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(Onze heures cinquante-six minutes)
La Présidente (Mme Marois): Si vous permettez, on va
ouvrir la séance. Est-ce qu'il y a des remplacements? Ah oui! c'est
vrai, je vais d'abord rappeler le mandat, évidemment. Nous nous
réunissons afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 110, Loi modifiant la Loi sur les
allocations d'aide aux familles.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme
Boucher-Bacon (Bourget) sera remplacée par M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet); M. Williams (Nelligan) par M. LeSage (Hull).
Projet de loi 110
La Présidente (Mme Marois): Merci. Alors, est-ce qu'il y a
des remarques préliminaires et, par la suite, des motions
préliminaires, s'il y avait lieu? Oui, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Alors, Mme la Présidente, nous entreprenons
aujourd'hui l'étude détaillée du projet de loi 110 qui
vient modifier la Loi sur les allocations d'aide aux familles. En pensant que
ces mesures découlent du Discours sur le budget, je m'en voudrais de ne
pas souligner l'attachement que notre regretté collègue, M.
Gérard D. Levesque, portait à la cause de la famille
québécoise. Chacun de ses budgets aura mis à jour cette
préoccupation dominante et chaque année nous nous sommes
réunis pour traduire dans la législation les décisions
généreuses du ministre des Finances. Puissions-nous continuer
cette heureuse tradition.
Pour revenir au projet de loi 110, il donne suite, comme je le disais,
au Discours sur le budget 1992-1993 et il ajoute de nouvelles dispositions pour
assurer une meilleure accessibilité à l'allocation à la
naissance. Je me limiterai à vous indiquer les principales modifications
envisagées.
En ce qui a trait aux mesures budgétaires qui doivent être
intégrées à la Loi sur les allocations d'aide aux
familles, notons d'abord, Mme la Présidente, que le projet de loi sous
étude vient porter de deux à cinq ans l'âge limite pour
l'attribution de l'allocation à la naissance à l'égard
d'un enfant de premier ou de deuxième rang qui est placé dans la
famille pour adoption.
Par ailleurs, ce projet de loi garantit que la famille qui accueille un
enfant de troisième rang ou d'un rang suivant en vue de l'adopter aura
droit à une allocation à la naissance au moins égale
à celle qu'elle aurait reçue si l'enfant avait été
de deuxième rang.
Enfin, l'augmentation de 25 $ des versements trimestriels de
l'allocation à la naissance annoncée dans le Discours sur le
budget a effet depuis le mois de mai 1992. Cette augmentation doit faire
l'objet d'une modification réglementaire. Le projet de loi 110 vient
autoriser une portée rétroactive à un règlement qui
modifie le montant des allocations.
Le projet de loi introduit une autre mesure qui vise à assurer un
meilleur soutien financier aux familles éprouvées par le
décès d'un de leur enfant; elle consiste à leur
éviter de rembourser l'allocation à la naissance reçue
lorsque l'enfant est décédé peu de temps avant la date
à laquelle elles auraient eu droit à l'allocation.
Ainsi, nous proposons de garantir le second versement de 500 $ à
l'égard d'un enfant de deuxième rang qui, dans les deux mois
précédant la date anniversaire donnant lieu à ce
versement, décède ou change de rang par suite du
décès d'un autre enfant dans la famille. Également, le
versement de l'allocation trimestrielle de 400 $ sera garanti à
l'égard d'un enfant de troisième rang ou d'un rang suivant qui
décède ou qui change de rang par suite du décès
d'un autre enfant dans la famille, lorsque le décès survient au
plus deux mois avant un trimestre donné.
Enfin, ce projet de loi apporte à la Loi sur les allocations
d'aide aux familles les modifications qui sont devenues nécessaires
à la suite de l'abrogation de la Loi sur les allocations familiales
fédérale et de son remplacement par un nouveau programme connu
sous le nom de Prestation fiscale pour enfants. Ces modifications visent
à assurer une meilleure administration de la Loi sur les allocations
d'aide aux familles.
Voilà, Mme la Présidente, en quelques mots, les
principales modifications proposées par le projet de loi 110. Je vous
remercie. (12 heures)
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Juste quelques mots
pour appuyer, seconder les bonnes paroles que le ministre a eues à
l'égard de notre excollègue décédé,
l'ex-ministre des Finances, que j'ai eu le plaisir de connaître pendant
plusieurs années, dès son adolescence, dès l'âge de
15 ans. Je dois reconnaître que, malgré nos divergences
politiques, nous avons
toujours gardé des liens d'amitié. Ce sont des choses qui
arrivent. Je pense que c'est en même temps le reflet aussi de la
gentilhommerie, puis du côté humain de M. Gérard D.
Levesque.
C'est vrai qu'il à pensé à plusieurs reprises
à la famille dans ses discours du budget. Tout en reconnaissant que
certaines des mesures et je pense notamment aux allocations pour les
enfants de premier, deuxième et troisième rang et plus ont
pu aider les familles, les parents jusqu'à un certain point, il faut
bien dire aussi que leur effet... On l'a vu par les derniers rapports
démographiques, les dernières statistiques qui ont
été publiées récemment, le taux de natalité
a tendance à baisser un peu depuis un an. Donc, les effets
bénéfiques de ces allocations financières sont quand
même, pour l'ensemble de la population du Québec et pour
l'augmentation du taux de natalité, très, très
modérés.
Il me semble que le gouvernement devrait beaucoup plus s'attarder
à des mesures qui auraient un impact plus certain, à la
lumière des expériences dans d'autres pays, des mesures telles
que les places en garderie à des taux qui sont accessibles. Il y a eu
des progrès faits depuis une quinzaine d'années au Québec,
mais Dieu sait qu'on est encore loin d'avoir suffisamment de places en
garderie.
Deuxièmement, des logements; des logements aussi à des
taux appropriés, là aussi, pour les jeunes ménages;
dés logements qui tiennent compte justement de la présence
d'enfants. Trop souvent les logements sont ainsi construits qu'on a
l'impression qu'ils sont faits juste pour un couple avec un enfant ou un et
demi, un et demi étant la moyenne générale au
Québec. Donc, les logements à dés prix modiques ne sont
pas accessibles, bien souvent.
Enfin; une troisième mesure, qui, celle-là, est encore
plus importante que les deux autres: la création d'emplois. Parce que,
finalement, surtout depuis quelques années, on aura beau donner 8000 $
pour le troisième enfant ou 1000 $ au deuxième, 500 $ au premier,
le jeune couple, autant pour la femme que pour l'homme, qui a beaucoup de
difficultés à s'intégrer au marché du travail,
à trouver de l'emploi, ce jeune couple là n'est pas dispos, n'est
pas enclin à procréer, n'est pas enclin à avoir un ou des
enfants. Il me semble que c'est beaucoup plus à la création
d'emplois qu'un gouvernement doit travailler ces années-ci que d'essayer
de faire croire à la population que, grâce à des
allocations de premier, deuxième, troisième rang, on va finir par
remonter le taux de natalité au Québec. L'expérience
démontre que le bilan général depuis que ces
allocations-là existent, depuis quoi? 1986 peut-être, environ sept
ans six, sept, huit ans à tout compter, ça n'a pas
eu l'impact souhaité.
Et les garderies, j'y reviens. Dans la mesure où il y a
suffisamment d'emplois, la femme, aujourd'hui, c'est presque la règle,
la jeune femme veut travailler, et c'est tout à fait dans l'ordre des
choses. Mais les garderies, même si elles se sont multipliées dans
les quartiers je pense aux garderies en milieu de travail
ça n'a pas progressé beaucoup. Il y a eu des efforts de faits
ici, à gauche et à droite, dans certaines entreprises, mais
même le gouvernement ne donne pas l'exemple. Il y a très peu de
ministères ou d'organismes qui ont mis sur pied des garderies pour les
enfants de leurs employés.
Je me souviens qu'à une époque où j'avais la
responsabilité des services de garde, aux Affaires sociales, nous avions
mis sur pied la première garderie, dans l'appareil gouvernemental, au
ministère des Affaires sociales, à l'édifice Joffre. Je
serais curieux de voir et je pose la question au ministre,
peut-être qu'il pourra me donner la réponse un peu plus tard
combien de ministères, depuis ce temps-là, depuis 1979, je
crois, ont ouvert des garderies pour les enfants de leurs employés, de
même que pour les enfants du quartier. La garderie, à Joffre, je
ne sais même pas si elle existe encore. Elle était à la
fois pour les enfants du personnel, mais aussi pour les enfants du quartier.
Alors, combien d'autres ont été ouvertes dans les
ministères ou dans les organismes gouvernementaux? Ça serait un
peu un indice du sérieux que le gouvernement apporte à cette
question des garderies.
Les logements sociaux, il faut y revenir aussi. Nous, dans l'Opposition,
on a fait valoir depuis quelques années auprès du ministre
responsable de l'habitation que les habitations à loyer modique, les
HLM, qu'on disait «logements sociaux», parfois, c'est, à
toutes fins pratiques, interrompu, comme programme. Dans beaucoup, beaucoup de
municipalités, les jeunes couples à faibles revenus n'ont pas
accès à des logements qui sont appropriés à leurs
revenus. Et ça, c'est un problème majeur. Si bien que beaucoup de
jeunes couples sont obligés de vivre temporairement chez leurs parents
et ce n'est pas toujours l'environnement qui est propice à faire
des enfants ou obligés de vivre dans un sous-sol, parce que c'est
le seul loyer qu'ils peuvent se payer, dans un sous-sol.
Alors, Mme la Présidente, je pense que les mesures dont ce
gouvernement-ci se targue beaucoup, là, les allocations
financières, tout en étant valables, jusqu'à un certain
point, sont bien peu, sont une goutte dans l'océan quand on compare
à l'absence d'emploi, à l'insuffisance des postes en garderie
et je souligne l'arrivée de ma collègue des
Chutes-de-la-Chaudière qui pourrait vous en parler avec éloquence
mais aussi à l'insuffisance de logements à prix
modiques.
Alors, moi, en conclusion de ces remarques préliminaires, je
souhaiterais qu'à l'occasion de ce projet de loi le ministre responsable
des allocations aux familles redouble ses efforts. Je comprends qu'il a des
efforts à consacrer à d'autres causes de ce temps-ci, mais il
devrait en garder un peu, de ces efforts-là, pour convaincre son
collègue de l'habitation. Et il n'est pas facile à faire bouger,
son collègue responsable de l'habitation. D'abord, il est responsable de
bien d'autres choses: habitation, sécurité publique.
M. Bourbeau: Si on peut revenir au sujet, s'il vous plaît,
Mme la Présidente.
M. Lazure: Oui. Alors, c'est de l'aide aux familles dont il
s'agit. Et, si le ministre responsable de l'habitation acceptait de remettre en
marche un programme de logements à prix modique, ça aiderait
beaucoup les familles, de même que sa collègue qui est responsable
de la Famille et des garderies.
Alors, Mme la Présidente, ceci termine mes remarques
préliminaires. Je ne sais pas si ma collègue en a à faire.
Merci.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires? Oui, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Oui, Mme la Présidente.
Écoutez, je pense que c'est très clair que l'Opposition a
déjà manifesté qu'il n'y avait pas de problème avec
le projet de loi 110, qu'on irait de l'avant et qu'on appuierait le ministre,
même si on trouve que les mesures qui sont abordées dans le projet
de loi sont vraiment minimes par rapport aux besoins des familles.
J'entendais, tout à l'heure, mon collègue discuter des
fameux bébéi;-bonis. On sait que c'est une mesure nataliste qui a
été mise en place par le gouvernement qui, à toutes fins
pratiques, profite à peu près à 15 % des familles au
Québec, parce qu'il s'agit de bonus qui sont accordés à
des enfants de deuxième, troisième rang et plus, alors qu'on sait
très bien que la décision qui est difficile à prendre...
La décision, plusieurs aimeraient la prendre, mais ils n'ont pas la
sécurité d'emploi, n'ont pas la sécurité
financière voulue, ont des besoins, alors c'est la décision
d'avoir un premier enfant. (12 h 10)
C'est une mesure qui a donné des résultats, un petit
pourcentage de résultats très faibles. Le ministre est à
même de le constater, il y a eu effectivement, pendant un certain temps,
une certaine augmentation du taux de natalité chez nous, au
Québec, mais on voit on l'a vu et c'est confirmé
maintenant, les chiffres sont connus que cette année il y a une
baisse de ce fameux taux de natalité. On sait que le chiffre
visé, le chiffre magique dans ce domaine-là, c'est 2,1. C'est 2,1
qu'on vise. Tous les pays essaient de viser 2,1, c'est le taux de
renouvellement de la population. Alors, nous, chez nous, même avec les
mesures natalistes du ministre, du gouvernement libéral, on est
descendus à 1,6 cette année. On est en chute encore une fois.
Alors, le seul pays au monde, Mme la Présidente, qui a ce fameux
taux de 2,1, c'est la Suède. On l'a vu, c'est le seul pays, d'ailleurs,
de l'OCDE qui atteint ce taux. Ils y sont allés avec des mesures qui
sont bien différentes des mesures qu'on adopte ici. Alors, c'est
évident que, quand on augmente un petit peu l'allocation familiale,
quand on amène certains aménagements quant au fameux bonus... On
parle, dans ce projet de loi, qu'on va pouvoir donner le montant permis pour
les premiers quatre mois, s'il y a décès du premier, quand il y a
changement de rang...
Parce que, vous savez, chez nous, on peut changer de rang dans une
famille. On a beau être l'aîné, à un moment
donné, on tombe le deuxième, on tombe à un autre rang.
L'aîné, c'est comme s'il n'était plus l'enfant de la
famille. C'est une mesure qui commence à choquer de plus en plus les
gens, parce qu'on sait très bien qu'aujourd'hui les jeunes, à 18
ans, sont toujours sous la responsabilité de leur famille. On le sait,
ils vont à l'école plus longtemps, ils sont en formation. Et ceux
qui ont des enfants, parmi nous, on le sait très bien, on est
responsables, même si nos enfants sont majeurs, par rapport à la
loi en général.
Alors, on garde la responsabilité, et, pourtant, à partir
du moment où le plus vieux a 18 ans, si on a deux enfants, c'est comme
si on n'en avait rien qu'un. Il y en a un qui vient de partir, c'est comme si
on ne l'avait plus. Ça, on ne la corrige jamais, cette
règle-là. Je me souviens, une année ce n'est pas
l'an dernier, c'est l'année précédente quand on
discutait de ce même genre de projet de loi parce que ça
revient à chaque année, ce projet de loi, Mme la
Présidente le ministre s'interrogeait. Il disait: Est-ce qu'on va
attendre... Est-ce qu'on va se rendre à 45 ans? Je pense qu'il y a moyen
de prendre une mesure un peu différente, compte tenu des situations
qu'on vit présentement. Je pense que la société a
évolué; il y a des changements profonds qui se sont produits. Je
pense qu'il faut en tenir compte aussi.
Alors, par rapport aux bébés-bonis, on ne peut pas dire
que c'est un succès. C'est confirmé, le taux de natalité
n'a pas augmenté. Il y a peut-être moyen d'aider les familles
autrement, différemment, pour améliorer leur situation, pour
justement les aider à prendre cette décision de combler leur
désir d'avoir des enfants. Parce qu'on le sait et ça, la
ministre déléguée à la Condition féminine a
dû en parler avec son collègue, parce qu'on en parle assez souvent
et elle le dit régulièrement que les jeunes aujourd'hui
ont toujours ce désir d'avoir des enfants. Mais il reste que
l'instabilité dans laquelle ils sont confinés ne règle pas
du tout le problème et ne leur permet pas de combler ce désir
qu'ils ont.
Alors, il y a sûrement des moyens. Le gouvernement devrait
être imaginatif et aller vers des moyens qui pourraient justement
favoriser les jeunes familles à combler ce besoin, ce désir
qu'elles ont. Ça nous aiderait sûrement, dans ce sens-là,
à atteindre le fameux 2,1, qui est le taux de renouvellement des
populations. On pourrait peut-être faire d'une pierre deux coups,
plutôt que d'essayer de mettre des pansements un peu partout qui ne
fonctionnent pas, à toutes fins pratiques.
D'ailleurs, Mme la Présidente, ce n'est peut-être pas le
sujet du projet de loi, mais, puisqu'on parle de l'aide aux familles, le
ministre qui est responsable de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, avec sa coupure au niveau du PRALMA, n'a pas
aidé non plus dans la décision des jeunes couples à
combler leur désir d'enfants. On se rappellera... Et je tiens à
le rappeler quand même. Je pense que, s'il y en a qui ne s'en
rappellent
pas, je trouve ça important de le dire. C'est que la ministre
déléguée à la Condition féminine nous
garantissait, dans son plan d'action en matière de politique familiale,
qu'il y aurait augmentation, qu'on aiderait davantage, qu'on augmenterait les
allocations de maternité, justement.
Alors, ce n'est pas tout à fait ce qui est arrivé, puisque
le ministre responsable de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu, lui, en a décidé bien autrement; il a
décidé de couper l'allocation de revenus qu'était le
PRÀLMA, le fameux montant qui était alloué pour lés
deux semaines de carence au niveau de l'assurance-chômage. On sait qu'ici
les congés de maternité sont payés par
Fassurance-chômage. Alors, les deux semaines de carence, compte tenu
qu'au Québec c'était admis que ce n'était pas un mauvais
coup d'être enceinte puis de prendre un congé de maternité,
alors on ne pouvait pas pénaliser les femmes qui devaient quitter le
marché du travail pendant deux semaines, les pénaliser durant les
deux premières semaines parce que, justement, elles quittaient pour une
raison qui était tout à fait justifiée et, en plus,
intéressante à tous points de vue pour l'ensemble de la
société.
Alors, il y avait ce montant-là qui avait été
décidé d'être alloué. Et le ministre, lui, a
décidé qu'à l'avenir il coupait pour les familles dont le
revenu était supérieur à 55 000 $. Quand on parle de
ça, Mme la Présidente et je peux vous dire que j'en parle
autant en tant que critique en matière de politique familiale que
critique en matière de condition féminine l'interrogation
des femmes à ce niveau-là, c'est très clair: on n'en
connaît pas d'autres allocations de revenus qui sont basées sur le
revenu familial.
Quand quelqu'un quitte son emploi puis qu'il reçoit
l'assurance-chômage, est-ce qu'on va vérifier le salaire du
conjoint pour voir s'il y a droit ou s'il n'y a pas droit ou à combien
il aurait droit? C'est le seul endroit où on va remplacer le revenu
d'une personne qui est sur le marché du travail, qu'on va donner une
allocation de revenus en se basant sur le salaire de deux conjoints. Ça,
c'est une mesure qui n'a pas été tellement
appréciée, qui n'est pas tellement bien comprise non plus, puis
vous admettrez avec moi qu'on peut avoir effectivement de la difficulté
à comprendre ce genre de mesure.
De toute façon, Mme la Présidente... J'entendais mon
collègue parler du réseau des services de garde. Ça, je
pourrais en parler longuement. Je vois le député de
Trois-Rivières qui est en face de moi. Il le sait, c'est un dossier dont
on parle régulièrement et qui revient souvent sur la table avec
tous les problèmes, justement, qui se vivent à ce
niveau-là parce que, présentement, ils ont des problèmes
majeurs au niveau des services de garde.
Je vais vous dire que ce n'est pas rose, la situation n'est pas rose.
Et, même si le gouvernement dit qu'il «priorise», qu'il va
créer davantage de places, qu'il va mettre plus de sous, le
gouvernement, par rapport aux familles présentement,
récupère énormément aussi sur le dos des familles
par le biais de toutes les mesures, de toutes les taxes directes et indirectes
qu'il a imposées, ce qui faisait dire d'ailleurs au président du
Conseil de la famille qu'au Québec, depuis un certain temps, on taxe les
enfants.
Alors, par rapport aux services de garde, Mme la Présidente, il y
aurait effectivement d'immenses progrès à réaliser. Il y a
un manque de places dans des secteurs très précis; je pense aux
poupons, entre autres, les tout-petits, les bébés naissants.
À ce niveau-là, il y a un manque flagrant.
On veut avoir aussi des services un petit peu plus variés, si on
veut, et, dans ce sens-là, ça fait au moins trois ans que la
ministre déléguée à la Condition féminine se
penche sur le dossier des haltes-garderies, des jardins d'enfants. Mais on n'a
pas encore de réponse, la réglementation n'est pas encore faite,
et ça, je suis persuadée que les députés
ministériels qui assistent habituellement à nos échanges
lors des engagements financiers ou lors de l'étude des crédits
savent que d'année en année le règlement est
supposé nous arriver d'ici quelques mois. Mais ça fait depuis
1990 qu'on parle du même sujet, puis on ne l'a pas encore, le
règlement. Alors, pour ce qui est de varier les services de garde, il
n'y a pas l'air d'y avoir d'urgence au niveau du gouvernement, même si,
au niveau de la population, on le sait, le besoin est criant.
Mme la Présidente, écoutez, je vais m'arrêter
là dans mes commentaires, on pourra continuer à en discuter le
long du projet de loi. Il reste que c'est un projet de loi qui vient
améliorer un petit peu certaines choses, mais qui est loin, bien loin de
combler les besoins auxquels les familles s'attendent au Québec. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a... Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour peut-être faire un sommaire. La
Présidente (Mme Marois): Certainement. M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Je prends pour acquis, à la lumière
des commentaires que j'ai entendus, qu'en ce qui concerne les allocations
à la naissance on semble d'avis enfin, c'est l'Opposition
que la mesure a été intéressante, mais qu'elle perd de son
intérêt étant donné, semble-t-il, qu'elle n'atteint
pas les buts escomptés. C'est vrai que le nombre de naissances diminue
depuis un an ou deux. Il y a eu une augmentation importante de 1987 à
1990 et, depuis 1991, on voit un léger fléchissement; 1993 va
amener un fléchissement encore plus important.
Mais il ne faudrait pas confondre le nombre de naissances et l'indice de
fécondité. On peut avoir, dans une année donnée,
une baisse des naissances et une augmentation de l'indice de
fécondité. C'est arrivé, d'ailleurs, en 1991, alors que
les naissances ont baissé d'à peu près 1000 et l'indice de
fécondité a monté de
0,2 %. l'indice de fécondité est calculé par
rapport au nombre de femmes en âge de procréer, bien sûr, et
ce nombre-là diminue d'une façon importante. par exemple, pour
l'année courante, l'année 1993, on m'indique que, si la tendance
des huit premiers mois de l'année 1993 se maintient, une diminution des
naissances de 4,8 % est à prévoir. l'indice de
fécondité ne chutera que de 3 %, lui, le reste de la baisse
s'expliquant par la diminution du nombre de femmes âgées de moins
de 30 ans. d'ailleurs, comme c'est arrivé en 1991 et en 1992. (12 h
20)
Évidemment, quand on parle de ça, on parle de la
diminution du nombre de femmes âgées de moins de 30 ans, c'est le
résultat de la décroissance du taux de natalité dans les
années soixante et soixante-dix. On a fait moins d'enfants dans les
années soixante et soixante-dix et maintenant, bien sûr, on a
moins de femmes en âge de procréer.
Quant à l'autre question, les garderies et le programme PRALMA,
je concède que nous avons plafonné l'accession au programme
PRALMA aux familles qui gagnent plus que 55 000 $ par année. On semble
nous blâmer sévèrement de l'autre côté. Quand
on regarde l'état des finances publiques de tous les gouvernements, non
seulement au Canada mais en Occident, je pense qu'il va falloir que, de l'autre
côté, on ajuste un peu son discours aussi. Dans un monde
idéal, ce serait intéressant que toutes les familles, toutes les
personnes, tous les individus puissent jouir d'un maximum de subventions ou
d'aide gouvernementale, mais il va falloir réaliser aussi que la
capacité de payer des gouvernements a atteint ses limites. À
moins de tomber dans la pure fantaisie, il va bien falloir réaliser que
l'aide gouvernementale devra être limitée dans l'avenir à
ceux et celles parmi nous qui en avons un très grand besoin, et non pas
à celles ou à ceux à qui ça pourrait faire du bien.
C'est bien évident que toute personne peut toujours accepter et utiliser
des sommes d'argent additionnelles pour vivre ou pour bien vivre, mais les
finances publiques, quelles qu'elles soient, ne le permettront pas très
longtemps. Elles ne le permettent plus, d'ailleurs, je pense.
Enfin, je suis d'accord aussi avec ce qu'a dit la députée
tout à l'heure en ce qui concerne les garderies: le plus on pourra en
financer, le plus on pourra les rendre accessibles, le mieux ce sera pour
l'éclosion des familles québécoises.
Mme la Présidente, sur ce, s'il n'y a pas d'autre chose, moi, je
serais prêt à passer...
La Présidente (Mme Marois): À procéder. Il
n'y a pas d'autres remarques préliminaires? Il n'y a pas de motions?
