Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures vingt et une minutes)
La Présidente (Mme Marois): La commission des affaires
sociales va reprendre ses travaux. Je vais rappeler le mandat de la commission
qui est réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 408, Loi sur la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Je
voudrais d'abord savoir, Mme la secrétaire, s'il y a des
remplacements.
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Boucher
Bacon, députée de Bourget, sera remplacée par Mme Bleau,
députée de Groulx. On sait que Mme Juneau (Johnson) est
remplacée par Mme Harel, députée de Hochelaga-Maisonneuve,
pour la durée du mandat.
Conseils régionaux Fonctions (suite)
La Présidente (Mme Marois): Parfait. Alors, je vous
remercie, madame. Nous en étions donc, vendredi, lorsque nous nous
sommes quittés à 18 heures, à l'article 44,
deuxième paragraphe, qui avait été adopté. Donc,
nous en sommes au troisième paragraphe, l'article 44, 3°, soit
«d'élaborer des initiatives régionales dans le cadre des
politiques de la Société.» M. le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
M. Bourbeau: Paragraphe 3°, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: Ce paragraphe souligne qu'un conseil régional
devra accorder une attention particulière au développement
d'initiatives régionales dans le domaine de la main-d'oeuvre dans sa
région, en vue de répondre à des besoins
spécifiques de la région.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? M. Bourbeau:
Oui.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires ou interventions? Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, quand on y lit «dans
le cadre des politiques de la Société», faut-il comprendre
que les initiatives régionales doivent complètement cadrer avec
celles de la société mère?
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'elles ne doivent pas aller en
dehors du cadre prévu par les politiques de la
Société.
(Consultation)
Mme Harel: Un instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée...
Mme Harel: Mme la Présidente, je vérifie. Je crois
que le paragraphe 3° ne poserait pas de problème, ce serait une
bonne nouvelle pour le ministre, mais je veux juste en être bien
certaine.
M. Bourbeau: On ne l'a pas changé, le paragraphe 3°.
C'est un article qui n'a pas varié, Mme la Présidente, et il n'y
a pas de changement, alors...
La Présidente (Mme Marois): II n'y a pas eu de
changement... Je ne crois pas qu'il y ait d'amendements, non plus, qui sont
prévus.
Mme Harel: C'est ça. Mme la Présidente, je dois
vous dire qu'il faut comprendre que nous essayons de nous inspirer le plus
étroitement possible des recommandations qui ont été
déposées, qui ont fait largement consensus devant la commission.
Je comprends que, lors de l'examen de l'énoncé de politique et du
projet de loi... J'insiste pour vous rappeler que l'énoncé de
politique était considéré comme posant beaucoup moins de
problèmes que le projet de loi, et l'énoncé de politique
allait chercher beaucoup plus facilement l'appui ou l'approbation que le projet
de loi. En général, les mémoires commençaient tous
par un certain appui à l'énoncé de politique, et par une
critique à l'égard du projet de loi, qui, disait-on dans les
mémoires, ne reflétait pas l'énoncé. Alors, notre
souci, c'est de refléter le plus possible l'énoncé. Je
comprends que la disposition au paragraphe 3° irait dans le sens, je crois,
de ce que les partenaires souhaitaient.
M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Ça va?
Adopté?
M. Bourbeau: Avec une petite nuance. La Présidente (Mme
Marois): Adopté. M. Bourbeau: Oui, adopté, mais avec
une
petite nuance, Mme la Présidente. Nous avons également
tenté dans le projet de loi, dans la mesure du possible, de nous rendre
aux voeux de la majorité des intervenants en commission parlementaire,
avec les amendements, bien sûr, que nous apportons. Il m'apparait, quant
à moi, que la tactique de l'Opposition, c'est de tenter de
déceler, dans les présentations des participants, les points de
vue qui diffèrent de ceux que nous avons retenus dans le projet de loi.
De sorte que je pense que nous avons fait un consensus dans le projet de loi
sur la plupart, enfin, sur la majorité des propositions, mais les
propositions restantes, celles qui n'ont pas été retenues par
nous, très souvent font l'objet des propositions de la
députée de Hochelaga-Maison-neuve. Donc, elle fait le consensus
de celles qui ont été laissées sur la table. Dans ce
sens-là, on peut toujours proposer des choses, parce qu'il y avait 80
participants et il est impossible de satisfaire tout le monde. Alors, c'est
pour ça qu'on voit continuellement revenir à la surface les
propos de tel groupe, tel groupe et tel groupe qui ne sont pas d'accord avec ce
qu'on propose. Mais on ne peut pas satisfaire tout le monde et son père,
puis il faut rester cohérents avec le projet qu'on avait
déposé aussi.
Mme Harel: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Marois): Oui, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...vous comprendrez que je suis en total
désaccord avec l'interprétation que le ministre donne du travail
de l'Opposition. C'est peut-être à cause de cette
incompréhension que le ministre n'a pas donné suite aux
recommandations très, très, très consensuelles qui se sont
dégagées chez presque tous les partenaires, je dirais même
tous, en fait, sans même faire de réserve. Parce que même
l'alliée inconditionnelle du ministre qui est l'AMQ, l'Association des
manufacturiers du Québec, et son dirigeant, M. Le Hir, même dans
cet appui on faisait mention de nuances importantes concernant cette question
de régionalisation. S'il y a une question qui me semble avoir
été consensuelle chez tous les partenaires, c'est celle de la
régionalisation. Je dirais peut-être même que c'est celle
qui a peut-être fait l'unanimité, finalement. Je ne dirais pas que
c'était le cas nécessairement en février dernier, lorsque
la commission parlementaire a débuté ses travaux, le 4
février. Mais, définitivement, à la fin de ce processus,
je dois dire que je suis surprise de voir à quel point la
régionalisation a pu faire des adeptes dans tous les milieux, y compris
les milieux patronaux. Elle avait déjà l'appui des milieux
syndicaux, mais je dirais que, dans les milieux patronaux, ça a
cheminé beaucoup. D'ailleurs, l'intervention de M. Dufour, lors du
colloque sur la décentralisation organisé par l'UMRCQ, en est une
preuve. Le fait qu'en public, au micro, le président du Conseil du
patronat ait, finalement, exprimé la nécessité d'une plus
grande régionalisation de la politique de main-d'oeuvre de
Québec, c'est là un signe - qui ne trompe pas - des changements
qui sont survenus dans les esprits et dans les mentalités depuis les
derniers mois. C'est décevant que le ministre ne s'en soit pas
inspiré et c'est décevant que son projet de loi ne vienne
absolument pas refléter ce consensus-là.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. Alors, nous avons adopté le troisième
paragraphe. Nous passons maintenant au quatrième paragraphe. (11 h
30)
M. Bourbeau: Ce paragraphe établit un lien direct entre le
conseil d'administration de la Société et les conseils
régionaux en soulignant qu'une société régionale
sera appelée à formuler des recommandations à la
Société quant à ses programmes. Je vous signale, Mme la
Présidente, à l'égard de ce quatrième paragraphe de
l'article 44, que les mécanismes que la Société devrait
mettre en place avec des membres des conseils régionaux, en vertu du
nouveau paragraphe 1.1° de l'article 18 du projet, selon l'amendement que
nous avons déposé, constitueront un canal
privilégié par lequel les conseils régionaux pourront
formuler des recommandations à la Société quant à
l'établissement ou à la modification de ses programmes.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le ministre prévoit un
mécanisme par lequel les conseils régionaux pourraient avoir
l'occasion de se rencontrer dans l'année?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre. M.
Bourbeau: Est-ce qu'il a été adopté... Une voix: Oui,
il a été adopté.
M. Bourbeau: L'article 18 est adopté. Alors, nous avons
fait adopter, à l'article 18, un amendement qui visait à
remplacer les paragraphes 1° et 2° par les suivants, et j'attire
l'attention sur le paragraphe 2e: «favoriser la concertation
entre les partenaires patronaux, syndicaux...» Je m'excuse, le paragraphe
1.1°: «définir les orientations qu'elle entend poursuivre en y
associant des membres des conseils régionaux parmi ceux nommés
par le ministre en vertu de l'article 37.»
Alors, l'ajout que nous avons proposé pour ce nouveau paragraphe
visait, justement, à conférer explicitement à la
Société un pouvoir, un pouvoir qui l'invite à
établir, avec les con-
seils des sociétés régionales, des
mécanismes de coordination qui assureront l'intégration et la
prise en compte des problématiques régionales par la
Société dans la définition de ses orientations.
Mme Harel: Alors, de quelle nature pourraient être ces
mécanismes de prise en compte?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, ce n'est pas défini,
là. La Société pourra juger elle-même quels sont les
meilleurs mécanismes à mettre en place. Je ne pense pas
qu'à ce stade-ci on doive aller aussi loin et être plus explicite
que ce qui est mentionné dans la loi.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, je vous pose la question: A contrario, est-ce
que les sociétés régionales, en vertu des pouvoirs que
vous leur confiez, en vertu de la nature de leur organisation, vont pouvoir et
pourraient choisir de rester membres, par exemple, d'une association
provinciale des sociétés régionales, comme l'est, par
exemple, la CFP?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous voulez dire l'Association provinciale des
commissions de formation professionnelle, là? Bon. Écoutez, il
n'y a rien qui interdit aux sociétés régionales de se
réunir en association québécoise des conseils
régionaux de main-d'oeuvre. Ce sera aux sociétés
régionales de définir entre elles les modalités de leur
concertation propre. Je ne vois rien qui l'interdit.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Vous autorisez les
budgets des sociétés régionales ou si c'est la
société mère qui autorise?
M. Bourbeau: C'est la société mère. Le
ministère va simplement transférer les crédits à la
société mère.
Mme Harel: Évidemment, ultimement, par ailleurs, je crois
comprendre que le Conseil du trésor gardant le contrôle, si la
société mère acceptait des dépenses que le Conseil
du trésor n'approuvait pas, elles se trouveraient donc à
être, à ce moment-là, non reconnues, non autorisées
et, ultimement, finalement, c'est le gouvernement qui détermine ce qui
peut être dépensé ou pas. Je vous pose la question: Est-ce
qu'il pourrait se produire, en vertu de l'économie
générale du projet de loi, que la société
mère refuse, par exemple, aux sociétés régionales
la dépense qui consiste en des frais de cotisation et d'inscription dans
un regroupement québécois de sociétés
régionales? C'est ça, l'idée, hein? Ça
«prouve-t-u» assez à quel point elles sont mises en
tutelle!
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, on entre dans des
détails très importants là, mais disons qu'il est
prévu que la société mère va transférer des
budgets aux sociétés régionales. C'est l'article 49, si je
me souviens bien. Je crois que c'est 49, un article qu'on n'a pas encore
étudié, mais on le verra tantôt.
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Les dispositions
financières. En tout cas, elles sont à partir du chapitre IV, les
articles 48,49...
M. Bourbeau: Alors, l'article 49. La Présidente (Mme
Marois): Oui.
M. Bourbeau: «Les règles budgétaires doivent
déterminer dans quelle mesure les ressources financières sont
gérées par les sociétés régionales.»
Donc, ça implique nécessairement que les sociétés
régionales auront des ressources financières. Il
m'apparaîtrait assez étonnant que la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre puisse
contrôler à ce point les dépenses des
sociétés régionales, qui auront une certaine marge de
manoeuvre, pour leur interdire de participer à un regroupement.
Ça m'apparaîtrait abusif, et je ne crois pas qu'elles iront
jusque-là, et même qu'elles pourront aller jusque-là.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Je suis contente de l'entendre dire par le ministre,
en fait, parce que tout ce qui est dit ici est écrit, n'est-ce pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je sais bien qu'il n'est pas éternel, par
exemple. Ça, on peut regretter... Ha, ha, ha!
Une voix: Ah! là, vous commencez à
reconnaître les vraies valeurs.
Mme Harel: On peut regretter qu'il ne soit pas éternel,
mais... D'abord, il ne faut jamais oublier que la fonction ministérielle
est une fonction temporaire, comme le métier que nous
exerçons.
M. Bourbeau: La députée parie
d'expérience.
Mme Harel: Voilà! Moi, c'était volontairement
temporaire. Mais, c'est comme le métier de parlementaire, n'est-ce pas,
ça nous est donné et ça nous est retiré, Mme la
Présidente. N'est-ce pas?
Une voix: Nous le connaissons bien.
M. Bourbeau: Et j'en suis le premier conscient. C'est pour
ça, d'ailleurs, que je suis très heureux de voir que la
deputation ministérielle insiste tant pour faire en sorte que le projet
de loi soit adopté dans les meilleurs délais. On ne sait jamais,
le ministre peut changer, les priorités aussi. Alors, j'en suis
très reconnaissant à mes collègues.
Mme Harel: Mais, vous savez, c'est la rumeur qui circule dans les
milieux de partenaires généralement bien informés. Un
téléphone que j'ai reçu en me disant: II faudrait y
penser, parce que, semble-t-il, il va y avoir un remaniement ministériel
cet été et il ne sera pas là pour donner suite. Et, en un
sens, ça ne m'étonnait pas, parce que je me suis dit...
M. Bourbeau: Vous seriez bien punie, hein?
Mme Harel: Ça dépend. Vous savez, il y a toujours
deux côtés à une médaille.
La Présidente (Mme Marois): Toujours.
Mme Harel: Certains diront qu'il est têtu; d'autres diront
qu'il est tenace. En fait, ses ennemis diront qu'il est entêté et
ses amis diront qu'il est tenace.
M. Bourbeau: Et vous, que dites-vous? Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Harel: J'ai fait quelques comparaisons à
l'égard de nos propres collègues que nous connaissons bien et que
le ministre connaît aussi, et ces comparaisons lui donneraient une
idée de ce que je crois où il se situe. Mais j'aimerais mieux lui
en parler à micro fermé.
M. Bourbeau: Ne venez pas me comparer à Jean Garon, vous
autres, hein! là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je ne sais pas si...
Mme Bleau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Groulx.
M. Bourbeau: Le silence est d'or, Mme la Présidente.
Mme Bleau: Juste une remarque pour bien montrer que les rumeurs
sont ce qu'elles sont. Mais moi, je voudrais...
Des voix:...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée, vous avez la parole.
Mme Bleau: ...surtout insister en disant que le ministre y est
peut-être pour quelque chose, mais ce sont les députés qui
ont insisté, depuis trois semaines, sur une chose: on ne voulait pas
partir, et je pense que j'en ai déjà fait mention, sans que le
projet de loi 408 ne soit adopté. Et ça, c'est à
l'unanimité du caucus des libéraux. Et le ministre ou les rumeurs
que vous avez entendues n'ont rien à y voir.
Une voix: On verra.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée de Groulx.
Mme Harel: D'accord.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: En tout cas, je n'annonce plus rien, Mme la
Présidente, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Ha, ha, ha! Nous
allons donc continuer à travailler.
Mme Harel: Je vous ai dit que c'est agréable au mois de
juillet, par exemple.
La Présidente (Mme Marois): Oui, il y a ça. Mieux
vaut vivre les grandes chaleurs à l'air climatisé, j'imagine,
hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): C'est plus confortable.
Ça va pour le quatrième élément, le
quatrième paragraphe de l'article 44?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): II est adopté?
Mme Harel: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
maintenant le cinquième paragraphe, de l'article 44 toujours, soit
«de favoriser la concertation entre partenaires sociaux, entre autres par
la création de comités consultatifs.» M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. Ce paragraphe définit une autre fonction
importante d'un conseil régional, qui consistera à mettre en
place les mécanismes de concertation et de participation auprès
de tous les milieux intéressés par le développement de la
main-d'oeuvre dans sa région, en privilégiant la création
de comités consultatifs à l'échelle régionale. (11
h 40)
J'aimerais, Mme la Présidente, proposer le remplacement du
paragraphe 5° par le suivant: «de favoriser la concertation entre les
partenaires patronaux, syndicaux et sociaux, entre autres par la
création de comités consultatifs.»
Cet amendement vise à ajouter aux partenaires sociaux les
partenaires patronaux et syndicaux parmi l'ensemble des partenaires
intéressés au domaine de la main-d'oeuvre entre lesquels le
conseil régional d'une société régionale pourra
chercher à favoriser la concertation. Les trois mêmes
catégories générales de partenaires
intéressés, c'est-à-dire les partenaires patronaux,
syndicaux et sociaux, seront également visées dans le cadre de
l'article 18 du projet relatif au conseil d'administration de la
Société, selon l'amendement que nous avons fait adopter. On
assure ainsi une cohérence entre cette dernière disposition et
l'amendement que nous proposons ici.
J'aimerais également ajouter, Mme la Présidente, que les
comités consultatifs régionaux qui existent présentement
dans la loi et qui ont été constitués en vertu de la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre
pourront être ainsi récupérés, si je peux m'exprimer
ainsi, par les conseils régionaux des sociétés
régionales pour leurs propres fins. Ces conseils existants pourront donc
trouver une nouvelle vocation et ainsi constituer des instances consultatives
privilégiées pour les conseils régionaux.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, on comprend qu'au
moment où on se parle les conseils consultatifs régionaux
constituent la base, le pivot, là, le plancher de tout l'édifice
de la formation professionnelle au Québec. C'est à partir des
comités consultatifs régionaux, comités consultatifs, je
vous le rappelle, sur lesquels siègent, de façon paritaire, des
employeurs et des employés, c'est, finalement, à partir de ces
comités consultatifs, dans les différents secteurs
d'activité, que sont établies les estimations de besoins. C'est
un peu, évidemment, le résultat des comités paritaires
comme on les connaissait dans les décennies antérieures aux
années soixante, ça s'est poursuivi, mais ça s'est
beaucoup modernisé. Il n'y a pas que ça; évidemment, il y
a aussi les enquêtes auprès des employeurs.
Mais les estimations de besoins se font beaucoup dans ces comités
consultatifs régionaux.
Il y a aussi peut-être le lieu de concertation le plus
adéquat, finalement, là, puisque c'est direct, le contact se fait
entre les employeurs et les employés. Je comprends qu'il y avait tout un
mécanisme. J'ai ici l'annexe 3 préparée par le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle intitulée «Comités
consultatifs régionaux, représentativité et
procédure de recrutement des candidats». À partir de ce
modèle-là, les comités étaient mis en place.
L'assemblée générale avait lieu à partir des gens
choisis par chacun des comités consultatifs régionaux et cette
assemblée générale élisait un conseil
d'administration qui était représentatif, dans la mesure du
possible, des diverses activités industrielles, en fait, de la
région. C'est évident qu'il allait y avoir plus de gens des
pâtes et papiers ou des pêches dans une région comme la
Gaspésie ou l'Abitibi qu'à Montréal, et vice versa. Alors,
on voit un peu l'importance des comités consultatifs régionaux,
n'est-ce pas? Alors, ce que je veux savoir du ministre c'est: Ces
comités, est-ce qu'ils seront laissés à la
discrétion, au choix du conseil régional?
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...la réponse, c'est oui. Ce ne sera pas
obligatoire. J'aimerais simplement rappeler une chose. Je crois que la
proposition que nous faisons ici est une amélioration par rapport
à la situation présente, en ce sens qu'aujourd'hui les
comités consultatifs sont nommés par le ministre, c'est le
ministre qui nomme chacun des membres des comités consultatifs. Dans un
sens, les comités consultatifs sont imposés, imposés par
la tête, par le ministre, à chaque commission de formation
professionnelle. Et, quand on nous dit que les commissions de formation
professionnelle sont assises sur des comités consultatifs qui,
démocratiquement, élisent les membres des conseils
d'administration de nos CFP, il faut regarder d'un peu plus près ce qui
se passe. On réalise que, finalement, le collège électoral
qui existe présentement, c'est un collège électoral qui
est nommé par le ministre, et ces gens-là nommés par le
ministre élisent les directions des CFP. Les CFP les consultent, des
gens qui ont été nommés par le ministre. À
l'avenir, les comités consultatifs seront choisis ou formés par
les sociétés régionales. Ce ne seront plus des gens qui
seront imposés par la tête. Ce seront des gens qui seront choisis
par les sociétés régionales. Dans un sens, ce sera
beaucoup plus démocratique et beaucoup plus consultatif, parce que les
sociétés régionales ne se feront pas imposer
quiconque.
Et moi, je pense que cette solution-là est
préférable à l'ancienne: les sociétés
régionales auront le choix de leurs consultants, si je peux m'exprimer
ainsi, pourront déterminer elles-mêmes qui seront les membres de
ces comités consultatifs sans aucune interférence de la part du
ministre. Je pense donc que ce sera une solution qui sera plus susceptible de
plaire aux régions puisqu'elles auront le choix absolu, d'abord, de
former au nom des comités consultatifs et, si elles en forment, de les
choisir à leur gré.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'aimerais savoir pourquoi, dans le fond, si on
veut favoriser la concertation, on laisse ça facultatif, ces
comités consultatifs, au niveau des régions. Ça devrait
être, je pense, à sa face même, ça devrait être
compris et dire: Automatiquement, on crée dans chaque région un
comité consultatif. Pourquoi laisser ça facultatif, justement?
C'est quoi le principe?
M. Bourbeau: Pour respecter l'autonomie des régions. Si
une région juge opportun de ne pas créer de comité
consultatif, libre à elle de le faire. Si j'en imposais la
création, vous seriez peut-être les premiers ou les
premières à me blâmer en disant: Vous imposez des choses
aux régions qu'elles ne voudront peut-être pas. Alors, on a
décidé, dans un geste de...
Mme Vermette: Quelles sont les autres voies ou quelles sont les
autres façons que vous laissez à une région pour favoriser
la concertation? De quelle façon vont-ils s'y prendre, puisqu'il faut
aller chercher différents acteurs, si vous voulez, dans le milieu?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est un petit peu étonnant, parce
qu'à chaque fois que, dans le projet de loi, on a une mesure de
centralisation ou de coordination, vous nous dites: Ah! vous ne laissez pas de
marge de manoeuvre aux régions. Là, on a une proposition qui dit:
Les comités consultatifs, on donne le choix aux régions d'en
former ou non, le choix de les former à leur gré. Alors que, dans
la loi actuelle, ça leur est imposé et nommé par le
ministre, là, on dit: Dorénavant, ce sera facultatif et choisi
par la région. Et vous nous en faites un reproche. Alors, je...
Mme Vermette: Je ne veux pas vous faire grief, monsieur...
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Vermette: Mme la Présidente, je ne veux pas faire
grief au ministre...
M. Bourbeau: Non, vous n'allez pas jusque-là, je le
reconnais.
