-Roux: ...à part M. Laurin. Lui, il n'a jamais
porté de pancartes.
M. Johnson (Anjou): L'autre chose, il y a une notion de jugement
local aussi. C'est toujours la même chose. Chacun des groupes qui
revendiquent - c'est vrai sur le plan social comme dans les autres domaines
dans la société - finalement, nous présente les raisons
pour lesquelles on devrait tout faire pour ce groupe ou pour consacrer plus de
ressources à ce groupe. Finalement, qui portera des jugements? Le
ministère, lui, a porté un jugement d'orientation
générale à l'égard du maintien - à domicile
en protégeant les budgets, en augmentant les effectifs, en faisant en
sorte que les CLSC, les DSC, les centres de services sociaux mettent un accent
sur cela. En plus de cela, il est en train de réviser sa politique.
Parallèlement à cela, à l'égard des personnes
handicapées, l'Office des personnes handicapées et l'ensemble des
programmes qui ont accompagné la création de l'office rendent
certains services spécifiques à cette clientèle que sont
les personnes handicapées. Il faut peut-être aussi que ce ne
soient pas toujours les mêmes 24 personnes à Québec qui
décident de tout, du sort et de la vie de chacun. On se dit que, quand
il y a un CLSC quelque part, il est capable de porter un jugement
éclairé à l'intérieur des priorités
générales que le ministère lui assigne.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): D'accord? C'est seulement pour revenir sur
les questions antérieures, les ouvertures de sièges sociaux. Je
m'excuse...
M. French: Ce n'est pas cela, encore.
M. Johnson (Anjou): Les heures d'ouverture des sièges
sociaux de CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Pas encore les sièges sociaux! Bon! Il
y en 15 qui sont ouverts 35 heures par semaine.
Mme Lavoie-Roux: 15 à 35 heures, oui.
M. Johnson (Anjou): II y en a 51 qui sont ouverts 80 heures par
semaine, de 35 heures à 80 heures par semaine, mais, en pratique, c'est
plus près de 80 heures. Il y en a 24 qui sont ouverts entre 80 et 100
heures par semaine.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): II y en a 24 qui sont ouverts plus de 100
heures par semaine.
Mme Lavoie-Roux: Combien y a-t-il d'heures dans une semaine?
M. Johnson (Anjou): Combien? 168 heures.
Mme Lavoie-Roux: 168 heures. Je ne
les ai jamais calculées.
M. Johnson (Anjou): Voulez-vous cela en secondes?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. C'est que je voulais voir ce que cela
donnait, 100 heures. Je vais jusqu'à 72 heures, ça va bien, mais,
après cela, cela ne correspond plus à rien. Il y a encore
beaucoup de...
M. Johnson (Anjou): Cela s'est amélioré, il y a du
progrès par rapport à cela. Regardez cela. En 1935, il y en avait
51...
Mme Lavoie-Roux: Honnêtement, je trouve que le ministre n'a
pas de quoi se réjouir; des CLSC ouverts à 35 heures par semaine,
cela n'a pas de bon sens.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend. Il y en a qui viennent de
commencer, il faut bien voir. Il faut dire qu'au CLSC, il y a un directeur
général, son adjointe ou son adjoint immédiat, sa
secrétaire ou son secrétaire, une machine à écrire,
un téléphone, qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent là
la nuit?
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'il y en a quinze comme cela, qui ont
seulement le téléphone, le directeur et son assistant.
M. Johnson (Anjou): En fait, cela correspond en gros, pour les 35
heures, à ceux qui sont en phase d'implantation. À partir du
moment où l'on tombe dans les autres, vous avez déjà
beaucoup de gens à 80 heures. C'est déjà un progrès
sensible. On aurait peut-être avantage demain, si on a les données
à la portée de la main, à vous fournir des statistiques
comparatives pour les années précédentes.
Mme Lavoie-Roux: On est toujours dans le programme no 1. Je n'ai
plus rien à vous demander là-dessus. Programme no 2 non plus. Il
y avait juste en hébergement pour les personnes âgées; il y
a une augmentation de 42% des frais d'exploitation et qui sont accolés
encore à un CLSC.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, il y en a quelques-uns.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je n'ai pas de question là-dessus.
Programme no 3, c'est une péréquation de l'équipement,
cela veut dire que cela peut être de l'équipement médical
ou toutes sortes d'équipements, je n'ai pas de question. La
rénovation, les loyers. J'ai déjà mentionné les
problèmes de location.
M. Johnson (Anjou): Oui, on en a pris bonne note. S'il y a des
scandales particuliers, j'aimerais que vous nous les souligniez.
M. French: On n'est pas le genre, nous. Vous n'avez pas
l'équipe de scandale ici.
M. Johnson (Anjou): Non, vous n'êtes pas allé au
salon rouge récemment.
M. French: On va les amener si vous voulez.
M. Johnson (Anjou): Peut-être.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela va pour cette première
partie. Le programme 1 est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Adopté.
M. French: ...ils vont imposer un CLSC dans le West Island.
Mme Lavoie-Roux: II me restait une question que j'aimerais poser
et qui est importante parce que je n'ai pas eu de réponse ce matin.
Est-ce qu'on peut me dire le nombre d'avortements dans les CLSC? Est-ce que
vous allez garder des statistiques de cela? Ce n'est pas la question de savoir
combien. Je trouve que cela a une importance du point de vue de l'orientation
qu'on veut se donner.
Ce n'est pas la remise en question de la question elle-même. Par
exemple, je voyais un rapport, je ne l'ai pas avec moi, où on pouvait
lire qu'à Sainte-Justine, pour une naissance, ce sont deux avortements.
Je vous l'apporterai demain pour ne pas donner d'erreur. Ce sont des
adolescentes. Je voudrais quand même savoir vers quoi on s'oriente.
Est-ce qu'il y a moyen qu'il y ait des statistiques de gardées
là-dessus? Je voyais quelque part qu'il y a des ajouts pour les
cliniques de planification familiale dans les CLSC. Je ne sais pas à
quel endroit j'ai vu cela, c'est peut-être un peu plus loin. Qu'est-ce
qu'on veut établir? Est-ce que ce sont des cliniques de planification
familiale dans le sens des cliniques qu'on retrouve dans les hôpitaux ou
qu'est-ce que c'est exactement?
M. Johnson (Anjou): C'est le volet prévention,
éducation en particulier. Il y a 92 CLSC qui sont actifs dans ce
domaine.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est...
M. Johnson (Anjou): Ah oui! et, notamment, c'est vrai, pour
revenir sur une autre question qui a été posée ce matin,
il y a une insistance particulière sur le cas des maladies
transmissibles sexuellement dans ce programme-là.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Est-ce que
les CLSC vont être impliqués dans les programmes
d'éducation sexuelle prévus par le ministère de
l'Éducation?
M. Johnson (Anjou): On me dit qu'il y a, effectivement, une
participation des CLSC dans le cas de l'Outaouais à cet
égard.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'apparaît important. Est-ce que le
programme doit démarrer en 1983 dans les écoles?
M. Johnson (Anjou): II me semble que c'est en septembre 1983,
mais je ne suis pas sûr. Il faudrait qu'on vérifie avec le
ministère de l'Éducation. Il devrait être disponible,
normalement, à partir de 1983 et possiblement implanté partout en
1986.
Mme Lavoie-Roux: Pas avant 1986?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire disponible à
compter de 1983 et, en 1986, il devient complet.
Mme Lavoie-Roux: Et obligatoire? M. Johnson (Anjou): Et
obligatoire.
Mme Lavoie-Roux: Quand on regarde les statistiques - que je n'ai
pas, parce qu'il faudrait traîner une bibliothèque avec moi -de
grossesse, elles sont...
M. Johnson (Anjou): Oui, peut-être...
Mme Lavoie-Roux: ...considérables chez les 12-16 ans - il
y a deux catégories d'âge - et les 16-20 ans.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que je pourrais suggérer, pour
la suite...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...qu'on passe aux autres programmes sociaux
et, donc, qu'on passe outre au programme sur la santé et on fera
ça d'un bloc demain?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Et passer pardessus les organismes
bénévoles?
M. Johnson (Anjou): Non, non. On étudierait le programme
2, Soutien des organismes bénévoles, qui est social. Normalement,
l'ordre devrait être 1, 2, 4, 5, 6. En fait, on passerait par-dessus le
programme 3 qui est Services en centres hospitaliers.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Alors, le programme 2? Le programme 1 est
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Blank): Adopté. Je constate qu'il
est 21 h 58. Est-ce qu'on va aborder un autre programme?
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on a le... Je pense qu'on pourrait
avoir le consentement de nos collègues pour continuer un peu,
étant donné qu'on va tous être un peu bousculés
à compter de demain. Je ne demande pas qu'on fasse cela indûment
jusqu'à 2 heures du matin, mais, si ma collègue et mes
collègues nous accordaient encore une heure, je pense qu'on pourrait
passer à travers... On continue quand même? Alors, le programme 2,
Soutien des organismes bénévoles, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Programme 2, Soutien des
organismes bénévoles.
