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(Onze heures cinquante-huit minutes)
La Présidente (Mme Marois): La séance est ouverte.
Je voudrais rappeler le mandat de la commission. La commission des affaires
sociales se réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 408, Loi sur la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
Je vais d'abord demander à la secrétaire s'il y a des
remplacements. Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme
Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière) sera remplacée par Mme
Blackburn (Chicoutimi) et Mme Juneau (Johnson) est remplacée...
La Présidente (Mme Marois): Qu'est-ce que c'est...
La Secrétaire: ...par Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)
pour la durée du mandat.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Je n'ai rien
entendu. Merci. Non, j'ai entendu ce que vous me présentiez, Mme la
secrétaire, mais je n'ai pas entendu d'autres commentaires. Ça va
très bien aller. Nous allons sûrement aller en profondeur, au
coeur de chacun des articles de la loi.
Je pense qu'on en était à l'article 25, si vous le
permettez. Je ne sais pas, est-ce que l'amendement avait déjà
été déposé? Non. Alors, oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mission et pouvoirs (suite)
Mme Harel: Mme la Présidente, je cherchais une technique
d'amendement qui nous permette de le rédiger de façon telle qu'il
veuille bien dire ce que nous souhaitions qu'il veuille dire. Alors, ça
se lirait comme suit: Remplacer le premier paragraphe de l'article 25, tel
qu'amendé, par le suivant: «La Société peut, par
règlement approuvé par le gouvernement, déterminer les
frais exigibles de toute personne pour l'utilisation de certains services
qu'elle offre, sauf les services de formation.»
Et le deuxième paragraphe se lit tel quel, Mme la
Présidente. (12 heures)
La Présidente (Mme Marois): Alors, ça
deviendrait... Si je comprends bien, on a eu un amendement qui a
été présenté, et ce que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous présente, c'est un sous-amendement.
Mme Harel: C'est un sous-amendement. C'est juste.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça? Mme Harel:
Excusez-moi, oui.
La Présidente (Mme Marois): Tout à fait, je
retrouve mes vieux réflexes de présidence. nous devons donc
procéder, si les membres veulent bien être attentifs, par le
sous-amendement; par la suite, à l'amendement et, évidemment, par
l'article principal.
Oui, Mme la députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, en fait, le sous-amendement
consiste à ajouter les mots «sauf les services de formation»
à la fin du premier paragraphe. Mais nous l'avons libellé de
façon telle qu'il remplace le premier paragraphe, tel
qu'amendé.
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Le sous-amendement et
remplacement du premier paragraphe. Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce genre de sous-amendement ou d'amendement est
d'une nature telle que, même si j'étais personnellement d'accord
pour l'accepter, je ne pourrais pas le faire sans obtenir, comme vous le savez,
l'autorisation du Conseil des ministres, parce que c'est un amendement de fond
qui implique même un amendement de politiques gouvernementales. Alors, ce
que je proposerais, c'est qu'on suspende le sous-amendement, l'amendement et
l'article au complet...
Mme Harel: Jusqu'à demain.
M. Bourbeau: ...enfin, jusqu'à demain ou...
Mme Harel: Demain matin, pour la bonne raison...
M. Bourbeau: ...la semaine prochaine.
Mme Harel: ...que je comprends le ministre de le suspendre.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Et, à ce...
Mme Harel: Ça me fait plaisir que le ministre le
propose.
M. Bourbeau: Oui, mais je vous ai toujours
dit la même chose.
Mme Harel: Pour moi, il y a une bonne nouvelle qui s'en vient,
Mme la Présidente, parce que...
La Présidente (Mme Marois): Je vous entends.
Mme Harel: ...aujourd'hui même, je crois que, ce matin, au
COMPACS, et cet après-midi, au Conseil des ministres, il y aura...
La Présidente (Mme Marois): Nous sommes mercredi,
effectivement.
Mme Harel: ...une proposition convenue entre le ministre de
l'Éducation et le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Si le
ministre suggère la suspension de l'article 25, c'est, est-ce que je
peux assez le souhaiter, parce que l'entente intervenue est à l'effet
qu'il n'y ait pas de tarification, qu'il n'y ait pas de frais de
scolarité? Peut-être des frais d'inscription de cours ou autres,
mais pas de frais de scolarité comme tels. En fait, est-ce que je joue
à Perrette et le pot au lait, que je vends la peau de l'ours avant de
l'avoir tué? J'espère que non. On verra demain quand on reviendra
avec l'article 25 suspendu.
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve
semble extrêmement bien informée de ce qui se passe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je vois que Claude Morin est toujours au travail,
Mme la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous croyez qu'il
est payé?
M. Bourbeau: Ça!
La Présidente (Mme Marois): Excusez-moi! Passons. Non, ce
que je voudrais...
Mme Harel: Mais dites-vous bien...
La Présidente (Mme Marois): À ce moment-ci,
cependant, est-ce qu'il est nécessaire, Mme la députée,
que vous fassiez valoir votre point de vue d'une façon un petit peu plus
élaborée ou ça va, vous en avez convenu
déjà?
Mme Harel: bien, je comprends que, en proposant la suspension du
sous-amendement, le ministre convient qu'il est admissible, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Marois): C'est ce que je crois
comprendre. Je tire cela aussi comme conclusion. On est d'accord, M. le
ministre?
M. Bourbeau: Oui.
La Présidente (Mme Marois): que, d'abord, le
sous-amendement est admissible et qu'il le prend, dans le fond, en
considération, et qu'il consultera les concernés au
gouvernement.
Mme Harel: Je dois vous dire... C'est d'ailleurs notre
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation, qui m'avait
suggéré le libellé d'un tel sous-amendement.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bourbeau: Bien, là, il vient de perdre de la valeur,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Mais il faut que vous
constatiez que la députée de Hochela-ga-Maisonneuve l'avait quand
même pris à son compte. Alors, j'imagine que ça lui redonne
la valeur nécessaire à vos yeux.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Donc, c'est des circonstances
atténuantes.
Mme Harel: Ceci dit, le ministre aura bien compris qu'il ne
s'agit pas, donc, d'interdire toute tarification.
M. Bourbeau: J'ai très bien compris.
La Présidente (Mme Marois): Bon. Cela étant dit,
évidemment, si nous suspendons le sous-amendement, nous devons suspendre
l'ensemble de l'article.
M. Bourbeau: C'est ce que j'ai proposé, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): d'accord. alors, nous
retenons votre proposition, m. le ministre, et on va passer à l'article
suivant, soit l'article 26.
M. Bourbeau: Cet article prévoit que la
Société pourra également être financée en
partie grâce à la conclusion éventuelle d'ententes de
services rémunérés, y compris avec un ministère ou
avec un autre organisme public.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires ou explications à donner, M. le ministre?
M. Bourbeau: Bien, oui. Disons que la
Société pourrait se voir confier, par exemple, par entente
avec le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle, la gestion de certaines mesures de
développement de l'employabilité destinées aux
prestataires de la sécurité du revenu. Elle pourrait aussi
fournir des services spécifiques à des clientèles
particulières, par exemple, des services d'orientation professionnelle
aux clients de la Commission de la santé et de la sécurité
du travail ou de la Société de l'assurance automobile du
Québec, après entente, bien sûr, avec ces organismes.
La Présidente (Mme Marois): Qu'est-ce que vous
entendez...
Mme Harel: Quel est le dernier exemple que vous nous avez
donné?
La Présidente (Mme Marois): La
Société...
M. Bourbeau: J'ai dit que la Société pourrait
fournir des services spécifiques à des clientèles
particulières.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Exemple: des services d'orientation professionnelle
aux clients de la CSST ou de la Société de l'assurance automobile
du Québec, après entente avec ces organismes-là.
La Présidente (Mme Marois): quand vous dites
«rémunérés», est-ce que ce serait, dans tous
les cas, des ententes de services rémunérés? on dit
«peut».
M. Bourbeau: Écoutez, si la Société juge
opportun de rendre les services non rémunérés, ça
pourrait exister. Mais, à ce moment-là, je présume que
ça ne demande pas beaucoup d'autorisations; il n'y a pas de contrat, il
faut être... Mais, si c'est rémunéré, ça
prend un contrat, bien sûr, pour lier les parties, là. Si ce n'est
pas rémunéré, bien, ça serait à titre
gracieux. Adopté?
Mme Harel: Oui, mais je ne pense pas que ce soit pensé
à ce point-là. Non, M. le Président, juste une
seconde...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, excusez-moi!
La Présidente (Mme Marois): Oui. Ça va. Non, c'est
un petit ajustement. À peine quelques minutes, et on s'y fera.
Mme Harel: Je comprends que vous aurez un amendement à
introduire à 26.1...
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: ...qui porte sur autre chose. Quelle distinction vous
faites entre 26.1 et 26?
M. Bourbeau: C'est avec un gouvernement étranger.
Une voix: À l'extérieur du Québec.
M. Bourbeau: À l'extérieur du Québec. Pas
nécessairement étranger, mais à l'extérieur du
Québec.
Mme Harel: Ça peut être, en fait, le gouvernement
canadien.
M. Bourbeau: Ça pourrait.
La Présidente (Mme Marois): Ça pourrait.
Mme Harel: On reviendra à 26.1. Mais restons à 26,
puisqu'à 26 il s'agit d'ententes de services
rémunérés, notamment avec un ministère ou un
organisme public. Doit-on comprendre qu'à 26 on consacre le principe de
l'exclusion des bénéficiaires d'aide sociale aptes au travail
désireux d'améliorer leur sort en obtenant les formations
professionnelles dispensées par la Société, et qui en
seront finalement exclus, à moins que les centres Travail-Québec
ou à moins que le ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu n'aient signé une entente avec la
Société? C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Bon. La députée présente
ça d'une drôle...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: ...de façon. Je lui ai expliqué,
vendredi soir, en long, en large et de tous les côtés la raison
pour laquelle nous jugions préférable de ne pas confier à
la Société de développement de la main-d'oeuvre la
responsabilité des programmes d'employabilité des assistés
sociaux. Bien entendu, ces programmes-là devront continuer, les
programmes d'employabilité, et la Société pourra signer
avec le ministère des ententes relatives à la formation de cette
main-d'oeuvre-là. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que rien
n'empêche qu'une telle entente soit signée, et c'est bien notre
intention.
Mme Harel: C'est-à-dire que le ministre va convenir avec
moi...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...que c'est une chose de ne pas
confier à la Société les programmes
d'employabi-lité, mais que c'en est une autre d'exclure les
bénéficiaires des programmes de la Société. En
d'autres termes, les raisons administratives pour lesquelles il ne souhaite pas
confier les mesures d'employabilité à la Société
peuvent s'évaluer en tant que telles, mais la question qui est
posée, c'est la suivante: Pourquoi exclure les personnes qui sont sans
emploi, qui, pour une bonne partie d'entre elles, ont été
victimes de fermetures d'entreprises, qui ont épuisé leurs
prestations d'assurance-chômage qui les auraient rendus admissibles aux
programmes de la Société, mais qui, une fois leur
admissibilité à l'assurance-chômage terminée, se
trouvent exclues des programmes de la Société, à moins que
le ministère n'ait signé des ententes avec la
Société? (12 h 10)
Alors, c'est comme un facteur d'exclusion, le fait d'avoir
terminé ses prestations de chômage, et c'est finalement ça
qui est pervers. C'est comme si l'admissibilité à la formation
dépendait de la source de financement dont vous relevez. Si vous relevez
de l'assurance-chômage, vous avez droit aux programmes de la
Société. Mais, si vous ne relevez plus de
l'assurance-chômage, parce que c'est terminé, vous êtes
exclu des programmes de la Société, vous êtes exclu,
à moins que le ministère n'ait signé une entente. Et,
là, j'aimerais connaître l'intention du ministre à
l'égard de ces ententes qu'il veut signer.
Présentement, il y a, dans les ententes Canada-Québec, que
vous vous rappellerez, Mme la députée de Taillon, des quotas dans
les différents programmes.
La Présidente (Mme Marois): Oui, tout à fait, parce
qu'il y a des plafonds au budget, et il y a donc des quotas. Tout à
fait.
Mme Harel: II y a, dans toutes ces ententes, ces accords
Canada-Québec, des quotas pour les bénéficiaires d'aide
sociale. Vous savez dans quel imbroglio ça entraîne les
réseaux d'enseignement qui ont toutes les difficultés du monde
à constituer des groupes, surtout en région, parce qu'il faut
qu'ils respectent des critères d'admission d'une
complexité...
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
Mme Harel: ...telle que, souvent, ça empêche tout
simplement le cours de se donner. l'admissibilité est fonction de la
disponibilité de la source de financement.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je ne vois vraiment pas, là, pourquoi on voit
un problème ici. Dans le système actuel, quand il y a un
assisté, quand une personne qui est assistée sociale veut prendre
des cours de formation professionnelle, elle a tout le loisir de le faire. On a
des crédits pour le faire, on lui facilite l'entrée dans les
programmes. Bon. Souvent, les programmes sont financés par le
fédéral, mais c'est des programmes de formation
professionnelle.
Si on réfère au Québec la totalité du champ
d'activité des mesures actives de main-d'oeuvre, à ce
moment-là, c'est des programmes provinciaux qu'il s'agira, et il y aura
la même relation entre le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et la
Société de développement de la main-d'oeuvre qu'il peut y
avoir présentement entre notre ministère et les programmes de
main-d'oeuvre du gouvernement fédéral. Il n'y a rien qui
empêche qu'on continue de faire la même chose qu'avant. Je ne vois
pas pourquoi, là. Ce n'est pas parce que c'est le Québec qui va
avoir récupéré la totalité de la juridiction que
ça va être plus compliqué qu'avant. Ça devrait
être bien moins compliqué. C'est le but, d'ailleurs, de
l'exercice.
Mme Harel: Mais, Mme la Présidente-La Présidente
(Mme Marois): Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...que le ministre veuille faire la même chose,
c'est ça qui est, évidemment, très inquiétant,
parce que ce que le ministre nous dit, c'est qu'il va reconduire ce qui existe
présentement ou à peu de chose près.
M. Bourbeau: Non, non. Ça, ce n'est pas exact. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve sait fort bien...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je lui ai dit à plusieurs reprises...
Mme Harel: II veut faire quoi de plus? M. Bourbeau: Vous
savez fort bien...
Mme Harel: Par rapport à cette clientèle-là.
Je ne parle pas en général.
M. Bourbeau: Vous savez fort bien que ça va être
moins compliqué qu'avant. Au lieu d'avoir 25 programmes, on va en avoir
4. Je vous avais expliqué un par un quels seraient les programmes. Tout
ça est fait pour simplifier et non pas pour compliquer. Quand je dis que
c'est la même chose qu'avant, je veux dire que ça va être
aussi possible, sinon plus possible qu'avant, mais ça va être plus
simple qu'avant, puis ça va coûter moins cher.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...en fonction de la clientèle des
bénéficiaires d'aide sociale, j'aimerais que le ministre
m'explique en quoi ça va être...
La Présidente (Mme Marois): Plus efficace.
Mme Harel: ...plus efficace, plus facile et quels sont les
objectifs qu'il poursuit. Combien de bénéficiaires... vous le
savez peut-être, Mme la Présidente... C'est vraiment incroyable de
regarder, depuis les quatre dernières années, la participation
aux différents programmes de formation professionnelle,
dépendamment si le bénéficiaire vient de
l'assurance-chômage ou de l'aide sociale. C'est incroyable, Mme la
Présidente. Imaginez que, pour le total de tous les programmes dits de
formation professionnelle - je ne parle pas des programmes réguliers de
rattrapage scolaire - mais pour l'ensemble des programmes de formation
professionnelle, ce n'est pas 4000 bénéficiaires qui ont pu en
profiter.
La Présidente (Mme Marois): Sur combien de... Sur le
bassin de combien?
Mme Harel: Sur un total... Évidemment, quand vous pensez
qu'il y a 80 000 nouveaux ménages en un an, quand vous pensez que, juste
à Montréal, 83 % des ménages sont aptes et disponibles
à travailler, que, pour l'ensemble du Québec, c'est 78 %...
Évidemment, ce qui est inquiétant, c'est que l'individu qui a
épuisé son chômage, qui est obligé de recourir
à l'aide sociale, qui a fini son secondaire - il y en a plus qu'on
pense, vous savez; il y a presque la moitié qui ne l'ont pas fini. Mais
ça veut dire qu'il y en a la moitié qui l'ont fini. Le seul
programme qui, finalement, est le moindrement un peu efficace ne s'adresse
qu'aux chefs de famille monoparentale pour leur permettre de compléter
trois sessions au collégial.
La Présidente (Mme Marois): Le retour aux études
des chefs de famille monoparentale.
Mme Harel: Et ça ne va chercher, chaque année, que
700 à 800 personnes. Il n'y en a pas eu plus en nombre absolu qu'il y en
avait, il y a cinq, six, sept ans, malgré l'augmentation quand
même à l'aide sociale.
Donc, je reviens à la formation professionnelle...
M. Bourbeau: C'est un programme ouvert. Donc, tous ceux qui
veulent y aller peuvent y aller. Ce n'est absolument pas fermé.
Mme Harel: C'est un programme ouvert? M. Bourbeau: Bien
oui. Mme Harel: Lequel?
La Présidente (Mme Marois): II n'y a pas de plafond?
Mme Harel: Le rattrapage scolaire ou...
M. Bourbeau: Non, non. Le retour aux études
postsecondaires pour les chefs de famille monoparentale. On ne refuse pas les
gens qui peuvent y aller, qui veulent y aller.
Mme Harel: Vous savez très bien, M. le ministre, que ce
n'est pas parce qu'on veut qu'on peut aller, puisque le plan d'intervention
n'est plus décidé par le bénéficiaire. Le plan
d'intervention, dans la loi 37 que vous avez fait adopter, est
décidé par l'agent d'employabilité. C'est l'agent qui
décide, en fonction des ouvertures, s'il le propose ou pas à
quelqu'un. Ce n'est pas ouvert à la demande, le retour aux études
postsecondaires. Il faut que ce soit proposé par l'agent.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que je dois comprendre
que, si la personne demande carrément, l'agent n'est pas
nécessairement obligé?
Mme Harel: II n'est pas... La loi a changé. C'est l'agent
qui détermine.
La Présidente (Mme Marois): II peut déterminer...
Ah, bon! Il peut déterminer un autre plan que celui qui est
demandé.
M. Bourbeau: Ça ne vous dérange pas d'avoir des
conversations ensemble?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, est-ce que
vous avez des commentaires à ajouter à...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, moi, je veux bien que vous
discutiez avec Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, mais vous
devez avoir du temps, en dehors de la commission parlementaire, pour traiter
entre vous de ces dossiers-là.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha! Mme Harel:
Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: J'aimerais mieux que la députée
continue le dialogue qui existait avant entre la députée et moi,
avec un minimum d'interférence de la part de la présidence.
Ça serait bien apprécié. Ce que je vous disais, Mme
la députée...
Mme Harel: Oh, oh, oh, oh!
La Présidente (Mme Marois): Ne vous inquiétez pas,
M. le ministre, à cet égard. Mais je pense que c'est mon droit le
plus strict de pouvoir aussi questionner sur les...
M. Bourbeau: Oui, mais n'en abusez pas, Mme la Présidente,
s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Marois): Je n'ai pas l'habitude d'en
abuser, je pense, M. le ministre. Alors, dans ce sens-là, nous allons
continuer à débattre au fur et à mesure des projets qui
sont devant nous.
M. Bourbeau: Alors, je vous répète ce que je vous
disais, Mme la députée. C'est un programme qui n'est pas
contingenté. Alors, s'il y a des chefs de famille monoparentale qui
veulent participer au programme de retour aux études postsecondaires,
nous ne contingenterons pas ce programmme-là.
Mme Harel: Alors, là, vous me parlez du programme
d'études post-secondaires au niveau collégial. Alors, qu'en
sera-t-il pour le programme Rattrapage scolaire au niveau régulier?
Qu'en sera-t-il cette année?
M. Bourbeau: Ça, c'est une autre question. Vous ne parlez
plus du même programme.
Mme Harel: Bon, bien, ça concerne aussi...
M. Bourbeau: Non, il n'y a pas de changement par rapport à
l'année dernière. Le programme Rattrapage scolaire continue sa
carrière comme avant.
Mme Harel: Le programme Rattrapage scolaire, vous nous dites
qu'il continue sa carrière comme si de rien n'était. Alors,
comment allez-vous gérer la diminution de 25 000 000 $ annoncée
par le ministère de l'Éducation à l'enveloppe de ce
programme de formation à plein temps générale et
professionnelle?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'enveloppe en question fait présentement
l'objet de discussions entre le ministère de l'Éducation et nous,
et ces discussions-là ne sont pas terminées encore. Le partage de
l'enveloppe, la répartition.
Mme Harel: Vous voulez dire la répartition de la coupure
du 25 000 000 $.
M. Bourbeau: La répartition de l'enveloppe.
Mme Harel: Qu'est-ce que vous entendez par enveloppe,
là?
M. Bourbeau: Le montant qu'il y a dans l'enveloppe du
ministère de l'Éducation pour ces fins-là.
Mme Harel: C'est-à-dire dans la formation
générale et professionnelle à temps complet et
équipements, dans ce progamme-là, à proprement parler.
C'est de ça que vous nous parlez?
M. Bourbeau: C'est vous qui en pariez, là.
Mme Harel: Bon. Alors, moi, je vous pose la question, puisque
vous nous dites, à l'article 26, que la Société pourra
conclure des ententes de services rémunérés, notamment
avec un ministère ou un organisme public, et que vous nous donnez,
à l'exemple d'un tel type d'entente de services, celui qui pourrait
intervenir entre la Société et le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle pour les bénéficiaires d'aide sociale. Alors, je
vous demande si c'est pour la reconduction des programmes déjà
existants. Vous sembliez me dire que oui. Dans les programmes existants...
M. Bourbeau: La reconduction des programmes existants tant qu'ils
existent, mais, comme on a l'intention de tout modifier nos programmes,
à court terme, les programmes existants n'existeront plus. C'est les
nouveaux programmes qui vont s'appliquer, comme vous le savez fort bien. (12 h
20)
Mme Harel: Donc, la formation générale et
professionnelle à temps complet et équipements, que l'on retrouve
dans le budget que vous soumettiez au Conseil des ministres, dans le
mémoire déposé devant le Conseil des ministres, où
on retrouvait le budget qui serait transféré,
indépendamment des décisions du fédéral en
matière de main-d'oeuvre, mesures actives ou passives, quoi qu'il en
soit, vous mentionniez qu'il y avait un total de 164 411 900 $, mais, dans le
mémoire au Conseil des ministres, vous faisiez un chiffre rond de 175
000 000 $, grosso modo. De ce montant, faut-il comprendre que la formation
générale et professionnelle à temps complet et
équipements se chiffre à 41 793 100 $? Ce programme-là, il
est présentement ouvert à qui d'autre qu'aux personnes
assistées sociales? Est-ce qu'il l'est aux personnes assistées
sociales, puis dans quelle proportion?
M. Bourbeau: De quel programme pariez-vous, là?
M m 3 Harel: Formation générale et professionnelle
à temps complet et équipements.
M. Bourbeau: Ce n'est pas un programme du ministère... Du
ministère, chez nous?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée, voulez-vous donner d'autres précisions?
Mme Harel: Oui. Écoutez, si ce n'est pas un programme du
ministère, il se trouve à être dans les budgets des CFP et
de la direction générale main-d'oeuvre, formation
professionnelle...
(Consultation)
M. Bourbeau: Ça, c'est des fonds
fédéraux...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...des budgets fédéraux. Alors, c'est
ça, ce sont des fonds fédéraux qui transitent par chez
nous.
Mme Harel: Ça, ce sont des fonds fédéraux,
je comprends, oui, évidemment...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Tantôt, d'ailleurs, Mme la présidente
nous indiquait que c'est à partir de ces fonds que les cours
étaient donnés autant aux personnes sur l'assurance-chômage
que sur l'aide sociale. Donc, ce que je lui demande, c'est: Quel est
actuellement le quota? Est-ce que c'est toujours 27 %? C'est l'accord
Canada-Québec qui vaut toujours en cette matière?
M. Bourbeau: Non, ça n'a pas changé. C'est toujours
le même pourcentage.
La Présidente (Mme Marois): Je pense que le ministre
souhaite apporter quelques éléments d'information
supplémentaires. On va lui donner une...
M. Bourbeau: Non, non, les 27 %, on me dit qu'il n'y a pas de
changement. C'est toujours le même pourcentage.
Mme Harel: Alors, 27 %, c'est... La Présidente (Mme
Marois): Oui.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Ces 27 %, c'est donc
appliqué au programme formation générale et
professionnelle à temps complet et équipements. C'est ce qu'il
faut comprendre?
M. Bourbeau: C'est exact. Achats directs. Les achats directs.
Mme Harel: Bon. Achats directs, quelle distinction le ministre
fait-il entre formation géné- rale et professionnelle à
temps complet et équipements et achats directs?
M. Bourbeau: C'est...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: ...la même chose. Les 41 000 000 $, là,
la formation générale et professionnelle à temps complet,
c'est les achats directs et c'est réparti...
Mme Harel: Bon, d'accord. Alors...
M. Bourbeau: Comme vous savez, c'est...
Mme Harel: ...quand on parle de l'un, on parle de l'autre. C'est
ça.
M. Bourbeau: ...les coûts de base qui sont répartis
entre les différents ministères. Il y a une partie qui va au
ministère de l'Éducation, une partie à l'Enseignement
supérieur et la Science, une partie au ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, environ 4 500 000 $ pour
les coûts de base, et puis une partie au ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre que, dans ce
programme-là, le fédéral a déjà
annoncé une diminution?
M. Bourbeau: C'est parce que ce n'est pas toujours les
mêmes années.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que le ministre
souhaite qu'on suspende pour quelques instants? M. le ministre?
M. Bourbeau: Bon, alors, c'est ça, Mme la
Présidente, c'est les coûts de base qui sont répartis entre
les ministères dont j'ai parlé tantôt, et les coûts
variables qui s'ajoutent à ça.
(Consultation)
Mme Harel: Quelle est la proportion des
bénéficiaires d'aide sociale?
M. Bourbeau: Ça ne sera pas long. Je vais vous
répondre.
La Présidente (Mme Marois): On va permettre au ministre de
faire la conciliation de ses données. On peut comprendre que c'est
très complexe.
M. Bourbeau: Parce que vous avez les chiffres 1991-1992, puis
moi, j'ai les chiffres de
l'année précédente, il faut que j'essaie de
concilier les chiffres pour être sûr que c'est les mêmes
montants.
La Présidente (Mme Marois): Et, par la suite, s'il y a
d'autres questions, Mme la députée, vous pourrez revenir.
(Consultation)
M. Bourbeau: Alors, Mme la Présidente, on va être
obligé de suspendre, parce que je n'ai pas les informations avec moi
quant à la répartition de ces coûts-là parmi les
ministères.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Est-ce que vous
souhaitez poser une autre question, à ce moment-ci? Non? Avant qu'on
suspende quelques instants, c'est ça.
Mme Harel: Je voudrais expliquer au ministre l'objet, la
perspective dans laquelle je lui pose la question.
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Harel: Bon. Le ministre va se rappeler qu'Emploi et
Immigration Canada avait donc rédigé un mémoire et
déposé ce mémoire devant la commission parlementaire, mais
ils n'ont pas pu le présenter devant la commission.
La Présidente (Mme Marois): J'ai cru comprendre
ça.
Mme Harel: Mais, dans ce mémoire, on retrouvait la
question suivante, et c'est ça, dans le fond, cette question-là
à laquelle, moi, je souhaiterais pouvoir répondre. On disait
ceci: Votre énoncé de politique reconnaît que les
interventions de l'État en matière de main-d'oeuvre doivent
être orientées davantage vers les personnes en emploi - on faisait
référence à la page 56 de l'énoncé - sans
abandonner pour autant à leur sort, notamment, les prestataires de la
sécurité du revenu aptes au travail.
Le mémoire ajoute: Nous sommes conscients que cette priorisation
des travailleurs en emploi était déjà
préconisée dans certains documents québécois
antérieurs, mais nous sommes quelque peu surpris de la voir
réaffirmée ici, alors que votre analyse de l'environnement
socio-économique fait ressortir le nombre important et croissant des
prestataires de la sécurité du revenu et des décrocheurs
de la société québécoise.
M. Bourbeau: Là, vous lisez une lettre de qui,
là?
Mme Harel: Je lis le mémoire d'Emploi et Immigration
Canada.
La Présidente (Mme Marois): À quelle page
êtes vous, madame?
Mme Harel: À la page 17 du mémoire d'Emploi et
Immigration Canada.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Harel: Par ailleurs, ne doit-on pas reconnaître que les
personnes en emploi ont déjà dans l'ensemble une certaine avance
sur les autres en termes de développement des compétences et que
les employeurs ont une responsabilité certaine dans la formation et la
mise à jour des compétences de leurs propres employés,
surtout dans la perspective du développement d'une culture de la
formation au sein même des entreprises?
Et, là, la question de fond est la suivante: Vous n'ignorez
certes pas, écrit Emploi et Immigration Canada, que la priorité
des programmes fédéraux de main-d'oeuvre est accordée aux
travailleurs sans emploi et que les fonds d'assurance-chômage
consacrés aux mesures actives sont entièrement
dédiés aux prestataires d'assurance-chômage. En fait, ce
que nous dit Emploi et Immigration Canada, soit que les fonds viennent de
l'assurance-chômage pour les prestataires d'assurance-chômage, soit
que les fonds fédéraux de main-d'oeuvre sont priorisés
pour les travailleurs sans emploi. Et je continue, je cite: C'est dire que,
dans l'hypothèse du rapatriement au Québec des programmes
fédéraux et, en particulier, des fonds d'assurance-chômage,
des ajustements devraient être requis aux priorités
énoncées par le gouvernement du Québec.
Alors, ce qu'on disait déjà au ministre, c'est: Vos
priorités ne sont pas les nôtres et, comme nous allons vous
transférer l'argent sans vous transférer la compétence,
vous aller gérer en fonction de nos priorités et vous allez
devoir ajuster les vôtres. Depuis lors, la question que je me pose,
c'est, évidemment: Comment le ministre va-t-il pouvoir maintenir
l'exclusion des personnes qui sont finalement assistées sociales, qui
sont de plus en plus nombreuses à avoir épuisé leur
chômage et comment va-t-il leur donner accès à des
programmes offerts par la Société, qui va avoir le
contrôle, je le rappelle, de tous les programmes de formation? Tous les
programmes de formation de la main-d'oeuvre vont passer par la
Société, tous les programmes de développement de la
main-d'oeuvre vont passer par la Société. Le principal bailleur
de fonds à 80 % va continuer à être le
fédéral qui, au mieux, au mieux, pourrait accepter de
transférer les fonds pour les faire gérer par Québec. Mais
ces fonds vont venir du fédéral. Éventuellement, la
compétence va rester au fédéral, même si les
fonds... (12 h 30)
M.Bourbeau: La compétence en matière
d'assurance-chômage seulement...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...pas la compétence en matière de
main-d'oeuvre.
Mme Harel: Bon, éventuellement, oui... M. Bourbeau:
II faut faire la distinction.
Mme Harel: ...parce que, dans l'ébauche progressive, la
compétence... Prenons pour acquis que ça va jusqu'à
amender l'article 92, prenons-le pour acquis, et que ça va
jusqu'à l'article 92.1...
M. Bourbeau: A.
Mme Harel: A oui?
Une voix: A.
M. Bourbeau: A. En tout cas, 1 ou a.
Mme Harel: Enfin. Mettons. C'est parce qu'on parle un peu pour
parler. Avant que l'Acte de l'Amérique du Nord britannique soit
amendé... On le fait, pourquoi pas?
M. Bourbeau: Mais on n'en demande pas tant. Une
délégation admistrative, ce serait suffisant. Ce que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve... Moi, je ne comprends pas le
problème.
Mme Harel: Pas une délégation administrative. Le
ministre...
M. Bourbeau: Par entente administrative.
Mme Harel: ...est conscient que, par une délégation
administrative, ce n'est pas lui qui énonce les priorités.
M. Bourbeau: Non, mais ça n'a jamais fait l'objet de la
demande du gouvernement du Québec non plus. Là, ne nous en faites
pas demander plus qu'on en demande. Le Québec ne demande pas la
juridiction en matière d'assurance-chômage. Il demande de
gérer, par voie d'entente administrative, au Québec, le programme
d'assurance-chômage, de façon, entre autres, à garder
l'effet de péréquation. Si les fonds...
Mme Harel: Mais vous avez toujours demandé la juridiction
en matière des fonds fédéraux.
M. Bourbeau: Si les fonds fédéraux... Il y a des
fonds fédéraux qui viennent de l'assurance-chômage. Ces
fonds-là sont destinés, on s'entend là-dessus, aux
chômeurs. Mais il y a d'autres fonds fédéraux importants,
des centaines de millions de dollars qui sont consacrés, dans le budget
fédéral présentement, à la main-d'oeuvre. Ces
fonds-là, on en demande le transfert au Québec...
Mme Harel: De la compétence.
M. Bourbeau: ...mais pas sur une base annuelle, sur une base
d'entente permanente. Ces fonds-là ne sont pas destinés
nécessairement aux chômeurs. Ces fonds-là, ce sont des
fonds main-d'oeuvre qui peuvent servir à toute la main-d'oeuvre, quelle
qu'elle soit, en chômage ou non, etc.
Donc, le Québec a amplement d'espace financier pour utiliser une
partie des fonds venant du gouvernement fédéral pour des
programmes visant, entre autres, à venir en aide à ceux qui ne
sont pas des chômeurs. Alors, il n'y a rien qui va nous empêcher,
ni juridiquement, ni financièrement, de s'occuper de la clientèle
dont on parle.
Nous pensons que cette clientèle-là, on ne doit pas la
transférer, sa responsabilité, à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre,
certainement pas, en tous les cas, dans un premier temps, parce que la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre aura suffisamment de boulot, dans les premiers mois, sinon dans
les premières années, pour s'occuper de tous les problèmes
des travailleurs en emploi, des travailleurs en chômage, et nous pensons
que le réseau Travail-Québec est mieux équipé, dans
un premier temps, pour garder sous sa responsabilité la clientèle
de l'aide sociale, y compris l'employabilité, quitte à faire des
ententes avec la Société de développement de la
main-d'oeuvre pour ce qui est de la formation de ces prestataires.
Je vous ai expliqué, l'autre soir, pourquoi nous
préférons et nous justifions cette
préférence-là et je vous ai dit... je peux vous le
rappeler. Si nous demandons à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre de
concevoir des programmes, d'établir des priorités, elle aura
naturellement tendance à se préoccuper en premier lieu des
besoins d'adaptation de la main-d'oeuvre en emploi et des prestataires
d'assurance-chômage. Je ne crois pas faire injure à la conscience
sociale de nos partenaires patronaux et syndicaux en soutenant qu'à
leurs yeux les budgets de développement de la main-d'oeuvre, à
plus forte raison s'ils proviennent du compte d'assurance-chômage,
doivent prioritairement servir à accroître la capacité
d'adaptation de la main-d'oeuvre active à des marchés du travail
changeants et instables.
Je concluais en disant qu'à notre avis le réseau
Travail-Québec serait certainement mieux placé pour
protéger et s'occuper de cette clientèle, dans un premier temps
en tous les cas, que la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aimerais peut-être
solliciter l'attention du ministre quelques minutes seulement pour...
La Présidente (Mme Marois): II vous en... Très
bien.
Mme Harel: D'abord, pour insister sur le fait que j'ai
l'impression qu'il confond deux choses, parce que, quand il nous parte des
raisons qui l'ont amené à ne pas vouloir transférer la
gestion des mesures d'employabilité à la Société,
je crois que c'est une chose qu'il doit distinguer du fait de rendre
admissibles les bénéficiaires d'aide sociale aux programmes de la
Société. Je ne pense pas que c'est de la même chose qu'il
s'agit. Quand le ministre nous dit: La Société aura, au moment de
sa création, assez d'autres chats à fouetter que de s'occuper de
la gestion des mesures d'employabilité, je pense, Mme la
Présidente, qu'on peut peut-être en discuter, mais trouver
ça raisonnable... Ça maintient deux réseaux, ceci dit: un
réseau des centres Travail-Québec et un réseau de la
Société pour offrir la formation.
M. Bourbeau: Qui trop embrasse mal étreint! Le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue comprend
certainement ça.
Mme Harel: Oui, mais vous comprendrez, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Harel: Oui, mais le ministre sait aussi, le ministre est
conscient, même s'il ne l'admettra pas ici... mais je sais qu'il est
conscient lui-même que, advenant qu'il n'y ait pas de transfert des
mesures passives, ça veut dire un troisième réseau. Parce
que le réseau des centres d'Emploi et Immigration Canada, au niveau
local, reste également pour transférer les prestations, n'est-ce
pas? Alors, vous auriez un bureau d'immigration ou un bureau de chômage
Canada, si vous voulez, les centres Travail-Québec, puis vous auriez un
troisième bureau pour aller chercher les mesures de formation.
M. Bourbeau: Ça ne serait pas souhaitable.
Mme Harel: Ceci dit, distinguons donc la gestion des mesures
d'employabilité de l'accessibilité à la formation offerte
par la Société.
M. Bourbeau: Distinguons et ne distinguons pas parce que, parmi
les mesures d'employabilité, n'oubliez pas qu'il y a des mesures
scolarisantes. Le rattrapage scolaire, c'en est une, le retour aux
études postsecondaires, c'en est une autre. Donc, on n'est pas en
terrain inconnu, !à.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Dans ces mesures dites scolarisantes, Mme la
Présidente, on retrouve notamment le rattrapage scolaire. Vous savez que
le rattrapage scolaire... Là, heureusement que le ministre a obtenu
certains ajustements de son collègue de l'Éducation, notamment en
matière de préalables fonctionnels. Ça ne sera plus les
mêmes préalables académiques qui étaient
exigés auparavant qui continueront. Ce sera modifié de
manière à ce qu'il y ait un accès aux élèves
adultes qui soit plus facile au niveau de la formation professionnelle que
c'était le cas jusqu'à maintenant, où ils devaient
compléter des cours de physique, chimie, mathématiques de
secondaire IV avant d'avoir accès à un cours d'auxiliaire
familial.
Bon, ceci dit, au même moment où on constate, là,
l'élargissement des critères académiques
d'admissibilité aux études, on constate la diminution des
enveloppes budgétaires pour les étudiants à temps plein
réguliers qui sont essentiellement des bénéficiaires
d'aide sociale. Donc, Mme la Présidente, ce n'est pas peu de chose,
c'est 25 000 000 $ de moins, cette année, dans le budget du
ministère de l'Éducation au chapitre de la formation à
temps plein, donc, au chapitre de ce qu'on peut appeler le rattrapage scolaire.
Ce n'est pas nécessairement des travailleurs qui sont en emploi, puis
qui voudraient suivre des cours à temps partiel qui prennent ces
cours-là, n'est-ce pas? Ce n'est pas des personnes en emploi qui
prennent ce cours-là à temps plein et ce n'est pas non plus des
chômeurs prestataires de l'assurance-chômage parce que, à ce
moment-là, ça fait partie de ce qu'on appelle achats directs ou
de la formation sur mesure où ça fait partie d'un autre
programme, à l'article 26 de l'assurance-chômage, où on
peut être un étudiant indépendant, mais c'est payé
à même les fonds d'assurance-chômage.
Donc, les 25 000 000 $ de suppression dans le budget du ministère
de l'Éducation pour les cours à temps plein pour les
étudiants adultes réguliers, bien, ça va affecter la
clientèle de l'aide sociale. C'est évident. Je suis allée
moi-même aux crédits du ministère de l'Éducation
pou,- essayer d'en comprendre un peu plus long. Alors, j'ai passé
même quelques heures dans cette commission que je préside à
l'occasion et que j'ai présidée pour cette occasion. La question
que je me suis posée, c'est: De quel côté... Les
prestataires de l'aide sociale, si tant est qu'on ne les réserve que
dans les mesures d'employabilité, que, dans ces mesures
d'empioyabilité, 60 %... en tenant compte, évidemment, qu'il y a
8 % des rr.énages qui, en moyenne, peuvent accéder à des
mesures d'employabilité, qu'à
l'intérieur de ces 8 % de ménages qui ont accès
à des mesures d'employabilité il y a, finalement, dans ces
mesures qui sont offertes, 60 % qui font du rattrapage scolaire. Puis, dans ce
rattrapage scolaire, s'inscrit la coupure de 25 000 000 $ dont je vous parlais
tantôt.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je ne suis pas d'accord
avec ce que dit la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Combien,
d'après vous, il y a de ménages qui ont accès à des
mesures d'employabilité, présentement?
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée?
M. Bourbeau: Quel pourcentage des ménages?
Mme Harel: Sur le total des ménages? 8 %.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre? (12 h 40)
M. Bourbeau: Oui, mais ça n'a pas de bon sens. On a
à peu près 400 000 ménages, au Québec,
assistés sociaux, là.
Mme Harel: C'est 8 %.
M. Bourbeau: Et 8 %, ça fait 32 000 ménages en
mesures d'employabilité. C'est à peu près ça qu'on
a, seulement en rattrapage scolaire. On a présentement, d'après
les statistiques que j'ai, là, pour 1992-1993... on estime à 52
500 le nombre...
Mme Harel: C'est parce que, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Mme Harel: ...le
ministre fait une erreur... M. Bourbeau: ...uniquement le rattrapage...
Mme Harel: ...les mesures...
La Présidente (Mme Marois): Attendez un peu, là. Je
vais juste...
Mme Harel: Je vais juste tout de suite lui dire, et il va en
convenir...
M. Bourbeau: Les mesures d'employabilité...
Mme Harel: ...c'est que les mesures ne sont pas à partir
des ménages.
M. Bourbeau: Bien non, mais...
La Présidente (Mme Marois): À partir des personnes,
elles s'adressent à des personnes.
M. Bourbeau: Bien non, mais...
Mme Harel: Bien, oui, les mesures s'adressent à des
personnes. Alors...
M. Bourbeau: Non, mais c'est vous qui avez dit tantôt: 8 %
des ménages...
Mme Harel: Ah bon! Alors, c'est moi qui ai fait l'erreur...
M. Bourbeau: Vous avez répété ça
deux, trois fois.
Mme Harel: C'est 8 % des bénéficiaires. M.
Bourbeau: Bien oui, mais écoutez, là...
Mme Harel: Mais vous ne pouvez pas faire la règle de
trois...
M. Bourbeau: Bien voyons donc, ça n'a pas de bon sens!
Mme Harel: ...du nombre de participants...
M. Bourbeau: Vous comptez les enfants de quatre ans et de trois
ans, là-dedans. Mais, quand on parle des personnes à l'aide
sociale, c'est toutes les personnes, les enfants avec. Alors, les enfants de
deux, trois ans, il y en...
Mme Harel: II y en a plus que 400 000.
M. Bourbeau: Bien oui, je comprends, si vous dites qu'il y a 8 %
des personnes qui participent aux mesures d'employabilité, vous nous
annoncez que les enfants d'un an, deux ans, trois ans, quatre ans, cinq
ans...
Mme Harel: Non, non, non, non, non. Le ministre...
M. Bourbeau: Bien oui.
Mme Harel: Mais, de toute façon, c'est bien simple, M. le
Président...
M. Bourbeau: Bien non, mais les personnes, c'est ça.
Mme Harel: ...Mme la Présidente... Je m'excuse.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourbeau: Je veux dire, quand on parle...
Mme Harel: On va suspendre cette question-
là. On a les rapports...
M. Bourbeau: Je ne veux rien suspendre du tout.
Mme Harel: ...on a les rapports mensuels. M. Bourbeau:
Bien oui.
Mme Harel: Alors, on l'a encore, là, en date...
La Présidente (Mme Marois): Je pense que... Est-ce que
vous me permettez? Je pense qu'il y a effectivement une espèce
d'imbroglio, là. Il y a un certain nombre de ménages à
l'aide sociale..
Mme Harel: Bon.
La Présidente (Mme Marois): ...puis il y a une population
totale à l'aide sociale, qui comprend les ménages et les enfants
de ces ménages.
M. Bourbeau: C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Bon. Mais combien y a-t-il,
pour essayer d'avoir un portrait un petit peu plus complet, là, pour
savoir de quoi on parle, en date d'aujourd'hui ou d'il y a un mois, parce que
je sais que les statistiques, habituellement, c'est toujours les deux mois qui
précèdent, si on veut, combien y a-t-il, au total, de personnes
à l'aide sociale dans une période, et en nous donnant un peu la
période, là?
M. Bourbeau: Au moment où on se parte, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: ...si vous n'êtes pas trop, trop
offusquée, je pourrais vous dire qu'en juin...
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: ...ce n'est pas si mal, quand même...
La Présidente (Mme Marois): C'est très bien,
même.
M. Bourbeau: Oui. On estime présentement la population
à 421 300 ménages - vous savez que, pour les trois derniers mois,
c'est des estimés, là...
La Présidente (Mme Marois): Oui, je sais ça.
M. Bourbeau: ...et le nombre de personnes à 687 800.
Alors, 421 300...
La Présidente (Mme Marois): Ménages.
M. Sourbeau: ...aujourd'hui, c'est sensiblement le même
nombre qu'il y avait, quand en est arrivés en 1985, à peu
près 420 000 ménages. Alors, si vous dites qu'il y a 8 %...
La Présidente (Mme Marois): Et 687 000 personnes. C'est
bien cela?
M. Bourbeau: 687 800...
La Présidente (Mme Marois):... 800.
M. Bourbeau: ...estimées.
La Présidente (Mme Marois): Parfait.
Mme Harel: Donc, combien d'enfants de moins de 18 ans?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, là, je ne l'ai pas
devant moi...
Mme Harel: Le ministre les a, les chiffres.
La Présidente (Mme Marois): C'est parce que le nombre
de... Juste pour qu'on termine, là, oui.
Mme Harel: Je sais qu'il les a.
M. Bourbeau: Je regrette. Dans mon petit... je n'ai pas les
enfants ici, là, de 18 ans...
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...mais disons ceci. Tout à l'heure, vous
avez dit à plusieurs reprises qu'il y avait 8 % des ménages
à l'aide sociale qui étaient en mesures d'employabilité.
Là, je vous contredis. Vous me dites: Non, non, ce n'est pas des
ménages; c'est des personnes. Mais ça ne tient pas debout, dire
ça. On ne peut pas dire ça qu'il y a 8 % des personnes qui sont
en mesures d'employabilité, parce qu'il y a tous les enfants qui n'ont
pas accès, qui ne peuvent pas participer à des mesures
d'employabilité. Alors...
La Présidente (Mme Marois): Mais 400... est-ce que vous me
permettez...
M. Bourbeau: ...alors, on ne peut parler que de ménages.
On ne peut pas parler d'enfants.
La Présidente (Mme Marois): Vous avez raison, je pense, M.
le ministre...
M. Bourbeau: Le rattrapage scolaire, il n'y a pas bien, bien
d'enfants.
La Présidente (Mme Marois): ...sur ie fail qu'on doit
décortiquer chacune des données pour savoir si on parle ae
ménages, si on parle de l'ensemble de la population et des
enfants...
M. Bourbeau: C'est pour ça que, dans les mesures
d'employabilité, on doit parler de ménages...
La Présidente (Mme Marois): Bon. Mais les ménages,
c'est combien de personnes? Parce que ménage, évidemment, on sait
qu'un chef de famille monoparentale est un ménage.
Une voix: C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Mais c'est une personne. Alors
qu'un couple...
M. Bourbeau: ...le nombre d'adultes, ça serait...
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: ...un chiffre meilleur. alors, disons, là,
qu'en novembre 1991... je n'ai pas les derniers chiffres, malheureusement, mais
on avait 445 559...
La Présidente (Mme Marois): Personnes. M. Bourbeau:
...adultes, adultes...
La Présidente (Mme Marois): Adultes.
M. Bourbeau: ...en novembre 1991, et puis, en novembre 1991,
à l'aide sociale, il y avait, mme la présidente, 389 658
ménages. donc, s'il y avait 389 658...
La Présidente (Mme Marois): Une règle de trois,
là.
M. Bourbeau: ...ménages...
Une voix: Impossible.
Mme Harel: C'est impossible.
M. Bourbeau: Oui, oui, mais c'est très possible.
C'était ça, le nombre de ménages en novembre 1991. C'est
bien ça?
Mme Harel: II y avait beaucoup plus de ménages biparentaux
que cela, parce que, s'il y a 380...
M. Bourbeau: Écoutez, là, ce n'est pas impossible.
Il y avait 389 658 ménages à l'aide sociale, en novembre 1991,
pour 634 338 personnes. Ça, c'est les statistiques officielles.
Aujourd'hui, on est à 421 000 ménages, donc, 40 000
ménages... même pas 40 000, là...
Mme Harel: 56 000.
La Présidente (Mme Marois): 31 000, 32 000 ménages
de plus.
M. Bourbeau:. ...31 000 de plus. Donc, ajoutez peut-être
encore 20 000 adultes ou 15 000 adultes de plus.
Mme Harel: Mais je ne sais pas si le ministre est
conscient...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...qu'avec les chiffres il y a une incongruité.
Avec les chiffres que le ministre nous donne, il y a une incongruité. Il
nous parle, pour novembre 1991, là, de 445 000 personnes...
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: ...et de 380...
M. Bourbeau: Adultes, adultes.
Mme Harel: Adultes. C'est ça. Et de 389 000
ménages.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: N'est-ce pas? Alors, c'est bien simple: il n'y aurait
que 56 000 personnes, si vous voulez, qui vivraient...
La Présidente (Mme Marois): En couple. Mme Harel:
...en couple.
M. Bourbeau: Oui, bien, on sait que la très grosse
majorité des assistés sociaux sont des personnes seules.
