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(Quinze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Joly): II me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue à cette commission. Je constate que nous avons le
quorum. Je vous rappelle que la commission des affaires sociales se
réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 9, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-maladie. Mme la secrétaire, nous avons des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Boucher-Bacon (Bourget) sera remplacée par M. Lafrance (Iberville), Mme
Juneau (Johnson) par M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), Mme Loiselle
(Saint-Henri) par Mme Bleau (Groulx) et M. Paradis (Matapédia) par M.
Lafrenière (Gati-neau).
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, Mme la
secrétaire. M. le ministre, avez-vous des déclarations
d'ouverture?
Déclarations d'ouverture
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, vous
pouvez considérer que ce qui a été dit en deuxième
lecture est le rapport fidèle de ce que je voulais transmettre.
Évidemment, je n'ai pas eu l'agréable tâche d'être
présent pour la réplique et j'en suis fort peiné, mais
j'imagine qu'au cours de prochaines heures on pourra continuer
d'échanger sur les mérites des propos des uns et des autres et de
faire adopter le projet de loi 9.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
ministre. M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. (15
h 40)
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Ce sont des remarques brèves et sibyllines du
ministre pour un projet de loi qui contient peut-être 12 articles, mais
qui, par ailleurs, remet en cause un certain nombre de principes qui sont des
acquis sociaux importants pour le Québec. C'est pourquoi, M. le
Président, oui, j'aurai un certain nombre de remarques
préliminaires sur ce projet de loi 9 qui, rappelons-le clairement, vise
à désassurer - les termes sont clairs - des services qui,
jusqu'à maintenant, n'étaient pas gratuits, des services qui
étaient financés universellement par l'ensemble des
Québécois et des Québécoises qui sont sur le
marché du travail et qui, à l'aide de leur prestation de travail,
en arrivent à financer notre régime que nous nous étions
donné au tournant des années soixante-dix et dont les trois
caractéristiques fondamentales sont: l'universalité,
l'accessibilité et la gratuité, au sens de financé par
tout le monde.
Nous avons eu l'occasion d'ailleurs, déjà, d'examiner,
dans une commission parlementaire, au mois de février, l'état de
la situation du financement des services de santé et des services
sociaux au Québec. Un des éléments les plus remarquables,
je dirais, de t'analyse, qui en est ressorti, c'est le fait que la part de
dépenses payée par l'État, par le gouvernement à
l'intérieur de son Régime d'assurance-maladie au Québec,
quelque chose comme 77 % de l'ensemble des dépenses de santé au
Québec, ce n'est pas en dehors de la marge ou de la partie
généralement payée, généralement reconnue
comme étant une responsabilité de l'État dans les pays de
l'OCDE. Le Québec, à cet égard-là, ne se situe pas,
ne se met pas dans une situation de porte-à-faux ou dans une telle
situation qu'il détonne sur les pays industrialisés qui ont de
tels types de régime. Il est absolument dans la moyenne puisque, en
matière de dépenses publiques pour payer l'ensemble des
dépenses de santé, 77 % de ces dépenses sont payées
par le gouvernement ou l'État, quand la moyenne, au niveau des pays de
l'OCDE, est de 79 %.
Le Québec, non plus, ne détonne pas et le Québec
n'est pas en dehors de toute situation généralement
observée dans les pays industrialisés quant à la partie ou
quant au pourcentage de son produit intérieur brut qu'il consacre aux
dépenses de santé. Sauf erreur sur les chiffres, nous sommes
à 7,8 % du PIB consacrés aux dépenses publiques de
santé au Québec, ce qui inclut les dépenses totales de
santé, pendant que, dans un système autre, par exemple le
système américain où, on le sait, nous n'avons pas de
régime ayant les trois caractéristiques que j'ai
énumérées au départ: l'universalité,
l'accessibilité et la gratuité, où c'est plutôt
l'entreprise privée qui se charge de donner les couvertures et, en
même temps, bien sûr, évidemment, de dispenser les services
de santé, eh bien, aux États-Unis, chez nos voisins
américains, c'est tout près de la barre des 12 % du produit
intérieur brut qui sont consacrés aux dépenses totales de
santé. Malgré ce total impressionnant du produit intérieur
brut, donc, de 7,8 % pour le Québec à 12 % - 11,8 %, en fait,
près de 12 % -pour les Américains, il n'en reste pas moins, donc,
que ça coûte énormément plus cher. Et nous avons eu
des témoignages éloquents de cet actuaire de la région de
Washington qui s'est présenté ici, devant la commission, à
l'invitation de la FTQ, et qui nous a bien indiqué que plus
l'État contribue, plus la dépense est assumée par
les pouvoirs publics, meilleur est le contrôle au niveau de l'ensemble,
du total des dépenses de santé dans un pays, dans une province,
dans un ensemble national.
Donc, 12 % du produit intérieur brut ou presque qui sont
consacrés aux dépenses de santé aux États-Unis et,
avec tout ça, il reste, sur le carreau, 37 000 000 d'Américains,
selon les estimés les plus conservateurs, qui ne sont couverts par aucun
type de police d'assurance. On sait que, dans le régime
américain... Et M. le Président soulignait que c'est 37 000 000
au minimum; oui, effectivement, on se rapproche beaucoup plus d'un chiffre
réaliste de 50 000 000 d'Américains qui n'ont aucune couverture.
Et, dans ce contexte-là, quand on parle de ces 50 000 000
d'Américains qui n'ont pas de couverture pour les services de
santé et encore moins, bien évidemment, pour les services
sociaux, on est souvent portés à penser que ce sont les plus
pauvres de la société américaine. Détrompez-vous
puisque, pour les plus pauvres de la société américaine,
il y a ce plan qu'on appelle Medicaid qui n'est pas - et c'est un jugement que
je fais - très, très, très généreux, mais
qui permet de pourvoir, je dirais, avec une deuxième qualité de
services, une deuxième qualité de soins, à un certain
nombre de services de santé pour ces gens-là et, pour les gens de
65 ans et plus, le système Medicare qui, lui, pourvoit, par un certain
nombre de mesures également, à des services pour les plus
démunis des gens de 65 ans et plus chez les Américains.
