Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures treize minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour! Il me fait plaisir de
vous souhaiter la bienvenue à cette commission. Je vous rappelle que la
commission des affaires sociales se réunit afin de procéder
à une consultation générale et de tenir des auditions
publiques sur les thérapies alternatives, et ce, afin d'examiner la
reconnaissance professionnelle de certains thérapeutes alternatifs et
les mécanismes de reconnaissance des thérapeutes non
éligibles à un statut professionnel au sens de la loi;
l'information au public; la contribution du réseau de la santé et
des services sociaux pour qu'il favorise la liberté des choix
thérapeutiques.
Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Non. Alors, aujourd'hui, nous
entendrons l'Association québécoise des phytothé-rapeutes,
l'Association de médecine holistique du Québec, l'Association
professionnelle des orthothérapeutes de la province de Québec
inc., le Collège d'études ostéopathiques de
Montréal et l'Association des diplômés en
ostéopathie du CEO, le Registre ostéopathique du
Québec-Canada, l'Association des chiropraticiens du Québec,
l'Ordre des chiropraticiens du Québec, le Centre d'études et de
documentation homéopathiques, le Collège des naturopathes du
Québec.
Je vois que déjà nous avons les membres qui
représentent l'Association québécoise des
phytothérapeu-tes. Il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue. Je
vous rappelle que vous avez une vingtaine de minutes pour nous présenter
un résumé de votre mémoire, lequel a déjà
été reçu et lu. Par après, eh bien, le temps qui
nous reste sera dévolu entre les deux formations pour des
échanges, selon votre bon vouloir, ou des questions de M. le ministre ou
de l'Opposition.
Alors, je demanderais à la personne responsable de bien vouloir
s'identifier et d'identifier les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Association québécoise des
phytothérapeutes
M. Gervais (Guy): M. le Président, je me présente,
Guy Gervais, président de l'Association québécoise des
phytothérapeutes.
Le Président (M. Joly): M. Gervais, je vais juste vous
demander, pour fins d'enregistrement peut-être, de demeurer assis...
M. Gervais: Ah, merci.
Le Président (M. Joly): ...de façon à ce que
le son puisse être capté.
M. Gervais: Je le faisais...
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, c'est bien
apprécié, mais ce n'est pas nécessaire.
M. Gervais: D'accord.
Le Président (M. Joly): Alors, M. Gervais, c'est à
vous.
M. Gervais: À ma gauche, Mme Nicole Forget,
vice-présidente de l'Association, et M. Serge Vachon, trésorier
de l'Association. À ma droite, M. Mario La-voie, qui est le
secrétaire de l'Association. Nous avons aussi, dans l'assistance, le
fondateur de notre Association, M. Marcel Vachon.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie. Alors, je vous
laisse la parole, M. Gervais.
M. Gervais: M. le Président, je veux d'abord remercier les
membres de cette commission de nous accueillir ici ce matin et de nous
permettre de faire connaître les vues de l'Association
québécoise des phytothérapeutes sur les thérapies
alternatives au Québec. L'opinion que nous exprimons dans notre
mémoire n'est pas uniquement celle des dirigeants de l'Association.
Notre association se caractérise par son esprit démocratique.
Elle compte 869 membres répartis un peu partout au Québec. Les
orientations et les conclusions du mémoire reflètent l'esprit qui
anime nos membres. Cette commission a été créée, je
pense, pour planifier l'avenir des médecines alternatives au
Québec. Nous voulons donc apporter notre contribution pour l'avancement
de ce mouvement si solidement amorcé et appuyé par 85 % de la
population québécoise. Forts de nos 25 années d'existence
en phytothérapie, nous avons acquis une expérience et un
savoir-faire qui ne peuvent que contribuer à l'amélioration de la
situation médicale au Québec. Encore une fois, merci de votre
initiative.
Je demanderais maintenant à notre secrétaire de bien
vouloir vous faire part des recommandations de notre association à la
commission. M. Lavoie.
M. Lavoie (Mario): Merci, M. Gervais. M. le Président, je
suis à la page 15 du mémoire. Il me fait plaisir de vous faire la
lecture des recommandations de l'Association québécoise des
phytothérapeutes.
Compte tenu que les Québécois sont massivement favorables,
85 %, à la reconnaissance par le gouvernement des thérapies
alternatives; compte tenu que la
phytothérapie a un impact économique important et à
la lumière des réflexions contenues dans notre mémoire,
l'Association québécoise des phytothérapeutes recommande
à la commission: 1. de reconnaître la liberté des usagers
quant au choix du thérapeute; 2. de créer un office des
thérapies alternatives qui réglementerait la pratique des
thérapies alternatives et les organismes qui les regroupent, dont
l'association québécoise des phytothérapeutes. à ce
niveau, l'association québécoise des phytothérapeutes
offre toute sa collaboration au gouvernement du québec lors de la
création de cet office; 3. de déterminer des standards de
qualité quant à la formation et à la pratique des
thérapeutes alternatifs; 4. d'exiger des organismes voulant faire partie
de l'office des thérapies alternatives un code de déontologie, un
comité de discipline, un comité de surveillance et d'inspection
professionnelle; 5. de reconnaître comme thérapeutes alternatifs
les phytothérapeutes regroupés dans l'association
québécoise des phytothérapeutes.
Voilà, M. le Président, les recommandations de
l'Association québécoise des phytothérapeutes.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Lavoie.
M. Gervais: Nous savons que vous avez pris connaissance de notre
mémoire. Nous serions donc maintenant à votre disposition pour
apporter des éclaircissements supplémentaires.
Le Président (M. Joly): M. le ministre de la
Santé.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est une approche pragmatique, donc une présentation
très brève, de se limiter, bien sûr, aux
recommandations.
Une première question: Phytothérapie,
naturothé-rapie, c'est quoi la différence?
M. Gervais: Je connais très bien la phytothérapie,
mais, pour définir la naturothérapie, je crois qu'il faudrait
vous adresser à des naturopathes. (9 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'on a fini
hier soir un peu... On a passé la soirée avec des naturopathes,
hier. Et, comme on est aussi dans un exercice d'éducation populaire en
même temps, même si 85 % des gens souhaitent des thérapies
alternatives, il faut quand même admettre que, au-delà de tout
cela, les gens vont vers un mouvement, vers des choses qui peuvent leur
apporter du bien-être sans pour autant pouvoir préciser ce que
c'est. Vous avez été, à un moment ou l'autre, en contact
avec un homéopathe et ça vous a apporté un certain
soulagement ou des connaissances additionnelles pour mieux contrôler
votre corps, ou avec d'autres spécialités. Les
massothérapeutes, hier soir, ont fait la démonstration qu'ils
peuvent, à l'occasion, appor- ter du bien-être à un
individu. On a même, nous, de la difficulté à faire cette
distinction entre toutes ces appellations et toutes ces techniques, toute cette
science. Alors, c'est un petit peu pour ça que j'ai dit: Je vais
commencer rapidement, ce matin, en demandant à des gens qui connaissent
ça c'est quoi, la différence entre phytothérapie et
naturothérapie parce que je suis moi-même un petit peu
embrouillé. Comment?
M. Trudel: Entre naturopathe et naturothérapie.
M. Côté (Charlesbourg): Naturopathe et
naturothérapie. Je ne sais pas si...
M. Gervais: Pour ce qui est de la phytothérapie, comme le
nom l'indique, «phyto» veut dire plante et
«thérapie», traitement; donc, c'est la thérapie qui
s'offre aux gens qui est la plus naturelle possible, c'est-à-dire qui
utilise les choses naturelles pour arriver à ses fins, par opposition,
si vous voulez, à la médecine conventionnelle ou à la
médecine chimique. Alors, c'est pour éviter les effets
secondaires et tout ça.
Maintenant, pour ce qui est de la naturothérapie, c'est des gens,
je pense là, je le dis avec restriction parce que je ne veux pas,
non plus, me faire leur porte-parole qui s'adressent plus à
l'alimentation. La phytothérapie touche aussi à l'alimentation,
mais, eux autres, ils se spécialisent davantage dans l'alimentation.
Est-ce que ça répond?
M. Côté (Charlesbourg): Un peu, mais il nous reste
encore trois jours pour fouiller tout ça un petit peu. Il faut se rendre
compte que, si on ne réussit pas, à notre commission, à ce
moment-ci, à tenter de clarifier un certain nombre de choses, ça
prendra probablement 5 ou 10 ans avant d'en avoir une autre. Alors, autant
tenter de faire oeuvre utile pour faire progresser, parce que, vous le savez
fort bien ils ont probablement, dans certains cas, raison aussi
la médecine dite traditionnelle a des résistances assez
importantes vis-à-vis des médecines alternatives. Mettons de
côté l'aspect plus monétaire ou l'empire qui pourrait
être attaqué ou s'effriter, mettons ça de
côté. Chaque fois qu'ils en parlent, ils ont quand même
toujours de l'argumentation qui n'est pas à dédaigner non
plus.
En faisant du zapping un de ces soirs, à la
télévision, j'ai vu une émission qui s'appelle
«Droit de parole». Moi, je ne participe pas à ce genre
d'émission parce que je pense que ça n'apporte rien. Tout ce que
ça apporte, c'est de la popularité à l'animateur, pour
augmenter ses cotes et ses cachets en même temps. Mais j'ai vu du monde y
participer et j'ai vu qu'il y avait des courants bien différents. C'est
M. Augustin Roy qui était là, avec d'autres aussi qui
défendaient un point de vue et il y avait du questionnement. À ce
moment-là, on parlait beaucoup de recherche. Donc, il y avait
nécessité de faire, dans les thérapies alternatives, de la
recherche pour être capable d'avancer davantage de preuves sur le plan
scientifique. C'est pour ça qu'on va profiter de la commission pour
tenter de s'informer et d'informer nos
concitoyens et concitoyennes. deuxième question. vous allez me
trouver dur en partant ce matin, mais ce n'est pas particulièrement
dirigé contre vous. 85 % des gens ont de l'ouverture vis-à-vis
des thérapies alternatives. mon appréciation, à moi, je
pense que les 85 % sont réels, mais, sans vouloir insulter nos
concitoyens et concitoyennes, j'ai l'impression qu'ils ne savent pas toujours
quelles sont les thérapies alternatives qu'on devrait reconnaître
et celles qu'on devrait écarter. on parlait, lors de la commission
parlementaire sur la réforme, de 100 et quelques; m. mulcair nous a
parlé de 200 et quelques thérapies alternatives. je ne suis pas
sûr qu'on serait très crédibles demain matin si on
claironnait, de manière très claire: toutes les thérapies
alternatives devraient être reconnues au québec. je pense qu'il y
a un bloc qui est un peu plus connu, qui est un peu plus acceptable.
Est-ce que, dans votre esprit à vous, il en existe, des
thérapies alternatives, qui ne devraient pas être reconnues? On va
revenir à la phyto tantôt, je vais vous donner la chance de
revenir à votre domaine particulier. Mais, quand on dit que 85 % des
gens sont ouverts ou ont, à un moment ou l'autre, été en
contact, par la connaissance ou par la pratique, avec les thérapies
alternatives, dans votre esprit à vous, est-ce que ça veut dire
que les gens sont prêts à accepter n'importe quoi? Je ne pense
pas.
Le Président (M. Joly): M. Gervais.
M. Gîervais: Les gens ne sont certainement pas prêts
à accepter n'importe quoi. C'est pour ça que, dans notre
deuxième recommandation, on demande de créer un office des
thérapies alternatives. Donc, cet office-là aurait comme travail,
si vous voulez, justement de faire du ménage là-dedans, de voir
à réglementer les thérapies alternatives et puis à
protéger le public, finalement. Mario, tu voulais rajouter des
choses?
M. Lavoie (Mario): Oui, peut-être, M. le Président.
M. le ministre, ce qui nous préoccupe au plus haut point, c'est de
légaliser la pratique courante selon certaines balises. Maintenant,
est-ce qu'il y a des pratiques alternatives à bannir, d'autres à
retenir? Je pense qu'il appartient au gouvernement de fixer ces balises. De
quelle façon fixer les balises? C'est de regarder quelles sont les
thérapies alternatives qui, au cours des années, ont eu la
préoccupation de se structurer pour, finalement, protéger le
public, pour donner au public un service de qualité, un service
structuré, un service dispensé de façon
compétente.
Donc, ce matin, je ne serais pas en mesure de dire: Telle ou telle
thérapie ne devrait pas être reconnue, mais la
préoccupation de l'Association québécoise des
phytothérapeutes, c'est justement de participer au meilleur balisage, si
on peut appeler ça ainsi, du secteur des thérapies alternatives.
Autrement dit, c'est la protection du public. On sait que la population est de
mieux en mieux et de plus en plus informée. Donc, je pense qu'il
appartient au gouvernement de lui permettre, à cette population, de
pouvoir choisir en toute connaissance de cause la thérapie ou le
thérapeute.
Donc, je crois que le gouvernement devrait orienter son action sur deux
plans. D'abord, les thérapeutes. On recommande à cette commission
de déterminer certains standards, notamment, en matière de
formation et également en matière de pratique. C'est mon premier
élément. Le deuxième élément, c'est d'exiger
des organismes, c'est-à-dire des associations, d'avoir certains
critères minimums. Quand je parle d'une association, je parle d'une
association dûment constituée et opérationnelle, donc avec
des règlements généraux et tout ce qu'une telle
opération exige en termes d'appareillage. En plus, de façon
spécifique aux thérapies alternatives, je pense que en
tout cas, à l'Association, c'est ce qu'on croit il est de
première importance qu'une association se dote d'un code de
déontologie, d'un comité de discipline et, finalement, d'un
comité de surveillance et d'un comité d'inspection. Ce qui est
sous-tendu derrière tout ça, finalement, c'est le principe de F
autoréglementation de l'association qui, comme je l'ai dit tout à
l'heure, est légalement constituée et possède les
règlements généraux pour son fonctionnement.
Donc, je ne sais pas, M. le ministre, si je réponds à
votre question, mais c'est en plaçant des standards minimums aussi bien
sur les thérapeutes que sur les associations qui représentent ces
thérapeutes qu'on pourrait y parvenir.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes très
habile, vous me ramenez sur votre terrain et, d'ailleurs, j'y arrivais. En
parlant de formation, je trouve que, évidemment, un
élément qui est très important sur le plan de la
crédibilité, c'est la formation. Ce que vous souhaitez, c'est
que, dans tous les cas, les gens soient détenteurs au moins d'un D.E.C.
et qu'il y ait cinq sessions de cours suivis sur la connaissance du corps, qui
est élémentaire à ce que j'ai compris. Dans l'esprit de
quelqu'un qui a laissé le cégep depuis 1967, 5 sessions,
ça veut dire quoi en termes de temps, pour être capable de
l'évaluer? C'est l'équivalent du D.E.C, cinq sessions, pour vous,
ou si c'est un D.E.C. plus cinq sessions dans des domaines plus
spécifiques?
M. Gervais: C'est un D.E.C. plus... M. Côté
(Charlesbourg): Plus.
M. Gervais: ...cinq sessions dans des domaines
spécifiques.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, un tronc com-mum qui
est le D.E.C. de base...
M. Gervais: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): ...plus cinq sessions
spécifiques dans des domaines plus spécifiques et plus pointus
qui vous mènent à votre profession. C'est ça? (9 h 30)
M. Gervais: Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): Et ces sessions-là se
donnent par des écoles privées, j'imagine?
M. Gervais: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Et c'est des sessions de
combien de temps: 30 heures, 40 heures, 45 heures?
M. Gervais: 45 heures.
M. Côté (Charlesbourg): 45 heures. Et donnez-moi des
exemples, là. Au-delà de ceux...
M. Gervais: Maintenant, ces sessions-là sont de 45 heures,
mais ça comporte aussi des travaux que les gens doivent faire et puis
ces travaux sont supervisés par le formateur.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que ce que je n'ai pas
dit, puis ce qu'on voit dans vos documents, vous existez depuis 1969.
M. Gervais: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Donc, on n'a pas
affaire à des gens qui, dans la fièvre des dernières
années, avec certaines possibilités qui pouvaient s'offrir, ont
profité de l'occasion pour venir au monde, là. Bon.
M. Gervais: Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on fait affaire avec
des gens qui sont sur le terrain depuis déjà fort longtemps et
qui ont vécu, possiblement, toutes sortes de misères à se
faire reconnaître, à se faire connaître et ainsi de suite,
j'imagine, là. Et, donc, on a affaire à des gens qui, s'ils ne
sont pas professionnels, disons, ont certaines habiletés à
résister au temps. Bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que la
formation, c'est la base de tout. On se répète: minimum un DEC,
plus des spécialités qui sont suivies dans des écoles.
Est-ce qu'il y a beaucoup de monde qui suit ça de ce
temps-là?
M. Gervais: II y a beaucoup de monde qui suit les cours. Nous en
avons, actuellement, quelque 300 au Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Ils font quoi,
après, là? Ils se retrouvent où, là, pour
pratiquer?
M. Gervais: Pour pratiquer, bien, ils pratiquent sous la
surveillance du formateur. Le formateur surveille la pratique de ces gens, puis
il voit si c'est adé- quat. Il voit à faire les corrections
appropriées.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Ça, c'est dans
la formation. Donc, c'est théorie et pratique...
M. Gervais: Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): ...dans le cas de la
pratique, mais laissons... Il est formé, là, il a son D.E.C., il
a suivi ses cinq sessions et plus dans des domaines plus pointus et il peut
donc voler de ses propres ailes.
M. Gervais: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): II peut donc être,
demain matin, installé sur la rue Saint-Denis, à Montréal.
Je ne sais pas où c'est, par exemple, parce qu'il paraît que je ne
connais pas Montréal. Alors...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...je prends ça au
hasard: sur la rue Saint-Denis. Ha, ha, ha! Au sud, au nord? Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la route qui
mène à Rouyn, ça?
M. Trudel: Non, un petit peu plus vers le nord.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, il s'installe et il
pratique. Alors, il reçoit qui, puis qu'est-ce qu'il fait? Dites-moi la
vie quotidienne d'un phytothérapeute qui a été reconnu par
vous et comment ça se passe. Il a suivi ses cours, il est bon? Parce
que, des médecins, il y en a qui suivent des cours pendant bien des
années, puis il y en a de très bons, puis il y en a de moins
bons. La plus belle preuve, c'est que ça prend une corporation pour
être capable de suivre. Bon. Vous dites, vous autres: II faut encadrer
pour éviter que des charlatans... Bon, dans un premier temps, il faut au
moins qu'on se protège, on va éliminer les charlatans. À
l'intérieur de ceux qui sont déjà diplômés,
puis qui ont suivi tous les cours, il y en a qui sont corrects, il y en a qui
ne sont pas corrects. S'il y en a dans les politiciens, il y en a dans les
autres. Bon. Alors, disons que c'est ça, la vie, là. Comment
ça se passe, après ça?
M. Gervais: Alors, Nicole, j'aimerais que tu répondes
à ça, s'il te plaît.
Mme Forget (Nicole): D'accord.
Le Président (M. Joly): Mme Forget, s'il vous
plaît.
Mme Forget: Moi, ça fait huit ans que je pratique
la phytothérapie; j'enseigne aussi la phytothérapie. C'est
une thérapie qui est holistique. Disons qu'on s'occupe beaucoup...
Premièrement, on ne fait pas de diagnostic. On n'est pas contre les
médecins, on ne prétend pas prendre leur place, non plus. On ne
fait pas de diagnostic. La personne arrive avec son diagnostic médical
ou, des fois même, c'est juste pour entretenir sa santé.
M. Côté (Charlesbourg): Juste là-dessus. Vous
dites: La personne arrive avec son diagnostic médical.
Mme Forget: Elle a déjà vu des médecins.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
Mme Forget: La plupart du temps, ces personnes-là arrivent
avec un diagnostic.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'elle vous est
référée par un médecin? Est-ce que ça
arrive?
Mme Forget: Des fois, il y a des médecins qui nous
envoient des personnes, oui.
Une voix: Exceptionnellement.
Mme Forget: Cela arrive de plus en plus. Nous, on regarde tout ce
qui est les facteurs naturels de santé, que ce soit au niveau de
l'attitude mentale, que ce soit au niveau de la diète alimentaire, bien
sûr, que ce soit au niveau du mode de vie de la personne. Bien souvent,
il y a des personnes, ça fait 15 ans qu'elles essaient de se faire
traiter pour une maladie ou l'autre, puis il n'y a aucun résultat.
Très souvent, c'est simplement dans leur mode de vie qu'il y a des
modifications à faire. C'est très important. Et, depuis 25 ans
que l'Association existe, je pense qu'on n'a pas eu de plaintes, en tout cas,
nous, à l'Association, là. Ces personnes, on veut les
éveiller pour qu'elles se prennent en main. On fait beaucoup de
prévention, en phytothérapie, parce que, la santé,
ça regarde tout le monde. Ça ne regarde pas seulement le
médecin, ça commence par nous, ça commence par le client,
justement; il faut qu'il commence à prendre soin lui-même de sa
santé. La santé, ce n'est pas un cadeau. Disons que c'est
là-dessus, nous, qu'on essaie le plus possible de conscientiser...
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, comme ministre,
ce n'est pas un cadeau!
Mme Forget: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Comme ministre, ce n'est pas
un cadeau!
Mme Forget: Non? Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Forget: Donc, on essaie de conscientiser le plus possible la
personne à ce qu'elle devienne responsable d'elle-même. Il y a des
choses à changer, bien sûr, dans beaucoup, beaucoup de domaines.
Nous, on est là pour superviser, en réalité, on est
là pour guider la personne, encourager la personne. On a des plantes
médicinales qui ne sont pas... Il y a beaucoup de personnes qui vont
aller acheter toutes sortes de choses dans des magasins, qui ne savent
même pas quoi faire avec. Nous, on est là, justement, pour
superviser ces personnes-là dans ce domaine-là, au niveau des
plantes médicinales.
M. Côté (Charlesbourg): Comme vous abordez le
phénomène des plantes, moi, j'ai entendu je ne sais pas si
c'est des mauvaises langues, mais, vous savez, il y en a dans tous les domaines
que, des plantes, ça pouvait aussi être dangereux, que
ça pouvait même être très dangereux pour des
individus. Quel est le niveau de formation que vos gens ont pour bien s'assurer
qu'il n'y ait pas de mélanges? Parce que j'imagine que c'est à
partir de mélanges qui peuvent finalement altérer la santé
de l'individu? Est-ce qu'à ce niveau-là vous offrez des garanties
à ceux qui vont vous voir quant au niveau de connaissances et quant aux
conséquences, aussi? Parce que, s'il y a des conséquences
positives, il peut y avoir des conséquences négatives.
M. Gervais: Voici. C'est que, dans la phytothérapie
moderne, nous n'allons pas cueillir nos plantes. Je ne dis pas que ce n'est pas
une bonne façon, mais, nous, nous ne faisons pas ça, O.K.? Nous
faisons affaire avec des laboratoires qui sont reconnus et puis qui ont fait
une certaine expertise quant à la fabrication de ce qu'on appelle la
médication naturelle. Donc, les plantes, les mélanges de plantes
qui sont contenues dans la médication naturelle ont déjà
fait leurs preuves. Alors, ce qu'on utilise, il n'y a aucun danger que ce soit
des plantes dangereuses, si vous voulez. Maintenant, vous avez parfaitement
raison en disant qu'il y a des plantes qui sont extrêmement dangereuses.
L'opium, c'est une plante. Mais ce qu'on utilise, nous autres...
M. Côté (Charlesbourg): Mais, là, ne me
mettez pas un écran de fumée!
M. Gervais: Ha, ha, ha! Ce n'est pas mon intention. Alors, ce
qu'on utilise, c'est déjà sélectionné. Alors, nous
n'utilisons pas des plantes que nous allons cueillir nous autres mêmes.
Alors, c'est déjà sélectionné par des laboratoires
reconnus, puis des chimistes reconnus.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Vous avez donc un
certain nombre de personnes, actuellement, vous souhaitez qu'il y ait un
office. Est-ce que c'est cet office-là qui accepterait ou ferait des
démarches d'évaluation des thérapies alternatives qui
pourraient être incluses dans le cercle? Vous savez, quand on regarde la
résistance qu'on a à implanter des projets de sages-
femmes, des projets-pilotes groupe pris au hasard ...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...il est bien
évident qu'on va faire face à cette même résistance,
et on fait face à cette même résistance quant à des
thérapies alternatives. Un certain nombre de thérapies sont un
peu plus reconnues aujourd'hui et, à travers les années, ont
réussi à faire un bout de chemin à force de travailler
très fort et à presque s'imposer.
Est-ce que cet office-là, dans votre esprit à vous, aurait
toute la liberté d'action d'accueillir en son sein d'autres
thérapies alternatives, et cela devrait se passer comment? Est-ce que
c'est, tout simplement, le lobby de bons «chums», de connaissances,
ou s'il n'y a pas un petit peu de travail à faire pour savoir les vertus
et les bienfaits que pourrait procurer une thérapie alternative?
M. Gervais: Nous voyons l'office des thérapies alternatives comme
étant un organisme qui régirait, si vous voulez, toutes les
thérapies alternatives, qui ferait ses réglementations, qui
créerait des standards de qualité, de formation, etc. Et cet
office-là, bien sûr, ce serait l'office qui accepterait telle
thérapie ou refuserait telle autre pour telle et telle raison.
Maintenant, les normes seraient établies par l'office et nous serions,
nous autres, disposés à collaborer avec cet office pour
établir ces standards de qualité.
(9 h 40)
M. Côté (Charlesbourg): En réalité, ce
que je comprends, c'est un Office des professions déguisé pour
les médecines alternatives.
M. Gervais: En quelque sorte.
M. Côté (Charlesbourg): Pourquoi ça? Parce
que vous n'avez pas confiance à l'Office des professions?
M. Gervais: Pas du tout. C'est que je pense qu'il n'est pas
nécessaire d'être professionnel, si vous voulez, pour pratiquer
une thérapie alternative. Ce n'est pas mauvais de l'être, mais ce
n'est pas ça qu'on vise. Notre but principal, c'est la reconnaissance
légale, ce qui n'existe pas actuellement puisque c'est exclusivement
réservé à la médecine conventionnelle.
M. Côté (Charlesbourg): Est-qu'on pourrait aller
jusqu'à dire que le but ultime, c'est un mécanisme qui permette
la reconnaissance légale sous un certain nombre de conditions à
être respectées?
M. Gervais: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'on l'a dit
tantôt, 200 et quelques, je ne pense pas que ce soit pour demain matin,
mais il faut créer un processus qui va amener le dépassement. En
amenant le dépassement, il faut qu'il y ait une certaine preuve
scientifique du bien- être à recevoir pour des individus pour
être capable d'y arriver. C'est un peu ça, c'est bien plus une
démarche qui permettrait effectivement d'y arriver. C'est ça?
M. Gervais: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Et, dans votre esprit,
l'office, ce serait ça?
M. Gervais: Oui, c'est exactement ça. Et puis, vous avez
mentionné quelque chose d'intéressant, tout à l'heure, qui
pourrait devenir un critère d'acceptation des thérapies
alternatives: nous ne sommes pas nés d'hier et puis nous ne sommes pas
dans la dernière poussée des quatre, cinq ou six dernières
années où les gens ont vu qu'il y a des choses à faire
là-dedans, même des revenus intéressants, et se lancent
tout d'un coup là-dedans. Nous sommes là depuis longtemps; donc,
nous ne sommes pas nés de la dernière pluie.
M. Côté (Charlesbourg): Savez-vous qu'en vous
écoutant, si je vous reposais la même question que je vous ai
posée au début, vous seriez plus habilité à
répondre.
M. Gervais: Peut-être.
M. Côté (Charlesbourg): Y a-t-il des
thérapies alternatives qui ne devraient pas être reconnues?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gervais: Sûrement, mais je ne sais pas lesquelles. Il
faudrait établir des critères.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va, merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, s'il vous plaît.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je souhaite la
bienvenue, au nom de l'Opposition, aux représentants des
phytothérapeutes et je vais essayer d'obtenir aussi un certain nombre de
précisions quant à votre existence et à la reconnaissance
que, très nettement, vous recherchez.
Ce que vous nous dites, dans les précisions que vous apportez en
réponse aux questions du ministre, c'est: Nous recherchons d'abord une
reconnaissance légale. On va prendre ça peut-être par la
négative. Est-ce que vous avez été les victimes de
poursuites pour pratique illégale de la médecine? Est-ce que vous
avez eu des poursuites engagées par la Corporation professionnelle des
médecins pour pratique illégale de la médecine?
M. Gervais: Oui, il y en a eu. Il y en a eu un nombre
relativement restreint, mais il y en a eu.
M. Trudel: Bon, et pourtant... Vous avez eu des
condamnations?
M. Gervais: Pardon?
M. Trudel: Est-ce qu'il y a eu des condamnations?
M. Gervais: C'est-à-dire que les condamnations n'ont pas
eu lieu parce que, dans la plupart des cas, les gens ont plaidé
coupables et ils ont payé l'amende qui était imposée.
Légalement, tu ne peux pas t'engager dans cette chose-là parce
que la loi prévoit que ce n'est que le médecin qui a le droit de
faire ce genre de pratique. Alors, on n'est pas allé plus loin à
cause de ça.
M. Trudel: Pourtant, vous défendez à vos membres de
poser des actes diagnostiques, avez-vous dit, madame.
Mme Forget: Oui.
M. Gervais: Légalement, nous ne pouvons pas.
Mme Forget: Mais, maintenant, telle qu'est la loi, on n'a pas le
droit de dire à quelqu'un: Prends quatre verres d'eau par jour, c'est
bon pour la santé. Donc, ça devient une prescription
médicale. Alors, c'est là qu'on est coincés. Mange plus de
carottes, on n'a pas le droit de dire ça; c'est encore
réservé aux médecins. Alors, c'est surtout
là-dessus qu'on a beaucoup de difficultés. Au niveau
diagnostique, il n'y a jamais eu de plaintes. On n'a pas eu de poursuites parce
que, en phytothérapie, on ne fait pas de diagnostic médical.
M. Trudel: Est-ce que vous recherchez la reconnaissance et
l'exclusivité de pratique dans un champ donné?
M. Gervais: Nous ne recherchons pas l'exclusivité en
quelque domaine que ce soit; on le met, d'ailleurs, dans notre
«rapport», si vous l'avez lu. On ne veut prendre la place de
personne et on veut tout simplement apporter ou continuer d'apporter à
la population qui nous fait confiance les services que nous lui offrons, mais
légalement.
M. Trudel: C'est parce que j'essaie de voir comment l'État
pourrait en arriver à rejoindre vos objectifs, à répondre
à vos attentes de légaliser votre pratique. Ça s'entend
que vous êtes là, ce matin, de façon illégale. Vous
êtes dans l'illégalité. J'espère qu'il n'y a
personne, qu'il n'y a pas d'espions qui vont vous dénoncer quelque
part.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous êtes ici dans l'illégalité.
Et, pourtant, on sait, le gros bon sens nous le dit, que vous n'êtes pas
dans l'illégalité, c'est-à-dire qu'on ne met pas les
policiers à vos trousses quotidiennement là-dessus. Vous
êtes dans une situation où on peut vous reprocher...
M. Gervais: Exact.
M. Trudel: ...par rapport à la Loi médicale
actuelle, des actes qui s'apparentent à la pratique illégale de
la médecine. Je réamorce la question: Comment l'État
devrait-il vous reconnaître ou vous légaliser sans mettre au monde
un appareillage, une bureaucratie monstre? Pourquoi on devrait mettre une
superbe bureaucratie, des éléments de contrôle à
n'en plus finir pour des actes qui, en tout cas, pour un grand nombre des
thérapies alternatives, sont qualifiés par l'Office des
professions comme ce n'est pas dangereux, ce n'est pas extrêmement
dangereux et la sécurité du public n'est pas gravement en danger
ou gravement en question? Alors, comment l'État devrait-il faire
ça au minimum pour vous reconnaître, pour vous légaliser,
pour vous donner le droit d'existence, pour que vous soyez ici en toute
légalité comme phytothérapeutes?
M. Gervais: Mouille-toi donc, Mario.
M. Lavoie (Mario): Oui, M. le Président, peut-être
quelques commentaires sur ce sujet. D'abord, je ne pense pas que l'Association
québécoise des phytothérapeutes préconise
l'établissement d'une très forte bureaucratie. L'Association
préconise une autoréglementation des associations. Maintenant, je
pense qu'il faut regarder ça en termes de protection du public,
d'information du public. Et on pense que c'est le rôle du gouvernement
d'assurer un minimum d'information, notamment sur les thérapies
alternatives, à l'intention de la population. La création d'un
office, je pense, pourrait, à notre avis, répondre à ces
préoccupations.
M. Trudel: Prenons ce chapitre de la protection du public. Eu
égard aux phytothérapeutes on ne parlera pas des autres,
là; on va parler des phytothérapeutes pourquoi on devrait
protéger le public? Je complète la phrase sous-entendue, si elle
est fausse vous me corrigez. Pourquoi on devrait protéger le public
contre les phytothérapeutes? Parce qu'ils pourraient être
dangereux? Il pourrait y avoir des dommages, il pourrait y avoir des
lésions, il pourrait y avoir des torts qui seraient causés?
M. Lavoie (Mario): Eh bien, c'est-à-dire qu'on veut avoir
un statut légal pour la bonne raison que les membres, que les
thérapeutes puissent avoir la tranquillité d'esprit, donc
pratiquer en toute liberté, en fonction des exigences de l'Association,
c'est-à-dire en fonction d'un code de déontologie, comité
de discipline, de surveillance.
Vous savez que les phytothérapeutes sont des alliés
naturels du gouvernement. Dans la philosophie du phytothérapeute, le
phytothérapeute informe son client, l'incite à se prendre en
charge, à se prendre en main.
Là-dessus, je pense qu'on rejoint très bien les
préoccupations du gouvernement. Le phytothérapeute, c'est ce
qu'il fait depuis plus de 25 ans. Maintenant, il n'a quand même pas de
reconnaissance légale. Le phytothérapeute n'est pas un être
dangereux; au contraire, il veut aider la population.
M. Trudel: Est-ce qu'on pourrait atteindre l'objectif de vous
reconnaître, de reconnaître votre existence et votre pratique, en
définissant un certain nombre d'actes que vous n'avez pas le droit de
réaliser? Est-ce que ce serait une voie, ça, en disant: Vous ne
pouvez... Je vais prendre l'exemple de madame, en réponse à une
autre question tantôt: On ne pose pas d'actes diagnostiques. Il serait
interdit aux phytothérapeutes de poser un acte diagnostique sur la
santé et, je ne sais pas, de faire des interventions, des intrusions,
des actes anesthésiques, des manipulations, etc. Est-ce que, si on y
allait par l'exclusion des actes que vous n'auriez pas le droit de
réaliser, ce serait un pas dans ce que vous appelez votre reconnaissance
légale? (9 h 50)
M. Gervais: Sûrement. Ce serait un pas intéressant
et ce serait une reconnaissance, si vous voulez, officielle. Il y a des choses
qu'on pourrait faire et des choses qu'on ne pourrait pas faire; ça va
dans ce sens-là. Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Trudel: et, par ailleurs, est-ce que vous pensez que l'on
pourrait atteindre, à peu près, encore une fois, ces objectifs de
la légalisation et de la reconnaissance en réservant le titre
je ne parle pas de champ de pratique en disant: pour porter le
titre de phytothérapeute, il faut avoir tel type ou tel niveau de
formation?
M. Gervais: Oui, sûrement.
M. Trudel: Ça, ça contribuerait aussi et ça
répondrait pas mal à votre...
M. Gervais: Ça va dans le sens de ce qu'on veut avoir,
exactement.
M. Trudel: Maintenant, parlons information et protection du
public. Vous dites, dans votre mémoire, à la page 9, que, depuis
1970, vous avez un comité de discipline...
M. Gervais: Oui.
M. Trudel: ...sur le modèle de celui du Collège des
médecins. Je ne suis pas sûr que c'est un modèle,
là, moi, mais c'est vous qui le dites.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavoie (Mario): À l'époque, c'était
bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: À l'époque, c'était bon. Avec ce
qui s'est dit récemment et ce qu'on a vécu depuis une quinzaine
d'années, attention au modèle dans ce secteur, ce n'est
peut-être pas le meilleur canon en matière de gestion des plaintes
du public.
M. Lavoie (Mario): Mais, on l'a modifié depuis.
M. Trudel: Comment ça se passe dans votre comité de
discipline? Comment se traitent les plaintes? Quelles sont les sanctions?
Comment ça procède? Où sont les consommateurs, les
utilisateurs? Le phytothérapeute, peut-il se défendre? Comment
ça se passe?
M. Lavoie (Mario): O.K. Comment ça se passe? D'abord, le
rôle du comité de discipline, c'est d'étudier toutes les
plaintes reçues. Tout à l'heure, on a mentionné que,
depuis 25 ans, il n'y avait eu que très peu de plaintes. M. le
président, je pense que c'est une plainte?
M. Gervais: Deux.
M. Lavoie (Mario): Deux plaintes. Donc, le comité de
discipline n'a quand même pas eu la chance de siéger très
souvent. Mais, ce qu'on dit dans notre réglementation, c'est qu'il
étudie, comme je le disais tout à l'heure, toutes les plaintes
reçues, il analyse chacune attentivement et fait des
recommandations.
M. Trudel: Mais, écoutez, je vais vous arrêter un
peu. Si vous me dites que vous avez eu seulement une plainte en 25 ans, je ne
suis pas pour prendre plus de temps pour faire décrire le processus que
ça a pris de temps pour traiter la plainte là-dessus. Moi, j'en
conclus tout de suite, écoutez, que vous n'êtes pas bien, bien
dangereux, là...
M. Gervais: C'est vrai.
M. Trudel: ...si vous avez eu une seule plainte au cours des 25
dernières années. Vous êtes à peu près 1000
dans votre association, vous êtes répartis partout à
travers le Québec. La conclusion que j'en tire pour l'instant, c'est:
N'inventons pas l'armada des structures, ne mettons pas au monde un monstre
bureaucratique pour dire que vous existez, que vous avez une approche qui est
basée sur les produits que la nature, si j'ose dire, nous fournit, que
vous avez une formation, que vous souhaitez être reconnue, qui
empêche en quelque sorte que vous fassiez de la synthèse avec ces
plantes pour produire des éléments dangereux pour la santé
humaine. J'ai comme l'impression que les phytothérapeutes sont une
approche exercée par un certain nombre de personnes qui cherchent tout
simplement à dire: Dans ce créneau de la santé, à
partir de ce que produit la nature, ça, c'est ce que nous faisons et
nous n'avons aucune prétention qui atteint ce qui est
généralement reconnu comme étant la pratique de la
médecine scientifique. Et vous voulez avoir une reconnaissance qui vous
soustraie
à d'éventuelles poursuites au niveau de la
médecine, et le titre réservé pourrait peut-être
amener cette reconnaissance, avec un registre pour ceux et celles qui ont tel
niveau de formation. Est-ce que vous pensez, même là-dessus, que
l'Association pourrait être responsable de la tenue du registre?
Moi, je vais vous dire, en matière de thérapies
alternatives, ce que je cherche à regarder, c'est l'État
minimaliste, le minimum du côté de l'État et le maximum du
côté des individus responsables. Parce que, là, je peux
bien avoir un office pour encadrer les musico-thérapeutes, mais, quand
je suis chez nous et que j'écoute Bach, que je suis en train de me faire
de la thérapie musicale, est-ce que j'ai besoin d'un encadrement et
est-ce que j'ai besoin du gouvernement dans cette oreille et de la musique de
Bach dans l'autre oreille pour savoir si ça me fait du tort?
Liberté et responsabilité de l'individu doivent compter un peu
dans ce monde-là. Alors, est-ce que vous pourriez, vous autres, assumer
vous-mêmes cette responsabilité de tenir le registre et de le
fournir éventuellement à l'État?
M. Gervais: Nous assumons déjà cette
responsabilité. Nous possédons notre comité de discipline
au cas où, nous avons notre code de déontologie, nous avons nos
règlements généraux, nos règlements internes, notre
façon de procéder et tout. Et puis c'est pour ça sans
doute que le phytothérapeute ne se sent pas seul, non plus; il fait
partie de l'Association, il est soutenu par l'Association. L'Association fait
une espèce de rencontre continuelle avec ses gens, avec son
congrès annuel. Alors, il y a de l'information qui parvient
régulièrement aussi aux phytothérapeutes; donc, vous
définissez exactement la bonne... Alors, ce que vous projetez, ça
entre exactement dans notre façon de voir.
M. Trudel: Moi, je vais juste vous dire: Allez en paix, croissez
et multipliez-vous! C'est tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Forget: Est-ce que vous pourriez le marquer sur un
papier?
M. Trudel: Alors, moi, je vous remercie. C'est juste ça.
Allez dans la nature, c'est le cas de le dire, croissez et multipliez-vous. Et
on verra pour le minimum.
M. Gervais: Oui. Et je crois que ce «croissez et
multipliez-vous» existe puisque la population nous fait confiance. Nous
avons affaire à plusieurs personnes; on ne fait pas de publicité
et les gens viennent nous voir. Ça se fait de bouche à oreille,
si vous voulez. Alors, je pense que c'est la meilleure chose.
Le Président (M. Joly): Avant de vous libérer,
j'aurais peut-être une ou deux petites questions aussi, M. Gervais ou Mme
Forget, vous faites mention que vous avez un congrès annuel, vous faites
mention que vous avez à peu près 1000 membres. Quelle est la
réponse au niveau du congrès annuel? Vous avez combien de membres
qui participent à vos congrès?
M. Gervais: nous avons à peu près de 40 % à
45 % des gens qui viennent assister au congrès annuel.
Le Président (M. Joly): Qui répondent, qui
assistent au congrès.
M. Gervais: Oui.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez un journal
interne qui informe vos membres sur une base mensuelle ou sur une base
semi-annuelle, ou trimestrielle?
M. Gervais: Nous n'avons rien sur base annuelle ou sur base
mensuelle, mais il y a régulièrement de l'information qui
parvient à nos membres.
Le Président (M. Joly): Le développement continu de
vos membres au niveau peut-être de ce qui se fait de nouveau, de ce qui
se découvre, de quelle façon est-il communiqué?
Strictement une fois par année lors des congrès?
M. Gervais: II y a des conférences qui se font dans les
régions. Alors, l'Association donne des conférences un petit peu
partout au Québec et réunit les phytothérapeutes d'une
région donnée, les informe des nouveautés et puis de la
mise à jour dans le domaine de la phytothérapie.
Mme Forget: On a du courrier.
M. Gervais: II y a le courrier, exactement. Il n'y a rien qui est
établi d'une façon définitive, ça viendra sans
doute avec le grossissement de l'organisation, mais, actuellement, c'est
simplement organisé comme ça.
Le Président (M. Joly): Vous faites mention que c'est un
climat de confiance qui amène le client chez vous, là, par le
fait que déjà quelqu'un d'autre peut peut-être
bénéficier, disons, de vos bon conseils et tout ça. Une
visite chez vous ou une consultation chez vous, ça dure combien de temps
et ça coûte combien?
M. Gervais: La première visite dure
généralement assez longtemps parce que la personne fait un
établissement du bilan de santé de la personne. Alors, il y a un
dossier qui est ouvert et puis tout est conservé par écrit.
Alors, cette première visite-là peut prendre une heure et quart,
une heure et demie dans quelques cas. Et puis, après ça, lorsque
ce questionnaire ou ce dossier, si vous voulez, est rempli, le
phytothérapeute peut voir où sont les difficultés et peut
venir en aide à la personne d'une façon beaucoup plus
précise.
Le Président (M. Joly): Et ça coûte
combien?
M. Gervais: Ça coûte combien? Il n'y a rien
d'établi par l'Association. Il y a quelques phytothérapeu-tes qui
chargent quelque chose, et il y a d'autres phyto-thérapeutes qui ne
chargent rien. Maintenant, le phyto-thérapeute vend la
médication; alors, c'est là qu'est sa source de revenus, ce n'est
pas sur la visite elle-même. Mais la tendance semble vouloir que le
phytothérapeute charge un certain montant par visite; maintenant, ce
n'est pas encore établi définitivement.
Le Président (M. Joly): Merci. Moi, ça me
satisfait. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Évidemment, si vous avez la bénédiction de l'Opposition
quant à la multiplication, vous pourrez y régner en roi.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha! M. Gervais: On
vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Alors, au nom des
membres de cette commission, à mon tour de vous remercier.
M. le député, parfait? Tout est bien?
M. Trudel: Tout est bien, merci beaucoup. (10 heures)
Le Président (M. Joly): Merci, alors nous vous
libérons, c'est le cas de le dire.
Je demanderais aux membres de l'Association de médecine
holistique du Québec de bien vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Bonjour. Il me fait plaisir de vous accueillir. Dr Jean Drouin, c'est bien
ça?
Association de médecine holistique du
Québec (AMHQ)
M. Drouin (Jean): Oui.
Le Président (M. Joly): Je vous demanderais d'identifier
les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît. C'est toujours pour les
fins d'enregistrement des débats, de façon à ce que, quand
les gens interviennent, ils puissent être identifiés au niveau de
l'enregistrement.
M. Drouin: D'accord. À ma droite, il y a le docteur Michel
Camirand, qui est le président sortant de l'Association; à ma
gauche, le docteur Louise Comeau, qui est la vice-présidente actuelle de
l'Association, et le docteur Pascale Lahaie, la secrétaire actuelle de
l'Association.
Le Président (M. Joly): Merci. Je vous rappelle que vous
avez une vingtaine de minutes pour nous présenter votre mémoire
et, par après, les parlementaires échangeront avec vous. Alors,
vous avez la parole, Dr Drouin.
M. Drouin: D'accord. Si vous le permettez, on voulait tout
simplement présenter le mémoire sous forme, je dirais, de
tableaux. On avait pensé le faire un peu sous forme audiovisuelle. Mais
on a préparé ici un document d'une dizaine de pages qui est tout
simplement un résumé. Si ça vous va, on pourrait y aller
de cette façon-là.
Le Président (M. Joly): Sûrement, c'est une
très bonne façon.
M. Drouin: On peut le faire circuler, à ce
moment-là. C'est parce qu'on fonctionne toujours avec le principe des
auditifs et des visuels.
M. Côté (Charlesbourg): Là, on va se faire
donner la différence entre naturothérapie et
phytothérapie.
M. Drouin: Est-ce qu'on peut y aller?
Le Président (M. Joly): Sûrement, Dr Drouin. Je vous
reconnais.
M. Drouin: Alors, ce qu'on a pensé faire même
la présentation n'aura pas environ une vingtaine de minutes, on voulait
plus échanger avec vous c'est tout simplement situer les
problématiques, notre réflexion, et, par la suite, y aller
peut-être avec un échange.
Au départ, l'Association de médecine holistique a
été fondée en 1984 autour d'un concept de santé
holistique. On s'est regroupés vraiment autour du concept, et ça,
c'est important, vous allez le comprendre à un moment donné, dans
le sens que ce n'est pas les approches qui nous ont attirés au
début, que ce soit l'homéopathie, peu importe; on s'est
regroupés autour d'un concept de santé globale et on verra
tantôt, en pratique, comment on travaille avec ça.
