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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour. Il me fait plaisir
d'ouvrir cette séance. Je vous rappelle le mandat de la commission. En
effet, la commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'interpellation du député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue au ministre de la Santé et des
Services sociaux sur le sujet suivant, à savoir l'Hôtel-Dieu de
Montréal.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Lazure (La Prairie) sera remplacé par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)
et M. Marcil (Salaberry-Soulanges) par M. Gobé (LaFontaine).
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, Mme la
secrétaire. Alors, je fais un bref rappel des règles de
l'interpellation. Le député qui a donné l'avis
d'interpellation, soit M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, intervient le premier pendant 10
minutes; le ministre, M. Côté, interviendra aussi pendant 10
minutes; les membres de la commission ont ensuite un temps de parole de 5
minutes par intervention. Il y a ensuite alternance dans les interventions: un
député du ou des groupes de l'Opposition, M. le ministre; un
député du groupe formant le gouvernement, un député
du ou des groupes de l'Opposition, M. le ministre; un député du
groupe formant le gouvernement, un député des groupes de
l'Opposition, M. le ministre, et ainsi de suite. Alors, par après,
à la toute fin, les dernières 20 minutes avant la fin de la
séance, j'accorderai un dernier temps de parole de 10 minutes à
M. le ministre et un droit de réplique de 10 minutes à
l'interpellant. S'il y avait des documents à déposer, alors,
à ce moment-là, je me ferai très flexible à ce
niveau-là, et si jamais il y avait, disons, des intervenants autres que
les élus qui voulaient le faire, encore là, ce sera toujours sur
le temps, disons, des formations comme telles. Alors, je vais maintenant
reconnaître M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, s'il vous plaît.
Exposé du sujet M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Nous allons
tâcher de suivre à la lettre, je dirais, comme d'habitude, vos
prescriptions en matière de règlement et espérer votre
flexibilité habituelle aussi en pareille matière, en saluant et
en remerciant le ministre d'avoir accepté, selon les dispositions de
notre règlement, de répondre à cette interpellation
aujourd'hui, après qu'il se soit ren- du, si j'ai bien compris, la
semaine dernière, en Europe, à Genève, très
certainement pour aller chercher quelques conseils de santé et de
bien-être, peut-être, du côté du Dr Rochon ou, enfin,
un certain nombre de conseils.
Mais l'interpellation de ce matin, M. le Président et M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux, porte donc sur ce sujet
extrêmement important pour toute la région de Montréal, sur
un dossier qui a été largement débattu, je dirais, en
dépit de la volonté gouvernementale de ne pas vouloir en
débattre dans un certain nombre de forums ici, à
l'Assemblée nationale ou avec les intervenants de la région de
Montréal, mais cela n'a pas empêché les Montréalais,
en particulier, de s'organiser et de faire le débat, c'est celui du
déménagement de l'Hôtel-Dieu de Montréal dans la
région du nord-est de Montréal.
Il vaut la peine, donc, de rappeler quelques instants le cheminement de
ce dossier, pour que nous puissions, dans un premier temps, demander au
ministre de la Santé et des Services sociaux, en date du 26 mars 1993,
ce qu'il en est de la question, et même s'il n'aime pas le mot, de la
fermeture au centre-ville de Montréal, de l'Hôtel-Dieu,
l'hôpital qui a été fondé par Jeanne Mance il y a
350 ans, de son déménagement dans le nord-est de Montréal
annoncé en avril 1992 et ce qu'il en est de la planification, de
l'échéancier et de la réalisation des travaux, parce que
nous avons, à une certaine époque, il y a quelques mois, entendu
le ministre de la Santé et des Services sociaux nous parler d'une
levée de pelletée de terre autour du 3 avril. Il ne reste qu'une
semaine avant que le ministre puisse aller se procurer sa pelle pour faire sa
première pelletée de terre dans le nord-est de
Montréal.
Il faut donc se rappeler que ce dossier a été en
particulier initié au tournant de l'année 1987. Je dis au
tournant de l'année 1987 parce que déjà, avant 1985, un
certain nombre de questions avaient été posées autour de
la réorganisation, du réaménagement de la
rénovation de l'Hôtel-Dieu de Montréal. La solution qui a
été préconisée au départ avait
été de changer la vocation d'un certain nombre
d'établissements au centre-ville de Montréal, en particulier
l'hôpital montréalais thoracique, l'hôpital Sainte-Jeanne
d'Arc, en vue d'en arriver à développer au centre-ville de
Montréal un nombre supplémentaire de lits de longue durée
et, de ce fait, de libérer un certain nombre de lits de courte
durée à l'Hôtel-Dieu de Montréal. (10 h 10)
C'est suite à un certain nombre de péripéties
juridiques que la solution n'a pu s'appliquer, semble-t-il, et c'est finalement
après moult péripéties, en avril 1992, que le ministre
annonçait qu'il y aurait fermeture des installations au centre-ville de
Montréal et déménagement dans le nord-est de la ville. En
même temps, pour
répondre à un certain nombre de préoccupations et
d'exigences, nous a-t-on dit dans les documents d'un certain nombre de membres
du Conseil des ministres, la mise sur pied d'un comité quant à la
réutilisation du site au centre-ville de Montréal. Tout ça
s'étant déroulé dans un processus assez unilatéral,
assez unidimensionnel, peu de consultations avec les autorités et les
intervenants de la région de Montréal et cette décision
d'avril a vraiment été, quant au point de vue
québécois montréalais, imposée et
réalisée au-delà de la volonté largement
exprimée de maintenir au centre-ville de Montréal un
hôpital à vocation suprarégionale, à vocation
nationale, qui s'appelle l'Hôtel-Dieu de Montréal, fondé
par Jeanne Mance.
Dès ce moment, le refus du ministère, du gouvernement ou
du ministre de tenir quelques consultations publiques sur l'analyse de cette
décision, soit en commission parlementaire, soit à des audiences
publiques ou à travers une commission parlementaire dans la
région de Montréal a été à la fois largement
décrié par les éditorialistes, par les analystes de la
région de Montréal et par un certain nombre d'intervenants
majeurs dans ce dossier, si bien que les Montréalais ont dû se
payer littéralement eux-mêmes une consultation. Ça a
été la consultation du comité Yergeau qui s'est
réalisée en juin et juillet et le rapport a été
publié en tout début d'automne et, on en conviendra, un nombre
d'organismes certain ont donc donné les éléments de
contestation de cette décision de la fermeture, du
déménagement de l'Hôtel-Dieu du centre-ville de
Montréal. Quatre-vingt-cinq organismes, ça c'est plus de
mémoires qui ont été présentés à
cette commission qu'on n'a eu de mémoires à la commission sur le
libre-échange ici à l'Assemblée nationale, la commission
sur l'ALENA qui vient de se tenir, qui a reçu une vingtaine de
mémoires. C'est quatre fois plus de mémoires qui ont
été déposés et d'équipes et de groupes qui
sont venus témoigner devant la commission Yergeau. Et on pourra analyser
chacune des dimensions de ce rapport au cours de la présente
interpellation. Mais on va convenir qu'il y avait là une remise en
question d'un bon nombre de chiffres, et surtout, d'orientations quant à
la façon, quant au processus décisionnel dans la question du
déménagement de l'Hôtel-Dieu de Montréal.
C'est dans ce contexte, donc, que s'est présenté le
résultat d'une consultation que se sont payée à coups de
100 000 $ les Montréalais. Le ministre a cru bon, au nom du
gouvernement, de rendre sa réponse le 7 décembre 1992 de son
côté, réfutant ou ayant la prétention de
réfuter un grand nombre d'arguments des intervenants de la région
de Montréal et présentant comme ridicule la solution du
réaménagement, sur un certain nombre d'années, de
l'Hôtel-Dieu de Montréal au centre-ville de Montréal. On se
souviendra tous de cette caricature déposée en conférence
de presse d'un bloc surexposé préparé dans les deux
dernières nuits par un certain nombre d'architectes décrivant la
solution du réaménagement au centre-ville de Montréal
comme étant une idée insoutenable, une idée incongrue, une
idée qui allait dévisager, dépayser le centre-ville de
Montréal et le carré autour de l'avenue des Pins et qui allait
complètement défigurer le centre-ville de Montréal, et
tout cela a amené un certain nombre d'intervenants de la région
de Montréal qui ne sont pas des moindres, Bernard Roy, la Coalition
contre le déménagement... Bernard Roy, le président de la
Chambre de commerce de Montréal et faut-il le rappeler du
Montréal Board of Trade fusionnés depuis quelques mois. Et
ça me permet de glisser une parenthèse, M. le Président,
soulignant que dans tout ce débat de l'Hôtel-Dieu, on aurait pu,
à cet égard, se payer la plus belle chicane, le plus beau
débat linguistique sur la division linguistique des services sociaux et
des services de la santé dans la région de Montréal, ce
qui n'a pas eu lieu, ce qui n'aura pas lieu. Et, à cet égard, il
faut souligner que c'est le journal The Gazette de Montréal, que
c'est le journal The Gazette qui a soulevé, en premier lieu,
toute la question cruciale du maintien et du développement de
l'Hôtel-Dieu au centre-ville de Montréal, et que ce n'est pas une
question... on ne s'est pas payé, là-dessus, un débat
linguistique, et il faut d'abord regarder la problématique en soi. Et,
à cet égard, le président de la Chambre de commerce de
Montréal, le président de la Coalition des intervenants contre le
déménagement répondaient, le 15 février dernier,
dans un document fort étoffé et avec des consultations
professionnelles au niveau des architectes, qu'il était
éminemment possible de rénover l'Hôtel-Dieu au centre-ville
de Montréal, d'y aménager là un établissement
ultramoderne qui nous permette de maintenir les installations de recherche
scientifique et de répondre aux besoins de lits de courte durée
de cet établissement suprarégional, qui donne un certain nombre
de services généraux et spécialisés, non seulement
aux gens du département de santé communautaire auquel il est
rattaché, en termes géographiques et administratifs pour le
ministère, mais aussi à l'ensemble des usagers et usagères
de l'île de Montréal, mais aussi de l'extérieur de
l'île de Montréal.
À cet égard, M. le Président, ce qu'il faut
demander au ministre ce matin, d'entrée de jeu: Mais où en est la
question suite à sa réaction du 14 février 1993? Le
gouvernement du Québec, le Conseil des ministres, le ministre de la
Santé et des Services sociaux ont-il toujours l'intention de fermer et
de déménager l'Hôtel-Dieu de Montréal dans le
nord-est de Montréal à Rivière-des-Prairies? A-t-il
l'intention de poursuivre dans la démarche qu'il avait initiée?
A-t-il l'intention d'aller au-delà de la volonté des
Montréalais et de toujours fermer et déménager
l'Hôtel-Dieu de Montréal?
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Je vais maintenant reconnaître, dans son droit de parole, M. le ministre.
Dix minutes, M. le ministre, s'il vous plaît.
Réponse du ministre M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président.
Je suis très heureux que nous nous retrouvions ce matin dans un
forum qui nous permet, pendant deux heures, d'échanger sur le dossier
extraordinaire de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Je suis très
heureux, parce que c'est un échange qui est direct, qui n'est pas un
échange de cinq minutes et qui est un face à face dans le bon
sens du terme parce que je pense bien que l'intention de chacun des
parlementaires, ce matin, est davantage d'aborder le dossier de manière
positive que d'aborder le dossier de manière négative. À
tout le moins, c'est dans cet esprit que je me suis retrouvé ici, ce
matin, pour faire en sorte de tenter de jeter une certaine lumière sur
le dossier qui est une lumière certaine pour ne pas confondre les
termes que, malheureusement, ce dossier n'a pas eue jusqu'à
maintenant en termes de couverture de presse autant le dire tel que je
le pense et vous dire qu'il y a eu un déséquilibre absolument
honteux en termes de couverture médiatique au niveau de ce dossier.
M. le Président, je suis très heureux qu'on prenne le
temps de faire le tour sur des aspects qu'aura choisis le député
de l'Opposition, très impliqué dans le dossier, j'en conviens,
comme dans à peu près tous les dosssiers qu'on a discutés.
On peut avoir des points de vue qui sont différents, mais il y a
toujours eu, dans ces échanges, le respect des droits parlementaires des
uns et des autres de tenter de trouver la vérité ou d'exprimer la
vérité même si nos opinions sont divergentes. Et nul doute
que, dans ce dossier-là, nos opinions seront divergentes pendant les
deux heures. Je pense que oui. En tout cas, je souhaiterais être capable
de le convaincre, mais en même temps m'adresser à la population
qui écoute directement, ce matin, autrement que par bien des
intermédiaires et dire les choses qui ont été bien faites,
les choses qui ont été mal faites, c'est mon objet, ce matin. Et
c'est pour ça que je suis là.
Donc, tout un processus qui, effectivement, a débuté bien
avant mon arrivée. Bien sûr que, en cours de débat, il a
été facile pour un certain nombre de gens de la Coalition, y
compris certains médias, et certains plus que d'autres, de faire en
sorte que le dossier soit le dossier d'une personne, celui d'un ministre qui,
bien sûr, défend ses dossiers avec ses défauts et avec ses
qualités, quelqu'un qui a une conviction, qui essaie d'assumer un
leadership et, finalement, par surcroît, insulte suprême, venant de
Québec, et peut-être même davantage, de la Gaspésie,
donc, ne connaissant pas Montréal et n'étant pas capable de
s'élever au-dessus de tout cela pour comprendre la problématique
de Montréal. Et même, en cours de route, on a même
réussi à faire la démonstration ou tenter de faire
accroire au monde que le ministre n'aimait pas Montréal. Ça,
ça a été assez extraordinaire. (10 h 20)
Oublions cette partie pour tenter de lancer le débat ou les
échanges. Il faut dire à la population la vérité.
Il faut tenter de trouver la vérité. Et, avant même d'en
arriver à la réponse aux questions spécifiques du
député, il m'apparaît très important de vous faire
lecture, M. le Président, de quatre lettres qui situent très bien
dans le temps le dossier. Une première est celle du 10 avril 1989. Elle
est adressée à Son Honneur le maire de Montréal, M. Jean
Doré, et elle se lit comme suit: Je tiens par les présentes
à vous remercier pour cet échange cordial et fructueux qu'a
été notre entretien le 17 mars dernier à mon bureau
concernant le dossier de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Comme vous le
savez, deux hypothèses sont à l'étude présentement
en ce qui a trait à la localisation éventuelle de cet
établissement et ce, suite à une analyse approfondie de sa
situation. Celles-ci sont, premièrement, rénover
l'établissement sur son site actuel, mais à des coûts et
impacts, donc, sur le plan organisationnel, notamment, qui nous apparaissent
à prime abord très importants; deuxièmement, relocaliser
l'établissement sur un autre site. Notre échange, qui avait pour
but d'examiner ensemble cette hypothèse de relocalisation et plus
précisément, les divers emplacements possibles nous amène
donc aujourd'hui à confirmer les termes de notre entretien afin de
poursuivre notre démarche.