Entre les deux et dans la classe moyenne, la strate inférieure,
on laisse sur le carreau de 37 000 000 à 50 000 000 d'Américains
et d'Américaines qui sont dans l'impossibilité de se payer des
primes d'assurance pour avoir des services de base en santé parce que,
évidemment, le revenu qui est disponible pour ces personnes, pour ces
familles, parvient tout juste à assurer les besoins premiers des membres
de ces familles-là. Si bien que ces familles ne peuvent s'offrir les
primes d'assurance dans le secteur privé qui couvre une grande partie
des Américains et des Américaines, parce que ces gens-là
sont incapables de payer - c'est ce qu'un actuaire de Washington est venu dire
à la commission parlementaire sur le financement ici - les 500 $ par
mois, jusqu'à 2000 $ par mois, pour s'assurer d'une couverture minimale
au niveau des services de santé et des services sociaux.
Voilà à quoi le projet de loi 9 nous convie,
c'est-à-dire à toucher aux bases de notre régime de
santé et de services sociaux et, je dirais, à notre régime
de solidarité sociale que nous nous sommes donné au Québec
au tournant des années soixante-dix.
Nous aurons l'occasion, sans l'ombre d'un doute, de revenir sur le
détail de ce que cela implique en termes monétaires pour les
Québécois et les Québécoises parce que les
annonces, du 8 mai, du ministre de la Santé et des Services sociaux nous
indiquaient que les mesures qui sont contenues au niveau des soins pour la vue
et des soins dentaires pour les enfants de plus de 10 ans et,
évidemment, toute la grande question du ticket modérateur pour la
consommation de médicaments chez les personnes de 65 ans et plus, ces
trois mesures-là vont totaliser des économies ou des
entrées de 78 000 000 $.
Alors, on pourra voir en détail que, pour les soins dentaires en
particulier, cela va correspondre, en termes de déboursés pour
les parents, à des sommes substantiellement plus élevées.
La semaine dernière, je citais un cas, je citais un exemple
théorique d'information chez un professionnel de la santé en
matière de dentisterie. Lorsque j'ai eu le bonheur, en fin de semaine,
d'aller dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue et de me
présenter à la maison, j'ai eu le bonheur également de
constater la facture qu'avait remise l'excellent professionnel des soins
dentaires de la région de Rouyn-Noranda pour la petite Jacinthe de 11
ans. Et je vous prie de croire que, pour les frais qui étaient
auparavant couverts pour Jacinthe, pour l'examen et le traitement de surface
pour une dent, donc, l'entente prévoyait - je ne sais pas si c'est
encore le même prix puisque le ministre a annoncé la semaine
dernière qu'il y avait une entente - que c'étaient 32 $ qui
étaient remboursés par la Régie de l'assurance-maladie
pour ces frais. Alors, là, on va arriver à près du double,
à 57 $ pour les mêmes frais à être payés par
les parents.
Je cite le cas, pas pour le mettre en relation, évidemment, avec
les revenus que nous pouvons tirer de notre travail et qui peuvent faire en
sorte qu'on ira se priver sur autre chose. Je veux simplement signaler que le
montant à débourser pour les parents des 500 000 enfants du
Québec qui ne seront plus couverts, ça ne sera pas de 24 500 000
$. On peut, sans se tromper, aller vers une hauteur d'au moins 50 000 000 $.
(15 h 50)
Alors, quand on dit dépenses publiques et dépenses totales
de santé, c'en est une belle illustration de ce que cela peut vouloir
dire. Le même geste, dans le système public, était
assuré et couvert pour 32 $. Lorsqu'il est couvert par le secteur
privé et qu'il est administré directement au consommateur,
ça va être chargé dans une «bracket» entre 39 $
et 67 $, suivant les orientations, suivant la politique tarifaire
suggérée par l'Ordre et les associations de dentistes du
Québec. Alors, donc, les 78 000 000 $ de dépenses, dont on va
réduire le devoir de payer de la part du Trésor public, vont se
transformer rapidement en au moins le double de ce montant lorsqu'on parle de
déboursés de la part des parents. C'est pourquoi, d'ailleurs,
faut-il le rappeler, on avait choisi, en 1970-1971, de se donner un
régime aux caractéristiques que j'ai
mentionnées, d'universalité, d'accessibilité et de
gratuité, parce que nous avions la volonté de contrôler les
dépenses reliées à la santé et, surtout, de
n'exclure personne, peu importe la condition matérielle des personnes
qui seraient en situation de détresse, que ce soit au niveau des yeux,
au niveau des dents ou au niveau de l'accès aux médicaments pour
les personnes âgées.
Le ministre pourrait dire: Non, non, non, ce n'était pas
là en 1971, et il aurait en partie raison, la couverture pour les soins
dentaires. Compte tenu du piètre état de la santé dentaire
des Québécois - on a souvent vu l'expression «le peuple le
plus édenté de la terre»; au Québec, on a longtemps
eu moins de dentistes et beaucoup plus d'arracheurs - on a
décidé, également, de se donner un programme de
solidarité sociale pour faire en sorte qu'on puisse en arriver, au bout
de 20 ans, individuellement, bien sûr, mais collectivement, à un
résultat qui nous place dans un bien meilleur rang en matière de
santé buccale et de santé dentaire au Québec.
La même chose au niveau des soins pour les yeux. Lorsqu'on a
étendu la couverture, encore là, c'est parce qu'on a voulu
prévenir un certain nombre de problèmes qui allaient
déboucher plus tard sur des situations beaucoup plus graves, des
difficultés au niveau de l'apprentissage, parce que l'enfant ou la
personne auraient été affligés de défauts ou de
problèmes au niveau des yeux, et on sait quelles sortes de
problèmes ça peut causer. On a voulu également faire de la
prévention en matière de responsabilité vis-à-vis
des individus, eu égard à ce que ça pourrait
éventuellement provoquer en matière de sécurité au
travail et de sécurité - je le cite à titre d'exemple -
sur nos routes. Oui, c'est, formellement, dans la nomenclature établie
par le gouvernement fédéral, un programme complémentaire,
tout comme c'est un programme complémentaire d'avoir
décidé, au cours des ans, d'étendre à toutes les
personnes de 65 ans et plus, après qu'elles eurent contribué
à notre régime pendant 35,40 ou 50 ans, la couverture des
médicaments.