Alors, nous allons appeler l'article 1.
Étude détaillée Champ d'application M. Bourbeau:
Cet article, Mme la Présidente, est modifié par la
suppression, dans les première et deuxième lignes du premier
alinéa, de ce qui suit: «, sauf pour l'application de l'article
26,».
Donc, le premier paragraphe se lirait: «Les allocations
visées par la présente loi sont, sauf pour l'application de
l'article 26, les allocations d'aide aux familles prévues à la
section II.» Et le reste de l'article demeure le même.
M. Lazure: Je veux...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...bien comprendre, là. Vous apportez un
amendement, là? Est-ce que vous apportez un amendement?
M. Bourbeau: Non, non. Non, non. Pas du tout. Je donne
l'explication.
M. Lazure: Non?
La Présidente (Mme Marois): À l'article qui est
devant nous.
M. Lazure: Mais, avant d'aller plus loin, Mme la
Présidente, est-ce que le ministre peut nous dire s'il a des amendements
à proposer? Nous n'en avons pas. Pour la perspective des choses,
là.
M. Bourbeau: Croyez-le ou non, Mme la Présidente, nous
n'en avons pas, nous non plus.
M. Lazure: Vous n'avez pas d'amendements non plus?
La Présidente (Mme Marois): C'est absolument remarquable!
Ha, ha, ha!
M. Lazure: Ça, c'est une première. Je crois que
c'est une première!
La Présidente (Mme Marois): C'est absolument remarquable!
Ha, ha, ha!
M. Lazure: II faut féliciter les responsables de la
rédaction du projet de loi. Peut-être qu'ils viendront l'an
prochain sous forme d'un autre projet de loi. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: II faut dire, Mme la Présidente, qu'on a une
certaine expérience dans la rédaction de ces projets de loi.
La Présidente (Mme Marois): Une expérience de quel
ordre, M. le ministre?
M. Bourbeau: Bien, ça fait le cinquième projet de
loi à peu près identique que je fais, que je propose.
M. Lazure: Sans amendements.
M. Bourbeau: Vous savez qu'à chaque année, depuis
1987, le ministre des Finances annonçait des allocations à la
naissance.
La Présidente (Mme Marois): Des mesures, oui.
M. Bourbeau: Et à chaque année on bonifiait ces
mesures-là. Alors, c'était toujours le même type de projet
de loi. Donc, disons qu'on a atteint...
La Présidente (Mme Marois): Vous avez pris une certaine
expérience.
M. Bourbeau: ...un certain raffinement.
Je dirais qu'à l'article 1 il s'agit d'une modification qui
résulte de l'abrogation de l'article 26 de la loi. Depuis le mois de
janvier 1974, le gouvernement du Québec détermine les montants
des allocations familiales fédérales en fonction de l'âge
de l'enfant et de son rang dans la famille. Cette modulation est prévue
à l'article 26 de la Loi sur les allocations d'aide aux familles qui
permet également de modifier les montants des allocations par voie
réglementaire. Étant donné que les allocations familiales
fédérales ont été remplacées par une
prestation fiscale pour enfants et que la modulation des montants de cette
prestation est établie par un accord intervenu entre les gouvernements
du Canada et du Québec, l'article 26 n'est donc plus
nécessaire.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur cet article?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. Mme la
députée, ça va, oui?
Allocation d'aide aux familles
Article 2.
M. Bourbeau: Actuellement, Mme la Présidente, une famille
a droit à une allocation à la naissance de 500 $ pour l'adoption
d'un enfant de premier ou de deuxième rang si l'enfant a
été pris en charge par ses nouveaux parents avant l'âge de
deux ans. Le projet de loi, qui donne suite à une mesure annoncée
dans le Discours sur le budget 1992-1993, porte cet âge à cinq
ans.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou questions?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. Ça
va?
Mme Carrier-Perreault: C'est une des bonifications, ça, je
pense, du projet de loi.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. L'article 2 est donc
adopté. L'article 3.
M. Bourbeau: La famille, Mme la Présidente, qui a
adopté un enfant de deuxième rang, a droit à une
allocation de naissance de 500 $ lors du premier anniversaire du jugement
d'adoption. L'enfant de deuxième rang qui ouvre droit à cette
allocation doit avoir été accueilli par sa famille adoptive avant
d'avoir atteint l'âge de deux ans. Le projet de loi porte cet âge
à cinq ans comme annoncé dans le Discours sur le budget
1992-1993.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires, des remarques sur cet article?
M. Lazure: Je pense que cet article-là est bienvenu aussi
parce que ça va aider les familles adoptives.
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais un petit renseignement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: C'est un renseignement, tout simplement,
Mme la Présidente. Est-ce qu'on a une idée du nombre de familles
que ça touche ou du nombre d'enfants? Est-ce qu'il y a eu beaucoup de
demandes pour des enfants entre deux et cinq ans, pour des adoptions? À
combien on va toucher?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, oui.
M. Legault (Claude): On n'a pas de chiffres actuellement. Ce
n'est qu'avec l'expérience qu'on pourra...
La Présidente (Mme Marois): Monsieur, si vous
permettez...
M. Legault (Claude): Excusez-moi.
La Présidente (Mme Marois): ...peut-être vous
identifier pour les fins du Journal des débats.
M. Legault (Claude): Oui. Je m'excuse, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Bonjour, M. Legault.
M. Legault (Claude): Claude Legault, président de la
Régie des rentes. Actuellement, nous n'avons pas de statistiques encore
de compilées, c'est un peu trop
récent. Il ne s'agit quand même que de certains cas, mais
pour lesquels cette mesure-là est bienvenue. Mais, actuellement, il n'y
a pas de possibilité de vous fournir de chiffres. On peut prendre note
de votre question et regarder ce qu'on peut avoir qui pourrait s'apparenter
à une approximation et fournir le renseignement
subsé-quemment.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Dans la même veine, est-ce que le ministre ou le
président de la Régie peut nous expliquer de quelle façon
ils vont rejoindre ces familles adoptives qui ont des enfants entre deux et
cinq ans?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre ou
monsieur...
M. Bourbeau: On va laisser répondre les experts de la
Régie, Mme la Présidente. C'est une question d'ordre technique,
là.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, M.
Legault.
M. Legault (Claude): Ces familles-là ne nous sont pas
connues. C'est par la publicisation des renseignements contenus dans la loi
qu'on peut informer ces gens-là. Mais on ne peut pas identifier les
familles et leur écrire, à celles-là en particulier. On ne
peut pas savoir quels sont ceux qui ont adopté un enfant qui
dépassait l'âge limite de la loi antérieure. Donc, il
s'agit simplement d'inscrire dans nos plans de communication cette nouvelle
donnée lorsqu'elle sera adoptée pour faire en sorte que l'on
puisse la communiquer aux gens.
M. Lazure: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Oui,
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: J'imagine que vous allez communiquer avec
les organisations qui s'occupent de l'adoption internationale, entre autres.
Vous avez des dépliants ou des choses comme ça qui vont circuler.
Cette information-là peut, à toutes fins pratiques, être
diffusée par ces organisations-là.
M. Legault (Claude): II y a déjà une
première communication qui a été faite avec les organismes
intéressés, mais, actuellement, ces organismes-là non plus
ne peuvent pas nous fournir de réponse pour compiler une statistique
valable. Mais, par contre, c'est déjà entrepris et il s'agit
simplement de continuer à alimenter cette communication.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M.
Legault. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou questions sur
l'article 3? Est-ce que l'article 3 est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): L'article 3 est-il
adopté?
M. Lazure: Oui, oui, oui, adopté.
La Présidente (Mme Marois): J'appelle l'article 4. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, selon la loi actuelle, une
famille a droit, à l'égard d'un enfant de deuxième rang,
à une allocation à la naissance de 1000 $ payable en deux
versements de 500 $: le premier est versé lors de la naissance de
l'enfant et le second l'est lors de son premier anniversaire, à la
condition, toutefois, qu'il occupe toujours le deuxième rang dans la
famille le jour de cet anniversaire. Le décès de l'enfant ou son
changement de rang en raison du décès d'un autre enfant de la
famille entraîne donc la perte du droit à ce second versement de
l'allocation à la naissance. Le projet de loi permet à la famille
de conserver le droit à ce second versement de l'allocation à la
naissance lorsque le décès de l'enfant ou son changement de rang
survient au plus deux mois avant la date anniversaire.
En fait, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre. (12 h
30)
M. Bourbeau: ...ce qui est arrivé, c'est qu'il est
arrivé des cas où un chèque a été
émis à une famille et, au moment où le chèque a
été reçu, l'enfant était
décédé. Et la loi ne nous donnait pas d'alternative que de
réclamer le remboursement, ce qui, vous en conviendrez, était
parfois extrêmement pénible. Alors, on a voulu faire en sorte
d'éviter que des situations comme celle-là se représentent
et on a vérifié avec la Régie combien de temps ça
prendrait pour s'assurer qu'un chèque... qu'on ne soit pas dans une
situation semblable. Alors, on nous assure que, dans les 60 jours qui
précèdent, si la période de temps est suffisamment longue
et si l'enfant décédait plus de 60 jours avant l'émission
du chèque, là, le chèque ne serait pas émis du
tout. Donc, ce qu'on veut, c'est s'assurer qu'il n'y aura pas de chèque
d'émis, puis qu'on n'aura pas à demander le remboursement
aussi.
La Présidente (Mme Marois): À aller rechercher le
chèque. Est-ce qu'il y a des commentaires ou des questions?
M. Lazure: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Peut-être une question: Est-ce que les familles
qui sont dans ces situations, semblables, savent qu'elles doivent rapporter le
décès? Est-ce que c'est clair, ça? Est-ce que ça
leur a été demandé clairement?
M. Legaiilt (Claude): C'est suffisamment clair que je peux
certifier que tout le monde avise lors d'un décès. Mais il s'agit
ici de contrer le temps; il faut donner quand même le temps aux gens de
le faire. Et, s'il a été inscrit deux mois, c'est que
c'était principalement à l'intérieur du premier mois
où ça se croise, là; les chèques sont partis et on
n'a pas été avisé. Lorsqu'on met deux mois, le
deuxième mois est plus une soupape de sécurité. On est
toujours avisés, ordinairement, dans les deux semaines qui viennent.
C'est à peu près là que se passent les
délais. Mais, pour être certains qu'on n'échappe pas de
situations pénibles, il a été ajouté deux mois
plutôt que un.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
questions? Oui, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Là, Mme la Présidente, on
est justement à cette fameuse mesure qui est très irritante et
difficile à comprendre pour bien du monde, qu'on puisse changer de rang,
comme ça, dans les familles au Québec. C'est de là que
ça découle, tout simplement. On parle du deuxième rang;
deux versements de 500 $ quand tu es un enfant du deuxième rang, par
rapport aux bébés-bonis. Tout à l'heure, Mme la
Présidente, mes commentaires seront faits, j'aurai les mêmes... on
parle du troisième rang dans l'autre article, dans l'article 6. Et
là, dans l'article 6, ça a un impact qui est quand même un
peu différent, dans le sens que les gens, dépendant du moment
où ce décès de l'aîné arrive, ou du
deuxième, du décès de l'un des deux enfants, bien,
là, disons que la pénalité est différente parce que
le troisième bonus est payé à raison de 20 paiements
trimestriels de 400 $. Si je comprends bien la mesure pour l'autre, c'est parce
que c'est un peu le même genre de chose je ne sais pas si le
ministre a objection à ce qu'on en discute en même temps
ça veut dire qu'ils vont recevoir, à toutes fins pratiques, un
paiement seulement supplémentaire. Est-ce que j'ai bien compris?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que voici, Mme la
Présidente, que tout ce dont on parle, ce n'était pas dans le
Discours sur le budget 1992-1993. C'est une initiative du ministre de la
Main-d'oeuvre de convaincre le ministère des Finances d'ajouter ces
articles-là parce qu'à l'expérience il est arrivé
quelques cas, très peu nombreux je dois dire, mais qui sont toujours
trop pénibles, et on a tenté de s'assurer qu'il n'y aurait pas de
problème de remboursement de chèque après le
décès d'enfants. Alors, ça vaut autant pour l'allocation
à la nais- sance d'un deuxième enfant que pour un
troisième enfant.
Dans le cas d'un troisième enfant, vous le savez, la somme
d'argent est payable par versements trimestriels de 400 $. Alors, on ferait la
même chose, le même principe va être appliqué si
l'enfant est décédé. C'est bien sûr que, si l'enfant
est décédé, il n'y a plus de raison de payer des
allocations, il n'y a plus d'enfant, sauf qu'on ne demandera pas de rembourser
le chèque et on aura un mécanisme semblable à celui qu'on
a présentement.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que, quand on nous dit
ça, il y en a un qui est décédé, c'est celui qui
précède, c'est un de ceux qui précèdent
généralement, et c'est ça, c'est ce qui fait en sorte que
l'enfant change de rang.
M. Bourbeau: Oui, effectivement.
Mme Carrier-Perreault: Disons que les gens qui ont eu un
troisième enfant, mettons... Ils en ont déjà deux, ils ont
eu le troisième, ils ne prévoyaient pas ce genre de situation,
c'est bien évident, il n'y a personne qui prévoit ça, mais
il reste qu'ils ont quand même pris la décision en fonction de
trois enfants. On se comprend? Us ont décidé d'avoir un
troisième enfant, ils ont pris la décision, ils ont engagé
ce qu'il fallait pour, en conséquence. On sait que ça
nécessite des dépenses supplémentaires, des façons
de fonctionner qui sont différentes, quand ce ne serait rien qu'au
niveau du logement, au niveau de l'ensemble de la vie quotidienne pour une
famille. Quand on ajoute un troisième ou un quatrième enfant,
bien, il faut y penser avant parce que, après, c'est comme
décidé, c'est fait, puis il faut continuer de vivre comme si on
était à trois ou à quatre enfants, là.
Je ne comprends pas pourquoi on va la donner pour un seul mois. On dit:
II change de place. Il est né, cet enfant-là, ils l'ont eu. Ils
avaient pris la décision avant. Alors, je me dis: O.K., il y a eu un
décès de un ou l'autre des autres, mais il reste qu'à
partir du moment où le troisième ou le quatrième enfant
est arrivé le montant devrait lui être alloué et il ne
devrait pas devenir le troisième, comme si le deuxième ou le
premier n'avait jamais existé. C'est ce genre de chose là que
j'ai de la misère à comprendre puis que beaucoup de monde a de la
misère à comprendre.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, c'est sûr qu'on
pourrait à l'infini modifier le programme et être d'une
générosité accrue, mais disons que le principe, c'est
qu'avoir un enfant ça coûte plus cher que de ne pas en avoir du
tout pour la famille; en avoir deux, ça coûte plus cher que d'en
avoir un; puis en avoir trois, ça coûte
plus cher que d'en avoir deux. Alors, s'il y a trois enfants dans la
famille, le troisième... il y a des frais inhérents à
avoir trois enfants, comme vous le dites. Mais, si, en cours de route, l'enfant
de deuxième rang décède ou l'enfant de premier rang
décède et que, là, la famille se retrouve avec deux
enfants plutôt que trois, bien, là, on prend pour acquis que
ça coûte moins cher de faire vivre deux enfants que trois, et le
programme cesse à partir de ce moment-là.
Dans un monde idéal, on pourrait continuer à payer, mais
disons qu'il faut quand même être raisonnables. Il y a quand
même des centaines de millions de dollars qui sont distribués dans
ces programmes-là, et on a mis des balises, et ces balises-là
sont à l'effet que, dès qu'un enfant de rang
précédent décède, ou l'enfant lui-même, il
n'y a plus de prestations payables s'il n'y a que deux enfants dans la
famille.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Le ministre nous disait tout à
l'heure qu'il y a très peu de cas. Donc, on parle de combien de cas?
Ça veut dire que, si vous dites qu'il y a très peu de cas...
M. Bourbeau: Non, non, non, je regrette.
Mme Carrier-Perreault: ...c'est que vous avez des chiffres
là-dessus.
M. Bourbeau: Je regrette.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous vous trompez, là. Il y a très peu
de cas d'adoption. On parlait d'adoption tout à l'heure.
Mme Carrier-Perreault: Non, non.
M. Legault (Claude): On parlait des décès.
M. Bourbeau: Ah non! Des décès, vous voulez
dire.
M. Legault (Claude): D'un autre enfant.
Mme Carrier-Perreault: Oui, et je pense que c'est...
M. Bourbeau: II y a très peu de cas de
décès. Je le concède, il y a très peu de cas de
décès, mais la règle est la même quand même.
Ou encore, il peut arriver des cas où un enfant... Il y a trois enfants
dans la famille et il y en a un qui atteint l'âge de 18 ans, par exemple,
là, il n'est plus un enfant. Donc, on regarde le nombre d'enfants de
moins de 18 ans qui sont présents dans la famille, et les prestations
sont payées en fonction de ce nombre-là.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Quand vous dites qu'il y a très peu
de cas, vous avez fait une analyse, vous savez combien ça va vous
coûter, cette mesure-là, à peu près?
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: Parce qu'on ne peut pas être
sûrs, d'une année à l'autre, de la fluctuation. Mais, quand
vous faites un projet de loi comme ça, c'est que vous avez une
idée de ce que ça va vous coûter à peu près.
Ça veut dire quoi?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, on a sûrement tous ces
chiffres-là.
Mme Carrier-Perreault: Oui, est-ce que c'est possible de les
avoir?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
Mme Carrier-Perreault: Oui, ça veut dire quoi?
Combien?
M. Bourbeau: Je n'ai pas compris la question.
La Présidente (Mme Marois): La députée
demande s'il est possible d'avoir ces données-là.
M. Bourbeau: Sûrement qu'on pourrait le faire. On pourrait
sûrement le faire, là. Mais je demanderais... Bien, ce qu'on fera,
je regarderai les statistiques, puis je vous les ferai parvenir.
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est parce que ça m'aiderait
pour comprendre tout de suite.
M. Bourbeau: Oui, mais, moi, je veux les regarder avant
aussi.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on comprend que le
ministre fournira l'information.
M. Bourbeau: Disons que je peux...
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée,
est-ce que ça vous satisfait?
Mme Carrier-Perreault: On comprend que le ministre n'a pas
regardé ces chiffres avant d'apporter l'amendement.
M. Bourbeau: Oui, oui, je les ai... Bien, écoutez, oui,
c'est normal que je les regarde moi-même, mais je ne peux pas maintenant
commencer à fouiller
dans les statistiques pendant qu'on discute du projet de loi, là,
mais...
Mme Carrier-Perreault: Ça va. J'ai compris. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 4? Est-ce que cet article est adopté?
Adopté. L'article 5. M. le ministre.
M. Bourbeau: Le quatrième alinéa de l'article 9
prévoit, entre autres, que l'allocation trimestrielle cesse d'être
versée si l'enfant change de rang pour devenir le premier ou le
deuxième enfant de la famille. Comme le projet de loi introduit une
exception à ce principe, la modification proposée y fait
référence.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a d'autres
explications que vous souhaitez donner, M. le ministre?
M. Bourbeau: Non, je pense que c'est...
La Présidente (Mme Marois): Non? Ça va. Est-ce
qu'il y a des commentaires ou des questions sur l'article 5?
M. Lazure: Denise? Adopté. Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 6. M. le ministre. (12 h 40)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, une famille a droit,
à l'égard d'un enfant de troisième rang ou d'un rang
suivant, à une allocation trimestrielle de 400 $ versée
jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de cinq ans. Cependant, cette
allocation n'est payable pour un trimestre donné que si cet enfant
occupe le troisième rang ou un rang suivant dans la famille le dernier
jour du trimestre précédent. Le décès de l'enfant
ou son changement de rang pour devenir un enfant de deuxième rang en
raison du décès d'un autre enfant de la famille entraîne la
perte du droit à cette allocation. C'est ce dont on parlait tout
à l'heure.
Le premier alinéa de l'article 9.1 qu'introduit le projet de loi
garantit le versement d'un montant additionnel de 400 $ de l'allocation
trimestrielle à l'égard de l'enfant de troisième rang ou
d'un rang suivant qui, au plus deux mois avant la fin d'un trimestre
donné, décède ou change de rang en raison du
décès d'un autre enfant de la famille. Le deuxième
alinéa de l'article 9.1 vient cependant exclure l'application de cette
nouvelle mesure lorsque l'enfant est devenu un enfant de deuxième rang
avant son premier anniversaire et que, de ce fait, il ouvre droit au versement
de 500 $ d'allocation à la naissance prévue par l'article 8.1 de
la loi.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
questions, des commentaires? Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Mme la Présidente, je le disais
tout à l'heure, moi, j'ai fait mes commentaires tout à l'heure
à l'article précédent, j'ai les mêmes commentaires,
je trouve que c'est toujours un irritant. Mais ce que j'aimerais ajouter, par
exemple, c'est que j'aimerais le ministre a sûrement aussi des
statistiques pour sa prise de décision en conséquence, avec cet
article-là avoir les chiffres sur lesquels il s'est
appuyé, au même titre que j'ai demandé les autres tout
à l'heure, et je voudrais savoir, moi, quand le ministre pourra nous les
donner. Est-ce qu'on peut les avoir rapidement, ces données-là?
Parce que je sais qu'on attend toujours ceux sur les perceptions des pensions
alimentaires.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je dois rencontrer les gens de la Régie, je
crois, cet après-midi ou demain, et je vais faire le point sur toutes
ces questions de statistiques là. Et je vais m'assurer qu'on fasse
parvenir la documentation.
La Présidente (Mme Marois): Alors, est-ce que cela
répond à votre attente, Mme la députée?
Mme Carrier-Perreault: Quand on les recevra, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, on adopte
l'article 6? Est-ce qu'il est adopté?
M. Lazure: Avec un peu de scepticisme, mais on l'adopte quand
même, oui.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Scepticisme
noté.
M. Bourbeau: Homme de peu de foi!
M. Lazure: En le ministre, oui. En le ministre, c'est vrai.
La Présidente (Mme Marois): J'appelle l'article 7. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, l'article 8 de la loi
prévoit qu'une famille a droit à une allocation à la
naissance de 500 $ pour la naissance ou l'adoption d'un enfant de premier ou de
deuxième rang. L'article 9 indique que la famille a droit à une
allocation trimestrielle de 400 $ pour un enfant de troisième rang ou de
rang suivant. Quant à l'article 11, il prévoit que la famille,
qui n'a eu droit qu'à un seul versement trimestriel en raison du
décès de l'enfant ou de son changement de rang, a droit à
un montant égal à celui qu'elle aurait reçu si l'enfant
avait été de premier ou de deuxième rang.
Le nouvel article 11 vient, d'une part, étendre cette mesure
à l'enfant placé pour adoption qui atteint l'âge de cinq
ans et, d'autre part, ajuster cette disposition
aux nouvelles garanties de versement de l'allocation à la
naissance prévue en cas de décès d'un enfant de la
famille.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 7? Est-ce qu'il est adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
l'article 8. M. le ministre.
M. Bourbeau: L'allocation trimestrielle est payable à
l'égard d'un enfant de troisième rang ou d'un rang suivant
jusqu'à ce qu'il atteigne cinq ans. L'article 11.1 proposé
prévoit que l'enfant de troisième rang ou d'un rang suivant
placé pour adoption, qui, en raison de son âge, ne donne droit
qu'à un ou deux versements trimestriels de l'allocation à la
naissance, donnera droit à sa famille à un montant total
d'allocation à la naissance d'au moins 1000 $.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires, des questions? L'article est adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): L'article 8 est
adopté.
Règlements
J'appelle l'article 9. M. le ministre.
M. Bourbeau: Les versements trimestriels de l'allocation à
la naissance pour un enfant de troisième rang ou d'un rang suivant sont
portés de 375 $ à 400 $. Cette majoration, qui sera prévue
par règlement, est applicable depuis le mois de mai 1992 suivant les
termes du Discours sur le budget 1992-1993.
La disposition qui permet au gouvernement de fixer par règlement
le montant des allocations payables aux familles ne prévoit pas la
possibilité de donner un effet rétroactif au règlement qui
modifie le montant des allocations. Les modifications au paragraphe 3° de
l'article 25 de la loi visent donc à permettre une telle
rétroactivité. La suppression du paragraphe 12° de cet
article est une mesure de concordance avec l'abrogation de l'article 26 de la
loi.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires, des questions? L'article 9 est adopté?
M. Lazure: Un instant.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Peut-être une question. Comme il est
rédigé, cet article-là a un effet rétroactif. Dans
les circonstances, c'est un effet rétroactif qui est positif. Est-ce que
ça peut ouvrir la porte à des effets rétroactifs
négatifs?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ça m'étonnerait que le gouvernement
fasse quoi que ce soit de négatif, Mme la Présidente.
M. Lazure: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha! Un peu de
présomption.
M. Lazure: Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre? Qu'est-ce qu'il
ne faut pas entendre?