Soutien des organismes bénévoles
M. Johnson (Anjou): Pour les organismes bénévoles,
très rapidement, M. le Président, j'ai donné ce matin
certains chiffres. Si on veut que je les répète ou que je
revienne sur le sujet, je le ferai avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais strictement revenir sur la question
des subventions aux maisons pour femmes battues.
M. Johnson (Anjou): Oui.
(22 heures)
Mme Lavoie-Roux: Elles ont strictement - vous l'avez en
détail un peu plus loin, si je peux le retrouver - l'inflation. Je
voudrais demander au ministre, voyant qu'il y a par contre une augmentation de
65,7% aux services à la jeunesse... Le ministre va me répondre:
C'est évident; on le reconnaît comme une de nos priorités.
Il reste que les ressources pour répondre aux besoins des femmes en
difficulté sont quand même limitées. On me dira
peut-être qu'il y avait 18 maisons et qu'il y en a maintenant 32 ou
quelque chose du genre. Quand même, on n'a pas envisagé de leur
donner davantage. Il y en a vraiment qui sont obligés de refuser des
gens. Il y a des gens qui sont vraiment mal pris. Quel a été le
rationnel de la décision? Même pour les services à la
communauté, il y a une petite augmentation, au-delà du taux de
l'inflation, de 7,3%.
M. Johnson (Anjou): Je reprends brièvement la description
des activités. Ce sont des maisons qui fournissent de
l'hébergement aux femmes, avec ou sans enfant, 24 heures par jour, sept
jours par semaine. Il y a là des activités d'accueil,
d'écoute, de soutien moral, d'information, de référence et
d'accompagnement dans certains cas. C'est ce qui constitue les services
inhérents à ces maisons. Le nombre des
maisons est maintenant passé de 11, en 1979-1980, à 38 en
1982-1983. Les sommes consacrées à ces maisons sont
passées de 645 000 $ à 2 800 000 $. Cette année, cette
somme a reçu une espèce d'indexation en plus d'un montant de 800
000 $, globalement, qui est destiné à la fois aux organismes
communautaires et aux maisons pour les femmes. On peut donc présumer
environ 400 000 $. Ce qui permettrait un accroissement des ressources.
Sur le plan du budget de base, la première année, la
subvention est de 70 000 $. La deuxième année, elle est de 85 000
$. La troisième année, il y a, dans le cas des endroits où
il y a douze places et moins, 100 000 $; dans le cas des endroits où il
y a treize places et plus, 113 850 $. Cependant, il faut dire également
que les CSS, dans plusieurs cas, versent un per diem en plus à ces
maisons. Le rationnel de ce budget est basé sur la notion d'environ sept
personnes, de sorte qu'on assure une permanence de sept jours par semaine dans
ces maisons.
Il y a une revendication, que je sais être la revendication d'une
partie des maisons pour femmes, qui est celle de faire de ces
établissements des établissements publics. Il n'est pas dans
notre intention de procéder de cette façon pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Je souhaite bien que vous n'en ferez pas des
institutions publiques. Cela m'étonne, car je ne savais pas qu'il y
avait un mouvement dans ce sens-là.
M. Johnson (Anjou): À l'occasion, cela revient. Mais je
dois dire que ce n'est pas étendu. C'est venu de deux endroits en
particulier: un groupe de Montréal et un groupe de l'Estrie, je pense,
qui demandaient, à toutes fins utiles, que cela devienne des
établissements de nature publique ou presque. Enfin, l'objectif
était de garantir un niveau d'effectif, d'emplois et de conditions de
travail analogue à celui qu'on retrouve dans les institutions publiques.
Mais je pense que c'est assez marginal comme revendication.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on... Je vous ai peut-être
posé la question l'an dernier et, si je l'ai fait, j'ai oublié la
réponse. Pourquoi les subventions ne sont-elles pas identiques d'une
maison à l'autre? Est-ce que c'est selon une première ou une
deuxième année que les taux...
M. Johnson (Anjou): Selon que c'est une première ou une
deuxième année ou selon le nombre de lits en première et
deuxième année.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je dois dire qu'il y a beaucoup
moins de décalage des subventions par personne entre 1982-1983 et
1981-1982, où il y avait beaucoup plus de disparités. Le ministre
nous avait fait part du fait qu'une politique de financement serait
rédigée pour septembre 1982, l'an dernier, lors de l'étude
des crédits.
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: On parle des femmes battues. Cela
l'intéresse beaucoup. C'est sérieux, ce que je dis là.
Quand entendez-vous la présenter? Parce qu'elle n'est pas encore connue
et il faut bien réaliser qu'on assiste, depuis un mois, un mois et demi,
à beaucoup de représentations qui également ont
été faites auprès du ministère, auprès des
députés ministériels parce que ces maisons-là, ne
sachant pas si leur budget serait reconduit l'année suivante, s'il y
aurait renouvellement de leurs subventions, craignaient - certaines, en tout
cas - de devoir fermer ou même de fermer avant la fin de leur
année financière. Je pense que, lorsqu'elles sont assurées
d'un budget, elles doivent pouvoir emprunter, en tout cas avoir une petite
marge de crédit. C'est dans ce sens-là que je demande au ministre
quand sa politique de financement, qu'il se proposait de présenter, doit
être connue.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de toutes les maisons existantes,
normalement, elles devraient avoir reçu cette semaine ou même la
semaine dernière... Il me semble que j'ai signé cela il y a
quinze jours. J'ai signé, il y a quinze jours, toutes les lettres
d'intention. Je pense qu'il y a eu une espèce de fausse alarme, pour ne
pas dire une fausse alerte. J'ai vu une émission à Radio-Canada
où on avait l'air de dire que, dans le fond, puisqu'on ne leur avait pas
donné de nouvelles avant le 29 avril, cela voulait dire qu'elles
fermaient. Ce n'est absolument pas cela. Je ne peux pas envoyer des lettres
d'intention de crédit tant que le livre des crédits n'a pas
été déposé à l'Assemblée nationale.
C'est aussi simple que cela. C'est comme cela que nos institutions
fonctionnent. Dès que le livre des crédits est
déposé, je signe les lettres d'intention de subvention. Je
signifie donc à chacune des maisons quel sera le montant qui lui sera
versé, ce qui permet à ces établissements, à ces
maisons de se rendre à leur caisse populaire, à la banque avec
laquelle elles transigent d'habitude et d'obtenir une marge de crédit
jusqu'à ce que le chèque arrive. C'est seulement cela; cette
espèce d'alerte qu'il y a eu autour de cela venait simplement du fait
qu'à la fin du mois d'avril, c'est toujours la même chose partout,
tout le monde est techniquement menacé de fermer tant que le Parlement
n'a pas vu les crédits.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui est de
votre politique de financement que vous deviez faire
connaître...
M. Johnson (Anjou): D'abord, je dois dire que deux fonctionnaires
du ministère ont visité toutes les maisons de femmes depuis un an
et demi, ce qui a donné lieu à des échanges
extrêmement fructueux, extrêmement intéressants et
importants. Deuxièmement, pour ce qui est de la rédaction d'un
document qui, pour le moment, est un document de travail qui porte le titre de
"Politique ministérielle d'aide aux maisons d'hébergement pour
femmes en difficulté", daté d'il y a quelques jours à
peine, c'est un document qui n'est pas une brique de 200 pages; c'est un
sommaire de ce que pourrait être la politique à cet
égard-là. C'est en consultation, cela s'en va chez le
sous-ministre adjoint responsable et cela me sera transmis après avoir
circulé au comité de coordination du ministère qui
regroupe les sous-ministres.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement parce que c'est
déjà en retard d'un an.
M. Johnson (Anjou): C'est une question de point de vue. Je trouve
que c'est une bonne idée d'aller voir...
Mme Lavoie-Roux: C'est que vous nous aviez promis cela l'an
dernier. Je trouve cela excellent, moi aussi, mais vous nous l'aviez...
M. Johnson (Anjou): On a choisi d'être concret. Nous sommes
allés voir. Nous sommes allés écouter. On a...
Mme Lavoie-Roux: C'était donc une réponse
hâtive que vous nous avez donnée l'an dernier; d'accord.
M. Johnson (Anjou): C'est rare pourtant.
Mme Lavoie-Roux: Oh oui! Il faut dire que cela n'a pas
donné de résultats.
M. Marx: Une question seulement. Combien y a-t-il de maisons
d'hébergement?
Mme Lavoie-Roux: 38.
M. Marx: 38. Combien à Montréal?
M. Johnson (Anjou): À Montréal, 12.
M. Marx: 12 à Montréal.
Mme Lavoie-Roux: II y a également des
représentations qui ont été faites au sujet de la
possibilité de mettre à la disposition de certaines de ces
maisons des ressources en garderie. Est-ce qu'il y a eu des pourparlers entre
le ministère et l'Office des garderies à cet égard?
M. Johnson (Anjou): Non, pas à ce stade-ci.
Mme Lavoie-Roux: Pas à ce stade-ci.