Si on va à la page 2, on s'est regroupés autour d'un
concept qui, déjà, faisait son chemin en termes philosophiques.
Certains se réfèrent à Smuts, à Pelletier et tout
ça. Tout simplement pour y aller aussi simple, c'est que tout est
relié. Alors, notre réflexion était autour de
problèmes de santé où on semblait aller vers une
spécialisation à outrance. Exemple, le mal de gorge qu'on prenait
seulement pour le mal de gorge, sans peut-être vérifier
l'environnement, l'état de santé de la personne. Il y a toute une
question de réflexion sur la globalité, et ça nous a
amenés à réfléchir sur cette pensée globale
en santé, aidés de cette réflexion philosophique mondiale,
à ce moment-là.
Donc, ce concept-là était surtout en réaction,
jusqu'à un certain point, au réductionnisme analytique des
sciences actuelles où on voulait prendre l'être humain
séparé et, sans dire que ce n'est pas bon, on pensait aussi qu'il
y avait une place pour une réflexion autre en santé globale. Et,
à travers notre pratique aussi, on revoyait des gens avec soit des
effets secondaires de médication; par des investigations, souvent, qui
étaient plus exhaustives, on se retrouvait, finalement, avec cette
réflexion-là de globalité.
Les influences en santé, qu'est-ce qui a influencé ce
concept-là? À la page suivante, on va voir aussi qu'il y a un
courant oriental important. On pourrait penser à l'acupuncture, mais,
évidemment, il y a tout ce courant de médecine qui a amené
le nouveau concept, un concept d'énergie. Et on connaît
déjà mieux l'énergie par rapport aux méridiens en
acupuncture, mais il y a tout un concept qui est autour de ça, et on en
parlera tantôt en recherche. C'est ce qui nous crée des
problèmes, quand on parle d'énergie, pour la mesurer, pour
l'évaluer, faire des recherches qui ont de l'allure.
Il y a la science aussi qui, avec la technologie, a influencé ce
concept-là. On pourra y revenir aussi. Il y a surtout la demande des
clients. A ce moment-là, on était dans les années
soixante-quinze où il y a eu le concept biopsychosocial, les CLSC, les
unités de médecine familiale, et les gens voulaient avoir une
réflexion plus globaliste, plus humaine et non seulement une
réponse à un symptôme, un médicament. Alors, c'est
un peu autour de ce concept-là qu'on a amorcé notre
réflexion.
Dans l'Association, il y a des membres réguliers qui sont des
médecins. Donc, au départ, notre groupe était un groupe de
médecins qui se sont réunis autour de ce concept et aussi de
cette réflexion différente, tout en essayant de voir aussi
comment elle peut pénétrer à travers les systèmes
établis, et c'est loin d'être évident. Il y a aussi des
membres alliés qui sont des pharmaciens, des dentistes, d'autres
professionnels de la santé et des non-médecins qu'on
décrit, nous, beaucoup plus comme des professionnels à
reconnaître, ce qui est justement l'objectif de la récente
commission parlementaire.
Nos actions, comme vous le voyez peut-être un peu plus loin, ont
été multiples. Au départ, on a eu à discuter avec
nos pairs, la corporation des médecins. On parlait d'illégal
tantôt, on est aussi, nous autres, des illégaux. Même si on
a l'air officiels, on ne l'est pas tant que ça. Il y a le code de
déontologie auquel on s'accroche régulièrement en termes
de réflexion, et on pourra y revenir aussi. On doit appliquer des
principes reconnus par la science et, si on pense à l'homéopathie
ou à d'autres approches, les recherches scientifiques ne sont pas
terminées. On a initié certaines recherches là-dedans,
mais il y a encore beaucoup de choses à prouver.
On a eu aussi des représentations importantes et il y a encore un
certain travail à faire avec la Régie de l'assurance-maladie
parce que, évidemment, on fait une médecine qui est beaucoup plus
axée sur la prévention, et la prévention, on ne sait
jamais trop comment charger ça, ce n'est pas vraiment de la
psychothérapie. Donc, il y a eu des problèmes de reconnaissance,
on voit, des actes qui sont faits par nos membres.
Aussi, on a travaillé beaucoup en termes d'enseignement. On a
essayé de trouver des programmes d'enseignement de qualité qui,
au départ, étaient tous un peu étrangers,
européens, américains ou autres, et des écoles qui, au
départ, sont privées, qui ont été parfois excellen-
tes, parfois décevantes, et on pourra y revenir. Et on a toujours
continué à faire une action populaire. On pense que le concept de
santé globale, c'est avant tout la vraie médecine
préventive. On l'a dit tantôt, les gens doivent prendre leur
santé en main, faire une certaine réflexion avant de consulter.
On a un enseignement à faire au niveau de la population, et cet
enseignement-là était un enseignement qu'on a fait soit en termes
de conférences, d'animation. On a un rôle. On pense que le
rôle du médecin ne devrait pas être seulement dans son
bureau. On pourrait rencontrer des groupes, on peut informer tout en donnant la
pensée la plus juste possible. Toujours, dans tout ça,
responsabiliser l'individu par rapport à sa santé.
Si vous prenez l'annexe que vous avez, la page séparée,
c'est peut-être là qu'on peut voir comment on peut se retrouver en
termes de santé globale, en termes de consultation, si on veut, dans un
bureau. Comment ça se passe? On pourrait se le demander facilement.
C'est un plan qui regroupe un peu le type de réflexion du médecin
holiste à quelques variantes... Évidemment, ce n'est pas tout le
monde qui est d'accord, mais il y a quand même un plan où on se
retrouve.
Alors, on voit, au centre, le client avec ses symptômes; il
présente un ou plusieurs symptômes. En haut, vous retrouvez un
concept de santé, de prévention où l'individu devrait se
poser ces questions-là sur sa santé, dans un bilan de
santé annuel ou peu importe, et ces conseils-là touchent des
activités autant... Bon, vous voyez apparaître le
génétique. Le génétique, c'est sûr qu'il y a
la notion du code génétique, mais il y a aussi la notion de
l'énergie de la famille, comment ça s'est passé dans la
dynamique familiale. C'est une chose qu'il faut aller vérifier et qui va
souvent générer certaines pathologies. La nutrition, je pense
qu'on s'entend tous: la qualité de la nutrition, mais aussi avec qui on
mange, quel est le comportement. (10 h 10)
On voit aussi la notion de ce qu'on connaît sur le stress,
l'évaluation en termes de son temps pour soi, de ses relations
biopsychosociales dont on parle si souvent, nos relations affectives. La notion
de mouvement, qui va être révisée. La notion
d'environnement aussi, l'air qu'on respire, les symptômes d'allergie
à l'environnement, de réaction, d'hypersensibilité, et on
sait que, de plus en plus, notre habitat peut nous rendre malades.
Et le dernier qui, parfois, a créé certaines commotions
dans les milieux médicaux, le côté spirituel, parce que ce
n'est pas évident, en médecine, de commencer à parler de
spiritualité. On pense toujours qu'on va vendre des cartes de secte,
puis qu'on va partir quelque chose, alors que, nous autres, on voit ça
fort simple, c'est le sens de sa vie. On sait que l'individu qui
génère des énergies négatives, qui fonctionne de
façon très négative, va aussi se mettre dans un potentiel
de générer des maladies. Donc, dans un sens, il y a une
évaluation préventive globale. Sans dire: C'est tes nerfs, c'est
ta nutrition, on fait ça comme on ferait n'importe quel test,
jusqu'à un certain point, médical.
En bas, vous retrouvez les traitements et les inves-
tigations et, de ce côté, vous avez deux pôles: d'un
côté, la médecine scientifique, parce qu'on est
médecin aussi et on pense que, si un individu a une fracture, bon, ce
n'est pas le temps de faire des incantations, c'est le temps de lui mettre un
plâtre. Ça, je pense qu'on s'entend tous là-dessus. Donc,
il y a une notion d'investigation, d'ajuster les choses et, de l'autre
côté, de recherche de médecines qui, pour l'instant, sont
classées moins scientifiques, mais on va voir aussi qu'on va aller
chercher des gens sur un processus. Et ces approches-là sont
excellentes, elles ont toutes des actions, ça, c'est sûr, et la
recherche, je pense qu'on la favorise, devra être faite, à mon
avis, dans les années futures.
Mais ce qu'on vise à travers tout ça, ce n'est pas la
promotion d'une approche ce n'est pas de dire: Tout le monde devrait se
traiter par telle approche mais beaucoup plus un processus, qu'un
individu comprenne un processus de guérison et ait un choix
éclairé. Donc, le client est au centre, il y a une
négociation thérapeutique à travers différentes
approches qui peuvent être médicales, qui peuvent être
d'autres approches, et le but de tout ça, c'est d'enrichir la
médecine. On a souvent été perçus comme des gens
qui voulaient détruire un concept médical actuel, alors qu'on
pense que la médecine est correcte; il y a des choses à ajuster
et il y a un concept, je dirais, de responsabilisation à donner au
client. Ça, c'est notre façon de travailler sur la
globalité. Si vous voulez, on y reviendra. Je vous l'ai
présentée peut-être rapidement.
Et qu'est-ce que nous, à l'Association, on recommande? À
ce moment-là, on se réfère aux deux dernières pages
de notre mémoire où on voit les propositions à la
commission. Évidemment, on a réfléchi sur notre
déontologie, parce que c'est sûr que notre pratique actuelle nous
met souvent dans le trouble avec la déontologie, mais on travaille aussi
beaucoup à la naissance ou à la reconnaissance d'une nouvelle
éthique, jusqu'à un certain point. On pourrait revenir
là-dessus. Il y a des règles du jeu. On ne peut pas dire
n'importe quoi à n'importe qui, et il y a des règles du jeu
à aller faire, à travailler là-dessus.
On a à préciser notre place dans un système de
rémunération du style Régie de l'assurance-maladie et
compagnie, et on a surtout à avoir, à nécessiter et
à favoriser de la recherche, des centres de recherche, à
établir des groupes de chercheurs neutres. Vous allez me dire: II y en a
de la recherche là-dedans. C'est sûr, il y a des études
qu'on a citées dans notre mémoire, mais on a des groupes de
recherche, d'évaluation des mécanismes, de certaines approches
et, surtout, de l'éthique. Il y a une recherche aussi en éthique
à faire. Ce n'est pas juste de savoir comment telle approche fonctionne.
Il y a une éthique à développer.
Il y a un principe important aussi, en quatrième proposition. On
recommande une banque d'informations. Actuellement, on dit: Bon, est-ce qu'on
fait une nouvelle corporation, tout ça? Et on pense qu'on n'a pas
l'information globale. Il y a de l'information de toute part. Pour avoir
travaillé un certain temps dans le dos- sier, on a évalué,
justement, que cette information-là, finalement, se retrouve à
différents niveaux, mais on n'a pas l'information complète, et
c'est heureux de voir la commission parlementaire, actuellement, en
réflexion là-dessus, parce que cette information-là,
conjointement, ajoutée à l'information que possède
l'Office des professions par rapport à toute l'évaluation qu'il
en a faite, c'est quand même intéressant et important.
Par la suite, on pense que, une fois que cette information est faite, il
y a un consensus, il y a une réflexion sur des approches, et là,
on pourra se prononcer sur la phytothérapie, l'homéopathie, les
différentes approches. Il y a des approches aussi qui sont difficiles
à tenir. Tantôt, M. le ministre demandait quelles approches
seraient difficiles à tenir. Il y en a qui sont difficiles, mais je
pense qu'il est encore très tôt, actuellement, pour le dire parce
qu'on n'a pas toute l'information sur toutes les approches. Il y a des
approches qui sont éthi-quement plus reconnues, jusqu'à un
certain point, puis il y en a d'autres qui émergent à tous les
jours. Et le dernier relevé nous donnait jusqu'à 255
médecines douces; alors, probablement qu'il s'en est inventé 2 ou
3 depuis le début de la présentation.
Aussi, on demande d'encadrer, de permettre un cadre, et c'est surtout un
cadre éthique, je pense, jusqu'à un certain point, plutôt
que de légiférer, parce qu'on pense que le danger n'est pas si
grand que ça. Je dirais, le danger important est un danger
éthique de quelqu'un qui abuserait et qu'on voit, nous, souvent comme
médecins, puis ça ne veut pas dire qu'on est meilleurs que les
autres, c'est-à-dire que, d'un certain point, on va voir des gens qui
vont se faire promettre: Vous avez un cancer, il n'y a rien là,
l'homéopathie ou telle approche va vous le guérir. Alors,
ça, c'est, à mon avis, éthiquement important et presque
criminel, jusqu'à un certain point, alors qu'on peut agir avec
l'homéopathie si on la situe dans un bon niveau. Je parle
d'homéopathie, mais toute approche pourrait être
évaluée dans le même sens.
Alors, qu'est-ce qu'on suggère? C'est notre dernier tableau. On
suggère plus une réflexion étapiste. Dans un premier
temps, un certain moratoire qu'on plaçait de cinq ans, bon, qui pourrait
être rediscuté, qui nous permettrait, premièrement, d'avoir
une commission ou une réflexion sur l'information, d'avoir une banque,
un groupe qui ramasse toute l'information pour être capable, par la
suite, de faire une synthèse et d'amener les groupes à faire des
consensus. Vous savez que, même les groupes entre eux, ce n'est pas
évident, faire des consensus. Et on a connu la bataille et le
problème de l'acupuncture. Moi, j'ai vécu ce dossier-là
depuis 20 ans. Ça risque d'arriver en homéopathie, ça
risque d'arriver dans les...
Alors, il y a des consensus importants à faire et on
suggère, nous, des projets-pilotes qui seraient basés un peu sur
l'image des unités de médecine familiale de certains CLSC, soins,
enseignement, recherche, ou les comités de citoyens... Parce qu'on
oublie toujours le client là-dedans. Les gens ont leur mot à
dire. Il y a des gens qui sont abusés dans tout ça, il y a des
gens qui
ont des bons résultats. Et, dans un projet-pilote, il y aurait
des comités de consommateurs de ce style de soins là avec un
mécanisme d'évaluation du processus, autant du processus
éthique que de la recherche, des méthodes d'enseignement, et, par
la suite, on essaie, des deux côtés, d'aller vers un
consensus.
Et vous savez comme moi que la réflexion de fond, c'est sur la
Loi médicale, jusqu'à un certain point. Un jour, il va falloir
réfléchir à la fois sur le code d'éthique et sur la
Loi médicale. Mais je pense qu'en termes de société, c'est
peut-être un peu tôt pour dire: Aujourd'hui, on s'installe, puis on
change la Loi médicale. Quoiqu'il y ait une réflexion qui va se
faire à travers notre société actuelle et aussi à
travers tout ce consensus. Mais, si on a l'information, on est capables de
faire les bonnes propositions au bon moment.
Alors, voilà en quelques minutes ce résumé de notre
réflexion. On est fort intéressés à échanger
avec vous, surtout là-dessus.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, Dr Drouin. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est rafraîchissant de vous entendre et c'est
certainement l'une des bonnes contributions à cette commission, à
ce moment-ci. Remarquez que ça ne me surprend pas, compte tenu de ce que
vous avez fait. Si je ne m'abuse, vous avez été intimement
liés à la recherche qu'a menée l'Office des professions
aussi. Donc, on abordera cet aspect-là aussi. Ça me paraît
être un des documents fouillés dont pourra prendre connaissance la
commission, et c'est pour ça, je pense, qu'il faut prendre le temps de
l'examiner. De la manière dont il est présenté aussi,
c'est assez pédagogique, merci, et je pense qu'on réussit un peu
à accrocher tout le monde.
Vous proposez qu'il y ait un moratoire. Commençons par ça.
Mettons fin à la guerre, donc à la clandestinité, à
l'illégalité et prenons le temps d'asseoir sur des bases
scientifiques, autant que possible, un certain nombre de thérapies qui,
en cours de route, pourraient faire l'objet de projets-pilotes, en
espérant que l'accouchement soit plus facile dans ces cas-là que
dans d'autres cas. (10 h 20)
Ça fonctionnerait comment, cette période de moratoire?
Ça veut dire que tout ce qui existe actuellement là, je
porte un jugement de valeur; je ne serai pas pris avec, là bon
comme pas bon... J'imagine qu'il y a peut-être des choses qui ne sont pas
très, très correctes. Que vous preniez soin de dire, vous aussi,
que peut-être, au cours des derniers mois, des dernières
années, il a pu en apparaître quelques-unes, compte tenu d'un
moment propice, ça ne fait peut-être pas très, très
sérieux non plus. Par contre, il ne faut pas jeter du discrédit
sur ceux qui, depuis de nombreuses années, travaillent pour que, de
manière scientifique et professionnelle, on puisse arriver à
reconnaître la valeur et les bénéfices qu'on peut en tirer.
Alors, ça marcherait comment, le moratoire?
M. Drouin: Au départ, si on revient toujours sur la
réflexion étapiste, c'est qu'il y aurait, à mon avis, un
an pour, justement, réfléchir. On a déjà tous une
idée des thérapies qui sont, je dirais, plus majeures par rapport
à celles qui sont mineures. Et, justement, pour donner à la
réflexion le temps, parce qu'il y a peut-être une thérapie
qui n'a pas l'air, pour l'instant, pour nous, majeure, mais qui pourrait
l'être, je pense que, dans un étapisme, colliger l'information
viendrait avant de partir le projet-pilote. Mais je verrais un délai
d'un an; je pense que c'est faisable actuellement, surtout avec l'information
qu'on possède, que les associations possèdent et que l'Office des
professions possède. Finalement, ce serait réalisable en se
disant: Oui, il y a six thérapies dites plus majeures qui ont un code
d'éthique, qui ont un mécanisme surtout de fonctionnement. Parce
qu'il y a d'autres thérapies. On peut parler de la relaxation, bien,
c'est une thérapie en soi, mais il n'y a pas un système de
pensée autour de ça comme pourrait en avoir l'ostéopathie,
comme on pourrait en avoir en homéopathie ou dans différentes
approches. Donc, il y a une grille d'analyse avec des thérapies qui ont
aussi fait leurs preuves un peu partout dans le monde, jusqu'à un
certain point. Donc, un an dans cet étapisme-là, on
s'arrête tout le monde, on collige l'information et, par la suite, ces
thérapies-là sont incluses dans les projets-pilotes
d'après l'information qui a été recueillie à ce
moment-là.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on dit moratoire et
qu'il faudrait mettre en place cette année de réflexion, et que
vous évoquez le travail qui a été fait à l'Office
des professions, ça veut dire qu'il faut inclure, dans ces gens qui
réfléchiraient, l'Office.
M. Drouin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Les ministères
concernés, j'imagine.
M. Drouin: Oui. Exact.
M. Côté (Charlesbourg): La Corporation
professionnelle des médecins?
M. Drouin: Oui, aussi.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce que je comprends
parce qu'à partir du moment où ce sera un affrontement continuel
et perpétuel il n'y a pas grand possibilités de salut.
M. Drouin: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Et l'approche que vous
proposez, c'est davantage une approche complémentaire qu'une approche
d'affrontement ou d'enlever le pain à Pierre, Jean, Jacques qui
pratiquent une médecine dite conventionnelle, mais qui apporte aussi son
soulagement.
M. Drouin: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Je me rappelle de ça,
moi. Dans la réforme, quand on a tenté de changer des choses, je
me suis aperçu que le citoyen consommateur, il se sentait davantage
soulagé par le médecin, même si c'étaient des
pilules, que par le ministre qui pouvait passer des lois.
M. Drouin: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ça, ça demeure
toujours une réalité qu'il ne faut pas oublier. Et, à 16
000 médecins à travers le Québec, il y en a encore qui
font du bien à du monde.
M. Drouin: Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): Comme vous en êtes,
vous êtes à même de le constater. Mais ce qui est
intéressant, c'est que vous dites aussi: Ce n'est pas une fin en soi; il
faut qu'il y ait d'autres choses si on veut être capables de
régler un certain nombre de problèmes. Et l'approche
préventive, à ce moment-ci, peut occuper davantage de place.
Donc, c'est bien plus un forum pas mal plus large de discussion où les
acteurs seraient à l'intérieur et non pas exclus, menant à
certains projets-pilotes dans des spécialités alternatives et
qui, à ce moment-là, aboutiraient au bout de cinq ans, le temps
de prendre le temps. Et avec cette reconnaissance plus scientifique et,
finalement, reconnaissance légale par la suite.
M. Drouin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): À partir du moment
où cela est fait, parce qu'il faut aller plus loin, que tout fonctionne
dans l'huile, comme des projets-pilotes de sages-femmes, il n'y a aucun
problème...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...tout le monde marche de
bonne foi, puis on y arrive, au bout de cinq ans, on dit: Bon, parfait, c'est
concluant. Parce que, dans l'esprit de ceux qui s'opposent, c'est qu'à
partir du moment où tu fais un projet-pilote, que tu commences, ils ont
déjà conclu qu'on avait conclu que c'était concluant, bon,
puis que c'était une question de gagner du temps pour finir par y
arriver. Mais concluons tout de suite que c'est effectivement valable, avec
modifications, ainsi de suite. Qui va chapeauter l'exercice et qui va
être le juge de cette reconnaissance légalisée, parce que
c'est ça qui va arriver, de cette pratique légalisée? Et
qui va avoir cette responsabilité? Est-ce que c'est l'Office des
professions?
M. Drouin: Actuellement, c'est la structure qu'on aurait pour
chapeauter ou travailler avec ce projet-pilote. En tout cas, c'est une
suggestion. Parce que l'information doit être colligée et, par la
suite, il y a un mécanisme légal. Dans le fond, le
mécanisme légal est la Loi médicale et le code de
déontologie du côté médical, en disant: On a un
projet-pilote avec une règle d'éthique, avec des
thérapies, avec des thérapeutes reconnus et des
thérapeutes à reconnaître, et ce projet-pilote peut
être dans des CLSC, il peut être dans des centres privés
avec des investissements privés, il peut être dans des
unités de médecine familiale. Il y a un chapeau légal qui
tient les règles du jeu et, pour l'instant, un peu comme on disait
tantôt, créer un autre office... Je pense qu'il est très
prématuré de dire: On crée un office des thérapies
alternatives qui va chapeauter ça. J'irais avec l'Office actuel,
l'Office des professions, qui pourrait travailler sur l'évaluation
aussi, parce qu'il y a un mécanisme d'évaluation qui doit
être mis en marche. Il y a un moratoire légal, ça, je pense
que c'est un rôle de l'Office, et il y a un rôle de collaboration,
que ce soit avec des groupes de chercheurs, des groupes universitaires qui
mettraient en marche un mécanisme d'évaluation à la fois
de l'éthique et aussi des thérapies, finalement. À mon
avis, ce serait l'Office des professions qui le pourrait, en tout cas
jusqu'à un certain point, s'il veut bien assumer ça.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, de votre point de vue,
vous qui connaissez très, très bien la pratique médicale
scientifique par rapport à la médecine moins scientifique
si je reprends votre tableau comme vous connaissez les deux, j'imagine
que, pour vous, c'est le meilleur moyen de faire progresser les choses
autrement que d'arriver avec une loi qui légaliserait et qui braquerait,
finalement... Parce que la solution, à ce que je comprends, de votre
point de vue à vous, si la loi intervient cinq ans après le
début de l'opération, c'est que ce serait malvenu d'avoir une loi
dès maintenant.
M. Drouin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'un avant-projet de
loi déposé à l'Assemblée on connaît la
valeur d'un avant-projet de loi serait de nature à faire
progresser les choses?
M. Drouin: Moi, je pense que oui, mais il y aurait quand
même une inquiétude sur l'affrontement. En tout cas, on se
questionnerait là-dessus, sur l'affrontement: est-ce qu'on ne recule
pas? En tout cas, je serais porté plus à tenter un consensus avec
l'hypothèse du moratoire où les gens sont obligés,
jusqu'à un certain point, de s'asseoir. On parlait des intervenants, de
la corporation des médecins, et compagnie, et de tous les groupes
concernés, l'Office des professions; les gens sont obligés de se
parler pour arriver à un consensus. Un avant-projet de loi pourrait
être intéressant dans le sens qu'on annonce les couleurs, qu'on
dit: II va se passer quelque chose. Donc, il y a une énergie, il y a
comme quelque chose qui s'en vient. Je craindrais,
jusqu'à un certain point, un affrontement qui pourrait revenir un
peu à celui de la loi 120, finalement, parce qu'on touche l'essence en
médecine, qui est la Loi médicale. Alors, ce n'est pas peu dire,
finalement, dans ce domaine-là. Si je répondais, au
départ, d'après mes convictions, je dirais oui. Si je le
regardais d'une façon réaliste, je dirais: Bien, peut-être,
soyons prudents là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce n'est pas possible
si on ne touche pas à la Loi médicale. Peu importe, que ce soit
par des projets-pilotes ou que ce soit par une légalisation, dans la
mesure où on retiendrait votre proposition, il me paraît
évident qu'il faudrait apporter des amendements à la Loi
médicale au minimum pour permettre l'exercice des projets-pilotes.
M. Camirand (Michel): Exact. Mais ce qu'on constate, nous autres,
c'est qu'il y a une évolution des mentalités au niveau du corps
médical comme tel par rapport aux thérapies alternatives. En tout
cas, pour ce qui a trait à l'omnipratique, la pratique de
médecine générale ou familiale, de plus en plus de
médecins collaborent avec des thérapeutes non médecins. La
Corporation, l'année passée, a intitulé son
assemblée annuelle «La Corporation et les médecines
douces». Il y a un intérêt qui est là.
M. Côté (Charlesbourg): Allez plus loin, parce que
je ne me contente pas de cette déclaration-là. Donnez-moi des
exemples quand vous dites qu'il y a une ouverture...
M. Camirand: O.K. Une ouverture, c'est-à-dire une
ouverture, pas de la Corporation comme telle, pas du...
M. Côté (Charlesbourg): Pas des élus,
là.
M. Camirand: Pas des élus. Bien, ils ne sont pas
élus, mais... Oui, ils sont élus.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. En tout cas, j'ai
compris ça. (10 h 30)
M. Camirand: De la base, il y a une ouverture par rapport aux
médecines douces. Les gens ne se braquent pas d'emblée contre ces
choses-là. À titre personnel, j'ai été
invité au Collège des médecins de famille, l'année
dernière, à présenter ma vision de l'éthique
médicale; alors, ça n'a pas soulevé un tollé de
protestation. Un avant-projet de loi risque de braquer les médecins
derrière leur profession, de dire: Là, on va suivre notre chef,
on est menacés. C'est dans ce sens-là. Je pense qu'il y a quand
même une évolution qui se fait au niveau des médecins et,
comme le docteur Drouin le mentionnait, il faut plus forcer les gens à
obtenir l'information. Nous autres, on pense que la Corporation professionnelle
des médecins n'a pas toute l'information, non plus. Elle se ferme
à certaines informations. Puis la forcer à participer à
des séminaires, premièrement, va donner l'image, au niveau du
gouvernement, qu'il y a une collaboration et, deuxièmement, va amener de
l'information à un plus haut niveau, au niveau corporatif.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que, dans votre
esprit, faire de l'homéopathie, de l'ostéopathie, de la
naturopathie, de la phytothérapie ou autres dans celles qui sont
mentionnées là, ça devrait nécessairement
être pratiqué par un médecin, un vrai docteur qui va se
chercher des spécialités, ou si ça doit être
pratiqué par quelqu'un qui est, disons, sous la surveillance d'un vrai
docteur?
M. Drouin: Je pense qu'au départ on ne veut pas que toutes
ces approches-là soient seulement médicales. Ce qu'on veut, sans
nécessairement aussi qu'il y ait la surveillance d'un vrai docteur,
c'est qu'il y ait une éthique. Il y a des thérapies qui n'ont
peut-être pas besoin d'un diagnostic médical, si on est sur le
conseil santé, alimentation, et tout ça. Il y a différents
niveaux, finalement, mais on ne pense pas que la médecine devrait tout
récupérer, finalement, les thérapies et essayer de les
contrôler, un peu comme ce qui est arrivé en acupuncture et qui
en tout cas, à mon avis, c'est un avis très personnel et
non de l'Association a été difficile à vivre,
finalement, pour tout le monde, autant pour les médecins que pour les
gens qui y étaient. Alors, on ne verrait pas un concept où la
médecine contrôle ou travaille sur la déontologie, mais
plus un cadre qui s'établit.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez donc un
problème et, vous l'avez dit, vous avez poussé
l'honnêteté, dans votre présentation, à le dire,
certains problèmes avec le code de déontologie. Dans la pratique
de tous les jours, quand vous recevez quelqu'un prenez-moi un cas et
tentez de m'illustrer ça c'est quoi la problématique que
vous avez par rapport au code de déontologie et comment vous
réussissez à vous en sortir sans vous faire poursuivre par la
corporation professionnelle?
M. Drouin: Disons qu'au départ il y a eu des cas et,
actuellement, il y a des cas aussi de médecins qui sont poursuivis par
rapport au code de déontologie et qui sont relativement dans le trouble
pour l'instant. Mais, si on le regarde de façon pratique, pour
répondre à votre question, vous vous présentez au bureau
avec une otite, un problème d'infection dans l'oreille. À travers
tout ça, j'ai plusieurs choix, jusqu'à un certain point. J'ai le
choix de faire le diagnostic médical évidemment, mon
diagnostic est un diagnostic d'otite dans une grille où,
médicalement, on se dirait: Cette personne-là devrait prendre des
antibiotiques; elle devrait prendre des antibiotiques pendant tant de temps
avec un décongestionnant ou peu importe. De l'autre côté,
toujours dans la même grille, j'ai le choix de dire: Je pourrais
travailler ou traiter en homéopathie, ou en
ostéopathie, ou avec différentes autres approches, en
phytothérapie ou autres je ne veux pas en prendre une plus que
l'autre et avoir un résultat aussi et basé sur des
recherches.
Entre autres, il y a une recherche suédoise où on dit:
L'otite traitée ou pas traitée, on arrive au même taux de
complications. Parce que l'histoire, c'est toujours un problème de
complications sur la mastoïde; on est toujours sur l'otite. Sauf que, si
je la traite de cette façon-là, à ce moment-là
j'applique des méthodes non scientifiquement reconnues, que ce soit en
homéopathie, pour dire quelque chose, ou que ce soit en
phytothérapie, par rapport à un traitement qui, actuellement,
dans un consensus, est assez reconnu, qui est le traitement d'antibiotiques
dans l'otite et on sait qu'il est fait abondamment.
Alors, d'un côté, je m'oppose à un article qui me
dit qu'on devrait utiliser des principes actuellement reconnus par la science
et, s'il y avait une révision, par le comité de discipline, de ma
pratique, je pourrais avoir une poursuite au comité de discipline,
à ce moment-là, là-dessus. Le même raisonnement
s'applique sur toute autre pathologie. On nous dit actuellement, si on regarde
les discussions qu'on a avec la corporation des médecins, qu'on peut
utiliser des approches là où c'est le domaine de la
médecine fonctionnelle ou psychosomatique. Or, ça, c'est
très vague, parce qu'à notre avis l'interprétation de
«psychosomatique», tout est psychosomatique, finalement,
jusqu'à un certain point. Il y a toujours une partie des deux dans le
raisonnement, et ça nous donne une zone grise. Et, actuellement, il y a
des médecins qui sont en poursuite, qui sont en évaluation,
justement à cause de ça, pour ne pas avoir respecté les
principes de la science.
Je vous avoue qu'actuellement ce qui est le plus difficile par rapport
aux médecins, c'est l'homéopathie. Un médecin qui pratique
des médecines manuelles, qui pratique l'ostéopathie, on n'a pas
de cas ou peu de problèmes, finalement, de ce
côté-là. Par contre, du côté de
l'homéopathie, actuellement, il y a comme une réflexion ou une
répression. Il y a plus de répression si le médecin
pratique des médecines dites plus énergétiques, à
ce moment-là. Alors, ce sont ces articles, qu'on a cités dans
notre «rapport», du code de déontologie qui nous rendent,
dès qu'on utilise ces principes-là...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je comprends que,
pour l'homéopathie pratiquée par un médecin, un vrai
docteur, vous risquez d'être poursuivis par la corpo?
M. Drouin: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que là,
scientifiquement, il doit y avoir quelque part des preuves de faites. Lorsqu'on
se retrouve dans certains pays européens comme la Hollande,
l'homéopathie est reconnue lorsque pratiquée par un
médecin.
M. Drouin: C'est exact.
M. Côté (Charlesbourg): II y a un premier
problème, là. Deuxièmement, l'homéopathie
pratiquée par quelqu'un d'autre qu'un médecin, ça, c'est
une autre affaire. Mais, même dans le cas de l'homéopathie
pratiquée par un médecin ce qui se fait ailleurs à
travers le monde, disons, règle générale, par des gens qui
sont venus au monde avant nous autres, il faut bien se comprendre la
Corporation pourrait poursuivre?
M. Drouin: Oui, et elle poursuit effectivement. Dans des cas
où c'est plus évident, dans des pathologies comme l'otite, on ne
poursuivra peut-être pas si vous donnez un produit homéopathique
pour aider quelqu'un à dormir ou quoi que ce soit. Mais, actuellement,
au moment où on se parle, il y a une poursuite et il y a des
révisions de dossiers du comité d'évaluation des actes de
la Corporation où on dit aux médecins: L'homéopathie, ce
n'est pas scientifique. Si on regarde, au départ, pourquoi, si on donne
le bénéfice du doute, c'est que l'homéopathie n'a pas fait
sa preuve d'efficacité. Comment ça fonctionne,
l'homéopathie? On ne le sait pas. Finalement, c'est là le
problème: de petites doses diluées qui auraient une action, et
tout ça. Par contre, il y a des résultats cliniques, et
même en médecine vétérinaire. D'un
côté, on se dit: C'est l'effet placebo uniquement. Et toutes ces
approches-là tournent beaucoup autour de cet effet placebo, finalement,
qui est un effet majeur, l'effet thérapeutique.
M. Camirand: II faut bien comprendre aussi que le code de
déontologie était supposé, à la base,
équilibrer deux pôles parce que l'article 2.02.01 dit que
le médecin a le devoir de protéger le bien-être du patient
et l'article 2.03.14 dit qu'il doit exercer sa profession selon des principes
scientifiques qui sont corollaires. Alors, le médecin, lui, est
placé devant un dilemme. Son patient, au point de vue bien-être,
réclame un traitement en homéopathie où les traitements
antérieurs ont été inefficaces. Pour le bien-être du
patient, le médecin décide d'offrir à son patient un
traitement qui n'est pas reconnu par la science. Les jugements actuels ont
montré que le principe no 1 qui vaut pour le bien-être du patient
ne vaut plus à ce moment-ci. Il y a même un cas d'un
médecin homéopathe qui a été poursuivi à
cause qu'il avait donné une homéopathie pour une
hyperthy-roïdie. L'hyperthyroïdie a guéri par elle-même,
on va dire, mais le médecin a été poursuivi, même si
le patient allait mieux, parce qu'il avait utilisé un traitement qui
n'était pas reconnu par la science.
Donc, la science comme telle, c'est la base de la médecine
moderne, et la Corporation ne veut pas démordre de ça. C'est
facile à comprendre aussi parce que, si on axe la médecine sur
une médecine plutôt axée sur l'individu comme tel, on dit:
On va pratiquer une médecine globale où le médecin va
être le propre juge de ce qu'il va donner à son patient, tout en
éclairant son patient sur ce qu'il lui donne, à ce
moment-là, ça enlève beaucoup de possibilité
d'évaluer la pratique médicale. Les corporations craignent aussi
une espèce de chaos et le retour de l'arbitraire. Alors, c'est un peu
cette problé-
matique-là qui anime la Corporation actuellement. (10 h 40)
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais eu d'autres
questions, mais je vais donner une piste à mon ami, le
député de l'Opposition. J'aimerais ça, en cours de route,
si vous pouviez répondre, vous qui avez été un consultant
au niveau de l'Office des professions. Je ne veux pas vous rendre mal à
l'aise, mais l'avis qu'a émis l'Office va-t-il assez loin ou pas? Soyez
bien à l'aise d'y répondre. Mais, compte tenu de l'excellent
rapport qu'on a là qui tente de faire avancer les choses, que ce n'est
pas en parfaite harmonie, cette proposition-là, avec ce que propose
l'avis de l'Office, je veux juste comprendre où a été le
bogue à l'Office pour ne pas aller dans le sens que vous souhaitez. Mais
vous répondrez sur le temps de mon ami, le député de
Rouyn-Noranda, je n'en ai plus, moi. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue, je ne sais pas
si c'était la question que vous vouliez lui poser aussi.
M. Trudel: Répondez donc, là! Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Trudel: Allez-y! Répondez donc! Ça va nous
épargner ce temps-là. Je commencerai après.
M. Drouin: Je pense qu'au départ, quand l'Office a fait
ses recommandations, il l'a fait dans le cadre d'un organisme gouvernemental et
dans le cadre aussi d'un étapisme. C'est-à-dire que,
déjà, moi, j'étais satisfait de voir qu'un organisme
officiel se penchait sur ces approches-là, acceptait de rencontrer tous
les groupes et émettait une proposition en disant: Oui, peut-être
qu'on pourrait aller plus loin, sauf que ces thérapies-là, pour
l'instant, ne sont pas dangereuses avec l'information qu'on avait. Puis, si on
regarde tout ça, d'un côté, les corporations reconnues
pourraient chapeauter, puis ça, c'est un temps actuel. Alors, moi,
j'étais très à l'aise avec ces recommandations-là
dans un cadre d'un continuum, si on veut.
Maintenant, moi, je pense qu'on ne doit pas rester là et on dit:
Bon, il y a une étape, il y a un organisme gouvernemental qui a
regardé ça, il y a des recommandations d'un certain statu quo. Je
pense, si on regarde les groupes, c'est un peu ça. On dit: Bon, bien,
d'un côté, ce n'est pas dangereux; de l'autre côté,
les corporations, réglez tout ça, puis il y a l'Office de la
protection du consommateur, de l'autre côté, parce que c'est un
service santé possible. Parfait. C'est excellent dans un début
d'une réflexion, parce qu'on commence à réfléchir
là-dessus, comme société plus large, avec le gouvernement
actuellement. La commission parlementaire actuelle, à mon avis, nous
permet d'aller à un cran supérieur avec l'information qu'on a
là et de collaborer, si on veut, avec l'information de l'Office. Et,
nous, notre «rapport» se situe dans le sens de dire: Oui, bien,
allons donc de l'avant, passons à l'action, parce que, là, il y a
des problèmes plus importants; sinon, on ne parlera plus de ces
approches-là ou on va continuer la chasse aux sorcières.
C'est la raison pour laquelle je vois ça dans, peut-être,
en apparence, une contradiction, mais dans un continuum où je me sens
très à l'aise, et j'étais déjà, moi, pour
qu'il y ait une commission à l'Office des professions sur ces
approches-là. Moi, j'étais tout à fait heureux. Et il y a
un bout à faire encore, c'est sûr.
M. Trudel: Merci. Alors, je veux vous souhaiter, au nom de
l'Opposition, la bienvenue à cette commission parlementaire.
Effectivement, jusqu'à maintenant, c'est une importante contribution que
vous apportez à la réflexion qui a été
amorcée hier matin en matière de reconnaissance et, disons, de
classification des concepts, et d'ordonner à quelque part les objets qui
sont soumis à notre attention. Ça nous permet de voir qu'on peut
faire une certaine distinction quant aux objets qui sont traités et qui
font l'objet de pratique de la part d'un certain nombre de thérapeutes,
entre guillemets, eu égard à la santé des
Québécois et des Québécoises. C'est important,
votre contribution, parce que vous êtes membres de l'une des corporations
qui, très nettement, est, ici, la plus remise en question et qui,
disons-le, c'est de commune renommée au Québec, exerce un
corporatisme le plus étroit que l'on peut constater dans l'ensemble de
la reconnaissance. Ah, un chat s'appelle un chat, quoi! Il faut bien le dire.
On constate même, avec un certain nombre de réponses que vous
venez d'apporter au questionnement du ministre, que, probablement, les membres
de la Corporation professionnelle des médecins, à tout le moins,
évoluent plus vite que la Corporation elle-même.
Là, il faut poser la question très carrément. Au
moment où l'Assemblée nationale a adopté un projet
à l'unanimité, par exemple, pour la reconnaissance de
projets-pilotes et de la pratique des sages-femmes je le fais
exprès pour extensionner le terme où on s'entend, en
général, entre Québécois et
Québécoises, pour dire qu'on ne nie jamais les progrès
scientifiques de la médecine ou les progrès de la médecine
scientifique, à preuve, la réduction du taux de mortalité
infantile, mais où, par ailleurs, il y a des femmes qui mettent au monde
des enfants et qui voudraient que ça se passe dans d'autres conditions,
il y a une corporation professionnelle, qui s'appelle la corporation des
médecins du Québec, qui nous empêche de danser. Vous qui
êtes de cette Corporation et qui nous présentez des avenues pour
en arriver à une certaine reconnaissance d'une certaine approche,
qu'est-ce qu'on va faire pour faire changer la Corporation professionnelle des
médecins et l'élite qui s'y retrouve pour faire en sorte que le
corporatisme ne prenne pas le dessus sur la protection du public, sur
l'évolution, sur le développement et sur la prise en charge?
Qu'est-ce qu'on va faire pour faire changer la corporation des médecins
et ce corporatisme étroit que l'on pratique depuis un très grand
nombre d'années?
M. Drouin: C'est un question assez majeure que vous posez
là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Drouin: Rapidement, je pense que, d'un côté, il y
a un consensus social. Si l'on regarde les gens, il y a une réflexion et
pas nécessairement sur les thérapies alternatives, mais sur la
prise en charge de la santé, de mieux manger, et tout ça. De
l'autre côté, il y a une réflexion légaliste, si on
veut, pour dire: La Corporation devrait réfléchir sur
peut-être certains règlements. Donc, il y a l'aspect légal
de l'affaire. Comment la faire changer? À mon avis, je ne pense pas
qu'il faut y aller de façon très brutale, mais y aller à
travers des consensus à travers des groupes qui sont obligés de
se parler. Je pense qu'actuellement c'est un peu ça, le problème,
que la Corporation réglemente d'un côté, puis c'est
sûr que la loi est là et toucher à la loi, finalement,
ça amène, encore là, cet affrontement. Il y a une
obligation, quelque part, d'un cheminement, d'avancer. Or, il y a un groupe, un
peu comme on en parlait tantôt, qu'il faut réussir à faire
asseoir ensemble et à se dire: Bon, il y a un consensus et des
règles du jeu, même si c'est difficile et qu'il y a un
problème. Je pense qu'on favorise beaucoup plus, nous, la notion de
consensus que la notion d'affrontement légal.
Si on regarde de l'autre côté comment ça pourrait se
régler, il y a la notion de moratoire. Mais ça peut se
régler aussi d'une autre façon, en Cour suprême sur la
Charte des droits et libertés. Je pense que c'est une autre action qui
pourrait être faite. Nous, on ne la préconise pas, parce que je ne
voudrais pas être la personne. .. Peu importe qui fait les frais de la
cause, c'est très difficile à vivre tout le long et on est sur le
combat. Donc, on essaie de se dire: II y a de l'information, comme le disait le
docteur Camirand, qui n'est peut-être pas passée, et la
Corporation n'a peut-être pas la notion complète du dossier. Puis
on est portés à lui donner le bénéfice, tout en se
disant qu'il y a aussi un establishment qui est là et qui ne bouge pas
facilement. Mais, au départ, on favorise beaucoup plus ça, qu'un
cas en Cour suprême, un consensus des groupes. On a l'information. On
pose les questions.
La population, en général, dans certains cas, veut tel
type de services et, souvent, par la Charte des droits et libertés, y
aurait droit. D'autres ne veulent pas du tout de médecine alternative.
Parfait. On n'est pas là pour embrigader, si l'on veut, un peu tout le
monde. Mais il y a ce consensus-là à faire et on le favorise, et
c'est la raison pour laquelle, nous, on maintient toujours les contacts.
Après la commission parlementaire, on commence à discuter avec la
Corporation sur l'homéopathie qui crée un problème.
Comment on pourrait en arriver à une entente là-dessus? Nous
autres, on veut en faire. On sait qu'il y a un code de déontologie, on
ne peut pas le changer tout de suite. Qu'est-ce qu'on fait demain matin? Or, il
y a ce travail qui est peut-être un travail plus ardu, mais que, nous, on
voit plus qu'un travail de dire: On change la loi ou on va en Cour
suprême.
Mais c'est les hypothèses actuelles qui sont là. Il y a
certains groupes qui vont probablement vous en parler; ils sont prêts
à dire: Nous autres, on prend un cas type et on s'en va sur la Charte
des droits et libertés. Et là, la personne qui se dit: Moi, en
connaissance de cause, je veux faire traiter mon problème de
thyroïde par l'homéopathie, c'est le choix éclairé,
c'est correct. Finalement, on est sur cette notion-là, de Charte des
droits et libertés. Cette notion-là peut faire aussi changer la
Loi médicale de leur côté.
Mais, nous autres, ce n'est pas ce qu'on préconise. On
préconise surtout la notion de consensus, de travailler, de se parler,
et on pense toujours que c'est un problème d'information de part et
d'autre. Peut-être qu'il y a un problème de bonne foi. Mais, si
ces gens-là sont obligés par une réglementation quelconque
de s'asseoir ensemble et de dire: Là, vous avez un an pour arriver
à un consensus; l'homéopathie, il va en exister, et c'est la
façon de le faire qui est importante. On ne pose pas la question s'il en
existera ou s'il n'en existera pas. C'est un peu une suggestion qu'on aurait,
nous autres, pour faire avancer le dossier, avec difficulté, mais sans
aller dans des combats majeurs où, je pense, tout le monde est
perdant.
M. Trudel: Oui, mais, quand j'observe la réalité
très concrète de ce consensus, de ce dialogue, moi, je vais vous
classer dans les médecins optimistes...
M. Drouin: Oui. C'est vrai.
M. Trudel: Vous êtes très optimistes par rapport
à la réalité des faits, et il faut de ça dans la
vie aussi.
M. Drouin: Oui, oui.
M. Trudel: Non seulement vous pratiquez une médecine
holistique, tel que vous nous le décrivez, mais vous êtes dans le
club des optimistes, définitivement, à cet
égard-là. Et on va revenir sur les facteurs qui vont
peut-être favoriser, quant à moi, l'optimisme là-dessus.
(10 h 50)
Mais qu'est-ce qui fait qu'au sein de la Corporation professionnelle des
médecins vous soyez susceptibles de poursuites lorsque vous avez une
approche différente, un paradigme de travail qui est différent de
la médecine dite scientifique? À la Corporation des psychologues
du Québec, est-ce qu'on poursuit les gens qui pratiquent la
«Gestalt»? Est-ce qu'on poursuit, à la Corporation des
psychologues du Québec, les behavio-ristes? Est-ce que l'Ordre des
chimistes du Québec poursuit les membres qui s'inspirent de Ludwig von
Bertalanffy et qui sont systémistes? Qu'est-ce qui fait qu'à la
corporation des médecins hors d'une école du traitement du
symptôme et de la chimio, point de salut? Qu'est-ce qui fait qu'il y a un
immobilisme dans ce secteur-là, dans cette corporation professionnelle,
et quels sont les facteurs, encore une fois, qui nous permettraient de la faire
changer pour, je dirais, s'aligner
sur des courants mondiaux de paradigme scientifique?
