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(Dix heures cinq ninutes)
Le Président (M. Poulin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Donc, nous allons débuter nos travaux. Je vais rappeler le
mandat de la commission. La commission des affaires sociales se réunit
afin de procéder à l'interpellation du député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue au ministre de la Santé et des
Services sociaux sur le sujet suivant: La situation budgétaire du
réseau de la santé.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplaçants?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Vermette
(Marie-Victorin) sera remplacée par M. Bertrand (Portneuf).
Le Président (M. Poulin): Donc, je vais rappeler les
règles de l'interpellation. Le député qui a donné
l'avis d'interpellation intervient le premier pendant 10 minutes; le ministre
interpellé intervient ensuite pendant 10 minutes; les membres de la
commission ont ensuite un temps de parole de cinq minutes par intervention.
Oui?
M. Trudel: Fidèles à notre habitude, nous pouvons
convenir que, comme nous débutons à 10 h 7, et le temps est
toujours très précieux, nous allons terminer deux heures plus
tard, à 12 h 7.
Le Président (M. Poulin): Si vous me donnez la chance de
finir, je vais justement, au dernier point, rappeler ce sujet.
M. Trudel: Très bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Vingt minutes avant la fin de la
séance, le président accorde un dernier temps de parole de 10
minutes au ministre et un droit de réplique de 10 minutes à
l'interpellant.
Donc, le député de FAbitibi vient justement de le
rappeler, nous avons débuté nos travaux à 10 h 5, donc
ça me prend un consentement pour terminer à 12 h 5.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la règle, M. le
Président. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Poulin): Donc, M. le député
de l'Abitibi, on vous écoute.
Exposé du sujet M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, je vais d'abord vous
féliciter pour votre nomination à la vice-présidence de la
commission des affaires sociales et vous rappeler, comme je l'ai fait à
votre prédécesseur, sans malice, que je suis le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue. Mes
commettants ne me le pardonneraient pas de toujours oublier cette magnifique
région qui s'appelle le Témiscamingue. Mais vous êtes
déjà pardonné, puisque plusieurs autres ont fait l'erreur
auparavant, il faut le rappeler.
M. le Président, nous avons, en vertu de nos règles, ce
matin, demandé, donc, d'interpeller le ministre de la Santé et
des Services sociaux sur le thème de la situation budgétaire dans
le réseau de la santé et des services sociaux au Québec.
Il apparaît assez évident que le système a subi, comme je
l'ai mentionné, au cours des 15 derniers jours, le moins que l'on puisse
dire, des soubresauts au cours de ces derniers jours, et, il faut le dire
carrément, beaucoup plus que des soubresauts, notre système de
santé et de services sociaux a subi, au cours des derniers jours, des
assauts qui réapparaissent tellement graves qu'il faille, bien
sûr, utiliser à tout le moins les règles de
l'Assemblée nationale pour demander au ministre responsable de la
Santé et des Services sociaux et sans jeu de mots... Je ne veux
pas que cette interpellation porte à confusion de celui qui a
annoncé qu'il allait quitter son siège, ce n'est pas l'objet de
cette interpellation. Il est le ministre responsable, il est le ministre qui
tient les cordons et qui tient les guides à la Santé et aux
Services sociaux. C'est lui que nous allons interroger aujourd'hui, et qu'il
n'y ait pas de quiproquo dans nos interrogations, même si nous savons
qu'il s'est passé un certain nombre d'événements. Mais le
principal, pour nous, ce sur quoi nous devons nous concentrer et nous voulons
nous concentrer, du côté de l'Opposition, c'est de protéger
l'intégralité de notre réseau, de notre régime de
santé et de services sociaux, au Québec, qu'on s'est donné
depuis 1970. Et c'est à cet égard-là qu'on veut interroger
le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Donc, le régime a subi un certain nombre d'assauts au cours des
15 derniers jours. Il y a eu un grand nombre de remises en question qui font en
sorte que, le minimum que l'on puisse dire, il y a de la confusion dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Il est utile, je
pense, de rappeler les principales dimensions de ces soubresauts, de ces
assauts: d'abord, une annonce, qui, pour le début de cette
période, nous est venue du Bas-du-Fleuve. Une régie
régionale de la santé et des services sociaux a communiqué
aux médias qu'il y aurait donc, dans ce réseau, des compressions
de 1 000 000 000 $ au cours des prochaines années. Ça augurait
bien mal l'espèce de discussion publique que nous espérions voir
prendre place au Québec en matière de protection de notre
régime de santé et de services sociaux. À la fin, donc, de
l'été, c'est du Bas-du-Fleuve
que nous est venue la nouvelle qu'il y aurait des compressions de 1 000
000 000 $. (10 h 10) nous avons, par ailleurs, appris, quelques moments plus
tard, qu'il y aurait davantage dans le réseau de la santé et des
services sociaux, puisqu'en juin dernier, pour toutes sortes de raisons, mais
qui apparaissent d'abord comme étant des raisons de faire plaisir
à un certain nombre de députés d'arrière-ban qui ne
sont pas satisfaits de la performance de leur propre gouvernement, on a
décidé de faire voter une loi, qui s'appelle la loi 198, avec un
certain nombre d'articles qui sont apparus plus alambiqués que moins au
cours des derniers jours, loi 198 qui, essentiellement, prévoit qu'il y
aura, d'ici 1996, réduction de 20 % du nombre de cadres dans la fonction
publique, et en tenant compte de cela dans le réseau de la santé
et des services sociaux, et réduction de 12 % d'ici 1998 des autres
catégories de personnel qui ne sont pas des personnels d'encadrement
dans le réseau de la santé et des services sociaux, je le
répète, avec un certain texte alambiqué qui a fait en
sorte que c'était comme une position qui voulait démontrer qu'on
avait bien en main la gestion du gouvernement et que nous allions
procéder avec un bras de fer pour effectuer des réductions des
dépenses publiques. mais, dès le moment où on arrive pour
appliquer cette démonstration, eh bien, on fait marche arrière.
on nous indique qu'on a alambiqué le texte, que ce n'est pas sûr
que le texte veuille dire ce qu'il dit, que ce n'est pas automatiquement des
réductions de 20 % chez les cadres et de 12 % chez le personnel dans le
réseau de la santé et dans le réseau de
l'éducation, mais qu'il y a des objectifs à atteindre et que
ça se rendra peut-être là. est-ce qu'il y aura 21 500 mises
à pied dans le réseau de la santé et des services sociaux?
encore ce matin, le journal la presse nous informe que la régie
régionale de la santé et des services sociaux de
montréal-centre a indiqué à ses établissements
qu'il y aurait des réductions de personnel qui pourraient atteindre
jusqu'à ce seuil de 12 % chez les personnels autres que l'encadrement et
20 % chez les personnels cadres, ce qui voudrait dire au total pour le plan de
compressions, incluant la fonction publique, pour la région de
montréal, au-delà de 19 000 pertes d'emplois dans une
région qui est déjà fortement affectée.
Il faut ajouter à cela, à ces compressions, à ces
soubresauts, à ces assauts, ce qui a été fait il y a une
quinzaine maintenant, c'est-à-dire à l'occasion d'une annonce
d'un plan visant à améliorer le dépistage du cancer du
sein chez les femmes, cette fameuse annonce, donc, maintenant, de l'abolition
de la circulaire, la circulaire «malades sur pied», visant
essentiellement à supprimer un certain nombre de médicaments, qui
jusqu'à maintenant étaient payés par l'État, pour
les gens souffrant de fibrose kystique, pour les gens souffrant de
diabète insipide ou encore de cholestérol élevé et
dans d'autres catégories, comme par exemple pour les sidéens,
question sur laquelle nous allons revenir, bien sûr, pendant cette
interpellation parce qu'il faut savoir.
On a vu que le recul a été effectué
là-dessus. Ce qu'on n'a pas vu encore, entre autres choses, c'est le
recul sur cette annonce que comportait l'abolition de la circulaire,
c'est-à-dire l'introduction d'une tarification dans le domaine de la
santé. Pour toutes les personnes souffrant de cancer et qui ont besoin
de traitements de chimio ou de radiothérapie, nous allons maintenant
introduire la notion de: Tu vas payer un ticket de 20 $ pour d'autres malades
qui, eux, ont besoin d'autres médicaments. C'est un principe tout
à fait nouveau, donc, l'introduction de la tarification dans le domaine
de la santé et des services sociaux, faite subrepticement. Il y a eu
recul sur l'abolition du paiement des médicaments pour certaines
catégories de malades sur pied, et, dans ce sens-là, il va
falloir que le ministre nous donne un certain nombre de réponses aussi
quant à l'introduction de la tarification. Nous allons y revenir
largement pendant cette période.
Ce qui est intéressant aussi de noter et il faut que le
ministre de la Santé et des Services sociaux nous donne des
réponses là-dessus, et c'est fondamental: Le ministre de la
Santé et des Services sociaux, en effectuant tous ces mouvements de
recul dans notre régime, répondait à une commande. Il a
indiqué cette semaine que, déjà le 22 juin, le
président du Conseil du trésor et le Conseil des ministres
amorçaient une opération de réalignement de l'appareil
public au Québec. À cet égard, c'est très curieux
de voir le comportement du gouvernement, ces derniers jours, ces
dernières semaines, puisque, très clairement, on nous a
indiqué que la remise en question de l'universalité des
programmes, d'un certain nombre de programmes dans le domaine de
l'éducation, de la santé et d'autres secteurs allait être
amorcée sous la supervision d'un comité présidé par
le ministre de la Sécurité publique, M. Ryan. Le ministre de la
Sécurité publique a-t-il donc effectivement recommandé la
fin de l'universalité de nos programmes en matière de
santé?
Deuxièmement, et plus grave encore, le comité politique
présidé par le président du Conseil du trésor, M.
Johnson, avec la vice-première ministre, Mme Bacon, et également
M. Ryan, a-t-il donné l'ordre de mettre fin à
l'universalité de nos programmes de santé? Les colonnes de notre
régime de santé et de services sociaux sont-elles hypocritement
remises en question et est-on en train de faire en sorte, de façon
insidieuse, de démanteler notre réseau?
L'opération de réalignement de l'appareil public au
Québec est-elle devenue une opération de dérapage
incontrôlé, comme on a pu l'observer au cours des trois derniers
jours? Le groupe de pilotage politique Johnson, Ryan, Bacon
a-t-il, en catimini, pris la décision de laisser aller le gouvernement
fédéral dans sa gestion et de faire payer aux
Québécois, par des compressions...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Trudel: ...l'argent qui ne vient pas et que nous avons bien
observé, en termes de montants, à l'occasion du débat de
février 1992?
En conclusion, M. le Président, le ministre de la Santé
va-t-il tout laisser faire ça? Le ministre de la Santé va-t-il
laisser le gouvernement du Québec aller au Forum national sur la
santé, après les fêtes, avec une position qui ne serait pas
une position de défense de l'intégralité de notre
régime de santé et des services sociaux? Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Vous qui me connaissez bien savez très bien, ce matin,
que je suis très heureux d'être là, dans un face à
face civilisé qui a pour objectif d'échanger sur notre
système de santé, et cela, à la demande de l'Opposition.
Et le thème est clair, tel qu'il apparaît à la motion,
c'est la situation budgétaire du réseau de la santé. En
premier lieu, je me suis dit: Peut-être il y a aussi les services sociaux
dont il faudra s'occuper. Et, compte tenu de la nature même du
député, je suis convaincu que c'est probablement un oubli dans le
libellé, mais cette partie-là aussi fait partie de notre
quotidien et est extrêmement importante en terme de système.
Donc, je me suis dis: Est-ce qu'on veut discuter du budget actuel, en
cours, ou si, au contraire, on veut discuter de l'avenir? Ce n'est pas
indiqué tel quel sur le plan du libellé, mais, de toute
façon, c'est une discussion de système que nous entreprenons ce
matin, à la lumière des derniers événements, qui,
j'en conviens, ont occasionné des soubresauts, disons-le
carrément, insoupçonnables au moment de certaines annonces, qui
ont été, à mon point de vue, très nettement
amplifiés, où il y a de la démesure dans les propos tenus,
dans les écrits tenus, même si, sur certains aspects particuliers,
ça peut inquiéter des gens de manière très
honnête. Je pense qu'il y a eu de la démesure et de la
démagogie, et la démagogie n'est pas toujours le lot des
politiciens. Et je pense qu'on a pu le constater de manière admirable
par certains écrits au cours des dernières semaines qui,
même à l'occasion, pouvaient attaquer des individus. Mais
ça, l'individu s'en porte bien. (10 h 20)
Donc, deuxième affirmation de M. le député: Nous
sommes donc ici, ce matin, pour protéger, dit-il,
l'intégralité du système. Impossible. Je le dis depuis
deux ans, M. le Président, et ça fait quatre ans que j'occupe les
fonctions que j'ai présentement. Nous avons travaillé
d'arrache-pied pour apporter des modifications au niveau du système,
plus souvent qu'autrement avec le concours de l'Opposition, voulant faire en
sorte qu'on apporte des améliorations à nos propositions pour
qu'elles reflètent davantage les corrections dont notre système
avait besoin. Ça s'est fait par la commission Rochon, ça s'est
fait, par la suite, par la réforme déposée par Mme
Lavoie-Roux; par la réforme que nous avons adoptée ensemble dans
la loi 120, avec les paramètres que nous avions à
l'époque, les estimés que nous pouvions envisager à
l'époque sur le plan budgétaire. La crise économique
persistant, il est évident que nous devons à nouveau, sur le plan
des paramètres financiers, revoir ce dont on a les moyens. Et, de ne pas
se le dire aujourd'hui, je pense que c'est se cacher une vérité
qui va rattraper n'importe quel politicien, de n'importe quelle couleur
politique, et il devra ou ils devront vivre avec la réalité
financière des gouvernements, tant à Ottawa qu'à
Québec. Et ça, je le dis depuis trois ans de manière
particulière.