M. Johnson (Anjou): On n'est pas au courant de cela au
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Bon, je poserai la question à Mme Guy
quand on sera à l'étude d'autres crédits. J'aimerais qu'on
me remettre la liste, comme on le fait généralement bien
fidèlement, de toutes les subventions qui sont accordées pour
1983-84. Je voudrais demander au ministre... Malheureusement, je n'ai pas mon
cahier de l'an dernier, mais je vais le faire de mémoire. Il y a
quelques ressources qui sont des ressources psychiatriques, par exemple Forward
House...
M. Johnson (Anjou): La Croix-Blanche.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y en a une autre, pas la
Maisonnée... Est-ce que les crédits pour ces maisons sont
augmentés?
M. Johnson (Anjou): Les organismes subventionnés pour
ex-patients psychiatriques, je n'ai pas le comparatif, je peux vous donner
seulement des exemples: le Centre social de la Croix-Blanche à
Québec qui s'occupe beaucoup de la prévention du suicide entre
autres, 74 000 $ cette année; atelier d'artisanat Centre-Ville Inc., 10
000 $;
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il des augmentations par rapport à
l'an dernier? C'est cela que je veux savoir.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas de l'atelier d'artisanat
Centre-Ville Inc., je pense que c'est la première fois cette
année qu'on le subventionne.
Le Président (M. Blank): Première fois. Mme
Lavoie-Roux: C'est laquelle...
M. Johnson (Anjou): Je suis certain que le député
de Saint-Louis en a pris bonne note.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais savoir si on parle de la même
institution. Comment l'appelez-vous? Artisanat Centre-Ville.
M. Johnson (Anjou): Oui. Atelier d'artisanat Centre-Ville
Inc.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le connais.
M. Johnson (Anjou): Là, ils ont 10 000 $; le Centre de la
Croix-Blanche de Montréal, donc un peu comme l'autre de Québec,
88 000 $; Forward House ou Maison les Étapes, 88 000 $; le projet PAL
Inc. de Verdun, 10 000 $; le Coin des Bricoleurs handicapés de
l'Outaouais, 22 000 $; je ne sais pas pourquoi... Cela doit être des gens
avec un handicap, une défience mentale...
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de l'atelier d'artisanat
Centre-Ville Inc..
M. Johnson (Anjou): C'est parce que c'est psychiatrique. C'est
passé de 6 000 $ à 10 000 $, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: De 6 000 $ à 10 000 $. Je ne sais pas si
quelqu'un du ministère est allé visiter cet atelier d'artisanat
qui reçoit quand même un nombre assez important d'ex-patients
psychiatriques.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que c'est celui qui est
situé...
Mme Lavoie-Roux: Sur la rue
Université.
Le Président (M. Blank): Non. M. Johnson (Anjou):
Non.
Le Président (M. Blank): Je pense que c'est sur la rue
Saint-Urbain.
M. Johnson (Anjou): C'est sur Saint-Urbain.
Une voix: Saint-Urbain près de l'avenue des Pins.
Le Président (M. Blank): Prince-Arthur...
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est peut-être Saint-Urbain. C'est
moi qui me trompe.
Une voix: University Settlement...
Le Président (M. Blank): University Settlement.
M. Johnson (Anjou): Université...
Mme Lavoie-Roux: Celle dont je vous parle a reçu une
subvention d'environ 10 000 $. Ça doit être celle-là,
ça s'appelle l'atelier d'artisanat Centre-Ville Inc. C'est moi qui dois
être désorientée.
Le Président (M. Blank): Saint-Urbain...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez exactement raison, 33 rue
Saint-Urbain. Je pensais qu'elle était sur la rue Université.
C'est quand même un atelier qui reçoit beaucoup
d'ex-patients psychiatriques. Chaque année, ils n'ont vraiment pas de
revenu. Vous savez que 10 000 $ pour faire fonctionner un atelier comme
ça...
M. Johnson (Anjou): Oui, maintenant...
Mme Lavoie-Roux: Je comprends qu'ils en reçoivent
peut-être d'autres sources, mais ils travaillent beaucoup en
collaboration avec les hôpitaux psychiatriques.
M. Johnson (Anjou): Je dois vous dire qu'avec un nom comme cela -
je ne veux pas faire de calembours - ils sont probablement qualifiables pour
PECEC, pour le projet d'aide au travail, pour le ministère des Affaires
culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que non, ils ne
reçoivent rien.
M. Johnson (Anjou): L'atelier d'artisanat Centre-Ville Inc., vous
pouvez aller dans beaucoup de ministères avec un nom comme ça. Au
Loisir.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous assurer qu'ils n'ont rien du
gouvernement, sauf 10 000 $.
M. Johnson (Anjou): Non! Bon. Écoutez, je pense que c'est
une suggestion intéressante. Je m'y rendrai à un moment
donné, quand je passerai par Saint-Urbain et Milton, ce qui m'arrive
à l'occasion.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous trompez pas de rue.
Le Président (M. Blank): C'est juste en face de
l'hôpital Sainte-Jeanne-d'Arc.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Raison de plus.
M. Marx: II y a des députés qui étaient
déjà membres du conseil d'administration de cet organisme,
peut-être que cela va vous encourager.
M. Johnson (Anjou): Pardon!
M. Marx: II y a des députés qui étaient
membres du conseil d'administration.
M. Johnson (Anjou): Cela doit être pour ça...
M. Marx: Des deux côtés de la Chambre.
M. Johnson (Anjou): ...qu'on a ajouté 10 500 $ au 10 000 $
pour le maintien à domicile.
M. Marx: Et des femmes de députés. Mme
Lavoie-Roux: Comment, 10 500 $?
M. Johnson (Anjou): Alors, ils ont donc 10 000 $, plus 10 500 $
pour le maintien à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire qu'ils ont 20 500 $.
M. Johnson (Anjou): C'est ça. Donc, ils ont 20 500 $, mais
à deux programmes différents.
Mme Lavoie-Roux: Mais tous des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Mais, dans le fond, c'est la même
clientèle, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que Forward House reçoit une
augmentation?
M. Johnson (Anjou): Forward House recevra 88 000 $, soit ce
qu'ils ont eu l'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'ils ont eu l'an dernier. L'autre qui est
rattaché à Saint-Luc, qu'est-ce qui lui arrive? C'est un autre
programme, celui-là? D'accord, on y reviendra.
Je voudrais également poser une question au sujet du...
M. Johnson (Anjou): Ils sont subventionnés, eux, je pense,
par l'hôpital Saint-Luc, à travers un des programmes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on va y revenir plus tard. C'est
ça.
M. Johnson (Anjou): Oui, parfait.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais également poser une question
au ministre au sujet du YWCA qui s'appelle maintenant le Centre de gestion pour
femmes, je pense -ce n'est peut-être pas ça; non, ça c'est
une section - qui a demandé au ministère des Affaires sociales
une subvention au titre d'un salaire pour un travailleur social. Je pense
qu'ils ont essayé de trouver une porte au ministère. Mais ce
qu'il faut réaliser, c'est que le YWCA reçoit - je ne les ai pas
ici, j'avais les chiffres exactement du type de population qu'ils ont - au
moins 13 à 15 ex-patientes psychiatriques. Ils reçoivent des
femmes célibataires, des femmes victimes d'agression sexuelle. À
cause de leur situation en plein centre ville, même s'il leur reste
toujours une partie hôtellerie qu'on connaît bien, au point de vue
de gens qui résident plus en permanence ou enfin dont le séjour
peut aller jusqu'à 18 mois, ils reçoivent un grand nombre de ce
type de femmes. Ils réalisent bien qu'ils ont besoin d'établir
des liens, soit avec le service social Ville-Marie, le CSSMM ou, enfin,
d'autres ressources du milieu, pour aider ces femmes à se relocaliser
ailleurs, à se réinsérer. Je me demandais - je sais bien
qu'ils ne tombent pas dans une case particulière du ministère des
Affaires sociales - si on ne pourrait pas examiner leurs demandes d'une
façon particulière parce que j'ai bien l'impression qu'ils
remplissent une fonction qui n'est pas comblée et dont l'aspect social
devient de plus en plus important avec la multiplicité des
problèmes sociaux que l'on connaît, particulièrement en
centre ville.
Je sais qu'on leur reproche - je viens d'entendre 2 000 000 $, les
souvenirs me reviennent, je n'ai malheureusement pas le dossier devant moi -
d'avoir une fondation. De fait, ils ont une fondation de laquelle ils retirent
comme revenu annuel - toujours de mémoire, il faut que je la cultive -
environ 40 000 $ par année. On peut dire: "Utilisez votre fondation,
mais vous risquez à plus ou moins long terme aussi que l'institution
n'ait plus aucun revenu assuré. Je pense que ce n'est quand même
pas de l'argent qu'ils utilisent pour... ils fonctionnent, quand vous regardez
leur budget de financement ou leurs états financiers, ce ne sont pas des
gens dont la structure administrative est considérable. Je pense qu'on
devrait peut-être faire abstraction... je pense qu'on se base sur le fait
qu'il y a une fondation au WYCA. À ce compte-là, est-ce qu'on
devrait enlever des subventions à toutes les institutions du
Québec qui ont des fondations? Les fondations ont quand même un
rôle particulier.