Mme Vermette: ...mais je voulais tout simplement savoir quels
étaient les autres moyens. D'après ce que le ministre me dit,
c'est que, en fart, il n'y a aucune, il n'y a pas de nuance entre le diktat du
ministre et, finalement, la capacité des gens de choisir leurs propres
intervenants sur un conseil consultatif. C'est comme si en dehors de tout
ça, c'est impensable. C'est comme s'il nous disait: Là,
j'allège énormément le processus puisque ce ne sera plus
imposé par le ministre; par contre, je laisse ça facultatif. Mais
on peut favoriser la concertation par la création d'un comité
consultatif dont toutes les régions devraient se prévaloir, d'une
part et, par contre, on laisse la marge de manoeuvre, à savoir qui on
veut choisir, qui on veut mettre là-dessus, en tenant compte justement
des particularités régionales. C'est deux choses, à mon
avis, bien différentes. On ne peut pas vous taxer, à ce
moment-là, de vraiment vouloir contrôler tout, mais de mettre un
encadrement qui favorise cette concertation-là qui serait souhaitable,
en tout cas, au niveau des régions, parce que ce n'est pas partout
pareil. Les racines de la concertation ne sont pas évidentes
partout.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous proposeriez alors? Qu'on impose
les comités consultatifs obligatoires dans les régions?
Écoutez, je n'aurais pas d'objection à regarder un amendement
comme celui-là. Je ne sais pas si on pourrait l'accepter ou non, il
faudrait voir. Mais il reste quand même qu'il y a une tradition qui s'est
implantée dans les régions du Québec depuis une vingtaine
d'années où, systématiquement, les commissions de
formation professionnelle ont travaillé de concert avec des
comités consultatifs, puisqu'ils existaient, et on sait que ces
comités consultatifs, en général, représentent les
secteurs d'activité les plus actifs dans chaque région. Alors, il
me semble qu'une société régionale serait malvenue de ne
pas consulter, dans sa région, des représentants tant des
travailleurs que des patrons qui forment les groupes les plus actifs dans le
développement économique d'une région donnée. Ce
serait se priver d'une source d'information très importante, et je ne
pense pas que la région accepterait facilement de voir disparaître
ces comités consultatifs. (11 h 50)
Mme Vermette: Sauf, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...qu'on ne peut pas présumer des bonnes
intentions des individus qui sont en place. Et comme les individus peuvent
changer assez facilement, en tout cas, surtout quand on parle de ces
partenaires, c'est assez flexible. Alors, c'est dans ce sens qu'on se dit: Ce
serait bien d'avoir un cadre reconnu comme tel, qui favorise la concertation.
À mon avis, c'est beaucoup plus favorable que de laisser ça comme
un peu en suspension et de dire: On laisse ça aux bonnes intentions des
individus, à la bonne volonté des individus, en sachant
très bien qu'ils ne passeraient pas à côté d'un
outil aussi précieux. Et vous savez très bien que les lois sont
faites pour être interprétées, puis les gens les utilisent
à leur gré aussi. Ils les interprètent aussi selon leurs
intérêts particuliers. Alors, il pourrait y avoir, dans certains
cas ou dans certaines régions, des problématiques qui pourraient
survenir suite à un manque de précision au niveau de la
législation. Comme on est là-dessus, on est aussi bien de
regarder ça.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, j'ai deux
demandes d'intervention. Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière et, ensuite, Mme la... Voulez-vous ajouter
immédiatement à...
Mme Carrier-Perreault: Oui, c'est une petite question que je me
posais.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente. Quand on
regarde le comité consultatif, ça veut dire aussi qu'il pourrait
y en avoir plusieurs dans une région donnée. Je ne sais pas si je
comprends bien. Au fond, si on a plusieurs secteurs d'activité,
ça veut dire qu'il peut y avoir deux ou trois comités
consultatifs dans une même région, par exemple. Tantôt, on
parlait de pâtes et papiers. Dans une région, ça peut
être intéressant qu'il y en ait un, comité consultatif, de
ce secteur-là en particulier. Ces gens-là travaillent ensemble et
apportent des idées, des suggestions, et tout ça. Mais est-ce
qu'il y a des mécanismes qui sont prévus pour qu'ils rencontrent,
par exemple, un comité consultatif qui est dans une autre région,
mais dans le même secteur d'activité? Comment ça peut
s'arrimer tout ça?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Là, vous embarquez dans le volet sectoriel du
projet. C'est évident qu'un des changements importants que nous
proposons dans la nouvelle législation, c'est des comités
sectoriels qui vont être formés et qui vont être
composés de représentants d'un secteur d'où qu'ils
proviennent, de quelque région qu'ils soient, les forces les plus vives
et les plus représentatives d'un secteur donné. Si un secteur
donné est concentré dans une région, il pourrait arriver
que ce soit à la fois sectoriel et régional, si un secteur
était tout concentré dans une seule région. Mais ce n'est
ordinairement pas le cas. Dans ce sens-là, tout ce volet sectoriel de la
politique de la main-d'oeuvre, il est très, très, très
important et il va se faire en conjonction avec la politique de
développement industriel annoncée par mon collègue, ce
qu'on appelle les grappes industrielles, et une jonction va se faire. On aura
un comité main-d'oeuvre dans chacune des grappes industrielles, qui va
effectuer des analyses prospectives des besoins en main-d'oeuvre d'un secteur
donné, de façon à tenter d'identifier dès
maintenant les besoins en main-d'oeuvre dans deux ans, dans cinq ans ou
peut-être plus loin, si possible. Et avec ces connaissances, on va finir
par avoir des besoins en main-d'oeuvre au cours des prochaines années,
on pourra influencer les programmes de main-d'oeuvre, l'enseignement, de
façon à préparer notre main-d'oeuvre pour les
années à venir. C'est de cette façon-là qu'on va
faire en sorte que la main-d'oeuvre puisse éventuellement être au
rendez-vous de la technologie. Quand la technologie va évoluer, on va
faire ces analyses-là aussi dans les comités sectoriels, les
comités des grappes industrielles, on va prévoir les
développements technologiques et on prévoira en même temps
les développements de la main-d'oeuvre. Alors, dans ce sens-là,
les expertises régionales en main-d'oeuvre vont certainement être
mises à contribution par les comités de main-d'oeuvre
sectoriels.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Si je comprends bien, il va y avoir des
comités sectoriels, mais il n'y a rien qui empêche, en fait, qu'il
y ait des comités consultatifs aussi par secteur d'activité dans
chacune des régions. Est-ce que c'est ça?
M. Bourbeau: Je m'excuse, je n'ai pas...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée, si vous voulez peut-être reprendre votre
question.
Des voix:...
Mme Carrier-Perreault: Ça pourrait être
ça.
M. Bourbeau: Non, non, absolument pas. Ça pourrait aussi
exister.
La Présidente (Mme Marois): Ça va?
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Ça me va.
Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt l'échange qui a eu lieu entre le ministre et mes
collègues et je dois vous dire que la réserve du ministre
l'honore, à savoir ne pas vouloir obliger les sociétés
régionales à mettre sur pied des comités consultatifs
régionaux. Mais c'est assez étonnant, parce que c'est exactement
ce que les sociétés régionales lui ont demandé,
c'est de garder le caractère obligatoire des CCR. Alors, ceci dit...
M. Bourbeau: Oui, mais dans une perspective...
La Présidente (Mme Marois): Pardon? Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: ...de voir les comités consultatifs
procéder à l'élection des membres du conseil
d'administration en prolongeant le statu quo. On a demandé de maintenir
les conseils consultatifs dans le but de former les sociétés
régionales plus tôt, et non pas nécessairement comme
consultants. La députée le reconnaîtra.
Mme Harel: C'est-à-dire...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, je ne sais pas si on peut
interpréter, comme vient de le faire le ministre, les motifs. Je crois
que, quoi qu'il en soit, on peut prendre pour ce qu'elle était la
recommandation des commissions de formation professionnelle de faire une place
reconnue, officielle aux CCR. Le ministre a raison quand il dit qu'il serait
malvenu aux sociétés régionales de ne pas consulter. Mais,
puisqu'on souhaite qu'il le fasse... Le législateur ne parle pas pour
rien dire et, justement, on n'interprète pas ce qu'il veut juste quand
il parle, mais on interprète aussi ce qu'il veut quand il ne parie pas,
et, s'il ne parie pas de manière formelle dans ce cas-ci, c'est que ce
sera interprété comme étant à la discrétion,
finalement, des sociétés, selon leur bon vouloir, c'est une
faveur qu'on pourrait faire.
Mais, surtout, je vous rappelle que la difficulté peut se
présenter du fait que, jusqu'à maintenant, c'était le
directeur général de la CFP, la commission de formation
professionnelle transformée en société régionale,
c'était le directeur général qui acheminait ses
recommandations au ministre pour ce qui concernait les nominations des membres
des comités consultatifs régionaux. Et là le directeur
général n'est plus choisi par la structure élective, n'est
plus choisi par le conseil d'administration. Le directeur
général, c'est un employé, un employé de la
société mère, et, finalement, il relève de la
société mère, il relève du directeur
général de la société mère, et ça
donnerait infiniment plus de garanties aux personnes qui, sur-le-champ, sur le
terrain, dans le champ plutôt, ont jusqu'à maintenant, depuis
longtemps... Ce n'est pas une créature récente, vous savez; les
CCR existent depuis des décennies, et il y a là une sorte
d'habitude de travail. C'était là où se pratiquait la
concertation avant le nom et même, je dirai, avant la mode.
Prenez, par exemple, l'APCFP qui, dans le cadre de la consultation, pour
préparer son mémoire, avait mené une consultation de la
quasi-totalité des quelque 1200 membres des comités consultatifs
régionaux. Il y a 1200 membres de comités consultatifs
régionaux qui siègent dans toutes les régions du
Québec et, de ce nombre, 672 sont des représentants de
salariés et 597 sont des représentants d'employeurs. Alors,
l'APCFP, c'est-à-dire l'Association provinciale des commissions de
formation professionnelle, dans le mémoire qu'elle présentait
devant la commission, disait ceci, et je cite à la page 14: Les
sociétés régionales ont la latitude de mettre en place des
comités consultatifs régionaux, CCR, comparables à ceux
qui existent actuellement pour les CFP. (12 heures)
La différence est cependant de taille. Les CCR actuels
constituent une obligation légale puisqu'ils sont, selon l'article 2 de
la loi F-5, l'origine même de la constitution en corporation d'une CFP.
Cependant, il n'y a pas que le caractère légal - et je veux
insister auprès du ministre parce que ça infirme un peu son
argumentation - j'insiste, il n'y a pas que le caractère légal ou
non des CCR qui est préoccupant, mais surtout l'arrimage entre les
comités régionaux et les comités sectoriels. Je
répète, en fait, ce que disait l'APCFP, c'est: II n'y a pas que
le caractère légal ou non des CCR qui est préoccupant,
parce que le ministre disait que le motif pour lequel les commissions de
formation professionnelles souhaitaient garder les CCR est de maintenir le
statu quo juridique sur l'assise des CFP à partir des CCR... Mais il n'y
pas que ça, ajoute l'APCFP, mais surtout l'arrimage entre les
comités régionaux et les comités sectoriels.
Ça veut dire quoi? Ça veut dire que ma collègue des
Chutes-de-la-Chaudière avait beaucoup d'intuition, tantôt, quand
elle a parié des comités sectoriels. Il y a une nouvelle approche
qui va sans doute être privilégiée par les partenaires de
la société mère. C'est une hypothèse qui est
sérieuse, en fait; le ministre la connaît également cette
hypothèse, et je ne veux pas la discréditer ou, pour autant, la
décrier, cette hypothèse. L'hypothèse est la suivante:
majoritairement se retrouveront au sein du conseil
d'administration de la société mère des employeurs
et des syndicats représentés dans certains secteurs seulement de
l'économie. Ce n'est pas leur faire grief que de leur dire que ce n'est
pas tous les secteurs de l'économie... Ce n'est pas les 1 400 000
travailleurs assujettis aux normes minimales du travail qui seront
nécessairement représentés par des employeurs ou des
représentants de syndicats qui se trouveront sur le conseil
d'administration. Pour la même raison, le même argument que le
ministre utilise en disant, a contrario, qu'il ne veut pas confier les mesures
d'employabilité à la société mère parce
qu'il est possible, sans faire grief à personne, que leurs principales
priorités et préoccupations n'aillent pas du côté
des sans-emploi, mais, d'abord, du côté des travailleurs qu'ils
représentent ou qu'ils embauchent, si vous voulez.... Ça veut
dire essentiellement autour des secteurs qui sont performants dans la
société, c'est-à-dire susceptibles d'être parmi ceux
désignés dans les grappes industrielles et susceptibles
d'être ceux dans lesquels des investissements doivent être faits
pour les rendre concurrentiels avec les secteurs des pays avec lesquels on est
en compétitivité, n'est-ce pas?
Alors, ça veut dire ceci: Étant donné qu'il n'y a
aucun arbitrage qui est fait actuellement quant au sous-investissement dans la
formation professionnelle - ça, le ministre le sait, je ne veux pas
tourner le fer dans la plaie... Il y a du sous-investissement, il y en a de son
propre gouvernement, puis on compte sur l'argent d'Ottawa, il nous l'a dit
à la période de questions tantôt, mais Ottawa n'en mettra
pas plus. C'est le même argent, là, qui va rouler. Il n'y en aura
pas plus d'argent avant ou après la Société. Il n'y en
n'aura pas. Il n'y aura pas plus d'argent des patrons, il n'y aura pas plus
d'argent d'Ottawa et il n'y aura pas plus d'argent de Québec. Ça
va être le même argent. Sauf que le ministre va nous dire: On va
l'utiliser autrement, cet argent-là. Donc, on va l'utiliser comment? Il
va être utilisé autrement? C'est que, actuellement, Ottawa, qui
finance 80 % de l'argent dans la formation professionnelle, le met
essentiellement - et ils l'ont dit, d'ailleurs, dans leur mémoire devant
la commission - pour les chômeurs chroniques, le rattrapage scolaire et
les chômeurs, si vous voulez - parce que c'est de l'argent qui vient
beaucoup de l'assurance-chômage - mais il ne le met pas pour les
travailleurs.
Et c'est un paradoxe qu'il y ait une taxe sur la masse salariale dans
notre société, indirecte, plutôt que de la charger
directement, comme le rapport de Grandpré le recommandait et comme le
programme du Parti québécois le recommande. Ce n'est pas une
taxe... C'est une taxe sur la masse salariale par le biais de
l'assurance-chômage. Pour le Québec seulement, le ministre
l'évalue à 341 000 000 $ cette année, et ça va
aller en augmentant, le volume de ce que les patrons et les syndicats
contribuent à la caisse d'assurance-chômage est utilisé
pour de la formation professionnelle. Donc, il y a une taxe et cette
taxe-là, elle sert à la formation professionnelle à partir
des cotisations des travailleurs et des employeurs, mais elle ne sert pas
à la formation professionnelle des personnes en emploi qui ont à
soutenir la concurrence étrangère. Elle sert à la
formation professionnelle des personnes qui ont perdu leur emploi, parce qu'il
faut être sur le chômage pour y avoir droit. Donc, elle sert
beaucoup à la formation professionnelle aussi des personnes qui ont
perdu leur emploi suite à des fermetures, suite à des
licenciements, suite à des restructurations. Et ce qui est surprenant,
c'est qu'on a un paradoxe vraiment étonnant où c'est tous les
patrons, employeurs et travailleurs, par le biais de la caisse
d'assurance-chômage, par le biais d'une taxe sur la masse salariale qui
finance la cotisation à la caisse d'assurance-chômage, qui
financent la formation professionnelle pour ceux qui ferment plutôt que
la formation professionnelle pour ceux qui restent.
Mais je reviens à mon point de départ et je disais donc
que ça brasse dans les mêmes affaires, tout ça, finalement.
C'est important, parce que, quand le ministre dit... Ça va être le
même argent, ça, il le sait, mais on va l'utiliser autrement. Il y
en aurait plus d'argent, à une seule condition - je fais une
parenthèse, parce que, là-dessus, il a raison - il y en aurait
plus à une seule condition, c'est qu'il obtienne de rapatrier d'Ottawa
tout le paquet, mesures actives, mesures passives. Mais s'il ne rapatrie pas
d'Ottawa tout le paquet, s'il rapatrie ce qu'Ottawa dit être prêt
à laisser dans ce qui est, notamment, le dernier rapport des discussions
qui ont eu lieu à Toronto...
Une voix: L'ébauche.
Mme Harel: L'ébauche. Si c'est ça qui est
rapatrié, non seulement il n'y en aura pas plus d'argent, mais ça
va coûter plus cher d'administrer les programmes, et la
Société qui va être adoptée ne fera pas
économiser de l'argent, elle va coûter plus cher, parce qu'elle va
ajouter, aux deux réseaux qui existent actuellement, un
troisième. Actuellement, il existe un réseau pour les
assistés sociaux et un réseau pour les chômeurs. Dans le
réseau des assistés sociaux, c'est, sur le territoire du
Québec, les centres Travail-Québec, il y en a un peu partout dans
chacun de nos comtés, parfois même deux par comté. Puis il
y a le réseau fédéral pour les chômeurs, des bureaux
locaux d'Emploi et Immigration Canada, il y en a au moins un par MRC. Et
là le ministre va être obligé, s'il en rapatrie juste une
partie, ce qu'il est parti pour faire parce que Ottawa n'est pas du tout parti
pour céder rien de ce qui concerne l'assurance-chômage au niveau
des mesures passives...
M. Bourbeau: On a encore droit à des annonces ce matin.
Bon.
La Présidente (Mme Marois): Pardon, M. le ministre.
Mme Harel: Oui, mais justement, ça confirme ce que je dis,
encore une fois...
M. Bourbeau: La députée nous fait des annonces
prématurées.
Mme Harel: Non, ce n'est pas des annonces
prématurées, le ministre le sait très bien. D'ailleurs, ce
qui l'inquiète, ce n'est pas que son projet de loi ne soit pas
adopté, c'est qu'il soit adopté et que, finalement, au bout de la
ligne, on se rende compte que ça ne règle rien, absolument rien,
parce qu'il n'y a aucun arbitrage qui est fait entre le fédéral
et Québec. Aucun, aucun. Ça veut donc dire qu'à ces deux
réseaux-là le ministre va rapatrier une partie - oui, ça
peut être assez substantiel, ça peut en avoir l'air... Il va
chercher 800 000 000 $, ce n'est pas rien, et 700, 800 employés
fédéraux, ce qui n'est pas rien non plus. Mais qu'est-ce qu'il va
en faire de ça? Il n'est quand même pas capable de les placer dans
les quelques bureaux où se trouvent une quarantaine d'employés du
Québec, dans les commissions de formation professionnelle. Et ça,
c'est régional, les commissions de formation professionnelle. Il va
falloir qu'il loue des bureaux au niveau local, au moins l'équivalent
des MRC, sinon, comment les gens iraient chercher leurs mesures de formation?
Parce qu'il y aurait les mesures de formation actives, elles ne seraient plus
administrées par les centres d'Emploi et Immigration Canada et elles ne
seraient pas administrées par les centres Travail-Québec. Alors,
il faudrait qu'il y ait des centres qui ne soient pas juste à
Saint-Jérôme, mettons, pour ce qui est de la région des
Laurentides, ou à Laval pour ce qui est de la région des
Basses-Laurentides, il en faudrait aussi... Comme les centres
Travail-Québec, je suis sûr qu'il y a un centre
Travail-Québec à Sainte-Thérèse; bien, là,
il en faudrait un aussi pour offrir tous ces programmes de formation
professionnelle qui sont actuellement offerts dans les centres d'Emploi et
Immigration Canada; il y en a un aussi à Sainte-Thérèse.
Vous voyez?
C'est pour ça, Mme la Présidente, que, si on revient
à la question qui est posée maintenant, comités
consultatifs régionaux versus comités sectoriels, la boucle,
c'est la suivante. Dans la société mère, vu que ce sera
à peu près le même argent et vu qu'il peut même y en
avoir moins si ça coûte plus cher à administrer,
étant donné que le tout ne sera pas rapatrié - c'est le
même argent, on va l'utiliser autrement - comment va-t-il être
utilisé autrement? Il va être retiré de ce à quoi il
sert présentement, beaucoup pour les personnes sans emploi qui sont des
chômeurs chroniques, qui peuvent suivre des cours, etc., pour être
utilisé pour des programmes qui s'adressent aux entreprises qui ne
veulent pas mettre plus d'argent là-dedans, et ils vont former des
comités sectoriels. (12 h 10)
Par exemple, il va y avoir le comité sectoriel des pâtes et
papiers, et c'est principalement la CSN qui les représente, qui souhaite
avoir une école dans ce secteur-là - la FTQ l'a
déjà, son école de pétrochimie - et, avec les
employeurs, tout ça va être paritaire. Mais, là, il va y
avoir, j'appellerais ça, si vous voulez, des «deals» ou des
ententes entre employeurs et employés à l'effet que: Tu prends
telle école dans tel secteur parce que tu es majoritaire; moi, j'en
prends telle autre. Au niveau, par exemple, du meuble, ce sera principalement
la CSD avec les employeurs. Là, on va se retrouver avec des instituts
qui vont être gérés par des employeurs et, principalement,
les employés qui représentent ces secteurs-là dans les
syndicats accrédités.
Mais les comités consultatifs régionaux, ils vont s'en
aller où, là-dedans? Vous avez idée que c'est
principalement les régions où les gens sont les plus forts qui
vont mettre la main sur les instituts, etc. C'est pour ça que c'est si
important, les comités consultatifs régionaux. Par exemple, la
pétrochimie; oui, l'institut de chimie et pétrochimie, il est
à Montréal, dans l'est de Montréal. Il est même dans
Maisonneuve. Je peux vous dire que j'ai travaillé deux ans pour
ça, Mme la Présidente, le ministre le sait d'ailleurs. Mais de la
pétrochimie, il n'y en a pas juste à Montréal. Je sais
qu'il y en a aussi ailleurs. Alors, pourquoi est-ce que, dans les autres
régions où il y en a, il n'y aurait pas aussi un comité
consultatif régional qui rappellerait l'existence à des gens qui
ont tendance, parfois, à oublier?
Alors, je vous dis tout simplement ça parce que c'est,
finalement, de ça, sans doute, que parlait l'APCFP, quand ils disaient,
à la page 14 de leur mémoire: II n'y a pas que le
caractère légal ou non des CCR qui est préoccupant, mais
surtout l'arrimage entre les comités régionaux et les
comités sectoriels. Nous reconnaissons sans peine la raison d'être
et la pertinence de l'approche sectorielle. L'approche sectorielle n'est
toutefois pas exhaustive. Elle ne peut pas, à elle seule, rendre compte
de l'ensemble de la réalité régionale qui est
traversée de problématiques territoriales et de clientèles
individuelles. En ce sens, l'approche sectorielle ne doit pas être en
conflit ou en compétition avec l'approche régionale. Celles-ci -
au pluriel - doivent être complémentaires. Ces approches
s'incarnant dans des instances différentes, cette
complémentarité ne peut être laissée à
l'improvisation ou à la bonne volonté des acteurs. Des
mécanismes précis de réciprocité des approches
devront donc exister.
Alors, Mme la Présidente, je prenais connaissance
également du mémoire de la Commission de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre de la région métropolitaine
de Montréal qui, à ce sujet-là, disait ceci... Attendez.
C'est à la page 13 du mémoire. Ça, c'est toujours des CFP.
