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(Quatorze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Joly): Merci. Il me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue. Je constate que nous avons le quorum. Alors, je vous
rappelle que le mandat de la commission des affaires sociales fait en sorte que
nous sommes réunis afin de procéder à la
vérification des engagements financiers du ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle pour les mois de décembre 1991 à décembre
1992. Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui. Mme Marois (Taillon) est
remplacée par Mme Harel (Hochelaga-Maison-neuve).
Réponses déposées
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, Mme la
secrétaire. À ce stade-ci, il m'est loisible de déposer
les documents, qui sont en fait les réponses que nous avons obtenues aux
questions qui étaient demeurées en suspens depuis la
dernière séance de vérification. Alors, Mme la
secrétaire. Est-ce qu'il y a des demandes supplémentaires
concernant les engagements financiers des dernières
vérifications? Non.
Mme Harel: Je n'en ai pas, moi, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Joly): Vous n'en avez pas. Est-ce qu'il y
a eu entente sur la façon de procéder?
Mme Harel: Non, en fait, on ne s'est pas encore parlé,
là.
Le Président (M. Joly): Vous n'avez pas eu la chance de
vous parler au niveau de l'organisation des travaux.
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon, vous
savez, on est tellement conciliants de ce côté-ci qu'on est
toujours d'accord avec l'Opposition, pourvu qu'on finisse à l'heure.
Pour le reste, on est prêts à répondre aux questions. Tout
ce que je voudrais simplement dire, M. le Président, c'est que je suis
très heureux de voir que vous présidez, que Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve remplace Mme Marois. Je
déplore, évidemment, que la présidente ne soit pas ici et
que, M. le Président, vous soyez obligé, encore une fois, de
prendre la relève, mais on est habitués à ça.
Alors, ce n'est pas très grave. Ceci étant dit, on peut passer
aux questions.
Le Président (M. Joly): J'ai cru comprendre que Mme la
Présidente était déjà engagée sur une autre
commission. Alors, il me fait plaisir, au pied levé, de faire partie
d'une combinaison qui devrait, quand même, amener le bon
déroulement de cette commission.
Mme Harel: C'est avec délicatesse que vous reprenez le
ministre, M. le Président, mais je vous rappelle que notre
règlement nous interdit de présumer de l'absence d'un membre
d'une commission ou d'un membre de la deputation à l'Assemblée
nationale. On doit toujours présumer, comme c'est le cas - vous l'avez
dit avec raison - pour Mme la députée de Taillon, de son
engagement dans le cadre de la commission sur les finances publiques. Je veux
également vous saluer, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Ça me fait plaisir, Mme la
députée.
Mme Harel: On a eu tellement souvent l'occasion de travailler
ensemble que c'est, évidemment, avec satisfaction que je vois
qu'à nouveau vous occupez lé siège de la
présidence. Oui, c'est avec plaisir que j'entends débuter ces
travaux. Évidemment, on va devoir reprendre le retard qui nous
amène à ne les commencer qu'à 14 h 20. Ayant
été moi-même 5 minutes en retard, je suis prête
à négocier pour que, finalement, on puisse travailler
jusqu'à 18 h 15, de manière à prendre en compte le fait
que le ministre... Je peux comprendre qu'il ait des obligations nombreuses. On
sait tous les problèmes qui l'assaillent présentement. À
sa place, évidemment, moi aussi, je pourrais avoir des bonnes raisons
d'être en retard. Mais, ceci dit, je pense que nos travaux devaient durer
quatre heures; alors, grosso modo, qu'on puisse, de consentement,
dépasser 18 heures. Sinon, de toute façon, on reportera une
partie des engagements à un examen ultérieur.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je suis bien d'accord pour terminer à 18 h
15, pourvu, bien sûr, qu'on termine avec la sanction des travaux, que ce
ne soit pas reporté à une autre fois, si on fait les quatre
heures.
Le Préskient (M. Joly): Alors, j'imagine que les membres
de cette commission donneront sûrement leur aval à cette logique
de procédure.
Mme Harel: Moi, ce que je vous propose, M. le Président,
c'est qu'on puisse, en entrée de commission, tout de suite, faire les
déclarations de manière à couvrir tous les programmes que
nous verrons. Je dois vous dire qu'un bon nombre de ces programmes reviennent
à chaque mois, qu'il s'agisse, par exemple, de PATA, qu'il s'agisse
d'EXTRA ou qu'il s'agisse de PAIE, enfin, de l'ensemble de ces mesures. Alors,
il serait certainement dans notre intérêt de débuter notre
échange immédiatement par ce que j'appellerais une mise en
situation, et ça nous permettrait, par la suite, certainement,
d'accélérer les travaux, puisqu'on a presque 12 mois
d'engagements financiers à examiner.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection. Je
suis là pour essayer, disons, d'être le conciliateur dans tout
ça et présider à l'organisation des travaux, donc, selon
l'entente qui existe entre les deux partis. C'est ce que j'administrerai.
Ça va me faire plaisir de le faire, à part ça. M. le
ministre, est-ce que vous aimeriez, d'entrée de jeu, faire des
commentaires?
M. Bourbeau: M. le Président, comme vient de le dire la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, on a un bon nombre
d'engagements financiers à vérifier. Je crois qu'il y en a pas
loin de 200. 300? Bon. Comme on a quatre heures seulement, il m'apparaît
que, si on fait de longs discours, ça va être autant de
rogné sur le temps, et je trouve que c'est important de pouvoir
vérifier un à un tous les engagements pour être certains
qu'on n'a pas fait d'erreurs de ce côté-ci. Alors, moi, je suis
bien prêt à passer immédiatement à l'examen des
engagements financiers, quitte à commenter au fur et à mesure que
l'examen se déroulera. Si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve veut des renseignements addltionnnels sur certains
programmes, on pourra je faire.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Comme le règlement me le permet, M. le
Président, moi, je voudrais faire une brève intervention,
maintenant.
Le Président (M. Joly): Je vous reconnais, madame.
Remarques préliminaires Mme Louise
Harel
Mme Harel: Alors, d'abord, M. le Président, pour souhaiter
une bonne année au ministre. Je pense qu'il en a vraiment besoin.
L'année a bien mal commencé pour lui, en particulier quand il
s'est rendu à Toronto. Elle s'était mal engagée aussi. En
fait, l'année 1992 s'était assez mal terminée, si on se
rappelle l'appui inconditionnel qu'il a offert à son homologue, le
ministre Valcourt, à l'égard de la réforme de
l'assurance-chômage. J'ai, évidemment, ici même, cette
déclaration qu'il faisait à André Pépin, dans La
Presse du 4 décembre dernier où, dit-on, «M.
André Bourbeau approuve entièrement les mesures annoncées
par Ottawa pour réduire les budgets de
l'assurance-chômage».
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un peu court. Il
faudrait nuancer un peu.
Mme Harel: Évidemment, on en aura l'occasion, cet
après-midi. L'échange va lui permettre certainement - je le
souhaite - de le faire, parce que c'est sûr que les
Québécois n'ont pas compris. Vraiment, ils n'ont pas compris.
Moi-même - le ministre se le rappellera - je le lui avais dit, ici
même dans ce Parlement. Je ne comprenais pas pourquoi il tenait
absolument à tendre la joue gauche, étant évidemment
convaincu que le ministre Valcourt allait partager avec lui l'immense
colère - on l'a vu avec la manifestation de dimanche, il y a deux
semaines, maintenant, à Montréal - depuis que ce régime
d'assurance-chômage est menacé de démembrement.
Ceci dit, je comprends que l'impact sur la loi de l'aide sociale doit
être examiné certainement à ce moment-ci, de même que
les raisons qui ont amené le ministre à offrir une collaboration
à ce point inconditionnelle à son homologue. Tout de suite, M. le
Président, avant même de l'oublier, pour que ce soit bien connu,
à plusieurs reprises depuis, le ministre a répété
qu'une situation identique prévalait en Suède, et on a pu lire
des titres «Suède et Québec... même combat!» en
matière d'assurance-chômage, à l'appui de ces mesures
d'exclusion totale qui sont dénoncées dans le cadre du projet de
loi 105, actuellement, à Ottawa. (14 h 30)
Je voudrais tout de suite déposer, M. le Président,
à la fois ce qui m'a été transmis par l'ambassade de
Suède, la semaine passée, de même que ce que la
Bibliothèque de l'Assemblée nationale m'a fait parvenir et qui,
évidemment, infirme complètement les propos que le ministre a pu
tenir sur la situation qui sévit en Suède à l'égard
des exclusions dans les cas d'abandon d'emploi. Je dois dire qu'en date du 9
février 1993 - est-ce que ça peut être plus à jour
que ça? - ce que l'ambassade de Suède m'a fait parvenir, c'est
une confirmation que les périodes d'exclusion ne dépassent pas de
4 à 10 semaines.
Alors, le ministre, en fait, s'est trompé. Je ne peux pas dire
qu'il a menti, ce ne serait pas parlementaire, mais le moins qu'on puisse
dire,
c'est qu'il s'est trompé. Je souhaite que ce ne soit pas
délibéré, malgré qu'avant Noël je lui avais
transmis, de vive voix - je comprends que ce n'était pas par
écrit - ces informations sur la Suède. Mais, là, il les
aura avec les tableaux à l'appui, qui démontrent que le
délai de carence -c'est la période d'exclusion maximum - ne
dépasse pas de 4 à 10 semaines, dans les cas d'abandon
d'emploi.
Dois-je rappeler que le taux de chômage, en Suède,
l'automne passé, faisait 4,5 % et que la Suède est très
préoccupée par un taux de chômage, pour la présente
année, qui pourrait monter à 5,2 %? Nous n'en sommes pas
là, M. le Président, évidemment. Nous n'en sommes pas
là, parce qu'il faut compter sur le découragement des personnes
qui se retirent du marché de l'emploi pour voir notre taux de
chômage diminuer au Québec, ce qui a été le cas en
janvier passé. Parce que 31 000 sans-emploi ne se sont plus inscrits
comme étant en recherche d'emploi, on a pu en conclure qu'il y avait une
baisse du chômage. Ce n'est pas le nombre de chômeurs qui a
baissé, c'est le nombre de gens découragés de se chercher
de l'emploi qui a augmenté.
Alors, M. le Président, je voudrais donc déposer ces
tableaux qui, dorénavant, je l'espère, vont faire en sorte qu'on
ne brandira plus et qu'on n'invoquera plus la Suède à l'appui de
mesures qui sont totalement inacceptables et que le fédéral veut
introduire, M. le Président.
Documents déposés
Le Président (M. Joly): merci, mme la
députée. j'accepte le dépôt et je vais demander
qu'on en fasse la reproduction pour l'information des membres.
Mme Harel: D'autre part, concernant les conséquences
qu'ont ces mesures introduites à Ottawa et qui sont discutées, je
pense, au moment même où on siège ici, en commission, je
comprends que ces mesures auront une répercussion certaine sur
l'attribution de l'aide sociale. Je ne parle pas uniquement des budgets qui
seront dévolus aux bénéficiaires d'aide sociale, mais je
parle de l'attribution de l'aide sociale.
Je veux, évidemment, M. le Président, me
référer au document que la Commission des services juridiques a
publié à cet effet, en date du 3 février dernier, et qui
s'intitule «Commentaires de la Commission des services juridiques quant
au projet de loi C-105 modifiant entre autres la Loi sur
l'assurance-chômage». Ce qu'on retrouve dans le document de la
Commission des services juridiques, c'est, finalement, l'affirmation que les
personnes privées des bénéfices de
l'assurance-chômage, devront, pour plusieurs d'entre elles - pas toutes,
évidemment, parce que certaines auront un conjoint qui a un emploi et ne
seront donc pas admissibles à l'aide de dernier recours - déposer
une demande d'aide de dernier recours.
C'est d'autant plus vrai que, quand on regarde de près quelles
sont ces personnes qui, par exemple, les années antérieures, ont
été considérées comme ayant abandonné leur
emploi, on se rend compte que 66 % d'entre elles occupent des emplois avec des
conditions précaires, donnant lieu à une
rémunération entre 5 $ et 7 $. Évidemment, ce sont
là des salariés qui, pour la plupart, n'ont pas les
économies, les mises de côté même pour passer la
période d'exclusion.
Quand j'ai entendu, M. le Président, des déclarations du
ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
à l'effet que...
M. Bourbeau: Et de la Formation professionnelle.
Mme Harel: ...des personnes utilisaient ce régime
d'assurance-chômage pour prendre des vacances l'été, j'ai
pensé qu'il était en retard de 10 ans. Il était en retard
de 10 ans. M. le Président, faut-il rappeler que, depuis le 18 novembre
1990, la loi C-21, adoptée à Ottawa...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée. Pour les fins de l'enregistrement des débats,
est-ce que la déclaration dont vous faites mention, c'est la
déclaration du ministre Val-court?
Mme Harel: Non. Du ministre du Québec.
M. Bourbeau: C'est faux, M. le Président. C'est absolument
erroné. Je n'ai jamais dit ça.
Mme Harel: M. le Président, je déposerai les
déclarations du ministre d'ici la fin de nos travaux.
M. Bourbeau: Vous les déposerez, certain!
Mme Harel: ceci dit, m. le président, ce sont donc - et
j'y reviens, parce que c'est extrêmement important - pour 66 % des
départs volontaires, des travailleurs et travailleuses qui occupent des
emplois précaires, mal payés, sans avantages sociaux, et qui sont
surtout des femmes et des jeunes. ils ne constituent pourtant que 17 % de
l'emploi global, mais ils constituent 66 % des départs volontaires.
alors, on voit bien dans quelle catégorie de main-d'oeuvre on veut
aller, finalement, économiser. ce sont là des personnes dont on
peut présumer qu'un bon nombre d'entre elles auront à faire appel
à l'aide de dernier recours.
Je vous rappelle qu'en vertu de la loi 37, adoptée en 1989, de
l'article 29 de la loi, de même que l'article 34, paragraphe 3° de la
loi, on prévoit, dans le cas de l'article 29, une pénalité
de 100 $ lorsqu'une prestation est demandée, dans les cas où il y
a eu départ
volontaire - et pour avoir vérifié avec des chefs
d'équipe dans les CTQ, cette pénalité est imposée
présentement de façon régulière - et on
prévoit également, à l'article 34, paragraphe 3° de la
Loi sur la sécurité du revenu du Québec que, lorsqu'il y a
des prestations d'aide de dernier recours qui sont versées à une
personne inadmissible à l'assurance-chômage pour un motif de
départ volontaire, à ce moment-là, l'aide de dernier
recours - l'aide sociale, pour se parler franc - doit être
remboursée au gouvernement du Québec.
C'est comme ça que l'application a été faite. C'est
ce qui est en vigueur depuis l'adoption de la loi C-21, avec des
pénalités de 7 à 12 semaines, ce qui fait que, dans la
réalité, présentement, lorsqu'il y a dépôt
d'une demande, il y a une pénalité de 100 $. Dépendamment
de la raison pour laquelle le départ a eu lieu, il y a une aide qui est
conditionnelle, jusqu'à concurrence des montants qui auraient dû
être reçus par l'assurance-chômage, mais qui ne le sont pas
parce qu'il y a eu un départ volontaire, du fait qu'on utilise la
règle de la disposition qui dit que la personne s'est volontairement
soustraite par sa faute. Si on applique le raisonnement, à la limite,
c'est donc dire que la personne qui est exclue des prestations
d'assurance-chômage sera donc, comme le signale, d'ailleurs, la
Commission des services juridiques à la page 8 de ses commentaires,
soumise aux mêmes dispositions de la loi adoptée en 1989, à
moins qu'elle ne soit modifiée.
Moi, M. le Président, mon propos, aujourd'hui, c'est d'obtenir du
ministre la confirmation en commission parlementaire, dans le Journal des
débats, que la loi sera modifiée de telle façon qu'on
ne va pas l'exclure - imaginez-vous - de la prestation ou, plutôt, la
verser sous forme conditionnelle. Imaginez-vous, actuellement, la prestation
n'est versée qu'après les cinq premières semaines
où l'assurance-chômage n'a pas été versée;
elle est versée sous forme conditionnelle et doit être
remboursée jusqu'à ce que soit terminée la période
d'exclusion de 12 semaines. Est-ce à dire que les mêmes
règles vont avoir les mêmes effets et que, dorénavant,
l'aide ne sera versée qu'à partir de la cinquième semaine,
comme c'est le cas maintenant, et que l'aide sera conditionnelle jusqu'à
la fin de la période d'exclusion, c'est-à-dire fin totale d'une
période d'exclusion qui dure le temps des prestations? (14 h 40)
Ça m'apparaît d'autant plus important, M. le
Président, que le ministre a déjà annoncé qu'il
allait apporter des modifications législatives à la Loi sur
l'aide sociale, modifications qui ont inquiété, c'est le moins
que l'on puisse dire, les bénéficiaires et les personnes qui sont
concernées par l'aggravation de la pauvreté dans notre
société. J'aimerais que le ministre nous indique ses intentions
à cet effet. Est-ce qu'il a l'intention de faire en sorte que la Loi sur
l'aide sociale ne soit pas appliquée tel que le prévoit la loi?
Je l'ai relue encore attentivement, M. le Président, ce matin. Quand on
relit les articles 29 et 34, paragraphe 3°, et qu'on en cherche simplement
l'application, telle qu'en vigueur présentement, on en arrive à
cette aberration où des personnes, une fois exclues des prestations
d'assurance-chômage, pourraient simplement recevoir de l'aide
conditionnelle et être obligées de la rembourser. Avez-vous
idée? Quand on pense que ce sont là, pour la plupart, des
personnes qui sont déjà dans des situations d'indigence ou qui
n'ont pas d'économies qui leur permettraient, tout simplement, de ne pas
demander cette aide-là. Alors, est-ce qu'ils vont traîner pendant
des mois et des mois, sinon des années et encore des années, un
remboursement qui va devenir de plus en plus aléatoire?
Deuxièmement, M. le Président, est-ce que le ministre
n'est pas très, très, très inquiet du fait qu'en excluant
des prestations d'assurance-chômage ces 45 000 personnes - puisque c'est
à ce nombre qu'on évalue, finalement, celles qui seraient
concernées par un départ volontaire -c'est là un
délestage du fédéral en matière de formation
professionnelle, puisque lui-même reconnaissait, l'automne dernier,
l'année passée, à chaque fois qu'il était question
de formation professionnelle, la part grandissante des fonds de la caisse de
l'assurance-chômage à la formation professionnelle? On a des
chiffres, d'ailleurs, à cet effet, M. le Président, qui le
confirment. Est-ce que l'exclusion de ces personnes, qui sont sans doute celles
qui en ont le plus besoin... On sait qu'au Québec un travailleur sur
quatre n'a pas terminé son secondaire, et bon nombre de ces personnes
qui occupent les emplois précaires, là, qui faisaient l'objet
d'un départ volontaire, sont parmi ces personnes qui n'ont pas de
formation qualifiante et qui, parfois même, n'ont pas fini leur formation
de base. Ce sont elles, souvent, depuis un an, qui venaient augmenter la
demande de formation à l'assurance-chômage.
Quand on pense qu'au moment même où on se parie il y a 25
000 personnes en attente dans les programmes de formation au Québec, les
programmes de formation du fédéral - il y a autant de gens en
attente qu'il y a des gens en formation - et que ça va en progressant
parce que, ai-je besoin de le rappeler, l'entente Canada-Québec, qui est
échue depuis maintenant trois ans, quatre ans bientôt, au 31 mars
qui vient, est reconduite, mais est reconduite sans indexation. N'oubliez pas
qu'elle est reconduite avec des réductions puisque le
fédéral, depuis 2 ans, diminue de 10 % à chaque
année ses fonds alloués à ce qu'on appelle les achats
directs. C'est-à-dire que des prestataires vont voir leur agent et le
fédéral qui réserve des achats directs de formation dans
les cégeps et dans les commissions scolaires. Alors, il y a 25 000
personnes en attente, et on sait qu'il y a eu une pression très
forte.
Moi, l'inquiétude que j'ai, M. le Président, c'est qu'il
s'agit, dans le fond, d'un délestage, tout simplement, de gens qu'on
abandonne à leur triste sort en disant que, vraiment, c'est donc de
valeur, mais il y a priorité ailleurs, la priorité étant
ceux des travailleurs qui sont licenciés dans des entreprises objets de
la concurrence dans le cadre du libre-échange. Finalement, en les
excluant des prestations, il faut bien comprendre qu'on les exclut, notamment,
de ce nouveau programme qui s'appelle ALFEPAC, c'est-à-dire un programme
de formation pour les prestataires d'assurance-chômage. Ils ne seront
plus prestataires, donc ils ne seront plus admissibles à ces
programmes.
Alors, M. le Président, c'est évident que tout ça
augure très mal l'année 1993 pour le ministre de la
Main-d'oeuvre, autant que pour celui de la Sécurité du revenu,
que pour celui de la Formation professionnelle. À mon point de vue,
ça augure très mal, surtout que tout semble paralysé, rien
ne va plus en regard de la formation professionnelle. Est-ce que le ministre va
poursuivre, en fait, ce qu'on doit appeler maintenant des incantations,
là? Ça fait depuis décembre 1990 qu'il a
réclamé des changements profonds et des transferts d'Ottawa vers
Québec. Tout ce qu'on a semblé lui offrir, c'est de la
cohabitation, en ne modifiant essentiellement rien du problème de fond.
Je vous rappelle que le problème de fond, au Québec, c'est que la
formation professionnelle n'est accessible qu'en vertu de la couleur de votre
chèque. Si vous êtes sur l'aide sociale, vous avez droit à
telle sorte de formation professionnelle, qui n'est pas la même si vous
êtes sur l'assurance-chômage, et qui est passablement
différente, pour ne pas dire qu'elle n'existe quasiment pas, si vous
n'êtes admissible à aucun des deux chèques.
Alors, M. le Président, je souhaite que le ministre vienne
rassurer ceux de nos concitoyens qui sont inquiets de voir que les mesures
draconiennes qui sont prises à Ottawa pourraient avoir comme effet
d'étouffer des gens, ici même à Québec.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. J'imagine, M. le ministre, que vous aimeriez
répliquer à certains des commentaires qui ont pu être
suggérés par Mme la députée, avant que j'appelle
les engagements financiers.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, pour deux raisons, M. le Président.
Premièrement, parce que la députée m'a posé un
certain nombre de questions auxquelles, je présume, elle voudrait avoir
des réponses. Deuxièmement, pour tenter de remonter le moral un
peu de tous ceux qui sont dans cette pièce, ici, M. le Président,
et qui, possiblement, auraient été profondément
effrayés par les propos alarmistes et pessimistes de la
député de
Hochelaga-Maisonneuve. Quant à moi, M. le Président, je
dois vous dire que ça ne m'affecte pas trop parce que, comme j'en suis
bientôt à ma cinquième année de débats
vis-à-vis de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, j'ai
appris à prendre avec un certain grain de sel ses états
d'âme en début d'année comme ça. En fait, je crois
que ça participe d'un exercice de démolition psychologique auquel
elle se livre au début de chaque année pour tenter de faire
paraître le dossier beaucoup plus mal qu'il n'est en
réalité.
D'ailleurs, elle disait que ça augure mal. Ça
dépend de quel point de vue on se place. C'est sûr que, quand on
est dans l'Opposition, ça augure mal, c'est toujours attristant
d'être de ce côté-là de la table. Je ne dirai pas, M.
le Président, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Bien sûr, si tous les problèmes étaient
réglés, on fermerait la boutique et on s'en retournerait chez
nous. Il n'y aurait plus de travail à faire. Mais, quand on regarde
ça dans son ensemble, je pense qu'on progresse d'une façon
intéressante. Il y a des problèmes à régler. Par
contre, je dois dire qu'on a réussi à les cerner passablement
bien, que ce soit dans le domaine de la sécurité du revenu, dans
le domaine de la main-d'oeuvre ou de la formation, et on est passés
à l'action à peu près sur tous les plans.
Sur le plan de la sécurité du revenu, le Québec est
la seule province, en tout cas, la première, à avoir fait une
réforme de l'aide sociale qui, au début, a été
critiquée. Elle l'est encore, bien sûr, par certains groupes, y
compris par la députée de Hochelaga-Maisonneuve et sa formation
politique, mais on se rend compte que, partout au Canada, on est en train
d'imiter ou on veut imiter la réforme de l'aide sociale du
Québec. On reçoit de plus en plus des émissaires qui
viennent nous voir, qui nous appellent, qui veulent savoir comment faire.
L'Ontario, nous dit-on, maintenant, est sur le point de s'enligner un peu sur
nous. Et, M. le Président, quand on regarde la façon dont l'aide
sociale est gérée un peu partout, c'est normal qu'on fasse ces
distinctions que nous avons faites, il y a trois, quatre ans, dans la
clientèle, entre les aptes et les inaptes, entre ceux qui veulent faire
un effort pour s'en sortir et ceux qui ne veulent pas faire d'effort pour s'en
sortir. Ces distinctions, on les a faites dans les barèmes de l'aide
sociale et je pense que, maintenant, la sagesse de ces
décisions-là est en train de pénétrer un peu
partout à travers le pays.
Pour ce qui est de la main-d'oeuvre, M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a fait état,
tantôt, de la conférence fédérale-provinciale
à Toronto où j'ai eu le plaisir et l'honneur de rencontrer mes
collègues des autres provinces et le ministre fédéral. Je
dois dire que, s'il y a un constat qui a été fait par tout le
monde, c'est que le Québec est certainement la province qui est la plus
en avance de toutes les
provinces canadiennes dans le domaine de la main-d'oeuvre. Alors que,
partout ailleurs, y compris au gouvernement fédéral, on
s'interroge encore sur la meilleure façon de procéder pour tenter
d'adapter la main-d'oeuvre aux réalités changeantes du
marché du travail et qu'on ne sait pas encore vers quels programmes on
devrait aller - enfin, on s'interroge sur les voies et les moyens à
prendre - le Québec, quant à lui, a terminé sa
réflexion. Il a fait connaître sa politique, ses orientations, et
il est résolument passé à l'action. (14 h 50)
Dans les documents mêmes de la conférence, on cite à
plusieurs reprises le Québec comme étant la province qui a pris
les devants, carrément, et qui, maintenant, marque la voie, dirige,
d'une certaine façon, les dossiers, et on peut dire que le Québec
a certainement une ou deux années d'avance dans ce domaine-là.
Aucune autre province canadienne, M. le Président, aucune autre, n'a
jusqu'à ce jour proposé des programmes concrets d'adaptation des
travailleurs aux réalités changeantes de la technologie. On sait
que, dans les usines, dans les milieux de travail, pour demeurer
compétitifs, on doit avoir recours de plus en plus à la haute
technologie. S'il y a 12 % ou 13 % de chômeurs, on ne doit pas oublier
qu'il y en a 87 % ou 88 % qui travaillent. Ces travailleurs-là, ce sont
eux qui forment la locomotive, ce sont eux qui entraînent les autres, ce
sont eux qui paient les cotisations d'assurance-chômage. Si on ne
s'occupe pas de ceux-là, peut-être qu'un jour ils vont rejoindre
le groupe de ceux qui sont en chômage. Donc, on doit absolument s'occuper
de ces travailleurs-là; l'avenir du Québec repose sur eux, d'une
certaine façon.
Or, tout le monde reconnaît l'importance d'adapter les
travailleurs en emploi, là, d'adapter leurs compétences. Mais
personne, sauf le Québec, n'a, jusqu'à ce jour, proposé de
programmes concrets. Le Québec, lui, a proposé et a mis en
vigueur deux programmes: le crédit d'impôt remboursable à
la formation qui, probablement, l'an prochain, va atteindre son rythme de
croisière de 100 000 000 $ par année; et le programme SPRINT qui,
après des débuts difficiles, est en train, également, de
faire sa marque et qui devrait atteindre son rythme de croisière d'ici
deux à trois années, et coûter également au
Québec un autre 100 000 000 $ par année. Ce sont des gestes
concrets, M. le Président, qui font l'admiration des autres provinces,
je dois le dire, et du gouvernement fédéral.