Mme Harel: Oui, mais imaginez-vous ce que ça signifie, M.
le Président. Ça signifierait, à ce moment-là...
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée. Ça viendra.
Mme Harel: J'ai de la misère.
La Présidente (Mme Marois): Ne vous inquiétez pas.
Nous avons toute la journée pour nous y faire.
Mme Harel: Alors, imaginez que ça supposerait que les deux
tiers soient des ménages formés d'un adulte, d'une personne
seule.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, c'est probablement ça, parce que les
personnes seules à l'aide sociale, on en a 60 %, je crois, puis il y a
toutes les monoparentales qui forment une grosse partie.
La Présidente (Mme Marois): C'est quoi le...
Mme Harel: 100 000, 105 000, les chefs de famille
monoparentales.
La Présidente (Mme Marois): 105 000 chefs de famille
monoparentales.
M. Bourbeau: Oui, mais c'est énorme. Vous avez les
ménages à un. Ajoutez à ça toutes les personnes
seules, vous êtes rendue...
Mme Harel: À 200 000.
M. Bourbeau: ...à deux tiers de la clientèle.
Mme Harel: Oui, mais on n'est pas à 400 000.
M. Bourbeau: Non, non, non, non.
Mme Harel: II y a quelque chose qui ne marche pas.
Une voix: C'est plausible.
M. Bourbeau: Les chiffres sont bons, je suis convaincu.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que ce sont des
statistiques vérifiées par le ministère?
M. Bourbeau: Les familles biparentales sont très peu
nombreuses. Je crois qu'il y en a à peu près 20 000... les
couples sans enfants. Et puis, les biparentales, c'est la même chose. Je
suis pas mal convaincu que les chiffres sont bons.
Mme Harel: Parce qu'on s'est vraiment éloignés, par
ailleurs, de notre sujet.
La Présidente (Mme Marois): oui, on s'est
éloignés un peu. on essaie de clarifier, j'imagine, un peu les
données sur lesquelles on appuiera nos prises de décision. parce
que c'est ça.
M. Bourbeau: Tout ça, c'est parti d'une affirmation de la
députée de Hochelaga-Maison-neuve que nos mesures
d'employabilité ne sont pas populaires, qu'il n'y a que 8 % des
ménages, alors que moi, je vous dis qu'il y a 50 000 ménages
à peu près, selon nos statistiques, qui participent à des
mesures d'employabilité, sur 400 000.50 000 sur 400 000, ça fait
25 %...
La Présidente (Mme Marois): Non.
M. Bourbeau: N'oubliez pas qu'il y a presque 100 000 inaptes qui
ne peuvent pas participer, de toute façon. Alors, il faudrait presque
les enlever.
Mme Harel: Ah non, Mme la Présidente. Ça, non. Non,
non, non.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Mâisonneuve.
Mme Harel: Le ministre a tellement insisté en commission
parlementaire...
M. Bourbeau: On souhaite qu'ils participent.
Mme Harel: ...a tellement insisté sur
l'admissibilité des inaptes...
M. Bourbeau: Oui, oui. Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...il l'a tellement dit au salon bleu qu'il ne viendra
pas me dire le contraire, maintenant.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, les inaptes
sont admissibles. Est-ce que c'est ça, M. le ministre, que je dois
comprendre?
M. Bourbeau: Oui, ils sont admissibles, mais ils participent
peu.
Mme Harel: Oui. Il ne peut pas les écarter, à moins
que ce soit ça la directive qui soit envoyée aux agents.
La Présidente (Mme Marois): Donc, on doit rester aux
chiffres de base sur les ménages et le nombre de personnes adultes, et
les couples versus les ménages monoparentaux.
M. Bourbeau: Oui, quand on regarde les mesures
d'employabilité, tout le monde, bien sûr, est théoriquement
admissible. Mais si vous considérez qu'il y a dans le programme Soutien
financier, en novembre 1991, 95 791 personnes - mettez 100 000 aujourd'hui - si
vous considérez qu'il y avait 125 438 non disponibles, les mères
de famille monoparentales d'enfants de moins de six ans, les gens qui sont
temporairement malades, incapables de vaquer à leurs occupations, les
femmes enceintes... Bon, alors, encore là, ce n'est quand même pas
un groupe qui peut facilement participer à des mesures
d'employabilité. On est rendu à 225 000 ménages sur 400..
adultes plutôt, pour la moitié des adultes, et puis
considérez qu'il y en 52 000 dans la mesure d'employabilité, vous
êtes... Une bonne proportion participe aux mesures
d'employabilité.
La Présidente (Mme Marois): Et ça, c'est toujours
les chiffres de novembre 1991. M. !c ministre? Oui?
M. Bourbeau: Oui, novembre 1991.
Mme Harel: ...conscience...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...plus que jamais, Mme la Présidente, à
quel point, dans ce contexte-là, les mesures généreuses
pour compenser les coupures pour partage du logement, etc., les mesures
d'allocation qui ne sont attribuées qu'aux couples avec enfants ou aux
personnes avec enfants, combien ça ne leur coûte pas cher. Parce
que, finalement, c'est une minorité à l'intérieur des
prestataires d'aide sociale qui sont admissibles.
Alors, on voit bien que, étant donné que c'est
essentiellement des personnes seules ou des personnes chefs de famille qui se
retrouvent à l'aide sociale, le fait qu'on ait autant pour les
transferts de revenus, dans le cadre du SUPRET, par exemple, aboli l'aide pour
maintenir à l'emploi, et qu'on n'ait aucune aide non plus en
matière d'allocation-logement, et qu'en plus on ait la coupure pour le
partage du logement, on peut voir à quel point on a pu augmenter la
pauvreté-La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Aucune aide pour l'allocation-logement? Comment
aucune aide pour l'alloca-tion-logement?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
Mme Harel: ...pour les personnes seules. M. Bourbeau: Ah
non!
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, je reviens à ce que
j'étais en train de bien préciser, c'est-à-dire que nous
ne sommes pas ici à demander au ministre qu'il transfère la
gestion des mesures d'employabilité à la Société.
Nous sommes ici pour demander au ministre quelle sera sa politique d'ouverture
des programmes de main-d'oeuvre aux bénéficiaires d'aide sociale.
C'est la Société qui va offrir ces programmes de main-d'oeuvre,
et il y a toute une - je déteste ce mot-là - clientèle...
Ça a l'air tellement...
La Présidente (Mme Marois): Marketing. (12 h 50)
Mme Harel: Marchand, marketing. Mais il y a toute une
catégorie importante de sans-emploi...
La Présidente (Mme Marois): De personnes.
Mme Harel: ...de personnes sans emploi qui, finalement, n'auront
pas accès aux programmes de main-d'oeuvre. En fait, tous les
bénéficiaires de l'aide sociale n'y auront accès que
restric-tK/ement dans la mesure où les centres Travail-Québec
feront des ententes avec la Société. Et, là, la grande
question à poser reste celle des crédits budgétaires,
n'est-ce pas? C'est bien évident que ces ententes-là auront lieu
dans la mesure où le ministère aurait l'argent pour acheter de la
Société des cours main-d'oeuvre pour les personnes
assistées sociales.
Présentement, ce qu'il faut constater, c'est que,
présentement, un grand nombre... et ça, c'est dans le
mémoire que le ministre déposait au Conseil des ministres sur le
projet. On lit ceci: Un grand nombre de prestataires ne sont pas
référés aux programmes de main-d'oeuvre, mais plutôt
à des activités comme le rattrapage scolaire. On voit très
bien à quel point ça fait tourner en rond, puisque cette
catégorie de personnes sans emploi se retrouve dans des activités
de rattrapage scolaire ou elle abandonne à plus de 50 %. C'est un taux
extrêmement élevé d'échec, finalement. C'est un
deuxième échec scolaire qui, souvent, s'ajoute à celui
connu dans la petite enfance.
Ce que j'aimerais demander au ministre - je reviens - c'est: Quelle est
la politique qu'il entend développer pour permettre... Comment le
gouvernement entend contracter avec la Société? Est-ce qu'il
maintient la politique actuelle? Je pense qu'il n'y en a pas 4000, je crois.
Même, je pense que c'est trop généreux, 4000, 4000
bénéficiaires qui peuvent suivre des cours de main-d'oeuvre, 4000
sur les 389 000 dont parlait le ministre tantôt.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les prestataires de la sécurité du
revenu devraient pouvoir participer plus activement aux programmes de
développement de la main-d'oeuvre, notamment les mesures de placement,
de formation professionnelle et d'aide à l'emploi. Jusqu'ici, on a
aménagé, dans les accords fédéraux-provinciaux,
certaines dispositions en vertu desquelles un pourcentage
déterminé de la clientèle totale de certains programmes
doit être constitué de personnes aptes au travail recevant des
prestations de la sécurité du revenu. De même, un certain
rapprochement s'est opéré depuis deux ans entre les centres
Travail-Québec, qui gèrent les programmes favorisant
l'intégration en emploi de ces prestataires, et les commissions de
formation professionnelle.
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...il faut accroître ces échan-
ges parce que toute personne sans emploi apte au travail, quelle que
soit la source de revenu dont elle dépend, devrait, pour peu qu'elle y
consente elle-même des efforts, recevoir les services qui lui donnent une
nouvelle chance d'accéder ou de reconquérir le marché du
travail. Mme la Présidente, j'ai jugé bon de...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...citer deux paragraphes de l'énoncé
de politique «Partenaires pour un Québec compétent et
compétitif», parce que ça constitue la politique du
gouvernement en la matière. C'est clair, c'est précis, c'est
écrit et on dit qu'il faut accroître les échanges. Donc,
avec le mécanisme qu'on a prévu dans la loi de conclure des
ententes de services avec la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, on pourra accroître ces
échanges, et c'est notre intention la plus ferme.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, le ministre a oublié
de lire la suite.
M. Bourbeau: ...mais je ne voulais pas vous endormir
totalement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: J'aimerais continuer...
La Présidente (Mme Marois): Ce n'était pas le cas,
de toute façon, M. le ministre. Oui, Mme la députée.
Mme Harel: J'aimerais continuer, Mme la Présidente. Le
ministre nous disait justement: quelle que soit la source du revenu. Alors,
s'il le veut, on peut même introduire, en amendement au projet de loi, ce
principe qui nous apparaît absolument fondamental. Le ministre le sait
d'ailleurs parce que c'était, lors de la conclusion des travaux de la
commission parlementaire, un des objectifs que nous énoncions, à
savoir la formation de la main-d'oeuvre offerte quelle que soit la source du
revenu dont on dépend.
Je vais poursuivre la lecture que faisait le ministre de son
énoncé. Alors, ça dit ceci: Cet énoncé
comporte, on en convient, une part d'idéal et ne fait pas
l'unanimité. D'autres allèguent qu'avec un taux de chômage
de plus de 10 % la priorité devrait être accordée à
l'aide aux personnes en emploi et aux personnes licenciées.
Tout en reconnaissant que les interventions de l'État en
matière de main-d'oeuvre doivent être orientées davantage
vers les personnes en emploi, le gouvernement du Québec ne saurait
abandonner à leur sort les quelque 200 000 personnes aptes et
disponibles au travail qui dépendent de la sécurité du
revenu. Parce que, ce faisant, il en condamnerait, pour de très longues
périodes, un grand nombre à un état de dépendance
et de pauvreté. De plus, l'expérience démontre que les
programmes mis à la disposition de ces clientèles leur offrent la
voie du marché du travail et de l'autonomie. Ces succès
méritent que l'on accroisse nos efforts, etc.
Alors, là, ce qu'on dit, c'est que le gouvernement pourra
établir avec la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre les modalités d'une
compensation financière pour les services qu'elle serait appelée
à rendre aux prestataires de la sécurité du revenu. On
dit, d'une part, que le principe...
M. Bourbeau: On est revenus à l'article 26.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: C'est ça. On dit, d'une part, que l'objectif
devrait être que toute personne sans emploi apte au travail devrait
pouvoir obtenir de la formation de main-d'oeuvre, quelle que soit la source de
revenus dont elle dépend. On émet le principe et, ensuite, on dit
que c'est un bel idéal, ça ne fait pas l'unanimité et, en
attendant, le gouvernement va contracter avec la Société... On ne
nous dit pas quel sera le volume. On ne vous dit rien de tout ça. Sauf
que, présentement, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...je regardais...
M. Bourbeau: ...de loi. Quand même je mettrais qu'il y en
aurait 3842...
Mme Harel: La formation sur mesure, volet employabilité.
Je les ai fait sortir, les programmes de main-d'oeuvre, ce n'est même pas
4000. La formation sur mesure offerte... Ça, ça veut dire...
formation sur mesure, c'est formation de la main-d'oeuvre qui est offerte aux
personnes sur l'aide sociale. Alors, en 1990-1991, il s'agissait de 1515
bénéficiaires. Puis savez-vous qu'en 1991-1992 on diminuait
à 1258 bénéficiaires? Plutôt que de
s'améliorer, finalement, l'offre de formation de la main-d'oeuvre aux
bénéficiaires d'aide sociale, malgré l'augmentation du
nombre de bénéficiaires, a diminué.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée s'est rendu
compte qu'on est en train de faire une réforme, justement? Il y a des
choses avec
lesquelles on n'est pas d'accord, nous non plus. On fait une
réforme, c'est pour changer des choses. Alors, si ce n'est pas
satisfaisant, on va l'améliorer. On reconnaît que ça peut
s'améliorer. C'est pour ça d'ailleurs qu'on fait une
réforme. On va économiser 275 000 000 $ uniquement en frais
d'administration en rapatriant les pouvoirs de main-d'oeuvre du gouvernement
fédéral, en faisant sauter les deux réseaux. En ayant un
seul réseau, on pourrait consacrer des sommes à ça. C'est
l'objectif recherché. Je n'ai jamais dit que c'était parfait.
Mme Harel: Je ne reviens pas avec la fable de La Fontaine, mais
le ministre sait très bien que, pour économiser ces 250 000 000
$, il lui faudrait entièrement harmoniser, en obtenant la gestion de
l'ensemble des mesures dites actives et passives, c'est-à-dire autant
les prestations d'assurance-chômage que la gestion de l'ensemble de la
formation et du développement. Et ce n'est pas parti pour ça. Le
ministre le sait également.
M. Bourbeau: Oui, mais...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que ce que la
députée dit est juste dans le sens où c'est le maximum
qu'on pourrait économiser, advenant le fait qu'il ait une
intégration parfaite, les 275 000 000 $?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le chiffre vient de... Il
s'est trouvé comme suit. On a regardé quels étaient les
coûts d'administration des programmes du marché du travail dans
les 24 pays de l'OCDE, et les coûts d'administration tournent autour de 6
%, 6,5 %, selon les années. Au Québec, nous, on se rend compte
que les coûts d'administration du marché du travail - et j'entends
les mesures actives et passives, assurance-chômage, aide sociale, tout
ça - ça tourne autour de 9,5 %, 10 %, selon les
années.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Donc, une
différence de 3 % à 4 %.
M. Bourbeau: Donc, si vous estimez que, présentement, il
se dépense 9 000 000 000 $ au Québec là-dessus, 3 % de
différence, on va chercher 275 000 000 $ de frais d'administration.
C'est évident qu'ayant deux réseaux, même trois,
évidemment, avec l'aide sociale... Présentement, il y a trois
réseaux. On voudrait réduire à deux, un réseau pour
l'aide sociale et un réseau pour main-d'oeuvre et
assurance-chômage. Dans ce sens-là, sur une période de deux
ou trois ans, quatre ans, parce qu'il faudrait qu'il y ait une certaine
attrition des fonctionnaires, parce qu'il y aurait beaucoup trop de
fonctionnaires, sur une période de temps, avec les retraites, etc., on
en viendrait à économiser une somme d'argent qui pourrait
être située entre 200 000 000 $ et 300 000 000 $. C'est l'objectif
recherché, en plus d'avoir plus d'efficacité. Je sais que la
députée de Maisonneuve partage ce point de vue là.
Alors...
Mme Harel: Partage cet objectif. La députée de
Taillon également.
La Présidente (Mme Marois): Tout à fait. C'est pour
ça que je soulevais la question sur le total...
M. Bourbeau: Et c'est la position du Québec.
Là-dessus, il n'y a aucune hésitation. C'est notre position. Elle
n'a pas varié d'un iota.
Mme Harel: La vôtre?
M. Bourbeau: Quand vous m'avez posé la question en
Chambre, l'autre fois, je n'ai pas tergiversé longtemps sur la
réponse, et personne ne m'a contredit.
Mme Harel: C'est tout à votre honneur, d'ailleurs.
La Présidente (Mme Marois): Je voudrais faire remarquer
aux membres de la commission qu'il est 13 heures et qu'il faut suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Joly): Au moment d'ajourner, nous en
étions à l'article 26 et, en vérifiant la feuille de
temps, je vois que, déjà, nous avons épuisé le
temps permis par le règlement, soit 23 minutes et 10 secondes, sur
l'article 26. Dois-je conclure que nous passons au vote? Est-ce qu'on peut
considérer que l'article 26 est adopté?
Une voix: Adopté. Des voix:...
M. Bourbeau: M. le Président, tout en vous signalant que
nous avons un amendement, en fait, le projet de proposer un article 26.1.
Est-ce que ça vous empêche d'adopter l'article 26 ou...
Le Président (M. Joly): Non... M. Bourbeau: Non.
Le Président (M. Joly): ...sauf qu'on peut adopter 26.
M. Bourbeau: C'est bien ce que je pensais.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous êtes
d'accord, Mme la députée?
Mme Harel: Un instant, M. le Président. À l'article
26, nous retrouvons donc la proposition à l'effet de permettre à
la Société de conclure des ententes de services
rémunérés, notamment avec un ministère ou un
organisme public. Je comprends que le ministre a pris connaissance des
communiqués qui nous sont parvenus, à moi-même comme
porte-parole de l'Opposition et au ministre responsable, notamment le
communiqué intitulé «Le secteur communautaire forme une
coalition», et, dans ce communiqué, au troisième
paragraphe, on y trouve ceci... au quatrième plutôt: «Pour
ces organismes, une véritable politique de développement de la
main-d'oeuvre doit relever le défi de l'intégration au
marché du travail de toutes les personnes qui en sont exclues ou dont
les emplois sont précaires et vulnérables. Cela exige donc que le
secteur communautaire soit considéré comme un partenaire à
part entière au sein de la Société.» Et la
coalition, c'est une très, très, très vaste coalition. Le
ministre en a la liste; je vais donc immédiatement me dispenser d'en
faire la lecture. Mais c'est impressionnant.
Le Président (M. Joly): Mme la députée...
Mme Harel: Vous-même seriez impressionné.
Le Président (M. Joly): ...je tiens juste à vous
rappeler que, déjà, sur l'article en question, nous avons
dépassé le temps, nous sommes rendus à 25 minutes. Je n'ai
pas d'objection si j'ai le consentement. Si M. le ministre est d'accord, moi,
je peux laisser déborder le temps...
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon,
j'admets la liste des organismes, M. le Président, comme le veut, et la
meilleure preuve disponible...
Mme Harel: C'est-à-dire que c'est mon temps à moi,
là, M. le Président, qui est épuisé?
Le Président (M. Joly): Oui.
Mme Harel: Mais ma collègue, la députée de
Chicoutimi...
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, 25 minutes... Ah non!
Je n'ai pas d'objection. Je veux juste essayer d'appliquer la procédure
parce que je m'aperçois, en prenant la responsabilité, que,
déjà, on avait dépassé le temps de 25 %.
Alors...
Mme Harel: C'est parce que vous n'étiez pas là, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): II faut qu'il y ait une certaine
rigueur.
M. Dourbeau: Je peux vous rappeler, M. le Président, que
la présidence ne s'occupait pas du temps avant votre arrivée.
Le Président (M. Joly): Bien, je ne sais pas. C'est parce
que moi, de temps en temps, je me vire de bord puis je vérifie. Alors,
je veux être juste dans l'application, disons, du mandat qui m'est
confié.
M. Bourbeau: Oui, vous avez bien raison, M. le Président,
l'équité, c'est très important.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'ai eu l'occasion, en Chambre, de rappeler les principales
interventions qui s'étaient faites à ce sujet,
particulièrement l'exclusion de certains travailleurs. On consacre des
catégories de travailleurs, selon qu'ils sont en emploi ou aptes
à l'emploi, et ça vient consacrer une situation que
dénonçaient à peu près partout les intervenants,
à l'unanimité. Les gens que je rencontre dans mon comté -
vous en avez certainement, je vois les députés ici - et qui
viennent vous dire: On est comme assis entre deux chaises: on n'a pas
l'âge, ça ne fait pas assez longtemps qu'on est sorti de
l'école, pas assez longtemps qu'on est chômeur, trop longtemps
qu'on est assisté social... Et, finalement, selon qu'ils aient l'un ou
l'autre des statuts, ils se retrouvent constamment entre deux chaises.
J'ai reçu, et je suis certaine que ma collègue a fait
longuement la démonstration, une trentaine de lettres de
différents organismes, pas des individus. Des individus, on dirait que
c'est des individus. Mais, là, vous avez toutes les chambres de commerce
de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous avez la plupart des
municipalités et toutes les MRC. On ne peut pas avoir un projet de loi
qui puisse prétendre répondre à des besoins alors qu'il y
a une telle objection quant à la structure proposée. Et quand le
Conseil du patronat fait sensiblement les mêmes représentations
qu'on fait là-dessus, je commence à trouver que ça fait
pas mal de monde et, si ça ne fait pas consensus général
contre le projet, c'est une manifestation d'opposition qui mérite de
faire réfléchir.
L'exclusion des personnes aptes au travail, mais
bénéficiaires de l'aide sociale, de ce projet de formation,
ça va à rencontre de tout le discours qu'on a tenu sur l'urgence
et la nécessité d'adapter la main-d'oeuvre aux besoins de la
société. Je ne vous ferai pas de longue démonstration, je
suis certaine que vous y avez déjà réfléchi, parce
qu'on a des données très précises sur les principaux
facteurs qui expliquent ia pauvreté, et, au premier rang, c'est la
sous-scolarisat'nn. C'est clair et net, c'est une constante au Québec.
Et c'est peut-être au
Québec comme partout ailleurs dans le monde, sans doute. La
sous-scolarisation entraîne une série de pathologies. Je me
permets de raconter un fait, sans tomber dans le pathos. Ça s'est
passé à la CSST. Les accidentés du travail...
M. Bourbeau: M. le Président, sur quel article est-on dans
le moment?
Mme Blackburn: 26, M. le Président, et ça parle des
assistés sociaux.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on est dans la pertinence du débat
avec la CSST, M. le Président?
Mme Blackburn: Oui.
(15 h 30)
M. Bourbeau: II me semble qu'on s'éloigne d'une
façon dangereuse...
Mme Blackburn: Je voulais juste prendre un exemple qui pourrait
éclairer le ministre, s'il écoute un peu.
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'on était
rendus dans des cas de comté.
Mme Blackburn: Des travailleurs accidentés qui, à
cause de la structure, sont devenus assistés...
bénéficiaires de l'aide sociale, et ces
bénéficiaires...
M. Bourbeau: M. le Président, on n'est pas dans l'aide
sociale, là, du tout, du tout. On est dans la main-d'oeuvre et dans les
ententes de services avec la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: m. le président, on est tout à fait dans
le sujet. on est dans l'exclusion des personnes assistées sociales des
formations de main-d'oeuvre offertes par la société...
M. Bourbeau: On est dans l'exclusion, pas dans l'inclusion.
Mme Harel: ...et on est dans l'inclusion d'une... à partir
d'un contrat que pourrait signer la Société, et on ne sait pas
quel sera le volume de ces personnes qui pourront bénéficier ou
pas de ces programmes de formation. Ce qu'on sait, c'est que
présentement c'est dérisoire.
Mme Blackburn: Et ce qu'on sait, c'est que ces personnes exclues
sont les plus faibles et les plus fragiles de la société parce
que sous-scola-risées. Les travailleurs accidentés, 50 % des
travailleurs accidentés ont moins de neuf ans de scolarité.
Souvent, on explique qu'ils ont eu un accident par leur incapacité
à décrypter une mesure d'urgence, une consigne d'urgence; ils
sont incapables de , la lire, donc de l'interpréter, et ça
explique un certain nombre d'accidents. Ce sont ces personnes-là qu'on
retrouve le plus rapidement sur l'aide sociale parce qu'elles sont aussi mal
équipées pour défendre leurs droits comme travailleurs
accidentés. Et là on est en train de créer une
espèce de catégorie de travailleurs potentiels aptes au travail,
à part, parce qu'ils ont eu le malheur de passer de chômeurs ou de
non-travailleurs dans une entreprise à un statut d'assisté
social. Je pense que ce n'est pas susceptible de faire une intégration
porteuse de développement. Dans ce sens-là, si on accepte une
telle disposition, je ne peux qu'endosser les inquiétudes et les
préoccupations exprimées par ma collègue.
S'il y a un dossier qui me tient à coeur... Je suis entrée
en politique quasiment rien que pour ça, pour deux raisons: parce que je
suis souverainiste, puis je crois que ça passe beaucoup par les
connaissances, par le développement personnel et la scolarisation. On ne
peut pas avoir un peuple plus indépendant que chacun des individus l'est
généralement. Ça, c'est vrai. Alors, moi, j'ai toujours
pensé que ça passait par la scolarisation. C'est un dossier que
je connais bien, mais qui me tient à coeur. Si on ne le fait pas, je
l'ai toujours dit, si on ne s'occupe pas de ces travailleurs assistés
sociaux qui sont sous-scolarisés, c'est tout le Québec qu'on
appauvrit. C'est toujours eux qui nous coûtent le plus cher. Puis ce
n'est pas mal de le dire; c'est un peu triste de le faire, mais, en même
temps, on le sait, c'est eux qui ont le plus de problèmes de
santé, qui ont le plus de problèmes de comportements sociaux. Par
exemple, juste en matière de sécurité, on apprend une
chose absolument surprenante, ils ont moins tendance à attacher une
ceinture de sécurité dans une voiture. On a appris, le ministre
devrait écouter ça aussi, vous savez qu'il y a quatre fois plus
d'analphabètes dans les pénitenciers fédéraux que
dans la population normale. Ils sont incapables de contrôler
l'information qui leur est livrée. Ça fait de ces
individus-là des personnes comme s'ils ne parlaient pas la langue, quand
vous n'êtes pas capables de la lire. Alors, c'est de ces personnes dont
on parle quand on les exclut.
Vous savez, quand on les exclut de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, ce n'est
pas de la main-d'oeuvre, ça? Je trouve que ça apporte, ça
transmet, ça communique une perception négative quant à
leur statut et à leur capacité de s'en sortir. Moi, je pense
qu'il y aurait moyen, si le ministre le voulait - il ne semble pas très,
très, très réceptif à l'idée - de le
modifier de manière à inclure la possibilité de conclure
des ententes en vue d'assurer la formation de ces personnes-là, et en
nombre suffisant, évidemment. Ce n'est certainement pas là ce qui
nous manque actuellement, des travailleurs bénéficiaires de
l'aide sociale et aptes au travail. On en a combien de
centaines de milliers? Pour faire quelques écoles sans doute.
Alors, j'aurais terminé là-dessus. Je me permets cependant
de rappeler au ministre, je lai fait en Chambre et je le refais ici, les
organismes qui ont pris la peine de nous écrire pour dire: Ne laissez
pas passer ce projet de loi. Alors, j'ai ici les lettres. Elles me viennent de
la Chambre de commerce de Jonquière, de la ville de La Baie, de la
municipalité de Saint-Félix-d'Otis, de la Corporation municipale
de La Doré, de la municipalité de Saint-Ambroise, de la ville de
Dolbeau, de Nutrinor - c'est une coopérative agro-alimentaire importante
chez nous, il y a un nombre assez important d'employés; je ne voudrais
pas vous le livrer, mais je pense que c'est quelque chose comme 200 - de la MRC
de Maria-Chapdelaine, de la coopérative municipale de Larouche, de la
ville de Jonquière, de la ville de Normandin, du Syndicat des
producteurs de bois du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Fédération
des syndicats du secteur aluminium - ça, ça représente
6000 ou 7000 employés - de la Chambre de commerce de Chicoutimi, du
groupe Ce-gerco - qui est un groupe de génie-conseil, un des groupes les
plus importants en génie-conseil, et qui a un bureau à la fois
à Chicoutimi et à Jonquière et un à Montréal
- de la ville de Métabetchouan, de la Chambre de commerce de La Baie,
celle de Saint-Félicien, d'Alma, du cégep de
Saint-Félicien, de la municipalité de Bégin, de la ville
de Mistassini, de l'Association regroupant les femmes en emplois non
traditionnels, l'ARFENT, de la Chambre de commerce régionale du
Lac-Saint-Jean, de la Chambre de commerce de Chicoutimi, des corporations
municipales de Saint-François-de-Sales et d'Hébertville, de la
commission scolaire Chibougamau-Chapais, de la municipalité de
L'Anse-Saint-Jean et de la ville de Desbiens. Et ça continue de rentrer.
Quand je l'ai fait, quand je me suis présentée en Chambre et que
j'ai pris la parole sur ce projet de loi, j'en avais 26; il y en a 4 de
rentrées depuis.
Alors, ça ne veut pas dire que la satisfaction est totale et
complète. Quand on a des manifestations d'opposition aussi importantes,
il me semble qu'on doit un peu réviser ses positions. On ne
légifère pas pour un gouvernement, on légifère pour
du monde. Il me semble que c'est une affaire qu'il ne faudrait peut-être
jamais oublier. Et, quand les principaux concernés estiment que
ça ne fait pas leur affaire, surtout comme on ne légifère
pas pour nous, pour se faire plaisir, il me semble qu'on devrait un peu
réfléchir. J'ai terminé.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Bourbeau:...
Le Président (M. Joly): Merci. Donc, l'article 26...
Mme Harel: Sur division. le président (m. joly):
...est adopté sur division. j'ai cru comprendre, m. le ministre, que
vous aviez un amendement, c'est-à-dire un ajout.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais introduire
l'article 26.1 par voie d'amendement, à l'effet d'ajouter au projet
l'article qui se lit comme suit: «26.1 La Société peut,
conformément à la loi, conclure une entente avec un gouvernement
au Canada ou à l'étranger, l'un de ses ministères ou
organismes, une organisation internationale ou un organisme de cette
organisation.»
Cet ajout vise à habiliter la Société à
conclure une entente avec un gouvernement, un ministère ou un organisme
autre que québécois.
Mme Harel: M. le Président, puisque le législateur
ne parle jamais pour ne rien dire, peut-on savoir ce que le ministre veut dire
quand il propose que la Société puisse conclure une entente avec
un gouvernement à l'étranger?
M. Bourbeau: Disons, en premier lieu, qu'en précisant
qu'une telle entente sera conclue conformément à la loi cette
disposition implique que la Société se trouvera assujettie au
cadre général de conclusion des ententes hors Québec. Ces
ententes sont régies, soit par le chapitre III de la Loi sur le
ministère des Affaires internationales, chapitre M-21.1, en ce qui
concerne les ententes internationales, soit par la sous-section 2 de la section
II de la Loi sur le ministère du Conseil exécutif, chapitre M-30,
en ce qui concerne les ententes intergouvernementales.
M. le Président, il s'agit là d'une disposition qui n'est
pas unique à ce projet de loi, qu'on retrouve dans d'autres
sociétés, et qui fait en sorte que la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre pourrait,
éventuellement, conclure des ententes avec un gouvernement ou un
organisme gouvernemental d'un autre pays, à l'effet de, comment
dirais-je, effectuer un transfert technologique de connaissances qu'elle
pourrait avoir ou d'expertise qu'elle pourrait avoir dans certains domaines,
dans certains programmes. On pourrait penser, par exemple, et c'est même
le cas présentement, que certains pays sont intéressés par
le crédit d'impôt à la formation, par exemple, qui a
suscité de l'intérêt dans certains endroits. Nous avons des
discussions, par exemple, avec la Tunisie, présentement, relatives
à des programmes de formation professionnelle, etc. Donc, la
Société pourrait conclure des ententes semblables. (15 h 40)
Mme Harel: Donc, je comprends, par exemple, qu'il pourrait
être possible qu'il y ait des échanges entre le Québec et
la Tunisie, pour
reprendre l'exemple que donnait le ministre. Ça, ça vaut
pour les ententes conclues avec un gouvernement à l'étranger.
Mais est-ce que le ministre a une idée de la sorte d'entente qui
pourrait être conclue avec une organisation internationale?
M. Bourbeau: Qu'est-ce que la députée entend par
organisation internationale?
Mme Harel: La question lui est posée, c'est lui qui le
propose dans son amendement à l'article 26.1: La Société
peut, conformément à la loi, conclure une entente avec une
organisation internationale.
M. Bourbeau: O.K. Je croyais que la députée
elle-même avait cité une organisation internationale. M. le
Président, dans les projets de loi qui emploient cette clause de style,
on signifie en général les organisations qui oeuvrent sur la
scène internationale comme l'OCDE, etc.
Mme Harel: Alors, ça veut donc dire... Qu'est-ce que le
ministre recherche par l'amendement qui est apporté, l'article 26.1?
M. Bourbeau: À habiliter la Société à
conclure des ententes internationales, des ententes avec des organisations
internationales ou des organismes de ces organisations internationales.
Mme Harel: Et en regard du gouvernement canadien?
M. Bourbeau: Même chose, mêmes pouvoirs.
Mme Harel: Mais pourquoi l'avoir ajouté s'il ne l'avait
pas prévu initialement? À quelle difficulté, en l'absence
d'un tel amendement, il veut pallier en le présentant?
M. Bourbeau: À l'article 26, c'est les ententes avec un
ministère ou un organisme public et, à l'article 26.1, c'est pour
confirmer le pouvoir de faire des ententes avec des organismes à
l'étranger, des organismes à vocation internationale.
Mme Harel: Est-ce que vous envisagez des ententes avec le
RAPC?
M. Bourbeau: M. le Président, le RAPC, c'est un programme
qui, semble-t-il, s'adresse plutôt au gouvernement qu'aux organismes
gouvernementaux. Il semble que c'est plutôt le gouvernement qui fait des
conventions ou des arrangements à l'intérieur de ce
programme-là.
Mme Harel: Ça veut donc dire que la Société
comme telle ne serait pas autorisée à conclure une entente avec
le Régime d'assistance publique du Canada, par exemple?
M. Bourbeau: En fait, des ententes, c'est des gouvernements...
S'il y a une entente, elle pourra faire des ententes avec des gouvernements ou
des agences, mais on ne fait pas des ententes avec un régime.
Mme Harel: Alors, avec le gouvernement du Canada, est-ce
que...
M. Bourbeau: Elle pourrait faire une entente avec...
Mme Harel: Si le ministre le veut, O.K., d'accord, est-ce que
vous pensez que la Société...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...vous envisagez que la Société puisse
conclure une entente avec le gouvernement du Canada concernant le partage de
certains programmes dans le cadre du RAPC?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas où on
va aller dans cette direction-là, mais disons que, sur le plan
juridique, si la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre obtient l'autorisation du gouvernement
du Québec, elle peut conclure des ententes avec le gouvernement du
Canada ou avec un autre gouvernement.
Mme Harel: Vous nous mentionniez, je crois hier, que vous aviez
l'intention de transférer à la gestion de la
Société le programme PATA, le programme d'aide aux travailleurs
âgés licenciés. Est-ce que vous avez l'intention de faire
de même pour le programme APPORT?
M. Bourbeau: Disons que ce ne sont pas des décisions qui
ont été prises. M. le Président, c'est des choses qui sont
présentement envisagées. Le programme APPORT, c'est un programme
qui loge à la sécurité du revenu. Pour l'instant, la
sécurité du revenu, ça va demeurer au ministère de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
Mme Harel: Le programme PATA aussi est logé à la
sécurité du revenu.
M. Bourbeau: Le programme PATA, c'est un programme qui loge
plutôt à la main-d'oeuvre qu'à la sécurité du
revenu. Quand j'ai dit tantôt que le programme APPORT loge à la
sécurité du revenu, je voulais dire qu'il loge au volet
sécurité du revenu du ministère. Le programme PATA, c'est
un programme qu'on négocie avec le ministère
fédéral du Travail, donc c'est plutôt
considéré chez nous comme un programme de main-d'oeuvre, pour
l'instant en tout cas. Il y a une incitation au retour au travail dans le
programme PATA avec...
Mme Harel: Et le programme PAIE?
M. Bourbeau: Le programme PAIE, M. le Président, c'est
aussi un programme de la sécurité du revenu, d'intégration
à l'emploi. Pour l'instant, on n'envisage pas de le transférer.
Mais je tiens à dire tout de suite à la députée que
ces questions de programme en programme, il ne faudrait pas penser que les
décisions finales sont prises. On est en train d'évaluer, de
réfléchir sur toutes ces questions-là. Il n'y a aucune
décision qui a été prise définitivement. Il
pourrait y avoir des changements entre ce que je lui ai dit aujourd'hui, qui
sont des intentions vagues, et les décisions qui pourraient être
prises un peu plus tard. Tout ça est...
Mme Harel: Mais je comprends donc que, à première
vue, vous pensez conserver la gestion du programme PAIE à la
sécurité de revenu.
M. Bourbeau: Disons que tout ce qui est sécurité du
revenu a de fortes chances de rester au ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, et
tout ce qui est plutôt main-d'oeuvre a de fortes chances d'être
transféré à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Et qu'est-ce que vous ferez avec les programmes
à connotation sécurité du revenu financés à
même les fonds fédéraux?
M. Bourbeau: Exemples?
Mme Harel: Exemples. Ceux qui nous étaient apportés
par la Coalition québécoise pour le financement par l'emploi.
Vous nous donniez l'exemple de PAIE, que vous nous disiez être un
programme de sécurité du revenu plutôt qu'un programme de
main-d'oeuvre. Donc, je comprends que les programmes de création
d'emplois comme PAIE sont, pour vous, des programmes de sécurité
du revenu plutôt que des programmes de main-d'oeuvre. Ce genre de
programme a son pendant au niveau fédéral. On connaît le
Bon d'emploi, fédéral, qui est un programme que le ministre peut
considérer comme le pendant du programme PAIE, et on connaît les
programmes, dont on a parlé, de développement de l'emploi. Alors,
est-ce qu'il faut comprendre qu'il y aurait des programmes de
développement de l'emploi qui seraient gérés par la
Société et d'autres programmes de développement de
l'emploi qui seraient gérés par les centres
Travail-Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, il est trop tôt pour
s'avancer là-dessus. On ne ferait que spéculer. Comme,
d'ailleurs, dans les questions constitutionnelles, on pellette des nuages, M.
le Président, d'une certaine façon, parce qu'il n'y a pas de
décisions qui ont été prises et la réflexion n'est
pas encore assez avancée peur pouvoir donner des indications très
précises. Je donne à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve des indications générales, mais, en ce qui
concerne les cas particuliers, enfin les programmes pris un par un, toute
réponse que je pourrais lui donner pourrait être changée en
l'espace de quelques semaines, dès que les évaluations m'auront
été transmises. Présentement, je n'ai pas vu les
évaluations, donc je ne fais que donner, là, une réaction
spontanée qui pourrait changer à la suite des
évaluations.
Mme Harel: est-ce qu'on comprend, à ce moment-là,
que le ministre veut avoir un pouvoir réglementaire
général sans nous dire le moindrement ce qu'il pense faire
avec?
M. Bourbeau: M. le Président, le pouvoir dont on parle,
c'est un pouvoir qui existe dans un grand nombre de lois et, de toute
façon, je ne vois pas pourquoi la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre ne
pourrait pas conclure des ententes avec des organismes étrangers. La
plupart des sociétés paragouver-nementales de ce type-là
ont ce pouvoir-là et elles ne peuvent pas l'exercer sans faire valider
par le Conseil des ministres les autorisations. Donc, à toutes fins
pratiques, ça n'engage pas tellement le gouvernement.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'à l'article 27 le
ministre propose que le législateur accorde à la
Société un pouvoir de conclure... c'est à l'article 26.1
plutôt... que le législateur accorde à la
Société le pouvoir de conclure toutes sortes de types d'ententes,
sans nous indiquer quelle sera l'orientation qui prévaudra. Mais je
rappelle que le ministre a écarté l'amendement que nous avions
déposé à l'effet d'introduire une représentation de
groupes communautaires, et ce n'est pas sans inquiéter, M. le
Président. Ça aurait permis une sorte de garantie que des
personnes siégeant sur le conseil d'administration de la nouvelle
Société auraient été porteuses des points de vue,
des intérêts et de la problématique de ces emplois
temporaires qui sont, depuis maintenant presque 25 ans, financés par les
fonds fédéraux. (15 h 50)
Ça ne me rassure pas d'entendre le ministre nous dire que les
programmes de création d'emplois... Parce que, finalement, PAIE est
à Québec ce que le PDE est à Ottawa, le PDE de six mois,
c'est-à-dire qui peut aller jusqu'à un an à Ottawa, mais
qui est quand même plus payant que PAIE, c'est presque le double de PAIE.
C'est sûr qu'il y a une inquiétude, c'est certain qu'il y a une
inquiétude sur 'e terrain, de la part de gens qui disent: Oui, mais
est-ce que Québec va niveler par le bas? Est-ce que ça va
être l'égalité dans la malchance? C'est-à-dire
tout le monde au même montant que ce qui est payé dans le
programme PAIE maintenant, qui est un maximum du salaire minimum,
c'est-à-dire à peu près 180 $ par semaine, tandis que les
programmes fédéraux allouent jusqu'à 340 $ par semaine.
Alors, vous comprenez que, pour des programmes de création d'emplois,
par rapport à des organismes qui utilisent l'un et l'autre des
programmes de chacun des gouvernements, il y a comme un désir d'avoir
des réponses claires sur ce qui arrivera avec les programmes
fédéraux qui seraient transférés, si tant est que
tout ça se passait, sans qu'il n'y ait aucune garantie sur le maintien
de ces programmes. Je rappelle que le fédéral verse, chaque
année, 75 000 000 $ pour le financement de projets axés sur le
développement de l'employabilité, c'est-à-dire pour des
programmes de développement de l'emploi, créant ainsi 8000
emplois temporaires d'une durée moyenne de six mois.
Hier, un regroupement de 600 organismes bénévoles - ce
n'est pas rien, hein? un regroupement de 600 organismes bénévoles
- oeuvrant au Québec convoquait une conférence de presse pour
réclamer que ces programmes disponibles soient profondément
consolidés de manière à offrir des emplois d'une
durée moyenne de trois ans, allant parfois jusqu'à cinq ans.
C'est évident... Imaginez-vous, un regroupement de 600 organismes, qui,
actuellement, adressent leurs demandes à Ottawa, puisque ces 75 000 000
$ de financement de centaines de groupes communautaires et populaires sont
assurés par Ottawa. Mais, dans la mesure où Québec
obtiendrait le transfert de ces fonds, c'est évident que c'est
Québec qui aura à répondre à leurs attentes.
Qu'est-ce que le ministre nous dit présentement? C'est que les
programmes que Québec gère en matière de création
d'emplois, comme le programme PAIE, vont rester gérés par les
centres Travail-Québec pour les personnes assistées sociales et
non pas par la Société dans le cadre d'un programme de
développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi.
M. le Président, je dois vous dire que, plus on avance dans le
projet de loi, plus je suis convaincue qu'avec le tollé d'oppositions
que ça génère, le ministre, c'est un service qu'on lui
rend si le projet de loi n'est pas expédié rapidement pour avoir
le temps d'y repenser.
M. Bourbeau: M. le Président, pour ce qui est de
l'expédier rapidement, on repassera, parce que, même si on allait
quatre fois plus vite, on ne l'expédierait pas rapidement non plus. Au
rythme où vous allez, on s'en va à un train de tortue. M. le
Président...
Mme Harel: On est à notre troisième journée,
M. le Président.
M. Bourbeau: Oui, et on est rendus à l'article...
Mme Harel: Le ministre est bien impatient.
M. Bourbeau: On est rendus à l'article 25, M. le
Président.
Mme Harel: en fait, on a siégé un après-midi
et un avant-midi, et une journée. la deuxième journée, on
a siégé en soirée seulement...
M. Bourbeau: Combien d'heures à date, Mme la
Présidente... Monsieur...
Mme Harel: ...puis on a siégé une autre
journée hier.
M. Bourbeau: Combien d'heures à date?
Mme Harel: Alors, l'équivalent, c'est deux jours, sauf
aujourd'hui. Si vous trouvez que c'est trop vous demander pour un projet de loi
qui est censé être de cette importance-là...
Le Président (M. Joly): Dix-sept heures.
M. Bourbeau: Combien d'articles adoptés, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): Nous sommes rendus au 22e article
adopté... au 23e article adopté.
M. Bourbeau: Alors, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve estime qu'on progresse, 17 heures, 22 articles...
Mme Harel: C'est très raisonnable, M. le
Président.
M. Bourbeau: Oui, bien, c'est raisonnable dans votre optique,
mais...
Mme Harel: On a vu ça très souvent dans bien
d'autres projets de loi qui sont aussi importants que celui-là.
M. Bourbeau: Vous aimez faire durer le plaisir, on connaît
ça. Pour répondre, M. le Président, à ce que la
députée disait tantôt... Elle disait qu'on écarte
les groupes communautaires. Je ne sais pas où elle a péché
ça. Nous avons apporté un amendement, tout à l'heure,
à l'article 5, je crois, qui laisse clairement entendre que, dans un des
groupes, il y aura certainement une place de disponible, M. le
Président, qui pourrait fort bien être occupée par des
représentants des groupes communautaires. Donc, je ne pense pas que la
députée est autorisée à dire que les groupes
communautaires seront absents des structures de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Peut-on croire, à ce moment-là, que ce
seraient les groupes de femmes qui ne
seraient pas représentés si ce seul siège que vous
consacrez à tous ces gens-là l'était pour un porte-parole
des groupes communautaires?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai l'intention de... J'ai
trop d'estime pour les femmes, M. le Président, et j'ai l'intention de
leur rendre le grand service de faire en sorte qu'elles soient
représentées par plus qu'une personne au conseil
d'administration. Si la députée veut se contenter d'une seule
personne pour représenter les femmes, c'est son problème. Moi,
j'ai l'intention de faire des efforts pour qu'un grand nombre de femmes
compétentes puissent siéger au conseil d'administration de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre et, dans ce sens-là, j'ai l'appui de la ministre
déléguée à la Condition féminine, M. le
Président, qui ne s'inscrit pas, me semble-t-il, dans la ligne de
pensée de ce dont parle la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve.
Mme Harel: Non, non, non. Alors, M. le Président, que le
ministre se le dise, on va lui demander, à la ministre
déléguée à la Condition féminine...
M. Bourbeau: Mais vous lui demanderez.
Mme Harel: ...si c'est la meilleure façon de
procéder. S'il veut, je lui demanderai dès demain...
M. Bourbeau: Effectivement.
Mme Harel: ...à la période de questions, n'est-ce
pas? Alors, on pourra vérifier auprès de la ministre
déléguée à la Condition féminine - quelle
bonne idée! - si ce qu'elle a transmis aux groupes de femmes - on va
même, peut-être, déposer les lettres qu'on a eues - à
savoir que la ministre déléguée à la Condition
féminine ne considère pas que, parce que des organismes mandatent
des femmes dans n'importe quelle organisation, ces femmes sont mandatées
pour représenter les femmes. Est-ce que la députée de
Saint-Henri se considère mandatée, dans ce Parlement, pour
représenter les femmes, M. le Président?
M. Bourbeau: Pourquoi on devrait avoir quelqu'un qui
représente les femmes?
Mme Harel: Elle est ici pour représenter les
électeurs du comté de Saint-Henri...
M. Bourbeau: Est-ce que moi, je suis...
Mme Harel: ...hommes et femmes indistinctement...
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui représente les
hommes à la Société québécoise de
développer!.ent de la main-d'oeuvre?
Mme Harel: est-ce que la députée de saint-henri est
mandatée, ici même, dans cette commission, pour représenter
les femmes? non, m. le président.
M. Bcurbeau: Et pourquoi tenez-vous absolument à ce que
quelqu'un représente les femmes?
Mme Harel: Ce sont ses électeurs, puis c'est mon cas, puis
c'est le cas de Mme la députée de Chicoutimi. Alors,
pourquoi...
M. Bourbeau: Vous vous sentez à ce point
inférieures que vous avez besoin de quelqu'un pour vous
représenter?
Mme Harel: Alors, si le ministre n'a pas encore compris
après six semaines de commission parlementaire, où il se l'est
fait dire par des dizaines d'organismes, M. le Président, s'il ne l'a
pas encore compris, je suis prête à lui répéter.
Mais j'ai l'impression que c'est un cas, c'est peine perdue. Il n'a pas encore
compris qu'il y a des groupes qui sont discriminés dans la
société sur le plan du marché du travail et de la
main-d'oeuvre et que c'est à ces groupes-là que s'adresse une
représentation qui leur permet, pas d'avoir un statut supérieur,
mais qui leur permet simplement de rééquilibrer leur
sous-représentation chronique, M. le Président.