Je comprends qu'il y a un certain... Vous avez eu des termes très
polis, tantôt, en disant: Une certaine élite fait en sorte qu'il
n'y a pas beaucoup de changement. On va leur envoyer le volume de Thomas S.
Kuhn, «La structure des révolutions scientifiques». Il va
falloir que ce soit lu, ça, un jour, à la corporation des
médecins du Québec. Qu'est-ce qu'on va faire pour qu'à
l'intérieur de cette Corporation on s'aligne sur les grands courants
mondiaux de prise en charge?
M. Camirand: Mais la médecine comme telle, ce n'est pas un
bloc monolithique et, quand vous disiez tout à l'heure que la
Corporation, c'est un bloc qui ne veut pas bouger, on vise toujours les
mêmes personnes, on a toujours en tête les mêmes images, je
pense. Mais, à l'intérieur de la profession médicale, il y
a des luttes importantes et il y a des changements importants qui se produisent
au niveau des traitements. On parlait tantôt de l'histoire des
sages-femmes. Maintenant, c'est rendu que, dans les départements
d'obstétrique, il y a des bains, et tout ça, il y a des salles de
naissance. Voilà 10 ans, c'était impensable. Il y a eu des luttes
de pouvoir qui se sont faites.
Au niveau de la Corporation, vous dites: Qu'est-ce qui va amener les
gens à en venir là? C'est que l'omnipratique aussi, la
médecine familiale a été progressivement
éliminée de tout le champ de pratique hospitalier. Dans les
centres universitaires, on n'entend plus parler de médecine familiale,
alors que c'étaient des gens qui étaient peut-être un peu
plus près de leurs patients, un peu plus près aussi d'une
conception plus globale. Le concept de la globalité en médecine
familiale, on n'a pas à le prêcher longtemps; on enseigne le
concept de biopsychosocial. Mais allez parler de biopsy-chosocial à une
table de la Corporation; là, on a l'impression de tomber des nues, parce
que, là, il y a des gens qui ont le contrôle de ça, qui
sont plus réfractaires à ce type de discours là, qui sont
réfractaires aussi, pas en paroles, mais en actes, au discours
humaniste. Bon, prendre soin d'une personne globalement, ça signifie
prendre soin de toutes ces dimensions-là. Mais, quand on arrive au
chevet du malade, à l'hôpital, qu'est-ce que ça signifie,
ça? Mais, là, le médecin de famille, celui qui a la charge
du patient, celui qui est le plus conscient...
Alors, une des solutions à long terme, moi, que je vois, c'est
qu'on permette à l'omnipratique de réintégrer le champ de
l'hospitalisation, et ça, c'est une lutte qui doit se faire au niveau de
la Corporation, au niveau des institutions aussi, au niveau des CMDP. Si
l'omnipratique ne va pas là, si on laisse le champ libre à toute
la médecine spécialisée, scientifique, pure, stricte,
à ce moment-là, on ne s'en sort pas; on a un seul paradigme,
c'est le paradigme scientifique. Dans ce sens-là, quand on dit: La
médecine est si étroite, il faut faire attention. Une certaine
partie de la médecine est étroite et réfrac-taire à
tout autre paradigme, parce que c'est ça qu'ils font. La médecine
scientifique spécialisée est axée avant tout sur le
symptôme, sur la maladie, et, dès qu'un symptôme sort du
champ de la spécialité, on réfère à un autre
spécialiste. On n'a pas le concept de globalité. Alors, il faut
réintroduire le principe du généraliste. Il faut que le
généraliste soit réintroduit à l'intérieur
du système et soit valorisé aussi.
M. Trudel: C'est assez lourd, ce que vous nous dites là,
c'est assez lourd et c'est important. Tournons les coins rond un peu pour faire
image: on a évacué la médecine familiale, en termes de
formation, de nos universités, du corps médical et de l'approche
que cela représente, pour s'orienter vers une médecine
très symp-tomatique, spécialisée j'espère
qu'on aura le temps de toucher aussi à l'aspect du chimique tantôt
médicamenteuse aussi, une médecine médicamenteuse.
C'est assez lourd. Comment on va faire aussi pour modifier le curriculum de la
formation dans les universités? Parce que, là aussi, c'est
là que commence la bataille. Je ne sais pas comment ça s'est
passé dans votre cas, mais vous avez probablement dû
développer votre approche holistique hors les murs, hors la
bâtisse sur le mont, à Montréal, hors la Faculté de
médecine. Comment on va faire aussi, d'après vous, pour modifier
l'approche de formation des médecins au Québec, non pas pour
revenir, mais, je dirais, pour évoluer vers une médecine globale,
familiale?
M. Camirand: Je pense que les départements de
médecine de famille... Vous allez peut-être être surpris,
mais mes premières notions d'ostéopathie, moi, je les ai eues
à l'université par un médecin qui travaillait et qui
s'était fait défendre par après de pratiquer la
manipulation vertébrale à l'université...
M. Trudel: Des cours clandestins?
M. Camirand: Oui, mais il était professeur clandestin. En
tout cas, Jean pourrait en parler parce qu'il est professeur, lui aussi,
à l'université. Moi, je pense que la formation en médecine
familiale est une formation qui est propice, parce que, premièrement, on
sort hors des murs, on va travailler en cabinet ou en CLSC, et là on
s'aperçoit que les problèmes, ça ne se passe pas comme on
nous disait dans notre chaire universitaire. C'était différent.
Alors, la formation en médecine familiale, c'est un pas qui a
été accompli et qui est un pas de géant, et la
médecine familiale a été reconnue, et ça aussi,
c'est un pas de géant. Je pense qu'au Québec on est une des
seules provinces au Canada où on a besoin de notre cours de formation de
deux ans en médecine familiale avant d'accéder à la
pratique. Ça, c'est un pas de géant. Maintenant, au niveau du
curriculum prédoctoral, là, c'est une autre paire de manches,
parce que, là, c'est plus difficile.
M. Trudel: Ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il faudra
passer à côté, quant à moi. Et, croyez mon
expérience, je sais combien c'est difficile de modifier un curriculum
dans une université. Ça, je sais ça aussi, c'est
très difficile. Les chapelles et les châteaux forts
existent aussi, et les groupes, les écoles de pensée sont
bien installées, en particulier dans les universités
québécoises. Mais ce n'est pas infranchissable, j'en profite pour
le dire, grâce à des individus comme vous autres qui venez dire
publiquement qu'on peut pratiquer la médecine d'une façon autre
que celle qui est généralement préconisée en
Amérique du Nord et qui, souvente-fois, donne des résultats
questionnables. Je ne suis pas ici pour évaluer, je ne suis pas
médecin, je n'ai pas cette formation-là, mais on est capable de
lire, au minimum, sur les résultats et sur les interventions qui ont
fait l'objet de vérifications quant à leur efficacité. On
serait peut-être surpris de constater combien de techniques
d'intervention ont été vérifiées sur le plan de
l'efficacité quant aux résultats, on aurait des surprises
là-dedans. Et il ne faut pas hésiter à remettre en
question ces approches, encore une fois, dites scientifiques.
Revenons sur la question de la reconnaissance de toutes les
thérapies pratiquées hors chapelle, hors la Loi médicale.
Vous dites, Dr Drouin: Ça m'apparaît difficile il est
peut-être un peu trop tôt de modifier la Loi
médicale. On va convenir, vous et moi, que ce n'est pas un geste facile,
on ne fait pas ça du jour au lendemain comme ça, en disant: Bon,
ce matin, je pique ma crise et je change la Loi médicale. Il y a de
grandes questions là-dedans. Sauf qu'on semble inévitablement,
comme mouvement de société au Québec, se diriger vers
cela, une modification de la Loi médicale, encore une fois surtout avec
ce que vous nous dites aujourd'hui. Cette suggestion d'un avant-projet de loi
qui dirait à la société québécoise et qui
dirait à un certains nombre de corps constitués c'est un
mot poli pour parler des corporations professionnelles: Nous allons modifier la
Loi médicale dans le sens suivant, dans un délai de deux, trois
ou quatre ans, est-ce que ça pourrait constituer l'élément
déclencheur qui ferait en sorte que ça forcerait la
réflexion chez un certain nombre de corporations professionnelles et
chez un certain nombre de corporatistes professionnels, et qui serait de nature
à faire nettement avancer le débat? Parce qu'on a l'impression,
quelquefois, qu'il faut être moins sage que les sages-femmes et qu'il
faut donner un coup de barre je prends cette main-là, je devrais
prendre l'autre; je n'aime pas bien, bien les coups de barre à droite
à gauche pour faire débloquer ces choses-là. Est-ce
que vous avez l'impression que ça peut contribuer, ça?
M. Drouin: J'ai l'impression que de la façon dont vous le
suggérez, il y a un certain étapisme, finalement,
là-dedans, et ça peut être intéressant,
c'est-à-dire que ça dit aux gens: On s'en va vers la Loi
médicale. Nous, on était plus doux un peu là-dedans en se
disant: Bien, la Loi médicale on pense qu'elle devrait être
changée, et on voyait plus le moratoire et l'étapisme. Mais on
sait que c'est là qu'il faut discuter, sur cette Loi médicale qui
ne correspond plus... Et ce n'est pas parce qu'elle n'est pas bonne, c'est
qu'il faut toujours que les lois s'ajustent avec notre société
actuelle. C'est ça, actuellement, le problème; c'est que notre
société a évolué différemment en
santé, et il y a quand même toute cette réflexion-là
sur la Loi médicale qui doit être amorcée. (11 heures)
Et faire un avant-projet de loi dans cet esprit-là en disant: On
la modifie sur cinq ans ou dans cinq ans, ça force les gens à
négocier, ça force les gens à s'asseoir, à faire
des consensus et on touche le même effet, finalement, de notre moratoire
où on dit: On doit regarder à la fois la Loi médicale et
le code de déontologie. On parle des médecins, mais ça
peut être le code de déontologie de toutes les professions aussi,
finalement, qui touchent à la santé. Ça,
évidemment, on ne connaît pas... Moi, je suis mal placé
pour parler des autres professions, mais c'est un peu ça.
Alors, à un avant-projet de loi avec un certain étapisme,
je dirais oui; je dirais: Pas facile. Par contre, si on regarde la
réflexion sur les sages-femmes avec les comités, les consensus,
il faut peut-être arriver à un certain coup de barre, à un
moment donné, où on dit: Bien, il faut qu'il se passe quelque
chose. C'est beau de discuter, de travailler et d'avancer, mais, à un
moment donné, on s'aperçoit que, x années après, on
est souvent rendus au même point. Alors, à un moment donné,
il y a un coup de barre avec le risque du coup de barre aussi; on sait fort
bien les enjeux en cause. Mais je pense que c'est une réflexion qui nous
semble, en tout cas, très juste là-dessus.
Le Président (M. Joly): Je dois, malheureusement, mettre
fin à cet échange. Peut-être une petite
dernière...
M. Trudel: Non. Juste vous remercier... Le Président
(M. Joly): Oui, sûrement.
M. Trudel: ...de ma part de votre importante contribution. je
vous le dis franchement: je vous admire. vous dégagez la perspective
pour l'avenir, quant à moi. je regrette de ne pas avoir le temps de vous
questionner sur les liens aussi entre l'industrie pharmaceutique et la pratique
médicale scientifique actuelle. comptez sur moi, on se rattrapera bien
quelque part avec d'autres groupes. merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. C'est
très certainement une étape importante de la commission par votre
mémoire et par vos propos qui vont inspirer, à n'en point douter,
les suites à donner à la commission. Mais je comprends qu'il y a
un message d'audace, de sagesse et de prudence.
M. Drouin: Vous l'avez bien. On vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Alors, au
nom des membres de cette commission, à mon tour de vous remercier. Je
demanderais maintenant aux
gens représentant l'Association professionnelle des
orthothérapeutes de la province de Québec inc. de bien vouloir
s'avancer, s'il vous plaît.
Alors, M. Poirier, bienvenue. Alors, j'apprécierais si vous
pouviez nous présenter les gens qui vous accompagnent, s'il vous
plaît.
Association professionnelle des
orthothérapeutes de la province de Québec inc.
M. Poirier (Roberto): Oui, monsieur. Vous avez, à ma
gauche, M. Laurent Lebel, qui est notre conseiller spécial et le
rédacteur du mémoire.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Poirier: À ma droite, M. Stéphan Lavoie, qui est
le vice-président de l'Association et, à mon extrême
droite, M. Lionel Paris, qui est le doyen de notre Association.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, je vous souligne que
vous avez une vingtaine de minutes pour nous présenter votre
mémoire; par après, eh bien, les parlementaires
échangeront avec vous. M. Poirier.
M. Poirier: Merci. Je voudrais, d'abord, remercier la commission
de bien vouloir nous entendre ce matin, vous, M. le ministre, vous, mesdames et
messieurs, et vous, M. le Président. L'ordre de présentation va
être le suivant: premièrement, une description de la profession;
deuxièmement, la situation actuelle de la profession au Québec;
troisièmement, les problèmes auxquels nous sommes
confrontés et les avantages d'une reconnaissance légale et,
quatrièmement, nos attentes face à la commission
parlementaire.
Notre but, ce matin, c'est donc de vous présenter ce qu'on a
appelé une autre façon de bien faire, c'est-à-dire
l'orthothérapie qui, selon nous, se veut beaucoup plus qu'une
thérapie alternative, car on n'est ici pour prendre la place de
personne. On est ici comme élément thérapeutique
complémentaire. Donc, ce qu'on fait, personne ne le fait. C'est surtout
ça qu'on veut apporter.
Si on veut commencer avec la présentation de la profession,
l'orthothérapie, c'est une version américaine de la
kinésithérapie. Ça a été apporté en
Amérique du Nord par le Dr Arthur Michèle, qui est un
orthopédiste de la région de New York. On traite
spécifiquement les affections musculo-squelettiques. Les outils
utilisés, c'est surtout les mains et on travaille avec des techniques
différentes comme le massage et comme l'activité physique sous
différentes formes pour en arriver à un meilleur travail. On
oriente toujours les gens vers un programme d'exercices thérapeutiques
à la fois correctifs et préventifs.
Le déroulement du traitement, maintenant, chez nous.
Premièrement, il y a une phase evaluative. La phase evaluative comprend
et le bilan de santé et l'évaluation physique du patient.
Advenant le cas où le pa- tient n'est pas un cas pour
l'orthothérapie, on n'hésite pas à le
référer tout de suite à d'autres spécialistes.
J'entends par d'autres spécialistes d'autres spécialistes du
corps médical, la plupart du temps.
Si vous voulez bien, il y a trois phases dans un traitement. Je vais
vous les décrire sommairement. Premièrement, la phase
préparatoire. La phase préparatoire consiste en
différentes techniques de massage qui ont pour but de mettre en
condition et de servir d'échauffement à la région qui va
être travaillée. Vient ensuite la phase active de travail. Ce
qu'on appelle la phase active, c'est la phase de kinésithérapie,
c'est-à-dire la thérapie par le mouvement. On se sert ici de
l'activité physique sous différentes formes, c'est-à-dire
par des mobilisations, par des étirements, par un programme d'exercices
correctifs pour en arriver à améliorer l'amplitude de mouvements
de notre patient. Vient ensuite la phase préventive. La phase
préventive, c'est un programme d'exercices physiques à faire
à la maison. C'est vraiment un programme d'exercices préventifs
qui va éviter la récidive au patient en palliant ses faiblesses
articulaires ou musculaires. On corrige aussi, à ce moment-là,
des habitudes et l'hygiène de vie du patient, c'est-à-dire qu'on
va travailler sur les attitudes posturales, sur les habitudes alimentaires, sur
différentes... C'est ce que les autres ont appelé, tout à
l'heure, l'aspect globaliste de la profession. Le but de ces trois volets,
c'est toujours de faire en sorte que le patient puisse se prendre en main et
évite toute récidive à son problème.
Il est important de faire une distinction assez nette entre
l'orthothérapie et la massothérapie. Le massage, pour nous, se
veut un élément préparatoire. C'est un
élément de travail. Ce n'est pas l'ensemble de la pratique.
L'activité physique vient plutôt compléter cet aspect
pratique, si on veut.
On va passer à la deuxième partie, qui est la partie sur
la situation de la profession au Québec. Présentement, la
profession compte environ 200 personnes qui revendiquent le titre
d'orthothérapeute. Là-dedans, on comprend aussi ce qu'on a
appelé, nous, les orthothérapeutes marrons. On vous expliquera
plus tard, si besoin est. La profession, ça répond à un
besoin au Québec. La preuve, ce sont nos clients. Ce sont eux, notre
moyen publicitaire numéro un. Ce sont eux qui, par leur satisfaction,
font nos lettres de noblesse. Ce sont eux qui vont apporter de l'eau au moulin,
c'est-à-dire vont apporter une nouvelle clientèle, et ce sont
eux, souvent, qui vont exiger de leur médecin d'aller voir un
orthothérapeute parce qu'on suggère souvent à nos patients
qui ont des problèmes d'ordre pathologique médical d'avoir un
diagnostic et une référence du médecin. On a une belle
collaboration du corps médical. Cette collaboration, elle se veut par la
référence et le diagnostic, mais elle se veut aussi par le suivi
médical qui est apporté à nos patients,
c'est-à-dire qu'on va demander au médecin de revoir le client
suite à un certain nombre de traitements pour lui assurer un suivi et
pour rassurer cette personne dans sa démarche thérapeutique comme
telle. L'encadrement de cette associa-
tion ou synergie entre les deux pratiques se veut, pour nous,
très sécurisant pour le patient et on souhaite qu'il y ait un
meilleur encadrement encore que celui qui existe présentement.
Un appui majeur à la profession d'orthothérapeu-te, c'est
aussi la confiance qui est mise en nous par les compagnies d'assurances qui
reconnaissent nos soins. Bien souvent, les soins d'orthothérapie sont
payés de façon beaucoup plus supérieure que bien d'autres
pratiques. Vous avez aussi la CSST et la SAAQ qui, à un moment
donné, ont couvert les soins en orthothérapie, mais qui ont
cessé depuis, car, selon ce qu'on a pu entendre dire, elles attendent
une réglementation, justement, définitive pour pouvoir couvrir
les soins.
Passons maintenant à la partie 3, les problèmes
vécus par l'orthothérapeute au Québec. Le problème
majeur en est un de reconnaissance légale. Ça nous a
apporté cette réflexion, et on s'est posé la question
suivante: Le citoyen consommateur, payeur de taxes, a-t-il vraiment le choix
des soins qu'il veut recevoir, au Québec? On considère qu'il
revient aux élus du peuple de constater que les lois et les
règlements régissant la santé au Québec sont rendus
inadaptés aux réalités de 1993. L'un de ces exemples le
plus frappant, c'est peut-être la TPS et la TVQ qui couvrent nos soins,
présentement. On est couverts comme un soin de luxe quand vous savez
bien, autant que moi, que, la santé, ce n'est pas un luxe. (11 h 10)
Un autre de ces problèmes, c'est et le docteur Drouin en
parlait tout à l'heure la quiétude que les médecins
n'ont pas de référer des cas chez nous. On a des médecins
qui vont nous appeler au téléphone pour nous dire: Je te
réfère un cas, parce qu'ils n'oseront pas le marquer sur des
papiers. Heureusement, on en a qui outrepassent ce champ-là et qui nous
envoient des prescriptions bien détaillées avec une
référence en orthothérapie. Mais ces gens-là le
font toujours avec une épée de Damoclès au-dessus de la
tête, comme on a pu le constater tout à l'heure.
En 1977 et en 1989, on a rencontré l'Office des professions. On
pense que le message de l'Office a été très clair. Le
message était le suivant: Organisez-vous. Ce qu'on a fait. On s'est
basé sur différentes notions que nous avait données
l'Office pour en arriver avec une transparence de gestion. La transparence de
gestion, elle est représentée comme suit: premièrement, on
a établi un programme de formation qui est de 1000 heures sans compter
les stages qui sont obligatoires. Pour ce programme de formation là, les
écoles ne sont pas reliées directement avec l'Association.
L'Association est indépendante de toute école de formation, sauf
qu'on reconnaît un certain profil. Suite à ce profil-là,
l'individu qui se présente pour être membre de l'Association doit
passer une évaluation. L'évaluation, elle se fait par un
comité, qui est un comité de perfectionnement et
d'évaluation, qui, lui, va faire passer des examens bien précis,
autant théoriques que pratiques, pour évaluer les connaissances
de l'individu qui se présente devant nous.
On s'est aussi assuré d'un cadre de fonctionne- ment très
précis, c'est-à-dire qu'on s'est donné un code de
déontologie avec un comité de discipline pour le gérer. On
s'est donné aussi une police d'assurance-responsabilité
professionnelle, qui est la même police qui couvre plusieurs
médecins. Donc, on considère que ces gens-là n'ont quand
même pas donné une police d'assurance sans s'assurer des soins et
de la compétence des gens qui les donnaient. On utilise un lexique
médical universel; on n'a pas un lexique qui nous est propre. On veut,
lorsqu'on collabore avec les autres personnes, avec les autres médecins
ou non-médecins, pouvoir utiliser un lexique qu'ils vont comprendre et
que, nous, nous allons comprendre. Cependant, la profession n'a toujours pas de
statut légal. C'est au gouvernement, selon nous, à jouer ce
rôle d'arbitre.
Nos attentes face à la commission parlementaire. Lorsqu'on
demande le droit de bien faire, c'est qu'on demande un encadrement juridique.
Les orthothérapeutes demandent que l'État reconnaisse leur champ
de pratique professionnelle et leur donne les moyens juridiques d'encadrer
l'exercice de leur profession. Le rôle de l'État, c'est de
gérer le bien commun. Il y a des limites, quand même, à
injecter de l'argent du citoyen consommateur, payeur de taxes, dans une
approche exclusivement curative. Ce serait important d'avoir une approche
beaucoup plus préventive, une approche spécifique,
personnalisée, efficace et non subventionnée.
Les solutions qu'on apporte. C'est sûr qu'on a entendu parler de
toutes sortes de choses: par exemple, un office pour les médecines
alternatives, une corporation-parapluie, l'utilisation de la corporation
professionnelle présentement, de l'Office des professions
présentement. Nous, on arrive avec une nouvelle option. Notre option,
c'est une option qui a été apportée par l'Office des
professions, c'est la Loi sur la protection du consommateur. L'Office de la
protection du consommateur est le mieux placé pour définir les
termes et donner un nom à chaque discipline. L'Office peut aussi
établir des règles, imposer ces règles et accorder des
attestations aux thérapeutes, toujours en accréditant les normes
de compétence et de connaissance de ces individus. Il pourrait aussi
donner des permis d'opération à des individus pour opérer
une clinique.
L'Office de la protection du consommateur, selon nous, a le pouvoir et
le devoir de renseigner le consommateur. Il est bien placé pour faire ce
travail-là; il n'a pas à travailler dans des champs autres que la
santé. Il peut le faire, aussi, dans un champ autre que la santé.
C'est surtout le rôle de protecteur qu'on demande et c'est le rôle
qu'il joue présentement. Ce n'est pas un rôle qui va coûter
plus cher à la collectivité parce que l'Office de la protection
du consommateur joue déjà ce rôle-là. C'est
sûr que l'Office de la protection du consommateur devra travailler avec
l'Office des professions dans l'élaboration de ces lois. Ce n'est pas
à nous à dire à l'Office de la protection du consommateur
ou à l'Office des professions comment faire leur travail. C'est à
nous de dire: Comme outil, ce serait intéressant que ces gens-là
se concertent, concertent les intervenants qui sont dans le domaine et en
arrivent à un consensus.
C'est sûr que, si cette hypothèse était retenue,
nous, comme association, serions très intéressés à
jouer un rôle de consultation, de concertation et de définition du
cadre de fonctionnement.
En conclusion, je dirais que c'est à vous, les membres de
l'Assemblée nationale, à voir à ce que le gouvernement
assume son rôle d'arbitre. Quand il s'agit du bien commun, et la
santé est l'un des biens communs les plus importants pour la population,
le dernier mot doit toujours revenir aux élus du peuple et non pas
à un groupe professionnel plutôt qu'à un autre.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Commençons par clairer assez rapidement... Vous nous
avez dit, dans votre présentation, «marron». Ça
faisait partie de mes questions parce que je veux l'explication. On dit: 60
orthothérapeutes; selon eux, il y en a 200 qui revendiquent et on parle
de marrons. Pour le bénéfice de la commission, qu'est-ce que
c'est qu'un orthothérapeute marron?
M. Poirier: Si vous voulez, je vais laisser le rédacteur
du mémoire vous répondre à cette question.
Le Président (M. Joly): M. Vachon, s'il vous
plaît.
M. Lebel (Laurent): Lebel.
Le Président (M. Joly): Oh, excusez. M. Lebel, oui.
M. Lebel: D'abord, un orthothérapeute marron, c'est une
personne qui se prétend orthothérapeute sans en avoir ni la
formation ni les qualifications. Le terme «marron» est dans le
dictionnaire; l'exemple qui est donné, c'est les avocats marrons. Vous
en connaissez peut-être quelques-uns. Alors, dans le cas des
orthothérapeutes, l'association professionnelle des
orthothérapeutes regroupe 60 orthothérapeutes. Il y a une autre
association au Québec et aussi on connaît une quarantaine de
personnes qui peuvent exercer sans aucune formation ou sans association.
M. Côté (Charlesbourg): En termes clairs,
«marron», c'est charlatan.
M. Poirier: C'est une autre façon de le dire. M.
Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Poirier: On pensait que, ce terme-là, vous étiez
fatigués de l'entendre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est original. Au moins,
ça suscite l'intérêt. Un charlatan marron. On va s'entendre
là-dessus. Qu'est-ce qui vous distingue d'un physiothérapeute ou
d'un thérapeute en réadaptation physique?
M. Poirier: La façon de travailler. Dans la façon
de travailler, on a toujours comme base, comme outil principal de travail, les
mains. Comme on vous l'a dit tout à l'heure, on utilise le massage comme
phase préparatoire et on se sert de programmes d'exercices, de
l'activité physique comme élément curatif et comme
élément préventif. Donc, la façon de travailler est
complètement différente de ce qui se fait en
physiothérapie.
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'est uniquement la
manière de travailler.
M. Poirier: La manière de travailler.
M. Côté (Charlesbourg): Dans les deux cas.
M. Poirier: Dans les deux cas. Ce que font les
physiothérapeutes, on ne le dénigre pas. C'est très
efficace, très bien fait. Ils ont la formation pour le faire et les
compétences pour le faire. Sauf qu'on n'est pas une alternative à
la physiothérapie. On est un complément thérapeutique pour
ces gens-là et pour le corps médical, présentement.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan de la formation,
qu'est-ce qui est différent?
M. Poirier: Premièrement, la formation n'est pas
accréditée par le gouvernement, par le ministère de
l'Éducation. Deuxièmement, on a essayé de s'approcher le
plus d'une formation universitaire, c'est-à-dire qu'on a donné
une formation de 1000 heures. On a fait un profil de formation qui dure 1000
heures et on a aussi...
M. Côté (Charlesbourg): C'est 1000 heures à
partir de quoi? À partir de rien? À partir d'un D.E.C.? Quels
sont les prérequis nécessaires?
M. Poirier: Un D.E.C. en sciences de la santé ou
l'équivalent.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Au minimum.
M. Poirier: Ça peut être une technique
médicale, par exemple, infirmière, biologie ou autres, comme
telle.
M. Côté (Charlesbourg): Et les 1000 heures
commencent par la suite.
M. Poirier: Les 1000 heures commencent par la suite.
M. Côté (Charlesbourg): Dont 350 heures...
M. Poirier: De stage...
M. Côté (Charlesbourg): ...de stage.
M. Poirier: ...supervisé à la fin.
Une voix: En plus.
M. Poirier: C'est en plus.
M. Côté (Charlesbourg): Pour devenir membres chez
vous, vos 60 membres ont nécessairement suivi 350 heures en
pratique.
M. Poirier: Ce qui s'est fait avant, au tout début,
n'était peut-être pas la réalité d'aujourd'hui, sauf
que, pour pallier à cette différence, on a établi un
programme de perfectionnement continu. Le perfectionnement continu est
obligatoire, chez nous. Lorsqu'on parle de congres, chez nous, il est
obligatoire. Quand bien même vous demanderiez combien de personnes
participent au congrès, tout le monde est obligé d'y participer,
au congrès. Donc, dans le congrès, il y a une partie de
perfectionnement, justement. (11 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): Dans son avis, que vous
connaissez probablement, de mai 1991, l'Office des professions, à la
page 18, lorsque ça vous concerne vous allez voir pourquoi j'ai
commencé à parler de formation; il n'y a pas grand cachette
le nombre est resté le même, donc, c'est toujours 60, et,
quand on parle de pratique, on parle d'utilisation de table
d'élon-gation. Est-ce que ça n'a pas un petit peu
inquiété l'Office, compte tenu de l'utilisation'' Et comment
est-ce que vous sécurisez votre public face à l'utilisation de
tables d'elongation?
M. Poirier: Comme on l'a mentionné tout à l'heure,
il y a deux organismes qui régissent les orthothérapeutes avec
deux philosophies très différentes. Notre organisme ne
privilégie pas l'utilisation des tables d'élongation. Les tables
d'élongation, selon nous, c'est l'apanage et de la chiropratique et de
la physiothérapie. Notre outil de travail demeure toujours les mains. On
travaille avec les mains. Les tractions, les elongations peuvent être
faites manuellement. On n'a pas besoin d'une table d'élongation pour
pallier à ça.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Donc, ce que je
retrouve dans l'avis de l'Office, quand il parle de la pratique...
M. Poirier: Ça ne s'applique pas à nous.
M. Lavoie (Stéphan): Ça ne nous concerne pas du
tout.
M. Côté (Charlesbourg): Pourtant, c'était
sous la rubrique Association professionnelle des orthothérapeutes de la
province de Québec.
M. Poirier: Ils se sont trompés parce que ça ne
s'applique pas chez nous. Ça s'applique à l'autre
association.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Comme je sais qu'il y a
des gens de l'Office et qu'ils prennent des notes depuis le début de la
commission, alors, ils vont pouvoir prendre des notes là-dessus
aussi.
M. Poirier: Parfait.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'était pas pour
soulever les erreurs, mais pour tenter de vérifier.
M. Trudel: Quand l'autre groupe va passer, on va savoir à
qui on s'adressse.
M. Côté (Charlesbourg): L'Ordre des
orthothérapeutes.
M. Poirier: Ce n'est pas nous.
M. Côté (Charlesbourg): C'est les autres.
M. Poirier: C'est les autres.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Donc, j'y
reviendrai.
M. Poirier: Vous les interrogerez.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai vu quelque part dans
votre mémoire que vous vous êtes joints à l'idée qui
voulait d'une corporation-parapluie.
M. Poirier: On a étudié cette
possibilité-là. C'est sûr que c'est une possibilité
qui peut quand même être intéressante. On n'est
fermés à aucune possibilité. Mais on a regardé
aussi le côté pratique, c'est-à-dire le côté
coût qui va être apporté avec ça. Est-ce qu'une
corporation-parapluie ne va pas demander beaucoup plus de coûts que
l'utilisation présentement de la loi de la protection du consommateur
où les intervenants sont déjà là, sont
déjà en place? Ils sont prêts à faire face à
la musique en ce qui concerne l'établissement de règles, je
pense.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais je ne suis pas
sûr de ça, là. Quand vous parlez de coûts, je vais
vous dire ce que j'en pense tout de suite. Vous passez le coût à
l'État alors que le coût pourrait être à vous autres,
d'une corporation professionnelle.
M. Poirier: On n'est pas fermés à ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je vous le dis tel
que je le pense, c'est mon impression. Je ne suis pas sûr que l'Office
des professions soit outillé actuellement pour être capable de
faire face à ça. Dans la mesure où on lui confierait cette
responsabilité-là, ça veut dire nécessairement
ajouter du personnel compétent pour le faire. Ils en ont aujourd'hui,
mais dans des domaines bien reconnus qui sont les leurs. Je pense qu'en allant
vers la protection du consommateur on peut effective-
ment protéger le consommateur, mais on n'aura pas
nécessairement réglé tous vos problèmes. Je pense
que l'idée d'une corporation-parapluie permettait, à mon point de
vue à moi, de faire progresser les choses de la même
manière que ce qu'on a eu comme proposition tout à l'heure permet
aussi de faire progresser les choses, de, disons-le, forcer à bouger
sans nécessairement que ça casse. Ça me paraissait
être un peu... Mais, pour tout ça, il est clair qu'il faut faire
une démonstration très claire et très nette que la
formation est prise au sérieux. Quand on exige un D.E.C. ou
l'équivalent d'un D.E.C. de base plus 1000 heures, 350 heures
surveillées... Vous avez au moins le mérite, dans votre cas,
à ce moment-ci, de faire en sorte que ce ne soit pas vous autres qui
donniez les cours, ce que j'ai compris.
M. Poirier: Non.
M. Côté (Charlesbourg): C'est davantage d'autres.
Vous pouvez davantage vous poser en gens qui peuvent évaluer, à
ce moment-là, donc détachés de l'enseignement.
Vous avez évoqué tantôt: À l'occasion, des
médecins nous en réfèrent par téléphone.
M. Poirier: Pas seulement par téléphone. On a aussi
des preuves à ce niveau-là, on a des...
M. Paris (Lionel): Permettez-moi, M. le ministre, on a des
prescriptions de médecins. Le Centre d'orthothérapie Paris,
à Drummondville. C'est les médecins qui nous envoient des
patients. En passant, je traite des membres du Parlement.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Paris: Vos collègues.
M. Côté (Charlesbourg): Depuis le mois de
novembre?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Poirier: Ce qu'on veut dire, c'est que ce n'est pas toujours
de façon clandestine que les médecins nous réfèrent
des cas. Il y a aussi des cas qui nous sont référés
très ouvertement, comme ça. Mais aussi il y a certains
médecins qui ont peur des représailles s'ils
réfèrent des cas à des non-médecins comme tels.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
que dans le cas... On me signale même qu'il y a des journalistes aussi.
Ce que je comprends, c'est une pratique qui est à Drummondville, et vous
avez des preuves en main, mais est-ce que c'est répandu? Oui.
M. Lavoie (Stéphan): On parle de M. Paris qui a un centre
à Drummondville depuis énormément longtemps. Donc, on peut
vous dire qu'au niveau de la province, c'est un centre qui est vraiment bien
connu et bien coté. Dans la région de Québec, pour vous
donner un exemple vite, vite vite, il faut que je me dépêche:
à 13 heures, j'ai une patiente qui est gynécologue et qui vient
prendre un traitement en orthothérapie cet après-midi. Donc, on a
donné la chance à M. Paris d'amener une certaine forme
d'éventail de prescriptions et de références, tout
ça pour vous mentionner qu'à partir du moment où on va
traiter une personne en orthothérapie, automatiquement, il y a une
collaboration qui se fait avec le médecin parce que la personne qui
vient nous consulter en traitement va retourner, au bout de quelques
séances, revoir son médecin pour avoir une évaluation des
résultats obtenus lors du traitement.
M. Lebel: Mais, malheureusement, c'est un fait que ce n'est pas
à travers le Québec qu'on a une collaboration aussi belle
qu'à Québec et à Drummondville. À Montréal,
on se fait souvent dire qu'ils n'ont pas cette collaboration aussi facile,
tandis que, nous, on prône toujours comme approche, à ce
moment-là, au thérapeute lui-même d'établir son
réseau de collaborateurs.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends donc que, sur
le plan de la formation, elle est aussi continue de par l'obligation d'assister
à vos assemblées annuelles. Quels sont les mécanismes que
vous avez pour vous assurer d'un suivi? Parce que ce n'est pas tout
d'être dans l'Association, d'être bien formé, il faut aussi
bien pratiquer. Est-ce qu'il y a des mécanismes que vous avez de
surveillance ou de règlement de plaintes éventuelles?
M. Poirier: Oui. On a un comité de discipline qui est
là pour ça. Notre comité de discipline gère toute
plainte qui peut être apportée à l'Association. Au niveau
du perfectionnement, on a un comité bien précis, qui s'appelle le
comité d'admission et de perfectionnement, qui, lui, voit à ce
que le perfectionnement soit adapté aux réalités de 1993
pour l'instant ou de 1994 pour l'année suivante. Ce suivi-là est
donné par des écoles de formation. Les méthodes
d'évaluation... C'est-à-dire que, lorsqu'on donne du
perfectionnement, on s'attend aussi à ce qu'on va créer une
certaine évaluation qui suit le perfectionnement pour voir si le
perfectionnement a été compris ou voir s'il y a lieu de le
reprendre comme tel.
M. Côté (Charlesbourg): Une question très,
très simple. Vous êtes des professionnels qui recevez donc des
clients, je constate, référés par des médecins et
même des médecins eux-mêmes. Vous devez quand même
avoir des assurances-responsabilité, j'imagine?
M. Poirier: On a une assurance-responsabilité
professionnelle, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Pour l'ensemble ou si c'est
individuel?
M. Poirier: C'est une assurance-responsabilité
professionnelle qui nous couvre individuellement pour
une poursuite de 1 000 000 $ par année, au même titre que
les médecins, les omnipraticiens, par exemple, l'ont de base.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'il y a
déjà eu des poursuites?
M. Poirier: Aucune.
M. Lavoie (Stéphan): Et cette assurance professionnelle
là c'est important de le mentionner, parce qu'il y a certains
groupements en médecine alternative qui ont une assurance
professionnelle comme la nôtre dans notre groupement, cette
assurance-là est absolument obligatoire pour chaque membre. C'est
absolument un prérequis, au même titre que la formation, au
même titre que le perfectionnement obligatoire. Donc, en étant un
nombre restreint au niveau de notre groupement... M. Paris a une preuve de
cette police d'assurance là...
M. Paris: À mon âge, il faut des preuves.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'ils vous ont
présenté comme doyen, tantôt...
M. Paris: Ça m'a blessé un peu. M. Poirier:
Doyen en sagesse.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue, s'il vous
plaît, c'est à vous.
M. Trudel: Très bien. Vous savez, j'ai déjà
dirigé une université et le doyen dans une université,
c'est celui qui est chargé d'empêcher le recteur de dire un
certain nombre de choses, généralement, de par la sagesse qu'il
recèle.
Alors, on va vous souhaiter la bienvenue à cette commission
parlementaire, au nom de l'Opposition, comme association professionnelle,
même si vous regroupez un nombre relativement restreint par rapport
à d'autres thérapeutes alternatifs au Québec. On a
entendu, depuis deux jours, un certain nombre de ces associations et de ces
thérapeutes, et il y a des regroupements ayant jusqu'à 1000, 2000
personnes, mais le nombre n'est jamais le gage de l'efficacité et de...
(11 h 30)
M. Poirier: La quantité ne reflète pas la
qualité.
M. Trudel: Tout à fait. Mais, dites-moi, je voudrais que
vous m'expliquiez un peu plus votre origine. Vous êtes sorti de la cuisse
de la kinésithérapie américaine. Qu'est-ce qui fait que
vous existez de façon différenciée par rapport aux
massothérapeutes, par exemple, par rapport aux physiothérapeutes,
par rapport à d'au- tres spécialistes de l'ortho? Qu'est-ce qui
fait votre stricte différence et que vous ayez la prétention de
dire je pense que oui, là que vous constituez une
discipline particulière? Qu'est-ce qui vous différencie?
M. Poirier: L'utilisation de l'activité physique comme
élément thérapeutique, à la fois correctif et
préventif; c'est vraiment ça qui nous distingue de ce qui se
fait. Lorsqu'on parle des origines, effectivement, c'est le Dr Michèle
qui a écrit le premier écrit sur l'or-thothérapie en
Amérique du Nord et de lui a découlé la formation,
à partir de ce texte-là, de ce qu'il a gardé, lui, comme
principales composantes de ce qui se fait en Europe. Parce que ce qui se fait
en Europe est beaucoup plus large; ce qui se fait en Europe regroupe ce qu'on
fait, nous, et ce que fait la physiothérapie, finalement. Nous, on s'est
distingués de par l'utilisation de la
mas-sokinésithérapie, c'est-à-dire le massage
communément préparatoire et la kinésithérapie,
l'activité physique thérapeutique, comme éléments
actifs de travail. Suite à ça, on a aussi un volet que pas
beaucoup de monde pratique, qui est le volet préventif. Lorsqu'on parle
d'un volet préventif, on ne parle pas d'un volet préventif en
clinique; on parle d'un volet préventif à la maison,
c'est-à-dire un programme d'exercices que la personne a à faire
à la maison pour se prendre en main et pour éviter la
récidive de son problème. C'est vraiment là qu'on est
distincts des autres.
M. Trudel: Avec ce que vous venez de me dire, je dirais:
Qu'est-ce qui vous différencie d'un éducateur physique,
formé avec un baccalauréat à l'université? Parce
qu'il fait ça aussi, l'éducateur physique, il me donne des avis,
il me dit: Mon Trudel, quand tu cours tes kilomètres le matin, fais des
exercices de réchauffement, fais attention, étire-toi un peu. Il
me donne des conseils.
M. Poirier: Personnellement, je suis éducateur physique,
formé par l'Université de Sherbrooke.
M. Trudel: Oui.
M. Poirier: La réalité est tout autre que ce que
vous nous dites là, présentement, dans le rôle de
l'éducateur physique. Vous avez l'éducateur physique en gymnase,
en salle de conditionnement physique, qui va vous donner des conseils, comme
ça, effectivement. Mais ça se tient au niveau des conseils. On
n'a jamais pu appliquer directement à un niveau thérapeutique les
connaissances en activité physique; c'est nous qui faisons ça,
présentement. On applique les connaissances en activité physique
à un niveau thérapeutique, à la fois correctif et
préventif. L'éducateur physique fait ça de bonne foi
lorsqu'il vous dit de faire de l'exercice, mais il n'a pas le poids, pour vous,
qu'un thérapeute ou qu'un spécialiste de la santé va avoir
lorsqu'il vous donne ces conseils-là. Bien souvent, les conseils, on
dit: Bah!
M. Trudel: Ça veut dire que, si un conseil vient d'un
médecin, c'est encore plus pesant?
M. Poirier: C'est plus pesant, effectivement. C'est la
réalité, ça, malheureusement, mais c'est la
réalité.
M. Trudel: Dans toute cette question de la reconnaissance
parce que c'est le secteur recherché, c'est l'objectif: la
reconnaissance il faut être capable quelque part de distinguer ce
qui est une différence entre une approche, une discipline en soi, une
spécialité, qui est quelque chose qui est
différencié par rapport à une autre discipline. Sans cela,
même à l'intérieur et je vais vous questionner
là-dessus d'une corporation-parapluie ou d'un office-parapluie ou
d'un organisme-parapluie pour réglementer tout ça, on risque
d'avoir autant de groupements qu'il y a d'approches. Je n'ai pas dit de
disciplines, là, d'approches. Tantôt, on a eu les médecins
holistiques. On pourrait dire aussi: Ce n'est qu'une approche de la pratique de
la médecine, c'est une façon d'être, dans la pratique
médicale, qui est autre que celle généralement reconnue en
Amérique du Nord. Comment on va distinguer ça? Dans un
éventuel mécanisme de reconnaissance, par exemple, des
orthothérapeutes, là, comment on va distinguer ce qui est une
discipline différente d'une approche différente?
M. Poirier: Premièrement, par une définition des
termes et de la discipline comme telle; deuxièmement, par des
critères d'évaluation que l'organisme qui sera chargé de
le faire fera passer à tous les revendicateurs du statut
d'orthothérapeute ou d'une autre technique. Donc, ce qu'on veut dire,
c'est qu'il devra y avoir, premièrement, établissement des
normes, des règles et, ensuite, des critères d'évaluation,
le processus d'évaluation, évaluer tous les intervenants, autant
individuellement que collectivement, de façon à arriver avec
quelque chose de rassurant pour le public.
M. Trudel: Je vais revenir un peu en arrière, j'en avais
oublié un petit bout tantôt. Vous m'avez expliqué l'origine
de votre je vais dire discipline, mais qu'est-ce qui est absent
chez les autres, chez les physios, chez les éducateurs physiques, qui
fait que vous êtes constitués en discipline? Qu'est-ce qu'il y a
de différent pour que vous vous soyez donné une structure
particulière, un titre aussi et une façon d'être
particulière dans le monde des thérapies et aussi, bien
sûr, en termes de formation? Qu'est-ce qui était insatisfaisant?
Je ne veux pas que vous critiquiez les autres, là.
M. Poirier: Non, on ne le fera pas, non plus.
M. Trudel: Mais votre naissance doit procéder, j'imagine,
d'une anomalie, d'une brisure, d'une insuffisance dans la formation
ailleurs?
M. Poirier: Ou appelons ça d'une non-existence dans ce qui
se faisait déjà. Il n'y a personne qui fait ce qu'on fait. Les
physiothérapeutes ne font pas le travail qu'on fait. Les
éducateurs physiques ne font pas le travail qu'on fait. Ce
créneau-là, c'est nous qui l'avons développé, c'est
nous qui le faisons, présentement. Le fait de joindre l'activité
physique sur une base thérapeutique, il n'y a personne qui le fait.
C'est nous qui le faisons. La réalité, c'est ça. C'est
sûr qu'en théorie... On a de belles théories. Je vais
entendre des gens dire: Bien, nous, c'est notre champ d'action, on a le droit
de le faire. Mais, en réalité, c'est tout autre chose. Ce que
nous faisons, il n'y a personne d'autre qui le fait parce que, si les autres le
faisaient, les gens ne viendraient pas chez nous. On n'aurait pas de
clientèle, on n'existerait pas.
M. Lavoie (Stéphan): Ce que l'éducateur physique
fait, lui, c'est de la gymnastique préventive. Nous autres, on fait de
la gymnastique corrective, au niveau d'un problème particulier, au
niveau d'un «tennis elbow» au niveau du coude, au niveau d'une
bursite au niveau de l'épaule, au niveau d'une lombalgie au niveau des
muscles lombaires au niveau du dos d'une personne. Notre gymnastique est
vraiment une gymnastique corrective qui se traite de façon manuelle,
avec des techniques de massage et des techniques complémentaires qu'on
utilise avec nos mains, des exercices d'étirement progressif au niveau
du dos, pour donner l'exemple des muscles lombaires, ce que les autres
techniques ne pratiquent pas. Donc, on pourrait mentionner tout de suite que le
chiropraticien va utiliser la subluxation vertébrale pour faire une
correction; ce n'est absolument pas notre champ d'action. On pourrait dire que
la physiothérapie travaille avec un appareillage beaucoup plus
sophistiqué que le nôtre, parce que l'appareillage le plus
sophistiqué que l'on retrouve dans nos cliniques, bien, c'est la main
droite et la main gauche, en excluant, bien sûr, les tables
d'élongation dont on a fait mention tout à l'heure et les
appareils à ultrasons ou autres types d'appareillage quelconque.