En ce qui concerne le partenariat dont tout le monde parle, bon,
plusieurs provinces mettent sur pied des sociétés de
développement de la main-d'oeuvre, mais seul le Québec a mis sur
pied une société qui est résolument axée sur
l'action. La Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre est la seule société de
main-d'oeuvre au Canada dont le rôle n'est pas seulement un rôle de
consultation, mais un rôle de gestion des programmes de main-d'oeuvre.
Ça aussi, M. le Président, je pense que ça nous
démarque d'une façon positive des autres provinces et aussi du
gouvernement fédéral. Donc, dans le domaine de la main-d'oeuvre,
je crois qu'on a lieu d'être plutôt optimistes que pessimistes.
Pour ce qui est de la Suède, M. le Président, les
remarques de la députée de Hochelaga-Maisonneuve concordent
exactement avec les informations que j'ai et que j'ai transmises. La
Suède est un pays socialiste, et c'est ce que j'ai dit à
plusieurs reprises, qui n'hésite pas à exclure, pour une certaine
période de temps, les travailleurs qui refusent un emploi. Alors, elle
ne m'a rien appris de nouveau; j'avais eu les mêmes informations dans le
temps.
Maintenant, ce que je n'aime pas dans les propos de la
députée de Maisonneuve, ce n'est pas l'exactitude des propos
qu'elle tient - la plupart du temps, elle est bien informée - mais c'est
les nuances, M. le Président, qui manquent. Il y a bien des
façons de dire une chose. Par exemple, elle disait tout à l'heure
que le régime d'assurance-chômage est menacé de
démembrement. J'ai pris les mots, là, j'ai écrit
ça. Je ne crois pas que les efforts que fait le gouvernement
fédéral pour rationaliser le régime soient en train de le
menacer de démembrement; je pense que c'est légèrement
exagéré et ça fait en sorte d'enlever beaucoup de
crédibilité dans ses propos. Je pourrais citer plusieurs autres
déclarations de la députée, tantôt, qui font en
sorte que je déplore, quant à moi, ce manque de nuances, M. le
Président, parce que ça a pour effet de jeter le trouble et
même la hantise parmi ceux qui écoutent ces paroles-là,
parce qu'on décrit la situation d'une façon qui n'est pas
correcte- Alors, moi, j'aimerais qu'on en revienne à des propos un peu
plus nuancés et ça aiderait certainement à mieux
comprendre la situation.
Pour ce qui est de l'assurance-chômage et de l'exclusion possible
des travailleurs de l'aide sociale ou de la sécurité du revenu,
j'aimerais dire à l'Opposition officielle que l'interprétation
qui a été tantôt véhiculée par la
députée, et qui est celle de la Commission des services
juridiques, n'est pas l'interprétation que, nous, nous avons au
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle. Bien sûr, dans la loi actuelle, on
traite comme étant de l'aide conditionnelle les sommes d'argent
reçues, parce que les personnes exclues de l'assurance-chômage
l'étaient temporairement. C'étaient des personnes qui
n'étaient pas inadmissibles pour toujours, mais qui étaient
exclues d'une façon temporaire, par voie de pénalité. Or,
ce qui est modifié avec la nouvelle proposition du gouvernement
fédéral, c'est le fait que ces personnes-là seront
totalement exclues de l'assurance-chômage, sans recours. C'est donc dire
qu'à ce moment-là ces personnes-là n'auront
pas la possibilité de revenir à l'assurance-chômage
et, dans ce sens-là, elles sont devenues inadmissibles à
l'assurance-chômage d'une façon définitive, ce qui nous
permet de dire que ces personnes-là pourront être accueillies
à l'aide sociale dès le début, d'une façon normale,
sans que ce soit considéré comme de l'aide conditionnelle.
Et l'article 34.3° de la Loi sur la sécurité du revenu
le dit bien qu'une personne doit rembourser au ministre... Remarquez bien, M.
le Président, que ce n'est pas le ministre, personnellement, qui
encaisse ces sommes-là, parce que je ne serais pas ici, je serais sous
d'autres deux, sûrement plus cléments! «Une personne doit
rembourser au ministre, sauf pour les sommes déterminées par
règlement...». Et là on dit, au paragraphe 3°:
«le montant des prestations accordées en vertu de la
présente loi alors qu'elle ou un membre de sa famille a
été déclaré inadmissible à des allocations
ou prestations payables en vertu d'une autre loi en vigueur au Québec ou
ailleurs pour un motif semblable à ceux prévus aux articles 28 ou
29, jusqu'à concurrence des montants qui auraient, en l'absence d'un tel
motif, été payables en vertu de cette autre loi et dès que
l'inadmissibilité cesse».
Or, M. le Président, en vertu de la nouvelle loi,
l'inadmissibilité ne cesse jamais. Dans ce sens-là, la personne
n'a pas à rembourser quoi que ce soit. On ne lui fait pas d'avance
conditionnelle puisque cette personne-là est exclue totalement de
l'assurance-chômage; en conséquence, on ne lui fait pas d'avance
en attendant qu'elle puisse éventuellement recevoir des sommes de
l'assurance-Ghômage pour nous rembourser. Elle n'en recevra pas
d'assurance-chômage; donc, elle ne pourra pas nous rembourser. Donc, elle
sera admise à l'aide sociale, selon l'interprétation qu'on en a
de nos services juridiques, comme toute autre personne.
Alors, M. le Président, je termine là-dessus en disant
que, de ce côté-ci, on envisage l'avenir avec
sérénité. Les temps sont difficiles, M. le
Président, c'est évident. Il va falloir que chaque groupe de
citoyens fasse, comme nous, d'ailleurs, M. le Président, un effort pour
tenter de participer au redressement des finances publiques. Personne, je
pense, aucun groupe ne pourra être totalement épargné, mais
nous allons tenter de le faire avec justice, avec équité, en nous
disant bien que, si nous réussissons à équilibrer les
finances publiques, le Québec pourra envisager l'avenir avec beaucoup
plus d'optimisme, M. le Président.
Alors, voilà. S'il y a d'autres questions, ça me fera
plaisir de répondre à la députée.
Le Président (M. Joly): merci, m. le ministre. mme la
députée, est-ce que vous avez d'autres questions suite aux propos
de m. le ministre? :
Discussion générale
Déclarations du ministre sur la réforme
de l'assurance-chômage
Mme Harel: M. le Président, le ministre me fait grief
d'être sans nuances. Alors, moi, j'apprécie celles qu'il introduit
ici en commission, mais je souhaiterais qu'il en soit de même lorsqu'il
est question de ses déclarations en conférence de presse ou dans
les médias. Pensez, par exemple, à des périodes
complètement différentes. Il s'agit ici du 6 février, dans
le journal de Québec et puis, par ailleurs, ici, il s'agit du 30
janvier, dans le journal Le Devoir. Donc, des journalistes qui n'ont pas
reçu la même information, le même jour, et qui l'auraient
mal cité? Alors, dans le journal de Québec, on lit ceci, de la
part du ministre; c'est entre guillemets et je cite: «En Suède,
dans un régime socialiste, on sort carrément quelqu'un de
l'assurance-chômage s'il quitte son emploi volontairement et sans raison,
a dit M. Bour-beau».
M. Bourbeau: Oui, pour une période de 10 semaines, M. le
Président.
Mme Harel: Oui. Alors, la nuance n'était pas là, M.
le Président.
M. Bourbeau: Bien, ce n'est pas parce que je ne l'ai pas
faite!
Mme Harel: Et, dans Le Devoir, le 30 janvier, ça
s'intitule «Suède et Québec... même combat!».
Et on cite le ministre: «Le ministre s'est ensuite servi du modèle
suédois pour appuyer sa thèse [...] Quelqu'un qui abandonne un
emploi volontairement et sans raison valable est carrément exclu de
l'assurance-chômage.»
M. Bourbeau: C'est vrai!
Mme Harel: «Si un pays aussi socialiste que la Suède
en vient à la conclusion qu'il faut agir de la sorte, je pense qu'on ne
devrait pas [...] commencer à verser des larmes de sang quand on agit de
la même façon».
M. Bourbeau: Mais c'est exact, M. le Président! C'est
absolument exact!
Mme Harel: Et tout ça étant pour commenter,
n'est-ce pas, l'exclusion totale que s'apprête à introduire,
justement, le Canada. Alors, il y a de la restriction mentale; ce n'est pas de
la nuance, ça devient de la restriction mentale. J'espère que ce
n'était pas délibéré, parce que, quand le ministre
dit qu'en Suède on sort carrément les gens, c'est pour une
période d'exclusion équivalente à celle qu'on veut
modifier ici, qui est, en Suède, de 4 à 10
semaines, qui est ici de 7 à 12 semaines, et ce n'est
évidemment pas pour commenter l'exclusion totale en essayant de la
comparer à ce qui se fait en Suède, ce qui est évidemment
faux, M. le Président. Alors, je demanderais au ministre,
peut-être, de faire moins de restrictions mentales lorsqu'il s'adresse
aux médias, d'autant plus que cette exclusion, cette période de 7
à 12 semaines, est-ce qu'elle n'est pas suffisante? Est-ce que ce n'est
pas là une pénalité extrêmement importante qui, de
plus, était combinée à une réduction de 60 %
à 50 % de la prestation? Est-ce que ce n'est pas suffisant pour
décourager? (15 heures)
M. Bourbeau: Pas 60 % à 50 %.
Mme Harel: 60 % à 50 %, dans les cas de départ
volontaire.
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Le ministre a intérêt à se faire
mettre à jour sur la loi de l'assurance-chômage. C'est 60 %
à 50 %, la réduction combinée à 7 à 12
semaines d'exclusion.
M. Bourbeau: Elle fait allusion aux nouvelles coupures de 57.
Mme Harel: Est-ce que ce n'est pas suffisant, ça, pour
décourager les départs frivoles? Est-ce que ce n'est pas
suffisant, 7 à 12 semaines? Il y a combien de gens qui sont ici,
là, de votre propre ministère - je ne le sais pas - ou des
membres de la commission parlementaire qui ont des économies de deux
à trois mois pour voir venir la vie? 7 à 12 semaines, c'est quand
même vraiment une punition qui est assez lourde, n'est-ce pas?
M. le Président, je regrette, mais je dois encore dire au
ministre qu'il a été mal cité, en tout cas, si tant est
que ce ne sont pas là les propos qu'il voulait tenir, parce qu'on lui
attribue exactement les propos suivants: On voit trop souvent des travailleurs
qui le font exprès pour abandonner leur emploi et retourner chez eux
encaisser leurs prestations d'assurance-chômage, et qui en font une
profession.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne retire rien de
ça.
Mme Harel: Ça, c'était le samedi 30 janvier, dans
La Presse.
M. Bourbeau: Je ne retire rien de ça. C'est exact.
Mme Harel: Ou encore, tenez: Certains travaillent le nombre exact
de semaines exigé pour toucher des prestations et se retrouvent ensuite
à ne rien faire, etc. Et ça, il y en a, M. le Président,
à la douzaine.
M. Bourbeau: Mais, M. le Président, je ne retire rien.
Effectivement, je n'ai pas été mal cité, j'ai
été très bien cité. Vous en connaissez autant que
moi, des gens qui font ça.
Pénalités liées à
l'abandon d'un emploi
Mme Harel: J'apprécierais...
M. Bourbeau: La députée n'en connaît pas de
gens qui font ça?
Mme Harel: ...j'apprécierais que le ministre écoute
tout simplement ce que la Commission des services juridiques lui a fait
certainement parvenir. La Commission élabore sur la situation d'un
prestataire qui, en 1991, aurait pu, par exemple, exercer un emploi durant les
semaines prescrites pour être admissible à
l'assurance-chômage, c'est-à-dire 14 semaines, et qui se retrouve
ensuite dans le cas suivant: 2 semaines de délai de carence, sans
rémunération, plus un maximum de 12 semaines d'exclusion sans
rémunération - on est rendu à 14 semaines; 14 semaines,
là, c'est pas loin de trois mois et demi - plus 23 semaines de
prestations payables au taux de 50 % de la rémunération moyenne
assurable, soit une prestation hebdomadaire de 110 $. Je vous rappelle encore
que la très grande majorité se retrouve dans les emplois
précaires, sans avantages sociaux, rémunérés de 5 $
à 7 $, au salaire minimum ou presque. Et il a l'obligation de prouver sa
disponibilité et d'effectuer des recherches d'emploi à raison
d'au moins cinq demandes par semaine. Alors, ce spécialiste - le
ministre, lui, il en a contre les spécialistes de
l'assurance-chômage - il aurait été confronté
à la perspective de vivre avec une prestation mensuelle d'environ 450 $
par mois, ce qui est même inférieur au barème mensuel d'un
prestataire de la sécurité du revenu.
La Commission des services juridiques ajoute: II nous apparaît
important de corriger cette image à l'effet que tous les travailleurs
laissent volontairement leur emploi pour se payer du bon temps. Ça
paraît d'autant plus important, M. le Président, que, quand le
ministre se réfère à ces spécialistes de
l'assurance-chômage, j'ai l'impression qu'il est 10 ans en retard. Ceux
d'entre nous qui en ont connu qui s'en allaient au Mexique passer l'hiver ou
qui allaient passer l'été sur l'assurance-chômage, M. le
Président, ça ne peut plus exister. Vous savez pourquoi? Parce
que les trois mois d'exclusion, c'est les trois mois d'été. Au
mois de septembre, évidemment, ils ont à faire des recherches
intensives d'emploi, et ils n'ont rien eu pendant l'été.
D'autre part, quand on a un taux de chômage qui, officiellement,
fait 13,2 %, on sait très bien que ce n'est pas là... Il faut,
dans notre régime fédéral, additionner à la fois
ceux qui sont inclus dans les statistiques fédérales de recherche
d'emploi et, aussi, les personnes aptes
au travail, qui participent à des mesures et qui, elles, ne sont
pas incluses. Alors, quand on fait le total, vous savez, les 13,2 %, c'est bien
modeste en regard de la réalité des hommes et des femmes sans
emploi dans notre société. Avez-vous pensé, vous, M. le
Président, qu'il y a autant de départs volontaires frivoles que
le ministre peut l'envisager? C'est la pénurie d'emplois disponibles qui
est certainement la plus significative pour amener les gens à conserver
un emploi, même s'ils le détestent.
Alors, ceci dit, M. le Président, je suis contente, quand
même, de comprendre que le ministre entend interpréter la loi de
façon telle qu'il n'y aura plus cette période de remboursement de
prêt conditionnel, qui est actuellement appliquée pour les
personnes qui sont en exclusion partielle, l'interprétation étant
qu'il n'y a pas de période où l'inadmissibilité cesse -
c'est bien ça que je dois comprendre - parce que, de toute façon,
la personne est considérée comme inadmissible. Mais vous allez
devoir sûrement envoyer une directive à cet effet, parce que, dans
le réseau, ce n'est pas du tout la version qu'on nous a donnée,
ni au recouvrement, ni sur le terrain. Évidemment, ils n'ont
peut-être pas eu de directive contraire, l'idée étant que
l'application se fera comme c'est le cas maintenant.
D'autre part, cette pénalité de 100 $ est toujours
là. Moi, je ne comprends pas pourquoi il y a une punition dans la mesure
où il y a, finalement, des motifs. Les motifs sérieux qu'on
retrouve dans la loi 37 ne sont pas les motifs valables qu'on retrouve à
l'assurance-chômage. Avez-vous idée de ce qu'il peut y avoir comme
distorsion entre l'application des deux jurisprudences? Et cette
pénalité-là, finalement, peut s'appliquer dans les cas
où, par ailleurs, on aurait pu juger que c'était un motif valable
au niveau du conseil arbitral. Alors, il y a là certainement
matière à harmonisation.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion pour bien répéter ce que j'ai dit à de
nombreuses reprises et ce qui a été dit aussi dans les journaux,
ou à la radio et à la télévision. Quand j'ai
été interrogé, à plusieurs reprises, sur la
réforme de l'assurance-chômage du gouvernement
fédéral, en aucun cas je n'ai endossé d'une façon
inconditionnelle la réforme de l'assurance-chômage du gouvernement
fédéral. Je voudrais le dire parce que la députée
de Maisonneuve, tantôt, m'a prêté des propos sans nuance,
encore, à cet effet-là. J'ai toujours dit ceci, qu'en ce qui
concerne les objectifs recherchés par le gouvernement
fédéral...
M. le Président, la députée peut me montrer toutes
les coupures de journaux qu'elle veut, je lui enverrai des cassettes avec mes
mots qui sortent de ma bouche. Les journaux, c'est des journalistes qui
écrivent des choses. Je peux lui envoyer les textes, M. le
Président... non pas les textes, mais les mots qui vont sortir de ma
bouche. Donc, elle ne pourra pas me prêter des déclarations
erronées, ou faire des déclarations erronées sur ce que
j'ai dit.
M. le Président, ça me fait penser à ce que
disait... J'ouvre une parenthèse. Quand je regarde, M. le
Président, la députée de Maisonneuve qui,
systématiquement, déforme mes paroles et quand je regarde les
gens qui peuvent trouver ça drôle derrière elle, ça
me fait penser aux mots de Kipling. Vous vous souvenez, M. le Président,
Kipling disait: «Si tu peux supporter d'entendre tes paroles travesties
par des gueux pour exciter les sots». Fin de la citation. Mais je ne veux
pas prêter nécessairement ces mots-là à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Je reviens à mon propos. Alors, je n'ai jamais, en aucune
façon, endossé inconditionnellement la réforme de
l'assurance-chômage. Ce que j'ai dit, c'est que l'objectif
recherché, c'est-à-dire faire en sorte d'exclure de
l'assurance-chômage ceux qui, volontairement et sans aucune raison
valable, abandonnent leur travail pour pouvoir bénéficier des
prestations d'assurance-chômage, cet objectif-là, M. le
Président, je crois qu'il est correct, puis c'est le même objectif
que nous avons dans la réforme de l'aide sociale, et que nous avions
dans l'ancienne loi de l'aide sociale aussi. Ce n'est donc pas nous qui avons
inventé ce principe-là, il existait dans la loi depuis - 1970,
l'ancienne loi de l'aide sociale? - 1970. Pour quelqu'un qui, volontairement et
sans raison valable, ou sans motif sérieux, abandonne un emploi, on a
toujours, à l'aide sociale, appliqué une pénalité.
Enfin, la loi prévoyait une pénalité et la contrepartie
dans l'assurance-chômage, c'est une exclusion. (15 h 10)
Maintenant, j'ai toujours dit aussi que, sur les moyens qui
étaient employés par le gouvernement fédéral ou qui
veulent être employés, j'avais des réserves. Je l'ai dit.
J'ai même, dans une entrevue récente, suggéré
peut-être qu'on devrait, dans les documents qui certifient le
départ d'un individu, demander non seulement la signature de
l'employeur, mais celle de l'employé aussi. Ce serait assez
intéressant, parce qu'à ce moment-là, si les deux
signatures y apparaissent, c'est donc que les deux s'entendent sur les causes
du départ et, si les deux signatures n'étaient pas
présentes, le fonctionnaire serait immédiatement alerté au
fait qu'il y a un problème, que les deux ne s'entendent pas, et
là on pourrait, avant de rendre un jugement, une décision,
confronter les parties ou obtenir le point de vue du travailleur. Alors, je
pense que ces suggestions-là, que j'ai faites à quelques
reprises, indiquent très bien que je n'ai pas nécessairement
endossé les moyens qui sont utilisés ou que le gouvernement
fédéral veut utiliser pour réformer
l'assurance-chômage. Je
pense qu'il serait intéressant, ce serait souhaitable, en tous
les cas, que la députée prenne note de ces nuances. De toute
façon, je suis convaincu qu'on en reparlera à quelques
reprises.
Maintenant, M. le Président, les punitions dont parlait la
députée, tout à l'heure, c'est exact qu'on les applique
dans le régime de sécurité du revenu, mais on ne les
applique pas d'une façon aveugle. Jamais on ne décerne une
pénalité à moins d'avoir entendu le prestataire, sa
version des faits. Et, lorsqu'on en vient à la conclusion que la
personne a abandonné son emploi sans motif sérieux, bien
sûr, la pénalité, elle est appliquée. Le
prestataire, je le signale, a immédiatement un droit d'appel et nous
avons une révision administrative qui est faite dans les jours qui
suivent par des personnes qui sont autres que celles qui ont pris la
décision initiale. Le prestataire peut toujours, s'il n'est pas
satisfait de la décision, en appeler à la Commission des affaires
sociales. C'est la façon dont le principe est mis en vigueur au
Québec.
Maintenant, je voudrais signaler à la députée que,
bien sûr, la Commission des services juridiques fait état du cas
d'une personne qui, étant à l'assurance-chômage, pourrait
recevoir des prestations mensuelles de 450 $ par mois, ce qui n'est pas
beaucoup. Je signale que, dans ces cas-là, cette personne-là a le
droit de venir à la sécurité du revenu, et que nous la
supplémentons à la sécurité de revenu. Nous en
avons un certain nombre de cas de personnes qui reçoivent à la
fois des chèques de l'assurance-chômage et de la
sécurité du revenu, puisque ces personnes-là n'ont pas le
minimum qui est prévu par la Loi sur la sécurité du revenu
qui fait que toute personne qui n'a pas de biens et pas de revenus a droit
à des prestations d'aide sociale ou de la sécurité du
revenu.
Finalement...
Mme Harel: Je veux juste savoir ceci du ministre. Vous
n'êtes pas inquiet du fait qu'appliquer l'exclusion totale à ces
personnes qui sont, pour la plupart, comme je le signalais tantôt, des
personnes qui occupent des emplois précaires et qui ont beaucoup besoin
de formation, ça va provoquer leur exclusion des programmes de formation
qualifiante, parce que la seule autre porte pour la formation va devenir l'aide
sociale? On sait très bien combien il y a peu de formation
professionnelle, puisque c'est une formation de base qui est admissible avec
les mesures de rattrapage scolaire.
Alors, est-ce que le ministre de la Formation professionnelle n'est pas
inquiet par le délestage d'une partie de ces personnes qui allaient
certainement, depuis un an, grossir les rangs de celles qui souhaitaient de la
formation et peut-être qui allaient même grossir les rangs de
celles qui en souhaitaient le plus, de formation? Est-ce qu'il n'est pas
inquiet qu'on abandonne, dans notre société, une fraction des
gens en disant: Bon, là, on va mettre le paquet sur les travailleurs en
emploi, ceux qui sont, évidemment, dans les entreprises en concurrence
dans le cadre du libre-échange, alors qu'on abandonne les autres
à leur triste sort? On n'a pas d'argent pour tout le monde. C'est
ça que le ministre voulait dire, tantôt, quand il disait: On va
s'occuper des travailleurs, puis qu'il faisait l'éloge du fait qu'il
s'occupait des travailleurs particulièrement en emploi?
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends la question. Je
suis moins inquiet que ne devraient l'être les gens qui, volontairement
et sans aucune raison valable, abandonnent leur emploi et se privent de ce dont
vient de parler la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: «Sans raison valable», M. le ministre,
ça ne fait pas partie de la loi, ça.
M. Bourbeau: Un instant, là.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Moi, je pense qu'on doit avoir un minimum de
responsabilisation dans notre société. Si un individu
reconnaît ou se rend compte que sa formation est déficiente, il y
a des choses à faire, M. le Président, pour faire en sorte de
pallier à ses carences. Ce n'est certainement pas en s'excluant
volontairement d'un système qu'on peut venir blâmer le
système après de ne pas le supporter. Moi, je pense que toute
personne qui va quitter son emploi, avec une raison valable - on me dit qu'on
va augmenter le nombre de raisons, qu'on va couvrir à peu près
toutes les situations, là, imaginables - eh bien, ne sera pas
pénalisée. Mais si une personne, sans aucune raison valable - et
ça restera à préciser, ce que c'est que les raisons
valables, et comment ce sera fait - abandonne son emploi, bien, moi, je pense
que c'est elle qui porte la responsabilité de ne pas avoir accès
à de la formation. C'est elle qui devrait être inquiète,
beaucoup plus que nous. Bien sûr, on l'est, nous aussi, pour elle, mais,
M. le Président, on ne peut quand même pas prendre par la main
chaque citoyen et l'obliger à faire des choses qu'il ne veut pas faire.
Moi, je le déplore amèrement, mais, si on ne veut pas faire le
moindre effort, il ne faudra pas demander à la société de
forcer les gens à se former malgré eux.
Je voudrais terminer, M. le Président, sur un autre aspect.
J'avais une dernière note ici. Dans le document de la commission des
affaires, de la commission d'aide juridique...
Mme Harel: Services.
M. Bourbeau: ...des services juridiques - le mot
«services» m'échappe toujours, M. le Prési-
dent - on appelle à la nuance en disant: II ne faudrait pas
penser que tous les travailleurs quittent volontairement pour se payer du bon
temps. Citation, là; j'ai pris la citation de la députée.
Je trouve, M. le Président, que, ça encore, c'est une
déclaration qui est sans nuance. Il n'y a personne qui pense que tous
les travailleurs quittent volontairement leur travail pour se payer du bon
temps. Personne n'a dit ça, ni le ministre fédéral, ni
moi, ni personne d'autre. Personne ne pense, non plus, que tous les
travailleurs quittent volontairement pour se payer du bon temps. Ce que j'ai
dit, quant à moi, c'est qu'il y en a. Quand on dit: II y en a, par
définition, ça veut dire le contraire de tous les travailleurs;
quelques-uns, M. le Président. Combien y en a-t-il? Je ne le sais pas.
Il y en a toujours trop qui quittent volontairement - oui, sans raison valable
- et qui retournent chez eux ou chez elles. C'est ceux-là. M. le
Président, qu'on veut exclure.
Moi, je ne peux pas blâmer le gouvernement fédéral
de vouloir faire le ménage là-dedans. On a fait la même
chose à la sécurité du revenu et on va le faire encore, M.
le Président. Ceux qui ne veulent faire aucun effort, toutes nuances
étant faites et ayant pris toutes les mesures pour éviter,
là, les injustices, ceux qui resteront et qui ne voudront faire aucun
effort, quel qu'il soit, pour tenter de s'en sortir, pour améliorer leur
employabilité à l'aide sociale, bien, ils ne peuvent pas
s'attendre à ce que l'État fasse pour eux, là, des efforts
ou fasse des miracles pour eux. C'est la même philosophie, me
semble-t-il, qu'on veut véhiculer au gouvernement fédéral
et, dans la mesure où on le fera avec toutes les nuances qu'il faut, on
ne peut pas me demander, à moi, de condamner un principe qui ne me
paraît pas erroné, quant à moi.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députés, s'il vous plaît.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre Sait
que ce dont il parle, en fait, n'a rien à voir avec ce qui est
proposé par son homologue et ce à quoi il dit souscrire en
principe? J'ai avec moi, M. le Président, la version française,
là, la note de service, en fait, qui s'intitule: «Guide de
l'admissibilité aux prestations, chapitre 6, Départ volontaire,
Bulletin no 93». Finalement, il s'agit là de la directive qui est
envoyée aux agents d'Emploi et Immigration Canada pour évaluer,
estimer, apprécier s'il s'agit d'un départ volontaire
fondé ou pas, hein? Et ça, M. le Président, je voudrais
peut-être en faire faire copie pour le bénéfice des membres
de la commission et aussi pour le bénéfice du ministre,
évidemment, pour que le ministre comprenne que ce qui est en cause,
présentement, d'une part, c'est que le fardeau de la preuve va
appartenir toujours au travailleur et à la travailleuse, en n'oubliant
pas qu'il y a déjà, là, une pénalité de 7
à 12 semaines, plus une réduction de 60 % à 50 % de la
prestation. Alors, est-ce que, ça, ce n'était pas suffisant pour
décourager les départs frivoles?
Pourquoi aller plus loin? C'est ça qui m'intéresse.
