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J)ix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Philibert): Alors, la commission des
affaires sociales se réunit afin de procéder à jne
consultation générale et de tenir des auditions publiques sur les
thérapies alternatives et, à cette fin, d'examiner:
premièrement, la reconnaissance professionnelle ie certains
thérapeutes alternatifs et les mécanismes de reconnaissance des
thérapeutes non éligibles à un statut professionnel au
sens de la loi; deuxièmement, l'information au public;
troisièmement, la contribution du réseau de la santé et
des services sociaux pour qu'il favorise la liberté des choix
thérapeutiques. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Je vais donner, maintenant,
l'ordre du jour. Alors, à 10 heures, ce sont les déclarations
d'ouverture; à 11 heures, nous allons rencontrer l'Office des
professions du Québec; à 12 heures, suspension. Nous reprendrons
nos travaux à 15 heures avec La Coalition Réseau
alternatif de santé du Québec; à 16 heures, l'Association
canadienne des massothérapeutes professionnels; à 16 h 30, la
Fédération québécoise des masseurs et
massothérapeutes; à 17 heures, l'Association des acupuncteurs
inscrits au registre de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec; à 18 heures, nous allons suspendre; à 20 heures,
reprise des travaux avec l'Association nationale des naturothérapeutes;
à 20 h 30, l'Ordre des naturothéra-peutes du Québec;
à 21 heures, la Société québécoise
d'hypnose; à 21 h 30, l'Association des hypnologues du Québec; et
l'ajournement à 22 heures.
Alors, les travaux vont se dérouler de la façon suivante.
La commission consacre 60 minutes aux déclarations d'ouverture et le
temps est réparti comme suit: 20 minutes pour les remarques du ministre,
20 minutes pour le porte-parole de l'Opposition officielle et 20 minutes pour
le député indépendant. Donc, on est prêts pour
recevoir la déclaration d'ouverture du ministre. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Nous amorçons donc aujourd'hui les travaux de la
commission parlementaire sur les thérapies alternatives, une commission
qui, disons-le d'entrée de jeu, était attendue depuis fort
longtemps et même promise depuis fort longtemps, d'autant plus que ce
phénomène a pris, au fil des ans, de l'importance à un
point tel que l'on ne peut plus l'ignorer. C'est peut-être symptomatique
de se retrouver aujourd'hui dans la salle du Conseil exécutif de
l'époque, comme si ceux qui l'ont organisé avaient voulu nous
faire retourner dans le temps pour faire en sorte qu'on puisse
reconnaître, de manière plus rapide, l'existence des
thérapies alternatives. J'ose espérer que ce sera de nature
à inspirer tous ceux et celles qui passeront à cette commission
quant à l'expression de leurs opinions et quant à leur vision de
l'avenir aussi. J'aurais voulu être un petit oiseau, lorsque le Conseil
des ministres siégeait ici, en présence soit de M. Duplessis ou
de M. Lesage, pour voir s'ils parlaient, à l'époque, de
thérapies alternatives.
La commission Rochon, dans son rapport, en avait d'ailleurs
déjà fait le constat. Parallèlement, en 1989, ma
prédécesseure, Mme Thérèse Lavoie-Roux, avait
retenu dans son document d'orientation la nécessité de donner
accès à certaines thérapies douces, comme le souhaite
d'ailleurs une partie de la population. J'y reviendrai dans quelques
instants.
Il faut bien l'admettre, ces thérapies que l'on dit alternatives
sont devenues un véritable phénomène social. En effet, au
cours des 20 dernières années, la société
québécoise s'est profondément modifiée. La notion
de santé a suivi cette même tendance. N'est-il pas vrai d'affirmer
que, de plus en plus, nous faisons des efforts pour rester en santé, et
ce, le plus longtemps possible? C'est en quelque sorte un mouvement que je
qualifierai d'irréversible et il est fort heureux qu'il en soit ainsi.
L'émergence et le développement des thérapies alternatives
s'inscrivent dans ce même mouvement, et situer le phénomène
des thérapies alternatives dans une perspective de changements sociaux
n'est pas dénué de tout fondement. Cela nous permet, en tout cas,
de dépolariser le débat qui, trop souvent, se limite à
opposer deux visions de la santé, comme ça a été le
cas, si je ne m'abuse, à «Droit de parole» même
un ministre, de temps en temps, peut zapper à la
télévision et tomber sur des émissions de ce genre
celle des tenants de la médecine officielle et celle, donc, des tenants
de l'alternatif.
C'est la raison pour laquelle je n'hésite pas à affirmer
que la remise en question de la médecine se situe inévitablement
à l'intérieur d'un questionnement social beaucoup plus large.
Sauf que, il faut bien l'avouer, l'émergence de ces nouvelles pratiques
dans l'univers de la médecine n'est pas sans déranger
l'organisation du système public déjà en place. Au fond,
ce qui est en cause ici, ce n'est pas simplement le fait de s'interroger sur
qui devrait soigner qui, mais bien plutôt sur comment apprivoiser
l'émergence de cette nouvelle
perception de la santé et du bien-être chez plusieurs. En
bout de piste, le type de rapport qui devrait être établi entre
soignant et soigné doit aussi être questionné. Le
phénomène des thérapies alternatives s'inscrit donc dans
ce contexte social en changement.
Il est toutefois difficile de mesurer précisément
l'ampleur du phénomène dans la population
québécoise, même si on le soupçonne d'être
assez important. À cet égard, en préparation des
discussions qui s'amorcent, le ministère a fait réaliser, au
printemps de 1992, un sondage sur le recours aux thérapies alternatives.
J'imagine que l'interprétation qu'on pourra y donner, à ce
moment-ci, ressemblera beaucoup à un sondage politique des intentions de
vote des individus: selon qu'il vous favorise, il est bon; selon qu'il vous
défavorise, il y aura des erreurs méthodologiques. donc, les
résultats obtenus démontrent que près d'un
québécois sur 2, 45 %, a une expérience des
thérapies alternatives. la proportion des utilisateurs atteint, sur une
base annuelle, 22 % au québec. indépendamment de ces chiffres sur
le nombre d'utilisateurs dont on peut parler pendant des heures, chacun y
allant de son interprétation bien personnelle, il reste que les
québécois, utilisateurs ou non, ont une opinion, somme toute,
positive à l'égard des thérapies alternatives
considérées par eux comme étant plus naturelles. ils sont
86 % à partager ce point de vue, mais attention! certaines craintes
demeurent, que ce soit au niveau des charlatans, une idée fort
répandue chez 65 % de la population des québécois
interrogés. d'autre part, 58 % d'entre eux estiment qu'il y a peu de
moyens de s'assurer de la qualité de la formation des praticiens en
cette matière. d'ailleurs, j'ai remis à la presse copie de ce
sondage qui pourra vous permettre d'élaborer davantage sur les vertus de
ce sondage d'opinion qui peut, effectivement, tenter de donner une certaine
idée de la réalité québécoise dans ce
domaine.
C'est en ayant bien en tête tous ces aspects que nous entrons de
plein fouet aujourd'hui dans cette commission parlementaire. L'avis de
consultation générale diffusé il y a quelques semaines
vient d'ailleurs proposer trois axes bien précis pour mener à
bien cette démarche: le premier, la reconnaissance professionnelle de
certains thérapeutes alternatifs et les mécanismes de
reconnaissance des thérapeutes non éligibles à un statut
professionnel au sens de la loi; deuxièmement, la protection du public
et, troisièmement, la contribution du réseau de la santé
et des services sociaux pour qu'il favorise la liberté des choix
thérapeutiques. (10 h 30)
J'aimerais revenir sur chacun de ces axes pendant quelques instants.
D'abord, le premier. Il faut bien le reconnaître, l'Office des
professions a fait du travail sur la reconnaissance professionnelle de
certaines fonctions. Force est de constater, toutefois, qu'il y a encore
beaucoup à faire. À cet égard, l'Office voudra
peut-être nous situer sur cette question lorsqu'il se présentera
devant nous, dans quelques instants. Cette absence ne nous empêche pas,
toutefois, de recueillir l'opinion des groupes qui se présenteront ici
dans les prochains jours, en insistant cependant sur certains
éléments: le type de standards dont se sont dotés les
intervenants en l'absence de réglementation professionnelle; les autres
modalités que la reconnaissance selon le modèle des corporations
professionnelles au Québec, modalités qui contribueraient
à encadrer la pratique.
Le deuxième axe, celui de la protection du public, doit
être davantage considéré sous l'angle d'un moyen permettant
d'assurer la protection de la santé publique, notion chère
à plusieurs. Ce mandat, il relève d'ailleurs
spécifiquement de mon ministère. Dans mon esprit, il est clair
qu'il devra être traité en priorité au moment des
discussions. Question de logique, tout simplement. Qu'il suffise de penser aux
dernières années où le ministère s'est livré
à une révision fondamentale du système de santé et
des services sociaux. Cette démarche a mené, notamment, à
l'adoption de la loi 120 et à la publication de la politique de
santé et de bien-être. Ai-je besoin de vous rappeler que cette loi
place le citoyen au coeur même du système? Elle fait même
plus que cela. Elle permet de mettre en place les mécanismes pour
assurer le respect et l'exercice des droits des citoyens. Des mécanismes
de recours sont même prévus et seront en marche à partir du
1er avril.
Le gouvernement a également, avec sa politique de santé et
de bien-être, pris position en faveur d'approches privilégiant la
prévention. Il accorde en cela une attention particulière aux
groupes plus vulnérables de notre société en proposant des
stratégies permettant la réduction des écarts. Je suis
d'avis que cette toile de fond, M. le Président, doit guider l'ensemble
de nos délibérations en ce qui concerne l'information du
public.
Des questions demeurent. Nous devons tenter, donc, de trouver des
réponses à des aspects aussi précis que la contribution
d'une reconnaissance à la protection du public, la place octroyée
pour assurer une représentation du public dans les organismes et
regroupements de thérapeutes, les mécanismes d'information du
public, la formation des divers thérapeutes, les mécanismes de
surveillance et de contrôle des membres,
l'assurance-responsabilité professionnelle, les possibilités
concrètes de recours du public au moment d'un préjudice, les
prises de position publiques concernant les abus faits par d'autres
thérapeutes et les réalisations souhaitables permettant de
protéger le public.
Finalement, le dernier axe porte sur la contribution du réseau
pour qu'il favorise la liberté des choix thérapeutiques. Je ne
vous cacherai pas que la capacité de payer de l'État ne permet
pas l'intégration de thérapeutes alternatifs à
l'intérieur du réseau. Ceci étant dit, nous pouvons
toutefois aborder les éléments qui permettraient la mise en place
d'un climat de collaboration plutôt que de confrontation. Parmi ceux-ci,
je pense, notamment, à des mesures permettant une ouverture du
réseau public face aux approches alternatives, tout en respectant
l'autonomie et la spécificité des thérapeutes
alternatifs; deuxièmement, des moyens favorisant la
référence du réseau public au réseau alternatif,
comme c'est déjà le cas dans certaines spécialités
aujourd'hui. Il n'est pas rare de se retrouver aujourd'hui avec des
médecins qui ont des cas avec lesquels ils ne peuvent plus rien faire;
ils les réfèrent à tel homéopathe ou à tel
massothérapeute, et ça se fait de manière très,
très claire. Peut-être que l'esprit évolue au niveau de
l'appréciation à partir du moment où même ces
personnages-là, médecins, ont besoin de ce genre de
thérapies. On peut davantage en apprécier les qualités ou
les revers, puisqu'il y a aussi des revers.
En conclusion, je ne suis pas sans savoir qu'il y en a plusieurs qui
misent sur cette commission parlementaire on en a entendu parler depuis
décembre 1990 et même avant et que des gens ont
souhaité que cette commission parlementaire puisse permettre aux gens de
venir s'exprimer, de manière concrète, à une
première commission parlementaire traitant uniquement des
thérapies alternatives. C'est une première et,
inévitablement, elle sera une étape importante dans la
progression de cette reconnaissance, mais elle devra aussi être
teintée de la réalité terrain. Chacun des intervenants ira
de ses connaissances, en l'exprimant comme il le vit, de son point de vue.
Là, je ne me fais pas d'illusions. Lorsque mon ami Augustin va se
présenter, éventuellement, jeudi, pour venir nous parler des
thérapies alternatives, si sa position sur les sages-femmes
présage du reste, bon, ce sera une belle journée, une très
belle journée sur le plan des échanges. Mais il faut avoir un
petit peu plus d'ouverture d'esprit que ça. Je comprends que l'on
veuille, à ce moment-ci, protéger le public. Ça, c'est la
responsabilité de ceux qui pratiquent, c'est la responsabilité
des gouvernements aussi, mais il faut aussi, à l'occasion,
démontrer un peu d'ouverture d'esprit. C'est ce que je souhaite de la
part de tous les intervenants, à la fois de la médecine
conventionnelle quant à la médecine alternative et de la
médecine alternative versus la médecine dite plus
conventionnelle, mais qui ne sera pas éliminée demain matin parce
que toutes les thérapies alternatives seraient tellement extraordinaires
qu'on n'aurait plus besoin de médecins. Alors, je pense qu'on est dans
un milieu où on devra continuer de vivre ensemble et c'est cette
ouverture-là de tous les groupes que je souhaite.
Donc, au cours des quatre prochains jours, une trentaine de groupes,
représentants d'organismes ou d'associations, viendront faire entendre
leur point de vue sur la question. Nous en entendrons 30 sur 80, 82 qui ont
déposé un mémoire. Nous avons voulu davantage
privilégier des groupes que des individus qui auraient eu certainement
des choses intéressantes à nous dire. Il y aura tantôt des
associations déjà fortement impliquées dans le domaine,
d'autres oeuvrant dans des secteurs dits plus traditionnels, sans compter les
CLSC, l'Association des hôpitaux et les syndicats, bref, beaucoup de
groupes dont les intérêts ne sont pas nécessairement du
même ordre. Je souhaite sincèrement que l'exercice qui s'amorce
soit des plus fructueux. Il s'agit avant tout, pour nous tous, de chercher les
moyens de permettre aux citoyens de faire des choix éclairés. Il
faut aussi que nous cherchions ensemble les apports spécifiques de tous
les intervenants, incluant les thérapeutes en thérapies
alternatives, qui nous permettront prioritairement d'atteindre les objectifs de
société que le gouvernement s'est donnés par sa politique
de santé et de bien-être, une politique qui fait de la
prévention, de l'approche communautaire des groupes vulnérables,
de l'accessibilité des coûts ses priorités en tout.
Je suis confiant en notre capacité de mener à bien les
discussions au cours des 20 prochaines heures qui nous sont imparties pour
passer à travers cette réflexion. C'est le citoyen qui sortira
gagnant de cet exercice, celui-là même qui justifie notre
présence ici et, finalement, notre raison d'être. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole au député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue qui va faire la déclaration
d'ouverture au nom de l'Opposition.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Eh bien, oui, cette
commission, elle est attendue depuis un très long moment. Il est assez
ironique, effectivement, que nous nous retrouvions aujourd'hui dans l'ancienne
salle du Conseil exécutif. C'est probablement ici, d'ailleurs, qu'ont
été élaborés les premiers moments de la Loi
médicale du Québec qui a été adoptée par le
Conseil des ministres avant d'être présentée au Parlement.
C'est évidemment une loi que nous allons être appelés
à questionner, à examiner et à scruter attentivement au
cours des prochaines heures, ici ensemble, du côté du gouvernement
et du côté de l'Opposition. Il est assez ironique aussi de
constater qu'on s'est fait déplacer dans la plus petite salle du
parlement par une présentation d'opéra ce soir. D'autres ont la
voix plus haute et plus forte que nous, peut-être. Nous allons voir le
résultat au bout d'une vingtaine d'heures et comment le gouvernement
donnera réponse aux nombreuses questions et, surtout, aux suggestions
qui nous seront faites pendant la présente commission.
Alors, je dirai donc, M. le Président, que nous y sommes enfin.
J'imagine que ce commentaire aura traversé l'esprit de bien des groupes
que nous entendrons cette semaine, du moins ceux qui militent en faveur d'une
reconnaissance des pratiques alternatives. Fruit d'un travail de longue haleine
pour les organismes qui pilotent le dossier depuis de nombreuses années,
je me souviens qu'à mes premières armes en politique, en 1989, il
en était déjà question, de cette commission pour permettre
d'aborder le sujet franchement, sans détour et, surtout, dans une
démarche empreinte de réalisme pour tous les intervenants
concernés en matière de thérapies. (10 h 40)
Les thérapies alternatives existent et un nombre important die
Québécois et de Québécoises y recourent. C'est
là un fait objectif. Le ministre précisait, il y a quelques
minutes, que l'on peut reprocher, suivant la tendance ou suivant l'orientation
qu'on a adoptée au départ, des éléments au sondage
Multi-Reso qui a été fait, qui a été
réalisé pour le ministère. Cependant, il faudrait aussi
que le ministre nous dise, lui, de quelle tendance il est, s'il pense que le
sondage est bon ou s'il n'est pas bon. Mais il est indiscutable, donc, sur la
base des faits, que les thérapies alternatives non seulement existent,
mais qu'un très grand nombre de Québécois et de
Québécoises y recourent chaque année et de façon
régulière. On pourrait aussi discourir longtemps sur le
pourcentage de citoyens et de citoyennes qui en font usage, de même que
sur les causes de ce phénomène. On sait déjà,
d'après les mémoires qui nous ont été
présentés, que la corporation des médecins conteste
certains de ces chiffres, mais cela demeure secondaire, quant à nous,
pour la suite des événements.
Tenter de balayer le phénomène des thérapies
alternatives sous le tapis force les thérapeutes compétents
à pratiquer dans l'illégalité et permet, par ailleurs,
à d'autres thérapeutes qu'on pourrait juger incompétents
d'oeuvrer dans l'ombre en toute impunité. Reporter toute décision
dans ce dossier de la reconnaissance professionnelle des thérapies
alternatives équivaudrait au même résultat, ce qui ne veut
pas dire, par ailleurs, qu'il faille précipiter le tout au
détriment, d'abord, de la protection du public. Cela ne sera pas facile,
en particulier pour les représentants du monde médical, parce
qu'il faut bien poser les bonnes questions, mais nier l'existence des approches
non traditionnelles ne réglerait rien, par ailleurs. Ces
représentants doivent prendre acte et chercher à conseiller
rigoureusement, sans parti pris, le monde politique qui, soit dit en passant,
n'est pas complètement irresponsable devant cette question,
évidemment.
Essuyer une fin de non-recevoir complète et globale de la part du
corps médical paralyserait le dossier, avec des risques de
conséquences fâcheuses si on laisse des êtres humains, nos
concitoyens, nos concitoyennes, entre les mains de charlatans. Je le
répète, quant à nous, du côté de
l'Opposition, il est urgent d'agir et, à cet égard, la
collaboration des médecins sera primordiale. Dans ce contexte, je ne
puis m'empêcher de déplorer la tournure que prend le débat
actuel sur la pratique des sages-femmes. Il s'agit de projets-pilotes. Pourquoi
une telle imperméabilité du corps médical à une
mesure souhaitée par une grande partie, sinon une majorité de la
population? En refusant toute collaboration, celui-ci pousse le gouvernement
dans ses derniers retranchements et appelle à des mesures plus
draconiennes qui ne sont pas, à l'origine, nécessairement
souhaitées, mais qui devront s'imposer dans le contexte actuel. Le corps
médical n'a rien à gagner d'une confrontation idéologique
totale et sans nuances sur la place des thérapies alternatives. Ce
faisant, il ne se trouverait qu'à renfor- cer un préjugé
populaire, tenace, voulant qu'on ne songe qu'à protéger ses
intérêts, et occulterait ce qui m'apparaît être un
argument très sérieux, soit la nécessaire protection du
public. Il nous faut donc espérer que le corps médical abordera
le débat avec ouverture d'esprit et pragmatisme.
Ceci étant dit, ce même état d'esprit devra
imprégner ceux et celles qui militent en faveur de la reconnaissance des
thérapies alternatives. Ce n'est pas parce que les thérapies
alternatives existent sur le terrain et que plusieurs y ont recours qu'elles
sont nécessairement bonnes. En clair, le nombre d'utilisateurs n'est pas
nécessairement un gage d'efficacité dans ce domaine
d'activité professionnelle. De plus, il faudrait être conscient
que, dans ce dossier comme dans beaucoup d'autres, d'ailleurs, le mieux est
souvent le pire ennemi du bien. Élaborer des modèles
sophistiqués d'organismes régulateurs, un corpus
réglementaire complexe ne rime à rien si, au bout de la course,
on se heurte à un refus du Conseil du trésor qui, par les temps
qui courent, est davantage enclin à manier le couperet. À titre
d'exemple, on laisse sous-entendre déjà, par la voie des
médias, que de larges pans de la réforme de la santé
seraient compromis faute de fonds. À ce sujet, il faut prévoir,
donc, qu'au niveau des prochains crédits budgétaires les
séances risquent d'être mouvementées.
Dans cette optique, la mise sur pied d'une corporation-parapluie
indépendante des structures existantes et telle que prônée
par plusieurs groupes nous apparaît, dans le contexte actuel, difficile.
Cela ne signifie pas pour autant que la solution préconisée par
l'Office des professions soit satisfaisante. Pour l'Opposition officielle, pour
aboutir à une démarche fructueuse, le gouvernement du
Québec se doit de procéder en deux étapes. Nous croyons
qu'à terme nous nous dirigeons inévitablement, et cela est
souhaitable, vers une remise en cause de la Loi médicale et, plus
particulièrement, des articles 31 et 43 qui réfèrent, en
des termes beaucoup trop généraux, au monopole des
médecins sur la santé. À cet égard, nous pensons
qu'il y aurait lieu de s'inspirer de la loi 43 de l'Ontario, laquelle entrera
en vigueur en juin 1993. Cette nouvelle loi, une première dans le monde
industrialisé, remplacera le concept de champ de pratique
réservé par une enumeration de 13 catégories d'actes
contrôlés, jumelées à des catégories de
titres réservés. C'est dans ce contexte que nous disons qu'il
faut, aujourd'hui et pendant la présente commission, questionner le
monopole médical sur la santé des Québécois et des
Québécoises. En conséquence, si un thérapeute
alternatif ne commet pas d'acte contrôlé si on prend la
dynamique de la loi de l'Ontario toujours, donc qu'il n'utilise pas sans
y avoir droit un titre réservé et qu'il ne cause pas de
préjudice à l'usager ou à l'usagère, sa pratique se
verra légalisée.
Pour nous, une législation de ce type est l'objectif à
atteindre, d'autant plus que l'on ferait d'une pierre deux coups en
réexaminant du même souffle la répartition des actes entre
les professionnels de la santé déjà
reconnus à l'intérieur du Code des professions. Mais, tel
que nous l'énoncions précédemment, dans la mesure
où l'on veut être pratique, il serait peut-être illusoire de
penser que de tels changements législatifs soient envisageables à
très court terme. Il est clair dans mon esprit que l'on assisterait
alors à un braquage en règle de la profession
médicale.
Avec des élections à plus ou moins brève
échéance, un ministre de la Santé qui a encore à
régler l'épineux problème de la répartition des
effectifs médicaux, tout en ayant énoncé qu'il quitterait
l'arène bientôt, il ne serait peut-être pas réaliste
de croire à des changements avant la fin de la session. Il ne faut
jamais perdre de vue que l'Ontario a mis plus de cinq ans pour parvenir au
terme de sa démarche. Habituer les esprits au changement d'une loi qui
date du siècle dernier est un processus de longue haleine. Mais, en
même temps, il faut provoquer la réflexion, donner de façon
tangible le signal de départ afin de cesser de tourner en rond. En ce
sens, il faut que le ministre de la Santé et des Services sociaux
dépose, d'ici la fin de l'ajournement sessionnel, un avant-projet de loi
sur la reconnaissance des thérapies alternatives au Québec et
l'encadrement des actes reliés à la santé des
Québécois et des Québécoises. Après
réflexion, il me semble qu'il n'y aurait que des avantages à une
telle démarche.
Cette démarche ne saurait, par ailleurs, justifier
néanmoins le statu quo pour le court terme. Le ministre doit apporter,
il nous semble, un certain nombre d'autres mesures concrètes visant
essentiellement la protection du public. Loin de nous d'insinuer,
évidemment, que tous les thérapeutes alternatifs sont des
charlatans. Cependant, le temps est venu d'examiner et, peut-être, de
permettre au public de séparer l'ivraie du bon grain.
Lorsqu'on lit, par exemple, le mémoire de l'ACEF-Centre, qui
décrit abondamment certaines pratiques dans des centres
d'épanouissement personnel, il faut bien avouer que les frissons nous
passent sur le corps. Si vous voulez avoir des extraits de ce mémoire,
qui nous donne des illustrations assez particulières, il nous est
rapporté un certain nombre de pratiques dans le domaine des
psychothérapies, en particulier dans un exercice qui s'appelle «Le
Forum». Je me permets de vous le citer parce que particulièrement
illustratif des responsabilités que devrait assumer l'État en
matière de protection. (10 h 50)
Et je cite le mémoire de l'ACEF-Centre: Une jeune fille prend la
parole dans le cours «Le Forum». Deux jours plus tôt, elle a
parlé de ses habitudes alimentaires boulimiques, de ses évasions
dans la musique et des abus sexuels perpétrés par son
frère plus âgé et ses amis. À ce moment, l'animateur
n'était intervenu que pour lui demander d'être présente
à ses problèmes durant le cours. Pour la seconde fois, elle parle
de ses problèmes et explique qu'elle éprouve des
difficultés dans ses relations avec les garçons. Or, l'animateur
se montre intraitable et n'exprime aucune sympathie à l'égard de
la jeune fille. Il dit qu'elle tente précisément de susciter la
sympathie des autres participants. La jeune fille dit qu'elle a
rencontré des garçons, mais qu'elle se sent mal à l'aise.
L'animateur lui répond: «Puis après?» et ajoute:
«As-tu pensé aux filles, à devenir lesbienne ou encore aux
animaux?» À un moment donné, la jeune fille rappelle
qu'elle a été abusée par son frère. L'animateur lui
demande si son père a abusé d'elle et elle répond non.
L'animateur rétorque: «Pas par ton père? Tu n'as pas
été capable de séduire ton père? Tu n'as pas
été capable d'avoir ton père?», en se montrant
indigné. Puis l'animateur semble juger que la jeune fille joue à
se plaindre. Il s'avance vers elle et commence à sucer son pouce comme
un petit enfant (pour dire à la jeune fille que c'est ce qu'elle est).
Puis, il regarde les autres participants et continue à faire le
bébé en se moquant d'elle. Les autres personnes présentes
rigolent et, ici, la jeune fille est abandonnée à
elle-même.
Quand on parle, donc, de certaines pratiques qui incitent ou doivent
amener la responsabilité de l'État en matière de
protection du public, on retrouvera, dans le mémoire de l'ACEF-Centre,
un bon nombre d'exemples qui nous indiquent qu'il faut agir dans ce domaine de
la protection du public en regard des thérapies alternatives. Il faut
donc envisager un certain nombre d'amendements à la Loi sur la
protection du consommateur. On pourrait, par exemple, obliger les
thérapeutes à afficher leurs prix, renforcer les dispositions en
ce qui concerne les remboursements pour les traitements ou les séances
non suivis et spécifier que l'on peut porter plainte à une
instance.
Par ailleurs, en ce qui a trait plus spécifiquement au traitement
des plaintes, nous osons suggérer, comme solution la moins
coûteuse et la plus facilement applicable à court terme, de
confier un mandat spécial au nouveau commissaire aux plaintes,
nommé en vertu de la réforme de la santé. Entouré
d'une petite équipe et doté d'un budget d'information
relativement modeste, il serait en mesure de traiter les plaintes, de faire les
dénonciations qui s'imposent, d'imaginer ou de créer,
peut-être, un registre des thérapeutes à risques, de mettre
sur pied une ligne téléphonique d'information et de faire les
mises en garde publiques lorsque la situation le requiert. On devrait
simultanément, en coordination avec les différents groupes
représentatifs, travailler à l'élaboration d'un code
d'éthique commun. Bref, il faut chercher à développer des
mécanismes efficaces sans déployer toute la batterie lourde des
corporations professionnelles telles que nous les connaissons aujourd'hui.
En ce qui a trait à la formation, par ailleurs, il me semble
difficile d'envisager une formation accessible dans les établissements
publics. À l'heure où l'on songe à couper dans des
disciplines aussi fondamentales que la philosophie et l'éducation
physique il faudrait que le ministre ait l'occasion de me donner son
opinion là-dessus pendant le cours de la commission je ne vois
d'autre alternative que la voie des écoles privées, un peu sur le
modèle des instituts d'informatique ou de sécréta-
riat, écoles qui, dans la mesure où elles remplissent les
conditions requises, pourraient se voir accréditées par le
ministère de l'Enseignement supérieur. Il s'agirait alors de
présenter une demande à ce ministère qui, en collaboration
avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, pourrait
approuver le curriculum.
En guise de conclusion, nous avons besoin, à court terme, de
certaines mesures législatives ponctuelles pour protéger
davantage les citoyens. Il faut donner un mandat au responsable des plaintes,
au commissaire aux plaintes qui va commencer son travail officiellement le 1er
avril, et, finalement, il nous faut amorcer très clairement le processus
de modification de la Loi médicale du Québec avec le
dépôt d'un avant-projet de loi avant la fin de la présente
session.
En somme, nous aurons donc à examiner toute cette vaste question
des thérapies alternatives, au cours des prochains jours, avec un bon
nombre de groupes. Nous le ferons avec un maximum d'ouverture d'esprit. C'est
pourquoi nous n'avons pas hésité ce matin, déjà du
côté de l'Opposition, à planter très clairement un
certain nombre de positions du côté de l'Opposition, pour que ces
positions soient également examinées et que nous puissions les
mettre à l'épreuve pendant les jours qui vont suivre.
C'est pourquoi nous pouvons répéter, en conclusion, que
nous disons oui aux thérapies alternatives; que nous disons non, pour
l'instant, à un corporatisme professionnel étroit dans le domaine
de la santé pour assurer la protection et l'évolution des
thérapies alternatives; que nous disons oui à l'information,
à la protection du public et au traitement des plaintes du public, avec
un mécanisme léger et externe; que nous disons oui, pour
l'instant, à un registre pour les professionnels des thérapies
alternatives concernées; que nous disons oui aussi à une
modification profonde de la Loi médicale encadrant les actes
reliés à la santé; que nous disons que nous devons
questionner le monopole médical sur la santé au Québec et
que nous disons et nous espérons que le gouvernement dira oui à
un avant-projet de loi déposé à l'Assemblée
nationale pour fixer le cadre d'une reconnaissance des thérapies
alternatives et définir, redéfinir l'ensemble des actes
reliés au domaine de la santé et comment l'État entend
exercer le contrôle sur ces actes, un peu et beaucoup dans le sens de la
nouvelle loi 43 de l'Ontario qui, je le répète, a pris cinq ans
de discussions, mais qui est arrivée à terme après deux
gouvernements, deux partis politiques différents, mais au profit des
citoyens et des citoyennes de l'Ontario.
Je vous remercie, M. le Président. Nous allons aborder cette
commission avec le maximum d'ouverture d'esprit pour en arriver à ce que
nous puissions évoluer dans le secteur de la reconnaissance des
thérapies alternatives au Québec.
Le Président (M. Philibert): Merci, M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue. Est-ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce veut intervenir?
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, nous
entreprenons un processus qui pourrait nous apporter un système de
santé meilleur et plus humain. Je crois que le temps est venu de
reconnaître la contribution des thérapies alternatives et de
légaliser les milliers de praticiens qui travaillent en ce moment au
Québec. Les Québécois et les Québécoises ont
démontré qu'ils veulent ces thérapies, qu'elles soient
légales ou pas. À défaut de fournir la
réglementation adéquate, nous mettons en péril la
santé des Québécois et des Québécoises. Si
nous ne changeons pas cette situation, nous n'éliminerons pas les
thérapies alternatives. Nous devons créer des structures qui
donneront aux consommateurs ce dont ils ont besoin, c'est-à-dire
l'information qui sépare les compétents des charlatans et qui
permet aux citoyens de contrôler leur santé et leur
bien-être.
During the course of these hearings, we will hear presentations from
many different alternative therapists. Some of these therapies may strike us as
strange or illogical. We will hear from other groups who will tell us that
these therapies are rooted in superstition or magical thinking, that the
effects observed are nothing more than placebo effects or wishful thinking. But
I urge you to keep an open mind and to resist the urge to dismiss that which
does not conform to our preconceived notions.
Nous entendrons des mémoires d'individus qui nous diront que les
thérapies alternatives ne sont pas scientifiques, ce qui, en
général, est vrai. Plusieurs thérapies alternatives n'ont
jamais été rigoureusement analysées. Mais, là
encore, cette critique peut être applicable au système
conventionnel. Beaucoup de traitements appelés conventionnels que nous
prenons pour acquis ont été introduits suite à des essais
limités en clinique. L'usage d'études doubles est toujours
l'exception dans la médecine conventionnelle.
Let me briefly quote Dr Michael Rachlis, the controversial author of the
book called «Second Opinion» which takes a very critical look at
our medical system. Quote: «During the period immediately following the
announcement of any medical innovation, a small number of clinicians will be
early takers. They form the hub of a network of advocates, who then proselytize
the technology. Thereafter, widespread adoption can occur quite rapidly without
benefit of scientific research. Possibly useless or even harmful procedures
quickly become the accepted standards of care in the community.» End of
quote. (11 heures)
Nous avons besoin de plus de recherche scientifique sur toutes les
procédures médicales. Je crois que l'évaluation de
traitements expérimentaux devrait être une des
responsabilités de toute corporation professionnelle. Voici un
élément que nous pourrions avoir comme condition pour
reconnaître les thérapies alternatives. D'autres
éléments devront être l'élaboration d'un
code de déontologie, des critères de formation et un
mécanisme de plaintes.
The alternative therapies have a lot to offer us. Most of them are based
on holistic principles which are sadly lacking in our current system. Our
current medical system is increasingly specialized and obsessed with high-tech
machines and intrusive procedures. This fragmentation reduces us to isolated
body parts or mere symptoms and denies us our full humanity. For the most part,
alternative therapies look at the whole person and see organisms living,
breathing, evolving in a complex universe. The holistic view considers the
physical, emotional, psychological and spiritual components that make up the
human being. I believe that it is this completeness which has attracted so many
of our fellow citizens to the alternative therapies.
Certains vont vers les thérapies alternatives après avoir
épuisé les ressources des médecines conventionnelles. Les
personnes âgées en particulier y trouvent confort et soulagement.
Priver quelqu'un de ce droit va à rencontre de la loi 120 qui proclame
que les citoyens ont le droit de prendre en main leur bien-être. Je
demande à toutes les corporations professionnelles qui participent
à cette commission de s'engager à quitter leur parti pris et
à laisser de côté leurs rivalités professionnelles.
Aucun groupe ne devrait avoir le monopole du choix des services de
santé.
I do not wish to see a repetition of what happened three years ago when
this commission agreed to set up pilot projects to study the implementation of
midwifery. Since that time, the process has been blocked by opposition from the
medical associations despite the evidence from numerous research projects. Les
thérapies alternatives et les sages-femmes ont été
reconnues dans d'autres provinces et d'autres pays. Cela me peine de voir que
le Québec, qui a été un pionnier dans le concept
avant-gardiste des CLSC, est maintenant en retard sur l'Ontario qui a reconnu
les sages-femmes et a établi, de surcroît, des règlements
afin d'incorporer les thérapies alternatives. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, nous allons
écouter les groupes. Alors, je demande aux représentants de
l'Office des professions du Québec de prendre place en face de nous.
Auditions
Le temps total octroyé par la commission pour chaque groupe est
d'une heure et ça se répartit comme suit: 20 minutes pour
l'exposé de l'organisme et 40 minutes pour les échanges avec la
commission, et les 40 minutes sont divisées en parts égales entre
le côté ministériel et l'Opposition.
Maintenant, j'invite le représentant de l'Office des professions
du Québec à présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Office des professions du Québec (OPQ)
M. Mulcair (Thomas J.): Merci beaucoup, M. le Président.
Il me fait plaisir de justement présenter les gens qui m'accompagnent
aujourd'hui.
Le Président (M. Philibert): Tout en vous
présentant d'abord.
M. Mulcair: Je me nomme. Mon nom est Tom Mulcair. Je suis le
président de l'Office des professions du Québec. Je suis
accompagné de notre chercheur principal dans le dossier, Mme Claire
Villeneuve; de M. Louis Roy, qui est le vice-président de l'Office des
professions du Québec; du Dr Monick Valois, qui est dentiste et
directrice des cliniques dentaires à la Faculté de
médecine dentaire à l'Université Laval et aussi docteur en
mesure et évaluation, soit en docimologie; de M. Gilles Perron,
également membre de l'Office des professions du Québec et ancien
président de l'Ordre des ingénieurs du Québec; et du Dr
Yvon Doyle, qui était notre chercheur principal dans le volet de notre
recherche qui portait sur les psychothérapies.
Le Président (M. Philibert): Voilà. Vous pouvez
procéder maintenant à la présentation de votre
exposé.
M. Mulcair: Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le
Président, M. le ministre, membres de cette commission, au nom de
l'Office des professions du Québec, il me fait effectivement très
plaisir de pouvoir vous résumer brièvement une recherche qu'a
menée l'Office des professions du Québec au cours d'une
période de deux ans et demi, portant sur les médecines
alternatives ou les thérapies alternatives, les médecines douces.
Les appellations, évidemment, varient beaucoup et, encore là,
souvent, dans le choix des termes, on voit toute une polémique se
dévoiler. La meilleure manière, à mon sens, d'aborder la
question et, du moins, d'expliquer notre rôle là-dedans: En clair,
qu'est-ce qu'on est venus faire dans ce dossier des médecines douces? ce
serait de rappeler un peu le mandat principal de l'Office des professions du
Québec.
Rappelons que l'Office est un organisme qui a été
créé en 1974 à l'issue de la commission Castonguay-Nepveu
qui a eu pour fonction principale de mettre sur pied notre système
d'assurance-maladie, bien entendu, mais aussi il y avait un deuxième
volet très important qui était la structuration d'un
système professionnel dans la province de Québec. Un des aspects
principaux de ce système est l'adoption d'un code des professions qui
vient régir les principaux aspects de l'ensemble des professions
reconnues au Québec, que ce soit dans le domaine des sciences
médicales ou dans le domaine de l'ingénierie et de
l'aménagement, c'est-à-dire les architectes, que ce soit dans le
domaine du droit ou des affaires, par exemple les comptables
agréés ou les notaires et avocats. C'est un cadre uniforme,
envié par plu-
sieurs juridictions en Amérique du Nord, je m'empresse de le
dire, par sa cohérence et par l'approche qu'il préconise en
matière, entre autres, de reconnaissance de nouvelles professions.
L'Office a pour principal mandat d'assurer que les corporations
professionnelles font leur travail de protection du public. C'est un dossier
à propos duquel on a eu l'occasion de discuter beaucoup en commission
parlementaire de ce temps-ci, parce que la question de l'efficacité des
corporations professionnelles et de leur score à cet égard a fait
l'objet d'un débat en profondeur, qui continue d'ailleurs.
Une de nos autres fonctions, de nos obligations, je devrais même
dire, est de recommander, lorsqu'on le juge opportun, la constitution de
nouvelles corporations professionnelles, la fusion ou la dissolution de
corporations existantes, ainsi que des modifications aux lois les
régissant. Trois raisons principales liées à notre mandat
ont mené à notre étude sur les médecines douces,
à savoir 10 demandes de constitution en corporation professionnelle
provenant de la part de différents praticiens de médecine douce.
J'utilise notre terminologie; nous, on parle plutôt de constitution en
corporation professionnelle. Mais il faut bien se rendre compte que, lorsque
les praticiens viennent nous rencontrer et vous allez sans doute
entendre ce mot souvent aussi eux, ils ont tendance bien plus souvent
à parler de reconnaissance. Ils cherchent une reconnaissance. Or, il
faut se rappeler dès le départ que notre mandat n'est pas de les
reconnaître dans le sens de leur accorder un statut. Le statut, on peut
le dire, est parfois le résultat d'une réglementation mais
la réglementation est nécessaire en termes de critères
objectifs définis qui vise à assurer une seule chose, la
protection du public.
Il y avait non seulement ces demandes d'être incorporé
à titre de nouvelle profession qui ont incité l'Office à
regarder le dossier, mais aussi on avait, à l'intérieur
même des professions reconnues, de la concertation nécessaire. Par
exemple, il y avait une poursuite pour pratique illégale de la
chiropratique, qui avait été prise par la Corporation
professionnelle des chiropraticiens c'est une partie de leur mandat,
c'est leur rôle, ils doivent le faire lorsqu'ils le jugent
approprié contre une autre profession reconnue, les
physio-thérapeutes. Alors, vous comprenez que ce n'est pas seulement les
professions reconnues vis-à-vis de ceux et celles qui sont à
l'extérieur qui peuvent parfois provoquer des difficultés, mais,
même à l'intérieur des professions, on peut avoir ces
mêmes problèmes. (11 h 10)
Finalement, il y avait une question importante à aborder
vis-à-vis toute la question des poursuites pour pratique
illégale. Car, au cours des prochains jours, vous allez sans doute vous
faire rappeler qu'il y a eu non seulement des difficultés pour les
membres reconnus de professions bien réglementées et
structurées, tels les médecins, à pratiquer de nouvelles
approches, telles l'ostéopathie ou l'homéopathie, puis il y a eu
des pour- suites là-dessus, mais, bien entendu, il y a de là
difficulté à déterminer avec certitude la limite entre une
pratique légale de massothérapie, par exemple, ou d'un massage,
et la pratique de la médecine. Donc, cette question des poursuites pour
pratique illégale de la médecine et d'une nécessaire
ouverture de la Loi médicale à cet égard-là a aussi
présidé à la réflexion de l'Office des professions
en cette matière.
Notre recherche s'est divisée en quatre volets.
Évidemment, il y a toujours à redire sur une telle division, mais
je peux vous dire qu'en contact avec mes collègues aux États-Unis
qui, au National Institute of Health, procèdent à l'heure
actuelle à une étude de même nature, et si on regarde ce
qui s'est fait aux Pays-Bas qui ont aussi procédé à une
étude d'envergure, la manière de diviser le gâteau pour
fins d'analyse se retrouve à peu près dans les champs suivants,
ce que nous avons choisi: les thérapies manuelles et le massage,
l'homéopathie et les médications naturelles, les approches
énergétiques et autres, et, finalement, les
psychothérapies, parce que vous remarquerez que les
psychothérapies ont fait l'objet d'une série de recommandations
à part du corpus de nos recommandations sur les médecines douces
généralement parlant.
Je peux vous résumer très brièvement notre
démarche à cet égard-là. D'abord, nous avons
rencontré tous les groupes qui ont sollicité d'être
entendus là-dessus, tous et chacun. Et nous avons même
provoqué des comparutions, en ce sens que nous avons
réécrit à certains groupes dont on savait qu'ils
existaient, mais qui, parfois, se doutaient de nos motifs; ils avaient peur de
venir exposer leur pratique devant nous. D'ailleurs, à ce
chapitre-là, je peux vous dire qu'on a appris plein de choses, et je ne
suis pas sûr jusqu'à quel point vous allez pouvoir
bénéficier de toute cette information dans un tel cadre, aussi
public. Mais, parfois, justement, en groupes restreints, on avait accès
à beaucoup plus d'informations, tantôt intéressantes,
tantôt, je vous avouerai bien franchement, inquiétantes. Mais,
quoi qu'il en soit, dans un cas comme dans l'autre, on était en mesure
quand même d'apprécier assez largement les pratiques en
question.
On a été joints dans notre démarche par le Dr Jean
Drouin, le président de l'Association de médecine holistique du
Québec, qui était notre expert tout le long de cette
démarche qui n'était pas nécessairement pour faire plaisir
au corps médical reconnu. Mais il était là avec nous tout
le long, et il nous a aidés énormément avec non seulement
son ouverture d'esprit vis-à-vis de toutes ces nouvelles pratiques, mais
sa science, sa connaissance approfondie de ces matières-là, et
ça, ça a été pour nous d'une aide extraordinaire.
Le Dr Luc Granger, doyen de la Faculté de psychologie de
l'Université de Montréal, était notre expert en
matière de psychologie; et le Dr Gaston Labrecque, de l'École de
pharmacie de l'Université Laval, était notre expert en
matière de pharmacie.
Nous aussi, on a mené un sondage auprès de la
population, mais je n'ai aucune intention de commencer à discuter
aujourd'hui, à savoir qui a raison et qui a tort dans ces sondages. Ce
que je peux vous dire, c'est qu'on est agréablement surpris de voir
l'évolution si rapide des médecines douces, parce que le sondage
qui a été mentionné tantôt montre un essor assez
extraordinaire en très peu de temps pour les médecines
douces.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le fait que vous vous
en soyez préoccupés.
M. Mulcair: Sans aucun doute. Mais, d'une manière un peu
plus sérieuse, je pense qu'on peut aussi dire que ça
dépend beaucoup de ce qu'on met là-dedans, ce qu'on vise
là-dedans. Si on regarde les chiffres qui ont été
avancés dans le cadre de la commission Rochon, si on englobe des choses
qui sont déjà réglementées, bien,
évidemment, on peut avoir un chiffre plus large, mais, parfois...
Notamment, je pense à nos amis, les chiropraticiens, parce qu'ils ne
sont pas toujours heureux d'être mis dans le même panier que
d'autres lorsqu'on arrive à ces chiffres-là.
On a fait une recherche documentaire, bien entendu, scientifique et
juridique, et on a pris connaissance de l'étude commandée par le
ministère de la Santé à l'Université du
Québec à Montréal, qui concluait à l'absence de
preuves scientifiques de l'efficacité de plusieurs médecines
douces, notamment de l'homéopathie, de l'ostéopathie, de la
naturopathie, de la phytothérapie, bien qu'il y avait une certaine
documentation concernant l'acupuncture. On peut la discuter en détail,
mais cette information-là était vraiment loin d'être
concluante, parce que, très souvent, on questionnait la validité
de la recherche au plan scientifique.
Mais, encore là, vous allez avoir amplement l'occasion de le
constater vous-mêmes, c'est en quelque sorte un faux problème de
commencer à discuter de la valeur scientifique de certaines de ces
approches-là. D'abord, dans un premier temps, on se fait souvent
répondre: Votre science ne peut pas comprendre ce qu'on est en train de
faire, c'est une médecine de terrain, c'est basé sur l'individu,
ça doit s'adapter à chaque circonstance; donc, les études
classiques doubles aveugles ne s'appliquent pas, c'est à vous de faire
votre propre jugement là-dessus. On l'a entendu souvent, ça. Et,
donc, on s'est dit: Plutôt que de procéder de cette
manière-là et de tenter d'y aller cas par cas... Parce qu'il y en
a qui disaient que c'était la manière de faire. Mais,
évidemment, quand on regarde le résultat des recherches qui ont
été faites avec des budgets beaucoup plus importants que ceux
dont on peut disposer, quand on regarde le mandat de l'Office des professions
du Québec, ce n'était pas notre job de faire ça. Ce que
nous avons tenté plutôt de faire, c'est de rester à
l'intérieur de notre mandat principal et de garder à l'esprit un
seul critère, la protection du public. Mais, évidemment, une fois
qu'on a mentionné ces mots-là, «protection du
public», on a tout dit, puis on n'a rien dit à la fois, parce que
tout dépend, encore une fois, de ce qu'on veut mettre
là-dedans.