Le ministre avait annoncé, d'ailleurs, déjà, le 7
décembre 1990, que, quant à lui, il était prêt
à intervenir auprès du gouvernement fédéral pour
que le gouvernement abaisse sa barrière du niveau de services qu'on doit
assurer dans une société comme la société
québécoise. Vous vous souvenez qu'à l'époque - et
ça va nous ramener à ces mesures complémentaires - le
ministre de la Santé et des Services sociaux nous avait prédit
les plus grands bienfaits, en quelque sorte, par l'imposition d'un ticket
orienteur qui allait, bien sûr, se transformer, au cours des ans, en
ticket modérateur. Il préconisait également, en termes de
financement des services de santé et des services sociaux,
l'établissement d'un impôt distinct, dit l'impôt-services,
qui eût amené les citoyens et citoyennes du Québec à
payer une partie des soins qu'ils auraient consommés suivant leurs
revenus dans l'échelle sociale et suivant les différentes
échelles salariales dans lesquelles sont situés les
Québécois et les Québécoises.
Le ticket orienteur est demeuré une mesure à la loi 120 et
au chapitre 42 des Lois refondues du Québec, sans que le ministre ait
encore indiqué à quel endroit et comment il allait appliquer
cela, mais en disant que, de toute façon, ce n'était pas une
mesure de financement. Et notre ineffable député, M. Bouchard, au
gouvernement fédéral, notre ineffable et parfois innommable
ministre de la Santé et du Bien-Être social, le
député de Roberval... C'est Roberval, son comté?
Une voix: Saint-Jean.
M. Trudel: Non, non. Celui sur qui vous vous appuyez pour
défendre les intérêts du Québec à Ottawa.
M. Côté (Charlesbourg): Celui qui n'était pas
à Trois-RMères, en fin de semaine.
M. Trudel: Celui de qui vous avez dit que, heureusement, il
était à Ottawa pour défendre les positions du
Québec. Je ne sais pas si c'est encore votre position aujourd'hui.
Alors, notre ineffable ministre de la Santé et du Bien-être social
national disait qu'il n'était pas trop, trop sûr sur le fait que
le ticket orienteur de 5 $, c'était une mesure de financement ou, en
tout cas, que c'était sur le bord de l'acceptabilité en termes de
ce que pose la loi C-3 comme garantie de couverture des services par les
provinces en matière de santé et de services sociaux pour qu'ils
puissent jouir du financement du gouvernement fédéral.
Alors, à cet égard, le ministre a donc
décidé, maintenant, de se rabattre sur ce qu'on appelle les
régimes complémentaires. Le ministre va avoir à nous
expliquer et à expliquer à la population québécoise
en quoi les soins dentaires, les soins pour les yeux, en termes de diagnostic,
et les médicaments pour les personnes âgées, c'est vraiment
de l'accessoire par rapport à l'essentiel des autres programmes qui sont
couverts. Il va nous expliquer qu'on ne paiera plus pour les personnes
âgées, qu'on va imposer une charge pour chaque médicament
dont ont besoin les personnes âgées à la pharmacie et qu'en
même temps on va financer les cliniques d'amaigrissement en cabinet
privé, on va financer certaines interventions médicales du genre
sablage du nez pour des fins esthétiques et que ce sera couvert par
l'assurance-maladie. Comment on peut en arriver, à partir du fait que
c'est complémentaire et qu'on n'en est pas empêché par la
loi C-3, à toucher, donc, à ces programmes qui, le ministre le
sait bien, dans notre corpus social, dans les choix de société
que nous avons faits au Québec, font partie de l'ensemble
des mesures de solidarité sociale en matière de
santé et de services sociaux que nous avons adoptées avec la
pleine connaissance de ce que ça allait nous coûter sur le plan
collectif.
On est tellement au courant de ces dépenses qu'on est allé
jusqu'à préciser, jusqu'à faire les études pour
comprendre qu'à chaque fois qu'on finance ces dépenses-là
collectivement ça nous coûte moins cher. Ce que le gouvernement
fait dans ce cas, il ne pellette pas dans la cour des municipalités, il
ne pellette pas dans la cour des marchands, il ne pellette pas dans la cour
d'une autre catégorie; il pellette dans la poche des citoyens et des
parents québécois son problème de financement. Il fait
payer à la santé ses problèmes dans d'autres secteurs de
l'activité économique au Québec. C'étaient les
quelques remarques préliminaires que je voulais faire pour l'instant, M.
le Président.
Le Président
(M. Joly): merci beaucoup, m. le
député. est-ce qu'il y a d'autres parlementaires qui auraient
d'autres remarques? merci. m. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'il est de bon aloi, dans ce genre de commission parlementaire, surtout
compte tenu de notre pratique, d'échanger de manière beaucoup
plus générale et, même si c'est un projet de loi qui risque
d'être un peu plus contesté par l'Opposition, on verra ça
s'il l'est par tout le monde. Vous viendrez faire la démonstration. (16
heures)
M. le Président, je veux bien me prêter à un
exercice qui nous permettra de répondre et de ne pas, non plus, laisser
charrier n'importe quoi à la commission parlementaire. Et je ne le
laisserai pas faire non plus, vous pouvez être sûr de ça, M.
le Président, puis pas indéfiniment, non plus.
Lorsque, d'entrée de jeu, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, dans un grand discours, qui est,
finalement, une copie de ce qu'il a fait en Chambre, vient dire à la
population qu'on est après mettre la hache dans la solidarité
sociale au Québec, qu'un cataclysme absolument épouvantable est
après se produire à travers le Québec, permettez-moi de
sortir un peu d'air de la balloune, parce qu'il y en a passablement pour ce que
la balloune est capable de supporter. Et, évidemment, il faudra tenter,
au moins, de se retrouver dans quelques chiffres qu'il nous évoque. Au
moins, qu'il nous dise où il les prend parce que je ne les ai vus dans
aucun des documents jusqu'à maintenant.