M. Johnson (Anjou): Cela pose le même problème
chaque fois. Il est très difficile de tirer une ligne précise, si
on veut avoir une norme, il est très difficile d'avoir une norme dans ce
domaine. Cela reste des jugements plus ou moins ah doc pour ne pas dire
carrément un peu subjectifs. Récemment, j'ai fait une exception
pour un groupe qui effectivement, avait des surplus accumulés. On a
quand même consenti une subvention, même si elle n'était pas
très importante par rapport à sa demande. Sauf que, dans le cas
du YWCA, il faut bien le voir, il s'agit d'un organisme qui est là pour
promouvoir certains aspects de la condition féminine, et je crois que
les femmes, au même titre que les hommes, devraient pouvoir prendre
elles-mêmes les décisions en ce qui les concerne etc. Servir la
communauté, ce sont les grands objectifs généraux qu'on
connaît des YWCA. En 1982-1983, l'accent a été mis sur la
bonne condition physique, les refuges pour femmes en difficulté, les
maisons de transition pour ex-patientes psychiatriques, les services de
dépannage, les services de
consultation et de référence inaugurés en 1982, les
garderies, les programmes d'affirmation de soi, la planification de budgets,
une alimentation saine, la santé, la formation et le recrutement de
bénévoles. Les programmes prioritaires en 1983-1984 comportent
des chambres pour touristes durant l'été, des étudiantes
en stage à Montréal durant l'hiver, des portes ouvertes aux
femmes en période de crise, la clientèle alcoolique, les
personnes à faible déficience mentale, les personnes du
troisième âge, les adolescentes enceintes, les ex-patientes
psychiatriques, les adolescentes relevant de la Loi sur la protection de la
jeunesse, des évaluations de cas, du counselling, la prise en charge
individuelle, les groupes d'entraide, le dépannage et l'aide... Comme
vous voyez, nos dossiers en général sont assez bien faits.
Cependant, la recommandation de financement est négative à partir
de l'analyse suivante: la demande a pour but de couvrir les frais d'une
travailleuse sociale, à 15 000 $, et les frais d'administration qui y
sont inhérents. Les programmes prioritaires cités, et que je
viens d'évoquer, sont plutôt des activités courantes de
l'organisme. Celui-ci accuse des revenus totaux pour 1981-1982 de 1 468 233 $
et des dépenses de 1 492 000 $. Les revenus et dépenses cependant
pour le projet de résidence s'égalent, l'actif et le passif sont
de 3 254 230 $ et le solde, à la fin de l'exercice, est de 2 509 917 $.
Compte tenu de cela, une subvention de 15 000 $ n'apparaissait pas
opportune.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu de la fondation?
M. Johnson (Anjou): Oui, par définition, c'est
ça.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas parce qu'on a fait un surplus de 2
000 000 $. Je dois vous dire que - à force d'y repenser, les bouts du
casse-tête me reviennent, je n'ai pas le dossier devant moi - dans le but
de pouvoir équilibrer leur budget, ils ont mis beaucoup d'énergie
à développer des programmes d'éducation physique, dans un
sens très large, qui s'autofinancent, ce qui leur a permis de joindre
les deux bouts, si on fait abstraction de l'argent qui provient de la fondation
ou des revenus qui proviennent de la fondation, mais les revenus qui
proviennent de la fondation ont été dépensés,
évidemment. Je me dis: II me semble qu'il faudrait au moins leur
donner... Ce qu'ils demandent, à part de cela, 15 000 $ pour une
travailleuse sociale, je vous assure que c'est un bon "bargain" que vous
faites, première des choses. Je pense que c'est dans le but de pousser
un peu plus loin les responsabilités qu'ils assument pour des
catégories de personnes qui vous coûteraient plus cher si elles
étaient assumées à d'autres endroits - il faut bien se le
dire - et ils permettent la réinsertion sociale de ces gens. C'est un
organisme à but non lucratif. Je trouve que c'est un organisme qui a
toujours montré beaucoup d'initiative et - si on veut s'éloigner
des femmes ou des jeunes dans le besoin dont vous avez fait mention
là-dedans - qui touche le point de vue, par exemple, du recyclage des
femmes, de la familiarisation des femmes avec l'informatique, ils ont des tas
de programmes ne touchant pas les catégories démunies ou, enfin,
à problème dont vous avez parlé.
Je me dis: Avant de leur refuser une subvention comme celle-là -
quitte à voir l'effet que cela donne - qu'ils vous soumettent des
mesures d'évaluation ou quelque chose comme cela, parce que cela devrait
normalement être fait en relation avec d'autres organismes, et je pense
qu'il y aurait moyen d'évaluer cela.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, c'est un excellent
plaidoyer. Je prends en délibéré la requête de la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'ai d'autres informations, mais vous
semblez les avoir toutes. Les miennes étaient un peu plus
éparpillées, c'est pour cela que je ne les ai pas. Bon! Merci. Il
y a l'atelier d'artisanat qui va aller vous visiter, mon affaire va bien! Cela
va pour les organismes bénévoles.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que cela veut
dire que le programme 2 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela va.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Si j'en ai oublié, vous me permettrez de
revenir, mais je ne pense pas.
M. Johnson (Anjou): Programme 4, M. le Président.
Services en centres de services sociaux
Le Président (M. Beauséjour): Nous passons au
programme 4. Services en centres de services sociaux.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, les CSS.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'il y a des
questions?
Mme Lavoie-Roux: J'ai eu la réponse.
Écoutez... Non, on va revenir aux centres d'accueil, avec les
jeunes, alors, vous n'êtes pas obligé de revenir, le ministre doit
avoir toutes les réponses. Le ministre a indiqué tout à
l'heure qu'il y avait une coupure budgétaire de... Je l'avais sur un
bout de papier. Enfin, dans les services sociaux, vous m'avez
indiqué...
M. Johnson (Anjou): 300 000 $...
Mme Lavoie-Roux: Qui est...
M. Johnson (Anjou): ...sur un budget total de 273 000 000 $?
C'est cela?
Une voix: Au total?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Pardon, sur 264 000 000 $, il y a
une compression de 300 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je voudrais qu'on m'explique comment il se
fait qu'il n'y ait qu'une compression de 300 000 $ qui équivaut
à... Vous nous avez donné le pourcentage tout à l'heure;
c'est de combien? Il semble que vous m'avez dit 0,...
M. Johnson (Anjou): 0,1%.
Mme Lavoie-Roux: 0,1%. Bon!
(22 h 30)
M. Johnson (Anjou): 0,70%, il faut l'appliquer non pas sur 264
000 000 $, mais sur 185 000 000 $, parce qu'on enlève le réseau
des familles d'accueil qui est en fait juste un transit, un
intermédiaire dans le transfert vers les familles d'accueil; ce n'est
pas dans les budgets. C'est indexé autrement.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Johnson (Anjou): Donc 0,75%, un peu moins de 0,75%.
Mme Lavoie-Roux: Comment expliquez-vous que ce soit seulement, si
je me réfère aux renseignements supplémentaires des
crédits, une variation de 1,9%? L'inflation est de 5% environ et vous ne
parliez que d'une coupure réelle de 300 000 $.
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'on a un problème
technique dans la conciliation des chiffres. C'est basé au moment de la
revue de programme, au mois de décembre, sur la notion de
dépenses probables, mais, au moment où les crédits sont
attribués par le président du Conseil du trésor, on
regarde le chiffre réel. Le chiffre réel de comparaison donne
4,4% d'augmentation et non pas 1,9%. Le 1,9%, c'est à partir d'une
prévision de dépenses probables alors que le chiffre
définitif de 264 000 000 $ est basé plus sur l'application de ce
qui s'est passé dans l'exercice antérieur.
Dans le cahier supplémentaire qu'on vous a donné, ce qu'on
appelle les crédits détaillés...
Mme Lavoie-Roux: Entre 253 000 000 $ et 264 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Cela fait 4,4%. Mme Lavoie-Roux: Cela
fait 4,4%.
M. Johnson (Anjou): Voilà, et non pas 1,9%.
Mme Lavoie-Roux: Pourtant, eux avaient 273 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'ils ajoutent le service de la
dette et les loyers, équipements et rénovations.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les autres pourcentages qui ont
été mis ici, il faut les ajuster?
M. Johnson (Anjou): On a le même problème dans tous
les cas.
Mme Lavoie-Roux: Dans tous les cas.
M. Johnson (Anjou): Les données définitives, ce
sont celles contenues dans le cahier des crédits détaillés
qui n'est toujours disponible qu'en fin de course, parfois même
après le dépôt du livre des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue du gel des salaires, je ne sais
pas, mais il doit y avoir des salaires qui vont subir des augmentations,
peut-être pas tous...
M. Johnson (Anjou): En avril. Mme Lavoie-Roux: En
1983.
