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(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Joly): Alors, bonjour, bienvenue à
cette commission.
Mme Harel: Bonjour.
Le Président (M. Joly): Ça fait plaisir,
madame.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Joly): Ça fait un petit bout de
temps que je ne vous avais pas vue...
Mme Harel: En mission?
Le Président (M. Joly): J'avais des activités qui
me commandaient dans mon comté.
Mme Harel: En mission?
Le Président (M. Joly): Non, non, vraiment.
Mme Harel: Ni Rio, ni Paris?
Le Président (M. Joly): Oh! non, définitivement
pas. D'ailleurs, j'avais des choses beaucoup plus importantes à faire
ici. Alors, c'est pour ça que c'était important que j'y sois.
Alors, la commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 408, Loi sur la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Nous avons des remplacements, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Alors, M. le Président, Mme Juneau
(Johnson) est remplacée, pour la durée du mandat, par Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), et M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) par
M. Gendron (Abitibi-Ouest).
M. Bourbeau: M. le Président, la durée du
mandat...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ça se termine quand, le mandat?
Le Président (M. Joly): C'est justement ce qu'on essaie de
savoir, comme ça, en posant des sous-questions et...
Mme Harel: On pourrait toujours les poser au leader du
gouvernement. C'est lui qui a le...
Le Président (M. Joly): Partant de là, je n'ai pas
réussi à avoir l'information plus précise, M. le ministre.
Alors, l'article 17 est appelé.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Ah! je ne suis pas au courant des
travaux qui ont été exécutés sur cet article.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Des discussions.
Mme Harel: ...je ne sais pas si le ministre souhaite, avant que
nous abordions l'article 17, que nous puissions procéder à
l'examen de l'article 5 qui avait été suspendu. Notre amendement
est prêt, nous pourrions le déposer.
M. Bourbeau: Bon, bien, on peut bien, M. le Président,
retourner à l'article 5.
Le Président (M. Joly): Alors...
M. Bourbeau: Est-ce que c'est le seul qui avait été
suspendu?
Le Président (M. Joly): ...je retourne à l'article
5. Tout le monde aura compris que l'article 17 est suspendu, parce qu'il avait
été appelé. Alors, l'article 5 est appelé.
M. Bourbeau: On est suspendu à vos lèvres, M. le
Président, aussi.
Le Président (M. Joly): Avec plaisir, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que l'article 3 avait
été suspendu?
Le Président (M. Joly): L'article 3 aussi est suspendu, et
l'article 16 est suspendu.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, moi, ça m'est
égal. On peut retourner à 5, on peut retourner à 3, on
peut le faire dans l'ordre ou dans le désordre. Ça n'a pas
d'importance.
Le Président (M. Joly): Là, on va prendre 5, parce
qu'il est appelé, et on reviendra à 3 par après.
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président.
Institution et organisation (suite)
Mme Harel: En fait, l'article 5 est quand même un
élément pivot, là. Il s'agit de la représentation
du conseil d'administration de la société mère. Alors,
l'amendement se lirait comme suit: Remplacer les paragraphes 1°, 2° et
3° du deuxième alinéa de l'article 5 amendé par les
suivants: «1° cinq membres qui représentent la main-d'oeuvre
québécoise choisis après consultation des associations de
salariés les plus représentatives; «2° cinq membres qui
représentent les entreprises dont quatre sont choisis après
consultation des associations d'employeurs les plus représentatives et
un après consultation des organismes du milieu coopératif les
plus représentatifs; «3° trois membres représentant le
secteur communautaire dont une représentante du groupe des femmes;
«4° six autres membres dont un provient du milieu des collèges
d'enseignement général et professionnel et un autre du milieu des
commissions scolaires; ces deux derniers sont choisis après consultation
des fédérations représentant les réseaux scolaires
concernés.»
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez copie de...
Le Président (M. Joly): Pas encore, madame est en train de
travailler justement le sous-amendement. Si vous voulez, je peux
peut-être vous le lire, M. le ministre. Ou aimeriez-vous en faire la
lecture vous-même?
M. Bourbeau: J'ai tout compris, M. le Président, quant au
fond et quant à la forme.
Le Président (M. Joly): Bon, c'est merveilleux. Il n'en
tient qu'à vous, M. le ministre, d'apporter les commentaires
d'usage.
M. Bourbeau: II n'en tient qu'à vous de nous dire si c'est
recevable, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Actuellement, ça
précise.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée veut plaider sur
la sentence ou...
Mme Harel: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Joly): Non, c'est déjà
fait.
Mme Harel: Non. M. le Président, j'aimerais simplement
qu'on lise le mot «groupe» au troisième paragraphe, au
pluriel plutôt qu'au singulier.
Le Président (M. Joly): ...le secteur com- munautaire dont
une représentante... Mme Harel: ...des groupes...
Le Président (M. Joly): ...des groupes des femmes.
Mme Harel: ...de femmes.
Le Président (M. Joly): ...des groupes de femmes.
Mme Harel: Alors, je pense bien qu'à sa face même
ça m'apparaît un sous-amendement qui, à tous égards,
se conforme aux règles de recevabilité.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. (11 h 50)
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement n'est pas un
amendement léger ou un amendement de concordance ou un amendement sans
importance. C'est un amendement de fond qui aurait pour objet d'introduire une
nouvelle dynamique dans la composition de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Nous
avons très sérieusement envisagé, après la tenue de
la commission parlementaire, la possibilité de modifier le projet de loi
un peu dans le sens de ce que vient d'indiquer la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Donc, il ne faudrait pas penser que c'est sans
réflexion que nous avons estimé préférable de
conserver la dynamique actuelle du projet de loi, c'est-à-dire de
maintenir les trois piliers, les trois parties qui sont à la base
même de la structure de la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre.
Les observations que nous avons faites, les études que nous avons
menées, un peu partout, nous ont convaincus que la formule la plus
susceptible de donner à la Société un dynamisme et une
efficacité dans l'action, c'est la formule qui a fait ses preuves, non
seulement ici mais un peu partout à travers le monde, de ces trois
piliers que constituent les travailleurs, les employeurs et le
gouvernement.
Bien sûr, on aimerait bien, nous aussi, introduire une
quatrième roue au char, le mot «char» étant pris dans
son sens antique et solennel et non pas dans son sens traduit de
l'américain, M. le Président, et faire de la place à toute
une série de groupes qui ont demandé de participer à la
gestion de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Il aurait été
peut-être intéressant de pouvoir admettre les groupes
communautaires dans un quatrième bloc, tous les groupes de pression, les
groupes cibles. On aurait pu multiplier à l'infini le nombre des
sièges qui nous ont été demandés, d'ailleurs. Et,
si on l'avait fait, on aurait pu se retrouver facilement avec un grand nombre
de membres au conseil d'administration de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Nous
avons jugé préférable, même si ça nous
oblige à fermer certaines portes, de conserver la formule de trois
groupes, trois piliers, quitte à tenter un certain aménagement.
Et c'est pour ça que nous apportons un amendement aujourd'hui, qui vise
à faire en sorte de permettre d'introduire certains
éléments nouveaux, tant dans la partie des travailleurs que dans
la partie gouvernementale.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve voudrait qu'on aille
plus loin, je le vois bien, mais, quant à nous, après mûre
réflexion, nous avons préféré ne pas franchir ce
pas additionnel, et commencer, en tous les cas, par une société
qui serait, sur le plan de la gestion, composée de trois groupes
fondateurs, si je peux m'exprimer ainsi, plutôt que de quatre.
En ce qui concerne le volet éducation, on voit que, là
encore, la députée de Hochelaga-Maisonneuve voudrait que le
ministre consulte, non pas les ministres de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mais plutôt les milieux
de l'éducation et de l'enseignement supérieur et de la science.
Nous avons préféré, au niveau de la société
mère, utiliser le texte que vous voyez dans l'amendement,
c'est-à-dire que le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle consultera
ses collègues, les ministres concernés, quant au choix de membres
provenant du milieu de l'enseignement secondaire et du milieu de l'enseignement
collégial. Cette formule diffère de celle qu'on retrouve à
l'endroit des sociétés régionales.
Et on verra, à l'article 37, M. le Président, que
là on introduit la notion que veut introduire, à ce moment-ci, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, la notion de consultation
auprès des milieux concernés. C'est donc dire que nous ne
rejetons pas nécessairement la philosophie véhiculée par
la proposition de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, quant
à la participation de représentants des milieux concernés
des commissions scolaires et des établissements d'enseignement de niveau
collégial. Cette consultation-là aura lieu, quant à la
représentation, dans le réseau des sociétés
régionales, mais, en ce qui concerne la Société
elle-même, la société mère, nous avons jugé
bon de maintenir la consultation des ministres et non pas des milieux.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, le sous-amendement introduit
donc formellement un quatrième partenaire. Dans l'amendement que le
ministre a introduit, il a tenté d'aménager une sorte de
compromis pour qu'un des partenaires, à savoir le monde syndical, soit
réduit d'un siège pour faire place à une
représentation évidemment réduite à sa plus simple
expression, d'un seul siège, pour représenter toute la
main-d'oeuvre non syndiquée ou la main-d'oeuvre sans emploi ou la main-
d'oeuvre faisant partie de groupes cibles fortement discriminés sur le
marché de l'emploi.
Alors, M. le Président, le sous-amendement qui est devant nous
fait suite à de très nombreuses représentations qui ont
été transmises à l'Opposition et qui l'ont certainement
tout autant été au ministre par des groupes, organismes
représentatifs dans notre société. Je pense, entre autres,
à l'Institut canadien d'éducation des adultes, au Conseil
permanent de la jeunesse, à l'Institut de formation en
développement économique communautaire, à la
Fédération des femmes du Québec. Je pense à la
Confédération des syndicats nationaux, puisque la CSN s'est
trouvée liée à cette vaste coalition qui sollicitait du
ministre un élargissement de la composition du conseil d'administration
de la société mère.
D'autres organismes importants dans notre société. Je
pense à l'appui que la Centrale de l'enseignement du Québec, la
CEQ, a donné à un tel sous-amendement, parce qu'en fait, M. le
Président, mon sous-amendement reprend, mot pour mot, la position qui a
été mise au point par tous ces organismes que je viens de vous
mentionner, y compris le mouvement Action-chômage, y compris
l'Association des commissions de formation professionnelle. Et bien d'autres,
la liste est absolument impressionnante. Je pourrais vous en faire lecture si
vous le souhaitiez.
Cette liste comprend également des représentations de
groupes tels le Centre de recherche-action sur les relations raciales, la
Maison internationale de la rive-sud, qui font valoir le bien-fondé
d'une représentation qui permettrait une présence accrue,
notamment, de membres des communautés culturelles. Et bien d'autres, M.
le Président, y compris le Regroupement québécois des
organismes de développement de l'em-ployabilité, y compris le
Collectif des femmes immigrantes du Québec, y compris l'Association des
parrains des services d'employabilité du Québec et ainsi de
suite. En fait, c'est une liste extrêmement impressionnante de personnes
qui sont porte-parole d'organismes provenant de différents milieux, mais
qui, d'un commun accord, ont souhaité obtenir cette modification
à la composition de la Société. (12 heures)
M. le Président, je n'arrive pas vraiment à comprendre
pourquoi, sur cette question, le gouvernement n'a pas bougé plus qu'il
ne le fait par l'amendement qu'il apporte. Je ne comprends pas. D'abord, il n'y
a pas de coûts rattachés à ça. Finalement, le
ministère de la Main-d'oeuvre... Et le ministre responsable du dossier
est prêt à partager son pouvoir de décision avec d'autres
dans la Société. C'est, en fait, une constatation qu'on peut
facilement tirer, simplement à l'examen d'un projet de loi qui
crée une Société québécoise de la
main-d'oeuvre. Je n'arrive pas à comprendre quelle résistance
idéologique empêche le ministre de donner suite à ce qui me
semble, finalement, être une nouvel-
le problématique qui s'est assez bien articulée au moment
des travaux de la commission parlementaire.
Essentiellement, M. le Président, elle repose sur la constatation
que, dans notre société, le secteur privé est
syndiqué à peine à 20 %, plus exactement à 19 %.
Dans le secteur privé, c'est au-delà de 80 % des gens qui
travaillent dans les usines, les manufactures, les ateliers, les commerces, les
bureaux, qui ne sont pas syndiqués. On peut le déplorer. Moi, mon
point de vue à moi, comme citoyenne, comme députée, c'est
de le déplorer. Personnellement, je suis très très
favorable à l'accréditation multipatronale. Je suis
extrêmement favorable, moi, à la syndicalisation. Pour moi, la
syndicalisation, c'est un facteur d'ordre dans la société. Ce
n'est pas un facteur de désordre, c'est un facteur d'ordre, c'est un
facteur de gestion du social. Et, avec raison, le ministre me rappelle mon
passé, qui n'est pas récent, puisque, il y a plus de 20 ans
maintenant, j'organisais même un syndicat des employés du Parti
québécois qui obtenait une accréditation et qui
s'était même affilié à une centrale. Alors, vous
voyez comment on reste conséquent, conséquente. Alors, je pense
que plutôt que d'être un facteur de désordre... Je regarde
un peu ce qui se passe en Ontario, présentement, et je ne les envie pas
du tout. Ils en sont comme à notre époque d'il y a 20 ans de
collisions frontales comme s'il y avait des guerres saintes à livrer
encore à notre époque, pour faire prévaloir je ne sais
quelle idéologie.
M. le Président, à l'aube du XXIe siècle, il y a
une nécessité, il me semble, qui doit s'imposer pour rester
compétitive; une société, quelle qu'elle soit, surtout de
la taille de la nôtre, doit rester extrêmement concertée. Il
n'y a pas d'avenir dans la confrontation et le conflit, parce qu'il y a
déjà tellement de pression, la pression est tellement forte,
à cause de la compétitivité, sur les
sociétés industrielles avancées qui, finalement,
connaissent l'abolition des frontières économiques, qui sont
soumises à la pression des marchés. C'est tellement fort,
finalement, cette pression-là; c'est comme la pression des forces
centrifuges et centripètes. Quand la pression des forces
extérieures est trop grande, il faut, évidemment, qu'à
l'intérieur il y ait une cohésion inégalée, en
fait, comme jamais.
Alors, ceci dit, M. le Président, une constatation demeure. C'est
ou bien, une fois cela dit, on s'engage dans un processus de syndicalisation et
de représentativité des employeurs - parce que ça vaut
aussi des deux côtés... Les sociétés où de
telles concertations existent, qui donnent des bons résultats - que le
ministre a visitées d'ailleurs - ce sont des sociétés
où il y a des mécanismes démocratiques de
représentativité.
Un employeur de Trois-Rivières, de Rouyn-Noranda ou de
Saint-Georges de Beauce se sent- il vraiment représenté par le
point de vue, par exemple, exprimé par le conseil du patronat? ce n'est
pas du tout évident, parce que le conseil du patronat, suite à un
examen que j'ai pu en faire, ne comprend que 335 entreprises membres, sur un
total de 11 000 entreprises québécoises. je ne sais pas combien
de membres compte l'amq, l'association des manufacturiers du québec.
ça ne veut pas, pour autant, signifier que je ne leur reconnais pas une
légitimité en regard de leurs membres, mais il y a une
constatation qui est incontournable, c'est que les entreprises
québécoises ne sont pas non plus représentées dans
le cadre d'organismes où elles peuvent, dans des processus de
régulation démocratique, exprimer leur point de vue d'une
manière connue.
Alors, M. le Président, dans ce contexte-là où,
d'une part, le secteur privé n'est pas syndiqué à 80 % et
où, d'autre part, les employeurs, dans les entreprises, en partie, ne se
sentent pas non plus nécessairement représentés par les
organisations patronales qui existent présentement, je pense que la
question reste posée: Comment faire en sorte que cette
société soit plus adaptée au contexte de la main-d'oeuvre
que l'on connaît maintenant? Parce qu'il y a une fragmentation incroyable
du marché du travail. Il y a une fragmentation qui amène une
multiplication d'entreprises. Je pense qu'à cet effet
l'énoncé de politique publié par le ministre est
très très éloquent, l'énoncé de politique.
Je ne crois pas que la grande entreprise ait augmenté depuis une
décennie. Elle s'est stabilisée et c'est essentiellement la
petite et moyenne entreprise qui a connu une augmentation du nombre
d'entreprises et qui a créé les nouveaux emplois.
Si je me remémore, si vous me permettez, M. le
Président...
M. Bourbeau: ...M. le Président, qui serait une admission.
Je ne vous demande pas de faire la preuve, M. le Président.
Mme Harel: Alors, l'admission étant faite, M. le
Président, évidemment, j'insiste à nouveau sur le fait que
cette fragmentation du marché du travail ne va pas dans le sens d'une
plus grande syndicalisation, dans la mesure où il n'y aurait pas des
modifications qui seraient introduites en faveur, notamment, d'une
accréditation multipatronale qui est considérée comme la
façon d'arriver à un résultat de syndicalisation pour des
employés qui se retrouvent, quelques-uns, règle
générale moins de 10, pour la même entreprise, dans un
même secteur.
Comme ce n'est pas là l'intention du gouvernement, ni son
programme, ni la volonté qu'il affiche, M. le Président, je crois
qu'il faut envisager, à ce moment-là, une représentation
de la Société qui aille dans le sens de rendre plus visible,
rer.dre présente, au niveau des décideurs, la
main-d'oeuvre qui, historiquement, a été
discriminée par le marché du travail. . Ce n'est pas mon
constat à moi, M. le Président, c'est, finalement, une tendance
lourde sur le marché du travail. C'est une tendance lourde à la
compétitivité. La tendance lourde - on en fait l'éloge -
de la compétitivité, on fait l'éloge de ce qu'elle,
supposément, nous apporte comme société, en termes de
progrès économiques, mais il faut comprendre que cette
idéologie de la compétitivité, qui nous projette sur les
marchés étrangers, peut nous faire oublier ceux d'entre les
nôtres qui, dans notre propre société, ont de la
difficulté à suivre le pas. C'est évident que la tentation
est grande d'aller équiper les meilleures équipes d'ici pour
compétitionner avec les meilleures équipes d'ailleurs. La
tentation est très, très, très forte. Et l'impact de
ça, c'est évident, à ce moment-là, ça
consiste, essentiellement, à investir et investir de plus en plus en
faveur de ceux qui sont déjà compétitifs, pour
améliorer leur compétitivité, prendre ailleurs une plus
grande part du marché, résister à la part du marché
que les gens d'ailleurs peuvent venir chercher ici, et ainsi de suite. (12 h
10)
Et je ne sais pas, d'ailleurs, M. le Président,
sincèrement, où ça va nous mener au bout de la ligne. Moi,
ça m'inquiète, là, comme vous n'avez pas idée.
Parce qu'au départ il faut voir qu'il y a au moins le tiers de
l'humanité qui est complètement déqualifiée avant
même de s'installer sur la ligne de départ. Ça, on a
déjà mis de côté l'Afrique puis l'Amérique
latine en grande partie. Et puis, le reste du jeu, ça consiste à
en éliminer. Alors, on en élimine tout au cours de la course
à la compétitivité et ça va nous amener, j'imagine,
finalement, au bout du compte, à trois, quatre équipes, genre
l'Allemagne, le Japon puis les États-Unis, qui vont finir par
s'écraser les unes les autres pour décider laquelle est
finalement la meilleure. Ça m'ap-paraît un jeu absurde, mais on
est engagé dans ce jeu-là. C'est un jeu qui est sanglant,
à mon point de vue, qui est sans merci pour les sociétés
qui ne peuvent pas le jouer et puis sans merci pour les gens, à
l'intérieur des sociétés, qui sont laissés pour
compte. Ça, ça m'apparaît assez évident et c'est la
raison pour laquelle le sous-amendement m'apparaît vraiment
conséquent.
Et je pense que les centrales doivent le comprendre, ce n'est pas du
tout, du tout dans une perspective de non-confiance à leur égard.
C'est évident que la sensibilité des organisations... Chaque
organisation a une culture et les centrales syndicales ont une culture
organisation-nelle, le Parti libéral a une culture organisation-nelle,
le Parti québécois en a une. Chaque organisation a une culture
organisationnelle et ces cultures-là, d'une certaine façon,
excluent les personnes qui n'y sont pas familières. Et c'est
évident que la culture organisationnelle des centrales syndicales est
axée sur la main-d'oeuvre active, la main-d'oeuvre à l'emploi, la
main- d'oeuvre qui a relevé tous les défis de la
compétitivité. Il y a un danger. Il m'apparaît
évident. Ce n'est pas faire grief ou un manque de confiance que de
penser qu'il ne serait pas impossible que, autant du milieu patronal que
syndical, il y ait facilement la tendance à vouloir parer au plus
pressé, et donc à consacrer le plus possible les montants
d'argent qui sont à la disposition de la société ou les
programmes qui sont offerts, de les consacrer le plus possible pour les gens
qu'ils représentent.
Alors, M. le Président, en fait, ce qu'il dit, le
sous-amendement, c'est: Ouvrons, finalement, acceptons, reconnaissons un
quatrième partenaire. Faisons-lui une place qui ne soit pas celle que le
ministre fait dans l'amendement, qui est finalement une sorte de
reconnaissance, mais tellement réduite, évidemment, que ça
va devenir l'exception à la règle. Permettons qu'au moins ce
partenaire ait un certain poids, jouisse d'une certaine capacité
d'influencer...
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure.
Mme Harel: C'est déjà la fin, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): C'est déjà... depuis
déjà...
Mme Harel: Alors, vous comprendrez que je...
Le Président (M. Joly): ...quelques larges minutes,
quelques grosses minutes.
Mme Harel: ...j'interviens sur les trois premiers paragraphes,
c'est-à-dire les paragraphes 1°, 2° et 4° de mon
sous-amendement et que j'entends utiliser le droit d'intervention qui est
à ma disposition. C'est-à-dire que je suis intervenue sur les
paragraphes 1°, 2° et 3°, plutôt, du sous-amendement, et
j'entends utiliser le temps qui m'est imparti sur le paragraphe 4°
ultérieurement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit tantôt
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve que je comprenais
très bien les objectifs poursuivis, la philosophie qu'elle
véhicule, mais qu'après mûre réflexion nous en
étions venus à la conclusion que ce n'était pas
souhaitable, dans les circonstances, d'ouvrir, si je peux m'exprimer ainsi,
aussi rapidement et avec autant d'enthousiasme qu'elle suggère de le
faire. C'est elle-même, d'ailleurs, tantôt, qui parlait
d'ouverture, et il me revenait à la mémoire, M. le
Président, une phrase de Georges Brassens. La députée nous
dit d'ouvrir; moi, je suis bien d'accord pour ouvrir. D'ailleurs, l'amendement
que moi-même j'ai
apporté ouvre. Mais je suis d'accord pour ouvrir, mais lentement,
M. le Président. Brassens, disait, dans une phrase: «Mourons pour
des principes, oui, mais de mort lente». Et moi, je dis à la
députée: Oui, ouvrons, ouvrons pour des amendements, mais ouvrons
lentement, M. le Président.
Et pourquoi est-ce que je fais preuve de cette prudence, cette prudence
de Sioux, qu'elle me reproche, d'ailleurs? Moi, je pense que c'est prendre de
grands risques que d'ouvrir la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre, à ce moment-ci, à
toute une série de groupes, de groupuscules et de mouvements qui sont
tous bien intentionnés, mais dont l'addition pourrait faire en sorte de
paralyser, à court terme, le fonctionnement de la société.
Bien sûr, on est pour le partenariat. Bien sûr, on est pour la
concertation. Tout le monde l'est, M. le Président, comme tout le monde
est pour le syndicalisme, aussi. Mais ça, la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve a montré que le syndicalisme, elle y croit et
elle est capable de s'engager, même quand ce n'est pas toujours rentable,
à court et à moyen terme. D'ailleurs, elle est bien placée
pour en parler.
Pour ce qui est du partenariat, M. le Président, moi, je
rencontre beaucoup de gens qui en parlent énormément. Mais, quand
c'est le temps de mettre en pratique le partenariat, là, on est beaucoup
plus hésitant. Moi, ce que je peux dire à la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, c'est que ma prise de position
n'est pas idéologique. Tantôt, elle parlait de résistance
idéologique. Mais ce n'est pas du tout une résistance
idéologique, en ce qui me concerne. Je n'ai rien, mais rien, M. le
Président, d'un idéologue. Je ne suis pas un dogmatique, surtout
pas. Ce qui me motive, présentement, ce sont des considérations
pragmatiques. J'ai crainte, de grandes craintes, M. le Président, que,
si on donnait suite à l'ouverture énorme que nous suggère
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, on pourrait le regretter
très rapidement par la suite. Et, quant à moi, je
préfère de beaucoup m'inspirer de l'expérience d'autres
sociétés. J'ai le choix, présentement, entre m'inspirer de
deux modèles: ou bien je prends un modèle que me propose la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui est un modèle
généreux, qui fait ouverture à tout vent, et qui nous
mènera peut-être vers des résultats intéressants,
mais peut-être que non, ou, encore, m'inspirer de l'expérience
d'un grand nommbre de pays qui, avant nous et pendant longtemps, ont
vécu la réalité du partenariat en matière de
main-d'oeuvre. Et j'aimerais simplement, si la députée de
Hochelaga-Maiscnneuve veut m'écouter un peu, lui faire la lecture, M. le
Président, ae ce qu'on observe dans la plupart des pays qui,
présentement, ont du succès dans ce domaine-là. Je vais
nommer quelques pays et...
Prenez, par exemple, l'Allemagne. Présentement, en Allemagne,
nous avons une gestion tripartite du secteur de la main-d'oeuvre:
gouvarnement-employeurs-employés. Également, la composition des
instances décis'onnelles est tripartite. Même chose:
gouvernement-employeurs-employés. Prenez la Belgique. C'est un pays
aussi qui a quand même une certaine profondeur, si je peux le dire,
historique, en tous les cas. La composition des instances
décisionnelles, M. le Président, est tripartite aussi:
gouvernement-employeurs-employés. Tripartisme aussi des bureaux
régionaux. Prenez la France, un pays dont on aime tellement s'inspirer,
surtout nos amis d'en face. La gestion est tripartite:
employés-employeurs-gouvernement. M. le Président, même la
composition des instances décisionnelles consultatives, 16 membres:
employés-employeurs-gouvernement, dans ce qu'on appelle l'Association
nationale... Je ne me souviens pas du... En Norvège, M. le
Président, un pays nordique qui a aussi un certain succès dans ce
domaine-là, gestion tripartite: employeurs-employés-gouvernement.
Et les instances décisionnelles nationales et régionales, sept
membres, dont deux pour le patronat et deux pour les syndicats, les trois
autres étant le gouvernement. Le Royaume-Uni, M. le Président,
dont une partie de nos concitoyens revendiquent leur mère patrie de ce
côté-là, gestion tripartite:
employés-employeurs-gouvernement. Et, en ce qui concerne la composition
des instances décisionnelles, là, au Royaume-Uni, M. le
Président, vous reconnaîtrez un peu la distinction dont font
preuve nos amis les Anglais: les deux tiers, minimum, sont des employeurs, dans
la composition des instances décisionnelles. Alors, là, le
Royaume-Uni est plutôt marqué au coin des employeurs, M. le
Président. (12 h 20)
Prenez, M. le Président, je continue... Et je pourrais vous
nommer un grand nombre de pays comme ça, qui sont des pays à
économie à succès. On voit que c'est le modèle, M.
le Président, qui a fait ses preuves. Bon. Moi, je suis très
hésitant. La Suède, évidemment, le modèle
suédois, que connaît bien la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, pour l'avoir visitée, M. le Président, et
y être demeurée, même, un certain temps, lors de ses
voyages, voyages qui, dit-on, forment la jeunesse, mais qui ne semblent pas
avoir marqué trop la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: La gestion est tripartite, M. le Président,
en Suède: employés-employeurs-gouvernement. Donc, quand on
regarde, M. le Président, ce que font nos concurrents - parce qu'on
parle de nos concurrents - la façon dont ils ont structuré leur
marché du travail, on voit que c'est le modèle qui a fait ses
preuves. Et moi, aujourd'hui, j'ai à prendre une décision. Le
Québec est en train de prendre un tournant, un virage important, en ce
qui concerne son avenir.
On sait l'importance qu'aura la main-d'oeuvre dans l'avenir, pour
assurer au Québec une compétitivité et, également,
un niveau de vie, une prospérité pour ses citoyens. C'est
l'objectif que nous recherchons. Nous devons atteindre à ce haut niveau
de compétence et de compétitivité, et nous ne pouvons pas
prendre de risques avec l'avenir.
Alors, moi, devant une situation comme celle-là, M. le
Président, je suis porté à la prudence. Je veux bien
innover. Et, d'ailleurs, je fais une timide approche d'innovation, avec
l'amendement que j'ai déposé tout à l'heure, en ouvrant
légèrement dans la direction que nous propose la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Mais j'hésite beaucoup,
énormément, même, à aller plus loin, parce que je
vois ce qui se fait ailleurs dans le monde, je vois ce qui s'est fait, et je
constate que les pays qui ont du succès, et qui ont des économies
a succès sont des pays qui nous ont tracé la voie. Moi, je ne
suis pas de ceux, M. le Président, je le disais tantôt, qui
s'accrochent au dogme ou aux idées toutes faites d'avance. Par contre,
je pense qu'on se doit d'être réalistes, d'être
pragmatiques, et de ne pas prendre de risques indus avec l'avenir
économique des Québécois. Dans ce sens-là, je
préfère, quant à moi, en tout cas dans sa phase initiale,
avoir une Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre qui sera assise solidement sur les
trois piliers dont je parle, plutôt que d'introduire un quatrième
pilier, dont je ne sais pas, M. le Président, si son apport à la
société serait plus positif que négatif. Alors, pour
l'instant, en tous les cas, M. le Président, je pense que la proposition
que nous avons devant nous, celle, en fait, que j'ai proposée, est plus
susceptible de garantir des résultats.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le ministre vient de citer des
expériences étrangères nombreuses, en matière de
gestion tripartite de la formation et du développement de la
main-d'oeuvre. Mais reconnaît-il que, dans ces expériences
étrangères, il y a une réalité, soit d'un
très haut niveau de syndicalisation et de représentation
patronale dans le cadre d'organisations patronales soumises à des
règles qui sont élaborées par législation, donc un
très haut niveau de représentation patronale et syndicale, ce qui
est le cas de la Suède ou de l'Autriche, ou bien, comme en France ou en
Allemagne, une très forte contribution directe, un financement direct
des employeurs et, éventuellement, des syndicats? En d'autres termes, il
n'y a ni l'un ni l'autre, au Québec, et pourtant le ministre va
s'inspirer de réalités assez différentes pour, à
mon point de vue, plaquer une structure qui ne correspond pas à la
réalité québécoise. En d'autres termes, au
Québec, on ne connaît ni un financement direct des employeurs dans
un fonds national, par exemple, de formation professionnelle, et on ne
connaît pas non plus un taux de syndicalisation élevé,
comme c'est le cas dans les pays qu'il nous a cités. Et, pourtant, il
prétend s'inspirer des mêmes structures qui sont le produit de
réalités différentes.
Moi, je considère que, dans la réalité
québécoise, il y a une réalité qui est
identifiée comme étant assez spécifique au Québec,
qui est la réalité communautaire. On s'achemine - d'ailleurs, je
le souhaite - vers un troisième partenaire pour l'ensemble des
activités de la société. En plus de l'État -
l'État qui avait remplacé l'Église - on s'achemine de plus
en plus vers une intervention communautaire, donc, vers une intervention de
l'État par une gestion communautaire. C'est là, d'ailleurs, le
discours que tiennent certains des collègues du ministre. Et, dans le
domaine de la santé et des services sociaux, on a, avec la loi 120,
introduit une présence officielle, formelle, non seulement des usagers,
mais des groupes socio-économiques dans la gestion du réseau. Ce
n'est quand même pas rien, M. le Président. C'est un point de vue
qui, finalement, s'est trouvé complètement entériné
par la réforme de la santé et des services sociaux. Alors, ce qui
vaut, à mon point de vue, dans certaines dimensions de notre vie en
société, pourquoi est-ce que ça ne vaudrait pas pour
d'autres? Et le sous-amendement a comme objectif de reconnaître la
dimension communautaire en introduisant un quatrième partenaire.
J'ai encore en tête le Sommet de la justice qui a eu lieu au
Québec, dans un autre secteur de l'activité humaine, mais un
Sommet de la justice, en février dernier, M. le Président, qui,
au dire de tous les observateurs, n'aurait pu avoir lieu, ni aux
États-Unis, ni en France, étant donné la perspective
très institutionnelle que l'administration de la justice revêt
dans ces sociétés. Il y a, en matière de justice, en
matière de santé et de services sociaux, une approche
communautaire que l'on aurait pu souhaiter retrouver, encore plus, je dirais,
en matière de développement de la main-d'oeuvre.
Mais, M. le Président, l'intervention que je voudrais faire
à ce moment-ci concerne surtout le quatrième paragraphe du
sous-amendement, c'est-à-dire la représentation de deux membres -
sur un total, je ie rappelle, de 19 membres - une représentation de deux
membres provenant des milieux scolaires secondaire et collégial. Je vous
rappelle, M. le Président, que la commission parlementaire a entendu un
très grand nombre de partenaires de l'éducation, soit
l'Association des cadres scolaires du Québec, la Centrale de
l'enseignement du Québec, le Centre de formation en entreprise, la
Commission des écoles catholiques de Montréal, le Conseil
scolaire de l'île...
M. Bourbeau: M. le Président, j'admets la
preuve.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
Mme Harel: Ça va me faciliter les choses, M. le
Président. Tous ces partenaires de l'éducation sont venus dire la
même chose. Ils sont venus se plaindre, d'abord, d'avoir
été, à proprement parler, évacués du projet
de loi. Rappelons, M. le Président, si tant est qu'il était
nécessaire de le faire, que lors de la publication de
l'énoncé de politique sur le développement de la
main-d'oeuvre il aura fallu une fuite, semble-t-il, dans les journaux,
orchestrée, semble-t-il également, par des personnes du
ministère de l'Éducation, pour qu'il y ait une modification qui
soit introduite à l'énoncé de politique. On retrouve,
à la page 63 de cet énoncé de politique, un papillon
collé sur le texte initialement élaboré et qui
prévoyait de confier le régime d'apprentissage non seulement au
seul ministère de la Main-d'oeuvre, comme il était initialement
prévu, mais en collaboration avec le ministère de
l'Éducation. (12 h 30)
En fait, l'ensemble de l'énoncé de politique a
été conçu, on peut le dire, en vase clos
complètement. Il y a quelque chose qui est assez paradoxal, de penser
rapprocher l'entreprise de l'école en se mettant de travers, en se
mettant de travers entre l'entreprise et l'école. C'est, finalement, la
conclusion, moi, que j'ai tirée des six semaines qu'on a passées
en commission parlementaire. C'a l'air d'être un leitmotiv, mais j'y
reviens, M. le Président, parce que c'est finalement ça le vrai
défi auquel on devrait consacrer toutes nos énergies. C'est:
Qu'est-ce qu'on met en place comme façon de faire nouvelle pour qu'il y
ait un rapprochement entre l'entreprise et l'école, pour qu'il y ait une
sorte d'intimité où l'entreprise se sente à l'aise
à l'école et que l'école se sente à l'aise dans
l'entreprise, pour qu'il y ait une culture de formation continue dans
l'entreprise, puis qu'il y ait une culture de l'entreprise à
l'école? C'est ça, finalement, la vraie question qu'on peut se
poser comme société. C'est celle à laquelle les
sociétés qui nous font compétition ont commencé
à répondre, elles. Finalement, pour répondre à
cette question-là, il y a le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle qui
décide d'y répondre seul.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un
énoncé de politique gouvernemental. Ce n'est pas du
ministère. C'est un document du gouvernement du Québec que vous
avez entre les mains.
Mme Harel: C'est ça. Alorc, finalement, le gouvernement
décide que... Le ministère de ia Main-d'oeuvre va répondre
seul à cette question- là, parce que des arbitrages fondamentaux
ne se sont pas faits entre les programmes de main-d'?uvre et les
programmes de formation professionnelle, entre les programmes de formation sur
mesure et les programmes de formation initiale. Il y a des arbitrages qui ne se
sont pas faits, c'est bien évident, M. le Président.
Mais ce qui m'inquiète encore plus, c'est le fait que le
sous-amendement ne propose pas tout un bouleversement en regard du projet
initial. Un vrai bouleversement, ça serait de concevoir la gestion du
développement de la main-d'oeuvre de façon paritaire entre
l'éducation et les gens qui proviennent de l'entreprise, patrons et
syndicats. Ça, ça serait une vraie révolution. Ça
serait la manière de concevoir vraiment de façon paritaire,
là, l'éducation et l'entreprise dans une sorte de
représentation qui leur permettrait de se réconcilier. Ce n'est
pas de ça dont il est question maintenant.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce, que dans l'esprit de
la députée...
Mme Harel: C'est beaucoup plus modeste et timide.
M. Bourbeau: Est-ce que, dans l'esprit de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, la réciproque serait
vraie aussi, en ce sens que les partenaires du marché du travail
pourraient aussi participer à la gestion des écoles secondaires
et des cégeps? Est-ce qu'elle va jusque-là dans sa
réflexion?
Mme Harel: C'est le cas, d'ailleurs. Déjà, par
exemple, au niveau des cégeps, des collèges d'enseignement
général et professionnel, il est prévu, au niveau
même du conseil d'administration, au niveau même de la gestion, une
représentation socio-économique. C'est très
fréquent. Le ministre doit quand même être familier,
notamment avec le cégep de sa région, pour savoir combien il est
très fréquent, habituel, de retrouver des dirigeants
d'entreprises qui siègent sur les conseils d'administration des
cégeps. C'est un fait connu. C'est un fait reconnu.
C'est finalement souvent parmi ces personnes que sont nommés les
socio-économiques que le gouvernement désigne pour siéger
sur les conseils d'administration de cégeps. Au niveau des commissions
scolaires, M. le Président, c'est un choix que le gouvernement a fait de
maintenir l'élection au suffrage universel des commissions scolaires. Si
le ministre considère que c'est une représentation qui est
insatisfaisante, bien, à lui de faire valoir son point de vue
auprès de son collègue responsable de l'éducation.
Mais ce dont il est question ici, c'est beaucoup plus timide que
ça, n'est-ce pas? Ce n'est pas ce partenariat à parts
égales qu'on peut souhaiter éventuellement. Ce dont il est
question, vous savez ce dont il s'agit simplement,
c'est que, sur les 19 membres du conseil d'administration, il y en ait
deux, un qui vienne du milieu secondaire, l'autre du milieu collégial,
et que, pour les nommer, le ministre consulte. Il ne sera pas obligé de
désigner ceux qui lui sont recommandés, mais que, pour les
nommer, le ministre consulte la Fédération des commissions
scolaires, pour le niveau secondaire, et la Fédération des
cégeps, pour le niveau collégial. C'est ça le
sous-amendement.
Sinon, on se retrouve devant l'amendement du ministre qui dit quoi? Il
dit que ses collègues vont être consultés pour la
nomination d'une personne, non pas qui provient du milieu d'enseignement
secondaire, mais qui représente le milieu d'enseignement secondaire.
Ça veut dire quoi, M. le Président? J'ai beaucoup d'estime pour
les hauts fonctionnaires, mais il y a toutes les chances que le scénario
soit le suivant: La ministre de l'Enseignement supérieur, qui n'aura
pas, de toute façon, voix au chapitre autrement, va sans doute
recommander un haut fonctionnaire qui lui est dévoué, et le
ministre de l'Éducation va faire de même pour représenter
le niveau secondaire.
M. le Président, la chicane va se continuer entre fonctionnaires
interposés au niveau de la Société. Ça
m'apparaït assez évident. La manière de dénouer les
chicanes, finalement, de ministères, la meilleure manière, vous
savez c'est laquelle, hein? Les sortir des ministères. C'est la
meilleure façon. Puis, je dis ça en toute connaissance de cause.
Vous n'avez pas le monopole de ces chicanes de ministères, là.
Les gouvernements passent, et les chicanes restent.
M. Bourbeau: Vous étiez experte en la matière,
quoi?
Mme Harel: Non, mais j'ai trop vu ce qu'un deuxième mandat
pouvait donner comme consolidation de ce que j'appelais les baronnats. Alors,
les barons se consolident dans leur fief respectif. La seule façon de
sortir de cette dynamique-là, c'est de sortir les choix, les arbitrages,
les questions fondamentales et les laisser à l'initiative des gens qui,
sur le terrain, eux, ont intérêt à régler
ça.
M. Bourbeau: M. le Président, chez nous, ce n'est pas un
baronnat, je vous l'assure. C'est tout au plus un marquisat. Vous savez que,
d'après La Fontaine, tout marquis veut avoir des pages, et nous, ce qui
nous intéresse, c'est les pages du projet de loi. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve peut procéder à
l'article.
Mme Harel: Ah, là, là! M. le Président, je
comprends pourquoi, présentement, la très grande majorité
des 80 organismes qui se sont présentés devant la commission ne
souhaitent pas en voir l'adoption si des changements significatifs ne sont pas
apportés. En fait, il y a essentiellement deux seuls de tous ces
organismes qui sont venus devant la commission qui, dernièrement, ont
fait connaître au premier ministre et au chef de l'Opposition leur
désir de voir le projet adopté, même si des amendements
importants qu'ils réclament cependant n'étaient pas introduits.
Deux seulement sur la totalité de tous ces organismes qui se sont
présentés devant la commission. Je comprends pourquoi, M. le
Président. C'est que, finalement, sur le terrain, il n'y a personne qui
attend avec impatience que le projet de loi soit mis en place en pensant que
ça va améliorer son sort. Il n'y a personne qui a l'impression
que ça répond vraiment aux problèmes qui sont quand
même considérables et aux défis que les gens ont à
relever, autant le défi de l'école qui est à s'adapter
continuellement à ce monde du travail qui est en bouleversement, puis
autant le défi de l'entreprise qui a l'impression de recevoir une
main-d'oeuvre qui est totalement inadaptée aux changements qui sont
introduits par les nouvelles technologies.
M. le Président, je vais clore ici mon intervention en souhaitant
que vous mettiez aux voix ce sous-amendement.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre, est-ce qu'il y
a d'autre chose à rajouter? Non? Alors, je mets aux voix le
sous-amendement qui a été présenté par Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Alors, s'il vous plaît,
me fournir la liste des membres présents. Alors, M. le ministre?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Berthier?
M. Houde: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges?
M. Marcil: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre, contre.
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Pour. (12 h 40)
Le Président (M. Joly): alors, le sous-amendement est
rejeté. nous ramenons l'amendement qui avait déjà
été soumis par m. le ministre. j'imagine que...
M. Bourbeau: Je suis pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...nous passons aux voix. Est-ce
qu'on prend le même vote?
M. Bourbeau: Même vote.
Mme Harel: Même vote. À l'inverse,
évidemment, renversé.
M. Bourbeau: Renversé.
Le Président (M. Joly): Oui, renversé.
M. Bourbeau: On l'a échappé belle.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement, tel que
proposé par M. le ministre est adopté. Est-ce que l'article 5 est
adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Adopté.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Adopté sur division.
Mme Harel: M. le Président, juste une seconde, avant de
procéder à l'adoption.
Le Président (M. Joly): Oui. C'est déjà
fait. M. Bourbeau: La seconde est passée.
Mme Harel: De l'amendement, pas de l'article.
Le Président (M. Joly): Non, mais on a déjà,
disons, convenu que l'article comme tel était adopté, tel
qu'amendé, sur division.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Si vous avez des commentaires, je
suis prêt à les recevoir, remarquez bien.
M. Bourbeau: Consentement, M. le Président.
Mme Harel: M. le Président, je me rends compte que, quels
que soient les commentaires, quelle que soit la persuation, l'éloquence
que je pourrais y mettre, j'ai peur, M. le Président, que je me bute
à un mur de ciment.
M. Bourbeau: M. le Président, l'éloquence est
là, je le reconnais. Je dois dire qu'on est même parfois
enthousiasmé de voir l'éloquence de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Le problè- me n'est pas là, M. le
Président. La députée de Hochelaga-Maisonneuve sait que je
n'hésite pas à accepter des amendements quand on peut les
accepter, quand ça peut entrer dans le cadre général de la
pensée gouvernementale. Je ne suis absolument pas un ministre
buté, qui refuse des amendements pour le plaisir de le faire. Au
contraire, je l'ai déjà dit souvent: Apportez un amendement, on
va toujours l'examiner a sa face même, à son mérite. S'il
est susceptible de bonifier la loi dans notre perspective à nous,
automatiquement, on va l'adopter, si les conseillers juridiques ne nous disent
pas qu'il y a des problèmes énormes. Je suis totalement ouvert.
La députée de Maisonneuve le sait, j'en ai accepté des
tonnes d'amendements, dans le passé. Des tonnes, c'est peut-être
exagéré un peu, là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...mais j'en ai accepté pas mal
d'amendements. On pourrait faire un recensement, M. le Président, et je
suis un des ministres les plus ouverts, là-dessus. Cependant, qu'on ne
me demande pas de venir mettre la hache dans le projet de loi après
l'avoir conçu. Il y a des choses qu'on peut faire et des choses qu'on ne
peut pas faire. La bonne foi est là, M. le Président, totale.
