Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Marois): Veuillez porter attention,
nous allons reprendre nos travaux. Je vais rappeler, d'abord, le mandat de la
commission. La commission des affaires sociales se réunit afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 408, Loi sur
la Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Alors, je vais d'abord demander au secrétaire s'il y a des
remplacements, et j'aimerais peut-être que le ministre soit attentif,
parce que j'ai eu une demande que le secrétaire va nous
présenter.
Le Secrétaire: Alors, les remplacements, c'est Mme Boucher
Bacon (Bourget) qui est remplacée par Mme Bleau (Groulx).
La Présidente (Mme Marois): Bienvenue.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier) qui est remplacé
par M. Maltais (Saguenay).
La Présidente (Mme Marois): Bienvenue.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson) par Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), et il y aurait une demande de consentement.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Allez-y donc,
M. le secrétaire!
Organisation des travaux
Le Secrétaire: Alors, Mme Blackburn (Chicoutimi)
remplacerait Mme Juneau (Johnson), mais cet après-midi, à compter
de 15 heures.
La Présidente (Mme Marois): Mais, pour faire cela,
ça nous prend un consentement.
Mme Harel: Sinon, Mme Blackburn siégera toute la
journée.
M. Bourbeau: Ah mon Dieu! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Moi qui pensais que vous préféreriez
me garder toute la journée!
M. Bourbeau: Écoutez, ne commencez pas déjà
les menaces.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): II ne s'agit pas de menaces,
M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, moi, je
décèle une tactique d'intimidation de la part de
l'Opposition.
La Présidente (Mme Marois): II ne s'agit que d'une demande
de consentement. Nous n'en sommes que là.
M. Bourbeau: Moi, j'ai toujours appris qu'il y a une seule chose
qui soit pire que le chantage, c'est de céder au chantage. On m'a
toujours appris ça.
La Présidente (Mme Marois): Je pense qu'il ne s'agit que
d'une demande de consentement. Est-ce que vous consentez ou non? C'est
simple.
M. Maltais: Mme la Présidente, c'est beaucoup plus
compliqué que ça.
La Présidente (Mme Marois): Alors, vous allez m'expliquer,
et je vais entendre votre point de vue.
M. Maltais: Voilà! Le règlement est très
clair. Lorsqu'on remplace, on remplace pour l'ordre donné par la
Chambre. C'est pour une période d'une journée. Malheureusement,
consentement ou pas, on ne peut pas aller contre le règlement. Ça
deviendrait, à ce moment-là, une aberration. Le règlement
ne servirait plus à rien. Or, la période de consentement, c'est
pour la journée. C'est avec plaisir que je consens pour la
journée pour Mme la députée de Chicoutimi, mais,
autrement, on ne peut pas aller contre le règlement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: On remercie beaucoup le député de
Saguenay de son consentement, mais on n'en a pas besoin. Mme la
députée de Chicoutimi peut siéger à cette
commission pour la journée. Alors, on n'a pas besoin du consentement du
député de Saguenay pour qu'elle y siège toute la
journée. On a besoin du consentement du député de
Saguenay, par ailleurs... et, que je sache, notre règlement n'est pas un
principe de droit divin qu'on ne puisse écarter par consentement. Que le
député dise sincèrement qu'il ne veut pas donner son
consentement plutôt que d'invoquer des raisons qui ne sont pas les
bonnes, Mme la Présidente.
M. Maltais: Mme la Présidente, je regrette...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Maltais: Tout simplement, je demande l'application du
règlement, qu'il en plaise ou qu'il en déplaise à la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
La Présidente (Mme Marois): Alors, ce que je constate,
c'est qu'il n'y a pas consentement. Cela étant dit, il arrive, à
l'occasion, effectivement, que de tels consentements, quand même,
s'accordent, mais je constate qu'il n'y en a pas. Alors, nous allons donc
procéder avec l'article 44. Nous étions au deuxième
alinéa, si je ne m'abuse. C'étaient les fonctions du conseil
régional.
M. Bourbeau: Toujours dans les remarques préliminaires,
avant de commencer, parce qu'on en est aux remarques
préliminaires...
La Présidente (Mme Marois): Enfin, il n'était pas
prévu de remarques préliminaires, mais, s'il y a accord,
j'imagine qu'on va vous entendre.
M. Bourbeau: C'est parce que, hier, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve - je vais attendre qu'elle soit disponible - nous avait
annoncé une nouvelle à l'effet que la session se terminait
aujourd'hui et qu'on continuerait à siéger sur la loi 408 au
cours des prochaines semaines. Ce matin, il semble que le leader ait
annoncé plutôt qu'on siégerait lundi matin, que la Chambre
continuerait. Alors, il semble que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ait un petit peu anticipé sur les
événements. C'était d'un ton triomphal, effectivement,
qu'elle nous annonçait hier qu'on devait cesser nos travaux et oublier
le projet de loi 408 pour un certain temps.
Ça me fait penser à la fable de l'ours, Mme la
Présidente, et des deux compagnons, vous vous souvenez, qui... Deux
compagnons pressés d'argent à leur voisin ont vendu...
La Présidente (Mme Marois): Vous avez remarqué...
Un instant, s'il vous plaît, M. le ministre!
M. Bourbeau: Uniquement la conclusion, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Ah, excusez-moi! Je vais
revenir à vous...
M. Bourbeau: ...qui disait qu'il ne faut pas vendre...
La Présidente (Mme Marois): Excusez-moi, M. le ministre!
Vous avez dit que vous aviez des remarques préliminaires à faire.
(12 h 20)
M. Bourbeau: Oui, oui, ça fait partie des remarques.
La Présidente (Mme Marois): Ce n'est pas prévu
qu'il y ait des remarques préliminaires; ça me prend un
consentement.
Mme Harel: Aucun consentement.
M. Bourbeau: Bon, très bien, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): II n'y a pas de consentement.
Nous en sommes...
M. Bourbeau: je renonce à en faire, en disant qu'il ne
faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir mis par terre. c'est la
conclusion de la fable.
La Présidente (Mme Marois): Alors, l'article 44.
Pardon?
Mme Harel: J'ajouterais que c'est facile, Mme la
Présidente, de vouloir faire des remarques préliminaires quand on
a empêché et bâillonné la
députée...
La Présidente (Mme Marois): Ça va. S'il vous
plaît!
Mme Harel: ...qui est responsable du dossier.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée,
merci. Nous allons procéder...
M. Bourbeau: Si elle veut faire des remarques
préliminaires, il n'y a aucun problème!
Conseils régionaux Fonctions (suite)
La Présidente (Mme Marois): s'il vous plaît, m. le
ministre! nous allons procéder avec l'article 44. nous sommes au
deuxième alinéa de l'article 44.
M. Bourbeau: Oui, ce paragraphe, Mme la Présidente,
définit une fonction majeure de notre conseil régional qui
consistera a adapter les programmes de la Société de façon
à ce qu'ils répondent davantage aux réalités de la
région.
Mme Blackburn: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Oui, s'il vous plaît,
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, hier, j'ai
demandé au ministre comment expliquer «les conditions de leur mise
en oeuvre», «dans la mesure où ies conditions de leur mise
en oeuvre
le permettent». Il m'a expliqué en me
référant à l'article 22, que c'était en relation
avec cet article qui dit: «La Société doit soumettre ses
programmes à l'approbation du gouvernement et ne peut les modifier ou y
mettre fin sans une telle approbation. Elle doit de plus mettre fin à un
programme existant...» Ce n'est pas cet article, c'est 24:
«...gère également tout programme». Oe toute
façon, la réponse, l'information me convenait. Je savais dans
quelle perspective... Je voudrais dire tout de suite au ministre que, hier,
quand il s'est un peu excité, ce que je disais au sous-ministre,
c'était simplement ma crainte de voir cette Société se
transformer en CSST, ce qui a inquiété profondément son
sous-ministre, M. Pronovost. C'était seulement cette remarque que
j'avais faite.
Alors, sur ce paragraphe, évidemment, on peut en parier, et on va
encore en parier un moment, parce que c'est toute la philosophie du projet de
loi avec laquelle on n'est pas d'accord. Moi, que le ministre m'ait
expliqué la loi, c'est-à-dire l'article par lequel on devait
interpréter cette disposition-là, ça me va, mais ça
ne me m'apparaît pas indispensable. Alors, moi, je vous jure, je n'ai pas
le goût de faire de longs palabres. Je vous demanderais juste... J'ai
l'intention de déposer un amendement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Un amendement.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que votre amendement
est prêt?
Mme Blackburn: Oui. Remplacer le paragraphe 2° par le
suivant: «2° d'adapter les programmes aux réalités de
la région;».
La Présidente (Mme Marois): Et vous bifferiez «dans
la mesure où les conditions de leur mise en oeuvre le
permettent».
Mme Blackburn: C'est ça.
M. Maltais: Est-ce que l'amendement est recevable?
La Présidente (Mme Marois): Je crois que l'amendement est
recevable, dans le sens où... Je vais juste le regarder, le relire bien.
C'est ça. Dans la mesure où, dans le fond, le reste vient
essentiellement préciser l'amendement... Bien, s'il n'y a pas de
précision, ça peut être admis autrement.
M. Maltais: Si vous déclarez l'amendement recevable, je
suis tout à fait d'accord avec vous. J'aimerais qu'on ajourne quelques
minutes pour qu'on ait le temps de prendre connaissance de l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): Je n'ai aucune objection, M.
le député.
M. Maltais: Alors, allons-y!
La Présidente (Mme Marois): Certainement, nous allons
ajourner quelques instants.
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. (Suspension de la
séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 27)
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vais relire
l'amendement qui concerne le deuxième alinéa du paragraphe 44 et
qui se lit comme suit:
Remplacer le paragraphe 2° par le suivant: «2° d'adapter
les programmes aux réalités de la région;».
Oui, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. L'objectif de
l'amendement que j'ai proposé est en quelque sorte de laisser ce que
j'appellerais un minimum de latitude à la société
régionale. J'ai beaucoup de difficultés, je dois vous dire,
à utiliser les termes «société
régionale», tant il est vrai qu'il n'y a pas grand-chose
là-dedans. Ça me rappelle tout le temps
«société distincte». J'ai toujours pensé que
la société distincte, ça ne conférait pas
grand-chose et, finalement, c'est à peu près le même vide
qu'on retrouve dans les termes, quand on pense à son statut tel qu'il
est présenté, c'est-à-dire qu'il ne repose pas sur les
dispositions du Code civil, en vertu de la troisième partie des lois des
compagnies. Évidemment, c'est la même impression. Mais, une fois
qu'on sait que le ministre n'est pas prêt à changer d'avis
là-dessus, ce que je souhaiterais très sincèrement, c'est
qu'on puisse, au moins, un peu atténuer la tendance. On ne pourra pas la
changer totalement, parce que le ministre a fait son lit là-dessus;
c'est son droit le plus strict. Moi, je ne partage pas son avis, parce que je
suis d'une région.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, oui.
M. Bourbeau: C'est le gouvernement, pas le ministre. C'est un
projet de loi du gouvernement. Nuance!
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Le gouvernement a fait son lit. Et le gouvernement
- vous avez tout à fait raison de me le rappeler - a plutôt des
tendan-
ces centralisatrices. À l'exception d'un de ses ministres qui a
démontré une certaine volonté de décentraliser, le
ministre de la Santé et des Services sociaux, je n'ai pas vu beaucoup de
volonté de décentraliser. J'ai davantage vu, dans ce
gouvernement, une tendance à complètement ignorer les
régions, quand ce n'est pas à les vider. (12 h 30)
Je pense en particulier à certains services gouvernementaux qui
ont été fermés à Chicouti-mi. On avait un service
pour aller chercher l'immatriculation des voitures; il a été
fermé, à Chicoutimi. Alors, ça a été
centralisé à Jonquière. Ça a été la
même chose dans le cas de la Régie du logement. Il y avait un
service à Chicoutimi, qui a été fermé. Je vous
donnerais toute une série de décisions qui ont été
prises et qui vont toutes dans la même direction. Et ceux qui sont issus
des régions, je le sais qu'ils le savent aussi. Ça se passe pas
mal trop souvent de cette manière-là en ce qui concerne les
régions.
Je suis de celles qui pensent que, autant pour les régions que
pour les individus, finalement, plus vous rendez les personnes, les individus
ou les groupes d'individus autonomes, plus ils sont compétitifs, plus
ils sont productifs et plus ils sont prospères,
généralement. Et, quand, à l'inverse, vous les videz de
tous les pouvoirs, ces gens-là se déresponsabilisent; c'est
ça, le problème. On n'essaie pas de pelleter n'importe quoi.
Simplement, c'est que, si vous ne les responsabilisez pas, ils ne se sentiront
pas impliqués dans le processus. Les régionaux n'en veulent plus,
de ce genre, de ce modèle-là, et ils sont venus vous le dire
à de multiples reprises. Je ne peux pas ne pas être sensible a
ça. Je suis d'une région, j'ai travaillé dans ces
secteurs-là. J'ai travaillé avec acharnement à faire
décentraliser Radio-Québec, à l'époque. Finalement,
quand le gouvernement a repris le pouvoir, il a revidé les
régions, et c'est toujours et constamment comme ça. Je le dis
avec passion et, en même temps, j'ai beaucoup de difficultés
à me résigner à laisser passer une loi qui vient
pénaliser ou qui vient enlever aux régions la capacité
d'assurer leur développement. Écoutez, vous allez me dire que je
fais du zèle. Sans doute, mais je suis incapable de laisser... On
pourrait choisir la facilité. Ça m'arrive de le penser. La
facilité, ce serait simplement de vous laisser faire, mais, en toute
conscience, je ne peux pas le faire parce que je me dis que ça affecte
trop de monde, ça concerne trop de personnes et trop de personnes qui y
ont cru, qui ont investi dans les commissions de formation professionnelle
actuellement, peut-être pas toujours avec l'habilité que le
ministre souhaiterait et que, moi aussi, je souhaiterais, à l'occasion,
mais qui l'ont fait à la lumière de leurs connaissances et des
besoins exprimés par le milieu.
Alors, quand je m'exprime sur les questions de développement
régional, de décentralisation des pouvoirs, je le fais au nom des
personnes que je représente. Et, dans ce dossier comme dans tous les
dossiers de décentralisation, je sais pouvoir m'appuyer sur tout ce qui
a un peu de pouvoir actuellement en région. Ce n'est pas l'Opposition
qui est en train de vous dire que vous faites fausse route. L'Opposition ne
fait que porter la parole des différents mémoires et des
différents organismes qui se sont prononcés sur cette question.
Et je trouve qu'on ne peut pas les prendre à la légère. Je
comprends que le ministre puisse s'impatienter. C'est vrai que c'est long.
Cependant, on ne peut pas rigoler sur ces choses-là et on ne peut pas
prendre ça à la légère comme si ce n'était
pas sérieux. Si le ministre peut trouver ça drôle, je vous
jure que les gens en région ne trouvent pas ça drôle. Ils
ne trouvent pas ça drôle.
Dans le fond, l'explication, les justifications qu'on avance pour
soutenir les demandes des régions disent: Dans le fond, les
sociétés régionales doivent être en mesure d'adapter
les programmes et les normes en fonction de leurs besoins spécifiques.
Elles ont besoin qu'on transfère des budgets et que les budgets non
dépensés au cours de l'année demeurent dans l'enveloppe.
On a déresponsabilisé totalement les cégeps et les
hôpitaux. Je pense à ces deux exemples-là, que je connais
mieux, parce qu'à un moment donné les résidus de budget
d'une année budgétaire donnée étaient
retournés au fonds consolidé. Alors, résultat, ce qu'ils
faisaient, ils se dépêchaient de dépenser. J'ai même
vu pire, dans le temps, c'est qu'on épongeait les déficits. On
avait un peu plus de sous dans les années soixante-dix; on
épongeait les déficits des cégeps, ce qui fait que la
pratique s'était installée: on faisait des déficits.
Ça avait eu un effet particulièrement pernicieux.
Ça n'a pas non plus comme effet d'encourager une saine gestion
des deniers publics. Et une des façons d'assurer une saine gestion des
deniers publics - la politique a été changée dans les
collèges - c'était de garder dans leur enveloppe les surplus
budgétaires. Progressivement, les collèges se sont donné
des politiques de gestion de ces surplus qui leur ont permis d'initier des
activités extrêmement intéressantes et très utiles
lorsqu'il s'agissait de soutenir des projets de développement dans le
milieu; des initiatives des professeurs, des projets qui intégraient
à la fois une activité pédagogique, les professeurs et les
élèves, les étudiants. Ces surplus-là ont
été gérés, à ma connaissance, avec beaucoup
de rigueur et avec la même rigueur et le même attachement que les
gens y auraient mis si ça avait été leurs propres sous,
parce qu'on les avait responsabilisés.
C'est ça que les régionaux vous demandent. Ils vous
demandent: Si, comme ça arrive, parce que, dea fcis, on n'a pas tout le
groupe d'élèves, le cours n'est pas tout à fait
prêt, on n'arrive
pas à rentrer dans les normes - et elles vont être
nombreuses - laissez-nous affecter les budgets et laissez-nous les surplus de
manière à ce qu'on puisse, l'année suivante... Parce qu'on
n'a pas réussi à compenser les besoins en cours d'année,
on va en avoir peut-être un peu plus l'année suivante. C'est
ça que les régionaux vous demandent. Ce qu'ils vous demandent,
évidemment, c'est d'éviter de nous encarcaner dans des
ratios.
En Ontario, c'est en 1984, si ma mémoire est fidèle,
qu'ils ont décidé d'ajouter 1 000 000 000 $ à l'enveloppe
de la recherche universitaire. C'était sur quelques années, je
pense que c'était sur cinq ans. Et, en même temps, ils avaient
pris une décision qui a été capitale dans le
développement de la main-d'oeuvre en Ontario. Ils ont
décidé qu'ils décentralisaient les activités de
formation en éducation des adultes et en formation de la main-d'oeuvre.
Mais ils ont décidé également que les ratios
étaient réduits selon les régions. Ils l'ont fait à
la fois pour l'enseignement dans l'équivalent des collèges
communautaires et à l'université et ils ont fourni, dans les
universités en région, des enveloppes beaucoup plus
élevées que celles qui étaient dans les grands centres,
pour ces raisons: pour pouvoir tenir compte à la fois de
l'éloigne-ment, des coûts reliés au perfectionnement des
professeurs et de tout ce que ça coûte, finalement, lorsque vous
demeurez en région. Mais, en même temps, ce que l'Ontario, le
gouvernement ontarien a fait à l'époque, et ça a
été la mesure qui a eu le plus d'effet, c'est de ne pas demander
aux universités en région d'avoir les mêmes ratios pour
offrir un cours. Et, ça, ça a été très
efficace. Ça a été efficace, et ça a permis aux
universités - je pense au nord-est ontarien - d'initier des programmes
qu'ils ne pouvaient pas, jusqu'alors, donner ou offrir. C'est ça que les
régionaux vous demandent.
Les régionaux ne vous disent pas: Envoyez-nous l'argent, et sans
directives. Je pense que tout le monde est conscient que l'imputation, c'est
important et qu'on ne peut pas, comme ça, réclamer, sans aucun
contrôle, du moment où vous n'êtes pas élu, de
pouvoir dépenser les deniers publics s'il n'y a pas, en même
temps, l'imputabilité. Alors, les régionaux, compte tenu que le
choix a été fait de ne pas se donner une structure
élective, évidemment, on est obligé de travailler dans les
cadres que le gouvernement nous a donnés, c'est-à-dire une
structure très centralisatrice. Mais, ce qu'on se demande, c'est: Est-ce
qu'il n'y a pas moyen de réduire un peu les effets négatifs de la
centralisation, de donner, sinon dans les faits, à tout le moins
l'impression qu'il y a une volonté de décentraliser un peu? Parce
que les régionaux n'accepteront pas de continuer à consacrer
temps, énergie, efforts dans une démarche qui pourrait être
désavouée n'importe quand.
Quand vous avez créé les premières struc- tures des
CFP, le ! patronat est venu nous dire - et beaucoup d'organisations,
mais particulièrement le patronat: Si c'est pour nous amener dans une
structure où nous n'avons aucun pouvoir, on n'en veut pas. On n'en veut
pas, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps à perdre là-dessus. Ne
nous amenez pas dans une structure où on définit des besoins, on
établit une problématique et, tout à coup, les programmes
qui nous sont offerts ne correspondent pas à ce qu'on aura
identifié alors qu'on y aura mis beaucoup d'heures. On ne veut pas
travailler dans une perspective comme ça. Alors, est-ce que les
régionaux, après quelques refus, après quelques
échecs de leur effort de voir reconnaître l'évaluation
qu'ils ont faite des besoins, vont vouloir continuer à travailler un peu
comme ça, dans le vide? Moi, je ne le pense pas. Je pense qu'ils vont
avoir autre chose à faire. (12 h 40)
Je vais prendre pour acquis que le gouvernement, par le ministre qui
représente ce gouvernement, a fait son lit en matière de
centralisation. Je vous dis: Essayons d'atténuer les effets
négatifs de cette centralisation, dans la mesure du possible. Et
là je parle comme régionale, comme régionale qui a
reçu de nombreuses représentations sur ce projet de loi de
régionaux qui s'inquiètent des effets pervers d'une telle
orientation, de régionaux qui avaient appris à se prendre en main
dans ces domaines-là et qui avaient été
particulièrement performants. J'admets qu'il doit bien y avoir des
erreurs, mais, quand le gouvernement fait une erreur dans ce domaine, c'est 16
erreurs dans 16 régions. Je dis toujours: Vous savez, une erreur dans
les cégeps, ça demeure une erreur dans les cégeps; une
erreur dans 10 cégeps, ça demeure dans 10. Mais une erreur au
ministère, c'est 46 erreurs, parce que ça descend dans tous les
cégeps. C'est la même chose lorsqu'on parte de ce type de
programme. Je vais plaider, en dépit de la fatigue, en dépit de
la durée des débats, je vais toujours plaider pour qu'on essaie,
à tout le moins, d'améliorer dans le sens d'atténuer les
contrôles qui me semblent superflus, pour laisser un minimum
d'oxygène à cette Société.
Alors, voilà, je termine là-dessus. Je ne pense pas que
l'amendement qui est sur la table vienne complètement modifier ou
changer en profondeur les orientations; elles sont déjà
déterminées du moment où on a décidé de ne
pas donner un statut légal à la Société. Alors,
tout ce qu'on peut faire, c'est atténuer la lourdeur de l'appareil et
donner, à tout le moins, sinon dans les faits, l'impression aux
régionaux qu'ils auront encore leur mot à dire et qu'ils ne se
sentent pas désavoués tout le temps. Alors, voilà, j'ai
terminé.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. J'ai une autre demande d'intervention. M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît.
M. Maltais: Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai
écouté attentivement la députée de Chicoutimi et,
ce qui me surprend, c'est la contradiction entre son discours, ici, et ses
alliés circonstanciels. Je parle en particulier du Conseil du patronat,
du très honorable M. Dufour qui, lui-même, reprochait, dans un
article du 15 juin, signé Laurent Laplante, que le poids de la mesure
décentralisatrice du ministre Bourbeau, c'était d'ignorer le
poids régional, mais que cela poussait la décentralisation fort
loin. Et voici ce que M. Laplante disait encore, et ce qui contraste un petit
peu avec ce que Mme la députée de Chicoutimi vient de dire:
«...on a compris que la décentralisation, ce n'est pas
émietter. On a compris que l'État garde son rôle. On a
compris, exactement, comme l'avait fait l'autre forum - en parlant d'un forum
sur l'Union des municipalités - qu'il ne faut pas opposer le pouvoir
local ou régional au pouvoir central, mais départager les
rôles, les devoirs, les habile-tésde chacun. Équilibre et
complémentarité.»
Alors, voilà, Mme la Présidente, ce qui est
complètement l'antithèse, à partir du principe où
l'allié circonstanciel, qui est la base même de l'objection au
projet de loi, vient, tout au moins, contredire drôlement ce que la
députée de Chicoutimi vient de nous énoncer dans sa
brillante plaidoirie. Et, à cet effet, Mme la Présidente, je
demande le vote sur l'amendement proposé par la députée de
Chicoutimi.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député. Je vous remercie de votre intervention. Je reconnais
votre demande de vote, mais je crois qu'il y avait des temps de parole qui
n'étaient pas terminés. Je ne sais pas si Mme la
députée...
M. Maltais: Est-ce que je peux savoir le temps de Mme la
députée de Chicoutimi, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Marois): Oui, très certainement.
13 minutes. Alors, il resterait 7 minutes, quoi.
M. Maltais: Alors, je lui concède son temps de 7 minutes,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Je l'ai fait
calculer.
Mme Blackburn: Je sais que le temps peut paraître
long...