M. Johnson (Anjou): II y en avait au mois d'avril. Et il va y en
avoir, je pense, en octobre. En janvier, pardon.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Cela voudrait dire quel pourcentage du
budget?
M. Johnson (Anjou): Les augmentations d'avril?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, pour l'année financière,
pour l'ensemble.
M. Johnson (Anjou): Les effets salariaux des augmentations de
traitement sur les deux années, tenant compte de la coupure de
décembre 1982, d'après la loi 105... Il y a
une augmentation de salaire en avril et une autre augmentation en
janvier 1984. Quand on compare toute la dépense salariale 1982-1983 du
réseau des affaires sociales versus toute la dépense salariale
1983-1984 du réseau des affaires sociales, étant donné ces
modifications, il y a une augmentation de 130 000 000 $ au titre de la masse
salariale entre les deux exercices.
Mme Lavoie-Roux: II y a 130 000 000 $ d'augmentation. Et
pouvez-vous me traduire cela en pourcentage? Vous êtes un
mathématicien, vous. Pour une fois que j'ai quelqu'un qui peut le faire
pour moi.
M. Johnson (Anjou): Cela constitue une augmentation de l'ordre de
2,7% des crédits de l'année passée: 130 000 000 $ sur 4
700 000 000 $ à peu près. Cela fait 2,7% d'augmentation. Par
contre, les 130 000 000 $ dont je vous parle, si vous les calculez sur le total
de l'augmentation de crédits entre les deux années,
c'est-à-dire que d'une année à l'autre on augmente les
crédits de l'ordre de 235 000 000 $, alors, 130 000 000 $ sur 235 000
000 $, c'est 55%. Autrement dit, les 55% de l'augmentation des crédits
entre les deux années s'expliquent par la masse salariale.
Voilà.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Attendez. 55% d'augmentation entre les deux
années s'appliquent... Ah oui! la moitié de l'augmentation, ce
sont les...
M. Johnson (Anjou): Les salaires. Mme Lavoie-Roux:
...salaires. Bon.
M. Johnson (Anjou): Alors que les salaires représentent
à peu près 80% des dépenses. Donc, il y a place pour du
développement cette année.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas où vous le voyez. En tout
cas! Surtout quand on arrive avec des coupures de 300 000 $, je ne vois pas
où va être le développement, si on revient à nos
centres de services sociaux. Parce que c'est bien le programme qu'on
étudie? Bon. Alors...
M. Johnson (Anjou): La réponse ne portait pas que sur les
centres de services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais...
M. Johnson (Anjou): C'était pour l'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne suis même pas allée assez
loin pour vous dire: Faites-moi donc cela pour les services sociaux, parce
qu'il y a une échelle de salaires qui est bien compliquée.
M. Johnson (Anjou): La composante salariale est
différente.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Où vont s'appliquer les coupures de
300 000 $?
M. Johnson (Anjou): On est en train de regarder cela.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous ne le savez même pas?
M. Johnson (Anjou): Oui, on a une bonne idée, mais on a
des problèmes, notamment dans la région de Montréal.
L'éternel problème de la répartition relative rive
sud/île de Montréal, c'est-à-dire d'une part CSS Richelieu,
d'autre part, CSSVM, CSS juif et CSSMM; puis, l'allocation
intra-Montréal entre les trois CSS. On est là-dedans. On a une
proposition. On est en consultation. On va avoir des réponses, je pense,
au début de juin.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous voulez dire que cela va s'appliquer
à la région de Montréal?
M. Johnson (Anjou): Pas uniquement, mais dans le cas de
Montréal, c'est un gros morceau du budget. Si je prends la rive sud et
les trois de Montréal, c'est un gros bloc.
Dans la région métropolitaine, 120 000 $. Le reste...
Mme Lavoie-Roux: Je ne comprends pas tout à fait. Selon la
façon dont vous m'avez expliqué cela, j'aurais plutôt eu
l'impression que c'était un transfert, par exemple, du Montréal
métropolitain à la rive sud ou l'inverse, ou d'un secteur d'un
des CSS à un autre, sur l'île de Montréal. Où sont
les coupures?
M. Johnson (Anjou): Sur l'île de Montréal, 120 000
$.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais qu'est-ce que vous coupez?
M. Johnson (Anjou): C'est dans le budget global. Écoutez,
120 000 $, pour un truc de la dimension du CSSMM...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des salaires?
M. Johnson (Anjou): Cela peut être sur des fournitures, sur
l'utilisation des photocopieuses. Cela peut être sur des comptes de
dépenses. Cela peut être un effectif non remplacé à
un endroit, selon le budget global. 120 000 $ - allons-y
rapidement - le niveau de rémunération d'un travailleur
social, disons, en moyenne est de 35 000 $... C'est un "bargain". Oui, c'est
correct.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que je vous ai dit qu'à
15 000 $, c'était un "bargain".
M. Johnson (Anjou): Le CSSMM a un budget de 46 000 000 $. Je
comprends que plus de 85% de cela représente des salaires. Mais cela
vous prend trois travailleurs sociaux qui s'en vont, qui quittent, qui meurent
ou l'attrition naturelle, qui ne sont pas remplacés, vous venez de faire
votre compression.
Par ailleurs, l'autre problème qui se pose est celui - je suis
mieux de ne pas le mettre sous le couvercle - de l'inquiétude qui existe
dans le cas du CSS Ville-Marie, en ce moment, quant à l'allocation des
budgets sur l'île de Montréal, entre les différents CSS. En
soi, il y a quelque chose qui nous dit "rive sud, Montréal"; à
l'intérieur de Montréal, est, ouest, juifs, francophones,
anglophones. Il doit être possible de faire des permutations mais quand
on parle de cela, on parle d'affaires un peu compliquées. Ce sont des
établissements différents qui servent des communautés
culturelles différentes. C'est tout le problème de l'analyse de
ce qu'on appelle le "degré de dépendance" dans l'allocation des
ressources. Il y a un comité, au conseil régional, qui est en
train d'étudier cela. Il y a un rapport préliminaire qui a paru
dans la Gazette, je pense, il y a une semaine ou deux, et qui évoquait
que l'on couperait de 25% les budgets de V-M, pour les transférer en
faveur de MM. Quand on vous disait qu'il y avait quelques problèmes dans
ce coin-là, c'est ce dont on parle.
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il un fondement à cet article?
M. Johnson (Anjou): II est vrai qu'il y a un comité au
CRSSS qui étudie l'allocation des ressources. Finalement, c'est tout le
problème de la territorialité à Montréal. Au fond,
il n'y a pas de telles choses que des CSS ethniques ou linguistiques ou
religieux; mais, en pratique, on sait que l'immense majorité de la
population francophone de Montréal est desservie par MM. L'immense
majorité des anglophones de Montréal est desservie par V-M. La
communauté juive, donc, cette fois-ci, un peu sur une base
ethnoreligieuse, est desservie par le CSS juif.
Techniquement et dans la loi - je pense qu'on avait fait un consensus
là-dessus lors des discussions sur la loi 27 - il n'est pas question
d'en arriver à faire un départage ou linguistique ou ethnique ou
religieux pour les fins de l'allocation des ressources. Or, si on regarde ce
qu'on appelle le "critère de dépendance", c'est-à-dire le
niveau de revenus moyens de la population desservie dans le territoire du CSS
en question, les besoins - je pense que ce sont 32 indicateurs qu'il y a dans
le degré de dépendance, l'utilisation des ressources
communautaires, le statut socio-économique pondéré -
feraient que MM aurait, techniquement en ce sens, un manque de 3 700 000 $,
alors que V-M aurait un excédent de 4 300 000 $. C'est dans un
schéma théorique. Cela voudrait dire un déplacement,
finalement, si on prenait cela à sa face même, de 4 000 000 $ de
V-M, sur 20 000 000 $, donc, à toutes fins utiles, 25% du budget, vers
MM. Ville-Marie répond deux choses à cela: D'une part, nous
desservons une communauté. Elle déborde, en pratique, l'île
de Montréal. Il y a des gens des Laurentides, de la rive sud, etc., qui
viennent nous voir parce qu'on est des anglophones. (22 h 45)
Mme Lavoie-Roux: De la Gaspésie?
M. Johnson (Anjou): Oui, il n'y en a pas tant que cela qui
partent...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, quand ils sont hospitalisés,
quand ils sont...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est ça, à
l'occasion ils ont ces services.
Mme Lavoie-Roux: Dans les centres d'accueil, des choses comme
cela.