Pourquoi aller plus loin, quand on sait, par exemple, que le travail de nuit,
que la situation familiale n'ont pas été considérés
comme une justification pour un départ volontaire, que le fait de subir
beaucoup de pression de la part de l'employeur, ça n'a pas
été considéré comme une justification pour un
départ volontaire, ni le fait d'être obligé de faire des
heures supplémentaires, ni une mutation du lieu de travail impliquant
des dépenses supérieures, ni le fait de se voir offrir un poste
constituant une démotion dans la même entreprise, ni le fait que
le prestataire à temps partiel va quitter son emploi parce que son
salaire ne lui permet même pas de payer ses dépenses - ce ne
serait pas considéré comme un départ justifié - ni,
par exemple, le fait que la personne s'estime incompétente pour le
poste, qu'il y ait des difficultés d'adaptation, de
l'incompatibilité de caractère, des difficultés de
transport, ou que même les manoeuvres frauduleuses de l'employeur ne sont
pas considérées comme des justifications? (15 h 20)
Et plus encore - ça concerne un des organismes que le ministre a
sous sa juridiction - par exemple, le règlement à l'amiable,
à la Commission des normes du travail, des poursuites intentées
pour rupture de contrat pour salaire non payé, qui ont
entraîné le départ de l'employé... Puis, on sait
à quel point - j'espère avoir l'occasion d'y revenir, d'ailleurs,
cet après-midi - abusivement, à mon point de vue, presque, la
Commission, maintenant, favorise la médiation et favorise, finalement,
une sorte de règlement à l'amiable. Bien, quand il y en a un et
que ce règlement à l'amiable fait que l'employé ne
retourne pas, ce n'est pas, non plus, considéré comme
étant justifié.
La liste est impressionnante. Même dans les cas où on
pourrait envisager qu'il s'agit de motifs qui sont considérés
comme justifiés, dans les cas de harcèlement de nature sexuelle,
dans les cas même de garde d'enfants, dans les cas de conditions de
travail dangereuses, dans les cas de discrimination même fondée
sur des motifs de la charte, encore faut-il que la personne puisse faire la
preuve que son départ constituait la seule solution raisonnable. Donc,
on va presque lui imposer de porter plainte. Si elle n'a pas porté
plainte, ce ne sera pas considéré comme ayant été
une solution raisonnable et ainsi de suite.
Dans ce contexte-là, ce qui est assez troublant, M. le
Président, c'est que le ministre continue, malgré tout, à
plaider qu'il s'agit de personnes qui n'ont pas de raison. Pourtant, on le voit
très bien, un simple regard de premier niveau nous permet de constater
à quel point la
loi est restrictive et, de toute façon, impose le fardeau sur les
épaules des travailleurs et des travailleuses qui ont
déjà, de toute façon, une pénalité qui est
assez lourde à porter, n'est-ce-pas, qui est celle d'une exclusion de
prestations, de deux semaines de carence, plus 7 à 12 semaines sans
rémunération, plus une réduction de 60 % à 50 % du
niveau des prestations.
Alors, dans ce contexte-là, est-ce que, finalement, la
rationalité derrière ça, ce n'est pas, justement, de
pouvoir écarter du bénéfice de la formation
professionnelle, oui, des hommes et des femmes qui assumaient un manque
à gagner, qui est de trois mois à trois mois et demi, en
général, en espérant qu'une fois sur
l'assurance-chômage - parce que c'est le seul moyen dans notre
société, souvent, pour avoir droit à de la formation
professionnelle qualifiante, surtout quand on a dépassé
l'âge légal des études à plein temps -ce soit
là un moyen d'améliorer son sort? Est-ce qu'on n'est pas,
finalement, dans un des effets pervers d'un système de formation
professionnelle, qui est à 80 % pour les dépenses qui y sont
effectuées associé à la caisse
d'assurance-chômage?
Finalement, est-ce qu'il n'y a pas matière à
déplorer, sinon à dénoncer le fait que, pour toutes ces
personnes qui vont, pour des raisons qui sont tout simplement le fait que leur
emploi n'est pas tenable, qu'elles ne peuvent plus le supporter, parce que...
Dans le régime des relations de travail dans notre
société, c'est évident - le ministre, je ne sais pas s'il
est au courant - qu'il y a déjà des employeurs qui ont
laissé entendre à leurs employés que c'était
à prendre ou à laisser, les conditions qui allaient leur
être faites, et qu'advenant que l'employé ne soit pas content,
bien, il savait ce qui l'attendait, il avait juste à quitter.
Alors, dans ce contexte-là, est-ce que le ministre n'est pas
inquiet de voir que ces personnes vont venir grossir les rangs de l'aide
sociale? On connaît le chiffre record, présentement, de 731 000
personnes. Est-ce que le ministre n'est pas inquiet que ces personnes n'aient
plus accès à de la formation professionnelle qualifiante,
puisqu'elles seront exclues de l'assurance-chômage et puisque, dans notre
société, c'est par ce biais-là, très souvent, qu'on
peut se qualifier?
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Je pense que tous et toutes auront compris que j'ai
laissé aller le débat d'une façon qui semble plaire
à tous les parlementaires. Compte tenu de notre règlement,
à l'article 209, j'aurais quand même pu trancher, mais je sais
aussi qu'à l'intérieur des engagements financiers, souvent, il y
a très peu de questions sur certains engagements financiers. Alors, si
c'est la façon dont vous voulez que je continue d'administrer ça,
moi, je me sens très à l'aise.
M. Bourbeau: Moi, M. le Président, je ne m'attendais pas
à autre chose. Ça fait cinq ans que je fais des engagements
financiers avec la députée, et je sais qu'elle a beaucoup
confiance en notre gestion des fonds publics et qu'elle est bien d'accord que
la plupart des contrats qui ont été accordés - enfin, elle
semble - l'ont été correctement. On sera toujours disposés
à répondre à des questions sur certains contrats.
Je termine. Quant à moi, je veux seulement répondre en une
minute à la dernière intervention de la députée en
lui disant: Bien sûr qu'une somme très importante de la formation
provient du compte de l'assurance-chômage et, donc, est dirigée
vers les chômeurs ou ceux qui ont droit à ces
prestations-là, et qui sont essentiellement des chômeurs. Il ne
faut quand même pas oublier que de plus en plus d'employeurs consacrent
des sommes de plus en plus importantes à la formation des travailleurs
en emploi, les 87 % ou 88 % dont je parlais tantôt qui ne sont pas en
chômage, et que ces sommes-là sont de plus en plus
importantes.
Quant à lui, le gouvernement du Québec consacre de plus en
plus d'argent aussi à ces travailleurs-là. Je parlais du
programme de crédit d'impôt remboursable à la formation,
qui atteindra 100 000 000 $, vraisemblablement, l'an prochain. Je parle du
programme SPRINT qui atteindra, lui aussi, en rythme de croisière, selon
nos estimés, probablement 100 000 000 $ par année, sinon plus. Et
ça, ce n'est qu'une partie de ce qui se dépense, parce que nous
rembourserons, comme vous le savez, uniquement 20 % des dépenses des
entreprises importantes, des grosses entreprises, et 40 % des dépenses
des PME. Alors, on peut parler de sommes importantes qui sont
consacrées, qui seront consacrées dans l'avenir à la
formation des travailleurs, et qui ne proviennent pas du compte de
l'assurance-chômage.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
oui.
SPRINT
Mme Harel: ...une question, là. Le ministre vient de
parler de 100 000 000 $ pour le programme SPRINT.
M. Bourbeau: En période de croisière,
là.
Mme Harel: Je comprends qu'il avait prévu 16 000 000 $
cette année, qu'il ne réussira pas à dépenser. On y
reviendra sur SPRINT. Je comprends aussi qu'il avait prévu 58 000 000 $,
l'an prochain. Il l'avait prévu lors de l'annonce du
programme, au mois de septembre dernier. C'était dans le dossier
de presse de l'annonce. Pourtant, dans le budget qui a été
déposé à la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre, pour l'année 1993-1994,
loin d'être les 58 000 000 $ annoncés l'automne dernier, c'est 36
000 000 $ seulement, c'est-à-dire une diminution de 22 000 000 $. Alors,
M. le Président, c'est une diminution de quasiment 40 % d'un programme
qui est supposé être performant. C'est ce que nous envieraient les
Canadiens, présentement! Le ministre disait, tantôt, qu'à
Toronto on nous enviait parce qu'on avait SPRINT et les crédits
d'impôt. Alors, M. le Président, est-ce que j'ai besoin de
rappeler à quel point SPRINT est un programme qui est actuellement
discrédité? Il fait d'abord l'objet d'une demande en recours
collectif.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je sais que le Protecteur du citoyen a fait un examen
attentif de ce programme à cause de sa complexité. Je sais
encore, pour l'avoir vérifié moi-même ce matin, que le
Regroupement des collèges du Montréal métropolitain s'en
est retiré depuis janvier dernier et que la Fédération des
cégeps, qui considère que la problématique-Une
voix: Ce n'est pas exact, ça.
Mme Harel: ...est la même à travers le
Québec, a eu une réunion le 3 février et doit en avoir
encore une autre jeudi prochain. Elle a fait un certain nombre de propositions
et, si elles ne sont pas retenues, on va la voir se retirer du programme. Au
niveau des 11 cégeps de l'île de Montréal, on me confirmait
ce matin que, dans leur bilan des demandes d'inscription de SPRINT, il y avait
eu 705 inscrits dans les cégeps et que, finalement, au mois de janvier,
28 personnes sur ces 705 avaient été jugées admissibles.
Avez-vous idée de la complexité de ce programme? M. le
Président, finalement, c'est des milliers de personnes qui ont servi de
cobayes à ce programme qui a été improvisé, qui est
considéré comme inefficace, complexe et qui, pourtant, devait les
inciter à se perfectionner. (15 h 30)
II y a tellement de documents, de formulaires - j'en ai apporté
ici - de critères, là. Il faut voir ce que c'est. APPORT,
à côté, M. le Président, c'était comme un jeu
d'enfant. Vous n'avez pas idée. Même APPORT, première
version, qui ne s'est pas vraiment améliorée parce que, encore
là, APPORT, ça n'a jamais vraiment décollé... On
prévoyait 44 000 familles bénéficiaires. Ça s'est
arrêté à 15 000, 16 000 par année, et ça n'a
pas bougé depuis 6 ans, 7 ans maintenant.
Alors, dans le programme SPRINT, j'ai des cas de travailleurs et de
travailleuses... On aura l'occasion, certainement, à notre retour en
mars prochain... Tous mes collègues ont monté des dossiers sur
SPRINT parce qu'ils ont tous reçu des concitoyens qui ont
été découragés dans ce processus-là parce
qu'il y ont cru, ils ont fait confiance au ministre et ils ont pensé que
c'était là une façon pour eux d'améliorer leur
sort, finalement. Et ceux et celles d'entre eux qui se sont mis le doigt dans
l'engrenage, bien, il y en a, là, qui demandent justement un recours
collectif devant les tribunaux. Le ministère doit être conscient
que tout ça va finir par se régler devant les tribunaux.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis très content
que la députée de Hochelaga-Maison-neuve aborde le dossier de
SPRINT. Je l'attendais, bien sûr, et je pensais même que ça
serait le premier sujet dont on parierait ce matin. Et ça me fait
vraiment rire quand j'entends la députée de Hochelaga-Maisonneuve
qui dit que le programme est discrédité. M. le Président,
grâce à qui il est discrédité? Bien, je ne voudrais
pas donner trop d'importance à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, mais je peux dire que, s'il y a un discrédit qui
est jeté sur le programme, M. le Président, elle a eu sa juste
part de mérite dans ce discrédit-là. M. le
Président, on peut faire confiance à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Quand il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien ou
qui accroche, elle est là, M. le Président, pour porter le
flambeau, le drapeau. Elle est aux premières loges - aux
premières loges - de ceux qui tentent et ont tenté de
discréditer le programme SPRINT.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a quelque chose qui fonctionne
bien?
M. Bourbeau: Et, dans ce sens-là, M. le Président,
je me demande vraiment si c'est là le rôle de l'Opposition de
tenter de jeter du sable dans l'engrenage, de tenter - le mot est d'elle et pas
de moi - de discréditer un programme. Vous devriez avoir honte, M. le
Président, de vous vanter de discréditer un programme. M. le
Président, le gouvernement...
Mme Harel: Mais, là, le ministre fait...
M. Bourbeau: Les seules personnes, M. le Président...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
Mme Harel: Là, le ministre prend ses désirs pour
des réalités. Moi, je n'ai jamais dit ça.
Le Président (M. Joly): Non, s'il vous plaît! Vous
pourrez vous permettre de corriger, Mme la députée.
Mme Harel: C'est le programme lui-même qui s'est
discrédité.
Le Président (M. Joly): C'est un échange. Mme
Harel: D'accord.
M. Bourbeau: Je ne tenterai pas, M. le Président, de nier
les problèmes que nous avons eus et que nous avons encore avec le
démarrage du programme SPRINT. C'est évident, et on ne le cachera
pas, qu'on a des problèmes de démarrage et, s'il y a une
responsabilité, M. le Président, je suis prêt à la
prendre. Quand on fait des bons coups, parfois, on peut penser que le ministre
a eu un peu à voir avec ça. Quand il y a des mauvais coups, M. le
Président, je suis le responsable, j'en prends toute la
responsabilité et je plaide coupable. Mais je dirais: Coupable avec
explications ou, enfin, j'aimerais plaider sur la sentence, M. le
Président, avant que le tribunal fasse en sorte de rendre le
jugement.
M. le Président, c'est évident que ceux qui ne font rien
n'ont aucun problème, ils ne sont jamais critiqués. Les
gouvernements qui ne proposent jamais rien, M. le Président, ne sont
jamais critiqués à court terme, mais possiblement qu'à
long terme, par exemple, ils sont critiqués. Quand on
décèle un problème et qu'on tente de le résoudre en
proposant une mesure, bien, il est possible que ça aille très
bien et il est possible parfois que les démarrages soient plus
difficiles. On a eu ce genre de problèmes avec d'autres programmes, et
le Parti québécois, lorsqu'il était au pouvoir, a eu les
mêmes problèmes que nous. Mais, nous, nous tentions d'aider le
gouvernement, à l'époque, M. le Président, pas de
discréditer les programmes. C'est ça la nuance entre l'Opposition
actuelle et l'ancienne Opposition. Enfin! Disons qu'il faut travailler contre
les aléas des programmes et contre l'Opposition qui met du sable dans
l'engrenage. Mais, ça, ça fait partie, je présume, de la
vie politique.
Alors, M. le Président, nous avons conçu ce
programme-là qui est le pendant de l'autre programme que nous avions
lancé, qui s'adressait aux entreprises, celui-ci, SPRINT, s'adressant
aux travailleurs pris individuellement. Et l'objectif est clair. Vous savez
que, jusqu'à quelques années, un individu pouvait quitter
l'école, le cégep, avec son diplôme en poche et pouvait
être raisonnablement convaincu qu'il était compétent pour
la vie. Il pouvait prendre son emploi et attendre avec
sérénité l'âge de la retraite en se disant: Je suis
capable de faire un travail et d'être compétent jusqu'à la
fin de ma vie active. Ce n'est plus le cas, M. le Président.
Aujourd'hui, on quitte la polyvalente, on quitte le cégep avec son
diplôme, on quitte l'université même, et on est
compétent pour un an, deux ans, trois ans. La technologie évolue
à un tel rythme que rapidement on réalise que notre
compétence diminue. Et ça vaut peut-être pour les
députés aussi, M. le Président! Et, à ce
moment-là, on se fait dépasser et on réalise que, si on ne
fait pas quelque chose, un jour on perdra son emploi parce qu'on sera
dépassé. Alors, il y a des travailleurs qui réalisent
ça et qui décident, individuellement, d'aller parfaire leurs
connaissances, de se remettre à niveau avec un retour aux études,
à plein temps, dans ce cas-ci, avec le programme SPRINT, en formation
professionnelle.
Alors, nous avons identifié le problème, M. le
Président. Comme nous sommes un gouvernement d'action, nous avons
proposé un programme innovateur. Il n'y a rien comme ça nulle
part au Canada, ni en Amérique, me dit-on. C'est la première fois
qu'un gouvernement propose un programme comme celui-là, qui a
été très bien reçu, je dois dire, et qui fait
l'envie des collègues qui en ont pris connaissance.
Le gouvernement du Québec, vous savez, a aussi une philosophie,
une politique visant à dégraisser la machine gouvernementale,
à tenter de réduire les effectifs plutôt que de les
augmenter. On s'est dit: Allons-nous engager ici 100, 200 ou 300 fonctionnaires
pendant une certaine période de temps? Et, comme ces
programmes-là ne seront peut-être pas là toujours - je
pense qu'il est souhaitable que les gouvernements mettent sur pied des
programmes, mais, quand les programmes ont atteint leur objectif, on doit les
remplacer - est-ce qu'on devrait engager des fonctionnaires qui,
éventuellement, pourraient obtenir la sécurité d'emploi
et, un jour, se retrouver avec des fonctionnaires, mais sans programmes?
Alors, on s'est dit: On va confier la gestion du programme à
l'entreprise privée. C'est innovateur, ça aussi. C'est la
première fois qu'un gouvernement confie la totalité d'un
programme à l'entreprise privée. On a demandé des
soumissions publiques. On a eu quatre soumissionaires. Enfin, on l'a
demandé à quatre soumissionnaires et je crois qu'il y a eu deux
soumissions. Et la gestion du programme a été confiée
à la meilleure soumission, celle présentée par le
Mouvement Desjardins. M. le Président, je pense qu'on ne nous fera pas
grief d'avoir fait confiance au Mouvement Desjardins, qui est un organisme qui
a fait ses preuves, qui est sérieux et dont la crédibilité
est à toute épreuve.
M. le Président, est-ce qu'on va me reprocher d'avoir fait
confiance au Mouvement Desjardins, d'avoir signé un contrat clé
en main avec lui où il doit livrer ce programme-là dans les
succursales des caisses populaires, etc.? Il fait de a à z la gestion du
programme. Il a eu des difficultés avec le support informatique, par
exemple. Le Mouvement Desjardins a confié le support informatique
à une filiale ou à un sous-traitant. Il y a eu des petits
problèmes de ce côté-là. Il y a eu des
problèmes aussi de compréhension ou de gestion du programme au
niveau local.
Nous avons commencé à déceler des failles à
l'automne. On est entrés en communication avec le Mouvement Desjardins
rapidement pour signaler, dans certains cas, ce qui nous apparaissait un peu
dangereux. Mais le gouvernement a rempli son obligation, M. le
Président. Nous avons payé toutes les sommes d'argent que nous
devions au Mouvement Desjardins. Nous avons avancé tout près de 1
000 000 $ à date pour le support informatique. Le contrat prévoit
des sommes de plusieurs centaines de milliers de dollars par année pour
la gestion du programme. Nous avons payé ce que nous devons. Et,
récemment, bien sûr, il y a eu des changements importants
d'apportés par le Mouvement Desjardins à la gestion du programme
et les dernières informations que j'ai sont à l'effet que le
programme est en train de reprendre sa situation normale. Les failles qui
avaient été observées sont en train d'être
colmatées. Et je suis, quant à moi, convaincu que, d'ici quelques
semaines tout au plus, le Mouvement Desjardins aura rattrapé tout le
retard et que le programme pourra continuer son expansion d'une façon
normale. alors, ceci étant dit, m. le président, s'il a
été discrédité, je pense que, quand on aura fait en
sorte de remettre le programme sprint sur les rails, ceux qui l'ont
discrédité, en toute logique et en toute honnêteté,
en feront état de façon à ce que le programme puisse
reprendre le crédit qu'il a perdu. parce que, si ce n'est pas le cas,
c'est les travailleurs québécois quj vont y perdre. si on
discrédite le programme alors que le programme est
réhabilité, à : ce moment-là, le
gouvernement va peut-être y gagner en ne dépensant pas autant
d'argent ou de fonds, mais les travailleurs vont y perdre. alors, je compte sur
la bonne volonté de l'opposition officielle pour suivre le dossier
attentivement - ça, je reconnais que ça fait partie de sa
responsabilité - mais pour constater aussi, lorsque ce sera le cas,
lorsque le programme sera remis sur les rails complètement, que c'est le
cas et en informer la population. (15 h 40) '
Alors, M. le Président, c'est les informations que je voulais
vous donner sur le programme SPRINT et, si jamais on veut citer mes paroles, M.
le Président, celles que je viens de prononcer, j'espère qu'on
les citera dans leur intégralité et non pas en partie
seulement.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que...
Mme Harel: Pourquoi une réduction?
Le Président (M. Joly): ...vous allez en appel sur le
jugement rendu?
Mme Harel: Pourquoi une réduction de 40 %? Pourquoi est-ce
que le ministre qui annonçait, en septembre, 58 000 000 $ dans le cadre
du programme SPRINT... Il nous parlait, il n'y a pas cinq minutes, là,
que ça allait coûter 100 000 000 $ quand ça fonctionnera.
Mais, en attendant, là, pour la présente année, il va
périmer pas mal de millions des 16 000 000 $ qu'il avait annoncés
et puis, pour l'an prochain, il annonce déjà que, des 58 000 000
$ annoncés, là, il y en a 22 000 000 $ qu'il soustrait, et puis
il prévoit 36 000 000 $ seulement. Pourquoi une réduction de 40
%, si le programme se remet à bien aller?
En fait, le programme, là... Vous savez, on ne peut pas inventer
des problèmes quand il n'y en a pas et c'est un service qu'on rend,
finalement, à la société québécoise, c'est
à ça que sert l'Opposition. J'espère que, quand le
ministre y reviendra, il servira à ça, également. C'est
à ça que sert l'Opposition. On n'invente pas les
problèmes; on fait simplement...
M. Bourbeau: Les amplifier.
Mme Harel: ...les mettre, leur permettre - comment dire? - le
volume du son, leur donner le volume du son, M. le Président. Mais,
quand les adhérents à ce programme-là parlent... Ce n'est
pas nous, d'aucune façon, qui les avons sollicités pour
présenter une demande de recours collectif, mais il y aura une demande
de recours collectif et il y en a un certain nombre qui veulent poursuivre pour
fausses représentations. Alors, les déclarations des gens:
«SPRINT tourne au cauchemar», c'est dans Le Soleil du 27
janvier; «Des adhérents parlent de fausse publicité»;
«Un programme de formation laisse des travailleurs sans argent»,
c'est dans La Presse, ça, du 28 janvier, et etc., M. le
Président. C'est là des problèmes inhérents au
programme qui, finalement, a été largement improvisé.
Ça, il faut comprendre que des gens ont servi de cobayes. Qu'ils ne
soient pas contents, ça, on ne peut pas le leur reprocher,
certainement.
La question que je me pose concernant SPRINT, c'est: Qu'est-ce qui
arrive, là, à toutes les démarches? J'ai ici, moi, le
cahier d'adhésion qui était remis; c'est une partie, ça,
de toutes les démarches qu'un demandeur de programme doit faire. C'est
inimaginable. Alors, je ne veux pas en faire la lecture, on en aurait pour une
heure, là, des formulaires et des diverses démarches qui doivent
être faites. Alors, qu'est-ce que le ministre entend corriger à la
situation pour y remédier de façon telle que ce
programme-là soit simplifié?
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
siège en cette Chambre depuis un certain nombre d'années. Je ne
veux pas dire le nombre...
Mme Harel: 12 ans.
M. Bourbeau: ...mais je pense que c'est le même nombre
d'années que moi, M. le Président. Donc, pour employer une
expression connue, ce n'est pas une enfant d'école, M. le
Président, et elle a vu d'autres programmes naître et mourir. Et
elle sait fort bien que, quand on démarre un nouveau programme
innovateur, un programme qui n'a jamais eu de pareil nulle part, il y a
toujours, et sans exception, des problèmes inhérents au
démarrage et à la croissance du programme. Jamais, à ma
connaissance, là, un programme le moindrement compliqué n'a
échappé à cette règle-là. Ça a
été vrai pour des programmes du Parti québécois,
c'est vrai pour les programmes que nous avons lancés, aussi. Et je pense
que, dans ce sens-là, il n'est pas inhabituel que les crédits que
nous avions annoncés ne puissent pas être dépensés
totalement dans les premières années. On aurait été
mesquins d'annoncer des crédits beaucoup plus petits; ça aurait
été peut-être préférable, mais ça
aurait... Dans le fond, M. le Président, à bien y songer,
dorénavant, on pourrait peut-être faire ça: annoncer des
crédits inférieurs et, après ça, pouvoir revenir en
budget supplémentaire pour montrer comment on peut faire pour bien
lancer un programme. Mais nous avons, M. le Président, annoncé
des crédits qui étaient suffisamment importants, et même
trop importants, mais qui faisaient en sorte que nous étions prêts
à toute éventualité. Bon, bien sûr, on
dépensera, l'année prochaine, 36 000 000 $ plutôt que 50
000 000 $, 48 000 000 $ ou 50 000 000 $. Bon.
Mme Harel: 58 000 000 $.
M. Bourbeau: Bon, 58 000 000 $, M. le Président, c'est
encore mieux que 0. On aurait pu ne mettre sur pied aucun programme et,
à ce moment-là, on n'aurait rien dépensé. Le
programme a eu un départ difficile, les problèmes ont
retardé le départ du programme, et ça, ça fait en
sorte qu'on ne peut pas atteindre le même rythme de croisière
qu'on avait prévu originellement à cette époque-ci.
Ça ne veut pas dire que le programme n'est pas bon, ça ne veut
pas dire que le gouvernement n'est pas bon. Ça veut simplement dire, M.
le Président, qu'on a retardé de quelques mois le lancement du
programme et que tous les chiffres devront être décalés
dans le temps. Mais on y arrivera, M. le Président. Je suis convaincu
qu'on y arrivera et que, dans deux ans ou trois ans, on atteindra les objectifs
recherchés.
Maintenant, quand la députée dit que le programme a
été largement improvisé, je dois m'ériger, M. le
Président, contre cette déclaration-là. Ce
programme-là n'a pas été improvisé. Il a
été conçu de a à z, on a mis le temps qu'il fallait
et, lorsqu'il a été annoncé, on connaissait les
paramètres du programme, et rien n'a été improvisé.
Ce n'est pas un programme qui a été dessiné un soir sur le
coin de la table et qui a été annoncé le lendemain matin.
Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a des gens qui étaient
chargés de mettre en vigueur le programme ou de l'administrer qui l'ont
peut-être sous-estimé, qui en ont peut-être
sous-estimé la complexité. Et ça, ça fait partie
des discussions que nous devrons avoir éventuellement avec ceux avec qui
nous avons contracté, mais je ne peux pas dire que la faute est au
programme. S'il y a une faute, elle repose sur ceux qui l'ont mal
évalué en temps opportun. M. le Président, je pense que,
dans tout ça, il faut éviter de faire de la démagogie.
C'est facile de lancer des choses et je pense qu'il faut le faire avec
modération.
Maintenant, je voudrais revenir à un autre point de tout à
l'heure. C'était la question de l'avalanche, semble-t-il, de plaintes
qui ont été acheminées chez le Protecteur du citoyen. La
députée, à deux ou trois reprises, a parlé du
Protecteur du citoyen qui se mêle du programme SPRINT, de recours
collectif, etc. Bien, moi, je ne veux pas blâmer encore l'Opposition, M.
le Président, mais j'ai reçu plusieurs copies de lettres de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, du député de
Pointe-aux-Trembles qu'elle connaît très bien, du
député d'Abitibi-Ouest, qui, tous, M. le Président, ont
écrit des lettres identiques. C'étaient des lettres types - je ne
sais pas si la députée de Hochelaga-Maisonneuve a elle-même
rédigé le modèle, je présume qu'il y a eu un
modèle de fait qui a été envoyé aux
collègues -et toutes étaient adressées au Protecteur du
citoyen. Des lettres, M. le Président, où vraiment les
députés en question se déclaraient outragés de la
situation et demandaient au Protecteur du citoyen d'intervenir sans retard dans
le dossier pour faire une enquête. Alors, quand la députée
nous annonce que le Protecteur du citoyen a décidé de s'en
mêler, M. le Président, je veux simplement signaler qu'il a pu
compter sur l'aide de la députée de Hochelaga-Maisonneuve pour
lui signaler, évidemment, ces nombreux cas de travailleurs qui
n'étaient pas entièrement satisfaits du programme SPRINT.