Le Président (M. Joly): Alors, j'appelle l'article 3.
Mme Harel: Pour tout de suite, M. le Président, je
constate qu'aucun amendement que j'ai présenté n'a
été reçu favorablement par le ministre.
M. Bourbeau: ils ont été considérés,
m. le président, à leur mérite. si la
députée de maisonneuve veut continuer à être
patiente, il n'y a rien qui interdit de penser qu'on ne pourrait pas
éventuellement en accepter.
Le Président (M. Joly): L'article 3 est appelé.
M. Bourbeau: L'article 3 avait fait l'objet d'une suspension, M.
le Président. Je crois que la députée de Maisonneuve avait
suggéré ou voulait suggérer un amendement à
l'article 3 qui impliquait le Protecteur du citoyen, je crois...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...dans le but de soumettre la Société
à la juridiction du Protecteur du citoyen.
Mme Harel: Notre amendement n'étant pas prêt, alors,
on va suspendre, M. le Président.
M. Bojrbc?u: Je pourrais quand même vous dire pourquoi on
ne pourrait pas accepter
l'amendement, mais...
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Harel: Attendez.
M. Bourbeau: Est-ce que vous préférez quand
même le formuler?
Mme Harel: Oui. M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel:... l'amendement était déjà
prêt... Le Président (M. Joly): Soumis.
Mme Harel:... mais il sera modifié pour retirer le
Vérificateur général. Alors, l'amendement se lisait
simplement comme suit:
Ajouter à l'article 3: La Société est assujettie
aux pouvoirs du Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Joly): C'est l'officiel, celui-là,
là.
(Consultation)
M. Bourbeau: Est-ce que l'amendement a été
retiré ou est-ce qu'il est... Il est retiré?
Mme Harel: Oui, il a été retiré.
M. Bourbeau: Vous ne le déposez pas maintenant.
Mme Harel: Alors, si vous le voulez, on peut tout de suite,
là, si vous êtes prêt...
M. Bourbeau: Aussi bien vider la question, oui.
Mme Harel:... on pourrait tout de suite l'introduire à
nouveau et il pourrait se lire ainsi: ajouter à l'article 3: la
société est assujettie aux pouvoirs du protecteur du citoyen.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Si vous voulez me soumettre
l'amendement, s'il vous plaît, Mme la députée.
Mme Harel: Bon, M. le Président, on va laisser...
Le Président (M. Joly): Est-ce que je pourrais voir...
Mme Harel:... l'article 3 en suspens. Comme ça, ça
va être plus facile, à l'ajournement de ce midi, de pouvoir le
déposer.
M. Bourbeau: Je croyais que vous l'aviez. Vous ne l'avez pas,
l'amendement?
Mme Harel: Non, on ne l'a pas.
Le Président (M. Joly): Semble-t-il qu'il n'est pas
prêt encore. Alors, l'article 3 est suspendu, et l'article 17 est
appelé.
M. Bourbeau: C'est un cha-cha-cha; on avance et on recule.
17?
Le Président (M. Joly): Oui, 16 a été
suspendu aussi, M. le ministre.
M. Bourbeau: II y a beaucoup de matière en suspension, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'il y a beaucoup de
cogitation aussi. Bon, est-ce que vous voulez revenir à 16 ou est-ce
qu'on attaque 17? Parce que 17, il y avait la suspension, et de l'article, et
de l'amendement, parce qu'il y avait un amendement de soumis.
M. Bourbeau: Alors, 16, on maintient la suspension pour 16.
Le Président (M. Joly): Donc, l'article 16 demeure tel
qu'il était, et l'article 17 est appelé.
Mission et pouvoirs (suite)
M. Bourbeau: Alors, l'article 17, M. le Président, cette
disposition prévoit que la Société élaborera,
mettra en oeuvre et gérera des programmes de développement de la
main-d'oeuvre qui seront le principal instrument de réalisation de sa
mission. Elle précise également les différents domaines
d'intervention dans lesquels la Société accomplira sa
mission.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, alors, M. le Président, nous avons un
amendement qui consiste à remplacer le premier alinéa de
l'article 17 par le suivant: «Pour réaliser sa mission, la
Société élabore, met en oeuvre et gère, en
collaboration avec les sociétés régionales, l'ensemble des
programmes élaborés dans le cadre des politiques de
main-d'oeuvre, dont les programmes d'em-ployabilité et
d'intégration au marché du travail ainsi que ceux établis
en vertu de la Loi sur le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
»
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Alors, l'amendement, tel que
soumis, est recevable.
M. Bourbeau: ...il y a des copies, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Je vais vous faire faire
ça, M. le ministre, d'ici quelques secondes ou minutes, là.
M. Bourbeau: Bon, alors, on est aussi bien de passer à
l'article 18, M. le Président parce que sans ça, les photocopies,
ça va prendre...
Le Président (M. Joly): Bon, alors, nous allons suspendre
l'amendement tel que présenté et l'article 17, pour appeler
l'article 18. L'article 18 est appelé.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article décrit
les fonctions et les pouvoirs qui sont attribués à la
Société aux fins de l'accomplissement de sa mission. Ces
fonctions et pouvoirs constituent les principaux instruments qui permettront
à la Société de s'acquitter de son rôle de
conception et d'élaboration de programmes visant à promouvoir et
à soutenir le développement de la main-d'oeuvre et à
favoriser l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur
le marché du travail. Est-ce qu'on prend les paragraphes un par un ou
est-ce que... (12 h 50)
M. le Président, j'aimerais apporter un amendement à
l'article 18 qui vise a remplacer les paragraphes 1° et 2° de l'article
18 du projet de loi par les suivants. On va distribuer les amendements tout de
suite, M. le Président.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
M. Bourbeau: Alors, le paragraphe 1° se lirait comme suit:
«1° définir les besoins en développement de la
main-d'oeuvre en regard de la réalité du marché du travail
et de l'emploi au Québec; «1.1° définir les
orientations qu'elle entend poursuivre en y associant des membres des conseils
régionaux parmi ceux nommés par le ministre en vertu de l'article
37; «2° favoriser la concertation entre les partenaires patronaux,
syndicaux et sociaux ainsi que la mise en place de comités de
main-d'oeuvre dans les entreprises, de comités sectoriels de
main-d'oeuvre ou d'autres comités auxquels participent l'un ou l'autre
de ces partenaires.»
M. le Président, le paragraphe 1° de l'article 44 du projet
de loi attribue à un conseil régional, entre autres fonctions,
celle de définir la problématique du marché du travail ci
de l'emploi dans sa région. Par souci de cohérence avec cette
disposition, il est proposé de modifier le paragraphe 1° de
l'article 18 du projet de loi en se référant
spécifiquement non seulement à la réalité du
marché du travail, mais aussi à celle de l'emploi.
Quant au paragraphe 1.1°, l'ajout proposé par ce nouveau
paragraphe vise à conférer explicitement à la
Société un pouvoir qui l'invite à établir, avec les
conseils des sociétés régionales, des mécanismes de
coordination qui assureront l'intégration et la prise en compte des
problématiques régionales par la Société dans la
définition de ses orientations.
Concernant le paragraphe 2°, la modification proposée
à ce paragraphe vise à inclure expressément les
partenaires sociaux, c'est-à-dire les groupes communautaires ou
socio-économiques intéressés parmi les partenaires du
domaine de la main-d'oeuvre entre lesquels la Société pourra
favoriser la concertation. Tout autant, M. le Président, de propositions
nouvelles qui seront certainement susceptibles de rassurer la
députée de Hochelaga-Maisonneuve sur nos intentions.
Mme Harel: M. le Président, une question d'abord sur le
sous-amendement, je le considère recevable, ce n'est pas sur
l'admissibilité.
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas un sous-amendement;
c'est un amendement.
Mme Harel: ah, l'amendement plutôt, excusez-moi. qu'est-ce
que le ministre entend par les mots «en regard de la
réalité du marché du travail et de l'emploi au
québec»?
Le Président (M. Joly): Au paragraphe 1°. Mme
Harel: Au paragraphe 1°.
M. Bourbeau: Je ne saisis pas exactement le sens... Où la
députée veut-elle en venir avec sa question exactement?
Mme Harel: Bien, je ne vois pas où est-ce que le ministre
veut en venir avec son amendement.
M. Bourbeau: Bien, je l'ai dit dans les notes explicatives
tantôt.
Mme Harel: «en regard de la réalité du
marché du travail», on y retrouvait déjà «du
marché du travail et de l'emploi». qu'est-ce que l'introduction
«de l'emploi» ajoute à la réalité du
marché du travail?
M. Bourbeau: Oui, c'est par souci de cohérence avec
l'article 44 du projet ae loi qui attribue à un conseil régional,
entre autres fonctions, celle «de définir la problématique
du marché du travail et de l'emploi dans sa région». Alors,
on trouvait qu'on n'était pas particulièrement cohérents
en ne reprenant pas cette même terminologie...
Le Préàidtr:? (M. Joly): On a juste changé
le «de» en...
M. Bourbeau: ...en ce qui concerne la Société
québécoise elle-même.
Mme Harel: Mais, M. le Président, au niveau des
sociétés régionales, dans l'énoncé de
politique sur le développement de la main-d'oeuvre, on retrouve
également le mandat suivant: établir les priorités
régionales de formation et de développement de la main-d'oeuvre;
participer à l'élaboration des plans de développement
régional et aux démarches de concertation en matière de
développement de l'emploi. Et encore un autre: soutenir les efforts de
concertation des divers comités de main-d'oeuvre et des groupes locaux
engagés dans le développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi.
Il s'agit donc du développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi.
Tandis que, tel que libellé, on n'y lit pas définir les
besoins de développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi. Voyez, si
le ministre avait introduit un amendement...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...à l'effet d'ajouter «emploi» au
premier paragraphe, après «définir les besoins en
développement de la main-d'oeuvre», là, J'aurais pu
comprendre qu'on voulait s'inspirer de ce que l'on attribuait comme mandat au
niveau régional, parce qu'au niveau régional la
société régionale va s'intéresser au
développement de la main-d'oeuvre et au développement de
l'emploi. C'est intéressant, ça, M. le Président.
Mais ce n'est pas ça dont il s'agit, avec l'amendement. On ne dit
pas: définir les besoins du développement de la main-d'oeuvre et
de l'emploi. On dit: définir les besoins du développement de la
main-d'oeuvre seulement en regard de la réalité du marché
du travail et de l'emploi au Québec. Je veux bien, moi, qu'on en
prenne-Dans le fond, tout ce que ça dit, c'est qu'on va en prendre
connaissance, on va en tenir compte. Ça ne veut pas dire qu'on va
influencer pour qu'il y ait du développement de l'emploi. Ça veut
dire qu'on va prendre connaissance de la réalité, puis on va
s'ajuster en fonction de ça.
M. Bourbeau: M. le Président, la notion d'emploi,
développement de... l'équilibre, en fait, la
référence plutôt au marché du travail et de
l'emploi, ce n'est pas la première fois qu'on l'introduit. On l'avait
introduite aussi dans l'amendement à l'article 16, qui est suspendu, qui
est en suspens, toujours par souci de cohérence avec l'article 44 qui
traite des sociétés régionales.
En fait, si je comprends la question de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, elle nous dit: Pourquoi vous ne mettez pas dans vos
priorités absolues le développement de l'emploi, comme vous le
faites pour le développement de la main-d'oeuvre? Ce n'est pas, M. le
Président, que le développement de l'emploi ne nous
préoccupe pas.
Au contraire, nous en sommes fort préoccupés, mais nous
sommes en train de voter une loi qui a, en premier lieu, pour objet d'assurer
le développement de la main-d'oeuvre. C'est l'objet premier du projet de
loi. Nous nous préoccupons aussi du développement de l'emploi,
mais il serait quand même étonnant que, dans un projet de loi dont
l'objectif prioritaire est le développement de la main-d'oeuvre, on
mette sur le même pied, comme objectif dans la loi, le
développement d'une autre activité qui est très
importante, mais qui n'est pas l'objet premier de la loi.
Il y a d'autres organismes qui, également, ont pour objet le
développement de l'emploi. C'est les organismes de développement
économique, le développement régional, je ne sais pas,
mais on pourrait se référer à la SDI, le défunt
OPDQ, etc., autant d'organismes qui, collectivement, se préoccupent du
développement de l'emploi. Les municipalités aussi, à
l'occasion, y voient.
On n'est pas en train de proposer la création d'un organisme de
développement de l'emploi au Québec. C'est un organisme de
développement de la main-d'oeuvre. Donc, j'aurais eu peur, si on avait
mis exactement sur le même pied, dans les objectifs prioritaires de la
Société, la main-d'oeuvre et le développement de l'emploi,
qu'il y ait une confusion au départ, en tous les cas, quant à la
finalité propre du projet de loi. C'est pourquoi, tout en se
référant à l'emploi et en en faisant une
préoccupation importante, on n'a pas à installer le
développement de l'emploi au même niveau que le
développement de la main-d'oeuvre.
Il faudrait pas en conclure... Il faudrait pas tomber dans la
démagogie et dire que le gouvernement n'est pas intéressé
au développement de l'emploi. Mais ce n'est pas l'endroit ici, je crois.
Nous ne sommes pas en train de voter une société de
développement de l'emploi.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, il
vous reste quelques minutes, s'il vous plaît.
Mme Harel: Oui, si vous permettez, M. le Président, compte
tenu de l'heure, je vous proposerais la suspension de nos travaux.
Le Président (M. Joly): Oui. Alors, c'est le voeu de tout
le monde. Il y a quelques minutes qu'il nous reste. Nous suspendons nos travaux
à 15 heures dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Nous étions à l'article 18 et nous avions un amendement qui avait
été soumis, lequel était recevable, et déjà,
Mme la députée...
Mme Harel: M. le Président, nous en étions à
l'amendement du ministre. Excusez. Excusez-moi.
Le Président (M. Joly): C'est ça. C'est exactement
ce que j'essayais de vous dire dans mes mots.
M. Bourbeau: C'est ça. Alors, j'avais expliqué, M.
le Président, le pour et le contre et les tenants et les aboutissants de
l'amendement. En ce qui me concerne, je pense que tout a été dit
sur la question. Pour ma part. Je n'oserais préjuger de...
Le Président (M. Joly): II y avait déjà eu
un temps de parole qui avait été accordé à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, duquel elle s'était
servi. Est-ce qu'il y a d'autre chose à rajouter, madame, sur
l'amendement à l'article 18?
Mme Harel: À ajouter ou à demander, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Vous aviez déjà
commencé à faire votre exposé, si je me souviens bien.
Mme Harel: Je crois que, lorsque nous avons suspendu, le ministre
venait de terminer son temps de parole.
Le Président (M. Joly): Ah! Alors, c'est à vous la
parole.
M. Bourbeau: Mais n'est-ce pas là-dessus qu'on avait eu
droit à une homélie sur la syndi-calisation?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: M. le Président, j'espère qu'il en
restera quelque chose, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: II va rester des mots.
Mme Harel: Tant qu'à semer à tout vent, il faut
espérer que ça puisse germer dans un esprit ouvert comme celui du
ministre. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: II l'est. Il l'est, on ne peut plus.
Une voix: ...ça fait du bien.
M. Bourbeau: Ah, mon Dieu! C'est les.. Ouf, Jésus...
Mme Harel: C'est l'équipe féminine.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): La relève. Ha, ha, ha! La
relève.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'il serait possible
d'avoir une copie de l'amendement pour Mme la députée de
Marie-Victorin?
Le Président (M. Joly): Oui. On en a déjà
quelques-unes. Est-ce que vous en avez? Vous en avez encore?
Mme Harel: M. le Président, j'en étais donc
à vouloir interroger le ministre d'abord sur le premier paragraphe. Le
ministre nous dit vouloir introduire un amendement à l'article 18, aux
paragraphes 1° et 2° de l'article 18. Et il...
Une voix: ...1.1° aussi.
Mme Harel: Oui, c'est ça. En fait, il remplace les
paragraphes 1° et 2° de l'article 18 par les paragraphes amendés
1°, 1.1° et 2°. Alors, le ministre est intervenu seulement sur
l'amendement contenu au paragraphe 1°, à savoir:
«définir les besoins en développement de la main-d'oeuvre
en regard de la réalité du marché du travail et de
l'emploi au Québec». Alors, j'aurai l'occasion de mieux
l'interroger tantôt sur les paragraphes 1°, 1.1° et 2°.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai déjà
donné toutes les explications sur les paragraphes 1.1° et 2°. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve ne m'écoute pas. J'ai
donné des notes explicatives que je peux répéter sur
1.1° aussi.
Mme Harel: Bien, les notes explicatives sont donc insuffisantes.
Mais...
M. Bourbeau: Ça, M. le Président, je reconnais que
la députée peut bien penser qu'elles sont insuffisantes.
Ça, c'est son privilège.
Mme Harel: Ceci dit, là, M. le Président,
sérieusement, au paragraphe 1° de l'amendement, les explications du
ministre m'ont plus inquiétée que rassurée. Et je
m'explique. C'est que le ministre dit avoir voulu harmoniser le mandat, puisque
c'est de ça qu'il s'agit, je crois.
M. Bourbeau: 44.
Mme Harel: À l'article 18, en fait, la mission de la
société mère, il dit vouloir l'harmoniser avec les mandats
des sociétés régionales déjà prévus
dans l'énoncé de politique et dans le projet de loi. Et, pour ce
faire, son amendement est à l'effet d'ajouter «de l'emploi»,
de manière à ce qu'on lise «en regard de la
réalité du marché du travail et de l'emploi au
Québec».
Ça m'a inquiétée pour la bonne raison, M. le
Président, que si le ministre - et je pense
qu'il est sincère quand il nous dit qu'il veut harmoniser le
mandat de la société mère et des sociétés
régionales - veut véritablement atteindre l'objectif qu'il dit
rechercher, eh bien, son amendement n'est pas adéquat. Son amendement
n'est pas approprié parce que, justement, à l'article 44 du
projet de loi, on retrouve les fonctions attribuées à un conseil
régional. On retrouve, au paragraphe 1°, de définir la
problématique du marché du travail et de l'emploi dans sa
région, et on retrouve, au paragraphe 6e, de favoriser la
mise en oeuvre de programmes d'aide à l'emploi ou de
développement local. M. le Président, lorsque, à l'article
16, qui n'est pas adopté, de toute façon, lorsque l'amendement
avait été déposé, je sentais qu'il y avait un
problème. (15 h 20)
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je le sentais, mais je pense maintenant avoir bien
identifié le problème. Vous savez en quoi il consiste. Il
consiste à ne pas définir les besoins de développement de
la main-d'oeuvre et de l'emploi, mais à restreindre simplement le mandat
à la définition des besoins de développement de la
main-d'oeuvre en regard de la réalité du marché du travail
et de l'emploi. La différence, elle est extrêmement importante.
Ajoutez le mot «emploi» après «main-d'oeuvre»
à la première ligne plutôt qu'à la deuxième
ligne, et vous avez une différence dans la perspective qui est
considérable.
M. Bourbeau: Ça serait un détournement de
société.
Mme Harel: Parce que, au contraire, ce serait une harmonisation
avec ce que vous avez écrit dans votre énoncé de politique
sur le développement de la main-d'oeuvre, des mandats que vous confiez
aux sociétés régionales. Parce que...
M. Bourbeau: Oui. C'est évident, M. le Président,
que les sociétés régionales ont aussi, parmi d'autres
mandats...
Mme Harel: Le développement de l'emploi.
M. Bourbeau: ...le mandat de favoriser la développement de
l'emploi. C'est exact. Je l'ai dit tout a l'heure aussi. Mais ce n'est pas
l'objet premier de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. C'est une société qui
vise, en premier lieu, à favoriser le développement de la
main-d'oeuvre. Ça, c'est l'objectif premier, prioritaire, absolu, etc.
Et, après ça, il y a des objectifs accessoires dont, entre
autres, le développement de l'emploi, et on ne peut pas dire que la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre a pour objectif premier, prioritaire le développement de
l'emploi. Ça serait fausser l'objectif primordial de la
Société, et je ne veux pas mettre cet objectif-là sur le
même pied que le développement de la main-d'oeuvre. À ce
moment-là, on pourrait arriver avec d'autres objectifs tout aussi
louables que le développement de l'emploi, mais qui ne sont pas l'objet
premier du projet de loi que vous avez là.
Mme Harel: Alors, vous voyez, M. le Président, que,
finalement, c'est là où le bât blesse.
M. Bourbeau: Bien, pour vous.
Mme Harel: En descendant le long de la jambe, là, dirait
mon collègue de Masson - ha, ha, ha! - que je ne veux pas caricaturer
ici, bien au contraire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: En remontant. Vous auriez beaucoup de
difficulté à imiter le député de Masson. Il est
inimitable.
Mme Harel: Inimitable. Il est particulier, singulier et
exceptionnel.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ceci dit, vous voyez, M. le Président, qu'il y
a un fossé entre les points de vue qui s'expriment, là, quant
à l'amendement que le ministre vient de déposer. Comment,
justement, m'a demandé la députée de Marie-Victorin,
définir des besoins de développement de la main-d'oeuvre sans
qu'il y ait développement de l'emploi? Alors, les besoins de
développement de la main-d'oeuvre, ce sont donc des besoins de
développement en fonction seulement des pénuries d'emploi. C'est
ça le problème parce que c'est ce qu'on retrouve dans cet
énoncé. C'est donc l'identification des pénuries, et puis
le développement de la main-d'oeuvre, ça consiste à tenter
de former la main-d'oeuvre pour combler les besoins, les manques, les
pénuries de main-d'oeuvre.
Mais, finalement, le gouvernement ne donne pas à la
Société une responsabilité en regard du
développement de l'emploi. Ça m'apparaît important, parce
que...
M. Bourbeau: Ce n'est pas exact, M. le Président. La
députée devrait faire attention aux nuances. Elle dit: Le
gouvernement ne donne pas de responsabilité dans le développement
de l'emploi. Ce n'est pas exact. Il y en a des responsabilités dans le
développement de l'emploi. Le paragraphe 6° de 44 dit bien qu'il y a
des responsabilités dans le domaine de l'emploi. Mais ce ne sont pas les
missions premières, primordiales, absolues de la Société.
C'est une mission importante, oui. Il ne faut pas dire que la
Société n'a pas cette responsabilité. Elle l'a,
mais ça n'a pas le même caractère d'urgence ou
d'importance, dans sa définition de mission, que la main-d'oeuvre. C'est
une société de développement de la main-d'oeuvre, en
premier lieu. Je m'excuse d'interrompre la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Il me semble que ça fait un peu plus de vie dans
le débat.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, ça fait
juste plus créateur, mais je dois vous dire que le ministre a tort et
raison. Oui, c'est là la mission des sociétés
régionales, mais le tout est différent de la somme des parties.
Ce n'est pas parce que les sociétés régionales ont cette
mission de développement de l'emploi que la société
mère l'a par délégation. C'est l'inverse. Il faut
comprendre qu'il ne s'agit pas là de sociétés
régionales qui se concertent pour déléguer à une
société mère des pouvoirs. C'est exactement l'inverse.
C'est le retrait des pouvoirs régionaux actuellement dévolus dans
les CFP, et c'est la société mère qui centralise, en
délégant des mandats aux sociétés
régionales.
Alors, comment est-ce que... En l'absence de véritable pouvoir
régional, les sociétés régionales ne sont
même plus des corporations au sens du Code civil. Il n'y a plus de
conseil d'administration élu, il n'y a plus de choix du directeur
général de la société régionale par le
conseil d'administration.
M. Bourbeau: Des nuances. C'est eux qui proposent.
Mme Harel: II n'y a plus de choix.
M. Bourbeau: Oui, ils peuvent le proposer.
Mme Harel: Oui. M. le ministre. Est-ce que les ministres
concernés que vous allez consulter, qui vont vous proposer des personnes
pour siéger à la société mère, ont le
choix?
M. Bourbeau: C'est le gouvernement qui a le choix.
Mme Harel: Bon. Alors, le gouvernement a le choix pour la
société mère et la société mère a le
choix pour les directeurs régionaux.
M. Bourbeau: Oui, mais il y a un mécanisme qui fait en
sorte que l'initiative de proposer les directeurs régionaux repose entre
les mains du conseil régional. On le verra plus tard, de toute
façon. Je voudrais revenir sur un point C'est toute une question de
nuance, M. le Président. La députée de
Hochelaga-Maisonneuve disait tantôt que la mission des
sociétés régionales est de voir au développement de
l'emploi. Ce n'est pas tout à fait exact. SI vous regardez l'article 44,
on dit: «Un conseil régional a notamment pour fonctions»,
notamment et entre autres. Et là, au paragraphe 6°, «de
favoriser la mise en oeuvre de programmes d'aide à l'emploi ou de
développement local». Ce n'est pas la mission primordiale et
absolue; c'est notamment. Alors, il ne faudrait pas dire qu'on donne une
priorité, disons, dans les régions qu'on ne retrouve pas à
la société mère. C'est ce que je crois comprendre à
travers les propos de la députée.
Mme Harel: M. le Président, je rappelle au ministre que
l'article 18 également comporte un «notamment». Alors, il
n'y a pas que les sociétés régionales à l'article
44 qui ont notamment pour fonctions.
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: II y a aussi la société mère qui
peut en outre, notamment. Ce n'est pas parce qu'on introduirait un mandat de
développement de l'emploi que ce serait exclusivement le mandat premier
et dévolu à la société mère. Ça en
serait un, en plus de ceux que l'on retrouve déjà. On retrouve
déjà sept paragraphes qui énoncent des mandats. Alors,
ça en serait, si vous voulez, un de plus et non pas le plus important,
mais ça en serait un parmi et avec les autres.
M. Bourbeau: Quand on le place sixième dans la liste, il
n'a certainement pas le même caractère d'importance que s'il
était le premier.
Mme Harel: Faut-il comprendre qu'il y a une nouvelle règle
d'interprétation et que les mandats sont inversement proportionnels au
rang qu'ils occupent dans le projet de loi?
M. Bourbeau: Pas nécessairement, mais il me semble que,
quand on met quelque chose en premier lieu dans une loi, c'est que c'est
l'objet premier, sans être...
Mme Harel: Est-ce que ça vaut la même chose pour la
Chambre, quand on met...
M. Bourbeau: Les projets de loi qu'on appelle, bien, ça,
le problème, c'est que ce n'est pas le ministre qui décide.
Mme Harel: Mais c'est son gouvernement.
M. Bourbeau: Alors, peut-être que, dans les priortés
de certains, oui, la main-d'oeuvre passe en premier lieu, c'est mon cas, mais,
dans les priorités d'autres, peut-être que d'autres projets de loi
peuvent passer en priorité. C'est à vous de décoder.
Mme Harel: Ceci dit, M. le Président, je reviens avec la
question en regard de !a réalité du marché du travail et
de l'emploi. Ça veut donc dire que, dans ce contexte, par exemple,
où l'amendement du ministre serait adopté, la
Société aurait comme pouvoir de définir des besoins
de développement de la main-d'oeuvre en tenant compte - c'est bien ce
que je dois comprendre par le mot «en regard» - de la
réalité du marché du travail et de l'emploi. Ça
veut donc dire qu'avec un taux de chômage de 12,5 %, presque 13 %,
à ce moment-ci, on tiendrait compte du taux d'emploi. Ça veut
dire quoi exactement dans l'esprit du ministre? (15 h 30)
M. Bourbeau: Ça veut dire que si, oui, je pense que vous
avez bien raison de dire, dans une région donnée, à une
époque donnée, il y a un problème de chômage
important, la société régionale, entre autres, et
même la Société québécoise pourront mettre
l'accent, un accent accru, sur des problèmes et sur des projets de
création d'emploi comme on en connaît, des projets communautaires
ou de création spontanée d'emplois qui n'ont pas
nécessairement pour but de faire en sorte de former la main-d'oeuvre
comme telle, mais au moins de faire en sorte qu'on puisse stimuler l'emploi
dans une région donnée à ce moment-là, mais ce
n'est pas l'objet.
L'objet principal de la Société, ce n'est pas de
créer artificiellement des emplois ou de les créer comme tels. La
Société n'est pas un organisme qui va se lancer dans la
fabrication pour générer des emplois comme tels, mais, à
l'occasion, dans des endroits où l'emploi est vraiment déficient,
ou spontanément, ponctuellement, la Société pourra faire
de la promotion d'emplois pour tenter de remédier à des
situations qui peuvent être pénibles de temps à autre. Elle
peut le faire, d'ailleurs, continuellement, à travers sa structure, mais
ce n'est pas l'objet premier. L'objet premier, c'est le développement de
la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Mais vous dites que la société
mère pourra donc initier des programmes de création d'emplois,
également?
M. Bourbeau: Elle pourra aider à mettre sur pied des
programmes de développement de l'emploi comme, par exemple, avec des
groupes communautaires. Elle pourrait venir en aide à des groupes
communautaires dans certains endroits.
Mme Harel: Je vous pose directement la question des PDE, les
programmes de développement de l'emploi du fédéral. Vous
réussissez à faire transférer les budgets
fédéraux, ce qui semble s'en venir, compte tenu de
l'ébauche progressive, au 11 juin, du rapport d'étape des
réunions multilatérales sur la Constitution...
M. Bourbeau: Ça chemine, ça chemine, lentement,
comme le projet de loi 408, pas très rapidement.
Mme Harel: ...qui prévoit reconnaître la
compétence provinciale exclusive en matière de formation de la
main-d'oeuvre. Vous obtenez le transfert des budgets fédéraux de
la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada qui prévoit,
notamment, des programmes de développement de l'emploi, nos fameux PDE,
que tous les députés, ici présents, membres de cette
commission, connaissent, n'est-ce pas? Vous faites quoi avec ça, parce
que, là, vous récupérez tous ces programmes-là?
Quelle garantie vous donnez que vous allez poursuivre dans la voie
amorcée par les programmes fédéraux de
développement de l'emploi?
M. Bourbeau: Écoutez, comme pour tous les programmes, on
va commencer d'abord par évaluer la rentabilité de ces
programmes-là. Vous savez que, dans la nouvelle structure des programmes
du ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle - structure qui va être
éventuellement transformée, à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre - on a
regroupé tous nos programmes, on les a simplifiés, on les a
regroupés en quatre grands programmes, le quatrième étant,
justement, l'aide aux organismes du milieu. Alors, notre programme no 4 -
enfin, je ne sais pas si c'est le numéro qu'on lui donne, mais un de nos
quatre programmes, en tous les cas - vise justement ce secteur, ce volet.
Alors, on se donnera une politique de développement de l'emploi qui
tiendra compte des réalités propres au Québec, et on en
discutera ensemble.
Mme Harel: Je comprends donc qu'il n'y a aucune garantie quant au
maintien de ces programmes de développement de l'emploi.
M. Bourbeau: Bien, écoutez, est-ce que vous tenez
absolument à maintenir ceux-là ou des programmes de
développement de l'emploi qui seraient peut-être meilleurs, mieux
adaptés? La question est posée.
Mme Harel: La question est posée, M. le Président,
mais...
M. Bourbeau: C'est-à-dire que vous me posez des questions,
mais vous n'écoutez pas mes réponses, alors...
Mme Harel: Oui, j'écoute vos questions et j'écoute
vos réponses. Je trouve ça...
M. Bourbeau: Non, ce que je dis, c'est que je ne veux pas...
Mme Harel: ...inquiétant, les réponses comme les
questions!
M. Bourbeau: Non, je ne veux pas préjuger de la
validité des programmes fédéraux. Le fédéral
a ses programmés, nous avons les nôtres. Nous sommes en train de
refondre les nôtres, et
un de nos quatre programmes, ça va être l'aide à des
organismes du milieu. Donc, manifestement, ça vise ce secteur-là.
Quand on récupérera les programmes fédéraux, on en
fera l'évaluation pour voir dans quelle mesure ils sont performants, et
dans quelle mesure ils sont adaptés aux réalités
québécoises. Ou bien on les garde tels quels, ou bien on les
modifie, mais l'intention avouée du gouvernement - et vous le savez,
vous avez devant vous le projet de politique gouvernementale - c'est d'avoir un
programme d'aide aux organismes du milieu. C'est carrément dans ce
secteur-là qu'on se dirige. Alors, ce seront les mêmes programmes
ou d'autres programmes améliorés, et Québec a des
programmes, en général, qui sont assez avant-gardistes et
innovateurs. Je pense qu'on n'a de leçon à prendre de personne
sur la qualité de nos programmes.
Mme Harel: M. le ministre, vous seriez surpris d'apprendre
à quel point, sur le terrain, les Québécois, de quelque
appartenance idélogique qu'ils soient, souverainistes ou
fédéralistes, sont inquiets du transfert du fédéral
vers Québec, de tous ces programmes qui portaient, malgré tout,
la marque d'un progressisme certain, étant donné que, souvent,
à Ottawa, les programmes avaient été conçus, en
particulier, pour épauler les clientèles les plus
défavorisées.
M. Bourbeau: Bien, écoutez...
Mme Harel: Et, sans garantie, je vous le dis là, je ne
fabule pas en vous disant que, sans garantie, c'est beaucoup
d'inquiétude sur le terrain, parce que votre quatrième programme,
dont vous parliez tantôt, dans le cadre de la simplification, puis du
regroupement des programmes de main-d'oeuvre, c'est un progamme qui s'adresse
aux interventions territoriales. Vous l'appelez «aide aux interventions
territoriales».
Alors, on y lit ceci, deux dimensions à ce programme.
Premièrement, «la concertation des différents agents du
milieu par une aide financière au fonctionnement d'un comité de
coordination, à l'embauchage - je cite, je ne sais pas si c'est un mot
qui se dit, l'embauchage,
Une voix: L'embauche.
Mme Harel: ...mais je trouve ça dans
l'énoncé de politique - des ressources humaines et techniques
requises et à l'élaboration d'un plan d'action». Puis,
deuxièmement, «la création de fonds d'initiatives locales
découlant de pians d'action, initiatives qui ne pourraient être
financées dans le cadre des programmes réguliers, et le soutien
aux organismes chargés de la réalisation et du suivi de ces
plans». C'est à la page 55 de votre énoncé.
Quand j'en avais pris connaissance, je me suis dit: Bon, les CADC, les
comités d'aide au développement des collectivités locales,
qui jouent un rôle stratégique dans 'ss régions, me
semblent pouvoir être couverts par cette proposition-là ainsi que
les corporations de développement économique et communautaire
qui, dans les milieux urbains, sont l'équivalent des CADC dans les
milieux ruraux ou semi-urbains.
Ça, ça peut aller. Ça m'apparaissait introduire, en
fait, une sorte de reconnaissance de cette intervention qui se fait
présentement. Mais, ce dont je vous parle, moi, c'est autre chose. C'est
un programme qui s'adresse aux individus. Ce n'est pas un programme qui
s'adresse aux organismes, ni un programme qui offre une aide aux interventions
territoriales. C'est vraiment un programme... Le PDE, on le sait, c'est un
programme qui est censé s'adresser aux individus d'abord, avant de
s'adresser aux organismes. C'est un programme qui permet à des individus
d'acquérir une expérience de travail assortie d'une formation et
d'un apprentissage.
La semaine dernière, un très, très, très
vaste regroupement des organismes communautaires du Québec
réclamait d'Ottawa - mais il faut comprendre que, si le transfert
réussissait, c'est de Québec qu'il réclamerait - le
prolongement triennal des plans de financement, étant donné que
ce sont des programmes qui durent six mois seulement ou, au maximum,
jusqu'à un an. Un bon nombre d'organismes qui rendent des services
presque essentiels à la population - services comme le maintien à
domicile et autres - doivent finalement, au bout d'un an, se départir,
se priver d'un personnel qui a pris de l'expérience, et qui pourrait
rendre des services importants si tant est que la subvention était
maintenue.
M. Bourbeau: M. le Président, peut-être que je
pourrais amener un petit peu de clarification là-dessus.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît, allez.
M. Bourbeau: En gros, ce que j'ai dit tout à l'heure
à la députée, c'est que notre programme 4 - ou, enfin, un
de nos quatre programmes - porte sur l'aide aux organismes du milieu
engagés dans le développement de l'emploi. Là-dessus, on
s'entend, et on dit dans l'énoncé de politique sur le
développement de la main-d'oeuvre que «le programme
envisagé s'inspire principalement des expériences récentes
de l'est et du sud-ouest de Montréal, où l'engagement des
partenaires du milieu, regroupés dans un comité territorial de la
main-d'oeuvre, a permis de préciser la nature des
problèmes...» Évidemment, tous ces programmes-là
pour des organismes du milieu sont pour le bénéfice dec
travailleurs, pour le bénéfice des individus. Ce ne sont pas des
pr?gr?rnmes qui s'adressent uniquement à des organismes. On vise l'aide
aux individus
derrrière ces programmes-là. (15 h 40)
Maintenant, la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je le
vois bien, se référait spécifiquement aux programmes PDE
du fédéral qui faisaient partie de la planification de l'emploi.
Le programme général a été aboli. Même les
PDE, on me dit que ça n'existe plus comme tel. Maintenant, ça
fait partie du nouveau programme fédéral qu'on appelle
Amélioration de l'employa-bilité. C'est la nouvelle terminologie
utilisée par le fédéral. On a des spécialistes,
ici, qui nous en avisent, et, pour nous...
Mme Harel: Je peux vous dire, M. le ministre, en tout cas, que
ça ne change rien, parce que ce sont les mêmes critères,
etc.
M. Bourbeau: Oui oui. Mais non... mais je ne le nie pas.
Mme Harel: Puis, il y a une nouvelle... Au mois de septembre, je
le sais par des organismes de mon milieu...
M. Bourbeau: Je ne le nie pas.
Mme Harel: ...qu'il y a un nouvel appel d'offres avec des
nouveaux projets.
M. Bourbeau: Je ne le nie pas, sauf que, dorénavant, c'est
incorporé dans la nouvelle terminologie fédérale,
Amélioration de l'employa-bilité. Et, pour nous, ce
programme-là va être très bien intégré
à notre programme no 3, qui est l'intervention individuelle en
développement de la main-d'oeuvre et qui, justement, va comporter:
l'amélioration de l'employabilité, le «counseling»
d'emploi, la formation, le remboursement des salaires, l'achat de formation, le
soutien du revenu, l'assistance à l'emploi et extension, les
initiatives-jeunesse. Bref, notre programme no 3 - vous savez, on a quatre
programmes. Tantôt, je pariais du programme no 4, qui est l'aide aux
organismes du milieu; le programme no 3, intervention individuelle en
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: M. le Président, je suis très contente
que le ministre me donne cette réponse, parce qu'à la page 54 de
son énoncé il dit justement que ce programme, dont il vante les
mérites, soit le programme d'intervention individuelle en
développement de la main-d'oeuvre, «vise à combler les
pénuries de compétences ou de main-d'oeuvre en offrant aux
chômeurs et aux personnes en emploi, y compris les travailleurs
autonomes, la possibilité d'acquérir des habiletés
professionnelles ou de hausser le niveau de leurs compétences»,
etc. Ce n'est donc pas un programme qui visera le développement de
l'emploi, comme c'était le cas avec le programme Amélioration de
l'employabilité, c'était dans le cadre d'un programme de
développement de l'emploi. C'est pour ça, d'ailleurs, que l'usage
courant en a fait un PDE, tandis que là ça vise exactement ce que
je disais tantôt, c'est que ce programme vise à combler les
pénuries de compétences ou de main-d'oeuvre - à la page
54, deuxième paragraphe du programme.
Plus encore, ce qui m'a le plus inquiétée, dans ce
programme, c'est à la page suivante, en haut de la page 55: «Ce
programme devra permettre aux participants de bénéficier du
soutien financier prévu au nouveau régime
d'assurance-chômage. Il répondra également à
certains besoins de formation des prestataires de la sécurité du
revenu.» En d'autres termes, là, on change quatre trente-sous pour
une piastre, hein? Là, on va faire des changements de structure pour
changer les noms des programmes mais, finalement, l'admissibilité va
toujours être conditionnée à l'organisme bailleur de fonds.
Celui qui va financer va garder sa clientèle et vice versa. C'est la
couleur du chèque qui va déterminer l'accessibilité ou pas
à un programme. Si vous n'êtes pas admissible à
l'assurance-chômage, à ce moment-là, bien, c'est tant pis!
Hein? Alors, là, pourquoi avoir ajouté ce paragraphe
inquiétant à la page 55?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve va certainement avoir beaucoup de difficulté
à dormir par les temps qui courent, parce qu'elle s'inquiète
beaucoup. Disons que le paragraphe dont on parie...
Mme Harel: Je n'ai aucun problème de sommeil, j'en
manque.
M. Bourbeau: ...ce n'est pas exhaustif.
Mme Harel: Et ce soir, si vous voulez, on peut convenir de
terminer plus tôt.
M. Bourbeau: Écoutez, moi... On peut s'entendre, si vous
voulez. On peut faire... Tout à l'heure, M. le Président,
à l'heure du souper, on pourra s'entendre pour terminer plus tôt -
moi, je n'ai pas d'objection - évidemment, à certaines conditions
qu'on pourrait convenir entre nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Moi, je vais administrer, M. le
ministre, la cédule de temps qu'on me confiera.
M. Bourbeau: oui, bon. mais les consentements... vous n'avez pas
d'objection à ce qu'il y ait des consentements de part et d'autre?
Le Président (M. Joly): Aucunement, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le premier paragraphe de la
page 55 n'est pas exhaustif. On ne dit pas que ce programme devra,
nécessairement et obligatoirement, pour pouvoir admettre la
clientèle, faire en sorte qu'on soit eligible au régime
d'assurance-chômage. On va tenter, bien sûr, de faire profiter des
bénéfices du régime d'assurance-chômage, ceux qui
peuvent, mais ça n'exclut pas les autres, bien sûr. C'est purement
indicatif. Il ne faut pas y voir là plus que ça.
Mme Harel: Mais, M. le Président, ce programme, est-ce que
le ministre convient qu'il est surtout centré sur les institutions
d'enseignement, ce programme d'intervention individuelle? Ce qu'on peut appeler
l'économie générale du programme, c'est bien dit
d'ailleurs: «Ce programme, plus encore que les deux premiers, exige une
étroite concertation et une cohérence dans l'action entre la
Société de développement de la main-d'oeuvre et les
institutions d'enseignement». On y retrouve la participation au
régime d'apprentissage. On y retrouve essentiellement des
activités d'acquisition de compétences. Ça m'ap-paraH
très centré sur les institutions d'enseignement et non pas sur le
développement de l'emploi.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve me ferait-elle par hasard le reproche de me centrer sur
les institutions d'enseignement, alors qu'elle nous tient un langage
différent depuis le début? Tant mieux si elle y voit, M. le
Président, un rapprochement avec les milieux de l'enseignement. C'est ce
que nous cherchons à faire. Il y a aussi, bien sûr, des ateliers
préparatoires à l'emploi, des stages en entreprise, et c'est
très équilibré. Il y a de tout pour tout le monde
là-dedans. La députée de Hochelaga-Maisonneuve peut
trouver réponse à toutes ses questions.
Mme Harel: Évidemment, M. le Président, est-ce que
le ministre trouverait à s'objecter si l'Opposition proposait un
amendement à l'effet d'ajouter «et de l'emploi» après
les mots «définir les besoins en développement de la
main-d'oeuvre» en regard de la réalité du marché du
travail au Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, le problème qui se
pose, je l'ai exposé à plusieurs reprises tout à l'heure,
c'est qu'il ne faut pas apporter de la confusion dans les objectifs de la
Société. Principalement, primordialement, c'est une
société qui vise le développement de la main-d'oeuvre. Et,
bien sûr, en plus de viser le développement de la main-d'oeuvre,
elle peut, mâme, elle doit, dans certaines circonstances
également, faire en sorte de promouvoir le développement de
l'emploi. Mais nous ne pensons pas que ce serait souhaitable d'indiquer, au
sous-paragraphe 1° ae l'article 18, que les objectifs prioritaires - parce
qu'on est au paragraphe 1°, si on peut penser que c'est prioritaire au
paragraphe 1° - mettent sur un pied d'égalité le
développement de l'emploi et le développement de la
main-d'oeuvre. Nous pensons qu'on a raison de procéder comme on le fait,
c'est-à-dire d'indiquer qu'il s'agit ici, en premier lieu, de
«définir les besoins de développement de la main-d'oeuvre
en regard de la réalité du marché du travail et de
l'emploi». Ça nous apparaît plus correct et plus
équilibré d'insérer la référence à
l'emploi sur un même pied, si je peux dire, que les
réalités du marché du travail. C'est d'ailleurs une notion
qu'on voit de plus en plus dans la façon des économistes
d'aujourd'hui de traiter de ces sujets-là. On parle de plus en plus du
marché du travail et de l'emploi. C'est une locution à la mode,
disons, une locution à la mode.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, je m'excuse...
Mme Vermette: ...et je reprends les dernières paroles du
ministre.