Le ministre a reçu, d'ailleurs, de la Coalition des organismes
communautaires pour le développement de la main-d'oeuvre, qui,
aujourd'hui même, n'est-ce pas? c'est encore tout chaud, ont fait une
conférence de presse... Alors, il s'agit de l'Association des clubs de
recherche d'emploi du Québec, de l'Association des mouvements action
chômage du Québec, de l'Association des parrains des services
d'employabilité du Québec, de l'Association des services externes
de main-d'oeuvre, de l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale, du Centre de recherche-action sur les relations raciales, du
Centre d'intervention pour l'accès des femmes au travail, du Conseil
permanent de la jeunesse, de la Fédération des associations de
familles monoparentales du Québec, de la Fédération des
femmes du Québec, de l'Institut canadien d'éducation des adultes,
de l'Institut de formation en développement économique
communautaire, du Regroupement des centres de femmes, du Regroupement
québécois des organismes de développement de
l'employabilité. (16 heures)
Quand on réussit à provoquer une coalition de cette
importance-là, qui est appuyée par des organismes aussi
importants que la CSN, la CEQ, l'UPA, l'Association provinciale des commissions
de forr^ption professionnelle et l'Opposition officielle, oui, M. le
Président... L'ensemble de
ces organisations a reconnu la nécessité que le secteur
communautaire ait une représentation significative au sein du conseil
d'administration de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Et la Coalition annonce aujourd'hui
même que, forte de ces appuis, quel que soit le sort qui sera fait au
projet de loi, elle entend poursuivre ses démarches afin que le secteur
communautaire soit reconnu comme un partenaire légitime et indispensable
du développement de la main-d'oeuvre, autant à cause de son
expertise que de sa connaissance des besoins des populations les plus
vulnérables face au marché du travail.
Alors, ce n'est pas parce que ça va se terminer ici que pour
autant, M. le Président, le ministre doit considérer que
ça va être fini. C'est partie, une revendication légitime,
c'est une spécificité de la société
québécoise que cette importance du secteur communautaire dans la
vie de la société québécoise, qu'elle soit sur le
plan de la santé et des services sociaux, même sur le plan de la
justice - on l'a vu, d'ailleurs, par le dernier sommet qui a permis l'irruption
de la présence du communautaire à côté de la
magistrature et des grandes corporations professionnelles comme la Chambre des
notaires et le Barreau. C'est un phénomène incontournable dans la
société québécoise. Le ministre a essayé de
le harnacher, finalement, en reconnaissant un seul siège sur les 19
sièges. La pression va se poursuivre, la pression va continuer, M. le
Président.
Alors, nous revenons donc à l'article 26.1.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous étiez en
train de dire que vous n'étiez pas pertinente, là?
Mme Harel: Ha, ha, ha! Je vous laisse le soin d'en tirer vos
propres conclusions.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha! Non, c'est parce que
vous sembliez me ramener à l'ordre, moi. Alors, l'article 26.1, Mme la
députée. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, l'exclusion des bénéficiaires de l'aide
sociale, c'est 313 477 personnes aptes au travail qui se trouvent exclues des
services offerts par la Société, pas tant des services que de
l'accès aux programmes de formation prévus par la
Société. Si on inclut les personnes qui sont
bénéficiaires de l'assurance-chômage, là vous
augmentez, vous doublez sans doute ce nombre. Mais le problème, c'est
que, normalement, la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre aurait dû être faite pour
les 3 700 000 travailleurs, avec des dispositions lui permettant de rencontrer
ces personnes.
Quand le gouvernement a commencé à s'intéresser
à cette question, j'avais eu l'occasion d'en parler assez longuement,
à différentes occasions, dans différentes commissions
parlementaires, et, à mon grand étonnement, c'est quand, en se
pétant les bretelles, il y a un peu plus d'un an, il déclarait
que c'était la trouvaille du siècle, qu'il y aurait des
crédits d'impôt à la formation dans les entreprises. Alors,
les entreprises qui donnaient de la formation se verraient créditer un
pourcentage x selon la formation donnée dans l'entreprise, avec un
certain nombre de critères, évidemment, selon lesquels ces cours
de formation pouvaient être crédités.
Alors, à la lecture du document et à la lecture de la
politique, vous constatiez que ça irait donner des crédits
d'impôt à toutes les entreprises qui en faisaient. Chez nous,
à Alcan, à Arvida, ils ont commencé à donner de la
formation, d'abord, à leurs contremaîtres et, ensuite, à
leurs employés, avant même qu'on parle de formation à
l'entreprise au Québec. Ce n'est pas compliqué, ils le faisaient
déjà. Et, curieusement, ils ont pris, dans ce domaine de la
formation, exactement la même orientation qu'ils avaient prise en
matière de recherche et développement, alors qu'en matière
de recherche et développement c'était un échec complet.
C'était un échec complet parce que, selon les évaluations
qui ont été faites à la demande d'un groupe de travail
créé par le ministère de l'Industrie et du Commerce, ceux
qui recevaient des crédits d'impôt pour des travaux de recherche
avaient déjà été initiés les années
précédentes. Ils ne comptaient même pas ça dans les
bilans au moment où ils présentaient les états financiers.
Ça leur arrivait comme un cadeau du ciel, ça, parce que, de toute
façon, ils en faisaient. Par ailleurs, les petites entreprises qui
auraient eu besoin d'avoir rapidement les sous pour soutenir un projet de
recherche, elles, elles attendaient, évidemment, les rapports
d'impôt puis elles ne pouvaient pas le porter. Ça a
été exactement la même chose en matière de formation
professionnelle.
C'est drôle, c'est comme s'ils n'étaient pas capables de
voir les dimensions entières d'un problème; ils voient des
morceaux. Ils s'en vont comme ça, des petits morceaux. C'est vrai qu'un
puzzle, c'est fait de petits morceaux, mais en autant qu'on a une idée
un peu de ce que ça veut donner comme image puis comment les morceaux
s'imbriquent. Le problème avec ce gouvernement-là, il fait
ça dans toutes ses lois. On n'a pas l'impression qu'il travaille sur des
ensembles, il travaille sur des morceaux. Il travaille sur des morceaux. Et ce
n'est pas comme ça qu'on aura, jamais, une politique un peu
cohérente, susceptible de donner des résultats.
Parce que ce qu'on invoque ici et ce qu'on plaide... On ne plaide pas
pour le plaisir de plaider. Moi, je vous dirais, comme ma collègue: II
fait beau aujourd'hui, puis l'été, ce n'est pas long au
Québec. Je suis sortie pour l'heure du
lunch puis il faisait beau, il faisait doux, ça aurait
été agréable de rester à l'extérieur.
Pourquoi pensez-vous qu'on soit en train de faire ce genre de travail, puis
vous aussi, collés sur vos chaises? Simplement parce qu'on pense que
c'est une loi qui devrait être aussi importante et aussi efficace que les
différents intervenants l'ont souhaité, et c'est ça qu'on
travaille. Et on se bute, mais constamment, constamment, avec la plupart des
ministres, pas tous, malheureusement... ou heureusement, je dois dire, pas tous
parce qu'il y en a qui comprennent puis, évidemment, ils comprennent
aussi que l'intervention de l'Opposition, ce n'est pas juste pour faire de
l'obstruction, c'est pour essayer d'améliorer des affaires, pour rendre
les lois plus efficaces. Moi, je le maintiens. Je voudrais tellement que cette
loi soit efficace que tout le monde puisse bénir le ministre demain
matin. Je dirais: Tant mieux! Je n'éprouverais pas de malaise parce que,
enfin, il y a un gouvernement, il y a un ministre dans ce gouvernement qui a
fait quelque chose qui reçoit l'assentiment de la population. Je serais
heureuse. Ce n'est pas comme ça qu'on travaille. On travaille dans le
but de doter le Québec d'une loi capable de nous donner une
véritable politique et de soutenir une politique de formation de la
main-d'oeuvre. Et je trouve toujours ça un peu démobilisant. Je
ne comprends toujours pas, non plus, comment, après sept ans, je
continue à tenter de convaincre les personnes qui, d'avance, ont
décidé qu'elles ne veulent pas. Mais ça fait partie de
notre responsabilité. Et je me dis en même temps: Ça
sensibilise mes collègues des deux côtés de la Chambre,
tant de notre côté que du côté du gouvernement. Et
j'imagine qu'ils ne sont pas sourds à ce qu'on avance; je sais que, pour
une bonne part d'entre eux, ils savent qu'on a raison.
Mais ce qui m'étonne toujours, c'est qu'une fois qu'un ministre a
pris une voie il trouverait complètement honteux de s'en écarter
le moindrement, même quand on lui dit qu'il est dans l'erreur. Je veux
dire, reconnaître une erreur, l'erreur est... Votre collègue, M.
Ryan, disait: L'erreur est humaine, c'est de persévérer dans
l'erreur qui est mal. Vous connaissez son sens de la morale. Alors, moi, je me
dis: L'erreur est permise, elle est humaine. Je pense que ça fait partie
de la grandeur de la personne qui est capable de la reconnaître. Moi, je
pense qu'il faut être capable de reconnaître ses erreurs, puis
ça ne diminue jamais personne de reconnaître que peut-être,
à ce plan-là, il a erré puis il faudrait peut-être
aller davantage dans la direction qui lui est indiquée. Je pense que
tous, nous avons déjà fait des expériences où,
difficilement, on avouait une erreur Mais jamais je n'ai regretté de
l'avoir fait. Jamais je n'ai regretté de l'avoir fait parce que
ça demande beaucoup de maturité. Mais ça demande aussi un
certain courage parce que, au moins, on s'est avoué une faiblesse.
Moi, je pense qu'au gouvernement il y a un ministre, quand il est rendu
£ ce poste, qu'il occupe ces fonctions, qu'il adopte une loi qui a des
conséquences énormes sur des masses de population, il ne peut pas
rester insensible à un discours de l'Opposition qui voudrait l'amener
à examiner un peu ce que l'extérieur dit. Moi, je ne parle pas en
mon nom, là. Vous savez, moi, je ne serai pas affectée par votre
programme. Dieu me bénisse! puis je suis heureuse, puis j'ai des bonnes
chances, et je croise les doigts. Mes enfants ne le seront pas non plus parce
qu'ils se débrouillent bien. Et les vôtres, sans doute, hein?
C'est ça, le problème: on est, nous, ici, en train de plaider
pour des gens qui n'y sont pas et qui sont sans voix, et qui sont incapables
d'infléchir le ministre. C'est toujours ce qui me peine un peu parce que
c'est facile pour nous de regarder ça d'en haut et dire: Ça ne
m'affectera pas bien gros dans mon quotidien, ça. Et ce n'est pas vrai,
même, quand je dis ça, parce que ça m'affecte. D'abord,
ça m'affecte parce que je suis sensible à ces situations et
ça m'affecte aussi parce que ces gens-là sont moins productifs et
s'ils sont moins productifs, c'est que ça me coûte plus cher, s'il
faut le prendre sous cet angle-là. Si ce n'est pas pour des raisons
humanistes, prenons-le pour des raisons de calcul bassement
intéressé. Moi, je vous dis: Chaque fois que ces gens-là
sont mal formés ou qu'ils sont obligés de frapper à trois,
quatre portes, où on en fait des catégories, des
catégories! je trouve ça triste. (16 h 10)
On n'est pas là en train de parler en notre nom. Moi, je vous
dirais: Je me suis inscrite à cette commission, et je ne suis pas membre
de cette commission, parce que ces questions-là m'intéressent,
parce que, pour moi, c'est l'avenir du Québec qui est marqué par
la qualité de la politique de formation de la main-d'oeuvre. On sera
bons dans la mesure où on se sera donné une politique capable de
répondre aux besoins, mais plus que de répondre aux besoins, de
les devancer, mais aussi d'éviter cette espèce de
compartimentation qui va avoir des effets particulièrement pernicieux.
Ces cas-là, ça se ramasse dans nos comtés, ça, dans
nos bureaux. Qu'est-ce que vous pensez qu'on leur dit? Les fonctionnaires ont
moins l'occasion de rencontrer ces gens-là. C'est complètement...
c'est déroutant. On ne sait pas quoi leur répondre. Ce qu'ils
nous disent, c'est de sens commun: Voulez-vous me dire? moi, je suis sur le
bian-être social puis je voudrais travailler, je voudrais me former; ils
m'envoient dans un cours qui ne me convient pas, ou encore je voudrais aller
là, je ne peux pas parce que je ne réponds pas à la bonne
catégorie; tu sais, pour entrer dans cette catégorie-là,
il faudrait que je leur mente. Qu'est-ce que vous voulez que je leur dise?
Probablement, comme le président dit: Tu n'es pas obligé de tout
dire. On finit par leur dire ça.
Le Président (M. Joly): Moi, j'ai dit ça? Madame,
je m'excuse, madame...
Mme Blackburn: Non?
Le Président (M. Joly): ...mais je n'aimerais pas que vous
continuiez sur cette voie-là...
Mme Blackburn: Très bien. Mais vous savez...
Le Président (M. Joly): ...parce que, là, vous me
prêtez des paroles que je...
Mme Blackburn: Vous avez tout à fait raison, si vous ne
voulez pas les endosser. Mais on ne dit rien...
Le Président (M. Joly): Non, je n'endosse pas, mais je
n'aimerais quand même pas que ce soit inscrit dans les
gâtées.
Mme Blackburn: Très bien.
Le Président (M. Joly): Si vous avez à me citer,
vous me citez sur ce que j'ai dit.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président. Je ne voulais pas
vous offenser. J'expliquais...
Le Président (M. Joly): ...La réalité, c'est
que vous parlez, vous n'avez peut-être pas le temps de penser à
tout ce que vous dites, là.
Mme Blackburn: Pardon, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mais j'espère. Des
voix:...
Mme Blackburn: M. le Président, là, je ne le prends
pas. Je pense que ça demande...
Le Président (M. Joly): Non, non, mais...
Mme Harel: Demandez-lui de retirer ses paroles.
Mme Blackburn: Ça demande des excuses, et je demande au
président...
Le Président (M. Joly): Non, mais je m'excuse,
là...
Mme Blackburn: Là, aïe!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, chère madame,
mais ne me prenez pas à partie dans ce que je n'ai pas dit.
Mme Blackburn: Non. M. le Président, je vais vous
expliquer. Je pense que c'est...
Le Président (M. Joly): Je ne suis pas prêt à
vous endosser dans ce que vous dites...
Mme Blackburn: M. le Président, vous allez me permettre de
m'expliquer?
Le Président (M. Joly): ...nos visées
différentes.
Mme Blackburn: Je pense que ce n'était pas offensant et
c'était...
Le Président (M. Joly): Ça l'était
très, si vous regardez le contenu de ce que vous avez dit et que vous me
demandez d'endosser ce que vous avez dit.
Mme Blackburn: J'ai expliqué et je vais réexpliquer
le cas...
Mme Harel: M. le Président, vous avez été
vous-même...
Le Président (M. Joly): Je ne vous demanderai pas de
retirer vos paroles, madame...
Mme Harel: M. le Président, vous avez vous-même
été offensant avec Mme la députée de
Chicoutimi.
Le Président (M. Joly): Madame...
M. Bourbeau: Alors, vous êtes quittes tous les deux, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): ...est-ce que vous êtes en
train de dire qu'on se sert mutuellement la même médecine?
Mme Blackburn: Non. M. le Président, je n'ai pas voulu
être offensante avec le président. Il l'a été avec
moi, il a présenté ses excuses. Je vais expliquer ce que j'ai
dit. Quand il se présente un jeune homme...
M. Bourbeau: II reste à vous à présenter vos
excuses, maintenant. Lui, il l'a fait.
Mme Harel: Bien, elle explique, là.
Mme Blackburn: Je reçois un jeune homme dans mon bureau
qui me dit: Madame, j'ai tout tenté pour essayer de me qualifier pour
entrer dans un programme, je suis incapable de me qualifier parce que je ne
suis pas dans la bonne catégorie; vous savez, je ne rentre pas dans le
moule parce qu'ils me demandent des critères auxquels je ne
réponds pas, O.K?, parce que je suis bénéficiaire de
l'aide sociale ou je suis entre deux chaises parce que je viens juste de
terminer, j'ai quitté l'école puis, là, je suis entre deux
chaises: je ne sais pas par où passer. Et là, qu'il me dit:
Madame, si je leur dis exactement
ce que je suis, ce que je fais, ils me refusent. Alors, je leur dis,
comme sans doute, et c'est là que j'ai parlé du président,
s'il veut m'écouter, je dis, à ce moment-là, au jeune
homme: Bien, si vous pensez que ça peut vous faciliter l'entrée
dans un cours de formation en évitant de dire tout, absolument tout sur
votre situation, bien, écoutez, je ne vous dirai pas comment faire. Et
c'est ça que j'ai prêté. Ce n'était pas offensant,
d'aucune façon. Moi, je ne pense pas. Vous ne le faites pas. Bravo!
Merci...
Le Président (M. Joly): non. là, je vous demande
tout simplement de ne pas régler mes problèmes de conscience si
vous, la vôtre est élastique.
Mme Blackburn: puis j'ai été très polie et
je pensais que c'était fait sur le ton de la courtoisie. je connais le
ton à présent, m. le président. je ne vous invoquerai plus
ou je ne vous citerai plus...
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Blackburn: moi, je pensais qu'on le faisait sur le ton de la
courtoisie. alors, si ce n'est pas ça le ton que vous voulez avoir ici,
merci.
Le Président (M. Joly): Dans le sens que ça a
été dit, je ne le prends pas.
Mme Blackburn: Je continue donc, M. le Président. Je
continue donc, M. le Président. Alors, quand on est sur les dents, comme
ça, on a un petit problème de fatigue, sans doute.
Le Président (M. Joly):...
M. Bourbeau: M. le Président, vous quittez?
Une voix: Non...
Le Président (M. Joly): Mme la présidente
vient...
Mme Harel: Fait son entrée.
Le Président (M. Joly): ...jouer son rôle.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
vice-président, d'avoir assumé cette responsabilité.
Mme Harel: Je crois que vous étiez aux crédits, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
J'étais convoquée. J'avais ordre de la Chambre d'être
présente pour l'étude des crédits.
Mme Blackburn: Alors, l'amendement qui nous est
déposé a été modifié parce qu'il y avait un
amendement... d'abord, un premier amendement, et l'amendement qui nous est
déposé vient modifier celui que nous avions, si j'ai bien
compris. Alors...
Mme Harel: Qui vient s'ajouter.
Mme Blackburn: Qui vient s'ajouter à l'amendement? C'est
un ajout?
La Présidente (Mme Marois): 26.1.
Mme Blackburn: Oui, ça ajoute à l'article, mais,
par rapport au premier amendement que nous avions en main, il y a une
modification pour y inclure une entente avec un gouvernement au Canada ou
à l'étranger. Est-ce qu'il y a beaucoup d'ententes avec
l'étranger?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: 11 n'y en a aucun. La Société n'existe
pas encore.
Mme Blackburn: Bon. Actuellement, j'imagine qu'il doit y en avoir
par le biais du ministère, par le biais des différents services.
Je sais qu'il y en a entre des services dans les universités et dans les
collèges, mais est-ce qu'il y en a pour la formation de la main-d'oeuvre
de façon générale?
M. Bourbeau: Oui, il y en a...
Mme Blackburn: Est-ce que vous en prévoyez et de quelle
nature?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai répondu à cette
question-là tantôt; la députée de
Hochelaga-Maisonneuve me l'a demandé. Même question.
La Présidente (Mme Marois): Alors, Mme la
députée, est-ce que la réponse vous satisfait?
Mme Harel: Mais je n'ai pas eu de réponse.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, je n'ai pas eu de
réponse. Alors, peut-être que Mme la députée de
Chicoutimi va être plus chanceuse que moi.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai donné des réponses. Vous
regarderez les galées. J'ai répondu parfaitement à cette
question-là tout à l'heure. Même question,
exactement. Mais vous n'étiez pas ici, je pense, ou, si vous
étiez ici, vous n'écoutiez pas.
Mme Blackburn: Pardon? Je voudrais comprendre. Je n'ai pas...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai répondu à la question tout
à l'heure.
Mme Blackburn: Vous disiez que je n'étais pas ici ou que
je n'écoutais pas?
M. Bourbeau: L'un ou l'autre, puisque j'ai répondu.
Mme Blackburn: J'ai dû quitter, comme on a tous des
obligations, pour rendre un appel téléphonique...
M. Bourbeau: Oui, oui, c'est correct. Je ne vous blâme
pas.
Mme Blackburn: Généralement, quand je suis ici, M.
le ministre, j'écoute...
M. Bourbeau: Parfait.
Mme Blackburn: ...attentivement.
M. Bourbeau: Moi aussi.
La Présidente (Mme Marois): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres questions ou commentaires sur l'amendement qui est l'amendement 26.1?
Est-ce que l'amendement serait adopté à ce moment-ci? Oui, M. le
député de...
M. Trudel: J'aurais peut-être une question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois):
...Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: au niveau des ententes qui peuvent être conclues
par la société avec toute autre organisation, est-ce que
ça peut être des contrats rémunérés, comme on
avait à 26, par ailleurs, avec des organismes scolaires, avec un
collège, avec une université, avec un collège
privé?
M. Bourbeau: C'est l'article 26. Là, on est sur les
ententes avec des gouvernements étrangers pour les organismes
internationaux. On a passé ça à l'article 26
tantôt.
M. Trudel: Oui.
M. Bourbeau: C'est adopté.
M. Trudel: Mais il existe aussi des organis- mes assimilables au
plan des organismes du gouvernement canadien. Je vais vous donner un exemple:
le Collège militaire royal de Saint-Jean, à Saint-Jean. S'il faut
absolument le placer dedans, ça en est un exemple.
M. Bourbeau: Je croyais que vous parliez des collègues
québécois. Si c'est en dehors du Québec...
M. Trudel: Non, non, non. C'est au Québec.
La Présidente (Mme Marois): Le Collège militaire,
à Saint-Jean-sur-Richelieu, c'est ça?
M. Bourbeau: On va laisser Me Crevier répondre à
ces questions subtiles, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Me Crevier.
M. Crevier (Luc): Quand il s'agit d'ententes faites avec un
organisme à l'intérieur du Québec, ça peut
être l'article 26 qui s'applique et qui mentionne que «la
Société peut conclure des ententes de services
rémunérés, notamment avec un ministère ou un
organisme public» ou encore ça peut être en fonction de ses
pouvoirs généraux, en tant que corporation, de conclure toutes
sortes de contrats. Mais l'article 26.1 est réservé aux contrats
à l'extérieur du Québec.
La Présidente (Mme Marois): M. le
député.
M. Trudel: et ces contrats qui peuvent être signés
en vertu du statut corporatif de la société, ces contrats peuvent
couvrir de la dispensation de formation?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. J'avais mal saisi la question. Oui,
absolument.
M. Trudel: mais comment vous analysez la situation par rapport
à la mission générale prévue pour la
société d'être en support aux programmes du
ministère et la possibilité... vous savez, m. le ministre, que
ça a fait l'objet, le moindre qu'on puisse dire, de frictions, hein! de
frictions importantes dans le réseau...
M. Bourbeau: Je pense qu'on s'est mal compris.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Quand vous dites «la dispensation de
formation», dans un premier temps, j'avais cru penser que vous croyiez
que la Société dispenserait elle-même des cours. C'est pour
ça que j'ai dit non. Mais, après ça, j'ai
pensé que vous vouliez dire que la Société, en tant
que cliente, pourrait engager, faire des ententes avec des formateurs qui
seraient en dehors. Si c'est ça que vous voulez dire, oui, elle pourrait
le faire, elle pourrait faire des ententes comme elle fait avec des
cégeps, avec des commissions scolaires. Je présume qu'elle
pourrait faire une entente avec le Collège royal de Saint-Jean ou des
collèges qui sont de juridiction autre que québécoise.
Mais la Société elle-même ne serait pas formatrice. Elle va
être acheteuse de formation.
M. Trudel: Et est-ce qu'elle pourrait aussi...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: Pardon, Mme la Présidente. Est-ce qu'elle
pourrait être à l'inverse aussi? Est-ce que c'est interdit?
Franchement, je n'ai pas vu dans l'article et je n'ai pas scruté,
évidemment, aussi intensément et minutieusement. Mais est-ce que
l'inverse peut se produire, c'est-à-dire que la Société
devient dispensatrice et non plus acheteuse d'activités? (16 h 20)
M. Bourbeau: II n'est vraiment pas dans nos intentions, puis ce
n'est pas, non plus, d'aller... Elle n'a pas ces pouvoirs-là dans la
loi. La Société québécoise de développement
de la main-d'oeuvre n'est pas un organisme dispensateur de formation, ni les
sociétés régionales. Tout au contraire, c'est un organisme
qui est plutôt acheteur de formation ou qui fait des contrats en vue de
prévoir la formation par des formateurs qui sont autres qu'elle. C'est
pour ça tantôt, quand vous avez dit contrats de formation, je ne
savais pas dans quelle direction vous le preniez.
M. Trudel: Mais vous savez qu'actuellement ça se pratique.
Il y a des exemples de commissions de formation professionnelle qui sont
devenues dispensatrices d'activités de formation.
M. Bourbeau: Moi, non. Mais je vais vérifier autour de
moi.
La Présidente (Mme Marois): On va permettre au ministre de
consulter des personnes qui pourraient l'aider à compléter la
réponse.
(Consultation)
M. Bourbeau: Alors, M. le député, on vous
écoute. Chez nous, on n'est aucunement au courant, enfin, les gens qui
m'entourent, de commissions de formation professionnelle qui pourraient
être des dispensatrices de cours. On attend vos
révélations.
M. Trudel: Non, mais qu'en vertu de contrats...
La Présidente (Mme Marois): Alors, M. le
député.
M. Trudel: Vous dites: II n'y a aucun contrat qui existe dans
aucune commission de formation professionnelle au Québec qui ferait en
sorte qu'on serait la cheville qui fait en sorte que l'activité est
dispensée dans telle région, par exemple, pour telle
activité de cours, etc., parce que je me souviens très bien
d'avoir interpellé, même dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, la commission de formation professionnelle pour
dispenser des cours. Parce que vous savez ce qui peut se passer si ce n'est pas
restreint à ce niveau-là dans la loi. C'est que l'organisme
même peut devenir une espèce de sous-contractant pour un autre
organisme à titre de dispensateur d'activités parce qu'il n'y a
pas de convention collective, il n'y a pas de conditions de travail de
prévues, il n'y a pas d'encadrement qui est prévu à cette
fin-là, et rien n'empêcherait la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre de devenir
contractante et de dire: Bon, pour tel programme, moi, je vais dispenser, je
vais aller chercher mes ressources, par exemple au collège, et je vais
dispenser. Est-ce que, formellement, la loi interdirait cela?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce n'est pas la vocation
de la Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre, ou de ses sociétés régionales, ni des
CFP présentement, de dispenser elles-mêmes la formation. Elle sert
de véhicule entre un individu qui a des besoins de formation et un
formateur, ou de lien entre les deux. Elle peut acheter de la formation, elle
peut organiser des cours, si vous voulez, préparer l'organisation des
cours, mais ce n'est pas la CFP... ce ne sera certainement pas la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre qui va agir comme formateur. Ce n'est pas sa vocation. On n'a pas
prévu, non plus, dans le projet de loi ces fonctions-là, et je ne
vois pas comment elle pourrait le faire.
La Présidente (Mme Marois): M. le
député.
M. Trudel: Est-ce que, M. le ministre, de dispenser
elle-même une activité de formation, pour la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, ce
serait, dans votre esprit, de favoriser, de soutenir le développement de
la main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Le fait de donner des cours?
M. Trudel: Oui.
M. Bourbeau: Bien, je présume qu'on peut
donner tout le sens qu'on veut, dans un sens très large...
M. Trudel: Je vous demande ça, comme question au
hasard.
M. Bourbeau: ...soutenir le développement de la
main-d'oeuvre, ce serait être tiré par les oreilles, comme on dit,
mais tout est... Vous savez, soutenir, là, c'est aussi large que long.
Vous pouvez avoir cette interprétation-là, je présume,
vous pourriez.
M. Trudel: Oui, parce que vous allez convenir assez facilement
qu'en matière de soutien au développement de la main-d'oeuvre, si
la formation et le perfectionnement ne font pas partie des mesures de soutien,
là, je ne sais pas dans quel monde on vit.
M. Bourbeau: Mais c'est parce que ce n'est pas clairement dit.
C'est vague, ça, soutenir le développement de la main-d'oeuvre,
vous savez, ça peut comprendre bien des choses. À la rigueur,
ça peut certainement comprendre la formation. Mais la
Société québécoise soutient, oui, le
développement de la main-d'oeuvre dans le domaine de la formation en
subventionnant la formation, mais il y a toute une marge entre subventionner la
formation et donner la formation. Votre question, c'est: Est-ce que la
Société va être une formatrice? Je vous signale, à
cet effet-là, que nous faisons un pas dans la direction que vous
souhaitez, en ce sens que dans la loi actuelle sur les commissions de formation
professionnelle, la Loi sur la formation professionnelle de la main-d'oeuvre,
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre, on
donne le pouvoir, à l'article 7, aux commissions de formation
professionnelle de donner des cours d'apprentissage, de formation
professionnelle...
M. Trudel: C'est ce que je voulais dire.
M. Bourbeau: Bon. Alors, on n'a pas répété
ces pouvoirs dans la présente loi indiquant très bien les
directions dans lesquelles on veut aller. Donc, vous devriez être
content, satisfait et réjoui qu'on ne répète pas ces
articles-là. Si je comprends bien, vous vous inscrivez dans...
La Présidente (Mme Marois): M. le député,
est-ce que c'est le cas, êtes-vous content et réjoui?
M. Trudel: Ah! je suis un peu plus heureux...
M. Bourbeau: Rassuré?
M. Trudel: ...mais je suis loin d'être satisfait. Je suis
loin d'être satisfait parce que, si ce n'est pas l'intention du
législateur, compte tenu des problèmes que ça a
causés dans bien des régions du Québec... Effectivement,
la loi actuelle permet de dispenser des activités de formation, en
matière de perfectionnement ou de formation de base, il y a toutes
sortes de choses qui se sont produites là-dedans. Mais, si le
législateur ne prévoit pas explicitement que ça ne puisse
se réaliser, il est évident que de telles pratiques vont se
poursuivre ou pourraient se poursuivre dans le réseau, ça me
semble inévitable. Et c'est toute la zone grise que ça a
créée en matière de formation et de perfectionnement au
cours des dernières années, ça a causé... Ne me
dites pas, vous ne pouvez pas me dire que vous n'étiez pas au courant
des frictions, du niveau de frictions élevé dans bien des
régions du Québec entre les commissions de formation
professionnelle et les maisons d'enseignement ou les établissements,
parce qu'il y a cette possibilité qui n'est pas exclue nommément
de par la loi, ici, et qui pourra se reproduire. Ça a causé
énormément de problèmes au niveau des
établissements et des employeurs aussi et des personnes qui cherchaient
cette formation.
Vous savez, rendu à terme, souvent la déclaration, c'est
ça, la déclaration du maître d'oeuvre qui initie la
procédure de soutien ou la mesure de soutien, c'est: Bien,
écoutez là, moi, je la veux, cette formation-là, moi, je
désire que cette activité-là soit dispensée. Puis
le cadre de l'établissement dans lequel on veut acheter le type de
service dit: Moi, j'ai des normes, j'ai une réglementation, j'ai une
organisation, j'ai une planification. Alors, la tentation est bien grande de
dire: Je vais sauter carrément pardessus parce que, moi, la loi ne
m'interdit pas. La loi ne m'interdit pas de dispenser des activités de
formation, y compris, M. le ministre et Mme la Présidente, aussi
d'autres effets pervers possibles. Je ne dis pas que c'est largement
répandu, je n'ai pas les moyens d'enquêtes et d'examens du
ministre, mais y compris les effets pervers d'établissements de
formation qui pourraient eux-mêmes passer par le véhicule de la
CFP pour faire en sorte que des activités soient dispensées dans
des conditions autres que celles prévues dans le cadre de cet
établissement-là.
Je vais vous donner un exemple. Évidemment, les collèges
ont tous du personnel syndiqué et avec des conditions de travail
très bien définies. Si vous voulez faire une passe, si vous
voulez en arriver à sauter par-dessus ces conditions de travail, vous
avez l'instrument idéal; vous n'avez qu'à vous installer de
connivence avec votre groupe régional de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre et la CFP
actuellement et dire: Bien, sais-tu? comme il y a un besoin évident qui
est mentionné, comme il y a un besoin évident qui nous est
apparu, puis moi, je ne peux pas tout à fait, dans les coûts que
vous nous proposez, réaliser l'activité, je vais la
réaliser à travers ton cadre juridique,
ton cadre corporatif. Ça, M. le ministre, j'ai vu cette pratique
s'initier à plusieurs occasions. Alors, vous n'avez pas peur que tout
ça puisse se produire avec une aussi large définition de la
possibilité de faire des ententes rémunérées?
M. Bourbeau: Non, non.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, Mme la Présidente. La réponse,
c'est non.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. (16 h 30)
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, j'ai demandé au secrétariat de notre
commission de nous fournir la répartition du temps mis à notre
disposition depuis le début de l'examen du projet de loi 408. Alors, je
constate qu'à 15 h 25 - alors, les chiffres sont donc en date
d'aujourd'hui, 17 juin, à 15 h 25 - nous avons siégé
l'équivalent de 15 h 10 min 19 s, alors 15 h 10 min. L'Opposition a
utilisé 7 h 33 min; le ministre, 5 h 54 min. Il y a eu une suspension de
42 min, et le reste du temps a été laissé au
président, c'est-à-dire à la présidence. En fait,
10 min, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Ce qui est
très court, finalement. Donc, je n'avais pas exagéré ce
matin.
Mme Harel: Alors, quand on calcule le temps de l'Opposition, sur
ces 15 h 10 min, soit 7 h 33 min, on se rend compte, Mme la Présidente,
qu'au total, nous avons utilisé à peine 55 % du temps de l'examen
de la commission depuis le début de nos travaux. Alors, ça me
semble, en fait, raisonnable et assez intéressant. C'est donc un total
de 15 h 10 min, n'est-ce pas? Ceci dit...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, sur ce
sujet-là...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je conclus deux choses. Premièrement,
c'est que le ministre, jusqu'ici, était de bonne foi...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...il l'est encore, d'ailleurs.
La Présidente (Mme Marois): J'espère.
M. Bourbeau: Je prends bien note de ce que vient de nous dire la
députée de Hochelaga-
Maisonneuve. Je promets de m'amender pour l'avenir, Mme la
Présidente, d'une façon spectaculaire.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Moi, ce que j'allais dire,
c'est qu'effectivement c'est à peu près ce qu'on retrouve
habituellement, compte tenu qu'il reste que, souvent, il y a plus d'un
intervenant du côté de l'Opposition et que c'est un petit peu
normal. Donc, ça reste dans l'équilibre.
M. Bourbeau: Ah! Vous allez en apprendre beaucoup d'ici la fin,
Mme la Présidente, je vous le promets.
La Présidente (Mme Marois): J'en apprends toujours...
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): ...M. le ministre, dans toutes
les circonstances où...
M. Bourbeau: D'ici la fin des travaux.
La Présidente (Mme Marois): ...j'ai la chance de
présider la commission ou d'être membre d'une commission. Oui, Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, sachant que nous avons
jusqu'à minuit ce soir...
La Présidente (Mme Marois): C'est cela.
Mme Harel: ...alors, vaut mieux maintenir un climat de mutuelle
courtoisie, disons, dans cette commission. Ceci dit, je souhaiterais que le
ministre nous indique...
La Présidente (Mme Marois): Je constate que c'est toujours
le cas, Mme la députée.
Mme Harel: ...si, l'amendement qu'il introduit à 26.1,
cela peut permettre à la Société de conclure une entente
avec la Commission nationale, la Commission canadienne de mise en valeur de la
main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: Donc, je comprends que la Société, en
vertu de 26.1, pourrait directement conclure une telle entente avec la
Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre. D'abcrd, Mme la
Présidente, laissez-moi vous présenter cette Commission
canadienne de mise
en valeur de la main-d'oeuvre, et vous, dire toute l'importance que
revêt la réponse que le ministre vient de nous donner. La
Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre a été
mise sur pied en janvier 1991 et, à partir de là, la ministre
McDougall, qui en était, à ce moment-là, responsable,
avait annoncé la création de la Commission pour donner suite aux
recommandations découlant des consultations organisées par le
Centre canadien du marché du travail et de la productivité.
Ai-je à vous rappeler que le Centre canadien du marché du
travail et de la productivité avait obtenu un mandat de la ministre
fédérale - Emploi et Immigration - de conduire des consultations
sur la question de l'application de la stratégie de mise en valeur de la
main-d'oeuvre, de conduire des consultations auprès des entreprises,
auprès des syndicats, et de les conduire d'un océan à
l'autre. Moi, j'ai eu la chance de participer à l'une de ces
consultations qui s'est tenue à Montréal. Il y a eu six grandes
consultations. Celle de Montréal a porté sur les
bénéficiaires de l'aide sociale et sur toute la question de
l'aide sociale. Ça se passait entièrement en anglais - ai-je
besoin de vous le dire - et tous les commissaires nommés pour mener
cette consultation étaient anglophones. Je pense que tous étaient
anglophones, et je pense que la majorité était unilingue. Cette
consultation... Je comprends que le gouvernement du Québec, le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle n'y ont pas été associés,
n'ont pas voulu s'y associer. Je crois qu'ils n'y ont envoyé aucun
représentant, si ma mémoire est bonne. Donc, le
fédéral charge le Centre canadien du marché du travail et
de la productivité de conduire cette consultation. Une fois
terminée, la consultation, le rapport qui en est rédigé
propose la mise en place d'une Commission canadienne de mise en valeur de la
main-d'oeuvre, ce qui est fait. À partir de janvier 1991, des
discussions sont amorcées avec les gouvernements provinciaux - dont nous
sommes toujours - de toutes les provinces relativement à la
création de structures consultatives à l'échelle
provinciale et territoriale.
En d'autres termes, ce que nous faisons aujourd'hui, là, il ne
faut pas que vous pensiez que c'est singulier et spécifique, et surtout
pas de la concertation. Parce que si le ministre était le moindrement
sensible à la concertation, s'il l'était le moindrement, c'est
évident, Mme la Présidente, qu'il aurait été
énormément plus sensible à l'importance d'apporter des
changements à son projet de loi. Moi, je ne comprends pas, vraiment! On
ne serait pas ici à siéger - puis, je veux que ses
collègues le sachent parce que lui le sait - si certains amendements
avaient été apportés au projet de loi, ou s'il nous disait
qu'il allait proposer au Conseil des ministres d'apporter certains amendements.
Je vous assure que ce n'est pas la mer à boire!
Il y a un tollé de protestations. Il y a quatre pôles
d'opposition. Il y en a un qui est quasi inconditionnel, c'est celui qui est
représente par le groupe qui a fait une conférence de presse,
hier: Conseil du patronat, Chambre de commerce du Québec...
M. Bourbeau: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: On est toujours à l'article 26.1 sur les
contrats internationaux. Il me semble qu'on est loin un peu. La
pertinence...
Mme Harel: Non, non. On est avec la Commission canadienne de mise
en valeur de la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Non, non. Mais vous n'étiez plus là,
là. Revenez-y!
Mme Harel: Vous proposez que la Société fasse
entente avec cette Commission canadienne de mise en valeur de la
main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Revenez-y!
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Vous avez...
Mme Harel: ...je vais vous prouver à quel point je suis
dans le sujet. 26.1...
La Présidente (Mme Marois): Je n'en doute pas, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Moi, j'en doute, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Je voudrais juste,
peut-être, répondre au ministre. Compte tenu du temps qui nous est
imparti, je pense qu'il est loisible de permettre aux personnes...
M. Bourbeau: De parler de...
La Présidente (Mme Marois): ...qui sont membres de la
commission, aux membres de la commission d'intervenir sous l'angle qui leur
convient, et de faire valoir leur point de vue pour se ramener plus
spécifiquement à l'objet de l'article.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je comprends, mais
là la députée ne parle plus des contrats internationaux,
elle parle de la liste des organismes québécois qui s'opposent au
projet de loi. On n'est plus du tout sur l'article 26.1. Il me semble que...
Est-ce que vous êtes contre la
pertinence, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Marois): Pas du tout, absolument pas.
Comme la députée nous a dit qu'elle nous rappellerait la
pertinence de son point de vue, je vais lui permettre de s'exprimer sur
cela.
M. Bourbeau: Qu'elle revienne rapidement!
Mme Harel: Certainement. Sur la pertinence, Mme la
Présidente, là?
La Présidente (Mme Marois): Certainement.
Mme Harel: Je veux vous rappeler que nous ne sommes pas
qu'à examiner un amendement qui propose à la
Société de conclure des ententes avec les gouvernements
étrangers. À moins que, pour le ministre, le Canada soit
maintenant un gouvernement étranger. Nous en sommes à un
amendement qui permet, en plus des ententes avec les gouvernements
étrangers, qui permet aussi à la Société de
conclure des ententes avec un gouvernement au Canada, un de ses
ministères ou organismes. Le ministre lui-même vient de me
répondre que la Société pourrait, en vertu de cet
amendement, conclure une entente avec la Commission canadienne de mise en
valeur de la main-d'oeuvre. Je rappelle, Mme la Présidente, que cette
Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre a été
mise en place malgré le désaccord de Québec. Cette
Commission canadienne, qui est composée de 22 membres
représentant les syndicats, le monde des affaires, les groupes d'action
sociale, les établissements de formation, c'en est une vraie commission
de partenariat. Et bien, cette Commission, Mme la Présidente,
siège actuellement. Elle avait, dit-on, prévu un siège
pour Québec, et Québec ne l'a pas utilisé. Cette
Commission a comblé le siège ainsi refusé par quelqu'un
d'autre, et cette Commission a amorce des discussions avec les gouvernements
provinciaux. Je vous rappelais que la structure consultative, là-La
Présidente (Mme Marois): Vous allez me permettre, Mme la
députée, de vous souligner que vous en êtes à la fin
des 20 minutes qui sont prévues - et je pense qu'on a très
clairement calculé le temps depuis le début de
l'après-midi - pour votre intervention sur l'amendement 26.1. Ce qui
n'est pas le cas, évidemment, du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, ni des autres membres de la commission -
entre autres, je vois le député de Nelligan, là - qui
pourraient évidemment utiliser leur temps de parole.
M. Houde: Ce n'est pas d'hier qu'on siège ici. Depuis 12
ans! On connaît un peu les règlements.
La Présidente (Mme Marois): Je n'en doute pas, M. le
député.
Mme Harel: Alors, ai-je besoin, Mme la Présidente, de vous
dire que nous allons voter contre cet amendement en vous signalant qu'il s'agit
là, en fait, de permettre à Québec de s'en tirer à
bon compte par une entente administrative qui va simplement lui donner le
pouvoir de sous-contracter les priorités qui seront définies par
la Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre. (16 h 40)
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, est-ce que
l'amendement 26.1 est adopté?
Mme Harel: Un vote nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Marois): Un votre nominal. Alors, Mme
la secrétaire. Oui, Mme la secrétaire, si vous voulez appeler les
députés. Je rappelle que le vote porte sur l'amendement 26.1 qui,
je pense, a été distribué à tous les membres de la
commission, et qui se lit comme suit: «La Société peut,
conformément à la loi, conclure une entente avec un gouvernement
au Canada ou à l'étranger, l'un de ses ministères ou
organismes, une organisation internationale ou un organisme de cette
organisation.»
La Secrétaire: Alors, M. le ministre, M. Bourbeau
(Laporte)?
M. Bourbeau: Oui, en faveur. La Secrétaire: M. Joly
(Fabre)? M. Joly: Pour, madame. La Secrétaire: M. Houde
(Berthier)? M. Houde: Pour.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Contre.
La Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Pour.
La Secrétaire: Mme Marois (Taillon)?
La Présidente (Mme Marois): Contre.
La Secrétaire: M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Trudel: Contre.
La Secrétaire: Alors, M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Pour.
La Présidente (Mme Marois): Alors, Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire: 5 à 3. L'amendement est
adopté.
La Présidente (Mme Marois): Alors, l'amendement est
adopté: 5 voix pour et 3 contre. Bon, nous en sommes maintenant à
l'article 27.
M. Bourbeau: cet article permettra au gouvernement d'assujettir,
en vertu d'un règlement qu'il pourra adopter, la conclusion par la
société de certains types de contrats à l'autorisation du
ministre de la main-d'oeuvre, de la sécurité du revenu et de la
formation professionnelle ou du gouvernement lui-même.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais, Mme la Présidente, introduire un
amendement pour remplacer l'article 27 du projet de loi par le suivant:
«La Société ne peut, dans les cas déterminés
par règlement du gouvernement, conclure un contrat dans le cadre des
programmes qu'elle administre sans l'autorisation du ministre ou du
gouvernement selon ce que le règlement prévoit.»
On comprendra que cet amendement a pour objet de limiter les
catégories de contrats susceptibles de faire l'objet du pouvoir
réglementaire qui est prévu à l'article. En effet, seuls
les contrats conclus en application des programmes que la Société
administrera pourront être assujettis, aux fins de leur conclusion,
à l'autorisation du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle ou du
gouvernement. Le pouvoir réglementaire spécifique qui est
prévu par l'article 27 du projet de loi n'enlèvera rien au fait
que la Société demeurera assujettie à la
réglementation générale issue de la Loi sur
l'administration financière et de la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, M. le ministre?
Est-ce que vous avez d'autres commentaires à ajouter?
(Consultation)
Mme Harel: Je trouve que cette formulation-là est lourde,
hein, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Marois): J'ai l'impression que le
ministre, lui-même, essaie vraiment de bien déchiffrer par rapport
à ce que nous avons dans l'article principal.
M. Bourbeau: Mme la Présidente... La Présidente
(Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: J'étais en train de parler de sport avec mon
voisin.
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse. Je vous
attendais, je croyais que vous vouliez ajouter des commentaires.
M. Bourbeau: Non, non, pas du tout.
La Présidente (Mme Marois): Vous aviez terminé
votre intervention.
M. Bourbeau: J'ai terminé, bien oui.
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, M. le ministre.
Alors, Mme la députée de Hoche-laga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, je dois vous dire que
j'ai rarement vu une rédaction aussi lourde. La, on introduit un
amendement pour nous dire ce que la Société ne peut pas faire.
C'est assez rare, ça, comme technique de rédaction des lois.
Habituellement, on dit dans une législation ce que la
Société peut faire, ou on dit ce que le législateur
décide qu'une régie ou un office peut faire. Là, on dit:
La Société ne peut. Donc, ça veut dire qu'elle ne peut
pas...
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: «...conclure un contrat dans le cadre des
programmes qu'elle administre sans l'autorisation du ministre ou du
gouvernement selon ce que le règlement prévoit.» Puis, on a
déjà dit: «La Société ne peut, dans les cas
déterminés par règlement du gouvernement...» On a
deux fois le mot «règlement», puis il n'a pas l'air de
référer à la même affaire. Je vous assure,
là, que je trouve ça un peu compliqué comme technique.
C'est quoi, l'idée?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, est-ce que
vous voulez commenter?
M. Bourbeau: si vous trouvez que la technique est
compliquée, on va demander à l'auteur de la technique de nous
donner son point de vue sur la question.
La Présidente (Mme Marois): Alors, Me Crevier.
M. Crevier: Oui. Quant au terme «règlement»
qui est utilisé au départ, là, on vise bien sûr le
règlement qui va venir déterminer quel contrat sera assujetti
à l'autorisation. À la fin de la disposition, on vise tout
simplement le même règlement, selon ce que le règlement
prévoit. Alors, on vise bien le même règlement qu'on
mentionne un peu plus haut.
Mme Harel: Pourquoi le faire deux fois?
M. Crevier: C'est pour préciser la mesure dans laquelle...
C'est que le règlement va donner la mesure dans laquelle les contrats
seront sujets à autorisation.
Mme Harel: Alors, pourquoi le premier... M. Crevier:
C'est-à-dire, excusez... Non.
Mme Harel: ...membre de phrase est utile? On pourrait très
bien dire: «La Société ne peut conclure un contrat dans le
cadre des programmes qu'elle administre sans l'autorisation du ministre ou du
gouvernement selon ce que le règlement prévoit» si c'est le
même règlement que ce qui est à la première
ligne.
La Présidente (Mme Marois): Me Crevier.
M. Crevier: C'est effectivement le même règlement
que dans la première ligne. On dit: «dans les cas
déterminés par règlement», sauf qu'on dit plus loin
que c'est l'autorisation du ministre ou celle du gouvernement. Alors là,
on vient préciser que le même règlement va venir dire si
c'est le ministre ou le gouvernement qui va devoir autoriser la conclusion du
contrat. En fait, quand on dit: «selon ce que le règlement
prévoit», on renvoie au même règlement. Ça
pourrait aussi être «selon ce que ce règlement
prévoit», ça aurait le même sens.
Mme Harel: Alors, il faut faire une règle de trois,
là. Il y a des contrats qui seraient assujettis, d'autres ne le seraient
pas. Parmi ceux qui sont assujettis, certains le seraient...
C'est-à-dire qu'il y a des contrats assujettis à une
autorisation, puis d'autres ne le sont pas. Ceux assujettis à une
autorisation, il y en a qui sont assujettis à l'autorisation du ministre
et, d'autres, à l'autorisation du gouvernement.
La Présidente (Mme Marois): Me Crevier.
M. Crevier: C'est-à-dire qu'en principe aucun contrat ne
sera assujetti tant qu'il n'y aura pas un règlement qui va venir
prévoir qu'une autorisation est requise. Donc, en principe, il n'y en a
pas, d'autorisation. Le règlement peut en exiger une et, à ce
moment-là, le règlement va venir préciser lui-même
s'il s'agit d'une autorisation du ministre ou du gouvernement.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il n'y a pas,
effectivement, une façon peut-être plus simple de le dire? Je
pense que l'intention est claire, là, et assez précise, mais
est-ce qu'il n'y a pas une façon de le rédiger qui serait un
petit peu moins lourde, si on veut? C'est un peu le sens de votre remarque, Mme
la députée? On pourra venir sur le fond par la suite.
Mme Harel: Bien, Mme la Présidente, on va ajourner, le
temps que le ministre revienne. On va suspendre, je veux dire.
La Présidente (Mme Marois): Je n'ai pas d'objection
à ce que nous suspendions pour quelques instants...
Mme Harel: D'accord.