M. Poirier: Ce n'est pas notre apanage. Notre apanage, notre
champ d'action, c'est l'utilisation des mains et c'est la
massokinésithérapie, c'est-à-dire le massage et
l'utilisation du mouvement comme élément thérapeutique. Ce
qu'on appelle la kinésithérapie, c'est la thérapie par le
mouvement.
M. Trudel: Écoutez, je questionne moins votre existence en
soi que la différence qui vous a amenés à exister pour que
vous soyez là, et comment l'État, en termes d'encadrement,
devrait «dealer» avec ça. Dans votre mémoire, les
orthothérapeutes demandent que l'État reconnaisse leur champ de
pratique professionnelle. Là, il y a des mots importants: «leur
champ de pratique professionnelle». Là, vous ne demandez pas des
actes. Ce que vous demandez, c'est que ce soit un peu sur le modèle de
la Loi médicale, c'est-à-dire qu'on vous réserve un champ
d'intervention et non pas des actes précis à l'intérieur
d'une éventuelle législation. C'est bien ça que vous
demandez?
M. Poirier: Ce qu'on demande, c'est de regrouper l'ensemble de
ces actes pour en faire un champ de pratique, effectivement. Les mots
«champ de pratique» se veulent très larges, jusqu'à
un certain point. Vous m'en donnez une version, je pourrais vous en donner une
autre version. Un champ de pratique, ça ne veut pas
nécessairement dire un champ de pratique comme la Loi médicale.
Ça peut être aussi restreint à un champ de pratique d'ordre
musculo-squelettique, ce que vous allez probablement appeler une
spécialité, et on peut appeler ça un champ de pratique
aussi. C'est un terme qui peut être utilisé à
différentes sauces, sur quand même un éventail assez large.
(11 h 40)
M. Trudel: Oui. On voit ça dans le domaine de la
santé que ça peut être utilisé à toutes les
sauces.
M. Poirier: Oui, effectivement.
M. Trudel: C'est tellement à toutes les sauces que...
M. Lavoie (Stéphan): Les recommandations qu'on fait dans
notre mémoire...
M. Trudel: ...hors de cela, tout le monde peut être
poursuivi, y compris vous autres.
M. Poirier: Exactement.
M. Trudel: Vous êtes d'autres illégaux, en quelque
sorte.
M. Poirier: Heureusement, on semble avoir une politique de
tolérance envers nous qui fait que...
M. Trudel: Ne parlez pas trop fort, vous allez vous faire
photographier.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Poirier: Ce n'est pas grave.
M. Trudel: Ce que vous recherchez, donc, c'est une
reconnaissance. Est-ce que vous êtes capables de nous dire: Quant
à l'encadrement, à la discipline chez nos membres et au
traitement des plaintes, on va s'occuper de ça?
M. Lavoie (Stéphan): L'encadrement, on peut
déjà s'en charger parce qu'on l'a fait déjà depuis
1975. C'était de là aussi l'origine d'un regroupement. Si on
parle de M. Paris, vous êtes en pratique depuis combien de temps, M.
Paris?
M. Paris: 36 ans.
M. Lavoie (Stéphan): 36 ans, et le regroupement
professionnel dont on fait partie est là depuis 1975. Donc, il y a eu un
besoin, à un moment donné, pour certains praticiens, dans la
province de Québec, de se regrouper parce qu'ils se sont rendu compte
qu'ils faisaient un travail qui était similaire.
M. Trudel: Est-ce que ça vous apparaîtrait comme
suffisant de dire: II existe au Québec un titre réservé
qui s'appellerait orthothérapeute et qui correspond à tel niveau
de formation, point, «period», à la ligne?
M. Poirier: Ça nous conviendrait très bien comme
élément de départ, bien sûr. C'est sûr. Nous,
ce qu'on veut, c'est... Ha, ha, ha!
M. Trudel: Un coup parti.
M. Poirier: Ce qu'on veut, c'est avoir un cadre sécurisant
de travail et pour l'orthothérapeute et pour le patient qui consulte,
qu'il n'y ait plus d'épée de Damocles au-dessus de la tête
de l'individu qui va donner certains traitements.
M. Trudel: II faut éclaicir ça parce que,
l'étapis-me, on aime bien l'utiliser, mais pas en être victime,
voyez-vous? Quand vous dites: C'est un point de départ, il faut nous
donner, si possible, comment vous voyez cela. C'est-à-dire que vous
existez comme orthothérapeutes ou vous vous êtes
créés en quelque sorte, vous vous êtes constitués en
discipline parce que ça répond d'évidence à un
besoin du public. Votre principale préoccupation, je le
répète, me semble être celle de la reconnaissance. À
partir du moment où on vous reconnaîtrait par un titre
réservé correspondant à une formation, est-ce que tout le
restant n'est pas de la boursouflure bureaucratique, de l'enflure inutile, du
grossissement qui, à toutes fins utiles... Il ne faut pas en donner plus
que le client n'en demande, quoi!
M. Poirier: Le titre réservé, c'est très
intéressant comme optique, à condition que le titre
réservé soit quand même accompagné de
mécanismes d'évaluation des personnes à qui on va donner
le titre réservé. C'est-à-dire que, si on donne un titre
réservé à des individus qui ne méritent pas le
titre, on juge que ce n'est pas suffisant. Si on donne un titre
réservé à des individus qui ont été
évalués et qui répondent aux normes et aux critères
d'admission, à ce titre-là, bien, on peut juger que ça
peut être suffisant, effectivement. Ça enlève
l'épée de Damoclès dont on parlait tout à
l'heure.
M. Trudel: Oui, oui. C'est évident que, si on va dans la
direction du titre réservé, avec une norme, bien, ça prend
quelqu'un pour faire respecter la norme et ça prend une limite pour
trancher. En deçà, on n'est pas membre, on ne peut pas porter le
titre et, au-delà, on peut porter le titre. Est-ce que vous pensez que
tous ces aspects de la gestion du titre réservé et de la norme
fixée, vous pourriez, comme association professionnelle, gérer
ça? Soyons clairs, l'État dirait, dans un texte législatif
quelque part: Le titre d'orthothérapeute est
réservé aux gens qui ont tel type de formation. Ayant ces
deux articles ou cet article à deux volets dans un règlement ou
dans une loi, tout le restant des responsabilités serait entre vos mains
et vous seriez chargés de donner à l'État la liste de
celles et de ceux qui correspondent à cette association-là.
Est-ce que, ça, c'est viable?
M. Poirier: Si on nous donnait ce pouvoir-là, on serait
prêts à faire ça à partir de demain matin. On a
l'encadrement pour le faire à partir de demain matin, dans le sens qu'on
est déjà organisés, on a déjà un code de
déontologie, on a déjà un comité de discipline qui
gère le code de déontologie, on a déjà un
comité d'admission et de perfectionnement qui évalue les nouveaux
membres. On est prêts à faire face à cette
musique-là, mais donnez-nous-en les pouvoirs.
M. Lavoie (Stéphan): C'est exactement le mandat que les
compagnies d'assurances nous ont donné, donc, les compagnies
d'assurances qui vont couvrir les soins en orthothérapie. C'est le
mandat qu'on a reçu de ces compagnies d'assurances, de leur prouver
qu'on avait des exigences minimales, de leur prouver qu'on avait une formation
adéquate, de leur prouver que les membres qui étaient dans notre
groupement étaient des gens qui avaient été
évalués, des gens qui étaient surveillés par un
comité de discipline et, par la suite, on nous demande, à tous
les ans, de leur envoyer une liste à jour des membres de notre
groupement. Donc, ça fonctionne déjà comme ça, si
on parle des compagnies d'assurances qui vont couvrir les soins en
orthothérapie. Moi, je trouve ça très simple, comme
processus. En fin de compte, nous, on a déjà la structure en
place. À partir du moment où on aurait l'équivalent d'une
reconnaissance appelez ça reconnaissance ou permis de travail
comme dirait l'autre, on n'est pas exigeants là-dessus.
M. Trudel: Bon. En tout cas, moi, je reçois bien ce que
vous nous dites là, parce qu'il ne faut pas, encore une fois, que l'on
soit à mettre au monde une superstructure quand on a besoin d'un
mécanisme léger pour reconnaître l'existence, si tant est
que c'est la volonté de reconnaître l'existence. Je ne veux pas
préjuger de la volonté de personne et de ce qui va se passer,
mais c'est deux choses: la discipline à l'intérieur du corps
constitué qui s'appelle ici, le cas échéant, les
orthothérapeutes et la reconnaissance. Encore là, on vient de se
donner une définition pratico-pratique de ce que pourrait être la
reconnaissance, avec l'application que vous nous illustrez par rapport aux
assureurs qui acceptent de vous référer des clients pour les fins
de leurs bénéficiaires. Bon.
Je reviens sur le volet formation. La formation après le D.E.C.,
donnée par un organisme ou un établissement qui est autre que le
vôtre, c'est qui, ça? Qui donne la formation?
M. Poirier: Des écoles de formation qui existent.
On en a à Montréal, il y en a un petit peu partout dans la
province. On en reconnaît vraiment trois avec le profil des
orthothérapeutes dont on a fait mention, c'est-à-dire les 1000
heures. S'il nous arrive quelqu'un d'une autre école de formation et
qu'on juge qu'une certaine partie de sa formation peut être
accréditée, par exemple, quelqu'un qui arriverait avec une
formation en massage où on peut accréditer une certaine partie du
massage, on va le référer à une des écoles de
formation de sa région et lui dire: Bien, effectivement, il te manque
une partie de ta formation que tu pourrais aller prendre là. On agit,
à ce moment-là, comme rôle d'informateur et non pas comme
rôle de formateur.
M. Trudel: Si j'avais eu le temps, mais je n'ai plus le temps, M.
le Président, je vous aurais demandé si vous avez
déjà été victimes de poursuites pour pratique
illégale de la médecine.
M. Poirier: Est-ce que j'ai le temps de vous répondre ou
est-ce que...
Le Président (M. Joly): Ah, je vais vous le laisser, oui.
Oui. Je vous l'accorde.
M. Poirier: Pardon?
Le Président (M. Joly): Je vous accorde le temps.
M. Poirier: II y a eu une poursuite, depuis 1975, contre
l'Association; c'est dans le début des années quatre-vingt et, si
je me souviens bien, la poursuite est encore en suspens.
M. Trudel: J'en conclus que vous n'êtes pas très
dangereux.
M. Poirier: Merci.
Le Président (M. Joly): Merci. J'aurais peut-être
une petite question. Je pense que...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je dois
comprendre que ceux qui n'ont pas eu ce jugement-là sont dangereux?
Des voix: Ha, ha, ha! M. Trudel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): D'entrée de jeu, ce matin,
M. le ministre a fait refléter que, pour le profane, pour le grand
public, c'est difficile d'établir, souvent, les différences entre
un masso, un physio ou un ostéo ou un ortho et...
Une voix: Etc.
Le Président (M. Joly): ...j'en passe. Il y en a
quand même un paquet, là. Il y en a beaucoup.
M. Lavoie (Stéphan): II y a même des totos.
Le Président (M. Joly): Vous avez quand même
apporté, en fait, des explications sur les différences majeures
entre les massothérapeutes, les physios et vous-mêmes. Alors,
compte tenu de tout ça, moi, il y a une question qui me fatigue. Est-ce
qu'il y a des dédoublements de spécialités? Exemple:
qu'est-ce qu'un ostéothérapeute fait que vous ne faites pas ou
l'inverse?
M. Poirier: Je pourrais très mal vous répondre en
ce qui concerne l'ostéopathie. Je vais laisser ces gens-là
répondre, vu qu'ils passent après nous autres, ce matin. Mais je
peux vous répondre sur ce que, nous, on fait. C'est-à-dire que ce
que, nous, on fait, c'est différent de ce que les autres font. On vous
l'a expliqué tout à l'heure, là.
Le Président (M. Joly): Non, non. C'est parce que vous
semblez ajouter un volet de masso, en plus de ça, là.
M. Poirier: Oui, mais ce n'est pas de l'ostéopathie, qu'on
fait. L'ostéopathie, on laisse ça aux ostéopathes. Nous,
on fait de l'orthothérapie; ça comprend la massothérapie
et ça comprend la kinésithérapie: l'activité
physique comme moyen thérapeutique. C'est vraiment ça, la
définition de l'orthothérapie. On ne veut pas s'ingérer
dans le domaine des autres. Ce n'est pas à nous à le faire.
Chacun à sa place. (11 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes-vous
retrouvé dans les traitements, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Bien, j'essaie de savoir c'est qui
le meilleur, moi là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je pensais, M. le Président, que vous cherchiez
où vous aviez mal.
Une voix: On peut peut-être répondre à
ça.
Le Président (M. Joly): Si on est à la recherche
constante, si vous voulez, disons, des meilleurs spécialistes, des
meilleurs traitements... Tantôt, il y a un médecin qui a dit: Nous
autres, on cherche à sortir du traditionnel: un symptôme, un
médicament. Tandis que, vous autres, bien souvent, il n'y en a pas, de
médicament. Il n'y a rien de ça. Donc, vous corrigez quand
même. Mais, en plus, il y en a d'autres qui font de la prévention,
d'autres qui font, disons, du correctif. Moi, ce qui me fascine, c'est de
savoir que vous avez ouvert une avenue qui est quand même
intéressante au niveau des assurances, de la façon dont on vous
traite au niveau des assurances. Je pense qu'on vous fait peut-être plus
confiance qu'à certains autres. Comment en êtes-vous
arrivés à négocier ça avec l'assurance pour qu'on
vous fasse confiance à ce niveau-là? Est-ce que ça se
mesure, ce que vous faites? Parce que vous retournez toujours votre patient
à un médecin, par après. Donc, c'est là que
ça se mesure.
M. Poirier: Ça, c'est quelque chose d'intéressant
parce que, notre pratique, elle est palpable, elle est objective, elle est
mesurable. Ce n'est pas un principe, notre pratique; c'est quelque chose de
mesurable, d'évaluable. C'est-à-dire qu'on peut évaluer le
patient avant et après selon des normes scientifiques, selon des normes
accréditées par le corps médical, par des tests bien
précis. C'est évaluable, notre pratique, effectivement.
Le Président (M. Joly): Est-ce que, dans vos
thérapeutes, il y a seulement des hommes ou s'il y a des femmes
aussi?
M. Poirier: II y a des femmes aussi. Ah oui.
Le Président (M. Joly): Oui? Parce que, si je regarde en
ostéopathie, c'est beaucoup, beaucoup de femmes.
M. Lavoie (Stéphan): Dans les dernières
années, si on regarde les écoles de formation, au niveau des
demandes d'admission, le prorata femmes-hommes, au niveau des femmes, c'est
plus élevé. Mais c'est un événement qui date
peut-être de quatre, cinq ans.
Le Président (M. Joly): Je pense que M. Lebel voulait
ajouter quelque chose. M. Lebel.
M. Lebel: Oui. C'est à propos des assurances. Je vais vous
parler de mon cas personnel. Moi, j'ai connu les orthothérapeutes parce
que j'avais mal au dos. On appelle ça une entorse lombaire
récidivante, ça faisait des années que je traînais
ça. Les médecins me donnaient des pilules: un mal, une pilule; un
mal, une pilule. J'en ai eu pour des centaines de dollars, de ces
pilules-là, et j'avais toujours mal au dos. Par hasard, un de mes amis
m'a dit: Va donc voir Roberto et tu vas voir. Ça m'a pris quatre
séances, j'ai fini d'avoir mal au dos, fini.
Le Président (M. Joly): Plus de pilules.
M. Lebel: pas de pilules. mais ça me prend 10 minutes
avant de sortir de la chambre le matin parce que j'ai mes exercices
d'étirement à faire, qui sont très spécifiques
à mon mal de dos, et c'est fini. c'est comme ça que la compagnie
d'assurances, chez moi, paie pratiquement 100 % des coûts, là,
parce que, en 4 fois, 5 fois, 6 fois, ça va être terminé,
alors que, pour d'autres traitements, ils ne paient pas 100 % des coûts
parce qu'après 25 fois ce n'est pas fini. en tout cas, si vous avez mal
au dos, je vais donner l'adresse en...
Le Président (M. Joly): Merci, M. Lebel. M. le
député de Berthier, vous avez une question.
M. Houde: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir,
lorsqu'il y a des gens qui viennent nous voir parlant de problèmes, de
mal qu'ils ont à différents endroits, ils me disent: On va voir
un chiro et on va voir un orthothérapeute, puis, en bout de ligne, on va
arriver à ce que notre mal se passe. Mais il y a une différence
entre les deux, c'est que, vous autres, vous ne faites pas mal du tout et,
l'autre, il nous fait mal... Je ne dirai pas le mot, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Houde: Qu'est-ce que vous pouvez expliquer? C'est les gens qui
nous disent ça. Qu'est-ce que vous faites?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça ne leur fait pas mal de dire
Ça.
M. Houde: Non, mais je veux le savoir, je veux savoir
pourquoi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ça lui fait peut-être
plaisir.
M. Houde: En tout cas, je veux le savoir. Us vont me le...
Le Président (M. Joly): C'est difficile, un rôle
d'arbitre.
M. Paris: C'est beaucoup plus long chez le chiro que chez nous.
Ça prend plus de temps. Le type va aller là trois fois par
semaine pendant quoi? Nous autres, trois fois par semaine, on serait...
M. Houde: Non, mais ils me disent que ça ne fait pas mal
du tout. C'est un plaisir d'aller vous voir, à la place.
M. Paris: Oui. On n'a pas à faire mal du tout. M.
Houde: C'est ça. C'est quoi, le...
M. Poirier: On ne travaille pas de la même façon.
Nous, on travaille d'une façon qui est beaucoup plus douce, on prend le
temps. Un traitement, ça peut durer une heure par séance. On
prend le temps de le faire. On peut faire la même chose très
rapidement en donnant un coup brusque, ça va faire mal. Mais on ne le
fait pas, le coup brusque. On y va avec une elongation progressive, faite en
douceur, qui va donner exactement le même résultat.
M. Houde: C'est les commentaires qu'on a, mais le conseil qu'il
vient de nous donner, ça va peut-être aider pour la CSST avec les
problèmes de dos.
M. Poirier: On l'espère, on l'espère. M. Houde:
Merci. Merci de votre...
M. Poirier: II faut dire aussi, ce que M. Lebel disait, que,
lorsqu'on parle de programme d'exercices, ce n'est pas un programme, comme le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue disait tout
à l'heure, que peut donner un éducateur physique. C'est un
programme qui est adapté à la réalité du mal de dos
de M. Lebel et à M. Lebel lui-même. C'est surtout ça, la
différence.
M. Houde: Merci beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, en conclusion, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous remercier de
votre présentation. Je veux juste dire: Albert, il ne faut pas partir de
chicane. Chacun pourra venir parler de sa spécialité et on sera
toujours très heureux de vous entendre. Vous êtes en train de nous
éclairer. Alors, merci. Je peux confirmer que, effectivement, il y a
chez vous des gens qui ne sont pas abuseurs. Il y a un de mes amis qui a
été référé chez vous. Après quatre
traitements, on lui a dit: On ne peut plus rien faire avec toi. Ça a
été clair et il s'en est retourné. Je pense que ça
fait partie de l'honnêteté de la pratique, ça. C'est tout
à votre honneur. Merci.
M. Lavoie (Stéphan): Je peux glisser un mot? Le
Président (M. Joly): Oui, M. Lavoie.
M. Lavoie (Stéphan): Le sigle officiel de notre
regroupement, c'est une colombe. Donc, peut-être pour répondre
à la question de monsieur, pour terminer, en fin de compte,
l'orthothérapie, c'est de redonner l'amplitude du mouvement du corps
humain et en y mettant le plus de douceur possible.
M. Trudel: J'allais vous demander la question en terminant. Je
pensais que c'était un message à la corporation des
médecins en disant: La paix, la paix, la paix, s'il vous
plaît!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Que la paix soit avec vous! Au nom
des membres de cette commission, nous vous remercions. Maintenant, je
demanderais au Collège d'études ostéopathiques de
Montréal et à l'Association des diplômés en
ostéopathie du CEO de bien vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Nous allons suspendre nos travaux pour deux petites minutes, s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
(Reprise à 12 h 1)
Le Président (M. Joly): Nous reprenons nos travaux. Je
demanderais à la personne responsable de bien vouloir s'identifier, s'il
vous plaît.
Collège d'études ostéopathiques
de Montréal et l'Association des diplômés en
ostéopathie du CEO
Mme Beaulieu (Marielle): Bonjour. Marielle Beaulieu.
Le Président (M. Joly): Ça me fait plaisir, Mme
Beaulieu. Maintenant, nous introduire les gens qui vous accompagnent, s'il vous
plaît.
Mme Beaulieu: Oui, à mon extrême droite, Mme Denise
Laberge, diplômée en ostéopathie et professeur au
Collège d'études ostéopathiques de Montréal; le
docteur Paul Lépine, étudiant de cinquième année en
ostéopathie, membre du conseil académique. Il est aussi
médecin de famille. À ma gauche, le docteur Roger Hobden,
étudiant en cinquième année, membre du conseil
académique. Il enseigne aussi en médecine familiale au CLSC
Centre-Sud de Montréal. Et M. Michel Therrien, qui est finissant, qui a
complété ses études et qui est actuellement en
préparation de thèse de fin d'études, et il est
secrétaire de l'Association des diplômés en
ostéopathie.
Le Président (M. Joly): Merci. Comme il y a deux groupes
qui représentent votre spécialité, on peut dire, à
ce moment-là, que le temps est divisé en deux. Donc, vous avez 10
minutes pour présenter votre mémoire et, par après, les
parlementaires échangeront avec vous.
Mme Beaulieu: C'est ça. Nous, on va surtout couvrir,
à ce moment-là, le volet de la formation, étant
donné que nous sommes du Collège d'études
ostéopathiques de Montréal.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, je vous
reconnais la parole, madame.
Mme Beaulieu: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM.
les membres de la commission, le Collège d'études
ostéopathiques de Montréal et l'Association des
diplômés en ostéopathie sont honorés de vous
adresser ce mémoire afin de promouvoir la nécessité de
créer une profession d'ostéopathes indépendante et
autonome à partir de la formation dispensée, du maintien de la
qualité de la formation actuelle.
Définition de l'ostéopathie. L'ostéopathie est une
médecine naturelle, une thérapeutique et un art basés sur
des actes palpatoires précis ayant pour objectif de dégager les
différents tissus et constituants de l'organisme des mécanismes
de contrainte qui les empêchent d'accomplir leurs fonctions normales.
L'ostéopathie est une science de la santé et décrit les
interrelations entre les systèmes, les lois qui assurent
l'équilibre et la santé de l'être humain dans sa
globalité. Notre travail s'apparente à ce qu'on pourrait appeler
un ingénieur du corps humain.
Le Collège d'études ostéopathiques de
Montréal, le CEO, a été fondé en mars 1981 par M.
Philippe Druelle, ostéopathe. Le Collège regroupe actuellement 28
professeurs québécois, français, anglais et
américains. Le CEO donne actuellement une formation en
ostéopathie à 192 étudiants. 53 finissants
préparent leur projet de recherche clinique de fin d'études, la
thèse d'ostéopathie et, aussi, le Collège offre une
formation continue pour les diplômés en ostéopathie qui
sont présentement au nombre de 77.
Le CEO est autonome financièrement, sans subvention de
l'État depuis 12 ans. Il a pu réinvestir pour donner un meilleur
service dans le domaine de l'éducation des étudiants, voire
bibliothèque, vidéothèque et la formation continue pour
les diplômés. Il soutient aussi la Fondation canadienne pour
l'enseignement et la recherche en ostéopathie, organisme sans but
lucratif qui soigne bénévolement 50 enfants par année.
L'Association des diplômés en ostéopathie, l'ADO,
regroupe les professionnels et étudiants en ostéopathie pour
promouvoir et défendre leurs intérêts. L'Association compte
actuellement 240 membres.
Dans son rapport, en page 19, l'Office des professions reconnaît
que l'ensemble des facteurs énoncés à l'article 25 du Code
des professions s'applique à l'ostéopathie. La recommandation de
l'Office des professions visant l'intégration des théraphies
alternatives au champ de pratique des corporations professionnelles
déjà existantes est inapplicable et refusée par l'ensemble
des ostéopathes et des praticiens en voie de le devenir. Une telle
intégration créerait une ingérence dans le curriculum des
études, une ingérence dans la vie professionnelle et dans la
spécificité des actes ostéopathiques, de la confusion au
niveau du public, le citoyen se trouvant perdu devant la multiplication des
intervenants en ostéopathie.
Ça créerait aussi le morcellement de l'ostéopathie
entre les différentes corporations. On assisterait à une dilution
des connaissances, de la qualité et de la recherche, à une perte,
aussi, de la cohérence de groupes face au public, face aux autres
corporations, face aux institutions. La protection du public ne pourrait
être assurée de façon uniforme. Il ne faut pas
répéter l'erreur des Américains où l'incorporation
des ostéopathes à la profession médicale a dilué la
formation et la pratique de la thérapeutique spécifique
ostéopathique, ce qui laisse actuellement un nombre très
réduit d'ostéopathes pratiquant l'ostéopathie. Ils
cherchent maintenant à récupérer les connaissances et la
thérapeutique perdues en allant chercher des professionnels
européens.
Les corporations n'ont pas les compétences pour gérer
l'ostéopathie et les ostéopathes. La compétence en
ostéopathie ne peut être assurée que par des
ostéopathes complets ayant satisfait aux exigences menant au
diplôme. La sécurité du public est assurée par
l'intermédiaire de l'inspection professionnelle et le syndic, et seuls
les ostéopathes complets peuvent assurer cette fonction sans conflit
d'intérêts. Ainsi, pour éviter tout conflit
d'intérêts avec les corporations existantes, pour assurer la
sécurité du public, la qualité de la formation et
l'efficacité des services rendus auprès de la population, nous
réclamons l'établissement d'une profession indépendante
des ostéopathes du Québec.
Les objectifs poursuivis par le Collège depuis 12 ans
répondent aux critères de compétence de toute formation
professionnelle. Les objectifs pédagogiques du CEO se retrouvent en page
11 du mémoire. La spécificité thérapeutique de
l'ostéopathie est une réponse efficace aux dysfunctions de
l'organisme, car elle s'adresse aux causes et non pas aux symptômes. Au
niveau de la spécificité thérapeutique manuelle de
l'ostéopathie, il n'existe donc pas de différence entre la
tradition québécoise, américaine et européenne.
Cette spécificité est manifestée au niveau de la
formation. Aucune autre formation dans le domaine de la santé ne
dispense la philosophie, les connaissances, la thérapeutique et la
méthodologie d'intervention de l'ostéopathie.
La médecine ostéopathique fonde son diagnostic sur la
palpation de la mobilité des tissus et de leurs structures.
L'ostéopathe, par sa formation, utilise ses mains pour percevoir les
sensations tissulaires au même titre que le médecin allopathique
va, par exemple, utiliser ses oreilles lors de l'auscultation. Toutes les
formations professionnelles dans le domaine de la santé
présentent deux volets bien distincts. Le premier volet, le volet des
sciences de base de la santé considérant l'ana-tomie,
physiologie, kinésiologie, pathologie, sémiologie, qui
représentent un bloc commun ou semblable entre les professionnels selon
le niveau de responsabilité du praticien auprès des patients. Le
deuxième volet, le volet de la thérapeutique spécifique,
est particulier à chacune des professions.
Au Collège d'études ostéopathiques de
Montréal, l'admission des étudiants se fait à partir du
critère des sciences de base de la santé, niveau du bac
universitaire, qui doivent avoir été complétées. La
thérapeutique ostéopathique y est alors enseignée,
totalisant 1200 heures de formation théorique, pratique et clinique
échelonnée sur 5 ans. La formation se complète par la
suite par un travail de synthèse clinique, la thèse
d'ostéopathie.
Notre formation est souvent comparée à la formation
américaine. Voici quelques faits. La formation américaine est
avant tout une formation médicale à laquelle un supplément
variant de 200 à 400 heures est donné en principes et pratique en
ostéopathie. Par exemple, au College of Ostéopathie Medicine of
the Pacific, le cursus de cours comprend 15,5 crédits-heures, ce qui
représente 232 heures de formation en principes et pratique
ostéopathiques. Après une telle formation, seulement de 8 %
à 10 % des ostéopathes américains formés de cette
façon pratiquent en ostéopathie. Les autres font de la
médecine conventionnelle. Ceci démontre bien que la formation
américaine est plutôt médicale qu'ostéopathique. On
juge son arbre à ses fruits. (12 h 10)
La crédibilité de la formation du Collège
d'études ostéopathiques peut être examinée selon
quatre aspects. Le premier aspect, le programme du CEO, totalisant 1200 heures
de cours, est détaillé à partir de la page 37 dans le
document. Vous avez ensuite les examens. La formation est validée chaque
année par un examen oral et écrit, théorique et pratique.
En troisième et en cinquième année, il s'agit d'examens
récapitulatifs, autant théoriques que pratiques, sur l'ensemble
de la matière. Les examens pratiques oraux se passent devant un jury
international.
Le deuxième aspect, les professeurs. Les professeurs et
conférenciers viennent de partout dans le monde. Le Québec,
actuellement, a une chance unique: 128 professeurs du monde entier,
européens et américains, sont venus, pendant 12 ans, apporter le
meilleur de leur potentiel et leur savoir au Québec. Parmi ces gens,
nous notons des présidents de registre, des directeurs de
collège,- etc., qui participent par la même occasion au Symposium
international d'ostéopathie qui se tient à chaque année.
Vous avez donc une liste des professeurs à partir de la page 56.
Le troisième aspect, ce sont les étudiants. Depuis les 8
dernières années, la moyenne des admissions en première
année est de 50 étudiants et, depuis 6 ans, nous observons une
constance entre les admissions et les étudiants qui graduent. Ceci
démontre l'intérêt des participants, malgré la
récession. Le CEO reçoit des étudiants étrangers
pour la formation complète. Nous avons des étudiants de France,
une personne d'Argentine et une personne de Suisse, ainsi que des
étudiants diplômés de France qui viennent passer l'examen
de fin d'études et présenter leur thèse à
Montréal. Le CEO reçoit aussi des chiropraticiens.
Le quatrième aspect est la recherche. La formation en
ostéopathie du CEO est la seule formation au Québec parmi les
professionnels de la santé qui réclament une recherche clinique
appelée thèse en ostéopathie, à la fin du cursus
des études. Ceci permet à chaque futur professionnel de
confronter ses connaissances et la qualité de leurs applications
à travers des gestes thérapeutiques précis dans le cadre
de la rigueur scientifique du projet de la thèse. Tous les frais
engagés pour ces recherches sont la responsabilité de
l'étudiant. Vous avez en page 80 la liste des thèses remises au
CEO depuis 1986.
La contribution du réseau des services de santé à
l'ostéopathie. L'intégration des ostéopathes au sein
d'institutions de recherche et du réseau de santé s'avère
indispensable pour élargir l'apprentissage clinique des
ostéopathes au sein d'une équipe multidisciplinaire. Son apport
thérapeutique doit être considéré, car il serait
important.
Pour terminer, nous avons une pétition signée par
209 diplômés et étudiants pour obtenir une
profession indépendante des ostéopathes au Québec. Merci
de votre attention.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, Mme
Beaulieu. Maintenant, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Il faut l'admettre, sur le plan de la formation, ce qu'on a
vu jusqu'à maintenant n'est pas à la hauteur de ce que vous nous
présentez; avoir comme exigence de base minimale un bac, ça donne
un peu le ton à l'importance de la formation et, par conséquent,
à la qualité qui doit nécessairement être au bout de
la ligne.
Ce qui non pas m'inquiète un peu, mais m'étonne un petit
peu, c'est votre insistance dans la présentation à ne pas vous
inspirer des États-Unis. J'avais fait venir quelques petits
détails des États-Unis, 33 000 ostéopathes aux
États-Unis, et je comprends que ça ne pourra pas me servir
beaucoup. Si je comprends votre présentation, c'est davantage devenu
l'affaire médicale aux États-Unis, et vous voulez qu'on
évite ça au Québec. Vous ne nous avez pas parlé de
l'Europe. Vous n'avez parlé que des gens d'Europe qui viennent chez
nous, même passer des examens. J'aimerais peut-être vous entendre
davantage à ce niveau-là, chez nous par rapport à l'Europe
et encore un petit peu davantage par rapport aux États-Unis.
Mme Beaulieu: Roger.
M. Hobden (Roger): C'est ça. Sans faire un long historique
de ce qui s'est passé aux États-Unis, au XIXe siècle et au
XXe siècle, en ostéopathie, c'est quand même
intéressant de tirer des conclusions, c'est-à-dire qu'au
début le fondateur de l'ostéopathie, c'était même un
médecin de famille, un médecin des frontières
américaines, qui faisait de la petite chirurgie et d'autres formes de
traitement, qui a créé de toutes pièces, en s'inspirant
des traditions des «bonesetters», une médecine naturelle
basée sur les techniques manuelles.
Par la suite, dans un souci d'élever le niveau
pédagogique, ils ont voulu s'inspirer des écoles
américaines de médecine et ont bâti au fil des
années un cursus tout à fait identique qui fait qu'en 1950, par
exemple, le Missouri a reconnu aux D.O., aux ostéopathes
américains, le droit de pratiquer la médecine dans les
hôpitaux, ainsi de suite. Ce que nous, on constate, c'est que, par la
suite, au fur et à mesure que l'ostéopathie a été
reconnue et intégrée et elle est actuellement dans le
système médical américain les ostéopathes
ont commencé graduellement à abandonner ce qui leur était
spécifique, c'est-à-dire le travail manuel et la guérison,
la relance des tissus. Ce qui fait qu'à l'heure actuelle toutes les
statistiques et, même récemment, le dernier document de la
corporation des médecins sur la question reconnaissent qu'il n'y a que
10 % des ostéopathes qui travaillent avec leurs mains.
Alors, nous, on dit que ce n'est pas la peine. On ne veut pas refaire
une deuxième gang de médecins, numéro 2, qui s'appellent
des D.O.; on ne veut pas s'inspirer de cet exemple-là. On veut partir de
ce qui est spécifique aux ostéopathes, le travail avec les mains,
la relance des tissus.
Mme Beaulieu: Parle-leur des Européens, des Anglais.
M. Hobden: En fait, notre modèle est plus le modèle
européen et, en particulier, le modèle britannique, par exemple
la Bristish School of Osteopathy qui a fait adopter, récemment, en
deuxième lecture, un projet de loi qui vise la garantie de
l'indépendance professionnelle des ostéopathes.
M. Côté (Charlesbourg): Je trouvais quand même
les chiffres et vous constaterez mon ignorance, que je vous confesse
dès à présent intéressants: aux
États-Unis, 33 000, dans 140 institutions hospitalières, donc
accrédités. Ça paraissait quand même comme un
endroit où c'est largement reconnu, mais il y a des bémols. Vous
nous mettez des bémols quant à la pratique là-bas et quant
aux dangers.
Évidemment, lorsqu'on cherche à se faire reconnaître
de manière légale, que ce soit à titre exclusif ou
réservé, j'imagine qu'on a une petite idée dans quoi on
s'embarque demain et de ce que ce serait au Québec à partir du
moment où on le ferait. On a, au niveau de la médecine dite
conventionnelle, des plans d'effectifs, des ratios. Ça prend tant de
médecins pour tant de gens dans la population. Pour desservir le
Québec, ça prendrait combien d'ostéopathes?
Mme Beaulieu: II n'y a pas vraiment...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'il faut y
penser. Lorsqu'on parle de formation et qu'on parle de ce que vous avez
jusqu'à maintenant et d'un certain engouement, il faut l'admettre, 50
par année... Tout ce monde-là défraie ses
études?
Mme Beaulieu: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, ce n'est pas
donné, après avoir, dans certains cas, ai-je bien compris, fait
un cours de médecine, de s'orienter là. Après avoir fait
un bac sur le plan universitaire, ça coûte des sous, même si
notre premier bac est en partie défrayé par l'État. Disons
que ça ajoute de la qualité aux années que vous ajoutez
à votre âge. Mais, à partir de ça, il y a quand
même des coûts.
Mme Beaulieu: Bien, disons que, par rapport à une
évaluation du besoin du nombre d'ostéopathes en rapport avec la
population, on n'a pas vraiment fait d'études en ce sens, pour
l'instant.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais aller plus loin que
ça. Vous pourrez répondre, là... Est-ce qu'une plus
grande présence d'ostéopathes au Québec diminuerait
la pression quant à la demande des actes posés par les
médecins?
Mme Beaulieu: Je pense que je vais passer la parole à Paul
qui est lui-même médecin.
M. Lépine (Paul): Définitivement. Je pourrais vous
citer plusieurs exemples cliniques de gens qui ont consulté de multiples
praticiens, autant reconnus dans le réseau comme des médecins,
des physiothérapeutes que d'autres non actuellement reconnus dans le
réseau, et qui, finalement, aboutissent en ostéopathie et qui, en
quelques traitements, obtiennent la guérison qu'ils recherchaient depuis
des années.
J'ai en tête le cas d'une patiente qui souffrait d'une
névralgie du trijumeau, une douleur au niveau du visage, et c'est mes
connaissances et mes aptitudes ostéopathiques qui m'ont permis de
comprendre que ça découlait d'une chirurgie au niveau d'un sinus
qui n'avait pas du tout été mal faite, mais c'est une
conséquence qui arrive à l'occasion. Et, pendant cinq ans, cette
dame a souffert, a pris des médicaments qui lui ont coûté
très cher et qui ont coûté cher à ses assurances et
à l'État, en partie. Elle a vu des spécialistes de tout
acabit, elle a eu des infiltrations au niveau du nerf, etc., tout ça
sans soulagement. Elle a fait une dépression, elle a pris des
antidépresseurs, elle a vu un psychiatre, bon.
Et je suis toujours un peu gêné de le dire, mais c'est la
réalité, en un traitement, après une heure de traitement,
en se relevant de la table, elle n'avait plus de névralgie, elle n'avait
qu'une douleur locale à la cicatrice, qui est partie avec trois autres
traitements supplémentaires. Pendant cinq ans, cette dame-là a
souffert, a dépensé de l'argent, a consommé des soins, a
eu une qualité de vie perturbée, et tout ça parce qu'elle
ne connaissait pas l'ostéopathie.
Alors, oui, effectivement, si les ostéopathes étaient
beaucoup plus présents dans le réseau et à un niveau de
première ligne, en collaboration avec les autres intervenants de
première ligne, on pourrait éviter plusieurs actes, des
souffrances et des frais inutiles. (12 h 20)
Mme Beaulieu: Michel aurait quelque chose...
M. Therrien (Michel): Oui, oui.
Mme Beaulieu: ...à ajouter à l'intervention.
M. Therrien (Michel): Pour répondre à votre
question, M. le ministre, concernant combien d'ostéopathes ça
prendrait, on n'a pas fait d'étude prospective dans ce sens-là.
Mais, dans la mesure où ça pourrait vous donner une indication,
je vous donne, à titre d'exemple, le fait que ce n'est peut-être
pas les 70 et quelques ostéopathes diplômés actuellement au
Québec qui sont dans cette situation-là, mais il y a des
ostéopathes qui ont des listes d'attente de 6 mois à un an.
Alors, ça vous donne comme une idée de la demande et de notre
difficulté, parfois, à répondre à la demande en ce
sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Dans son avis, l'Office des
professions ne recommande pas de créer de corporation professionnelle
des médecines douces, mais, à la page 20, «recommande de
réserver les titres d'homéopathe agréé et
d'homéopathe agréée et d'ostéopathe
agréé et d'osthéopathe agréée».
Une voix: E.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, si vous
êtes ici aujourd'hui pour vous exprimer sur le volet formation, j'imagine
que vous n'êtes pas, non plus, indifférents à ces
recommandations-là, parce qu'on ne forme pas uniquement pour le plaisir
de former. Il faut aussi que ça pratique à l'occasion. La base de
la recommandation de l'avis, c'est d'être sous le chapeau d'une autre
corporation. Vous réagissez comment à cela, autrement que par le
document que vous nous avez produit, avec vos exigences? Et est-ce que la
proposition de l'Office n'est pas la voie la plus sécuritaire d'un
processus qui évolue, pas rapidement, mais qui évolue?
Mme Beaulieu: Donc, elle n'est peut-être pas
nécessairement sécuritaire par rapport à tous les
arguments que j'ai amenés tantôt, mais je veux laisser...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ha, ha, ha!
Mme Beaulieu: ...la parole à Paul et, ensuite, à
Roger qui ont des arguments.
M. Lépine: Elle peut à... C'est une solution qui
est attrayante, au premier abord, parce qu'elle paraît simple, du moins
pour l'État, il y a peu de frais, peu de législations à
modifier, etc.
Par contre, nous, il y a plusieurs choses qu'on craint
énormément. D'abord, à voir comment, par exemple, la
corporation des médecins réagit à la demande que le
gouvernement et vous lui faites, en particulier, au point de vue des
sages-femmes, comment vont-ils réagir à l'ostéopathie?
Dans le document qu'ils ont publié sur les médecines douces, ils
ont clairement énoncé que, pour eux, l'ostéopathie,
c'était musculo-squelettique, un point, c'est tout, alors que
l'ostéopathie, c'est en partie musculo-squelettique, mais c'est aussi
les rythmes crâniens, c'est aussi les rythmes physiologiques, c'est aussi
tous les autres tissus du corps humain, quels qu'ils soient.
Une de nos craintes, ça serait que la corporation des
médecins dise: Les médecins agréés en
ostéopathie n'ont le droit de faire de l'ostéopathie que dans le
musculo-squelettique. Même chose pour les physiothérapeutes. On
craint que la corporation des physiothérapeutes nous dise: Les
physiothérapeutes agréés en ostéopathie n'auront le
droit de faire de l'ostéopathie que dans le cadre du
musculo-squelettique, ce qui est une aberration pour nous. Il y a des
problèmes qui, à première vue, sont musculo-squelettiques
et qui originent d'un viscère,
d'un organe, d'un autre tissu, et tant qu'on n'aura pas
libéré les contraintes dans ce tissu-là à distance,
les problèmes au niveau musculaire et squelettique vont
récidiver. C'est le fondement même de l'ostéopathie.
Un des dangers énormes, c'est celui-là, que, et par
l'ingérence dans le cursus du cours et, ensuite, l'ingérence dans
la façon de pratiquer l'ostéopathie, on nous limite et on
dénature l'ostéopathie; et on perdrait ce que
l'ostéopathie a de plus riche, de plus beau, d'essentiel à
apporter et qu'elle apporte déjà à l'ensemble de la
société québécoise.
M. Hobden: Je pense que notre proposition est plus
réaliste, compte tenu de l'état actuel des effectifs
médicaux, aussi. Dans le fond, si on regarde comme, moi, je suis
médecin, alors je vais parler pour ma corporation d'origine qui
s'occupe du locomoteur chez les médecins? Il y a environ 85 physiatres.
Il y a à peine le tiers, le quart de ces gens-là qui manipulent
un peu. Des 325, 340 orthopédistes, il n'y en a à peu près
aucun qui manipule, peut-être une dizaine. Qui sont nos pairs? Qui va
aller nous dire: Les actes ostéopathiques que vous posez sont corrects
ou non? Moi, je considère que les 70 diplômés qui ont
été formés par l'école où j'ai
étudié, c'est eux, mes vrais pairs, et on est au moins aussi
nombreux que les physiatres ou les rhumatologues, ou d'autres
spécialistes. Moi, je pense que ce ne serait pas une mesure qui serait
applicable.
Mme Beaulieu: II y a aussi un autre élément
à apporter sous cet aspect, à savoir: vous parlez des
médecins, vous parlez des physiothérapeutes, mais ce ne sont pas
les seules professions qui ont le cursus de sciences de base de la
santé. Vous avez les ergothéra-peutes qui ont le même
cursus, vous avez les infirmières, niveau bac, qui ont le même
cursus dans les sciences de base de la santé, et on a aussi les gens en
diététique et nutrition, qui ont le même cursus des
sciences de base de la santé. Donc, on a des gens qui ont
été formés dans ces différentes corporations, et
diviser les ostéopathes en six ou en sept, parce qu'on a aussi des
chiropra-ticiens qui n'ont pas complété encore leur formation,
à ce moment-là, ça divise en un nombre croissant les
intervenants.
Alors, imaginez le client devant ça. J'ai un médecin
ostéopathe, un physio osthéopathe, une infirmière
ostéopathe, un chiro ostéopathe. Qui je vais aller voir? C'est
quoi, la différence? C'est quoi, la ressemblance entre les
différents intervenants? Je pense que c'est plutôt multiplier les
modes d'évaluation, les modes d'inspection, c'est multiplier les
processus plutôt que de les réduire et de les concentrer en une
seule profession.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Merci,
madame. M. le député le Rouyn-Noran-daTémiscamingue,
s'il vous plaît.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Bienvenue, au nom de
l'Opposition, à ces premiers représentants de
l'ostéopathie. Bon, c'est un mouvement et c'est une appproche importante
au Québec et dans le Nord-Amérique, et il faut être
capables d'examiner et de voir comment, éventuellement, l'État
serait appelé à dire que vous existez légalement.
Dr lapine, vous avez une formation en médecine, d'abord.
M. Lépine: Oui.
M. Trudel: Est-ce que, vous, là, vous avez
été amené à l'ostéopathie davantage par une
approche ou comme à une discipline différente de votre formation
médicale? Vous avez cette formation de base d'omnipra-ticien, mais, par
ailleurs, si je comprends, vous avez pris cette formation en ostéopathie
au Collège, là, et parce que le curriculum de formation en
médecine est insuffisant.
Alors, mes questions, c'est: Est-ce que, pour vous, c'est une discipline
distincte ou complémentaire? Et pourquoi vous êtes allé,
par exemple, dans cette direction-là en plus de votre formation
médicale?
M. Lépine: II ne fait aucun doute dans mon esprit que
l'ostéopathie est une profession tout à fait distincte de la
profession médicale, dans ses concepts, dans sa façon d'aborder
un client, dans sa façon de raisonner, dans sa façon de
rechercher les causes et dans les méthodes d'intervention qui sont au
niveau du toucher, de la palpation, de redonner la mobilité aux tissus,
ce que ne fait pas du tout un médecin. Alors, pour moi, c'est clair,
c'est une profession tout à fait distincte.
Qu'est-ce qui m'a amené là? Plusieurs choses. D'abord,
voir que le modèle médical qui explique toute les maladies par
des désordres hormonaux, par des influences de virus, de microbes, de
trop d'hormones ou pas assez, de biochimie déréglée, c'est
vrai, ça fonctionne, mais c'est très limité comme
modèle. Il y a des gens qui sont malades et pour qui ce
modèle-là de rechercher un déséquilibre biochimique
ne fonctionne pas, n'a pas de réponse, ne fait pas de sens. Et il y
avait aussi le besoin de toucher les gens, d'intervenir avec mes mains, ce
qu'on ne fait pas en médecine. On touche du bout des doigts pour
examiner de façon vraiment minimale par rapport à comment on
touche et on examine en ostéopathie. Je ressentais un besoin de
développer cette palpation-là, et ça a tout à fait
répondu à mon besoin, l'ostéopathie.