Durant le mois de février, nous avons tenu une commission
parlementaire, entendu des groupes, et les groupes sont venus nous dire un
certain nombre de choses. Il a dit, lui aussi, un certain nombre de choses.
Très souvent, il prend le ministre à témoin: le ministre a
dit ceci, le ministre a dit ça. Il prend une partie de
vérité, puis il l'étiré, puis il
l'interprète à sa manière ou selon sa volonté ou
ses souhaits.
Moi aussi, M. le Président, je note cette ouverture qui a
été très largement manifestée à plusieurs
reprises aux auditions en commission parlementaire sur le concours que pourrait
amener l'Opposition quant à la problématique des finances
publiques qui est là, qui n'est pas d'aujourd'hui, qui est réelle
depuis plusieurs années et à laquelle on doit s'adresser.
Évidemment, moi, je peux, comme lui, citer des pourcentages, mais je
vais citer les vrais, pas des chiffres arrondis qui servent bien la cause.
À l'occasion, on arrondit à la hausse quand ça fait notre
affaire ou pour montrer le dossier plus grand, puis à la baisse quand
ça risque de justifier d'autre chose.
Dans le document qui a été déposé sur la
place publique pour la commission parlementaire, M. le Président, je
regarde l'annexe, page 115. Elle, elle est claire. Aux États-Unis, les
dépenses totales de santé, en pourcentage du PIB, ce n'est pas 12
%, c'est 11,1 %. D'habitude, ceux qui ont l'exactitude des chiffres, ce qu'ils
font, quand ça fait 11,6 %, des fois, ils vont arrondir. Mais, à
11,1 %, c'est assez exceptionnel de faire 12 % avec ça. Sur le plan
scientifique, en effet, c'est assez exceptionnel. Alors que le Québec,
ce n'est pas 7,8 %, comme il l'a dit: ce qui a toujours été
compris et c'est dans le document, c'est 9 %. J'aimerais bien ça,
à un moment donné, en cours de route - parce qu'il semble bien
qu'on aura quelques heures ensemble - savoir d'où viennent les 7,8
%.
Ce qu'on dit, M. le Président, et ce qu'on entend, c'est un
certain nombre de choses. Et tant qu'à continuer au niveau de ces
chiffres, on n'est pas complètement sorti du monde. Il y a eu une
éclipse partielle de lune, hier soir, mais ça ne doit pas
nécessairement nous boucher la vue sur les réalités aussi.
Elles sont assez claires. Et, au niveau des dépenses totales en
pourcentage du PIB, le premier pays, c'est les États-Unis, donc, avec le
11,1 %; le deuxième, c'est la Suède, avec 9 %, et le
Québec est à 9 %. Donc, ça, c'est des choses comparables.
Ce n'est pas si mal. Et quand on parle de dépenses publiques en
pourcentage du PIB, M. le Président, on est, avec la Suède,
à 8,2 %, la Norvège à 7,4 % et le Québec, à
6,9 %. Encore là, on n'est pas totalement en orbite, non plus. Ça
paraît être des choses, ça, des strates qui sont assez
claires, puis ce sont des chiffres déposés sur la place publique
et dont n'importe qui peut s'inspirer quand il a le souci de mettre sur la
place la vérité et non pas de gonfler une balloune.
M. le Président, est-ce que ce qui se passe par le projet de loi
9, c'est uniquement sur la planète Québec? Parce qu'il y a tout
un monde. La planète Québec. C'est complètement
dénaturé par rapport à ce qui se passe ailleurs. Et,
lorsque j'entends des énoncés comme «remet en cause
un certain nombre de principes, nos acquis d'universalité,
d'accessibilité, de gratuité», et je comprends que lui
aussi ajuste son discours sur la gratuité financée par un plus
grand nombre, donc, par tous, M. le Président, et qu'on tente de faire
croire au public qu'il y a une brèche, là, absolument
épouvantable dans notre système, je vous dis que des
brèches majeures, dans notre système, il n'y en a pas. C'est
clair, il n'y en a pas, les choses le démontrent très
nettement.
Les mesures qui sont adoptées, c'est des mesures qui font des
ajustements à la marge. Les mesures annoncées, c'est 0,6 %, M. le
Président. Là, ça remet en cause des acquis absolument
phénoménaux, ça change le portrait totalement, ça
va désolidariser à peu près tout le Québec entier,
on est dans une catastrophe appréhendée! Je pense qu'on en met un
petit peu trop. Et, finalement, on est dans des services
complémentaires, des services que nous nous sommes donnés, au fil
des années, parce qu'à l'époque la société
québécoise avait les moyens de se les donner et qui, d'aucune
manière, d'aucune manière, ne viennent en contradiction avec C-3.
Disons une chose très claire. Il y en a au moins une. On a toujours
été d'accord dessus, puis on va continuer de l'être,
même si on parlait de Lucien ou de Benoît, c'est qu'une bonne
partie de nos problèmes, sur le plan financier, vient du
désengagement du fédéral et c'est condamnable. Je ne l'ai
jamais caché, je l'ai toujours dit haut et très fort.
Juste en passant, un petit message sur votre ineffable Benoît,
député de Roberval, pour défendre les
intérêts du Québec: quand il y a eu un test
électoral, lui, il a été élu et les
Québécois ont décidé de l'envoyer à Ottawa.
Il y en a d'autres qui ont décidé de ne pas les envoyer. En
passant!
M. Trudel: Je dirais que c'est un vieux bagarreur.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Dès ce
moment-là, je pense qu'il avait déjà dans la tête
que vous seriez un candidat pour le PQ au Québec. Donc,
évidemment, c'est une très large consolation pour celui qui a
été élu au fédéral. Il a été
élu par défaut parce qu'il voulait vous avoir davantage ailleurs.