Alors, pour le reste, M. le Président, je pense que, d'ici
quelques semaines, le programme aura retrouvé son rythme de
croisière, sera revenu sur les rails et on pourra parler des
débuts du programme SPRINT comme d'un souvenir qui n'est peut-être
pas le meilleur souvenir, M. le Président, mais qui fait partie de la
petite histoire. Et, un jour, j'espère, on pourra dire que le programme
SPRINT est un bon programme qui, en dépit du discrédit qui a
été jeté sur lui dans sa phase initiale, atteindra ses
objectifs.
Mme Harel: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
s'il
vous plaît.
Mme Harel: ...on va regarder l'engagement de septembre 1992.
Ça porte, justement, sur SPRINT.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aimeriez qu'on
débute maintenant avec septembre 1992?
Engagements financiers Septembre 1992
Mme Harel: C'est l'engagement 1. Oui. Si vous permettez, c'est
parce que...
Le Président (M. Joly): Donc, j'appelle septembre 1992
comme engagements financiers.
Mme Harel: C'est l'engagement qui porte sur SPRINT, contrat par
soumission sur invitation. Alors, on parle d'un montant total de 14 214 239 $
répartis sur 4 années budgétaires, le fournisseur choisi
et retenu étant la Caisse centrale Desjardins. On nous dit ceci, il y a
une note à la fin du quatrième paragraphe: «Les coûts
par participant tiennent compte des coûts de développement et de
fonctionnement, desquels a été soustraite la valeur
estimée des coûts de communication et en considérant un
potentiel de 17 000 participants pour la durée du contrat».
D'abord, est-ce qu'il faut comprendre que ce contrat par soumission sur
invitation que l'on retrouve là va être rouvert et modifié
compte tenu des difficultés que vous venez d'énoncer? Et est-ce
que vous maintenez toujours un potentiel de 17 000 participants! pour la
durée du contrat de 3 ans? (15 h 50)
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...bien sûr, le Mouvement Desjardins a
dû se raplomber après une période initiale un peu difficile
et ils ont, récemment, au cours des dernières semaines, des
derniers mois, fait des efforts importants du côté des ressources
tant humaines que financières pour corriger les problèmes qui
étaient survenus. Cela se fait, M. le Président, sans que le
ministère ne fasse aucune réouverture du contrat. Le Mouvement
Desjardins est tout à fait capable de faire honneur à ses
obligations et ne nous a pas demandé de rouvrir le contrat.
Pour ce qui est des projections de clientèles, je pense qu'on
maintient toujours le cap sur le nombre de 17 000, le potentiel de 17 000 qui
avait été évalué sur la période de 3 ans. Il
faut bien penser que la période 1992-1993, M. le Président, est,
à toutes fins pratiques, inexistante. On estime une clientèle
d'à peine 2000 en 1992-1993.
Mme Harel: Elle est de combien présentement?
(Consultation)
M. Bourbeau: Présentement, M. le Président, on
m'annonce qu'en date d'aujourd'hui on aurait admis 600 personnes au programme
SPRINT. On aurait, au 9 février, des confirmations
d'inadmissibilité: 721; des dossiers incomplets: 825. Donc, ce sont des
gens qui, possiblement, seront admis, mais qui n'ont pas inclus à leur
demande tous les documents. Il y a aussi 258 cas en analyse de
solvabilité, parce que vous savez qu'une partie du programme SPRINT,
c'est des prêts. Donc, la caisse populaire fait une enquête de
crédit, de solvabilité sur les requérants. Et, finalement,
il y a 63 cas où les demandeurs ont abandonné les
démarches, pour un total d'environ 2450, grosso modo.
Mme Harel: Ça veut donc dire, les 600 personnes
actuellement admises, que c'est, grosso modo, le quart des personnes qui,
jusqu'à maintenant depuis l'ouverture du programme, sont admises.
Ça veut donc dire qu'elles ont débuté comme telle la
formation. C'est ça qu'il faut comprendre? 600, est-ce que ça
veut dire qu'elles ont débuté la formation?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, il est probable que la
plupart de ces personnes-là ont débuté les cours, mais il
n'est pas impossible qu'un certain nombre d'entre elles, dont on a
confirmé l'admissibilité, débutent les cours incessamment.
Il y en a d'autres aussi qui ont débuté les cours, au-delà
de ces 600, et dont on n'a pas encore confirmé l'admissibilité,
les dossiers de ces gens-là étant en traitement. Alors, il est
difficile de donner un chiffre précis.
Mme Harel: Vous voyez, M. le Président, ça n'a pas
beaucoup augmenté. Là, on est le 17 février. J'avais
moi-même vérifié autour du 20 janvier, il y a
peut-être un mois, grosso modo, et, à ce moment-là, c'est
400 personnes qui avaient été jugées admissibles sur les
2200 demandes. Alors, on en est à 600 un mois plus tard et, pourtant, on
m'avait dit qu'on allait accélérer le processus.
M. Bourbeau: 50 % de plus en 2 semaines, ce n'est pas si mal.
Mme Harel: Sur le total des personnes qui se sont
présentées... Parce qu'il faut rappeler que le ministre, en
septembre, annonçait 2200 participants et un total de 16 000 000 $ qui
allaient être dépensés à la fin de l'exercice
financier qui
se termine dans un mois et demi. Alors, le regroupement des
cégeps du Montréal métropolitain a préparé
un dossier sur l'ensemble des inscriptions qui ont été faites
dans les cégeps pour, finalement, constater que, sur les 705
déjà inscrits dans les cégeps, seulement 28 avaient pu
être qualifiés et admis, les autres ayant des dossiers incomplets
ou ayant été refusés. Il faut comprendre que la
complexité du programme est telle qu'il y a là une sorte de
mirage. Les gens pensent l'avoir bien rempli, finalement, puis il y a d'autres
étapes qui s'ajoutent à celles qui sont déjà
traversées. Est-ce que c'est exact qu'au niveau des cégeps le
regroupement des cégeps du Montréal métropolitain n'a
admis, dans les cours qui ont débuté pour la présente
session qui est en cours, aucun étudiant SPRINT sur me de
Montréal, que la Fédération des cégeps
considère que c'est la même problématique partout au
Québec et est-il exact qu'il y a actuellement possibilité que les
cégeps se retirent complètement du programme?
M. Bourbeau: M. le Président, le programme SPRINT est un
programme qui va être administré par la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre et je dois
dire qu'au cours des dernières semaines et même les derniers mois
les très petits effectifs de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre se sont
occupes d'une façon prioritaire du dossier SPRINT, compte tenu des
problèmes qu'on y a décelés. Alors, avec votre permission,
j'aimerais demander au président de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, M.
Jean-Paul Arsenault, de prendre place ici et peut-être de répondre
à la question de la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
parce qu'il est encore plus au courant que moi des dernières discussions
qui ont pu avoir lieu avec les dirigeants des cégeps et des
collèges.
Le Président (M. Philibert): M. Arsenault, vous avez la
parole.
M. Arsenault (Jean-Paul): Je pense que, dès qu'on a
été informés des préoccupations du Regroupement des
collèges du Montréal métropolitain, j'ai rencontré
M. Pierre Lupien, le directeur général. À ce
moment-là, on avait convenu avec lui d'organiser une rencontre qui,
effectivement, a eu lieu le 3 février, afin, justement, de permettre aux
gens du ministère, de la Société, des cégeps et
également du ministère de l'Éducation de vraiment prendre
connaissance de la nature des problèmes et surtout d'essayer de trouver
des façons de corriger ces choses-là. À cette
fin-là, quelques jours avant, enfin, en date du 25 janvier, M. Lupien,
suite à notre rencontre, transmettait un communiqué à tous
les directeurs et directrices ou coordonnateurs de l'éducation aux
adultes, leur demandant de suspendre, à toutes fins pratiques, la
décision qu'ils avaient prise la veille, le jeudi, ou deux jours avant,
de façon à voir comment on pourrait corriger la situation. Je
pense que, d'une part, il y a une chose qui est certaine, il me l'a
confirmée par écrit: la Fédération et le
Regroupement des collèges du Montréal métropolitain ne
remettent aucunement en question le bien-fondé ou l'utilité du
programme. Ça, je pense que c'est très clair, ils me l'ont
confirmé par écrit. Suite à la rencontre du 3
février...
Mme Harel: Mais, ils se sont quand même retirés de
l'application du programme pour la présente session.
M. Arsenault: Bien, ce qui arrive, c'est que, actuellement, ils
ne se sont pas retirés de façon définitive. Je rencontre,
d'ailleurs, jeudi de cette semaine, le 18, M. Jean-Yves Bourque, le
président de la Fédération des cégeps, pour faire
à nouveau ie point avec lui. Je pense qu'ils ont posé un certain
nombre de gestes; à titre d'exemple, ils n'avaient pas un nombre minimal
d'étudiants dans certains cours spéciaux qu'ils ont mis sur pied
pour, et c'est normal, justifier la rentabilité des cours. Donc, ils ont
fait des ententes entre cégeps pour regrouper des cours au sein du
même cégep. Donc, je pense que c'est dans ce contexte-là
que nous allons essayer de trouver une réponse aux préoccupations
légitimes, je pense, qui sont les leurs.
J'ai également convenu de la possibilité de certaines
modifications, vu certaines préoccupations, avec le ministère du
Revenu qui est impliqué, le sous-ministre du ministère du Revenu.
Donc, je pense quand même qu'il y a eu, de part et d'autre, une
évaluation peut-être un peu plus grande du nombre de participants.
Vous savez très bien qu'on parle d'un nombre minimal d'une vingtaine de
participants pour justifier la mise sur pied d'un cours spécial. C'est
pour ça que les cégeps ont pensé mettre plusieurs cours
spéciaux en place. Donc, pour moi, je pense qu'il s'agit d'essayer de
concilier les objectifs d'organisation, de rentabilité - je pense qu'il
faut parler de ça également - de la part des cégeps avec,
je dirais, un ajustement de parcours dans le programme, et, personnellement, je
suis optimiste, je pense qu'on trouvera une solution.
Mme Harel: M. Arsenault, ça me permet de vous souhaiter la
bienvenue à cette commission parlementaire. Je crois que c'est la
première fois que vous y prenez la parole, mais ça ne sera
certainement pas la dernière si le ministre accepte à nouveau
de...
M. Bourbeau: Pauvre toi! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Arsenault: Merci. (16 heures)
Mme Harel: je vous ai écrit, je ne sais pas si vous avez
reçu la lettre, à ce sujet-là, en date du 10
février. ça prend quand même du temps, ici, le
courrier.
M. Arsenault: Du moins, pas ce matin.
Mme Harel: En tout cas, si vous voulez, tantôt, je vous en
remettrai une copie. Vous l'aurez peut-être à votre bureau en
retournant.
M. Arsenault: Parfait.
Mme Harel: Cependant, je pense que, dans les institutions
d'enseignement, à part ces motifs que vous nous décrivez, qui
sont ceux d'organisation de groupes, de taille de groupes, etc., un des
principaux problèmes rencontrés cet automne, c'est que les
étudiants n'avaient pas de confirmation d'éligibilité de
la part du Mouvement Desjardins. C'est-à-dire que les personnes
s'inscrivaient vraisemblablement dans un cégep ou l'autre et puis les
cégeps pouvaient penser raisonnablement à former des groupes.
Mais il s'avérait que des personnes attendaient des mois. Moi, j'ai
personnellement, en tout cas, été en contact avec des personnes
qui avaient fait des démarches à partir de septembre et qui
attendaient encore en décembre. Certaines, qui avaient
débuté des études, qui avaient des responsabilités
familiales et qui n'avaient pas reçu un chèque, avaient
confié à leur comptable à qui elles font confiance
habituellement le soin, avec tous les critères à l'appui, de
définir combien elles pouvaient espérer recevoir et, finalement,
au bout de la ligne, elles se rendaient compte que non seulement ça
prenait des mois, mais qu'elles pouvaient même se trouver avec le quart
ou la moitié de ce qu'elles avaient pu estimer. Et je ne sais pas s'il y
a une révision? À qui on peut faire appel? Moi, il y a des
personnes qui m'ont dit: Mon comptable a bien évalué ce à
quoi je pourrais avoir droit, puis on me dit que ce serait le quart de ce que
j'avais prévu. À qui je peux m'adresser pour pouvoir aller en
révision? Il y a une personne en particulier, vous dire les
démarches qu'elle a faites, c'est phénoménal,
jusqu'à Communication-Québec, pour essayer de trouver quelqu'un
qui pourrait répondre à ses questions. Parce que, où
qu'elle appelle, on la référait à quelqu'un d'autre et
à quelqu'un d'autre, et ainsi de suite.
M. Arsenault: Là-dessus, vous soulevez plusieurs points,
je pense. D'abord, en ce qui a trait à la complexité du
programme, il est évident que, dès qu'on parle d'un programme
à caractère fiscal, ça présente certaines
difficultés. Nous allons tenter et nous avons justement soumis certaines
modifications d'ordre technique au Conseil du trésor pour simplifier
davantage ce programme-là, à toutes fins pratiques, pour lui
donner une plus grande flexibilité. Le dossier a été
transmis, il y a quelques jours, là-dessus.
D'autre part, il est évident que les préoccupations en
milieu scolaire c'est d'essayer de voir... D'une part, on commence - et
c'était la procédure jusqu'ici - par voir si les adhérents
potentiels au programme sont admissibles ou sont intéressés
à un cours donné. Ensuite, dans un deuxième temps, on
pouvait voir s'ils étaient admissibles au programme. La suggestion de la
Fédération, du regroupement des cégeps ou des
collèges, c'est de dire: Est-ce qu'on ne pourrait pas procéder
autrement: dans un premier temps, considérer si les gens sont
admissibles et à quel montant ils pourraient être admissibles et,
dans une deuxième étape ou à la toute fin du processus,
là, aller au cégep pour voir? Nous examinons, je dirais, les
avantages et les inconvénients de procéder à l'inverse de
ce qui se fait actuellement, et j'ai l'impression qu'au cours des prochaines
semaines on sera en mesure de donner une réponse.
En ce qui a trait aux réponses aux individus, je pense à
l'exemple que vous mentionnez, il est vrai - puis le ministre l'a
indiqué tantôt - que le centre de gestion SPRINT, qui est
géré par un organisme du Mouvement Desjardins, a eu certains
problèmes. Depuis deux à trois semaines, à toutes fins
pratiques, ils ont doublé les effectifs, modifié les effectifs,
mis en place un système avec des écrans pour pouvoir
répondre plus rapidement aux personnes. Donc, je dirais qu'ils se sont
organisés d'une façon à mieux répondre aux attentes
normales de nous, comme donneurs de travail, et également des
clients.
D'autre part, en ce qui a trait à la révision, je pense
que, systématiquement, nous avons mis sur pied un comité de
révision des dossiers des personnes qui pensent, pour toutes sortes de
raisons, ne pas avoir été traitées équitablement.
Et, à l'intérieur d'un délai de 30 jours, à ce
moment-là, on sera en mesure de leur donner une réponse
définitive.
Mme Harel: Mais ce comité de révision est-il
géré par le centre de gestion SPRINT du Mouvement Desjardins ou
géré par la Société?
M. Arsenault: Conjointement par des gens du centre de gestion qui
ont quand même la responsabilité fondamentale, mais auxquels sont
associés des gens du ministère actuellement, mais, d'ici quelques
mois, de la Société, sur le comité de révision. Je
devrais vous dire qu'à date ce qui est arrivé, c'est quand
même que, peut-être à cause des difficultés du centre
de gestion du début, le comité de révision a
été appelé à, je dirais, annuler des refus en
nombre très important, de l'ordre peut-être de 8, 9 pour 1, qui
avaient été peut-être examinés un petit peu trop
vite, disons ça comme ça. Donc, je pense que c'est à
l'avantage des requérants. On espère, par contre, qu'avec une
gestion améliorée il y
aura moins de refus au départ et que le comité de
révision limitera son action à des cas vraiment litigieux ou des
cas difficiles à interpréter.
Mme Harel: Avec l'engouement qu'il y a en formation
professionnelle présentement, comment expliquer que le budget
prévu de 58 000 000 $ soit réduit à 36 000 000 $ si tant
est que tous ces problèmes sont réglés?
M. Arsenault: Si vous voulez avoir une explication, je pense
qu'il faut quand même voir qu'il y a l'année financière du
gouvernement - je pense que ce n'est pas à vous que je vais expliquer
qu'on a un cycle, à toutes fins pratiques, du mois d'avril au 31 mars -
et le fait qu'il y a eu, je pense, des retards et des difficultés au
niveau du départ, comme le ministre l'indiquait tantôt, a fait que
le rythme de croisière... Dans le fond, si vous vous rappelez bien, la
période, c'est de 52 semaines. Donc, à ce moment-là, le
rythme de croisière sera atteint au moment où on aura, à
toutes fins pratiques, une pleine année, mais qui va chevaucher sur deux
exercices financiers du gouvernement. Donc, dans le fond, une vraie pleine
année, c'est à partir vraiment du prochain exercice financier
qu'on pourra plus en avoir une idée. Donc, le décalage qu'on a
eu, c'est parce que l'année scolaire et le calendrier, l'exercice
financier du gouvernement, ce n'est pas exactement la même chose. Donc,
si on veut prendre un plein 52 semaines, je dirais, en rythme de
croisière, c'est probablement beaucoup plus l'an prochain qu'on va avoir
une idée plus claire de ce côté-là.
Mme Harel: Mais, à ce moment-là, dès cette
année, il y aura des crédits périmés. On les
évalue à quoi? 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ sur les 16 000 000 $
annoncés?
M. Arsenault: Vous parlez...
Mme Harel: Pour cette année, le présent
exercice.
M. Arsenault: ...du présent exercice. Oui, à toutes
fins pratiques, 5 000 000 $, 6 000 000 $.
Mme Harel: 5 000 000 $, 6 000 000 $. De toute façon, on
aura l'occasion d'en reparler aux crédits, mais je comprends que, pour
l'an prochain, déjà on prévoit une réduction de 40
% du programme annoncé, c'est-à-dire de 22 000 000 $. Ce n'est
pas rien, ça, finalement. Le ministre m'a dit que ça n'a pas
été improvisé, que ce n'était pas sur un coin de
table, que ça a été planifié, programmé
longtemps d'avance. Comment est-ce que ça a pu l'être comme
ça et que, tout à coup, on découvre que, non, on ne peut
pas?
M. Arsenault: Je pense quand même...
Mme Harel: Je ne veux pas vous le reprocher, vous n'y
étiez pas.
M. Arsenault: C'est ça. Mais, quand même, je pense
qu'il faut voir. C'est un programme, quand même, qui est incitatif; on
espère, d'une façon générale, que l'incitation qui
est offerte aux travailleurs, aux gens qui sont en emploi ou qui ont
quitté un emploi récemment sera suffisante pour les inciter.
C'est toujours, je pense, une appréciation que l'on fait avant de lancer
un programme sur l'intérêt que pourront effectivement susciter les
avantages qui sont prévus au programme.
Mme Harel: Mais ça a suscité
énormément d'intérêt parce que, dès le
départ, il y a eu 2000 demandes, je pense, 2000 dossiers, plus des
milliers d'autres demandes d'information. Ça a suscité
énormément d'intérêt. C'est la structure même
du programme qui n'a pas été adéquate. C'est le
caractère complexe, lourd, bureaucratique qui n'a pas été
adéquat et non pas l'engouement des gens.
M. Arsenault: Je pense qu'il y a une différence entre
être intéressé à un programme et être
admissible à un programme. Ce qu'on constate dans bien des cas... Je
pense que, lorsqu'on aura complété la réorganisation du
centre de gestion, on sera en mesure de traiter un peu plus finement les motifs
qui font que les gens qui ont fait application, finalement, n'étaient
pas admissibles. Mais, d'une façon générale, on
s'aperçoit qu'un nombre important des gens qui ont fait application ne
sont pas admissibles parce qu'ils ne rencontrent pas les critères.
Les principales raisons que je peux vous indiquer à ce moment-ci,
c'est la période de six années de travail continu ou à peu
près. Donc, vous vous souviendrez que, actuellement, dans les
critères du programme, si quelqu'un a été à l'aide
sociale déjà, pendant même une période..., il n'est
plus admissible. Donc, l'individu ou la personne pouvait penser être
admissible, avait lu peut-être assez rapidement ça. À date,
il y a quand même un nombre important de personnes qui, à
première vue, pensaient être admissibles et qui ne le sont pas, ne
rencontrent pas tous les critères. (16 h 10)
L'autre question, pour à peu près 200, 300 refus, c'est au
niveau de la solvabilité. Il y a une partie de subvention, mais il y a
une partie prêt. Et, là-dessus, les règles que l'on suit
sont celles, un peu, que les institutions financières elles-mêmes
adoptent lorsqu'elles doivent consentir des prêts à des individus
ou à des personnes. Il y en a 258 au niveau de la solvabilité,
puis 538 au niveau des autres raisons parce qu'ils ne répondent pas aux
critères.
Mme Harel: Je vous remercie, M. Arsenault. On aura sûrement
l'occasion de faire le bilan lors des crédits, en commission
parlementaire. Mais peut-être pourrais-je demander tout de suite au
ministre s'il prévoit, dans le cadre de ce qu'on appelle la paralysie
dans les négociations Québec-Ottawa, du nouveau. Comment voit-il
venir l'échéance du 31 mars, avec la fin de l'accord
Canada-Québec? Est-ce que, encore une fois, il va se contenter que cet
accord soit reconduit sans indexation et avec les conditions du
fédéral?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je l'entrevois, M. le Président, avec un
optimisme mitigé. Bien sûr, les ententes devront être
renégociées. Quant à nous, nous espérons des
changements importants. Nous avons déjà annoncé nos
couleurs, et je continue à penser que le gouvernement
fédéral a tout intérêt à s'asseoir avec le
Québec et à négocier des ententes administratives qui
feront en sorte que le Québec pourra obtenir le guichet unique, le
réseau unique de main-d'oeuvre dont il a tant besoin. Ça
m'apparaît toujours comme étant la seule solution réaliste,
susceptible d'apporter des solutions concrètes aux problèmes qui
ont été évoqués par tout le monde, non seulement
par nous, mais même par le gouvernement fédéral, le
ministre fédéral et même le premier ministre du Canada. De
plus en plus de gens au pays le reconnaissent et, au Québec, il y a
unanimité totale et même, M. le Président, les partis
politiques fédéraux reconnaissent l'importance d'un guichet
unique au Québec. Alors, je ne vois pas pourquoi le gouvernement du
Parti conservateur, le gouvernement du Canada, n'en viendrait pas à la
même conclusion que tous les autres.
Il restera, M. le Président, à faire en sorte d'amener le
ministre fédéral à venir s'asseoir à une table de
négociation avec nous et, s'il le faut, nous nous rendrons
nous-mêmes à Ottawa, M. le Président. Nous n'en sommes pas
aux nuances ni aux dépenses, et je continue à espérer que,
dans les prochains jours, je recevrai un appel téléphonique du
gouvernement du Canada nous annonçant le début incessant des
négociations.
Mme Harel: II reste cinq semaines, là, pour parler
sérieusement. Alors, dans ces cinq semaines, vous... Est-ce que je dois
comprendre que, cette fois-ci, vous ne souhaitez pas la reconduction de
l'entente?
M. Bourbeau: Mais, c'est sûr. La députée
connaît la position du gouvernement du Québec.
Mme Harel: Alors, à ce moment-là, allez-vous ne pas
convenir avec votre homologue d'une reconduction, si c'est ce qu'il vous
propose?
M. Bourbeau: m. le président, je n'ai pas l'intention de
reconduire l'entente existante puisque j'ai l'intention de négocier une
nouvelle entente.
Mme Harel: Alors, advenant que lui ne vous propose pas cette
négociation d'une nouvelle entente...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...allez-vous, à ce moment-là, vous
résigner, comme pour les années passées, à
reconduire à nouveau l'entente?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: ...j'ai l'impression d'être dans une boite aux
témoins où le procureur adverse procède à un
interrogatoire serré du prévenu. Objection, Votre Honneur! Est-ce
que la dernière question était admissible ou non? Ha, ha, ha! Je
pense avoir répondu essentiellement aux préoccupations de
l'Opposition et, pour le reste, on verra.
Le Président (M. Joly): C'est pour ça que j'avais
demandé à Mme la députée si elle portait votre
jugement en appel.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Je dois comprendre, M. le Président, que le
ministre nous indique qu'il n'entend pas la reconduire et qu'il ne conviendra
pas d'une reconduction même en l'absence d'une négociation. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: M. le Président, ce que j'ai dit, c'est que
je souhaite que, dans les meilleurs délais, les plus courts
délais, le gouvernement fédéral s'assoie à une
table de négociation avec le Québec pour convenir d'une nouvelle
façon de gérer les programmes au Québec,
c'est-à-dire un guichet unique, tel que proposé par le
gouvernement du Québec depuis déjà deux ans
maintenant.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a pris connaissance des
informations communiquées dans les médias de samedi, dans le
journal La Presse, plus exactement, qui font état de périodes
d'attente qui peuvent être de quatre ans dans certains domaines,
là, en matière de formation professionnelle, et d'attente
régulière d'un an et demi à deux ans, de nature suffisante
pour décourager bien des chômeurs qui auraient plutôt
trouvé utile de profiter de la situation de chômage pour se
recycler? Est-ce que c'est là la
réalité des périodes d'attente,
présentement, dans les cours de formation professionnelle offerts aux
chômeurs?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne lis pas, je le
confesse, tous les journaux tous les jours. Les informations statistiques sur
le chômage, bien sûr, sont entre les mains du gouvernement
fédéral, puisque c'est lui qui administre les programmes, et il
ne nous envoie pas tous les jours la documentation ni les statistiques. Alors,
je ne peux pas répondre à une question sur les statistiques sur
le chômage. Nous recevons, de temps à autre, de la documentation
du gouvernement fédéral, mais on n'est pas branchés,
disons, journellement sur les statistiques.
Mme Harel: En fait, il ne s'agit pas tant de statistiques que de
délais d'attente lorsqu'une personne sans emploi décide de
participer à un programme de formation. Ça, c'était pour
les programmes fédéraux, cette attente de quatre ans dans
certains programmes, d'un an et demi à deux ans de façon
régulière. Et on indiquait que, pour les programmes
québécois destinés aux assistés sociaux
jugés aptes au travail, à Montréal, la liste d'attente
s'allonge six fois plus vite que le nombre de places disponibles dans les
programmes de formation de la Sécurité du revenu. Est-ce que
c'est là un délai d'attente qui est vraisemblable? On nous parle
de trois personnes en attente pour deux personnes en formation, en
général, mais que, particulièrement à
Montréal, la situation était aggravée du fait d'une liste
d'attente qui s'allongeait six fois plus vite que le nombre de places
disponibles dans les programmes de formation de la Sécurité du
revenu.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais avoir copie de la
revue de presse parce que la députée est en train
d'éplucher les journaux. Est-ce que c'est des journaux de quartier,
ça, de Hochelaga-Maisonneuve, ou si c'est la Gazette, La Presse,
ou Le Devoir? C'est difficile, là, je...
Mme Harel: Ça va faire plaisir au journal La Presse,
M. le Président, d'être traité de journal de quartier.
Je ne sais pas si...
M. Bourbeau: Non, non, mais pas du tout. Je n'ai pas...
Mme Harel: ...du haut de la capitale, à Québec, le
ministre considère que La Presse est un journal de quartier.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas traité
La Presse
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
ministre, vous posiez une question.