M. Trudel: Alors, vous, comme médecin qui avez cette
formation à l'université, vous contestez l'exclusivité du
modèle médical nord-américain, dit scientifique, en
particulier, et vous dites, en matière de santé, qu'il n'est pas
vrai qu'il y ait un tel monopole qui doit être maintenu par cette
école de pensée que vous venez de nous décrire et qui est
l'apanage des facultés de médecine, disons,
nord-américaines et occidentales, probablement.
M. Lépine: Absolument. Je ne veux pas du tout
réduire l'apport de ce modèle-là qui a été
absolument
extraordinaire, mais c'est un modèle qui a ses limites et auquel
on est de plus en plus confrontés depuis 15 ou 20 ans. C'est sûr
qu'au début du siècle le modèle scientifique et le
modèle biochimique ont apporté des découvertes absolument
extraordinaires, mais maintenant les découvertes extraordinaires sont de
plus en plus rares. On voit de plus en plus les limites et même les
aberrations ou les fautes de ce modèle, et il existe effectivement
d'autres modèles qui fonctionnent, qui correspondent à la
réalité. Eh oui, je conteste le monopole de la médecine
avec cette vision, actuellement, qui, de par la Loi médicale,
régit tout dans ce qui est du domaine de la santé. (12 h 30)
M. Trudel: Dans ce contexte-là, vous en arrivez donc
à la conclusion qu'il faudrait modifier la Loi médicale pour
briser en quelque sorte ce monopole sur la santé des citoyens et des
citoyennes au Québec. Est-ce que vous arrivez à cette
conclusion-là?
M. Lépine: La mécanique de le faire, je ne suis pas
un spécialiste des lois et de ces choses-là. Ce que je sais,
c'est qu'il faut absolument assurer un exercice professionnel de
l'ostéopathie de façon indépendante des autres professions
actuellement existantes.
M. Trudel: Fondamentalement, donc, dans votre mémoire et
dans l'annexe, le résumé que vous nous avez donné, vous
voulez être reconnus. C'est ça la base et vous donnez très
bien la définition, pour vous, de ce qu'est être reconnu comme
discipline, comme professionnels de la santé.
Vous venez, par ailleurs, de nous décrire le corporatisme assez
étroit qui est pratiqué par la Corporation professionnelle des
médecins eu égard à ce que vous êtes devenu. Et
là, je ne veux pas vous faire témoigner contre votre profession,
votre corporation première, pas du tout, sauf que je m'étonne que
vous réclamiez semblable modèle pour vous. Et je vais ajouter
ceci... Non, non, allez-y. J'aurai une question après.
Une voix: D ' abord...
M. Trudel: Je m'étonne beaucoup que vous réclamiez
d'être reconnus par le même modèle qui, à bien des
égards, semble assez inadéquat parce que monopolistique, parce
que très conservateur, très protecteur et passéiste
à bien des égards.
M. Lépine: Là-dessus, le registre
d'ostéopathes qui va nous suivre, qui est l'organisme de contrôle
de l'exercice de la profession d'ostéopathe existant actuellement, va
pouvoir vous répondre beaucoup plus. Ce que je peux, par contre, vous
dire dès maintenant, c'est que le modèle qui existe actuellement
au Québec, c'est le Code des professions, et l'Office des professions
reconnaît lui-même dans son document que l'ostéopathie
satisfait aux cinq critères légaux de la reconnaissance d'une
profession. On a simplement pris la loi existante et dit: Nous, on rentre dans
cette loi-là, on est soumis à l'application de cette
loi-là.
Si, par contre, le gouvernement modifie la loi et ouvre de nouveaux
modèles, on est tout à fait ouverts à d'autres
modèles qui, par ailleurs, assureraient un exercice exclusif
indépendant de l'ostéopathie ou de l'ostéopathe.
M. Trudel: C'est dans ce sens-là que je dois dire que je
m'étonne un peu que vous n'accompagniez pas la recommandation de
l'actuel Office des professions qui dit oui au titre réservé,
c'est-à-dire sera ostéopathe au Québec la personne qui a
tel niveau de formation, tel qu'entendu, et ce sera par règlement.
Supposant, par ailleurs, que la Loi médicale soit modifiée pour
vous mettre à l'abri de poursuites pour pratique illégale de la
médecine en excluant un certain nombre d'actes que vous ne pourriez pas
pratiquer, est-ce que ce n'est pas là la reconnaissance que vous
recherchez et que, quant au fait de vous policer entre vous, le rôle des
pairs, vous êtes capables de vous policer entre vous autres sans l'aide
de l'État? Est-ce qu'une reconnaissance, en quelque sorte, de votre
titre et le fait de vous réserver ce titre n'est pas une
mécanique suffisante, dans le cas de votre discipline, pour vous
permettre d'exercer librement votre profession et d'avoir votre place dans la
société québécoise?
M. Lépine: Je voudrais d'abord apporter la distinction. De
ce que je comprends de la recommandation de l'Office, c'est bel et bien que le
titre soit réservé à l'intérieur des corporations
existantes. C'est ça qu'on rejette de la proposition de l'Office. Par
ailleurs, si le gouvernement décidait d'accorder aux ostéopathes
une corporation des ostéopathes avec titre réservé, mais
pas de champ d'exclusivité ou de choses comme ça, c'est une chose
qui, effectivement, nous conviendrait et avec laquelle on serait capables de
fonctionner, avec l'ajout, comme vous disiez, d'une modification à la
Loi médicale qui préviendrait qu'on soit poursuivis pour exercice
illégal de la médecine.
Une voix: On est en retard.
M. Trudel: C'est toujours trop rapide ici. Merci de la
réponse. En tout cas, moi, je note très précieusement
cette dernière réponse. Comment envisagez-vous la correction
inéluctable au mécanisme de traitement des plaintes dans les
corporations professionnelles? Je veux bien croire à la
nécessité de la sanction par les pairs. Comme disait Gravel dans
La Presse, il y a 15 jours, écoutez, le public ne croit plus
à cela. Le public ne se sent pas protégé. Il y a
peut-être de la justice, là, mais le public dit: Au minimum, il
n'y a pas apparence de justice. On n'est pas entendu. Ce mécanisme de
traitement des plaintes, en général, dans la population, on n'y
croit pas. Il ne faut pas se conter d'histoires entre nous, là. Le
public, il dit: C'est un groupe, ils s'organisent entre eux autres. Je ne
touche personne en disant cela, là. Vous le savez que c'est le sentiment
général.
Comment on va en arriver, dans votre optique, à
l'intérieur de votre profession, à corriger cette
difficulté-là non seulement pour qu'il y ait justice, pour qu'on
traite en toute équité les plaintes, mais pour qu'il y ait
apparence de justice, que l'équité soit apparente,
également, et que ça corresponde à ce que le public attend
de nos professionnels?
Le Président (M. Joly): Une réponse très
brève serait appréciée, s'il vous plaît.
Mme Beaulieu: Très brève, parce que la question
s'adresse particulièrement bien au Registre qui nous suit, tout de suite
après, parce que c'est vraiment le gros travail du Registre qui a
été fait, jusqu'à date, qui est de travailler dans le
cadre de cette optique...
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Beaulieu: ...au niveau de la protection du public, des
plaintes et tout ça. Alors, j'espère ne pas vous froisser...
M. Trudel: Pas du tout.
Mme Beaulieu: ...mais c'est vraiment le travail au niveau du
Registre.
M. Trudel: Ça va.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. M. le ministre,
merci. Alors, merci beaucoup.
Maintenant, je demanderais aux gens représentant le Registre
ostéopathique du Québec-Canada de bien vouloir prendre place,
s'il vous plaît. Bonjour, mesdames, bonjour, monsieur. Alors, Mme la
présidente, s'il vous plaît.
Registre ostéopathique du Québec-Canada
(ROQ-C)
Mme Babin (Constance): Oui. Je suis Mme Constance Babin,
présidente du Registre, et je vous présente mon collègue,
Yves Lavallée, trésorier du Registre...
M. Lavallée (Yves): Bonjour.
Mme Babin: ...et Anne-Marie Cossette, qui est membre du
comité sur la reconnaissance des ostéopathes pour le
Registre.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Vous avez une
dizaine de minutes, madame, pour nous présenter un résumé
de votre mémoire et, par après, des parlementaires
échangeront avec vous.
Mme Babin: m. le président, mesdames et messieurs de
l'assemblée nationale, mesdames et messieurs de la presse et mesdames et
messieurs du public, le registre ostéopathique du québec
représente plus de 90 % des diplômés en ostéopathie
au québec, issus de 2 collèges accrédités: le
Collège d'études ostéopathiques et le Centre
ostéopathique du Québec. Outre la demande de reconnaissance
professionnelle, le principal mandat du Registre est de protéger le
public en lui garantissant des ostéopathes qualifiés et
compétents. Avec peu de moyens légaux, le Registre s'est
donné des outils pour contrôler la compétence des membres
par la création d'un code de déontologie et de différents
comités tels que discipline, inspection professionnelle, formation et
autres. De plus, le Registre a obtenu et exige des membres une
assurance-responsabilité professionnelle.
Malgré toutes ces actions et à cause du contexte de la loi
actuelle, le Registre ne peut assurer une protection suffisante à la
population, et la population n'est pas à l'abri de tous ceux qui n'ont
pas de formation complète en ostéopathie, ou voire même
aucune formation, et qui se disent ostéopathes. Paradoxalement, sous
cette même loi, malgré tous nos efforts et notre souci de
professionnalisme, nous ne sommes pas à l'abri de poursuites pour
pratique illégale de la médecine. la reconnaissance
professionnelle des ostéopathes. depuis 1990, nous avons fait une
demande de reconnaissance professionnelle. les ostéopathes
diplômés au québec sont, pour la très grande
majorité, soit 84 %, des professionnels de la santé qui ont
choisi d'étudier et de pratiquer une autre profession tout à fait
distincte de leur profession d'origine. selon certaines déclarations du
président de la corporation des médecins, la
réglementation de l'ostéopathie est une affaire
réglée, ce qu'il a dit à l'émission de
télévision que m. le ministre a écoutée. en
principe, le québec pourra même recevoir 10 médecins
ostéopathes américains par année. ce qu'il faut se
demander vraiment: avons-nous besoin d'ostéopathes américains au
québec? pourquoi faire de la place aux américains, alors que nous
avons plus de 100 ostéopathes québécois qui soignent
environ 15 000 personnes par année? les ostéopathes
québécois sont en clinique privée, pour la très
grande majorité. en plus de ne rien coûter à l'état,
ils sont responsables du plus haut taux d'efficacité, soit 67 % selon le
rapport de l'office des professions, et du plus haut taux de satisfaction des
médecines alternatives, selon un sondage crop publié dans la
presse. (12 h 40)
La Régie de l'assurance-maladie du Québec a-t-elle les
moyens financiers de payer des honoraires de plus de 100 000 $ annuels à
chaque ostéopathe américain qui viendra au Québec? En
vertu de la Loi médicale, on reconnaît que la médecine et
l'ostéopathie sont des disciplines tout à fait distinctes et on
reconnaît que l'ostéopathie n'est pas une spécialité
de la médecine, mais une discipline médicale.
Les recommandations de l'Office des professions de demander
d'intégrer les ostéopathes dans leur corporation sont
inacceptables pour tous les ostéopathes. Les corporations
professionnelles sont constituées pour régir leur profession.
Elles ne peuvent et ne doivent pas régir une autre profession sous le
seul prétexte que quelques-uns de leurs membres se sont qualifiés
pour pratiquer l'ostéopathie. De plus, ces corporations ne
pourraient
accorder ce titre d'ostéopathe agréé qu'aux membres
de leur profession qui se sont qualifiés.
Ceci veut dire que les professionnels des autres corporations ayant
reçu la même formation en ostéopathie se verraient exclus
automatiquement de leur profession d'ostéopathe. L'injustice et les
discriminations qui en résulteront sont clairement inacceptables et
préjudiciables au public. En constatant que l'ostéopathie
satisfait à tous les critères de l'article 25, l'Office a
constaté qu'il s'agit d'une profession autonome et distincte. Il se
devait donc d'appliquer la loi, c'est-à-dire de recommander la
création d'une corporation professionnelle des ostéopathes.
La reconnaissance et le contrôle de la formation. Actuellement,
les programmes d'études en ostéopathie ne sont pas officiellement
reconnus au Québec. Cette situation engendre une difficulté de
contrôle de l'enseignement. Comme l'ont expliqué nos
collègues précédemment, la compétence d'un
professionnel dépend d'une formation rigoureuse, et une
non-réglementation de l'enseignement de l'ostéopathie ouvre la
voie à tout opportuniste de l'enseigner sans en avoir la
compétence, ni le corps d'enseignement requis. Les collèges
d'ostéopathie du Québec et le ROQ-C ont défini les
critères de base de la formation des ostéopathes. Cette formation
est finalement comparable à toute autre formation à travers le
monde. Il est grand temps, pour le grand bien du public, de la population, que
ce travail de pionnier soit reconnu par l'État et que ce dernier se
penche sur le bien-fondé et la nécessité d'une formation
de niveau universitaire à temps complet.
Pour toutes ces considérations, nous soumettons les propositions
suivantes: la reconnaissance immédiate par l'État de la formation
de tous les ostéopathes membres du Registre; la reconnaissance
immédiate des critères de base sur la formation tels que
définis par le Registre comme étant les critères de base
minimaux obligatoires à l'enseignement de l'ostéopathie au
Québec; la création d'un comité conjoint formé des
représentants du ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science et des membres du comité de formation du ROQ-C afin de
statuer sur la formation actuelle en ostéopathie au Québec et
d'envisager une formation universitaire à temps plein en
ostéopathie, soit privée ou publique, dépendant de... Le
comité en discutera.
En conclusion, la réglementation sur la formation est la seule
solution qui garantirait au citoyen qu'il a recours à un professionnel
compétent. Depuis maintenant 10 ans au Québec, des enseignants
compétents en la matière ont transmis un enseignement de
qualité. Le citoyen a le droit et devrait pouvoir utiliser les services
d'ostéopathie en toute sécurité. la place dans le
réseau. c'est évident que reconnaître une profession, c'est
aussi opter pour une politique d'accessibilité dans le réseau.
les ostéopathes ne prennent la place d'aucun autre professionnel. ils
répondent à un besoin de la population en matière de
santé. s'ils sont consultés de plus en plus, c'est parce qu'ils
sont efficaces et que les résultats obtenus sont reconnus et importants.
la demande est croissante; 70 % consul- tent pour des références
de bouche à oreille, 10 % proviennent des autres professionnels de la
santé qui, eux-mêmes, se font soigner en ostéopathie.
Pour ce faire, nous demandons une politique favorisant la
complémentarité des professions et de l'ostéopathie. Les
solutions que nous proposons peuvent être efficaces et très peu
coûteuses. Le public a le droit à l'accessibilité à
une thérapeutique efficace et qui préconise la prise en charge du
client, de sa santé et de sa guérison. Le citoyen veut se prendre
en charge, donnons-lui les outils nécessaires.
Le ROQ-C demande donc d'établir des mécanismes de
consultation et d'échanges entre les professionnels du secteur
privé et du secteur public il faudrait, entre autres, favoriser
un mécanisme de référence et d'accès direct entre
les ostéopathes et les autres spécialistes de la santé;
d'ouvrir des postes d'ostéopathe consultant dans les différents
établissements du secteur public: gouvernement, hôpitaux, CLSC,
SAAQ, CSST, etc.; d'accorder des crédits d'impôt ou des
déductions à la source plus substantielles aux utilisateurs des
services privés en matière de santé, car ces derniers ne
se prévalent pas de leur droit au régime universel cette
mesure aurait pour résultat de désengorger le système
public et, par conséquent, en diminuerait les coûts; d'accorder
les mêmes privilèges aux démunis, assistés sociaux
que ceux offerts aux services soit d'optométrie, de dentisterie,
etc.
En conclusion, M. le Président, c'est avec confiance que le
Registre ostéopathique du Québec soumet ce mémoire
à la commission parlementaire sur les médecines alternatives.
Nous remercions respectueusement le gouvernement du Québec de permettre
aux ostéopathes d'exprimer leurs demandes et leur avis concernant la
pratique de l'ostéopathie et sa place dans le système de la
santé. Puisse-t-il adopter, pour le grand bien de la population, une
politique d'accès à l'ostéopathie. Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci bien, Mme Babin. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
évidemment, nous tenons cette commission parlementaire sous l'initiative
du ministère de la Santé et des Services sociaux pas uniquement
parce que c'est un engagement qui a été pris, mais parce que
c'est une réalité qui est de plus en plus réelle sur le
terrain. Je pense que les sondages nous démontrent
l'intérêt du public. Vous avez évoqué des chiffres
concernant l'ostéopathie, qui sont assez clairs et qui ressortent dans
les sondages et même dans l'étude qu'a faite l'Office.
Je veux juste dire, à ce moment-ci, que ça va être
une question gouvernementale et non pas uniquement du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Vous le faites vous-mêmes, par le
biais de votre mémoire, en interpellant tantôt le ministère
de l'Enseignement supérieur, tantôt mon collègue
responsable des professions. Il va donc falloir, au sortir de cette
commission-là, qu'il y ait une action gouvernementale et non pas
uniquement
du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Mais, au moins, notre initiative permettra de rendre public le
débat et, finalement, de constater, au fur et à mesure que
défilent devant cette commission certaines spécialités,
qu'elles confirment presque la nécessité de leur existence,
puisque je comprends qu'à chaque fois on a toujours des exemples de
médecins de médecine conventionnelle qui utilisent vos services.
Vous avez pris soin vous-mêmes de le dire. Donc, il faut croire qu'il y a
certains bénéfices pour l'être humain, à l'occasion,
de vous consulter, et ces gens-là pourraient apporter des
témoignages. Il semble que c'est toujours plus percutant, des
témoignages, au moment où vous en avez eu besoin. C'est moins
théorique et c'est toujours plus intéressant.
J'avais une première question qui était: Combien y a-t-il
de personnes au Registre? Mais peut-être m'avez-vous donné la
réponse en me parlant de 100 ostéopathes qui rencontrent 15 000
personnes par année.
Mme Babin: Oui. Il y a 112 membres. Des ostéopathes
diplômés, il y en a 74, je pense?
Une voix: C'est ça.
Mme Babin: 74. Mais il y a aussi des gens en fin de formation
qu'on appelle les postulants au D.O. C'est parce qu'ils ont fini leur
formation, mais ils n'ont pas fait soit la dernière année de
clinicat ou la thèse. Et il y a des étudiants, aussi, qui sont
membres du Registre.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Le Registre existe
depuis...
Mme Babin: 1984.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Si j'ai compris
tantôt, ceux qui vous ont précédé accueillent une
cinquantaine d'étudiants par année.
Mme Babin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Où sont les
autres?
Mme Babin: Dans une autre école. Il y a un autre
collège, le Centre ostéopathique du Québec, qui fait aussi
la formation en cinq ans.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, O.K. Parfait. Je
comprends, là, mais ma question n'était pas ça, mais elle
était probablement mal formulée. En formation dans une autre
école, bien sûr, mais à 50 par année dans 2
écoles, vous en avez 74, plus un certain nombre qui sont en formation
finale. Où sont les autres ostéopathes qui ne sont pas au
Registre?
Mme Babin: II y en a qui commencent leurs études et qui ne
les finissent pas. Il y en a qui prennent plusieurs années avant de
finir leurs études, parce que c'est des études qui sont longues.
Souvent, ce sont des gens qui travaillent en même temps. Alors, des fois,
ils prennent une année de plus, ils arrêtent un an et ils
recommencent une autre année. Alors, souvent, ça prend plus que
cinq ans pour faire un ostéopathe. Ça fait que c'est pour
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on peut être
dans une situation où des médecins de médecine
traditionnelle allant chercher le cours font le clivage des Américains?
Donc, ça fait une bonne formation complémentaire pour un
médecin qui va d'abord pratiquer la médecine, puis qui va se
servir de ça en complément. Est-ce que c'est un peu le cas aussi
de certains cas au Québec, qui ne seraient pas au Registre, à ce
moment-là?
Mme Babin: Je ne le sais pas. Je ne le sais pas ça. Je ne
peux pas vous répondre à cette question-là, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Je veux juste essayer
de voir parce que, si on en forme tant par année et qu'on en donne 100
au Registre, où sont les autres? Bon, je comprends que...
Mme Babin: II y en a qui n'ont pas fini leur formation. C'est la
seule chose. C'est long. C'est cinq ans.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est ça.
M. Trudel: Est-ce qu'il y en a qui pratiquent sans être
chez vous? (12 h 50)
Mme Babin: II y en a, oui, il y en a. À ma connaissance,
j'ai fait les statistiques. Il y a sept diplômés du CEO, par
exemple, parce que l'autre école est plus jeune, qui ne sont pas membres
du Registre, qui ont fini leur formation. Il y en a seulement sept qui ne sont
pas membres du Registre. Tous ceux qui ont fini leur formation selon les
critères du Registre sont membres du Registre, sauf sept.
M. Côté (Charlesbourg): Parfait, ça va pour
ça. Vous parlez beaucoup, et vous vous êtes introduits comme
ça, de protection du public. Ça me paraît très
important. Le seul moyen d'être capable de progresser, c'est de s'assurer
que le public, en toute circonstance, est protégé; sinon, vous
êtes voué à disparaître. Ça me plaît.
Vous avez parlé de code de déontologie,
d'assurance-responsabilité. Les gens qui pratiquent actuellement, vous
les suivez, est-ce qu'ils ont fait l'objet de plaintes? Et comment est-ce que
ça fonctionne s'il y une plainte chez vous? Si vous n'avez pas de
plaintes, on sait déjà l'étampe que sortira mon ami
Rémy à la fin. C'est: Allez en paix et multipliez-vous.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais est-ce qu'il y a eu
des poursuites? Est-ce qu'il y a eu des plaintes?
Mme Babin: Je peux vous dire, d'abord, que ce n'est pas parce
qu'on n'a pas de plaintes que, quand la formation n'est pas complète, ce
n'est pas dangereux. C'est peut-être parce qu'on n'a pas de plaintes
qu'on est bon, entre autres. On a eu une plainte depuis le début, depuis
que je connais, depuis que je suis présidente du Registre, et il n'y en
a pas eu avant, non plus. Ça fait trois ans que je suis là. Une
plainte, et la plainte était que la personne de qui on se plaignait
faisait d'autres techniques que de l'ostéopathie, sous le couvert de
l'ostéopathie, et on a eu une plainte là-dessus. Elle a
passé devant le comité de discipline, et il y a eu sanction. Mais
les seules sanctions, si on avait des plaintes graves, ce serait la radiation,
vu qu'on n'est pas légal. On ne peut pas faire plus que ça.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai compris que vos moyens
juridiques étaient limités, dans votre présentation. Mais,
à tout le moins, ça donne une indication si les gens ont
accès à un processus de plainte.
Mme Babin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): À tout le moins, quel
est le niveau de performance, si ça peut être un instrument de
mesure, là?
Mme Babin: Les rares plaintes qu'on a, c'est surtout au niveau
coût. Les gens téléphonent au syndic pour savoir: un tel
ostéopathe charge 60 $, un autre charge 50 $, est-ce que c'est correct?
C'est plus de ce genre-là qu'on a des plaintes.
M. Côté (Charlesbourg): Plus du domaine de
l'information.
Mme Babin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Vous suggérez que ce
soit l'État qui poursuive pour exercice illégal de la
médecine au lieu de la Corporation.
Mme Babin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ça se passerait
comment, ça, dans votre esprit, à vous? Bien sûr que vous
seriez sortis des pattes de la Corporation professionnelle des médecins
du Québec, mais poursuivre pour poursuivre, pensez-vous que
l'État, dans un processus comme celui-là, serait plus
clément que la Corporation?
Mme Babin: Bien, je pense à l'État, avec aussi des
citoyens, des représentants de citoyens et des représentants des
professionnels aussi. Rien n'empêche qu'il faut qu'il y ait des
professionnels sûrement là-dessus, mais je pense qu'avoir
comment on appelle ça? une juridiction à part des
corporations enlèverait tout conflit d'intérêts qu'on peut
trouver à l'intérieur des corporations; on reproche beaucoup aux
corporations, actuellement, qu'elles ne sont pas capables de s'autodis-cipliner
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que vous trouvez
qu'il y a conflit d'intérêts, à ce moment-là,
possiblement conflit?
Mme Babin: Oui, possiblement. Ça pourrait. C'est plus
facile.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Là, après
ça, un coup bien formés, vous dites: Bon, parfait, vous allez
nous reconnaître maintenant dans le réseau de la santé et
des services sociaux. Je vous donne des exemples: CLSC, CSST,
Société d'assurance automobile. Société d'assurance
automobile, CSST, ça me dérange un peu moins, ça
émarge sur le budget de quelqu'un d'autre qui doit nécessairement
s'autofinancer, hein!
Lorsqu'on ouvre de nouvelles professions au niveau du ministère
de la Santé et des Services sociaux, là, ce n'est pas du fait
qu'on refuserait les 10 ostéopathes américains à 100 000 $
qu'on fait des économies, on se comprend bien. On a dit tantôt:
Non, la RAMQ n'a pas d'argent à payer pour ça. Et, si on a des
postes réservés, je pense qu'ils vont servir à d'autres
spécialités dont le Québec a besoin. Et, encore, aller
à l'étranger, c'est définitivement constater qu'au niveau
du Québec on a des échecs à quelque part. Ce n'est pas
normal qu'on aille chercher des psychiatres à l'étranger pour
combler des postes au niveau des régions, au niveau de la psychiatrie.
Ça n'a pas de bon sens. Ce n'est pas normal qu'on soit obligé
d'aller chercher des anesthésistes à l'étranger pour
combler des postes chez nous. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans le
système. Le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue parlait tantôt de nos
universités. Nos facultés de médecine ont quelques examens
de conscience à faire à ce niveau-là, mais c'est
après changer.
Mais, à ce que je comprends, pour revenir à nos
ostéopathes bien formés, compétents, au public
protégé, là, vous nous dites: Vous auriez avantage, M. le
ministre, à les inclure comme des professionnels et aussi à les
rémunérer, parce que je ne suis pas sûr qu'ils vont aller
faire du bénévolat dans les CLSC. À ce que je comprends,
ça serait des salariés de l'État qui iraient dans un CLSC
offrir des services, et vous nous dites: Bon, il y aurait des économies
parce que, avec ce que l'ostéopathe va faire, possiblement que
l'individu ne se retrouvera pas chez le médecin à l'acte et,
à ce moment-là, vous allez sauver des sous. C'est un peu
ça, votre base.
M. Lavallée: II y a deux volets à cette
demande-là. Un premier volet, c'est un volet d'information, je veux dire
au niveau des gens qui prennent des décisions. C'est important qu'on
puisse leur dire ce qu'on peut faire, ce qu'on peut apporter, notre
contribution, au réseau. C'est important qu'on puisse échanger,
peut-être même influencer les politiques. Il y quand même
certains CLSC aussi où il n'y a pas de médecins qui peu-
vent y aller. Il me semble qu'il y aurait peut-être, à
certains endroits, des postes qu'on pourrait combler, notamment, pour aider les
personnes qui sont plus démunies. Ce n'est pas nécessairement de
tous se faire engager par le ministère, mais il y a ces deux
volets-là qu'on voulait explorer avec cette demande-là.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que, en
réalité, là...
Mme Babin: C'est davantage des postes de consultant. C'est
important que les ostéopathes, si, un jour, on reconnaît
l'ostéopathie... Je pense que, pour reconnaître
l'ostéopathie, il faut la rendre accessible, aussi. Si on
reconnaît l'ostéopathie, puis qu'elle n'est accessible à
personne, je ne vois pas pourquoi on la reconnaîtrait. C'est comme la
formation. Tout va ensemble.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est parce que,
finalement, sur la plan des équilibres financiers, ça a une
importance.
Mme Babin: Oui, je vous comprends.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends le principe que
vous avez. D'ailleurs, comme vous avez des revenus, vous payez suffisamment de
taxes et vous faites probablement partie de la catégorie de ceux qui en
ont par-dessus la tête. Et, à chaque fois qu'on ajoute,
évidemment, on ajoute des doigts à la main du ministre des
Finances pour aller puiser dans vos poches. Et ceux-là sont de moins en
moins nombreux à payer. Donc, à partir du moment où on
embarque dans cette dynamique-là, il faut être conscient que, si
les gens veulent avoir davantage de services, il va falloir qu'ils paient
davantage.
Au-delà de ça, à partir du moment où la
profession est reconnue qu'elle apporte du bien-être à un
individu, je pense que c'est déjà une étape
extrêmement importante. On ne fait pas d'économie du fait
je n'en ai pas vu encore et ça fait trois ans et demi que je suis au
ministère, là qu'on introduit une nouvelle profession ou
une nouvelle technique. Des hôpitaux sont venus nous dire, par exemple:
La chirurgie d'un jour, c'est extraordinaire, c'est la solution de l'avenir,
vous allez sauver de l'argent. Oui, c'est vrai. Au lieu d'être 4 jours
à l'hôpital, si vous y êtes 1 journée, vous pouvez
faire un ratio: 400 $ par jour par individu; s'il y a 3 jours de moins, vous
sauvez 1200 $, supposément. C'est de l'argent qui ne vaut pas cher,
parce que l'hôpital ne te rembourse pas, il ne renvoie pas l'argent au
ministère. Il y a quelqu'un d'autre qui va... Donc, on ajoute à
la facture qui est à 13 000 000 000 $, actuellement. C'est un petit peu
ça qui est inquiétant. Je ne dis pas que ce n'est pas une
solution possible. À tout le moins, dans la variante que vous proposez,
il y a peut-être un certain intérêt à dire:
Peut-être consultations contractuelles pour une période x, qui
pourraient soulager. Ça, c'est des opportunités qui peuvent
être regardées.
Mme Babin: Nous sommes ouverts, M. le ministre.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Merci. Je dois vous dire, au départ et
rapidement, compte tenu du temps, que, moi, j'apprécie la façon
dont vous posez les éléments de solution. Vous dites à
l'État: II y a deux voies. Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'aime
comprendre que, dans la première voie, vous dites: Reconnaissez-nous
comme une corporation professionnelle puisque c'est le mécanisme actuel.
Bon, il faut bien qu'on opère, qu'on ait un modus ope-randi à
travers le corpus des lois actuelles. Je vous dis tout de suite
là-dessus: Je ne suis pas très corporatiste professionnaliste,
compte tenu de l'expérience que nous en avons. Mais vous dites:
Deuxième voie, cependant, à défaut, et ça pourrait
être le choix de l'État, une réforme en profondeur du Code
des professions, incluant la Loi médicale, afin de rendre possible un
système d'accréditation des thérapies alternatives par le
gouvernement. Je l'ai mentionné à plusieurs groupes, quand vous
dites que vous recherchez la reconnaissance... (13 heures)
Et je fais une parenthèse en disant que, surtout, l'Office des
professions nous a dit, hier, qu'il n'est pas là pour reconnaître.
L'Office n'a pas ça comme responsabilité. Il a comme
responsabilité l'encadrement des professions. S'entend que, lorsqu'on a
le mécanisme d'encadrement, on est derechef, de ce fait, reconnu. Est-ce
que vous croyez que, pour les ostéopathes, le titre
réservé, donc, les critères de formation, ce pourrait
être suffisant en autant, évidemment, que les modifications
idoines à la Loi médicale soient apportées? Est-ce que
ça serait suffisant dans votre cas?
Mme Babin: Le titre réservé, effectivement.
Puisqu'on répond aux critères de l'article 25, c'est tout
à fait ce qu'il nous faut comme profession: avoir le titre
réservé, selon l'article 25 du Code des professions.
M. Trudel: À cet égard-là, tout de suite,
l'autre dimension qui suit, c'est la protection du public. Alors, là, je
vous pose la question que je voulais poser, que j'ai posée à vos
prédécesseurs: Les comités disciplinaires, tels que
vécus à l'intérieur du système des corporations
professionnelles actuellement, le public n'y croit pas. Il n'y a personne qui
croit à ça. Tout le monde croit plutôt que c'est un
syndicat pour protéger le groupe des membres là-dedans, soyons
clairs. Comment on peut en arriver au Québec à contourner
cela?
Mme Babin: Comme j'ai répondu à M. le ministre
Côté tout à l'heure, c'est qu'il faudrait que la
juridiction au niveau des causes disciplinaires soit en dehors des
corporations, que ce soit un autre groupe, un autre système judiciaire
qui règle ce problème-là et non les corporations
elles-mêmes.
M. Trudel: Alors, vous dites: Sortir le système
disciplinaire...
Mme Babin: Des corporations.
M. Trudel: ...des corporations et pas nécessairement les
corporations du système disciplinaire en soi. Parce que vous avez dit,
tantôt, si j'ai bien compris: Mais il faudrait qu'il y en ait, des
disciplinaires là-dedans au niveau des comités d'examen ou des
jurys...
Mme Babin: Oui, oui.
M. Trudel: ...chargés d'examiner les plaintes.
Mme Babin: Pour ce qui est des plaintes du public.
M. Trudel: Dans ce sens-là, vous accompagnez, donc, la
recommandation du Protecteur du citoyen du Québec qui dit: Sortez...
Mme Babin: C'est ça.
M. Trudel: ...les systèmes disciplinaires des corporations
professionnelles.
Mme Babin: Parce que, présentement, par exemple, la
Corporation professionnelle des médecins, c'est un peu... Moi, je dis:
C'est l'État dans l'État en matière de santé. C'est
elle qui régit et elle a la suprématie sur tout.
M. Trudel: Des fois, je suis tenté de dire: C'est
l'État avant l'État, quand on regarde le cas des sages-femmes.
C'est l'État avant l'État en ce qui regarde un certain nombre de
comportements de ces corporations professionnelles.
M. Côté (Charlesbourg): S'il y a quelqu'un qui le
sait...
M. Trudel: Vous pensez? Est-ce que ça va amener à
agir?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Est-ce que ça va amener à agir?
M. Côté (Charlesbourg): Juin 1990.
M. Trudel: Ça semble un petit peu plus urgent, là,
mais enfin! Vaut mieux tard que jamais.
M. Côté (Charlesbourg): J'accepte vos
explications.
M. Trudel: Et je surveille. Je vous préviens, M. le
ministre: Je surveille. Écoutez, je pense que vous nous avez
donné toutes les explications nécessaires sur la
nécessité de votre présence dans le réseau de la
santé et de votre participation au mieux-être des
Québécois et des Québécoises. Il reste
l'énorme problème que le ministre soulevait tantôt que
votre inscription, par exemple, dans le réseau public de la santé
et de services sociaux correspond à des coûts. Il est assez
curieux qu'on ne repose jamais la question, cependant: Si on n'a pas de fric
pour vous inclure dans le réseau, est-ce que la masse de 2 100 000 000 $
de la médecine traditionnelle pourrait être remise en cause
quelquefois?
Mme Babin: Probablement. Si, avec certaines médecines, on
diminue les coûts de la médecine traditionnelle, on peut
transférer certaines sommes d'argent. Notre deuxième solution est
aussi, quand on demande des crédits d'impôt ou des
déductions à la source à chaque professionnel qui
travaille en privé, bien, on augmente ainsi les revenus du privé.
Si on augmente les revenus du privé, on augmente les impôts aussi,
et c'est des solutions qui ne coûtent pas cher, ça.
M. Lavallée: Dans le fond, si tous les gens vont au
privé pour se faire traiter, il y a des chances qu'il y ait moins
d'achalandage au niveau public. Ça, c'est l'économie pour le
gouvernement...
M. Trudel: Oui.
M. Lavallée: ...s'il y a cause à effet
là-dedans.
M. Trudel: Ce raisonnement-là, il va falloir, un jour,
comme disait le ministre, tantôt...
M. Lavallée: Qu'on le vérifie.
M. Trudel: ...aller jusqu'au bout tout le temps comme citoyens,
là. Ça pourrait amener une baisse de consommation dans le
système public, sauf que ce n'est jamais ce qui est observé. On
pourrait aller jusqu'à dire que, tant qu'il y aura un lit
d'hôpital au Québec, là, il va se créer un malade
pour l'occuper.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: On s'entend, là, hein? Alors, si vous le sortez
trois jours par la chirurgie d'un jour, il y a quelqu'un d'autre qui entre. Je
ne sais pas si, dans la nuit ou dans les trois jours, il y a eu comme une
espèce d'effet épidémiologique qui fait qu'il y a une
augmentation soudaine de la maladie, là, mais, tant qu'il va y avoir un
lit d'hôpital, au Québec, on dirait qu'il y a un malade qui va se
créer pour l'occuper. Donc, ça ne baisse pas les coûts. Il
va falloir qu'on soit capables de vérifier à quelque part que,
quand on diminue par des approches qui seraient plus légères et
aussi efficaces, cela va de soi, ça ne permette pas à l'autre
niveau de demeurer à ce même niveau, parce qu'à ce
moment-là on ne vient que d'augmenter les coûts globaux.
C'est comme l'illusion que nous avons toujours. Ça a
été démontré au financement de la santé, et
je
conclus là-dessus, M. le Président. On disait: Quand on
privatise, ça coûte moins cher. Faux, ultra-faux,
démontré super-clairement par les documents au ministère.
Ça fait que tous les chevaliers de la privatisation, là, puis de
la modération et des tickets, là, hein, bien, on n'a qu'à
regarder nos voisins, là, et ça coûte beaucoup plus cher,
parce qu'on n'a pas la main haute sur notre système de santé et
de services sociaux, avec toutes les possibilités et les
impossibilités. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le
député.
M. Trudel: Merci, madame.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux juste dire que c'est
deux niveaux différents que de privatiser et de parler de tickets.
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est parce que
ça serait gros, un peu, là. Ça serait gros, un petit
peu.
Le Président (M. Joly): Je pense que tout le monde a
compris. Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 7)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Ça me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à l'Association des
chiropraticiens du Québec, ainsi qu'à l'Ordre des chiropraticiens
du Québec. Tel que convenu, au lieu de faire ça sur une base
séparée, l'un à la suite de l'autre, chacun des groupes va
présenter le mémoire, soit combiner une vingtaine de minutes. Par
après, la balance du temps sera répartie pour l'échange
avec les parlementaires. Ça vous va, M. le ministre? M. le critique de
l'Opposition? Oui. Parfait. Alors, j'apprécierais si la personne
responsable du premier groupe pouvait s'identifier et nous introduire les gens
qui l'accompagnent, s'il vous plaît. ~
Association des chiropraticiens du Québec et
Ordre des chiropraticiens du Québec
M. Danis (Normand): Dr Normand Danis, président de l'Ordre
des chiropraticiens du Québec. M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les commissaires, c'est avec plaisir que je vous présente
ceux qui m'accompagnent. Alors, à ma droite, le docteur
André-Marie Gonthier, vice-président de l'Ordre des
chiropraticiens du Québec et également responsable du dossier
universitaire à l'Université du Québec à
Trois-Rivières; à ma gauche, Me Louise Taché-Piette,
procureure de l'Ordre des chiropraticiens du Québec; le docteur Richard
Giguère, président de l'Association des chiropraticiens du
Québec; et le docteur Guy Dubé,
secrétaire-trésorier de l'Association des chiropraticiens du
Québec.
L'Ordre des chiropraticiens du Québec est heureux de participer
et de collaborer à cette commission parlementaire. Nous espérons
que nous pourrons apporter un éclairage quant à la
problématique des thérapies alternatives. Mais, tel que
mentionné dans notre mémoire, c'est un peu avec déception
que nous avons pris connaissance du processus qui avait été
choisi et qui, selon nous, limitait cette commission à la discussion de
mécanismes de reconnaissance, de publicité et de collaboration
entre le réseau de la santé et des services sociaux et les
différents thérapeutes alternatifs. Nous aurions, de beaucoup,
préféré un débat de fond, qui aurait permis une
meilleure compréhension du phénomène des médecines
douces, ainsi qu'une meilleure connaissance de la formation et des limites des
divers intervenants qui évoluent dans ce domaine.
Nous aurions sans doute préconisé une démarche
telle que celle utilisée par le législateur en 1963, lors de la
mise sur pied de la Commission royale d'enquête sur la chiropraxie et
l'ostéopathie. D'ailleurs, 30 ans plus tard, la chiropratique a
maintenant une loi et sera enseignée, dès septembre, à
l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il y avait
également l'ostéopathie qui, même à cette
époque, avait déjà 4200 heures de formation. Il y a 30
ans, cette commission royale, présidée par le juge Lacroix, avait
pu déterminer la formation nécessaire à un professionnel
de la santé afin de s'assurer qu'il puisse exercer sa profession et
assumer la responsabilité de l'état de son patient. On aurait pu
apprendre, également, qu'il existe maintenant des critères
universitaires internationaux quant à la formation moderne
nécessaire pour un professionnel de la santé de première
ligne.
Je me permets donc de vous faire lecture de la brochure récemment
produite par l'Université du Québec à
Trois-Rivières et qui, selon ces critères, a ciblé les
objectifs du programme. La préparation de l'étudiant à
exercer ses futures responsabilités professionnelles de chiropraticien
exige l'acquisition des compétences de base suivantes. L'aptitude
à établir un diagnostic précis de l'état d'un
patient à la suite des actes suivants: l'entrevue préliminaire,
les examens physiques, neurologiques et orthopédiques du patient, parmi
lesquels les examens vertébraux et articulaires, les examens
radiolo-giques, les analyses de laboratoire dans le but de rechercher des
signes d'anomalie et de pathologie sous-jacen-tes, et de vérifier
l'efficacité du traitement.
L'aptitude à déterminer l'approche thérapeutique
appropriée. L'aptitude à exécuter des traitements selon
les procédures et techniques reconnues par la science chiropratique,
parmi lesquelles les ajustements et les techniques manuelles de correction
vertébrale et articulaire. L'aptitude à exécuter diverses
formes de thérapie physique, telles les tractions, la diathermie, les
courants galvaniques, l'infrarouge, etc., dont l'objet est de compléter
et d'optimaliser les effets du traitement chiropratique proprement dit.
L'aptitude à conseiller les patients
dans le but de les amener à corriger certaines habitudes de vie
par le repos, l'exercice, l'alimentation adéquate, l'hygiène
posturale afin d'assurer l'efficacité du traitement chiropratique ou de
prévenir les affections. L'aptitude à communiquer à divers
groupes les informations utiles pour la promotion de la santé et la
prévention. L'aptitude à diriger un patient vers d'autres
professionnels de la santé pour consultation, ainsi que pour d'autres
types d'évaluations et de soins. (16 h 20)
Alors, à la lumière de ces critères et n'ayant
d'autres données sur le sujet que l'avis de l'Office des professions du
Québec, pour l'Ordre des chiropraticiens du Québec, au chapitre
de la reconnaissance professionnelle de certains thérapeutes
alternatifs, il existe une situation très particulière pour deux
professions, soit les homéopathes et les ostéopathes. Leur
situation particulière vient du fait qu'elles occupent des
créneaux connexes de corporations professionnelles déjà
existantes et, parfois, leurs activités chevauchent des champs
d'exercice exclusif.
Dans le mémoire que nous présentons, nous
préconisons que l'homéopathie soit pratiquée uniquement
par des professionnels de la santé déjà membres de
corporations professionnelles, que leurs noms soient inscrits à un
registre et que, pour ce faire, ils aient réussi un examen
préparé par un comité conjoint des professions
concernées, en l'occurrence, la médecine, la chiropratique, la
dentisterie, la pharmacie et la médecine vétérinaire. Les
plaintes du public à l'égard des homéopathes seraient
transmises à ce comité conjoint qui les aiguillerait vers la
corporation concernée.
Les ostéopathes devraient, par ailleurs, recevoir leur
reconnaissance légale lorsqu'ils sont de formation américaine
seulement. Ces ostéopathes américains ont une formation similaire
à la chiropratique et à la médecine en cumulant, sur 5
ans, entre 4000 et 5000 heures de cours. Étant donné que la
corporation des médecins, à qui le législateur a
confié, en 1973, le soin de les accueillir et qui se disait prête
à leur conférer un doctorat en médecine, n'en a accueilli
aucun, l'Ordre des chiropraticiens du Québec est tout disposé
à prendre la relève, à accueillir ces ostéopathes
de formation américaine au sein de sa Corporation et à leur
décerner un permis de pratique après avoir réussi l'examen
professionnel. Étant donné que les chiropraticiens sont du
domaine privé, il y aurait là une économie incroyable. De
plus, l'Ordre considère que cet accueil devrait être temporaire,
que l'on devrait permettre aux ostéopathes de formation
américaine d'être autonomes et de posséder leur propre
corporation dès que leur nombre le permettra.
Par ailleurs, l'Ordre des chiropraticiens demande que soit retiré
le titre usurpé d'ostéopathe aux personnes qui ont suivi 1200
heures de cours au Québec, durant 5 ans, les fins de semaine, au dire
même de l'Office des professions, car il s'agit d'une usurpation pure et
simple de titre et, par voie de conséquence, de fausse
représentation auprès du public.
En ce qui concerne les autres thérapies alternati- ves, la
naturopathie se retrouve dans une situation similaire à celle des
ostéopathes. Il existe, aux États-Unis, une formation
professionnelle qui, de l'avis, encore une fois, de l'Office des professions,
est quasi médicale, ce qui signifie environ 5000 heures de cours. Ces
personnes, lorsque le gouvernement décidera de faire un débat de
fond sur l'ensemble des thérapies alternatives, devraient
bénéficier d'une attention toute particulière. Nous
croyons que ces professionnels devraient éventuellement se retrouver au
sein d'une corporation professionnelle, en vertu de leur formation et de la
portée de leurs actes thérapeutiques.
Par ailleurs, l'Ordre des chiropraticiens demande que l'on interdise
l'utilisation du titre de naturopathe aux personnes qui ont reçu, au
Québec, une formation ne dépassant pas 1000 heures, de l'avis
même de l'Office des professions. Il s'agit ici, comme pour les
ostéopathes, d'une usurpation de titre pure et simple, avec toutes les
implications qui se greffent à une telle action.
En ce qui a trait au mécanisme de reconnaissance des autres
thérapeutes, de nombreuses questions sont soulevées du fait
même de l'utilisation que font ces personnes des termes
«thérapeute», «thérapie»,
«thérapeutique» et du suffixe «pathe». Tous ces
vocables ont, dans leur acception, «guérir et soulager des
malades». Or, aucun d'entre eux n'a la compétence
académique voulue pour distinguer les problèmes de santé
des personnes qui les consultent et, de ce fait, ils peuvent mettre en
péril la santé du public. Le danger ne vient pas de l'acte que
posent ces thérapeutes alternatifs, mais de leur ignorance des
pathologies dont pourraient être affectés leurs clients et, de ce
fait, ils ne les dirigent pas vers les professionnels de la santé
appropriés. Ce qui cause problème dans ces circonstances vient
des termes «thérapeute», «thérapie»,
«thérapeutique» et du suffixe «pathe»
employés par ces personnes et qui, de ce fait, incitent les gens malades
à les consulter. Une législation sur l'usage de ces termes
s'impose pour la protection du public.