La Présidente (Mme Marois): ...le temps que le ministre se
joigne à nous.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 16 h 54)
La Présidente (Mme Marois): ...pour que nous reprenions
nos travaux. C'est ce que je peux constater. Alors, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, je crois que c'est vous qui
aviez la parole.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Suite aux
explications qui nous ont été données par Me Crevier, je
comprends donc qu'il y aura des contrats assujettis à une autorisation,
mais que le principe, c'est qu'il n'y ait pas d'autorisation, à moins
qu'un règlement prévoie qu'un tel contrat exige une autorisation.
Certains contrats exigeront une autorisation du ministre seulement, d'autres,
une autorisation du gouvernement. Mais, dans le mémoire au Conseil des
ministres concernant l'article 27, je lis ceci: Puisqu'il existe
déjà un contrôle du Conseil du trésor sur
l'activité contractuelle des organismes publics, il est apparu
nécessaire de limiter le contrôle prévu à l'article
27 initialement rédigé aux seuls contrats conclus par la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre dans le cadre de l'administration de ces programmes.
Alors, si c'est l'objectif qui est recherché, pourquoi est-ce que
ça n'a pas été dit clairement dans la rédaction de
l'amendement?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je vais laisser répondre Me Crevier, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Me Crevier.
M. Crevier: C'est que la Loi sur l'administration
financière - et là je réfère aux articles 49 et
suivants, qui ont été récemment adoptés par
l'Assemblée nationale - s'applique en soi aux organismes publics, dont
la Société. Alors, on n'a pas à répéter le
fait que cette loi-là s'applique. Elle s'applique comme une foule
d'autres lois, comme, je r.a sais pas, moi, la Charte des droits ou la loi sur
l'accès. On pourrait en citer une
foule.
Mme Harel: Donc, ça, ça vaut, donc...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Vous nous dites: Ça, ça vaut pour
l'activité contractuelle. Mais, par ailleurs, vous introduisez un
amendement...
M. Crevier: L'amendement vise...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Me Crevier.
M. Crevier: Oui, excusez. L'amendement vise certains contrats qui
seraient conclus dans le cadre des programmes. Par exemple, des contrats avec
des entreprises.
M. Bourbeau: Hyundai, par exemple, Mon-tupet.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je citais seulement des cas de programmes qu'on a
faits récemment, en formation professionnelle, développement de
la main-d'oeuvre, Dowty... autant d'exemples.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Est-ce que vous voulez
ajouter quelque chose, Me Crevier?
M. Crevier: Donc, des contrats d'une certaine importance,
où il y a une autorisation qui serait exigée, à ce
moment-là, soit du ministre ou du gouvernement. Par ailleurs, si je peux
donner l'exemple d'un contrat de services ou d'un contrat d'acquisition
d'équipement informatique, ce genre de contrat là n'est pas
strictement contenu dans le cadre des programmes. Par contre, la Loi sur
l'administration financière s'appliquerait, en principe, à ce
genre de contrat. On n'en connaît pas exactement la teneur, parce que les
règlements issus de l'article 49 de la Loi sur l'administration
financière ne sont pas encore adoptés et, à ma
connaissance, ne sont pas...
Mme Harel: Et l'article 49 dit quoi, exactement?
M. Crevier: L'article 49 dit que le gouvernement peut, par
règlement, sur recommandation du Conseil du trésor,
déterminer les conditions des contrats. Alors, on fait appel, par
exemple, à l'obligation de soumissions publiques ou de choses du genre.
L'article 49 s'applique à la Société, en fonction des
caractéristiques de la Société.
La Présidente (Mme Marois): C'était l'article 49 de
la loi, d'un projet de loi ou d'un... Non? D'une loi qui a été
adoptée, c'est ça?
M. Crevier: C'est-à-dire que c'est un article qui a
été ajouté ou remplacé récemment...
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Crevier: ...dans la Loi sur l'administration
financière.
M. Bourbeau: Une réforme Dutil.
La Présidente (Mme Marois): Oui, je me souviens,
c'était venu devant la commission.
M. Trudel: Ça signifie donc aussi qu'il y a des...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Ça signifie donc qu'il y a des contrats qui ne
pourront être signés sans l'autorisation du gouvernement. Il y a
donc certains contrats qui seront soumis à prépublication, et
d'autres qui ne seront pas soumis à prépublication, si c'est le
cas, du ministre qui décide.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre. M. Crevier:
Je m'excuse...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Me Crevier.
M. Crevier: les contrats ne sont jamais soumis à
prépublication. c'est la réglementation du conseil du
trésor qui, elle, devrait être prépubliée.
M. Trudel: Non, mais vous dites: «conclure un contrat dans
le cadre des programmes qu'elle administre sans l'autorisation du ministre ou
du gouvernement». Le règlement va prévoir les cas et, dans
certains cas, ça sera avec l'autorisation, sans l'autorisation du
ministre et, dans d'autres cas, du gouvernement. Qu'est-ce qui va
déterminer la catégorie d'autorisation nécessaire?
La Présidente (Mme Marois): Alors, M. le ministre ou Me
Crevier? Me Crevier? (17 heures)
M. Crevier: Le principe, c'est que la Société
pourra conclure des contrats, sans autorisation. L'exception - et elle sera
prévue dans le cadre d'un règlement - c'est qu'il y aurait une
autorisation à obtenir, probablement pour des contrats qui sont à
très long terme ou pour une valeur très importante. Je peux
peut-être, là-dessus, mentionner l'exemple de la
Société des établissements de plein air du Québec
qui a une disposi-
tion semblable, où le règlement du gouvernement exige une
autorisation pour des contrats d'une durée supérieure à 10
ans ou pour un montant supérieur à 5 000 000 $, à titre
d'exemple.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Si le ministre titulaire a proposé cette
disposition au Conseil des ministres, il doit avoir une idée de quel
type de division ou quel type de frontière il veut dessiner pour en
arriver à ce que ce soit seulement avec l'autorisation du ministre ou
avec nécessairement l'autorisation du gouvernement. Est-ce que ce sera
modifiable au gré de l'humeur du ministre, de dire: Ici, voyez-vous, je
considère que ça demande seulement une autorisation
ministérielle du ministre. Par ailleurs, dans d'autres cas, là,
je pense que je vais aller chercher l'autorisation du gouvernement. C'est fort
différent. Mais c'était quoi l'intention gouvernementale en
rédigeant un article comme celui-là? Si c'est vraiment en
relation avec l'esprit de la Loi sur l'administration financière, en
matière contractuelle, c'est de dire: On restreint la marge de manoeuvre
de la Société à certains cas particuliers,
spécifiques et, à ce moment-là, on a recours au
gouvernement. Le ministre ne peut pas dire en même temps: Je donne de la
marge de manoeuvre à la Société et, par ailleurs, je ne
lui en donne pas comme ministre... Je ne lui donne pas d'oxygène pour
respirer et, dans un troisième cas, l'oxygène va devoir
être pompé par le gouvernement. C'était quoi, l'intention
ministérielle là-dessus? Il doit quand même y avoir une
intention précise, parce que ça m'inquiéterait si le
ministre me répondait que c'est un article
«z-au-cas-où».
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre. M.
Bourbeau: M. le Président, c'est des...
La Présidente (Mme Marois): Mme la Présidente.
M. Bourbeau: Mme la Présidente. Je m'excuse, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Ça va.
M. Bourbeau: Je ne vous ferai pas croire que le masculin
l'emporte sur le féminin.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie. Je
l'apprécie. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: C'est une question de niveau, ça, simplement,
de la même façon qu'on a des niveaux présentement avec les
CFP, par exemple. Les CFP ont le pouvoir de fairo des subventions, d'engager
des subventions - oui, jusqu'à concurrence de 100 000 $ - sans se
référer au minis- tre, présentement.
Alors, on pourrait penser, par exemple, que la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre pourrait
faire en sorte de conclure, dans le cadre de ces programmes, des contrats
jusqu'à concurrence de - je ne sais pas, moi - 1 000 000 $ ou 2 000 000
$. C'est à voir. Le gouvernement décidera par règlement
quels seront ces niveaux.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: Vous dites: On ne le sait pas. Par exemple, ça
pourrait vouloir dire ça. Vous voulez dire que vous n'avez pas fait de
projections, que vous n'avez pas fait d'analyse en disant qu'il faudrait
accorder telle marge, à tel niveau, pour la Société, en
termes d'autorisation, soit ministérielle, soit gouvernementale.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai tellement de respect pour l'Assemblée
nationale que je ne voudrais pas avoir décidé d'avance des
pouvoirs de la Société, avant de savoir si l'Assemblée
nationale va créer une Société. Tout à coup qu'on
ne crée pas de Société, j'aurais perdu mon temps.
La Présidente (Mme Marois): C'est tout à votre
honneur, M. le ministre.
M. Bourbeau: Bien sûr. Le plus grand respect.
M. Trudel: Est-ce que, par ailleurs...
La Présidente (Mme Marois): M. le
député.
M. Trudel: Est-ce que...
M. Bourbeau: Vous n'êtes pas antipathique, hein? Ça
ne fait peut-être pas longtemps que je vous ai devant moi, mais, pour
l'instant, ça va encore très bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous demanderez ça à votre
collègue. Après huit mois de travail attentif, ça a l'air
qu'il...
Mme Harel: C'est avec mes collègues féminines qu'il
a des problèmes, en général.
M. Trudel: Ah oui!
La Présidente (Mme Marois): C'est vrai? Ah bon!
M. Bourbeau: Je ne dirais pas la même chose avec la
députée de Chicoutimi, cependant.
Malheureusement, elle n'est pas ici. Mais, si elle était
là, je lui dirais.
La Présidente (Mme Marois): J'imagine que si elle
était là, cependant, vous répéteriez cela, bien
sûr.
M. Trudel: Vous n'auriez pas d'objection à ce qu'on lui
répète...
La Présidente (Mme Marois): Bon.
M. Bourbeau: Oui, oui. Absolument, absolument. Je ne me
gênerai pas du tout, je vous prie de me croire.
M. Trudel: Vous n'auriez pas objection à ce qu'on lui
répète, par ailleurs?
Une voix: C'est...
La Présidente (Mme Marois): Ah bon! D'accord.
M. Trudel: Par ailleurs, la...
La Présidente (Mme Marois): oui, m. le
député.
M. Trudel: La Société va certainement
prévoir dans son règlement no 1, dans son règlement de
régie interne, une délégation de pouvoir de signature
à ces chapitres régionaux.
M. Bourbeau: Certainement.
M. Trudel: et, encore là, est-ce que l'intention
gouvernementale, en termes d'orientation, c'est de reconduire les marges, les
niveaux actuels d'autorisation?
M. Bourbeau: Le règlement est de régie interne,
c'est le règlement de la Société. Alors, ça va
être la Société, avec ses partenaires syndicaux, patronaux,
travailleurs, qui décidera du niveau de cette
décentralisation-là, d'autant plus qu'en vertu de l'article 13 -
vous vous souviendrez sûrement, on l'a déjà... Est-ce qu'on
l'a adopté, l'article 13? Vous vous souvenez, M. le
député, l'article 13...
La Présidente (Mme Marois): II a été
adopté, effectivement, M. le ministre.
M. Bourbeau: On a dit que le règlement de régie
interne est adoptable par la Société seulement, sans
l'autorisation gouvernementale.
La Présidente (Mme Marois): Oui mais, M. le ministre, moi,
j'ai un peu de difficulté à vous suivre dans le cas
présent parce que, dans le fond, c'est... règlement du
gouvernement ou je lis mal ce qu'on discute là.
M. Bourbeau: D'ailleurs, je me référais au
règlement de régie interne de la Société, parce que
le député parlait de délégation de pouvoir. C'est
prévu dans la régie interne, articles 13 et 14: «La
Société peut prendre...»
La Présidente (Mme Marois): «les autres aspects de
sa régie interne», à l'article 13.
M. Bourbeau: «de sa régie interne», c'est un
règlement de la Société même, et non pas du
gouvernement. Donc, je répondais au député que ce n'est
pas le gouvernement qui va prendre cette décision, c'est la
Société.
M. Trudel: Mais, dans ce cadre-là...
La Présidente (Mme Marois): M. le
député.
M. Trudel: ...très certainement que la
délégation de pouvoir de signature d'éléments
financiers - par exemple, dans les chapitres régionaux - ne pourra
évidemment pas être supérieure, en toute logique, au niveau
qu'accordera le gouvernement à la Société de
procéder sans nécessairement l'autorisation, soit du ministre,
soit du gouvernement. Alors, ça me ramène à la question:
Si vous reconduisez essentiellement au niveau de la réglementation pour
l'autorisation du ministre ou l'autorisation gouvernementale, c'est aussi bien
de dire que vous venez de paralyser tous les chapitres régionaux de la
future Société, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a eu une question? J'ai entendu
plutôt une remarque, là?
La Présidente (Mme Marois): M. le député,
est-ce que vous voulez reprendre votre questionnement?
M. Trudel: Non, mais est-ce que vous n'êtes pas en train de
nous dire que si vous reconduisez essentiellement au niveau de la
nécessaire demande d'autorisation, ou ministérielle ou
gouvernementale, ce qui existe actuellement pour les sociétés,
les CFP actuelles... Est-ce que vous n'êtes pas en train de nous dire,
parce que ce sera nécessairement au niveau de la régie interne,
un niveau d'autorisation inférieure... En toute logique, vous
n'êtes pas en train de nous dire qu'on va paralyser complètement
les chapitres régionaux de la Société de la
main-d'oeuvre?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je croyais que le mot «chapitre»,
ça s'employait chez les Hell's Angels et les motards. Est-ce que les
Hell's Angels sont très actifs en Abitibi-Témiscamingue, parce
que les chapitres, en général, c'est l'expression qu'on
emploie pour des confréries semblables?
M. Trudel: J'ai constaté que l'entreprise centralisatrice
de la Société de la main-d'oeuvre...
M. Bourbeau: Pas autant... Pas autant que les Hell's Angels,
quand même.
La Présidente (Mme Marois): Dans les
sociétés religieuses, M. le ministre, on utilisait ça, les
chapitres. Même chez les fonctionnaires fédéraux,
actuellement, les subdivisions chez les professionnels, ce sont les
chapitres.
M. Bourbeau: Mais c'est les chanoines. Un chapitre, c'est les
chanoines, ordinairement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, aussi: Oui, M. le
ministre. Allez.
M. Bourbeau: Je n'ai pas parlé de reconduire. Je n'ai pas
dit qu'on reconduirait les mêmes niveaux. Je n'ai pas exprimé
d'opinion là-dessus. J'ai simplement dit qu'éventuellement il y
aurait une décentralisation, une délégation de pouvoir, et
c'est la Société qui décidera quels seront les niveaux de
délégation souhaités.
M. Trudel: Mais les sociétés régionales
n'auront pas, évidemment, de statut juridique par la loi.
Mme Harel: Pas «évidemment». Le mot
«évidemment» est...
M. Bourbeau: Là, on n'est pas au bon article, je crois
que...
Mme Harel: C'est à 31, c'est ce soir. M. Bourbeau:
Là, vraiment, vous...
M. Trudel: Alors, dans ce contexte-là, c'est pour
ça que j'emploie le mot «chapitre».
M. Bourbeau: Je comprends les efforts que vous faites pour
être pertinent, mais là...
M. Trudel: je comprends que vous comprenez pourquoi j'appelle
ça des chapitres, parce que c'en n'est pas. alors, ça devient des
chapitres.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on reviendra sur cet
article 31 sûrement.
M.Trudel: Donc, si...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: ...le niveau d'autorisation, for- cément au
niveau interne, de délégation de pouvoir en matière
financière ne va pas au-delà de l'autorisation, moi, j'en
conclus, pour l'instant, que c'est une opération qui va paralyser
complètement la capacité d'action des chapitres régionaux
de la Société de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, d'autant plus que les
sociétés régionales n'ont, en vertu du projet de loi 408,
ni le pouvoir d'élaborer, de recommander même... De recommander,
oui, mais pas le pouvoir d'élaborer des programmes, ni celui de signer
des contrats. Il faut que vous compreniez, là, Mme la Présidente,
que... (17 h 10)
La Présidente (Mme Marois): On vous écoute.
Mme Harel: ...la société mère doit faire
approuver tous les programmes, d'une part. Une fois - ça, c'est les
articles précédents - les programmes approuvés, l'article
27 dit qu'à l'intérieur des programmes approuvés, quand
elle veut signer des contrats, certains des contrats, à
l'intérieur des programmes approuvés, seront assujettis à
des autorisations, soit du gouvernement soit du ministre. Alors, on se comprend
bien. La Société, sa marge de manoeuvre, même la
société mère, sa marge de manoeuvre est assez
restreinte.
M. Trudel: Ce n'est pas ce qu'on peut appeler «directement
connecté sur la bonbonne d'oxygène», hein!
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que le ministre a des
commentaires, des réponses? Est-ce qu'il veut clarifier l'analyse que
Ton fait, la perception qu'on a?
M. Bourbeau: Je réfère la députée,
qui ne m'écoute pas, à l'article 14, et elle va voir que...
La Présidente (Mme Marois): Généralement,
elle vous écoute.
M. Bourbeau: Oui, bon. Alors, si elle m'écoute, tant
mieux, parce que ça va éviter de poser la question deux fois.
Alors, en se référant à l'article 14, elle verra:
«Un document n'engage la Société que s'il est signé
par le président ou, dans les cas déterminés par
règlement de régie interne de la Société, par un de
ses employés.» Alors, cet employé-là pourra
être au niveau régional, pourvu que le règlement de
régie interne permette cette délégation.
Mme Harel: Alors, quand on dit...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...«employés», c'est
intéressant, M. le Président.
M. Bourbeau: D'ailleurs, dans les ministères, c'est la
même chose. Dans les ministères, c'est la même chose.
Mme Harel: Vous voyez à quel point le modèle est
vertical, à quel point le modèle est centralisé. Le
ministre vient de me citer l'article 14 où le mot «ses»
employés est au possessif, il réfère donc à la
société mère. Alors, le directeur régional, de
toute évidence, à ce moment-là, dans l'exemple
utilisé par le ministre, le directeur régional est un
employé de la société mère.
M. Bourbeau: C'est vrai, c'est évident, c'est...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: On le clame haut et fort depuis le début. Mme
la Présidente, il ne fallait pas nous accuser de ça, là.
C'est l'esprit même du projet de loi, si vous l'avez bien lu, que tous
les employés de la Société sont des employés de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. C'est l'économie même du projet de loi.
Mme Harel: Alors, vous comprenez, Mme la Présidente,
pourquoi on est ici...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...en ce beau 17 juin, à 17 h 10. Il y a deux
raisons, n'est-ce pas? Parmi les quatre pôles de résistance dont
je vous parlais tantôt - je l'ai dit souvent au ministre - le pôle
constitué par les patrons, ça, je laisse le soin à son
entourage et à celui du premier ministre de faire valoir leur point de
vue.
Moi, je m'intéresse particulièrement aux pôles de
l'éducation, du communautaire et des régions. Le ministre aurait
voulu accélérer l'adoption du projet de loi et il aurait reconnu,
je le répète, que, sur les 19 sièges, deux auraient pu
être occupés par des personnes venant du milieu de
l'éducation. Ce n'est pas tant demander, sur 19 sièges... Il
s'agissait, dans le fond, simplement, de convenir que ces personnes allaient
provenir du milieu de l'éducation. Là, il nous dit qu'elles vont
représenter le milieu de l'éducation et qu'elles seront choisies
après consultation de ses ministres, des ministres concernés
plutôt, pas des siens, mais des ministres concernés par
l'enseignement secondaire et collégial.
Nous, on a dit: II faut que les milieux concernés, soit la
Fédération des commissions scolaires et la
Fédération des cégeps, soient consultés et que les
personnes qui vont occuper ces deux sièges-là sur les 19
proviennent de ces milieux-là. Il me semble que ça, ça
aurait apaisé et ça aurait donné l'idée que la
concertation, ce n'était pas juste sur papier. Ça, c'est
supposé être un projet de concertation, n'est-ce pas? Alors, pour
un projet de concertation, ce n'est pas vraiment réussi, parce que vous
avez donc le milieu de l'éducation qui dit non, puis, vous avez les
régions. On y reviendra ce soir - ce sera notre débat de la
soirée - mais les régions disent un «non»
carabiné, à partir de l'Union des municipalités
régionales de comté en passant par tout ce que vous avez - on y
reviendra - d'associations représentatives, de tous les organismes
possibles des régions. Au début, ils en demandaient beaucoup.
Savez-vous ce qu'ils demandent, là? Ils demandent simplement des
corporations, au sens du Code civil, pour pouvoir choisir leur directeur
général. Ils ne demandent même plus un processus
électif pour élire le conseil d'administration. C'est ça
qui m'a surprise. C'est qu'il y a eu un énorme pas de fait du
côté des régions qui, finalement, de l'assemblée
générale qu'elles demandaient avec les CCR, les comités
consultatifs régionaux, pour élire le conseil d'administration,
ont finalement réduit leur demande à simplement un statut de
corporation au sens du Code civil et à un directeur régional qui
soit leur employé et qui réponde au conseil d'administration
avant de répondre à la Société centralisée,
n'est-ce pas? C'est fondamentalement ça.
Finalement, l'autre pôle, qui n'est pas rien non plus, parce qu'il
mobilise beaucoup à travers le Québec - on va le voir encore dans
les journaux demain, parce qu'ils ont fait une conférence de presse -
c'est tout ce que vous pouvez imaginer de ce qui bouge autour du communautaire:
du Conseil permanent de la jeunesse en passant par tous les groupes de femmes,
en allant du côté de l'éducation permanente des groupes
d'employabilité et tout ce que vous pouvez imaginer qui, eux,
réclament une représentation de 3 personnes sur 19.
Ceci dit, là, le ministre nous accorderait, pas à nous,
comme Opposition parce que, finalement, on relaie... Ce n'est pas ce qu'on
demandait. Nous, là, si c'était ce qu'on voulait, c'est qu'on
voudrait avoir le financement de 1 % de la masse salariale des entreprises avec
un fonds national. On voudrait aussi obtenir que, quelle que soit la source du
revenu, il y ait un accès à la formation de la main-d'oeuvre,
indépendamment de la couleur du chèque. Alors, ça, on n'en
est même pas là. Tout ce qu'on fait ici, c'est qu'on essaie de
relayer le minimum de ce qui est considéré comme devant
être acquis pour pouvoir soutenir le projet de création d'une
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Ce n'est quand même pas rien, et c'est censé
être un projet de partenariat. On y reviendra n'est-ce pas?
Je reviens moi-même à l'article 27...
La Présidente (Mme Marois): On s'entend, nous sommes sur
l'amendement, Mme la députée.
Mme Harel: À l'amendement plutôt. Je constate que,
dans l'amendement, c'est dans le cadre des projets qu'elle administre - c'est
bien dit «dans le cadre des programmes qu'elle administre» -
qu'elle aura à obtenir ces autorisations. Donc, déjà, la
Société aura fait approuver ses programmes - vous voyez la
lourdeur de tout un processus, c'est quelque chose. La Société va
faire approuver ses programmes - imaginez-vous les offices du même genre.
Pensez, par exemple, à la Régie de l'assurance-maladie. Doit-elle
faire approuver tous ses programmes, la Régie de
l'assurance-maladie?
La Présidente (Mme Marois): Je ne saurais répondre,
Mme la députée, à votre interrogation.
Mme Harel: On me fait signe que, oui, c'est possible. Donc, tous
les programmes de main-d'oeuvre devront être approuvés et,
à l'intérieur de ces programmes, une fois approuvés, pour
certains contrats, la Société devra requérir
l'autorisation du ministre ou du gouvernement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ii n'y a pas de changement, c'est la situation
actuelle. il n'y a pas de changement. je ne sais pas pourquoi vous faites un
plat avec ça.
Mme Harel: Alors, pourquoi changer si c'est pour ne pas
changer?
M. Bourbeau: II y a un changement. Mme Harel: Parce que,
même son allié, là...
M. Bourbeau: II y a un changement, mais pas de cet
ordre-là.
Mme Harel: Je suis sûre que le ministre va être
sensible à l'Association des manufacturiers du Québec. Ça,
il faut dire que l'AMQ a fait savoir un appui inconditionnel. C'est l'exception
à la règle, c'est un appui inconditionnel au projet de loi 408.
L'AMQ disait dans son mémoire, et je cite: On ferme ici...
M. Bourbeau: Vous oubliez la FTQ, vous oubliez la CSN, vous
oubliez la CSD.
Mme Harel: Non, non, non.
M. Bourbeau: Vous les oubliez tous.
Mme Harel: Mme la Présidente, je ne les oublie pas.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée...
Mme Harel: Non, loin de moi l'idée, évidemment, de
les oublier. Je rappelle au ministre qu'aujourd'hui même la CEQ et la CSN
appuyaient la Coalition des organismes communautaires qui réclame une
présence accrue. Je dois vous dire que, dans le mémoire que la
CSN déposait devant la commission, elle demandait le retrait de
l'article 27 - celui sur lequel nous travaillons - et il y a une vaste...
La Présidente (Mme Marois): Celui sur lequel porte notre
débat.
Mme Harel: ...coalition, à laquelle participe la ftq, qui
demandait aussi le retrait de l'article 27. je dois vous dire, m. le
président, que la csn...
La Présidente (Mme Marois): Mme la Présidente.
Mme Harel: Mme la Présidente. Oh! Quel lapsus!
La Présidente (Mme Marois): Non, mais je comprends. On est
un peu fatigués là. C'est ça, à la fin de la
journée. (17 h 20)
Mme Harel: Mme la Présidente, je comprends que la CSN a
fait publiquement, dimanche dernier, le 14 juin, connaître sa position.
C'est censé être un autre partenaire majeur. La CSN dit ceci, et
je cite: La CSN pose des conditions précises à la création
de la Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre.
Ai-je besoin d'insister sur les amendements que la CSN demande? Je
conclus simplement par leur communiqué, qui disait ceci: Ces amendements
sont majeurs, puisqu'en découle toute l'efficacité de la future
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Il serait illusoire de penser que le Québec pourra
rattraper son retard en matière de formation professionnelle si la
création d'un tel organisme ne sert pas d'abord à planifier,
à développer, à élaborer, à réaliser
et à gérer l'ensemble des programmes de formation
d'employabilité et d'intégration au marché du travail.
La CSN demandait, Mme la Présidente, notamment - on y reviendra -
que le gouvernement accorde aux sociétés régionales le
même statut juridique que les commissions de formation professionnelle
qu'elles remplacent - ça, on reviendra là-dessus. Mais elle
demandait, notamment, et elle disait ceci: La possibilité que le
ministre ou !e gouvernement intervienne à tout moment dans le
fonctionnement et les décisions
de la Société limite les pouvoirs de la
Société, ce qui risque d'en paralyser son fonctionnement. Si l'on
veut véritablement éviter que cet organisme devienne un monstre
bureaucratique, il faut donner à cette Société la
capacité d'élaborer des programmes, de les mettre en oeuvre et de
gérer l'ensemble des politiques de main-d'oeuvre existantes, ce qui
inclut les programmes d'em-ployabilité et d'intégration au
marché du travail.
Alors, ai-je besoin d'insister, Mme la Présidente, sur les
amendements que réclame la CSN, quand elle dit: II faut viser la
création d'un organisme qui dispose de pouvoirs réels et qui peut
compter sur la présence d'intervenants qui ont l'expertise et la
connaissance des besoins en matière de formation et
d'employabilité. L'encadrement actuel de la Société rend
impossible l'atteinte des objectifs recherchés par le gouvernement en
matière de développement de la main-d'oeuvre.
Si c'est ce que le ministre considère comme un appui, Mme la
Présidente, il n'est pas regardant. Je veux vous demander si, à
ce stade-ci, nous pouvons présenter un sous-amendement à l'effet
de biffer...
La Présidente (Mme Marois): Un sous-amendement?
Mme Harel: Je disais donc que l'Association des manufacturiers
qui appuie - ça, c'est un vrai appui. L'Association des manufacturiers
appuie, Mme la Présidente, en demandant ceci... Je vais la citer en
toute objectivité. L'AMQ dit ceci: Pour que nous soyons prêts
à nous accommoder, sous sa forme actuelle, quitte à le voir
bonifier par la suite... Elle ajoute, évidemment: Nous avons
exprimé certaines réserves relativement à l'étendue
des pouvoirs dont jouirait, éventuellement, le conseil d'administration
et au degré de décentralisation qui s'effectuerait en faveur des
sociétés régionales.
Alors, même la régionalisation est allée chercher un
appui du côté de l'AMQ. Mais, encore là, l'AMQ pense
pouvoir bonifier le projet, la loi, une fois que la loi est votée. Ce
n'est pas un point de vue qui est partagé par personne d'autre,
évidemment pas par l'Opposition. Alors, l'AMQ avait, cependant, dans son
mémoire, signalé au ministre, concernant l'article 27, que, et je
cite: On enferme ici la Société dans un carcan administratif qui
freinera sûrement son efficacité.
Est-ce qu'il est admissible, à ce moment-ci, de proposer de
biffer l'article 27? Je ne pense pas, hein?
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que,
là, nous sommes sur l'amendement, actuellement...
Mme Harel: II faudrait d'abord battre l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): j'imagine que ce serait la
procédure à suivre, battre l'amendement et, par la suite...
peut-être que ce qui serait d'abord intéressant, c'est qu'on le
voie, l'amendement.
Mme Harel: L'amendement? Il est déposé,
l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): Non, le sous-amendement, parce
que ce serait un sous-amendement...
Mme Harel: II s'agirait de biffer l'article 27.
La Présidente (Mme Marois): Ça pourrait être
considéré comme un sous-amendement.
M. Bourbeau: Mais c'est parce qu'il vient de germer dans la
tête de la députée. Il n'est pas écrit encore. C'est
ça, le problème.
La Présidente (Mme Marois): Vous prêtez...
Mme Harel: En quoi le ministre peut-il prétendre
connaître ce qui se passe dans ma tête?
La Présidente (Mme Marois): ...des intentions.
M. Bourbeau: Si vous aviez voulu le faire avant, vous en auriez
une copie. Je vois que vous n'en avez pas. Mais, moi, ce qui m'étonne,
Mme la Présidente, c'est que, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve voulait proposer de biffer l'article 27, pourquoi est-ce
qu'elle a pris une heure avant de le proposer? On aurait pu le proposer il y a
une heure, quand elle a commencé à en parler.
Mme Harel: À cause de l'amendement. M. Bourbeau:
Bien oui, mais...
Mme Harel: Vous comprenez, Mme la Présidente, qu'on
voulait...
M. Bourbeau: ...ça fait une heure que vous parlez
sur...
Mme Harel: ...connaître la teneur de l'amendement et la
portée de l'amendement...
M. Bourbeau: Ça fait une heure que vous en parlez, de
l'amendement.
Mme Harel: ...pour comprendre s'il y avait toujours le même
carcan qui allait s'abattre sur la Société.
M. Bourbeau: Donc, vous vouliez faire perdre le temps de la
commission. C'est mieux
comme ça. Dites-le donc honnêtement que vous voulez faire
perdre le temps de la commission.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, je pense qu'on
est resté sur le fond de l'amendement qui était là et,
moi, je dois prendre les interventions qui sont là. Alors, il faut
disposer d'abord de l'amendement qui a été déposé
en bonne et due forme par le ministre. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions à ce moment-ci de nos travaux, M. le Président, et
qui portent sur l'amendement?
M. Trudel: Le ministre peut-il nous expliquer quels sont les
motifs pour lesquels il demeure insensible à une demande aussi
précise que celle de la CSN et, de façon encore beaucoup plus
précise, de l'Association des manufacturiers québécois?
Parce que, là, je vais vous dire que ça ne se bouscule pas, dans
les autobus, dans les régions du Québec, pour faire la parade
pour applaudir à l'initiative centralisante et centralisatrice du
ministre, à l'intérieur du projet 408, avec la création de
cette Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre. Il faut quand même que le ministre nous donne les
motivations du gouvernement pour faire en sorte que... On veut formellement, y
compris l'amendement de l'article 27, encarcaner avec un cadenas très
serré, des bretelles, puis une ceinture, pour s'assurer que les
chapitres - parce que je ne peux pas appeler ça une
société, moi; ça n'a pas de statut, cette
affaire-là - régionaux n'auront pas, mais absolument pas,
d'initiatives. Il faut s'assurer que ça ne pense pas dans les
régions; il faut s'assurer que ça n'a pas d'initiatives; il faut
s'assurer que ça va être décidé centrale-ment; il
faut s'assurer qu'on aura tous les niveaux d'approbation nécessaires
pour faire en sorte que, s'il y avait, à l'occasion, des
représentants ou des membres de cette Société qui
s'avisaient de penser quelque chose, qui s'avisaient d'avoir de l'initiative,
qui s'avisaient d'avoir de l'originalité... Non! On veut adopter le
format standard. On n'est pas tout à fait dans la confection des
chapeaux du ministre Picotte, là, du ministre
délégué aux Affaires régionales. On n'est pas tout
à fait dans la même direction et...
Regardez, je peux même citer au ministre des commentaires qui
étaient faits, pas plus tard que le 22 mai dernier - ce n'est pas
tellement loin - dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Regardez des
organismes régionaux comme le CRCD du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui dit:
Au CRCD, on s'interroge cependant sur !a volonté réelle du
gouvernement du Québec d'aller dans le sens de la
décentralisation, comme le suppose pourtant le ministre responsable du
développement régional, Yvon Picotte - je cite, Mme la
Présidente - qui désire remplacer les conseils régionaux
de développement par des structures qu'il voudrait à la fois plus
autonomes et plus respectueuses de la représentation des divers secteurs
de l'activité socio-économique des régions.
On ne règle pas, M. le ministre - dit-on - on ne règle pas
un problème en créant une superstructure centralisatrice. Il n'y
a aucun lien entre l'énoncé de politique et le projet de loi
proposé, clame le président du CRCD du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
M. Jean Wauthier.
M. le Président, c'est cette façon de dire les
choses...
Mme Harel: Mme la Présidente.
M. Trudel: Mme la Présidente. C'est cette façon de
dire les choses...
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée! (17 h 30)
M. Trudel: ...au saguenay-lac-saint-jean. c'est l'écho
qu'on a entendu dans toutes les régions du québec. il faut
absolument que le gouvernement soit capable de nous expliquer pourquoi il
choisit cette direction de la centralisation en matière de
main-d'oeuvre, de formation professionnelle et d'employabilité chez les
québécois et les québécoises partout, dans toutes
les régions, puis que, par ailleurs, au niveau de la santé et des
services sociaux, au niveau du développement régional, on se
targue de vouloir créer des organismes avec des statuts juridiques qui
vont permettre un certain nombre d'initiatives. on ne peut quand même pas
dire, de l'expérience des 10 dernières années des
commissions de formation professionnelle, qu'il y a eu abus d'initiatives,
compte tenu de la mince marge dont disposaient ces sociétés
régionales de formation professionnelle. il y a peut-être eu des
divergences quant à l'application d'un certain nombre de programmes
pensés centralement, mais il n'y a pas eu de... jamais les intervenants
régionaux... tous les membres qui composent tous les ccr, tous les
comités consultatifs régionaux de toutes les régions du
québec n'ont jamais, au grand jamais, réclamé qu'on ferme
la valve, qu'on coupe l'alimentation en oxygène et qu'on leur dise
finalement ce qui est dit à peu près dans les premiers articles
du projet de loi, mais spécifiquement ici, mme la présidente,
à l'amendement qui est proposé à l'article 27: bien,
savez-vous, dans les régions, là, on ne croit pas que vous
possédiez le potentiel pour être capables de penser des programmes
adaptés. on ne trouve pas que vous avez cette capacité. dans le
fond, voulez-vous être sur le marché du travail, payer vos taxes,
payer vos impôts, envoyer ça centralement au gouvernement du
québec? en matière de dispensation de programmes et de services,
oui, on va rendre certains de ces services dans les régions, mais, pour
en qui est de la planification, il ne faudra quand même pas que vous vcjs
preniez pour d'autres, dans ces régions-là. on ne peut quand
même pas vous
confier la possibilité d'avoir des initiatives, que vous ayez la
capacité créatrice d'avoir des initiatives originales, compte
tenu du contexte local ou régional et de la situation
particulière de la main-d'oeuvre.
Non. M. le ministre, en regard de l'amendement qui est proposé
à l'article 27, vous n'avez pas le droit de ne pas justifier à
l'ensemble des régions du Québec le pourquoi d'une telle
offensive centralisatrice à contre-courant du développement des
différents secteurs d'activité économique, culturelle ou
éducative dans le monde québécois ou dans le Nord de
l'Amérique. On ne peut pas dire aux régions: Vous êtes des
déversoirs. On va vous faire parvenir ce qu'on veut bien vous faire
parvenir. Par ailleurs, en ce qui concerne les ressources que vous procurez
à l'État et votre contribution à la production
intérieure brute, ah! ça, par exemple, on va vous en demander,
puis tant et plus. Le ministre doit absolument expliquer à la
région de l'Abitibi-Témiscamingue, à la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, à la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la région de l'Outaouais, à la
région de Trois-Rivières pourquoi ces régions ne peuvent
pas, ne pourront pas utiliser leur potentiel créateur, leurs
possibilités d'initiatives en matière de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre et de développement de programmes
visant à augmenter l'employabilité des personnes sur le
territoire. Le ministre nous présente une perspective. Je le dis
franchement, j'essaie de ménager les mots, Mme la Présidente.
Vous l'avez vu avec ce que je viens de lire de la réaction du CRCD du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est un peu insultant de voir qu'on ne nous fait pas
confiance.
Mme la Présidente, ce n'est pas mêlant, je me croirais
reculer de 12 années, au moment où on a... 12 ans, qu'est-ce que
je dis, 1969, au moment de l'adoption du projet de loi créant
l'Université du Québec, où on donnait la
possibilité, dans ce projet de loi... Mais c'était un
gouvernement de l'Union Nationale, Mme la Présidente, il faut quand
même être capable de faire la suite historique. On donnait la
possibilité aux régions de se donner non pas des chapitres, mais
des constituantes de plein droit avec capacité d'initiative,
d'originalité pour répondre aux besoins spécifiques des
régions en matière de formation et de recherche de niveau
supérieur. On donnait virtuellement, donc, la possibilité,
déjà en 1969, à l'originalité régionale de
pouvoir s'exercer et aux capacités créatrices des régions
de se donner les moyens pour en arriver à une meilleure contribution au
développement de l'ensemble du Québec. Alors, comment on peut en
arriver, en 1992, en disant, en matière de formation de la
main-d'oeuvre, à travers la Société qu'on veut
créer: Non, vous n'aurez pas les capacités, vous n'aurez pas les
possibilités non plus d'avoir des programmes adaptés à la
population de votre région? Pour moi, Mme la présidente,
ça veut jd\re que les programmes de formation et de perfectionnement en
technologie minière, à la mine doyon, les programmes de formation
minière pour la mine radisson, les programmes de perfectionnement de la
main-d'oeuvre pour l'exploration minière dans gran-ville, tout ça
va être décidé à une société centrale,
centralisante, qui va décider ce qui est bon pour les travailleurs et
les travailleuses qui désireraient s'inscrire dans le courant de
l'activité de développement, si on peut faire appel à leur
potentiel, dans le monde minier, par exemple dans la région de
l'abitibi-témiscamingue. ou bien m'expliquer aussi comment on peut dire
aux régions ou on peut leur décrire, en quelque sorte, illustrer
leur incapacité de décider quels seront les programmes de
formation dans le domaine de l'agro-alimentaire, dans la région de
l'abitibi-témiscamingue, décidés centralement.
Mme la Présidente, un programme de formation et de
perfectionnement dans le secteur agro-alimentaire de la région de
Saint-Hyacinthe n'a rien à voir, mais rien à voir, en quelque
sorte, avec le type de programme nécessaire pour la production dans le
domaine de l'agro-alimentaire dans une région nordique comme la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. La même chose dans le
domaine forestier, la même chose dans le domaine touristique, la
même chose dans le domaine des produits manufacturiers où,
même si ce n'est pas le lot de beaucoup de régions du
Québec, il y a des caractéristiques particulières.
Par ailleurs, je me verrais mal, comme région, faire en sorte que
je sois en mesure de décider ce qui va se passer en matière de
développement de la main-d'oeuvre pour les pêcheries dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. C'est le monde à l'envers, c'est
à contre-courant, c'est contradictoire avec d'autres orientations
ministérielles, ça va contre la volonté des intervenants
régionaux. Même l'Association des manufacturiers du Québec,
la CSN, la FTQ réclament du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle un peu
d'oxygène. Le ministre dit: Non. Je veux m'assurer non seulement que
j'ai les deux mains sur les deux poignées, mais je m'assure qu'il n'y a
rien qui peut faire en sorte qu'on va en arriver à donner une
possibilité d'initiative et que ça va être créateur.
1969, encore une fois, Mme la Présidente, quand on a, par exemple,
donné, sous forme législative, la possibilité de
créer des chapitres, non pas des chapitres mais des constituantes du
réseau de l'Université du Québec, je me souviens que
même plus tard, en 1982, il était encore affirmé, dans
certains cercles: Hors du mont Royal, point de salut. Que la connaissance
universitaire, que le développement de la recherche dans le monde
minier, dans le monde agricole, que la connaissance du monde glaciaire, de la
recherche sur la nordicité, que ça, ça ne pouvait pas se
faire dans les régions. Ça ne pouvait pas
se faire, c'était impossible et que, même dans certains
domaines de formation de base, les programmes qui peuvent, à la limite,
se retrouver dans une certaine standardisation à travers le
Québec, c'était impossible qu'on puisse avoir, finalement, les
compétences pour développer la main-d'oeuvre
régionale.
Oh! surprise, Mme la Présidente, après avoir fait
comprendre, de par la volonté gouvernementale, qu'il y aurait, dans une
région comme l'Abitibi-Témiscamingue, par exemple, une
constituante du réseau de l'Université du Québec, eh bien,
trois ans plus tard, dans le secteur des sciences comptables, cette
université obtenait la meilleure moyenne, le meilleur taux de
réussite de ses candidats parmi les 4000 candidats qui se sont
présentés à l'examen uniforme des comptables
agréés au Canada. Au Canada, trois ans plus tard. C'est parce
qu'on avait laissé la possibilité d'initiative et parce qu'on
avait laissé la possibilité d'avoir des formes originales
d'organisation du travail et de la dispensation des activités de
formation que nous avons pu arriver à atteindre ce degré
d'excellence. Voilà ce qu'on refuse. Ce refus se systématise dans
l'amendement qui est proposé à l'article 27, quand on veut
absolument, même au niveau de la réglementation, placer ça
sous l'empire du ministre et du gouvernement. (17 h 40)
Alors, quelles sont les raisons profondes, les raisons majeures de ces
initiatives à contre-courant de la part du ministre et du gouvernement?
Peut-il nous expliquer? Nous demandons à voir, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie. Il vous
restait à peine quelques secondes. Est-ce que M. le ministre veut
intervenir, veut faire quelques commentaires?
M. Trudel: Qu'est-ce que je réponds à mes gens qui
vont me poser la question, chez nous?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Bien, je réponds que votre propos
était hors d'ordre et qu'à l'article 31, tout à l'heure,
on pourra répondre à votre question. La décentralisation,
c'est l'objet de l'article 31. Quand on arrivera là, demain soir ou
après-demain, à l'article 31, Mme la Présidente, je
répondrai au député. Mais c'est hors d'ordre. La
décentralisation, c'est l'article 31.
La Présidente (Mme Marois): Juste une chose. L'article 27
prévoit les règlements qui devront être administrés
avec ou sans l'autorisation du ministre ou du gouvernement. Évidemment,
ça se situe, à ce moment-là, si vous me permettez, dans
l'ordre du champ d'activité et des champs des pouvoirs de l'organisme
concerné, la Société en l'occurrence. Donc, ça
concerne évidemment la façon dont elle risque de gérer ce
pouvoir-là.
Alors, vous avez terminé, M. le député. Je pense
que... Je m'excuse, j'ai une demande d'intervention de la députée
de Marie-Victorin.
M. Bourbeau: Gênez-vous pas! Y a pas de problème! On
a tout le temps qu'il faut!
La Présidente (Mme Marois): Effectivement.
Mme Vermette: Oui. Alors, Mme la Présidente, je trouve
ça tout à fait particulier, effectivement, que le ministre donne
autant de pouvoirs. D'autant plus que ce projet de loi était dans
l'orientation de développer un partenariat et de favoriser, en fait, des
solidarités dans les régions pour permettre justement à
des milieux de travailleurs, avec le milieu patronal et le monde de
l'éducation de pouvoir échanger et d'établir ensemble, en
fait, des priorités dans le domaine de la formation de la main-d'oeuvre
parce que ça répond à des impératifs
économiques dans le développement de l'emploi, dans la formation.
Ça touche différents volets. On risque, à ce compte-ci,
par cette façon de vouloir centraliser les prises de décision,
d'arriver à des décisions beaucoup plus politiques que des
décisions qui répondraient véritablement aux besoins des
milieux. Et ça, pour moi, ça me cause un problème.
On l'a vu, justement aujourd'hui, lorsque la ministre de
l'Énergie, la vice-première ministre, annonçait qu'elle
décidait de mettre dans son comté, en fait, dans la ville de
Laval, le développement d'Hydro-Québec alors qu'on sait
très bien que c'était déjà situé à
Varennes, que l'IRSST est déjà établi à Varennes et
qu'il y avait un milieu qui s'était établi, un échange qui
s'était établi entre, justement, les gens de la recherche, le
monde scientifique, le monde universitaire, le milieu du travail et, en fait,
l'ensemble des intervenants. Ça favorisait aussi l'emploi dans la
région. Alors, on fait un transfert de région tout simplement
pour favoriser une décision politique. À notre avis, je pense que
ce n'est pas de cette façon-là qu'on peut atteindre ces objectifs
de partenariat qu'on veut développer dans notre société,
ces nouvelles solidarités, en fait, sur lesquelles on compte pour
relever les nouveaux défis de la société moderne, pour
être plus concurrentiel et pour atteindre, si vous voulez, l'excellence,
la qualité totale qui est si chère à certains ministres de
ce gouvernement.
Alors, je pense que, quand on a des objectifs particuliers de la part
d'un gouvernement, il faut être «congruent» et il faut donner
les moyens et les outils nécessaires aussi aux autres qui font partie,
qui sont intéressés, en fait, par cette nouvelle façon de
faire, par ce nouveau contrat, si vous voulez, dans le domaine de la
main-o'oeuv;a et de la formation professionnelle et qui touche aussi le domaine
de l'emploi. Je
trouve ça tout à fait passer à côté...
Le ministre a de la difficulté à se délester de ses
pouvoirs. C'est malheureux, en fait, de voir cette tendance qui persiste. Et
dire: Je donne des pouvoirs, je crée une société, mais,
d'autre part, c'est cette même société que je vais
contrôler, c'est comme si, quelque part, on n'était pas capable de
faire confiance à ses partenaires. C'est comme si, quelque part, on
avait l'impression que ses partenaires pourraient manquer de vision pour
développer un Québec compétent et compétitif alors
que ce sont ces gens mêmes qui réclament depuis longtemps
d'arriver à des ententes entre les différents secteurs, entre les
différents milieux, que ce soit de l'éducation ou que ce soit du
milieu du travail, des syndicats, le patronal et d'autres milieux, pour en
faire vraiment un tout cohérent et qui permettrait d'atteindre ces
exigences de la compétitivité et qui permettrait d'atteindre
cette excellence, Mme la Présidente.
Je trouve ça très particulier, encore une fois, de se
priver du dynamisme de gens parce que, vous savez, à chaque fois on a
l'impression que, peu importent les décisions qu'on va prendre, de toute
façon, il y a toujours la sanction royale qui est en haut qui va
s'appliquer et, finalement, ça remet toujours en cause le travail, les
consultations et la recherche qui ont pu être entrepris par le milieu,
par les gens intéressés qui étaient partie prenante dans
de nouvelles orientations des façons de faire, Mme la
Présidente.
Alors, je trouve qu'à ce moment-ci le ministre aurait tout
intérêt à écouter effectivement les demandes
pressantes, autant du monde syndical. Même, le seul que le ministre a
toujours eu en poche et qu'il nous a toujours démontré, c'est M.
Le Hir, qui est le président de l'Association des manufacturiers du
Québec. M. le ministre, hier, n'arrêtait pas de nous
démontrer à quel point il était fier d'avoir cet appui de
M. Le Hir et que ça représentait vraiment beaucoup de monde au
Québec. Il disait même que ça faisait le poids par rapport
au Conseil du patronat du Québec, que c'était bien important d'en
tenir compte. Alors, je ne comprends pas pourquoi, dans ce cas-ci, il ne
retient pas la suggestion de M. Le Hir et qu'il ne se rend pas à cette
demande et qu'il retire carrément, en fin de compte, cet article. On
sait que la motion donne encore plus de pouvoirs au ministre. Alors,
évidemment, c'est bien sûr que cette motion est inacceptable.
Même, on défend ici des principes, je pense, de participation, des
principes où on veut établir dans les différentes
entreprises de plus en plus cette philosophie de gestion participative. Je
pense qu'il faut que quelque part on donne l'exemple. La meilleure façon
de donner l'exemple, bien, ça vient d'en haut. Je pense à cette
façon de décentralisation qui favorise justement les meilleures
prises de décision au niveau du milieu et qui permet aussi cette
responsabilisation des milieux entre eux au niveau des régions. On sait
que de plus en plus on favorise le regroupement des régions, la
participation des régions, l'organisation des régions, le
développement régional. On demande à tous ces gens
d'arriver à développer ce partenariat, d'arriver à des
consensus, a établir des lignes d'orientation pour favoriser le
développement d'une région donnée. Alors, pourquoi
faudrait-il finalement que le ministre s'approprie des pouvoirs qui seront
déterminés par règlement, d'une part, et qui risquent de
faire en sorte que certaines décisions soient très arbitraires et
très politiques et qui remettent en cause complètement le travail
qui aurait été fait par les gens d'une région ou d'un
milieu donné à ce moment-ci?