Mais on vous a, puis on veut vous garder. Alors, je ne voudrais pas vous
envoyer au fédéral, vous allez vous ennuyer à mourir.
Sur le plan international, M. le Président, 90 % des pays de
l'OCDE, en excluant les États-Unis, bien sûr... Parce que, quand
on essaie de comparer les mouvements qui se font au Québec par rapport
à ce qui se passe au États-Unis, excusez-moi, ce n'est pas tout
à fait comparable. On peut bien essayer de dire: Bon, bien,
écoutez, vous voyez, le glissement qui est au Québec, qui
s'amorce, c'est directement l'influence américai- ne, puis on s'en va
dans le système américain à coup sûr, c'est
clair.
Donc, M. le Président, 90 % des citoyens des pays de l'OCDE
doivent contribuer, par exemple, au coût de leurs médicaments. Et
c'est pour ça que je trouve, à un moment donné, les
charges un peu trop grosses pour le besoin. On dit qu'une contribution, tant
pour les services de base que pour les services complémentaires, est
demandée dans les pays souvent cités en exemple pour leurs
traditions sociales, dont la Finlande, la Suède, la Norvège. La
Suède, en particulier, ne couvre pas les services optométriques
et demande une contribution pour des services médicaux de 15 $; 25 % du
coût, en France. Et c'est pourtant des pays qui ont une tradition de
solidarité sociale. Et là, chez nous, on va essayer de nous faire
accroire que, parce qu'on va demander aux gens qui en ont les moyens,
protégeant les démunis, 10 %, on est dans une situation
absolument catastrophique alors que d'autres pays le font et l'exigent?
Sur le plan canadien, quatre provinces, dont trois des plus riches,
l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta, n'ont même pas de
programme public et universel de soins dentaires aux enfants et quatre
provinces n'assurent pas tous les groupes d'âge. La Saskatchewan, qui
fut, M. le Président, un pionnier et la référence au
Canada en ce domaine, demande aux usagers du programme
d'assurance-médicaments 35 % des coûts excédant une
franchise de 380 $ par famille, 150 $ par couple âgé et 100 $ par
personne seule de 65 ans et plus, et ce, sans aucun montant maximum. Seule
l'Ontario - et il faut le dire - demeure avec un programme totalement gratuit.
(16 h 10)
Vous en voulez d'autres? La Nouvelle-Écos-se, parce qu'on vit
quand même dans un horizon et dans une géographie qui est la
nôtre, vient d'annoncer qu'elle désassurera les services
optométriques aux personnes de 20 jusqu'à 64 ans. La Saskatchewan
vient d'annoncer une mesure similaire pour les 18 ans et plus. Le
Nouveau-Brunswlck désassurera entièrement les médicaments
pour les personnes âgées qui ne reçoivent pas de
supplément de revenu garanti, offrant à ces personnes la
possibilité de prendre un régime privé d'assurance qui
coûtera près de 600 $ par an, par personne.
Tant sur le plan international que sur le plan national, nous sommes et
nous demeurons, M. le Président, une province généreuse,
généreuse surtout compte tenu de sa capacité et de ses
moyens. Et, évidemment, quand on entend parier de dépenses, notre
niveau de dépenses est quand même comparable et dans la moyenne
des pays, c'est vrai, il y a cet effort qui est moyen. Évidemment, ce
qu'il faut se dire aussi, c'est: Est-ce qu'on a les moyens de cet effort?
J'aimerais ça qu'on m'indique, si ce n'est pas là, où on
va trouver le moyen de faire en sorte que nous
n'ayons pas 4 000 000 000 $ de déficit par année?
Malgré tous nos efforts, malgré tout ce qu'on fait, on est dans
une situation où il y a 4 000 000 000 $ de déficit par
année. Bien, il va falloir que quelqu'un se commette quelque part. On ne
pourra pas être, une fois, dans une commission parlementaire qui est
celle-ci et dire: On ne doit rien toucher parce que, socialement, c'est
inacceptable, aller dans une autre commission qui va étudier d'autres
crédits au niveau de la CSST et dire: Ce n'est pas touchable parce que
c'est socialement inacceptable, aller dans une autre commission et dire: Ce
n'est pas touchable parce que c'est socialement inacceptable et se retrouver,
globalement, avec un total, M. le Président, où on continue de la
même manière. Et, ça aussi, c'est tenir compte de la
capacité de ceux d'aujourd'hui et ne pas engager les
générations futures. Et ça a été, ça,
la base de certaines de nos réflexions.
J'ai compris - j'ose espérer que j'ai mal compris tantôt
lorsque mon bon ami, le député de Rouyn-Noranda, parlait de
ticket orien-teur - que j'aurais dit que ça deviendrait un ticket
modérateur. Là, j'en perdais un petit peu mon latin parce que je
n'ai jamais...
M. Trudel: Ça, c'est ma pensée que ça
deviendrait un ticket modérateur.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Bien, en tout cas, je
n'ai jarriais dit ça d'aucune manière et il est clair que le
ticket orienteur reste là avec les principes qu'on avait discutés
à l'époque et qui sont demeurés là.
M. le Président, je peux tenter de répondre à une
première question, qui est bonne. Est-ce que le sablage du nez ou autre
chose va effectivement être désassuré? Dans le document que
j'ai rendu public - il est public - à la page 6, on parlait de pratique
professionnelle et on parlait aussi d'économie au niveau des
professionnels: 25 000 000 $ cette année et 50 000 000 $ l'an prochain.
On disait: «Parmi les mesures qui seront examinées et qui sont
susceptibles d'être implantées, il y a lieu de mentionner,
à titre indicatif, les suivantes...» Il y en avait une
série que je passe, parce que vous les connaissez, mais, comme
l'interrogation a parlé davantage du sablage de nez et du collage
d'oreilles, on dit: «La désassurance de certains services
reliés à une pratique médicale axée sur des besoins
plutôt esthétiques que de santé». Comme exemple,
cliniques d'amaigrissement pour des personnes présumées
obèses, c'en est un cas, alors que, dans d'autres cas, sur le plan
esthétique, ça pourrait être le collage d'oreilles; quand
c'est médicalement non requis, ça n'a aucune espèce
d'affaire avec le projet de loi C-3.