Tel que mentionné, cet établissement est appelé
à conserver sa vocation originelle, soit un centre hospitalier
universitaire de soins de courte durée généraux et
spécialisés, d'enseignement de recherche clinique et
d'évaluation des technologies de la santé, axé
principalement sur les programmes et activités qui répondent plus
spécifiquement aux besoins de la population de plus de 50 ans et ce,
tout en respectant les besoins de la population locale. Cette orientation
repose, tel qu'il a été mentionné, sur une analyse
approfondie de la situation de l'établissement, mais aussi de son
environnement. C'est pourquoi, en raison des besoins observés depuis
longtemps déjà, mon collègue, le député de
LaFontaine, M. Jean-Claude Gobé et mes collègues de l'est de
Montréal m'ont sensibilisé à l'éloignement des
ressources hospitalières dans ce secteur de Montréal qui a connu,
comme vous le savez sans doute, un développement domiciliaire important
qui est appelé à se développer encore pour plusieurs
années. Partant de là, nous sollicitons à nouveau votre
collaboration afin de réaliser conjointement une étude
préliminaire sur le ou les différents sites possibles. Pour ce
faire et si cela vous agrée, M. Reynald Gagnon, directeur
général par intérim à la Direction du recouvrement
de la santé de notre ministère, entrera prochainement en contact
avec M. Pierre Ouellet de vos services afin de convenir mutuellement du
déroulement. Première lettre, M. le Président.
La deuxième, la lettre de M. Doré à Mme
Thérèse Lavoie-Roux qui est datée du 25 avril 1989 et qui
dit: J'ai pris connaissance avec intérêt de votre lettre du 10
avril concernant le dossier de l'Hôtel-Dieu de Montréal. J'ai
également apprécié notre entretien du 17 mars dernier. Je
me dois de vous informer que j'ai rencontré, le 14 avril, et à
leur demande, MM. Marc Lalonde et Florian Brissette, respectivement
président du conseil d'administration et directeur général
de l'Hôtel-Dieu de Montréal. MM. Lalonde et Brissette m'ont fait
part que le quadrilatère retenu par l'Hôtel-Dieu était
Papineau, Pie IX, Crémazie et Gouin, ce qui correspond en termes de
terrain vacant, au terrain de l'ancienne carrière Miron. Compte tenu
que, au cours de notre
rencontre comme dans votre lettre, il est davantage question du quartier
Rivière-des-Prairies, je me permets de souligner l'importance d'une
harmonisation des points de vue dans le but d'orienter les travaux des services
municipaux. Je demande donc à M. Pierre Ouellet d'entrer en contact avec
M. Gagnon.
Troisième lettre, 9 mai 1989. Mme Thérèse
La-voie-Roux écrit à M. Doré: J'ai bien reçu votre
lettre du 25 avril dernier dans laquelle vous m'informez du choix du terrain
retenu par la direction de FHôtel-Dieu relativement au projet de
relocalisation de cet établissement. Le 3 mai courant, je rencontrais
MM. Florian Brissette, Jean Dugas et Pierre Rollin qui me faisaient
également part de leur préférence pour un site près
de la carrière Miron, qui répondait de façon plus
adéquate aux attentes de la direction, du personnel de
l'Hôtel-Dieu et de la population environnante. Lors de notre entretien,
j'ai cependant rappelé qu'il était primordial de
rééquilibrer dans l'est de Montréal la présence de
lits de courte durée et que la relocalisation de l'Hôtel-Dieu
devrait servir à combler ce manque de disponibilité. C'est donc
avec cette préoccupation en tête que la direction concernée
de mon ministère poursuivra ses discussions avec cet
établissement et soyez assuré que vous serez informé de
tout autre développement.
Finalement, M. le Président, une dernière lettre, et je
coifferai le tout d'un commentaire. La lettre de M. Serge Carrière,
datée du 26 octobre 1990, qui m'est adressée et qui se lit comme
suit: Depuis plusieurs mois, de nombreuses rencontres ont eu lieu entre les
représentants de votre ministère, du Conseil régional de
la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain, de l'Hôtel-Dieu de Montréal et de
l'Université de Montréal que j'ai représentée.
L'avenir de l'Hôtel-Dieu de Montréal était au centre des
discussions et l'Université de Montréal endossait la position que
l'Hôtel-Dieu de Montréal devienne un véritable centre
hospitalier universitaire, affilié à l'Université de
Montréal. Lors de l'annonce du site d'implantation de
l'Hôtel-Dieu, votre ministère devait se prononcer en même
temps sur la vocation universitaire de cet hôpital en manifestant
dès ce moment son appui tangible à l'Hôtel-Dieu pour lui
permettre de recommencer immédiatement sa restructuration en vue
d'atteindre cet objectif dans les meilleurs délais.
M. le Président, vous m'indiquez qu'il ne me reste plus beaucoup
de temps. Je suis prêt à déposer les lettres, dans la
mesure où c'est une procédure qui est acceptable pour la
commission, et qui traduisent très bien que ce dossier n'a pas
été un dossier qui a été fait en vase clos au
ministère. Il a été le fruit de travailleurs et de
travailleuses très impliqués dans le milieu montréalais,
en collaboration avec l'université, en collaboration avec la ville de
Montréal et je pense que ça, c'est très patent
et que l'ultime choix qui a été fait du site à
Rivière-des-Prairies est un site qui faisait l'affaire de la ville de
Montréal, à l'époque, et ils ont changé
d'idée en cours de route pour des raisons qu'eux connaissent.
Ce que je veux dire au député de
Rouyn-Noran-daTémiscamingue, puisqu'il me reste 10 secondes ou 20
secondes, oui, je vais répondre à vos questions, dans la mesure
du possible, avec le plus d'ouverture possible, le plus de franchise possible,
pour que les données soient claires, chacun prenant la position qu'il
doit prendre dans le dossier et vous assurant de mon entière
disponibilité à discuter de ce dossier-là et à le
faire progresser dans l'esprit de la décision qui a été
prise par le Conseil des ministres en 1992, soit effectivement une
relocalisation de l'Hôtel-Dieu de Montréal à
Rivière-des-Prairies, et c'est le choix actuel, en prenant soin...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. En terminant. En
prenant soin d'analyser toutes les pièces qui ont été
rendues publiques qui, à certains égards, ont leur mérite
et ajoutent à l'information et ajoutent au questionnement et c'est ce
qu'on continuera de faire ce matin.
Dépôt de documents
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. J'accepte
le dépôt de vos documents pour aussi reconnaître M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue. S'il vous
plaît, vous avez cinq minutes.
Argumentation M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, je dois dire, malgré
les contraintes du temps, que là je n'ai pas suffisamment de
réponses à ma question et à mes questions. Mais qu'est-ce
qui va arriver à partir de ce jour où le ministre doit donner des
indications, aux Montréalais, à la ville de Montréal,
à la Coalition, à l'Assemblée nationale sur l'avenir, sur
le processus quant à l'avenir de l'Hôtel-Dieu de Montréal?
Et je comprends très bien le ministre dans ses explications de
départ en disant qu'il a été laissé seul dans ce
dossier au Conseil des ministres.
Et c'est pourquoi, aujourd'hui, d'ailleurs et je le
déplore encore d'introduction, il soit obligé de citer ou
qu'il fasse en sorte qu'il cite des correspondances avec la ville de
Montréal et qu'il continue cette opposition ou cette
démonstration que tout le monde a évolué dans ce
dossier-là et un certain nombre ont modifié un certain nombre
d'idées qui étaient exposées en 1987-1988, mais il semble
que ce soit seulement au niveau du ministère, au niveau du gouvernement
du Québec que ça n'a pas bougé. On comprend qu'au niveau
du Conseil des ministres, le député de Charlesbourg et ministre
de la région de Québec a été laissé seul. Ce
n'est pas pour rien que La Presse disait du président du Conseil
du trésor et responsable de la grande région de Montréal
qu'il s'était comporté et qu'il se comportait toujours comme une
chiffe molle dans ce dossier.
Mais où étaient et où sont aujourd'hui encore les
ministres responsables de la région de Montréal ou qui
sont des représentants majeurs de la région de
Montréal au Conseil des ministres et qui s'appellent le président
du Conseil du trésor, M. Johnson et qui s'appellent M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce, M. Tremblay ou encore le député
d'Argenteuil et ministre de la Sécurité publique, M. Ryan? Oui,
ce processus a été mal engagé. Oui, ce processus continue
de mal se dérouler, de mal s'organiser dans le processus. (10 h 30)
II faut donc que le ministre nous dise, aujourd'hui, à
défaut de témoignage concret, à défaut de prise de
position publique des ministres, des députés de la région
de Montréal, qu'est-ce qui va arriver de l'avenir de l'Hôtel-Dieu
de Montréal? Qu'est-ce qui va arriver avec la réponse
nécessaire aux besoins en lits de courte durée pour la
région du nord-est de Montréal? On ne peut pas, M. le ministre,
se contenter aujourd'hui de dire: II y a eu décision le 9 avril 1992,
annoncée par le gouvernement du Québec dans un processus
extrêmement tendu, et, deuxièmement, une réaction du
ministre le 14 février 1993 qui dit qu'on va réexaminer
l'ensemble des pièces déposées par la Coalition, par la
ville de Montréal, la Chambre de commerce, la Coalition en soi et
l'ensemble des intervenants montréalais pour le futur de la
décision quant à la fermeture ou au déménagement.
Parce qu'il va falloir revenir bientôt là-dessus, et je le dis au
ministre, on ne peut pas laisser l'Hôtel-Dieu de Montréal dans son
état actuel. Quand les architectes, qui se sont penchés sur le
dossier du 7 décembre 1992 du ministre de la Santé et des
Services sociaux, affirment que, toutes comparaisons faites, la
vétusté de l'hôpital Royal Victoria est bien davantage
avancée que le campus de l'Hôtel-Dieu de Montréal
actuellement, bien, il y a de quoi s'interroger sérieusement. On ne peut
pas laisser ça dans le vague.
On comprend tout le poids qui est déposé sur les
épaules du ministre de la Santé et des Services sociaux de la
région de Québec qui a été obligé,
disons-le, d'aller régler un dossier dans la région de
Montréal. Oui, il a été laissé bien seul et, encore
aujourd'hui ou il y a quelques jours, même le député du
centre-ville de Montréal, le député Chagnon, volait au
secours de la victoire de l'Hôtel-Dieu de Montréal en reniant
l'ensemble des comportements du ministre de la Santé et des Services
sociaux et de ses collègues dans ce dossier-là.
M. le ministre, vous avez eu, en d'autres occasions, votre franc-parler
sur ce processus. Dites aujourd'hui, dites-nous aujourd'hui si vous allez
finalement rencontrer formellement les intervenants, la Coalition, si,
formellement, vous allez rencontrer les autorités de la ville de
Montréal...
Le Président (M. Joly): M. le député, s'il
vous plaît!
M. Trudel: ...si, formellement, vous allez rencontrer les
autorités de la CUM, de la Communauté urbaine de Montréal.
Dites-nous formellement si vous allez en quelque sorte par l'action, et je
conclus, répon- dre à ce qui est actuellement
dénoncé, et sur lequel nous allons revenir probablement, par le
comité Pichette qui a été créé par votre
collègue des Affaires municipales...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Trudel: ...et responsable également de la région
de Montréal sur le processus de décision dans ce dossier
témoin qui est l'Hôtel-Dieu de Montréal et dont la
conclusion est encore inacceptable.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Évidemment, il y a tout un lot de questions dans votre
cinq minutes. J'aimerais, si on veut, avec tout le respect que j'ai pour le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue, tenter de
répondre à des questions, qu'elles soient... Je pensais qu'on y
allait par bloc de questions et qu'on puisse vider un certain nombre de
sujets.
Évidemment, si je comprends le sens de votre intervention
à ce moment-ci, le premier point est définitivement: Vous me
semblez bien seul, M. le ministre, dans ce dossier, si je comprends la
première affirmation. Évidemment, je comprends que, du point de
vue de l'Opposition, on pense toujours que nos choix sont des
réalités, ce qui n'est pas le cas. Je vous rappellerai que, dans
ce processus décisionnel, le Conseil du trésor, le COMPACS, qui
sont des comités ministériels par lesquels ce projet-là
est passé et qui ont été menés par Mme
Thérèse Lavoie-Roux à l'époque, et qui
étaient, comme vous le savez, pour l'un, présidé par M.
Johnson et, pour l'autre, présidé par M. Ryan, en octobre 1989,
ont accepté les orientations données par ma
prédé-cesseure dans ce dossier, qui est Mme Thérèse
Lavoie-Roux.
Je suis moi-même repassé dans les différents
comités ministériels, dans la décision que nous avons
prise au printemps de 1992 et, par la suite, au Conseil des ministres
où, bien sûr, sans vous révéler de secrets de
Conseil des ministres, vous savez comment ça se passe, ce n'était
pas l'unanimité. Il y a eu des discussions.
Mais sur quoi y a-t-il eu des discussions? Parce que ça
m'apparaît très important, aujourd'hui, de le dire haut et fort.
Les discussions ont porté sur un élément de l'ensemble du
dossier. Jamais, dans toutes les discussions, il n'y a eu une remise en
question de la décision fondamentale de faire en sorte que
l'Hôtel-Dieu de Montréal ne ferme pas. Ce n'est pas un
hôpital qui ferme, c'est un hôpital qu'on relocalise à
Rivière-des-Prairies. Ça, ça a été
très clair.
Les discussions les plus importantes ont davantage porté sur la
réutilisation des locaux existants de l'Hôtel-Dieu et de ce que
nous nous devions de faire comme gouvernement pour maintenir au niveau du
centre-ville
des activités qui feraient en sorte qu'on améliorerait le
sort du centre-ville. C'est davantage là-dessus qu'a porté le
questionnement de certains de mes collègues et, dans ce sens-là,
lorsqu'on est revenus en Chambre en décembre, grâce à votre
motion, chacun s'est levé et chacun s'est exprimé par son vote.
Il y a eu, comme vous l'avez souligné et remarqué, une absence,
qui était une absence de taille et de marque, et quant au reste, tout le
monde a été là pour supporter cette démarche.