Alors, Mme la Présidente, je pense qu'il aurait été
souhaitable que le ministre retire carrément et la motion et
l'article.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, Mme la
députée de Marie-Victorin. Est-ce que le ministre a des
commentaires à faire?
M. Bourbeau: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Donc, je vais appeler
l'amendement qui se lit comme suit: «La Société ne peut,
dans les cas déterminés par règlement du gouvernement,
conclure un contrat dans le cadre des programmes qu'elle administre sous
l'autorisation du ministre ou du gouvernement selon ce que le règlement
prévoit.» Ceci vise à remplacer l'article 27 du projet.
Oui, Mme la secrétaire. Oui. Pardon?
La Secrétaire: Vote nominal?
La Présidente (Mme Marois): Vote nominal? Oui. Mme la
secrétaire, si vous voulez appeler les députés.
La Secrétaire: Oui. Alors, voici. M. Bourbeau
(Laporte)?
M. Bourbeau: En faveur.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Contre.
La Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Pour.
La Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri), elle n'est pas
là.
M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Pour.
La Secrétaire: M. Trudel (Rouyn-Noranda-
Témiscamingue)?
M. Trudel: Contre.
La Secrétaire: Mme Vermette (Marie-vïc-torin)?
Mme Vermette: Contre.
La Secrétaire: M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Pour.
La Secrétaire: II y a trois votes du côté de
l'Opposition.
La Présidente (Mme Marois): Nous n'avons que trois votes
du côté de l'Opposition. Il n'y a que trois votes. Donc, moi, je
ne vote pas, Mme la secrétaire.
La Secrétaire: Effectivement.
M. Williams: Mme la Présidente, quand vous avez
mentionné «nous avons trois votes»...
La Présidente (Mme Marois): Oui. J'ai été...
M. Williams: C'est qui...
Une voix: Ce n'est pas partial, ça, un peu? (17 h 50)
La Présidente (Mme Marois): Oui. J'ai été
consciente de ce que j'ai dit, mais il reste que, comme présidente, je
ne perds pas mon statut de députée de l'Opposition. D'ailleurs,
j'ai exercé mon droit de vote à cette fin-là, tout
à l'heure.
M. Williams: Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Secrétaire: Alors, l'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Marois): L'amendement est adopté
à 4 contre 3. Maintenant, nous procédons à
l'article...
Mme Harel: Tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Marois): ...chère
collègue, tel qu'amendé, soit l'article 27. Sur division?
Mme Harel: Sur division. Même vote.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous pouvons maintenant
procéder à l'article 28.
M. Bourbeau: Cet article a pour objet d'assujettir à un
pouvoir de désavoeu du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle trois
catégories d'actes de la Société - ça, c'est
l'article avant l'amendement que je vais proposer, Mrr.e la Présidente -
un règlement de la Société prévoyant les
conditions, c'est-à-dire les modalités de nomination de ses
employés, qui est le premier alinéa de l'article 11 du projet; un
plan d'effectifs de la Société, référant au premier
alinéa de l'article 11 du projet, et un règlement de régie
interne de la Société, référant à l'article
13 du projet. L'article prévoit une mécanique précise
quant aux modalités d'exercice de ce pouvoir du ministre. J'aimerais
remplacer, Mme la Présidente, par voie d'amendement, les deux premiers
alinéas de l'article 28 du projet de loi par les suivants: «Un
règlement visé à l'article 13 est transmis au ministre
dès son adoption. «Le ministre peut désavouer, dans les 45
jours de sa transmission, un tel règlement ou une partie d'un tel
règlement, qui cesse alors d'avoir effet à compter de la date du
désavoeu. Le ministre en avise aussitôt la
Société.»
Cet amendement vise à limiter le pouvoir du ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle de désavouer certains actes de la Société,
de le limiter à un règlement de régie interne de celle-ci.
Dans la version originale de l'article 28 du projet de loi, ce pouvoir de
désavoeu du ministre couvrait également un règlement sur
les conditions de nomination des employés de la Société
ainsi qu'un plan d'effectifs de la Société.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...est-ce que, par l'amendement qu'il introduit, le
ministre garde son pouvoir de désavoeu sur le règlement de
régie interne?
M. Bourbeau: C'est exact.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, oui?
M. Bourbeau: Oui, c'est exact.
Mme Harel: Alors, en comparaison avec l'article initialement
prévu, il faut donc comprendre que la différence...
M. Bourbeau: On abandonne le pouvoir de désavoeu sur deux
objets différents: sur les conditions de nomination des employés
de la Société ainsi que sur le plan d'effectifs de ia
Société.
Mme Harel: Et vous le gardez sur la régie
interne.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Alors, comme le signale un collègue, quelle
magnanimité!
M. Bourbeau: C'est ça. Ça va dans le sens des
recommandations du député.
Mme Harel: Est-ce que j'ai besoin, Mme la Présidente, de
vous transmettre tous les commentaires négatifs que nous avons pu
entendre en commission parlementaire sur un tel pouvoir de désavoeu que
se réserve le ministre? Et là je dois vous dire que ce sont sans
doute de ses alliés les plus près, les plus proches que le
ministre a reçu les critiques les plus vives, n'est-ce pas? Je pense,
entre autres, à l'Association des manufacturiers qui, à
l'égard de ce pouvoir de désavoeu que le ministre se
réserve avec l'amendement... Il faut comprendre que le pouvoir de
désavoeu demeure et qu'en plus le pouvoir de désavoeu demeure sur
le règlement de régie interne. En n'oubliant pas qu'à la
Société, pour que le ministre puisse utiliser son pouvoir de
désavoeu, puisque c'est à la majorité des voix que les
décisions se prennent, nous a dit le ministre hier, ça
supposerait qu'il ait été mis en minorité, que la
représentation gouvernementale ait été mise en
minorité. La représentation gouvernementale sera
constituée de 6 membres sur 19 plus le président que le ministre
va nommer. Donc, on peut penser raisonnable qu'il y ait 7 votes sur 19 qui
soient acquis au gouvernement tout le temps, étant donné que, des
6 membres représentant la délégation gouvernementale, il y
en a 2 qui représentent le milieu de l'éducation, mais on a bien
vu qu'ils ne provenaient pas du milieu de l'éducation et qu'ils allaient
être nommés après consultation des ministres
concernés. Donc, ils représentent les ministres de
l'Éducation concernés: secondaire, collégial et
universitaire. Donc, ça signifie ceci. Pour en arriver à
l'application de l'article 28, il aurait fallu une totale unanimité
entre les représentations syndicale et patronale, ou presque, parce que
c'est à ce prix-là seulement que la représentation
gouvernementale, qui siège déjà, serait mise en
minorité. Alors, vous vous rendez compte. Pour que le ministre se donne
le pouvoir de désaveu, mais qu'est-ce qui a bien pu germer dans l'esprit
des rédacteurs du projet de loi pour en arriver à croire que la
concertation se porterait si bien, que le partenariat serait à ce point
en bonne santé qu'il faudrait que le ministre utilise le pouvoir de
désavouer un règlement de régie interne? Si ça en
est rendu là, avez-vous idée qu'il y aurait quelque chose qui
n'aurait pas tourné avant? Si ça en est rendu là.
Remarquez que ça part tout croche, alors ça se peut que ça
continue à aller tout croche, parce qu'il y a une partie de ceux que le
minis- tre pense nommer pour représenter la délégation
patronale qui ont même laissé entendre, dans leur
communiqué hier, que le projet de loi pourrait avorter, étant
donné qu'ils pourraient ne pas accepter d'y siéger. Vous voyez,
quand la concertation part comme ça, M. le Président, ça
part assez mal. Je peux même citer le ministre là-dessus... Le
ministre. Je peux même citer...
M. Bourbeau: Bien sûr.
Mme Harel: ...le Conseil du patronat là-dessus. Alors, on
dit ceci, et je cite - c'est du communiqué publié en date du 16
juin - «Dans un dossier aussi important que celui de la formation
professionnelle, a dit M. Dufour, président du Conseil du patronat, le
bulldozer législatif est tout à fait inadéquat. Le
ministre doit y penser à deux fois avant d'accoler son nom à une
réforme qui risque d'avorter si la grande majorité des
entreprises refuse d'y souscrire.»
M. Bourbeau: Ça ne sera pas le cas, Mme la
Présidente, soyez sans crainte.
Mme Harel: Bon. J'aimerais bien partager...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: ...la confiance du ministre, mais, si je m'en tiens
aux positions publiques exprimées par certains des partenaires
susceptibles d'être recrutés pour faire partie de la
Société, ça regarde mal, si vous me permettez cette
expression, Mme la Présidente, d'autant plus que les partenaires, qui
sont déjà membres de la Conférence permanente sur
l'adaptation de la main-d'oeuvre et qui se sont présentés devant
la commission, par exemple le Conseil du patronat, l'Association des
manufacturiers, la FTQ, la CSD, ont tous demandé de modifier l'article
28 de façon à rendre la Société pleinement
responsable de ce qu'elle a à gérer.
Alors... Et ça m'a surprise... En passant, un
élément qui m'a vraiment surprise, dans le communiqué du
Conseil du patronat, hier. Je ne sais pas si ça a attiré
l'attention du ministre. Je dois vous dire que ça m'a surprise, mais
tout à fait intéressée. À la toute fin, on y lit
ceci: «Pour le Conseil du patronat, le ministre devrait plutôt
favoriser l'adoption, par l'Assemblée nationale, du projet de loi sur
les excédents d'actifs des régimes de retraite que le projet de
loi 408.» Je me suis dit: Que c'est intéressant! Et même, M.
Dufour continue: «Les entreprises y trouveront davantage leur
compte.» Alors, en fait, c'est un appel à un débat,
à un examen du projet de loi 30 sur les surplus des caisses de retraite,
déjà voulu par les syndicats. Maintenant, je comprends que c'est
le Conseil du patronat qui invite le ministre à favoriser
l'adoption de ce projet de loi plutôt que du projet de loi
408.
M. Bourbeau: Tout de suite après le 408, on passera au
projet de loi 30, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. La commission des
affaires sociales sera disponbile, évidemment, pour étudier ce
projet de loi. D'ici là, je vous dis d'abord, Mme la
députée, qu'il vous reste environ 14 minutes à votre
intervention sur l'amendement, si vous souhaitez utiliser votre temps.
Mme Harel: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Pour l'instant, nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 18)
La Présidente (Mme Marois): Si vous le permettez, la
commission des affaires sociales va reprendre ses travaux pour étudier
le projet de loi 408. Nous en sommes à l'article 28. Nous étions,
en fait, à l'amendement à l'article 28, et c'était Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve qui avait le droit de parole
lorsque nous avons suspendu nos travaux. C'est ça. C'était un
amendement à l'article 28. Nous débutions, en fait,
l'étude de l'amendement. Je pense que Mme la députée
était intervenue pendant une dizaine de minutes, tout au plus.
Mme Harel: C'est bien ça, Mme la Présidente. Je
crois qu'il me restait 14 minutes, plus précisément.
La Présidente (Mme Marois): Oui. 14 minutes, plus
précisément.
M. Houde: la confirmation est là. ce n'est pas moi qui ai
parlé, c'est elle qui a parlé. vous voyez, là? il me reste
14 minutes. elle a le droit!
La Présidente (Mme Marois): M. le député,
vous avez un commentaire à faire qui serait pertinent aux travaux de la
commission?
M. Houde: Oui. J'étais à dire, tantôt, avant
qu'on ne débute nos travaux, qu'on appeiait la loi sur la fête du
1er juillet ou la loi 408. Les députés d'en face me faisaient des
reproches: Pourquoi on n'a pas fait la loi 408 avant? J'ai dit: C'est correct,
c'était notre choix. Je suis d'accord avec vous. Mais quelle
différence il y avait d'appeler la loi sur le 1er juillet ou la loi 408?
Il n'y avait pas de différence. Si on veut an bloquer une, d'accord!
Mais je m'aperçois... On a bloqué la première puis on
bloque la deuxième. Avoir amené 408 la première, on aurait
bloqué 408 la première et on aurait bloqué le 1er juillet
la deuxième. Il n'y a pas de changement du tout. C'est votre choix.
Quand on a commencé, après la période des questions, cet
avant-midi, pour l'article 26... à 16 h 40, on acceptait l'article 26.
Il y avait deux lignes et demie, à cet article-là. Ne venez pas
nous faire accroire que c'est important. Pour vous, ce n'est pas important,
mais c'est votre choix et je l'accepte, je le reconnais.
C'est le commentaire que je voulais faire, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, M. le
député de Berthier. Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Le député veut certainement signaler que
c'est notre choix, mais c'est vos priorités, n'est-ce-pas?
La Présidente (Mme Marois): Oui. Le député
de Berthier était d'accord. Oui, M. le député de
Nelligan?
M. Williams: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Vous avez la parole.
M. Williams:... si ma mémoire est bonne - et
peut-être qu'on peut aller dans le passé un peu - je pense que
nous avons appelé 408...
Une voix: Le 11 juin. (20 h 20)
M. Williams: Avant, nous avons appelé 21. Je m'excuse,
là, avec ça. Nous avons démontré notre
priorité. En tout cas, je pense que ma mémoire est bonne et
certainement que nous avons appelé 408 avant 21. Si vous voulez faire
les recherches, vous pouvez.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): D'accord. On semble être
d'accord que 408, effectivement, avait été appelé avant
21.
Mme Harel:... ça ne fait pas partie de mes 14 minutes qui
me restent, là.
La Présidente (Mme Marois): Non. Nous ne sommes pas sur
l'amendement, là. Je crois bien que nous n'avons pas commencé
l'amendement. Nous sommes à des remarques préliminaires qui sont
possibles, tout à fait, et pertinentes. Oui!
M. Williams: Mme la Présidente, il est un peu tard pour
commencer à discuter la per-
tinence, après la journée que nous avons passée
ici.
Mme Harel: On n'en discute pas.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Mme la Présidente, dans le même
sens, je pense que le choix a d'abord été de ne pas appeler le
projet de loi 30, c'est-à-dire le projet de loi sur les surplus des
caisses de retraite, en vous signalant que l'Opposition avait voté, en
deuxième lecture, en faveur du principe du projet de loi 30. Il
était évident, Mme la Présidente, qu'en appelant le projet
de loi 30 le gouvernement avait toutes les chances d'aller chercher l'appui de
l'Opposition qui avait déjà voté en faveur du principe,
premièrement. Deuxièmement, il faut que le député
de...
M. Williams: Nelligan.
Mme Harel: ...Nelligan... C'est un si beau nom de
comté!
La Présidente (Mme Marois): C'est un si beau nom!
Mme Harel: J'ai même la photo de Nelligan dans mon
appartement de Québec, magnifique, Mme la Présidente.
M. Williams: La photo du député ou la photo de
Nelligan?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ce n'est pas décoratif...
La Présidente (Mme Marois): Le poète ou le
député? Quel est votre choix, Mme la députée?
Mme Harel: Ceci dit, il faut comprendre que le projet de loi
408... Effectivement, le projet de loi 408 a été appelé le
premier, comme le signale le député de Nelligan, mais il n'a pas
été appelé le lendemain, où on aurait pu le
terminer, évidemment, le vendredi. Le gouvernement, lui, a
préféré le projet de loi 21, vendredi, lundi et les jours
qui ont suivi. Ça, c'est un choix qui n'était pas le nôtre.
Alors, est-ce que le résultat serait le même? Je dirais
possiblement que oui. Le député de Berthier, en fait, il a de
l'intuition, n'est-ce pas, Mme la Présidente? Parce que le choix sera le
même tant qu'on n'aura pas les amendements. Pour vous simplifier la vie,
je peux vous dire qu'essentiellement ça ne se résume pas à
beaucoup de choses qui bouleverseraient tout le projet de loi 408. Ça se
résume à faire une meilleure place, non pas une plus grande place
- il y a toujours deux sièges à l'éducation - mais une
meilleure place parce que ces deux sièges seraient . occupés par
des personnes qui proviendraient des milieux et non pas qui
représenteraient les milieux parce qu'ils sont dans les
ministères. Ça consisterait à reconnaître...
Une voix:...
La Présidente (Mme Marois): Oui. M. le
ministre.
Mme Harel: Je veux que le député de Berthier le
sache, là, que...
Une voix:...
Mme Harel: ...simplement à reconnaître que les
sociétés régionales qui remplacent les commissions de
formation professionnelle, qui étaient déjà des
corporations autonomes, ça ne consiste pas à demander qu'elles
gardent entièrement les attributs qu'elles ont maintenant, mais qu'au
moins elles soient des corporations au sens du Code civil, avec des conseils
d'administration qui sont nommés, mais qui choisissent leur directeur
général pour que, dans les régions, les gens n'aient pas
le sentiment d'avoir perdu quelque chose avec cette société.
Troisièmement, ça consiste à faire tout simplement
une place un peu plus élargie, de passer de un à trois
sièges, pour que la main-d'oeuvre sans emploi, la main-d'oeuvre
défavorisée, en particulier les groupes de femmes et la
main-d'oeuvre que l'on connaît, qui est ciblée comme étant
celle qui est discriminée, soit mieux représentée au
conseil d'administration de la Société. Le ministre le sait, et
son projet de loi aurait filé bien plus vite à l'heure qu'il est.
C'est un choix.
M. Houde: Mme la Présidente. Mme Harel: C'est un
choix.
La Présidente (Mme Marois): J'ai deux demandes, si vous le
permettez, Mme la députée. J'ai le député de
Nelligan qui avait demandé la parole préalablement; ensuite, le
député de Berthier. Alors, si vous le permettez, je vais
peut-être passer la parole au député de Neliigan. M. le
député de Berthier, vous êtes d'accord?
M. Houde: Oui.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
Nelligan.
M. Houde: Entièrement d'accord.
M. Williams: Merci. Merci beaucoup, M. le député de
Berthier et Mme la Présidente. Ce n'est pas mon but de perdre le temps.
On veut certainement utiliser le temps de la commission
de façon très utile, comme tout le monde le souhaite, mais
je voudrais retourner à mon premier point, que nous avons
déposé le projet de loi 408 avant. Je pense, si ma mémoire
est bonne, que nous avons eu un débat de cinq heures, le jeudi, et de
quatre heures, le vendredi, sur ça.
Mme Harel: Non. Vous n'avez pas une bonne information.
M. Williams: On peut vérifier.
La Présidente (Mme Marois): On pourra vérifier ici,
au secrétariat.
M. Williams: Mais le point que je voudrais...
Mme Harel: Ça n'a pas été appelé le
vendredi.
M. Williams: On peut vérifier, mais... Quelquefois,
je...
La Présidente (Mme Marois): Je vais vérifier, si
vous le permettez. On pourra vous donner l'information.
M. Williams: Merci beaucoup. Je n'ai jamais essayé de dire
à cette Assemblée que j'ai le monopole sur la
vérité, mais c'est ça que je pensais.
La Présidente (Mme Marois): Le monopole sur? Je m'excuse,
je n'ai pas compris.
M. Williams: Sur la vérité.
La Présidente (Mme Marois): Ah oui! D'accord.
M. Williams: Mais j'espère que le but de mes remarques
préliminaires ce soir, après plusieurs heures de débat...
Je pense que c'est clair que les deux côtés veulent passer le
projet de loi 408. On veut certainement passer les meilleures lois possible et
j'espère que nous allons finir le débat le plus tôt
possible pour avancer ce dossier qui est bien expliqué dans la loi 408.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): je vous remercie, m. le
député de nelligan. je crois que le député de
berthier voulait encore intervenir, brièvement, me dit-il.
M. Houde: Merci, Mme la Présidente. Si je prends les
réponses que Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve m'a
données tantôt, elle a dit: Nous voulions modifier trois articles,
apporter trois amendements et, après ça, ça irait bien. Je
n'ai pas assisté à tout le débat parce que, au
début, j'étais avec la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation. Mais, à ce que je sache, à
ma connaissance depuis ce matin, elle a apporté deux amendements
à deux articles. Donc, il n'en restait plus qu'un. Après
ça, on va pouvoir aller assez rapidement, si je comprends bien. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député de Berthier. J'imagine que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a pris bonne note de vos commentaires et pourra, au cours
du débat que nous aurons sur les articles de loi, les uns après
les autres... nous permettra de clarifier son point de vue et de voir si vous
avez bien compris ce qu'elle a démontré il y a quelques
instants.
M. Houde: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous en sommes à
l'amendement à l'article 28. M. le ministre, vous avez fait les
commentaires...
M. Bourbeau: En effet, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): ...d'usage au départ.
Non. Je pense que la députée avait la parole. Nous allons voir
où elle en est, si elle veut ajouter des choses.
Mme Harel: Oui. Alors, Mme la Présidente, nous en sommes
donc à l'étude de l'amendement déposé par le
ministre sur l'article 28 du projet de loi. Cet amendement maintient le droit
de désaveu du ministre en ce qui regarde le règlement de
régie interne de la Société, mais l'amendement est
à l'effet qu'il retire le droit de désaveu du ministre sur la
politique d'embauché et sur le volume d'effectifs. Cependant,
évidemment, il faut bien comprendre que, si le ministre n'a pas de
désaveu sur la poltique d'embauché et les effectifs, c'est que le
Conseil du trésor, lui, exerce sa dictature sur la politique
d'embauché et le volume d'effectifs, étant donné que, dans
le cadre des politiques budgétaires votées chaque année,
le dernier mot lui est réservé. Donc, ça ne
m'apparaït pas être magnanime de la part du ministre que d'avoir
décidé finalement de laisser au Conseil du trésor ce qui
appartient au Conseil du trésor et de se garder un pouvoir de
désaveu. J'aimerais savoir vraiment pourquoi le ministre veut garder un
pouvoir de désaveu. Est-ce qu'un tel pouvoir existe dans d'autres lois?
Moi, je n'en connais pas, là. Je ne pense pas que le ministre du Travail
ait un pouvoir de désaveu sur la CSST, je ne pense pas que le ministre
de la Santé ait un pouvoir de désaveu sur la Régie de
l'assurance-maladie, je ne pense pas que, lui, le ministre de la Main-d'oeuvre,
ait un pouvoir de désaveu sur la Régie des rentes. Pourquoi un
pouvoir de désaveu sur la Société québécoise
de développsrren* de la main-d'oeuvre? Ça m'apparaït
tellement un projet de loi de fonctionnaires
qui veulent garder le contrôle, vous n'avez pas idée! Ce
n'est pas possible, de bas en haut, de façon verticale, ça
m'apparalt le pur produit d'un projet de loi de fonctionnaires, ça. Ce
n'est pas possible.
La Présidente (Mme Marois): Je pense que le
ministre...
Mme Harel: C'est incroyable.
La Présidente (Mme Marois): ...procédera à
quelques commentaires sur votre question. Oui, M. le ministre. (20 h 30)
M. Bourbeau: Alors, je dirais que, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve veut qu'on traite la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre comme la
majorité des organismes gouvernementaux, je serais prêt à
retirer le pouvoir de désaveu et à faire en sorte de traiter la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre comme les autres organismes gouvernementaux, sans pouvoir de
désaveu, mais un pouvoir du gouvernement sur les règles de
régie interne comme dans tous les cas: la CSST, la Régie des
rentes du Québec, la CCQ, la SDI, la SIC, la Société de
l'assurance automobile du Québec, la RAMQ.
Tous les organismes ont un article de loi qui dit que le gouvernement
approuve le règlement de régie interne. Moi, je me suis battu
comme un diable dans l'eau bénite pour faire en sorte que la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre ait une marge de manoeuvre plus grande. C'est une des rares
sociétés au Québec qui n'aura pas à faire approuver
son règlement de régie interne pour le gouvernement. Voilà
un gain important. Ce gain m'a été suggéré par les
membres de la Conférence permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre
qui m'ont dit: M. le ministre, essentiellement, plutôt que de soumettre
notre règlement de régie interne à l'approbation du
gouvernement, laissez-nous aller et gardez-vous un pouvoir de désaveu.
La suggestion est venue d'un des membres de la Conférence permanente que
je ne nommerai pas, parce que je veux garder quand même confidentielles
les discussions. Après un certain temps - d'ailleurs, ce n'était
pas... oui, c'était dans le projet de loi 19 - j'ai fini par convaincre
le gouvernement de donner cette marge de manoeuvre à la
Société. Si la députée de Hochelaga-Maisonneuve
insiste beaucoup, ce serait très facile pour moi que d'annuler ça
et de revenir au texte standard des autres sociétés. Mais,
là, ça voudrait dire que la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre sera un
petit peu plus encadrée par le gouvernement qu'elle ne l'est
présentement. Voilà!
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, ça m'étonne
beaucoup que le ministre nous dise que c'est la Conférence permanente
sur l'adaptation de la main-d'oeuvre qui lui aurait
suggéré...
M. Bourbeau: C'est des membres. Mme Harel: Des membres?
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: En tout cas, écoutez, il y a sept membres
à cette Conférence permanente et, à ce que je sache, dans
le mémoire de la CSD, de la FTQ, de l'AMQ et du CPQ, chacun de ces
mémoires contient un point de vue complètement opposé au
pouvoir de désaveu.
M. Bourbeau: II vous en manque.
Mme Harel: Alors, voilà! il y a quatre des sept membres,
c'est-à-dire une majorité des membres de la Conférence
permanente qui disent non au pouvoir de désaveu.
M. Bourbeau: II vous en manque, vous avez remarqué?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
Mme Harel: Oui. Alors, il me manque le Mouvement Desjardins, la
CSN et la chambre de commerce. J'imagine que les chambres de commerce qui,
d'une façon générale, sont en désaccord avec la
centralisation manifeste du projet de loi le sont tout autant à
l'égard du pouvoir de désaveu. Alors, il me restera à
poursuivre mon enquête du côté de la CSN et du Mouvement
Desjardins. Mais, ceci dit, ça ne fait encore qu'une minorité. Il
n'y a pas là une majorité qui se prononce en faveur. Le ministre,
ce qu'il laisse planer, c'est ceci: Oui, je vous permets d'adopter un
règlement de régie interne sans qu'il soit approuvé par le
gouvernement, mais, s'il ne fait pas mon affaire, j'ai le pouvoir de le
désavouer. Voulez-vous bien me dire, Mme la Présidente, ce que
ça leur donne? Ce n'est pas ça qu'ils demandaient, je suis
convaincue; je suis tellement convaincue que vous pouvez être certaine
que j'aurai des occasions de le demander à chacun des membres de la
Conférence permanente, tiens. Évidemment, pas à chacun, il
y en a manifestement qui sont contre. Alors, je demanderai à ceux qui ne
s'étaient pas prononcés sur cette question et je
vérifierai, ça, je vous le promets. Mais, finalement, je suis
convaincue que ce qui avait été demandé, c'est qu'il y ait
une autonomie de la part...
Et même la CSN, tiens! Je me rappelle que dans le mémoire
de la CSN, la seule différence qu'il y avait en comparaison des autres
mémoires, c'était sur l'article 29 et non pas sur l'article
28.
Je crois, oui, absolument. C'est donc le ministre qui, finalement,
conclut à la demande qui, sans doute, lui avait été faite
d'un pouvoir d'adoption de règlement de régie interne, en leur
accordant d'une main pour leur retirer immédiatement après. Il y
a quelque chose d'anachronique là-dedans.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre. J'ai
aussi une demande d'intervention de Mme la députée de Chicoutimi.
On va écouter le ministre, s'il vous plaît.
Mme Harel: Oui? Il a droit à cinq minutes après
chaque...
La Présidente (Mme Marois): Oui, oui.
M. Bourbeau: Puisqu'on cite les mémoires en commission
parlementaire, alors, là, je ne fais pas de secret. Le mémoire de
la CSN propose un pouvoir de désaveu plutôt que de
désapprobation. Donc, la CSN, pour la nommer, a demandé
ça. Le Conseil du patronat du Québec prévoit un pouvoir de
dénonciation, de désaveu, estime le contrôle gouvernemental
trop fort sur les articles, etc. Donc, vous en avez déjà deux,
là. Et ce que j'ai dit à la députée, je n'ai pas
dit que, dans leur mémoire, tous les organismes demandaient un pouvoir
de désaveu, mais il arrive parfois qu'un représentant d'un
organisme, lors d'une discussion, peut approuver une demande de quelqu'un
d'autre et, subséquemment, l'organisme peut arriver avec une position
qui semble contraire, officiellement, en public. Alors, ce que je vous dis,
c'est qu'il y a des membres de la conférence qui l'ont demandé
et, à ce moment-là, ça semblait être autour de la
table un voeu unanime.
Et je dis toujours à la députée que, si elle veut
échanger ce pouvoir-là contre le modèle standard, je suis
prêt à le faire, je n'aurais aucune difficulté à
faire accepter ça par le gouvernement. Je vais même faire beaucoup
d'heureux dans la machine gouvernementale, en tout cas, chez les fonctionnaires
qui seraient bien heureux de mettre un peu plus de contrôle sur la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre en soumettant son règlement de régie interne
à l'approbation du gouvernement plutôt que d'arriver a posteriori
avec un pouvoir de dénonciation, si tant est que le règlement
s'avérait excessif.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: À quelle page le ministre retrouve-t-il la
position qu'il dit être celle de la CSN?
M. Bourbeau: Écoutez, je n'ai pas le mémoire devant
moi, j'ai un résumé devant moi, ici.
Mme Harel: Parce que j'ai le résumé, moi, du
mémoire de la CSN et le mémoire de la CSN devant moi et...
M. Bourbeau: Je n'ai pas de mémoire mais j'ai ici un
résumé.
Mme Harel: Je ne retrouve pas... À Mission et pouvoirs de
la Société, je ne retrouve pas cette recommandation. En tout cas,
dans le résumé du mémoire de la CSN, page 5...
M. Bourbeau: Vous le lirez cette nuit.
Mme Harel: ...Mission et pouvoirs de la Société, on
y dit plutôt: «II faut absolument éviter l'encadrement
proposé qui limite considérablement les pouvoirs de la
Société. Un tel encadrement, s'il était adopté
intégralement, nuirait aux initatives et risquerait fort de condamner ce
nouvel organisme à un fonctionnement hyperbureaucratique. Nous pensons
que l'article 30 de l'actuel projet de loi donne toute la latitude
nécessaire pour que le gouvernement puisse assumer ses
responsabilités politiques en ce qui a trait à la mission et au
mandat de la Société. Conséquemment, nous demandons le
retrait des articles 21, 22 et 27 de l'actuel projet de loi...» Et,
là, ça continue et il n'est jamais question de 28. «Nous
nous opposons catégoriquement à toute ouverture vers une
tarification aux individus. Conséquemment, nous demandons le retrait de
l'article 25.» Ensuite, ça continue. «Concernant la mission
de la Société, nous croyons nécessaire que soit
précisé à l'article 17 que la Société met en
oeuvre et gère, en collaboration avec les sociétés
régionales, l'ensemble des programmes élaborés dans le
cadre des politiques...», ce à quoi le ministre a donné
suite, là, il faut le reconnaître, par un amendement.
Et ça se termine, Mission et pouvoirs de la
Société, par le paragraphe suivant: «Nous pensons que la
Société doit privilégier la participation des institutions
publiques d'enseignement. Conséquemment, nous demandons qu'à
l'article 18, troisième alinéa, soit biffée la
référence aux établissements régis par la Loi sur
l'enseignement privé.» Nous avons fait cet amendement et le
ministre l'a rejeté.
Alors, je ne vois pas où il pourrait être possible... Mais
je peux vous transmettre le mémoire de la CSN pour que vous me le citiez
parce que, sinon, je ne vois pas où on peut retrouver ça.
M. Bourbeau: C'est un extrait que vous avez, là?
Mme Harel: Moi, c'est le résumé.
M. Bourbeau: Bon, alors, procurez-vous l'original puis vous
regarderez...
Mme Harel: Je l'ai l'original. Alors...
M. Bourbeau: Voulez-vous en faire la lecture au complet?
Gênez-vous pas, au point où vous en êtes, là.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): D'ici à ce que la
recherche se fasse pour trouver la référence, j'imagine, j'ai la
députée de Chicoutimi qui veut intervenir sur cette question, sur
l'amendement à l'article 28.
Mme Blackburn: Oui. Je me demandais si... J'ai vu passer un
certain nombre d'articles qui touchaient soit des organismes ou des
sociétés d'État touchant la réglementation. On en
était un jour venus à une entente autour de l'hypothèse de
travail suivante. C'était: le règlement est soumis au
ministère qui, lui, doit intervenir pour s'assurer que ça ne
contrevient pas aux règles administratives et financières du
Québec, que ça ne contrevient pas à des lois ou à
des chartes. Alors, c'était vraiment un examen sous ces angles-là
qui était fait du règlement. Et ça avait reçu
l'assentiment du groupe et ça avait été bien reçu
de la part du gouvernement. Alors, je me demande si une hypothèse comme
ça, ça pourrait agréer et réunir les parties. Moi,
il me semble qu'il y a quelque chose là qui...
La Présidente (Mme Marois): Alors...
Mme Blackburn: Alors, je voudrais juste vérifier.
La Présidente (Mme Marois): ...M. le ministre, je ne sais
pas si vous souhaitez faire des commentaires ou répondre à la
proposition qui est présentée par la députée de
Chicoutimi, enfin, l'hypothèse qu'elle souhaiterait que vous exploriez.
(20 h 40)
Mme Blackburn: Là, évidemment, il faudrait que je
vérifie avec ma collègue, mais c'est quelque chose qui
ramène les choses à un niveau plus technique et à
caractère plus juridique et qui, à cet effet, a moins pouvoir
d'intervention sur l'activité réelle ou sur l'organisation.
La Présidente (Mme Marois): Alors, M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Bourbeau: Je crois comprendre que ce que propose la
députée de Chicoutimi, c'est essentiellement ce qu'on propose: un
droit de désaveu, de désapprobation au cas où la
Société passerait un règlement excessif.
Mme Blackburn: Ce n'est pas tout à fait ça. Je
demanderais juste un peu l'attention du ministre.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi. Je vais revenir.
Mme Blackburn: II me semble que ce n'est pas compliqué.
C'est fait en toute bonne volonté pour essayer de trouver... Dans le cas
que je cite, vous auriez le pouvoir, et vos services juridiques, d'intervenir
et d'analyser le règlement en tout ce qui a trait aux points qui
pourraient contrevenir aux règles administratives et financières
du gouvernement, à la Charte et à d'autres lois. Autrement dit,
c'est examiner sous l'angle... C'est comme un avis légal sur la
portée juridique de ces articles, de ce règlement. C'est
là-dessus que, une fois l'information étant fournie, l'organisme
peut réajuster, lui, a la responsabilité de revoir son
règlement à la lumière de l'avis juridique qui est fourni
par le ministère.
Dans le cas auquel je me réfère, ça avait fait
l'affaire de tout le monde et ça évitait d'intervenir vraiment
sur la gestion interne, le règlement de régie interne. Ça
n'était pas comme un désaveu, simplement vous avez un avis, vous
devez vous ajuster parce que là, évidemment, ça
contrevient à des lois, ça contrevient à la Charte ou
ça contrevient aux règles administratives financières.
Ça convenait à tout le monde. Je ne sais pas si, une formule
comme ça, le ministre pourrait l'accepter, mais c'était vraiment
indiqué dans l'article que c'était sous les angles de
vérification.
M. Bourbeau: La formule qu'on propose est une formule qui
s'inspire un peu de ça. Ce n'est pas exactement la même chose,
mais c'est de la même parenté. Celle-là est aussi bonne
qu'une autre.
Mme Blackburn: Mais ce n'est pas balisé. C'est ça
le problème. Ça pourrait intervenir sur n'importe quel sujet.
M. Bourbeau: Ce n'est pas balisé... C'est la
«raisonnabilité» qui s'imposera.
Mme Blackburn: Moi, je veux croire que le ministre est
très raisonnable. Mais mettons qu'on change de ministre et qu'il soit un
peu moins raisonnable?
M. Bourbeau: Écoutez, je vous répète encore
que je suis prêt à le retirer.
Mme Blackburn: Oui?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je suis absolument prêt à retirer
l'article complètement et...
Mme Blackburn: Bien oui...
M. Bourbeau: ...à appliquer les mêmes articles que
pour tous les autres organismes gouvernementaux. On peut revenir au standard,
si vous voulez. Là, on fait un article qui est spécial, mais je
peux revenir au standard sans problème, comme pour tous les organismes
que j'ai cités tantôt. Je peux vous les citer encore.
Mme Blackburn: Est-ce que vous pouvez nous déposer la
liste?
M. Bourbeau: Oui, j'en ai une. Je peux la déposer. Je peux
vous la relire: CSST, RRQ - pour les initiés bien sûr, les
autres... - la CCQ, la SDI, la SIQ, la SAQ, la RAMQ, la CNT et d'autres. Je
sais qu'il y en a d'autres. D'ailleurs, quand j'ai voulu faire l'exception
à ça, on m'en a sorti toute une panoplie.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de...
M. Bourbeau: L'offre est sur la table, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre,
merci.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Moi, c'était l'hypothèse que je
soumettais dans un esprit de collaboration, sachant que ça
s'était fait ailleurs dans d'autres lois. Si vous me donnez le temps -
c'est sûr que je ne pourrais pas aller vous le chercher tout de suite -
je pourrais faire des recherches. Ça avait fait l'affaire de tout le
monde parce que ça balisait le pouvoir que vous appelez de
désaveu ou d'intervention du ministère là-dedans. Alors,
c'était la proposition.
Je me dis que le ministre se plonge dans sa lecture plutôt que
d'améliorer son projet de loi, ce n'est pas très respectueux ni
pour nous, ni pour ceux qui sont concernés. C'est
désagréable.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ça fait 10 minutes
que j'écoute la députée de Chicoutimi. Je lui ai fait deux
fois la réponse que ce qu'on propose, c'est essentiellement ce qu'elle
propose avec quelques modifications. Ce qu'on propose se retrouve
déjà dans d'autres lois, et j'ai offert de retirer l'article
complètement si l'Opposition souhaite avoir plus de contrôle, si
l'Opposition souhaite, en fait, que la Société
québécoise soit contrôlée de la même
façon que la majorité des organismes québécois.
Vous ne pouvez pas avoir plus de bonne volonté que ça; je vous
offre de retirer l'article au complet.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, le ministre, à
l'appui de son pouvoir de désaveu, a cité tantôt deux
organismes, la CSN et le Conseil du patronat, nous déclarant que ces
deux organismes partenaires, membres de la Conférence permanente sur
l'adaptation de la main-d'oeuvre, avaient, dans leur mémoire respectif,
proposé un tel pouvoir de désaveu. Je voudrais, Mme la
Présidente, vous lire un très, très court extrait du
mémoire du Conseil du patronat du Québec, déposé
devant la commission parlementaire, à la page 16, concernant l'article
28 intitulé: Pouvoir de désavoeu du ministre. On y lit ceci:
«Selon cet article, le ministre peut désavouer dans les 15 jours
de sa transmission un règlement ou un plan ou même une partie d'un
règlement ou d'un plan soumis par la Société.»
Et je cite le deuxième paragraphe: «La portée de cet
article n'étant d'aucune façon sujette à quelque
paramètre que ce soit, il confirme la quasi-mainmise du ministre sur la
Société dans deux domaines qui sont au coeur de ses
opérations.» Si c'est là un appui, franchement, je le
répète, le ministre, il n'est vraiment pas regardant. Je
comprends qu'avec l'amendement le ministre maintient son pouvoir de
désaveu sur un seul des domaines au coeur des opérations,
c'est-à-dire le règlement de régie interne.
Ceci dit, Mme la Présidente, ce que le ministre nous dit, c'est
soit le pouvoir de désaveu ou soit l'approbation par le gouvernement.
Moi, je lui dis que c'est une drôle de façon de traiter de la
concertation parce qu'il ne se satisfait pas de détenir le tiers des
voix à la Société, il aura le tiers des voix, 6 membres
sur 18 membres, si on exclut le président, il pourra compter
évidemment sur, j'imagine, la voix du président ou de la
présidente de cette Société qu'il aura lui-même
choisi et nommé. Donc, il est, de chacune des catégories
représentées à la Société, celui qui
détient le plus de voix. Alors, ce qu'il nous dit, c'est que si ses
représentants ne réussissent pas à faire adopter le
règlement de régie interne et qu'il est adopté par un
appui de la délégation patronale et syndicale, ce qu'il nous dit
à ce moment-là, c'est qu'il se garde le pouvoir de le
désavouer.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que, M. le ministre,
vous voulez, intervenir?
M. Bourbeau: Mais je n'ai pas entendu de questions. Est-ce qu'il
y avait une question?
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Ça va, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve? Alors, je vous indique que, sur
l'amendement, si je n'ai pas d'autres commentaires, parce que la
députée, je crois, a utilisé tout le temps dont
elle disposait... M. le député d'Abitibi...
Mme Harel: Me permettez-vous, Mme la Présidente-La
Présidente (Mme Marois): Pardon.
Mme Harel: II me restait, je pense, trois minutes...
La Présidente (Mme Marois): De
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Mme Harel: ...avant peut-être de déposer un
amendement... Vous me disiez tantôt qu'il me restait trois minutes.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
Mme Harel: J'aimerais savoir ce qui se produit si le ministre
exerce son pouvoir de désaveu. Le règlement de régie
interne deviendrait caduc et, à ce moment-là, qui comblerait le
vide ainsi créé?
M. Bourbeau: À ce moment-là, la
Société, pour pouvoir fonctionner d'une façon efficace,
devrait passer un autre règlement de régie interne. Si elle n'en
passait pas un autre, elle serait, disons, condamnée à ne pas
avoir de comité exécutif, des choses comme ça. Ce sont des
règlements de régie interne. Ce n'est pas des sujets qui portent
directement sur les budgets de la Société ou sur ses programmes,
mais c'est son fonctionnement. Maintenant, le ministre, dans une autre version,
s'était gardé le pouvoir de substituer un règlement. On a
retiré cet... Enfin, un peu plus tard, on verra que j'ai l'intention de
retirer le pouvoir de substituer un règlement, encore là pour
donner à la Société une marge de manoeuvre accrue et pour
enlever l'impression que le ministre veut attacher les mains de la
Société.
D'autre part, il resterait toujours l'article 30, qui est le pouvoir de
directive qui existe dans toutes les sociétés d'État, qui
pourrait toujours être utilisé si jamais un cataclysme se
produisait.
La Présidente (Mme Marois): Ça va. Merci, M. le
ministre. Alors, s'il n'y a pas d'autres interventions, je vais mettre
l'amendement aux voix. Attendez un peu, je l'ai ici. Alors, l'amendement se lit
comme suit: Remplacer les deux premiers alinéas de l'article 28 du
projet par les suivants: «Un règlement visé à
l'article 13 est transmis au ministre dès son adoption. «Le
ministre peut désavouer, dans les 45 jours de cette transmission, un tel
règlement ou une partie d'un tel règlement qui cesse alors
d'avoir effet à compter de la date du désaveu. Le ministre en
avise aussitôt la Société.» Est-ce que cet amendement
est adopté? M. Bourbeau: Adopté.
Mme Harel: Sur division. (20 h 50)
La Présidente (Mme Marois): Merci. Maintenant, nous
revenons à l'article 28. Est-ce qu'il y a des commentaires, des
questions, des remarques sur l'article 28 amendé?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il est
adopté?
Mme Blackburn: Moi, j'aurais...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, j'aurais peut-être juste une
question-Une voix: Pas encore! Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): S'il vous plaît, je
pense que la députée a le droit de poser des questions.
Mme Blackburn: ...au ministre. Selon vous, c'est quoi la
différence entre approuver un règlement et pouvoir de
désaveu?
M. Bourbeau: La différence est que, dans un premier cas,
la Société ne peut pas avoir un règlement de régie
interne sans le soumettre à l'approbation du gouvernement et attendre
que le gouvernement l'approuve. Dans le deuxième cas, la
Société passe un règlement, elle le met en vigueur et elle
l'utilise et, à moins que le gouvernement n'intervienne a posteriori
pour lui dire «il y a quelque chose dans le règlement qui ne
fonctionne pas», le règlement est en vigueur. Évidemment,
ça donne une marge de manoeuvre pas mal plus intéressante
à la Société. D'ailleurs, je peux peut-être vous
citer, parce qu'on l'a trouvé, l'extrait du mémoire de la CSN,
qui dit ceci: «Selon la CSN, il serait amplement suffisant que le
gouvernement se garde le pouvoir de désavouer les initiatives de la
Société plutôt que de faire dépendre continuellement
ses initiatives de son approbation.»
Alors, c'est l'approche qu'on retrouve aux articles 28 et 29 concernant
le règlement de régie interne. On voit un peu la
différence qu'il peut y avoir entre les deux façons de
procéder: dans une première façon, la
Société procède de sa propre initiative, et son
règlement devient en vigueur automatiquement, à moins qu'il ne
soit désavoué.
Mme Blackburn: Et le règlement...
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui. Et le règlement de la
Société n'est pas publié dans la Gazette officielle,
il est simplement transmis au ministre, dans votre version.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, pas du tout. Ce n'est pas publié, mais
c'est toujours accessible en vertu de la loi sur l'accès à
l'information.
M. Trudel: M. le ministre...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions sur cet article? Sinon, nous allons
procéder à son adoption.
Mme Harel: Un vote nominal?
La Présidente (Mme Marois): Par vote nominal?
M. Trudel: Mme la Présidente... Mme Harel: Ah!
Excusez-moi.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: est-ce que le règlement de régie interne
d'une telle société ne comporte pas habituellement tous les
mécanismes de la corporation en matière de dotation de
personnel?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Crevier: C'est-à-dire...
La Présidente (Mme Marois): Me Crevier?
M. Crevier: Oui, c'est-à-dire que ce n'est pas le
règlement de régie interne qui va contenir ces
éléments-là, ce serait plutôt le règlement
qui est prévu...
Mme Harel: En vertu de l'article 11. M. Trudel: À
11?
M. Crevier: ...à l'article 11, effectivement, et qui
traite de la manière... «Les employés de la
Société sont nommés de la manière qu'elle
prévoit par règlement.» Alors, le processus de dotation se
retrouverait à 11, qui n'est pas sujet à désaveu, ni
à approbation.
La Présidente (Mme Marois): L'article 11 n'est plus soumis
à l'approbation? Parce qu'on dit: «...est soumis à
l'approbation du gouvernement».
M. Crevier: C'est le deuxième alinéa de 11,
où on parle d'approbation du gouvernement, c'est-à-dire
l'établissement...
La Présidente (Mme Marois): ...des normes et
barèmes...
M. Crevier: ...des conditions de travail.
La Présidente (Mme Marois): D'accord, de
rémunération, ça va.
M. Trudel: Mais est-ce que les mécanismes de dotation ne
font pas partie, eux, du règlement de régie interne? Une
société qui se donne... Il faut savoir où vont être
les niveaux d'approbation, qui va avoir les délégations de
pouvoir pour engager, qui va avoir les capacités de gérer les
conditions de travail, qui va voir... Est-ce que ça, ça
n'appartient pas, de façon usuelle, à ce qu'on appelle
généralement le règlement de régie interne de la
corporation?
M. Crevier: C'est-à-dire que la dotation...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Me Crevier.
M. Crevier: ...oui, la mécanique de dotation se retrouve
au règlement dont on parlait tantôt. Par contre, les
mécanismes de délégation de pouvoir au sein de la
Société se retrouveraient, effectivement, dans le
règlement de régie interne, et c'est l'article 14 qui le
prévoit, où on...
M. Trudel: Ce qui veut dire...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: ...à la limite - excusez-moi, Mme la
Présidente - ...
La Présidente (Mme Marois): Ça va.
M. Trudel: Ce qui veut dire qu'à la limite, de la
façon dont l'article est rédigé, le ministre pourrait se
garder les pouvoirs sur les mécanismes d'embauché à la
Société.
La Présidente (Mme Marois): est-ce que le ministre veut
apporter une réponse aux questions soulevées par le
député de rouyn-noranda-témiscamingue?
M. Bourbeau: Me Crevier va répondre.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Me Crevier?
M. Crevier: C'est ça. C'est effectivement dans le
règlement de régie interne où on va retrouver la
délégation de pouvoir comme telle. Mais je ne pense pas que le
ministre puisse se réserver quelque autorisation que ce soit, par
exemple, sur l'embauche du personnel ou... La seule façon dont le
ministre pourrait intervenir au niveau des contrats, par exemple - parce que
c'est de ça qu'on parle - ce serait par l'exception, je dirais, de
l'article 27 où il peut se réserver un pouvoir d'autoriser
certains contrats importants. Mais, autrement, il n'aurait pas la
faculté d'autoriser les autres actes d'administration.
M. Trudel: Regardez, Me Crevier. Vous convenez que ce qui
concerne les effectifs, à l'article 11, ça c'est le plan, en
disant: Nous aurons tant d'employés de telle catégorie, etc.,
avec un total du nombre d'employés. Et, au règlement de
régie interne, on va avoir qui aura le pouvoir, à
l'intérieur de la Société, de signer les contrats
d'engagement, les délégations de pouvoir sur l'engagement de
certaines catégories de personnel, le niveau permis à tel type de
cadre pour procéder à l'engagement, les procédures, etc.
Et tout ça est soumis au pouvoir de désaveu du ministre.
M. Crevier: Le règlement? Oui.
M. Trudel: Non, mais le contenu du règlement, là,
qui contient...
M. Crevier: C'est ça.
M. Trudel: ...entre autres, ça...
M. Crevier: Oui.
M. Trudel: C'est soumis au pouvoir de désaveu du
ministre.