Alors, on voit bien que si on voulait donner suite à leurs
recommandations, c'est dans le sens de mise en place des CCR qu'on irait et non
pas d'une discrétion de les mettre en place ou pas. Alors, dans le
mémoire, à la page 13, on lit ceci: Par contre, le projet de loi
apporte des transformations qui sont inacceptables en ce qui a trait à
la structure consultative et administrative des CFP. En effet, il rend
facultative l'existence des CCR - ce n'est pas demandé, là, c'est
plutôt même considéré critiqué - il rend
facultative l'existence des CCR et leur rôle, le cas
échéant, est purement consultatif. Mme la Présidente, il
me semble-Une voix: Je m'excuse. Nous sommes appelés pour le
vote, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): C'est un vote?
Mme Harel: Ah oui! C'est un vote. Êtes-vous sûr?
Une voix:....
Mme Harel: Oui? Un vote?
La Présidente (Mme Marois): Je croyais que
c'était... Alors, une suspension jusqu'à la fin du vote.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 29)
La Présidente (Mme Marois): Nous en étions, pardon,
à l'étude d'un amendement qui avait été
proposé par le ministre. Je crois que c'était Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve qui avait la parole. Il reste
quelques minutes sur le temps de cette intervention concernant l'amendement au
paragraphe 5° de l'article 44. Madame.
Mme Harel: Mme la Présidente, le ministre, donc,
reconnaît que, tel que formulé, son amendement... Le paragraphe
5°, tel qu'amendé, le ministre reconnaît-il que c'est une
discrétion qui est laissée aux conseils régionaux?
M. Bourbeau: Oui, absolument. Les sociétés
régionales ont le loisir de favoriser la concertation en créant
des comités consultatifs régionaux, mais on ne le leur impose
pas.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, c'est que je cherche une
formulation. Nous avions déjà un amendement, qui se lisait comme
suit: «de mettre en place des comités consultatifs
régionaux afin de favoriser la concertation entre partenaires patronaux,
syndicaux et sociaux.» Mais, c'est là un amendement qui
réserve simplement la création des comités consultatifs
régionaux, cette concertation. Je conçois qu'il peut y avoir de
la concertation entre partenaires patronaux, syndicaux et sociaux par ce moyen
qui m'apparaît nécessaire, mais par d'autres moyens aussi qu'on ne
retrouverait pas là. Ça pourrait être par autre chose
aussi, ça pourrait être des comités sectoriels, on ne
l'exclut pas. Ça peut être des colloques, ça peut
être bien d'autres choses. (12 h 30)
Je me demandais si les savants juristes qui accompagnent le ministre
pouvaient nous indiquer si le sous-amendement suivant refléterait bien
l'intention de rendre de tels comités obligatoires, si on y disait:
«de favoriser la concertation entre les partenaires patronaux, syndicaux
et sociaux par la création de comités consultatifs et autres
initiatives.»
La Présidente (Mme Marois): En fait, c'est un
sous-amendement, qui enlèverait «entre autres», et
ajouterait... Pouvez-vous me le relire?
Mme Harel: C'est le mot «favoriser»? Je ne pense pas
que ce soit le mot «favoriser» qui donne le caractère
obligatoire ou facultatif à la création des CCR. Ce qui donne le
caractère obligatoire ou facultatif, c'est, je pense, le «entre
autres».
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si la députée me
considère parmi les savants juristes dont elle parlait. De toute
façon, que ce soit la solution que nous proposons ou celle qu'elle
évoque, il ne m'apparaît pas y avoir d'éléments
coercitifs là-dedans, premièrement. Deuxièmement, il
m'apparaît que la proposition qu'avance la députée,
à toutes fins pratiques, est la même, arrive au même
résultat, et est essentiellement la même chose que ce que nous
avons présentement. Nous avons ici «de favoriser la concertation,
entre autres, par la création de comités consultatifs.» La
députée dit: «de favoriser la concertation par la
création de comités consultatifs et autres initiatives.»
Donc, «et autres initiatives», à mon avis, c'est la
même chose que «entre autres», il me semble. Il me semble que
ça revient au même. Mme la Présidente, mes savants juristes
sont du même avis que moi, c'est étonnant.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que vous
retenez votre...
Mme Harel: On va donc revenir à notre amendement, à
ce moment-là...
La Présidente (Mme Marois): Bon, d'accord.
Mme Harel: ...qui se lirait comme suit: «de mettre en place
des comités consultatifs régionaux afin de favoriser la
concertation entre partenaires patronaux, syndicaux et sociaux.»
La Présidente (Mme Marois): Alors, là, il faudrait
que vous nous apportiez d'abord l'amendement écrit pour que nous
procédions à l'étude de... On va procéder à
l'étude du sous-amendement. On s'entend bien que c'est un
sous-amendement à l'amendement, d'accord, et non pas un amendement
à l'article, parce que...
M. Bourbeau: C'est lié à l'amendement. La
Présidente (Mme Marois): Oui, c'est ça. (Consultation)
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'on a des copies?
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je soumets bien humblement qu'on ne peut pas
recevoir un amendement semblable puisqu'il vient contredire l'amendement qui
est déjà sur la table. Ce n'est pas un sous-amendement. C'est un
amendement qui voudrait remplacer celui qu'on a. Il faudrait donc disposer, en
premier lieu, de l'amendement qu'on a.
La Présidente (Mme Marois): Oui, c'est ça.
M. Bourbeau: S'il est battu, on pourrait le remplacer par autre
chose, mais si cet amendement-là est voté, l'amendement que
propose la députée de Hochelaga-Maisonneuve vient en
contradiction - en fait, peut-être pas en contradiction, mais on ne peut
pas avoir les deux.
La Présidente (Mme Marois): Juste un instant! Je vais
suspendre.
Mme Harel: Mme la Présidente, je vais le retirer.
La Présidente (Mme Marois): Vous allez le retirer?
Mme Harel: Oui, parce que tel que formulé, je reconnais
qu'il pose problème...
La Présidente (Mme Marois): Oui.
Mme Harel: ...pour être un sous-amendement.
La Présidente (Mme Marois): Moi, il faut que je le
regarde, en tout cas.
Mme Harel: II a été conçu, dans le fond,
pour être un amendement...
La Présidente (Mme Marois): Au paragraphe 5°,
voilà.
Mme Harel: ...au paragraphe 5°. En fait, le sous-amendement
pourrait se lire comme suit, parce que le principe du paragraphe 5°, c'est
de favoriser la concertation.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
Mme Harel: Le moyen, c'est soit par des comités
consultatifs facultatifs ou obligatoires.
La Présidente (Mme Marois): Ou par autre chose, oui.
Mme Harel: Ça, on peut, je pense, apporter un
sous-amendement parce que le principe, c'est de favoriser la concertation entre
les partenaires patronaux, syndicaux et sociaux et c'est de créer des
comités consultatifs. Le ministre dit qu'il faut lire son paragraphe
5° comme si la création était facultative; nous, on voudrait
qu'elle soit obligatoire. Alors, on va tout simplement ajouter
«obligatoire», après le mot «création»,
en sous-amendement. Le paragraphe 5° se lirait comme suit...
La Présidente (Mme Marois): Ah oui! Là, ce serait
recevable.
Mme Harel: ...«de favoriser la concertation entre les
partenaires patronaux, syndicaux et sociaux, entre autres par la
création obligatoire de comités consultatifs.»
La Présidente (Mme Marois): Oui. M. Bourbeau: Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne dis pas que je ne pourrais pas être
convaincu de retirer notre amendement et d'en étudier un autre. C'est
possible, après mûre réflexion - la nuit portant conseil -
qu'on puisse en venir éventuellement à faire en sorte que les
comités consultatifs deviennent obligatoires plutôt que
facultatifs, mais je n'en suis pas là encore. Alors, je proposerais de
suspendre l'étude du paragraphe 5°, et
de passer au paragraphe 6°. On y reviendra. On verra comment le
débat va évoluer au cours des prochaines heures, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Ça veut dire
qu'à ce moment-là on suspendrait l'étude du
sous-amendement, de l'amendement...
M. Bourbeau: Et de l'article 5.
La Présidente (Mme Marois): ...et de l'article 5. Enfin,
du paragraphe 5° de l'article 44.
M. Bourbeau: Et du paragraphe 5°. Exact.
La Présidente (Mme Marois): Pour qu'on se comprenne bien,
parce que ce n'est pas un article.
M. Bourbeau: Exact.
La Présidente (Mme Marois): Et on procéderait avec
le paragraphe 6°.
M. Bourbeau: Le paragraphe 6° souligne qu'un conseil
régional sera appelé à mettre en oeuvre des programmes
ponctuels d'aide à l'emploi ou de développement local dans sa
région, soulignant par le fait même le rôle actif qu'un
conseil régional sera amené à jouer par la mise en place
de programmes spécifiques d'aide et d'intégration à
l'emploi.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, M. le ministre?
Merci.
Mme Harel: Je ne sais pas, Mme la Présidente,...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...si le ministre peut nous expliquer pourquoi il a
préféré, dans le projet de loi, ne pas retenir les
services de placement et de «counselling» qu'on retrouvait dans
l'énoncé de politique. Dans l'énoncé de politique,
à la page 41, à cet item, on pouvait lire: Offrir des services de
placement et de «counselling», d'aide à l'emploi et de
soutien à la formation. On ne retrouve nulle part «services de
placement et de counselling». On ne le retrouve plus, dans aucun des
mandats confiés au conseil régional.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'attire l'attention de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...sur l'article 17, deuxième paragraphe,
qui, parlant de la Société, dit: «Elle intervient ainsi, en
collaboration avec les organismes ou établissements concernés le
cas échéant, notamment dans les domaines de la formation
professionnelle, du recyclage, du reclassement et du placement de la
main-d'oeuvre ainsi que de l'aide à l'emploi et à la gestion des
ressources humaines.»
La Présidente (Mme Marois): Je vous ferai remarquer,
cependant, qu'il est suspendu.
M. Bourbeau: Oui, mais...
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Ça
n'enlève rien à son contenu, à la proposition qui est
devant nous, mais il n'est pas adopté.
M. Bourbeau: ...si ce n'était que de moi, Mme la
Présidente, il serait déjà adopté, comme tous les
autres, d'ailleurs. (12 h 40)
La Présidente (Mme Marois): Je vous comprends bien, mais
ainsi sont nos règles.
Mme Harel: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je comprends donc que le ministre considère
toujours qu'elle sera la responsabilité de la Société,
cette question de placement et de «counselling». Je me demande
juste s'il ne serait pas indiqué qu'on retrouve aussi, dans les mandats
attribués au conseil régional... Je vous soumets, Mme la
Présidente, que, justement, au deuxième paragraphe, on retrouve
les mandats concernant la formation professionnelle, l'aide à l'emploi,
qu'on retrouve pourtant à 44, dans ses différents paragraphes.
Alors, je me demande si mon savant collègue juriste pourrait me le
confirmer ou pas, mais le fait de ne pas retrouver dans les pouvoirs de la
société régionale les pouvoirs confiés à la
société mère, de n'en retrouver que quelques-uns et pas
tous - étant donné que le législateur ne parle pas pour
rien dire, et, quand il parle, c'est qu'il choisit - le fait d'en avoir choisi
quelques-uns et de ne pas les avoir tous mis, est-ce que ça ne
décrit pas la différence d'attribution des pouvoirs entre la
société mère et les conseils régionaux?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. Alors, j'attirerais l'attention de la
députée aux articles 31 et 32. L'article 31 dit que: «La
Société établit, à l'intérieur de sa
structure, une entité pour chacune des régions...» Et,
après ça, on dit, à 32: «Chaque
société régionale: 1° administre et rend accessibles
aux individus et aux entreprises les programmes dont la Société
est responsable, dans la mesure que celle-ci détermine.» Alors,
je
pense que ça...
Mme Harel: Ça m'inquiète alors, parce que ça
pourrait vouloir dire que des services de placement et de
«counselling» pourraient être déterminés par la
Société comme n'étant pas de la responsabilité
régionale.
M. Bourbeau: Impossible, Mme la Présidente. La
députée sait fort bien qu'un service de placement, ça doit
se donner au niveau le plus décentralisé qui soit. Il faut que le
service soit disséminé à travers le territoire dans
chacune des villes, des villages du Québec. Un service de placement qui
serait localisé à Québec ou à Montréal ne
donnerait strictement rien, ça serait absolument inutile. C'est dans
l'essence même, la définition même d'un service de placement
qu'il doit être décentralisé, le plus proche possible de la
clientèle. Il me semble que...
Mme Harel: Mais, à ce moment-là...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...pourquoi à l'article 44, où on
retrouve les fonctions de la société régionale, pourquoi
en avoir choisi certaines et pas d'autres? Comme, par exemple, avoir choisi
celles qui concernent l'aide à l'emploi, avoir choisi celles qui
concernent l'adaptation des programmes de formation aux réalités
de la région, et ne pas avoir, d'aucune façon, mentionné
ce qui concerne le placement et puis le «counselling».
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Bien...
Mme Harel: Est-ce qu'il y a une raison?
M. Bourbeau: On a tenu, à l'article 44, à souligner
d'une façon particulière certaines fonctions qui vont être
exercées au niveau régional. L'article 44 n'est pas exhaustif, il
dit «notamment». Dans ces «notamment», on parle,
à l'article 44, «de définir la problématique»,
«d'adapter les programmes», «d'élaborer des
initiatives». Ce sont des généralités, on demeure
dans les généralités: «de recommander
l'établissement ou la modification de programmes», «de
favoriser la concertation et la mise en oeuvre de programmes d'aide à
l'emploi ou au développement local». Mais, ça
n'enlève absolument pas la possibilité, au contraire, que les
sociétés régionales administrent tous les autres
programmes de la Société. L'article 32 le prévoit
explicitement. En bref, c'est la société mère qui
établit les programmes, qui les conçoit, et ce sont les
sociétés régionales, dans la majorité des cas, qui
les mettent en application.
Un programme, ça s'adresse par définition à la
clientèle et, la clientèle, elle est disséminée sur
le territoire. C'est très rare que les programmes soient
gérés au niveau central, même présentement. On a
présentement très peu de programmes qui sont gérés
au niveau du ministère. Le programme PATA en est un, mais je ne crois
pas qu'il y en ait beaucoup d'autres. On en a quelques-uns qui sont
gérés au niveau régional - APPORT, entre autres - et la
plupart des programmes sont gérés au niveau local. Je fais une
analogie avec le réseau Travail-Québec, pour l'instant, mais
c'est la même chose pour la main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. Oui,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Pour aller dans le même sens que ma
collègue de Maisonneuve, c'est une question de style aussi, à un
moment donné, au niveau de la façon d'écrire un projet de
loi. Si on décrit vraiment d'une façon très exhaustive les
rôles du secrétariat, en fait, qui est la maison mère, je
ne vois pas pourquoi, finalement, quand on arrive au niveau local, on en fait
glisser quelques-uns. Je pense que c'est une question de style, à mon
avis. C'est que le local, il est au niveau local, avec les fonctions qui lui
sont propres, bien sûr, et sachant très bien que c'est au niveau
local, mais dans le fond, c'est une façon de faire, et qui demande une
plus grande homogénéité de la passer, en fin de
compte.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, ça va?
Alors, s'il n'y a pas d'autres commentaires aux questions, nous allons
procéder à l'adoption du sixième
élément.
Mme Harel: Sur division.
La Présidente (Mme Marois): Sur division. Le
sixième paragraphe de l'article 44 est adopté sur division.
Mme Harel: J'en aurais un septième à proposer, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, l'amendement se lirait comme suit. À
l'article 44, ajouter un septième paragraphe: «de favoriser la
concertation directe entre les entreprises et les établissements
d'enseignement de la région.» Les fonctions du conseil
régional sont déjà définies. À ces
fonctions, s'ajouterait donc une septième mission, soit celle de
favoriser la concertation directe entre les entreprises et les
établissements d'enseignement de la région.
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous
voulez nous remettre l'amendement, nous allons nous assurer que tous les
collègues de la commission en ont une copie. Ça m'apparaît
tout à fait recevable, à ce moment-ci de nos travaux. Alors, on
va...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'aimerais...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...traiter avec beaucoup d'intérêt
l'amendement de la députée de Hochela-ga-Maisonneuve. Est-ce
qu'on pourrait suspendre également cet article-là? On va y
réfléchir, on va l'examiner, on va le faire viser par nos
conseillers juridiques et, possiblement qu'au cours des prochaines heures on
pourra revenir à cet article-là, de même qu'à
l'article 4, qui est suspendu. Lequel est suspendu?
La Présidente (Mme Marois): Ce qui fait que... En fait,
c'est le cinquième paragraphe qui est suspendu...
M. Bourbeau: 1°, 5° et 7°.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Ce qui va
nous amener, cependant, évidemment, à laisser tout l'article en
suspens, à ce moment-là, parce qu'on ne peut pas procéder
à l'adoption. Alors, je vais faire faire des copies de cet amendement
qui est proposé pour ajouter un septième paragraphe à
l'article 44. Pour l'instant, nous suspendons l'article 44 lui-même.
D'abord, l'amendement et, ensuite, l'article 44, évidemment.
M. Bourbeau: Alors, on aurait les paragraphes 1°, 5° et
7°...
La Présidente (Mme Marois): Oui, qui seraient suspendus.
Mais comme les paragraphes sont suspendus, cela suspend évidemment tout
l'article, même si certains des paragraphes ont été
adoptés.
M. Bourbeau: Bien entendu.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous passons
maintenant, si vous êtes d'accord, à l'article 45.
M. Bourbeau: cette disposition prévoit qu'un conseil
régional exercera également des pouvoirs et des fonctions que la
société pourra lui déléguer.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Vous n'avez pas
d'autres commentaires, M. le ministre?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce que vous trouvez
que mes commentaires sont trop concis?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Si je les trouve trop... Je les
trouve très, très brefs, effectivement.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, moi je suis un homme de
peu de mots, mais de beaucoup d'action.
M. Joly: On avait un message aussi du ministre des Transports qui
nous disait de faire attention: La vitesse tue!
La Présidente (Mme Marois): Ah bon. M. Bourbeau: II
n'y a aucun danger, ici.
La Présidente (Mme Marois): Alors, c'est ça. Vous
prévenez le ministre, si je comprends bien. D'accord.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, les articles sont...
M. Joly: Non, mais il y a une sympathie qui se développe
un peu à l'extérieur.
Mme Harel: À votre égard.
M. Joly: C'est parce qu'il y en a qui disent: Ça sonne
faux. C'est ça qu'ils disaient à côté.
M. Bourbeau: Mme la Présidente-La Présidente
(Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Si, à l'occasion, je suis peu loquace sur les
explications, c'est que...
Mme Harel: C'est parce qu'ils ne nous ont pas
écoutés comme il faut.
M. Bourbeau: ...le projet de loi est tellement bien
rédigé, qu'il me semble qu'il se dégage une telle
clarté de ce projet de loi-là. Comme on dit en anglais,
«res ipsa loquitur», la chose parle par elle-même.
La Présidente (Mme Marois): Je croyais que vous citiez une
autre langue. Alors, ça va. Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, voulez-vous intervenir sur
l'article 45?
Mme Harel: Doit-on comprendre qu'en vertu de l'article 45 les
services de placement, par exemple, de «counselling», dont on
parlait tantôt, là, pourraient être dévolus au
conseil régional par la société mère, en vertu de
son règlement
de régie interne?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre. (12 h 50)
(Consultation)
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: 11 y a plusieurs articles qui prévoient des
délégations de responsabilités de la société
mère aux sociétés régionales. L'article 45 que nous
étudions présentement prévoit que la Société
peut déléguer des pouvoirs à la société
régionale. On parle de régie interne: «toutes autres
fonctions qui lui sont confiées». La députée de
Hochelaga-Maisonneuve se réfère à un programme de
placement. Dans ce sens-là, c'est probablement plus l'article 32 qui
permettrait à la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre de déléguer à une
société régionale ou aux sociétés
régionales les responsabilités en matière de placement, en
vertu d'un programme de placement que se donnerait la société
mère.
Si vous regardez également l'article 20 du projet de loi, on dit
au deuxième alinéa: «Ces programmes doivent
déterminer dans quelle mesure ils sont mis en oeuvre et
gérés par les sociétés régionales.»
Donc, on pourrait... Ayant mis sur pied un programme de placement, la
société mère pourrait le déléguer aux
sociétés régionales en vertu de ces
articles-là.
Mme Harel: Qu'est-ce que la Société...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Quelle autre fonction est-il fait mention à 45?
Vous nous indiquez qu'en vertu de 32 et de 20 l'administration de programmes
pourrait être déléguée. À 45, en fait, il y a
deux filières. Il y a celle de «règlement de régie
interne», puis, on dit aussi «et toutes autres fonctions qui lui
sont confiées par le conseil d'administration de la
Société.»
La Présidente (Mme Marois): Voulez-vous intervenir?
M. Bourbeau: Ça pourrait, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Au-delà de ce qu'on appelle
communément la régie interne, ça pourrait être, par
exemple, l'approbation de contrats. La société mère
pourrait dire que tout contrat - je ne sais pas, moi - qui est inférieur
à 100 000 $ pourrait être approuve au niveau régional,
plutôt que d'être approuvé au niveau central, comme c'est le
cas, d'ailleurs, avec le ministère, présentement, où les
contrats qui excèdent 100 000 $ sont approuvés par le
ministère, à ce moment-là et, en bas de 100 000 $, par les
CFP. On pourrait garder les mêmes règles.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Et ça, ça ne pourrait pas se faire en
vertu de 32?
M. Bourbeau: 32, ce sont les programmes. On réfère
à des programmes, alors que, là, on...
Mme Harel: Ah, ah, d'accord. Très bien.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, quand on parle de «toutes autres
fonctions», en fait, ça pourrait être une étude du
développement de la main-d'oeuvre dans une région donnée.
Ça pourrait être différentes particularités au
niveau d'une région donnée. Est-ce qu'à chaque fois qu'on
leur donne des fonctions autres, des fonctions qui leur sont confiées
par le conseil d'administration de la Société, les budgets
viennent avec? Est-ce que ça va faire partie d'une fonction
particulière, entre autres, en plus des fonctions
régulières? Dans quel contexte il faut l'entendre, en fait,
et...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: S'il y a des responsabilités additionnelles
qui impliquent des coûts additionnels, c'est bien évident qu'il va
falloir que les budgets suivent. Mais on verra à l'article 49,
tantôt, que, justement, les règles budgétaires
prévoient une délégation aux sociétés
régionales de budgets pour leur permettre de rencontrer leurs
obligations.
La Présidente (Mme Marois): Oui, ça va? Mme la
députée, ça va?
Mme Vermette: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Alors, est-ce que nous...
Mme Harel: Sur division.
La Présidente (Mme Marois): Nous adoptons l'article 45 sur
division. Adopté, M. le ministre, sur division?
M. Bourbeau: Oui. Mais, nous, ce n'est pas sur division. Nous,
c'est...
La Présidente (Mme M a rois): Non, j'ai compris.