Les informations qui ont été recueillies au cours de ces
deux ans et demi ont ensuite été analysées en application
des critères énoncés aux articles 25 et 26 du Code des
professions du Québec. Encore une fois, il y a des groupes qui ont eu
à redire là-dessus, mais je me permets de vous dire que, dans le
domaine de la réglementation des activités professionnelles, le
Québec a très peu à apprendre des autres juridictions, au
contraire. Je peux vous dire que je siège sur le conseil
d'administration d'un organisme qui s'appelle le Council on Licensu-re,
Enforcement and Regulation du Council of State Governments, aux
États-Unis. Je suis le seul Canadien à siéger à
cette institution et je peux vous dire que les critères que nous
utilisons aux articles 25 et 26, parce qu'il y a une version anglaise, pour
l'instant, sont utilisés très souvent et sollicités par
mes collègues américains à tout bout de champ, pour la
bonne et simple raison qu'au Québec, doté de ces critères,
ce n'est plus la simple force de lobbying d'un groupe ou d'un autre qui
détermine s'il va y avoir reconnaissance, ou réglementation
comme, à notre sens, il vaut mieux dire, mais bel et bien des
critères objectifs. L'évaluation qu'on en fait, c'est sujet
à certaines discussions, bien sûr, parce qu'il y en a qui disent:
Bien, si vous avez reconnu, par le passé, tel groupe, pourquoi pas tel
autre? Il faut faire ses propres aveux là-dessus: les gens qui disent
ça ont raison. Ces critères peuvent se résumer ainsi. Il
faut regarder les connaissances requises, le degré d'autonomie et la
difficulté de porter un jugement, le caractère personnel des
rapports, la gravité du préjudice ou des dommages et le
caractère confidentiel des renseignements.
Nous avons eu tendance à regarder plutôt les dangers
directs que les dangers indirects ou théoriques. J'ouvre une petite
parenthèse pour m'expliquer là-dessus. Dans le cas de Saint-Amant
et on peut vous donner des copies de la décision des tribunaux
là-dessus qui était un cas de poursuite pour pratique
illégale de la médecine, menée par la corporation des
médecins contre un massothérapeute, le juge a dit... Je ne suis
pas en train de questionner le juge; comme membre du Barreau, je donne toujours
cette mise en garde. Ce que je dis, par contre, c'est que c'est le
résultat de l'application de nos lois telles qu'elles existent à
l'heure actuelle. Le juge a dit ceci: La Loi médicale réserve
complètement diagnostic et traitement de tout état de la
santé chez l'être humain aux seuls médecins, sauf des
exceptions spécifiques, par ailleurs. Et, à ce moment-là,
ce massothérapeute qui a traité une madame qui se disait
fatiguée et stressée, et qui lui a dit: Mon traitement va vous
aider avec votre stress puis je vous invite à prendre
connaissance de l'ensemble de la décision a été
condamné pour pratique illégale de la médecine aux termes
de la législation existante. D'après nous, ça ne devrait
plus produire, ce résultat-là.
Donc, on préconise une certaine ouverture de la
Loi médicale pour ne plus aboutir à ça parce qu'il
n'y a pas de danger direct. À moins que la personne qui fait de la
massothérapie se mette à étendre la colonne
vertébrale au-delà de ses limites normales, ce qui devient de la
chiropratique qui est une pratique réglementée; à moins
que la personne diagnostique, ce qui est, à notre sens, quelque chose
qui devrait être toujours réglementé... Puis, je m'empresse
de souligner que, dans la loi de l'Ontario dont il a été
question, le diagnostic demeure très strictement
réglementé, avec les propositions dont on parle. Nous disons que,
si cette personne-là se livre à un massage de détente ou
à un massage qu'elle dit thérapeutique, sans diagnostiquer, elle
peut le faire tant qu'elle ne cause pas un danger direct. Dans le jugement, on
a dit: Ah oui, mais, si la madame avait eu un cancer du cerveau je pense
que c'est l'exemple que le juge donne, et elle aurait pu souffrir de quelque
chose de très grave on ne l'aurait jamais vu. C'est ce que nous
appelons un danger indirect, au deuxième degré, si vous voulez.
Et c'est là où on dit qu'il faut jeter un peu de lest; sinon, on
ne pourra jamais aboutir.
Évidemment, au cours des prochaines semaines, des prochains jours
du moins, vous allez entendre parler souvent de la différence entre les
titres réservés et les exercices exclusifs. Rappelons qu'il
s'agit des deux façons principales de réglementer les professions
partout en Amérique du Nord et en Europe. Qui a un titre
réservé et aucun exercice exclusif ou un exercice exclusif est
bien plus... Ça varie énormément d'un État à
un autre. On vous mentionnerait sans doute que, dans certains pays, le titre
même de «medical doctor», «physician»,
«médecin», ça, c'est réglementé, mais
les activités le sont beaucoup moins. (11 h 20)
Encore une fois, vous me permettrez, M. le Président, de mettre
les membres de la commission en garde contre les références trop
hâtives à des systèmes qui existent ailleurs, parce que, on
peut le dire parfois en boutade, c'est les «y a qu'à». C'est
une expression que j'ai déjà entendue, c'est les gens qui disent:
Y a qu'à faire ci; y a qu'à faire ça. Quand on sait, dans
les faits, comment ça se présente dans les autres pays... Une des
choses que nous avons souvent entendu dire, c'est qu'on n'a qu'à faire
comme en Allemagne, introduire un système de
«Heilpraktikers». On est allés voir sur place, puis des deux
côtés, et du côté des «Heilpraktikers»
qui doivent dorénavant passer des examens de plus en plus rigoureux, et
ils les contestent, bien entendu, comme nos acupuncteurs contestent leurs
examens ici, et du côté médical où on dit: On laisse
le public en proie aux charlatans, et, évidemment, c'est
contesté. Donc, le problème demeure le même. Ce qu'il faut
tenter de chercher, ce sont des solutions qui mènent à une bonne
protection du public tout en laissant, autant que faire se peut, la place aux
forces du marché. Et c'est un peu ce que préconise, justement,
l'Office dans ses recommandations.
Donc, généralement, concernant les pratiques alternatives,
on a conclu qu'elles ne représentaient pas de danger direct dans la
plupart des cas et qu'en général elles pouvaient faire du bien.
Comme les gens disent: Y a pas de mal à se faire du bien! Et, donc, on a
préconisé, encore une fois, une certaine ouverture à cet
égard-là. Les praticiens eux-mêmes devraient avoir une plus
grande quiétude en se livrant à ces pratiques-là sans
toujours craindre qu'ils soient en train de traiter avec un espion
envoyé par une corporation professionnelle ou une autre, bien qu'il y en
ait juste une qui l'ait fait.
Laisser les médicaments homéopathiques en vente libre.
Ça, c'est une autre chose qui fait partie des mandats de l'Office. Non
pas aux termes de la même réglementation dont il est question
aujourd'hui, mais aux termes d'une nouvelle réglementation et de la
législation qui a été adoptée récemment,
l'Office va proposer, au cours des mois à venir, des annexes de
médicaments, et ça, c'est assez intéressant. On propose la
vente libre de produits homéopathiques. On pourrait penser que les
fabricants seraient très contents que ce soit plus en vente libre. Eh
bien, non! Ils cherchent l'auréole de la pharmacie. Us veulent que ce
soit restreint à la seule vente en pharmacie. Ils voudraient une sorte,
encore une fois, de reconnaissance. Réglementez-nous, disent-ils, pour
mieux donner au public le cachet de l'imprimatur du gouvernement, de
l'État, quoi.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. Mulcair, il vous
reste deux minutes.
M. Mulcair: Merci, M. le Président. Je tenterai de
résumer. Concernant les professions existantes, on a tenté de
dire qu'il y avait certaines pratiques qui seraient mieux
réglementées si, aux termes des professions existantes, on
laissait ceux et celles qui se livrent déjà à certaines
pratiques porter un titre qui serait une garantie pour le public du fait qu'ils
sont déjà réglementés. En dehors de ça, il
faut bien comprendre qu'on ne dit pas que l'ostéopathie,
l'homéopathie et ces choses-là devraient être du ressort
exclusif des professions reconnues. Ça, c'est une information qui a
couru dans certains milieux des médecines douces et ça
émane d'une mauvaise lecture, du moins d'une incompréhension de
certaines de nos recommandations. Nous disons, par contre, que, pour les gens
qui font déjà partie d'une corporation qui se livrent à
cette pratique-là, il y a moyen de donner au public un signe comme quoi
ces personnes-là sont réglementées, avec les garanties que
cela offre, c'est-à-dire comité de discipline, code de
déontologie, inspection professionnelle, je passe les autres.
Concernant certains autres objets qui ne sont pas sous le contrôle
direct du Code des professions, vous aurez sans doute l'occasion d'y revenir.
Mais, comme ça a été mentionné par certains
intervenants, M. le Président, nous aussi, du côté de
l'Office des professions du Québec, on dit qu'il y a des aspects qui
devraient être couverts par la Loi sur la protection du
consommateur. Ça aiderait le public s'il y avait certains
aspects, notamment économiques, qui pouvaient être mieux
réglementés.
On aura sans doute l'occasion de revenir sur certaines analyses qui ont
été faites du côté de certains autres
ministères au gouvernement concernant notre travail. Je pense que, vu le
temps qui passe, je serais mieux de laisser ça venir en réponse
à d'autres questions.
Le Président (M. Philibert): Merci, M. Mulcair. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. À n'en point douter, la présence, comme premier
intervenant, de l'Office des professions est quand même très
significative dans ce débat-là et le travail qui a
été fait pendant deux ans et demi est très certainement un
travail qui est, je dirais, d'un apport considérable dans une commission
comme la nôtre. Je ne pense pas qu'on puisse, malgré toute la
bonne volonté qu'on pourrait avoir, en l'espace de quatre jours,
prétendre sortir, à la fin de cette commission-là, avec
autant de connaissances que l'Office peut en avoir, compte tenu du biais
elle-même qu'elle a de par ce que la loi lui donne. Je me contenterai
donc à ce moment-ci de tenter d'explorer, tantôt des
inquiétudes, tantôt des solutions, dans l'intervention, parce que,
nous aussi, au bout de 20 minutes, le président va nous arrêter,
mais peut-être davantage explorer des pistes qui pourraient nous
permettre de voir la lumière au bout du tunnel et de tenter de
régler un certain nombre de nos problèmes.
Si j'ai bien saisi à la lumière des lectures
effectuées, l'Office vise de manière générale
l'intégration des thérapies alternatives au champ de pratique des
corporations déjà existantes. On se rappelle une demande d'une
corporation-parapluie et toutes sortes de possibilités sont venues; on a
entendu ça à la commission parlementaire du printemps 1990.
C'étaient des propositions que vous avez analysées. Il est clair
que, dans notre esprit à nous, cette incorporation permettrait la
pratique de certains thérapeutes surtout et de première
manière dans les établissements du réseau, et ce, en toute
conformité, en toute légalité, sans pour autant que
ça amène des changements de structure très importants au
niveau du réseau et des sommes additionnelles. Je pense qu'il y a
là un premier point qui est intéressant et qui permettrait
éventuellement de faire un pas. La domination tant crainte par les
thérapeutes alternatifs des corporations, ça, c'est un autre
problème qu'on pourra regarder tantôt.
Cependant, ce qui m'étonne un petit peu peut-être
que j'en ai fait une mauvaise lecture, ça vous donnera l'occasion de le
préciser c'est la protection de la santé publique, qui me
paraît être un élément un peu plus faible, du moins
de ce que j'en ai lu. Peut-être que vous n'avez pas réussi
à nous traduire tout ce que vous avez, et je le comprends, dans 20
minutes. Ce que je comprends aussi, c'est que l'Office fait une
démarcation claire entre les thérapeutes qui ont une pratique
thérapeutique et ceux qui ne poursuivent que des objectifs de
santé et de bien-être. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Compte tenu du fait qu'on a maintenant une politique de santé et
bien-être, qu'elle va nous guider au cours des prochaines années,
qu'elle sera mise à jour aux trois ans, j'aimerais peut-être vous
entendre davantage sur cette distinction. Comment pouvez-vous en arriver
à cette distinction-là, compte tenu des recherches que vous avez
faites? J'aimerais vous entendre, premièrement, là-dessus.
M. Mulcair: Oui. D'abord, pour que ce soit très clair en
partant, de la même manière que vous nous renvoyez la balle quand
vous dites que c'est l'Office qui a regardé ça dans le cadre de
la loi qui le régit, c'est-à-dire le Code des professions, c'est
évident que chacun a son domaine. On n'a aucune prétention, en
matière du réseau de la santé publique, d'avoir des
recommandations bien qu'effectivement les problèmes qu'on a
identifiés dans le marché privé, si on peut dire, de ces
pratiques-là peuvent, par ailleurs, exister en milieu hospitalier. Si,
par exemple, une infirmière, pour soulager certains maux, se livre
à un geste ostéopathique ou de réflexologie,
évidemment, la Loi médicale vient se heurter à ça
aussi. Mais ce n'était pas là notre propos.
Pour ce qui est des gestes proprement thérapeutiques, je peux
peut-être me résumer ainsi. L'Office des professions du
Québec dit, à l'égard des deux principaux actes qui font
partie du champ exclusif des médecins, c'est-à-dire diagnostic et
traitement, si je peux caricaturer un peu: II faut jeter du lest
côté traitement. Côté diagnostic, on est passablement
plus sévères. Sauf lorsqu'il s'agit du diagnostic dit
énergétique, qui est le propre des gens qui travaillent soit en
médecine traditionnelle chinoise, notamment en acupuncture, mais aussi
des gens qui travaillent en shiatsu et en acupres-sion, vu qu'il s'agit de
quelque chose qui est peu prouvable, on est un peu plus ouverts sur
celui-là. Par contre, pour le diagnostic médical proprement dit,
nos amis, les chiropraticiens, même vous diraient qu'on est tellement
avare vis-à-vis de cette question-là qu'on ne veut même pas
permettre, par exemple, les tests de sang par les chiropraticiens qui,
rappelons-le, ont cinq ans d'études postsecondaires.
Il n'y a pas, à proprement parler, M. le Président, dans
notre étude, une telle distinction, c'est-à-dire entre le
purement thérapeutique et le bien-être. Par contre, en
préconisant une certaine ouverture de la Loi médicale, on dit: La
définition que l'on proposait, ça vise à permettre,
justement, des choses comme le massage de détente, les conseils
généraux d'hygiène de vie. Les avis de ceux qui ont lu
ça étaient vraiment à pôles opposés. Il y en
a qui disaient: Ils ne reconnaissent pas que les massothérapeutes font
de la thérapie, ils n'ont rien compris au problème. Il y en a
d'autres qui ont vu, dans les termes choisis, la possibilité pour les
naturopathes, les gens qui travaillent un peu plus avec des moyens
naturels, de poursuivre leur manière de travailler. (11 h 30)
II faut dire une chose. Avec la Loi médicale fermée qui
existe à l'heure actuelle, vous avez vos propres chiffres, il y a
déjà des milliers de gens qui pratiquent ça. Alors, ce
n'est pas aussi strict que l'on pourrait le faire croire. Donc, les gens
cherchent à avoir une quiétude dans leur pratique, et c'est ce
que nous avons tenté d'avoir. Mais, à chaque fois... If I can use
an English expression, we have got our finger in the dyke for the time being.
If you remove it, you do not know how many tons of water are going to come down
on your heads. C'est pour ça qu'on est tellement parcimonieux. J'ai un
ingénieur, j'aurais peut-être dû laisser l'image du barrage
à Gilles. Mais on est tellement parcimonieux dans nos suggestions
d'ouverture, mais ouverture il doit y avoir pour laisser une plus grande place
à ces pratiques-là, surtout lorsqu'il n'y a aucun danger au
premier degré d'identifié. Alors, si je comprends bien votre
question, c'est plutôt à ce niveau-là que se situe cette
explication dans notre demande d'ouverture de la Loi médicale.
M. Côté (Charlesbourg): Mon collègue abordera
très certainement ce qui s'est fait un peu en Ontario, j'imagine,
puisque ça a été l'objet de son propos d'introduction; je
lui laisserai cela. Je ne sais pas si je me trompe, mais, quant à la
protection du public, vous semblez dire: Laissons les règles judiciaires
fonctionner, laissons les règles de poursuite et de démarche
devant les tribunaux fonctionner. Est-ce que je me trompe si je tire cette
conclusion simple de l'ensemble de votre démarche? Et, dans la mesure
où ce serait cela, je trouve qu'on a choisi une solution coûteuse
pour l'individu, au bout de la ligne. Tant pour se défendre que pour
accuser et aller devant les tribunaux, ce sont des démarches
extrêmement coûteuses, très longues et qui, au bout de la
ligne, ne règlent pas grand-chose. Est-ce que c'est parce que vous
êtes limités et que vous ne souhaitez pas intervenir dans des
champs qui sont des champs de juridiction d'autres ministères? Mais
ça me paraît être, à ce moment-ci, une solution
coûteuse pour les individus confrontés à ces
situations-là et coûteuses sur le plan financier aussi.
M. Mulcair: Ça dépend de ce dont on parle à
propos de ces poursuites-là. Si on parle de poursuite pour pratique
illégale de la médecine, il est sûr et certain que, dans
nos propositions, on conserverait une loi médicale et,
évidemment, les gens qui outrepasseraient même cette nouvelle
définition plus large, plus souple de ce qui est le propre des
médecins risqueraient de se faire poursuivre pour pratique
illégale de la médecine. Il y a eu des propositions à la
commission parlementaire qui s'est tenue récemment sur la
déontologie et le code disciplinaire des professions, où on a
parlé, par exemple, de rendre ça un peu plus rapide, par exemple,
en référant dorénavant au Tribunal des professions les cas
pour pratique illégale, ce qui aurait sans doute un résultat
intéressant parce que le Tribunal des professions, c'est tous des juges
de la Cour du Québec, mais qui ont une énorme expérience
avec les lois professionnelles. Donc, c'est une idée qu'on accueille
avec beaucoup d'intérêt, et le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles également.
Si on parle de poursuite en cas de lésion, le Code civil
s'applique à tous ces gens-là, peu importe qui ils sont. En
d'autres mots, ce n'est pas un cadre législatif qui va changer ce
fait-là si on cherche à se faire rembourser pour une
lésion.
Si on parle, par contre, d'une poursuite déontologique,
c'est-à-dire qu'on se sent lésé par une personne qui a
été impolie, qui a manqué de manière de faire dans
sa pratique, je vous dis qu'effectivement il demeure plusieurs choses qui ne
sont pas réglementées. Les électrolystes ne sont pas
réglementés non plus, pas plus que les coiffeurs. S'il y en a qui
trouvent dans mon propos des exemples ou des analogies qui les frustrent, ce
n'est pas notre but. Ce que je tente de dire par les exemples que je donne,
c'est qu'il y a beaucoup d'activités où on laisse libre cours aux
forces du marché. Le Québec est une des seules juridictions en
Amérique du Nord à ne pas réglementer les
esthéticiens et les coiffeurs. Je ne sais pas si vous le saviez. On a
laissé libre cours aux forces du marché depuis longtemps.
M. Côté (Charlesbourg): Les coiffeurs l'ont
déjà été.
Une voix: Oui.
M. Mulcair: Us l'ont déjà été, mais
ils ne le sont plus. Si vous n'aimez pas votre coupe de cheveux, vous changez
de coiffeur. Si la personne dit: Je vais vous donner un massage qui va vous
faire du bien, qui va vous détendre, et que ça ne vous fait pas
de bien et ça ne vous détend pas, allez en voir un autre. Si, par
contre, le but est de leur donner une reconnaissance et de dire: On met
l'imprimatur de l'État sur leur pratique pour leur donner une
crédibilité vis-à-vis leur thérapeutique, moi, je
dis: Attention, là. Les chiropraticiens, ça a pris 20 ans de
reconnaissance ici, au Québec, pour qu'ils aient un cours, bien que ce
soit déjà réglementé ailleurs. C'est
compliqué, cette question de l'enseignement. On a des écoles
privées en naturopathie; il y en a plusieurs. On a fait
l'expérience en acupuncture et on est encore là-dedans. Ce n'est
pas réglé, l'acupuncture, encore. Alors, ce n'est pas facile.
Aux États-Unis, on a deux écoles de naturopathie
reconnues. En Ontario, il y en a une. Il y en a une en Oregon, il y en a une
dans l'État de Washington et il y en a une en Ontario. Il y a deux
praticiens issus de ces écoles-là, à notre connaissance,
qui pratiquent à Montréal. On les a rencontrés dans le
cadre de notre recherche. Savez-vous qu'ils ont été poursuivis
à plusieurs reprises par la corpo des médecins? Pas parce
qu'ils
étaient des incompétents, à mon sens. Il faut se
demander comment ça se fait que les gens issus des seules écoles
reconnues ont fait l'objet d'une attention particulière. Ça,
c'est des questions aussi qui ont fait partie de notre analyse et qui ont
mené à la conclusion qu'il fallait avoir une certaine ouverture.
Mais de là à dire qu'on va reconnaître une nouvelle
profession en tant que telle dans le domaine de la naturopathie... Forts de
notre expérience dans le domaine de l'acupuncture, commencer à
décider si un tel a la vérité là-dedans ou tel
autre, bonne chance! En tout cas, c'est un dossier qu'on n'était pas
prêts à ouvrir pour l'instant.
M. Côté (Charlesbourg): Mais je comprends que le
message global est un message d'ouverture.
M. Mulcair: Le message global de l'Office des professions du
Québec dans ce dossier-là est effectivement, M. le
Président, un message d'ouverture.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui m'amène
à une recommandation que vous faites, la recommandation
générale et globale qui est celle de travailler sous des chapeaux
déjà existants, donc intégrés. Est-ce que vous avez
examiné dans la pratique, demain, dans la mesure où ce serait
ça qui s'appliquerait, comment, par exemple, la corporation des
médecins, pour ne citer que celle-là parce qu'elle est assez
présente, merci, pourrait intégrer les homéopathes sous un
même chapeau? Après en avoir tant poursuivi devant les tribunaux,
comment est-ce qu'on peut penser demain qu'il y aura cohabitation pour partager
des objectifs semblables, parce que tout le monde veut donner un peu de
bien-être à l'individu qui est devant, avec des personnes qui ont
une formation dont la compétence est reconnue?
Je suis allé faire un petit tour en Hollande, moi aussi, et c'est
là-bas que j'ai appris que l'homéopathie, c'était
extraordinaire, c'était reconnu, ça avait des bienfaits reconnus,
mais pratiquée par des médecins. Donc, il n'est pas question...
Ce qui est remis en cause, si ma mémoire est fidèle de mes
voyages, ce n'est pas l'homéopathie, mais c'est davantage par qui c'est
pratiqué. Comment est-ce qu'on peut progresser dans cette entente
mutuelle? Parce qu'on souhaite cette ouverture au niveau de la pratique. Je
pense qu'effectivement c'est petit pas à petit pas qu'on réussira
à progresser. On le voit dans le dossier des sages-femmes. Des fois, on
en fait deux en arrière pour en faire un en avant, mais on se donne
quand même l'impression d'avoir progressé d'un pas. Mais ce n'est
pas une situation qui est facile. J'aimerais vous entendre là-dessus
parce que ça ne me paraît pas être évident sur le
plan de la volonté de la corporation des médecins, par exemple,
d'avoir cette ouverture.
M. Mulcair: Je suis très content, M. le Président,
d'avoir cette occasion de clarifier cet aspect-là. Là-dessus, je
dirais que c'est là où il y a eu le plus de désinformation
ou d'incompréhension de la part de certains praticiens des
médecines douces. Qu'on se comprenne bien. Ce que l'Office a
demandé, tantôt aux médecins, tantôt aux autres
corporations professionnelles reconnues, c'était de baliser la pratique
de ces nouvelles thérapies par leurs propres membres. Ce que nous avons
demandé, donc, à la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, c'était de clarifier les règles
de pratique en matière d'homéopathie, notamment, pour les
médecins. Encore une fois, récemment, on a eu un cas on
peut vous donner encore la décision, la plus récente vient de
sortir c'est le cas d'un médecin qui a pratiqué
l'homéopathie. Il s'est fait acquitter par son comité de
discipline d'avoir pratiqué contrairement aux règles de l'art.
Donc, les médecins ont été plus cléments,
indulgents avec lui, que le Tribunal des professions qui l'a condamné
pour pratique illégale de la médecine... Une tentative
récente en évocation a échoué, donc la condamnation
demeure... Pardon, pour pratique de la médecine contraire aux
règles de l'art. C'est ça, la condamnation du médecin
homéopathe en question.
À notre sens, les médecins auraient intérêt
à suivre le modèle des vétérinaires du
Québec, qui ont dit à peu près ceci à leurs
membres: II y a beaucoup de gens pour un traitement homéopathique; vous
pouvez adjoindre l'homéopathie dans votre pratique de médecine
vétérinaire en autant que vous ne le faites pas aux dépens
d'un traitement reconnu dans les circonstances. Us ont commencé à
baliser. Ils laissent une certaine expérimentation. (11 h 40)
Les problèmes qui se présentent dans ce dossier-là
concernent non seulement les praticiens à l'extérieur du
système, mais bel et bien ceux à l'intérieur. Puis, dans
le domaine de l'homéopathie, on peut citer, encore récemment, le
cas des pharmaciens qui se font poursuivre pour pratique illégale de la
médecine, cette fois-ci par la corporation des médecins. Alors,
on voit que, même à l'intérieur du système, il y a
du travail à faire là-dessus. Ce que nous avons par ailleurs dit,
c'est ceci: On ne préconisait pas la création d'une nouvelle
corporation professionnelle d'homéopathes. Ça, c'est clair,
à notre sens, parce que, justement, comme vous, partout où
l'homéopathie est permise, que ce soit en France, aux Pays-Bas ou
à d'autres endroits, c'est la même chose, l'homéopathie,
c'est l'apanage exclusif des médecins. Ça n'existe pas, des
homéopathes. Au Québec, vu le «free for all» qui
existe depuis un certain nombre d'années, on a vu, entre autres, la
création de divers groupes d'homéopathes tout court, avec une
formation, tantôt... Ah, j'ai fait un petit peu de biologie, j'ai fait un
petit peu de ceci, j'ai fait un petit peu de cela; c'est des écoles
privées, c'est des petits cours de fin de semaine. C'est n'importe quoi.
Alors, ce que, nous, on a dit, c'est: On préconise à ce
point-là une ouverture que, même ces gens-là, on ne les
empêcherait même pas de s'appeler homéopathes tout court,
mais, attention, une
loi médicale demeurerait en place, si je peux emprunter line
image du baseball, «as a backstop», pour attraper les coups mal
frappés. Il y aura toujours une loi médicale là pour
protéger le public en arrière. Par contre, on va leur laisser
leur chance.
Ce n'est pas facile. C'est un délicat équilibre,
justement, entre le désir du public d'avoir accès à
d'autres choses, l'impression puis on traite souvent avec des
impressions dans ces choses-là aussi qu'il y a d'autres choses
qui sont souvent cachées par un monopole médical et des
compagnies pharmaceutiques qui veillent à leurs propres
intérêts. Et on traite avec ça lorsqu'on regarde ces
questions-là. Comment rassurer le public que, même avec cette
ouverture, les pires dangers, les dangers directs, seront
contrôlés? C'est là le tour qu'il faut jouer, et ce n'est
pas facile. Et c'est là-dessus qu'on a travaillé pendant deux ans
et demi, avec les propositions bien modestes que vous avez devant vous
aujourd'hui, parce que nous, non plus, on ne prétend pas avoir la
vérité là-dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si je comprends bien,
pour bien saisir la portée de ce que vous proposez, l'homéopathe,
dans un cas comme celui-ci, pourrait être un assistant du
médecin?
M. Mulcair: Le médecin a le droit de s'adjoindre le
personnel qu'il veut tant que ces personnes-là ne font pas des actes ou
des choses qui sont spécifiquement réservés aux
médecins. L'homéopathe qui travaille en pratique privée,
qui n'est membre d'aucune profession, qui n'a pas, donc, son propre champ, une
autre manière de dire qu'il peut pratiquer un certain nombre d'actes qui
sont réservés par ailleurs aux médecins, serait quand
même susceptible d'être poursuivi pour pratique illégale de
la médecine. Le médecin qui utilise la formule qu'on appelle aux
États-Unis «physician's assistant», bien, il serait quand
même tenu de respecter les règles de sa propre corporation
professionnelle, mais normalement, tant que ces choses-là ne sont pas
faites à rencontre de la Loi médicale, il pourrait s'adjoindre
une telle aide. Mais nous ne préconisons pas que les homéopathes
en pratique privée à l'heure actuelle aillent travailler chez des
médecins. Ça, c'est une formule qui a été
tentée dans le domaine de l'acupuncture pendant des années,
où on avait tantôt l'obligation d'avoir un diagnostic
médical, tantôt l'obligation d'avoir un certificat médical.
Ce sont des solutions vouées à l'échec.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que, sur le terrain,
ce qui s'est développé au fil des années, c'est de tenter
de trouver la quiétude d'un médecin et de pratiquer dans un
même bureau, donc en privé, en offrant des services par un
homéopathe. On ne parlera pas de la qualification ou de la formation;
ça, c'est un autre débat et il faudra finir par l'aborder un de
ces jours. Mais c'est, je pense, le milieu qui s'est ajusté pour tenter
d'aller chercher une certaine sécurité dans la pratique.
Et ça, c'est une réalité terrain qui se
développe passablement. Et, dans la mesure où il n'y a pas les
ouvertures qu'il faut pouf constater uii certain nombre de choses, dans
quelques thérapies alternatives... Parce que j'ai toujours pensé,
moi, qu'il y en avait cent et quelques, mais je vous ai entendu à
«Droit de parole» parler de 200 et quelques. Alors, j'imagine que,
plus on étire le nombre, plus ça doit être très,
très impressionnant. Donc, quant à moi, il est clair que l'examen
doit porter sur un certain nombre très précis, où on peut
faire une étape additionnelle au niveau du Québec dans cette
reconnaissance-là, dans l'encadrement, la protection du public.
Ma dernière question, parce que j'imagine que mon temps passe.
Dans votre avis, vous parlez de la protection du consommateur. Il existe des
charlatans, il existera toujours des charlatans, peu importe le niveau de
formation que vous pouvez avoir. Est-ce que je me trompe en pensant que le
moyen d'en régler une bonne partie, c'est de passer ça à
la protection du consommateur? Et quels sont les contacts que vous avez eus
avec la protection du consommateur dans un cas comme celui-là?
Évidemment, je dis «protection du consommateur»; demain
matin, je comprends que, pour quelqu'un qui se fait passer un poil qui n'a pas
d'allure, la protection du consommateur peut avoir les ressources pour analyser
dans ces domaines-là. C'est élargir passablement le mandat de la
protection du consommateur. Je ne dis pas que ce n'est pas souhaitable, mais
j'aimerais au moins avoir un petit peu plus d'information là-dessus.
Le Président (M. Philibert): Alors, rapidement parce que,
effectivement, le temps est écoulé.
M. Mulcair: Effectivement, il y a des failles dans le
système à l'heure actuelle. On fait état de certaines de
ces failles-là dans notre rapport. On mentionne l'absence d'une
réglementation rigoureuse pour les écoles privées, et je
vous dis que certains de ces cours-là en médecine douce peuvent
coûter jusqu'à 25 000 $. Alors, ça, c'est une question de
protection du consommateur. À notre sens, ces questions purement
économiques relèvent davantage de l'Office de la protection du
consommateur. Et, pour terminer là-dessus, oui, effectivement, on en a
discuté avec nos collègues à l'Office de la protection du
consommateur, bien entendu, avant de faire la recommandation.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Sauf que la
distinction, c'est davantage auprès de celui qui veut se former à
une discipline de thérapie alternative et qui va dans une école,
davantage pour celui qui paie pour un service de formation que pour l'individu
citoyen qui irait consommer un service dispensé, parce qu'il y a deux
choses.
M. Mulcair: À l'heure actuelle, la Loi sur la
protection du consommateur réglemente l'aspect contractuel des
cours de croissance personnelle, dont il a, par ailleurs, été
question tantôt, et, à notre sens, l'aspect contractuel de la
relation praticien-client peut aussi faire l'objet d'une réglementation
aux termes de la Loi sur la protection du consommateur.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Et, en encadrant
beaucoup mieux par l'Office de la protection du consommateur ces contrats liant
le milieu d'enseignement avec celui qui suit le cours, on élimine un
certain nombre de charlatans.
M. Mulcair: Oui, et on élimine du même coup un des
préjudices. On parle souvent de préjudices dans ce
dossier-là, mais ce qu'on a tenté, par ailleurs, de mettre en
relief dans notre rapport, c'est qu'on parle non seulement de préjudices
corporels ou psychiques éventuels, mais, bien entendu, de
préjudices économiques éventuels.
Le Président (M. Philibert): Le temps est
écoulé, M. le ministre. Je passe la parole à M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux, à mon
tour, saluer la présence de l'Office des professions, de son
président, M. Mulcair, de mesdames, messieurs qui vous accompagnent, des
chercheurs et des gens d'autres professions qui vous accompagnent ici
aujourd'hui pour nous rendre témoignage. Et c'est à souligner,
tout ce travail qui a été accompli. Vous n'avez pas
préparé un mémoire de façon ad hoc pour cette
commission parlementaire au sujet de la reconnaissance on va y revenir,
et je vous remercie de cette précision de départ des
thérapies alternatives. Votre témoignage est donc basé sur
une recherche exhaustive de ce qui se passe dans ce domaine-là.
Je dois vous dire au départ que, pour ma part et de notre
côté, nous apprécions toutes les nuances avec lesquelles
vous présentez le résultat, dans le fond, de votre recherche eu
égard aux mandats et aux lois qui président à l'exercice
de vos fonctions au sein de l'État. Je me réjouis, dans un
premier temps, que vous manifestiez, au nom de l'Office, encore une fois, suite
à l'étude et à l'examen auxquels vous avez
procédé, cette ouverture d'esprit je sais que vous ne
l'employez pas dans ce contexte-là, mais je vais l'employer, quant
à moi, dans un autre contexte quant à la reconnaissance de
ce qui se passe, de ce qui se fait de facto et qu'il faut peut-être
tenter d'encadrer eu égard surtout, évidemment, à la
protection du public.
Ma première question, parce que j'y ai largement fait état
dans ma présentation d'ouverture, c'est évidemment de vous
demander de nous donner ou, quant à moi, de me donner votre impression
générale quant à l'édifice qui a été
élaboré du côté ontarien, parce que c'est une loi
qui est très large, et j'ai rappelé...
M. Mulcair: Elle n'est pas en vigueur. (11 h 50)
M. Trudel: Elle n'est pas encore en vigueur, tout à fait,
mais elle a reçu l'assentiment vice-royal; alors, elle devrait donc
entrer en vigueur au mois de juin à moins que d'autres lobbies, comme
dans certains cas précis ici, puissent agir avec peut-être autant
d'efficacité. On le verra ici dans les semaines qui viennent. Mais,
quant à l'Ontario, il semble bien qu'on ait réussi à
traverser le mur de la législation, ce qui n'est pas peu dire.
Mais je voudrais avoir votre impression sur la construction
générale, l'économie générale de ce projet
de loi qui, non seulement, au haut de l'édifice, remet en question, a
remis en question le monopole, le champ exclusif de la santé du
côté médical, mais qui, également, comporte d'autres
éléments qui peuvent être vus dans notre contexte
québécois actuel comme des éléments de solution. Je
ne dis pas la solution, mais ça me semble être des
éléments de solution. Alors, eu égard à
l'expérience que vous avez, à ce que vous disiez aussi dans votre
représentation, que le Québec a peu à apprendre du
comportement, par les matières d'autres États américains
ou d'autres provinces canadiennes dans le monde occidental, quelle est votre
évaluation, votre jugement quant à l'économie
générale de cette loi 43, pas encore en vigueur, qui le sera au
mois de juin?
M. Mulcair: Ça faisait toujours sourire mes
collègues ontariens lorsque je décrivais le travail d'Allan
Schwartz, qui était à l'origine de ça, comme étant
«a good Jesuitical reasoning». Allan Schwartz's reasoning being
described as Jesuitical always made them smile. Mais je peux vous dire que,
comme modèle, c'est une manière de procéder des plus
intéressantes. Je me permets de corriger un peu le tir quant au facteur
temps, parce que, quand ça aura entré en vigueur, ça fera
bientôt 10 ans depuis le début de ces travaux-là.
Je travaille avec mes collègues en Ontario sur ce
dossier-là depuis plusieurs années. Je peux vous dire qu'Alan
Burrows, qui est aujourd'hui, depuis deux ans, chargé de ce
dossier-là en Ontario, et moi, par exemple, à Détroit, au
mois de septembre dernier, on a tous les deux présidé une
séance d'un colloque sur la réglementation des médecines
alternatives et on a, bien entendu, utilisé leur modèle comme
cadre d'analyse. Je peux vous dire que mes collègues dans les autres
provinces... Et je pense, notamment, à Denis Gartner, en Alberta, parce
que l'Alberta est. la seule autre province, M. le Président, à
avoir un cadre de réglementation centralisé des professions comme
le Québec; d'ailleurs, ils sont venus ici, au Québec, à
l'Office, et ils ont copié nos structures. Je peux vous citer un autre
exemple typique, c'est à New York, c'est Henry Fernandez, qui est
Chairman of the Office of the Professions, là-bas. On dit tous la
même chose: C'est un excellent modèle. Mais, si vous pensez que
ça va éviter les chicanes de
clôture entre les professions, c'est une erreur. C'est une
excellente manière de décrire ce qui existe, mais il ne faut pas
oublier qu'au Québec on a la Loi médicale et on a souvent des
règlements de délégation d'actes qui sont très
complexes et qui viennent, en quelque sorte, déterminer qui peut poser
quel acte et dans quel contexte.
Éventuellement, le même détail va venir se greffer
ici. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas l'article 4 de la loi concernant
la réglementation de la profession de médecin qui
détermine tout. Dans chacune des 21 lois, on vient déterminer
avec beaucoup plus de détails. Quand on parle de diagnostic, on ne donne
pas nécessairement au psychologue tout le domaine du diagnostic; on
vient préciser, baliser à chaque fois. Donc, on décortique
chacun de ces grands chapitres et on donne à l'intérieur de
ça ce que chacun peut faire. C'est très détaillé,
ce qui finit par sortir.
Donc, comme modèle qui explique bien ce qu'on tente de faire
lorsqu'on réglemente des activités professionnelles, c'est
vraiment brillant, c'est innovateur, et vous avez entièrement raison de
signaler que c'est la seule fois, c'est le seul endroit dans le monde
occidental où il y a quelque chose comme ça. Certains de mes
collègues américains prédisent que ce
modèle-là je pense, notamment, aux gens de l'État
de Virginie éventuellement, mais ils parlent plutôt dans 10
ou 15 ans, risque d'être le modèle de réglementation des
professions. Qu'on se le dise aussi très clairement, les études
qui ont été menées là-dessus ont souvent
démontré que les coûts des services de santé
augmentent de manière faramineuse à cause des chasses
gardées. Du fait qu'on ne peut pas faire la meilleure utilisation
possible de toutes les ressources, de tous les professionnels, de tous les
intervenants, ça fait augmenter les coûts. Je fais
référence, notamment, aux études publiées
récemment par la commission Pew, P-e-w, du nom de la famille qui a
doté de 100 000 000 $US un groupe de recherche pour travailler
là-dedans ce serait bien si on pouvait être dotés de
telles sommes pour commencer nos propres travaux et c'est les gens
d'Allied Health Sciences, faculté de l'Université de Chicago.
C'est mes collègues là-bas qui ont fait cette analyse-là,
et une de leurs premières constatations, c'est que ce sont les champs
exclusifs qui constituent la barrière la plus importante à
l'utilisation optimale des ressources et avec tous les coûts
inhérents. Alors, je pense que, dans l'ensemble, c'est un aspect,
vraiment, qui mérite réflexion. Ça prend du temps. Pour ma
part, je laisserais expérimenter et sédimenter un peu avant de
dire: Voilà, ils l'ont trouvé. Mais je pense que c'est un
modèle des plus intéressants.
M. Trudel: Je vous remercie de la précision. On n'a pas
beaucoup de budget, nous non plus, pour voyager, même en Ontario.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: je voudrais corriger et dire que c'est plutôt 10
ans au lieu de 5. j'ose espérer, à la fin de la journée,
qu'on pourra dire: 10 ans moins un jour. qu'est-ce que vous suggérez
comme processus pour y arriver, puisque vous dites: c'est un bon modèle?
les américains disent que, peut-être dans une quinzaine
d'années comme d'habitude, on est toujours en avant des
américains ce sera le modèle pour l'encadrement non
seulement des professionnels de la santé, mais peut-être des
professions. mais il faut bien commencer un jour. qu'est-ce que vous
suggérez, vous, comme démarche d'analyse, comme
présentation d'analyse, de discussion, pour en arriver à ce que
l'état je ne parle pas du gouvernement, l'état
débouche sur un pareil encadrement en matière d'actes
reliés à la santé et, peut-être plus
généralement, en matière d'encadrement des actes
professionnels?
M. Mulcair: À l'heure actuelle, M. le Président, il
se tient une commission parlementaire sur des modifications proposées au
Code des professions dans le domaine disciplinaire. Il a été
convenu, parce que la question des titres réservés et de
l'incapacité des gens qui réglementent les professions à
titre réservé d'assurer une bonne protection du public... Parce
que, avec seulement le titre réservé, les gens peuvent
éventuellement délester leur «membership» de la
profession et aller pratiquer ailleurs. Cette question-là a fait l'objet
de beaucoup de commentaires la semaine dernière de la part des
corporations professionnelles à titre réservé et le
ministre responsable, M. Raymond Savoie, a déjà dit que cette
question des champs de pratique des actes, et tout ça, va faire l'objet
d'une autre analyse, dans un deuxième temps. Dans un premier temps, on
tente de régler les problèmes immédiats dans le domaine
disciplinaire, et il y en avait beaucoup, tout le monde s'entendait
là-dessus aussi. Dans un deuxième temps, on a l'intention de
regarder ça.
Mais je tiens à rappeler que c'est non seulement dans le domaine
de la médecine qu'il faut le faire, mais dans le domaine du génie
et de l'aménagement, dans le domaine de la comptabilité. C'est
une vaste entreprise, mais c'est faisable. On a déjà une analyse
de faite dans le domaine du génie et de l'aménagement. On a un
modèle qui existe dans une autre province. À mon sens, c'est
éventuellement vers ce modèle-là qu'il faudrait se
tourner. Mais il ne faut pas se faire d'illusions; ça ne va pas se faire
du jour au lendemain et ça va exiger énormément de
discussions et de concertation, pour ne pas dire des négociations, parce
que ce sont des morceaux importants auxquels on s'attaque lorsqu'on regarde
ça.
M. Trudel: Est-ce que ça vous apparaît pertinent, de
votre côté, que soit déposé un avant-projet de loi
devant l'Assemblée nationale pour en arriver à je vais
employer le mot forcer le débat?
M. Mulcair: Le plaisir, M. le Président, d'être
neutre, comme président d'un organisme, c'est de ne pas avoir
à s'immiscer dans ces questions-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Disons que je n'espérais pas beaucoup une
réponse à ma question. C'est clair. Ha, ha, ha!
Abordons un autre volet, qui est un volet essentiel en matière
d'examen de l'encadrement des actes réalisés par les
professionnels ou par ce qui nous concerne ici les
thérapeutes alternatifs. On a procédé, au cours du dernier
mois en particulier, donc, à cette commission parlementaire sur tout, je
vais appeler ça ainsi, le système disciplinaire des corporations
professionnelles. Force nous est de dire, avec tout l'examen auquel on a
procédé et l'affirmation ou la description que vous faisiez au
départ en disant: On a probablement un des meilleurs systèmes en
Amérique du Nord... Je vais reprendre une citation de Pierre Gravel, de
La Presse, eu égard à ce sujet, qui disait, à
çropos du mandat essentiel de la protection du public: «A ce
chapitre de la confiance populaire, les corporations professionnelles ont une
énorme côte à remonter, d'où le scepticisme
général devant leurs critiques du projet de loi modifiant leur
mode de fonctionnement. Elles sont, en tout cas, les seules à pouvoir
affirmer sans rire qu'elles sont surtout animées par le souci de
protéger le public. Pour le commun des mortels, la preuve est faite
depuis longtemps qu'elles existent d'abord pour défendre leurs
membres.» Bon, vous savez très bien que c'est un courant de
pensée très largement véhiculé au Québec.
«Pour reprendre l'expression mieux connue, il n'est pas ici question de
la justice, mais de l'apparence de la justice. Si, en pareille matière
en matière de droit naturel il faut qu'il y ait justice,
il faut aussi qu'il y ait apparence de justice.» (12 heures)
Je vous demanderais tout simplement quelques commentaires sur le fait
que, dans tout ce système d'accueil, de traitement des plaintes de la
part du public par le système des corporations professionnelles... Que
vous nous disiez que c'est un bon mécanisme envié par d'autres
provinces et par d'autres États américains, par les
États-Unis, l'apparence n'y est pas, le public n'y croit pas, et je
n'ose pas conclure que l'efficacité n'y est pas, sauf que je
considère ces deux conditions comme devant être
nécessairement présentes en matière de gestion. Et,
évidemment, vous allez me voir venir avec l'autre question tantôt,
en matière de thérapies alternatives, je voudrais examiner
quelques arguments. D'abord, tentez de me répondre: Qu'en est-il de ce
fait et comment peut-on en arriver à des modifications qui feraient en
sorte que le public non seulement serait protégé, mais se sente
aussi protégé?
M. Mulcair: Notre modèle de réglementation des
professions au Québec est non seulement situé à mi- chemin
entre l'Europe et les États-Unis géographique-ment on pourrait
dire, mais juridiquement aussi. On a de l'Europe un modèle basé
sur l'autogestion et le jugement par les pairs. En France, vous savez, quand
l'Ordre des médecins décide que SOS Médecins se livre
à une publicité éhontée en mettant «SOS
Médecins» sur le côté de leurs voitures, il tombe
à bras raccourcis sur les médecins qui font ça et les
empêche de le faire. Évidemment, ça ne se passerait pas
comme ça ici, ni aux États-Unis. L'État n'a presque rien
à dire aux corporations professionnelles en Europe. Et, si on regarde
l'historique, si on remonte au Moyen Âge, si on comprend l'origine de ces
corporations professionnelles, on comprend, effectivement, pourquoi ils y
tiennent à cette indépendance quasi absolue.
Du côté des États-Unis, la réglementation des
professions est issue du «police power» des États. C'est
«Licensing Authority». C'est entièrement assumé par
l'État. Au Québec, on a l'Office des professions du Québec
qui, à certains égards, peut ressembler, donc, à cette
manière américaine de faire; on met une structure en place. Mais,
attention! ce n'est pas l'Office qui délivre les permis de pratique,
comme les «state licensing boards» aux États-Unis. L'Office
est là comme léger mécanisme de surveillance, de
contrôle, de réglementation des professions. Il est là pour
assurer qu'ils font leur travail de protection du public.
M. le Président, la question qui nous concerne lorsqu'il s'agit
de la discipline des professions est tantôt très réelle,
parce qu'il y a eu des cas bien en vue au cours de la dernière
année. Je n'ai qu'à citer le cas d'un psychiatre radié
à vie en Ontario, qui est venu pratiquer impunément au
Québec, sans contrôle de sa pratique. Il est en sabbatique en
Amérique du Sud de ce temps-ci, si vous voulez le savoir. On a donc des
problèmes réels. On a aussi des problèmes de perception.
Avec les problèmes de perception, on veut assurer une plus grande
célérité dans le système, une plus grande
transparence, et c'est l'objectif de notre commission parlementaire sur les
modifications du système disciplinaire, parce que tout est perfectible.
Il y a eu des graves cas et il y a eu des problèmes importants de
perception, et on espère que nos réponses vont résoudre
ces problèmes-là.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, une très courte question qui
devrait commander une très courte réponse, parce que je dois
passer la parole au député de Notre-Dame-de-Grâce qui,
également, devra poser une très courte question commandant une
très courte réponse.
M. Atkinson: Oui. Merci, M. le Président...
Le Président (M. Philibert): Un moment. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Atkinson: Oh! je m'excuse.