Le Président (M. Joly): ...si vous voulez me permettre
d'essayer d'administrer le temps. Oui, je suis d'accord. Je vais essayer
d'administrer les 20 minutes de tout le monde. Ce n'est pas facile. Je suis en
train de développer un torticolis. Je suis en train de développer
un torticolis. Mais, si Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve
veut essayer de comprendre ce que je vis, je vais essayer de coopérer au
gros maximum. Vous, il vous reste 2 minutes. Vous, il vous en reste 20. Vous,
il vous en reste 3. Non, non. Oui, oui, mais sur le temps de madame, tu sais?
Alors, si madame veut vous céder... (15 h 50)
Mme Vermette: Si vous lui laissez ses deux minutes pour la fin,
elle va pouvoir conclure. Mais je voulais juste reprendre les dernières
paroles du ministre, qui disait, justement, à la toute dernière
fin de son allocution, que c'était de plus en plus à la mode
d'associer main-d'oeuvre et emploi. C'est intimement lié, l'un et
l'autre, en fait.
M. Bourbeau: Le marché du travail et de l'emploi, j'ai
dit.
Mme Vermette: Le marché du travail, bien, c'est
pratiquement pareil, c'est des synonymes. En tout cas, ça se ressemble
énormément. Et, à mon avis, parce qu'on est en mutation
dans le domaine du marché du travail et de l'emploi, ça a un
effet direct au niveau de la main-d'oeuvre aussi. En ce sens, il faut
absolument associer l'un et l'autre. Quand on va dans les différents
milieux de travail, la plupart nous disent: Écoutez, ce qui est
important, actuellement, pour développer Hes emplois, c'est
d'avoir une main-d'oeuvre qualifiée. Donc, on s'aperçoit bien
qu'en
même temps, en faisant de la formation au niveau de la
main-d'oeuvre, on crée de l'emploi automatiquement, parce que c'est ce
qui semble, en tout cas, faire défaut actuellement pour créer
certaines formes d'emploi.
Il faut être très pointu, au niveau de cette
formation-là, pour répondre aux nouveaux besoins de la
technologie, au niveau de toute cette nouvelle façon de procéder.
La globalisation des marchés, faire face à la globalisation des
marchés, la concurrence mondiale, la concurrence internationale, etc.
Donc, on dit: II faut développer des créneaux très,
très pointus pour développer des nouveaux emplois dont on aura
besoin à l'avenir. Donc, on ne peut pas passer... c'est indissociable,
l'un et l'autre, à mon avis, et il faut vraiment...
En ce sens, la motion qui a été apportée est tout
à fait dans le contexte dans lequel nous discutons à l'heure
actuelle. Quand le ministre essaie de dire qu'il y a des nuances... Il y en
aura toujours, sûrement, des nuances, mais on peut... C'est
incontournable, à mon avis, d'associer main-d'oeuvre et, finalement,
emploi. Le marché de l'emploi est fait en fonction d'une main-d'oeuvre,
et on peut développer de l'emploi en autant qu'on a une main-d'oeuvre de
qualité. Donc, c'est un peu un principe, à mon avis, qu'il faut
mettre de l'avant. Ce serait faire preuve, aussi, d'un esprit innovateur dans
ce sens, parce que, trop souvent, on a pris ça d'une façon
parcellaire. On prenait les aspects d'une façon individuelle,
sectorielle, même, sans regarder d'une façon globale les impacts
que l'un pourrait avoir sur l'autre.
À notre avis, tant qu'à faire une réforme,
donnons-nous les moyens, les outils, les instruments nécessaires pour
aller jusqu'au bout de cette réforme, et faire en sorte qu'on atteigne
une qualité, aussi, au niveau de cette réforme. Je trouve tout
à fait justifiée la motion que la porte-parole, la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, a apportée parce que je
considère, qu'effectivement l'emploi... En tout cas, à notre
avis, il faut les définir, ces besoins-là de l'emploi, parce
qu'on ne peut pas laisser complètement, justement, la libération
des marchés. Il faut qu'à un moment donné, on crée
des créneaux importants si on veut être concurrentiels. Il faut
savoir dans quelle orientation on veut s'en aller si on veut permettre de faire
face à ces nouveaux défis. Puis, il faut savoir exactement
où il faut former notre main-d'oeuvre pour répondre à ces
besoins et à ces nouveaux défis de notre société
moderne, M. le Président.
Alors, moi, dans ce sens, en tout cas, j'appuie fortement cette motion
qui a été déposée, l'amendement qui a
été déposé. Excusez, ce n'est pas une motion, c'est
un amendement. Un sous-amendement? Alors, c'est un sous-amendement que ma
collègue et porte-parole du dossier, de Hochelaga-Maisonneuve, va
déposer. Moi, j'appuie fortement, en fait, ce genre de sous-motion parce
que ça va ensemble, c'est un tout. C'est une pièce
maîtresse et, en fait, je pense que... C'est là-dessus aussi que
l'ensemble des milieux de travail, l'ensemble des syndicats, qui sont
appelés à, par cette réforme-là... Eux aussi ont
réfléchi, se sont penchés là-dessus et, même
les gens, dans différents milieux de travail... Moi, j'entendais des
employeurs qui disaient: Écoutez, pour nous, le nouveau défi,
c'est que, pour aller plus loin, pour penser avoir de l'expansion,
établir, en fait, de nouveaux marchés, bien, il faut être
sûr qu'on va pouvoir compter sur une main-d'oeuvre, qu'on aura cette
main-d'oeuvre de qualité, sinon, nous sommes en attente. On n'ouvrira
pas, on n'ira pas trop loin dans nos capacités de faire les choses parce
que, dans le fond, on ne veut pas se casser la gueule, puis on veut faire des
profits. Une entreprise est là pour faire des profits, mais faut-il
encore que ça réponde aux lois des marchés. Il faut que
ça réponde aussi à cette concurrence internationale,
à la globalisation de nos marchés, actuellement.
Alors, c'est dans tout ce sens, pour favoriser cette possibilité,
cette mission que le ministre s'est donnée, dans le fond, de favoriser
le développement de la main-d'oeuvre, bien sûr. Mais, pour
favoriser le développement de la main-d'oeuvre, il faut avoir de
l'emploi. Si on n'a pas d'emploi, on ne peut pas favoriser le
développement de la main-d'oeuvre, puis si on n'a pas une main-d'oeuvre
de qualité ou bien formée, dans des secteurs très
particuliers ou de fine pointe, bien, c'est difficile aussi de pouvoir
développer... c'est difficile d'avoir de la main-d'oeuvre. Alors, l'un
ne va pas sans l'autre, à mon avis. C'est toujours cette pensée
globale qui est importante, de pouvoir faire d'une pierre deux coups, M. le
Président.
Je pense qu'on est en train d'aider le ministre à bonifier son
projet de loi, et de lui permettre, justement, de faire en sorte que ce projet
de loi réponde aux attentes de l'ensemble des intervenants, que ce soit
du côté patronal, que ce soit du côté syndical, des
travailleurs et, même, de toute la population, dans le fond, parce que ce
dont on a besoin et ce dont les gens sont en attente, c'est d'un plancher
d'emploi intéressant, c'est-à-dire des possibilités
d'emploi intéressantes avec une main-d'oeuvre bien formée. Mais
l'un ne va pas sans l'autre et c'est indissociable, à mon avis. C'est
pour ça que nous faisons ce sous-amendement, cette recommandation au
ministre. Qu'il en tienne compte et qu'il l'insère, à ce
moment-ci, au moment où on définit, en fait, les besoins, la
Société dans ses fonctions et, notamment, les besoins de
développement, tant dans la main-d'oeuvre que dans l'emploi.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Bourbeau: Bon, là-dessus, j'ai écouté
avec attention les discours de la députée de Marie-Victorin et de
la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Je suis conscient qu'elles
sont toutes les deux bien sincères dans leur proposition. Cependant,
toutes choses étant égales, et le ministre ayant bien
réfléchi, je continue à penser que l'objectif premier de
la loi, c'est de créer une Société pour le
développement de la main-d'oeuvre. Si on vient moduler ou modifier
l'objectif premier de la Société, même s'il est très
louable, j'en conviens, là, ça introduit des changements
importants dans le projet de loi. Il faudrait d'abord changer le titre de la
loi. On créerait la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi. Il faudrait le faire,
il faudrait être logique jusqu'au bout. Il faudrait, après
ça, dire, M. le Président, que le projet de loi devra être
modifié, aussi, le titre du projet de loi. Il faudrait changer partout
dans la loi quand on dit qu'on fait le développement de la
main-d'oeuvre. Moi, je pense qu'on a déjà fait un pas, c'est moi
qui ai ouvert la porte là-dessus. Vous vous devez de me donner le
mérite, là, parce que sur l'article 18 il n'y avait absolument
rien qui parlait de l'emploi. C'est moi qui ai ouvert avec un amendement, en
disant: On va faire une proposition pour insérer les mots
«réalité du marché du travail et de l'emploi».
Donc, j'ai déjà, M. le Président, ouvert la porte. Je peux
bien croire que je suis le député de Laporte, M. le
Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...mais me demander de l'ouvrir toute grande,
jusqu'à y faire entrer la députée de Marie-Victorin ou
toutes les autres, c'est un peu beaucoup. Alors, il me semble qu'on devrait
réaliser que, déjà, le ministre a fait un effort pour se
rapprocher du point de vue qu'on invoque de l'autre côté de la
Chambre. M. le Président, je pense que ce n'est pas dans
l'intérêt du projet de loi que de venir diluer, comme ça,
son objectif principal. Je suis d'accord pour insérer des
préoccupations d'emploi, on le fait avec l'article 18, on le fait avec
l'article 16. Donc, je pense qu'on le fait quand même pas mal.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous plaît.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Le ministre, tantôt, nous disait que c'est des nuances. En fait, c'est
beaucoup de nuances, un projet de loi comme celui-là. C'est vrai que
c'est beaucoup de nuances. C'est vrai que le ministre vient d'ouvrir la porte,
a ouvert une porte, une bien petite porte, là, en ajoutant, en bout de
paragraphe «du marché du travail et do l'emploi». Mais c'est
clair que ça veut dire ce que le ministre vient de nous expliquer. C'est
clair que, par ce petit bout d'amendement, il ne vient rien changer au fond.
Nous autres, ce dont on essaie de convaincre le ministre, c'est de mettre
quelque chose pour le développement de l'emploi. Moi, je me dis: Ce
n'est pas si compliqué que ça, ià. Je ne vois pas en
quoi... Tantôt, le ministre nous disait: On le voit comme objectif de la
Société, ça fait partie des objectifs de la
Société, ça, le développement de l'emploi. Il nous
a dit en 6°. Moi, en 6°, j'ai regardé tantôt, puis je n'ai
pas trouvé exactement, parce que je regardais à l'article 6. J'ai
peut-être des bouts qui me manquent, voyez-vous, mais, à l'article
6, on ne parle pas du tout de ça. Et, en 6°, je me suis dit: 18.
6°, je vois que... C'est où, ça, dans la loi, que la
Société a comme objectif le développement de l'emploi?
C'est parce que je ne l'ai pas vu, là. Je ne le trouve pas, là.
C'est où, en 6°?
Une voix: 44, en 6°.
Mme Carrier-Perreault: 44, en 6°. Bon, O.K., je vais regarder
ça, là.
M. Bourbeau: II aurait été préférable
de le regarder avant de venir ici. Ça aurait été
mieux.
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais c'est parce que c'est difficile
de les apprendre par coeur, hein? Vous en faites beaucoup de projets de loi, de
ce temps-là! Nous autres aussi, voyez-vous!
M. Bourbeau: Bien, c'est ça. Laissez donc la
députée de Hochelaga-Maisonneuve; elle, elle connaît le
projet de loi, au moins. Ça va aller plus vite.
Mme Carrier-Perreault: Comme ma collègue la porte-parole
est sûrement au courant, beaucoup plus que moi...
M. Bourbeau: Oui, oui, bien, laissez-lui donc la parole,
ça va aller plus vite.
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est parce que... Est-ce qu'on peut
poser des questions, ici, M. le Président, comme membre d'une
commission?
Le Président (M. Joly): En tant que parlementaire...
Mme Carrier-Perreault: Je ne vois pas en quoi ça insulte
le ministre...
Le Président (M. Joly): ...je vous reconnais le droit de
parole auquel vous avez droit, madame. (16 heures)
Mme Carrier-Perreault: ...qu'on lui pose des questions.
J'imagine, c'est son projet de loi, qu'il doit aimer le défendre.
M. Bourbeau: Vous dites que vous voulez savoir quel
numéro, bien, lisez-le.
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est parce que... Quand le
ministre, tout à l'heure, nous a répondu...
M. Bourbeau: Je pensais que vous l'aviez lu, avant.
Mme Carrier-Perreault: ...M. le Président, il nous a dit
en 6e. Mais, en 6°, moi, là, en 6°, c'est vaste. J'ai
été voir 6.
M. Bourbeau: 44. 6°.
Mme Carrier-Perreault: Alors, à 44. 6°, on nous dit
que - je vais aller voir certain, parce que je cherchais en 6...
Mme Vermette: Non, mais sérieusement...
Mme Carrier-Perreault: Ah bon, c'est le dernier paragraphe...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Carrier-Perreault: ...de l'article 44. Un conseil
régional. C'est le conseil régional qui a ça comme mandat,
en dernier lieu, de favoriser l'emploi. C'est ça qu'on retrouve dans
votre article. Mais, disons que la différence est quand même
importante et, nous autres... Je comprends ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve d'être préoccupée par le
développement du marché de l'emploi. Quand le ministre dit qu'il
a ouvert la porte, M. le Président, il ouvre la porte dans le sens qu'il
dit: On va développer. Si je regarde ça, ça veut dire
qu'il va développer sa main-d'oeuvre selon l'emploi qui est disponible -
c'est à peu près ça? - ou l'emploi qui s'en vient? C'est
dans ce sens-là que le ministre nous, dit ça. Nous autres, on
dit: II faudrait qu'il pense aussi au développement de l'emploi,
à créer des emplois. Moi, c'est un peu ce que je voyais.
L'autre chose aussi, que je me pose comme question. Là, j'ai
retrouvé 44. 6°. C'est bien de savoir que c'est à 44. Alors,
je trouve que c'est déjà installé en 6°. On pourrait
le faire à cet article-là, aussi. Autre chose. C'est que, quand
on parle des programmes que cette Société-là aura à
gérer, à toutes fins pratiques, on parle des programmes que le
fédéral gère présentement. On parlait des PDE tout
à l'heure, d'amélioration à l'emploi, ou je ne sais pas
comment il s'appelle - le nouveau nom, c'est Amélioration de
l'employabilité. Enfin, les PDE, c'est vrai qu'on connaît tous
ça, on en a tous dans nos comtés, des PDE.
Moi, ce que je veux savoir. Le ministre dit: On va pouvoir adapter
ça à notre réalité québécoise. Quand
on regarde ce qui se passe, et avec le genre de transferts que vous allez
avoir... À toutes fins pratiques, on tranfère les sous au
provincial. S'il y a création de cet organisme-là, quelque part,
c'est l'argent qu'on va vous transférer. Mais qu'est-ce que c'est, les
pouvoirs de changer les critères, les normes? Comment ça peut
s'adapter à la réalité québécoise? Je
regardais justement, dans l'ébauche, dans la dernière
ébauche constitutionnelle qu'on a vue, il n'abandonne pas tout le
fédéral. Même dans le cas d'une entente constitutionnelle,
qu'est-ce que c'est les pouvoirs que vous avez, d'adapter ça à la
réalité québécoise, comme le ministre nous le
disait tantôt?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, on a tous les pouvoirs. Un
gouvernement passe des lois et, après ça, il passe des
règlements. Si quelqu'un peut adapter des programmes à la
réalité des régions du Québec, c'est bien nous.
À mon avis, on peut le faire encore plus qu'un gouvernement centrai dont
les préoccupations sont pancana-diennes, alors que nous, les
nôtres, sont pan-québécoises. Alors, je ne vois pas
pourquoi on ne pourrait pas mieux adapter les programmes à la
réalité québécoise. D'ailleurs, c'est ce que toutes
les provinces canadiennes ont dit ensemble, il y a deux ans, au gouvernement
fédéral, lorsqu'elles ont publié un document qui a
été présenté au gouvernement fédéral
par l'ensemble des provinces canadiennes. Le Québec était la
province qui présidait à la rédaction de ce
document-là, qui portait comme titre: «Partenaires pour
l'avenir». Dans ce document-là, toutes les provinces canadiennes
ont dit au fédéral ceci: Mettez fin à vos programmes
pancanadiens. C'est des programmes qui sont trop lourds, qui ne peuvent pas
s'adapter facilement à la réalité des régions.
Permettez à chaque région de pouvoir moduler ses programmes.
C'est à la suite de ça que le fédéral a mis fin
à son programme «coast to coast» de planification de
l'emploi. Alors, c'est exactement la même chose - on n'a pas varié
d'un iota - on tient toujours le même langage qu'on tenait il y a deux
ans.
Mme Carrier-Perreault: Alors, moi, M. le Président...
Écoutez, le ministre n'a pas besoin de me convaincre qu'on est plus
capable, au Québec, de mettre en place des choses en vue de la
réalité. Je ne vois pas pourquoi il s'efforce de me convaincre de
ça.
M. Bourbeau: Bien, alors, pourquoi vous posez la question?
Mme Carrier-Perreault: Je pensais que c'était clair que
j'étais convaincue. Je veux savoir ce qui vous est
transféré. Ce qui est
transféré, dans les faits...
M. Bourbeau: Bien, je ne peux pas répondre à
ça, savez-vous, c'est des ébauches. Vous venez de parier
vous-même d'ébauches. Attendons donc les discussions.
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais là vous dites que la
Société... Vous avez l'air d'avoir l'impression... En tout cas,
vous nous donnez l'impression, quand on vous questionne... On vous dit: Comment
ça va s'organiser sur notre territoire? Vous avez dit: C'est beaucoup
mieux, on va installer ça selon la réalité
québécoise. Bravo! Tant mieux, si on est capable de tout faire,
si, en plus du transfert des sous, on nous transfère les pouvoirs. Mais
c'est ça que je ne suis pas... Ce n'est pas clair, ça, dans mon
esprit.
M. Bourbeau: C'est quoi que vous voulez savoir? Ce que le
fédéral va nous transférer...
Mme Carrier-Perreault: Je veux savoir si on va les avoir. Est-ce
qu'on va les avoir, les pouvoirs, oui ou non?
M. Bourbeau: ...ou bien ce qu'on va faire avec. Lequel des deux
vous voulez savoir?
Mme Carrier-Perreault: Oui, parce que ça fait partie de
vos programmes.
Une voix: Qu'est-ce qui va être
transféré...
M. Bourbeau: Bien, qu'est-ce qui va être
transféré? Je suis incapable de répondre à
ça, M. le Président. Les discussions constitutionnelles sont en
cours. Vous en savez autant que nous, parce que vous semblez avoir des
documents en dedans de 12 heures de leur rédaction. Pardon? Oui, c'est
vrai que vous avez, évidemment, des contacts qu'on n'a pas avec le
gouvernement fédéral, et bien rétribués, en plus.
Moi, je ne peux absolument pas vous dire exactement...
Mme Carrier-Perreault: Ça a été
déposé en Chambre de toute façon.
M. Bourbeau: ...ce que le fédéral va nous
transférer. Nous, on demande la totalité...
Une voix: C'est Vanier. C'est qui, votre contact? C'est Vanier,
M. Lemieux?
M. Bourbeau: ...des transferts fédéraux au
Québec. Notre position est claire et limpide. D'ailleurs, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve en a été
estomaquée, récemment, lors d'une question à
l'Assemblée nationale. C'est clair, on demande tout: la main-d'oeuvre,
la formation et l'assurance-chômage. C'est la position du Québec,
dans les discussions constitutionnelles. Des discussions, ça se tient
à deux, bien sûr, alors, on «a voii ce que le
fédéral va accepter. Moi, j'espère qu'ils vont accepter de
voir notre point de vue et de transférer au Québec la
totalité des responsabilités et des budgets. Là, à
ce moment-là, on verra ce qu'on va faire avec ça, mais vous voyez
déjà, dans le document d'orientation, ce qu'on entend faire avec.
Il me semble que la position est claire. Je ne peux pas aller plus loin que
ça, ni moins loin.
Mme Carrier-Perreault: Disons qu'au moment où on se parle
on parle de transfert de sous. C'est ça?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que, vraiment, c'est
pertinent de parler des discussions constitutionnelles, si le
fédéral va...
Mme Carrier-Perreault: Non non, ce n'est pas des
discussions...
M. Bourbeau: ...transférer ou non des sous au
Québec? Je ne peux pas vous le dire, je ne suis pas à la table
des négociations, et le Québec ne négocie pas. Vous le
savez, le premier ministre l'a dit. Alors, on ne négocie pas, on...
Une voix: Entre ce qu'il dit et ce qu'il fait, c'est deux.
M. Bourbeau: ...discute. On répond à des questions,
mais on ne négocie pas. Il n'y a même pas de négociations,
actuellement. Donc, c'est prématuré, votre question.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que, M. le Président,
voyez-vous, mon intention, ce n'était pas de discuter constitution,
c'était pour amener le ministre à son énoncé de
tout à l'heure, quand il nous disait que ces programmes-là vont
être administrés maintenant par la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, à
partir du moment où on aura une Société
québécoise qui pourra, à ce moment-là, les
aménager beaucoup plus correctement, selon les besoins dans le
territoire. Mon intention n'était pas du tout de parler de constitution.
Il faudrait savoir ce qui va se passer. Je veux bien transférer... Moi,
je veux bien, M. le Président.
M. Bourbeau: Mais, quand vous dites: «ce qui va se
passer», vous parlez des résultats des discussions
constitutionnelles. Écoutez, vous niai-sez un peu là, qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise?
Mme Carrier-Perreault: Bien, vous, vous dites ça
aussi.
M. Bourbeau: On peut tourner po rond pendant une heure autour du
pot.
Mme Carrier-Perreault: Je n'en sais pas
plus, M. le Président. Ça a l'air que je n'en saurai pas
plus après-midi.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Mme...
M. Bourbeau: Moi non plus.
Le Président (M. Joly): ...la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourbeau: On est dans le même club tous les deux.
Mme Harel: M. le Président, tantôt, le ministre a
insisté sur le fait qu'il...
Le Président (M. Joly): II vous reste deux minutes,
madame.
Mme Harel: ...prouvait de la bonne volonté par
l'amendement qu'il avait introduit. Il nous disait avoir ouvert la porte. En
fait, il a entrebâillé la porte, M. le Président, mais le
problème, c'est qu'il n'a pas ouvert la bonne porte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'est le problème parce que, si tant est que
son souhait le plus cher est d'harmoniser la société mère
avec les sociétés régionales qui, elles, ont un mandat de
développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi, je vais le combler, M.
le Président. Je vais vous déposer un sous-amendement, qui se
lirait comme suit, à l'article 18:
L'amendement proposé est sous-amendé par l'ajout des mots
«et de l'emploi» après ceux «de développement
de la main-d'oeuvre». Le sous-amendement, donc, se lirait comme suit:
«La Société peut en outre, notamment: «1°
définir les besoins de développement de la main-d'oeuvre et de
l'emploi en regard de la réalité du marché du travail au
Québec.»
Oui, mais il faut remplacer, c'est ça. Le sous-amendement, c'est
remplacer.... Est-ce qu'on peut biffer les mots «de l'emploi»?
(Consultation)
Mme Harel: Ah bon. D'accord. Alors, c'est peut-être mieux
de le formuler d'une manière telle, de dire: L'amendement proposé
est à l'effet de remplacer le paragraphe 1° sous-amendé.
Une voix: Le paragraphe 1° de l'amendement.
Mme Harel: Le paragraphe 1° de l'amendement.
M. Bourbeau: C'est quoi ce maudit bruit-là? On n'a pas
assez de problèmes comme ça, déjà?
Le Président (M. Joly): Ça, c'est un dentiste qui
en est train de pratiquer. C'est pour la dent creuse de l'Opposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. Je la trouvais bonne,
il fallait que je la dise. C'est quoi ce bruit-là? Ils sont en train de
remplir la dent creuse de l'Opposition. Ha, ha, ha!
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez votre
sous-amendement? (16 h 10)
Mme Harel: Oui, je pensais qu'il était prêt, mais,
finalement, je me rends compte, M. le Président, qu'il va falloir le
modifier de la manière suivante:
Le sous-amendement proposé est à l'effet de remplacer le
paragraphe 1° de l'amendement par ce qui suit: «1° définir
les besoins de développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi en
regard de la réalité du marché du travail au
Québec.»
Le Président (M. Joly): «...de la
réalité du marché...»
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
j'aimerais vous entendre sur votre sous-amendement.
Mme Harel: Est-ce que vous le jugez recevable?
Le Président (M. Joly): Je vais juger après que
vous m'aurez expliqué un peu le fond de votre pensée...
Mme Harel: Vous voulez que je plaide sur
l'admissibilité?
Le Président (M. Joly): ...qu'on a déjà
entendue, là, mais juste, peut-être, une petite explication
supplémentaire. brièvement, s'il vous plaît.
Mme Harel: Alors, brièvement, M. le Président, le
sous-amendement consiste à ajouter les mots «et de l'emploi»
après ceux de «développement de la
main-d'oeuvre».
Le Président (M. Joly): Essayez de me convaincre que vous
ne changez pas le fond.
Mme Harel: C'est-à-dire que, M. le Président, la
Société a déjà un mandat en matière de
définition des besoins de développement de la main-d'oeuvre. Il
s'agit simplement d'y ajouter, à
ce mandat de définition des besoins de développement de la
main-d'oeuvre, celui de développement de l'emploi. Ça ne change
pas le fond, ça ajoute, finalement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, moi, j'ai une foule de
raisons pour lesquelles il m'apparaît que cet amendement-là n'est
pas recevable. J'ai peine à choisir, parmi tous mes arguments, ceux que
je voudrais présenter en premier. Il me semble qu'on change
substantiellement l'objet de l'article. Je le disais tantôt, si on
accepte cet article-là, il va falloir amender le titre du projet de loi,
M. le Président, dire qu'on crée une Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre et de
l'emploi, etc., etc. On change la destination, il m'apparaît, du projet
de loi ou de ce qu'on veut faire. Quant à moi, j'ai exprimé
tantôt pourquoi il m'apparaissait très dangereux de
procéder comme ça.
Mme Harel: Un mot, M. le Président, pour vous inviter
à prendre connaissance de la première ligne de l'article 18, qui
prévoit que «la Société peut en outre,
notamment...» Alors, vous comprenez qu'on ne sera pas tenu de changer
quelque titre que ce soit de quelque projet de loi que ce soit, parce que
c'est: «en outre» et «notamment». Alors, c'est parmi
d'autres choses, M. le Président. Ça ne change pas le fondement
de ce que la Société peut faire, entre autres choses, et en
surplus de ce qu'elle peut déjà faire.
Alors, le ministre, évidemment, erre, de bonne foi, j'en suis
certaine, quand il vous dit qu'admettre ce sous-amendement, c'est modifier le
fond, substantiellement, de la loi. C'est ajouter simplement, M. le
Président, aux pouvoirs dévolus à la
Société.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Suite à votre plaidoyer et aux explications
données par le ministre, et suite à la lecture des notes
explicatives du projet de loi comme tel, je juge votre sous-amendement
recevable, Mme la députée.
M. Bourbeau: m. le président, moi, sur le fond, j'ai tout
dit ce que j'avais à dire. si la députée veut passer au
vote, je l'inviterais à passer au vote.
Le Président (M. Joly): Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
Mme Harel: M. le Président, avant de passer au vote, comme
l'a dit le ministre, avant qu'il n'utilise le poids du nombre pour
écarter, peut-être, mon sous-amendement, je voudrais essayer au
moins de le convaincre qu'il y aurait plutôt intérêt
à adopter le sous-amendement. Ça ne consacre pas le fait que la
Société doive, en priorité, s'occuper de
développement de l'emploi, mais ça indique que le
développement de la main-d'oeuvre va se faire de concert avec le
développement de l'emploi, et c'est ce qu'il faut souhaiter. Vous savez,
une main-d'oeuvre mieux formée, mais qui chôme à la maison,
ce n'est pas ce qu'on peut espérer pour les Québécois. On
aurait beau, présentement, combler tous les postes en pénurie,
tous ceux de ces postes identifiés par le ministre de l'Industrie et du
Commerce comme étant en pénurie - en fait, on nous dit qu'il
s'agit d'environ 83 000 emplois -on se retrouverait malgré tout avec un
taux de chômage de 9,2 %.
Alors, ce n'est donc pas uniquement le développement de la
main-d'oeuvre en regard de la réalité du marché du travail
et de l'emploi, c'est-à-dire en regard de ce qui existe
déjà, comme le développement de la main-d'oeuvre et de
l'emploi en regard d'un marché du travail à concevoir d'une
manière peut-être différente. Vous savez, j'aime me
rappeler qu'il y a 25 ans de ça, ce qu'on appelle maintenant le secteur
public et parapublic, qui est constitué d'environ 300 000
employés ou à peu près 250 000 peut-être, ou un peu
plus, même, n'existait pas. On retrouvait évidemment des
réseaux d'enseignement, des réseaux d'hôpitaux. Les
personnes qui y travaillaient avaient l'impression que c'était par
charité qu'elles y étaient embauchées, souvent par des
congrégations religieuses. Moi-même, j'ai fait mon cours dans un
couvent d'une communauté religieuse, puis, ensuite, mes études
classiques dans un collège privé qui appartenait à une
communauté religieuse. Je leur en suis reconnaissante, mais je suis bien
consciente qu'à cette époque-là, M. le Président,
les 300 000 personnes qui, aujourd'hui, ont l'impression d'avoir une vraie job
dans la fonction publique, l'équivalent n'existait pas.
Il serait possible de faire sortir de terre un véritable secteur
comunautaire, c'est ce que je souhaite d'ailleurs, parce que je ne vois pas
comment il serait possible d'atteindre, même avec une certaine distance,
un objectif de plein emploi si on ne transforme pas la conception même
qu'on se fait de l'emploi. Par exemple, il serait possible d'envisager que le
travail communautaire dans des organismes qui rendent des services à nos
concitoyens, ça constitue une vraie job, et il serait possible
d'envisager autour de ça une façon de créer de l'emploi,
notamment par le recours à un financement en proportion du revenu des
gens. Présentement, on le sait, par exemple, le maintien à
domicile est offert gratuitement. Il serait peut-être possible, non pas
d'offrir les services aux personnes, mais il serait peut-être possible
d'offrir les services connexes, soit ceux de maintien au domicile et
d'entretien de l'habitat. Par exemple, il serait peut-être possible ds
l'orfrir moyennant rémunération en proportion du revenu. En fait,
il y a bien des
façons et des scénarios possibles d'envisager l'emploi.
Plutôt que des «jobines» qui durent six mois et qui
conduisent de l'aide sociale à l'assurance-chômage, en passant par
un PDE, un PAIE, etc., sans doute en arriverons-nous, à un moment
donné, à envisager un véritable partenaire communautaire
qui est consacré comme ayant un budget conventionné, comme le
sont les employés dans le cadre de leur convention, donc, qui ne sont
pas les premiers sur la liste que l'on coupe quand le Conseil du trésor
envoie des directives pour obliger à des péremptions. (16 h
20)
Ceci dit, M. le Président, je pense que c'est un bon
sous-amendement. En fait, je le disais au ministre quand on a
débuté nos travaux, la semaine passée, je ne ferais pas de
sous-amendement, ici, que je ne serais pas prête à défendre
si j'occupais le siège qu'il occupe maintenant. Et c'est là une
façon de voir, M. le Président, que je serais fière de
défendre si j'étais à son siège.
Le Président (M. Joly): Alors, est-ce que le
sous-amendement est adopté?
Mme Harel: S'il vous plaît, un vote nominal.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre, non, contre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Nelligan?
M. Williams: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. M. le député
de Fabre est contre.
Alors, le sous-amendement est rejeté.
Maintenant, nous revenons à l'amendement déposé par
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, même vote
renversé?
Le Président (M. Joly): Même vote inversé.
Mme Harel: Alors, sur... M. le Président. M. Bourbeau:
Inversé.
Le Président (M. Joly): Est-ce que, madame, nous sommes
d'accord?
Mme Harel: Nous avons déjà terminé, je
pense, hein?
Le Président (M. Joly): Parfait, merveilleux. Donc, le
sous-amendement est adopté... C'est-à-dire que l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Harel: Premier paragraphe, c'est bien ça? On est
toujours au premier paragraphe?
Le Président (M. Joly): Disons qu'on est rendu beaucoup
plus loin dans tout ça.
Mme Harel: M. le Président, on vient simplement
d'aborder...
Le Président (M. Joly): Parce que si on vient d'adopter
l'amendement comme tel...
Mme Harel: L'amendement au premier paragraphe.
Le Président (M. Joly): Bien, on a déjà un
amendement qui nous parle de...
Mme Harel: Moi, mon sous-amendement, M. le Président,
était au premier paragraphe.
Le Président (M. Joly): Je suis d'accord, Mme la
députée, sauf que, si vous relisez l'amendement de M. le
ministre, vous avez...
Mme Harel: Alors, l'amendement du ministre. M. le
Président, il va falloir que vous conveniez que nous pouvons, nous de
l'Opposition, intervenir sur le deuxième paragraphe, c'est-à-dire
1.1°.
Le Président (M. Joly): Là, il va falloir qu'on
s'entende sur les prochains parce que j'imagine qu'il y en aura d'autres.
Avant, disons, d'adopter un amendement comme tel...
Mme Harel: C'est ça.
Le Président (M. Joly): ...il faudra le regarder, si vous
voulez...
Mme Harel: Paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Joly): ...dans son ensemble, comme tel.
Si vous décidez que c'est paragraphe par paragraphe, alors, à ce
moment-là, il ne
faudrait pas adopter l'amendement. Il faudrait adopter...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on l'a... on l'a adopté,
là?
Mme Harel: On ne l'a pas adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Bien, on vient, oui, de le...
Mme Harel: Le sous-amendement.
Le Président (M. Joly): non, non. le sous-amendement de
mme la députée a été rejeté pendant que
l'amendement de m. le ministre a été adopté.
Mme Harel: Si c'est là votre décision...
Le Président (M. Joly): Non, non, si vous voulez qu'on
fasse...
Mme Harel: Si c'est là votre décision,
dorénavant, on ne fera plus l'étude de l'amendement en
bloc...
Le Président (M. Joly): Tout ce que je veux, Mme la
députée...
Mme Harel: ...on va le faire paragraphe par paragraphe, sur
chacun des paragraphes.
Le Président (M. Joly): ...tout ce que je veux, la mise en
garde que je fais, c'est à l'effet qu'on soit très vigilant sur
ce qu'on adopte et sur ce qu'on rejette, de façon a ce qu'on ne puisse
pas... Non, non, mais écoutez bien là...
M. Bourbeau: M. le Président... Mme Harel: C'est
votre job, ça.
M. Bourbeau: ...je n'ai pas d'objection à ce qu'on
revienne sur le paragraphe 1.1°.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection non
plus, mais ce que je veux vous dire - je ne veux pas gagner un argument -
simplement au niveau de la procédure, je ne voudrais pas être pris
à partie, tantôt, sur des jugements que je vais rendre et sur des
jugements que je vais renverser par après. Je n'aime pas retourner la
bobine en arrière. Par contre, je suis quand même assez flexible,
et je peux comprendre que vous avez encore des choses à dire sur la
balance de ! article comme tel. Je suis prêt à vous
reconnaître sur l'article 2... sur le paragraphe 2° de l'article 18.
Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, le paragraphe 2° do
l'articie 18 est remplacé par l'amendement. Alors, on retrouve au
deuxième paragraphe de l'amendement...
Une voix: Favoriser la concertation...
Mme Harel: «2° favoriser la concertation entre les
partenaires patronaux, syndicaux et sociaux - donc, c'est un amendement qui est
introduit - ainsi que la mise en place de comités de main-d'oeuvre dans
les entreprises, de comités sectoriels de main-d'oeuvre ou d'autres
comités auxquels participe l'un ou l'autre de ces
partenaires.»
Alors, on constate l'ajout des partenaires sociaux à la
concertation que la Société sera mandatée, en fait, de
favoriser. On retrouve également la disparition du mot
«adaptation» pour tous les comités qui pourraient être
mis sur pied. Alors, j'aimerais connaître du ministre les raisons qui ont
motivé un tel amendement.
M. Bourbeau: Alors, on parle toujours du paragraphe 2°, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): C'est beau, M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce paragraphe vise à inclure
expressément les partenaires sociaux, les groupes communautaires ou
socio-économiques intéresssés parmi les partenaires du
domaine de la main-d'oeuvre, entre lesquels la Société pourra
favoriser la concertation.
Mme Harel: Ça, c'est un prix de consolation pour les
groupes communautaires?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, ce pourquoi on a fait sauter
le mot «adaptation», c'est parce que le comité d'adaptation
de la main-d'?uvre, ça a un sens plus restreint. En utilisant les
comités de main-d'oeuvre dans les entreprises, on ouvre la porte sur une
panoplie de comités de main-d'oeuvre qui sont plus larges que ce qu'on
appelle communément les comités d'adaptation de la main-d'oeuvre.
C'est une question de sémantique, pour permettre, là, un
éventail plus grand de comités de main-d'oeuvre.
Mme Harel: Dans le mémoire que le ministre soumettait au
Conseil des ministres, il y faisait mention de l'avantage que pouvait
représenter la mise en place de comités de main-d'oeuvre dans les
entreprises. J'ai trouvé qu'il s'agissait là, d'ailleurs, d'un
point de vue fort éclairé.
M. Bourbeau: Bon, enfin.
Mme Harel: J'en ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt. On retrouve ici la mise en
place de comités de main-d'oeuvre dans les entreprises. Est-ce
que le ministre envisage ces comités dans le sens où la CSD les
proposait dans son mémoire devant la commission parlementaire?
M. Bourbeau: On s'est inspiré, effectivement, du point de
vue de la CSD, qu'on a trouvé intéressant, et c'est pour
ça qu'on a jugé bon d'inclure cette notion-là dans la
loi.
Mme Harel: La CSD en faisait même une condition pour
obtenir des subventions. La CSD considérait qu'en l'absence de CAMO ou
de comité d'entreprise il ne puisse pas y avoir de subvention ni
même de crédit d'impôt, je pense, à la formation qui
avantagent l'entreprise qui ne favoriserait pas la concertation ou
l'implication des travailleurs de l'entreprise. Alors, est-ce qu'on doit
comprendre que le ministre a finalement écarté cette façon
de voir de la CSD?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que, M. le Président, de
là à en faire une obligation, il y a un pas important qu'on n'est
pas prêt à franchir, tout de suite, en tous les cas, mais
certainement qu'on favorise beaucoup cette création de comités de
main-d'oeuvre dans les entreprises. On verra plus tard si, dans certains cas,
on ne pourrait pas en faire une condition pour l'accessibilité à
des programmes, pour accéder à des programmes. Pour l'instant, on
n'en est pas encore là.
Mme Harel: C'est par règlement, je crois, que les
critères d'accessibilité aux programmes, d'admissibilité,
plutôt, aux programmes seront définis?
M. Bourbeau: Non. Effectivement, M. le Président, les
programmes vont être préparés par la Société
et approuvés par le gouvernement par voie de décret, mais pas par
la voie de règlement: des décrets gouvernementaux.
Mme Harel: Quelle est la différence, à ce
moment-là, entre un décret...
M. Bourbeau: Bien, un décret, c'est une décision du
Conseil des ministres qui n'a pas à être publiée
dans...
Mme Harel: Dans...
M. Bourbeau: ...qui peut ne pas être publiée dans la
Gazette officielle, n'est-ce pas, alors qu'un règlement...
Une voix: Est sujet à la Loi sur les
règlements.
M. Bourbeau: Oui. (16 h 30)
Une voix: Prépublication. La prépublication.
Mme Harel: Comme celui que vous avez publié...
M. Bourbeau: Un règlement doit être publié,
prépublié, publié, etc.
Mme Harel: ...sur les allocations familiales? (Consultation)
M. Bourbeau: les décrets sont publiés aussi dans la
gazette officielle du québec, mais n'ont pas à être
prépubliés, n'ont pas toute la réglementation plus
formelle des règlements.
Mme Harel: Dans le mémoire, nous retrouvons ceci:
«Cette proposition apparaît très intéressante.»
Vous dites: «Par ailleurs, les groupes représentant les personnes
salariées, les groupes socio-économiques ont formulé des
recommandations à l'effet de rendre l'aide financière
gouvernementale accordée à l'entreprise, conditionnelle à
la mise sur pied d'un comité de formation composé de
représentants de l'employeur et des personnes salariées.
«Cette proposition apparaît très intéressante. En
effet, la participation active des représentants des personnes
salariées aux décisions relatives à la formation constitue
certainement un facteur clé dans la réussite de toute
démarche visant à relever les compétences du personnel
d'une entreprise. «Aussi, le MMSRFP entend-il, dans le cadre du
regroupement et de la simplification des programmes de main-d'oeuvre, faire en
sorte que certains types d'aide aux entreprises, en particulier les mesures de
soutien à la formation, soient généralement assortis de
l'obligation de mettre sur pied un comité d'entreprises formé de
représentants de l'employeur et des personnes
salariées.»
Faut-il comprendre que vous avez l'intention d'exiger, en fait, cette
obligation, avant la mise sur pied de la Société?
M. Bourbeau: Non, certainement pas avant, M. le Président,
mais c'est certainement une voie qui nous intéresse beaucoup et qu'on
veut explorer. Je crois bien qu'on en viendra, oui, à exiger, dans
certains cas, la formation de comités de main-d'oeuvre au sein des
entreprises, quand on recherchera les buts dont parle la députée,
de formation, mais je pense que ça viendra après. Certainement
que ça viendra après la formation de la Société et
certainement pas tout de suite. Entendons-nous, la Société peut
être formée très bientôt.
Mme Harel: Vous voulez dire par là que les mesures de
soutien à la formation seront dispensées jusqu'à ce que la
Société elle-même... Parce
que, dans votre texte, vous pariez du ministère tandis que, dans
le projet de loi, c'est finalement la Société qui pourrait, en
vertu du paragraphe 2°, avoir le mandat de mettre en place ces
comités de main-d'oeuvre dans les entreprises.
M. Bourbeau: Effectivement, M. le Président, lorsque la
Société sera en opération, c'est elle qui aura cette
responsabilité.
Mme Harel: Et si tant est que des partenaires, au sein de la
Société, faisaient obstacle à la création de tels
comités ou à l'obligation de mettre sur pied de tels
comités pour obtenir des subventions...
M. Bourbeau: À ce moment-là, s'il y a une
majorité des membres du conseil d'administration qui est d'avis que ce
n'est pas dans l'intérêt de la Société ou de la
main-d'oeuvre québécoise de procéder ainsi, ça aura
certainement un poids important, une décision semblable, mais on
spécule. Je ne vois pas pourquoi on en viendrait à ça. Le
gouvernement peut toujours, quant à lui, intervenir s'il est d'avis
contraire. La loi prévoit que le ministre a quand même certains
pouvoirs, des pouvoirs de directive, entre autres, et le pouvoir d'approbation
des programmes. Alors, c'est le gouvernement qui va approuver les
programmes.
Mme Harel: D'ailleurs, vous avez certainement pris connaissance
du mémoire d'Emploi et Immigration Canada, qui avait été
déposé devant la commission, sans être
présenté. Et vous vous rappelez certainement que, dans ce
mémoire, Emploi et Immigration Canada se demandait comment le processus
décisionnel allait se passer, au sein de la Société. Je
cite, à la page 12 de leur mémoire, l'inquiétude qu'ils en
avaient: «Non seulement - je cite - le gouvernement disposera de 33 % des
voix de la Société québécoise, mais
possédera également la capacité de lui donner des
directives et des orientations, de même que le droit de désavouer
ses décisions.»
Je comprends que vous viendrez avec un amendement pour retirer ce droit
de désaveu. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: Mais comment savez-vous ça?
Mme Harel: Bien, par votre mémoire au Conseil des
ministres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ah, oui. J'oubliais, M. le Président. Il n'y
a rien de secret pour l'Opposition, M. le Président.
Mme Harel: Et Emploi e1 Immigration Canada ajoutait:
«D'après nous, il faudrait que la Société
québécoise dispose d'une marge de manoeuvre réelle
à l'égard du gouvernement du Québec, marge de manoeuvre
plus grande que celle prévue dans votre énoncé.» Et
le mémoire ajoutait, à la page 11: «L'énoncé
de politique ne mentionne aucunement quel sera le processus décisionnel
de la Société québécoise. S'agira-t-il d'une
gestion par consensus? Dans lequel cas, qui sera l'arbitre des
différends? Serait-ce le président de la Société?
S'agira-t-il d'une gestion à la majorité des voix ou d'une
gestion par bloc, chacune des trois parties ayant une voix?» Finalement,
est-ce que le processus décisionnel a été
clarifié?
