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(Quinze heures cinquante-six minutes)
Le Président (M. Joly): Bienvenue à cette
commission.
Une voix: Bonjour.
Le Président (M. Joly): Bonjour, belle madame. Il me fait
plaisir de retrouver tout le monde qui semble épanoui et bien
disposé.
Mme Harel: Mme Lamontagne n'est pas des nôtres?
Le Président (M. Joly): Mme Lamontagne a de la
mortalité dans sa famille.
Mme Harel: Ah, bien, mon Dieu, c'est triste.
Le Président (M. Joly): La commission des affaires
sociales se réunit afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 408, qui est la Loi sur la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. M. le secrétaire, est-ce que nous avons des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Boucher
Bacon (Bourget) est remplacée par Mme Bleau (Groulx), M. Houde
(Berthier) est remplacé par M. Lafrenière (Gatineau) et Mme
Juneau (Johnson) est remplacée par Mme Harel
(Hochela-ga-Maisonneuve).
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Au moment
d'ajourner nos travaux, hier, si l'on se souvient bien, nous en étions
toujours à l'amendement à l'article 31.
Mme Harel: Un instant, M. le Président. Je vois que...
Le Président (M. Joly): Oui. Est-ce que vous avez d'autres
remplacements, Mme la députée?
Mme Harel: Oui. Je ne pense pas qu'on vous ait communiqué
les remplacements, hein? Bon. Alors, je crois que oui. Il y a Mme la
députée de Chicoutimi qui remplace Mme Marois (Taillon).
Le Secrétaire: Alors, Mme Marois (Taillon) est
remplacée par Mme Blackburn (Chicoutimi).
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Alors,
j'étais à vous rappeler que nous en étions à
l'amendement à l'article 31.
Mme Harel: Pouvez-vous me rappeler le mandat de la commission, M.
le Président?
Le Président (M. Joly): C'est bien sûr, madame.
Alors, on dit que la commission des affaires sociales se réunit afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 408, qui est
la Loi sur la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Notre convocation est de quelle heure à quelle
heure?
Le Président (M. Joly): Elle est jusqu'à 20 heures
et, après, nous reprenons nos travaux à 22 h 30 jusqu'à 24
heures.
Mme Harel: Je veux bien le vérifier, M. le
Président, parce que le leader a fait savoir qu'à 17 h 30 il
devait donner de nouvelles convocations. notre convocation est jusqu'à
20 heures?
Le Président (M. Joly): Oui.
Mme Harel: Mais, est-ce qu'il y a eu consentement?
Une voix: Oui.
Une voix: En Chambre ce matin.
Mme Harel: Pour dépasser 18 heures?
Le Président (M. Joly): Là, je ne peux pas vous
aviser de tout ce qui a pu se négocier à l'extérieur. Moi,
je vous donne l'ordre de la Chambre.
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, je dois dire
qu'il y a eu, à mon avis, un imbroglio, parce que le leader, dans un
premier temps, a dit son intention de revenir entre 17 h 30 et 18 heures pour
annoncer de nouvelles convocations. immédiatement après, il a
annoncé la tenue de notre commission jusqu'à 20 heures, et de 22
h 30 à 24 heures. donc, il semble y avoir eu des signaux
contradictoires. alors, il faudrait peut-être voir...
Mme Harel: Moi, l'information que j'ai, M. le Président,
c'est que, jusqu'à ce que le leader nous donne de nouvelles informations
en Chambre, on siège jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Joly): Moi, j'ai ici l'ordre de la
Chambre, qui nous dit: de 15 heures à 20 heures et de 22 h 30 à
24 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission des
affaires sociales poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 408, qui est la Loi sur la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
Alors, moi, j'exécute le mandat qu'on me donne, Mme la
députée.
Mme Harel: Bien, M. le Président, on va le faire
vérifier, si vous voulez, auprès de nos leaders.
Le Président (M. Joly): Alors, partant de là, je
vais suspendre les travaux pour fins de vérification.
(Suspension de la séance à 16 heures)
(Reprise à 16 h 6)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Mme la députée, est-ce que vous avez eu les
réponses que vous vouliez avoir?
(Consultation)
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Nous allons
opérer notre cédule de temps, là, comme une cédule
normale, jusqu'à 18 heures. Parfait?
Mme Harel: On verra.
Le Président (M. Joly): Et on ira selon les
consentements.
Mme Harel: Si on est assez avancé. Vous avez l'air
sceptique?
M. Bourbeau: Non, c'est que les sceptiques seront confondus.
Sociétés régionales
Établissement (suite)
Le Président (M. Joly): Alors, tout ce qu'on demande,
c'est de ne pas être confondus, mais d'être convaincus. Alors,
voici, là, on avait expliqué qu'on en était à
l'amendement à l'article 31. L'article 31 comme tel a été
débattu par les membres de l'Opposition. Donc, tout le temps qu'ils
avaient sur l'article 31 comme tel a été utilisé. Mme
Harel, il vous restait 5 minutes et 14 secondes sur l'amendement.
Mme Harel: Ça va simplement me permettre de rappeler le
sens de l'amendement aux membres .de la commission. En fait, l'amendement
présenté est à l'effet d'octroyer aux
sociétés régionales un statut de corporation au sens du
Code civil, donc de ne pas en faire des filiales de la société
mère, mais d'en faire des corporations qui choisissent leur directeur
général et procèdent, évidemment - il faut bien le
comprendre - à l'intérieur des politiques et programmes
élaborés par la Société, mais, qui,
évidemment, jouissent d'une marge de manoeuvre bien différente de
celle que confère l'article 31, sans amendement.
En fait, si l'article 31 était adopté sans que
l'amendement le soit, les sociétés régionales sont des
entités, en fait, sont des bureaux, il faut bien le comprendre.
Juridiquement parlant, c'est un peu comme si la société
mère s'ouvrait des filiales en région - ça revient
à peu près, grosso modo, à ça - puis que chaque
filiale se donnait un comité-conseil pour l'aviser. C'est une sorte de
bureau aviseur, en fait. Je comprends, M. le Président, que l'immense
majorité des partenaires du monde municipal, du monde scolaire, du
milieu syndical également, des milieux de développement, des
milieux d'employabilité, l'immense majorité de ces personnes ont
demandé au ministre et à son gouvernement d'introduire une telle
disposition. (16 h 10)
À l'origine, je dois vous dire que l'Association des commissions
de formation professionnelle voit avec inquiétude se transformer la
structure qui est en place présentement, parce que, depuis 23 ans... Je
rappelle que les commissions de formation professionnelle, en vertu de la loi
qui les constituait en 1969, sont des entités juridiques qui ont un
statut de corporation au sens du Code civil. Alors, le sentiment très
net, c'est un sentiment de perte dans le passage de commission de formation
à société. C'est évident que les régions
ressentent très durement un sentiment de perte. L'Association des
commissions de formation professionnelle l'avait d'ailleurs exprimé
clairement devant la commission parlementaire, en signalant qu'au moment
où le gouvernement s'apprêtait à obtenir un transfert de
compétences ou, tout au moins, de budget ou, en tout cas, quoi qu'il en
soit, un transfert quelconque, il était vraiment embarrassant que ce
transfert soit associé à une centralisation des décisions
plutôt qu'à une décentralisation. Le ministre aura beau
dire qu'il assoit à la même table des partenaires syndicaux et
patronaux, ça n'en fait pas une structure décentralisée si
la structure reste, sur le plan québécois, extrêmement
autoritaire et verticale.
Alors, M. le Président, je serais surprise, puis, en même
temps, je ne le serais pas si, lors du vote nominal qui suivra dans une minute,
finalement, les ministériels, le ministre en tête,
décidaient de voter en faveur de l'amendement. À mon point de
vue, c'est une pure question de bon sens. Ça ne se peut pas d'avoir
raison envers et contre tout le monde. Ce n'est pas possible, surtout que les
revendications se sont réduites au strict minimum. Au départ,
l'Association des commissions de formation professionnelle voulait avoir des
représentants des régions à la société
mère, voulait avoir le maintien des comités consultatifs
régionaux, vouiait avoir l'assemblée générale
élective. Là, ce dont il est question, c'est d'un statut
juridique de corporation au sens du Code civil, pour prendre des
décisions, évidemment, toujours dans le cadre des
politiques du ministère, mais pour choisir son directeur
général et prendre des décisions. Alors, c'est un minimum
en deçà duquel il nous apparaît que la structure
proposée dans le projet de loi ne vaut pas la peine d'être
appuyée.
Là-dessus, je vous remercie, M. le Président. Je sens que
mon temps est écoulé.
Le Président (M. Joly): Déjà, Mme la
députée! M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que nous allons passer au vote, j'aimerais quand même, pour le
bénéfice de mes collègues et pour m'assurer qu'ils sont
toujours aussi convaincus que je le suis de la justesse de nos propositions,
leur rappeler que, dans la plupart des pays industrialisés qui ont fait
l'essai d'une structure semblable à celle que l'on propose, et qui l'ont
fait avec bonheur, qui ont réussi à tirer leur épingle du
jeu d'une façon intéressante par rapport à la concurrence,
on a privilégié la structure que je propose, d'un organisme
tripartite où le bureau central ou la société mère
détient un certain nombre de pouvoirs dans le domaine de la gestion.
La régionalisation, elle existe, bien sûr, mais pas dans le
sens de ce que souhaite la députée de Hochelaga-Maisonneuve. En
général, on a une structure unifiée, une
société qui réussit à faire une gestion fluide et
efficace. Je répète que personne, ici, n'est un défenseur
des régions plus que moi, bien plus, d'ailleurs, que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui n'appartient pas à
une région comme telle, la région de Montréal
n'étant pas vraiment à considérer au Québec comme
ce qu'on appelle les régions. C'est la région, mais la grande
région, celle qui n'a pas besoin, en général, des
politiques de développement régional.
Personne n'est mieux placé que moi pour comprendre ces besoins de
développement des régions. C'est justement parce que je comprends
très bien les besoins de développement des régions que je
sais qu'on ne peut pas décentraliser à peu près tous les
programmes du gouvernement. On y perd parfois en efficacité quand on se
consume trop à multiplier les centres de décision. Ça a
été reconnu, d'ailleurs, par les gens qui sont assez au courant
du dossier. Bien sûr, c'est un mot à la mode, la
décentralisation, et c'est facile, mais très facile pour
quelqu'un ou un organisme de dire: Oui, on est en faveur de la
décentralisation. Tout le monde est en faveur de la
décentralisation, tout le monde est en faveur de la vertu, aussi, M. le
Président. Moi, je connais bien les organismes qui se déclarent
publiquement en faveur de la décentralisation, et j'en suis, d'ailleurs.
Mais, quand on en arrive à parler du fonctionnement efficace de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, privément, on nous dit: Ça, c'est autre chose.
Tenez votre bout, ne laissez pas aller les choses. Il faut absolument
qu'on ait une société qui fonctionne efficacement. Alors, bien
sûr, je ne peux pas nommer de noms. Parfois, ça me désole
d'entendre deux sortes de langage, un public et un qui est privé. Mais
il faut vivre avec ça et je sais que ça fait partie des
contraintes auxquelles on est soumis.
Je rappelle ici que celui qui présidait, justement, les colloques
sur la décentralisation, la semaine dernière... On a un individu,
ici, qui a présidé deux colloques; il doit être bien vu
dans les milieux en question. Laurent Laplante, présidant le colloque,
la semaine dernière, le Forum national sur la décentralisation -
il ne peut pas y avoir un milieu plus concerné par la
décentralisation - a dit: «Plusieurs l'ont observé
récemment et plus encore ces jours derniers, la décentralisation
est devenue un mot à la mode. Comme c'est le cas pour chacune des modes
qui déferlent périodiquement sur les gestionnaires, beaucoup
semblent donc accorder à ce mot des vertus universelles et
magiques». Le titre de son article, c'est «La
décentralisation, pas l'anarchie». «Fort heureusement,
certains font cependant la différence entre la décentralisation
et l'anarchie et s'efforcent de retirer de ce concept ce qu'il peut donner
d'heureux, tout en évitant ses effets pervers. On évitera ainsi
des réveils douloureux.»
M. le Président, ce sont ces réveils douloureux que je
veux éviter, parce que je suis convaincu que cette
Société-la, si elle doit être efficace, on doit lui donner
les moyens de fonctionner efficacement. Je répète que si, sur le
plan de la gestion, l'efficacité administrative va y gagner avec la
formule que l'on propose, nous proposons également une modulation des
programmes qui va faire en sorte que la Société va avoir beaucoup
plus de marge de manoeuvre pour adapter les programmes régionalement que
ce que peuvent faire présentement les CFP.
Finalement, j'ai fait examiner par nos conseillers juridiques les
répercussions que pourrait avoir sur le projet de loi la proposition de
la députée de Hochelaga-Maisonneuve ne visant qu'à
stipuler ou qu'à dire que les sociétés régionales
sont des corporations autonomes. Ça n'a l'air de rien de dire ça,
mais ça bouscule totalement le projet de loi, ça le transforme
d'une façon absolument totale. Ça fait en sorte que le projet de
loi, avec cette simple insertion-là, devient totalement différent
de ce qu'il est présentement. On instaure une dynamique totalement
différente. On a calculé qu'il faudrait amender toute une
série d'articles, d'une façon substantielle. Bien sûr,
l'article 31, mais aussi les articles 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38 - en fait, il
faudrait remplacer le chapitre III au complet - 39, 40, 41, 42, 43, 44,
44.1° - toujours le chapitre III - 45, 46, 47, 44.2°, 44.3°,
44.4°, de même que l'article 50, l'article 51, l'article 53,
l'article 62, l'article 65, l'article 66, l'article 70,
les articles 71, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 80, 82, 83, 84, 85, 91 et
93.
Alors, bref, ce qu'on nous demande, c'est de modifier totalement le
projet de loi, de fond en comble, pour en faire un être totalement
inefficace. M. le Président, quant à moi, je n'ai pas
été élu pour créer des organismes inefficaces. Au
contraire, je veux que ça fonctionne bien. C'est la raison pour laquelle
je n'ai pas d'autre choix que de refuser l'amendement.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: ...je voudrais faire une précision au
Journal des débats. On ne sait jamais, peut-être, un jour,
quelqu'un cherchant à connaître les positions des uns et des
autres voudra-t-il nous relire. Je dois faire amende honorable, en fait,
à l'Association des commissions de formation professionnelle.
Contrairement à ce que je disais tantôt, en plus de souhaiter la
constitution de sociétés régionales en corporations au
sens du Code civil, elle souhaite aussi un mécanisme électoral
pour les conseils d'administration des sociétés régionales
en vue de garantir la représentativité de ces conseils et
l'imputabilité des décideurs. En fait, ce sont les deux
revendications qui sont toujours en demande par l'Association des commissions
de formation professionnelle. Je reconnais que l'UMRCQ, l'Union des
municipalités régionales de comté, reprend et fait siennes
ces revendications, tant du statut de corporation au sens du Code civil que du
mécanisme électoral.
Ceci dit, M. le Président, je comprends qu'il y aurait des
modifications, si le ministre acceptait l'amendement, puisque nous sommes au
chapitre portant sur les sociétés régionales. Alors, c'est
évident qu'il y aurait des modifications à introduire si tant est
que le ministre acceptait la décentralisation. Moi, je ne lui propose
pas l'anarchie, je lui propose de ne pas centraliser. C'est déjà
décentralisé. Ce qu'il fait, actuellement, c'est qu'il
enlève aux régions ce qu'elles considéraient
déjà posséder.
Le Président (M. Joly): Merci. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Harel: Vote nominal, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le secrétaire, pourriez-vous, s'il vous
plaît...
Le Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour. (16 h 20)
Le Secrétaire: M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue)?
M. Trudel: Pour.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Tout contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Marcil (Salaberry-Soulan-ges)?
M. Marcil: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
Le Président (M. Joly): Contre. Alors, l'amendement est
rejeté. Maintenant, est-ce que l'article 31 est adopté?
Mme Harel: M. le Président, même vote,
inversé.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée.
Mme Harel: C'est bien ça? Ça va.
Le Président (M. Joly): Alors, l'article 31 est
adopté selon le vote de 7 contre 3, sur division, oui. L'article 32 est
appelé.
Rôle
M. Bourbeau: L'article définit le rôle fondamental
d'une société régionale, qui en est un de gestion des
programmes de la Société dans sa région. Il précise
qu'une société régionale ouvrira des bureaux où
seront regroupés les services de main-d'oeuvre qu'elle dispensera.
Mme Harel: De nombreux mémoires, M. le Président,
demandaient des modifications majeu-
res à l'article 32, notamment la ville de Montréal qui
souhaitait qu'on assure l'intégration de la mission de
développement de l'employabilité pour chaque
société régionale. On pourra, sans doute, y revenir
à l'article 44, au moment où on examinera les pouvoirs des
sociétés régionales.
Faut-il comprendre, au paragraphe 1° de l'article 32, qui n'est pas
modifié, que les sociétés régionales administrent
les programmes de la société mère «dans la mesure
que celle-ci détermine»? Donc, les sociétés
régionales n'ont strictement aucune marge de manoeuvre autre que celle
d'offrir des programmes de la société mère, dans la mesure
que la société mère détermine...
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: ...dans la mesure déterminée par la
société mère.
M. Bourbeau: Je voudrais attirer l'attention de la
députée sur l'article 19, qui demande à la
Société de favoriser «la prise en charge du
développement de la main-d'oeuvre par les sociétés
régionales». L'article 44, paragraphe 6°, dit qu'un conseil
régional a pour fonction «de favoriser la mise en oeuvre de
programmes d'aide à l'emploi ou de développement local» et,
au paragraphe 2°, «d'adapter les programmes aux
réalités de la région, dans la mesure où les
conditions de leur mise en oeuvre le permettent». Je pense qu'il est
assez clair que la société mère doit - d'ailleurs, elle
n'a pas tellement le choix, parce que ce sera dans les régions que les
programmes seront mis en oeuvre - favoriser la prise en charge par les
régions de la gestion des programmes, et voudrait-elle ne pas le faire
qu'elle ne pourrait pas le faire.
Mme Harel: Qu'est-ce qui prime? Est-ce que c'est l'article 32,
alinéa 1°, qui édicté que ces programmes doivent
être offerts dans la mesure déterminée par la
Société ou si c'est l'adaptation des programmes aux
réalités de la région?
M. Bourbeau: Bien, je pense que l'un ne contredit pas l'autre,
là. La société mère va déterminer dans
quelle mesure ces programmes vont être administrés et rendus
accessibles par les sociétés régionales. Une fois que
ça sera fait, la société régionale a l'obligation,
elle, «d'adapter les programmes aux réalités de la
région, dans la mesure où les conditions de leur mise en oeuvre
le permettent». Les articles doivent s'interpréter les uns par
rapport aux autres. Il faut bien réaliser qu'en pratique la
société mère ne peut pas elle-même facilement
administrer les programmes dont la plupart requièrent une
présence en région, sauf quelques programmes qui pourraient
être centralisés, comme maintenant, d'ailleurs. Exemple,
présentement, on a quelques programmes, très peu. Le programme
PATA, entre autres, est centralisé. Un programme peut être
centralisé dans certains cas. La terre n'arrêtera pas de tourner
parce qu'on change la structure. Ça va être les mêmes
raisons qui vont faire en sorte qu'un programme doit être
géré centrale-ment ou localement. La société
mère va établir les programmes et ces programmes-là, qui
sont prévus être au nombre de quatre seulement, sont des
programmes larges qui vont permettre une adaptation variée dans chacune
des régions.
Mme Harel: Par exemple, prenons le cas d'un secteur
d'activité industrielle, prenons le cas des couvreurs. C'est vrai que
c'est la CCQ qui en a le mandat en vertu de la loi 119. Prenons les
camionneurs, prenons une école de camionneurs qui n'existe pas, avec un
cours en camionnage qui est actuellement offert dans toutes les régions,
autant dans la région de l'Abitibi, de la Gaspésie ou du
Saguenay, qui offre un cours de chauffeur...
Mme Blackburn: De conduite automobile. Mme Harel: ...de
conduite... Mme Blackburn: De chauffeur de camion. Une voix: De
routier.
Mme Harel: ...un cours de formation pour être routier. Ce
cours fait partie d'un des programmes administrés par la
Société. Admettons que la Société décide, en
vertu du paragraphe 1°, que ce cours est offert par certaines
sociétés régionales et pas d'autres. C'est ça qu'il
faut comprendre? Les mots «dans la mesure que celle-ci
détermine», ça signifie dans la mesure où la
société régionale est autorisée par la
société mère à donner le programme ou pas? Alors,
la société mère pourrait décider que le programme
se donne à Saint-Jérôme ou à Saint-Hyacinthe.
Une voix:...
Mme Harel: Oui, mais je sais que cette école veut
être reconnue. Ce ne sera pas une mauvaise affaire.
Une voix: Pour fins de formation.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection, on pourrait demander au sous-ministre, M. Pronovost, qui
brûle du désir d'avoir son nom dans le Journal des
débats aussi...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, M. Pronovost...
M. Bourbeau: ...de donner son point de vue
sur la question.
Le Président (M. Joly): ...pour notre information et la
postérité.
Mme Harel: II a un traitement de faveur, parce qu'il vient
à une belle heure du jour. C'est vers 23 h 30, minuit, qu'on en
sent...
Le Président (M. Joly): La
«fébrilation»?
Mme Harel: ...le profond désir. À cette heure-ci,
c'est... Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Vers 23 h 30, c'est le sous-ministre adjoint qui
s'amène!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: C'est ça la différence entre un
sous-ministre et un sous-ministre adjoint.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II se couche de bonne heure, le sous-ministre!
Une voix: II a le choix de l'horaire de travail.
M. Bourbeau: Les horaires variables.
Le Président (M. Joly): M. Pronovost, s'il vous
plaît, pour notre bénéfice.
M. Pronovost (Jean): L'expression veut tout simplement dire que,
dans le cadre normatif de chacun des programmes, il devra être
prévu les marges de manoeuvre dont la société
régionale va pouvoir disposer pour l'administrer. Cette marge de
manoeuvre peut être définie de différentes façons.
Ça peut être défini en termes financiers, par exemple, une
société pouvant décider d'elle-même des projets qui
vont jusqu'à tel montant. O.K. Ça peut être défini
aussi en termes de possibilité d'adaptation du cadre normatif comme tel.
Par exemple, un programme qui s'adresse aux PME pourrait avoir, dans son cadre
normatif, des souplesses quant à l'admissibilité, par exemple,
des entreprises ou quant au type de personnel des entreprises qui serait inclus
dans le cadre normatif ou dans la subvention. Rappelons que ce n'est pas la
Société qui va déterminer s'il se donne ou non tel
enseignement, c'est le ministère de l'Éducation. C'est la carte
des enseignements, pour revenir à l'exemple qu'on donnait tantôt,
qui va décider où se donnent les cours de conduite de
véhicules lourds.
Mme Harel: C'est la société mère qui va le
décider dans son... (16 h 30)
M. Pronovost: C'est le ministère de l'Éducation qui
va décider ça. La société régionale,
supposons, celle de Chicoutimi, peut avoir de la difficulté si jamais le
cours ne se donne pas chez elle et qu'elle veut, pour les besoins de la
main-d'oeuvre de sa région, en offrir ou en subventionner, si je peux
m'exprimer plus correctement.
Mme Harel: II se produirait quoi, à ce
moment-là?
M. Pronovost: À ce moment-là, ce qui peut se
produire, si je juge par les pratiques actuelles, c'est que la commission
scolaire du lieu peut prendre entente avec la commission scolaire qui est
autorisée à donner le programme et ça se donne dans
l'autre commission scolaire, sous la supervision de la première, celle
qui est autorisée, mais ça coûte plus cher, ça.
Mme Bleau: C'est déjà en opération.
M. Pronovost: Oui, il y a des mécanismes comme ça
qui jouent actuellement.
Mme Bleau: Entre autres, chez nous, c'est administré par
le cégep de la rive sud. Il y a des cours d'aéronautique qui se
donnent déjà, mais c'est chapeauté par l'autre
cégep. Nous, on a juste un sous-contrôle, si tu veux...
Mme Harel: À cause de Bell Helicopter.
Mme Bleau: ...à cause de Bell Helicopter et de Canadair,
qui est tout près de chez nous, quand même.
M. Bourbeau: Sainte-Thérèse est devenue une
succursale de la rive sud.
Mme Bleau: Pardon! Des voix: Ha, ha, ha! Mme Harel:
On assiste...
Mme Bleau: Par contre, nous avons des priorités que la
rive sud n'a pas. Entre autres, l'école de théâtre. On a
bien des choses que vous n'avez pas.
Mme Harel: Mais on assiste quand même à des
paradoxes incroyables.
M. Bourbeau: Dont la députée!
Mme Harel: Ce matin même, je déjeunais avec
quelqu'un qui me racontait avoir participé à 19 réunions,
auxquelles participaient également le ministère, le MMSRFP, le
ministère de l'Éducation du Québec, et c'était
justement pour prévoir une formation dans un des métiers de la
cons-
truction. Il avait été décidé que
Montréal et Québec allaient recevoir les centres d'excellence
dans ce métier. Finalement, ça n'a jamais - c'est récent,
ça ne fait pas un an - eu lieu. Entretemps, imaginez, parce que la
main-d'oeuvre est en demande dans les centres urbains, la commission scolaire
de Matane, elle, a pu obtenir des fonds fédéraux, mais
autorisés par la CFP de Matane, pour ouvrir un centre comme
celui-là à Matane, dans ce métier-là. Alors, les
gens qui, finalement, sont allés chercher leur qualification ne peuvent
pas trouver de travail parce qu'ils sont inscrits dans une région et
c'est dans d'autres régions, en vertu d'un règlement de
placement, que la demande de main-d'oeuvre se fait, c'est dans des
régions plus... Finalement, c'est dans ces régions-là que
les centres n'ont pas été ouverts. Enfin, on n'en est pas
à un paradoxe près. Je vais écrire au ministre à ce
sujet-là. Là, je lui laisse régler le règlement no
3 concernant les occupations et, après ça, on entreprendra les
métiers.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je ne nierai jamais qu'il y
a beaucoup de problèmes à régler.
Mme Bleau: C'est ça.
M. Bourbeau: C'est pour ça qu'on fait une
réforme.
Mme Harel: La société régionale, lit-on
à l'alinéa 2°, «établit des bureaux où
sont regroupés les services de main-d'oeuvre». Peut-on nous
expliquer ce qu'on entend par «services de main-d'oeuvre»?
M. Bourbeau: Je pense que les «services de
main-d'oeuvre», on comprend un peu ce que ça peut être.
C'est des services qu'on peut donner: les comités d'adaptation,
ça peut être le placement, ça peut être le
développement de la main-d'oeuvre, etc.
Mme Harel: Faut-il croire que l'employabi-lité ne fait pas
partie des services de main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: J'ai longuement expliqué l'autre soir -
peut-être que la députée était un petit peu
somnolente, là - quelle était la position du ministère et
du ministre sur la question de l'employabilité, et pourquoi nous jugions
plus prudent de ne pas confier à la Société, dans un
premier temps, en tout cas, les responsabilités en matière de
développement de l'employabilité pour les prestataires de la
sécurité du revenu. Ici, on établirait des bureaux locaux
si le besoin s'en faisait sentir. On a déjà une quarantaine de
points de service présentement, mais pas dans toutes les régions.
Il y a des régions où il n'y a aucun point de service. il n'y a
qu'un seul bureau régional. alors, ici, on a le pouvoir d'établir
de tels bureaux au fur et à mesure que les besoins s'en feront
sentir.
Mme Harel: Est-ce que les services de placement sont couverts par
ces services de main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Oui, et ils pourraient être inclus
là-dedans.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a l'intention d'offrir un tel
service?
M. Bourbeau: Présentement, les services de placement sont
sous la gouverne du gouvernement du Canada. Ils logent à l'enseigne des
centres d'Emploi et Immigration Canada, mais mon intention, aussitôt que
nous aurons rapatrié les pouvoirs et les budgets, en matière de
main-d'oeuvre, du gouvernement fédéral...
Mme Harel: Et d'assurance-chômage.
M. Bourbeau: ...et d'assurance-chômage, est de centraliser
dans ces bureaux locaux, comme guichet unique, tous les services de placement,
de main-d'oeuvre et d'assurance-chômage. Je crois comprendre qu'on
suspend, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Non.
Mme Harel: Je n'ai pas un rôle aussi stratégique que
le ministre!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Alors, adopté, M. le Président.
M. Trudel: Le ministre est quand même au courant du
placement...
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Abitibi-Témiscamingue.
M. Trudel: Non, rapetissez-moi ça, c'est trop grand,
ça! C'est Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
Le Président (M. Joly): Rouyn-Noranda. M. Trudel:
C'est 100 000 milles carrés. Le Président (M. Joly):
C'est grand, hein?
M. Trudel: C'est grand. 260, c'est trop grand.
Le Président (M. Joly): Tout un défi!
M. Trudel: C'est une job. Mais le placement de la main-d'oeuvre,
je sais bien que c'est la
responsabilité fédérale actuellement, mais vous
êtes bien au courant qu'ils n'en font pas, de ça. Il ne s'en fait
pas de placement de main-d'oeuvre au Québec. Est-ce que vous êtes
informé de cette situation? Vous en êtes conscient? Est-ce que
vous faites des représentations? N'essayez pas de rejoindre un bureau
d'Emploi et Immigration pour dire: II faudrait faire du placement de
travailleurs à la Baie James, hein. J'ai assez travaillé dans ce
secteur-là pour dire qu'ils n'en font pas, de placement. La grosse job
des bureaux d'Emploi et Immigration Canada, c'est de taper des petits cartons
jaunes, six jours en retard, pour les mettre sur un tableau et, surtout, ne pas
répondre aux questions de quelqu'un qui cherche un travail.
M. Bourbeau: M. le Président, un de mes souhaits les plus
ardents, c'est de mettre sur pied, au Québec, un service
intégré de placement de la main-d'oeuvre, qui pourrait être
extrêmement efficace si on en juge par ce qu'on a pu voir dans d'autres
pays qu'on a visités. Avec l'aide de l'informatique, maintenant, il
existe des formules extrêmement efficaces qui permettent à chaque
travailleur, où qu'il soit situé, dans un pays ou une
région, d'être immédiatement en contact avec le bassin des
employeurs qui sont intéressés à embaucher un travailleur
de sa qualification, soit dans sa ville même, son village, sa
région ou sa province. (16 h 40)
On a vu un système semblable aux États-Unis, dans
l'État du Massachusetts, par exemple, où on a été
passablement impressionnés. Je vais vous donner, à titre
d'exemple, un soudeur qui, dans le plus petit village, au fond de l'Abitibi,
s'amène dans un bureau de main-d'oeuvre de son village et s'assoit
devant une console; s'il n'est pas assez bien formé pour la faire
fonctionner, il demande à quelqu'un de le faire pour lui. Il pose une
question, en fait, à l'ordinateur: Est-ce qu'il y a des demandes pour
des soudeurs? La réponse est: Oui, il y en a. Alors, on lui demande:
Quelle région? Alors, il dit: Abitibi-Témiscamingue. Alors,
là, on dit: Quelle sous-région? Alors, il va dire: Bon,
Témiscamingue. Très bien. Quelle ville? Il le marque. Quel
village, même? Après ça, on lui dit: Alors, dans ton
village, il y a trois personnes qui cherchent un soudeur et il y en a une
à tel endroit, à telle adresse, à tel numéro de
téléphone. Alors, on lui donne les trois ou quatre employeurs qui
cherchent des soudeurs dans cette région-là, et libre à
lui de prendre le téléphone, de les appeler, ou de se rendre sur
place.