M. Bourbeau: On ne peut pas dire que la confiance
règne.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne vois pas, là. Écoutez, l'article
25 se lirait comme suit: «Le gouvernement peut, par règlement:
«3° établir les barèmes des montants accordés au
titre de l'allocation familiale et de l'allocation pour jeune enfant, fixer le
montant des autres allocations prévues à la section II et en
déterminer la date de prise d'effet, laquelle peut être
antérieure à la date de l'entrée en vigueur du
règlement».
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Oui. Je pense que ça pourrait être
utilisé pour un changement négatif aussi. Je pense que le texte
lui-même de l'amendement, il est neutre, il n'est pas plus en faveur
d'une augmentation que d'une diminution. C'est simplement un petit drapeau
rouge que je veux lever ici et avertir le ministre qu'on va le surveiller de
très près. On le fait toujours, mais, là, encore...
La Présidente (Mme Marois): Alors, M. le ministre.
M. Bourbeau: On s'attend à ça, Mme la
Présidente.
M. Lazure: ...encore plus que d'habitude. Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. L'article 9 est
adopté.
Dispositions diverses
J'appelle l'article 10.
M. Bourbeau: La loi fédérale sur les allocations
familiales est abrogée depuis le 1er janvier 1993. L'article 26 permet
au gouvernement du Québec de moduler le versement des allocations
familiales fédérales pour tenir compte du rang et de l'âge
de l'enfant dans la famille. L'abrogation de cette loi fédérale
et le remplacement des allocations familiales par une prestation fiscale pour
enfants rend cet article inutile, puisque la modulation des montants en
fonction du rang et de l'âge de l'enfant fait désormais l'objet
d'un accord conclu entre les gouvernements du Québec et du Canada.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Ça va. Adopté
pour l'article 10. Nous passons à l'article 11. M. le ministre.
M. Bourbeau: II s'agit, Mme la Présidente, d'une
modification résultant de l'abrogation de la loi fédérale
sur les allocations familiales et de son remplacement par la prestation fiscale
pour enfants.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions? Adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12.
M. Bourbeau: Cette modification, Mme la Présidente, en est
une de concordance avec l'abrogation de la Loi sur les allocations familiales
et son remplacement par la prestation fiscale pour enfants.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
questions? L'article 12 est adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
l'article 13.
M. Bourbeau: Cet article dispose de l'entrée en vigueur
des articles modifiés ou introduits par la présente loi. Les
dispositions visées au premier alinéa concernent l'augmentation
de 2 à 5 ans de l'âge limite pour qu'un enfant placé pour
adoption dans la famille ouvre droit aux allocations à la naissance. Il
était annoncé dans le Discours sur le budget 1992-1993 que cette
mesure devait avoir effet à l'égard des enfants dont l'adoption
est prononcée après le 30 avril 1992.
Des modifications résultant du remplacement des allocations
familiales fédérales par une prestation fiscale pour enfants, qui
sont mentionnées au deuxième alinéa, doivent avoir effet
depuis ce remplacement, soit le 1er janvier 1993.
Quant aux autres mesures proposées par le projet de loi, elles
entreront en vigueur à la date de la sanction de la loi.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires, des questions? Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
l'article 14. M. le ministre.
M. Bourbeau: Qui indique que la loi entrera en vigueur à
la date de sa sanction.
La Présidente (Mme Marois): Pas de questions? Pas de
commentaires? L'article 14 est adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que le titre du projet
de loi, Loi modifiant la Loi sur les allocations d'aide aux familles, est
adopté?
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. Est-ce que le
projet de loi, tel qu'amendé... en fait, il n'a pas été
amendé... Est-ce que le projet de loi est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Lazure: Adopté,
oui.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. En fait, il
nous reste 10 minutes. Nous avons le choix de suspendre nos travaux...
M. Lazure: Suspendre.
La Présidente (Mme Marois): ...jusqu'à 15 heures,
et on s'attardera à l'autre projet de loi...
M. Lazure: Suspension.
La Présidente (Mme Marois): ...qui sera la loi 115 et,
ensuite, la loi 128. Alors, merci. Bon lunch!
(Suspension de la séance à 12 h 49)
(Reprise à 15 h 23)
La Présidente (Mme Loiselle): Je constate qu'il y a
quorum. Je déclare donc la séance ouverte. Je rappelle le mandat
de notre commission qui se réunit aujourd'hui afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 115, Loi
modifiant la Loi sur le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Boucher
Bacon (Bourget) sera remplacée par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet); M.
Williams (Nelligan) par M. LeSage (Hull).
Projet de loi 115
La Présidente (Mme Loiselle)): Merci beaucoup. Alors, nous
allons procéder tout de suite. M. le ministre, avez-vous des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente, avec votre
permission, j'aimerais dire quelques mots.
La Présidente (Mme Loiselle): Avec plaisir. M.
André Bourbeau
M. Bourbeau: Vous vous souviendrez, Mme la Présidente,
que, lors de l'adoption de principe du projet de loi modifiant la Loi sur le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, j'ai affirmé que, par cette
pièce législative, nous voulions adapter la loi constitutive du
ministère à la réalité des communications
électroniques et informatiques modernes. Il y a une disposition du
projet de loi 115 qui va peut-être chatouiller l'Opposition
officielle.
Une voix: Ça va les chatouiller?
M. Bourbeau: Je constate, Mme la Présidente, que ça
ne fait même pas sourciller le critique de l'Opposition.
M. Lazure: Je vais faire mes commentaires tantôt.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Je prendrai mes 20 minutes tout à l'heure.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça sourcillera
tantôt.
M. Bourbeau: Je pensais le faire sourciller, Mme la
Présidente, mais je n'ai pas réussi. Il s'agit de l'article qui
habilite le ministre à conclure des ententes d'échange de
renseignements avec d'autres gouvernements, gouvernements provinciaux, et
certains États américains. Puisque nous traitons d'une question
propice à l'inflation verbale et aux discours excessifs, vous me
permettrez, Mme la Présidente, de m'y attarder quelque peu.
D'abord, quels objectifs poursuivons-nous? Tout simplement celui de
vérifier si une personne qui réclame de l'aide en vertu du
régime de la sécurité du revenu ne reçoit pas en
même temps une prestation d'aide sociale d'une autre province ou d'un
État américain limitrophe. Nous convenons tous de la
nécessité élémentaire de procéder à
cette vérification. Or, il est de commune renommée qu'un certain
nombre de personnes, profitant de la relative inefficacité de nos
systèmes de vérification entre les provinces, retirent des
prestations d'aide sociale dans deux provinces. Personne n'a
intérêt à encourager, par laxisme ou autrement, les
personnes qui fraudent notre système de sécurité du revenu
ou celui de nos voisins.
Seconde question: Qu'entendons-nous par échange de
renseignements? De quoi s'agit-il exactement? Encore là, c'est fort
simple. À partir d'une entente formelle intervenue entre deux
gouvernements, nous transmettons périodiquement à
l'autorité compétente d'une autre province, par
l'intermédiaire d'un ruban d'ordinateur, la liste des numéros
d'assistance sociale, les NAS comme on dit, de tous les prestataires de la
sécurité du revenu. Le ministère ontarien, par exemple,
fait lire ce ruban par son système informatique et vérifie en
quelques secondes si les mêmes NAS, ou numéros d'assistance
sociale, se retrouvent dans les fichiers ontariens, ce qui signifierait que la
personne est inscrite aux deux régimes d'aide sociale. L'Ontario nous
transmet ensuite la liste des numéros d'assistance sociale et le montant
de l'aide sociale que la personne reçoit en Ontario. Évidemment,
nous ferions de même avec les fichiers de l'Ontario et nous
communiquerions à la province voisine les informations de base sur les
Ontariens qui reçoivent un montant de la sécurité du
revenu chez nous.
La technologie nous permet de procéder à ces
échanges avec une efficacité, une fiabilité et une
discrétion totale. Pourquoi nous priverions-nous de ces moyens? Qui
protégeons-nous en renonçant à ces technologies?
Il faut savoir que, dans le respect de la loi sur l'accès
à l'information des documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels, le ministère a conclu des
ententes d'échange de renseignements avec divers organismes, notamment
la Régie des rentes du Québec, la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada, la Société de l'assurance automobile,
etc. Ces ententes sont soumises à la Commission d'accès à
l'information et demeurent, somme toute, restrictives. Nous n'avons
accès qu'aux renseignements d'ordre financier. Jamais nous ne pourrions,
par
ces échanges, consulter le dossier médical d'une personne,
par exemple.
Ceux qui évoquent le spectre de «Big Brother» en
extrapolant de façon alarmiste sur la portée des ententes
relatives aux échanges de renseignements avec le ministère
succombent à la démagogie. Le projet de loi 115 veut simplement
autoriser le ministère à conclure des ententes comparables avec
d'autres provinces. Nous entendons même soumettre les projets d'entente
à la Commission d'accès à l'information afin qu'on
applique les mêmes règles qui régissent les ententes entre
des organismes du gouvernement du Québec.
Je crois sincèrement que nos intentions demeurent louables, que
nous sommes parfaitement justifiés de rechercher de telles ententes
d'échange de renseignements et que les moyens que nous envisageons
assurent la protection adéquate de la vie privée des prestataires
de la sécurité du revenu. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Prairie, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Denis Lazure
M. Lazure: Oui, madame, merci. Mme la Présidente, chers
collègues, M. le ministre. Le projet de loi qui est devant nous, nous
n'y voyons pas d'objection quant au mécanisme utilisé. Il faut
vraiment appeler les choses par leur nom. Quand il s'agit d'un contrôle,
entre guillemets, raisonnable, un contrôle qui ne fait pas atteinte
à la dignité des gens, nous sommes pour le contrôle,
surtout à une époque où le nombre de personnes qui doivent
recourir à l'aide sociale augmente de plus en plus. (15 h 30)
J'ai devant moi le dernier rapport qui démontre qu'en
décembre un nouveau record a été atteint: 765 400
individus 765 400 462 800 ménages. Alors, c'est du jamais
vu. De mois en mois, ça augmente constamment. Le ministre se console en
disant: Oui, mais le taux d'augmentation est moins fort que l'an passé.
L'autre jour, j'en ai entendu une assez suave. Il a dit: Le taux
d'augmentation, il est moins élevé que l'an passé, puis
ça, c'est parce qu'on a des meilleures mesures de contrôle. Bon,
il a dit: Peut-être aussi que le chômage, ça joue un
rôle; l'emploi reprend un peu, donc le taux d'augmentation est un peu
moins élevé.
Mais, Mme la Présidente, qu'il soit bien clair, quoiqu'en dise le
ministre, que ce soit le chef de l'Opposition ou celui qui vous parle, ou celle
qui m'a précédé dans cette responsabilité, nous
n'avons jamais été opposés à des contrôles.
Mais, encore une fois, je répète que les contrôles doivent
se faire sans pour autant faire planer constamment, pour l'ensemble des 765 400
individus, l'impression qu'ils sont des fraudeurs en puissance, que chacune de
ces personnes-là, il faut la surveiller, il faut traquer chacune de ces
personnes-là. Et c'est ça le climat, l'ambiance qu'a
créée dans son ministère celui qui est ministre
actuellement, encore pour quelques jours, me dit-on.
Et je voudrais essayer de faire comprendre au ministre que ce n'est
pas... Il a utilisé des mots tantôt, «chatouillement»,
«discours excessifs». Mais la revue Relations
j'espère qu'il la connaît et qu'il la lit ce n'est pas une
revue extrémiste, ce n'est pas une revue chatouilleuse ou
péquiste, c'est une revue de jésuites, de gens très
sérieux.
Une voix: II a l'esprit jésuite.
M. Lazure: Et c'est cette revue-là qui a dit, en avril
1993, «les effets pervers de la loi 37», puis, ensuite, «Big
Brother chez les pauvres», avec la photo du ministre. Ce n'est pas les
péquistes qui ont répandu cette notion que le ministre actuel de
la Sécurité du revenu est constamment à l'affût des
fraudeurs et des fraudeuses. C'est lui qui est responsable de ça, ce
n'est pas l'Opposition. Il essaie, en citant des déclarations de notre
chef, en recourant à toutes sortes de stratagèmes, de nous
identifier comme étant les seuls qui sont contre la façon dont il
dirige son ministère.
Après la revue Relations, il y a aussi Le Soleil,
le samedi 11 décembre: «Jacoby invite l'État à
cesser de voir les citoyens comme des fraudeurs.» C'était avant
son rapport annuel. On va en parler un petit peu tantôt, de son rapport
annuel, puisqu'il est excellent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ça dépend des paragraphes.
M. Lazure: Non, il y a des choses positives. Je vais même
citer, pour le ministre... Oui, oui, il y en a. Il y en a. Dans son rapport
annuel, il mentionne que le ministère a changé un certain nombre
de choses pour le mieux, mais je ne m'y attarderai pas plus qu'il faut. Je les
mentionnerai.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Alors, ici, on arrive au rapport annuel, justement,
des titres plus récents: Aujourd'hui, le Protecteur du citoyen invite
l'État au respect de la dignité.
En somme, Mme la Présidente, qu'il soit bien clair une fois pour
toutes qu'on n'essaie pas de nous faire passer pour des irresponsables. Nous
concevons très, très bien, parce que nous avons occupé les
mêmes fonctions, et il y a des chances qu'on les occupe encore
bientôt d'après ce que je peux lire dans les sondages, mais nous
concevons très bien qu'il faut faire des contrôles. Bon. Alors, la
question qu'il faut se poser devant ce projet de loi ci, comme devant d'autres:
Est-ce que les contrôles respectent la dignité des individus?
Première question. Ensuite, on aura des questions plus techniques sur la
nature des renseignements.
Les moyens modernes d'échanger des renseignements, nous en
sommes. Nous en sommes. Et c'est pour ça que le gouvernement du Parti
québécois s'était donné un instrument moderne, la
loi d'accès à l'information qui a créé la
Commission d'accès à l'information, qui joue un rôle
très, très important. Et j'aurai des amendements à
proposer tantôt. Le ministre en parle, il en a parlé dans ses
discours, il dit qu'il veut bien prendre avis de la Commission d'accès
à l'information, et il a évidemment pris avis de la Commission
tout au long de la rédaction de son projet de loi, je suppose. Et, s'il
y a des avis écrits, peut-être qu'il pourra les déposer
pour notre édification. On y reviendra tantôt.
Mais la raison pour laquelle nous voulons l'étudier
attentivement, ce projet de loi, c'est que là il y a des chances, si on
ne prend pas nos précautions, que la vie privée des individus
soit mise en cause, et ça, ce n'est pas des paroles en l'air. Dès
1990, le Vérificateur général avait, et il l'a fait
à chaque année subséquem-ment... En 1990-1991, le
Vérificateur général, dans son rapport, avait noté
ceci, à la page 15: «Nous avons relevé des faiblesses dans
l'utilisation de ces logiciels. Nous avons noté que l'accès aux
ressources informatiques importantes n'était pas limité
exclusivement aux personnes responsables de ces ressources.»
Ce que ça veut dire, ça, c'est qu'il ne s'agit pas
simplement de dire: Bon, il y a seulement des renseignements nominatifs, puis
on va vous les donner, les renseignements qui vont être accessibles
à nos interlocuteurs, mais il faut savoir qui va avoir accès
à ces renseignements-là. Et le Vérificateur
général, dès 1990-1991, il critiquait l'ensemble de
l'appareil gouvernemental qui ne surveillait pas assez étroitement
l'accès aux bandes informatiques. Il disait aussi que l'information
devient un institut majeur pour le gouvernement et que c'est d'autant plus
important de protéger la confidentialité des renseignements.
L'année suivante, ça, c'est le Vérificateur
général, encore une fois, qui fait ressortir l'importance
capitale de jouer prudemment dans ce domaine-là. Alors, il dit, en
1991-1992, dans son rapport, toujours à la page 15: «Encore cette
année, j'accorde une attention particulière au degré de
sécurité» des données de l'informatique. «En
effet, mes travaux de vérification révèlent encore des
faiblesses dans ce domaine... De plus, le caractère confidentiel des
codes d'identification et des mots de passe permettant d'accéder aux
divers fichiers n'est pas toujours assuré. Il serait malheureux que l'on
attende des fuites de données confidentielles pour renforcer davantage
les contrôles d'accès aux informations. Bien peu de progrès
ont été réalisés à ce chapitre»,
dit-il, par rapport à l'année précédente. Alors, le
Vérificateur général est un homme très posé,
qui n'est pas chatouilleux, mais qui dit aux législateurs: Attention!
Attention! Soyez prudents!
Et le troisième rapport annuel, 1992-1993, la Commission
identifiait la collecte de certains renseignements personnels, à
commencer par le numéro d'assurance sociale, le NAS dont le ministre
parlait tantôt, de même que le numéro d'assurance-maladie,
comme posant des problèmes. Et là je le cite, le
Vérificateur. Il dit: Avec l'une ou l'autre de ces deux données,
il est possible d'obtenir de certaines banques de données importantes
une masse d'informations une masse d'informations sur telle ou
telle personne. Plus un fichier contient des renseignements sensibles, plus
impérieuse se fait la tentation d'y accéder pour qui est à
la recherche d'informations sur une personne précise.
La Commission rappelait ensuite aux gestionnaires publics le principe
à la base de toute cueillette de renseignements personnels, jet je cite:
Ces derniers doivent être nécessaires à l'accomplissement
du mandat confié à un organisme public. (15 h 40)
Si on prend une autre autorité, à part le
Vérificateur général, Mme la Présidente, il y a, au
fédéral, un commissaire canadien à la protection de la vie
privée, qui s'appelle M. Bruce Phillips, un ancien journaliste. Il
constatait au mois de juillet dernier c'est récent je le
cite: Les législateurs laissent malheureusement s'accroître la
menace que font courir les nouvelles technologies sur les renseignements
personnels des Canadiens. La technologie évolue si rapidement que les
gouvernements, comme l'entreprise privée, ne sont plus en mesure de
contrôler l'accès aux innombrables banques de données
compilées sur chacun d'entre nous.
Je voudrais que le ministre prenne ça au sérieux, ces
avertissements-là, et qu'il n'essaie pas de faire accroire au monde
qu'il s'agit de chatouillements de la part de l'Opposition.
Si je reviens à la Commission d'accès à
l'information, elle proposait, dans son dernier rapport, en décembre
1992, l'élaboration de mesures de sécurité
adéquates, tel un accès limité aux fichiers et la
désignation au jour le jour des personnes qui ont accès aux
dossiers. Puis elle faisait cette recommandation concernant le
développement informatique, je cite: «Le législateur
devrait confier à la Commission la réalisation d'un document qui
servirait à guider les organismes publics lorsqu'ils désirent se
prévaloir des techniques de l'informatique pour créer des
fichiers de renseignements personnels.» Fin de la citation.
Si la Commission d'accès exige tant de précautions, c'est
parce que certaines vérifications entreprises par le passé
permettent de dégager des constantes. La conclusion qui émerge
des vérifications menées, entre autres, auprès de la
Régie des rentes, du ministère de la Main-d'oeuvre et du
ministère de la Sécurité publique ce sont les trois
organismes identifiés la Commission conclut: Ces organismes
publics éprouvent de la difficulté à mettre en place des
mesures de sécurité adéquates.
Ça ne fait pas longtemps qu'elle a dit ça. Elle a dit
ça en décembre 1992. Bon. Ça fait un an. Mais j'aimerais
bien que le ministre nous démontre que cette affirmation grave ne
s'applique plus. Et ce n'était pas la première fois que le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu
était pointé du doigt en matière de sécurité
des renseignements confidentiels.
Alors, on peut se demander, Mme la Présidente, partant d'un souci
légitime, à savoir épargner des sous à
l'État québécois, et surtout à la population
québécoise, en mettant fin à la double prestation de
certains tricheurs, est-ce que, pour obtenir cet objectif-là, on va
créer des problèmes plus considérables? C'est une des
questions qu'il faut se poser. L'objectif recherché, donc, c'est une
économie. Une économie de combien? La question a
été posée au ministre à plusieurs reprises et sa
réponse a été: On ne le sait pas. L'hypothèse,
c'est que ça peut varier de 250 000 $ à 3 000 000 $. On a
déjà vu mieux comme prévision, hein? Ça va de un
à 10, ça, 250 000 $ à 3 000 000 $.
Nous, on pense que le ministre devra accepter les amendements que nous
lui proposons pour assurer la sécurité de la vie privée
des gens. Et ce qui ne nous rassure pas aussi, c'est l'intention de ce
gouvernement de confier à l'entreprise privée la gestion de ces
systèmes informatiques. C'est grave, ça. On sait qu'il y a eu du
traficotage, Mme la Présidente, vous le savez aussi, d'informations
entre certains ministères et la firme Équi-fax, il y a quelques
années. Ce gouvernement, il faut le surveiller constamment. Et ce
dernier projet de privatiser la gestion des banques d'informatique, c'est une
menace considérable à la vie privée des gens. On a, au
ministère de la Sécurité du revenu, et chez le ministre
dans une certaine mesure, la psychose de la fraude, mais on a aussi, dans
l'appareil gouvernemental, la manie de la privatisation, comme si privatisation
égale bonheur, égale prospérité.
M. Bourbeau: Vous autres, c'est la manie de la nationalisation,
alors ça revient à la même chose.
M. Lazure: Je ne me suis pas entendu parler de nationalisation,
je n'ai pas entendu mon chef parler de nationalisation non plus, depuis fort
longtemps.
Mais, si on revient au projet de loi, Mme la Présidente, je
voudrais...
M. Bourbeau: Les péchés d'antan.
M. Lazure: ...en conclusion de ces remarques
préliminaires, dire que les précautions que nous allons exiger du
ministre dans son projet de loi, ce sont des mesures qui découlent non
pas de notre obsession, non pas de notre désir de nous opposer pour nous
opposer, mais on est en bonne compagnie, on est en compagnie de gens
très sérieux: le Vérificateur général, la
Commission d'accès à l'information, le commissaire canadien
à l'information, tous des gens qui, depuis plusieurs années,
répètent, année après année: Les
ministères ne surveillent pas, de façon adéquate, leur
système d'informatique. Par conséquent, tout en étant
louable, son objectif de mettre fin à certaines fraudes chez la
population des frontières, nous pensons que l'instrument qu'il va
utiliser pour faire ça doit garantir le respect de la vie privée
des gens. Merci.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
désirent... Oui, Mme la députée de Marie-Victor in.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, Mme la Présidente. Alors, pour donner
suite aux propos de mon collègue et responsable du dossier, j'aimerais
aussi apporter certains commentaires. Effectivement, je pense que, lorsqu'on
arrive à manipuler des données confidentielles qui touchent la
vie privée des individus, il est important d'y aller d'une façon
très prudente. Je pense que, de plus en plus, nous serons
interpellés à tous les niveaux des différents
ministères pour avoir une certaine possibilité de concordance
entre différents ministères ou différents gouvernements de
différentes provinces pour vérifier, en fait, s'il n'y aurait pas
abus dans l'utilisation des prestations de services à quelque niveau que
ce soit.
On l'a vu dernièrement, notre collègue qui s'occupe du
dossier du revenu, lui aussi, a fait appel à cette possibilité de
pouvoir, avec l'harmonisation, vérifier avec le gouvernement
fédéral, et, encore là, ça a toujours
été la même approche de la part de notre formation
politique, à savoir: II faut y aller avec prudence. Bien sûr, il
faut les avoir, ces informations-là. Bien sûr, c'est important
parce que, évidemment, il y aura toujours... Nous sommes des êtres
humains. Il y aura toujours des gens qui auront tendance à défier
les lois ou à utiliser certaines interprétations des lois en leur
faveur, ce qui fait en sorte que tout le monde est pénalisé, en
quelque sorte, parce que, quand il y a plusieurs fraudeurs, évidemment,
c'est l'ensemble de la société qui y perd.
Bien sûr, il faut avoir des garanties, mais il faut aussi
protéger la vie privée. C'est très important. La
journée où nos sociétés ne seront plus en mesure de
protéger la vie privée, ce sera excessivement dangereux pour nos
démocraties. Ça veut dire que tout le monde pourra utiliser les
informations privilégiées à toutes les sauces et, aussi,
ça veut dire plein de manipulations qui pourraient avoir des
conséquences désastreuses.
Actuellement, nous sommes les législateurs; pourquoi ne pas
regarder ça d'une façon différente, c'est-à-dire
pourquoi le faire à la pièce? Pourquoi ne pas le faire d'une
façon générale en ce qui concerne l'accès à
l'information des différentes données dans les différents
ministères et demander au conseil d'accès à l'information
de nous donner une loi générale là-dessus, qui ferait en
sorte qu'on pourrait voir à ce qu'il y ait cette protection très
importante de la vie privée et aussi au niveau de la manipulation de ces
données? Pourquoi ne pas vraiment avoir une directive claire et
précise qui toucherait l'ensemble des différents
ministères, d'une part? Et, aussi, on est très sujets à
l'imputabilité des gens qui manoeuvrent ces données-là.