Nous avons également, dans ce mémoire, apporté une
attention spéciale aux masseurs et masseuses qui constituent au
Québec un groupe important, et dont l'utilisation du titre
«massothérapeute» porte nécessairement à
confusion. Nous connaissons les raisons qui les ont motivés à
prendre ce titre, désirant se démarquer de certaines personnes
oeuvrant dans des salons de massage. Pour contrer cette attaque contre la
réputation de ces gens, nous proposons que l'on s'inspire du
système de reconnaissance qui a cours chez les maîtres
électriciens et que les personnes inscrites à ce regroupement
reçoivent le titre de «masseur licencié». Nous
croyons qu'un examen conduisant à ce titre devrait sanctionner la
compétence des gens qui le détiennent.
La publicité qui entoure l'activité de ces
thérapeutes alternatifs n'appelle aucune législation
particulière. Elle tombe tout simplement sous la Loi sur la protection
du consommateur. Toute publicité mensongère n'est-elle pas
proscrite? Devant le nombre de ces personnes, le ministère responsable
de l'application de cette loi aurait avantage à former une section
spécifique à cet égard.
Quant à la dernière question soulevée par la
Commission des affaires sociales sur la contribution du réseau de la
santé et des services sociaux, nous croyons qu'elle devrait se limiter
à ne pas entraver inutilement les professions de la santé
déjà reconnues par l'existence d'une corporation, mais non
mentionnées dans la Loi sur l'assurance-maladie, tels les
chiropraticiens qui doivent, chaque fois, obtenir un ordre de la cour pour
pénétrer en milieu hospitalier, auprès de leurs patients.
Alors, ça termine mon exposé et je passerai la parole au Dr
Giguère.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. le docteur
Giguère.
M. Giguère (Richard): Oui. Merci, M. le Président.
M. le ministre, membres de la commission, je tiens tout d'abord, à mon
tour, à vous remercier d'avoir invité l'Association des
chiropraticiens du Québec à vous soumettre ses
représentations sur les thérapies alternatives.
Les 15 dernières années ont vu se développer, au
sein de la collectivité québécoise, un
intérêt croissant pour les thérapies dites naturelles. On a
vu, graduellement, la population prendre conscience des dangers que peut
représenter l'abus de médicaments et manifester son
intérêt pour des approches non agressives et plus susceptibles de
faire appel aux pouvoirs naturels de récupération du corps
humain. On a vu également s'accroître le degré
d'intérêt de la population envers la prévention et les
mesures susceptibles de favoriser le maintien de la santé en
général.
La chiropratique n'a certainement pas été
étrangère à ce changement d'attitude. Même avant
leur constitution en corporation professionnelle, en 1973, les chiropraticiens
prônaient déjà l'importance de la prévention et de
l'intégrité du système nerveux, de même que tous les
systèmes qui en dépendent, dans le maintien d'une santé
optimale.
Il n'est pas étonnant, dans un tel contexte, que l'on ait vu se
multiplier de nouvelles approches dites naturelles et plus axées sur la
récupération et le maintien de la santé que sur le
traitement des maladies comme telles. Les thérapies alternatives
répondent donc à un besoin de la population de se prendre en
charge et de s'occuper de sa santé, besoin qu'il y a certainement lieu
d'encourager.
Le législateur doit, cependant, se demander dans quelle mesure il
est opportun de reconnaître les thérapies alternatives et dans
quelle mesure certaines d'entre elles peuvent représenter un danger pour
les personnes atteintes de problèmes de santé graves et, par
conséquent, plus vulnérables.
Dans un avis adressé au ministre responsable de l'application des
lois professionnelles, l'Office des professions recommande que ne soient pas
créées de nouvelles corporations professionnelles dans le domaine
des thérapies alternatives. L'Office appuie ses recommandations sur un
constat à l'effet que la plupart de ces thérapies ne comportaient
aucun acte dangereux. L'Associa- tion des chiropraticiens du Québec
estime que, dans la décision qu'il devra prendre à l'endroit des
thérapies alternatives, le législateur devrait dépasser le
simple constat du caractère dangereux ou non. À notre avis, une
distinction doit être faite entre les thérapies qui ont pour objet
de procurer la détente et de favoriser le bien-être de la
personne, et celles qui ont pour objet de traiter des problèmes de
santé.
En ce qui concerne les thérapies qui visent à la
détente et au bien-être, nous estimons qu'elles ne
représentent pas de dangers véritables et qu'elles devraient
effectivement continuer à être exercées librement. Si
certaines d'entre elles exigent l'acquisition de techniques
particulières, telles les techniques de massage, il serait possible
d'assujettir leurs membres à l'obtention d'un certificat de
compétence.
Il n'en est pas de même pour les thérapies qui ont pour
objet de traiter des déficiences de la santé. Celles-ci doivent
faire l'objet d'une réglementation particulière quant au
contrôle de la compétence de leurs membres. Pour cette raison,
nous recommandons qu'elles soient confiées aux corporations
professionnelles dont les membres peuvent recevoir une formation dans ces
disciplines particulières.
L'Association des chiropraticiens du Québec estime que la
reconnaissance des thérapies alternatives ne devrait, en aucun cas,
permettre aux praticiens de ces disciplines d'exercer illégalement une
profession en posant certains actes réservés aux membres de
corporations professionnelles. Dans la mesure où certaines
thérapies alternatives, notamment l'ostéopathie, prônent la
pratique d'actes réservés exclusivement aux membres d'une
corporation professionnelle, elles devraient être réservées
exclusivement aux membres de cette corporation. (16 h 30)
En matière d'information et de publicité, l'Association
recommande que les thérapies alternatives soient régies par la
Loi sur la protection du consommateur et qu'elles se voient interdire de faire
de la publicité susceptible d'induire en erreur le public. Les
praticiens alternatifs ne devraient pas pouvoir prétendre, entre autres,
traiter des problèmes de santé.
Par ailleurs, le législateur, par l'intermédiaire du Code
des professions, devrait interdire aux praticiens alternatifs d'utiliser des
titres laissant croire qu'ils sont habilités à traiter des
problèmes de santé. L'Association des chiropraticiens du
Québec recommande également que le réseau des services de
santé et des services sociaux mette fin au monopole médical dont
il fait encore l'objet et qu'il permette aux bénéficiaires un
accès plus libre aux professionnels non couverts par la Loi sur
l'assurance-maladie.
Présentement, un professionnel qui ne fait pas partie du
réseau des services de santé et des services sociaux et qui n'est
pas un professionnel de la santé au sens de l'article 1 b) de la Loi sur
l'assurance-maladie n'a aucun droit d'accès aux établissements du
réseau, à leurs équipements et à leurs services.
Ainsi, par exemple, les chiropraticiens, dont le statut professionnel et le
droit de traiter sont reconnus depuis 20 ans, dont le diplôme de
doctorat est reconnu par le gouvernement du Québec et sera, à
partir de cette année, décerné à
l'Université du Québec à Trois-Rivières, n'ont
aucun accès aux établissements du réseau et à leurs
services.
Par voie de conséquence, un patient hospitalisé qui
désire recevoir des traitements chiropratiques doit d'abord obtenir
à ses frais une ordonnance du tribunal enjoignant l'établissement
en question d'autoriser le chiropraticien à y dispenser ses soins. Cette
situation, aussi discriminatoire qu'injustifiée, consacre, à
l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux,
un monopole dont ne veut plus l'ensemble de la population du Québec.
La Loi sur l'assurance-maladie a également des
répercussions sur le statut professionnel des chiroprati-ciens qu'elle
n'inclut pas comme étant des professionnels de la santé.
Même si, dans les faits et dans le quotidien, les chiropraticiens sont
légalement habilités à traiter des problèmes de
santé, plusieurs lois sectorielles, telles la Loi sur les accidents du
travail et la Loi sur l'assurance automobile, font référence
à l'article 1 b) de la Loi sur l'assurance-maladie pour refuser de
reconnaître les chiropraticiens comme des professionnels de la
santé de premier contact. En ce faisant, l'ensemble de ces lois
perpétue un monopole fermé qui empêche
définitivement l'accès des bénéficiaires de ces
régimes aux soins chiropratiques et aux autres soins qui ne font pas
partie de ce monopole.
En conséquence et compte tenu de ce qui précède,
l'Association des chiropraticiens du Québec recommande que tout acte
relevant d'un champ exclusif d'une corporation professionnelle demeure sous le
contrôle et la juridiction exclusive de cette corporation; que la
réglementation proposée par l'Office des professions dans le but
de restreindre l'usage de certains titres s'applique spécifiquement au
terme «thérapeute» et aux termes équivalents; qu'il
soit mis fin au monopole médical qui persiste présentement dans
le réseau des services de santé; et qu'une législation
plus conforme aux réalités sociales et professionnelles soit
adoptée sans délai, avec la modification qui s'impose aux lois
déjà existantes. Merci.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. Giguère,
merci. On est prêts maintenant à passer à la participation
des ministériels.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je suis envahi par un double sentiment. Je vous dis tout de
suite que j'ai déjà eu affaire à des chiros. J'en ai eu
des bons, j'en ai eu des moins bons. C'est comme les politiciens, c'est comme
toute sorte de monde. J'ai eu du soulagement pour des problèmes
précis; j'en étais très, très heureux. Donc, je
n'ai absolument rien contre les chiros, au moment où ils peuvent faire
quelque chose.
Mais, vous faisiez état tantôt que, depuis 1963, ça
aura pris 30 ans pour reconnaître à une université la
possibilité de dispenser la formation. Ce n'est pas pire, il y a au
moins ça. En même temps, j'entends parler du monopole de la
corporation des médecins, on entend parler de ça depuis le
début. Il faut bien admettre qu'il y a un monopole qui est réel,
on vit avec, j'en sais quelque chose depuis trois ans et demi. Je n'ai jamais
caché mes couleurs quant à faire l'impossible pour aérer
un petit peu tout ça et travailler sur l'ensemble de la personne.
L'impression que j'ai, c'est qu'à partir du moment où vous
arrivez à un niveau de reconnaissance aussi important que le vôtre
actuellement vous êtes pareils. Et, si je me trompe, ne vous gênez
pas pour me le dire. J'ai pris soin de vous répéter, au
départ, que je n'ai rien contre les chiros. J'avais vu à
l'époque un médecin. Il m'a donné à prendre 32
pilules par jour, et me coucher 48 heures sur le plancher, pas d'oreiller. Je
suis sorti de là, j'étais aussi pire, probablement pire, parce
que j'avais les pilules en plus. Alors, je suis allé voir un chiro. Il a
réglé mon problème dans l'espace de deux ou trois
traitements. Donc, j'ai toutes les raisons du monde de vous aimer.
Mais, sur le plan de l'attitude, à partir du moment où
vous êtes rendus où vous êtes, après des batailles
qui ont dû être féroces au fil des années, il me
semble que vous êtes passablement durs pour les autres, bon, et vous avez
probablement raison d'être durs pour un certain nombre de
thérapies dites alternatives. Je pense que, là-dessus, on a
été quand même passablement clairs. Je regarde celles dont
vous avez parlé à l'intérieur de votre mémoire:
homéopathie, ostéopathie, naturopathie, ta, ta, ta, ta. J'y
reviendrai pour chacune, parce que ça m'apparaît important de
clarifier les choses. Pour celles qui n'ont pas raison d'exister ou
d'être reconnues, on ne se chicanera pas longtemps. Ce que je souhaite,
c'est que vous ayez la même ouverture d'esprit, même encore
davantage, vis-à-vis de celles qui sont là aujourd'hui et qui
peuvent apporter du soulagement à l'individu. Est-ce que je me trompe en
pensant que vous êtes un peu durs vis-à-vis ceux et celles qui,
aujourd'hui, attendent et que vous...
M. Danis: Permettez-moi de vous dire que, peut-être, vous
vous trompez...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Danis: ...dans le sens suivant. Nous, tout ce qu'on essaie de
faire, c'est d'apporter de la cohérence. Et, vous avez raison, il y a eu
de fortes batailles, par la chiropratique, pour gagner ses epaulettes.
Ça, tout le monde est au courant, mais les critères de base
et c'est là que je suis tout à fait surpris avaient
été, en 1963, balisés par une commission royale
d'enquête. Alors, nous, ce qu'on dit, et j'ai été,
dès le début de mon intervention... Où sont ces
données où on peut se prononcer? Et, en l'absence de ces
données, comment voulez-vous qu'on se prononce sur des intervenants,
dans le monde de la santé, qui disent faire des choses, quand ces
intervenants-là n'ont pas, et de façon approfondie,
démontré leur formation peut-être parce que
personne ne leur a demandé et, également, leur
champ d'intervention?
M. Côté (Charlesbourg): Soyons clairs, parce que
c'est un exercice pour ça. Je comprends votre étonnement. Trente
ans après avoir écrit la bible, qu'on se requestionne sur la
bible, je comprends ça, là. Moi, je comprends tout ça. Il
faut remettre à jour nos choses. Il faut tenter de progresser. Je ne
souhaite pas que ça prenne 30 autres années pour arriver à
ce à quoi ça vous a pris 30 ans à arriver.
Quand je regarde le cas particulier des homéopathes, ils
étaient là avant vous autres, à ce que j'ai compris, parce
que, moi, dans mes notes, à moins que j'aie eu des mauvaises notes, en
1865, ça existait et c'était reconnu. Us ont perdu leur statut en
1973 pour une question de nombre. L'homéopathie, ça existe
ailleurs. D'ailleurs, vous lui faites un traitement spécial dans votre
mémoire, on en convient.
Je ne veux pas qu'on parle, pendant le temps qui nous est imparti, de ce
qui existe, mais ne sera pas reconnu, parce que ce n'est pas ça, l'objet
de la commission. L'objet de la commission, c'est de parler de choses qui,
demain, ont des chances d'être reconnues parce que efficaces. Je ne veux
pas embarquer dans des débats d'où on ne sortira jamais. Je n'ai
pas de temps à perdre. Je l'ai dit ce matin, la
«pipithérapie», oubliez-moi, il n'y a pas grand danger qu'on
parle de ça.
On parle de celles qui sont là, et on va avoir des questions
précises sur chacune d'elles pour dire: Demain matin, qu'est-ce qu'on
fait? Comment est-ce qu'on procède? Parce qu'on va procéder et on
va poser des gestes. Je ne dis pas que ce seront ceux qui sont souhaités
par l'Opposition, mais ça va se faire d'un commun accord, pour
être capables de faire progresser les choses et de briser des monopoles
qui n'ont pas leur raison d'être. Parce que, quand on parle d'un citoyen
qui a besoin de traitements... Moi, j'ai entendu et j'ai vécu des
expériences pas rien que personnelles là-dedans
dans notre entourage, dans nos connaissances, de gens qui ont été
en contact avec des thérapies alternatives et où ça les a
soulagés. La preuve scientifique n'est pas toujours facile à
démontrer, mais il s'agit d'arriver de manière décente et
progressive à faire cette démonstration-là, et à
mettre ce qu'il faut pour protéger le public contre les charlatans. Moi,
je me dis que, compte tenu de ce que vous avez vécu pendant 30 ans, vous
devez être une ressource de première importance pour nous guider
dans cette démarche-là. (16 h 40)
M. Danis: C'est, d'ailleurs, l'objectif de notre intervention.
Mais, lorsque vous me parlez d'homéopathie, il y a de nos membres qui
pratiquent l'homéopathie de façon complémentaire. On n'a
aucun problème avec ça, mais comment voulez-vous, de façon
responsable, qu'on arrive et qu'on dise: Nous allons dire oui à
quelqu'un qui se dit homéopathe? Quelle est sa formation? Quels sont les
critères? Nous, on ne peut pas répondre. Peut-être que,
vous, vous pouvez répondre. Mais, à ce moment-là, comment
voulez-vous qu'on dise: On va les aider? On va les aider lorsque nous aurons
des données sur leur formation et toute la question de l'encadrement, de
ce que ça prend. Il faut bien déterminer si... Quand quelqu'un de
malade se présente chez un professionnel de la santé, les
critères de formation sont déjà établis par des
agences d'accréditation universitaire internationales. S'il n'a pas
cette formation-là, comment peut-il, de façon précise,
déterminer le problème du patient? C'est dans ce sens-là
qu'on regarde ça, et ce n'est pas une critique sur l'homéopathie.
C'est qu'avec les données que l'on a on ne peut pas donner le feu vert
à ceux qui se disent homéopathes. On ne sait pas d'où ils
viennent.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, je vous ramène
à l'objet de la commission, qui disait formation. Qu'est-ce que
ça prend comme formation? C'est ça, la question de la commission.
Qu'est-ce que ça prend comme formation? Qu'est-ce qu'on fait pour
protéger le public? C'était ça exactement, la
portée de la commission. Donc, on n'est pas là pour rien. On est
là pour tenter d'établir ces choses-là. Moi, je me dis:
Vous, qui avez traversé trois décennies de misère, de
batailles, par l'expérience que vous avez, je souhaite une ouverture
plus grande de votre part vis-à-vis un certain nombre de
thérapies. Je ne vous les impose pas, je ne pourrais pas vous les
imposer. Alors, qu'est-ce qu'on fait et qu'est-ce que vous conseillez au
gouvernement, sur le plan de la formation, au-delà de toutes les
études qu'ils ont pu faire? Si j'avais voulu étirer le
débat pour 10 ans encore, comme il faut, on aurait dit: On fait une
commission royale d'enquête. La plus belle preuve, ça fait 30 ans,
c'est au bout de 30 ans que vous arrivez. Pendant ce temps-là, il y en a
d'autres... L'ostéopathie, ils sont encore à côté,
eux autres, et ils ont fait l'objet de la même commission. À
partir de ça, si on veut être utiles dans notre commission, c'est
sur le plan de la formation. Vous dites dans votre document, si je ne m'abuse:
Naturopathe, au moins 1000 heures c'est ça que vous dites?
pour être reconnu.
M. Danis: Naturopathe? Non, il existe une formation de 5000
heures aux États-Unis. C'est ça qui est le problème.
Est-ce qu'il peut exister deux sortes de natu-ropathie, deux sortes
d'ostéopathie?
M. Côté (Charlesbourg): Pour le naturopathe, retirer
l'utilisation du titre de naturopathe aux personnes qui ont reçu au
Québec une formation de moins de 1000 heures. Donc, à partir du
moment où vous fixez le barème à 1000, c'est que 1000
heures devraient normalement être un minimum, disons, au moins,
là, oui?
M. Danis: En fait, c'est que... Je m'excuse, mais, pour l'Office
des professions, il n'y avait pas d'entre-deux. C'était 1000 heures de
formation ou 5000. Alors, on dit 1000 heures parce que l'Office dit: II y a du
1000 et il y a du 5000. C'est dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais, dans un cas
comme celui-là, quand vous dites 1000 heures, vous l'achetez,
parce que vous l'avez dans votre mémoire. Alors, c'est une base minimale
pour être reconnu ou pour pratiquer, oui ou non? Si ce n'est pas
ça, c'est plus ou...
M. Danis: Bon! Écoutez, les 1000 heures... Il faut bien
comprendre la responsabilité de cet intervenant de la santé. Si
c'est un patient qui vient de la rue, qui arrête et dit: J'ai mal au
ventre ou j'ai mal au dos aidez-moi, la personne se doit de faire
un diagnostic différentiel de la condition. C'est là la
problématique, parce qu'il y a 200 causes répertoriées
pour les maux de dos. Alors, il faut savoir c'est quoi. Alors, c'est dans ce
sens-là. Les naturopathes américains, c'est clair, ils sont
bienvenus au Québec. Les soins naturels sont bienvenus au Québec
pour nous. On ne s'est pas battus pendant 30 ans pour dire: Retournons à
la médicalisation et à la chirurgie. Ça, c'est clair, mais
ce que je veux dire, c'est: Comment, sans une commission royale
d'enquête, nous, on peut déterminer quelle est la
responsabilité de cet intervenant et les besoins de formation? Nous, on
vous dit ceci: Notre expérience, pour avoir maintenant un programme
universitaire, c'est que ça prend une formation en diagnostic
différentiel, et cette formation-là prend environ 4000 heures.
Ça, c'est la réalité universitaire internationale.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai compris ça dans
le mémoire, qu'il y avait une exigence minimale au niveau du diagnostic,
qui était la base; le reste est en supplément pour te permettre
de... J'ai tout compris ça. J'ai même été
frappé, parce que, ce matin, je vous ai vu à l'arrière
d'ailleurs, depuis le début entendre les débats de
la commission... J'imagine que les oreilles ont dû vous réagir un
peu, lorsque des gens, les ostéopathes, sont venus nous dire, ce matin,
que, quant à eux, il ne fallait surtout pas copier le modèle
américain.
M. Danis: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, vous, vous nous
dites: Oui, mais le modèle américain. Bon! Pour un
néophyte, je ne comprends plus rien.
M. Danis: Écoutez, nous, c'est strictement une question
d'intégrité intellectuelle. Comment peut-il exister deux
ostéopathies? Alors, on veut parler de ce matin, on va parler de ce
matin. On entend des gens qui disent: C'est venu des États-Unis,
ça s'est médicalisé, ce n'est plus bon. Quelqu'un d'Europe
est venu nous montrer la lumière, et il nous dit: Maintenant, c'est
ça, l'ostéopathie. Celui d'Europe, il vient d'où? Des
États-Unis?
Ce qu'on dit: S'ils ont des techniques, des interventions qui aident les
gens, s'il vous plaît, ne vous appelez pas ostéopathes, parce que
l'ostéopathie, c'est une profession reconnue, pratiquée par 33
000 personnes aux États-Unis. Je ne sais pas si vous êtes au
courant, mais c'est un phénomène québécois,
l'ostéopathie européenne. Ça n'existe pas en Ontario,
ça n'existe pas en Colombie-Britannique et ça n'existe pas au
Nouveau-Brunswick. Même, l'ostéopathie a une réglementation
particulière dans ces provinces. Alors, pourquoi usurper un titre?
Appelez-vous autre chose, mais ne venez pas dire que c'est de
l'ostéopathie. Il ne peut pas y avoir deux chiropratiques, il ne peut
pas y avoir deux médecines. C'est de la médecine ou ça
n'en est pas, et c'est de l'ostéopathie ou ça n'en est pas. C'est
dans ce sens-là. De faire des jeux de mots comme D.O.,
diplômé en ostéopathie au lieu de doctorat en
ostéopathie, on trouve ça un peu frauduleux sur les bords. Alors,
c'est dans ce sens-là. Ce n'est pas l'intervention qui est mauvaise. Par
contre, s'ils veulent faire des actes qui sont réservés au champ
exclusif des chiropraticiens, ils vont devoir nous montrer leurs
compétences. C'est dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, je ne
voudrais pas vous laisser croire qu'au sortir de la commission on va embarquer
dans un processus qui va nous amener, à très court terme, dans la
reconnaissance de... Ce qu'on essaie, c'est de voir la lumière, de voir
comment on peut progresser. Il y a des constats. Depuis deux jours, là,
il y a des tendances qui peuvent se dégager, assez claires. J'en
souhaite encore davantage, parce qu'on aura besoin davantage de lumière.
Qu'elle vienne d'Europe ou des États-Unis, je m'en fous, mais on va
avoir besoin davantage de lumière. Je pense que le genre d'exercice
qu'on mène peut nous aider à ce niveau-là, et à
voir quelle sera la suite de ces événements-là.
Il reste quand même qu'on a un phénomène au
Québec où une personne sur deux, selon les sondages c'est
ce qu'on a peut-être de plus fiable, à ce moment-ci a
été en contact avec des thérapies alternatives. C'est
quand même beaucoup de monde. Il reste aussi qu'il est maintenant de plus
en plus clair que des médecins de médecine, disons,
traditionnelle ou conventionnelle réfèrent de plus en plus
à des thérapeutes alternatifs dans différentes
spécialités, au moment où, j'imagine, ils ont atteint
leurs limites, quant à eux. Donc, eux-mêmes aussi reconnaissent
les limites de leur propre médecine.
Si j'ai bien saisi et bien compris la base de votre argumentation,
ça prend donc une base très claire, de très haut niveau.
Ce n'est que sur le plan de la complémentarité que peuvent
intervenir ces autres professions-là ou autres
spécialités, au niveau des thérapies alternatives, dans la
liste des cinq mentionnées dans votre mémoire. Aussi, on peut
être dans une situation où un thérapeute... Bon, prenons,
prenons...Je cherche là, mais je vais y arriver. Bougez pas.
Une voix: Phyto.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, pas phyto
là, pas phyto, parce que je veux prendre un exemple précis de ce
matin. Les orthothérapeutes. Il faut prendre cet exemple-là,
parce que je pense que c'est l'exemple qui nous a été
démontré ce matin, avec la pile de petits
papiers où des médecins ont référé
à des orthothérapeutes. Alors, les orthothérapeutes,
à ce que j'ai compris ce matin, ce ne sont pas des gens qui sont des
docteurs, donc ils n'ont pas un cours de médecine de base. Où
est-ce que vous les situez là-dedans?
M. Danis: Strictement comme... En fait, les
orthothérapeutes, quant à nous, ça entrerait dans le
massage, tout simplement. Comme un masseur.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais avec un permis
d'électricien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Danis: Une carte, un permis de compétence.
M. Côté (Charlesbourg): Ouais.
M. Danis: Et là, vos 1000 heures deviennent
intéressantes, M. le ministre, parce qu'il n'y a pas d'intervention qui
est dirigée vers une pathologie.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Danis: C'est du bien-être et c'est excellent. Par
contre, posez-moi la question: Est-ce qu'il y a des orthothérapeutes qui
débordent leur champ de connaissances? La réponse est oui. Nous,
on est bien placés pour le savoir, parce qu'on les reçoit chez
nous. Il y a la pratique illégale, comme processus, pour mettre fin
à ces choses-là. (16 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que, ce
matin, je n'étais pas de l'avis de mon ami Albert sur un qui fait mal et
un qui soulage.
M. Houde: Justement. Ce que vous dites, c'est ce qu'eux font.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Houde: Us sortent après un examen... Là, je ne
discuterai pas sur le nombre de visites. Trois visites à chaque place,
puis la personne va sortir de là enchantée de sa visite, et
l'autre qui va sortir va dire: II m'a fait mal en maudit, pour ne pas dire
d'autres mots que ça. C'est quoi, l'affaire entre vous deux?
M. Danis: Ma question, c'était: C'est quoi, votre affaire?
Quelle était votre condition? Je ne le sais pas.
M. Côté (Charlesbourg): On est dans la
journée des affaires aujourd'hui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Danis: Je vais vous dire ceci: Si vous aviez une hernie
discale, vous auriez préféré que ce soit le chiropraticien
qui vous voie et qu'il vous recommande peut-être une chirurgie, si
c'était une hernie discale dans un état avancé. Ça
vous a fait mal, ce que vous dites, et l'autre, ça ne vous a pas fait
mal. Peut-être que tout le travail était déjà fait;
c'est une autre hypothèse. Mais, ce qui est à déterminer,
c'est que... Vous pouvez avoir une douleur musculaire, Forthothérapeute
va être excellent. Par contre, s'il y a un complexe
neuro-musculo-squelettique, à ce moment-là, le chiropraticien va
être en mesure de l'évaluer.
M. Houde: Pour les mêmes maux, le même malaise, un
chiro et l'autre, c'était complètement différent pour le
traitement. Ça ne se comparait pas. C'est comme le jour et la nuit, et
il faut qu'il fasse bien noir ou bien clair. Ça ne se comparait pas.
Pour le même malaise, c'est arrivé au moins 10 fois, S fois chez
un chiro et S fois chez l'autre. Ça a fait mal S fois, puis «en
maudit», et l'autre, ça été un charme. C'est quoi,
là?
M. Danis: Lui avez-vous dit que ça vous faisait mal? C'est
parce que, là, vous m'apportez un cas d'espèce.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, c'est ça.
D'ailleurs, je voulais prendre la parole, parce que, moi, je pourrais vous
parler de mon cas aussi. Je rejoins exactement ce que vous avez dit
tantôt: un diagnostic posé au niveau d'une hernie et
référé à un chirurgien. J'ai vu tout ça,
moi.
M. Danis: J'aimerais rassurer M. le député. Si vous
croyez que la chiropratique n'a pas agi avec...
M. Houde: Elle a agi. Ça a été correct
après. Aux deux endroits, ça a été correct. Mais ce
que je veux vous dire, c'est que ce n'était quasiment pas endurable chez
un chiro comparativement à l'autre. C'est ça que je veux vous
dire.
M. Danis: Ha, ha, ha! C'est sur le coup que ça fait mal,
c'est ça?
Le Président (M. Philibert): À l'ordre! S'il vous
plaît! M. le député de Berthier.
M. Danis: De toute façon, s'il y a un problème, le
syndic de la Corporation est à votre service. N'hésitez pas.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends
avec...
M. Houde: Non, mais, pas rien qu'à une place, c'est trois
chiros différents.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
Berthier, je vous recommande de prendre un rendez-vous avec un
spécialiste qui pourra vous soulager. Ici, on est là non pas pour
poser des diagnostics, mais pour
se faire une idée sur la pertinence de reconnaître
certaines professions.
M. le ministre, très rapidement, parce que le temps est...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, en terminant,
j'allais dire à mon ami Albert: Après l'hypnose d'hier soir,
faites une petite séance d'hypnose avant d'y aller, il n'y a aucun
problème.
M. Houde: Pas de problème. Merci, mon ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Juste en terminant, M. le
Président. Ce matin vous étiez ici on a reçu
l'Association de médecine holistique du Québec, où il y
avait une présentation... Là, on ne parle pas d'un flyé
qui est arrivé de quelque part, on ne sait trop où, qui pourrait
se présenter ici et nous faire une démonstration très
claire. On parle de médecins du Québec, reçus, qui ont une
préoccupation globale de la personne, qui, eux, souhaitent qu'on aille
plus loin. Ils proposent, par exemple, qu'on travaille pendant un an à
tenter de définir un certain nombre de choses, qu'on aille davantage
vers des projets-pilotes, sur une période de cinq ans, pour tenter
probablement de répondre aux questions que vous vous posez, que tout le
monde doit se poser, et qu'on doit se poser. Est-ce qu'une démarche
comme celle-là vous apparaît être une démarche plus
raisonnable et plus vivable au moment où on se parle? Dans ces
conditions-là, est-ce qu'on aurait à se frotter au corporatisme
très dur, très fermé...
M. Danis: Parlez-vous de nous?
M. Côté (Charlesbourg): Pas tout de suite, mais, si
la tendance se maintient, on va être obligés de vous inclure dans
le club.
M. Danis: Je vais vous rassurer tout de suite. Cette
démarche-là nous apparaît essentielle. Lorsqu'on a
dénoncé l'absence de débat de fond, c'est exactement de
ça qu'on parlait. Il faut qu'il y ait un débat de fond sur la
question. C'est aussi simple que ça.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. M. Danis:
Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Et diplômé de l'Université du
Québec à Trois-Rivières.
Merci, M. le député de Trois-Rivières et
président de la commission. On va vous souhaiter la bienvenue, au nom de
l'Opposition officielle, à cette commission.
Je veux tout de suite poursuivre sur la même lancée. Mais
quel débat auriez-vous voulu mettre sur la place publique? Quel
débat auriez-vous souhaité qu'il se fasse au Québec? Parce
que, là, vous nous avez dit que en tout cas, moi, je n'ai pas
saisi ce débat-là, il ne vous plaît pas. Quel
débat vous auriez voulu que le gouvernement mette sur la place publique
ou institue, pour les fins de l'évolution positive dans le domaine des
soins, des services de santé au Québec?
M. Danis: Alors, encore une fois, je vais vous ramener 30 ans en
arrière. Lorsqu'il y a eu la commission royale d'enquête qui a
fait un débat de fond sur l'ostéopathie et la chiropraxie,
ça ne s'est pas fait après une réglementation. La
réglementation, via l'Office des professions, s'est faite en 1973, donc
10 ans plus tard. Le débat que l'on demande, c'est une analyse de la
formation nécessaire, des critères nécessaires pour qu'un
intervenant puisse voir un client. Quelle est la limite de l'intervention?
C'est ça que la commission royale d'enquête avait
déterminé, quand ils disaient: Ça prend tant de formation,
parce que, ce que vous voulez faire, c'est dangereux si vous n'avez pas cette
formation-là. À ce moment-là, les professionnels, les
intervenants s'organisent, se donnent ces cours-là. Alors, la
démarche que la médecine holistique préconisait ce matin,
nous sommes tout à fait d'accord, mais il faut faire une démarche
de connaissance sur la formation et les interventions avant d'arriver à
une réglementation. Comment voulez-vous réglementer une chose sur
laquelle vous vous questionnez? C'est ça, notre point de vue. On trouve
que parler de mécanisme de réglementation avant d'avoir les
données nécessaires sur la formation, c'est un peu inverser la
procédure.
M. Trudel: Mais c'est parce que, quand je vous entends le dire
sous cette forme-là, en tout cas, j'ai l'impression qu'il faudrait assez
souvent protéger le public contre lui-même. Il faudrait fixer des
critères sur la compétence de ceux et celles qui sont
appelés à intervenir au niveau de la santé, au-delà
du fait que le résultat de bien-être d'autres pratiques, chez
d'autres personnes, ça amène une demande disons-le comme
ça de reconnaissance quant à l'existence. Pourquoi vous
insistez tellement pour qu'on fixe les critères d'avance, qu'on fixe les
canons d'avance, quand on sait qu'actuellement il y a un certain nombre...
Écoutez, une thérapie complètement inefficace, une
thérapie qui n'a aucun résultat, qui ne vise qu'à faire
dépenser du fric au monde ordinaire, qui ne vise qu'à faire
gaspiller, qui ne procure pas de santé et de mieux-être, ça
existe encore, ça? Et pourquoi ça existerait?
M. Danis: Ça existe encore, selon votre lecture
même. En psychothérapie, il y avait certains cas où
c'était vraiment une question de fraude. Mais, moi, je vais vous dire,
comme analogie, et elle va être très simple: Est-ce que quelqu'un
peut se déclarer député sans avoir remporté des
élections? Alors, si vous voulez être intervenant de la
santé, c'est quoi, le bagage? Pas de bagage, un peu de bagage ou
beaucoup de bagage? Ces balises-là se doivent d'être
déterminées. Est-ce que vous traverseriez un pont qui est
signé par un ingénieur
qui a étudié les fins de semaine cinq fins de
semaine par année, pendant cinq ans et qui se dit
ingénieur? Qui va déterminer qu'un ingénieur doit avoir
les compétences nécessaires pour que le pont ne tombe pas?
M. Trudel: Est-ce qu'on peut aller dans la direction... Est-ce
qu'on peut faire confiance au public et dire: À telle
dénomination correspond telle formation, et à vous de juger?
Est-ce qu'on peut, en général, faire confiance au public et dire:
Oui, nous allons définir les termes, nous allons mettre à la
disposition du public un office, un organisme ou faire en sorte que des
instruments puissent donner des informations pour dire: Quand vous faites
affaire avec un ostéopathe, eh bien, ça peut être un
patenté, selon vous autres, aux États-Unis ou ça peut
être avec telle autre formation? Est-ce qu'on peut faire confiance au
public en matière de jugement de la compétence pour poser tel
geste, ou encore le dire de la façon suivante: Est-ce qu'on peut faire
confiance au public pour juger de la capacité de quelqu'un, avec sa
formation, de procéder à telle pratique, d'utiliser telle
pratique professionnelle? (17 heures)
M. Danis: Ce que vous me demandez, c'est de traiter le domaine de
la santé de façon différente des autres domaines. Est-ce
qu'il y a une formation de base pour être avocat? Ce que vous me dites,
c'est: Un avocat pourrait avoir deux mois de cours et remporter la cause. Si
ça prend quatre ans pour être avocat, il y a des raisons pour
ça. Est-ce que c'est le gouvernement qui doit veiller à ce que
l'avocat ait quatre ans de formation? C'est dans ce sens-là. J'ai de la
difficulté à saisir que, lorsque c'est dans le domaine de la
santé, il n'y a pas tellement de problèmes avec la formation,
mais, dans les autres domaines, que ce soit dans l'ingénierie, dans le
droit, là, c'est important d'avoir une bonne formation. C'est ça
qu'on saisit mal dans votre...
M. Trudel: Mais vous convenez avec moi que tout ça est
relatif quant au degré de danger qui est couru par le public en
général. Je veux dire... Un musicothé-rapeute, entre vous
et moi, on n'a pas besoin d'une commission générale
d'enquête pour savoir si on va l'autoriser à porter le titre avec
telle formation. Ça dépend du degré...
M. Danis: Je sais que c'est à l'université. Alors,
là, j'aurais confiance, personnellement.
M. Trudel: Non, je dis... Quand vous disiez, tantôt: II
faut faire attention à une mauvaise utilisation et à l'usurpation
des termes, bon, bien, les ostéopathes ou l'autre catégorie qui
utilise «diplômé en ostéopathie», moi, je vous
dirai, par rapport au docteur, que j'ai un doctorat en administration publique.
Ce n'est pas un premier cycle, ça, un doctorat. Un doctorat, c'est un
troisième cycle. Alors, les mots dans notre société aussi,
ils correspondent à une définition, à une
réalité. Les gens sont capables de juger de ce que ça veut
dire. Moi, enfin, je dis ça. Ça m'amène, là-dessus,
au niveau de ce que nous examinons ici, à vous demander: Pourquoi vous
affirmez... Je ne sais pas si c'est vous autres ou si c'est l'Association.
C'est ça, c'est l'Association, je m'excuse. Vous dites, à la page
6 de votre mémoire: «La reconnaissance des thérapies
alternatives ne devrait pas consacrer le droit, pour les praticiens de ces
disciplines, d'exercer illégalement une profession déjà
existante.»
M. Giguère: Leur champ exclusif.
M. Trudel: Qu'est-ce qui vous laisse croire que le
législateur s'apprêterait à reconnaître des
thérapies, donc des thérapeutes, et à les laisser
pratiquer illégalement une profession déjà existante en
posant des actes qui font partie du champ exclusif de celle-ci? Qu'est-ce qui
vous laisse croire ça?
M. Giguère: C'est que, actuellement, ce n'est pas
légalisé, et les professionnels exercent des actes qui ne font
pas partie de leur champ de pratique, qui font partie des champs de pratique
déjà en place. Il faut, à ce moment-là, avertir le
gouvernement que ces choses-là peuvent se répercuter dans le
futur et faire une législation en vertu de cela. Ça se fait
actuellement. Il y a des poursuites qui sont faites pour pratique
illégale de la chiropratique. Je veux dire, ce n'est pas des choses
qu'on sort des nuages, c'est vraiment quelque chose qui existe dans le monde
actuel. Une autre chose: tantôt, vous parliez de
musicothérapie...
M. Trudel: Non, non, mais, attention, attention là-dessus.
Mais quelqu'un qui pratique illégalement la chiropraxie, vous êtes
là pour surveiller, pour intenter des poursuites?
M. Giguère: L'Ordre, oui.
M. Trudel: Oui? L'Ordre. Excusez-moi. Alors, est-ce qu'il y a
quelqu'un dans le gouvernement ou, actuellement, dans la société,
qui a dit: On s'apprête à reconnaître certaines
thérapies alternatives et ça va leur donner le droit c'est
vous qui le dites, là d'exercer illégalement une
profession?
M. Giguère: Mais si...
M. Trudel: Ça ne veut pas dire...
M. Giguère: ...on se fie à la façon dont les
lois sont écrites...
M. Trudel: La reconnaissance d'un certain nombre de
thérapies alternatives ne signifie pas qu'on va donner le droit d'aller
s'introduire et d'exercer, de faire des pratiques qui sont déjà
reconnues dans des champs reconnus à des professionnels reconnus.
M. Giguère: Qui, à ce moment-là, va
déterminer le champ de pratique des différents
professionnels?
M. Trudel: Si on fait une législation et si on fait une
mécanique pour les reconnaître...
M. Giguère: Oui.
M. Trudel: ...c'est l'État qui va le déterminer, si
telle est la notion retenue, avec des professionnels concernés. Si c'est
la notion retenue, là.
M. Giguère: C'est ce qu'on dit à l'État. On
dit à l'État de faire attention pour ne pas que ces
choses-là se produisent.
M. Trudel: Ah bon! Le sens de la phrase, ce n'était pas
tout à fait celui-là, à vrai dire. Ça disait que la
reconnaissance des thérapies alternatives, ça donnerait le droit
d'aller pratiquer illégalement dans le champ d'autres.
M. Giguère: Pas du tout.
M. Trudel: Bien, c'est ça qui est indiqué à
la page 6. Alors, il faut que ce soit bien compris.
M. Giguère: On va le lire ensemble.
M. Trudel: Quant à moi, que l'on puisse dire, au
Québec, qu'il n'est pas illégal de pratiquer certaines
thérapies alternatives qui n'empiètent pas sur des actes, et je
précise, réservés à un certain nombre de
professionnels avec les qualités requises pour les réaliser, il
me semble que c'est un système qui peut parfaitement se vivre, à
partir du moment où on peut définir je ne sais pas ce que
vous en pensez qu'un certain nombre d'actes ne peuvent pas être
réalisés par d'autres personnes que par tel type de
professionnels qui ont tel type de formation. Vous pensez que ça peut se
vivre comme système?
M. Giguère: Oui, absolument.
M. Trudel: Bon. Alors, à ce moment-là, ça
implique, pour l'État, une capacité de reconnaître
certaines thérapies alternatives, puisqu'il faut employer le mot par
lequel on les identifie généralement au Québec, mais pas
d'aller au-delà de ce qu'on demande comme qualités aux autres
pour réaliser leur pratique professionnelle.
M. Giguère: Absolument.
M. Danis: Je crois que ça fait allusion à la
nouvelle réglementation ontarienne qui définit des actes pour
chaque profession et tout ce qui n'est pas inclus là peut être
fait par les autres. Le système n'est pas testé, si vous me
permettez l'expression encore, mais, déjà, il peut y avoir des
lacunes. Il faut être prudent dans cette approche-là. Je peux vous
donner juste un exemple. Dans le champ exclusif, dans la série d'actes
exclusifs réservés aux chiropraticiens, il y a correction
vertébrale faite avec impulsions rapides et à faible amplitude.
Alors, la question, c'est: À quelle vitesse l'intervention est-elle
donnée quand on dit «rapides et à faible amplitude»?
Plus on décrit de façon spécifique, plus c'est facile de
contourner la loi. Alors, c'est dans ce sens-là qu'il y a une prudence
à être exercée, mais c'est un modèle qui
apparaît intéressant.
M. Trudel: En matière de protection du public et, donc, de
dangers, on vient de procéder à une série d'autres
consultations pour réviser ces mécanismes-là. À
tort ou à raison, je n'ai pas ma découpure avec moi, mais j'ai
cité souvent Gravel, de La Presse, qui dit qu'il n'y a à
peu près personne qui croit à ça au Québec, en
général, dans le commun des mortels, au système
disciplinaire chez les corporations professionnelles. Comment on va en arriver
à ce que non seulement il y ait un traitement équitable, mais
qu'il y ait apparence de traitement équitable des plaintes du public en
matière de compétence professionnelle et d'actes reconnus par
l'Office des professions?
M. Danis: Nous nous sommes déjà prononcés
à l'autre commission traitant particulièrement de ce
sujet-là, mais une chose qu'il faut bien comprendre, c'est quand on dit:
Les gens n'y croient pas, pourquoi les gens n'y croient pas? D'un, on a
demandé au ministre et à l'Office des professions de nous
démontrer le constat d'échec comme quoi les gens n'y croient pas,
à ce système-là. Il y a des données très
intéressantes également qui sont ressorties. Les gens commencent
à connaître le système professionnel. Les gens
n'étaient pas au courant qu'il y avait des recours et, à ce
moment-là. .. Je peux vous dire, moi, que, dans le pourcentage des
plaintes et ce n'est peut-être pas comme ça partout, il y a
peut-être quelques corporations qui vivent des cas très
médiatisés lorsque l'on présente notre carte de
route à l'Office, nous en sommes très fiers parce qu'on a entre
15 % et 36 % des plaintes qui vont en discipline chez nous, et ça, sur
les 5 dernières années. Le public n'est pas mal servi, il faut
bien comprendre ça, et je crois que, peut-être...
M. Trudel: Mais le problème, M. le Président...
M. Danis: Gravel a trop de cas médiatisés en
tête et il n'a pas réalisé que le système
professionnel arrive à maturité. Il commence à être
connu par le public et c'est justement bon qu'il y ait une commission,
ça le publicise encore plus. C'est bon qu'il y ait des cas
médiatisés parce que ça sensibilise le public à
avoir recours aux corporations professionnelles pour s'interroger et même
poursuivre un professionnel qui aurait mal agi. Mais c'est un début, on
arrive à maturité, là. Alors, je pense que c'est un peu
exagéré de dire que les gens n'ont pas confiance en
ça.
M. Trudel: Le problème n'est pas celui,
précisément, de l'efficacité du mécanisme, mais
c'est la perception de son efficacité...
M. Danis: Exactement.
M. Trudel: ...ce qui est assez grave aussi. La phrase qu'on
répète à propos de la justice: Ce n'est pas tout qu'il y
ait justice, il faut qu'il y ait apparence de justice aussi pour les
justiciables. Est-ce que, à cet égard-là, vous trouvez que
l'on pourrait retenir la recommandation du Protecteur du citoyen de dire: Le
système disciplinaire doit sortir des corporations professionnelles et
non pas sortir les corporations professionnelles du système
disciplinaire?
M. Danis: Là, je vous parle au nom d'un consensus des 41
corporations via le conseil interprofessionnel. Nous avons déposé
des recommandations. Un des éléments majeurs était qu'il
aurait dû y avoir une concertation avec toutes les corporations avant
d'arriver avec des tentatives de solution. Je crois que beaucoup d'organismes
ont d'excellentes solutions à proposer, mais, lorsqu'on commence
à les analyser, on commence à voir les lacunes, les coûts
et comment, contrairement à l'objectif visé, ça peut
retarder tous les mécanismes. Et, à ce moment-là, le
public est encore plus lésé parce qu'il porte plainte en 1993 et
sa cause passe en 1995. Alors, je crois que la commission a fait un excellent
travail à départir les différentes solutions possibles
pour cette question d'apparence de justice. (17 h 10)
M. Trudel: Est-ce que vous êtes en faveur de la
réouverture de la Loi médicale et, éventuellement
vous l'avez soulevé il y a quelques secondes d'aller dans la
direction, dans la dynamique générale du système que
l'Ontario s'apprête à vivre là, après l'avoir
discutée pendant cinq ans? Mais, fondamentalement, avant la piste
ontarienne, compte tenu de tout ce que vous avez vécu...
M. Danis: Oui.
M. Trudel: ...est-ce que vous êtes en faveur et est-ce que
vous souhaitez la réouverture de la Loi médicale pour traiter
d'actes exclusivement réservés à des professionnels avec
tel type de qualifications plutôt que de champs de
compétence...
M. Danis: Oui.
M. Trudel: ...et d'exclusivité, évidemment?
M. Danis: La piste est très intéressante et
ça réglerait sans doute beaucoup de problèmes que l'on vit
dans ce domaine-là. Si vous voulez savoir notre avis, oui, on trouve que
la Loi médicale est abusive, mais j'ajouterai que le gouvernement s'en
est servi pendant des années pour régler le problème sur
le terrain parce qu'il demandait aux médecins: Bien, poursuivez-les.