M. Crevier: Oui.
M. Trudel: À la limite, donc, juridiquement pariant, le
ministre pourrait, par son pouvoir de désaveu, se garder ou vouloir se
garder les responsabilités des procédures d'embauché dans
la Société ou avoir une poignée telle sur la partie du
règlement de régie interne qui traite des pouvoirs
d'embauché à l'intérieur de la Socité.
La Présidente (Mme Marois): Me Crevier?
M. Crevier: Juste une précision, peut-être que
ça pourrait éclaircir un peu. Le pouvoir de désaveu, il
doit être exercé, s'il est exercé, dans les 45 jours de la
transmission du règlement.
M. Trudel: Oui.
M. Crevier: Alors, ce n'est quand même pas un pouvoir de
désaveu qui peut être exercé un an, deux ans ou trois ans
après.
M. Trudel: Non, mais sauf que... Je m'excuse, Me Crevier,
mais...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député?
M. Trudel: Sauf que, comme le disait le ministre - je pense que
c'est le ministre qui répondait à la question, tantôt, de
ma collègue - c'est un processus qui pourrait être un
étemel recommencement. C'est-à-dire que, si ça ne
satisfait pas le ministre, il peut demander de refaire les devoirs, à
aller jusqu'à la limite - et je pense que c'est exact - d'utiliser son
pouvoir de directive sur la Société en matière
d'embauché du personnel.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: On a l'intention de déposer un amendement
à l'article 29, si jamais on peut y arriver...
La Présidente (Mme Marois): Nous cheminons.
M. Bourbeau: ...dans lequel amendement vous allez constater que
je propose de supprimer totalement l'article 29 qui donnait au ministre le
pouvoir de substituer, dans les 45 jours après avoir mis en demeure la
Société d'adopter ou de modifier un règlement, le
règlement par un autre règlement: exercer les pouvoirs
réglementaires de la Société. Alors, on va voir que j'ai
l'intention, encore là, d'abandonner certains des pouvoirs que le
gouvernement s'était gardés de façon à laisser une
marge de manoeuvre accrue à la Société, ne conservant que
ce pouvoir de désaveu prévu.
Maintenant, tout à l'heure, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a parlé du Conseil du patronat en nous disant que
le Conseil du patronat...
Mme Harel: Page 16. (21 heures)
M. Bourbeau: ...ne favorisait pas non plus... enfin,
n'était pas d'accord avec ça. Je voudrais simplement dire ceci.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve a lu le mémoire du
Conseil du patronat, l'article 28, où on dit qu'effectivement on trouve
que ce pouvoir total de désaveu est un peu excessif. Par contre, si on
regarde l'article 23, à la page 15 du mémoire, le Conseil du
patronat dit: «Au lieu de donner au gouvernement un pouvoir
monopolistique d'approbation des programmes de la Société -
là, on parle des programmes; tantôt, on parlait du...
Mme Harel: Règlement de régie interne.
M. Bourbeau: ...du règlement, oui - il serait plus
judicieux de lui confier un pouvoir de dénonciation.» Et on
continue en disant: «Cela permettrait à la Société
d'être beaucoup plus efficace. Ainsi, ce n'est pas dans la mesure
où les politiques de la Société - là, on parle de
politiques, donc, on se rapproche drôlement de la régie interne -
apparaîtraient incompatibles avec les règles de la saine gestion
et la transparence que le gouvernement pourrait exiger des explications, voire
même des modifications ou la suppression de programmes.»
Alors, les analystes, au ministère, qui ont fait l'examen du
mémoire ont conclu que le Conseil du patronat était d'accord avec
la philosophie de...
Mme Harel: Ont confondu programme et règlement de
régie interne.
M. Bourbeau: Non. Mais, quand on parle de politiques et de saine
gestion, on est pas mal dans la régie interne.
Mme Harel: ...ont confondu 23 et 28. Ceci dit, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...je comprends qu'il y a un amendement sur 29. Nous
en sommes à 29 là?
La Présidente (Mme Marois): Non. Non, non, non. Nous en
sommes à l'article 28 tel qu'amendé.
Mme Harel: Tel qu'amendé. Moi, je vous propose, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Allez, Mme la
députée.
Mme Harel: ...de procéder à l'examen de 28.
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que nous
suspendions peut-être?
Mme Harel: On va procéder au vote sur 28.
La Présidente (Mme Marois): Non? On est prêts
à passer au vote sur 28.
Mme Harel: oui, oui. on va disposer de 28. voilà, c'est le
terme que je cherche, mme la présidente, «disposer». est-ce
que nous pouvons en disposer?
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vais appeler tout
simplement l'article...
Mme Harel: Pour ne pas indisposer le ministre.
La Présidente (Mme Marois): ...28, tel qu'amendé,
pour savoir s'il est adopté. Est-ce qu'il est adopté?
Mme Harel: Sur division.
La Présidente (Mme Marois): Sur division.
Mme Harel: Ensuite, 29 tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Marois): J'appelle maintenant l'article
29.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je propose de supprimer
l'article 29 du projet de loi.
La Présidente (Mme Marois): Essentiellement? C'est
l'amendement?
M. Bourbeau: C'est l'amendement.
La Présidente (Mme Marois): Vous ne proposez pas qu'il y
ait...
Mme Harel: Biffer 29? Adopté.
La Présidente (Mme Marois): ...d'autres modifications? Je
n'ai pas l'amendement devant moi. Est-ce que je pourrais recevoir l'amendement,
le projet d'amendement?
Mme Harel: On va plus vite que le secrétariat de la
commission.
La Présidente (Mme Marois): La présidence n'a pas
le projet d'amendement.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce que je comprends
que si je propose de supprimer tous les autres articles ça va aller
aussi vite?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Alors, l'amendement à
l'article 29 se lit comme suit: Supprimer l'article 29 du projet. Est-ce qu'il
y a des commentaires, des questions? M. le ministre, est-ce que vous voulez
nous...
Mme Harel: Nous lire, oui.
La Présidente (Mme Marois): Non, mais nous expliquer un
petit peu ce dont il s'agit. Moi, je veux bien là, mais... Ce qui a
justifié là qu'on suspende... Pas qu'on suspende, qu'on raie,
qu'on supprime...
M. Bourbeau: Bon. Je croyais qu'il était adopté,
l'artic'e ?9.
La Présidente (Mme Marois): Non. Pas du tout. Je n'avais
pas reçu l'amendement.
M. Bourbeau: Non, mais il était adopté quand
même.
La Présidente (Mme Marois): Je viens de recevoir
l'amendement.
Mme Harel: Notre intention est de l'adopter, mais on aimerait
mieux que vous nous fassiez connaître les motifs profonds qui vous ont
conduit à sa suppression.
M. Bourbeau: Alors, l'article vise...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...comme vous avez vu, à supprimer le pouvoir
du ministre d'adopter ou de modifier un règlement à la place de
la Société. Vous vous souvenez que dans la version originale
l'article 29 couvrait l'ensemble des pouvoirs réglementaires de la
Société, le règlement sur les conditions de nomination des
employés de la Société, le règlement de la
régie interne et le règlement de tarification de certains
services.
Alors, le seul pouvoir de substitution qui subsiste se retrouve
maintenant à l'article 25 du projet de loi. Il appartient au
gouvernement et il concerne la tarification de certains services offerts par la
Société.
Mme Harel: II est suspendu pour tout de suite?
M. Bourbeau: Possiblement. La Présidente (Mme Marois):
Ça va. M. Bourbeau: L'article 25 est suspendu? Mme Harel:
Oui.
La Présidente (Mme Marois): Oui. L'article 25 est
suspendu.
M. Bourbeau: II est en suspens.
La Présidente (Mme Marois): C'est bien cela, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Bon. Est-ce que ça va?
Est-ce qu'il y a d'autres questions ou commentaires? Ça va. Donc,
l'amendement est adopté, ce qui fait que l'article 29 est
supprimé.
Mme Harel: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 30.
M. Bourbeau: Cette disposition confère au ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle le pouvoir d'adresser à la Société des
directives portant sur ses objectifs, ses orientations, ou encore
l'exécution de ses fonctions, lesquelles lient la Société
dès qu'elles ont été approuvées par le
gouvernement.
Elle prévoit aussi le dépôt de telles directives
devant l'Assemblée nationale. Je vous signale qu'on retrouve des
dispositions du même type dans plusieurs lois constitutives d'organismes
gouvernementaux. Entre autres, font l'objet d'une disposition semblable des
organismes aussi divers que le Centre de recherche industrielle du
Québec, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec,
la Régie de l'assurance-maladie du Québec, la Régie des
télécommunications, la Société d'habitation du
Québec, la Société de développement industriel du
Québec, la Société immobilière du
Québec.
L'utilisation d'un tel pouvoir demeure toutefois une chose vraiment
exceptionnelle. En effet, il n'a été utilisé qu'une seule
fois, en 1990, directive au Centre de recherche industrielle du Québec
sur le mandat de normalisation industrielle au Québec, approuvée
par le décret 908-50 du 27 juin 1990. De même qu'en 1991 une
directive portant sur les objectifs et l'orientation de la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain, approuvée par le décret 860-91 du 19 juin
1991.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des questions, des commentaires?
Mme Harel: Oui. Mme la Présidente, ça
m'apparaît un article extrêmement important par lequel le ministre
peut, dans le cadre des responsabilités et des pouvoirs qui lui sont
confiés, déterminer les objectifs de la Société.
«Des» objectifs ou «les» objectifs, en fait, on y lit
«les», mais ça pourrait être, parmi ceux
déjà retenus par la Société, des objectifs, des
orientations particulières. Et j'ai pensé, Mme la
Présidente, que c'est à ce moment-ci que l'on pourrait demander
au ministre s'il entend... Quelle sorte de directives il entend donner? Comment
il entrevoit, puisqu'il se fait attribuer un pouvoir qui est quand même
considérable, comment il entend le gérer, ce pouvoir qu'il
recherche?
La Présidente (Mme Marois): Exercer ce pouvoir.
Mme Harel: L'exercer, le pouvoir qui est recherché.
M. Bourbeau: J'espère ne jamais avoir...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: J'espère ne jamais avoir à l'utiliser,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Vous espérez ne jamais avoir... Attendez juste
une petite seconde. Vous préférez ne jamais avoir à
l'utiliser?
M. Bourbeau: J'espère ne jamais devoir l'utiliser.
Mme Harel: Parce que vous envisagez de ne l'utiliser qu'a
contrario de la Société? Que parce que la
Société...
M. Bourbeau: Bien, écoutez, c'est un pouvoir exceptionnel
que le gouvernement se donne pour éviter des cataclysmes mondiaux. C'est
quelque chose d'absolument... c'est la masse... c'est des choses qu'on ne voit
jamais. Mais supposons qu'à un moment donné la
Société soit prise en charge, je ne sais pas, moi, par des gens
qui deviendraient incontrôlables, incontrôlés et qui ne
respectaient pas la loi, les règlements ou qui commenceraient à
faire des gestes qui ne seraient pas compatibles avec une saine gestion des
fonds publics, le gouvernement pourrait intervenir. Il ne faut pas oublier que
ces fonds-là, dans une proportion de 100 % à peu près,
ça va être des fonds gouvernementaux pour lesquels on est
responsables devant l'Assemblée nationale. Alors, le gouvernement doit
se garder quelque part une poignée, ayant abandonné le
contrôle de cette Société-là à des individus
qu'il ne contrôle pas parce que le gouvernement n'aura qu'un tiers des
votes. Alors, le gouvernement n'ayant qu'un tiers des votes et confiant 100 %
des budgets à cet organisme-là, ce serait totalement
irresponsable de ne pas se garder quelque part une poignée, comme on dit
en bon français.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Chicoutimi, je crois, m'a demandé la parole. Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait nous rappeler le
décret touchant le CRIQ, le Centre de recherche industrielle du
Québec? Je m'en rappelle, mais vaguement, parce que ça fait
déjà deux ans. Et qu'est-ce qui avait justifié
l'intervention du ministre, à l'époque?
M. Bourbeau: Moi, je ne m'en rappelle pas. Moi, je ne m'en
rappelle pas.
Mme Blackburn: Moi, je me rappelle.
M. Bourbeau: Je ne m'en rappelle pas, Mme la Présidente.
Je sais qu'il a été utilisé, le pouvoir de directive. Mais
je ne connais pas les faits et je ne suis pas. non plus, tellement
intéressé à les connaître...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Bien, écoutez...
M. Bourbeau: ...pour bien vous dire.
Mme Blackburn: ...il me semble que si le ministre veut être
un peu sérieux...
M. Bourbeau: Mais je sens que je vais les connaître
bientôt.
Des voix: Ha, ha, ha!
(21 h 10)
Mme Blackburn: Non, parce que j'imagine que vous auriez la
curiosité d'aller voir, parce qu'ils ont été
utilisés à cette occasion-là sous des prétextes
fort douteux, et vous pourriez vérifier. Alors, moi, je pense, comme
ça a été utilisé si peu souvent... Vous nous dites:
Ça existe dans toutes les lois. Vous avez deux cas où c'a
été utilisé: Dans le cas du CRIQ et l'autre
c'était...
M. Bourbeau: La santé. Dans le domaine de fa
santé.
Mme Blackburn: Urgences-santé. Mais c'est vraiment
exceptionnel. Alors, pourquoi, étant si exceptionnel, faut-il avoir une
telle disposition? Parce que c'est toujours... C'est ça, c'est la
ceinture et les bretelles!
M. Bourbeau: Non, il n'y a même pas de ceinture, il y a
seulement les bretelles.
Mme Blackburn: Vous pensez? M. Bourbeau: Oui.
Mme Blackburn: Vous avez le pouvoir de désaveu. Vous
avez... Et là...
M. Bourbeau: II y avait la ceinture et les bretelles avant mais,
maintenant, avec les modifications que j'apporte aujourd'hui, on enlève
la ceinture. Il n'y aura plus que des bretelles maintenant.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'ai pensé que
c'était à ce moment-ci de nos travaux, au moment où on
étudie l'article 30, que je pouvais m'enquérir auprès du
ministre s'il avait l'intention d'utiliser ce pouvoir qui lui est
conféré pour que la Société instaure des objectifs
quant à l'équité dans l'accessibilité aux
programmes de
formation des travailleurs et des travailleuses. .
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le pouvoir de directive dont on parle ici n'est pas
un pouvoir qui pourrait, enfin, qui devrait être utilisé pour
indiquer à la Société des directives
générales de politique, c'est un pouvoir qu'un ministre peut
utiliser lorsqu'il y a un déraillement sur le plan administratif
surtout. Je ne vois pas qu'on puisse, qu'on doive utiliser un pouvoir semblable
pour faire en sorte d'imposer à la Société une nouvelle
orientation. Je pense que ça pourrait se faire par voie de politique
gouvernementale qui serait annoncée par le gouvernement et non pas une
directive d'un ministre.
Mme Harel: Est-ce que...
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Je pose ces
questions, vous comprendrez, Mme la Présidente, parce que
l'énoncé de politique sur le développement de la
main-d'oeuvre ne contenait pas un mot, pas une ligne, pas une phrase sur la
question de l'équité dans l'accessibilité des programmes
de formation des travailleurs et des travailleuses et, connaissant la tendance
lourde du marché du travail à discriminer des clientèles
qui sont historiquement fortement défavorisées, si les programmes
de formation de la main-d'oeuvre, comme je vous le rappelle, le font, les
programmes fédéraux qui ont choisi de cibler des
clientèles pour leur permettre d'effectuer un nécessaire
rattrapage...
Et à ce chapitre-là je voudrais rappeler la mesure dans
les cours de formation professionnelle non traditionnelle offerts par Emploi et
Immigration Canada, un quota qui est de 30 % et qui existe présentement.
Alors, c'est, je vous le rappellerai, un gain que la Fédération
des femmes du Québec a obtenu, qu'elle avait perdu, d'ailleurs, en 1986.
Après des efforts de concertation, elle a pu faire réintroduire
des quotas. J'ai apporté avec moi les nombreux mémoires
présentés devant la commission parlementaire qui nous
démontrent éloquemment que laissés à
eux-mêmes, n'est-ce pas, les décideurs en matière de
programmes de formation offrent indistinctement, comme si les hommes et les
femmes étaient égaux sur le marché du travail. S'il n'y a
pas une orientation clairement définie en faveur d'une
accessibilité au programme de formation des travailleurs et des
travailleuses en regard d'objectifs quantitatifs clairs, il est tout à
fait démontré, Mme la Présidente, notamment par une
étude du Conseil du statut de la femme qui le démontre
âprement, que malgré qu'elles représentent 43 % de la
population active la participation des femmes au programme de Formation sur
mesure en établissement, par exemple, se situe autour de 30 %.
Cette étude du Conseil ajoute que, de plus, les femmes ne se
retrouvent pas dans les champs professionnels qualifiants et prometteurs
d'avenir. Et l'étude du Conseil statuait que devant cet état de
fait, il fallait présumer que les femmes risquent de continuer à
occuper des postes d'exécutantes pour les 30 prochaines années.
Alors, ce n'est pas peu de chose.
C'est là, finalement, les données d'une étude du
Conseil du statut de la femme du Québec qui est corroborée par
l'étude réalisée par le Conseil économique du
Canada qui spécifiait qu'une très forte concentration de femmes
se retrouve dans des emplois caractérisés par un haut niveau de
précarité. Les employeurs n'investissent pas dans la formation de
leurs employés et, lorsqu'ils le font, ce sont plus souvent qu'autrement
des homnmes hautement qualifiés jouissant d'une solide éducation
qui en bénéficient. Je ne sais combien d'autres exemples je
pourrais vous donner, Mme la Présidente, à travers
différents programmes pour vous signaler qu'en général les
études démontrent que la seule formation accessible pour la
clientèle femme est la formation sur mesure et l'accès au plus
petit diplôme existant.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: mme la présidente, est-ce que je peux
demander à la députée de hochelaga-maisonneuve où
elle veut en venir avec son intervention? je ne comprends pas tellement.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...à une question simple, très simple:
qu'un siège soit assuré à une représentation des
groupes de femmes à l'intérieur du conseil d'administration de la
Société. Je reprends, Mme la Présidente, parce que depuis
que j'ai entendu le ministre, ce matin, je me suis dit qu'il ne fallait quand
même pas laisser passer l'occasion, lui qui aura à proposer
à son gouvernement les nominations à faire au conseil
d'administration de la Société. Je ne peux pas, moi, ne pas
saisir l'occasion qui m'est donnée pour lui dire et lui rappeler quelque
chose d'extrêmement important que le CIAFT, c'est-à-dire le
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail du
Québec, nous rappelait dans le mémoire qu'il nous
présentait au printemps dernier. Cette question, elle portait justement
sur la représentation, de quelle nature devait être cette
représentation. Dans l'énoncé de politique, le ministre
stipule qu'il - et je cite - «s'assurera d'une représentation
équitable
des hommes et des femmes au sein du conseil d'administration».
C'est de la bonne volonté, et c'est ce qu'il a repris, d'ailleurs,
aujourd'hui même.
Et je cite le CIAFT qui en connaît un peu dans le domaine,
n'est-ce pas, pratiquant l'intervention pour l'accès des femmes au
travail depuis plus qu'une décennie: «Cette intention, non
corroborée à l'intérieur de la loi, ne saurait à
elle seule nous assurer une prise en compte des intérêts des
femmes. En effet, chacune des représentantes pouvant y être
nommée assurera les intérêts de son groupe d'appartenance,
soit celui des travailleurs syndiqués ou des employeurs. Elles n'auront
pas le mandat de défendre la position des femmes. La
représentation quantitative ne constitue qu'un leurre dans le contexte
où on ne veut pas discuter des orientations d'une politique en fonction
de l'impact qu'elles auront sur les femmes.» J'espère que le
ministre non seulement m'entende, mais m'écoute, Mme la
Présidente.
Et le CIAFT ajoutait dans son mémoire: «Nous invitons donc
le gouvernement québécois à suivre l'exemple du
gouvernement ontarien qui vient de présenter son projet de loi, nous
disait-on - projet que j'ai obtenu depuis - concernant, et je cite, le Conseil
ontarien de formation et d'adaptation de la main-d'oeuvre. Dans un premier
temps, on y prévoit une place aux représentantes des groupes de
femmes. Le gouvernement ontarien vient de démontrer une ouverture
politique concernant l'équité en emploi, même si, dans les
faits, la place des femmes sur le marché du travail est
déjà plus assurée qu'au Québec.» Et on cite
à cet effet des taux de participation des femmes au marché du
travail qui révèlent un retard du Québec en cette
matière.
Alors, vous comprendrez, Mme la Présidente, que j'ai un sentiment
d'impuissance parce que, malgré ces mémoires
présentés devant la commission parlementaire, malgré les
échanges que nous avons pu en avoir, encore ce matin le ministre me
parlait de nommer parmi les catégories représentant des
employeurs et des salariés, me parlait d'une représentation
équitable. (21 h 20)
Mais vous, Mme la Présidente, qui avez vécu la commission
Bélanger-Campeau, savez très bien que les femmes qui y
siégeaient y siégeaient à titre de porte-parole soit de
leur formation politique fédéraliste, soit de leur formation
politique souverainiste, soit à titre de porte-parole de leur centrale
syndicale, ou de porte-parole de leur association d'employeurs et qu'elles n'y
étaient pas spécifiquement pour faire écho aux
revendications des femmes. Et c'est une réalité qui est
incontournable à laquelle, malheureusement, le ministre ne veut pas
répondre.
La Présidente (Mme Marois): Et est-ce que j'ai bien
compris que vous auriez souhaité que par l'article 30...
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Marois): ...le ministre, dans le cadre
des responsabilités...
Mme Harel: Qui sont les siennes, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): ..et pouvoirs qui lui sont
confiés, émette des directives qui permettraient à la
société d'agir dans le sens de l'équité en emploi?
M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Bourbeau: Aucun commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Non, aucun. Mme Harel:
Remarquez, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...j'ai encore un espoir. Il est faible. Il est
faible, parce que le ministre a déjà rejeté un amendement
de l'Opposition pour assurer une représentation équitable
notamment des groupes de femmes sur le conseil d'administration, mais j'ai
encore l'espoir qu'au niveau des pouvoirs de la Société, je crois
à l'article 18, paragraphe 8°, il y ait un pouvoir additionnel qui
soit confié à la Société, celui de promouvoir
l'équité ou l'égalité dans les programmes de
développement ou toute autre formule, là. Le ministre a donc pris
en délibéré l'amendement, alors...
La Présidente (Mme Marois): II y reviendra sûrement.
M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. La députée oublie que j'ai
accepté son amendement hier à l'article 18. Elle l'oublie,
ça.
Mme Harel: Paragraphe 8°?
M. Bourbeau: paragraphe 8°. ça vous n'en parlez pas
aujourd'hui, là: «favoriser, dans le cadre des politiques
gouvernementales, l'équité à l'égard des personnes
et des groupes défavorisés sur !e marché du
travail.»
Mme Harel: C'est votre amendement, mais j'y souscrit, je l'ai
même adopté...
M. Bourbeau: Avec enthousiasme. Mme Harel: ...avec
enthousiasme.
La Présidente (Mme Marois): D'emblée. Est-ce qu'il
y aurait, sur l'article 30, d'autres
commentaires, remarques ou questions? Sinon, nous allons procéder
à son adoption. Est-ce que ça va? Alors, l'article 30 est-il
adopté?
Mme Harel: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. J'appelle
l'article 31, donc.
M. Bourbeau: Bon.
Sociétés régionales
La Présidente (Mme Marois): Là, nous passons
à un autre chapitre du projet de loi. alors que nous avions
procédé à l'étude de la mission et des pouvoirs de
la société, nous passons maintenant aux sociétés
régionales, de même qu'aux conseils régionaux. alors, m. le
ministre, l'article 31.
Établissement
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente, cette disposition
prévoit l'établissement par la Société, dans les
régions que le gouvernement détermine, de sociétés
régionales qui feront partie intégrante de la
Société. Elle précise sous quel nom seront
désignées les sociétés régionales. Je
signale que les sociétés régionales ne constitueront pas
des entités juridiques autonomes, distinctes de la
Société, mais plutôt des démembrements de celle-ci.
L'on peut s'attendre dans un premier temps à ce que 11
sociétés régionales soient établies pour remplacer
les 11 commissions de formation professionnelle de la main-d'oeuvre qui sont
actuellement réparties sur l'ensemble du territoire
québécois. Toutefois, dans l'éventualité d'un
rapatriement de la gestion du programme d'assurance-chômage, l'on
pourrait s'attendre à retrouver au moins une société
régionale dans chacune des 16 régions administratives du
Québec.
Maintenant, Mme la Présidente, comme je m'attends à ce que
l'Opposition fasse de très longs commentaires sur l'article 31, et afin
de bien préciser ma pensée sur cet article qui va certainement
être un des articles les plus discutés du projet de loi,
même si c'est difficile d'être plus long que ce qu'on a
passé jusqu'à maintenant sur certains articles, j'aimerais faire
les commentaires suivants.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre, on vous
écoute.
M. Bourbeau: Alors, j'aimerais exposer ou expliquer les choix
fondamentaux qu'a retenus le gouvernement. Pour bien comprendre ces choix il
faut connaître le mode actuel de gestion des programmes
québécois de main-d'oeuvre. Il faut savoir, en premier lieu, que
les commissions de formation professionnelle qui gèrent actuellement la
plupart des programmes de main-d'oeuvre sont, en quelque sorte,
chapeautées par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. C'est le
ministère qui leur octroie la totalité de leur budget, qui leur
émet périodiquement certaines directives, qui contrôle, en
définitive, les budgets et qui précise les programmes
administrés par les CFP.
Le projet de loi 408 prévoit que les commissions de formation
professionnelle qui interviennent en région principalement sur des
questions relatives à la formation soient remplacées par des
sociétés régionales dont le mandat sera élargi non
seulement à la formation, mais aussi aux autres aspects du
développement de la main-d'oeuvre.
Le projet de loi fait en sorte que l'encadrement des instances
régionales, qui est présentement assuré par le
ministère avec une rigidité que je ne nie pas, soit
désormais confié à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre dans
laquelle le gouvernement accepte de se minoriser lui-même. Il s'agit
d'une forme très nette de décentralisation. Le gouvernement
confie à un organisme contrôlé par les partenaires du
marché du travail la responsabilité d'encadrer les instances
régionales plutôt que de conserver lui-même cette
fonction.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve, à l'instar,
j'en conviens, de plusieurs intervenants des régions, réclame que
les sociétés régionales soient des corporations autonomes
comme les commissions de formation professionnelle le sont. Je signale que
l'expérience acquise par plus de 20 ans de fonctionnement des CFP nous
ont permis de déceler deux problèmes que nous voulons corriger.
Premièrement, tout en reconnaissant l'excellent travail des CFP, nous
avons vécu des problèmes de coordination entre les CFP qui ne
sont pas sans conséquence sur l'accessibilité des personnes et
des entreprises aux programmes de main-d'oeuvre, accessibilité qui varie
d'une région à l'autre du Québec. Je crois que, sans
rechercher l'uniformité ou le nivellement, les sociétés
régionales doivent mieux coordonner leurs actions. En deuxième
lieu, la multiplicité des sociétés soi-disant autonomes
oblige chacune des sociétés régionales à se doter
de services administratifs - ou des commissions de formation professionnelle,
si vous voulez - de services de gestion du personnel, d'un service de paie et
d'un service de communication. Or, un des objectifs importants de la
réforme que nous entreprenons a précisément pour but de
réduire les frais d'administration. Il faut se donner les moyens de
réaliser des économies à ce chapitre. Ces services peuvent
aisément être regroupés à la société
mère qui agira comme conseillère des sociétés
régionales sur les questions plus administratives. Je ne crois pas que
les sociétés régionales vont perdre des pouvoirs
importants
en partageant ces services administratifs avec une instance
centrale.
Il faut savoir distinguer l'essentiel de l'accessoire. Ce n'est, en
effet, pas dans ses pratiques administratives que le pouvoir régional
peut apporter des réponses aux problèmes vécus par la
main-d'oeuvre de la région. Je ne prétends pas que le statut
juridique des sociétés régionales est sans importance,
mais il ne faut pas non plus y prêter des vertus magiques. Les
commissions de formation professionnelle ont toujours
bénéficié d'un statut juridique de corporation autonome.
Cela ne les a pas empêchées de végéter pendant de
nombreuses années, soit de 1970 à 1984, alors que le gouvernement
ne leur confiait que des mandats très restreints accompagnés de
budgets dérisoires. Ce n'est qu'avec la politique de l'éducation
des adultes de 1984 que les CFP ont pu jouer leur véritable rôle
et développer la crédibilité qu'elles affichent
aujourd'hui. Bref, un statut juridique, ça peut devenir un symbole s'il
n'y a pas de volonté politique de greffer un contenu et de confier des
responsabilités à une organisation régionale.
Le projet de loi 408 n'enlève aucun levier aux instances
régionales chargées de définir les besoins de la
main-d'oeuvre et de gérer les programmes. On me répondra que les
sociétés régionales de développement de la
main-d'oeuvre perdent, par rapport aux CFP actuelles, leur statut juridique, le
pouvoir de former leur conseil d'administration, le pouvoir d'embaucher leur
directeur régional. Pour ce qui est du statut juridique, j'ai
déjà dit l'importance toute relative qu'il peut avoir. Je
n'insiste pas davantage. Quant à la formation des conseils
d'administration, il faut savoir que ces conseils sont présentement
constitués à partir des membres des comités consultatifs
régionaux, tous nommés par le ministre. Le changement que nous
apportons consiste à choisir directement les membres des conseils
régionaux, après consultation, plutôt que de passer par
l'intermédiaire d'un corps électoral dont les membres sont tous
désignés par le ministre. (21 h 30)
Enfin, pour ce qui est du pouvoir d'embaucher le directeur
régional, il faut comparer objectivement la situation qui
prévaudra en vertu du projet de loi et celle qui a cours
présentement. Présentement, le directeur général
d'une CFP est choisi par un jury de sélection de trois personnes, dont
deux des trois membres sont choisis par le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. C'est donc
dire que le ministre exerce un contrôle sur le choix du directeur
régional. Avec le projet de loi sur la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, le
directeur régional serait nommé par la société
mère - non pas par le ministre, mais par la société
mère - sur recommandation du conseil régional. Ceux qui voient
dans ces propositions un recul sur le pouvoir des instances régionales
souffrent, quant à moi, d'un sérieux problème
d'orieniation spatiale.
Par contre, les sociétés régionales auront des
responsabilités élargies en matière de
développement de la main-d'oeuvre. Elles vont d'abord poursuivre les
activités actuelles des CFP d'estimation des besoins de formation et de
gestion des programmes de main-d'oeuvre. J'insiste pour dire que les
sociétés régionales pourront exercer ces activités
avec la même latitude et même davantage que les CFP actuelles. Qui
peut prétendre sérieusement qu'un encadrement placé sous
la responsabilité des partenaires du marché du travail peut
s'avérer plus contraignant qu'un encadrement fourni par un
ministère ou un ministre? Allez défendre cela sur la place
publique parce que c'est de cela qu'il s'agit. On voudrait laisser croire que
les dirigeants de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, qui, je le répète,
seront majoritairement constitués de représentants du patronat et
des associations de salariés, vont être plus tatillons, plus
centralisateurs que ne l'a été le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
Les sociétés régionales vont pouvoir adapter les
programmes à la réalité du marché du travail et de
l'emploi dans la région. Il s'agit d'un pouvoir important qui a
été réclamé pendant de nombreuses années par
les leaders régionaux. Très souvent, les régions sont
obligées de composer avec des normes et des critères
édictés pour l'ensemble du Québec ou du Canada et elles ne
peuvent pas tirer pleinement profit des programmes. Ce pouvoir d'ajustement des
programmes constitue une mesure de décentralisation très
importante. Le grand défi consiste à élaborer centralement
des programmes suffisamment généraux et souples pour permettre
aux instances régionales de les modeler à leur situation propre.
Les sociétés régionales vont également pouvoir
jouer un rôle beaucoup plus actif dans le développement
régional, en apportant l'appui des programmes de main-d'oeuvre aux
projets de développement conçus dans la région.
L'énoncé de politique parle de l'imbrication des politiques de
mainnd'oeuvre avec celles du développement régional et les deux
politiques concordent sur de nombreux points.
Enfin, les sociétés régionales, contrairement aux
CFP, auront le mandat de travailler à la mise en oeuvre de programmes
d'aide à l'emploi et de développement local. Nous sommes
conscients que dans certaines régions il faudra stimuler la
création locale d'emploi pour permettre à la main-d'oeuvre de
sortir de la situation de chômage aiguë.
Mme la Présidente, nous parlons ici de développement de la
main-d'oeuvre. Par-delà les particularismes régionaux et les
spécificités sectorielles, les problèmes et les besoins
de
développement de la main-d'oeuvre se ressemblent beaucoup. C'est
l'ensemble du Québec et de son économie qui ont besoin de relever
le défi du développement des compétences. C'est pourquoi
il faut des politiques globales et une certaine unité d'action à
travers le Québec. Il y a donc des limites, quand on traite d'une
question aussi fondamentale, à la décentralisation pure et
très large. Pour des raisons à la fois d'équité et
d'efficacité, les entreprises et les individus de toutes les
régions du Québec doivent avoir raisonnablement accès aux
mêmes services, doivent pouvoir bénéficier des mêmes
politiques.
Dans un commentaire récent, le journaliste Laurent Laplante
parlait d'une certaine conception de la décentralisation qui confinait
à l'anarchie. Il ne faut pas, en effet, avoir une vision romantique de
la décentralisation. Je reconnais sans difficulté les avantages
d'une certaine décentralisation, et je suis le premier à exiger
que les leaders régionaux participent à la conception et à
la mise en place des programmes de main-d'oeuvre. Il importe donc de faire aux
partenaires régionaux du marché du travail la place qu'ils
doivent occuper pour assumer les responsabilités qui leur incombent en
matière de développement de la main-d'oeuvre. Il faut aussi leur
donner des moyens de mettre à profit les instruments de la politique du
marché du travail pour développer leur main-d'oeuvre et leur
région. Je crois sincèrement que le projet de loi sur la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre préserve un sain équilibre entre les
impératifs d'une coordination des politiques de main-d'oeuvre et la
nécessité d'engager les partenaires régionaux dans la
définition des priorités et la gestion régionale et locale
des programmes de main-d'oeuvre. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. Je
crois que nous avons eu une présentation globale en ce qui concerne les
sociétés régionales. Est-ce qu'il y a des commentaires,
des questions, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Mme la Présidente, vous comprendrez...
La Présidente (Mme Marois): Nous sommes à l'article
31.
Mme Harel: Nous sommes à l'article 31.
La Présidente (Mme Marois): Je vous le fais remarquer.
Mme Harel: C'est le coeur, d'une certaine façon, de
l'opposition que nous menons à ce projet de loi. Le ministre le sait, et
j'espère que ses collègues le savent également. Faut-il
rappeler que cette question de l'autonomie des sociétés
régionales fait le plus large de tous les consensus auprès de la
très grande majorité de tous les partenaires et que même
l'Association des manufacturiers du Québec, qui est, finalement, le seul
des partenaires qui préfère l'adoption de la loi telle quelle,
même sans bonification, plutôt que l'absence de loi, même cet
allié inconditionnel, dans la lettre envoyée au premier ministre
et au chef de l'Opposition, mentionne l'importance malgré tout par la
suite d'obtenir une bonification sur la question de la régionalisation.
Je l'ai dit au ministre, Mme la Présidente, que je considère que
s'il y a un courant qui traverse toute la société
québécoise présentement, indépendamment que l'on
soit fédéraliste ou souverainiste, que l'on soit péquiste
ou libéral, s'il y en a un courant qui fait consensus, c'est bien celui
du régionalisme.
J'écoutais le discours du ministre, et je ne veux pas qu'il en
prenne ombrage si je lui dis que j'avais l'impression d'entendre un discours
des années soixante. Vraiment, je ne sais pas qui le lui a
rédigé, mais ça réapparaissait l'éloge de la
technocratie: l'efficacité, c'est la centralisation. Alors, il y a
quelques leaders régionaux que l'on désigne comme étant
ceux qui peuvent nous dire le contexte dans lequel nous devons élaborer
les politiques, n'est-ce pas? Mais, les politiques, c'est nous qui savons les
choses, qui les élaborons.
Je vous dis, Mme la Présidente, qu'il n'y a vraiment pas une
seule autre question qui a fait un si large consensus. J'aurai
l'occasion...
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, le ministre a un
appel urgent.
Mme Harel: D'accord. On ajourne pour quelques minutes.
La Présidente (Mme Marois): Ça nous permettra de
prendre une petite pause santé par la même occasion. Alors, nous
suspendons nos travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 39)
(Reprise à 22 heures)
La Présidente (Mme Marois): Nous allons reprendre nos
travaux. Nous étions à l'article 31. Je crois que la
députée de Hochelaga-Maison-neuve... Pardon?
Mme Harel: À moins que le ministre ait des bonnes
nouvelles à nous annoncer? Non?
La Présidente (Mme Marois): Ah! Ce serait
intéressant.
Mme Harel: Oui?
M. Bourbeau: Si c'était le cas, je n'aurais
pas pris la peine de vous expliquer en long et en large le pourquoi et
le comment de l'article 31.
Mme Harel: Je viens de dire à...
La Présidente (Mme Marois): Alors, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, donc, Mme la Présidente... Moi, je ne
suis pas résignée, Mme la Présidente.
M. Bourbeau: Je suis résigné à vous
entendre.
La Présidente (Mme Marois): vous connaissant, je sais que
ça se passe... c'est assez exceptionnel, hein? je ne pense pas l'avoir
jamais constaté.
Mme Harel: Après avoir abruptement été
interrompue par notre interruption, je souhaiterais reprendre là
où j'en étais, Mme la Présidente, quand je vous disais
que, en écoutant le ministre, j'avais l'impression que l'auteur du
document s'était inspiré des courants de pensée des
années soixante, ceux qui faisaient l'éloge de
l'efficacité et qui associaient l'efficacité à la
centralisation. C'est pour des raisons d'efficacité, nous a-t-on dit,
qu'il fallait centraliser.
Moi, c'est exactement pour les raisons inverses, Mme la
Présidente, que je pense qu'il faille décentraliser. Je vais tout
simplement me servir, pour soutenir le point de vue que j'exprime, de
l'expérience que j'ai eue à siéger sur la commission
Bélanger-Campeau avec vous-même, d'ailleurs, et Mme la
députée de Chicoutimi. Sans doute, allez-vous vous rappeler ces
bons moments où nous nous sommes retrouvées en tournée
dans les régions du Québec et où nous avons entendu, de la
Côte-Nord à la Gaspésie, du Bas-du-Fleuve à la
Mauricie, à l'Outaouais, un même point de vue d'intervenants
régionaux. Ils sont venus explicitement dire à tous les
décideurs qui représentaient les partenaires qui sont parmi les
dinosaures qui décident dans la société: Écoutez,
il faut une redistribution des pouvoirs dans la société
québécoise, les changements que, d'un côté comme de
l'autre, vous souhaitez. On en était, à ce moment-là, au
rapport Allaire, du côté libéral, et au projet de la
souveraineté, du côté du Parti québécois. Les
intervenants sont venus dire: Finalement, quoi qu'il en soit, ce que l'on veut,
c'est que vous redistribuiez du pouvoir de façon telle que les
rapatriements qui vont se faire, vous ne les fassiez pas à
Québec, mais que vous les fassiez au Québec.
Ce qui me désole le plus, Mme la Présidente, vraiment,
là, c'est que ce projet, qui est devant nous, de Société
québécoise, est supporté par la volonté
gouvernementale d'un rapatriement qui n'est pas celui qu'on voudrait, qui n'est
pas celui qu'on ferait, mais qui est, malgré tout, un certain projet de
rapatriement en matière de main-d'oeuvre. Le ministre, tout au moins en
ce qui le concerne, lui, je ne sais pas s'il sera longtemps au poste qu'il
occupe dans les mois qui viennent. Ça, ça commence à
m'inquiéter, là. C'est la rumeur qui commence à circuler,
d'ailleurs, dans les milieux concernés. On me disait, encore
aujourd'hui, Mme la Présidente, qu'il était question d'un
remaniement qui amènerait le ministre à quitter la fonction qu'il
occupe, puis je peux vous le dire sincèrement, ça
m'inquiète.
M. Bourbeau: Je m'en vais à la Condition
féminine.
Mme Harel: Ça m'inquiète.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ça lui ferait du bien.
M. Trudel: Si ça vous inquiète, là, ce que
vous venez d'entendre doit vous faire paniquer.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Non, ça, ça me
réjouirait, plutôt, de le voir ministre
délégué à la Condition féminine.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, vous
souhaiteriez aller à la Condition féminine? Est-ce que c'est ce
que je dois comprendre?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que l'entente que j'ai, c'est
que, si le projet de loi ne passe pas d'ici à la fin de juin, je suis
muté à la Condition féminine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve va
choisir.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
Elle a un poids très important quant à votre sort, M. le
ministre, et votre avenir!
Mme Harel: Vous savez, Mme la Présidante, que
malgré les apparences cet homme a un sens de l'humour.
La Présidente (Mme Marois): Non, je suis très
consciente de ça. Je le connais bien, comme ministre de ma
région, Mme la députée, vous savez.
Mme Harel: Je reviens à l'essentiel de mon intervention,
l'essentiel étant que, depuis 30 ans, c'est-à-dire depuis la
Révolution tranquille, les régions ont l'impression d'avoir tout
essayé. Les régions ont essayé la concertation, elles ont
essayé les conseils de développement, elles ont essayé
le& sommets, elles ont à peu près tout essayé,
n'est-ce pas? On pourrait ajouter,
évidemment, pas mal encore à cette liste de ce qui a
été tenté. Elles ont essayé les pèlerinages
à Québec. Elles ont tout essayé, finalement. Elles ont
parfois essayé de couper des routes pour rappeler les gouvernements
à la réalité des problèmes qu'elles vivaient. Elles
ont essayé des grandes manifestations, des opérations
Dignité 1, Dignité 2, des rassemblements dans les
églises... ecclésiales. Enfin, mettez-en, la liste serait
impressionnante.
Ce dont elles se rendent compte, après 30 années de
tentatives diverses, c'est qu'il y a une chose qui n'a pas été
essayée: C'est leur donner le pouvoir de décision. Sans doute
est-ce là la chose la plus importante, finalement. Moi, j'y crois,
personnellement. D'ailleurs, c'est l'espoir que personnellement m'offre la
souveraineté, celui d'un brassage sans précédent qui va
permettre de redistribuer du pouvoir dans la société.
J'espère qu'on va en profiter, d'ailleurs, pour faire une vraie
redistribution.
En l'occurrence, le projet de loi qui est devant nous, ça peut
être injuste, la vision que j'en ai, mais je vous dis que la vision que
j'en ai est la suivante: II y a une Direction générale de la
formation professionnelle au ministère de la Main-d'oeuvre. Elle fait
entre 260 à 280 professionnels et hauts fonctionnaires. Sur le terrain,
dans les commissions de formation professionnelle, à travers les 11
régions où il existe actuellement des commissions de formation
professionnelle, il n'y a pas 600 employés qui donnent des services a la
population. Des employés qui sont sur le terrain, on en retrouve presque
50 % qui sont là pour élaborer des normes, des critères,
des politiques qui s'appliquent aux 600 autres. Grosso modo, si vous me
permettez, et ce n'est pas loin d'être la réalité. Le
transfert va se faire de la Direction générale de la formation
professionnelle à la Société.
Finalement, l'occasion était belle pour enfin mettre la main,
n'est-ce pas, sur les commissions de formation professionnelle, qui ne sont pas
assez obéissantes. Il arrive des fois, remarquez, qu'elles sont un peu
turbulentes, ces commissions de formation professionnelle, et il arrive aussi
qu'elles réagissent en prétendant qu'elles sont élues et
donc plus légitimes que les fonctionnaires, puisqu'elles peuvent faire
valoir des mandats qui leur viennent... Le ministre aura beau entériner,
le ministre sait très, très, très bien et son
prédécesseur le savait aussi, parce qu'il a attendu parfois des
mois avant d'entériner, que le processus se fait, je ne pense pas,
jamais... Qu'il me nomme, qu'il me cite un seul précédent
où un ministre n'aurait pas entériné les nominations qui
lui étaient acheminées, et là, son pouvoir me dira quelque
chose.
Je reviens, en fait, parce que, voyez-vous, il y a les pires
procès qui se font actuellement dans les corridors. Ils ne se feront pas
ici au micro. Les procès se font sur les commissions de formation
professionnelle, qui n'étaient pas effi- caces, qui n'étaient'
pas compétentes, ces commissions, etc. Vous pouvez en ajouter,
finalement. Moi, je pense que, oui, il est possible que tout n'a pas
été parfait tout autant que ça ne me semble pas parfait au
pays du ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle non plus, sauf que pourquoi, Mme la
Présidente, saisir l'occasion du rapatriement possible pour en
même temps, à mon point de vue, faire une job de bras aux
régions? (22 h 10)
Ce n'est pas compliqué. C'est l'idée qu'il n'y en aura
plus. Ça n'embarrassera plus, des gens qui disent: Écoutez, j'ai
un mandat, j'ai été élu, je suis représentatif de
certaines personnes qui m'ont délégué pour dire ceci. Il
n'y en aura plus de cette sorte de monde là. C'est fini, n'est-ce pas?
Tout le monde va être fonctionnaire, y compris le directeur
régional, qui, lui, va être nommé, va être un
employé de la société mère. Alors, il y a un
conseil d'administration. Évidemment, qui pensez-vous va mener dans le
conseil d'administration? Il va y avoir évidemment un aspect consultatif
important et un aspect décisionnel, je le reconnais, mais ce n'est
évidemment pas au niveau des opérations que les partenaires vont
s'immiscer.
Alors, c'est, finalement, une manière pour la structure
gouvernementale de faire mainmise sur des corporations, des commissions de
formation professionnelle, et en faire des filiales. Ça ne retroussera
plus. Ça me fait exactement penser à l'offensive qu'on avait
connue quand nous étions au gouvernement de la part du ministère
de la Main-d'oeuvre, à l'époque où nous étions au
gouvernement, pour ramener l'administration de l'aide sociale à
Montréal dans le giron de la Sécurité du revenu de
Québec. À Québec, on aime ça, les dominos où
tous les morceaux sont faits pareils. Quand il y en a un qui retrousse dans le
coin, ça devient un petit canard qui embarrasse tous les autres.
Je vois le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue,
qui a eu dernièrement un exemple frappant et saisissant en l'occurrence.
C'était la volonté du ministère de la Santé et des
Services sociaux de lancer l'offensive contre la clinique Pointe-Saint-Charles
à l'occasion justement d'une réforme de la loi 120.
C'était de ramener la clinique de Pointe-Saint-Charles dans le
modèle technocratique. Cette offensive-là, remarquez que nous
l'avions connue quand nous étions au gouvernement. C'est notre
collègue, Denis Lazure, le député de La Prairie, qui me
racontait avoir subi les mêmes assauts quand il était ministre de
la Santé et des Services sociaux pour ramener la clinique
Pointe-Saint-Charles dans le modèle où tous doivent être
pareils. Mme la députée de Taillon, vous vous rappelerez les
assauts répétés pour faire de même. Heureusement, le
ministre a su résister en matière de sécurité du
revenu à l'égard de l'administration de l'aide sociale
à
Montréal. Il y a une entente qui est signée, je pense,
pour cinq ans, mais encore, attendez, attendez, je sens que, dans cinq ans,
lorsque viendra échéance, ça recommencera encore une fois.
Là, on assiste, à mon point de vue, aux mêmes sortes
d'exercices.
Mme la Présidente, moi, ce à quoi je crois, c'est à
la différence. Que les régions ne soient pas toutes
traitées de la même façon, tant mieux. Le seul exemple que
j'ai... Je ne suis pas assez dogmatique pour ne pas d'abord privilégier
le côté pragmatique des choses. Savez-vous ce qui m'a convaincue
dans ce débat-là? Mon idée n'était vraiment pas
faite, malgré les apparences. C'est sûr que je crois à la
décentralisation, c'est sûr que je crois à la
redistribution du pouvoir, et, en principe, j'aurais plutôt une tendance
qui pencherait en faveur d'un pouvoir aux régions. Ce qui m'a vraiment
convaincue, c'est lorsque j'ai rencontré les porte-parole de la
Commission de formation professionnelle du Montréal
métropolitain, qui sont venus devant la commission, et notamment un
vice-président qui vient du secteur de la danse, mais que j'avais pu
rencontrer précédemment lorsque j'étais
vice-présidente de la commission parlementaire de la culture, parce
qu'il était venu, au nom de tout le milieu de la danse, présenter
des mémoires devant la commission parlementaire de la culture.
Je le retrouve à la Commission de formation professionnelle, je
m'informe et il m'explique combien c'est important, justement, pour le milieu
des artistes, pour le milieu de la danse, pour le milieu de la culture d'avoir
un représentant à la Commission de formation professionnelle. Il
m'explique que ça n'existe pas dans les autres régions parce que
ça ne représente pas le même volume d'emplois culturels.
Les emplois culturels à Montréal, vous le savez certainement et
tous les membres de cette commission doivent le savoir, sont, en termes de
volume, aussi importants que d'autres secteurs qu'on valorise comme le tourisme
ou l'énergie ou le ferroviaire. La culture à Montréal est
un créateur d'emplois extrêmement important. Il me racontait donc
que, du fait de la souplesse des structures, il avait réussi à se
glisser, finalement, à être connu et à se faire
élire à la vice-présidence. Ce n'est pas peu de chose,
puisque, en général, ce sont des secteurs assez traditionnels,
les CFP, étant, finalement, un produit de comités paritaires des
temps passés. Alors, j'ai commencé à croire en la
modernité de cette structure-là, en sa souplesse, en sa
capacité d'innovation. Je termine. J'imagine que mes 20 minutes sont
déjà terminés.