Quand on pense à ça, ce qu'il y a de plus incroyable,
c'est qu'il y a probablement au Québec, ici, présentement, un
grand nombre de travailleurs qui ont des compétences, qui voudraient
être embauchés, et il y a peut-être aussi un grand nombre
d'employeurs qui cherchent des travailleurs de la même compétence
et qui ne savent pas, parfois, qu'au coin de la rue, chez eux, ou à deux
rues de chez eux, il y a quelqu'un qui a la compétence et qui pourrait
bien travailler pour eux. Parfois, il peut arriver des choses aussi ridicules
que d'être obligé d'engager quelqu'un qui demeure dans une autre
région pour venir travailler dans une première région,
alors qu'il y a peut-être un employeur qui est à la recherche du
même individu qui demeure à côté.
On a vu d'ailleurs aussi en Suède, je dois dire, un
système à peu près semblable, qui s'appelait «Job
Expo», bâti sur le même modèle. On ne pouvait pas
faire ces choses-là il y a 20 ans ou, probablement même, il y a 10
ans. Mais, aujourd'hui, avec l'avancement de la technologie, on peut
bâtir des systèmes comme ça et, moi, je ne vois pas
pourquoi on ne le ferait pas. J'ai l'intention, personnellement, et le plus
tôt possible, quand on aura récupéré les budgets et
la compétence, en tout cas les budgets, qu'on mette sur pied un
système semblable, si on a un réseau unique et un point de
service unique dans chacun des villages du Québec.
Présentement, on ne peut pas le faire parce que le Québec
n'a pas de réseau local. On a des réseaux régionaux que
sont nos CFP. On a quelques points de service. Et là, je vous
amène à penser à une chose: si on veut mettre un service
de placement intégré, totalement intégré... Je
demanderais à la députée de m'écouter attentivement
parce que, si on veut mettre sur pied un réseau intégré de
main-d'oeuvre, de placement, voyez-vous les problèmes qu'on pourrait
avoir si chacune de nos sociétés régionales était
indépendante, et qu'on n'avait pas une fluidité dans le
réseau? On pourrait avoir une société du Lac-Saint-Jean
qui dirait: Nous, là, on fait notre régime de placement comme
ceci. On est indépendants et on décide de le faire comme
ça. Une autre pourrait dire: Oui, nous, on serait d'accord, mais
à telle condition. Alors, là, on pourrait avoir 16 régions
qui décideraient de s'organiser seules ou de ne pas participer d'une
façon totale à un système intégré.
Il y a des précédents là-dedans, hein? N'allez pas
vous imaginer qu'on n'a pas des problèmes, parfois, de coordination
entre nos CFP. Alors, moi, je vous dis que c'est un exemple parfait d'un
système qu'on doit mettre en vigueur, qui doit être parfaitement
intégré, à la grandeur du Québec, et qui
fonctionnerait probablement très bien. On a vu des exemples ailleurs
qui, vraiment, nous permettent de croire que le Québec pourrait
rapidement se donner le meilleur système de placement au Canada si on
voulait le faire.
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Trudel: II est au moins heureux de constater que la boucle va
être bouclée parce
que le ministre évite de mentionner - et il n'a pas
intérêt à le mentionner, non plus - que des embryons de
tels centres existaient avant 1985. Les centres Travail-Québec faisaient
du placement avant 1985; ils ont été abolis en 1986, sur promesse
du gouvernement fédéral d'occuper ce champ du placement de la
main-d'oeuvre dans les régions et partout au Québec. Un an plus
tard, c'est eux qui dételaient et qui disaient, finalement, à
toutes fins utiles: On ne s'en occupe pas. À cet égard-là,
il faut rappeler qu'il s'est perdu de l'expertise dans bien des régions
du Québec en matière de placement. Je vois le sous-ministre qui
opine un peu du bonnet, et je suis content de voir ça. Oui, il s'est
perdu de l'expertise au Québec en matière de placement. On avait
développé un bon réseau.
Puis, la culture du placement... Je suis heureux d'entendre le ministre,
pour ma part, décrire, par exemple, l'expérience du Massachusetts
avec la nécessité de la préoccupation locale. Ce n'est pas
le moment d'en discuter ici, si on doit avoir un supersystème tellement
bien organisé où c'est encore l'informatique qui joue, puis
où on aura une banque avec une ligne 1-800 quelque part. On est en
matière de support au placement, aussi, pour les travailleurs.
Vous avez absolument raison, on vit encore des situations aberrantes,
mais complètement aberrantes. Sur tous les chantiers de la Baie James,
il y a plus de travailleurs qui viennent de la région de la Beauce, de
la région du Bas-Saint-Laurent et, assez curieusement, de la
région de Maniwaki qu'il n'y en a pour toute la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, quand, au même moment, évidemment,
en vertu du décret de la construction, les transports doivent être
payés par les employeurs parce que ces gens sont à
l'extérieur de la zone 12. Pour revenir à la Baie James, ces
régions-là ont bien plus de travailleurs que le
Saguenay-Lac-Saint-Jean parce qu'on n'a pas de placement. Pour en avoir fait du
placement, moi, en quelque sorte, à la Baie James, j'ai appelé
les entrepreneurs et dit: Comment ça se fait que vous n'employez pas les
compétences, les gens qui ont des cartes de construction, de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue? Bien, tout simplement parce
que le contremaître vient de Saint-Flavien, parce que le
contremaître vient de la ville de Laval, le contremaître vient de
Maniwaki. Donc, il y a des coûts supplémentaires pour les
entrepreneurs, pour les employeurs. Évidemment, il y a comme une
espèce d'injustice qui se profile quelque part.
Quand je vois chacun des députés, ici, ils se battent
chacun pour leur région, et c'est tout à fait normal. Le
député de Fabre se réjouissait d'avoir un centre de...
Comment ça s'appelle? Le centre d'entretien d'Hydro-Québec? C'est
quoi? C'est ça le titre? Le centre de diffusion d'Hydro-Québec,
bon. Le député de Bertrand, de son côté, se bat pour
sa population, etc. C'est ça, qu'un service de placement, toutes choses
étant égales par ailleurs, doit donner comme services aux
travailleurs qui n'ont pas les outils pour en arriver à se trouver du
travail et, surtout, dépister, je dirais, le travail existant dans un
certain nombre de régions.
Alors, M. le ministre, vous nous dites qu'en termes de placement, c'est
l'intention gouvernementale affirmée, clairement posée,
dès que vous aurez récupéré la
responsabilité et le fric du gouvernement fédéral? C'est
une intention annoncée.
M. Bourbeau: C'est l'intention du ministre, oui. Le gouvernement
n'est pas... Ça n'a pas fait l'objet de discussions au Conseil des
ministres, mais c'est l'intention du ministre, oui, et, probablement, par voie
de conséquence, du ministère, je présume.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Par définition.
M. Trudel: Est-ce qu'on pourrait entendre la voix du
ministère, parce que je trouve ça important de...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Est-ce qu'on pourrait entendre la voix du
ministère?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Disons par définition.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Avez-vous terminé?
M. Trudel: Oui. J'avais autre chose sur un autre chapitre.
Mme Blackburn: Oui. Le ministre prenait comme exemple les
soudeurs. Comme on sait qu'il y a une priorité d'embauché par
région, en vertu des décrets, et que toute la question de la
main-d'oeuvre en construction... Il semble que le ministre n'ait pas
manifesté l'intention de rapatrier à la Société ce
secteur d'activité. On sait que ça ne va pas très bien
actuellement et que les ententes ne semblent pas sur le point d'être
conclues entre la Commission de la construction et le ministre du Travail quant
au mandat public en matière d'évaluation des besoins de formation
de la main-d'oeuvre. Le ministre m'a laissé entendre en Chambre, il y a
deux jours, je pense, qu'il pouvait éventuellement être
intéressé. Est-ce qu'il pourrait nous en parler un peu?
M. Bourbeau: La députée a certainement mal compris.
Je n'ai jamais parlé de ça. Je n'ai jamais parié de
rapatrier ces mandats-là.
Mme Blackburn: Vous m'avez répondu... On peut toujours
sortir les galées. Vous avez dit: Oui, on pourrait regarder ça.
Je pense que votre réponse était exactement celle-là. Si
on les ressort, c'est ce que vous m'avez répondu en Chambre, il n'y a
pas deux ou trois jours. Il faudrait les ressortir. J'ai posé une
question au ministre du Travail et, comme le ministre du Travail n'arrivait pas
à conclure cette entente, je vous ai posé la question.
Mme Harel: Oui, c'est vrai.
Mme Blackburn: Vous m'avez répondu, je vais faire sortir
les galées tout de suite...
Mme Harel: Que ce ne serait pas une mauvaise chose.
Mme Blackburn: C'est-à-dire qu'il a dit: Oui, on pourrait
regarder ça. On pourrait regarder ça. Alors...
M. Bourbeau: Écoutez, j'ai peut-être mal compris la
question, mais vous parlez de quel mandat exactement? (16 h 50)
Mme Blackburn: C'est les mandats publics qui sont actuellement
assumés par la Commission de la construction du Québec en
matière de formation professionnelle. Il y a un comité qui est
rattaché à la Commission, qui s'appelle le CFPIC, le
Comité de formation professionnelle dans l'industrie de la construction.
Là, évidemment, c'est une espèce de cafouillis complet,
parce que la formation de la main-d'oeuvre, ça relève des
écoles, des commissions scolaires, on le sait. Ils émettent des
cartes, c'est-à-dire qu'ils diplôment des jeunes, ils les forment,
et c'est la Commission qui les fait entrer dans le métier avec le
problème qu'à un moment donné la jonction ne se fait pas
parfaitement. Vous avez tous eu des lettres, fort nombreuses, chez vous,
là-dessus. Alors, je pense que la question est pertinente et ça
m'étonne que le ministre n'y ait pas réfléchi
davantage.
M. Bourbeau: Moi, j'avais cru comprendre que la Commission avait,
disons, évoqué la possibilité de transférer au
ministère ces responsabilités-là, et j'ai dit: Bien, on
pourrait regarder ça. Mais on ne le regarde pas, parce que je ne sache
pas qu'ils ont offert de transférer ces
responsabilités-là. C'est tout.
Mme Blackburn: En fait, pour, peut-être, expliquer un peu,
là... Je comprends qu'il soit moins familier avec le dossier. Je vais
vous l'expliquer.
M. Bourbeau: c'était une réponse qui se voulait
d'ouverture, mais, t ma connaissance, on n'a pas eu de demande semblable.
Mme Blackburn: C'est un mandat qui a été
confié à la Commission en vertu d'une loi, en 1986. La Commission
estime qu'il en coûte environ 2 500 000 $ par année pour assumer
ce mandat-là et, comme la Commission vit essentiellement des
différentes cotisations des employeurs, elle estime que ce n'est pas sa
responsabilité de faire assumer par les employeurs des mandats publics.
Elle a réclamé, à de multiples reprises, que le
gouvernement couvre ces frais, ce que le gouvernement n'a pas fait. Dans la
dernière proposition qui a été faite par le gouvernement,
il offre 2 500 000 $, alors que la Commission estime qu'il lui en a
coûté plus de 14 000 000 $. Là, ce que me disent, à
la fois le président de ce Comité, qui est M. Pou-liot, et la
Commission de la construction, c'est que, de plus en plus, on pense que, compte
tenu de la situation, le gouvernement, qu'il ramasse ses bebelles. C'est
à peu près ça, là. Aussi, ils éprouvent des
difficultés à assurer une meilleure coordination entre la
formation de la main-d'oeuvre et la reconnaissance de cette main-d'oeuvre ou
l'accès à la construction. Ça pose un problème de
fond extrêmement important et je n'ai pas encore compris pourquoi
c'était exclu, à moins que, encore, dans ce cas-là, on
estime que ça coûte moins cher au gouvernement que d'en prendre la
responsabilité, parce que, là, c'est la Commission de la
construction qui assume les frais de ça. À cette question qui a
été posée de cette manière-là, c'est le
président du Comité qui dit: Dans ces conditions-là et
dans ces circonstances, on n'est plus vraiment intéressés
à assumer ce mandat-là. On pense, effectivement, ce qu'on n'avait
pas cru jusqu'à tout récemment, que la Société
devrait assumer aussi cette responsabilité.
M. Bourbeau: Bien, j'ai répondu l'autre jour et je n'ai
rien à ajouter à la réponse. La réponse
était correcte, dans les circonstances, à mon avis.
Mme Blackburn: Le ministre, parlant d'embauché, tout
à l'heure, disait, par exemple, les soudeurs. Les soudeurs, s'ils sont
à l'usine, ça va. S'ils sont sur la construction, là, je
veux dire, votre centre de placement, il le fait par région. Le
placement va en priorité régionale. Ça, c'est connu, dans
le décret. Alors, certainement, il y a quelque chose qui va clocher
entre les deux. Il y a une harmonisation qui ne sera pas possible, qui ne sera
pas réaliste et pas faisable. Moi, je pense que le placement peut
être national, mais je n'utiliserais pas les mêmes arguments que le
ministre. Des banques de données qui ss jumellent, qui se
complètent - vous êtes en train de jumeler toutes
sortes de banques de données entre des ministères - jamais
je ne croirai que ça ne peut pas se jumeler entre régions,
ça, du moment où vous avez les mêmes types d'ordinateurs,
les mêmes programmes. Ça, ça n'a jamais posé de
problème à personne. Je ne pense pas qu'on soit à la
merci... Actuellement, ça a plus de souplesse que ça n'en a
jamais connu.
Le ministre invoque l'efficacité. Moi, je voudrais qu'il nous
dise un peu comment ça va fonctionner pour rendre ça plus
efficace. La Société, selon l'article 32, et je veux comprendre:
«administre et rend accessibles aux individus et aux entreprises les
programmes dont la Société est responsable». Ça veut
dire que, là, nous, on vous fournit et vous dispatchez - c'est à
peu près ça - en vertu des besoins. Là, le sous-ministre,
que je salue, M. Pronovost, que j'ai connu en d'autres circonstances et dans
d'autres ministères...
M. Pronovost: Dans l'autobus! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Ça doit être ça. Alors, le
sous-ministre, M. Pronovost, tout à l'heure, évoquait une
espèce d'administration à géométrie variable. De
temps en temps, le budget est défini par la Commission; d'autres fois,
c'est des contenus de programmes, et tout ça s'en va, là, dans ce
que j'appelle la géométrie variable. On en entend parier dans
d'autres secteurs, mais, dans celui-là, il semble que ce soit
l'idée qu'on veut avancer. Mais comment ça va se régler,
cette géométrie, et comment ça va rendre le système
plus efficace? Par exemple, je prendrais quatre ou cinq cours:
perfectionnement, cuisinier-pâtissier; fondeur dans les fonderies;
robotique; charpentier-menuisier. Par exemple, on a besoin de perfectionnement
pour adapter la main-d'oeuvre à de nouvelles façons de monter les
croix de Saint-André, parce que je sais que ça s'est
développé beaucoup; ou encore, les nouvelles structures d'acier
qui sont toutes montées à l'extérieur du chantier et
transportées; la fabrication à base de plastique. Alors,
là, vous avez une série de besoins.
Si vous me dites que vous réussissez dans tous ces
secteurs-là à être plus efficaces parce que c'est
centralisé, ma bénédiction!
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, vous aimeriez intervenir?
M. Marcil: II existe des endroits où il y a des
écoles spécialisées. Prenez aux États-Unis,
l'International, qui est un syndicat présent partout. C'est à peu
près le seul syndicat dans la construction aux États-Unis et
partout au Canada, sauf au Québec.
Mme Blackburn: Oui, l'International.
M. Marcil: Au Québec, il est présent, mais il n'est
pas exclusif comme dans les autres domaines. Ils ont leur propre école
de formation. Le secteur des manoeuvres a monté sa propre école
de formation, et ce sont eux qui préparent les manoeuvres à
travailler sur la construction. C'est dirigé, organisé et
planifié par le syndicat, par l'International. Vous en avez à peu
près dans tous les secteurs, dans le domaine du verre plat. La preuve,
on en a ouvert une par le comité paritaire du verre plat; on a ouvert
une école à Anjou, je pense, a la ville d'Anjou, mais sur
l'exemple des modèles qui existent déjà aux
États-Unis.
Il y a certains secteurs qui sont donnés par l'école,
parce que la loi 119, c'est elle qui qualifie, dans le fond, les jeunes qui
terminent au niveau du secondaire V dans un métier. On leur donne une
carte en sortant, mais il y a d'autres secteurs qui ne peuvent pas être
donnés par les écoles polyvalentes. Lorsque vous parlez des
monteurs de lignes, il y a deux écoles de monteurs de lignes qui
existent. Les monteurs d'acier, par exemple, ça c'est autre chose.
Une voix: Les «riggers». M. Marcil: Les
«riggers».
Mme Blackburn: Moi, je parle du perfectionnement, tout ce qui
s'appelle formation... Pas la formation initiale. On sait que la formation
initiale, c'est dans les écoles. Alors, ce dont je parle, c'est de la
formation des adultes et du perfectionnement. C'est ça qui va être
géré par la Société, parce que la formation
initiale, ce n'est pas sorti des écoles. Je ne pense pas. Je ne pense
pas m'être trompée en affirmant ça. Alors, c'est vraiment
le perfectionnement et la formation des adultes, l'adaptation de la
main-d'oeuvre. Alors, j'ai cité des exemples. Comment ça pourrait
fonctionner pour répondre à des besoins, parce que j'imagine que
des programmes, il doit s'en administrer un nombre assez imposant dans tout le
Québec, une gamme assez grande également? Comment, dans ces
cas-là, ça va s'administrer?
M. Bourbeau: Ça pourrait fonctionner très bien, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
Mme Blackburn: Si le ministre est incapable de faire la
démonstration que ça pourrait être plus efficace, je ne
sais pas ce qu'on fait en commission. La question était pertinente.
M. Bourbeau: Mais, M. le Président, je crois y avoir
répondu. Je ne vous dis pas qu'elle n'était pas pertinente.
Qu'est-ce que c'est que ces sautes d'humeur?
Mme Blackburn: Ce n'est pas des sautes d'humeur, je trouve que la
réponse, ce n'est pas correct. Je veux dire, on n'est pas ici comme des
imbéciles à essayer de se faire dire: Ça va fonctionner.
On n'est pas des enfants d'école non plus.
M. Bourbeau: Nous, on n'est pas ici comme des naïfs, non
plus. Alors, c'est la même chose.
Mme Blackburn: Je voulais juste savoir, parce que vous me dites
que ça va être plus efficace. Moi, je vais vous dire que j'ai lu
et que j'ai examiné ça. Je n'ai pas une très grosse
connaissance des commissions de formation professionnelle. J'ai
rencontré à plusieurs reprises la nôtre, dans la
région, qui est assez efficace, finalement.
M. Bourbeau: Oui, pas mal efficace, très efficace!
Mme Blackburn: Bon. Alors, il semble que vous ayez votre
jugement. Si elle n'est pas efficace, j'espère que ce n'est pas juste
sur l'inefficacité de notre CFP que vous avez décidé
d'adopter ce projet de loi là.
M. Bourbeau: Elle est d'une efficacité hippique. Je n'ai
pas dit épique.
Mme Blackburn: mais, moi, je pensais que la question était
pertinente et que le ministre avait des réponses à ça. si
on est ici juste pour se faire niaiser...
M. Bourbeau: Écoutez, moi, je peux juger de vos questions,
vous pouvez juger de mes réponses. Moi, je trouve que vos questions sont
pertinentes et je présume, si je vous écoute bien, que mes
réponses ne le sont pas, mais...
Mme Blackburn: Si vous me dites que ça va bien
fonctionner, vous estimez...
M. Bourbeau: Le meilleur ministre du monde ne donne que ce qu'il
a. (17 heures)
Mme Blackburn: Ah que... Je trouve ça fort
désagréable. Je pense que, si je vous réponds, ça
va fonctionner comme les enfants d'école. Vous vous écrasez.
Ça va fonctionner! C'est suffisant pour informer le monde et vos
collègues.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Bourbeau: Je ne comprends pas, M. le Président. Moi, je
fais tous les efforts que je veux pour répondre aux questions de la
députée de Chicoutimi. Elle n'apprécie pas mes
réponses. Mais je pourrais ne rien répondre du tout.
Mme Blackburn: Mais c'est ce que vous avez fait, il me
semble.
M. Bourbeau: Je ne crois pas, non. Je pense que j'ai fait une
réponse.
Le Président (M. Joly): M. le député, vous
voulez prendre la parole?
M. Trudel: Donc, chaque société régionale
administre et rend accessibles aux individus et aux entreprises les programmes,
sauf que ça n'a pas de budget, ce chapitre-là, ce groupe
Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Ça n'a
pas de budget, ça n'a pas de prévisions budgétaires,
ça n'a pas de marge de manoeuvre parce que ce n'est pas une corporation
au sens du Code civil. Donc, on ne peut pas lui confier de l'argent comme
actuellement. Ça n'a pas, donc, adopté de prévisions
budgétaires. Ça n'a pas de colonne de revenus, ni de
dépenses. Ça administre...
(Consultation)
Mme Bleau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la députée
de Groulx.
Mme Bleau: Au moment où...
Le Président (M. Joly): Excusez, c'est parce que M. le
ministre était sur le point de répondre.
Mme Bleau: Excusez-moi. Vous aviez une réponse à
apporter?
M. Bourbeau: Je ne veux pas couper la parole à la
députée, mais au sujet des budgets peut-être que je
pourrais répondre.
Mme Bleau: Parfait.
M. Bourbeau: Alors, il va y avoir un budget central, un budget de
la Société qui va être l'objet d'un transfert de fonds par
le ministère à la Société, comme on fait pour les
sociétés d'État. La Société va faire
approuver son budget par le gouvernement à chaque année - c'est
l'article 49 du projet de loi - ainsi que ses règles budgétaires.
La Société, ayant reçu son budget du gouvernement ou du
ministère, va déterminer dans quelle mesure ce budget-là
va être transféré aux sociétés
régionales. Elle va en garder une partie pour elle-même et elle va
en transférer aux sociétés régionales. C'est
toujours l'article 49 du projet de loi.
M. Trudel: m. le ministre, sur le plan de l'administration
financière, là, ces groupes régionaux - on va prendre le
mot qui est dans la loi - ces entités, ça, c'est bona fide,
cette
affaire-là. C'est bona fide, je veux dire. Il n'y a pas
d'états financiers, il n'y a pas de vérificateur, il n'y a pas de
vérification annuelle. Tout au plus, c'est une boite aux lettres
institutionnalisée.
M. Bourbeau: Oui, mais, écoutez...
M. Trudel: Non, mais M. le ministre, sérieusement, sur le
plan financier, là...
M. Bourbeau: ...m. le député, vous aimeriez qu'il y
ait 16 vérificateurs et 16 appareils administratifs. c'est ça
que... vous voulez avoir le gros truc.
M. Trudel: Ce n'est pas ça, ma question, M. le ministre.
Dans quelle situation allons-nous nous retrouver au moment où nous
adopterons ce projet de loi? Qu'est-ce que ça veut dire comme
organisation, comme responsabilités, comme marge de manoeuvre pour les
sociétés régionales, avez-vous dit? Ces
sociétés régionales sont définies à 31 - qui
a été adopté sur division - comme «une entité
pour chacune des régions». Évidemment, je connais
suffisamment le langage juridique pour savoir qu'une entité, ça,
c'est à peu près tout et rien en même temps. Une
entité, c'est une chose qui existe à quelque part dans la
nature.
M. Bourbeau: C'est tout pour nous et ce n'est rien pour vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est quelque chose qui existe dans la nature. C'est
un groupe bona fide, ça, et on dit: Ce groupe bona fide a un certain
nombre de paramètres. Il va falloir tantôt que vous vous donniez
un regroupement de personnes en provenance de certaines catégories
d'organisations dans votre région pour vous donner des orientations.
Quand vous allez arriver avec un conseil régional... Mais un conseil
régional, ça n'a pas plus de personnalité juridique,
ça, ça n'a pas plus de... On dit que c'est pour conseiller le
directeur qui, lui, est la courroie de transmission ou est le postier en chef.
C'est le seul qui a le droit de porter la casquette, avec la
société mère. Eh bien, on va vous donner un conseil pour
vous orienter. Mais il faut que vous me répondiez franchement, M. le
ministre. Il ne peut pas y avoir de budgets régionaux administrés
par cette entité dans chacune des régions que le gouvernement
détermine. Oui ou non?
M. Bourbeau: Moi, je ne réussis pas à vous
convaincre. Je vais donner la parole au sous-ministre. Peut-être que lui,
n'étant pas politique, va pouvoir donner son point de vue objectif.
M. Trudel: Oui, allez-y donc objectivement.
M. Pronovost: Ici, il va y avoir des budgets régionaux
déterminés par le siège social. Chaque région va
avoir son budget établi à partir de règles
d'établissement de budget, dans le cadre des budgets votés par
l'Assemblée nationale. Puis il va y avoir une vraie
délégation, puis les gens de la région vont
dépenser ce budget-là à l'intérieur des
règles du jeu, des autorisations d'ensemble, du cadre d'autorisation de
la Société, comme on le fait actuellement dans tous les
ministères. Les régions, chez nous, du réseau
Travail-Québec, elles ont...
M. Trudel: Ils seront imputables à qui, ces
gens-là?
M. Pronovost: ...des budgets.
M. Trudel: Ils ont des budgets; il faut qu'ils soient imputables
à quelqu'un.
M. Pronovost: Ils vont être imputables à la
Société.
M. Trudel: À la Société centralisée,
là. M. Pronovost: Bien, au siège social.
M. Trudel: Mais, ce n'est pas comme ça que ça se
passe actuellement. Actuellement, ils sont imputables devant les membres de
leur conseil d'administration, de leur entité juridique qui s'appelle la
Commission de formation professionnelle de l'Abitibi-Témiscamingue, du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, etc.
Mme Harel: Et on peut reprendre l'exemple...
M. Pronovost: Mais ils sont imputables au ministère,
actuellement.
M. Bourbeau: Ils sont imputables au ministère. Ils
reçoivent leurs budgets de nous.
M. Trudel: Non, mais les dépenses, le
vérificateur...
Mme Harel: Non. Prenons l'exemple que nous donne très
souvent le ministre, l'exemple du cours de palefrenier, du cours de - comment
dit-on? - d'équitation, de techniques en equitation offert au
Lac-Saint-Jean. C'est un exemple que le ministre a souvent utilisé.
M. Bourbeau: À Chicoutimi.
Mme Harel: À Chicoutimi. Autorisé par la CFP,
financé par le fédéral et offert par le cégep
à partir d'un besoin estimé par la CFP comme étant un
besoin de personnel dans ce secteur-là, compte tenu des besoins de
personnel en tourisme et du développement touristique.
Alors, prenons cet exemple-là. En quoi la nouvelle
Société viendrait corriger ce que le ministre considère
être un problème, c'est-à-dire le fait qu'un tel cours ait
été organisé?
M. Bourbeau: Écoutez, je présume que, sur le plan
de l'administration, il va se passer beaucoup moins de temps en efforts
d'administration avec une Société qui aura ce profil-là et
beaucoup plus de temps et beaucoup plus d'efforts en adaptation des programmes.
Alors, c'est une question de répartition des efforts.
Présentement, on doit recommencer dans chaque région une
structure administrative distincte, autonome, avec tout ce que ça
comporte d'efforts. Oui, c'est les mots que je peux employer. Avec une
société qui est plus centralisée comme celle que nous
avons maintenant, les efforts des gens pourront porter beaucoup plus sur les
programmes et beaucoup moins sur l'administration. C'est tout.
M. Trudel: Puis la fonction contrôle, vous ne pensez pas
que vous allez être obligé de développer une superstructure
de contrôle, parce que l'argent que vous allez envoyer dépenser
dans la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous allez avoir... Parce que je prends la parole du
sous-ministre, au niveau de la...
M. Bourbeau: Alors, ça va être moins
compliqué de contrôler que maintenant. Alors, on va éviter
des aberrations comme celle dont vient de parler la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mais comment allez-vous l'éviter, là?
Vous dites que vous allez éviter cette aberration-là. Ce n'est
pas évident, là, en soi, que c'était une aberration. Mais,
vous, vous la considérez comme telle. Prenons-la comme telle. Vous
dites...
M. Bourbeau: Bien, écoutez, donner des cours de
palefrenier, je regrette, là, dans un contexte où les fonds sont
rares présentement, où on a besoin de tous les crédits
pour former nos travailleurs, je ne pense pas que ce soit une occupation qui
requiert des mois, des mois et des mois de formation, là. Vraiment,
là, vous repasserez, hein!
Mme Harel: Alors, ça met en cause l'estimation des
besoins. La CFP de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean a estimé
- j'imagine qu'il y a un processus, là, qui est celui de l'estimation
régionale des besoins - que, pour le développement touristique,
il y avait un besoin de formation de personnel en pénurie, j'imagine. Ce
n'était sûrement pas en besoin constant, là.
M. Bourbeau: Quant à moi, M. le Président, je n'en
ai jamais parlé ouvertement, là, mais si ia députée
veut faire valoir les tares du régime, je n'ai pas d'objection.
Voyez-voLis, les touristes, M. le Président, qui s'amènent
à Chicoutimi pour faire de l'équitation, c'est comme s'ils
étaient pour venir prendre des cours d'équitation à
Chicoutimi. Je comprendrais qu'à la très grande rigueur ils
décident de louer des chevaux et d'aller se promener dans la nature
eux-mêmes, mais de consommer trois, quatre, cinq jours de leurs vacances
à venir prendre des cours d'équitation, alors qu'on sait que par
exemple, en France, il y a Saumur et des places comme ça où on
peut apprendre très bien l'équitation... (1.7 h 10)
Ça m'apparaît un peu surréaliste de penser que des
touristes vont venir prendre des cours d'équitation à Chicoutimi
et gaspiller plusieurs jours de vacances à aller se faire
entraîner. Et encore plus, M. le Président, des cours de
palefrenier. Alors, là, vraiment, je ne comprends pas que des touristes
veuillent venir apprendre ça ici. Vraiment, là, ça
déborde les limites de l'intelligence humaine.
Mme Harel: Mais, l'estimation des besoins serait faite au niveau
national ou régional?
M. Bourbeau: Régional.
Mme Harel: Alors, est-ce qu'elle reste régionale?
M. Bourbeau: Oui, absolument.
Mme Harel: L'estimation des besoins reste régionale?
M. Bourbeau: Bien, elle se fait à la fois régionale
et il se fait une espèce de... Comment est-ce qu'on appelle ça,
donc?
Mme Harel: Mais, en quoi là, les changements de structures
viennent corriger cette aberration que vous considérez être un
produit du système actuel? En quoi les changements de système
vont de quelque façon pouvoir corriger ça? L'estimation des
besoins reste régionale. Alors, si une région dit: Nous, on pense
qu'on a un créneau de développement touristique important... Et
je sais qu'il y a un centre d'équitation à Laterrière qui
est important. Dans une autre région, remarquez que ça peut
être le ski. Dans une autre région, mettons que ce serait la
cueillette des champignons, un exemple, en disant: Oui, c'est un terreau
fertile, ça peut avoir un effet d'entraînement sur le tourisme,
ça peut constituer des réseaux de petites auberges, etc. Alors,
comment on les appelle? Les oenologues? Non.