M. Trudel: Une très courte question, c'est beaucoup me
demander, ça, M. le Président. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Écoutez, oui, je vais être obligé
d'écourter et de sauter un peu plus loin. Mais, tout ce secteur des
psychothérapies, il faut absolument que je vous pose une question
à cet égard, parce que, s'il y a un secteur où, au niveau
de la réglementation de la consommation, on peut faire un certain nombre
de choses, tel que vous l'avez répondu au ministre tantôt, il
demeure tout le côté, guillemets, subjectif du jugement
donc, les pairs qui se prononcent ne se prononcent pas ou de toute la
liberté qui existe dans ce secteur. Est-ce que vous pensez qu'il est
supportable, dans le contexte nord-américain, dans l'évolution
occidentale, européenne que vous venez d'évoquer du jugement par
les pairs depuis le XHIe ou le XlVe siècle, dans l'évolution des
différentes disciplines scientifiques, de confier à quelqu'un ou
à une équipe légère le soin d'émettre un
certain nombre de balises en matière de psychothérapies
nommément? Est-ce que ça vous apparaît comme
concrétisable?
Le Président (M. Philibert): Rapidement.
M. Mulcair: II existe un modèle là-dessus,
récemment adopté dans l'État du Colorado, et ça me
fera plaisir de vous envoyer la documentation là-dessus. Il ne faut pas
oublier que, généralement parlant, on va se heurter, si on essaie
de réserver des activités, aux chartes des droits qui viennent
nous dire qu'on a une liberté d'association, le droit de dire ce qu'on
veut et, surtout, une liberté de croyance. Parce que, très
souvent, ces groupes-là commencent à frôler les croyances.
Mais je peux vous dire que la réponse courte à votre question,
c'est: Oui, il existe un modèle expérimental nouveau, mais dans
l'État du Colorado, et je me ferai un plaisir de vous transmettre les
documents.
M. Trudel: J'aimerais ça que vous le déposiez
à la commission aussi, si vous pouviez le faire.
Le Président (M. Philibert): Pouvez-vous le déposer
à la commission?
M. Mulcair: Avec plaisir. On va s'assurer de le transmettre.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
,Notre-Dame-de-Grâce, très rapidement.
M. Atkinson: Oui. Merci, M. le Président, et merci, chers
collègues. I have got a little problem. I keep hearing the openness of
the «Office des professions» and I believe that we need that, but I
am not too sure whether or not, would we establish these various bureaucracies,
that they are not there to preserve the existing bureaucracy that they
represent;. For example, when Dr Louis Pasteur was saying that we need to
pasteurize milk, he was a pariah in his community. Midwifery has been going on
since before the birth of Christ, some 2500 years. Acupuncture has been in
China for some 3000 years. So we are going to be looking at 30 or 40 of these
people who want to be part of «l'Office des professions». Do you
have any personal animosity I would say personal, I do not mean
yourself, Mr. Mulcair...
M. Mulcair: Parfait.
M. Atkinson: .. .but the Office towards any of these
people that are presenting themselves to be accepted into the Office?
M. Mulcair: Mr. Chairman, in response to the question, I can say
that both personally and on an individual basis and on behalf of my colleagues,
I detected no animosity, quite on the contrary. Most of the groups and the
individuals we met with regard to this personal aspect were very open and, in
some cases, I would not hesitate either to go myself or to recommend it to
other persons that I know. What is important to realize here is that we are not
dealing with personalities. We are dealing with a fundamental question of
public protection. I agree wholeheartedly with the position put forward by the
Member for Notre-Dame-de-Grâce that there are certain of these practices
that have been in existence for years, and I would permit myself in ending this
response to point out that it was indeed the «Office des professions du
Québec» which, in 1987, proposed the experimentation of midwifery.
And I agree wholeheartedly with the fact that they should be recognized in the
province of Québec.
M. Atkinson: Thank you very much. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Merci. Le temps étant
écoulé, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président....
Le Président (M. Philibert): Oui, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): On va prendre au moins le
temps de remercier l'Office...
Le Président (M. Philibert): Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): ...et souhaiter que, dans
ses démarches futures, nous puissions être plus près l'un
de l'autre pour cheminer dans ces solutions qui existent ailleurs et qui nous
permettraient, très certainement, de progresser aussi au Québec
et de tenter de
rencontrer les souhaits exprimés par le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue, ce matin, quant à cette
volonté que, d'ici juin, on puisse faire l'impossible pour commencer
à poser un geste, pas uniquement pour poser un geste, mais dans un
objectif à plus long terme, pour tenter de régler un certain
nombre de nos problèmes.
Le Président (M. Philibert): Pour poursuivre cet
échange de bons procédés, M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Je veux remercier M. le président et les
membres qui l'accompagnent pour cette recherche très importante. Il nous
faudra y retourner. Ça a été un travail de longue haleine,
mais je pense que ça va nous servir pour au moins les 10 prochaines
années de discussions, et nous allons tenter de faire en sorte que ce
soit 4 ans plutôt que 5. Merci beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Moins un jour.
Le Président (M. Philibert): Les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M. Philibert): La commission reprend ses
travaux.
J'invite donc La Coalition Réseau alternatif de
santé du Québec à prendre place en face de nous. Je vous
rappelle que nous avons une heure pour entendre votre mémoire, incluant
le questionnement. Alors, le temps se répartit comme suit, cette heure
se répartit comme suit: 20 minutes à l'organisme pour
présenter son mémoire; 20 minutes du côté
ministériel pour questionner; 20 minutes du côté de
l'Opposition pour questionner.
Je vous invite, les représentants de La Coalition
Réseau alternatif de santé du Québec, à vous
identifier, bien sûr, et ceux qui vous accompagnent ou celui qui vous
accompagne, et à procéder à la lecture de votre
mémoire.
La Coalition Réseau alternatif de
santé du Québec
M. Martel (Paul): Merci, M. le Président. M. le ministre,
je m'appelle Paul Martel, je suis avocat et je suis le président de La
Coalition Réseau alternatif de santé du Québec. Je
suis accompagné de M. Daniel Bouffard, qui est adjoint au
président et qui est aussi le directeur général de la
Fédération québécoise des masseurs et
massothérapeutes.
La Coalition est un regroupement ou un type de fédération
qui regroupe elle-même une dizaine d'associations de thérapeutes
alternatifs, pour un total d'environ 2000 thérapeutes. Ça en fait
le groupe le plus substantiel et, d'après nous, le plus sérieux
dans le domaine des médecines douces au Québec. Nous avons
présenté un mémoire dans lequel nous demandons au
gouvernement de reconnaître et de réglementer les médecines
douces. Nous sommes même allés un peu plus loin en proposant un
modèle de structure, en rentrant passablement dans les détails,
peut-être pas assez quand même pour les besoins de certains, mais
quand même pour donner des bonnes idées où on
suggère de s'en aller.
On veut remercier d'abord le ministre d'avoir enfin convoqué
cette commission parlementaire qu'on lui demandait depuis si longtemps. Alors,
on est vraiment très heureux, enfin, que ça soit le temps de
discuter de ce dossier-là sur la place publique. On espère que le
ministre, en plus d'être un homme de parole, est quelqu'un qui a
l'intention vraiment de faire quelque chose avec notre dossier, parce qu'on est
conscients qu'il s'agit de quelque chose de quand même dérangeant
pour beaucoup de personnes en place, mais on considère que c'est
vraiment impératif, que le temps est venu d'agir dans ce
secteur-là.
Les thérapies alternatives sont là. Il y a
déjà des milliers de thérapeutes en place. Le public les
réclame, les favorise majoritairement, mais le public demande aussi
d'être mieux informé concernant ces thérapeutes. Il est
temps maintenant d'aborder ce phénomène-là franchement et
sans plus attendre. Nous espérons, au terme de cette commission, qu'on
ne se retrouvera pas avec des commissions d'étude ou des
projets-pilotes, ou des choses qui vont reporter la décision encore, on
ne sait pas, à entre 5 ou 10 ans. On entendait parler de 10 ans ce
matin. Ça nous fait un peu peur. C'est peut-être vrai qu'en
Ontario ça leur a pris ça avant de mettre ça en place
mais, nous, on considère que ça fait déjà au moins
cinq ans, sinon plus, que ce dossier-là est en marche.
Il y a des ressources concrètes, réelles qui existent. Les
thérapeutes sont là et il faudrait les utiliser à bon
escient. Il y a aussi il faut le dire et on est là pour le dire
une volonté et des réalisations réelles de
responsabilisation à l'intérieur même du réseau des
thérapeutes alternatifs, et, nous de la Coalition, on est ici pour vous
expliquer ces réalisations et ces volontés.
Avant de rentrer dans la tuyauterie ou dans les détails de la
façon de faire la réglementation qu'on propose, il nous semble
important d'établir quels sont les objectifs qui nous semblent
être essentiels dans ce domaine-ci. Ce qu'on demande, ce n'est pas
seulement d'aller créer d'autres catégories de professionnels, de
créer d'autres châteaux forts, d'autres monopoles qui vont
s'ajouter à ceux qu'ils ont déjà. Ce qu'on demande, c'est
de permettre à la population d'avoir vraiment accès à tout
ce qui peut améliorer ou sauvegarder sa santé. On demande aussi
que soit respectée la liberté fondamentale de choix de traitement
et de praticien de la
population. Et, pour ça, on demande de donner à la
population l'information qui, actuellement, lui manque gravement pour
être capable d'éclairer ses choix.
On demande aussi de protéger la population contre les abus.
Là, quand on parle des abus, on vise soit des interventions qui vont
nuire à la santé des gens, soit l'exploitation monétaire
qui peut survenir, soit encore les intervenants incompétents, sans
scrupules, que d'aucuns vont appeler des charlatans. Et, dernière chose
qu'on recommande, c'est aussi de maximiser la qualité des
intervenants.
Le cadre actuel empêche carrément l'éclosion des
thérapies alternatives; il est hostile à ça. Comme vous le
savez, il y a un monopole légal qui est accordé à la
corporation des médecins et à d'autres corporations
professionnelles dans le domaine de la santé. Le résultat de
ça et ça, c'est basé sur la Loi médicale,
particulièrement aux articles 31 et 43 c'est que toute personne
qui n'est pas un médecin ou un autre professionnel, qui voudrait
s'occuper de la santé d'une personne, risque de se faire poursuivre et
condamner pour exercice illégal de la médecine. Le
résultat de ça aussi, c'est qu'à l'intérieur donc
de la corporation médicale ce serait les seules personnes qui pourraient
être habilitées, normalement, à pratiquer les
médecines et les thérapies alternatives. Or, il y a un code de
déontologie qui empêche les médecins d'agir selon des
méthodes qui ne sont pas scientifiquement reconnues et prouvées,
ce qui fait que même les médecins n'ont pas le droit de s'adonner
aux thérapies alternatives. Ça veut dire que les thérapies
alternatives, au Québec, c'est dans un «no man's land».
Ce que, nous, on propose, c'est de sortir les thérapies de ce
«no man's land». Non seulement on a ce problème-là
des poursuites pour exercice illégal qui pèsent toujours sur tous
nos thérapeutes, mais, en plus de ça, ça a beaucoup de
conséquences dont on parle peut-être moins. Par exemple, au niveau
de la fiscalité, les thérapies alternatives ne sont pas reconnues
comme des soins de santé. Alors, naturellement, elles ne peuvent pas
être déductibles et, en même temps, sont sujettes à
la TPS et à la TVQ. Les lois et les règlements municipaux ne
reconnaissant pas les thérapeutes alternatifs comme des professionnels,
c'est-à-dire membres de corporations en place, c'est presque impossible
ou très difficile pour les thérapeutes d'avoir des permis
d'opérer. Ça veut dire qu'il y a une clandestinité
systématique qui doit s'installer et ce n'est pas le genre de chose qui
va aider la population. Et je ne parle pas de la difficulté pour les
thérapeutes de se trouver de l'assurance, même si on parle, par
exemple, de l'assurance-responsabilité; étant donné que ce
n'est pas des professionnels reconnus, les compagnies ne veulent pas les
assurer. Où est-ce qu'elle est, la protection du public dans un cas
comme ça aussi?
Donc, l'effet de tout ça, c'est que les thérapeutes
exercent leur art dans l'illégalité, dans la clandestinité
et, bien souvent, dans la paranoïa. Ils ne savent jamais quand leur
prochain client va être un dénonciateur de la corporation des
médecins. (16 heures)
Le fondement de tout ce système-là, de tous ces
problèmes-là, c'est le monopole médical. On
considère qu'il est temps de s'interroger sérieusement sur la
pertinence de ce monopole-là parce que, finalement, on accorde trop
d'importance et de confiance à un système actuellement
basé sur la médecine officielle, la médecine actuelle, qui
est un système de prise en charge de la personne, qui est un
système curatif, et on n'insiste pas assez sur des valeurs comme la
prévention, la responsabilisation d'une personne pour sa propre
santé, la notion d'autoguérison, l'approche globale de la
personne, et ce sont toutes des notions qui sont véhiculées par
le réseau alternatif.
Pour arriver à permettre à ces valeurs de s'implanter et
de vraiment agir au bénéfice de la population, la Coalition
propose trois choses: la première chose, c'est de restreindre le
monopole médical, comme je viens de vous le dire; la deuxième
chose, c'est de réglementer les thérapies alternatives et, la
troisième chose, c'est d'adopter certaines mesures pour protéger
l'intégrité des thérapies alternatives.
premièrement, le monopole médical, ça, ça implique
une modification à la loi médicale. déjà,
même l'office des professions a proposé, un peu timidement quand
même, d'après nous, de changer la définition de l'exercice
de la médecine pour créer certaines zones d'ombre, des zones
grises. nous, nous trouvons que cette proposition-là est beaucoup trop
timide et nous pensons qu'il y aurait moyen de faire comme ça se fait
d'ailleurs dans plusieurs autres pays et d'aller beaucoup plus loin que
ça, d'agir plutôt à l'inverse. au lieu de dire: les
médecins ont le monopole de tout sauf telle petite affaire, on devrait
dire: tout est permis, sauf telle et telle chose qu'il faut qu'on
réserve aux médecins ou aux autres professionnels. c'est
ça qui vient d'être fait en ontario, mais c'est ça qui a
déjà été fait il y a longtemps aussi dans les pays
scandinaves. et là, évidemment, il y a aussi des pays j'ai
fait une recherche là-dessus africains, asiatiques; on n'en
parlera pas, de ceux-là, parce que c'est trop loin. ce qu'on peut vous
dire, c'est que ce n'est pas quelque chose de nouveau.
Alors, ce qu'on propose, nous, à la Coalition, c'est justement la
même chose qui s'est fait en Ontario, c'est d'identifier certains actes
spécifiquement propres à la médecine et qui sont
dangereux, qui doivent être pratiqués seulement par eux. C'est
facile à faire. On a un paquet de précédents, on peut se
servir de cela. C'est discutable. Ça va reconnaître à la
médecine quel est son véritable rôle. L'idée, ce
n'est pas de dire que la médecine n'a aucun rôle à jouer;
au contraire, elle en a un, mais il faudrait que ça soit vraiment
clairement défini: c'est ça qui est son rôle, mais il y a
aussi de la place pour d'autres choses. Le public est déjà en
train de chercher d'autres choses. Il va falloir donner des balises à
ça. Ça va permettre, cette restriction-là, la
liberté de choix. Ça va aussi permettre même aux
professionnels
de la santé des autres corporations, à part la corporation
des médecins, de s'adonner, eux autres, comme ils voudraient le faire,
à certaines thérapies alternatives. Vous allez avoir des
corporations qui vont venir ici pour vous demander la possibilité de
s'adonner à ça. Évidemment, elles vont aller un peu plus
loin à notre goût. Elles vont dire: On veut s'adonner à
ça et on veut être les seules à le faire. C'est là
que ça ne marche pas.
Mais il faut aller plus loin que ça. Si on faisait juste prendre
le modèle ontarien, par exemple, restreindre l'effet du monopole
médical, il resterait quand même un paquet de situations où
la protection du public ne serait pas assurée. Il n'y aurait rien qui
accorderait au public l'information qu'on pense nécessaire. Il n'y
aurait pas de règles de déontologie applicables à
l'ensemble des thérapeutes qui ne seraient pas
réglementés, qui ne seraient pas des membres de corporations
professionnelles.
Ce matin, M. Trudel nous donnait un exemple dramatique qui relevait, je
pense, de la psychothérapie. Si on était en Ontario, avec la
nouvelle loi, il n'y a absolument rien qu'on pourrait invoquer pour aider cette
personne-là parce que, justement, ce n'est pas couvert par la loi. Le
modèle ontarien est intéressant, mais il a des limites, par
exemple, parce qu'il est borné à la dimension seulement physique.
Et, de toute façon, il ne s'adresse pas du tout aux autres
thérapies alternatives.
Donc, tout ce qu'on propose, c'est un modèle un peu plus
élaboré où on aurait trois choses qui seraient
contrôlées ou qui seraient offertes. Premièrement,
l'information. Chaque thérapeute devrait fournir de l'information sur sa
formation, sur ce qu'il fait. Et cette information devrait devenir disponible,
diffusée auprès du public pour que le public puisse faire des
comparaisons entre les différents thérapeutes qui vont se
présenter à lui, ce qui actuellement est impossible.
Deuxième chose, il faudrait qu'il y ait un code d'éthique, de
déontologie sérieux, uniforme, qui soit imposé à
n'importe qui, dès qu'une personne veut s'occuper de la santé de
quelqu'un d'autre. On considère que ce n'est pas vrai qu'un
thérapeute, c'est comme un coiffeur: sous prétexte qu'il n'est
pas dangereux, ce n'est pas nécessaire de le réglementer. Il y a
une sacrée différence entre un coiffeur et un thérapeute.
Le thérapeute, lui, a affaire à une personne en état de
vulnérabilité, qui est susceptible de se faire manipuler, de se
faire exploiter, et il y a certaines normes minimales qui devraient être
imposées à n'importe qui qui veut faire ça.
Une fois qu'on a imposé ça, il faudra les appliquer et,
pour appliquer ça, c'est là qu'on arrive à notre
idée d'un organisme. Notre organisme, on l'a appelé un office des
thérapies alternatives; peu importe le nom. On pourrait l'appeler une
corporation-parapluie, on peut l'appeler n'importe comment. L'idée,
c'est qu'il faut centraliser toutes ces choses-là et centraliser
ça ailleurs qu'entre les mains des corporations professionnelles et de
l'Office des professions parce que ce sont des organes qui, en partant, sont
hostiles à ces thérapies-là.
Vous allez, je pense, en avoir une bonne démonstration quand ces
groupes-là vont venir vous parler. On pense qu'il faut donner voix au
chapitre aux thérapeutes intéressés, ceux qui ont
l'expertise dans le domaine, c'est-à-dire les thérapeutes
alternatifs. Il faut aussi donner une participation plus active à la
population, au public.
Donc, on propose la création de cet organisme autonome.
Maintenant, il y a toutes sortes de modèles possibles. On nous dit:
Ça va coûter trop cher, ne pensez donc pas à nous demander
une structure de plus. Premièrement, on n'est pas sûrs si c'est
vrai que ça va coûter si cher que ça; ça
dépend de ce qu'on va lui faire faire. Et, deuxièmement, il
faudrait se poser la question: Est-ce qu'il n'y aurait pas un peu d'argent
à mettre dans un système qui va assurer au public l'accès
à des services de santé aussi importants que toutes les
thérapies alternatives, qui va valoriser l'autoresponsabilisation, la
prévention et qui, en fait, au bout de la ligne, va se trouver
peut-être à alléger le fardeau du système de
santé? Est-ce que l'État ne devrait pas commencer à penser
à mettre un peu d'argent du côté d'autres choses que juste
le système curatif qui est en train de craquer de toutes parts et qui ne
fonctionne pas parce qu'on n'a pas assez de participation de la population
elle-même? Le gouvernement lui-même adopte une politique où
on veut justement insister sur l'autoguérison, surtout sur la
prévention. Il nous semble que ce serait en harmonie avec ça.
Notre organisme, donc, ramasserait l'information sur les
thérapeutes, appliquerait un code de déontologie, aurait un
comité de discipline pour ça, dont la composition serait quand
même originale, différente de celle qu'on connaît avec une
participation au moins égale du public. On est sensibles aux plaintes ou
aux problèmes que pose le système de discipline des corporations
professionnelles, on n'a pas du tout envie de répéter ça
dans le domaine des thérapies alternatives.
Aussi, une autre chose: cet office-là s'occuperait de la
formation, des critères de formation. On voit, dans le dernier sondage,
qu'il y a 58 % des gens qui s'inquiètent, justement: comment on va faire
pour contrôler la formation de ces gens-là? Une proposition comme
celle de l'Ontario ne permet absolument pas de s'adresser à une question
comme celle-là. Évidemment, ce n'est pas un dossier qui est
facile, c'est quelque chose qui va demander à être
élaboré. Le travail d'un organisme comme ça, ça
serait d'établir certains critères minimaux de formation que
devraient rencontrer les personnes qui veulent agir comme
thérapeutes.
À ce niveau-là, au niveau de la Coalition, nous avons
créé en pratique une espèce de prototype. Ce qu'on a
essayé de faire, c'est de démontrer que ce qu'on vous demande,
c'est réalisable. On a essayé de le faire nous-mêmes en se
réunissant, puis en s'imposant à nous-mêmes ces
critères-là, ces normes-là. On a créé un
code de discipline unique, qu'on applique pour tout le monde, on a
créé un comité de discipline avec la participation dont je
viens de parler. Évidemment, il nous reste main-
tenant à mettre en place tout le système d'information et
aussi on va établir les normes de formation. Ça peut se faire,
mais évidemment, pour nous qui faisons ça sur une base
volontaire, c'est extrêmement difficile. Ça serait
extrêmement simple si une structure était créée ou
s'il y avait la moindre incitation, pour les thérapeutes, à y
participer parce qu'ils en retireraient quelque chose.
Là, pour le moment, on se fait dire: II y a une
possibilité que tous vos efforts ne servent à rien, il y a une
possibilité qu'on vous dise qu'on ne reconnaît personne. Parce que
vous n'êtes pas dangereux, vous ne méritez pas d'être
réglementés. Ça, ça veut dire, si on fait
ça, que les associations les plus sérieuses... Puis, nous autres,
c'est celles-là qu'on réunit. On a essayé de s'imposer des
normes peut-être trop strictes aux yeux d'autres associations, mais
ça ne donnerait plus rien, pour les gens, d'être membres chez nous
puisque, s'ils n'étaient pas membres, ils auraient autant de
privilèges, autant de possibilités de pratiquer et ils n'auraient
pas plus de problèmes que les autres. On pense que c'est un
système qui encouragerait, finalement, la médiocrité alors
qu'on a, dans ce réseau-ci, atteint un certain niveau de qualité
et on pense que ça devrait être sauvegardé et maintenu. (16
h 10)
C'est vrai que l'Office de la protection du consommateur pourrait jouer
un certain rôle dans ça. Si on s'en tenait seulement à
l'information, si on s'en tenait seulement à l'application d'un code de
déontologie, peut-être qu'un organisme comme l'office de la
protection pourrait le faire à condition, évidemment, qu'on
change sa loi et qu'on lui donne plus de pouvoirs. Mais, si on voulait, en plus
de ça, que cet office-là s'occupe de la qualité des gens,
là, par exemple, c'est bien dommage, il n'a pas la capacité et
l'expertise nécessaires pour faire ça. Comme, nous, on pense que
c'est important d'assurer aux gens non seulement l'information, mais aussi la
qualité, on propose donc quelque chose d'autre que le recours simple
à l'office de la protection. Le commissaire aux plaintes dont on a
parlé, créé en vertu de la loi 120, je ne pense pas, non
plus, que ce soit son rôle d'aller si loin que ça.
On nous propose aussi, aux dires de l'Office des professions, de se fier
aux lois du marché pour réglementer tout ça. Mon
collègue, Daniel Bouffard, en aurait long à vous dire
là-dessus. J'espère qu'il y a quelqu'un qui va lui poser une
question sur ça parce que, nous, les lois du marché en ce qui
concerne la santé, on a des grandes réserves à ce
niveau-là. Encore une fois, on ne pense pas qu'un coiffeur, c'est comme
un thérapeute.
Il y a l'autre chose aussi. J'ai dit qu'on voulait trois choses. Il y
avait la limitation du monopole médical, il y avait la
réglementation des thérapies par la création de notre
office qui va donner de l'information, s'occuper de la discipline et s'occuper
des normes de formation. La dernière chose, c'est que ça va
prendre des mesures pour empêcher que les thérapies alternati- ves
soient dénaturées ou soient récupérées.
Parce que c'est ça, le danger, actuellement qui menace ces
thérapies-là. Au début, on a dit: Bien, vous ne valez
rien, vous n'avez pas fait vos preuves. On se moquait de ces
thérapies-là. Maintenant, ça devient un gâteau
intéressant. Il y a beaucoup d'argent possible à faire
là-dessus parce qu'il y a beaucoup de clientèles
attachées. Et là, tout à coup, on voit toutes sortes de
corporations qui commencent à jouer des coudes pour dire: Bien,
ça, c'est dans flion domaine; moi, je veux faire ci, moi, je veux faire
ça. Il y a un gâteau à se partager.
Le danger de ça... Ce n'est pas que, nous, à la Coalition,
on a des objections à ce que les membres des corporations
professionnelles pratiquent ces thérapies-là. Au contraire, on
pense que ce serait très important que la corporation des
médecins, en premier, et les autres s'ouvrent à ces
thérapies-là et à la mentalité qui est en
arrière. Mais de dire que ça va être les seuls qui vont
avoir le droit de les pratiquer, ça, ça n'a pas d'allure, parce
que, en partant, les gens qui les ont développées, qui savent
comment pratiquer ça, qui ont la mentalité, la philosophie qui
est nécessaire pour le faire, ce ne sont justement pas les membres de
ces corporations-là. En fait, on a plusieurs de ces corporations qui,
même aujourd'hui, sont en guerre contre l'esprit même de ça
et leurs propres membres qui pratiquent ça se retrouvent devant leur
comité de discipline. Puis là, du jour au lendemain, on dirait:
Bien, maintenant, c'est vous qui allez réglementer ça? Là,
il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans la proposition de l'Office.
On nous a dit, ce matin, que c'est parce qu'on avait mal compris. Bien,
je ne sais pas. Moi, ça me paraissait assez clair qu'on disait: On va
donner un titre réservé aux membres des corporations
professionnelles qui vont pratiquer ces différentes
disciplines-là. On n'a pas parlé qu'on pouvait donner ce
titre-là à des gens qui n'étaient pas membres de ces
corporations. Alors, pour nous, c'est clair que c'est une
récupération pure et simple qui était proposée.
Autre point concernant les mesures de protection de
l'intégrité, c'est l'assurance-maladie. La question tout le temps
posée: Voulez-vous être couverts par l'assurance-maladie? Est-ce
qu'il faudrait que vous le soyez? Évidemment, on est conscients, en
partant, qu'actuellement on ne peut pas demander ça; on ne le demande
pas, d'être couverts par l'assurance-maladie. D'ailleurs, si on voulait
que certains traitements le soient, ça demanderait des études,
des preuves scientifiques de l'efficacité, etc. On ne nie pas
l'importance de faire ces études-là si le but recherché,
c'est de se demander: Est-ce que ça vaut la peine de couvrir ça
et que ça remplace tel autre traitement ou tel autre? C'est d'ailleurs
le seul moment où on trouve que c'est pertinent de parler de faire ces
fameuses études d'experts.
Dans tout ce que j'ai mentionné avant, la place des
évaluations de la valeur scientifique est tout à fait
inexistante. Ce n'est pas nécessaire, ce n'est pas utile, ça.
Ça va être utile pour les corporations professionnel-
les elles-mêmes. Elles vont toutes probablement vous dire: II faut
évaluer ça. Pour elles, c'est vrai qu'il faut qu'elles
l'évaluent pour savoir si ça vaut la peine de permettre à
leurs membres de le faire, parce que c'est dans leur façon de
procéder. Et ça va être important de le faire aussi pour le
gouvernement s'il veut faire couvrir ça par l'assurance-maladie. Mais,
à part ça, on ne voit pas la pertinence de demander ces
évaluations-là.
La Présidente (Mme Loiselle): M. Martel, excusez-moi,
votre temps est écoulé depuis quelques minutes. Si vous voulez
seulement écourter pour conclure.
M. Martel: Ah! Je m'excuse. J'ai tellement d'affaires à
vous dire là-dessus. Je vous propose de lire mon livre, si vous voulez
en savoir plus long.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): Quel est le titre?
M. Côté (Charlesbourg): C'est à un prix
alternatif, j'imagine?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Martel: Bon, alors, pour clôturer, on aimerait,
évidemment, une action la plus rapide possible dans le domaine de la
reconnaissance et de la réglementation des thérapies
alternatives, certainement avant 5 ou 10 ans. On pense qu'on est rendus au
point où il y a des décisions qui peuvent être prises tout
de suite. On aimerait ça qu'il y ait quelque chose qui se passe, quelque
chose qui soit mis dans la machine pour savoir qu'en sortant d'ici ça va
continuer à progresser.
Nous considérons que c'est le devoir de l'État d'assumer
ses responsabilités dans le domaine de la santé. Si ça
implique qu'il faut qu'il paye un petit peu pour la prévention et pour
l'autoguérison, l'autorespon-sabilisation, on pense que c'est tout
à fait en harmonie avec la politique que lui-même a
proposée. Mais, de toute façon, on ne pense pas que ça va
coûter quelque chose de faire ça parce que c'est un
système, d'après nous et là, c'est peut-être
un mot bien galvaudé qui peut pas mal s'autofinancer. Les
thérapeutes eux-mêmes peuvent être mis à contribution
et ils vont être heureux de le faire s'ils ont, à ce
moment-là, le droit d'agir sur la place publique. Et ça va
entraîner aussi des économies pour plus tard.
On demande la création d'une structure, c'est vrai, mais la
façon dont elle va être élaborée peut être
facilement discutée en autant que les trois objectifs qu'on a
proposés soient atteints.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci beaucoup. Nous allons
commencer l'échange avec le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la Prési-
dente. M. Martel, quand je fais la lecture de votre mémoire et qu'on
m'en fait un résumé on fait les deux je me dis:
J'ai devant moi des gens sérieux parce qu'ils ne cherchent pas à
recevoir une reconnaissance tous azimuts. Ils se préoccupent de la
formation, ils se préoccupent de la protection du public et ils veulent
se doter de structures qu'ils veulent crédibles pour s'encadrer dans
l'exercice de cette profession. Et ils ne me demandent même pas que ce
soit absorbé par l'État en termes de coût, autrement que
par certaines mesures fiscales qui sont demandées ou d'allégement
de TPS ou de TVQ. Globalement, je trouve que ça a du bon sens. Bon!
J'entends, ce matin, M. Mulcair qui, avec un groupe d'experts, y compris
des représentants des médecines alternatives... J'en connais au
moins un que j'ai rencontré, du groupe, qui est venu à mon bureau
de comté; il est chanceux, il demeure dans mon comté. En
écoutant M. Mulcair ce matin, je me disais: Oui, il y a une ouverture.
On ne peut pas dire que l'Office des professions n'a pas démontré
une certaine ouverture ce matin. Je pense qu'on ne peut pas tirer la conclusion
qu'ils n'ont pas montré une certaine ouverture. Bon. Ils disent:
Cependant, prudence, parce que la solution n'est pas simple dans
l'évolution de notre système, et il faut quand même faire
attention pour ne pas commettre des erreurs aujourd'hui qui, demain, nous
seraient reprochées. Je trouve que ça a du bon sens aussi, son
affaire. Alors, je suis un peu mêlé, là. Mais c'est normal,
pour un ministre, d'être mêlé; ça se mêle
très souvent.
Vous suggérez que le pouvoir de poursuite soit retiré des
corporations. On se comprend un peu. Il y a peut-être eu un petit peu,
à mon point de vue et ça n'engage personne d'autre que moi
d'abus dans le recours à ces procédures à gauche et
à droite. Mais c'est toujours fait dans l'esprit de protéger
l'intérêt public, parce qu'il faut quand même se dire, il ne
faut pas perdre ça de vue: il y a des charlatans. Si vous sentez
l'obligation, vous autres mêmes, d'avoir autant de règles pour
encadrer, autant d'écoles pour former, c'est qu'il y en a, à
quelque part, qui apparaissent et disparaissent, et qui ne sont pas
responsables. Donc, je pense qu'on ne peut pas éliminer ça du
discours, puis de nos préoccupations, c'est une réalité.
Puis, il y en a, des thérapies alternatives, dont je dis que jamais vous
ne me ferez embarquer là-dedans. On ne s'en nommera pas là, parce
qu'on pourrait nommer les mêmes, et ça n'a pas de bon sens. Mais
il y en a d'autres qui ont de l'allure, qui ont fait leurs preuves, je dirais
même, comme sciences si on ose prononcer ce mot absolument
démagogique dans le cas des thérapies alternatives
ailleurs que chez nous. Il y en a. On pourrait probablement faire un consensus
de six ou sept assez rapidement à travers le Québec. (16 h
20)
La question est de savoir et je pense que c'est là qu'on
en est, comme étape, au Québec, actuellement c'est qui qui
doit le faire? C'est là qu'est la
question. D'aucuns diront: II faut que ce soit fait par un
médecin. J'ai pris l'exemple de l'homéopathie, ce matin, parce
que je l'ai vécu ailleurs. Ça existe dans d'autres domaines
aussi. Donc, quand vous nous suggérez d'enlever les possibilités
de poursuites au niveau des corporations, vous remplacez ça par quoi?
Parce que, si on est obligés de faire un cadre, dans la
société très pure et très juste de Jean-Jacques
Rousseau, c'est la société qui corrompt le petit garçon.
Mais on est dans une société où, effectivement, quand on
est rendus avec des problèmes dans le tabac comme on en connaît,
avec toutes sortes de choses, c'est sûr qu'il y a du monde qui passe
à coté des règles. Alors, vous remplacez ça par
quoi? Parce que ce sera nécessaire que ça demeure.
La Présidente (Mme Loiselle): M. Bouffard ou M.
Martel?
M. Martel: Oui, sûrement. En fait, à ce point de vue
là, je pense que le modèle de l'Ontario est intéressant.
Moi, je suivrais ça. Je dirais, une fois que j'ai identifié les
choses qu'il ne faut pas que les thérapeutes fassent: Si jamais il y en
a un qui fait ça, il est passible d'une amende très
substantielle, que je mettrais bien plus forte même que celles qui
existent aujourd'hui. Et aussi j'ajouterais l'espèce de clause
générale qu'ils ont mise ou qu'on a aussi dans d'autres pays. Si
une personne cause du tort à quelqu'un par ses gestes, même si ce
n'est pas à l'intérieur de ses gestes réservés,
là aussi, je mettrais des amendes très substantielles. Ça,
c'est indépendant des recours civils qui existent toujours, mais il
faudrait créer des recours de plus, là, pour que ça ne
soit pas le fardeau de la personne de prouver qu'elle a subi un dommage et
d'essayer de poursuivre sur cette base-là. Ce qui serait important,
c'est que ces poursuites-là ne soient pas intentées par les
corporations professionnelles. C'est surtout ça qu'on vous dit, qu'il ne
faut pas que ça soit...
M. Côté (Charlesbourg): Ça serait qui si ce
n'est plus les corporations professionnelles? Vous faites face à des
poursuites qui sont entamées par la Corporation professionnelle des
médecins dans certains cas; alors, ça va être qui,
ça, demain matin, qui aurait cette responsabilité-là?
Parce qu'il va y en avoir, des poursuites.
M. Martel: O.K. Alors, là, ça pourrait être
soit l'Office lui-même, ça pourrait être vous, si vous
voulez. Ça, ça n'a pas d'importance.
M. Côté (Charlesbourg): Vous ne trouvez pas que je
suis assez haï comme ça, vous m'en remettez encore sur le dos?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Martel: Mais ce que ça nous prend, c'est un organisme,
il nous semble, qui serait plus impartial que les corporations professionnelles
qui ont un conflit d'intérêts à chaque fois qu'on leur
demande d'exercer ça.
La Présidente (Mme Loiselle): M. Bouffard.
M. Bouffard (Daniel): Oui. Alors, quand il y a un problème
avec un thérapeute alternatif, je pense que, dans un premier temps, il y
a des solutions qu'il faut régler. Si on parle qu'on fait de la
prévention avec nos clients, je pense qu'on a à faire de la
prévention aussi avec le consommateur. Il y a une des associations
membres de la Coalition qui a fait une enquête, à un moment
donné, à partir de plaintes qu'elle recevait du public sur les
thérapeutes abuseurs; ça a été fait, entre autres,
en collaboration avec le RAPT, qui est le réseau des victimes des
thérapeutes abuseurs.
De ce qui est ressorti des plaintes contre certains thérapeutes
alternatifs, il y avait comme deux caractéristiques. D'abord, dans un
premier temps, il y avait un manque de formation flagrant, c'est-à-dire
que des gens s'improvisaient, des gens, en quelque part, se disaient
thérapeutes après, effectivement, quelques cours de formation;
donc, ils étaient en situation d'autorité face à des
personnes fragiles. Donc, chez ces gens-là, pour nous, il était
comme flagrant qu'il y avait un manque de formation.
Ensuite, il y avait un manque d'encadrement. Ces gens-là
n'étaient soumis à aucun code de déontologie, aucun
encadrement face à un comité de discipline ou quoi que ce soit.
Donc, ça, c'est une première étape, je pense, qui doit
être faite, c'est-à-dire qu'il y ait un encadrement des
thérapeutes pour qu'il y ait une prévention, pour éviter
que ce genre d'abus là se produisent. Tous les éliminer, non;
c'est pour ça qu'il existe des comités de discipline. Je pense
que le comité de discipline qui est proposé par l'office des
thérapies alternatives qu'on veut créer à
l'intérieur de ça c'est la Coalition qui le propose
c'est parce qu'à ce moment-là il y a un besoin d'un
mécanisme de contrôle.
L'Office des professions, dans son rapport, disait: L'important, c'est
qu'il y ait un code de déontologie. Demain matin, n'importe qui peut
s'en copier un. L'important, c'est des mécanismes de contrôle.
Est-ce qu'il y a un organisme qui peut recevoir les plaintes? Est-ce qu'il y a
des syndics qui peuvent faire enquête sur ces plaintes-là? Est-ce
qu'il y a des sanctions qui peuvent être émises?
Présentement, je veux dire, il y a des associations membres qui ont ce
type de syndics et de comités de discipline, sauf qu'un coup que tu l'as
mis à la porte, ton membre, il continue à pratiquer. Alors, c'est
donc là où le consommateur se retrouve et où on ne peut
rien faire.
Donc, dans un premier temps, s'assurer d'une compétence pour
éviter qu'il y ait trop d'abus et, lorsque ça se produit, qu'il y
ait des mécanismes de contrôle qui voient à vérifier
ce genre de choses là. Alors, il faut d'abord savoir où les gens
vont s'adresser
pour porter plainte. Alors, c'est ça, dans un premier temps.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, je remarque que, dans
votre mémoire, au niveau des mécanismes quant à la
protection du public, ils sont assez élaborés. Quand on parle de
l'élaboration du code de déontologie, de création de
comités de discipline, de mise en place de mécanismes de
contrôle, ainsi de suite, de la création de moyens d'information
sur la nature des pratiques et des produits, ça me paraît quand
même être passablement de choses de faites par des organismes qui
ne doivent pas exister en principe, c'est ça mais qui sont
une réalité terrain. Il y a, en tout cas, pas mal plus de
transparence dans un cas comme celui-là qu'on en voit dans certaines
corporations; on peut au moins se dire ça sans attaquer personne.
Dans votre cas à vous autres, quand vous mettez ça sur la
table comme une des propositions et que vous avez au-delà de 2000
membres à l'intérieur de votre réseau, qu'est-ce qui est
appliqué chez vous à ce moment-ci et qu'est-ce qui ne l'est pas?
Il doit y avoir des choses qui sont en place. Ça marche comment? Quelles
informations donnez-vous au public, par exemple, pour dire que tel
massothérapeute, qui est à telle adresse, est un charlatan? Y
a-t-il de l'ouvrage qui se fait dans ce cas-là pour dire: Oui, c'est un
charlatan et, si vous y allez, vous allez vous faire fourrer; ce n'est pas une
place où il faut aller? Y a-t-il des choses qui se font dans ça,
dans la réalité de tous les jours?
M. Bouffard: Dans un premier temps, présentement, chaque
association a déjà une expertise au niveau du comité de
discipline et de réception de plaintes. Là, pour le
mécanisme, on est en train de réunir tous les syndics,
présidents de comité de discipline, pour effectivement mettre
tout ça en commun, parce qu'il y a déjà des plaintes qui
sont présentement étudiées. Face à ça...
J'essaie de voir la deuxième partie de votre question, de votre
commentaire.
M. Côté (Charlesbourg): Où êtes-vous
rendus dans l'implantation d'une structure? Comment fonc-tionne-t-elle? Et
comment réussit-on à éliminer les pas-bons? Parce qu'il y
en a, des pas-bons.
M. Bouffard: Dans un premier temps, il faut quand même
être respectueux. Je veux dire, autant on n'aime pas, nous autres, que
les médecins nous traitent de charlatans à tour de bras, il est
bien évident qu'avant de traiter quelqu'un de charlatan il faut d'abord
faire une enquête. C'est le premier principe de tout. Mais, encore
là, on est limités parce qu'il n'y a pas de normes. C'est aussi
simple que ça. Qui sommes-nous pour dire qu'effectivement c'est
ça qui doit être puisqu'il n'y a pas de réglementation?
Alors, on a, dans chacun des organismes, évidemment, des
mécanismes de contrôle, des profils de formation et ainsi de
suite. Mais, je veux dire que, pour être capable d'accuser quelqu'un, il
faut d'abord recevoir les plaintes.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Recevoir des plaintes
pour un individu qui pratique, qui n'a peut-être pas la formation
requise. Donc, on parle aussi de formation. Le meilleur moyen de
protéger le public, c'est probablement d'avoir des standards très
élevés au niveau de la formation. La question qui va se poser
après: Qui doit donner cette formation? Est-ce qu'on va être dans
une situation où ce sont des gens... Je ne vise personne, il faut
toujours faire attention dans ces milieux comme dans tous les milieux. Si
l'idée est de dire qu'on se monte une association pour donner des cours
pour se créer des jobs, ça ne marche pas. Je pense qu'il faut,
là aussi... Autant vous souhaitez et on souhaite que les gens soient
encadrés dans la pratique et que ce soient les bons qui pratiquent et
qui donnent des services à la population pour protéger la
population, il faut aussi que ce ne soit pas une formation tous azimuts,
à gauche, à droite, un peu partout à travers le
Québec, de l'initiative d'un grand maître qui vient d'arriver de
je ne sais trop où, qui s'est intronisé du jour au lendemain et
qui a probablement des talents, et qui là, évidemment, ouvre son
école et forme son monde, et là tu pars avec un beau
diplôme. Ce n'est pas dur, un diplôme; tu fais ça avec du
papier, tu peux même le styliser et ça lui donne de la valeur.
Je pense qu'il faut aussi aborder la question de la formation;
finalement, c'est la plus grande protection qu'on peut donner au public. Un
examen, tu passes ou tu ne passes pas. Évidemment, si tu ne passes pas,
tu passes pour un pas-bon. Ça ne veut pas dire nécessairement que
tu étais tellement mauvais; il y a des moyens de se reprendre.
J'aimerais vous entendre sur la formation chez vous, parmi votre
réseau. Ça se fait où? Ça se donne par qui? Quelles
sont les exigences de base? Ou est-ce que n'importe qui qui vient d'avoir une
maudite bonne idée dit: Moi, je pourrais être
massothérapeute demain matin, il me semble que mes mains... J'ai tout ce
qu'il faut, il y a une belle job là-dedans, il y a du monde qui m'en
parle, je vais ouvrir mon sous-sol demain, je vais acheter toutes les
crèmes qu'il faut et je m'installe. Je vais faire de la publicité
et il y a du monde qui viendra me voir. Ça devrait marcher comment?
M. Bouffard: Là, je pense que chaque discipline va venir;
je pense que ce sera important de leur demander à eux aussi. Parce que,
dans le mécanisme de la Coalition, il y a une espèce de
comité consultatif, de comité pédagogique.
C'est-à-dire que, nous, on doit s'assurer que chaque association essaie
de rejoindre les normes les plus maximales possible à l'intérieur
de son propre domaine. Par exemple, il y a des conseils de discipline. Si on
prend le conseil de discipline de la massothérapie, de
l'orthothérapie ou de l'acupunture ou tout ça, chaque groupe doit
voir à ce moment-là à s'en-
tendre entre eux pour atteindre le maximum. C'est bien évident
que, s'il y a une association qui a déjà x heures de formation,
mettons 1000 heures, et qu'une autre veut entrer et qu'elle a 200 heures,
l'autre association doit s'entendre avec la première pour effectivement
en arriver à s'harmoniser pour atteindre le maximum possible. (16 h
30)
Mais aussi, pour les maximums, il faut voir, à l'intérieur
de chacune des associations, à ce que ces maximums répondent
aussi à ce qui est requis à l'intérieur du milieu; il faut
donc définir des objectifs de formation, des contenus de cours, bon, et
ainsi de suite. Alors, c'est à l'intérieur de ça que,
nous, on doit s'assurer que chaque association, lorsqu'elle veut adhérer
à la Coalition, doit présenter un dossier où elle doit
nous informer sur la formation requise. Pourquoi tu nous dis que ça
prend ça comme formation? Et ainsi de suite. Ce n'est pas nous qui
donnons la formation.
Présentement, dans le réseau, si on regarde, la plupart
des formations sont offertes par des écoles privées, O.K.? Alors,
c'est bien évident qu'il faut en arriver quelque part à une
espèce de consensus, tout le monde, pour donner la même formation,
le même profil à l'intérieur de chaque discipline.
Ça, évidemment, on ne s'en cache pas, c'est un processus qui
n'est pas toujours facile. On est dans une société, aussi,
où chacun essaie de défendre ses positions et de tirer la
couverte de son bord en disant: Je pense que c'est moi qui suis le meilleur.
Alors, c'est important que chaque groupe soit capable de définir
ça, qu'il ait des mécanismes de formation, que ces
mécanismes-là soient capables de démontrer qu'ils
répondent à des besoins. Dans ce sens-là, c'est plus de la
surveillance que la Coalition fait.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais juste finir parce
que j'imagine que vous allez me signifier que mon temps achève.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça s'en vient.
M. Côté (Charlesbourg): Acupuncture: il y a des
cours qui se donnent au niveau cégep.
M. Bouffard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Masso: il y a des cours qui
se donnent au cégep, mais pour adultes.
M. Bouffard: Non. Il n'y a aucune formation dans aucun
cégep qui soit reconnue.
M. Côté (Charlesbourg): Mais... Quel cégep?
Une voix: II y a un collège...
M. Bouffard: Le collège Marie-Victorin, qui est un
collège privé où les cours coûtent exactement le
même prix que...
Une voix: II est maintenant public.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Non, d'accord.
Mais...
M. Bouffard: Oui. Mais la profession n'est pas reconnue à
l'intérieur du collège Marie-Victorin.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends. Mais, juste
pour tenter de trouver où on se situe dans la formation reconnue, vous
avez compris, il n'y a pas longtemps, ma collègue de l'Enseignement
supérieur a annoncé l'ouverture de l'Université du
Québec à Trois-Rivières en chiro...
M. Bouffard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...ce qui a semé la
terreur chez mon ami Augustin. Bon. Ce n'est pas la première fois qu'il
est sonné par des décisions gouvernementales. Bon. La question:
Est-ce que, d'après vous, ça devrait être l'affaire de
l'État, à partir du moment où on pourrait
reconnaître un certain nombre de thérapies alternatives un
certain nombre, ça ne veut pas dire 20, 30, 40, 50 pour
être capable de juste clarifier les affaires pour ne pas que... Sur les
200 et quelques dont M. Mulcair nous parlait ce matin, les 117 qu'on a
entendues en commission parlementaire il y a 2 ans, si, par exemple, il y en
avait un certain nombre qui pouvaient entrer dans le rayon
d'amélioration de la santé globale de l'individu, est-ce que,
d'après vous, ce serait la responsabilité de l'État de
s'organiser pour que des cours soient donnés, puis qu'il y ait une
certaine uniformité quant aux cours à être donnés?
Et à quel niveau ces cours-là devraient-ils être
donnés cégep, université pour pouvoir dire:
Demain matin, on peut certifier au public qu'on a une formation, sans
être uniforme, à tout le moins...