On n'a donc pas amorcé, au mois de juin, en catimini une
réflexion; nous avons fait une réflexion dans la foulée de
la loi 120, à la demande de l'Opposition, une commission parlementaire
portant spécifiquement sur le financement du réseau de la
santé et des services sociaux au Québec, de laquelle ont
découlé un certain nombre de mesures prises dans le budget
suivant et qui ont apporté certains soulagements au niveau du
régime, davantage au niveau de ce qui est complémentaire au
régime que ce qui est à l'intérieur même du
régime, protégé tant par la loi fédérale que
la loi du Québec.
Et, M. le Président, il faut se le dire, 5 000 000 000 $, 6 000
000 000 $ de déficit annuel, c'est des niveaux que le Québec ne
peut pas se permettre, que nos enfants ne peuvent pas se permettre, pour la
simple et bonne raison que nous n'en avons plus les moyens. Le gouvernement,
donc, a amorcé une réflexion très importante et a
demandé le concours d'un ministère qui va chercher plus ou moins
31 % du budget du Québec. Et c'est dans ce sens-là que nous avons
cru bon de prendre nos responsabilités et d'amorcer une réflexion
très importante à partir de décisions prises au central,
qui demandait au ministère, finalement plaçait au
ministère un certain nombre de commandes, et, sur le plan de la
solidarité ministérielle, elle est, à ce niveau-là,
à toute épreuve.
Les quanta ont été déterminés, et, à
partir du moment où le gouvernement a décidé que
c'étaient des quanta qui nous étaient impartis, nous nous sommes
mis à l'oeuvre en nous disant que nous devions respecter une
démarche ouverte de consultation avec nos partenaires
privilégiés que sont les régies régionales. Et
c'est ce que nous avons fait avec le «Défi
qualité-performance». Ce travail-là le
député y a fait allusion tantôt a, à travers
un certain nombre d'événements, semé de
l'inquiétude un peu partout à travers le Québec, de gens
qui se voyaient soit menacés dans leur emploi, soit menacés au
niveau d'un service qu'ils pouvaient avoir, qui, jusqu'à maintenant
était accessible, universel et presque totalement gratuit, selon la
version moyenâgeuse de la gratuité et non pas la
réalité du payeur de taxes.
Donc, on est dans une situation, M. le Président, où
certains autres événements... On a parlé pendant une
journée du règlement du dossier de la radiothérapie
qui était critiqué depuis trois ans, le règlement des
listes d'attente ou la mise en place d'un système qui réglerait
les listes d'attente. On a salué une journée le premier programme
de dépistage du cancer du sein au niveau du Québec. On a
décrié pendant deux semaines la mesure de la circulaire
«malades sur pied» qui n'est à peu près pas comprise
par grand monde, au moment où on se parle. Bien des gens en parlent et
ne savent même pas ce dont ils parlent. Et nous avons été,
nous comme ailleurs, au fait de la réaction publique et des individus.
Et, dans ce sens-là, ça fait deux semaines qu'on en parle. Et
ça, c'est le propre même de ceux qui veulent créer la
controverse que de l'alimenter et de s'abreuver à différentes
sources qui veulent toujours, dans ce système que nous connaissons
maintenant, tirer profit du système au maximum. Et c'est un
système qui a été conçu comme ça, avec
lequel on a eu à vivre depuis des décennies. Nous n'en avons plus
les moyens. Et, oui, effectivement, la loi 198 est venue ajouter, en termes de
comment, mais aussi intégrer.
Et c'est pour ça, M. le Président, que, effectivement,
dans le document «Défi qualité-performance»,
l'équipe sous-ministérielle, avec mon accord, a entrepris une
démarche avec les régies régionales responsables afin
d'impliquer les régies régionales sur le plan de l'administration
et de tenter de trouver les voies de passage les moins douloureuses, qui
s'appliquent un peu partout à travers le réseau, et en tenant
compte de l'équité interrégionale qui est
revendiquée par plusieurs régions à travers le
Québec. Ce travail a été fait en harmonie. Je ne dis pas
en total accord avec les régies. Ce travail a été fait de
collaboration. J'ai moi-même présidé quatre réunions
avec la table des présidents de régies régionales, pour
avancer avec eux, alors que mon sous-ministre, lui, présidait la table
des directeurs généraux des régies régionales, de
telle sorte qu'on puisse progresser dans la prise de conscience, dans la
connaissance de l'état de situation et progresser dans les moyens de
faire en sorte qu'on puisse répondre au plan triennal qui nous est
donné comme orientation.
Et c'est la première fois, la première fois dans
l'histoire du gouvernement que le Trésor accepte de discuter avec le
gouvernement d'une vision de trois ans, budgétée sur trois ans,
et que notre réseau pourrait connaître d'avance, au lieu de
toujours se retrouver dans une situation où ses budgets lui sont
confirmés six, sept, huit, voire même neuf mois après le
début de l'année budgétaire. C'est donc une
opération dont l'objectif premier est une opération de
stabilité, de bonne information et de réalisme aussi sur le plan
économique, demandant à ce qui est 31 % du réseau de faire
sa part, en intégrant, à l'intérieur de cette
démarche, la volonté manifestée par les
députés à l'Assemblée nationale en votant la loi
198, sans que ce soit une volonté je l'ai exprimé à
plusieurs reprises au niveau du ministère de la Santé et
des Services sociaux.
Prise au pied de la lettre, la loi 198, c'est une indication de nos
députés disant que les citoyens du
Québec en ont ras le bol de payer des taxes et qu'il nous faut
nous adresser à ce problème qu'est le déficit. Dans la
mesure où on s'adresse au déficit, il faut, bien sûr,
toucher, dans le réseau, ce qui est 77 % de notre budget, soit la
rémunération.
Donc, c'est avec grand plaisir que j'échangerai très
ouvertement avec les députés, puisque je suis encore ministre de
la Santé et des Services sociaux pour un certain temps et que j'entends
assumer mes responsabilités jusqu'à l'extrême limite,
jusqu'au moment où j'aurai choisi moi-même de m'en aller. Dans ce
sens-là, nous discuterons de chacun des sujets particuliers, en vous
transmettant toute l'information, la vérité, ce que j'ai toujours
fait depuis quatre ans, et je pense que l'Opposition peut en témoigner,
sur le plan du nombre de dossiers que j'ai pu lui transmettre, à sa
demande, pour que la discussion se fasse ouvertement et très
clairement.
Le président (M. Poulin): Merci. Le député
de Portneuf maintenant.
Argumentation M. Roger Bertrand
M. Bertrand: Merci, M. le Président. En fait, j'aimerais
aborder, de façon un peu plus large que simplement la question d'une
directive, toute la question de la tarification des services et du mode de
financement des services de santé et des services sociaux.
On a assisté, depuis quelques semaines, à tout un
étalage de mesures qui me semblent, en tout cas, faire fi, souvent, de
la vocation première de différents ministères. On l'a vu
hier, dans le domaine des forêts, par exemple, où le ministre
annonçait qu'il se retirait carrément des activités des
écoles forestières. Mais on constate que ce retrait intempestif,
ou les mesures, des fois, un peu bizarres qui sont proposées de ce
temps-ci, touche également le domaine de la santé et des services
sociaux.
Le ministre soulignait, il y a quelques instants, toute la rigueur de la
démarche qu'il a amorcée avec une perspective de trois ans, et je
pense que c'est tout à son honneur. Il faut reconnaître,
effectivement, qu'il y a des efforts valables, avec une perspective de temps,
qui permettraient de poser des gestes qui ne remettent pas en cause, je pense,
l'essentiel même du système dans lequel nous sommes
présentement.
En parallèle, on voit apparaître des initiatives qui,
elles, semblent être farcies de... disons que je qualifierais
d'incongrues, dans les circonstances, avec, pour exemple, justement, la
série de mesures conséquentes à l'abolition, que le
ministre avait annoncée, de la circulaire «malades sur
pied», une circulaire qui permet, ou qui permettait, à certains
types de malades de recevoir, en clinique externe, les médicaments que
requièrent leur condition. Alors, ça s'appliquait, par exemple,
à des personnes qui ont des problèmes de tuberculose, de
diabète insipide, de fibrose kystique, de cancer, etc. Donc, le
gouvernement, par son initiative, abolit ce programme pour ceux qui souffrent
de ces problèmes. Ça représente des dizaines de milliers
de personnes qui sont touchées et des sommes de plus de 20 000 000 $, ou
aux alentours de 20 000 000 $, dans les différents volets de la mesure
concernée. (10 h 30)
Alors, on pourrait, bien sûr, poser une série de questions
relativement à cette initiative qui concerne une circulaire. Par
exemple, relativement aux personnes atteintes de problèmes
psychiatriques, comment on peut justifier une décision relativement
à cette clientèle? Est-ce qu'il y a eu une étude d'impact,
par exemple, d'une telle décision sur cette clientèle-là?
Même chose au niveau des médicaments contre le sida. Qu'en est-il
du rôle là-dedans des compagnies d'assurances? Le ministre dit
qu'elles devront assumer leurs responsabilités. Est-ce qu'on peut les
contraindre à le faire? Quels en sont également les effets sur le
coût pour les usagers de telles mesures? Est-ce qu'au total il en
coûtera plus cher à l'ensemble des Québécois et des
Québécoises de procéder de cette façon? Le fonds de
secours, comment ça va marcher éventuellement? 3 000 000 $.
Comité d'experts, pourquoi ne pas l'avoir institué avant
l'annonce des modifications, de façon à savoir un peu plus
où l'on va avec de telles mesures? Donc, toute une série de
questions qu'on pourrait très bien adresser au ministre sur cette seule,
sur la seule base de ce qui a pu être cette initiative.
Mais je pense que l'initiative du ministre, dans ce cas-là, pose
une question beaucoup plus sérieuse, beaucoup plus globale, la question
du régime et du maintien du régime dans lequel nous sommes. Les
observateurs et les commentateurs de l'action du gouvernement ne sont pas dupes
de ce qui se passe dans le moment. On se rappellera, dans les jours qui ont
suivi l'annonce, la réaction dans les journaux des différents
milieux: «Santé: un pas de plus vers le ticket», «La
gratuité des soins qui tire à sa fin», un article du
Soleil. «Des primes d'assurance collective qui coûteront
sans doute plus cher au total.» Et on pourrait passer comme ça des
réactions, par exemple: «Coup dur pour l'universalité des
soins de santé», alors que le Dr Ayoub se prononçait sur
l'effet des mesures qui étaient envisagées. Il dit, entre autres,
et je cite: «Ce n'est pas simplement la gratuité de ces
médicaments qui est en cause, mais aussi l'universalité des soins
qu'on touche par de telles mesures».
M. le Président, ce que je dis au ministre c'est... Il a
été démontré à plusieurs reprises, dans
différents forums, que le morcellement du financement du système
de santé était loin d'être une solution, qu'au total il en
coûterait plus cher, il en coûterait beaucoup plus cher à
l'ensemble des citoyens en procédant de cette façon. Ce que je
demande au ministre: Est-ce qu'il compte continuer ses intentions ou son
mouvement vers un système qui sera franchement plus inefficace et plus
inéquitable à l'égard des citoyens?
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. ..
M. Bertrand: Et comment le ministre peut-il justifier, s'il
décide de continuer, son entêtement à introduire des
mesures qui signifieront la fin du système à plus ou moins
brève échéance?
Le Président (M. Poulin): M. le ministre. M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. J'ai eu l'opportunité de travailler avec le
député de Portneuf dans d'autres circonstances et je vous
avouerai franchement que je préférais l'autre circonstance
à celle de ce matin. J'imagine que lui aussi d'ailleurs.
M. le Président, c'est un petit peu étonnant . pour... Un
député, disons, néophyte, qui n'arrive pas du
réseau de la santé et des services sociaux, qui me poserait une
question comme celle-là, je serais un petit peu plus à l'aise
pour lui répondre, mais, compte tenu du passé et de l'engagement
envers le système du député de Portneuf actuel, parce que
ça a toujours été manifeste, je pense, dans toutes les
rencontres que nous avons eues, sa question m'étonne, sa question
m'étonne. Il est dommage que l'on ne puisse pas, nous aussi, poser des
questions en retour, puisqu'on aurait beaucoup de plaisir ce matin.
D'abord, qu'est-ce qu'est la circulaire «malades sur pied»?
Il faut au moins savoir dire au monde ce que c'est, avant même de poser
des questions fondamentales concernant le régime. Ce n'est pas n'importe
quoi, hein? Fait-elle partie du système lui-même en termes
d'assurances, oui ou non? Est-ce que, fondamentalement, les questions, du
régime, d'accessibilité, d'universalité, de
gratuité s'appliquent à la circulaire «malades sur
pied»? C'est non. C'est non. Ce sont des choses additionnelles qu'on
s'est données en cours de route et qui ne font pas, d'aucune
manière, partie de ce qui est reconnu comme assuré. Ça a
été mis sur pied pour la simple et bonne raison que ça
permettait d'éviter une hospitalisation plus coûteuse, et que
ça permettait aux gens d'être chez eux, dans leur milieu, et que
ça permettait au réseau d'avoir des économies.
Il faut aussi dire à la population que, lorsqu'on évoque
l'oiseau absolument épouvantable de la tarification et il y a une
tarification pour ces différents... Bah! 2 $. Ce qui était,
j'imagine, à l'époque, catastrophique lorsqu'on a inclus,
à votre point de vue, le 2 $ au niveau des médicaments des
personnes âgées doit être aussi catastrophique actuellement.
Et, quand on remonte à l'origine, 1981, ce n'était pas un
gouvernement libéral qui était là, lorsqu'on a
créé cette circulaire «malades sur pied»;
c'était vous. C'est vous qui étiez là et qui avez
imposé un ticket modérateur de 2 $, et il était,
d'après moi, justifié, et c'était une circulaire
«malades sur pied» qui était justifiée et qui a
toujours sa justification. Que de
dire à la population du Québec qu'on l'abolit sans dire
qu'on la remplace par une nouvelle n'est pas non plus dire à la
population la vérité. Que de dire à la population que des
médicaments pour sidéens sont dorénavant exclus n'est pas
non plus la réalité. La réalité, je vous l'ai
expédiée, à votre demande, au cours de la semaine. Elle
concerne les maladies qui sont très clairement identifiées au
niveau des malades sur pied, et vous avez évoqué le montant
tantôt de plus ou moins 20 000 000 $. C'est la réalité.