La Présidente (Mme Marois): II vous reste encore deux
minutes.
Mme Harel: II me reste encore deux minutes. Vous savez, je
considère q'je c'est un débat extrêmement important. Depuis
trois mois que !a commission a terminé les travaux qu'elle a
menés sur l'énoncé de politique et sur le projet de loi,
il y a eu un nombre incalculable de rencontras en région, de
congrès, de colloques, de tables de concertation, et l'ensemble de ces
interventions ont été dans le sens de reconnaître un statut
de corporation autonome aux sociétés régionales. Alors,
j'aurai l'occasion sans doute, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Sûrement.
Mme Harel: ...si tant est que le ministre n'y donne pas suite, de
présenter un amendement.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je remercie la
députée de Hochelaga-Maisonneuve de son intervention. Est-ce que
le ministre a des commentaires à ce moment-ci?
M. Bourbeau: Pas pour l'instant. Tout ce que je pourrais
dire...
La Présidente (Mme Marois): Je vous offre toujours cette
possibilité, à chaque fois, évidemment, parce que vous
savez que ça fait partie de vos privilèges, de vos droits que de
pouvoir intervenir après chaque intervention de l'un ou l'autre des
membres de la commission, à titre de responsable de la loi...
M. Bourbeau: Ce que je pourrais dire, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): ...que nous
étudions.
M. Bourbeau: ...c'est que je trouve ça un petit peu
drôle de la part de la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
qui est une députée urbaine, de venir faire des leçons de
régionalisme à un ministre régional qui est reconnu, je
pense, dans sa région, pour défendre avec acharnement les
intérêts de la région. Vous demanderez aux gens de
Montréal si je ne suis pas considéré comme un
régionaliste sur me de Montréal où, parfois, je me sens
presque persona non grata pour avoir, à l'occasion, défendu avec
intérêt... D'ailleurs, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve opine du bonnet, là. Personne plus que moi n'est
convaincu de l'importance des régions et de développer dans les
régions une vie propre.
Cela ne m'amène pas nécessairement à devenir un
fanatique inconditionnel d'un mode d'administration donné. Je pense
qu'il y a un grand intérêt à décentraliser vers les
régions un maximum possible de responsabilités, mais il ne faut
pas non plus donner dans l'anarchie. Certaines sociétés ont
appris à leurs dépens que la décentralisation à
outrance, ça pouvait aussi être contreproductif, pour employer
l'exprpssion - je ne sais pas si elle est française - qui dit un peu ce
que ca signifie. Vous n'avez qu'à regarder l'effet des réformes
en France, les réformes de
décentralisation françaises, les lois Defferre -
D-E-F-F-E-R-R-E pour le Journal des débats..
La Présidente (Mme Marois): Oui, nous avons bien compris,
M. le ministre.
M. Bourbeau: Sans ça, j'ai peur qu'on me fasse parler
des...
La Présidente (Mme Marois): C'est du nom du ministre qui
les défendait.
Une voix: Gaston Defferre.
La Présidente (Mme Marois): Gaston, ancien maire de
Marseille.
M. Bourbeau: Les lois de décentralisation ont amené
en France un niveau de décentralisation tel qu'aujourd'hui la France est
gouvernée par sept paliers de gouvernement qui se partagent les
responsabilités et les budgets. Si les Québécois croient
qu'ils sont taxés aujourd'hui, il faudrait voir ce qui leur arriverait
si on leur appliquait la même médecine que la France avec ses lois
de décentralisation.
Alors, moi, au risque de me faire accuser d'être un
rétrograde ou un fossile des années soixante, Mme la
Présidente, je continue à penser qu'il faut procéder avec
une certaine prudence dans la voie de la décentralisation. Justement,
notre ami Laurent Laplante, qui n'est quand même pas un ignare,
présidait la semaine dernière...
Une voix: Je n'ai pas compris.
M. Bourbeau: un ignare. je m'excuse. on m'entend mal. il
présidait, la semaine dernière, deux colloques - pas seulement
un, deux colloques - sur la centralisation et, dans le journal le soleil
de lundi...
M. Trudel: La centralisation?
M. Bourbeau: La décentralisation.
Mme Harel: Un lapsus. (22 h 20)
M. Bourbeau: II disait ceci, en parlant de la
décentralisation - le titre, c'est «La décentralisation,
pas l'anarchie»; je ne vous ferai pas un «filibuster»
à lire tout l'article, mais j'ai deux paragraphes à vous lire:
«Plusieurs l'ont observé récemment et plus encore ces jours
derniers, la décentralisation est devenue un mot à la mode - ma
foi, il parodiait presque la députée de Hochelaga-Maisonneuve -
Comme c'est le cas pour chacune des modes qui déferlent
périodiquement sur les gestionnaires, beaucoup semblent donc accorder
à ce mot des vertus universelles et magiques.» Encore un peu plus,
Mme la Présidente, et il ajoutait: Décentralisa- tion, que de
crimes on commet en ton nom! Mais il ne l'a pas dit.
La Présidente (Mme Marois): Mais il ne l'a pas dit.
D'accord.
M. Bourbeau: »Fort heureusement, certains font cependant la
différence entre la décentralisation et l'anarchie et s'efforcent
de retirer de ce concept ce qu'il peut donner d'heureux tout en évitant
ses effets pervers. On évitera ainsi des réveils douloureux. J'en
veux pour preuve deux colloques tenus ces jours derniers à Québec
et que, pour cause d'animation, j'ai suivi d'assez près. Le premier
s'intitulait Forum national sur la décentralisation et découlait
des efforts d'une large brochette d'organismes majeurs, depuis l'UPA
jusqu'à la CSN en passant par le Conseil du patronat et l'Association
des manufacturiers du Québec. Dans le second cas, ce sont des
gestionnaires de l'immense réseau de la santé et des services
sociaux - dont un des principaux porte-parole est le député de
Rouyn-Noranda-Té-miscamingue; non, ce n'était pas dans le texte,
c'est moi qui ajoute cela - qui participaient à l'invitation du
ministère concerné à une journée de discussions sur
le thème de "regroupement des achats".»
Là, Mme la Présidente, je vais passer des paragraphes
parce qu'ils ne s'appliquent pas vraiment à ce sujet. Un peu plus tard,
on dit ceci: «Le président du Conseil du patronat, M. Ghislain
Dufour, a d'ailleurs été applaudi lorsqu'il a reproché au
ministre Bourbeau d'ignorer le poids régional dans son projet de
formation de la main-d'oeuvre.»
Mme Harel: Qu'est-ce qui lui prend, M. Dufour?
La Présidente (Mme Marois): M. Dufour.
M. Bourbeau: «Cela pousse la décentralisation fort
loin - c'est toujours M. Laplante qui parle - En somme, dit-il, la
décentralisation mobilise puissamment, mais elle ne conduit pas tout le
monde à la gourmandise irresponsable.»
Bon, alors, voilà, Mme la Présidente, c'est un
témoignage parmi d'autres qui en vaut bien d'autres et qui peut
être invoqué, à l'occasion, par le ministre qui la
ferait.
La Présidente (Mme Marois): Évidemment.
M. Trudel: Pourriez-vous parfaire ma culture?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: M. Laplante, c'est un gars de Québec,
ça?
M. Bourbeau: Ah, je ne sais pas d'où il vient.
La Présidente (Mme Marois): J'ai deux demandes
d'intervention, à ce moment-ci: M. le député de
Matapédia et, par la suite, Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Paradis (Matapédia): Oui, Mme la Présidente, je
suis resté un petit peu surpris, étonné, d'entendre ma
collègue de Hochelaga-Maisonneuve nous parler avec tant
d'intérêt du développement des régions. Tout ce que
j'ai entendu depuis que je suis dans cette noble Assemblée, de sa part,
c'était surtout de défendre la région de Montréal.
Je suis fort heureux, ce soir, de l'entendre défendre avec autant
d'énergie les autres régions du Québec et que la
commission Bélanger-Campeau ait pu, jusqu'à un certain point, lui
ouvrir d'autres horizons.
J'aimerais rappeler aussi à nos collègues d'en face, qui
ont fait partie d'un certain gouvernement - parce qu'on ne s'est pas
gêné tout à l'heure pour nous rappeler un certain
passé - que ce gouvernement-là, à une certaine
époque, avait des grandes idées sur le développement
régional. Il faut se rappeler le livre blanc de M. Léonard.
Ça doit vous dire quelque chose. Il a été un temps
où il fut, il a été un temps où il ne fut plus, il
a été un temps où il fut encore, et il est devenu encore
un de nos collègues. Alors, il avait de ces grands objectifs de
développement régional qui, par la suite, ont été
poursuivis par votre collègue d'Abitibi-Ouest, M. François
Gendron, où on a publié le choix des régions.
On a fait, encore là, beaucoup de choses, beaucoup de papier pour
écrire sur le développement des régions, essayer de
démontrer que le gouvernement du Québec pouvait donner une
certaine chance aux régions de pouvoir s'inscrire dans leur propre
destinée. Tout ce qu'on a réussi à faire, je pense, c'est
de maintenir et d'assurer leur dépendance totale et complète,
jusqu'à un certain point.
On leur a écrit beaucoup de choses. Il y a le fascicule no 5, qui
n'a jamais été publié, dont je pourrais peut-être
vous donner une copie, ce serait peut-être intéressant, où
on disait à une certaine époque qu'on devait aussi
décentraliser la main-d'oeuvre, les services hospitaliers, la voirie,
les richesses naturelles, la faune, la forêt, l'aménagement,
l'évaluation, etc. C'est une liste très exhaustive que vous avez
élaborée, à laquelle vous avez pensé, que vous
n'avez jamais eu le courage de rendre publique et surtout de négocier
sur la place publique avec les intervenants soit régionaux, sort
municipaux ou les MRC, pour pouvoir articuler ou mettre de l'avant cette
décentralisation. Vous y avez peut-être pensé sommairement,
mais vous n'avez jamais eu le courage de le faire, jusqu'à un certain
point.
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Paradis (Matapédia): ...ce n'est vraiment pas dans
cette commission que nous allons vraiment élaborer une politique de
développement régional. Jamais un gouvernement n'aura
été aussi loin pour permettre aux régions de se prendre en
main. Que l'on pense d'abord au plan d'action qui a été mis de
l'avant en 1987 par Marc-Yvan Côté qui est toujours
d'actualité - c'est toujours une décision gouvernementale - qui a
été suivi, par la suite, par la politique du ministre actuel de
l'Agriculture et responsable du Développement régional, M.
Picotte, où on dit aux régions: On vous donne l'argent et vous
allez le gérer.
J'aimerais vous rappeler que, dans certaines régions du
Québec, on nous a dit: Vous savez, nous autres, on a eu une belle
concertation dans les sommets socio-économiques. On n'aimerait pas
gérer ce type d'enveloppes là. On aimerait les laisser aux
députés. Gérez-les, vous autres. J'ai entendu ça de
mes oreilles. C'est incroyable, mais j'ai entendu quand même, des gens,
des régionaux, que ce soient des élus municipaux ou des gens qui
avaient une certaine imputabilité régionale, nous dire: Vous
savez, nous, on s'est concerté une première fois, mais il ne
faudrait peut-être pas en mettre un petit peu plus, parce qu'on aurait
peur de se chicaner. C'est difficile, avouons-le, d'essayer de partager lorsque
tout le monde a une richesse ou une pauvreté relative. La concertation,
par définition, c'est quoi? C'est d'essayer d'avoir le gros de la tarte
ou d'essayer de céder à son voisin un morceau de tarte? La
distinction est importante.
Alors, Mme la Présidente, il est important de mentionner ces
choses et de dire que le gouvernement actuel a eu le courage de faire et de
maintenir ce qui avait été engagé par l'ancien
gouvernement, de soumettre des régions à des sommets
socio-économiques. C'est peut-être une formule
dépassée ou perfectible, on verra par la suite. Il n'en demeure
pas moins qu'on a eu le courage de le faire dans toutes les régions du
Québec, notamment dans l'Est du Québec, qui est peut-être
une des régions les plus pauvres du Québec. Ça a
été la dernière à recevoir son sommet. À
l'époque, le ministre de Rimouski avait décidé de faire un
sommet, mais exclusivement pour Rimouski, ignorant totalement la
péninsule gaspésienne. Il faut s'en rappeler.
Le gouvernement du Québec actuel a aussi eu le courage de faire
le découpage des régions qui avait été
laissé en plan par l'ancien gouvernement. On a eu l'entente
Canada-Québec qui nous a permis de mettre en place, de favoriser, de
développer et de planifier un certain nombre de projets. Aujourd'hui, on
arrive avec peut-être le plus gros morceau de la décentralisation.
On dit que io go«ivernement du Québec ne décentralise pas.
On ne permet pas aux régions de se
développer. Qu'est-ce qu'on a fait avec la réforme de la
santé? Quoi qu'en dise mon collègue et néanmoins ami,
Trudel, c'est 30 % de l'argent du gouvernement du Québec qui sera
dévolu aux régions pour décider ce qu'elles auront
à faire sur les programmes régionaux d'organisation de
santé. (22 h 30)
Si on additionne à ça les commissions scolaires, qui ont
quand même des budgets régionaux, si on additionne à
ça la main-d'oeuvre, qui sera bientôt décentralisée,
qu'on additionne les programmes régionaux d'agriculture, la
décentralisation du transport, de la voirie avec compensation... Avec
compensation. Puis moi, j'ai la prétention de croire que, pour la
voirie, les municipalités auront à en faire beaucoup plus avec
l'argent qu'on va leur donner que ceux qui, nonobstant leur travail ou leur
bonne foi, le font de façon correcte à partir des divisionnaires
de nos régions. Je crois que les municipalités auront à en
faire plus. Moi, je pense, Mme la Présidente, que jamais le gouvernement
du Québec n'aura été aussi loin, que jamais le
gouvernement actuel n'aura été aussi loin dans sa volonté
de décentraliser les pouvoirs et de permettre, non seulement aux
régions mais aux sous-régions, de décider de leur propre
avenir, non pas comme l'État-providence qui décide à leur
place de façon très paternaliste, mais de leur permettre
véritablement de faire des choix, des fois difficiles, mais de faire des
choix, des choix complémentaires, des choix de concertation qui leur
permettent de décider de leur destinée.
Je répète, au risque d'être redondant, que c'est
difficile d'entendre ce soir, autour de cette table, la députée
de Hochelaga-Maisonneuve nous faire des leçons sur la
décentralisation, la prise en charge des régions lorsque, depuis
bientôt sept ans, je l'entends défendre exclusivement, et
exclusivement, la région de Montréal.
Mme la Présidente, je vous remercie et ça me fera plaisir
d'intervenir possiblement un petit peu plus tard.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député de Matapédia. M. le ministre, est-ce que vous avez
un commentaire ou deux à ajouter?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, vous avez entendu la
sagesse d'un expert en décentralisation qui représente une
des...
Mme Harel: Vous ne l'avez pas consulté. M. Bourbeau:
Oui, absolument.
Mme Harel: Ça paraît que vous n'êtes pas
inspiré...
M. Bourbeau: Non, mais c'est que vous n'avez pas compris les
nuances dans la pensée gouvernementale.
Mme Blackburn: II transcende...
M. Bourbeau: C'est une chose... Il ne faut pas
décentraliser tout, là. Il y a certains secteurs, certains
dossiers qui sont susceptibles et propices à la décentralisation.
D'autres ne le sont pas. Un programme du genre d'un programme de main-d'oeuvre
peut difficilement se décentraliser comme un programme d'entretien du
réseau routier, par exemple. Il faut voir comment on peut y aller. Je
vois difficilement, par exemple, le réseau Travail-Québec
totalement décentralisé. Je vois déjà comment il
n'est pas facile de maintenir une certaine cohésion, une certaine
harmonie, une certaine standardisation dans les politiques en matière de
sécurité du revenu et Dieu sait qu'il faut appliquer la loi de la
même façon partout. Ce n'est pas facile. Il y a beaucoup de gens
qui, facilement, sont portés à interpréter la loi
différemment d'une région à l'autre. S'il n'y avait pas
centralisation dans le réseau Travail-Québec, ce serait
impossible à gérer. Ce serait l'anarchie. Et, je vous le dis, je
suis personnellement convaincu, peut-être que Mme la présidente
partage ce point de vue, que ce serait une aberration totale que de tenter de
décentraliser la gestion et le réseau Travail-Québec.
On a un réseau qui fonctionne relativement bien, à telle
enseigne que certaines autres provinces canadiennes ont un réseau de
l'aide sociale qui est en partie décentralisé et en partie non.
Ils ont... L'Ontario, entre autres, a de plus en plus de difficultés
avec le réseau d'aide sociale en Ontario qui est
décentralisé pour une partie.
La Présidente (Mme Marois): Au niveau des
municipalités.
M. Bourbeau: Au niveau des municipalités. Et avec une
application qui diffère d'une ville à l'autre et ça peut
même causer des injustices.
Alors, moi, personnellement, l'expérience de mes nombreuses
années, qui retourne jusqu'à 1960 et peut-être avant,
m'enseigne que, dans ce domaine-là, il faut être prudent et cette
prudence m'amène à proposer ce que je propose. Maintenant, je ne
prétends pas que d'autres ne peuvent penser différemment. Il y a
des idées à la mode qui courent par les temps qui courent, mais
on verra si des programmes comme ceux de la main-d'oeuvre peuvent être
décentralisés aussi facilement que d'autres programmes comme
l'entretien des routes ou les services policiers, par exemple. Alors, on verra.
Pour l'instant, le gouvernement propose cette formule-là qui, à
notre avis, est plus susceptible d'apporter des résultats à court
terme. Et si, dans l'avenir, la décentralisation continue à faire
des progrès et si des structures de décentralisation
s'installent, comme, par exemple, si on en venait à avoir des MRC
beaucoup mieux structurées, peut-être
qu'éventuellement on pourrait envisager une
décentralisation de la main-d'oeuvre, mais certainement pas
aujourd'hui.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre.
M. Paradis (Matapédia): Très rapidement....
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): oui. très rapidement.
peut-être pour ajouter, pour finir rapidement, car je n'ai pas
abusé tellement du temps de cette commission.
La Présidente (Mme Marois): Non, vous avez tout à
fait raison. Allez-y.
M. Paradis (Matapédia): Alors, vous me le permettrez.
C'est que la décentralisation peut se voir dans un cadre assez large, de
telle sorte que des choses peuvent être décentralisées au
niveau d'une région, d'autres au niveau des MRC, d'autres au niveau des
municipalités. Mais il ne faut pas en faire un dogme, une orthodoxie, de
telle sorte que tout doive passer par le même canal comme certaines
instances régionales ou sous-régionales semblent le vouloir,
à un moment donné. Il y a des instances qui peuvent être
décentralisées de façon régionale,
sous-régionale ou, encore, locale.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, M. le
député. Mme la députée de Chicoutimi voulait
intervenir, je crois.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Ce dont on parle,
c'est un organisme qui était décentralisé et qu'on
centralise. Vraiment, c'est un mouvement inverse. Le ministre a parlé,
à plusieurs reprises, d'une mode, parlant de la décentralisation.
Je dirais que la centralisation a aussi été une mode. Et, moi, je
pense qu'effectivement il y a comme quelque chose entre les deux. J'ai toujours
pense que l'État avait la grande responsabilité d'établir
des objectifs nationaux, de s'assurer d'un partage équitable des
ressources. Et, par après, dans la mesure du possible, il doit
décentraliser tout ce qui concerne la mise en oeuvre. Il a la
responsabilité d'établir des objectifs nationaux et
l'équité dans le partage des ressources.
Quand on parle de formation professionnelle, je me réfère
toujours au modèle qu'on a développé en éducation.
En éducation, on a décidé, un jour que la méthode
Cuisenaire et le Sablier s'appliquait à tout le Québec. On a
quasiment fait des illettrés, des enfants et des jeunes qui ne savent
plus écrire parce qu'on a décidé qu'au Québec le
même modèle s'appliquait partout. C'est une catastrophe. C'est une
catastrophe, parce qu'on a imposé le même modale. Et je dis
toujours que, si on avait laissé un peu de latitude à
l'époque, probablement que quelques commissions scolaires auraient
commis des erreurs, mais on n'aurait pas commis 114 erreurs dans tout le
Québec. Alors, ça, c'a été le problème, et
c'a affecté 1 000 000 d'enfants. Alors, je me dis que, chaque fois qu'on
est train de décider qu'il y a seulement un modèle pour tout le
Québec, on a des problèmes.
La même chose quand on décide que, pour le Québec,
dorénavant, ce serait mieux géré si on gérait
ça de Québec. Moi, je pense que vous êtes... vous
n'êtes pas... L'attitude du ministre, tantôt... Là, je me
suis un peu calmée. Je l'ai écouté attentivement. Mais
c'est méprisant. Je ne sais pas s'il le réalise. C'est comme si
les régionaux, c'étaient des bons à rien. Ce n'est pas
compliqué. Je vais revenir à ses propos de tantôt, mais je
ne peux pas m'empêcher de commenter un peu les propos du
député de Matapédia. Il dit: Jamais un gouvernement n'aura
été si loin, parce que vous estimez... et je pense, moi, qu'il
connaît les régions. Il vient d'une région. Il ne peut pas
ne pas partager certains objectifs profonds, profondément ancrés,
une volonté tout à fait indéracinable dans les
régions d'exiger de la décentralisation, et il le sait. Et je
suis certaine qu'il va endosser une partie de mon discours, parce qu'il ne peut
pas ne pas se rappeler que ce qu'on a appelé l'opération
Dignité qui s'est tenue au printemps, à Chandler, où on a
réuni 5000 personnes. Ces gens-là réclament des pouvoirs
pour gérer leur développement. Et 5000 à Chandler, vous
savez que c'est quelque chose. C'est un village. Je ne sais pas combien, 1200,
peut-être 2400.
M. Paradis (Matapédia): C'est méprisant ce que vous
dites.
Mme Blackburn: 2400? Ce n'est pas une grosse
municipalité.
M. Paradis (Matapédia): Au moins 5000. Mme Blackburn:
5000 à Chandler?
M. Paradis (Matapédia): Vous dites 1000. C'est
méprisant.
Mme Blackburn: non, j'ai dit 2500, parce que je connais assez le
coin. je suis née en gaspésie, je me suis installée
à chicoutimi, et j'ai travaillé à québec.
M. Paradis (Matapédia): Ça fait longtemps que vous
êtes partie.
Mme Blackburn: Et j'y vais tous les ans, probablement plus que
vous, parce que vous restez à Matapédia, sans doute. Mais...
M. Paradis (Matapédia): Matapédia, c'est
où?
Mme Blackburn: ...dans le fond...
La Présidente (Mme Marois): Je vais entendre la
députée.
Mme Blackburn: Alors, dans le fond, le dernier sommet
économique qui s'est tenu, il s'est tenu dans ma région. Et
c'était devenu une farce, une comédie, parce qu'à
l'origine les sommets socio-économiques étaient prévus
pour amener la concertation autour de ce qu'on appelait des projets
structurants pour toute la région. Et c'a vraiment été
l'orientation, et c'étaient des budgets, des enveloppes additionnelles
qui étaient consacrées vraiment pour doter la région de
projets structurants.
De cette orientation, on a finalement biaisé à un point
tel qu'on gérait les programmes normes. Au dernier sommet
économique, chez nous, c'étaient les enveloppes
régulières sur lesquelles on était en train de se chicaner
pour savoir où elles iraient. C'était très malsain,
effectivement. Et c'est pourquoi personne n'a pleuré la fin du dernier
sommet économique. Il s'est tenu chez nous, et c'était devenu...
(22 h 40)
M. Bourbeau: On n'en tiendra plus, maintenant.
Mme Blackburn: Parce que vous aviez complètement
biaisé les orientations premières et on se chicanait pour savoir
comment répartir les enveloppes régulières. Ça
n'avait pas de bon sens.
M. Bourbeau: Est-ce possible que les gens de Chicoutimi se
chicanent?
Mme Blackburn: Le ministre nous a dit, dans sa
présentation... Je l'ai écouté très attentivement
et je ne l'ai pas interrompu. Je l'ai écouté attentivement parce
que je me dis: II a fondé son projet de loi sur une philosophie, je veux
l'entendre, je veux savoir sur quoi ça repose. Il nous a dit: On a deux
problèmes: un problème de coordination, un problème
d'efficacité. Un problème de coordination, il dit: Les besoins
sont variés. Il faut absolument que la main-d'oeuvre qui peut être
mobile puisse trouver sensiblement les mêmes services un peu partout au
Québec. Ça, ça me rappelle la méthode Cuisenaire.
J'ai un petit peu de problèmes avec ça. En même temps, il
dit un peu plus loin que, dans le fond, les programmes s'ajustent, il y a un
ajustement par rapport aux besoins de chacune des régions. Il y a comme
des contradictions. Je l'ai bien suivi et je pourrais lui en citer au moins
trois.
M. Bourbeau: Gênez-vous pas.
Mme Blackburn: Oui. Alors, il y a ce problème de
coordination. En même temps, il dit: II y a des problèmes
particuliers, la région doit s'organiser, doit les identifier,
gérer ses affaires puis, en même temps, faudrait qu'elle les
gère en fonction des besoins de toutes les régions. Moi, je me
dis: II faut faire un peu confiance aux régions.
Je suis complètement désarmée quand je vois un
mouvement qui est complètement à contre-courant. À
contre-courant de toute la volonté des régionaux, à
contre-courant de toute l'expertise qui s'est développée en
région, à contre-courant de tout ce qui s'est exprimé au
cours des 10 dernières années. Arrêtez de
déterminer, à Québec, ce dont on a besoin dans les
régions. C'est pas vrai. C'est pas vrai que ce sont des
incompétents de la première espèce, incapables de
gérer leurs affaires, d'autant que le ministre le reconnaît
lui-même. Il dit: Les commissions de formation professionnelle qui
avaient un statut d'autonome, très décentralisé, on leur a
donné des budgets insignifiants, dérisoires, pour utiliser son
expression. Elles étaient efficaces mais ne géraient rien. Quand
on a commencé, en 1984, à leur donner un budget, elles
étaient bonnes. Là, quand elles commencent à être
bonnes, on centralise. Alors, moi, je dis: II y a là-dedans une
espèce de retour à une centralisation excessive, centralisation
qui, à travers le monde, est en train de démontrer, de mener
à un échec, parce qu'il y a de grands mouvements de
centralisation.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
M. Bourbeau: On vous écoute, madame. On est tout
oreilles.
Mme Blackburn: Merci. Il y a de grands mouvements de
centralisation qui ont mené à des échecs. Et le ministre
le sait. Et, quand il nous dit que c'est pour des raisons d'efficacité,
je mets au défi le ministre d'accepter la situation suivante: il a
à diriger, de façon efficace, productive, une équipe de
travail pour produire n'importe quoi, un bien manufacturé comme un
service. Et on lui dirait: Toute la gestion, toute l'administration, tout ton
personnel, ton budget, tes affaires, c'est pas toi qui en décides. Toi,
tu décides de ce que tu fais avec mais tu n'as pas de pouvoir sur le
reste. Ça, ça va être décidé à
Québec. On est les meilleurs puis tu ne touches pas à ça.
Il refuserait. Il refuserait en ces circonstances parce que la seule
façon de donner des services efficaces et de mobiliser des personnes,
c'est de pouvoir les associer à la totalité des actions, des
activités dans une équipe, le plus possible, dans la plus grande
mesure possible. Ce que le ministre propose, c'est une structure
centralisée et qui va laisser aux gens... C'est ça. L'idée
de se parler, de jaser, cause,
cause, consultez-vous, définissez des petites affaires mais les
vraies décisions, c'est nous autres qui les prenons, les régions
n'en veulent plus, n'en veulent plus de ce paternalisme. Les régions ne
veulent plus de ce paternalisme et les régions sont capables de se
prendre en main.
M. le ministre, on a 16 régions, au Québec, il y en a au
moins quelques-unes là-dessus qui vont être moins efficaces - on
peut en convenir tout de suite - mais on ne les rendra pas inefficaces toutes
les 16 comme on risque de le faire par la centralisation. Chaque fois qu'on a
centralisé, moi, je connais plus le réseau de l'éducation,
l'enseignement supérieur, chaque fois qu'on a centralisé, qu'on a
pondu des directives et des politiques très centralisées...
Écoutez, on gère des politiques de gestion de la... Je pense que
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue le sait, juste
pour gérer le personnel dans les collèges, là, on avait
deux cahiers de sept pouces. Évidemment, c'est pas le cahier de
l'enseignement collégial, là. Là, vous les avez tous.
C'est la folie furieuse et ça génère
l'inefficacité. Le ministre invoque l'efficacité. Moi, je ne vois
pas où il va y avoir de l'efficacité là-dedans. On
estimait que juste pour gérer le personnel il y avait une personne et
demie par année, juste pour répondre aux directives du
ministère en matière de gestion de personnel dans un petit
cégep. Si vous me dites que c'est efficace, juste pour remplir des...
C'est rien, il avait décidé qu'à un moment donné -
je ne sais plus comment ça fonctionne...
M. Bourbeau: Y a-t-il quelque chose de plus
décentralisé que le réseau de l'éducation du
Québec?
Mme Blackburn: II y avait des rapports...
M. Bourbeau: C'est décentralisé au maximum.
La Présidente (Mme Marois): Pardon, M. le ministre, on va
laisser la députée terminer son intervention et vous pourrez
intervenir, il n'y a pas de problème.
Mme Blackburn: Décentralisé, le réseau?
M. Bourbeau: Décentralisé.
Mme Blackburn: Décentralisé? Il gère les
immeubles. On pourrait même donner ça aux commissions scolaires,
actuellement.
Une voix: Aux municipalités?
Mme Blackburn: Aux municipalités. Et j'en sais quelque
chose. J'ai suivi au mot à mot l'exercice d'adoption des deux lois en
commission parlementaire. Alors vraiment, réseau
décentralisé! Franchement! Là-dessus aussi j'en connais un
bout, je pourrais vous... C'est le réseau le plus centralisé. Et
je pense qu'il l'est encore plus que les hôpitaux. On avait fait
l'exercice de mesurer les pouvoirs qui étaient laissés à
un directeur général d'un hôpital et un directeur
général d'une commission scolaire ou à une commission
scolaire et il y avait un peu plus de pouvoirs dans un hôpital. Dieu sait
qu'ils n'en ont pas gros, parce qu'on avait fait l'exercice aussi.
Alors, dans le fond, il y a comme un problème, c'est une absence
totale de confiance dans les régions. On vous donne ce qu'il faut pour
vous amuser mais le reste, laissez-nous faire ça, nous, les grands, on
va vous organiser. Les régions, elles en ont leur claque de se faire
organiser par Québec.
À présent, le ministre disait... Ça, ça
m'inquiète. Évidemment, c'est la philosophie, mais ça ne
m'étonne pas non plus, il dit: La politique de développement
régional et la politique de développement de la main-d'oeuvre,
deux politiques qui concordent sur plusieurs points. Effectivement, toutes les
deux sont centralisatrices. Là-dessus, il faut reconnaître
qu'effectivement toutes les deux sont centralisatrices. Et c'est une sinistre
comédie de prétendre que la politique de développement
régional décentralise des pouvoirs. C'est une farce. Et je suis
certaine que le CRD du coin - le CRCD, je ne sais pas comment il l'appelle dans
son coin - l'organisme de concertation dans la région 1, doit
partager...
M. Paradis (Matapédia): 1 ou 11?
Mme Blackburn: Non. 6, c'est Montréal, il me semble que 1,
c'est chez vous, 2, c'est chez nous.
M. Paradis (Matapédia): C'est au Québec, ça,
madame.
La Présidente (Mme Marois): Oui, ça va. Alors, s'il
vous plaît, est-ce que vous pouvez terminer votre intervention, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Moi, j'inviterai le ministre... J'imagine que son
lit est fait. Ce qui m'attriste là-dedans, c'est que tous les discours
qu'on aura entendus, à la fois en commission parlementaire, à
l'occasion des consultations, tout ce qu'on a entendu à
Bélanger-Campeau, tout ce que les régionaux disent,
répètent et redisent, c'est tombé dans le vide. C'est:
Cause mon lapin, nous, on va travailler. C'est à peu près
ça. Et les régionaux sont écoeurés. Ça n'a
pas de bon sens. Ce n'est pas vrai. J'ai lu les lettres. J'ai relu la lettre de
l'UMRCQ, que je pourrais relire au ministre. Mais, avant de le faire, je vais
revenir un peu sur les déclarations du député de
Matapédia qui disait que nous, on n'avait rien fait. La première
chose qu'on a faite, on a créé les MRC et on leur a donné
le pouvoir d'aména-
gement du territoire, et, progressivement, on a établi des
structures qui devraient pouvoir accueillir de nouveaux pouvoirs. C'est
vraiment une des structures les plus intéressantes et qui,
tranquillement, a développé une expertise qui la rend...
M. Paradis (Matapédia): Une boîte à
malle.
La Présidente (Mme Marois): Pardon. S'il vous
plaît!
Mme Blackburn: ...habile à accueillir de nouveaux
pouvoirs. Alors, il faudrait peut-être leur dire que vous les traitez de
boite à malle, mais...
M. Paradis (Matapédia): Je l'ai dit à Nicolet.
La Présidente (Mme Marois): S'il vous plaît! Est-ce
qu'on peut permettre à la députée de terminer son
intervention?
M. Paradis (Matapédia): Oui, elle a le droit de parler,
mais elle n'a pas le droit de dire n'importe quoi.
La Présidente (Mme Marois): M. le député, je
pense que j'ai reconnu votre temps de parole et il vous sera possible
d'intervenir de nouveau, si vous le souhaitez, il n'y a aucune objection.
Mme Blackburn: Je ne l'ai pas interrompu.
M. Paradis (Matapédia): Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Et j'aimerais que la
députée puisse terminer son intervention. Et, si vous
désirez intervenir par la suite, votre nom est déjà
inscrit, si vous le souhaitez.
M. Paradis (Matapédia): Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci.
M. Paradis (Matapédia): Et ça va très bien
quand Mme la députée de Chicoutimi n'est pas dans notre
commission.
La Présidente (Mme Marois): Ah, non! non, non. S'il vous
plaît! La députée de Chicoutimi est membre de la
commission...
Mme Blackburn: II est tombé sur la tête. Il est
passé par le bord du président.
M. Paradis (Matapédia): Pour la journée
seulement.
La Présidente (Mme Marois): Elle a le droit d'y faire
valoir son point de vue, comme tous les membres de cette commission, si vous le
permettez, M. le député. Madame. (22 h 50)
Mme Blackburn: Nous avions également consulté,
puisqu'il y avait eu une commission qui avait fait le tour du Québec.
Elle était présidée par François Gendron. M.
Parizeau aussi, faut-il le rappeler, a fait le tour du Québec avec une
commission qu'il a présidée. Et, pour l'essentiel, les
recommandations vont toutes, toutes, toutes, sans exception, dans le même
sens: Donnez-nous des pouvoirs. Nous avons à la fois la structure et la
volonté, la volonté d'assumer nos responsabilités et
d'assurer notre développement.
Il pariait également - je trouvais ça plus amusant, je le
soulève - de la tendance ou de la propension qu'aurait ma
collègue députée de Maisonneuve de défendre la
région de Montréal. Moi, je trouve ça normal de
défendre sa région. Mais, ce que fait la députée de
Maisonneuve, c'est beaucoup de concevoir Montréal en faisant des
régions dans Montréal, alors que la tendance qu'on a, quand on
voit Montréal, nous, c'est un tout. Moi, je comprends un peu mieux
Montréal depuis que j'ai pris connaissance de certains rapports du
Conseil de la famille où on rappelle bien que Montréal, c'est
différentes régions dans Montréal. Il y a des
régions riches, il y a des régions pauvres, il y a des
régions plus ouvrières, il y a des régions en
sous-développement. Et moi, je pense que la conception qu'a la
députée de Maisonneuve du développement régional se
rapproche beaucoup de celle que nous avons quand on parle de donner des outils
de développement aux régions. Souvent, et à de multiples
occasions, nous avons échangé sur cette question et je pense
pouvoir dire qu'elle est capable autant de défendre la nécessite
de la décentralisation des pouvoirs pour ma région qu'elle est
capable de défendre avec beaucoup de vigueur à l'occasion, je le
reconnais, sa propre région. Et c'est tout à son honneur.
Mme la Présidente, le ministre disait: Je ne veux pas avoir une
vision romantique de la décentralisation. J'aimerais bien qu'il
m'explique c'est quoi, une vision romantique de la décentralisation.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que c'est une
question?
Mme Blackburn: C'est une question.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Qu'est-ce que serait, pour lui, une vision
romantique de la décentralisation?
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous le permettez.
M. le ministre, souhaitez-vous expliquer un peu quelle est cette vision?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'ai dit ce que j'avais
à dire sur le sujet et je pense que je n'ai rien à ajouter.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée,
est-ce que vous avez quelque autre commentaire?
Mme Blackburn: C'est-à-dire que quand on prétend ne
pas avoir une conception romantique de quelque chose, on devrait être
capable de l'expliquer. Si c'est romantique de penser que les régionaux
sont capables de se prendre en main, je ne partagerais pas tout à fait
son avis. Si c'est romantique de penser que le développement de la
main-d'oeuvre, ce qui m'apparaft la base du développement
économique, ne peut pas être décentralisé, dites-moi
qu'est-ce qui va pouvoir être décentralisé? Les bouts de
route, l'entretien des immeubles?
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que le ministre
souhaite faire quelques commentaires?
M. Bourbeau: Non, Mme la Présidente. J'ai dit ce que
j'avais à dire sur le sujet et je ne veux absolument pas empêcher
la députée de Chicoutimi de faire savoir tout ce qu'elle veut
dire. La commission est ouverte à ses propos mais je ne suis pas
obligé de répondre à ses questions. Je ne suis pas dans
une boîte aux témoins ici, et je peux prendre la parole quand je
veux. Pour l'instant, je n'ai pas l'intention de commenter davantage. J'ai dit
ce que j'avais à dire.
La Présidente (Mme Marois): C'est parce que vous aviez
l'air d'avoir manifesté l'intention d'intervenir après que la
députée de Chicoutimi aura terminé son intervention.
M. Bourbeau: Non, non, je ne crois pas, madame.
La Présidente (Mme Marois): Ce n'était pas le cas.
Bon.
M. Bourbeau: Je sais que la parole est d'argent, mais le silence
est d'or, souvent, Mme la Présidente, vous savez.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, je vous
remercie, M. le ministre. J'avais une demande d'intervention du
député... Mme la députée de Chicoutimi, est-ce que
vous avez terminé?
Mme Blackburn: Ça va, oui.
La Présidente (Mme Marois): Merci. J'avais une demande du
député de Matapédia. Je crois qu'il a dû s'absenter
pour quelques instants. De toute façon, on lui redonnera la parole
à son retour. Une demande du député de Berthier.
M. Houde: Merci, Mme la Présidente. J'aimerais apporter
quelques rectifications sur les énoncés de la
députée de Chicoutimi, tantôt, quand elle parlait de sommet
économique. J'ai été élu député en
1981 dans le comté de Berthier et je fais partie de la région de
Lanaudière, la grande région de Lanaudière qui
n'était, au début, pas complétée, parce que le
gouvernement ne l'avait pas complétée, le gouvernement
péquiste, et c'est le gouvernement libéral, avec Marc-Yvan
Côté, qui l'a complétée, qui a réussi
à faire en sorte que les six régions soient reconnues et soient
ensemble pour pouvoir faire une belle et grande région qu'est
Lanaudière.
Deuxièmement, il y a eu un sommet économique en 1982, puis
le sommet économique de 1982, sous le gouvernement
précédent, ça été rien, plus que rien. La
seule recommandation qui avait été retenue, ça
été de compléter la route - remarquez bien, ce n'est pas
dans la région de Lanaudière là - entre Donnacona et
Champlain. Ça fait que c'était loin de chez nous, ça, la
seule chose. Ça fait qu'il n'y avait rien à avoir
là-dedans. Nous en avons tenu un, en 1990, dans la région de
Lanaudière, et ça été un succès record.
Pourquoi je dis un succès record? C'est parce qu'il y a eu des dizaines
de millions de dollars, pas des milliers, des dizaines de millions de dollars
qui ont été investis par le gouvernement actuel, et les personnes
qui étaient dans les dossiers, qui étaient au sommet, se sont
prises en main. Elles ont mis beaucoup d'argent. Ça a créé
des emplois. Ça a fait beaucoup de choses et, je pourrais vous dire, non
pas des années après, mais quelques mois après le sommet
terminé, il y avait déjà des projets qui étaient
enclenchés et nous avons inauguré, en dedans d'une année
après la tenue du sommet, des réalisations, des inaugurations qui
ont été faites. Il s'en fait encore, et les gens qui ont eu des
projets qui ont été acceptés, bien entendu - bien des gens
ont présenté des projets, mais tous les projets n'ont pas
été retenus parce qu'il y avait tout près de 300 projets;
il s'en est retenu une centaine environ - et qui ont donné suite aux
engagements qui avaient été pris, ça a été
un succès monstre dans la région de Lanaudière. Les gens
n'en reviennent pas. C'est pour vous dire que le sommet économique, dans
notre coin - je ne parlerai pas des autres, je ne les connais pas tellement,
j'en ai seulement entendu parler bien peu - chez nous, ça a
été quelque chose de sensationnel pour le sommet
économique tenu dans la région de Lanaudière. La biennale
s'en vient bientôt et les gens sont prêts encore à
travailler ensemble pour faire de la concertation, pour qu'on puisse avoir
quelque chose de bien dans la région de Lanaudière. C'est pour
ça que je voulais apporter quelques précisions à la suite
des déclarations de la députée de Chicoutimi. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, M. le
député de Berthier. Il vous reste encore quelques minutes, Mme la
députée de Chicoutimi, si vous souhaitez intervenir. D'abord, le
député de Matapédia n'est pas là. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Bien, je félicite le député
de...
La Présidente (Mme Marois): Berthier.
Mme Blackburn: ...Berthier, je pense toujours à M. Houde,
s'il peut déclarer, aujourd'hui, que ça a été un
succès sur toute la ligne, le dernier sommet socio-économique.
Alors, si tel est le cas, je ne vois pas pourquoi ils ne les ont pas maintenus.
C'est ça, le problème, il n'y en aura plus. Ça veut dire
qu'ils ont estimé, et le ministre a estimé que c'était une
formule boiteuse, qui était devenue inefficace parce que... Alors,
j'imagine que ce n'est pas la faute de l'acte du gouvernement péquiste
si on a aboli les sommets économiques.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Berthier, certainement.
M. Houde: Merci. Écoutez, concernant les sommets
économiques, il y a eu du bon dans les sommets qui ont été
tenus. Ça, je ne le nie pas, là. Ce n'est pas ça que j'ai
dit tantôt. La chose que je dis, à la suite des sommets qui ont
été tenus, il y en a eu, d'abord, dans toutes les régions
du Québec, et il semblerait, d'après les sondages qui ont
été faits auprès des personnes, qu'il y aurait des
modifications à apporter parce que ce n'est pas tout le monde qui a pu
avoir des projets qui ont été retenus. Ça a frustré
des gens, c'est bien évident, ça, mais la participation a
été tellement forte qu'ils ne pouvaient pas répondre
à tous les projets. Ils ont retenu les plus structurants, et ça a
été étudié par les gens du milieu. Les ministres
concernés ont donné leur point de vue, mais les gens du milieu
ont été présents et, pour la grande majorité, ils
ont été bien satisfaits. Il y a des choses à
réviser, et c'est pour ça qu'ils ont pensé qu'il y aurait
des choses qui seraient mises sur pied dans les mois ou les années
à venir.
Mme Blackburn: Ça m'intéresse.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: pendant que mon collègue cherche, mme la
présidente, je voudrais savoir pour combien il y avait des projets et
combien d'argent vous avez reçu.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
berthier. >.
M. Houde: Combien d'argent on a reçu?
Mme Blackburn: II y avait 300 projets. Ça
représentait des investissements...
M. Houde: C'est-à-dire que sur 300 projets il y en a eu
environ 80, 90 de retenus. Il y avait, de mémoire, je ne suis pas
certain des chiffres, mais environ 55 000 000 $ à 65 000 000 $
d'injectés, et le milieu en a mis. Je ne peux pas dire le montant, mais
ils ont mis leur part, en tout cas. D'abord, il y avait des barèmes qui
étaient établis, lis ont mis leur part. Il y a seulement eu deux
projets, à ma connaissance, qui étaient en dérogation, et
sur les deux qui étaient en dérogation, pour donner un peu plus
que la part normale du gouvernement, il y en a un qui a été
accepté et l'autre, en bout de ligne, ça a pris assez de temps
pour pouvoir trouver l'argent dans le milieu. Il a été
retenu, mais uniquement pour la part qui devait être versée et non
en additionnel.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Les demandes représentaient combien de
millions? 300 000 000 $ et ils ont eu 50 000 000 $.
M. Houde: Non, non, pas 300 000 000 $. Je ne peux pas vous le
dire exactement, mais il me semble que c'est alentour de 55 000 000 $ à
75 000 000 $, la part du gouvernement qui a été versée
dans les projets, à date.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Merci, M. le
député de Berthier. Alors, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, vous étiez le suivant inscrit sur ma
liste. Est-ce que j'avais bien compris, oui?
M. Trudel: Oui, oui.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. (23 heures)
M. Trudel: Mme la Présidente, vraiment, oui, on est au
coeur du projet présenté par le ministre de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Moi
aussi, Mme la Présidente, je n'en croyais pas mes oreilles. Mes yeux ne
pouvaient suivre le ministre dans sa présentation de façon
attentive parce que je ne pensais pas qu'on puisse entendre ce discours, qu'on
puisse entendre cette façon de voir le développement
régional et la main-d'oeuvre en région, d'une façon aussi
centralisatrice, avec un discours qui est très carrément à
contre-courant. Ça me semble une vérité de La Palice de le
dire, ça me semble tellement une évidence que c'est même un
petit peu curieux de
reprendre la discussion à ce point où nous en sommes
rendus dans certains secteurs, en 1992.
Mme la Présidente, j'ai une activité professionnelle,
depuis tout près de 25 ans, dans une des régions - s'il y a une
région qui est bien périphérique au Québec, c'est
bien celle de I Abitibi-Témiscamingue... Je suis sûr que mes
concitoyens et mes concitoyennes auraient été extrêmement
gênés d'entendre le discours du ministre ce soir et n'auraient pu
imaginer qu'on puisse effectuer un tel retour en arrière au niveau de la
gestion de la formation et du perfectionnement de la main-d'oeuvre dans une
région comme l'Abitibi-Témiscaminque.
Mme la Présidente, on ne peut pas éternellement
recommencer les mêmes batailles dans une société. Il y a
comme des bonds qualitatifs qui se font dans une société. Oui, et
c'est normal, on appelle ça la croissance en spirale de la connaissance
et des idées, c'est que, quelquefois, certaines idées reviennent
en arrière, mais finissent toujours par reprendre le meilleur de ce qui
s'est passé dans la dernière décennie pour continuer
à grandir et à se développer. C'est la spirale du
développement de la connaissance.
Ce que le ministre nous a exposé ce soir, il est vraiment sur la
spirale descendante. Il est vraiment sur la spirale descendante.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ça n'a pas de bon sens, entendre des choses
comme ça, et on ne peut pas, dans une société,
éternellement recommencer les mêmes batailles. Écoutez, je
me souviens encore, au tournant des...
M. Bourbeau: L'histoire est un perpétuel
recommencement.
M. Trudel: Oui, vous en êtes la démonstration
particulièrement vivante. Comme dirait le grand historien italien
Jean-Baptiste Vico: «L'histoire est faite de corsi et de recorsi».
Dans votre cas, c'est des recorsi, qu'on entend ici ce soir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais je suis Italien, moi: Bourbeau.
M. Trudel: Pardon?
M. Bourbeau: Je suis Italien d'origine, notario Bourbeau.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Alors, trêve de
plaisanteries.
M. Trudel: Je vous souhaite de lire comme il faut Jean-Baptiste
Vico. C'est très formateur au niveau de l'évolution de la
pensée.
Mme la Présidente, je croyais me retrouver au conseil
régional de développement du Nord-Ouest québécois.
Voyez-vous, ça ne s'appelait même pas, à l'époque,
dans le langage, en tout cas reconnu dans la région, de
l'Abitibi-Témis-camingue, en 1965, où on tentait de former une
espèce de groupe de concertation pour en arriver à se donner les
instruments de notre propre développement. Et Dieu sait qu'à ce
moment-là, parce qu'on n'était pas au moment de
l'évolution de la société québécoise qui
nous portait à être disposés et prêts à
décentraliser ce qu'on n'avait même pas construit encore, dans
bien des secteurs de l'actitivé québécoise, on cherchait
comment on pourrait, en région, être autre chose que des
déversoirs, être autre chose que des camps. Parce que ça,
là, quelqu'un qui vient d'une région périphérique
comme moi puis qui l'a vécu quotidiennement depuis 25 ans, c'est souvent
la considération que l'on a pour les régions-ressources du
Québec. On va aller vous chercher tout ce qu'il y a en dessous de la
terre, on va aller vous chercher tout ce qui pousse dessus, on va aller vous
chercher tout ce qui coule à la surface de la terre et, ce qui est
sûr, c'est qu'on ne va vous laisser à peu près que les
déchets de l'exploitation de ces ressources naturelles.