Alors, c'était un peu un échange de pouvoir qui se faisait
là, parce que les médecins s'en occupaient et le gouvernement les
laissait s'en occuper et leur laissait leur loi très globale du domaine
de la santé. Alors, je pense que, si le gouvernement est prêt
à, peut-être, assumer plus de responsabilités, il va
pouvoir retirer aux médecins une certaine partie qui... En fait, c'est
ridicule de croire qu'un médecin peut tout faire, surtout pas en
1993.
M. Trudel: Finalement, dans l'éventualité d'une
reconnaissance d'un certain nombre de thérapies dites alternatives,
est-ce que vous estimez que la Loi sur la protection du consommateur et le Code
criminel aussi, il faut le dire, il existe toujours pour tout le monde...
M. Danis: Oui.
M. Trudel: Abus de confiance, c'est au Code criminel, ça;
fausses représentations, c'est au Code criminel. Est-ce que vous jugez
ces lois et les dispositions légales actuellement dans nos lois
suffisantes pour protéger les consommateurs des abus possibles dans ce
secteur comme ailleurs?
M. Danis: II y aurait sans doute quelques modifications à
apporter. J'aimerais céder la parole à Me Piette,
là-dessus.
Mme Taché-Piette (Louise): À certains
égards, oui, je pense qu'il y a des dispositions qui sont très
intéressantes, notamment en ce qui concerne la publicité,
notamment en ce qui concerne les contrats qui peuvent lier les clients à
certains intervenants. La Loi sur la protection du consommateur constitue
vraiment un cadre qui est très intéressant et qui peut
s'appliquer à plus d'organismes, à plus de groupes de personnes
et certainement à plusieurs groupes d'intervenants.
Est-ce que la Loi sur la protection du consommateur peut convenir
à tout le monde? Elle ne peut certainement pas convenir aux
professionnels. Je pense que, dans la mesure où l'exercice d'une
profession comporte des dangers particuliers, il est important qu'on conserve
les lois professionnelles et le Code des professions avec la protection qu'ils
impliquent et qu'ils prévoient. Mais, pour certaines autres
activités qui comportent moins de dangers, ça me semble
évident que la Loi sur la protection du consommateur est
adéquate.
M. Trudel: Très bien.
Mme Taché-Piette: On pourrait certainement
l'élargir encore davantage et lui faire couvrir plus
d'activités.
M. Trudel: C'est une bonne base, vous dites... Mme
Taché-Piette: Oui.
M. Trudel: ...mais il faudrait renforcer un certain nombre de
dispositions pour s'assurer que...
Mme Taché-Piette: Oui.
M. Trudel: ...c'est plus et anche...
Mme Taché-Piette: C'est ça.
M. Trudel: ...spécifiquement dans le domaine des
thérapies relatives à la santé.
Mme Taché-Piette: Mais c'est certainement un cadre
intéressant, oui.
Le Président (M. Philibert): Alors, le temps qui nous
était réservé est maintenant épuisé. S'il y
a des considérations de dernière minute...
M. Trudel: Bien, je vais en profiter, M. le Président,
pour vous remercier, vous souhaiter bonne rentrée en septembre, la
première au niveau universitaire, dans une très bonne
université. Je n'y suis pas, malheureusement, docteur; je ne suis que
maître de l'Université du Québec à
Trois-Rivières. Mais sans l'ombre d'un doute vous allez trouver
là une équipe extrêmement compétente pour faire en
sorte que vous allez pouvoir continuer à contribuer au mieux-être
des Québécois d'une façon différenciée de la
médecine traditionnelle.
Le Président (M. Philibert): Vous me permettrez d'ajouter
que le député de Trois-Rivières est passé
maître pour travailler dans le développement des dossiers de
l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Et, M. le Président,
pour ne pas être en reste, je peux vous dire que je suis le seul, autour
de cette table, diplômé de l'Université du Québec
à Trois-Rivières.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Et là, on revient...
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
Le Président (M. Philibert): Alors, sur ce...
M. Côté (Charlesbourg): Non, on n'a pas fini, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Allez-y.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous remercier.
Même si cet échange a été un peu plus viril, le fond
était là. Je pense que ça permet de faire progresser les
choses. Je sais que vous aurez un oeil très ouvert sur ce qui va se
passer, en pensant qu'à la fin, finalement, on poursuit à peu
près tous les mêmes buts: éviter que le public soit entre
des mains de charlatans, et qu'on y mette les exigences qu'il faut pour que les
thérapies alternatives s'implantent de bonne manière. Avec la
formation qu'il faut, avec l'encadrement qu'il faut, je pense qu'on finira par
réussir. En terminant, je veux vous dire que je suis celui qui a aussi
signé l'avis quant à l'enseignement de la chiropractie à
Trois-Rivières. Je l'ai fait avec grand plaisir et,
inévitablement, du fait que j'avais signé, j'attendais la
réaction d'Augustin. Merci bien.
Le Président (M. Philibert): Merci. J'appelle maintenant
le Centre d'études et de documentation homéopathiques. Alors, je
vous invite, pour les fins du Journal des débats, à vous
identifier et à procéder à la lecture de votre
mémoire.
Centre d'études et de documentation
homéopathiques
M. Picard (Philippe): Merci. M. le ministre, M. le
Président, mesdames, messieurs, je m'appelle Philippe Picard. Je suis
docteur en médecine et je suis coordinateur ou coordonnateur, si vous
voulez, de l'enseignement du CEDH Canada. CEDH veut dire Centre d'études
et de documentation homéopathiques. J'utiliserai le sigle CEDH, ce sera
plus court.
Comme ma fonction l'indique, je coordonne l'enseignement. Nous avons
quatre départements différents s'adressant à des
corporations professionnelles différentes. Je vais vous citer les noms
des responsables de ces départements. Bien qu'ils ne soient pas avec
moi, ils sont à côté de moi en pensée, ils me
soutiennent puisque je suis tout seul, au front, aujourd'hui. Responsable de
l'enseignement médical, Dr Ginette Varin, qui est une omnipraticienne
québécoise de Cookshire; responsable de l'enseignement
pharmaceutique, M. Yvan Bourgault, qui est pharmacien de l'industrie;
responsable de l'enseignement vétérinaire, Dr Andrée
Ledoux, qui est vétérinaire à Québec; responsable
de l'enseignement dentaire, Hervé Cocaud, qui est dentiste à
Hull. Nous envisageons, dans les mois qui viennent, d'ouvrir l'enseignement aux
chiropraticiens et aux infirmières, d'adapter cet enseignement, et
à d'autres corporations si elles le souhaitent, bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Si j'ai bien compris,
adapter aux chiros, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picard: Je n'avais pas commencé le débat,
mais... J'ai, en effet un peu tiqué sur ma chaise tout de suite. Enfin,
bon. Rassurez-vous tout de suite: je souhaite qu'on passe une heure ensemble de
détente. Je suis tout seul et mon intervention va être en
dehors du fait que je vous remercie de l'honneur que vous me faites de
m'écouter, d'avoir choisi le «rapport» du CEDH une
intervention basée sur l'information. Je suis, depuis hier matin, en
train de suivre les débats de façon extrêmement attentive.
J'ai entendu parler d'information, de formation, de comment on fait, quel est
le niveau, est-ce que les gens sont assez pointus, ceci, cela.
Pour ce qui a trait à l'homéopathie, je pense que le
CEDH... De temps en temps, je parlerai à la première personne
parce que je suis très, très impliqué depuis 25 ans, 30
ans maintenant dans l'histoire du
CEDH et, automatiquement, je déborde un petit peu; dès que
je parle d'homéopathie, je me passionne. Vous n'oublierez pas de me
couper si je parle trop longtemps parce que je suis d'origine française
et, comme tout Français, je placote un peu longtemps par moments.
Information sur ce qui se passe au niveau de l'enseignement de
l'homéopathie et qui me paraît important au Québec depuis
quelques années. Il y a quelque chose qui se passe au Québec; ce
n'est pas quelque chose qui vient d'arriver la semaine dernière sous
l'effet de la mode. Depuis 1984, le CEDH est là. Alors, il a
été nommé CEDH Canada au cas où ça se
développe ailleurs qu'au Québec, mais l'essentiel de l'action du
CEDH se fait au Québec. Et puis information sur le plan
général, sur l'homéopathie en général, et
là je vous laisserai le choix de me poser toutes les questions que vous
voulez, sur l'homéopathie, sur sa place dans la thérapeutique, sa
situation, enfin, sa définition, si vous voulez. J'ai remarqué
que ce n'était pas toujours très facile d'entendre des
définitions précises. (17 h 20)
Je témoigne simplement d'un fait qui correspond à ma
façon d'avoir vécu. Je suis un médecin normal qui a
pratiqué l'homéopathie quand même pendant 25 ans, en
pratique quotidienne. J'ai été impliqué dans tout un tas
de dossiers au niveau français et européen. Je vis ici. Je
travaille pour des Québécois. Ce sont des Québécois
qui font le travail, mais je les aide à mettre en place un certain
nombre de choses. Mon âme est au Québec. Comme tous les
Français, bien sûr, je suis en amour avec une
Québécoise, ce qui est normal. Bon.
Je vais simplement vous dire, vous lire, pour les gens qui n'ont pas mon
mémoire, ce que le CEDH Canada, d'une part, est, ses objectifs et,
ensuite, ce qu'il a pu réaliser ici. Donc, il est présent au
Québec depuis 1984 et il propose aux différents professionnels de
la santé une structure d'information et d'enseignement de
l'homéopathie. Il contribue également à la recherche sur
l'homéopathie au plan scientifique et socio-économique. Son
action actuelle est centrée sur la formation des professionnels de la
santé membres d'une corporation existant déjà: les
médecins, les pharmaciens, les vétérinaires et les
dentistes. Il est prévu d'ajouter, éventuellement, les chiros et
les infirmières, comme je vous l'ai dit.
La spécificité, qui est liée à son
historique, du CEDH, c'est d'enseigner exclusivement l'homéopathie en
tant que technique de soins et en tant que conception particulière de la
santé et de la maladie. C'est un choix volontaire de ne pas
intégrer d'autres thérapeutiques alternatives dans l'enseignement
que l'on fait pour des raisons de rigueur. Quand on apprend une méthode,
une technique, il faut les apprendre une par une. On n'apprend pas à
jouer du piano en même temps qu'on apprend à jouer de la guitare.
On peut apprendre le solfège en même temps, tout seul, mais,
ensuite, l'instrument est différent. Cette rigueur indispensable permet
d'éviter, aussi bien au niveau de l'enseignement que de la pratique, ce
qu'on appelle la «cafouillothérapie», c'est-à-dire le
mélange de thérapies plus ou moins bizar- roïdes les unes
par rapport aux autres, sans grande méthode de prescription. C'est une
spécificité du CEDH. Ça ne veut pas dire qu'on ne
reconnaît pas l'intérêt des autres thérapies
alternatives, que ce soit la phyto et les approches différentes dont on
a parlé et dont on parlera encore. Ça veut dire qu'au niveau de
l'enseignement le CEDH enseigne l'homéopathie et pas autre chose.
D'accord?
Dites-vous également que je vous parle de ce qui me paraît
le plus souhaitable pour un médecin. Étant docteur en
médecine, je suis, bien sûr, marqué à l'encre rouge
et il y a pas mal de gens qui pensent que je ne peux pas comprendre la
globalité d'un individu, mais j'essaie de voir ce qui est
intéressant pour le patient, parce que c'est quand même le patient
qui est au centre des discussions, il ne faut pas l'oublier. Enfin, on ne
l'oublie pas, bien sûr, mais c'est quand même le patient qui est au
centre des problèmes et il faut voir ce qui est intéressant pour
lui et sans danger.
Donc, les objectifs de l'enseignement, c'est de donner à chaque
praticien, à l'intérieur de sa corporation, les moyens
d'utiliser, dans le champ d'action qui est le sien, l'homéopathie
à un certain niveau. C'est une question de niveau de compétence
et ce sera différent, le niveau d'utilisation de l'homéopathie,
selon la pratique que l'on a de façon quotidienne. De même, on
peut faire de l'automédication homéopathique; comme on prend
certains médicaments homéopathiques pour des choses courantes
dans la journée. Comme on peut prendre des médicaments classiques
en automédication, il est possible de le faire en homéopathie,
à la condition de connaître bien ses limites.
Le pharmacien, lui, aura un rôle de conseiller en
homéopathie pour les gens qui viendront lui demander des renseignements
sur l'homéopathie et éventuellement quelques soins du même
genre. Le médecin pourra utiliser l'homéopathie, parce qu'il
existe une homéopathie médicale. Au Québec, le
problème n'est pas près d'être résolu, mais on peut
pratiquer de l'homéopathie en étant médecin, dans un
certain nombre de pathologies, si vous voulez, y compris lésionnelles,
mais, ça, c'est une autre question.
Les vétérinaires, eux, utilisent l'homéopathie de
plus en plus, au Québec, parce que leur corporation a pris une position
extrêmement claire et très intelligente, à mon avis, ce qui
ne veut pas dire que les autres positions ne sont pas intelligentes. Je veux
dire que celle-ci est claire, tout au moins, ça a l'avantage
d'être clair. On leur dit: Écoutez, vous êtes des grands
jeunes gens, vous avez fait de belles études, vous avez
été sélectionnés, ça a été
très difficile, vous avez été reçus, vous
connaissez votre métier. Faites votre métier et, si vous voulez
faire de l'homéopathie en plus, on ne vous tapera pas sur les doigts,
sauf si vous avez fait une erreur professionnelle. Ca me paraît clair et
lumineux. Si tout le monde pouvait fonctionner comme ça, ce serait
très bien.
Alors, au Québec, qu'est-ce qu'on a fait? De 1984 à 1988,
les cours de formation du CEDH ont été dispensés en
collaboration avec l'AMHQ, l'Association de
médecine holistique du Québec dont on a entendu le
«rapport» ce matin avec mon ami Jean Drouin, et il y a un certain
nombre de gens de l'AMHQ, d'ailleurs, qui sont diplômés du CEDH.
C'est peut-être pour ça qu'ils ont de bonnes visions des choses,
je n'en sais rien. Tout ça a été fait dans le cadre
d'enseignements privés. Depuis 1988, l'AMHQ a demandé au CEDH de
se débrouiller tout seul, si je puis dire, pour ne pas être trop
marquée par l'image d'une association qui serait centrée sur
l'homéopathie. Vous aurez remarqué, ce matin, que Jean a dit: On
promeut un concept, une approche, sans privilégier une approche
particulière. Donc, si vous voulez, l'homéopathie est une des
approches qui peuvent être à l'intérieur du mouvement
holistique.
Actuellement, les cours sont dispensés au Québec par des
praticiens québécois qui ont une expertise théorique et
pratique de l'homéopathie, pour ceux qui enseignent actuellement, depuis
maintenant une huitaine d'années. Pour chaque professionnel de la
santé, on adapte donc la formation. Le modèle suivi pour les
médecins est celui qui est le plus proche de ce qu'on fait en France,
qui correspond à un diplôme universitaire en France. Alors, on
propose ce genre d'enseignement dans le cadre d'un enseignement privé
puisque, pour l'instant, il n'y a rien d'officiel. On le propose et, en
l'adaptant à la pratique québécoise, on suit sensiblement
ce qui est officiel, si vous voulez, à l'Université de Bordeaux,
en France, et dans six autres universités françaises.
Pour les pharmaciens, nous avons fait des séminaires
d'introduction et de perfectionnement à la pratique homéopathique
à la pharmacie dans le cadre de la Faculté de pharmacie de
Montréal et de l'extension de l'enseignement de l'Université
Laval. Je précise tout de suite que ça ne veut pas dire que la
Faculté de pharmacie de Montréal ou l'Université Laval
cautionnent l'homéopathie. Ça veut dire que, puisque le public
vient demander au pharmacien, qui est en première ligne: Dites donc,
vous n'auriez pas un truc homéopathique et qu'est-ce que c'est que
l'homéopathie? le pharmacien est bien obligé de répondre
et ça veut dire qu'il faut qu'il soit informé. L'Ordre des
pharmaciens a conseillé aux pharmaciens de se renseigner, de s'informer,
mais les cours qu'on donne à Laval et à Montréal ne sont
pas des cours officiels, si vous voulez, ce sont des cours infor-matifs.
En dehors de ça, sur le plan du CEDH lui-même, nous faisons
passer un examen qu'on appellera national, si vous voulez, qui est un examen
annuel, écrit et oral, qui aboutit à la délivrance, pour
les médecins et les vétérinaires, d'un diplôme de
thérapeutique homéopathique qui est l'équivalent du
diplôme universitaire d'homéopathie et de thérapeutique
homéopathique délivré en France de façon officielle
et dans d'autres pays d'Europe où il y a une équivalence, si vous
voulez, au niveau de la qualité du diplôme, puisqu'il y a des
gens... Enfin, moi, je fais partie de l'équipe des examens, bien
sûr, mais c'est aussi fait par les Québécois qui ont
été formés de cette façon-là.
Pour les pharmaciens et les dentistes, on délivre un
diplôme de conseiller en homéopathie du CEDH, de façon
à éliminer pour l'instant le problème du diagnostic. Vous
savez qu'en principe un pharmacien n'a pas le droit de faire de
thérapeutique. Si on met le mot «thérapeutique»
quelque part, ça veut dire qu'il a fait un diagnostic médical et
qu'il fait une thérapeutique. Donc, il est sous le coup de la loi. Le
fait d'être conseiller en homéopathie, c'est autre chose; c'est
pouvoir donner un conseil de santé à quelqu'un qui vient le
demander dans l'exercice de la pratique normale d'un pharmacien. D'accord?
Voilà ce que j'ai à vous dire.
Je vous donne simplement quelques chiffres pour terminer. Au niveau
pharmaceutique, depuis 1984, on a formé 467 pharmaciens, peut-être
un peu plus, je n'en sais rien; au niveau de l'enseignement médical, 115
médecins ont suivi les cours du CEDH; au niveau
vétérinaire, 14 seulement. Vous me direz que, 14, ce n'est pas
beaucoup, mais il y a moins de vétérinaires que de
médecins. L'enseignement vétérinaire, pour moi, est tout
à fait important pour l'homéopathie parce que, d'une part, il
permet de mettre un peu de côté ce qu'on reproche trop souvent
à l'homéopathie, c'est-à-dire l'histoire de l'effet
placebo. L'effet placebo sur un chien ou une vache ou un chat, ça peut
exister, si vous voulez, mais c'est quand même nettement diminué,
y compris sur la diarrhée du veau, si vous voulez, quand il naît,
quand il a un jour; l'effet placebo sur un veau d'un jour, on peut toujours en
discuter. En plus, les vétérinaires apportent
énormément à la connaissance de l'homéopathie. Au
niveau dentaire, 29 dentistes ont suivi la formation homéopathique du
CEDH.
Pour terminer, je vous dis simplement que, quand je vous parle du CEDH,
je vous parle d'une des écoles qui parlent d'homéopathie
historiquement, puisque le CEDH est né en 1972, j'étais à
la fondation du CEDH en 1972, le CEDH parle de l'homéopathie historique,
si vous voulez. Il parle de l'homéopathie discutable,
c'est-à-dire qu'on peut discuter, c'est-à-dire qu'il y a une base
à l'homéopathie qui est une base scientifique basée sur un
principe de biologie tout à fait simple et, ensuite, il y a aussi une
conception particulière de la santé et une conception
particulière de la maladie. Autrement dit, il y a les deux en même
temps. Il y a à la fois un médicament et une façon de
réfléchir pour trouver le médicament et pour
appréhender le malade dans son ensemble. Ça, c'est une position
qu'a le CEDH; ça permet d'éviter les conflits d'écoles, si
vous voulez. Il faut savoir également qu'il y a un certain nombre
d'écoles qui pensent que l'homéopathie est une philosophie a
priori et que tout ce qui découle de la philosophie fait partie de la
philosophie homéopathique. Voilà. Je pourrais être un peu
plus long, mais, enfin, je vais répondre à vos questions, si vous
en avez.
Le Président (M. Philibert): Merci, M. Picard, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Lorsque je vais à l'annexe I de votre document et que
je regarde l'enseignement universitaire en France...
M. Picard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...on constate que c'est
quand même relativement jeune.
M. Picard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): On parle de 1981, 1983, 1984
et ainsi de suite. Donc, c'est à ce moment-là que, en France, on
l'a introduit au niveau universitaire et donc reconnu.
M. Picard: Exact. (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Ma question est toute
simple: Qu'est-ce qui fait que ce n'est qu'au début des années
quatre-vingt que l'on a introduit en France le cours universitaire? Parce qu'on
conviendra tous que la formation de base, c'est l'essentiel.
M. Picard: Absolument. Alors, là, il y a une
réponse qui est simple, puis une qui est plus compliquée. Moi,
celle qui m'intéresse beaucoup, c'est la compliquée parce que
ça a trait aux faits sociaux et aux faits historiques.
La réponse simple, c'est que l'enseignement de
l'homéopathie du CEDH qui est rentré dans les universités
en France, il existait depuis 1970, si vous voulez, et la qualité
humaine des professionnels, des gens qui le faisaient dans les
différents endroits de France où ça se faisait a fait que
c'étaient des universitaires qui faisaient de l'homéopathie. Ils
avaient des amis universitaires dans l'université et puis ça a
mis quelques années avant que les conseils de facultés
décident que l'enseignement de l'homéopathie allait rentrer
dedans, autour des années quatre-vingt. Alors, le tour des années
quatre-vingt, ça a correspondu, en France et en Europe, à une
espèce de démarrage de l'homéopathie qui s'est fait vers
1975, si vous voulez. Il y a quelque chose d'important, c'est qu'il semble
j'en ai l'impression que le rôle des universitaires a
été très, très important pour l'acceptation de
l'homéopathie, c'est-à-dire que les professeurs
d'université, sous la pression de leurs étudiants, d'ailleurs,
dans bien des cas, ont dit: Écoutez, nous, on ne va pas se contenter de
penser que l'homéopathie ne marche pas, on veut voir.
Le fait historique qui peut exister, c'est que vous vous rappelez comme
moi que, mai 1968, en France, ça a été une époque
où il y a eu de grosses bagarres. Il ne faut pas oublier, non plus, que
les professeurs agrégés, en 1975, 1980, c'était qui?
C'étaient les étudiants des barricades de 1968, c'étaient
des gens qui étaient dans le système, dans l'establishment 10 ans
après et qui ont retrouvé une occasion, dans une certaine mesure,
de rigoler un petit peu, de contester un petit peu. Alors, certains ont
contesté intelligemment et, comme ils ont vu que ça marchait dans
un certain nombre de cas, ils ont continué. C'est une explication qui
est la mienne; elle n'est pas forcément fausse, elle n'est pas
complètement vraie, non plus.
Il y a également eu le fait que la population l'a demandé.
Vous parliez des courants sociaux, quand quelque chose change dans la
conception de la santé. L'histoire de l'homéopathie est une
histoire assez extraordinaire. Elle suit les Courants des grands mouvements
sociaux en Europe, par exemple; la montée de l'homéopathie
à la fin du XIXe siècle, ça a suivi le courant des
utopistes socialistes, Saint-Simon, Fourier et les autres, et ça a suivi
des demandes particulières du public. C'est redescendu après, au
début du XIXe, et puis c'est remonté ensuite. Il y a eu des
mouvements comme ça de yin et de yang. C'est, en effet, un peu jeune,
10, 12 ans, mais ça existait depuis longtemps. Je réponds
à votre question?
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, en tout cas,
c'est une explication qui me semble valable.
M. Picard: Elle doit être fausse, mais elle est
valable.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas
nécessairement fausse parce que j'ai fait partie de l'époque des
contestataires de 1968. Alors... Comment?
M. Trudel: Ça fait longtemps que tu es contestataire.
M. Côté (Charlesbourg): Pas mal, pas mal.
M. Picard: Et ça ne vous paraît pas absurde, ce que
je vous dis, là?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas du tout, pas du
tout. Deuxième petite question. Dans la présentation, on retrouve
des notes qui disent que «le Centre d'études et de documentation
homéopathiques a été fondé en France en 1972,
à l'initiative des deux plus grandes compagnies pharmaceutiques».
Oh! Je ne les nommerai pas, là.
M. Picard: Je peux vous les nommer, si vous voulez.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, pas de
problème. De toute façon, ils sont dans le document. Bon. Je me
dis: On trouve qu'on a passablement de pilules au Québec
j'imagine que c'est la même chose en France ou en Europe qu'on
traite pas mal par le chimique. Quand je vois l'intérêt de
compagnies pharmaceutiques dans l'homéopathie, je me dis: Est-ce qu'on
n'est pas après créer, dans un autre monde, ce que l'on
dénonce dans le monde que nous vivons aujourd'hui, le traitement par la
pilule, puis que l'intérêt des compagnies pharmaceutiques est de
vendre des pilules sous un autre vocable qui serait, probablement, beaucoup
plus humain, davantage du courant social d'aujourd'hui?
M. Picard: II est bien évident que je m'attendais à
votre question. Je n'ai aucun problème. J'aurais dû
spécifier que c'étaient des compagnies pharmaceutiques
homéopathiques. Ce sont des gens qui fabriquent uniquement des
médicaments homéopathiques et qui distribuent uniquement des
médicaments homéopathiques. C'étaient les deux grandes
compagnies de l'époque en France, qui ont fusionné ensuite. C'est
exclusivement de l'homéopathie. D'accord? Ce matin, les
phytothérapeu-tes vous disaient: Bien, nous, on ne prend pas de
consultation, puis on vend nos produits et nos produits sont faits par une
compagnie pharmaceutique dont le président était là. C'est
sur le même système, sauf qu'il y a plusieurs compagnies
pharmaceutiques homéopathiques qui fabriquent du médicament
homéopathique et qui le distribuent. Ça, c'est très clair
depuis le départ, si vous voulez.
Mais pourquoi? Parce que, en 1972, le CEDH a été
créé pour donner une information et un outil
supplémentaires aux médecins qui voulaient se renseigner sur
l'homéopathie pour voir, dans leur pratique quotidienne, comment
ça allait pouvoir fonctionner. Qui voulez-vous qui paie ça?
Alors, je ne vous dis pas que c'est évangé-lique et puis que
c'est de la philanthropie pure et simple. C'est bien évident. Enfin, on
ne peut pas reprocher ça à l'homéopathie quand on voit ce
qui se passe ailleurs, si vous voulez. Donc, que les laboratoires, qui
étaient d'ailleurs ingénieux à ce moment-là, en
regroupant des intérêts économiques à 50-50 pour ne
pas qu'il y ait de pressions d'un côté ou de l'autre, aient
créé un centre d'information qui, ensuite, s'est
développé, ça ne me paraît pas forcément
malsain, si vous voulez.
Il y a une chose qui est très importante et, moi, je ne
travaillerais pas au CEDH s'il y avait une pression financière de la
part de ces laboratoires-là sur moi c'est qu'intellectuellement
on n'a jamais aucun, aucun problème par rapport à ce qu'on dit
dans nos cours. Et, moi, même s'il y a des arrangements, d'une certaine
façon, avec ces laboratoires pharmaceutiques, je ne fais jamais un cours
d'homéopathie dans lequel je parle d'une spécialité
homéopathique dans mon cours lui-même. Que j'en parle dans les
couloirs si les gens me posent des questions, c'est une autre histoire, mais
j'ai suffisamment la réputation de ne pas avoir très bon
caractère pour vous dire que je ne peux pas travailler dans ces
conditions-là si j'avais une pression là-dessus. Le CEDH
je vais dire quelque chose qui n'est pas forcément gentil c'est
peut-être une des rares écoles qui soit la moins
commercialisée, si vous voulez.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'à votre
point de vue, pour pratiquer l'homéopathie, il faut être un vrai
médecin, au sens...
M. Picard: Un vrai médecin?
M. Côté (Charlesbourg): ...véhiculé
chez nous?
M. Picard: Oui, je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai un pharmacien à
côté de moi.
M. Picard: Oui. Quel type d'homéopathie? C'est ça,
si vous voulez. Moi, je reviens quand même à une petite
définition: l'homéopathie, qui est une façon de soigner
particulière, va utiliser des médicaments sous forme de granules,
qui sont préparés d'une certaine façon et qu'on choisit
avec un raisonnement particulier, dans un secteur d'activité
particulier, et avec un raisonnement, également, pour prendre, en
principe, en compte l'ensemble de la réaction du sujet en
général. Donc, si vous voulez, l'homéopathie, comme
concept et comme utilisation, c'est tellement vaste qu'on peut l'appliquer
à différents niveaux et on va l'appliquer à
différents nvieaux selon ce qu'on est capable de faire. C'est là
qu'il faut faire de l'information et qu'il faut, je dirais, que chaque personne
prenne conscience de ses limites. On peut donner des limites aux gens quand on
fait de l'automédication, quand on fait de l'information et autres. On
peut donner des limites, mais, si les gens ne veulent pas les respecter,
qu'est-ce que vous voulez y faire? C'est là qu'il faut faire confiance
à l'intelligence humaine, qu'il faut faire confiance à
l'information au niveau des gens.
Pour répondre à votre question, ce n'est pas du tout
obligatoire d'être médecin pour pratiquer l'homéopathie
dans un certain nombre de cas. Alors, je m'entends. Pour des choses banales,
quand vous prenez, dans une pharmacie en OTC, un médicament je ne
vais pas citer de nom, mais, enfin, des formules chimiques,
acétaminophène, etc., si vous voulez vous n'avez pas fait
un acte médical, vous le prenez sur la tablette, comme ça. Eh
bien, on peut le faire également avec des médicaments
homéopathiques en automédication. Je sais que certains
homéopathes un peu idéalistes vont dire: Picard, il est fou; il
dénature l'homéopathie et il la réduit, et puis ceci, et
puis cela. Mais, ça, c'est la vie courante, c'est comme ça que
ça se passe. Quand les gens ont les bleus, quand ils se tapent, ils
prennent Arnica en dilution homéopathique et les bleus évoluent
plus vite et ça va mieux. On n'a pas besoin d'avoir fait 15 ans
d'études pour le savoir. On a le devoir, en tant que médecin, en
tant que professionnel de l'homéopathie, de le dire aux gens,
ça.
Ensuite, au niveau du pharmacien, vous le savez comme moi, je ne sais
pas si ça vous intéresse, mais le conseil du pharmacien en
homéopathie, il va être dans le cadre de ce qui est sa
compétence professionnelle. Alors, si l'homéopathie
l'intéresse, il va aller suivre des cours de formation et puis il va
voir comment il peut intégrer ça à son conseil. Mais il ne
fait pas une homéopathie médicale. Par contre, s'il y a un
diagnostic absolument indispensable à poser, je prends le cas d'une
hypertension artérielle, par exemple, et qu'on peut soigner
conjointement avec des médicaments homéopathiques et, bien
sûr, la médecine conventionnelle, là, il faut un suivi et
un contrôle d'un médecin qui connaisse l'homéopathie de
préférence, bien sûr, s'il y a un traitement
homéopathique en même temps. Donc, vous voyez, ce n'est pas
absolument obligatoire. Oui.
M. Paradis (Matapédia): Je voudrais peut-être
ajouter. Au moment même où l'Ordre des pharmaciens, et
même c'est un très large consensus des pharmaciens
eux-mêmes, veut essayer de freiner, justement, l'automédication et
de rapatrier derrière le laboratoire beaucoup de produits...
M. Picard: Oui.
M. Paradis (Matapédia): ...est-ce que vous êtes en
train de me dire que, vous, vous voulez libéraliser l'accès aux
médicaments? (17 h 40)
M. Picard: Alors, l'Office des professions et différentes
personnes, on donnait comme conseil de mettre les médicaments
homéopathiques en vente libre et de les distribuer un peu partout, si
vous voulez. Ça, c'est une décision qui ne m'appartient pas, ce
n'est pas à moi d'intervenir là-dedans. Je peux vous donner mon
opinion en tant que médecin ayant pratiqué l'homéopathie.
C'est qu'un médicament homéopathique n'est pas toujours pas
dangereux, ce n'est pas vrai. Il y a certains médicaments
homéopathiques qui peuvent être dangereux. Je vous donne un
exemple simple: il y a des venins de serpent qu'on utilise en dilution
homéopathique qui peuvent modifier le taux de prothrombine,
c'est-à-dire modifier la coagulation du sang chez quelqu'un qui est sous
anticoagulant. Alors, c'est là qu'on s'aperçoit que,
l'homéopathie, ce n'est pas de l'eau sucrée, que ce n'est pas une
histoire, comme ça, pour faire rire les gens.
Donc, il y a, en effet, un besoin d'information absolu. Il y a des
médicaments homéopathiques qui ne devraient pas être en
vente libre. Ça, j'en suis absolument persuadé, mais il y en a
d'autres qui peuvent l'être sur le conseil du pharmacien, d'autres qui
doivent être derrière le comptoir, vraisemblablement, et d'autres
qui peuvent être comme des spécialités qui peuvent
être en vente libre, comme ça. Pourquoi pas?
Mais, là, je parle de la vie, je ne parle pas de ce qui serait
faisable, si vous voulez. L'Ordre des pharmaciens, quand il parle
d'automédication, il parle d'une automédication allopathique.
Moi, quand je vous dis automédication, je dis automédication
homéopathique. Pour ceux que ça intéresse, j'ai
écrit un bouquin là-dessus, je ne l'ai pas amené. Je n'ai
pas eu l'impudeur de vous l'amener. Mais, si on donne bien les limites aux
gens, toute mère de famille ou tout père de famille qui a des
enfants qui ont mal aux oreilles a forcément utilisé, un jour, de
l'homépathie tout seul. Un enfant qui a des poussées dentaires,
je ne connais personne qui n'a pas essayé certain médicament
homéopathique là-dessus et qui ne l'a pas vu marcher.
M. Paradis (Matapédia): Je voulais quand même mettre
en relief le fait que, même si on peut qualifier ça de
médecine alternative ou de thérapie alternative, ce n'est pas
sans danger et il faut être restrictif pour l'accès à ces
médicaments-là...
M. Picard: Je pense, oui.
M. Paradis (Matapédia): ...même si on ne les appelle
pas médicaments, jusqu'à un certain point.
M. Picard: Oui, c'est ça. J'utilise le terme
«médicament» volontairement parce que ce n'est pas
très habituel qu'on parle de médicament quand on parle
d'homéopathie. C'est un médicament. Ça a des DIN.
Ça porte des DIN, des Drug Identification Number. C'est un
médicament. Alors, qu'on en conteste la réalité ou pas,
c'est une histoire, ça. Moi, je suis d'accord avec vous qu'il faut faire
attention à l'utilisation des produits homéopathiques, ce n'est
pas sans danger, de même que la phytothérapie n'est pas sans
danger. Quarante grammes de certaines substances phytothérapiques qui
contiennent des alcaloïdes peuvent être dangereux, c'est bien
évident. 70 % des médicaments classiques sortent de la
phytothérapie, enfin, des plantes de façon directe ou indirecte,
par synthèse ou hémisynthèse. Donc, c'est un faux
débat, tout ça. Le pétrole aussi, c'est naturel.
M. Paradis (Matapédia): Oui, sauf que, si on est ici,
c'est parce qu'on veut encadrer...
M. Picard: Voilà!
M. Paradis (Matapédia): ...des thérapeutes, on veut
encadrer la pratique de certaines thérapies pour ne pas laisser à
n'importe qui le soin d'utiliser ces thérapies. Si la pharmacie a
évolué, si la pharmacologie a évolué, puis que de
plus en plus on a un code de déontologie sévère, c'est
parce qu'on en sent le besoin du côté médical, du
côté médicament, et c'est la même chose pour
vous.
M. Picard: Absolument.
M. Paradis (Matapédia): C'est ça que je voulais
mettre en relief.
M. Picard: Je le comprends bien. D'ailleurs, le propos du
mémoire que nous avons déposé, c'est pour vous dire qu'il
y a quelque chose de sérieux qui existe, qui a une expertise, qui a
été fait ailleurs et qui se fait ici et qui marche bien, qui
semble bien marcher. Je ne vous l'ai pas dit, mais, dans les cours qu'on fait,
notamment pour les pharmaciens, on a des évaluations avec des taux de
satisfaction de plus de 90 %. Bon, vous me direz que, les chiffres, on peut
toujours les discuter.
M. Paradis (Matapédia): J'ai quelques pharmaciens qui
travaillent pour moi, que vous avez convertis, effectivement.
M. Picard: Ah! Je ne les ai pas convertis. Je les ai
informés. Ha, ha, ha! Alors, il se trouve que, peut-être du fait
que je suis passionné, ça a peut-être fait bouger des
choses ailleurs. Mais, enfin, je vous en remercie. Ça démontre au
moins que je sais de quoi je parle. Merci.
M. Paradis (Matapédia): Au plaisir!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Maintenant, je reconnais M. le député de
Rouyn-Noran-daTémiscamingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Bienvenue, docteur et
cher homéopathe. C'est comme ça qu'on vous appelle. Je note,
d'abord... Non, une petite question d'information, d'abord. En fait, vous
êtes une maison privée...
M. Picard: Oui.
M. Trudel: ...de formation qui, en quelque sorte, a
contribué, dans le cadre des curriculums universitaires au
Québec, à la formation en homéopathie sur appel, disons,
des facultés, soit en pharmacologie, soit en pharmacie ou en
médecine. C'est exact, ça?
M. Picard: Non, pas en médecine. Ça a
été à la demande de... Notre action principale s'est faite
au niveau de l'extension de l'enseignement de l'Université Laval pour
l'École de pharmacie. C'est surtout là qu'on a cette ouverture.
Pour la Faculté de pharmacie de Montréal, ça a
été fait. Pour l'instant, je ne vous en parle pas parce qu'il y a
des réponses qui vont être données dans les jours qui
viennent. Mais, pour les médecins, non, on n'a aucune ouverture. Donc,
on fait un enseignement privé, on propose un enseignement privé
le programme est d'ailleurs dans les annexes que je vous ai
données ici qui est un enseignement CEDH, si vous voulez,
adapté aux médecins, et aux omnipraticiens
québécois.
M. Trudel: Si bien que les médecins qui sont
homéopathes au Québec, c'est parce qu'ils ont
décidé d'aller chercher dans le secteur privé une
formation.
M. Picard: Absolument, que ce soit chez nous ou ailleurs. Il y a
d'autres écoles d'homéopathie, bien sûr. Au CEDH, pour le
dernier cours des médecins, on a eu des crédits. Nous ont
été accordés des crédits de la FMOQ, de la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
qui a donc accordé des crédits pour cet
enseignement-là.
Pour les vétérinaires, par contre, ce n'est pas en accord
avec la faculté de Saint-Hyacinthe, si vous voulez. C'est simplement le
fait que les vétérinaires qui suivent le cours CEDH dans le
privé ont le droit de dire à leur corporation: On a suivi des
cours, et ça rentre un peu dans leurs crédits de formation
continue, si vous voulez. Mais il n'y a rien d'officiel par rapport aux
vétérinaires.
Là, on est dans une situation où ça se fait
gentiment, tranquillement pas vite en se disant: Bien, est-ce que ces
gens-là sont raisonnables? Je vous donne un exemple. Excusez-moi si je
suis bavard, mais un petit exemple.
M. Trudel: Vous avez l'approche douce. M. Picard: Ha, ha,
ha! On vient... M. Trudel: Le mode alternatif.
M. Picard: ...de commencer un cours pour les
vétérinaires, spécifiquement pour eux, et on a vu arriver
dans la liste des inscrits un professeur de Saint-Hyacinthe. Alors, tout le
monde a grimpé dans les rideaux en disant: Ça y est, bon. Moi,
j'ai dit: Doux, doux, tout doux. Ça ne prouve pas grand-chose.
Peut-être que ce monsieur-là est curieux. En
réalité, il nous a dit carrément, après:
Écoutez, un jour, en discussion comme ça, j'ai dit à mes
collègues: II faudrait peut-être aller voir ce qu'ils racontent,
les gars du CEDH, pour voir si c'est des rigolades. Et puis tout le monde a
dit: Oui, oui, il faut y aller. Qui est-ce qui y va? Personne ne voulait venir.
Alors lui, il a été désigné et il est venu. Il nous
l'a dit, tant mieux. Alors, il vient. Il a l'air d'être plutôt
intéressé. Enfin, je ne veux pas anticiper sur la suite. Il est
plutôt intéressé, ce qui est normal. On lui parle comme
à un être humain. On lui parle comme à un
vétérinaire normal, qui va ajouter quelque chose de
spécial à sa pratique.
M. Trudel: II n'a pas de comportement animal, là.
M. Picard: Ah oui, mais, vous savez, ça se rapproche bien
souvent. Regardez les parallèles entre les animaux et leurs
maîtres, vous verrez un petit peu comment ça se passe. Oui,
excusez-moi.
M. Trudel: À la page 2 de votre document, quand vous
décrivez les objectifs de votre organisation, vous nous dites: C'est de
«donner à chaque professionnel de la santé la
possibilité de se former à l'approche homéopathique et
à sa méthodologie». Dans le paragraphe suivant, vous
utilisez les termes «intégrer l'homéopathie comme outil de
travail». Alors, est-ce à dire que, pour vous, la profession
d'homéopathe, ça n'a pas à exister, ça n'existe
pas? Ce qui existe, c'est une approche à l'intérieur d'une
discipline. Vous comprenez ce que je veux dire.
M. Picard: Je comprends exactement ce que vous voulez me dire.
Ça me gêne beaucoup parce que, sur le fond, je suis d'accord avec
vous, mais je ne voudrais pas être aussi sévère que
ça.
M. Trudel: Moi, il y a un point d'interrogation. Je ne suis pas
sévère, je pose la question.
M. Picard: Non, mais, juste avant moi, j'ai entendu des choses
qui bloquent quelque part, comme ça. On a parlé d'esprit
d'ouverture, d'éviter le monopolistique étroit, ce qu'on veut. Il
ne faut pas faire la même chose avec les homéopathes. Je pense que
l'homéopathie est plutôt une attitude devant les choses de la
médecine
ou devant les choses de la santé, qu'on a ou qu'on n'a pas, si
vous voulez, et qu'on va pouvoir développer au cours de son existence de
pratique professionnelle. C'est une attitude et une conception des choses,
c'est sûr, mais c'est aussi un outil thérapeutique. C'est les deux
en même temps.
C'est-à-dire qu'on n'a pas besoin de se poser des questions sur
le sens de l'existence quand on prend certains médicaments pour soigner
un rhume, par exemple, des médicaments homéopathiques, mais, par
contre, pour soigner la personne qui fait des rhumes à
répétition, dans son environnement socioculturel et
héréditaire, qu'est-ce que vous voulez? biologique, militaire et
le reste, là, on a besoin d'une vision particulière. Et
ça, c'est la vision de l'homéopathe. Et ça, ça ne
peut pas s'apprendre en fin de semaine ou en deux mois ou en trois mois.
Ça va s'apprendre sur quatre ans ou cinq ans de formation, la formation
d'un vrai homéopathe, entre guillemets. (17 h 50)
Mais je ne pense pas, en effet, que ça justifie une corporation
d'homéopathes, si vous voulez. Par contre, un titre d'homéopathe
agréé, agréé du fait de sa compétence
basée sur des critères d'évaluation bien
déterminés, ça, je pense que c'est intéressant, de
même que c'est intéressant d'avoir des critères pour
pouvoir dire: Bien, dans telle corporation professionnelle, telle personne qui
veut avoir une espèce de compétence en homéopathie, si
elle va suivre un cours accrédité dans une école qui est
reconnue comme étant sérieuse, bien, on va considérer
qu'elle peut s'appeler homéopathe agréé à
l'intérieur de notre corporation. C'est un petit peu une des
idées que vous avez données hier matin, je pense, où vous
disiez: Pourquoi ne pas trouver des accréditations d'écoles
privées, ce qui ne coûterait pas cher? Excusez-moi, je ne sais pas
si ça coûterait cher. Je suis un ignare dans ce genre de
domaine.
M. Trudel: Le ministre va vous dire: Quand c'est dans
l'Opposition, ça ne coûte jamais cher.
M. Picard: Mais, si le ministère de l'Éducation,
par exemple, avec le ministère de la Santé disaient, pour
l'instant, avant d'enclencher des choses importantes: Telle école
d'homéopathie ou d'autre chose est accréditée et les gens
qui sortent de là sont des gens qui peuvent se dire homéopathes
raisonnables dans tel domaine de leur pratique, pourquoi pas? Et puis, sur le
plan plus global, vous nous parliez de l'homéopathe plus
homéopathe avec un grand H, si vous voulez, là, je crois qu'il
faut envisager des choses comme l'université pour les chiros. Il faut,
en effet, une base très, très forte, une base très solide
de sciences de la santé et de signes différentiels à ce
qu'on veut. Mais, pour tout le reste, je ne vois pas.
M. Trudel: En fait, ce que vous me dites, c'est que ça
pourrait avoir comme deux paliers, l'agrégation. Suivant que c'est une
formation complémentaire à l'intérieur d'une discipline
scientifique qui porte un titre professionnel déjà reconnu avec
ses exigences en propre et lorsqu'il s'agirait d'être un praticien de
l'homéopathie en soi, là, vous dites que ça nous prendrait
quasiment comme deux séries de normes pour être
agréés.
M. Picard: C'est tout à fait possible. D'ailleurs, il y a
une idée qui me vient. En France, ça n'existe plus maintenant,
mais à une époque, dans certaines spécialités
médicales qu'on fait après avoir fini sa médecine, il y
avait des spécialités où il y avait des compétences
et la spécialité. Je vous donne un exemple: un
gynécologue, par exemple, pouvait être compétent en
gynécologie; ça voulait dire qu'il ne faisait que de la
gynécologie médicale. Il s'occupait des maladies des femmes, des
prélèvements, si vous voulez, mais il ne faisait pas du tout de
chirurgie. Par contre, un gynécologue spécialiste avait le droit
de faire de la chirurgie gynécologique. À un moment donné,
il y avait deux niveaux à l'intérieur de la gynécologie:
il y avait le compétent qui était déjà bien
compétent, qui faisait beaucoup de choses intéressantes, qui
était plutôt vers l'endocrinologie, vers les maladies, puis le
gynécologue chirurgien, si vous voulez, qui était le
spécialiste gynéco. Quelqu'un qui était compétent
en gynéco n'avait pas le droit de se dire spécialiste en
gynéco. Ça pourrait rejoindre ce que vous dites là. C'est
une hypothèse.
M. Trudel: Je fais tout de suite une remarque, c'est que toute
votre vision est empreinte d'un certain réalisme, je trouve...
M. Picard: J'essaie.
M. Trudel: ...c'est-à-dire: N'essayons pas d'inventer un
supermodèle et de créer des choses qui n'ont peut-être pas
besoin d'exister pour reconnaître une pratique professionnelle qui,
d'évidence, correspond à des besoins chez le public, en termes de
façon de traiter à l'aide du chimique et on critiquera
ça dans un autre cadre, s'il y a lieu mais de façon
différente de la pharmacopée habituelle
généralement reconnue en Amérique du Nord et qui donne
lieu à la formation en pharmacie. C'est ça?