M. Bouffard: Ou équivalente.
M. Côté (Charlesbourg): ...une très bonne
base qui nous permette de dire que, oui, effectivement, c'est ça, et
qu'on puisse aller le plus loin possible dans la reconnaissance d'un certain
nombre? Moi, ça me paraît être une condition absolument
essentielle. Dans le dossier des sages-femmes, on a eu beaucoup de
difficultés à progresser pour la simple et bonne raison que les
autodidactes étaient celles qui avaient le plus de difficultés
à passer supposément la rampe des examens, alors que d'autres
plus connaissantes de doctrines universitaires devaient, quant à elles,
passer à travers facilement.
Le constat aujourd'hui, c'est que, lorsque tout le monde a passé,
les autodidactes se sont, règle générale, mieux
classées que celles qui sont bardées de diplômes. Bon.
Comme quoi le diplôme ne donne pas nécessaire-
ment tout ce qu'il faut pour être capable d'y arriver et qu'il y a
une certaine personnalité qui doit se dégager, certaines
affinités que des personnes doivent avoir. Et c'est pour ça que,
moi, je dis: Est-ce que la formation n'est pas la base d'une
crédibilité à donner aux thérapies alternatives et,
par le fait même, garantit davantage la protection du public et, par le
fait même, si on progresse, fait progresser de manière beaucoup
plus sécuritaire, je pense?
M. Martel: C'est difficile de répondre là-dessus
parce qu'on ne peut pas vous dire, au niveau de la Coalition, qu'on a vraiment
réglé cette question-là. On n'est même pas rendus au
point d'avoir pu faire un consensus là-dessus. Ce qu'on peut vous
dire...
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on en a encore pour 10
ans!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Martel: Ah! Ça pourrait se faire assez rapidement. Le
problème, c'est qu'on parle de la Coalition comme association où
tout le monde est là volontairement, puis ça ne lui donne rien
d'être là, puis on n'a pas de pouvoir pour forcer personne, et on
parle d'un office où, là, ça ne serait absolument plus la
même situation, où, là, il faudrait que les gens fassent
partie de ça. Ce qu'on est en train de discuter, quand même, c'est
de la nécessité d'avoir des connaissances de base communes,
c'est-à-dire un tronc commun, qu'on demanderait à n'importe qui
qui veut être thérapeute. Et ça, il n'y aurait pas du tout
de problème à ce que ce soit donné à un niveau
universitaire ou au niveau d'un cégep, peu importe, en autant qu'on ait
la formation qu'on désire là-dessus. Mais, une fois que la
personne est dans le tronc commun, si elle veut vraiment pratiquer une
discipline particulière, on ne voit pas pourquoi les écoles
privées ne pourraient pas continuer à donner cette
discipline.
M. Bouffard: Bien, il y a un exemple concret, en Ontario,
où la profession de massothérapeute est reconnue. Le Board of
Masseurs c'est la corporation reconnaît quatre
écoles privées, O.K., où, effectivement, il y a une
entente avec le ministère de l'Éducation. Je pense que c'est
à chacune des disciplines aussi, celles qui sont plus avancées
où il y a, comme en massothérapie, un consensus avec les
écoles de formation de s'entendre avec le ministère pour que la
formation soit reconnue, mais qui peut être dispensée par des
écoles privées.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon,
qu'elle soit privée ou publique, moi, ça ne me dérange
pas, en autant qu'il y ait une sanction...
M. Bouffard: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): ...de quelqu'un, quelque
part, qui a ces responsabilités au niveau de ces
matières-là.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole à M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. On veut souhaiter,
à notre tour, bienvenue à M. Bouffard et à M. Martel.
C'est à un prix alternatif, je vous remercie de me l'avoir fait
parvenir. Je l'ai parcouru et c'est une belle illustration, y compris les
chapitres sur les études comparatives que vous avez faites avec d'autres
pays, de la place que pourraient prendre les thérapies alternatives au
Québec et de l'urgence qu'il y a de faire quelque chose. Vous vous
êtes bien rendu compte que, véritablement, on est
complètement dans l'alternatif, ici. Vous voyez, c'est l'Opposition qui
présente des solutions ce matin. Le gouvernement dit qu'il va
écouter; alors, on est en plein dans l'alternatif jusqu'aux
oreilles.
Effectivement, même si on a constaté ce matin, avec
l'Office des professions, une ouverture, il faut le noter, avec une
rectification quant à ma propre affirmation que ce n'était pas
depuis 5 ans, mais 10 ans en Ontario, il faut souhaiter qu'on divise tout
ça en 2, mais à partir de mon 5 ans tout le temps, pour qu'on
puisse y arriver en dedans de 2 ans. Je pense que c'est possible, compte tenu
des progrès que nous avons faits, et aussi, il faut le souligner
et ça m'amène à votre dernière intervention
de ce que vous avez déjà mis en place, je dirais probablement
plus pour illustrer comment ça pourrait se faire que de dire: II faut
que ce soit cela et que ce soit nous-mêmes qui le fassions, ce
contrôle ou cette reconnaissance, puis hors de nous, point de salut. Ce
n'est pas tout à fait ce que vous affirmez.
Je veux, quant à moi, revenir d'abord sur cette question de la
protection du public, bon, parce que c'est vraiment la question
épineuse. Qu'on la prenne du bout qu'on voudra, là, de la
reconnaissance du travail, des interventions, c'est vraiment la question la
plus épineuse qui est soulevée. Et là j'ai envie un peu de
vous mêler à votre formation de base, Me Martel. Vous êtes
en droit. Est-ce que c'est imaginable, en matière de discipline, sur le
plan des thérapies alternatives pour les autres, on verra
qu'on puisse épouser les mécanismes de la justice qui sont en
place au Québec et dans la société nord-américaine,
dans la société occidentale? C'est-à-dire, est-ce qu'on
peut imaginer que le public, en général... Vous connaissez
ça, un procès devant jury? On remet jusqu'à toute sa vie
au jugement de 12 personnes et on est chargé de plaider sur la
compétence, sur le crime ou sur la notion de culpabilité et de
défense par rapport à l'accusé, à partir de la
présomption d'innocence. (16 h 40)
Est-ce qu'on peut imaginer, en matière d'acte professionnel,
qu'on puisse aller encore au-delà? Et il
faut que je le souligne, quand même, vous êtes allés
à 50-50 dans vos comités de discipline, le comité de
discipline que vous avez mis sur pied. Est-ce qu'on peut imaginer que le public
pourrait totalement être juge et que le public aurait la
compétence pour ce faire, comme on le fait en matière judiciaire,
et pourquoi? Oui ou non, et pourquoi?
M. Martel: Vous voulez savoir si on peut imaginer. On peut
imaginer n'importe quoi, là, mais...
M. Trudel: Ça peut marcher?
M. Martel: Mais c'est ça, j'aurais de la misère
à vous répondre. D'abord, si vous comparez ça à un
procès avec jury, dans un procès avec jury, il y a un juge.
Là, vous, vous voulez qu'il y ait rien qu'un jury. Alors, ça va
prendre quelqu'un, en partant, pour les diriger un peu. Déjà, en
partant, si vous me dites: Les seuls membres de votre comité, c'est des
gens du public, j'aimerais ça qu'il y en ait une couple qui soient des
avocats.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Pour en conserver
quelques-uns encore dans l'espèce.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Martel: Nous, évidemment, on fonctionne avec quelque
chose... On pensait que c'était déjà assez
révolutionnaire de donner la parité au public là-dedans.
De dire: On devrait leur permettre de juger ça encore plus, dans le
fond, je serais prêt même à les mettre majoritaires, mais
ça me prendrait au moins un thérapeute, quelqu'un qui sait ce qui
se passe, comment ça marche, qui peut l'expliquer aux autres. Je ne
dirais pas que je vais prendre des gens qui ne sont absolument pas
impliqués là-dedans. Ce serait ça, mon idée,
là.
M. Trudel: en tout cas, je veux revenir sur le fait et souligner
d'abord que vous avez, dans cette formule qui est en expérimentation
à la coalition, donc, donné 50 % des sièges dans vos
comités disciplinaires aux consommateurs, au public en
général. en tout cas, je suis un de ceux qui disent qu'il faut
aller jusqu'au bout de la capacité de jugement de nos concitoyens et
concitoyennes. il y a une capacité de jugement quand les faits sont
éclairés et qu'il y a la possibilité de démontrer
la preuve et son contraire, lorsqu'il y a possibilité d'exposer les
faits et de les soumettre au jugement. je pense qu'il ne faut pas se
méfier de la capacité populaire de juger lorsqu'on se soucie de
donner les bonnes informations et de donner l'ensemble du
phénomène. je trouve que c'est un petit peu trop commode,
souvent, de se réfugier derrière ce qu'on pourrait appeler la
capacité disciplinaire de juger. quand vous êtes devant un jury,
il y a un juge pour peut-être surveiller, effectivement, les
procédures, mais ce n'est pas le juge qui juge, sauf erreur, n'est-ce
pas?
M. Martel: Bien, il...
M. Trudel: C'est le jury qui prononce...
M. Martel: Non, mais il donne des directives.
M. Trudel: On peut aller jusqu'à des causes où on
remet sa vie entre les mains de 12 personnes qui ont la capacité de
faire la part des choses, et ça fonctionne depuis un certain nombre
d'années, un certain nombre de siècles, et je pense que ça
fonctionne.
Là-dessus, je pense qu'il faut, à mon avis, aussi
souhaiter que le public ait, oui, la majorité, au minimum, à
l'intérieur d'un quelconque système disciplinaire qui permet de
porter un jugement. Alors, vous dites que vous êtes d'accord avec
ça...
M. Martel: Oui.
M. Trudel: ...qu'il faut faire une beaucoup plus grande
place.
Maintenant, revenons sur la question de la reconnaissance. Bon. Le
président de l'Office disait ce matin: Ce n'est pas notre job, à
nous autres, de reconnaître; nous autres, c'est un encadrement. Au niveau
de la reconnaissance dans ce monde des pratiques alternatives, vous ne croyez
pas que d'adopter le modèle d'une corporation parce que vous
dites: Bon, en dehors de l'Office des professions, mais une
corporation-parapluie on serait en train de retomber dans... On
retirerait le caractère alternatif, c'est-à-dire cette
espèce de liberté, la liberté créatrice qui fait en
sorte que les thérapies alternatives sont une autre façon
d'intervenir par rapport à sa santé.
M. Martel: On ne propose pas, quand même... C'est quelque
chose de bien différent du système des corporations. D'abord, on
en veut juste une qui va chapeauter l'ensemble des thérapies, et non pas
une par discipline. C'est ça qui existe actuellement: chacune des
disciplines a sa propre corporation; il faut limiter les balises; c'est quoi,
ton acte; qu'est-ce que tu peux réserver, et tout ça. Là,
nous, on ne veut pas rentrer là-dedans du tout. On veut juste dire:
Ça prend un organisme. Vous l'appelez une corporation; moi, je ne
l'appelle même pas une corporation, j'appelle ça un office, une
régie, un conseil, peu importe, qui est là pour centraliser
l'information, s'occuper de la discipline et puis régler des normes de
formation. Je ne pense pas que ce soit nécessaire d'aller au-delà
de ça et puis, effectivement, de tomber dans le piège
corporatiste.
D'un autre côté, aussitôt qu'on rentre dans la...
Surtout avec la dernière chose, là, les normes de formation,
c'est pas mal difficile d'échapper totalement à ça
parce que ça prend quand même des pairs, puis des gens qui
vont en discuter, puis ça prend une structure pour être capable
d'arriver à une formule qui va être acceptable pour tout le
monde.
M. Bouffard: C'est que le corporatisme, je pense qu'il faut
comprendre aussi que ce n'est pas juste une structure, c'est un état
d'esprit. Nous, lorsqu'on parle des thérapeutes alternatifs, ce n'est
pas de commencer à jouer à la police. Je pense qu'il est à
quelque part important... Quand on parle de la liberté de choix
thérapeutique, c'est que les gens, du moment qu'ils ont une information,
ils ont bien le droit d'aller voir qui ils veulent. L'important, c'est qu'ils
aient une information de départ. Alors, dans ce sens-là, je pense
qu'il est clair qu'on doit laisser une certaine liberté
là-dessus, mais aussi, en même temps, réglementer, avoir
certaines normes, des règles. Mais on doit quand même laisser une
certaine liberté.
M. Trudel: Le registre que vous préconisez des
thérapeutes dans autant de disciplines qu'il pourrait y en avoir, entre
guillemets, de reconnues ou connues, est-ce que c'est imaginable que ça
puisse s'autoconstituer, s'autoadministrer, que ce soit les gens de la
discipline concernée qui soient chargés de fournir, par
disposition législative, annuellement ou à des périodes
fixes, la liste des personnes qui sont dans tel domaine d'activité, qui
pratiquent tel type de thérapie alternative? Est-ce que c'est imaginable
que ça puisse être autoadministré et, à ce
moment-là, vous comprenez bien, que ce ne soit pas l'État qui
soit responsable de l'accréditation?
M. Martel: D'abord, la notion d'accréditation n'est pas
automatique. Ce qu'on dit, nous, c'est qu'il y aurait tout simplement une
espèce d'inscription. Bon, le fait de fournir de l'information,
ça ne veut pas dire, parce qu'on a reçu de l'information, qu'on
te reconnaît, qu'on t'accrédite, puis qu'on te dit: Tu es bon. Tu
as fourni de l'information, tu as dit: Moi, j'ai suivi un cours de fin de
semaine. Là, après ça, la personne qui va me consulter va
savoir que j'ai suivi un cours de fin de semaine. Si elle aime mieux ça
que quelqu'un qui a suivi 1000 heures, libre à elle de choisir entre les
2.
Si on fait une étape de plus maintenant et qu'on parle de notre
processus d'accréditation ou d'agrémenta-tion, si vous voulez,
d'abord, on n'a pas dit qu'il fallait appliquer ça à tout le
monde. On a dit: Ça va s'appliquer seulement dans certaines disciplines,
les disciplines où on pense qu'il y a plus de risques. Puis, en fait,
ces disciplines-là, ça s'adonne qu'elles ne sont pas actuellement
membres de la Coalition, sauf les acupuncteurs, puis leur cas est en train
d'être réglé. Il y a les homéopathes. En fait, ce
sont ceux que l'Office des professions avait identifiés. On pensait,
nous aussi, que, dans le cas de ces disciplines-là, ça demandait
quand même une formation absolument minimale et on a dit: Ça
pourrait entrer à l'intérieur du cadre de l'office qu'on a
proposé; ce n'est pas nécessaire de créer des corporations
indépendantes. Mais, pour les autres, ce n'est pas quelque chose qui
devrait être nécessairement obligatoire, à moins que, dans
cette discipline-là, il existe déjà ces normes-là,
qu'on soit déjà arrivé à un consensus pour le faire
et que, volontairement, on veut partir de ça.
Un des exemples pour nous, c'est la massothéra-pie où
c'est clair que, là, on est déjà rendu à ce
point-là et on pourrait demander ça. Mais ça pourrait,
oui, s'autoréglementer. D'ailleurs, c'est ça qu'on pense. Quand
on vous parle de notre office, on a bien l'impression que ça pourrait
pas mal s'autoréglementer, puis s'autosuffire.
M. Trudel: Bon. Parce que, en pareille matière, en tout
cas, ma réflexion et la réflexion de plusieurs que nous avons
consultés là-dessus, c'est: Ne nous réembarquons pas dans
un système extrêmement lourd où on demande aux autres et
à l'État de faire, en quelque sorte, ce que des fois on ne serait
pas capables de réaliser ou, d'autre part, d'imposer par l'État
des standards qui finissent par dire que: Bon, tu n'es plus dans l'alternatif,
tu deviens dans l'institutionnel. Alors, dans ce sens-là, si
c'était autoadministré, autoconstitué au sens du
disciplinaire concerné, je pense qu'on pourrait exercer la fonction
d'information, par ailleurs, rôle que vous donnez à votre office
dans ce sens-là.
Est-ce que vous pensez que ce rôle d'information de l'office
pourrait ou devrait aller aussi loin que d'expliquer les mécanismes de
recours à l'intérieur de la législation actuelle,
c'est-à-dire du Code criminel et de la procédure en
matière civile? Est-ce que le comité ne devrait pas avoir
aussi... L'office, votre groupe, l'organisme aurait pu avoir comme
responsabilité l'information sur les recours en matière
pénale ou au civil pour assurer que l'usager, l'usagère est bien
au fait de comment peut s'inscrire une poursuite pour abus, par exemple. (16 h
50)
M. Martel: C'est sûr que ça pourrait être
possible, mais on est toujours dans l'hypothèse où tout ce qu'on
fait, c'est de fournir de l'information. On est conscients que c'est une des
premières choses qu'il faut faire, mais, nous, on vous dit: C'est juste
une de trois choses qu'il faudrait faire. Juste faire ça et
arrêter là... C'est vrai que, si on arrête là, on n'a
pas besoin d'office et de structure compliquée. Vous pouvez aller voir
l'Office de la protection du consommateur et dire: Ouvrez donc un registre
à ces gens-là, ils vont aller vous voir. Qu'ils ajoutent une
couple de personnes pour s'en occuper. Ce n'est même pas
nécessaire de penser à ce que nous autres mêmes on
régisse ça, si c'est ça le seul but, mais on pense, nous,
que ça prend plus que ça.
M. Bouffard: II existe déjà, dans certaines
associations qui sont membres de la Coalition, tout ce pro-
cessus-là d'information et l'expertise est
transférée à la Coalition; donc, il y a quand même
déjà un vécu à ce niveau-là dans les
associations, des parallèles où, effectivement, il y a des
contacts de faits avec l'Office de la protection du consommateur pour,
effectivement, savoir à qui recourir. Il y a des associations qui
réfèrent effectivement à des policiers, à des
associations comme le RAPT, Info-Secte et ainsi de suite, lorsqu'il y a des cas
d'abus qu'on ne peut pas régler parce que, par exemple, les gens ne sont
pas membres de ces associations. Donc, il faut être capables de prendre
le consommateur et de lui dire: Écoute, moi, je ne peux rien faire, tu
n'es pas membre chez nous; par contre, voici tes recours. Alors, ça, au
départ, ça existe déjà dans la plupart des
associations qui sont membres chez nous. L'expertise va être mise en
commun.
M. Martel: C'est un peu ironique, dans l'état actuel
on parle toujours de la Coalition actuelle, non pas d'un office
souvent, ce qu'on serait obligé de dire à la personne, c'est:
Appelle la corporation des médecins, parce que c'est ça le
recours que la personne peut avoir.
M. Trudel: Oui, d'où l'illustration que vous donniez
tantôt de sortir le droit d'inscrire la poursuite des corporations
professionnelles parce que c'est comme un non-sens, et de dessaisir, faut-il le
mentionner aussi, le plaignant de sa plainte dès qu'elle est
déposée, en tout cas, en regard d'un membre, dans un
comité disciplinaire d'une corporation professionnelle.
Bon, il y a toute la question aussi de l'évaluation et de
l'efficacité des thérapies. Là, ouf! c'est une autre
grande, très grande question. Vous venez de donner un exemple en
matière de croyances religieuses ou dans ce que j'aime mieux appeler le
trust de la foi, parce qu'il y a tout un monde la-dedans et il y a tout un
ensemble d'universités de Crackerjack qui se permettent, au niveau
privé, de donner des diplomations et qui, finalement, font beaucoup plus
dans le sens d'exploiter la crédulité populaire et individuelle
des personnes. est-ce qu'on peut imaginer aussi que l'état oblige ses
conseils subventionnâmes à réserver un certain montant
d'argent annuellement pour être consacré à
l'évaluation je n'ai pas dit la sanction d'un certain
nombre de thérapies dites alternatives? c'est très
délicat, le jugement que l'on pose. est-ce qu'on pourrait dire... il y a
des gens qui prétendent être capables d'évaluer cela.
évidemment, c'est toujours une question de critériolo-gie, des
critères à la base pour évaluation. est-ce qu'on pourrait
imaginer, puisque vous le recommandez, que des recherches sur
l'efficacité des thérapies alternatives et sur leur
intégration à un système de santé soient
menées? est-ce qu'on peut imaginer que, dans le système actuel,
on pourrait réserver une certaine enveloppe de recherche à
l'intérieur des organismes existants pour l'évaluation d'un
certain nombre des thérapies alternatives annuellement, par exemple?
M. Martel: Encore une fois, on peut certainement l'imaginer,
même l'espérer. Mais ce qui serait très important, c'est
que, ces recherches-là, ça ne soit pas de ça que soit
tributaire le fait qu'on va mettre en place ce qu'on demande. C'est vrai qu'il
faut faire ces recherches-là, mais ça va être
nécessaire pour déterminer tôt ou tard quand on va vouloir
faire assumer certains traitements ou certaines choses par le régime
public. À part de ça, il n'y a pas tellement d'utilité ou
de pertinence, quant à nous, en soi, à faire cet
exercice-là, sauf peut-être pour satisfaire, mettons, les
corporations professionnelles quand elles voudraient savoir si c'est assez
scientifique pour que leurs membres puissent le faire. Elles ont, elles, ce
fardeau additionnel à s'imposer. Heureusement, il y a beaucoup de
thérapeutes ou même de membres de ces corporations-là en
dehors qui ne se sont pas laissé arrêter par ces limites-là
et qui sont capables d'arriver tout de suite à des choses très
intéressantes qui, après ça, vont être reconnues et
admises. Tant mieux! Mais ça va prendre un sacré bout de temps,
à la lumière des méthodes de recherche, des instruments
qui existent.
Moi, d'après ce que j'ai lu, de ce que j'ai vu, je ne pense pas
qu'on soit encore à même vraiment de les évaluer. Vous
savez qu'aux États-Unis, ils viennent de décider de consacrer une
partie de leur budget de recherche à ça. Alors, là, il va
commencer à s'en faire là-bas. Moi, je n'aurais pas tellement
confiance qu'ici il va s'en faire, de la recherche là-dessus. Les seuls
qui ont des budgets, qui ont de l'argent, bien, c'est ceux qui sont dans les
universités ou les centres hospitaliers où, en fait, c'est
relié à la corporation médicale qui, elle-même, a
dit clairement dans ses documents sur les médecines douces qu'elle ne
voulait pas du tout faire de recherche là-dedans, que le fardeau
était sur les thérapies alternatives elles-mêmes.
Si on était capables, comme thérapeutes alternatifs,
nous-mêmes, d'aller chercher des fonds, comme vous le mentionnez,
ça serait magnifique, mais, là, qui, maintenant,
bénéficierait de ça? À qui vous demanderiez de
faire ces recherches-là? Là aussi, ça poserait des
sacrés problèmes: «C'est-u» à des gens qui
auraient intérêt à ce que les résultats soient
positifs ou négatifs? C'est ça, là, qui est toute la
question.
M. Bouffard: Et c'était bien important d'encadrer,
effectivement, cette recherche-là, et les thérapeutes alternatifs
ne disent pas non à la recherche. Par contre, on n'est pas là
pour faire de la recherche pour prouver qu'on est beaux et qu'on est fins tout
le temps à qui de droit; on veut faire de la recherche pour
nous-mêmes, pour aller plus loin. C'est dans cette perspective-là
où ce n'est pas toujours pour se justifier, mais, nous autres, pour
aller plus loin. Parce qu'on en a le goût, aussi, mais c'est juste qu'on
n'en a pas les moyens.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Le temps est
malheureusement écoulé, M. le député. Alors, au
nom des membres de la commission, je vous remercie pour votre...
Avez-vous une question, M. le député? Brièvement.
M. Atkinson: Messieurs, merci pour votre participation à
cette séance. Votre mémoire est très clair et j'accepte
votre réponse à des questions posées par le ministre et
mes collègues. Mme la Présidente, pas d'autres questions.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord, merci beaucoup.
Alors, au nom de la commission, au nom des membres, merci beaucoup de votre
présence et de votre présentation. Merci.
M. Martel: Merci bien.
M. Côté (Charlesbourg): J'allais simplement dire,
pour clore, en réponse à votre ouverture où vous
souhaitiez que la commission ait des suites, qu'il est de notre intention d'y
donner des suites. Elles seront à la hauteur de la qualité des
présentations que vous nous ferez.
M. Bouffard: Minimalement un avant-projet de loi?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): Merci beaucoup.
M. Trudel: Là, vous venez de gagner cinq ans au
minimum.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Martel: Ah bon, O.K. Merci.
La Présidente (Mme Loiselle): Je demanderais maintenant
aux représentants et représentantes de l'Association canadienne
des massothérapeutes professionnels de bien vouloir s'approcher, s'il
vous plaît.
Bonjour, bienvenue à cette commission. Il s'agit d'un
échange de 30 minutes. Le temps est réparti: 10 minutes pour
votre présentation et 20 minutes d'échanges avec le ministre et
M. le député. Alors, j'aimerais, avant que vous débutiez,
que vous présentiez les gens qui vous accompagnent, s'il vous
plaît, et vous présenter.
Association canadienne des massothérapeutes
professionnels inc.
M. Gourde (Richard) : Oui, merci. M. le ministre, M. le
député de l'Opposition, Mme la Présidente, MM. et Mmes les
commissaires, permettez-moi de vous présenter d'abord Mme Mireille Dion,
qui est une exenseignante d'une vingtaine d'années au collégial
en nutrition, et maintenant massothérapeute, ex-présidente de
l'association canadienne des massothérapeutes. Je vous présente,
à ma droite, M. Alain Le Blanc, psychothérapeute, fondateur du
centre de prévention-suicide de la Beauce, ex-enseignant,
également, massothérapeute et vice-président de
l'Association; et je me présente: Richard Gourde, urbaniste, cofondateur
du centre de prévention-suicide dans la Beauce, massothérapeute,
bien sûr, et président de l'association canadienne.
L'Association canadienne des massothérapeutes professionnels fut
fondée en 1987. Son premier rôle était la promotion de la
massothérapie. À cet effet, l'Association a participé
à plus d'une vingtaine d'événements majeurs du
côté du sport, ce qui est son créneau majeur et qui a
permis, effectivement, cette promotion de la massothérapie. Son
rôle, aujourd'hui, s'exten-sionne au niveau de la promotion de
l'excellence des thérapeutes. Par ailleurs, au cours des
dernières années, l'Association a modifié ses
critères d'admission ou ses conditions d'admission, de manière
à être beaucoup plus restrictive en ce qui concerne l'admission de
ses thérapeutes. Comme autre rôle aussi, la protection du public,
en adoptant plus récemment un nouveau code de déontologie,
où on donne une place importante au comité de discipline. (17
heures)
La massothérapie a, dans nos mémoires, toujours
existé ou à peu de chose près. Il y a environ 150 ans, la
plupart de ceux qui exerçaient la massothérapie étaient
les médecins de l'époque. Aujourd'hui, tous savent assez bien ce
qu'est la massothérapie. Enfin, dans la tête de chacun des
Québécois, on sait à peu près tous que la
massothérapie excelle dans les moyens d'abaisser, entre autres, le
stress. Pour nous, aujourd'hui, la massothérapie se positionne dans le
grand processus de guérison. En fait, faut-il savoir comment on
positionne la guéri-son.
La guérison, pour nous, c'est de poser une action en vue de
rééquilibrer la santé lorsque celle-ci a connu un
désajustement tant au niveau mental que spirituel ou physique.
D'ailleurs, le désajustement physique n'est-il pas la manifestation la
plus lourde d'un déséquilibre? En fait, la guérison, par
opposition, ce n'est pas seulement une façon de solutionner des
symptômes physiques d'un désordre chez un individu. Nous sommes,
à ce titre, tous des guérisseurs, en fait, puisque ne serait-ce
que par le fait de discuter avec un confrère ou un ami de nos
inquiétudes est en soi une forme de guérison puisqu'on aide
à solutionner certains désordres. La massothérapie est
donc aussi à l'intérieur de ce processus de guérison qui
rejoint des déséquilibres émotifs traduits, entre autres,
par le stress et des déséquilibres parfois physiques. C'est
ultimement le fait du toucher et de son rééquilibre
énergétique, son balancement et son processus de mise à
jour à l'aide du système nerveux.
Trop de gens n'ont comme seule solution de rééquilibre de
leur santé mentale que de laisser envenimer la situation jusqu'à
ce que le déséquilibre se mani-
feste sur le plan physique. Alors, le système de santé le
mieux connu de tout le monde pourra prendre soin de cette personne, soin
parfois très lourd, très coûteux, et, trop souvent, on
équilibrera les symtômes physiques dans un milieu souvent trop peu
humain. Par exemple, dans les couloirs des hôpitaux, on ne s'adresse pas
généralement à M. Jean Tremblay, on dit: Oui, c'est le
néo-papillaire du 504. Même si on guérit dans les
hôpitaux, le problème reste trop souvent là puisque, au
départ, peut-être que cette personne avait juste besoin d'un peu
plus d'attention et elle a été conduite dans la froideur du
système qu'on valorise encore. Trop souvent, le pattern se met en place
et le retour au déséquilibre de la santé revient.
Quelles sont les solutions? Exposer des choix aux gens; responsabiliser
aussi les gens vis-à-vis de leur santé. Comment? C'est de laisser
émerger d'abord les alternatives de santé. De quelle
façon? En retirant aux corporations existantes le pouvoir de poursuivre;
aussi, en resserrant le monopole de la guérison des corporations, ce qui
favorise la clandestinité des thérapies alternatives. De quelle
façon? En mettant, par exemple, sur pied un regroupement des
thérapies alternatives, c'est un nom parmi d'autres. Ce regroupement
aurait pour objectif d'imposer une formation de type tronc commun, dans un
premier temps, de manière à ce que chacune des thérapies
alternatives puisse avoir, à tout le moins, cette capacité de
référer; et pour certaines approches, comme la
massothérapie, une formation minimale. Bien sûr, toutes seraient
soumises à un code de déontologie. Bien sûr, on aurait
besoin également d'avoir un meilleur accès à la
recherche.
En deuxième lieu, des choix. Ces choix peuvent se définir
par une meilleure information; donc, offrir à la population un lieu
d'information, un lieu de référence par le regroupement des
thérapies alternatives; informer ces gens de ce qui existe, leur
façon de faire, leur formation, et donner des références
sur les thérapeutes, éventuellement.
Au chapitre de la responsabilisation du public, enfin, en étant
mieux informé, il comprend mieux les choix qui lui sont offerts. On
débouche également sur le fait d'aucune contribution du
réseau public puisque ça fait partie du gage de
responsabilisation de l'individu à sa guérison. Enfin, on n'en
est plus vraiment à savoir si l'on doit reconnaître les
thérapies alternatives, mais elles émergent d'elles-mêmes.
En fait, en sommes-nous à du rattrapage d'une réalité de
tous les jours? Merci.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. Merci beaucoup. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Non? Alors, nous allons commencer
l'échange avec M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. À la page 17 de votre mémoire puisque
j'ai compris que vous nous en avez fait un résumé, compte tenu du
temps il est dit: «Pour les thérapies à risques et
déjà structurées, chacune des familles aura
inévitablement à déterminer une formation de base
supplémentaire permettant d'assurer la sécurité du
public.» Est-ce que vous êtes, à ce moment-ci, capable
d'identifier ces thérapies à risques?
M. Gourde: Thérapies à risques, évidemment,
on a exposé ici une vision assez large. Bien sûr, le regroupement
des thérapies alternatives va regrouper, par exemple, évidemment,
des acupuncteurs, des homéopathes. Enfin, on n'en a pas fait une liste
vraiment déterminée, mais on comprend bien que certaines
thérapies comportent des recoupements avec la médecine
traditionnelle. Il nous apparaît important, effectivement, que les
thérapies les mieux structurées devront bien définir leur
niveau de formation qui va aller au-delà d'un simple tronc commun.
M. Côté (Charlesbourg): Un exemple de
thérapie à risques, et sur quelles bases, finalement, vous vous
appuyez pour les identifier? Parce qu'il faudra le faire. Dans la mesure
où, si je comprends bien votre mémoire, il y a ça, il y a
donc, dans votre esprit à vous, des thérapies à risques.
Sur quelles bases vous appuyez-vous pour identifier ces thérapies
à risques? Ça me paraît important, à ce moment-ci,
de tenter de distinguer un petit peu tout ça. C'est clair qu'il y a des
frontières très proches et qui peuvent s'approcher d'une pratique
plus médicale. Est-ce que c'est à ça que vous faites
allusion, à ce moment-ci?
M. Gourde: On faisait allusion à ça. Je vous dirai
qu'on n'a pas très bien structuré, effectivement, les
thérapies à risques. Ce à quoi on faisait davantage
allusion en ce qui concerne la massothérapie, c'est qu'on se
considère comme des thérapies plus structurées. Donc, on
sait très bien qu'il existe un certain nombre de thérapies
à risques, qui ont effectivement un très grand rapprochement avec
la médecine traditionnelle et qui impliquent, à ce
moment-là, des soins auprès de gens qui sont peut-être plus
lourds. En ce qui concerne la massothérapie, enfin, je la
considère comme étant une thérapie déjà bien
structurée et, à ce titre-là, nous estimons effectivement
que, dans une perspective de protection du public, on se doit de jeter les
bases d'une formation minimale importante.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que la
massothérapie est une thérapie à risques?
M. Gourde: Non, je ne crois pas que la massothérapie soit
une thérapie à risques. Néanmoins, la massothérapie
a des activités ou a des actes, si on veut, qui ont certains
rapprochements avec des corporations professionnelles existantes.
M. Côté (Charlesbourg): Si je comprends la logique,
plus c'est une thérapie à risques, plus on devra
être exigeant quant à la formation, n'est-ce pas?
M. Gourde: Ça m'apparaît important,
effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là, plus on exige de la formation, il est bien évident
qu'il va falloir se référer à des niveaux
supérieurs d'enseignement pour s'assurer que les gens aient tout ce
qu'il faut pour être capables de pratiquer ces
thérapies-là. Je pense que ça doit être la logique
même de votre énoncé. C'est ça, si je comprends
bien?
M. Gourde: J'aimerais peut-être avoir une précision
sur ce que vous entendez par niveau supérieur.
M. Côté (Charlesbourg): On parle, à ce
moment-là, de cégep, on parle d'université en termes de
formation. Ce que j'ai compris des interventions qu'on a depuis le
début, c'est qu'il y a une volonté des thérapies
alternatives d'avoir un tronc commun de formation. Au-delà de ce tronc
commun, dans certaines disciplines, il va y avoir des formations
complémentaires, mais avec des pointes...
M. Gourde: Spécifiques (17 h 10)
M. Côté (Charlesbourg): ...donc, spécifiques.
Et plus on va aller dans les thérapies à risques parce
que, là, j'essaie de suivre votre logique plus on va exiger,
à ce moment-là, de temps de formation ou des connaissances plus
larges, j'imagine, de l'ensemble de la problématique du corps humain
pour être capable de solutionner les problèmes auxquels vous
êtes confrontés. Est-ce que je comprends que c'est ça, la
logique?
M. Gourde: C'est logique. Néanmoins, la formation dans un
établissement public, par exemple, ne m'apparaît pas être un
critère essentiel, comme on vient de le nommer
précédemment. Ça veut dire qu'effectivement. ..
M. Côté (Charlesbourg): Vous me voyez venir. Donc,
vous devancez ma prochaine question parce que, là aussi, je pense
qu'à partir du moment où on peut établir des standards et
des exigences quant à la formation de base, de pointe, d'une
thérapie à risques, est-ce qu'on peut dire qu'au Québec,
à ce moment-ci, il existe des écoles, dans le privé, qui
sont capables de répondre à ces exigences? Parce qu'on n'est pas
dans le bas de la pyramide, là, on n'est pas dans le tronc commun,
là. On est dans une pointe de thérapie à risques qui exige
une formation très élevée. Est-ce que vous croyez
qu'à ce moment-ci des écoles autres que publiques peuvent se
permettre d'avoir tout ce qu'il faut pour offrir cet enseignement?
M. Gourde: Ce que je peux vous mentionner, c'est qu'actuellement,
au Québec, je crois qu'il y a des écoles qui sont en mesure de
donner une formation en massothérapie pleinement adéquate, avec
l'ensemble des exigences minimales que nous croyons être valables. Oui,
effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que ces écoles
privées ce n'est pas parce que j'en ai contre le privé,
pas du tout; il faut spécifier parce que, des fois, on peut avoir des
revers, puis ça paraît dans nos questions, mais je n'en ai pas
contre l'école privée au Québec, ont des pendants
dans le reste du Canada, par exemple?
M. Gourde: Je peux difficilement vous dire, au Canada.
Néanmoins, en France, on remarque, effectivement, que, bien qu'une
formation ou les critères de formation soient établis au niveau
de l'État, la plupart des formations en
massokinésithérapie se font dans le privé. Donc, je ne
crois pas que ce soit nécessairement un critère de base que ce
soit au niveau public. Néanmoins, je vous dirai, peu importe enfin,
puisque l'association canadienne des massothérapeutes ne requiert pas,
pour l'admission de ses membres, que la formation soit... enfin, de
reconnaître des écoles particulières. Que ce soit au niveau
privé ou public, ce qui nous importe davantage, c'est le niveau de
formation, ce sont les exigences de formation.
M. Côté (Charlesbourg): Aux pages 18 et suivantes,
lorsque vous évoquez l'information du public et je pense que
c'est un des éléments les plus importants dans toute cette
démarche, de bien informer le public sur les bons comme sur les mauvais
coups, en espérant qu'il y ait moins de mauvais coups et là,
à ce moment-là, on finit par rejoindre une certaine
qualité, merci vous dites que le regroupement recueillerait les
plaintes, les traiterait et appliquerait des sanctions. Dans le groupe
précédent, ce qu'on a vu, c'est que les gens étaient
ouverts à une participation du public et, en règle
générale, s'il y a une plainte qui est très largement
répandue, par exemple, vis-à-vis de la corporation des
médecins, c'est que le public n'est pas assez présent à la
Corporation et dans le traitement des plaintes. Donc, c'est ce qu'on dit, c'est
ce que le monde se dit d'une oreille à l'autre ou de bouche à
oreille. C'est que, évidemment, ça se fait entre eux autres, puis
que le public n'est pas nécessairement très bien informé
de ce qui se passe et qu'on aurait intérêt à ouvrir ce
cénacle pour avoir une meilleure crédibilité sur la place
publique, parce que ce sont des jugements qui sont rendus, donc, puis,
après avoir fait part au public d'une situation, on s'étonne que
quelqu'un soit blanchi. La tendance des gens qui vous ont
précédés, c'était de dire: Les gens du public, sur
notre conseil, on n'a pas peur de ça. C'est la transparence, c'est
l'ouverture et tant mieux. Je ne sais pas, là, est-ce qu'on retrouve
ça chez vous? Est-ce qu'on retrouve la même ouverture chez vous,
là?
M. Gourde: On ne l'a pas exposé de cette façon.
Bien sûr, ça paraît comme une hypothèse
intéressante. Ce qui nous apparaissait déjà moins
problématique, c'est que le regroupement des thérapeutes
alternatifs n'était pas un regroupement d'une famille bien
particulière, comme la corpo des médecins qui regroupe, bien
sûr, des médecins. Déjà, en tant que regroupement de
plusieurs thérapies, le problème nous apparaissait beaucoup
moindre. Bien sûr, la participation du public peut être une chose
à envisager.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais y aller
carrément. Est-ce que, pour vous, un thérapeute, il est
souhaitable ou serait même obligatoire que le public fasse partie d'une
structure quelque part qui permettrait d'accepter des plaintes et de les
évaluer, que le public puisse en être partie prenante? Est-ce que
ce n'est pas là le gage d'un meilleur respect du public à
l'égard de toutes ces pratiques-là?
M. Gourde: C'est sans aucun doute souhaitable.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends,
c'est que, dans la mesure où c'est souhaitable, dans la mesure où
on progresse, ce sera réalisable.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
Alors, maintenant, M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, il
me fait plaisir de vous accueillir. Alors, le temps est très restreint,
on va y aller assez directement. Je veux toucher, pour ma part, je dirais, en
tout cas, ce que j'estime être le fond de la question aussi en termes de
reconnaissance et du rôle de l'État dans la reconnaissance ou eu
égard à la reconnaissance.
À travers votre pratique professionnelle, les
mas-sothérapeutes, est-ce que vous avez une opinion sur votre
sous-utilisation dans le système de santé actuel? Je pourrais
présenter ma question autrement: Est-ce que vous avez l'impression que,
si on utilisait les thérapies alternatives, en l'occurrence, ici, la
massothérapie, on pourrait réduire d'une façon assez
significative un certain nombre de coûts engendrés par notre
système de traitement de la maladie, officiellement reconnu et
payé par tous les Québécois et les
Québécoises?
M. Gourde: Ça m'apparaît bien évident. Vous
avez souligné le système de maladie. Déjà, vous
soulignez une problématique en soi, c'est que notre système de
santé est bâti davantage sur un système de maladie. On
attend que les gens soient malades pour rééquilibrer la
santé, alors que la massothérapie se positionne à un
niveau bien avant que les gens soient atteints d'une maladie réelle ou
physique, ou que ça se traduise sur le plan physique, si on veut. Donc,
la massothérapie, se positionnant au niveau préventif davantage,
permettrait évidemment à bon nombre de gens de solutionner un
certain nombre de désajustements de leur santé avant d'en arriver
au plan physique, bien évidemment.
M. Trudel: Et vous estimez... Je m'excuse, vous avez l'air
d'avoir un commentaire.
La Présidente (Mme Loiselle): M. Le Blanc, oui.
M. Le Blanc (Alain): oui. c'est qu'entre autres, étant
dans la pratique depuis cinq ans, j'ai vu beaucoup de personnes
âgées me dire: depuis qu'on vient vous voir et qu'on peut parler
avec vous, on a comme moins besoin d'aller parler à notre
médecin. non pas qu'on veuille prendre la place du médecin,
absolument pas, parce qu'on aura toujours besoin de médecins. par
contre, ce qui fait la différence, c'est que le massothéra-peute
passe une heure avec le client ou la cliente, et on est seul avec la personne.
donc, on a la chance de pouvoir avoir un très bon échange avec le
client. on a la chance aussi de pouvoir lui donner un contact humain que le
médecin a peut-être moins le temps de lui donner. bon, il y a
beaucoup de médecins qui aimeraient probablement pouvoir donner du
temps, mais il y a un système en place qui fait qu'ils n'ont comme pas
le choix, quelque part, aussi.
Donc, ce qui fait la différence, c'est peut-être le
côté humain, un service humanisé et plus
personnalisé, aussi. On peut parler d'effet placebo, pourquoi pas? Donc,
si le thérapeute fait bien son travail, s'il a la formation pour le
faire, si, en plus, il a de bonnes notions de relation d'aide, de psychologie
et si, quelque part, ça peut permettre à quelqu'un
d'améliorer sa condition de vie sans vivre dans l'illusion non plus,
pourquoi pas? Et je pense que la thérapie alternative peut le faire
parce qu'on a le temps de le faire. Le jour où la thérapie
alternative deviendra à numéro, il y aura un problème au
niveau des thérapies alternatives. (17 h 20)
M. Trudel: Mais, là, vous n'êtes pas en train de
nous dire qu'il suffirait d'humaniser la formation du monde médical, des
médecins pour régler la situation, je veux dire; la
massothérapie a ses vertus en soi, j'imagine!
M. Le Blanc: Voilà!
M. Trudel: Est-ce que vous vous voyez comme une profession, une
pratique qui est complémentaire à la pratique médicale
actuelle ou ce qu'on définit généralement, dans le monde
occidental, comme étant la médecine scientifique? Est-ce que,
vous autres, vous vous voyez comme une discipline en soi, capable d'intervenir
à partir d'un diagnostic puis je vais revenir sur la notion de
diagnostic tantôt ou si vous vous voyez comme étant
complémentaires à la médecine dite scientifique, dans
notre contexte québécois, canadien, nord-américain,
occidental?
M. Le Blanc: J'opte pour complémentaire. Donc, le
massothérapeute qui s'approprie la vertu d'être complet en
lui-même n'a pas compris le sens de son travail. Donc, le
thérapeute professionnel est celui qui va être capable de
reconnaître ses limites et de diriger aussi la personne vers un
professionnel qui peut répondre à un besoin, ce que lui ne peut
pas faire.
La Présidente (Mme Loiselle): M. Gourde? Oui.
M. Gourde: J'ajouterai à ça que si, effectivement,
la massothérapie s'évertuait à laisser croire que c'est en
soi un moyen de traitement, je vous dirais que, probablement, il existerait
uniquement ça aujourd'hui. Il existe donc d'autres approches, il existe
donc d'autres pratiques parce que, effectivement, toutes ces pratiques ont une
place, un rôle à jouer dans le grand processus de guérison.
Je crois effectivement que la massothérapie se positionne à un
endroit bien particulier, et on peut mentionner, entre autres, la
prévention, ce qui, bien sûr, a l'avantage ultime d'aider à
ne pas conduire les gens qui ont un léger désordre au niveau de
leur santé vers des actes plus lourds.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme Dion? Oui.
Mme Dion (Mireille): Au niveau de la prévention je
pense qu'on est dans l'ère de la prévention le
thérapeute qui se dit vraiment professionnel est capable de
reconnaître ses limites et de savoir qu'en travaillant en
complémentarité avec les médecins il peut être
capable de référer. Alors, il faut travailler, en tout cas,
à mon avis, dans cette voie de la prévention. Qu'on ait une
réglementation, c'est bienvenu pour éviter tout ce biaisage,
quoi. Alors, si vraiment il y a une formation adéquate, il ne se fera
plus de choses douteuses. Alors, c'est toujours dans ce sens que l'on a
travaillé. Si on revient au niveau de l'Association, pour avoir la
chance de s'exprimer, eh bien, c'est vraiment cette voie de la
prévention qui a été préconisée depuis
l'ouverture, la fondation. Alors, je pense que je suis dans la même ligne
de pensée que vous complémentarité et non
pas de penser que, nous, on peut faire des diagnostics.
M. Trudel: C'est un peu le rôle, dans ce genre de
commission, de poser les questions jusqu'aux limites pour voir où on
devrait aller et, surtout, là où l'État devrait aller.
Mais vous ne pensez pas qu'à cet égard-là, eu égard
aux réponses que vous nous donnez, on n'a pas besoin de mettre un gros
appareillage de contrôle et d'examen et d'encadrement de la
thérapie qui fait du bien que vous pratiquez? Est-ce qu'on a besoin de
mettre au monde un appareillage de reconnaissance qui soit lourd, qui risque de
devenir bureaucratique, qui risque de devenir comme une machine à
privilèges? On en met beaucoup, là. Ou, par ailleurs, est-ce
qu'on ne pourrait pas dire: Bien, écoutez, s'il s'agit,
fondamentalement, de séparer l'ivraie du bon grain, est-ce que la
mécanique des titres réservés avec des critères ne
serait pas suffisante? Pour porter tel titre, vous avez besoin de telle
formation. Point, «period», à la ligne. Le restant, les lois
du marché et du bien ou du bien-être que vous faites à la
personne, au citoyen, à la citoyenne, ça va lui permettre de
juger. Est-ce que ça pourrait se réduire uniquement à
cela, en matière de reconnaissance?
La Présidente (Mme Loiselle): M. Gourde.
M. Trudel: Vous n'êtes pas obligé de tout savoir
tout le temps.
M. Gourde: Non. Effectivement, la massothérapie est
confrontée à une pratique très variable. Enfin, c'est un
des problèmes monstres que la massothérapie rencontre: pratique
très variable avec formation très variable et objectifs
très variables parfois. À coup sûr, oui, ça prend
absolument une formule, une façon de reconnaître la
massothérapie, d'avoir ensemble une façon dont on va gérer
la discipline, où on va véhiculer l'information, où on va
travailler ensemble pour faire évaluer une formation. Je crois
effectivement qu'une structure comme le regroupement des thérapies
alternatives serait toute désignée pour rejoindre ces
objectifs-là.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. C'est le temps,
malheureusement, qui est écoulé. Alors, je vous remercie, Mme
Dion, M. Gourde, M. Le Blanc, au nom .des membres de la commission. Merci pour
cet échange.
Maintenant, j'appelle les représentants et représentantes
de la Fédération québécoise des masseurs et
mas-sothérapeutes, s'il vous plaît. Bonjour. Bienvenue à la
commission des affaires sociales. Comme pour le groupe précédent,
c'est un temps de 30 minutes réparti: 10 minutes pour votre
présentation et 20 minutes d'échanges. Je demanderais à la
personne représentante du groupe...