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, M. le
député. Ce n'est pas une question de concession, on va s'entendre
Je pense qu'on peut essayer de continuer à travailler dans un climat qui
me semble bien engagé et bien serein.
Mme Blackburn: Bien.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on va permettre
à la députée de s'exprimer et, si jamais vous vouliez
réintervenir par la suite, évidemment, vous savez que vous avez
du temps disponible pour le faire. Mme la députée.
Mme Blackburn: Lors d'une allocution que prononçait M.
Ghislain Dufour, président du Conseil du patronat, au colloque de
l'UMRCQ sur la décentralisation et la régionalisation, il a
été applaudi à tout rompre. On peut penser qu'il
était sensiblement dans la même direction que l'UMRCQ qui a pris
une position assez ferme sur la question de la décentralisation. Un
allié conjoncturel, me dit le député de Saguenay: le
Conseil du patronat. Je ne faisais pas référence à ce
dossier, je faisais référence à toutes les interventions
qui ont été faites par le Conseil du patronat en 1986, lorsqu'on
a modifié la structure de la Commission de formation
professionnelle.
Dans ce dossier, je suis tout à fait à l'aise lorsque je
réclame la régionalisation. On s'appuie sur des dizaines et des
dizaines de lettres qui représentent des centaines de milliers de
personnes. Il y a des organismes, autant dans le comté de Saguenay que
dans le mien, autant dans ma région que dans la sienne; ça fait
l'unanimité. Moi, je comprends dans quelle situation les
députés du gouvernement se retrouvent dans un dossier qui est
délicat; ils sont tenus de suivre la ligne du parti. Mais je comprends
en même temps que, s'ils avaient certaine latitude...
Une voix: C'est un régionaliste.
Mme Blackburn: Mais, oui, c'est un régionaliste, j'en ai
la conviction.
Une voix: On pourra peut-être le convaincre.
Mme Blackburn: II vient du Saguenay, il a été
élevé à Chicoutimi, il y a travaillé. Vous ne
pouvez pas naître dans une région et passer votre temps à
en mettre toujours, toujours, toujours plus pour gagner 0,05 $ que si vous
étiez dans les grands centres et ne pas comprendre la dynamique. Je le
sais et je respecte ça. Moi, je dois dire, je ne suis pas de celles qui
vont commencer à faire des accusations à gauche ou à
droite. Je me dis que vous êtes, comme nous le serions sans doute dans
les mêmes circonstances, pris dans une dynamique qui rend difficile
l'expression, à l'extérieur, à tout le moins - vous l'avez
sans doute fait à l'intérieur, ça, je n'en doute pas, mais
à l'extérieur et à cette table - d'opinion divergente de
celle du ministre. Je respecte ça, moi, je respecte ça, mais je
sais très bien que ça existe. Il n'y a aucun régionaliste
qui a vécu les difficultés de développement dans une
région qui va être en faveur de la centralisation.
Pour avoir assisté à des congrès de l'AQORCD,
l'Association québécoise des organismes régionaux de
concertation et de développement, avoir participé et
été vice-présidente d'un CRCD dans la région du
Saguenay, je n'ai jamais entendu d'autres discours que celui-là, ils ne
disaient pas: Donnez-nous ça sans aucun contrôle, mais ils
disaient: Faites-nous donc confiance un petit peu. Donnez-nous donc les moyens
de vous prouver qu'on peut être au moins aussi bons, peut-être pas
meilleurs que vous, mais au moins aussi bons. C'est ça que les
régionaux demandent. Ils ne demandent pas plus.
Alors, l'UMRCQ, dans une lettre... Je me rappelle, je n'avais lu qu'un
ou deux paragraphes la dernière fois: je n'ai pas pu terminer.
Sainte-Foy, 21 mai 1992 - c'est adressé à M. André
Bourbeau, ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle, et c'est signé par M. Roger Nicolet,
que j'ai eu le plaisir et le grand honneur de connaître et de
côtoyer à l'occasion de la commission Bélanger-Campeau.
C'est un homme de sens commun assez remarquable et de grande sagesse, que j'ai
beaucoup apprécié parce que ce n'est pas tous les jours qu'on a
l'occasion de connaître, de rencontrer des gens qui, au cours
d'échanges, sont capables d'évoluer. Alors, dans cette lettre qui
est adressée au ministre Bourbeau, en page 3, ce que dit M. Nicolet,
c'est: «Concrètement, nous plaidons, évidemment, pour un
degré accru d'autonomie de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Il nous
apparaît primordial de permettre l'établissement de
sociétés régionales qui soient constituées en
corporations au sens du Code civil. Le choix des membres des conseils
d'administration de ces sociétés régionales devrait
assurer une présence appropriée et équitable à tous
les groupes représentatifs concernés. Parmi ceux-ci, il nous
semble de l'essence même de la démarche de prévoir une
place significative pour les dispensateurs de formation: ministère de
l'Éducation, universités et cégeps. Un mécanisme
électoral pourrait être envisagé en vue de garantir la
représentativité de ces conseils.» Qu'ils ne viennent pas
se représenter, mais qu'ils viennent vraiment représenter un
groupe d'individus et des intérêts de groupes et non pas des
intérêts individuels.
Dans les partenaires associés à la l'UMRCQ dans sa demande
et dans cette démarche de décentralisation, vous avez: la
Centrale de l'enseignement du Québec, qui était
représentée par Mme Lorraine Pagé; la
Confédération des syndicats nationaux, par M. Gérald
Larose, le président; la Fédération des CLSC du
Québec, par M. Maurice Payette, son président; la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec,
par M. Fernand Daoust, son président; la Conférence des conseils
régionaux de la santé et de services sociaux, par M. Gilles
Fortin; la Fédération des cégeps, par M. Yves Sansoucy,
qui est le prési- dent et qui est aussi directeur général
du cégep Édouard-Montpetit; la Fédération des
commissions scolaires du Québec, par Mme Diane Drouin, la
présidente; l'Association des industries forestières du
Québec Itée, par M. André Duchesne, le président;
l'Association des manufacturiers du Québec, par M. Richard Le Hir, le
président; le Conseil du patronat du Québec, par M. Ghislain
Dufour; le Mouvement des caisses Desjardins, par M. Claude Béland, le
président; l'Union des producteurs agricoles, par M. Jacques Proulx et
l'Union des artistes, par M. Serge Turgeon. (12 h 50)
Alors, je le rappelle, je ne viens pas intervenir ici en mon nom. Je
pense qu'il y a un solide consensus sur le territoire du Québec à
l'effet qu'il faudrait décentraliser les pouvoirs à la
société régionale et lui donner un statut juridique. Mais,
comme l'aspect «statut juridique», c'est passé et qu'il
semble qu'on ne pourra pas l'obtenir - le ministre ne changera pas - je
maintiens qu'il faut essayer d'améliorer le contenu, dans la mesure du
possible, en fonction d'une décentralisation. J'aurai l'occasion, sans
doute, de...
La Présidente (Mme Marois): C'est terminé.
Mme Blackburn: ...le rappeler. puisque je vois que le
député de saguenay est en train de se substituer à notre
secrétaire, qui compte le temps...
La Présidente (Mme Marois): Et qui le fait très
bien, d'ailleurs.
Mme Blackburn: ...et les minutes, les temps de parole.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vais vous remercier,
Mme la députée de Chicoutimi. Je vais maintenant demander au
député de Saguenay, qui m'a demandé la parole,
d'intervenir si c'est son désir.
M. Maltais: Merci. Vous allez comprendre, Mme la
Présidente, que nous, les régionalistes, on fait toujours une
double vérification.
Toujours en parlant des alliés circonstanciels, des mariages
contre nature, je citerai encore M. Laplante. Au Forum national, on a
vanté, bien sûr, les mérites de la décentralisation.
Là, on n'a pourtant pas fait... Moi, je ne parle pas quand les
autres...
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, M. le
député. Mme la députée, s'il vous plaît, on
vous entend un petit peu.
M. Maltais: Je ne parle jamais quand les autres parlent, moi. Ma
mère m'a appris...
La Présidente (Mme Marois): Enfin, disons
que «jamais» est un bien grand mot; il faut mettre parfois
quelques réserves, mais...
M. Maltais: C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): ...je vous écoute, M.
le député.
M. Maltais: J'ai souvenance des conseils de ma mère.
Certes, un colloque organisé sous l'impulsion de l'Union des
municipalités régionales de comté - les mariés
circonstanciels - ne pouvait que faire part d'elles aux aspirations
municipales, mais on n'a quand même pas conclu... Et ça, ce sont
les personnes, toutes les personnes que Mme la députée de
Chicoutimi a amplement citées. Tout ce beau monde là n'a pas
conclu à une chose: la nécessité de tout confier aux
élus municipaux.
Mme la Présidente, Mme la députée de Chicoutimi a
fait un discours éloquent sur le régionalisme, mais je ne crois
pas que l'apanage du régionalisme puisse lui appartenir en propre.
Depuis le temps que je siège en cette Chambre, je pense que les
régions, peu importe où au Québec, ont un certain
nationalisme économique. Elles l'ont toujours bien appliqué,
particulièrement la nôtre. Lorsque le ministre présente un
projet comme celui-là, c'est de peu et de peu beaucoup, Mme la
Présidente... ce n'est pas un mariage de force non consommé,
comme on l'a vécu dans la fusion de Baie-Comeau-Hauterive. C'est loin de
là, au contraire. Je pense que, pour une fois, l'État prend ses
responsabilités vis-à-vis de la région. Les régions
ont quand même un mot important à dire.
Justement, au paragraphe 2e, «...dans la mesure
où les conditions de leur mise en oeuvre le permettent», c'est que
ça prend... L'État est là pour gouverner. Bien sûr,
les régions ont à décider des choses, ont à
partager des choses avec l'État, mais à quoi servirait un
gouvernement, une fois qu'on l'a élu, si on l'amputait de tous ses
pouvoirs? Je rappelle à Mme la députée de Chicoutimi qu'un
gouvernement est composé également d'élus, de
régionalistes, de gens des villes, et ces gens-là, tous ensemble,
ont des responsabilités comme gouvernement. Ça n'empiète
pas sur les responsabilités à l'échelle locale, d'aucune
façon, au contraire. C'est pour ça que je pense que la
deuxième partie du paragraphe 2° doit être adoptée le
plus rapidement possible. Je ne continuerai pas plus longtemps, parce que je
suis convaincu que Mme la députée Chicoutimi se ralliera à
nous et retirera sa motion, tout au moins.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, M. le
député de Saguenay. S'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons mettre aux voix l'amendement à l'article... Oui, M. le
député.
M. Joly: Pourquoi mettre aux voix? J'imagine qu'on peut juste
l'adopter comme ça.
La Présidente (Mme Marois): On peut... M. Maltais:
Ou le retirer.
La Présidente (Mme Marois): Oui, oui, tout à fait,
on peut procéder à son adoption.
M. Joly: Pas nécessaire de mettre...
La Présidente (Mme Marois): Moi, je réponds tout
simplement, si vous permettez, à un souhait exprimé par le
député de Saguenay qui a demandé le vote. Est-ce que
j'avais bien compris, M. le...
M. Maltais: Oui, madame.
La Présidente (Mme Marois): ...député de
saguenay? d'accord. alors, j'avais bien écouté, voyez-vous, votre
collègue et j'accédais à sa demande. vous êtes
d'accord?
M. Joly:...
La Présidente (Mme Marois): Bon! Vous avez eu une dure
soirée, ce qui fait que...
M. Joly: J'ai eu à subir un paquet
d'incohérences...
La Présidente (Mme Marois): Ah bien, ça! M.
Joly: ...durant une nuit toute longue.
M. Maltais: Mme la Présidente, je le soupçonne
d'être allé au-delà de sa force.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Vous croyez?
M. Joly: Qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'on est envahi?
La Présidente (Mme Marois): Si vous le permettez, je vais
procéder à la mise aux voix de l'amendement qui a
été proposé par la députée de Chicoutimi, et
qui visait à remplacer le paragraphe 2° de l'article 44 par le
suivant: «2° d'adapter les programmes aux réalités de
la région;».
Alors, M. le secrétaire, on va procéder à l'appel
nominal, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, l'amendement vise à
supprimer ces mots-là.
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que non.
Ça remplaçait le paragraphe 2°, parce que ça avait le
même effet que celui que vous
mentionnez. Ça supprimait ainsi, de par le libellé qu'on a
devant nous, la deuxième partie de l'alinéa. D'accord? Alors, M.
le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: Alors, Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: J'étais contre quand même.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Secrétaire: M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Contre.
Le Secrétaire: Mme Marais (Taillon)?
La Présidente (Mme Marais): Pour.
Le Secrétaire: Alors, 2 pour, 5 contre.
La Présidente (Mme Marais): Parfait! Alors, l'amendement
est rejeté. Nous revenons donc au deuxième alinéa de
l'article 44, et je demande s'il y a d'autres commentaires ou d'autres
remarques. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Peut-être... Non, le ministre peut...
M. Bourbeau: Ça va.
La Présidente (Mme Marais): M. le ministre? Ça
va?
Mme Blackburn: Alors, à défaut d'avoir pu vous
faire accepter l'amendement précédent, j'en aurais un second qui
pourrait peut-être rallier les parties, et qui se lirait comme suit:
Remplacer le paragraphe 2e de l'article 44 par le suivant.
La Présidente (Mme Marais): Oui, je vous écoute,
Mme la députée.
Mme Blackburn: «2° de définir les
modalités d'application des programmes en fonction des
réalités, besoins et priorités spécifiques de sa
région;».
La Présidente (Mme Marais): Merci. M. Maltais: Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marais): Oui, M. le
député de Saguenay.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est recevable?
M. Maltais: L'amendement est fort recevable, Mme la
Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marais): II m'apparait recevable
à sa face même.
M. Maltais: À sa face même. Et j'aimerais
peut-être vous demander une petite question ou directive pour aider un
peu la députée de Chicoutimi, parce qu'à chaque fois
qu'elle présente un amendement - et j'imagine qu'elle a un classeur
d'amendements à présenter - si elle en faisait faire des
photocopies d'avance, elle les garderait, puis elle pourrait les déposer
à tout le monde, parce que, là, on est obligé d'ajourner
encore pour attendre la photocopie.
La Présidente (Mme Marais): M. le député,
écoutez, on ne peut pas présumer...
M. Maltais: Mais jouer à la chaise...
La Présidente (Mme Marais): ...d'aucune espèce de
façon des intentions de la députée qui participe aux
travaux de cette commission. Alors, c'est son droit le plus strict, comme
parlementaire, de présenter des amendements et, au fur et à
mesure qu'elle les présentera, vous avez vu que nous sommes très,
très rapides, ici, au secrétariat, pour procéder à
la photocopie et qu'immédiatement, dans les minutes qui suivent la
suspension, ces documents vous reviennent. Et je vais m'assurer qu'on
accélère ce processus-là...
M. Maltais: On veut être éclairés
rapidement.
La Présidente (Mme Marais): ...de telle sorte que vous
ayez un bon service. M. le député, je vous comprends. M. le
ministre.
M. Bourbeau: mme la présidente, sur la question dont vient
de parler le député, c'est que, vous savez, on a une session qui
tire à sa fin...
La Présidente (Mme Marais): Oui, je suis consciente de
ça.
M. Bourbeau: ...et il reste aujourd'hui,
demain, lundi et mardi. Bon. Il nous reste peut-être à peu
près 25 heures, à peine, à peine 25 heures pour en finir.
Nous avons encore quand même une cinquantaine d'articles. Ça fait
que ça voudrait dire qu'il faudrait marcher à un rythme fulgurant
de deux articles à l'heure, ce qui, si le passé est garant de
l'avenir, fait en sorte que les travaux de la commission sont en
péril.
Donc, moi, j'abonde dans le sens de ce que demande le
député. C'est qu'il y a eu une certaine courtoisie de ce
côté-ci, en ce sens qu'on a remis tous nos amendements à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve d'avance, Mme la
Présidente. J'allais dire en deux copies. Non, je crois que c'est en une
seule copie, mais on peut en faire des copies additionnelles, si vous voulez.
Il me semble que ce serait normal que l'Opposition, dans un geste fraternel,
fasse la même chose, Mme la Présidente.
Une voix: C'est une question d'organisation.
M. Bourbeau: oui, qu'elle nous transmette d'avance ses
amendements, de sorte qu'on puisse en faire l'étude, et ça
augmenterait peut-être les chances de pouvoir les accepter. parce que,
souvent...
Une voix: Avez-vous besoin de parler?
M. Bourbeau: Non, j'aimerais expliquer une chose.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre,
allez-y.
M. Bourbeau: Souvent, ces amendements sont des amendements dont
le sens profond n'apparaît pas tout de suite; parfois, c'est un peu
hermétique, et il faut que nos conseillers juridiques prennent le temps
de les examiner. Puis, quand on n'a pas le temps, on est obligé de les
refuser. Dans le doute, on s'abstient; c'est bien connu. Alors, si on pouvait
les voir d'avance, on pourrait en faire une étude approfondie. Parfois,
même, il faut aller sensibiliser le Conseil des ministres ou, enfin, le
Comité de législation pour s'assurer de la cohérence
législative ou juridique des amendements. Bref, il y a une foule de
raisons qui pourraient justifier cette démarche.
Alors, moi, je plaide dans le sens de ce qu'a demandé mon
collègue. Je fais appel à la bonne volonté de
l'Opposition. Je sais qu'elle est très désireuse de voir le
projet de loi acheminé le plus rapidement possible, et ça
accélérerait nos travaux. (13 heures)
La Présidente (Mme Msrois): Je reçois votre demande
tout à fait positivement, M. le ministre. Je pense qu'elle est tout
à fait...
M. Bourbeau: Justifiée et légitime.
La Présidente (Mme Marois): ...intéressante et
légitime. Cependant, évidemment, je vais demander à la
députée de Chicoutimi, peut-être, d'intervenir parce que
c'est son strict droit de procéder ainsi ou pas. C'est à elle de
prendre sa décision.
Une voix: On peut suspendre les travaux.
La Présidente (Mme Marois): Oui, je n'ai pas d'objection,
puisqu'il est 13 heures. Alors, nous suspendons jusqu'à 15 heures, cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Marois): La commission va reprendre ses
travaux, le ministre ayant son livre de chevet, les «Fables» de La
Fontaine. J'ai d'ailleurs de très grands... C'est très sage,
finalement.
Alors, cela étant dit, nous en étions, si vous le
permettez, dans le cadre de l'étude du projet de loi 408, à
l'article 44, deuxième alinéa, et la députée - je
vais attendre que ça se calme un petit peu, d'accord - de Chicoutimi
avait proposé un amendement, qui se lisait comme suit:
À l'article 44, remplacer le deuxième paragraphe par le
suivant: «2° de définir les modalités d'application des
programmes en fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de sa région;».
Alors, c'est recevable. Oui, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Je ne discuterai pas sur la recevabilité -
c'est très recevable - sauf que, pour le bénéfice de la
députée de Chicoutimi, est-ce que l'amendement qu'elle nous a
apporté ne s'appliquerait pas plus à l'article 3?
Mme Blackburn: Au paragraphe 3°? M. Maltais: Oui.
La Présidente (Mme Marois): On va lui poser la question
là, qu'elle regarde tout ça pour voir si ça lui convient
ou pas.
(Consultation)
Mme Blackburn: Dans le troisième paragraphe, on parle
«d'élaborer des initiatives régionales dans le cadre des
politiques»...
M. Maltais: C'est ça.
Mme Blackburn: ...tandis que, dans le deuxième, c'est des
modalités d'application...
M. Maltais: De programmes.
Mme Blackburn: ...en fonction - non - des réalités,
des besoins et des priorités régionales, et pas en fonction des
politiques de la Société.
M. Maltais: Écoutez, moi, je veux juste bien
comprendre...
Mme Blackburn: Oui. Non, je crois que c'était...
M. Maltais: ...parce qu'un projet de loi, une fois qu'il est
adopté, on doit vivre avec, hein?
Mme Blackburn: Oui.
M. Maltais: Je veux bien comprendre parce que, dans le paragraphe
3°, on dit: «d'élaborer des initiatives régionales dans
le cadre des politiques de la Société». Votre amendement,
que je vois ici, c'est de définir des modalités d'application de
ce programme en fonction des réalités et des besoins
spécifiques de la région.
En fait, votre amendement, c'est l'inverse du paragraphe 3°. Je veux
être bien sûr que c'est à la bonne place que vous le
présentez.
Mme Blackburn: Oui, oui. Non, je pense...
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je maintiens, là, que ce serait à la
bonne place. Je vais essayer de vous faire partager mon avis. Quand on parle,
dans le 3°, «d'élaborer des initiatives régionales dans
le cadre des politiques de la Société», la
Société se donne de grandes politiques. Je présume, c'est
ce qu'on nous dit depuis le début. Elle doit probablement indiquer des
champs privilégiés d'intervention. Il va y avoir certainement
l'établissement de secteurs prioritaires. C'est en fonction de ces
secteurs qu'elle devra, la société régionale,
«élaborer des initiatives régionales dans le cadre des
politiques de la Société», tandis que ce que je propose,
c'est «de définir les modalités d'application des
programmes en fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de sa région;».
En fait, ça découle de 1°, qui dit: «de
définir la problématique», et qu'on a laissé en
suspens, d'ailleurs. Je ne sais pas si on y reviendra, là.
M. Maltais: Oui. Mais si vous prenez le paragraphe 6°,
ça va en contradiction avec votre amendement, ici. C'est ça.
J'essaie de voir l'article complet, dans son ensemble. Si je prends le point
6°, ça vient en contradiction avec votre amendement. Je ne voudrais
pas que vous ameniez des amendements qui rendent caducs, certains articles.
La Présidente ? (Mme Marois): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Moi, écoutez, je pense bien... Oui.
Regardez, écoutez là, le 6°, c'est: «de favoriser la
mise en oeuvre de programmes d'aide à l'emploi ou de
développement régional». Ça n'a pas fonction...
Ça n'a pas, ça n'a rien...
M. Maltais: On verra.
Mme Blackburn: Ça a peu à voir avec la
formation...
M. Maltais: On verra.
Mme Blackburn: ...de la main-d'oeuvre. C'est de l'aide à
l'emploi. Alors, je voudrais juste-La Présidente (Mme Marois):
Bon. Alors,
Mme la députée...
Mme Blackburn: Oui.
La Présidente (Mme Marois): ...est-ce que vous voulez
élaborer sur votre amendement?
Mme Blackburn: Oui. Mais, peut-être qu'avant de le faire...
Je voudrais juste réagir à l'invitation qui nous a
été faite, juste avant le lunch, par le ministre, de
déposer nos amendements. On a eu ces amendements hier ou avant-hier,
là, je ne le sais plus - j'ai perdu un peu la notion du temps - mais
juste au moment où on recommençait l'étude du projet de
loi. Évidemment, il nous aurait été difficile de commencer
à rédiger nos amendements sans avoir pris finement connaissance
des amendements du ministre. Ça ne se fait pas comme ça, et le
ministre le sait, je pense bien. Et quand j'ai...
M. Bourbeau: Je croyais que... Mme Blackburn: Pardon?
M. Bourbeau: Le projet de loi a été
déposé en décembre 1991. Je croyais que vous aviez eu -
à une commission parlementaire - amplement le temps de
réfléchir sur vos positions et de rédiger des amendements.
Je croyais qu'ils étaient tous prêts. Mais, s'il n'y en a pas de
prêts, on continuera à les écrire sur le coin de la
table.
M. Maltais: C'est ça, sauf que ça retarde les
travaux de la commission.
M. Bourbeau: Oui, oui, ça retarde.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée...
Mme Blackburn: Je dois avouer qu'on a un
peu moins de ressources que le ministre n'en a, et, pour citer un
mauvais exemple, le ministre du Travail a déposé des amendements
à son projet de loi jusqu'à ce que le rapport de la commission
soit déposé en Chambre. Alors, on n'a comme pas de leçons
à recevoir là-dessus.
M. Maltais: Vous savez, Mme la députée de
Chicoutimi...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: ...on ne doit jamais prendre les mauvais exemples. On
doit prendre les bons exemples.
Mme Blackburn: Vous avez raison.
M. Maltais: On parie du ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui, lui, a déposé ses
amendements en vrac, et c'est plus intéressant à ce
moment-là... Moi, j'aurais aimé... J'ai été dans
l'Opposition, aussi, et il était de coutume, de sage coutume, que,
lorsque le ministre déposait ses amendements en vrac, on déposait
les nôtres également et on faisait une étude exhaustive des
amendements. Finalement, à la fin de la commission, le projet de loi
était fart en grande collaboration avec les amendements apportés
et, souvent, il y en avait des deux côtés. Maintenant, je
comprends que c'est de bonne guerre, c'est le privilège - et je respecte
ce privilège - sauf qu'à chaque fois que vous allez apporter un
amendement on sera obligé d'ajourner la commission pour attendre d'avoir
l'amendement, de l'étudier et de savoir s'il va à la bonne place.