Mais le système s'est donné d'autres médicaments
fournis à différentes maladies, parce qu'il y avait cette
utilité-là, et je pense que c'est une bonne affaire. Donc, nous
avons fait quoi? On a dit: II faut la remplacer parce qu'elle est devenue
inéquitable. Je n'ai pas entendu personne reprendre ça. La
circulaire «malades sur pied» a été
dénoncée par les hôpitaux. On voit beaucoup les papiers de
M. Nadeau, là, de l'AHQ, de ce temps-là, là. Vous pourriez
peut-être voir des lettres aussi qu'il a expédiées au
réseau disant qu'il était intervenu vigoureusement auprès
du ministre pour faire en sorte que la circulaire «malades sur
pied» soit modifiée, soit changée, pour la simple et bonne
raison qu'elle était difficilement applicable avec de
l'équité. Elle était inéquitable, et ce que nous
souhaitons encore, c'est faire en sorte que ce soit une circulaire
équitable.
J'ai admis des erreurs. Ce n'est pas la première fois,
d'ailleurs, et ce n'est probablement pas la dernière fois dans ma vie.
J'ai dit qu'au niveau de la fibrose kystique je pense que nos
évaluations ne tenaient pas compte que c'est une maladie que l'on a
à la naissance. Même si on tentait d'avoir une modération
de la médication, ça aurait des effets considérables sur
l'individu. Ce n'est pas l'objectif qui était recherché. Donc,
c'est une circulaire qui sera remplacée, M. le Président, et j'ai
demandé au Dr Demers de Sainte-Justine, à M. Fran-coeur et
à Mme Dolores Lepage-Savary, présidente de l'Association des
pharmaciens des établissements, des gens très responsables...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): ...de faire des propositions
et des recommandations au gouvernement au cours de l'hiver 1994, de telle sorte
qu'en avril 1994, lorsqu'elle sera modifiée, elle tienne compte de
certaines réalités et d'observations qui ont pu être
véhiculées sur la place publique qui, pour certains, ont des
fondements.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, au député ministériel de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président.
C'est toujours un petit peu délicat de parler de la santé et d'en
parler comme certains de l'Opposition semblent le faire depuis un certain
temps. C'est un sujet sensible auprès de la population, et de se faire
du capital politique sur la santé, c'est assez spécial, merci. Je
trouve ça un peu étonnant de la part de certains individus qui
sont supposés avoir une rigueur, ont supposé-ment une rigueur
intellectuelle, se faire du capital politique avec la santé, donc sur
ceux qui sont les plus démunis de notre société.
On a évoqué tout à l'heure la loi 198. Je suis un
des «backbenchers», pour reprendre une certaine expression, qui ont
travaillé sur la loi 198, et je n'en ai surtout pas honte, parce que
l'esprit de la loi 198, au-delà des discours de nos
députés d'en face, ça n'a rien à voir. Ce qu'on a
voulu faire dans la loi 198, c'est d'être capables de vivre selon nos
moyens. C'est de dire au gouvernement... Parce que, à
l'expérience, on a vu que, même si on parle de compressions
et ça a commencé sous votre temps; rappelez-vous, depuis 1981,
1982, 1983 qu'on parle de compressions budgétaires on a de la
difficulté à le faire, parce que le réseau ou la machine
gouvernementale fait en sorte qu'elle croît d'elle-même, et c'est
très difficile de diminuer ou, du moins, d'essayer de contrecarrer la
hausse des coûts du gouvernement, de telle sorte que les
députés en sont venus à la conclusion qu'on devait baliser
davantage le gouvernement, donc le Conseil des ministres pour les
obliger à réfléchir très, très, très
sérieusement sur la diminution des coûts, diminuer le
déficit, parce que c'est de ça qu'il s'agit. À toutes les
fois qu'on offre un service nouveau à une population, c'est parce qu'on
va fouiller dans les poches de cette même population pour lui offrir ce
service-là. Alors, quand on parle de notion de gratuité, c'est
bien relatif. On ne paie pas quand on va chercher le service, mais on le paie
sur le chèque d'impôt ou sur les taxes. C'est ça. Alors,
quand on parle de gratuité, il faut faire bien attention. On dit que le
système de santé est gratis. J'ai des réserves quand on
dit ça. De façon absolue, ce n'est pas vrai. Sur.mes impôts
que je paie, il y en a 30 % qui payent la santé, même si je ne
consomme pas. Alors, quand on me parle de gratuité, il faudrait
peut-être y réfléchir à deux fois. (10 h 40)
La loi 198 voulait donc faire en sorte de diminuer ou d'encadrer
davantage pour diminuer nos coûts. Alors, ce n'est pas une coupure
absolue, comme la CSN semble vouloir le faire, et c'est repris par vous autres.
Ça, c'est quand même désolant. Travaillez-vous pour la CSN
ou si vous travaillez pour la population du Québec? Parce que vous avez
les mêmes chiffres. C'est drôle, hein? Alors, il faudrait se poser
la question.
Ceci étant dit, c'est que ce n'est pas une coupure radicale de 20
% et de 12 %. Ce n'est pas ça qui est marqué dans la loi 198.
C'est des balises qu'on donne, puis c'est très, très, très
clairement identifié que, pour la santé, l'éducation, il
peut y avoir une modulation et on peut... Parce que, ce qui est visé,
c'est la masse totale. Ce n'est pas les individus que l'on vise sur leur
chèque de paie. Ce qu'on veut, c'est de maintenir les services. Ce qu'on
a vu dans le passé, c'est simple. Aussitôt qu'on demandait des
coupures moi, je suis un gars de
région quand il y avait des commandes du Trésor
dans chacun des ministères, on disait: II faut que vous
dégraissiez. C'était quoi, le dégraissage? On coupait le
fonctionnaire à Mont-Joli, on en coupait un autre à Amqui ou
à Sainte-Anne-des-Monts. C'est ça qui arrivait. Pendant ce temps,
eh bien, les tours d'ivoire restaient à Québec.
Ce qu'on veut, c'est de maintenir les services à la population,
le service à la clientèle et d'être capable de diminuer nos
coûts, parce qu'on est capable. Il y a de l'espace. Si les
Québécois ont été capables de se construire cet
appareil politique, cet appareil gouvernemental au fil des ans, on est capable
encore d'être créatifs, d'êtres imaginatifs, de faire des
choses et de les faire mieux. C'est ça qu'on doit faire, et c'est
ça l'esprit de la loi 198. Ce n'est surtout pas l'abolition arbitraire,
bête et méchante de 20 000 emplois, comme vous le laissez
supposer, comme la CSN le laisse supposer. Ce n'est pas vrai. C'est faux. C'est
carrément faux. Et on le verra à la lumière des
décisions gouvernementales à venir que...
Le Président (M. Poulin): En conclusion.
M. Paradis (Matapédia): ...ce que vous véhiculez,
ou la peur que vous véhiculez auprès des individus qui dispensent
des services et de ceux qui les reçoivent, que vous avez peut-être
un petit peu dénaturé la vérité. Et on verra ce que
la population dira.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. Maintenant, au député de l'Opposition, de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je vais inviter aussi
le ministre, si possible, à revenir sur quelques questions de mon
collègue, sur lesquelles il faut avoir des réponses, sur le sida
en particulier. À cet égard-là, la directive, le
communiqué no 6, sur l'abolition de la circulaire «malades sur
pied», est nuageux; il est nuageux, le moins que l'on puisse dire. Le
ministre disait tantôt qu'on ne l'a pas abolie, qu'on a remplacé
ça par autre chose. Il faudrait savoir l'autre chose. Il me semble que,
dans le titre, si je me souviens bien, c'était: La circulaire
«malades sur pied» est abolie. Il me semble que c'était
ça le terme, «abolie».
M. le Président, j'aimerais aussi donc, en invitant le
ministre à aborder cette question-là au retour noter qu'il
faut en dire davantage à la population du Québec en
matière d'intégralité de notre régime de
santé et de services sociaux, dans le sens suivant. L'abolition de la
circulaire «malades sur pied», par exemple, complétée
d'un décret sur la révision du remboursement par la RAMQ des
orthèses et prothèses, ça, ça veut dire 22 000 000
$ de plus qu'on va chercher; 19 000 000 $ pour «malades sur pied»
et 3 500 000 $ pour orthèses et prothèses. Il faut que ça
se paie, ça, en quelque part. Ce n'est pas parce qu'on fait
disparaître ça de la circulaire «malades sur pied» ou
qu'on fait sortir ça par décret que les dépenses
disparaissent. il faut que quelqu'un continue de les payer. l'orthèse
dont j'ai besoin, la prothèse dont j'ai besoin, ça prend
quelqu'un pour la payer. je vais la payer de ma poche. j'aimerais que le
ministre revienne sur cet élément-là.
Revenons aussi maintenant, fondamentalement, sur l'application de la loi
198 dans le réseau de la santé et des services sociaux. On
commence à être un très grand groupe à faire les
mêmes erreurs, paraît-il, et à ne pas lire la loi 198. Ce
dont on se rend tous compte, en tout cas, c'est qu'il y avait une
écriture alambiquée de la loi 198 et que, maintenant, on essaie
d'expliquer qu'on avait, en fait, utilisé la théorie
Charlottetown, c'est-à-dire: on va voter, comme on a fait sur le plan
constitutionnel, une loi qui, en apparence, est massue, en avant les braves!
mais, quand on arrive: Sauvons-nous, les voilà! C'est ça, le
comportement de ce gouvernement-là. En avant les braves! Sauvons-nous,
les voilà! On va voter le rapport Allaire, 22 juridictions sur le plan
constitutionnel. On veut que le Québec ait la totalité de ces
responsabilités en matière de gestion de son avenir, mais, quand
on arrive à la table, on dit: Bien, excusez-nous, c'était comme
un bluff. Attention, on va reculer, on va s'écraser. On a l'impression
que, sur 198, c'est exactement cela qui se passe. qu'est-ce que c'est que cette
écriture? et que le ministre nous l'explique. on dit dans la loi 198:
une réduction de 12 % de toutes les catégories de personnel et de
20 % chez les cadres dans les périodes qui sont reconnues,
c'est-à-dire: pour les cadres, avant le 1er avril 1996 et le 1er avril
1998 pour les autres catégories de personnel. et on dit que tout
ça doit se faire, se réaliser dans le secteur de la santé
et de l'éducation, en particulier, en tenant compte des objectifs
fixés pour le secteur public et de ce qui est indiqué à
l'alinéa 3 de l'article 1 de la loi 198.
Qu'est-ce qu'il dit, 198, au troisième alinéa de l'article
1? Il dit que ça s'applique à toutes les catégories
d'organismes publics et parapublics dont les conventions collectives sont
autorisées par l'État. On ne voudrait pas faire dire à la
loi plus que ce qu'elle ne dit, mais, quand la régie de
Montréal-Centre, quand les régies régionales confirment
cette peur de 21 500 postes dans le réseau de la santé, comment
ça va s'appliquer? Va-t-il y avoir modulation régionale? Est-ce
qu'on va appliquer le même régime à
l'Abitibi-Témiscamingue, à l'Outaouais, au
Bas-Saint-LaurentGaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine par
rapport à Québec et à Montréal? Et Québec et
Montréal vont-elles devoir payer pour les autres régions? Comment
ça va s'appliquer? Le ministre va-t-il répondre à la
demande des services de première ligne des CLSC? Est-ce que le ministre
considère la demande de notre réseau de première ligne
d'être exempté de la loi 198? Le ministre a-t-il reçu
aussi, dans la foulée de la remise en question de notre régime de
santé et de services sociaux, les commandes et les ordres de remettre,
de dessiner le réseau d'une nouvelle façon...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Trudel: ...et de faire en sorte que, maintenant, le
financement, non pas la gratuité mais le financement public de ce
régime va passer par la tarification? Est-ce que c'est clair? Est-ce que
c'est le gouvernement? Est-ce que le comité de pilotage politique a
effectivement émis la directive que, maintenant, on va passer par la
tarification dans le domaine de la santé et des services sociaux? Et
aussi, à travers la loi 198, est-ce qu'on va comprimer tellement qu'on
risqué un démantèlement de notre réseau de
santé et de services sociaux?
M. le ministre, il nous faut avoir ces réponses pour conserver
dans notre réseau de santé et de services sociaux le degré
de motivation nécessaire chez nos cadres et nos personnels. Et va-t-il y
avoir, en terminant, d'autres coupures dans ce réseau, comme, par
exemple, dans les services optométriques, dentaires, etc.?
Le Président (M. Poulin): M. le député, je
voudrais juste vous rappeler qu'il faut respecter le temps, je crois, parce
qu'à la fin je serai obligé de couper dans les interventions des
deux dernières périodes de 10 minutes. Donc, M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Évidemment, j'aimerais autant que possible qu'on
puisse, dans la mesure où c'est possible... Ce n'est pas à moi de
dicter à l'Opposition ses questions, mais, lorsqu'on m'arrive, à
la fois, dans la même question, avec circulaire «malades sur
pied», avec la loi 198, avec l'optométrie, je pense que ça
ne donne pas grand temps, M. le Président, si on veut tenter de donner
des réponses. (10 h 50)
J'oublie, pour le moment, la circulaire «malades sur pied»;
on y reviendra, mais pour évoquer davantage la loi 198. Personne, mais
personne, jusqu'à présent, dans le réseau de la
Santé et des Services sociaux, n'est autorisé, d'aucune
manière, à annoncer des choses que seul le ministre de la
Santé et des Services sociaux pourra annoncer quant à
l'application de la loi 198, et, au préalable, il faut travailler pour
dire aux gens exactement ce que ce sera. Et ce que ce sera sera
déposé au Trésor, tel que le stipule la loi, pour le 15
décembre, soit dans quelques semaines. Que Pierre, Jean, Jacques,
Arthur, de quelque région qu'il soit à travers le Québec,
circule avec des chiffres, que ce soit Robinson de la FAS, que soit Trudel de
l'Opposition ou qui que soit, Perron dans Duplessis, qu'on aille annoncer aux
citoyens partout à travers le Québec une application bête
et méchante de la loi 198 ne reflète d'aucune manière la
réalité telle que perçue par nous au niveau du
ministère de la Santé et des Services sociaux.