M. Bourbeau: Je n'ai pas traité La Presse de journal de
quartier; je ne sais pas de quel document il s'agissait. Si la
députée dit que c'est un extrait de La Presse, M. le
Président, on va considérer que c'est un journal très
sérieux et, si on peut avoir copie du document, on va l'analyser et
certainement qu'on pourra faire des commentaires sur le document, mais je ne
peux pas, là, comme ça, d'emblée, commenter sur des...
Mme Harel: On va y revenir, de toute façon, en regardant
les engagements financiers, parce qu'on revient aux programmes, aux diverses
mesures, là, en commençant tout de suite par décembre
1991.
Le Président (M. Joly): Donc, si je comprends bien, nous
mettons de côté septembre 1992 pour appeler les engagements
financiers de décembre 1991.
Décembre 1991
Mme Harel: Alors, on commence tout de suite avec le programme
PAIE. On nous parle du groupe Morrow. Concernant le programme PAIE, est-il
exact que, depuis le 2 octobre dernier, il n'y a plus signature d'aucun contrat
du programme PAIE avec la ville de Montréal? Après avoir
annoncé, au mois de juin, la signature de 1 000 contrats PAIE, à
partir du 2 octobre, on nous a signalé, je pense, on nous a
confirmé...
M. Bourbeau: Vous me permettrez, dans un premier temps, de
présenter à la commission pour la première fois le nouveau
sous-ministre du ministère, M. Clermont Gignac, qui est à ma
droite, ici, et qui, lui aussi, malheureusement, fait sa première
apparition devant la commission. M. le Président, je ne l'avais pas fait
précédemment; alors là, je le fais.
M. Gignac (Clermont): Comparution. (16 h 20)
M. Bourbeau: Sa première comparution, oui. Mais ce n'est
pas à lui que j'aimerais donner la parole; c'est à Mme Monique
Bégin, qui est la sous-ministre adjointe au Réseau
Travail-Québec, qui, possiblement, pourra donner à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve des renseignements sur le
problème dont elle vient de parler.
Mme Harel: En fait, il s'agit donc de l'engagement 1 qui parle de
PAIE. On y reviendra concernant le Groupe Morrow, mais les informations
obtenues ce matin de la ville de Montréal nous indiquent que, sur les
1000 contrats qui devaient être signés, si on additionne à
la fois les programmes EXTRA et PAIE pour la ville de Montréal, ce
serait un total d'environ 400 contrats signés et que, depuis le 2 ou le
3 octobre dernier, on y a mis fin. Est-ce
que c'est de façon définitive, est-ce que c'est de
façon temporaire? Alors, moi, j'ai vérifié avec un membre
du conseil exécutif, qui m'a confirmé que, oui, effectivement,
c'était suspendu. Et je comprends que les cols blancs qui avaient
accepté de collaborer à la réalisation du programme s'en
sont finalement retirés. Les cols bleus avaient déjà
décidé, eux, de ne pas y participer, ce qui amène la ville
de Montréal devant l'évidence, surtout avec l'annonce des 900
mises à pied qui a été faite par la ville
l'été passé, qu'il n'y aura plus de signatures de
contrats.
Le Président (M. Joly): Mme Bégin, s'il vous
plaît.
Mme Bégin (Monique L): Merci. Alors, je sais à quoi
Mme la députée fait allusion. Effectivement, la ville de
Montréal avait entrepris des négociations avec le syndicat des
cols bleus et le syndicat des cols blancs de la ville de Montréal pour
négocier, effectivement, une enveloppe de 1000 postes qui auraient
été réservés pour des contrats PAIE. D'ailleurs, il
y avait toute une mécanique qui avait été mise en place
avec les deux syndicats, avec la ville, pour s'assurer qu'il n'y avait pas
substitution d'emploi compte tenu qu'on avait annoncé des
réductions d'effectifs importants à la ville. Le chiffre de 400,
vous avez probablement raison parce que c'est l'ordre de grandeur qui me vient
en tête, mais là il faudrait que je le vérifie pour en
être certaine. Avec les cols bleus, il y a eu entente et on accepte de
signer des contrats PAIE pour les cols bleus. Mais vous avez tout à fait
raison de dire qu'avec les cols blancs il y a eu rupture dans la
négociation qui semblait aller bon train et les cols blancs refusent
d'accepter qu'on puisse signer des contrats PAIE et EXTRA pour les prestataires
de la sécurité du revenu. Ce qui veut dire que l'objectif de 1000
contrats qui était estimé au départ n'est plus
réaliste compte tenu que c'est réservé seulement aux cols
bleus.
Mme Harel: Et y a-t-il eu la signature de nouveaux contrats
depuis le 3 octobre 1992?
Mme Bégin (Monique L.): Des contrats PAIE avec la ville de
Montréal? Ah oui, il y en a eu de nombreux. Là, je n'ai pas les
derniers chiffres devant moi, mais oui. Ça continue, pas seulement avec
la ville de Montréal, mais avec les employeurs, les partenaires
externes.
Mme Harel: Mais avec la ville comme telle?
Mme Bégin (Monique L): Pour les cols bleus, oui. Pour les
cols blancs, non.
Mme Harel: Mais combien y en aurait-il eu avec la ville de
Montréal? Si vous pouviez nous le faire parvenir...
Mme Bégin (Monique L.): D'ici la fin des travaux de la
commission.
Mme Harel: Des travaux ou, si vous voulez...
Mme Bégin (Monique L.): Oui, je vais aller chercher
l'information.
Mme Harel: ...de toute façon, d'ici les crédits. Ce
serait encore mieux d'ici la fin des travaux, mais on aura l'occasion de faire
le bilan de ce qui avait été annoncé parce que, en fait,
c'est un total de presque 800 000 $ qui a été alloué au
groupe Morrow pour faire la publicité du programme PAIE. Où en
est le programme PAIE au moment où on se parle?
M. Bourbeau: Dans le sens du nombre de participants?
Mme Harel: Du nombre de participants. M. Bourbeau: Oui. Je
vais vous donner ça. (Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: ...depuis l'implantation du programme, on compte
au-delà de 35 000 participants. Le programme en sera à sa
troisième année bientôt. Pour 1992-1993, nous
prévoyons la participation de 16 200 personnes pour l'année qui
se termine le 31 mars prochain, ces personnes-là étant
réparties de la façon suivante: 51 % d'entre elles dans
l'entreprise privée, 44 % dans les organismes à but non lucratif
et environ 5 % dans les municipalités. Et les dépenses probables,
pour l'année 1992-93, sont estimées à 44 300 000 $.
Mme Harel: Moi, j'ai ici un rapport...
M. Bourbeau: Maintenant, si la députée voulait un
complément d'information, pour l'année qui vient... Je viens de
donner les chiffres pour l'année 1992-1993. En ce qui concerne
l'année 1993-1994, nous prévoyons la participation de 21 700
personnes au cours de la prochaine année, c'est-à-dire une
augmentation substantielle qui est due, en grande partie, au fait que le
programme PAIE a été bonifié récemment, comme vous
le savez. Alors, les dépenses probables du plan de relance sont
évaluées à 21 300 000 $ pour 1993-1994, pour des
dépenses totales estimées à 73,7 % pour la même
année.
Mme Harel: J'ai ici le rapport statistique des programmes de la
sécurité du revenu, de la
clientèle aux mesures désignées d'appoint et d'aide
à l'emploi, en fait, le programme PAIE. À la page 26, le tableau
10: dans ce tableau - c'est le document qui nous vient du ministère - on
nous indique le nombre préliminaire d'adultes participant à la
fin de chaque mois. On précise bien que
«préliminaire» signifie «dénombré au
PAIE après un délai de mise à jour de deux mois» et
«ces nombres sont préliminaires et seront révisés
à la baisse au cours des mises à jour subséquentes».
Alors, ce sont des estimés, mais qui peuvent être juste
vérifiés à la baisse plutôt qu'à la hausse.
On nous indique 7809 participants à PAIE en décembre 1992 et 7855
en janvier 1993. Pour le total de la situation en novembre 1992, toujours
présents à la fin du mois, on nous parle de 7789. C'est à
la page 26, le tableau 10, programmes de la sécurité du revenu,
répartition des adultes au PAIE selon les régions de la
sécurité du revenu.
Alors, il arrivera un moment où il va falloir réconcilier
des chiffres parce qu'on en est toujours, grosso modo, en novembre, en
décembre, en janvier, autour de 7700, 7800. En février, on
prévoit une forte augmentation, 8200. Alors, ça, c'est
évidemment pour les participants du mois.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre
un peu?
Le Président (M. Joly): Sûrement. Alors, nous
suspendons nos travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Joly): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Bourbeau: En fait, la députée a le tableau 10.
C'est ça, le tableau 10? Bon, O.K. Là-dedans, on a le nombre de
personnes qui sont présentes à la fin du mois au programme PAIE.
Dans le cas présent, on avait, en fin novembre, 7789 personnes
présentes dans le programme. Alors, vous savez, M. le Président,
que le programme PAIE est un programme qui dure 26 semaines. Et, dans une
année, il y a 2 fois 26 semaines. Alors, en principe, si on a 8000
personnes de présentes à un moment donné dans le
programme, on peut penser que, 6 mois plus tard, on aura un autre 8000 et
qu'à la fin de l'année on aura vu 16 000 personnes passer dans le
programme. Et c'est pour ça que, tout à l'heure, j'ai
mentionné le chiffre de 16 000 participants dans l'année. Et on
pourra dire qu'à la fin de l'année 16 000 ont participé
à PAIE. (16 h 30)
Mme Harel: Mais on sait déjà qu'il y a un taux de
départ de 40 % en cours d'exercice de
PAIE. Alors, si vous additionnez les fins de mois en les multipliant par
2 parce que ça dure chacun 6 mois et que vous dites, au bout de la
ligne, que ça fait 16 000 participants, il y a des gens entre-temps qui
vont, tout simplement, avoir quitté le programme. C'est tellement vrai
que vous regardez le cumulatif des adultes d'août 1989 à novembre
1992, vous voyez juste la première colonne. En 3 ans et 3 mois, vous en
avez un total de 29 369. Puis là, vous nous dites qu'en un an, l'an
prochain, vous iriez en chercher 21 000.
M. Bourbeau: Oui, exact. Voyez-vous, dans l'année
courante, on est d'accord... Enfin, je ne sais pas si on est d'accord, mais il
y aura eu 16 000 -personnes qui seront passées dans le programme PAIE.
On a annoncé que le programme va être
accéléré en ce sens que les prestations vont augmenter de
deux tiers à... Dans l'entreprise privée, on passe de 120 $
à 160 $ par semaine. Donc, ça veut dire qu'on devrait avoir une
accélération, d'autant plus que, pour les municipalités,
on passe de 85 % à 100 %. Donc, cette accélération devrait
faire en sorte d'augmenter le nombre. Alors, on pense que ça va passer
de 16 000 à 21 000. Ça veut dire qu'en tout temps dans
l'année prochaine il y aurait la moitié de 21 000, soit 10 500
personnes présentes dans le programme PAIE.
Je suis d'accord qu'un certain nombre abandonne.
Mme Harel: Est-ce que c'est 40 %? 39 %?
M. Bourbeau: La statistique que j'ai depuis le tout début,
c'est de 44,5 % des gens qui abandonnent la participation, ce qui veut dire que
55,5 % des gens, depuis le tout début, ont complété leur
participation, les gens qui s'inscrivent dans le programme PAIE. Mais ce n'est
pas anormal, M. le Président. Il faut bien penser qu'il y a un certain
nombre de gens qui abandonnent en cours de route, parce qu'ils se sont
trouvé un emploi. J'ai une statistique là-dessus. Si on regarde,
par exemple, les dossiers autres que ceux qui sont en cours de participation,
des personnes qui ont complété les 26 semaines de subventions, il
y en a 42 % qui sont en emploi, qui ont un emploi, ce qui veut dire 23,5 % des
ex-participants. Maintenant, les personnes qui ont quitté PAIE - on
parle de celles qui ont abandonné - il y en a 9,1 % qui ont obtenu un
emploi. Donc, c'est sûr qu'il y a un certain nombre de personnes qui
abandonnent: 44,5 % de toutes les personnes abandonnent, mais,
là-dessus, il y en a un certain nombre qui ont abandonné parce
qu'elles se sont trouvé un emploi.
Ce qui fait, M. le Président, que, quand on a fait les
études, l'évaluation du programme, après 3 mois, on en est
venus à la conclusion que 37 % des personnes qui avaient
adhéré au
programme étaient encore en emploi 3 mois après la fin de
la subvention, soit parce que l'employeur les avait gardées en emploi,
soit qu'elles s'étaient trouvé un emploi chez un autre employeur
à la fin, ou soit qu'elles aient abandonné en cours de route pour
se trouver un emploi aussi. Si on additionne tous ces cas-là, on en
arrive à 37 % des gens qui sont encore en emploi.
Mme Harel: le groupe morrow a donc terminé le contrat pour
la promotion du programme; 1992-1993, ça se termine. est-ce qu'on
comprend que 30 244,10 $, c'est pour l'année 1991-1992?
M. Bourbeau: Le budget était pour l'année
1992-1993, du 1er avril 1992 au 31 mars 1993.
Mme Harel: Le montant de 30 244 $?
M. Bourbeau: Non. C'est-à-dire que la dépense
réelle a été de 30 244 $ au cours de l'année
courante.
Mme Harel: Est-ce que ça épuise
complètement, là, le contrat avec le groupe Morrow?
M. Bourbeau: Oui, oui, c'est terminé.
Mme Harel: C'est un contrat de 600 000 $. Donc, il n'y a pas
d'autre conception ou campagne publicitaire sur le programme PAIE?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, dans le cadre du budget de
relance du Grand Montréal, on avait une somme d'argent additionnelle
pour PAIE, pour faire connaître le programme. On a dépensé
à date autour de 200 000 $ au cours de l'année courante pour
faire connaître le programme PAIE. Et ces sommes-là ont
été dépensées à l'interne par la Direction
des communications du ministère; on n'a pas été en
soumissions auprès de fournisseurs extérieurs. Ça
s'ajoute, ça, aux 30 244 $ qui ont été
dépensés réellement en 1992-1993, là, auprès
du groupe Morrow qui avait eu le contrat, là, en 1991-1992.
Mme Harel: Très bien. Concernant les expériences de
travail - on va en retrouver, d'ailleurs, beaucoup dans les engagements
financiers, des expériences de travail - prenons, par exemple,
décembre, l'engagement 4. En fait, ça concerne le Réseau
d'entraide de Verdun. EXTRA.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Le budget d'EXTRA, il est toujours administré
par les CFP? Où sont rendus les agents qui administraient EXTRA dans les
CFP?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
veut poser des questions un peu plus techniques sur EXTRA, je peux demander
à un de mes fonctionnaires de venir répondre. En gros, je peux
répondre qu'EXTRA, c'est un programme qui est administré par le
ministère et non pas par les CFP. Si vous voulez des détails
additionnels, je peux demander à quelqu'un de venir.
Mme Harel: Dans les CFP, c'est le programme de Stages en milieu
de travail?
M. Bourbeau: Oui. C'est la formation, le volet formation.
Mme Harel: Et ce programme de Stages en milieu de travail fait-il
l'objet de compressions budgétaires présentement?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Mme Harel: Est-ce que c'est à entrée ouverte,
ça, le programme Stages en milieu de travail?
M. Bourbeau: Est-ce que c'est un budget ouvert?
Mme Harel: Oui, à entrée ouverte, là, pour
les mesures?
(consultation) (
M. Bourbeau: Quand c'est pour une formation de moins de 13
semaines, on ne passe pas par les CFP; quand c'est pour plus de 13 semaines -
des stages plus longs - on passe par les CFP, et l'enveloppe n'est pas
fermée, M. le Président, pour ce programme-là. Ça
fait partie de l'ensemble des mesures de développement de
l'employabilité.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...je voudrais demander au ministre, concernant le
programme PAIE, si on y revient pour quelques minutes seulement, s'il est
possible d'obtenir l'étude qui a été conduite par la
Direction de l'évaluation et de la statistique du ministère sur
l'intégration en emploi des personnes participantes. On m'indiquait que
des données allaient être disponibles en janvier 1993 pour la
cohorte de participants qui avaient terminé la participation à la
mesure entre avril et juin 1991.
(Consultation)
M. Bourbeau: On m'avise, M. le Président, que cette
étude-là n'est pas encore disponible. On devrait avoir les
documents fin février ou début mars. À ce
moment-là, on pourra en prendre connaissance et voir dans quelle mesure
elle peut être rendue publique.
Mme Harel: Le ministre avait prévu, justement, dans le
cadre du plan d'action du Grand Montréal, une somme
supplémentaire pour le programme PAIE, non seulement pour la
publicité - il en parlait tantôt - mais aussi pour le programme
lui-même. Est-ce que ces sommes ont été
dépensées dans le cadre du programme PAIE?
M. Bourbeau: on m'annonce, m. le président, que les sommes
d'argent qui avaient été prévues sont
dépensées ou le seront vraisemblablement.
Mme Harel: Si vous voulez, on y reviendra, sur le plan d'action
du Grand Montréal, parce qu'on y retrouvait trois ou quatre mesures
concernant la main-d'oeuvre. Il y avait PATA, notamment, pour le secteur du
vêtement. Il y avait également le fonds qui était
prévu pour les travailleurs licenciés, 5 800 000 $, pour PATA,
que le ministre avait annoncés pour en faire bénéficier
les travailleurs du vêtement. Également, en fait, les mesures
concernant le programme PAIE. (16 h 40)
Alors, si on revient aux mesures, disons en général,
puisqu'on en aura plusieurs durant les engagements financiers, on comprend que,
malgré l'augmentation considérable de bénéficiaires
à l'aide sociale, en pourcentage, le nombre de mesures n'a pas
augmenté. On se trouve toujours à faire participer entre 9 %
à 10 % des bénéficiaires à des mesures
d'employabilité.
M. Bourbeau: Bien, le nombre augmente, M. le Président, si
je me souviens bien.
Mme Harel: En chiffres absolus, parce que le nombre de
bénéficiaires augmente, mais le pourcentage, lui, ne change
pas.
M. Bourbeau: Quand ça excède 50 000, M. le
Président, ça commence à être important, quand
même. Si je me souviens bien, le chiffre était de 54 000
participants. Bon. Alors, ce n'est quand même pas rien.
Mme Harel: Évidemment, le nombre record de
bénéficiaires aussi, ce n'est quand même pas rien.
M. Bourbeau: Vous me dites ça avec un grand sourire.
Ça vous fait plaisir, hein!
Mme Harel: Est-ce que le ministre voudrait que je pleure?
M. Bourbeau: Vous oubliez le programme PAIE aussi qui doit
s'ajouter à ça. On parle de 21 000 participants l'an prochain. Ce
n'est peut-être pas un record, mais c'est une bonne moyenne.
Mme Harel: Alors, on parle, dans les documents du
ministère, d'une augmentation de 10 % dans les mesures de
développement de l'employabilité de novembre 1992 en comparaison
avec l'année précédente. Donc, une augmentation de 10 %
et, pourtant, à la clientèle de l'aide sociale, on a
assisté à une augmentation plus importante encore, qui est de
l'ordre d'environ...
M. Bourbeau: D'à peu près 12 %.
Mme Harel: ...14 %.
M. Bourbeau: Je dirais plutôt 12 % par année, M. le
Président, depuis deux ans.
Mme Harel: Mais on voit que, quoi qu'il en soit, dans un contexte
de récession, de chômage, d'augmentation à l'aide sociale,
les mesures d'employabilité qui sont censées conduire la
politique du ministère n'ont pas, elles, augmenté
substantiellement en regard du nombre de bénéficiaires. On est
à peu près, en pourcentage, au nombre de mesures qui ont toujours
existé, finalement. Le nombre de participants augmente parce que le
nombre de bénéficiaires augmente.
M. Bourbeau: M. le Président, on me donne un document ici,
qui est «L'Évolution de la participation en mesures
désignées». La moyenne mensuelle des participations, qui
était de 33 309 en 1990-1991, est passée à 47 245 en
1991-1992, ce qui fait une augmentation de 41,8 %. Et on me donne le chiffre de
54 147 en 1992-1993, une augmentation de 14,6 %, ce qui est nettement
supérieur à l'augmentation de la clientèle parce que, si
je me fie à mes statistiques, la clientèle, elle, a
augmenté en 1990 de 5,6 %, en 1991 de 12,7 % et, en 1992, à peu
près le même chiffre que l'an dernier, légèrement
plus, 12 % et quelques. Donc, on peut dire que la fréquentation des
mesures a excédé l'augmentation de la clientèle.
Mme Harel: II faudrait juste pouvoir réconcilier les
chiffres que vous nous donnez en commission parlementaire avec ceux que vous
publiez dans vos publications du ministère. Dans la publication du
ministère, en date de novembre 1992, à la page 4, «Faits
saillants, évolution de la participation aux mesures», on nous
dit: En novembre 1992, la clientèle inscrite aux mesures de
développement de l'employabilité, d'aide à l'emploi et
à celles offertes dans le cadre de l'accord Canada-Québec -
enfin, ça comprend tout, là - c'est-à-dire la
clientèle participante aux mesures augmente par rapport au mois
précédent de 5,5 % et de 10,2 % depuis la dernière
année.
M. Bourbeau: C'est pour un mois seulement, ça.
Mme Harel: De 5,5 % - que le ministre continue - et de 10,2 %
depuis la dernière année, c'est-à-dire de novembre 1991.
Là, on a les chiffres, on a le tableau: novembre 1991 et, ensuite de
ça, novembre 1992. À un moment donné, là, je
n'arrive pas à comprendre comment 11 se fait que ce qu'on nous donne ne
correspond jamais à ce qui est imprimé, publié,
distribué; ça ne correspond pas à ce qu'on reçoit
ici en commission.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, on m'explique la
différence par le fait qu'ici, dans le rapport dont parle la
députée, on parle d'une moyenne par rapport au mois
précédent, d'une augmentation par rapport au mois
précédent. C'est une moyenne mois par mois, alors que, dans
l'affirmation que j'ai faite tantôt, on parlait de la moyenne
annuelle.
Mme Harel: Je regrette, M. le ministre, je vous parle d'une
comparaison que l'on retrouve à la page 4 du document de votre
ministère entre novembre 1991 et novembre 1992, et de l'évolution
de la clientèle totale aux mesures. La variation d'un an, c'est
indiqué dans votre propre tableau, puis c'est marqué 10,2 %.
M. Bourbeau: M. le Président, puisqu'on a un
problème de compréhension, je vais demander au directeur des
politiques et programmes du ministère de venir nous expliquer les
subtiles nuances qu'il faut faire dans ce domaine-là, M. Pierre
Fontaine.
Le Président (M. Joly): M. Fontaine, s'il vous
plaît.
M. Fontaine (Pierre): On compare un mois de novembre avec un mois
de novembre d'une autre année, ce qui est différent de prendre
une moyenne annuelle qui, elle, est constituée de 12 mois d'une
année donnée par rapport aux 12 mois de l'année
précédente. Ceci explique les différences entre les 2
chiffres. Quand on regarde les chiffres d'un mois par rapport à un mois,
12 mois avant, on a une augmentation de ce type-là. Quand on prend une
moyenne sur l'ensemble d'une année, on prend la somme de chacun des 12
mois, puis on divise par 12, puis on compare à la somme des 12 mois de
l'année précédente et on divise par 12 et là on
compare les chiffres.
Mme Harel: Alors, vous allez accepter, M. Fontaine...
M. Fontaine: Alors, c'est deux critères de calcul
différents.
Mme Harel: Je comprends, mais il ne faut pas faire de restriction
mentale dans les travaux d'une commission. Je comprends que tout ça a
été en croissance parce qu'on n'a pas maintenant la même
façon de traiter les mesures pour les périodes estivales. Il
s'agit, finalement, des mêmes participants, très souvent, mais ces
participants se trouvent à pouvoir bénéficier, durant la
période estivale, du maintien dans la mesure, ce qui n'était pas
le cas auparavant. Ça grossit artificiellement la participation, mais
ça ne veut pas dire qu'il y en a plus pour autant.
M. Fontaine: Écoutez, si vous prenez la période
estivale, vous allez comparer le mois d'août et le mois de juillet d'une
année donnée avec le mois d'août et le mois de juillet de
l'année précédente, ce qui est tout à fait
normal.
Mme Harel: Ce n'est pas de ça que je vous parle. Je dis
qu'il y a eu des changements qui ont été introduits de
façon à pouvoir...
M. Fontaine: Des changements introduits dans les statistiques,
vous voulez dire?
Mme Harel: Non, non. Des changements qui ont été
introduits, qui ont permis de considérer comme maintenues à la
mesure des personnes qui perdaient leur statut durant l'été parce
qu'elles ne participaient plus à du rattrapage scolaire ou parce
qu'elles ne participaient plus à une mesure de formation étant
donné que c'était le congé d'été. Elles sont
maintenant maintenues dans la mesure, ce qui fait augmenter artificiellement,
pour un an, le nombre de participants. On se comprend.
M. Fontaine: Vous allez me permettre de diverger d'avis avec
vous. Quand on compare une année donnée en moyenne avec une
année précédente en moyenne, on a exactement les
mêmes bases de comparaison. C'est-à-dire qu'il est évident
qu'il y a des cycles dans la participation, on le voit d'ailleurs dans les
statistiques que vous avez en main, puisqu'on les a mois par mois depuis 1989,
si ma mémoire est bonne. Alors, on peut voir qu'il y a des cycles,
évidemment, dans la participation. Si on regarde le mois d'août,
c'est un mois où c'est plus faible que les mois d'hiver, effectivement.
Mais, lorsqu'on prend une moyenne annuelle, tout ceci est additionné
pour une année donnée, divisé par 12, et c'est fait de la
même manière l'année suivante. Donc, il y a une parfaite
compatibilité entre une comparaison d'une année par rapport
à une année précédente.
Mme Harel: Dans la mesure où on a pris la même base
d'une année à l'autre.
M. Fontaine: Bien sûr. (16 h 50)
Mme Harel: Et, voyez-vous, il y a eu des changements qui ont
été introduits concernant le maintien du statut des participants,
ce qui n'était pas le cas auparavant. Alors, il y avait donc une
réduction du nombre de participants durant les mois d'été,
étant donné qu'on ne maintenait pas leur statut de
participant.
M. Fontaine: C'est ça. Il y a eu un amendement qui a
été apporté depuis deux ans où, pendant les
vacances scolaires, les personnes conservent leur barème de
participation.
Mme Harel: Donc, ça fait grossir le nombre de participants
durant la période estivale.
M. Fontaine: Ça a été fait pendant les deux
dernières périodes estivales. De sorte que, si vous comparez une
année actuelle par rapport à une année antérieure,
vous êtes sur la même base de données parce que les
changements ont eu lieu antérieurement aux deux années que vous
comparez.
Mme Harel: Moi, ce que j'apprécierais, c'est qu'on ait, en
commission parlementaire, des chiffres qui soient écrits et qui puissent
être examinés par les membres de cette commission et non pas,
finalement, toujours à la dernière minute, une façon
différente de voir les choses que ce que vous nous communiquez.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais quand
même... Je laisse aller la députée, puis je laisse les gens
répondre aux questions avec franchise, là, mais il reste quand
même que ce n'est pas des problèmes faciles dont on parle. Ces
statistiques-là sont complexes, c'est sûr, mais je ne pense pas
que les statistiques qu'on a devant nous sont de nature à induire en
erreur. Je pense qu'on dit très clairement dans le document qu'il s'agit
d'une moyenne mensuelle. Il est très fréquent que, dans les
statistiques gouvernementales, on utilise des moyennes mensuelles. On peut le
faire, par exemple, pour calculer les taux de chômage, on peut le faire
pour calculer les taux d'inflation de l'indice des prix à la
consommation. Quand c'est une moyenne mensuelle et que c'est dit que c'est une
moyenne mensuelle, qu'on compare un mois donné avec un mois donné
de l'année précédente, si c'est la même base de
comparaison, on ne peut pas prétendre qu'on tente d'induire en erreur.