M. Bourbeau: m. le président, les décisions vont se
prendre à la majorité. certainement que le règlement de
régie interne prévoira un quorum. mais, dès que le quorum
sera acquis, les décisions se prendront à la majorité des
voix, chaque membre ayant une voix, et le président, une voix aussi.
Mme Harel: II n'y a pas de voix prépondérante?
M. Bourbeau: On n'en a pas prévu, non. Puis, comme, de
toute façon, il y a 19 membres, il n'était pas important d'avoir
un vote prépondérant.
Mme Harel: Alors, nécessairement, le gouvernement,
détenant définitivement 6 des 19 sièges, à moins...
puisqu'il a refusé notre amendement, où il aurait détenu 4
des 19 sièges, les 2 autres étant détenus par des
personnes provenant des milieux des fédérations des commissions
scolaires et des cégeps. Les 6 sièges gouvernementaux seront, en
fait, détenus par des personnes qui proviendront, finalement, de choix
du gouvernement. Même s'ils représentent des milieux, ils n'en
proviendront pas nécessairement. Donc, le gouvernement, détenant
6 des 19 sièges, pourra peser alternativement ou successivement, comme
bon lui semble, d'un côté ou l'autre de la balance pour faire
pencher les décisions.
M. Bourbeau: Comme en Allemagne, comme en Suède, comme au
Royaume-Uni, comme en France, comme dans tous les pays où la structure
tripartite existe.
Mme Harel: Vous voyez, si vous m'aviez amenée avec vous,
ce serait plus vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On y songera, la prochaine fois, M. le
Président. Ça ne fera peut-être pas l'affaire du
député de La Prairie, cependant.
Mme Harel: Oui mais lui, il revient de Rio.
M. Bourbeau: On appelle ça une «inside
joke».
Mme Harel: Alors donc, une dernière question, M. le
Président. Quand le ministre introduit «sociaux», ce qu'il
entend par «sociaux», est-ce qu'il a bien vérifié si
ça peut à la fois être utilisé pour les
comités d'employabilité? Est-ce que ça peut comprendre les
corporations de développement économique et communautaire?
M. Bourbeau: C'est un terme qui est très vague, M. le
Président, et qui peut comprendre tous ces
éléments-là, sûrement, me dit-on.
Mme Harel: C'est sûr, par ailleurs, que les expressions
changent de sens, dépendamment des milieux. Oui, parce que je pense que
dans certains milieux, dire de certaines personnes que ce sont des
«sociaux», ça veut dire que ce sont des assistés
sociaux. Et ça veut dire... Évidemment, ce n'est pas dans le sens
qu'on l'utilise ici. (16 h 40)
M. Bourbeau: Alors, un expert, ici, qui a beaucoup voyagé,
me dit qu'en Europe, M. le Président, les partenaires sociaux
comprennent à la fois les patrons et les travailleurs.
Mme Harel: À part les comités sectoriels de
main-d'oeuvre, quand le ministre ajoute «ou d'autres comités
auxquels participent l'un ou l'autre de ces partenaires», on retrouvait
déjà «ou d'autres comités auxquels participent ces
partenaires». Alors donc, il pourra y avoir des comités avec pas
nécessairement les trois partenaires. Bon. Ça, ça peut se
comprendre. Mais quels sont ces autres comités auxquels il peut
être fait référence, là, qui ne sont ni les
comités sectoriels, ni les comités d'entreprise?
M. Bourbeau: Ça peut être des comités
aviseurs qu'on peut créer dans certains secteurs, des comités
consultatifs régionaux, par exemple.
Mme Harel: C'est un bon amendement, M. le Président. On va
voter en faveur.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II est déjà...
Mme Harel: II n'est pas voté, encore.
M. Bourbeau: Alors adopté, M. le Président.
Mme Harel: si on avait déjà voté, ce serait
sur division. alors, je ne sais pas si vous préférez... pour ce
qui est du paragraphe 2°, mais j'aimerais revenir à
1.1e...
M. Bourbeau: Est-ce que je comprends que l'article 18 est
adopté?
Mme Harel: Le' paragraphe 2° de l'amendement.
M. Bourbeau: Ah bon!
Mme Harel: Mais on est au paragraphe...
M. Bourbeau: Vous êtes bien charitable.
Mme Harel: à 1.1°, est-ce que le ministre peut
introduire l'amendement du paragraphe qui est un ajout, finalement? à
1.1° c'est un ajout qu'on ne retrouve pas.
Le Président (M. Joly): C'est parce que, lorsqu'on
dépose un amendement, Mme la députée, on le dépose
globalement.
Mme Harel: On va le faire paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Joly): O.K. Non, moi, j'ai pas
d'objection, là.
Mme Harel: Vous ne présidiez pas ce matin. Ce matin, on
l'a fait paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Joly): Oui, je présidais ce matin,
madame.
Mme Harel: Avant que vous arriviez.
Le Président (M. Joly): J'étais ici à la
première heure, madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Vous savez, on veille tard, on travaille tard, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Moi, je vous pardonne, mais ce qui
m'a rassuré, c'est de vous apercevoir que je n'étais pas ici la
semaine dernière. Ça, ça m'a rassuré.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, moi, je n'ai pas
d'objection, là. Je vais distribuer le temps comme le règlement
me le permet et me le commande. Par contre, au niveau des adoptions, eh bien,
nécessairement, il y a une façon de le faire. Alors, je suis
prêt à...
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que le
paragraphe 2° est adopté. La première partie du paragraphe
1° aussi...
Le Président (M. Joly): Non. On a terminé, si vous
voulez, le temps qui était dévolu sur ça...
Une voix: On peut l'adopter.
Le Président (M. Joly): Donc, si vous voulez, on peut
adopter le... On va l'adopter. On adopte l'amendement au total et non pas
paragraphe par paragraphe. On peut vous donner le temps, paragraphe par
paragraphe, mais on ne vous donne pas l'adoption, si vous voulez, paragraphe
par paragraphe.
M. Bourbeau: Très bien. Mme Harel: Ah bon!
Le Président (M. Joly): Alors, si, exemple, vous
n'êtes pas d'accord avec un des articles de l'amendement, à ce
moment-là, vous voterez sur division.
Mme Harel: Ah bon!
Le Président (M. Joly): O.K.?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, M. le Président, il y a, à
1.1°, l'ajout... L'amendement ajoute, entre les paragraphes 1° et
2°, un nouveau paragraphe intitulé 1.1°. Alors, est-ce que
ministre pourrait nous introduire les raisons qui l'ont amené à
introduire ce paragraphe 1.1"?
M. Bourbeau: Oui. Lorsque la députée de
Hochelaga-Maisonneuve relira le Journal des débats, M. le
Président, elle verra que, quand j'ai introduit l'article, ce matin,
j'ai donné ces renseignements que je vais lui répéter pour
les fins de sa mémoire. Alors, le paragraphe 1.1°, et j'ai dit ceci,
ce matin, M. le Président: L'ajout proposé par ce nouveau
paragraphe vise à conférer explicitement à la
Société un pouvoir qui l'invite à établir, avec les
conseils des sociétés régionales, des mécanismes de
coordination qui assureront l'intégration et la prise en compte des
problématiques régionales par la Société, dans la
définition de ses orientations.
Mme Harel: Alors, c'est un excellent amendement. Nous entendons
voter en faveur, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Donc, nous en sommes à
conclure que tout l'amendement a été étudié?
Mme Harel: Oui, et on revient à la proposition
principale.
Le Président (M. Joly): Bon. Maintenant, est-ce que
l'amendement comme tel, à l'article 18, est adopté?
Mme Harel: Ça m'engage à quoi, ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ça vous engage, par
après, à le regarder comme tel et à l'intégrer dans
l'article 18.
Mme Harel: D'accord. Sur division, à cause du paragraphe 1
'.
Le Président (M. Joly): Bon. Parfait. Donc, l'amendement
à l'article 18 est adopté sur division. Maintenant, est-ce que
l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: M. le Président, un instant, là. On va
revenir au paragraphe...
Des voix: 3°. Mme Harel: ...3°.
Le Président (M. Joly): Bon. On va commencer à
s'acclimater.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'est pas obligé
de faire un discours sur chacun des sous-paragraphes. La députée
de Maisonneuve peut quand même les accepter sans en parier.
Mme Harel: Mais, M. le Président, ce n'est pas peu de
chose, là, c'est les pouvoirs de la Société.
Le Président (M. Joly): Moi, je ne peux pas lui enlever
son droit de parole, M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, loin de moi... Même si je le voulais,
d'ailleurs...
(Consultation)
Mme Harel: M. le Président, au paragraphe 3° de
l'article 18, on retrouve la rédaction suivante: «favoriser la
participation aux activités de développement de la main-d'oeuvre,
des établissements publics d'enseignement, des établissements
régis par la Loi sur l'enseignemant privé et des
établissements d'enseignement de niveau universitaire.» Je vous
rappelle, M. le Président, que divers organismes qui se sont
présentés devant la commission... Notamment la
Confédération des syndicats nationaux a proposé de biffer,
au paragraphe 3°, la référence aux établissements
régis par la Loi sur l'enseignement privé afin de s'assurer que
la Société privilégie la participation des institutions
publiques d'enseignement. Je veux savoir du ministre quelle est la
portée d'une telle modification qui est introduite, je pense, pour la
première fois dans la législation du Québec en
matière de formation de la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Le sous-paragraphe, M. le
Président, comme vous l'avez bien compris, traduit le
désir que la Société amène tous les
établissements d'enseignement intéressés à
participer aux activités de développement de la main-d'oeuvre. M.
le Président, ça fait partie de notre grand désir de
favoriser un rapprochement entre le monde de l'enseignement et le monde de la
main-d'oeuvre et voilà une preuve encore additionnelle, si la
députée de Hochelaga-Maison-neuve en avait besoin d'une, de notre
détermination à faire en sorte qu'une meilleure concertation
puisse exister entre le monde du travail et le monde de l'enseignement, les
milieux de travail et le monde de l'enseignement. Et pourquoi...
Mme Harel: Alors, ce que vous nous dites, c'est que vous voulez
traiter sur un pied d'égalité établissements publics
d'enseignement et établissements privés?
M. Bourbeau: Je pense que la députée de Maisonneuve
est au courant que, dans le projet de politique de main-d'oeuvre que nous avons
publiée, nous avons, pour la première fois, donné aux
entreprises le choix du formateur. Nous avons même indiqué qu'en
ce qui concerne les particuliers le régime public d'enseignement
conservait la priorité mais non pas l'exclusivité. Donc, il y a
nécessairement un certain virage, là, vers un meilleur choix de
formateurs pour les entreprises, et même les particuliers. Et le fait de
ne pas exclure l'enseignement privé, je pense, procède de cette
ouverture déjà démontrée dans le projet de
politique.
Mme Harel: M. le Président, c'est une chose que d'offrir
le choix du formateur lorsque l'entreprise finance, et c'est une autre chose
que de donner à une société le mandat de favoriser la
participation des établissements privés. Je pense qu'il y a
là, M. le Président, une distance que le ministre a franchie
beaucoup trop rapidement, beaucoup trop rapidement, parce que ce que dit le
paragraphe 3° de l'article 18, c'est que la Société aura
comme mandat de favoriser la participation aux activités de
développement de la main-d'oeuvre, notamment des établissements
régis par la Loi sur l'enseignement privé.
M. Bourbeau: Mais qu'est-ce qu'il y a de mal à ça?
(16 h 50)
Mme Harel: M. le Président, il y a toute une
différence entre dire que la Société pourra favoriser la
participation aux activités de développement de la
main-d'oeuvre... C'est tout à fait autre chose de dire que l'employeur
pourra choisir un formateur qu'il finance. Je trouve qu'il y a tout un monde de
différence. Je prenais connaissance de l'avis du Conseil
supérieur de l'éducation au ministre de l'Éducation et
à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, portant sur1 la formation professionnelle à
l'heure d'un développement intégré.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a des organismes
d'enseignement privé qui, parfois, sont peut-être les seuls
à pouvoir donner un certain type d'enseignement professionnel. Je prends
pour exemple le collège Lasalle dans le secteur de la mode qui, me
dit-on, n'a pas d'égal dans le secteur public, ou encore l'institut
Teccart qui, vraiment, a atteint un très haut niveau de standard, un
très haut standard d'excellence. Pourquoi ces organismes d'enseignement
privé ne pourraient pas apporter leur contribution au
développement de la main-d'oeuvre, en participant aux activités
de développement de la main-d'oeuvre? Je ne vois pas pourquoi. Ce sont
des organismes, M. le Président, qui sont reconnus
d'intérêt public et qui ont même droit à des
subventions gouvernementales. Alors, pourquoi priverait-on la main-d'oeuvre
québécoise de l'apport de ces sociétés-là et
de ces organismes-là? La question est posée, et nous y
répondons à l'article...
Mme Harel: Alors, M. le Président, encore une fois, c'est
confier à la Société un mandat de mettre sur un pied
d'égalité les institutions d'enseignement public et les
institutions d'enseignement privé, puisque la Société aura
à favoriser la participation des uns et des autres. Est-ce que c'est
ça que propose le ministre? Est-ce que c'est ça qu'il entend
proposer? Parce que ce n'est jamais de ça qu'il a parlé. En
commission parlementaire, il n'a parlé que du choix du formateur lorsque
l'entreprise finançait la formation, soit dans le cadre des
crédits d'impôt, soit dans le cadre d'une participation
financière aux programmes gouvernementaux.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne vois pas pourquoi on
exclurait les organismes d'enseignement privés régis par la Loi
sur l'enseignement privé du champ de la main-d'oeuvre; ils ont une
contribution intéressante à faire et, dans la mesure où
ils peuvent le faire, ça serait vraiment néfaste de priver la
main-d'oeuvre québécoise de l'apport possible de ces
organismes-là. Je ne vois pas où on veut en venir.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...est-ce que je pourrais poser une question au
ministre?
Le Président (M. Joly): Sûrement, madame.
Mme Vermette: Je voudrais juste vérifier avec le ministre,
parce qu'en fait, la façon dont c'est inscrit, ça ne veut pas
dire qu'à défaut
qu'il n'y ait, dans le secteur public, d'enseignement d'une technique
quelconque il faut le trouver dans l'enseignement privé; il faut se
retourner inévitablement vers l'enseignement privé puisqu'il ne
l'est pas dans le public. Mais, advenant le cas que cette formation se fasse
autant au public qu'au privé, qu'advient-il, à ce
moment-là... Est-ce que ça ne donne pas plutôt
l'intérêt, comme c'est le choix de l'employeur de son formateur,
d'aller davantage vers le privé plutôt que le public et
d'affaiblir, par ce fait-là, le public au détriment du
privé? C'est une interrogation. En tout cas, on pourrait glisser vers
ça à un moment donné.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article en question ne dit
pas que, dans les politiques gouvernementales, tous les organismes
d'enseignement sont sur le même pied. Elle nomme une série
d'institutions d'enseignement qui pourront faire l'objet de rapports avec la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre et eux. Elle ne dit pas qu'ils sont tous sur le même pied
et que la Société doive les favoriser également. C'est la
politique gouvernementale qui va s'appliquer. La Société devra
appliquer les politiques du gouvernement dans ce domaine-là et le
gouvernement a dit que, pour ce qui est des individus, on va accorder la
priorité aux maisons d'enseignement, aux établissements
d'enseignement publics. Donc, à ce moment-là, les
établissements d'enseignement publics auront la priorité, mais
non pas l'exclusivité, de sorte que, si un organisme ou un
établissement d'enseignement public n'était pas capable de
remplir un mandat, à ce moment-là, on peut s'adresser aux
établissements privés, privés subventionnés, ou
même privés privés, non subventionnés. Alors, la
Société devra respecter les politiques gouvernementales.
Mme Vermette: Oui, mais, M. le Président, au niveau de la
loi, ce n'est pas inscrit. En tout cas, on comprend que c'est la pensée
du législateur, mais on interprète ce qui est écrit, en
fin de compte, et...
M. Bourbeau: Oui, mais la loi... On ne peut pas...
Mme Vermette: ...c'est ce qu'il est important de retenir.
M. Bourbeau: Oui, mais ce n'est pas une loi du gouvernement,
ça, la priorité ou l'exclusivité donnée au
réseau d'enseignement public, c'est des politiques gouvernementales qui
peuvent varier dans le temps. La meilleure preuve, c'est qu'on vient de faire
varier, en déposant ici la politique de main-d'oeuvre. On ne peut pas
geler, dans un article de loi, des décisions comme celle-là. La
loi donne les grands paramètres; le gouvernement, après
ça, à l'intérieur de ça, établit ses
politiques. La politique gouvernementale, à partir de maintenant,
dep-jis l'adoption de ce document d'orientation, la politique du gouvernement
du Québec, c'est de laisser libre choix du formateur aux entreprises,
et, à l'égard des particuliers, de donner la priorité au
système d'enseignement public. Cette politique-là demeure.
Mme Harel: Mais où est-ce qu'elle est mentionnée,
M. le Président?
M. Bourbeau: Alors, l'article 17 dit que, pour réaliser sa
mission, la Société élabore, met en oeuvre et gère
des programmes dans le cadre des politiques établies en vertu de la Loi
sur le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle. Ça, c'est la contrainte qui
est imposée à la Société. Pour ce qui est de la
politique, bien, c'est dans le document d'orientation. Je pourrais vous trouver
les pages: est-ce que vous désirez nécessairement les savoir?
Oui?
Mme Harel: J'aimerais ça, si c'est possible.
M. Bourbeau: On va vous trouver ça, M. le
Président, ça ne sera pas très long. Si on va à la
page 61 du document d'orientation, au milieu de la page, à peu
près: «...maintenir la responsabilité des institutions
d'enseignement de répondre aux besoins de formation exprimés par
les individus, à moins qu'elles ne puissent offrir elles-mêmes la
formation demandée. Conserver à l'entreprise le choix du
formateur lorsqu'il s'engage dans la formation de la main-d'oeuvre à son
emploi».
Mme Harel: Merci. Est-ce que le ministre accepterait que je lui
cite les problèmes examinés par le Conseil supérieur de
l'éducation dans l'avis qui porte sur la formation professionnelle?
M. Bourbeau: je l'ai déjà lu à quelques
reprises, entre autres, ce matin, m. le président, à l'heure du
midi, plutôt. mais je n'ai pas d'objection à ce qu'on m'en fasse
une relecture.
Mme Harel: Excellent! Excellent!
M. Bourbeau: D'ailleurs, je dois dire que c'est un excellent
avis.
Mme Harel: Aux pages 79 et suivantes, dans l'avis du Conseil
supérieur de l'éducation, on retrouve l'affirmation suivante:
«Le Conseil a pris connaissance d'un certain nombre de
phénomènes qui, selon lui, risquent justement de compromettre
l'équilibre nécessaire dans la recherche d'un réel
partenariat entre le système scolaire et l'entreprise. Il attire ici
('attention sur quatre d'entre eux». Et là le Conseil analyse
très substc^tie'lement, avec exemples à l'appui, ces quatre
phénomènes qui risquent, selon le
Conseil, de compromettre l'équilibre entre l'entreprise et le
système scolaire: «Le premier phénomène a trait au
pouvoir informel de l'entreprise. Le pouvoir conféré à
l'entreprise par le financement que l'État lui verse de plus en plus
directement contribue en effet à accroître encore davantage la
responsabilité qu'elle assume en formation professionnelle et technique,
voire dans l'ensemble du système scolaire. Ainsi, quand l'entreprise
dispose du financement nécessaire pour se donner la formation qu'elle
désire, là où elle le désire, il peut lui arriver
de faire fi de l'organisation et de la planification que le système
scolaire se donne pour atteindre ses fins. (17 heures)
Officiellement, ce sont le MEQ ou le MESS, selon le cas, qui fournissent
les autorisations de programmes aux établissements de formation.
Cependant, une entreprise ou un réseau d'entreprises peut, moyennant les
sommes requises, contourner ce système d'autorisations, en
décidant de faire entente avec un établissement particulier et de
l'outiller en conséquence. On pourrait penser que les entreprises
soucieuses d'éviter les gaspillages choisiront les établissements
déjà les mieux équipés pour répondre
à leurs besoins. L'expérience révèle toutefois que
des motifs d'ordre administratif et politique peuvent s'avérer
prépondérants». Le Conseil pose un certain nombre de
questions. «Faudrait-il établir des balises à l'utilisation
des réseaux scolaires par l'entreprise? Par quel moyen s'assurer que les
autorisations ministérielles seront respectées? Les
établissements doivent-ils se fixer eux-mêmes certaines
règles d'éthique face à la sollicitation de
l'entreprise?»
Le deuxième phénomène - celui-ci, dit le Conseil -
se rapporte à la sous-utilisation du réseau public
d'éducation. Si l'entreprise peut choisir l'établissement de
formation du réseau scolaire qui lui convient, elle peut aussi choisir
de ne pas recourir à ses services. L'étude faite de quelques
programmes gouvernementaux laisse croire d'ailleurs à une
sous-utilisation du réseau public d'éducation par les
entreprises. À cet égard, les résultats d'un sondage
effectué auprès des représentants des entreprises
s'étant prévalues des dispositions du programme Formation sur
mesure en établissement sont assez éloquents. Dans le cadre de ce
programme, les établissements de formation concernés sont
exclusivement ceux du secteur public. L'enquête révèle que
près de 20 % des entreprises participantes auraient
préféré recourir au secteur privé. Toutefois,
après avoir expérimenté le programme et,
consé-quemment, après avoir eu l'occasion de travailler en
collaboration avec des établissements du secteur public
d'éducation, c'est en très grande majorité - soit 90 % -
qu'elles se disent prêtes à renouveler l'expérience.
D'ailleurs, le taux de satisfaction des entreprises dans la formation sur
mesure en établissement est, en général, très
élevé.»
Et là le Conseil ajoute: D'autres observations faites, cette
fois, par rapport au programme Soutien à la formation en entreprise -
tantôt c'était formation sur mesure - le PSFE, programme qui
n'accorde pas de priorité aux établissements publics de formation
- ce que vous venez de nous confirmer, M. le ministre - confirment, et
là je cite le Conseil: «...une sous-utilisation du secteur public.
Ainsi, la distribution des budgets, selon que la formation est dispensée
par l'entreprise elle-même, par une firme privée ou encore par une
institution d'enseignement du secteur public, fait voir une plus forte
concentration dans les entreprises que dans les établissements de
formation.»
En fait, troisièmement... J'abrège, juste pour conclure
sur le deuxième phénomène: «Ainsi, peut-on
aisément croire que, lorsque la priorité n'est pas
accordée au secteur public, sa contribution tend à demeurer
plutôt marginale. Il y a là, selon le Conseil, une question
d'importance, en particulier si l'on est préoccupé de ne pas
multiplier indûment les coûts reliés à la formation,
lesquels sont déjà assez lourds à porter pour la
majorité des contribuables. Cette sous-utilisation du système
public paraît d'autant plus inacceptable que nous avons eu des indices
clairs montrant qu'il est très souvent en mesure d'apporter une
réponse satisfaisante aux besoins de l'entreprise et tout aussi capable
de s'adapter aux changements.»
Le Conseil cite la position récente prise par les chambres de
commerce membres du Conseil permanent d'initiatives du Montréal
métropolitain et publiée dans le journal La Presse, le 6
novembre 1991. Ça va faire plaisir au ministre. «Le
troisième phénomène concerne la concurrence qui s'est
instaurée entre les établissements de formation. Cette
concurrence - dit le Conseil - n'est pas de nature à favoriser une saine
relation avec l'entreprise. Elle risque d'affaiblir le pouvoir de
négociation des établissements face aux entreprises et de
compromettre, ce faisant, la portée éducative de leur
intervention.»
Et, finalement, quatrièmement... D'ailleurs, le Conseil cite
plusieurs expériences et, notamment, l'expérience de GRADE sur la
Côte-Nord, dont on nous avait déjà fait mention,
d'ailleurs, devant la commission parlementaire. Et on nous dit:
«L'expérience de GRADE sur la Côte-Nord semble avoir
largement fait obstacle à ce régime de la concurrence excessive
et semble même avoir donné naissance à plusieurs projets
intéressants. Ainsi aurait-elle favorisé, notamment, la
création conjointe par le cégep de Baie-Comeau et la commission
scolaire de Manicouagan d'un service unique de consultation aux
entreprises.» C'est ce qu'on peut espérer. «Le
quatrième phénomène, dit le Conseil, a trait à la
recherche de financement.» Ce qui inquiète le Conseil, c'est que
le partenariat qui
se développe semble de plus en plus déterminé par
la recherche de financement au détriment des objectifs éducatifs
et pédagogiques. La situation qui prévaut dans certains milieux,
en ce qui a trait notamment à la formation sur mesure et aux pratiques
d'autofinancement, indique la présence d'un malaise dont il ne faut
certes pas sous-estimer les effets. La conjoncture financière est telle
que, dans le secteur de l'éducation des adultes, les
établissements de formation tendent à se développer en
fonction de ce qui est le plus payant à court terme et du point de vue
de leur intérêt institutionnel, comme le font les entreprises
privées, en mettant entre parenthèses la rentabilité
sociale de leurs investissements. C'est là une question majeure qui
risque d'ébranler la légitimité du réseau public
d'éducation.
C'est bien évident que, lorsqu'on met sur un pied
d'égalité réseau public et réseau privé...
Et c'est à peu près la même chose que lorsqu'on mettait sur
un pied d'égalité le transport public et le transport
privé. Si on n'offre que le trajet Montréal-Québec qui est
payant, en n'imposant pas aux compagnies de transport de faire des trajets qui
le sont moins, c'est bien évident qu'on va se réveiller avec une
concurrence juste sur ce qui est le plus payant, en délaissant
complètement... Pourquoi, d'ailleurs, s'en préoccuperaient-elles,
puisqu'elles ont l'air d'être les seules à s'en préoccuper
et que le gouvernement n'est pas là pour soutenir les institutions
publiques d'enseignement dans leur recherche d'une responsabilité plus
large à l'égard de la formation aux adultes, qui ne soit pas
qu'une responsabilité d'autofinancer en satisfaisant le besoin de
l'entreprise uniquement?
Ceci étant dit... C'est intéressant, n'est-ce-pas?
M. Bourbeau: On pourrait prendre ça, M. le
Président, comme lecture de chevet mais, pour l'instant, on est à
l'article 18, paragraphe 3°, et le temps passe.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin
Mme Vermette: ...j'aimerais renchérir sur ce que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a apporté.
M. Bourbeau: Je suis convaincu qu'il y a plusieurs pages qui
n'ont pas été lues encore.
Mme Vermette: D'autant plus, M. le Président, que
ça vient du Conseil supérieur. Donc, c'est un avis. Et j'aimerais
revenir à la conclusion, en fait, qui est très importante, il
faut le dire.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de
Hocnelaga-Maisonneuve n'a pas lu la conclusion, tantôt?
Mme Vermette: La conclusion, c'est qu'on arrive... Compte tenu de
tous ces phénomènes qui sont là, il faudrait retenir deux
principes très importants. Le premier principe, ce serait «le
recours privilégié au système public d'éducation
devant être reconnu, tant par les gouvernements que par les entreprises.
Sans affirmer que les établissements du système public
d'éducation soient les seuls dépositaires de l'expertise requise
en matière de formation professionnelle, il faut néanmoins
favoriser une meilleure utilisation de leurs ressources par les entreprises, et
ce, dans le respect d'un équilibre entre objectifs économiques et
éducatifs.»
Et, un peu plus loin: «Le gouvernement, de son côté,
doit reconnaître clairement - et c'est ce qu'on disait tantôt,
là, et c'est ce que je vous disais en fait - la priorité du
système public dans ses programmes de soutien à la formation en
entreprise.»
Je pense que c'est très évident. Et si un gouvernement dit
qu'il a une ligne de pensée et qu'il est capable d'être
«congruent» avec ses écrits et qu'il y a une
interdépendance entre les différents ministères, je pense
que ce serait vraiment l'occasion de démontrer qu'on tient compte,
justement, et qu'on ne parle pas pour parler mais que, finalement, on veut
vraiment passer à l'action et avoir vraiment une cohésion dans
l'action aussi, M. le Président.
M. Houde: M. le Président, je trouve qu'ils font bien
ça, un «filibuster», eux autres, là! Ça va
bien! Continuez, ça va bien! C'est intéressant, là, y a
pas à dire!
Mme Vermette: Oui, bien, je peux continuer. Ce n'est pas un
«filibuster». Mais je trouve ça très important.
Écoutez! Non, ça, vraiment... Vous étiez là quand
on a fait certains projets de loi.
M. Houde: Oui, oui, oui. Je ne vous obstine pas non plus,
là. Là-dessus, je vous donne raison.
Mme Vermette: Mais je pense que c'est très important. On
parle de formation professionnelle. Ça fait longtemps que les gens
étaient en attente de formation et de développement en emploi.
Moi, je crois que c'est très important parce qu'il va y avoir des
conséquences importantes. Toute réforme a des
conséquences. Il y a des changements de mentalité et de
comportement. Et, à ce moment-ci, pourquoi ne pas donner le coup de
barre qui s'impose?
En tout cas, moi, ça me fait toujours peur parce que ce genre de
façon d'écrire la loi... Et, vous savez, l'être humain, il
est ce qu'il est. Alors, on a toujours tendance à glisser et s'en
aller... Et, surtout avec la philosophie d'un
gouvernement qui est pour la libération des marchés ou la
libre entreprise, on aurait beaucoup tendance à s'en aller de plus en
plus vers différentes écoles de formation professionnelle de tout
ordre, de tout genre, privées. Et les sommes d'argent, plutôt que
d'aller véritablement sur la formation professionnelle, au niveau des
travailleurs, favoriseraient davantage les entreprises privées qui se
donneraient comme mission de faire de la formation professionnelle. Et,
à mon avis, il faut être très judicieux dans nos choix et
surtout dans la façon dont on va dépenser l'argent, M. le
Président. En tout cas, il faut continuer d'assainir, si vous voulez,
l'utilisation de ces fonds publics et c'est pour ça que, oui,
effectivement, moi, je m'implique beaucoup au niveau de ce projet de loi.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Harel: M. le Président, à ce stade-ci, je
propose un amendement au paragraphe 3° de l'article 18.
Le Président (M. Joly): Voulez-vous lire votre amendement,
s'il vous plaît?
Mme Harel: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Votre sous-amendement.
Une voix: Non.
Le Président (M. Joly): Non, c'est l'amendement.
Mme Harel: C'est un amendement au paragraphe 3° de l'article
18 qui se lit comme suit: Remplacer le paragraphe 3° de l'article 18 par le
suivant: «favoriser la participation aux activités de
développement de la main-d'oeuvre, des établissements publics
d'enseignement et des établissements d'enseignement de niveau
universitaire.»
Le Président (M. Joly): On a fait sauter le
privé.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): On en est rendu au paragraphe
3° de l'article 18 où il y a un amendement qui est
apporté.
Mme Harel: Est-ce qu'on siège le 1er juillet?
Le Président (M. Joly): Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
(17 h 10)
Le Président (M. Joly): On fêtera ensemble. Il a
été suggéré qu'on fête la fête du
Canada ensemble.
M. Bourbeau: Si ça continue, on va siéger vendredi
soir.
Le Président (M. Joly): Mais je sais qu'on siège la
semaine prochaine.
(Consultation)
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a un amendement de
déposé, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il est recevable?
Le Président (M. Joly): Oui, il est recevable parce que
ça demeure sur les modalités.
Une voix: Est-ce que c'est recevable?
Le Président (M. Joly): Oui. Et j'ai déjà
statué...
M. Bourbeau: Est-ce que vous pouvez en faire lecture?
Le Président (M. Joly): Oui, sûrement.
Une voix: Est-ce qu'on peut demander le vote, M. le
Président.
Une voix: C'est un vote?
Le Président (M. Joly): Non, c'est le quorum. Alors le
paragraphe 3° serait changé complètement pour se lire comme
ceci: «favoriser la participation aux activités de
développement de la main-d'oeuvre, des établissements publics
d'enseignement et des établissements d'enseignement de niveau
universitaire.» Alors, le privé a sauté.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit, tout à
l'heure, ce que je pensais de cette question-là. Je n'ai rien à
ajouter.
Mme Harel: Simplement un mot, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Je vous laisse le droit de parole,
madame. Un mot qui devient au pluriel, qui fait du mal. Un mal qui fait des
mots.
Mme Harel: J'espère que ça ne sera pas un mot de
trop, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vous laisse aller, madame, et
on verra.
Mme Harel: M. le Président, il ne s'agit pas, là,
de biffer - évidemment pas - l'utilisation par les entreprises des
formateurs des établissements privés, s'ils le désirent,
mais il s'agit de confier à la Société le mandat de
favoriser la participation aux activités de développement de la
main-d'oeuvre, des établissements publics et des établissements
universitaires. Il va de soi que, par l'élaboration de ces politiques
établies en vertu de la Loi sur le ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle,
prévue à l'article 17, il est prévu que, dans
l'élaboration de ces politiques, il puisse être, par exemple,
offert un libre choix, mais, notamment, lorsque l'entreprise finance, et non
pas lorsque des fonds publics sont utilisés pour des individus,
étant donné que, déjà, des fonds publics souvent
importants ont été consacrés pour équiper des
institutions publiques d'enseignement et suivre l'évolution des
changements technologiques. Vous savez combien ça coûte cher.
Alors, évidemment, il ne s'agit pas d'évacuer les institutions
privées d'enseignement de la formation, mais il s'agit de ne pas en
confier le mandat à la Société. Voilà!
Le Président (M. Joly): Pardon?
Mme Carrier-Perreault: Je veux appuyer l'amendement de ma
collègue, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Bien, attendez. On va passer au
vote, là.
Mme Carrier-Perreault: Comment ça? On n'a pas fini.
Mme Vermette: On n'a pas fini. Elle vient juste de le
déposer.
Le Président (M. Joly): Ah, vous voulez... Ah bon!
O.K.
Mme Vermette: II y a l'alternance.
Le Président (M. Joly): Je croyais que vous aviez
déjà tout résumé votre affaire, vous, là.
Alors, Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudiè-re, merci
de me rappeler à l'ordre.
Mme Carrier-Perreault: Ça ne sera pas
nécessairement très long, M. le Président. Je pense
que...
Le Président (M. Joly): Elle ne sera pas ici pour vous
écouter, là.
Mme Carrier-Perreault: Pardon?
Le Président (M. Joly): Elle ne sera pas ici pour vous
écouter.
Mme Carrier-Perreault: Non, ce n'est pas grave. Elle pourra me
lire, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous pensez qu'elle va prendre le
temps, vous?
Mme Carrier-Perreault: C'est vrai que, dans l'article qu'on a
devant les yeux, il s'agit de favoriser. Le ministre, tout à l'heure,
disait qu'il avait une vision dans son document sur la politique de
main-d'oeuvre qu'on a en main et tout ça. Il nous a relu, d'ailleurs, le
paragraphe qui est là: maintenir la responsabilité des
institutions d'enseignement de répondre, etc., conserver à
l'entreprise le choix du formateur lorsqu'elle s'engage dans la formation de la
main-d'oeuvre à son emploi. Ça, c'est le principe qui est
défendu par le ministre. C'est le choix du gouvernement, et puis je
pense que c'est correct de maintenir le choix au formateur. Ça a bien du
bon sens. Mais, quand on parle de favoriser, favoriser ça ne veut pas
dire qu'on les enlève, ça ne veut pas dire que tu enlèves
complètement les institutions d'enseignement privé. Quand vous
faites référence à Teccart, par exemple, moi, je partage
ça. Il y en a des institutions d'enseignement privé.
M. Marcil: ...au niveau de l'éducation des adultes.
Mme Carrier-Perreault: Moi, j'ai déjà
été, M. le Président, dans une commission scolaire, comme
commissaire. J'ai déjà fait ça dans ma vie. C'est vrai
qu'il y a des institutions privées, comme Teccart, qui sont
spécialisées. On faisait référence à
quelques-unes tout à l'heure, mais il reste que je ne pense pas que
l'amendement de ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve vienne
complètement enlever la possiblité aux gens de l'entreprise de
choisir la maison d'enseignement qu'ils préfèrent, si on
veut.
Mais je pense que c'est tout à fait normal, dans une
société comme la nôtre, qu'on favorise justement, qu'on
pousse un peu les gens à utiliser le réseau public qu'on s'est
donné, et pour lequel tout le monde paie, en fin de compte. Ça
coûte, comme elle le disait, très cher pour toutes ces
installations-là. Puis, comme mon collègue de Salaberry-Soulanges
me demandait si j'avais déjà travaillé là-dedans,
c'est un fait que ça coûte très cher, M. le
Président. Parce que, quand on regarde les coûts, quand on parte
de formation professionnelle, même au niveau secondaire, je vais vous
dire c'est assez impressionnant à certains niveaux.
Alors, c'est les gens, c'est la population qui paie pour ça.
Puis, moi, à toutes fins pratiques, je me dis que ça
n'enlève pas le choix de l'entreprise, pas du tout, l'amendement de ma
collègue. Sauf que ça permet de démontrer qu'on a, disons,
un préjugé favorable envers l'enseignement public pour lequel
tout le monde paie au Québec.
C'est dans ce sens-là que j'appuie l'amen-
dement de ma collègue. Je ne vois pas en quoi ça ferait
problème d'amender cet article-là.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Un complément de
réponse.
Mme Vermette: ...j'ajouterais simplement. Le ministre,
tantôt, nous disait et nous affirmait que, pour lui, les nuances
étaient importantes. Bien, effectivement, je pense que dans l'amendement
qui a été déposé la nuance est apportée
puisqu'on dit «favorise». C'est ça qui est important. Il
faut réellement bien utiliser les fonds publics et il faut favoriser
aussi cette utilisation des fonds publics. Je pense que c'est dans ce sens
qu'on dit qu'il faut avoir, en tout cas au niveau du législateur, cette
idée de favoriser l'utilisation d'un service public qui est le domaine
de l'enseignement, dans le domaine de la formation de la main-d'oeuvre. Et je
pense que c'est tout à fait approprié, à ce moment-ci,
parce que, équiper une école en formation technologique, je vous
garantis que c'est incroyable. Comme la technologie se développe
rapidement - c'est vite dépassé - il faut constamment, si on veut
maintenir une main-d'oeuvre de qualité et obtenir l'excellence... Enfin,
moi, je pense qu'il faut être rationnel dans ses choix. On ne peut pas se
permettre des dédoublements aussi indus. Il y a des fois où c'est
l'entreprise privée qui prime sur le public, mais il y a d'autres
occasions où, en tout cas, c'est le public. Il faut favoriser, en fait,
l'utilisation de notre réseau. Je crois qu'il faudrait le rajouter
à l'intérieur de notre projet de loi. (17 h 20)
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Nous allons mettre aux voix
l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Harel: Aux voix. Nominal.
Le Président (M. Joly): Aux voix? Nominal? Parfait! On va
prendre ça tout de suite. M. le ministre?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président. Le
Président (M. Joly): Parfait. M. Marcil: Contre.
Le Président (M. Joly): M. Marcil (Salaber-ry-Soulanges),
contre. M. Joly (Fabre), contre. Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Joly): M. Houde (Berthier)? M. Houde:
Contre.
Le Président (M. Joly): Mme Loiseile (Saint-Henri)?
Mme Loiseile: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme Harel
(Hoche-laga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière)?
Mme Carrier-Perreault: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Pour. Et Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Six contre, trois pour. Donc,
rejeté.
Toujours à l'article 18.
M. Bourbeau: Même vote, renversé, M. le
Président.
Mme Harel: M. le Président, nous en sommes donc au
paragraphe 4°. On peut y lire ceci: «promouvoir le
développement des initiatives privées dans le domaine de la
main-d'oeuvre.»
M. Bourbeau: Ce paragraphe...
Mme Harel: À quelle initiative privée est-ce que
cela fait référence?
M. Bourbeau: ...souligne que la Société devra
accorder une attention particulière au développement des
initiatives privées dans le domaine de la main-d'oeuvre, soit en
suscitant, soit en participant à de telles initiatives.
Mme Harel: Ça voudra dire quoi, ça, à part
de dire que le cheval blanc de Napoléon est blanc?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, on veut avoir un
peu plus d'explications.
M. Bourbeau: M. le Président, la politique de
développement de la main-d'oeuvre vise à faire en sorte
d'inculquer aux entreprises une culture de la formation. Quand on parle des
entreprises, c'est les entreprises privées, bien sûr. Alors, tout
ce que ce paragraphe veut dire, c'est de mettre en oeuvre cette volonté
du
gouvernement d'inculquer, dans les entreprises privées, bien
sûr, la culture de la formation par des initiatives très
variées, et le paragraphe ne fait que refléter ce choix.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mais, M. le Président, il y a un
problème à confondre le réfrigérateur avec la
marque Frigidaire. Ça a été, d'ailleurs, dans le langage
courant, à un moment donné, l'idée qu'un frigidaire
était un réfrigérateur, et ça vaut pour ce que le
ministre vient de nous dire, de confondre l'entreprise privée avec les
initiatives privées.
M. Bourbeau: ...le Forum pour l'emploi. Le ministère que
je dirige a contribué d'une façon massive à la mise sur
pied du Forum pour l'emploi, ce qui ne se sait peut-être pas trop et qui
ne s'est peut-être pas trop dit. Mais on peut chiffrer la subvention du
ministère dans les six chiffres pour la mise sur pied du Forum pour
l'emploi. Voilà une initiative privée que le gouvernement a
appuyée et que la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre pourrait appuyer, ou d'autres
initiatives semblables, éventuellement.
Mme Harel: Êtes-vous gêné de le dire? Pourquoi
vous ne le dites pas...
M. Bourbeau: Non, non, c'est que...
Mme Harel: ...à propos du Forum pour l'emploi?
M. Bourbeau: Au contraire, je n'arrête pas de dire que nous
avons participé d'une façon importante à la tenue du Forum
pour l'emploi. Mais, comme nous n'étions pas partie, comme gouvernement,
au Forum pour l'emploi, certaines personnes ont pensé que c'était
une initiative exclusive du secteur privé, que le gouvernement en avait
été complètement écarté et que le
gouvernement s'était désintéressé, même, du
Forum pour l'emploi. Or, je peux vous assurer que nous avons participé
d'une façon très, très importante au Forum pour l'emploi.
D'ailleurs, le président du Mouvement Desjardins nous en a rendu hommage
à quelques occasions, mais ça ne semble pas être connu de
bien des gens.
Mme Harel: Est-ce que c'est un ordre de grandeur aussi important
que la paie de séparation de M.Tessier...
M. Bourbeau: Ça se ressemble un peu. C'est du même
ordre de grandeur.
Mme Harel: C'est quoi? C'est sur quatre ans, finalement?
M. Bourbeau: Non, c'est...
Mme Harel: C'est des fonds publics, vous pouvez en parler.
M. Bourbeau: Non, mais, écoutez, le montant exact qu'on a
investi là-dedans... Lorsque le Forum a eu lieu, il y a deux ans, c'est
là qu'a eu lieu le gros... Je crois qu'on a investi 200 000 $ ou quelque
chose comme ça, mais la somme était importante.
Mme Harel: Bon, on vous en félicite, M. le
Président, de ce côté-ci. On ne vous en tiendra pas
rigueur, au contraire, on va s'en réjouir. Mais j'ai l'impression que la
formulation qu'on retrouve au paragraphe 4° n'est pas adéquate en
regard de ce que vous voulez y faire, parce que...
M. Bourbeau: Si vous avez une meilleure formulation, on vous
écoute.
Mme Harel: Étant donné que le mot
«privé» réfère, dans le dictionnaire, à
ce qui n'est pas public... Alors, on dit ceci: Où le public n'a pas
accès, n'est pas admis, à laquelle n'assistent que les intimes.
Qui se tient, se déroule à part. Individuel, particulier, ou,
encore, personnel. Qui n'a aucune part aux affaires publiques. Je ne pense pas
que ce soit là l'objectif que le ministre recherche. Bien au contraire,
ce dont le ministre nous parle, c'est d'initiatives. On pourrait mettre tout
simplement «les initiatives»; initiatives dans le domaine de la
main-d'oeuvre. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas des initiatives, par
exemple, du secteur communautaire ou coopératif ou même parapublic
ou municipal? Parce qu'il y a une main-d'oeuvre quand même importante au
Québec dans le secteur public lui-même, d'ailleurs, et je pense
que c'est un des bénéfices nets de la commission parlementaire
que nous avons tenue, en février dernier, d'avoir amené le
ministre - il faut le reconnaître - à introduire pour la
première fois, à ma connaissance, une politique de formation pour
les employés du ministère, après s'être fait repro
cher, par la présidente de la CEQ, l'inexistence d'une telle politique.
Mais il faut reconnaître que le ministre a rapidement, dans les
crédits de son ministère, donné suite à cette
politique de formation. Comment imaginer que la formation, ça doit se
faire pour les autres, mais pas pour soi? D'ailleurs, le problème de
l'entreprise, l'entreprise pense toujours que, finalement, ça ne la
concerne pas comme telle.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a un bon point. Je reconnais que
le mot «privées»...
Mme Harel: Enfin!