Je veux bien qu'on fasse de la politique, mais j'imagine que votre
objectif n'est pas de la faire sur le dos des syndiqués non plus. Que
vous vouliez défendre les syndiqués à travers le
Québec, qui sont aujourd'hui inquiets, compte tenu de l'ampleur de ce
qu'on leur annonce, c'est normal, mais qu'on véhicule tous azimuts toute
une série d'informations qui sont fausses, on ne mérite pas,
d'aucune manière, d'être retenu comme chef. Je m'attends davantage
à ça de Robinson de la FAS d'aller partout à travers le
Québec, et de tenter de faire une règle simple, et d'appliquer
ça dans chaque établissement partout à travers le
réseau. Je ne lui demande pas de comprendre ce qu'on est après
faire. Qu'il le fasse sur le plan syndical, en termes de comportement syndical,
on a été habitué à ça dans le passé,
mais qu'il y ait un comportement comme celui-là de la part de
l'Opposition, qui prétend demain être au pouvoir,
m'inquiète grandement, surtout compte tenu de son propre
passé.
La réalité est la suivante. La loi 198, et mes
collègues députés le savent, je suis intervenu à
plusieurs reprises dans l'échange pour ne pas que ça devienne
d'application bête et méchante, mais qu'elle tienne compte de
réalités de réseaux comme ceux de l'éducation et
comme la santé et services sociaux, où on est dans des services
à la population, où ils ont un coeur de système qu'il nous
faut à tout prix protéger. Que le budget du ministère soit
accaparé à 77 % par les salaires et tout ce qui entoure les
salaires, si on veut tenter de redresser les finances publiques, il faut, bien
sûr, discuter de tout cela. On a fait, au cours des dernières
années, du chemin avec les syndicats. Il y a des syndicats qui ont
accepté les gels, où ça a été des
démarches responsables face à la situation, et je pense qu'il
faut rendre hommage à ces syndicats-là. Hier, ou il y a deux
jours, on signait avec la FTQ et la CEQ des ententes qui peuvent nous amener
dans la voie d'économie au niveau de chacun des réseaux. C'est
ça la voie la plus raisonnable.
Chez nous, la loi 198, elle est claire, et, dans ce sens-là, nos
échanges avec le Trésor et avec les différents
intervenants ont toujours été clairs. Et nous avons entre les
mains une lettre du secrétaire du Conseil du trésor, M. Dicaire,
du mois de mars, qui est claire, qui dit: Pour le personnel qui dispense des
services de première ligne, il faudra tenir compte de la
nécessité de préserver la qualité des services aux
citoyens. C'est dans cet esprit-là qu'il faut appliquer la loi 198, en
se disant que c'est un problème financier que nous avons. Mais, pour
régler notre problème financier, il faut examiner ce qu'on peut
faire sur le plan du personnel. Et, dans ce sens-là, ça se
traduit, pour ceux qui veulent avoir une application méchante, par un
nombre de postes équivalents à temps plein, alors que ce que nous
cherchons, c'est une masse financière qui nous permettra d'aller vers
l'équilibre des comptes publics. Comment est-ce que ça se
traduit? Écoutez, moi, je suis tout disposé à
échanger avec vous ce matin sur certaines pistes qui peuvent aboutir,
mais en convenant que, ensemble, ce sont des pistes que nous examinons.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci, M. le Président. Le ministre de la
Santé et des Services sociaux a dit qu'on veut avoir un débat
civilisé, mais plus j'écoute, moins je suis
intéressé. Je suis tellement frappé par le manque de
contenu, ce matin. J'ai annulé plusieurs rencontres dans mon
comté, qui étaient avec des citoyens impliqués dans le
réseau de la santé, pour discuter de notre question. Aujourd'hui,
on continue le théâtre devant les caméras, des questions
basées sur des demi-vérités.
Pour moi, le contenu est tellement faible. Il avance encore une guerre
de peur. Malgré les premières remarques de l'Opposition, pour
moi, il y a une guerre sur la réputation du ministre et du
ministère. Je pense qu'il a tellement mal demandé les questions.
S'il veut discuter de 198, qu'il mette ça dans l'interpellation. S'il
veut avoir une consultation privilégiée sur le programme
«malades sur pied», tel que déjà annoncé par
le ministre, que nous allons discuter en préparation pour le mettre en
vigueur en avril 1994, qu'il appelle l'interpellation comme ça. Mais,
s'il veut discuter du système budgétaire de notre système
de santé, et j'espère des services sociaux aussi, je pense qu'on
peut retourner dans les faits. j'ai eu le privilège, m. le
président, quelquefois, de représenter le québec dans les
rencontres interprovinciales. souvent, le québec est cité en
exemple. il comprend les enjeux, il comprend les façons de contourner
les coûts, mais toujours en respectant le principe de base de
l'accessibilité pour les citoyens. les démagogies que nous avons
entendues depuis deux semaines, et ce matin aussi, ça n'avance pas le
dossier. de donner l'image au peuple québécois que tout est
gratuit, c'est faux. vous le savez, ça, vous savez mieux que ça.
on doit mettre les faits sur la table. juste maintenant, environ, des chiffres
très généraux, dans le système de santé,
déjà, on paie 23 % de poches privées. c'est 77 % qui vient
du secteur public. le secteur public paie beaucoup plus que dans les autres
provinces. avec ça, de questionner, d'avancer quelques autres
modèles, je pense que ce n'est pas nécessairement une abolition
de notre système, mais que c'est un ajustement de notre
système.
Je pense aussi qu'on doit rappeler à la population
québécoise que nous avons une histoire dont on peut être
fier, particulièrement pendant les derniers quatre ans. C'est dommage,
c'est la première interpellation sur ça depuis quatre ans, mais
nous avons un record assez, je pense, exceptionnel. Quand nous avons voulu
avancer des idées, nous avons eu des commissions parlementaires. Vous
avez participé. Nous avons entré dans des consultations avec les
associations. Et, oui, pour les mesures d'avril 1994, nous avons dit que nous
allons continuer de faire des consultations. On n'arrive pas avec les choses
à la toute dernière minute.
Nous avons aussi respecté la voix du peuple qué-
bécois de faire plus dans les régions. Nous avons passé
une loi qui appuie la régionalisation. Mais, M. le Président,
nous n'avons jamais dit, dans toutes les mesures que nous avons
avancées, que nous allons frapper les défavorisés. Nous
n'avons jamais dit, dans toutes les mesures, que nous allons charger des frais
à des personnes qui ne sont pas capables de payer. Je pense qu'avancer
cette idée devant la population québécoise, c'est faux et
c'est dégueulasse. Je pense que c'est une vieille stratégie
politique, que, si tu répètes une fausseté assez souvent,
les personnes commencent à croire ça.
Au Canada, nous avons un système protégé par la loi
C-3. On doit continuer à travailler avec nos partenaires sur ça.
Les annonces que nous avons annoncées... Et nous allons continuer de
discuter avec la population québécoise. Je respecte ces
affaires-là.
J'ai entendu toutes les mêmes choses que quand nous avons
annoncé les 2 $ pour le système des médicaments. Mais,
selon nos chiffres, maintenant, ça marche très bien. Ça
aide nos dépenses, mais aussi ça encourage la participation de
toute la population.
M. le Président, je pense que c'est plus une question, ici, de
qui mène. Est-ce que c'est les syndicats? Est-ce que c'est les
directeurs généraux des régies régionales? Est-ce
que c'est les directeurs généraux des hôpitaux? C'est qui
qui mène? Je pense que la population a décidé. C'est le
gouvernement libéral qui mène, c'est le ministre de la
Santé et des Services sociaux. On doit prendre des décisions qui
respectent tous les enjeux et qui réconcilient le
non-réconciliable.
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Williams: M. le Président, je vais continuer mes
remarques un peu plus tard. Merci beaucoup. (11 heures)
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. Maintenant, M. le député de
Rouyn-Noranda Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Si ce n'est pas le directeur général de
l'Association des optométristes qui dirige le ministère de la
Santé, on se demande c'est qui. Ce qu'on sait, c'est qu'on a de la
misère à trouver qui dirige ce gouvernement-là. Ça,
on a bien de la misère à trouver ça par les temps qui
courent. C'est qui qui conduit le gouvernement? Qui est aux guides, M. le
député de Nelligan? Si on pose ces questions ce matin, c'est
parce que le peuple est inquiet. Les gens veulent avoir des réponses.
C'est assez évident, les soubresauts sont suffisamment grands pour qu'on
pose des questions.
M. le Président, j'aimerais aborder, avec le ministre, la
question du «Défi qualité-performance» donc,
compressions de 1 000 000 000 $ dans le réseau de la santé sur
trois ans, nous dit-on, avec une petite poche de 250 000 000 $ qu'on se
crée ainsi pour
réinjecter dans le réseau un document qui a
été distribué, qui a été... comme je l'ai
dit à l'époque de la réforme, on a passé par le
système de 1-17-400. On a pris les décisions. On a
distribué ça aux 17 contrôleurs régionaux ou
régies régionales pour que les 400 directeurs
généraux d'établissement puissent l'imposer dans le
réseau.
Il y a, dans ce document qui s'appelle «Défi
qualité-performance», donc, toute l'articulation de ce que, nous,
en tout cas de notre côté, nous avions dit en février 1992.
On avait dit, à l'époque, que nos chiffres n'étaient pas
très, très bons. Tel que le confirme Le Soleil de ce matin
c'est exactement nos chiffres du 22 février 1992 il va y
avoir, au cours des quatre prochaines années, enfin si on inclut
1992-1993, des compressions de 5 561 000 000 $ dans le réseau, au total,
accumulées sur cinq ans. C'est exactement ces chiffres-là.
Ça ne marchait pas à l'époque, mais, aujourd'hui, on s'en
rend bien compte quand on regarde les revenus, les paramètres, les
hypothèses.
Ce qu'il faut demander au ministre, aujourd'hui, c'est d'expliquer un
certain nombre d'affirmations inquiétantes dans le document
«Défi qualité-performance». D'abord, le
ministère impose son dictionnaire. Au début, à la page 5
de ce document-là, pour dire que, dans toute cette opération,
ça va marcher sous le principe de la transparence, la transparence
étant de jouer cartes sur table, communiquer une information claire et
complète, de manière franche et directe, faire connaître
toutes les règles du jeu. Ce n'est pas tout à fait ce dont les
acteurs ont l'impression au cours des 15 derniers jours. On a l'impression
qu'il y a plusieurs personnes qui tiennent le jeu de cartes, que les
véritables meneurs du jeu distribuent des cartes autrement ou ont envie
de les distribuer autrement.
Autre question supplémentaire, et ça m'apparaît
fondamental, il faut que le ministre de la Santé et des Services sociaux
nous dise ce qu'il va laisser comme recommandations. Même si les choix
s'opéreront en 1994, il faut qu'il dise, lui, ce qu'il va laisser sur la
table. Il dit, à la page 10 de ce document: «La partie des
économies à réaliser via une tarification et une
révision du panier de services assurés, par voie de
désassurance éventuelle de certains services non essentiels, ne
relève pas de la responsabilité du réseau». Le
ministre peut-il nous dire qui et quand on saura quels sont les services de
santé qui sont non essentiels au Québec? Est-ce que le
dictionnaire Côté va s'appliquer dans ce cas? Est-ce que la
transparence va fonctionner?
Le ministre doit nous dire question suivante comment il
faut interpréter, à la page 26, l'objectif de réviser le
panier de services. Le ministre a-t-il eu la commande du comité de
pilotage de M. Johnson? A-t-il eu l'aval du comité politique
présidé par M. Ryan pour remettre en cause les services
actuellement compris dans le panier de services? Détient-il un mandat du
gouvernement ou s'il a pris l'initiative d'inclure une réduction de la
couverture des services assurés dans notre régime
d'assurance-maladie, actuellement? Est-ce que les ci- toyens, M. le ministre
une réforme axée sur le citoyen en conclusion, va
être finalement concerné par les choix cruciaux qui sont faits?
Quand on a l'impression que notre système s'égrène, est-ce
que le citoyen va en être, dans ce défi performance? On ne le voit
pas beaucoup, sinon qu'on ne le voit pas du tout.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très bonne question. Très, très bonne
question. Ça m'étonne toujours un peu lorsque le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue évoque
la transparence. On ne peut pas lui reprocher, à lui, d'être
transparent. Évidemment, comme c'est moi qui suis dans la situation de
décision, c'est à moi de l'être.
M. le Président, on m'accuse de ne pas être transparent
alors que le document a été discuté avec les partenaires
privilégiés qu'on a déterminés ensemble dans la
loi, que sont les régies régionales, au cours de cinq
réunions. Par la suite, entendus avec les régies
régionales, nous avons rencontré les partenaires patronaux pour
leur expliquer ce vers quoi on se dirigeait dans la mesure où il y avait
entente, et il y a eu discussion de fond. On a convenu ensemble que je prenais
le document, que je signais une lettre à chaque président de
conseil d'administration d'établissement à qui j'ai
expédié le document avant même de prendre des
décisions quant aux moyens pour arriver aux quanta qui nous sont
fixés. On ne reviendra pas sur les quanta, ils sont là. Ils sont
décidés. Si vous n'êtes pas satisfait des quanta, vous
faites comme certains ministres dans le passé, vous démissionnez
et vous avez, sur la place publique, toutes les solutions, ce qui n'est pas le
cas quand on est en dedans. Ce n'est pas mon style, à moi.