Je veux dire aujourd'hui que dans toutes les démarches et les
discussions, il a toujours été clair que, quant à la
relocalisation de l'Hôtel-Dieu pour en faire un centre hospitalier des
années 2000... C'est ça l'objet, de faire de l'Hôtel-Dieu
de Montréal un dossier qui mobiliserait toute la grande région de
Montréal; et non pas seulement toute la grande région de
Montréal, qui mobiliserait l'ensemble du Québec. Et c'est la
première fois que nous avons la chance de construire de toutes
pièces, pas dans du rafistolage, mais construire de toutes pièces
un centre hospitalier universitaire pour les années 2000, et on veut le
faire à Rivière-des-Prairies, et on le fera à
Rivière-des-Prairies. C'est ça qui est la décision du
Conseil et cette décision-là n'a pas été
changée.
Vous voulez des aveux. Oui, M. le député, la solution de
rechange qui, du point de vue du ministère de la Santé et des
Services sociaux, était une bonne solution quant à l'utilisation
du site actuel n'est pas apparue pour l'ensemble de la Coalition et des
intervenants montréalais une solution suffisamment prestigieuse pour
maintenir, à leur point de vue, une activité importante au niveau
du centre-ville. Alors, à partir de ce moment-là, la
décision est toujours celle qui a été prise. Il s'agit de
l'actualiser en regardant ce que des gens ont produit, ont travaillé
très fort pour produire des opinions et des visions qui peuvent
être différentes, rendues publiques, et je pense que ces
gens-là ont travaillé très fort, pas uniquement pour
bloquer, parce que si c'était uniquement pour bloquer, on
réglerait le problème assez vite. Mais à partir du moment
où il y a un objectif de bien faire des choses au niveau de la grande
région de Montréal, ce sont des documents que nous nous devons de
regarder, d'analyser. Ça achève. Ça, je dois vous le dire
très, très honnêtement, ça achève et nous
seront donc amenés à orienter ou décider d'un certain
nombre de gestes que nous poserons au cours des prochaines semaines et des
prochains mois.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
LaFontaine. S'il vous plaît, M. le député.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. J'aimerais, avant
de commencer peut-être quelques explications
m'élever, moi aussi, contre les affirmations du représentant de
l'Opposition officielle et de certains commentateurs dans les médias
qu'on a pu lire de part et d'autre, selon certaines périodes, avec plus
ou moins de virulence ou de véhémence, à rencontre du
ministre de la Santé et des Services sociaux. Il est exact que ce
dossier est un dossier qui est parti dans l'année 1987. Je me souviens,
début de l'été 1988, avoir rencontré le chef de
cabinet de la ministre de la Santé, Thérèse Lavoie-Roux,
M. Mario Lebrun, avoir eu avec lui une discussion sur les soins hospitaliers
dans le nord-est de Montréal. Il m'avait, à l'époque,
mentionné que certains projets pourraient être à
l'étude afin de venir combler et régler les problèmes de
soins d'hospitalisation que nous connaissons. Car, en effet, tout le monde peut
regarder de visu lorsqu'on arrive dans l'est et le nord-est de Montréal
qu'une croissance démographique très importante s'est faite
depuis 10 ans et que cette croissance-là n'a pas été
suivie par l'installation de services qui correspondent à ce genre de
phénomène. Alors, au niveau des écoles, au niveau des
cégeps, même si on les a réglés depuis avec le
gouvernement, au niveau des services hospitaliers, au niveau routier, au niveau
transport en commun. Et donc, comme député de cette
région, je me devais de m'attaquer prioritairement à amener dans
l'est et le nord-est de Montréal des infrastructures pour donner les
services aux citoyens, car la population qui venait de s'établir
là le justifiait. Et donc, dans cette année-là, le chef de
cabinet de la ministre me mentionnait que certains projets étaient
à l'étude et me laissait entendre que peut-être le dossier
de PHôtel-Dieu pouvait être un de ceux-là. (10 h 40)
C'est évident. Il s'agit là aussi de se promener dans la
ville de Montréal. Rappelez-vous Montréal il y a 25 ans, 30 ans,
40 ans, lorsqu'on a construit les infrastructures d'écoles,
d'hôpitaux, à l'époque, c'était pour correspondre
aux besoins d'une population. On se souvient qu'à l'époque il y
avait des habitations, et dans les habitations il y avait des familles qui,
à l'époque, dans les années quarante, cinquante,
comptaient sept à huit ou neuf enfants. Donc, une densité de
population extrêmement importante. Au début des années
soixante-dix, on commence par détruire un certain nombre d'habitations
et on construit des bureaux: Place Ville-Marie, Radio-Canada et, en même
temps, les familles commencent à avoir moins d'enfants. Donc, une
densité de population qui baisse. Arrive le début des
années quatre-vingt, quatre-vingt-cinq et on continue à
démolir des quartiers entiers, pour faire place à de la
construction de bureaux et de commerces. Et là encore, les populations
migrent et vont s'établir dans un endroit où il fait bon vivre,
où elles veulent avoir leur petit bungalow, avoir leur petit terrain,
leur piscine extérieure pour y élever leur famille.
On assiste encore à une baisse de densité de population.
Par contre, les infrastructures qui ont été construites dans les
années de grande densité sont encore là. Alors, on regarde
une quinzaine d'hôpitaux dans le centre-ville, par exemple. En même
temps, les populations qui s'établissent à l'extérieur
n'ont pas ces infrastructures, n'ont pas ces services. La question à se
poser est: Alors que nous devons investir des sommes importantes pour
renouveler, ou rénover, ou rendre
fonctionnelles ou moderniser ces infrastructures qui ont
été construites à une autre époque pour d'autres
besoins, devons-nous les rénover sur place et faire venir les
populations et les clientèles qui sont maintenant à
l'extérieur, utiliser ces infrastructures-là ou devons-nous,
comme bon gouvernement, faire preuve de vision, une vision pour les 10, 15 ou
même 100 prochaines années et aller installer ces
infrastructures-là qui sont financées par les fonds publics dans
les endroits où elles auront à desservir les clientèles?
et, d'après moi, je crois que la réponse va de soi: un
hôpital, comme une école, doit être installé à
l'endroit où la population est là pour être desservie.
c'est ce qui a amené, à l'époque, la philosophie de base
de relocaliser... on me dit que ce n'est pas un mot de la langue
française, mais de resituer l'hôtel-dieu dans le nord-est de
montréal, car les clientèles étaient là.
On parle de 350 000 habitants, les gens de Saint-Léonard, de
ville d'Anjou, de Montréal-Nord, Montréal-Est,
Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies et tout à l'heure de
Laval-Est, lorsque le lien routier de la 25 sera fait, qui, eux, auront besoin
aussi de venir. On parle de ça, pas seulement aujourd'hui, mais on parle
d'identité de population dans 10, 15, 20 ans, car on ne construit pas
pour hier, avec des chiffres d'hier, ni pour aujourd'hui, mais on construit
aussi pour l'avenir, surtout lorsqu'on parle de chiffres très importants
et de services à donner aux populations en termes de santé ou
même de scolaire. Alors, voilà les raisons qui, dès 1988,
m'amenaient à parler avec la ministre pour obtenir des soins
hospitaliers dans l'est de Montréal. J'aurai l'occasion tout à
l'heure de revenir pour expliciter un peu plus loin la démarche et les
impacts positifs de cette démarche pour l'est de Montréal.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de LaFontaine. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Pointe-aux-Trembles. S'il vous plaît.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le ministre ne répond
toujours pas à la question: Face à la mobilisation sans
précédent que sa décision a suscitée à
Montréal, va-t-il se décider à annoncer qu'on va
rénover l'Hôtel-Dieu au centre-ville, qu'on va l'agrandir comme le
souhaite le milieu montréalais et va-t-il donner au nord-est
l'hôpital de première ligne dont le nord-est a besoin? Maintenant,
je note dans son intervention que non seulement les ministres de la
région de Montréal ont été des chiffes molles
publiquement, comme le disait Alain Dubuc, mais qu'ils ont été
guenilles au Conseil des ministres également, parce qu'ils n'ont pas
défendu l'intérêt de Montréal dans cette
question-là. On peut reprocher ce qu'on voudra au député
de Charlesbourg, mais quand il était question d'un nouveau centre de
congrès à Québec, comme ministre responsable de
Québec, on l'entendait et on comprenait ce qu'il voulait. Et,
finalement, il assumait son rôle. Ce qui n'est pas le cas du
président du Conseil du trésor qui a l'air de regarder trop loin,
trop vers l'avenir et pas assez le présent du milieu montréalais
où il est associé par un pont dans la partie ouest de l'île
de Montréal dans son comté de Soulanges.
Maintenant, il y a une chose qui n'a pas tardé dans ce dossier,
M. le Président, c'est la distribution des prix aux amis du
régime. Pour ce qui est des contrats, ça s'est fait avec une
célérité remarquable. À cet égard, M. le
Président, je rencontrais récemment un entrepreneur en
construction de l'est de Montréal qui m'a dit: Moi, je n'ai jamais vu
ça donner pour la valeur de 9 000 000 $ d'honoraires à des firmes
d'ingénierie et d'architectes pour faire des plans, embaucher un
organisateur politique du ministre de son comté pour faire les analyses
de sol quand le terrain n'est pas encore trouvé.
M. le Président, on dépense de l'argent pour
préparer des plans à des amis du régime qui ont
contribué dans les trois dernières années 178 000 $ au
Parti libéral du Québec. On donne même un contrat à
un organisateur politique du comté de Charlesbourg pour faire des tests
de sol d'un terrain que le ministère n'a pas. Et ça, le commun
des mortels se dit: Ça n'a pas de bon sens. Les gens ordinaires disent:
Moi, avant d'engager un architecte pour me faire une maison, je m'assure
d'avoir un terrain pour construire ma maison parce que ça n'a pas grand
bon sens.
Or, la firme Tétreault et associés, par exemple, qui
dirige le consortium qui a eu le contrat, eh bien, le bon M. Tétreault a
déjà été président de l'Association
libérale fédérale d'Outremont quand le président du
conseil d'administration de l'Hôtel-Dieu, M. Marc Lalonde, de
regrettée mémoire en politique fédérale, il
était son président de comté quand il était
député fédéral, et le journal La Presse a su quatre
jours avant l'appel d'offres que la firme Tétreault obtiendrait les
contrats. Donc, les copains d'abord, ça s'est appliqué avec une
telle célérité, qu'il y a des motifs de nous rendre
soupçonneux.
Puis, ce qui retarde dans le nord-est et, à cet
égard-là, je me permets d'interpeller le député de
LaFontaine c'est sûr que Rivière-des-Prairies est un
quartier qui est enclavé, qui n'est pas bien desservi au plan routier et
il y a un besoin dans le nord-est de l'île de Montréal, soit
Anjou, soit Montréal-Nord, soit Rivière-des-Prairies, d'un
hôpital de première ligne. Mais, pendant que le
député de LaFontaine poursuit la chimère de faire un
cratère au centre-ville malgré tout le milieu montréalais,
bien, l'hôpital de première ligne, ça n'avance pas. Et
c'est ce dont les gens du nord-est de l'île de Montréal ont
besoin. Qu'on y songe, quand le ministre a fait son annonce du
déménagement de l'Hôtel-Dieu, il y aurait eu un centre de
traitement des maladies tropicales, mais pas d'obstétrique, pas de
pédiatrie pour les jeunes familles. Or, dans
Rivière-des-Prairies, il y a un boom de naissances important. C'est une
population jeune.
Nous, ce qu'on dit, c'est qu'au lieu de donner les contrats à des
amis, donnez donc à la population du nord-est l'hôpital de
première ligne dont elle a besoin.
Le Président (M. Joly): Merci, M: le député.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, si
je comprends bien l'intervention du député... D'abord, je le
remercie pour sa reconnaissance de mon leadership. C'est de nature à
confirmer à mes électeurs que je les ai bien défendus. Ils
pourront me remercier à titre posthume éventuellement, mais... Et
de la région de Québec aussi. Et de reconnaître par le fait
même qu'il se fait des choses extraordinaires dans la région de
Québec, compte tenu du travail de notre équipe sur le plan
ministériel.
Le député de Vaudreuil, responsable de la région de
Montréal, a été dans le dossier du début à
la fin en termes de discussions dans les différents comités
ministériels. Et que de tenter de créer un lien en disant, parce
qu'un futur hôpital, qui nécessiterait des investissements de plus
ou moins 250 000 000 $, des années 2000, puisse être construit
à Rivière-des-Prairies, à l'intérieur des limites
de la ville de Montréal, qu'on puisse prétendre que ces
gens-là ne défendent pas les intérêts de
Montréal, c'est un petit peu gros, merci. Ça, c'est un chemin
assez court, merci. Sans compter ce qui se fera sur le site lui-même
quant à la réutilisation des locaux actuels.
Là-dessus, mon collègue est assez grand pour être
capable de défendre son bilan au niveau de Montréal et je suis
prêt à faire ce que je peux pour l'aider dans ce sens-là.
(10 h 50)
M. le Président, la deuxième question du
député, parce que je n'ai pas grand temps pour répondre et
je veux me garder au moins le dernier, parce que je sais que c'est un dossier
privilégié du député. Face à la
mobilisation, dit-il, va-t-il rénover le centre hospitalier sur place?
Vous savez, le choix a toujours été assez simple et il l'est
toujours. Il y a un certain nombre de personnes qui ne veulent pas le
comprendre, mais c'est celui-là. Si on veut avoir un centre hospitalier
universitaire des années 2000, c'est en construisant, de toutes
pièces, à Rivière-des-Prairies un centre hospitalier qui
répond à un plan fonctionnel et technique des années
modernes si on veut continuer de dominer, au niveau nord-américain,
quant à la recherche, quant à l'enseignement et quant à la
dispensation des services et de l'évaluation des technologies. Ça
me paraît être très clair.
Est-ce qu'on peut rénover sur le site actuel? Le ministère
n'a jamais prétendu, ni celui qui vous parle, qu'il était
impossible de rénover sur le site actuel pour faire un centre
hospitalier universitaire sur place. On n'a jamais dit ça. Au contraire,
dans nos propositions, on a toujours dit, à l'époque, que
ça nous coûtait 170 000 000 $ pour le faire. La Coalition est
rendue à 205 000 000 $ qui, en réalité, est un de 253 000
000 $. C'est ça, la réalité, la réalité
d'aujourd'hui qu'on rendra publique éventuellement, lorsqu'on aura
terminé.