M. Bourbeau: ...tend à limiter les initiatives, et nous
recherchons avec frénésie...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...présentement, une alternative à ce
qui est écrit au paragraphe 4°. Probablement que «promouvoir
le développement d'initiatives diverses ou d'initiatives dans le domaine
de la main-d'oeuvre» rendrait plus le...
Mme Harel: «Diverses», c'est un beau qualificatif,
ouvert...
M. Bourbeau: Oui?
Mme Harel: ...sur le monde.
M. Bourbeau: Alors, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve veut proposer un amendement «d'initiatives
diverses», à moins qu'elle veuille qu'on le fasse pour elle pour
économiser du temps.
Mme Harel: Nous connaissons maintenant la technique
législative qui consiste à amender le paragraphe 4° de
l'article 18 en le remplaçant par le suivant...
M. Bourbeau: C'est préférable, quoi?
Mme Harel: ...«promouvoir le développement des
initiatives diverses dans le domaine de la main-d'oeuvre.»
M. Bourbeau: Si on modifie le paragraphe 4° pour remplacer
les mots «des initiatives privées» par les mots
«d'initiatives diverses», ça ne serait pas la même
chose? Pardon? Je m'excuse, je ne comprends pas le braille.
Le Président (M. Joly): Lorsqu'on a une bonne
équipe derrière soi, ça va bien.
M. Bourbeau: Peut-être que, si la députée n'a
pas d'objection, on pourrait demander...
Mme Harel: Oui, oui, oui.
M. Bourbeau: ...aux experts légistes de le
préparer, et on pourrait passer au paragraphe 5°, entre-temps.
Le Président (M. Joly): «faire la promotion de ses
programmes»
Mme Harel: Ça, ça a plein de bon sens.
M. Bourbeau: Est-ce que, par hasard, la députée de
Maisonneuve va nous faire...
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il n'y a rien à
dire sur ça?
M. Bourbeau: ...le plaisir d'adopter un des paragraphes?
Le Président (M. Joly): Paragraphe 5°,
adopté.
M. Bourbeau: Non, on...
Le Président (M. Joly): Ah! vous voulez aller plus loin.
Bon. Paragraphe 6°: «effectuer des recherches, études ou
enquêtes.»
M. Bourbeau: Ce paragraphe souligne que la Société
sera appelée à réaliser des recherches, des études
ou des enquêtes afin de développer l'expertise nécessaire
à son champ d'intervention ainsi que les instruments d'évaluation
de ses activités.
Mme Harel: Ça veut donc dire que la Société
va se doter de services de recherche distincts de ceux du ministère? (17
h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, nous n'avons pas
l'intention, pour l'instant, de transférer à la
Société les services de recherche du ministère en
matière de main-d'oeuvre. Maintenant, ça ne veut pas dire que la
Société ne pourrait pas avoir, à l'occasion, quelqu'un qui
pourrait faire, peut-être pas des recherches fondamentales ou très
importantes, mais peut-être des recherches plus pointues. Maintenant, on
verra, à l'usage, si on maintiendra cette politique à long terme.
Il y a toujours deux points de vue qui s'opposent; quand on envisage la
possibilité de garder dans un ministère des services de
recherche, il y a ceux qui prétendent qu'un service de recherche qui est
coupé de la réalité quotidienne devient rapidement
stérile et qu'il y a un grand intérêt à rapprocher
les services de recherche du terrain. On verra, après un certain temps,
M. le Président, s'il y a toujours lieu de maintenir le service de
recherche à l'extérieur de la Société. Mais, dans
un premier temps, notre intention est de ne pas le faire.
Mme Harel: Combien y a-t-il d'employés du ministère
qui travaillent, actuellement, dans l'ensemble des services de recherche et des
services de publication?
M. Bourbeau: M. le Président, on me dit qu'il y a environ
une quarantaine de personnes affectées à ces fonctions, dont une
quinzaine d'économistes régionaux. Vous savez qu'on est le seul
ministère qui a des économistes en région, qui, eux, vont
être transférés à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre parce
qu'ils font des études, sur le terrain, des besoins en main-d'oeuvre et
aident à établir ces besoins-là. Ceux qui demeureront au
ministère sont au nombre d'environ 20, 25. Ceux-là vont se
consacrer à des études plus générales, plus
fondamentales. Donc, on parie d'à peu près 20 à 25
personnes.
Mme Harel: La publication Le marché du travail va
t-elle continuer à être publiée?
M. Bourbeau: On me dit que c'est la Société qui,
vraisemblablement, publierait ces données-là parce que c'est
vraiment puisé à même les renseignements qui sont
glanés par les économistes régionaux. C'est plutôt
l'oeuvre de économistes régionaux.
Mme Harel: Alors, je comprends qu'il y a tout un chambardement au
niveau des services de recherche du ministère.
M. Bourbeau: Comme vous voyez, on est très sérieux
quand on parle de Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Il n'y a rien d'improvisé
là-dedans. Tout est...
Mme Harel: Ça m'inquiète, parce que ces services de
recherche, vous le savez aussi, le ministre le sait, étaient assez
exceptionnels. Ça m'a toujours surprise, la qualité des
productions réalisées par le ministère de la Main-d'oeuvre
et de la Sécurité du revenu. Si on les compare avec d'autres
ministères de taille encore plus importante, je pense au
ministère de l'Éducation lui-même et au ministère de
la Santé et des Services sociaux...
M. Bourbeau: II y a beaucoup à apprendre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, M. le
Président, c'est sûr.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Sans
prétention.
Mme Harel: Ça m'inquiète de démembrer une
équipe comme celle-là. Est-ce qu'elle était
coordonnée au niveau d'une seule direction?
M. Bourbeau: Oui, mais on ne la démantèle pas
vraiment puisqu'on conserve au ministère l'essentiel de l'équipe
de recherche. Il y a les économistes régionaux qui vont passer au
service de la Société. Ils sont plutôt...
Mme Harel: Les économistes régionaux, ils
étaient situés à Québec?
M. Bourbeau: ...sur le terrain, dans chaque région. Eux,
ils sont vraiment dans chacune des régions du Québec, le
réseau des économistes régionaux qui travaillent avec les
CFP pour établir les pénuries de main-d'oeuvre, les satisti-ques,
etc. Mais l'équipe de recherche de tête, pour l'instant et pour un
avenir prévisible, va demeurer au ministère.
Mme Harel: Simplement, j'aimerais me faire l'écho des
recommandations que le Conseii consultatif de l'immigration a fait devant la
commission en souhaitant qu'il y ait des études, des recherches
effectuées sur l'alphabétisation, la francisation en milieu de
travail à l'intention des travailleurs allophones, anglophones et, en
particulier, à l'intention de la main-d'oeuvre féminine de ces
communautés. Alors, est-ce que, lorsqu'on a adopté tantôt,
par exemple, le paragraphe 2°, il pourrait y avoir fort bien d'autres
comités mis en place par la Société, notamment sur la
question de l'intégration de la main-d'oeuvre immigrante, par
exemple?
M. Bourbeau: II n'y a rien qui empêche que ce soit
ainsi.
Mme Harel: Simplement l'intérêt ou le
désintérêt des membres qui siègent au niveau de la
Société. Ça aurait été plus simple,
évidemment, si le ministre avait accepté notre amendement et si,
sur les trois sièges des sociaux, un d'entre eux avait été
occupé par un représentant des communautés
culturelles.
M. Bourbeau: Mais il n'y a rien qui dit... Mme Harel: II
s'en est privé.
M. Bourbeau: ...M. le Président, qu'il n'y aura pas un
représentant des communautés culturelles. Au contraire, moi, je
serais très favorable à ce qu'on en ait un qui pourra
siéger...
Mme Harel: À quel titre?
M. Bourbeau: Soit à titre de représentant des
employeurs, soit à titre de membre de la délégation
gouvernementale ou soit, peut-être, dans la délégation des
travailleurs. Toutes les possibilités sont ouvertes.
Mme Harel: Oui, mais, M. le ministre, pour quelle raison les
employeurs que vous connaissez être le Conseil du patronat - je ne pense
pas que Ghislain Dufour soit prêt à donner sa place, n'est-ce pas?
- ensuite M. Le Hir, non plus, n'est-ce pas? et je ne crois pas que M.
Béland le soit non plus. Alors, je ne vois pas pourquoi il en serait
autrement pour M. Larose ou M. Daoust, n'en déplaise à quiconque,
Mme Pagé et tous les autres. Alors, évidemment, on va se
retrouver dans la même situation où on s'est retrouvé au
moment de la commission Bélanger-Campeau, c'est-à-dire avec une
sous-représentation dans les postes de décision de certains
groupes de notre société, y compris les femmes, les membres des
communautés culturelles...
M. Sourbeau: Oui, mais ces groupes-là, M. le
Président, sont présents, presque en exclusi-
vite, dans la région de Montréal. On en voit très
peu, dans les régions du Québec, des entrepreneurs ou des gens
qui proviennent des groupes ethniques. Dans ce sens-là, probablement
qu'ils pourront jouer un rôle très important au sein de la
société régionale de Montréal de
développement de la main-d'oeuvre. Et là il y aura lieu d'avoir
une représentation importante parce que...
Mme Harel: Ma collègue des Chutes-de-la-Chaudière
m'invite à vous répliquer que, dans le cas des femmes, il y en a
partout.
M. Bourbeau: oui, oui. et, d'ailleurs, j'ai bien l'intention de
faire en sorte qu'il y en ait un bon nombre à la société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre aussi.
Mme Harel: Mais comment vous prend rez-vous pour ça? Vous
vous êtes enlevé les moyens pour consacrer un siège pour
les groupes de femmes.
M. Bourbeau: Bien, écoutez, même si une personne n'a
pas sur ses épaules le titre de représentante officielle
nommée par les femmes du Québec, il reste quand même que
l'article 5 dit - si je me souviens bien - «Le gouvernement
nomme...». Alors, le gouvernement peut nommer des femmes. Il n'y a rien
qui l'empêche, et c'est des choses qu'on voit.
Mme Harel: Encore le fera-t-il à titre de mandataire, soit
d'une association de salariés, soit d'une association d'emloyeurs.
M. Bourbeau: Oui, oui, mais ce sont des femmes quand
même...
Mme Harel: Et, à ce titre-là...
M. Bourbeau: ...avec deux jambes, deux bras et...
Mme Harel: Oui. Mais, à ce titre-là, je serai fort
surprise que le ministre s'éloigne de la nomination des
présidents de ces organismes.
M. Bourbeau: Bien, écoutez, il y a des
sociétés commerciales qui ont, à leur tête, des
femmes parfaitement qualifiées pour représenter la main-d'oeuvre
québécoise, de l'angle patronal. Il y a des femmes qui oeuvrent
dans le domaine syndical aussi. On en avait ici, mais là je pense que
l'heure est passée et elles sont parties. Les représentants du
milieu syndical. On peut nommer plein de femmes. Il n'y a rien qui
empêche qu'on le fasse.
Mme Harel: Rien ne vous empêche, sauf, M. le ministre...
(17 h 40)
M. Bourbeau: On a bien l'intention de le faire.
Mme Harel: ...votre article 5 lui-même. M. Bourbeau:
Non, pas du tout.
Mme Harel: M. le Président, l'article 5, que le ministre a
fait adopter, l'oblige à s'en tenir à des nominations dans le
cadre d'associations de salariés ou d'associations d'employeurs. Et je
dois lui rappeler qu'à part la présidente de la CEQ je ne sache
pas qu'aucune centrale ait une femme à sa tête et qu'il n'y a
aucune association d'employeurs, coopérative, comme entreprise
privée, qui a un dirigeant femme à sa tête.
M. Bourbeau: Non, non, j'ai vérifié ça et on
m'a assuré qu'il y a un bon nombre de femmes parfaitement
qualifiées qui dirigent des entreprises commerciales importantes. Il y a
des femmes qui, aussi, sont très actives et au plus haut niveau dans les
centrales syndicales. La CEQ est un exemple et il y en a d'autres. Ce ne sont
pas nécessairement les présidents. L'article 5 dit que le
gouvernement nomme des membres. La députée avait un dictionnaire
tantôt. Est-ce que le mot «membre» s'applique uniquement
à des hommes ou si ça s'applique à des femmes aussi, M. le
Président? Est-ce qu'un membre, ça peut être une femme?
Mme Harel: Est-ce que ça signifie, à ce
moment-là, que le ministre aurait l'intention de prendre ses distances
par rapport aux recommandations qui pourraient lui venir des centrales
syndicales? Par exemple, il pourrait ne pas nommer un ou l'autre des
présidents de ces centrales.
M. Bourbeau: J'ai mal saisi la dernière partie de la
question. Je m'excuse, il y avait des bruits autour de moi, Mme la
députée.
Mme Harel: m. le président, on va juger l'arbre à
ses fruits, n'est-ce pas? et lorsque le ministre procédera à ces
nominations, malheureusement, il sera trop tard. mais, s'il ne prend pas
maintenant les moyens de se mettre en situation - parce que c'est le
gouvernement qui nomme, ce n'est pas le ministre...
M. Bourbeau: J'ai bien dit «le gouvernement»
tantôt.
Mme Harel: Alors, le gouvernement, M. le Président, va
certainement être l'objet de fortes pressions pour procéder
à des nominations des dirigeants de ces associations
représentatives. Je vois difficilement l'une ou l'autre des centrales
actuellement présidée par un homme qui souhaiterait être
membre de la Société et qui en serait écarté au
profit d'un choix que le ministre ferait
de quelqu'un d'autre au sein de sa centrale. J'imagine les tensions que
ça pourrait créer, M. le Président. Et il pourrait arriver
simplement que cette femme choisie par le ministre refuse tout simplement sa
nomination pour ne pas être en conflit avec le président de sa
centrale. Ça ne serait pas impensable que ça se produise. D'autre
part, je ne vois pas, vraiment, comment, par altruisme, M. Dufour laisserait sa
place, comme dirigeant du Conseil du patronat, ou M. Le Hir, comme porte-parole
de l'AMQ, ou M. Béland, comme porte-parole du Mouvement Desjardins, ou
M. Mercier, de la Chambre de commerce du Québec. C'est peu probable, M.
le Président.
Alors, dans le fond, vraisemblablement, le scénario le plus
plausible est le suivant: Si le ministre - et ça, c'est un
«si» conditionnel - choisit de nommer des représentants de
cinq des centrales que l'on connaît à la Société,
c'est-à-dire la CSN, la CEQ, la FTQ, la CSD et l'UPA, et c'est
uniquement à cette condition qu'il nomme la CEQ, et je ne pense pas que
la décision soit prise encore... Mais, quoi qu'il en soit, si le
ministre décidait d'avantager une centrale et, donc, de n'en nommer que
quatre pour siéger au sein de la Société, donnant deux
sièges à l'une et abdiquant l'idée de toutes les
représenter au sein de la Société et, si c'était la
CEQ, il faudrait voir...
M. Bourbeau: Ça pourrait être deux sièges
à l'UPA.
Mme Harel: II faudrait voir, à ce moment-là, que le
seul siège de femme pourrait vraisemblablement être celui
occupé par le sixième des sièges du marché du
travail.
Le Président (M. Joly): Alors, compte tenu du fait que
nous sommes appelés à voter, la commission va suspendre ses
travaux jusqu'à 20 heures, dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Nous étions toujours à l'article 18, paragraphe 6°,
où déjà Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous avait expliqué tout ce qu'elle ressentait
vis-à-vis de cet article.
Mme Harel: M. le Président... Le Président (M.
Joly): Oui, madame. Mme Harel: ...concernant le paragraphe 6°...
Le Président (M. Joly): Oui.
Mme Harel: ...doit-on comprendre que, parallèlement, et la
Société et le ministère pourront effectuer des recherches,
des études et des enquêtes?
M. Bourbeau: C'est que, dans un premier temps, le groupe qui fait
des recherches à long terme, des recherches plus fondamentales, va se
loger au ministère. Il est fort possible qu'avec le temps la
Société développe son propre service de recherche et que
là on ne conserve au ministère, éventuellement, qu'une
très petite équipe dont l'objectif serait de conseiller le
ministre sur l'interprétation à donner aux recommandations que
pourrait faire la Société, aux résultats des recherches
que pourrait faire la Société, dans une phase 2, si vous voulez.
Mais, au début, on entend conserver au ministère les effectifs de
recherche.
Mme Harel: II y a une partie de ces recherches qui sont
effectuées sur la sécurité du revenu.
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: Une partie des recherches...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...sont sur la sécurité du revenu et pas
seulement sur la main-d'oeuvre. Quelle est la répartition des
tâches dans les équipes?
(Consultation)
M. Bourbeau: On m'indique, M. le Président, qu'il y a
environ trois quarts des effectifs qui sont affectés à la
sécurité du revenu et à peu près un quart à
la main-d'oeuvre, auxquels il faut ajouter, bien sûr, le réseau
des économistes régionaux, qui... Il y en a une quinzaine.
Mme Harel: Donc, les trois quarts des effectifs resteraient
à la sécurité du revenu. C'est ce qu'il faut
comprendre?
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'il y a une quarantaine de
personnes en tout: une quinzaine dans le champ qui sont des économistes
régionaux, à peu près 25 qui sont au central, au
ministère. De ces 25, il y en a les trois quarts qui sont
affectés plutôt à la sécurité du revenu,
et... Disons qu'il y en a 6 ou 7 à la main-d'oeuvre et 17, 18 à
la sécurité du revenu. Évidemment, là, ça
peut varier d'une année à l'autre selon l'importance que prennent
les dossiers. Présentement, il y a une tendance à faire plus de
travail un peu en main-d'oeuvre. Il a été un temps où on
donnait plutôt dans la sécurité du revenu. Ça varie
selon les tâches qui sont confiées au service de la recherche.
Mme Harel: D'accord. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Alors, nous passons au paragraphe
7°.
M. Bourbeau: M. le Président, ce paragraphe met l'accent
sur le rôle d'aviseur que la Société pourra jouer
auprès du ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle en lui formulant des avis et des
recommandations sur les politiques en matière de main-d'oeuvre ainsi que
sur les moyens de les mettre en oeuvre.
Mme Harel: C'est quand même surprenant qu'on retrouve une
disposition comme celle-ci, puisque le ministre lui-même pourra
siéger. Est-ce qu'il entend siéger ou désigner des
personnes de son ministère qui vont siéger à la
Société?
M. Bourbeau: Non, je n'ai pas l'intention de siéger
moi-même à la Société, mais je vais certainement
désigner une personne qui siégerait à la
délégation gouvernementale, vraisemblablement un sous-ministre,
un sous-ministre adjoint ou quelque chose comme ça. (20 h 20)
Mme Harel: Habituellement, dans l'ensemble des
législations qui constituent des offices, des sociétés ou
des régies - je pense, en particulier, à l'institut
récemment adopté de réforme du droit qui nous a permis de
faire un examen des législations créant, par exemple, l'Institut
de recherche sur la culture, le Conseil du statut de la femme - il est toujours
prévu que les avis qui sont transmis au ministre le sont dans un
délai durant lequel ils ne peuvent pas être rendus publics, et ils
sont, par la suite, rendus publics. Est-ce qu'il faut comprendre qu'en
l'occurrence, là, ce que transmet la Société est
automatiquement rendu public?
M. Bourbeau: Je ne pense pas qu'on puisse conclure ça
aussi rapidement, là. La différence entre ce que vient de
signaler la députée et la Société, c'est que les
organismes dont elle vient de parler ont pour fonction principale d'aviser le
ministre. Ce sont des comités consultatifs formés dans ce
but-là. La Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre a plusieurs autres fonctions. Sa
fonction-conseil est une fonction parmi d'autres. Ses avis n'auront pas le
caractère de formalité des avis du Conseil supérieur de
l'éducation ou des organismes comme ça. Ça peut être
des avis verbaux aussi. Ça peut être de toutes sortes de
façons, et la confidentialité de ces avis-là sera sujette
à la loi sur l'accès à l'information. Les règles de
la loi sur l'accès à l'information s'appliqueront.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Est-ce que vous allez colliger les données
et est-ce que l'ensemble des données pourrait être accessible aux
différents intéressés, que ce soit dans le domaine
patronal, que ce soit les organismes communautaires ou, en tout cas, les
professionnels qui auront à faire de la formation, etc., comme une
banque de données, un centre de données de consultation? Est-ce
que ça pourrait être aussi une possibilité?
M. Bourbeau: Oui. Nous avons un réseau
d'économistes régionaux qui est très bien famé et
les publications du ministère sont reconnues comme étant assez
bien cotées, et elles seront disponibles au même titre à la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Mme Vermette: Est-ce que c'est cette Société qui va
avoir maintenant ce mandat de maintenir cette banque de données à
jour?
M. Bourbeau: Oui, oui. Absolument.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, sur 7°.
Mme Harel: Pourquoi, M. le Président, ne pas avoir
indiqué au paragraphe 7° que la Société était
mandatée pour conseiller le ministre sur les politiques relatives
à la main-d'oeuvre et à l'emploi, puisque la
Société définit des besoins de développement de
main-d'oeuvre et de l'emploi?
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
de Hochelaga-Maisonneuve voulait en faire un amendement, je n'aurais pas
objection. Ça s'inscrit dans la même philosophie que ce dont on a
discuté précédemment. Je n'ai pas d'objection à ce
qu'elle conseille le ministre sur des politiques d'emploi. On a
déjà introduit cette notion-là à quelques reprises
dans les articles 16 et 18, sur le marché du travail et de l'emploi.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a l'intention de maintenir
active la Conférence permanente sur l'adaptation de la
main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Quel rôle entend-il lui attribuer?
M. Bourbeau: Le rôle de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre est de
conseiller le ministre sur les grandes orientations. Ce n'est pas circonscrit
uniquement à ce champ d'activité là. C'est dans le champ
de la main-d'oeuvre pris dans son acceptation la plus large. Ça peut
être les mormes du travail. C'a été les régimes
complémentaires de retraite. Ça pourrait porter sur tous les
sujets qui couvrent le mandat du ministère de la Main-d'oeuvre qui
est beaucoup plus large que la simple Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Si la
députée voulait, on pourrait, à ce moment-ci, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 4°?
M. Bourbeau: Le paragraphe 4°, oui. J'aimerais déposer
la proposition que la députée de Maisonneuve nous a faite.
Le Président (M. Joly): C'est déjà fait, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Ah! Vous l'avez déjà? Le
Président (M. Joly): Oui. M. Bourbeau: Bon. Alors...
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a des changements
sur ce qui avait été dit? Non?
M. Bourbeau: non, non. c'est la même chose. remplacer dans
le paragraphe 4° les mots «initiatives privées» par les
mots «initiatives diverses».
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, dans l'esprit du ministre,
est-ce que «initiatives diverses», ça peut à la fois
couvrir des stages, régimes d'apprentissage? Est-ce que ce sont
là des initiatives auxquelles il réfère?
M. Bourbeau: C'est, à mon avis, beaucoup plus large que
les initiatives privées. Ça comprend à peu près
tout ce qui peut surgir dans la tête d'un individu relativement au
développement dans le domaine de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que vous souhaitez
qu'on examine tout de suite l'amendement apporté au paragraphe
4°?
Le Président (M. Joly): Au paragraphe 4°, oui, avant
de disposer...
Mme Harel: On reviendra au paragraphe 6°. J'ai encore une
question sur le paragraphe 6°.
Le Président (M. Joly): Parfait, je n'ai pas d'objection.
Après ça, on pourrait disposer de l'article 18.
Mme Harel: Le paragraphe 4°?
Le Président (M. Joly): 4°, oui. M. le ministre a
manifesté...
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Vous êtes d'accord? Mme
Harel: Adopté...
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement...
Mme Harel: ...sur l'amendement au paragraphe 4°.
Le Président (M. Joly): Oui, oui. L'amendement à
l'article 18, au paragraphe 4°, adopté. Maintenant, vous voulez
revenir à 6°, Mme la députée?
Mme Harel: 7°.
M. Bourbeau: Le paragraphe 6°.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 6°, oui,
excusez.
M. Bourbeau: 7°.
Mme Harel: 7°.
Le Président (M. Joly): Paragraphe 7°.
M. Bourbeau: Là, on avait parlé de la
possibilité d'ajouter les mots «conseiller le ministre sur les
politiques relatives à la main-d'oeuvre et à l'emploi». Je
pense qu'on prépare un papillon.
Mme Harel: Je reviens à la question que je posais au
ministre concernant la Conférence permanente sur l'adaptation de la
main-d'oeuvre. Le ministre a répondu à la question que, oui, la
Conférence allait continuer à le conseiller, mais sur tous les
aspects très élargis, autant les lois du travail et autres
dispositions.
M. Bourbeau: Les lois du travail, non, parce que ça ne
dépend pas de moi.
Mme Harel: Non, c'est vrai. Les normes, en fait.
M. Bourbeau: Les normes du travail, oui. Mme Harel: Les
normes du travail.
M. Bourbeau: II faut bien réaliser que le ministre ne
siégera pas à la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre, qu'il y a beaucoup d'acteurs
autres, que le nombre d'acteurs est beaucoup plus grand et, fort possiblement,
les membres de la Conférence voudront de temps à autre s'asseoir
avec le ministre pour faire valoir leur point de vue, même sur les
politiques du marché du travail. Je pense que c'est un foaim qui est
bien intéressant et qui permet de rapprocher les positions parfois.
Je
crois qu'il vaudrait la peine de conserver ce forum-là, et on
verra à l'usage si on a raison de le conserver ou non. Il y a toujours
une possibilité de ne pas le faire si jamais ça devient inutile.
On verra.
Mme Harel: M. le Président, le ministre a certainement
pris connaissance de la recommandation du Conseil supérieur de
l'éducation à l'effet de transformer la Conférence
permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre en un lieu de concertation
nationale permettant le face à face de l'éducation et du
marché du travail. J'avais copie de la réponse que le ministre a
transmise au Conseil supérieur de l'éducation. Je ne la retrouve
pas là, mais... Le ministre peut-il me rappeler...
M. Bourbeau: Pendant qu'on cherche la lettre, peut-être
qu'on pourrait présenter, M. le Président, la proposition
d'ajouter dans la troisième ligne du paragraphe 7°, après le
mot «main-d'oeuvre», les mots «et à
l'emploi».
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Harel: J'ai retrouvé la lettre, M. le
Président. C'est une lettre fort intéressante que le ministre a
signée...
M. Bourbeau: Toutes les lettres... Mme Harel: ...en date
du 16 avril dernier.
M. Bourbeau: Je n'écris pas pour ne rien dire.
Mme Harel: Moi, je n'ai pas d'enveloppe brune, vous savez,
pour... Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Non, mais vous avez une facilité incroyable
pour vous procurer tous les documents qui sortent du ministère.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça vous manque?
Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ah non, pas du tout, M. le Président. Pas du
tout.
M. Bourbeau: Vous devez avoir un réseau très
étendu de contacts dans l'appareil gouvernemental.
Des voix: Ha, ha, ha!
(20 h 30)
M. Bourbeau: Mais comme on a une administration transparente, M.
le Président, ça ne nous dérange pas plus qu'il ne
faut.
Mme Harel: Heureusement.
M. Bourbeau: Bon. Alors, est-ce que la députée
pourrait me faire une copie de ma lettre?
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je ne crois pas, par ailleurs...
M. Bourbeau: C'est une lettre qui traitait de l'ensemble...
Mme Harel: Oui. Je ne crois pas que la lettre contienne une
réaction ministérielle à la proposition du Conseil sur
cette question de la transformation de la Conférence permanente sur
l'adaptation de la main-d'oeuvre en un lieu de concertation nationale où
se retrouveraient l'éducation et le marché du travail et la
main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: On dit: Au plan des mécanismes de
coordination, le Conseil propose que la Conférence permanente sur
l'adaptation de la main-d'oeuvre...
Mme Harel: Ah, c'est ça.
M. Bourbeau: ...dont la composition et le nom seraient
modifiés, devienne un lieu de coordination nationale, que son mandat
inclue la problématique de la formation initiale des jeunes. Il s'agit
d'une idée intéressante, bien qu'elle apparaisse a priori lourde
de conséquences. Nous allons y réfléchir au cours des
prochaines semaines, et nous en discuterons certainement avec nos
collègues de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et
de la Science, avec qui, d'ailleurs, M. le Président, nous discutons
continuellement d'une foule de sujets.
Mme Harel: C'est donc dire qu'il n'y a pas de scénario en
voie d'élaboration, actuellement, pour identifier un lieu de
coordination nationale. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Disons que, pour l'instant, la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, c'est un
pas en avant, là, pour faire en sorte de rapprocher les milieux de
l'éducation et de la main-d'oeuvre. Il y aura un certain nombre de
représentants du monde de l'éducation qui vont siéger sur
le conseil de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. Nous n'avons pas présentement
en vue la formation d'un organisme ou d'une table qui effectue cette
concertation-là, parce qu'il y a présentement un comité
interministériel qui travaille sur cette concertation-là, qui
travaille depuis quelques mois, là, qui tente de rapprocher les
positions des ministères, de clarifier les positions
des ministères. Vous savez que l'imbroglio remonte à la
politique de 1984. Bon. Nous avons fait des progrès sur plusieurs
dossiers. On a identifié plusieurs éléments qui
méritent d'être clarifiés, et nous avons progressé
sur plusieurs dossiers. Le ministre de l'Éducation a annoncé
récemment qu'il était pour faire en sorte de diminuer les
prérequis académiques, ou les préalables
académiques pour la formation professionnelle, de façon à
n'exiger dorénavant que des préalables fonctionnels. C'est un
résultat direct des travaux de ce comité-là.
Mme Harel: Est-ce que la décision est vraiment prise?
M. Bourbeau: Oui. Le ministre de l'Éducation l'a
annoncée.
Mme Harel: Tant pour la clientèle adulte que jeune en
formation professionnelle?
M. Bourbeau: Ça s'applique à la clientèle
des adultes. Quant aux jeunes...
Mme Harel: Ça s'applique à la clientèle des
adultes en formation sur mesure. Est-ce que ça s'applique aussi à
la clientèle régulière?
M. Bourbeau: Oui, oui, toute la clientèle adulte, toute la
clientèle adulte. Pour ce qui est des jeunes, c'est la réforme de
l'enseignement professionnel qui s'applique toujours. Il y a des discussions
qui se poursuivent là-dessus aussi, là. Il y a d'autres sujets
qui ont été... Le régime d'apprentissage est un sujet,
aussi, de discussion entre les deux ministères. Mais tout ça
progresse, M. le Président.
Mme Harel: J'ai rencontré, d'ailleurs, ce soir, des
porte-parole de la construction, qui me faisaient part des problèmes qui
se présentent actuellement, compte tenu que le Conseil de la
construction du Québec a décidé, depuis le 1er juin
dernier, de mettre fin à toutes ses activités de formation
professionnelle, son mandat public.
M. Bourbeau: Mais, ça, ça ne tombe pas sous le
régime d'apprentissage dont il est question ici. Ils ont leur propre
régime d'apprentissage qui, d'ailleurs, diffère sensiblement du
régime d'apprentissage que nous avons en tête avec... Le
régime d'apprentissage, dans la construction, c'est un régime
d'apprentissage tout à fait spécial, qui a ses
caractéristiques propres.
Mme Harel: On me faisait valoir qu'il y a une proposition de
transfert du régime d'apprentissage du ministère de la
Main-d'oeuvre à la Commission de la construction du Québec, mais
que tout cela est comme paralysé tant que le contentieux des
années antérieures, 1987 à 19S2, n'est pas
réglé.
M. Bcurbeau: Mais ça, c'est pour la qualification
professionnelle.
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: Là, ils sont gourmands un peu. Ils sont assez
gourmands. Le ministère a fait une offre...
Mme Harel: 2 500 000 $, m'a-t-on dit.
M. Bourbeau: Oui, mais c'est quand même, c'est moins que
rien. Il faut bien réaliser que le ministère...
Mme Harel: C'est pour l'avenir, ce n'est pas pour le
passé.
M. Bourbeau: ...doit garder ses structures. Le problème
qui se pose, c'est que, si on pouvait se départir, chez nous, de tous
les effectifs que nous avons dans la qualification professionnelle, on pourrait
dégager des fonds, peut-être plus importants, mais nous devons
conserver nos structures pour la qualification professionnelle, pour les
métiers hors construction, de sorte que c'est difficile pour le
ministère de dégager des fonds plus importants. C'est
déjà beau, les fonds qu'on a dégagés, 2 500 000 $.
Par les temps qui courent, ça ne court pas les rues. La Commission de la
construction du Québec pourra ajouter à cette somme que nous lui
avons proposée des frais d'inscription, des frais, etc., qui lui
permettront de générer, quand même, un revenu qui, selon
nous, lui permettrait d'accomplir son mandat.
Mme Harel: Mais eux me faisaient valoir que tout était
paralysé complètement, présentement. Les cours offerts
dans les commissions scolaires sont paralysés. En fait, je ne pense pas
que les commissions scolaires ont repris l'offre des cours en attendant la
décision du ministère de l'Éducation de leur permettre ou
pas de charger les frais de scolarité. D'autre part, la CCQ, depuis le
1er juin, a cessé tout mandat gouvernemental de formation
professionnelle. La construction n'est pas couverte par le projet de loi 408,
en matière de formation professionnelle. C'est un régime
d'exception. Il faut se demander, d'ailleurs - c'est la question que je leur
posais et maintenant la question qu'ils se posent - si c'est une bonne chose de
maintenir un régime d'exception pour un secteur d'activité
industrielle.
Moi, M. le Président, et je pense qu'eux-mêmes sont rendus
à tirer la conclusion que, là, ils ont atteint comme le point de
non-retour en matière de régime particulier et qu'il leur
faudrait peut-être revenir à un régime
général, tant en matière de lois du travail qu'en
matière de formation professionnelle. (20 h 40)
M. Bourbeau: M. le Président, si les gens de la
construction veulent amorcer des discussions avec nous sur ces
sujets-là, on est bien d'accord, parce que le régime
d'apprentissage que nous avons en vue pour l'ensemble des secteurs du
Québec diffère sensiblement du régime d'apprentissage
qu'on voit dans la construction présentement qui, traditionnellement, a
servi autant pour contingenter la main-d'oeuvre que pour la former. Ce n'est
certainement pas ce régime-là qu'on veut introduire à la
grandeur du Québec.
Est-ce qu'on revient à nos moutons, M. le Président?
Mme Harel: M. le Président, on y est toujours, si vous me
permettez, parce que je posais toujours la question au paragraphe 7°,
où nous sommes, à l'article 18, sur la différence de
mission de la Conférence permanente sur l'adaptation de la
main-d'oeuvre, qui aura aussi à conseiller le ministre, et de la
Société qui aurait, en vertu du paragraphe 7° aussi, à
conseiller le ministre. Je veux savoir, essentiellement, en quoi ça va
se différencier, ces deux lieux de rencontre, finalement, M. le
Président. Donc, les mêmes personnes pourraient se retrouver
à la Société et une partie d'entre elles se retrouveraient
à la Conférence permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre.
C'est ça?
M. Bourbeau: Oui, mais disons qu'il y a toutes sortes de
façons de conseiller, M. le Président. Il y a des conseils qui
sont plus techniques, et il y a des conseils qui sont plus politiques, dans le
sens le plus large du mot. La Conférence permanente sur l'adaptation de
la main-d'oeuvre n'est pas un endroit de techniciens. Les gens qui se
retrouvent là sont des dirigeants de mouvements où on peut
discuter en termes très généraux les grands
équilibres. La Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, étant fortement engagée
dans les milieux de travail, dans le milieu de la main-d'oeuvre, conseillera
probablement le ministre sur des sujets beaucoup plus pointus. Bon. Ça
pourra être des sujets, aussi, de politique générale, mais
on ira chercher l'expertise à la Société
québécoise, alors que la Conférence permanente permettra
de discuter, disons, à un autre niveau.
Mme Harel: Est-ce que ce seront des dirigeants?
M. Bourbeau: Disons que ce sera les grandes, grandes
orientations, la Conférence permanente; avec la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, ce sera
les orientations.
Mme Harel: Les dirigeants de mouvements se retrouveront-ils
à la Société, dans l'esprit du ministre?
M. Bourbeau: Ça, je ne le sais pas, M. le
Président. Je n'en ai pas encore discuté avec eux. Comme j'ai
l'intention de consulter les dirigeants, tant syndicaux que patronaux, je
verrai quelles sont leurs intentions. J'ai l'intention de leur demander de me
faire quelques propositions, enfin, de me donner leur point de vue. S'il
réapparaissait qu'il y a une volonté de faire en sorte que les
dirigeants eux-mêmes participent au conseil d'administration de la
Société, bien, possiblement que ça ne créerait pas
de problème. Au contraire, ça pourrait accorder un certain
prestiqe à la Société, si tant est que ces gens-là
ont le temps de participer. Il y aura probablement un comité
exécutif qui sera éventuellement formé, et là
ça demande encore plus de temps. Alors, tout ça reste à
décider. Comme j'ai un grand respect pour l'Assemblée nationale,
évidemment que je ne peux pas présumer de l'adoption de la loi.
Je n'ai pas voulu commencer ces consultations-là avant. Si j'avais
commencé de telles consultations avant l'adoption de la loi, j'aurais pu
être accusé de lèse-Parlement.
Mme Vermette: M. le Président, c'est...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: En fait, effectivement, je ne suis pas une experte
dans ce dossier-là, mais vu comme ça, de même, puis
à écouter le ministre, j'ai l'impression qu'il va y avoir
beaucoup de structures, là-dedans. Il parlait d'un comité qui
ferait de la stratégie, l'autre comité va faire de la
planification politique. C'est assez particulier, en tout cas, d'avoir autant
de structures à l'intérieur, où on essaie de minimiser, en
fait, les coûts et d'être le plus efficace possible. C'est surtout
au niveau de l'action pour la formation de la main-d'oeuvre qui est le plus
important, parce que dans le fond tout le monde va contribuer de plus en plus,
si j'ai compris, là-dedans. On veut responsabiliser un peu tout le
monde, là-dedans. Donc, à mon avis, quels sont les motifs ou
qu'est-ce qui a inspiré le ministre à mettre autant de
comités? Est-ce que ça va être plus efficace pour autant?
Est-ce que, finalement, les avis ou les orientations vont se prendre... et les
décisions, au niveau du gouvernement, vont se prendre plus rapidement
pour autant?
M. Bourbeau: Disons, M. le Président, que, pour
répondre à la question de la députée, il faut
connaître exactement ce qui se passe présentement. Dans le
système actuel, on a un ministère et on a 11 commissions de
formation professionnelle. Disons que ça fait 12 entités. On a
également une conférence permanente. Ça fait 13. Dans le
nouveau système que je propose, on a une société
québécoise de développement de
la main-d'oeuvre, un ministère et une conférence
permanente. Donc, on aura trois structures. On en remplace 13 par 3. On ne peut
pas dire qu'on les multiplie. La Conférence permanente, elle existe
déjà et on m'a demandé si j'étais pour l'abolir.
J'ai dit: Non, mais c'est une structure qui est superlégère en ce
sens qu'elle n'a aucun budget, aucune dépense. Le budget est
zéro. Donc, on ne peut pas dire qu'on exagère. D'ailleurs,
ça s'inscrit dans la philosophie du cabinet, où la
députée me disait qu'on était très modeste, il n'y
a pas longtemps. D'ailleurs, on peut dire que c'est une parole qui va
coûter cher au cabinet, ça, M. le Président. Le 1er juillet
prochain...
Mme Harel: Moi, je compare avec le cabinet du ministre de la
Justice.
M. Bourbeau: Tous les attachés politiques ont en main les
propos de la députée de Hoche-laga-Maisonneuve et se
promènent avec les...
Mme Harel: Ils gagnent à peu près la moitié
du salaire des attachés politiques de la Justice.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ça, M. le Président.
C'est que les attachés politiques de mon cabinet ont en main les propos
de la députée de Hochelaga-Maisonneuve et se promènent
avec le Journal des débats depuis ce temps-là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...et attendent la date du 1er juillet avec
impatience. En tous les cas, elle va certainement se faire des amis de ce
côté-ci.
Alors, la Conférence permanente, c'est une table - chez vous,
vous auriez appelé ça une table de concertation - qui se
réunit, qui n'a aucun budget. Les gens qui se réunissent
là ne sont pas payés, n'ont pas de jeton de présence,
n'ont pas de dépenses de transport non plus. Le secrétaire est le
secrétaire du ministère, donc, il fait ça sur son salaire.
Bref, il n'y a vraiment aucune espèce de dépense. Il n'y a pas de
budget, même, aucun budget. Il n'y a pas de temps supplémentaire
non plus. Il n'y a pas de temps supplémentaire. Il y a du temps.
Évidemment, quand le ministre se rend... Ça permet de discuter
des points très précis, de faire orienter les débats sur
les grands dossiers. Ça permet de vérifier les trajectoires avant
d'en arriver à des décisions. Ce n'est pas sans
intérêt, je dois dire, là. Ça a permis de s'enligner
correctement sur, par exemple, une politique de main-d'oeuvro, un projet de loi
sur la main-d'oeuvre, vérifier quelles sont les positions des grands
partenaires du gouvernement sur ces sujets-là. Les orientations, bien
sûr, les détails, ça n'appartient pas à cet
organisme-là. D'ailleurs, ils ne sont même pas
intéressés à en discuter, je présume, aussi. Alors,
je pense que ce n'est pas exagéré de maintenir cet
organisme-ià.
Pour ce qui est de la Société québécoise,
bien, il y a en place les 11 CFP et la Direction générale de la
formation professionnelle et de la main-d'oeuvre du ministère. Je ne
crois pas qu'il y ait un excès de «structurite», là.
On a aboli également les CCR, qui vont devenir facultatifs et non
obligatoires. Donc, c'est un grand ménage.
Mme Vermette: Je comprends que c'est un grand ménage,
mais, en fin de compte, c'est un choix de politique du gouvernement vers une
centralisation, dans le fond. Il y en a plusieurs qui disent que la
Société va favoriser davantage une plus grande centralisation
alors que les 11 CFP favorisaient une déconcentration au niveau de
différentes régions données du Québec et qu'elles
pouvaient être plus adaptées aux différents
problèmes des régions et tenaient compte des
particularités aussi de certaines régions.
M. Bourbeau: Disons que je suis convaincu qu'on va en discuter
longuement à l'article 31.
Mme Vermette: Ah bon.
M. Bourbeau: Peut-être qu'on pourrait passer à... Je
suis sûr qu'on va passer au moins 10 minutes sur cet article-là,
l'article 31.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Oui. M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée?
Mme Harel: ...le ministre nous dit: La Conférence
permanente demeure. Elle va être un forum important. Elle va conseiller
le ministre, qui sera d'ailleurs un des membres de ce forum, de cette
Conférence permanente sur tous les aspects du marché du travail,
tandis que la Société va plus gérer. C'est ça qu'il
faut comprendre, en fait? Elle va plus, donc, avoir à
opérationnaliser les politiques et va conseiller le ministre sur les
politiques de main-d'oeuvre et d'emploi. Le ministre disait qu'il allait
consulter les dirigeants des mouvements avant de procéder aux
nominations à la Société, etc.
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Je ne sais pas s'il a pris connaissance du
communiqué émis en date d'aujourd'hui, le 16 juin - c'est bien
ça - par une coalition qui a procédé à une
conférence de presse à Montréal, coalition qui regroupait
la Chambre de commerce du Québec, la Chambre de commerce de
Montréal, le Bureau de commerce de Montréal, l'Association des
professionnels en ressources humaines, le Conseil canadien de la
productivité, !e Forum entreprises-universités, le Conseil du
patronat du Québec, et qui a demandé
au gouvernement et à son ministre, André Bourbeau, le
report du projet de loi 408 créant la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
C'est le communiqué de presse qui accompagne le communiqué
du Conseil du patronat qui a retenu mon attention, M. le Président. Dans
ce communiqué de presse, on y lit ceci: Le projet de loi 408 crée
une superstructure centralisée, très bureaucratique, affirme le
président du CPQ, M. Dufour. Complètement sous la tutelle du
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle, très loin des préoccupations
sectorielles et régionales en matière de formation
professionnelle, ce n'est pas là la structure de formation
professionnelle que souhaitent l'immense majorité des entreprises. C'est
M. Dufour qui parle.
Ce n'est pas tant ça qui m'a surprise, parce que cette position
nous était déjà connue. Mais qu'elle soit
réitérée à ce moment-ci, ce n'est quand même
pas indifférent, M. le Président, et qu'elle le soit dans le
cadre de cette vaste coalition, c'est quand même un indice d'un malaise,
n'est-ce pas? Ce qui m'a le plus surprise, c'est ceci - je ne sais pas si le
ministre a copie du communiqué: Dans un dossier aussi important que
celui de la formation professionnelle, a dit M. Dufour, le bulldozer
législatif est tout à fait inadéquat. Le ministre doit y
penser à deux fois avant d'accoler son nom à une réforme
qui risque d'avorter si la grande majorité des entreprises refusent d'y
souscrire. (20 h 50)
Moi, c'est la première fois que je vois, ainsi formulée,
la menace peser sur le projet de Société du ministre, à
l'effet qu'une grande majorité des entreprises pourraient refuser d'y
souscrire et, donc, pourraient refuser d'y participer. Est-ce qu'il n'y a pas
là une inquiétude, M. le ministre, que finalement vous vous
retrouviez un peu comme votre prédécesseur à la
Main-d'oeuvre, lorsqu'il était au Travail et qu'il cumulait les deux,
lorsqu'il avait fait adopter, lors d'une fin de session, un projet de loi
très controversé en matière de relations de travail?