M. Bourbeau: Vous êtes en train de me convaincre encore
plus de garder l'article 31 comme il est.
Mme Harel: Comment on les appelle, les spécialistes des
champignons?
M. Bourbeau: La cueillette des champignons! Ça, on va
dépenser 300 000 $...
Une voix: Les mycologues. Mme Harel: Les mycologues. M.
Trudel: Les mycologues.
Mme Harel: Bon. Alors, là, par exemple, une région
estimerait qu'il y a un besoin de mycologues ou qu'il y a un besoin de
spécialistes en equitation. Reprenons l'exemple du spécialiste en
equitation. Alors, est-ce que la société mère va pouvoir
dire à la région: Vous avez tort, nous ne reconnaissons pas ce
besoin-là, c'est-à-dire jouer à l'égard de la
région le rôle que le fédéral joue actuellement
à l'égard de Québec? Parce que, n'oubliez pas qu'un des
vices du système, c'est qu'Ottawa avait décidé que
l'estimation des besoins de la main-d'oeuvre, c'était lui, et qu'il
allait identifier les pénuries de main-d'oeuvre, les secteurs en
pénurie «coast to coast», là. Mais, si je comprends
bien, vous, vous nous dites que l'estimation des besoins et des
pénuries, ça va se faire régionalement, sanctionné
régionalement également?
M. Bourbeau: Bien, sanctionné régionalement?
Oui.
Mme Harel: Donc, si la région voulait offrir un tel
programme, en quoi le nouveau système pourrait l'en empêcher?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, il faudrait d'abord que
ça s'inscrive dans les programmes généraux de la
Société. Et puis, si ça ne s'inscrit pas dans les
paramètres généraux de la Société, la
Société pourra intervenir et empêcher que ça se
produise.
Moi, je peux vous dire ceci: On a présentement des besoins
énormes de formation et d'adaptation de la main-d'oeuvre au
Québec dans des secteurs de pointe. J'ai mis fin, depuis que je suis au
ministère, à toute une série de cours ou de formations
qu'on n'estimait pas être prioritaires. Exemple...
Mme Harel: Dans les secteurs de pointe, il existe dans toutes les
régions du Québec...
M. Bourbeau: M. le Président, on a cessé de
subventionner de la formation qui se donnait. Par exemple, le maniement des
armes à feu. On payait pour ça au ministère, il n'y a pas
tellement longtemps. Alors, à moins que la guerre n'éclate
bientôt, je ne pense pas que ce soit primordial pour l'avenir
économique du Québec. Deuxièmement, les secrétaires
municipaux dans les municipalités, encore là, je ne crois pas que
ça soit très moteur, * non plus, pour le développement
économique du Québec. On estimait que les municipalités
pouvaient s'en occuper ou les secrétaires eux-mêmes. On peut
parler aussi de toute la formation dans le secteur public et parapublic,
à moins que ce ne soit des secteurs en pénurie, comme par exemple
les aides-infirmières.
Alors, on a fait une revue de tout ça pour tenter
d'élaguer. La formation, c'était devenu, d'une certaine
façon, une mode où on avait pris l'habitude de subventionner
n'importe quelle sorte de formation, sans aucune espèce de
«priorisa-tion». Alors, nous, on «priorise» la
formation qui est de nature à faire en sorte de permettre un
développement dynamique du Québec dans des secteurs moteurs.
Alors, quand vous m'arrivez avec la formation des palefreniers ou des
professeurs d'équitation, je regrette, le Québec n'a pas les
moyens de se payer une formation comme ça, en tout cas, pas avec les
deniers publics. Je continue à dénoncer ce genre de formation
là, cette subvention par les deniers publics, et les ramasseurs de
champignons non plus.
Je regrette, là. Jamais, quand je serai au ministère ici,
on ne subventionnera ce genre de formation. Ceux qui veulent apprendre, je n'ai
aucun problème avec ça, l'art de cueillir les roses, les
marguerites ou les champignons et d'attirer les touristes même avec
ça, c'est très bien, mais je ne pense pas que ça va
être une priorité. Et, justement, vous êtes en train de me
convaincre encore plus qu'on doit continuer dans la voie dans laquelle on est
présentement. Quand je disais, hier, que, si la décentralisation
mène à ce genre d'aberration... M. le Président, je
regrette, mais vous êtes justement en train de prôner l'anarchie.
Moi, je ne la cautionnerai pas.
Mme Harel: Qui va «prioriser»?
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: La bonne question, c'est: Qui va
«prioriser»? Dans son mémoire, la ville de Montréal
disait espérer que le premier alinéa de l'article 32 ne
limiterait pas la portée du deuxième alinéa de l'article
44. Finalement, la question est de savoir qui a préséance sur
qui. Est-ce que le premier alinéa de 32 a préséance sur le
deuxième de 44? En d'autres termes, est-ce que l'administration des
programmes de la Société, dans la mesure déterminée
par la société mère, a préséance sur
l'adaptation des programmes aux réalités de la région? Qui
a préséance?
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 17... Mme
Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...dit bien: «Pour réaliser sa mission,
la Société élabore, met en oeuvre et
gère des programmes dans le cadre des politiques établies
en vertu de la Loi...» C'est bien entendu que les
«priorisations» que peuvent faire les régions, même
dans le système actuel, doivent se faire à l'intérieur des
politiques générales émises par la société
mère, dans le cas de la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Je viens de comprendre. Autant la
société mère que les sociétés
régionales. Mais en plus des politiques définies à 17,
est-ce que les sociétés régionales doivent administrer les
programmes de la Société? Le ministre me répond: Par les
politiques du ministère. Moi...
M. Bourbeau: Elles doivent respecter les politiques, oui.
Mme Harel: oui, tout le monde doit respecter les politiques du
ministère, mais la question est plus de savoir qui a
préséance: l'adaptation aux réalités de la
région, en vertu de l'article 44, alinéa 2°, ou les
programmes de la société mère, en vertu de 32, premier
alinéa?
M. Bourbeau: Écoutez, là, les
sociétés régionales ont toutes la marge de manoeuvre
qu'elles peuvent avoir à l'intérieur des balises qui vont
être fixées par la Société. Elles ne pourront pas
avoir une marge de manoeuvre illimitée pour en venir à des
conclusions semblables à celles qu'on a évoquées
tantôt. Il va falloir que les balises soient assez... Alors, on peut
citer l'article 44, sous-paragraphe 2°, qui donne un pouvoir au conseil
régional «d'adapter les programmes aux réalités de
la région, dans la mesure où les conditions de leur mise en
oeuvre le permettent». Alors, les conditions de mise en oeuvre, ce sera
établi par la société mère.
Si une société régionale en venait à poser
des actions qui ne seraient pas compatibles avec les politiques ou les
règlements de la Société, il y a, à l'article 46,
un pouvoir qui permet à la Société de contrer la
décision de la société régionale.
Mme Blackburn: Est-ce que...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. À combien estimez-vous le personnel
requis par rapport à celui qui est en poste actuellement dans les
sociétés régionales? (17 h 20)
M. Bourbeau: Bien, tant qu'ii n'y a pas de changements dans les
discussions, tant qu'il n'y a pas de changements occasionnés par les
discussions constitutionnelles, on n'ajoutera pas de personnel. C'est le
même personnel qui va fonctionner que maintenant dans les CFP. On va
virer à la société mère une partie du personnel de
la Direction générale de la rnain-d'oeuvre et de la formation
professionnelle. Les CFP vont être la base des sociétés
régionales. Il n'est pas question, pour l'instant, d'ajouter des budgets
ou du personnel additionnel, mais, quand on rapatriera les pouvoirs et les
responsabilités du gouvernement fédéral, à ce
moment-là, on ajoutera du personnel et des budgets.
Mme Blackburn: L'idée ne m'était pas venue qu'il y
aurait des ajouts de personnel, plus de coupures de personnel s'il n'y a plus
de personnel affecté, par exemple, a l'administration. Et puis c'est
supposé être plus efficace. Ça va avoir comme effet de
réduire le personnel en région. Ça m'apparaît
comme...
M. Bourbeau: Non. On va affecter plus de personnel aux programmes
et moins à l'administration.
Mme Blackburn: Autrement dit, pour gérer votre future
Société, ça va demander, pour les programmes, plus de
personnel qu'il n'y en a actuellement.
M. Bourbeau: Pourquoi donc?
Mme Blackburn: Habituellement, il y a du personnel. Le personnel
fait l'administration, puisqu'il gère des budgets. Il doit produire des
rapports, il doit embaucher. Ce personnel-là, qu'est-ce que vous en
faites du moment où il n'y a plus ces activités dans les
sociétés?
M. Bourbeau: On a dit, tout à l'heure, que les
sociétés auraient quand même un budget. On n'a pas dit que
le budget serait centralisé totalement. Il y a un article qui dit le
contraire, là, l'article 49. Alors, maintenant, les économies
d'échelle qui pourraient être réalisées sur
l'administration, malgré ça, permettront de dégager du
personnel additionnel, des effectifs additionnels pour voir à
l'administration des programmes.
Mme Blackburn: le ministre a parlé, tout à l'heure,
de la formation des palefreniers. est-ce qu'il existe toujours un cours en
equitation au cégep de la pocatière?
M. Bourbeau: Écoutez, là, je pense que... Est-ce
que la question est pertinente, M. le Président?
Mme Blackburn: Non, je demande...
M. Bourbeau: II faudrait le demander au ministère de
l'Éducation.
Mme Bîsckburn: De l'Enseignement supérieur, M. le
ministre.
M. Bourbeau: De l'Enseignement supérieur. Je peux prendre
avis de la question et consulter ma collègue.
Mme Blackburn: oui. c'est la deuxième fois que le ministre
me parle de la formation des palefreniers à chicoutimi. je dois dire que
je connais l'école, de réputation.
M. Bourbeau: C'est la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve qui en a parlé.
Mme Blackburn: Non, vous m'en avez déjà
parlé à une autre occasion, pour citer un fonctionnement
erratique dans une commission de formation professionnelle. Je pense que
beaucoup de ces besoins-là sont établis souvent sur la base de
besoins évalués par un conseil régional d'industrie et de
tourisme, là. La même chose, vous avez le développement
culturel. Il y a des conseils régionaux qui évaluent les besoins
de créer des accompagnants ou des nouvelles activités à
caractère touristique. Bon, je pense à l'alpinisme, par exemple.
On a quelques caps chez nous, le long du Saguenay. C'est un fjord.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est des caps ou des crans?
Mme Blackburn: II y a des caps et des crans. Il y a les deux. Je
reste sur un cap et, à côté, il y a des crans. Alors,
est-ce à dire que toutes ces évaluations-là... Je veux
dire, quand vous parlez de vos politiques générales à
partir desquelles vous allez évaluer les politiques ou les besoins
identifiés par les régions, vous allez faire ça programme
par programme. J'ai beaucoup de difficulté à vous suivre pour
voir comment ça pourrait être efficace, parce que, bon, vous avez
une politique générale.
M. Bourbeau: Moi aussi, j'ai de la difficulté à
vous suivre, là.
Une voix: Moi aussi. Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Vous avez une politique générale et,
à partir de cette politique, vous devrez évaluer les besoins
estimés des régions, hein? Bien. Alors, l'exemple du palefrenier,
comment allez-vous dire: Ça, c'est bon; ça, ce n'est pas bon?
Comment votre politique va-t-elle être si fine pour aller dans ces
détails? C'était juste la question.
M. Bourbeau: j'ai répondu. c'est la même question
qu'a posée la députée de hochelaga- maisonneuve
tantôt. j'ai répondu. vous lirez les galées.
Mme Harel: Je n'ai pas la réponse.
M. Bourbeau: Bien, la réponse n'a pas été
satisfaisante, mais j'ai répondu quand même. C'est la même
question.
Mme Harel: En fait, moi, si vous me demandiez, là:
Qu'est-ce que le ministre a répondu? je vous dirais, M. le
Président, qu'il a répondu qu'il n'y aurait rien de changé
par rapport à ce qui se passe maintenant.
M. Bourbeau: Si j'ai répondu ça, M. le
Président, ce n'est pas ce que je voulais répondre. Alors,
voyez-vous, on a un problème de compréhension, la
députée et moi. D'ailleurs, ce n'est pas nouveau: Ça dure
depuis très longtemps, mais je suis convaincu que le nouveau
système va permettre un meilleur contrôle de ces
excès-là que le système présentement en
vigueur.
Mme Harel: en fait, vous le souhaitez, mais vous ne pouvez pas
nous dire comment ce nouveau système va s'opérer pour permettre
un meilleur contrôle.
M. Bourbeau: Je pense que ça tombe sous le sens commun
qu'une administration plus centralisée va être plus en mesure de
contrôler ces excès-là qu'une administration totalement
décentralisée qui échappe à tout contrôle,
comme présentement; ça échappe à tout
contrôle, pratiquement.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a estimé le
pourcentage des abus, de ce que vous estimez être injustifié en
matière de formation? Ça représente 5 %, 10 %, 20 % de
l'enveloppe des CFP? J'imagine qu'on établit une telle structure sur la
base d'une évaluation chiffrée.
M. Bourbeau: Même un abus, c'est de trop, en autant que je
suis concerné.
Mme Blackburn: Je rappellerai l'exemple d'hier. Quand on a
établi, pour toutes les commissions scolaires du Québec, que la
meilleure méthode pour enseigner le français, c'était Le
Sablier. C'était seulement une erreur, mais elle a été
catastrophique. Alors, la centralisation n'a pas que des vertus.
M. Bourbeau: Là, je n'ai rien à répondre
à ça. Ça m'apparait être une vérité de
La Palice.
Mme Blackburn: Sablier, Cuisenaire, il y avait deux
méthodes.
Mme Harel: Le malheur de ce projet de loi, c'est qu'il met en
place une sorte de technostructure qui, sous des apparences d'être plus
efficace, à mon point de vue, va être plus lourde, tout
simplement. Moi, je n'y crois pas à la centralisation, c'est bien
évident. Je ne crois pas à la technocratisation, et c'est vers
ça que
nous mène le projet de loi 408.
M. Bourbeau: demandez-vous ce qui arriverait si le réseau
travail-québec était structuré comme vous le souhaitez. ce
serait la cacophonie la plus totale.
Mme Blackburn: Quelle entreprise? Hydro?
M. Bourbeau: Le réseau Travail-Québec.
Arrêtez-vous à penser à ça un peu. Vous allez
comprendre.
Mme Harel: Mais j'ai l'impression que le ministre confond les
politiques de main-d'oeuvre et les programmes de transfert de revenus. Dans les
programmes de transfert de revenus, par exemple, les allocations familiales,
par exemple, les pensions de vieillesse ou, par exemple, les prestations de
maladie, de décès ou autre, il faut qu'il y ait une même
façon de traiter les mêmes critères. Mais la gestion de la
main-d'oeuvre, ça ne se fait pas dans le gros oeuvre. Chaque destin
humain est singulier. Ça suppose une relation particulière
à laquelle, je pense, le ministère a toujours été
d'une insensibilité profonde. On l'a déjà vu dans le
projet de loi 37...
M. Bourbeau: Qui a été une réussite.
Mme Harel: ...et ça refait surface maintenant. Bon, M. le
Président, on va disposer de l'article 32.
Le Président (M. Joly): Donc, l'article 32... Mme
Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): ...adopté sur division.
L'article 33 est appelé.
Nomination du directeur
M. Bourbeau: Cet article prévoit les modalités de
nomination du directeur d'une société régionale. Cette
nomination se fait par la Société elle-même et implique la
participation directe du conseil régional établi pour la
société régionale concernée. Ce conseil
régional est établi conformément à l'article 37 du
projet de loi.
Je vous signale qu'une disposition transitoire, l'article 94 du projet
de loi, prévoit des modalités particulières pour la
nomination du premier directeur de chacune des sociétés
régionales. Cet article se lit comme suit: «94. Malgré
l'article 33, la nomination du premier directeur d'une société
régionale se fait après consultation des associations de
salariés, des associations d'employeurs et des organismes du milieu
coopératif les plus représentatifs de la
région.»
En comparaison, le Règlement sur les conditions de travail des
cadres des commissions de formation professionnelle de la main-d'oeuvre
prévoit que la nomination d'j directeur d'une commission implique la
participation d'un jury de sélection composé de trois membres,
dont deux sont désignés par le ministre de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et un
seul est désigné par la commission concernée.
Mme Harel: Que ferez-vous avec les directeurs actuellement en
poste? (17 h 30)
M. Bourbeau: Nous protégeons la permanence de tous les
employés des CFP, mais non pas le poste, de sorte que, pour les
cadres... Bon, on pourrait regarder l'article 82 qui dit que les
employés d'une CFP, y compris les cadres au sens du règlement sur
les conditions de travail, «deviennent les employés de la
Société sans autre formalité. Ils occupent le poste et ils
exercent les fonctions qui leur sont assignées par la
Société, sous réserve des dispositions d'une convention
collective qui leur sont applicables».
Alors, c'est la Société elle-même qui va
procéder à l'engagement..., enfin, on voit comment, qui va
suggérer un directeur régional. Ça peut être le
même que maintenant et ça pourrait aussi être un autre. En
tout cas, il va falloir réévaluer tous les postes.
Mme Harel: Est-ce que ça va aussi pour les cadres de la
Direction générale de la main-d'oeuvre et de la formation
professionnelle du ministère? Attendez, on va voir si les directeurs des
CFP ont le même traitement que les hauts fonctionnaires du
ministère. Je pense qu'il y a vraiment deux poids, deux mesures.
M. Bourbeau: Les cadres du ministère qui ont la
sécurité d'emploi conservent la sécurité
d'emploi...
Mme Harel: Ils ne conservent pas leur poste.
M. Bourbeau: ... - c'est ça - même s'ils sont pris
en charge par la Société, mais pas nécessairement le poste
qu'ils ont présentement, en fait. Peut-être que le sous-ministre
pourrait donner un complément de réponse.
Le Président (M. Joly): M. Pronovost, s'il vous
plaît.
M. Pronovost: O.K. Ils conservent leur classification au
gouvernement. Quelqu'un qui est cadre 3 au gouvernement va rester cadre 3; il
peut postuler un poste de cadre 3 au ministère ou dans n'importe quel
autre ministère. S'il veut transférer à la
Société, il va postuler. Il peut être
transféré dans son poste, mais, s'il veut garder un poste de
cadre, il faut qu'il postule le poste de cadre.
Mme Harel: Et comment va se...
M. Pronovost: Le poste n'est pas assuré, pas plus qu'il
n'est assuré pour les cadres de commissions de formation
professionnelle.
Mme Harel: Comment va se...
Mme Blackburn: Ce sont les mêmes règles, dans le
fond, qui vont jouer à la fois pour les cadres du ministère et
les cadres dans les commissions.
M. Pronovost: avec les différences dans les règles
qui sont introduites par la loi sur la fonction publique et les privileges que
cette loi-là accorde aux fonctionnaires.
M. Bourbeau: Une petite et une grosse différence.
M. Pronovost: Bien, c'est surtout du côté de la
sécurité d'emploi.
Mme Harel: La différence concernant les cadres, c'est
qu'ils n'ont aucune sécurité d'emploi. Si un directeur d'une
commission de formation professionnelle n'est pas retenu par la
société mère, par exemple...
M. Pronovost: II va garder son emploi à la CFP, mais pas
un poste de cadre.
Mme Harel: II ne gardera pas son poste, mais il garderait un
emploi. C'est ce que vous nous dites?
Mme Blackburn: Mais pas dans la même classe.
M. Bourbeau: À la société régionale.
Je l'ai dit assez de fois.
Mme Harel: À la société mère, en
fait, à la société générale. C'est ça
que vous nous dites?
M. Bourbeau: Société régionale. Mme
Harel: Ou régionale. M. Pronovost: Régionale.
Mme Harel: II devient un employé de la
société régionale.
M. Bourbeau: Mais pas nécessairement dans le même
poste qu'il occupait précédemment.
Mme Blackburn: Pas dans la même classe non plus.
M. Pronovost: C'est ça.
Mme Bleau: Est-ce qu'il garde sa classe?
M. Bourbeau: L'article 82 dit que «les employés non
visés par une convention collective conservent le traitement
régulier auquel ils avaient droit lors de leur transfert à la
Société». En fait, on protège leur emploi, on
protège leur salaire, mais pas nécessairement leur poste.
M. Pronovost: C'est ça.
M. Bourbeau: en ce qui concerne les postes, ces postes vont
être octroyés à ceux qui les mériteront,
après les processus d'évaluation que la société se
donnera.
Mme Harel: Bon. La question est de savoir qui va, ultimement,
choisir, la société régionale ou la société
mère? Quand on dit, à 33: «La Société nomme
la personne ainsi proposée ou, après consultation du conseil
régional, toute autre personne», c'est donc que la
société mère peut refuser le choix de la
société régionale en matière de nomination du
directeur régional.
M. Bourbeau: C'est exact. L'article 33 établit comment
ça fonctionne. Le conseil régional propose la nomination d'un
directeur, et la Société nomme cette personne-là. Mais, si
la Société n'est pas d'accord, la Société consulte
le conseil régional sur une autre nomination et, éventuellement,
la personne qui est nommée, c'est la personne qui est nommée par
la Société.
Mme Harel: Quand on a le mot «Société»,
au deuxième alinéa, au deuxième paragraphe, excusez-moi,
est-ce qu'il faut comprendre que ce sont les 19 membres qui auront à
voter sur la proposition d'une société régionale?
M. Bourbeau: L'autorité suprême, c'est la
Société. La Société a un règlement de
régie interne. Elle pourra peut-être déléguer
à un comité exécutif certaines fonctions, mais c'est la
Société qui est maîtresse de ces
décisions-là.
Mme Harel: Alors, si, par règlement de régie
interne, la Société...
M. Bourbeau: Article 13.
Mme Harel: ...déléguait à un comité
exécutif, alors, c'est à ce comité exécutif que
seraient dévolus les pouvoirs prévus à 33.
M. Bourbeau: Ça pourrait, oui. Ça pourrait
être aussi conservé par le conseil d'administration. Je ne sais
pas.
Mme Harel: En fait, c'est toute cette structure... Le ministre a
raison de dire: À partir du moment où la Société a
un statut de corporation au sens du Code civil, c'est tout le chapitre
III sur les sociétés régionales qui doit être
profondément modifié parce que c'est toute la structure d'un lien
au-delà des régions. Le directeur régional, en vertu de
35, est directement responsable de l'administration et de la direction de la
société régionale sous l'autorité de la
société mère.
Alors, la société mère, ultimement, le choisit,
puisque si la proposition de la société régionale ne fait
pas son affaire, elle refuse la proposition de la société
régionale et elle procède à la nomination du directeur
elle-même, qui devient un de ses employés et puis qui va ensuite
appliquer ses programmes. Il n'y a pas grand risque que la
société régionale retrousse un peu à l'égard
des directives et politiques qui lui sont émises par la
société mère, parce que toute la structure est là,
finalement, pour consolider l'idée que c'est à la verticale que
ça va se passer.
M. Bourbeau: Mais comment pensez-vous que fonctionne le
réseau d'Emploi et Immigration Canada présentement, qui est
spécialisé dans ce domaine-là, qui s'occupe de tous les
problèmes de main-d'oeuvre, des programmes de main-d'oeuvre? Le
fédéral dépense trois fois et demie plus d'argent que
nous, M. le Président, en main-d'oeuvre au Québec. On compte
à peu près 2650 fonctionnaires fédéraux en
main-d'oeuvre seulement au Québec. Et nous, on en a environ 700 dans les
CFP et peut-être 200 au ministère. Pensez-vous que le
fédéral, qui est quand même un organisme qui s'y
connaît en matière de services en main-d'oeuvre, fonctionne avec
des bureaux régionaux indépendants? C'est une structure
centralisée comme celle qu'on propose, qui est la seule qui peut
garantir un minimum d'efficacité et de standardisation.
M. le Président, j'aurais crainte d'embarquer dans la
galère que nous propose l'Opposition. C'est du jamais vu dans ce genre
de programmes là. C'est du jamais vu. Il n'y a aucun pays qui fait
ça présentement, à ma connaissance.
Mme Harel: M. le Président...
M. Bourbeau: C'est facile de proposer des solutions innovatrices.
Quand on n'est pas au pouvoir, M. le Président, on peut toujours parler.
Mais qui va porter la responsabilité si ça ne fonctionne pas bien
éventuellement? Ce n'est pas l'Opposition.
Mme Harel: M. le Président, ce qui est surprenant, c'est
que le ministre ait cru qu'il pouvait procéder de cette façon
sans que ça provoque une levée de boucliers dans la
société québécoise. Qu'il veuille s'inspirer des
centres d'Emploi et Immigration Canada, qui sont, justement, organisés
sur ce modèle autoritaire et vertical, qu'il veuille s'en inspirer, au
moment où il prétend faire une réforme qui va faire par-
ticiper les gens...
C'est sûr qu'il y a deux conceptions, mais diamétralement
opposées qui s'affrontent actuellement, c'est évident, M. le
Président. Comment imaginer une politique de l'emploi qui ne serait pas
prise en charge sur le terrain par les gens qui s'en porteraient responsables?
Comment imaginer des bureaux, en vertu de 32, qui ne seraient pas au niveau
d'une MRC? Comment imaginer, avec le foisonnement... Parce que c'est vrai que
le fédéral a, d'un côté, ce fonctionnement à
la verticale dans les centres d'Emploi et Immigration, mais le ministre sait
très bien qu'il a financé la multiplication des comités
CADC, les fameux comités de développement des... Comment?
M. Bourbeau: Collectivités.
Mme Harel: ...collectivités, et puis aussi,
évidemment, les corporations de développement économique
et communautaire. Il y a un foisonnement en matière de main-d'oeuvre.
C'est quand même fantastique de penser que son collègue de la
Santé et des Services sociaux a introduit une vraie réforme en
matière de santé et de services sociaux et a
décrété péremptoirement que, sur les conseils
d'administration des régies régionales, il y aurait 20 % de
communautaire. Il a même établi des quotas. (17 h 40)
Pourtant, M. le Président, à ce que je sache,
l'administration dans les hôpitaux et dans les établissements de
santé et de services sociaux, ça suppose aussi une dispensation
des services qui soit standardisée, mais, en même temps, au niveau
des régies régionales, comme il aurait pu être possible, au
niveau de sociétés régionales, il y a un autre
modèle qui s'est développé, qui est celui d'un ministre,
collègue de celui qui vient essayer de nous plaider exactement le
contraire présentement.
Mme Bleau: L'autre, c'est un régime-année. C'est la
différence.
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve
vient de faire la preuve, M. le Président, qu'il y a moyen, à
partir d'un réseau centralisé comme Emploi et Immigration Canada,
d'avoir des politiques décentralisées. Elle vient
d'énumérer tous les organismes qui sont subventionnés par
le fédéral et qui oeuvrent dans le domaine du
développement de l'emploi. Alors, il y a moyen très bien de faire
la même chose que le fédéral. Je n'ai jamais dit que ces
réseaux du fédéral n'étaient pas efficaces. Ce que
je dis, c'est qu'il y a deux réseaux qui font la même chose, le
nôtre et le leur. Ça fait un de trop.
Mme Harel: Mais vous savez pourquoi?
M. Bourbeau: Je ne dis pas qu'il n'est pas
efficace. Il est terriblement efficace. D'ailleurs, on...
Mme Harel: Vous savez, M. le Président... M. Bourbeau:
...s'en rend compte.
Mme Harel: ...que c'est un sujet d'étonnement,
actuellement, au niveau de l'Opposition, de voir à quel point, à
ce moment-ci des travaux, avant la clôture de notre session,
demain...
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: ...nous ne sommes pas envahis par les
téléphones, les lettres, par des interventions qui nous
presseraient d'adopter, d'accélérer l'adoption de la loi 408.
Rien, M. le Président.
M. Bourbeau: On ne se bat pas dans les rues, M. le
Président. Ça, j'en conviens.
Mme Harel: Rien. Rien. Mme Bleau: J'en ai, moi.
Mme Harel: Rien. Alors, communiquez-les-nous. Dites-leur que,
s'ils veulent se faire entendre à ce moment-ci de la session, c'est
plutôt ce côté-ci qu'ils devraient convaincre. Je me suis
demandé pourquoi il en était ainsi. C'est que, finalement, cette
structure-là, à peu près tout le monde ou presque,
à part ceux qui pensent pouvoir peut-être la contrôler en
détenant un nombre de sièges plus important que d'autres, mais
à peu près tous les autres, M. le Président, sont
convaincus que c'est porter les fonctionnaires au pouvoir.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je ne vois pas d'autre explication. C'est pour
ça qu'il y a si peu...
M. Bourbeau: Quelle calamité!
Mme Harel: ...de pressions qui s'exercent actuellement en faveur
de l'adoption de ce projet de loi.
M. Bourbeau: C'est l'impression que vous avez, là,
oui?
Mme Bleau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Groulx, s'il vous plaît.
Mme Bleau: C'est jeudi, aujourd'hui, le 18 juin. Ce matin, dans
un article de Michel Marso-lais, on dit: Le CPQ est isolé. Parce que la
FTQ, la CSN, l'AMQ, tout le monde désire qu'on adopte - j'étais
pour dire un mauvais mot - au plus sacrant le projet de loi 408. Il n'y a que
le Conseil du patronat qui...
Mme Harel: Est-ce qu'on peut déposer... Une voix:
Oui.
Mme Bleau: Certainement, avec plaisir. Mme Harel: ...cette
lettre-là?
Mme Bleau: Avec plaisir. Je regrette d'avoir fait des petits
barbots, mais je vais la déposer. Alors, M. le Président, si vous
me le permettez, je vais déposer cet article.
Le Président (M. Joly): C'est public. C'est dans les
journaux de ce matin.
Mme Harel: Dans quel journal?
Le Président (M. Joly): c'est le journal de
montréal. est-ce que vous mettez en doute la
crédibilité du journal de montréal, cette
fois-ci?
Mme Harel: Non, pas du tout. M. le Président, si vous
voulez, je vais vous citer...
M. Bourbeau: Pourquoi vous déposez ça?
Mme Harel: ...des articles, parus aujourd'hui même, qui
disent le contraire.
Le Président (M. Joly): C'est public.
Mme Bleau: Pour compléter, M. le Président, ce que
je voulais dire, Mme la députée disait, tout à l'heure,
que nous sommes à la veille de la fin de la session, bon, demain. Moi,
je peux vous dire que, dans le moment, l'ensemble des députés
libéraux, et je dis tous les députés libéraux, on a
donné notre avis qu'on ne partait pas, même si ça allait au
commencement de juillet, avant que le projet de loi 408 soit adopté.
Est-ce que je peux vous dire - et je suis très sérieuse - qu'on
est prêts à siéger encore, encore et encore? Remarquez que,
si ça vous tente, on aimerait mieux s'en aller chez nous, nous autres
aussi, mais c'est le... Jamais, je n'avancerais une telle chose si ce
n'était pas vrai.
Mme Harel: Je sais que vous la pensez vraie.
Mme Bleau: Je ne fais pas juste la penser vraie. C'est vrai.
Mme Harel: Je vous propose, à ce moment-ci de nos travaux,
de vérifier si la chose est toujours dans le sens que vous venez
d'exprimer?
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Bleau: Définitivement.