M. Picard: Oui, tout à fait. Il est sûr que le fait
que les médecins soient tellement achalés en permanence ou mis
sous la pression, si vous voulez, au niveau de l'homéopathie, ça
ralentit, au fond, la vérification que l'homéopathie puisse
être intéressante, parce qu'il y a beaucoup de médecins qui
ne veulent pas venir apprendre l'homéopathie ou qui voudraient bien et
qui se disent: Je ne veux pas aller dépenser de l'argent pour apprendre
quelque chose qui fait que je vois moins de clients parce que je suis
obligé de passer plus de temps. Je gagne moins d'argent et, en plus, je
vais me faire taper sur le dos par ma corporation. Quel est le genre de saint,
saint François d'Assise ou autre, qui ferait ce genre de chose?
Franchement! Là, il y a quelque chose aussi qui... Ce n'est pas à
moi de juger de ce que fait la Corporation ici, ce n'est pas le
problème, mais ça joue
très certainement. Il suffirait d'un tout petit truc.
L'idée de l'AMHQ, ce matin, l'histoire du moratoire de dire: On va vous
obliger à travailler ensemble, c'est bien parce que ça
éliminerait un petit peu, je dirais, la déception d'un
médecin d'être obligé de travailler avec des
homéopathes, par exemple, si on l'obligeait.
M. Trudel: Là-dessus, on peut peut-être
vérifier par une question prospective. On sait qu'il y a des gens qui
vont venir nous parler, l'Association médicale canadienne, de
l'évaluation des thérapies alternatives avant de... On verra dans
quel cadre, mais, si je comprends bien, dans le cas de l'homéopathie,
parce que vous êtes spécialiste dans ce secteur-là,
ça ne vous apeuré pas, cette perspective de
l'évaluation.
M. Picard: Excusez-moi. Non seulement ça ne m'apeure pas,
mais c'est absolument indispensable et puis ça a déjà
été fait. Alors, ce qu'on a fait ici, il y a eu des
problèmes qui n'ont pas marché au niveau de la recherche tout
simplement, mais, dans les évaluations, il y a eu des évaluations
sur les traitements. Il faut choisir certains types de pathologies qui peuvent
répondre à l'évaluation elle-même de
l'homéopathie. Je pense au syndrome de fatigue chronique, par exemple.
Ça, ce serait relativement simple à vérifier. Il y a les
otites à répétition. Il y a des schémas à
faire. C'est faisable, et l'expérience de l'homéopathie est
telle, si vous voulez... On a tellement de recul sur l'efficacité de
tout ça. On sait très bien que... On a d'abord le devoir de le
faire, mais, en même temps il faut absolument le faire pour montrer que,
l'homéopathie, ce n'est uniquement de l'effet placebo, si vous voulez.
C'est une action thérapeutique comme une autre thérapeutique.
M. Trudel: Sur la question de la mise en vente libre des
médicaments homéopathiques...
M. Picard: Oui.
M. Trudel: .. .tout juste vous étirer un peu...
M. Picard: Oui, oui.
M. Trudel: ...quant à votre raisonnement.
M. Picard: Ça ne me dérange pas.
M. Trudel: La recommandation de l'Office des professions, c'est
de dire: Bon, mettez ça libre et puis, bon... C'est inspiré, je
pense et je ne veux pas me tromper, du premier paragraphe de l'avis qui dit: II
n'y a pas de danger là-dedans.
M. Picard: Oui.
M. Trudel: On ne surveille pas beaucoup. La Société
des alcools n'est pas sous surveillance.
M. Picard: Bien non.
M. Trudel: Pourtant, Dieu sait que 26 onces de cognac d'un coup
sec, ça...
M. Picard: Oui.
M. Trudel: ...allume la patate.
M. Picard: C'est une plante également, vous savez.
M. Trudel: Ça tue les microbes. Enfin... Certains vont
dire...
M. Picard: C'est de la phytothérapie.
M. Trudel: ...que des bonnes ponces de gin, ça
guérit la grippe. On sait que ça ne guérit pas la grippe,
mais ça fait un virus heureux, toujours.
M. Picard: Et on oublie qu'on a la grippe, ce qui est un peu
différent de...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous y voyez des dangers qui sont au-delà, bien
au-delà de cette limite généralement reconnue.
M. Picard: Pour certains médicaments
homéopathiques. Je ne peux pas vous donner des détails ici, mais
il y a certains médicaments homéopathiques... Et ça, il
faut le savoir, il faut le voir pour le croire, il faut le savoir en tant que
médecin. Il y a certains médicaments homéopathiques qui
peuvent aggraver certains états pathologiques aigus, notamment... Je
vous parlais des venins de serpent, tout à l'heure; je vous parlais de
certains médicaments au niveau des oreilles, par exemple, qui peuvent
faire péter un tympan. Si on donne certains médicaments
homéopathiques à dilution qui ne sont pas adaptés au
début d'une otite inflammatoire, on perce le tympam, point final. C'est
pour ça que c'est quand même important de ne pas faire n'importe
quoi, en homéopathie. Vous comprenez? Alors, le traitement de fond, le
traitement de terrain de l'enfant qui fait des otites à
répétition, ça pose moins de problèmes, ça,
mais le traitement d'un aigu, ça pose des problèmes de
diagnostic.
M. Trudel: Je vous remercie, Dr Picard, de votre contribution.
Vous êtes le premier membre à ne pas réclamer de
corporation professionnelle distincte.
M. Picard: Mais je n'ai pas de solution miracle après 30
ans de pratique; vous voyez comme quoi c'est simple.
M. Trudel: Et vous dites: Nous sommes prêts à
continuer notre pratique et, évidemment, à la développer
et à respecter un certain nombre de critères au niveau de la
formation, et le mécanisme de l'agrégation pourrait
être un mécanisme qui s'applique. Je vous remercie de votre
contribution, c'est important.
M. Picard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci. Je crois que les
parlementaires sont appelés pour un vote qui se déroule en
Chambre actuellement. Alors, nous allons suspendre nos travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 18 h 12)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Nous accueillons maintenant le Collège des naturopathes du
Québec. Bonjour, messieurs.
Collège des naturopathes du Québec
M. Lesage (Jacques): Bonjour.
Le Président (M. Joly): Alors, M. Jacques Lesage.
M. Lesage (Jacques): Oui, effectivement. C'est ça,
oui.
Le Président (M. Joly): C'est ça. Et M. P. Wil-brod
Gauthier.
M. Gauthier (P. Wilbrod): C'est exact.
Le Président (M. Joly): II nous fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue. Vous savez un peu comment ça procède. Je
pense que vous avez assisté à nos travaux.
M. Lesage (Jacques): C'est ça.
Le Président (M. Joly): On vous donne le temps
nécessaire, 15 à 20 minutes au maximum, pour présenter
votre mémoire et plus de temps on aura pour échanger avec vous
par après selon la cédule de temps qui nous est répartie
par la Chambre.
M. Lesage (Jacques): M. le Président, M. le ministre,
commissaires de la commission parlementaire, en tant que membres du Bureau des
gouverneurs du Collège des naturopathes du Québec, ça nous
fait énormément plaisir d'être ici et d'essayer d'aider le
gouvernement à résoudre ce problème qu'on appelle des
«médecines alternatives», problème qui date depuis
plusieurs années, à ce niveau-là. Déjà, en
1976, le gouvernement faisait des études sur les médecines
douces, à l'époque.
Et puis, quand on regarde ça de près... J'étudiais
justement l'enquête de Multi-Reso, qui avait été
commandée par le MSSS en avril 1992, sur les médecines
alternatives. évidemment, ils démontraient dans ce rapport que 45
% des québécois consultaient en médecines alternatives. un
peu plus loin, on remarque que 32 % consultent des chiros, 12 % consultent des
acupuncteurs. alors, les chiros sont déjà reconnus par l'office
des professions; les acupuncteurs sont déjà sous tutelle
médicale. tout ça pour dire que, quand on parle des naturopathes,
des homéopathes, des phytothérapeu-tes, évidemment, on
parle de médecines douces, on parle de médecines non
dangereuses.
D'ailleurs, ici, l'Office des professions mentionne que la naturopathie
ne présente pas de danger pour le public. Après avoir ainsi
analysé le travail des naturopathes, l'Office des professions concluait
que la naturopathie faisait partie des médecines douces
étudiées qui «ne présentent pas de danger pour le
public et dans la plupart des cas font du bien à leurs utilisateurs et
celles-ci devraient pouvoir être exercées sans crainte de
poursuite pour pratique illégale».
Évidemment, c'est tout ça qu'on veut mentionner, qu'on
peut aider la commission. Le but, c'est surtout de mentionner que, comme
naturopathes, évidemment, les gens qui nous consultent, comme M. le
ministre le mentionnait tantôt au niveau des chiropraticiens, ce sont
souvent des gens qui nous sont référés par des amis, par
des gens qui ont eu des résultats de la naturopathie. Et les gens, comme
on dit, sont assez brillants aujourd'hui pour faire la différence. Les
gens ne sont pas, comme on dit, des gens qu'on tente de protéger, qu'on
veut surprotéger; les gens sont assez brillants pour faire la
différence et voir où il y a danger ou non.
Évidemment, tout ça pour vous dire que je ne vois pas la
possibilité de reconnaissance comme telle. C'est drôle de vous
mentionner ça, je verrais plutôt que les personnes
intéressées, qui ont des problèmes à régler
et qui auraient certains commentaires ou des actes naturo-pathiques non
satisfaisants, pourraient se plaindre ou faire une demande à l'Office de
la protection du consommateur et, éventuellement, l'Office de la
protection du consommateur pourrait en arriver à régler ce
problème-là. Voilà.
Je ne vois pas véritablement... Comme on l'a mentionné
ici, s'il y a une médecine qui peut aider énormément pour
les coûts du gouvernement, c'est bien la naturopathie, parce qu'on traite
les gens par l'alimentation, et beaucoup de gens nous sont
référés par les... Souvent, les gens ont consulté
des médecins, ont consulté des spécialistes. Ils viennent
nous voir en dernier ressort et nous disent: Écoutez, bon, vous
êtes mon dernier espoir. Qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi? Et,
souvent, dans ces cas-là, bien, il s'agit de corriger l'alimentation.
Et, souvent, les résultats ne se font pas attendre.
Immédiatement, on a des résultats qui sont assez
intéressants, parce qu'on sait très bien qu'il y a beaucoup de
maladies, aujourd'hui, qui sont reliées à une mauvaise
alimentation. On sait le coût énorme des soins de santé des
gouvernements. Des sommes énormes sont dépensées,
effectivement, par le phénomène de mauvaise alimentation, de
mauvaises habitudes de vie.
Alors, on a soumis ce mémoire-là dans un but de
renseigner le gouvernement. On parle ici que la naturo-pathie est une
pratique, la philosophie, l'art et la science qui visent à apporter
à l'être humain le plus haut degré de santé
possible. En partant des principes que la nature répare tous les tissus
pourvu que le corps humain soit traité avec respect et le plus
naturellement possible, le naturopathe se refuse à intervenir dans le
maintien de la santé et la guérison des maladies par le recours
à des moyens ou à des substances allopathiques,
c'est-à-dire étrangères à ce que la nature met
à la disposition du corps. Alors, c'est ça. C'est une
médecine qui est douce, c'est une médecine qui est non agressive
et qui a d'excellents résultats. On en parle ici: L'art et la science
qui visent à apporter à l'être humain le plus haut
degré de santé. L'Office des professions, comme je le
mentionnais, dans un avis donné en avril, disait que celle-ci devrait
pouvoir être exercée sans crainte de poursuite pour pratique
illégale.
Afin d'atteindre le but mentionné dans l'avis de convocation,
soit d'examiner les mécanismes de reconnaissance des thérapeutes
qui ne prétendent pas à un statut professionnel au sens de la
loi, il importe de rectifier la situation existante et d'aplanir certains
irritants. À cet égard, le mémoire examine d'un oeil
critique le rôle ambigu que joue l'Office des professions et les
obstacles créés par les pharmaciens, les
diététistes et les médecins. Quant à cette
dernière profession, il suggère de limiter la portée de la
définition de l'exercice de la médecine dans la Loi
médicale en la faisant reposer sur des actes bien définis.
On doit laisser au citoyen le libre choix des soins de santé qui
lui conviennent et il lui appartient de se renseigner sur les pratiques de son
choix. Si ce praticien fait de fausses représentations ou fraude le
public, les mécanismes très sévères du Code
criminel et de la Loi sur la protection du consommateur s'appliqueront avec
toute leur rigueur. Ces mesures devraient amplement servir à
protéger la société. Voilà, messieurs, mesdames, si
vous avez des questions, ça me fera énormément plaisir d'y
répondre. (18 h 20)
Le Président (M. Joly): Oui, s'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Évidemment, le
mémoire est signé par un personnage assez connu.
M. Lesage (Jacques): Oui, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Ça n'a pas
été dit, mais c'est la réalité. Il est très
visible, disons-le, depuis au moins une quinzaine d'années.
M. Lesage (Jacques): Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez presque
terminé votre intervention par ce que je voulais vous poser comme
question. Vous dites carrément que l'Office protège davantage
ceux qui pratiquent que les citoyens. Ce n'est pas tout à fait ça
ou...
M. Lesage (Jacques): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Dans cette mesure-là,
si on veut être capables de protéger le citoyen, il faut quand
même un minimum d'encadrement. Ça ne peut pas être la
liberté totale. C'est ce que je constate de votre mémoire
là, et je ne remets pas en cause du tout ce que l'Office a pu constater.
Vous avez commencé avec ça.
M. Lesage (Jacques): C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez dit: L'Office a
conclu que la naturopathie ne représente pas de danger public.
M. Lesage (Jacques): Effectivement, oui.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Mais, il faut quand
même un minimum de structures pour être capables de constater des
choses. Parce que, le principe, c'est que ça ne crée pas de tort;
bon, il faut quand même qu'il y ait quelqu'un, à quelque part, qui
soit capable de juger si, effectivement, il y a tort ou pas, et vous ne
proposez pas, dans votre mémoire, de structure qui pourrait remplir le
rôle qui n'est pas rempli, à votre point de vue, par l'Office.
Parce que la protection du public, c'est ça. Le constat est
sévère, vous n'êtes pas les seuls à le faire. J'ai
entendu mon ami, le député de
Rouyn-NorandaTémiscaminque, reprendre des propos d'autres qui
disent la même chose, donc, vous n'êtes pas les seuls à
penser ça, mais est-ce qu'il n'y a pas un effort à faire de ce
côté-là? Et, dans la mesure où on veut
protéger le public, il n'y a pas uniquement la protection du
consommateur qui peut ou qui doit faire ça.
M. Gauthier: Tout à l'heure, j'entendais le
représentant des chiropraticiens parler de naturopathie et je
l'entendais vous dire que, dans la mesure où quelqu'un, ici, s'appelle
naturopathe, c'est un usurpateur. Ce n'est pas un usurpateur, il n'usurpe les
pouvoirs de personne. Dans la mesure où il n'empiète pas sur les
champs médicaux réservés exclusivement à la
profession médicale et à celle de la chiropraxie, par exemple, il
n'usurpe rien à personne. Qu'il s'appelle naturopathe, il a le droit de
le faire; dans la mesure où on est dans un pays libre, il peut bien
s'appeler naturopathe, pourvu qu'il ne fasse pas de fausses
représentations quant à ce qu'il propose à l'individu qui
vient le voir pour être aidé dans ses problèmes de
santé.
Le problème de l'encadrement de la naturopathie devenait d'autant
plus évident, à écouter ce représentant des
chiropraticiens, que, si on parle d'encadrement relié à la
formation universitaire reconnue, il n'y en a pas au Québec; cet
enseignement-là n'est pas reconnu au Québec. Les médecins,
les membres de la Corporation professionnelle des médecins ne
reconnaissent pas la naturopathie comme ayant quelque valeur que ce soit. Ils
s'en sont même moqués très longtemps. Ils ne le font plus
parce qu'ils n'ont plus de salive, peut-être, mais ils
n'abandonneront jamais là-dessus. Us disent: Ça ne donne
rien d'aller voir un naturopathe. Donc, ce n'est pas eux qui vont enseigner la
naturopathie à l'université.
Les naturopathes américains? Ça voudrait dire qu'il
faudrait avoir un naturopathe américain pour venir enseigner ici, pour
pouvoir former des naturopathes? On verse dans le ridicule quand on va de ce
côté-là. Alors, comment encadrer la pratique de la
naturopathie? Ça devient extrêmement difficile. Le Collège
des naturopathes dispense des cours et, lorsque les cours sont terminés,
l'individu est un diplômé en naturopathie. Il est obligé de
suivre, sur une période de 4 ans, 3600 heures de cours et il passe des
examens. Mais ces cours-là ne sont pas enseignés à
l'université et, à moins que le gouvernement puisse ordonner aux
universités de l'enseigner, ce n'est sûrement pas la Corporation
professionnelle des médecins qui va encourager ça, ils sont
contre. Il faudrait une intervention dramatique de l'État pour dire:
Ça va s'enseigner, pour pouvoir avoir des naturopathes qui peuvent dire
aux gens: On a un diplôme universitaire. Ils en ont, pour la plupart, des
diplômes, mais ce ne sont pas des diplômes universitaires du
Québec.
Le Dr Brunet, auquel vous faisiez allusion et qui a signé le
mémoire au nom du Collège, il a des doctorats en naturopathie
d'universités étrangères; il ne peut pas en avoir ici. Il
faudrait lui dire ou il faudrait dire aux gens: N'allez voir que ceux qui ont
des diplômes étrangers en naturopathie? Ce serait ça,
l'encadrement? Je le vois mal, là aussi. C'est pour ça qu'en
dernière analyse, le Collège des naturopathes et le Dr Brunet qui
a signé le mémoire, ont dit: On est mieux de suggérer
qu'il n'y a pas lieu d'encadrer les naturopathes, et ce n'est peut-être
même pas possible. Si, évidemment, ils empiètent et,
d'ailleurs, lorsqu'il y en a qui l'ont fait, ils se sont fait taper sur les
doigts devant les tribunaux par le Collège des médecins
s'ils posent un acte médical précis qui est réservé
aux médecins, d'accord, que la loi les empêche de le faire. Mais,
si tout ce qu'ils font, c'est d'enseigner aux gens des bonnes habitudes
alimentaires, des bonnes habitudes de vie et l'exercice pour les aider à
éviter la maladie, est-ce que n'importe qui ne peut pas faire ça
dans un pays libre? C'est la question qu'on se pose, et c'est pour ça
que le mémoire est présenté de la façon dont il
l'est.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, si je comprends le
sens de votre intervention et si j'interprète mal, vous me
corrigerez vous n'êtes pas fermés à une formation
universitaire au Québec, pourvu qu'elle se donne.
M. Gauthier: Pourvu qu'elle se donne.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Par le fait même,
vous reconnaissez qu'une formation de base est nécessaire. Même,
elle se donne au Québec. Et, lorsqu'on parle de 3600 heures, c'est quand
même passablement d'heures par rapport à d'autres qu'on a entendus
en cours de route depuis 2 jours. Donc, il y a nécessité d'une
formation de base pour être capable de pratiquer, si je comprends
bien.
M. Lesage (Jacques): Effectivement, oui. M. Gauthier:
D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Sinon, à quoi servent
les 3600 à part de la culture personnelle?
M. Gauthier: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Par rapport aux chiros,
ce qu'eux disent il y a pas mal d'expérience aux
États-Unis elle est d'inspiration très médicale ou
dominée par le médical, si j'ai bien compris, et toutes ces
médecines alternatives s'ajoutant à la base qui est
médicale, ce n'est pas forcément mauvais. Ça ne veut pas
dire que c'est totalement bon non plus, mais je comprends, on s'entend bien,
que ça prend au moins une formation de base qui est très
importante. Ça ne peut pas être universitaire au Québec
parce qu'il n'y a pas eu l'ouverture qu'il fallait au niveaux des
universités pour développer ces cours-là, ils se sont
développés hors murs des universités.
M. Gauthier: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Votre
présentation, je pense qu'elle paraissait claire: il y a des champs
exclusifs. C'est très clair, si quelqu'un met ses pattes là,
qu'il soit poursuivi. Vous n'êtes pas contre ça, ça
m'apparaît assez clair. Vous êtes, quand même, d'après
moi, à la lecture de ça, assez durs vis-à-vis de l'Office.
Parce que, c'est un constat: l'Office défend ceux qui sont dans des
corporations, membres des corporations et non pas nécessairement
l'usager, le bénéficiaire de ces services-là. J'aimerais
vous entendre un petit peu plus là-dessus parce que l'Office, quand
même, n'a pas été trop méchant vis-à-vis de
vous autres, là. Quand l'Office dit: Vous ne faites peut-être pas
grand bien, mais vous ne faites pas de tort. C'est déjà pas pire.
(18 h 30)
M. Gauthier: Ah oui. On le cite même dans notre
mémoire. Alors, on n'est pas entièrement négatifs à
l'endroit de l'Office des professions. Ce qui, évidemment, a
froissé les naturopathes, c'est cette tentative par les
diététistes, qui est très récente d'ailleurs, de
vouloir s'intituler nutritionnistes pour pouvoir, en somme, s'accaparer tout le
domaine du conseil aux gens sur leur alimentation.
Or, le docteur Brunet, pour un, par exemple, est un docteur en
naturopathie et en nutrition. Il a des doctorats. J'ai vu les thèses.
J'ai vu sa thèse en trois volumes pour obtenir son doctorat à
l'Université d'Edimbourg, ce n'est pas de la foutaise. Mais lui ne
pourrait plus s'appeler nutritionniste, s'il le voulait, parce que les
diététistes, qui ne sont plus contents du terme qu'ils ont choisi
lorsqu'ils ont été intitulés et qu'ils ont eu le titre
réservé de nutritionniste au moment
de l'adoption du Code des professions, veulent maintenant dire: Bien, on
devrait s'appeler autre chose. Mais c'est finir par jouer sur les mots.
Évidemment, je trouve que la recommandation que vous a faite
l'Office des professions là-dessus allait à rencontre, d'abord,
de la portée des dispositions du Code des professions et puis voulait
aussi, au fond, déjouer un état de choses établi pour
essayer de donner aux diététistes un champ d'action qu'ils n'ont
pas exclusivement, eux, de toute façon. Alors, pourquoi ne pas les
laisser comme diététistes, point?
Pour ce qui est de l'Office des professions, on a comparu devant lui
récemment. J'étais là moi-même et on a comparu sur
la question de la réglementation des produits pharmaceutiques, la vente
des médicaments, à savoir la vente libre, la vente non libre,
etc. Et, encore là, évidemment, on a eu un débat assez
acrimonieux, mais on s'est présentés là et on a fait
valoir nos prétentions avec fermeté. On s'est très bien
compris. Je ne sais pas quel sera le résultat de ce qui a
été fait comme travail en collaboration avec l'Office des
professions. Nous ne sommes pas contre l'Office des professions comme
institution, mais nous allons continuer à nous battre pour ne pas nous
faire abattre par l'Office des professions si, de fait, il pose des gestes qui
ne sont pas conformes au rôle que lui a donné le Code des
professions. C'est tout. On n'est pas contre le principe de l'Office des
professions.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si vous
étiez ici ce matin. L'Association de médecine holistique...
M. Gauthier: Non, nous n'y étions pas.
M. Côté (Charlesbourg): ...nous a proposé une
démarche. Je ne sais pas si elle a été portée
à votre connaissance.
M. Lesage (Jacques): On l'a entendue tantôt avec les
chiropraticiens. Sur cinq ans, vous disiez?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, une première
année de mise en forme et de concertation ou de préparation du
terrain avec reconnaissance d'un certain nombre de projets-pilotes qui
mèneraient à une connaissance encore plus accrue, bon, au point
de vue scientifique avant même d'en arriver à une loi dans cinq
ans. Ça me paraît être une démarche intelligente dans
le contexte actuel parce que de vouloir défoncer la porte, il faudra
définitivement, au lendemain, soit refaire une porte ou la retravailler,
alors que, si on réussissait à l'ouvrir un tant soit peu,
ça nous permettrait peut-être de l'ouvrir graduellement et de
cheminer tout le monde ensemble pour le plus grand bien-être de ceux qui
attendent après. Je ne sais pas si vous avez une opinion sur cette
démarche-là.
M. Gauthier: J'aimerais savoir: Est-ce que ces gens-là
veulent une corporation professionnelle à champ exclusif ou simplement
à titre réservé? Parce qu'il y a une grosse
différence.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
comprends dans cette démarche, qui était inspirée par des
médecins déjà reconnus comme médecins souhaitant
intervenir de manière beaucoup plus globale... Alors, ce n'est pas un
nouveau mouvement. Ce n'est pas d'aujourd'hui que ça se parle,
ça, la vision globale de la personne, mais disons qu'on en parle un
petit peu plus aujourd'hui, c'est un peu plus médiatisé. Ils
souhaitaient davantage que tout le monde soit impliqué dans ce
bateau-là au-delà et en complément de ce qu'a fait
l'Office; parce qu'il ne faut pas oublier que l'Office a fait beaucoup,
beaucoup de travail en termes d'écoute. On regarde les rapports des
avis, il y a quand même passablement de monde qui a été
écouté. J'allais dire «entendu», mais ça
dépend du point de vue de chacun.
Mais il y a cette démarche-là qui a été
faite et ils la proposaient dans la continuité de ce qu'a fait l'Office,
dans le but d'en arriver à créer, et ça, ça reste
à déterminer, éventuellement un office ou un chapeau, un
comité-parapluie, une corporation-parapluie. Bien des choses restent
à être déterminées. Je ne me souviens pas, dans le
document, si c'était spécifié carrément à
titre de champ exclusif ou à titre réservé; je n'ai pas vu
ça en termes de réponse dans leur document. Je ne peux pas vous
répondre. À mon souvenir, je ne l'ai pas vu. Je n'ai pas vu si
c'était...
(Consultation)
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas
précisé. Donc, je ne peux pas vous répondre
là-dessus, mais je peux vous en donner une copie toujours. La
démarche me paraissait une démarche plus souple, tentant de nous
mener à un résultat éventuellement et à une loi
qui, elle, pourra évoluer.
M. Gauthier: Je pense que nous favoriserions une démarche
souple au départ, certain. On dit, d'ailleurs, qu'on voudrait une
approche souple et simple. Cependant, s'il existait une loi, soit
parallèle à la Loi sur la protection du consommateur ou, alors,
un ajout à cette loi-là, qui venait exiger des gens qui
pratiquent ces thérapies alternatives et qui ne posent pas de gestes
à proprement parler médicaux qui relèvent de la profession
médicale traditionnelle, et que cette loi-là, dis-je, imposait
aux thérapeutes alternatifs de rendre tout à fait transparents
leur formation, leurs degrés, qu'ils soient universitaires ou autres,
pour qu'au moins les gens qui vont les consulter puissent savoir à qui
ils ont affaire, il me semble que ce serait suffisant.
M. Côté (Charlesbourg): Vous ne croyez pas que ce
serait une charge additionnelle très importante pour l'Office de la
protection du consommateur que de recevoir cette
responsabilité-là? Moi, c'est la partie de l'avis de l'Office des
professions... Mon impression, c'est qu'on a fait rapidement et qu'on a
passé le bébé à quel-
qu'un d'autre en se disant: Bien, la protection du consommateur,
ça va bien, ça; ça protège le consommateur sous
toutes ses formes. Passons ça à la protection du consommateur et
ça se réglera plus facilement. Si, nous autres, on n'est pas
capables de le régler, probablement qu'eux autres... Il me semble que
c'est facile d'envoyer ça à la protection du consommateur,
d'exiger que le gars ait un certificat, qu'il ait un permis et qu'on dise:
Parfait, à partir du moment où tu as ça, le public est
automatiquement protégé ou la protection du consommateur va le
poursuivre. Quand on dénonce la bureaucratie, il me semble qu'on devrait
mettre en place, au niveau de la protection du consommateur, une bureaucratie
très importante pour être capable de surveiller tout
ça.
M. Gauthier: Mais est-ce qu'il ne faudra pas faire la même
chose si on fait surveiller ça par l'Office des professions?
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je me dis qu'il y a un
certain nombre de prérequis. Il faut s'entendre et savoir ce qu'on exige
sur le plan de la formation. Ça, ça me paraît être le
premier élément. Si on s'entend là-dessus, il est bien
clair que le public en sera d'autant protégé. On aura affaire
probablement à moins de charlatans. À partir du moment où
on sera exigeants à ce niveau-là, hors de cela, point de salut,
il va falloir que ce soit clair. On ne pourra pas maintenir un système
très exigeant et quelqu'un dans le champ qui pratique et qui ne
répond pas aux exigences. Donc, il me semble que le préalable,
c'est ça.
Par la suite, il y aura à décider s'il y a une
corporation-parapluie. Si jamais il y en avait une de celles qui pourraient
être reconnues, à ce moment-là, ce sera son devoir à
elle de défendre l'intérêt public, et non pas uniquement
l'intérêt de ses membres. Mais, plus globalement que ça,
dépasser l'intérêt des corporations par rapport à
l'intérêt public, la question déborde très largement
les thérapies alternatives. On l'a évoqué, que ce soit les
avocats, que ce soit les médecins, que ce soit les comptables, ainsi de
suite, le public n'y est pratiquement pas représenté et il y a
beaucoup plus de travail à faire. (18 h 40)
M. Gauthier: Là, j'aimerais comprendre une chose que vous
venez de dire. Si on parle de corporation-parapluie, est-ce qu'on pense
à une corporation-parapluie totale, comme celle du Collège qu'a
créé la nouvelle loi ontarienne et qui, donc, englobe aussi la
profession médicale traditionnelle, les chiropraticiens, les
acupuncteurs, etc., ou si vous parlez d'une corporation-parapluie pour les
thérapies alternatives à celle-là?
M. Côté (Charlesbourg): C'est davantage ça
qui était proposé dans les différents mémoires.
C'est ça. Alors, évidemment, il n'y a pas de solution miracle,
non plus, mais il y a une évolution, il y a une étape à
franchir qui m'apparaît importante et, au lendemain de la commission, on
aura des décisions à prendre. On va tenter de les prendre en
collégialité avec l'Opposition.
C'est le meilleur moyen d'avancer; sinon, si on est campés dans
des positions: l'Opposition d'un côté, nous, de l'autre
côté, je ne pense pas qu'on aura fait oeuvre utile à la
commission, on aura pratiquement perdu quatre jours. Je pense que je peux vous
dire dès à présent que mon intention est d'impliquer
très nettement les membres de la commission qui le voudront dans une
solution future. Il faut, peut-être, être innovateur au niveau
d'une commission de ce type-là.
M. Trudel: Oui, c'est pour ça qu'on a commencé
à suggérer des choses dès l'ouverture, comptant sur votre
ouverture d'esprit.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est proverbial,
mon ouverture d'esprit.
M. Trudel: Alors, maintenant, nous allons espérer que
votre proverbialité soit aussi rapide.
M. Côté (Charlesbourg): On verra. Il nous reste
encore deux jours!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Moi, ce n'est pas le temps de la commission qui
m'importe, c'est votre temps à vous. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Parce que vous pensez que
quelqu'un d'autre, à ma place, pourrait avoir des visées
différentes? Vous tenez à moi autant que ça?
M. Trudel: Je tiens aux résultats. M. Côté
(Charlesbourg): Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je ne veux pas de corporatisme, je veux du
résultat.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue, s'il vous
plaît, c'est à vous.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Bienvenue, au nom de
l'Opposition, au Collège des naturopathes. Effectivement, on vous
connaît beaucoup par Jean-Marc Brunet. J'ai eu l'occasion, par rapport
à d'autres questions, d'avoir des contacts avec vous également et
je dois dire qu'au départ, moi, je reçois assez bien
l'espèce de pensée qui habite votre mémoire,
c'est-à-dire à partir du moment où on peut... Comme le dit
l'Office des professions, d'ailleurs, et vous le notez au départ, on
peut constater qu'il n'y a pas là de danger. Le degré de
dangerosité, si je peux employer l'expression, pour le public n'est
pas... Ce n'est pas nucléaire, l'affaire là. Je dis: Bon,
écoutez, le meilleur principe qui peut nous habiter, c'est celui de la
liberté et du respect de la capa-
cité de juger de la population.
Je me fais un tout petit peu l'avocat du diable pour dire: Si la
pratique de la naturopathie ne comporte pas de danger le moindrement
soulignable ou, enfin, à un degré élevé, il peut
arriver cependant que des gens qui se disent naturothérapeutes posent
des diagnostics, prescrivent à titre de thérapie pour
guérir j'emploie ce mot-là des personnes... Vous
avez dit tantôt, M. Lesage, que très souvent les gens arrivent
chez vous et disent: Bien, écoutez, vous êtes notre dernier
recours. On est passés partout là, on a tout essayé
là et ça ne marche pas. Donc, vous accueillez un certain nombre
de personnes qui sont dans un état de détresse certaine. Et,
à cet égard, donc, la vulnérabilité de la personne
est assez élevée. Ça peut être tentant pour un
être humain vous savez où il y a de l'homme, il y a de
l'hommerie de commencer à dresser un diagnostic et de prescrire.
C'est donc moins la naturopathie que je veux questionner que ceux et celles qui
sont naturothérapeutes et qui pourraient, eu égard à cette
situation de détresse de cette catégorie de personnes, être
tentés d'abuser. Comment on peut contrôler ça dans la
mécanique actuelle ou dans la mécanique à venir?
M. Gauthier: Ça, on ne peut jamais le contrôler
parce qu'il y a même des médecins qui font des diagnostics qui
sont mauvais. Ça ne se contrôle pas. Mais il reste que le
naturopathe, en principe, ne dira pas à l'individu: Je décide ou
je te dis que tu souffres de telle maladie. Ce n'est pas ça qu'il va
faire. Il va d'abord lui demander s'il est allé voir son médecin,
si le médecin a fait un diagnostic et, là, il va faire parler
l'individu. Il va lui faire décrire son mode de vie, son passé de
santé et, de ça, il va faire une évaluation globale de
l'individu et de son état de santé, et là il va lui donner
des conseils sur ses habitudes de vie, alimentaires et autres. C'est ça
qui se passe entre le naturopathe et celui qui vient le consulter. Il ne lui
dira pas: Vous souffrez d'appendicite. Il ne lui dira pas: Vous avez mal
à la tête parce que vous avez un cancer du cerveau. Il n'osera pas
dire ça.
M. Trudel: Oui, mais Me Gauthier, là, vous me
décrivez le travail type du naturopathe type, de l'honnête
naturopathe type...
M. Gauthier: Oui.
M. Trudel: ...comme, par rapport à la moyenne, tous les
autres professionnels de n'importe quelle autre profession.
M. Gauthier: Oui.
M. Trudel: Parce que, vous avez raison, il y en a des bons, il y
en a des moins bons, en politique, en médecine, en droit, etc.
M. Gauthier: Oui, en tout.
M. Trudel: La notion de protection du public s'intéresse,
évidemment, à cette partie de ceux qui dévient, aux
déviants, et c'est impossible, théoriquement parlant du moins,
qu'il ne s'en glisse pas chez vous, parce qu'on est aussi dans un monde
commercial, avec l'appât du gain, bon, enfin, les tendances normales de
la nature humaine en pays capitaliste, ta, ta, ta, etc. Comment on
contrôle ça dans le cadre de la reconnaissance de certaines
thérapies alternatives ou encore de la liberté de pratique dans
certaines disciplines qui ne présentent pas, à prime abord, de
degré de danger très élevé pour les
Québécois et les Québécoises?
M. Gauthier: Mais comment le contrôlez-vous chez le
médecin qui a prescrit de la thalidomide aux femmes enceintes? Comment
ça se contrôle? Ça ne se contrôle pas, même
chez le médecin. Ça ne se peut pas, c'est tout. Les gens qui sont
mal traités n'ont qu'à se plaindre, mais c'est tout ce qui peut
se produire. Le charlatanisme ou l'erreur grossière ou appelons-la ce
qu'on veut, ça fait partie de la nature humaine et on ne peut pas
l'empêcher automatiquement avant même qu'elle se produise. Il faut
en accepter les conséquences une fois que ça s'est produit. La
structure de la Loi médicale, la structure du Code des professions
n'empêchent pas les mauvais conseils d'avocats, de médecins, de
notaires, d'architectes ou d'ingénieurs; ça ne les empêche
pas de faire des erreurs. Bien au contraire. Si on prend seulement les
médecins de médecine traditionnelle comme exemple, ces
gens-là prescrivent des médicaments dont ils ne connaissent
même pas la composition, parce que les «pharmaceutiques» ont
des brevets et ils ne peuvent pas dévoiler la composition du
médicament. Ils leur disent un mot long comme le bras, mais ils ne leur
diront pas en quoi ça consiste chimiquement, ce
médicament-là. Et, pourtant, les médecins le prescrivent
parfois, et plus souvent qu'autrement, peut-être avec succès, mais
parfois aussi ils prescrivent un médicament qui a des effets
désastreux.
M. Trudel: Ce que vous voulez dire, c'est comme dans n'importe
quelle profession: on peut garantir les moyens, mais le résultat n'est
jamais garanti chez personne.
M. Gauthier: Voilà!
M. Trudel: Et vous dites: Cette règle peut très
bien présider à la pratique, à l'exercice de certaines
thérapies alternatives, comme ça se passe, d'ailleurs, dans le
monde des professions encadrées par une loi qui s'appelle le Code et par
un organisme qui s'appelle l'Office.
M. Gauthier: Oui.
M. Trudel: À cet égard-là, vous dites: Ne
chargez pas trop et, surtout, ne surréglementez pas...
M. Gauthier: C'est ça.
M. Trudel: ...quelque chose qui, actuellement, se passe de
façon assez bien en général. (18 h 50)
M. Gauthier: Cet exactement la position que nous avons prise.
M. Trudel: Est-ce que chez les naturopathes, les gens que vous
formez vous êtes le collège de naturo-pathie comme
on Ta demandé à d'autres groupes aujourd'hui, vous avez des
références? J'allais dire beaucoup, mais, pour commencer, est-ce
que vous avez des références des médecins? Et aussi, dans
la même question, est-ce que vous avez des références des
compagnies d'assurances?
M. Lesage (Jacques): Oui, effectivement. Il y a des membres du
Collège des naturopathes qui ont des références des
médecins.
M. Trudel: Mais est-ce que c'est un
épiphénomè-ne, là, ou si c'est...
M. Lesage (Jacques): Non, non. C'est occasionnel.
M. Gauthier: C'est occasionnel, oui. M. Trudel: C'est
très occasionnel.
M. Lesage (Jacques): C'est très occasionnel, oui. Et
plusieurs compagnies d'assurances vont reconnaître la naturopathie, vont
payer pour les traitements ou une partie des traitements, par exemple.
M. Trudel: Et ça, c'est assez répandu ou... M.
Lesage (Jacques): Assez répandu. Oui, oui. M. Trudel: Oui. M.
Lesage (Jacques): Très, très répandu, même.
M. Trudel: Vous en formez combien de naturopathes, chez vous, au
Collège? Donnez-moi ça annuellement, puis il s'en est
formé combien depuis l'existence du Collège?
M. Lesage (Jacques): Présentement, au Collège, nous
sommes 60 naturopathes, membres du Collège des naturopathes du
Québec. Mais il faut faire la différence avec les...
M. Trudel: Oui.
M. Lesage (Jacques): ...naturothérapeutes. Nous, c'est les
naturopathes. Tantôt, vous mentionniez
«naturothérapeute»; alors, ce n'est pas tout à fait
la même chose. C'est différent.
M. Trudel: On a vu ça. On a vu ça aujourd'hui.
Est-ce que vos membres détiennent, pour la très grande
majorité, par ailleurs, des assurances contre la
«malpractice»? Vous connaissez ça, Me Gauthier?
M. Lesage (Jacques): «Malpractice», non. Ça
n'existe pas pour nous.
M. Trudel: Ça n'existe pas. Les compagnies refusent?
M. Lesage (Jacques): Refusent, oui, exactement, oui.
Moi-même, je l'ai tenté à plusieurs reprises, mais, vu que
ce n'est pas une profession, entre guillemets, reconnue par le gouvernement,
alors, c'est la raison qu'ils nous donnent pour dire qu'ils ne peuvent pas nous
assurer. Mais, étant donné que c'est une médecine
très douce, qui est très peu agressive, alors, on a rarement de
problèmes à ce niveau-là. On n'a jamais...
M. Trudel: Vous n'avez pas de poursuites.
M. Lesage (Jacques): Non. La seule poursuite, c'est le
Collège des médecins envers ses membres.
M. Trudel: Oui. Je comprends, de ce
côté-là.
M. Lesage (Jacques): Mais de moins en moins, quand
même.
M. Trudel: De moins en moins de poursuites... M. Lesage
(Jacques): C'est ça.
M. Trudel: ...du Collège des médecins pour pratique
illégale de la médecine?
M. Lesage (Jacques): C'est ça, oui. Ils ont compris que
chacun avait sa place, effectivement.
M. Trudel: Naturopathe ou naturothérapeute. Chez vous,
naturopathe, là, ça correspond à combien d'heures de
formation?
M. Lesage (Jacques): II y a 3600 heures de cours réparties
sur 4 ans.
M. Trudel: Sur quatre ans?
M. Lesage (Jacques): Ça, c'est à l'Institut de
naturopathie.
M. Trudel: Oui.
M. Lesage (Jacques): II y a également, aussi, l'autre
école d'enseignement que l'on reconnaît, c'est l'Académie
de naturopathie. Ce sont les deux écoles que le Collège
reconnaît comme formation.
M. Trudel: En somme, vous dites: Les lois de protection du
consommateur et les dispositions du Code
criminel sont suffisantes, actuellement, pour protéger les
consommateurs.
M. Gauthier: Oui, monsieur.
M. Trudel: Vous estimez, donc, que les consommateurs sont
suffisamment informés pour utiliser ce dispositif-là, de l'une ou
l'autre de ces lois en matière de transaction ou d'infraction dans
certaines pratiques?
M. Gauthier: Bien, en matière d'infraction en droit
criminel, d'abord, s'il y a un endroit ou nul n'est censé ignorer la
loi, c'est bien en droit criminel. On pourrait répondre ça, mais
c'est une réponse bête, je le reconnais. Il reste que, si
quelqu'un veut porter une plainte au criminel, il sait qu'il est mieux d'aller
voir un avocat de la couronne pour lui expliquer ce qui s'est passé.
O.K.? Pour ce qui est de la protection du consommateur, je pense que l'Office
de la protection du consommateur a fait assez de publicité quant
à son existence et à son rôle pour que la majorité
des citoyens le connaissent très bien, quand même.
M. Trudel: Comme nous sommes en matière de santé,
de façon large, et comme il s'agit, évidemment, de inutile
de le préciser quelquefois ce qui est de plus précieux
pour l'être humain, les possibilités d'abus sont multiples; c'est
très grand comme ouverture. Est-ce que vous jugez que, à cet
égard, compte tenu du domaine concerné, une espèce
d'organisme-parapluie là, je ne parle pas de la protection des
membres de différentes catégories devrait fournir de
l'information sur ce que sont les différentes thérapies
alternatives et, d'autre part, informer les consommateurs sur les
possibilités, les mécanismes de recours un peu sous la forme
je dis bien un peu sous la forme des «advocacy
groups» qu'on connaît aux États-Unis dans certaines
matières, dans certaines législations où on subventionne
des groupes non seulement pour donner de l'information, mais pour supporter et
aider les consommateurs à exercer des recours et à obtenir
justice? Est-ce que ça vous apparaît quelque chose qui, compte
tenu du secteur d'activité qui s'appelle la santé, devrait
être mis sur pied ou à tout le moins être
examiné?
M. Gauthier: En principe, je n'y vois pas d'objection, mais j'y
vois, cependant, un ajout qui n'est peut-être pas d'une très
grande utilité, un ajout à ce qui existe déjà. Vous
comprenez que, pour contrôler, il faudrait commencer par en haut, et je
suis sûr que les naturopathes n'auraient pas d'objection à ce que
des gens viennent les voir pour dire: Pourquoi conseillez-vous telle chose
à un tel pour résoudre tel problème de santé?
Qu'ils viennent, s'ils le veulent. Ils vont voir qu'il n'y a rien de bien malin
à ce que... Au fond, ce que le naturopathe fait vis-à-vis de son
patient, c'est de jouer un rôle d'enseignant de façon un peu plus
savante que les parents vont le faire vis-à-vis de leurs enfants pour ce
qui est de leur alimentation. C'est tout, ce n'est pas plus malin que
ça, ce qu'ils font.
M. Trudel: On n'a pas besoin de mettre sur pied une corporation
pour encadrer les parents et...
M. Gauthier: oui, bien, justement. alors, il faut tirer la ligne
quelque part. nous, on dit: on n'a pas besoin d'encadrement, mais, s'il en faut
un, bien, qu'il soit simple et souple. c'est tout ce qu'on a dit dans notre
mémoire, et je pense que ça demeure la position que les
naturopathes veulent prendre. il reste ceci. je parlais tout à l'heure
des médecins et des médicaments brevetés qui sont
prescrits; ça, c'est régi, en principe, par les lois
fédérales et la réglementation fédérale.
mais vous imaginez-vous que le citoyen moyen, et même, je dirais, 95 % et
plus des citoyens du pays pas seulement au québec, à la
grandeur du pays sont capables de comprendre quelque chose à la
réglementation sur la loi sur les aliments et drogues? il y en a presque
12 pouces d'épais de réglementation. elle change. à tous
les 15 jours, il y a des modifications, etc. le consommateur est à la
merci totale de qui? du bureaucrate qui, lui, ne prend comme expertise que
l'expertise des compagnies pharmaceutiques, de sorte que la médecine
aujourd'hui, en terre d'amérique, ce sont les compagnies pharmaceutiques
qui la pratiquent, et les médecins leur servent d'intermédiaires.
c'est ça qui arrive. c'est bien plus grave ça que les quelques
risques minimes qu'il pourrait y avoir dans la pratique d'une discipline comme
celle de la naturopathie.
M. Trudel: Quand vous comparez la tisane à
côté de...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: ...l'arsenal chimique, ça vous apparaît
bien peu...
M. Gauthier: Oui.
M. Trudel: ...et vous n'êtes pas très dangereux
sur...
M. Gauthier: Non.
M. Trudel: ...le marché de la santé par rapport
à d'autres.
M. Gauthier: Et ce n'est pas pour rien que l'Office des
professions, après avoir entendu le docteur Bohémier, qui,
malheureusement, est absent, qui ne pouvait être ici, qui est
président du Collège, expliquer dans les détails je
sais qu'on ne peut pas prendre des heures ici pour le faire ce que
comporte le geste du naturopathe vis-à-vis de l'individu qui vient le
consulter, a dit: Ils font du bien, et il n'y a pas de danger. Alors, pourquoi
les encadrer? (19 heures)
M. Trudel: Merci.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci bien. C'est toujours
intéressant d'avoir des points de vue qui sont différents, mais
aussi basés sur les expériences des uns et des autres, même
si nous ne sommes pas, d'aucun côté de cette table, ni de votre
point de vue, obligés de les partager. Je pense que, dans ce
sens-là, c'est comme ça qu'on réussit à faire
progresser les choses, et je vous remercie.
M. Gauthier; Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Alors, les membres de cette
commission vous remercient.
Nous ajournons nos travaux à demain, 9 heures, dans cette
même salle. Merci et bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 1)