Peut-être certains se rappelleront de la loi 30 qu'il avait fait adopter
suite à un bâillon, et qui n'a jamais été mise en
vigueur, étant donné la force d'inertie qui a fini par jouer
contre la mise en place.
M. Bourbeau: Écoutez, M. le Président, le
communiqué dont parle la députée de Maison-neuve est
pratiquement une copie conforme d'un communiqué semblable émis il
y a quelques semaines d'une position qui est prise par ce groupe depuis le tout
début. Je dois dire que l'opposition à la loi 408 est
limitée, à toutes fins pratiques, à ce groupe-là
depuis le début, depuis le début. La grande majorité des
80 organismes qui sont venus à la commission parlementaire ont, de
façon générale, approuvé le projet d'une
société de développement de la main-d'oeuvre. Il s'agit de
se souvenir, M. le Président, avec quelle anxiété, avec
quelle insistance on a demandé de participer au conseil d'administration
de la Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre. Il n'y a pas un organisme, à peu près, qui n'a
pas clamé haut et fort son désir d'être
représenté au conseil d'administration de la
Société. On ne peut pas nier, dans ce sens-là, que la
très grande majorité des intervenants souhaitaient la formation
d'une société de développement de la main-d'oeuvre. Je ne
dis pas qu'on était d'accord avec tous et chacun des articles, mais le
principe de la formation d'une société était acquis.
Pour ce qui est du groupe dont on parle, l'opposition se cristallise
autour de quelques organismes de la région de Montréal qui ont
d'ailleurs, étrangement, beaucoup de liens entre eux, beaucoup de liens
entre eux, M. le Président. Je suis toujours un peu étonné
de voir, dans la nomenclature de ces organismes-là... Vous remarquerez,
on nous cite toujours le Bureau de commerce de Montréal et la Chambre de
commerce de Montréal. On sait qu'ils annonçaient il y a six mois
leur fusion. Les deux organismes ont annoncé leur fusion, à ma
connaissance, en janvier. Ils ont fusionné, mais quand ils s'opposent au
projet de main-d'oeuvre, ils se représentent comme si c'était
deux organismes totalement différents. Les deux sont membres, bien
sûr, du Conseil du patronat du Québec et de la Chambre de commerce
du Québec. Donc, il y a des relations très étroites.
Maintenant, on nomme, dans cet organisme-là, le Forum
entreprises-universités. Or, le président du Forum
entreprises-universités, un organisme pancanadien, est
vice-président de la Chambre de commerce du Québec. L'Association
des professionnels en ressources humaines du Québec est un membre actif
de la Chambre de commerce de Montréal. Enfin, on sait que la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain exerce une influence
déterminante, dans le débat actuel, sur la Chambre de commerce du
Québec et certaines autres chambres de commerce, d'ailleurs, de la
région de Montréal. Le maître à penser, si je peux
m'exprimer ainsi, de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain est un vice-recteur de l'Université de
Montréal, lui-même très actif dans la Chambre de
commerce.
Donc, M. le Président, on peut en conclure que, finalement, la
plupart des participants à cette conférence de presse ont tous un
dénominateur commun: ils sont tous des membres très actifs, sinon
des administrateurs de la Chambre de commerce du Québec ou de la Chambre
de commerce de Montréal. Maintenant, on se souviendra que les chambres
de commerce étaient le fer de lance, pratiquement, de l'offensive du
gouvernement fédéral dans le dossier des groupes de coordination.
Quand, M. le Président, nous
avons réussi à stopper net l'avance ou l'invasion du
gouvernement fédéral dans le domaine de la formation
professionnelle, je présume qu'il y a quelques organismes
communautaires, chambres de commerce, qui ont été un peu
déçus, et je comprends cette déception.
Maintenant, pour ce qui est des entreprises, M. le Président,
bien sûr, le président du Conseil du patronat a, depuis le
début, une position qui est un peu différente de celle du
ministre de la Main-d'oeuvre dans le dossier. Par contre, M. le
Président, il ne faudrait pas croire que tous les groupes patronaux
s'opposent à la formation d'une société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.
Finalement, quels sont les organismes qui ont le plus de problèmes de
formation de la main-d'oeuvre? Ce sont ceux qui sont engagés dans des
activités motrices, des activités manufacturières.
Voilà les emplois qui sont les plus générateurs de
développement économique. Un emploi dans le secteur manufacturier
génère un grand nombre d'emplois additionnels. Un emploi dans le
secteur tertiaire ne génère aucun emploi additionnel.
Or, M. le Président, je voudrais porter à votre attention
la lettre qu'écrivait hier le porte-parole de l'Association des
manufacturiers du Québec, M. Richard Le Hir, vice-président et
directeur général, qui, dans une lettre au premier ministre, au
chef de l'Opposition et à la La Presse demandait instamment de
faire en sorte que la loi 408 puisse être adoptée. Il disait ceci:
Nous vous demandons de permettre à l'Assemblée nationale de
statuer sur l'importance et sur l'urgence de cette démarche en
favorisant l'adoption la plus rapide possible du projet de loi en question. Il
disait aussi: Le principe même de ce projet de loi nous apparaît
suffisamment important et urgent pour que nous soyons prêts à nous
en accommoder sous sa forme actuelle, quitte à le voir bonifier par la
suite. C'est donc dire, M. le Président, l'importance que l'Association
des manufacturiers du Québec accorde au projet de loi sur le
développement de la main-d'oeuvre. Donc, quand on nous dit que les
milieux d'affaires et les milieux manufacturiers ne sont pas d'accord, il
faudrait soustraire tout le milieu des manufacturiers, qui est un milieu
extrêmement moteur pour l'économie du Québec.
Ceci étant dit, M. le Président, on voit que, finalement,
la coalition dont on parle, elle est centrée autour des chambres de
commerce, et je le reconnais. Les chambres de commerce ont, depuis le
début, une position qui vise à faire en sorte de défendre
une conception de politique de main-d'oeuvre qui est plutôt une
conception d'une politique de formation professionnelle. Elles se sont
alliées de très près au milieu de l'éducation pour
promouvoir une politique de formation professionnelle qui n'est pas la
politique que nous proposons, parce que notre politique en est une de
main-d'oeuvre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je ferai remarquer au
ministre que M. Le Hir, qui est le représentant des manufacturiers,
était d'accord sur le principe d'un projet de loi sur la formation
professionnelle. Un principe, j'en suis, tout le monde est d'accord avec le
principe...
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas un projet de
loi sur la formation professionnelle, c'est un projet de loi sur le
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Vermette: Sur le développement de la main-d'oeuvre.
Voilà.
M. Bourbeau: II y a une différence importante, hein!
Mme Vermette: Oui, oui. Le développement de la
main-d'oeuvre, M. le Président, tout le monde est d'accord au niveau du
principe. Je pense que le monde ne peut passer a côté, sauf que,
effectivement, ce qu'on dit aussi...
M. Bourbeau: M. le Président, tout le monde n'est pas
d'accord sur le principe. L'Opposition a voté contre le principe du
projet de loi 408. Vous ne vous en souvenez pas?
Mme Vermette: Le principe tel qu'il est libellé, tel qu'il
est apporté...
M. Bourbeau: Ah bon. Vous êtes en faveur du principe,
maintenant?
Mme Vermette: Bien, une formation de main-d'oeuvre, je pense
que...
M. Bourbeau: Ce n'est pas une formation de la main-d'oeuvre,
c'est un développement de la main-d'oeuvre.
Mme Vermette: Développement?
Mme Harel: Oui, mais le principe... Le projet de loi, M. le
Président...
Mme Vermette: Ce n'est pas la même affaire, là. On
dit deux choses différentes. De toute façon...
Mme Harel: Le principe, c'est !e principe de la création
d'une société, là, tel que libellé.
M. Bourbeau: C'est ça. Bien oui.
Mme Vermette: Le ministre aime beaucoup faire les nuances. Ce que
j'étais en train de lui dire, c'est "'j'i' a besoin d'être
bonifié, le projet de loi. Tout le monde en convient. On dit qu'il
faudrait peut-être prendre un petit peu plus de temps, en fait,
pour préparer, poser un projet de loi beaucoup mieux fait que ce qu'on a
a présenter actuellement et qui met, en tout cas, certaines
interrogations de la part de grandes corporations, même ne serait-ce que
la chambre de commerce. C'est tout de même des gens qui sont très
impliqués dans le milieu aussi du monde des affaires économiques,
et de l'industrie et de l'entreprise, que ce soient des gens du Conseil du
patronat aussi.
Alors, je pense qu'il y a des nuances à apporter avec ce que le
ministre nous a lu tantôt. Ça ne veut pas dire pour autant que les
gens sont tout à fait en accord avec le projet de loi 408, tel qu'il est
écrit actuellement et qu'il est formulé dans sa version que nous
avons actuellement. Je pense qu'il y a peut-être des modifications...
Ici, en toute dernière minute, la même coalition revient à
la charge. C'est qu'à quelque part, je suis convaincue, elle
s'aperçoit que les délais se rétrécissent de plus
en plus et que c'est important de démontrer au ministre
qu'indépendamment de la procédure qui a été suivie
actuellement ils ont très peur, et puis ils reviennent à la
charge pour dire au ministre: S'il vous plaît, M. le ministre, retardez
votre projet de loi, attendez avant de le déposer, parce
qu'effectivement on risque de se revoir... d'être comme avec le projet de
loi 30, en fin de compte, où on a vécu une situation... (21
heures)
M. Bourbeau: ...de le déposer, mais il est
déposé depuis le mois de décembre dernier.
Mme Vermette: Non, mais retarder de le sanctionner, de le faire
voter, de le passer.
M. Bourbeau: C'est un point de vue.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: ...je mets en garde le ministre contre la
prétention qu'il peut avoir de minimiser l'opposition qui se manifeste
contre le projet de loi 408. Le ministre nous dit que ce ne serait qu'une
poignée de dirigeants du monde patronal, et il nous cite dans la balance
la position de l'Association des manufacturiers du Québec qui, elle, est
complètement singulière. Dans l'ensemble des prises de position
qui nous sont parvenues, M. le Président, s'il y en a une seule qui ne
ressemble à aucune de toutes les autres, c'est celle exprimée par
M. Le Hir dans une lettre qu'il adressait à premier ministre et au chef
de l'Opposition hier. C'est la seule de cet acabit-là, M. le
Président, où on dit ceci, que cette association se
considère prête à s'accommoder, sous sa forme actuelle, du
projet de loi 408.
Parce que, pour le reste, l'opposition, il est vrai, est très
diversifiée, mais c'est une opposi- tion qui, de façon
circonstancielle, là, est représentative d'un très vaste
spectre.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on est sur l'article 7°,
là?
Le Président (M. Joly): On est toujours sur le paragraphe
7°.
Mme Harel: On est toujours sur le paragraphe 7°, M. le
Président. Il y a un amendement.
Le Président (M. Joly): D'accord, j'attends.
M. Bourbeau: Est-ce que la pertinence est respectée, M. le
Président? Moi, je trouve qu'on est loin de conseiller le ministre,
là.
Mme Harel: Bien, justement, la pertinence, M. le
Président, c'est que le ministre prétend vouloir se faire
conseiller par des gens qu'il veut nommer sur une Société... qui,
eux - et je citais M. Dufour - le mettent en garde qu'une majorité, une
grande majorité des entreprises peuvent refuser d'y souscrire. Le
président du Conseil du patronat met en garde le ministre dans des
termes assez clairs, hein: Le ministre doit y penser deux fois avant d'accoler
son nom à une réforme qui risque d'avorter. M. le
Président, qu'à ce moment-ci, avant l'adoption du projet de loi,
on mette le ministre en garde et qu'on lui dise d'y penser à deux fois
nous aussi, je pense que c'est pertinent.
M. Bourbeau: Je suis habitué, M. le Président, aux
mises en garde de la députée de Hochelaga-Maisonneuve; elle m'en
a servi plusieurs depuis que je suis en politique.
Mme Harel: Écoutez, si ça n'était que des
miennes, là...
M. Bourbeau: Entre autres, la loi 37, on m'avait promis une
apocalypse, M. le Président.
Mme Harel: Ah oui) L'apocalypse, elle n'est pas ici ni devant le
parlement. L'apocalypse, elle se vit chez les gens qui ont à vivre sa
loi 37, M. le Président.
M. Bourbeau: Notre loi 37.
Mme Harel: Et l'Assemblée des évêques, qui
lui a écrit et qui m'a écrit, dernièrement, à ce
sujet-là d'ailleurs, était assez convaincante. Ceci dit...
M. Bourbeau: «Apocalypse Now».
Mme Harel: ...je signale au ministre de faire très
attention, de minimiser à rien du tout l'opposition pourtant assez
manifeste qui s'exprime dans le milieu patronal, et puis d'élever au
rang d'appui inconditionnel, là, finalement, l'appui qui lui
provient d'une seule association.
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: II aura beau faire les liens qu'il veut entre les
personnes, il demeure que les associations que ces personnes
représentent sont importantes, tellement importantes que la Chambre de
commerce du Québec siège déjà à la
Conférence permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre et que le
ministre pense même lui offrir un siège ou au moins la consulter,
parmi les associations représentatives, pour choisir les membres de la
Société.
M. le Président, le Conseil du patronat du Québec, c'est
tellement important que son président siège déjà
à la Conférence permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre
et que le Conseil fera sans doute partie des associations
représentatives qui seront consultées pour nommer les membres de
la Société. S'ajoutent à cela bien d'autres associations
que j'ai nommées, y compris l'Association des professionnels en
ressources humaines, le Conseil canadien de la productivité, le Forum
entreprises-universités.
Ça, M. le Président, ça peut ne pas convaincre le
ministre, mais j'espère qu'il a pris connaissance de la position de
l'UMRCQ, l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec. L'UMRCQ lui a fait parvenir une position qui a ensuite
été entérinée, à l'occasion d'un forum qui
s'est tenu ici même à Québec, les 7, 8 et 9 juin dernier,
mais dans le cadre, en tout cas, de la table de concertation mise en place par
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec. Dans une démarche de décentralisation, cette table
de concertation comprend rien de moins que la CEQ, Mme Pagé qui y
participe, la CSN, par l'intermédiaire de son président, M.
Larose, la Fédération des CLSC du Québec, la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la
Conférence des CRSSS du Québec, M. Fortin qui en est le
président, la Fédération des cégeps, la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, l'Association des industries forestières du
Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, comme ce matin, la
députée n'a pas besoin de tout lire. J'admets que tous ces
gens-là...
Mme Harel: Participent... M. Bourbeau:
...participent...
Mme Harel: ...à cette table de concertation...
M. Bourbeau: ...et...
Mme Harel: ...sur la décentralisation...
M. Bourbeau: ...j'ai même devant moi, M. le
Président, la copie de la lettre. Alors...
Mme Harel: ...et le...
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
vous demanderais, sur l'article 7°, c'est-à-dire sur le...
Mme Harel: L'amendement...
Le Président (M. Joly): ...le paragraphe 7°... On a
déjà eu...
Mme Harel: On est à l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Oui, je suis d'accord, on a
déjà pris 20 minutes.
Mme Harel: Moi seule?
Le Président (M. Joly): Votre collègue a pris trois
minutes.
Mme Harel: Alors, il me reste combien de minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): On a déjà
dépassé, d'après ce qu'on me dit, là.
Mme Harel: Alors, donc, M. le Président, je vais
simplement vous signaler - j'aurai peut-être l'occasion d'y revenir -
qu'il y a essentiellement trois grandes oppositions: l'opposition patronale,
une opposition du milieu, je l'appellerais régionale, en quelque sorte
harnachée par le courant de l'Union des municipalités
régionales de comté, mais aussi par l'Association provinciale des
commissions de formation professionnelle, mais également par
l'Association québécoise des organismes régionaux de
concertation et de développement, ce qui est un autre pôle
d'opposition au projet de loi que le pôle patronal.
Il y a aussi un troisième pôle d'opposition au projet de
loi qui est tout le milieu de l'éducation - alors, là, on pourra
y revenir - de la Fédération des commissions scolaires du
Québec, des prises de position de Mme Drouin et de toutes celles qui ont
suivi dans le milieu de l'éducation. Et il y a un quatrième
pôle d'opposition qui est celui des organismes communautaires, des
organismes sociaux qui sont représentés, entre autres, par
l'Institut canadien d'éducation des adultes, le Conseil permanent de la
jeunesse, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail,
par une liste absolument impressionnante. Ce n'est pas rien, M. le
Président. il y a, finalement, quatre pôles importants
d'opposition au projet de loi: patronal, d'une façon quasi
inconditionnellement contre, le milieu de l'éduca^on, le milieu de
l'UMRCQ et les milieux communautaires et syndicaux, qui récla-
ment des modifications substantielles. Je dois vous dire que, depuis le
début de nos travaux, une partie de ces revendications que nous avons
transmises ici sous forme d'amendements ont été rejetées
par le gouvernement. Alors, je ne pense pas que ça fasse des heureux,
puis que, dans la balance, ces quatre pôles-là soient tout
simplement contrebalancés par un organisme, ça ne fait pas
très convaincant.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je ne veux pas m'éterniser
là-dessus, mais je veux quand même retracer ça un peu. La
députée décrit une situation apocalyptique.
Disons, dans le milieu des affaires, M. le Président, le Conseil
du patronat, son président, en tous les cas, publiquement, et le milieu
des chambres de commerce, qui ont fait obstruction depuis le début.
Ça se limite à ça. D'autre part, l'Association des
manufacturiers canadiens, qui est aussi importante en nombre que le Conseil du
patronat, se déclare d'accord. Si on regarde le «membership»
de l'Association des manufacturiers canadiens, ce ne sont que des
manufacturiers, donc, des gens qui sont vraiment, là, au coeur des
problèmes de main-d'oeuvre et qui sont générateurs de
développement économique. (21 h 10)
Pour ce qui est du milieu syndical, la députée n'en a pas
parlé, mais nous avons un appui massif des milieux syndicaux quant
à l'opportunité d'adopter un projet de loi qui crée une
société du développement de la main-d'oeuvre. L'UMRCQ et
tous les milieux régionaux ne s'opposent pas, M. le Président,
à une société québécoise du
développement de la main-d'oeuvre. D'ailleurs, la lettre de M. Nicolet
le dit bien, comme je vous le mentionnais, parce que j'ai parié avec M.
Nicolet: Nous partageons en effet sans réserve votre volonté de
modifier en profondeur le cadre et les mécanismes de gestion du
développement de la main-d'oeuvre dans une perspective de relance de
l'emploi. Ce constat premier explique, du reste, notre absence du débat
en commission parlementaire. Sur le fond, l'UMRCQ est d'accord avec la
création d'une société québécoise du
développement de la main-d'oeuvre. Là n'est pas le
problème, M. le Président.
Le problème, c'est qu'on veut des amendements. Alors, on arrivera
tout à l'heure... Et les amendements, on les connaît, que requiert
l'UMRCQ. Ils plaident pour un haut degré d'autonomie de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, une décentralisation des pouvoirs. Ça, je le
reconnais, M. le Président, et on en rediscutera sûrement à
l'article 31, je crois.
Alors, sur le fond, sur la création d'une société
de développement de la main-d'oeuvre, on est loin d'avoir fait la preuve
qu'il y a un consensus qui s'oppose. Au contraire, il y a un large consensus en
faveur. Les milieux communautaires, finalement, sont venus en commission
parlementaire nous dire essentiellement qu'ils étaient d'accord avec une
société de main-d'oeuvre, mais qu'ils voulaient avoir leur place
au conseil d'administration, tant les organismes communautaires, tant les
jeunes, tant les femmes, tant les... nommez tous les groupes pris
individuellement. Ma lecture à moi, c'est qu'on est d'accord avec une
société de développement de la main-d'oeuvre, mais on veut
une place au soleil.
Alors, pour l'instant, nous en sommes à l'article 18 et
peut-être qu'à l'article 31, tantôt, l'Opposition pourra
sortir ses bazookas, ses canons, ses mitraillettes, parce que je m'attends
évidemment à ce qu'on nous fasse une démonstration
éloquente de l'importance de la décentralisation.
Le Président (M. Joly): Alors l'amendement, paragraphe
7°, article 18...
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. Est-ce que
l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Sur division. Attendez, M. le Président.
M. Bourbeau: Avec les amendements, tous les amendements?
Mme Harel: Un instant.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez un autre
amendement?
Mme Harel: Un instant.
M. Bourbeau: II y a eu un amendement à 4°, à
6°, non à 4° et à 7°.
Le Président (M. Joly): C'est ça. 4° et 7°.
4° a été...
M. Bourbeau: Et l'amendement que j'ai proposé
moi-même.
Le Président (M. Joly): ...adopté. 2° a
été fait. Nous en sommes rendus à 7°.
M. Bourbeau: Là, on est rendus à adopter l'article
lui-même.
Mme Harel: À moins qu'on puisse, par un amendement,
introduire un nouveau paragraphe.
Le Président (M. Joly): ...dire pour éviter le vote
sur division? C'est ça?
Mme Harel: Non. Pour ajouter... M. Bourbeau: Pour sauver
du temps.
Mme Harel: ...au mandat attribué à la
Société. Je comprends que la Société, dans ce qui
lui est dévolu à l'article 18, ne peut pas charger des tarifs
pour les services qu'elle offre. J'imagine que c'est dans un autre article.
M. Bourbeau: L'article 25.
Mme Harel: L'article 25. M. le ministre, j'avais une question
à vous poser avant qu'on procède à l'adoption de l'article
18. Dans le mémoire dont nous avons copie, qui, jusqu'à
maintenant, s'est révélé fondé, vous
écriviez ceci concernant les six membres gouvernementaux: six autres
membres dont un provient du milieu des commissions scolaires et un autre du
milieu des collèges d'enseignement général et
professionnel ou des universités. Ces deux derniers membres seront
choisis après consultation des milieux concernés. Ça
faisait partie du mémoire que vous déposiez au Conseil des
ministres, à la page 14.
M. Bourbeau: Mais je n'ai pas de mémoire, M. le
Président.
Mme Harel: Mais, finalement, je suis surprise de constater que le
projet de loi ne va pas dans le sens du mémoire, puisque le projet de
loi prévoit non pas la consultation des milieux concernés, mais
la consultation des ministres concernés.
M. Bourbeau: Pour la Société
québécoise, pour la société mère.
Mme Harel: Oui. Et donc...
M. Bourbeau: C'est parce que c'est plutôt les
sociétés régionales dont vous parlez.
Mme Harel: D'accord. Donc, pour la société
mère, vous aviez toujours prévu que ce soit les ministres et non
pas les milieux.
M. Bourbeau: Les ministres, depuis le début. C'est
ça.
Mme Harel: Très bien, c'est juste.
M. Bourbeau: On n'a pas varié là-dessus.
Mme Harel: D'accord. C'est juste. Évidemment, on est en
désaccord, mais je constate qu'effectivement, dans son mémoire,
le ministre proposait de consulter les ministres.
D'autre part... Est-ce que ce n'est pas à ce moment-ci, où
nous examinons la mission et les pouvoirs de la Société, que nous
pourrions donner suite à votre préoccupation que l'on retrouve
justement à la page 6 du mémoire soumis au Conseil des ministres,
et je cite: En effet, il est essentiel d'assurer l'accessibilité
à l'ensemble de la main-d'oeuvre en emploi et en chômage et de
tenir compte des besoins spécifiques de certains groupes qui connaissent
des difficultés d'intégration ou de réintégration
au marché du travail. Alors, par rapport à l'ensemble des mandats
qui sont attribués à la Société, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de préciser, de façon spécifique, la
nécessité de tenir compte de besoins spécifiques de
certains groupes qui connaissent des difficultés d'intégration et
de réintégration au marché du travail? Je comprends que
rien de ça n'a été retenu dans le cadre des mandats
attribués à la Société.
M. Bourbeau: À quelle page êtes-vous, là, si
vous avez le mémoire?
Mme Harel: 6.
M. Bourbeau: On n'a pas la même page.
Mme Harel: On n'a peut-être pas, évidemment, la
même version.
M. Bourbeau: Quelle version vous avez? Quelle date? Est-ce que
c'est une version signée?
Le Président (M. Joly): Ça dépend qui vous
l'a donnée.
Mme Harel: moi, m. le président, elle me vient de
quelqu'un qui la tenait de quelqu'un, qui la tenait de quelqu'un, qui la tenait
de quelqu'un d'autre. ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: La filière est longue.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pouvez me donner les noms?
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas marqué Morin,
non?
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Là, vous parlez d'ajouter d'autros
responsabilités...
Mme Harel: C'est qu'il n'y a aucune aucune responsabilité
à l'égard de l'équité en emploi.
M. Bourbeau: De l'équité...
Mme Harel: Oui. Il n'y a rien du tout, M. le Président. Ce
n'est quand même pas peu de chose, dans le cadre d'un projet de loi sur
la Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Je crois que nulle part on ne retrouve
cette préoccupation d'équité.
M. Bourbeau: Oui, mais vous avez la réponse dans le projet
de loi, à l'article 17: «La Société [...] met en
oeuvre et gère des programmes dans le cadre des politiques
établies en vertu de la Loi sur le ministère de la
Main-d'oeuvre». La Société doit appliquer les politiques du
gouvernement, le ministère de la Main-d'oeuvre doit appliquer les
politiques d'équité du gouvernement. C'est une politique du
gouvernement, ça, l'équité en emploi. La
Société doit appliquer ces politiques-là.
Mme Harel: Là, on ne parle pas de la même chose.
Vous, vous me parlez d'équité en emploi. Moi, je vous parle de
programmes d'équité dans le développement de la
main-d'oeuvre. On ne parle pas de la même chose. L'équité
en emploi, ça fait référence de façon très,
très, très précise a l'embauche, n'est-ce pas, et à
des critères, à des programmes d'action positive en
matière d'embauché. Ce n'est pas de ça que je parle, moi.
Ce dont je parle, c'est qu'on demande à la Société de
définir des besoins de développement de la main-d'oeuvre en
regard de la réalité du marché du travail et de l'emploi
au Québec. On lui demande de favoriser la concertation entre les
partenaires. On lui demande de favoriser la mise en place de comités, de
favoriser la participation des activités des établissements
d'enseignement, de promouvoir le développement des initiatives diverses,
de faire la promotion des programmes et d'effectuer des études, de
conseiller le ministre, mais nulle part on lui demande de favoriser le
développement de la main-d'oeuvre dans une perspective
d'équité.
M. Bourbeau: Bien, écoutez, M. le Président,
l'équité, c'est comme la vertu. Tout le monde est en faveur de
l'équité. Je ne vois pas pourquoi la Société aurait
des politiques inéquitables. Au contraire, elle doit favoriser
l'équité dans toutes ses politiques.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: ...je prenais connaissance de l'énoncé
d'orientation et du plan d'action en éducation des adultes
intitué «Un projet d'éducation permanente» qui, le
ministre le reconnaissait lui-même, est à l'origine, d'une
certaine façon, de l'attribution des responsabilités entre
l'Éducation et la Main-d'oeuvre telles que nous les connaissons
actuellement. Et...
M. Bourbeau: M. le Président, je suis toujours
estomaqué de voir...
Une voix: Vous aussi. (21 h 20)
M. Bourbeau: ¦ ...l'étendue des connaissances de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui nous sort les
études, les traités. Je ne serais pas surpris qu'elle ait avec
elle le traité de Maastricht, quelque part...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...qu'elle pourrait nous citer ligne par ligne.
Mme Harel: Et, M. le Président, je le disais d'ailleurs au
ministre au moment de l'ouverture des travaux de notre commission, le 4
février dernier, en matière d'orientation pour le
développement de la main-d'oeuvre, il y avait deux grands objectifs qui
étaient fixés, à l'époque, par le gouvernement de
l'époque. D'une part... C'est-à-dire, excusez-moi, pas deux,
trois grandes orientations. La première étant que les programmes
de développement de la main-d'oeuvre devaient répondre aux
exigences du développement économique, et la seconde étant
que ces programmes de développement de la main-d'oeuvre devaient
contribuer à diminuer l'inégalité des chances sur le
marché du travail. Et ça, M. le Président, ça
m'apparaissait extrêmement important. Dans l'énoncé de
politique - vous vous rappellerez peut-être pour avoir
présidé nos travaux - j'en ai parlé à maintes
reprises que c'était complètement absent, il me semblait, de
l'énoncé de politique, et ça me semble absent aussi des
mandats attribués à la Société.
Ce qu'on peut considérer, M. le Président, c'est le fait
que, dans une perspective d'égalité des chances, d'accès
et de réussite, la politique de développement de la main-d'oeuvre
doit améliorer la capacité concurrentielle des personnes et des
groupes moins qualifiés, augmenter leur faculté d'adaptation et
leur aptitude à la mobilité et favoriser l'insertion des groupes
sociaux en difficulté sur le marché du travail. C'est sans doute
là une des missions importantes.
Il y avait une troisième orientation qui était celle
d'imbriquer dans une formation de base large et solide la formation
professionnelle de la main-d'oeuvre. C'était la troisième
orientation qui devait inspirer les programmes gouvernementaux. Donc, la
première étant de répondre aux exigences du
développement économique, la seconde de contribuer à
diminuer l'inégalité des chances et la troisième
d'imbriquer dans une formation de base large et solide la formation
professionnelle.
M. le Président, je considère que la
référence que le ministre a faite à l'article 17 n'est pas
convaincante et suffisante, puisque rien ne nous indique que la
Société aura, de façon assez particulière, à
tenir compte, à promouvoir, en fait, à contribuer à
diminuer l'inégalité des chances sur le marché du travail.
Moi, M. le Président, ça m'apparait important parce que le
ministre le sait peut-être... Je ne sais pas s'il le
sait, s'il se le fait dire sans doute autant que nous pouvons nous le
faire dire nous-mêmes, mais encore une fois, je n'ai pas
assisté... Le mémoire d'Emploi et Immigration Canada, qui insiste
sur le fait que les politiques fédérales ont été
axées sur les personnes sans emploi et en partie sur celles d'entre
elles qui sont de façon chronique sans emploi...
Le Président (M. Joly): Vous admettrez avec moi que j'ai
été très, très large dans l'application du
règlement. Je vous ai laissée aller, je vous ai laissée
déborder. Je ne sais pas où je vais reprendre le temps, mais, si
vous permettez, je vais concéder la parole à votre consoeur,
votre collègue, et, partant de là, par après, bien, on
pourra passer, si vous voulez, à l'adoption, disons, de l'article 18.
Alors, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Harel: Je vais faire un amendement.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Dans le
même sens, au niveau des inégalités et favoriser, en fait,
les gens qui ont des difficultés à s'adapter dans le milieu du
travail, il y avait antérieurement les SEMO, qui existent encore. Quelle
sera la relation, justement, de la Société avec les SEMO? Est-ce
qu'on en parle quelque part? Est-ce qu'on maintient encore... est-ce qu'ils
auront une représentation? Est-ce qu'on en tiendra compte aussi?
À mon avis, c'est important aussi, si on parle de cet
aspect-là.
M. Bourbeau: Les SEMO et le réseau Travail-Québec,
nous avons décidé de maintenir ces deux réseaux-là
sous l'égide du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Ce sont
des réseaux qui s'occupent de clientèles particulièrement
fragiles, défavorisées, et on pense que... J'ai expliqué,
l'autre soir, vendredi soir, je crois, pourquoi nous n'avons pas confié
à la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, du moins pourquoi nous ne proposons
pas de lui confier la responsabilité de l'employabilité pour ces
clientèles-là. Pour ce qui est de la question de
l'équité, bien sûr, la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre doit voir
à ce que cette équité-là existe, mais c'est une
responsabilité gouvernementale en premier lieu de s'assurer qu'il y a
une équité en emploi. Dans ce sens-là, le ministre ou le
gouvernement pourra toujours, s'il estime que la Société
n'accomplit pas bien son mandat ou son devoir, lui donner des directives ou lui
demander de préparei des programmes spécifiques qui pourraient
faire en sorte de pallier ces difficultés, puisque la
Société doit mettre en oeuvre les politiques que lui indique le
ministère.
Mme Vermette: La seule chose qui m'inquiète, M. le
Président... Je comprends la réponse du ministre, puis,
effectivement, ça devient une décision gouvernementale qui peut
donner certaines directives à la Société. Mais c'est parce
qu'on risque, en tout cas... Il y a des acquis qui ont été
durement gagnés pour cette clientèle, ces catégories de
gens, et je pense qu'on risque de glisser, à un moment donné, de
les laisser aussi pour compte. Ça aussi, ça m'apparaît
important de le relever puisqu'ils ont une part importante aussi dans cette
Société et qu'ils peuvent produire à la mesure de leurs
besoins, bien sûr. Quand on parle en termes de développement aussi
et en fonction, bon, du développement de la main-d'oeuvre et aussi en
fonction de l'emploi, je pense que ça aussi, ça va de pair et
ça rentre dans des programmes d'orientation ou, en tout cas, des
programmes d'implantation dans différentes entreprises.
M. Bourbeau: Je pense avoir démontré, l'autre soir,
à la satisfaction, j'espère, de l'Opposition, que les SEMO, par
exemple, seront mieux logés à l'enseigne du ministère de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle qu'à l'enseigne de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. La
députée pourra peut-être relire le Journal des
débats de vendredi soir. J'ai pris une quinzaine de minutes pour
l'expliquer et j'ai donné, d'ailleurs, à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve le texte de la causerie que j'ai prononcée
à cette occasion.
Mme Vermette: Non, mais c'est parce qu'en fait... La seule chose,
le dernier point que je vais relever, au niveau de certaines personnes
handicapées, elles ont peut-être un handicap, mais elles sont
capables de donner une mesure de travail assez intéressante et
importante et elles n'aiment pas être considérées comme
étant des marginalisés aussi de la société.
Ça dépend de certaines catégories de personnes, selon le
handicap aussi de certaines personnes. Notamment, il y a des aveugles qui
peuvent très bien accomplir un travail comme n'importe qui, en autant
qu'ils soient dans un milieu qui les favorise. Il y a des personnes
malentendantes aussi. Alors, ça dépend quel genre de travail,
mais elles pourraient très bien être intégrées
à l'intérieur d'une...
M. Bourbeau: Oui, mais c'est le rôle des SEMO qui sont des
organismes d'intégration d'emploi, qui sont spécialisés
à l'endroit de ces clientèles, qui sont particulières et
qui requièrent une expertise particulière, et je crois que les
clientèles des SEMO sont particulièrement... En fait, les SEMO
font un travail admirable qui est bien apprécié par ces
clientèles-là.
Le Président (M. Joly): Alors, nous en étions
à passer du vote pour... (21 h 30)
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais déposer
l'amendement suivant pour donner suite à l'intervention que je faisais,
à savoir ajouter, après le paragraphe 7° de l'article 18, le
paragraphe suivant: «7.1° promouvoir l'égalité des
chances dans le développement de la main-d'oeuvre et de
l'emploi.»
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez relire le...
Le Président (M. Joly): «promouvoir
l'égalité des chances dans le développement de la
main-d'oeuvre et de l'emploi.»
M. Bourbeau: M. le Président, qu'est-ce que vous diriez
de... Qu'est-ce que la députée de Hochelaga-Maisonneuve dirait,
M. le Président, puisqu'on est à parler de l'amendement,
«favoriser, dans le cadre des politiques gouvernementales,
l'équité à l'égard des personnes ou des groupes
défavorisés sur le marché du travail»? Est-ce que ce
serait...
Une voix: ...l'espérance.
Le Président (M. Joly): Oui. Alors, Mme la
députée, est-ce que vous retirez...
Mme Harel: Je retire le mien, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...votre amendement pour qu'on
considère celui qui nous est présenté par M. le
ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, je sais que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve veut le prendre à sa...
veut le prendre...
Le Président (M. Joly): Je vais voir si c'est
recevable.
Mme Harel: À moins que le ministre prenne le mien, puis
que je prenne le sien.
M. Bourbeau: Non, non, mais, M. le Président, je pense que
celui de la députée de Hochelaga-Maisonneuve était
très bien aussi. On me propose celui-ci. Les éminents juristes
qui m'entourent...
Le Président (M. Joly): D'accord, madame-Ce serait
à 7.1°. C'est à 7.1° ou à 8°, ça?
M. Bourbeau: À 8°.
Le Président (M. Joly): À 8°. Donc, juste
après le paragraphe 7°, le suivant qui est le 8°:
«favoriser, dans le cadre de politiques gouvernementales,
l'équité à l'égard des personnes ou des groupes
défavorisés sur le marché du travail.»
Mme Harel: Avant que ' le dépôt se fasse, M. le
Président, j'aimerais peut-être simplement, sur
l'admissibilité, vous inviter à considérer qu'il s'agit de
politiques gouvernementales, et je crois que là on en est, à
l'article 18, à attribuer des mandats à la Société,
des pouvoirs à la Société. Sans doute est-ce parti d'un
bon naturel, mais je ne suis pas convaincue que la formulation serait
adéquate et je me demande, en toute toute modestie, si ma...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...si ma formulation n'était pas, finalement,
peut-être, plus facilement admissible.
M. Bourbeau: Ça dépend pour qui.
Mme Harel: C'est parce que là ça faisait
référence à des politiques gouvernementales.
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre
un peu, là?
Le Président (M. Joly): La commission suspend ses travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 37)
(Reprise à 21 h 40)
Le Président (M. Joly): ...il y a quelques minutes. Donc,
l'amendement à l'article 18, paragraphe 8°, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. Maintenant, est-ce
que l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Sur division. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Sur division. J'appelle l'article
19.
M. Bourbeau: II nous aura coûté cher,
celui-là, M. le Président.
Le Président (M. Joly): J'appelle l'article 19. Une chance
qu'on n'est pas payé à l'heure.
Mme Harel: Mais c'est un pivot, c'est les mandats de la
Société.
Le Président (M. Joly): C'est le corps, le corps et le
coeur.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
retourner à l'article 16 peut-être?
Le Président (M. Joly): Sûrement, M. le ministre.
Donc, je suspends l'article 19 et j'appelle l'article 16.
M. Bourbeau: la députée de hochelaga- maisonneuve
voulait consulter au sujet de l'article 16. est-ce qu'on serait maintenant en
mesure d'adopter l'article?
Mme Harel: Malheureusement, non, à moins que vous ayez des
modifications à introduire.
M. Bourbeau: C'en est déjà une. Il y a un papillon.
Alors...
Mme Harel: Oui, il y a déjà un papillon. On serait
peut-être mieux de poursuivre...
M. Bourbeau: On regarde ça comme une matière en
suspension.
Mme Harel: ...à 19. Et, si vous voulez, tantôt, vers
22 heures, on pourrait peut-être ajourner pour cinq minutes et je
retournerai...
M. Bourbeau: Bien oui, on en avait parlé, d'ailleurs, en
début de séance.
Mme Harel: ...voir notre conseiller. Pardon?
M. Bourbeau: On en avait parlé en début de
séance, d'ajourner vers 22 heures.
Le Président (M. Joly): Alors, je suspends l'article 16.
Je reviens à l'article 19.
M. Bourbeau: Article 19. Cet article énonce un objectif
fondamental, comme dirait le leader de l'Opposition, fondamental,
«fondamentalement» - que la Société devra tendre
à atteindre, sur le plan régional, en regard des
sociétés régionales qu'elle établira en vertu de
l'article 31 du projet de loi. La Société devra favoriser la
prise en charge du développement de la main-d'oeuvre dans les
régions par les sociétés régionales
elles-mêmes.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, un tel article n'est-il pas
redondant? Pourquoi s'impose-t-il...
M. Bourbeau: Est-ce que la députée voudrait qu'on
l'enlève, M. le Président? On pourrait...
Mme Harel: Non, j'aimerais en connaître la
portée.
M. Bourbeau: Alors, l'article traduit, M. le Président, la
volonté que les sociétés régionales puissent
réellement prendre en charge le développement de la main-d'oeuvre
dans leur région respective. Cet objectif reflète la
volonté que la Société mette en place des services et des
programmes qui soient suffisamment souples pour pouvoir être
adaptés aux réalités régionales et pour permettre
la prise en compte et l'intégration de la problématique propre
à chacune des régions par les sociétés
régionales elles-mêmes.
Mme Harel: En fait, ce qui m'étonne, c'est peut-être
la technique de rédaction. D'abord, il y a une référence.
C'est très rare. Habituellement, on ne fait jamais de
référence. On n'en fait plus de référence, je
pense, dans les lois. On y lit «visées à l'article 31
» comme si...
M. Bourbeau: Est-ce que la députée voulait insinuer
que mes aviseurs sont vieux jeu?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Disons qu'on en fait le moins possible, mais on en
fait encore un peu, M. le Président.
Mme Harel: Mais en quoi s'impose-t-elle, celle-là? Est-ce
qu'il y a d'autres sortes de sociétés régionales que celle
dont on parle à la section qui traite des sociétés
régionales?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que c'est la
première fois dans le projet de loi qu'on mentionne les
sociétés régionales, sauf erreur, là, et, dans ce
cas-là, si on avait mis fin à l'article après les mots
«par les sociétés régionales», ça n'a
pas de sens, puisque les sociétés régionales, on n'en a
pas parlé encore.
Mme Vermette: M. le Président, juste une chose, parce que
vous faites référence à l'article 31. Dans l'article 31,
on dit que ça peut s'appeler une société régionale,
mais ça peut être autre chose aussi, «par les
sociétés régionales visées». Mais les
sociétés régionales peuvent avoir un autre nom, en fait,
qu'une société régionale, ou toute autre appellation
approuvée par le gouvernement.
M. Bourbeau: Oui, oui, mais vous avez le titre au chapitre III:
Sociétés régionales et conseils régionaux. Je pense
que c'est suffisamment clair, là. Mais, dans la mesure où on
n'avait pas encore traité ou parlé de sociétés
régionales, on n'aurait pas compris ce dont il s'agissait si on ne
s'était pas référé à l'article 31.
Mme Harel: Remarquez, M. le Président, que ma
collègue la députée de Marie-Victorin parle, finalement,
de quelque chose qui a du sens, là, parce qu'au deuxième
paragraphe de 31...
M. Bourbeau: Ça tombe sous le sens.
Mme Harel: ...on constate que les sociétés
régionales pourraient connaître une autre appellation.
M. Bourbeau: Oui, mais ça pourrait être la
société régionale de développement de la
main-d'oeuvre de la Montérégie ou la société
montéré-gienne régionale de développement de la
main-d'oeuvre, disons...
Mme Harel: Ah bon! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...l'objectif recherché, parce que...
Mme Vermette: ...on pourrait conserver SMD, c'est ça?
M. Bourbeau: Si vous trouvez que c'est un beau nom.
Mme Vermette: C'est ça que ça veut dire. Je ne le
savais pas.
Mme Harel: Mais faut-il comprendre, M. le Président, que
nous puissions disposer de cet article-là, même si l'article 31
n'est pas adopté? Par exemple, comment présumer que nous allons
adopter l'article 31? Nous pourrions, par exemple, biffer l'article 31
ou...
M. Bourbeau: Là, on ferait des concordances. Je compte sur
vous pour adopter l'article 31.
Mme Harel: Vous savez que c'est le coeur de l'opposition au
projet de loi.
M. Bourbeau: Bien non, le coeur, c'est à l'article 18,
vous avez dit tantôt. Avez-vous deux coeurs?
Mme Harel: Du projet de loi. Non, non, j'insiste. Le coeur du
projet de loi, c'est l'article 18.
M. Bourbeau: Louise, as-tu du coeur? Mme Harel: Mais le
coeur... Une voix:...
Mme Harel: Le coeur de l'opposition, j'insiste, le coeur de
l'opposition au projet de loi, c'est l'article 31. J'ai souvent dit au
ministre: C'est la question la plus névralgique, celle qui amène
une bonne partie de toute la contestation contre le projet de loi 408.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'attends à ce que
la députée de Hochelaga-Maisonneuve fasse un plaidoyer vibrant
à l'article 31...
Mme Harel: Ça dépendra à quelle heure on
sera.
M. Bourbeau: J'espère qu'on y arrivera à 23 h
45.
Bon, M. le Président, on est à l'article 19 pour
l'instant.
Mme Harel: Sur l'article 19, étant donné qu'on nous
assure évidemment que ça ne présume en rien des
débats qu'on fera à l'article 31, je pense qu'on peut l'adopter
sans difficulté.
Le Président (M. Joly): L'article 19 est adopté.
J'appelle l'article 20.
M. Bourbeau: Cet article apporte deux précisions
relativement aux programmes de la Société. Il précise
d'abord les formes que pourra prendre l'aide que la Société
accordera dans le cadre de ses programmes, c'est-à-dire aide
financière, services aux individus ou aux entreprises. Il prévoit
de plus que la Société devra déterminer dans ses
programmes dans quelle mesure ceux-ci seront concrètement
administrés par les sociétés régionales.