Ha, ha, ha! Alors, nous passons à 46. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. Cette disposition prévoit un
mécanisme de solution par la Société d'un conflit
susceptible de résulter d'une résolution d'un conseil
régional, incompatible avec les politiques ou les règlements de
la Société.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Sur cet article-là, je dois vous dire, Mme la
Présidente, qu'il y a eu de nombreux commentaires défavorables
qui ont été exprimés au moment de la commission
parlementaire. Je pensais que le ministre déposerait un amendement. Je
comprends qu'il a décidé de maintenir intégralement cet
article controversé. Là, c'est la mise en tutelle des
sociétés régionales, hein?
Il faut comprendre que, lorsque, au niveau de la région, on parle
d'une résolution - ce n'est pas rien - «une résolution
prise par un conseil régional» qui serait en désaccord avec
une politique de la société mère, alors c'est la
société mère qui, finalement, décide. C'est un
pouvoir de désaveu, en fait. Le ministre a un pouvoir de désaveu
sur les règlements, et la société mère a un pouvoir
de désaveu sur les résolutions des sociétés
régionales. En fait, c'est ça: un peut désavouer l'autre.
Ce n'est pas de bas en haut que ça monte, c'est de haut en bas.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, voulez-vous
intervenir sur...
M. Bourbeau: Écoutez, Mme la Présidente, je pense
que c'est évident. Si une société régionale
décidait de passer une résolution qui va carrément
à rencontre des politiques de la Société, ou qui enfreint
ses règlements, il faut absolument qu'on ait une façon de
contrôler ça, et il y a plusieurs façons de le faire, mais
ce n'est certainement pas une tutelle. On ne parle pas de la mise en tutelle
d'une société régionale. On parle d'une résolution
qui serait annulée, non pas par le ministre, par la
société mère. Je vous signale que la société
mère, ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas les fonctionnaires,
c'est un organisme qui est majoritairement composé de
représentants des travailleurs et des employeurs. Si ces gens-là
sont d'avis qu'une décision d'une société régionale
va carrément à l'encontre des politiques de la
société mère ou encore de ses règlements, bien, ce
sont eux qui décideront d'annuler cette résolution-là et
de la remplacer.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Ce qui est surprenant, Mme la Présidente, c'est
qu'un des partenaires aurait à trancher, donc, à arbitrer, comme
l'indique le ministre. La FTQ, dans son mémoire, disait ceci: Cet
article reflète assez bien le flou entourant le rôle et les
pouvoirs des conseils régionaux et des directeurs de
société. Le texte de ces articles semble mettre
complètement sous tutelle les sociétés régionales,
alors que leur efficacité repose avant tout sur leur
autonomie.»
(Consultation)
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je veux simplement souligner que, dans l'état
actuel des choses, on a également des pouvoirs à rencontre des
CFP présentement. On pourrait très bien mettre en tutelle une
CFP, si ces CFP ne se conformaient pas aux politiques générales
du gouvernement. Donc, il ne faudrait pas penser, là, que...
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, M. le ministre.
J'entends un murmure de fond qui est un petit peu agaçant.
M. Bourbeau: Moi aussi, Mme la Présidente.
M. Marcil: C'est probablement parce qu'il est 13 heures,
madame...
M. Houde: II est 13 heures, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Ah! Probablement que
c'est parce que c'est le temps du lunch. C'est ça. Alors, ventre
affamé n'a pas d'oreilles. Vous devriez bien le savoir, M. le ministre.
Nous suspendons jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
On me fait mention qu'il serait souhaité de la part des
parlementaires... Mme la députée...
Mme Harel: Voyez-vous, à ce stade-ci, je pense qu'il
serait dans l'ordre de nous dire ce qui se passe. Vous êtes à la
présidence, alors informez-nous de ce qui se passe dans cette
commission.
Le Président (M. Joly): Alors, je n'ai...
Mme Harel: On a eu un ordre de la Cham-
bre, nous, pour siéger ce matin, cet après-midi et ce
soir.
Le Président (M. Joly): ...rien d'officiel,
personnellement. Ça a adonné que j'ai tout simplement
enclenché le téléviseur pour découvrir que le
leader du gouvernement était en train d'expliquer la procédure,
à savoir qu'il y aurait une suspension des règles et que le
débat serait restreint à deux heures, une heure pour chaque
formation en Chambre, pour en arriver à justement justifier ce qu'il en
est. Suite à ça, il y aurait un ordre de donné à
cette commission de suspendre immédiatement ses travaux.
Mme Harel: Bon! Cette suspension des règles dont vous nous
parlez, M. le Président... Nous avons connu, n'est-ce pas, trois
suspensions durant les deux dernières semaines et, à ce que je
sache, lors de ces suspensions, un débat a pu avoir lieu pour la prise
en considération du rapport de la commission, un débat d'une
demi-heure, de même qu'un autre débat d'une demi-heure pour
l'examen, en troisième lecture, du projet de loi. Est-ce que je
comprends que c'est cette suspension des règles qui sera la
nôtre?
Le Président (M. Joly): Moi, je ne peux rien vous
certifier, autre que le petit bout que j'ai pu capter à la
télévision. Alors, nous attendons, là...
Mme Harel: Alors, nous allons continuer nos travaux, à ce
moment-là.
Le Président (M. Joly): Nous attendons.
Mme Harel: Mais je voudrais juste bien vous rappeler, M. le
Président, qu'en date de ce midi, 13 heures, nous avions, pour cet
important projet de loi... Le leader du gouvernement nous avait, jusqu'à
maintenant, convoqués pour 32 heures. Sur ces 32 heures, 17 heures ont
été utilisées par l'Opposition et 11 heures par le
ministre. C'est donc le tiers, un peu plus même, le tiers, puisque la
présidence a utilisé presque 3 heures. C'est presque la
moitié. En fait, c'est 40 % du temps qui a été
utilisé soit par la présidence, soit par les ministériels.
Alors, le gouvernement n'est pas bien, bien patient...
Le Président (M. Joly): Moi, je peux répondre qu'en
ce qui concerne la présidence, quand la présidence prend la
parole, c'est justement pour ramener les choses dans leur contexte et faire en
sorte qu'on puisse appliquer le règlement qui est le nôtre,
autrement la présidence n'aurait pas besoin d'intervenir. Si, à
un moment quelconque, la présidence est intervenue et que c'est le droit
de parole d'un député, à ce moment-là, parce qu'un
président, avant d'être président, est aussi un
député, à ce moment-là, je pense qu'on ne peut pas
lui imputer ce temps-là. Quant au temps qui est imputé à
M. le ministre, je ne sais pas, moi, je laisserais répondre M. le
ministre.
Mme Harel: Alors, il y a 33 % du temps... M. Bourbeau: M.
le Président...
Mme Harel: ...qui a été utilisé par les
ministériels, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Alors, deux ou trois points. Premièrement, on
siège depuis 32 heures, vous avez dit, on a adopté 38 articles.
Donc, on chemine à un rythme d'un peu plus d'un article à
l'heure. Je reconnais que nous avons peut-être pris un tiers du temps
imparti, le parti gouvernemental; le ministre a certainement pris la grosse
partie de ce temps-là. Mais je dois dire que pendant un grand nombre
d'heures, jusqu'à il y a deux ou trois jours, j'étais convaincu
que l'Opposition voulait cheminer à travers ce projet de loi, d'une
façon normale, même si ça prenait beaucoup de temps. De
bonne foi, j'étais d'avis que l'Opposition était
intéressée à passer le projet de loi. Maintenant, nous
avons changé d'avis de ce côté-ci, au cours des deux ou
trois dernières journées, en nous rendant compte que, finalement,
on abusait un peu de notre bonne foi - là, c'est notre perception - et
que, tentant de donner le maximum de renseignements à l'Opposition, on
nous fait grief maintenant de parler trop parce qu'on veut bien donner un
éclairage sur les articles. C'est pourquoi on a sensiblement raccourci
nos réponses depuis quelques heures.
De toute façon, M. le Président, le sort de cette
commission-là n'est pas entre nos mains. Vous savez que le sort est
entre les mains de l'Assemblée et de la Chambre où on
débat présentement d'une motion qui, si elle était
adoptée, ferait en sorte que nos travaux se termineraient dans deux
heures. Moi, je demanderais aux membres de la commission, s'ils veulent bien,
au cours des deux heures qui nous restent... Il ne faut pas présumer des
résultats du vote à l'Assemblée nationale, peut-être
que cette motion-là sera battue par l'Opposition, mais ce serait quand
même une première. C'est assez rare que ça arrive. Donc, on
peut présumer qu'elle va être adoptée - et, dans ce
sens-là, il nous resterait deux heures. On pourrait peut-être dans
ces deux heures-là profiter de l'occasion pour cheminer avec
l'Opposition pour tenter de vraiment bonifier le projet de loi et d'adopter les
amendements qui seraient de nature à l'améliorer. J'ai dit
à l'Opposition, à plusieurs reprises, que j'étais
disposé à accepter tout amende-
ment qui améliore le projet de loi. On en a suspendu quelques-uns
depuis quelques heures. On pourrait reprendre tous les amendements qui sont
suspendus, statuer sur ces amendements-là tout de suite, de façon
à nettoyer, si je peux parler ainsi, le projet de loi jusqu'à
l'article 46. Pour l'avenir, si l'Opposition a des amendements qui sont
susceptibles d'être reçus par nous, on pourrait rapidement les
regarder, de sorte que, quand on arrivera en Chambre, dans une couple d'heures,
si c'est le voeu de la Chambre, on pourrait possiblement avoir accepté
d'autres amendements de l'Opposition. Moi, je veux bien les accepter, les
amendements de l'Opposition, s'ils sont de nature à nous aider à
améliorer le projet de loi. Par contre, si on n'en discute pas, on ne
pourra pas avoir le bénéfice de ces amendements-là. (15 h
40)
Le Président (M. Joly): Avant de reconnaître M. le
député de Trois-RMères et M. le député de
Salaberry-Soulanges, je tiens à vous dire que nous marchons toujours sur
le mandat qui nous a été donné: c'est qu'aujourd'hui on
siège de 15 heures à 18 heures. Alors, si nécessairement
nous recevons d'autres ordres de la Chambre, partant de là, nous
exécuterons les nouveaux ordres de la Chambre. Alors, M. le
député de Trois-Rivières.
M. Philibert: Moi, ce que j'allais dire, M. le Président,
c'est que, effectivement, l'information que vous avez donnée est
rigoureusement exacte. Mais, lorsque vous avez quitté l'appareil de
télévision pour vous en venir ici, il y a eu une petite
discussion en Chambre et le président a suspendu les travaux pour
prendre en délibéré la recevabilité de la motion
qui a été déposée. Alors, ce que j'allais dire,
c'est que ça nous donne peut-être même un peu plus de deux
heures, si la commission le souhaite, pour agir dans le même sens
où le ministre le signifiait, de faire en sorte de travailler sur les
amendements qui doivent être déposés et qu'on arrive,
à la fin des deux heures, où le projet de loi pourra être
adopté à la satisfaction et du gouvernement et de l'Opposition.
Alors, si on se mettait tout de suite à travailler, parce que ça
semble impérieux pour l'Opposition de passer son point de vue, le
ministre leur a donné l'assurance qu'il était prêt à
considérer tout amendement qui améliorerait le projet de loi.
Alors, si on débutait tout de suite, on aurait peut-être la
chance, un moment donné, d'avoir un projet de loi qui satisfasse non
seulement le gouvernement, non seulement les travailleurs et les travailleuses
du Québec, mais également l'Opposition.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le député de Salaberry-Soulanges me fait signe qu'il veut
intervenir dans le même sens. Donc, c'est réglé. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Franchement, M. le Président, je ne m'attendais
pas à ce cynisme-là. C'est quand même incroyable. Le
gouvernement décide - un instant, M. le Président - d'appeler
sérieusement le projet de loi 408 une semaine avant la fin de la
session. Sérieusement, c'est une semaine avant la fin de la session
qu'on a été convoqués en commission, le jeudi. Plus
encore, ils ne nous rappellent pas le vendredi dans la journée, on est
rappelés seulement en soirée; ils ne nous rappellent pas le
lundi, on est rappelés seulement le mardi. Là, le ministre nous
fait grief, M. le Président, ce n'est quand même pas rien. Le
temps, dans un Parlement, ce n'est pas rien, ce n'est pas innocent; le temps,
c'est le temps qu'il faut pour qu'à l'extérieur du Parlement des
gens qui s'opposent à un projet de loi tentent d'en appeler à
l'opinion publique pour faire entendre raison au gouvernement. C'est pourquoi
le temps est si important, M. le Président. Un projet de loi qui compte
97 articles, dont il y en a déjà la moitié qui a
été examinée, en 32 heures, franchement, M. le
Président, il n'y a pas de quoi s'étonner, vraiment.
Ceci dit, il y a trois amendements que l'Opposition a
déposés devant cette commission. Ces trois amendements, le leader
de l'Opposition les a remis au leader du gouvernement il y a déjà
une semaine, en lui signalant que cela apparaissait, pour l'Opposition, comme
extrêmement important. Si le ministre me dit, à ce moment-ci,
qu'il est prêt à réexaminer les dispositions qu'il a fait
voter en écartant les amendements de l'Opposition, moi, M. le
Président, je suis de bonne foi, si ce sont mes propres amendements
qu'il a refusés qu'il est prêt à réexaminer, je vous
le dis, on est prêts à collaborer. Mais je vous rappelle
exactement de quoi il s'agissait. On l'a dit au ministre, et je vais le lui
répéter: Son projet de loi ne fait aucune place, au niveau
québécois, au monde de l'éducation. C'est aberrant,
contradictoire, décevant, mettez tous les qualificatifs que vous
pourrez, M. le Président, de penser qu'il peut y avoir une
réforme en matière de formation de la main-d'oeuvre en expulsant
l'éducation du secteur de la formation. C'est vraiment le premier
obstacle pour que la Société qui est proposée, finalement,
soit un succès. Alors, on a dit au ministre: Faites lever cet
obstacle-là, et on n'était pas gourmands. Ce qu'on lui demandait,
c'était que 2 sièges sur les 19 sièges que va compter le
conseil d'administration de la Société soient occupés non
pas par des personnes qui seront recommandées à partir des
ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
et de la Science, mais qu'ils soient, ces 2 sièges, occupés par
des personnes provenant du milieu des commissions scolaires pour le secondaire
et du milieu des fédérations de collèges pour le niveau
collégial; 2 sièges, M. le Président, sur 19.
C'était ça, notre amendement. Je vous rappelle encore la
philosophie derrière ça. Il n'y
aura pas de vraie réforme s'il n'y a pas un rapprochement entre
le monde de l'éducation et l'entreprise. La main-d'oeuvre s'imagine
pouvoir faire un rapprochement en écartant l'éducation; c'est
aberrant, M. le Président. Ça, c'est le premier amendement. Le
deuxième amendement...
M. Houde: M. le Président, est-ce que je peux avoir une
question de règlement ou une question de privilège?
Mme Harel: II n'y a pas de question de privilège ni de
règlement ici.
M. Houde: Juste 30 secondes, si vous le permettez.
Mme Harel: II n'y en a... M. le Président!
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
député de Berthier, vous aimeriez avoir une question de
directive.
M. Houde: Oui, s'il vous plaît, M. le Président,
pour apporter un éclairage. Ça ne sera pas long, 30 secondes. Si
vous le permettez, 30 secondes. Ce que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve argumente, qu'elle laisse au ministre cinq minutes
peut-être. S'il répond à ses attentes, son cas va
être réglé et, s'il ne répond pas à ses
attentes, elle pourra revenir en deuxième et argumenter. On activerait
le...
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Berthier.
Mme Harel: Ce n'est pas une question de directive, d'abord.
Le Président (M. Joly): Madame, tant que ce n'est pas
sorti du sac, je ne peux pas juger nécessairement de ce qu'il en est.
Alors, vous comprendrez ça. Vous-même, vous êtes
présidente, vous savez ce qu'il en est. Donc, il faut quand même
donner une chance au coureur de dire ce qu'il a à dire et par
après, à ce moment-là, on porte le jugement
nécessaire. Tout comme vous, je m'aperçois que c'était un
commentaire qui a été apporté par le député
de Berthier afin de faire avancer cette commission. La parole est à
vous, Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Alors, si le ministre
est prêt également à recevoir cet amendement qu'il a
rejeté en faisant voter contre toute l'équipe
ministérielle, à l'effet d'introduire un quatrième
partenaire... C'était assez modeste, l'amendement que nous avons
présenté. Mais il reprenait textuellement la position qui est
celle d'une grande majorité des organismes qui sont venus devant la
commission parlementaire et d'un bon nombre de partenaires qui seront
appelés à siéger sur la Société. Ce que ces
milieux, qui viennent de l'éducation, des groupes de femmes, des
organismes d'employabi-lité, de développement de l'emploi, des
organismes régionaux autour, notamment, de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec, et
l'ensemble des organismes qui ont participé à une vaste coalition
sur laquelle on retrouve la Confédération des syndicats
nationaux, la Centrale de l'enseignement du Québec, sont venus dire au
ministre, c'est: Si vous voulez que votre Société soit efficace,
allouez 3 des 19 sièges à des personnes qui sont
représentatives d'une main-d'oeuvre qui est lourdement
discriminée sur le marché de l'emploi, notamment les femmes,
notamment les groupes sans emploi. Notre proposition était simple, M. le
Président: que 3 des 19 sièges, à l'instar de la
recommandation de la coalition dont je vous parlais tantôt, soient
attribués pour représenter les milieux communautaires, dont un de
ces sièges pour représenter le mouvement des femmes. (15 h
50)
Finalement, le troisième amendement... Je vois des moues
sceptiques sur le deuxième, alors encore un mot pour expliquer à
quel point if n'y a aucun arbitrage qui est fait présentement dans ce
qui nous est proposé, et j'y reviendrai, aucun arbitrage qui est fait
entre le fédéral et Québec. On n'a aucune idée,
n'est-ce pas, de ce qui pourra être administré par cette
Société. Je disais avec raison au ministre, ce matin, que c'est
un service qu'on lui rendait en n'adoptant pas maintenant. Le ministre sait
très bien qu'avec ce qui peut lui être transféré,
ça peut finir par lui coûter plus cher. Au bout de la ligne,
ça peut finir par lui coûter plus cher d'administrer les
programmes qui sont actuellement offerts sur le territoire du Québec que
c'est le cas avec le gaspillage qu'on connaît pourtant. Il n'y a pas
d'arbitrage entre l'éducation et la main-d'oeuvre. Il n'y a pas
d'arbitrage entre le fédéral et le provincial. Il n'y a pas
d'arbitrage entre la main-d'oeuvre en emploi et sans emploi et il n'y a pas non
plus d'arbitrage - c'était notre troisième amendement - entre la
société mère et les régions.
Les régions ont un sentiment évident qu'elles sont en
deuil de ce qu'elles avaient déjà depuis 23 ans. Le ministre
pourra dire le contraire, c'est partagé sur tout le territoire. Elles
ont la conviction - qu'on partage également -qu'en perdant leur statut
de corporation autonome, en ayant une assemblée générale
qui élit un conseil d'administration, qui choisit son directeur
général, en perdant ce statut-là, elles deviennent des
filiales de la société mère et que cette
concertation-là, sous des apparences de concertation, c'est de la
centralisation. Ce genre de rapatriement à moitié fait, ces
demi-mesures, ça va créer plus de problèmes que ça
va en résoudre. Je suis aise de le dire, M. le Président, je suis
convaincue - je ne suis pas la seule à le
dire, de toute façon, c'est largement partagé - que
ça va créer beaucoup plus de problèmes.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis surpris de voir la
députée de Hochelaga-Maison-neuve venir aujourd'hui, en fin de
parcours, nous tendre son rameau d'olivier qu'elle m'avait tendu, d'ailleurs,
il y a trois jours, je dois dire, parce que, quand le rameau m'a
été tendu, il y a trois jours, par l'entremise de son leader,
cette liste-là dont elle vient de parler, les trois points, on m'a remis
ça, M. le Président, derrière le trône. Tu sais
comment ça se passe, là. On m'a laissé entendre que, si
j'étais disposé à faire des concessions sur les trois
points, les mêmes trois points, c'est-à-dire la
représentation de l'éducation, la décentralisation et
l'insertion de groupes de femmes ou de groupes communautaires dans le projet de
loi, on pourrait trouver un accommodement rapide avec l'Opposition. On m'a fait
la proposition, celle dont vous parlez. On m'a remis le papier, là.
M. le Président, j'ai fait des efforts, il y a trois jours. Je
dis il y a trois jours, c'est la semaine dernière, là,
probablement qu'avec la fin de semaine c'est plus de trois jours. Ça
devait être au milieu de la semaine dernière. Sur les trois
points, on m'a dit: Si vous êtes capable de concéder deux des
trois points, il y aura moyen de s'entendre. Sur la décentralisation,
là-dessus, je ne pouvais pas bouger. Vous savez, M. le Président,
on ne peut pas à la fois être centralisé et
décentralisé. Il s'agissait de savoir si on donnait aux
sociétés régionales l'autonomie ou la souveraineté.
Le projet de loi n'est pas construit comme ça. Si on avait donné
la souveraineté aux sociétés régionales, il fallait
amender quelque chose comme 60 articles et tout refaire le projet de loi.
C'était à l'envers. Donc, là-dessus, on ne pouvait rien
faire, mais j'ai indiqué à l'Opposition, la semaine
dernière, que, sur les deux autres points, j'étais disposé
à faire des changements importants et à lui accorder, à
toutes fins pratiques, la substance de ce qu'elle demandait, M. le
Président, pour employer une expression à la mode. Concernant la
représentation des groupes, j'étais prêt à donner
certaines assurances, également le nombre de sièges qui seraient
accordés à des femmes. Enfin, l'Opposition voulait une meilleure
représentation des groupes communautaires, des femmes, etc. Il y aurait
eu moyen, M. le Président, de trouver un terrain d'entente. Je l'ai fait
savoir.
Mme Harel: Non, non, non.
M. Bourbeau: Oui, oui, je regrette. Vous parlerez à votre
leader. Également, M. le Président, pour ce qui est de ce qu'on
demandait pour l'éducation, il y avait possibilité de trouver un
texte qui aurait été parfaitement acceptable à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, et je voudrais revenir sur ce
qu'elle a dit tantôt. Vraiment, je suis étonné d'avoir
entendu de sa bouche ce qu'elle a dit tantôt. Elle a dit: Aucune place
n'est faite à l'éducation - et j'ai noté les mots, M. le
Président, quand elle a parlé - dans la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, aucune
place, alors qu'on sait, tout le monde, qu'à la société
mère il y a deux places qui sont faites à l'éducation.
Dans chaque société régionale, il y a deux sièges.
Et elle a enchaîné en disant: Tout ce que nous demandions, c'est
que pour vos deux sièges à la société mère,
plutôt que ce soient des gens qui représentent les milieux de
l'éducation, ce soient des gens qui proviennent des milieux. Donc, elle
ne demande pas des sièges additionnels. Après nous avoir dit
qu'il n'y a aucun siège, aucune place - c'est les mots qu'elle a
employés - elle ne demande pas plus de places. Donc, ce n'est pas
très cohérent, je dois dire. Si vous trouvez qu'il n'y a aucune
place, demandez au moins qu'il y ait des places. Vous dites, cependant: On est
prêt à accepter les deux sièges, mais que ce soient des
personnes différentes. Là-dessus, j'étais prêt
à faire - et je l'ai dit, d'ailleurs, à votre leader - un bon
mouvement.