Fédération québécoise des
masseurs et massothérapeutes
M. Lapalme (Pierre-H.) : Bonjour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Bonjour.
M. Lapalme: Messieurs, M. le ministre, je vais d'abord vous
présenter M. Daniel Bouffard, directeur général, que vous
connaissez déjà; M. Pierre Martin, officier au conseil
d'administration, et M. Jean Baillar-geon, vice-président. Je suis
Pierre-H. Lapalme, président de la Fédération
québécoise des masseurs et massothérapeutes.
Je vais procéder d'abord en essayant de présenter
l'organisation qui nous a permis, depuis 14 ans, de placer le massage et la
massothérapie au Québec dans
une position qui nous permet aujourd'hui de se parler. Il faut remonter
à 14 ans où un cours professionnel aux adultes à la CECM,
des expériences individuelles de «soignage» sportif ou de
massages européens et une association municipale de Montréal ont
été le germe qui a fusionné en ce qui est devenu
aujourd'hui la Fédération.
Le but, à l'époque, était de se différencier
du massage erotique, et ça n'a pas été facile. Valoriser,
donc, une ou plusieurs technique connue de massage, son
application, en quoi elle se différenciait des autres techniques dites
erotiques et puis faire connaître ses effets. Donc, il a fallu organiser,
au tout début, une structure. Cette structure ensuite a bâti
tranquillement, a reconnu tranquillement des gens que le Bureau des permis de
la ville de Montréal s'est empressé de régir. Les
règlements sur l'exercice de la massothérapie passaient par les
empreintes digitales, un code criminel ou un dossier, si vous aimez mieux, et
de fréquentes visites de la police des moeurs. Ça ne fait pas si
longtemps, ça fait 12 ans et ça existait encore. La ville de
Montréal nous a dit: On va vous faire une recommandation.
Bâtissez-vous une formation de qualité, une pratique de
qualité, donnez-vous un mode de qualification et dotez-vous d'une
structure de discipline. Beau programme! On est bénévoles. On n'a
rien. On veut juste faire du massage et ne pas être pris pour ce qu'on
n'est pas. On se met à la tâche: on demande, on regroupe. (17 h
30)
Effectivement, vous posiez tantôt la question: Est-ce qu'une
organisation bénévole peut se structurer? Oui. Ensuite, on est
passés à la demande provinciale. On est toujours au municipal; on
veut agrandir. Là, on nous a dit: Bien, il va falloir que vous ayez
l'assentiment de la corporation médicale pour qu'elle vous laisse faire
et de l'Office des professions pour vous sanctionner. Pour obtenir une
permission d'opérer, on a obtenu une demande de tolérance de la
corporation médicale qui se résumait très simplement
à ceci: Vous vous occupez du fonctionnel, vous ne touchez pas au
restej'y étais et une demande de reconnaissance au niveau
de l'Office des professions pour régler les problèmes
d'encadrement pédagogiques, les contenus de cours, pour mieux
définir ce qu'on devait être comme thérapeutes, puis
s'insérer dans un champ quelconque d'exercice dans la santé au
Québec. Il faut que quelqu'un nous dise: Bien, tu peux te mettre les
deux pieds là, on ne te les coupera pas. N'oubliez pas qu'on sort de
trois ans d'opérations policières à tout bout de champ. On
était contents d'avoir quelqu'un qui nous dise: Bien, là, vous
auriez peut-être plus de chances.
Les recommandations: cinq ans d'exercice; prouvez que vous pouvez
répondre à un besoin; prouvez que vous protégez ceux que
vous desservez, autant au niveau des membres, des clients, des
références et du public on ne nous a pas
ménagés, les trois prouvez que votre
spécialité a quelque chose que les autres n'ont pas et qu'en plus
elle n'est pas préjudiciable. Cinq ans plus tard, la participation aux
tables de concertation de la santé, le rapport Rochon. On n'est pas
encore bons. Redéfinissez votre formation. Unifiez vos qualifications.
Uniformisez vos connaissances. Évaluez et protégez,
éduquez, renseignez, plus de visibilité et bâtissez-vous un
code d'éthique et de déontologie.
On a répondu patiemment au besoin d'une qualité pour se
définir de tous les paliers d'autorité: scolaire, municipal,
provincial avec des bénévoles pendant 14 ans. Cette formation est
allègrement copiée, critiquée. D'autres en profitent pour
proposer des formations à rabais pour les mêmes titres. On a
réussi à devenir une référence de qualité,
quand on veut aujourd'hui s'évaluer en massage dans le public, dans des
organismes de services éducatifs, politiques et de protection du
consommateur; en tout cas, dans la région de Montréal. Cette
formation est progressivement proposée et bâtie par
l'assemblée générale de nos membres et les divers C.A. de
bénévoles réitérés à tous les
ans.
La Fédération s'est dissociée de l'application
pédagogique pour se garder l'évaluation des écoles et
l'évaluation des membres pour lesquels on s'est donné des moyens.
Autrement dit, au début, on voulait passer la formation. Un coup que la
formation a été bâtie, on est allés plus loin et on
a dit aux écoles qui s'étaient formées: À vous.
Nous autres, on garde la neutralité, une visibilité, une gestion
et on se charge du changement et de la progression. Les réformes, elles
sont proposées en assemblée générale et
appliquées à tous les ans. Donc, les réformes, elles
continuent sans jamais s'arrêter. Un tronc commun uniformisé s'est
structuré. Une rigueur d'évaluation s'est proposée et
imposée. Une demande de compétence s'est
généralisée dans les membres et dans le public à
tel point que, des 2 écoles originales, on est plus de 20 écoles,
maintenant, qui donnent les profils et proposent les contenus. Leurs membres,
les élèves, deviennent chez nous des membres par un seul examen
qui propose, à ce moment-là, une uniformisation de tous les
contenus des programmes auxquels les écoles disent avoir
représenté...
De la seule région de Montréal qui, au début,
comptait une centaine de membres, on peut maintenant compter 1200 membres dans
toutes ou la plupart des régions de la province de Québec. On
fait partie de la Coalition. On a des organismes d'information et de formation.
Donc, en termes de popularité, la FQMM a fait ses preuves en donnant au
public ce qu'il demandait, c'est-à-dire l'information nécessaire
pour choisir; le public le lui a bien rendu en choisissant nos membres pour le
massage ou les autres traitements.
On a sorti le massage des ornières à l'époque
s'il y a des questions au niveau de l'histoire, je pourrai en mettre un
peu plus et des infirmeries, parce que le massage sportif était
déjà fort à la mode, à l'époque. Donc, on
dessert des gens. On répond à des besoins qu'on a pris le temps
d'écouter et de différencier. On est visibles. On trouve la
Fédération impliquée dans plusieurs projets, choses de
santé, autant à Mon-
tréal que dans la région de Québec. On a
répondu à une demande de compétence et de qualité
de la part des organismes provinciaux et, maintenant, on cherche, en se
définissant comme plus préventifs, à devenir plus
efficaces à la fois dans la recherche et en termes de détente et
de s'occuper du fonctionnel, comme il nous a été bien
recommandé de la part des médecins, mais... Et je laisse la
parole au vice-président.
La Présidente (Mme Loiselle): II vous reste encore deux
minutes.
M. Baillargeon (Jean): Moi, je viens faire le mais...
La Présidente (Mme Loiselle): C'est ça.
M. Baillargeon: ...parce que, justement, malgré tout ce
travail-là, tout ce cheminement-là, il reste que nos conditions
de travail demeurent difficiles. On travaille encore de façon
précaire en massothérapie, parce que, entre autres, ce n'est pas
possible de pratiquer dans toutes les municipalités. Plusieurs
municipalités ont des règlements qui l'empêchent ou qui
limitent énormément. Aussi, on considère que quelque part
il y a une concurrence qu'on juge déloyale de gens qui pratiquent la
massothérapie avec des formations de deux fins de semaine ou des cours
par correspondance. Aussi, la clandestinité, l'illégalité
dans laquelle on est placés a fait que, il y a près de deux ans,
une vingtaine de massothé-rapeutes ont été
agressées sexuellement et, sur ces personnes-là, il y en a
seulement 12 qui ont osé porter plainte parce que, justement, elles se
disaient: Bien, comme je pratique dans une municipalité où je
n'ai pas le droit de pratiquer ou que je n'ai pas les permis parce qu'on ne me
permet pas d'avoir les permis, je n'ai pas le goût de m'afficher
publiquement. Alors, ça empêche même les gens d'avoir la
possibilité de se défendre. En tout cas, ça les brime
à ce niveau-là.
Ensuite, bien, c'est clair que le public n'est pas parfaitement
informé sur les compétences des massothé-rapeutes. C'est
clair qu'il y a des formations, actuellement, qui sont de qualité
très variable au niveau du Québec, qui sont, en
général, très dispendieuses et le fait qu'il n'y ait pas
de reconnaissance ne permet pas aux étudiants d'avoir recours aux
mêmes ressources que les autres étudiants, d'avoir donc
accès aux prêts et bourses. Les abus dont sont victimes les
clients rejaillissent sur l'ensemble de la profession. Je pense que vous
êtes bien placés, en tant que politiciens, pour comprendre
ça. Quand, dans le milieu, quelqu'un est attaqué, c'est la
crédibilité de tout le monde qui y goûte. Je pense que,
nous autres, on connaît ça aussi.
D'autres domaines, au niveau des assurances, entre autres, qui
remboursent les frais de massothérapie dans certains cas, mais qui se
font de plus en plus hésitants parce qu'il n'y a pas de reconnaissance.
On est dans une situation de non-reconnaissance, à l'étape
actuelle. Le fait de travailler au noir, bien, c'est aussi que les gens qui
sont en massothérapie n'ont pas de protection en termes
d'assurance-chômage, en termes de santé et
sécurité...
M. Côté (Charlesbourg): Pas de rapport
d'impôt, non plus.
M. Baillargeon: Pas de rapport d'impôt. Donc,
difficulté d'aller voir son gérant de banque et d'emprunter de
l'argent pour acheter une maison. Alors, c'est toutes ces
difficultés-là dans lesquelles on est placés, où on
pense qu'une reconnaissance devient nécessaire.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. Baillargeon et M.
Lapalme. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Alors, on a quand
même affaire à du monde qui a traversé à peu
près toutes les collines possibles et imaginables. Je pense que c'est ce
que vous avez tenté de nous traduire par ce cheminement parti de
Montréal et ayant fait le tour du Québec. L'Office est venu, ce
matin. L'Office a étudié pendant deux ans et demi l'ensemble de
cette probléma-tique-là et a émis un avis qui est
là. On peut l'aimer, ne pas l'aimer. Il n'est pas question de critiquer
l'Office. Je pense que c'est un travail utile qui a été fait.
Comment vous sentez-vous, vous autres, après 14 ans, par rapport
à l'avis de l'Office? Juste pour qu'on comprenne, dans la poursuite de
nos réflexions, on ne pourra pas ignorer ce qui s'est fait comme travail
pendant deux ans et demi au niveau de l'Office. Ça va devoir être
des partenaires avec nous dans ce cheminement-là. J'aimerais ça
vous entendre parce que vous êtes les premiers qu'on réussit
à avoir autour de la table qui peuvent nous parler d'une
expérience de 14 ans, d'avoir franchi toutes les étapes, la
course à obstacles. Est-ce que l'avis de l'Office nous permettrait de
progresser dans un cas comme le vôtre? (17 h 40)
La Présidente (Mme Loiselle): M. Lapalme.
M. Lapalme: Simplement, non. J'explique. Une
réglementation actuellement permettrait de savoir ce que le gouvernement
et ses élus veulent de la santé au Québec. À partir
de là, quand on a un objectif, on est capable d'en déterminer les
étapes permettant d'arriver puis les moyens, ce n'est pas
ça qui manque là où on veut aller. C'est l'objectif
qui manque, actuellement. C'est le laisser-faire, actuellement, qui fait que
tout prolifère. On nous a dit, au départ, avec le nombre de
recommandations qu'on nous faisait: Vous n'y arriverez pas. Mais, si vous
voulez tenter, essayez ça. On est allés beaucoup plus loin. On
est toujours au même point. Pourquoi? Parce qu'on déplace de
l'air, puis il n'y a pas de mur. On veut prévenir, on ne sait pas ce que
c'est que la prévention. On parle de réharmoniser, on ne sait pas
ce que c'est que d'équilibrer.
Alors, pas de règlement? Règlement, un règlement
d'encadrement permettant de définir ce que c'est ou ce que doit
être la personne qui s'affiche ou qui diffère. La
possibilité aussi par une formation, comme vous disiez tantôt, de
délimiter des secteurs de connaissances et d'application, d'acquis et
d'habiletés, de connaissances et d'habiletés, parce que,
là, on fait face à deux choses: on fait face à des
connaissances, on fait face à des habiletés. Il y a des gens qui
peuvent vous expliquer leur problème, mais ne jamais être capables
d'y mettre les mains, puis de le travailler. Il y en a d'autres qui n'ont pas
la parole facile, mais ils mettent les mains, puis ça marche. Chez nous,
on a cette difficulté-là, et un règlement permettrait de
donner des orientations et de reconnaître des limites par rapport
à quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je me trompe en
pensant que, dans vos propositions, vous rejoignez davantage une philosophie
d'un meilleur encadrement que d'une plus grande liberté d'action?
M. Lapalme: Un meilleur encadrement, sûrement.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Et j'arrive à
l'office que vous proposez. Donc, vous proposez un office des thérapies
alternatives qui vous sortirait de l'Office des professions. Est-ce que je
comprends bien? Si je ne comprends pas, corrigez-moi. Je voudrais avoir
quelques explications sur votre office des thérapies alternatives parce
que, quand j'entends office, il va avoir un certain nombre de
responsabilités.
M. Lapalme: C'est ça. Alors, il y a effectivement un
remplacement, puis il y a aussi une meilleure application de ce que l'office
des thérapies alternatives pourrait être par rapport à
l'Office des professions actuel, toujours par rapport aux techniques
alternatives.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je comprends, mais il
serait formé de l'ensemble des nouvelles thérapies reconnues.
M. Lapalme: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que, dans votre
esprit, ça pourrait aller jusqu'à ce que cet office fasse aux
thérapies non reconnues la même job que l'Office des professions
doit faire par l'entremise de la corporation des médecins, par exemple,
à ceux qui, aujourd'hui, ne sont pas reconnus?
M. Lapalme: Actuellement, c'est une question-piège.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je n'ai pas mon
permis de trappe. Je ne suis pas encore allé suivre mes cours sur le
terrain.
M. Lapalme: M. le ministre, je m'excuse. Je veux simplement
attirer votre attention sur la page qui est devant vous. Je ne sais pas ce
qu'il y a d'écrit, mais vous avez un cadre délimité. Il y
a quatre marges. À chaque page qu'on va structurer, il va y avoir quatre
marges. Les marginaux, on ne pourra pas les empêcher. Sauf que si, au
niveau alternatif, on a des gens qu'ils connaissent bien et qui sont là
pour comprendre, il y a beaucoup de ces gens dits alternatifs qui pourraient se
redéfinir à l'intérieur de l'une ou l'autre des structures
qu'il y a là.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ultimement... M.
Lapalme: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...pour bien se comprendre,
s'il y en a qui pensent que je serai l'un de ceux qui vont, dès demain
matin, faire reconnaître ou tenter de faire reconnaître au
gouvernement du Québec les quelque 200 thérapies alternatives,
fermons la commission tout de suite. Il n'en est pas question. Il y en a un
certain nombre dont la maturité et le bienfait sont évidents. Pas
pour tout le monde, mais, disons, pour une majorité.
M. Baillargeon: Dont la nôtre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'êtes pas
seulement un masseur. Je comprends que vous êtes aussi un gars qui passez
des messages.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, à partir de
ça, il est bien clair que, si on veut nettoyer le décor, on s'est
dit: Ça prend de la formation, ça prend, bien sûr, un
encadrement pour bien s'assurer que ceux qui pratiquent ont tout ce qu'il faut
pour pratiquer, et ceux qui pratiquent en dehors de ça doivent
être sanctionnés d'une manière ou d'une autre ou
éliminés du marché parce que, là, c'est l'individu
qui paie la note. Les charlatans, ils sont là. Donc, il faut quand
même trouver le moyen de sécuriser ces gens-là et de faire
ce ménage-là, quitte à ce que, dans la mesure où on
en arrive à un aboutissement plus facile de reconnaissance de la
compétence, de l'existence et de la pratique et des
bénéfices que l'individu peut en tirer, d'autres thérapies
puissent s'autodisci-pliner et faire le même cheminement pour finir par y
arriver.
Mais tout ça doit nous convier à un exercice et à
ne pas nous berner aujourd'hui ensemble en pensant que, demain matin, il ne
restera pas des charlatans. Il va en rester. Il va falloir qu'ils soient
sanctionnés quelque part. Il me semble bien, en tout cas. C'est ce que
je voulais comprendre de la démarche et elle me paraît, dans ce
sens-là, plus encadrante ce n'est pas un défaut que
ce qu'on a entendu, mais pas depuis le
matin parce que l'Office des professions avait un plan particulier. Ce
n'est pas un courant de liberté totale. La liberté totale, je
comprends que vous...
Est-ce que c'est vos 14 années d'expérience qui vous
amènent à avoir ce raisonnement-là ou cette
philosophie-là qui trouve son application dans l'office des
thérapies alternatives?
M. Lapalme: Oui. Il n'y a pas de vent pour celui qui ne sait pas
où il va. En fait, ces gens qui nous ont mis des barrières nous
ont donné le moyen d'arriver quelque part. Plus on a été
obligés de se définir, aussi longtemps qu'on a été
obligés de se définir et plus haut ils nous ont mis pour qu'on
finisse par se définir, on a fini par se définir. À partir
de ce moment-là, on a trouvé les moyens et la formation nous
apparaît, effectivement, une excellente suggestion afin de rendre
efficaces les bienfaits des thérapies alternatives.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Comme c'est un office,
donc, ça regroupe l'ensemble des thérapies alternatives qui
pourraient être reconnues. Ça veut dire, et vous l'évoquez,
comité de discipline. Comment fonctionnerait le comité de
discipline et quelle serait la participation du public qui me paraît une
participation essentielle?
M. Lapalme: Ça me fait plaisir, M. le ministre, parce
qu'on l'a déjà chez nous.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Lapalme: Et, avec les consommateurs, c'est déjà
organisé chez nous. C'est un peu le...
M. Côté (Charlesbourg): C'est les consommateurs
organisés ou...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lapalme: Les consommateurs, au début, c'étaient
des gens qui voulaient savoir ce qui se passait en arrière;
tranquillement, ça a été des représentants de
groupes, pour devenir des représentants de groupes de consommation qui
sont venus siéger pour savoir de quoi il était question et pour
finalement être rassurés. Ça a changé et ça
s'est modifié.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Lapalme: Le comité de discipline chez nous, c'est
d'abord une plainte qui est adressée à des syndics qui vont faire
une enquête, qu'ils déposent, s'il y a lieu, au niveau du
comité de discipline. Le comité de discipline réunit les
gens pour leur faire part de ce qui se passe et juger des sanctions
nécessaires. À ce moment-là, il y a une participation des
consommateurs c'est ça vers la sanction qui est
appliquée.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. Votre
temps est écoulé. Maintenant, c'est le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: N'oubliez pas une partie de mon comté, vous.
Ça a servi, à tous les quatre ans, à tous les partis du
comté. M. Lapalme, M. le président et monsieur qui vous
accompagne, bienvenue, au nom de l'Opposition officielle. Vous nous avez fait
part des principaux moments de cette course à obstacles depuis 14 ans.
Moi, il y a un obstacle qui m'intéresse particulièrement, c'est
celui de la corporation des médecins. Vous avez dit très
brièvement: Bon, nous, on s'est entendu et ils nous ont répondu:
Allez-vous-en dans le fonctionnel et on ne vous achalera pas. Je prends
à peu près ça comme...
C'est comme ça que je l'ai dit tantôt. J'aimerais ça
que vous me décriviez beaucoup plus en détail le processus.
Comment vous avez fait ça avec la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, et vous allez, s'il vous plaît,
élaguer un peu sur la conclusion, qu'est-ce que ça veut dire,
ça: Occupez-vous du fonctionnel et on ne vous achalera pas? (17 h
50)
M. Lapalme: O.K. Alors, on a, à l'époque, un
conseil restreint. On est quatre personnes. On a un avocat-conseil en la
personne de Pierre Allard. On a la recommandation de l'Office des professions
et de la troisième partie de la loi des compagnies qui dit: Si vous
voulez qu'on donne un statut provincial à votre demande de massage, il
va falloir que vous ayez, au moins de ces deux organismes, l'Office des
professions, d'une part, et la corporation des médecins, d'autre part,
une espèce d'acceptation. La corporation des médecins nous fait
peur, très peur. Alors, on obtient une rencontre avec Pierre Allard
comme conseiller. On est quatre personnes: trois du conseil d'administration de
l'époque et Pierre Allard. J'arrive le dernier, en plus. En entrant dans
la salle c'est une immense salle comme ici il y a trois personnes
de l'autre côté, dont une qui est assise et deux en
arrière. Pierre me dit: Va t'asseoir, ne dis pas un mot, fais comme si
de rien n'était. Alors, le médecin dit: Bon, comme je viens de
vous le dire, il n'en est pas question. Puis, il se lève pour sortir.
Alors, moi, je ne comprends plus. On avait une certaine heure. J'arrive
à l'heure. Eux autres sont arrivés avant. Il y a eu comme une
espèce d'échange informel et puis, là...
Alors, moi, je me lève pour essayer de dire quelque chose.
Pierre, il me rentre là et il dit aux gens qui sont là,
calmement: J'attirerais... Le frisson m'en a passé partout, de
l'entendre dire: N'oubliez pas la conclusion de la solution cellophane.
Là, tout le monde s'est regardé: C'est quoi, ça? C'est un
principe qui a été étayé à la suite d'une
poursuite personnelle du fondateur du cellophane, en Europe, à La Haye,
parce que, 25 ans après sa création, le cellophane était
employé aussi bien au niveau du papier à cigarettes que du bas de
nylon. Et
lui, ne recevant aucune royauté, s'est plaint, à La Haye,
comme quoi son produit était finalement à la grandeur du monde et
lui n'en recevait rien.
Alors, il a dit aux représentants de la médecine: Vous
savez, le massage, c'est aussi très répandu. Ils se sont
regardés, je vous jure, 20 secondes. Alors, il s'est retourné
vers nous autres et a dit: Vous pouvez continuer à en faire, mais ne
vous occupez que du fonctionnel. J'ai dit: C'est quoi, le fonctionnel? Il a
dit: Ça le dit, non? Puis il a dit: Le reste, c'est à nous
autres. Puis ils sont partis. On est restés tous les quatre. On
«shakait». Pierre nous a payé le café à
l'extérieur. En tout cas, on en a «shaké» pendant un
bout de temps. C'était la première fois qu'on rencontrait
quelqu'un ou le représentant d'une organisation dont la... Ça
nous a juste dit, là: Si vous voulez vous en occuper, là, il va
falloir qu'on soit bons. Alors, O.K., on s'est demandé, d'abord,
c'était quoi, le fonctionnel, puis, ensuite, on s'est employé
à essayer de le servir. Voilà! Ce sont tous les
détails.
M. Trudel: Mais là, vous vous êtes donné une
définition de ce que c'est le fonctionnel?
M. Lapalme: Oui, à la longue, on s'en est donné
une.
M. Trudel: J'espère qu'elle a été
acceptée de part et d'autre.
M. Lapalme: Non. On n'est jamais retournés. Les
comités d'administration ont redemandé à plusieurs
reprises de retourner devant la corporation des médecins. Elle n'a
jamais voulu nous recevoir. Ils avaient apparemment toutes les
facilités... La définition de fonctionnel...
M. Trudel: Vous nous situez, dans le temps, à combien?
C'est il y a deux ans, trois ans, cinq ans?
M. Lapalme: En 1983. M. Trudel: 1983.
M. Lapalme: Fin de 1982, commencement de 1983.
M. Trudel: Et, depuis 1983, est-ce que vous avez eu des
poursuites pour pratique illégale de la médecine?
M. Lapalme: Oui, bien sûr.
M. Trudel: De la part de la Corporation?
M. Lapalme: Oui.
M. Trudel: Parce que vous aviez débordé le
fonctionnel?
M. Lapalme: On avait fait, en fait, le travail qui nous semblait
fonctionnel. Comme on n'avait pas pu faire, encore une fois, la preuve que
c'était ce qu'ils disaient, eux autres, ou ce qu'ils voulaient ou ce
qu'ils définissaient, on s'est fait dire que, suivant tel article,
quelle que soit la façon dont on l'ait fait, finalement, ce
n'était pas ça; c'était le fait de la présomption
de l'exercice et non pas la façon dont l'exercice... ou à quoi
répondait l'exercice du massage.
M. Baillargeon: Quand on vous dit que soulager la fatigue, c'est
faire un exercice illégal de la médecine, c'est difficilement
compréhensible où ils veulent fixer les limites du fonctionnel et
du non-fonctionnel. Et c'est ce qu'on s'est fait dire par la corporation des
médecins.
M. Trudel: Oui. Il faut être clair, là. Ils vous ont
dit ce en quoi consistait la limite, sauf que personne n'a défini la
limite. Vous avez toujours autant une épée de Damoclès
au-dessus de la tête.
M. Baillargeon: C'est-à-dire que... Oui.
M. Trudel: On ne peut pas dire littéralement que vous avez
une espèce d'entente avec les médecins.
M. Baillargeon: Non, non.
M. Trudel: On vous dit: Ne jouez pas dans tel champ, et on vous
laisse le soin de définir le champ...
M. Baillargeon: C'est quoi, le champ.
M. Trudel: ...et à eux de définir la grandeur du
champ.
M. Baillargeon: Ce que le reste des négociations a
dû se faire par l'entremise de l'Office des professions. C'est le chemin
qu'on nous a donné: Allez faire votre demande à l'Office des
professions et on verra. On a suivi ce chemin-là; c'était le seul
qui était ouvert, à l'époque.
M. Trudel: Est-ce que votre principale difficulté n'est
pas celle de trancher dans la reconnaissance de qui peut être
massothérapeute et qui ne peut pas être un massothérapeute?
Est-ce que c'est ça, la principale difficulté que vous vivez sur
le plan professionnel? Des charlatans, des gens qui ont pigé dans une
boîte de Crakerjack et qui avaient le choix entre la bague ou être
massothérapeute et qui se sont identifiés...
M. Baillargeon: C'était une difficulté. Je pense
que, au niveau de la Fédération, il y a longtemps qu'on a
tranché là-dessus en disant: II y a des normes de formation qui
devraient être minimales et qui sont appli-
quées à nos 1200 membres. Alors, je pense que,
là-dessus, on a tranché. Pour nous, il y a des normes qui
devraient être respectées. Je pense qu'on est en
deçà des normes qui sont exigées ailleurs. On en est
conscients. Il y a des gens qui nous disent: Ici, au Québec, vous
êtes exigeants,, la fédération des massothérapeutes,
avec vos 400 à 1000 heures de formation. Mais, pour nous, il est clair
qu'il faut continuer à les hausser. Nos membres ont toujours
exigé que la formation soit de plus en plus pertinente. On regarde ce
qui se fait dans les autres provinces, actuellement; au Québec, on
s'enligne sur des formations de 2200 heures. On est conscients qu'il y a une
ligne de démarcation à fixer et on travaille continuellement
à la fixer.
M. Trudel: Mais, à partir de ça, qu'est-ce que vous
espérez de l'État en termes de fixation des marges sur la
feuille, M. le président? À partir du moment où je
pense qu'on peut employer le terme vous donnez un exemple qui serait
à suivre par certaines autres corporations reconnues en vertu du code en
matière de traitement des plaintes puisque le public, etc., ce que vous
avez expliqué tantôt: vous avez des normes de sanction, de
reconnaissance pour porter le titre, qu'est-ce que l'État devrait
ajouter à cela pour assurer ce que vous avez appelé votre
reconnaissance?
M. Lapalme: L'État pourrait définir ce que pourrait
être le titre et nous permettre de le protéger. Actuellement,
après 1000 heures, vous voyez quelqu'un venir s'installer à
côté de vous avec deux fins de semaine et il a le même titre
que vous. Là, il faut faire la preuve que c'est nous qui sommes les
meilleurs, alors qu'une formation comme celle que l'Université du
Québec nous proposait récemment pourrait effectivement
bâtir mieux nos formateurs qui, à la suite de l'évaluation,
commencent à demander d'être mieux formés. Ces formateurs
mieux formés vont nécessairement découler sur la
qualité des programmes. Effectivement, on est très bien capables
d'arriver, d'ici à deux ans, à bâtir un contenu et une
qualité de programme qui va représenter les objectifs qu'on
demande au départ.
La Présidente (Mme Loiselle): Brièvement parce que
le temps est écoulé.
M. Trudel: Juste pour conclure. Donc, la question du titre
réservé et, évidemment, du critère pourrait
répondre à un assez grand nombre de vos attentes.
M. Lapalme: Un assez grand nombre.
M. Trudel: Par ailleurs, l'espèce d'obligation de
constituer des comités, des organismes, des éléments ou
des mécanismes de réception et de traitement des plaintes, ce
n'est pas quelque chose qui vous apeuré. Mais, au plan de la
reconnaissance, le titre réservé, encore une fois...
M. Baillargeon: Protégé dans ma formation.
M. Trudel: Réservé, protégé. Je ne
peux pas m'empêcher de poser une question rapide, Mme la
Présidente. Est-ce que vous allez dans les institutions? Est-ce que
c'est relativement facile d'aller rencontrer vos patients, vos usagers ou
usagères dans les établissements de santé?
La Présidente (Mme Loiselle): Brièvement, s'il vous
plaît, M. Baillargeon. (18 heures)
M. Baillargeon: Oui, on va dans des institutions de santé.
Il y a certains CLSC qui sont ouverts à la massothérapie, des
centres d'accueil où on est déjà allés travailler
et certains hôpitaux, mais où, à ce moment-là, on
est demandés par des tierces personnes, donc la famille qui nous demande
d'aller travailler. Et on n'a pas de sanction et de protection de la part de
l'institution. Alors, il y a certaines difficultés, mais il y a des
possibilités, actuellement, de le faire qui sont limitées.
M. Trudel: Si on vous laisse entrer.
M. Baillargeon: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une visite aux
malades.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baillargeon: Une visite d'une heure.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, merci beaucoup, merci
de votre intervention dans le cadre de la consultation générale
sur les thérapies alternatives. Et je demanderais maintenant à
l'Association des acupuncteurs inscrits au registre de la Corporation
professionnelle des médecins du Québec de bien vouloir
s'approcher, s'il vous plaît. Je demanderais aux collègues si on
peut avoir le consentement pour prolonger nos travaux qui devaient se terminer
à 18 heures.
M. Trudel: Si on dit non, qu'est-ce que ça fait, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Loiselle): Ah! Ha, ha, ha!
Vous connaissez ma souplesse.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): J'exigerai le consentement.
Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'on a un
caucus, aussi.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Trudel: Jamais je n'oserais vous repousser jusque dans vos
retranchements et faire en sorte que vous exigiez notre consentement, Mme la
députée de Saint-Henri.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci beaucoup.
M. Trudel: Est-ce qu'on l'appelle encore comme ça, votre
comté, Saint-Henri?
La Présidente (Mme Loiselle): Pour le moment, oui.
Prochainement Saint-HenriSainte-Anne.
Bonjour. Bienvenue à la commission des affaires sociales. Alors,
nous avons un débat d'une soixantaine de minutes. Vous avez 20 minutes
pour votre présentation et, ensuite, les interventions et la discussion
sont ouvertes avec le ministre et le député de l'Opposition
officielle. Je vous demanderais de bien vouloir vous présenter et de
présenter les gens qui vous accompagnent.
Association des acupuncteurs inscrits au
registre de la Corporation professionnelle
des médecins du Québec
M. Dastous (Thomas): Mme la Présidente, M. le ministre, M.
le représentant de l'Opposition officielle, mon nom est Thomas Dastous.
Je suis notaire du bureau de Me Yves Bérard, conseiller juridique de
l'Association des acupuncteurs inscrits au registre de la Corporation
professionnelle des médecins du Québec.
Dans une première partie, nous allons élaborer sur le
mémoire succinct que nous avons fait parvenir à la commission.
Mme Guévin, présidente de l'Association, va élaborer sur
la reconnaissance professionnelle des acupuncteurs du Québec. Dans un
second temps, M. Nicolas Lefebvre, vice-président de l'Association, va
faire part à la commission de la position de l'Association relativement
à l'information publique. Et, finalement, Mme Denise Bleau,
trésorière, va faire part de la position de l'Association
relativement à la contribution possible du réseau
québécois de la santé et des services sociaux afin que
celui-ci favorise la liberté des choix thérapeutiques, notamment
relativement à l'acupuncture.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Alors, vous pouvez
débuter votre présentation.
Mme Guévin (France): Alors, ma présentation se fera
en quatre temps. Il y aura le statut professionnel, la pratique de
l'acupuncture, sa distinction des thérapies alternatives et la
recommandation d'une corporation pour les acupuncteurs du Québec.
Alors, première partie, donc. Dans un premier temps, je vais vous
entretenir de l'aspect de la reconnaissance professionnelle de l'acupuncture.
Mon pro- pos et celui de mes collègues et de notre conseiller
juridique, M. Dastous prend en considération la réforme du
système de la santé axée sur le citoyen qui est
actuellement en cours. Cette réforme encourage la liberté des
choix thérapeutiques. Nous soumettons que les instances gouvernementales
doivent, dans leur étude, prendre en considération le rôle
et la place de l'acupuncture.
La législation actuelle est-elle adéquate? Actuellement,
la pratique de l'acupuncture est soumise aux prescriptions de la Loi
médicale et des règles de déontologie incluses au
Règlement sur la pratique de l'acupuncture par des personnes autres que
les médecins. Je vous soumets que l'acupuncture est une médecine
visant au rétablissement de l'équilibre énergétique
de l'être humain. Les principes sont reconnus actuellement dans la Loi
médicale. Cependant, nous faisons face, dans notre pratique, à un
problème de définition du statut professionnel de l'acupuncteur,
d'où notre demande d'une corporation.
Mentionnons que l'acupuncture est une pratique de la médecine.
Celle-ci repose sur l'étude d'une physiologie différente et
introduit une notion d'énergie qui est absente de la médecine
occidentale.
Alors, ça va?
Une voix: Oui, oui, très bien.
Mme Guévin: La théorie du yin et du yang est le
fondement de la médecine traditionnelle. L'énergie vitale, le
sang, les lois des cinq éléments, les méridiens, les
collatéraux, les viscères, les organes, les points, les moyens de
rétablir leur équilibre dans un système
énergétique constituent la base des notions appliquées par
les acupuncteurs. Les troubles, les maladies, les dysfonc-tions sont classifies
selon le ou la manifestation des déséquilibres. Au moyen des
quatre temps de l'examen l'interrogatoire sur un dossier type,
l'observation, l'audition et la palpation l'acupuncteur peut poser son
diagnostic énergétique et appliquer un traitement
approprié. L'intervention thérapeutique vise à restaurer
la libre circulation dans ses méridiens et à renforcer
l'organisme pour ainsi rétablir l'équilibre du yin et du
yang.
Il existe deux formes de pratique de l'acupuncture. Certains praticiens
s'inspirent de la tradition et d'autres ont une approche plus symptomatique.
Alors, la distinction par rapport aux thérapies alternatives, je dirais
qu'elle repose sur un enseignement qui est très vieux, que son
application en prévention est très importante tout au long de son
évolution et que nous insérons des aiguilles dans le corps.
Donc, nous recommandons fortement que tous les acupuncteurs et ceux qui
pratiquent l'acupuncture sous quelque forme que ce soit soient regroupés
sous une corporation professionnelle des acupuncteurs. L'Association demande
aux instances d'aller de l'avant dans le projet de loi et de procéder
à son adoption, le tout
suivant les représentations que nous avons faites en cette
matière.
On rappelle les demandes de formation d'une corporation professionnelle
au Québec: les études de la part du ministre du Revenu,
responsable de l'application des lois professionnelles, et de la part de
l'Office des professions. L'Office a décidé que la pratique de
l'acupuncture satisfaisait aux critères des articles 25 et 26 du Code
des professions, compte tenu des connaissances requises pour pratiquer
l'acupuncture, du degré d'autonomie et de la difficulté de porter
un jugement requis pour pratiquer l'acupuncture, du caractère personnel
et privilégié des rapports praticien et patient, de la
gravité des préjudices ou des dommages pouvant être
causés par un praticien incompétent, du caractère
confidentiel des renseignements pouvant être divulgués au
praticien par le patient.
Les acupuncteurs exercent majoritairement en cabinet privé.
L'acupuncteur intervient en première ligne, ce qui lui confère
une très grande latitude quant au diagnostic et au traitement choisi.
Les acupuncteurs sont sollicités par leurs patients pour des
problèmes de santé. Il est à noter que, depuis 1988, la
CPMQ a fait respecter le titre d'acupuncteur et l'exercice de l'acupuncture.
Plusieurs personnes ont été poursuivies par la CPMQ pour pratique
illégale de la médecine. Toutes les causes entendues ont
donné lieu à un verdict de culpabilité. Mentionnons que la
corporation des médecins a élaboré un programme
d'inspection professionnelle des cabinets d'acupuncteurs. Ce programme est en
vigueur depuis 1991.
Je conclus sur cette chose en vous remerciant et en passant la parole
à Nicolas Lefebvre qui va vous parler de l'information auprès du
public.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, madame. M.
Lefebvre.
M. Lefebvre (Nicolas): Merci. La future corporation aura pour but
d'informer le public, car la meilleure méthode pour favoriser la
protection du public, tout en respectant la liberté de choix, constitue
justement la diffusion d'informations. Ce qui nous différencie des
autres thérapies, c'est que l'acupuncture, c'est considéré
comme une médecine dans plusieurs pays, et ça, depuis des
millénaires. C'est un acte médical au sens de la loi et qui
dispose d'un enseignement reconnu par le ministère de l'Education. Il y
a un diagnostic qui est préalable à l'application de tout
traitement. C'est un diagnostic énergétique qui est
différent, finalement, du diagnostic traditionnel de la médecine,
mais il est quand même essentiel avant l'application d'un traitement. Il
y a aussi l'obligation d'avoir une formation de plus de 1500 heures, ainsi
qu'une formation continue, car elle est toujours à parfaire si on vise
l'excellence. L'obligation de passer des examens aussi, qui sont quand
même reconnus comme difficiles, l'obligation d'être certifié
par la Corporation professionnelle des médecins du
Québec pour pratiquer légalement, d'obéir à
un code de déontologie, puis, encore là, l'inspection
professionnelle des cabinets.
Pour terminer, l'acupuncteur est un intervenant de première
ligne. Il dispose d'une grande autonomie et doit utiliser jugement et
discernement. Il doit être capable d'interpréter des
symptômes pour pouvoir référer au médecin, le cas
échéant. Je pense, par exemple, au cas d'une douleur abdominale,
par exemple; il faut distinguer si c'est un cas aigu ou chronique. Si c'est un
cas aigu, ce n'est pas tellement du ressort de l'acupuncture, mais bien de la
médecine traditionnelle.
La future corporation professionnelle s'assurera de la formation des
membres, de l'évaluation et de l'admission à la profession et du
suivi des règlements contrôlant l'exercice de la profession.
L'inspection, encore là, est l'inspection professionnelle des cabinets.
Actuellement, je vous signale que la corporation des médecins a le
mandat de réglementer l'exercice de l'acupuncture au Québec et,
bien qu'elle ait utilisé de nombreux moyens à date, elle ne
réussit pas à colmater toutes les ouvertures où des gens
pratiquent l'acupuncture sans suivre la réglementation officielle. (18 h
10)
Nous sommes d'accord avec la conclusion générale
énoncée par la corporation des médecins dans son
mémoire, lorsque cet organisme déclare qu'en excluant la
chiropratique et l'acupuncture des médecines alternatives on peut
protéger le public tout en lui laissant sa liberté de choix, et
qu'un regroupement sans distinction de l'acupuncture avec toutes les autres
thérapies dites alternatives servirait beaucoup plus à confondre
le citoyen qu'à lui rendre service.
Nous sommes également d'accord avec la conclusion du
mémoire présenté à cette commission par le
collège de Rosemont. Cette conclusion est à l'effet que, pour le
bénéfice des futurs acupuncteurs et dans le meilleur
intérêt du public, la profession d'acupuncteur puisse
bénéficier, à court terme, des ressources disponibles au
sein du réseau de santé. Alors, pour compléter ça,
je vais céder la parole à Mme Bleau.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme Bleau.
Mme Bleau (Denise): Alors, dans mon intervention, je vais
m'attarder à vous parler de l'intégration de l'acupuncture au
réseau de la santé, notamment dans les CLSC. Nous savons que les
CLSC offrent les services d'infirmières, de travailleurs sociaux et
d'autres professionnels. Nous sommes d'avis que les liens de
complémentarité et de collaboration entre ces professionnels
pourraient très bien inclure les acupuncteurs. Les CLSC sont les seuls
établissements de première ligne qui s'identifient sans
équivoque à une mission biopsychoso-ciale. Ils constituent une
ressource légère qui axe son action, par définition, sur
la prévention, ce qui convient très bien à l'acupuncture,
laquelle est une médecine de première ligne.
Les CLSC ont un projet médical bien affirmé et
précis dans lequel l'acupuncture peut très bien cadrer. L'article
80 de la loi instituant les CLSC oblige ceux-ci à offrir à la
population des services de santé et des services sociaux courants,
d'où notre demande de voir l'acupuncture intégrée au
réseau de la santé et dans les CLSC. Les CLSC sont appelés
à devenir des centres permettant d'éviter l'hospitalisation et
l'institutionnalisation à outrance. L'acupuncture peut sûrement
aider à ce faire. Pour réaliser cette mission, il faut que les
CLSC soient outillés, et nous croyons qu'un de ces outils
privilégiés serait l'acupuncture. Son intégration
à l'acupuncture dans le réseau des CLSC pourrait
sûrement aider le tiers des CLSC qui n'offrent pas de services
médicaux courants et la moitié des CLSC qui ne disposent pas de
services médicaux d'urgence. Ainsi, ce réseau de la santé
serait à même d'aider, avec les acupuncteurs, la population du
Québec qui réclame que les professionnels de la santé
consacrent plus de temps à la personne qui consulte. Les acupuncteurs
peuvent très bien travailler dans des équipes
multidisciplinaires, car ils sont aptes à prendre en
considération la dimension sociale de la maladie et à voir
à ce que la personne soit traitée en l'adressant, au besoin, aux
autres professionnels de l'équipe.
Pour permettre une intégration des acupuncteurs dans les CLSC,
nous demandons au ministère de la Santé et des Services sociaux
d'exprimer une volonté ferme à cet égard. Nous demandons
aux autres intervenants de faire preuve d'ouverture d'esprit et d'adopter une
attitude positive et de collaboration en tant que partenaires de la
santé exerçant dans les établissements.
Il est à noter que les acupuncteurs peuvent également
intervenir à domicile. Leur intégration aux services de
santé des CLSC pourrait aider une grande partie de la population du
Québec, laquelle ne demande qu'à bénéficier de
services de maintien à domicile, ce qui aiderait les CLSC à jouer
un rôle de premier plan pour tout ce qui a trait au maintien à
domicile. Les acupuncteurs désirent devenir des partenaires des CLSC en
ce qui concerne la prestation de services de santé comme
complément au système de santé actuel afin de
concrétiser les objectifs d'amélioration des conditions de vie et
de bien-être général de la population du Québec, en
particulier en ce qui concerne les services à rendre aux plus
démunis.
L'acupuncture peut sûrement aider à atteindre l'objectif de
diminution de 22 % des lits de courte durée dans les
établissements hospitaliers et à atteindre l'objectif de
réduction de 30 % des ressources institutionnelles aux personnes en
perte d'autonomie et aux personnes âgées. Également,
l'utilisation de l'acupuncture permettrait d'éviter la duplication des
services offerts par le réseau des CLSC et celui des cabinets
privés de médecins.
Nous comptons sur l'obtention d'une corporation professionnelle autonome
à très court terme afin d'être partie prenante de la
réforme des CLSC, le tout afin de susciter l'émergence d'une
dynamique nouvelle et articulée dans une vision commune susceptible de
faciliter la planification des services et des effectifs à tous les
niveaux et d'obtenir une plus grande homogénéité dans la
prestation de services médicaux. Alors, notre demande
d'intégration aux services de santé passe par l'obtention d'une
corporation professionnelle des acupuncteurs du Québec et par
l'accessibilité aux services d'acupuncture grâce à cette
intégration.
La Présidente (Mme LoiseUe): Merci, Mme Bleau. Me
Dastous.
M. Dastous: Je vais conclure très rapidement en vous
rappelant et en soulignant à la commission qu'actuellement l'Office des
professions a déposé auprès du ministre du Revenu,
responsable de l'application des lois professionnelles, un avant-projet de loi
sur l'acupuncture. Cet avant-projet de loi a été
déposé, d'après ce qu'on m'en a dit, au Conseil
exécutif le 1er février dernier.
Dans ce dossier-là, je suis en relation et j'ai établi un
dialogue avec plusieurs ministères relativement aux suggestions et
propositions que nous avons présentées au nom de l'association
des acupuncteurs. Également, de façon parallèle à
la démarche au niveau québécois, nous avons établi
une démarche au niveau canadien afin d'obtenir des amendements
corollaires à certaines lois, comme la Loi canadienne sur la
santé, qui vont être nécessaires afin de faire
reconnaître le statut de professionnel de la santé aux
acupuncteurs. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci beaucoup. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Évidemment,
c'est un très gros programme, élaboré depuis plusieurs
années et, à sa face même, si on le suivait à la
lettre, j'aurais tendance à vous dire: On n'est pas à la bonne
commission. Parce que, évidemment, si vous sentez le besoin de faire une
distinction entre acupuncture et thérapies alternatives, à ce
moment-ci, poussé à l'extrême je vous le dis, je
prends soin de le dire dès maintenant on ne serait pas à
la bonne commission. Choisir l'opportunité de cette commission-là
pour à nouveau porter à notre connaissance un dossier qui est
discuté depuis longtemps, c'est habile, et je pense qu'il faut se le
dire.
Si je ne m'abuse, il y a un mot clé: diagnostic, si j'ai bien
saisi, là, j'essayais de suivre. Règle générale,
lorsqu'on réussit à faire admettre qu'on peut faire un
diagnostic, c'est clair qu'on vient de franchir une étape assez
importante même très importante dans la
reconnaissance de ce qui peut s'apparenter à tout ce pouvoir qu'est le
pouvoir médical et, par le fait même, amendement à la Loi
médicale qui amène, par le fait même, reconnaissance
professionnelle et qui, par le fait même, peut vous ouvrir un certain
nombre de portes
quant à la reconnaissance financière qui va avec la
reconnaissance professionnelle, et ainsi de suite.
Si on veut être bien honnêtes, on est à un autre
niveau que ce dont on a discuté depuis le début de la commission,
à ce moment-ci. Ce serait probablement une question très
simpliste que de vous dire: À ce moment-ci, qu'est-ce qui fait qu'on
doit le faire? Parce que vous avez répondu très certainement
à tout ça. Je pense que madame a tenté, par cette
distinction de statut, de pratique, de différence entre les
thérapies alternatives et l'acupuncture...
Mais j'irais davantage dans la complémentarité de votre
profession en première ligne, parce que vous avez semblé vouloir
aborder davantage le CLSC comme porte d'entrée de première ligne,
pour tenter de savoir de vous davantage qu'est-ce que ça apporte de plus
au système que l'on reconnaisse une profession additionnelle,
acupuncteur, dans des CLSC. Et qu'est-ce que ça peut, au bout de la
ligne, faire économiser on parle toujours d'économies
au réseau, tout en procurant du bien-être, du soulagement
à ceux qui vous visiteraient dans un CLSC?