Mais est-il possible de maintenir un statut univer- sitaire pour
l'Hôtel-Dieu sur place? Et le Conseil des ministres s'est penché
là-dessus. La réponse, c'a été non. C'est clair! Et
lorsque le comité d'experts a fait l'évaluation des centres
hospitaliers universitaires à partir de 19 critères
acceptés par les universités, par les facultés de
médecine, par le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science, par le ministère de la Santé et des Services
sociaux, et qu'on a appliqué cette grille dans les candidatures
choisies, l'Hôtel-Dieu de Montréal, dans la situation actuelle, se
retrouvait en cinquième position à Montréal, alors qu'il y
en aura quatre. C'est ça la réalité.
Ça veut dire que, sur le site actuel, compte tenu de ce qu'il y a
à faire, du temps que ça prendra pour le faire, le statut
universitaire de l'Hôtel-Dieu de Montréal tombe. Et la
journée où on ne respecte pas la décision du Conseil des
ministres, il faut être très clair, d'un centre hospitalier
universitaire à Rivière-des-Prairies, c'est là qu'il
obtient son statut universitaire, par une décision gouvernementale.
Si ce n'est pas à Rivière-des-Prairies, le statut
universitaire tombe. Et, à ce moment-là, on revient à la
grille du comité Bérard qui a analysé et qui place en
cinquième position l'Hôtel-Dieu, alors qu'il y aura, au maximum,
quatre centres hospitaliers universitaires à Montréal. C'est
elle, la réalité, ça. Il faut la regarder en face.
Donc, si on veut maintenir un centre hospitalier universitaire, moderne,
construit pour ces fins, respectant le bilan-lits de l'île de
Montréal et, en particulier, du centre-ville, respectant les besoins de
Rivière-des-Prairies, respectant la capacité de payer de
l'État, il est clair que la solution est celle d'aller à
Rivière-des-Prairies, puisque, sur place, il y a beaucoup
d'inconvénients encore qu'il nous faut examiner, et c'est ce que nous
sommes à finaliser avec le document de la Coalition.
Quant à l'aspect des contrats soulevés par le
député, j'y reviendrai tantôt.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Et comme je le
disais dans mon intervention précédente, je vais avoir l'occasion
maintenant de revenir sur un certain nombre de points particuliers. Et mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, justement,
m'amène à parler de cela. Et il fait courir, depuis quelques
mois, un an bientôt, un mythe à l'effet que les citoyens de
Rivière-des-Prairies voudraient un hôpital de première
ligne, et que l'hôpital Hôtel-Dieu relocalisé à
Rivière-des-Prairies serait quelque chose qui ne leur donnerait pas des
soins. On dit que ce n'est pas ça que ça leur prend. C'est
ça qu'on avance ou qu'on laisse entendre. Vous me permettrez de me
porter en faux contre cela. Et je crois qu'il ne faut pas connaître le
dossier des hôpitaux et des soins hospitaliers pour avancer de telles
énormités.
M. le Président, c'est quoi un hôpital universitai-
re? Un hôpital universitaire, c'est d'abord et avant tout un
hôpital général. Et comme exemple, je vais vous donner
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, un hôpital qui dispense des soins
à un certain nombre de personnes qui sont des populations, en
général, locales et, à l'occasion, dans certains domaines
très particuliers, des soins plus pointus pour des populations qui
peuvent venir de périphéries ou de régions plus
éloignées mal desservies ou qui n'ont pas un bassin de population
assez fourni pour avoir ce genre de services qui coûtent très
cher.
Et, M. le Président, j'aimerais faire lecture, pour le
bénéfice de nos auditeurs, du plan fonctionnel et technique des
soins qui vont être donnés à l'hôpital. Et je vois le
député de Pointe-aux-Trembles qui s'en va. Il ne veut pas
l'entendre, M. le Président. Il ne veut pas entendre la
vérité. Il se contente, M. le Président, de
répandre des choses, des demi-vérités.
M. le Président, dans le futur hôpital Hôtel-Dieu de
Rivière-des-Prairies, les soins qui seront donnés vont être
les suivants: M. le Président, il y aura 420 lits de soins
médicaux, chirurgicaux dont la gériatrie active. Il y aura 26
lits de psychiatrie, 24 lits d'obstétrique vous pensiez qu'il n'y
en avait pas 30 lits de soins intensifs, 10 lits pour les grands
brûlés. Et l'unité d'obstétrique, M. le
Président, aura 24 lits et sera inspirée du modèle de la
maison des naissances de la Cité de la santé à Laval et on
sait que les Montréalais veulent aller accoucher à la Cité
de la santé. Il y a là, à l'occasion, un débat qui
se fait entre les clientèles lavalloise et montréalaise parce que
les gens traversent de Montréal pour aller accoucher à la
Cité de la santé à Laval parce que ça
représente plus la réalité des nouvelles familles.
M. le Président, c'est ça qu'il va y avoir. Et un
hôpital universitaire, M. le Président, 85 % des soins qui sont
donnés dans un hôpital universitaire correspondent aux besoins
courants de la population et je citais Maisonneuve-Rosemont, mais je peux citer
aussi l'Hôpital Notre-Dame qui a ce même genre de services.
Alors, il est faux, absolument faux, de prétendre que l'est de
Montréal, les gens veulent un hôpital de première ligne.
Nous ne sommes pas une région éloignée. Nous sommes un
quartier de la ville de Montréal. Nous payons nos taxes au maire Jean
Doré, au Conseil municipal de Montréal, M. le Président.
Et je me porte en faux, au nom de la population de l'est de Montréal,
à l'effet de dire que nous, population de l'est qui avons
déjà des incinérateurs, qui avons l'usine
d'épuration, qui avons les dépotoirs, qui avons, M. le
Président, toutes ces raffineries un peu polluantes, je me porte en faux
à l'effet que nous devrions avoir un hôpital de première
ligne. Première ligne, c'est dans les campagnes ou dans les
régions très éloignées qu'on met la première
ligne. C'est pour mettre un plâtre à un bras cassé. C'est
pour régler rapidement un problème qui peut arriver.
Et je trouve insultant et désolant qu'on puisse tenir ce genre de
discours-là dans l'Opposition parce que, n'oublions pas, l'est de
Montréal n'a jamais rien eu et Dieu ait son âme! feu
M. Léger, Marcel Léger, mon ancien collègue, le
député de LaFontainé, me disait quelques semaines avant de
décéder qu'en effet, nous, dans l'est de Montréal, nous
avions toujours dû nous battre pour obtenir quelque chose. Et nous
n'avons jamais rien eu.
Quand, enfin, un gouvernement ou une administration décide de
reconnaître les besoins légitimes, je dis bien légitimes,
d'une région ou d'une population, en tenant compte des contraintes de
payer de l'État, car nous n'oublions pas, on ne peut pas construire non
plus des lits d'hôpitaux au centre-ville et puis dans l'est alors que la
clientèle qui va au centre-ville, c'est celle de l'est. On ne peut pas
opérer ça, M. le Président, sans dépenser les fonds
publics d'une manière non responsable.
Quand un gouvernement, une administration prend ses
responsabilités, il y a toujours des beaux esprits de la montagne, du
haut de la montagne, qui trouvent à redire, M. le Président, et
moi, je ne peux pas accepter ça comme député de l'est de
Montréal. Et les gens de l'est de Montréal ne l'acceptent pas et
nous maintenons, nous exigeons que le gouvernement continue et maintienne sa
position de construire un nouveau centre universitaire ultra-moderne et pour
desservir les citoyens de l'est de Montréal et aussi pour faire en sorte
que la recherche et l'enseignement universtaires ne se donnent pas seulement
dans les milieux élitistes du centre-ville, mais dans l'ensemble de la
ville de Montréal dont nous sommes partie, dont je suis fier
d'être encore, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de LaFontainé. Je voudrais maintenant
reconnaître M. le député de Rouyn-Noranda
Témiscamingue. S'il vous plaît, M. le député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, en notant l'enthousiasme du
ministre de la Santé et des Services sociaux de défendre avec une
telle énergie les lourds silences de ses collègues de la
région de Montréal, c'est admirable, admirable, la façon
dont il défend les exposés publics qui n'ont pas eu lieu, les
prises de position publiques, mais plutôt les silences lourds, pesants,
déterminants de ses collègues de la région de
Montréal. Les gens de Montréal régleront leurs comptes
avec ces gens-là.
M. le Président, mais le ministre est obstiné! Mais le
ministre ne veut pas reconnaître la réalité! Mais qu'est-ce
que c'est que cette idée du centre hospitalier universitaire de l'an
2000 qui n'est pas réalisable au centre-ville de Montréal? Qu'en
est-il de l'avis de M. Bumbaru, le directeur des programmes à la
fondation Héritage Montréal? Qu'en est-il de ce n'est pas
le dernier venu de l'avis de cet architecte qui s'appelle Bobrow qui a
un certain nombre de lettres de créances en matière de
planification des services de santé et du développement des
services de recherche scientifique dans le domaine de la santé? (11
heures)
II n'est pas possible de rénover l'Hôtel-Dieu de
Montréal et d'en faire une institution, un établissement
des années 2000 avec tout ce que cela comporte de défis au
plan de la recherche, au plan des services aux usagers de l'ensemble du
Québec au centre-ville de Montréal, en bas de 12 ans, disait-on.
J'accuse le gouvernement et le ministère de la Santé et le
ministre de la Santé et des Services sociaux d'avoir un esprit
borné là-dessus, de ne pas reconnaître qu'en dedans de cinq
ans le génie québécois, l'architecture
québécoise est capable de développer un
établissement de niveau universitaire, un établissement qui va
maintenir la capacité de recherche scientifique avec les
établissements qui sont dans le périmètre et qui
s'appellent les universités, qui s'appellent l'Institut de recherche
clinique de Montréal, de ne pas se rendre à l'argumentation qu'il
y a un besoin évident de réponse à des besoins de
première ligne dans le nord-est de Montréal, mais qu'il est
impossible de soutenir une véritable grappe industrielle, une
véritable grappe scientifique au centre-ville de Montréal. La
reconnaissance des centres hospitaliers universitaires, M. le ministre, faut-il
le rappeler, si la loi 120 donne finalement l'autorité au ministre de la
Santé et des Services sociaux de promulguer ce statut de centre
hospitalier universitaire, ce n'est pas uniquement l'affaire d'un gouvernement
et du ministre de la Santé et des Services sociaux. C'est aussi de
l'association des hôpitaux universitaires du Canada et
nord-américains et les rappels faits par le Dr Barkun, en février
dernier, de l'association canadienne des hôpitaux universitaires, les
rappels de l'Association américaine des hôpitaux qui sont
affiliés aux universités en termes de formation pour
reconnaître la pratique et la formation des universitaires, des
médecins, pardon, des spécialistes dans ces universités et
dans ces centres hospitaliers universitaires, ce n'est pas négligeable.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux doit reconnaître
et doit dire et doit s'engager dans une discussion beaucoup plus fructueuse
avec les autorités de l'Université de Montréal qui, encore
très récemment, reconnaissaient finalement qu'il faille maintenir
au centre-ville de Montréal cette masse critique de recherches que l'on
retrouve dans les grandes villes nord-américaines et qui conjuguent un
certain nombre de facteurs favorisant le développement de la recherche
universitaire. Je conviens que pour des gens, se déplacer dans mon
comté de Rouyn-NorandaTémiscamingue, de se déplacer
de 90 km pour aller chercher des services, c'est différent que de se
déplacer de 15, 20 km, mais, dans le monde de la recherche scientifique,
de la recherche universitaire, nous avons une occasion exceptionnelle de
développer à Montréal, de développer au
centre-ville de Montréal, une grappe scientifique, de développer,
de maintenir et de développer une masse critique de chercheurs et de
production de recherches exceptionnelles sur le plan international. De vouloir
déplacer tout cela et d'en faire un enjeu de béton me semble
démesuré, semble hors du raisonnable et je voudrais, M. le
ministre, que vous sortiez de l'option du béton, de l'obsession du
béton, pour en revenir à la raison, et je conclus
là-dessus, M. le Président, et d'accepter que le génie
québécois, que les scientifiques autour de l'Université de
Montréal, de l'Université
McGill, autour des hôpitaux universitaires de Montréal
puissent en arriver à développer et à contribuer à
cet extraordinaire développement de la recherche bio-médicale au
Canada et au Québec et de dire enfin: Oui, il est possible de
développer au centre-ville de Montréal et que les intervenants
sont prêts à contribuer à ce
développement-là.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
dois vous admettre que la formule est un peu exceptionnelle ce matin. Je
pensais qu'on pourrait davantage prendre un sujet en particulier,
échanger et pouvoir aller plus loin. Je m'aperçois qu'on aborde
toute une série d'énoncés qu'on ne peut pas laisser passer
et cinq minutes, c'est assez rapide, merci, pour tenter de corriger un certain
nombre de perceptions.
D'abord, le béton ne m'intéresse pas. C'est clair,
là? Le béton ne m'intéresse pas. Il ne m'a jamais
intéressé. Il faut que ce soit très clair. Je n'ai pas
fait une réforme du système de santé et de services
sociaux en mettant l'emphase sur le citoyen d'abord pour qu'on me prête
des intentions de parler de béton, et je crois le député
de Rouyn-NorandaTémiscamingue assez honnête pour être
capable de remarquer ça et de le reconnaître aussi puisque
ça fait trois ans et demi qu'on se bat, les deux ensemble, des fois
divergents, des fois en accord, pour dire qu'on doit mettre le citoyen au
centre du système et c'est ce citoyen-là qu'il faut; pas le
citoyen producteur de services, pas le Dr Papillon, pas le Dr Bergeron, le
citoyen qui a besoin de services. Et ce citoyen qui a besoin de services, il se
traduit par une personne qui a besoin de lits pour recevoir des services. Et
lorsqu'on arrive dans un complexe de centre hospitalier universitaire, on en
arrive à la fonction recherche, on en arrive à la fonction
formation, et on en arrive à la fonction évaluation des
technologies. Mais j'ai toujours dit, et je vais continuer de dire, qu'y
compris dans les centres hospitaliers universitaires, la première
fonction, et c'est comme ça qu'elle a été adoptée,
y compris par vous dans le cadre de la loi 120, c'est d'abord des services
à la population, deuxièmement, de la recherche,
troisièmement, de la formation, et, quatrièmement,
l'évaluation des technologies. Donc, ce que je veux qui soit très
clair, ce n'est pas le béton qui m'intéresse d'aucune
manière. De toute façon, que ce soit à
Rivière-des-Prairies, ou dans la proposition de la Coalition que vous
supportez, il va falloir du béton, à tout le moins, pour
être capables d'y arriver.