M. Bourbeau: N'essayez pas de semer la zizanie dans
l'équipe.
Mme Harel: Non, je n'en sème pas du tout. Mme Bleau:
Et ça a été unanime, unanime. Mme Harel: On
termine demain, c'est sûr.
Mme Blackburn: Chez nous aussi, il n'y a pas de
problème.
Mme Harel: On vient d'avoir les avis. On termine demain. Bien
oui. Bien sûr.
Le Président (M. Joly): On se réfère
à l'avis qu'on a eu aujourd'hui qui fait que nous allons jusqu'à
20 heures.
Mme Harel: Oui, on va jusqu'à 20 heures. On a donné
notre consentement.
Le Président (M. Joly): Jusqu'à 20 heures.
Mme Harel: J'ai l'information à l'effet que,
définitivement, l'entente a eu lieu, une entente globale qui nous
mène jusqu'à demain.
M. Bourbeau: Oui, bon, alors, on verra.
Le Président (M. Joly): Ça, vous tenez ça de
bonne source? J'imagine qu'il y a eu des ententes de prises à un niveau
quelconque. Est-ce qu'il y a des articles majeurs sur lesquels vous
aimeriez...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une bonne nouvelle.
Alors, on pensait qu'on devrait attendre jusqu'à la semaine prochaine
pour faire adopter la loi. Alors, la députée vient de nous donner
une bonne nouvelle.
Le Président (M. Joly): On était
conditionnés, là, à venir faire avancer la cause.
Mme Harel: Moi aussi. Alors, on m'informe qu'il en sera
autrement.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on parle de la loi
ou des lois?
Mme Harel: À propos?
M. Bourbeau: Est-ce qu'on va partir avec une loi ou deux
lois?
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on vous a
mentionné les lois qui étaient pour être...
Mme Harel: Parce que vous en avez d'autres que vous aimeriez voir
adopter. Peut-être la 30?
Mme Blackburn: Pas la 30?
M. Bourbeau: Nous, en Montérégie, la 30, on la
connaît, c'est un numéro qu'on connaît bien.
Le Président (M. Joly): Nous sommes toujours sur l'article
33. Est-ce que l'article 33 est adopté?
Mme Harel: Attendez, M. le Président. Ai-je besoin, M. le
Président, d'insister, à ce moment-ci... En conclusion, je vous
dirai simplement que de nombreux mémoires - là, je pourrais les
citer - ont demandé une modification au projet de loi de manière
à ce que le gouvernement prévoie un mécanisme permettant
la désignation directe par les régions de leur directeur
général, le principe qui était recherché
étant que le directeur général devait être choisi
par le conseil d'administration et être redevable en premier lieu
auprès des représentants du milieu régional.
M. Bourbeau: Ce qui va se faire, M. le Président, c'est un
consensus entre la direction régionale, le conseil régional et la
Société. On volt qu'il y a un mécanisme, là, de
consultation réciproque. Je pense que c'est dans l'intérêt
d'une société régionale, que le directeur soit aussi
acceptable et agréé par la société mère.
Parce que, si ce n'était pas le cas, vous pouvez vous imaginer quels
problèmes on pourrait avoir avec un directeur régional qui serait
en rupture de ban avec la société mère. Ce ne serait pas
dans l'intérêt de la région non plus.
Donc, si on n'est pas capable de faire un consensus sur une personne qui
est acceptable, tant à la société régionale
qu'à la société mère, on est aussi bien de ne pas
en nommer. Ça éviterait des problèmes comme ceux qu'on
peut avoir à l'occasion.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: est-ce que, pour combler ces postes, il y aura un
concours public? est-ce que ça répond aux règles de
l'administration publique en ces matières?
M. Bourbeau: Ça c'est la Société qui va se
donner des règles, mais, vraisemblablement, ça va être des
règles semblables à celles qu'on voit dans la fonction publique.
Ce n'est peut-être pas exactement les mêmes, mais la
Société doit se donner un règlement. (17 h 50)
Mme Harel: Je prends connaissance à l'instant de l'article
du Journal de Montréal paru aujourd'hui même. Je dois vous
dire, M. le Président, que le titre est trompeur, parce que l'article ne
nous apprend rien de nouveau de ce qu'on sait déjà, à
savoir qu'à l'inverse du titre
le seul appui manifeste au projet de loi est venu de l'Association des
manufacturiers du Québec; tandis que le Conseil du patronat, les
chambres de commerce, la CSN et la FTQ ont demandé et
réclamé des amendements à ce projet de loi, et aucun des
amendements qui ont été demandés n'a été
retenu par le ministre.
Moi, je lui avais dit au ministre: II y a quatre pôles
d'opposition: il y a l'éducation, il y a les patrons, il y a le secteur
communautaire et il y a les régions. J'ai un principe très simple
dans la vie: quand ta colonne d'ennemis dépasse ta colonne d'amis,
essaie de balancer un peu, hein? C'est un principe d'une simplicité
évidemment telle qu'il me semble qu'il va chercher quelque chose qui est
profondément évident, n'est-ce pas? Mais le ministre n'a voulu
entendre de rien, parler ni d'améliorer son projet de loi en faveur des
régions, ni de l'améliorer en faveur de l'éducation, ni de
l'améliorer en faveur du secteur communautaire dans lequel on retrouve
les jeunes et les groupes de femmes. Ce n'est pas surprenant que ce soit
finalement... Et je ne parle pas des patrons qui, eux, dans le fond, ne
voulaient pas l'améliorer, voulaient le voir retirer.
M. Bourbeau: Bien, M. le Président, vraiment!
Mme Harel: II n'a apporté aucune amélioration.
Alors, qu'il ne se surprenne pas d'une opposition circonstancielle où
tout le monde se retrouve à être contre, finalement.
M. Bourbeau: M. le Président, la réalité est
tout le contraire. La réalité, c'est que tout le monde est pour.
On ne peut pas dire que tout le monde est contre la Société. Il
faut être venu à la commission parlementaire pour voir qu'en
principe tout le monde est d'accord, mais tout le monde voudrait y ajouter un
petit changement, c'est .évident. D'ailleurs, la députée
de Maison-neuve passe son temps à nous dire, à chaque article...
Bon, elle a fait une espèce de résumé de la position de
chaque organisme par rapport à chaque article. Je dois dire qu'elle a
fait un travail considérable. Elle a certainement un bon recherchiste,
M. le Président, parce que, quand on arrive à l'article
numéro un tel, plutôt que de nous donner la liste de tous ceux qui
étaient en faveur, elle nous dit: Tel organisme, par exemple, les
zouaves pontificaux ont dit qu'à cet égard ils n'étaient
pas d'accord sur tel point. C'est facile. C'est évident que, sur les 80
organismes, il n'y a personne qui a dit: On est d'accord sur les 95 articles du
projet de loi, parce que, sans ça, on ne vient pas en commission
parlementaire. Quand on vient, c'est pour dire des choses.
Alors, on dit: Sur le principe, je suis d'accord - et la plupart ont dit
ça - mais, sur les modalités, on aimerait un changement ici, un
changement là, un changement là. La députée, ce
qu'elle fait, c'est qu'elle prend les changements de chacun. Mais, moi, je
dirais que, sur l'essentiel, on a un solide consensus sur l'opportunité,
la nécessité d'une Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre et, si ce n'est pas le cas, comment
ça se fait que tout le monde veut siéger au conseil
d'administration?
Vous savez comme moi, le gros problème qu'on a, c'est de faire
rentrer sur 18 sièges à peu près 80 groupes,
peut-être plus que 80 groupes même qui voudraient y être.
Alors, si c'est si mauvais que ça, pourquoi on se bouscule aux portes
pour en être? Vous-même, vous vouliez, hier, ajouter des
sièges pour faire entrer les femmes, les jeunes, les groupes
communautaires, puis on pourrait en nommer d'autres.
Alors, la réalité, c'est qu'il y a un solide consensus. La
FTQ, la CSN, on le sait, nous, veulent qu'on passe le projet de loi. Vous le
savez, vous aussi. L'Association des manufacturiers du Québec est
probablement l'association patronale qui est la plus engagée dans le
développement économique du Québec avec des fonctions des
gens d'affaires qui ne sont pas seulement dans le commerce, mais qui sont dans
le développement industriel, générateur d'emplois par
excellence.
Mme Harel: Ça, c'est pour discréditer les chambres
de commerce.
M. Bourbeau: Bref, on peut dire d'une façon
générale qu'il y a un solide consensus à travers la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Je ne vois pas pourquoi la députée de
Hochelaga-Maisonneuve tire des conclusions opposées. Il n'y a rien qui
justifie de tirer ces conclusions-là. Tout ce qu'elle peut dire, c'est
que tout le monde n'est pas d'accord avec chacun des 95 articles du projet de
loi, ça, je le concède, mais essayez d'en faire un projet de loi,
vous, qui va faire en sorte de rallier tout le monde sur chacun des articles.
Ce n'est pas possible.
D'ailleurs, je ne recherche pas ça, non plus. Probablement que,
si j'essayais par un processus mathématique de dire: II y en a 42 en
faveur de ça, 43 contre, on aurait un projet de loi qui ne se tiendrait
pas debout, parce que ce ne serait peut-être même pas
cohérent. Ça prend une cohérence dans un projet de loi et,
quand on accepte certains principes, on doit nécessairement accepter les
conclusions qui en découlent. Par exemple, arriver, puis dire: On
demande que les sociétés soient autonomes sur le plan
régional, totalement autonomes, ça implique qu'il faut totalement
démantibuler le projet de loi et tirer les conséquences de cette
décision-là.
Mme Harel: Mais, M. le Président, je veux simplement vous
dire ceci. Il y a vraiment eu une coalition sans précédent en
faveur d'un nombre réduit d'amendements. Le ministre le sait,
là. Je sais qu'il est de bonne foi et je suis sûre qu'il
doit prendre tout autant que moi connaissance de son courrier. Vous seriez
surpris de voir... Je ne veux pas tout reprendre la liste. Moi, j'ai une liste
de deux pages, 8 1/2 par 14, d'organismes qui ont écrit au ministre en
m'en-voyant copie, puis en disant: Nous demandons que les
éléments suivants soient modifiés dans le projet de loi.
L'UMRCQ, ce n'est pas rien au Québec. La CEQ, la CSN, la FTQ, la
Fédération des cégeps, la Fédération des
commissions scolaires, ce n'est pas rien. L'UPA, M. le Président, et
l'ensemble des organismes en matière d'employabilité, en
matière de développement régional, ils ne demandaient pas
le pactole.
Essentiellement, ils s'entendaient sur cinq modifications. L'ICA, le
Conseil permanent de la jeunesse, l'Institut canadien d'éducation des
adultes, les regroupements d'intervention des femmes sur le marché du
travail, en fait, cette liste-là, elle est absolument impressionnante de
gens qui ont fini par se concerter pour atténuer leurs revendications
respectives en disant: Voilà, on s'entend sur ceci: 1. accroître
le degré d'autonomie de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Ça
voulait dire réduire la tutelle du ministre, de son gouvernement et de
ses fonctionnaires sur la Société. 2. constituer des
sociétés régionales en corporations au sens du Code civil.
3. assurer une présence équitable appropriée de tous les
groupes concernés au sein des conseils d'administration. Ça,
ça voulait dire, notamment, une présence d'un quatrième
partenaire, 3 sièges sur 19. Ce n'était pas la mer à
boire. Ensuite, envisager un mécanisme électoral pour les
conseils d'administration des sociétés régionales en vue
d'assurer leur représentativité.
Voilà, M. le Président, c'est autour de ça
essentiellement que la coalition s'est organisée, en disant: Nous, on
voudrait obtenir ces changements-là avant que la Société
soit adoptée.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Alors, nous sommes toujours sur l'article 33. Est-ce que
l'article 33 est adopté?
Mme Harel: Sur division. Mme Blackburn: Monsieur... Mme
Harel: Ah, excusez!
Le Président (M. Joly): Sur division, l'article 33...
Madame.
Mme Blackburn: Moi, je voudrais juste un peu renchérir.
Dans le fond, le ministre a raison: tous les Québécois qui se
sont prononcés sur cette question veulent une politique de main-d'oeuvre
et une société la plus autonome possible capable de la porter.
Ça, je pense bien que ça a fait consensus. Tout le monde la
demande avec une insistance qu'on connaît, mais aussi avec une
volonté commune qui ne s'est à peu près jamais
exprimée, où on a retrouvé aux mêmes tables tant les
syndicats que le patronat et les coopératives. C'était d'un
intérêt sans précédent au Québec.
Mais, en même temps qu'ils ont demandé ça - le
ministre ne peut pas faire semblant qu'il ne le sait pas - qu'ils demandaient
plus d'autonomie, ils invitaient fortement le ministre à ne pas tomber
dans le piège de la centralisation, compte tenu de ses effets
pernicieux. Je pense que l'objectif n'est pas mauvais en soi, sauf qu'on le
sait, chaque fois que c'est centralisé et que vous créez des
moules, un tapis mur-à-mur en matière de programmes au
Québec, on connaît les effets. On n'est pas les seuls à le
dénoncer.
Moi, je ne viens jamais parler à une commission en mon nom
personnel. Ça ne m'a jamais intéressée. Je viens sur la
base de ce que nous présentent les principaux organismes au
Québec. Mais, évidemment, j'ai rarement l'impression, en tout cas
j'espère, je ne pense jamais être la seule à avoir le pas.
C'est pour ça que je m'inspire beaucoup des remarques de ceux qui ont
une certaine connaissance de ces activités-là et qui ont eu
à souffrir, d'une façon ou d'une autre, d'une trop grande
centralisation. Les régionaux, ils veulent la décentralisation.
Ils l'ont assumée.
Le ministre cite un exemple qui, selon lui, était vraiment
l'exemple à véhiculer à travers tout le Québec
comme étant une erreur de jugement. Je me dis que ce n'est pas vrai que,
sur une erreur de jugement, vous condamnez toutes les régions du
Québec à l'incapacité et à l'inertie. Elles se
voient mises en tutelle par une société nationale, une
société québécoise. Moi, je pense que le ministre
fait une erreur lourde et je ne comprends pas comment ses collègues
n'ont pas réussi à l'infléchir dans le sens d'une certaine
forme de décentralisation. (18 heures)
J'ai reçu, je le disais hier, de différents organismes de
la région une trentaine de lettres qui viennent des organismes les plus
crédibles dans le milieu. J'ai beaucoup de respect pou; M. Le Hir, que
je connais bien, de l'Association des manufacturiers québécois,
mais, en même temps, j'ai aussi beaucoup de respect pour les chambres de
commerce qui représentent vraiment les acteurs les plus variés du
milieu, et ils sont unanimes là-dessus. Ils sont unanimes. Ça
représente du monde. Je me dis que, si j'examinais ça, ça
doit représenter les trois quarts de la population du Québec. On
ne peut pas prétendre avoir le pas contre les trois quarts de la
population du Québec.
Comme disait mon collègue, on veut votre bien et on va le
prendre. C'est à peu près ça parce que c'était
décentralisé à ce jour. Comprenez-vous? Cn est en train de
faire le mouvement inverse. Ceux et celles qui sont dans des
régions, il me semble, doivent être sensibles à ce
discours-là. Je ne comprends pas l'entêtement du ministre. Moi, je
sais qu'il a raison quand il dit que ça appellerait des modifications
à tout le chapitre. Évidemment, parce que c'est l'esprit du
chapitre qui serait remis en cause avec une orientation qui serait basée
sur les différentes revendications.
C'est compliqué, c'est vrai que ça demande beaucoup
d'amendements, mais, comme je le rappelais, son collègue, l'actuel
ministre des Affaires municipales, disait que de commettre l'erreur,
c'était humain. C'est de persévérer dans l'erreur qui
était amoral. Il me semble qu'on ne perd jamais la face à vouloir
reconnaître qu'on n'a peut-être pas pris tout à fait la
bonne direction et qu'un éclairage un peu plus approfondi peut nous
amener à changer d'orientation. Mais on ne peut pas prétendre,
comme le fait le ministre, que tout le monde est d'accord. Tout le monde est
d'accord pour une société, il est vrai. Pour une politique de
développement de la main-d'oeuvre, on le réclame à cor et
à cri depuis de nombreuses années, mais pas à n'importe
quel prix, n'importe comment et même au risque - et c'est ça le
risque qu'on court avec la Société - que ce soit totalement
inefficace et que ce soit tellement centralisé qu'on s'enferre dans des
directives, des politiques, des règlements, l'administration, la
vérification des petits comptes, des choses comme ça. Je ne sais
pas comment vous allez fonctionner. J'essaie d'imaginer comment vous allez
gérer ça.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Alors, l'article 34
est appelé.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Joly): Non, madame. On n'a pas...
Mme Harel: On était à 33 ou...
Le Président (M. Joly): On n'en a pas discuté
encore. L'article 33 était adopté.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Je vous ai permis de
faire l'incursion que vous venez de faire, même s'il n'y avait aucun
article d'appelé. Je n'ai pas comptabilisé votre temps comme tel.
J'ai pensé que c'était important.
Mme Blackburn: Je l'apprécie. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, l'article 34 est
appelé, M. le ministre.
M. Bourbeau: Cet article fixe la durée maximale du terme
pour lequel peut être nommé le directeur d'une
société régionale. Il prévoit, en outre, que
celui-ci continue d'exercer ses fonctions à l'expiration de son mandat
et, implicitement, que son mandat peut être renouvelé. De plus, il
précise que le directeur d'une société régionale
exerce ses fonctions à temps plein.
Mme Harel: Qui va fixer le terme du mandat du directeur?
M. Bourbeau: C'est la Société.
Mme Harel: La société mère. Est-ce que
ça pourrait différer, par exemple, d'une région à
l'autre? Un terme pourrait être de trois ans dans une région, cinq
ans dans une autre?
M. Bourbeau: Théoriquement, oui, mais je ne vois pas
pourquoi. En général, ces postes-là sont des postes
importants et, enfin, au gouvernement, il est coutume de faire des nominations
de cinq ans. Je vois difficilement qu'on puisse faire des nominations à
court terme, que des gens soient intéressés à accepter des
postes semblables. Enfin, les gens qui se qualifieraient pour un poste
semblable sont des gens qui, nécessairement, ont une compétence
reconnue. Alors, je ne pense pas qu'ils se déplaceraient pour un mandat
de deux ans.
Mme Harel: Avez-vous l'intention d'apporter un amendement quant
à la composition du conseil régional?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: En conséquence, est-ce que vous allez modifier
l'article 93? 94, excusez-moi.
M. Bourbeau: 94? Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: On n'a pas prévu faire des modifications
à l'article 94. Est-ce que la députée en aurait à
suggérer?
Mme Harel: Je comprends que, parmi les amendements que vous ferez
à l'article 37 quant à la composition du conseil régional,
vous y introduirez, je crois, des personnes qui proviennent du milieu des
commissions scolaires et des collèges et également, je pense,
vous y introduirez des groupements sociaux. Est-ce que je me trompe? Je serais
surprise que vous ne consultiez, à 94, que certaines associations
susceptibles d'être représentées sur le conseil
régional plutôt que l'ensemble de celles qui devraient s'y
retrouver.
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
avait des suggestions à faire, ce n'est pas
impossible d'amender l'article 94 pour élargir la
consultation.
Mme Harel: Pardon, M. le Président?
M. Bourbeau: J'ai dit que, quand on arrivera à l'article
94, si jamais on y arrive, il ne serait pas impossible d'accepter des
suggestions si vous voulez proposer des amendements visant à
élargir la consultation. Ça va?
Mme Harel: Je regarde votre amendement à l'article 37 et
je constate qu'il n'y a pas non plus de représentation de groupes
sociaux ou de groupes communautaires autres qu'un membre pris à
même la délégation syndicale.
M. Bourbeau: C'est la même formule que pour la
société mère.
Mme Harel: En fait, c'est la même, même formule que
pour la société mère, sauf au troisième
alinéa. Deux des membres de la délégation gouvernementale
vont provenir du milieu des commissions scolaires et du milieu des
établissements d'enseignement de niveau collégial. Alors,
là, vous reprenez à votre compte l'amendement que vous avez
rejeté, que nous avions déposé concernant la
société mère.
M. Bourbeau: Oui, effectivement. Et on pourrait peut-être
le reprendre éventuellement si jamais c'était la seule chose
qu'il fallait faire pour vous convaincre d'accélérer.
Mme Harel: À l'égard de la composition du conseil
d'administration?
M. Bourbeau: Qui sait, M. le Président, des fois? Qui
sait, M. le Président? On verra.
Mme Harel: Y compris pour les corporations au sens du Code
civil?
M. Bourbeau: Je ne crois pas avoir dit ça, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas entendu ça,
M. le ministre. Ça va pour l'article 34?
Mme Harel: Oui. Moi, ça me va. Le
Président (M. Marcil): Adopté? Mme Harel:
Adopté sur division.
Le Président (M. Marcil): O.K. J'appelle l'article 35.
M. Bourbeau: Cette disposition décrit la
responsabilité du directeur d'une société régionale
au sein de cette dernière.
Mme Harel: Ai-je besoin de vous dire, M. le Président, que
cet article-là fait problème? Ai-je besoin d'insister sur le fait
que c'est un article qui a été considéré comme
provocateur, finalement, de prétendre que le directeur régional
ne va plus relever des porte-parole régionaux, mais va, en fait,
être entièrement intégré dans la relation, si vous
voulez, organique avec la société mère? En d'autres
termes, c'est le P.-D.G. de la société mère qui va
directement, par le biais de son employé qui est le directeur
régional, administrer et diriger la société
régionale. C'est là un élément majeur qui explique
une bonne partie du rejet du projet de loi 408. (18 h 10)
En fait, ce que les mémoires présentés devant la
commission ont dit sur cette question, c'est que le directeur devait être
sous l'autorité de la société régionale pour ne pas
se retrouver dans une situation contradictoire qui consisterait à
défendre les positions de la société nationale et les
intérêts de sa région, et les positions de son conseil
d'administration simultanément. Je dois vous dire que c'est pas mal la
quadrature du cercle. Il est employé de la société
mère, il relève de la société mère, son
mandat peut être ou ne pas être renouvelé par la
société mère, il n'a pas de garantie d'emploi ou de
classification maintenue, et la mesure transitoire qu'on retrouve, qui nous a
été lue à 82, ce n'est qu'une disposition transitoire. Une
fois qu'il est directeur et que la structure est en place là, ces
dispositions-là s'évanouissent. Alors, ce directeur-là n'a
pas de sécurité d'emploi, il n'a pas de sécurité de
traitement, il n'a rien d'autre comme sécurité que, s'il agit de
façon hiérarchiquement subordonnée à la
société mère, il va être bien vu. C'est
évident que, s'il défend les intérêts, les points de
vue de sa région ou de son conseil d'administration, qui entrent
éventuellement en contradiction avec ceux de la société
mère, je peux vous dire qu'il va comprendre que sa carrière est
plutôt derrière que devant lui.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, si vous voulez
intervenir sur...
M. Bourbeau: J'espère que la députée de
Chicoutimi ne nous quittera pas, M. le Président.
Mme Blackburn: L'intérêt pour la cause m'avait fait
oublier un engagement que j'ai pris alors que je ne savais pas qu'on
siégeait jusqu'à 20 heures. Je dois souper. J'ai pris un
engagement, voyez-vous.
Mme Harel: Nous allons vous regretter, madame.
Mme Blackburn: J'étais même en train de l'oublier,
puisque je devais partir à 18 heures.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée
de Chicoutimi, vous n'avez pas à justifier votre
départ.
Mme Blackburn: Je devais partir à 18 heures et vous me
l'avez même fait oublier. Voyez-vous comme j'étais...
Mme Harel: Mais nous allons la regretter, je dois vous dire, M.
le Président.
Le Président (M. Marcil): La parole est au ministre.
M. Bourbeau: C'est la mort dans l'âme qu'on la voit partir,
M. le Président.
Mme Blackburn: Oui, oui, c'est certain. Je vais vous envoyer des
fleurs.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre
l'article 35? Est-ce que la députée aurait objection?
Le Président (M. Marcil): Oui, nous suspendons l'article
35 et j'appelle l'article 36.
Mme Harel: C'est bon signe. Rôle (suite)
M. Bourbeau: M. le Président, cette disposition
prévoit qu'une société régionale est responsable au
premier chef de l'exécution des décisions de son conseil
régional.
Mme Harel: Permettez-moi de vous citer ce que. la FTQ et
l'Association des commissions de formation professionnelle disaient à
propos de cet article 36: Cet article, mis en parallèle avec l'article
46, reflète assez bien le flou entourant le rôle et les pouvoirs
des conseils régionaux et des directeurs des sociétés. Le
texte de ces articles semble mettre complètement sous tutelle les
sociétés régionales alors que leur efficacité
repose avant tout sur leur autonomie.
À l'article 46, on peut lire: «Le président de la
Société - la société mère la - peut
soumettre au conseil d'administration de la Société une
résolution prise par un conseil régional qui n'est pas compatible
avec les politiques et les règlements de la Société. La
décision du conseil d'administration de la Société lie
alors la société régionale».
Alors, toute l'économie générale du projet de loi
est organisée de façon à ce que le ministre ait un pouvoir
de tutelle sur la société mère qui a un pouvoir de tutelle
sur la société régionale.
M. Bourbeau: Oui, mais si c'est incompatible avec les
orientations de la Société, il me semble qu'il faut avoir un cran
d'arrêt quelque part. Mme la députée ne peut pas être
en faveur de l'anarchie totale et absolue.
Mme Harel: Déjà, à l'article 17, vous aviez
pris vos précautions...
M. Bourbeau: Mieux vaut deux fois qu'une.
Mme Harel: ...et nous avions voté en faveur, je pense, de
cet article, à moins qu'il ne soit suspendu.
Une voix: II est suspendu.
Le Président (M. Marcil): II est suspendu, je pense,
l'article 17.
Mme Harel: Nous nous apprêtions à voter en faveur,
M. le Président, parce que, effectivement, la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre et ses
composantes doivent élaborer, mettre en oeuvre et gérer des
programmes dans le cadre des politiques établies en vertu de la loi du
ministère. Ça, c'est une chose que le ministre doit prendre pour
acquise en ce qui concerne l'Opposition. C'est une chose de dire que la
société mère et les sociétés
régionales doivent gérer dans la perspective des politiques du
ministère, et c'est une autre chose de dire que la société
régionale va être liée pas seulement aux politiques du
ministère, ce qui va de soi, mais va être liée aussi
à la tutelle de la société mère. C'est ça
qui est introduit par l'article 46.
M. Bourbeau: La société mère va se donner
des politiques de gestion aussi, une politique d'embauché, par exemple,
du personnel. S'il arrivait qu'une société régionale
décide de procéder a des engagements sans concours, par exemple,
en nommant une personne comme ça, la société mère
pourrait, à l'aide de cet article-là, annuler la décision
et demander qu'on suive les politiques de la Société. Alors, il
me semble qu'on doit se garder certains contrôles.
Mme Harel: Je pense que, sur cette question de l'embauche et des
effectifs, vous avez déjà fait valoir que société
mère ou société régionale, quoi qu'il en soit,
finalement, tout le monde est tenu aux politiques du Conseil du
trésor.
M. Bourbeau: C'est uniquement pour l'article 11, deuxième
paragraphe: «Les normes et barèmes de rémunération
ainsi que les autres conditions de travail de ces employés sont
établis par la Société», mais non pas les normes
d'embauché.
Mme Harel: Les normes d'embauché. Vous voulez parler,
à ce moment-là, du rôle que joue l'office de recrutement du
personnel dans la fonction publique, l'équivalent. C'est ce qu'on doit
comprendre? Société mère ou société
régionale, il est évident que les politiques du
Conseil du trésor en matière d'embauché vont
prévaloir s'il y a un gel de l'embauche. Si le Conseil du trésor
décrète un gel de l'embauche, il vaudra aussi pour cet organisme
gouvernemental.
M. Bourbeau: oui. là, on parle de la façon de
procéder à l'embauche, la façon de nommer, d'engager. on
peut procéder par un jury, tant de personnes avec tel... ça,
c'est...
Mme Harel: Est-ce que vous êtes d'accord que, sur le volume
d'effectifs et sur la rémunération, c'est assujetti au Conseil du
trésor?
M. Bourbeau: Sur la rémunération, oui. Les budgets
sont contrôlés par le Conseil du trésor. Donc, le volume
d'effectifs est nécessairement contrôlé aussi.
(Consultation)
Mme Harel: Ce que je lis à ce sujet-là dans le
mémoire au Conseil des ministres, c'est ceci: Pour éviter des
contrôles redondants ou inutiles en ces matières, la
possiblité de désavouer le règlement relatif aux
conditions de nomination du personnel et au plan d'effectifs pourrait
être retirée, puisque le gouvernement détient le
contrôle de la masse salariale et des conditions de travail, notamment,
par l'entremise du processus budgétaire annuel.
M. Bourbeau: C'est ce que j'ai dit tantôt.
Mme Harel: Donc, ce n'est pas, en fait, dans ce sens-là
que pourrait être utilisé l'article 46. En tout cas, ce n'est ni
sur les conditions de travail ou sur la masse salariale. Sauf que le ministre a
raison, sur les conditions de nomination de son personnel, la
société mère peut se doter d'un règlement à
ce sujet. Mais comme c'est un règlement, et que le règlement aura
valeur réglementaire donc, de publication, etc., je ne vois pas en quoi
c'est couvert par l'article 46. À 46, on dit: «une
résolution». Alors, je ne crois pas que ça concerne,
à 46, ni l'embauche, ni les conditions, ni la masse salariale.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
attirer votre attention, s'il vous plaît? (18 h 20)
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Bourbeau: Me Crevier.
M. Crevier (Luc): Si je peux me permettre, en fait, le
règlement sur la nomination du personnel est, effectivement, sous le
contrôle de la Société et il n'y a ni désaveu ni
approbation. Ceci dit, il serait possible, je pense, qu'une
société régionale prenne une décision qui irait
à rencontre d'un règlement et, à ce moment-là, on
permettrait l'intervention, par l'article 46, pour mettre fin aux effets, si on
veut, de la décision en question, mais c'est une possibilité. je
pense qu'elle a été évoquée tantôt, et
ça demeure possible.
Mme Harel: Si une telle disposition n'était pas
formulée, comment imaginer que la société mère
n'aurait pas tout autant le pouvoir de faire respecter ses politiques et ses
règlements?
M. Crevier: Là, c'est-à-dire que...
Mme Harel: Là, c'est vraiment comme les bretelles.
Là, vous mettez les ceintures et les bretelles. Vous dites que c'est
seulement des entités. C'est incroyable tout le soin que vous prenez
à dire, dans tout ce chapitre III: C'est une entité. Cette
entité régionale administre les programmes de la
société mère dans la mesure déterminée par
la société mère. C'est la société
mère qui nomme le directeur général après la
proposition de la société régionale, mais, à
défaut de s'entendre, c'est la société mère qui
nomme toute autre personne. Le directeur régional est responsable sous
l'autorité de la société mère. La
société régionale va être assujettie à la
société mère. Je veux dire, c'est la croix et la
bannière, là.
M. Crevier: C'est-à-dire que les conseils régionaux
ont des pouvoirs réels en vertu du projet de loi et la
société régionale, en particulier le directeur, se trouve
liée par ce que lui commande le conseil régional. C'est pour
résoudre un conflit juridique, en fait, que l'article 46 a
été prévu.