Parce que vous savez très bien qu'il y en a aussi qui pourraient
être tentés de pouvoir vendre ces informations-là pour se
faire des sous. C'est possible et ça arrive, c'est des choses qui
peuvent arriver. Alors, comment y arriver?
Moi, je pense qu'effectivement c'est une loi... De plus en plus, on est
fragile par rapport à ce genre d'information là parce qu'on sait
à quel point, maintenant, l'informatique, les données
informatiques, informatisées, c'est-à-dire, sont partout dans
notre vie à l'heure actuelle. C'est une nouvelle façon de
fonctionner. Effectivement, je pense, il ne faut pas être contre le
progrès. Il faut se moderniser, il faut aller dans le sens du
progrès. Mais aussi il faut non pas y aller d'une façon tout
à fait trop enthousiaste, mais sans se donner de garde-fou. Je pense
qu'il faut faire attention. Et c'est pourquoi, nous, nous disons: Oui, c'est
intéressant ce que le ministre apporte, mais je pense qu'il y aurait
lieu de se donner une plus grande garantie en ce qui concerne la manipulation
et, aussi, on a nommé un organisme qui peut l'apporter, cette
garantie-là, c'est la Commission d'accès à l'information.
Je pense qu'il faut s'en remettre à ces gens qui ont cette
capacité d'apporter des avis et de mettre sur pied une façon de
procéder pour que nous soyons, nous comme législateurs,
sûrs d'avoir cette assurance que ces informations-là seront
utilisées à bonnes fins et qu'elles ne mettront pas en cause
d'autres façons d'utiliser ces informations. (15 h 50)
Moi, j'ai toujours été effectivement pour l'innovation. Je
pense que c'est important, l'innovation est importante. Il faut s'ajuster avec
les nouvelles façons de faire les choses, c'est bien sûr. Mais
vous me donnerez sûrement raison, Mme la Présidente, que ce n'est
pas parce que c'est nouveau qu'on a le mode d'emploi pour autant. Et, avant
qu'on arrive à bien utiliser le mode d'emploi, il faut vraiment
apprendre les conséquences. Vous savez, il y a des effets potentiels
quelquefois, et on ne peut pas mesurer l'ensemble de toutes les
conséquences. Et ce serait peut-être avoir plus de prudence, faire
attention, dans la façon dont on peut gérer ces banques de
données.
J'ai un autre dossier dont je m'occupe, qui est l'adoption
internationale, et je peux vous dire à quel point c'est difficile pour
les gens de retracer leurs parents. Ils n'ont pas accès
nécessairement à ces banques de données qui pourraient
favoriser un droit plus fondamental, qui est le droit à ses origines.
Par contre, ils n'ont pas cette facilité-là d'y avoir
accès. Bien sûr, par la RAMQ, ils peuvent avoir accès
à certains renseignements nominatifs, mais ça se termine
là. Alors, je trouve qu'on est très rationnel, actuellement, dans
notre société, mais on y manque de logique, et ce serait
intéressant qu'on appuie davantage sur la logique, un processus plus
conséquent avec nos actes, et que ce ne soit pas juste dans un champ
d'activité et cloisonné une fois que la décision est prise
dans un champ d'activité, mais qui pourrait être mesurable sur
plusieurs champs d'activité. Et je trouve ça dommage qu'à
l'heure actuelle on prenne toujours des décisions parcellaires, on
manque de vision globale, ce qui fait en sorte qu'à un moment
donné on est pris avec nos décisions et on n'a pas mesuré
les conséquences et la portée de nos décisions sur
l'ensemble des autres champs d'activité. Et c'est ça que je
trouve malheureux. Je trouve qu'on va rapidement dans nos décisions, on
ne mesure pas l'ensemble de l'impact et des modifications que ça peut
apporter dans nos systèmes.
Bien sûr, on sera de plus en plus confrontés à tous
ces éléments de changements là, majeurs, et qui sont des
outils importants. Je ne dis pas que ce n'est pas intéressant ce qu'on
apporte, mais il faut y aller avec prudence, il faut se donner des garanties.
aussi, parce que, de plus en plus, la modernisation se fait d'une façon
très rapide. Et c'est vrai aussi que des gens il y en aura
toujours une catégorie dans la population ont une facilité
à utiliser les systèmes pour leur profit personnel. Ça a
toujours été, et vous le savez fort bien, moi aussi, j'en suis.
On est dans des bureaux de députés et, très souvent, plus
souvent qu'autrement les gens connaissent mieux la loi que nous pour savoir
comment la défier, comment passer à côté. Ils nous
montrent même des trucs. C'est sûr qu'il y aura toujours des gens
comme ça, c'est' évident, et on aura toujours besoin d'avoir des
informations pour diminuer les abus de toutes sortes et de tous ordres.
Ça fait partie d'une société, et on ne peut pas passer
à côté.
Mais de là, par contre, à dépasser la mesure au
niveau des méthodes de contrôle et qu'on ne se donne pas
nécessairement la capacité de mesurer la portée de ces
contrôles-là dans la vie privée des individus, bien,
là, je pense qu'il faut y aller avec prudence. Et, nous, c'est ce que
nous voulons apporter au ministre comme commentaires, c'est d'être
prudent sur ce terrain, parce qu'il y va de la vie privée des gens et
ça peut avoir, à certains égards, des conséquences
dramatiques. Il peut y avoir des erreurs, vous savez. C'est arrivé par
le passé que des gens ont été considérés
comme étant mariés et ils ne l'étaient pas. Il y a eu des
femmes chefs de famille monoparentale qui ont eu des conséquences
dramatiques au niveau de leurs prestations d'aide sociale parce qu'on avait
fait erreur sur la personne. C'est des éléments qui peuvent
arriver. Quelles seront, à ce moment-là, les garanties que les
informations données n'auront pas de conséquences
désastreuses ou fâcheuses dans la vie de ces gens et quels seront
les recours de ces gens, alors que les dégâts seront
déjà faits dans leur vie? Je pense que c'est des interrrogations
qu'on est en droit de se poser par rapport à tout ça, parce qu'on
sait qu'une fois que l'information est divulguée ça a des
conséquences sur la vie de ces gens-là dans leur quotidien, et,
ma foi, c'est important, dans le fond, qu'on s'assure qu'on prend toutes les
garanties nécessaires pour protéger la vie privée des
personnes.
On voit bien que le gouvernement, à l'heure actuelle, a des
problèmes avec l'état des finances du Québec, on le sait.
On sait aussi qu'il y a des trous à différents endroits.
Notamment, on n'est pas aussi porté ou aussi rapide à punir, si
vous voulez, une certaine catégorie de la population, et là je
fais référence au trafic de cigarettes. Je pense qu'on laisse
ça aller largement. On a peur d'intervenir. On laisse aller les choses.
On dit qu'il faut être très prudents dans nos modes
d'intervention. Ça peut être, mon Dou! très
dangereux si on improvise dans ce domaine. Alors, pourquoi deux poids, deux
mesures?
Et je reviens toujours: au nom de la raison, on nous fait faire beaucoup
de choses, mais quelle est la logique qui sous-tend cette raison? Elle est
difficile à percevoir, cette logique. Vous savez, on lui fait prendre
toutes sortes de formes, toutes sortes de couleurs, mais c'est toujours d'une
façon très rationnelle que l'on prend nos décisions. Et,
moi, j'en suis là-dessus, je me questionne sur notre rationnel
quelquefois, à savoir que notre rationnel, il me semble très
flexible, très mobile. Il manque de substance, notre rationnel. Je pense
qu'on pourrait... en tout cas, nous, ce qu'on essaie de faire, c'est de
démontrer qu'il ne faut pas être juste rationnel, mais qu'il faut
avoir une logique aussi dans la vie. Il faut avoir une logique qui est
conséquente et qui, en fait, est mesurable, non pas juste pour des
parties, en fait, de certaines activités, mais pour l'ensemble des
activités. C'est toujours la même logique, en fin de compte.
Ça me fait penser, à un moment donné, vous savez,
quand on parlait des sages-femmes, c'est un autre projet-pilote qui n'est pas
rendu très loin, et les médecins nous disaient: Vous savez
qu'à Montréal il faut absolument des médecins
spécialistes pour accoucher les femmes, mais dans le Grand-Nord, comme
il n'y a pas de médecins, ce n'est pas grave, ça pourrait
être des sages-femmes. C'est assez particulier comme logique et c'est ce
genre de logique que je questionne constamment: Pourquoi faut-il... Et on va
nous dire ça avec une assurance et un aplomb extraordinaires, à
part ça, et on va dire que c'est très rationnel, à part
ça; l'approche est rationnelle. Je trouve ça tout à fait
particulier.
Je pense que, nous, comme parlementaires, nous avons à nous
requestionner sur notre rationnel, à regarder les choses avec un peu
plus d'imagination et peut-être avec un peu plus
d'intégrité au niveau des choix que nous avons à apporter
dans nos décisions, et c'est ça qui, pour moi, est très
questionnable et qui est très important, Mme la Présidente. Et
c'est pourquoi, à l'heure actuelle, je considère que, bon, cette
loi-là, elle a un objectif qui peut être intéressant. On
n'est pas contre l'objectif. Je pense que ce n'est pas de favoriser les
fraudes, mais pourquoi deux poids, deux mesures? Pourquoi, dans certains cas,
on fait comme si rien n'était et, dans d'autres cas, on est très
persistant et, même, on risque de nuire même à la vie
privée des individus? Alors, j'ai de la difficulté avec ce genre
de rationnel, j'ai de la difficulté avec cette logique.
Quant à moi, Mme la Présidente, j'aimerais, oui, que le
ministre regarde avec vraiment... qu'il regarde... Tantôt, mon
collègue aura des amendements à apporter, que le ministre les
regarde, ces amendements-là, avec vraiment intérêt pour
que, justement, on joue vraiment notre rôle de parlementaires,
c'est-à-dire défendre et représenter les
intérêts de tous les gens de la société, quels
qu'ils soient et quel que soit l'ordre qu'ils occupent dans la
société. Alors, c'est ce que j'avais à dire, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques? Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Oui, Mme la Présidente. Je pense
que le ministre n'a pas besoin de s'interroger très longuement sur le
niveau de degré de chatouillement, si on veut, de l'Opposition
officielle. Il a été prévenu déjà par mon
collègue, le député de La Prairie, lors de l'adoption du
principe en Chambre, que, oui, on avait des objections, que, oui, on
proposerait des amendements, parce qu'on trouve qu'on y va un peu fort, que
ça va un peu large, et on en rediscutera quand ce sera le moment,
puisque mon collègue a clairement manifesté en Chambre qu'il
déposerait des amendements pour essayer de ramener les choses à
une plus juste mesure.
M. Bourbeau: Déposez-les.
M. Lazure: Ils s'en viennent.
M. Bourbeau: On va les juger à leur mérite.
Mme Carrier-Perreault: Alors, Mme la Présidente, je ne
comprends pas que...
Une voix: ...
M. Bourbeau: Oui, je vois ça. (16 heures)
Mme Carrier-Perreault: Alors, je ne comprends pas que le ministre
puisse s'interroger sur notre degré de chatouillement.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! Degré de chatouillement.
Mme Carrier-Perreault: II est au courant que, oui, on est
chatouilleux à certains égards et on le manifeste.
Alors, ce qui est assez étonnant dans ce projet de loi, c'est
qu'on va aller créer des ententes avec le gouvernement, un gouvernement,
un ministère ou un organisme, en fait, pour avoir le plus possible de
renseignements, pour obtenir les renseignements par le biais du NAS, ce que le
ministre nous a expliqué tout à l'heure.
C'est vrai. Et pourquoi on fait ça? L'objectif, en fait, c'est
toujours la même chose, c'est de vérifier si on n'aurait pas des
fraudeurs à l'aide sociale. C'est toujours la même affaire. Le
ministre fait beaucoup de... en tout cas, démontre très
clairement et fait beaucoup courir l'idée qu'à l'aide sociale les
gens, automatiquement, s'ils sont là-dessus, ils ont comme une tendance
à frauder l'État. Ils sont beaucoup plus fraudeurs, en tout cas,
que dans les autres domaines, semble-t-il. Bien, ce sont des mesures comme
celle-là qui contribuent, à toutes fins
pratiques, à laisser croire à la population qu'il faut
absolument les surveiller de très près, ces gens-là, parce
qu'ils sont plus méchants que les autres, ils sont plus fraudeurs que
les autres.
Alors, le ministre, ce qu'il veut faire par ce projet de loi, c'est
vérifier c'est lui-même qui nous le disait tantôt
aller voir s'il n'y a pas des méchants assistés sociaux
qui pourraient, par hasard, recevoir de l'aide ou des salaires, peu importe,
par le biais d'autres niveaux de gouvernement; en Ontario, par exemple. Est-ce
qu'il y a beaucoup d'assistés sociaux du Québec qui
reçoivent des sommes de l'Ontario en même temps? C'est assez
surprenant, Mme la Présidente, parce que je vais vous dire... Que le
ministre veuille savoir des choses comme ça, ça se peut, c'est
possible. Mais on voyait récemment, je voyais dans un article
récemment que ça touchait une très faible
possibilité, une très faible proportion de gens. En fait, on
allait même jusqu'à mentionner le chiffre de 400. On parlait,
à peu près, grosso modo... il y a des gens qui évaluaient
ça à 400, 400 personnes à peu près, par rapport
à 700 000 assistés sociaux. Donc, là, avec ce genre de
projet de loi qu'on a devant nous, parce qu'on a peut-être 400 fraudeurs
qui se cachent, alors, là, on va ouvrir pleine vanne sur des
échanges de communications, des échanges de renseignements sur un
ensemble d'assistés sociaux qui, pour la plupart, pour la très
grande majorité, n'ont absolument rien à voir avec ce genre de
situation là.
Le ministre est très curieux quand il s'agit des assistés
sociaux. Effectivement, il les surveille de très près et il prend
tous les moyens qu'il faut pour le faire. Je pense que ça, c'est
très évident. Par contre, quand on lui demande des renseignements
à lui, ce n'est pas toujours aussi simple. Ce n'est pas toujours aussi
simple, Mme la Présidente. On en a des exemples, parce que ça
fait déjà quelques fois qu'on demande des chiffres au ministre:
Vous avez combien de familles monoparentales dirigées par une femme, par
exemple, qui reçoit de l'aide sociale parce qu'elle n'est pas capable de
recevoir sa pension alimentaire? Eh que c'est compliqué! Le ministre n'a
pas ça par coeur comme ça, hein. Pourtant, je suis
persuadée, Mme la Présidente, je ne sais pas si je peux dire
ça comme ça, parlementaire... en tout cas, je suis
persuadée que le ministre a une bonne idée de la situation. Quand
on se donne la peine d'écrire des projets de loi puis qu'on y
insère des mesures, c'est probablement parce qu'on sait, normalement, en
tout cas, moi, j'ai toujours imaginé que ça se faisait comme
ça.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce que je peux
interrompre une seconde la députée pour un renseignement?
Mme Carrier-Perreault: Essayez donc.
M. Bourbeau: Les chiffres dont vous parlez là,
demandez-les au député de La Prairie. J'ai vu qu'il a devant lui
le cahier, puis ils sont tous dans le cahier, ces chiffres-là, tous dans
le cahier. Alors, le nombre de familles monoparentales, vous avez ça
à la page 10 dans le cahier.
Mme Carrier-Perreault: Ce n'est pas ça qu'on a
demandé.
M. Bourbeau: Bien oui, vous voulez savoir le nombre de
ménages, monoparental, vous venez de dire, là. Non? J'ai mal
compris.
Mme Carrier-Perreault: Là, Mme la Présidente, je
pense qu'il aurait été mieux de me laisser finir, le ministre,
parce que ce n'est pas tout à fait de ça qu'il s'agit.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, j'ai mal compris. Je m'excuse.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Je pense, oui.
M. Bourbeau: Parce que je veux vous donner tous les
renseignements, hein.
Mme Carrier-Perreault: Le nombre de familles monoparentales, on
le sait, ça, c'est sûr, puis il y en a à peu près 90
000, grosso modo, d'après les derniers chiffres que j'ai vus, qui sont
dirigées par une femme. O.K. On s'entend là-dessus. Mais il reste
que la question qui avait été posée au ministre, c'est:
À combien vous évaluez les montants d'aide sociale que vous
remettez à ces familles-là parce qu'elles ne reçoivent
pas, selon vos chiffres, vos propres évaluations, à votre
ministère j'imagine qu'on en fait... D'ailleurs, le ministre a
dit qu'il nous les fournirait incessamment. On ne les a pas encore, Mme la
Présidente.
Et je ne suis pas la seule à dire ça du ministre. Je
trouve que le ministre est très curieux, effectivement, quand il s'agit
des autres, de ces clientèles. Alors, il est très curieux. Je
voyais dernièrement et je pense qu'il va falloir que je le lise,
le ministre n'a sûrement pas vu ça Pierre Gravel, dans La
Presse, qui faisait mention d'une étude qui avait été
effectuée par trois universitaires et qui disait: Le ministre
responsable se plaisait encore à répéter la semaine
dernière que le total des sommes gaspillées à même
le budget de l'aide sociale à cause de fraudes ou d'erreurs commises de
bonne foi se situe entre 200 000 000 $ et 300 000 000 $ ca, c'est ce que
le ministre disait d'où le message implicite que le gouvernement
a bien raison de lancer ses enquêteurs aux trousses de ceux qui en
profitent indûment. Le problème, c'est qu'il faut croire le
ministre sur parole. Les auteurs de la recherche soulignent, en effet, les
obstacles qu'ils ont dû surmonter pour obtenir la divulgation de
données fort parcellaires sur des résultats précis de ces
vérifications faites auprès de plus de 100 000 assistés
sociaux par année. Selon eux, cette pratique qu'on a adoptée au
nom de la rigueur n'a jamais fait l'objet d'un compte rendu clair et complet.
Elle n'est justifiée que par des statistiques impressionnistes.
Alors, voyez-vous, ça, ce n'est pas moi qui le dis, la
députée de l'Opposition chatouilleuse, comme dirait le ministre.
C'est une étude qui a été faite par trois universitaires
qui ont fouillé et qui ont eu bien de la misère à avoir
les chiffres du ministre. Alors, le ministre est très curieux quand il
s'agit de ces clientèles, mais, quand il s'agit de ses propres chiffres,
ou il n'est pas curieux, ou il ne veut pas le dire, c'est un ou l'autre.
Alors, Mme la Présidente, je vais vous dire, avec un ministre
comme ça, qui s'occupe de l'aide sociale de façon aussi
rigoureuse et qui est à l'affût et à la chasse, de
façon aussi importante, de tous les fraudeurs potentiels,
j'espère que le futur, en fait que le premier ministre en puissance
nouveau du Parti libéral va penser à lui donner une promotion, je
ne sais pas si c'est une promotion, mais, en tout cas, un changement de
poste. Il pourrait peut-être penser le nommer à la
Sécurité publique, par exemple...
M. Paradis (Matapédia): Non, il va à la
Santé.
Mme Carrier-Perreault: ...parce que, voyez-vous, à la
Sécurité publique...
M. Paradis (Matapédia): André, il va à la
Santé.
Mme Carrier-Perreault: Ah! à la Santé.
.La Présidente (Mme Loiselle): La pertinence du projet de
loi, s'il vous plaît.
Mme Carrier-Perreault: À la Santé, il y a
sûrement des fraudeurs aussi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Des spéculations,
vous ferez ça à l'extérieur de la commission.
M. Paradis (Matapédia): II va s'en occuper. La
Présidente (Mme Loiselle): S'il vous plaît!
Mme Carrier-Perreault: Non, mais je m'explique. Je vais vous dire
pourquoi c'est pertinent. Je comprends que ce n'est peut-être pas
possible de faire la suggestion comme ça, carrément, mais, avec
un ministre aussi inquiet, aussi suspicieux de la possibilité de fraude,
je trouve que le gouvernement aurait intérêt à le faire
travailler à d'autres niveaux, en termes de Sécurité
publique, où on perd 450 000 000 $ par année. C'est plus que les
chiffres du ministre en matière d'aide sociale, ça.
Une voix: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Probablement que ça aiderait
grandement le gouvernement. Peut-être aussi au Travail. Pourquoi pas? Il
paraît qu'il se fait 25 000 000 d'heures, juste au niveau de la
construction, en travail au noir. Alors, le ministre aurait sûrement
plein d'idées pour corriger ces méchants fraudeurs qui fraudent
le système et qui font perdre des sommes, mais importantes, au niveau du
budget de l'État.
Le député de Matapédia nous suggérait la
Santé, Mme la Présidente. Vous êtes aussi habituée
à la commission des affaires sociales, et combien de fois on s'est fait
dire qu'il y avait des gens qui abusaient du système. Il y a des
méchants abuseurs aussi à la Santé et aux Services
sociaux. Alors, je pense que le ministre a fait son travail plus qu'il ne
fallait en termes d'aide sociale. Il serait peut-être grand temps qu'on
pense à le muter, à l'envoyer à d'autres secteurs, parce
qu'à ce niveau-là il a beaucoup de compétence. Alors,
c'est tout ce que j'avais à dire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres remarques de la part des
parlementaires?
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Vous me permettrez quelques secondes. Je dois dire
que la députée vient de faire une large entaille à mon
humilité naturelle en me disant que j'étais trop rigoureux et que
je fais trop bien mon travail. Je ne sais plus quoi dire, Mme la
Présidente. Je dois dire que les mots me manquent pour remercier la
députée des très gentilles paroles qu'elle a eues à
mon endroit. Ça fait contraste avec son chef de
délégation, le député de La Prairie, qui, lui, ne
se gêne pas pour, à l'occasion, prononcer des paroles qui sont un
petit peu moins onctueuses. Mais je présume que ça fait partie du
jeu parlementaire.
Je voudrais revenir un peu sur le rapport du Protecteur du citoyen dont
a fait état tout à l'heure le député de La Prairie.
Nous avons pris connaissance de ce rapport, bien sûr, qui a
été déposé hier à l'Assemblée
nationale et qui traite des plaintes, entre autres, qui touchent le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle. J'ai vu dans le rapport, contrairement au
député de La Prairie on ne semble pas avoir lu le rapport
de la même façon moi, j'ai lu des passages très
positifs dans ce rapport, notamment une reconnaissance de la bonne
collaboration, de l'excellente collaboration que le Vérificateur... pas
le Vérificateur, mais le Protecteur du citoyen a notée dans ses
rapports avec le ministère, et une reconnaissance, justement, de cette
bonne collaboration là et d'une volonté réelle
d'être à l'écoute des recommandations. (16 h 10)
Une voix: À quelle page?
M. Bourbeau: Oui, bien, je vais vous le dire. Je vais
immédiatement vous citer le rapport du Protecteur du citoyen, à
la page 96, qui dit: «De nombreuses recommandations du Protecteur du
citoyen ont donné lieu cette année à des réponses
positives de la part du ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu», et de la Formation professionnelle.
«Nous estimons que cette collaboration témoigne d'une
volonté réelle de l'administration d'apporter des correctifs aux
situations dénoncées et de tenir compte des commentaires du
Protecteur du citoyen à l'approche de changements à mettre en
place.» On le voit, c'est quand même une phrase qui est
intéressante et qui note, justement, ce bon esprit de collaboration. Je
sais que le député ne s'est peut-être pas rendu
jusqu'à la page 96...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...parce qu'à partir de la page 96...
M. Lazure: Je vais vous en citer plus loin. Je vais vous en citer
plus loin aussi.
M. Bourbeau: C'est parce qu'à partir de la page 96 et les
pages suivantes, c'est une nomenclature de dossiers où est intervenu le
Protecteur du citoyen et où le ministère a répondu
favorablement, et qui se sont soldés, ces dossiers-là, par des
décisions qui allaient dans le sens des recommandations du Protecteur du
citoyen. Alors, si vous lisez la page 97, la page 98... Voyez-vous, par
exemple, à la page 98, je cite un extrait: «En réponse
à nos propositions, le ministère a accepté, pour ces cas
particuliers, de ne pas considérer comme un bien la résidence
familiale...» Alors, voilà encore un cas. «Nous avons
dès lors fourni au ministère des preuves concrètes»,
etc. Bon. «Cette suggestion a été retenue par le
ministère», dit-il, à la page 97 aussi.
Je pense, Mme la Présidente, qu'on peut voir, enfin, que le
Protecteur du citoyen reconnaît que le ministère traite avec
beaucoup d'attention les interrogations et les interventions du Protecteur du
citoyen. Et je peux vous dire que les directives que, moi, j'ai données
à nos gens chez nous, c'est de prendre très au sérieux les
remarques tant du Protecteur du citoyen que de la Commission des droits de la
personne ou même de la Commission d'accès à l'information.