À ce moment-là, ça retarde indûment, à mon
avis, les travaux de la commission. Mais ne vous en faites pas, on a tout le
temps qu'il faut!
Mme Blackburn: Bien, alors...
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Chicoutimi. Merci, M. le député de Saguenay.
Mme Blackburn: Voilà, je vous dis qu'on est
disposés et prêts à souffrir qu'on suspende pour que vous
ayez le temps d'examiner les amendements. En ce qui a trait à la
pratique antérieure, j'imagine que les projets de loi, si vous aviez le
temps de les étudier aussi soigneusement, c'est qu'ils ne vous
étaient pas apportés en fin de session et à la course.
Alors, je reviens sur l'amendement. L'amendement tire son orientation et
sa préoccupation de différents mémoires qui nous ont
été soumis. Je prends celui de la CSN qui commente, à la
page 30 de son mémoire, «La main-d'oeuvre: la force indispensable
à un développement durable», les mandats et le statut des
sociétés régionales.
La CSN s'inquiétait particulièrement de la portée
de cet article 44. D'abord, la CSN rappelait qu'elle était
préoccupée par rapport à la définition des
territoires. Elle se demandait s'il ne fallait pas revoir certains
découpages territoriaux. Et, là, ça devrait faire plaisir
au ministre, parce que la CSN demandait que soit précisée dans la
division territoriale des sociétés régionales qu'elle soit
déterminée par le gouvernement, après consultation, mais
que le gouvernement refasse le découpage. Quand le ministre parle de
grandes politiques, moi, je suis tout à fait d'accord. Les très
grandes politiques structurantes doivent être adoptées par le
gouvernement. C'est le genre de décisions, quand on parle du
découpage du territoire, qui doivent être aussi prises par le
gouvernement, après consultation et, dans la mesure du possible, dans le
respect des commentaires et des avis reçus par le ministre. Mais il n'en
demeure pas moins qu'il y a une responsabilité de prendre une
décision. C'est vrai pour les MRC, mais c'est vrai également pour
tous les territoires, les régions ou la définition du territoire
de chacune des régions.
À présent, ce que la CSN ajoutait, elle disait: D'un autre
côté, il y a une préoccupation tout à fait
justifiée qui doit être soulevée, concernant la
capacité de cette nouvelle instance régionale à prendre en
compte la réalité de son milieu. S'il est vrai, dit-elle, qu'il
faut penser globalement et agir localement, encore faut-il pouvoir tenir compte
de la multiplicité des réalités, et être en mesure
d'adapter la stratégie globale aux particularités
régionales. (15 h 20)
Donc, la CSN développe assez longuement, et en commentant
particulièrement l'article 44 de ce projet de loi. Quand la CSN
s'inquiète de la capacité de ces sociétés à
tenir compte de la multiplicité des besoins dans une perspective
très centralisée, je pense que c'est une inquiétude, en ce
qui me concerne, qui est fondée. L'inquiétude est fondée
parce que, si l'on pense qu'il y a beaucoup de programmes en enseignement
collégial, dans nos écoles secondaires, imaginez-vous la gamme
des programmes, la variété des services que ce genre de
Société est appelée à offrir. Dans les
collèges, vous avec 120 programmes professionnels; dans les
écoles, je ne saurais pas le dire comme ça, de mémoire, il
y en a un peu moins, sans doute. Dans les collèges, en plus des
programmes, vous avez une espèce de voie de sortie... 32, oui. Alors,
voyez-vous, déjà, c'est plus facile à gérer, je
dirais. Même centralisés, vous êtes capable d'établir
votre carte des enseignements, et vous n'avez pas 200 petits programmes...
Là, ça ne sera pas 200, ça doit ressembler à
quelque chose comme des milliers de petits programmes qui répondent
à des besoins, soit d'entreprises, soit des services publics ou, encore,
simplement, aux besoins des individus en fonction dun retour au travail ou du
développement des habiletés. Alors, je me demande encore,
parce qu'il me semble que ça va créer un cafouillis
absolument terrible, indescriptible ou, encore, des frustrations telles que
ça va prendre, juste pour gérer cette
Société-là, de Québec, beaucoup plus de ressources.
Ils vont quasiment être obligés de mettre un effectif par
région, à Québec, juste pour répondre et analyser
les besoins, les politiques et les projets de chacune des
sociétés régionales. Alors, ça va probablement
faire 8 ou 16 petites sociétés régionales ou de personnes,
de directions, qui vont recevoir, commenter et apprécier
l'évaluation des besoins des régions.
A présent, je reviens donc au mémoire de la CSN. Je pense
que la CSN a raison de s'inquiéter de la capacité de la
Société, dans la perspective où elle a été
créée très centralisée, de répondre d'une
façon efficace à la multiplicité des besoins et des
réalités régionales.
Hier, le député de Saguenay parlait de
Baie-Comeau-Hauterive. Vous avez là un cégep qui a un programme
unique, qui est particulièrement intéressant, mais on ne voit pas
ce programme-là implanté à Montréal. Il est
vraiment dans son milieu, c'est là qu'il devait être, c'est
là qu'il a été ouvert, et on ne pourrait pas l'en
déplacer. Les gens se déplacent vers ce centre-là
lorsqu'ils veulent suivre ce type de formation. C'est vrai dans d'autres
cégeps, mais ça a été efficace et ça s'est
créé parce que c'est le milieu qui en a décidé
ainsi. C'est le milieu qui a décidé de son besoin et c'est le
milieu qui a progressivement imposé, je dirais, autant le programme que
son contenu, que sa philosophie, parce que c'est un programme d'enseignement
coopératif. Il n'y en a pas beaucoup, finalement, en enseignement
collégial, et c'est intéressant. Oui, c'est intéressant
parce qu'ils avaient une latitude telle qu'ils ont pu le réaliser.
Vous allez dans un cégep - vous allez me pardonner de parler des
cégeps, c'est probablement la structure d'enseignement que je connais le
mieux - comme La Pocatière, où il n'y avait rien qui qualifiait
le cégep de La Pocatière pour devenir le centre
spécialisé en technologie physique. C'est le cégep de La
Pocatière qui a obtenu le centre spécialisé en technologie
physique, et c'est le plus réputé en ces matières. C'est
celui qui donne le meilleur enseignement, c'est celui aussi qui, en
collaboration avec le milieu, a développé toutes sortes de
technologies, tant pour le traitement de la tourbe que pour faire le charbon de
bois... Ils ont des laboratoires, ils se sont fait des laboratoires, d'abord,
de façon assez artisanale, où on est capable de traiter du son
sous vide. Ils ont travaillé beaucoup avec Bombardier. Alors, le
cégep de La Pocatière n'était vraiment pas, mais vraiment
pas destiné à occuper un champ de compétence aussi
intéressant. Il a réussi, en dépit, je dirais, d'une
certaine résistance, particulièrement des cégeps
montréalais, qui s'estimaient mieux placés pour offrir un tel
enseignement, à développer une expertise telle qu'ils sont
devenus irremplaçables, et tout ça parce que le cégep
avait une certaine latitude. Vous allez me dire: II ne s'agit pas tout à
fait de la même chose. Je pense que c'est rapprochant, et, chaque fois,
ça m'amène à penser que, si, laissés à
eux-mêmes, certains établissements, certaines institutions peuvent
ne pas toujours poser les gestes parfaitement conformes à ce que le
ministre envisage, quel que soit le ministre, il n'en demeure pas moins qu'avec
une marge de manoeuvre suffisante ces établissements qui sont
gérés par des personnes compétentes et responsables, dans
la très grande majorité des cas, peuvent amener et
développer des modèles d'enseignement, des modèles de
programmes, des modèles d'approches de pédagogie et des
modèles de soutien au milieu qui sont originaux. Mais il faut que vous
sentiez, pour développer une telle chose, une certaine confiance de la
part de vos mandants.
La société, telle qu'elle est conçue, la
société régionale, totalement vidée de son pouvoir,
ça devient littéralement une boîte à lettres. Dans
ces circonstances, je ne pense que ça favorise beaucoup l'initiative et
le goût de l'engagement pour les personnes concernées. À
terme, dans un premier temps, ils vont certainement faire l'effort, parce que
les régionaux sont pleins de bonne volonté. Chaque fois, comme on
leur fait toujours porter sur les épaules la responsabilité de
faire la preuve de ce qu'ils avancent, ils vont s'y mettre, ils vont s'y
mettre: un an, deux ans, trois ans, quatre ans, le temps d'avoir refait le tour
de piste qu'ils avaient déjà fait, puisqu'ils avaient
déjà une certaine autonomie. Mais, une fois cette étape
franchie, probablement qu'il va se produire ce qui se produit
généralement dans tous nos systèmes, actuellement.
Ça va être pris en main par les fonctionnaires, qui vont
être coincés entre les directives de la Société
mère et le conseil d'administration de la société
régionale, dont la nomination des principaux cadres relève de la
Société mère. Ils rendent des comptes à la
Société mère, puis, en même temps, ils vons
être coincés entre ces deux pouvoirs, sachant bien où le
pouvoir va situer le vrai, celui qui vous nomme, qui assure vos promotions.
Ça va rapidement pencher du côté du respect des directives
de la Société. On a, en région, un exemple qui a
été assez parlant d'une telle évolution. Je pense à
certains conseils régionaux de la santé et des services sociaux,
les CRSSS. Il y a des CRSSS qui ont, envers et contre tous,
résisté, résisté aux directives par trop
envahissantes du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Mais il y en a d'autres qui sont devenus littéralement des boites
à lettres. C'était littéralement le bras du
ministère dans les régions. C'est en train de changer parce qu'on
leur a donné un peu de pouvoir. En même temps qu'on leur donne un
peu de pouvoir, vous leur donnez la responsabilité de trancher des
conflits potentiels. Ça, c'est intéressant. C'est
intéressant parce que c'est ça le pouvoir. Le pouvoir, ce
n'est pas juste le plaisir de faire ce qu'on veut, c'est aussi la
responsabilité de trancher en situation conflictuelle. Les CRSSS sont en
train de l'apprendre, mais la première structure avait eu ce
défaut. J'ose avancer que, malheureusement, beaucoup trop de CRSSS
avaient fini par devenir cette espèce de boîte à lettres,
pour une raison extrêmement simple et tout à fait humaine. C'est
des gens qui étaient dans la structure et dont les promotions les plus
possibles relevaient du réseau de la santé et des services
sociaux. Alors, c'était un peu la chaise musicale; c'était un peu
le donnant, donnant; c'était un peu «tu protèges tes
arrières et tu t'assures d'avoir une bonne complicité dans le
milieu». Malheureusement, c'est ça que ça a donné.
La seule façon de faire faire ce virage qu'on connaît actuellement
aux CRSSS, ça a été vraiment de leur donner des
responsabilités.
On a trop d'exemples, en région, de ce genre de situations pour
ne pas être sensible à ce qui menace les sociétés
régionales de la main-d'oeuvre dans la structure telle que
concoctée. C'est pourquoi, je l'ai dit ce matin, je vais le rappeler, si
on est capable, en dépit de la structure qu'on est obligés
d'accepter, qui est très centralisée, si on peut, dans certaines
des dispositions, laisser un tout petit peu plus de pouvoir aux régions,
moi, je pense que je suis prête à contribuer à faire ce
virage. Ce matin, le député de...
La Présidente (Mme Marois): Saguenay. (15 h 30)
Mme Blackburn: Saguenay, j'allais dire Maltais, mais le
député de Saguenay commentait l'article de Laurent Laplante, que
j'ai eu le plaisir de connaître et avec qui j'ai travaillé parce
que, quand j'étais présidente du Conseil des collèges, il
était président de la commission de l'évaluation. Alors,
M. Laplante dit - et je pense qu'il faut lire l'article - parlant de la
décentralisation qui pouvait mener à l'anarchie: «Beaucoup
semblent accorder à ces mots des vertus universelles et magiques.»
Et, là, au deuxième paragraphe, il ajoute: «Fort
heureusement, certains font cependant la différence entre la
décentralisation et l'anarchie et s'efforcent de retirer de ce concept
ce qu'il peut donner d'heureux tout en évitant ses effets pervers. On
évitera ainsi des réveils douloureux.» Il faut lire les
deux paragraphes ensemble. Il dit: «J'en veux pour preuve deux colloques,
tenus ces jours derniers à Québec, et que, pour cause
d'animation, j'ai suivis d'assez près.»
Alors, ce qu'il dit, c'est que, fort heureusement, il y en a qui font la
différence, et il cite ces deux colloques auxquels il a
participé, parce qu'il y faisait de l'animation. Il faut dire que M.
Laplante est particulièrement... Quand j'ai entendu commenter cet
article de Laurent Laplante, j'ai été étonnée parce
qu'il est plutôt favorable à la décentralisation. Je dis
une décentralisation intelligente, là, qui ne veut pas donner la
gestion d'une partie des impôts à des gens qui n'ont aucune
imputabilité. Je pense bien qu'on serait à peu près tous
d'accord avec lui. Alors, il faut lire ces deux paragraphes ensemble, et M.
Laplante, on est en train de lui faire dire ce qu'il ne disait pas. Il dit: II
y en a qui mettent tout là-dedans, puis ça a des vertus magiques.
Mais, il dit: J'en veux pour preuve les deux derniers colloques.
Alors, il dit: «Qu'on n'aille pourtant pas croire que le plaidoyer
en faveur de la décentralisation ait été refroidi pour
autant. L'immense majorité des personnes présentes ont
confirmé, en effet, la tendance observée dans les colloques
régionaux de l'UMRCQ. Les régions placent l'emploi au coeur de
leurs priorités et elles entendent bien ne plus attendre des seuls
gouvernements supérieurs une relance et une planification qui ne
viennent pas.»
Il ajoutait, pour parler du président du Conseil du patronat:
«Le président du Conseil du patronat, Ghislain Dufour, a
d'ailleurs été applaudi lorsqu'il a reproché au ministre
Bour-beau d'ignorer le poids régional dans son projet de formation de la
main-d'oeuvre. Cela pousse la décentralisation fort loin.»
M. Bourbeau: Pardon? Je n'ai pas compris.
La Présidente (Mme Marois): Pardon, Mme ia
députée?
M. Bourbeau: On n'a pas compris la dernière phrase.
Mme Blackburn: J'ai dit: «Cela pousse la
décentralisation fort loin.»
M. Bourbeau: Fort loin. Oui, oui, c'est bien ce que je
pensais.
Mme Blackburn: «Mais, en somme, dit-il, la
décentralisation mobilise puissamment, mais elle ne conduit pas tout le
monde à la gourmandise irresponsable, celle que le ministre semble
vouloir nous prêter.»
Alors, moi, l'amendement qui est là nous semblait... Je le
reprends... Le mémoire de la CSN dit, en somme, que ses fonctions
«de définir les modalités d'application des programmes en
fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de sa région», ça constitue un
amendement, comme minimal, pour donner à la région un peu de
poignées et un peu de responsabilités dans rétablissement
de ses besoins, dans la définition des modalités d'application.
Alors, moi, j'aurais terminé. Je ne sais pas si le temps... Pour moi, ce
n'est pas une question de temps, là.
La Présidente (Mme Marois): Oui, ça va.
Non, il vous restait quelques instants de toute façon, encore
quelques minutes. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je
voudrais, dans un premier temps, reconnaître et saluer la pertinence et
la connaissance de ma collègue de Chicoutimi dans le domaine de
l'éducation, puisqu'elle a été présidente de la
Fédération des cégeps et qu'elle a elle-même
oeuvré professionnellement au niveau de l'enseignement et de ces
choses-là. Je pense que c'est reconnu, même au-delà de sa
région, sauf que le petit hic, Mme la Présidente, c'est qu'ici on
parle de formation de main-d'oeuvre qui n'est pas nécessairement de
qualité universitaire ou de cégep. Je vous parlerai, je vous
entretiendrai particulièrement de formation de main-d'oeuvre en cours
d'emploi. Je vais situer ça, par exemple, au niveau des entreprises
forestières, que ce soit au niveau de la transformation comme telle, les
papetières, et au niveau, par exemple, de tout ce qui découle de
l'application de la loi 150 au niveau des coupes, parce que le travailleur
forestier n'est plus, aujourd'hui - il faut le reconnaître - un
bûcheron, c'est avant tout un sylviculteur. Ce qu'on nous avait dit,
particulièrement les gens du Nord dont je suis, c'est qu'on nous
comparait facilement à des porteurs d'eau d'autres régions. Alors
que notre métier ancestral était celui d'abattre le bois,
aujourd'hui, ils sont devenus des sylviculteurs qui, eux aussi, sont des
gardiens de la forêt, des écologistes, et qui savent comment
couper du bois en s'assurant qu'il y aura une régénération
normale. Cette formation-là en cours d'emploi, elle est beaucoup plus
nécessaire qu'un jeune étudiant qui a décroché un
an pour faire un «trip», ou un «bad trip», et qui
revient au cégep, l'année suivante.
La formation de la main-d'oeuvre avec la mobilité que les gens
des conventions collectives, que les syndicats ont acceptée... Vous le
savez, Mme la députée de Chicoutimi, dans les alumine-ries, chez
vous, on accepte maintenant, et de bonne guerre, pour faire face à une
compétition internationale, que les employés doivent avoir une
certaine mobilité. Je vais vous donner des exemples bien concrets qui
vont faire comprendre. Par exemple, un soudeur peut être aussi, à
l'occasion, un «millwright»; un plombier aussi est en mesure de se
servir d'un «buffer» pour faire fermer une porte qui ne ferme pas.
C'étaient des coûts excédentaires et très
onéreux pour les entreprises, et les syndicats ont compris qu'on s'en
allait vers des pertes d'emplois épouvantables si on ne faisait pas ce
qui se fait en Europe et ce qui se fait dans d'autres pays, aux
États-Unis, c'est-à-dire une certaine mobilité, et que la
fonction d'un employé n'est plus nécessairement celle d'un
cadre.
Or, cette formation-là... On ne devient pas
«millwright» du jour au lendemain, c'est un métier, il faut
le reconnaître. Or, pour s'assurer que la mobilité et la
diversité des professions se fassent, c'est que les entreprises ont
besoin de formation en cours d'emploi. Je vais vous donner un exemple. J'ai 13
centrales hydroélectriques dans mon comté. On vient de changer
les tableaux pour distribuer l'électricité - la lumière
vient du Nord, c'est connu - à Montréal qui en a besoin, à
la ville de Québec qui en a grandement besoin.
M. Bourbeau: On s'en rend compte à la commission.
M. Maltais: Vous le savez, et je pense que ce serait...
La Présidente (Mme Marais): C'est toujours utile, peu
importe où. Ha, ha, ha!
M. Maltais: Ce serait fort important que nos opérateurs de
centrales soient bien formés. On ne peut pas tous les retourner au
cégep et à l'université pendant deux ans, vous allez
être deux ans dans le noir. Or, il faut les former en cours d'emploi, et
Hydro-Québec a besoin de formation de personnel en cours d'emploi pour
s'adapter à des technologies nouvelles. Or, c'est beaucoup plus que de
la formation au niveau du secondaire et au niveau du cégep, c'est de la
formation en cours d'emploi.
La formation en cours d'emploi, de la façon que les entreprises
le comprennent et que le ministre l'a compris, c'est qu'à
l'intérieur des programmes qui seront, bien sûr, commandés
de la base... C'est là l'importance de la région, Mme la
députée de Chicoutimi. Je ne verrais pas, par exemple, le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu aller dire
à la Société de métaux Reynolds comment fabriquer
de l'aluminium. Je ne pense pas que ce soit ses prérogatives et ses
désirs, mais je pense fort bien, par exemple, que le ministre, lorsqu'un
programme présenté par la Société de métaux
Reynolds, présenté par la société Alcan, un
programme bien structuré, bien présenté, avec des
spécialistes de l'entreprise et des spécialistes des centres de
formation professionnelle, des commissions scolaires, et qui
présenteront au ministre, par la nouvelle Société de la
main-d'oeuvre, des programmes adaptés à leur entreprise, à
HydroQuébec, aux papetières, aux compagnies forestières,
aux alumineries... Normalement, le ministre devra agir et, là, c'est sa
responsabilité d'agir en bon père de famille,
c'est-à-dire: Oui, ces gens-là ont besoin de formation, et voici
ce qu'ils me recommandent. Ça cadre très bien avec ma
Société. Voilà, les cours seront accordés. Mais le
ministre devra certifier ces cours-là. Je pense que je ne verrais pas,
par exemple, autre que le ministre de l'Éducation signer un certificat
de secondaire V. Je serais très mal à l'aise si
c'était
le ministre de l'Environnement qui signait un certificat de secondaire
V. J'aurais peur que les cégeps ne le reconnaissent pas. Je verrais
très mal le ministre des Finances signer un certificat de
compétence en cours d'emploi à la Société de
métaux Reynolds, à la compagnie Québec et Ontario ou
encore à Hydro-Québec.
Je pense que les cadres législatifs doivent être bien
tenus. Mais, l'important là-dedans - et je n'insisterai jamais assez -
c'est qu'au fond, la formation, le pouvoir des régions proviendra de la
qualité des cadres des programmes de formation qu'elles voudront bien se
donner. (15 h 40)
Et, si c'était le contraire, si c'était le ministre qui
décidait qu'à la papetière Québec and Ontario
Paper, on ne donne que des cours de technicien en aluminerie, là, vous
auriez raison, Mme la députée de Chicoutimi, de dire que le
ministre fait de l'ingérence, de la mauvaise gestion, fausse politique.
C'est ce qui permet, je pense, dans la loi, de dire que la FTQ, qui est une
représentante syndicale fort importante, que la CSN, souvent des
alliées de circonstance... Voyez-vous, dans un dossier, ils
étaient alliés avec vous, dans l'autre, ils ont cru bon de venir
nous voir. Je vous le répétais en Chambre, l'autre fois, les
alliés circonstanciels, les mariages temporaires ne font jamais des
enfants forts. Mais, ce qui est important là-dedans, au fond, c'est que
tout le cadre législatif de ce programme-là doit être
axé sur l'individu, masculin et féminin, comme on parle
d'individus qui sont en cours d'emploi.
Bien sûr, les centres, le secondaire, le cégep sont
là pour former des jeunes. Moi, quand je vais au cégep et que je
vois, dans les cours réguliers - je ne parle pas des cours de formation
aux adultes, au cégep, qui sont très bien - des gens qui sont
presque permanents au cégep... On en voit moins aujourd'hui parce que
l'obligation de sortir d'une concentration a été apportée.
Mais, vous vous rappelez, Mme la députée de Chicoutimi, d'avoir
vu des gens, souvent, qui, en âge, nous ressemblaient, dans les
cégeps, et qui n'étaient pas sur le «payroll» des
enseignants. Aujourd'hui, ces gens-là n'ont pas d'affaire dans les
cégeps.
L'école secondaire, en formation régulière, et le
cégep, en cours réguliers, sont là pour les jeunes, pour
former les jeunes de l'avenir. La complémentarité au niveau de la
formation professionnelle, au niveau secondaire pour les adultes, au niveau
secondaire dans les cégeps a sa place, mais pas les deux en même
temps.
La formation en cours d'emploi prend une importance capitale, de plus en
plus, pour faire face au défi technologique. Je vous parlais tout
à l'heure, Mme la Présidente - et c'est fort important - des
nouvelles technologies au niveau de l'opération des centrales. Ça
se produit chez vous également, Mme la députée, parce que,
après 20, 25 ans, les opérations des centrales
hydroélectriques, c'est changé. On ne peut pas congédier
nos employés. Hydro-Québec serait malvenue de congédier
ses employés parce qu'il y a une technologie nouvelle qui arrive. Au
contraire, Hydro-Québec se doit de former ses employés à
cette nouvelle technologie.
Vous avez une usine typique chez vous, j'en ai une chez moi aussi avec
Reynolds, une aluminerie. D'ailleurs, lorsque vous parliez d'inventions,
d'innovation au niveau du cégep, nous allons être les premiers, en
1993, à donner le cours en technique des alumineries. C'est fort
important. Il y a eu une entente entre les alumineries, Alcan, Reynolds, Norsk
Hydro, et ça va se faire au cégep de Baie-Comeau, l'association
des cégeps et l'association des grandes alumineries également.
Ils ont tous contribué. Je pense que c'est quelque chose de nouveau,
d'important, parce que nos jeunes, malgré la diversité des cours
qui se donnent, comme on l'a souligné avec justesse, dans les branches
spécifiques comme l'aluminerie...
Je vais vous donner un autre exemple: les cours de gestion des
pourvoiries. On sait que la Côte-Nord, le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
l'Abitibi sont des territoires exceptionnels au niveau des pourvoiries. Dans
mon comté, il y a exactement 2700 pourvoiries, Mme la
députée de Taillon. Dans votre comté, je ne crois pas
qu'il y en ait beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): Ça
m'étonne-rait, savez-vous.