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, écoutez, en soi,
même si vous me démontriez tout cela, vous enlevez 4 000 000 $,
qu'est-ce qu'on fait avec cela? C'est 25% du personnel etc. la
sécurité d'emploi et qu'est-ce qui arrive avec le monde? Ce n'est
pas un petit problème. Ce qu'on peut dire cependant c'est qu'on est
fixé quant à l'île de Montréal sur le montant global
et on pense que le montant global que le ministère des Affaires sociales
accorde à ces CSS est suffisant pour couvrir en principe, à
partir des indices qu'on a, les besoins ou à peu près et
ça présuppose que le monde travaille fort, on le sait, surtout
qu'on vit à une période où il y a beaucoup de demandes de
services sauf qu'on a un problème d'allocation intra île de
Montréal à cause de cela et ça ne se simplifie pas
à cause du clivage linguistique et la notion de
territorialité.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait nous remettre - je l'avais
demandé l'an dernier et ma demande vaut encore puisque j'en parle pour
ne pas être obligée d'y revenir - pour les centres hospitaliers,
les centres d'accueil enfin tous les établissements du réseau,
CLSC ou autres, l'évolution du personnel depuis au moins cinq ans. Je
pense
que...
M. Johnson (Anjou): Des effectifs? Mme Lavoie-Roux: Oui,
des effectifs. M. Johnson (Anjou): MM ou en général?
Mme Lavoie-Roux: En général, dans les CSS, dans les
CLSC, dans les centres hospitaliers, courte durée, longue durée,
dans les centres d'accueil de réadaptation, les centres d'accueil
d'hébergement.
M. Johnson (Anjou): Pourquoi pas ici? On va peut-être
l'avoir demain. C'est parce qu'on a besoin des rapports d'établissement
à cause des centres d'accueil en particulier.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si au moins on pouvait me le
remettre, quand même qu'on prendrait dix jours.
M. Johnson (Anjou): En tout cas, au moins ce qui est
disponible.
Mme Lavoie-Roux: Non, même d'ici dix jours parce que ce
sont des informations qui, je pense, sont intéressantes pour
évaluer vraiment quels ont été les effets des compressions
budgétaires dans le cas des hôpitaux. Si on remonte à
1977-78 on va avoir aussi le résultat des effets des redressements
budgétaires des centres hospitaliers. Ce que j'aimerais savoir aussi
-cela je ne sais pas si vous êtes capable de l'avoir - combien de femmes
ont été touchées par les coupures et combien d'hommes?
M. Johnson (Anjou): Cela on ne l'a pas.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous ne l'avez pas. Bon, je vais vous en
demander une plus facile.
M. Johnson (Anjou): On n'a pas le fractionnement par...
Mme Lavoie-Roux: Combien de postes à temps plein ont
été convertis en temps partiel? Ce n'est peut-être pas
nécessairement des conversions de postes, mais on pourrait
peut-être savoir combien il y avait de postes à temps plein en
1977 et combien il y en a aujourd'hui à temps plein et partiel. Je pense
que vous devriez être capable de trouver cela. Peut-être pas
nécessairement une conversion, c'est peut-être plus difficile
à évaluer. Je pense que c'est simplement à partir de cela
qu'on aurait une idée véritable du point de vue des cadres, du
point de vue des autres catégories de travailleurs. Est-ce que c'est
possible d'avoir toutes ces choses? Je vous l'avais demandé l'an dernier
et vous m'aviez dit que ce n'était pas prêt parce qu'on n'avait
pas encore accepté les budgets ou qu'on n'avait pas encore les
états financiers des établissements pour l'année...
M. Johnson (Anjou): On peut le faire pour les CSS, les CLSC. Pour
les centres d'accueil d'hébergement c'est plus compliqué. D'abord
parce que cela évolue, 1100 nouvelles places l'an dernier, 1100 cette
année, des affaires en plan, des transformations, des fusions.
Le Président (M. Beauséjour): Excusez, pour le
journal des Débats cela serait peut-être
préférable...
M. Johnson (Anjou): Je vais le répéter. Le
Président (M. Beauséjour): D'accord.
M. Johnson (Anjou): Les seules données qu'on a
c'est...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pouvez les trouver en termes de
postes, en équivalence?
M. Johnson (Anjou): II faut faire des équivalences, parce
que les seules données qu'on a sont des données quant aux heures
travaillées.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, on a abordé la
question des CSS par le truchement des services sociaux scolaires. Est-ce
qu'à ce moment-ci, quant à l'orientation générale
du ministère des Affaires sociales en ce qui touche les CSS, c'est
encore à l'état de cogitation ou...
M. Johnson (Anjou): C'est à l'état de gestation,
mais en phase pré-accouchement. Cela travaille fort.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est dans...
M. Johnson (Anjou): Juin.
Mme Lavoie-Roux: Juin, bon, d'accord, mais est-ce que c'est dans
le sens d'une dissolution des CSS ou...
M. Johnson (Anjou): Y a-t-il une rumeur à cet effet?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est moi qui pars cette rumeur.
M. Johnson (Anjou): Bien, il faudrait y penser.
Mme Lavoie-Roux: Moi, ce que je pense n'a pas d'importance, je ne
suis pas au pouvoir, mais vous, vous êtes au pouvoir.
M. Johnson (Anjou): En fait l'évaluation qu'on a faite
c'est surtout au sens d'une analyse de la notion de première ligne, le
transfert vers les CLSC de certaines activités, l'analyse du taux
d'encadrement. Il y a des activités bien évidentes qui
nécessitent une structure régionale. Je pense notamment à
la DPJ. On aurait beau avoir 160 CLSC sur le territoire du Québec cela
m'étonnerait qu'on puisse avoir la DPJ dans tous les CLSC. D'une part
cela prend des travailleurs sociaux, des praticiens sociaux, cela prend un
juriste, en général, un avocat. On n'est pas pour avoir 160
avocats dans le réseau des CLSC. C'est très clair qu'il y a...
Ensuite il y a l'appel des ressources dans ce domaine de la DPJ qui
présuppose une connaissance de ce qui est disponible
régionalement. Cependant ce n'est pas parce qu'il y a une justification
à certaines choses sur le plan régional qu'il faut
perpétuer certaines activités qui, dans bien des cas, pourraient
être rendues localement et qui, parce qu'il y a là des structures
régionales, impliquent des coûts considérables de
déplacement, finalement de dédoublement de tâches,
d'intervenants, au point d'ailleurs où les citoyens souvent s'y perdent.
C'en est désolant.
Vous avez, comme moi, des cas de comtés à vous faire
dresser les cheveux sur la tête de voir comment le monde est perdu entre
tel service du CSS et tel autre. Sans compter qu'il y a quelqu'un au CLSC qui
lui en a parlé, il est passé par la DSC et il a vu un travailleur
en milieu hospitalier et en plus de cela, il y a un docteur qui a fait un appel
à un centre d'accueil. Parfois c'est à se demander comment les
citoyens, très honnêtement, peuvent s'y retrouver. Il y a de toute
évidence, au minimum, un besoin important de coordination tant dans
l'évaluation du cheminement de certains dossiers, comme dans le cas du
placement, que la pertinence d'avoir des services régionaux pour
certaines activités qui pourraient être rendues localement. C'est
en ce sens-là. Ceci dit, je peux peut-être rassurer la
députée quant à la rumeur qu'elle lance ce soir et qui
aura sûrement l'effet d'une bombe chez ses anciens
collègues...
Mme Lavoie-Roux: Personne ne m'a demandé de lancer cette
rumeur, c'est moi qui l'ai honnêtement...
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Pour la rassurer sur cette ogive
nucléaire sociale qu'elle vient de lancer, je peux lui dire que je n'ai
pas, à moins que certaines questions sur d'autres sujets ne le
nécessitent, je n'ai pas pour le moment l'intention de modifier le
chapitre 48 ou la loi no 27 à cet égard. Quand je dis pour le
moment, cela veut dire qu'il ne faut pas s'attendre au dépôt
d'un projet de loi de cette nature au mois de juin. Voilà.
Mme Lavoie-Roux: II y a une question que je voudrais poser.
Compte tenu des priorités qui ont été établies en
fonction des personnes âgées, de la protection de la jeunesse, des
personnes handicapées, est-ce que le ministère a
réfléchi - j'en ai touché un mot ce matin - sur l'aide aux
familles, non pas strictement de l'aide de dépannage mais vraiment de
l'aide dans le fonctionnement psycho-social des familles qui, par la force des
choses, à cause des autres priorités qui ne disparaîtront
pas malheureusement et qui vont peut-être augmenter? Cela
m'apparaît comme une lacune importante dans les ressources qui sont
à quelque niveau ou dans quelque structure que ce soit, et qui me
semblent fort déficientes. C'est pourquoi j'en parle à l'occasion
des CSS c'est que c'était quand même une fonction qu'ils ont
remplie pendant plusieurs années et qui, petit à petit, ont
diminué à cause de la reconcentration des effectifs sur d'autres
priorités.
M. Johnson (Anjou): D'abord, je ne veux pas rendre restrictif ce
que dit la députée de L'Acadie. À l'égard des
familles d'accueil, il y a beaucoup de travail qui se fait. Mais je pense que
ce n'est pas ce dont elle parle. Dans le sens général, l'aide
à la famille...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, moi, je parle de l'aide à la
famille...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Comme on a parlé des gens nés
avant et après la guerre...
M. Johnson (Anjou): De toutes les familles en
difficulté.