M. le Président, il est faux de prétendre que des gens
puissent réaliser, sur le site actuel, dans l'espace de cinq ans, un
centre hospitalier universitaire. C'est berner la Coalition, c'est berner la
population montréalaise, et c'est faire preuve, sur le terrain, que des
diplômes ne donnent pas tout. C'est faire preuve, sur le terrain, que des
gens peuvent avoir des diplômes long comme ça,
mais que, sur le plan de la réalisation terrain, il y a de graves
lacunes. On y reviendra, on va avoir le temps d'y revenir de manière
très claire.
M. le Président, je tiens à préciser que nous
n'avons jamais dit qu'il n'était pas possible de faire sur le site
actuel un centre hospitalier universitaire. La plus belle preuve, c'est que
dans les scénarios qui ont été déposés,
l'option 2 était celle du coût de 170 000 000 $ pour
rénover sur place un centre hospitalier universitaire. Il y avait deux
raisons qui nous ont fait aller ailleurs vers une autre option. La
première étant le bilan-lits, j'y reviens, la deuxième
étant le temps que ça prendrait avec tous les
inconvénients reliés à l'envergure des travaux de cette
nature. M. le Président, je vous répète que les 12 ans
évalués par les professionnels qui ont l'habitude d'en faire sur
le terrain des contrats est toujours là, démontrable, et que,
dans 10 ans ou dans 12 ans, ça signifie la mort de FHôtel-Dieu
comme centre hospitalier universitaire sur place. Le deuxième, qui est
le premier point en particulier, c'est le bilan-lits. Le bilan-lits a
clairement démontré qu'en tenant compte de ce qu'est
Montréal, qu'en tenant compte des soins ultraspécialisés,
du vieillissement de la population, de tous les facteurs de formation, de
recherche, d'évaluation des technologies, qu'il y avait au centre-ville
de Montréal un surplus de lits très important, alors qu'il y
avait des manques au niveau de sous-régions comme
Rivière-des-Prairies. C'est la principale raison, M. le
Président, pour tenter de faire en sorte qu'avec les moyens dont nous
disposons sur le plan financier aujourd'hui, qu'on puisse satisfaire les
besoins de l'est de Montréal, tout en faisant en sorte qu'on puisse
maintenir au niveau du centre-ville, dans les locaux actuels de
l'Hôtel-Dieu.
Je l'avoue carrément, les propositions que nous avons faites de
réutilisation du site de l'Hôtel-Dieu actuel sont des propositions
qui, au point de vue du ministère de la Santé et des Services
sociaux, étaient des propositions intéressantes, mais qui, au
point de vue de la collectivité montréalaise, apparaissent
nettement insuffisantes quant au maintien d'une présence très
importante et structurante de l'économie au niveau du centre-ville de
Montréal qui, avouons-le très candidement, en a bien besoin,
compte tenu du laxisme, y compris, mais surtout du laxisme de ceux qui sont
à la tête de la ville de Montréal actuellement. (11 h
10)
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le ministre.
M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le
Président, lorsque j'entends dire que les Montréalais sont contre
le déménagement de l'Hôtel-Dieu, mais qui sont les
Montréalais? Y a-t-il deux sortes de Montréalais? Est-ce que,
comme le mentionnait le maire de Montréal dernièrement...
devons-nous faire une immense structure qui rencontre et qui regroupe un peu
tous les intervenants de la grande région de Montréal? Et je
trouvais ça une piste intéressante pour régler un certain
nombre de problèmes qui affligent, actuellement, la grande ville, telle
que nous l'avons à cause de son morcellement administratif dans certains
secteurs. Est-ce que c'est bon ça seulement pour partager les taxes ou
est-ce que c'est bon pour répartir l'ensemble des activités? Car,
en effet, M. le Président, dans le dossier de l'Hôtel-Dieu, il
s'est créé dans l'est de Montréal une coalition sans
précédent, et je vais l'expliquer.
Cette coalition regroupe, M. le Président, non seulement les
intervenants politiques provinciaux, et là je parle de l'ensemble des
députés libéraux de l'est de Montréal, y compris
nos ministres, le ministre Guy Rivard, la ministre Violette Trépanier,
la ministre Louise Robic, le ministre Christos Sirros et d'autres ministres.
Mais aussi les députés tels Michel Bissonet, le
député de Jeanne-Mance, Cosmo Maciocia, M. Bill Cusano, Mme
Huguette Boucher Bacon, moi-même, le président du caucus des
députés libéraux du Québec, Marcel Parent,
député de Sauvé. Mais aussi les maires de la ville de
Saint-Léonard, de la ville d'Anjou, de Montréal-Nord, de
Montréal-Est, leur conseil municipal, les directeurs
généraux des CLSC de Pointe-aux-Trembles, de ville d'Anjou, de
Rivière-des-Prairies, de Montréal-Nord, les présidents de
chambres de commerce de Montréal-Nord, de Rivière-des-Prairies,
de Pointe-aux-Trembles, de Montréal-Est, de ville d'Anjou, de
Saint-Léonard, la Conférence des maires de banlieue, M. le
Président, dont l'ancien président, Me Jérôme
Choquette, maire d'Outremont, avait signé une lettre d'entente
envoyée au ministère appuyant le projet de relocalisation de
l'Hôtel-Dieu, alors que cette lettre était appuyée sur une
résolution unanime de la Conférence des maires de banlieue en
assemblée.
Et je souhaiterais que, si le ministre le désire, il puisse en
faire dépôt devant cette commission afin d'éclairer le
député de Pointe-aux-Trembles qui semble avoir des doutes sur le
bien-fondé de mes propos. Il est vrai que le président a
changé. Les élections ont fait en sorte qu'il change. Mais la
mairesse de ville Mont-Royal, Mme Danyluk, est venue elle-même appuyer
cette coalition. M. le Président, il y avait aussi le directeur
général du centre Boscoville, du centre de la cité de
Rivière-des-Prairies. Il y a eu aussi le conseiller municipal de
Montréal, M. Jean De Michelle.
Est-ce que ces gens-là, M. le Président, qui
représentent au-delà de quelque 300 000 personnes, n'ont pas le
titre de Montréalais? Est-ce que le titre de Montréalais est
réservé à une catégorie particulière de
personnes? Est-ce que le titre de Montréalais est réservé
seulement au président du syndicat CSN des employés d'entretien
de l'Hôtel-Dieu, qui est venu me rencontrer à mon bureau avec
quelques pancartes pour protester contre le déménagement de
l'Hôtel-Dieu? Est-ce que lui est un Montréalais plus
représentatif de la société alors qu'il réside
à Laval et qu'il vient nous faire des arguments d'opposition au
déménagement de l'Hôtel-Dieu au nom de l'étalement
urbain?
Est-ce que le vice-président de la Chambre de commerce de
Montréal, M. Lacharité, qui réside à
Saint-Lambert a le titre d'un plus grand Montréalais lorsqu'il
s'oppose au déménagement de l'Hôtel-Dieu d'un quartier de
la ville de Montréal à l'autre quartier? Est-il plus
représentatif que les Montréalais qui y résident et qui y
paient des taxes? Je ne le crois pas, M. le Président, et cela
démontre encore une fois que dans ce dossier, si on voulait vraiment
regarder les faits, uniquement les faits et la réalité, nous
aurions fait l'économie de ce débat et non seulement nous aurions
fait l'économie au niveau de l'épuisement des débats
inutiles et stériles, mais aussi au niveau de l'économie de
l'argent, de l'efficacité et l'Hôtel-Dieu serait
déjà en train de se construire, et nous aurions mis la
première pierre d'un édifice qui va certainement être
l'hôpital universitaire le plus moderne en Amérique du Nord et un
acquis pour la société montréalaise.
Et je le répète, Rivière-des-Prairies est un
quartier de la ville de Montréal. La même chose que
Pointe-aux-Trembles et les villes limitrophes, qui actuellement sont autour,
sont aussi entités complètes de l'est de Montréal et de la
Communauté urbaine de Montréal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le
député de LaFontaine. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît, cinq minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, c'est sans doute parce que
Rivière-des-Prairies est un quartier de Montréal que le
député de LaFontaine va, semble-t-il, être candidat
à la mairie de Montréal. Et le ministre, à la fin de son
intervention, présentait quasiment plus le candidat que le
député en parlant du laxisme de l'administration de
Montréal, laxisme, entre guillemets, que le député de
LaFontaine est allé dénoncer dans une manifestation de
commerçants qui refusent de payer la facture que son propre gouvernement
leur a imposée.
À cet égard-là, ce que je voudrais dire, M. le
Président, c'est qu'il faut arrêter de dire un peu n'importe quoi
aussi parce que, d'évidence, le CLSC Mercier-Est-Anjou ne s'est jamais
prononcé pour le déménagement de l'Hôtel-Dieu
à Rivière-des-Prairies et j'étais présent, comme
simple citoyen, à l'assemblée générale du CLSC
Mercier-Est-Anjou et la présidente de l'époque, Mme Parisella, a
dit que non, le CLSC, la présidente, le conseil d'administration et son
directeur général ne se sont jamais prononcés.
Mais revenons au fait têtu de la question: L'architecte Bobrow,
qui vient de réaliser au Royal Vie un pavillon neuf destiné
à l'urgence, et trois firmes d'architectes bénévoles
on n'est pas avec Tétreault là, on est avec des
bénévoles qui ont étudié la question disent
qu'à l'Hôtel-Dieu, sur le site actuel, au nord, il y a des
terrains que, d'ailleurs, le plan fonctionnel et technique proposait de vendre
pour 4 000 000 $, où on pourrait avoir un pavillon neuf qui pourrait
comporter tous les équipements biomédicaux modernes. Ça,
c'est prouvé et, à cet égard, je crois plus à
l'expertise de ceux qui se sont penchés sur la question qu'à
celle des hauts fonctionnaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux qui, à un moment donné, produisent un carte
où le mont Royal est au sud du boulevard René-Lévesque.
Et, pour un Montréalais, je le dis au ministre, c'est à peu
près comme si un haut fonctionnaire de Montréal confondait le cap
Diamant avec le mont Sainte-Anne. Ce n'est pas vraiment du même
ordre.
Donc, ces gens-là nous disent qu'on ne peut pas rénover et
qu'un hôpital, c'est comme un «kleenex», on peut le jeter. Je
voudrais dire, à cet égard, M. le Président, que la
Salpêtrière à Paris est un lieu de recherche très
formidable, où on a sans doute commencé à trouver,
là et ailleurs, une partie de solution à une maladie terrible qui
s'appelle le sida. Mme Phyllis Lambert du Centre canadien d'architecture avait
raison de dire, à la radio, au député de LaFontaine, que
ce qui fait la qualité d'un chercheur, c'est son cerveau, ce n'est pas
la qualité du béton et du sondage de terrain qui peuvent avoir
été faits par un organisateur dans le quartier où on veut
déménager l'hôpital. la réalité, c'est que 70
% des montréalais et des québécois rejettent votre
solution. pourquoi vous entêtez-vous à vouloir leur imposer?
est-ce qu'on va se retrouver dans une situation où la meilleure
façon pour un québécois du quartier de parc-extention ou
pour un patient d'outremont il y a quelques ministres à
outremont, il y a même le mentor du député de lafontaine,
l'ancien maire d'outremont n'auront comme solution, pour garder
l'hôtel-dieu sur son site, que de débarquer le gouvernement
libéral. c'est ça qui s'en vient rapidement. en
réalité, parlons un peu rapport de force. vous n'avez pas, du
côté ministériel, le rapport de force nécessaire
pour imposer votre «bulldozage» et détruire l'institution
que jeanne-mance a fondée. les montréalais sont contre.
Le député de LaFontaine disait: Est-ce qu'on est moins
Montréalais à Rivière-des-Prairies? Sûrement pas! 70
% des Montréalais sont contre ce qu'on veut faire à
l'Hôtel-Dieu et c'est devenu un consensus très large, de
même que le maire, de même que la Chambre de commerce, de
même que beaucoup d'autres. C'est donc dire, M. le Président, que
dans le rapport de la métropole avec la capitale, ce que ce
dossier-là montre, c'est que les hauts fonctionnaires et les instances
politiques de la capitale font comme si Montréal n'existait pas et
n'avait pas droit à ces choses. À cet égard-là, il
méprise autant la population de Montréal qu'il méprise la
population d'Amos. C'est le même mépris de la haute technocratie
et des cercles politiques à l'endroit des régions du
Québec et de la métropole. (11 h 20)
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le
député. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
viens que je ne sais plus par quel bout prendre le député. C'est
un «melting pot» absolument épouvantable sur
le plan de l'intervention qui est indéchiffrable, mais je vais
quand même essayer.
Il a dit: Mme Phyllis Lambert a dit, en réponse au
député, à mon collègue de LaFontaine, que «la
qualité du chercheur, c'est son cerveau, ce n'est pas le
béton.» Il a parfaitement raison. La qualité du chercheur,
c'est son cerveau, peu importe où ce cerveau, dans cet être, se
situe sur le territoire de Montréal.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II vient, par le fait
même, d'admettre que la qualité de la recherche ne serait pas
affectée du fait que ce cerveau se retrouve dans des bâtiments
à Rivière-des-Prairies par rapport au centre-ville de
Montréal. Je l'en remercie. C'est un aveu auquel je ne m'attendais pas
ce matin, mais qui, à tout le moins, en vaut la peine.
M. le Président, je trouve injuste... injuste... Moi, j'ai
livré des batailles politiques pas toujours faciles, et j'en ai
livrées qui ont été d'un haut niveau, en particulier avec
le député de Rouyn-NorandaTémiscamingue, mais
toujours très loyales, même si on avait des différences
d'opinions. Je vous dirai aujourd'hui que je trouve «cheap»
d'attaquer des hauts fonctionnaires qui ont travaillé sur le dossier
honnêtement et du fait qu'ils se rapportent à un pouvoir du
ministère de la Santé et des Services sociaux qui est à
Québec, qu'on tire la conclusion que ceux qui ont travaillé sur
le dossier de l'Hôtel-Dieu de Montréal soient des gens de
Québec, ce qui est faux. M. le Président, les gens qui ont
travaillé sur le dossier de l'Hôtel-Dieu sont des gens qui sont,
pour la plupart, de Montréal, connaissant très bien
Montréal et qui ont tout donné pour faire en sorte qu'on puisse
doter Montréal d'un grand centre hospitalier universitaire. Je veux le
dire parce que, au niveau des fonctionnaires, s'il vous plaît,
laissez-les tranquilles. Laissez-les tranquilles! Si vous voulez vous attaquer
au politique qui prend ultimement les décisions, ça, c'est une
autre affaire. Les politiques, ils peuvent se défendre. Mais sur le plan
des fonctionnaires, je peux vous dire que la très grande majorité
de ceux qui ont eu à travailler sur ces dossiers sont des gens de
Montréal, qui connaissent très bien Montréal et qui le
font avec beaucoup de dévouement pour Montréal.