M. Trudel: II y a des beaux oiseaux, mais il n'y a pas de
pourvoiries!
M. Maltais: Nous avons par contre de vos étudiants, de vos
étudiants de Montréal, des étudiants du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, des étudiants de Québec, qui s'en
viennent au cégep de Baie-Comeau suivre un cours en techniques
halieutiques et cynégétiques, c'est-à-dire: Comment
administrer une pourvoirie? Comment régénérer une
pourvoirie? Quelles sortes de poissons on met? Comment conserver les essences
de la forêt autour des lacs? Comment faire une saine gestion,
régénérer les lacs qui étaient éteints?
Comment conserver la faune? Comment améliorer le potentiel de petite
chasse et de grande chasse?
Alors, tout ça, c'est des particularités de nos
régions. Je verrais très mal, par exemple, le cégep
d'Ahuntsic donner un pareil cours dans la ville de Montréal où
à chaque fois qu'on rencontre un poisson dans le Saint-Laurent, ils sont
faciles à reconnaître: ils ont un filtre dans le nez, puis un
masque à gaz, alors que, chez nous...
La Présidente (Mme Marois): II faudrait en parler à
voire collègue de l'Environnement! Ha, ha, ha!
M. Maltais: ...ou ils flottent sur le dos. Bien oui! J'en ai
parlé souvent à mon collègue de l'Environnement, mais,
voyez-vous, tant et aussi longtemps que les Etats-Unis et l'Ontario
n'assainiront pas les Grands Lacs par la tête, les 400 000 000 $ ou 500
000 000 $ qu'on met par année, au Québec, pour l'assainissement
de nos eaux seront inefficaces. On espère, au cours des prochaines
années... J'arrive du Sommet de la terre. Votre collègue
était avec moi. Malheureusement, il est très fatigué, il
est allé se reposer. Je le comprends, c'est un dur voyage. Le
député de La Prairie était avec moi, et nous avons
constaté que, dans l'entente canadienne sur la biodiversité, les
forêts, les océans et les cours d'eau, conjointement avec les
États-Unis, les États-Unis nous ont donné un engagement
ferme qui, au cours des 15 prochaines années, permettra un meilleur
assainissement autour des Grands Lacs. Ce n'est pas le Pérou, loin de
là. Ça fait 50 ans que ça aurait dû être fait.
Mais, malheureusement, le mieux qu'on peut faire, c'est de protester. Au moins,
cette année, on a une entente, une intention. Ce n'est pas grand-chose
encore. Mais, comment voulez-vous... Comme Québec, comme Canada ou
même comme société américaine, ce n'est pas facile,
ce n'est pas donné à tout le monde de vouloir un système
écologique parfait ou, encore, tout simplement, dans le cas
précis, de le rétablir avec ce que la nature lui avait
donné au départ.
Tout ça pour vous dire, Mme la Présidente - on fait des
apartés, mais, moi, je reviens à la formation en cours d'emploi -
que, si j'ai endossé, si j'ai été un défenseur du
projet de loi du ministre à l'intérieur de mon caucus, c'est tout
simplement ça... Parce que les gens de chez nous... J'ai eu une lettre
de protestation de la Chambre de commerce de Baie-Comeau, une lettre dans
laquelle ils me demandaient de demander au ministre de retirer son projet de
loi. J'ai dit: De deux choses l'une. Soit que, moi, j'ai mal lu le projet de
loi ou qu'eux ne l'ont pas compris. Alors, je n'ai pas pris de chances, je me
suis fait inviter à la Chambre de commerce et je suis allé les
rencontrer. J'ai pris la peine d'inviter les syndicats - CSN, FTQ, CSD, le
syndicat d'Hydro-Québec - la Chambre de commerce et les grandes
entreprises. On s'est tous assis, un bon samedi après-midi, autour d'une
bien plus grande table que ça, avec du meilleur café qu'on a
là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: ...plus reposés qu'on est là
présentement, et on a décortiqué le projet de loi. On a eu
une franche discussion entre différents intervenants et, deux jours
après, la Chambre de commerce m'écrivait une lettre dans laquelle
ils me demandaient de ne pas tenir compte de la première lettre qu'ils
avaient envoyée. C'est qu'après consultation des gens du milieu
ils avaient compris que l'essence du projet de loi, chez nous... Je ne parlerai
pas pour la province. Moi, je suis député de Saguenay, je ne suis
pas député de Montréal ni député de
Chicoutimi, mais je parle de mon comté. Quand je parle de mon
comté, depuis le temps que je suis ici, c'est reconnu que je parle avec
mes tripes.
S'il y en a un qui, finalement, au Québec a dû lutter fort
souvent pour garder son comté, c'est moi. Je n'ai pas de reproches
à faire à personne, ni de félicitations à faire
à personne non plus. Mais, moi, les gens de mon comté, ce sont
mes tripes. Les tripes qui battent dans mon corps. Chaque fois que quelqu'un
peut améliorer son sort, chaque fois qu'une femme... Par exemple, je
vais vous donner le cas de la Société de métaux Reynolds,
première aluminerie au Québec, où 3 % des employés
- vous allez me dire que ce n'est pas beaucoup sur 2000 - sont des femmes. Je
ne parle pas des employés qui sont à l'intérieur des
bureaux. Vous le savez fort bien, Mme la députée de Chicoutimi,
qu'il y a des groupes, chez vous, qui font des efforts au niveau de l'Alcan,
qui est un petit peu réfractaire, qui n'a pas l'ouverture d'une
société comme la Société de métaux Reynolds.
Je suis très fier lorsqu'une femme occupe un emploi à
l'intérieur d'une usine, d'une aluminerie comme métaux Reynolds,
Norsk Hydro ou Alcan.
Mais ces femmes-là aussi ont besoin de formation avec la
diversité, la mobilité de la main-d'oeuvre. Je parlais avec eux
autres dernièrement, lors d'une rencontre à la maison des femmes,
dans laquelle, justement - un projet du Sommet socio-économique - on a
bâti un local permanent pour les femmes en recherche d'emploi non
traditionnel. Ça veut dire qu'on a compris, comme société,
que les femmes n'étaient pas uniquement des secrétaires, des
enseignantes, qu'elles pouvaient aller travailler dans les usines, qu'elles
pouvaient occuper des emplois aussi importants que n'importe quel surintendant
dans une grande entreprise, autant Hydro-Québec que Reynolds, Q et O. On
a formé, on a bâti une maison. On donne de l'aide à ces
personnes-là qui sont prises en main, qui recrutent, rencontrent les
entreprises et, enfin, essaient de prêcher la bonne nouvelle, parce que,
moi, je pense que c'est une bonne nouvelle. (15 h 50)
À partir du moment où tout ce monde-là a besoin de
formation en cours d'emploi pour faire face à des défis
technologiques qui sont rapides et imprévisibles... Dans l'espace de six
mois - vous êtes habitué, ça fait deux ans que vous faites
telle chose, et vous vous croyez assuré d'un emploi jusqu'à la
fin de vos jours - on change de technologie, et vous êtes sujet à
l'assurance-chômage si vous n'êtes pas recyclé. Vous avez
beau avoir le meilleur diplôme de technicien formé, avec un beau
certificat, si vous n'êtes pas capable, comme individu ou comme
employé, de faire face à ce défi de
technologie, vous êtes dehors, vous êtes condamné
à des emplois secondaires. Après tous les efforts qui ont
été faits, on retourne 1 an, 2 ans, 3 ans et souvent 10 ans en
arrière. Pour éviter spécifiquement, autant au niveau des
emplois des femmes que des individus, qui, souvent, ont 40 ou 50 ans... Ils ne
sont pas finis, ils ne sont pas prêts à avoir leur pension. Comme
on le disait souvent: Au Québec, on l'a trop tard. Lorsqu'on
reçoit notre premier chèque de pension, souvent, c'est par les
pissenlits que notre femme va le changer parce que, nous, on a les pieds sous
terre, et ça peut être notre épouse aussi qui a les pieds
sous terre.
Je pense que, moi, ce qui me fait le plus mal quand je vois une
fermeture d'usine, ce n'est pas les jeunes de 20 ans ou 25 ans - parce que eux
autres peuvent, avec les systèmes qu'on a actuellement, se reformer,
retourner aux bancs du secondaire, faire le cégep et souvent atteindre
l'université - mais c'est une personne qui a 40 ans ou 50 ans, qui
était dans une biscuiterie, qui était pour Maple Leaf, qui
était pour une autre compagnie et qui, du jour au lendemain, est dehors;
elle a 25, 27 ou 28 ans de service. Comment voulez-vous qu'elle se recycle si
le gouvernement, les entreprises ne contribuent pas, et les syndicats
également, parce que tout le monde doit être mis de la partie?
Comment voulez-vous que cette personne-là puisse se trouver un autre
emploi?
Je voyais les gens de Maple Leaf, dernièrement - je ne sais pas
dans quel comté c'était à Montréal - des gens qui
faisaient des jambons depuis 32 ans... Quelqu'un qui fait des jambons depuis 32
ans, c'est assez dur, s'il perd son emploi, de devenir un machiniste, un
soudeur ou un «millwright». Cette personne-là a besoin de
recyclage, et drôlement. Or, les défis technologiques de nos
entreprises et la compétition nécessitent une formation continue
en cours d'emploi. C'est pour ça que les programmes provenant de chacune
de nos entreprises, des programmes sérieux qui seront
accrédités par les sociétés régionales de
main-d'oeuvre et par le ministre, sont une chose qui est nécessaire.
Moi, je ne crois pas que c'est une façon de diminuer les pouvoirs de la
région, d'accréditer la mobilité du travailleur qui sera
reformé, parce qu'un employé de l'Alcan qui, pour une raison, est
mis à pied, s'il a été formé en cours d'emploi,
peut se trouver un emploi à la Reynolds à Baie-Comeau. Il peut
s'en trouver un à Clermont, il peut s'en trouver un à Norsk
Hydro, il peut s'en trouver un à Trois-Rivières, à
Bécancour. I! ne faut pas fermer les frontières à nos
travailleurs, au moins à l'intérieur du Québec. Je pense
que la formation...
La Présidente (Mme Marois): M. le député, il
vous reste...
M. Maltais: ...donne cette garantie-là.
La Présidente (Mme Marois): ...une minute, à moins
qu'il y ait consentement pour que vous puissiez continuer.
M. Maltais: Je m'arrêterai...
La Présidente (Mme Marois): Ça va?
M. Maltais: ...on aura l'occasion, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): D'accord. M. Maltais:
...je vous remercie.
La Présidente (Mme Marois): De reprendre. Merci, M. le
député de Saguenay.
Mme Blackburn: Comme je dois monter en Chambre...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...d'abord, j'ai apprécié la
présentation du député de...
La Présidente (Mme Marois): De Saguenay.
Mme Blackburn: ...Saguenay, qui parle avec beaucoup de passion,
ce que j'appelle la passion des régionaux, qui ont toujours
été obligés de se défendre et de se vendre. Mais,
en même temps, j'avais le goût d'une question ou deux.
Les exemples que vous citez sont connus, sont utiles et sont pertinents,
je pense, aux besoins des alumineries, aux besoins de foresterie, le programme
en gestion des pourvoiries. Tout ça, c'est intéressant, mais je
me dis si... Deux hypothèses. Vos programmes particuliers - gestion
technique d'alumineries et gestion de pourvoiries - si on avait laissé
l'État en décider tout seul, vous savez, c'est comme quelque
chose... Si on leur avait laissé le choix de prendre la décision
que ça va naître ou mourir, c'est d'une difficulté
énorme, et c'est là que je crains. Ce qui est
élémentaire, ça va passer. Vos programmes de formation et
d'adaptation de la main-d'oeuvre à l'Alcan et à la Reynolds,
ça, ça va passer. C'est ce qui va paraître un petit peu
plus «flaillé»... Et votre cours, particulièrement,
le programme de formation halieutique et cynégétique - j'ai
toujours de la difficulté - ce n'était pas évident, comme
ce n'était pas évident, un programme qui se donne à
Saint-Félicien et qui s'appelle technique de milieu naturel. Ce
n'était pas évident, technologie physique... Si. à ce
moment-là, on avait compté exclusivement... J'en trouve un autre
ià, art et technologie des médias, c'est le meilleur, ça
dépasse l'Université Laval...
Une voix: Jonquière.
Mme Blackburn: ...c'est à Jonquière, ça. Si
on avait laissé le gouvernement mettre la main là-dessus,
ça ne se serait jamais implanté là. Jamais! C'est pour
ça que je crains ça.
M. Maltais: Mais, vous avez...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay. Certainement, je pense que c'est
intéressant comme discussion.
M. Maltais: Si vous permettez. Vous avez totalement raison, Mme
la députée de Chicoutimi, mais il reste une chose: encore
là, ce sont les gens du milieu qui se sont pris en main. Il ne faut pas
arriver avec une loi qui va enlever l'esprit d'initiative de nos gens. Cette
loi-là, spécifiquement, ouvre la porte à l'esprit
d'initiative. Moi, je suis convaincu. Je vais vous donner un exemple. Vous
savez qu'on a le parc marin du Saguenay, chez nous.
Mme Blackburn: Oui.
M. Maltais: Bien, savez-vous que...
Mme Blackburn: Chez nous... On le partage.
M. Maltais: On partage ça ensemble dans nos deux
comtés. Savez-vous qu'il n'y a pas, au Québec, un endroit
où on forme des guides, des gardiens pour le parc Saguenay? Ça en
prendrait un groupe quelque part, parce que, dans tous nos parcs qu'on a au
Québec, autant fédéraux que provinciaux, on n'a pas de
personnes compétentes à part des biologistes. On envoie...
Mme Blackburn: On les envoie à Saumur.
M. Maltais: Tout le monde qui sort de l'université, c'est
des biologistes, on les fout dans les parcs, et vous le savez fort bien, Mme la
députée de Chicoutimi. Ce qui est important... Si notre milieu,
par exemple, s'entendait - les deux grande régions...
Mme Blackburn: Oui.
M. Maltais: ...et qu'on venait ici ensemble, qu'on allait voir le
ministre et qu'on disait: Ecoute, nous autres, on veut former des gens chez
nous; nos deux régions s'associent, et on veut une formation
professionnelle au niveau des parcs marins, parc Saguenay, et on va la donner
chez nous, on va la dispenser chez nous, je suis convaincu qu'il ne dirait pas
non. Mais il ne faut pas, d'aucune façon, brimer, par un cadre
législatif, l'expression de notre milieu, ce qu'est le coeur dans notre
milieu.
Mme Blackburn: Le problème, c'est que je n'ai pas la
même conviction.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je n'ai pas la même conviction parce que je
crains... Les projets les plus novateurs dans nos régions, c'est les
projets qui, à leur face même, immédiatement, tu disais:
Oups! c'est «flaillé» pas mal, tu sais. Ce n'était
pas évident, évident. Ça a été vraiment la
volonté du milieu, sa détermination. Les gens en avaient
parlé entre eux, ils avaient examiné des structures. Ils ont fini
par les faire passer, mais c'est à bout de bras. C'est ce que je crains,
le pouvoir énorme de la Société risque de brimer ces
initiatives. Alors, moi, vous m'excusez, je vais vous revenir cependant, je
trouve ça passionnant.
M. Maltais: Avec plaisir, Mme la députée.
La Présidente (Mme Marois): Alors, est-ce qu'il y a...
Merci, Mme la députée, M. le député. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? Oui, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Je vous rappelle que nous sommes toujours sur
l'amendement du deuxième paragraphe de l'article 44. Oui, madame.
Mme Carrier-Perreault: Moi aussi, j'ai écouté notre
collègue du Saguenay et, dans ce sens-là, j'écoutais son
propos, il dit que, bon, il veut quelque chose qui ouvre la porte à
l'esprit d'initiative des gens de son milieu. Moi, je trouve ça
excellent aussi. Moi, personnellement, par exemple, je pense que, oui, il faut
ouvrir la porte et, en plus, qu'il faut même aller un petit peu plus
loin, d'après moi; je pense qu'il faut aussi faire confiance aux gens du
milieu. Et, dans ce sens-là, voyez-vous, Mme la Présidente, je
regardais l'amendement dont ma collègue de Chicoutimi discutait tout
à l'heure. Je pense que, dans ce sens-là, cet
amendement-là démontre, en tout cas, à tout le moins, une
plus grande confiance encore aux gens des milieux. Quand on dit: Non seulement
on va permettre au conseil régional d'adapter des programmes aux
réalités, mais, on va y permettre jusqu'à définir
les modalités d'application des programmes, en fonction,
évidemment, des réalités de sa région, moi, dans
mon esprit, je trouve que ça va un petit peu plus loin, et ça
permet de rencontrer davantage les besoins des milieux. Ça permet aux
gens de s'impliquer encore un petit peu plus, d'être un peu plus en
poste, en fait, de contrôle de leur définition,
eux-mêmes.
Vous pariiez de la région d'où vous êtes, M. le
député de Saguenay, vous pariiez de votre région, et je
vous comprends. Mais je regarde ici, on n'est pas nécessairement
plusieurs Montréalais, mais il reste - je pense que Mme Vermette va y
revenir - qu'à Montréal il y a une problématique quand
même un peu particulière aussi, qui est peut-être bien
différente de
mon milieu. Je trouve que l'amendement que ma collègue de
Chicoutimi a apporté, finalement, rejoint aussi, à toutes fins
pratiques, les préoccupations, si on veut, des différents groupes
qui sont venus s'exprimer ici devant la commission. On sait qu'à
Montréal il y a toutes sortes de problèmes différents de
chez nous, par exemple - moi, je demeure sur la rive sud de Québec -
c'est bien évident, mais il reste qu'on sait qu'il y a des
problèmes avec l'immigration, entre autres. C'est un contexte assez
particulier. (16 heures)
Dans mon dossier, Mme la Présidente, et je suis persuadée
que ça vous dit quelque chose, parce que, voyez-vous, vous avez
été aussi très longtemps porte-parole du dossier et
même ministre, au niveau de la condition féminine, on voit les
problèmes des femmes immigrantes au niveau de l'emploi. Alors, au niveau
de la main-d'oeuvre et de l'emploi, on parle, évidemment, d'une
population particulière, qu'on ne retrouve peut-être pas
nécessairement en région, mais c'est préoccupant aussi, ce
milieu-là. La ville de Montréal en a discuté quand elle
est venue. La ville de Montréal, d'ailleurs, nous disait justement... Un
instant, là. Je voyais ça tout à l'heure. Il faut que je
me retrouve. Voyez-vous, on est moins vite, des fois, en fin
d'après-midi comme ça.
La Présidente (Mme Marois): On est fatigués de la
longue semaine de travail que nous avons eue.
Mme Carrier-Perreault: Je regarde, justement, un des...
M. Trudel: Ça stimule plus, vous voulez dire.
La Présidente (Mme Marois): C'est stimulant, bien
sûr. Mais il vient un moment où il y a des petits moments un petit
peu lourds.
M. Trudel: II y a de la fatigue un peu, mais c'est uniquement au
niveau des yeux. Ça n'a rien à voir avec
l'agressivité.
Mme Carrier-Perreault: Voilà! Je pense qu'on se comprend
tout le monde. On s'est vus assez longuement ces dernières heures.
Disons que la ville de Montréal demandait d'obtenir un statut distinct
afin de permettre d'élaborer des programmes visant les immigrants et les
membres des communautés culturelles, des groupes communautaires qui
oeuvrent notamment en matière de développement de
l'employabilité sur l'île. C'était une des suggestions de
la ville de Montréal.
La ville, par rapport à sa population, disait justement que les
populations de souche et celles des communautés des anciennes vagues
d'immigration sont nettement plus vieilles - le vieillis- sement de la
population aussi - que les populations de nouvelles vagues d'immigration et que
les deux premiers groupes seront surreprésentés, au cours des
prochaines décennies, dans les groupes de travailleurs et de
travailleuses qui vont arriver à l'âge de la retraite. Elle
parlait aussi de la part relative des jeunes générations actives
et des jeunes générations qui vont entrer sur le marché du
travail au cours des prochaines décennies, des nouvelles vagues des
deux, d'immigration aussi. On sait que, de plus en plus, il y a beaucoup
d'immigrants qui arrivent et qui sont très concentrés à
Montréal. Ils ne sont pas nécessairement en région. Donc,
ça fait une situation très particulière, ce qui
préoccupait aussi la ville de Montréal. Je trouve que
l'amendement, en ce sens cela, correspond plus, en tout cas va un peu plus dans
le sens des préoccupations des différents groupes qui sont venus
en commission.
Il y a un groupe qui milite, qui oeuvre du côté de la
formation professionnelle, la CFP, évidemment. Au niveau de la CFP, ils
avaient demandé, eux autres aussi, une modification à cet
article-là. Le ministre s'en souviendra sûrement, puisqu'ils sont
venus nous le dire. Ils avaient demandé de modifier l'alinéa 2,
justement, de façon à ce que les sociétés
régionales disposent des pouvoirs nécessaires et de la latitude
suffisante pour exercer ces pouvoirs-là.
Alors, on nous dit, dans l'article que le ministre nous donne -
justement, ils trouvaient que ça n'allait pas assez loin:
«d'adapter les programmes aux réalités de la région,
dans la mesure où les conditions de leur mise en oeuvre le
permettent». Alors, c'est pourquoi la CFP, qui est aux prises avec
certains problèmes et qui travaille de très près avec la
main-d'oeuvre de différentes régions, demandait cet amendement,
demandait de pouvoir améliorer cet article de façon à ce
que ce soit plus efficace et pour que les gens en poste, les conseils
régionaux aient vraiment un mandat clair, à toutes fins
pratiques.
La CSN a été très claire aussi. D'ailleurs, je
pense que l'amendement découle, à toutes fins pratiques, de celui
que la CSN proposait. Elle nous demandait... Il fallait absolument
améliorer cet article. C'est bien évident que c'est important,
parce que, si ça ne fonctionne pas au niveau des régions,
ça ne sert à rien de tout discuter de ce projet de loi là,
à toutes fins pratiques. On veut décentraliser, on veut que
ça fonctionne.
Alors, moi, c'est dans ce sens-là que je pense que ce serait
important qu'on en arrive à avoir quelque chose de plus précis,
qu'il y ait plus de punch, qu'il permette vraiment de responsabiliser les gens
des milieux, puis de démontrer qu'on leur fait confiance et que quelque
part ils peuvent réussir vraiment, parce que eux autres, ils sont en
pleine connaissance de leur miiieii.
Moi, c'est dans ce sens-là que je voulais
intervenir, Mme la Présidente. Mon collègue de
Saguenay...
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Je trouvais que mon collègue de
Saguenay... Je m'excuse.
La Présidente (Mme Marois): Oui, allez.
Mme Carrier-Perreault: Je trouvais que son exposé,
à toutes fins pratiques, était un quasi-plaidoyer dans le sens de
l'amendement de ma collègue de Chicoutimi. C'est beau d'entrouvir la
porte à l'esprit d'initiative, mais, dans sa façon de s'exprimer,
je sentais qu'il faisait beaucoup confiance à son milieu et qu'il aurait
préféré aller plus loin lui aussi.
M. Maltais: Ça, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: ...c'était en référence à
l'article 6. C'est pour ça que j'ai insisté auprès de ma
collègue de Chicoutimi pour lui indiquer, au tout départ, que son
amendement n'était pas tout à fait à la bonne place. J'en
discuterai plus longuement à l'article 6.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député. Ça va? Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Alors, je reprends du service un peu, après la
9 et la 15. Ici, au projet de loi sur...
La Présidente (Mme Marois): Pour les fins de notre
référence, ce sont des lois qui concernent la Santé et les
Services sociaux.
M. Trudel: Et voilà!
M. Bourbeau: Ne vous gênez pas. On a tout le temps qu'il
faut.
M. Trudel: Ah oui! On a tout le temps qu'il faut ici?
M. Bourbeau: Ah oui! Il n'y a pas de problème.
M. Trudel: Ça va me faire curieux un peu parce que, vous
voyez, à l'occasion de la 9, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour
m'exprimer: sept heures. Je n'ai pas assisté à la discussion en
commission parlementaire sur la 21. Quand je suis entré, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, monsieur.
M. Trudel: ...qu'est-ce que j'entends? J'entends ce vibrant
plaidoyer du député de Saguenay, du comté de Saguenay.
Là, il fallait que je me retienne. J'ai dit: Je vais applaudir. Sur le
contenu, ce qui m'a simplement désolé quant à l'amendement
sur lequel se fait toujours la discussion, c'est la conclusion qu'il en a
tirée. C'est comme si tous ces arguments déboulaient les uns
après les autres, en disant: Bien, mon Dieu, c'est la concertation, ici,
c'est la bonne entente. Comme le député de Fabre pourrait dire,
c'est quasiment comme sur la 120, en Santé et Services sociaux. On
apportait des amendements, on bonifiait le projet de loi. On faisait en sorte
que ce projet de loi là puisse servir le plus possible les
régions. L'Opposition jouait son rôle de révélateur,
de déclencheur d'un certain nombre de choses.