Mme Lavoie-Roux: ...peut-être que cela fait une
différence dans la perception des choses, mais je me dis que le taux de
séparation des familles, le taux des divorces, enfin peu importe,
crée des problèmes. On a beau se dire que, maintenant, tout cela
est normal, mais on se raconte aussi des histoires. Cela a créé
des problèmes d'adaptation pour les enfants. Cela a créé
aussi des problèmes pour les personnes elles-mêmes. Je pense que
si on pouvait parfois aider les familles avant qu'elles en arrivent à de
telles situations, on économiserait peut-être, à moyen et
à long termes, pour la société.
Au cas où le ministre ne le saurait pas, il y a des statistiques
établies, par exemple, en éducation, à savoir que les
enfants des familles monoparentales ou des familles brisées, pour une
raison ou pour une autre, ont des réussites scolaires moins grandes.
Ils
ont des problèmes d'adaptation à l'école beaucoup
plus grands. Enfin, cela se répercute sur un tas de choses. Même
si on veut tous se dire qu'à présent, c'est la norme et cela ne
cause plus de problème, ce n'est pas aussi simple que cela.
M. Johnson (Anjou): D'accord qu'il n'est pas vrai que c'est la
norme. Entièrement d'accord avec le fait de l'évolution qu'a
connue la famille, avec le haut taux de divorces, d'échecs matrimoniaux,
etc. Tout cela a sûrement des influences importantes, notamment à
l'égard des enfants. L'an passé, les CSS ont oeuvré, au 31
mars 1982 - ce sont les statistiques disponibles que nous avons - auprès
de 24 300 parents. C'est déjà là un groupe sensiblement
important.
Deuxièmement, les CLSC axent beaucoup leur intervention sociale
en termes de prise en charge par le milieu familial. Évidemment, les
statistiques sont plus difficilement disponibles dans le cas des CLSC, parce
que ce sont des activités qui sont moins catégorisées,
mais l'orientation générale est de faire appel aux ressources de
soutien des personnes et, en premier lieu, la famille.
Quant au reste, le premier ministre a annoncé, dans le discours
inaugural, que le gouvernement rendrait publiques des mesures concernant la
famille, d'ici la fin de l'année. On travaille là-dessus, en ce
moment, au Développement social.
Ah oui! Je disais, tout à l'heure, 24 000 parents et 35 900
enfants. Ce qui fait un total quand même... dans les CSS.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais en dehors de la DPJ ou avec la
DPJ?
M. Johnson (Anjou): Avec la DPJ, avec protection aux
délinquants. Au total, 35 000 enfants, mais avec la DPJ. Mais 24 000
parents, c'est quand même significatif. J'ai l'impression qu'on va
trouver un chiffre important d'enfants. Alors, 24 000 parents et 19 000
enfants, en vertu du chapitre 48. La différence de 19 000 à 35
000, c'est-à-dire 16 000...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Johnson (Anjou): ...à la DPJ.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends.
Le Président (M. Beauséjour): J'aimerais vous faire
remarquer qu'il est 23 heures.
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on pourrait adopter le programme
4?
Mme Lavoie-Roux: J'aurais juste une question à poser sur
les familles d'accueil.
Le Président (M. Beauséjour): L'entente
était valable jusqu'à 23 heures.
M. Johnson (Anjou): Oui. Avec plaisir.
Le Président (M. Beauséjour): Alors, il y a une
entente pour terminer avec cette question?
M. Johnson (Anjou): Oui. Familles d'accueil
Mme Lavoie-Roux: Je vois que les services sociaux de la ville de
Montréal sont déjà passés - ce qui m'avait
échappé l'an dernier - aux CSS. Quant aux paiements en famille
d'accueil, est-ce qu'on pourrait - si on ne l'a pas ce soir - me remettre un
tableau de la croissance des allocations quotidiennes pour l'hébergement
des enfants et des adultes? On a reçu des représentations selon
lesquelles le taux de croissance était insuffisant. Est-ce que vous
auriez un tableau de cela parce que si vous nous donnez cela... (23 heures)
M. Johnson (Anjou): D'abord aux familles d'accueil adultes, le
taux est passé du 1er avril 1982 de 12,35 $ à 13,19 $ au 1er
avril 1983.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. De 12,35 $ à...
M. Johnson (Anjou): C'était en avril 1982, à 13,19
$ en avril 1983. Cela est pour une famille d'accueil adultes. Pour ce qui est
des familles d'accueil enfants, c'est en fonction de l'âge. Je vais
être obligé de vous donner les quatre catégories, le
barème est différent. Alors...
Mme Lavoie-Roux: De 0 à 4 ans.
M. Johnson (Anjou): ...au 1er avril 1982 - je vais vous donner
les colonnes, de 0 à 4 ans, de 5 à 11 ans...
Mme Lavoie-Roux: Je les ai. De 12 à 15 ans et de 15
à 18 ans.
M. Johnson (Anjou): ...de 12 à 15 ans et de 15 à 17
ans - de 6,18 $ pour les 0 à 4 ans c'est passé à 6,60 $ en
1983. Pour les 5 à 12 ans, en 1982, 7,58 $ et, en 1983, 8,10 $. Pour les
12 à 15 ans, 8,91 $ à 9,52 $ et, pour les 16-17 ans, de 10,31 $
à 11,10 $.
D'autre part, les montants sont indexés trimestriellement, ce qui
était une demande de longue date de ces associations de familles
d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: C'est depuis l'an dernier, cela.
M. Johnson (Anjou): Oui, l'indexation commence cette
année...
Mme Lavoie-Roux: Cela commence cette année.
M. Johnson (Anjou): Le 1er avril, le 1er juillet, octobre,
décembre.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pour-riez-vous me dire ce qui reste
dans le cas des familles pour adultes, l'hébergement pour adultes? Que
reste-t-il en argent à la personne adulte?
M. Johnson (Anjou): C'est toujours les 90 $.
Mme Lavoie-Roux: Et cela n'a pas été indexé
depuis 1980.
M. Johnson (Anjou): Cela n'a pas été indexé.
On travaille là-dessus. Il est évident qu'à chaque
année, à cette époque-ci, on reçoit - je pense que
c'est de plus en plus évident...
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'il y a déjà trois ou
quatre ans...
M. Johnson (Anjou): ...des réclamations des citoyens qui
en veulent plus et je les comprends un peu.
Mme Lavoie-Roux: Surtout si vous êtes dans une famille
d'accueil, à moins que vous ne soyez complètement invalide, vous
sortez un peu dans la communauté, ce qui veut dire que vous devez vous
habiller; cela n'a presque pas de bon sens. Maintenant, est-ce que les 13,19 $,
dans le cas des personnes âgées, vont chercher toute l'indexation
des pensions de vieillesse et du supplément de revenu garanti?
M. Johnson (Anjou): C'est la même règle qui
s'applique. Au bout de la ligne, on va chercher jusqu'à concurrence de
90 $ le solde net pour le bénéficiaire et qui lui reste comme
argent disponible. Dans certains cas, cela ne va pas jusque là, selon le
niveau de revenus. Dans la plupart des cas, je pense qu'il s'agit de 80%. C'est
un pourcentage très, très élevé de personnes qui
sont à ce seuil-là. 0e pense qu'il s'agit de 80%.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, dans les centres de soins
prolongés, il leur reste aussi 90 $. Il y a aussi dans ces
centres-là des personnes qui sont autonomes mais il y en a d'autres qui
ne le sont pas. Entrevoyez-vous d'établir des différences dans le
revenu individuel, c'est-à-dire le revenu c'est un grand terme, entre la
location individuelle selon le mode de vie des bénéficiaires?
M. Johnson (Anjou): Premièrement, c'est très
difficile parce que la mesure du degré d'autonomie, on peut bien faire
des statistiques avec cela, on parlera de 2, 3, 4 et on se trouve des
espèces de balises, mais il reste qu'individualiser ceci pour savoir si
oui ou non il aura une prestation de tant ou tant et une qui est favorable et
l'autre l'est moins, c'est très complexe. Deuxièmement, c'est
qu'on se trouverait en pratique à pénaliser des gens
alités. Je crois que dans une approche comme celle-là, et je
présume que si on faisait un tarif différentiel cela serait
plutôt pour favoriser ceux qui sont autonomes. On n'a pas de projet dans
ce sens.
Mme Lavoie-Roux: Je n'y ai jamais réfléchi, par
exemple on peut présumer que les gens en famille d'accueil sont
certainement plus autonomes que les gens en centre d'accueil pour soins
prolongés.
M. Johnson (Anjou): Pas nécessairement en centre d'accueil
mais CHSP.
Mme Lavoie-Roux: CHSP. Il y a un besoin réel plus grand de
besoins personnels, à assumer personnellement. Est-ce que cela ne
pourrait pas être une forme d'incitation dans la mesure où on a
des familles d'accueil? Ce n'est pas facile à trouver cela non plus. Si
vous offrez le choix à une personne, elle aime bien mieux aller dans un
centre d'accueil généralement que d'aller en famille d'accueil,
vu qu'il y a toutes sortes de critères psychologiques qui jouent autour
de cela. Ne serait-ce pas un facteur d'abord pour les maintenir plus autonomes?