Donc, c'est un débat et des échanges qui s'engagent. M. le
Président, ils seront définitivement du niveau dans lequel cette
commission s'est toujours comportée, le plus possible très terre
à terre et tentant de trouver les bonnes réponses, même si,
sur le fond, à l'occasion, on va diverger d'opinion et, principalement
sur ce projet de loi là, on continuera, autant que possible, de tenter
de donner le plus de réponses possible, qui ne seront pas
satisfaisantes, et ça, j'en suis pleinement convaincu. À partir
du moment où on diverge sur le fond, il est bien évident
qu'à des questions qui sont posées les réponses ne seront
pas toujours satisfaisantes.
Et je terminerai avec la petite Jacinthe. Je m'interroge toujours, moi,
sur le fait qu'un professionnel est prêt à offrir des services
pour 32 $ quand il est payé par le gouvernement et qu'il va en charger
57 $ quand c'est dispensé à des individus hors d'un service
assuré sur le plan gouvernemental. Il y va d'une responsabilité
professionnelle et, comme l'entente avec les dentistes, la semaine
dernière, a littéralement fait sursauter le député
de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, je vais la déposer, avec grand
plaisir, dès demain ou ce soir, aussitôt que... Je vais vous la
déposer, l'entente. Ce que je vous dirai, c'est qu'elle a
été négociée bien avant qu'on arrive avec nos
mesures qu'elle aurait pu être signée bien avant cela et qu'elle a
été, en cours de route, réajustée, compte tenu de
ce que nous avons demandé aux dentistes. Donc, il n'y avait pas de
lien...
M. Trudel: Comme ça, c'est un hasard que vous en ayez
parlé dans votre discours de présentation du projet de loi 9?
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est un hasard? C'est
un hasard, dans le sens que vous reverrez à quel moment j'en ai
parlé dans mon discours. J'en ai parlé au moment où j'ai
fait état que nous avions consulté l'Ordre des dentistes et les
associations des dentistes, ne cherchant pas à avoir leur accord,
cherchant, dans un contexte difficile où il nous fallait prendre des
décisions, à nous assurer que les conseils professionnels
puissent nous indiquer un certain nombre de choix que nous allions supporter.
C'est bien évident que je ne demanderai pas à l'Ordre et aux
associations des dentistes, demain matin, de supporter les choix qu'on a faits.
Effectivement, suite à ces consultations, il y a eu des changements et
des réajustements quant aux mesures qu'on a adoptées.
C'était dans ce cadre-là que ça a été
évoqué.
Donc, M. le Président, à ce moment-ci, je mettrai un
terme... Je tenterai, du mieux que je pourrai, de répondre à
toutes les questions qui peuvent se soulever, autant que possible. Au bout de
la ligne, je vous le dis tout de suite, là, il est clair que je ne
répondrai jamais à votre satisfaction, parce que, sur le plan du
fond, on diverge d'opinion et que, dans ce sens-là, on n'arrivera
probablement pas à s'entendre. Et je ne me fais pas d'illusions quant au
résultat final. Je me pose cependant une question, et je
terminerai là-dessus, parce que je ne l'ai pas - ça va
être bon pour votre gouverne, ma petite fin - utilisée en Chambre,
mais ça reste entre nous autres en commission parlementaire...
M. Trudel: On a déjà vu passer un de vos
collègues.
M. Côté (Charlesbourg): Pas moi. M. Trudel:
Allez télégraphier ça, et...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Non, non. Dans un
autre projet de loi, pas dans celui-là.
M. Trudel: Ah! Le même boulet pour deux projets de loi.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, exactement, c'est
exactement ça, et vous allez vivre avec, là. Je veux vous le
dire.
M. Trudel: N'ayez pas peur, on va vivre avec ça. N'ayez
pas peur, on en a en masse, des boulets, de notre bord.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai été
très, très étonné de voir que M. Parizeau ait
supporté votre position aujourd'hui, surtout après ce que nous
révélaient des journaux de l'époque, le 2 novembre 1985:
«La gratuité des médicaments: Parizeau favorable à
un ticket modérateur». Oups! Bon. Alors, on se souviendra, c'est
du temps où il était un homme libre sur le plan politique, et
c'est toujours un homme qui a eu les convictions de ses positions. Parce qu'il
n'y en a pas beaucoup qui ont démissionné sur des questions de
principe à l'Assemblée nationale. Lui, il en est un. Je vous
rappelle que cet article-là est assez exceptionnel, puisqu'il nous dit,
à un moment donné...
M. Trudel: Parce qu'il sert à ses fins, il devient
exceptionnel.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Bien,
c'est-à-dire que, écoutez, là, ce n'est pas moi qui parle,
c'est lui, là. Ce n'est pas moi qui parle, c'est lui, là, que
ça vous plaise ou pas, là. Il disait: «La gratuité
totale des médicaments aux personnes âgées a
été une erreur. La gratuité totale était une
erreur, ce n'était pas normal, surtout que ces personnes ne vivent pas
dans la pauvreté la plus totale. » Bon. Évidemment, ce
qu'on a fait, avec la mesure qu'on propose, c'est qu'on protège les
démunis, parce qu'il y a, effectivement, des personnes
âgées qui sont démunies et il faut les protéger. Et,
dans ce sens-là, on suivra tout ça en cours de route. Mais, juste
pour vous dire que je vais le garder à côté de moi,
là, pour vous le rappeler à l'occasion. Vous le savez très
certainement, puisque ces avis-là ont été donnés.
Et, profondément, j'aimerais savoir la substance - vous allez me le dire
- qui fait qu'en 1985, au moment où il était un homme libre sur
le plan de la pensée, pas attaché à la prise du pouvoir,
il pouvait dire ça et qu'aujourd'hui on aurait un langage
différent. Peut-être que vous êtes plus fort que lui au
niveau de votre parti, mais, ça, c'est, bien sûr, votre affaire.