Le député de Saguenay avait raison - même avec la
précision qu'il vient d'apporter, en réponse aux remarques de la
députée des Chutes-de-la-Chaudière - c'est toute cette
richesse du développement local, des capacités locales, cette
espèce de confiance qui est à la base de la capacité des
gens des régions, qui en ont passé, des bouts durs. Je ne connais
pas particulièrement, sinon pour en avoir entendu parler dans d'autres
cercles, et du rôle du député de Saguenay et de certaines
expériences qui se sont faites dans son comté...
Il nous a, quant à moi, Mme la Présidente, bien
précisé, dans le fond, au niveau de la description, sans qu'il
emploie ces mots-là, l'importance que les modalités d'application
des programmes... Ça, c'est différent que d'adapter des
programmes. C'est de prendre le «suit», l'habit, et de dire: Je
recouds, je refais, je rhabille avec ça. C'est les modalités
d'application des programmes en fonction des réalités, des
besoins et des priorités spécifiques de sa région, et des
besoins évidemment qui sont concernés dans cette région.
L'exemple qu'il donnait, c'est un exemple parfait de la confiance qu'on doit
faire au potentiel des régions et de leur capacité dans un cadre
d'orientation national.
Ça, moi, j'en conviens, Mme la Présidente. Je conviens
qu'un État, comme le Québec, ça doit se donner des grandes
élections, des politiques nationales, à cet
égard-là. Ce n'est pas parce que je sors de ce secteur-là
que je donne cet exemple-là, c'est parce que j'ai le document avec moi.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux publie, cette semaine,
une politique de santé et bien-être. Il ne dit pas: Dans le
comté de Saguenay, je vais réduire de 4 % les naissances
prématurées et à moins de 4 % les naissances des
bébés de petit poids et de poids insuffisant. Non, il dit: Au
Québec, il faut qu'on atteigne tel objectif et, dans ce cadre-là,
il faut que les modalités d'application des programmes se fassent en
fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de la région. (16 h 10)
J'ajouterais aux exemples du député de Saguenay, que
j'entendais en entrant ici, des exemples que je vis aussi, depuis de nombreux
mois, par exemple dans le secteur de l'environnement. Des directives ont
été émises par le ministère de l'Environnement
à Minéraux Noranda en 1984, lui faisant obligation, avant 1989,
de réduire de 50 % ses émanations de SO à la fonderie
Horne, de la mine de Noranda, parce que c'était - aujourd'hui, quel
bonheur, Mme la Présidente, on peut parler avec ce verbe à ce
temps - le plus grand producteur nord-américain de rejet de SO , donc de
matières qui sont à la base des pluies acides. À force de
directives, à force d'ordonnances du ministère de
l'Environnement, Minéraux Noranda a décidé de
développer, dans la ville de Rouyn-Noranda, son moulin de la mine Horne,
son concentrateur, son «smelter», comme on dit communément
dans le langage des travailleurs. Vous vous rappelez certainement de ces
mots-là pour des discussions que vous avez eues au Conseil des ministres
qui n'étaient pas faciles, j'imagine.
Je vais le dire bien franchement, Minéraux Noranda n'a pas
toujours eu un comportement exemplaire dans notre société, mais
on doit changer d'avis, on doit changer d'avis depuis trois, quatre ou cinq
ans, parce que Minéraux Noranda a vraiment pris un virage. Alors, quand
Minéraux Noranda, pour se soumettre aux ordonnances, a
décidé... Pardon, M. le ministre? Vous voulez dire aussi que
Minéraux Noranda est une excellente entreprise?
M. Bourbeau: Non, non. J'ai dit... C'est virage à quoi que
vous avez dit?
M. Trudel: Virage environnemental. M. Bourbeau: Ah!
environnemental.
M. Trudel: c'est un virage environnemental assez important,
même très important. écoutez, on a décidé,
donc, de bâtir une usine de fabrication d'acide sulfurique de 140 000 000
$ - je ne parle pas des modalités de financement, il y a eu du
tiraillage un peu là-dessus, là - pour en arriver à
réduire de 50 % les émanations. c'est une usine, un plan unique
au canada, de production d'acide sulfurique, et ces 140 000 000 $
d'investissement vont permettre cette année... cette année, on va
atteindre l'élimination de 70 % des émanations de so?.
c'est un virage. écoutez, quand on parle de oo ça veut dire qu'il
y a du cadmium qui se rejoint à ça, ça veut dire qu'il y a
du plomb...
M. Bourbeau: On est toujours au paragraphe 2°, Mme la
Présidente?
M. Trudel: Toujours sur le paragraphe 2°.
Vous allez voir, là.
La Présidente (Mme Marois): On est toujours au paragraphe
2°. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je vais y arriver. Alors, quand on a mis cette
usine-là sur pied...
La Présidente (Mme Marois): Je pense que c'est un exemple
régional.
M. Trudel: Oui. M. le ministre, quand on est
arrivés, donc, puis qu'on a développé cette
entreprise-là, eh bien, évidemment, il a fallu perfectionner de
la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: II a fallu?
M. Trudel: II a fallu préparer la main-d'oeuvre. Il est
évident que, en ce qui a trait à la formation des techniciens en
environnement qui doivent travailler à la gérance, à
l'entretien de cette usine d'acide sulfurique de Minéraux Noranda
à Rouyn-Noranda, eh bien, il a fallu définir les modalités
d'application dans un programme, dans le cas des techniciens en environnement,
en fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de cette région-là. Nulle part ailleurs, on ne
pouvait évidemment former le même type de techniciens, parce que
c'est la seule usine d'acide sulfurique qui produit à partir de la
récupération des résidus de la fonderie. On n'a ça
nulle part ailleurs, au Québec. Il fallait, quelque part, inventer de
toutes pièces ce programme-là. Bien sûr qu'il y a des
notions qui sont fondamentales au plan scientifique, au plan de la
connaissance. Il y a des notions qui sont à Montréal, à
Ottawa, à Toronto, à Singapour, à Hong Kong, peu importe.
Il y a des notions fondamentales qui doivent se retrouver chez ces
techniciens-là. Mais il faut aller beaucoup plus loin que ça,
parce qu'il faut avoir une formation appliquée à ce besoin
spécifique qui est exprimé.
Alors, si on enlève aux régions... Si on ne donne pas
toute la possibilité, toutes les possibilités, toute la
capacité aux régions de clairement dire: On va pouvoir
définir les modalités - tel que se lit l'amendement qui a
été présenté - d'application des programmes en
fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de la région, eh bien, moi, un peu dans la même
lignée que le député de Saguenay, j'aurais peur que l'on
produise là une espèce de technicien type en environnement, par
exemple, ce que vous décriviez tantôt par rapport à
d'autres programmes au niveau des jeunes qui sont un format, et c'est normal,
plus standard - c'est la pratique, et l'application vient dans un second temps
- et que, finalement, l'entreprise soit prise souvent pour refaire de la
formation in situ parce que c'est une technologie très, très
particulière.
Alliez à tout ça le dynamisme des communautés
locales, la capacité. Mme la Présidente, vous avez occupé
les responsabilités ministérielles en pareille matière. Je
vous ai vue vous promener en région lorsque vous occupiez cette
responsabilité-là, et je me souviens encore, il me semble vous
entendre faisant appel à cette capacité des communautés
locales, au dynamisme des communautés régionales en disant: Bien,
là, je ne vous demande pas de faire ça comme à
Montréal, je ne vous demande pas de faire ça comme à
Québec, je ne vous demande pas de faire ça comme s'il n'y avait
qu'un seul format de formation au Québec. C'est pour ça qu'il y
avait une commission de formation professionnelle avec une entité
juridique - qu'ils vont perdre - et la capacité régionale de
définir les modalités des programmes.
Alors, il faut faire attention à cela parce qu'on risque de tuer
un certain dynamisme lorsqu'on standardise, lorsqu'on fait en sorte qu'il
faille aller se faire approuver au plus haut niveau. Sauf erreur, et le
député de Saguenay me corrigera si ce n'est pas exact, il
concluait presque en disant: Bien, si nous sommes capables de définir,
en région, un besoin spécifique, pourquoi le ministre ne
l'approuverait-il pas? C'est à peu près comme cela que vous le
verbalisiez? Pourquoi il ne l'approuverait pas, le ministre? Il est sensible.
Il est capable de connaître, etc. C'est ça, la centralisation.
C'est tous ces gens qui disent: On va se retrouver toujours au niveau national.
On va toujours se retrouver dans le haut de la pyramide, et ça,
ça tue le dynamisme. Avec de bonnes intentions, avec de bons motifs, le
ministre va approuver, désapprouver, et il va toujours le faire avec un
cadre normatif national.
Ce n'est pas péché de dire ça. Ce n'est pas un
crime de lèse-majesté de dire cela. C'est tout à fait
normal qu'on ait des paramètres pour donner des approbations, mais,
tranquillement, il va arriver - c'est quasiment la vérité de La
Palice de dire ça - un cas, deux cas, trois cas, des gens qui vont finir
par dire, comme on entend souvent et, il faut le préciser, plus souvent
par rapport au gouvernement fédéral et à leur sorte
d'emploi et d'immigration: Leur maudite patente standard qui s'applique
«throughout» le Canada, ça ne «fit» pas,
l'habit, dans la région du Saguenay, dans la région du
Lac-Saint-Jean, dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue. C'est
inévitable que ça arrive, ça.
C'est inévitable que ça arrive, encore une fois, non pas
par mauvaise volonté, non pas par souci d'un dirigisme absolu d'un
ministre quelconque ou d'un ministère, sauf que le monde étant ce
qu'il est, les systèmes étant ce qu'ils sont, les
caractéristiques des systèmes étant ce qu'elles sont, ce
n'est pas... On n'est pas à l'enfance de l'art, là, dans la
connaissance des systèmes. Il s'agit d'aller voir Milner sur com- ment
ça se comporte un système et, bingo, on a les règles tout
de suite et on peut prédire comment ça va se passer dans les
systèmes cinq ans à l'avance. On va avoir telle
résultante, telle autre résultante sur l'entreprise de
l'organisation, etc. On peut prédire les comportements des
systèmes, parce qu'il y a des caractérisques propres dont la
première des caractéristiques, c'est d'assurer sa propre
survivance. La première caractéristique des systèmes,
c'est d'assurer sa survivance. Avez-vous déjà vu ça, vous
autres, une organisation, un organisme dont le premier objectif est de
disparaître? Bien, voyons donc! Ça n'existe pas, et c'est la
même chose qui va se produire dans un instrument centralisé.
Donc, quand le député de Saguenay concluait, ou concluait
presque, parce qu'il a terminé sur autre chose aussi, qu'il n'y avait
pas d'opposition, que le ministre se montrerait sensible à ça,
bien, on ne peut pas prévoir qu'il va y avoir de l'insensibilité,
que ça va être contraire à la réalité, mais
ne pensez-vous pas qu'on pourrait davantage investir dans la confiance aux gens
des régions? Les gens de chez vous, quand ils ont investi en vous, en
quelque sorte, en vous envoyant les représenter, ils ont investi dans
une capacité locale de porter leur message au niveau national. Ils n'ont
pas pensé confier ça à quelqu'un de
l'extérieur.
Je ne sais pas qui ont été vos adversaires, je ne connais
pas votre histoire électorale plus particulièrement. Vous disiez,
tantôt, que vous avez été un de ceux qui a dû le plus
se battre, au Québec, pour conserver et développer son rôle
politique dans son coin de pays. Je prends, évidemment, le
député au mot, et je dis... C'est parce que les gens ont dit
probablement: Ghislain Maltais, c'est un gars d'ici, puis il a fait ses
preuves, etc. Ils ont dû dire, comme le ministre: C'est un maudit bon
homme, je suppose. J'imagine, parce qu'ils lui ont fait confiance. C'est votre
deuxième mandat, M. le député? Le troisième? Bon.
On n'est pas réélu pour rien dans une circonscription. Il faut
être clair. Ça se dit, ça, entre politiciens et
politiciennes.
Une voix: II a quintuplé sa majorité. (16 h 20)
M. Trudel: II a même quintuplé sa majorité.
Bon. Sauf que le député - je le sentais sincère,
tantôt - il sait que ses gens sont capables, qu'ils ont les
compétences et qu'ils vont aller chercher les éléments
nécessaires dans la communauté pour développer et
définir les modalités d'application dans les programmes de
perfectionnement de la main-d'oeuvre. Il ne peut pas, le député,
à l'instar du ministre, en arriver à la conclusion que,
«zingo», la définition que nous avons ici, c'est
parfaitement adapté.
Je vais vous citer un autre exemple, Mme la Présidente, parce que
le député de Saguenay parlait aussi des techniciens à
l'entretien des centrales hydroélectriques. Oui, parce que
l'Abitibi-Témiscamingue est responsable de l'entretien des
centrales de LG 2, LG 2A, LG 3... pas LG 3 - il en manque une - LG 4 à
Nemis-cau. Là aussi, il a fallu poser ces gestes d'adaptation parce que
ce n'était pas la même chose entretenir une centrale
hydroélectrique à Wemindji il y a 25 ans que d'entretenir la
nouvelle centrale moderne, même là, de LG 2 et ce que va
être LG 2A sur le territoire de la Baie James. Ça demande, en
collaboration avec HydroQuébec, la formation de personnel
spécialisé pour ce type d'entretien de barrage là. Mais,
encore là, ça existe, un technicien en mécanique
d'entretien. On peut avoir du perfectionnement là-dessus, mais
adapté à la réalité du barrage
hydroélectrique de LG 2 ou LG 2A. Les gens de la région sont
capables de définir... C'est quasiment eux seuls, à mon avis, qui
sont capables de bien faire les modalités d'application des programmes
en fonction des réalités, des besoins et des priorités
spécifiques de leur région.
L'autre exemple, Mme la Présidente, c'est en matière de
serriculture. J'ai vécu ça aussi, une autre expérience.
Écoutez, si une grande partie de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue s'est développée grâce
à l'exode des populations urbaines à l'occasion de crises
successives dans la société québécoise, on a
développé là-bas une très mauvaise agriculture, en
quelque sorte, jusqu'à il y a 10 ou 15 ans. Pourquoi? Parce qu'on a
appris les techniques des gens du Nord. Le député connaît
probablement ça. On dit: les gens du Sud. Les techniques des gens du Sud
se sont transportées. Je regrette, c'est une comparaison bien simpliste,
mais tu ne mets pas tes plants de tomates en terre avant le 23 juin en
Abitibi-Témiscamingue. Il y en a encore quelques cocos qui ont encore
fait ça cette année, puis, à matin, à
Rouyn-Noranda, ça a gelé. Ça, c'est la
caractéristique de notre pays. On l'aime. Vous aimez les
caractéristiques de votre région ou de votre pays, sauf qu'il
faut vivre avec ces caractéristiques-là. On produit d'excellentes
tomates.
Quand on est arrivés pour produire en serriculture pour sauver le
village de Guyenne, puis qu'on a commencé cette expérience de la
coopérative des serres de Guyenne, là, il a fallu faire appel
à notre commission de formation professionnelle pour développer
des programmes de formation. La serriculture, Mme la Présidente,
à Guyenne, dans le fond de l'Abitibi, ce n'était pas
évident. Les conditions dans lesquelles ça allait opérer,
ce complexe de serres là à Guyenne, par la coopérative de
Guyenne, ce n'était pas évident non plus, je peux vous le dire.
Mais, avec un dynamique président, qui s'appelle Fernand Miron, on est
arrivé à développer... Comment dites-vous ça?
Une voix: Est-ce que c'est un péquiste?
M. Trudel: Non, je n'ai jamais été
vérifié ça. Probablement qu'il est péquiste parce
qu'il est excellent, d'ailleurs. J'imagine. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: à bien y penser, vous avez raison. il est
excellent, donc c'est un péquiste. o.k. m. le ministre... donc, il s'est
développer là un...
La Présidente (Mme Marois): II vous reste très peu
de temps. Si vous voulez conclure.
M. Trudel: II me reste deux minutes, hein? La
Présidente (Mme Marois): Oui, c'est ça.
M. Trudel: Je vais conclure sur cette expérience des
Serres coopératives de Guyenne, un village qui n'était
destiné qu'à devenir un village fantôme. Tout ça a
parti quand on a décidé de fermer la dernière classe de
l'école de la paroisse. Aujourd'hui, on fournit du travail, d'abord aux
gens de cette communauté, à au-delà, si je me souviens
bien, en saison, de 150 personnes, mais il a fallu développer des
techniques particulières. Par qui? Par des techniciens qui ont
reçu des formations adaptées aux réalités et aux
besoins spécifiques de cette région-là. Ce n'est pas
évident non plus de produire des tomates à Guyenne et de les
produire dans un marché compétitif. Ce n'est pas parce que tu dis
que c'est une tomate de Guyenne que tu l'achètes. Ce n'est pas vrai, ce
n'existe pas, ça. Tu achètes un produit parce qu'il est bon, puis
qu'il est à prix compétitif. Point, «period» à
la ligne, il n'y a pas d'autre recette. Tu peux bien faire une bonne campagne
pendant 15 jours, 3 semaines en disant: Bon! un petit coup sur les tomates de
Guyenne, les copains, puis on va supporter l'entreprise, mais tu
n'établis pas une politique de marketing et de support à une
entreprise à long terme. Il n'y a que deux éléments, c'est
la qualité du produit et le prix.
Pour ça, il faut donc adapter, parce qu'il faut vaincre la
distance de notre côté. Alors, il fallait adapter certaines
particularités, et les personnes qui devaient à la fois
découvrir, travailler, installer ces particularités-là,
bien, elles l'ont fait parce qu'il y avait une commission de formation
professionnelle qui avait les coudées franches, qui avait les
possibilités de développer et de définir des programmes
dont les modalités d'application étaient en fonction des
réalités, des besoins et des priorités spécifiques
de sa région.
Dans ce sens-là, là, je pense que ma conclusion rejoint
parfaitement celle du député de Saguenay. La grande conclusion,
c'est qu'il faut répondre aux gens de Guyenne que oui, on va leur donner
des particularités, puis que oui, on va dire ça aux
régions, et que oui, on est capable de faire ça, et que le
député de Saguenay et le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamin-
gue, je pense, vont finir par convaincre le ministre de la Santé
- le ministre de la Santé, quel lapsus...
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha! M.Trudel:
...leministre-La Présidente (Mme Marois): De la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
M. Trudel: ...de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité
du revenu et responsable de la Formation professionnelle.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. Oui, M. le
député de Salaberry-Soulan-ges.
M. Marcil: Merci, Mme la Présidente. À
entendre-La Présidente (Mme Marois): Je vous rappelle que nous
sommes sur l'amendement, n'est-ce pas?
M. Marcil: Oui, oui, oui.
La Présidente (Mme Marois): D'accord, pas de
problème. Allez-y.
M. Marcil: À entendre les discours, les interventions qui
sont fort louables, parce qu'on touche, dans le fond, au noeud du dossier, le
problème c'est que, tu sais, c'est un petit peu le même
phénomène qu'une personne qui a le nez sur l'arbre: Elle ne peut
pas voir la forêt. Vous apportez un amendement pas nécessairement
qui n'a pas sa place, mais qui est inclus dans l'article 44.
Vous parlez depuis tantôt des besoins régionaux, de
développement de programmes locaux. Lorsque vous lisez l'article 44 dans
son ensemble, et non pas prendre un paragraphe et s'arrêter... Prenez
l'article 44. On parle «de définir la problématique du
marché du travail et de l'emploi dans sa région; d'adapter les
programmes aux réalités de la région, dans la mesure
où les conditions de leur mise en oeuvre le permettent;
d'élaborer des initiatives régionales dans le cadre des
politiques de la Société; de recommander à la
Société l'établissement ou la modification de programmes -
selon nos besoins au niveau de la région; de favoriser la concertation
entre partenaires sociaux, entre autres par la création de
comités consultatifs - locaux, régionaux, c'est ça qu'on
dit; de favoriser la mise en oeuvre de programmes d'aide à l'emploi ou
de développement local».
Donc, il faut voir l'article 44 dans son ensemble et non pas uniquement
s'arrêter à un paragraphe. Donc, l'amendement qui est
proposé n'a pas sa raison d'être dans le sens qu'on le retrouve
déjà au niveau de l'article dans son ensemble. Le but premier de
cette Société québécoise sur lequel on discute
depuis déjà presque une cinquantaine d'heures, si ce n'est pas
plus... Avec ce projet nous avons amené des centaines de personnes
à intervenir en commission parlementaire dans le but d'aller
vérifier le tir de ce projet de loi. On n'avait qu'un seul but au bout
de la ligne, puis je pense que c'est l'essentiel, c'est à l'essentiel
qu'il faut s'arrêter.
Faisons un peu l'historique de la formation de la main-d'oeuvre au
Québec. Faisons un peu l'historique de la formation professionnelle au
Québec. Lorsqu'on entend les intervenants, que ce soit ici, en Chambre,
ou un peu partout à travers le Québec, dans les différents
forums, on nous dit qu'on est un des peuples les moins nantis en termes de
formation de la main-d'oeuvre. On est une des sociétés qui
investit le moins dans la formation de la main-d'oeuvre, et c'est là
notre problème majeur. C'est ça qui fait qu'on a une
difficulté énorme à développer le secteur
économique au Québec, parce qu'on n'a pas la main-d'oeuvre
nécessaire sur laquelle on pourrait s'appuyer. C'est ça
l'objectif de cette Société-là.
On s'est dit qu'on investit des milliards et des milliards dans la
formation professionnelle et dans la formation de la main-d'oeuvre. On s'est
dit que le rôle de l'école, le rôle des polyvalentes, au
niveau de la formation professionnelle, c'est justement de former une
main-d'oeuvre qui aura sa place en entrant sur le marché du travail. On
a mis sur pied des commissions de formation professionnelle également.
Les commissions de formation professionnelle ont davantage orienté leurs
efforts au niveau d'élaboration de programmes qu'on essayait souvent de
vendre aux entreprises au lieu de faire l'inverse. Le problème, dans le
fond de tout ça, c'est que le travailleur, l'employeur n'a jamais fait
partie de la démarche comme telle. On n'a jamais réussi à
développer cette culture. (16 h 30)
Aujourd'hui, on parle peut-être de développer un discours
au niveau de la formation professionnelle - je ne parle pas de la formation de
la main-d'oeuvre. Nous on se dit que, comme on n'a jamais réussi,
même avec des réformes qu'on a apportées au niveau de la
formation professionnelle, on va attaquer le problème d'une autre
façon. On s'est dit: Pourquoi les entrepreneurs n'investissent pas dans
leur formation de main-d'oeuvre, que ce soit de façon ponctuelle, que ce
soit sur mesure, que ce soit dans le but d'introduire de nouvelles
technologies? On a besoin d'avoir une main-d'oeuvre déjà
qualifiée. Pourquoi aussi les travailleurs également...
Même au niveau des négociations des conventions collectives,
souvent les travailleurs ont toujours été un pas en avant par
rapport aux employeurs.
Les travailleurs sentaient le besoin de se perfectionner. Donc, on a
toujours poussé un petit peu sur le monde du travail et sur le monde du
secteur économique.
Donc, nous autres, on s'est dit, après avoir rencontré les
centrales syndicales, le mouvement coopératif, le Conseil du patronat,
le monde du manufacturier au Québec... Parce que ça ne s'est pas
fait tout seul. Ce n'est pas le ministre qui un jour s'est
réveillé et a décidé d'écrire un texte de
loi et de dire: Voici ma pensée, qui est la pensée des
Québécois. Non, c'est venu d'un besoin très marqué,
très prononcé de ces différents intervenants là,
et, à partir de ça, on a bâti ce projet-là. On s'est
dit qu'il y a une façon de réussir à développer
cette culture, c'est de les impliquer. Donc, on s'est dit: Comment on peut le
faire? On arrive avec un modèle, un modèle, qui au départ
est national, mais qui est également régional.
Lorsqu'on parle de régions, on parle justement d'identification
de personnalités de chacunes de ces régions. Je suis convaincu,
moi, qu'une société régionale, un conseil régional
chez nous en Montérégie va avoir des objectifs, des types de
programmes qui vont être différents de ceux de l'Abitibi ou de
ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'en suis convaincu, parce que ceux et celles
qui vont former ce conseil régional vont venir de ce milieu. Ce ne sera
pas des Jos Bleau ni Maryse, Antoinette, et ainsi de suite, ça va
être des gens qui travaillent déjà dans le milieu du
travail, dans un milieu industriel, des employeurs, des employés et
différents intervenants socio-économiques, autant du secteur de
l'éducation. C'est ça le modèle qui est
proposé.