M. le Président, après avoir fait cette
ouverture-là la semaine dernière, pensant que ce serait
suffisant, probablement, pour débloquer, on nous a avisés le
lendemain, vos experts de l'Opposition, que, même si je concédais
les trois points en totalité, il n'était plus question d'adopter
le projet de loi parce que le projet de loi venait de subir, dans
l'évaluation de l'Opposition, une nouvelle importance et qu'il avait
gradué à un niveau qui bordait le dossier constitutionnel. Donc,
il n'était plus question de négocier sur ces trois points
là, même si le gouvernement concédait à 100 % les
trois points. L'Opposition, quand même, allait bloquer le projet de loi
parce que ça devenait important dans le dossier constitutionnel,
m'a-t-on dit. On commence à comprendre pourquoi. Parce que le
Québec, comme on le sait, réclame du gouvernement
fédéral le rapatriement de nombreux pouvoirs et de budgets en
matière de main-d'oeuvre, en matière de gestion de
l'assurance-chômage. On parle de budgets qui totalisent... Seulement
l'assurance-chômage, c'est 5 500 000 000 $, ajoutez la main-d'oeuvre, un
autre montant de 800 000 000 $. On parle de sommes colossales, et nous sommes
en train de nous donner les instruments pour gérer ça
correctement, pour mettre de l'ordre dans ce fouillis, pour faire en sorte que,
finalement, au Québec on n'ait qu'un seul maître d'oeuvre et une
Société qui soit bien organisée pour le gérer.
C'est sûr que ça ne fait pas l'affaire de l'Opposition, M. le
Président. Tout à coup ça fonctionnerait? Tout à
coup le fédéral décide, oui, de nous transférer
ces
pouvoirs et ces budgets et tout à coup on est prêts pour
les recevoir? Parce que c'est ça, le problème. Si le
fédéral dit: Oui, oui, je suis prêt à vous
transférer tout ça, mais vous n'avez rien pour le gérer,
puis c'est le ministère de la Main-d'oeuvre qui est mal organisé
avec des CFP qui sont dans 11 des régions plutôt que 16 et aucun
bureau local. C'est sûr que le fédéral pourrait nous dire:
Écoutez, vous n'êtes même pas capables de gérer
ça. Vous n'avez pas l'infrastructure pour le faire. On est en train de
se donner l'infrastructure.
M. le Président, l'Opposition a réalisé tout
à coup que hop! ça va marcher, le fédéral va nous
transférer des pouvoirs et des budgets et, si on collabore à
l'adoption du projet de loi sur la main-d'oeuvre, on va peut-être
faciliter la démonstration que, oui, ça peut marcher. Ça
peut fonctionner au Canada qu'une province gère le régime
d'assurance-chômage et un système qui soit cohérent avec un
guichet unique dans chacune des municipalités du Québec où
on pourrait donner à la fois l'assurance-chômage, le placement et
la main-d'oeuvre dans chaque municipalité, si petite soit-elle. Alors,
M. le Président, c'est quoi? C'est la politique de la terre
brûlée. Le Parti québécois, voyant que ça va
fonctionner, a décidé de tout brûler, de ne rien laisser
passer. C'est pour ça que le projet de loi, tout à coup, alors
que tout était possible il y a une semaine, on s'est rendu compte en fin
de semaine dernière que rien n'était plus possible, que tout
était bloqué. C'est rendu au niveau supérieur du Parti
québécois. Ce n'est même plus entre les mains de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, c'est entre les mains du grand
chef.
Alors, M. le Président, dans ces conditions-là, je redis
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve que j'étais
disposé à faire des concessions la semaine dernière. Je
suis encore disposé à en faire si elle veut collaborer, mais on
est rendu vraiment à la onzième heure, semble-t-il, et disons que
les concessions qui pouvaient être faites la semaine dernière
peuvent peut-être encore être faites, si tant est que l'Opposition
veuille collaborer avec nous.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
Mme Harel: M. le Président, en écoutant le ministre
au début, j'ai sincèrement pensé qu'il était de
mauvaise foi, parce que le ministre sait, non pas d'hier, non pas d'il y a
trois jours, non pas d'il y a une semaine, il ne peut vraiment pas, M. le
Président, prétendre ne pas avoir su que, pour l'Opposition, la
question clé restait celle de la régionalisation. Le ministre le
sait très bien. Je le lui ai dit partout: en Chambre, en dehors de la
Chambre, je le lui ai dit sur le trottoir, je le lui ai dit dans la salle
à manger du parlement, je le lui ai dit chaque fois que j'avais
l'occasion de le rencontrer... Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! À
mon tour, Mme la députée, de faire des mises en garde. Ha, ha,
ha!
Mme Harel: M. le Président, je vous assure qu'il le sait.
Je le lui ai déjà dit. Je lui ai dit: Fédéraliste
ou souverainiste, péquiste ou libéral, il y a un courant qui
traverse au Québec toutes ces appartenances, c'est le courant
régionaliste. Je lui ai dit: Ce courant-là est extrêmement
important au Québec; ce courant-là est extrêmement
important dans mon caucus. C'est déterminant. Il n'y a aucune raison
pour que l'Opposition souscrive à un projet de loi qui enlèverait
aux régions qui en demandent plus présentement, qui leur
enlèverait du pouvoir de décision. Aucune raison. Aucune, aucune,
aucune. Quand le ministre dit qu'il était prêt à donner
deux des trois conditions, M. le Président, c'est la première
nouvelle que j'en ai. Il me le dit ici. Là, je suis assise au
siège que j'ai occupé durant ces 32 heures où nous avons
siégé, puis le ministre était assis en face de moi durant
ces 32 heures. Il m'a dit oui, à deux ou trois reprises, une fois qu'il
l'eût fait rejeter, qu'il pourrait réexaminer la
représentation du milieu de l'éducation. C'est la seule chose.
Jamais rien d'autre. Encore là, quand il m'a dit ça, on n'en
était même pas encore à adopter la question de fond qui
était celle des corporations au sens du Code civil, notre amendement
à l'article qui prévoit la création des
sociétés régionales. (16 heures)
Alors, quand le ministre fait référence à ces
échanges qui ont eu lieu entre les leaders, il n'avait pas encore dit
non à notre amendement. Il n'avait même pas dit non, M. le
Président. C'était la veille, je pense, ou le jour d'avant.
Alors, on avait deux de nos amendements auxquels on tenait qui avaient
été battus. Si le ministre avait été de bonne foi,
M. le Président, pourquoi aurait-il continué à battre
celui dont je lui avais toujours dit qui était déterminant? Ce
n'est pas compliqué, il le sait. Souvent je lui ai dit: Quand notre
colonne d'ennemis est plus longue que notre colonne d'amis, il faut en
transférer.
Sur la question des corporations au sens du Code civil, sur la question
des pouvoirs des sociétés régionales, c'est quasi unanime.
Je l'ai dit encore ce matin, ça a cheminé dans des milieux
patronaux où ce n'était pas évident et où
maintenant c'est largement partagé. Ça a été
renforcé par ce colloque de trois jours sur la : décentralisation
qui a eu lieu ici même, au Centre des congrès de Québec,
organisé par l'UMRCQ, et où un éventail extrêmement
large de tout ce qui peut constituer des partenaires au Québec a
même dit qu'en main-d'oeuvre c'était
une erreur, la centralisation qui était proposée.
Est-ce qu'on a besoin d'ajouter plus que ça? Il me semble que le
ministre aurait pu, de sa propre initiative... S'il était d'ailleurs
lui-même conséquent, il le ferait à n'importe quel moment,
mais ce n'est pas cette voie-là qu'il a choisie. Puis, il a choisi
d'entraîner son gouvernement. Puis, le gouvernement a
décidé d'emboîter le pas dans une direction opposée.
Bien, vous allez en payer le prix, je suis convaincue de ça. En fait,
c'est vous qui allez payer la facture, ça fait que vous vous organiserez
avec. Mais on ne s'organisera pas, non, non, non, non, non. Non, non. Pas avec
ce genre de rapatriement là. Je crois trop, je souhaite trop des
rapatriements au Québec pour m'engager dans la voie dans laquelle vous
allez engager un rapatriement qui va être mal foutu.
Les employés fédéraux, ils ont commencé
à nous écrire, les employés fédéraux.
Ça, on n'en a même pas parlé encore, c'étaient les
articles 80 et suivants. Les employés fédéraux sont
extrêmement inquiets. Comment ça va se passer, ces
transferts-là? À la pièce. Tout est en place pour que ce
ne soit pas réussi, pour que, finalement, le modèle qui sera
associé au rapatriement, ce sera un modèle de centralisation
plutôt que de décentralisation.
Puis, c'est exactement l'inverse parce que, s'il y a un espoir que la
souveraineté offre, comme le rapport Allaire offrait, mais là
j'ai l'impression que vous l'avez «flushé», comme on dit,
mais, quoi qu'il en soit, s'il y avait un espoir que ça créait,
c'est qu'à l'occasion de ces rapatriements...
M. Bourbeau: ...René Lévesque.
Mme Harel: ...on en profite pour redistribuer du pouvoir, on en
profite pour redistribuer les cartes du pouvoir, qu'à l'occasion de ces
brassages-là Québec n'en profite pas pour tout rapatrier en
centralisant. Ce n'est pas dans cette voie-là que vous vous êtes
engagé. Et, moi, je dis au ministre, quand il me dit: Tout à
coup, tout à coup que ça se passerait... Peut-être, tout
à coup, écoutez! Tout à coup, là, ce «tout
à coup», là, franchement, quand on regarde où c'en
est rendu, il va se passer quelque chose, c'est certain. Il va se passer ce qui
est indiqué ici, dans le rapport d'étape des rencontres sur la
Constitution en date 10 juin. Ils ne se sont pas revus depuis Toronto
là. C'est fini, et c'est bien expliqué. M. le Président,
je le lirais... Et je suis convaincue qu'au mois d'août, quand on va se
retrouver en commission sur les offres - moi, je suis dans la commission des
offres - on va reprendre ça textuellement et ça va être
ça. Savez-vous ce que ça dit? Ça dit simplement que le
fédéral va transférer, oui, va transférer les
dépenses fédérales directement liées à la
formation et au perfectionnement de la main-d'oeuvre, à partir
d'ententes intergouvernementales. Donc, par des ententes administratives -
Québec n'a pas la compétence ni la juridiction - iront-ils
jusqu'à un amendement à l'article 91.2 a de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867? On verra. N'est-ce pas, on
verra. L'article 92, plutôt, de la Constitution de 1867, parce que celui
justement qui porte sur 91 là, ça, le fédéral n'a
pas l'intention justement, parce que ça affirme la compétence
fédérale à l'égard de l'assurance-chômage, et
ils ont l'intention de la garder, la compétence fédérale.
Alors, ils ont l'intention de garder leur réseau aussi. Ce qu'ils vont
transférer à Québec, le ministre le sait, ce sont les
budgets fédéraux qui diminuent d'année en année.
C'est comme des vases communicants, à Ottawa: ils en mettent moins dans
les dépenses fédérales en formation professionnelle et ils
vont chercher plus d'argent de la caisse d'assurance-chômage. Mais ils
gardent le contrôle de la caisse d'assurance-chômage.
Cette caisse d'assurance-chômage, le ministre sait que plus
ça diminue dans les dépenses qui sont directement celles du
Trésor, plus ça augmente dans celles qui sont
générées par les cotisations à la caisse
d'assurance-chômage. Et ça, dites-vous que le
fédéral a formé, il y a deux ans maintenant, non,
même pas, en janvier 1991, il a formé une commission nationale de
mise en valeur de la main-d'oeuvre, commission canadienne plus exactement, qui
siège depuis 1991 et qui a l'air d'aimer ça siéger. Les
échos que j'en ai, c'est qu'ils sont 22 membres et ils ont
commencé à trouver qu'il y avait de la belle concertation entre
eux. Là-dedans, il y a des gens qui viennent des milieux d'affaires
canadiens, des groupes d'action sociale canadiens, des établissements de
formation canadiens et des syndicats canadiens. Il n'y a pas un
Québécois qui siège là-dedans. Ça n'a pas
l'air de les déranger tellement.
Là, eux, ils ont décidé qu'ils allaient
déterminer les priorités globales en matière de formation
telles que les normes de formation professionnelle. C'est dit textuellement.
Ils ont décidé qu'ils allaient se garder ça. Ils vont
transférer les budgets, mais ils vont se garder les décisions. Et
on va devenir des sous-traitants. Bon. Le ministre a l'air de s'en satisfaire.
Nous, pas, M. le Président. Savez-vous ce qui me semble maintenant le
plus évident, hors le fait qu'encore une fois, vraiment, je n'arrive pas
à comprendre comment il se fait que le ministre n'ait pas mis le plus
possible d'appuis de son côté? Il me semble, en tout cas, j'en
parle souvent à mon collègue et je lui dis: Est-ce que ça
rend nécessairement comme ça, au bout de deux mandats au
gouvernement? Est-ce qu'on finit par avoir raison envers et contre une
majorité qui nous dit non? Ça se peut que ça rende comme
ça. C'est une pathologie, ça, qui vient avec les années
qu'on passe du côté du gouvernement. Mais comment se fait-il qu'il
n'ait pas cherché à mettre plus d'appuis? Deux sièges
là. Le ministre peut bien me citer, mais je dis deux
sièges qui proviennent du milieu de l'éducation. Il sait de quoi
je cause, je lui en ai assez parlé. Je n'ai pas besoin de reprendre
ça. J'imagine qu'il le sait très bien. Pourquoi ne pas avoir
concédé un siège aux commissions scolaires et un à
la Fédération des cégeps?
Ça aurait pu être après consultation aussi des
ministres concernés. Bon. Pourquoi ne pas le faire maintenant? Ça
te met des gens de ton côté et c'est supposé être une
société de concertation et de partenariat. Pourquoi, au
départ, chercher à s'antagoniser des gens? C'est une petite
question que je n'arrive pas vraiment à comprendre. C'est l'absence de
réponse que je ne comprends pas. Ensuite, pourquoi ne pas avoir fait une
place... Ça ne m'apparaît pas si compliqué que ça.
Il y a dans la Société québécoise la reconnaissance
d'un partenaire qui n'est ni l'État ni les syndicats ni le patronat.
Ça, c'est des partenaires qu'on connaît. Ça s'appelle des
dinosaures, on les voit régulièrement devant les commissions
parlementaires, mais on sent très bien qu'il y a eu, au fil des
dernières années, je dirais à partir des années
soixante-dix, une irruption dans le trafic, si vous voulez, de l'opinion
publique, d'un quatrième partenaire, qui est le partenaire
communautaire.
M. Bourbeau: Les dinosaures, c'est qui?
Mme Harel: Syndicat, patronat, gouvernement.
M. Bourbeau: C'est des dinosaures.
Mme Harel: Oui, c'est des dinosaures, c'est-à-dire que
c'est ceux...
M. Bourbeau: Vos amis ne seraient pas très heureux
d'entendre ça!
Mme Harel: Ah, je leur dis. On peut le leur répéter
parce qu'ils le savent. Je ne m'en fais pas une cachette, M. le
Président.
M. Bourbeau: Oui, mais, M. le Président, je pense que,
dans cette colonne d'amis et d'ennemis, vous allez faire des transferts
bientôt, si vous continuez. Votre comptabilité là.
Mme Harel: Ne vous inquiétez pas, je saurai les faire en
temps voulu. Ceci dit...
Le Président (M. Joly): Une question de
«timing».
Mme Harel: Non. Ceci dit, M. le Président, je pense
qu'eux-mêmes vont reconnaître qu'à l'aube de ce XXe
siècle il y a des bouleversements tels sur le marché du
travail...
M. Bourbeau: M. le Président, la députée est
un siècle en retard, je vous signale.
Mme Harel: À l'aube de ce XXIe, à la fin de ce
XXe...
M. Bourbeau: À l'aube du XXe siècle, vous
êtes un peu dinosaure vous-même.
Mme Harel: Oui, mais le ministre conviendra que la vision
patronale-syndicale qu'il a en est une dépassée d'un
siècle justement. Complètement... C'est vraiment une nouvelle
vision, je lui ai dit, d'ailleurs, à moins qu'il ne fasse adopter des
lois comme ministre responsable de la Main-d'oeuvre, qu'il convainque son
ministre du Travail, son collègue, de faire adopter des lois simples et
réclamées depuis longtemps, comme l'accréditation
multipatronale ou autre. Mais on ne s'en va pas vers une augmentation de la
syn-dicalisation. On s'en va vers une précarisation du travail, vers une
fragmentation du travail et vers une individualisation. De plus en plus de gens
vont travailler à la maison. C'est des phénomènes des
tendances lourdes du marché du travail. (16 h 10) c'est important que
les centrales syndicales continuent. j'ai fait une profession de foi en faveur
du syndicalisme et j'y crois; je crois que ça régularise le
fonctionnement d'une société, j'y crois très
profondément. il faut comprendre qu'à l'occasion de tous ces
bouleversements il y a une partie importante de la main-d'oeuvre... dans le
secteur privé, c'est 80 % qui ne sont pas syndiqués, ce n'est pas
rien, et il y a une partie importante des employeurs, 90 %, qui comptent 100
employés et moins, ce n'est pas rien, et c'est même au-delà
de 80 % qui en comptent 50 et moins. pensez-vous qu'ils sont
représentés parmi les grandes organisations patronales? pas plus,
m. le président. ce que je dis tout simplement, c'est faisons-leur une
place si on veut parler de concertation et de partenariat.
Je ne reviens pas sur la question des régions, elle est trop
centrale, elle est trop fondamentale, mais je termine en vous disant ceci.
Finalement, c'est autre chose dont il s'agit. Le ministre sait, contrairement
à ce qu'il m'a dit à la période des questions, ce matin,
que ça n'ajoute pas un sou, ce qu'on fait là. Ça ne met
pas un sou de plus dans la formation professionnelle, ne nous y trompons pas.
Ça n'ajoute rien dans la formation professionnelle en termes
d'investissements. Ça n'ajoute rien en termes de changements de
programmes. Les changements ont déjà eu lieu, avant même
que la Société ne soit mise en place. Ça ne change rien
à tout ça. Moi, je ne trouvais pas qu'il y avait péril en
la demeure, surtout qu'il n'y a rien d'ordonnancé quant aux transferts
qui vont se faire. Attendez, vous allez voir les fonctionnaires
fédéraux qui vont envahir vos bureaux, à un moment
donné, parce qu'ils vont en avoir jusque-là de la manière
dont ça se passe. Je suis convaincue de
ça, et bien plus vite qu'on pense. Mais c'est le jupon
constitutionnel, non pas du ministre, je le pense de bonne foi
là-dedans, mais c'est le jupon constitutionnel de son gouvernement qui
paraît, qui apparaît clairement; ça m'apparaît plus
qu'évident. Quand le navire constitutionnel va couler, le gouvernement
veut pouvoir sauter dans la chaloupe que le projet de loi 408 va lui offrir,
que la Société va lui offrir, une petite bouée de
sauvetage. J'ai bien peur qu'à vouloir partir du gros navire avant qu'il
ne coule carrément, à sauter tous dans la petite chaloupe, la
chaloupe aussi va couler, M. le Président. C'est malheureusement ce vers
quoi on va avec le bâillon.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, s'il vous plaît, quelques
répliques.
M. Bourbeau: M. le Président, en écoutant mon amie,
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, ça me rappelait un
film qu'on voyait il y a quelques années et qui s'appelait
«Apocalypse Now»; vous vous souvenez de ça, M. le
Président? La députée a cette facilité de nous
décrire les choses avec un pessimisme, mais un pessimisme...
Le Président (M. Joly): On se croirait sur place.
M. Bourbeau: ...incroyable. Moi, je ne m'y fais plus prendre
maintenant, parce que ça fait quand même quelques années
qu'on travaille ensemble. Là, elle vient de nous décrire le pire
scénario qu'on puisse envisager relativement au rapatriement des
pouvoirs. Moi, je sais une chose, quand je suis arrivé dans ce poste, il
y a quatre ans, la même députée m'avait prédit un
scénario semblable à l'occasion de l'adoption de la loi 37. Le
ciel était pour me tomber sur la tête, on verrait des hordes
littéralement déferler sur Québec, etc. On sait que, quand
on a adopté la loi, en dernière lecture, il y avait 150 personnes
devant le parlement - 150, il faut le dire - on m'en avait prédit 150
000. Après ça, quand sont arrivés les comités de
coordination, vous vous souvenez, l'année dernière, le
fédéral envahissait le Québec avec ses sommes d'argent
colossales via les chambres de commerce, etc. Là, jamais je ne
réussirais à arrêter ça; elle était d'accord
avec ma campagne pour stopper l'avance fédérale en me disant:
Aucune chance, le fédéral va venir comme un rouleau compresseur.
M. le Président, on a mis fin à ça d'un seul coup, on a
signé l'entente Bourbeau-Valcourt, tout est rentré dans l'ordre,
la députée en est restée estomaquée, elle n'en est
pas encore revenue.
Après ça, elle nous est arrivée, autre malheur...
Jeudi dernier, elle nous a annoncé que la commission terminait ses
travaux, que l'Assemblée nationale suspendait vendredi: pas question
d'adopter le projet de loi sur la main-d'oeuvre, la désolation de ce
côté-ci, etc. M. le Président, ça ne s'est pas non
plus matérialisé. Bon!
Aujourd'hui, on nous annonce quoi? L'échec du rapatriement des
pouvoirs en matière de main-d'oeuvre et de gestion
d'assurance-chômage: rien ne va fonctionner, la catastrophe s'en vient.
Moi, je ne suis manifestement pas du même avis, je suis un éternel
optimiste. Je crois toujours à mes rêves et, parfois, on
réussit à les réaliser, plus souvent qu'autrement,
semble-t-il, depuis un certain temps. Donc, continuons d'espérer et
préparons-nous, en tout cas, au cas où ça fonctionnerait
et, moi, je pense que ça va fonctionner.
Maintenant, je dirai également à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve - parce qu'elle a traité d'un certain nombre de
sujets, je vais passer rapidement - que la Commission canadienne de mise en
valeur de la main-d'oeuvre, qui a été mise sur pied par le
gouvernement fédéral, c'est vrai qu'ils se réunissent
beaucoup. Ils entendent mettre de l'ordre dans le champ de la main-d'oeuvre au
Canada et, nous, nous leur avons signifié, le Québec, que nous
n'en étions pas partie. C'est vrai que nous ne siégeons pas
à cette commission-là, parce que nous sommes cohérents.
Nous réclamons le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs et
les budgets en matière de main-d'oeuvre. On n'est quand même pas
pour aller siéger sur une commission dont l'objectif est justement de
chapeauter tout le domaine de la main-d'oeuvre au Canada alors que, nous, on
réclame les pouvoirs exclusifs. Donc, nous ne siégeons pas sur
cette commission-là. Nous voulons faire l'équivalent au
Québec avec la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre qui aura beaucoup plus de pouvoirs, je
tiens à le dire, au niveau québécois que n'en a la
Commission canadienne au niveau fédéral. La Commission
canadienne, à ce que je sache, est encore un organisme plutôt
consultatif qu'autre chose. Elle prend un certain nombre de décisions
d'ordre général, mais elle n'est pas impliquée dans la
gestion des programmes alors que nous le serons. Donc, c'est par
cohérence et par souci de logique que nous n'y sommes pas.