Mme Harel: Est-ce à dire que les programmes de
crédits d'impôt, par exemple, à la formation ou celui que
vous avez annoncé hier seraient gérés par la
Société?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, ça dépend des
programmes. Il y a plusieurs programmes qui sont gérés
régionalement, même maintenant, par les CFP. Le programme de
crédits d'impôt, à toutes fins pratiques, c'est un
programme qui est géré par le ministère du Revenu. Les
formulaires sont...
Mme Harel: Géré par la SDI. M. Bourbeau: Le
crédit d'impôt?
Mme Harel: Le crédit d'impôt à la formation
pour les entreprises, la SDI gérait la portion des prêts qui
était accordée aux entreprises.
M. Bourbeau: Ah, pour des entreprises? Mais moi, je parlais du
crédit d'impôt pour les individus, là. Les entreprises qui
veulent obtenir du financement pour leur PDRH, par exemple, peuvent aller
effectivement à la SDI. SPRINT, vous savez, va être
géré essentiellement par le Mouvement Desjardins.
Maintenant, je vous donne un exemple. Dans le régime de
sécurité du revenu, il y a des programmes qui sont
gérés régionalement. Le
programme APPORT, par exemple, est géré
régionalement. D'autres sont gérés localement. Alors, il
en sera de même pour la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. La plupart des programmes seront
décentralisés, je pense bien, parce qu'il faut se rendre sur les
lieux. Le programme PATA est un programme qui va continuer à être
géré centralement. Il l'est déjà d'ailleurs
présentement. On verra. On s'adaptera au fur et à mesure que les
programmes seront pris en considération. On verra quel est le niveau de
gestion qui est le plus approprié dans les circonstances. (21 h 50)
Mme Harel: C'est donc dire que des programmes pourraient
être mis en oeuvre et ne pas être gérés par les
sociétés régionales.
M. Bourbeau: Certains programmes comme... PATA, par exemple,
n'est pas géré présentement par les CFP.
Mme Harel: Mais PATA va-t-il être transféré
à la Société?
M. Bourbeau: Oui. Disons qu'actuellement les décisions ne
sont pas toutes prises. Mais nous pensons que, oui, PATA sera
éventuellement transféré à la
Société. Il est géré présentement, au niveau
central, par le ministère. Il n'a jamais été
décentralisé. Ça fonctionne très bien et c'est
très efficace, d'ailleurs, je dois dire. Le Québec a la part du
lion du programme PATA, qui est un programme fédéral-provincial,
et je crois que ce programme-là...
Mme Harel: Ça va bien? Alors, dites-nous où en sont
vos négociations entamées il y a un an. Si ça va bien,
vous avez des bonnes nouvelles?
M. Bourbeau: Oui, j'ai récemment écrit de nouveau
à mon homologue fédéral pour le presser instamment, je
dirais même très instamment de prendre une décision, et
j'attends des nouvelles.
Mme Harel: Mais le programme PATA était géré
par des employés au niveau des CFP?
M. Bourbeau: Non, il a toujours été
géré centralement au ministère même, chez nous.
Mme Harel: Écoutez, moi, j'ai même rencontré
les fonctionnaires qui administraient les critères du programme PATA,
qui rencontraient les travailleurs licenciés, qui évaluaient
l'admissibilité aux programmes et qui étaient en
région.
M. Bourbeau: Oui, on m'a...
Mme Harel: C'est bizarre, ça.
M. Bourbeau: On me dit qu'au tout début, le programme
pata, on avait commencé à tenter de le gérer localement
dans les cfp et on s'est rendu compte rapidement que c'était
très, très difficile et compliqué, et le programme a
été rapatrié très rapidement au ministère.
depuis ce temps-là, il est géré au ministère. il
est géré centralement.
Mme Harel: Alors, donc, ce serait là des programmes qui
seraient gérés par la Société.
M. Bourbeau: Bien, je ne pense pas qu'un grand nombre de
programmes vont être gérés par la Société,
à mon avis, mais il faut évaluer les programmes un à un et
voir quel niveau d'administration est le mieux placé pour gérer
le programme, une question d'efficacité. Quant à moi, je pense
que la grande majorité des programmes vont être
gérés localement. Ça, c'est sûr. Le gros des
effectifs, d'ailleurs, est en région. La société
mère va certainement faire beaucoup plus d'administration et de
planification, de recherche, programmes de fonction centrale.
Mme Harel: Mais est-ce à dire que la Société
pourrait, par exemple, décider de l'aide financière à
accorder dans le cadre d'un de ses programmes?
M. Bourbeau: De l'aide financière accordée à
un organisme...
Mme Harel: Sans que ça passe aux crédits, sans que
ça passe au Trésor.
M. Bourbeau: Je ne saisis pas. Tous les programmes doivent
être approuvés par le gouvernement.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: alors, la société ne peut pas mettre
sur pied un programme sans qu'il ne soit approuvé par le gouvernement.
les normes des programmes et...
Une voix: ...son budget.
M. Bourbeau: ...le budget aussi. Ça prend un budget. Tout
ça est approuvé par le gouvernement. On le verra d'ailleurs, on
le verra dans un article un peu plus loin.
Mme Harel: Si on parle... M. Bourbeau: On y arrive.
Mme Harel: ...sérieusement, en fait, si les transferts des
budgets fédéraux n'ont pas lieu comme le ministre
l'espère, il s'agit, finalement, de relativement peu d'argent. Il
s'agit, dans les programmes, de ce qui est déjà
géré dans les
CFP, à part le budget des CFP, des commissions elles-mêmes,
qui est à peu près 30 000 000 $, je crois.
M. Bourbeau: S'il n'y avait pas de transferts
fédéraux, il n'y aurait pas d'argent neuf, M. le
Président. C'est les mêmes fonds.
Mme Harel: Mais, même avec le transfert du
fédéral, il n'y a pas d'argent neuf parce que le
fédéral, ce budget-là était déjà
consacré à des programmes existants.
M. Bourbeau: Mais peut-être... Oui, oui.
Mme Harel: II n'y aura pas d'argent en surplus...
M. Bourbeau: Non, non.
Mme Harel: ...de ce qui se dépensait
déjà.
M. Bourbeau: Non, non, mais je crois, M. le Président, que
les fonds dont disposent le Québec et le Canada pour le marché du
travail sont déjà très importants. On dépense deux
fois plus que la majorité des pays de l'OCDE sur le marché du
travail, le gros problème étant qu'on dépense beaucoup
plus d'argent dans des mesures passives et très peu dans les mesures
actives.
Mme Harel: Mais je comprends que, vraisemblablement, avec les
dernières propositions constitutionnelles, vous ne trouverez pas une
solution à ce problème-là étant donné
qu'Ottawa semble vouloir se réserver toujours la gestion de
l'assurance-chômage.
M. Bourbeau: Attendons la fin, M. le Président. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve saute aux conclusions trop
rapidement. Les discussions ne sont pas terminées. Elles ne sont
même pas commencées encore.
Mme Harel: Oui. En tout cas, vous pouvez compter sur Clyde Wells
pour que le Québec n'ait rien de ce que les autres provinces ne
pourraient pas avoir.
M. Bourbeau: Mais je compte sur l'appui de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, cependant, pour nous soutenir
jusqu'à la fin.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Envers et contre tous!
Le Président (M. Joly): Continuez de croire.
M. Bourbeau: Et sur la députée de Marie-Victorin
aussi. On a besoin de votre appui. Ensemble, nous vaincrons!
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Vous êtes dans la
catégorie des optimistes. C'est vrai. C'est ensemble qu'on est
forts!
Mme Vermette: ...la publicité de la
télévision.
Le Président (M. Joly): Je ne sais pas. Je n'ai pas
remarqué ça.
M. Bourbeau: Bon. Le traité de Maastricht, s'il vous
plaît.
Mme Harel: M. le Président...
M. Bourbeau: L'article 20, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Alors, c'est déjà
sur la table. Mme la députée?
Une voix: Adopté.
Mme Harel: ...toujours en ce qui a trait à l'aide
financière qui peut être accordée, le mémoire
d'Emploi et Immigration Canada contenait une excellente question que je veux
poser au ministre, à ce moment-ci, étant donné qu'ils
n'ont pas pu échanger avec le ministre en commission.
M. Bourbeau: Ils n'ont pas voulu échanger. Ce n'est pas
moi qui leur ai fermé la porte, M. le Président.
Mme Harel: Non. Et la question est la suivante: Le gouvernement
du Québec entrevoit-il confier à la Société le
développement d'autres mesures, comme des programmes à
contribution tripartite, des mesures de promotion, etc.? La question
était posée dans le contexte suivant. Le mémoire disait
ceci: II nous apparaît légitime de penser que, d'après le
contexte, l'effort accru demandé au secteur privé devrait, entre
autres, signifier des investissements plus considérables de la part des
employeurs et des syndicats dans la formation. De là venait la question
au ministre: Le gouvernement entrevoit-Il de confier à la
Société le développement d'autres mesures, comme des
programmes à contribution tripartite, des mesures de promotion,
etc.?
M. Bourbeau: Pas pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: Mais, dans la mesure où le gouvernement
voudrait le faire, est-ce qu'il s'est donné dans la loi les moyens de le
faire?
M. Bourbeau: Ah! Là, je dois poser la question à
mes adjoints. Me Crevier, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Me Crevier.
M. Crevier (Luc): Oui, en fonction de l'article 24, le
gouvernement pourrait aussi confier à la Société tout
programme, en fait. Le champ est assez large, là, dans le domaine de la
main-d'oeuvre, dans celui du remplacement de revenus de travail ou même
dans un domaine connexe, là. Alors, s'il existait un programme
préexistant, le gouvernement, je pense, pourrait en confier la gestion
à la Société.
Mme Harel: Un programme préexistant?
M. Crevier: Bien non... Le gouvernement pourrait également
le faire, en faire un nouveau ou encore demander à la
Société d'en faire un. La Société a, par ailleurs,
la fonction d'élaborer des programmes. (22 heures)
Mme Harel: Parce que je comprends, M. le Président, que le
ministre lui-même souhaite pouvoir réexaminer toute la question de
l'approche incitative en matière de financement par les entreprises
versus l'approche obligatoire, n'est-ce pas? À la page 3 du
mémoire, le ministre disait ceci: Le gouvernement doit demeurer sensible
aux inquiétudes qui ont été exprimées et, advenant
le cas où cette approche incitative ne permettrait pas d'atteindre les
objectifs recherchés en termes d'investissements réalisés
par les entreprises, il pourrait être indiqué de mettre en place
des formules plus contraignantes.
Est-ce que ces formules plus contraignantes, là, dont il est fait
référence dans le mémoire au Conseil des ministres,
pourraient être mises en place en vertu de l'article 24?
M. Bourbeau: M. le Président, premièrement, la
députée anticipe de beaucoup sur les décisions
gouvernementales, parce que tout ça est au conditionnel. D'autre part,
il semble que la politique de crédits d'impôt à la
formation donne de très bons résultats et des résultats
qui sont de mieux en mieux par les temps qui courent, qui s'améliorent,
en tout cas, régulièrement.
Alors, il semble que la politique incitative soit en train de faire son
chemin. Si le gouvernement, malgré ça, en venait à la
conclusion qu'il faut mettre en place des politiques fiscales qui soient plus
qu'incitatives, mais coercitives, à ce moment-là, c'est une
politique gouvernementale dont ii s'agit, probablement une mesure qui serait
annoncée dans le discours sur le budget - on parle de fiscalité,
là - et la Société pourrait... elle pourrait demander
à la Société de mettre en vigueur cette
politique-là, encore que j'ai bien l'impression que la
Société serait carrément à l'extérieur de
ça, puisqu'il s'agirait de percevoir des sommes d'argent sur les
impôts des sociétés, et c'est plutôt le
ministère du Revenu qui serait mis à contribution.
Mme Harel: Pour la percevoir...
M. Bourbeau: C'est une taxe, en fait...
Mme Harel: ...pour la perception, éventuellement...
M. Bourbeau: ...c'est comme une taxe, dans le fond.
Mme Harel: ...mais pour la gestion?
M. Bourbeau: Ah, à ce moment-là, le gouvernement,
disons, percevant ces sommes-là par le ministère du Revenu,
pourrait créer un fonds qui serait administré par la
Société pour le développement de la main-d'oeuvre, etc.,
forcément, mais ça transiterait par les budgets normaux qui
seraient alloués à la Société.
Mme Harel: Alors, le fonds, par exemple, le fonds national de
développement de la main-d'oeuvre pourrait, en vertu - c'est ce que vous
me dites, là - des articles 20 et suivants, être
géré par la Société.
M. Bourbeau: Peut-être Me Crevier pourrait répondre
à cette technicalité-là, M. le Président.
M. Crevier: C'est-à-dire que, techniquement, pour ce qui
est de la constitution d'un fonds, ce serait probablement quelque chose qui
accompagnerait la loi fiscale dont il s'agirait à ce moment-là,
et elle viendrait habiliter la Société à gérer un
fonds. Ce qui n'empêche pas, par ailleurs, que, pour gérer un
programme comme tel, 24 est déjà présent et permet au
gouvernement de lui confier la gestion d'un programme. Mais, lorsqu'on tombe
dans les mesures fiscales ou dans l'administration d'un fonds, là, il
faut aller vers de nouvelles mesures législatives, je pense.
Mme Harel: Et la Société pourrait être
habilitée, je pense, à signer avec la caisse
d'assurance-chômage des ententes administratives?
M. Bourbeau: Nous allons maintenant déposer une
modification, un papillon, M. le Président, à l'article 26, un
peu plus tard, qui va permettre des activités comme celle-là.
Alors, si la députée veut passer rapidement les articles 21, 22,
23, 24, 25, s'il vous plaît...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...on pourrait arriver à
l'article 26.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre, à ce
moment-là, que les fonds fédéraux, par exemple - on parle,
évidemment, d'un scénario hypothétique - mais faut-il
comprendre que les fonds fédéraux concernés, par exemple,
par des ententes administratives, pourraient passer directement à la
Société québécoise sans passer par le fonds
consolidé?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on permettrait au
sous-ministre adjoint, M. Duc Vu, de répondre à la question de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve? M. Vu brûle d'avoir son
nom dans le Journal des débats.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): M. Vu, la parole est à
vous.
M. Vu (Duc): II est peut-être question
éventuellement de modifier la Loi sur l'administration financière
de façon à permettre la création de ce qu'on appelle les
fonds à fins déterminées. Ces fonds-là, ce serait
des fonds spécialisés permettant de faire transiter l'argent qui
provient notamment du gouvernement fédéral.
Mme Harel: Ça pourrait être le cas peut-être
dans l'hypothèse d'une caisse de congé de maternité,
éventuellement.
M. Vu: En tout cas, ça peut être une création
d'un ou de différents fonds, auquel cas on peut lui donner
différentes fins.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Vu.
Mme Harel: Merci. Est-ce qu'on suspend pour un petit cinq
minutes?
Le Président (M. Joly): Vous aviez demandé vers 22
heures.
Mme Harel: On peut adopter, si vous voulez, l'article 20.
M. Bourbeau: L'article 20.
Le Président (M. Joly): L'article 20.
Mme Harel: Excusez-moi, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...poser une question au ministre. On parle de
prévoir une aide financière ou des formes de services. Est-ce
qu'il va y avoir des contraintes pour établir l'aide financière
ou est-ce que, finalement, il y a des formes... des critères de
performance... ou allez-vous établir... ou c'est les premiers qui vont
faire une demande qui vont recevoir des sommes d'argent ou une aide? De quelle
façon ça va s'établir, cette distribution d'aide?
M. Bourbeau: Pour les programmes de main-d'oeuvre?
Mme Vermette: Oui, oui, les programmes des sociétés
peuvent prévoir une aide financière ou une aide sous forme...
Est-ce qu'à l'intérieur de vos programmes il va y avoir...
M. Bourbeau: Les programmes du ministère de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, les programmes de la
Société vont être des programmes qui vont fonctionner comme
les programmes que nous avons présentés. Ce sont des programmes
qui sont ouverts à tout venant et à tous ceux qui ont droit
à ces programmes qui font des demandes. Tant qu'il y a des fonds de
disponibles et que les...
Mme Vermette: Oui, mais des programmes qui répondent
réellement à des besoins, puis il y a d'autres programmes qui
peuvent être plus artificiels que d'autres ou qui répondent
à des besoins plus ou moins...
M. Bourbeau: Ah non, nos programmes sont tous très
sérieux. Il n'y a pas de programmes artificiels. Je regrette. Quand un
programme...
Mme Vermette: Mais, à ce moment-là, est-ce qu'il va
y avoir des critères de performance au niveau des différents
programmes?
M. Bourbeau: Des critères de performance du
ministère ou des...
Mme Vermette: De la Société par rapport aux
programmes qu'elle va établir sur la façon de distribuer les
sommes d'argent.
M. Bourbeau: Bien, écoutez, on va essayer d'avoir une
gestion très vigoureuse de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre pour
éviter qu'il y ait quelque gaspillage que ce soit. Je pense que le
projet de loi est structuré de telle façon d'avoir une gestion la
plus rigoureuse possible. On nous accuse de le centraliser un petit peu trop,
mais cette centralisation-là qu'on nous reproche va avoir pour effet de
permettre certainement une gestion très serrée des fonds dont
disposera la Société.
Le Président (M. Joly): L'article 20, adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. Alors, la
commission suspend ses travaux huit minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 9)
(Reprise à 22 h 35)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux,
et j'appelle l'article 21.
M. Bourbeau: M. le Président, je propose un amendement
visant à supprimer l'article 21 du projet. C'est une disposition qui
prévoyait que le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle pouvait
orienter certaines décisions de la Société au regard de
ses programmes en permettant au ministre de demander à la
Société d'élaborer et de modifier un programme de la
façon qu'il indiquait.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
est-ce que vous avez des objections à ce que cet article soit
supprimé?
Mme Harel: Attendez, M. le Président. Non, vous savez bien
que c'était là une demande faite par de très nombreux
organismes, et cette proposition de suppression valait également pour
les articles 22 et 27. Je ne sais pas si le ministre a aussi l'intention de
proposer un amendement à ces articles controversés.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Pour l'article 22, oui,
il y a un amendement. Un amendement. Non, la députée m'a
demandé si je proposais un amendement. Et 27 aussi, M. le
Président. Alors, la députée peut espérer; tous les
espoirs sont permis.
Mme Harel: Alors, doit-on comprendre que l'objectif du ministre
est de rendre la Société pleinement responsable de ce qu'elle a
à gérer?
M. Bourbeau: C'est d'augmenter sa marge de manoeuvre, M. le
Président, dans la mesure du possible.
Mme Harel: Doit-on comprendre, de toute façon, que
l'article 21 est redondant, étant entendu que la Société,
en vertu des articles 17 et 18, doit élaborer un nouveau programme ou
modifier un programme existant, à la demande du ministre?
M. Bourbeau: Je ne vois pas, là, à 17 et 18...
Mme Harel: Non?
M. Bourbeau: Ce n'est pas dans 17 et 18. Je ne crois pas.
Mme Harel: Mais, si je comprends, le ministre a cru bon de biffer
cet article 21, parce qu'il retrouvait, ailleurs dans la loi, des dispositions
qui permettaient le même effet que l'article 21.
M. Bourbeau: La députée veut m'enlever tout
mérite, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Vous enlever quoi?
M. Bourbeau: Tout mérite. C'était un geste qui
était spontané, qui surgissait du fond du coeur, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): D'une façon
dégagée.
M. Bourbeau: Oui, c'était absolument gratuit, et la
députée veut maintenant m'enlever le bénéfice de ce
geste gratuit à l'endroit de la Société. M. le
Président, vous savez que...
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, ça
vous horripile un peu d'avoir à justifier vos élans de
bonté.
M. Bourbeau: Exactement, M. le Président, c'est
très humiliant d'avoir à le faire. Plusieurs organismes, comme
vient de le signaler la députée, avaient demandé de
supprimer l'article, et le gouvernement s'est rendu à ces
demandes-là. Et on n'a pas, M. le Président, à faire des
procès au gouvernement pour savoir si le gouvernement ou le ministre
avait des intentions cachées. Chacun peut supputer.
Le Président (M. Joly): Alors, est-ce que toute la
suspicion est tombée?
Mme Harel: M. le Président, je crois que le mémoire
présenté au Conseil des ministres peut...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai accepté de
retirer l'article. Qu'est-ce que ça donne de tourner le fer dans la
plaie, M. le Président? Vraiment!
Mme Harel: C'est-à-dire que ça nous permet de
comprendre les motifs, les mobiles.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Vous imputez des motifs ou des mobiles.
Mme Harel: En fait, M. le Président, on y lit ceci: Lss
arMcies 21, 22, 27, 28, 29 et 30 ont particulièrement soulevé de
l'opposition. Il s'agit
principalement de dispositions stipulant que le ministre ou le
gouvernement peut demander à la Société d'élaborer,
de modifier ou de mettre fin à un programme. Je vous lis ceci,
concernant l'article 21: «L'article 21 du projet de loi stipule que la
Société doit élaborer ou modifier un programme à la
demande du ministre. Cet article pourrait être supprimé, puisque
le ministre conserve également le pouvoir d'élaborer un programme
et d'en confier la gestion à la Société via l'article
24.»
Alors, si je comprends bien, M. le Président, c'était un
article redondant, puisqu'à l'article 24 il est dit: «La
Société gère également tout programme que le
gouvernement lui demande d'administrer.» Alors, la suppression n'engage
pas la Société vers plus de responsabilités, si j'ai bien
compris, et le ministre a peu de mérite, tout au moins à
l'égard de la suppression de l'article 21, puisque l'article 24 demeure
en entier, jusqu'à maintenant, à tout le moins. (22 h 40)
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
veut m'enlever absolument tout le mérite, mais disons quand même
que l'article 21 faisait obligation à la Société
d'élaborer un programme si le ministre ou le gouvernement le lui
demandait. Cette obligation-là n'existe plus. La députée
invoque l'article 24 proposé, qui propose que «La
Société gère également tout programme que le
gouvernement lui demande d'administrer». Alors, à ce
moment-là, il faut s'entendre. Ce seraient des programmes existants que
le gouvernement demanderait à la Société d'administrer. Ce
n'est pas la même chose. Il y a une nuance, là, quand
même!
Mme Harel: II y a une nuance?
M. Bourbeau: Bien, oui, il y a une nuance, parce que dans
l'article 21 on pouvait ordonner à la Société
d'élaborer un programme, alors que dans l'article 24 on lui demande de
gérer un programme que le gouvernement lui demande d'administrer. Donc,
par définition, c'est un programme qui existe déjà.
Mme Harel: Que le gouvernement a lui-même
élaboré. C'est dans ce sens-là. Mais, par ailleurs,
à l'article 24, on y dit également que la Société
«exécute tout autre mandat...
M. Bourbeau: Oui, absolument.
Mme Harel: ...que le gouvernement lui confie dans le domaine de
la main-d'oeuvre, dans celui du remplacement du revenu de travail ou dans tout
autre domaine connexe». Alors, le gouvernement pourrait très bien
lui confier le mandat d'élaborer un programme, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Bien, c'est l'interprétation qu'en fait la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Bien, c'était l'interprétation que le
ministre en faisait dans le mémoire qu'il déposait à ses
collègues.
M. Bourbeau: Alors, si je l'ai écrit, ça doit
être vrai, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Et, en plus, le ministre ajoutait dans ce
mémoire: «En outre, l'article 22 accorde au gouvernement le
pouvoir d'approbation des programmes.»
M. Bourbeau: M. le Président, si je l'ai
déjà écrit, c'est inutile de me le répéter.
Je ne peux pas nier ma signature. Est-ce que vous avez ma signature,
là-dessus, ou si c'est...
Mme Harel: Alors, finalement, je veux juste faire comprendre au
ministre que, de ce côté-ci, nous ne sommes pas dupes.
M. Bourbeau: Vous n'êtes pas impressionnés.
Mme Harel: Nous ne sommes pas impressionnés. En fait,
c'est plus adéquat.
M. Bourbeau: Bon, alors est-ce que vous vouiez laisser l'article
21, à ce moment-là? On peut le laisser, si vous voulez.
Mme Harel: Non, M. le Président, nous allons...
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement à
l'article 21 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 21 est supprimé.
L'article 22 est appelé.
M. Bourbeau: M. le Président, cette disposition
prévoit que l'existence concrète des programmes de la
Société sera assujettie à un contrôle du
gouvernement. Plus particulièrement, un nouveau programme ou une
modification à un programme existant seront soumis à
l'approbation du gouvernement.
J'aimerais, M. le Président, proposer une modification. Il
s'agirait de remplacer la deuxième phrase de l'article 22 du projet de
loi par la suivante: «Toutefois, dans les cas déterminés
préalablement par le gouvernement, seule l'approbation du ministre est
requise.»
Cet amendement vise d'abord à supprimer le pouvoir du
gouvernement de contraindre la Société à mettre fin
à un programme existant. Ça, c'est le premier paragraphe. Par
ailleurs, il ajoute une disposition qui permettra une plus grande souplesse
dans les modalités d'approbation des programmes de la
Société. En effet, dans des
cas qu'il déterminera, le gouvernement pourra
déléguer son pouvoir d'approbation au ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle. Il s'agit, M. le Président, d'un léger
assouplissement par rapport à la rédaction originale de l'article
22.
Mme Harel: En biffant la deuxième phrase de l'article 22,
qui se lisait comme suit: «Elle doit de plus mettre fin à un
programme existant à la demande du gouvernement», faut-il
comprendre que la Société pourra refuser de mettre fin à
un programme existant, même si c'est à la demande du
gouvernement?
M. Bourbeau: Comme la députée a probablement pu le
lire dans le mémoire du Conseil des ministres - si elle l'a lu, M. le
Président - si la Société refusait de mettre fin à
un programme existant, le gouvernement, bien sûr, contrôle les
budgets et, en coupant le robinet des budgets, automatiquement, ça
mettrait fin au programme.
Mme Harel: Alors, c'est à peu près au même
effet que le libellé qui est supprimé, sauf que ça ne se
réaliserait qu'en fin d'année, dans le cadre du processus
d'approbation des budgets.
M. Bourbeau: Disons que c'est normal que le gouvernement puisse
se donner ce pouvoir, M. le Président. Étant donné que le
gouvernement subventionne les programmes à 100 %, pratiquement, c'est
normal que le gouvernement puisse juger bon, à un moment donné,
de mettre fin à un programme. Et il devenait inutile de le dire comme
c'est dit à l'article 22, puisque, de toute façon, on avait la
même possibilité de le faire en contrôlant les budgets.
Mme Harel: En fait, pourquoi le dire quand on peut le faire sans
le dire et qu'en le disant ça suscite du mécontentement? C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: bien, oui, puis la députée de
hochelaga-maisonneuve n'est certainement pas intéressée à
ce qu'il y ait du mécontentement dans la société.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Maintenant, la députée pourra'
toujours en discuter lors de l'étude des crédits, M. le
Président. Alors, elle pourra nous demander pourquoi on supprime un
programme.
Mme Harel: De toute façon, la Société sera
présente par ses porte-parole lors de l'étude des crédits.
C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Oui, bien sûr. C'est un poste qui
émargera au budget du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle.
Mme Harel: Donc, l'amendement a comme effet de biffer la
deuxième phrase et d'en introduire une nouvelle. En fait, ce qu'on
introduit, dans l'amendement, c'est le fait que l'approbation du ministre seul
pourra suffire.
M. Bourbeau: Dans les cas qui seront déterminés par
le gouvernement, oui.
Mme Harel: Et ils seront déterminés par
règlement? Comment cette délégation-là sera-t-elle
effectuée?
M. Bourbeau: C'est par décret, et on vise plus
spécialement les cas, par exemple, de modification de programmes, ou
ceux qui visent à mettre fin à un programme. Je ne pense pas que
le gouvernement autorise le ministre à approuver seul des nouveaux
programmes, étant donné que les nouveaux programmes doivent
passer par le processus d'approbation des normes ou des critères. Mais,
en ce qui concerne les modifications possibles à des programmes,
même le fait de mettre fin à un programme, ça, ça
pourrait être délégué, ces approbations-là,
à la juridiction du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
Mme Harel: Je m'excuse, je n'ai pas bien...
M. Bourbeau: J'ai dit que c'est par décret, d'abord, que
le gouvernement...
Mme Harel: Ça, c'est d'accord.
M. Bourbeau: ...agirait, et, ce qui est visé, ce n'est pas
tellement l'approbation des programmes eux-mêmes comme les modifications
de programmes.
Mme Harel: En cours de route?
M. Bourbeau: Pour donner plus de souplesse et
d'efficacité.
Mme Harel: Dans les mémoires qui étaient
présentés devant la commission, notamment par un partenaire
majeur que se plaît à citer le ministre comme étant un
allié, soit la FTQ, l'une des recommandations était à
l'effet de rendre la Société pleinement responsable de ce qu'elle
a à gérer. Il faut comprendre que la Société, avec
l'article 22 tel qu'amendé, est soumise à l'approbation du
gouvernement. Il faut donc comprendre qu'elle ne pourrait pas non plus mettre
fin ou modifier ses programmes sans une telle approbation. C'est ça
qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Oui, c'est le sens de l'article 22. Ça
n'enlève pas que la Société soit responsable quand
même.
Mme Harel: Pardon? Je n'ai pas bien compris.
M. Bourbeau: J'ai dit: Ça n'enlève pas que la
Société soit quand même tenue d'être responsable.
Vous disiez que la FTQ...
Mme Harel: Elle est responsable, mais assujettie à
l'approbation du gouvernement pour soumettre, pour modifier des programmes ou
pour mettre fin à un programme. (22 h 50)
M. Bourbeau: Oui, c'est exact. Mais, mettre fin à un
programme, non, puisqu'on vient de biffer . la phrase. Théoriquement,
elle ne serait plus tenue de mettre fin à un programme, sauf qu'elle
aurait beaucoup de difficultés à maintenir un programme si elle
n'avait pas les crédits pour le faire. Maintenant, je pense, M. le
Président, qu'il est normal qu'une société dont le budget
émarge à 100% au gouvernement ait des comptes à rendre au
gouvernement, et le gouvernement, lui, a des comptes à rendre à
l'Assemblée nationale sur l'utilisation de ses crédits. Je ne
vois pas pourquoi et comment le gouvernement pourrait donner à une
société paragouvernemen-tale une marge de manoeuvre totale et
absolue, alors que les fonds viennent des fonds publics. La
députée serait la première, je pense, a nous reprocher de
mettre entre les mains des partenaires, sans que le gouvernement puisse
contrôler, des sommes de plusieurs centaines de millions de dollars.
Ça serait, disons, du jamais vu, en tout cas, dans le firmament de la
politique québécoise et, à mon avis, irresponsable.
Mme Harel: En matière d'administration de la caisse
d'assurance-chômage, évidemment, c'est une caisse qui gère
plusieurs milliards de dollars. Cependant, le financement de cette caisse est
assuré par des contributions des employeurs et des employés. Mais
je comprends que c'est une administration qui est tripartite et
décisionnelle, je pense, hein?
M. Bourbeau: À ma connaissance, M. le Président, la
caisse de l'assurance-chômage est gérée par un petit
comité de trois personnes, dont le sous-ministre fédéral
de la Main-d'oeuvre et deux autres personnes.
Mme Harel: Deux assesseurs. Un assesseur patronal et un assesseur
syndical; un assesseur syndical qui est un Québécois d'origine,
d'ailleurs.
M. Bourbeau: Ça, je l'ignorais.
Mme Harel: Et un assesseur patronal. Mais ce n'est pas la gestion
de la caisse, je pense, à laquelle procède ce comité de
trois personnes. Ce comité, je pense, est consulté sur l'ensemble
des politiques de la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada.
M. Bourbeau: M. le Président, on est éloigné
de l'article 22, et je ne suis pas en mesure de donner des précisions
sur l'administration de la caisse d'assurance-chômage.
Mme Harel: C'est parce que le ministre faisait valoir... On n'est
pas éloigné, M. le Président. Il y a quelques minutes
à peine le ministre faisait valoir qu'il ne pouvait pas libérer
la Société de la sujétion à laquelle elle est
condamnée par les dispositions du projet de loi 408 sur le motif que
c'étaient là des fonds publics qui devaient être
gérés et que ça nécessitait la tutelle du
gouvernement.
M= Bourbeau: À cette différence...
Mme Harel: Je lui posais la question en ce qui concerne la caisse
d'assurance-chômage simplement pour faire l'analogie avec des fonds
collectifs. En fait, il ne s'agit pas de fonds publics comme tels mais de fonds
collectifs qui sont gérés, je pense... En dernière
instance, je ne crois pas que la caisse d'assurance-chômage
requière l'approbation du gouvernement fédéral.
M. Bourbeau: Bon. M. le Président, il y a deux choses
à dire. Premièrement, quand on parle d'assurance-chômage,
on parle de fonds qui sont totalement privés, étant donné
que le gouvernement fédéral ne contribue pas un sou à la
caisse d'assurance-chômage. C'est donc dire qu'en théorie le
gouvernement pourrait même ne pas y être présent, puisque ce
sont des fonds privés. Ici, on a 100 % de fonds publics pour lesquels le
gouvernement est redevable envers l'Assemblée nationale. D'autre part,
on m'avise qu'il semble que la caisse d'assurance-chômage soit
gérée... enfin, que le président du groupe, celui qui
préside, c'est le sous-ministre en titre du ministère de la
Main-d'oeuvre d'Ottawa, qui exerce un contrôle. Enfin, me dit-on.
Mme Harel: M. Kroeger.
M. Bourbeau: Oui. C'est lui qui siège à la
Commission, et je crois qu'il exerce un contrôle
prépondérant sur les décisions, M. le Président.
Donc, le fédéral contrôle, à toutes fins pratiques,
des fonds qui ne sont même pas les siens. Alors, je ne vois pas pourquoi
le Québec ne pourrait pas contrôler des fonds qui sont à
100 % les siens. Il me semble que c'est logique, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Ça me semble
implacable.
Mme Harel: M. le ministre, vous avez dû recevoir, comme
nous, une demande de retrait de l'article 22 formulée par la CEQ, par le
Regrou-
pement québécois des organismes de développement de
l'employabilité, par l'Association des parrains des services...
M. Bourbeau: J'admets la preuve, M. le Président. Preuve
admise.
Mme Harel: Est-ce que vous savez pourquoi le ministre cherche
à me couper le sifflet comme ça, M. le Président? C'est
qu'il y a une liste impressionnante d'organismes qui ont manifesté leur
intention d'obtenir des modifications au projet de loi, notamment en ce qui
concerne l'article 22 qui est soumis à notre examen.
M. le ministre, tantôt, vous mentionniez que vous biffiez, dans la
deuxième phrase de l'article 22, l'obligation de mettre fin à un
programme existant à la demande du gouvernement, mais vous y laissez,
à l'inverse, l'interdiction d'y mettre fin sans une approbation du
gouvernement. Alors, il n'y aurait plus l'obligation de mettre fin, à la
demande du gouvernement, mais il demeure l'interdiction de mettre fin sans
l'approbation du gouvernement.
M. Bourbeau: C'est quel article, ça?
Mme Harel: 22. parce que vous biffez la deuxième phrase de
l'article 22, qui créait l'obligation de mettre fin à un
programme existant à la demande du gouvernement. ça, c'est
biffé.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Mais vous laissez, à la première phrase,
l'interdiction de mettre fin à un tel programme sans l'approbation du
gouvernement. Alors, ils n'ont pas l'obligation de mettre fin...
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: ...même à la demande du gouvernement. De
toute façon, lors du processus des crédits budgétaires, ce
programme-là pourra ne pas obtenir les crédits, si tant est que
le gouvernement veuille y mettre fin, mais, par ailleurs, ils ne peuvent pas y
mettre fin de leur propre initiative sans une approbation du gouvernement.
M. Bourbeau: Oui. Effectivement, c'est exact. Ça ne se
contredit pas.
Mme Harel: En fait, ce que vous concevez du rôle de la
Société, c'est que la Société gère les
politiques et les programmes du ministère.
M. Bourbeau: Les services. Les services.
Mme Harel: Elle gère les politiques, les programmes et les
services du ministère. C'est la façon dont vous concevez la
Société.
M. Bourbeau: Elle élabore les programmes et les
gère.
Mme Harel: Où est-ce qu'on voit qu'elle élabore..?
Oui, c'est vrai.
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: Oui, d'accord. En fait, on y reviendra. C'est à
l'article 17, qu'on a suspendu.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Mme Harel: Un instant, M. le Président. On me fait valoir,
M. le Président, que l'aspect qui est le plus décrié par
les organismes du milieu consiste en l'interdiction de modifier un programme
sans l'approbation du gouvernement ou du ministre, en l'occurrence. Ça
veut donc dire que la Société, qui élabore un programme
dans le cadre des politiques du ministère et qui se rend compte, en
cours d'exercice de ce programme, qu'il n'est pas tout à fait
adéquat, ne peut pas le modifier sans l'approbation du gouvernement.
M. Bourbeau: Du ministre, maintenant.
Mme Harel: Du ministre.
M. Bourbeau: Oui, alors, ça va...
Mme Harel: Ah! Il y a une petite amélioration.
M. Bourbeau: Bon. Très bien! Voilà!
Mme Harel: Le ministre sait tout le bien que je pense de lui,
alors...
M. Bourbeau: Bien oui. Voyez-vous, on s'entend.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On essaie, M. le Président, dans la mesure du
possible, de se rapprocher des...
Mme Harel: II y a une légère amélioration.
Donc...
M. Bourbeau: Bien, oui. C'est ça. Un petit pas.
Mme Harel: ...dans les cas déterminés
préalablement par le gouvernement. Évidemment, on nous a
parié d'un décret, mais en nous disant que ce décret
pourrait contenir cette disposition-là pour les modifications à
être apportées aux programmes. C'est bien ça que vous nous
avez dit?
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Mais il faut, évidemment, vous signer un
chèque en blanc, là, parce qu'on n'a pas le décret. Non
pas que je mette en doute votre parole, pas du tout, mais un décret,
finalement, vient d'un gouvernement. Est-ce que vous... (23 heures)
M. Bourbeau: Un gouvernement vient du peuple. M. le
Président, je réponds tout de suite à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Si le gouvernement n'avait pas
eu l'intention de donner suite à cet assouplissement-là, le
ministre n'aurait pas réussi à obtenir du Conseil des ministres
l'amendement que je propose. Le gouvernement n'agit pas pour ne rien dire.
Alors, puisque le Conseil des ministres a accepté l'amendement à
l'article 22, c'est donc qu'il a une intention évidente d'adopter un
décret qui permettrait au ministre d'avoir une certaine marge de
manoeuvre. Et cette marge de manoeuvre là, manifestement, ça ne
sera pas pour approuver des programmes comme tels - parce que, les programmes,
c'est le gouvernement qui les approuve - mais ça doit
nécessairement, par déduction, être les modifications de
programmes, puisque c'est ce qu'il y a à l'article 22. C'est soit les
programmes eux-mêmes ou leurs modifications et, manifestement, c'est les
modifications.
Mme Harel: Est-ce que, M. le ministre, vous envisagez que des
modifications puissent être apportées à un programme dans
une région, compte tenu des contraintes particulières qui peuvent
se présenter, sans l'être, pour autant, dans une région
voisine?
M. Bourbeau: M. le Président, on a, comme vous le savez,
regroupé nos programmes. On les a simplifiés et regroupés
en quatre grands programmes. Forcément, en ayant réduit le nombre
des programmes, ces programmes-là vont être plus larges,
moins...
Mme Harel: Contraignants.
M. Bourbeau: ...moins contraignants, oui, et probablement moins
détaillés aussi que si on avait un plus grand nombre de
programmes pointus que de programmes obtus. Dans ce sens-là, ces
programmes-là vont pouvoir donner lieu à des adaptations beaucoup
plus faciles. C'est d'ailleurs l'objectif que nous recherchons de permettre aux
régions d'adapter les programmes en fonction des besoins et des
réalités régionales. Dans ce sens-là, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve trouve la réponse
à sa question.
Mme Harel: Mais le processus serait quand même assez lourd
puisqu'une fois constatée une situation particulière qui appelle
un ajustement d'un programme national la société régionale
doit le transmettre à la société mère pour approba-
tion, et la société mère le transmet par la suite au
ministre pour approbation.
M. Bourbeau: M. le Président, on est rendu dans la
plomberie légale. Peut-être que Me Crevier pourrait donner des
explications additionnelles.
M. Crevier: Oui. Disons qu'à l'article 44 on exprime de
façon assez spécifique cette faculté-là d'une
société régionale d'adapter les programmes aux
réalités de la région. Ce faisant, je ne pense pas que la
société régionale ait à requérir
l'approbation pour ce faire. Évidemment, tout ça va se faire
suivant les termes du programme. Le programme peut même prévoir
des zones où il sera possible d'agir avec beaucoup plus d'autonomie.
M. Bourbeau: D'ailleurs, l'article 44, paragraphe 2°, le dit
bien: «d'adapter les programmes aux réalités de la
région, dans la mesure où les conditions de leur mise en oeuvre
le permettent.» Et le sous-paragraphe 3°: «d'élaborer
des initiatives régionales dans le cadre des politiques de la
Société.»
Mme Harel: On y reviendra, de toute façon, lorsqu'on fera
l'examen de l'article 44...
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président.
Mme Harel: ...parce qu'évidemment la formulation au
paragraphe 2°...
M. Bourbeau: Si jamais on se rend là. Si jamais on se rend
à l'article 44.
Mme Harel: Écoutez, on s'y rendra sûrement...
M. Bourbeau: Oui. Ah bon! Je suis content. Bonne nouvelle, M. le
Président.
Mme Harel: ...avec la décision que vous avez prise au
caucus ce soir.
M. Bourbeau: Ah oui? Vous êtes au courant des
décisions du caucus? Quelle décision avons-nous prise?
Le Président (M. Joly): Là, vous avez...
M. Bourbeau: Franchement! C'est encore Claude Morin, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Vous savez, ce qui se passe
au...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): ...Conseil des ministres, ce qui
se passe a nos caucus...
M. Bourbeau: Est-ce que Claude Morin était au caucus, ce
soir?
Le Président (M. Joly): On n'en a pas de Morin, chez
nous.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Une voix: Est-ce qu'on pourrait avoir un rapport, à notre
caucus?
Le Président (M. Joly): Vous savez, ça
m'inquiète, moi, là.
Mme Harel: Moi, je vais vous dire une chose, je suis à
même, M. le Président, de vous signaler que le ministre a
été fort courtois à l'égard de l'Opposition, de son
porte-parole et de ses collègues. Et je dois lui dire,
évidemment, que je lui en suis redevable.
Le Président (M. Joly): Dans quel sens? Je ne sais pas,
là, si vous parlez de courtoisie; pour moi, c'est...
M. Bourbeau: m. le président, je suis moi-même
interloqué. est-ce que la députée de hochelaga-maisonneuve
fait allusion à la bouteille de champagne dont elle parlait au
début de la séance?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je vais aller
vérifier à mes sources si les bonnes paroles qu'elles avaient
mises dans la bouche du ministre étaient bien exactes.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut passer à l'article 23, M.
le Président?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement à
l'article 22 est adopté?
Mme Harel: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Bien, Mme la
députée.
M. Paradis (Matapédia): Concernant les habitudes de cette
commission parlementaire...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): ...puis-je demander à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve quelles sont les conclusions de
notre caucus, finalement?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut passer
à l'article 23?
M. Paradis (Matapédia): Vous parlez beaucoup de vos
relations avec le ministre, mais, au-delà de ces relations-là,
est-ce que vous avez des conclusions de notre caucus?
Mme Harel: M. le Président, je préférerais
que le député...
Le Président (M. Joly): De Matapédia. Mme Harel:
...nous en informe lui-même... M. Paradis (Matapédia):
Mais non!
Mme Harel: ...parce que, pour moi, ce n'est que du
ouï-dire.
M. Paradis (Matapédia): Ah bon!
Mme Harel: Vous savez très bien qu'on ne peut pas se
satisfaire du ouï-dire.
M. Paradis (Matapédia): Ah bon! Très bien!
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous n'avez
pas tout à fait confiance dans vos sources.
Mme Harel: Pourtant, ce sont de vos collègues.
Le Président (M. Joly): Ah!
M. Bourbeau: Ah bon! Là, ça s'améliore.
Le Président (M. Joly): On est obligé de porter
foi, là.
Une voix: Au moins, si vous êtes au courant, c'est
important.
Le Président (M. Joly): Alors, est-ce que l'amendement
à l'article 22 est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Donc, l'article 22,
tel qu'amendé, est adopté sur division. J'appelle l'article
23.
M. Bourbeau: Cette disposition prévoit que la
Société exécutera tout mandat que le gouvernement pourra
lui confier relativement à un accord fédéral-provincial
confiant au Québec l'administration d'une loi fédérale
relativement au domaine de la main-d'oeuvre et au domaine du remplacement du
revenu de travail. On peut songer ici plus particulièrement au domaine
de l'assurance-chômage ou à tout autre «iomaine connexe.