M. Dastous: Je vais répondre à cette
question-là, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je regardais madame. Il n'y
a pas de problème. (18 h 20)
M. Dastous: Je comprends. Relativement à ça, vous
savez qu'actuellement le gouvernement du Québec rembourse, notamment par
le biais de la réglementation qui découle de la Loi sur
l'assurance automobile, les frais d'acupuncture. D'autre part, il y a un projet
de règlement qui est à l'étude de la part de la CSST, qui
va englober les frais d'acupuncture, et il y a d'autres ministères qui
étudient également ça. Où on va économiser,
où le gouvernement va économiser, c'est que les soins
d'acupuncture ne sont pas remboursés au même prix, au même
tarif que les frais d'un médecin membre de la Corporation
professionnelle des médecins du Québec, d'une part. D'autre part,
l'autre avantage pour votre ministère, c'est qu'en incluant les
acupuncteurs dans le réseau des CLSC, entre autres et je ne me
limite pas au réseau des CLSC, mais, entre autres, dans le réseau
des CLSC on va éviter la duplication des services
médicaux. Parce que, actuellement, on a les médecins qui sont en
cabinet privé, d'une part, et on a les acupuncteurs qui ont un champ de
pratique très restreint et qui sont à s'organiser. Ils ne sont
pas intégrés dans un réseau, ils sont en clinique
privée, un peu comme les médecins, mais moins bien
organisés. Puis, d'autre part, les acupuncteurs sont beaucoup plus
disponibles également pour travailler à temps partiel.
Or, donc, pour résumer mon intervention et ma réponse
à votre question, ils sont disponibles pour travailler à temps
partiel, ils coûtent moins cher et, également, ça va
éviter une duplication de services alors qu'on a les médecins qui
sont déjà organisés dans des réseaux de cliniques
privées, qui sont accessibles à la population. Et la population
aurait un accès où... Votre ministère favoriserait la
liberté des choix thérapeutiques en donnant accès aux
acupuncteurs, notamment dans le réseau des CLSC.
M. Côté (Charlesbourg): Vous souhaitez la
reconnaissance d'une corporation indépendante des acupuncteurs.
M. Dastous: C'est bien ça, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la mesure où il
y aurait reconnaissance de la corporation des acupuncteurs c'est un
premier geste mais qui ne serait pas suivie d'amendements à la
loi tels que vous les souhaitez, parce que vous souhaitez davantage que
ça...
M. Dastous: Oui, bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): ...quelles seraient les
conséquences de la reconnaissance d'une corporation indépendante
qui ne serait pas accompagnée d'amendements à la Loi
médicale permettant tout ce qu'on s'est dit tantôt?
M. Dastous: Mais, M. le ministre, relativement à ça
et en réponse à votre question, l'Office des professions a
demandé des suggestions et propositions. L'Association qui est la seule
association qui représente légalement les acupuncteurs au
Québec parce que vous savez qu'il y a toute une dynamique
à l'acupuncture le seul regroupement représentant
légalement les acupuncteurs, a répondu de façon
complète à l'Office des professions et on a fait suivre non
seulement au ministre responsable de l'application des lois professionnelles,
mais également à tous les ministères concernés.
Nous faisons des suggestions, des propositions, des revendications. Vous
légiférez.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mais, au-delà de
ça, là... Je n'essaie pas déjouer une...
M. Dastous: Non, non. Je comprends, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez me laisser
finir, là.
M. Dastous: Oui, bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis quand même un
peu au fait du dossier aussi, là. Je vous ai posé une question
précise; vous pouvez toujours ne pas y répondre. Ça, c'est
votre liberté. On a encore ça comme liberté, y compris
même les politiciens. Alors, j'imagine que le public qui vient l'a aussi.
J'ai dit: Dans la mesure où... Parce que le ministère doit donner
un avis, hein.
Vous le savez, d'ailleurs, le ministère a donné un avis.
Et, si vous revenez à la charge, c'est probablement parce que ce que le
ministère a donné comme avis, ce n'est pas nécessairement
pleinement satisfaisant, bon, pour bien se comprendre. Mais je vous pose des
questions pour tenter d'éclairer la pauvre lanterne d'un ministre qui
n'a pas la connaissance que vous avez et qui n'a pas la connaissance de ses
fonctionnaires, non plus, mais qui risque d'être celui qui peut, à
l'occasion, faire pencher la balance.
Donc, vous avez une opportunité qui est assez extraordinaire,
puisque ce que vous avez déjà souhaité par lettre, ce
n'est pas arrivé. Alors, comme vous m'avez en plein en face de vous,
tentez de me donner des arguments autrement que ceux qui me feraient puiser
dans mes goussets, donc dans les vôtres, pour aller chercher des sommes
additionnelles dans les poches des citoyens pour rémunérer les
acupuncteurs qui poseraient des gestes. Parce que ce n'est pas vrai, même
si vous êtes sous le parrainage de la Corporation professionnelle des
médecins, qu'eux vont s'automutiler dans leurs budgets pour nous
permettre de vous rémunérer, vous autres, si vous rentrez dans le
réseau public. Alors, ça va être par des sommes d'argent
additionnelles injectées dans le réseau qu'on va réussir
à faire ça.
Et tenter de faire la démonstration que votre arrivée sur
place, y compris dans les CLSC, va faire économiser de l'argent au
réseau public, vous avez probablement raison quand vous dites oui, mais,
moi, je vous dis: Vous n'avez pas raison parce que, au bout de la ligne je n'ai
pas encore vu un ministre qui, par ce genre d'exercice là, a
réussi à économiser de l'argent. Du moins, il n'en a pas
fait la démonstration, à personne. Si on me disait, demain matin:
Oui, bon, parfait, dans la masse de 2 000 000 000 $ qui sert à
rémunérer les médecins, il y a 100 000 000 $ qui vont
servir à rémunérer des acupuncteurs et on va en sauver
autant au niveau des médecins, on va dire: Parfait, on ne se chicanera
pas longtemps. Probablement qu'on fera autant de bien. Mais, évidemment,
c'est moi qui aurais la sale job de dire aux médecins: À part
toutes les bonnes nouvelles que je vous ai annoncées au cours des trois
dernières années, je vous en annonce une autre. Et,
celle-là, je n'ai pas l'impression que c'est une piqûre qu'ils
prendraient facilement.
Ceci étant dit, je pense qu'il faut tenter d'éclairer le
public. On est dans un exercice public. Si vous aviez l'amabilité de
répondre à ma question, je prendrai votre réponse. Si vous
ne répondez pas, ce n'est pas plus grave que ça. Il y a bien des
politiciens qui ne répondent pas, à l'occasion.
M. Dastous: Non, non, je comprends. Je vais essayer de
répondre de façon très directe à votre question.
Nous avons présenté à votre ministère une demande
d'amendement à la Loi sur l'assurance-maladie. Mais il y a plusieurs
façons de financer l'acupuncture, que ce soit par un allégement
fiscal, une déductibilité avec un seuil maximal comme tel, qui
permettrait une déduction d'impôt sans qu'on ait à puiser
directement, comme tel, à même les fonds de votre
ministère. On pourrait aussi s'inspirer d'un régime comme le
régime de l'aide juridique, entre guillemets, afin de permettre
l'accessibilité aux soins d'acupuncture pour les personnes les plus
démunies de notre société, en ce sens que les frais
d'acupuncture seraient remboursés, en tout ou en partie, jusqu'à
concurrence de... par visite chez un acupuncteur, mais pour une certaine classe
de gens dans la société. Moi, c'est cette principale
avenue-là que j'incite le ministre à explorer relativement
à la demande d'amendement à la Loi sur l'assurance-maladie que
nous avons présentée.
Mais, pour répondre comme ça, à froid, à
votre question, c'est la seule réponse intelligente qui me vient.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme Bleau, oui.
Mme Bleau (Denise): II y a aussi le fait que, quand quelqu'un
reçoit des traitements d'acupuncture, très souvent, la
durée des soins est de beaucoup écour-tée. Quand on prend
la CSST, ceux qui ont des problèmes de dos ou ceux qui ont d'autres
problèmes, au lieu d'être six mois à la charge de la CSST,
les soins peuvent être de beaucoup écourtés. Ils peuvent
retourner au travail plus rapidement. En ce sens-là, c'est une
très grosse économie à tout point de vue.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va? Merci. M. le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Il y a un
président; je ne sais pas si je dois dire madame ou monsieur. Je veux
vous souhaiter aussi la bienvenue. Oui, effectivement, on change de registre
par rapport à ce matin. On se demande même si, quelque part, on
n'est pas dans le mauvais forum, parce que, en somme, vous n'êtes pas et
vous ne voulez pas être de ce que généralement on
définit être des thérapies alternatives.
Et je me demande aussi, par ailleurs, si je ne ferais pas mieux
d'interroger le ministre, puisque vous venez de nous dire que le Conseil
exécutif je veux vous en parler un petit peu a
été saisi d'un projet de création d'une corporation
professionnelle. Est-ce que c'est ça que vous nous avez dit, là?
Donnez-nous l'information et, après ça, on va poser la question
à quelqu'un qui est au gouvernement, ici.
M. Dastous: En réponse à votre question,
d'après ce que j'en sais, d'après les informations que j'ai et
d'après ce que la Direction des services juridiques de l'Office des
professions m'a transmis, au plus tard le 1er février dernier, 1993, un
avant-projet de loi sur l'acupuncture a été déposé
au Conseil exécutif. Moi, ce sont les prétentions qu'on m'a
transmises.
M. Trudel: Alors, on va vérifier tout de suite si
c'est une prétention ou si c'est la réalité. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux, vous avez
été appelé, si j'ai bien compris, à fournir un avis
sur un projet de loi présenté, j'imagine, au Comité de
législation?
M. Côté (Charlesbourg): Sur l'opportunité
d'une corporation, un; et, deux, sur un projet de loi éventuel qui est
dans la machine à saucisse gouvernementale et, tant et aussi longtemps
qu'il n'est pas déposé devant l'Assemblée, il n'est donc
pas du domaine public.
M. Trudel: C'est de l'intention du gouvernement de
procéder en pareille matière?
M. Côté (Charlesbourg): Le gouvernement pourrait
décider demain que son intention était bonne et bienveillante,
mais qu'il n'a pas suffisamment réponses à toutes ses questions
pour procéder, comme il pourrait aussi décider qu'il a
suffisamment de réponses à ses questions et qu'il pourrait
procéder. C'est là où nous en sommes. (18 h 30)
M. Trudel: Est-ce que, donc, la façon d'être
actuellement, sur le plan professionnel, des acupuncteurs à
l'intérieur de la corporation des médecins, ça
apparaît à l'État ou au gouvernement comme étant
insatisfaisant par rapport à la réalité de ces
professionnels-là?
M. Côté (Charlesbourg): Là, je n'ai pas...
M. Trudel: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est ça, c'est...
M. Côté (Charlesbourg): ...institué une
commission parlementaire pour soumettre le ministre à un barrage de
questions sur des dossiers qui sont aussi avancés. De l'avis même
des acupuncteurs, on n'est peut-être pas à la bonne table.
La Présidente (Mme Loiselle): C'est ça. J'allais
justement intervenir pour peut-être continuer le débat et
l'échange avec les gens de l'organisme, s'il vous plaît. Ha, ha,
ha!
M. Trudel: Ah bon! Très bien, Mme la Présidente.
J'accepte votre remise à l'ordre, et on va parler de corporations
professionnelles, d'abord, puisqu'on a un petit peu de temps. Les
thérapies alternatives, on en reparlera par ailleurs.
Qu'est-ce que vous allez faire, chez vous, pour contrecarrer cette
espèce d'esprit ou de courant de pensée, que j'ai
évoqué ce matin à l'ouverture des travaux, qui fait qu'en
matière disciplinaire, au sein des corporations professionnelles, en
matière d'accueil des plaintes, de traitement des plaintes et de
sanctions, le public ne nous croit tout simplement pas? Vous voulez entrer dans
un club qui, en matière de traitement de plaintes et de réponses
à ces plaintes-là, ne répond, mais absolument pas, en
termes d'apparence de justice minimum, d'après ce qu'on peut dire
là-dessus, aux désirs du public. L'éditorialiste Gravel,
de La Presse, disait: Écoutez, il y a à peu près
juste les corporations professionnelles qui peuvent dire sans sourire, sans
rire, qu'elles accueillent les plaintes et qu'elles sont traitées
adéquatement; le public n'y croit pas. Bon. À partir du moment
où vous demandez d'entrer dans le club, comment vous prévoyez
vivre avec cet élément-là et la perception qu'en a le
public actuellement, au minimum?
M. Dastous: Bon. M. le député, la position
du conseil d'administration de l'association des acupuncteurs est la suivante,
à savoir que la médecine traditionnelle orientale, là,
l'acupuncture, est une science qui peut être comprise, qui peut
être vulgarisée relativement facilement. C'est relativement facile
pour un néophyte comme moi de saisir les grandes lignes de l'acte
d'acupuncture, que ça soit au niveau diagnostic ou au niveau de l'acte.
Alors, donc, comme j'avais commencé à vous le dire, la position
du conseil d'administration est qu'il serait très facile
d'intégrer le public à des comités de discipline qui
relèveraient d'un bureau du syndic d'une future corporation des
acupuncteurs. Ça répond à votre question?
M. Trudel: Bien, on va aller un petit peu plus loin.
M. Dastous: D'accord.
M. Trudel: Quand vous dites «intégrer le
public», là...
M. Dastous: Oui.
M. Trudel: ...c'est une parmi d'autres personnes ou
majoritairement le public? Parce qu'il y a une bonne différence,
là, hein? Parce qu'il y a déjà des corporations...
M. Dastous: Oui.
M. Trudel: ...qui, d'une façon ou d'une autre, ou par la
loi...
M. Dastous: Oui.
M. Trudel: ...intègrent des représentants du
public. Mais, pour en connaître un certain nombre, leur principale
fonction est de faire tapisserie, hein...
M. Dastous: Oui, oui, on se comprend.
M. Trudel: ...de faire la plante ornementale...
M. Dastous: C'est ça.
M. Trudel: ...en pareille matière, dans ces
comités-là. Chez vous?
M. Dastous: Comme je vous le disais, comme il est relativement
facile de comprendre l'acte d'acupuncture, que ça soit au niveau du
diagnostic énergétique ou au niveau de l'acte comme tel, je ne
crois pas et là je vous émets une opinion professionnelle
qu'il y ait problème à ce que le public soit majoritaire
sur un comité de discipline, en autant que des gens soient là
pour leur expliquer clairement.
M. Trudel: C'est sûr.
M. Dastous: Et je vous entendais, il y a quelques instants, faire
une allusion ou un parallèle avec un jury où on a un juge; bien,
moi, ça serait la même chose. Professionnellement, mon opinion,
c'est ça. Effectivement, s'il y a quelqu'un de compétent pour
expliquer au public, le public peut trancher; il va comprendre facilement.
M. Trudel: On a très peu de temps, encore une fois. Est-ce
que vous intervenez de façon assez régulière dans les
établissements de santé du Québec à la demande des
usagers et des usagères? Quelle est la situation qui prévaut
à cet égard-là?
Mme Guévin: Bien, c'est difficile de connaître tous
les acupuncteurs. Même si on est l'Association et qu'on représente
les acupuncteurs, on ne sait pas jusqu'à quel point, mais, la plupart du
temps, quand un patient le demande, il n'y a pas de problème pour entrer
dans les institutions gouvernementales, à la demande du patient. On doit
passer par le comité administratif, là, le DSC... Non. Je ne sais
pas comment...
M. Trudel: Le CMDP? Le Conseil des médecins, des dentistes
et des pharmaciens. Le CMDP.
Une voix: Donne l'exemple de l'hôpital Notre-Dame.
Mme Guévin: À Notre-Dame, oui, par exemple, moi, je
suis une patiente qui est en phase terminale de son cancer et puis toute
l'équipe, en fait, qui s'occupe d'elle, on se voit pratiquement tous les
jours, et puis il n'y a vraiment aucun problème.
M. Trudel: C'est assez bien accepté? Bon. Mme
Guévin: C'est très bien accepté.
M. Trudel: II faut conclure. Ma dernière question,
c'est... On a discuté tantôt avec les massothérapeu-tes. Je
comprends qu'on n'est pas sur le même registre, là, mais disons
que cette expérience d'être pour employer ces
mots-là chapeauté par la Corporation professionnelle des
médecins, là, ce n'est vraiment pas une solution. Ce n'est
vraiment pas une approche qu'il faut privilégier. Est-ce que vous iriez
jusqu'à dire qu'il ne faudrait même pas l'utiliser pour d'autres
professions, pour d'autres thérapies ou d'autres thérapeutes,
dans ce qu'on appelle généralement les thérapies
alternatives ou les thérapeutes alternatifs? Est-ce que c'est un
modèle...
Mme Guévin: Je vais laisser M. Lefebvre
répondre.
M. Trudel: ...qu'il faut bannir là, compte tenu de
l'expérience?
M. Lefebvre (Nicolas): II y a eu des bonnes choses, enfin,
à ce que la corporation des médecins chapeaute les acupuncteurs,
parce que, au début, c'était vraiment le chaos puis, finalement,
je crois qu'ils ont quand même fait le ménage. C'est quand
même mieux que c'était. Là, je crois qu'on a
évolué depuis ce temps-là, puis qu'on serait probablement
mûrs pour une corporation professionnelle indépendante. Je crois
quand même qu'il devrait y avoir un lien entre... Puisqu'on fait tous les
deux de la médecine c'est différent, mais c'est quand
même de la médecine je crois quand même qu'on devrait
avoir un suivi avec la corporation des médecins et je crois qu'on va
entreprendre des démarches pour que, justement, les médecins
soient familiers avec les principes de l'acupuncture et qu'il y ait vraiment
une communication entre professionnels. On ne vise pas vraiment à
être complètement indépendants. Nous, nos outils de
diagnostic sont quand même beaucoup plus simples; ceux de la
médecine traditionnelle sont, évidemment, très
spécialisés et tout ça. Alors, on ne peut juste pas
être complètement indépendants, à mon sens,
là.
M. Trudel: Alors, ça a été utile pour
franchir le pas...
M. Lefebvre (Nicolas): Des étapes.
M. Trudel: ...supplémentaire ultime que vous souhaitez
pour bientôt, si je comprends bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lefebvre (Nicolas): C'est ça.
M. Trudel: Alors, une corporation aurait été utile
à ça, M. le ministre.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez une brève intervention?
M. Atkinson: Oui, deux questions seulement,
Mme la Présidente. Me Dastous, combien d'acupuncteurs avez-vous
dans votre Association au Québec?
M. Dastous: Dans l'association des acupuncteurs, il y a
actuellement...
M. Atkinson: Oui, maintenant.
M. Dastous: ...oui, 285 acupuncteurs inscrits au registre.
M. Atkinson: C'est dans toute la région de
Québec?
M. Dastous: Oui. Et puis, actuellement, il y en a 150 qui, d'ici
la fin du mois de mars...
M. Atkinson: Oui.
M. Dastous: ...150 étudiants qui sont en processus final
de passer les examens oraux de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec. Donc, à très court terme, d'ici
un mois, il devrait y avoir aux alentours de 400 acupuncteurs inscrits au
registre de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec.
M. Atkinson: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, je vous remercie,
mesdames, messieurs, pour votre présentation. Étant donné
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 38)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Philibert): La commission reprend ses
travaux. J'invite donc l'Association nationale des naturothérapeutes
à prendre place en lui disant que, pour le groupe, le temps est de 30
minutes: environ 10 minutes pour présenter votre mémoire et 20
minutes de questionnement. Mais, s'il y a des choses importantes après
vos 10 minutes et si vous trouvez important qu'elles soient dites avant le
questionnement, il s'agira de nous le signifier. Je pense bien que les membres
de la commission vont être assez souples pour entendre
l'entièreté de votre message. Alors, si vous voulez bien,
maintenant, vous présenter.
Association nationale des
naturothérapeutes
M. Mathieu (Pierre): Je me présente, Pierre Mathieu, pour
l'Association nationale des naturothérapeutes; M. Noël Delcourt, le
président de l'Association.
Alors, on a pris connaissance de la plupart des mémoires qui ont
été déposés à la commission parlementaire
et, vu le peu de temps dont on dispose disons une demi-heure, en tout
on veut aborder seulement les points où notre opinion
diffère de l'opinion émise ou qui doit être
superposée à l'opinion qui sera mentionnée par d'autres
répondants de la commission.
Tout d'abord, j'aimerais faire une brève présentation de
l'Association, puis j'enchaînerai avec les points essentiels de la
proposition pour la mise sur pied d'un organisme régissant les
médecines alternatives, afin de permettre un échange un peu plus
long, peut-être, en période de questions.
Alors, tout d'abord, l'Association nationale des
naturothérapeutes, c'est un regroupement d'omniprati-ciens, de
praticiens et thérapeutes voulant devenir omni-praticiens des
médecines alternatives. On regroupe déjà, à
l'intérieur de l'Association, des acupuncteurs, chiro-praticiens,
dentistes, homéopathes, infirmières, médecins,
naturopathes, naturothérapeutes, phytothérapeutes,
psychothérapeutes et aussi des sages-femmes. L'Association, tout
d'abord, vise aussi à homologuer certaines terminologies, dont la
«naturothérapie», comme un terme générique par
lequel on désigne des actes thérapeutiques posés par des
thérapeutes des médecines naturelles et des approches
alternatives, représentant une approche globale des différentes
perspectives et aspects des soins des personnes et de leur environnement.
Le naturothérapeute certifié, qu'on désire, lui
aussi, homologuer, est une personne ayant complété une formation
reconnue dans une discipline de naturothérapie et ayant acquis une
formation complémentaire dans au moins deux autres disciplines. Le
minimum requis serait une formation de base qui inclurait les composantes d'un
tronc commun, dont la relation d'aide, la déontologie commune, la
pathologie de base, des connaissances de base des applications et champs
d'expertise des principales approches reconnues qu'on a mentionnées un
petit peu plus tôt, et puis une formation spécifique, comme on l'a
dit, de deux autres spécialités. En toute
éventualité, une formation théorique et pratique devrait
totaliser un minimum de 2 000 heures de formation réparties selon les
exigences de la formation de base et des spécialités
complémentaires.
Pour les normes d'accréditation que l'on suit, la manoeuvre au
sein de l'Association est en évolution constante. On essaie de remanier
pour encourager les thérapeutes non pas à se conformer
immédiatement à des normes rigides et préétablies,
mais plutôt à avoir des normes qui sont suffisantes, et on
encourage les thérapeutes à poursuivre des normes plus
élevées non seulement les thérapeutes, mais les
écoles, parce qu'on a en ce moment, par exemple, des écoles qui
sont restreintes à offrir un certain nombre d'heures de cours.
Si on prend l'exemple de la massothérapie, on a 1 000 heures de
formation, ce qui est le maximum exigé au Québec. La
fédération des masseurs et massothéra-peutes du
Québec demande 1000 heures de formation,
minimum. Les écoles ne vont pas offrir des formations
supplémentaires à ça, parce qu'elles vont avoir de la
difficulté à trouver des élèves qui vont bien
vouloir se soumettre à ça, parce qu'on peut déjà
pratiquer la mas-sothérapie, être, disons, reconnu par le meilleur
organisme au Québec, la FQMM, tandis que, dans d'autres provinces... On
a la province d'Ontario, par exemple, qui exige une formation de 2200 heures,
minimum; en Colombie-Britannique, de 2800 heures. Donc, on n'est pas au
niveau.
Ce qu'on essaie de faire, ce n'est pas d'exiger d'avoir tout de suite
2800 heures de formation pour un massothérapeute, mais de prendre des
massothérapeutes qui se conforment à une formation, disons, de
1000 heures minimum et les encourager à offrir un système d'aide
aux écoles, qui leur permette d'«implémenter» un
meilleur curriculum dans leurs cours pour encourager les praticiens à
suivre des formations de plus en plus élaborées, de plus en plus
complètes.
Pour ce qui est de la proposition de mise sur pied d'un office, nous, on
a déjà fait une requête de dénomination sociale
comme «Office des médecines naturelles et approches alternatives
pour la santé et le mieux-être». Ça constitue en ce
moment un besoin essentiel à l'amélioration de la situation, du
contexte actuel de la santé de la société
québécoise. Cette procédure-là a été
le résultat d'une recherche extensive qui a pris en considération
les nombreux organismes à travers le Canada, les États-Unis,
l'Europe, les gouvernements de l'Ontario et de la Colombie-Britannique,
justement, qui possèdent une expertise particulière du processus
de gestion, d'organisation et d'accréditation des approches
alternatives, qui a aussi pris en considération le contexte très
particulier de la culture québécoise, sa situation
démographique et la diversité inégalée des services
offerts. C'est-à-dire qu'au Québec on a un
phénomène qui est assez spécial. On a le
phénomène qui fait qu'on a une culture assez
téméraire, qui a bien voulu essayer des approches nouvelles,
différentes, qui n'étaient pas, disons,
accréditées, reconnues, éprouvées, ce qui a fait
qu'il n'y a nulle part au monde où on a autant de différentes
thérapies offertes aux gens par rapport à la quantité de
population qu'on a pour un territoire donné.
Ce qui est ressorti de tout ça, c'est qu'il y a une chose qui est
très importante: il y a eu beaucoup d'organismes qui ont proposé
ou qui ont essayé de regrouper différentes organisations. Il y a
eu l'alliance des professionnels des médecines alternatives. On en a une
en ce moment qui est peut-être certainement, d'ailleurs la
plus sérieuse d'entre toutes celles qui ont été mises sur
pied, qui est la Coalition. Mais elles ont toutes une chose sur laquelle on
n'est pas d'accord, c'est-à-dire d'«implémenter»,
d'organiser une organisation comme celle-là à partir de
responsables de certaines organisations qui se jugent les plus
compétentes et qui veulent imposer aux autres leur façon de voir
les choses, et dire: Joignez-vous à nous; nous, on sait comment
ça doit fonctionner. Ce serait régresser, ramener
l'élabora- tion des médecines douces, comme elles se sont
développées au Québec, à un cadre rigide qui n'est
pas le cadre dans lequel les médecines alternatives ont pu se
développer et s'améliorer.
On parle de l'institution d'un organisme indépendant des
associations ou corps d'enseignement et de certification des médecines
naturelles et approches alternatives, au moyen d'une méthode qui
assurerait la représentativité collective et démographique
des praticiens, des spécialités et des usagers. Cette
procédure, elle constituerait présentement l'avenue la plus
efficace pour permettre l'épanouissement de la pratique, autant en
province que dans les grands centres; parce qu'on a le problème, en ce
moment, que tous les essais d'association ou d'institution
d'organisme-parapluie se faisaient simplement et uniquement en métropole
et, dans un cas isolé, ici, dans la ville de Québec, ce qui
laissait au dépourvu les organisations ou les thérapeutes en
région d'où, vraiment, est venue l'élaboration des
médecines alternatives au Québec. (20 h 20)
Comme on le voit, le mandat de cet organisme-là serait pour nous
surtout autour de la tenue d'une base de données, qui serait accessible
au public, qui offrirait de l'information tant au public qu'aux
thérapeutes pour les thérapies et pour le gouvernement, dont,
justement, le recensement des thérapeutes et des praticiens,
d'où, peut-être, justement, les recettes que pourrait retirer le
gouvernement de revenus, finalement, déclarés, la stimulation et
l'avancement des connaissances, une meilleure communication sur les
médecines alternatives, l'élaboration et le maintien collectif
des normes et réglementations reconnues.
Ce qu'on voudrait noter aussi, c'est que l'application des normes et
l'accréditation spécialisée, pour nous, doivent absolument
demeurer la responsabilité exclusive des différentes associations
reconnues compétentes. C'est qu'on a tellement de différences, de
divergences dans les différentes pratiques, qu'il y a certaines lignes
de pensée qui sont nécessaires à la bonne pratique d'une
thérapie, et que certaines de ces thérapies-là peuvent
entrer en conflit ou, mises dans un cadre rigide, pourraient ne pas avoir une
certaine efficacité.
Donc, ce qu'on essaie d'établir, c'est un organisme qui
permettrait la collaboration de différents thérapeutes ensemble.
Et aussi, à l'intérieur de l'Association nationale des
naturothérapeutes, on parle, un peu comme dans la médecine, de
généralistes; on essaie d'avoir des gens qui veulent se former
à devenir généralistes. Il y a dans la médecine des
médecins qui travaillent comme généralistes, il y en a
d'autres qui sont spécialistes, plus spécialisés, et ces
spécialistes-là n'empiètent pas sur les terrains l'un de
l'autre. Un dentiste ne va pas faire de chirurgie, et vice versa.
Alors, ce qu'on ne veut pas oublier, c'est que le réseau des
médecines alternatives a évolué jusqu'à son
état où il est en ce moment grâce à une certaine
liberté intellectuelle et psychique, si on veut, à
l'évolution des
connaissances qui dépassent un petit peu les notions
matérielles qu'on a, les notions tangibles de ce qu'on croit vivre. Il y
a d'autres dimensions dans lesquelles fonctionne l'être humain, et c'est
ces dimensions-là qui sont parfois peut-être non compatibles avec
des méthodes de pensée clinique, de laboratoire, etc. Et, sans
tomber dans le farfelu, dans l'absurde, dans le ridicule, ce qu'on voudrait
voir mettre en place, c'est un organisme qui reste souple face à la
recherche et au développement d'un immense potentiel de la connaissance
de l'être humain.
L'Association nationale des naturothérapeutes a
déjà mis sur pied une base de données comme ça. On
a déjà 3000 entrées à l'intérieur de cette
banque de données là. Cette banque de données pourrait
être accessible au gouvernement pour essayer de faciliter
l'accélération du processus. Elle pourrait être maintenue
et activée publiquement au moyen d'équipes de
bénévoles. On pense, par exemple, à la Croix-Rouge qui
emploie des personnes retraitées pour donner certains services
d'information, donc pour rendre publique l'information. En ce moment, on ne
dispose pas de budget pour prendre un personnel qui donne cette
information-là et, dans le futur, elle pourrait éventuellement
être autofinancée par les cotisations des thérapeutes et
les taxes perçues par le gouvernement auprès de ces
thérapeutes pour le salaire déclaré.
Pour finir cette introduction-ci, on essaie de dire tout simplement
qu'on veut établir une collaboration entre ce que les gens
considèrent comme l'establishment médical et les
thérapeutes alternatifs, essayer de trouver un endroit où les
gens puissent travailler ensemble, puissent apprendre à connaître
vraiment ce que font les autres thérapeutes. On a, à
l'intérieur de l'organisation, des médecins qui ont une formation
traditionnelle, mais qui ont choisi de faire des études en
homéopathie parce qu'ils voient qu'il y a d'autres avenues. Et c'est une
façon d'arriver à comprendre ce que l'autre peut faire, d'arriver
à décider où sont les limites et les bornes de la
compétence de chacun, des uns et des autres. À partir d'un cadre
comme celui-là il y a plusieurs scénarios qui sont envisageables,
et c'est de ça qu'on aimerait discuter.
Le Président (M. Philibert): Vous avez terminé?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Philibert): Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Vous avez fait
allusion, dans votre présentation, au modèle proposé par
la Coalition et à votre proposition qui est un petit peu
différente, peut-être même un petit peu, beaucoup.
J'aimerais vous entendre. Vous avez un peu élaboré, mais je vous
demanderais d'aller un petit peu plus loin. Qu'est-ce qui fait que votre
proposition serait plus effi- cace, au-delà de souhaiter être
davantage l'intermédiaire ou le lien entre les médecines dites
conventionnelles et l'alternatif? Parce que, ce que vous voulez, ce que vous
souhaitez, c'est davantage faire un pont entre les deux...
M. Mathieu: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...pour que s'installe la
complémentarité et non pas la confrontation.
M. Mathieu: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): La Coalition nous a
présenté des choses qui sont intéressantes, tantôt.
En quoi, d'après vous, sur le plan fondamental, les choses
diffèrent et pourquoi votre système à vous serait plus
efficace que d'autres?
M. Mathieu: Le système est basé sur
l'expérience, par exemple, de gouvernements comme ceux de l'Ontario et
de la Colombie-Britannique qui ont, eux aussi, des modèles, qui ont
déjà une bonne expérience de reconnaissance des
médecines alternatives. Maintenant, si on prend l'exemple de l'Ontario,
ils ont, eux, un ministère qui est différent du ministère
de la Santé ici où on a un seul territoire. Eux, ils ont
plusieurs territoires. Ils ont décidé, à
l'intérieur de leur modèle à eux, d'établir une
liste électorale des thérapeutes, des praticiens et du public,
mais qui est répartie par les secteurs de leur ministère. Cette
même chose-là est importante ici, sauf qu'en Californie, en ce
moment, le même processus est en train de se mettre en marche et marche
avec beaucoup de succès dans le sens où les
problèmes...
Puis ce qui rallie pas mal la proposition de la Coalition, la
proposition qu'il y a eu avant et qui n'a jamais vraiment été
mise sur pied et finalisée de l'alliance des professionnels des
médecines alternatives c'est qu'à chaque fois on parlait
de quelques associations qui se sont regroupées, qui avaient, oui, un
certain sérieux, qui avaient une bonne organisation, et la Coalition,
certainement, a regroupé des associations qui ont probablement les
standards les plus élevés au Québec, ce qui est
très bien, d'ailleurs. Et on est en accord avec beaucoup des parties de
ce que la Coalition a dit. La seule chose sur laquelle on n'est pas d'accord et
qu'on ne veut pas faire, nous non plus... On a mis sur pied une banque de
données; on ne veut pas pour autant demander au gouvernement:
Donnez-nous le mandat de devenir l'association qui va regrouper tous les
thérapeutes. On a déjà des thérapeutes de toutes
les factions. On a des médecins, on a des thérapeutes de toutes
sortes. On ne veut pas se mettre à régir. Notre organisation vise
au regroupement d'omnipraticiens ou de gens voulant devenir omnipraticiens.
Pour ce qui est de l'établissement d'un organisme qui, lui, va
avoir le rôle de chapeauter les différentes thérapies, ce
qu'on veut qui soit différent, c'est que ça
ne soit pas un organisme qui va régir du dessus, mais qui va
régir de la base, avec de l'information et des normes qui vont
être très difficiles à établir. Ce qui arrive, c'est
que, si on essaie de l'établir en ce moment, en prenant un certain
groupe restreint de thérapeutes et de thérapies... Parce que la
Coalition reconnaît, disons, un certain nombre de thérapies; on
parle d'une dizaine ou d'une douzaine, mais il y en a beaucoup plus que
ça. Et, en plus, il y a des régions qui sont
délaissées, où il n'y a pas beaucoup de support. Il y a
certaines thérapies qui ont moins de reconnaissance que d'autres.
Ce qu'on voudrait faire par ce modèle-ci tout d'abord, la
banque de données qu'on a, nous, qui pourrait servir comme
départ, pourrait être installée par le gouvernement plus
sérieusement, parce que vous avez certainement des services
informatiques qui sont très aptes à le faire ce serait
d'obliger, par exemple, ou de proposer à tous les thérapeutes du
Québec, quels qu'ils soient, même les médecins qui ont
envie de participer à ce processus-là, de s'inscrire à
l'intérieur de cette banque de données là et, à
partir de cette banque de données là, pouvoir faire une liste
électorale des thérapeutes, qui soit divisée par leurs
différentes spécialités et divisée par les
régions dans lesquelles ils pratiquent, et pouvoir établir des
comités qui, eux, ces comités-là, ne seraient pas des
comités fantômes, des comités qui sont
décidés n'importe comment, mais qui seraient formés en
représentation des régions autant que des thérapeutes.
Oui, monsieur.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que, sur le
plan de la configuration géographique, il pourrait y avoir une certaine
spécificité quant à l'aménagement des
régions, que ce n'est pas un bloc monolithique qui est celui du
Québec, mais plus souple, pour être capable de représenter
les régions. Mais est-ce que j'ai bien compris que chacun de vos membres
est ou sera d'abord un omni, au sens d'un médecin de médecine
générale?
M. Mathieu: C'est ce à quoi on veut en venir. En ce
moment, on a déjà un certain nombre, un pourcentage de nos
membres qui sont déjà des omnipraticiens. Ceux qu'on qualifie en
ce moment comme naturothéra-peutes certifiés se conforment
à ces normes-là, c'est-à-dire qu'ils ont une formation de
base minimum dans un domaine et qu'ils ont un minimum de deux autres formations
qu'ils ont prises peut-être à travers les années. On a
regroupé ces gens-là ensemble. Et on a d'autres
thérapeutes qui s'intéressent à cette optique-là,
parce que c'est une autre façon d'approcher les patients, c'est une
autre façon de regarder.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est parce qu'on ne
parle pas du même niveau que d'autres, là. Quand on parle d'un
omni, ça a quelques années d'université, ça, en
règle générale, là.
M. Mathieu: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Et on ne parle pas du
même niveau du tout, du tout quand on parle de cours de cégep,
là. Ça, je pense qu'on ne parle pas du même niveau. Et, ce
qui m'étonne, c'est que vous dites qu'il y a 2000 membres actuellement.
Sur les 2000 membres, il y en a combien qui sont des omnis, là? (20 h
30)
M. Mathieu: Qui sont omnis? Il n'y en a pas tellement. Il y en a
seulement environ 170 ou quelque chose du genre. Mais, maintenant, tous les
autres thérapeutes ont déjà commencé d'autres
formations qui ne sont pas complétées. Ils n'ont pas le titre de
naturothéra-peute certifié. Ils vont avoir le titre de
massothérapeute; ils ont le titre d'homéopathe, ils ont le titre
de physio-thérapeute, peu importe, ou d'infirmière. Us le sont,
mais ils sont inscrits, ils sont reconnus par l'Association seulement en tant
que ces choses propres là. Les infirmières qui sont inscrites
à l'Association des naturothéra-peutes ont déjà une
formation, disons, en naturothérapie ou en homéopathie, mais
elles n'ont pas nécessairement complété ce
décret-là.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un aspect qu'il
m'intéresse de fouiller un petit peu plus, parce que vous devez passer
pour des bibites assez rares, des omnis qui vont vers des thérapies
alternatives. J'imagine que, dans le milieu de la médecine, vous devez
passer pour des oiseaux rares, assez rares, merci. Non?
M. Delcourt (Noël): Dans quel sens vous voulez dire?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, dans le sens que ce
n'est pas l'enthousiasme et le délire dans la médecine
conventionnelle vis-à-vis des thérapies alternatives.
M. Delcourt: Bien, nous, on demande ça à nos
praticiens dans un but de... Bon, parce qu'on nous demande tout le temps le
professionnalisme. C'est dans ce but-là qu'on le fait. C'est pour donner
le meilleur service, premièrement, à nos patients.
Deuxièmement, on savait qu'un jour ou l'autre il y aurait une commission
dans le genre. Alors, arriver ici avec des praticiens qui ont plus qu'une
formation... Maintenant, c'est sûr que, sur les 2000, il n'y en a
pas...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. Mais je
trouve ça... Ne prenez pas par mes propos que je décourage
ça.
M. Delcourt: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Je trouve ça
extraordinaire d'avoir plusieurs cordes à son arc. C'est une bonne
affaire. Mais, compte tenu de la résistance du corps médical en
général vis-à-vis des thérapies alternatives...
M. Mathieu: D'ailleurs, justement, c'est les médecins,
c'est les dentistes qui ont été les derniers à vouloir
commencer à s'associer à l'Association parce que, face à
la corporation des médecins, par exemple, bien, ils se font regarder de
travers de vouloir officiellement s'inscrire et s'associer à une
association.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon, O.K. O.K., correct.
J'en connais, moi. J'en ai dans mon comté qui sont des omnis et qui
pratiquent, qui se sont associés dans leur pratique à des
homéopathes et ainsi de suite, pour offrir une plus grande
variété de services à leur clientèle. Je pense que,
dans ce cadre-là, c'est des choses qui sont réelles, qui sont sur
le terrain.
Actuellement, là, vous avez une bonne variété de
pratiques...
M. Delcourt: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...compte tenu de la nature
même de la composition de votre organisation.
M. Delcourt: C'est ça. Nous, on aimerait que le terme
«naturothérapie» soit proposé, homologué comme
étant un médecin de médecine naturelle.
«Naturothérapeute» deviendrait, par exemple, un terme
généraliste pour dire que c'est un praticien de médecines
douces qui a complété au moins un cours de 1000 heures, 2000
heures, plus des...
M. Côté (Charlesbourg): Puis, là, vous lui
donnez le nom de médecin?
M. Delcourt: Non, pas médecin. M. Mathieu: Non.
Non, non.
M. Delcourt: Non, non. Non, pas médecin.
Naturothérapeute.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Non, non.
M. Delcourt: C'est un praticien de médecines douces...
M. Mathieu: On ne veut surtout pas...
M. Delcourt: ...spécialisé. On ne veut pas...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'il me semble
que j'avais entendu ça. Je ne sais pas si je me suis trompé.
M. Delcourt: Bien, en comparaison, je veux dire.
M. Côté (Charlesbourg): O.K., O.K. C'est correct.
C'est parce que...
M. Delcourt: Dans notre domaine, naturothérapie, c'est
ça que ça voudrait dire.
M. Mathieu: C'est la même chose que dans les
médecines traditionnelles. Dans la médecine conventionnelle, il y
a des techniciens de laboratoire, il y a des infirmières, il y a des
médecins et il y a des spécialistes. Puis c'est la même
chose qu'on voudrait voir arriver dans une autre branche qui vise aussi bien
à aider les patients, à aider la population à obtenir non
seulement... La chose des médecines douces, c'est qu'on essaie d'obtenir
non seulement la santé, mais aussi le dynamisme de la population et
l'énergie des gens.
M. Côté (Charlesbourg): On m'arrête là,
mais... M. Mathieu: Excusez-moi.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas grave. Mon
Opposition va y aller, là, puis ça va certainement se
compléter.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Ah bien, là, une question extrêmement
simple: C'est quoi, ça, la naturopathie?
M. Delcourt: La naturopathie ou la naturothérapie?
M. Trudel: Non, non. Je veux savoir c'est quoi la naturopathie
et, ensuite de ça, qu'est-ce que ça fait, un naturopathe.
M. Delcourt: Un naturopathe, c'est un thérapeute qui a
étudié la nutrition, les oligo-éléments, qui
travaille surtout à amener une personne à changer son mode de
comportement, son mode de se nourrir. C'est des études qui prennent de
trois à quatre ans, normalement. Le naturothérapeute, ce que,
nous, on représente, peut être un naturopathe qui a une formation
autre. Or, un naturopathe, puis un naturothérapeute actuellement, ce
n'est pas la même chose.
M. Trudel: Mais la naturopathie?
M. Delcourt: L'étude des comportements, puis qui se
rapporte surtout à la nutrition et à la façon de
gérer sa vie, ça, c'est la naturopathie. Alors, l'étude
des différentes... Excusez, là, j'ai un blanc de mémoire.
Tandis que la naturothérapie, c'est l'étude de tout ce qui est
naturel. C'est-à-dire l'acupuncture est une méthode de
naturopathie, pour nous, la massothérapie est une forme de
naturothérapie, la phytothérapie est une forme de
naturothérapie. Jusqu'à un certain point, l'hypnothé-rapie
est une forme de naturothérapie. La naturopathie est une forme
spécialisée de naturothérapie.
M. Trudel: Et, dans ce sens-là, est-ce que ce que l'on
désigne habituellement par les termes de «médecine
scientifique», ça fait partie de la naturopathie, ça?
M. Delcourt: Scientifique? Oui, c'est sûr...
M. Trudel: Oui. Enfin, je prends un terme qui, dans l'Occident,
généralement décrit les personnes qui obtiennent des
diplômes de médecin dans les universités. Est-ce que, par
rapport à ce que vous êtes dans le monde de la naturopathie, ces
gens-là sont également des gens qui peuvent être des
naturopathes?
M. Mathieu: Dans un sens, oui. Vous noterez que, dans la
description de la naturothérapie, on a mentionné médecine
naturelle et approches alternatives. Alors, ce qu'on regroupe à
l'intérieur de ça, ce sont les approches,
«primairement», qui visent à aider l'être humain,
à partir, «primairement», de ce qu'il est et de ce qu'il
absorbe, en essayant de ne pas changer sa composition naturelle,
c'est-à-dire d'y introduire des médicaments qui ne sont pas issus
directement de la nature ou de faire des ponctions, de faire des changements
physiques à l'intérieur de la personne, à
l'intérieur d'un corps humain où il n'y a pas d'ouverture
spécifique pour faire des travaux à l'intérieur autres que
la bouche, le nez, les oreilles et ailleurs.
Il y a des gens qui ont des spécialités qui ont fait des
recherches dans ce sens-là, et on juge qu'elles ne sont pas naturelles.
Là, on parle, par exemple, de recherches qui ont été
faites sur des corps humains, sur des animaux, etc. Ce sont des choses qui
n'arrivent pas naturellement dans la nature, dans le monde. Ce sont ces
choses-là, qui ne sont pas mauvaises nécessairement, qui ont des
résultats. Si on veut comparer l'efficacité et le
résultat, puis la reconnaissance, prenez, par exemple, l'acupuncture.
Maintenant, l'acupuncture, elle est reconnue par le monde médical
traditionnel. On est d'accord là-dessus? Pourtant, il n'y a pas de
preuve à l'appui vraiment de ce que fait tangiblement l'acupuncture.
M. Delcourt: On ne peut pas employer le terme scientifique,
là.
M. Mathieu: On ne pourrait pas employer le terme scientifique,
sauf que, par les résultats, il y a une preuve d'une efficacité
certaine et indéniable, des fois, qui dépasse la médecine
traditionnelle, dans certains domaines qui la dépasse absolument et,
dans d'autres, qui, non, ne fait pas le travail que peut faire la
médecine traditionnelle.
M. Trudel: II faut bien s'entendre, donc, sur le fait... C'est
parce que je croyais déceler, tantôt, une certaine confusion, en
tout cas j'espère ne pas me tromper quant au
questionnement du ministre et à vos réponses. Quand vous parlez
des omnipraticiens, vous ne référez en aucun temps à la
classification plus habi- tuelle dans le langage populaire des médecins
omnipraticiens et des médecins spécialistes. Ça n'a rien
à voir.
M. Mathieu: Rien à voir, mais rien du tout.
M. Trudel: Vous voulez dire que, vous autres, vous vous
définissez comme des omnipraticiens au sens...
M. Mathieu: D'approche alternative.
M. Trudel: ...d'approche alternative à partir d'une
définition de ce qui est naturel pour vous autres...
M. Mathieu: Voilà! M. Delcourt: Voilà!
M. Trudel: ...tant au plan de la nutrition que de l'intervention
sur le corps et sur les modes de vie, enfin, en général, de tout
ce que vous définissez comme étant naturel...
M. Mathieu: Voilà!
M. Trudel: ...existant, au départ. Bon. Parce qu'il faut
bien clarifier ça.
M. Mathieu: Oui.
M. Trudel: Parce que, là, chercher à être
reconnu comme omnipraticien au sens...
M. Mathieu: Des médecines naturelles.
M. Trudel: ...classique des 20 dernières années,
là...
M. Delcourt: Non, ce n'est pas ça. Des médecines
naturelles.
M. Trudel: ...on n'est pas tout à fait dedans,
là.
M. Mathieu: Non. C'est très spécifiquement des
médecines naturelles ou des approches alternatives. Ce qu'on veut dire
par «omnipraticiens», ce sont tout simplement des praticiens qui
ont, comme a dit le ministre, plusieurs cordes à leur arc...
M. Trudel: Parfait!
M. Mathieu: ...qui ont une facilité plus grande ou plus
large.
M. Trudel: Quand on veut joindre l'Association nationale des
naturothérapeutes, quelles sont les exigences de formation? Ou, de
façon beaucoup plus simple que cela, quand vous êtes
naturothérapeute au Québec,
où allez-vous chercher votre formation, pour quelle durée
et comment c'est sanctionné, cette formation-là? (20 h 40)
M. Mathieu: Cette formation-là, c'est la même
formation que n'importe quel thérapeute spécifique ou
spécialiste spécifique. Par exemple, un massothérapeute
doit avoir les mêmes formations reconnues... Par exemple, nos normes sont
à peu près équivalentes, dans certains domaines,
peut-être...