Nous avons même des équipes, je dirais, qui sont pratiquement
occupées à plein temps à traiter ces dossiers-là,
de façon à ce qu'en tout temps nos livres soient ouverts et qu'on
ait une politique de transparence.
Cette volonté s'est manifestée de diverses façons
au cours de la dernière année, tant sur le plan administratif que
sur le plan réglementaire, et je vous signale qu'elle se manifeste
à nouveau avec les modifications au programme APPORT qui sont contenues
dans le projet de loi 128 que nous aurons, j'espère, l'honneur
d'étudier un peu plus tard.
Maintenant, je voudrais simplement, en termi- nant, Mme la
Présidente, dire que, comme je le disais un peu plus tôt, il faut
être conscient que gérer la sécurité du revenu
c'est, en quelque sorte, composer avec la pauvreté, et à tous les
jours. Nous devons faire preuve de compassion envers les milliers de personnes
qui sont contraintes de frapper à nos portes et nous devons aussi leur
témoigner toute la générosité dont nous sommes
capables. En même temps, il nous faut gérer avec rigueur, parce
que le moindre laxisme entraîne fatalement le dérapage des
coûts et crée à l'égard des milliers de travailleurs
une profonde inéquité.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, s'il n'y a pas d'autres
remarques, moi, je serais disposé à passer à
l'étude du projet de loi.
Discussion générale
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. Merci, M. le
ministre. Alors, nous allons débuter l'étude
détaillée. Oui, M. le député.
M. Lazure: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait
s'arrêter un petit moment aux notes explicatives? J'aurais une question
à poser au ministre.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Lazure: Ce n'est pas dans le but de faire du temps,
là.
M. Bourbeau: Jamais on pense...
M. Lazure: Ça dit au deuxième paragraphe: «Le
projet précise, en outre, les conditions applicables aux ententes que le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle peut conclure avec un gouvernement je le fais
ici parce que ça n'apparaît pas dans un article comme tel, vous
allez comprendre, et le député de Matapédia aussi
un...
M. Paradis (Matapédia): Oui, oui, je vous
écoute.
M. Lazure: ...ministère ou un organisme étranger en
vue de l'échange», etc., etc. Qu'est-ce qu'il veut dire, qu'est-ce
qu'il a en tête quand il utilise l'expression «organisme
étranger», qui ne revient pas dans les articles, que je sache? Je
ne le retrouve pas dans les articles.
(Consultation)
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre, oui.
M. Bourbeau: ...vous savez que les notes
explicatives, elles ne sont pas rédigées par le ministre,
mais elles sont rédigées par des experts qui...
M. Lazure: Mais il les lit.
M. Bourbeau: Oui, il les lit. Bien oui, je les lis. Certainement
que je les lis. Mais ce n'est pas moi qui les ai rédigées. Et je
vous rappelle que, dans le paragraphe incriminant... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Fraudeur que vous êtes! Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): Pas de gros mots à
cette commission.
M. Lazure: Fraudeur, pris en flagrant délit!
M. Bourbeau: Dans le paragraphe dont il s'agit, on parle, comme
vient de le dire le député de l'Opposition, d'un gouvernement, un
ministère ou un organisme étranger. Il faut, pour ça,
aller voir l'article 4, parce qu'on amende l'article 4 de la loi, pas l'article
4...
Une voix: Ah! de la loi.
M. Bourbeau: L'article 4 de la loi, oui, de la Loi sur le
ministère de la Main-d'oeuvre. Alors, à l'article 4 de la Loi sur
le ministère, il est dit: «Le ministre peut, conformément
à la loi, conclure des ententes avec un autre gouvernement ou l'un de
ses ministères ou organismes en vue de l'application de la
présente loi...» Alors, quand on parle d'un organisme
étranger, il s'agit d'un organisme issu ou dépendant d'un autre
gouvernement. Disons, un exemple, je ne sais pas, moi, le ministère de
la Sécurité du revenu de l'Ontario, qui n'est pas un
gouvernement... Bon, ça, c'est un ministère, mais ça
pourrait être un office, disons.
Disons, par exemple, la Société de l'assurance automobile
de l'Ontario qui émet des chèques pour des rentes, des rentes
à des gens qui ont eu des accidents. Alors, si des gens venaient au
Québec, par exemple, et demandaient d'être admis à la
sécurité du revenu, prétendant n'avoir aucun revenu, et
qu'un couplage de fichiers était fait avec une société de
la couronne de l'Ontario, par exemple comme on le fait chez nous; on a
déjà, nous, une entente d'échange de renseignements avec
la Société de l'assurance automobile du Québec, on fait le
couplage de fichiers alors, si on faisait un couplage de fichiers avec
la Société de l'assurance automobile de l'Ontario, bien, ce
serait un organisme étranger.
M. Lazure: Alors, dois-je comprendre, Mme la Présidente,
qu'il s'agit seulement d'un organisme public ou, plus strictement parlant,
gouvernemental? Est-ce qu'il s'agit seulement d'un organisme gouvernemental?
Parce que ce n'est pas clair, là, «organisme
étranger». Ça peut être privé, parapublic,
public.
M. Bourbeau: Si vous lisez l'article 4 de la Loi sur le
ministère, on dit: «...conclure des ententes avec un autre
gouvernement ou l'un de ses ministères s-e-s, ministères
du gouvernement ou organismes», donc un de ses ministères
ou organismes. On réfère manifestement à un organisme d'un
autre gouvernement, donc un organisme public, «avec l'un de ses
ministères ou organismes».
M. Lazure: Oui. Bon. Entre vous et moi, je pense que la note
n'est pas très bien faite, hein, la note explicative.
M. Bourbeau: J'en ferai part à ceux qui l'ont
rédigée.
M. Lazure: C'eût été plus clair de dire: Peut
conclure avec un gouvernement, ses ministères, ses organismes, etc.,
etc.
M. Bourbeau: J'en ferai part aux rédacteurs.
M. Lazure: Mais le ministre, là, sérieusement, nous
dit qu'il n'est pas question que ce soient d'autres organismes étrangers
que des organismes gouvernementaux.
M. Bourbeau: Non. Je ne vois pas pourquoi on ferait des
échanges de fichiers avec des organismes privés. C'est
manifestement des organismes publics auxquels on réfère.
M. Lazure: Bien, si vous voulez privatiser la gestion des
renseignements électroniques dans les ministères, de toute
l'informatique dans les ministères et organismes, peut-être que
ça pourra nous mener à des échanges avec des organismes
privés.
M. Bourbeau: À ce moment-là, il faudra revenir ici
et vous en causer.
M. Lazure: La deuxième question, toujours sur les notes
explicatives. Quand on dit «étranger», aussi bien là
que dans le texte du projet de loi, est-ce qu'il faut comprendre que ce n'est
pas seulement l'Ontario ou le Nouveau-Brunswick, que ça peut être
les États-Unis ou ça peut être l'Europe, ça peut
être n'importe où, ou est-ce que c'est...
M. Bourbeau: Ce n'est pas limitatif, non, mais on ne voit pas
tellement l'utilité de faire des couplages de fichiers avec des
provinces ou des pays qui sont trop éloignés. Ça devient,
à ce moment-là, pratiquement assez improbable que quelqu'un se
promène entre la Colombie-Britannique et le Québec pour venir
chercher
des chèques de sécurité du revenu, d'une province
à l'autre. C'est plus facile quand c'est une province limitrophe, comme
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.
Là-dessus, j'aimerais revenir sur ce qu'a dit, tout à
l'heure, la députée des Chutes-de-la-Chaudière. Quand elle
parlait de 400 personnes qui auraient été mises en cause dans un
échange de renseignements avec l'Ontario, je lui signalerai que ce n'est
pas avec l'Ontario, l'échange de renseignements, c'est uniquement avec
la municipalité régionale de comté d'Ottawa-Carleton, donc
avec une petite partie, une minuscule partie de l'Ontario, où on a
découvert quelques centaines de cas dont elle parlait. Si on avait fait
un échange de fichiers informatiques avec tout l'Ontario au complet, je
suis convaincu qu'on aurait eu des chiffres beaucoup plus élevés
qu'avec la MRC d'Ottawa-Carleton seulement. (16 h 20)
M. Lazure: Mais sur quoi le ministre se basait pour parler du
chiffre, 250 000 à 3 000 000? Ça, c'est une citation exacte
venant de vous, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse, 250 000 personnes ou...
M. Lazure: Non, non, non, argent, que vous pourriez, que votre
ministère pourrait aller récupérer en découvrant
des fraudes.
M. Bourbeau: Où ça? À quel endroit? Je
m'excuse. Je ne me souviens pas d'avoir cité ces chiffres. Vous savez,
on a tellement de chiffres.
M. Lazure: Ah oui, oui! Bien, je retrouverai la source. Je l'ai,
entre guillemets, dans mes papiers.
M. Bourbeau: Oui, mais ces chiffres-là auraient
été cités...
M. Lazure: Vous aviez répondu à un journaliste:
Ça peut se situer entre 250 000 $ et 3 000 000 $. Vous aviez
ajouté: C'est très difficile à estimer. Ça, je suis
d'accord avec vous que c'est difficile à estimer.
M. Bourbeau: Écoutez, ce n'est pas bien compliqué.
S'il y avait 400 ménages qui recevaient des prestations en Ontario et au
Québec et qu'on enlevait, au Québec, 400 ménages par
année, on parle de 3 200 000 $ par année, le coût au
Québec pour 400 ménages.
M. Lazure: Mme la Présidente, c'est un bel exemple de la
façon de fonctionner du ministre qui jette de la poudre aux yeux. Il
sort sa calculatrice, puis, tout de suite, là, il vous dit: Les 400
ménages, ils étaient pour frauder toute l'année, donc je
calcule ça sur une base annuelle.
M. Bourbeau: Non, mais vous me demandez des chiffres. Je vous les
donne.
M. Lazure: Mais il se peut fort bien que certains, sinon la
plupart, aient été en déménagement récent.
Il y a toutes sortes d'explications possibles. On y reviendra tantôt,
là, sur la question de la fraude.
M. Bourbeau: Écoutez, Mme la Présidente, le
député me demande combien ça signifierait d'argent si on
enlevait 400 ménages sur les listes d'aide sociale du Québec.
Alors, en toute bonne foi, je lui donne des chiffres. Je n'ai pas dit que ces
gens-là étaient tous des fraudeurs. C'est une question
hypothétique à laquelle j'ai répondu. Ces gens-là,
ils étaient peut-être en déménagement, c'est
possible, mais, quand on déménage, on ne va pas chercher un
chèque le matin en Ontario et un autre chèque l'après-midi
au Québec, là.
M. Lazure: Non. Ma question, je la répète: Combien
pensez-vous aller chercher annuellement avec cette nouvelle loi?
M. Bourbeau: Bien, écoutez. Vous voulez parler du couplage
de fichiers avec l'Ontario?
M. Lazure: Oui, oui.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on a des... On va le vérifier
avec...
M. Lazure: Est-ce qu'on a des estimations?
M. Bourbeau: Non, on n'a pas d'estimations, semble-t-il.
M. Lazure: Non. On n'en a pas. O.K.
M. Bourbeau: D'ailleurs, c'est parce que ce n'est pas notre
préoccupation première.
M. Lazure: Bon. Revenons à une autre question, toujours
comme préambule.
Une voix: C'est quoi la préoccupation première.
M. Lazure: Oui. O.K. La question... Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Lazure: ...c'est quoi votre préoccupation
première?
Mme la Présidente, j'aimerais revenir à la remarque du
ministre qui me dit que ce n'est pas sa préoccupation première,
d'économiser des sous pour l'État du Québec. Alors, c'est
quoi, sa préoccupation première, en présentant ce projet
de loi?
M. Bourbeau: M. le Président, le député n'a
qu'à lire les notes explicatives.
M. Lazure: Bon. Alors, revenons aux notes explicatives. Les
lecteurs pourront conclure. Est-ce qu'il y a des démarches d'entreprises
avec des provinces ou des États américains? Si oui, avec
lesquels?
M. Bourbeau: Des quoi?
M. Lazure: Avec des États américains limitrophes ou
des provinces...
Une voix: Des démarches.
M. Bourbeau: Ah! des démarches.
M. Lazure: ...pour l'échange, toujours pour le couplage,
là.
M. Bourbeau: Je m'excuse. C'est le mot
«démarches» que je n'avais pas saisi.
M. Lazure: Bon. (Consultation)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, le seul cas où on a
eu une activité à ce chapitre-là, c'est
l'expérience-pilote que l'on a menée au cours de l'année
avec la municipalité régionale de comté d'Ottawa-Carleton
dont les journaux ont fait état. Présentement, il y a des
discussions tout à fait préliminaires et informelles pour faire
en sorte de prolonger ou d'extensionner cette expérience-pilote à
d'autres parties de l'Ontario, mais c'est tout à fait au stade
embryonnaire, les discussions, de même qu'avec le Nouveau-Brunswick. Mais
tout ça est tout à fait à un stade embryonnaire.
M. Lazure: Dans ses remarques préliminaires, le ministre a
parlé de certains États américains, tout à
l'heure.
M. Bourbeau: Pour l'instant, on n'a eu aucun contact avec des
États américains.
M. Lazure: Non? Bon.
M. Bourbeau: Mais il n'est pas impossible qu'une fois que la loi
soit adoptée on puisse tenter de faire quelques vérifications de
ce côté-là.
Mme Vermette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la députée
de Marie-Victor in.
Mme Vermette: ...est-ce que ça se limiterait uniquement
aux organismes dans les autres provinces, aux États-Unis... Est-ce qu'il
y a aussi une possibilité que ça puisse déborder
l'outre-Atlantique? Parce qu'on a vu des fois qu'il y avait eu des
problèmes à d'autres niveaux aussi, et que ce n'est pas
nécessairement entre les provinces toujours.
M. Bourbeau: Ces démarches-là comportent quand
même un certain nombre d'efforts sur le plan de la logistique et de la
préparation. Il y a des coûts, aussi, d'ajustements informatiques.
Ce serait quand même probablement très difficile et non rentable
de préparer des couplages de fichiers avec des pays étrangers
comme la France ou l'Angleterre, ou des pays comme ça.
Compatibilité, développement informatique, etc., je ne pense pas
que le coût en vaudrait la chandelle. Mais certainement qu'avec l'Ontario
et possiblement qu'avec le Nouveau-Brunswick on pourrait atteindre une
meilleure efficacité.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
Est-ce que ça va pour les notes explicatives?
M. Lazure: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. Alors, on peut
débuter l'étude du projet de loi par l'article 1. L'article
1.
Étude détaillée Du ministre et de
ses fonctions
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente, j'y arrive. Ces
nouvelles dispositions visent à habiliter le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle à conclure des ententes permettant l'échange de
renseignements nominatifs avec un gouvernement, ministère ou organisme
situé hors Québec. Ces ententes porteront sur l'échange de
renseignements obtenus en vertu d'une loi administrée par le ministre et
d'une loi équivalente administrée par le gouvernement,
ministère ou organisme étranger, et ce, aux fins de
vérifier l'admissibilité des personnes aux programmes
visés par ces lois ou de prévenir, détecter ou
réprimer les infractions à ces lois. Ces ententes devront
être soumises pour avis à la Commission d'accès à
l'information selon des modalités existant déjà à
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. M. le
député.
M. Lazure: Une question d'information, d'abord. Les
renseignements nominatifs. Est-ce que le ministre peut nous décrire,
nous révéler ce que sont les renseignements nominatifs, les
énumérer une fois pour toutes, parce que c'est un peu à la
base de toute l'entreprise, ça, de toute l'opération?
M. Bourbeau: La définition se trouve dans la loi sur
l'accès à l'information.
M. Lazure: Oui, je sais.
M. Bourbeau: Mais, si vous voulez, on va certainement sortir le
document. Je peux vous en faire la lecture, si vous voulez. La meilleure
réponse que je peux vous faire, c'est la loi elle-même, la loi sur
l'accès.
M. Lazure: Bon. Alors, on pourra y revenir. Une voix:
C'est la même loi au fédéral. M. Lazure: Je ne
sais pas.
La Présidente (Mme Loiselle): On pourrait peut-être
y revenir.
M. Bourbeau: Les renseignements nominatifs, vous voulez dire,
hein?
La Présidente (Mme Loiselle): Ah! Ça va.
M. Lazure: Vous l'avez?
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Bourbeau: O.K. Ça se situe à l'article 54 de la
Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels: «Dans un document, sont
nominatifs les renseignements qui concernent une personne physique et
permettent de l'identifier.» Point final.
M. Lazure: Oui, mais justement, ça, je l'ai devant moi.
Moi aussi, j'ai le même texte, les deux lignes, je les avais lues. Mais,
Mme la Présidente, ça ne me satisfait pas. Je suis plus curieux
que ça. Je ne suis pas chatouilleux, mais je suis curieux...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: ...ou je suis et chatouilleux et curieux. Alors, c'est
quand même capital, ça, parce que, là, le ministre
s'apprête à faire adopter par l'Assemblée nationale un
projet de loi pour des échanges de renseignements qui touchent seulement
765 000 personnes, 765 000 personnes. Et on lui demande: Mais quelle sorte de
renseignements il va échanger avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick?
Bien, il dit: Des renseignements qui touchent la personne physique et
permettent de l'identifier. Ça me laisse sur mon appétit.
M. Bourbeau: Écoutez. Je pense que les renseignements dont
on parle, c'est le nom des personnes, leur adressé, leur numéro
d'assistance sociale, toute information qui permet d'identifier une
personne.
M. Lazure: Mais c'est tellement important, il faut le savoir.
M. Bourbeau: Oui, et je suis en train de vous le dire, justement,
là.
M. Lazure: Oui, le nom, l'adresse.
M. Bourbeau: Le nom.
M. Lazure: L'adresse.
M. Bourbeau: L'adresse.
Une voix: Le sexe.
M. Lazure: Le sexe.
Une voix: La date de naissance.
M. Lazure: La date de naissance.
M. Bourbeau: Le prénom j'ai oublié le
prénom aussi.
M. Lazure: Nom, prénom.
M. Bourbeau: Le prénom, oui.
Une voix: Le numéro d'assurance sociale.
M. Bourbeau: Le numéro d'assistance sociale.
M. Lazure: Oui.
Une voix: Puis il y a souvent l'adresse qui permet. ..
M. Bourbeau: Souvent l'adresse, qui permet d'identifier la
personne, l'adresse, parce qu'il peut y avoir plusieurs Denis Lazure, par
exemple, dans une province. Le numéro d'assistance sociale, c'est assez
surprenant qu'il soit le même, là, mais l'adresse, ça,
ça permet d'identifier les gens aussi.
M. Lazure: Alors, nom, prénom, adresse...
M. Bourbeau: Et numéro d'assistance sociale.
M. Lazure: ...numéro d'assistance sociale.
M. Bourbeau: En gros, c'est ça.
M. Lazure: Le sexe?
Une voix: Non. Le sexe, non.
M. Lazure: Vous n'êtes pas intéressés au
sexe?
M. Bourbeau: Ça devient de plus en plus difficile de nos
jours. (16 h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ça peut prêter à confusion. Ha,
ha, ha!
M. Lazure: Mais, Mme la Présidente, je voudrais
m'assurer... Parce que ça, ça s'en va au Journal des
débats, la conversation très intelligente que nous avons dans
le moment.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Est-ce qu'on peut avoir une liste exhaustive,
complète? Pas juste des «je pense que»...
M. Bourbeau: Mais je crois que je viens de vous la donner,
là. Je viens de vous donner la liste.
M. Lazure: Bien, je voudrais qu'on en soit sûrs.
(Consultation)
M. Bourbeau: Bien, Mme la Présidente, selon les meilleurs
renseignements que je peux avoir de la part de gens qui sont, semble-t-il, des
experts en la matière, j'ai livré l'essentiel des renseignements
que demande le député de La Prairie.
M. Lazure: Alors, une dernière fois, s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme Loiselle): Nom, adresse, numéro
d'assurance sociale et prénom.
M. Lazure: Nom, prénom...
La Présidente (Mme Loiselle): Nom, prénom,
adresse...
M. Lazure: ...adresse...
La Présidente (Mme Loiselle): ...numéro d'assurance
sociale...
Une voix: La date de naissance.
La Présidente (Mme Loiselle): ...et date de naissance.
M. Lazure: ...et date de naissance. M. Bourbeau: Ah! date
de naissance.
M. Lazure: Ce sont les quatre seuls renseignements, là,
qui seraient transmis à un autre gouvernement.
M. Bourbeau: On me dit que oui.
M. Lazure: Bon!
M. Bourbeau: Ah bien, bien sûr, il y a les sommes d'argent
en cause aussi. Si on est en train de...
M. Lazure: Oui, oui, oui. Mais je parle de renseignements
personnels, là.
M. Bourbeau: Les montants versés, ce sont des
renseignements personnels.
M. Lazure: Ouais... C'est ça, on verra.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce sont les informations
qu'on me donne.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
M. Lazure: Bon! Alors, moi...
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que ça va pour
l'article 1?
M. Lazure: ...j'ai un amendement à proposer, Mme la
Présidente, à l'article 1, et on va vous le distribuer.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que... Oui, une copie
pour tout le monde.
(Consultation)
M. Lazure: Je peux lire l'amendement, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, juste un instant.
M. Lazure: Oui. (Consultation)
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, allez-y, M. le
député.
M. Lazure: Alors, l'article 1 est modifié par l'ajout,
à la fin du troisième alinéa, de la phrase suivante
on ajouterait la phrase qui suit, là: «Elle est également
soumise à la Commission des droits de la personne.»
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que vous avez
quelques commentaires, M. le député?
M. Lazure: Oui! Bon, l'objectif visé par cet amendement...
D'ailleurs, ce n'est pas une surprise, parce que j'avais prévenu le
ministre que j'étais pour proposer qu'on ajoute «la Commission des
droits de la
personne». Le texte actuel nous dit que chaque entente sera
soumise pour avis à la Commission d'accès à l'information.
Ça, c'est bien. Parfait. Mais, à bien y penser, nous, on croit
qu'il y aurait avantage à solliciter un avis aussi à la
Commission des droits de la personne.
Cette Commission-là, comme le ministre le sait, elle est
très active, depuis quelques années, en ce qui concerne la loi
37, en ce qui concerne la gestion du ministère de la
Sécurité du revenu, toujours du point de vue du respect des
droits et libertés des personnes. Et je veux donner, comme exemple de
l'intérêt de la Commission des droits de la personne et de sa
pertinence à être inscrite comme amendement dans l'article 1, je
veux donner comme exemple de ça une intervention que son
président faisait il n'y a pas longtemps, Me Yves Lafontaine. Ça
touchait la collecte de données, l'échange de données
auprès de tiers. Bon. Par extension, des remarques qui s'appliquent
à la cueillette de données auprès des tiers parce
que dans un échange il y a une cueillette puis il y a un envoi des
données, qu'on a ici je pense que les remarques qu'il fait sont
tout à fait applicables à notre projet de loi.
Alors, je cite le président de la Commission. C'est extrait de la
revue Relations, justement, d'avril 1993, à la page 75: «La
Commission croit que, dans plusieurs cas, la collecte auprès de tiers
aboutira à une divulgation non justifiée de ces renseignements.
En procédant ainsi, le ministère met en danger la
confidentialité des renseignements qu'il détient sur ses
prestataires.» Et le président de la Commission c'est
plutôt le secrétaire de la Commission a donné ces
renseignements-là dans une lettre qu'il envoyait, le 29 octobre 1992, au
responsable de l'accès à l'information dans le ministère
de la Sécurité du revenu.
Me Yves Lafontaine écrivait, à son tour, lui, au
responsable de l'accès, toujours, et je le cite: «Le recours
à des tiers n'en demeure pas moins, en soi, une atteinte à la vie
privée des personnes qui, au départ comme le
reconnaît votre ministère ne font l'objet d'aucun
soupçon de fraude. Or, l'article 5 de la Charte des droits et
libertés de la personne reconnaît à toute personne le droit
au respect de sa vie privée... La Commission a déjà mis en
doute la nécessité de recourir aux tiers, compte tenu du nombre
limité de fraudes existant dans le domaine... «Je tiens cependant
[...] à c'est toujours le président de la Commission qui
parle exprimer notre préoccupation devant l'intention
annoncée de permettre aux agents vérificateurs de recourir aux
services de la société Équifax. Dans un mémoire
présenté conjointement par la Commission et par le Protecteur du
citoyen, le 7 décembre 1990, nous soulevions la question du nombre de
fonctionnaires autorisés à interroger les banques
d'Équifax. Le recours aux services de cette société
étant, à l'époque, limité aux services
d'enquête et de recouvrement, c'est-à-dire à un nombre
très limité de personnes, l'entente Équifax-MMSRFP nous
paraissait comporter des garanties suffisantes... L'extension du recours
à Équifax aux vérificateurs nous paraît cepen- dant
accroître de façon dangereuse le nombre de personnes ayant
accès aux données nominatives que possède cette
société.»