Maintenant, les appuis. Écoutez, à entendre la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, il y a à peu près
seulement le ministre de la Main-d'oeuvre qui appuie le projet et ses
collègues. Mais regardons-y de plus près, M. le Président.
D'abord, la majorité de ceux qui sont venus en commission parlementaire
ont appuyé le principe d'une Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Le
principe est admis. D'ailleurs, vous vous souviendrez, mes chers
collègues, combien de gens voulaient en faire partie. Tous les groupes
qui venaient nous voir demandaient d'être sur le conseil
d'administration. Alors, il faut donc en conclure qu'ils étaient
d'accord avec l'établissement d'une Société. Bon, je ne
dirai pas qu'ils étaient d'accord avec toutes les modalités, bien
sûr. Quant aux modalités, chacun avait les siennes. Mais, pour
l'essentiel, on était
d'accord avec une Société québécoise.
Maintenant, parmi les grands groupes de la Société, on sait que,
du côté syndical, c'est un appui presque total. La
députée sait de quoi je parle. Quand on sait, nous, les pressions
qui sont faites chez nous pour que le projet de loi soit adopté, et on
dit: Bien, on n'est pas les seuls à voter ça. Il faudrait
peut-être que vous parliez à d'autres aussi. On sait que les
centrales syndicales souhaitent toutes l'adoption du projet de loi. Quant aux
patrons, M. le Président, il reste quand même une chose. Je ne
prétends pas que tous les groupes patronaux sont d'accord, mais il y a
quand même une bonne partie du patronat qui est d'accord aussi.
Certainement tous les gens qui sont dans le secteur manufacturier.
L'Association des manufacturiers du Québec appuie le projet de loi d'une
façon importante. Et, entre nous, la main-d'oeuvre qui doit être
recyclée se retrouve beaucoup plus dans le secteur manufacturier que
dans le secteur du commerce au détail. Ce n'est pas les gens qui sont
dans le secteur tertiaire qui ont le plus besoin de recyclage et de
perfectionnement, c'est dans le secteur manufacturier. Les emplois dans le
secteur commercial ne créent pas d'autres emplois: on en crée un,
on en crée un. Mais, dans le secteur industriel, on crée un
emploi direct et, par voie de conséquence, un bon nombre d'emplois
indirects sont créés. Ce sont les activités les plus
motrices de notre secteur économique. Donc, je suis bien content d'avoir
le support du secteur manufacturier.
Alors, la députée, finalement, me donne quelques conseils.
J'apprécie toujours les conseils de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Elle me dit que j'ai une vision dépassée
des relations patronales-syndicales. M. le Président, je suis
étonné d'entendre ça parce que, après avoir fait le
tour un peu de ce qui se fait à travers le monde, on se rend compte que
l'avenir appartient justement à la concertation ou au partenariat qu'on
propose. Si on retourne au début du XXe siècle, il n'y avait pas
de concertation. Vous aviez des patrons qui dirigeaient le trafic dans les
usines avec des contremaîtres. Il n'y avait aucun dialogue. Il n'y avait
même pas de syndicalisme. Aujourd'hui, le syndicalisme a pris beaucoup
d'ampleur au cours des dernières années. Maintenant, on se rend
compte qu'il faut passer à un syndicalisme et à une gestion des
relations de travail qui va beaucoup plus dans le sens d'une meilleure
coordination entre les patrons et les employeurs et les travailleurs. Donc,
moi, je pense que l'avenir est de ce côté-là et le projet
de loi que nous proposons est un projet de loi, justement, qui va faciliter
cette concertation entre les syndicats ou les travailleurs et les patrons. Je
ne vois pas pourquoi on dirait qu'il témoigne d'une vision
dépassée. Si j'en crois ce que j'observe un peu partout, c'est
plutôt une vision d'avenir. (16 h 20)
Finalement, le conseil que me donne la députée
d'additionner, le soir avant de me coucher, la colonne de mes amis et la
colonne de mes ennemis, je dois dire que, même si je traîne
toujours sur moi, M. le Président, une calculatrice - c'est vraiment un
des objets que je traîne toujours; d'ailleurs je vais vous la montrer,
elle n'est pas très grosse, mais elle travaille très bien - je ne
perds pas mon temps, le soir, à calculer si j'ai plus d'amis que
d'ennemis et si je m'en suis fait plus dans une catégorie que dans
l'autre au cours de la journée. Je ne pense pas que ce soit ça
qui doive nous motiver. Quant à moi, M. le Président, je fais ce
que ma conscience me dicte. Je fais ce que je dois faire. Je me dis que, si les
décisions qu'on prend, si les actions qu'on pose vont dans le sens de
l'intérêt du Québec, je ne sais pas si j'aurai des ennemis
ou des amis, mais sûrement que j'aurai des gens qui vont avoir confiance
en moi et, si je n'attire pas l'amitié, j'attirerai probablement le
respect. Dans ce sens-là, s'il fallait qu'à tout bout de champ je
prenne une décision en fonction de savoir si je vais me faire plus
d'ennemis que d'amis ou d'amis que d'ennemis, je ne pense pas que ce serait une
bonne façon de procéder, quant à moi. Je ne me pose pas ce
genre de questions. Je fais ce que je dois faire. Je fais ce qui
m'apparaît le plus conforme aux intérêts du Québec et
j'espère que les Québécois vont un jour réaliser
que c'était dans leur intérêt et qu'ils vont me compter,
sinon parmi leurs amis, du moins parmi ceux qu'ils respectent. Alors,
là-dessus, la députée peut bien me donner ses conseils,
mais, moi, j'ai les miens. Je pourrais peut-être lui suggérer
d'étudier ma méthode; elle n'est pas si mauvaise.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Juste un mot, M. le Président. Le ministre - ce
n'est pas la première fois qu'il le fait, d'ailleurs; il l'a fait
à quelques reprises depuis le début de la commission - invoque la
loi 37 et invoque les appréhensions que j'en avais, comme si elles ne
s'étaient pas avérées fondées. C'est toujours une
surprise pour moi de l'entendre parler de ça comme si, finalement, la
loi 37 ne restait pas dans le gorgoton des Québécois.
M. le Président, au moment où on se parle, cette
loi-là est adoptée depuis décembre 1988. Ça fait
trois ans et demi. Connaissez-vous beaucoup de lois qu'une partie de la
population peut appeler par son nom, une loi décriée pour en
demander le retrait? Moi, je n'en connais pas beaucoup, et ça fait 12
ans cette année que je siège dans le Parlement. Je me rappelle la
loi 101. Puis, encore là, il n'y en a pas tant que ça, des lois
dont on se rappelle le numéro, tellement ce sont des lois qui ne sont
pas encore admises. Ce ne sont pas des lois qui sont considérées
comme étant adoptées. Alors, c'est quand même...
M. Bourbeau: La loi 101, c'en est une.
Mme Harel: La loi 101, parce que, finalement... Oui, c'est
intéressant. C'est que, finalement, soit parce qu'on les appuie, soit
parce qu'on les rejette. Mais on s'en rappelle. Ce n'est pas des lois qui
laissent indifférent, du fait, justement, qu'elles sont soit
souhaitées, voulues, applaudies par une partie de la population ou,
à l'inverse, parce qu'elles sont rejetées par une partie de la
population. Ce qui m'apparaît évident, c'est que la loi 37, au
moment où on se parle, après trois ans et demi, ça reste
un sujet de controverse, d'actualité. Il y avait encore, il y a quelques
jours à peine, dans tous les journaux, dans les reportages à la
télévision, des artistes - non les moindres - de Gilles Vigneault
à Yvon Deschamps, en passant par Richard Desjardins et combien d'autres,
qui en réclamaient le retrait, en appui aux personnes qui occupaient des
locaux du Protecteur du citoyen pour réclamer une rencontre avec le
premier ministre, justement, qui avait comme objet d'en demander le
retrait.
Si le ministre a l'impression que la loi 37, il n'y a rien là,
c'est parce que, M. le Président, il a une insensibilité totale
aux médias, à l'opinion publique, à ce que pensent nos
concitoyens. Mais de dire que la loi 37 est acceptée comme si ça
allait de soi, je pense que, là, on ne vit pas vraiment sur la
même planète. Le ministre dit qu'en ce qui concerne l'argent que
le fédéral dépensait comme un Père Noël,
à la fin de l'été dernier, tout est rentré dans
l'ordre. Je dois bien comprendre que, finalement, ce n'est qu'une trêve,
puisque ça n'est signé que jusqu'en 1993 et que, d'autre part,
c'est toujours la même mauvaise entente Canada-Québec
signée en 1987, dénoncée par le ministre, qui n'a pas
été indexée depuis cinq ans, qui s'applique tout le temps.
Alors, si c'est cet ordre dont il est question, en fait, le ministre, je dois
le lui reconnaître, a évité le pire. En fait, ce qu'il a
évité, c'est de perdre complètement sa
crédibilité. Il a réussi à obtenir une trêve,
mais on en est là, pas plus que ça. Il n'y a pas lieu de se
réjouir plus qu'il ne faut.
J'ai été contente, cependant, parce que le ministre dit et
a répété tantôt qu'il réclame les pouvoirs
exclusifs. Je suis contente qu'il le dise encore, parce que j'ai vu sa
collègue, la ministre des Affaires culturelles, qui, il n'y a pas si
longtemps, demandait des pouvoirs exclusifs et qui, finalement, la semaine
passée a déposé un document où elle se contentait
de pas mal moins. J'ai hâte de voir si le ministre va faire partie de la
commission sur les offres et s'il va être là, présent, pour
répéter encore qu'il demande des pouvoirs exclusifs.
J'espère en tout cas que, s'il y a des députés de cette
commission qui siègent au Parlement au moment où on aura à
adopter le rapport de la commission sur les offres, on aura de la suite dans
les idées.
Il y a une chose sur laquelle le ministre a raison, c'est vrai qu'en
commission parlementaire une majorité est venue réclamer de
siéger sur la Société. Souvent, je me disais que l'appui
au projet était inversement proportionnel à la confirmation qu'on
pouvait en avoir d'y siéger. Mais le ministre va admettre que la grande
majorité des intervenants, en commençant, disait toujours
être en faveur ou presque de l'énoncé et en
désaccord avec le projet de loi. La commission a porté plus sur
l'énoncé. C'est ici, à l'examen article par article, qu'on
examine le projet de loi. Sur le projet de loi, le ministre doit convenir qu'il
y a toujours une bonne partie de l'opinion publique qui considère que
ça va être insatisfaisant sans amendements. Même la CSN -
tantôt il en parlait comme étant un appui - disait, le 14 juin -
ça ne fait même pas 10 jours - poser des conditions
précises à la création de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. La CSN
ajoutait: «Selon la Centrale syndicale, l'encadrement actuel de la
Société rend impossible l'atteinte des objectifs
recherchés.» Faut-il rappeler la CSD qui revendiquait des
améliorations? Faut-il rappeler la Fédération des
commissions scolaires du Québec qui énonçait ceci:
«Les commissions scolaires n'accepteront jamais d'être
écartées d'un enjeu aussi fondamental pour le
Québec.» Faut-il rappeler le Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec, inquiet du sort qui pourrait lui être
réservé, une fois la nouvelle Société
créée? La Centrale de l'enseignement du Québec qui
réclame des amendements qui concernent les pouvoirs de la
Société québécoise, la composition du conseil
d'administration, le statut juridique des sociétés
régionales, la place des programmes d'employabilité dans les
mandats et la tarification des services aux individus. Ils ajoutent:
«Nous pensons qu'il faut accroître les pouvoirs dévolus
à la Société afin d'empêcher que ce nouvel organisme
s'empêtre dans un fonctionnement attentiste des autorisations
gouvernementales.» Bon. C'est une liste impressionnante. Je vais terminer
ici, M. le Président. Si tant est qu'il soit nécessaire d'en
ajouter, je le ferai.
Le Président (M. Joly): Alors, comme vous avez pu le
constater, j'ai été quand même assez flexible dans la
façon d'appliquer la procédure. Alors, j'ai reconnu autant Mme la
députée que M. le ministre et tous ceux qui avaient des choses
à manifester, concernant les états d'âme et les faits qui
nous amènent ici. Compte tenu de tout ce qui a été dit et
de ce que nous connaissons, justement, de ce qui se passe en haut, en Chambre,
est-ce que vous seriez toujours d'accord, Mme la députée, pour
accéder à l'offre de M. le ministre et pour qu'on retourne sur
les articles qui ont été suspendus, de façon à ce
qu'on puisse... Non. C'était le désir, Mme la secrétaire,
semble-t-il, des deux parties, de faire
en sorte qu'on puisse libérer certains articles qui avaient
déjà été suspendus, quoique l'article 46 soit
déjà sur la table. Aimeriez-vous que nous suspendions l'article
46 et que nous appelions les articles 3, 25 et autres? (16 h 30)
Mme Harel: Dois-je comprendre que, indépendamment que nous
acceptions ou pas, le ministre pourra toujours... Est-ce que c'est là ma
compréhension? Si je me trompe, vous me le dites...
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection
à ce que l'on continue à clarifier...
Mme Harel:. ...mais le ministre peut toujours, en Chambre,
déposer...
Le Président (M. Joly): Oui, oui, exactement. Je n'ai pas
d'objection à ce que M. le ministre puisse clarifier davantage, de
façon à enlever des inquiétudes à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourbeau: Si je crois comprendre la procédure qui est
proposée, c'est que la commission fera rapport, à la fin de nos
travaux, des articles qui auront été acceptés. Quant aux
autres, ils seront acceptés en vrac et tels que proposés,
à moins que des amendements soient déposés tant par le
gouvernement que par l'Opposition. Chacun déposera ses amendements: nous
déposerons les nôtres et l'Opposition déposera les siens.
On votera individuellement sur les amendements de l'Opposition et les
amendements du gouvernement. Alors, si on peut s'entendre, ici, sur un certain
nombre d'amendements, ça permettra peut-être de les incorporer
dans le projet de loi. Je n'ai pas à faire un dessin à la
députée pour lui dire qu'il va être difficile d'accepter
des amendements de l'Opposition s'ils sont présentés en vrac en
Chambre. Dans le paquet, il y en aurait peut-être quelques-uns qui
seraient acceptables mais, comme ils seront tous liés les uns aux
autres, dans un seul paquet, ça va être difficile de les accepter.
Donc, on serait peut-être mieux de le faire maintenant.
Le Président (M. Joly): II nous reste 1 h 30, Mme la
députée. Je pense que c'est tout à votre avantage
d'utiliser l'offre qui est donnée aux parlementaires aujourd'hui de
pouvoir se pencher davantage sur les choses dont on a déjà
parlé.
M. Bourbeau: Comme on achevait le chapitre III, on pourrait
peut-être finir les articles 46 et 47, finir le chapitre III et,
après ça, aller faire les articles suspendus.
Le Président (M. Joly): L'article 46 est appelé. Il
était déjà appelé. On ne l'avait pas suspendu.
M. Bourbeau: On avait déjà enclenché les
discussions sur cet article-là.
Mme Harel: Alors, on va voter sur division.
Le Président (M. Joly): Alors, l'article 46 est
adopté sur division. J'appelle l'article 47.
M. Bourbeau: Ces dispositions assurent à un conseil
régional qu'il disposera des ressources nécessaires à
l'accomplissement de son mandat.
Mme Harel: II y a une question que je me suis posée en
lisant cet article-là.
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Quelle est la différence entre la
société régionale et le conseil régional,
juridiquement parlant?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
Mme Harel: On dit qu'une société met à la
disposition du conseil... En quoi, juridiquement, c'est deux entités
distinctes?
M. Bourbeau: On va demander à Me Crevier.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, Me
Crevier.
M. Crevier (Luc): Le conseil, en fait, est une instance
décisionnelle qui est rattachée à la société
régionale. Au sens strict du mot, en termes juridiques, il ne fait pas
partie intégrante de la structure de la société,
évidemment, parce qu'il s'agit quand même de membres qui
représentent des milieux, etc., donc, qui vont voter sur un certain
nombre de choses.
Mme Harel: Mais qui compose la Société?
M. Crevier: La société est composée, en haut
de la pyramide, si on veut, du conseil d'administration et, par la suite, de
l'ensemble du personnel, dont le président et le vice-président,
etc., qui composent la société, y compris le personnel d'une
société régionale. Sauf que le conseil régional
vient, comme une instance décisionnelle, décider des
priorités, des orientations et d'un certain nombre de choses relatives
à tout ce qui est de la juridiction d'une société
régionale. Dans ce sens-là, le conseil régional a besoin
de moyens de fonctionner. Et c'est l'objectif de l'article 47 de faire en sorte
qu'il ait à sa disposition les moyens nécessaires pour agir, pour
fonctionner.
Mme Harel: Quand on dit «son fonctionne-
ment», on fait référence au conseil.
M. Crevier: On fait référence au conseil et non
à la société régionale.
Mme Harel: Mais qui, à la société, met
à la disposition du conseil? La société
régionale... C'est quand même incroyable. Une
société régionale, ce n'est pas l'inverse. Ce n'est pas le
conseil régional qui met les fonds à la disposition de la
société. C'est la société régionale. C'est
qui, à la société régionale?
M. Crevier: C'est-à-dire qu'en ce qui concerne la
société régionale c'est certain que le conseil
régional est une instance décisionnelle et il peut orienter ou
établir toutes les priorités de la société
régionale, sauf que l'article 47 vient assurer que le conseil
régional aura tout ce qu'il lui faut pour fonctionner là. En soi,
le conseil lui-même n'a pas de budget. C'est la société
régionale qui va avoir un budget, non pas le conseil comme tel.
Mme Harel: La société régionale, elle, elle
n'a pas d'existence légale.
M. Crevier: Bien sûr que la société
régionale a une existence légale. Elle est confirmée dans
la loi, par l'article 31. Elle a une existence légale, et le conseil ou
l'instance qui, en quelque sorte, dirige la société
régionale, c'est le conseil régional.
Mme Harel: Et, quand vous dites «existence
légale», il n'y a pas d'incorporation.
M. Crevier: Elle n'est pas incorporée, non.
Mme Harel: Elle est quoi, exactement, par rapport... Par exemple,
est-ce qu'elle a des états financiers? Est-ce que...
M. Crevier: C'est-à-dire que ses états financiers
et plusieurs autres aspects de sa gestion seront intégrés
à celle de la Société. C'est plusieurs composantes qui
vont faire partie d'un tout. Quand, par exemple, la société
mère, la Société va présenter ses estimations
budgétaires au gouvernement, elle va le faire également pour
toutes les sociétés régionales. Quand elle va faire un
rapport à l'Assemblée nationale, par exemple, c'est prévu
un peu plus loin dans le projet, ça va être un rapport qui va
comprendre l'ensemble des activités de la société
mère elle-même et de toutes les sociétés
régionales.
Mme Harel: Alors, la société régionale ne
fait même pas de rapport?
M. Crevier: La société régionale peut faire
un rapport à la Société. Mais il n'est pas prévu
dans la loi que chaque société régionale fasse un rapport
directement à l'Assemblée nationale.
Mme Harel: Sur division. (Consultation)
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on est toujours sur
48?
Une voix: 47.
Le Président (M. Joly): 47. Excusez-moi.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Merci. Alors, je
vais appeler 48 aussi.
Dispositions financières
M. Bourbeau: je suggère, m. le président, qu'on
fasse le chapitre iv et quelques articles. ça permettrait de terminer
cette section-là. alors, l'article 48 détermine la période
couverte par chaque exercice financier annuel de la société.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 48 est adopté.
J'appelle l'article 49.
M. Bourbeau: Cet article prévoit l'approbation annuelle,
par le gouvernement, du budget ainsi que des règles budgétaires
de la Société. Il prévoit de plus que les régies
budgétaires de la Société devront préciser dans
quelle mesure ces ressources financières seront gérées par
les sociétés régionales. (16 h 40)
Mme Harel: Ça veut donc dire que vous confirmez, avec 49,
que l'argent que vous souhaitez obtenir du fédéral ne serait pas
directement transféré à la Société, mais au
fonds consolidé.
(Consultation)
M. Bourbeau: Selon moi, ça ne préjuge de rien. Pour
l'instant, c'est la façon standard de procéder et, si jamais le
gouvernement décidait que les fonds fédéraux devaient
transiter directement du gouvernement fédéral à la
Société, on pourrait toujours plus tard le décider ainsi.
Pour l'instant, l'article 49 prévoit la dévolution normale des
fonds à la Société à partir du fonds
consolidé.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): L'article 49 est adopté sur
division. L'article 50 est appelé.
M. Bourbeau: Cette disposition vise à empêcher la
Société de prendre des engagements dont elle ne peut assumer le
coût à même les argents dont elle dispose. Autrement dit,
elle empêche la Société d'opérer de façon
déficitaire.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 50 est adopté.
L'article 51 est appelé.
M. Bourbeau: Cette disposition prévoit la production
annuelle au ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle, par la Société, de ses
états financiers et de son rapport d'activité, lesquels doivent
contenir les renseignements demandés par le ministre.
Mme Harel: Pourquoi le 30 septembre? (Consultation)
Mme Harel: C'est un ajustement avec le fédéral,
j'imagine.
Le Président (M. Joly): Vous semblez avoir posé la
bonne question.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Me Crevier, oui, s'il vous
plaît.
M. Crevier: C'est une date, le 30 septembre, qu'on retrouve
généralement, en tout cas dans les organismes qui ont
été constitués récemment par loi. Ça devient
un peu une date standard. Ça permet de finaliser le rapport dans un
délai, je pense, d'environ six mois à partir de la fin de
l'exercice financier précédent qui se termine le 31 mars. Donc,
ça laisse d'avril à septembre pour confectionner, vérifier
les états, etc. Alors, ça semble être le délai qui
est en usage maintenant.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 51 est adopté.
L'article 52 est appelé.
M. Bourbeau: c'est une disposition qui prévoit le
dépôt devant l'assemblée nationale, par le ministre, des
états financiers du rapport d'activité de la
société.
Mme Harel: C'est une excellente mesure. M. Bourbeau:
Adopté. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 52 est adopté.
L'article 53 est appelé.
M. Bourbeau: Cet article établit les règles
relatives à la vérification des livres et des comptes de la
Société qui a lieu au moins une fois par année.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 53 est adopté.
L'article 54 est appelé.
M. Bourbeau: Cet article permet au ministre de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle de
requérir de la Société toutes données statistiques,
tous rapports ou autres renseignements qu'il juge utiles.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 54 est adopté.
L'article 55 est appelé.