On s'est dit que, si ces gens-là s'impliquent et décident
ensemble d'identifier le type de besoin de formation dont ils ont besoin chez
eux, pour des besoins déjà existants et également pour des
besoins futurs... Parce que, lorsqu'on échange avec les commissaires
industriels, on voit souvent, au niveau de la prospection, lorsqu'ils vont
chercher certaines entreprises, une des premières conditions ou une des
premières demandes qui sont faites par les investisseurs: Avez-vous tel
type de main-d'oeuvre chez vous qui va répondre aux besoins? Donc,
déjà on se doit d'être à l'affût justement de
ces nouveaux développements, de ces nouveaux investisseurs. Donc, c'est
ça le but de cette structure-là.
C'est ce qu'on n'a pas pu réaliser avec nos CFP, non pas que ces
gens qui travaillaient ou qui travaillent à l'intérieur de cette
structure-là n'ont pas les compétences nécessaires, mais
parce qu'on n'a pas impliqué davantage le milieu auquel on doit
répondre. Le milieu de l'éducation... Ce n'est pas que le milieu
de l'éducation ne peut pas jouer un rôle extraordinaire, oui, sauf
qu'on n'est pas collé dans le secteur du travail. On n'a pas
développé cette culture de marché du travail à
l'école, être capable de développer des programmes
où on a des étudiants chez nous qui ne sont pas continuellement
assis 8 heures par jour ou 6 heures par jour sur un b^nc d'école ou dans
un atelier de travail pendant 10 mois et qu'au bout de leur formation de 2 ans
on les envoie sur le marché du travail. Il faut développer une
autre façon de former nos gens.
Donc, dans ce sens-là, je crois sincèrement que la
Société, et le conseil régional surtout, va
répondre aux besoins parce que c'est ça sa mission
première. À l'amendement au paragraphe 2° de l'article 44, on
dit: «de définir les modalités d'application des programmes
en fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de sa région». Bien, c'est ça qu'on
retrouve dans les six paragraphes de l'article 44. C'est exactement ça
l'esprit et la lettre. Donc, moi, je me dis: Pourquoi apporter cet
amendement-là, il apparaît déjà dans ça.
Donc, la personnalité régionale, elle existe. C'est pour
ça qu'on forme ces conseils régionaux là. Ce n'est pas
dans le but de répondre uniquement à des mandats de la
Société mère. Absolument pas. Donc, la
Société mère, il va falloir qu'elle intervienne en
fonction des besoins de chacune des régions.
Mme la Présidente, je trouve que le discours, qui est fort
enrichissant, de tous et chacun qui sont intervenus jusqu'à maintenant
sur cet amendement à l'article 44, c'est un discours que tout le monde
achète, mais pour lequel on n'a pas besoin de recevoir un amendement
parce qu'il existe déjà dans l'ensemble de l'article 44. Donc,
j'inviterais tous ceux et celles qui sont autour de cette table à lire
l'article 44 dans ses six paragraphes et non pas les séparer les uns par
rapport aux autres. Si, Mme la Présidente, tout le monde est intervenu
sur cet amendement, je proposerais qu'on puisse mettre l'amendement au
vote.
La Présidente (Mme Marois): Certainement, mais je vais
d'abord, évidemment, questionner les membres de la commission s'il n'y a
pas d'autres commentaires avant que nous procédions au vote, M. le
député. Je vous remercie de votre intervention. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, j'aimerais demander au ministre certaines questions parce
que, quant à moi, ça me cause certaines préoccupations et
j'aimerais avoir aussi des éclaircissements. Si on prend la motion telle
que proposée, qui est devant nous, est-ce que le fait de
spécifier le mot «spécifiques» pourrait apporter une
notion de contribution monétaire additionnelle? Au niveau de la
Société mère, on doit avoir des budgets particuliers. La
Société mère peut avoir des budgets particuliers pour, en
fin de compte, des besoins spécifiques ou des priorités
spécifiques. Si ce n'est pas marqué, ça devient beaucoup
plus difficile d'avoir ces budgets-là parce que, d?ns le fond, c'est
global, ça entre dans le budget global, alors que, si on arrive
avec cette notion de spécificité, ça pourrait
favoriser d'avoir des budgets additionnels, parce que c'est un besoin et une
priorité très spécifiques. Donc, déjà, on
identifie plus clairement, si vous voulez, un besoin par rapport à un
plan d'organisation.
Là, ça me fait penser aux besoins spécifiques de
Montréal en ce qui concerne tous les problèmes avec les
immigrants au niveau de la francisation et tous les problèmes aussi au
niveau de l'alphabétisation. On sait à quel point, pour les
immigrants, c'est un problème majeur, en fait, le problème de la
langue, parce que la plupart de ces gens-là, surtout les femmes
immigrantes, ont de la difficulté à communiquer avec leur milieu
de travail, connaissent très, très peu le français, ont de
la difficulté à s'intégrer à leur milieu de travail
et connaissent très peu les différentes possibilités qui
s'offrent à elles au niveau des différentes formes de travail. On
sait que les femmes immigrantes sont plus souvent qu'autrement
exploitées. Elles travaillent au salaire minimum, pour pratiquement
rien, et, plus souvent qu'autrement, au travail au noir, bien souvent.
Moi, je pense que c'est important, les programmes de formation, que
ça devrait être inclus spécifiquement, en tout cas surtout
en ce qui concerne la région de Montréal qui est une
particularité. Il faut le rappeler, c'est là qu'il y a la plus
grande concentration d'immigration, à Montréal. On ne peut pas
passer à côté. C'est incontournable. À mon avis, le
problème est très, très criant au niveau de
l'alphabétisation et de la francisation de ces immigrants. Je pense
qu'il y aurait un avantage certain à inscrire, en fait, ce concept et
à être beaucoup plus précis en ce qui concerne ces besoins,
en disant qu'il y a certains endroits où il y a des besoins
spécifiques à cause de certaines particularités d'une
région qui ressortent énormément. Je pense, en ce sens,
que la motion est tout à fait bien justifiée, à mon sens,
là-dedans.
Je pourrais vous donner une preuve à quel point c'est important.
Je me souviens d'un cas en CSST qu'on me rapportait. C'est un jeune immigrant
qui était arrivé ici, au Québec, et qui ne connaissait ni
le français ni l'anglais. Il a trouvé un emploi et c'était
sur des convoyeurs. Il travaillait là-dessus et il n'était pas
capable, en fin de compte. On ne lui avait donné aucun cours. Il
était ici depuis quelques semaines à peine, au Québec.
À un moment donné, il a échappé un objet, puis il a
voulu aller chercher son objet. Il s'est pris la main dans le convoyeur et il
ne savait pas comment l'arrêter. Il est venu pour sortir sa main et c'est
l'autre main qui est restée prise dans le convoyeur. À un moment
donné, la seule façon qu'il a été capable
d'arrêter le convoyeur, c'est avec sa tête. Vous voyez à
quel point ça peut être grave, ça peut aussi avoir une
incidence économique à d'autres niveaux et à quel point,
en fin de compte, on ne peut pas laisser des choses de cette nature dans le
milieu de travail. (16 h 40)
Alors, quand on parle aussi de formation professionnelle, de formation
de la main-d'oeuvre, ça inclut, à mon avis, des cours de
francisation. Je pense que ça, c'est très important, il faut en
tenir compte. Je pense que ça fait partie, quant à moi, d'un
besoin spécifique à une région donnée, notamment
dans la région de Montréal. D'autant plus, M. le
Président, qu'il faut tenir compte, dans le plan stratégique du
Grand Montréal - on parlait de tous les organismes du milieu - de la
reconnaissance des gens du milieu, à quel point c'était important
et à quel point il y en avait... et surtout, particulièrement
à Montréal, quand on connaît l'ensemble des
problématiques, que ce soit pour les sans-abri, les jeunes qui ont des
problèmes d'alcool, de drogues. En fait, ce sont tous des jeunes qu'il
faut intégrer dans le milieu du travail. Ils ont une
particularité très, très identifiée. Ces
gens-là aussi ont le droit d'avoir cette chance de formation de
main-d'oeuvre si on veut leur permettre de s'insérer dans la
société, leur permettre d'avoir une chance aussi. Alors, je crois
qu'il faut tenir compte de certains besoins spécifiques à une
région qui pourraient échapper à un grand programme plus
général, plus national, à mon avis. C'est pourquoi je
pense que cette motion-là, elle devrait être prise en
considération. Quant à moi, cette notion de
spécificité a toute sa place et on doit en tenir compte.
Je parlais aussi de tout ce qu'est l'alphabétisation. Ça
ne s'adresse pas uniquement aux immigrants. On dit qu'au Québec il y a
peut-être 25 % des gens qui ont des problèmes
d'alphabétisation. On a connu énormément de gens dans
certaines entreprises qui pouvaient travailler parce qu'ils avaient fini par
comprendre les consignes, mais ils ne pouvaient pas les lire, et c'était
très difficile. Il faut donner des cours à ces gens-là
aussi. Ça fait partie des programmes de formation de main-d'oeuvre. Il y
a des gens qui peuvent avoir 10 ans, 15 ans, 20 ans d'expérience dans un
milieu de travail sans pour autant avoir appris à lire.
Alors, je pense qu'il faut retenir toutes ces particularités qui
deviennent des spécificités pour une région en
particulier. C'est ce point de vue que je voulais faire ressortir. Je sais
très bien qu'au niveau des niveaux sectoriels on peut arriver à
dire que le spécifique est inclus, qu'on peut trouver, en fait, de
grandes notions générales qui permettent d'établir des
politiques qui touchent un grand nombre de personnes, de secteurs et qui
favorisent la concertation, et que tout ça est inclus dans l'article 44.
Je pense qu'il y a certains volets qu'il faut faire ressortir davantage,
notamment ces volets-là. Je pense à tout le volet de là
francisation et à tout ce qui touche Montréal, en
particulier.
d'ailleurs, si on prend le mémoire de la ville de
montréal, justement, elle en faisait part, à quel point, pour
elle, ça faisait partie de ses préoccupations. je pourrais vous
citer, à certains égards, une des recommandations que la ville de
montréal faisait là-dessus, si je peux retrouver ça.
Une voix: À la page 19.
Mme Vermette: Non, je n'ai pas le même.
Une voix: Ce n'est pas le même mémoire?
Mme Vermette: Non. Bien, ils en ont fait plusieurs, je pense. On
dit que la francisation des immigrants continue à faire l'objet de...
administratif et de budget distinct de la formation professionnelle et demeure
sous la responsabilité du ministère... Le MCCI, c'est le
ministère...
La Présidente (Mme Marois): Des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Vermette: C'est ça. Voilà. Donc, dans cette
notion-là, on inclut un côté de spécificité,
automatiquement, puisqu'on reconnaît que ça appartient à un
autre ministère. Donc, je pense que c'est très particulier et que
c'est très singulier de vouloir faire ressortir ce volet de
spécificité. Moi, je trouve qu'il y a une notion de budget qui
est associée, en tout cas, à ce mot
«spécificité». Il faut en tenir compte, c'est
très important. Il pourrait y avoir des enveloppes particulières
pour tout besoin ou priorité spécifique à une
région donnée. Ça serait important aussi d'en tenir
compte, Mme la Présidente. Moi, je pense que le ministre aurait
intérêt à tenir compte de ça.
C'est sûr qu'en Montérégie il y a en a beaucoup. On
a tout le volet de l'aéronautique, où c'est très
important. Quant à nous, c'est ce qui fait la spécificité
de la région, et ça permet, à ce moment-là, de
faire un plan de développement plus particulier et qui répond aux
besoins. Quand on a eu notamment une concertation pour faire en sorte que
l'aérospatiale s'installe en Montérégie, on a bien vu
à quel point c'était important d'en faire un dossier particulier,
de le ressortir, en fait, des dossiers généraux dans lesquels on
le traitait parce que ça répondait à un besoin ponctuel
pour faire une offensive pour aller chercher, en fait, ce centre
d'aérospatiale en Montérégie.
Donc, la notion de spécificité prend plusieurs
significations, mais veut toujours relever un caractère distinct,
particulier et qui pourrait être associé à une question
budgétaire aussi. À cet égard, moi, je pense que ça
serait important qu'on apporte cette notion-là de
spécificité parce que, moi, je pense toujours en termes de
budget, en tout cas, là-dedans. Ça permettrait à cer-
taines régions qui ont des problèmes plus particuliers et plus
spécifiques, à ce moment-là, de mettre des efforts
particuliers sans pour autant dire: On va choisir une chose plutôt qu'une
autre. Ça favoriserait aussi les objectifs qu'on pourrait se donner
à atteindre en ce qui concerne ces priorités spécifiques
là aussi, Mme la Présidente. Alors, moi, en ce qui me concerne,
c'est le point de vue que je voulais apporter.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, Mme la
députée de Marie-Victorin. Est-ce qu'il y a, à ce
moment-ci, d'autres interventions sur l'amendement qui est devant nous?
Une voix:...
La Présidente (Mme Marois): D'accord. M. le
député de Salaberry-Soulanges.
Une voix: Appel nominal.
La Présidente (Mme Marois): Appel nominal. Alors, M. le
secrétaire, s'il vous plaît. Je vais rappeler d'abord, avant tout,
quel était l'amendement. Nous en sommes à l'article 44.
L'amendement se lisait comme suit:
Remplacer le paragraphe 2° de l'article 44 par le suivant:
«2° de définir les modalités d'application des
programmes en fonction des réalités, besoins et priorités
spécifiques de sa région;».
Alors allez-y, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)? Mme
Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Trudel (Ruanda...
Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Trudel: Ruanda?
Le Secrétaire: Noranda. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire: Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
M. Trudel: On m'avait aggrandi, à cette commission, le
territoire à l'Abitibi-Témiscamin-gue, mais là au Ruanda,
là...
Le Secrétaire: C'est la fatigue. M. Trudel: Pour.
Le Secrétaire: Pour.
La P.ésidente (Mme Marois): Allez-y, s'il vous
plaît, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Vic-torin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Marcil (Salaberry-Soulan-ges)?
M. Marcil: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Secrétaire: M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Contre.
La Présidente (Mme Marois): Alors, l'amendement est
rejeté. Alors, nous revenons maintenant à l'alinéa
deuxième de l'article 44. Oui, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, j'aurais un amendement,
un ajout au deuxième, ef j'annonce tout de suite que, dans cet
article-là, j'aurai fait tous mes efforts. On va examiner un peu les
autres. Je n'ai pas d'autres amendements à l'article, mais je veux bien
vous présenter celui que j'ai là.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il concerne toujours
le deuxième alinéa, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui. Ça serait un ajout qui ferait un
2.1° et qui se lirait comme suit: «2.1° établir les
priorités régionales de formation et de développement de
la main-d'oeuvre;».
Je pense qu'il faut - j'expliquerai tout à l'heure, mais
simplement pour fins de mémoire - rappeler que c'est dans le document
publié par le ministère «Partenaires pour un Québec
compétent et compétitif».
La Présidente (Mme Marois): Alors, vous allez
déposer l'amendement, s'il vous plaît, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui. Il s'en vient, là,
dactylographié et photocopié.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. M. Maltais:
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député Saguenay.
M. Maltais: ...juste une petite question de technicalité.
Avant que vous ne vous prononciez sur la recevabilité de l'amendement,
je préférerais l'avoir entre les mains. Je pense que c'est de
bonne guerre.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous allons suspendre
quelques instants et...
Mme Blackburn: D'accord. Vous avez raison.
La Présidente (Mme Marois): ...dès que nous aurons
l'amendement, je vous le donnerai. Alors, nous suspendons nos travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 53)
La Présidente (Mme Marois): Maintenant que les
députés ont l'amendement, je vais en faire lecture. Alors, c'est
toujours à l'article 44. On ajouterait, si je comprends, après le
deuxième paragraphe, le paragraphe 2.1° suivant: «2.1°
établir les priorités régionales de formation et de
développement de la main-d'oeuvre;».
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Si vous le permettez, avant que vous statuiez sur la
recevabilité, j'aurais une intervention à faire justement sur la
recevabilité. Je voudrais plaider l'irrecevabilité de
l'amendement. J'entends me prévaloir de mon droit de parole, qui est de
20 minutes, je crois.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): J'allais vous rappeler que
vous aviez 20 minutes pour le faire.
M. Maltais: Mme la Présidente, je comprends, je respecte
et salue la grande justesse de l'intention de Mme la députée de
Chicoutimi, sauf que, un petit peu comme mon collègue de Salaberry l'a
indiqué tout à l'heure, l'article 44
est un tout avec des dépendances, comme diraient nos
grands-pères, avec circonstances et dépendances. De vouloir
traiter les points particuliers en rajoutant des virgules, des trémas,
ce serait un petit peu faire la tour de Babel au niveau du langage
législatif. L'importance d'un article comme ça, on doit le
traiter dans le tout et regarder ce qui en ressort.
J'insiste, et j'ai insisté tout à l'heure sur le premier
ou le deuxième amendement de Mme la députée de Chicoutimi
en lui indiquant que peut-être ce n'était pas au bon endroit.
Juste pour faire un petit parallèle, je réfère son
amendement au point 6° de l'article 44. C'est là un petit peu une
anomalie, tout en respectant, bien sûr, l'intention de Mme la
députée de Chicoutimi, au fond, depuis ce matin - et je l'ai bien
distinguée - de s'assurer, dans un plus grand degré
d'intégrité possible, de la volonté régionale.
C'est ce que je respecte profondément, étant moi-même une
personne de région.
C'est pour ça que je voudrais bien lui indiquer, en cours de
route, lorsqu'on va continuer, que les articles qui ont été
adoptés précédemment et les articles subséquents
qui seront adoptés, ils seront évidemment guidés, et,
lorsque je dis guidés, c'est qu'ils seront guidés par un souci
que... Je vais vous faire un petit exemple qui va peut-être vous faire
rire, parce que ça se passe dans toutes nos régions. Nous avons
des doctorats en macramé, vous savez, dans nos régions. Il y a
des cours du soir, des cours d'après-midi, des cours d'avant-midi qui se
donnent soit dans les centres de formation ou d'éducation des adultes.
J'ai des dames, chez moi, qui ont des doctorats en macramé et...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
monsieurs, aussi, qui en ont?
M. Maltais: Évidemment, évidemment. Vous savez,
moi, comme député, j'ai été obligé de me
recycler pour apprendre à tisser parce que je subventionne 29 clubs de
fermières, puis je ne savais pas tisser. À chaque fois, elles
essayaient de me faire travailler au métier, puis ça n'allait
pas. J'ai suivi un cours avec les fermières, et je peux me servir d'un
métier double. Je défie beaucoup de monde ici, par exemple, de
travailler sur un métier double. Vous savez que le jeu de pédales
n'est pas le même que sur un métier simple, Mme la
députée de Taillon.
La Présidente (Mme Marois): Bien sûr!
M. Maltais: Vous êtes fort au courant de ça.
La Présidente (Mme Marois): Bien sûr!
M. Maltais: Le jeu de mains et la cannelle non plus, et le ros
n'est pas passé du même côté. Vous savez que les
lames sont plutôt à gauche sur le double et, lorsque le
métier est simple, ce sont les lames du haut.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Voilà l'importance d'être bien
situé. Lorsqu'on parle d'une chose, il faut être bien
renseigné.
Une voix: Vous en savez des choses, vous. M. Maltais:
L'objectif de l'article...
La Présidente (Mme Marois): Le député en
profite pour instruire la commission tout en discutant de la
recevabilité de l'amendement.
M. Maltais: Voyez-vous, faire de la politique, ce n'est pas
uniquement en parler, de temps en temps, c'est agir, et je suis convaincu que
tous et chacun qui sont autour de cette table, ici, un jour ou l'autre sont
pris dans des situations où on a tous des choses à apprendre. Je
parlais de macramé tantôt. Savez-vous qu'il n'y a pas grand monde
qui savent en faire, sauf peut-être quelques exceptions. Pourtant, c'est
un métier d'art. Les choses vraiment importantes et belles qu'ils font,
moi, je ne saurais les faire. Je les aime bien, sauf que, un jour ou l'autre...
Quand, dans une municipalité de 600 habitants, il y a 30 ou 35 personnes
qui, annuellement, reçoivent depuis 15 ans des cours de macramé,
c'est qu'un jour il faudra faire une université dans la région,
parce que le macramé ne conduit pas nécessairement à un
emploi non traditionnel, il ne conduit pas nécessairement à un
emploi à la Reynolds. C'est un peu pour éviter ce que j'ai
appelé des anachronismes. C'était un exemple des programmes
dirigés par en haut.
Je vais vous parler des centres de formation de main-d'oeuvre et souvent
des commissions scolaires, où des fonctionnaires bien
intentionnés décidaient, dans nos régions: Telle paroisse,
cette année, c'est le macramé. En soi, je trouve ça juste,
sauf que, après 15 ans, il faudrait peut-être penser à
autre chose. Je ne sais pas, moi, il y a la broderie, le métier...
Une voix: Le tissage. M. Maltais: ...le tissage.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Le député de Saguenay courtise
beaucoup les clubs de fermières parce qu'il a l'air très au
courant de ce qui se passe dans ces clubs.
Une voix: Pas trop les commissions scolaires. (17 heures)
M. Marcil: Ça vous impressionne, hein?
M. Maltais: Vous savez, je viens d'une région où il
n'y a à peu près pas de poules, mais beaucoup de clubs de
fermières, et c'est dans ces clubs-là qu'on apprend beaucoup. On
apprend beaucoup. Je n'ai pas beaucoup d'agriculteurs chez moi. Vous savez, sur
la Côte-Nord, on est la seule région au Québec où on
plante les pommes de terre à la dynamite et où on récolte
au «jackdrill».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: On les plante à la dynamite et on les
récolte au «jackdrill».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Cependant, ça n'empêche pas d'avoir 29
clubs de fermières dans ma région. J'en ai même deux
additionnels qui sont sur des bandes indiennes. Ces femmes-là, on a
beaucoup à apprendre d'elles. En tout cas, moi, personnellement. Et j'en
profite, par exemple, pour vous inviter au 75e anniversaire de la fondation du
club des fermières de Sainte-Thérèse-de-Colom-bier,
situé à une quinzaine de kilomètres de Forestville,
où 42 personnes, des membres vraiment extraordinaires, des dames qui ont
consacré leur vie... Je vous invite. D'ailleurs, vous allez recevoir une
lettre dans votre programme d'opération comté. Je vous demande
chacun 200 $...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: ...pour pouvoir, cette année, amener à
Québec tout le travail de ces femmes-là, dans un kiosque
d'exposition provinciale. Et je suis sûr que, l'an prochain, au
100e...
La Présidente (Mme Marois): Un instant! Je m'excuse, j'ai
une question de...
M. Maltais: Ah! question de règlement, madame; je me
soumets au règlement.
La Présidente (Mme Marois): ...règlement, ici, du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Est-ce que le député aurait
l'amabilité de préciser la date et l'heure de la rencontre?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Ça commence le 16 juillet - c'est un samedi
soir - et ça se terminera...
La Présidente (Mme Marois): Je sais que vous remarquez que
je suis très tolérante, hein. Alors, pour les moments
où...
M. Maltais: Ça se terminera par une...
La Présidente (Mme Marois): ...je le deviendrai un peu
moins...
M. Maltais: ...grand-messe à pointe Colombier...
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Maltais: ...cap Colombier, dont Mgr Morissette lui-même
sera officiant à la messe. Ce sera une messe en latin, relatant le 75e
anniversaire, en grégorien. J'aurai le privilège, Mme la
Présidente, d'être membre de la chorale, et je vous invite tout au
moins à acheter la cassette.
Alors, tout ça pour revenir à dire que nos
fermières font un travail exceptionnel. Cependant, il ne faudrait pas
non plus... Une fois qu'elles auront toutes leur doctorat, dans les prochaines
années, il faudrait penser à les reformer. Ce sont des exemples
bien simples. Mme la députée de Chicoutimi, on peut rire un petit
peu. Écoutez, ça fait tellement d'heures qu'on discute et qu'on
palabre, je pense qu'on peut s'amuser de temps en temps. Mais revenons
sérieusement...
Il ne faut jamais oublier que ce sont des fonctionnaires, guidés
par des gens de l'industrie, des gens de syndicats, qui ont toujours
décidé quelle sorte de cours iraient en région. Moi, je me
souviens, lorsque la loi 150 sur les forêts a été
adoptée à l'Assemblée nationale, je n'ai pas
été capable de convaincre les centres de formation
professionnelle, parce qu'il y avait une mauvaise entente avec Ottawa, le
gouvernement du Québec et le ministère que représente
aujourd'hui le député de Laporte. Malgré que la porte ait
été entrouverte, on ne pouvait pas nécessairement
être d'accord avec les dispositions des fonctionnaires du
ministère. Nous avons donc convenu que nous allions nous passer de la
Commission de formation professionnelle et confier aux commissions scolaires la
formation de nos sylviculteurs, qui sont des ouvriers forestiers; le cours est
donné à Forestville. Et il y a beaucoup de personnes de votre
comté, Mme la députée de Chicoutimi, qui viennent suivre
ces cours: formation d'entrepreneur, de contremaître en forêt,
ainsi de suite.