Mme Harel: Mais comment les CFP ont pu tant faire souffrir le
ministère? Au fil des années, qu'est-ce qui a bien pu se passer
pour que le ministère ait tant souffert des CFP qu'il prenne à ce
point des précautions pour être sûr de garder le
contrôle?
M. Bourbeau: M. le Président, on ne se plaint pas des CFP.
On met sur pied un organisme qui va probablement devoir gérer des
budgets qui peuvent aller jusqu'à 8 000 000 000 $ ou 9 000 000 000 $,
n'exagérons rien, quand on va récupérer
l'assurance-chômage, et on se donne les moyens d'avoir une gestion
efficace. c'est tout. on ne porte pas de jugement sur les cfp. on ne parle plus
de la même chose. on parlait d'un organisme qui gérait 30 000 000
$, 50 000 000 $ ou peut-être un peu plus et là on passe à
un organisme qui va gérer peut-être 10 000 000 000 $ l'an prochain
ou dans deux ans. je pense qu'on ne parle pas de la même chose.
Mme Harel: Je ne voudrais surtout pas, M. le Présider.;,
être celle par qui les mauvaises nouvelles arrivent, mais je dois vous
dire que ça
n'a pas l'air d'être parti pour un transfert des budgets de
l'assurance-chômage. Ça n'a pas l'air parti pour ça du
tout, du tout, du tout.
M. Bourbeau: On compte sur vous pour nous aider. On compte sur la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour nous supporter, M. le
Président, mais, si elle montre le même empressement à nous
supporter que présentement...
Mme Harel: Le ministre ne peut pas dire que je lui ai nui, hein?
À intervalles réguliers, je me suis assurée qu'il
maintenait son intention de rapatrier la compétence exclusive.
M. Bourbeau: Elle n'a pas le même empressement à
adopter la loi 408.
Mme Harel: Le ministre le sait, quelques amendements me
satisferaient.
M. Bourbeau: Je vous en ai offert un tout à l'heure. Vous
n'avez pas voulu le prendre.
Mme Harel: Lequel?
M. Bourbeau: À l'article 5, là.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 36 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée,
l'article 36, ça va?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur division. J'appelle
l'article 37.
(Consultation)
Le Président (M. Marcil): M. le ministre vous...
M. Bourbeau: L'article 37, M. le Président?
Conseils régionaux Établissements et
composition
Le Président (M. Marcil): Oui, c'est appelé.
M. Bourbeau: C'est un numéro qui est célèbre
dans les annales du ministère.
Mme Harel: C'est considéré comme un bon ou un
mauvais coup?
M. Bourbeau: C'est un très bon coup, en ce qui me
concerne.
Cette disposition prévoit la constitution d'un conseil
régional au sein de chaque société régionale,
formé de 19 membres dont 18 sont nommés par le gouvernement, le
dix-neuvième étant le directeur de la société
régionale qui est d'office membre du conseil régional. Elle en
décrit la composition, qui reprend le même modèle
tripartite et prévoit les mêmes mécanismes de consultation
que pour le conseil d'administration de la Société, mais sur un
plan régional, cette fois, avec les particularités concernant les
représentants du gouvernement. L'amendement que je propose vise à
remplacer l'article 37 du projet de loi par le suivant: «37. Un conseil
régional est établi pour chaque société
régionale. Il est composé de 19 membres dont 18 sont
nommés par le ministre parmi les personnes qui oeuvrent de façon
active dans la région, comme suit: «1° six membres qui
représentent la main-d'oeuvre dont cinq sont choisis après
consultation des associations de salariés les plus
représentatives de la région; «2° six membres qui
représentent les entreprises dont cinq sont choisis après
consultation des associations d'employeurs les plus représentatives de
la région et un après consultation des organismes du milieu
coopératif les plus représentatifs de la région;
«3° six autres membres dont un provient du milieu des commissions
scolaires et un autre du milieu des établissements d'enseignement de
niveau collégial; ces deux derniers membres sont choisis après
consultation des milieux concernés. «Le directeur de la
société régionale est d'office membre du conseil
régional.»
Cet amendement a plusieurs objets, M. le Président, comme vous le
constatez. Il porte le nombre de membres d'un conseil régional de 13
à 19, c'est-à-dire 3 blocs de 6 membres au lieu de 3 blocs de 4
membres, auxquels se greffe le directeur de la société
régionale visée. Il prévoit que les 18 membres des 3 blocs
pertinents sont nommés par le ministre plutôt que par le
gouvernement. Il permet d'élargir la composition du bloc main-d'oeuvre
en réservant cinq sièges aux représentants des
associations de salariés et en gardant ouvert un sixième
siège qui pourra permettre une représentation particulière
de la main-d'oeuvre non syndiquée ou en chômage de certains
groupes défavorisés sur le marché du travail, etc. Il
précise le partage à l'intérieur de la
représentation des entreprises: cinq membres seront choisis après
consultation des associations d'employeurs et un le sera après
consultation des organismes du milieu coopératif. Finalement, il permet
d'élargir la représentation du milieu de l'enseignement en
référant non plus au milieu des collèges d'enseignement
général et professionnel, mais au milieu des
établissements d'enseignement de niveau collégial, de
façon à englober les collèges privés.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Ça veut donc dire que le directeur de la
société régionale va être aux prises avec une
situation quasi insupportable, en tout cas très, très
inconfortable. Il va être membre du conseil régional d'office,
lié aux décisions du conseil régional, et en même
temps salarié de la société mère, subordonné
hiérarchiquement aux décisions du président-directeur
général. Avez-vous idée de la situation insupportable,
inconfortable, en tout cas, à tout le moins, dans laquelle on va
installer le directeur d'une société régionale?
Vous-même, accepteriez-vous cela, M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Ce serait un beau défi,
Mme la députée.
M. Bourbeau: Est-ce que vous soumettez votre candidature, M. le
Président?
Le Président (M. Marcil): Oui, j'ai l'intention, M. le
ministre, de la soumettre comme directeur général de la
société mère.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Oh!
Le Président (M. Marcil): J'ai annoncé mes
couleurs.
M. Bourbeau: Rien de moins!
Mme Harel: Est-ce qu'on peut suspendre juste quelques
minutes?
Le Président (M. Marcil): Oui, nous allons suspendre
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 18 h 35)
Le Président (M. Marcil): Nous étions à
l'article 37. Est-ce qu'il est adopté?
Mme Harel: Attendez, M. le Président, qu'on se retrouve.
Ah, mon Dieu, non!
Le Président (M. Marcil): Non?
Mme Harel: Attendez, attendez. D'abord, c'est un article qui est
amendé.
Le Président (M. Marcil): Amendé?
Mme Harel: On en est au début de l'examen de l'amendement,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Marcil): Exactement. Vous avez raison, on
discutait de l'amendement.
Mme Harel: On discutait déjà, avant de se quitter,
de la situation inconfortable dans laquelle le directeur de la
société régionale allait se trouver.
M. Bourbeau: Selon vous.
Mme Harel: Je vous demandais, d'aiHeurs, M. le Président,
si vous-même, vous accepteriez une position aussi inconfortable.
Le Président (M. Marcil): J'ai répondu à
cette question.
Mme Harel: Oui, j'ai compris la réponse.
Le Président (M. Marcil): J'aime les missions...
Mme Harel: Et les défis?
Le Président (M. Marcil): ...et les défis.
Mme Harel: Les missions impossibles?
Le Président (M. Marcil): II n'y a rien d'impossible, vous
savez, en politique.
Mme Harel: Bon. Concernant le troisième paragraphe, je
comprends que le ministre a choisi, cette fois-ci, comme le lui proposait
d'ailleurs l'Opposition en ce qui concerne la société
mère, de nommer deux membres qui proviennent du milieu des commissions
scolaires et du milieu des établissements d'enseignement de niveau
collégial. Le ministre a ajouté une nuance de taille qui est la
suivante: il dit n'avoir pas voulu préciser, au niveau collégial,
qu'il s'agissait d'établissements d'enseignement publics; il pourrait
donc nommer, pour représenter le secteur de l'éducation, tout
autant un représentant du secteur privé au niveau
collégial comme au niveau secondaire, j'imagine, également, M. le
ministre?
Le Président (M. Marcil): C'est sûrement du niveau
secondaire et collégial.
Une voix: Collégial.
Mme Harel: Collégial.
M. Bourbeau: Collégial seulement.
Mme Harel: Au niveau secondaire, vous maintenez les
établissements publics et...
Le Président (M. Marcil): C'est ça.
Mme Harel: ...au niveau collégial, vous l'ouvrez aux
établissements publics et privés. Pourquoi au niveau
collégial?
M. Bourbeau: Parce qu'on m'a dit qu'au niveau secondaire,
à toutes fins pratiques, il n'y a pas d'établissements
privés.
Mme Harel: Ah, mon Dieu! Je pense qu'on vous a induit en
erreur.
M. Bourbeau: Qui font de la formation professionnelle, bien
sûr.
Le Président (M. Marcil): De la formation professionnelle
dans le secteur privé...
Mme Harel: Ah! Qui font de la formation professionnelle.
M. Bourbeau: Cela va de soi.
Mme Harel: Alors, au niveau des établissements
d'enseignement de niveau collégial, est-ce que votre intention serait
éventuellement de nommer sur une société régionale
un seul représentant? Il faut bien le comprendre, il s'agit d'un seul
siège détenu par un membre provenant du milieu des
établissements d'enseignement de niveau collégial. Vous
envisageriez que ce seul siège soit détenu par quelqu'un
provenant de l'enseignement privé?
M. Bourbeau: Écoutez, il n'y a rien qui empêche de
le penser. Si la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
me donnait son avis dans ce sens-là, il n'est pas impossible qu'il en
soit ainsi. Il y a des régions où il y a des collèges
privés qui ont une excellente réputation dans certains domaines.
À Montréal, en particulier, il y a des collèges
privés qui sont...
Mme Harel: Je suis surprise que vous mentionniez la
recommandation d'un collègue ministre à cet égard parce
que, finalement, ce que la loi dit, c'est que vous devez consulter, oui, mais
pas les ministres; vous devez consulter les milieux concernés.
M. Bourbeau: Je m'excuse, là, les milieux
concernés, oui. Je m'excuse, j'étais distrait. J'avais l'esprit
sur la société mère, M. le Président.
Mme Harel: Ça veut donc dire...
M. Bourbeau: Effectivement, dans les régions, les milieux
concernés vont être consultés par le ministre.
Mme Harel: Alors, vous pourriez nommer, par exemple, à
rencontre de la consultation menée...
M. Bourbeau: On comprendra qu'après le nombre d'heures
où on travaille des fois on peut avoir une certaine distraction.
Mme Harel: Je le comprends parfaitement. Vous pourriez nommer
quelqu'un provenant d'un établissement privé, par exemple,
à rencontre de la consultation menée dans le milieu
collégial. C'est ce qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Bien non. La consultation que je pourrais mener dans
le milieu collégial pourrait m'amener à conclure qu'il serait
indiqué de nommer quelqu'un qui pourrait aussi bien provenir du secteur
privé que du secteur public.
Mme Harel: Si cette consultation ne vous permettait pas de tirer
cette conclusion, est-ce que vous envisageriez de nommer quand même
quelqu'un du secteur privé? (18 h 40)
M. Bourbeau: Je ne crois pas, non, parce que, d'après
l'article de loi, on fait obligation au ministre de consulter. Alors, il me
semble que, quand on consulte, si je n'ai absolument aucun avis dans ce
sens-là, ça irait à rencontre de l'esprit de l'article. Je
crois qu'il n'y a rien qui empêcherait quand même le ministre de
procéder à une nomination dans le secteur privé, mais
ça ne m'apparaitrait pas être dans la logique des choses.
Mme Harel: Alors, je reviens au deuxième alinéa
où on parle donc d'une délégation de «six membres
qui représentent les entreprises dont cinq sont choisis après
consultation des associations d'employeurs les plus représentatives de
la région». Comment allez-vous établir ces associations
d'employeurs?
M. Bourbeau: II existe...
Mme Harel: Sont-elles sur le même modèle pour vous
que celles que vous pensez consulter au niveau de la société
mère?
M. Bourbeau: II peut y avoir des variantes. Dans certaines
régions, il peut y avoir des associations d'employeurs qu'on ne retrouve
pas dans d'autres régions. J'ai l'intention de faire en sorte de
consulter le plus grand nombre possible d'associations d'employeurs afin de
dégager des propositions qui soient de nature à refléter
autant que possible les points de vue du milieu, des régions.
Mme Harel: Avez-vous une liste d'associations d'employeurs
identifiées comme représentatives?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai tellement le respect de
l'Assemblée nationale que je n'ai pas présumé de
l'adoption de la loi; donc, on n'a pas commencé à faire aucun
travail dans ce
sens-là.
Mme Harel: Donc, en fait, vous n'êtes pas pressé, si
je comprends bien.
M. Bourbeau: m. le président, je ne pense pas qu'on puisse
conclure ça de mes propos. je suis très respectueux des pouvoirs
de l'assemblée nationale, cependant.
Mme Harel: comment une association qui, elle, se juge
représentative et qui n'aurait pas été consultée
par le ministre peut-elle faire valoir son point de vue?
M. Bourbeau: Écoutez, c'est une norme qui est objective.
Les employeurs qui sont les plus représentatifs, bien sûr... On
connaît généralement les organisations qui sont les plus
représentatives dans chaque région.
Mme Harel: C'est donc dire que, puisqu'il s'agit d'associations
d'employeurs représentatives de la région, ce sont des
associations qui auraient leur siège social en région?
M. Bourbeau: Non, je ne crois pas que l'article aille
jusqu'à dire ça. Par exemple, le siège social d'une
centrale syndicale peut être à Montréal et elle peut avoir
des activités dans une région donnée. Si elle est
très active dans une région donnée, on peut dire qu'elle
est représentative.
Mme Harel: On reviendra avec...
M. Bourbeau: Je m'excuse. Je m'excuse, c'est la même
chose...
Mme Harel: ...le premier alinéa qui porte sur les
associations de salariés.
M. Bourbeau: Alors, transposez ma phrase pour les patrons. C'est
la même chose.
Mme Harel: Je ne crois pas qu'il soit possible de transposer de
la même façon. Dans le cas des associations syndicales, elles sont
connues pour avoir une représentation de structure régionale. Je
ne crois pas que ce soit l'équivalent pour les patrons, sauf pour les
chambres de commerce. Je ne crois pas que l'Association des manufacturiers du
Québec ait aucun chapitre régional ou aucune section
régionale. Je crois que leur organisation est fondée sur une
structure provinciale. On m'a dit que c'est la même chose pour le Conseil
du patronat. Le Conseil du patronat aurait même, dans certaines
régions, une poignée de membres.
M. Bourbeau: Je pense qu'il faut lire ces articles-là avec
un esprit ouvert. Même si le
Conseil du patronat, par exemple, n'a pas une succursale dans chaque
régior, eu un bureau régional, etc., il y a certainement des
membres dans la région qui font partie du Conseil du patronat, et, dans
ce sens-là, on pourrait consulter ces membres-là. C'est la
même chose pour l'Association des manufacturiers du Québec, mais
là je crois qu'ils ont des chapitres régionaux, pour en avoir,
à l'occasion, discuté avec des dirigeants. Mais je l'affirme sous
toutes réserves.
Mme Harel: Même chose pour les chambres de commerce?
M. Bourbeau: Même chose.
Mme Harel: Lorsqu'une association se considérerait comme
représentative et voudrait faire appel du fait de ne pas avoir
été consultée, comment pourrait-elle procéder?
M. Bourbeau: Écoutez, si un organisme craint de ne pas
être consulté, il peut toujours s'adresser au ministre pour faire
valoir sa présence. Peut-être que le ministre peut, à
l'occasion, ne pas connaître la présence d'un organisme
d'employeurs nouveau, par exemple, qui aurait été formé
récemment.
Mme Harel: Ça a l'air convaincant. L'information peut-elle
m'être transmise?
M. Bourbeau: oui. le sous-ministre m'a glissé à
l'oreille quelques mots, mais je n'ai pas d'objection à ce que ce soit
répété devant la commission, m. le président.
M. Pronovost: Si vous me permettez de répéter les
mots en question, je disais au ministre que la règle d'or dans ces
consultations-là, c'est de les faire un petit peu plus larges que trop
étroites. C'est généralement ce qu'on fait.
Mme Harel: De plus, c'est que, finalement, c'est le ministre qui
les nomme.
M. Pronovost: Alors, c'est rare que les gens se plaignent qu'ils
ne sont pas consultés.
Mme Harel: Dans le projet de loi initial, le gouvernement nommait
les membres des sociétés régionales. Dans l'amendement, je
constate que c'est maintenant le ministre qui les nomme. Pourquoi, finalement,
ce changement?
M. Bourbeau: C'est dans un effort de simplifier la loi, pour lui
donner plus de souplesse, d'autant plus que, dans plusieurs
sociétés qui ont des réseaux régionaux, des
succursales régionales, il est coutume que ça soit le ministre
qui procède à ces nominations-là plutôt que le
gouvernement, pour ces entités régionales. Adop-
té, M. le Président.
Mme Harel: Je comprends donc que le ministre a choisi de se
réserver les nominations.
M. Bourbeau: Disons que...
Mme Harel: Ça se ferait par décret?
M. Bourbeau: Ça se fait par un écrit du ministre.
Il y a de nombreux précédents.
(Consultation)
Mme Harel: C'est donc par décret que ces nominations se
feraient?
M. Bourbeau: Non, c'est justement ce que je n'ai pas dit. Ce
n'est pas par décret, c'est par une lettre du ministre, comme les
comités consultatifs régionaux où les membres sont
nommés par lettre du ministre, comme les conseils des collèges,
me dit-on, plutôt les membres socio-économiques des conseils des
cégeps sont nommés par lettre du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. (18 h 50)
Mme Harel: Le ministre a-t-il un pouvoir de destitution sur ces
personnes?
M. Bourbeau: II est prévu dans la loi, le pouvoir de
destitution, à ce moment-là. À moins qu'il y ait des
motifs sérieux et là il y aura toujours possibilité de ne
pas renouveler le mandat à l'expiration.
Mme Harel: Dans la mesure où un des membres ne
participerait pas aux travaux de la Société, après un
certain nombre de réunions où il fait défaut d'être
présent, se verrait-il automatiquement appliquer la règle de la
destitution?
M. Bourbeau: La Société pourrait prévoir la
disqualification dans son règlement de régie interne pour
quelqu'un qui n'assisterait pas à un certain nombre de réunions
du conseil, par exemple, sans raison valable.
Mme Harel: Le ministre va reconnaître que de nombreuses
représentations avaient été faites au moment de la
commission sur l'élargissement du conseil régional de la
société régionale. S'il est vrai que le ministre avait
toujours opposé une fin de non-recevoir au niveau de la
société mère, il me semble de mémoire que ce
n'était pas aussi évident à l'égard des
sociétés régionales. Le ministre avait l'air d'examiner le
scénario d'un élargissement des groupes sociaux, notamment des
corporations de développement économique et communautaire, et
avait l'air, il me semble, d'examiner sérieusement la possibilité
d'élargir la représentation des personnes sans emploi, des
personnes non syndiquées, des femmes, des jeunes et des
communautés culturelles particulièrement à
Montréal.
Je me rappelle, lorsque les groupes des communautés culturelles
étaient venus présenter leur mémoire, que le ministre
avait évoqué cette possibilité que la
représentation soit élargie et que les sociétés
régionales permettent une plus grande participation. Ça a
été écarté, finalement, au profit du même
modèle dans les sociétés régionales que dans les
sociétés mères, avec un seul siège qui soit
utilisé dans le cadre de la délégation syndicale, 1 seul
siège qui soit réservé, sur les 19, à la
représentation de toutes ces personnes non syndiquées, sans
emploi, femmes, jeunes et autres.
M. Bourbeau: Pas exactement, non. D'abord, on a élargi,
comme vous le dites, la composition du conseil régional. On passe de 13
membres à 19. D'autre part, les groupes dont vous parlez pourront
être admis dans les délégations qui sont prévues,
soit dans la délégation des travailleurs, soit dans la
délégation patronale, les jeunes, par exemple, ou les femmes,
dans la délégation gouvernementale aussi. Il y a suffisamment de
place pour accueillir un nombre suffisant de personnes représentant les
groupes dont vous venez de parler.
Mme Harel: Donc, la problématique territoriale... Les
corporations de développement économique et communautaire pour
les milieux urbains - pensons au sud-ouest ou à l'est, à
Montréal - n'auraient pas la possibilité d'être
représentées ou de détenir un siège.
M. Bourbeau: Non, je ne pense pas que vous puissiez conclure
ça de mes propos. Au contraire, il y a toute la place qu'il faut pour
accueillir les représentants de ces groupes.
Mme Harel: Mais il y a un siège, un seul siège.
Vous trouvez que c'est toute la place?
M. Bourbeau: Je comprends, mais il y a aussi la difficulté
qu'on peut avoir à déterminer qui représente les
non-syndiqués. Comment fait-on pour déterminer qui est le
représentant officiel des non-syndiqués? Il n'y a pas de
méthode. Alors...
Mme Harel: pourtant, m. le ministre, vous en avez nommé
sur le conseil d'administration de la commission des normes du travail.
ça n'avait pas l'air d'être si compliqué.
M. Bourbeau: Non, mais je ne suis pas sûr qu'il soit...
Mme Harel: Votre collègue de la Santé et des
Services sociaux, qui a à gérer, vraiment, un foisonnement pas
mal plus impressionnant de groupes divers, a fait constituer par les CRSSS,
les conseils régionaux de la santé et des services
sociaux, de chacune des régions des listes d'organismes
représentatifs. À Montréal, je pense que ça fait
800 à 850 organismes. Il a procédé à
l'équivalent d'assemblées générales où ils
ont, par un processus de nomination, procédé à des choix
de représentants. Ça a l'air tellement impossible quand il s'agit
de main-d'oeuvre et de formation professionnelle, puis pourtant ça avait
l'air si simple quand il s'agissait d'établissements de santé et
de services sociaux. Les budgets sont aussi impressionnants, là. Ce
n'est pas parce que, éventuellement, il y aurait des transferts de
budgets fédéraux à la Société que ça
donne plus de responsabilité financière que peut l'avoir la
régie régionale de Montréal.
M. Bourbeau: Quand on parle de main-d'oeuvre, quand on parle de
formation professionnelle, c'est un domaine qui est totalement différent
du domaine de la santé. Alors, ce n'est pas étonnant que les
structures soient différentes.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Harel: M. le Président, l'article 36 a
été adopté déjà sur division?
Le Président (M. Marcil): On l'a suspendu, je crois.
Mme Harel: Nous l'avons suspendu.
Le Président (M. Marcil): C'est l'article 35.
Adopté, l'article 36, oui.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Oui. L'amendement à
37...
Mme Harel: Alors, j'aurais un sous-amendement à
déposer, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Allez, madame.
Mme Harel: II se lit comme suit: Article 37. Remplacer les
paragraphes 1°, 2° et 3° du premier alinéa de l'article 37
amendé par les suivants: 1° cinq membres choisis après
consultation des associations de salariés les plus
représentatives de la région; 2° cinq membres qui
représentent les entreprises dont quatre sont choisis après
consultation des associations d'employeurs les plus représentatives et
un après consultation des organismes du milieu coopératif les
plus représentatifs de la région; 3° trois membres
représentant le secteur communautaire le plus représentatif de la
région dont une représentante des groupes de femmes; 4° six
autres membres dont un provient du milieu des collèges d'enseignement
général et professionnel et un autre du milieu des commissions
scolaires; ces deux derniers sont choisis après consultation des
réseaux scolaires concernés.
Le Président (M. Marcil): Je vais faire faire des
photocopies.
Mme Harel: J'en ai déjà... Ah oui, d'accord.
M. Bourbeau: Ça va.
Le Président (M. Marcil): Voulez-vous que je vous relise
le sous-amendement? Voulez-vous faire votre plaidoirie, Mme la
députée? Non? Ça va?
Mme Harel: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Marcil): Non, non, non, c'est recevable.
Je n'ai pas...
M. Bourbeau: On était suspendus à vos
lèvres, M. le Président. Vous venez de me causer une grave
déception. Je m'attendais à ce que vous prononciez un jugement
contraire.
Mme Harel: M. le Président, ceci dit, c'est, finalement,
un amendement qui s'inspire de celui que nous présentions à
l'article 5. Nous le faisons sur le même modèle, pour les
mêmes raisons. C'est une représentation élargie à un
quatrième partenaire, pour les mêmes raisons, des raisons qui
s'inspirent aussi d'expériences étrangères et qui
s'inspirent surtout de la spécificité québécoise,
M. le Président. J'ai abondamment décrit l'importance que le
milieu communautaire revêt au Québec. Je crois que nulle part,
dans aucune autre société, on ne fait gérer par des
usagers sur un conseil d'administration des établissements de
santé et de services sociaux, des établissements
d'éducation. Je crois que la vie communautaire au Québec a
atteint un degré de maturité et d'organisation que bien des
sociétés industrialisées nous envient. Ça permet de
faire reculer la gestion étatique de la vie en société.
(19 heures)
Je crois que c'est une erreur profonde que de confondre l'intervention
et la gestion par l'État. L'État peut intervenir sans
nécessairement gérer. C'est là une conception qui a
confondu les deux pour en tirer le monopole, à mon point de vue, d'une
certaine classe sociale qui, en gérant l'intervention de l'État,
s'est trouvée, à ce moment-là, à assurer son plan
de carrière.
Alors, pour toutes ces raisons, M. le Président, je crois
qu'autant on peut être en
faveur d'une intervention de l'État, autant on peut souhaiter
soutenir une gestion qui soit élargie au secteur communautaire. Parce
que le secteur communutaire, de plus en plus, gère ce que l'État
ne se trouve plus capable de faire, et pas seulement parce qu'il n'en a pas les
moyens. C'est évident qu'il y a une tentation d'utiliser le
communautaire comme sous-contractant parce que ça coûte moins
cher. C'est d'ailleurs une grave erreur. Mais de plus en plus le communautaire
gère là où il s'est avéré que l'intervention
de l'État avait ses limites.
C'est le cas en matière de main-d'oeuvre et de formation
professionnelle, en matière d'em-ployabilité, en matière
de développement de l'emploi, en matière de développement
de la main-d'oeuvre. Malheureusement, le projet de loi passe à des
années-lumière de cette réalité-là qui,
pourtant, s'est imposée dans nos milieux. Les groupes communautaires
sont de loin ceux qui sont les plus efficaces, souvent, pour rejoindre les
personnes qui sont éloignées du marché du travail de
façon chronique et qui ont perdu de l'estime d'elles-mêmes, qui se
sentent dévalorisées et qui se sentent
dépréciées dans une société où,
finalement, on valorise plus ce que vous faites que ce que vous êtes.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a des
commentaires de la part de M. le ministre sur le sous-amendement, avant que je
le mette aux voix?
M. Bourbeau: Mme la députée a correctement dit
qu'elle avait proposé un amendement semblable à l'article 5 et
que, pour les mêmes raisons, elle proposait l'amendement à
l'article 37. Tout ce que je peux répondre, c'est que, pour les
mêmes raisons pour lesquelles nous n'avons pu accepter l'amendement
à l'article 5, nous ne pouvons pas l'accepter non plus à
l'article 37 par voie de cohérence.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Un appel nominal.
Le Président (M. Marcil): Un appel nominal, donc, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)? M. Bourbeau:
Contre, M. le Président. Le Secrétaire: Mme Bleau
(Groulx)? Mme Bleau: Contre.
Le Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay)? Mme
Cardinal: Contre.
Le Secrétaire: M. Marcil (Salaberry-Soulan-ges)?
Le Président (M. Marcil): Contre. Le sous-amendement est
rejeté. Nous revenons à l'amendement. Bien non. C'est un
amendement à l'article 37.
M. Bourbeau: L'amendement, très bien.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que je mets l'amendement
à l'article 37 aux voix?
M. Bourbeau: Même vote inversé, M. le
Président.
Mme Harel: Un vote inversé.
Le Président (M. Marcil): Un vote inversé. Donc,
l'amendement est adopté sur division et l'article 37, tel
qu'amendé, est adopté sur division. J'appelle l'article 38.
Mandat des membres
M. Bourbeau: Cet article fixe la durée maximale du terme
pour lequel peuvent être nommés les membres d'un conseil
régional autres que le directeur d'une société
régionale. Il prévoit, en outre, que ces personnes continuent
d'exercer leur fonction à l'expiration de leur mandat et, implicitement,
que leur mandat peut être renouvelé.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article?
Mme Harel: II est arrivé déjà, dans un
passé récent, M. le Président, qu'un ministre,
accaparé par sa fonction et ses responsabilités
ministérielles, néglige de signer les nominations ou les
remplacements. Je ne parle pas de celui qui est devant moi. Peut-être
cela s'est-il produit, mais ça n'a pas été porté
à ma connaissance. Je parle de celui qui l'a
précédé. Ça faisait des mois et des mois et des
mois que les commissions de formation professionnelle attendaient la
désignation des remplaçants de ceux qui, pour toutes sortes de
raisons, avaient déjà eu à quitter, si vous voulez, ou la
nomination de ceux qui voulaient rester, mais qui se trouvaient sur la corde
raide, étant entendu qu'ils attendaient que le ministre se
décide.
Est-ce qu'il ne serait pas salutaire que, dans des projets de loi comme
ceux-là, on balise le pouvoir ministériel?
M. Bourbeau: Je vais demander à Me
Crevier, M. le Président. C'est une question d'ordre
juridique.
Mme Harel: Est-ce que le ministre est au courant de ce dont je
parle?
M. Bourbeau: Oui. J'en ai vaguement entendu parler, oui. Mais,
quant à moi...
Mme Harel: C'était un retard de combien? Neuf mois, je
crois? Comme un accouchement.
M. Bourbeau: Oh! Écoutez, je ne saurais le dire, mais
disons qu'en ce qui concerne l'article 38, puisque c'est ça dont il est
question, si le ministre retardait à statuer, je signale que les membres
qui sont présents continueraient de siéger jusqu'à ce
qu'ils soient remplacés. Donc, ça ne créerait pas un gros
problème.
Mme Harel: À moins que ces membres, pour toutes sortes de
raisons personnelles ou professionnelles, n'aient déjà
quitté...
M. Bourbeau: Voilà.
Mme Harel: ...ce qui, là, crée un gros
problème.
M. Bourbeau: Bon. Alors, là, s'il y avait vacance et que
le ministre était négligent, il pourrait y avoir effectivement
des problèmes. Cependant...
Mme Harel: Vraiment?
M. Bourbeau: Ça vaut aussi pour n'importe quelle autre
nomination du gouvernement. Le gouvernement nomme, par décret, des
membres d'une foule de sociétés et, si le gouvernement
négligeait de les nommer, le problème dont vous parlez peut
survenir dans n'importe quelle société d'État.
Le Président (M. Marcil): Ça va?
Mme Harel: Alors, pourquoi une nomination de trois ans? Je crois
que la même durée vaut également pour la
société mère?
Le Président (M. Marcil): Oui. Même chose. Les
membres nommés pour trois ans...
M. Bourbeau: Ça correspond à la coutume
récente dans les lois du Québec.
Le Président (M. Marcil): L'article 38 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 39.
Élection et fonctions du
président
M. Bourbeau: Cette disposition prévoit les
modalités d'élection du président d'un conseil
régional et définit les fonctions qu'il assumera à ce
titre.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a un règlement de régie
interne qui va baliser l'élection de ce président?