Vous avez parlé de M. Bobrow. Bon! J'ai fait faire une petite
recherche sur qui est M. Bobrow. II est évident que c'est quelqu'un qui,
sur le plan théorique, a une bonne fiche, et on ne peut pas lui enlever.
Mais il arrive dans la vie qu'on puisse rencontrer des gens qui ont un c.v.
très, très extraordinaire, mais que, sur le terrain, ça ne
se matérialise pas toujours. Selon les informations reçues, et on
aura l'occasion d'en discuter ultérieurement, je serais prudent quant
à l'idée avancée, quant au plan développé
par rapport à sa faisabilité. Je pense qu'il y a des limites
qu'il ne faut pas atteindre. Il faut quand même bien distinguer les
choses, et j'ai demandé, pour bien m'assurer qu'on soit dans une
situation où on a la vérité, de faire une
vérification concernant chacune de ces personnes qui, au niveau de la
Coalition, ont préparé des choses et ont émis des
opinions, reconnaissant en cela leur compétence sur le plan conceptuel
et ainsi de suite, mais quant à la possibilité de réaliser
sur le terrain, c'est une autre chose, et de voir dans les c.v. ce qui, en
réalité, a été réalisé.
M. le Président, il est clair que c'est un dossier et ça
demeure un dossier difficile difficile, oui difficile
politiquement, très, très difficile politiquement, et que nous
avons, en cours de route, perdu des appuis. Lorsque M. Doré signait la
lettre à ma collègue, Mme Lavoie-Roux, qu'il acceptait de
déléguer des personnes dans un comité de relocalisation de
l'Hôtel-Dieu de Montréal, il acceptait finalement que ça
redéménage. Et qu'il ait eu, à l'époque, les
exigences que ça puisse se faire à l'intérieur des limites
de la ville de Montréal, c'était tout à fait normal comme
maire de Montréal. Mais c'est à cela qu'on s'est rendus parce
que, on va vous le dire de manière très claire, les meilleurs
sites, c'étaient à ville de Laval. Le meilleur site sur
l'île de Montréal, c'était à Montréal-Nord et
ce n'était pas à Rivière-des-Prairies, selon les
professionnels, analyses faites. Ça me paraît très clair.
C'est moi qui ai exclu ville de Laval. Pour quelqu'un qui déteste
Montréal, ce n'est pas si pire, M. le Président. C'est moi qui ai
exclu Laval, et c'est moi qui ai dit, en cours de route: On relocalise, mais on
va relocaliser à l'intérieur des limites de la ville de
Montréal. Et je pense que c'est avoir le respect des gens de
Montréal, des gens de Rivière-des-Prairies, et de faire en sorte
qu'on puisse examiner ce qui peut être fait de mieux en termes d'impact
économique au niveau de la réutilisation des locaux de
l'Hôtel-Dieu. On aura très certainement l'occasion d'y revenir,
puisque vous m'indiquez que mon temps est terminé.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
ministre. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Étant
donné que dans le temps qui tourne vite d'ailleurs, un dossier tellement
intéressant et important, j'avais cité tout à l'heure un
procès-verbal de la Conférence des maires de la banlieue, j'avais
mentionné que c'était le président, à
l'époque, le maire Choquette, et je m'excuse, j'ai induit
involontairement la commission en erreur, c'est le maire Richard Quirion de
ville d'Anjou, pardon, qui a proposé... J'aimerais ça en faire
lecture:
Résolution concernant la relocalisation de l'Hôtel-Dieu de
Montréal.
Considérant que l'Hôtel-Dieu de Montréal a
formé le projet de faire des démarches depuis plusieurs
années ils ont fait leurs recherches eux aussi en vue de
se situer sur un site et dans des immeubles correspondant mieux aux exigences
de ses services hospitaliers dans la période actuelle;
Considérant que plusieurs sites ont été
considérés
par les autorités de l'hôpital, de même que par le
ministère de la Santé et des Services sociaux;
Considérant que la partie centrale de l'île de
Montréal est bien desservie par les hôpitaux existants, à
savoir hôpital Saint-Luc, hôpital Notre-Dame, hôpital Royal
Victoria, Hôpital général de Montréal, hôpital
général juif, etc.;
Considérant qu'il y a eu un développement
démographique considérable dans la partie est de l'île de
Montréal et que les populations des villes de Montréal-Nord,
Saint-Léonard, Anjou et Montréal-Est, de même que celles
des quartiers de Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles n'ont pas
actuellement les services hospitaliers qui correspondent à leurs
besoins;
II est, proposé par le maire Richard Quirion, d'Anjou,
appuyé par le maire Ovila Crevier, de Senne-ville, résolu que le
nouveau site de l'Hôtel-Dieu de Montréal se trouve dans la zone
nord-est de Montréal Rivière-des-Prairies afin de
desservir adéquatement les populations de Montréal-Nord,
Saint-Léonard, Anjou, Montréal-Est, que celles des quartiers de
Rivière-des-Prairies et de Pointe-aux-Trembles et de faire parvenir la
présente résolution au ministère de la Santé et des
Services sociaux et de la rendre publique par les médias d'information.
Adopté à l'unanimité. Copie certifiée conforme,
Lise C. Rioux, adjointe administrative, Conférence des maires de
banlieue de l'île de Montréal.
Dépôt de document
M. le Président, il me fait plaisir de déposer ce document
devant votre commission.
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Gobé: Et que distribution en soit faite aux membres de
l'Opposition qui ne semblaient pas l'avoir.
Le Président (M. Joly): J'accepte le
dépôt.
M. Gobé: Et cela confirme, M. le Président,
l'argument que j'avais précédemment à l'effet qu'il ne
peut pas y avoir deux sortes de Montréalais. Il y a des
Montréalais avec les mêmes problèmes, avec les mêmes
situations, que ce soit de santé, de problèmes scolaires. On a vu
dernièrement que dans le quartier Rivière-des-Prairies, on a
dû... le ministère de l'Enseignement supérieur a
décidé de transformer le collège Marie-Victorin, qui
était un collège privé en mauvaise position qui n'avait
que 900 élèves, en cégep public de 3500 places. C'est,
là encore, une décision importante et structurante pour le
nord-est de Montréal. Cette décision a été
contestée par la Chambre de commerce de Montréal et par le Parti
québécois. Il est vrai qu'il y avait un comité dans
Lanaudière dans lequel est le comté du chef de l'Opposition qui
faisait un lobby, et c'est justifié, je ne les en blâme pas, ils
faisaient leur travail pour obtenir un cégep à Repentigny. Le
fait que ce cégep aille à Rivière-des-Prairies, ça
aurait pu aussi bien être ville d'Anjou ou Pointe-aux-Trembles, mais
l'emplacement étant situé là et le député de
LaFontaine ayant fait des démarches depuis quatre ans pour que ça
se réalise, eh bien, nous avons obtenu gain de cause. Et j'ai obtenu
là aussi, pour avoir ça, M. le Président, l'appui du maire
Quirion de ville d'Anjou, l'appui du conseiller De Michelle de
Rivière-des-Prairies, l'appui du maire Yves Ryan, j'ai obtenu l'appui
des chambres de commerce et c'est ce genre de regroupements et de coalitions
dynamiques et positifs qui font en sorte que l'est de Montréal se
développe. Et moi, M. le Président, je crois que c'est faire le
travail des élus et de l'administration publique que d'amener les
services où sont situés les citoyens. Et les citoyens sont
là maintenant. D'autres, certains diront: Ça fait de
l'étalement urbain. C'est vrai, M. le Président, ça fait
de l'étalement urbain, mais il est là, c'est une
réalité nord-américaine et nous ne pouvons la nier. Nous
devons donc correspondre, régler tout de suite les situations, les
besoins de services des populations, et c'est pour ça que nous
agissons.
Alors, il faut faire attention de ne pas tout mélanger, puis le
béton, puis la recherche: 18 km, M. le Président, de
l'Université de Montréal, alors qu'on est à l'ère
de l'informatique, de la télématique, alors que les
universités, les centres de recherche font des recherches avec la
Californie, avec Paris, avec le Japon, qu'est-ce que 18 km? Allons-nous nous
faire croire que nous sommes une société au Québec qui
marche encore comme dans les années cinquante, société de
distance en kilomètres alors qu'on vit en distance planétaire?
(11 h 30)
M. le Président, je crois que dans tout ce
débat-là, encore une fois, si on s'en tenait aux faits et aux
réalités, on aurait fait peut-être meilleure oeuvre pour
une population et une meilleure utilisation des fonds publics.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
député de LaFontaine. M. le député de
Rouyn-Noran-daTémiscamingue. S'il vous plaît, M. le
député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Chaque minute compte.
M. le Président, le ministre va devoir nous faire un certain nombre
d'observations sur les éléments à venir dans le processus,
parce qu'on peut lancer la pierre à Doré à Montréal
et lui dire que, comme le disait le ministre tantôt, Montréal est
dans un piètre état parce qu'il ne s'occupe pas de sa ville. On
peut blâmer Luc Lacharité, le directeur général de
la Chambre de commerce de Montréal, parce qu'il reste à
Saint-Lambert, on peut faire faire des enquêtes sur Bobrow et sur Bumbaru
quant à leurs services professionnels et leurs capacités
professionnelles de suggérer des solutions cautionnées par la
Chambre de commerce de Montréal, par M. Roy, par les membres de la
Coalition qui ne sont pas tout à fait nés de la dernière
pluie, dans mon livre à moi. On peut dénoncer, comme vient de le
faire le député de LaFontaine, le président des
employés de l'Hôtel-Dieu de Montréal qui demeure
à ville de Laval et qui ose défendre ses collègues et la
situation professionnelle de l'Hôtel-Dieu de Montréal au
centre-ville de Montréal. C'est la faute de tout le monde à
Montréal, sauf de l'équipe qui a planifié et qui a
imposé cette solution. C'est pour ça qu'Alain Dubuc disait et
répétait qu'il faut aller à Montréal, qu'il faut
parler aux Montréalais, qu'il faut consulter les Montréalais. M.
le ministre, ils ne mordent pas. Us ne mordent pas, disait Alain Dubuc, et on
ne peut pas impunément remettre la faute sur tout le monde et qu'on soit
seuls dans la fanfare à avoir le pas. Il y a une limite à tout
quand on parle de la métropole et de la région
métropolitaine du Québec.
Et le ministre doit nous dire aussi ce qui va en arriver au niveau des
services hospitaliers sur l'île de Montréal. Il faut que le
ministre nous dise aussi ce matin: Mais qu'est-ce que c'est que cette solution
Gobé de diviser en deux, de créer, de diviser en deux
l'Hôtel-Dieu de Montréal? Mais qu'est-ce que c'est que cette
solution du député Chagnon de vouloir absolument, envers et
contre tous, défaire l'Hôtel-Dieu de Montréal et le sortir
du centre-ville de Montréal à tout prix et de concentrer
ça à Notre-Dame? Il va falloir aussi que le ministre, et je le
prierais de me donner des réponses à ces questions: A-t-il
l'intention, est-il vrai qu'il va rencontrer très bientôt les
autorités de l'Université de Montréal, qui viennent de se
rallier à la Coalition contre le déménagement et pour la
rénovation au centre-ville, pour proposer une solution qui tienne compte
et de la mission des centres hospitaliers universitaires et, d'autre part, des
besoins et du besoin du maintien des infrastructures en matière de
recherche scientifique au centre-ville de Montréal? A-t-il l'intention
de rencontrer formellement les autorités de l'Université de
Montréal? A-t-il l'intention de rencontrer également les membres
de la Coalition pour effectivement examiner la faisabilité,
l'échéancier, le déroulement des étapes à
suivre?
M. le Président, le ministre de la Santé et des Services
sociaux porte un lourd héritage quant à ses relations avec
Montréal. Le comité Pichette qui a été
chargé de faire enquête ou d'examiner les relations du
gouvernement du Québec avec la métropole est extrêmement
sévère pour ce gouvernement et pour ce ministre de la
Santé et des Services sociaux et, par ailleurs, exministre des
Transports.
M. le Président, il faut que le ministre nous dise s'il y a des
choses qui vont changer au-delà des attaques personnelles,
au-delà du béton, au-delà des solutions qui sont un peu
distribuées comme à l'intérieur d'une machine
distributrice. Est-ce que le ministre va être capable de dire au
comité Pichette que le caractère centralisé du processus a
aussi pour résultat des décisions ou des projets qui
correspondent mal à la réalité et aux attentes de la
région? Le plan de transport mis de l'avant en 1988 en est un exemple,
et de un.
Le caractère sectoriel des analyses et des décisions
relatives à certains grands projets d'équipement et
d'infrastructures est toutefois le plus lourd de conséquences. Le
gouvernement, celui-ci, paraît mal équipé pour éva-
luer tous les aspects de ses projets et, en particulier, tenir compte de leur
impact sur l'évolution de la région et sur l'aménagement
du territoire. Le dossier de l'Hôtel-Dieu en est l'illustration la plus
récente, et de deux.
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. le
Président, est-ce que le ministre peut nous dire finalement aujourd'hui,
au-delà des attaques personnelles, au-delà des commentaires sur
les individus qui sont intervenus au nom de la Coalition et cautionnés
par la Chambre de commerce de Montréal, qu'en est-il de la
réponse et là, évidemment, on aurait pu entrer dans
le bilan-lits; mais, techniquement, c'est long de la réponse aux
besoins des gens du nord-est de Montréal et aux besoins de la population
québécoise et de la région de Montréal, en termes
de soins spécialisés et ultraspécialisés à
travers l'Hôtel-Dieu de Montréal, au centre-ville de
Montréal?
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
député. Nous en sommes dans le dernier bloc. Là, j'ai
simplement 3 minutes chacun comme intervention pour reconnaître vos 10
minutes par après. Alors, M. le ministre, vous avez 3 minutes.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
lorsque le député de Rouyn-NorandaTémiscamingue nous
dit: J'aurais pu entrer dans le bilan-lits, mais c'est long! Mais c'est
pourtant l'élément fondamental du dossier. C'est pourtant
à partir de cela qu'il nous faut examiner la situation de l'île de
Montréal. Je ne lui prêterai pas d'intentions. Mais il
m'apparaît évident que le bilan-lits est la pièce
maîtresse à partir de laquelle on doit examiner l'offre de
services et l'organisation des services sur l'ensemble du territoire de la
grande région de Montréal.