Pourtant, c'était une décision bien simple des gens du
milieu. On était pris avec une nouvelle loi et, malgré que les
gens du milieu se soient coordonnés, c'était une bataille au
niveau des commissions scolaires pour leur faire admettre la
nécessité... Je n'ai pas été capable de la faire
admettre à la Commission de formation professionnelle. Aujourd'hui, dans
la loi, dans la Société que le ministre fait, les programmes vont
être faits chez nous; les programmes vont être faits selon le
désir des gens du milieu. Mais, comme disait souvent un sage: Gouverner,
c'est prendre des décisions. Lesage.
Une voix: Oui, c'est Lesage.
M. Maltais: Mme la Présidente, un gouvernement qui ne
mettrait pas son imprimatur sur les programmes ne les autoriserait pas, parce
que, finalement, c'est toute une nouvelle conception, la société
de la main-d'oeuvre. Et je me permettrai de rappeler ici aux membres de la
commission que c'est l'une des batailles livrées par les gouvernements
depuis au-delà de 50 ans. Le rapatriement de notre formation de la
main-d'oeuvre a toujours été un point pour lequel les grands
premiers ministres du Québec - Maurice Duplessis, Jean Lesage, Daniel
Johnson, Robert Bourassa, étape 1, René Lévesque - se sont
battus. Et je vous prends à témoin, Mme la Présidente,
vous-même qui avez été ministre responsable de cette
formation. Je me souviens des luttes épiques que vous avez menées
avec le gouvernement fédéral, et des nombreux discours que vous
avez faits à l'Assemblée nationale, avec toute la ferveur dont
vous étiez capable, et dont vous êtes capable encore. Cette
bataille-là vient d'être gagnée, après 50 ans.
Aujourd'hui, je pense que l'ensemble des parlementaires au Québec
devraient être contents, devraient être heureux. Enfin, nous allons
être maîtres chez nous dans notre formation de la
main-d'oeuvre.
Des voix:...
M. Maltais: Enfin, nous allons avoir notre juste part...
Une voix: Maître chez nous, plus que jamais.
M. Maltais: ...nous allons avoir notre quote-part. Ça sera
sans doute le seul endroit, dans les différents ministères au
Québec, où on aura la part d'argent qui nous est due en formation
de la main-d'oeuvre. On l'a eue dernièrement avec l'immigration et,
aujourd'hui, l'étape 2, c'est un levier économique dont le
gouvernement du Québec ne peut se passer.
Je comprends une chose: il y a peut-être un petit point aguichant
politiquement, à savoir que le gouvernement du Québec a
gagné une bataille. Je rends hommage à tous les ministres qui se
sont succédé depuis de nombreuses années, ce qui fait
aujourd'hui que le ministre en titre, le collègue de Laporte, est
l'homme chanceux de présenter ce projet de loi, d'avoir
été celui qui a fait la boucle de 50 ans d'efforts de
parlementaires, de ministres qui se sont succédé. Je suis
convaincu, Mme la Présidente, que, s'i! y a une personne qui va
être d'accord avec moi, c'est bien vous, parce que vous vous êtes
drôlement débattue dans le dossier, et battue - non seulement
débattue mais battue. Mais les efforts ne sont pas toujours égaux
aux armes de la bataille. Parfois, il y a des batailles inéquitables -
et vous le savez fort bien - mais patience et longueur de temps font plus que
force et que rage. Et voilà le résultat. Voilà le
résultat de la patience.
Aujourd'hui, c'est évident que c'est une pièce
maîtresse de législation, ce pouvoir essentiel à notre
développement économique et ce contrôle par nos
régions de notre formation, nos entreprises, nos syndicats. Voilà
le fruit de 50 ans de travail. C'est pour ça que je suis convaincu... Je
ne suis pas pressé, Mme la Présidente; je prendrai tout le temps
qu'il faut, aujourd'hui, lundi, mardi ou mercredi, en fait, bref, tant et aussi
longtemps que je n'aurai pas convaincu la députée de Chicoutimi
que l'essence même du projet de loi, c'est de remettre dans nos
régions le pouvoir de se former selon nos besoins.
J'ai écouté attentivement notre collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et je suis convaincu que, venant d'un monde
universitaire - un monde universitaire, c'est un monde un petit peu à
part, voyez-vous - la compréhension qu'il a du projet de loi n'est pas
du tout la même que celle que vous avez, Mme la députée de
Chicoutimi. Vous avez oeuvré au niveau des cégeps, beaucoup plus
près de la formation. Les universitaires sont un peu dans les nuages. Je
les comprends, je les comprends. Mais, au niveau des cégeps, c'est
beaucoup plus près de la population. Je vous entendais parler tout
à l'heure des techniques de communication, des techniques
journalistiques qu'il y a au cégep de Jonquière. Malheureusement,
elles auraient dû être à Chicoutimi, ça aurait
été plus proche de la Côte-Nord, mais, en tout cas... Le
député de Jonquière avait, à ce moment-là,
fait une petite passe.
Ce qui est important, au fond, ce que vous avez
énuméré, c'est la volonté du milieu. Moi, je vous
dis, par exemple, je vous annonce, M. le ministre, que, dès que le
projet de loi sera passé... Nous avons collectivement, les trois MRC de
mon comté, acheté une propriété à Tadoussac.
Et on a 69 candidats, hommes et femmes, qui attendent pour suivre un cours qui
est issu du milieu, préparé par les gens du milieu, et c°
cours s'appelle «Accueil touristique»; comment accueillir ceux qui
viennent nous porte; leur argent. Vous savez, on n'a qu'à se promener
sur la Grande Allée, on n'a qu'à se promener dans les rues de
Montréal... Montréal, je n'en parle pas, parce que j'en parlerais
trop. Je vous plains, les gens de Montréal. Quand tu poses une question
et qu'on te répond à peu près dans les sept langues de la
tour de Babel sauf dans la tienne, quand tu demandes un renseignement... C'est
pareil en France, c'est toujours tout droit. Heureusement que Montréal
est une île; il suffit de ne pas prendre les ponts et on est sûr
qu'on reste dessus.
Accueillir les gens qui ont des bonnes intentions et de l'argent plein
leurs poches pour venir nous !e remettre, voilà une idée des
hôteliers, des restaurateurs, des propriétaires de
camping, des propriétaires de ce qu'on appelle les pourvoiries,
des propriétaires de rivières à saumon, les ZEC.
Voilà une initiative du milieu, Mme la députée de
Chicoutimi. Nous avons même 11 candidats qui viennent de votre
région, qui vont travailler dans le cadre de l'accueil du parc Saguenay,
pour l'association touristique du fjord dont votre ville est membre. La ville
de Chicoutimi est membre également. Vous représentez le
comté de Chicoutimi, mais une grosse partie de la ville de Chicoutimi...
C'est la ville, mais la ville de Chicoutimi est membre, donc votre comté
est membre de cette association. (17 h 10)
C'est une idée qui est venue originalement, depuis quatre ou cinq
ans, lorsqu'on se disait: Comment faire pour rendre plus attrayantes nos
régions? Comment faire pour rendre nos régions plus attrayantes?
Je pense qu'accueillir les gens, leur indiquer nos services avec un sourire, ce
n'est pas donné à tout le monde, ça, de savoir ça
d'un coup sec. Ça s'apprend. Il y a des spécialistes qui sont
capables d'enrôler ces gens-là, de leur donner une
éducation, une formation touristique. Vous allez me dire, et je vais
être d'accord avec vous: La saison touristique, dans notre région,
vous savez fort bien comme moi que ça dure à peine quatre mois.
Mais vous savez que, quatre mois de travail, dans certaines crises
économiques, c'est encore mieux que quatre mois à ne rien faire,
parce que quatre mois de travail... Étant prêt tout de suite
à attendre, à te préparer pour les quatre prochains
mois...
Moi, j'ai été surpris. J'ai rencontré ces
gens-là à Tadoussac, il y a à peine un mois, un mois et
demi, vers le 14 ou le 15 mai, et, ce qui m'a surpris le plus, c'est
l'enthousiasme des gens qui ont dit: Enfin, on va être capable de
connaître notre métier d'accueil. Prenez, par exemple, les
marinas. Vous savez, lorsqu'on investit - vous connaissez ça, Mme la
députée de Taillon, Mme la Présidente - 150 000 $ dans un
bateau, un voilier et qu'on arrive à une marina, on a besoin d'essence,
on a besoin d'eau potable, on a besoin de faire faire la vidange de nos
réservoirs sanitaires, et Jos Bleau est à moitié chaud,
sur le coin du quai: Ouais, ouais, ouais! Non, tu ne vois plus ça. On a
des marinas exceptionnelles à Tadoussac, à L'Anse-Saint-Jean,
à La Baie, même à Chicoutimi, on en aura deux, qui sont
fort attrayantes. Je pense que c'est important. La personne qui a un bateau de
150 000 $, habituellement, elle n'est pas sur le BS et, lorsqu'elle vient dans
notre région, elle est là pour trois, quatre, cinq jours. Je ne
vous apprendrai pas, Mme la députée de Chicoutimi, combien c'est
valorisant, combien c'est beau une excursion en bateau sur le Saguenay. Ce
n'est pas à vous que je vais apprendre ça, mais il reste une
chose...
La Présidente (Mme Marois): II vous reste à peine
une minute ou deux, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Oui, je vais conclure, Mme la Présidente, mais
c'est important de conclure sur la bonne note, de conclure que l'amendement
bien intentionné de la députée de Chicoutimi, je lui
demande de le revoir dans l'ensemble de l'article 44. Et peut-être que
cet amendement-là serait, tout au moins à mon avis, fort
discutable, et il serait intéressant d'en discuter au point 6° de
l'article 44.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, M. le
député de Saguenay. Je vous dis que je pourrais, à ce
moment-ci, rendre ma décision. Si, cependant, vous décidiez
d'intervenir, Mme la députée, pour revenir sur quelques
éléments...
Mme Blackburn: Peut-être pour faire quelques... Ensuite, je
laisserai la parole à mon collègue.
La Présidente (Mme Marois): On s'entend, là. On est
toujours sur la pertinence.
Mme Blackburn: Sur la recevabilité.
La Présidente (Mme Marois): Pardon, c'est ça. C'est
sur la recevabilité, donc sur la pertinence de l'article qui est devant
nous.
Mme Blackburn: Le député de Saguenay...
La Présidente (Mme Marois): Un instant, s'il vous
plaît! Je voulais juste faire remarquer au député de
Saguenay qu'évidemment j'avais été assez large - on
comprendra - dans l'interprétation du règlement, parce que vous
vous êtes un peu éloigné de la pertinence du débat,
mais j'ai accepté que vous agissiez de la sorte, étant
tolérante. J'imagine que cette tolérance s'appliquera
généralement à l'ensemble des membres de la commission.
Oui, Mme la députée.
Mme Blackburn: Les propos du député de Saguenay
sont extrêmement intéressants, même s'ils n'étaient
pas vraiment pertinents dans le cadre de la recevabilité.
La Présidente (Mme Marois): Je surs d'accord avec vous
cependant, Mme la députée.
Mme Blackburn: Je n'en conviens pas moins qu'ils étaient
intéressants. Finalement, je vais essayer d'expliquer pourquoi c'est
pertinent d'indiquer dans ce projet de loi que la responsabilité
d'établir les priorités, ça doit relever des
régions. Ce n'est pas vrai qu'il faut laisser ça ailleurs.
Là, je vais reprendre le parallèle qu'a fait le
député tantôt, que je trouve intéressant. Il a
parlé de ses cours de macramé, et de tout
ça. Vous vous rappellerez que c'étaient des budgets qui
nous venaient d'Ottawa et que, là, on gérait comme ça,
à la petite semaine. Il ne fallait pas trop y toucher. On laissait
vraiment des organisations plus bénévoles s'occuper de ça.
Alors, vraiment, ça a été un moyen de faire vivre quelques
personnes à la place de ce que j'appellerais les «Canada au
travail», tiens. Ça alimentait, ça faisait tourner un peu
de sous et ça faisait taire un peu les inquiétudes. Pendant que
les madames faisaient du macramé, bien, elles ne faisaient pas de
dépression.
Mais il y a un parallèle parfait qu'il faut établir et
qui, il me semble, s'applique parfaitement à la situation qui va
être la nôtre par rapport à la Société. Ce
qu'on reprochait à Ottawa, et ce qu'on continue de lui reprocher, c'est
que, pendant qu'il nous donnait des graines pour faire du macramé, il
prévoyait des programmes de formation parfaitement adaptés aux
besoins de Toronto, des grandes entreprises manufacturières, et on se
ramassait avec n'importe quoi ici. Et c'était le problème, parce
qu'ils dessinaient les modèles, puis, comme on ne voulait pas trop
entrer dans le modèle, on faisait à peu près n'importe
quoi. Quand ils nous proposaient des programmes de formation, ça n'avait
rien à voir avec les besoins de la Gaspésie, de la
Basse-Côte-Nord, de votre région ou de la mienne.
Alors, ce qui risque d'arriver, c'est précisément, si on
ne laisse pas à la région au moins ça, un minimum - puis,
après ça, je vous dis, moi, je vais abandonner... Il faut qu'ils
établissent leurs priorités. Ne laissez pas établir
ça par le national - moi, j'appelle ça le national - parce qu'il
va arriver dans ces cas-là exactement ce qui est arrivé avec
Canada-Québec. Si le Canada, dans sa grande
générosité, nous avait laissé administrer
totalement, complètement, sans contrainte nos programmes de formation de
la main-d'oeuvre, probablement qu'on n'en parlerait pas, parce que c'est juste
ça qu'on est en train de réclamer. On réclame qu'il nous
laisse la paix là-dedans. C'est nous qui connaissons nos besoins, qui
connaissons notre industrie, qui connaissons nos régions. C'est à
nous de le faire. Et c'est exactement le même raisonnement. Si on laisse
le national... Je ne dis pas établir les grandes politiques nationales;
je le maintiens, ça, ça appartient à l'État en
matière d'accessibilité aux services de santé, à
l'éducation, au développement régional. Il y a des grandes
politiques, il faut qu'elles soient pensées nationalement. Les grands
créneaux à développer, je pense que c'est le gouvernement
qui va établir ça, mais tout le reste... Ne laissez pas la
centralisation bouffer les énergies, le dynamisme, la
créativité des régions.
Mon appréhension... Et vous aviez des exemples
intéressants. Vous disiez: On a été obligé de se
battre contre la Commission de formation professionnelle et la commission
scolaire; ils ne comprenaient rien. C'est trop vrai, parce que les initiatives
dont vous parliez, et dont je parlais tout à l'heure, ce sont
précisément des initiatives, si on avait laissé faire le
national, qui ne seraient pas là. Écoutez, on a envoyé les
techniques de foresterie à Sainte-Foy. Sainte-Foy, son laboratoire est
à 35 milles; ça donne au-dessus de 50 kilomètres - je
passe sur le boulevard Talbot, vers le parc des Laurentides, devant ce
laboratoire-là - alors qu'on a au moins 10 collèges qui sont dans
le bois. Normalement, en toute logique, on aurait dû implanter cette
option-là dans un cégep qui était plus près de la
forêt, mais ça a été décidé quelque
part par des technocrates. Ce n'était pas dénué
d'intérêt, parce qu'il y a le génie forestier à
l'Université Laval, mais, avant qu'ils établissent une
collaboration entre le génie forestier et les techniques
forestières du cégep de Sainte-Foy, ça a commencé
il y a à peu près trois ans, puis encore, ils n'ont jamais
reconnu l'équivalence pour les diplômés en techniques
forestières.
Le problème, c'est quand on laisse, nous, les régions, le
national prendre les décisions. Là, je ne veux pas faire de
reproches aux fonctionnaires, parce que eux sont obligés de le faire. En
partant - et je les comprends - ils sont obligés d'établir des
règles. Ils ne peuvent pas mettre trop de souplesse dans leurs
règles. Vous ne pouvez pas avoir 56 interprétations de vos
règlements et de vos politiques. Donc, vous n'avez plus de place pour la
souplesse. Et, là, un fonctionnaire dit: Moi, écoute, je
t'autoriserais bien, mais, là, il faut que j'examine ce que ça va
donner; la Gaspésie a un autre besoin, et là il y a une autre
société qui va demander autre chose - ils se parlent entre eux
autres, en plus; ça se parle, des fois, les régions - en plus,
ça va leur donner des idées, et là vous allez me
mêler toute ma machine. Là, le réflexe, pour ne pas que
ça remonte dans la face de tout le monde, eh bien, ils en mettent moins.
Des initiatives, des idées originales, créatrices, menées
par des gens dynamiques meurent sur des tablettes à cause de ça.
Soyons prudents! Je vous le dis, et je ne le dis pas contre le ministre, je ne
le dis pas contre les fonctionnaires, je le dis parce que je crois que les
régions sont capables d'établir leurs priorités.
D'ailleurs, c'est ce que le ministre croyait, et c'est pour ça
que je pense toujours que c'est pertinent. Dans son document, à la page
41, il disait: «2° définir la problématique
régionale du marché du travail et de l'emploi - et là il a
ajouté, évidemment - dans les cadres de la
Société». On a essayé de le faire enlever, mais
c'est resté. «Établir des priorités
régionales de formation et de développement de la
main-d'oeuvre». C'est dans son document. Je ne vois pas pourquoi on ne le
retrouve pas dans la loi. Il me semble que, s'il l'a soustrait de la loi, c bj;
parce qu'il a l'intention de le faire établir ailleurs, et c'est
ça, l'inquiétude que j'ai.
Moi, après ça, Mme la Présidente, je ne
m'énerverai pas plus que ça. J'aurai tenté de ramener un
peu d'oxygène dans la structure que je crois particulièrement
centralisatrice. (17 h 20)
J'ai apprécié les propos du député de
Saguenay, lorsqu'il a dit: Enfin maîtres chez nous! On a
récupéré le mandat du gouvernement canadien, du
fédéral. La main-d'oeuvre, ça va être nous autres,
avec l'enveloppe; ils vont nous donner l'argent. Ce n'est pas tout à
fait ça. Ce n'est pas tout à fait ça que dit le document
«Rapport d'étape, Réunion multilatérale sur la
Constitution, Ébauche progressive» - progressive,
évidemment; ça peut progresser en plus comme en moins, là;
comme ça a tendance à aller vers le moins, progresser comme
régresser - au 11 juin 1992, fin de la journée. Alors, quand on
est en train de mesurer que c'est la fin de la journée et non pas le
début, et qu'on postule qu'il y a des différences entre le matin
et le soir, on est comme dans un marécage, dans un marécage
constitutionnel. Et, précisément, précisément sur
cette question.
Et j'imagine que le ministre en a pris connaissance. C'est à la
page 9, on parle de la formation de la main-d'oeuvre, il y a toute une page qui
est consacrée - presque toute, parce qu'il y a un paragraphe sur la
culture - à la main-d'oeuvre. Et je vous lis un paragraphe: «Les
provinces ayant négocié une entente visant à limiter le
pouvoir fédéral de dépenser seraient tenues
constitutionnellement de faire en sorte que leurs programmes de
perfectionnement soient compatibles - compatibles - avec les objectifs
nationaux, compte tenu de leur situation et de leurs besoins
particuliers.» Et, là, là, on est fait.
Alors, eux autres vont vous dire: Vous autres, vous n'êtes pas
compatibles, et là vous allez dire aux régions...
Évidemment, eux autres vont être obligés de dire aux
régions: Ce n'est pas compatible, parce qu'on n'est pas compatible avec
Ottawa. Puis là ça va être le même cirque. Un
cirque!
M. Maltais: Juste pour vous informer, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, pardon...
Mme Blackburn: Est-ce que ça a bougé depuis?
Non.
M. Maltais: Pardon?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Ce que Mme la députée de Chicoutimi
nous cite, c'est un rapport d'étape.
Mme Blackburn: Oui, le 11.
M. Maltais: Du 11 juin.
Mme Blackburn: C'est vieux, là, neuf jours? Neuf
jours...
M. Maltais: Non, non. C'est qu'il faut se rappeler, Mme la
députée de Chicoutimi, qu'il faut retourner...
La Présidente (Mme Marois): Vous pouvez dire Mme la
Présidente aussi, des fois.
M. Maltais: Mme la Présidente, il faut se rappeler... Il
faut retourner un an en arrière, lorsque la ministre de l'Immigration
avait négocié l'Immigration. Et c'était à ce
moment-là que le ministre de la Main-d'oeuvre a eu un engagement du
premier ministre, qui est mon collègue fédéral. Nous
déjeunons régulièrement ensemble. Je peux vous dire qu'il
prend des Honeycomb, puis, moi, je prends des toasts au pain brun. Tout
simplement, c'était un engagement du gouvernement, et ça faisait
partie des conditions du lac Meech.
Mme Blackburn: Oui, je sais.
M. Maltais: II faut se rappeler ça. Il faut se rappeler
que le premier ministre du Canada et le premier ministre du Québec
s'étaient entendus, premièrement, sur l'immigration et,
deuxièmement, qu'au cours de la présente année ils en
viendraient à une entente sur la main-d'oeuvre. Et voilà,
à partir de ces discussions-là, le ministre de la
main-d'oeuvre... Et les négociations que vous avez au 11 juin ne sont
pas terminées, elles ne sont pas terminées.
Et, lorsqu'on parle de la clause «opting out», c'est bien
important que le Québec, avec sa Société qui sera
fraîchement adoptée à l'Assemblée nationale, ait les
pouvoirs législatifs de l'administrer, incluant les nombreux
fonctionnaires pour lesquels Mme la députée de Taillon se casse
la tête; dans la région de l'Outaouais, elle se casse la
tête au niveau des fonctionnaires fédéraux qui seront
récupérés par le ministre de la Main-d'oeuvre. Et, quand
je dis que la négociation et le rapport d'étape que vous avez...
Il faut d'abord, chez nous, être prêt à administrer nos
propres pouvoirs rapatriés. Et c'est là toute l'importance de
cette Société. Et c'est pour ça, Mme la
députée de Chicoutimi, que nous serions très heureux que
vous retiriez votre amendement et qu'on passe au paragraphe 3° de l'article
44.
La Présidente (Mme Marois): Alors, merci, M. le
député de Saguenay. Je vais permettre à la
députée de Chicoutimi de compléter son intervention, si
elle sent qu'il est nécessaire de le faire.
Mme Blackburn: Oui, sur la pertinence, ça me semble... Il
n'y a aucun autre... Si le député est en mesure de m'indiquer
dans quel paragra-
phe on reconnaît à la Société la
responsabilité d'établir les priorités régionales
de formation et de développement de la main-d'oeuvre, je me rends!
M. Maltais: Je vous retourne au point 6°.
Mme Blackburn: Non, établir les priorités Non,
établir les priorités.
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous permettez,
là, je ne voudrais pas qu'on entreprenne un dialogue, parce que, de
toute façon, je suis prête à rendre ma décision.
M. Trudel: Mme la Présidente, je suis certain que vous
désireriez entendre quelques-uns de mes arguments.
La Présidente (Mme Marois): Je suis prête aussi
à vous entendre. Je ne souhaite pas brimer le droit de parole d'aucune,
d'aucun membre de la commission. Alors, si vous voulez intervenir, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue... Mais, ce que je
ne voulais pas, c'est que le dialogue commence, compte tenu que vous avez
utilisé votre droit de parole, M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, si le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue permettait, juste avant, Mme la
députée de Chicoutimi...
La Présidente (Mme Marois): S'il n'y a pas d'objection, je
suis prête à vous entendre encore une minute ou deux.
M. Maltais: ...juste vous référer à
l'article 43, et, à ce moment-là, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue peut y aller.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député de Saguenay. Alors, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Oui, Mme la Présidente. D'abord,
premièrement, sur la recevabilité, je ne peux que m'esbaudir
devant la qualité des arguments du député de Saguenay en
plaidant la non-recevabilité, l'irrecevabilité de cette
proposition. Savez-vous, Mme la Présidente, plus je l'observe et plus
j'écoute le député de Saguenay, il va faire un excellent
député dans l'Opposition. Il a vraiment les qualités
fondamentales, il a les caractéristiques. Ça va faire un
excellent député dans l'Opposition.
La Présidente (Mme Marois): C'est bien connu.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): II était 3xcellent.
M. Trudel: Je pense qu'il en a conservé les
qualités et qu'il a su surtout les développer. Il est tout
à fait bien préparé.