Donc, on est dans une situation où, effectivement, j'ai
accepté, étant responsable, de travailler avec mon équipe,
avec mes partenaires sur le terrain pour identifier les meilleurs moyens. Et on
a convenu qu'il y avait un quantum financier, au niveau des compressions, qui
était de 500 000 000 $ sur trois ans; qu'il y avait un objectif de
tarification qui avait été fixé et qui était
central, suite à un comité qui analysait l'ensemble de
l'universalité de la gratuité, présidé par M. Ryan,
et dont le rapport sera remis au moment opportun, après les fêtes,
quant aux décisions à prendre. Mais la compression de 500 000 000
$, dans une discussion avec les régies régionales, on a
convaincu... on s'est convaincu ensemble que nous avions besoin de
répondre à des besoins nouveaux et qu'on ajoutait 250 000 000 $
pour les 750 000 000 $ de compression. Donc, 250 000 000 $ qui retourneraient.
En réalité, c'est 500 000 000 $ de compression nette, au niveau
du réseau, au cours des trois prochaines années; 500 000 000 $
sur un budget de 13 000 000 000 $ annuel, donc, sur trois ans, sur 39 000 000
000 $. C'est l'effort qui est demandé.
À cela, bien sûr, il faut comprendre que 198 était
inclus en termes d'effort à faire.
Cartes sur table? Oui, c'est ce que nous avons fait. Transparence? Oui,
c'est ce que nous avons fait en mettant sur la table un défi
performance... Non, un défi qualité-performance, parce que tout
ce que j'ai entendu depuis quatre ans, de l'AHQ à aller à la
Fédération des CLSC, des individus, de l'Opposition, de citoyens
qui nous téléphonent, c'était: II y a de la place, il y a
des abus, il y a des gestes posés, aussi, par des dispensateurs de
services, qu'il faut interpeller. Donc, il faut travailler dans ce
sens-là.
Qu'est-ce qu'on s'est dit? On s'est dit: II ne faut, mais d'aucune
manière, toucher à l'essentiel du système qui est le coeur
des soins. Examinons en périphérie, donc dans les services
d'hôtellerie. C'est quoi, l'hôtellerie? C'est les buanderies, c'est
l'entretien ménager, c'est les cafétérias. Regardons
l'administratif. Et on s'est dit: Regardons aussi au niveau des laboratoires.
Moi, je veux bien que des gens me servent, comme l'AHQ et comme M. Duplantie
l'a fait hier, des exemples. Chirurgie d'un jour, ce qui est supposé
être miraculeux, je n'ai pas encore vu un établissement venir me
suggérer, à chaque occasion qu'on dirait oui, le nombre de lits
qui fermeraient, de courte durée. Puisque, si c'est si efficace que
ça, ça doit avoir un impact sur le nombre de lits qu'il faut
fermer. Et, dans ce sens-là, moi, je suis ouvert. Et, s'il y a un centre
hospitalier, demain matin, qui se présente, en termes d'économie
puis d'efficacité, qui vient me dire: On est prêt à faire
de la chirurgie d'un jour, c'est payant, puis c'est dirigé vers le
citoyen, puis rapidité de service, il accompagnera ça du nombre
de lits de courte durée qu'il ferme, et je pense qu'on va faire un
«deal» assez vite, assez vite merci. (11 h 10)
Alors quand... Oui, en conclusion, M. le Président. Lorsqu'on dit
que le citoyen n'est pas impliqué, le citoyen, il est impliqué,
mais il est aussi interpellé comme citoyen payeur, puisqu'il y a le
citoyen consommateur, il y a le citoyen décideur, mais il est aussi
interpellé comme citoyen payeur parce qu'il a dit au gouvernement: Je
suis tanné de payer des taxes, tanné de payer des impôts et
des déficits que je vais transmettre à mes enfants. Et c'est dans
ce sens-là que nous devons tenter de rééquilibrer les
choses. Démarche très ouverte, très, très ouverte,
où ça circule partout. Et on va continuer dans ce sens-là,
soyez-en sûrs. C'est l'esprit de mon équipe et c'est mon esprit
aussi.
Le Président (M. Poulin): Merci. M. le
député de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): Oui. Merci, M. le
Président. J'aimerais revenir à la loi 198. Si on a dit beaucoup
de faussetés, la vérité a aussi ses droits, puis on va la
lire, la loi 198.
À l'article 4, M. le Président, il est clairement
indiqué, clairement indiqué que les ministres de la Santé,
de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur doivent, dans leur
secteur respectif, «soumettre au Conseil du trésor, avant le 15
décembre de chaque année, un plan tenant compte des objectifs de
réduction des effectifs». Ça ne veut pas dire de couper,
ça veut dire d'en tenir compte. Alors, si on peut soumettre au Conseil
du trésor un plan de réduction sans toucher aux emplois, qu'on
est capable de le faire, ça veut dire qu'on garde nos emplois.
«C'est-u» clair, ça, là? Bon.
Puis, après ça, à l'article... Allons plus loin.
À l'article 7, c'est clairement dit que le Conseil du trésor peut
accepter ce genre de chose là. Le Conseil du trésor peut prendre
une décision pour exempter, dans la mesure qu'il détermine, bon,
l'application de tout ou partie de la présente section. C'est clair,
ça. Bon. Arrêtez donc de dire qu'il y a 21 000 emplois qui vont
être perdus à cause de la 198. C'est faux. J'espère que
c'est clair. C'est faux. Puis, posez-vous la question: Pour qui
travaillez-vous? La CSN ou pour la population du Québec?
Et, puisqu'on parle des coûts de la santé, j'aimerais
rappeler aux gens qui nous écoutent aujourd'hui ce qui est arrivé
depuis 1986. J'ai ici le livre des crédits de 1986 et ceux pour
l'année en cours, 1993-1994. Et, si on regarde les crédits qui
sont dévolus à la santé et aux services sociaux en 1986,
c'étaient 6 200 000 000 $ et, aujourd'hui, on est à 9 900 000 000
$. Et, à ça, il faut ajouter le budget de la RAMQ qui paie les
médecins, les pharmaciens, les optométristes, les dentistes, et
c'est 3 000 000 000 $. Alors, quand on dit que le gouvernement coupe, fait des
coupures, il faut mettre des bémols. C'est parce que les budgets ont
augmenté de plus de 50 %. C'est ça que ça veut dire. De 6
000 000 000 $ à tout près de 10 000 000 000 $ en santé et
services sociaux.
Prenons des exemples. Les CLSC sont passés de 380 000 000 $
à tout près de 700 000 000 $; le soutien aux organismes
bénévoles, que soutenait encore récemment notre
collègue de Rouyn-Noranda Témiscamingue, qui est
passé de 25 000 000 $ à 88 000 000 $, et, s'il y a des gens qu'il
faut soutenir, c'est bien les organismes bénévoles. Il font un
travail tout à fait exceptionnel dans notre réseau comme
partenaires à plusieurs égards. Les centres hospitaliers sont
passés de 3 800 000 000 $ à 6 000 000 000 $.
Alors, moi, je suis toujours étonné d'entendre que le
gouvernement a coupé. Il a coupé, oui, parce qu'on a
peut-être freiné l'augmentation des dépenses, mais,
à coup sûr, on les a augmentées. C'est clair. Les chiffres
sont là, ils le disent. Et ce qu'il ne faut pas oublier, ces
chiffres-là ne disent pas non plus qu'on a investi plus de 1 000 000 000
$ en immobilisations. Toutes les régions du Québec, et notamment
depuis les quatre dernières années... Depuis que le
député de Charlesbourg est ministre de la Santé et des
Services sociaux, on a vu que les régions sont
dépoussiérées, on a vu que des centres hospitaliers, des
services se sont ajoutés dans nos régions parce qu'on avait
été négligés un petit peu dans le
passé. Et c'est tout à l'honneur du ministre actuel
d'avoir permis aux régions, enfin, de pouvoir se doter
d'immobilisations, de centres hospitaliers ou de centres d'accueil neufs pour
mieux desservir les populations concernées.
Dans mon comté, j'en ai eu, puis j'en suis fier qu'on ait
porté une attention particulière. C'est vrai aussi à
Rimouski. Le centre de cancer qui a été annoncé, c'est 40
000 000 $. C'est exceptionnel que l'on puisse enfin doter une région
d'un centre aussi important que la cancérologie.
Alors, M. le Président, remettons dans son contexte
réellement ce que le gouvernement a fait et ce qu'on a pu
réaliser au fil des ans, et c'est non négligeable. On peut parler
de compressions ou de frein à nos dépenses en santé et
services sociaux, mais il n'en demeure pas moins que le gouvernement a fait des
pas tout à fait exceptionnels, et on a même négligé,
jusqu'à un certain point, certains autres ministères pour
permettre à la Santé et aux Services sociaux, au ministre de la
Santé et des Services sociaux, au ministère, de pouvoir desservir
et donner des services à la population. Je reviendrai tout à
l'heure, peut-être, sur un sujet qui me... dont «malades sur
pied». On en reparlera un petit peu tout à l'heure.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Matapédia. M. le député de
Portneuf.
M. Roger Bertrand
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Prenant appui sur ce
que vient de dire le député de Nelligan en ce qui regarde ce
qu'il qualifie d'un manque de contenu des interventions, j'aimerais qu'il soit
particulièrement attentif à la réalité suivante:
nous sommes devant un gouvernement et un ministre qui semblent fonctionner, je
dirais, à deux vitesses; d'une part, avec un processus très
intéressant, je pense, dans l'ensemble, en se donnant une perspective de
long terme, en appelant tous les experts, toutes les forces vives d'un
réseau à réfléchir sur la façon de faire un
virage et, en même temps, posant un certain nombre de gestes, en cours de
route, que je ne qualifierais pas d'irréfléchis, mais qui
relèvent, je pense, de l'improvisation. Et cela me surprend du ministre,
qui nous avait habitués, pendant toute cette discussion sur la
réforme, à des choses beaucoup plus mûries.
Et il en est ainsi, par exemple, de l'abolition de la directive.
Ça a des effets tels et tellement imprévus que le ministre doit
lui-même revenir sur ses pas. Et il faut comprendre, et ceci, à
l'adresse du député de Nelligan, M. le Président, si vous
le permettez, qu'il s'agit là, que ce qu'il faut voir là, c'est
bien vrai qu'il ne s'agit pas de services qui sont, je dirais, dans le panier.
Le ministre a tout à fait raison, mais c'est le cheval de Troie aux
portes de la cité. On a parlé, il y a quelques années,
d'un 2 $. On parle d'un 20 $. On parlera de quoi, dans quelques années,
et à l'intérieur même du panier? C'est ça qui est
dangereux, et ce sont les précédents qui font en sorte qu'on
s'habitue à l'existence de ce genre de chose là,
indépendamment de ses effets, et on finira par introduire ces
dispositions-là dans d'autres cas qui, là, à ce
moment-là, seront directement à l'intérieur du panier de
services.
Un autre exemple de ces mesures plutôt improvisées concerne
justement l'entente ou le projet d'entente avec les médecins
spécialistes et le ministre, un autre exemple de ce qui apparaît
pour le moins incongru. Alors, de quoi est-il question? Donc, d'une entente
négociée entre le ministre et les spécialistes qui
prévoit des revenus financiers de 25 % aux médecins quand des
économies atteindront un certain montant. Et cette mesure-là,
dès le moment où elle a été mise, je veux dire, sur
la table, a rapidement, encore une fois, été commentée
par, pas des quidams, là, mais par des gens qui sont quand même
des observateurs très avertis du système. Entre autres, je
réfère ici à ce que Jean-Claude Deschênes disait
récemment, il y a quelques jours: C'est le genre de système qui
peut avoir des effets pervers. On met directement en compétition la
conscience professionnelle du médecin et son intérêt
économique. On parle de gratifier des médecins à
même les fonds d'un système extrêmement serré pour
des compressions additionnelles qu'ils réussiraient à lui
assener. En fait, le résultat de la mesure pourrait se solder par une
récompense en échange de moins de services. On se trouve à
récompenser des choses non faites, à développer un
intérêt à ne pas faire et à ne pas agir. Donc, sur
le fond même, ça m'apparaît être une initiative que
j'oserais qualifier d'improvisée, dont les effets seront
éventuellement catastrophiques, sur le fond même.
Maintenant, allons-y sur la mécanique. Si j'employais une image:
Est-ce qu'on va demander au médecin, désormais, d'avoir deux
calepins, un calepin pour les services qu'il dessert et qu'il dispense et un
autre pour ceux qu'il n'aura pas desservis? Et la rémunération
totale sera l'addition de ce qu'on aura tarifé et dispensé comme
services, plus un pourcentage de ce qu'on n'aura pas donné? Je veux
dire, c'est un système complètement alambiqué, qui n'a
aucun sens et qui, encore une fois, témoigne d'une certaine
incongruité ou d'une certaine improvisation. Alors, je demande au
ministre: Entend-il là-dessus aussi faire marche arrière? Est-ce
qu'il entend, je dirais, revenir à un processus beaucoup plus
sérieux et systématique de façon à pouvoir poser
des gestes, effectivement, qui puissent permettre au réseau d'atteindre
un meilleur équilibre, éventuellement dégager des marges
de manoeuvre, mais certainement pas au détriment de nos concitoyens et
de nos concitoyennes? (11 h 20)
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Portneuf. M. le député de Charlesbourg...
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Encore. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): Et j'en suis très
heureux, pour ma part.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! comme voisin, M. le
Président, je ne peux pas demander mieux.
Bon. Très bonne question. Je remercie d'abord pour le compliment.
Je pense que ça s'inscrivait dans la continuité de ce que nous
avons fait, de ce que Rochon a initié, la commission dans laquelle vous
étiez à l'époque l'un des rouages très importants,
et je pense qu'à ce niveau-là on a fait un cheminement
extraordinaire depuis quatre ans, et j'en suis très heureux.
Première observation.