Selon toute apparence mais là je ferme les guillemets,
c'est la revue Relations qui continue le ministre Bourbeau n'a
pas tenu compte de ces observations: les dernières directives
émises en septembre 1992 confirment toujours que le recours aux tiers
fait partie intégrante des interventions de vérification et des
enquêtes menées en vertu de la loi 37.
Mme la Présidente, j'ai cité ces extraits pour
démontrer, par conséquent, l'intérêt très vif
que porte la Commission des droits de la personne aux agissements du ministre
et à la gestion du ministère, quand on touche à la
confidentialité des renseignements. Et nous pensons que, dans un domaine
comme celui-là, comme je l'ai dit dans mes remarques
préliminaires, toutes les personnes qui connaissent le secteur, ce
secteur d'activité le commissaire fédéral au
respect de la confidentialité, le Vérificateur
général, ici, ou le Protecteur du citoyen, la Commission des
droits de la personne, la Commission d'accès tout ce
monde-là dit: Prenons toutes les précautions possibles. Alors, de
soumettre pour avis à la Commission des droits de la personne, pour
nous, c'est un geste de prudence additionnel. (16 h 40)
Et nous verrons, par un autre amendement un peu plus tard, qu'il ne
faudra pas simplement que le ministre accepte de solliciter l'avis de la
Commission des droits de la personne comme il l'a fait pour la Commission
d'accès à l'information. Il faudra qu'il s'engage à suivre
ces avis-là. Parce que là on l'a vu dans le cas de l'information
aux tiers, il a eu un avis de la Commission des droits et il ne l'a pas
suivi.
Nous disons, nous, que les présomptions de fraude que le
ministère peut avoir à l'égard de gens qui habitent les
frontières avec d'autres provinces ou avec d'autres États, ces
présomptions de fraude, on doit les tirer au clair une fois pour toutes,
mais encore une fois en respectant au maximum la vie privée des gens.
Et, dans d'autres secteurs apparentés à tout ça
parce que, derrière tout ça, c'est la chasse aux fraudeurs,
derrière tout ça, c'est la psychose de la fraude alors,
dans des secteurs apparentés, malgré des avis de la Commission
des droits de la personne, malgré des avis de toutes sortes de
groupements, le ministre procède en portant des atteintes à la
vie privée des gens puis à la dignité des personnes.
Alors, il ne faut pas qu'il soit étonné que, nous, on soit
très méfiants et qu'on lui demande, dans ce projet de loi
là, d'avoir une double sécurité: avis de la Commission
d'accès à l'information et engagement à suivre cet avis;
avis de la Commission des droits de la personne et engagement à suivre
cet avis. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, l'Opposition
officielle nous demande de modifier le projet de loi afin d'obliger le
ministère à faire entériner non seulement par la
Commission d'accès à l'information, mais aussi par la Commission
des droits de la personne les projets d'entente que nous voudrions conclure
avec des gouvernements étrangers ou avec leurs ministères ou
leurs organismes. Disons-le tout net, ce serait une première. Ce serait
une première parce que, à ma connaissance, cela ne s'est jamais
fait. Et ça serait assez insolite aussi que de demander de faire viser
une entente d'échange de renseignements par un organisme dont ce n'est
pas la responsabilité première.
Il y a des endroits où on doit s'adresser pour faire certaines
choses. Quand on veut faire des ententes de renseignements, la loi dit qu'on
s'adresse à la Commission d'accès à l'information, qui est
habilitée à faire ça, qui a des spécialistes en la
matière, qui a des habitudes et avec qui on sait comment traiter et
comment négocier. Mais la Commission des droits de la personne, ce n'est
pas dans ses responsabilités de traiter ce genre de chose, en tous les
cas pas de la même façon que la Commission d'accès à
l'information, de sorte que je ne vois pas pourquoi on compliquerait davantage
un système qui l'est déjà passablement. On nous accuse
déjà assez de faire des excès de zèle en
matière de réglementation puis en matière de paperasserie.
Qu'il faille passer par deux organismes dont on peut dire, à
l'égard de l'un, que ce n'est pas sa responsabilité
première...
Maintenant, si jamais, dans les ententes que nous convenons, nous
excédions les limites des chartes des droits, les personnes qui seraient
lésées pourraient toujours s'adresser à la Commission des
droits de la personne pour faire redresser leurs torts. Et ça, c'est
vraiment le rôle de la Commission. Donc, Mme la Présidente,
malgré toute la bonne volonté dont je peux faire preuve, je ne
vois pas vraiment, là, pourquoi il faudrait accepter cet
amendement-là. Et je dois dire que je n'ai pas l'intention d'en
recommander l'adoption par la commission.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: J'aurais une petite question. Une question
que je me pose, c'est justement que le ministre est arrivé à la
fin de son intervention et qu'il a dit que ce n'est pas tellement le rôle
de la Commission des droits de la personne de s'occuper de cet aspect-là
des choses, qu'on va plutôt vers l'accès à l'information.
Mais, par ailleurs, si quelqu'un, un citoyen, sent qu'on l'a abusé ou,
en tout cas, s'il se sent lésé, là il faut qu'il porte
plainte devant la Commission des droits de la personne. Il me répond
comme ça. En fait, c'était ma question. Je me disais: Bien oui,
mais, quand quelqu'un se sent lésé, c'est son rôle,
à la Commission, puisque c'est là qu'on va devoir porter plainte
de toute façon, parce que l'atteinte à la vie privée,
ça fait partie de la Charte des droits et libertés.
M. Lazure: Elle fait de la prévention. Une voix:
Mais oui!
Mme Carrier-Perreault: C'est ça. Je ne vois pas tellement
de... Je ne comprends pas l'objection, à ce moment-là, du
ministre, compte tenu de la fin de son intervention, à toutes fins
pratiques. C'est que je me dis: Bon, bien, pourquoi pas leur faire
vérifier le libellé? Ça éclaircit tout à
fait les choses, il n'y a plus de problème après. Quand on est
sûr, c'est blindé comme il faut. Je ne comprends pas,
là.
M. Bourbeau: C'est sûr...
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est sûr qu'on pourrait, tant qu'à
ça, aussi... Pourquoi n'ajoutez-vous pas le Protecteur du citoyen, tant
qu'à y être, ou même le chef de l'Opposition officielle ou
le... On pourrait multiplier les endroits où on pourrait faire
vérifier des projets d'entente comme ceux-là. On pourrait ajouter
le maire de Québec. On pourrait ajouter n'importe qui, finalement.
Mme Carrier-Perreault: Là, je trouve que ça
dépasse un peu...
M. Bourbeau: Non, non, mais, écoutez, justement, je veux
vous montrer par l'absurde qu'on pourrait multiplier les étapes...
M. Lazure: Ouais... La Commission des droits...
M. Bourbeau: Mais ce que je veux simplement dire, c'est qu'il y a
un endroit prévu dans les lois pour faire vérifier ce genre de
document là, et c'est la Commission d'accès à
l'information. Ça fait partie de ses responsabilités à
elle. Alors, je ne vois pas pourquoi on irait ailleurs. C'est là qu'on
doit faire ça. La loi dit que ces ententes-là doivent être
examinées et vérifiées pour avis par la Commission
d'accès à l'information. Il y a des précédents
là-dedans. Nous avons signé plusieurs ententes, à date,
avec des organismes: la Régie des rentes du Québec, par exemple,
la Société de l'assurance automobile du Québec, la
Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Jamais, dans le passé, vous ne nous avez demandé... Personne ne
nous a demandé d'aller faire viser ces ententes-là par la
Commission des droits de la personne.
La Régie des rentes du Québec, par exemple, a des ententes
avec des organismes dans les autres provinces. Même chose pour la
régie de l'assurance médicale du Québec ou la
Société de l'assurance automobile du Québec.
Déjà, ces organismes-là ont des ententes. Jamais on ne
leur a demandé d'aller les faire viser devant ou par la Commission des
droits de la personne. Pourquoi, aujourd'hui, on sort cette demande-là,
alors que les habitudes ou, enfin, les us et les coutumes ne vont
pas dans ce sens-là? Et je comprends qu'elles n'y aillent pas,
parce que ce n'est pas vraiment le rôle premier de la Commission des
droits de la personne d'examiner des ententes entre gouvernements ou entre
ministères et d'émettre des avis préalables sur la
question. Ça ne s'est jamais fait dans le passé. Et le faire,
commencer à le faire, ça serait multiplier à l'infini les
démarches administratives et les coûts aussi. Je ne vois pas
pourquoi on commencerait à le faire. Ça ne me semble pas
indiqué pour l'instant. Je ne dirais pas que ça serait inutile,
je ne dis pas que ça serait inutile de le faire, mais ça serait
ajouter davantage à un processus qui est déjà très
lourd et qui coûte déjà assez cher en démarches
administratives.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Mettons que je comprends, là,
que le ministre y allait par l'absurde. Il a utilisé le
procédé que j'ai utilisé moi-même tout à
l'heure, j'ai l'impression, sauf que je comprends un peu son argumentation.
Mais, si les gens ont une plainte à formuler par rapport à
l'atteinte à la vie privée, ils vont être obligés
d'aller, de toute façon, à la Commission des droits de la
personne. Est-ce qu'on peut formuler des plaintes à la Commission
d'accès à l'information? Je ne le sais pas. Je m'informe. Y
«a-tu» un organisme où tu peux te plaindre, là?
(Consultation)
La Présidente (Mme Loiselle): Oui?
M. Bourbeau: On va donner la parole à Me Jean-Pierre
Roy.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. D'accord. M.
Bourbeau: Ça va ajouter un peu...
La Présidente (Mme Loiselle): Me Jean-Pierre Roy, si vous
voulez...
M. Bourbeau: ...de crédibilité à la...
La Présidente (Mme Loiselle): Ha, ha, ha! Ici, M.
Roy; Me Roy, ici.
M. Roy (Jean-Pierre): O.K. Alors, la Commission d'accès
à l'information a des pouvoirs de contrôle de l'administration.
Alors, elle peut faire des recommandations au gouvernement. Alors, je pense que
la Commission d'accès à l'information pourrait, sur plainte d'un
administré, faire des recommandations au gouvernement. La Commission
d'accès à l'information!
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, si quelqu'un avait une
plainte par rapport à l'atteinte à la vie privée, puis
qu'il s'adresse, là, suite à des renseigne- ments qui ont
été divulgués... Mettons qu'il s'adresse à la
Commission d'accès à l'information, c'est la Commission
d'accès à l'information qui va aller à la Commission des
droits de la personne, ou quoi?
M. Roy (Jean-Pierre): Non, non. Je dis que la Commission
d'accès à l'information a des pouvoirs de recommandation
auprès du gouvernement. La Commission d'accès à
l'information...
Mme Carrier-Perreault: Ah!
M. Roy (Jean-Pierre): ...peut, sur plainte d'un particulier,
émettre une recommandation au gouvernement, puis là le
gouvernement ne sera pas obligé de la suivre mais pourra le faire. Puis,
s'il ne le fait pas, je pense que la Commission d'accès, à ce
moment-là, peut faire rapport à l'Assemblée nationale.
Mme Carrier-Perreault: Elle, elle n'a pas de pouvoirs comme ceux
de la Commission des droits de la personne. Elle fait des recommandations au
gouvernement, qui y donne suite s'il le juge nécessaire.
M. Roy (Jean-Pierre): La Commission d'accès à
l'information, non. La Commission des droits de la personne a toujours ces
pouvoirs, elle, de prendre des recours et puis de forcer quelqu'un à
respecter les différentes chartes.
Mme Carrier-Perreault: À condition que la personne...
M. Roy (Jean-Pierre): La charte québécoise pour la
Commission...
Mme Carrier-Perreault: ...aille porter plainte. C'est
ça?
M. Roy (Jean-Pierre): Pardon?
Mme Carrier-Perreault: À condition que la personne
lésée, qui se sent lésée, aille
elle-même...
M. Roy (Jean-Pierre): Oui. Toujours dans des cas particuliers,
quand une personne précise a fait une plainte, puis quand la Commission
étudie la plainte, quand elle juge que c'est sérieux, elle peut
prendre des recours, effectivement, devant les tribunaux civils.
Mme Carrier-Perreault: O.K.
M. Roy (Jean-Pierre): Puis il y a un tribunal des droits de la
personne, aussi, qui est au-dessus de la Commission des droits de la
personne.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, Me Roy. Mme la
députée de Marie-Victor in. (16 h 50)
Mme Vermette: Oui, Mme la Présidente. Alors, moi, en fait,
je me pose une question. D'une part, on demande au ministre d'innover. Dans le
fond, ce n'est pas parce qu'une chose n'existe pas qu'elle ne peut pas exister.
C'est un principe très philosophique qui a toujours fait son temps et
ses preuves. Alors, on dit que le nouveau chef ou le futur premier ministre, il
veut avoir un gouvernement moderne, alors on lui en donne l'occasion. On sait
très bien que c'est un fervent supporter du nouveau premier ministre,
donc il pourrait l'aider, en fait, dans cette nouvelle fonction. Il pourrait
vraiment lui tracer la route, comme il lui a tracé la route pour
accéder à la chefferie. Et c'est un homme très moderne,
j'en suis convaincue aussi.
La Présidente (Mme Loiselle): Ha, ha, ha!
Mme Vermette: C'est un homme d'expérience et moderne.
C'est vraiment tout à fait extraordinaire d'avoir un homme de cette
qualité. Donc, il pourrait tout à fait innover, il pourrait
réellement innover et démontrer, en fin de compte, cet esprit
d'ouverture, de faire de l'innovation dans les structures, dans les
fonctionnements.
En fait, ce qu'on lui demande je ne pense pas qu'un
ministère n'ait pas le droit de demander un avis, hein, à la
Commission des droits de la personne ce qu'on demande au ministre, dans
le fond, c'est: Pourquoi ne pas aller prendre un avis au niveau de la
Commission des droits, puisque la Commission a déjà fait une mise
en garde au ministre? Elle lui a dit: On soupçonne que, faire
référence à un tiers, il y a accroc aux droits et
libertés. Donc, pourquoi, dans le fond, ne pas vraiment partir sur le
bon pied avec cette loi-là et faire en sorte que tout soit vraiment
très clair, en fait que ça soit un titre clair au niveau de cette
loi-là, à savoir que, bon, on a vérifié exactement
ha, ha, ha! exactement...
C'est un notaire, donc il connaît ça, ce que ça veut
dire, un titre clair. C'est important, dans le fond, pour ne pas avoir, en fin
de compte, à revenir après et avoir un paquet de
problèmes. Donc, pourquoi ne pas commencer tout de suite du bon pied?
Pourquoi ne pas vraiment s'organiser pour faire en sorte... Bon, bien, la
Commission émet son avis, on sait un peu de quel côté elle
se range et on sait aussi qu'à ce moment-là c'est dans le
même sens, dans la même foulée que la Commission
d'accès à l'information. Alors, c'est parfait. Alors, si jamais
il y a litige ou si jamais il y a des gens qui se sentent lésés,
bien, évidemment, on aura mis les pendules aux mêmes heures.
Et ça, je pense que c'est important, dans le fond. C'est ce qu'on
demande au ministre, dans le fond, c'est que les gens accordent leurs pendules
et que ce soit la Commission des droits avec la Commission d'accès
à l'information. Et je pense que, en fait, plus on a d'avis... Et ce
n'est pas lourd. Le ministre dit que, bon, en fait, ça va être
très lourd sur le plan administratif. Ce sont des organismes qui sont
déjà en place, qui ont une habilité, en fait, à
émettre ces avis-là, qui ont une facilité de jugement par
rapport... Alors, ce sont des organismes efficaces. Ce sont leurs organismes,
et c'est eux qui sont là, au gouvernement, actuellement. Et je suis
convaincue qu'ils sont très fiers de leurs institutions et de leurs
organismes, et de l'efficacité de leurs institutions.
Ils les défendent très bien, d'ailleurs, quand on parle
qu'on a peur du Vérificateur général. Ils nous disent
toujours qu'on a tort de dire que, en fait, le Vérificateur
général, des fois, les soupçonne d'inertie, puis ils nous
disent que non, que ce n'est pas vrai. Donc, ils devraient être
très fiers quant au niveau de l'efficacité de leurs
organismes.
Alors, moi, je pense que le ministre devrait faire appel à la
Commission des droits de la personne et demander un avis. Dans le fond, je
pense que ça ne porterait pas ombrage à son projet de loi, d'une
part. Ça ferait tout simplement lui donner plus d'efficacité. Et,
finalement, ça lui apporterait une rigueur intellectuelle de plus.
La Présidente (Mme Loiselle): Vous faites rougir le
ministre, avec autant de compliments. M. le ministre.
Mme Carrier-Perreault: C'était par l'absurde aussi, j'en
suis convaincue.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je suis imperméable
aux flatteries...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...et j'essaie de toujours garder mon jugement
très clair.
La députée parle de titre clair. Évidemment, je
sais ce dont elle parle, ayant exercé cette profession-là pendant
20 ans, et j'en ai fait beaucoup, d'examens de titres, Mme la
Présidente. Je dirais, quant à moi, que ce n'est pas des titres
clairs qu'elle me propose, mais elle me propose de mettre une hypothèque
sur toute l'opération. Parce que c'est vraiment hypothéquer
l'opération que de demander à un ministère de se promener
d'organisme en organisme avec un projet d'entente pour tenter, finalement, d'en
sortir un jour avec un placet. Je dirais que c'est plutôt l'inverse qu'on
va rencontrer.
Et elle disait tantôt: À la fin de l'opération, bon,
on sera plus assurés et, si les gens se sentent lésés,
bien, ils pourront... Mais je lui retourne la question: Qu'arrivera-t-il si des
gens, pour reprendre votre expression, se sentent lésés? Si la
Commission des droits de la personne a déjà donné un avis
favorable et que par après des gens se sentent lésés, mais
où pourront-ils aller pour se plaindre, après ça? Ils
n'auront plus de tribunal. On leur aura enlevé l'endroit où
normalement ils auraient pu aller, c'est-à-dire la Commission des droits
de la personne.
Moi, je pense qu'il faut plutôt garder la Commission des droits de
la personne comme un endroit où on peut aller se plaindre quand on se
sent lésé, et non pas exproprier ce droit-là en faisant en
sorte que la Commission des droits ait par avance donné une
décision
anticipée qui, à toutes fins pratiques, l'empêchera,
après ça, de regarder le dossier, parce que, une fois qu'elle a
donné sa décision positive, elle ne peut pas
subséquem-ment venir se juger elle-même.
Alors, il me semble qu'on est mieux de garder la Commission des droits
comme tribunal d'appel pour les gens qui se sentiraient lésés et
de laisser la Commission d'accès à l'information faire son
travail, pour lequel elle est habilitée, d'ailleurs, je dois dire. La
seule qui est habilitée à faire ça, c'est elle, d'examiner
les ententes. C'est son travail de tous les jours, ça. Elle est bien
équipée pour faire ce travail-là: examiner les ententes,
les discuter, les négocier même parfois avec les
ministères, parce qu'on négocie avec elle, parfois, des
changements. Et, éventuellement, une fois que la Commission a
donné son approbation, on passe à la signature de l'entente, avec
le droit de recours que peuvent avoir les gens à la Commission des
droits de la personne.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Oui, Mme la Présidente. Je m'aperçois
qu'on ne va pas arriver à convaincre le ministre. C'est dommage, parce
qu'il se prive, là parce que ça ne lui coûterait
rien, ça d'avis valables. Et il n'y en aura pas des douzaines, de
projets d'entente comme ça, par année, hein? Des provinces puis
des États limitrophes, c'est limité comme nombre.
En tout cas. C'est lui qui en portera les conséquences. Il se
prive d'un avis très, très valable. Alors, nous sommes
prêts pour le vote sur...
La Présidente (Mme Loiselle): Vote nominal? M. Lazure:
Oui, sur...
La Présidente (Mme Loiselle): Sur l'amendement?
M. Lazure: Sur l'amendement proposé.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, j'appelle le vote sur
l'amendement proposé par le député de La Prairie. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: M. le député de La Prairie?
M. Lazure: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Pour.
La Secrétaire: M. le ministre? M. Bourbeau: Ha, ha,
ha! Contre. La Secrétaire: Mme la députée de
Châteauguay? Mme Cardinal: Contre. La Secrétaire: M.
le député de Matapédia? M. Paradis (Matapédia):
Contre. La Secrétaire: M. le député de Hull? M.
LeSage: Contre. La Secrétaire: Mme la Présidente? La
Présidente (Mme Loiselle): Contre. (Consultation)
La Secrétaire: L'amendement est rejeté.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'amendement est
rejeté. Nous revenons à l'article 1. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Lazure: Non, Mme la Présidente. J'aurais un
deuxième amendement à proposer, toujours en rapport avec
l'article 1. Je pense que celui-là sera plus facilement acceptable.
M. Bourbeau: Le député escomptait qu'on
était pour refuser le premier amendement, il en a préparé
un autre. Ha, ha, ha!
M. Lazure: Je pense que celui-là, il y a des bonnes
chances qu'il l'accepte.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. Nous allons le
distribuer.
M. Lazure: Oui.
(Consultation)
M. Lazure: Alors, est-ce que je peux lire l'amendement?
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, avec plaisir.
M. Lazure: Alors, c'est l'insertion, après le
troisième alinéa, du paragraphe suivant. Je cite:
«L'entente visée au deuxième alinéa et l'avis de la
Commission d'accès à l'information sont déposés
à l'Assemblée nationale dans les 15 jours de la transmission de
l'avis au ministre ou, si l'Assemblée ne siège pas, dans les 15
jours de la reprise de ses travaux.»
La Présidente (Mme Loiselle): Merci.
M. Lazure: Adopté?
M. Bourbeau: Oui. Monsieur...
M. Lazure: Ah! Il a dit oui!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Oui. Disons ceci, Mme la Présidente. ..
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, M. le ministre. (17
heures)
M. Bourbeau: Bon. Simplement, je veux demander au
député de retourner à l'article 1, dernier paragraphe, qui
dit: «Une entente visée au deuxième alinéa est
soumise pour avis à la Commission d'accès à l'information
selon les modalités prévues à l'article 70 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels.» Or, l'article 70 dont on parle dit ceci:
«Une entente conclue en vertu de l'article 68 ou 68.1 doit être
soumise à la Commission pour avis. Elle entre en vigueur sur avis
favorable de la Commission. «En cas d'avis défavorable de la
Commission, cette entente peut être soumise au gouvernement pour
approbation; elle entre en vigueur le jour de son approbation. «Cette
entente ainsi que l'avis de la Commission et l'approbation du gouvernement, le
cas échéant, sont déposés à
l'Assemblée nationale dans les trente jours de cet avis et de cette
approbation si l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège
pas, dans les trente jours de l'ouverture de la session suivante ou de la
reprise de ses travaux.»
Le mécanisme dont parle le député est donc
prévu à la loi. C'est parce que, si on acceptait l'amendement,
là, on viendrait un peu en contradiction avec la loi qui dit
déjà qu'on doit le faire dans les 30 jours. Alors, je pense bien
que le député n'aurait pas...
M. Lazure: C'est de la loi d'accès que vous parlez,
là.
(Consultation)
M. Lazure: Oui, oui! Oui, oui! Ce n'est pas si simple... Un
instant, là! Un instant! Ce n'est pas une petite...
M. Bourbeau: Maintenant, c'est l'interprétation qu'on m'en
donne...
M. Lazure: Ouais! Un instant!
M. Bourbeau: ...mais, si nous errons, on est prêts à
s'amender.
M. Lazure: «En cas d'avis défavorable». Mme
Vermette: C'est ça, défavorable. M. Bourbeau: Oui.
M. Lazure: Mais le sens de l'amendement, c'est beaucoup plus
limpide, plus court, plus clair.
M. Bourbeau: Non, mais regardez, là. Je m'excuse,
là. Le paragraphe 2 dit: En cas d'avis défavorable, l'entente
peut être soumise au gouvernement pour approbation. Autrement dit, le
gouvernement peut approuver une entente même si la Commission a
donné un avis défavorable.
Le troisième paragraphe, lui, il ne réfère pas
seulement aux cas où les avis sont défavorables. Le
troisième paragraphe s'applique à tous les avis. On dit: Cette
entente ainsi que l'avis de la Commission l'avis dont on parle au
paragraphe 1°, qui est un avis favorable, ou ça peut être un
avis défavorable aussi et l'approbation du gouvernement
dans le cas où le gouvernement aurait à approuver l'entente
malgré un avis défavorable ou malgré un avis favorable
sont déposés. Donc, dans tous les cas, les avis de la
Commission sont déposés, me dit-on, et l'entente aussi, bien
sûr. Bien sûr. En plus de ça, l'entente doit être
publiée à la Gazette officielle du Québec dans les
30 jours de son dépôt à l'Assemblée nationale. Donc,
il y a deux délais de 30 jours qui sont prévus à la loi,
un pour déposer l'avis de la Commission et l'approbation du
gouvernement, le cas échéant, et l'autre délai de 30 jours
pour publier à la Gazette officielle l'entente.