Et, tout à l'heure, dans l'énoncé que j'ai fait où
les chiffres variaient, on a bien dit que c'était une moyenne annuelle.
Il y a plusieurs façons d'exprimer un point de vue et on n'est pas
toujours obligé de le faire de la même façon. Il faut faire
les distinctions nécessaires et on n'a pas tenté d'induire en
erreur qui que ce soit. Je ne crois pas.
Mme Harel: Est-ce que je dois comprendre que l'ensemble des
mesures n'est l'objet d'aucune compression, y compris les mesures d'EXTRA et de
RADE?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, là, jusqu'à
maintenant, en tout cas, je n'ai pas vu le budget de l'année qui vient.
On verra. Nous, on a fait des projections, mais le budget de l'année
1993-1994 n'est pas connu, n'est pas déposé et il n'est pas
adopté. On verra si le gouvernement va décider de faire des
compressions ou non dans ces budgets-là. Je ne peux, à ce
moment-ci, faire aucune déclaration là-dessus.
Mme Harel: Bon, je vous remercie, M. Fontaine.
M. Fontaine: Je vous en prie.
Mme Harel: Alors, toujours au mois de décembre 1991, on a
les comités de reclassement des salariés - ça, c'est
l'engagement 5 - et, à l'engagement 6, les CAMO. On retrouve bon nombre
d'engagements de même nature, soit des engagements relatifs aux
comités de reclassement ou ceux relatifs aux CAMO. Concernant le
reclassement, est-ce que le ministre est informé des
représentations qui ont été faites pour que la norme
régissant les comités de main-d'oeuvre, qui oblige à faire
appel à des firmes différentes selon les phases du reclassement,
c'est-à-dire d'estimation des besoins, puis ensuite de dispensation des
services... Est-ce que le ministre est informé des
représentations qui sont faites pour tenter d'obtenir un plan d'action
plus souple, de ne plus diviser en phases A et B la démarche de
reclassement et de faire en sorte qu'il y ait, finalement, une sorte de
dérogation à la règle générale de
manière à permettre que les travailleurs et travailleuses qui
sont l'objet d'un licenciement soient aidés par une seule et même
agence ou une seule et même firme?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais demander, avec votre
permission, à M. Duc Vu, qui est le sous-ministre adjoint en
matière de main-d'oeuvre, de répondre à la question. Je
pense qu'il est très au courant de ce problème-là.
Le Président (M. Joly): M. Vu, s'il vous plaît.
M. Vu (Duc): Pour répondre à votre question,
effectivement, nous avons rencontré certains syndicats, notamment, dont
les membres ont été l'objet de licenciement collectif. Nous avons
eu des représentations à cet égard à l'effet de
faire disparaître les deux étapes, A et B, en termes d'engagement
dans la firme. On a
fait un certain nombre de devoirs depuis ce temps-là et on est en
train d'échanger avec le gouvernement fédéral, avec Emploi
et Immigration Canada, pour voir un peu, eux, qu'est-ce qu'ils en pensent avant
d'arriver à proposer des solutions possibles aux autorités du
ministère de façon à voir si on peut régler un
certain nombre de problèmes qu'ont soulevés les personnes que
l'on a rencontrées.
Mme Harel: Alors, il faut comprendre que ce serait le
gouvernement fédéral qui aurait introduit ce scénario en
deux temps, qui oblige l'embauche de deux firmes de consultants, qui induit des
délais importants et qui fait recommencer aux mêmes personnes
déjà victimes d'un licenciement leur histoire de cas, etc.
M. Vu: Non.
Mme Harel: C'est ça que je dois comprendre? Non?
M. Vu: Non, pas du tout. Comme vous le savez, ce
programme-là est partageable...
Mme Harel: Oui.
M. Vu: ...selon des proportions...
Mme Harel: 50-50.
M. Vu: ...égales entre le fédéral et nous.
Dans le cadre des normes acceptées par le Conseil du trésor du
Québec, les normes de ce programme-là prévoient
déjà que la sélection et l'engagement de ces
firmes-là se fassent en deux étapes. Donc, étant
donné qu'on participe également, on se concerte tout
simplement.
Mme Harel: On nous dit que, depuis la mise en vigueur de la
norme, il y a une sorte de bureaucratie qui s'est emparée de ça.
Depuis la mise en vigueur de la norme, les personnes en reclassement subiraient
des délais assez importants; on parle de trois, quatre semaines. Et,
dans ce domaine-là, trois, quatre semaines, c'est quand même
important, si c'est inutile aussi, évidemment.
M. Bourbeau: M. le Président, on me dit que c'est
arrivé dans quelques cas qu'il y a eu des délais semblables
à ceux dont parle la députée, mais que c'est loin
d'être la norme et qu'en général ça procède
beaucoup plus rapidement.
Document déposé
Mme Harel: Est-ce que je peux déposer, M. le
Président, un document qui s'intitule «Les impacts de
l'application des phases A et B sur les travailleurs et travailleuses victimes
de licenciement collectif», qui est daté de juin 1992?
M. Bourbeau: Et d'où provient-il, le document?
Mme Harel: II provient du Conseil des travailleurs et
travailleuses de la Fédération des travailleurs du Québec
et il explique très bien la problématique. Alors, compte
tenu...
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Harel: ...du peu de temps à notre disposition...
Le Président (M. Joly): Nous allons procéder
à la reproduction et nous le ferons circuler après.
Mme Harel: D'autre part, M. le Président, j'aimerais
savoir où en est l'annonce faite par le ministre en décembre
1991, il y a déjà un an maintenant et plus de ça,
concernant le fonds pour les travailleurs licenciés. Alors, l'annonce
publique a été faite de ce fonds pour les travailleurs
licenciés pour lequel un budget de 5 000 000 $ par année, je
pense, avait été prévu pendant 5 ans.
(Consultation)
M. Bourbeau: Est-ce que la députée fait
référence à l'axe des ressources humaines du Grand
Montréal? C'est le fonds des travailleurs licenciés, je
présume, oui.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, dans le cadre du Plan
stratégique du Grand Montréal, le programme Reclassement des
salariés, volet Grand Montréal, vise à faciliter ou
à assurer le maintien en emploi ou la réintégration au
marché du travail des travailleurs qui sont victimes de licenciement
collectif, et à encourager les employeurs et les travailleurs à
explorer d'autres avenues pour maintenir l'autonomie financière des
travailleurs licenciés. Le programme fournit une aide technique et
financière pour la mise sur pied et le fonctionnement du comité
d'aide au reclassement et pour la création d'un fonds d'ajustement en
vue de réaliser des activités de préparation ou
d'intégration en emploi, dont des activités de formation. Des
aides financières à la garde d'enfants et au déplacement
pour recherche d'emploi sont aussi rendues disponibles. (17 heures)
Maintenant, l'état actuel de la situation, M. le
Président, après 10 mois, est le suivant. Dossiers avec avis de
licenciement collectif permanent, 90 dossiers, au cours de l'année
courante; salariés visés, 7851. Dossiers avec avis de
licenciement collectif temporaire, 5; salariés
visés, 135. Dossiers sans avis, 17; salariés visés,
1243. Maintenant, le nombre de comités créés, 40, et le
nombre de salariés visés par ces comités, 5367.
Les secteurs d'activité économique les plus touchés
sont l'habillement - il y a six comités de créés dans
l'habillement - la fabrication des produits métalliques, trois
comités créés; les commerces de détail en
alimentation, trois comités créés; la fabrication des
produits en plastique, deux comités; les industries textiles de
première transformation, deux comités créés; les
industries des produits électriques et électroniques, deux
comités créés; les transports, deux comités;
l'entreposage, deux comités.
Maintenant, le budget pour l'année 1992-1993 - budget
révisé - 3 200 000 $ et les dépenses réelles
estimées, entre 1 500 000 $ et 2 000 000 $.
Mme Harel: Est-ce qu'il s'agit là des CAMO, pour
améliorer la contribution des ressources humaines à la
qualité des produits? C'est de ce programme-là que vous me
parlez?
M. Bourbeau: Non. Ça, c'est le fonds des travailleurs
licenciés.
Mme Harel: bon. parce que le fonds des travailleurs
licenciés, c'est 5 000 000 $ qui avaient été prévus
et annoncés, pendant 5 ans, dont 5 000 000 $ pour la présente
année.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée a
probablement raison, mais il semble que, pour l'année
précédente, là, le budget qu'on pourra dépenser va
être de 3 200 000 $ plutôt que les 5 000 000 $ annoncés.
Mme Harel: Ça, c'est pour la présente
année?
M. Bourbeau: L'année 1992-1993, oui.
Mme Harel: 1992-1993. Et là ce qui est engagé,
c'est 1 500 000 $, 2 000 000 $.
M. Bourbeau: La dépense prévisible.
Mme Harel: La dépense prévisible. Ça, c'est
sur les 5 000 000 $ annoncés. C'est ça?
M. Bourbeau: Oui. M. le Président, encore là, c'est
un programme qui a démarré en cours d'année et il a
souffert des mêmes problèmes que tous les programmes qui
démarrent. Et on me dit que le budget va être reporté sur
les années subséquentes.
Mme Harel: Est-ce que le fédéral fait sa part
aussi?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, nous, on sollicite la
participation du fédéral dans tous ces cas-là. On me dit
que, dans un grand nombre de cas, le fédéral participe, mais il
ne fait pas comme nous, là, mettre de côté une somme
d'argent qui est identifiée clairement par un budget spécial; il
le prend à même les budgets réguliers du gouvernement
fédéral. Maintenant, ils n'ont pas fait comme nous, là,
une allocation spéciale pour ce programme.
Mme Harel: Moi, ce que j'ai ici, dans un document daté du
30 novembre 1992, «Plan stratégique du Grand Montréal: mise
en application des mesures», en fait, c'est comme un bilan, mesure
après mesure, qui nous vient du Comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal. On nous dit que la
proposition fut refusée par Mme Monique Vézina, dans sa lettre du
12 mai 1992, et que, finalement, la ministre suggère plutôt une
formule se rapprochant de celle du programme Transition, de l'Ontario,
où, contrairement à notre proposition de coûts
partagés, la province défraie les frais de cour pour les
travailleurs et, de son côté, le fédéral assure le
maintien du revenu des participants grâce à l'utilisation de
l'article 26 de la loi de l'assurance-chômage. Est-ce de ça qu'il
s'agit?
M. Bourbeau: M. le Président, comme je l'ai dit tout
à l'heure, le fédéral a refusé d'identifier une
somme d'argent spécifique pour un programme, qui serait le fonds des
travailleurs licenciés, mais, par contre, au fur et à mesure que
les cas se présentent, on soumet ces cas-là au
fédéral et on m'avise que, dans un bon nombre de cas, le
fédéral participe, pour une somme d'argent équivalente au
Québec, à ces comités.
Mme Harel: C'est dans le cadre de l'article 26 de la loi de
l'assurance-chômage, c'est-à-dire celle des étudiants
indépendants. Alors, la note ne serait pas exacte, ici.
M. Bourbeau: Je ne sais pas de quelle note la
députée parle. Le problème, c'est que...
Mme Harel: «Plan stratégique du Grand
Montréal: répartition des mesures par ministère ou
organisme». C'est un document officiel. Je peux vous en...
M. Bourbeau: la beauté de l'opération, m. le
président, c'est que la députée sort les documents un par
un, comme d'un chapeau, et, nous, on ne sait pas de quel document elle
parle.
Mme Harel: J'espère que son collègue... Mais vous
êtes membre, vous, du Comité ministériel permanent de
développement du Grand Montréal, vous devez l'avoir.
M. Bourbeau: Écoutez, ici, on a une foule
de documents.
Mme Harel: Ce qui est surprenant, c'est que, moi, je l'aie.
M. Bourbeau: Écoutez, on l'a sûrement ici, mais vous
comprenez que, nous, on vient ici avec une armée pour tenter de
prévoir d'avance de quel côté viendront les coups. La
députée nous sort les documents un par un. Et, nous, on est
censés les connaître par coeur.
Le Président (M. Joly): Je passais une remarque - en fait,
c'est une petite boutade - à Mme la secrétaire tantôt en
disant: C'est difficile pour les membres de la commission de suivre, parce
qu'on ne connaît pas toujours l'objectif de Mme la députée.
Dans le fond, c'est ça.
Mme Harel: Oui. Il nous faudrait 40 heures, M. le
Président, et on en a 4.
M. Bourbeau: Elle est là, elle se cache derrière un
paravent, elle sort un document, montre juste le bout du document, et on doit
immédiatement comprendre de quoi il s'agit.
Le Président (M. Joly): Houdini!
Mme Harel: Bon, revenons, finalement. Moi, je veux savoir
qu'est-ce qu'il en est. Vous disiez que vous mettiez 5 000 000 $ chaque
année. Cette année, là, je comprends qu'il y en aurait eu
1 500 000 $ ou 2 000 000 $ de dépensés. Vous nous dites: L'argent
va être reporté. C'est au Journal des débats. Je
suis contente parce qu'on verra.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Mais, ceci dit, vous disiez que vous alliez en
chercher autant du fédéral, 5 000 000 $.
M. Bourbeau: On veut aller en ~ chercher autant du
fédéral, oui, effectivement.
Mme Harel: Vous avez reçu une lettre de Mme Vézina
qui disait non, le 12 mai dernier.
M. Bourbeau: Oui. Est-ce qu'on pourrait avoir copie de la lettre,
M. le Président? On l'a sûrement quelque part ici, mais...
Mme Harel: Je vais vous la demander, la copie.
M. Bourbeau: Moi, je vais demander la copie à la
députée, M. le Président.
Mme Harel: Mme Vézina vous dit non et vous dites que vous
êtes content.
M. Bourbeau: Est-ce que j'ai dit ça, M. le
Président? Est-ce que vous avez entendu...
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas la copie de la lettre,
donc, je ne peux pas...
M. Bourbeau: Est-ce que j'ai dit que j'étais content de la
lettre en question?
Mme Harel: Qu'est-ce que vous demandez, alors?
Le Président (M. Joly): À date, je n'ai pas entendu
ça, M. le ministre.
M. Bourbeau: Nous, nous avons, dans le programme de relance,
sollicité du gouvernement fédéral une participation
équivalente à celle du Québec. Le fédéral,
si j'ai bonne souvenance... J'en reçois pas mal de lettres, M. le
Président, des poches à tous les jours, et je ne les apprends pas
par coeur. Mais ma compréhension...
Mme Harel: C'est toujours non.
M. Bourbeau: Non, c'est souvent oui. Ma compréhension,
c'est que le fédéral nous aurait avisés qu'il n'entendait
pas mettre de côté une somme d'argent.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, on me confirme que ma
mémoire est bonne. La lettre nous dit que le fédéral
n'entend pas mettre de côté une somme spécifique pour ce
programme-là, mais que, d'autre part, il contribuera, en vertu des
programmes existants d'Emploi et Immigration Canada, à mettre sur pied
des comités semblables. Donc, je pense que le fédéral,
d'une autre façon, vient contribuer à ces
programmes-là.
Mme Harel: Je comprends que ce n'est pas en vertu des budgets
existants d'Emploi et Immigration; c'est en vertu de l'article 26 de la Loi sur
l'assurance-chômage, c'est-à-dire, encore une fois, faire payer
par la caisse de l'assurance-chômage, de laquelle il s'est retiré
complètement et qui n'est financée que par les travailleurs et
les employeurs, des programmes comme ceux de licenciement où on devrait
pourtant prévoir, comme le recommandait le rapport de Grandpré...
On aura l'occasion, en commission parlementaire sur le libre-échange -
j'espère que vous y serez - de s'en parler, n'est-ce pas, de ces
programmes d'adaptation qui n'existent...
M. Bourbeau: La députée est de toutes les
commissions parlementaires, M. le Président.
Mme Harel: ...ni à Québec, ni à Ottawa, mais
où on vient puiser dans les fonds de l'assurance-chômage pour
essayer de suppléer à
des programmes qui auraient dû exister pourtant.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
fait le procès d'un autre ordre de gouvernement que le nôtre. Moi,
tout ce que je peux dire, c'est que, quand un chèque arrive pour faire
en sorte de subventionner les travailleurs québécois, que c'est
un chèque en dollars canadiens ou en argent comptant, les travailleurs
québécois en profitent, et je ne sais pas toujours d'où
provient l'argent, de quels fonds fédéraux ou autres. Ce qui
compte, c'est que l'argent arrive et, quand il arrive, évidemment, c'est
mieux que si ça n'arrivait pas.
Mme Harel: Alors, concernant, en particulier, le reclassement, je
comprends qu'on est dans les affres, la turbulence, nécessairement, des
changements qui sont introduits par la création de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Alors, concernant l'équipe qui doit être
transférée dans les sociétés régionales, qui
jusqu'à maintenant était, je crois, une équipe
homogène de 33 professionnels qui s'occupaient de reclassement,
où en est rendu le dossier? Où c'en est rendu? Est-ce que ces
professionnels sont déjà rendus dans les sociétés
régionales? Est-ce que les programmes de reclassement sont
déjà administrés dans les sociétés
régionales? Est-il exact qu'une bonne majorité d'entre eux vont
préférer ne pas se faire transférer? (17 h 10)
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que les
appréhensions de la députée ne sont pas conformes à
la réalité, mais on va demander à l'unique employé
de la Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre, c'est-à-dire le président, de répondre
à la question, si vous voulez bien.
Le Président (M. Joly): M. Arsenault, s'il vous
plaît.
M. Arsenault: Effectivement, je pense qu'il était tout
à fait normal qu'avec l'entrée en opération de la
Société, le 1er avril, il y ait certaines appréhensions
chez les futurs employés de la Société provenant soit du
ministère ou soit des commissions de formation professionnelle. J'ai
rencontré, hier et aujourd'hui, à Québec et à
Montréal, tous les employés du ministère pour leur
expliquer les modalités de leur intégration ou de l'offre
d'intégration; je pense qu'à ce moment-ci on doit parler d'une
offre.
Certains ont reçu, d'autres recevront au cours des prochains
jours une offre d'emploi, soit à la Société à
Québec ou à Montréal, ou dans les sociétés
régionales. Jusqu'à date, je ne peux présumer des
décisions qui seront prises. Autant les fonctionnaires comme les
professionnels ou les cadres, dans un autre temps, ont 60 ou 30 jours pour
signifier au ministère leur réponse.
Personnellement, je pense quand même que le plan d'organisation
qui a été déposé aura, entre autres, comme effet de
n'obliger personne à se déplacer. Nous allons leur confirmer dans
l'offre d'emploi qu'ils seront affectés dans des unités
administratives au port d'attache où ils sont actuellement. Donc, il y a
tout lieu de croire que, d'une façon générale, les gens
à qui on offre un emploi à la Société devraient
l'accepter.
Mme Harel: Est-ce que les coupures qui sont
décrétées par le Conseil du trésor, puis surtout
les autres réorganisations, comme l'OPDQ et d'autres, ne viennent pas un
peu compliquer les choses pour ceux d'entre eux qui n'accepteraient pas la
proposition? Est-ce que c'est une proposition qu'ils peuvent refuser?
M. Arsenault: Oui, définitivement. Je pense que les
conventions collectives, en ce qui a trait aux fonctionnaires, et la convention
collective qui gère les conditions des professionnels prévoient
qu'en cas de refus ils peuvent être mis en disponibilité. Vous
connaissez, je pense, quelles sont les conditions ou quel est le cheminement
que peut prendre le dossier d'une personne qui est en disponibilité. De
notre côté, on a fait le maximum pour s'assurer que les conditions
qui étaient offertes, à toutes fins pratiques, ne
pénalisent en aucune façon les employés par rapport
à la situation qu'ils vivent actuellement.
Mme Harel: est-ce que le ministre croit que... cette
équipe, qui était redevable des programmes de reclassement, se
trouve à être démembrée, si je comprends bien, dans
les différentes sociétés régionales. il s'agissait,
m'a- t-on dit, de 33 professionnels. est-ce qu'il n'y aura pas une perte
d'expertise dans ce transfert-là?
M. Bourbeau: II s'agit, M. le Président, d'une
équipe de fonctionnaires du ministère, et non pas des CFP, mais
qui travaillent dans les CFP, et qui vont être intégrés
à la nouvelle Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: C'est-à-dire que c'est une équipe du
ministère...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...qui, je ne crois pas, était
déjà démembrée dans les CFP.
M. Bourbeau: Non, non.
Mme Harel: ...qui le serait le 1er avril prochain.
M. Arsenault: C'est-à-dire qu'ils travaillaient, donc, ils
opéraient à partir des bases, ils
avaient leur bureau, mettons, ils avaient leurs activités dans
chacune des CFP; ils étaient, à toutes fins pratiques,
localisés en région. Il n'y aura absolument aucun changement
parce qu'un des principes que nous voulons mettre de l'avant, c'est que les
sociétés régionales deviennent le plus possible et encore
davantage des endroits où on pourra dispenser un service à la
clientèle de la façon la plus complète possible.
Mme Harel: Alors, vous nous dites qu'il n'y aura aucun
changement, mais que ce n'était pas effectif avant le 1er avril.
M. Arsenauit: Non, non. C'est que tous les employés - j'ai
pensé que vous le saviez - qu'ils proviennent soit du ministère,
au central ou en région, comme ceux dont vous faites partie, soit ceux
des commissions de formation professionnelle, ce qu'on leur offre, c'est
l'intégration à la Société; c'est au 1er avril,
avec le début de la prochaine année financière.
Mme Harel: Mais ceux qui travaillaient au reclassement, ils
n'étaient pas déjà dans les CFP; plusieurs travaillaient
toujours au ministère.
M. Arsenauit: Ils étaient des employés du
ministère, mais localisés en région, par opposition
à un employé d'une CFP, payé par une CFP; donc, c'est un
employé du ministère, payé par le ministère, mais
qui travaille en région.
Mme Harel: Et là, maintenant, ils relèvent toujours
du ministère tant que l'intégration ne se fera pas, le 1 er
avril?
M. Arsenauit: Et, à partir du 1er avril, ils seront des
employés de la Société ou des sociétés
régionales.
Mme Harel: Est-ce que, dans le processus, il y a
possibilité qu'il y ait une perte d'expertise du fait qu'un certain
nombre d'entre eux n'accepteront pas d'être intégrés?
M. Bourbeau: Bien, c'est possible; c'est possible qu'un certain
nombre n'acceptent pas d'être intégrés, mais je ne vois
vraiment pas pourquoi ils refuseraient, parce qu'ils seraient appelés
à faire le même travail et au même endroit. Bon, ils
changeraient d'employeur; plutôt que d'être des employés du
gouvernement, ils seraient des employés de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, mais,
pour le reste, c'est la même chose, les mêmes conditions de
travail.
Mme Harel: Est-ce que c'est vraiment le même travail? Moi,
on me dit que les PDRH, qui étaient le programme des CFP, pour les
accueillir, ça a été remplacé par les PDRHE.
M. Bourbeau: On ne parle pas de la même chose.
Mme Harel: C'est-à-dire que tout ce qu'on a fait, c'est
ajouter le mot «entreprise». Mais l'esprit de la
société régionale, toute la dynamique, c'est une
problématique de formation, d'abord. Ce n'est pas une
problématique de création d'emplois, ce n'est pas une
problématique d'intérêt, si vous voulez, à
l'ensemble de l'entreprise. Pour que cela soit, il aurait vraiment fallu,
à ce moment-là, qu'une partie des services qu'on trouve à
l'Industrie et Commerce, et un peu partout, s'y retrouve pour en faire vraiment
un lieu où on parle à la fois d'emploi et de formation.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, il est possible qu'à
la suite des discussions avec le gouvernement fédéral il y ait de
gros changements qui soient apportés dans les régions. Si nous
obtenons le guichet unique que nous espérons obtenir, il y aura
peut-être des fonctions nouvelles qui seront accomplies par les
sociétés régionales et les bureaux locaux. Alors, tout est
possible.
Mme Harel: Tout est possible dans le meilleur des mondes,
ça, c'est bien évident. Mais ça fait déjà
deux ans et demi, maintenant, on est à cinq semaines de
l'échéance et puis il n'y a rien qui semble, en tout cas, pour
une personne raisonnable, porter à penser que ça va se
régler. Donc, ça veut dire que la collision frontale va
continuer. On vous a proposé îla cohabitation et, si je comprends
bien, vous ne la souhaitez pas, la cohabitation?
M. Bourbeau: Bien, c'est-à-dire que la cohabitation, nous
autres, à l'aide sociale, ha, ha, ha! ça crée des
problèmes. On est habitués à des problèmes avec la
cohabitation. Écoutez, on ne nous a rien proposé,
premièrement. Il n'y a aucune discussion, aucune négociation avec
le gouvernement du Québec. Alors, je ne sais pas de quoi il s'agit, de
quel animal on parle quand on parle de cohabitation. On vit dans un pays
fédératif où il y a beaucoup de cohabitation: il y a
plusieurs ordres de gouvernement qui cohabitent, il y a plusieurs
sociétés, aussi, qui cohabitent, il y a deux nations qui
cohabitent, M. le Président. Alors, la cohabitation, en principe,
ça ne nous fait pas nécessairement peur, mais il faudrait voir de
quoi on parie.
Mme Harel: Alors, vous n'avez pas eu copie du document dit
officiel, là, dont La Presse, le 23 janvier dernier, avait copie,
en fait, et dans lequel on prétendait qu'Ottawa était prêt
à reconnaître au Québec un guichet unique?
M. Bourbeau: Oui, mais il faudrait voir de quoi on parle, M. le
Président. Je sais que le ministre fédéral a souvent
parié d'un guichet unique, mais il n'avait d'unique que le nom. Moi, je
n'ai eu aucune proposition concrète qui m'ait été
transmise, aucune discussion avec le gouvernement fédéral
là-dessus, sauf des paroles, «des paroles verbales», M. le
Président, pour employer l'expression connue. Alors, moi, par
définition, M. le Président, étant un notaire, j'aime
mieux les écrits que les paroles. Alors, j'attendrai de voir des
écrits et, si le fédéral juge opportun - et
j'espère qu'il le fera bientôt - de nous proposer quelque chose,
on verra de quoi il s'agit.
Mme Harel: Mais, dans ce document qui a fait la première
page de La Presse, qui n'est pas Le Soleil...
(17 h 20)
M. Bourbeau: Un autre document!
Mme Harel: ...mais, on faisait part dans ce document qui a fait
la première page, là, La Presse, qui n'est pas Le
Soleil...
M. Bourbeau: Un autre document.
Mme Harel: ...mais quand même, qui est lu par pas mal de
monde, on nous signalait qu'Ottawa était prêt à ce que la
SQDM, donc la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, prépare conjointement avec le
ministère fédéral la planification stratégique des
interventions des deux gouvernements, les orientations, les priorités
ainsi que la détermination des sphères d'intervention respectives
de l'État fédéral et du Québec. Alors, Ottawa ne
voulait plus prendre le ministre ou son ministère comme interlocuteur,
mais semblait vouloir adopter la SQDM. Je ne sais pas si ça fait plaisir
à M. Arsenault, mais est-ce qu'il y a quelque chose qui s'est
passé suite à ce qui semblait être une fuite
organisée?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée voudrait
déposer le document en question, M. le Président, pour qu'on en
prenne connaissance? Est-ce que vous l'avez, le document?
Mme Harel: Je vous promets que, le 9 mars, je le
dépose.
M. Bourbeau: Bon. M. le Président, si j'ai compris, c'est
un document de travail préparé par des fonctionnaires
fédéraux à l'intention de leurs patrons ou du gouvernement
ou du ministre fédéral, un document parmi d'autres, là,
qui ferait en sorte de tenter de concilier l'inconciliable, si je comprends
bien. Moi, je n'ai rien vu, M. le Président, de toute façon, et,
tant que je ne verrai pas une offre concrète ou un document officiel,
c'est...