Ce n'est pas la mienne. (16 h 20)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudlère, s'il vous
plaît.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Alors, je vous remercie, M. le
Président. Le ministre disait, tout à l'heure, qu'il avait
entendu déjà, à toutes fins pratiques, la complète
allocution de mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. La
mienne, il ne l'a pas encore entendue parce que je n'ai pas encore eu
à m'exprimer sur le projet de loi 9.
On est ici pour étudier ça article par article, là,
ce petit projet de loi là, mais, à toutes fins pratiques, M. le
Président, le projet de loi 9, on est au courant, déjà, de
ce qu'il y a dedans depuis déjà un bout, là, depuis le
discours du budget, à toutes fins pratiques. Il y a eu quelques
ratés, mais, en tout cas, on l'a su, quand même, ce
soir-là. Et, on a eu aussi la description des effets du projet de loi 9
dans le journal. Je pense que le président de l'Assemblée
nationale a rappelé à l'ordre un petit peu la RAMQ à ce
sujet-là. Alors, on est au courant de ce qu'il y a dedans, puis c'est
assez particulier. Ce qui est drôle aussi, dans ce projet de loi, c'est
que le règlement qui va pouvoir être fait, dans les six mois qui
s'en viennent, qui doit être en train d'être écrit, les gens
doivent être en train d'écrire ça, en fait, a pris effet le
lendemain de la présentation du projet de loi.
M. Côté (Charlesbourg): II est déposé.
Il est déposé en Chambre.
Mme Carrier-Perreault: II est déposé, là?
Bon. À la Gazette officielle du Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Non. En Chambre.
Mme Carrier-Perreault: En Chambre? Ah bon! C'est parce que je
trouve ça drôle. C'est le deuxième projet de loi que je
vois emmanché de même, M. le Président. Je n'en ai pas vu
beaucoup encore, moi, voyez-vous, étant donné mon
expérience encore petite à l'Assemblée nationale, mais
c'est assez intéressant de voir comment c'est bâti, ce genre de
projet de loi là. Même si le ministre dit: On ne s'entendra pas
sur le fond, c'est clair, on n'a pas besoin de s'entendre sur le fond parce que
le règlement qu'on est en train d'écrire, qui a été
déposé finalement, prend
effet depuis le lendemain de la présentation du projet de loi. la
loi va entrer en vigueur le jour de sa sanction, mais elle a effet depuis la
date du jour qui suit celui de la présentation du présent projet
de loi.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Ça me dérange un petit peu.
Quand j'essaie de parler, des fois, j'ai de la misère à me suivre
moi-même. C'est compliqué, M. le Président. Alors...
Le Président (M. Joly): Vous vous trouvez
compliquée?
Mme Carrier-Perreault: Bien, je trouve ça compliqué
d'avoir de la misère à me suivre moi-même, quand j'entends
toutes sortes d'affaires qui m'arrivent. Alors, voyez-vous, M. le
Président, ça me fait rire de vous voir là, parce que,
vous le savez, on a discuté longuement d'un projet de loi où je
suis la porte-parole, en matière de services de garde à
l'enfance, où exactement le même genre de principe s'applique. On
discute d'un projet de loi finalement et, veux veux pas, qu'on soit d'accord ou
pas d'accord, même si on ne s'entend pas sur le fond avec le ministre, je
ne vois pas pourquoi il y aurait des mesures extraordinaires parce que son
projet de loi, finalement, *on règlement, sa loi, etc., ça a
déjà toute possibilité d'être en effet. D'ailleurs,
la petite Jacinthe de mon collègue tantôt, elle se l'est fait
appliquer elle-même, voyez-vous. Alors, c'est assez bizarre de voir ce
genre d'affaire là. Disons que ça m'étonne toujours. Je me
demande si c'est régulier, ici, à l'Assemblée nationale.
Moi, c'est la deuxième fois que je vois ça, ce genre de projet de
loi là. Il faut dire, à la décharge du ministre de la
Santé et des Services sociaux, contrairement à ma
vis-à-vis de la Condition féminine et de la Famille, que son
projet de loi, lui, il l'a fait annoncer par le ministre des Finances. Alors,
c'est le genre de mesure qui suivait l'annonce du budget.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai d'abord fait une
conférence de presse.
Mme Carrier-Perreault: Oui. C'est vrai. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
Mme Carrier-Perreault: Mais la mesure, là, le montant,
etc., les coupures et tout ça. C'est sûr que, sur le fond, M. le
Président, on ne peut pas s'entendre. Qu'on s'entende ou qu'on ne
s'entende pas, ça n'a pas vraiment beaucoup d'importance au moment
où on se parle. C'est sûr qu'on ne peut pas s'entendre et,
indépendamment des propos que M. le ministre va aimer nous citer,
à quelques reprises, les propos de 1985 du chef de l'Opposition
officielle, alors qu'il n'était pas chef de l'Opposition officielle,
qu'il était dans le champ, comme il disait, un homme libre...
M. Côté (Charlesbourg): Liberté de penser.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: C'est le ministre qui disait ça
tout à l'heure. Il va aimer nous les rappeler de temps en temps, mais il
reste que, sur le fond, après discussion et après des
vérifications suite à certaines... Disons qu'on a eu des
discussions par rapport à certains points précis, par rapport au
manque de contrôles qu'on a. On en a, des commentaires, nous autres
aussi, comme quoi il y a des manques de contrôles. Il y a des gens qui
vont se faire examiner, puis qui se font examiner par deux, trois
médecins avant de... Bon. On les réfère à un
spécialiste pour des affaires simples, à toutes fins pratiques.
Quelqu'un qui a une fracture à une cheville, une fracture bien franche,
bien nette, qui doit passer devant l'orthopédiste pour se faire
appliquer un plâtre, des fois, on se pose des questions. On peut se poser
des questions. Pourquoi fallait-il que cette personne-là, si c'est
très clair, c'est évident qu'il n'y a pas de complications, passe
par l'orthopédiste quand il a juste à regarder ça, puis
à dire: Fracture simple? Voilà! Petit plâtre à
administrer. Ça, c'en est des genres de contrôles qui pourraient
s'exercer.