M. Bourbeau: Je crois que la députée trouvera sa
réponse à l'article 42.
Mme Harel: le président se trouve... on y reviendra
à 40, mais, puisque c'est à 39 qu'on parle de sa nomination, il
faut comprendre que le président agit à titre gratuit?
M. Bourbeau: Je crois que l'article 40 pourrait répondre
aux préoccupations de la députée. On dit que «les
membres d'un conseil régional, autres que le directeur, ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement». Ils ont droit, bien
sûr, au remboursement des dépenses. Alors, il y a une
possibilité de rémunération selon les politiques du
gouvernement en la matière.
Mme Harel: Quelle est la situation qui prévaut
actuellement à l'égard des présidents des commissions de
formation professionnelle?
(Consultation)
M. Bourbeau: On m'avise que les membres des conseils
d'administration des CFP ont des jetons de présence de 75 $ pour des
réunions du conseil qui durent trois heures et plus et que le
président a la même rémunération que les autres
membres.
Mme Harel: Pour les réunions du conseil seulement? (19 h
10)
M. Bourbeau: Bon. Alors, les réunions du conseil, les
réunions du comité consultatif régional, oui, le
comité exécutif ou les bureaux de direction, les conseils
d'administration, les réunions ou les assemblées des conseils
consultatifs régionaux.
Mme Harel: II y a un jeton à chaque fois pour une
assemblée qui dure trois heures et plus.
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Alors, là, je comprends qu'avec le projet de
loi vous abolissez ces jetons de présence.
M. Bourbeau: Pas nécessairement. Ce qu'on
dit, c'est que ça devra suivre la politique gouvernementale.
ça devra suivre la politique gouvernementale. si le cfp veut faire voter
des jetons de présence à la société, elle devra
soumettre un décret pour l'approbation du gouvernement.
Mme Harel: Ça ne pourrait pas être inclus dans son
règlement de régie interne?
M. Bourbeau: On m'avise que non parce que c'est l'article 40 qui
traite de la question. On ne pourrait pas, dans un règlement de
régie interne, aller à rencontre de la loi, et l'article 40
établit que la rémunération doit être sujette ou
suivre les règles gouvernementales.
Mme Harel: Est-ce que ça n'aurait pas été
préférable de le laisser dans le règlement de régie
interne parce que, de toute façon, le ministre a un pouvoir de
désaveu, je crois, sur le règlement de régie interne? Ce
n'est pas plus lourd, le procédé inclus à 40?
M. Bourbeau: Le ministre n'a pas de désaveu sur l'article
42. Le désaveu est sur l'article 13. Donc, le ministre peut
désavouer un règlement de régie interne de la
Société, mais non pas les règles de fonctionnement d'un
conseil régional. C'est la Société qui s'occupe du conseil
régional et non pas le ministre.
Mme Harel: Qu'en est-il pour ce qui a trait... On a adopté
déjà une disposition concernant le remboursement des
dépenses des membres de la société mère. Elle est
exactement de même nature que celle que nous examinons à 40?
M. Bourbeau: Je crois que c'est la même chose.
Mme Harel: À 8.
M. Bourbeau: Je crois que c'est la même chose. Je ne sais
pas si le mot à mot est le même, mais l'intention est la
même. C'est à 8, deuxième alinéa.
Mme Harel: Oui. Quelle est l'intention du gouvernement à
l'égard du conseil régional? Est-ce que vous considérez
qu'il devrait y avoir, comme c'est le cas actuellement, des jetons de
présence?
M. Bourbeau: Je dois avouer que je n'ai pas
réfléchi à la question. Je n'ai vraiment pas d'idée
sur la question. Quand le temps viendra, on pourra en reparler.
Mme Harel: Là, vous nous demandez un chèque en
blanc. Vous nous dites: Donnez-nous le pouvoir de faire un règlement et
vous ne nous donnez aucune indication dans quel sens vous voulez le faire, le
règlement.
M. Bourbeau: Comme la députée peut le constater, ma
première préoccupation, c'est de m'assurer que la loi puisse
être votée et, après ça, je verrai à
régler les problèmes d'intendance.
Mme Harel: Moi, si j'avais été vous, j'aurais mis
pas mal plus d'énergie avant non pas le dépôt de la loi,
mais l'examen ici, en commission, pour tenter de voir qu'est-ce qui aurait pu
permettre d'aller chercher dans les milieux concernés les appuis
majoritaires pour soutenir ma volonté.
M. Bourbeau: La députée me connaît mal.
Autrement dit, aller promettre des jetons de présence dans les
régions pour s'assurer d'avoir le consentement des régions.
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: Ce n'est pas mon style, M. le Président.
C'est loin d'être mon style.
Mme Harel: Le ministre sait très bien à quoi je
fais référence, M. le Président. Ça ne lui aurait
pas coûté cher de tout simplement prévoir qu'au niveau de
la société mère les deux sièges de
l'éducation soient occupés par des gens qui proviennent des
milieux de l'éducation et le quatrième partenaire, c'est...
M. Bourbeau: Je vous ai dit qu'on pouvait en reparler.
Mme Harel: On ferait un sondage, qu'il soit CROP ou Léger
& Léger, et je suis pas mal sûre qu'il y en aurait une
majorité.
M. Bourbeau: J'aimerais autant CROP, si vous n'avez pas
d'objection.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ça m'indiffère, le résultat
serait le même. Je suis convaincue qu'il y a une majorité de la
population qui considérerait que le communautaire a quelque chose
à voir avec les syndicats et les employeurs dans le développement
de la main-d'oeuvre, de l'emploi et de la formation professionnelle.
M. Bourbeau: Mais je n'arrête pas de vous dire que j'ai
l'intention de faire de la place à ces groupes-là au sein de la
Société. Alors, vous ne semblez pas vouloir comprendre.
Mme Harel: Bien, je l'aurais compris si vous aviez accepté
mon amendement, mais vous l'avez rejeté.
M. Bourbeau: Oui, mais il y a plusieurs
façons de...
Mme Harel: Vous m'envoyez des messages contradictoires,
là.
M. Bourbeau: non, pas du tout. il y a plusieurs façons de
régler un problème. vous proposez une façon et je vous en
ai indiqué une autre.
Mme Harel: Mais, là, vous nous dites: On ne sait pas
comment on va procéder dans le cas des jetons. Il y en a
présentement. Est-ce que ça restera? On ne le sait pas. Mais on
veut avoir un règlement pour décider ce qu'on fera.
M. Bourbeau: écoutez, pour moi, c'est accessoire.
l'essentiel est la loi et, personnellement, j'ai mis mes efforts à
tenter de bâtir une loi bien faite, qui se tienne et qui soit susceptible
d'atteindre les objectifs. le reste, pour moi, c'est de la cuisine et, la
cuisine, je fais ça après.
Le Président (M. Marcil): II faut obtenir les recettes
avant.
Mme Harel: Mais, votre cuisine, elle fait partie de votre
loi.
M. Bourbeau: Pas vraiment, non. Mme Harel: L'article 40...
On est à 39.
M. Bourbeau: Oui, oui. On prévoit qu'il pourrait y avoir
une rémunération, mais, de là à me demander si les
jetons de présence vont être de 50 $, 75 $ ou 100 $ ou s'il y en
aura ou s'il n'y en aura pas, on en repariera. Je pourrai vous consulter, si
vous voulez, sur la question. On pourra...
Mme Harel: M. le ministre, vous savez fort bien... D'ailleurs,
vous faisiez partie d'une formation politique qui avait pris un engagement, en
1985...
Une voix: D'abolir les jetons.
Mme Harel: Oui, mais aussi qui avait pris l'engagement qu'elle
n'allait plus légiférer de manière à adopter des
chèques en blanc et que les règlements allaient accompagner les
projets de loi, de façon à ce que le pouvoir
réglementaire... Je ne sais combien j'ai pu entendre de vibrants
plaidoyers contre le pouvoir législatif tous azimuts, qui ne
s'accompagnait pas de l'expression de la volonté en matière
réglementaire. Ce n'est rien, M. le Président. Je vous jure, les
quelques remarques que je fais maintenant ne sont rien à comparer avec
la campagne, l'assaut que devait subir le gouvernement précédent,
quand il présentait des lois qui contenaient, comme ça, des
règlements sur lesquels les ministres ne pouvaient pas s'expliquer.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Sur le même sujet, M. le Président, il
est vrai qu'on a aboli les jetons à peu près partout.
C'était dans nos promesses électorales. Je dois vous dire que,
contrairement à ce à quoi je m'attendais, on n'a pas de
difficulté à trouver des gens qui travaillent sur les conseils
d'administration sans aucun jeton, puis des gens de qualité. Moi, en
tout cas, dans ma région, je n'ai jamais eu de difficulté
à inciter des gens à se présenter sur des conseils
d'administration sans aucun jeton, seulement par bon vouloir et par bonne
volonté, et des gens de qualité.
Mme Harel: Ça va bien, ça, quand il s'agit de
représenter des usagers sur un conseil d'administration de cégep
ou de CLSC ou de centre d'accueil où c'est peut-être une
réunion par mois. Mais, quand il s'agit de présider, parce que,
à 39, c'est le choix d'un président parmi les membres
nommés qui va participer à un comité de gestion d'une
boîte qui peut éventuellement administrer peut-être 1 000
000 000 $, si tant est que les rêves du ministre se réalisent,
ça veut dire pas mal de réunions par semaine.
Mme Bleau: Mais je pense que, même sur les conseils
d'administration, et je pense aux cégeps entre autres, j'ai un
président qui a commencé par siéger comme simple membre,
qui est devenu président parce que les autres membres du conseil
d'administration et le collège étaient satisfaits au-delà
de toute attente de ses services. Il siège plusieurs fois par semaine.
C'est un homme de loi, et je peux vous dire qu'il siège sans jeton.
Mme Harel: Évidemment, à ce moment-là, on se
condamne beaucoup, par ailleurs, à ne choisir des représentants
que dans des milieux bien nantis. (19 h 20)
Mme Bleau: Voilà!
Mme Harel: Alors, il est possible que, dans l'exercice de la vie
démocratique dans une société, ce soit, au bout de la
ligne, un objectif qui puisse peut-être donner les résultats
inverses de ce qui est recherché. On donne un objectif de participation
et, si on n'en assure pas, si on n'en garantit pas les conditions de
réalisation, on se retrouve finalement avec une classe sociale qui a le
monopole de tout ce qui doit se gérer dans la société.
Mme Bleau: Par contre, sur d'autres conseils
d'administration, j'ai des gens, même des hommes d'un certain
âge, qui sont à leur retraite, qui ne sont pas parmi les mieux
nantis et qui siègent sur des conseils d'administration, entre autres,
au CRSSS ou des choses comme ça...
Mme Harel: Absolument.
Mme Bleau: ...et ils viennent d'un milieu vraiment bien dans la
base de la société.
Mme Harel: Et ça arrive souvent finalement qu'on retrouve,
par exemple, des femmes qui n'ont pas de revenu d'emploi ou de
rémunération, mais qui ont du temps de disponible, des
compétences...
Mme Bleau: En effet.
Mme Harel: ...et du talent, mais il arrive un certain seuil
où ces femmes considèrent finalement qu'elles sont
utilisées sans que soient reconnus leurs mérites parce qu'il n'y
a pas de compensation. Ceci dit...
Le Président (M. Marcil): Ça va pour l'article 39?
C'est adopté?
Mme Harel: Attendez, M. le Président, si on l'adopte sur
division. Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 40.
M. Bourbeau: Un bon mouvement, là.
Mme Harel: Alors, M. le Président, à cause de
l'absence de réponse du ministre aux questions de l'Opposition, on va
être obligé de voter sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur l'article 40? Mme Harel:
Oui.
Le Président (M. Marcil): Sur division. J'appelle
l'article 41.
Conflit d'intérêts
M. Bourbeau: Avez-vous réalisé, M. le
Président, qu'on vient d'adopter un article de loi rapidement? Cette
disposition vise à empêcher que les membres d'un conseil
régional, autres que le directeur d'une société
régionale, ne se placent en situation de conflit
d'intérêts. Je signalerai que, quant au directeur de la
société régionale, M. le Président, puisqu'il est
un employé de la Société, il est visé par une autre
disposition qui est au même effet, à savoir le deuxième
alinéa de l'article 12 du projet de loi.
Le Président (M. Marcil): Ça va pour l'article
41?
Une voix: Etes-vous pour ou contre les conflits
d'intérêts?
Mme Harel: Non. Un instant, M. le Président. Vous
révélez, en posant la question, que, vous, vous l'êtes, en
conflit d'intérêts.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Est-ce que ça signifie qu'il doit y avoir une
sorte de déclaration, comme celle que signe un ministre lorsqu'il
accède au Conseil des ministres? Est-ce que c'est ce que souhaite le
ministre, que l'article 41 introduise une déclaration des
intérêts détenus par un membre du conseil
régional?
M. Bourbeau: Non. Je ne pense pas qu'il soit coutume, dans les
sociétés de ce genre-là, d'exiger, au départ, de
chacun des membres de révéler la totalité de ses actifs et
de ses intérêts dans la société. Je ne parle pas de
la société de main-d'oeuvre, je parle de ses
intérêts au Québec. L'article indique simplement que, quand
une situation se présente où un membre du conseil réalise
être en conflit d'intérêts, il doit le révéler
tout de suite, par écrit, au président et, bien sûr,
s'abstenir de participer à toute délibération, à
toute décision. C'est une règle qui est assez
générale, assez généralisée.
Mme Harel: Où se trouve la disposition qui concerne le
directeur?
M. Bourbeau: À l'article 12.
Mme Harel: Ah oui! Ça vaut pour le directeur de la
société mère et...
Le Président (M. Marcil): Et le directeur du conseil
régional.
M. Bourbeau: On dit: «Les employés de la
Société ne peuvent, sous peine de déchéance de leur
charge, avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise
qui met en conflit leur intérêt personnel et celui de la
Société».
Mme Harel: C'est là que l'on voit confirmé
jusqu'à quel point le directeur ne relève pas de la
société régionale ni du conseil régional, mais bien
de la société mère.
Une voix: Ça n'a rien à voir.
Mme Harel: Non, mais c'est une remarque incidente. À
l'article 41, faut-il comprendre, par exemple, qu'un membre qui
siégerait dans la délégation patronale, qui serait un
dirigeant d'entreprise et qui aurait, si vous voulez, accès à un
crédit d'impôt à la formation, un crédit
d'impôt administré par la société
régionale, se trouverait automatiquement à devoir
révéler par écrit au président de la
Société la demande de crédit d'impôt ou la demande
de subvention formulée par son entreprise ou la demande de formation sur
mesure? En fait, on va se référer aux programmes qu'on
connaît actuellement.
M. Bourbeau: Je pense qu'il faut faire la nuance, là. Le
crédit d'impôt, c'est un programme ou un crédit qui est
disponible à tout citoyen qui se qualifie. On n'a pas besoin d'en
discuter... D'ailleurs, on n'en discuterait certainement pas lors de
réunions de la Société puisque la demande se fait a
posteriori. Donc, je ne vois pas comment ça pourrait faire l'objet d'un
conflit d'intérêts. Pour ce qui est des autres programmes, c'est
autre chose. Si c'est un programme qui est financé par la
Société et si tant est qu'un administrateur ait un
intérêt dans une entreprise là, je crois qu'il faudrait
qu'il révèle par écrit son intérêt.
Mme Harel: Le crédit d'impôt, par exemple, à
la formation pour les entreprises va-t-il continuer d'être
géré à partir du revenu?
M. Bourbeau: M. le sous-ministre aimerait apporter une
précision.
M. Pronovost: La réponse à votre question, Mme
Harel, c'est oui, ça va continuer d'être administré par les
sociétés régionales, pour autant qu'elles administrent le
crédit d'impôt. Or, on administre peu le crédit
d'impôt. Elles enregistrent le nom d'entreprises qui offrent leurs
services; elles vont donner certaines autorisations qui ont trait au
crédit d'impôt, notamment l'autorisation de faire de la formation
en entreprise, l'autorisation de faire faire de la formation par des formateurs
externes. Mais ça, c'est des décisions qui sont prises à
un niveau administratif, qui sont prises par les employés de la
société régionale et qui, normalement, ne remontent pas du
tout au conseil d'administration. Mais, si, toutefois, une décision
comme ça, parce qu'elle était contestée, remontait au
conseil d'administration, s'il y avait, au conseil d'administration, quelqu'un
qui a un intérêt dans la société qui est
visée par la décision contestée, oui, à ce
moment-là, il devrait se retirer, ne pas participer au vote.
Mme Harel: S'il arrivait qu'il y ait une sorte de
discrétion qui soit introduite dans l'application du programme de
crédit d'impôt, notamment pour donner suite à la demande
conjointe formulée par la CEQ et le Conseil du patronat de permettre
l'usage du crédit d'impôt pour le financement de la formation qui
est dispensée par l'entreprise elle-même... Vous avez dû
recevoir cette demande-là. Je pense qu'elle a été
formulée il y a un mois et demi à peu près.
M. Bourbeau: Oui, on a eu la demande, mais... On a eu et,
à l'occasion, on a encore des discussions avec le ministère des
Finances sur l'opportunité de modifier le crédit d'impôt
dans ce sens-là, mais ces discussions-là n'ont pas encore
donné de résultat.
Mme Harel: Je l'ai bien vu d'ailleurs, au moment du discours du
budget, parce que, finalement, la demande conjointe de la CEQ et du Conseil du
patronat s'était faite juste un peu avant le discours du budget,
souhaitant obtenir à ce moment-là les modifications. Je n'ai pas
un point de vue définitif sur cette question, mais je sais, et le
ministre le sait aussi, puis j'ai entendu, j'ai écouté souvent
l'expression de points de vue de l'entreprise à l'effet qu'elle investit
déjà une partie importante dans la formation de ses
employés, qui n'est pas reconnue étant donné que
l'entreprise qui a le plus performé, au sens où elle a mis en
place une politique de développement des ressources humaines, qui a
même du personnel pour les fins de cette politique, se trouve à
être pénalisée du fait qu'elle utilise ses propres
formateurs et non pas des formateurs externes. Ça m'a été
transmis par des dirigeants d'entreprises, par des employeurs, et je souhaite
aller plus à fond, là, avant d'avoir une opinion
éclairée là-dessus. (19 h 30)
Cependant, je me suis rendu compte que, dans la mesure où il y
avait de plus en plus de rapprochements entre l'école et l'entreprise et
dans la mesure où, par exemple, se mettaient en place des politiques
d'apprentissage, politiques qui pouvaient amener une formation même
d'étudiants réguliers éventuellement en entreprise, avec
éventuellement des subventions à l'entreprise pour accueillir ces
étudiants et vice versa, on en était encore aux balbutiements de
l'éthique en cette matière.
Je ne sais pas comment ça opère dans les Vieux-Pays que
vous avez visités. Ça m'intéresse parce que j'entendais
encore aujourd'hui relater ce dossier que je vous transmettrai concernant
l'autorisation par une CFP de Matane de cours qui sont dispensés par une
commission scoiaire avec un financement fédéral pour un des
métiers de la construction, et ils le sont à partir d'une
entreprise. Et l'entreprise s'est trouvée à être
très, très favorisée de pouvoir bénéficier
de l'équipement. Je me suis dit: Bon, autant on peut intellectuellement
souhaiter une intimité beaucoup plus grande entre l'entreprise et
l'école, qu'est-ce qu'on va introduire comme règles
d'éthique pour que l'entreprise se sente intéressée
à changer, parce que ça va quand même apporter des
changements, ça va quand même bouleverser la façon de faire
habituelle que d'accepter de recevoir des stagiaires ou d'accepter que de ses
employés suivent des cours réguliers et vice versa, en fait? En.
même temps, comment faire pour que ce système-là ne mette
pas en place du
favoritisme, finalement?
Le Président (M. Marcil): Ça va? M. le
député de Nelligan, vous voulez intervenir? Non.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Non. O.K. Est-ce que l'article
41 est adopté?
Mme Harel: Non. Attendez, M. le Président. Moi, je pensais
que j'aurais au moins une réponse...
Le Président (M. Marcil): Une réponse! Ah bien, ce
n'est pas à moi à donner la réponse.
M. Bourbeau: Le sous-ministre brûle du désir de
répondre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): M. le sous-ministre.
M. Pronovost: Je pense que Mme Harel soulève un
très bon point. Dans la mesure où la formation va se faire dans
l'entreprise et par l'entreprise, il va falloir développer des
règles du jeu qui devront être forcément très
différentes de celles qu'on a adoptées à travers le temps
envers les commissions scolaires et les institutions d'enseignement. Par
exemple, nos programmes prévoient que, justement, on fournisse de
l'équipement aux commissions scolaires et aux cégeps dans
certains cas, à certaines conditions, pour donner des formations dont on
a besoin pour le recyclage de la main-d'oeuvre lorsqu'ils n'ont pas
l'équipement. C'est beaucoup plus difficile, pour ne pas dire
impossible, de faire ça avec une entreprise privée qu'on peut
accuser de recevoir de cette façon-là un avantage indu sur sa
concurrente. Ça, c'est très, très exact, ce que vous
dites.
Il y a justement un groupe de travail qui a été mis sur
pied par M. Vu avec les CFP pour justement examiner toute cette
question-là et baliser, dans le fond, le travail des CFP, à
partir de la problématique que vous décrivez si bien.
Mme Harel: Vous avez dû recevoir des solutions là
où c'est une expérience qui est déjà...
L'expérience allemande est en place depuis très longtemps; il
doit y avoir déjà des pistes de solution que je ne connais pas
là.
M. Pronovost: Les solutions résident surtout, si je peux
me permettre de poursuivre, dans la contribution que dans ces pays-là
les entreprises elles-mêmes font à la formation.
Mme Bleau: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, une seconde, Mme la
députée.
Mme Harel: Je ne vous le fais pas dire! Mme Bleau: ...je
peux vous dire...
Le Président (M. Marcil): Mme la députée
dé Groulx.
Mme Bleau: ...que, même au Québec, chez nous en tout
cas, à l'école secondaire, on donne des cours d'automobile, et
General Motors a fourni des moteurs, des autos, de la machinerie. Ça se
fait déjà chez nous, et j'espère que ça va
continuer à s'amplifier. Le privé, chez nous, fait son
possible.
Le Président (M. Marcil): Mais ce n'est pas tout à
fait dans ce sens-là, évidemment.
Mme Harel: C'est intéressant, Mme la députée
de Groulx, oui, parce que ça se fait aussi, par exemple, en chimie et
pétrochimie avec l'institut de formation. Il y a certainement pour 1 000
000 $ - je l'ai visité - d'équipement que les entreprises ont mis
à la disposition de l'institut. C'est l'inverse qui est
compliqué.
Le Président (M. Marcil): C'est ça.
Mme Harel: Ce n'est pas quand l'entreprise privée met de
l'équipement à la disposition des écoles publiques, c'est
lorsque les fonds publics servent à fournir de l'équipement dans
l'entreprise privée.
Mme Bleau: J'espère que c'est le contraire qui va arriver
le plus souvent.
Le Président (M. Marcil): Ça va? Est-ce qu'on peut
dire que l'article 41 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Marcil): C'est bien. J'appelle l'article
42.
M. Bourbeau: Cet article permet à un conseil
régional d'établir ses propres règles de régie
interne.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a discussion sur
cet article?
Mme Harel: II n'y a aucun pouvoir de désaveu, ni par la
société mère... Ce n'est pas possible. Ça doit bien
exister quelque part ailleurs. J'en suis certaine. Vous allez me retrouver la
disposition qui...
M. Bourbeau: Je regrette de décevoir la
députée, M. le Président, mais il n'y a rien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais, si elle a un amendement...
Mme Harel: Alors, s'il n'y a rien, c'est parce qu'il y a quelque
chose. Ses règles de fonctionnement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je vois que la confiance
règne. Mais, si la députée veut proposer de baliser cet
article-là ou de soumettre les règles de fonctionnement du
conseil régional à quelques sanctions, elle peut toujours
proposer un amendement.
Mme Harel: Remarquez, M. le Président, que la
société régionale doit déjà administrer les
programmes de la Société dans la mesure que la
société mère détermine, mais, pour ce qui est des
règles de fonctionnement, donc, on entend par règles de
fonctionnement... Qu'est-ce qu'on entend? Quelle est la différence entre
règlements de régie interne et règles de
fonctionnement?
M. Bourbeau: Ces règles portent principalement sur divers
éléments se rattachant à la tenue des séances d'un
conseil régional, la fréquence, les formalités de
convocation, les modalités de prise de décision, le quorum, les
procès-verbaux, etc.
Mme Harel: On voit bien pourquoi, M. le Président, ce
pouvoir-là leur est conféré sans qu'il y ait le pouvoir de
le leur enlever. Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 43.
Rôle face à la société
régionale
M. Bourbeau: Cet article définit le mandat premier d'un
conseil régional qui consiste à déterminer les
orientations et les priorités de la société
régionale pour laquelle il est établi, et ce, tant en
matière de gestion des programmes qu'en matière de gestion des
ressources par cette société régionale.
Alors, le projet de loi traduit une volonté de responsabilisation
d'une société régionale dans la prise en charge des
priorités de développement de la main-d'oeuvre dans sa
région par les devoirs qu'il fait à la Société de
favoriser la prise en charge du développement de la main-d'oeuvre par
les sociétés régionales elles-mêmes, c'est l'article
19, et, à l'article 20, de déterminer dans quelle mesure ces
programmes seront mis en oeuvre et gérés concrètement par
les sociétés régionales et, finalement, à l'article
49, de déterminer, dans ses règles budgétaires, dans
quelle mesure ses ressources financières seront gérées par
les sociétés régionales. Alors, voilà! Tout
ça porte, bien sûr, sur la marge d'autonomie qui est
accordée aux sociétés régionales.
Mme Harel: Cependant, le ministre va convenir que les mots
«dans le cadre des politiques et des règlements de la
Société» mère, faut-il comprendre, nous font
comprendre à quel point cette autonomie est surveillée.
M. Bourbeau: Oui, mais est-ce que l'inverse serait possible?
Est-ce qu'on pourrait dire que ça peut excéder le cadre des
politiques et des règlements de la Société? Poser la
question, c'est y répondre. (19 h 40)
Mme Harel: Cependant, ça veut dire surtout que la
société régionale ne pourra pas beaucoup s'en
éloigner. Je reviens avec l'argument que j'invoquais tantôt.
Autant, M. le Président, on peut comprendre que l'article 17
édicté que la «Société élabore, met en
oeuvre et gère des programmes dans le cadre des politiques
établies en vertu de la Loi sur le ministère...»,
là, il faut comprendre que non seulement les sociétés
régionales... Je dis non seulement, mais, dans le fond, je devrais dire
qu'en plus des politiques du ministère qu'il m'apparaît
légitime d'appliquer à la société régionale
la société régionale aura la marge de manoeuvre des
politiques de la société mère.
M. Bourbeau: Ça reconduit essentiellement ce qui se passe
présentement, le statu quo. Il n'y a pas véritablement de grands
changements, sauf que les règles du jeu vont être établies
par les partenaires du marché du travail et non pas par le gouvernement.
Alors, les orientations vont être les programmes de la
Société. Je signale que le gouvernement va participer à
hauteur d'un tiers des membres du conseil d'administration, alors que
présentement le gouvernement détermine tout, les orientations,
les politiques. Les sociétés régionales vont être
très apparentées à la société mère
puisqu'elles seront composées de la même façon, par les
représentants qui vont provenir des mêmes groupes, des mêmes
milieux. Donc, il y a tout lieu de penser qu'il va y avoir une symbiose entre
les sociétés régionales et la société
mère et non pas un affrontement.
Mme Harel: Mais, les partenaires, ils existent aussi au niveau de
la société régionale. Le gouvernement et le ministre
auraient pu choisir de leur faire confiance. Ça ne répond pas
à l'objection que je fais quand ie ministre me dit que ce sont des
partenaires au niveau de la société mère qui vont
décider. Il y a aussi des partenaires au niveau de la
société régionale qui auraient pu décider. Ce n'est
pas le partenariat qui est en cause. Le partenariat, finalement, aurait pu
être le même, envisagé de la même façon, aussi
positivement, dans une structure
décentralisée. Ce n'est pas le partenariat d'un
côté et le non-partenariat de l'autre. Nous sommes en faveur du
partenariat, mais la question, c'est de savoir si c'est un partenariat dans une
société extrêmement verticale, autorisée et
hiérarchique ou si c'est un partenariat qui s'exerce dans le cadre d'une
société décentralisée régionale.
J'ai en tête le modèle des composantes de
l'Université du Québec. Ce n'est pas rien, l'Université du
Québec, au Québec. C'est intéressant de constater qu'au
moment de l'adoption de la loi constituant le réseau des
Universités du Québec le législateur choisissait d'en
faire des partenaires, d'en faire de vrais partenaires. Les composantes de
l'Université du Québec en région sont des entités
juridiques distinctes, avec un conseil d'administration, avec des états
financiers, avec un budget. C'est l'assemblée générale de
chacune d'entre elles qui permet, annuellement, de déterminer les
orientations, le fonctionnement de l'ensemble du réseau. Ça
aurait pu fort bien être retenu comme modèle, les
sociétés régionales devenant des partenaires entre elles
dans l'élaboration d'un plan national québécois, d'un plan
de développement de la main-d'oeuvre et de développement de
l'emploi, mais où les sociétés régionales sont
responsabilisées. Ce n'est pas ce modèle-là... Le
modèle de partenaire dont le ministre nous parle, c'est que,
plutôt que de s'asseoir avec son sous-ministre - comment ça
s'appelle? - aux réunions, vous devez en avoir à une certaine
fréquence...
M. Bourbeau: Du conseil de direction.
Mme Harel: Plutôt que de s'asseoir avec le conseil de
direction du ministère une fois par semaine, peut-être, je ne
sais, enfin...
M. Bourbeau: Avec le sous-ministre, c'est tous les jours.
Mme Harel: Bon. Je sais aussi que, quand on suspend pour quelques
minutes, vous vous voyez. Ha, ha, ha! Mais ce n'est pas ça dont je
parle, moi, ce n'est pas de ces échanges informels. Ce dont je parle,
c'est donc de ces rencontres où se prennent des décisions: le
comité de direction du ministère. Alors, vous me dites - dans le
fond, ça revient un peu à ça: On va élargir et ce
comité de direction, plutôt que d'être simplement celui
où on retrouve le ministre et le sous-ministre, maintenant il va y avoir
des représentants du milieu syndical, du milieu patronal, puis
éventuellement des autres ministères. Bon, je veux bien. C'est
les mêmes fonctionnaires du ministère. C'est quoi, les grands
changements? À l'étage où vous êtes, je ne sais pas
exactement où sont vos bureaux, mais j'imagine que la Direction
générale de la formation professionnelle pourrait même
vraisemblablement occuper les mêmes bureaux, avec les mêmes cadres,
avec pratiquement la même erre d'aller, puis ça pourrait
être «business as usual», sauf que le comité de
direction va être composé de plus de monde qu'avant.
M. Bourbeau: là, m. le président, la
députée m'étonne. je dois dire qu'en
général, la députée, ça va assez bien dans
ses raisonnements, mais, là, elle déborde. elle vient de nous
dire qu'introduire dans la direction de la société des membres
externes, patrons, syndicats ou travailleurs qui forment les deux tiers,
ça ne change pas grand-chose à la situation. le
gouvernement...