M. Lazure: Oui. Mme la Présidente, bon, je concède
que la loi d'accès à l'information prévoit un
mécanisme qui vient d'être expliqué à deux reprises.
Nous, on souhaiterait que l'amendement que je propose soit inclus dans le texte
du projet de loi qui nous est proposé, pour fins pédagogiques
d'une part, parce que, de toute façon, ça ne va pas alourdir le
projet de loi. Il n'est pas très lourd comme il est là, il a
juste trois ou quatre articles. Je pense qu'on aurait avantage, pour la bonne
compréhension, à l'ajouter dans le projet de loi, et ce serait
l'utilité de mon amendement.
Deuxièmement, je pense que le délai de 30 jours peut
être correct dans l'ensemble des avis, des ententes, mais, dans le cas du
projet d'échange d'informations, là, sur bande magnétique
qui nous est proposé ici, il nous semble que le délai de 15 jours
est préférable au délai de 30 jours pour que les gens
puissent réagir assez rapidement. Mais, nous, on pense que ce serait
plus simple et plus clair pour tout le monde qui aura l'occasion de lire ce
projet de loi si, au lieu de dire: On se réfère à
l'article 70, on ajoutait un alinéa de trois ou quatre lignes. C'est le
sens de l'amendement.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait
suspendre, une couple de minutes?
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, avec plaisir. On va
suspendre, quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 5)
La Présidente (Mme Loiselle): Nous reprenons nos
travaux.
M. Lazure: Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député,
oui.
M. Lazure: ...nous allons retirer cet amendement, étant
donné que, finalement, il est assez apparenté à l'article
70 qui est prévu dans la loi d'accès à l'information.
J'ai un troisième amendement, et le dernier, Mme la
Présidente, le dernier.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. Ha, ha, ha!
M. Lazure: Alors, je n'abuserai pas plus de votre patience.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'amendement est
retiré. Troisième amendement.
M. Lazure: II se lit comme ceci. La Présidente (Mme
Loiselle): Oui.
M. Lazure: Toujours l'insertion, après le troisième
alinéa, de la phrase suivante: «L'avis de la Commission
d'accès à l'information lie le ministre quant au contenu d'une
entente visée au deuxième alinéa.»
(Consultation)
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, malgré toute la
bonne volonté que j'ai de vouloir ne pas refuser des amendements quand
ils bonifient la loi, mes deux conseilleurs juridiques me disent que les
objections que j'ai fait valoir tout à l'heure au député,
qui sont d'ordre juridique, sont exactement les mêmes à
l'égard de cet amendement-là qu'à l'égard de
l'amendement précédent et qu'on devrait avoir recours aux
mêmes démarches dont j'ai parlé tout à l'heure au
député pour qu'un avis semblable puisse être
accepté. Alors, je crois que c'est à peu près impossible
de le faire sans avoir recours à des moyens qui seraient jugés,
je pense, exorbitants par rapport à ce qu'on veut faire.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Le vote, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Vote nominal sur cet
amendement.
Une voix: Qu'on appelle les députés! Des voix: Ha,
ha, ha! M. Lazure: Ah non! Immédiatement. Des voix: Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, je mets aux voix cet
amendement.
M. Lazure: Oui, bien, c'est le gouvernement en fonction.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: M. le député de La Prairie?
M. Lazure: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
La Secrétaire: M. le ministre?
M. Bourbeau: Contre, mademoiselle.
La Secrétaire: M. le député de Hull?
M. LeSage: Contre, Mme la secrétaire.
La Secrétaire: M. le député de
Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
La Secrétaire: Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre.
La Secrétaire: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Loiselle): Contre.
(Consultation)
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'amendement est
rejeté. Nous revenons à l'article 1. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Lazure: Sur division. *
La Présidente (Mme Loiselle): Sur division. J'appelle
l'article 2.
M. Bourbeau: Cet article vise à habiliter le ministre de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle à conclure des contrats avec des fournisseurs de biens
ou de services en vue de fixer le prix d'un bien ou d'un service dont il assume
totalement ou partiellement le coût en vertu d'un programme qu'il
administre. L'article prévoit en outre qu'un programme pourra
déterminer les conditions auxquelles sera accordé une prestation
ou un autre avantage pour un type de bien ou de service couvert par un tel
contrat.
M. Lazure: Mme la Présidente, le ministre, dans son
discours de deuxième lecture, a fait allusion, je pense, à
certains effets de cet article-là sur le lait mater-nisé. Est-ce
qu'il pourrait nous expliquer le lien...
M. Bourbeau: Oui.
M. Lazure: ...exact entre l'article 2 et le lait
maternisé?
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre. (17 h
10)
M. Bourbeau: Oui. J'ai tenté d'expliquer que nous avons,
depuis au-delà d'une année, tenté d'en arriver à
mettre sur pied une formule pour subventionner en partie l'achat de lait
maternisé par les mères de famille à la
sécurité du revenu. Jusqu'à maintenant, nous avions une
prestation pour allaitement de 20 $ par mois et aucune prestation pour le lait
maternisé, mais nous défrayions en entier le coût du lait
de soya et aussi des préparations thérapeutiques, en autant que
les prestataires avaient une prescription médicale.
Or, il est advenu que plusieurs mères à la
sécurité du revenu, n'ayant pas les moyens ou ne voulant pas
dépenser les fonds requis pour payer du lait maternisé, ou bien
se rabattaient sur du lait de vache ce qui est très
néfaste, surtout dans les six premiers mois de la vie d'un enfant, et le
critique de l'Opposition officielle est mieux placé que quiconque pour
apprécier ça, ici ou encore se précipitaient chez
un médecin et tentaient d'obtenir des prescriptions médicales
pour du lait de soya, lait de soya qu'on donne dans des cas où des
enfants ont des problèmes d'intolérance à la
protéine du lait de vache.
Les statistiques indiquent qu'il n'y a que 5 %, je crois, des enfants,
à peu près 5 % des enfants qui, justement, ont une telle
intolérance à la protéine de lait de vache, alors qu'on en
est rendu à voir des prescriptions dans à peu près... Plus
de 40 % des cas obtenaient des prescriptions de médecin pour du lait de
soya, pré-sumément à cause d'intolérance à
la protéine de lait de vache. Mais, manifestement, c'était
impossible qu'il y ait 40 % des enfants à l'aide sociale qui aient de
l'intolérance, alors que la moyenne nationale, c'est 5 %. Donc,
c'étaient des prescriptions de complaisance, disons, et je ne
blâme pas quiconque de l'avoir fait. Je dis simplement que
c'étaient des faits observés. le résultat de ça,
c'est que les coûts pour le gouvernement ont monté en
flèche, parce que le lait de soya est un peu plus cher, même, que
le lait maternisé et que nous défrayons la totalité du
coût dans ces cas-là. donc, 60 % des prestataires n'avaient rien
du tout et celles qui trouvaient un médecin qui leur était
favorable avaient 100 % de remboursement des coûts du lait de soya.
Nous avons donc décidé de recycler ces sommes d'argent
là. L'opération se fait à coût nul pour le
gouvernement, mais elle fait en sorte que dorénavant le coût pour
une personne à l'aide sociale sera de 35 $ par mois. Il en coûtera
35 $ par mois pour nourrir un enfant de lait. C'est le prix à peu
près du lait de vache, 35 $ à 40 $ par mois. Donc, si une
mère décide de donner du lait de vache, ça lui coûte
de toute façon 40 $ par mois. Si elle veut donner du lait
maternisé, elle défraiera les premiers 35 $ par mois et le
gouvernement va payer la différence. Si elle veut donner du lait de
soya, elle paiera les premiers 35 $ par mois et le gouvernement va payer la
différence. Donc, ça devient nul, ou il n'y a plus d'incitatif
à donner du lait de vache. Ce n'est pas rentable ni payant.
En plus de ça, on a porté la prime pour allaitement de 20
$ à 50 $ par mois, puisque l'allaitement, c'est de loin la meilleure
forme pour l'alimentation des enfants, des jeunes enfants, et tout ça,
pendant les six premiers mois de la naissance de l'enfant. Dans le cas du lait
de soya, on pourra extensionner pour un autre six mois avec un certificat
médical. Voilà le programme.
Mais, quand on a eu fait ça, là on s'est dit que, si on
était pour subventionner en partie le lait maternisé pour une
grande quantité de personnes, ce serait intéressant d'aller voir
les fournisseurs de lait maternisé et de négocier des prix, des
prix moins chers. C'est ce qu'on a fait, et on a réussi à faire
baisser le prix d'une façon intéressante; assez
intéressante, même. Et, ce faisant, nous avons
négocié avec un ou deux... Il y avait trois fournisseurs au
Québec, on a négocié avec les trois, en fait, et on a
obtenu un prix qui se situe à 20 %, je crois, ou 25 % en bas du prix du
marché, à cause du volume généré par cette
clientèle-là. Mais le...
M. Lazure: Avec quels fournisseurs?
M. Bourbeau: Tous les fournisseurs. On a une
entente avec Wyeth, on a une entente avec Mead Johnson et avec Ross. Et
puis on discute avec Nestlé aussi, Nestlé qui est le
quatrième. Il y en a un qui est fabriqué au Québec, c'est
Wyeth, je crois. Les autres sont fabriqués à
l'extérieur.
Alors, nos avocats nous ont dit: Tout ça est très bien
ha, ha, ha! mais vous n'avez pas les pouvoirs de signer une
entente comme celle-là. Il faudrait que la loi du ministère soit
amendée pour donner au ministère le pouvoir de signer une entente
comme celle-là. Et il y a un précédent, je vous cite la
Loi sur l'assurance maladie q"ui se lit comme suit, là, un article,
l'article 3.1: «La Régie peut conclure un contrat avec un
fournisseur dans ce cas-là, c'est ça de fauteuils
roulants ou d'aides auditives afin d'y prévoir les conditions de
fourniture aux dispensateurs des services dont le coût sera assumé
par la Régie.» Bon. Alors, c'est un petit peu en s'inspirant de
ça qu'on a proposé l'article en question.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Prairie.
M. Bourreau: Et j'ajouterais ceci.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui? Oui.
M. Bourbeau: J'ajouterais ceci, oui.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est que certains des fournisseurs refusent de
donner suite à l'entente tant que le ministère n'aura pas ce
pouvoir-là, parce qu'il y avait un problème avec la Loi sur la
concurrence. Certains avaient peur de poursuites en vertu de la loi
fédérale sur la concurrence. On devrait obtenir aujourd'hui, je
crois, l'avis...
(Consultation)
M. Bourbeau: Nous avons reçu hier l'avis verbal du bureau
de la concurrence fédéral, du Bureau de la politique de
concurrence, à l'effet qu'on acceptait notre point de vue et qu'on
émettait, là, aujourd'hui ou demain...
M. Lazure: O.K.
M. Bourbeau: .. un avis favorable.
M. Lazure: C'est beau.
M. Bourbeau: Alors, nous avons l'avis verbal; l'avis écrit
doit suivre dans les prochains jours.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
M. Bourbeau: Et, comme la session se termine sous peu, je dois
faire passer la loi.
M. Lazure: Non. Pas d'objection à ça.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Oui, Mme la Présidente. On est parfaitement
d'accord avec cet article-là. Effectivement, la RAMQ a depuis plusieurs
années un pouvoir comparable en ce qui touche les aides techniques pour
les personnes handicapées, et, moi, je me réjouis de cette
démarche-là.
Ça va coûter combien par année, environ?
M. Bourbeau: Au gouvernement? M. Lazure: Oui.
M. Bourbeau: Bien, ça va coûter 6 000 000 $, je
crois, à peu près. Un instant.
M. Lazure: 6 000 000$ par année en... Juste un...
M. Bourbeau: Le coût... Oui. Je vais vous donner le
chiffre, là.
M. Lazure: Approximatif.
M. Bourbeau: Je vous donne un chiffre approximatif,
là.
(Consultation)
M. Bourbeau: Les dépenses annuelles prévues sont
d'un peu moins que 5 000 000 $. Et j'aimerais simplement ajouter que nous
n'avons pas de contrat, là, avec les compagnies. Nous avons eu des
discussions avec elles, et les contrats ne peuvent pas être signés
tant que le bureau de la concurrence n'aura pas donné un avis.
M. Lazure: II y en aura éventuellement.
M. Bourbeau: Oui, aussitôt que le bureau de la concurrence
nous aura donné l'avis écrit.
M. Lazure: Mais l'idée, c'est d'avoir le même prix
avec les quatre ou cinq producteurs.
M. Bourbeau: C'est ça. Exact. Disons que nous fixons les
prix, pour employer une expression classique, mais nous le faisons, cette
fois-ci, non pas pour léser le consommateur, ce qui est tout à
fait interdit et même criminel, mais nous le faisons pour faire
bénéficier le consommateur, et c'est pour ça que le bureau
de la concurrence a examiné ça avec attention. Et, dans ce
cas-ci, ils sont disposés à nous donner...
M. Lazure: Est-ce que je dois comprendre que vous avez offert
cette entente-là à tous les producteurs, à tous les
vendeurs en gros de lait maternisé?
M. Bourbeau: Oui, à tous les manufacturiers, tous ceux
qui...
M. Lazure: Tous les manufacturiers. M. Bourbeau: Oui, de
lait maternisé. M. Lazure: Lait maternisé. Bon. Merci!
Ça va.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de Matapédia, vous aviez un commentaire?
M. Paradis (Matapédia): Oui. Le lait, il va être
distribué comment?
M. Bourbeau: Le lait va être distribué dans les
pharmacies...
M. Lazure: Les pharmacies...
M. Bourbeau: ...et les pharmacies vont recevoir les 35 $ par mois
du prestataire. Ça peut être fait en deux versements, là,
c'est-à-dire que le prix... Ça prend deux caisses par mois. Le
député est sûrement au courant. Donc, une caisse, ça
serait 17,50 $. Si la prestataire achète les deux caisses, ça
fait 35 $. Donc, elle paie ses 35 $ par mois. Le pharmacien, lui, facture son
fournisseur. Et on a une entente avec le CAP. Le député
connaît le CAP, sûrement. Donc, ça va être un paiement
immédiat au pharmacien.
M. Paradis (Matapédia): Ah oui?
Une voix: Parce que la part du ministère va être
remboursée.
M. Bourbeau: En temps réel, là, ça va
être un paiement sur-le-champ, et le pharmacien va être
éventuellement remboursé par le fournisseur, l'excédent
entre le prix favorable, très favorable qui est fait au
ministère, là, et le prix du marché. Donc, le pharmacien
va être payé de deux façons: par le CAP en ce qui concerne
le ministère... en fait, par le prestataire pour sa partie, par le CAP
pour le ministère et par le fournisseur pour l'excédent.
M. Paradis (Matapédia): Le pharmacien a l'obligation
aussi, à cause de la RAMQ, de vendre à la RAMQ, donc aux gens qui
sont sur l'aide sociale ou qui bénéficient du programme pour
personnes âgées, il est obligé de vendre au meilleur prix
à la RAMQ. Puis vous autres, votre prix, votre meilleur, ça va
être quoi? (17 h 20)
Une voix: Oui. Le prix va être plus bas.
M. Lazure: Meilleur...
M. Bourbeau: Oui. Il est inférieur au prix de la RAMQ,
oui.
M. Paradis (Matapédia): Oui, c'est ça, mais, par la
loi de la RAMQ, le pharmacien est obligé de vendre au meilleur prix
à la RAMQ.
(Consultation)
Une voix: Oui. Il va être le meilleur. Une voix:
Oui.
M. Paradis (Matapédia): Non. Je recommence. Ha, ha,
ha!
Mme Vermette: Non, mais à l'intérieur de la
RAMQ?
M. Bourbeau: Oui, mais un instant, là. Un instant,
là. Oui, il vend aux prestataires, mais le vrai prix de vente est plus
élevé que ça. C'est qu'il y a un paiement additionnel qui
va être fait par le fournisseur. Donc, pour le pharmacien, le vrai prix
de vente, c'est le prix du marché; c'est le prix du marché.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que ça va?
M. Lazure: Le pharmacien va recevoir plus que 35 $ par mois?
M. Paradis (Matapédia): Bien oui! M. Bourbeau: Oui!
Parce que... M. Paradis (Matapédia): Bien oui!
M. Bourbeau: Bien oui, ça vaut plus que ça,
ça vaut 100 $ et quelques par mois.
M. Lazure: Oui. Qui va payer la différence?
M. Bourbeau: Le prestataire pour 35 $, le ministère pour
une partie et puis le fournisseur pour l'excédent; le fournisseur.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va pour l'article
2?
M. Lazure: Ça va.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Lazure: Oui, adopté.
Des dispositions générales
La Présidente (Mme Loiselle): J'appelle l'article 3.
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 3, adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Lazure: Ça va.
Une voix: Qu'est-ce qui se passe, Denis?
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Je vais aller prendre une marche.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Adopté aussi.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. L'article
5.
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Lazure: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: Adopté.
M. Lazure: Le titre? Oui, oui! Oh oui!
La Présidente (Mme Loiselle): Le titre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je recommence... C'est un peu tard, là! Ha,
ha, ha!
M. Lazure: Le titre, oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que le projet de loi,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Lazure: Ah! Vote nominal. Qu'on appelle les
députés.
M. Bourbeau: Vote nominal? Oui, oui, oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va?
Une voix: Les cloches!
M. Lazure: Les cloches... Non, non, vote nominal.
La Présidente (Mme Loiselle): Vote nominal? M. Lazure:
Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: M. le député de La Prairie?
M. Lazure: Contre.
La Secrétaire: Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: On est contre.
La Secrétaire: Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Contre.
La Secrétaire: M. le ministre?
M. Bourbeau: Moi, je suis tout à fait en faveur,
madame.
La Secrétaire: Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Pour.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
La Secrétaire: M. le député de Hull?
M. LeSage: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Saint-Henri?
La Présidente (Mme Loiselle): Pour.
Alors, le projet de loi 115 est adopté à la
majorité des voix.
Avant d'entreprendre notre troisième mandat de la journée,
je suspends les travaux de la commission pour quelques minutes, s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 28)
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, nous reprenons nos
travaux. Je rappelle le mandat de la commission: on se réunit
aujourd'hui afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 128, Loi
modifiant la Loi sur la sécurité du revenu.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Boucher
Bacon (Bourget) est remplacée par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) et M.
Williams (Nelligan) par M. LeSage (Hull).
Projet de loi 128
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Alors, nous allons
débuter tout de suite. M. le ministre, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires sur ce projet de loi, s'il vous plaît?
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente. Avec votre
permission, je signale que le projet de loi 128 apporte trois modifications
notoires à la Loi sur la sécurité du revenu:
premièrement, il bonifie le programme APPORT, le programme Aide aux
parents pour leurs revenus de travail; deuxièmement, il fait passer de
55 à 60 ans l'âge à compter duquel une personne peut
être considérée comme non disponible à la
participation à des activités qui favorisent sa
réintégration au marché du travail et,
troisièmement, il incite les prestataires de la sécurité
du revenu aptes au travail à concentrer leurs énergies à
la recherche active d'un emploi pendant les six premiers mois de
présence à l'aide en reportant de six mois leur
admissibilité aux barèmes de disponibilité.
Au sujet du programme APPORT, nous voulons le rendre plus attrayant pour
les familles à faibles revenus en éliminant des situations qui
font varier indûment le montant des prestations en raison des changements
survenus dans le ménage en cours d'année. Le programme APPORT
procure une aide financière importante aux ménages avec enfant
dont les revenus de travail s'avèrent insuffisants. Nous faisons en
sorte qu'en tout temps il soit plus payant de travailler à plein temps
que de retirer passivement des prestations de la sécurité du
revenu. (17 h 30)
Pour ce qui est du report à 60 ans de l'accès aux
barèmes de non-disponibilité, nous estimons qu'il demeure
conforme à la réalité voulant que les personnes de 55
à 60 ans fassent partie de la main-d'oeuvre active et qu'une
majorité d'entre elles n'aient pas jeté la serviette, qu'elles
aspirent encore à un emploi. Nous leur disons très clairement
qu'elles sont encouragées à s'engager dans des activités
qui les maintiennent en liaison avec le marché du travail et qui
améliorent leurs chances de travailler encore quelques
années.
Enfin, l'accès aux barèmes de disponibilité
après six mois de présence à la sécurité du
revenu s'inscrit dans la volonté de raffermir l'incitation au travail et
de rappeler aux prestataires que la tâche la plus imperative qui les
attend consiste à chercher un emploi. Si après six mois d'efforts
soutenus la personne est toujours à la sécurité du revenu,
le ministère l'aidera à améliorer son employabilité
en lui offrant diverses mesures ou divers programmes.
Nous aurons bien sûr l'occasion de discuter des tenants et des
aboutissants de ces dispositions. Je ne m'y attarderai pas davantage dans ces
quelques remarques préliminaires. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Alors, lors du
débat sur l'adoption du principe de ce projet de loi, avec un certain
nombre de collègues, j'ai fait valoir la vive opposition de notre
formation politique à l'égard de ce projet de loi. Les deux
effets principaux de ce projet de loi qui nous sont particulièrement
inacceptables et qui, au fond, démasquent le ministre et montrent ses
vrais objectifs, qui sont tout simplement d'aller chercher 26 000 000 $ dans la
poche des plus démunis, ces deux objectifs sont: un, d'interdire
dorénavant à toute nouvelle personne assistée sociale de
se rendre disponible pour des mesures d'employabilité. Interdiction
absolue pendant six mois de temps, de manière à pouvoir laisser
cette personne-là au barème minimum, 493 $.
Le deuxième effet insidieux et tout à fait
révoltant pour bien du monde et je vais citer des gens
tantôt c'est de dire: L'État s'est trompé,
jusqu'ici, en donnant aux personnes de 55 à 60 ans un statut un peu
particulier à l'aide sociale et en leur disant: Étant
donné que c'est très difficile de vous trouver un emploi à
55 ans ou 59 ans, si vous n'avez pas d'autres revenus, on vous met
automatiquement dans la catégorie «non disponible», et vpus
aurez droit, sans participer à des mesures d'employabilité,
à 593 $ au lieu de 493 $. Alors, sans autre forme d'étude, on
vient brutalement dire: Dorénavant, de 55 à 60 ans, vous n'aurez
plus droit à ce statut particulier, que tous les gouvernements, qu'ils
soient péquis-tes ou libéraux, ont toujours
préconisé dans le passé puisque la personne ne pouvait pas
facilement trouver un emploi.
Et là ce statut particulier, si j'ose dire, on l'abolit avec
cette loi-là et on dit: Les personnes de 55 à 60 ans, comme le
ministre vient de le dire, peuvent se retrousser les manches et retourner au
travail, comme s'il y avait plus d'emplois en 1994 qu'il n'y en avait en 1988,
1989, 1990, etc. Au contraire, Mme la Présidente, vous le savez, puis
moi aussi, qu'il y en a beaucoup moins. C'est rire du monde, comme le ministre
l'a fait il y a quelque temps en Chambre, que de dire: Moi, je travaille et
j'ai plus que 55 ans. On ne va pas dévoiler son âge, là, ce
n'est pas pertinent...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Mais: Moi, je travaille. Pourquoi est-ce que les
assistés sociaux de 58 ans, 59 ans ne pourraient pas travailler? Ce
qu'il oublie, Mme la Présidente, c'est que, dans bien des cas, surtout
les nouveaux bénéficiaires de l'aide sociale de plus de 55 ans,
ce sont des personnes, hommes ou femmes, qui ont perdu leur emploi à
cause de fermetures d'usine. Vous en avez dans votre comté, Mme la
Présidente, j'en ai dans mon comté. Mme la députée
de Châteauguay en a dans son comté aussi. Il semble que c'est
juste le ministre qui n'en a pas dans son comté. Mais on en a, des gens
qui ont perdu leur emploi à cet âge-là, et ils ont
épuisé leur assurance-chômage, et là ils n'ont pas
d'autre recours que l'aide sociale. Et le ministre a le culot de leur dire:
Retroussez vos manches! Puis on va vous laisser six mois... En plus d'enlever
le statut particulier qu'ils avaient avant, il les met au même niveau que
tout le monde: 493 $ pendant six mois de temps. Et même la personne
âgée qui voudrait être disponible pour une mesure
d'employabilité n'aura pas le droit de l'être, avec son projet de
loi. Contradictoire, son raisonnement. Il dit, d'une part: Retroussez vos
manches, allez vous trouver un empioi, et, en même temps, il leur dit:
Moi, là, je ne vous aide pas pendant six mois. Des mesures
d'employabilité, ça ne s'applique pas à vous autres.