Finalement si leur autonomie financière est vraiment insuffisante, vous
les condamnez à une espèce de passivité à
l'intérieur de ces familles qui, en général, ne sont pas
très stimulantes, il faut bien se le dire. Je le laisse comme
réflexion parce qu'il faut trouver des moyens de diversifier un peu les
ressources pour les personnes âgées. Est-ce que le recrutement des
familles d'accueil, que ce soit pour les enfants ou les personnes
âgées, devient plus difficile? Est-ce que le recrutement que vous
pouvez en faire est constant ou si cela présente des difficultés
particulières?
M. Johnson (Anjou): Cela se maintient pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Cela se maintient.
M. Johnson (Anjou): Le problème des 90 $ est relié
à cela; il faut bien voir parce que chaque fois que la pension de
vieillesse, par exemple, augmente dans la mesure où on n'agit pas pour
ajuster les per diem et la location des personnes, c'est presque une incitation
aux familles d'accueil à devenir à
toutes fins utiles des ressources privées, parce que là,
elles ne sont plus tenues à aucune limite...
Mme Lavoie-Roux: ...allocation.
M. Johnson (Anjou): ...quant à ce qu'elles peuvent exiger
des personnes. C'est toujours l'espèce de paradoxe dans lequel on est
où finalement si on ne va pas chercher une partie de ces sommes cela
crée une pression dans le système ce qui fait que les familles
d'accueil ne sont plus intéressées à rester des familles
d'accueil. Si elles viennent des organismes privés, des chambres et
pensions à toutes fins utiles qui sont bienvenus, comme il y en a
plusieurs qui sont bienvenus, à ce moment ils peuvent aller exiger
quasiment jusqu'à 100% du revenu de la personne. Il n'y a pas de
contrôle sur cela. On est toujours aux prises avec la
nécessité de réajuster ceci. Maintenant, de façon
générale les places disponibles: il y en avait 1350 au 31 mars
1982, en familles d'accueil, adultes et personnes âgées. C'est
cela, handicapés ou personnes âgées.
Qu'on se comprenne bien, la quantité de familles d'accueil est de
2930, au 31 décembre 1982. Le nombre d'adultes et de personnes
âgées placées est de 9824, ce qui fait, en gros, une
moyenne mathématique d'à peu près quatre personnes par
famille d'accueil et le nombre de places disponibles, en ce moment, est 1352.
On pourrait, techniquement, accueillir 1352 personnes dans des familles
d'accueil au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Pour adultes et enfants?
M. Johnson (Anjou): Pour adultes seulement.
Mme Lavoie-Roux: Adultes seulement.
M. Johnson (Anjou): Je parle seulement d'adultes. Pour ce qui est
des enfants, c'est une autre paire de manches. On a 15 197 enfants
placés en familles d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui explique que vous ayez autant de
places disponibles et que, par contre, on utilise des foyers illicites et qu'on
a toutes sortes de... Qu'est-ce qui se passe?
M. Johnson (Anjou): II y a le phénomène des
revenus, d'une part; deuxièmement, il y a une affaire
d'équilibre. Cela dépend des endroits. Il faudrait voir dans les
1300... D'ailleurs, on aura peut-être l'occasion de s'en reparler
à savoir si c'est beaucoup dans la région métropolitaine
ou non. Et la connaissance de ces ressources qui, malgré le fait qu'on a
fait beaucoup de publicité depuis deux ans à ce sujet: On a
distribué des dépliants, on les fait connaître aux centres
de services sociaux, aux CLSC, et il y a la notion que vous évoquiez
vous-même tout à l'heure, selon laquelle finalement, la personne
âgée, en général, préfère aller dans
un centre d'accueil pour toutes sortes de raisons. Malgré la
disponibilité de 1300 places en familles d'accueil, la tendance est
plutôt pour aller vers les centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce qui est difficilement
compréhensible, c'est les foyers illicites parce que, dans le fond, les
foyers illicites sont des familles d'accueil illicites élargies. Dans
bien des cas, ils en ont cinq, six; ils en ont sept ou huit, ce qui est
l'équivalent, finalement, de... Il y a beaucoup de ces familles
d'accueil qui peuvent en accueillir jusqu'à huit ou neuf? Jusqu'à
neuf. Donc, c'est l'équivalent d'un foyer illicite et on dit: Les
gens... C'est probablement une question de distribution dans le territoire.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Je pense que le facteur de
distribution sur le territoire est important. Deuxièmement, il y a tout
le phénomène de culpabilité de la famille. Il y a
peut-être un problème d'appellation. Je n'ose pas dire cela aux
associations de familles d'accueil pour qu'elles changent de nom; cela fait
quand même quelques années qu'elles fonctionnent sous ce nom. Et,
psychologiquement, la famille qui dit: Grand-papa ou maman va aller - à
son âge - dans une famille d'accueil; on aime mieux que grand-papa ou
grand-maman soit au centre d'accueil plutôt que dans une famille
d'accueil parce que, dans une famille d'accueil, c'est comme si on ne faisait
pas ce qu'on a à faire parce que c'est une famille qui va accueillir
quelqu'un de sa famille. Il y a peut-être des phénomènes
comme ceux-là qui jouent et qui, par ailleurs, dans le cas des
illicites, demandent plus que le per diem. Ils demandent souvent tout l'argent.
Mais je suis d'accord avec vous que cela...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Alors, ce n'est certainement pas un
facteur incitatif.
M. Johnson (Anjou): C'est pour cela que, même si on en a
fermé 55 depuis deux ans, touchant ainsi 651
bénéficiaires, on a trouvé à replacer ces gens.
Dans certains cas, ce fut dans des familles d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: II y a un problème qui a
été soulevé à la suite de la publication dans la
Gazette officielle du 24 mars 1982 touchant la contribution des parents.
L'article 6.7.6 - je ne sais pas comment il se fait qu'il y ait trois points,
mais en tout cas. "La contribution s'effectue à même les
revenus personnels de l'enfant et, si ceux-ci se révèlent
insuffisants ou inexistants, le père et la mère de l'enfant sont
tenus de compléter et de fournir cette contribution à même
leur revenu personnel."
Certains ont soulevé le problème que ceci a comme effet de
désinciter l'adolescent à se trouver un emploi, par exemple, soit
comme camelot, soit comme messager, puisque c'est lui qui est obligé de
combler la différence dans la contribution à la famille
d'accueil. Je voudrais seulement comprendre le rationnel de cet article ou de
ce règlement. (23 h 15)
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'adolescents de 16 et 17 ans.
C'est la notion que vous avez vous-même évoquée dans le
rapport avec mon collègue, M. Charbonneau. C'est la notion de la
responsabilité parentale, finalement.
Mme Lavoie-Roux: La responsabilité parentale, d'accord, je
n'ai rien contre elle, dans la mesure où les gens peuvent payer, mais
là, c'est l'enfant qui est appelé à payer. Même
à 16 ans et demi, demandez donc à vos enfants de payer une
contribution à la maison parce qu'ils sont allés se faire
quelques sous en passant le journal ou en portant les paquets chez Steinberg ou
chez Métro.
M. Johnson (Anjou): Je trouve extrêmement
intéressant le commentaire de la députée de L'Acadie,
parce qu'on n'a reçu aucun commentaire de cette nature. J'avoue que cela
ne m'avait pas frappé lorsqu'on a fait le texte du règlement. Ma
foi, je prends note de cela. C'est la première fois que j'entends une
remarque à cet effet. Dieu sait pourtant qu'il y a eu quelques
réunions autour de ces règlements au niveau des sous-ministres,
etc., et on n'a jamais reçu de courrier ou de commentaire de cette
nature. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas bon. Peut-être que vous
avez eu...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, ce n'est pas de mon cru, ce sont des
représentations qui m'ont été faites, j'oublie par qui,
mais qui...
M. Johnson (Anjou): C'est cela, mais dans le fond,
j'écoutais ce que vous disiez et Mme Vaillant me souligne le contexte
dans lequel cela a été fait. Il y avait le cas du mineur
émancipé à qui on voulait appliquer les règles de
l'émancipation, sauf que ce que vous dites, c'est qu'en même
temps, "désincite" le petit gars ou la petite fille à aller
passer les journaux ou à...
Mme Lavoie-Roux: Sa petite "jobbine" de fin de semaine.
M. Johnson (Anjou): Sa "jobbine" de fin de semaine, pas dans la
construction, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Non, et ensuite, je pense que normalement les
familles trouvent d'autres moyens de faire assumer des responsabilités
aux enfants que d'assumer leur propre pension quand ils ont 16 et 17 ans.
M. Johnson (Anjou): C'est une remarque très à
propos. J'en prends bonne note.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on peut arrêter, il est 23 h
20.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que le
programme 4 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Cela doit. J'espère que je n'en ai pas
oublié.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté. La
commission des affaires sociales ajourne ses travaux à demain, 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 18)