Deuxième, donc, pour revenir à la partie plus critique de
l'intervention, votre crainte est que le cheval de Troie soit aux portes. Il
est aux portes depuis 1981, concernant la circulaire «malades sur
pied», puisque le principe des 2 $ est allé avec la circulaire en
1981. Donc, il est toujours là. Il s'agit de savoir s'il prend de la
proportion ou pas, si je comprends votre logique, mais, si j'admets que le
cheval peut grossir, vous admettez en même temps qu'il existait
même en 1981. Ce n'est pas votre responsabilité, vous
n'étiez pas là à ce moment-là.
Mais, sui le sujet plus précis abordé au niveau de la
rémunération des médecins, je suis un petit peu
étonné. Évidemment, dans ce genre d'échanges
là, on se prépare toujours un petit peu, et on examine qui peut
être en face de nous, et il est bon de retourner sur ce qu'on a dit,
chacun, dans le passé. Et, lorsqu'il y a eu la commission parlementaire,
il y a deux ans admettons que c'était dans une autre fonction
où on échangeait très librement avec les
régies régionales, le président d'alors, de la
Conférence, qui était M. Fortin, nous disait, et je cite, le 12
février 1992: D'ici à ce que les mesures à plus long terme
portent, nous recommandons le maintien de l'IPC des coûts hospitaliers et
médicaux, tout en permettant une certaine croissance de la
rémunération des médecins à même des
économies qu'ils pourraient certes générer par des
ajustements dans leur pratique.
Et, dans la même foulée, on continuait, et vous preniez la
parole alors, et vous nous avez instruit, à ce moment-là, et vous
nous disiez: Là-dessus, les médecins réagissent ou
agissent de façon tout à fait rationnelle et économique
ce qui est vrai; ils ne sont pas pires ni meilleurs que les autres. En
fonction des incitatifs qui sont présents, ils se comportent de la
façon qu'on voit dans le moment. Il suffit de jouer sur ces
incitatifs-là pour que, structurellement, à moyen terme, on
puisse en retirer des bénéfices.
On s'est donc inspiré de tout ça, d'un vécu assez
extraordinaire, et on a par conséquent échangé avec les
médecins dans cette négociation, et on a conclu une entente qui
n'est pas totalement finalisée et acceptée par le Trésor
et qui a été la première qui ait été
négociée suite à l'annonce de mesures par mon
collègue, M. Johnson. Et, ce qui est assez étonnant vous
n'êtes pas le seul à tomber dans ce panneau de
l'interprétation hier, hier, dans un grand journal, un grand
quotidien, qui, à l'occasion, doit quêter aussi pour rester en
vie, même sujet. On voit un titre: «Entente "historique"
Québec-CEQ-FTQ», un article de Michel Venne, le point de vue de
quelqu'un qui est à Québec et qui suit de manière
très près... Donc, une «entente historique» avec la
CEQ, où on va partager: premier 1 % au gouvernement; deuxième 1 %
aux employés et, par la suite, une entente où on conviendra
comment ça va se faire.
Même journal, donc la même grande boss qui s'occupe de tout
ça, de tout gérer ça, qui donne des leçons à
tout le monde à travers le Québec, même journal, même
jour, même page, M. le Président: «Un bakchich
institutionnalisé?», lorsqu'elle parle de l'entente avec les
médecins, qui est exactement dans le même esprit, et
peut-être encore plus exigeante vis-à-vis des médecins que
celle qu'on a signée avec la CEQ et la FTQ.
Bon. Évidemment, je comprends que le peuple qui lit ce genre
d'articles, il ne comprend plus rien. Et qu'on fasse de l'interprétation
de cette manière-là, que des médecins abuseraient de leur
situation professionnelle pour couper des services essentiels à des
individus qui sont en face d'eux pour espérer avoir une
rémunération augmentée, mais dans quelle
société est-ce qu'on vit? Est-ce que les médecins sont si
mal formés que ça dans nos universités pour avoir une
réaction comme celle-là, ou si, au contraire, eux-mêmes ne
nous ont pas proposé des choses qui pourraient être
intéressantes, sans aller dans la désassurance?
Le Président (M. Poulin): En conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Nous conviendrons, comme on
a convenu de convenir avec la CEQ et la FTQ, qu'il me semble bien, là,
qu'il y a des discours qu'on peut tenir sur la place publique, et je le
comprends, à la fois pour vous comme pour nous, et tenter de faire des
choses correctement sans que le citoyen ne soit pénalisé, mais
qu'on puisse avoir des incitatifs qui nous permettent de progresser.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci, M. le Président. Je voudrais retourner
peut-être au titre de cette interpellation sur la situation
budgétaire de notre système de santé. Je voudrais
peut-être essayer d'introduire quelques faits. Nous avons eu une question
en Chambre, la semaine passée, par le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, sur la question des
médicaments.
Voilà, nous avons un exemple très intéressant du
comportement de notre gouvernement. Nous avons donné les
médicaments pour les personnes de l'assistance sociale et les personnes
aînées. C'est un pro-
gramme qui a coûté 660 000 000 $ l'année
passée, environ. Nous avons une augmentation de presque 15 % chaque
année dans ce programme, mais nous avons décidé, avec
quelques démarches, de faire des coupures, de contrôler les
coûts, mais avec aucun impact sur les citoyens. Avec le système de
PVG-PRA, nous avons sauvé plus que 55 000 000 $. Avec le nouveau
système que nous avons tout juste établi, avec le prix le plus
bas pour les médicaments pour les plus de 15 ans, nous allons sauver un
autre montant de 30 000 000 $, avec le gel, aussi, des prix. Avec ça,
nous avons établi un système qui peut garantir à la
population québécoise l'accès au meilleur type de
médicaments possible, mais un système accessible à tout le
monde. Voilà, juste avec cet exemple-là, on peut sauver presque
100 000 000 $ sans toucher l'accessibilité. Je sais que c'est complexe,
des dossiers comme ça, mais on peut trouver les solutions sans avoir de
démagogie sur des questions comme celle-là.
Le même exemple dans les médicaments. Je retourne avec les
2 $. Dans le même budget, M. le Président, quand nous avons
annoncé la participation de 2 $ par ordonnance, nous avons
annoncé une participation de notre gouvernement d'environ 80 000 000 $
pour les centres d'hébergement pour nos aînés.
Pour les personnes qui ont besoin d'hébergement, je pense que le
gouvernement a plus de responsabilité là que d'assurer qu'on paie
les médicaments pour les personnes, malgré leur capacité
de payer. Est-ce que c'est juste qu'une personne qui a un salaire, un revenu
beaucoup plus élevé qu'un autre paie la même chose? Je pose
la question, et on recherche les réponses à cette
affaire-là.
Sur la question du programme des «malades sur pied», tel que
questionné par les deux députés ici, je demande la
question: Est-ce que c'est juste que, dans un hôpital, une personne paie
2 $ et, dans un autre hôpital, les personnes paient 8 $? On cherche
l'équité. On cherche à donner un sens de même
accessibilité à tout le monde. Est-ce que c'est juste, M. le
député, qu'il y ait quelques maladies qui sont couvertes et les
autres ne sont pas couvertes? On cherche l'équité. Est-ce que
c'est juste, M. le Président, que, pour une raison administrative, des
personnes ne sont pas assurées et d'autres sont assurées? Je
pense que ma réponse est non. Je préfère demander un
«partnership» à la population québécoise. Et
j'ai entendu par les sondages que la population québécoise est
prête à faire ça. Qu'on demande la participation. Nous
n'allons jamais mettre une famille québécoise en faillite
à cause de la nécessité de soins de santé. (11 h
30)
On doit protéger leur avenir dans ça, mais on peut
demander la participation de tout le monde. Nous allons toujours assurer qu'il
y ait un plafond à cette participation. Je sais que l'Opposition aime
continuer et j'ai commencé là à faire une
guerre de peur. Mais, si on demande une participation individuelle de tout le
monde, je pense que la population québécoise est prête
à payer pour ça, si on peut continuer, comme nous avons fait
pendant 20 ans, à assurer que, au Québec, quand vous êtes
malade, quand vos enfants sont malades, quand vos grands-parents sont malades,
ils vont être protégés, ils vont avoir les "meilleurs
services disponibles possible. Si ça prend des ajustements, si on peut
annoncer ça pour 1994 et on peut continuer des discussions afin
d'assurer que nous ayons le meilleur modèle possible, je pense que c'est
exactement la façon dont on veut continuer.
M. le Président, en cinq minutes, c'est très difficile de
faire avancer les dossiers. J'ai essayé d'utiliser mes dernières
cinq minutes pour donner l'exemple dans la question des médicaments,
qu'on peut assurer le contrôle budgétaire mais aussi le meilleur
accès et le meilleur service disponible. Merci beaucoup.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Nelligan. Maintenant, M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Oui, c'est vrai, cinq minutes, ça passe
rapidement, M. le Président. Je suis renversé d'entendre le
député de Nelligan dire que toute cette directive visait à
protéger les plus démunis, à aider les familles, lui qui a
présidé un comité, qui a laissé 40 000 000 $
supplémentaires dans la poche des compagnies pharmaceutiques, des
fabricants des médicaments d'origine. C'est lui qui a été
l'intermédiaire, la courroie du transmission du lobby des entreprises et
qui a fait dire au ministre de l'Industrie et du Commerce que le gouvernement
cédait constamment à des lobbys. C'est carrément
renversant.
Deuxième élément, M. le Président, toujours
dans le thème de ce matin, il faut revenir un peu aussi sur cette
entente avec les médecins spécialistes pour noter l'introduction
d'un nouveau principe à travers ce projet de lettre d'entente avec les
médecins spécialistes. Il faut se souvenir de la
mécanique. Sauf erreur et on me corrigera s'il y a lieu, et j'en
serai content, si on peut me corriger là-dessus c'est le
ministère qui a proposé au printemps dernier aux médecins
spécialistes de dire: On voudrait en couper pour 30 000 000 $ de
services assurés. Dans une négociation, on répond: Combien
ça coûte? On a demandé la collaboration des médecins
spécialistes. Ce ne sont pas les médecins spécialistes qui
ont demandé à avoir une prime à la coupure, c'est le
ministère qui a voulu introduire une prime à la réduction
de services publics. On vient d'adopter un nouveau principe au gouvernement du
Québec. Le député de Vaudreuil impose un nouveau principe
dans le domaine de la santé: La gratuité, le financement public
universel est un frein à l'accessibilité, et maintenant il faut
réduire et on va le faire en récompensant, en donnant de
I'«incentive» pour ceux et celles qui veulent faire oeuvre avec
nous.
M. le Président, on ne pouvait pas m'empêcher de faire
cette remarque là-dessus, mais il faut que j'y aille à
l'intérieur de ma période. Je veux aussi, comme situation
financière à l'intérieur du réseau de la
santé et des services sociaux et comme je ne pense pas avoir
beaucoup d'occasions de le faire d'ici à ce que le ministre quitte ses
responsabilités... Il faut aborder un autre dossier qui a longuement
occupé son temps pendant son mandat, celui de l'Hôtel-Dieu de
Montréal, parce que, ça aussi, il y a des conséquences
budgétaires. M. le Président, ce projet raté, ce projet
avorté, ce projet de bâtir, de déménager
l'Hôtel-Dieu du centre-ville de Montréal dans le secteur nord-est
aura non seulement coûté beaucoup d'énergie, mais
coûte beaucoup d'argent. Et, que l'on sache, on ne sait pas encore sur
quel pied danser, et dans le nord-est de Montréal, et à
l'Hôtel-Dieu, et chez tous les intervenants dans ce dossier. M. le
ministre, pouvez-vous nous dire aujourd'hui, puisque vous avez dit que, avant
les fêtes, nous aurions une nouvelle définitive, combien ça
a coûté jusqu'à maintenant? Combien de millions? Est-il
vrai de dire que, jusqu'à maintenant, les architectes ingénieurs,
la firme chargée de faire les sondages de terrain sur un terrain qui
n'existe pas, ça aura coûté 2 000 000 $ au trésor
québécois? L'Hôtel-Dieu de Montréal au centre-ville
pourra-t-il enfin pouvoir dire, d'ici quelques jours: Le ministre nous invite
à développer un plan de relance, un plan de développement
de l'établissement au centre-ville de Montréal? Le nord-est de
Montréal peut-il enfin dire: Nous allons pouvoir compter sur un
hôpital...
Le Président (M. Poulin): En conclusion.
M. Trudel: ...de première ligne de 150 à 200 lits?
Toutes ces questions doivent trouver réponse. Ça fait partie de
la problématique budgétaire du réseau de la santé
et des services sociaux. M. le ministre, des réponses, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je vais le prendre dans l'ordre de l'intervention du
député puisque c'est un pot-pourri de questions, puis je
comprends que l'action-réaction suscite un certain nombre de questions
additionnelles qu'on n'avait peut-être pas prévues.
Donc, mon ami le député de Nelligan a été,
oui, un conseiller au cours des exercices, et il faut dire toute la
vérité lorsqu'on réclame la transparence, il faut
donner toute la transparence une première action du gouvernement
au niveau du prix réel d'acquisition des médicaments, du prix de
vente garanti des médicaments a procuré au gouvernement du
Québec des économies de 60 000 000 $. La proposition qu'a faite,
suite au budget de M. Levesque du printemps dernier, mon collègue de
Nelligan, en collaboration avec Finances, avec Santé et des
Services sociaux et avec Industrie et Commerce, va procurer au gouvernement du
Québec, à compter du 1er janvier 1994, des économies de 30
000 000 $ additionnelles pour l'année, ce qui fait 90 000 000 $, en
faisant en sorte que l'industrie pharmaceutique, qui est aussi créatrice
d'emplois... au moment où vous intervenez en Chambre pour toujours
parler d'emplois, c'est un phénomène très important,
très réel, une grappe industrielle extraordinaire, et on doit
avoir cette vision-là aussi globale du gouvernement et des emplois
créés, et c'est aussi ça que ça a procuré
comme travail au niveau de mon collègue de Nelligan.
Au niveau des médecins, il y a une lettre d'entente. Vous l'aurez
quand elle sera approuvée par le Trésor, mais qui dit des choses.