Et j'ai parlé de démasquer les vraies intentions du
ministre, qui sont strictement monétaires. Pendant des années,
depuis qu'il est en charge de ce secteur, il a dit: Quel que soit votre
âge, rendez-vous disponible, et, moi, je vais vous en trouver, des
mesures d'employabilité. On va en donner à toutes celles et
à tous ceux qui seront disponibles. Et même il critiquait les
bénéficiaires de l'aide sociale de ne pas se rendre suffisamment
disponibles. Et là il leur a interdit de se rendre disponibles.
Pourquoi? Deux raisons. D'une part, parce qu'il y a déjà
une longue liste d'attente de bénéficiaires qui sont disponibles
et pour lesquels il n'est pas capable de trouver des mesures
d'employabilité et, d'autre part, parce qu'il veut économiser
quelques millions de dollars là aussi en les maintenant au barème
minimal de 493 $. et il y a de moins en moins de mesures
d'employabilité, parce qu'il a coupé en particulier dans le
rattrapage scolaire. dans chacun de nos comtés, les collègues
autour de la table, on peut identifier des personnes qui se sont vu refuser,
depuis le 1er septembre dernier des personnes assistées sociales
le droit de compléter leurs études secondaires. et
ça, c'est la troisième contradiction de ce ministre. son
gouvernement, et en particulier la collègue de l'éducation, clame
sur tous les toits: on a trop de décrochage scolaire. le québec,
et la jeunesse au québec, est mal préparé pour faire face
à la technologie. il y a trop de jeunes qui ne finissent même pas
le secondaire: 40 % : pendant ce temps-là, lui, pour économiser
15 000 000 $ sur l'année fiscale, il a coupé exactement 17 000
postes de rattrapage scolaire, passant de 37 000 en avril passé à
20 000 pour avril qui vient, pour économiser 15 000 000 $: de 50 000 000
$ à 35 000 000 $.
Mme la Présidente, les protestations du Front commun des
personnes assistées sociales sont bien connues je vais y revenir
tantôt mais il y a aussi celles de l'Association
québécoise de défense des droits des retraités-es
et préretraités-es. Et cette Association a écrit au
secrétaire des commissions parlementaires la lettre suivante: «Par
la présente, l'AQDR appuie la demande faite par le Front commun des
personnes assistées sociales pour qu'il obtienne la tenue d'une
commission parlementaire et qu'il y soit invité. Le projet de loi 128,
déposé discrètement, entre guillemets, par le ministre
André Bourbeau le 11 novembre, vient modifier la loi de la
sécurité du revenu de façon telle qu'il attaque les
conditions de vie déjà précaires des personnes de 55
à 60 ans et qu'il va à rencontre de la philosophie de la loi de
la sécurité du revenu. «Pour ces raisons, nous demandons
que le point de vue et l'argumentation des intervenants dans ce secteur de
l'aide sociale puissent être entendus afin d'éclairer le
débat et de permettre une démarche quelque peu
démocratique dans la remise en question des droits des personnes
assistées sociales.» (17 h 40)
Essentiellement, on a d'autres lettres du même style: le 13
décembre, la section Ahuntsic de l'AQDR, le président, Jacquelin
Dumont, une autre de la présidente, Mme Claire Legault, de la section
Rosemont de l'AQDR aussi.
Nous disons que ce projet de loi est tout à fait dans la
lignée des actions qui ont été prises par le ministre
actuel de la Sécurité du revenu depuis plusieurs années.
Et, quand le Protecteur du citoyen, encore récemment, dans son dernier
rapport, dit que le ministère de la Sécurité du revenu
porte atteinte à la dignité des personnes, il faut le prendre au
sérieux, le Protecteur du citoyen.
Et, dans un des journaux d'aujourd'hui, Mme la Présidente, il y a
une lettre intéressante, «Lettre au premier ministre
désigné», une lettre qui est signée par un ancien
député libéral, M. Jean-Paul Lefebvre, que le ministre
connaît bien, et c'est dans La Presse du mercredi 15 décembre.
Alors, j'en lis juste un paragraphe. Alors, il écrit à M.
Johnson: «Cher M. Johnson...» Alors, j'arrive au troisième
paragraphe. Alors, il lui donne un seul conseil, dit-il: «Vous devriez
axer votre programme sur le développement du monde. Pas de l'univers, du
"monde ordinaire". Le développement des ressources humaines, quoi! Cela
laisse bien peu de gens indifférents, surtout pas les jeunes qui ne
trouvent pas leur place sur le marché du travail, ni les chômeurs
de tout âge et les assistés sociaux, parmi lesquels et
j'attire l'attention du ministre il n'y a pas plus de paresseux, en
pourcentage, que parmi les membres de l'Assemblée nationale! Il faudrait
faire comprendre cela à votre collègue Bourbeau parce
qu'il s'adresse à votre chef, là et lui expliquer
à M. Bourbeau par la même occasion, que le travail
forcé ou les boulots minables étiquetés "pour
assistés sociaux seulement" nous ramènent aux
cartons roses du temps de Duplessis.»
Ça, ce n'est pas l'Opposition péquiste qui parle,
là. C'est un député libéral, Jean-Paul Lefebvre,
qui est quand même... Un ex-député libéral,
Jean-Paul Lefebvre, qui n'est pas devenu péquiste, que je sache.
Mais, Mme la Présidente, le ministre n'a pas l'air de se rendre
compte que, partout dans les groupes communautaires du Québec, et
ça va jusqu'à l'Assemblée des évêques du
Québec, on s'inquiète de la philosophie qui semble être
à la base de toutes ces actions: ou bien c'est la chasse aux fraudeurs,
ou bien c'est les coupures. Pendant ce temps-là, son gouvernement ferme
les yeux sur des sources de revenus considérables dont l'État est
privé, dont la population est privée, et je fais allusion en
particulier à la contrebande de cigarettes, où l'État se
prive de 500 000 000 $ par année; ou encore, ou encore, à des
dépenses somptuaires qui sont faites par plusieurs membres du
gouvernement, y compris le chef actuel, le nouveau chef du Parti
libéral.
Il me semble, Mme la Présidente, que le ministre devrait
être plus attentif aux doléances, aux critiques, aux cris
d'alarme, même, qui sont lancés par toutes sortes de personnes et
de groupes responsables dans la société et cesser de se faire
bonne conscience en disant: L'Opposition est là pour protester, c'est
son rôle, elle s'oppose.
Même son ex-collègue Lise Bacon, hier, elle a dit ceci
c'est rapporté dans La Presse. Plus tard, en entrevue
radiophonique, Mme Bacon précisera que son seul conseil à M.
Johnson c'est la journée des conseils sera
«d'être compatissant envers les gens qui connaissent la
pauvreté, la violence, le racisme. Il y a un avenir incertain, surtout
pour nos jeunes».
Connaissant les liens étroits qui unissent le ministre de la
Sécurité du revenu et le chef actuel du Parti libéral, et
futur premier ministre dans quelques semaines, il me semble, Mme la
Présidente, que ce conseil que Mme Bacon donne à M. Johnson, il
s'applique tout aussi bien au ministre. Je pense que les deux devraient
profiter des vacances des fêtes pour essayer de se recycler en
compassion, parce que tous les deux en ont besoin. Je ne vois pas comment le
ministre peut avoir l'audace de persister à faire passer, à faire
adopter ce projet de loi qui vient rendre encore plus pauvres un grand nombre
de personnes et qui vient enlever à des milliers de jeunes ou de moins
jeunes la chance de terminer leurs études secondaires. Il me semble que
ça, c'est le pire cadeau de Noël qu'un gouvernement pouvait donner
à ses plus démunis.
En terminant, puisque le temps avance, Mme la Présidente, je
voudrais proposer, à cette étape, avant d'aborder l'étude
article par article, qu'en vertu de l'article 244 de nos règles la
commission permanente des affaires sociales, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 128, Loi modifiant la
Loi sur la sécurité du revenu, tienne des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Front commun des personnes
assistées sociales du Québec.
La Présidente (Mme Loiselle): Avant de procéder
à cette motion, j'aimerais savoir s'il y a d'autres remarques
préliminaires.
M. le ministre, oui.
M. Bourbeau: Oui. Dans les remarques préliminaires, je
crois que j'ai encore un petit peu de temps, là...
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. M. Lazure: Si
vous en avez, allez-y.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, mais vous pouvez donner
la réplique, oui, si vous avez quelques commentaires.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Oui. Bien, écoutez, justement, je veux bien
qu'on procède avec la proposition du député de
l'Opposition, mais je voudrais quand même, à titre de remarques
préliminaires toujours, profiter du temps qu'il me reste pour faire
quelques commentaires en réplique à ce que vient de dire le
député. Le député semble nous faire un
procès d'intention. Le député ne se gêne pas pour
aller présumer des intentions profondes qui sont sous-jacentes aux
articles de loi qui sont devant nous. Je mettrais le député en
garde. C'est facile de nous imputer des motifs, mais la vérité ne
se situe pas toujours à l'endroit où la place le
député.
Le député, tout à l'heure, a dit que tous les
gouvernements dans le passé je cite ce qu'il nous a dit, il nous
parlait du barème des non-disponibles tous les gouvernements dans
le passé, dit-il, avaient eu une sollicitude spéciale à
l'endroit des personnes de 55 ans et plus. Le député fait preuve
qu'il connaît très mal l'histoire de l'aide sociale au
Québec, parce que, jusqu'à la venue du présent
gouvernement...
M. Lazure: Depuis 1988, depuis l'adoption de la loi 37, Mme la
Présidente. On parle de la loi 37, là.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Mais alors, quand vous dites «tous les
gouvernements dans le passé», il n'y en a eu...
M. Lazure: Bien, tous les partis politiques. Les partis
politiques.
M. Bourbeau: ...qu'un, gouvernement, depuis la réforme de
l'aide sociale: c'est le nôtre.
M. Lazure: Bien, voyons donc. Les partis politiques.
M. Bourbeau: Nous sommes le seul gouvernement qui ait fait une
distinction entre les diverses catégories de personnes assistées
sociales. En fait, nous sommes le seul gouvernement au Canada qui fait des
distinctions entre les personnes dans les barèmes, là. On traite
différemment, par exemple, les personnes aptes au travail, qu'elles
soient non participantes, participantes, qu'elles soient non disponibles ou
disponibles. Nous sommes les seuls à faire ces distinctions-là.
Nous sommes les seuls à payer des sommes d'argent, des prestations plus
importantes, par exemple, pour les personnes qui sont non disponibles,
c'est-à-dire les femmes enceintes, les mères de famille avec
enfant de moins de six ans, les personnes temporairement malades ou,
dorénavant, les personnes de 60 ans et plus.
Aucune autre province canadienne n'a un régime semblable. On
traite les personnes sur le même pied, c'est-à-dire que la femme
enceinte qui a deux enfants, en plus, de moins de six ans reçoit la
même somme d'argent que le jeune homme de 29 ans, bon pied bon oeil, qui
court ses 10 km par jour, qui est en pleine santé et qui pourrait aller
travailler facilement un peu partout on ne fait pas de distinction
ou encore que la personne, je ne sais pas, moi, de 59 ans, qui est
légèrement malade, ia, et qui peut difficilement travailler.
Cette personne-là a le même barème, le même montant,
dans les autres provinces canadiennes, que le champion olympique qui,
malheureusement, n'a pas de revenus puis qui vient chercher son chèque
d'aide sociale.
Alors, nous avons fait ces distinctions-là. Dorénavant,
chez nous, quand on parle de personnes aptes au travail, on a fait une
catégorie à part pour les personnes non disponibles et on leur
donne des prestations accrues. Donc, on ne peut pas dire que tous les
gouvernements dans le passé aient eu cette sollicitude envers les
personnes de 55 ans et plus, ce n'est pas exact. (17 h 50)
La seule différence qu'il y avait avant la réforme,
c'étaient les moins de 30 ans. L'ancien gouvernement les gardait
à un barème absolument scandaleux d'autour de 100 $ ou 150 $ par
mois, alors qu'une personne de 30 ans avait 400 $ par mois. Si elle avait le
malheur d'avoir 29 ans, on lui donnait 150 $ à peu près. Et on se
surprenait, après ça, qu'il y ait des problèmes avec la
jeunesse. Alors, nous avons mis fin à cette discrimination quant
à l'âge, et je pense que tout ça est maintenant bien
passé dans les moeurs.
Maintenant, je voudrais dire qu'à l'égard des personnes de
55 ans et plus, dont on propose ici de porter ce chiffre-là à 60
ans, mais en respectant les droits acquis de toutes les personnes qui sont
présentement à l'aide sociale et qui ont 55 ans et plus, c'est
donc dire que, si ce projet de loi là est adopté, aucune personne
qui présentement a 55, 56 je vous regarde, Mme la
Présidente, mais ça ne s'applique pas à vous, là
57, 58 ou 59 ans, aucune de ces personnes-là ne verra son
chèque de sécurité du revenu diminué à
l'occasion de l'adoption de cette loi-là. Ces nouvelles règles
là ne s'appliqueront qu'à l'égard des personnes qui
mainte- nant ont moins que 55 ans disons 54 ans et moins et qui
viendront solliciter l'aide sociale au cours des mois qui suivront
l'entrée en vigueur de la loi. Donc, personne ne verra son chèque
diminué, autrement dit.
Et pourquoi est-ce que nous proposons de faire passer de 55 à 60
ans l'âge de la retraite des assistés sociaux? Parce que c'est de
ça qu'on parle, quand les gens viennent à la
sécurité du revenu, s'ils sont aptes au travail puis on
parle toujours des personnes aptes au travail, on ne parle pas des gens qui
sont malades de quelque façon que ce soit, là. On prend pour
acquis que ces gens-là sont aptes au travail, donc qu'ils font des
efforts pour se trouver un emploi, ou, s'ils ne trouvent pas d'emploi, pour au
moins améliorer leur employabili-té, ou encore pour rendre
service à la collectivité dans des programmes de travail
communautaire.
Et, quand une personne a atteint un âge plus avancé,
là on lui dit: Bon, maintenant, vous avez atteint un âge plus
avancé, on ne vous demandera même pas de faire un effort, non pas
seulement de vous chercher un emploi, on ne vous demandera même pas de
faire le moindre travail communautaire. Bon. À quel âge est-ce
qu'on devrait situer ce point-là? Est-ce que c'est à 55 ans ou
à 60 ans? Nous, nous disons que ça devrait être à 60
ans, parce que 60 ans, c'est l'âge qui est communément admis comme
étant l'âge où on peut prendre sa préretraite. Dans
tous les systèmes de retraite, bon, l'âge de la retraite, c'est
normalement à 65 ans, mais on permet, dans les régimes de
retraite, de commencer à prendre sa retraite à 60 ans avec une
réduction actuarielle.
Alors, nous, nous disons que c'est la même chose à la
sécurité du revenu. Quand une personne arrive à un
âge où on lui dit: Dorénavant, vous n'avez même pas
besoin de faire le moindre travail communautaire pour retirer votre prestation,
c'est effectivement l'âge où on dit: Bon, c'est pratiquement la
retraite. Et nous disons donc que cet âge-là devrait ne pas
être de 55 ans, mais de 60 ans.
Ça ne veut pas dire, ça, que nous voulons forcer les
personnes de 55 ans à retourner sur les bancs de l'école en
alphabétisme ou en rattrapage scolaire. Ça ne
m'apparaîtrait pas indiqué, à moins que la personne le
désire elle-même beaucoup, que de la contraindre à
retourner sur les bancs de l'école à 55 ans, j'en conviens.
Ça m'apparaîtrait même un peu, parfois, non
nécessaire de lui demander de faire des efforts pour apprendre un
métier, par exemple, quoiqu'on voie bien des gens, à cet
âge-là, qui décident d'apprendre un nouveau métier
et d'aller travailler. Mais, au moins, on peut penser qu'une personne de 55 ans
pourrait aller donner un coup de main, par exemple, dans des travaux
communautaires, aller aider des personnes malades, par exemple, dans des soins
à domicile.
Est-ce que ce n'est pas, même je pose la question au
député de La Prairie insultant un peu, pour des personnes
de 55 ans aptes au travail, je le rappelle, parfaitement aptes au travail, que
de leur dire: Nous considérons qu'à votre âge, 55 ans, vous
êtes devenues trop vieilles même pour aller faire un travail
communautaire?
M. Lazure: La réponse, rapidement?
La Présidente (Mme Loiseile): M. le
député.
M. Bourbeau: Oui. Oui.
M. Lazure: La réponse, rapidement. Dans le moment, Mme la
Présidente, la personne âgée de 55 à 60 ans a
l'option d'être disponible ou de ne pas être disponible. Alors, ne
dites pas que ma position est une insulte aux personnes âgées et
leur interdit de travailler. Ne dites pas ça, c'est faux. Dans le
moment, la personne a l'option d'être disponible ou non disponible. Et
là vous allez l'obliger à être disponible même si
vous n'avez rien à lui offrir.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, bon, je suis content que
le député réagisse, ça rend le débat
intéressant. Nous n'obligeons personne. Il n'y a personne qui est
obligé à quoi que ce soit. D'abord, je répète que,
pour ceux qui sont là présentement, les droits acquis sont
respectés. Quant aux personnes qui ont moins de 55 ans, elles auront le
choix suivant: si elles veulent participer toujours des gens
parfaitement en santé, là, on ne parle pas de gens qui sont
malades à des travaux communautaires, elles auront un
barème plus élevé encore que le barème de
non-disponibilité dont on parle présentement.
Je vous donne un exemple, là. À partir du mois de mars,
selon les nouveaux barèmes, là, une personne qui va participer
à un travail communautaire, par exemple, qui va aller chez une personne
âgée, aider à faire des menus travaux, elle recevra 650 $
par mois; la personne seule qui ira faire ce travail-là. Qu'elle ait 55
ans ou qu'elle ait 40 ans, c'est la même chose. Et, si elle est non
disponible on parle du barème de non-disponibilité
où le député voudrait la cantonner automatiquement
elle reçoit 600 $ par mois. Donc, on peut dire que chaque personne qui
arriverait à 55 ans aurait la possibilité d'aller se chercher une
prestation qui est à peu près de 8 % à 9 % plus
élevée que le barème qu'elle a présentement en
vertu du barème de non-disponibilité. Donc, on ne peut pas dire
qu'on pénalise les gens en question.
Ils ont toujours la possibilité de participer à des
mesures de développement de l'employabilité comme le programme
EXTRA ou Expérience de travail, Travaux communautaires. Bon. Si la
personne décide que, non, elle veut rester chez elle et qu'elle a 55
ans, qu'elle a bon pied bon oeil, qu'elle est parfaitement en santé,
bien, elle sera traitée comme les autres personnes à l'aide
sociale: elle aura le barème de base. Et, si un jour elle décide
de participer à des mesures, elle pourra le faire.
Moi, je trouve que c'est trop tôt, à 55 ans, pour dire
qu'une personne n'est plus capable de faire des efforts pour aider la
collectivité. Il me semble que c'est tomber dans une espèce de
système où on n'encourage pas les gens à faire des
efforts. Moi, je pense qu'avec le temps, là... On sait que l'âge
de la retraite, maintenant, a été enlevé, il n'y a plus la
retraite obligatoire. On sait que l'expectative de vie, aussi, des gens
augmente continuellement. Il y a 35 ans, l'expectative de vie était
probablement de plus de cinq années de moins que maintenant. J'ai un
expert, ici, en chiffres, mais... Vous n'avez pas cette statistique-là?
Bon. Peut-être que le député le La Prairie le sait. Autour
des années quarante...
M. Lazure: Je le sais, mais je ne vous le dis pas. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Bon. Autour des années quarante, moi, je
présume que l'expectative de vie, chez les hommes, devait être
autour de 70 ans, 72 ans. Aujourd'hui, quand on regarde les chiffres,
l'expectative de vie approche de 80 ans, de sorte qu'il faut repenser un peu
tous nos systèmes. On a toujours dit: La retraite, c'est à 65
ans, et c'est là qu'une personne est finie, entre guillemets.
M. Lazure: Mme la Présidente, je peux poser une question?
Il m'en a posé une. Je peux lui poser une question, s'il vous
plaît?
La Présidente (Mme Loiseile): Oui.
M. Lazure: Est-ce qu'il sait combien de personnes
assistées sociales sont disponibles actuellement et sont en attente de
mesures d'employabilité que son ministère n'est pas en mesure de
leur fournir?
M. Bourbeau: Oui. Mais est-ce que le député...
M. Lazure: Est-ce qu'il le sait?
M. Bourbeau: Oui!
M. Lazure: Moi, je le sais: c'est 43 100.
M. Bourbeau: Oui. On a les chiffres... j'ai les chiffres devant
moi ici. Mme la Présidente, est-ce que le député sait que,
à la mi-juillet, on a ouvert les fonds, qu'on a ouvert le programme de
développement de l'employabilité?
M. Lazure: Le Rattrapage scolaire?
M. Bourbeau: Jusqu'à la mi-juillet, on avait une somme
d'argent maximum, le programme était fermé. Quand on avait
engagé les sommes d'argent qu'il y avait dans le programme, on ne
pouvait plus accepter d'autres personnes sous nos programmes. À la
mi-juillet, au même moment où on a décidé de mieux
choisir les prestataires qui vont au Rattrapage scolaire, parallèlement
à ça, on a levé le chapeau sur les barèmes de
disponibilité, de sorte que c'est devenu un programme ouvert. Donc,
à partir de maintenant, il n'y a plus
aucune restriction sur les sommes d'argent qu'on peut investir dans les
travaux communautaires ou dans les autres programmes de développement de
l'employabilité. Donc, je suis convaincu qu'on va voir bientôt le
nombre de personnes disponibles diminuer, parce qu'il n'y a plus aucune
espèce d'empêchement, maintenant, à ce qu'on puisse
proposer à nos clients des mesures de développement de
l'employabilité.
Donc, on ne peut pas dire que le gouvernement soit mesquin, qu'il tente
de sauver de l'argent, d'économiser de l'argent. Au contraire, on a
ouvert...
M. Lazure: ...
M. Bourbeau: ...le robinet, si vous voulez... Mme la
Présidente, le député n'arrête pas...
La Présidente (Mme Loiselle): Une dernière,
brièvement.
M. Lazure: Une question brève.
M. Bourbeau: Le député n'arrête pas...
M. Lazure: Est-ce qu'on pourrait, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): Une dernière, parce
que dans 30 secondes nous devons clore.
M. Bourbeau: ...de m'interrompre continuellement. Il me semble
que...
M. Lazure: Est-ce qu'on pourrait procéder au vote, Mme la
Présidente, de manière à ce qu'on sache si à la
prochaine séance on va recevoir le Front commun, oui ou non?
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): Bien, nous sommes
présentement aux remarques préliminaires, alors...
M. Lazure: Ah bon!
M. Bourbeau: Le député fait preuve d'une impatience
qui me surprend, Mme la Présidente.
M. Lazure: II ne veut pas voter. Il ne veut pas voter. Mais on
sait qu'il est contre quand même.
La Présidente (Mme Loiselle): Nous sommes aux remarques
préliminaires. Non.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, le député
est très, très impatient et devrait me laisser au moins mon droit
de parole. Il me semble que ça fait partie des libertés les plus
démocratiques.
M. Lazure: Bien, j'ai présenté une motion, moi.
Mme Vermette: On n'est plus aux remarques préliminaires,
il a présenté une motion.
M. Lazure: On n'est pas aux remarques préliminaires...
M. Bourbeau: Oui, toujours.
M. Lazure: ...on est aux motions, Mme la Présidente.
M. Bourbeau: Non, non.
La Présidente (Mme Loiselle): On est aux remarques
préliminaires. Le ministre...
M. Lazure: Ah non, Mme la Présidente!
M. Bourbeau: Le député est d'une distraction
incroyable.
M. Lazure: Non, non, non, non! M. Bourbeau: Bien oui! Bien
oui!
Une voix: II est 18 heures! Il faut le consentement.
M. Lazure: On a eu des remarques préliminaires de part et
d'autre. Ensuite, j'ai présenté ma motion...
M. Bourbeau: Non, non. M. le député... M.
Lazure: ...pour convoquer le...
M. Bourbeau: ...mon temps n'était pas écoulé
pour les remarques préliminaires. La présidente m'a donné
la parole...
M. Lazure: Qui a dit ça? M. Bourbeau: La
présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): J'ai donné la parole
à M. le ministre pour répondre à vos commentaires.
M. Bourbeau: Oui, puis d'autres députés
aussi...
M. Lazure: Bah! De toute façon, il ne veut pas, il ne veut
pas que...
La Présidente (Mme Loiselle): II est 18 heures, alors je
dois malheureusement, étant donné l'ordre de la Chambre, ajourner
nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)