Mme Harel: est-ce que vous allez me permettre de poser la
question? est-ce que c'est le cas aussi pour m. arsenault? vous n'avez rien vu,
vous non plus?
M. Arsenault: On ne m'a transmis aucune proposition, aucun
document.
M. Bourbeau: Auquel cas, M. le Président, je
présume que je l'aurais reçu.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire qu'il ne se passe rien,
là. Pour tout de suite, c'est au point mort.
M. Bourbeau: J'ai dit, tout à l'heure, M. le
Président, que j'attendais impatiemment que le téléphone
sonne du côté fédéral, mais, pour l'instant, il n'y
a rien à l'horizon.
Mme Harel: Allez-vous, vous, faire une démarche?
M. Bourbeau: M. le Président, je peux dire que je suis
continuellement en démarche. Je ne demeure jamais immobile, mais...
Mme Harel: Mais vous attendez le téléphone.
Allez-vous téléphoner, vous?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, je dois dire que j'ai
téléphoné. Je téléphone
régulièrement et il m'est arrivé de parler avec le
ministre fédéral. On se parle de temps à autre. Mais
disons que ma patience légendaire, M. le Président, commence
à être sérieusement mise à l'épreuve.
Mme Harel: Je ne voudrais pas terminer, parce que,
évidemment, le temps passe très vite, sans aborder le programme
PATA. Il y a des engagements en janvier. On a examiné
décembre.
Le Président (M. Joly): Est-ce que décembre, vous
avez encore à y revenir, Mme la députée?
Mme Harel: Ça va, M. le Président.
M. Bourbeau: À ma connaissance, on n'y a pas
été très longtemps.
Le Président (M. Joly): Donc, à ce
moment-là, l'engagement de décembre est considéré
comme terminé.
Mme Harel: Terminé.
Le Président (M. Joly): Vérifié.
Mme Harel: Vérifié.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci.
Alors, vous aimeriez que j'appelle quoi, Mme la députée?
Janvier 1992?
Janvier 1992
Mme Harel: Alors, en janvier, on retrouve-Le Président
(M. Joly): Janvier 1992 est appelé.
Mme Harel: ...donc l'engagement 10 concernant un des plans de
prestations pour le programme PATA. Alors, est-ce qu'il faut comprendre que le
ministre a renoncé à corriger la discrimination contre les
travailleurs et travailleuses de Montréal? Le ministre se rappelle
certainement avoir répondu à mes nombreuses lettres l'an
passé en m'indiquant, dans la correspondance que nous avons
échangée au mois de mai dernier, qu'il entendait obtenir des
améliorations à PATA, notamment... Il l'a annoncé
également en conférence de presse dans le cadre du Plan
stratégique du Grand Montréal, au mois de décembre 1991,
et il a même annoncé vouloir consacrer pour cette année une
somme de 5 800 000 $ pour que, rétroactivement à l'implantation
du programme, des travailleurs du vêtement puissent y avoir
accès.
Je ne pense pas, M. le Président, après tout ce qu'on en a
dit, qu'il soit nécessaire de rappeler que l'accessibilité au
programme dépend de la taille de la municipalité. Que dans une
municipalité comme Montréal on exige une mise à pied de
plus de 100 employés et que 90 % des ateliers de textile et de
vêtement comptent entre 30 et 40 employés, alors ça, puis
un mirage, c'est pareil. Quand les gens entendent parler de PATA, M. le
Président, ça provoque souvent beaucoup de découragement
de gens qui pensent que leur voisin a pu y avoir droit parce que le voisin
travaillait dans une municipalité peut-être à
côté, comme ville Saint-Pierre ou ville Saint-Laurent, où
l'entreprise a fermé et, comme elle est de petite taille, il pouvait y
avoir accès, tandis que, si eux habitent dans ces
municipalités-là, mais travaillent à Montréal, ils
en sont écartés.
J'ai bien noté que la réduction du nombre d'années
de travail a été de 15 à 13, mais que ça
s'autofinance, parce qu'il y a une réduction également du
pourcentage des prestations. Alors, finalement, c'est l'ensemble des
travailleurs licenciés âgés qui vont financer la
bonification du programme. Où est-ce que cela en est? Et je rappelle au
ministre...
M. Bourbeau: C'est le gouvernement qui finance; ce ne sont pas
les travailleurs, M. le Président.
Mme Harel: La bonification, ils vont la financer par une
réduction de leurs prestations. Concernant PATA, dans le Plan
stratégique du Grand Montréal, on nous dit que, le 31 août
1992, le ministre du Travail du gouvernement fédéral a transmis
une réponse négative à la demande du ministère.
Alors, il faut comprendre que ce n'était peut-être pas un bon
moment pour annoncer la nouvelle, parce que ça prendra six mois avant
qu'on nous dise que ça ne l'était pas. J'ai moi-même
interrogé le ministre en Chambre, au mois de décembre, au mois de
novembre, et il me parlait encore de négociation. À aucun moment,
il ne m'a parlé d'une réponse négative qu'il avait
reçue fin août.
M. Bourbeau: M. le Président, ça dépend de
quoi on parle. Je pense que la réponse n'est pas négative, elle
est positive. On a signé un protocole d'entente, il y a à peine
un mois, où on a annoncé, M. le Président, des
bonifications au programme PATA. Alors, je ne crois pas que ce soit
négatif; c'est positif.
Mme Harel: le ministre se rappellera certainement que, parmi ces
bonifications, on devait retrouver un élargissement pour les
travailleurs du textile.
M. Bourbeau: Ah bon! Je m'excuse. Je pensais qu'elle faisait
allusion à la généralité du programme. M. le
Président, sur ce point précis, l'habillement, en vertu du
nouveau projet de protocole d'entente, dans le cadre de l'entente
Canada-Québec sur le programme PATA, il est vrai que le dossier de
l'habillement à Montréal n'y est pas traité. La raison en
est bien simple. Après maintes discussions avec le ministre
fédéral du Travail, il apparaît préférable au
gouvernement fédéral de traiter le dossier de l'habillement
à Montréal séparément du programme PATA habituel
qui, en vertu de ses normes et même avec le nouveau protocole d'entente,
rend impossible sur le territoire de Montréal l'acceptation de
licenciements inférieurs à 100 personnes. C'est toujours
inférieur à 100 personnes, d'ailleurs, dans le secteur de
l'habillement.
Dans une lettre en date du 21 décembre 1992, j'ai
présenté ce dossier au ministre canadien de l'Industrie, des
Sciences et de la Technologie qui, selon nos informations, a déjà
offert, ailleurs au pays, des programmes de mesures spéciales
d'adaptation pour les travailleurs se trouvant dans des situations comparables
à ceux du secteur de l'habillement à Montréal. M. le
Président, j'attends toujours sa réponse.
De plus, j'aimerais rappeler que, dans le Plan stratégique du
Grand Montréal, le gouvernement du Québec a prévu une
somme de 5 700 000 $ spécifiquement rattachée au secteur de
l'habitation à Montréal. Si le gouvernement fédéral
accepte la demande pressante que nous lui faisons, il pourrait contribuer pour
une somme qui serait évaluée, si je me souviens bien, à
environ 13 000 000 $, un peu au-delà de 13 000 000 $, dans la proportion
de 30 % pour le Québec et 70 % pour le gouvernement
fédéral, ce
qui permettrait, vous en conviendrez, de répondre en partie au
problème créé par le licenciement collectif de personnes
dans le secteur de l'habillement à montréal.
Mme Harel: Vous nous parlez de ce qui a été
annoncé en décembre 1991 pour l'année 1992-1993,
l'année financière qui se termine dans 5 semaines. Vous nous
dites que, pour cette période, un montant de 5 700 000 $ a
été annoncé, soit la contribution du Québec, et un
montant de 13 500 000 $ a été anticipé, soit la
contribution d'Ottawa. C'était conditionnel à l'acceptation,
c'est bien évident. Mais, là, vous nous le répétez
comme si ça allait être dépensé. Est-ce qu'il faut
croire que c'est périmé là? (17 h 30)
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit ça, M. le Président.
J'ai dit que le Québec a annoncé qu'il prévoyait une somme
de 5 700 000 $ à la condition que le fédéral, bien
sûr, fasse sa part, parce qu'on parie du programme PATA qui est un
programme financé à 30 % par le Québec et à 70 %
par le fédéral. Bien sûr, la députée, encore
là, trouve que ce n'est pas assez, mais je rappellerai à la
commission...
Mme Harel: Non, non, je ne trouve pas que ce n'est pas assez, je
voudrais juste que ce soit dépensé.
M. Bourbeau: Je rappellerai, quand même, à la
commission que, du temps du Parti québécois, le gouvernement du
Québec mettait zéro sou par année dans le Programme
d'adaptation des travailleurs âgés. C'était un programme
financé à 100 % par le gouvernement canadien.
Mme Harel: Vous ne trouvez pas que c'est de bonnes
négociations, ça?
M. Bourbeau: Oui, peut-être, mais vous ne faisiez pas un
gros effort à ce moment-là et le fédéral a mis fin
au programme aussi, parce que le gouvernement du Québec ne voulait pas
participer.
Mme Harel: Ce n'est pas qu'il ne voulait pas participer, c'est
que le gouvernement du Québec avait obtenu qu'il soit entièrement
financé par le gouvernement d'Ottawa.
M. Bourbeau: Oui, peut-être. Jusqu'à ce qu'il y
mette fin alors que vous étiez là.
Mme Harel: Non, non, non.
M. Bourbeau: Non, après. Après.
Mme Harel: Non, non.
M. Bourbeau: En quelle année?
Mme Harel: C'est depuis que votre prédécesseur a
été nommé.
Une voix: En 1986.
M. Bourbeau: En 1986. Vous avez raison. Il y a mis fin
après que vous êtes partis. Ils étaient tellement
découragés de votre départ qu'ils ont mis fin au
programme.
Mme Harel: Vous avez signé, là, en date de 1992.
J'ai ici copie de l'entente que vous avez signée, le 17e jour de
décembre 1992, sur PATA; vous avez signé pour 3 ans. Ça ne
comprend aucune amélioration au programme pour y corriger la
discrimination pour des travailleurs de certains -secteurs. Ça veut dire
quoi? Pourquoi vous me parlez des 5 700 000 $ maintenant? Est-ce que vous me
dites que vous avez signé, mais que vous allez rouvrir l'entente?
M. Bourbeau: L'entente PATA? Mme Harel: L'entente PATA.
M. Bourbeau: Bien...
Mme Harel: L'entente PATA, vous l'avez signée le 17
décembre 1992.
M. Bourbeau: Oui, oui. Bien oui, mais, écoutez, je n'avais
pas bien le choix, M. le Président. Le fédéral, qui met 70
% des fonds, nous a dit: Nous sommes prêts à débourser un
grand nombre de millions au Québec l'an prochain, mais nous ne pouvons
pas inclure le secteur de l'habillement - enfin, la réduction des normes
pour le secteur de l'habillement - dans l'entente. Alors, le choix qu'on avait,
c'était de ne pas signer du tout et de se priver de dizaines de millions
de dollars ou de signer l'entente en conservant le statu quo pour
l'habillement, ce qui n'a pas eu pour effet de nous décourager. Nous
avons, à ce moment-là, identifié, avec, d'ailleurs, le
ministre fédéral du Travail, une façon potentielle
d'obtenir, à l'égard de l'habillement, des conditions
différentes, des conditions plus favorables. Et c'est pour ça que
j'ai présenté le dossier au ministre fédéral de
l'Industrie, des Sciences et de la Technologie puisque, semble-t-il, ce
ministre-là de ce gouvernement-là a offert à des
travailleurs se trouvant dans des situations comparables, ailleurs au pays, des
programmes spéciaux, des mesures spéciales d'adaptation. Alors,
on va voir ce que ça va donner de ce côté-là et on
n'abandonne pas, M. le Président.
Mme Harel: Vous n'abandonnez pas, ça veut donc dire que
vous attendez, encore une fois, le consentement d'Ottawa. Vous n'abandonnez pas
de demander à Ottawa, c'est ça que je comprends.
M. Bourbeau: Mais, le consentement... Je n'attends pas leur
consentement, j'attends leurs 13 000 000 $. Alors, évidemment, je ne
peux pas signer le chèque pour eux. S'ils ne veulent pas payer, je ne
peux quand même pas imprimer un chèque de 13 000 000 $.
Mme Harel: Est-ce qu'on pourrait avoir copie de cette lettre?
M. Bourbeau: Oui, je n'ai pas d'objection, M. le
Président. Si c'est pour faire plaisir à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, on pourra en prendre note et lui faire parvenir une
copie de la lettre. Ce n'est pas un document confidentiel.
Mme Harel: Dans le cadre du programme PATA, M. le
Président, il y a eu, depuis le début du programme, 1116 dossiers
de licenciement qui ont été soumis au comité PATA
Canada-Québec. Et, parmi ces dossiers, c'est 25 % seulement qui ont fait
l'objet d'une acceptation et c'est 75 % des dossiers, c'est-à-dire 822
licenciements d'entreprises qui ont été refusés parce
qu'ils ne correspondaient pas aux critères du programme relativement
à la taille du licenciement ou au pourcentage de travailleurs
âgés. Alors, vous vous rendez compte, finalement, que c'est 75 %
des travailleurs âgés, dans une période non seulement de
récession, mais de bouleversement structurel de l'économie comme
celle qu'on connaît maintenant, c'est 75 % des licenciements qui sont
refusés parce que les critères sont trop exigeants.
M. Bourbeau: M. le Président, je pourrais peut-être
donner un état de la situation. Depuis le début du programme, sur
7810 travailleurs âgés de plus de 55 ans dont les licenciements
ont été analysés, 4710 travailleurs ont été
admis au programme, soit 60 %. Et 3100 ont été refusés
parce que leurs licenciements n'ont pu être autorisés en vertu des
critères du programme d'aide aux travailleurs âgés, soit
principalement en raison de la taille du licenciement et du pourcentage de
travailleurs âgés dans ces licenciements.
Maintenant, parmi les 4710 travailleurs admis en date de février
1993 - donc, c'est très récent - 2439, soit 52 %, avaient pu
bénéficier de prestations de PATA. Depuis le début du
programme, les prestations de PATA représentent un coût cumulatif,
des annuités de 34 200 000 $ pour le Québec et de 79 900 000 $
pour le gouvernement fédéral, au Québec. Mentionnons aussi
qu'entre avril 1992 et la fin de février 1993 le Québec aura
autorisé le versement de 6 000 000 $ à l'endroit de 404
travailleurs licenciés. D'ici avril 1993, le Québec devrait
dépenser la totalité des montants prévus pour des
annuités, soit 4 500 000 $ de plus.
En vertu de la nouvelle entente, le PATA disposera en 1993-1994 d'un
budget de 11 900 000 $ au Québec, ce qui lui permettra d'admettre au
programme près de 900 travailleurs additionnels. De ce montant, environ
700 000 $ devraient être réservés par la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre pour des frais de fonctionnement reliés à la
gestion du programme, alors que les montants restants seraient utilisés
pour l'achat de plans de prestations auprès des firmes
privées.
Mme Harel: Alors, on en est toujours au statu quo, en tout cas en
ce qui concerne l'urgente nécessité de remédier à
la discrimination. Si je comprends bien, c'est parce qu'il y a plus de
licenciements, parce qu'il y a plus de fermetures et parce qu'il y a plus de
travailleurs licenciés qui sont âgés de 55 ans et plus
qu'il y a plus de demandes au programme. Par ailleurs, presque la moitié
de ceux qui sont en attente ne sont pas bénéficiaires du
programme parce qu'ils ne correspondent pas aux critères de la taille du
licenciement ou du nombre de personnes âgées requis pour
être exigibles au programme. C'est ça qu'il faut comprendre.
M. Bourbeau: La députée parle de discrimination.
Dans l'entente que j'ai signée récemment avec le ministre
fédéral du Travail, s'il y avait des discriminations, on en a
éliminé quelques-unes, par exemple, à l'égard des
femmes qui, comme on le sait, ont en général moins
d'ancienneté sur le marché du travail que les hommes. Alors, on a
abaissé la clause d'ancienneté de 15 à 13 ans, permettant
par le fait même à bon nombre de femmes d'avoir accès au
programme, ce qui n'était pas le cas précédemment.
Également, on a fait en sorte qu'un plus grand nombre de travailleurs de
toutes les régions du Québec puissent avoir accès, en
toute équité, au programme PATA. Donc, je pense que, s'il y
avait, là encore, une injustice, on a fait un bon pas dans le sens d'y
remédier.
Mme Harel: c'est l'égalité par en bas, là,
parce que vous financez cette correction-là en diminuant le montant
maximal des prestations de 1300 $ à 1000 $.
M. Bourbeau: Disons qu'il va y avoir plus de travailleurs qui
pourront avoir accès au programme. Donc, dans un certain sens, le
programme...
(Consultation)
M. Bourbeau: Maintenant, en plus, on pourrait ajouter bien des
choses, en somme, M. le Président, pour vanter le programme PATA. Mais,
M. le Président, comme la députée est pressée par
le temps, et nous aussi, je présume qu'elle veut changer de dossier.
Mais le programme PATA est quand même un programme, M. le
Président, qui remplit très bien, je pense, les objectifs
recherchés.
Mme Harel: Alors, on va adopter... Non, on n'adopte pas les
engagements financiers.
Le Président (M. Joly): Vérifié. Mme
Harel: Vérifié.
Le Président (M. Joly): donc, les engagements financiers
du mois de janvier 1992 sont considérés comme
vérifiés. février 1992 est appelé.
Février
Mme Harel: Ce qu'il y a d'intéressant dans février
1992, c'est l'engagement 6: Formation «tension émotive» au
personnel des centres Travail-Québec. C'est l'engagement 6. (17 h
40)
M. Bourbeau: C'est le mois de février 1992?
Mme Harel: Février 1992, tension émotive.
M. Bourbeau: Ça, c'est pour le ministre, à la suite
des attaques de la députée de Hochela-ga-Maisonneuve.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Vous avez droit au programme.
(Consultation)
M. Bourbeau: m. le président, on me dit que, à
l'occasion, il arrive parfois que, dans certains centres travail-québec,
la tension monte.
Mme Harel: Contre le ministre?
M. Bourbeau: Non. Il y a certains centres Travail-Québec
qui, disons, voient, à l'occasion, des problèmes. Ils sont
l'objet de problèmes de violence ou de violence anticipée par des
prestataires qui, souvent, sont sous l'effet de la drogue, je dois le dire. On
sait qu'il y en a un peu dans la société. Et ça peut
causer, à l'occasion, à certains endroits, à certains
moments, une certaine tension, et on fournit au personnel qui en a besoin de
l'aide sous forme d'expertise de la part de gens qui sont
spécialisés dans ce domaine-là.
Mme Harel: Ça s'est fait pour le personnel de tous les
centres Travail-Québec? C'est marqué «au personnel des
centres Travail-Québec».
M. Bourbeau: Effectivement, ça pourrait être
disponible pour tous les centres, mais c'est limité, pour l'instant,
à certains centres qui ont des problèmes particuliers. Et je
dirai qu'un contrat a été négocié entre le
regroupement des achats en perfectionnement de l'Office des ressources humaines
et Les Ateliers Forma Développement enr. le 21 janvier dernier afin que
cette firme dispense l'activité de formation . «Attitude pour
composer avec les tensions émotives», du 13 janvier 1992 au 27
mars 1992. C'était en pleine période où l'Assemblée
nationale siégeait, M. le Président, où la période
de questions avait lieu à chaque jour.
Mme Harel: Toujours dans le même mois, on retrouve, juste
à la page précédente, à l'engagement 4, en fait,
à l'égard du programme EXTRA, L'Oeuvre du toit de Bethléem
inc., dans le comté de Saint-Henri. Je vois ici la députée
de Saint-Henri et je me demandais... Je n'ai jamais entendu -parler de
ça, moi, L'Oeuvre du toit de Bethléem inc. Est-ce que c'est un
nouvel organisme?
M. Bourbeau: Oui. Alors, c'est un...
Mme Loiselle: Ça fait quelques années que ça
existe.
Mme Harel: Quelle est la mission de l'organisme?
M. Bourbeau: Ça date du début de la civilisation,
dans le temps de... C'est les Rois mages qui nous ont apporté des
programmes d'Orient. M. le Président, plus sérieusement, c'est
pour permettre à des personnes clientes de la sécurité du
revenu d'effectuer une démarche visant à développer ou
à maintenir certaines habiletés, attitudes ou comportements
susceptibles d'accroître leurs possibilités d'accéder au
marché du travail et de s'y maintenir. M. le Président, je n'ai
pas une description de l'organisme en question, mais possiblement que la
députée de Saint-Henri...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Saint-Henri, peut-être que...
Mme Loiselle: C'est un organisme communautaire qui aide les
familles monoparentales, les familles démunies du quartier
Côte-Saint-Paul, dans le sud-ouest de Montréal.
Le Président (M. Joly): Ça fait longtemps que
ça existe, ça?
Mme Loiselle: Ça fait environ trois ans.
M. Bourbeau: L'organisme fait la collecte et le triage de
nourriture chaque jour et distribue de la nourriture chaque mercredi soir aux
personnes dans le besoin.
M. Marcil: C'est beau, hein?
M. Bourbeau: C'est un organisme qu'il y a
dans plusieurs comtés, et je signale qu'il y en a plusieurs dans
le comté de Hochelaga-Maison-neuve aussi, qui participent à des
programmes semblables.
Mme Harel: C'est le nom qui est singulier, en fait, mais l'oeuvre
elle-même est quand même connue. Alors, février 1992,
vérifié.
Le Président (M. Joly): Vérifié. Les
engagements de février 1992, vérifiés. Mars 1992 est sur
la table.
Mars
Mme Harel: Vous permettez, M. le Président? Alors, mars
1992, moi, je n'ai rien de particulier à l'égard de mars
1992.
Le Président (M. Joly): Alors, mars 1992 est
considéré comme vérifié. Avril 1992.
Avril
Mme Harel: M. le Président, je vous demanderais d'examiner
l'engagement 4 concernant la Société québécoise
d'information juridique, renouvellement de la convention concernant
l'accès à des banques de données pour la période du
1er janvier au 31 décembre 1992, au montant de 158 400 $. Remarquez que
je connais la Société québécoise d'information
juridique. J'en connais la compétence, le professionnalisme. Ce qui
m'inquiète plus, c'est les transmissions de renseignements qui ne
viennent pas à nos engagements financiers parce qu'ils sont le fait
d'échanges de renseignements entre fonctionnaires. Évidemment, je
veux parler de l'expérience conduite par le journal Le Devoir, en date
du jeudi 11 février dernier, où, après avoir
embauché 2 enquêteurs privés expérimentés du
marché noir du renseignement personnel, le journal s'est rendu compte
que ces enquêteurs privés avaient réussi à obtenir,
sur des citoyens cobayes qui avaient accepté de participer à
l'expérience, énormément d'informations sur des personnes
qui, pourtant, n'avaient fait l'objet d'aucune enquête dans leur
entourage jusqu'alors.
Et ce que Le Devoir révélait, c'est que des
fonctionnaires fournissent gracieusement des renseignements confidentiels
à des enquêteurs privés en échange de leur
collaboration. Et on citait un des deux détectives privés qui,
oui, confirmait avoir des contacts au service des enquêtes de l'aide
sociale, ses contacts lui fournissant le contenu de dossiers de
bénéficiaires et lui-même les fournissant à ses
propres clients, des avocats généralement qui cherchent à
trouver la trace d'un présumé, là, poursuivant, j'imagine.
En échange, le détective privé confirmait fournir à
ses contacts au service des enquêtes de l'aide sociale des informations
sur les assistés sociaux qui font l'objet d'une enquê- te pour
fraude. Ou encore, s'il apprenait qu'un assisté social travaillait au
noir, il le dénonçait, à ce moment-là. C'est un
échange de bons procédés.
Alors, c'est, évidemment, une certaine façon de voir les
choses comme s'il y avait une présomption que toutes les personnes
assistées sociales sont des fraudeurs. Il semble que ce soit là,
malheureusement, une façon de faire qui soit assez fréquente. La
commission parlementaire qui débute ses travaux mardi prochain sur la
protection des renseignements personnels devrait, me dit-on, mettre en
lumière un certain nombre de faits comme ceux-là. Est-ce que le
ministre, qui a été alerté dès jeudi dernier, je
crois, sur ça, a pris une décision quant à l'enquête
et où c'en est rendu?
M. Bourbeau: M. le Président, quand j'ai été
mis au courant de ces faits-là - si la députée a l'article
de journal, je crois qu'on m'en a parlé - j'ai immédiatement dit
que je déplorais une situation semblable. Peut-être que la
députée pourrait faire la citation elle-même. Je ne
voudrais pas me citer moi-même hors contexte.
Mme Harel: «Je suis révolté»,
dit-il.
M. Bourbeau: Ah bon! Voyez-vous, M. le Président, c'est
encore pire que ce que j'ai dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Et j'ai aussi annoncé qu'on était pour
faire une enquête rapidement pour tenter de savoir qui avait
procédé de cette façon-là. iOn m'avise qu'à
la suite de ma demande on a identifié le fonctionnaire en question, qui
a été suspendu, et on attend la confirmation et la preuve des
actes qui ont été... Enfin, il faut une preuve. La
députée, qui est avocate, sait fort bien qu'on ne peut pas
procéder sans preuve. Mais, dès qu'on aura la preuve entre les
mains, M. le Président, on prendra les dispositions qu'il faut pour
faire en sorte que cette personne-là ne soit plus en position pour nuire
au bon fonctionnement de la machine. (17 h 50)
Et on en profite également pour faire une enquête encore
plus approfondie sur l'ensemble de nos systèmes de
sécurité. Lors de la réforme de l'aide sociale, on a pris
des dispositions pour faire en sorte que nos systèmes informatiques
soient sécurisés. Nous avons pris beaucoup de peine pour faire en
sorte que nos services d'informatique et nos renseignements ne soient pas
accessibles à qui que ce soit qui n'a pas l'autorité pour le
faire. Bien sûr, ceux qui ont autorité pour le faire et qui en
abusent, ceux-là vont certainement en payer le prix, parce que nous
avons, dans le système, des façons d'identifier qui interroge les
banques de données. On ne peut pas avoir accès aux banques de
données
sans laisser des traces. Alors, nous allons certainement faire en sorte
de resserrer encore, s'il le faut, davantage les contrôles pour
éviter que ces renseignements que nous possédons ne fassent
l'objet d'un commerce.
Mme Harel: Vous nous dites, donc, vouloir poursuivre
l'enquête plus à fond. C'est ce qu'on doit comprendre?
M. Bourbeau: Oui. À la suite de ma demande, on me dit
qu'on a déjà identifié...
Mme Harel: Un présumé.
M. Bourbeau: ...je ne dirais pas un coupable, mais un
présumé, un prévenu qui a été suspendu et
qui sera vraisemblablement congédié dès que les preuves
seront disponibles. Parce que ça nous prend des preuves, bien
sûr.
Mme Harel: Et l'enquête que vous poursuivez, elle est
à l'effet de vérifier si des cas semblables se seraient
produits?
M. Bourbeau: Oui. On en profite pour tenter de vérifier de
nouveau, s'il le faut, l'étanchéité de tous nos
systèmes et de nos programmes informatiques pour s'assurer qu'une
situation comme celle-là ne peut pas se représenter. En fait, on
ne peut pas dire qu'elle ne peut pas se représenter, parce qu'il y a
toujours possibilité qu'un individu qui a accès aux
systèmes décide un jour de trahir son mandat. Mais, à ce
moment-là, on va certainement tenter, dans la mesure du possible, de
s'assurer que les contrôles que nous avons et les façons que nous
avons d'identifier quels sont ces individus vont être
améliorés, si possible.