Mme Harel: C'est ce qu'il y a à la Conférence
permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Oui, c'est un organisme non décisionnel, de
consultation. On ne parle pas de la même chose. Là, le
gouvernement aliène la majorité, le contrôle de facto de ce
dossier à des partenaires du marché du travail et vous dites:
Bof! C'est comme si le ministre, puis le sous-ministre continuaient
«business as usual». Écoutez, moi, je vous demande ce qu'il
faut pour vous satisfaire. Vraiment là, vous en demandez beaucoup.
M. le Président, je pense que je suis en train de
démissionner. Jamais je ne réussirai à satisfaire la
députée de Hochetaga-Maisonneuve. Je ne sais pas si d'autres ont
réussi avant moi, mais moi je pense que...
Mme Harel: Une vraie politique de développement de la
main-d'oeuvre. En fait...
M. Bourbeau: C'est horizontal, si je comprends bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Moi, je suis dans la verticalité.
Mme Harel: Vous êtes... J'allais dire: Vous êtes
encore capable.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez, on peut
suspendre les travaux pour quelques minutes, pour vérifier.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article...
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: En fait, plus sérieusement, ces changements
peuvent avoir l'air de changements structurels importants, mais finalement
ça peut être pour changer quatre trente-sous pour une piastre
là, parce que, au moment où on se parle, il n'y a absolument
aucune garantie qu'il y aura de l'argent de plus que ce qu'il y a
déjà. L'argent qui est prévu au départ, c'est 20 %
de tout ce qui se dépense dans la formation professionnelle, dans la
formation de la main-d'oeuvre, excusez-moi, 20 %. Vous savez, c'est 175 000 000
$ au départ. Ce n'est même pas une infime partie des 9 000 000 000
$, imaginez-vous, M. le Président. 9 000 000 000 $ en mesures actives et
passives et le ministre parle d'en confier 175 000 000 $ à la
Société, à défaut de recevoir les transferts de
fonds du fédéral. Alors, 175 000 000 $, ai-je besoin de vous dire
que c'est 1 %, même pas, 1 % à peine, ou 0,01 % ou 0,1 %. On me le
dira dans les minutes qui viennent. C'est infime, M. le Président.
Alors, on est en train de mobiliser tout le Parlement et on est en train de
faire comme si cette société québécoise allait
révolutionner...
M. Bourbeau: C'est à peu près 2 %. Mme Harel:
2 %?
M. Bourbeau: À peu près, oui. 175 000 000 $ sur 9
000 000 000 $, c'est 2 %. Pas tout à fait, 1,89 %.
Mme Harel: Alors, vous comprendrez que, dans ce
contexte-là, ça a l'air vraiment de brasser beaucoup de
structures pour le résultat que ça donne pour tout de suite,
d'autant plus que ça provoque un tollé en région. Ce n'est
quand même pas moi qui l'invente, le tollé en région. Il
existe. Il y a eu un colloque ici même, à Place Québec,
pendant trois jours, les 7, 8 et 9 juin, où les orateurs qui allaient au
micro - et il y avait un millier de personnes - parler contre la réforme
se faisaient applaudir. Ça veut quand même dire quelque chose. (19
h 50)
Le Président (M. Marcil): Ça va, sur l'article
43?
Mme Harel: Adopté sur division.
Le Président (M. Marcil): Adopté sur division.
J'appelle l'article 44.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un article qui
comprend plusieurs paragraphes. On aurait l'intention d'apporter un amendement
au paragraphe 5°. Alors, est-ce que vous souhaitez qu'on apporte tout de
suite i'amendement au paragraphe 5° ou qu'on le fasse uniquement quand on
sera arrivés à ce paragraphe-là?
Mme Harel: Moi, je dois vous dire sincèrement, M. le
Président, quci qu'on fasse de toute façon... On suspend ou on
ajourne?
Le Président (M. Marcil): On suspend.
Mme Harel: on suspend à 20 heures, dans 10 minutes. le
ministre peut lire, s'il veut, la présentation de l'article, mais on
serait mieux de le reprendre après notre suspension.
Le Président (M. Marcil): Donc, ce que vous
suggérez, ce serait de suspendre immédiatement et de reprendre
nos travaux à 22 h 30.
Mme Harel: En fait, moi, je ne suggère pas de les
reprendre à 22 h 30, mais je suggère de suspendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons suspendre les
travaux et les reprendre à 22 h 30, ce soir.
(Suspension de la séance à 19 h 52)
(Reprise à 22 h 55)
Le Président (M. Joly): la commission reprend ses travaux.
j'apprécierais si on pouvait fermer les portes, à moins que...
pour la ventilation, est-ce que c'est préférable? je sais qu'il
fait chaud. alors, au moment de suspendre, l'article 43 avait été
adopté. j'appelle donc l'article 44. m. le ministre, s'il vous
plaît.
Fonctions
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 44, comme je vous
le disais si bien avant la suspension, contient plusieurs alinéas.
Est-ce que vous préférez qu'on passe les alinéas un par
un? Je présume.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection. De
la façon dont vous avez procédé depuis le début, je
pense que ça va assez bien.
M. Bourbeau: Alors, l'article 44 décrit les fonctions qui
sont attribuées à un conseil régional aux fins de
l'accomplissement de son mandat. Ces différentes fonctions sont autant
de moyens qui permettront à un conseil régional de s'acquitter
adéquatement de son rôle de détermination des orientations
et des priorités d'une société régionale quant
à la gestion, d'une part, des programmes de la société
dans sa région et, d'autre part, de ses ressources.
En ce qui concerne le premier paragraphe, M. le Président, qui
indique qu'«un conseil régional a notamment pour fonctions: de
définir
la problématique du marché du travail et de l'emploi dans
sa région», j'aimerais simplement souligner que ce paragraphe
implique qu'un conseil régional sera appelé à
développer une expertise approfondie de la situation du marché du
travail et de l'emploi dans sa région afin d'être en mesure de
bien identifier les besoins réels de la main-d'oeuvre ainsi que ceux en
main-d'oeuvre de la région. Cette disposition est le pendant en regard
d'un conseil régional et donc, sur un plan régional, du
paragraphe 1° de l'article 18 du projet qui est relatif, pour sa part, au
conseil d'administration de la Société.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, M. le Président, vous le savez, nous
avons, en votre absence, accéléré le tempo.
Le Président (M. Joly): Je ne sais pas si c'est moi qui
vous ralentis ou quoi, mais je suis prêt à céder mon
poste.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je comprends que Mme la Présidente de la
commission nous revient demain matin.
Le Président (M. Joly): Ah! C'est bien libre à
elle, vous savez.
Mme Harel: C'est ça. Elle m'a assurée de sa
disponibilité pour lundi prochain également.
Le Président (M. Joly): En plus? Merveilleux, madame!
M. Bourbeau: Rien n'est parfait.
Mme Harel: Alors, je comprends que nous serons les seuls dans le
parlement à siéger en commission parlementaire lundi.
L'Assemblée terminera ses travaux demain. Nous, nous continuerons lundi,
mardi, et nous terminerons mardi parce que, pour aller au-delà, il faut
soit une loi spéciale ou bien le consentement de l'Opposition, ce dont
je douterais à ce moment-ci.
Le Président (M. Joly): Vous ne donneriez pas le
consentement?
Mme Harel: Pour poursuivre après le 23? Je ne crois
pas.
Mme Blackburn: II y va aussi de la volonté des
ministériels.
Mme Harel: Ah! ça, on ne peut douter de rien. Mais je dois
vous dire que c'est très agréable, vraiment très
agréable. J'ai eu une belle expérience, moi, en 1985; ça
me rappelle les fins de régime d'une certaine façon.
C'était pendant l'été, juillet 1985, et le porte-parole de
l'Opposition de l'époque, Herbert Marx, qui était
député de D'Arcy-McGee, et moi-même trouvions
énormément de plaisir à réviser le Code civil. Nous
l'avions déjà entrepris, imaginez-vous, en 1985. Alors,
étant donné que nous considérions ne pas avoir
suffisamment avancé nos travaux, nous avions décidé de
siéger au mois de juillet.
M. Bourbeau: Pauvre Herbert! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Non, mais c'est lui qui le voulait.
Le Président (M. Joly): Ce qui est merveilleux, dans le
fond, c'est que...
M. Bourbeau: D'ailleurs, il ne s'en est pas remis, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): II est parti pas longtemps
après.
Mme Harel: Ça avait été une belle
expérience à l'époque, oui, oui, parce que...
M. Bourbeau: Passer le mois de juillet avec la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, il faut le faire.
Mme Harel: D'abord, on aimait ça, il faut dire, ça
aidait.
Le Président (M. Joly): Ça me confirme, Mme la
députée, qu'on trouve nos plaisirs où on peut.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'était sur le projet de loi 20. Alors, je vous
assure, en tout cas, que c'est agréable, le parlement est frais
et...
Le Président (M. Joly): Et nous sommes dispos.
Mme Harel: Voilà. Alors, M. le Président, je
reviens à l'article 44.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais réagir
à ça. Je suis un petit peu...
Le Président (M. Joly): Oui, des remarques
préliminaires, M. le ministre?
M. Bourbeau: On dirait que la députée se
prend pour un leader parlementaire du gouvernement. elle vient de nous
faire des annonces gouvernementales. on vient d'apprendre que la session se
termine demain. au cas où vous ne l'auriez pas su, on vient d'apprendre
ça.
Le Président (M. Joly): Mais c'est sûrement dans le
cadre d'un mandat spécial qui a été confié à
madame.
Mme Blackburn: Votre leader n'est pas bavard.
M. Bourbeau: On vient d'apprendre également...
Mme Harel: Votre leader n'est pas bavard.
M. Bourbeau: ...que l'on siégeait lundi et mardi. Pour
ceux d'entre vous qui ne le saviez pas, on vient d'apprendre ça.
Mme Blackburn: C'est que votre leader n'est pas bavard. (23
heures)
M. Bourbeau: Je trouve la députée assez imprudente,
M. le Président, de s'avancer comme ça. Je trouve que ça
ressemble un petit peu à du placotage, qui n'est pas
nécessairement le reflet de ce que sera la réalité. Voyons
ce que l'avenir nous réservera. Mais je conseillerais à la
députée d'être prudente dans ses pronostics. Prudente!
Mme Harel: Tout à fait. J'accepte tout à fait les
conseils de prudence...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, c'est chacun
son tour, quoi.
Mme Harel: ...que le ministre nous donne. En fait, j'essaie
d'avoir une capacité d'adaptation et de prévoir tous les
scénarios, M. le Président. Alors, celui-là en vaut un
autre. Quoi qu'il en soit...
M. Bourbeau: Alors, ne faites pas des annonces. C'est des
hypothèses, c'est autre chose.
Mme Harel: J'ai parlé de scénarios.
M. Bourbeau: Non, ça a été plutôt une
annonce que vous nous avez faite. Vous nous avez appris des choses.
Mme Harel: Alors, écoutez, s'il en était autrement,
je n'en serais pas déçue pour autant, M. le Président.
M. Bourbeau: Ne prenez pas vos rêves pour des
réalités.
Mme Harel: Alors, écoutez, on va travailler
sérieusement. Il nous reste encore une heure.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on peut se donner un
genre d'objectif?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Parce que je vais me sentir un
petit peu, je ne sais pas, moi, mis à part, ou peut-être
même brimé. Je me questionnerai toute la nuit, d'ailleurs.
Mme Harel: M. le Président, soyez bien certain que ce
n'est pas...
Le Président (M. Joly): Ce n'est rien de personnel contre
moi, là.
Mme Harel: ...contre vous, non. Le Président (M. Joly):
Bon! Mme Harel: Ne personnalisez pas.
M. Bourbeau: On avait dit le paragraphe 1°, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): C'est ça.
Mme Harel: Voilà. Alors, le paragraphe 1°. Je
comprends donc que vous repreniez, à l'article 44, paragraphe 1°, le
mandat qu'on retrouvait dans l'énoncé de politique. Je comprends
que ce mandat ne fait pas problème, je crois. Oui. Ah oui! Il fait
problème. D'accord. Comment entendez-vous procéder à la
définition de la problématique du marché du travail et de
l'emploi?
M. Bourbeau: En utilisant les mêmes moyens et les
mêmes méthodes qu'on utilise présentement dans les CFP.
Mme Harel: Je suis bien aise de l'entendre, M. le
Président, et, si tel était le cas, vous m'en verriez
réjouie, et je n'aurais pas besoin de présenter un amendement. Si
ce sont les mêmes moyens, ça veut donc signifier que les CCR vont
demeurer - est-ce bien le cas? - les comités consultatifs
régionaux qui servent actuellement à estimer les besoins de la
main-d'oeuvre et de l'emploi. Alors, est-ce que c'est vraiment les CCR qui vont
continuer à faire ça?
M. Bourbeau: M. le Président, rien, absolument rien
n'empêche que les sociétés régionales de
développement maintiennent des comités consultatifs et,
d'ailleurs, le paragraphe 5e de l'article 44 indique bien comme
objectif, pour les conseils régionaux, «de favoriser la
concertation entre partenaires sociaux, entre autres par la création de
comités consultatifs». Alors, les conseils régionaux
peuvent et sont même incités
à créer des comités consultatifs
régionaux.
Mme Harel: Ils sont incités, vous dites? Vous trouvez que
c'est une façon efficace de procéder?
M. Bourbeau: Oui, je pense que c'est très souhaitable de
le faire.
Mme Harel: Vous n'avez pas de réserves à faire sur
cette manière de faire?
M. Bourbeau: Bien, si j'en avais... Écoutez, la
réforme que je propose est marquée au coin de la concertation et
du partenariat. Alors, je ne vois pas pourquoi je m'objecterais. Au contraire,
je ne vois pas pourquoi je ne favoriserais pas la création de
comités consultatifs. C'est vraiment la technique que nous proposons et
que nous favorisons.
Mme Harel: Alors, vous ne verrez pas d'objection à ce
qu'on ajoute en amendement au paragraphe 1°: «par la création
de comités consultatifs régionaux»?
M. Bourbeau: Au paragraphe 1°?
Mme Harel: Oui, de manière à ce que l'article se
lise comme suit: «Un conseil régional a notamment pour fonctions:
1° de définir la problématique du marché du travail et
de l'emploi dans sa région par la création de comités
consultatifs régionaux». «Au moyen», excusez-moi.
M. Bourbeau: Mais c'est limitatif. Pourquoi est-ce qu'on
limiterait la définition de la problématique du marché du
travail et de l'emploi à la seule dimension des comités
consultatifs?
Mme Harel: Est-ce qu'il y a d'autres moyens? Quels sont-ils, les
autres moyens que les CCR?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que le
sous-ministre brûle du désir d'ajouter son grain de sel à
la conversation.
Le Président (M. Joly): C'est l'heure. M. Pronovost,
à vous la parole.
M. Pronovost: Évidemment, les CCR sont des moyens
privilégiés, mais les CFP utilisent aussi d'autres moyens pour
définir les besoins, notamment des sondages, des enquêtes et des
relevés de données semblables auprès des entreprises de
leur milieu.
Mme Harel: Donc, il y a des sondages. Par le biais de sondages,
vous dites? Des sondages...
M. Pronovost: Quand je dis sondages, c'est une cueillette de
données auprès des entreprises.
Mme Harel: Ce n'est pas des sondages d'opinion.
M. Pronovost: Ça peut être des questionnaires. Ce
n'est pas nécessairement un sondage d'opinion. C'est une cueillette de
données sur les besoins de chacune des entreprises.
Mme Harel: Une enquête, en fait. C'est plus une
enquête qu'un sondage.
M. Pronovost: Ce sont des économistes
régionaux...
Mme Harel: Je m'excuse. J'ai perdu mes verres et je suis assez
myope.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pronovost: Pour les besoins du Journal des débats,
je tiens dans les mains une étude du ministère qui s'appelle
«Perspectives sectorielles du marché du travail au
Québec» et dans ses régions, 1991, 1992 et 1995, qui est
faite à partir des données recueillies par les économistes
régionaux qui travaillent en collaboration avec les CFP et les CCR, donc
qui colligent les données dont je parlais tantôt.
Mme Harel: Alors, ce sont des moyens qui relèvent des CCR,
des enquêtes. Est-ce qu'il y a présentement des instruments autres
que les CCR et les enquêtes pour définir le marché du
travail et de l'emploi régional?
M. Pronovost: C'est les deux principaux, Mme Harel.
(Consultation)
M. Pronovost: On me dit qu'à la cueillette de
données dont je parlais tantôt et aux travaux des CCR il faut
aussi ajouter des rencontres que les conseillers en main-d'oeuvre des CFP
tiennent avec les associations sectorielles régionales, puis leur propre
expertise qu'ils développent à force de contacts avec les
entreprises du milieu aussi, les problèmes qu'on leur confie.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: ...j'avais oublié, malheureusement, de
réagir à la proposition de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve en lui disant que l'amendement qu'elle nous propose, j'ai
déjà l'intention de le proposer moi-même, au paragraphe
5° qui se lit, comme vous le savez, comme suit: «de favoriser la
concertation entre partenaires so-
ciaux, entre autres par la création de comités
consultatifs». L'amendement que je veux proposer viserait à
remplacer ce paragraphe-là par un paragraphe qui dirait: «de
favoriser la concertation entre les partenaires patronaux, syndicaux et
sociaux, entre autres par la création de comités
consultatifs». Alors, on voit que, déjà, les comités
consultatifs sont dans la lorgnette.
Mme Harel: C'est une chose, par ailleurs, que d'utiliser des
comités consultatifs pour favoriser la concertation, ce qui est
excellent - je pense bien qu'on appréciera favorablement l'amendement
quand le ministre le déposera - mais ça reste une autre chose que
de définir la problématique du marché du travail et de
l'emploi, notamment au moyen de la création de comités
consultatifs régionaux. Finalement, par rapport à la
définition de la problématique du marché du travail et de
l'emploi, c'est sans doute ce qui est peut-être considéré
comme, historiquement, la première fonction des comités
consultatifs régionaux. Les comités consultatifs
régionaux, c'est comme un produit des comités paritaires et un
produit, finalement, des années trente, d'une certaine façon.
Mais c'était au moment où patrons et salariés convenaient
ensemble de ce qu'il fallait accueillir comme main-d'oeuvre. Alors,
c'était l'époque des métiers fermés, des ateliers
fermés. Si vous voulez, d'une certaine façon, ces comités
consultatifs régionaux qui ont évolué dans la
modernité, c'est un produit des artisans avec les compagnons, qui a
évolué, finalement, pour pouvoir définir... (23 h 10)
C'est sûr qu'au départ ça avait surtout comme
fonction d'exercer un certain monopole sur l'entrée dans le
métier, de le contingenter d'une certaine façon. Mais ça a
quand même évolué beaucoup et, finalement, ces
comités consultatifs régionaux, je pense, se sont assez bien
tirés d'affaire et ont réussi, avant qu'on en parle au
Québec, que ça devienne à la mode et que le mot s'installe
dans tous les vocabulaires, à faire de la concertation entre employeurs
et, disons, salariés.
Alors, j'aurais un amendement à proposer, M. le Président,
au paragraphe 1° de l'article 4. Remplacer le paragraphe 1° par le
suivant...
Une voix: L'article 44.
Mme Harel: 44, excusez-moi. On dit l'alinéa plutôt
que le paragraphe, hein?
Une voix: Le paragraphe.
Mme Harel: remplacer le paragraphe 1° par le suivant:
«1° de définir la problématique du marché du
travail et de l'emploi dans sa région, notamment au moyen de la
création de comités consultatifs régionaux.»
Le Président (M. Joly): Alors, l'amendement est
considéré comme recevable. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, vous savez comment on
évalue les amendements de ce côté-ci. On les évalue
à leur valeur, sans aucune arrière-pensée. L'amendement en
soi n'est pas mauvais. Il pourrait être accepté et n'aurait pas
pour effet de diminuer la valeur du projet de loi ou de lui enlever sa
cohérence. La seule chose que nous trouvons de ce côté-ci,
après en avoir discuté, c'est qu'il nous apparaît que cet
amendement-là va a rencontre des objectifs recherchés par
l'Opposition. L'Opposition souhaite donner aux sociétés
régionales un maximum de liberté, de possibilités,
d'autonomie. Là, on a un article qui donne un mandat très vaste
au conseil régional: «définir la problématique du
marché du travail et de l'emploi dans sa région». C'est
vaste, c'est ample et ça donne toutes les possibilités. Et
là, avec un amendement, on vient restreindre la possibilité,
enfin restreindre, par voie de directive aux sociétés
régionales... On leur dit: Vous avez un mandat très large, mais,
incidemment, vous devrez faire ceci pour y arriver. Donc, d'une certaine
façon, c'est un peu offensant pour les sociétés
régionales. Ça a pour effet de faire un peu de dirigisme à
leur endroit, ce qu'on nous reproche, d'ailleurs, dans d'autres paragraphes du
projet de loi.
Maintenant, sur les comités consultatifs régionaux,
déjà, au paragraphe 5°, j'ai annoncé mon intention...
D'ailleurs, c'est déjà dans le paragraphe 5°: «de
favoriser la concertation entre partenaires sociaux, entre autres par la
création de comités consultatifs». Alors, là, on se
trouve, dans le même article, à venir deux fois de suite dire
qu'on souhaite la création de comités consultatifs. *Sur le plan
de la logistique, on m'avise que ce n'est peut-être pas la trouvaille du
siècle, et je n'en veux pas à l'Opposition. Peut-être qu'on
n'avait pas réalisé que cette notion-là, de comités
consultatifs régionaux, était déjà inscrite dans ce
même article. Alors, si l'Opposition nous disait que c'est la seule
chose, M. le Président, qu'il reste à faire avant d'adopter le
projet de loi, je veux bien ajouter un amendement semblable, mais il n'ajoute
rien, à mon avis; il limite, d'une certaine façon, les horizons
de la société régionale. Et, sur le plan de la logistique,
il ne fait pas en sorte de faire un bon article. Donc, la balance des
inconvénients, selon nous, ne milite pas en faveur de l'acceptation de
l'amendement.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Je regrette que le ministre utilise l'argument du
dirigisme. Cet argument m'étonne parce que non seulement il ne s'agit
pas d'atténuer ies capacités des sociétés
régionales, bien au contraire, il s'agit surtout de donner
suite à une des recommandations contenues dans le mémoire
de l'Association des commissions de formation professionnelle elle-même.
Celles qui vont se transformer en sociétés régionales
souhaitent plus encore que ça, parce que leurs recommandations... Non
seulement elles souhaitent le maintien de ces comités consultatifs
régionaux; plus encore, elles souhaitaient leur caractère
obligatoire.
M. Bourbeau: Mais vous l'avez au paragraphe 5°. Vous l'avez,
cette notion-là, dans le paragraphe 5°.
Mme Harel: Dans le paragraphe 5°, vous parlez de favoriser la
concertation, mais on ne sait pas sur quoi. De plus en plus, bien des gens,
d'ailleurs, se demandent si, essentiellement, l'énergie n'est pas
investie à concerter la concertation. C'est phénoménal,
phénoménal, ce que ça se concerte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mais on ne sait pas trop où ça s'en va
et sur quoi exactement les choses évoluent ou sur quoi les discussions
portent. Mais Dieu que ça se concerte! Et «favoriser la
concertation entre partenaires sociaux», c'est intéressant, mais,
en fait, c'est sans objet. La concertation, ça ne peut pas consister
à créer des comités. Regardez, par exemple, on dit:
«de favoriser la concertation entre partenaires sociaux, entre autres par
la création de comités consultatifs». Je veux bien, mais
ces comités-là, on ne dit pas que ça va être pour
faire de l'estimation de besoins. On ne dit pas que ça va être
pour intégrer le développement de la main-d'oeuvre, le
développement régional et le développement de l'emploi.
Ça va être pour se concerter que les comités vont
siéger. Ce n'est pas vraiment assez, je crois, pour que les gens dans
les régions aient le sentiment que ça vaut la peine de prendre du
temps pour faire ça. Je le crois sincèrement.
Ma collègue, la députée de Chicoutimi, m'incite
à examiner le mot «problématique», d'ailleurs, qu'on
retrouve au paragraphe 1° plutôt que le terme «estimation des
besoins». En fait, les CCR servaient à estimer les besoins de la
main-d'oeuvre et de l'emploi. Là, ils vont servir à
définir la problématique. J'ai cherché le mot
«problématique» dans le dictionnaire; il y a deux sens. Je
n'utiliserai pas le sens qui est lié au problème: «dont
l'existence, la vérité, la réussite est douteuse».
Ce n'est pas dans ce sens-là que l'utilise, définitivement, le
projet de loi. L'autre sens: «art, science de poser les
problèmes». Alors, en fait, c'est comme si le marché du
travail et de l'emploi était un problème, d'une certaine
façon. Et je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'utiliser...
M. Bourbeau: Ça dépend dans quel dictionnaire vous
vérifiez. C'est le «Petit Robert», ça?
Mme Harel: «Larousse» ou «Robert»? Le
«Petit Robert».
M. Bourbeau: Nous, c'est le grand Robert qu'on aime.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Est-ce qu'il n'y a pas lieu de mieux préciser,
peut-être, que c'est bien d'estimation des besoins du marché de
l'emploi et du marché du travail qu'il est question? Est-ce que c'est
ça dont il est question au paragraphe 1°?
M. Bourbeau: «De définir la problématique du
marché du travail et de l'emploi dans sa région». C'est
vague, c'est large, c'est généreux.
Mme Harel: Est-ce que c'est plus généreux que
l'estimation des besoins?
M. Bourbeau: C'est plus large encore.
Mme Harel: En tout cas, M. le Président, je regardais,
à la page 41 de l'énoncé de politique sur le
développement de la main-d'oeuvre, les mandats confiés aux
sociétés régionales par rapport au projet de loi.
C'était un exercice assez intéressant, parce que, pour le premier
paragraphe, on y retrouve exactement la même définition, mais il y
a des mandats qui ne se retrouvent plus dans le projet de loi comme, par
exemple, celui d'«établir les priorités régionales
de formation et de développement de la main-d'oeuvre».
M. Bourbeau: La députée a sans doute oublié
l'article 43 du projet de loi qui dit: «Un conseil régional
détermine les orientations et les priorités de la
société régionale, relativement à la gestion des
programmes et de ses ressources, dans le cadre des politiques et des
règlements de la Société.»
Mme Harel: On l'a adopté trop vite. M. Bourbeau:
Pardon?
Mme Harel: On l'avait adopté trop vite. Vous voyez,
ça prouve, M. le Président, qu'il faut que je prenne plus de
temps pour...
Des voix: Ha, ha, ha! (23 h 20)
Mme Blackburn: Regarde, Louise: «...les orientations et les
priorités de la société régionale, relativement
à la gestion des programmes», pas à l'estimation des
besoins non plus qu'à la planification et à
l'établissement des priorités.
M. Bourbeau: Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ne devrait pas écouter la députée de
Chicoutimi, ça la distrait.
Mme Harel: Merci, M. le ministre, de ce bon conseil, mais Mme la
députée de Chicoutimi me donne d'excellents conseils. Et,
effectivement...
M. Bourbeau: Ce n'est pas très évident.
Mme Harel: ...elle attire mon attention, et elle pourra
s'exprimer elle-même, elle a tout à fait raison: il y a un monde
de différence entre le mandat qu'on retrouve à la page 41 de
l'énoncé de politique qui dit: «établir les
priorités régionales de formation et de développement de
la main-d'oeuvre», et l'article 43 qui dit, effectivement:
«détermine les orientations et les priorités de la
société régionale», mais qui ajoute
«relativement à la gestion des programmes». Alors, il ne
s'agit plus d'établir des priorités régionales de
formation et de développement; il s'agit d'établir des
priorités dans la gestion des programmes et des ressources, et on ajoute
aussi: «dans le cadre des politiques et des règlements de la
Société» mère. Il n'y a plus de priorités
régionales là-dedans. En fait, l'idée, c'est que la
société mère établit les politiques, les
règlements, établit les programmes, alloue les ressources. La
société régionale les gère et, dans la gestion,
elle a le droit d'établir des priorités.
Mme Blackburn: Elle décide si elle commence par Alcan ou
par Abitibi-Price.
Mme Harel: Quand je pense que j'ai laissé passer cet
article-là, M. le Président. J'espère que j'ai voté
sur division. Ça ne se peut pas.
Le Président (M. Joly): Non, vous avez voté pour,
madame.
Mme Harel: Êtes-vous certain? Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Sur division? Une voix: Non.
Mme Harel: Adopté? Bon, il va falloir que je me reprenne
dans les amendements qu'on va déposer.
M. Bourbeau: Vos actes vont vous suivre jusqu'à la
tombe.
Le Président (M. Joly): Et on vous les rappellera.
Mme Harel: Veux-tu intervenir, Jeanne?
Mme Blackburn: Oui.
Mme Harel: C'est ça, quand on va trop vite.
M. Bourbeau: Comment, trop vite? Vous n'allez pas trop vite, vous
avez fait 43 articles en 38 heures.
Mme Harel: On va demander en combien d'heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Est-ce qu'une fois la problématique
définie, je veux dire, la Société décide ensuite
dés priorités qui pourraient être établies par la
société régionale, mais en fonction de la grille d'analyse
établie par le national? Parce qu'à mon avis il y a une
différence entre «problématique» et «estimation
des besoins». Vous pouvez établir votre problématique en
disant, par exemple, pour une région comme celle du Bas-du-Fleuve ou de
la Gaspésie que je connais un peu, je connais aussi la mienne... Mais il
y a des problématiques qui varient selon les régions, surtout
dans ces régions-là, ou qui sont reliées à la
sylviculture, à la pêche, aux mines. Là, on peut constater
que les problématiques sont extrêmement variables et, je dirais,
un peu mobiles, parce que, une fois que vous avez bouché un trou, il
s'en ouvre un autre, dans les régions, c'est à peu près
ça. Mais ça va servir à quoi s'ils ne font pas une
estimation des besoins et qu'ils n'établissent pas leurs
priorités? S'ils ne le font pas et s'ils peuvent être
désavoués ou encore qu'ils n'entrent pas dans votre grille,
comment est-ce que ça fonctionne?
M. Pronovost: M. le Président, dans notre esprit, le mot
«problématique» est plus large que la simple estimation des
besoins, mais il englobe nécessairement l'estimation des besoins. Et
pourquoi il faut un mot plus large? C'est parce que la société
régionale, telle qu'elle est conçue ici, va non seulement
répondre a des besoins de développement, mais offrir aussi des
services, dont des services-conseils, à la gestion des ressources
humaines. C'est pour ça que le mot «problématique»,
à ce moment-là, est plus intéressant que le terme
«estimation des besoins» qui, lui, est lié plus strictement
au développement dans le sens formation de la main-d'oeuvre. Ça
se veut un petit peu plus large.
Mme Blackburn: Mais je me demandais s'il n'aurait pas
été intéressant d'utiliser les deux termes:
«problématique du marché du travail et de l'emploi»
et «estimation des besoins». Puis ça a l'avantage aussi,
faut-il le dire, de rappeler un concept qu'ils connaissent
déjà.
(Consultation)
M. Bourbeau: Si je comprends bien, vous nous dites que vous
voudriez qu'on ajoute «et les besoins de l'emploi dans sa
région» plutôt que «et de l'emploi».
Une voix: L'estimation des besoins.