M. Trudel: On a juste 10 minutes, là.
M. Mathieu: O.K.
M. Trudel: Vous, êtes-vous naturothérapeute?
M. Mathieu: Moi, oui. Aux termes de ce qu'on définit, je
suis naturothérapeute. J'ai une formation en massothérapie. Ma
formation, je l'ai prise en Colombie-Britannique. Elle est composée de 2
800 heures de formation, et non pas 1 000.
M. Trudel: O.K.
M. Mathieu: Ça, c'est en massothérapie.
M. Trudel: Donnée par qui?
M. Mathieu: Pardon?
M. Trudel: Donnée par qui?
M. Mathieu: Donnée par University of British Columbia, qui
est une université provinciale, là-bas. C'est un cours qui est
reconnu à travers le Canada.
M. Côté (Charlesbourg): C'est plus avant-gar-diste
qu'au Québec?
M. Mathieu: On peut dire que c'est une formation plus
généralisée. C'est un petit peu dans le même sens
qu'ici, mais n'empêche que vous avez, au Québec, ici, la
Fédération québécoise des masseurs et
massothé-rapeutes qui reconnaît deux niveaux de masseurs et de
massothérapeutes: il y a le technicien en massage, qui a 500 heures de
formation, et il y a l'autre qui a 1000 heures de formation. Mais celui qui a
1000 heures de formation, pour donner un massage de détente, n'est pas
nécessairement plus avancé que l'autre qui a juste 500 heures,
qui a fait seulement du suédois et qui fait du massage de détente
et rien d'autre. Il y a des approches thérapeutiques plus
spécifiques, une connaissance plus globalisée qui vont faire que
le massothérapeute qui a plus de formation, évidemment, est
peut-être capable de voir arriver le patient et de faire un peu plus pour
lui. Puis, de cette même façon-là, bien, il y a d'autres
approches qui peuvent aider.
M. Trudel: Là, parce que vous comprenez qu'il faut que...
Oui, allez-y.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'était la
première spécialité. Mais il y avait autre chose qui
s'ajoutait à ça, en termes de formation, pour vous?
M. Mathieu: En termes de formation, j'ai aussi fait un peu
d'études en psychologie, donc en psychothérapie, où j'ai
pris des cours dans des collèges en Colombie-Britannique. Il y a des
cours qui se donnent. Et ce qui arrive, justement, c'est qu'il y a des
écoles qui vont offrir ces cours-là, qui sont soit plus ou moins
reconnues, qui ne l'étaient pas et qui le sont maintenant. Puis j'ai
aussi une formation, pour être plus spécifique, en
kinésithérapie, que j'ai prise, aussi, à
l'intérieur d'une école.
M. Trudel: Mais, quand vous recherchez votre admission à
l'Association nationale des naturothérapeu-tes, est-ce qu'il y a des
normes exigées?
M. Delcourt: Oui.
M. Trudel: Est-ce qu'il y a des niveaux?
M. Mathieu: On demande d'avoir les diplômes à
l'appui, d'écoles qui sont reconnues, donc, dont les cours sont
conformes à certaines normes de formation. On prend, par exemple... Bon,
ici, il y a Therpsycorps, à Montréal, qui donne des cours en
massothérapie. Les normes...
M. Trudel: Alors, vous avez un comité d'admission qui
vérifie des normes.
M. Delcourt: Oui, oui. M. Mathieu: Voilà. M.
Trudel: Qui évalue...
M. Mathieu: Qui évalue les demandes. On a, sur nos
formulaires d'entrée, certaines exigences. Les gens qui veulent se
présenter doivent mentionner la spécialité sous laquelle
ils entrent, l'école à laquelle ils sont entrés et leur
date de sortie, les détails spécifiques de leur formation.
M. Trudel: Et vos standards sont fixés à l'avance
ou si vous les évaluez suivant le dossier présenté?
M. Mathieu: Maintenant, on a des standards qui sont
déjà établis pour reconnaître...
M. Trudel: Dans toutes les disciplines?
M. Mathieu: Dans les disciplines qu'on a men-
tionnées là. Par contre, si on parle de médecins
qui s'inscrivent à l'intérieur de l'Association nationale des
naturothérapeutes, qui pratiquent l'homéopathie, on a des
standards d'établis pour l'homéopathie, qui sont reconnus, qui
sont le nombre d'heures de cours: tant d'heures théoriques, tant
d'heures de physiologie, d'ana-tomie, etc.
M. Trudel: Est-ce qu'on pourrait vous demander, d'ici la fin des
travaux de la commission, de déposer ces standards, ici? Ça doit
être écrit à quelque part, j'imagine?
M. Mathieu: Oui, certainement.
M. Trudel: Est-ce que vous pourriez déposer ça pour
le bénéfice de la commission? En tout cas, moi,
j'apprécierais beaucoup avoir cela, c'est-à-dire que, chez vous,
quand on veut devenir un naturothérapeute, porter le titre, là,
on doit répondre à un certain nombre de critères dans son
dossier de formation. J'aimerais ça que vous puissiez le déposer
auprès de la secrétaire de la commission, Mme Lamontagne, pour
que ça puisse être transmis aux parlementaires et très
certainement au ministre, au premier chef. Parce que, bon, je pense qu'il faut
voir comment un regroupement comme le vôtre, je dirais, aurait
réussi à imposer des standards.
M. Mathieu: C'est qu'on n'a pas essayé... On n'essaie pas
d'imposer des standards qui sont l'excédent de ce qui existe
déjà. On a pris des standards qui sont existants, les meilleurs
standards disponibles au Québec. Parce qu'on ne rêve pas en
couleur, comme je l'ai expliqué un petit peu plus tôt. On ne peut
pas essayer de dire à des thérapeutes: Vous allez avoir, pour
entrer chez nous, telle et telle formation quand, ailleurs, ils peuvent avoir
le droit de pratiquer, plus ou moins, avec moins de formation.
M. Trudel: Ici, on gère le temps avec un président
qui est d'une tolérance et d'une compréhension assez
extraordinaire.
Le Président (M. Philibert): Une trop grande
tolérance, d'ailleurs.
M. Trudel: II faut absolument que je vous pose une
question...
Le Président (M. Philibert): Question très rapide,
réponse très courte.
M. Trudel: Très rapide. Gestion par le résultat. Si
on vous obligeait à avoir une assurance privée...
M. Mathieu: Oui.
M. Trudel: ...à avoir une assurance-responsabilité
privée, est-ce que vous avez l'impression que ça vous obligerait
à faire une démonstration auprès des assureurs entre les
gens qui ont la capacité d'être des naturothérapeutes et ce
qu'on appelle généralement des charlatans? Si l'État vous
obligeait à avoir une assurance-responsabilité, est-ce que vous
avez l'impression, par le résultat, là, que ce sont les assureurs
qui diraient: Lui, il est compétent parce que...
M. Mathieu: On est déjà reconnus par une trentaine
de compagnies d'assurances, comme c'est là, en ce moment, aujourd'hui.
Ça a été fait, ça, par un processus...
M. Delcourt: La plupart d'entre vous pourraient être
soignés par nous. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Philibert): Alors, si vous sentez le
besoin d'élaborer sur cette question qui vient d'être
donnée, vous pourrez toujours faire parvenir un complément de
réponse avec les documents que Mme la secrétaire de la commission
va attendre.
Une voix: O.K. Là, on a parlé d'assurances,
là. Mais...
Le Président (M. Philibert): Alors, je me dois de vous
remercier, au nom des membres de la commission, pour votre prestation à
cette commission.
M. Mathieu: Merci beaucoup.
M. Delcourt: Merci beaucoup. Bonsoir.
Le Président (M. Philibert): Alors, j'appelle maintenant
l'Ordre des naturothérapeutes du Québec inc.. Alors, le temps
à notre disposition est de 30 minutes, environ 10 minutes pour la
présentation et 20 minutes de questionnement. Alors, si vous voulez vous
identifier, le porte-parole et la personne qui vous accompagne.
Ordre des naturothérapeutes du Québec
inc.
M. Baugé-Prévost (Jacques): Je me présente.
Je suis Jacques Baugé-Prévost et je suis le président de
l'Ordre des naturothérapeutes du Québec inc., et je suis
accompagné de Mme Micheline Beauchamp, qui est secrétaire
générale.
Le Président (M. Philibert): Allez-y.
M. Baugé-Prévost: Alors, M. le Président, M.
le ministre de la Santé, M. le député de l'Opposition,
mesdames, messieurs de la commission, l'Ordre des naturothérapeutes du
Québec inc., anciennement l'Ordre des praticiens et praticiennes de
médecine naturelle,
intervient auprès de la commission parlementaire parce que le
maintien de la santé individuelle et publique ou son
rétablissement dans de bonnes conditions psychosociales et
écologiques sont ses raisons d'être depuis deux
générations.
Alors, depuis lors, ce que l'on entendait, au début du
siècle, par le mot «naturopathie» a été
modifié, corrigé et développé en une nouvelle
synthèse hygiéniste naturopathique et médicinale,
c'est-à-dire la naturothéra-pie moderne. Et, aussi
étonnant que cela puisse paraître, bien, ses racines sont au
Québec. Elles ne sont pas en Californie ni à Vancouver; elles
sont au Québec, les racines. Ça arrive, quelquefois, que les
Québécois réalisent de grandes choses, à un point
tel que l'académie, la faculté universitaire de Bobigny
ceux qui connaissent Paris savent que c'est une petite ville dans le nord de
Paris, Bobigny a reconnu notre travail et a adopté notre cours,
notre programme d'études. Alors, il se donne des cours de
naturothérapie dans une faculté universitaire officielle, dans le
nord de Paris, à Bobigny, depuis 1982, et, en 1984, on m'a appelé
pour aller donner un mois de cours à ces professionnels de la
santé.
Globalement c'est dire que ça fait deux
générations; moi, j'ai commencé mes activités en
1954 c'est dire que nous avons été de toutes les parties,
soit comme adeptes, initiateurs, fondateurs ou militants, mais aussi,
hélas, comme intimés et interdits. Nous avons contribué
grandement, question de stratégie, à la promotion de la
chiropratique durant les années soixante, de même que nous l'avons
fait pour l'acupuncture durant les années soixante-dix à
quatre-vingt, et vous êtes témoins de ce qui arrive à une
thérapie alternative récupérée par la corporation
ou l'ordre des médecins. (20 h 50)
Si vous voulez, je vais relever certains points de notre mémoire.
Tout d'abord, bien, je dois remercier le ministre de la Santé de nous
avoir accordé la tribune, aujourd'hui, de nous avoir accordé
l'hospitalité dans cette commission parlementaire, et puis nous avons
été heureux lorsqu'il a développé sa nouvelle
réforme officielle en matière de santé, lorsqu'il a
affirmé bien haut... Ça faisait longtemps que ça aurait
dû être fait, ça, placer bien haut le citoyen au centre d'un
domaine qui lui revient au premier chef, c'est-à-dire se
réapproprier sa santé qui est une valeur intime et personnelle.
Alors, placer le citoyen au centre du domaine de la santé et non pas le
médecin, et non pas le médicament, la drogue et l'hôpital.
Alors, nous autres, nous avons éprouvé une grande satisfaction et
un grand contentement parce que, pour nous autres, c'est ça la base de
notre pratique clinique qui est individuelle, et ce qui nous intéresse
avant tout, ce n'est pas de produire des services, c'est justement que le
citoyen, la citoyenne devienne adulte en matière de santé.
Je n'ai pas à vous présenter l'histoire. Vous connaissez
très bien l'histoire. Vous savez combien notre population a
été infantilisée durant plusieurs
générations. Alors, dans le domaine de la santé, eh bien,
il semble qu'un saint, je ne sais pas, auguste ait remplacé le saint
Joseph d'autrefois. Alors, infantiliser le citoyen, il n'y a pas de mot pour
qualifier ça. Vous devinez un peu comment on peut qualifier les gens qui
infantilisent le citoyen pour pouvoir facilement le manipuler, pour pouvoir le
bourrer d'une façon ou d'une autre.
Alors, nous saluons cette grande politique et nous saluons aussi le
ministre de la Santé qui s'est élevé, n'est-ce pas, de la
politique politicienne et puis qui est devenu un homme d'État. On a
toujours dit, nous autres, que, quand on parle d'accessibilité aux
soins, bien, il faut que ce soit reconsidéré, cette notion
d'accessibilité aux soins, et élargi en vue d'une
démédicalisation. Il y a beaucoup de gens au Québec qui
veulent mettre des distances avec le monde de la drogue légale. Il y a
beaucoup de gens, de plus en plus de gens qui deviennent adultes en
matière de santé et de rétablissement de la santé
et qui en ont ras le bol de cette drogue-là et ras le bol de ces
propagandes, de ces publicités que vous voyez continuellement,
journellement, à la radio, à la télévision dans
tous les médias, propagande qui mord, en fait, qui touche le
harcèlement dans le but de médicaliser les gens.
On utilise les deux grands moyens, en fait, que tous les despotes ont
utilisés au cours des âges; on utilise toujours la peur et
l'ignorance. Nous autres, on sait très bien que c'est le citoyen qui
l'a, l'affaire. On sait très bien que les grandes découvertes,
hein, sont le fait d'individus isolés. Ce qui se fait de beau et de
grand, le plus souvent, c'est le citoyen qui le fait, qui crée des
cercles d'étude, qui crée des familles, des groupes, des secteurs
privés, c'est lui qui l'a, le citoyen. Nous attendons toujours beaucoup
des évolutions personnelles qui changent, qui doivent changer
jusqu'à un certain point certaines habitudes et faire évoluer la
société.
Le citoyen, nous voulons qu'il soit mature à un point tel qu'il
soit son propre thérapeute. D'où vient qu'on cherche à
devenir adulte dans certains domaines? On est adulte sur le plan physiologique,
on est adulte sur le plan physique, mais, sur le plan de la santé, on
est handicapé. On n'est pas adulte. On est apeuré. D'où
ça vient ça? En 1970, lors de l'instauration du Régime
d'assurance-maladie, on a oublié le plus important, voyons,
c'est-à-dire de laisser l'organisation humaine de soins aussi organique,
naturelle et spontanée que possible.
On l'a oublié, le citoyen. Ainsi, on peut dire qu'au croisement
du social, de l'économique et du politique, bien, tout un chacun pourra
enfin compter sur des services loyaux de santé, à commencer par
le remède no 1, soi-même. La santé des gens leur appartient
comme leur sexualité leur appartient et comme leur spiritualité
naturellement leur appartient. Dès l'instant où on veut les
infirmer sur ces plans-là, c'est grave.
En tant que thérapeutes et citoyens à la fois
déci-
deurs, payeurs et, jusqu'à un certain point, consommateurs, nous
autres, on sait que les services médicaux coûtent très
cher. Tout le monde le sait. Ils coûtent tellement cher... Il y a
plusieurs raisons à cela, mais on oublie que c'est dans la nature
même des services médicaux que ça devrait changer,
c'est-à-dire que la nature même des services médicaux,
c'est de l'ordre des services d'urgence, des services de pointe, des
catastrophes, si vous voulez, des troubles organiques, et ça, ça
se passe du berceau à la tombe.
Et on sait combien le monde des femmes a payé très,
très cher cette médicalisation, paie encore très cher
là-dessus, justement parce qu'on a oublié le citoyen et la
citoyenne, le respect que toute profession digne de ce nom doit avoir pour la
population, pour l'individu, afin de ne pas en faire un client, de ne pas se
créer des clients dans la population en utilisant les moyens comme la
peur, puis le terrorisme, et puis infantiliser les gens, surtout. Ça,
c'est un point qu'on utilise souvent.
Alors, pour sortir de cette crise de fin de siècle, bien, on
recommande, on l'a dit depuis tellement d'années, de rendre à la
population la part essentielle qui lui revient dans le choix du mode
thérapie-thérapeute, avec toutes les libertés et
responsabilités que cela suppose. Que faire pour sortir de cette crise
de fin de siècle? Bien, il va falloir remettre la médecine
classique à sa place. C'est une médecine d'urgence,
fondamentalement. Alors, d'où vient que cette médecine d'urgence
soit devenue la médecine quotidienne de millions d'individus, ici, au
Québec? Médecine drogueuse, médecine à
séquelles possibles, d'où vient ça? Poser la question,
bien, si on veut, on y répond. Il faut avoir du courage pour le faire.
Nous recommandons...
Le Président (M. Philibert): Monsieur, je vous informe que
votre temps est terminé, mais...
M. Baugé-Prévost: Bon. D'accord.
Le Président (M. Philibert): ...vous me semblez avoir
besoin d'encore quelques minutes pour conclure, là...
M. Baugé-Prévost: Oui, si vous voulez...
Le Président (M. Philibert): ...pour nous livrer
les...
M. Baugé-Prévost: ...nous autres, nous disons que
la règle, là, M. le député de l'Opposition, ou le
mode du titre réservé, ça, ça nous
intéresse. Ça, ça permettrait de protéger notre
citoyen, puis ça permettrait l'évolution de la
naturothérapie, évidemment, véritable, qui a des auteurs,
des fondateurs, là, qu'on peut rejoindre très facilement. On
publie des documents. Il n'y a pas de problème là-dessus; nous
avons beaucoup de littérature. Malheureusement, bien...
Une voix: On l'a laissée à l'hôtel.
M. Baugé-Prévost: ...on a été pris
dans une course et on a oublié les documents qu'on a. On va vous les
donner demain.
Ce que je veux dire, c'est que ça convient excellemment, le mode
du titre réservé. C'est ça qu'on veut. Nous ne voulons pas
de subventions, parce que, nous autres, là, je vous le dis, on fait
beaucoup avec peu; on ne veut pas du tout de subventions. C'est tout à
fait contraire à notre mentalité, et certainement qu'on ne veut
pas rentrer dans le réseau, là, genre, comme on disait autrefois,
la castonguette, là. On ne veut pas rentrer dans ça du tout.
C'est tout à fait contraire à notre univers mental.
Cependant, il y a des gens qui nous reprochent: Bien, voici, il
paraîtrait qu'on aurait une thérapie pour les riches et une
thérapie... Bien, ça, c'est un faux problème, une
thérapie pour les riches et une thérapie, tu sais, pour les
pauvres. Tu sais, médecine des riches, médecine des pauvres,
c'est un faux problème, ça, pour nous autres. Quand quelqu'un, le
plus démuni, prend conscience de ce que c'est la santé, quand il
se réapproprie, hein, quand il devient lui-même, bien, vous pouvez
être assurés que ça ne coûte pas un sou au
trésor public. Nous autres, on aimerait bien qu'une compensation fiscale
puisse être reconnue pour les usagers, de même qu'un service BS, ou
bons de soins, comme on dit, pour les personnes démunies.
Quant à l'exclusivisme médical, il n'est pas superflu de
rappeler, on l'a toujours dit, qu'il ne devrait s'appliquer qu'aux
procédés spéciaux, de pointe ou de secours, quoi, ou de
minichirurgie. Par exemple, l'urgence, la chirurgie, l'administration de
drogues, l'introduction d'aiguilles, ça, bien entendu, ou pour notre
ancien confrère, le chiropraticien, manipulations stuctu-rales avec
rayons X, tout ça, il faut que ce soit absolument d'exercice exclusif,
ça. Et on va chicaner le chiropraticien, qui est notre ancien
collègue, parce qu'à un moment donné il peut verser dans
ce qu'on appelle les affections du genre «corporatite», hein, ou,
pire encore, «universitite», et va interdire aux masseurs,
justement, de manipuler légèrement le dos d'une personne. (21
heures)
À court et à long terme, nous recommandons au
législateur que la rémunération à l'acte... Le
législateur le sait que la rémunération à l'acte
par la Régie de F assurance-maladie, ça ne va pas. Ça
mène à des abus. Alors, ça, ça doit
débrider. Cette rémunération-là devrait être
suivie par une restructuration complète des services sociaux et de
santé. C'est un ensemble qui en ferait voir toute la transparence.
Par exemple, il serait temps de donner le statut d'infirmier
spécialisé aux médecins. Pourquoi? Bien, pas parce que
nous sommes des antimédecins, voyons, le chirurgien peut nous sauver la
vie, lundi. Non. C'est parce qu'un très grand nombre d'infirmiers et
d'infirmières peuvent accomplir ici, maintenant, la plupart des
actes réservés aux médecins. Il est temps de donner
à cet individu le titre d'infirmier spécialisé. Ça,
ce serait très transparent. Ça, c'est quelque chose de
très fort. Il faut modérer, évidemment. Il y a toutes
sortes de moyens pour modérer ce corporatisme, et puis...
Le Président (M. Philibert): Je vous inviterais à
conclure parce qu'on a un problème.
M. Baugé-Prévost: Oui, je vais conclure. Merci.
Oui, je le sais. Oui, oui.
Le Président (M. Philibert): On a beau être
tolérant et laisser étirer le temps, le temps n'est pas comme un
élastique; il ne se rétracte pas.
M. Baugé-Prévost: Ah oui, j'ai couru toute la
journée. Là, je le sais, je cours encore, tiens!
Il y a trois points, il y a trois recommandations qu'on fait. Bien
sûr, la première recommandation, c'est dans le sens du changement
ou de l'amendement de la Loi médicale. Deuxième recommandation,
bien, il faut considérer que la médecine classique dite
allopathique ou officielle, c'est une médecine, entre autres. On est des
adultes, nous autres, là. C'est une médecine, entre autres,
parvenue, bien sûr, à un pouvoir démesuré et, vous
le savez, si rien n'est fait, là, nous sommes des fichés et des
fichus de la médecine. Si rien n'est fait, cette
médecine-là deviendra sous peu un véritable cancer social
parce qu'on va se lancer dans la promotion des banques d'organes, dans la
promotion du médicalis-me.
Nous recommandons au ministère de la Santé et des Services
sociaux la création d'une nouvelle loi ou d'un nouveau règlement
sur la protection de la santé publique, qui mettrait enfin le citoyen
à l'abri des exactions médicales il y en a beaucoup,
d'exactions médicales des corporatismes aliénants, de tout
le charlatanisme légal ou illégal, ensemble axés sur le
citoyen appelé à devenir adulte, c'est-à-dire libre et
responsable en matière de rétablissement de la santé. Nous
recommandons à l'Office des professions de réviser ses positions
concernant son avis officiel sur les thérapies alternatives, examen qui
mènerait à la création d'une corporation professionnelle
des naturothérapeutes jouissant d'une entière autonomie, non
dépendante d'une autre corporation, et je m'arrête
là-dessus.
Le Président (M. Philibert): Alors, merci, monsieur...
M. Baugé-Prévost: Baugé-Prévost.
Le Président (M. Philibert): ...M.
Baugé-Prévost. Alors, M. le ministre.
M. Baugé-Prévost: Ba. Je ne suis pas rendu à
Be encore.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Première question: Est-ce que je me trompe si je dis
qu'à la lecture de votre document ça ferait bien votre affaire si
on abolissait l'Office des professions?
M. Baugé-Prévost: Si l'Office des professions...
Voyez-vous, le comportement de M. Mulcair qui nous dit, par exemple, qu'on a
collaboré à l'avis pour en arriver à l'enquête,
enquête qui a abouti à un avis de l'Office des professions sur les
médecines dites douces. Nous avons collaboré de bonne foi avec
l'Office des professions, mais nous nous sommes rendu compte que ces
gens-là étaient plus ou moins télécommandés.
Quand M. Mulcair dit que, oui, bien sûr, les médecines que vous
dites douces, parce que c'est faux de parler en termes de médecines
douces, c'est faux... Il dit que c'est sous la couverture de l'innocuité
générale que l'Office des professions recommande de donner les
médecines douces à tous les agréés
déjà reconnus par lui, hein? On dit: Ce n'est pas grave, on va
donner ça à tout le monde, mais surtout à tous les
agréés déjà reconnus par lui. Alors, on sait ce que
ça signifie, ça. Si vous donnez les thérapies alternatives
aux médecins, vous savez ce que ça va devenir. Ça va
devenir des thérapies gadgets. Enfin, la même chose pour la
physiothérapie. Si vous dites: Bien, seul le physiothérapeute
pourra donner des massages vraiment certifiés et qualifiés, bien,
vous allez faire un manque justement à la liberté de la personne,
et le citoyen vraiment encore sera infantilisé là-dessus.
Alors, nous avons dit au ministre Raymond Savoie, dans une lettre,
d'ailleurs, que l'avis de l'Office des professions était biaisé
et même dommageable pour l'évolution de la santé publique.
Alors, nous autres, entendons-nous bien, on est d'accord qu'il y ait un Office
des professions, mais, si ça constitue une machine à chasse
gardée, bien, là, d'accord, il vaut mieux l'abolir. Même,
M. le ministre, on aimerait bien faire partie de cet office-là en tant
que corporation professionnelle, et nous sommes prêts aussi à
collaborer au financement de l'Office des professions parce qu'il serait temps,
là, que ces individus nous autres, on sait ce que ça
signifie, nous faisons beaucoup avec peu que l'Office des professions
s'autofinance.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous faites un constat
très critique de notre système, et je pense que c'est
très, très dur. Bon, j'imagine que, si vous l'avez écrit
et que vous nous l'avez dit, c'est parce que vous le pensez.
M. Baugé-Prévost: On l'a vécu, M. le
ministre, M. Côté (Charlesbourg): Bon, oui. M.
Baugé-Prévost: Nous le vivons.
M. Côté (Charlesbourg): Médecins
bureaucrates, bon...
M. Baugé-Prévost: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Beaucoup de
médicaments. Finalement, quand vous parlez de drogués,
là...
M. Baugé-Prévost: Ah! Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...ce n'est pas juste en
fumant.
M. Baugé-Prévost: La drogue légale, bien
sûr. M. Côté (Charlesbourg): C'est aussi beaucoup...
M. Baugé-Prévost: Ah oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...avec le traitement par
médicaments. Vous admettez quand même qu'il y a des bons
côtés, parce que j'ai senti...
M. Baugé-Prévost: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...qu'à la fin de
votre intervention, si, lundi, on a besoin d'un chirurgien...
M. Baugé-Prévost: Bien oui, c'est entendu.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Est-ce que vous situez
ça, ces carences, selon votre opinion, de notre médecine,
davantage au niveau des omnis? Parce que, quand on parle d'un chirurgien, on va
dans les spécialités. Je veux dire, demain matin, si on croit
à l'utilité d'un chirurgien, on va devoir croire à
l'utilité d'un anesthésiste parce que ça va de pair et,
finalement, on pourrait prendre toutes les spécialités, puis
dire: Oui, elles sont utiles. Donc, on ramène votre critique
c'est un peu ce que j'ai senti, là au niveau des omnis, parce que
vous dites: On devrait faire en sorte que les omnis d'aujourd'hui soient des
infirmiers ou des infirmières.
M. Baugé-Prévost: Spécialisés, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Spécialisés.
M. Baugé-Prévost: Pour nous autres, c'est une
spécialisation, cette pratique.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que, historiquement,
les médecins ont empiété sur le champ de pratique des
infirmiers ou infirmières ou descendu dans des actes? C'est ça
que ça veut dire, en réalité.
M. Baugé-Prévost: C'est parce qu'ils sont devenus,
surtout, des techniciens, des droguistes qui, au cours des âges... C'est
très récent, l'allopathie moderne, entre guillemets, bien
sûr. On ne sait plus comment la nommer, cette médecine-là.
C'est une médecine technicienne et drogueuse, ça, c'est la base,
reliée à l'empire que vous connaissez bien, l'empire
pharmaceutique mondial, qui a ses allées et venues partout, ses espions
et...
M. Côté (Charlesbourg): Je veux...
M. Baugé-Prévost: ...son service de
répression.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, j'ai beaucoup entendu
à force d'en discuter à gauche et à droite, y
compris en commission parlementaire sur la réforme, parce qu'on avait
ouvert des portes, à ce moment-là des représentants
de médecins venir nous dire autour de la table que, oui, il y a un
commerce de pilules, une industrie de la pilule, mais il y a aussi une
industrie des plantes dites naturelles. Certains affirmaient qu'il y avait,
dans ce domaine-là aussi, beaucoup de conséquences pas à
tout ce qui est naturel, mais à un certain nombre de plantes qui peuvent
être apparentées aux produits naturels que les gens consomment, et
que les gens aussi peuvent à la fois se droguer ou s'infliger des
conditions qui nécessiteront l'intervention du médecin
tantôt. Je ne sais pas ce que vous en pensez, là.
M. Baugé-Prévost: Moi, bien oui, je suis d'accord
avec vous. C'est pourquoi on demande que soit créée une
corporation professionnelle des naturothéra-peutes parce que,
contrairement à ce que M. Mulcair a dit, ce n'est pas inoffensif de...
D'abord, je vais vous énumérer cinq points concernant les
préjudices qui peuvent être causés aux citoyens, justement,
à cause de l'incompétence d'un naturothérapeute ou d'un
faux naturothérapeute, vous en êtes témoins,
même.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Qu'est-ce que c'est
qu'un faux naturothérapeute?
M. Baugé-Prévost: Un faux
naturothérapeute?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
(21 h 10)
M. Baugé-Prévost: Bien, au départ, on va
définir ce que c'est qu'un naturothérapeute, hein? Vous avez un
des auteurs, ici, et nous avons fait reconnaître notre néologisme
par l'Office de la langue française, et ça le dit,
«naturothérapeute», c'est un thérapeute qui soigne
naturellement, qui soigne naturellement qui? Une nature humaine, donc, un
individu qui a une âme, un corps, un esprit. Qu'est-ce que ça
fait, un naturothérapeute? Ça soigne d'abord et avant tout pas
des bobos; ça soigne une personne qui est mal en point. On sait
très bien que les troubles fonctionnels...
Si vous voulez savoir ce que c'est, des troubles fonctionnels, ce n'est
pas compliqué, quoi! Ce sont des
douleurs vagues que tout le monde ressent: des troubles digestifs, des
insomnies, quoi! Ce sont toutes des choses banales, ça. Et, tout
ça, ce sont des troubles fonctionnels, puis l'affaire des troubles
fonctionnels, c'est que ça change, ça se modifie, puis porter un
diagnostic sur des troubles fonctionnels, ça peut induire en erreur,
justement, dans le fait de traiter l'individu. Parce qu'un diagnostic
médical qui s'applique aux troubles fonctionnels, pensez-y un instant,
c'est déterminer une maladie et puis lui donner un remède
spécifique.
Or, si l'individu souffre d'insomnie, entre nous écoutez,
on est des adultes en matière de santé, nous autres, on le sait,
vous le savez est-ce qu'il souffre vraiment d'insomnie? N'est-ce pas un
symptôme, une manifestation? Son gros bobo, là, ses gros
dérangements, ses souffrances, ce n'est pas au niveau de ses
états d'âme, peut-être de sa famille? Et puis il y a encore
plus que ça, ça peut aller plus loin. Le type qui souffre
d'insomnie, ce n'est pas parce que, à un moment donné de sa vie,
de son évolution, il est malade de lui-même? Alors, d'où
vient cette folie furieuse de chercher à tout prix un diagnostic pour
des troubles fonctionnels?
Quand il s'agit de troubles organiques, on réfère au
médecin. Notre société, notre trésor public, a
favorisé ce système d'urgence là, mais il faut le
circonscrire dans son domaine d'urgence. Dès l'instant où il
devient la médecine quotidienne de millions d'individus, bien, c'est un
drame. Alors, il y a des préjudices économiques quand un
naturothérapeute n'est pas, justement, qualifié, puis ne
travaille pas conformément au code de déontologie.
Le Président (M. Philibert): En conclusion.
M. Baugé-Prévost: II peut y avoir aggravation de
l'état de santé d'un individu qui jeûne. Alors, il faut
être compétent pour surveiller les jeûneurs. Il faut
être compétent pour donner des massages, parce que savez-vous
qu'il y a des contre-indications aux massages? On ne peut pas masser comme
ça n'importe qui. On peut aggraver l'état de la personne. Et puis
il y a une confidentialité exposée à la convoitise.
Ensuite, le fait, comme dit M. le ministre, d'administrer abusivement des
vitamines, des sels minéraux, puis des plantes médicinales, cela
n'est pas sans danger. Alors, nous autres, on le dit toujours: II faudrait que
le gouvernement, le législateur nous encourage habilement, nous accorde
au moins ce minimum-là, c'est-à-dire une collaboration
professionnelle, un titre réservé. Avec ce peu-là, nous
allons faire beaucoup. On le verra, si jamais on nous l'accorde, un jour. Vous
verrez ce qu'on peut faire avec ça.
Le Président (M. Philibert): Sur ces cinq points que vous
venez d'énumérer, on va passer la parole à
l'Opposition.
M. Trudel: Merci. Au nom de l'Opposition, M.
Baugé-Prévost, Mme Beauchamp, bonsoir. M.
Baugé-Prévost: Bonsoir, monsieur.
M. Trudel: Quand on représente l'Ordre des
naturothérapeutes du Québec inc., on représente combien de
personnes et, chez vous, c'est quoi, ça, l'Ordre? On est membre de
l'Ordre des naturothérapeutes du Québec? Et quels sont les
critères d'admission?
M. Baugé-Prévost: Oui, on est membre de l'Ordre des
naturothérapeutes du Québec, certainement.
M. Trudel: Combien de personnes?
M. Baugé-Prévost: Ah! On serait des milliers,
aujourd'hui. On serait des milliers. Écoutez, nous autres, on a
formé nombre d'acupuncteurs, nombre de chiropraticiens. Vous savez,
nombre de ceux qui ont conservé l'ancienne appellation
«naturopathe» et qui l'ont réduite à un vulgaire
commerce de tisanes, là. Écoutez, que voulez-vous, on ne peut pas
toujours contrôler. Justement, on n'a pas de possibilité de
contrôler l'évolution de notre profession. Alors, on serait des
milliers, aujourd'hui, mais...
M. Trudel: O.K., mais... Écoutez...
M. Baugé-Prévost: Micheline peut vous dire
combien.
M. Trudel: O.K.
M. Baugé-Prévost: Le nombre, maintenant?
M. Trudel: Bien, je veux dire, c'est l'Ordre. Oui, l'Ordre.
Mme Beauchamp (Micheline): Maintenant, à date, à
peu près 300 bien, disons, 392 qui sont...
M. Trudel: O.K. Il y a des critères d'admission, chez
vous?
Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: Qui tournent autour de?
Mme Beauchamp: Bien, disons qu'il faut quand même faire une
entrevue avec la personne. Il faut rencontrer la personne, il faut voir
où elle a eu sa formation, qu'est-ce qu'il en est, puis il y a des
examens, c'est sûr, à passer et aussi on est une école de
formation. Ça fait que c'est certain que, si les gens... On est quand
même, d'essence, fondateurs. Ça fait qu'il faut quand même
savoir de quoi on parle. Ça fait que, les gens, c'est sûr qu'il y
a probablement une formation, mais ça ne veut pas dire qu'on
éloigne tous les gens qui
ont eu des formations un peu partout.
M. Baugé-Prévost: Voyez-vous, ce qui arrive, c'est
qu'on exige une période de formation qui s'échelonne sur six ans,
sauf qu'il y a plusieurs individus, il y a plusieurs personnes qui ont
étudié à l'étranger. Déjà, il y a des
gens qui ont des pratiques, qui ont étudié un peu partout. Alors,
ils arrivent chez nous avec un bagage. On vérifie jusqu'à quel
point ils l'ont, le bagage en question, nécessaire pour rendre service
aux citoyens, et il y a un code de déontologie. Ça, c'est
fondamental. L'individu qui ne respecte pas le code de déontologie est
passible de poursuites, et c'est le fait.
Mme Beauchamp: Ah, c'est le fait.
M. Baugé-Prévost: Ça réussit assez
souvent. On poursuit les gens. Ça réussit quand même. Ce
n'est pas trop mal.
M. Trudel: Contez-moi ça. Racontez-moi ça.
Mme Beauchamp: Oui, oui, on a un avocat qui travaille avec nous
dans ce sens-là. Je veux dire, on fait des mises en demeure, puis
ça fonctionne parce qu'on en a quand même.
M. Trudel: Reprenons ça parce que vous comprenez que
l'examen de la commission, ça vise, je le souhaite, à encadrer
législativement les thérapies alternatives. Bon. Et, comme on a
un mode connu qui est celui du corporatisme professionnel, du Code des
professions, et un certain nombre d'autres pratiques, il faut examiner ces
autres pratiques. Alors, chez vous, vous dites: II y a des gens qui sont
membres...
Mme Beauchamp: Oui. O.K.
M. Trudel: ...disons 300, aux alentours, et il y a un code de
déontologie...
Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: ...qui a été adopté, et vous
faites des poursuites légales?
Mme Beauchamp: Oui. M. Baugé-Prévost: Oui. Mme
Beauchamp: Oui. M. Baugé-Prévost: Et ça
fonctionne.
Mme Beauchamp: Même dans nos membres, à nous autres,
s'il y a un manque au code de déontologie, c'est certain. Il y a des
mises en demeure qui se font, et c'est respecté.
M. Baugé-Prévost: II y a des amendes qui se paient
aussi, certainement.
M. Trudel: Et les sanctions sont des amendes allant
jusqu'à l'exclusion de votre Ordre?
M. Baugé-Prévost: Oui, absolument. Mme
Beauchamp: Oui, exact.
M. Baugé-Prévost: Exclusion à vie, ah oui.
Nous sommes très sévères là-dessus parce que, pour
nous autres, je vous dis sincèrement, c'est vraiment la personne
elle-même qui a été tellement maltraitée au cours
des âges, qui est tellement mêlée...
M. Trudel: Je veux dire, c'est sur un principe... M.
Baugé-Prévost: Oui.
M. Trudel: ...je vais appeler ça, entre guillemets, de
justice privée. Je veux dire, ce n'est pas devant les tribunaux,
ça va de soi, parce qu'il n'y a pas de reconnaissance par l'appareil
d'État.
Mme Beauchamp: Non, non, mais, nous autres, c'est à
travers nos membres, dans le fond. Nous autres, notre Ordre, on le respecte.
Oui.
M. Baugé-Prévost: Ça reste au niveau
juridique. Oui, on a quand même un conseiller juridique.
Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: Non, mais, je veux dire, l'infraction dont quelqu'un
est coupable...
Mme Beauchamp: Oui, oui, mais c'est au niveau de la santé
du public. C'est important pour nous aussi.
M. Baugé-Prévost: C'est important de...
M. Trudel: Oui, mais ce n'est pas le sens de ma question, au
départ. Juste pour bien comprendre la mécanique, dans le fond,
vous dites: Quand vous êtes membre de notre association, de
l'Ordre...
Mme Beauchamp: Oui. Oui.
M. Trudel: ...vous devez respecter le code de déontologie
suivant.
M. Baugé-Prévost: C'est ce qu'il y a de plus
important.
Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: Quelqu'un qui ne le respecte pas est
passible d'une amende ou d'une poursuite. Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: Enfin, une poursuite, il ne faut pas abuser des mots,
là, il est passible de sanctions de la part de l'organisme qui s'appelle
l'Ordre des naturothé-rapeutes du Québec.
Mme Beauchamp: Oui.
M. Trudel: Alors, vous citez à votre comité de
discipline...
M. Baugé-Prévost: Oui. Mme Beauchamp:
Exact.
M. Trudel: ...interne à l'Ordre cette personne qui,
à ce moment-là, a à exposer son point de vue, et des
sanctions s'ensuivent. C'est ce que vous faites?
Mme Beauchamp: Oui. M. Baugé-Prévost:
Oui.
M. Trudel: Est-ce que vous accueillez également les
plaintes du public?
Mme Beauchamp: Bien oui. Ça vient de là, au
départ. C'est souvent, des fois, le public qui s'est plaint qu'il est
allé voir un thérapeute et qu'il s'est passé telle chose
ou telle chose qui était contre le code de déontologie.
Qu'importe, ça pourrait être juste de demander des traitements
anticipés, ce qui est contre notre code de déontologie. Mettons,
vous allez voir un thérapeute, et il vous dit: Là, ça vous
prend 10 traitements et il faut que vous me payiez ça d'avance, c'est
contre notre code de déontologie et ce n'est pas vrai que ça
prend 10 traitements. Ce n'est pas comme ça. Ce qui fait que, la
personne, elle peut avoir une sanction, une mise en demeure. Oui, il y a des
sanctions assez sévères.
M. Trudel: Je n'ose pas vous demander, avec la description que
vous avez faite de la médecine officielle, si vous vous
considérez comme complémentaires à la médecine, ce
que j'ai posé à d'autres groupes.
M. Baugé-Prévost: Non, c'est tout à fait
l'inverse. Non, la médecine humaine tout court, la médecine
naturelle, simple, quoi, c'est la médecine naturelle, quoi! C'est
celle-là, la médecine humaine.
M. Trudel: La question suivante... Évidemment, ce n'est
nettement pas en termes de complémentarité avec la
médecine.
M. Baugé-Prévost: Alors, c'est l'autre qui est
complémentaire, ce qui compléterait, dans des cas d'urgence, de
traumatisme, de troubles organiques, de catastrophe. Oui, celle-là, elle
est complémentaire.
M. Trudel: Est-ce que vous vous décririez plus comme des
spécialistes de la prévention en accord avec les principes, entre
guillemets, naturels de vie? (21 h 20)
M. Baugé-Prévost: Oui. C'est ça qui nous
intéresse. Notre terrain...
Le Président (M. Philibert): Réponse très,
très...
M. Baugé-Prévost: Notre terrain principal, c'est
la...
Le Président (M. Philibert): Une minute, s'il vous
plaît. Réponse très rapide, parce que le temps est
terminé.
Mme Beauchamp: Oui.
M. Baugé-Prévost: D'accord. Notre terrain
principal, bien sûr, c'est la prévention, mais on n'oublie pas,
quand même, l'aspect curatif. Ça, c'est notre affaire.
M. Trudel: Merci. Mme Beauchamp: O.K.
Le Président (M. Philibert): Alors, merci pour votre
prestation.
Une voix: Merci bien.
Le Président (M. Philibert): J'invite maintenant la
Société québécoise d'hypnose à s'approcher.
Je vous rappelle que notre temps est d'une demi-heure: 10 minutes pour la
présentation et 20 minutes de questionnement. Et, pour donner la chance
à la commission de faire le plus de travail possible avec chacun des
groupes, j'invite les participants à essayer de synthétiser leurs
réponses et à essayer également, du côté de
l'Opposition comme du gouvernement, de synthétiser les questions, de
telle sorte qu'on puisse respecter l'horaire.
Alors, si vous voulez présenter la personne qui représente
votre association, votre société, de même que la personne
qui vous accompagne.
Société québécoise
d'hypnose (SQH)
M. Côté (Clermont): D'accord. Bonsoir. Je m'appelle
Clermont Côté. Je suis un psychologue qui utilise l'hypnose, et
Michel Vézina est mon collègue, psychologue également qui
utilise l'hypnose. On est membres, tous les deux, de la Société
québécoise d'hypnose. On va commencer par préciser c'est
quoi, cet
organisme-là. C'est une société savante, en quelque
sorte, qui s'intéresse à deux choses: premièrement, le
développement scientifique des connaissances sur l'hypnose;
deuxièmement, ça s'occupe de formation par des colloques, des
journées de formation et des journées d'études.
C'est essentiellement formé de professionnels de la santé.
Jusqu'à maintenant, pour le moment, ce sont des médecins, des
dentistes et des psychologues. Il y a environ 150 membres, dont 80
psychologues, 55 dentistes, 15 médecins, mais, à travers le
temps, il y en a eu d'autres. Notre nombre a pu toucher 300 personnes à
peu près, sur les 25 ans de l'organisme. On est relié
étroitement à la Société internationale d'hypnose
qui est étroitement reliée aux universités. Donc, on
s'intéresse, d'abord et avant tout, au développement scientifique
des connaissances qui se font en hypnose. Comme l'hypnose a déjà
été fort utilisée dans le temps de Freud, Breuer, etc., et
que ça a été, dans le temps, quelque peu
délaissé, ça revient à la mode, c'est de ça
que j'aimerais vous parler.
La particularité de l'hypnose puis il y a un paradoxe
à travers l'hypnose ce n'est pas une simple application d'une
technique; le contexte général et spécifique est
très important pour ce qui est de l'utilisation de l'hypnose. Autrement
dit, c'est ça qui est paradoxal, l'hypnose, c'est une technique
niaiseuse, très simple à acquérir. Tout le monde pourrait
acquérir ça en 30 heures, 50 heures. J'ai même eu un client
qui était en travail social qui a appris l'autohypnose à travers
un livre. Quand, moi, je suis arrivé comme psychologue pour l'aider,
puis que je lui ai proposé, peut-être, l'autohypnose, là,
il a «bad-tripé» raide, parce qu'il avait essayé
ça à travers un livre. Il apprit ça lui-même
à travers un livre. Il a «bad-tripé». Bon. Donc,
c'est ça qui est paradoxal. C'est une technique qui est très
simple d'apprentissage, mais, en même temps, le contexte dans lequel
l'utilisation doit se faire est éminemment important.
Si je prends une définition qui est fournie par l'Association
médicale canadienne une traduction libre, si vous permettez,
là, mon niveau d'anglais est tel que tel l'état hypnotique
est une condition anormale de l'organisme humain, caractérisé par
la présence d'une variété de phénomènes
psychologiques et physiologiques particuliers et reliés à
l'individu et à la profondeur qu'on peut atteindre de l'état
hypnotique, parce que ça varie d'un individu à l'autre.
Qu'en est-il de la nature scientifique de l'hypnose? L'induction
délibérée d'un état hypnotique est loin
d'être une procédure banale et, de ce fait, ne doit être
utilisée que par des personnes dont l'entraînement spécial
les rend aptes à comprendre parfaitement et à maîtriser la
plupart des aspects de cette condition fort complexe. Et là je reviens
toujours à mon paradoxe, c'est très facile d'apprentissage; dans
l'utilisation, on peut se fourvoyer.
Puis, ça, c'est toujours par rapport attendez une minute,
là à l'Association médicale canadienne. On ajoute
qu'un médecin qui utilise l'hypnose doit, au préalable,
connaître les principes de base de la psychiatrie et avoir un certain
entraînement. Donc, beaucoup de prudence. Avant de faire de l'hypnose,
une évaluation de l'état mental et émotionnel du patient
ou du client est nécessaire. Entre autres, parmi ce qui peut être
difficile, ce qui peut avoir un effet secondaire négatif, il y a les
techniques d'exploration de l'inconscient et la régression d'âge
qui peuvent être des techniques qui entraînent des
séquelles. Entre autres, j'ai eu une cliente qui avait été
antérieurement chez une personne, dans la région du
Lac-Saint-Jean, et dans ce qu'elle avait connu de l'hypnose, c'était des
régressions d'âge, et elle avait beaucoup braillé,
beaucoup, beaucoup, beaucoup braillé. On est revenu avec ça, on a
retravaillé ça. Donc, les techniques de l'exploration de
l'inconscient et les régressions d'âge peuvent et doivent
être faites avec un doigté exceptionnel. Le «rebirth»,
la même chose.
Bon, là, je n'irai pas dans toute l'utilisation des mots en
«eute»: thérapeutes et toutes ces affaires-là. Il y
en a en masse. Entre autres, ma corporation professionnelle, que vous allez
recevoir vendredi, va en parler abondamment dans son mémoire que je me
suis tapé. Ils en parlent abondamment. Ça fait que je vais
laisser toute cette problématique des «eûtes», les
hypnothérapeutes, les «eûtes», mettez-en.
Donc, dans ce sens-là, je voudrais insister davantage sur les
connaissances requises. Dans les connaissances requises, la
responsabilité clinique m'apparaît très évidente
autant pour les dentistes que pour les médecins et médecins
psychiatres et les psychologues. Donc, cette responsabilité clinique,
dépendant du champ d'action de chacun de ces professionnels-là,
est très importante; la confidentialité, il va sans dire. Chaque
corporation que j'ai nommée est soumise à son propre code de
déontologie, et une formation de base en pathologie est
évidemment très importante. Ça nécessite, à
mon avis, l'utilisation de l'hypnose, au niveau universitaire, pas tant pour
l'aspect technique que pour l'aspect de l'utilisation dans un contexte
élargi. C'est dans ce sens-là.