Ces gains parce que la liste que vous avez évoquée
tantôt, c'est que vous mêlez différentes choses nous
avons toujours dit, et la lettre d'entente à ce niveau est claire, que
les gains ne doivent pas provenir de la désassurance. C'est clair. Je
peux vous rassurer là-dessus, ces gains-là au niveau de l'entente
ne doivent pas provenir de la désassurance, pour rassurer tout le monde.
Je pense que c'est assez rassurant. Ce n'est pas ça qu'est l'objectif de
l'entente que nous avons conclue verbalement sans pour autant qu'elle soit
signée.
Quant à l'Hôtel-Dieu, j'ai dit avant les fêtes, ce
sera avant les fêtes, M. le Président, et j'ai toujours compris
que nous étions davantage dans la période des fêtes quand
on arrive en décembre. Et, lorsqu'on sera en décembre, on entrera
dans la période des fêtes. Il ne vous reste donc pas beaucoup de
temps à espérer, et, dans ce sens-là, s'il y en a un qui a
prêché pour Rivière-des-Prairies, c'est bien celui qui vous
parle, avec le député de LaFontaine. Vous êtes
inquiétants, parce que vous êtes rendus, maintenant, plus à
300 lits à Rivière-des-Prairies, vous êtes rendus à
150 lits, si je vous ai bien compris tantôt. Ça devrait être
très inquiétant pour les gens de Rivière-des-Prairies
qu'on veuille les diminuer à ce point dans un petit hôpital, pour
bien faire en sorte que sur le plan politique on réussisse à
combler tous les besoins. Mais il faut de manière très claire que
ce ne soit pas en ajout. C'est clair?
On n'est pas dans une situation où on peut, sur le plan
financier, ajouter, il faut rationaliser, il faut être dans une situation
où la réponse à ces questions, tant du dossier de
l'Hôtel-Dieu que du dossier de Rivière-des-Prairies, de Laval, que
de la Montérégie, qu'on soit dans une situation juste et
équitable envers tout le monde, qu'on puisse tenter de régler des
problèmes, mais on va davantage vers de la réallocation que vers
de l'ajout net dans le système. Et c'est comme ça qu'on va
réussir tous ensemble à passer à travers et à
conserver le coeur du système, ce que nous voulons tous. Et je pense que
vos intérêts et vos intentions sont les mêmes que nous
autres. À l'occasion, on peut diverger sur les moyens.
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît!
M. Côté (Charlesbourg): On peut diverger sur les
moyens, ça se comprend. Vous voulez être le pouvoir, on veut
continuer d'être le pouvoir, et, dans ce sens-là, c'est la
démocratie qui s'exprime. La vérité de tout ça,
c'est ça, et je peux vous dire une chose, c'est que tous ceux et
celles qui, à La Presse de Montréal, ont fouillé
pendant des mois et des mois, des fois à l'occasion 17 journalistes, sur
ces dépenses absolument somptuaires dans le dossier de
l'Hôtel-Dieu à l'origine ce qui avait été
prévu, c'étaient des honoraires de 9 000 000 $, et qu'on n'en est
pas là du tout, et qu'on a fait du travail constructif à partir
d'un PFT qui lui n'a jamais fait l'objet de contestation par personne, sauf au
niveau de certains ajustements de besoins si l'Hôtel-Dieu de
Montréal allait à Rivière-des-Prairies. Et il y a du
travail qui a été fait et qui sera productif pour l'avenir.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, tout
à l'heure, je vous ai dit que j'aimerais revenir à la
problématique de «malades sur pied». J'aimerais,
peut-être, souligner à cette Assemblée que je suis aussi
pharmacien, donc j'ai eu le plaisir de travailler en centre hospitalier et
d'appliquer cette circulaire, bien avant, même, qu'il y ait circulaire,
en 1981, puisque ce dont je parle, c'est 1976, 1977 et 1978, où ce
programme-là existait chez nous et permettait à des patients de
se procurer certains médicaments en psychiatrie, ou pour la tuberculose,
ou pour d'autres maladies. (11 h 40)
Alors, cette expérience m'a amené à
réfléchir là-dessus, et d'autres de mes collègues,
parce que TAPES a appuyé le ministre dans cette modification de
directive de circulaire pour permettre que d'autres maladies puissent
être couvertes par cette circulaire. On se rappelle que, finalement,
l'ancienne circulaire, c'était pour les médicaments pour le
cancer certains médicaments, pas tous, évidemment
pour la tuberculose, les troubles psychiatriques, la fibrose kystique,
l'hyperprotéiné-mie et l'hypoprotéinémie et pour le
diabète insipide. Alors, évidemment, ça excluait des
classes de médicaments tout à fait importantes pour d'autres
personnes qui souffraient et qui avaient besoin du soutien de
l'État.
Moi, je suis tout à fait d'accord à ce qu'on puisse enfin
modifier cette circulaire pour permettre, justement, à ceux qui sont les
plus démunis, ceux qui sont plus affectés par certaines maladies
d'être couverts par certains médicaments qui pourraient être
donnés par les centres hospitaliers dans toutes les régions du
Québec. Parce qu'il ne faut pas se le cacher, il y a des patients qui
ont été laissés pour compte, ceux, entre autres, qui
souffrent du cancer, ceux qui devaient être dialyses, entre autres, et
qui devaient prendre de l'éry-thropoïétine ou ceux qui ont
eu à être transplantés avec la cyclosporine.
Évidemment, on ne parlera jamais assez des sidéens. Il y en a qui
se ruinent littéralement, vendent leur maison, se ruinent pour pouvoir
se payer des médicaments pour rester en vie, parce que c'est de
ça qu'il est question.
Mon expérience m'a aussi porté à faire des constats
tout à fait intéressants. Il y a des patients qui... Bon. Il faut
se rappeler dans quel contexte ça a été fait. Quand on
parle de psychiatrisés ou d'ex-psychiatrisés, la directive
était pour les cas lourds, qu'on appelle, ceux qui étaient
vraiment démunis. Alors, au fil des ans se sont ajoutés d'autres
patients qu'on peut considérer comme légers. Bien souvent,
c'était parce qu'ils étaient gênés d'aller chercher
leurs médicaments dans une pharmacie du coin de rue. Alors, il y avait
une espèce de complaisance qui s'installait entre le médecin
traitant et le patient. Il disait: Bon, va donc à la pharmacie de
l'hôpital, personne ne va te voir. Je veux dire, ça a
été complètement dénaturé, cette
circulaire-là, de telle sorte qu'on a laissé pour compte des gens
qui en avaient vraiment besoin avec de nouveaux médicaments. On a
laissé s'instaurer une espèce de système de complaisance
pour certains individus.
Alors, cette nouvelle approche va permettre de couvrir les personnes qui
en ont le plus besoin, tout en maintenant, je pense, pour ceux qui sont
vraiment démunis, un fonds de dépannage qui va leur permettre de
continuer d'avoir la gratuité de leurs médicaments et de se les
procurer dans les centres hospitaliers.
Le Président (M. Poulin): Merci beaucoup, M. le
député de Matapédia.
M. Trudel: M. le Président... Le Président (M.
Poulin): Oui?
M. Trudel: ...est-ce que je pourrais vous demander de laisser
intervenir le député de Portneuf pour deux minutes? Je
retrancherai ce temps de ma période de conclusion, avant que le ministre
puisse donner ses remarques terminales.
Le Président (M. Poulin): S'il y a consentement d'une part
et de l'autre, je ne vois aucun problème.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que c'est toujours des agréments; le principe même, c'est le
fair-play, à l'intérieur de cette Assemblée. Je suis en
accord avec cette proposition. Je ramasserai tout ça dans mes 10 minutes
à moi.
Le Président (M. Poulin): Je voudrais vous dire, tout
simplement, deux minutes exactement.
M. Bertrand: O.K.
Le Président (M. Poulin): Je serai sévère
parce que vous savez que nous ne devons pas dépasser 12 h 6. Donc, M. le
député de Portneuf, vos deux minutes.
M. Roger Bertrand
M. Bertrand: Alors, l'invitation au fair-play, je l'accepte, M.
le Président.
Ma question. Tout d'abord, dans le contexte, la situation
budgétaire du réseau de la santé et des services sociaux
semble telle qu'il faut de plus en plus s'inquiéter quant à la
capacité du ministre, de son successeur ou du gouvernement de rencontrer
leurs objectifs en ce qui regarde l'application d'éléments que je
considère essentiels dans la réforme et j'en appelle ici
aux décisions qui n'en finissent plus d'aboutir en ce qui regarde toute
la question des centres hospitaliers universitaires, des instituts, tant en
santé que sociaux, des centres régionaux affiliés, etc.
l'objectif étant, je le rappelle brièvement, de faire
cesser la dispersion dans ce secteur-là, dans ce
réseau-là; d'atteindre les plus hauts standards en ce qui regarde
la formation, la recherche et l'évaluation des technologies et de
faciliter également l'installation de médecins en région
via les affiliations. Alors, je constate, M. le Président, qu'il n'y a
pas grand-chose qui bouge là-dedans, en tout cas, à ma
connaissance, pour autant que je puisse me tenir au courant de ces
choses-là, et que le peu qu'on entend n'est pas toujours rassurant. Ce
qu'on entend nous amène à penser ou à conclure qu'on se
retrouvera, le cas échéant, devant une espèce de statu quo
déguisé ou à peine amélioré, tout le monde
voulant conserver son statut.
Alors, ma question est la suivante, au ministre: Est-ce que la situation
budgétaire compromet, à ce stade-ci, les objectifs de la
réforme à cet égard? Comment entend-il faire en sorte de
ne pas céder aux pressions de ceux-là qui ne veulent que
protéger leur statu quo? Qu'en est-il également pour les
régions? Et, enfin, combien va coûter la désignation des
centres? Entend-il financer les impacts de cette opération par d'autres
tarifications ou autrement?
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Portneuf. Donc, M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux, vous avez 10 minutes.
Conclusions M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je vais tenter de simplement ramasser un certain nombre de
choses qui ont pu être évoquées à ce moment-ci et de
répondre très simplement à la question du députe de
Portneuf. Si les CHU ne sont pas déterminés aujourd'hui, c'est
que le ministre a tenu à consulter, et peut-être qu'il a trop
consulté. S'il y a dispersion, ce n'est certainement pas la
volonté du ministre; c'est davantage la volonté d'autres
intervenants qui occupent des espaces à l'intérieur du
réseau de la santé et des services sociaux. Et je vous rappelle
que Sherbrooke est décidé et qu'il est en opération depuis
déjà un certain moment. Nous aurons définitivement
l'occasion de revenir. Quant aux instituts, le processus est en cours.
Déjà, un institut, sur le plan social, a été
reconnu, et je vous dirai que, là où il y avait zone grise en ce
qui concerne la réadaptation, on est dans un processus pour tenter de
clarifier les choses très, très prochainement.
Donc, M. le Président, on a eu l'opportunité ce matin
d'échanger très rapidement et, malgré le fait que ce soit
deux heures, beaucoup trop sommairement pour être capable de bien situer
la population du Québec sur les enjeux de ce que nous vivons
actuellement. Je retiens de nos échanges que la vision projetée
dans la réforme est toujours la bonne. La situation financière
est différente aujourd'hui de ce qu'elle était au moment
où on a enclenché le processus de la réforme, beaucoup
plus exigeante, à la fois pour les établissements, à la
fois pour les dirigeants des établissements et pour le ministre, par le
fait même. Et un ministre de la Santé et des Services sociaux fait
aussi partie d'un gouvernement qui, lui-même, a des obligations. Et c'est
le sens de la solidarité ministérielle que nous devons respecter
et observer.
Je conviens aussi que, dans le quotidien, il y a des gestes qui ont
été posés, et qui peuvent être
interprétés de manière différente, et qui peuvent
laisser croire que le cap où nous nous dirigeons depuis
déjà trois ans peut être changé et qu'il peut y
avoir un certain nombre d'interprétations, principalement pour ceux qui
n'ont pas été associés de manière très
intensive à la problématique santé et à la
réforme et services sociaux, bien sûr depuis le tout
début. Et, chaque jour, les gens doivent s'abreuver d'un
téléjournal où l'obligation, pour un journaliste, est de
passer sa cote de 30 secondes ou de une minute, ou, pour quelqu'un,
d'écrire un papier quotidien dans un domaine qu'il connaît
très rarement. Le réseau manque beaucoup, sur le plan de
l'information, de Jean Francoeur, qui connaissait très bien le
système. Il y a toujours Michelle Coudé-Lord, qui connaît
très bien le système, et je pense que des médias
d'information doivent davantage avoir ce genre de personne pour bien informer
le public. Il y a, à la tribune de la presse, des gens
compétents, des gens qui veulent bien informer le public. Il y en a
d'autres qui ont d'autres objectifs, et c'est leur problème, ce n'est
pas le mien. (11 h 50)
M. le Président, nous avons, il y a à peine deux semaines,
rendu public un plan qui était exigé par la population depuis
déjà fort longtemps: radiothérapie; programme de
dépistage du cancer du sein, qui a été salué par
tout le monde. Nous avons voulu régler un problème qui perdure
depuis plusieurs années depuis une décennie dans le
réseau, avec la circulaire «malades sur pied».
Peut-être avons-nous choisi un mauvais terme en parlant d'abolition de
circulaire, mais il était clair dans le communiqué no 5, comme
dans tous les documents qui l'accompagnaient, que cette circulaire serait
remplacée par une autre circulaire. Qu'on m'accuse de cacher des
choses... Quand c'est vrai, je le prends. Qu'on m'accuse de cacher des choses,
au moment où je donne tous les documents, et qu'on m'accuse
de ne pas consulter, au moment où on dit que ça
s'appliquera cinq mois plus tard, pour laisser le temps ainsi aux gens
d'intervenir sur la place publique, d'interpeller le ministre sur la
signification, l'application d'une telle directive... C'est ça le
processus démocratique dans lequel nous sommes. Mais cette circulaire,
elle a été charriée autant comme autant, et je ne suis pas
convaincu, malgré les efforts faits, que la population du Québec
est plus informée aujourd'hui qu'elle ne l'était au début
de la circulaire «malades sur pied».