Quant aux attaques dont m'accusait le député, une chose
qui est certaine, c'est que s'il y en a un qui a été
attaqué pendant tout ce dossier-là, de tous bords de tous
côtés, très injustement, très frauduleusement
à l'occasion, c'est bien celui qui vous parle. Donc, je n'ai de
leçon à recevoir de personne quant aux attaques. Et je
répète que le passage du maire de Montréal à
Montréal aura été, pour la région de
Montréal, dramatique. Et si on veut parler du rapport Pichette et
je voudrais que le député m'entende là-dessus sur
ces deux aspects, lorsqu'il parle du plan de transport de 1988, c'est moi qui
l'ai fait le plan de transport, et fait accepter par le gouvernement.
C'est moi qui suis allé à Montréal, avec une
commission parlementaire, ce que même des ministres péquistes
n'ont jamais fait dans la région de Montréal, à
l'époque, pour entendre les gens de Montréal quant au plan de
transport. A découlé de ce plan de transport un organisme qui a
regroupé l'ensemble des sociétés de transport de la grande
région métropolitaine qui existe aujourd'hui et qui évite
que le citoyen soit obligé d'avoir un portefeuille de cartes pour
utiliser le transport en commun.
Ça, il n'y a pas grand monde qui le dit sur la place publique que
c'est celui qui vous parle qui l'a imposé. Mais si je ne l'avais pas
imposé, il ne se serait jamais fait. Il est aujourd'hui une
réalité dont tout le monde est fier. Et je vous dis qu'au niveau
du plan de transport de Montréal, qu'en 1989, le maire Doré, le
maire de Laval, le maire de Longueuil sont venus autour d'une table signer un
protocole d'entente avec le gouvernement du Québec pour la
réalisation du plan de transport au niveau de Montréal. Ce n'est
pas si mal! Ça, peut-être que la commission Pichette pourrait,
dans ce qu'il lui reste d'études à faire, l'examiner. Et si la
commission Pichette souhaite rencontrer le ministre qui est responsable du
dossier de FHôtel-Dieu, avant de conclure puis d'en parler, on pourrait
peut-être l'inviter. Même à huis clos, le ministre est
intéressé à leur dire comment ça s'est
passé. Et peut-être que leur niveau de compréhension du
dossier serait un peu plus élevé.
Même Alain Dubuc, qui est un gars reconnu comme étant un
gars extraordinaire, ayant une bonne vision dans les dossiers
économiques, ne comprend pas le dossier de l'Hôtel-Dieu sur le
plan aussi économique que sur le plan de la santé. Ça,
c'est clair et c'a été un des problèmes assez importants
pendant tout ce temps-là.
Au-delà de tout cela, ce que je peux vous dire... puis je suis
prêt à déposer la lettre que j'ai adressée à
M. Bernard Roy, du 17. Vous avez dit tantôt: La Coalition a
déposé le 14. J'ai été obligé de solliciter
le rapport de la Coalition sur les ondes à Montréal. Le 17, je
lui écrivais ceci: J'ai bien reçu la lettre que vous me faisiez
parvenir aujourd'hui, accompagnée d'une pochette de presse relative au
dossier de FHôtel-Dieu de Montréal. Vous attirez mon attention sur
le fait que des experts en architecture et en urbanisme et des domaines
médical, scientifique et universitaire se sont penchés sur
différents aspects du dossier. Ils en arrivent notamment à la
conclusion que l'Hôtel-Dieu actuel peut demeurer sur son site, tout en
répondant au PFT de 1992. Ta, ta, ta il faut aller au dernier
paragraphe, parce que je n'ai plus de temps, M. le Président il
dit: Ceci étant dit, je puis vous assurer que je prendrai connaissance
des différents documents que vous m'avez transmis avec attention et
sérieux. À l'issue de cette lecture et de l'analyse qui en
découlera forcément, je vous ferai connaître mon point de
vue quant aux propositions que vous formulez. Est-il illusoire de penser que
nous ayons, tous les deux, l'opportunité d'en discuter
sérieusement?
Si ce n'est pas une ouverture, je me demande ce que c'est, puis
j'attends encore après, un retour. (11 h 40)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le ministre. Je
vais reconnaître M. le ministre de LaFon-taine pour deux minutes, s'il
vous plaît.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Et vu que c'est la
dernière intervention, je réitérerai le grand
intérêt des gens de l'est de Montréal et leur
volonté de voir venir s'établir l'Hôtel-Dieu dans
Rivière-des-Prairies ou sur les bords de la rivière des Prairies
dans le nord-est de Montréal.
M. le Président, nous avons deux choix, deux missions avec cette
décision: tout d'abord, c'est de doter la population de l'est de
Montréal d'un hôpital moderne, capable de la desservir. C'est
notre première mission. C'est notre première volonté,
notre premier désir dans l'est de Montréal. C'est de faire en
sorte que l'Hôtel-Dieu, par cette action, retrouve son essor, l'essor
qu'il avait lorsqu'il fut implanté au début du XVIIe
siècle et déménagé deux siècles plus tard
à l'endroit où il est actuellement. Nous sommes à l'aube
du XXIe siècle, et à l'aube du XXIe siècle, les
décisions que nous devons prendre sont porteuses d'avenir si elles sont
bonnes et nous feront régresser si elles ne le sont pas.
Et dans le dossier des hôpitaux, il y a la nouvelle technologie.
Dans le dossier, M. le Président, des technologies d'avenir, on ne peut
concevoir faire avec un hôpital du XIXe siècle un hôpital du
XXIe siècle.
Par contre, M. le Président, il ne faut pas non plus se
détourner du site actuel. Il faut y travailler et il faut faire en sorte
que le comité que le ministre a proposé de mettre en place soit
favorablement accueilli par les autres intervenants de la même
manière que le ministre a accueilli leurs différentes
répliques à son projet et que, tous ensemble, nous puissions
travailler à deux choses: à construire ce grand hôpital
moderne pour desservir les gens de l'est de Montréal, de Montréal
et de tout le Québec, dans Rivière-des-Prairies, sur les bords de
la rivière des Prairies et à revitaliser ce centre-ville de
Montréal qui en perd beaucoup, M. le Président, et qui a besoin
de la collaboration de tout le monde pour pouvoir retrouver la place de grande
ville francophone que Montréal était et les deux ensemble sont
capables d'atteindre cet objectif, car Rivière-des-Prairies est, lui
aussi, un quartier de Montréal et cet acquis, dans
Rivière-des-Prairies, complétera la revitalisation du site actuel
et fait en sorte que notre gouvernement aura accompli sa mission envers les
citoyens de l'est de Montréal et du centre-ville de Montréal.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de LaFontaine. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît, trois minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, c'est parce que j'aime
Montréal que je voudrais plaider au ministre que sa décision
qu'il s'entête à défendre va nuire à
Montréal. Montréal a subi des décisions gouvernementales
qui lui ont nui avec un coût phénoménal, par exemple, la
décision du fédéral de consacrer 500 000 000 $ à
Mirabel, un aéroport qui, 15 ans après, n'a pas encore
justifié sa raison d'être.
Il y a eu aussi le stade qui a coûté 800 000 000 $. Il
devait en coûter une centaine. Cela a nui et nuit encore à
Montréal. L'Hôtel-Dieu a rallié les Montréalais
et, d'une certaine façon, est la goutte d'eau qui fait
déborder le verre. Les Montréalais en ont assez des hommes
politiques et des hauts fonctionnaires de Québec qui les
méprisent comme le sous-ministre qui a dit: Je ne sais même pas
où c'est sur la carte, moi, Rivière-des-Prairies. Je n'y suis
jamais allé et je n'irai jamais. Les Montréalais en ont assez de
cette situation-là et la preuve, c'est que tous leurs leaders, tous les
décideurs se sont coalisés contre cette décision.
Je voudrais souligner, M. le Président, que l'architecte Bobrow
que le ministre a attaqué bassement et sans rien donner à l'appui
vient de réaliser un pavillon flambant neuf au Royal Victoria et qu'il
l'a exécuté d'une façon magistrale. Et, à cet
égard-là, les chercheurs de l'Université McGill sont
contre le déménagement de FHôtel-Dieu parce que, toutes
langues confondues, l'Hôtel-Dieu est un voisin dont ils ont besoin.
Si ce gouvernement, M. le Président, ne peut pas aider
Montréal, au moins qu'il ne nuise pas à Montréal et la
décision qui est devant nous, c'est une décision qui a
été prise contre les intérêts de Montréal, en
vase clos, sans aucune transparence et ce que les Montréalais veulent,
à 70 %, et ça a son importance, M. le Président, c'est de
rénover, d'agrandir l'Hôtel-Dieu sur son site actuel, ce que trois
firmes d'architectes bénévoles ont confirmé être
possible et de cesser d'imposer aux Montréalais une espèce de
Mirabel hospitalier après un plan de transport qui a eu aussi des effets
catastrophiques pour Montréal. Montréal mérite mieux que
ça, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député. M. le ministre, je vous accorde un dernier temps de
parole de dix minutes, s'il vous plaît.
Conclusions M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, je veux reconnaître au
député de Pointe-aux-Trembles comme au député de
LaFontaine et à tous les collègues de la région de
Montréal leur admiration pour Montréal et leur volonté de
défendre Montréal, et je pense que c'est leur droit le plus
légitime. Ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas
d'autres personnes qui aiment Montréal et qui ne se sont, à un
moment ou l'autre de leur vie, pas identifiées à Montréal
et on pense à 1967, on pense aux Jeux olympiques, on pense aux
Canadiens, on pense aux Expos. Je pense qu'il n'y a personne à travers
le Québec qui, à un moment ou l'autre de sa vie, n'a pas
«trippé» sur Montréal et ce que Montréal
représentait comme étant une métropole très forte,
tout en respectant le caractère de capitale de la ville de
Québec. Ça, je pense que ça m'apparaît bien
évident et c'est une partie du jeu que je respecte.
M. le Président, je n'ai attaqué personne. Sur le plan
politique, je mène mes combats sur le plan politique et il y a des
choses qu'il faut à tout le moins dire sur la place publique pour que
les citoyens soient bien informés. Ce dont il s'agit, il s'agit de
construire, à Montréal, ou de rénover, dans
l'hypothèse, un centre hospitalier universitaire de l'an 2000. Je pense
que tout le monde s'entend là-dessus. La ville de Montréal,
l'ensemble de la Coalition, l'Université de Montréal, le
gouvernement du Québec, l'Opposition; je pense que sur ce point de vue
là, il n'y a pas d'écart. C'est clair. Tout le monde souhaite
ça et tout le monde le souhaite pour Montréal et même, tout
le monde le souhaite à l'intérieur des limites de
Montréal. Bon!
Le débat, vu du point de vue du ministre de la Santé et
des Services sociaux est un débat qui, premièrement, doit
être un débat qui répond à sa mission fondamentale
qui est celle de la dispensation des soins et des services de santé
à Montréal. Vu de cet angle, le ministre doit avoir comme
première préoccupation une meilleure redistribution des services
sur l'île de Montréal pour l'ensemble de sa population. Il y a
dans la sous-région de Rivière-des-Prairies, donc, de l'est de
Montréal, un sous-équipement qui provoque à Santa Cabrini
et à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont des pressions absolument
phénoménales sur la «dispensation» de ces
services-là. Et ça, je pense qu'il faut le reconnaître et
ce n'est pas la première fois qu'il se construirait un centre
hospitalier universitaire en dehors du centre-ville de Montréal, le plus
bel exemple étant Maisonneuve-Rosemont qui s'est construit, à
l'époque, dans un champ et Dieu sait que les Montréalais
l'ont vu s'implanter, l'ont vu grandir, l'ont vu s'entourer de gens qui ont
habité tout autour et personne, mais personne ne remet en cause
le statut universitaire de Maisonneuve-Rosemont comme étant devenu
l'excellence et ce n'est pas à proximité du centre-ville de
Montréal particulièrement.
M. le Président, il s'est donc... L'histoire nous démontre
qu'il est possible de faire en sorte qu'un centre hospitalier universitaire
puisse s'implanter à Rivière-des-Prairies moyennant certains
accommodements quant à la fonction recherche et quant à la
fonction formation, donc, respect des chercheurs et des enseignants qui se
retrouveraient dans ces locaux-là. Il n'y a pas, M. le Président,
contrairement à ce que prétendent certains, d'effets
négatifs quant à la distance. La distance est
réglée par le système de communication aujourd'hui, par la
communication rapide de l'information et, dans ce sens-là, oui, le
centre hospitalier universitaire à Rivière-des-Prairies demeure
une décision gouvernementale tout en disant très clairement
qu'elle est basée sur les besoins de la population en termes de
bilan-lits qui est une pièce-maîtresse quant à l'analyse du
dossier, tout en respectant les travaux extraordinaires qui ont
été faits par la Coalition. Beaucoup d'efforts ont
été faits, et, dans ce sens-là, analyser chacun de ces
dossiers pour tenter de trouver les réponses à leurs
interrogations et aussi aux nôtres qui nous tenaillent à
l'occasion aussi, même si on paraît être d'une dureté
de pierre. (11 h 50)
II est bien évident que c'est un dossier qui, du point de vue de
la santé et des services sociaux, est un
dossier qui a sa raison d'être et c'est un dossier qui a
été bien mené et qui répond à des besoins.
Est-ce que c'est tout aussi clair quant à l'impact économique de
ce dossier pour la ville de Montréal? Je vous dirai que c'est un dossier
porteur d'avenir, compte tenu des immobilisations nécessaires
d'au-delà de 250 000 000 $ en termes d'investissements, donc,
d'activité économique au niveau de la grande région de
Montréal, tout en ne négligeant pas la solution de rechange qui
s'implanterait au niveau de l'Hôtel-Dieu actuel et qui créerait un
nouveau dynamisme économique dans d'autres domaines. Nous avons toujours
dit que nous étions ouverts si la solution proposée par le
ministère de la Santé et des Services sociaux, en
conformité avec les orientations de la communauté religieuse, que
si cette utilisation n'était pas suffisamment attrayante et qu'elle ne
répondait pas à ce que les gens craignent, cet effet de trou de
beigne au niveau du centre-ville, dont les possibilités sont
réelles, que l'on pouvait, et que nous étions ouverts, à
bonifier cette présentation, et nous le sommes toujours. Quant à
des rencontres éventuelles, oui je suis prêt à rencontrer
le président de la Coalition pour échanger avec lui. J'ai
déjà rencontré l'Université de Montréal et
je vais continuer à le faire au cours des prochaines semaines, de
façon à ce qu'on puisse, très prochainement, tirer la
ligne au niveau du dossier, et que chacun prenne les positions qu'il a à
prendre de manière définitive et qu'on procède dans le cas
de ce dossier-ci.