À ce propos-là et ça serait à peu
près ma conclusion; Michel va peut-être rajouter des choses
la Société québécoise d'hypnose pense puis
on a eu une conférence téléphonique là-dessus avant
de venir ici l'élargir à d'autres types de professionnels,
par exemple, les travailleurs sociaux qui veulent utiliser l'hypnose, les
infirmières. Par exemple, une infirmière qui est face à un
client qui a une phobie de la piqûre pourrait, dans un contexte
d'apprentissage adéquat de l'hypnose, utiliser cette
instrumentation-là, mais dans son domaine d'activité. C'est dans
ce sens-là que, tranquillement pas vite, au niveau de l'utilisation
scientifique de l'hypnose, on songe à ouvrir la voie à d'autres
types de professionnels. Ça va. Michel, as-tu des choses à
rajouter?
M. Vézina (Michel): Non, ça va.
Le Président (M. Houde): Vous avez terminé, tous
les deux, M. Vézina et... Je reconnais M. le ministre, d'abord, pour son
intervention.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. M. le
Président, j'avais une première question parce que, quand j'ai vu
médecins, dentistes, psychologues, j'ai dit: Pourquoi pas d'autres? Mais
vous avez en principe répondu à la possibilité
d'infirmières pour des raisons spécifiques que vous avez
évoquées ou quelqu'un d'autre, les travailleurs sociaux. Vous
dites, à un moment donné, que les charlatans devraient être
considérés, dans la mesure où ils le pratiquent, comme un
acte criminel parce que ça cause des préjudices.
M. Côté (Clermont): C'est le mémoire de notre
président.
M. Côté (Charlesbourg): Quels sont les
préjudices qui peuvent être causés? Première
question. Comme deuxième, parce que ça se suit dans l'ordre au
niveau du mémoire, vous dites que l'hypnose de scène devrait
être éliminée. Parce qu'on voit ça, les gens sont
davantage, je pense, émerveillés par le spectacle public qui est
un spectacle de scène. Alors, quels sont les préjudices qui
peuvent être causés dans des cas comme ceux-là?
M. Côté (Clermont): Ça, c'est une
envolée de notre président dans son mémoire. Pour ce qui
est de l'hypnose de scène, ce qui arrive comme séquelle...
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Il vous a
envoyé au front.
M. Côté (Clermont): C'est ça. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais vous n'êtes pas
sous hypnose, là?
M. Côté (Clermont): Non, non.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. C'est correct.
M. Côté (Clermont): Vous non plus, M. le ministre.
..
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. M.
Côté (Clermont): ...à cette heure-ci?
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais on se disait, par
exemple, quand on a vu l'ordre, que ça serait un bon moyen de terminer
la soirée.
Des voix: Ha, ha, ha!
(21 h 30)
M. Vézina: Je peux peut-être répondre
à la première partie de votre question: Quels sont les dangers?
Entre autres, un des dangers, c'est qu'on s'est aperçu et c'est
récent, parce que, dans les données scientifiques sur l'hypnose,
à mesure qu'on avance, on trouve des choses on vient de
découvrir, il y a à peine trois ans, le danger des fausses
mémoires retrouvées sous hypnose. Et, actuellement, il y a 2347
poursuites judiciaires qui ont été faites dû à des
fausses mémoires, prétextant des abus sexuels c'est un
exemple faits par des hypnologues non habilités. Ce n'est pas
l'outil, mais c'est l'intervenant qui n'est pas habilité à
décoder l'information reçue sous hypnose. Je vous donne un
exemple de comment on peut fabriquer une fausse mémoire, si ça
vous intéresse, sous hypnose.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, ça
m'intéresse, ça, oui. Ce n'est pas parce que j'ai
été victime, là, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...on parle de
prévention, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous voulez contrôler le
phénomène.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Houde): Vous avez cinq minutes pour nous
l'expliquer, si vous voulez.
M. Vézina: Je vais être plus court que cinq
minutes.
Le Président (M. Houde): D'accord.
M. Vézina: Je vais changer d'exemple, des abus sexuels. Je
vais prendre comme exemple une recherche qu'on fait actuellement à
Concordia. C'est qu'on place les individus devant un film où un hold-up
se passe dans une banque et on demande à l'individu d'identifier le
bandit, la personne qui fait le hold-up. Une fois que la personne l'a bien
identifié, on lui suggère, avant l'hypnose: Tu n'as rien
remarqué d'autre? Non. Tu n'as pas remarqué une cicatrice sur la
joue gauche? Non. O.K. On place l'individu sous hypnose et, sous hypnose, on
lui demande de décrire qu'est-ce qu'il a vu sur le film
précédemment; il décrit tout, et l'hypnotiseur a juste
à dire: Et tu n'as rien remarqué d'autre? Ah oui, il avait une
cicatrice sur la joue gauche. Troisième partie de l'expérience:
on replace la personne en état d'éveil, c'est-à-dire sans
hypnose, et on lui demande de décrire ce qu'elle a vu, et la personne
décrit ce qu'elle a vu, et, en même temps, on lui montre le film,
et, en regardant le film, la personne dit: Ce n'est pas le film que j'ai vu,
parce que, dans le film que j'ai vu, la personne avait
une cicatrice sur la joue. C'est ça, fabriquer une fausse
mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, O. K. Ah bon. Le
Président (M. Houde): Allez, M. le ministre.
M. Trudel: Vous pensez que, dans le cas de spécialistes
à travers le Québec...
M. Côté (Charlesbourg): Oui Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous dites, dans le
mémoire, qu'il faut bannir l'enseignement de l'hypnose dans les cours de
philosophie.
Une voix: Oh boy!
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est encore
votre président, là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): O. K. Alors...
M. Côté (Clermont): Non, c'est parce que,
effectivement, comme je suis prof de cégep, il s'enseigne...
M. Côté (Charlesbourg): Quel problème vous
avez avec votre président, là?
M. Côté (Clermont):... beaucoup de choses dans les
cours de philo.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Clermont): Et c'est bien possible que
quelqu'un ait mentionné qu'il s'est enseigné une partie
d'hypnose. Ça, c'est bien possible que ça puisse s'être
fait dans un cégep; ça fait 22 ans que j'enseigne dans les
cégeps.
M. Côté (Charlesbourg): Surtout en philosophie. On
va envoyer ça à Mme Robillard.
M. Côté (Clermont): Ça, c'est bien
possible.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous êtes pour ça, vous!
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! O. K. Il est
fait état de l'expérience de l'Utah...
M. Côté (Clermont): Oui, l'État de l'Utah,
oui.
M. Côté (Charlesbourg):... dans le mémoire.
Et ce que vous souhaitez, c'est qu'en principe on s'inspire de... Et de quoi
d'autre dans l'Utah? Qu'est-ce que c'est? On a beau parler de l'Utah,
là, mais j'aimerais avoir un petit peu plus de détails,
là.
M. Côté (Clermont): Dans le fond, c'est
l'intégration de l'utilisation de l'hypnose par les professionnels de la
santé.
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'est une loi? M.
Côté (Clermont): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une loi
spécifique qui est faite et c'est un peu de là que vous tirez
votre inspiration...
M. Côté (Clermont): C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg):... en disant: Il devrait y
avoir une loi quant à l'utilisation de l'hypnose.
M. Côté (Clermont): C'est ça, c'est dans ce
sens-là qu'on souhaiterait voir arriver... Parce que l'utilisation de
l'hypnose... On va revenir à l'hypnose de scène, O. K. ? Ce que
ça a comme effet, ce n'est pas un effet maléfique immense, parce
que c'est très souvent des sujets faciles qu'on trouve dans la salle, et
on leur fait faire des niaiseries. Le problème, c'est quand... Bien,
c'est ça, dans le fond...
M. Côté (Charlesbourg): Mais comment...
M. Côté (Clermont): Moi, j'ai assisté
à quelques...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Des sujets faciles,
parce que vous les repérez, ou...
M. Côté (Clermont): Oui, oui, oui, et il y a des
techniques niaiseuses qui font que tu peux...
M. Vézina: Un indice de suggestibilité facile
à reconnaître.
M. Côté (Clermont): Oui, oui, à
reconnaître, puis, à ce moment-là, ces gens-là, on
leur fait faire des choses sur scène.
M. Côté (Charlesbourg): Faites donc le tour de la
salle...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Clermont): Ah non, là, on va
faire...
M. Vézina: Tout le monde sauf vous.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Tout le
monde...
M. Vézina: ...sauf vous.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
Le Président (M. Houde): On va tirer au sort et...
M. Côté (Charlesbourg): Si vous avez compris, tout
le monde sauf moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II a dit: Ça en prend
un pour faire la loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Mais ce que je
comprends, c'est que, sur la scène, il n'y a pas de conséquences
dramatiques.
M. Côté (Clermont): Non, il n'y a pas de
conséquences dramatiques. Ce qu'il y a, c'est que la façon par
à-coups de voir l'hypnose, ça, c'est différent. Les gens
voient l'hypnose, à ce moment-là, d'une façon... Lorsqu'on
pourrait l'utiliser d'une façon bénéfique pour les
clients, à ce moment-là, il y a une partie de notre
clientèle, une partie des gens qui, face à ça,
réfère immédiatement à ces espèces de
scènes. C'est là que ça a un effet plus ou moins
bénéfique par référence.
M. Côté (Charlesbourg): Dernière petite
question. Votre président, comment est-il choisi?
M. Côté (Clermont): II faut dire que notre
président, c'est un dentiste qui est excellent dans l'utilisation de
l'hypnose du côté de la dentisterie. Excellent. C'est un des
individus qui connaît le plus la question de l'hypnose lorsqu'il y a
douleur et il s'en tient à ça, mais, pour lui, en dehors de
ça, en dehors de l'orthodoxie professionnelle, il n'y a point de salut.
C'est là-dessus qu'il en a mis peut-être un peu épais,
mais, dans le fond, l'utilisation de l'hypnose, pour lui, c'est une utilisation
professionnelle vraiment pointue. C'est dans ce sens-là pour lui.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Je vais
passer la parole maintenant au député de
Rouyn-NorandaTémiscamingue.
M. Trudel: Lorsque vous parlez de votre président, vous
parlez de votre président des psychologues.
M. Côté (Clermont): Non, le président de la
Société québécoise d'hypnose. Non, non, moi, ici,
je représente la Société québécoise
d'hypnose. Notre président de la corpo des psychologues, ça,
c'est vendredi.
M. Trudel: En vous souhaitant la bienvenue. Quand on vous
interroge, on hésite toujours à vous regarder dans les yeux, je
ne sais pas pourquoi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Houde): II n'y a rien là.
M. Trudel: Dans les recommandations que vous nous faites,
d'abord, dans la description...
M. Côté (Clermont): Oui.
M. Trudel: ...en tout cas, j'apprécie que vous nous
donniez une définition qui, de ce qu'on connaît de l'approche de
l'hypnose, serait une bonne description simple, c'est une technique, c'est un
instrument...
M. Côté (Clermont): Oui. M. Trudel: ...et pas
plus... M. Côté (Clermont): Non.
M. Trudel: ...c'est-à-dire que ce n'est pas une
école de vie, ce n'est pas une école de pensée, ce n'est
pas une discipline...
M. Côté (Clermont): Non, non, ce n'est pas une
philosophie.
M. Trudel: ...scientifique, etc. À cet
égard-là, vous faites une recommandation, plus tard, en disant:
Pour éviter le charlatanisme, les abus, il faudrait que ce soit
réservé à des professionnels; d'où l'importance de
réserver la formation en hypnose à des professionnels reconnus
dont l'appartenance à des corporations professionnelles assure
déjà la responsabilité, seul gage réel de la
protection du public. Vous voulez dire qu'en matière de thérapie
alternative, puisqu'on s'interroge là-dessus ici, l'hypnose, quant
à vous, devrait être réservée, en termes de
technique d'utilisation, à des professionnels déjà membres
d'une corporation professionnelle reconnue suivant nos législations.
C'est ça que vous voulez dire?
M. Côté (Clermont): En termes de protection du
public, c'est très simple, à ce moment-là. On ne complique
pas les choses outre mesure. Comme ça peut causer des préjudices
à cause du contexte dans lequel ça peut être
utilisé...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Clermont): ...thérapeutique
j'entends, surtout en psycho, surtout au niveau de la santé mentale,
dans ce sens-là, une façon de simplifier les choses serait de
faire en sorte que les corporations professionnelles conservent le
phénomène de chien de garde dans la société en
termes d'utilisation de cette technique-là. Alors, autrement dit, ce
serait à la corporation des infirmières de faire en sorte qu'une
infirmière, si elle utilise l'hypnose, ce soit dans son champ d'action
d'infirmière et qu'elle ne se mette pas à faire de
psychothérapie, en tout cas dans...
M. Trudel: Alors, vous n'êtes donc, dans ce
sens-là...
M. Côté (Clermont): C'est dans ce
sens-là.
M. Trudel: ...pas d'accord avec la reconnaissance des
hypnologues, de la profession d'hypnotiseur en soi. Vous dites: On n'a pas
à reconnaître un thérapeute, un hypnologue qui utiliserait
l'hypnose comme technique en soi pour traiter...
M. Côté (Clermont): N'importe quoi. M. Trudel:
...un individu.
M. Côté (Clermont): Moi, je pense que c'est un
danger de faire ça parce que, au niveau de la formation, vous n'aurez
personne pour... Ça va de 30 heures à une possibilité de
n'importe quoi. Moi, j'ai pris ma compétence en hypnose à travers
l'hypnose ericksonienne qui est une façon d'utiliser l'hypnose issue de
M. H. Erick-son qui est un psychiatre américain.
M. Trudel: Oui.
(21 h 40)
M. Côté (Clermont): À ce moment-là,
j'ai reçu une bonne part de ça du Dr Jean Godin qui est un
psychiatre français parce que, en France, c'est très
utilisé, l'hypnose, par le corps médical. Et le Dr Godin est venu
faire ici au Québec, à Québec même, des sessions de
formation que j'ai organisées. Et, dans ce sens-là, la
Société québécoise d'hypnose aussi donne de la
formation. Ça peut varier de 30 heures à 60 heures, 90 heures,
etc. À ce moment-là, est-ce que quelqu'un qui a 60 heures de
formation en hypnose traditionnelle, par exemple et c'est possible, il y
en a très facilement qui font ça, j'en connais et j'ai même
connu un individu, que je connais très bien, qui était un de mes
amis, qui a fait ça, et c'est lui qui s'est brûlé. Il a
fait de la thérapie. Avant que je le connaisse, il faisait de la
thérapie. Il était en «burnout» quand je l'ai connu.
C'est aussi dangereux pour lui que ça peut l'être pour le public,
d'une certaine façon, de faire de la psychothérapie en utilisant
l'hypnose. L'hypnose, c'est un moyen d'action, mais le contexte, lui, ça
ne change pas. Une névrose obsessionnelle, ça reste une
névrose obsessionnelle. Et rien que pour apprendre c'est quoi une
névrose obsessionnelle dans toutes ses composantes, là-dessus, en
bas de 150 heures ou 300 heures... Juste pour ce tableau clinique, c'est tout
de suite un 150 à 300 heures, mettons, dans différentes
psychopathologies, etc. Ça, ça ne s'achète pas en 90
heures sur le coin d'une table en parlant d'une technique.
C'est dans ce sens-là que, pour répondre exactement
à votre question, à cause de toute la question de formation... La
question de formation, c'est variable à l'infini. La formation,
ça peut se donner 3 heures-semaine, 15 semaines. Il y a un premier
diplôme, il y a un deuxième diplôme qui peut se donner par
tel institut de je ne sais pas trop quoi, etc. J'ai vu toutes sortes de
diplômes de dévolus. Bon. C'est ça. Mais, dans ce
sens-là, si ce n'est pas connecté sur une formation de base
très élaborée, c'est là que ça devient
dangereux.
M. Trudel: Et vous dites à chacune des corporations
professionnelles concernées, tel que le dit l'Office des professions,
d'ailleurs, dans sa recommandation, d'encadrer la pratique de telles techniques
à l'intérieur du champ disciplinaire concerné.
M. Côté (Clermont): Oui, et de la formation
aussi.
M. Trudel: Et de la formation aussi.
M. Côté (Clermont): Et de la formation aussi, parce
que la formation universitaire sur l'hypnose, elle existe, mais elle n'est pas
élargie à un point tel que ça devrait et, dans ce
sens-là, c'est là que la Société
québécoise d'hypnose, via la Société internationale
d'hypnose, est un chien de garde scientifique et donne un minimum de formation
sérieuse. Voilà!
M. Trudel: Vous êtes des professionnels de la psychologie,
vous êtes psychologues, tous les deux. Vous pratiquez une technique qui
s'appelle l'hypnose. Vous avez aussi une troisième qualité, vous
êtes des citoyens et citoyennes du Québec. Quand l'État
s'interroge sur la reconnaissance des thérapies alternatives et la
protection du public, qu'est-ce que vous recommanderiez à l'État,
vous autres? Vous êtes des professionnels de la psychologie, d'une
dimension de l'être humain. Vous pratiquez une technique et vous venez
nous dire candidement: Eh bien, écoutez, ça existe comme
technique, mais faites attention aux charlatans et aux abuseurs et aux gens,
etc., et vous êtes des citoyens et citoyennes qui vivez avec ce
monde-là. Qu'est-ce que vous diriez à l'État quand on lui
demande de reconnaître les thérapies alternatives, d'encadrer ces
pratiques-là et de protéger le public? Une petite question
à cinq piastres et quart.
M. Côté (Clermont): Moi, j'ai lu le rapport de ma
corpo, de 45 pages, que vous allez recevoir vendredi. Ce que j'ai vu
là-dedans, c'est tout; ça va de la
chiro, qui est déjà reconnue dans une corporation
professionnelle, à comment tu appelles ça? Tu me corriges
à toutes les fois que je veux en parler l'hydrologie. C'est
l'hydrologie. Bon. Ça va à tout ça. En tout cas, c'est
tout ça.
M. Vézina: L'iridologie.
M. Côté (Clermont): L'iridologie. Bon. C'est quelque
chose que j'ai lu à quelque part. Donc, dans ce sens-là, les
thérapies alternatives, sous quel chapeau mettre ça au niveau de
la formation, du training, au niveau de la démarche scientifique? Parce
que, tantôt, j'ai entendu des choses sur la démarche scientifique.
Il y a moyen de mesurer... Parce que j'ai un de mes amis qui est en
parapsychologie et qui mesure, sérieusement parlant, les
phénomènes paranormaux, qui les mesure et qui nous a
expliqué, dans des colloques, dans des affaires, que tel genre de truc,
dans des maisons hantées ou quoi que ce soit, ce n'est pas
scientifiquement démontrable et ce n'est pas démontré. Et
il y a une démarche bien simple. Donc, c'est possible en acupuncture, en
chiro, dans des matières sérieuses. Comme aujourd'hui, j'ai une
mauvaise grippe et puis j'ai utilisé l'homéopathie auprès
d'une personne qui est pharmacienne, qui est en formation et qui...
Bon! Ce n'est pas facile. Moi, je suis citoyen et tout ça, j'aime
autant être à ma place qu'à la vôtre, en ce sens que
comment on fait c'est la quadrature du cercle, ça pour
encadrer des choses à la fois très sérieuses et puis
d'autres qui sont plus floues en termes d'encadrement au niveau de la
démarche scientifique, au niveau du training et de la formation? C'est
le problème que vous avez à résoudre. Félicitations
pour votre beau programme! Mais il y a des choses, je pense,
là-dessus... Dans notre mémoire de la corpo des psychologues, on
fait mention qu'aux États-Unis il existe toute une démarche
scientifique d'évaluation de plusieurs secteurs de la médecine
alternative. Il existe toute une démarche qui est en train... et il y a
sûrement des choses...
M. Trudel: En tout cas, vous ne nous dites pas: Hors du
scientifique, point de salut.
M. Côté (Clermont): Ah, bien non! M. Trudel:
Parfait.
M. Côté (Clermont): Non, non, la démarche
scientifique, dans les médecines alternatives, pourrait être
appliquée et il y a des choses intéressantes qui se font
là.
Le Président (M. Houde): On remercie beaucoup la
Société québécoise d'hypnose.
M. Trudel: Merci beaucoup.
Des voix: Merci beaucoup.
M. Côté (Clermont): Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Houde): J'aimerais poser une question, en
terminant. Combien est-ce que vous pouvez garder de temps quelqu'un endormi, si
vous voulez, hypnotisé? Vous pouvez le garder combien de temps? Le
maximum, ce serait quoi?
M. Trudel: Pas plus tard que 22 h 15 le soir. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Côté (Clermont): II n'y a pas de maximum ou de...
D'abord, la personne n'est pas endormie; c'est un état
altéré de conscience, un état modifié de la
conscience. Elle reste consciente. Par exemple, quand je fais de l'autohypnose,
moi, une de mes façons que j'ai de savoir si je suis en hypnose, c'est
que mes mains lèvent tranquillement. Bon! Elles sont dans les airs. Et,
à ce moment-là, je sais que j'ai les mains levées...
Le Président (M. Houde): Oui, oui.
M. Côté (Clermont): C'est un état
altéré de conscience, ce n'est pas un état d'inconscience
et ce n'est pas un état de sommeil. Le sommeil est un état
d'inconscience.
Le Président (M. Houde): C'est bien.
M. Vézina: On peut vous répondre d'une autre
façon.
Le Président (M. Houde): Envoyez donc!
M. Vézina: Tout le temps que vous allez décider
vous-même de l'être.
Une voix: C'est ça.
M. Vézina: C'est vous qui allez choisir.
Le Président (M. Houde): Ah bon!
M. Vézina: Ce n'est pas l'hypnotiseur qui choisit.
Le Président (M. Houde): Eh bien, M. Côté et
M. Vézina, on vous remercie beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, à 22 h 15, on
fera l'expérience avec Albert.
Le Président (M. Houde): C'est ça, je serai
disponible, je serai à votre disposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Houde): On vous remercie encore une fois
de vos magnifiques renseignements.
Une voix: Au plaisir.
M. Côté (Charlesbourg): Et on se reverra demain
matin, Albert.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Houde): Oui, pas de problème.
J'appellerais maintenant l'Association des hypnologues du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Si jamais tu te
réveilles, tu t'en iras te coucher.
Le Président (M. Houde): M. Noël Delcourt.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, tiens, deux fois la
même journée.
Le Président (M. Houde): Je pense que vous connaissez les
règlements?
Association des hypnologues du Québec
M. Delcourt: Oui, je les connais bien.
Le Président (M. Houde): À vous la parole
immédiatement.
M. Delcourt: Merci. J'avais préparé quelque chose,
mais la Société québécoise d'hypnose va me forcer
à changer des choses.
Le Président (M. Houde): Tout a été dit?
M. Delcourt: Non, non, loin de là. Premièrement, je
voudrais dire, en mon nom personnel et au nom des membres de l'Association des
hypnologues, qu'on est contents d'être devant la commission. Après
20 ans de pratique et de non-reconnaissance, à être traités
de charlatans, on est enfin assis sur la même chaise que les
psychologues.
Quand les professionnels parlent de légiférer sur
l'hypnose, c'est facile pour eux. J'écoutais le monsieur de la
Société qui nous disait: Bon, c'est simple, on élimine
tous les gens qui ne sont pas des professionnels. Après 20 ans de
pratique, à avoir rencontré des gens en thérapie
privée, peut-être, dans mon cas personnel, au-dessus de je
mettrais 10 000 personnes, sur des matelas, face à face, je ne
pense pas que l'hypnose vraiment est une technique. Je ne vois pas le danger du
professionnalisme là-dedans. (21 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): Sur le matelas face à
face, par exemple...
M. Delcourt: Bien, je suis obligé de le dire comme
ça parce que c'est comme ça que ça se passe. Bon!
L'hypnose, à l'origine, je suis d'accord que les hypnotiseurs... Quand
on a une vue de l'extérieur d'une séance d'hypnose en spectacle,
on a une vue déformée de ce qui se passe vraiment. Dans la
réalité, quand une personne entre dans un bureau et qu'on ferme
la porte, on est un contre un, c'est-à-dire que les personnes,
automatiquement, lèvent des défenses et puis ces
défenses-là doivent être traversées, je dois dire,
pour permettre à une personne de se laisser aller. Alors, comme je le
définis dans le mémoire que j'ai préparé,
l'hypnothé-rapie, l'hypnose, c'est... Attendez une petite seconde, je
vais vous le donner. «Toutes nos expériences nous amènent
à décrire Fhypnothérapie comme une forme de communication
de l'humain avec lui-même par le médium que représente
Fhypnothérapeute qui l'accompagne.»
Alors, nous, actuellement, à l'Association des hypnologues,
depuis 20 ans... D'ailleurs, j'ai été surpris d'entendre la
Société québécoise d'hypnose nous dire que
ça fait 25 ans qu'ils sont en opération; ça fait un an que
je les vois dans les pages jaunes. Alors, nous, on est là depuis 1977,
on s'est fait connaître, on a travaillé avec des dentistes. Moi,
personnellement, j'ai fait des accouchements sous hypnose, des médecins
m'ont serré la main pour mon travail en anesthésie. Je calcule
que je n'ai jamais... C'est sûr qu'on n'a pas 100 % de résultats,
c'est impossible. Il y a des limites à l'hypnose. Les limites devraient
être connues, et du public et de vous-mêmes, parce que je regarde
la connaissance que vous avez de l'hypnose... La peur de regarder quelqu'un
dans les yeux, tout ça, c'est des vieux clichés qui n'existent
pas, qui sont dépassés. Maintenant, les gens qui viennent nous
voir s'attendent à rencontrer... Ils posent les mêmes questions,
finalement, au départ: Est-ce que, l'hypnose, on obtient ça par
la fascination? Combien de temps une personne peut rester en hypnose, etc.?
Notre but, à l'Association des hypnologues, ça serait,
évidemment, de donner une information un peu plus ouverte au public, de
ne pas laisser ça à des professionnels. L'hypnose a
été inventée par... Je ne dirai pas qu'elle a
été inventée parce que c'est une condition normale d'un
cerveau humain. Plusieurs fois durant la journée, vous êtes
vous-mêmes en hypnose sans probablement vous en rendre compte. Ça
vient et ça va dépendant des moments de la journée.
L'état d'hypnose est un état dans lequel on devient
«suggestif», où on peut laisser aller certaines
défenses, laisser sortir certains malaises à l'intérieur
de soi et puis libérer des émotions refoulées.
Au départ, l'hypnose était vue comme un travail de
suggestion uniquement. Alors, on disait à quelqu'un... Les anciens
magnétiseurs faisaient des passes à une personne. D'ailleurs, on
devrait dire que l'hypnose a commencé tout d'abord par les passes de
magnétisme. Ce qui nous est reproché par les médecins,
présentement, nous, on n'a pas le droit de toucher à une
person-
ne. Si on s'approche d'une personne, on est accusés d'un geste
qui est considéré comme pratique illégale de la
médecine. Mais les magnétiseurs, autrefois, faisaient des passes
de magnétisme pour amener la personne dans une espèce de
détente. En faisant des passes, la personne tombait dans une
espèce de transe. Des gens arrivaient à entrer dans des transes
très, très profondes, libéraient des émotions, ils
avaient des convulsions et, au bout d'un certain temps, la personne
était considérée comme guérie. Les suggestions qui
étaient faites à ce moment-là, c'était: Tu es
guéri. Ton mal est parti. Tu es guéri. Ça,
c'étaient les suggestions du départ.
Maintenant, tout ça s'est développé avec le temps.
On est arrivé à amener des gens dans des... Attendez une petite
seconde, là. L'Association des hypnologues a essayé de
développer une technique qui s'adresse un peu à tout le monde,
pas juste une technique d'appoint où on prend une personne, on
l'hypnotise comme en spectacle, mais, moi et mes collègues, on travaille
sur un nombre très grand de gens, on ne sait pas qui va venir nous voir.
Alors, les gens qui viennent nous voir ont de 5 ans environ à 90 ans.
Ça a été mon plus vieux client, il avait 91 ans. Alors,
dans toute cette différence d'âge là et dans toutes ces
séries d'expériences, notre but, à nous autres, ça
n'a jamais été de faire des recherches, de prouver que la
mémoire était une faculté qui n'oubliait pas et qu'on se
rappelait des événements tels qu'ils sont. Ce n'est pas le but de
l'hypnose. Généralement, une personne qui consulte un hypnologue
vient pour se laisser aller, se détendre et régler certains
problèmes, venir chercher une force, une volonté qu'elle n'a pas
pour faire un certain changement face à elle-même.
À l'Association des hypnologues, on a dû, à travers
les années parce que, comme je le mentionne dans le
mémoire, on était tous au départ des autodidactes
aller suivre des fins de semaine de «workshop» aux
États-Unis, en Ontario, un peu partout, où on apprenait
tranquillement pas vite notre métier. Au départ, un hypnologue
en tout cas dans mon temps ne pouvait pas faire des
régressions dès le départ. Il y a des gens qui entrent
dans des phénomènes de régression dès le
départ, mais, généralement, c'était du
phénomène de la suggestion. Par la suite, au fur et à
mesure qu'une personne s'améliore, elle vient à rencontrer des
gens qui ont besoin d'aller dans des transes un peu plus profondes pour
libérer, comme je le disais tout à l'heure, des
émotions.
Alors, notre spécialité, nous, notre formation, c'est
surtout d'amener les thérapeutes à rencontrer des gens; ce n'est
pas basé sur apprendre une technique. La Société
québécoise d'hypnose l'a dit tout à l'heure, c'est une
technique qui peut s'apprendre dans entre 50 et 100 heures; ce n'est pas
tellement long d'apprendre ces techniques-là, il faut se donner la peine
d'apprendre. La difficulté, c'est peut-être d'avoir la
capacité de rencontrer des gens en relation d'aide, parce que les gens
qui viennent nous voir ont besoin d'obtenir une certaine confiance et de se
laisser aller; et puis ça, ça s'apprend à force d'en
faire, il faut en faire plusieurs. Alors, nous, les formations que les
écoles dispensent présentement, il y a deux écoles
principales qui forment des thérapeutes, présentement, au nom de
l'Association, qui donnent comme un minimum d'environ 500 heures en tout.
Là, on parle de pathologie aussi, on parle d'étude du corps, on
parle d'étude du comportement, en plus des techniques d'hypnose, puis
une supervision à rencontrer des patients, et des vrais patients, pas
des gens qui viennent dans un laboratoire dans un but de recherche pour voir
si, vraiment, l'hypnose a supposément les capacités qu'elle
prétend avoir, mais des gens qui sont mal dans leur peau, qui ont un
besoin de recevoir un soin et qui sont suivis sur une base
régulière, un peu comme un stage médical, par exemple.
Alors, l'Association des hypnologues a décidé de favoriser
aussi la communication non seulement à travers les écoles, mais
à travers les thérapeutes, et cette communication, on essaie de
la favoriser à travers des journaux, des renseignements qu'on donne. On
a aussi des appuis de certaines associations américaines, canadiennes.
On essaie de se rejoindre tous autant qu'on est, mais la majorité des
gens qui forment présentement les hypnologues et les
hypnothérapeutes sont des autodidactes, pour la plupart, qui se sont
formés au fil des années. Alors, on ne peut pas dire que
quelqu'un qui pratique depuis 15, 20 ans sa technique, on devrait lui retirer
le droit de pratiquer parce qu'il n'est pas un professionnel. Il me semble
qu'un professionnel ne peut pas penser comme ça. Alors, c'est ce que
j'avais à dire sur l'Association des hypnologues.
Le Président (M. Houde): Merci, M. Delcourt. La parole est
maintenant à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Deux choses: une remarque et
deux questions.
M. Delcourt: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai été
étonné de voir l'AHQ. Je suis davantage habitué à
parler de l'Association des hôpitaux du Québec.
M. Delcourt: Ah!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends,
c'est que ce n'était pas un titre réservé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Bien, ce n'est pas les mêmes subventions, en
tout cas.
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Delcourt:
Non, non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais on va peut-être
avoir besoin de vos services pour les endormir un peu.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Delcourt: J'espère.
M. Côté (Charlesbourg): Trêve de
plaisanteries. J'ai quand même été étonné
d'apprendre, là, qu'il y a des écoles de formation...
M. Delcourt: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...et qu'on parle de 500
heures de formation. Y a-t-il du monde qui suit ça?
M. Delcourt: Bien oui.
M. Côté (Charlesbourg): Oui?
M. Delcourt: Mais c'est difficile, parce qu'il y a des cours de
formation qui se donnent en 90 heures, des cours de base.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Delcourt: Alors, quelqu'un va préférer aller
à un cours de 90 ou 150 heures qu'à un cours de 500 heures. Quel
est l'avantage pour lui de dépenser tout cet argent-là, quand il
peut pratiquer et obtenir un diplôme d'une certaine école?
Évidemment, nous, on ne reconnaîtra pas quelqu'un comme ça
dans l'Association des hypnologues. Nous, c'est d'essayer de favoriser, de
pousser ces écoles-là à les donner, les 500 heures.
M. Côté (Charlesbourg): Et qui va suivre des cours
chez vous?
M. Delcourt: Pas chez nous. Nous, on ne donne pas de cours comme
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, dans les écoles.
M. Delcourt: Dans les écoles? M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Delcourt: Ah, il y a de tout: il y a des homéopathes,
il y a des naturopathes, des naturothérapeu-tes, comme on en a
parlé tout à l'heure, des phytothéra-peutes. Parce que la
naturothérapie englobe, d'après nous, l'hypnose aussi, là.
Alors, l'hypnothérapie est une forme de naturothérapie, si on
peut dire.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, pour être
reconnu chez vous, à l'Association, il faut avoir suivi au moins 500
heures...
M. Delcourt: Oui. Ah, oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...de cours dans des
écoles que vous reconnaissez.
M. Delcourt: Exactement, ou des cours comme le cours d'infirmier
qui va se donner dans un cégep, ou les cours de pathologie de base,
là. (22 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Ma deuxième question,
c'est un étonnement total: il y a un programme d'initiation pour les
enfants en maternelle.
M. Delcourt: Oui, bien oui. D'ailleurs, quand j'ai vu le
dernier... En tout cas, allez-y.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, continuez.
Peut-être que ce que vous avez vu, c'est ce qui a occasionné ma
réaction.
M. Delcourt: Non, j'ai pensé à ce qui avait
été écrit dans les journaux dernièrement à
propos des exercices de respiration qui se donnent dans les écoles.
J'espère qu'on n'est pas comparé à ça. Dans les
maternelles, oui, on a commencé, on a élaboré des
cassettes pour les enfants, qui les amènent dans des états de
transe qu'on ne peut pas qualifier encore. Il n'y a pas d'outil scientifique
qui peut nous permettre de dire: Bien, une transe de telle profondeur, une
transe de telle profondeur. Tout ça, c'est un peu de la foutaise.
Finalement, il n'y en a pas de rapport scientifique sur l'hypnose. Il n'y en a
aucun.
M. Côté (Charlesbourg): Mais quel but
poursuivez-vous en...
M. Delcourt: La motivation. Alors motiver les enfants à
une pensée positive; développer la visualisation; les amener
à respirer, à se détendre; travailler au niveau de
l'auditif aussi parce qu'il y a de la musique là-dessus. C'est plus un
travail de prévention, je dirais. Évidemment, on peut prendre des
enfants et travailler un enfant qui a un problème
d'énurésie, par exemple, d'insomnie ou de peurs nocturnes.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, là, ce que je
comprends, c'est quand même plus large que ça.
M. Delcourt: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on parle de
maternelle, c'est la classe...
M. Delcourt: La classe au complet.
M. Côté (Charlesbourg): Et c'est répandu,
ça?
M. Delcourt: Répandu, le terme est peut-être un peu
fort, mais il y a quelques écoles actuellement, des enseignantes qui ont
contacté des hypnothérapeutes pour elles-mêmes qui font
jouer ces cassettes-là qui amènent les enfants à la
détente. Il y en a d'autres en préparation, d'ailleurs. C'est un
travail qui est toujours en continuité, en progression je veux dire,
mais nous, notre but, ce n'est pas de le renfermer dans un laboratoire. On le
sait bien que les gens, en laboratoire, mentent, on le sait. C'est comme le
gars qui veut absolument retrouver le numéro de licence et qu'on va
hypnotiser pour retrouver le numéro de licence. Souvent, il y a des
mensonges qui sont racontés là-dessus pour identifier un
témoin, parce qu'il y a un intérêt quelque part. Mais il ne
faut pas oublier que quelqu'un qui nous consulte, il est mal, il a un malaise,
il souffre, et cette souffrance-là, souvent, elle fait qu'il se ment
à lui-même et puis, en entrant en transe, c'est cette
ouverture-là qui se fait.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que, dans votre
association, vous avez des policiers?
M. Delcourt: Bonne question. Il y a des policiers qui ont suivi
des cours, mais je ne pense pas qu'il y ait des policiers qui sont
demeurés membres, non.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que, avec ce que vous
nous donnez comme possibilités, ça pourrait facilement servir
à l'occasion aux policiers dans l'interrogation d'individus.
M. Delcourt: Non, pas vraiment. C'est une technique pour aider
quelqu'un qui souffre et libérer une souffrance.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais...
M. Delcourt: Alors, quelqu'un va venir nous voir, il va avoir
un...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est votre
numéro de licence de tantôt, c'est ça qui m'a amené
à penser à ça. À moins que ce soit une belle blonde
que tu aies vue quelque part et que tu aies voulu remarquer le numéro de
licence; autrement, ça peut être quelqu'un d'autre.
M. Delcourt: Je sais que les policiers l'ont déjà
essayé, ça, mais je pense que ce n'est plus approuvé en
cour. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé, mais je sais qu'il est
venu comme une mode, à un moment donné. Les policiers faisaient
des enquêtes et ils essayaient d'amener quelqu'un sous hypnose, mais,
avec l'hypnose, on peut arriver à toutes sortes de résultats
farfelus aussi. Alors, il ne faut pas le voir comme ça. Ce n'est pas une
technique précise qui va nous amener à un but précis,
c'est libérer du malaise. C'est tout.
M. Côté (Charlesbourg): Relaxation. M. Delcourt:
Libérer une panique.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Je vais
reconnaître le député de l'Opposition, le
député de Rouyn-NorandaTémiscamingue. A vous la
parole.
M. Trudel: Est-ce que vous acceptez la définition qu'on a
abordée tantôt de l'hypnose comme étant une technique, une
approche, et que ce ne serait pas et là, je ne veux mettre
personne en opposition en soi une thérapie ou une approche
thérapeutique, si je peux m'exprimer ainsi?
M. Delcourt: Bon! Si ce n'était pas une thérapie,
on n'aurait pas appelé ça l'hypnothérapie, d'abord. C'est
une thérapie, une thérapie qui attire des gens qui ne croient pas
à la psychologie. Ça, il faut le dire d'abord. Alors, nos clients
sont des gens qui n'iront pas consulter des psychologues
généralement, ni des psychiatres. Ils calculent que les gens qui
vont voir des psychologues et des psychiatres sont des fous et ils ne se
considèrent pas comme des fous. Alors, ils viennent voir des hypnologues
parce qu'ils considèrent qu'ils ont juste un petit problème et,
ce petit problème-là, ils voudraient le régler à
travers l'hypnose. Dans ce sens-là, c'est une thérapie. Il n'y a
que nous qui pouvons répondre à ces gens-là. Ça, il
faut le dire.
Deuxièmement, la technique, ça c'est une farce. On apprend
la technique au départ parce qu'on n'est pas sûr de ses moyens.
Mais, éventuellement, la technique, c'est ce que la personne est. Alors,
les techniques de base que, moi, j'ai apprises il y a 20 ans, je ne m'en sers
plus ou presque. Ce n'est pas vraiment nécessaire dans mon domaine.
Alors, on a parlé de «rebirth» tout à l'heure. Alors,
n'importe quoi peut induire à l'hypnose, une respiration, un son, une
voix, un bruit quelconque, une phrase répétitive, peu
importe.
Alors, la technique, ce n'est pas vraiment la technique. C'est d'essayer
d'amener une personne à se libérer de son problème et
ça m'a pris peut-être 15 ans pour le comprendre, comment ça
se passait vraiment, parce que les techniques hypnotiques, si on se mettait
à en parler vraiment et qu'on les épurait, les gens seraient
surpris d'entendre que la psychologie a usurpé le terme
hypnothérapie, finalement. Parce que Freud, lorsqu'il s'est
présenté chez Mesmer et qu'il a étudié les
techniques de départ des magnétiseurs d'autrefois, il a conclu
que ces gens-là n'étaient pas des professionnels, mais, lui, il a
découvert une technique à travers l'hypnose, finalement. Comme la
majorité des gens n'ont pas voulu reconnaître que l'hypnose
était une force en soi, il a changé ça de nom. Il a
appelé ça la «psychologie», comme Ron Hubbard a
appelé ça la «dianétique». Si vous lisez son
livre, il va vous dire que l'hypnose, c'est dangereux, que ça ne devrait
pas être pratiqué et patati et patata, alors que, finalement,
c'est tout de l'hypnose.
Un masseur va amener une personne en hypnose sans même sans rendre
compte. Il y a des médecins qui amènent des personnes en hypnose
qui finissent pas les convaincre qu'elles sont malades aussi, en leur
suggérant... Quand une personne arrive dans un état de faiblesse
et que le médecin lui dit: Bon, bien, là, aïe, tu as toute
une maladie, c'est grave; si cette personne-là est dans un état
de faiblesse et que, plutôt que d'entendre: Oui, oui, tu vas
guérir, elle se fait dire que c'est dangereux et qu'il faut qu'elle se
fasse soigner, cette personne-là, jusqu'à un certain point, son
état, c'est un état d'hypnose et la suggestion qui lui est faite
par le médecin va être négative. Il y a des cas qui ont
été racontés, par exemple, des gens qui étaient
dans une salle d'opération et qui se souviennent pendant une
séance d'hypnose de tout ce qui s'est dit dans la salle
d'opération. Alors, ils vont raconter ce que le médecin a dit, ce
que l'infirmière a dit, s'il y a eu du danger. Il y a souvent des
paroles qui ont été dites qui étaient négatives,
qui n'auraient pas dû être dites.
M. Trudel: Dans le type d'intervention que vous pratiquez, est-ce
qu'il existe des abuseurs, des charlatans, des faux, des prétendus,
enfin, vous voyez la réalité qu'on veut recouvrir là.
M. Delcourt: C'est évident, ça. C'est pour
ça que, nous, on aimerait être encadrés aussi, mais on ne
veut pas que ce soit juste les... Qu'est-ce qu'une infirmière
vraiment... Ce n'est pas parce qu'une personne est un psychologue ou une
infirmière qu'elle est capable de faire de l'hypnose. L'hypnose,
c'est... Quand une personne rencontre un hypnologue ou un
hypnothérapeu-te, il y a comme une espèce de respect
d'étrangeté qui n'existe pas avec un psychologue, qui n'existe
pas avec une infirmière. Il représente quelque chose de
différent. Alors, nous, on est différents. On a une approche
différente et on voudrait être reconnus comme étant
différents.
M. Trudel: Quand vous dites, dans votre conclusion: «Nous
désirons un encadrement gouvernemental qui régirait toutes les
pratiques de médecines alternatives en les laissant libres d'agir dans
leurs domaines respectifs», que voulez-vous dire? En d'autres termes,
c'est exactement la question de cette commission.
M. Delcourt: Moi, je voudrais dire que chacune des associations
reconnues présentement arriverait... Parce qu'on en a parlé tout
à l'heure avec l'Association nationale des naturothérapeutes.
C'est un peu dans le même cadre. C'est-à-dire que l'Association
des hypno-logues, l'association des massothérapeutes, nommez toutes les
associations qui existent, soient régies par un code de
déontologie standard, un tronc commun standard qui nous réunit
tous. On a tous les mêmes études de base, en pathologie, peu
importent les méthodes de base.
M. Trudel: Alors, vous demanderiez à l'État de
fixer des normes de formation.
M. Delcourt: Oui, oui.
M. Trudel: Des seuils... (22 h 10)
M. Delcourt: C'est ça.
M. Trudel: ...en deçà desquels on ne serait pas
admis à pratiquer l'une ou l'autre des thérapies alternatives
généralement énumérées dans ce
monde-là.
M. Delcourt: C'est ça. Exactement.
M. Trudel: Est-ce que vous pensez que vous pourriez, par exemple,
dans le domaine de l'hypnose, en arriver à être les
autocontrôleurs de ça? Si l'État vous disait:
Écoutez, nous, là, on se donne comme responsabilité
d'informer le public et, en matière d'hypnose, donnez-nous une liste des
gens qui, selon vos critères à vous autres, sont reconnus et,
forcément, de ceux qui ne le sont pas, est-ce que, pour vous, ça
apparaîtrait suffisant pour progéter le public, ça?
M. Delcourt: Et qui sont...
M. Trudel: Que vous teniez votre registre et que vous soyez tenus
de le transmettre à l'État pour fins d'information et de
communication auprès du public.
M. Delcourt: Bon. Ça, on est prêts à le
faire. Je n'ai aucun doute là-dessus. Je n'aurais aucun recul
là-dessus.
M. Trudel: Mais est-ce que ce serait suffisant... M. Delcourt:
Pour informer le public?
M. Trudel: Pour informer le public; non seulement ça, mais
est-ce que ce serait suffisant pour préserver...
M. Delcourt: Les abus.
M. Trudel: ...protéger contre les abus, le charlatanisme
et, enfin, pour protéger le public en pareille matière?
M. Delcourt: Bien, une fois qu'on l'a encadré, je ne vois
pas comment le public pourrait être trompé, là. Bon,
maintenant, il n'y a plus personne qui va douter des psychologues,
malgré qu'il y ait quand même une partie de la population qui ne
croit pas à ça. Il faut le dire. Il y a une partie de la
population qui ne croit pas aux médecins du tout, qui est sûre que
c'est eux, les charlatans. Puis ça, il faut le dire, sauf que la
médecine, actuellement, a fait beaucoup d'avancement sur le
phé-
nomène de la douleur. C'est surtout au niveau de la douleur
qu'ils ont fait des pas, mais, en dehors de ça, ils n'en ont pas fait.
On ne les voit pas, les résultats.
M. Trudel: Qui devrait traiter des plaintes, des abus et...
M. Delcourt: L'office. Nous, on l'a recommandé, à
l'Association nationale des naturothérapeutes, puis l'Association des
hypnologues se range là-dessus. Évidemment, moi, je siège
sur les deux...
M. Trudel: Organismes.
M. Delcourt: ...en tout cas, sur les deux associations,
là. Je suis dans les deux disciplines. Mais je pense qu'on devrait
fonder un office. Nous, on a demandé que ce soit enregistré
et ça a été refusé; je ne sais pas pourquoi,
on n'a jamais su la raison: Office des médecines naturelles et pratiques
alternatives pour la santé et le mieux-être. C'est à
l'intérieur de cet office-là que toutes les associations
devraient être enregistrées et c'est cet office qui devrait,
jusqu'à un certain point, régir. C'est lui. Mais il faut que
ça demeure indépendant. Les associations s'occupent des
écoles, les associations reconnaissent les membres de ces écoles
avec des critères de base dont vous m'avez parlé tout à
l'heure, qu'on va vous fournir parce que c'est assez facile à fournir.
Puis tous ces thérapeutes-là sont enregistrés dans un
office, puis le gouvernement, le public, les thérapeutes, tout le monde
sait qui est enregistré, qui reçoit qui, puis comment. Les
plaintes devraient être traitées à l'intérieur de
ça. Alors, un comité de discipline. Il pourrait y avoir, à
l'intérieur de l'office, des personnes du gouvernement, des personnes du
public, puis des personnes des associations. C'est elles qui devraient regarder
ça. Maintenant, évidemment, la discipline devrait être
faite, surtout, par les gens des associations, j'imagine, là.
M. Trudel: Dans ce sens-là, vous rejoignez la
Coalition.
M. Delcourt: Oui. Dans ce sens-là, oui. M. Trudel:
Très bien. Merci.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le
député. La commission, d'abord, voudrait remercier la
société des hypnologues du Québec et son président,
M. Delcourt, et, l'ordre du jour étant épuisé, j'ajourne
les travaux à demain, mercredi, à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine. C'est bien important, ça. Merci beaucoup
à tout le monde.
(Fin de la séance à 22 h 15)