Et qu'on continue de persister à dire aux gens que nous coupons
20 000 000 $ dans la circulaire «malades sur pied», plus 3 500 000$
au niveau des orthèses et prothèses, et de ne pas dire la
vérité au public... Les 20 000 000$ restent là. On a
même dit qu'on voulait ajouter de l'argent, au niveau de cette
circulaire, pour permettre à des gens, qui, aujourd'hui, sont dans des
situations désespérées, désespérées
sur le plan financier, d'avoir accès à des médicaments. Il
faut dire à la population qu'aujourd'hui il faut avoir le bon cancer
pour être admissible à la circulaire «malades sur
pied». Est-ce que c'est ça, la société
équitable que nous voulons? Est-ce que quelqu'un a dit, quelque part,
que, dans cette circulaire, très clairement manifestée dans les
intentions, nous protégions les démunis au niveau de
l'accès à ces médicaments? Bien sûr, ce n'est pas
ça qui a été évoqué. Au-delà de la
fibrose kystique, où l'aveu public a été fait sur une
erreur que nous avons pu commettre, il est nécessaire que cette
circulaire «malades sur pied» soit revue en toute
équité pour les gens qui sont aux prises avec des maladies et qui
ont besoin de médicaments. On verra ce que ça donne, puisque des
spécialistes sont à l'oeuvre, qu'ils consulteront et qu'ils
proposeront des choses autres que ce que nous avons proposé.
M. le Président, il est évident que, lorsqu'on parle de
révision du panier de services, ça choque des gens. Nous nous
dirigeons carrément vers la révision du panier de services. C'est
une nécessité. C'est une nécessité. Même
Rochon le disait. M. le Président, on ne l'a pas caché.
Successivement, dans la réforme, dans le document sur les finances
publiques, dans la politique de santé et de bien-être, à
chaque fois, il a été évoqué une obligation de
révision du panier de services. Rochon lui-même l'a
évoqué. Rochon le disait lui-même, celui que vous voulez
présenter comme mon successeur au niveau de Charlesbourg. Je vous le
souhaite. Je vous le souhaite. Il y aura une continuité dans la
réforme, si jamais il est élu, sur le plan de la pensée.
Donc, j'ai hâte de voir la décision. Évidemment, ça
ne laissera pas de place pour vous deux au niveau du ministère de la
Santé et des Services sociaux! Mais ça, ce sera votre
problème, que vous réglerez si jamais tel est le cas.
Donc, M. le Président, nous avons partagé,
travaillé en partenaires avec les régies régionales depuis
le début, dans ces défis d'application de la loi 198, dans ces
défis de la qualité et de la performance. Hier, les régies
régionales émettaient un communiqué de presse pour
rectifier des choses écrites hier dans les journaux. J'ai
vérifié dans les journaux, ce matin: pas un seul mot du
rectificatif du président de la Conférence, qui a appelé
au téléphone les présidents des régies, hier, pour
corriger le titre. Pas un seul mot, alors que ces gens qui écrivent sont
les premiers à nous reprocher de ne pas être transparents et de ne
pas dire la vérité au public.
La loi 198, j'aurais espéré avoir plus de temps pour en
discuter avec vous sur le plan de l'application. Jamais de la vie, mais jamais
de la vie, votre vision de la loi 198 ne s'appliquera, et j'ose espérer
que vous en serez heureux. Jamais vos 21 500 équivalents à temps
plein ne seront appliqués dans le réseau, jamais, et c'est une
situation impossible. Elle sera appliquée avec toute la rigueur dont on
est capable avec nos partenaires, en protégeant la qualité des
services. J'oserais même vous dire qu'en équivalents à
temps plein le résultat que nous déposerons au Trésor
à la mi-décembre sera pas mal moins lourd, au minimum trois fois
moins que ce que vous avez évoqué comme chiffre, alors que
1'attrition annuelle actuelle du ministère, de 3 % sur 174 000
personnes, signifie qu'il y a plus ou moins 5000 postes équivalents
temps plein qui sont en attrition au cours de l'année et qui nous
permettraient, sur une période de trois ans, d'absorber
l'équivalent salarial, donc, en masse monétaire, des
économies dont nous avons besoin pour équilibrer les comptes.
Notre objectif n'est pas de compter les quarts; notre objectif est
d'équilibrer les comptes, et, dans ce sens-là, il est très
important de resituer le débat là où il doit être
pour calmer ces inquiétudes véhiculées partout par
différents communiqués de presse, que ce soit de la FAS ou les
vôtres, à ce niveau-là, pour faire en sorte que la
réalité redevienne la réalité, et ce qu'elle sera
en termes de réalité, en disant aux citoyens et aux citoyennes du
Québec que l'objectif est toujours le même: de faire en sorte que
ce que nous avons acquis au fil des années, à coups de milliards
de budgets, que le coeur du système soit protégé, que le
coeur du système soit protégé, et que nous travaillions
ensemble à trouver des voies de passage dans ce qui est davantage
apparenté à des services, étant des gens responsables. Et
c'est ce que la population exige de ses hommes et de ses femmes politiques, des
gens responsables dans les discours, dans les gestes et dans les
équilibres financiers pour protéger les générations
futures.
Le Président (M. Poulin): En conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Et, en conclusion, M. le
Président, je serai toujours très heureux, au cours des
prochaines semaines, d'échanger avec mes collègues de
l'Opposition sur la justesse, et je serai toujours capable d'admettre des
erreurs, puisque c'est le propre de l'humain que de commettre des erreurs, et
ce n'est pas humiliant d'aucune manière, ni pour moi ni pour personne,
d'admettre qu'à l'occasion on est imparfait il y a bien des gens
pour nous le rappeler et qu'on puisse l'admettre. C'est comme ça
que la société peut progresser, et jamais, jamais je n'ai
dévié des objectifs de la réforme: le citoyen au centre..
Qu'il y ait des soubresauts,
c'est normal, M. le Président. Qu'il y ait des correctifs, c'est
aussi normal. Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. Je
rappelle au député de Rouyn-Noranda Témiscamingue
qu'il lui reste huit minutes.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Très bien, M. le Président. Nous allons
respecter, bien sûr, l'entente que nous avons proposée. Ça
va de soi.
M. le Président, je voudrais remercier le ministre d'avoir
accepté cette interpellation ce matin, parce qu'il y avait un
très grand nombre d'inquiétudes parmi tous les acteurs du
réseau de la santé et des services sociaux et dans la population.
Et, M. le Président, compte tenu de la formule et des réponses
obtenues, je dois bien le dire, je suis loin d'être totalement
rassuré. Si on veut boucler la boucle, je demeure profondément
inquiet quand le ministre, d'entrée de jeu, dit, à propos de
l'intégralité de notre régime de la santé et des
services sociaux au Québec qu'on s'est donné... Est-il possible
de protéger l'intégralité de notre régime de
santé et de services socia iX? La réponse du ministre est claire,
ce matin: C'est non. Nous n'avons plus comme engagement de gouvernement de
protéger ce qui constitue l'un des acquis majeurs, et le dernier morceau
de ces acquis majeurs qui n'a pas été touché par le
gouvernement: notre régime de santé et de services sociaux. Nous
avons l'intention, au nom des impératifs administratifs, de continuer,
sans faire davantage de débats, nous avons l'intention de continuer
à nous hâter. (12 heures)
Nous avons l'impression, M. le Président, très clairement,
et c'est confirmé ce matin, quand on part du 22 juin 1993, quand on
passe par le mois de septembre, quand on passe par le comité
piloté par M. Ryan, quand on passe par le comité
présidé par M. Johnson, qu'on ne sait pas où est-ce qu'on
s'en va, mais on fonce en avant. On ne sait pas dans quelle direction on doit
aller. On ne sait pas c'est quoi, l'objectif terminal, mais on fonce en avant,
à toute vitesse.
Le ministre admet que, par rapport à un élément, il
a pu y avoir dérapage. Il fait ses actes de contrition. Il fait ses
mea-culpa et il dit: J'ai le droit de me reprendre. Mais nous en convenons et
nous l'apprécions. Mais il y a plus grave que ça, M. le
Président! Il y a plus grave que ça. C'est sur l'objectif global
de notre régime de santé et de services sociaux. Sommes-nous en
train de commettre la même erreur, globalement, par rapport à
notre système de santé et de services sociaux? A-t-on,
globalement, au gouvernement, obtenu le mandat de remettre en cause
l'universalité de notre régime? A-t-on obtenu le mandat de
remettre en cause l'accessibilité et le financement public? La
réponse, on le sait, c'est: Non. La réaction du public à
la partie de la directive sur la fibrose kystique est un indice de ce qui va se
produire et de ce que les Québécois exigent comme débat
public.
Le ministre peut casser du sucre sur le dos de l'ex-ministre du Revenu,
mais peut-être que F exministre du Revenu, avec les régies
régionales, avec les établissements, avec la CSN, avec
l'Opposition, avec de plus en plus de groupes... Peut-être que, lorsqu'on
touche à la santé, c'est de faire exploser la cohésion
sociale. On a ce risque-là, et nous n'avons pas le mandat de
procéder ainsi.
Je demeure très inquiet parce que le ministre me décrit de
façon fine comment la coupe va se faire, comment on va réussir
à dépecer tel morceau ou tel autre morceau. Mais la question
principale, fondamentale, c'est: l'intégralité de ce
régime; les principes fondamentaux; l'universalité;
l'accessibilité; et pas la gratuité, mais le financement public
de ce régime. Est-ce que c'est ça la position avec laquelle on va
s'en aller à Ottawa?
M. le Président, j'ai apprécié aussi un très
grand nombre de débats avec l'actuel ministre de la Santé et des
Services sociaux. Je lui demande un temps d'arrêt, comme au baseball; M.
le ministre, un temps d'arrêt pour tout ce qui se produit actuellement.
N'allons pas plus vite que la société québécoise ne
l'a exigé, ne l'exige. Il y a urgence du débat social, au
Québec, sur la remise en cause des fondements de notre régime de
santé et des services sociaux.
M. le Président, je demande au ministre de la Santé et des
Services sociaux de se ressaisir on le sait, il en est capable de
se ressaisir et de laisser comme message à ce gouvernement, que lui va
laisser dans quelques jours, dans quelques semaines, d'arrêter ce train,
d'arrêter ce dérapage incontrôlé pour l'une des
parties les plus essentielles de notre vie collective: notre régime de
santé et de services sociaux. Très peu de sociétés
si peu, que point à travers les siècles,
s'étaient donné un régime aussi important que
celui-là. Quiconque, peu importe qu'il soit de Sainte-Anne-des-Monts, de
Rouyn-Noranda, de Montréal ou de Québec, qu'il soit pauvre, qu'il
soit riche, qu'il soit de condition modeste ou plus fortunée, allait
pouvoir recevoir des soins médicaux, des soins de santé et des
services sociaux, peu importe sa condition. C'est ça qui est remis en
cause pour un objectif qui, à court terme, peut sembler
extrêmement noble: la réduction, administrative-ment, d'un certain
nombre d'indicatifs, d'un certain nombre de résultats recherchés
sur le plan financier.
Il ne suffit pas, M. le Président, de passer par une simple
étape administrative et de dire que c'est une simple opération
administrative que nous sommes en train de conduire. Non. Nous sommes en train
de remettre en cause les bases de notre régime. Je demande au ministre
de la Santé et des Services sociaux de se ressaisir, de demander ce
temps d'arrêt, d'avoir ce moratoire sur l'ensemble de l'opération,
de laisser au gouvernement des indications extrêmement précises et
des recommandations musclées, comme il aime et qu'il est capable de
faire, et de dire: Ne vous présentez pas au Forum national sur la
santé à Ottawa, après les fêtes, avec une position
aussi faible, de ne pas vouloir défendre l'intégralité de
notre régime de santé et de services sociaux, malgré que
ce soit vous qui soyez la principale cause de
nos difficultés. M. le ministre, vous êtes capable de faire
cela. Vous êtes capable de vous ressaisir.
Et je dis, en conclusion, M. le ministre, que le premier projet de loi
que vous avez déposé comme ministre de la Santé et des
Services sociaux, c'a été celui de la reconnaissance des
sages-femmes au Québec. Si vous vous ressaisissez, si vous demandez ce
temps d'arrêt, si vous laissez ces recommandations au gouvernement, on
pourrait se souvenir aussi de vous comme celui qui non seulement a foncé
dans le domaine de la reconnaissance des sages-femmes... Et nous aimons
beaucoup mieux nous souvenir que celui qui est en train de laisser, au niveau
de l'histoire, l'un des acquis les plus importants pour notre régime de
santé et de services sociaux...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Trudel: ...et des acquis sociaux... M. le Président,
c'est une invitation au ministre de la Santé et des Services sociaux. Il
reste peut-être peu de temps, mais il peut faire beaucoup avec ce peu de
temps. Merci.
Le Président (M. Poulin): Donc, la commission...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
voudrais vous demander du temps additionnel, mais je sais que c'est impossible.
Juste tout simplement...
Le Président (M. Poulin): Consentement pour...
M. Côté (Charlesbourg): Une minute, M. le
Président.
M. Trudel: Consentement. Le Président (M. Poulin):
...une minute. M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Une minute. C'est un
élément que j'aurais aimé passer dans ma conclusion, mais
tout se passe tellement vite. Désassurance, tarification devront
nécessairement faire l'objet de lois qui amènent des
débats publics. Il m'apparaît évident que ce
débat-là va devoir venir à un moment ou l'autre en 1994.
Et on en a eu plusieurs débats publics, à différentes
époques, sur le financement, sur la réforme, et ainsi de suite.
C'est le seul élément que j'ai oublié de mentionner
tantôt, mais ce débat public, qui aura lieu ici, il aura aussi
lieu sur la place publique.
Le Président (M. Poulin): Donc, merci beaucoup. La
commission ayant rempli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)