M. Bourbeau: Cet article définit les sources de
financement de la Société. Je vous signale, M. le
Président, que la Société sera principalement
financée au moyen de crédits de transfert qui seront votés
annuellement en sa faveur par le Parlement, de la même façon que
le sont actuellement les Commissions de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre. Accessoirement, elle disposera de deux autres sources de
financement, d'une éventuelle tarification de certains de ses services,
dans la mesure qui pourrait être prévue par un règlement
adopté par l'article 25, et de la rémunération de certains
de ses services, dans le cadre d'ententes de services
rémunérés auxquels réfère
expressément l'article 26.
Mme Harel: Nous avons déjà, M. le Président,
déposé un amendement à l'article 26, je crois, ou 25
plutôt, qui est suspendu, je crois?
Le Président (M. Joly): Oui, exactement, 25.
Mme Harel: Nous avons déjà déposé un
amendement pour signaler que nous étions en désaccord avec les
frais de scolarité qui pourraient être chargés par la
disposition qu'on retrouve à l'article 25. Alors, nous allons adopter
sur division l'article 55.
Le Président (M. Joly): L'article 55 est adopté sur
division.
Mme Harel: Là, je demanderais au ministre de revenir en
arrière, parce que moi, je vais quitter à 17 h 40. Je dois partir
pour Montréal.
M. Bourbeau: À quelle heure? Le Président (M.
Joly): À 17 h 40.
M. Bourbeau: On va le faire, M. le Président.
Mme Harel: Je pourrais avoir quelqu'un qui va venir
compléter jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Joly): Quel article aime-riez-vous qu'on
reprenne?
Mme Harel: On va demander au...
M. Bourbeau: On va les prendre dans l'ordre. On retourne à
ceux qui n'ont pas été adoptés là.
Articles en suspens
Le Président (M. Joly): L'article 3 est appelé.
M. Bourbeau: C'était la question du Protecteur du citoyen,
je crois.
Mme Harel: Oui. M. le Président, sur le Protecteur du
citoyen. Après l'examen qu'on a fait auprès du Protecteur du
citoyen, c'est finalement plus à l'article 69.1 qu'il aurait fallu
introduire cet amendement, parce que, vérification faite, pour que le
Protecteur du citoyen ait juridiction, il faut le dire, à moins que ce
ne soit un ministère du gouvernement qui est couvert. Mais si ce n'est
pas le cas, il faut que ce soit désigné nommément.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, Mme la
députée, vous aimeriez retirer l'amendement... Il n'y a pas
d'amendement? Donc, il n'y a pas d'amendement comme tel.
Mme Harel: Ceci dit, M. le Président, je vous assure,
qu'il y ait la protection du Protecteur du citoyen à l'égard de
la dispensation, au niveau local, régional ou à quelque niveau
que ce soit, que je considère que c'est une police d'assurance qu'on
donne au citoyen, qu'il pourrait toujours, advenant un mauvais traitement, en
appeler.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous
aimeriez que M. le ministre en prenne bonne note.
Mme Harel: J'aimerais même qu'il assujettisse la
Société à la protection qu'offre le Protecteur du
citoyen.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on a fait des
vérifications, évidemment, à la suite de la demande de la
députée de Hochelaga-Maison-neuve. Vous vous souvenez, M. le
Président, que la commission des institutions a fait un examen du
mandat, des orientations, des activités et de la gestion du Protecteur
du citoyen. Le rapport est daté du 5 novembre 1991 et a
été déposé subséquemment. Une des
recommandations de ce rapport vise à faire en sorte que l'article 14
soit modifié, de façon à ce que la juridiction du
Protecteur du citoyen couvre, outre les organismes du gouvernement dont le
personnel est rémunéré selon la Loi sur la fonction
publique, aussi les organismes dont le gouvernement ou un ministre nomme au
moins la majorité des membres, ou dont le fonds social fait partie du
domaine public, sauf ceux que le gouvernement décidera d'exclure
expressément.
Ce rapport est présentement à l'étude au
gouvernement et on attend toujours les résultats de l'analyse de ce
rapport-là, de sorte qu'il ne serait pas indiqué pour l'instant
que je recommande de donner suite à la proposition puisque le
gouvernement va prendre une position sur l'ensemble du rapport. Alors, ce que
je peux dire, c'est que nous allons continuer à faire de la
réflexion au sein de l'appareil gouvernemental sur les recommandations
du rapport et je vais suspendre, bien sûr, la décision quant
à son applicabilité à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. (16 h
50)
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
oui.
Mme Harel: Je siège comme membre de la commission
parlementaire des institutions, comme vous le savez, et non pas comme membre de
la commission parlementaire des affaires sociales. Et, comme membre de la
commission parlementaire des institutions, avec mon collègue de Rouyn,
qui en est d'ailleurs le vice-président, nous avons passé des
heures et des semaines à auditionner sur le mandat du Protecteur du
citoyen.
Il est souhaitable, il serait souhaitable que, sept mois après le
dépôt du rapport, un rapport qui a nécessité un an
de travail, il puisse y avoir des suites de données à cette
question. Et une solution de nature générale pourrait être
introduite à l'effet de modifier la Loi sur le Protecteur du citoyen,
et, à l'article 14 de la loi, retrouver, par addition, la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Encore faudrait-il que la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre soit
créée avant.
Mme Harel: Cependant, M. le Président, puisqu'on retrouve,
à l'article 14, le mandat du Protecteur qui est uniquement limité
aux ministères et à un organisme dont le personnel est
nommé et rémunéré suivant la Loi sur la fonction
publique... Et, ce qui est malheureux, c'est qu'une décision en
entraîne une autre et ça a, à
mon point de vue, un effet pervers. La décision qui est celle de
ne pas nommer et rémunérer suivant la Loi sur la fonction
publique écarte la protection du Protecteur du citoyen. Ça, je
trouve ça extrêmement, extrêmement, extrêmement
regrettable, parce que, le ministre en conviendra, aussi contraignant que
ça apparaisse, les interventions de la Commission des droits de la
personne comme celles du Protecteur du citoyen assurent une reconnaissance de
nos institutions par la population.
En d'autres termes, les gouvernements se succèdent là,
puis les institutions comme le Protecteur du citoyen et la Commission des
droits de la personne restent aussi critiques et sévères
heureusement - heureusement. Heureusement, M. le Président, on n'est
jamais à l'abri, comme société, d'un abus de pouvoir. Pas
simplement en tant... Cet abus-là n'est pas pour autant le fait d'un
gouvernement ou l'autre, c'est un abus de pouvoir dans les rapports entre les
individus. Puis, c'est extrêmement utile de donner aux citoyens le
pouvoir d'en appeler lorsqu'ils considèrent avoir eu un traitement
injustifié.
Je regrette vraiment que la Société, avec les
développements que le ministre, en tant qu'incorrigible optimiste, lui,
prévoit... Je ne sais pas si c'est moi qui ai tort ou lui qui a raison,
mais si c'était lui qui avait raison, ça serait vraiment
inquiétant, devant l'ampleur de tous les services offerts, et des
milliers de personnes que ça va mettre en situation, ça serait
malheureux que la Société soit constituée de
manière à ne pas offrir la sécurité de la
protection du Protecteur du citoyen.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: Moi, je me félicite toujours de
l'intervention du Protecteur du citoyen. On traite fréquemment avec lui,
dans le cadre de l'administration de la Loi sur la sécurité du
revenu. Nos rapports avec le Protecteur du citoyen sont excellents. Nos livres
sont ouverts. Nous discutons avec lui, et parfois, lorsqu'il nous fait des
demandes qui sont justifiées, on y donne suite. Je pense que la
députée a raison de dire qu'on ne peut que se féliciter de
traiter avec le Protecteur du citoyen. C'est une garantie pour les citoyens
d'une certaine équité qui pourrait parfois ne pas
apparaître évidente pour certains.
Je ne dis pas que le Protecteur du citoyen ne pourra pas avoir
juridiction sur la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, mais comme il s'agit d'une
étude qui se fait à l'échelle de tout le gouvernement,
nous ne voulons pas procéder à la pièce. C'est pourquoi le
gouvernement est en train de faire une étude exhaustive de la
proposition de la commission. Il ne faut pas préjuger
nécessairement que les décisions gouvernementales vont être
négatives. Tout ce qu'on demande, c'est un peu plus de temps pour en
arriver à une solution globale.
Mme Harel: Bon. M. le Président, est-ce qu'on peut,
quelque part, dire qu'on est en désaccord? Si je comprends bien, on ne
peut pas voter sur division, là.
M. Bourbeau: Bien oui. Mme Harel: À l'article
3?
M. Bourbeau: L'article 3 peut être adopté sur
division.
Mme Harel: C'est ça. On déposera l'amendement...
Peut-être que la nuit portera conseil, M. le Président? On le
déposera à l'heure du souper. Peut-être que le souper
portera conseil?
M. Bourbeau: On pourra souper ensemble...
Le Président (M. Joly): Alors, l'article 3 est
adopté.
M. Bourbeau: ...et en discuter.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous adoptez sur
division, Mme la députée?
Mme Harel: Sur division, oui.
Le Président (M. Joly): Sur division, merci. L'article 16
est appelé, avec amendement présenté par M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on avait
déposé une proposition d'amendement et la députée
avait demandé de suspendre l'article pour consulter ses aviseurs. Il
s'agissait de remplacer l'article 16 par un nouvel article 16, qui
édicte-rait que «La Société a pour mission de
promouvoir et de soutenir le développement de la main-d'oeuvre et de
favoriser l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur
le marché du travail et de l'emploi au Québec.»
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est
adopté et l'article est adopté tel qu'amendé.
M. Bourbeau: Adopté. Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci. Alors, l'article
17, avec amendement, est appelé.
M. Bourbeau: Je crois, M. le Président, que c'est
l'Opposition qui avait suggéré un amendement.
Le Président (M. Joly): Vous avez raison, M. te ministre.
Exactement. Je vois que vous suivez ça de façon religieuse.
M. Bourbeau: Je suis bien conseillé, M. le
Président. Est-ce que quelqu'un pourrait me communiquer la teneur de
l'amendement de l'Opposition?
Le Président (M. Joly): Vous avez ici l'amendement, M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'était... Il y a
deux notions qui sont introduites par l'amendement. La première, c'est
la mise en oeuvre en collaboration avec les sociétés
régionales. Je voudrais vous souligner que déjà, à
l'article 18.1... Nous avons déjà proposé, à
l'article 18.1.1: «définir les orientations qu'elle entend
poursuivre en y associant des membres des conseils régionaux...»
Alors, cette notion-là est déjà introduite par l'article
18.1.1.
Après ça, c'est l'article... L'amendement à
l'article 17 vise à faire en sorte de confier à la
Société la responsabilité des programmes
d'em-ployabilité pour les assistés sociaux, pour les prestataires
de la sécurité du revenu. Là-dessus, M. le
Président, on a indiqué longuement pourquoi nous ne jugeons pas
opportun présentement de confier à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre la
responsabilité des programmes d'employabilité. En
conséquence, on ne pourra pas accepter l'amendement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, Mme la
députée est déjà prête à accepter
d'adopter l'amendement sur division.
M. Bourbeau: Non, M. le Président, l'article...
Le Président (M. Joly): Non. Excusez, c'est votre
amendement. Donc, vous retirez votre amendement, Mme la
députée?
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on va l'adopter... On va passer
aux voix. Tenez...
Le Président (M. Joly): On va passer aux voix.
Mme Harel: Un vote nominal.
M. Bourbeau: L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Joly): Non. L'amendement est
rejeté? (17 heures)
M. Bourbeau: Rejeté. Pour nous, c'est rejeté.
Le Président (M. Joly): Du côté
ministériel, si on calcule, deux, trois, quatre contre un...
M. Bourbeau: Au nom de ma formation, je dis qu'il est
rejeté.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est
rejeté et l'article 17...
M. Bourbeau: Est adopté sur division. Le
Président (M. Joly): ...est adopté... Mme Harel: Sur
division.
Le Président (M. Joly): ...sur division. Merci. L'article
25, avec les amendements et les sous-amendements, est appelé.
M. Bourbeau: L'article 25. Ça, c'est l'article qui
traitait de tarification.
Le Président (M. Joly): Donc, le sous-amendement... M. le
ministre, si vous voulez peut-être relire le sous-amendement.
M. Bourbeau: Oui. Alors, nous avions un amendement, M. le
Président, qui disait: «La Société peut, par
règlement approuvé par le gouvernement, déterminer les
frais exigibles de toute personne pour l'utilisation de certains services
qu'elle offre.» L'Opposition avait suggéré un
sous-amendement pour exclure les frais de formation.
Mme Harel: C'est ça. C'était un excellent
amendement, M. le Président, raisonnable, parce qu'il n'excluait pas
complètement les frais, mais il excluait les frais pour les services de
formation.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je n'ai pas l'autorisation pour consentir
à cet amendement.
Le Président (M. Joly): Donc, le sous-amendement est mis
aux voix. Donc, nous en disposons.
M. Bourbeau: Oui...
Mme Harel: Un appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Alors, Mme la secrétaire,
pourriez-vous faire l'appel, s'il vous plaît?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Alors, M.
Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre.
La Secrétaire: Là, on est sur le
sous-amendement.
M. Bourbeau: Sur le sous-amendement. Contre, M. le
Président.
La Secrétaire: O.K. Mme Cardinal (Château-guay)?
Mme Cardinal: Contre.
La Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
Le Président (M. Joly): Contre.
La Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Joly): Donc, le sous-amendement est
rejeté. Maintenant, nous sommes sur l'amendement proposé par M.
le ministre. Est-ce que nous inversons le vote, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Oui, vote inversé. M. Bourbeau:
Inversé.
Le Président (M. Joly): Vote inversé. Donc,
l'amendement est adopté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Joly): Oui, adopté comme tel.
Nécessairement, l'article 25 comme tel est adopté, tel
qu'amendé, surdivision. L'article...
Mme Harel: Est-ce que j'ai besoin de vous dire combien nous
sommes déçus?
Le Président (M. Joly): Oui. D'ailleurs... Mme Harel:
Vous comprenez?
Le Président (M. Joly): ...je vois ça dans
votre...
Mme Harel: On l'est vraiment. Le Président (M. Joly):
Oui. Mme Harel: Oui, c'est vrai.
Le Président (M. Joly): Alors, l'article 34 est
appelé. Il n'y avait pas d'amendement.
Mme Harel: Ça laisse songeur.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est 34 ou 35, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): Moi, j'ai ici 34, je ne sais pas
si j'ai mal vu à distance.
M. Bourbeau: L'article 34 est adopté.
Le Président (M. Joly): Vous avez raison. Vous avez
raison, M. le ministre, encore une fois. Alors, l'article 35 est
appelé.
M. Bourbeau: Alors, on avait suspendu l'article 35. Il n'y avait
pas d'amendement, je crois. Cet article-là dit: «Sous
l'autorité de la Société, le directeur est responsable de
l'administration et de la direction de la société
régionale.» Je crois qu'on aurait aimé, dans certains
milieux, rayer les mots «Sous l'autorité de la
Société».
(Consultation)
Mme Harel: M. le Président, je comprends qu'il y a un
amendement qui est devant nous.
Le Président (M. Joly): II n'y a pas d'amendement, Mme la
députée.
Mme Harel: Non? Alors, si vous voulez, on va immédiatement
vous en transmettre un qui consiste à biffer les mots «Sous
l'autorité de la Société». Nous vous le
déposons, mais je pense qu'on va pouvoir en disposer.
Le Président (M. Joly): Alors déposez pour
disposer. On va attendre l'amendement, là.
M. Bourbeau: Le voici, M. le Président.
Mme Harel: Ah bon! parce qu'il y a un amendement sur 35?
M. Bourbeau: Bien peut-être le passer à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour lui demander si elle veut
le regarder.
Le Président (M. Joly): Peut-être aimeriez-vous en
prendre connaissance, Mme la députée?
M. Bourbeau: Si la députée de Hochelaga-Maisonneuve
veut se l'accaparer, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
Mme Harel: ça veut donc dire que le conseil
régional n'est pas responsable de la direction de la
société. le conseil régional, c'est un comité
aviseur, en fait. c'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Non, je ne crois pas. Je ne crois pas. Non,
absolument pas. Ce n'est pas un comité aviseur.
Mme Harel: On va laisser le ministre proposer son amendement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, l'amendement est
déjà déposé.
M. Bourbeau: non, non, je ne le propose pas, m. le
président. je serais prêt à l'appuyer s'il est
proposé par la députée de hocheiaga-maisonneuve.
Mme Harel: On ne l'appuie pas.
Le Président (M. Joly): Donc, vous ne déposez pas
l'amendement.
M. Bourbeau: Non. C'est parce que j'avais voulu aider la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Elle avait indiqué son
intention de proposer un amendement.
Mme Harel: C'est trop de bonté.
M. Bourbeau: On a voulu lui faciliter les choses. M. le
Président...
Mme Harel: C'est trop de bonté.
M. Bourbeau: ...je n'offrirai pas cet amendement-là mais,
si elle voulait le proposer, on serait prêt à y consentir.
Le Président (M. Joly): Parfait. Mme Harel: Trop de
magnanimité.
Le Président (M. Joly): II n'y a pas d'amendement à
l'article 35. Donc, l'article 35, comme tel, est adopté...
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): ...sur division. L'article 44, les
amendements et les sous-amendements.
M. Bourbeau: Alors, il y aurait le...
Le Président (M. Joly): On était au paragraphe
1°.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y avait eu des amendements de
proposés? (17 h 10)
Le Président (M. Joly): Oui. Il y a un amendement de
l'Opposition, M. le ministre, que je vous refile à l'instant même
pour votre lecture. Sur l'article 44, paragraphe 1°, vous aviez soumis un
amendement.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, on avait ici une proposition
de l'Opposition officielle visant à remplacer le paragraphe 1°,
celui qui dit: «de définir la problématique du
marché de travail et de l'emploi dans sa région.»
Ça, c'est le texte du sous-paragraphe 1°. Et on ajoutait:
«notamment au moyen de la création de comités consultatifs
régionaux.»
(Consultation)
M. Bourbeau: Par ailleurs, il y a une autre proposition, je
crois. Est-ce qu'il y a un autre amendement au même paragraphe
1°?
Le Président (M. Joly): Non, j'en ai un au paragraphe
56.
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais avoir le projet d'amendement
au paragraphe 5°?
Le Président (M. Joly): Sûrement, je vais vous
donner l'amendement et le sous-amendement.
M. Bourbeau: Le sous-amendement de l'Opposition,
peut-être?
Le Président (M. Joly): O.K., parfait. M. Bourbeau:
Merci. (Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, j'aurais un amendement qu'on
pourrait apporter ici, qui, je crois, serait de nature à rencontrer les
objectifs recherchés par la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le ministre. Est-ce
que l'amendement dont vous parlez, que vous êtes sur le point
d'introduire...
M. Bourbeau: Mais j'aimerais le soumettre à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour voir si elle serait
disposée à accepter celui-là qui est...
Le Président (M. Joly): Qui enlèverait le
sous-amendement et l'amendement déjà proposés.
M. Bourbeau: Non, on est au sous-paragraphe 1°. Il n'y a pas
de sous-amendement.
Le Président (M. Joly): Ah bon! Parfait!
M. Bourbeau: II est sensiblement le même
que le sien, mais un peu plus complet. Je ne sais pas si on pourrait le
regarder.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
M. Bourbeau: Et si elle était d'accord, on pourrait
peut-être l'adopter.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, nous venons de vous présenter un sous-amendement
déposé par M. le ministre concernant le paragraphe 1°,
article 44.
M. Bourbeau: C'est essentiellement ce que souhaite l'Opposition,
mais en ajoutant quelques mots qui ne devraient pas créer
problème, «notamment en procédant à l'estimation des
besoins de développement de la main-d'oeuvre». Ce sont les mots
que nous avons ajoutés.
Mme Harel: Dois-je comprendre que, pour le ministre, cette
modification tiendrait lieu de modification à l'égard du
paragraphe 5° également? Ici, au paragraphe 5°... En fait, le
fond de l'affaire étant le suivant: Est-ce que je comprends que,
défini de cette manière, il y a une nuance dans l'obligation qui
est faite au conseil régional de mettre sur pied des comités
consultatifs? Il y a une plus grande obligation?
M. Bourbeau: Disons que c'est un pas en avant dans l'incitation
à créer des comités consultatifs parce qu'on en parle au
paragraphe 1°, quand on traite de la problématique du marche du
travail et de l'emploi et de l'estimation des besoins. Et on va en reparler
tantôt, au paragraphe 5° aussi, quand on parle de concertation. Donc,
ça devient même, à la limite, un peu redondant, mais c'est
une insistance du législateur, à deux reprises dans le même
article.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Donc, vous retirez votre
amendement, Mme la députée...
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Joly): ...au profit de celui
déposé par M. le ministre. Donc, l'amendement, tel que
déposé par M. le ministre, est adopté. Et le paragraphe
1° est adopté tel qu'amendé. Alors, nous en sommes rendus au
paragraphe 5° du même article, soit 44.
M. Bourbeau: Alors, c'est nous qui avions déposé un
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Et il y avait un sous-amendement
aussi, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, exactement. Pouvez-vous me rappeler ce que
suggérait le sous-amendement?
Le Président (M. Joly): Je vous donne et l'amendement et
le sous-amendement.
M. Bourbeau: O.K. À ce moment-là, l'Opposition
voulait qu'on insère les mots «par la création obligatoire
de comités consultatifs». Nous n'avons pas retenu cette
phraséologie ou cette idéologie-là jusqu'à
maintenant dans le projet de loi, il serait bien difficile de l'accepter
maintenant...
Mme Harel: J'appellerais le vote, M. le Président.
M. Bourbeau: ...sur le sous-amendement.
Le Président (M. Joly): Vous demandez un vote nominal, Mme
la députée?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Joly): Donc, le vote nominal est
appelé sur le sous-amendement du paragraphe 5° de l'article 44. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît. Mesdames et messieurs les
parlementaires, s'il vous plaît, nous allons voter sur le sous-amendement
présenté par Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre.
La Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre.
La Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Est-ce que vous m'avez nommée?
Le Président (M. Joly): Oui, madame.
La Secrétaire: Oui. Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Excusez-moi. J'étais un peu distraite.
La Secrétaire: Sur le sous-amendement?
Mme Cardinal: Contre.
La Secrétaire: O.K. M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
La Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
Le Président (M. Joly): Contre, madame.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)? Mme
Loiselle: Contre.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue)?
M. Trudel: Pour.
La Secrétaire: Le sous-amendement est rejeté.
Le Président (M. Joly): donc, le sous-amendement est
rejeté. l'amendement, toujours au paragraphe 5°, est-ce qu'on prend
un vote inversé?
Mme Harel: Inversé.
Le Président (M. Joly): Inversé. Donc, l'amendement
est adopté et l'article 44...
Mme Harel: L'amendement est adopté sur division.
Le Président (M. Joly): ...sur division. Le paragraphe
5° est adopté.
Mme Harel: Attendez, le paragraphe 5°...
Le Président (M. Joly): C'est le paragraphe 5°,
ça là.
Mme Harel: C'est ça, exactement.
Le Président (M. Joly): Parfait. Le paragraphe 5° est
adopté. J'appelle maintenant le paragraphe 7°. Il y avait un
amendement présenté par l'Opposition. L'amendement,
c'était le paragraphe 7°. L'amendement se lisait comme ceci:
«de favoriser la concertation directe entre les entreprises et les
établissements d'enseignement de la région.»