M. le Président, je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps,
et il y a eu des démarches en cours de route qui ont été
des démarches acceptables. Lorsqu'on débat sur le fond et qu'on
est d'opinions contraires et qu'on amène chacun de notre
côté nos experts qui nous permettent de tenter de prouver le point
de vue qu'on avance parce que, forcément, nous travaillons avec
des experts de part et d'autre qui sont très bien intentionnés,
ça va. Mais lorsqu'on fait face, M. le Président, à une
volonté de créer un certain nombre de liens, de liens
supportés par le journal Le Devoir en particulier, et je veux
terminer avec cela, puisque nous avons, M. le Président, sous la
signature de M. Pierre O'Neill, du Devoir, pris connaissance de ce que
lui même appelait un dossier rouge. On le connaît un peu, ce n'est
pas d'aujourd'hui qu'il est dans le milieu journalistique. Tout le monde
connaît ses méthodes, ses demi-vérités, c'est connu
de tout le monde sur le plan professionnel. Il s'en est encore payé une,
M. le Président, et on s'est retrouvés, à l'occasion du 24
février 1993, avec une manchette «Le Vérificateur
général fera enquête». Lorsque le dossier des
professionnels est sorti, le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue a écrit, M. le Président,
au Vérificateur général pour lui demander de faire
enquête, ce qui était son droit, son privilège. J'ai
ajouté moi-même une lettre au Vérificateur
général, souhaitant moi aussi que ça se fasse dans les
plus brefs délais, et lui offrant la collaboration totale, pleine et
entière des membres du comité du jury de même que de tous
les fonctionnaires du ministère. Quelle ne fut pas ma surprise, M. le
Président, de recevoir, le 1er mars 1993, la lettre de M. Breton qui se
lit comme suit: Tout comme vous, j'ai eu la surprise d'apprendre en lisant le
journal Le Devoir que le «Vérificateur
général fera enquête» dans le dossier de
l'Hôtel-Dieu de Montréal. Pourtant, le journaliste qui a
signé cette manchette n'est jamais entré en contact avec mon
bureau pour vérifier cette information. S'il avait agi ainsi, comme
l'ont fait par la suite plusieurs de ses collègues, je lui aurais fourni
l'information pertinente, qui se résume ainsi: Le Vérificateur
général tiendra compte des informations portées à
sa connaissance dans le cadre de ses activités régulières
de vérification de cette année, et s'il le juge à propos,
il fera rapport à l'Assemblée nationale conformément
à ce que prévoit la Loi sur le vérificateur
général. J'en passe, M. le Président, et c'est la lettre
signée par M. Guy Breton.
Et moi, M. le Président, je vais recevoir de Mme Bissonnette,
rédactrice en chef, des leçons de loyauté, me faire
accuser de fraude, alors que nous sommes dans une situation où cet
individu n'a pas pris soin de faire les vérifications qui s'imposent? Je
pense qu'il y a là du travail un peu pour Mme Bissonnette, et je
voudrais déposer ces lettres, M. le Président, déposer la
lettre de Larose, Petrucci et associés, qui donne des explications quant
à certaines interrogations de Mme Agnès Gruda dans le journal La
Presse, et je veux aussi déposer, en terminant, la liste de tous
les contrats obtenus par les firmes dénoncées par le
député de Pointe-aux-Trembles, des honoraires de 1976 à
1985, des contrats que les firmes qui sont à l'Hôtel-Dieu de
Montréal ont obtenus et il y en a pour 91 000 000 $ d'honoraires
reçus par ces firmes. J'imagine qu'à l'époque elles
étaient compétentes et qu'elles le sont avec tous les contrats
qu'elles ont obtenus de la part du Parti québécois, ou sous le
gouvernement du Parti québécois, qui avaient suffisamment de
compétence pour être reconnues par un comité d'experts et
faire des travaux qui sont nécessaires au niveau de l'Hôtel-Dieu.
Merci, M. le Président.
Dépôt de documents
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, comme dernier temps de parole de 10
minutes. M. le député, s'il vous plaît.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Rapidement, M. le Président, à
l'égard de la dernière traite qui a été
payée au Devoir, au nez de sa directrice, Mme Bissonnette, tout
simplement déposer, M. le Président, la lettre du
Vérificateur général qui, en réponse à la
mienne, donc, sa lettre du 17 février dit ceci: Vous me faites part de
vos préoccupations relativement au contrat octroyé en rapport
avec le déménagement de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu de
Montréal à Rivière-des-Prairies. Je vous en remercie et
tiens à vous féliciter pour l'intérêt que vous
manifestez pour la saine gestion des fonds publics. Les questions que vous
posez sont pertinentes et je les ai transmises à mon
personnel responsable de la vérification au ministère
concerné pour qu'il en soit tenu compte dans nos travaux de
vérification de cette année, et, s'il y a lieu, donc, je ferai
rapport à l'Assemblée nationale. Je dépose cette lettre,
M. le Président, et la directrice du Devoir et l'autre
journaliste, M. O'Neil, qui viennent d'être catégorisés
dans le débalancement honteux du traitement de ce dossier comme d'autres
dossiers qu'a dénoncés le ministre de la Santé et des
Services sociaux, soit pendant le référendum ou après les
dernières élections passent dans cette catégorie.
M. le Président, revenons-en, donc, en conclusion, à ce
dossier. Il faut quand même que je dise que la toute petite ouverture
à peine perceptible de lumière qui traverse la porte ou le mur
d'obstination du ministre doit être prise en note en disant que cette
décision, elle est définitive... pour le moment. On va donc noter
ça, parce que, M. le Président, dans le contexte actuel, cette
obstination est de mauvais aloi. Il n'y a pas suffisamment de facteurs qui ont
été étayés pour justifier la fermeture et le
déménagement de l'Hôtel-Dieu, encore moins, M. le
Président, avec les hypothèses qui ont été
levées au cours des dernières semaines, encore moins quant au
fait de séparer, quant au fait de réduire davantage la
concentration biomédicale et de services que représente
l'Hôtel-Dieu de Montréal.
C'est à se demander parfois, quant à l'intervention d'un
certain nombre de députés du parti ministériel si,
après avoir voulu le fermer, après avoir voulu le
déménager, on ne veut pas dépecer l'Hôtel-Dieu de
Montréal. Et on doit mettre fin à ces hypothèses et
rassurer le public montréalais. S'il est vrai que Maisonneuve-Rose-mont
est un centre hospitalier universitaire de grande qualité qui a pu se
développer à un certain nombre de kilomètres, on n'a pas
été obligés de fermer un hôpital pour le
développer, c'est bien clair.
M. le Président, je vais demander au ministre de la Santé
et des Services sociaux d'abandonner cette conception restrictive, cette
conception fermée, cette conception intégriste du bilan-lits
considéré comme une bible, d'une définition des besoins en
termes de services hospitaliers de courte durée et de longue
durée par le département de santé communautaire. Je
demande au ministre de la Santé et des Services sociaux, dans le dossier
de l'Hôtel-Dieu de Montréal, d'avoir une vision
métropolitaine des besoins et non pas uniquement de se limiter à
une conception biblique, évangélique dans les chiffres
déterminés par une description administrative, tout simplement
administrative, par le département de santé communautaire de la
région de Montréal. (12 heures)
II faut que le ministre revienne sur sa description du 7 décembre
1992, où il affirmait que ça coûterait 63 000 000 $ en
coûts de fonctionnement et que c'était ça la
véritable question du développement d'un établissement de
première ligne à Rivière-des-Prairies. On est capables de
constater aussi qu'en termes de coûts de fonctionnement ce n'est pas 63
000 000 $ par année; qu'un hôpital de première ligne de 250
lits, à Ro-berval, ça coûte 32 000 000 $, à
Jonquière, ça coûte 30 000 000 $, dans l'Amiante, ça
coûte 34 000 000 $, à l'hôpital Sainte-Croix, ça
coûte 37 000 000 $.
Ça coûte donc à l'hôpital Fleury 35 000 000 $.
Ça coûte donc 50 % de moins que les évaluations et 720 000
000 $ à terme, dans 10 ans, pour un hôpital de première
ligne à Rivière-des-Prairies. Il faut que le ministre
révise sa décision.
M. le Président, avec tout ce que j'ai entendu ce matin, je suis
incapable de délier toute cette histoire de la fermeture de
l'hôpital que fonda Jeanne Mance il y a 350 ans au centre-ville de
Montréal, de la vaste opération île
Jésusnord-est de Montréal et de tout le
développement, de l'orientation urbanistique qu'il contient. Je suis
incapable de sortir de ce raisonnement-là et j'ai encore
énormément de questions à poser avec ce que disait
précisément le député de LaFontaine à sa
première intervention, qu'il ne fallait pas oublier qu'il y avait un
certain nombre de besoins aussi sur l'île Jésus, à ville de
Laval, en termes de besoins, et qu'il ne fallait pas oublier qu'il y avait dans
le portrait c'est ce qu'il a dit le prolongement de l'autoroute
25...
Une voix: Et le pont.
M. Trudel: ...la construction d'un pont dont on a
identifié le coût à autour de 180 000 000 $, hier soir,
à Radio-Canada, le dézonage d'un certain nombre de terrains. m.
le président, je suis incapable de sortir de l'obstination
ministérielle de toute cette vaste opération de
spéculation foncière et d'indications à long terme d'une
espèce de machination. quand une entreprise achète, pour 3 400
000 $, 44 000 000 de pieds de terrains à ville de laval et que,
aujourd'hui, le propre rapport caché et auquel on m'a refusé
accès au ministère des transports quant à l'étude
d'impact du développement d'un pont entre l'île jésus et le
nord-est de montréal, quand ce propre rapport indiquerait que ces
terrains sont rendus, aujourd'hui, à une valeur, avec une autoroute
prolongée et un pont, à 8 $ du pied carré, je constate
ceci: c'est qu'il y a quelqu'un, c'est qu'il y a un groupe d'individus, un
certain nombre de compagnies à numéro qui ont acheté 44
000 000 de pieds carrés de terrains, qui, aujourd'hui, ont une
plus-value de 3000 %. ce n'est pas moi qui fais l'évaluation de la base,
c'est le ministère des transports lui-même qui fait
l'évaluation.
Je suis incapable de sortir de cette vaste opération et de cette
obstination à maintenir la décision, incapable de sortir sur le
fait qu'on veut justifier, tantôt avec un certain nombre de lits, la
construction d'un pont. Je suis incapable de sortir que, n'ayant pas de
terrains, on évoque, de plus en plus, la possibilité de choisir
un terrain d'une entreprise privée à Montréal-Nord, mais
qui est toujours dans l'axe de construction de ce pont; je suis incapable de
sortir de l'étude qu'on refuse toujours de me donner au ministère
des Transports quant à l'impact de la construction d'un pont dans le
nord-est de Montréal. Je suis incapable de sortir du raisonnement que la
construction d'un pont va, comme par hasard,
croiser, à toutes fins utiles, l'île Rochon dont le
ministre de l'Environnement a rendu la capacité d'habitation ou la
capacité de construction légale, en la rendant dans la zone
«désinondable». Ce que je dis, M. le Président,
c'est, eu égard à l'opération Hôtel-Dieu de
Montréal, je veux que soit vidée toute la question des
intérêts particuliers dans ce dossier. Nous avons aussi
déblayé un certain nombre de pistes quant aux besoins en termes
de lits de courte durée pour le nord-est de Montréal. Et si tout
ce dossier doit être conduit par le fait qu'il y a une chaîne
indéniable que l'on peut constater entre, au minimum, 80 000 000 de
pieds carrés dans l'est de l'île Jésus, la construction
d'un pont de 180 000 000$, du développement de l'habitation sur
l'île Rochon, de l'emplacement d'un nouvel établissement
hospitalier universitaire de l'ordre de 300 000 000 $, 260 000 000 $ plus les
terrains et les équipements dans l'est de Montréal, je suis
incapable de sortir de cette immense chaîne de spéculations qui va
nous entraîner tantôt et qui nous entraîne déjà
à conclure que ce qui semble primer dans l'obstination actuelle, c'est,
à première vue, un certain nombre d'intérêts qui
sont de nature plus particulière que les intérêts
généraux de la population de Montréal.
Je conclus en disant: Je souhaite vivement et rapidement que les
relations de la capitale avec la métropole, de la métropole avec
son gouvernement national à Québec, soient assainies et qu'on
puisse dégager la piste parce que c'est malsain pour les
Québécois, pour l'ensemble du Québec et, au premier chef,
bien sûr, pour la métropole de maintenir ce rapport tendu...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député.
M. Trudel: ...qui n'est pas générateur de solutions
à long terme.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le
député. M. le député de LaFontaine, vous me faites
mention qu'en vertu de notre règlement, article 212, vous voulez
être entendu. Je vous reconnais, M. le député.
M. Gobé: Oui, M. le Président. L'article 212 dit la
règle suivante: Tout député estimant que ses propos ont
été mal compris ou déformés peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
Alors, je demande le...
Le Président (M. Joly): Très brièvement, M.
le député, s'il vous plaît.
M. Gobé: Oui.
Le Président (M. Joly): Sans soulever rien de nouveau.
M. Gobé: Absolument pas. Juste une petite mise au point.
Le député de Rouyn-Noranda a fait valoir que j'aurais
parlé, lorsque j'ai parlé du pont et des territoires de Laval, de
dézonage de terrains. Je n'ai absolument jamais parlé de
dézonage de terrains et, deuxièmement, M. le Président, je
crois que lorsque je parle du pont, je parle de développement pour l'est
de Montréal, pour la région de l'est de Montréal, et
lorsque je parle d'infrastructures, ce sont des infrastructures que l'ensemble
de mes électeurs me demandent et j'entends continuer à le faire.
Ils m'importent peu, M. le Président, les problèmes de terrain ou
de zonage. Ce n'est pas mon problème. Mon problème, c'est
d'amener des infrastructures et des services à la population.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le
député de LaFontaine. Donc, la commission ayant rempli son
mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)