M. le Président, j'aimerais proposer ici un amendement visant
à remplacer, dans la première ligne du premier alinéa de
l'article 23 du projet,
ce qui suit: «sur autorisation du gouvernement» par ce qui
suit: «conformément à la loi». Cet amendement vise
à remplacer, au début du premier alinéa, l'expression
«sur autorisation du gouvernement» par l'expression
«conformément à la loi» par souci de cohérence
avec des dispositions semblables que l'on retrouve dans d'autres lois
concernant le pouvoir d'un ministre de conclure un accord avec le gouvernement
fédéral. Par cette mention, on se trouve à se
référer à la Loi sur le ministère du Conseil
exécutif, chapitre M-30, qui prévoit un cadre
général de conclusion des ententes intergouvernementales.
Le Président (M. Joly): Mme la députée?
Mme Harel: Alors, est-ce qu'il faut comprendre qu'avec
l'amendement vous accordez expressément le pouvoir à la
Société de conclure une entente avec le gouvernement
canadien?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est le ministre qui peut
conclure avec le gouvernement fédéral une entente dans le cadre
de la Loi sur le ministère du Conseil exécutif.
Mme Harel: Dans le mémoire que vous soumettiez au Conseil
des ministres, à la page 12, on retrouvait ceci, et je cite: «Le
projet de loi 408 n'accorde pas expressément de pouvoir à la
Société de conclure une entente avec un gouvernement, un
ministère ou un organisme autre que québécois. Par
conséquent, il y aurait lieu de préciser que la
Société se voit reconnaître une telle possibilité
dans le cadre de la réalisation de sa mission.»
M. Bourbeau: On verra ça à l'article 26.1, M. le
Président. La députée anticipe.
Mme Harel: Mais l'article 26 concerne un ministère ou un
organisme public québécois. (23 h 10)
M. Bourbeau: C'est un nouvel article, M. le Président,
qu'on va provisoirement appeler 26.1. C'est l'insertion d'un nouvel article. En
ce qui concerne l'article 23, dans l'éventualité d'un transfert
au Québec par le gouvernement fédéral de certains pouvoirs
que celui-ci excerce actuellement dans le domaine de la formation
professionnelle ou de l'assurance-chômage, le gouvernement
québécois pourra confier à la Société un
mandat découlant d'un tel transfert. Et, tel qu'annoncé dans
l'énoncé de politique sur le développement de la
main-d'oeuvre, le gouvernement du Québec entend conclure avec le
gouvernement fédéral une entente administrative en vertu de
laquelle le Québec gérera le programme d'assurance-chômage
sur son territoire. Cette avenue permettrait de préserver l'effet de
péréquation du régime d'assurance-chômage tout en
rendant possible le regroupement de l'ensemble des services et des programmes
de main- d'oeuvre sous une, seule administration, un seul réseau, en
l'occurrence, sous l'administration de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Et je
sais, M. le Président, que l'Opposition officielle partage les voeux du
gouvernement sur l'opportunité de rapatrier au Québec ces
pouvoirs.
Mme Harel: Par ailleurs, les chances sont bien minces, M. le
Président. J'ai pu écouter le bulletin de nouvelles à 22
heures, tantôt, et on pouvait y entendre M. Clyde Wells, que nous aurons
peut-être la chance de rencontrer à l'occasion de notre mission
à Terre-Neuve cet été, et M. Wells exprime une fin de
non-recevoir totale, n'est-ce pas, à l'égard du Sénat, en
fait, des deux projets qui sont sur la table présentement. Alors, j'ai
bien peur que, finalement, il n'en résulte, de ce projet de loi 408, la
même chose que la fable de La Fontaine, «Perrette et le pot au
lait». Je ne sais pas si vous en avez déjà pris
connaissance, de cette fable...
M. Bourbeau: Ah oui, ah oui!
Mme Harel: J'aurai peut-être l'occasion, demain, de vous en
citer quelques extraits.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je dirais ceci: II y a une
phrase qui me revient, de cette fable-là, qui me fait étrangement
penser à la députée de Hochelaga-Maisonneuve - et c'est un
compliment, d'ailleurs. C'est une des plus belles phrases, je dois dire, de La
Fontaine, dans le style. Il disait, de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve: «Légère et court vêtue, elle
allait à grands pas».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On ne peut mieux dire, M. le Président, en si
peu de mots.
Le Président (M. Joly): On se dépêche
lentement, quoi!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: M. le Président, je dois vous dire que j'ai
déjà connu, il n'y a pas si longtemps - il y a trois ans
maintenant - une situation un peu similaire à celle que nous vivons
à l'occasion de l'examen du projet de loi 408. C'était dans le
cadre de l'énoncé de politique des services de garde, et la
collègue du ministre de la Main-d'oeuvre, Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille, avait déposé un énoncé de politique et
un projet de loi, exactement comme le ministre a pu le faire l'automne dernier.
Elle avait convoqué une commission parlementaire et s'apprêtait
à adopter
une politique d'ensemble qui était financée à
même les contributions de Québec et les budgets
fédéraux qui devaient être transférés.
C'était rien de moins, M. le Président, que 1 000 000 000 $ que
nous avions à distribuer. Et, ainsi, légère et court
vêtue, allait la ministre déléguée à la
Condition féminine, la ministre de l'époque, qui est actuellement
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration, enthousiaste
et désireuse d'établir des critères et des normes dans
l'attribution des subventions qui allaient émaner de ces transferts de
budgets fédéraux qui ne sont jamais venus, finalement.
M. Bourbeau: Ils sont venus, M. le Président. On a eu un
transfert de l'Immigration.
Mme Harel: Oui, mais ils ne sont jamais venus en matière
de services de garde.
M. Bourbeau: J'ai toujours dit, M. le Président, que,
même s'il ne venait pas un rond du gouvernement fédéral, on
avait quand même besoin d'une Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, tant il
est vrai que le partenariat est un ingrédient essentiel si l'on veut
atteindre les résultats escomptés dans la gestion du
marché du travail.
Mme Harel: Mais est-ce que tout ce brassage de structures
vaudrait la peine? Parce que, dans le fond, c'est un autre réseau qu'on
met en place. En plus du ministère, où on retrouvera toujours une
Direction générale de la formation professionnelle, n'est-ce pas?
Vous-même avez dit qu'il y aurait au ministère le maintien d'une
équipe légère en matière de politique et de
formation professionnelle.
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'on va maintenir la Direction
générale des politiques et des programmes, mais qui s'occupe de
toute la recherche au ministère, notamment et entre autres de la
main-d'oeuvre. On n'aura pas de Direction générale de la
main-d'oeuvre et de la formation professionnelle. On l'abolit.
Mme Harel: Direction générale des politiques et des
programmes.
M. Bourbeau: Mais qui va s'occuper aussi des programmes de
sécurité du revenu.
Mme Harel: et on retrouverait donc, dans la perspective
invoquée par le ministre lui-même où il n'y aurait pas de
transfert, le maintien du réseau des centres d'emploi et immigration
canada. on maintient la direction générale d'emploi et
immigration canada k montréal. on maintient le réseau...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...des sociétés régionales, et on
y retrouve une société...
M. Bourbeau: Mais, là, c'est de la cacophonie. Et je vous
signale que le sous-ministre adjoint à la formation professionnelle et
à la main-d'oeuvre a été engagé pour scier la
branche sur laquelle il est assis. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Dans le mémoire, à la page 16, portant
sur les implications financières, on dit ceci: «Les montants
alloués aux CFP de même que les budgets de la Direction
générale de la formation professionnelle seront
transférés à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre.»
Environ 175 000 000 $.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si c'est la bonne version.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a une version
préliminaire, qui ne semble pas être la version officielle.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je souhaiterais
certainement pouvoir...
M. Bourbeau: Avoir la version officielle.
Mme Harel: ...la mettre à jour, si le ministre me le
permet.
Cependant, cet article 23 est important, M. le Président, parce
que se profile, derrière la rédaction de l'article, le transfert
d'employés. Il ne s'agit pas simplement de transférer des
budgets, de transférer des programmes, mais il s'agit aussi de
transférer des gens qui ont fait une partie de leur vie professionnelle
dans la fonction publique fédérale. Et je pose la question du
personnel.
M. Bourbeau: Mais il y a un article qui prévoit ça,
plus tard...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...on pourrait peut-être en rediscuter
à ce moment-là. C'est quoi, le numéro de l'article sur le
transfert des employés?
Mme Harel: 84, 85. M. Bourbeau: 93. Mme Harel:
93?
M. Bourbeau: 93, on va y arriver vers 23 h 45, M. le
Président, à peu près.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Matapédia): 23 h 40.
Le Président (M. Joly): L'éternel optimiste.
M. Bourbeau: M. le député de Matapédia est
plus optimiste que moi.
Mme Harel: Donc, M. le Président, le ministre,
conformément à la loi, peut conclure avec le gouvernement du
Canada tout accord portant sur l'administration et l'application, en tout ou en
partie, d'une loi du Parlement du Canada relative au domaine de la
main-d'oeuvre, à celui du remplacement du revenu de travail ou à
tout autre domaine connexe. Donc, quand on fait référence
à la loi, faut-il comprendre qu'on fait référence à
la loi du ministère des relations internationales?
Une voix: Le ministère du Conseil exécutif.
M. Bourbeau: C'est la Loi - j'en ai parlé tantôt -
sur le ministère du Conseil exécutif qui prévoit,
justement, un cadre général de conclusion des ententes
intergouvernementales.
Mme Harel: Alors, là, il s'agit vraiment d'ententes
administratives. Je comprends que l'article 23 vient consacrer non pas le
transfert de compétences constitutionnelles mais la possibilité
d'ententes administratives dans le cadre d'une délégation
où Ottawa conserve sa compétence.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, on parle d'un accord
qui porte sur l'administration d'une loi du Parlement fédéral.
Donc, c'est un accord du même genre que certains accords qu'on a
signés dans le passé. L'accord sur... A-t-on des ententes
semblables?
(Consultation)
M. Bourbeau: M. le Président, le gouvernement du
Québec a signé, dans le passé, de nombreux accords et
ententes avec le gouvernement fédéral, toujours en vertu de la
Loi sur le ministère du Conseil exécutif.
Mme Harel: Alors, donc, le ministre et son gouvernement
envisagent des ententes administratives et non pas des modifications
constitutionnelles. C'est ça qu'il faut comprendre? (23 h 20)
M. Bourbeau: Sur l'assurance-chômage, vous voulez dire?
Parce qu'on fait référence à l'assurance-chômage,
ici.
Mme Harel: On peut faire référence tout autant
à la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada?
M. Bourbeau: En fait, oui, pour l'instant, on a en tête,
ici, les ententes administratives, bien sûr. Parce que, s'il y avait des
amendements constitutionnels, ce serait négocié par d'autres que
moi. Ce serait en dehors d'un projet de loi, ici.
Est-ce que la députée de Hochelaga-Maison-neuve aurait en
sa possession un projet de l'entente administrative qu'on veut négocier,
M. le Président? Moi, je ne l'ai pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Non, M. le Président, ce que nous avons en
main, c'est le rapport d'étape des réunions des ministres
constitutionnels des différentes provinces.
M. Bourbeau: Avez-vous des rapports de la réunion de
demain?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ça, c'est en date du 11 juin. Vous voyez, c'est
quand même, je pense...
M. Bourbeau: C'est l'ébauche.
Mme Harel: ...suffisamment récent pour que ce soit le
dernier rapport d'étape qui ait été rédigé.
par la suite, je crois comprendre que c'était très informel.
Le Président (M. Joly): Vous êtes à jour.
M. Bourbeau: C'est l'ébauche dont il était
question, M. le Président.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: L'ébauche progressive.
Mme Harel: Et, finalement, c'est assez intéressant. J'en
ai d'ailleurs transmis une copie au ministre dès que j'en ai eu
moi-même copie...
M. Bourbeau: Dans ce cas précis, d'ailleurs, l'Opposition
a un très bon service d'espionnage, M. le Président.
Mme Harel: ...le 12 juin. Vous voyez, c'était à la
fin de la journée. C'est marqué «ébauche progressive
au 11 juin, fin de la journée», et j'en remettais copie au
ministre dès le 12 juin au matin.
M. Bourbeau: C'est un excellent service d'information, M. le
Président. Les services secrets du Parti québécois sont
très efficaces.
Le Président (M. Joly): II faut dire qu'il y a une forme
d'expérience.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Autrement dit, ils ont été à
bonne école.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Et, ce qu'on y retrouve, au chapitre de la formation
de la main-d'oeuvre, c'est ceci. Ceci étant dit, je veux vous mettre en
garde, vous-même et nos lecteurs, sur le fait qu'il s'agit d'une
proposition. On prend bien soin - et imaginez-vous que c'est...
Le Président (M. Joly): Moi, je vis toute une
expérience, ici. À chaque fois que je sors, je regarde un peu
partout pour savoir si je ne serai pas agressé, parce que, avec toutes
les fois que j'ai été mis en garde durant la soirée...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Mais je m'aperçois que
ça ne s'adresse pas à moi personnellement, et ça me
rassure. Et, venant d'un ex-assureur, ce n'est pas peu dire.
Mme Harel: Alors, M. le Président, on peut lire ceci, dans
les notes explicatives de ce rapport d'étape où, justement, on
met en garde les lecteurs de croire qu'il puisse s'agir de décisions qui
auraient pu être prises au cours du processus qui a duré trois
mois. Loin de là, dit-on. Et je cite. Dans les notes explicatives, on
lit: «II n'a pas été possible de dégager un
consensus dans le cas de plusieurs questions très importantes. De
façon générale, dans les domaines où il y avait
consensus, certaines provinces ont voulu que leur dissidence soit
consignée - alors, des consensus avec dissidence - Cela a
été fait dans les comptes rendus des réunions, mais il
n'en a pas été fait mention dans le présent
résumé.»
Alors, on ne peut même pas savoir si, en matière de
formation de la main-d'oeuvre, il y avait des consensus, avec ou sans
dissidence. Quoi qu'il en soit, ce qui est proposé, c'est beaucoup plus
qu'une entente administrative, M. le Président. On dit: «II
conviendrait que la formation de la main-d'oeuvre soit reconnue à
l'article 92 de la Constitution comme étant une sphère de
compétence provinciale exclusive.»
Vous n'étiez pas des nôtres, M. le Président, mais
lorsque nous avons débuté notre commission, la semaine
passée, j'avais moi-même déposé un amendement
à l'article 2, dès le début de l'examen du projet de loi,
pour mentionner, justement, que la Société était une
corporation, nonobstant l'article 92 de la Constitution, pour assurer la
compétence exclusive. L'amendement a été défait par
le ministre, et là on revient à l'article 23 et on constate que
ça n'est pas de compétence provinciale exclusive qu'il est fait
mention mais d'ententes administratives. Alors, c'est décevant, en fait,
M. le Président. C'est vraiment décevant, parce que, dans le
fond, le
Québec se contente de sous-contracter, un peu comme on l'a fait
en matière de catégories à l'Immigration, sur lesquelles
le fédéral a gardé sa juridiction, comme la
catégorie des réfugiés ou la catégorie de la
réunification de la famille. Finalement, c'est presque la moitié
de l'immigration.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai lu le document avec
attention, là...
Mme Harel: Est-ce qu'il y a quelque chose de particulier?
M. Bourbeau: Non, c'est tout réglé, M. le
Président. C'était une urgence.
Mme Harel: Excusez-moi.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis tout oreilles.
Mme Harel: II a l'air de comploter, lui. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je mets en garde...
Le Président (M. Joly): Vos rumeurs se confirment. Ce que
vous saviez du caucus de ce soir, ça se confirme.
M. Bourbeau: C'est ça, M. le Président.
Mme Harel: Si vous me le dites, je vous crois.
M. Bourbeau: Le pire est à venir.
Mme Harel: Alors, donc, M. le Président, nous allons
devoir voter sur division cette disposition.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est
adopté sur division, et l'article 23...
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): ...est adopté, tel
qu'amendé, sur division. L'article 24 est appelé.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président, permettra au
gouvernement de confier à la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre
différents mandats particuliers, y compris la gestion de programmes
élaborés par le gouvernement lui-même, non seulement dans
le domaine de la main-d'oeuvre mais aussi dans le domaine du remplacement du
revenu de travail ou dans tout autre domaine connexe. Adopté.
Mme Hirei: M. le Président, il y a de nombreux organismes
qui ont demandé des
modifications à l'article 24. ;
M. Bourbeau: Pas seulement à l'article 24, M. le
Président, à bien d'autres articles aussi.
Mme Harel: Bien d'autres. Nous y reviendrons, d'ailleurs, en
temps et lieu.
M. Bourbeau: Oui, je n'en doute pas. Mme Harel: Mais,
à l'égard de l'article 24... M. Bourbeau: J'y compte
bien.
Mme Harel: ...il y a la ville de Montréal, il y a le
Conseil du patronat du Québec, il y a...
M. Bourbeau: La chambre de commerce. Mme Harel: ...la
FTQ.
M. Bourbeau: La chambre de commerce, je pense, aussi?
Mme Harel: II y a la Fédération des cégeps
et il y a - et, ça, je suis convaincue que ça aura une influence
déterminante, M. le Président - l'Association des manufacturiers
du Québec...
M. Bourbeau: Ah!
Mme Harel: ...que l'on sait être attentive au point de vue
du ministre, et on sait que le ministre est attentif à leur point de
vue. Ce que l'Association des manufacturiers du Québec dit à
propos de l'article 24 consiste à demander que le mandat de la
Société soit clairement identifié comme étant le
développement des ressources humaines. Et l'AMQ ajoute: L'extension du
mandat dans le domaine du remplacement du revenu de travail et dans tout autre
domaine ne correspond pas aux attentes des manufacturiers. Alors, le ministre
est en train de décevoir son allié le plus fidèle.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! Mais je ne crois pas décevoir la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, quand même! Non. Alors,
est-ce qu'elle veut qu'on biffe les mots «celui du remplacement du revenu
de travail»? Ça m'étonnerait.
Mme Harel: M. le Président, qu'est-ce que le ministre
avait en tête lorsqu'il a introduit l'article 24? Quelle est la
portée éventuelle de l'article 24?
M. Bourbeau: Bien, M. le Président...
Mme Harel: ce sont des mesures passives? il faut comprendre que,
par l'article 24, le ministre introduit la possibilité pour la
société de gérer également les mesures passives,
pas simplement les mesures actives? : (23 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que les mandats
qu'on pourrait confier dans le domaine de la main-d'oeuvre, c'est clair, c'est
les programmes dont on parle; le remplacement du revenu de travail, la
députée sait qu'on a amendé la Loi sur les normes du
travail, il y a un an et demi, pour prévoir des congés parentaux.
Il est question, éventuellement, de remanier le programme PRALMA; ce
serait un programme de remplacement du revenu de travail. Dans tout autre
domaine connexe, c'est une clause résiduaire qui comprend, en principe,
ce à quoi on peut penser ou ne pas penser.
Mme Harel: Alors, vous considérez que la
Société pourrait, éventuellement, se voir confier des
mandats autres que ceux de formation de la main-d'oeuvre, mais qui pourraient
être des mandats dans le secteur de ce qu'on peut appeler l'assurance
sociale, des mandats dans le secteur des travailleurs âgés
licenciés, dans le secteur des travailleuses enceintes...
Par exemple, la Société, dans le contexte du programme...
comment s'appelle-t-il? PALMA?
M. Bourbeau: PRALMA.
Mme Harel: PRALMA, oui. Est-ce que la Société
pourrait, par exemple, se voir confier la gestion de ce programme?
M. Bourbeau: Ce n'est pas impossible. Tantôt, j'ai
évoqué ce programme-là. On n'a pas encore vraiment
réfléchi sur la possibilité de confier le programme PRALMA
à la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre ou le remplacement de ce
programme-là. Prenons le programme PATA, par exemple, dont on parlait
plus tôt, le programme d'aide aux travailleurs âgés; il est
fort concevable que ce programme-là, qui est un programme de
remplacement du revenu de travail, puisse être géré par la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: Qui gère actuellement le programme PRALMA?
M. Bourbeau: C'est le ministère. C'est géré
centralement par le ministère.
Mme Harel: Mais par une direction qui n'est pas associée
à celle de la Direction générale de la formation
professionnelle.
M. Bourbeau: C'est la Direction de l'administration
financière du ministère qui gère le programme.
Mme Harel: Donc, il pourrait y avoir des transferts de
fonctionnaires du ministère autres que ceux de la Direction
générale de la forma-
tion professionnelle.
M. Bourbeau: Oui, de la même façon que, si on
récupère du gouvernement fédéral les
responsabilités en matière d'assurance-chômage, on
récupérerait certainement un certain nombre de fonctionnaires qui
sont au niveau central à Ottawa, qui sont dans la gestion,
l'administration. Par exemple, il est évident que le ministère
transférera à la Société québécoise
de développement de la main-d'oeuvre des fonctionnaires provenant soit
de l'administration financière, des communications, enfin, de
certains... de l'informatique. Sans ça, M. le Président, on
resterait avec un ministère qui n'aurait pas dégraissé ses
effectifs cadres alors que la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre en aurait besoin et devrait
elle-même procéder à des embauches de personnel
additionnel, ce qui créerait des contraintes financières
additionnelles pour la Société.
Mme Harel: Alors, à combien évaluez-vous le nombre
de fonctionnaires qui seront transférés à la
Société?
M. Bourbeau: On n'a pas encore terminé, M. le
Président, les études sur ce sujet-là. On a quand
même plusieurs travaux qui ont été effectués, mais
on n'a pas terminé encore ces travaux-là, de sorte que je ne suis
pas en mesure de donner à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve des réponses précises à ses
questions. Mais ce sont des dossiers sur lesquels on travaille très
activement par les temps qui courent.
Mme Harel: Quand seront-ils terminés, ces travaux?
M. Bourbeau: j'en discutais justement avec le sous-ministre, ce
midi. nous allons statuer là-dessus probablement au début
d'août, au mois d'août, à la mi-août.
Mme Harel: Et c'est le Conseil des ministres qui doit
entériner les décisions?
M. Bourbeau: À l'article 84, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve pourra voir, au deuxième alinéa: «Des
employés d'autres unités administratives du ministère
peuvent également, sous réserve des dispositions d'une convention
collective qui leur sont applicables, devenir des employés de la
Société dans la mesure où un décret
prévoyant leur transfert est pris avant le (indiquer ici la
date...).»
Mme Harel: On retrouve des dispositions transitoires qui
concernent les employés des commissions de formation professionnelle. Ce
sont, je pense, les articles 82 et 83. Ensuite, à l'article 84, on
retrouve des dispositions tran- sitoires concernant les employés de la
Direction générale de la main-d'oeuvre. Ensuite, au
deuxième paragraphe, les employés d'autres unités
administratives. Où trouve-t-on les dispositions transitoires concernant
les employés fédéraux?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux
considérer que l'article 84 est adopté? Non, pas encore.
L'article 93. On n'est pas loin de 93, il reste 94, 95, et on y est. Si on
revenait à l'article 24, M. le Président, avant d'arriver
à l'article 93?
Le Président (M. Joly): ...articles en arrière.
Mme Harel: Le ministre sait que les partenaires patronaux sont
hostiles à un mandat de la Société dans le domaine du
remplacement du revenu de travail...
M. Bourbeau: Mais les partenaires syndicaux, M. le
Président, sont moins hostiles.
Mme Harel: Ils sont favorables, je crois.
M. Bourbeau: Oui, comme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Alors, on devrait passer à l'article 25, M. le
Président, avant que je ne change d'idée. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve est en train de me
convaincre.
Mme Harel: Ça m'étonnerait, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Pardon, madame?
Mme Harel: Ça m'étonnerait. Ceci dit, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): II fait beaucoup d'efforts.
M. Bourbeau: Je ne comprends pas la députée qui
prend un temps énorme sur l'article 24, alors qu'elle est parfaitement
d'accord avec l'article 24, j'en suis convaincu.
Mme Harel: J'ai de la difficulté à comprendre
pourquoi la FTQ demandait aussi de modifier l'article 24.
M. Bourbeau: Vous leur demanderez. Vous êtes bien plus
près d'eux que moi.
Mme Harel: On peut toujours faire une motion pour les
entendre!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Article 24, adopté.
L'article 25 est appelé.
Mme Harel: Ça, c'est un article très
controversé.
M. Bourbeau: Imaginez-vous, M. le Président, quand on
prend une demi-heure pour un article qui n'est pas controversé, à
quoi il faut s'attendre! L'article 25 permettra à la
Société de bénéficier d'une source de financement
particulière, à savoir une tarification possible de certains de
ses services par voie de règlement. J'aimerais, M. le Président,
apporter un amendement à l'article 25 du projet de loi, qui vise
à remplacer l'article 25 du projet de loi par le suivant: «25. La
Société peut, par règlement approuvé par le
gouvernement, déterminer les frais exigibles de toute personne pour
l'utilisation de certains services qu'elle offre. «Le gouvernement peut,
45 jours après avoir demandé à la Société
d'adopter ou de modifier le règlement visé au premier
alinéa, exercer ce pouvoir réglementaire. Un tel règlement
est réputé être un règlement de la
Société.»
Cet amendement vise à intégrer dans un seul article
l'ensemble des pouvoirs réglementaires concernant une éventuelle
tarification de certains services offerts par la Société,
c'est-à-dire autant le pouvoir de la Société
elle-même que celui du gouvernement, le pouvoir d'adopter ou de modifier
un règlement de tarification à la place de la
Société. À cet égard, l'amendement proposé
fait passer des mains du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle aux mains
du gouvernement le pouvoir de substituer un règlement de tarification
à celui de la Société, c'est-à-dire pouvoir du
ministre qui était initialement prévu à l'article 29 du
projet de loi, avant le projet d'amendement à ce dernier article qu'on
n'a pas déposé encore, mais qu'on déposera plus tard. M.
le Président, par les amendements proposés au présent
article ainsi qu'à l'article 29 du projet, qu'on verra plus tard, le
pouvoir du ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle d'adopter ou de modifier un règlement
de tarification à la place de la Société disparaît.
Un tel pouvoir passe maintenant entre les mains du gouvernement. (23 h 40)
Mme Harel: Donc, le gouvernement se garde le pouvoir d'imposer,
de modifier ou d'annuler un règlement sur la tarification de la
Société. C'est ça qu'il faut comprendre. Les raisons qui
militaient contre une telle disposition quand c'est le ministre qui
l'exerçait valent toujours si c'est le gouvernement.
M. Bourbeau: M. le Président, on va demander à Me
Crevier de donner les explications, si vous voulez. Je n'ai pas entendu...
M. Crevier: L'effet de l'amendement est effectivement de faire
passer le pouvoir de faire adopter ou de modifier un règlement
concernant la tarification entre les mains du gouvernement. C'était,
à l'article 29 actuel, entre les mains du ministre. En raison d'un
amendement qui serait déposé plus tard, il est devenu
nécessaire de relocaliser ce pouvoir-là à l'article 25.
Mais, fondamentalement, c'est le même pouvoir qui existait à
l'article 29 ou qui existe encore à l'article 29, au projet de loi.
Mme Harel: alors, le pouvoir est maintenant entre les mains du
gouvernement plutôt qu'entre celles du ministre. c'est ça qu'il
faut comprendre?
M. Crevier: Exact.
M. Bourbeau: Je signalerais à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qu'à l'article 29 le pouvoir du ministre d'adopter
ou de modifier un règlement était beaucoup plus large et
étendu que le pouvoir de tarification dont il est question à
l'article 25. En fait, nous avons renoncé au pouvoir de modifier un
règlement ou d'imposer un règlement, sauf à l'égard
de la tarification où le gouvernement s'est conservé le pouvoir
d'intervenir. C'est une autre mesure de relaxation, par rapport à la
Société, des contraintes qu'on lui imposait.
Mme Harel: C'est donc dire qu'en vertu du premier alinéa
de l'article 11, qui se lit ainsi: «Les employés de la
Société sont nommés de la manière qu'elle
prévoit par règlement et selon le plan d'effectifs qu'elle
établit», donc à l'égard du plan d'effectifs et de
l'embauche, le gouvernement retire son pouvoir de tutelle. C'est ça
qu'il faut comprendre?
M. Crevier: Effectivement, par un amendement qui sera
déposé plus tard, l'article 29 prévoyait qu'il
était possible, de cette façon-là, d'agir sous un
règlement pris en vertu de l'article 11, c'est-à-dire un
règlement qui vise le processus de nomination.
Mme Harel: D'embauché, entre autres.
M. Crevier: D'embauché, c'est ça, de nomination du
personnel. On prévoyait également le même pouvoir
vis-à-vis des règlements de régie interne. Ça
aussi, ça disparaîtrait, toujours par le même amendement qui
est encore à être déposé.
Mme Harel: On retrouvait ça à quel article, la
régie interne, déjà?
M. Crevier: Toujours à l'article 29. On disait: «Le
ministre peut, 45 jours après avoir mis en demeure...» Et
là on citait un règlement pris en vertu du premier alinéa
de l'article 11 -c'est la nomination dont on vient de parler - ou
de l'article 25 - c'est la tarification - ou un règlement de
régie interne. C'est ça, c'est l'article 13.
Mme Harel: Donc, le gouvernement se réserve ce pouvoir de
tutelle sur la tarification seulement...
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: ...et a abandonné ce pouvoir à
l'égard d'un règlement de régie interne de l'embauche ou
du plan d'effectifs.
M. Bourbeau: On ne pourrait dire mieux.
Mme Harel: Donc, il a abandonné sans doute parce que, de
toute façon... pour la bonne raison qu'il vote les crédits
budgétaires et que...
M. Bourbeau: non. là-dessus, c'était gratuit.
là, vraiment, que la députée de hochelaga- maisonneuve ne
cherche pas... la régie interne, ça n'a rien à voir avec
les crédits, m. le président.
Mme Harel: La régie interne, c'est juste, mais, l'article
11, le premier alinéa qui parle du plan d'embauché et des
effectifs...
M. Bourbeau: Oui. L'article... L'embauche, c'est plutôt
relié au budget de la Société. C'est sûr.
Mme Harel: Alors, M. le Président... M. Bourbeau:
Le plan d'effectifs, plutôt.
Mme Harel: ...je vais vous lire un court extrait du
mémoire présenté au conseil des ministres et vous verrez
que mon intuition était la bonne.
M. Bourbeau: Si c'est le mémoire que j'ai signé,
pas besoin de le faire lire, M. le Président, parce que je l'ai
déjà lu.
Mme Harel: Ce qui m'étonne, c'est que le ministre n'avait
pas l'air de s'en rappeler, lui qui pensait que c'était pour de bons
motifs qu'il avait introduit cet amendement. On y lit ceci: «Les
intervenants entendus en commission parlementaire ont fait valoir que la
Société devrait faire face à des doubles contrôles
gouvernementaux sur certains aspects de son mode de fonctionnement, plus
particulièrement en ce qui a trait aux règles de régie
interne, aux conditions de nomination des employés, au plan d'effectifs.
«Pour éviter des contrôles redondants ou inutiles en ces
matières, la possibilité de désavouer le règlement
relatif aux conditions de nomination du personnel et au plan d'effectifs
pourrait être retirée puisque le gouvernement détient le
contrôle de la masse salariale et des conditions de travail, notamment
par l'entremise du processus budgétaire annuel. «Quant aux
conditions de nomination de son personnel, la Société devra se
doter d'un règlement à ce sujet, qui sera public. On assure ainsi
la transparence nécessaire à une saine gestion des fonds
publics.» C'est donc dire que la Société aura son propre
plan d'embauché différent de celui de l'Office du recrutement du
personnel de la fonction publique. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve n'a pas sauté une phrase, M. le Président,
en lisant ou elle a oublié...
Mme Harel: La Société aurait... a la marge de
manoeuvre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: La députée fait une lecture
sélective, M. le Président. Comme on a une copie du document, on
l'a à l'oeil.
Le Président (M. Joly): Par chance! Par chance qu'on est
conservateurs.
M. Bourbeau: «La Société
québécoise aurait alors la marge de manoeuvre pour
déterminer elle-même l'ajustement de son plan
d'effectifs.»
Mme Harel: II faut bien voir que c'est dans le cadre du processus
budgétaire annuel.
M. Bourbeau: «Quant aux conditions de nomination de son
personnel, la Société devra se doter d'un règlement
à ce sujet, qui sera public. On assure ainsi la transparence
nécessaire a une saine gestion des fonds publics.» M. le
Président, on ne peut pas dire mieux.
Mme Harel: Est-ce que vous pouvez continuer encore une seule
phrase, M. le Président? «En ce qui a trait aux règles de
régie interne, on ferait disparaître la possibilité pour le
ministre de substituer un règlement à celui de la
Société...
M. Bourbeau: Voilà!
Mme Harel: ...ce qui est le cas - Toutefois, le ministre
conserverait le pouvoir de désaveu sur une partie ou la totalité
du règlement de régie interne.» Alors, M. le
Président, c'est finalement un amendement qui évite les
contrôles inutiles, en ce sens que ces contrôles-là existent
autrement.
M. bourbsau: Alors, M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Joly): Allez, M. le ministre.
Mme Harel: Ce qui est plus grave, finalement, hors toutes ces
considérations-là, c'est que l'article 25 introduit une
tarification des services. C'est ça qui est le plus grave
évidemment dans tout ça. Est-ce que...
M. Bourbeau: M. le Président, on ne fait que reproduire le
statu quo.
Mme Harel: Et là j'ajoute que ce qui inquiète,
d'autant plus que je crois que le sous-ministre adjoint, ici présent, a
fait parvenir aux commissions scolaires, à l'insu du ministère de
l'Éducation, à la fin de l'exercice financier... J'ai même
eu la copie de la lettre évidemment que le sous-ministre avait
signée aux fins de transmission aux commissions scolaires.
M. Bourbeau: Vous l'avez eue avant qu'il ne la signe, je
présume.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aviez
préparé un projet d'ébauche?
Mme Harel: Nous ne sommes pas à la commission
parlementaire de l'aménagement.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est vous qui avez rédigé
la lettre?
Le Président (M. Joly): L'ébauche,
l'ébauche.
Mme Harel: Non, mais il m'est arrivé un problème
dans une commission qui étudie un autre projet de loi, M. le
Président. Il s'est avéré, hier, que j'avais copie de la
lettre avant qu'elle ne parvienne au ministre.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Vous osez vous en vanter. C'est terrible!
Mme Harel: Non, pas vraiment. J'aurais
préféré qu'il l'ait. Je pensais même qu'il l'avait.
C'est un peu embarrassant.
Le Président (M. Joly): Vous sympathisez avec lui,
quoi.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Ceci dit, ça inquiète,
d'autant plus qu'on ne connaît pas l'état de la situation dans les
négociations entre le ministère de l'Éducation et la
Main-d'oeuvre et Sécurité du revenu.
M. Bourbeau: C'est réglé, M. le Président.
(23 h 50)
Mme Harel: C'est réglé.
M. Bourbeau: C'est réglé. J'espère que vous
êtes contente. C'est réglé à la satisfaction de tout
le monde.
Mme Harel: C'est réglé depuis quand? M.
Bourbeau: Aujourd'hui.
Mme Harel: En l'absence du ministre de l'Éducation?
M. Bourbeau: Non. Avec le consentement du ministre de
l'Éducation.
Mme Harel: II y aura des frais de scolarité?
M. Bourbeau: Vous verrez. Je ne peux rien vous annoncer.
Ça devrait être ratifié demain matin par le COMPACS, le
Comité ministériel permanent des affaires sociales, et par...
Le Président (M. Joly): Mais comment ça se fait que
vous n'avez pas ça?
M. Bourbeau: ...le Conseil des ministres.
Mme Harel: Comme ça, il ne faut pas que je vous pose la
question...
M. Bourbeau: Disons qu'il y a un accord de principe.
Mme Harel: Je ne peux pas vous poser la question en
période de questions demain matin?
M. Bourbeau: Non, parce que... Mme Harel: II faut que
j'attende à jeudi. M. Bourbeau: Non, parce qu'il y a...
Le Président (M. Joly): Non. Ce serait malvenu.
M. Bourbeau: Non, je ne pourrai pas répondre. Ça
doit être ratifié par le Conseil des ministres, mais il y a un
accord de principe entre mon collègue et moi. Vous savez comment nous
nous entendons toujours bien.
Le Président (M. Joly): Comment ça se fait que vous
ne l'avez pas?
Mme Harel: Bien, vous voyez, je vais l'avoir, là. Ha, ha,
ha!
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mais...
M. Bourbeau: Bien oui, ça m'étonne, M. le
Président, elle n'a pas le document. Alors là...
Le Président (M. Joly): Oh! il y a une petite faiblesse
quelque part dans votre système.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça aurait pris l'écoute
électronique. Ça va.
M. Bourbeau: Alors, là, M. le Président, on va voir
avec quelle rapidité elle peut l'avoir. Si elle l'a demain matin
à la période des questions, M. le Président, je vais lever
mon chapeau.
Mme Harel: Ce qui me réjouit, cependant, c'est de penser
que, contrairement à ce qu'on imaginait, il ne nous reste pas seulement
trois périodes de questions, mais cinq.
M. Bourbeau: Peut-être plus, on ne sait jamais.
Mme Harel: plus? par ailleurs, je dois vous rappeler... il y a
peut-être une omission qui a été faite à l'occasion
de votre caucus, c'est que, pour siéger au-delà du 23, il faut le
consentement.
M. Bourbeau: Ah! bon. Ah bien, si vous ne voulez pas
siéger, ce sera autre chose.
Une voix: Depuis quand?
Mme Harel: Depuis le nouveau règlement, en 1984.
M. Bourbeau: Mais est-ce qu'il n'y a pas un article qui permet de
suspendre les règles, aussi, dans la...
Une voix: Oui.
M. Bourbeau: Ah! oui? Bon.
Mme Harel: oui, oui, on peut adopter une loi spéciale pour
suspendre. mais il faut une loi spéciale, là; ce n'est pas juste
un bâillon, par ailleurs.
M. Bourbeau: II n'y a rien qui nous arrête pour la
main-d'oeuvre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vais vous dire une chose, quand
on a des convictions...
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mon Dieu, M. le Président! Alors, je ne sais
pas ce que vous en pensez, M. le Président, mais, à ce stade-ci
de nos travaux, étant donné que j'ai un amendement à
déposer, je proposerais de suspendre. C'est sur la tarification,
là.
M. Bourbeau: M. le Président, écoutez, on a un
mandat pour aller jusqu'à minuit. Il me semble que...
Mme Harel: Ah! on peut aller jusqu'à minuit, il n'y a pas
de doute là-dessus.
Une voix: Déposez l'amendement.
Le Président (M. Joly): Déposez votre
sous-amendement. Il se situe où, votre...
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...je m'excuse, j'ai dû aller à
l'Assemblée...
Le Président (M. Joly): En Chambre.
Mme Vermette: ...pour parier sur un autre projet de loi. J'ai
perdu un petit peu, si vous voulez...
Le Président (M. Joly): Le fil.
Mme Vermette: ...le fil du débat. Je sais que l'article 25
touche la réglementation. Est-ce qu'il veut dire que c'est le ministre
qui conserve le pouvoir de fixer, par règlement, un montant pour des
services qu'une personne pourrait recevoir par la Société?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée a pris
connaissance de l'amendement? C'est le gouvernement qui peut exercer un
contrôle, un pouvoir réglementaire, non pas le ministre.
Mme Vermette: La réglementation n'est pas faite.
M. Bourbeau: Non, non, non. Mais vous savez qu'actuellement,
là, il y a une tarification importante, il y a une tarification qui
existe. Ça va vous rassurer un peu de savoir que les CFP,
présentement, et le ministère de la Main-d'oeuvre ont des
pratiques de tarification. Je peux vous donner une liste des services et des
produits suivants qui sont offerts par les CFP et qui sont tarifés:
l'enregistrement et l'inscription au répertoire des conseillers en
développement des ressources humaines aux fins du crédit
d'impôt remboursable à ia formation: un tarif de 500 $ par
année par organisme; l'enregistrement et
l'inscription au répertoire des sociétés de
formation privées: 500 $ par année aux fins du crédit
d'impôt remboursable à la formation; ces frais sont de 50 $ pour
les établissements de formation reconnus par le ministère de
l'Éducation du Québec et le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science; le répertoire des conseillers et
formateurs est offert au prix coûtant aux non-inscrits; les services
rendus à un client de la Sécurité du revenu dans le cadre
du programme Stages en milieu de travail: ces frais sont assumés par le
centre Travail-Québec responsable; l'inscription, des frais de 2 $, au
programme Recyclage et Perfectionnement - ça, c'est à venir -
...
Mme Vermette: 2 $, c'est une norme, pour votre gouvernement?
M. Bourbeau: Bien, 2 $, M. le Président, c'est 2 $. Vous
savez que c'est avec les petits ruisseaux qu'on fait les grandes
rivières.
Mme Vermette: Moi, ça me fait penser aux
médicaments pour les personnes âgées.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a pas mal de services
qui sont tarifés. Alors... Mais les individus ne sont pas
tarifés. C'est l'organisme qui réfère la personne à
la CFP qui est facturé. Exemple: le réseau Travail-Québec,
la Société de l'assurance automobile, le Comité de
reclassement.
Mme Vermette: Sur quel principe ceux-là n'ont pas à
payer de...
M. Bourbeau: Ah! C'est parce qu'on n'a pas jugé bon de les
tarifer. Maintenant, le ministère, lui, tarife, dans le cadre du
régime d'apprentissage, l'inscription, l'examen de qualification,
l'examen de reprise, la révision du carnet. Les publications du
ministère, évidemment, sont tarifées, les volumes qu'on
publie, là: «Les perspectives du marché du travail»,
un rapport annuel, «La pénurie et surplus de main-d'oeuvre»,
c'est annuel aussi, la revue Le Marché du travail, les
études spéciales, telle celle sur la pauvreté au
Québec.
Maintenant, on peut prévoir des tarifs sur un certain nombre de
choses, M. le Président. C'est une pratique qui est répandue au
gouvernement, de tarifer.
Mme Vermette: Non. Ça, je n'en doute pas, que c'est une
pratique, là, surtout qui est bien appliquée de ce temps-ci, M.
le Président. Je ne mets pas ça en cause, là. Je veux
dire, là...
M. Bourbeau: Mais on a suivi l'exemple...
Mme Vermette: Ça, c'est bien évident. Je suis
heureuse de l'entendre dire de la part du gouvernement. Habituellement, c'est
toujours nous autres qui le disons. Alors, c'est formidable, M. le
Président.
M. Bourbeau: Oui. Mais, écoutez, c'est fait avec
transparence. On ne s'en cache pas.
Mme Vermette: Tout à fait!
M. Bourbeau: Mais on a suivi votre exemple. C'est vous qui nous
avez montré comment faire, quand vous étiez au pouvoir.
Mme Vermette: Oui. Mais, là, ce n'est plus aussi
évident. Mais ce n'est pas grave! Là-dessus, je ne parlerai pas
de la transparence, M. le Président, mais je m'inquiétais au
niveau de la tarification et, surtout... En fait, c'est que ça va
être déterminé par réglementation. À ce
moment-là, est-ce que vous consultez, au niveau de la
réglementation, à savoir quelles seront les limites au niveau de
la tarification ou les capacités, etc., ou si c'est un prix fixe, une
norme ou...
M. Bourbeau: C'est un prix qui est établi après
avoir consulté, bien sûr. On ne peut pas tarifer comme ça
n'importe quelle somme d'argent. Quand on impose un tarif, on doit le faire par
règlement. Vous savez que la Loi sur les règlements impose une
prépublication de 45 jours au cours de laquelle période tout
individu qui a des représentations à faire peut les faire.
À la fin de la période de 45 jours, on tient compte des
représentations qui ont été faites et le décret,
à ce moment-là, est soit amendé ou passé tel
quel.
Mme Vermette: Mais ce n'est pas toujours évident, M. le
Président - je pourrais dire M. le ministre - Je viens justement d'aller
discuter sur les services de garde et, en fait, la réglementation ne
suivra pas le cours normal des 45 jours dans la Gazette officielle du
Québec. Elle s'appliquera au moment où le projet de loi sera
sanctionné. Donc, ce n'est pas nécessairement...
M. Bourbeau: Ça m'étonnerait beaucoup parce que le
gouvernement a payé cher, d'une certaine façon, à un
moment donné, un règlement qui n'a pas subi l'épreuve de
la prépublication. Je me souviens du règlement sur la
Société d'habitation du Québec, dans les HLM, où on
n'avait pas prépublié, où la Cour supérieure a
annulé le règlement. Je pense qu'on est très prudent
maintenant et, ces règlements-là, on les prépublie
toujours, sans quoi on risque de voir le règlement annulé
éventuellement. À moins que ce soit un règlement, comme on
passe parfois, qui a pour objet non pas de tarifer, mais d'ajouter. Comme, par
exemple, les règlements qui visent à ajouter les crédits
d'impôt, là... Lorsqu'on ajoute aux prestations, à ce
moment-là, on ne prépublie pas. On invoque l'urgence et, à
ce moment-là,
personne n'a intérêt à se plaindre.
Le Président (M. Joly): Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne... Pardon? Non, à moins que vous ne soyez prête
à adopter l'amendement, Mme la députée? Non? Parfait!
Donc, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)