C'est une conception qu'on avait, je pense, globalement, tous
gouvernements étant confondus depuis 1960, tout type de gouvernement,
par tous les partis, on avait comme dépassé ce stade de la
conception d'une nécessaire centralisation pour que ça marche. Il
y a suffisamment eu de démonstrations de la capacité de la prise
en main des régions. Encore récemment, Mme la Présidente,
il se publiait au Québec un ouvrage, quand même, qui a fait les
manchettes, qui a fait écrire, et qui était le dernier rapport du
Conseil des affaires sociales du Québec et qui s'appelle «Un
Québec solidaire, Rapport sur le développement». Et, encore
là, on a tout un chapitre qui est consacré à cette
espèce de conception qui nous a été exposée par le
ministre, il y a quelques minutes, toute cette conception de la centralisation
paralysante. Et, Mme la Présidente, en écoutant ce discours du
ministre, les oreilles me frissonnaient. Tout à coup, il m'est
réapparu les premières pages de ce chapitre 4 du
«Québec solidaire» du Conseil des affaires sociales. Et ce
n'est pas trop long, Mme la Présidente, je pense que je vais lire parce
que ça a un petit peu rapport avec les responsabilités du
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle.
La Présidente (Mme Marois): C'est votre droit le plus
strict, M. le député.
M. Trudel: Alors, ce matin de juin 1990, regardez ce que c'est
que la centralisation
paralysante.
M. Bourbeau: Le député peut lire, mais, s'il veut
déposer, je suis prêt à admettre l'authenticité du
document tout de suite.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Je pense que c'est pour les
fins de sa preuve, il a besoin de lire.
M. Trudel: J'ai bien trop peur que le ministre évite de le
lire avec les nombreuses responsabilités qu'il a et surtout celles qu'il
veut avoir en plus au niveau de la centralisation de son organisme en formation
de la main-d'oeuvre. Il n'aura plus le temps de lire des choses comme
ça. «Ce matin de juin 1990, dans une salle confortable de
l'Institut Desjardins, à Lévis, ils étaient une trentaine
à se réunir au cours d'un petit déjeuner pour discuter
emploi.» Ça nous intéresse, ça, ici.
«Convoquée par la Corporation de développement
économique de la MRC de Desjardins, cette réunion faisait suite
aux assises nationales du Forum pour l'emploi qui avait conclu à la
nécessité de vivre localement la concertation instituée
à l'échelle nationale. Autour de la table, des entrepreneurs, des
spécialistes de la formation et des représentants des
institutions qui assistent les sans-emploi. «Pour l'occasion, c'est M.
Claude Béland, président du Mouvement Desjardins et du Forum pour
l'emploi, qui animait la rencontre. D'entrée de jeu, un participant,
important agriculteur de Saint-Henri de Lévis, annonce: "Je suis
allé à la "briquade" hier, sur la route 132, et j'ai appris qu'on
cherche trois briqueteurs." Ah bon! «Suit une brève discussion sur
le peu de recyclage requis pour un tel travail et la facilité relative
avec laquelle ces emplois de briqueteur peuvent être comblés. Puis
le groupe passe à autre chose, comme si le problème était
réglé. Après une quinzaine de minutes, voyant que le
groupe ne revenait pas à la proposition de l'homme d'affaires de
Saint-Henri, le président de l'assemblée revient à la
charge: «II y a une proposition sur la table susceptible de faire trois
chômeurs de moins. Ce n'est pas tout de dire que ces emplois seront
facilement comblés, encore faut-il savoir comment. Qui peut le dire? Je
m'adresse à ceux qui ont la responsabilité du placement.
«Commence alors un curieux ballet de l'esquive où danseurs et
danseuses battent en retraite sur la pointe des pieds, décrivant
arabesques et entrechats autour de figures comme les normes, les programmes
nationaux, la rationalisation des dépenses - ça, ce n'est pas une
citation de la revue du ministre, là, entrechats et arabesques autour
des figures comme les normes, les programmes nationaux, la rationalisation des
dépenses. «Moi, je fais des études sur la situation de
l'emploi, répond la représentante du centre Emploi et Immigration
Canada. «Ce n'est pas mon travail, enchaîne le
délégué du centre Travail Québec, mon rôle
consiste à administrer les programmes du ministère comme les
stages en milieu de travail, les travaux communautaires, le retour à
l'école et le programme PAIE. «Ah bon! Intéressant, mais
encore... «D'habitude, il me faut 10 inscriptions pour donner un cours de
recyclage, annonce le représentant de la commission de formation
professionnelle.» Dû aux normes nationales.
«Excédé, le président reprend:
«Écoutez, c'est pourtant simple. On nous apprend que trois emplois
nécessitant peu de recyclage sont disponibles. Vous connaissez les
personnes sans emploi puisque vous leur adressez des chèques de
prestation. Comment ces personnes sauront-elles qu'il y a trois emplois
disponibles à la "briquade"? «On apprend alors que la relation
entre l'offre et la demande d'emploi se fait désormais par affichage,
etc. «Ce qui semblait clair pour tous, au sortir de la réunion,
c'est que la concertation ne peut vraiment s'établir que si les
personnes chargées de la faire disposent d'une marge de manoeuvre
suffisante pour adapter les programmes gouvernementaux aux
réalités locales.» Et à la capacité de
décider des normes dans ces programmes. «À
l'évidence, ce n'était pas le cas ici; chacun représentant
son ministère, son organisme, son établissement.» Ses
normes centralisées. Ça, M. le Président, c'est l'exemple
de ce qui peut se vivre... (23 h 10)
Une voix: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, ça
va. M. Trudel: ...Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Je vous excuse, je vous
excuse. Il est trop tard.
M. Trudel: ...en région, d'une centralisation paralysante
au niveau d'une société comme la société de la
main-d'oeuvre du Québec.
Mme la Présidente, il m'a été donné aussi
d'avoir d'autres expériences en matière de formation des
personnes dans les régions. J'ai eu l'occasion de diriger un
établissement de formation de niveau universitaire issu de la Loi sur
l'Université du Québec, créée en 1969. Une loi
vraiment décentralisante. Sauf que, comme toujours, les régions
du Québec doivent se battre deux ou trois fois plus fort que le restant
des autres régions pour obtenir leur juste part. Si bien qu'au moment de
la création de l'Université du Québec, pour la
région de l'Abitibi-Témis-camingue, on a tout simplement
décidé, compte
tenu d'un certain nombre de paramètres, qu'il n'y aurait pas
d'Université du Québec, une constituante de l'Université
du Québec dans cette région. On décidait d'avoir un centre
d'études universitaires rattaché à la corporation centrale
de l'Université du Québec, toujours, bien sûr, pour le bien
du monde de cette région, évidemment, de leur incapacité
de se prendre en main... On voulait tellement leur bien qu'on disait qu'on
finirait par l'avoir. On décidait donc, à partir d'une
corporation centrale, d'aller servir les autochtones, d'aller servir les gens
qui travaillaient à fournir les richesses naturelles, les ressources
naturelles pour permettre à l'industrie manufacturière de
fonctionner dans le Québec plus central.
M. Bourbeau: J'ai l'impression que ça ne s'est pas
passé comme ça.
M. Trudel: Et dans ce contexte-là, M. le
Président...
La Présidente (Mme Marois): Pardon?
M. Trudel: Dans ce contexte-là, Mme la
Présidente...
M. Bourbeau: J'ai comme l'impression que ça ne s'est pas
passé comme ça.
M. Trudel: Mme la Présidente, si ça ne s'est pas
tout à fait passé comme ça...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député. Le ministre pourra intervenir de nouveau, de toute
façon, s'il souhaite le faire.
M. Bourbeau: Enfin, Trudel vint!
M. Trudel: Donc, en 1972, nous avons créé cette
structure centralisée. Et, à la suite de ça, dans un grand
mouvement de réponse à des pressions de la région qui
voulait, comme tous les Québécois et les
Québécoises, prendre en main leur développement, on
daignait déplacer le centre de décision. Mais attention, non pas
de Québec vers la région de l'Abitibi-Témiscamingue, mais
de Québec vers la région de l'Outaouais...
M. Bourbeau: Intervint Trudel!
M. Trudel: ...prétendant que le colonisateur étant
plus proche, ce serait moins paralysant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Voilà généralement, d'ailleurs,
les étapes à travers lesquelles doivent passer les
régions. On leur dit: Voici le paquet centralisé, mais vous allez
pouvoir jouer dans l'enclos. Comme on dit: Vous allez pouvoir vous amuser.
Nous, on détermine la grandeur du carré de sable, et d'autres
disent: En région, jase, jase, tapisse, peinture. Jase, jase, perle,
parle, tapisse, peinture puis, pendant ce temps-là, ça ne
dérange personne. Nous, on décide, le grand monde, à
travers les normes nationales: Si vos pèlerinages ont un peu
d'intensité, peut-être qu'on va permettre une certaine marge, une
certaine marge sur la dispensation des activités. Mais attention, mais
attention, il faut que vous compreniez toujours que c'est nous autres qui
décident.
Voilà ce qu'on avait fait aussi dans le domaine de l'enseignement
universitaire jusqu'en 1978, en rattachant cette région, au plan de
l'enseignement et de la formation des ressources humaines de niveau
supérieur, à la région de l'Outaouais. Et, pourtant, cette
population-là ne s'est pas découragée et a continué
à réclamer la volonté de la pleine possession de ses
moyens pour en arriver à développer ses ressources humaines quant
au niveau concerné. Et c'est en 1983 que le Conseil des ministres du
gouvernement du Québec accordait, non pas des programmes, non pas une
marge de manoeuvre, non pas un demi-organisme, non pas un
délégué à l'action universitaire, non pas la
nomination d'un responsable de l'enseignement universitaire, mais, comme le
prévoyait la loi décentralisante du réseau de
l'Université du Québec, la création d'une
université de plein droit qui n'allait pas ressembler à ce que
sont l'Université de Montréal, l'Université McGill,
l'Université Laval, avec leurs grandes capacités de recherche,
leurs grandes capacités de développement, mais qui allait
correspondre aux besoins des enfants et des familles de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue parce que ça adonne que ce sont des
Québécois et des Québécoises qui ont aussi la
volonté de contribuer au développement intégral du
Québec. Et ce n'était pas une question de faire de la duplication
de services qui se dispensent ailleurs ou de faire en sorte que nous aurions,
dans les 16 régions du Québec, 16 facultés de
médecine, les Québécois et les Québécoises
sont plus intelligents que ça, mais, quant aux besoins
spécifiques de cette région, nous pourrions permettre aux gars et
aux filles de cette région d'avoir l'accès à une formation
universitaire de qualité et d'obtenir des diplomations dans la
région même.
Et c'est comme ça qu'a été créée la
dernière unité du réseau de l'Université du
Québec et qui permet, depuis bientôt une dizaine d'années,
la formation des ressources humaines dans cette région. Et quiconque
vous dira que le développement de cet instrument, avec ses propres
capacités, ses propres budgets, ses propres niveaux d'approbation de
programmes, qui ne sont pas différents des autres universités
québécoises, exactement sur le même pied, avec la pleine
responsabilité institutionnelle, fait en sorte que ces gens, dans le
domaine de la formation au niveau supérieur, sont responsables
d'être bons comme partout ailleurs au , Québec et sont
soumis également aux critères de qualité, en termes de
formation, dans les différentes disciplines.
Mme la Présidente, on ne peut pas recommencer
éternellement les mêmes batailles. On a vécu un certain
nombre d'expériences avec nos commissions de formation professionnelle,
on a convié autour de la table les différentes catégories
d'employeurs, les différentes catégories d'employés, les
différentes catégories d'établissements qui contribuent
à de la formation pour essayer de dessiner, avec le peu de moyens ou les
moyens dont disposent les commissions de formation professionnelle, des
programmes adaptés pour répondre aux besoins. On ne peut pas
dire: Dans la phase 2 de cette opération, on va rapatrier centralement
tous ces instruments-là.
Non. Moi, Mme la Présidente, je pense vraiment qu'on ne peut pas
dire aux régions du Québec, après tant d'efforts qui ont
été faits dans certains autres ministères et au niveau
général des opérations gouvernementales de tels mouvements
de décentralisation... Il y a des exemples que j'accompagne, moi, qui
ont été donnés par le député de
Matapédia, qui nous font la démonstration, oui, effectivement,
que les régions ont la capacité de se prendre en main, ont
l'énergie, ont la volonté du génie propre qui
réside dans ces régions, et c'est prouvé aussi au plan
théorique. Et là le ministre aurait intérêt,
à mon avis, à retourner, à retourner, oui, à faire
de la consultation. Pas de la consultation parce que vous l'avez faite ici, en
commission parlementaire, mais de la consultation au niveau des formules
gagnantes dans notre société.
Sur le plan administratif, sur le plan de l'organisation des services,
sur le plan du développement organisationnel, la décentralisation
n'est pas une mode. La décentralisation n'est pas uniquement un courant
qui fait en sorte que c'est bien, dans les salons, de parler de
décentralisation. C'est un mode de gestion et de développement
des organismes qui a fait ses preuves. On a fait la démonstration de
l'efficacité parce qu'on permet au potentiel humain des individus qui
composent ces organisations de se développer pleinement, de fleurir, de
faire en sorte que l'originalité, que les formules adaptées
puissent exister. Il n'y a rien de plus tuant, il n'y a rien de plus difficile
pour une région, il n'y a rien de plus paralysant pour une
région, M. le ministre, que de leur dire: On va vous organiser ça
au plan national et, dans un deuxième temps, on va vous donner un hochet
qui va vous permettre d'exécuter nos décisions. Vous n'allez pas
susciter la collaboration, vous allez susciter la passivité,
l'exécution, et vous allez vous retrouver aussi avec des
problèmes, tantôt, qui vont faire en sorte qu'on va être
obligé de revoir ça d'ici trois ou quatre ans. (23 h 20)
M. le ministre, je conclus en disant, donc... Parce que j'ai bien
terminé?
La Présidente (Mme Marois): Oui, vous avez
terminé.
M. Trudel: Je conclus, M. le ministre, en disant: Vous avez
suffisamment d'expérience, au niveau de la gestion des organismes, pour
continuer à réfléchir et ne pas adopter cette conception
paralysante, centralisatrice de l'organisation que vous voulez donner aux
régions, qui ont toutes dénoncé cette
façon-là, cette société de la main-d'oeuvre
régionale et, en porte-à-faux, les sociétés
régionales de développement de la main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, M. le
député. Est-ce que vous avez des commentaires à faire, M.
le ministre?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je respecte l'opinion de
ceux qui ne partagent pas la mienne, mais je dois dire que ce n'est pas
après quelques minutes de réflexion que nous en sommes
arrivés à la décision de procéder tel que nous le
faisons. C'est après une très longue réflexion, et pour
les raisons que j'ai déjà énoncées. Je reconnais,
cependant, qu'on peut penser différemment mais, en mon âme et
conscience, je suis convaincu que, pour le bien de la main-d'oeuvre et pour le
bien des Québécois, il est préférable de
procéder tel que nous le faisons.
M. Houde: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Je voudrais juste - c'est un petit peu ce que j'ai dit
tantôt - apporter une précision pour répondre exactement a
Mme la députée de Chicoutimi, là. En ce qui concerne le
Sommet économique de Lanaudière, là, avec les
précisions que j'ai apportées, il y avait 52 projets
d'acceptés, dont 50 000 000 $ du gouvernement provincial et 150 000 000
$ du milieu des partenaires. C'est parce que c'est écrit dans les
galées puis, si quelqu'un les reprenaient, ça
dévaloriserait mes gens qui sont impliqués pour la peine. C'est
pour ça que j'ai apporté des précisions. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): c'est bien. je vous remercie,
m. le député de berthier. oui, mme la députée de
chicoutimi? je sais qu'il vous restait quelques minutes.
Mme Blackburn: Oui, il me restait quelques minutes et je voudrais
lire une lettre qui a été adressée au ministre par
l'UMRCQ. Je pensais que c'était important de la lire pour qu'elle reste
aux galées, pour qu'on se rappelle dans quels
termes ça avait été dit.
M. Bourbeau: ...Mme la Présidente, non? Vous l'aviez
oubliée, Mme la Présidente?
Mme Blackburn: Pas celle-là mais... En tout cas.
La Présidente (Mme Marois): Pas depuis que je
préside, monsieur. Alors, si vous voulez procéder, madame.
Mme Blackburn: Parce que j'ai vérifié auparavant,
puis on m'a dit non. Alors, je ne reprendrai pas la totalité parce que,
pour l'essentiel, ils dénoncent la décision du ministre. Mais je
reprends à partir du deuxième paragraphe: «Comme je vous le
mentionnais, nous partageons en effet sans réserve votre volonté
de modifier en profondeur le cadre et les mécanismes de gestion du
développement de la main-d'oeuvre dans une perspective de relance de
l'emploi. Ce constat premier explique, du reste, notre absence du débat
en commission parlementaire de l'hiver dernier.»
M. Bourbeau: Ça avait été cité, cette
partie-là. C'est moi qui l'ai citée.
Mme Blackburn: «Nous poursuivons, par ailleurs, tout comme
nos collègues des cités et villes - alors, je vais citer
peut-être ce que le ministre n'a pas cité - un cheminement qui
vise à articuler ou préciser les politiques de
décentralisation que devrait adopter le Québec pour
alléger sa gestion politique, pour la rendre plus performante, plus
efficace, mieux adaptée à une ère de compétition
brutale instaurée par la globalisation de l'économie de
marché. Le vecteur économique, le redressement de la conjoncture
en région sont évidemment des considérations fondamentales
qui à la fois structurent notre réflexion et dictent les
critères qui doivent présider à l'évaluation des
résultats. Pour étayer ces propositions, il apparaît
essentiel de rappeler que l'expérience étrangère a
prouvé hors de tout doute l'importance de confier aux institutions de la
base toute l'autonomie de gestion et toutes les responsabilités
administratives qu'elles peuvent légitimement assumer afin de magnifier
l'effet de leur implication, c'est-à-dire afin de garantir des
résultats. La décentralisation - nous dit l'UMRCQ - puisque c'est
bien de cela qu'il s'agit, promet et permet, en matière de
développement de la main-d'oeuvre, d'établir l'adéquation
entre la demande et l'offre à l'échelle sociale et territoriale
qui correspond au milieu de vie des personnes visées par l'action
publique. Aucun autre mécanisme, mais surtout pas la gestion
centralisée, ne peut assurer la flexibilité et la souplesse qui
s'imposent dans une dynamique de l'économie qui dicte la
mobilité. L'histoire mondiale récente n'en est-elle pas la
preuve, toutes proportions gardées? Prétendre gérer et
contrôler a distance des politiques de main-d'oeuvre nie le
caractère essentiellement individuel que doivent revêtir la
formation, le soutien du revenu et le placement. Pour les organismes
associés à l'État, l'engagement dans une démarche
dirigiste constitue une répudiation de leurs membres, une
négation même de la réalité du mandat de leurs
porte-parole régionaux.»
La Présidente (Mme Marois): II faudrait procéder
parce qu'il ne vous reste plus de temps.
Mme Blackburn: Oui. Alors, je termine. «Il a
été allégué que la délégation de la
responsabilité de l'administration de fonds publics à des tiers
soulevait des appréhensions sérieuses quant à
l'imputabilité ministérielle.» Ils rappellent
qu'effectivement ils le partagent. Il leur semble néanmoins qu'en
matière de développement de la main-d'oeuvre, dans le cadre de
sociétés tripar-tites que vous proposez de constituer, il serait
possible d'établir des règles de régie interne qui
assureraient la transparence et la rigueur de l'administration. La scrutation
publique ne de-meure-t-elle pas la meilleure garantie de la qualité de
la gestion? Et ça, c'est signé par M. Ni-colet, le
président de l'UMRCQ. C'est un extrait de la lettre qui a
été adressée au ministre, pour les fins du Journal des
débats, en date du 21 mai 1992.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Alors, s'il n'y a pas d'autres
interventions, je vais appeler...
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aimerais, à ce
stade-ci de nos travaux, présenter un amendement à l'article
31.
La Présidente (Mme Marois): II faut le faire rapidement,
parce qu'il vous reste peu de temps pour le faire.
Mme Harel: D'accord. Alors, Mme la Présidente,
l'amendement consiste en l'ajout, après le premier alinéa de
l'article 31, de l'alinéa suivant: «Ces sociétés
régionales de développement de la main-d'oeuvre sont des
corporations au sens du Code civil.»
La Présidente (Mme Marois): Merci. Si je disais à
la députée qu'il ne lui restait que peu de temps pour
présenter son amendement, c'est qu'en fait il nous reste encore du temps
de travail à la commission, au moins jusqu'à minuit. Avec
consentement, on pourrait évidemment...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Non, mais ce que je voulais
dire, juste pour qu'on se corn-
prenne bien, pour expliquer le sens de mon intervention, c'est qu'il ne
lui restait que très peu de temps de parole et, pour pouvoir
présenter un amendement, il fallait qu'elle le fasse sur le temps de
parole qui lui restait, ce qu'elle a fait.
M. Bourbeau: Vous êtes d'une impartialité
exemplaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): j'essaie d'être juste
pour les deux côtés de cette table, m. le ministre, en permettant
à chacun d'exprimer son point de vue, cependant.
M. Bourbeau: On vous en est très reconnaissant.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais dire quelques mots sur la
recevabilité de cet amendement-là. Je ne suis pas un expert de la
procédure, mais il m'apparaftrait assez étonnant que soit
recevable un amendement qui, à sa face même, propose la quadrature
du cercle. Parce que l'amendement propose de dire... Peut-être que vous
pourriez en faire la lecture parce que je n'en ai pas de copie...
La Présidente (Mme Marois): Oui, je pense que je vais
reprendre, si vous permettez.
M. Bourbeau: Oui, très bien.
La Présidente (Mme Marois): Alors: Ajouter, après
le premier alinéa de l'article 31, l'alinéa suivant: «Ces
sociétés régionales de développement de la
main-d'oeuvre sont des corporations au sens du Code civil.»
M. Bourbeau: Alors, cet amendement-là vient après
le premier paragraphe qui dit: «La Société établit,
à l'intérieur de sa structure, une entité pour chacune des
régions...» Alors, comment peut-on, à l'intérieur
d'une structure, établir des corporations qui ont la personnalité
juridique? C'est impossible, c'est une impossibilité physique. Donc, je
prétends qu'il ne peut pas être recevable, parce que le
législateur ne peut pas proposer des choses qui sont impossibles, il me
semble.
Mme Harel: Mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...si tant est que ça occasionne les
problèmes dont nous parle le ministre, alors mon amendement va consister
d'abord, à biffer, au premier alinéa, les mots «à
l'intérieur de sa structure», et à ajouter un
deuxième alinéa qui se lirait tel quel.
La Présidente (Mme Marois): Que vous avez
proposé.
Mme Harel: C'est ça. Alors, je remercie le ministre,
d'ailleurs, pour sa collaboration.
M. Bourbeau: Je n'ai pas très bien saisi le sens.
La Présidente (Mme Marois): Oui, très certainement.
Je vais vous expliquer l'amendement que propose la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Pour répondre à l'objection que
présentait le ministre, elle propose, suite aux mots «La
Société établit» que soient biffés «,
à l'intérieur de sa structure,». Donc, l'article
amendé se lirait comme suit, le premier alinéa: «La
Société établit une entité pour chacune des
régions que le gouvernement détermine. «Ces
sociétés régionales de développement de la
main-d'oeuvre sont des corporations au sens du Code civil.»
C'est comme ça que se lirait l'article final si chacun des
amendements était accepté. Alors...
M. Bourbeau: Est-ce que c'est un nouvel amendement ou si c'est le
même qui est corrigé, là? Comment procédez-vous?
Mme Harel: C'est le même qui est corrigé.
La Présidente (Mme Marois): Un instant, s'il vous
plaît. Alors, ce serait le même qui serait corrigé.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée avait assez de
temps de parole pour pouvoir faire sa correction?
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): En une minute... Je pense que,
si je le lisais, ça ne prendrait pas une minute. Donc, elle pouvait le
faire. (23 h 30)
Mme Harel: Si on ne le fait pas là, on va le faire
ailleurs.
(Consultation)
La Présidente (Mme Marois): Alors, la
députée va rédiger l'amendement et nous pourrons ensuite
procéder à son étude, parce que je pense que dans...
Là, à partir de la discussion qu'on a eue, je pense que cet
amendement deviendrait recevable. Et peut-être que...
M. Bourbeau:... Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Je suis surtout
plutôt fatiguée, M. le ministre, à ce moment-ci.
J'ai comme un peu de... C'est un peu plus lent, si on veut, comme
réflexe. Oui, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: D'ailleurs, il y a une règle
d'interprétation en droit. On doit toujours interpréter de
façon libérale, c'est-à-dire large et ouverte,
plutôt...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Oui, j'ai compris.
Mme Harel: ...que de façon restrictive.
M. Bourbeau: Comme le Parti libéral. Alors que l'inverse
est, évidemment, étroit et fermé. C'est
nécessairement l'Opposition.
M. Trudel: ...les fables de La Fontaine.
M. Bourbeau: Les fables...
M. Trudel: Non? Elles sont disparues?
Une voix: Rémy, c'est comme la souveraineté...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Oui, c'est ça. C'est
même un livre de référence ici, à cette commission.
Les fables de La Fontaine, c'est un livre de référence qui est
gardé dans nos armoires.
Une voix: C'est vrai?
La Présidente (Mme Marois): Non, je pense...
M. Bourbeau: C'est normal, c'est le livre de cette salle.
La Présidente (Mme Marois): C'est vrai, vous avez raison
mais, enfin, ce n'est pas tout à fait le même La Fontaine. Nous
sommes dans la salle, oui, Hippolyte-LaFontaine.
M. Bourbeau: C'est la bible de cette salle. Une
voix:...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Alors, si vous le
permettez...
M. Bourbeau: C'est bien ce qu'on appelle des amendements
fignolés sur le coin de la table, Mme la Présidente. Pour un
amendement aussi important, ça m'étonne qu'il n'ait pas
déjà été préparé avant. On fera,
après, les discours...
La Présidente (Mme Marois): Là, j'imagine que vous
aurez l'occasion d'échanger sur l'amendement et, donc, de soulever cette
question-là.
Mme Harel: Oui. Et, comme il vient de...
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: ...parler sur le fond, alors, c'est qu'il
reconnaît l'admissibilité de l'amendement.
M. Bourbeau: La présidente l'avait déjà
admis, l'avait déjà annoncé.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je comprends qu'on a
retiré le premier libellé pour le remplacer par un libellé
plus complet qui est le suivant, et que je lis: L'amendement consisterait
à remplacer le premier alinéa par le suivant: «La
Société établit une entité pour chacune des
régions que le gouvernement détermine.» Et ajouter le
troisième alinéa suivant: «Cette société
régionale de développement de la main-d'oeuvre constitue une
corporation au sens du Code civil».
Je crois, à première vue, que cet amendement semble
recevable. Est-ce qu'il y a des commentaires? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Sur la recevabilité ou...
La Présidente (Mme Marois): Bien, s'il n'y a pas...
Non.
Mme Harel: Non. D'accord.
La Présidente (Mme Marois): On ne fera pas de débat
sur la recevabilité si je n'ai pas d'objection. Parce qu'à sa
face même...
Mme Harel: Alors...
La Présidente (Mme Marois): ...je crois que c'est
recevable. Alors, si vous voulez intervenir maintenant sur le fond de
l'amendement.
Mme Harel: Mme la Présidente, je veux simplement, d'abord,
rassurer le ministre. Qu'il ne s'en fasse pas trop sur la technique de
rédaction de l'amendement. Je dois lui dire que j'ai, pendant trois
mois, travaillé en commission parlementaire avec son collègue de
la Justice à la révision du Code civil et que nous avons,
à la satisfaction générale, j'ai l'impression,
procédé de cette façon pour un total de quelques milliers
d'articles. Je sais que, si le ministre veut retourner à la pratique, il
devra, d'ailleurs, suivre des cours de sa corporation professionnelle. Il en
aura pour une soixantaine d'heures, me dit-on, de cours obligatoires...
M. Bourbeau: Ne vous en faites pas, je n'ai aucunement
l'intention de retourner sur les bancs d'école.
Mme Harel: ceci dit, mme la présidente, je veux d'abord
féliciter le député de berthier. les interventions qu'il a
faites ce soir manifestent une certaine passion...
M. Bourbeau: Elle ne recule devant aucune flatterie.
Mme Harel: ...pour la vie régionale qui s'est
développée dans Lanaudière. C'est tout à son
honneur d'y être associé.
M. Trudel: Quelle démonstration!
Mme Harel: Je le dis simplement, je regrette que le
député de Matapédia nous ait quittés, sans doute
pour vaquer a d'autres occupations parlementaires, j'en conviens, mais je
regrette qu'il ne soit pas là pour que je puisse insister auprès
de lui sur le danger d'opposer Montréal aux régions et sur la
nécessité d'une réconciliation entre le Québec des
régions et sa métropole pour justement arrêter de se faire
organiser par Québec. Mme la Présidente, finalement, ce qui nous
manque, présentement, c'est un nouveau contrat social, de façon
à ce que les régions comprennent que Montréal n'est pas un
ennemi, un adversaire, un opposant, et que c'est dans la mesure où les
régions et Québec vont finalement faire la paix qu'il sera
possible de cesser d'être sous le contrôle d'une technostructure de
la colline parlementaire. La redistribution du pouvoir que je réclame
pour Montréal, Mme la Présidente, j'espère que le
député de Matapédia comprend que cette redistribution du
pouvoir le favorisera aussi, tout autant.
Ceci dit, le ministre nous a fait savoir tantôt...
M. Joly: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
vice-président de la commission et député de Fabre.
M. Joly: Dans le même ordre d'idées, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve vient d'ouvrir un volet
excessivement important et intéressant qui dit de ne pas opposer la
grande région de Montréal versus les autres régions, sauf
que si on se souvient, cet après-midi, à la période de
questions, le député de Verchères, je crois...
La Présidente (Mme Marois): Le député de
Bertrand.
M. Joly: Le député de Bertrand a posé une
question à Mme la vice-première ministre con- cernant
l'implantation du centre de distribution d'Hydro-Québec à Laval.
Si ce n'est pas ça, essayer d'opposer une région contre une autre
région! Moi, je me dis qu'il faudrait faire en sorte que ce soit
sincère et que ça ne devienne pas simplement des voeux pieux. Il
faudrait réaliser que chacun des élus a un rôle à
jouer, un rôle qui est celui de défendre sa région, c'est
bien sûr, mais jamais au détriment, si vous voulez, de ce qui peut
assurer la survie de ces régions-là. Alors, si, par opposition,
on dit que la région de la Montérégie ou la région
de la Rive-Sud est plus importante que la région de Laval, à ce
moment-là, ça devient des voeux pieux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Joly: Où est-ce qu'on établit l'équilibre
et où est-ce qu'on dit: Arrêtons de déshabiller Saint-Paul
pour habiller Saint-Pierre?
Mme Harel: Mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Oui, je vous écoute,
Mme la députée.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
vice-président.
Mme Harel: ...je ne voudrais pas que le député de
Fabre et vice-président de notre commission fasse de la
culpabilité par association.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Ce serait tout à fait
dommage.
Mme Harel: II invoque les propos de mon collègue, le
député de Bertrand, pour m'en attribuer je ne sais quelle
responsabilité.
M. Joly: Non, non, mais je dis qu'on a de l'ouvrage à
faire dans chacune de nos formations respectives...
Mme Harel: D'accord.
M. Joly: ...de façon à ce qu'on puisse multiplier
des philosophies et des approches. De façon à ce que ça
devienne des réalités, il y a encore du temps à faire.
Mme Harel: Certainement.
M. Joly: Donc, je mets toujours ça sous le chapeau de
l'éducation et, nécessairement, du vécu et du quotidien
pour faire en sorte qu'on puisse, un jour, être capables de se
respecter
mutuellement. C'est peut-être dans la façon.
Mme Harel: Je comprends, M. le député de Fabre,
qu'on va pouvoir compter sur votre collaboration...
M. Joly: Moi, je pense que vous l'avez toujours eue.
Mme Harel: ...pour qu'il y ait une seule usine de filtration des
eaux sur les Des de Laval et de Montréal.
La Présidente (Mme Marois): Bon. Je sens que nous allons
peut-être régler des dossiers qui traînent depuis un long
moment. M. le député de Fabre et vice-président de la
commission des affaires sociales. (23 h 40)
M. Joly: Je pense que madame vient d'exprimer un voeu qui lui est
sûrement, disons, commandé, peut-être, simplement par
l'aspect des chiffres. Vous savez, on peut toujours ajouter de la dentelle aux
chiffres, mais entre aujourd'hui et demain, quand on parle d'autonomie aussi,
je pense que quand les régions ont la capacité d'être
autonomes, et Laval l'a quand même prouvé sous plusieurs aspects,
et on commence déjà à se démarquer de
Montréal... Laval ne doit pas être à la remorque de
Montréal.
Je pense que les gens de Laval, tout comme les gens de la région,
disons, extérieure de la Montérégie...
M. Trudel: Oui, c'est bon. Mme Blackburn: C'est
très bon.
La Présidente (Mme Marois): S'il vous plaît, il est
un peu tard, mais on va essayer de continuer...
M. Joly: Concernant justement l'usine...
La Présidente (Mme Marois): ...à parler un à
la fois.
M. Joly: ...d'épuration, ça serait de rendre un
mauvais service à Montréal que de leur demander de traiter nos
eaux usées. Aujourd'hui, peut-être que ça peut sembler
rentable parce qu'il y a peut-être eu un manque de planification dans la
façon de construire l'usine actuelle de Montréal mais, dans 5
ans, 10 ans d'ici, je pense qu'ils ne pourront pas donner le service dont les
gens de Laval ont besoin et qu'ils requièrent. À ce
moment-là, il faudrait encore penser à une autre alternative.
C'est pour ça que je pense que, tant et aussi longtemps qu'il sera
possible de prêcher l'autonomie de Laval et des régions, à
ce moment-là on devrait favoriser ça.
Mme Harel: Ceci dit, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député de Fabre et vice-président de la commission. Oui,
Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: ...on pourrait certainement, avec le consentement du
ministre et du député de Fabre, préciser, à
l'article 31, au premier alinéa, le fait que Laval pourra compter sur
une société régionale de développement de la
main-d'oeuvre. Moi, je serais tout à fait favorable à ce qu'on
puisse préciser les configurations géographiques des
sociétés. C'est un sujet d'inquiétude qui est
exprimé du fait qu'actuellement il y a une commission de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre qui couvre l'île de Montréal
et Laval. Et c'est évidemment beaucoup trop vaste pour prendre en
considération le marché de l'emploi et les problèmes de la
main-d'oeuvre, dans chacune de ces grandes agglomérations.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Joly: Ce n'est pas simplement une question d'être vaste.
Il faut regarder le tissu social qui existe aussi entre les deux
régions.
Mme Harel: Je sens que vous avez déjà
plaidé, vous, en privé, auprès du ministre.
M. Joly: Non, mais j'ai fait l'analyse. J'ai fait l'analyse, si
vous voulez, des deux régions. J'ai regardé toutes les
affinités qui pouvaient exister, mais j'ai aussi regardé la
spécificité - d'ailleurs, c'est un mot que vous connaissez bien.
Alors, Laval, c'est un petit peu ça. Par contre, regardons aussi la
population de Laval qui ne le justifie peut-être pas tout à fait
parce que, dans le fond, il faut quand même être objectif et
être franc. On ne peut pas avoir, si vous voulez...
Mme Harel: C'est 300 000 personnes. Une voix: C'est 400
000...
M. Joly: Non, non. C'était 312 494, hier soir.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Les avez-vous comptés,
M. le député?
Mme Blackburn: II en a peut-être ajouté un ou deux.
Avec votre hôpital, il y a beaucoup de natalités.
M. Joly: Mais comme les Lavallois sont des gens actifs,
d'ailleurs, c'est pour ça qu'on voudrait avoir un deuxième
hôpital à Laval. Partant de là, c'est certain que Laval
souhaite
être vraiment reconnue comme région au niveau des services
qui sont actuellement discutés sur cette commission.
M. Trudel: Avec ses instruments de développement.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, voulez-vous
intervenir immédiatement?
M. Bourbeau: Une belle convergence de vues entre les propos du
député de Fabre et de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, qui semblent tous les deux disposés à
introduire, peut-être même, dans le projet de loi, des garanties
pour que Laval puisse avoir sa propre société régionale.
La députée de Maisonneuve faisait tantôt allusion à
ça. Le problème, c'est que, pour en arriver là, il
faudrait qu'on ait une loi qui permette ... des sociétés
régionales.
M. Joly: M. le ministre, je suis ici...
M. Bourbeau: J'ai l'impression qu'on met un peu la charrue devant
les boeufs.
M. Joly: Je suis drôlement surpris de voir qu'il y a encore
de l'opposition dans l'Opposition.
M. Bourbeau: Parce que la députée de Maisonneuve
propose déjà une société régionale à
Laval. Alors, on dirait que dans son esprit...
M. Joly: Moi, je vois qu'elle est convaincue, sauf qu'elle a
peut-être des objectifs qu'on ne peut pas identifier actuellement quant
au déroulement de cette séance.
Mme Harel: M. le député de Fabre, il y a...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...un amendement qui est devant la commission. Je vous
assure que cet amendement serait adopté... Je l'ai dit, d'ailleurs, au
ministre, ce n'est pas d'aujourd'hui, ni d'hier, il le sait depuis plusieurs
jours, je n'ose pas dire semaines, mais il le sait depuis un bon moment. Ce
n'est pas possible d'imaginer avoir raison tout seul. Parce que le ministre
nous a dit, tantôt: J'ai longuement réfléchi à cette
question-là - et je le crois - et, finalement, j'accepte qu'il puisse y
avoir un point de vue différent, mais je ne le partage pas. J'ai
réfléchi à cette question-là et j'en arrive
à une conclusion différente. Et il tire sa conclusion, à
savoir que les sociétés régionales, dans le fond, n'ont
pas d'existence légale, sont des filiales de la société
mère, qu'il va y avoir une sorte de... On appelle ça conseil
d'administration, mais ce n'est pas vraiment un conseil, ça va
être une sorte de comité consul- tatif, avec un directeur
général qui est un employé de la société
mère. C'est cette structure-là qu'il nous propose.
Nous, l'amendement, c'est de dire qu'il y aurait des
sociétés régionales qui auraient un statut de corporation
au sens du Code civil et on n'en est même pas à demander un
processus sélectif, mais on dit, oui, qu'on est prêt à
voter la désignation du conseil d'administration, mais,
évidemment, les pouvoirs de gestion de ce conseil. Qui va aller
siéger? C'est ce que me disait le président de la CFP du
Montréal métropolitain, qui va être transformée en
société régionale, un homme en affaires, connu, qui a
monté sa propre affaire et qui me disait: Pourquoi je viendrais, dans le
fond, perdre du temps? Parce que ce sentiment, à tort ou à
raison, quand il n'y a pas à prendre de décisions, les gens ont
un sentiment que tout ça, c'est une perte de temps. Le ministre dit:
J'ai réfléchi longuement. Moi, je lui dis: Ça se peut
bien. Moi, je pense qu'il l'a fait en vase clos. Moi, je crois au processus
parlementaire que l'on fait présentement. Ça peut avoir l'air de
retarder les choses. Normalement, si ça avait fonctionné comme le
calendrier normal l'aurait permis, on serait au mois de mai - fin mai ou
quelque chose comme ça - parce que c'est un genre de législation
qu'on ne vote pas en fin de session, à mon point de vue. On serait
mi-mai ou fin mai, et il y aurait des tractations. Ce n'est pas possible. Je le
dis bien honnêtement, je serais à la place du ministre, et je
saurais que mon projet de loi a des chances de ne pas être adopte - un
projet de loi auquel je tiens - pour certaines considérations qui sont
légitimes... Ce n'est pas de la mathématique. On ne pas dire qui
a tort, qui a raison, de façon absolue. Ce n'est pas deux plus deux font
quatre. Il est possible qu'un point de vue soit le bon, mais, quoi qu'il en
soit, quand, d'un côté, on a tous les partenaires... Moi, c'est
ça qui m'a surprise, parce qu'au départ ce n'était pas
évident que tous les partenaires allaient adopter ce point de vue
là, y compris le Conseil du patronat. C'était loin d'être
évident, je vous le garantis, au mois de février dernier. Et
même l'AMQ, l'Association des manufacturiers, M. Le Hir, dans la lettre
qu'il écrit, la seule réserve qu'il émet concernant le
projet, c'est celle concernant la régionalisation. Ça ne lui
semble pas, à lui, suffisant pour retarder l'adoption du projet de loi.
Mais c'est un point de vue qui est partagé.
À partir du grand colloque sur la décentralisation qui
s'est tenu à Québec, les 7, 8 et 9 mai, il y a donc, à
l'instigation de l'Union des municipalités régionales de
comté, et ça a été finalement appuyé...
La Présidente (Mme Marois): C'était au début
juin, non?
Mme Harel: Les 7, 8, 9 juin, excusez-moi.
La Présidente (Mme Marais): Oui.
Mme Harel: Ça été, finalement, appuyé
par l'ensemble de tous les partenaires, appuyé par les centrales, y
compris la FTQ qui n'en fait peut-être pas une condition d'adoption, mais
le ministre sait très bien qu'à ce stade-ci, normalement,
l'Opposition qui fait en sorte que le projet ne sera pas adopté - c'est
ça qu'il faut comprendre - devrait recevoir des coups de fil pressants
de ceux qui tiennent au projet de loi. Vous ne serez pas surprise, si je vous
dis, Mme la Présidente, que ce n'est pas le cas. Il n'y a personne qui
se bouscule pour dire: On le veut absolument. Non, pas du tout.
Une voix: La vérité. (23 h 50)
Mme Harel: La vérité vraie, absolument. Il y a
essentiellement - et c'est un secret de Poli-chelle, on peut se le dire - il y
a essentiellement l'AMQ et la FTQ qui le souhaitent. Ça, le ministre le
sait.
M. Bourbeau: La CSN, non?
Mme Harel: Mais la FTQ le souhaite assez pour appeler, et l'AMQ
le souhaite assez pour l'écrire. Il y a une différence.
M. Bourbeau: Et la CSN?
Mme Harel: En ce qui concerne tous les autres partenaires...
M. Bourbeau: Et la CSD?
Mme Harel: ...la CSN, la CEQ... La CSD, je n'ai d'aucune
façon eu d'autres points de vue que celui qu'ils ont exprimé en
communiqué de presse, il y a un mois maintenant, où ils
réclamaient des modifications. Mais si on parle autant de la CEQ que de
la CSN, si on parle de l'ensemble des organisations, la
Fédération des commissions scolaires, la Fédération
des cégeps, si on cause à propos de tout ce qui regroupe des
associations de développement régional, évidemment, ai-je
besoin d'insister que, du côté des employeurs, c'est une fin de
non recevoir, autant du Conseil du patronat, des chambres de commerce du
Québec, des chambres de commerce du Montréal
métropolitain.
M. Bourbeau: Quand vous pariez des chambres...
La Présidente (Mme Marois): Pardon? Excusez-moi. Oui, M.
le ministre.
M. Bourbeau: ...des collèges et des commissions scolaires,
ils ne sont pas contre la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Ils demandent plus de place au
conseil, mais ils ne sont pas contre. Ils sont en faveur, si ma mémoire
est fidèle.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: C'est-à-dire, Mme la Présidente, que
c'est bien évident que...
M. Bourbeau: Oui, oui, ils veulent plus de place au conseil,
c'est tout.
Mme Harel: C'est sûr que je peux, si vous voulez...
La Présidente (Mme Marois): On va laisser la
députée exprimer son point de vue. Vous pourrez intervenir
à nouveau, M. le ministre, sans problème.
M. Bourbeau: Non, non, mais quand même...
Mme Harel: De toute façon, j'ai apporté tous les
points de vue de ces groupes. Je peux vous dire par ailleurs, Mme la
Présidente, qu'ils sont très sévères sur les
modalités de la proposition contenue dans le projet de loi 408 -
très sévères. Je pourrais vous faire lecture du point de
vue de Mme Drouin, de la Fédération des commissions scolaires, du
point de vue de la fédération des collèges. La question
est que cette structure-là ne semble pas leur convenir. Alors, pourquoi,
nous, à ce moment-ci, on accélérerait l'adoption d'une
structure qui, à sa face même, ne convient pas à une grande
majorité de ceux qui devraient siéger sur la même
structure? Et cette structure est censée en être une de
partenariat et de concertation. Alors, on se demande pourquoi on ne tiendrait
pas plus à leur point de vue.
Sur la question des régions, c'est central. S'il y a une question
qui fait l'unanimité, c'est celle-là. Pourquoi ça a l'air
à tant résister du côté du ministère, et
ça semble un fait d'évidence qui s'impose de soi pour l'ensemble
du Québec? C'est quand même intéressant de voir qu'il s'est
dégagé ce consensus très large. Ça arrive quand
même à l'occasion, mais ça n'arrive pas si souvent sur des
sujets qu'au Québec il y ait ce consensus très, très,
très large. C'est un consensus qui rejoint, je le disais, mais je peux
le répéter, l'UPA, l'Union des artistes, le Mouvement Desjardins,
le Conseil du patronat, l'Association des manufacturiers, la
Fédération des commissions scolaires, la Fédération
des cégeps, la Conférence des CR3SS, la FTQ, la
Fédération des CLSC, la CSN et la CEQ qui l'ont écrit en
appui à la démarche de l'UMRCQ. Ce n'est pas rien, ça, Mme
la Présidente, dans la balance. Ce que le ministre met dans la balance,
c'est qu'il a réfléchi à tout ça avec sa
technostructure qui, elle, dit non. Je veux bien, mais ça
m'apparaît disproportionné. C'est la raison
pour laquelle, Mme la Présidente, il serait vraiment souhaitable
que nous nous quittions, ce soir, sans avoir disposé de l'amendement
pour permettre au ministre d'y réfléchir. Qui sait, la nuit
portant conseil...
La Présidente (Mme Marois): La nuit portant conseil.
Mme Harel: ...ses collègues, peut-être,
réfléchissant de concert avec le ministre, si, demain, en prenant
en considération le bien-fondé de l'adoption de son projet de
loi, parce que c'est à ça, je crois, que nous convie le
ministre... Est-ce qu'il le veut tel quel ou s'il le veut? Il y a une
différence, une distinction à faire, je pense. Si c'est tel quel,
à prendre ou à laisser, bien, là, il faut qu'il comprenne
qu'il n'y a pas de raison pour que, nous, on achète ça,
là. Il n'y a aucune raison.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. À ce
moment-ci, on sait qu'il reste a peine quelques minutes pour que nous
ajournions nos travaux; est-ce que le ministre aurait un commentaire ou deux
avant que nous procédions à cet ajournement?
M. Bourbeau: Ce que je pourrais dire, c'est que devant les
demandes répétées de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, j'ai fait étudier, au cours des derniers jours,
la possibilité de maintenir la même structure, mais tout en
permettant aux sociétés régionales d'être
incorporées en vertu de la Loi sur les compagnies, ou, enfin, d'avoir
une personnalité juridique. Et le résultat de ces
recherches-là, c'est qu'il est impossible de modifier le projet de loi
de la façon dont on parle. Il faudrait refaire un projet de loi nouveau
parce qu'on ébranle la structure juridique du projet de loi en
procédant de la sorte. La loi n'a pas été conçue ni
écrite dans un sens comme celui-là. Il faudrait probablement
modifier des dizaines et des dizaines d'articles avec les dangers que cela peut
comporter de créer des situations équivoques ou même
carrément inexplicables. Et on ne pourrait pas, malgré toute la
bonne volonté qu'on veut y mettre, conserver à la
Société cette fluidité dans l'administration en
précisant, comme on le fait présentement, ou on voudrait le
faire, que les sociétés ont leur propre personnalité
juridique. Alors, devant l'impossibilité d'y arriver sans pervertir le
projet de loi lui-même, j'ai renoncé à la tentative de le
faire, mais je dois dire que j'y ai songé pendant un certain temps au
cours des derniers jours. Et je dois reconnaître qu'il est impossible de
le faire dans l'état actuel des choses.
La Présidente (Mme Marois): Bon, alors c'est une marque
d'une certaine bonne volonté de la part du ministre. Oui, il vous
resterait une minute ou deux pour poser une question au ministre. D'autre part,
je voudrais dire, pour fins de mémoire et pour la suite des travaux, si
on reprenait demain matin ou demain après-midi, qu'il restait six
minutes à l'intervention de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve sur son projet d'amendement.
M. Trudel: M. le ministre, est-ce que vous êtes en train de
nous dire qu'après réflexion et examen, s'il eût
été possible de le faire, c'était votre volonté de
donner une personnalité juridique aux organismes régionaux
chargés du développement de la main-d'oeuvre? Si vous faites
abstraction de ce qui est l'économie générale de votre
première idée de projet de loi qui est devant nous, est-ce que
c'était devenu votre conviction que nous aurions pu procéder avec
cette idée d'avoir une personnalité juridique des organismes?
Vous en étiez convaincu, non seulement en vertu de l'argumentation de ma
collègue, mais après vos analyses?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...s'il n'avait été que de consentir
une personnalité juridique sans perdre le bénéfice des
avantages de la gestion telle qu'elle a été prévue, de
l'administration de la Société qui a été
prévue, j'aurais pu essayer de concilier le désir de former des
sociétés avec la personnalité juridique tout en conservant
les bienfaits d'une centralisation pour les fins administratives. Mais c'est
impossible. On ne peut pas à la fois être
décentralisé et centralisé.
M. Trudel: Voilà!
M. Bourbeau: On ne peut pas à la fois être enceinte
et non.
La Présidente (Mme Marois): Ou être enceinte
à moitié.
M. Bourbeau: Alors, à ce moment-là, on m'a dit: On
ne peut pas procéder comme ça. Si on procède comme
ça, il faut passer carrément à des sociétés
décentralisées. Donc, devant l'impossibilité... Encore
là, c'était un peu comme la quadrature du cercle. Alors, j'ai
été obligé d'y renoncer.
M. Trudel: On reprendra tout ça parce que c'est
déjà un progrès.
La Présidente (Mme Marois): Alors, nous ajournons sine
die.
(Fin de la séance à minuit)