Mme Harel: Mais ce trafic de renseignements se faisait non pas
pour des rémunérations, mais je crois comprendre qu'il se faisait
pour obtenir, en échange, des renseignements pour aider leurs propres
enquêtes. Est-ce que c'est le cas?
M. Bourbeau: M. le Président, peu importe la raison. Que
ce soit moyennant considérations monétaires ou moyennant
considérations d'autres renseignements obtenus, la règle
générale est claire: on ne peut pas transmettre à des
tierces parties des renseignements confidentiels que nous possédons.
Mme Harel: Et, à l'inverse, là, c'était
comme un échange de coups de main, ça. C'est-à-dire que,
d'un côté, si j'ai bien compris, on parle des fonctionnaires, des
employés de l'aide sociale qui se livrent à un trafic de
renseignements personnels avec des enquêteurs privés. Et
c'était donnant, donnant, d'une certaine façon. Alors, est-ce
que, si on ne peut pas transmettre des informations, on va essayer d'en obtenir
de la même façon qu'on ne pourrait pas les transmettre?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est évident que
nous tentons d'obtenir des renseignements. Quand nos enquêteurs font des
enquêtes et recherchent des renseignements, ils ont le droit de faire
toutes les démarches qui sont légales pour obtenir les
renseignements dont ils ont besoin pour contrer la fraude.
Mme Harel: Y compris passer par des enquêteurs
privés?
M. Bourbeau: On doit bien réaliser que, quand on fait des
enquêtes avec nos enquêteurs, on a affaire à des cas de
fraude. Ils ont le droit de faire tout ce qui est permis en vertu des lois pour
obtenir les preuves. Et, comme vous le savez, ils ont le droit de contraindre,
même, en vertu de la loi sur les enquêtes. La députée
sait fort bien de quoi je parte. Elle est avocate, alors elle a certainement
utilisé ces lois-là. Bon, alors, voilà!
Mme Harel: Mais, est-ce que le rapport de l'étude que vous
menez va être rendu public?
M. Bourbeau: Lequel, rapport?
Mme Harel: Vous nous dites faire une enquête sur
l'étanchéité, sur l'étendue du problème.
M. Bourbeau: Je ne peux pas m'engager à rendre publique
l'enquête, là. Je verrai, M. le Président, comment
ça se terminera, mais il y a une question de sécurité
là-dedans aussi, là. Et si, en rendant public un rapport
semblable, je donnais des idées à d'autres personnes de faire la
même chose, il faudrait voir quelles seraient les conséquences de
rendre public un rapport semblable. Mais la députée peut prendre
ma parole qu'on fait des vérifications très sérieuses.
Mme Harel: M. le ministre, cependant, là, si je comprends
bien, ça va être connu dans le cas où vous auriez les
preuves suffisantes pour mener à un congédiement?
M. Bourbeau: Oui, oui, mais je présume que, quand il y a
un congédiement, ça devient notoire.
Mme Harel: Quand pensez-vous pouvoir compléter votre
dossier?
M. Bourbeau: bon, on me dit que c'est entre les mains de la
sûreté du québec, m. le président; alors, avec la
rapidité qui lui est reconnue.
Mme Harel: M. le Président, puisqu'on en est à
l'aide sociale, le ministre a proposé des nouveaux barèmes pour
l'aide sociale. C'était en date du 12 février. Alors, il nous
annonce un mini-ménage destiné à creuser l'écart de
revenus entre les assistés sociaux qui participent aux programmes de
retour à l'emploi et ceux qui s'y refusent. Ceux qui s'y refusent,
est-ce qu'il faut comprendre que tous ceux et celles qui, depuis trois ans et
demi, auraient épuisé toutes les mesures - on en arrive à
la fin du cycle, n'est-ce pas - c'est-à-dire auraient fait le rattrapage
scolaire, auraient participé à EXTRA et puis auraient
participé à PAIE - et ils sont de plus en plus nombreux - et
reviennent, évidemment, à l'aide de dernier recours, à ce
moment-là, ils y reviennent comme non-participants? Après un
programme PAIE, là, si la personne a vraiment participé avec
enthousiasme, a terminé son secondaire, a participé à
PAIE, a participé à une mesure, quand elle revient, faute de
trouver un emploi dans le contexte économique qu'on connaît, c'est
dans le barème de non-participants qu'on l'installe?
M. Bourbeau: Oui, mais, écoutez, elle est mieux
équipée, quand même, pour se trouver un emploi et elle peut
certainement...
Mme Harel: Est-ce que c'est celle-là que vous voulez
punir, là?
M. Bourbeau: M. le Président, on ne cherche à punir
personne. Ça, c'est vraiment nous prêter des intentions que nous
n'avons pas. Nous tentons d'aider les gens, dans la mesure du possible,
à se trouver un emploi. Et la personne qui aurait fait toutes les
mesures d'employabilité, le rattrapage scolaire, le stage en milieu de
travail, EXTRA et PAIE, il y a des fortes chances, d'après les
statistiques, qu'elle se soit trouvé un emploi, M. le Président.
Je ne sais pas quelles sont les statistiques, là, mais je dirais que les
gens qui participent à PAIE seulement, dans une proportion de 37 %, sont
en emploi; le stage en milieu de travail a aussi une bonne réputation
pour ces fins-là; EXTRA, il y en a un certain pourcentage aussi qui
finissent par se trouver un emploi; certainement que le rattrapage scolaire est
une très bonne voie aussi. Alors, il ne faut quand même pas
dramatiser. Je pense que, quand on a fini tout ça, on est pas mal mieux
équipé pour se trouver un emploi.
Mme Harel: Mais il reste qu'il y a des fortes chances aussi que
l'emploi qu'elle aurait pu trouver, elle l'ait perdu. Je regardais les
statistiques du chômage, ainsi que celles des faillites et des fermetures
d'entreprises, et puis on sait, malgré tout, que, par exemple, il y a eu
une augmentation phénoménale du nombre d'universitaires en
chômage. On parle d'une augmentation de, je crois, 33 000 au
Québec seulement. Le nombre de prestataires d'assurance-chômage
qui sont des diplômés universitaires: 33 000. Et, quand on pense
que l'emploi...
M. Bourbeau: En chômage, vous avez dit, ou à l'aide
sociale?
Mme Harel: En chômage.
M. Bourbeau: En chômage. Ah bon, je m'excuse. O.K.
Mme Harel: L'emploi a reculé: 20 000 pertes d'emplois au
Québec par rapport à décembre 1992. Donc, ça, c'est
en termes dessaisonalisés; c'est les chiffres qui nous arrivent en
janvier. Alors, imaginez qu'à ce moment-là le Québec est
toujours la seule province, sauf la Colombie-Britannique, à perdre
encore des emplois au mois de janvier. Il s'en créait, des emplois, en
Ontario; il s'en créait, des emplois, même au Nou-veau-Brunswick,
là. À part la Colombie-Britannique, il n'y a qu'au Québec,
finalement, où il y a encore eu pertes d'emplois en janvier. Vous allez
me dire que le nombre de chômeurs a diminué; c'est parce qu'il y a
eu une diminution de 31 000 des demandeurs d'emploi. Il y a eu un retrait de 31
000 personnes de la vie active; sinon, le taux de chômage aurait
augmenté. Ce n'est pas le nombre de chômeurs qui diminue, c'est le
nombre de personnes qui se découragent qui augmente.
Mais, est-ce que le ministre, dans l'annonce qu'il faisait de nouveaux
barèmes pour l'aide sociale, nous indique par là qu'il veut
pénaliser les personnes qui seraient, par exemple, sur un barème
de non-participants après avoir, comme ça, épuisé
toutes les mesures? (18 heures)
M. Bourbeau: M. le Président, je me méfie toujours,
mais toujours des statistiques du chômage, de l'emploi et du taux
d'activité quand on cite le dernier mois. L'expérience m'a appris
qu'il est très, très, très dangereux de donner du
crédit aux statistiques du mois précédent, qu'on nous
annonce dans un mois donné. Et, quand on regarde les statistiques pour
le taux de chômage, le taux d'activité au cours des derniers mois,
on se rend compte que, comme on procède par sondages - Statistique
Canada procède par sondages et non pas par observation, là -
souvent, les résultats qu'on affiche à un mois donné sont
étonnants, très étonnants, dans un sens ou dans
l'autre.
Je vais vous donner un exemple: au mois d'octobre 1992, on avait 12,7 %
de taux de chômage au Québec; au mois de novembre 1992, on nous
annonce que le taux de chômage vient de passer à 14,3 %.
C'était du jamais vu, un bond de 1,6 % dans le chômage. Et, tout
à coup, au mois de décembre, M. le Président, en plein
hiver, alors que le chômage sévit encore plus, on nous annonce que
le chômage vient d'être réduit de presque 1 %, ce qui est
improbable aussi; et,
en janvier, une autre réduction de 13,2 %. bon, ce qui veut dire
que, très probablement, les statistiques de novembre étaient
faussées, en ce sens que les échantillons, malheureusement,
n'étaient pas suffisants et qu'on avait mal saisi, puisque les deux mois
suivants ont indiqué une réduction sensible du chômage.
Même chose pour le taux d'activité, M. le Président.
Quand on regarde le taux d'activité, en octobre 1992, on avait un taux
de 62,3 %, en novembre 62,8 % et, en décembre, 62,9 %. Tout à
coup, on retombe, en janvier, à 62,3 %. Probablement que, là
aussi, la moyenne historique, qui se situe autour de 62,3 %, 62,4 %, est
beaucoup plus exacte que la pointe qu'on avait semblé déceler.
Alors, tu sais, la députée aurait beau jeu de prendre un mois et
de dire...
Ça aurait été fantastique, M. le Président,
si on avait eu une période des questions, par exemple, à la fin
de décembre 1992. J'aurais pu annoncer, en réponse à la
députée, que le chômage venait de baisser de 1 % au
Québec dans un seul mois. Projeté sur 12 mois, on aurait aboli le
chômage complètement. Mais, malheureusement, il n'y avait pas de
questions à la fin de décembre et il est probable qu'au mois de
mars on aura peut-être un mois où ça va monter ou baisser,
mais il faut le regarder sur une période de plusieurs mois pour avoir
une idée de la situation.
Mme Harel: En tout cas, M. le Président, là, chose
certaine, dans un document émanant du ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, on nous indique, comme bilan de l'emploi en 1992 au
Québec - prenons-le sur une année, avec les chiffres du
ministère dont le ministre est responsable - que l'année 1992 se
solde par un bilan négatif, avec une perte moyenne de 33 400 emplois au
Québec par rapport à 1991. Alors, on n'est pas dans de la
création d'emplois, là, on est dans la perte d'emplois.
M. Bourbeau: Ah bien, M. le Président, je n'ai jamais
prétendu qu'on créait des emplois en pleine récession,
mais c'est de l'ampleur qu'il faut parler, là. Le Québec perd des
emplois...
Mme Harel: Mais on a fini la récession, là, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Oui, oui, mais elle vient...
Mme Harel: Ça a été annoncé par
Statistique Canada...
M. Bourbeau: Oui, je comprends.
Mme Harel: ...et on a encore perdu des emplois en janvier.
M. Bourbeau: Bien oui, mais la députée sait fort
bien qu'il y a un effet de retard là-dessus; la récession se
termine, mais ça va prendre quelques mois avant que les effets
bénéfiques ne s'en fassent sentir sur l'emploi. Mais je pense
qu'on va y venir. Et la seule consolation que je peux avoir, M. le
Président, quand je regarde l'emploi ou le chômage, c'est qu'on
n'est pas les seuls à subir une récession; l'Ontario en a une
aussi grande que nous. Je regarde, par exemple, l'emploi. En janvier 1992, on
avait 2 970 000 emplois au Québec et, en décembre, 2 970 000.
Donc, le niveau d'emploi était exactement le même en janvier 1992
qu'en décembre 1992. En Ontario, on avait 4 748 000 en janvier et 4 737
000 en décembre. Donc, il y avait une légère diminution.
On peut se comparer très bien avec d'autres provinces. C'est une mince
consolation, mais on ne vit pas en vase clos, là, M. le
Président.
Sur le chômage, c'est pareil. Si la députée veut des
statistiques sur le chômage, on avait 399 000 chômeurs en janvier
1992 et, en décembre 1992, on en avait, on en avait - je vais vous dire
ça tout de suite, M. le Président - 458 000 chômeurs, donc,
une augmentation de 59 000; l'Ontario, 504 000 en janvier et 592 000 en
décembre; donc, c'est pratiquement 2 fois plus, l'augmentation du nombre
de chômeurs. Bon, c'est ça. Ça pourrait être mieux,
M. le Président, mais ça aurait pu être pire aussi. Ce
n'est pas gai, mais espérons que ça va se réduire.
Mme Harel: M. le Président, il reste relativement peu de
temps.
Le Président (M. Joly): Quelques minutes, Mme la
députée.
Mme Harel: Je veux tout de suite poser une question au ministre
sur le placement, parce que ça fait plusieurs engagements financiers
où il me dit que, une fois passé à travers diverses lois,
dont celle sur les surplus des caisses de retraite, il va procéder
à un examen d'une loi totalement vétusté qui est celle,
finalement, des licenciements, du placement, etc. Est-ce qu'il a l'intention de
donner suite à ça?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. C'est, d'ailleurs, dans
notre tableau de bord de réformer la Loi sur la formation et la
qualification professionnelles de la main-d'oeuvre - ce qui en reste - et je
crois qu'on a prévu de déposer un projet de loi, soit pour la fin
de cette session-ci ou le début de la session prochaine.
Mme Harel: Est-ce que le ministre sait qu'on assiste
présentement à une prolifération des agences de placement
privées? Encore lundi, au bureau de comté, j'ai appelé Le
Moustachu, une nouvelle agence sur la rue Sainte-Catherine, au coin de Bennet,
dans l'est de Montréal. Alors, c'est une agence de placement qui a
pignon sur
rue, où on vous invite, pour une carte de membre de 20 $,
à faire application. Et puis c'est du personnel temporaire,
évidemment, parce que, dans le fond, l'agence est embauchée par
des entreprises et embauche elle-même son personnel temporaire. Alors,
vous payez 20 $ pour avoir le plaisir de travailler au salaire minimum. Est-ce
que c'est légal, tout ça?
M. Bourbeau: M. le Président, je répondrais que,
à ma connaissance, ce n'est pas illégal. Et, d'une certaine
façon, je ne crois pas qu'on doive déplorer le fait que des
agences de placement tentent de trouver du travail. Plus les gens s'affaireront
à trouver du travail pour d'autres, mieux ça sera. Le
problème qui se pose, c'est de s'assurer que ces gens-là font un
travail professionnel, qu'ils se conduisent correctement et qu'ils rendent
vraiment service à la population. Maintenant, qu'ils trouvent du travail
au salaire minimum... Il y a des emplois dans notre société qui
sont à des salaires de sous-ministres, d'autres sont à des
salaires de directeurs généraux et d'autres au salaire minimum.
L'idéal, c'est d'avoir le moins possible d'emplois au salaire minimum.
Ça, je le reconnais. Il y a quand même quelques dizaines de
milliers d'emplois...
Mme Harel: Ce ne sont pas des emplois qui sont
rémunérés au salaire minimum, ce sont des emplois qui sont
rémunérés, à l'entreprise, à un salaire
supérieur au salaire minimum. L'entreprise, qui est l'agence, paie ses
employés temporaires au salaire minimum, mais reçoit beaucoup
plus.
M. Bourbeau: Je comprends. Je comprends, mais...
Mme Harel: N'avez-vous pas déjà dit que
c'était aberrant que, dans une société comme la
nôtre, le placement soit totalement désintégré,
qu'il n'y ait quasiment plus de placement dans les centres d'Emploi et
Immigration Canada, qu'il n'y en a malheureusement plus dans les CTQ? -
M. Bourbeau: Ce n'est pas ce qu'a dit le ministre
fédéral, M. le Président, qui prétend que son
système de placement fonctionne très bien.
Mme Harel: Est-ce que le ministre reconnaît que ce
système de placement fonctionne mal au Québec?
M. Bourbeau: Ce que je dis, M. le Président, c'est qu'un
de mes voeux les plus chers, c'est de pouvoir faire en sorte que le
Québec puisse récupérer la responsabilité du
placement et que nous puissions, dans notre réseau
québécois de main-d'oeuvre, avoir un programme de placement
efficace, moderne et intégré. C'est un objectif que je poursuis
avec beaucoup d'intensité. Maintenant...
Mme Harel: Quand vous parlez de réseau
québécois de main-d'oeuvre, vous parlez des CTQ ou vous parlez
des centres d'Emploi et Immigration?
M. Bourbeau: Non, je parle plutôt du réseau
québécois de main-d'oeuvre qu'on veut mettre sur pied.
Mme Harel: Qui n'existe pas, là?
M. Bourbeau: Enfin, qui existe en partie avec la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: C'est le troisième réseau, alors, qui
s'ajoute aux CTQ et à Emploi et Immigration?
M. Bourbeau: La députée essaie de faire des
blagues. Elle sait fort bien qu'on parle d'un réseau unique en
main-d'oeuvre depuis plusieurs mois. À moins qu'elle n'ait
été sur une autre planète, elle a dû se rendre
compte qu'on parlait d'un réseau intégré de main-d'oeuvre.
Donc, dans un tel réseau, il devrait y avoir, à mon avis, un
système intégré de placement. Et, à ce
moment-là, probablement qu'on pourrait faire en sorte de donner un
excellent service à la population, qui rendrait peut-être inutiles
les bureaux de placement prives. Moi, dans la mesure où ces bureaux de
placement privés se conduisent correctement, je n'ai pas d'objection
à ce qu'ils existent.
Mme Harel: Ça ne vous donne pas un sentiment d'impuissance
de répéter, à chaque occasion où on a à
examiner des engagements financiers ou des crédits, finalement, le
même projet qui s'évanouit chaque fois que vous avez l'air de
traverser le canal Rideau? (18 h 10)
M. Bourbeau: M. le Président, on a une infinité de
projets au ministère. La députée est au courant qu'on
travaille sur tous les fronts à la fois. On n'atteint pas nos objectifs
à toutes les semaines, à tous les mois dans nos projets, mais on
avance beaucoup, M. le Président. La députée semble se
fermer les yeux, mais ce ministère-là, il bouge. Il bouge d'une
façon incroyable. On a fait une réforme de l'aide sociale qui est
unique en Amérique et qui, maintenant, fait l'admiration à peu
près de tout le monde. On vient de faire une réforme de la
main-d'oeuvre...
Mme Harel: Est-ce que le ministre est sérieux...
M. Bourbeau: ...qui nous place en avant de toutes les
sociétés, encore, en Amérique. Il n'y a aucune province
canadienne qui est rendue aussi loin que nous en matière de
main-d'oeuvre.
Mme Harel: Heureusement...
M. Bourbeau: On vient de réformer tout le secteur des
retraites. M. le Président, la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes a été rénovée. On
a levé le moratoire. On ne chôme pas dans ce ministère-ci.
La députée devrait en prendre connaissance. Il y a des programmes
nouveaux en matière de main-d'oeuvre. M. le Président, je ne vois
pas ce qui motive le défaitisme, le pessimisme de la
députée. On avance.
Mme Harel: Le ministre, heureusement qu'il s'autocongratule,
parce que...
M. Bourbeau: Ce n'est pas moi, c'est le ministère, M. le
Président.
Mme Harel: ...avec la série, finalement, de
défaites auxquelles on assiste... Il met sur pied la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, mais il échoue à convaincre Ottawa du transfert.
Alors, imginez-vous une structure qui va administrer des programmes qui font
à peine, même pas, le dixième de ce qui est
dépensé en formation professionnelle au Québec. Si le
ministre a l'air d'être content, là, je lui dis qu'il se satisfait
de peu.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas dit que
j'étais entièrement satisfait, j'ai dit que nous progressions;
nous avançons et nous avons toujours des objectifs qui sont connus. Et,
au fur et à mesure que le temps passe, M. le Président, on
règle des dossiers et on avance. Maintenant, on ne finira pas,
probablement, cette année de régler tous les problèmes
auxquels est confronté le Québec en matière de
main-d'oeuvre et d'aide sociale, mais...
Mme Harel: Je dis sincèrement au ministre... Je crois que
le printemps verra certainement à nouveau un examen de la loi de l'aide
sociale. Il l'a annoncé lui-même.
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: Mais je lui dis - je ne sais pas si ça lui a
déjà été communiqué; peut-être pas,
là, par le degré de satisfaction qu'il semble exprimer - qu'il y
a un très, très, très profond mécontentement dans
la population, dans l'opinion publique, et que...
M. Bourbeau: À l'endroit du régime d'aide sociale,
la députée veut...
Mme Harel: À l'endroit, notamment, de l'absence totale de
politique d'emploi de son gouvernement. À l'endroit de l'absence de
responsabilité à l'égard des programmes d'adaptation de la
main-d'oeuvre, quand on parle des programmes d'adaptation pour les travailleurs
licenciés, essentiellement, c'est-à-dire des programmes
d'adaptation pour contrer les licenciements.
M. Bourbeau: Ah bon! Parce que...
Mme Harel: Le ministre sait très bien qu'en Ontario,
depuis longtemps, le gouvernement a bougé - depuis quatre ans
déjà - pour faire en sorte que les entreprises ne soient pas
incitées à fermer leurs portes étant donné le
niveau de prestations qu'elles doivent offrir aux travailleurs
licenciés.
M. Bourbeau: M. le Président, il reste encore certains
dossiers à régler, j'en conviens. Nous en avons
réglé un bon nombre, et je ne pense pas que, maintenant, on
puisse prendre l'Ontario comme modèle en ce qui concerne les programmes
de cet ordre-là. Nous avons réglé un grand nombre de
programmes beaucoup plus importants encore, que l'Ontario n'a pas
réglés. Et, s'ils ont pris l'avance sur nous dans certains
dossiers comme ceux dont parlait la députée, tant mieux pour eux,
mais, nous, il nous reste encore du boulot à faire. Et, s'il n'en
restait plus, M. le Président, ce serait malheureux, parce qu'il
faudrait fermer les portes et on aurait encore d'autres personnes en
chômage. On en a déjà suffisamment; alors, on va continuer
à oeuvrer.
Mme Harel: Vous aviez annoncé, en date du 6 mai dernier,
dans des crédits, un chantier, nous disiez-vous, sur la partie de la
prestation qui pourrait être attribuée à un enfant versus
la pension alimentaire. C'était lors des crédits, lorsque nous
abordions toute la question de la vie maritale, lorsque nous abordions la
question de ce nouveau conjoint de la mère qui est
considéré par le ministère comme devenant responsable de
l'entretien des enfants dont il n'est pas le père.
Et je comprends que ce problème-là prend de l'ampleur.
Quand on sait que 70 %, je crois, des bénéficiaires de l'aide
sociale, qui sont des chefs de famille monoparentale, n'ont pas de pension
alimentaire qui leur est versée, c'est comme dénier à ces
femmes toute possibilité de vie affective ou de reprendre la vie commune
puisque, en l'occurrence, si tant est que le nouveau conjoint a un travail
rémunéré, bien, la personne assistée sociale doit
cesser de recevoir des prestations, mais pas seulement pour elle, pour ses
enfants dont il n'est pas le père. Ça veut dire, tout compte
fait, qu'on leur dénie, ou presque, le droit de recommencer leur vie,
parce que je connais des hommes altruistes, mais pas beaucoup qui acceptent de
prendre en charge les soins et l'entretien d'une nouvelle conjointe et de ses
enfants dont ils ne sont pas le père, surtout dans le cas où ils
seraient des adolescents.
Alors, où c'en est rendu? Je comprends qu'il y a actuellement un
nombre grandissant de poursuites du Procureur général pour des
questions de vie maritale. Il y aura certainement...
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
vous encourage à terminer ça dans la minute qui suit. Nous aurons
sûrement d'autres forums et d'autres tribunes...
Mme Harel: Oui, alors....
Le Président (M. Joly): ...pour pouvoir échanger
davantage.
Mme Harel: ...M. le Président, je sais que,
déjà, le ministre Rémillard, le Procureur
général, a été alerté sur cette question. Il
y aura certainement un recours pour traiter de l'inconstitu-tionnalité
en vertu de l'égalité de traitement de ces femmes qui sont les
seules que l'on poursuive, et non pas les conjoints qui les ont amenées
dans des situations comme celles-là. Mais, moi, je parle surtout, comme
je l'avais fait, d'ailleurs, en mai dernier, de celles qui ont un nouveau
conjoint qui n'est pas le père des enfants et qui sont soumises à
la règle de la vie maritale, pour elles et pour leurs enfants, quand,
pourtant, le droit civil du Québec ne reconnaît aucune obligation
alimentaire entre conjoints de fait. Et même dans le cadre de la
révision du Code civil, le ministre de la Justice a
préféré mettre de côté toute obligation
alimentaire à l'égard des conjoints de fait.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît, en conclusion.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, en conclusion. La
députée, bien sûr, soulève des problèmes
importants auxquels nous ne sommes pas insensibles. La beauté de ce
ministère-là, c'est qu'il y a toujours des problèmes
nouveaux qui surgissent et on a toujours l'obligation de se pencher sur une
société qui évolue constamment. Ce qu'il y a
d'intéressant là-dedans, c'est de voir que, finalement, on est
capables de répondre très souvent à ces
réalités nouvelles là. Je pense qu'on peut dire que le
Québec se situe à l'avant-garde de toutes les provinces
canadiennes, en tout cas en ce qui concerne l'adaptation rapide à une
foule de problèmes nouveaux qui surgissent. C'est, enfin, le constat
qu'on fait quand on voyage un peu à travers le pays.
Bien sûr, on n'est pas parfaits en tout. C'est souvent une
question de point de vue. Ce que, nous, nous considérons comme une
avance peut être considéré comme un recul par certains,
dont la députée, mais on continue à se pencher sur ces
problèmes-là, M. le Président, et à tenter d'y
apporter des solutions.
Mme Harel: Le chantier se termine quand?
M. Bourbeau: Sur le problème dont vous venez de parler, on
doit faire le point au cours des prochaines semaines, je dirais peut-être
même des prochains jours, sur ce qui pourra être inclus dans un
projet de loi que j'ai l'intention de déposer pour la prochaine session.
Et, si les travaux sont suffisamment avancés, il n'est pas impossible
qu'on traite de ce problème-là dans le projet de loi. Mais je ne
veux pas en prendre, M. le Président...
Une voix: L'engagement.
M. Bourbeau: ...l'engagement aujourd'hui, parce qu'on n'a pas
encore tranché sur le contenu du projet de loi. Tout ça est en
train d'être discuté présentement. Mais, si c'est dans le
projet de loi, la députée, certainement, pourra nous aider
à le faire passer plus rapidement, et ça aidera peut-être
à faire passer l'autre partie du projet de loi qui sera moins
agréable à la députée.
Mme Harel: Ça dépend du reste!
Le Président (M. Joly): Alors, compte tenu...
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président.
Mai à décembre
Le Président (M. Joly): ...des ententes qui ont
déjà été établies, nous considérons
que les engagements financiers d'avril à décembre 1992 sont
vérifiés. Alors, compte tenu aussi que la vérification des
engagements financiers du ministère est terminée, toujours sous
réserve de l'obtention des réponses aux questions prises en note,
alors, la commission ayant complété ses travaux, nous ajournons
nos travaux...
Mme Harel: II faudrait peut-être remercier les personnes
qui ont accompagné le ministre.
Le Président (M. Joly): ...sine die et nous remercions
tous ceux qui ont bien voulu...
Mme Harel: Et celles!
Le Président (M. Joly): ...se rendre disponibles pour les
nombreuses questions soumises à votre attention.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne les ai pas tous
nommés parce que, devant l'intérêt qu'on porte à la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, on demande toujours à
un grand nombre de gens de se présenter. J'aurais manqué de
salive, M. le Président, à nommer tous les gens, mais je les
remercie quand même en mon nom et au nom de la commission.
Le Président (M. Joly): Alors, merci à toutes et
à tous. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 20)