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas les...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...autorisations voulues pour accepter cet
amendement.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est mis aux
voix. (17 h 20)
Mme Harel: M. le Président, vous comprendrez que ça
fera partie de ceux qu'on déposera en Chambre ce soir. Parce que s'il y
a une chose qui nous apparaît évidente, c'est le rôle que
ces sociétés devraient jouer pour rapprocher les
établissements d'enseignement des entreprises.
M. Bourbeau: Elles vont le jouer.
Mme Harel: Alors, si elles vont le jouer pourquoi ne pas le
dire?
M. Bourbeau: Ça va sans dire.
Le Président (M. Joly): L'amendement est rejeté.
Maintenant, l'article 44 tel qu'amendé...
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): ...est adopté sur division.
nous appelons maintenant l'article 56. mme la députée de
hochelaga-maisonneuve s'il vous plaît.
Mme Harel: M. le Président, une première question:
Est-ce que le ministre a l'intention de poursuivre jusqu'à 18
heures?
M. Bourbeau: Oui, oui, si vous voulez bien.
Mme Harel: Bon, parce que, comme je l'ai indiqué, moi, je
vais quitter à 17 h 40.
M. Bourbeau: Si c'est le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, quant à moi, je n'ai pas
d'objection, mais il ne faudrait pas nous amener...
Le Président (M. Joly): Mais il faudrait qu'il ait le
mandat d'accepter les articles.
M. Bourbeau: ...n'importe qui.
M. Houde: On accepte un homme, mais pas une femme, en
deuxième, ce soir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Écoutez, l'équipe de renfort arrive
à 17 h 40.
M. Houde: Non, ce n'est pas ça, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. C'est parce qu'un homme, c'est
censé être reconnu pour être fort, alors, il vous remplace
parce que vous êtes une femme forte, c'est déjà de
quoi.
Une voix: II s'est repris.
Mme Harel: Une chance que vous vous êtes repris,
là.
M. Houde: Oui, oui, vous m'avez donné une chance.
Mme Harel: Écoutez, installé comme vous
l'êtes, là...
Une voix: Je ne prendrais pas de chance. M. Houde: Je suis
bien entouré. Une voix: II a reçu un coup de pied.
M. Trudel: Avez-vous beaucoup de bleus, M. le
député de Berthier, sur vos jambes?
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
oui.
Mme Harel: Pour montrer au ministre à quel point il nous
arrive d'être encore bien informés, j'ai en main un compte rendu,
en date du 27 mai 1992, de la réunion du Conseil des ministres qui porte
sur l'énoncé de politique de développement de la
main-d'oeuvre et le projet de loi sur la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre: la
décision no 92-139.
Le Président (M. Joly): Je n'en reviens pas. Vous avez
encore des contacts avec Morin, vous, là.
M. Bourbeau: Tout le monde a ça. Mme Harel: Lequel?
Benoît ou Claude? M. Trudel: Benoît.
Le Président (M. Joly): Non, avec celui que vous
connaissez, qui vous a fait honneur.
M. Bourbeau: M. le Président, les décisions du
Conseil des ministres ce n'est pas des documents qui sont
privilégiés. C'est confidentiel?
Le Président (M. Joly): Mais quand même. Oui, moi,
j'aurais apprécié que ça ne soit pas là.
Mme Harel: Trois choses sur lesquelles il m'intéresse
d'échanger avec le ministre, compte tenu du peu de temps qui est
à notre disposition pour les 30 autres articles qui vont rester
inachevés. Notamment, on retrouve les décisions suivantes... Dans
les modifications supplémentaires à apporter au projet de loi sur
la Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, parmi celles qui n'ont pas pu être étudiées
jusqu'à maintenant, on y retrouve ceci: porter de six mois à un
an la période durant laquelle le personnel pourra être
transféré du ministère à la Société;
supprimer la période de maraudage qui avait été
ajoutée à l'article 92 et confirmer qu'un commissaire du travail
pourra, conformément au Code du travail, trancher les difficultés
résultant du transfert des accréditations et des conventions
collectives à la Société; et finale- ment, indiquer au
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle qu'il est prématuré de conclure pour
l'instant sur la tenue d'un débat public sur l'organisation de la
formation professionnelle au Québec.
Quand j'ai vu ça, ça m'a vraiment inquiétée
parce que je me suis rappelé que, lors de la conclusion des travaux de
la commission parlementaire, le ministre nous avait dit: Ce n'est qu'une
étape et c'est une étape qu'il faut franchir, mais cette
étape est préliminaire parce que c'est un vrai débat
public sur toute l'organisation de la formation professionnelle au
Québec qu'il faut obtenir. Il l'a d'ailleurs indiqué dans le
mémoire qu'il soumettait au Conseil des ministres sur le projet de loi
408 et il était en cela appuyé par de très nombreux
organismes qui réclament un débat public, notamment le Conseil
supérieur de l'éducation, notamment l'ensemble du milieu patronal
et des milieux de l'éducation, la Fédération des
commissions scolaires et autres.
Je conclus donc, en lisant ce compte rendu des décisions du
Conseil des ministres, que la recommandation du ministre de tenir un
débat public sur l'organisation de la formation professionnelle au
Québec a été mise de côté, reportée
aux calendes grecques, dans un débat indéterminé. Mais
j'aimerais obtenir de lui des explications. Qu'est-ce que ça change de
porter de six mois à un an le transfert de personnel du ministère
à la Société? Je me pose sérieusement la question:
Pourquoi l'empressement à adopter maintenant? Finalement, les transferts
ne se feront pas avant un an. C'est quoi, l'idée? Qu'est-ce qui est si
urgent maintenant? D'autre part, pourquoi, finalement, avoir supprimé la
période où il pouvait y avoir des votes d'allégeance en
vertu des lois du travail au profit d'un commissaire du travail?
Le Président (M. Joly): Me Crevier, s'il vous
plaît.
M. Crevier: D'abord, peut-être expliquer la portée
de la modification projetée à 84. À l'origine, on
permettait, à partir de l'entrée en vigueur de la loi
jusqu'à un délai de six mois, qu'il y ait des transferts
d'employés de la fonction publique, du ministère de la
Main-d'oeuvre vers la Société. Le délai est porté,
en vertu de l'amendement, à un an, parce qu'il est possible qu'on ait
besoin de temps pour finaliser toute l'opération, surtout au niveau des
unités qui concernent la Direction générale de
l'administration. Ce qui ne veut pas dire que la plupart des employés
puissent être transférés dès le début de
cette période d'un an, et peut-être même la grande
majorité des effectifs. Mais on a voulu donner quand même six mois
de plus, s'il y avait des choses à finaliser au niveau, surtout, du
personnel affecté à la Direction générale de
l'administration.
Mme Harel: M. le ministre, je serais vraiment
intéressée, à ce moment-ci de nos travaux - on termine
dans une demi-heure... Quelle est exactement la fonction dévolue
à Me Cre-vier? Est-ce que c'est le contentieux? Est-ce qu'il est du
contentieux du ministère?
M. Bourbeau: Oui. M. Crevier: Oui.
M. Bourbeau: M. Crevier est le directeur du contentieux.
Mme Harel: II est directeur du contentieux.
M. Bourbeau: Tant du ministère de la Main-d'oeuvre que du
ministère du Travail et...
M. Crevier: Employé du ministère de la Justice.
M. Bourbeau: ...il est employé du ministère de la
Justice.
Mme Harel: D'accord. Donc, la décision a été
prise de porter à un an - c'est bien ça? - la période pour
être transféré du ministère à la
Société. Alors, je comprends donc qu'il n'y aura pas
d'équipe complétée avant un an de la mise en vigueur de la
loi.
M. Crevier: C'est-à-dire que la disposition ou
l'amendement permettrait jusqu'à un an, ce qui ne présume pas de
la période où ça peut se faire. Ça peut se faire
très tôt dans l'année ou plus tard.
Mme Harel: Pourquoi?
M. Trudel: Pourquoi avoir prévu six mois avant ça
pour... Dans votre première réflexion, c'était quoi? Parce
que vous pensiez que...
M. Bourbeau: Notre deuxième réflexion était
meilleure que la première. C'était peut-être un peu court,
six mois. On s'est rendu compte que...
M. Trudel: Un peu court, comme dirait l'autre.
M. Crevier: II y avait aussi un autre facteur. C'est que certains
employés, suivant un délai qui était fixé,
n'auraient pas encore acquis leur permanence, ce qui faisait que, s'ils avaient
été transférés à la Société,
ils n'auraient pas bénéficié de certains droits de retour
ou de promotion qui sont conférés dans les dispositions de la
loi. Alors, en reportant ça à un an, ça permettrait,
à ces gens-là, d'effectuer un transfert tout en les faisant
bénéficier d'une protection conférée par les
dispositions ici.
Mme Harel: Sont-ils nombreux dans cette situation-là?
M. Crevier: Moi, personnellement, je n'ai pas les chiffres. Je
sais que c'était peut-être un des motifs.
Mme Harel: Mais c'est quoi? 1, 2, 3, 5, 10 personnes?
M. Crevier: On me dit que c'est une demi-douzaine de
personnes.
Mme Harel: Alors, c'est essentiellement pour ces
personnes-là.
M. Crevier: C'a également cet effet-là.
Mme Harel: mais l'effet que ça peut avoir... est-ce que
c'est par ancienneté que les personnes sont nommées à la
société? (17 h 30)
M. Crevier: je ne pense pas que le facteur ancienneté joue
énormément. c'est plutôt les fonctions qu'elles exercent
actuellement qui font que...
Mme Harel: Comment va se faire l'embauche, M. le ministre, dans
la séquence que vous prévoyez? C'est bien volontaire, le
transfert? C'est volontaire.
M. Bourbeau: Oui, oui. M. le Président, comme il s'agit
d'une question un peu technique, qui concerne la façon d'affecter le
personnel de la fonction publique, peut-être qu'on pourrait demander au
sous-ministre adjoint à la formation professionnelle de la
Main-d'oeuvre, M. Duc Vu...
Le Président (M. Joly) : C'est ça.
M. Bourbeau: ...de donner son opinion sur la question.
Le Président (M. Joly): Alors, M. Duc Vu, la parole est
à vous.
M. Vu (Duc): Normalement, en termes de procédure, vous
avez, quelque part après l'adoption de la loi, un avis aux syndicats
qui, en même temps...
Mme Harel: Un avis? Je m'excuse.
M. Vu: Un avis aux divers syndicats, parce qu'il y a des
conventions collectives qui prévoient qu'il y a des avis de cession
d'unités administratives, si vous voulez. Par ailleurs,
évidemment, le mouvement vers la Société serait un
mouvement volontaire. Ça se ferait de la même façon que
lors de la réforme de la santé et des services sociaux: on
demande aux gens s'ils veulent y aller, et dans la mesure où ils
veulent y aller, il y a un transfert, conformément aux articles
de la loi. S'il y en a qui ne veulent pas y aller, il y a des procédures
qui peuvent être utilisées de façon à ce qu'ils
puissent être affectés ou mutés, soit à
l'intérieur du ministère, soit à l'extérieur du
ministère, dans d'autres ministères. C'est après cette
procédure-là où il n'y a plus d'autres recours possibles,
si vous voulez, que, conformément à la convention collective, il
y a l'application des mécanismes concernant la cession d'unités
administratives à ce moment-là.
Mme Harel: Je comprends donc qu'il y a un traitement
différent qui est fait selon que l'on soit employé de la
Direction générale de la Main-d'oeuvre et de la Formation
professionnelle ou employé d'autres unités administratives du
ministère. En fait, à l'article 84 tel que formulé, je
comprends que, pour les employés de la Direction générale
de la Main-d'oeuvre et de la Formation professionnelle, c'est, finalement, un
décret qui va prévoir le transfert, tandis qu'au deuxième
paragraphe de l'article 84, pour les employés des autres unités
administratives, c'est un transfert volontaire. Ils peuvent, sous
réserve des dispositions de leur convention, devenir ou non des
employés de la Société, mais, au premier paragraphe, il
n'y a pas de transfert volontaire.
M. Vu: C'est-à-dire que ça va leur être
demandé quand même. Dans la mesure où ils veulent y aller
ou dans la mesure où ils ne veulent pas y aller, ils peuvent se
prévaloir des dispositions d'affectation ou de mutation.
Mme Harel: Ça veut dire quoi, ça?
M. Vu: bien, s'il y a des postes vacants dans le
ministère, dans d'autres fonctions, ils peuvent se présenter pour
appliquer sur ces postes-là.
Mme Harel: S'il n'y a pas d'autres fonctions vacantes?
M. Vu: À la fin de toute cette procédure, s'il n'y
a pas d'autres postes, à ce moment-là, c'est la cession de
l'unité administrative. Par conséquent, c'est une mise en
disponibilité éventuelle. Mais c'est un dernier recours. On
procède, d'abord, à l'ensemble des démarches permettant de
satisfaire avant, si vous voulez, la volonté de l'individu.
Mme Harel: et le recours au commissaire du travail plutôt
qu'à la période de maraudage telle que prévue
initialement? merci, m. le sous-ministre.
M. Crevier: On parle, je pense, de l'amendement à
l'article 92. L'effet de l'amendement, en fait, ça fait
disparaître le texte précédent qui prévoyait une
période statutaire de maraudage, si on veut, qui s'ajoutait à la
période normale. Donc, ça, c'est retiré, et la disposition
qui remplace ça a simplement pour objet... D'abord, ça ne change
rien aux règles de base des articles 45 et 46 du Code du travail
à l'effet que le commissaire peut venir constater une transmission
d'entreprise et en aménager les conséquences sur le plan
juridique, sur le plan des accréditations et des conventions
collectives. Donc, 42, le texte qui est proposé comme amendement ne fait
que constater simplement que le commissaire exerce cette juridiction, qu'il
aurait de toute façon, mais c'est dans le but de contrer un argument qui
aurait voulu que, vu que le transfert se fait en fonction d'une loi
particulière, ça échapperait à la juridiction du
commissaire. Or, c'est simplement en vue de contrer cet argument-là.
Mais ce qui est visé par 92 tel qu'amendé, c'est, si on veut, de
suivre les règles normales, les règles ordinaires en la
matière. Ça, ça veut que le commissaire puisse se saisir
d'un litige à l'occasion de transferts semblables à celui qu'on
observe dans le projet de loi.
Mme Harel: Est-ce qu'il pourra y avoir une révision
d'accréditation ou une révocation d'accréditation entre
des dates précises, tel que stipulé à 92?
M. Crevier: Oui. C'est-à-dire que l'article 45 donne
ouverture à un recours, pas seulement dans les périodes dites de
maraudage de l'article 22. C'est ouvert en tout temps. Il faut, toutefois,
démontrer qu'on a une difficulté réelle après la
survenance d'une cession ou d'une concession d'entreprise et, par la suite, le
commissaire, s'il le juge nécessaire, va décider du reste.
Mme Harel: Je termine avant que mon collègue reprenne
où je dois malheureusement laisser. Je comprends que le ministre n'a pas
obtenu de ses collègues du Conseil des ministres et de son premier
ministre le consentement pour qu'un débat public sur la formation
professionnelle ait lieu au Québec.
M. Bourbeau: m. le président, je ne peux pas commenter les
documents que la députée prétend avoir obtenus du conseil
des ministres. ce sont des documents qui sont, comme vous le savez,
confidentiels pour 25 ans. alors, je suis tenu à ne pas en parler
pendant 25 ans, mais ce qui est dit est dit.
Mme Harel: Tantôt, vous disiez que ce n'était pas
confidentiel. Vous disiez que c'était un procès-verbal, que
n'importe qui pouvait avoir ça.
M. Bourbeau: J'ignorais de quoi parlait la députée
de Hochelaga-Maisonneuve. Si elle parie
d'un document qui est la décision du Conseil des ministres, c'est
ce qu'elle dit, si elle a un document comme ça entre les mains, M. le
Président, c'est confidentiel pour 25 ans. Alors, vous viendrez me
revoir en l'an 2017 et on pourra en discuter ensemble ouvertement. Je ne sais
pas où vous serez à ce moment-là, ni moi, mais...
Mme Harel: Existerons-nous?
Le Président (M. Joly): Mme la députée, vous
devez quitter? On va vous souhaiter un bon voyage de retour à
Montréal.
Mme Harel: Je vous reviens ce soir.
Le Président (M. Joly): Nous sommes toujours sur l'article
56. M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Vous avez appelé 56?
Le Président (M. Joly): C'est déjà fait et
le temps de parole a été utilisé sur 56. Nous sommes sur
le point d'adopter.
M. Trudel: Le temps de parole utilisé! M. le
Président, je vous connais bien, vous. Je sais que vous avez un certain
sens de l'humour. Vous êtes quelquefois un petit peu...
Le Président (M. Joly): Un petit peu taquin. M. Trudel:
...taquin et malin.
M. Houde: M. le Président, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue est très rapide. Ça va aller
assez vite, vous allez voir.
M. Trudel: D'abord, sur la question des régions, est-ce
qu'il y a un nouveau découpage de prévu pour
l'établissement de la notion de région? On change la
définition à r). Est-ce qu'on change...
M. Bourbeau: Dans un premier temps, non, parce qu'on n'a pas de
crédits suffisants mais c'est sûr que, lorsqu'on rapatriera des
pouvoirs et les budgets du gouvernement fédéral en matière
de main-d'oeuvre et de gestion de l'assurance-chômage, à ce
moment-là, tout va changer et il va falloir qu'on ait une meilleure
représentation régionale. Présentement, on a 11 bureaux
régionaux seulement, alors qu'il y a 16 régions au Québec.
Donc, il y a des cas où un bureau couvre deux régions. C'est le
cas, entre autres, de Laval, par exemple, M. le Président, qui doit
partager son bureau avec Montréal.
M. Trudel: C'était ma question suivante: Laval,
Montréal, est-ce qu'on y perd ou on y gagne? (17 h 40)
M. Bourbeau: Je trouve ça personnellement un peu difficile
de concevoir que Laval soit fusionnée à Montréal dans un
bureau régional puisque, de toute façon, Montréal est
déjà une très, très grosse région. Ça
ne m'apparaît pas très souhaitable d'assujettir la ville de Laval
à un bureau déjà très important, le bureau de la
Commission de formation professionnelle de Montréal
métropolitain. Donc, ça me semblerait assez logique de laisser un
seul bureau pour Montréal, et d'avoir un autre bureau pour la rive nord,
comme on en a un pour la Montérégie, présentement.
M. Trudel: Est-ce que l'intention, au ministère, c'est de
s'aligner sur les régions socio-économiques du Québec, les
16 régions socio-économiques du Québec, pour
l'instant?
M. Bourbeau: C'est certainement un objectif du gouvernement,
présentement. Si on ne l'a pas fait jusqu'à maintenant, c'est que
les moyens financiers ne nous l'ont pas permis, puis je présume
qu'éventuellement on aura ces moyens.
M. Trudel: Et, en matière de sous-régions,
là, il n'y a pas d'obligation nulle part d'avoir des bureaux pour servir
dans les sous-régions. Prenez, je ne sais pas moi, le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, je comprends que la Gaspésie va
devenir une région là, ou est devenue une région, mais
dans bien des régions du Québec, compte tenu des
caractéristiques du territoire québécois, les
sous-régions regroupées à l'intérieur d'une
région administrative ont parfois des réalités
extrêmement différentes sur le plan sociologique, sur le plan
économique, sur le plan de la main-d'oeuvre, forcément.
M. Bourbeau: L'importance d'avoir des bureaux
sous-régionaux est de beaucoup diminuée quand on a des bureaux
locaux, parce qu'il faut bien réaliser que c'est au niveau local que se
passe l'action et que le bureau régional ne devient, en fait, qu'un
organisme de coordination. Et le problème qui se pose,
présentement, c'est que nous, en main-d'oeuvre, on n'a que des bureaux
régionaux, des CFP, avec quelques points de service dans certaines
régions. Certaines régions n'en ont pas du tout, d'autres ont
quelques points de service. On a, en tout, une quarantaine de points de service
sur tout le territoire québécois, un point de service
étant un genre de petit bureau local.
Si on considère que le gouvernement fédéral, dans
son réseau, a environ 130 bureaux locaux, plus les bureaux
régionaux, plus un bureau central à Montréal, plus un
autre bureau central à Ottawa, si on fusionnait les deux réseaux,
on aurait le gros avantage d'avoir des bureaux locaux dans toutes les villes du
Québec de quelque importance. On aurait deux séries de bureaux
régionaux qu'on fusionnerait forcément pour n'en faire qu'un, et
un bureau à Montréal,
disons, ou à Québec, enfin un siège social. Et,
dans ce sens-là, on serait en mesure de donner un bien meilleur service
à partir de tous les bureaux locaux qui deviendraient la porte
d'entrée unique pour tous les services: l'assurance-chômage, tous
les programmes de main-d'oeuvre, de placement de la main-d'oeuvre, etc. Et le
bureau régional deviendrait un genre de bureau de coordination, les
services aux individus étant donnés localement par ce guichet
unique que l'on souhaite tant. Donc, je conclurais qu'il ne serait pas
important d'avoir des bureaux sous-régionaux, il y aurait des bureaux
locaux. Et c'est ce que nous souhaitons.
M. Trudel: Bien là, je dois dire tout de suite qu'il n'y a
pas nécessairement d'opposition à votre définition de
bureaux sous-régionaux. Je comprends bien votre définition dans
votre mécanique, mais souvent un bureau local, dans ce que vous
m'illustrez, peut équivaloir à un bureau sous-régional. Un
bureau à Ville-Marie, au Témiscaminque, pour servir le
Témiscamingue, ça peut avoir la définition
«local» dans votre langage, mais ça peut aussi devenir un
bureau sous-régional en termes de services à la population, parce
que, effectivement, la... Voyons, mon élan vient de commencer
là!
Le Président (M. Joly): Je suis obligé de vous
arrêter sur votre erre d'aller.
M. Trudel: Ah, ça n'a pas de bon sens. Il y a quelqu'un
ici qui... Vraiment, M. le ministre, pourquoi? Il y a quelqu'un qui cherche
à me boycotter, certain! Je prends la parole, et deux minutes, quatre
minutes...
Le Président (M. Joly): C'est un vote. Oui, alors...
M. Trudel: On me prive du plaisir.
Le Président (M. Joly): Les membres de cette commission
sont appelés à aller voter.
M. Bourbeau: C'est peut-être votre collègue, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui a pris trop de temps.
M. Trudel: Aussitôt que j'arrive en relève,
l'Assemblée me boycotte, le ministre fait des...
M. Bourbeau: M. le Président, en terminant, je tiens
à remercier quand même l'Opposition pour son travail construct et
dire que le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue pourrait
faire effectivement un bon critique en matière de main-d'oeuvre. Je vois
qu'il a déjà des connaissances importantes. Et, quant à
moi, M. le Président, je ne ferais pas d'objection si on venait me
consulter sur son affectation à ce dossier.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Fin de la séance à 17 h 45)