Mme Blackburn: Je pensais que ce serait plus complet,
«problématique» et «estimation des besoins»,
surtout qu'en parlant de l'estimation des besoins en matière de
formation ça fait référence à un concept qu'ils
utilisent déjà dans les CFP. Donc, je veux dire, ils sont
déjà dans cette perspective. Il me semble que ce ne serait pas
inintéressant.
M. Bourbeau: Bon, vous voulez insérer la notion de
l'estimation des besoins en plus de...
(Consultation)
M. Bourbeau: m. le président, on va attendre que la
porte-parole officielle soit attentive. elle pose des questions et elle ne veut
pas entendre les réponses.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, M. le ministre a une réponse pour vous.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois comprendre qu'il y a une
proposition? Vous nous demandez d'amender le projet de loi au paragraphe
1°? C'est ça que vous voulez ou vous nous proposez?
Mme Blackburn: Oui, moi, je l'avais suggéré et, si
vous pensez que c'est recevable, oui, on pourra en faire un amendement.
M. Bourbeau: Bien, ce n'est pas que ce n'est pas recevable. On
pourrait très bien le faire. Pour nous, ce serait l'équivalent
d'un pléonasme, en ce sens que, pour nous, ce qui est là comprend
déjà ça. Mais, si c'est pour accélérer les
travaux ou faire en sorte de mettre un peu de vaseline ou d'huile dans les
rouages, M. le Président, moi, je n'en suis pas à une concession
près, là. Alors, c'est à vous de...
Mme Vermette: Pas nécessairement, M. le Président.
Quand on parle de définir une problématique, il faut savoir,
d'abord, s'il y a un problème, la provenance du problème et son
envergure. L'estimation des besoins, bien, c'est ce qu'il faut pour
répondre, corriger une situation ou une problématique
donnée. À mon avis, c'est deux choses qui pourraient
être...
M. Bourbeau: Alors, on peut préparer un amendement, M. le
Président. Si vous voulez, on peut suspendre ce paragraphe 1°,
préparer un amendement, l'amendement Blackburn, et on reviendra avec
tout à l'heure.
Une voix: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Joly): Est-ce que je dois comprendre que
l'amendement qui a été déposé par Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve au paragraphe 1°, vous le
retirez?
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous ne le retirez pas, hein?
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Joly): O.K. On va attendre le
sous-amendement.
Mme Harel: M. le Président, je vous parlais donc sur
l'amendement que j'ai dépose-Le Président (M. Joly): Oui,
s'il vous plaît.
Mme Harel: ...qui ajoute les mots «notamment par la
création de comités consultatifs régionaux».
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, c'est ce que je viens
de... Excusez, M. lé ministre. Ou il y a un malentendu quelque part.
Qu'est-ce que vous enlevez dans votre amendement?
Mme Harel: J'ajoute «par la création de
comités consultatifs régionaux».
Le Président (M. Joly): Oui. Et là vous rajoutez
autre chose?
Mme Blackburn: Je m'excuse, c'est parce que...
M. Bourbeau: Bien, c'est que les deux députées ont
demandé chacune un amendement.
Mme Blackburn: C'est ça. J'aurais dû parler sur
l'amendement de la députée de Hochelaga-Maisonneuve avant de
suggérer un nouvel amendement. Alors, je pense qu'il faut revenir
à l'amendement.
Le Président (M. Joly): Votre amendement au paragraphe
1°, ça tient toujours?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Joly): Parfait. Merci. À vous la
parole.
Mme Harel: Merci.
M. Bourbeau: Là, il y a un déluge d'amen-
dements.
Mme Harel: M. le Président, je retrouvais, dans les
mémoires présentés à la commission des affaires
sociales sur l'énoncé de politique, ce que l'APCFP, l'Association
provinciale des commissions de formation professionnelle, en particulier, et la
commission de formation professionnelle de la région
métropolitaine de Montréal écrivaient à propos des
comités consultatifs régionaux et à propos des mandats que
l'énoncé de politique voulait voir confier et au projet de loi et
à l'énoncé de politique. (23 h 30)
D'abord, je veux juste signaler ceci. Des fois, on a l'impression qu'il
n'y a personne qui suit nos débats, qu'on est, finalement, à la
fin d'une session, à la veille des nuits chaudes de juillet, puis,
finalement, c'est un peu en vase clos qu'on a l'impression de discuter de tout
ça. Mais je veux vous rassurer: il y a des milliers de personnes qui ont
été consultées, qui se sont déplacées, qui
ont participé à des colloques, à des réunions,
à des assemblées générales spéciales pour
donner leur point de vue là-dessus. Par exemple, dans le point de vue
exprimé par l'Association des commissions de formation professionnelle,
Mme la Présidente... M. le Président...
Le Président (M. Joly): Madame, je vous pardonne. Une
chance que je ne suis pas d'un tempérament agressif.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je ne sais pas si la députée de
Chicoutimi est du même avis, là.
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Blackburn:...
Mme Harel: Ce n'est peut-être pas à propos du
président, mais du ministre qu'elle pense cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Enfin! Alors, une consultation des 1200 membres des
comités consultatifs régionaux a été
effectuée. Ce n'est pas rien, hein? De ces membres, 672 sont des
représentants de salariés, dont 178 proviennent de la FTQ, 91 de
la CSN, 52 de la CSD et 258 d'autres groupes ou associations professionnelles.
Ça, ça m'est apparu intéressant parce que, finalement, il
y a presque le tiers des représentants de salariés qui
siègent actuellement sur les comités consultatifs
régionaux et dans les structures des CFP, le tiers presque qui ne sont
pas affiliés à une centrale syndicale, mais qui sont des
représentants de groupes ou d'associations professionnelles. J'imagine
que le ministre en a déjà pris note et qu'il en tiendra compte
dans les nominations qu'il aura à faire sur les conseils
d'administration. Ceci dit, de ces 1200 membres consultés, il y avait
également 597 membres qui provenaient d'associations d'employeurs. Et
c'est assez intéressant de prendre connaissance de ce qu'ils disent
à propos des comités consultatifs régionaux. Je voudrais
en lire juste quelques extraits pour qu'on puisse bien comprendre les
conséquences que ça peut avoir le fait qu'une région n'ait
pas la marge de manoeuvre qu'il lui faut pour établir des
priorités régionales, pour définir des
problématiques et estimer des besoins, puis y donner suite. Il ne faut
pas juste définir la problématique. Il faut, une fois que la
problématique est définie, avoir les moyens de remédier ou
de corriger la situation quand des problèmes se présentent.
Alors, on y dit ceci: Les sociétés régionales
doivent être en mesure d'adapter les programmes et les normes en fonction
de leurs besoins spécifiques, c'est-à-dire un transfert des
budgets non dépensés au cours d'une année sur
l'année subséquente. Tantôt, je demanderai au ministre:
Est-ce qu'en vertu de sa nouvelle structure il serait possible à une
société régionale de transférer sur l'année
suivante le budget qu'elle n'aurait pas dépensé l'année
précédente? Ou bien la logique va être de tout, tout, tout
dépenser, sinon ça retourne au fonds consolidé ou à
la société mère. Vous savez ce que ça amène:
à la fin de l'année, on y va, on racle les fonds, puis, tenez, un
cours n'est pas trop pertinent ni prioritaire, ce n'est pas grave, parce que,
si on ne dépense pas l'argent, de toute façon, on ne l'aura pas,
ça ne restera pas dans la région. Ça, ça en est un
bel exemple de critère bureaucratique, finalement, appliqué pour
des bons motifs, l'idée étant que l'argent puisse être
utilisé par un organisme central, fonds consolidé ou
société mère, qui saura mieux le distribuer. Mais l'effet
pervers, c'est que ça n'arrive jamais au fonds consolidé,
à la société mère, la dynamique étant de
tout dépenser avant, n'est-ce pas? Alors, eux, ce qu'ils
réclament, c'est le transfert des budgets non dépensés au
cours d'une année sur l'année subséquente.
Deuxièmement, le transfert des budgets reliés à un
programme vers un autre programme davantage en demande dans la région.
Ça n'a l'air de rien, ça, mais la société
mère décide: Voilà, c'est tel programme sectoriel qui va
se faire, et on va dépenser de l'argent, par exemple, pour les
chauffeurs, le camionnage lourd. À ce moment-là, une
région considère que ce n'est pas tellement en demande et
voudrait avoir la marge de manoeuvre pour le transférer vers un autre
programme qu'elle considère en demande dans sa région.
L'année dernière, je suis allée faire une petite
tournée dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie. J avais juste sorti
les chiffres avant de partir et je m'étais rendu compte qu'aux
îles-de-
la-Madeleine et en Gaspésie la CFP avait périmé 2
000 000 $. Avec un taux de chômage officiel de 28 %, je m'étais
demandé comment une commission de formation professionnelle avait pu ne
pas dépenser 2 000 000 $ dans une année. Ça
réapparaissait tellement aberrant. Aux îles-de-la-Madeleine, quand
j'y suis allée, j'avais rencontré des fonctionnaires, des
employés qui m'avaient expliqué que c'était en partie
dû à la rigidité des programmes. Alors, que le programme
soit rigide parce qu'il vient du ministère ou que le programme soit
rigide parce qu'il vient de la société mère, ça va
changer quoi, finalement, au bout du compte, dans la région? Donc,
transfert des budgets non dépensés et transfert des budgets
reliés à un programme vers un autre programme davantage en
demande dans la région.
Troisièmement, pour avoir la marge de manoeuvre sur le ratio du
nombre de personnes regroupées pour démarrer un cours. Eh! que
ça a l'air innocent, hein, ratio du nombre de personnes
regroupées pour démarrer un cours! Ça, M. le
Président, c'est le nerf de la guerre, parce que, le ratio, il est le
même partout. Qu'on soit à Laval où il y a 300 000 de
population, qu'on soit sur ITle de Montréal où il y en a 2 000
000 ou qu'on soit à Chicoutimi ou en Abitibi, c'est le même ratio.
Alors, vous avez idée...
Je suis allée à Trois-Rivières le 3 juin, il y a
deux semaines ou trois semaines, c'était la commission de formation
professionnelle de la Fédération des collèges qui m'avait
invitée, et tous m'ont parlé de leur problème de former
des groupes. Tous, tous. Ils m'ont dit: Ce n'est pas un problème dont,
vous, vous pouvez entendre parler à Montréal. Puis, pourtant, on
l'a, ce problème-là, aussi à Montréal. C'est
étonnant, mais on l'a également. Mais paraît-il qu'en
région les ratios du nombre de personnes exigées pour
démarrer un cours, au moment où le cours peut démarrer, M.
le Président, s'il fait défaut que des personnes se
présentent, c'est reporté et, finalement, ça ne
réussit jamais.
Alors, tout ça pour terminer, en vous disant, sur l'amendement
que je présente, combien c'est important que les sociétés
régionales ne soient pas condamnées aux diktats bureaucratiques
de la société mère ou du ministère. C'est comme si
le ministre pensait qu'en passant du ministère à la
société mère il allait y avoir un effet miraculeux et que
les ratios normes, les critères, etc., ça allait devenir
meilleur. Il n'y a pas de raison que ça devienne meilleur si les
sociétés régionales n'ont pas un pouvoir d'adapter ces
critères, ces normes, ces ratios, etc. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: La création de comités consultatifs
pour définir la problématique ne manque pas
d'intérêt, parce que, si vous voulez maintenir un peu
d'intérêt dans les régions, il va falloir que vous y
associiez du monde. Aussi, si vous souhaitez - je pense que vous le souhaitez -
maintenir un peu d'esprit critique, une capacité de pression, si la
Société se fait par trop envahissante ou pas suffisamment souple,
a des règles trop rigides, si, pour toutes sortes de raisons, les
régions n'arrivent plus à répondre vraiment à ce
qu'elles estiment être des besoins, un comité créé
et composé de bénévoles a souvent beaucoup de pouvoirs
dans ces cas-là. Il a des pouvoirs parce qu'il exerce des pressions,
parce qu'il est capable de mener ses revendications en haut lieu, d'autant que
c'est généralement composé, ça devrait être
composé de représentants du milieu qui ont du pouvoir dans le
milieu, soit parce qu'ils sont en affaires, soit parce qu'ils sont dans des
organisations syndicales ou communautaires. (23 h 40)
Et c'est bon qu'ils soient associés à une activité
qui oblige à une réflexion plus intégrée des
besoins, davantage que... Là où ils se trouvent, c'est pour
favoriser la concertation. La concertation pour faire quoi, là? Je n'ai
pas encore trop, trop compris. À tout prendre, je me dis: J'aimerais
mieux le voir là - il faudrait que je le demande à ma
collègue - quitte à l'abandonner dans le cinquième
paragraphe. Mais il trouverait mieux sa place au moment où on est en
train de définir des problématiques que, là, pour
favoriser la concertation entre les partenaires. Pour faire quoi? C'est
ça que je n'arrive pas à voir. Qu'est-ce que ça peut
faire, la concertation, là, s'il n'est pas directement associé
à la définition de la problématique?
C'est pour ça que, moi, je n'en parlerai pas plus longuement. Je
pense que c'est un argument qui se défend. C'est pourquoi je
favoriserais, j'appuie la proposition d'amendement de ma collègue. Je ne
pense pas que ça change fondamentalement la philosophie, sauf que
ça rapproche le comité de la définition de la
problématique. La concertation, si c'est la concertation exclusivement,
si on parle de concertation entre les partenaires patronaux, syndicaux et
sociaux...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, s'il vous plaît.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. L'amendement qui a
été déposé, je pense que c'est un
élément important qui s'ajoute à ce paragraphe et je pense
que ce qui est important au moment où nous sommes en train de travailler
sur ce projet de loi, c'est de créer dès liens de confiance, un
sentiment d'appartenance des différents milieux, pour arriver à
définir cette concertation-là, mais une concertation surtout
entre le monde patronal, syndical et social, le milieu social. Il faut
absolument qu'il y ait un
intérêt, un but commun, une entreprise commune. Et je pense
que, si on n'a pas cette idée-là au point de départ, ce
sera toujours difficile, parce qu'on sait très bien que c'est les
intérêts particuliers de chaque groupe qu'on essaie de
défendre. Donc, il faut avoir un objectif commun, une vision commune, et
cette vision peut être de définir cette problématique et
aussi de faire l'estimation des besoins. Et, en ce sens, on laisse tomber, dans
chaque groupe, si vous voulez, ses priorités ou ses impératifs
pour arriver à une forme de consensus qui favorise la décision ou
qui permet de faire des choix beaucoup plus éclairés, à
mon avis. Alors, dans ce sens-là, je considère que c'est tout
à fait approprié.
En fait, la concertation, on peut bien la favoriser, c'est bien
sûr, mais si elle ne vient pas d'un réflexe spontané des
gens qui travaillent ensemble, dans un but commun, moi, je pense que, de toute
façon, on pourra toujours écrire «favoriser», mais
ça demeure un voeu pieux, on est placés vis-à-vis de rien
et ça devient beaucoup plus difficile à ce moment-là. Je
pense que c'est comme mettre la charrue devant les boeufs. Le conseil,
ça devient un instrument pour favoriser cette concertation-là,
mais c'est non pas imposer une concertation pour favoriser, si vous voulez, la
création d'un comité consultatif. À mon avis, c'est
beaucoup préférable, en fait, de commencer tout de suite par ce
comité consultatif où il y a un lieu donné, une structure
donnée; on établit aussi un moyen de travailler et de faire les
choses. Je pense qu'à ce moment-là il y a une pensée qui
se développe et qui peut s'harmoniser dans le but d'arriver à une
action commune, et c'est ce qui est important, d'autant plus qu'il n'y a pas
nécessairement des racines très profondes au niveau de la
concertation. Donc, comme on n'a pas de racines, c'est très fragile,
cette forme de concertation, surtout dans le milieu régional, parce
qu'il peut y avoir aussi différentes sous-régions avec des
problématiques complètement différentes, ce qui fait en
sorte qu'il y aurait peut-être des groupes qui voudraient aller plus vite
ou plus loin et on passerait à côté de l'objectif premier,
définir la problématique.
En ce sens, je me dis: Plutôt que d'arriver toujours à des
tiraillements, trouvons donc le moyen tout de suite, au point de départ,
de donner les chances les plus favorables de succès. Et, entre autres,
ce conseil consultatif pourrait devenir cet instrument qui permettrait
d'atteindre des objectifs que le ministre vise, c'est-à-dire favoriser
la concertation entre les différents partenaires et le milieu. C'est une
façon, dans le fond, de se donner un cadre bien reconnu, bien
légitime, et qui ferait en sorte que ces gens-là
développeraient le sentiment d'appartenance et là il y aurait un
motif pour travailler ensemble et véritablement vivre cette
concertation-là aussi.
Probablement, M. le Président, que je n'ai pas vraiment
infléchi le ministre en ce qui concerne cette motion. J'ai l'impression
que, quant à lui, la décision est prise, mais il aurait
intérêt en tout cas, moi, je pense... J'ai déjà
enseigné en santé et sécurité du travail à
l'Université de Montréal, et ce que j'enseignais, c'était
la problématique dans le milieu de la santé et de la
sécurité au travail. Ce dont on s'est aperçu, en fait, si
on voulait que les gens travaillent dans cet esprit de concertation là,
c'est qu'il fallait toujours avoir un objectif commun, et c'est cet objectif
commun qui fait en sorte que les individus peuvent travailler dans cet esprit
de concertation. S'il n'y a pas d'intérêt commun, s'il n'y a pas
un objectif, un but ultime, un but commun, c'est très difficile. On
disait: Quand les gens sont solidaires... Surtout que, dans ce
milieu-là, c'est quand il y avait un accident ou qu'il arrivait une
catastrophe qu'on s'apercevait que les gens étaient... Parce qu'il y
avait quelque chose d'un intérêt commun pour la majorité
des gens. Donc, moi, je pense que la motion réellement il faudrait en
tenir compte ou la regarder très sérieusement dans ce sens.
Une voix:...
Le Président (M. Joly): Pardon, M. le
député? Je n'ai pas saisi.
M. Bourbeau: M. le Président, disons qu'on est en
présence de deux demandes de l'Opposition de modifier l'article en
question. La députée de Hochelaga-Maisonneuve a une proposition
formelle; la députée de Chicoutimi nous a indiqué
tantôt son grand désir d'améliorer le projet de loi d'une
autre façon. Comme je vous l'ai déjà dit, nous, on n'a pas
d'objection à regarder toute proposition constructive qui est sujette
à améliorer le projet de loi. Si ça n'ajoute rien de
positif, on peut toujours accepter des amendements aussi; si ça diminue,
là, on est plus hésitants. Mais ce qu'on pourrait peut-être
faire, c'est suspendre le paragraphe 1°. On va regarder dans quelle mesure
on peut... On va considérer les propositions et on va voir si, oui ou
non, on peut les accepter. On pourra revenir plus tard, soit demain, soit
lundi, mardi la semaine prochaine ou l'autre semaine après. Quand on
sera rendus à l'article 44.1°...
Le Président (M. Joly): Alors, vous aimeriez suspendre
seulement le paragraphe 1°?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Joly): Bon. Parfait. Alors, nous allons
suspendre l'amendement...
M. Bourbeau: Le paragraphe 1°.
Le Président (M. Joly): ....le paragraphe 1° de
l'article 44. Parfait. Alors, le paragraphe 2° est appelé.
M. Bourbeau: Ce paragraphe définit une fonction majeure
d'un conseil régional qui consistera à adapter les programmes de
la Société de façon à ce qu'ils répondent
davantage aux réalités de la région.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, s'il
vous plaît.
Mme Harel: Dans l'énoncé de politique, parmi les
mandats qui étaient attribués aux sociétés
régionales, on lisait: «adapter les programmes aux
réalités de la région», point. Dans le projet de
loi, c'est devenu: «dans la mesure où les conditions de leur mise
en oeuvre le permettent». D'une façon assez systématique,
le projet de loi formule plus restrictivement en assujettissant plus à
la société mère ce que l'énoncé de politique
formule, disons, plus libéralement, peut-on dire.
Dans le mémoire que la commission de formation professionnelle du
Montréal métropolitain présentait à ce
sujet-là, l'Association disait ceci: II appert que les attributions des
sociétés régionales seraient subordonnées aux
programmes de développement de la main-d'oeuvre élaborés
par la Société - mère, là - dans le cadre des
politiques du gouvernement. (23 h 50)
Dans son énoncé de politique, le gouvernement soutient
pourtant que «les sociétés régionales, loin
d'être des structures executives de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, auront
des responsabilités claires qui leur permettront d'orienter le
développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi dans leur région
respective», à la page 41 de l'énoncé de politique.
Mais ce dont on se rend compte, c'est que, finalement, les
sociétés régionales, dans le projet de loi, sont devenues
des structures executives de la Société
québécoise.
Et la commission de formation professionnelle du Montréal
métropolitain ajoutait: Nous ne pouvons que constater ici une profonde
divergence entre l'énoncé de politique et son application au
niveau des articles du projet de loi, et ce, malgré le contexte actuel
où l'on insiste de plus en plus sur la décentralisation et la
prise en charge par les régions de leur développement global.
À ce sujet, d'ailleurs, l'Union des municipalités du
Québec, l'UMQ, soulignait dans son avis, suite aux recommandations du
Groupe de travail interministériel sur le développement
régional, que - et je cite - «la responsabilité du
développement régional pris dans son sens large ne doit pas
être perçue comme un monopole ou une chasse gardée des uns
et des autres. L'implication de tous les intervenants demeure, par
conséquent, fondamentale, car le développement économique
de nos régions ne peut être viable que s'il repose sur des
consensus largement établis et une responsabilisation de
chacun.»
Et ce qu'ajoute le mémoire de la CFP de
Montréal, c'est ceci - et je cite: «II semble que le projet
de loi va à rencontre de ces positions en centralisant les prises de
décisions au niveau de la Société et en conservant la
définition des politiques au niveau ministériel.» La
Commission ajoutait: «Dans le contexte du transfert éventuel au
Québec des programmes et des fonds fédéraux, la
création de la Société ne doit pas être le simple
déplacement d'un pouvoir centralisé actuellement à Ottawa
et à Québec, mais bien se faire dans la perspective d'une
véritable régionalisation et décentralisation des pouvoirs
et des responsabilités. En ce sens, les sociétés
régionales doivent avoir un environnement décisionnel souple,
détenir un contrôle minimal sur leurs propres moyens et, enfin,
détenir une capacité réelle d'innovation».
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'article 44 ne va pas dans ce
sens-là et évidemment pas le deuxième alinéa de 44.
Ce deuxième alinéa nous donne, finalement, la mesure des choses,
parce qu'on ne permet même pas à la Société
d'adapter les programmes aux réalités de la région. On ne
le lui permet, ce pouvoir d'adaptation, que dans la mesure où les
conditions de la mise en oeuvre des programmes le permettent.
Bon. Il y a une philosophie derrière ça. Ça se
tient, il faut dire. C'est cohérent, le projet de loi 408, ça se
tient. En fait, l'idée, c'est qu'on ne la partage pas, cette
philosophie. On ne la partage pas de ce côté-ci, dans
l'Opposition. Et ça m'apparaît évident. J'en parlais avec
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui, lui, est
convaincu - je ne sais pas si c'est à tort ou à raison; je n'ai
pas travaillé dans le dossier de la santé et des services sociaux
- que le ministre de la Santé et des Services sociaux a un point de vue
diamétralement opposé à la philosophie qui est
sous-jacente au projet de loi 408, qu'il a un point de vue régionaliste
et que c'est ce point de vue régionaliste qui a, finalement,
prévalu, comme d'ailleurs le ministre du Développement
régional.
Alors, M. le Président, je ne sais pas si mes collègues
veulent intervenir sur ce deuxième alinéa avant que je fasse un
amendement. En fait, je peux l'annoncer tout de suite. L'amendement va
simplement consister à biffer «dans la mesure où les
conditions de leur mise en oeuvre le permettent».
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: Oui. Je ne sais pas si j'aurai l'information.
C'est «d'adapter les programmes aux réalités de la
région» et, quand on ajoute «dans la mesure où les
conditions de leur mise en oeuvre le permettent», qu'est-ce qui serait
une condition qui ne le permettrait pas peut-être pour qu'on puisse
comprendre la portée de cette restriction?
(Consultation)
M. Bourbeau: C'est le pendant de l'article 20 qui parle des
programmes de la Société et qui dit: «Ces programmes
doivent déterminer dans quelle mesure ils sont mis en oeuvre et
gérés par les sociétés régionales».
Alors, on comprend, M. le Président, qu'il y a des programmes qui sont
mis en oeuvre par la société mère, dont la gestion est
déléguée aux sociétés régionales, et
que, dans cette délégation-là, on établit les
limites de l'extension de ces programmes-là. Il faut quand même
qu'on comprenne très bien les conditions qui peuvent permettre la mise
en oeuvre de ces programmes-là. Alors, en toute logique, comme on avait
adopté l'article 20 - je ne sais pas si on l'avait adopté ou non,
mais, enfin, on a l'intention de le faire adopter - alors, le pendant, c'est
l'article 44.2°.
Je ne vois pas pourquoi l'Opposition fait un plat avec ça. C'est
bien évident que les programmes qui vont être proposés vont
prévoir une adaptation aux régions, mais il y a des limites dans
l'adaptation. Je sais que la députée de Chicoutimi trouve
ça très drôle, M. le Président, mais je veux que
vous sachiez une chose, c'est qu'on n'est pas dupes de votre petit jeu,
là, puis...
Mme Blackburn: Moi, je ne trouve pas... Mme Harel: Non, je
ne trouve pas ça drôle.
M. Bourbeau: On fait semblant, M. le Président, de prendre
ça très au sérieux.
Mme Blackburn: Non, c'était très
sérieux.
M. Bourbeau: on s'affaire à préparer des
amendements pour faire plaisir à la députée de
hochelaga-maisonneuve, pour tenter de satisfaire la députée de
chicoutimi. il ne faudrait pas croire que le jupon ne dépasse pas un
petit peu là, ça dépasse un petit peu là. mais ce
n'est pas grave.
Mme Blackburn: Non, moi, j'ai compris...
M. Bourbeau: Ce n'est pas grave, M. le Président...
Mme Harel: Je ne sais pas si mon jupon dépasse, je n'en ai
pas.
Mme Blackburn: Moi non plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...on va continuer...
Mme Harel: Ce serait difficile qui! dépasse.
Mme Blackburn: II y a longtemps que ça ne se porte
plus.
M. Bourbeau: On va continuer à manifester...
Mme Harel: Mais, si le ministre veut savoir ce que me disait Mme
la députée de Chicoutimi, elle me disait qu'elle craignait qu'il
en arrive...
M. Bourbeau: On va continuer, M. le Président, à
faire comme si on était de bonne foi.
Mme Harel: ...de la Société ce qui est
arrivé à la CSST.
Des voix: Qui a la parole?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
M. Bourbeau: Est-ce que j'ai toujours la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Une
voix: À l'ordre!
M. Bourbeau: Je pensais que j'avais la parole.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Bourbeau: Bien oui.
Le Président (M. Joly): Après, je vais
reconnaître Mme la députée de Chicoutimi et, après,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Blackburn: Oui, en fait... Le Président (M. Joly):
Excusez....
M. Bourbeau: Ce que j'étais en train de dire, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: ...c'est que, depuis le début de la
séance, ça fait maintenant 30 heures et quelques, malgré
qu'on se rend bien compte, on n'est pas naïïs, que l'Opposition joue
un petit jeu, on a quand même décidé de travailler
sérieusement, de faire comme si l'Opposition était vraiment
intéressée à bonifier le projet de loi. On nous apporte
amendement après amendement. Ce ne sont pas toujours des amendements qui
sont déraisonnables, alors on a consenti à plusieurs depuis le
début. Là, on vient même à l'aide de la
députée pour tenter de lui rédiger ses amendements quand
elle nous dit: Bien,
probablement que ce serait mieux de... Bon. Elle n'est même pas
capable de les rédiger elle-même; alors, on va de l'avant, on
propose, M. le Président, de rédiger les amendements. On nous en
amène deux pour le paragraphe 1°. Là, on est au paragraphe
2°, un autre amendement. Bon. La patience a ses limites, M. le
Président. Il ne faudrait quand même pas penser
qu'indéfiniment on va jouer ce petit jeu-là, donner l'illusion,
en tout cas, qu'on ne se rend pas compte de ce qui se passe. On se rend
très bien compte de ce qui se passe. Il n'y a personne, de ce
côté-ci, qui se leurre; on sait très, très bien ce
que vous êtes en train de faire. Mais, au moins, M. le Président,
quand on arrivera à la fin de l'exercice - à un moment
donné, on va y arriver, c'est sûr - on ne pourra pas dire que, de
ce côté-ci, on ne vous a pas écoutés. On vous a
écoutés. On a joué le jeu, même si on réalise
bien que ce n'est pas sérieux du côté de l'Opposition. Et
je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs, parce que c'est un projet de loi
tellement important, c'est un projet de loi qui peut jouer un rôle
déterminant dans l'avenir du Québec, l'avenir économique
du Québec, qui marque un virage important aussi. On sait que le
gouvernement fédéral songe très sérieusement
à transférer au Québec des pouvoirs importants et des
budgets. C'est une chose de dire au gouvernement fédéral qu'on
veut rapatrier des pouvoirs et des budgets, mais il faut quand même qu'on
soit capables de dire aux Québécois ce qu'on entend faire avec.
Il faut se donner les moyens de mettre en oeuvre les politiques qu'on a
annoncées.
Alors, comme on est des gens sérieux de ce côté-ci,
on a fait un effort de réflexion. Vous savez, M. le Président,
qu'on n'a pas accouché de ce projet de loi là en une semaine ou
un mois; ça a pris deux ans à le préparer avec
l'équipe qui m'entoure, avec le support aussi du caucus des
députés libéraux. On joue ce jeu de la démocratie,
de venir ici, pendant des heures et des heures, et des heures et des heures,
entendre des gens qui, parfois, sont plus ou moins intéressés
à faire progresser le projet de loi. (minuit)
Parfois, je dois dire qu'il y a quelques-uns des députés
de l'Opposition qui le font plus sérieusement. La députée
de Hochelaga-Maison-neuve, je dois dire, le fait sérieusement, du moins
ça a toute l'apparence du sérieux. Ses «filibusters»
sont faits intelligemment, il faut lui donner ça; au moins, ça
demeure toujours dans la pertinence. La députée de Chicoutimi
n'est pas impertinente non plus; la députée de Marie-Victorin, ce
n'est pas si mal non plus, sauf que le total de ça, M. le
Président, c'est qu'on se rend compte que, même si on demeure
toujours dans la pertinence, c'est toujours pour faire perdre le temps.
Alors, ceci étant dit, M. le Président, je voulais
simplement souligner, avant de terminer ce soir, que je ne voulais pas qu'on
pense que, de ce côté-ci, on est dupes. on se rend bien compte de
ce qui se passe, et c'est bien malheureux.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le ministre.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission...
Mme Harel: Peut-être, M. le Président, juste faire
le bilan, le total du temps de parole.
Le Président (M. Joly): En tout cas, il y a eu 27 heures,
Mme la députée.
Mme Harel: c'est ça. alors, la présidence a pris 2
h 20 min, le ministre, 9 h 35 min, et le total de l'opposition, 14 h 41 min.
alors, sur le total, le ministre et ses collègues ont pris le tiers du
temps.
Une voix: Ça ne change pas grand-chose.
Le Président (M. Joly): Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)