Mme la Présidente, sur la recevabilité de cet amendement,
effectivement, en quelques minutes seulement - puisque je devrai intervenir
à l'Assemblée nationale dans quelques secondes sur le projet de
loi 15 - il y a comme nnp étape qui est sautée. On s'en rend bien
compte dans l'article 44. On définit le problème. On
définit la problématique, la situation, l'état du
marché du travail et de l'emploi dans sa région et, tout de
suite, on saute à adapter les programmes.
Avez-vous déjà vu ça, vous, Mme la
Présidente? Vous devez définir le problème que vous avez
dans n'importe quelle sphère d'activité et tout de suite, vous
n'établissez pas de priorités, vous sautez sur le programme d'un
autre, défini dans une autre situation, et vous en arrivez tout de suite
à dire: Je vais adapter l'instrument. Et vous n'établissez pas de
priorités en fonction de quoi vous allez agir, quel va être votre
ordre d'intervention, est-ce que vous allez commencer - dans une région
donnée, par exemple une région forestière - par former les
palefreniers avant de former les techniciens forestiers ou...
Mme Blackburn: ...en France. M. Trudel: Pardon?
Mme Blackburn: Comme à Saumur, en France.
M. Trudel: Oui, bon. Ça me semble évident que,
là, le député de Saguenay avait une excellente
argumentation, je dois le reconnaître, mais il sautait une étape.
Il y a un trou, là, il y a un vide. Et son argumentation, par ailleurs,
n'a pas réussi à combler ce vide-là au niveau de la
capacité pour la société régionale. Mais,
là, c'est un minimum, Mme la Présidente. Quand on ri,î
qu'en région il va y avoir un certain nombre de besoins auxquels il
faudra répondre, il va bien falloir établir un ordre. On ne peut
pas tout faire, toujours, en même temps. Comme dirait l'autre, à
l'Industrie et Commerce: partout, à tout coup, partout. Ça
devient un fourre-tout, finalement. Alors, il faut établir un certain
nombre de priorités et que la région soit capable d'agir au
niveau local à l'intérieur des orientations nationales. J'ai dit
«orientations nationales», puisqu'il doit y avoir de grands
objectifs nationaux qui sont poursuivis en matière de main-d'oeuvre et
en matière de formation professionnelle.
Et, à cet égard-là, Mme la Présidente, je
veux tout simplement vous souligner cet élément-là,
qjaprès avoir défini la problématique du marché du
travail et de l'emploi dans sa région,
si on ne reconnaît pas à cette région-là la
possibilité d'établir ses priorités, on saute une
étape et on va être obligé de reprendre le cours «001
Planification stratégique dans l'entreprise» ou «Politique
générale de l'organisation», parce que c'est
l'élémentaire du volume I du cours de planification
stratégique ou des activités similaires.
Il y a eu un oubli. Je suis sûr, Mme la Présidente, qu'il y
a eu un oubli. On a oublié l'étape de la
«priorisation», d'établir les priorités
régionales de formation et de développement de . la
main-d'oeuvre. Et je suis certain qu'il se dégage de ces
arguments-là que vous jugerez recevable l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention sur la recevabilité, je maintiens ce qu'au départ
j'avais signifié, à savoir qu'il est recevable, à mon
point de vue. Je vais vous dire de quelle façon. Si on reprend
effectivement l'article 44, avec chacun des alinéas de l'article 44,
à aucun des alinéas, du premier au sixième, on n'identifie
clairement le fait que le conseil régional a pour mandat
d'établir des priorités régionales. (17 h 30)
Maintenant, je comprends que le député de Saguenay a
suggéré que l'on regarde l'amendement qui est devant nous en
relation avec l'article 43, ce que je me suis empressée de faire. Et,
dans l'article 43, ce qu'on constate, c'est que le conseil régional,
c'est vrai, détermine des orientations et des priorités, mais
«relativement à la gestion des programmes et de ses
ressources», tandis que, dans l'amendement qui est devant nous, on dit:
«établir les priorités régionales de formation et de
développement de la main-d'oeuvre». On ne fait pas
référence, évidemment, à un encadrement qui aurait
été préétabli, parce que l'article 43 aussi fait
référence à un encadrement préétabli dans la
suite de l'article, quand on dit «dans le cadre des politiques et des
règlements de la Société».
Alors, je crois que, dans ce sens-là, malgré des
plaidoiries fort intéressantes, l'amendement est recevable.
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. Juste une petite
question de technicalité: en respectant le droit à l'alternance,
je pense que la parole me revient.
La Présidente (Mme Marois): Oui, la parole vous
revient.
M. Maltais: Et, juste avant que je prenne la parole, je pense
qu'on pourrait peut-être suspendre pour une minute, pour des besoins tout
à fait humanitaires.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
M. Maltais: Lorsqu'on s'absente, Mme la Présidente, on
risque de manquer des sujets importants. Alors, on devrait tous suspendre
ensemble.
La Présidente (Mme Marois): Je n'ai aucune objection. Si
les collègues sont d'accord, nous allons suspendre pour quelques
instants.
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. (Suspension de la
séance à 17 h 31)
(Reprise à 17 h 35)
La Présidente (Mme Marois): Nous reprenons nos travaux.
Oui?
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Je vais développer un sujet, bien entendu, qui
est conséquent avec l'article 2 et l'amendement, et peut-être un
petit peu dans le sens de l'amendement. Moi, vous savez, j'ai un comté
où j'ai quatre grandes industries de pêche, des usines de
pêche. Et vous savez fort bien que, dans les usines de pêche, on
retrouve... 95 % des employés, ce sont des femmes. Or, la saison de la
pêche, c'est, comme on dit, une saison. Ce n'est pas
nécessairement 12 mois par année, quoique, aujourd'hui, avec les
systèmes qui s'en viennent, c'est une saison qui peut se répartir
sur cinq mois environ. Je vais vous donner l'exemple de la plus grosse usine
où on traite les crevettes au Québec. C'est dans mon
comté, à Baie-Trinité, alors qu'on les appelle les
«crevettes de Matane», ce qui me met en maudit, parce qu'à
Matane c'est de la vase; il n'y pas de crevettes là. Les crevettes sont
toutes sur la Côte-Nord.
Mme Blackburn: ...retourner à Matane.
M. Maltais: Et il n'y a pas de crevettes à Sept-îles
non plus. C'est ça qui est «foquant», parce que le banc de
crevettes se situe...
M. Bourbeau: À Baie-Comeau.
M. Maltais: Non, entre la rivière aux Anglais de
Baie-Comeau et la rivière Pentecôte, dans le comté de
Duplessis.
M. Bourbeau: Ah!
M. Maltais: Alors, c'est un banc où les crevettes, les
belles crevettes, qui sont les plus grosses et les meilleures, sont
situées là. Ce sont des bancs de sable. Et ces bancs de sable
ont
une particularité. Vous savez...
La Présidente (Mme Marois): Je peux témoigner que
c'est, en plus, très beau comme paysage.
M. Maltais: Oui, et les plages sont superbes.
Malheureusement...
La Présidente (Mme Marois): Les plages sont magnifiques.
Dommage qu'il fasse si froid.
M. Maltais: ...l'eau est très froide! La
Présidente (Mme Marois): Voilà!
M. Maltais: Et pourquoi y a-t-il tant de crevettes là? Mme
la députée de Chicoutimi n'est pas sans le savoir, la
rivière Saguenay, là où sont les plus gros bancs de
crevettes au monde... Et on n'y va pas avec le dos de la cuillère; c'est
les plus gros bancs de crevettes au monde. Malheureusement, parce que l'Alcan a
été un tantinet négligente, on devra attendre
jusqu'à 2005 avant de savoir si on pourra les consommer. Mais vous vous
rappelez, il y a 20 ans, à peu près, Mme la députée
de Chicoutimi...
Mme Blackburn: Une vingtaine d'années, oui.
M. Maltais: ...c'était là où étaient
les grosses usines de crevettes au Québec. Et les crevettes sont encore
là, sauf qu'elles sont polluées. Mais, la particularité de
mes entreprises: ce sont à 95 % des femmes qui travaillent dans l'usine.
Et je vous invite, lorsque vous allez venir visiter la Côte-Nord cet
été... J'imagine que ça fait partie de votre programme de
vacances, vous allez être les bienvenus. On va avoir des gens bien
formés pour vous accueillir. Allez visiter l'usine, c'est permis de
visiter. On va vous mettre un grand sarrau blanc on va vous mettre un petit
foulard sur vos cheveux, des gants, un masque, parce que, aujourd'hui, tu ne
peux plus te promener dans l'usine comme ça. Et ce qui est important,
c'est que ces femmes-là ont fait face à des défis
technologiques. La crevette n'est plus traitée aujourd'hui comme elle
l'était il y a 10 ans. C'est presque toute de la machinerie japonaise,
parce qu'il faut se rappeler que, les Japonais, non seulement ils sont
ingénieux en technologie mais ils sont les plus gros consommateurs au
monde de crevettes. Ils sont 100 000 000 sur des petites îles à
peu près grandes comme l'île d'Orléans, puis je suis encore
généreux, et ce sont les plus gros consommateurs de crevettes au
monde.
Une voix:...
M. Maltais: Oui, il y a une multitude d'îles, mais elles
sont en hauteur! Et la technologie qu'ils ont inventée, lorsqu'on l'a
implantée aux Escoumins, à Portneuf et â
Baie-Trinité, bien sûr, nos dames qui travaillaient dans les
usines depuis 10, 12 ans étaient drôlement... Elles ont dit:
Ça marche comment, cette affaire-là? Et les Japonais ont
envoyé des techniciens, bien sûr, pour expliquer aux dames comment
ça fonctionnait. Mais, le problème, c'est que les techniciens ne
parlaient qu'un très mauvais anglais. Malgré que ces
municipalités soient parfois un peu bilingues à cause des gens de
l'Acadie qui sont venus - il y a des familles anglaises - mais, le japonais...
Il n'y a pas de spécialiste du japonais dans ma région. Et
ça a été un problème. Donc, il a fallu, d'un commun
accord avec les trois entreprises... Le ministre de l'Industrie et du Commerce
du temps a demandé de former des gens, d'envoyer trois personnes des
entreprises au Japon pour regarder comment ça fonctionnait - et il s'est
fait la même chose dans les cuves à l'Alcan, à
Laterrière et à la Reynolds - et de revenir chez nous donner des
cours. Donc, comme ces personnes étaient sur l'assurance-chômage
l'hiver, la commission de formation de la main-d'oeuvre a établi le
cours, sauf qu'elle est arrivée dans le mois de mars avec le cours.
Alors, moi, je suis allé les rencontrer. J'ai dit: Écoutez, on va
peut-être s'expliquer; au mois de mars, la pêche commence. Est-ce
qu'il y a moyen de faire ça en janvier, février et
décembre, là où les usines sont fermées? Et,
effectivement, pour une fois, j'ai eu raison. Ils ont changé
d'idée.
Tout ça pour vous dire que le besoin du milieu, si on a des
interlocuteurs valables... Et je pense que les sociétés de
main-d'oeuvre, les entreprises, les syndicats sont des interlocuteurs valables.
Et, moi, je ne verrais pas le ministre refuser à Mme la
députée de Chicoutimi un programme qui émanerait du
milieu. Ce serait la révolte. Ce serait l'enfer. Ce serait l'enfer, et
je ne donnerais pas cher... Je pense que le ministre n'aurait d'autre choix que
de prendre «la porte»... (17 h 40)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: ...parce que, le ministre, décider quelle
sorte de cours va se donner à Baie-Trinité, il n'en est pas
capable techniquement. Même son cabinet, ses sous-ministres...
Mme Blackburn: Ce n'est pas lui qui va décider
ça.
La Présidente (Mme Marois): Excusez-moi. Oui?
Mme Blackburn: C'est une société qui n'est pas
imputable. Lui est imputable, il risque de se faire battre.
M. Maltais: Mais qui est composé de qui?
Elle est composée de qui, Mme la députée...
La Présidente (Mme Marois): S'il vous plaît!
M. Maltais: ...de Chicoutimi? Quels sont les membres de la
société de la main-d'oeuvre en région?
Mme Blackburn: Non, mais je veux dire que c'est la
Société nationale qui va refuser.
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous le permettez,
M. le député, j'aimerais que vous terminiez votre intervention,
puis la députée aura sûrement quelques remarques à
faire suite à votre intervention.
M. Maltais: Oui, oui. Et c'est de bon augure qu'on discute de
ça parce que, moi, je crois et je suis convaincu que les gens du milieu
sont les seuls maîtres destinés au niveau de la formation. Le
gouvernement, l'État a le rôle de s'assurer que les programmes
vont mener à quelque chose. Je pense que l'État a peut-être
un rôle d'arbitre là-dedans, beaucoup plus qu'un rôle
directeur; un rôle d'arbitre, parce qu'il faut qualifier, il faudra
donner des certificats de qualification à ces gens-là.
Encore une fois, les travailleurs de chez moi ou de chez vous,
lorsqu'ils changent de région, ils doivent avoir le droit, avec leurs
qualifications, d'aller travailler dans leur profession respective, dans leur
métier respectif. Et le ministère, le ministre doit mettre son
imprimatur sur la qualification. Et, pour ça, il doit s'assurer du
contrôle a posteriori des cours, de la formation. Mais, a priori, la
formation doit provenir du milieu. Et je pense, moi, qu'à la lecture...
On en a assez discute; depuis six ou sept mois qu'on en discute, nous autres,
régulièrement à notre caucus, je pense qu'a priori la
formation de la main-d'oeuvre doit émaner de notre région. Le
ministre est un exécutant et aussi un arbitre, celui qui va certifier
ces cours-là.
En fait, on pourrait en parler pendant des semaines, mais ce que je veux
bien indiquer à la députée de Chicoutimi, c'est que, moi,
à la lecture... De la façon dont je vois le projet de loi, j'ai
la certitude... Je suis un petit peu comme la FTQ; au début, on s'est
brassés pas mal, mais, après mûres explications, nous avons
compris que le milieu était le maître d'oeuvre de sa formation.
Voilà!
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député de Saguenay. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Mais je serais davantage rassurée si
on confiait effectivement aux sociétés régionales la
responsabilité d'établir les priorités. Moi, je veux bien
faire confiance au ministre. Certainement qu'il est «smart»; il n'y
a pas de problème. Des fois, il a des allures un peu hautaines, que je
qualifierais de quasi méprisantes, mais, a part ça, il ne doit
pas être de plus mauvaise foi que la moyenne des ministres.
M. Bourbeau:...
La Présidente (Mme Marois): S'il vous plaît, de part
et d'autre!
Mme Blackburn: Mais, ce que je dis, c'est que le problème,
c'est que le ministre, il va partir. Il pourrait se trouver quelqu'un qui soit
encore plus centralisateur que lui, ou plus direct if que lui. On ne fait
jamais de loi pour un ministre. Vous devez savoir ça; ça fait 10
ans que vous êtes en Chambre. Je passais mon temps à dire
ça à M. Ryan, le ministre des Affaires municipales. Pour lui, la
loi était bonne parce que, lui, il se voyait comme administrateur ad
vitam aeternam. Ce n'est pas tout à fait le cas, hein?
M. Maltais: Vous savez qu'il est «tough». Des
voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Mais, quand même, j'imagine que les
années comptent pour lui aussi.
M. Maltais: Ça fait neuf papes qu'il passe. Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: La fumée blanche est toujours
là.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
Neuf papes. Vous avez eu le temps de calculer ça, neuf papes.
Mme Blackburn: Neuf papes. Mais, la prudence qu'on doit avoir,
nous, comme législateurs, c'est d'éviter la tentation, qui est
grande, de dire: Le ministre est bon, il est dans la bonne direction; la loi
doit être, par conséquent, bonne. Il faut savoir qu'un ministre,
ça change, ça, et, si vous arrivez avec un ministre plus
directif, qui aura moins... Et la tendance va probablement être lourde
d'ici deux mandats, par exemple, parce que le ministre qui crée la
Société, lui, il va essayer de la garder à sa main, parce
que, là, il y a une espèce de symbiose entre l'organisme qu'il a
créé et lui. Mais, une fois qu'il sera parti, la
Société va finir par développer des connaissances qu'aucun
ministre ne va avoir. C'est là que ça va entrer. Ce n'est pas
avant.
Moi, je pense que, pour les quatre ou cinq prochaines années,
là, ça va garder la symbiose. C'est après ça que
ça va commencer à se scléroser, et c'est pour ça
que ça prendrait des
articles pour protéger ça. Moi, je n'en dirai pas plus.
J'ai fini. Mme la Présidente, je serais prête à voter.
La Présidente (Mme Marois): Vous seriez prête...
Mme Blackburn: En souhaitant, contre tout espoir, que vous ayez
compris le raisonnement que je faisais, y compris qu'il faut examiner ça
dans une perspective à plus long terme. C'était ça, mon
dernier argument. Je n'en ai pas d'autre.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres remarques,
à ce moment-ci? Oui, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Je vous rappelle que nous
sommes sur l'amendement.
Mme Vermette: Merci, Mme la Présidente. Alors,
écoutez, moi, je pense qu'on a tout intérêt à
favoriser, à établir des priorités régionales de
développement de la main-d'oeuvre en fonction des régions et non
pas, finalement, à s'en remettre à la Société
mère, la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, parce que c'est le milieu qui se
connaît mieux que quiconque et qui est capable de faire ses orientations.
Il y a déjà d'établies des solidarités où
des gens ont déjà mis en commun leur expérience, leur
expertise, leurs besoins. Je crois que c'est à eux, à ces
personnes, que revient le choix d'établir leurs priorités.
Je regarde dans ma région, en Montérégie, on a
développé une priorité, c'est tout le domaine de
l'aérospatiale. Quant à nous, c'est devenu une priorité
dans laquelle on veut développer une expertise avec les
différents milieux, si vous voulez. Il y a les cégeps, il y a
même le milieu universitaire, et, avec la collaboration du milieu
universitaire et de l'IRSST, je pense que l'école
d'aérospatiale... En fait, il y a plusieurs intervenants qui, eux, ont
décidé qu'en Montérégie, plus
particulièrement sur la rive sud, on ferait de l'aérospatiale une
priorité.
On a vu à quel point c'était important, parce que
ça développait une dynamique; ça développait aussi
une énergie, un synergie, en fait, entre ces différents
partenaires, de sorte que les résultats semblent beaucoup plus probants,
beaucoup plus efficaces aussi, avec un rendement qui fait en sorte que
ça apporte une reconnaissance à la région pour ses
priorités. En fait, si chez nous on développe
l'aérospatiale, ça veut dire qu'il faut qu'on ait une formation
de la main-d'oeuvre; ça veut dire qu'il faut avoir une collaboration
avec les milieux de l'éducation pour permettre qu'on ait une
main-d'oeuvre très bien centrée sur cette priorité, avec
toutes les spécificités que ça représente pour
cette main-d'oeuvre-là, avec toutes 'os particularités que
ça représente pour cette main-d'oeuvre-là. Je pense que
c'est la région qui est capable de l'établir.
C'est sûr que la Société mère, elle peut
établir des normes très générales, c'est
évident, et on ne peut l'en empêcher, mais il y a certains
moments, notamment lorsqu'on a un climat économique avec une
récession, évidemment que, à ce moment-là, on
pourrait être tenté de faire des choix beaucoup plus politiques
que de répondre aux besoins d'une région donnée. On sait
à quel point c'est important dans une période de
récession, justement, de développer un effort soutenu à la
région même, pour ne pas que cette région-là
s'affaiblisse. En tout cas, on voit des entreprises fermer leurs portes, et on
le sait très bien. On a, chez nous, une très grosse entreprise,
qui est Pratt & Whitney, que vous connaissez très bien, Mme la
Présidente, puisque c'est dans votre comté, et cette
entreprise... On sait à quel point c'est très important pour
cette entreprise de travailler avec le milieu, d'établir ses
priorités à partir des différents partenaires du milieu
pour, justement, faire une planification organisationnelle, à savoir
quels sont les nouveaux besoins qui pourront se développer au niveau de
l'entreprise. Est-ce que, finalement, ils auront la main-d'oeuvre ou est-ce
qu'ils auront les institutions d'enseignement et de formation
nécessaires pour répondre à ce besoin-là? (17 h
50)
Je pense que, ça, c'est des facteurs très importants.
C'est seule la région qui peut établir et donner ces
spécificités-là, à mon avis. C'est eux qui
possèdent cette banque de données. Ce n'est pas au niveau de la
Société mère, mais c'est réellement, en fait, les
gens du milieu. C'est les gens du milieu qui développent leur propre
expertise, leurs propres besoins, et qui sont capables de tracer, si vous
voulez, un plan d'ensemble pour une région donnée, dans un moment
donné. Aussi, il y a des momentums au niveau d'une région, dans
son développement; il y a des périodes plus intenses au niveau du
développement régional, où il faut aussi mettre un effort
plus substantiel pour un certain nombre d'emplois qui nécessitent une
formation plus particulière, parce qu'il y a un objectif particulier
à remplir au niveau de la formation de la main-d'oeuvre en fonction du
développement de l'emploi, parce qu'il y a une nouvelle entreprise qui
vient s'établir à un endroit donné. Donc, il faut
plutôt arrimer toutes ces choses et faire en sorte qu'au niveau de la
région on permette aux différents partenaires de mettre ce plan
d'action et d'actualiser leurs besoins en fonction de leur orientation.
Alors, je trouve, Mme la Présidente, que cette motion qui a
été déposée, qui se lit comme suit:
«établir les priorités régionales de formation et de
développement de la main-d'oeuvre», devient importante dans ce
contexte, d'autant
plus qu'on l'a dit, cette centralisation fait très peur, en fait.
Cette notion centralisatrice qui est en train d'être
développée par cette Société de formation de la
main-d'oeuvre fait peur. Il faut se protéger contre ça. Il faut
aussi avoir des garanties pour les partenaires si on veut réellement
faire en sorte que ça soit une réussite. Il faut aussi laisser
les initiatives du milieu s'exprimer. Il faut aussi développer ce
partenariat dont a dit qu'il était tellement important. Il faut aussi
que ces racines-là s'établissent, parce que les racines ne sont
pas nécessairement établies. Alors, il faut, dans certaines
régions données, leur permettre d'établir ces racines, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Oui, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le vote sur l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, est-ce que
les membres de la commission sont prêts à voter sur l'amendement?
Il se lit comme suit: À l'article 44, ajouter le paragraphe 2.1°
suivant: «2.1° établir les priorités régionales
de formation et de développement de la main-d'oeuvre;».
M. le secrétaire, pourriez-vous appeler le vote, s'il vous
plaît?
Le Secrétaire: Oui. Une voix: Sur division.
La Présidente (Mme Marois): Sur division? Parfait, merci.
Alors, nous en venons maintenant...
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...étant donné l'heure, pensez-vous
qu'on pourrait peut-être... On est censé finir à 18 heures,
je suppose.
La Présidente (Mme Marois): Oui, 18 heures, c'est l'heure
où nous devons...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on attaque... Au rythme où on fait
les articles un par un, il me semble que, si on attaque un article, on n'aura
pas le temps de le faire.
Mme Blackburn: On aurait pu adopter le deuxième. Alors, on
peut fermer avant.
M. Bourbeau: Ah bien! si vous me dites que vous allez adopter
ça pour 18 heures - il reste cinq minutes - moi, je n'ai pas
d'objection.
M. Marcil: Je demanderais le vote sur le deuxième
paragraphe.
La Présidente (Mme Marois): Sur le deuxième
paragraphe. Comme nous avons eu quand même un long débat...
M. Marcil: Oui, un long débat.
La Présidente (Mme Marois): ...je suis assez d'accord.
Mme Blackburn: Oui, et on a tout essayé. Moi, je me dis,
à un moment donné, là, je...
M. Marcil: Vous avez bien essayé. Mme Blackburn:
Oui.
La Présidente (Mme Marois): Alors, si on est d'accord pour
recevoir... Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve va
être très déçue, quand elle va revenir, de savoir
qu'on n'a même pas réussi à adopter un seul article en son
absence. Elle qui nous...
Mme Blackburn: Elle va être scandalisée.
M. Bourbeau: ...avait demandé de faire un petit effort
pour essayer de faire progresser le projet de loi.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous allons donc
recevoir la proposition du député de Salaberry-Soulanges et
revenir...
Une voix: Au paragraphe 2°.
La Présidente (Mme Marois): ...au paragraphe 2° de
l'article 44. Alors, est-ce qu'il est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
La Présidente (Mme Marois): Sur division. Alors, si je
comprends bien le désir et le souhait des membres de la commission
exprimé par le ministre, nous suspendrions nos travaux. Nous
ajournerions à ce moment-ci nos travaux sine die, finalement, parce
qu'on n'a pas d'ordre de la Chambre. Alors, ça vous va? Merci, bonne fin
de semaine!
(Fin de la séance à 17 h 54)