Et c'est sûr que, quand les mesures, au point de vue social, ont
été appliquées... Ça, je pense qu'avec le ministre,
là-dessus, je partage. C'est vrai que, quand on s'est donné des
mesures sociales de cette envergure-là, au niveau de la population, les
gens étaient à l'emploi, les gens travaillaient et on pouvait
probablement se permettre davantage, bien sûr, parce qu'il y avait plus
d'entrées au niveau gouvernemental. Présentement, avec 1 000 000
de personnes qui devraient être sur le marché et qui sont soit en
chômage, soit sur l'assistance sociale, c'est bien évident que
ça va mal. Les rentrées sont moins fortes. Et, quand on regarde
ce qui se passe du côté du gouvernement fédéral,
encore là, on a un problème. Ça fait que ça fait
double problème. Je pense que, quelque part, il faudrait peut-être
essayer de faire autant d'efforts pour retourner les gens au travail qu'on en
fait pour couper dans les services. C'est peut-être plus facile, par
exemple. C'est vrai que c'est peut-être plus facile. Essayer de
s'organiser pour que les gens aient un emploi, essayer de créer des
emplois, ce n'est pas évident. C'est vrai que ce n'est pas
évident. Ça demande des efforts importants d'imagination et de
sollicitation, d'exiger la collaboration des différents partenaires.
Autrement dit, il faut que tout le monde tire sur le même bord. C'est
moins rapide, c'est moins facile. C'est peut-être plus facile de
couper
dans certains services.
Le ministre nous disait - je l'écoutais tout à l'heure -
que ce n'est pas tout le monde qui est contre ça. Bon. Écoutez,
ce n'est pas tout le monde qui est contre ça. Disons que, moi, ce que
j'ai eu comme commentaires, à venir jusqu'à date, c'est surtout
les gens qui sont contre ça qui s'expriment. Ça, je pense que
c'est clair. Les gens qui sont contre s'expriment haut et fort. La Coalition,
entre autres, les 30 groupes qui représentent les personnes
âgées, les consommateurs, les femmes, etc. On a vu la Coalition,
plusieurs groupes. C'est sûr que ces gens-la s'expriment. Les gens du
milieu syndical se sont exprimés aussi. Disons que les commentaires
qu'on a, veux veux pas, à travers nos rencontres de comté... On
est tous des députés, on se promène, on circule dans nos
comtés. Les gens, c'est vrai qu'ils ne nous disent pas souvent quand
ça va bien, mais je vais vous dire que les commentaires qu'on a, par
rapport à ce genre de mesure, ne sont pas très élogieux.
Et, si le ministre en a eus de son côté, des commentaires
élogieux et des félicitations, j'aimerais ça le savoir
parce que, moi, ce que j'entends, c'est surtout des contestations.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas ça que
j'ai dit. Moi aussi, j'ai reçu des gens qui se sont dits malheureux, et
c'est normal, mais je n'ai pas reçu que des gens qui se sont dits
malheureux.
Mme Carrier-Perreault: Ça veut dire qu'il en a reçu
qui étaient contents.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Carrier-Perreault: Ah bon! Eh bien, c'est ça.
Là, disons que ceux-là, moi, je ne les ai pas vus. Je trouve que
c'est plaisant si vous en avez trouvé qui étaient contents parce
que, moi, je vais vous dire, personnellement, je n'en ai pas eu de commentaires
de gens qui étaient satisfaits.
M. Côté (Charlesbourg): Madame, je vous
réfère au RAI F, Mme Dolment. Vous irez voir la prise de
position...
Mme Carrier-Perreault: Mme Marcelle Dolment.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ce n'est pas la
dernière venue non plus.
Mme Carrier-Perreault: Ah! Bien, là, il faudrait que je
voie Mme Dolment. C'est qu'on avait rencontré quand même la
Fédération des femmes du Québec et plusieurs groupes comme
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la
dernière venue sur le plan de la défense des gens.
Mme Carrier-Perreault: bon. bien, écoutez, disons que,
moi, je n'ai pas eu ses commentaires. je n'ai pas eu l'avantage d'avoir les
commentaires de mme dolment.
M. Côté (Charlesbourg): Regardez ça. Regardez
ça. Je suis convaincu que vous allez apporter des amendements.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: Habituellement, j'ai des commentaires
assez facilement. Je reçois assez rapidement les commentaires de Mme
Dolment, généralement, dans d'autres dossiers. Mais disons que,
généralement, aussi, ce sont des commentaires qui ne sont pas
nécessairement positifs. Alors, ceux-là, je les reçois
assez rapidement.
Alors, M. le Président, le ministre dit: C'est une toute
petite... Ce n'est pas une brèche dans l'universalité et ce n'est
pas très important. On va chercher, à peu près quoi? On me
disait tantôt 78 000 000 $ chez les contribuables. Bien, ça
dépend, là, c'est quand même important d'aller chercher 78
000 000 $, je pense, dans la poche des contribuables, quand on sait que, par le
biais de certaines mesures, le ministre va couper peut-être 50 000 000 $
et 15 000 000 $ dans d'autres. Là, je n'ai pas la liste exhaustive,
voyez-vous, mais on sait que le ministre va essayer de couper ailleurs. Il va
essayer d'aller en chercher chez les contribuables. D'ailleurs, il y a bien des
choses où on a hâte de voir comment il va s'y prendre pour aller
couper aussi. Il y a des choses qui me manquent encore et j'ai hâte
d'avoir des commentaires du ministre.
M. Trudel: II n'y a pas de projet de loi pour les 50 000 000
$.
Mme Carrier-Perreault: Non? Il n'y a pas de projet de loi sur les
contrôles pour effectuer ces coupures-là. Je suis un petit peu
étonnée. Je pensais que c'était dans la loi qu'on avait
passée l'autre fois. Ah! Bien, là, je trouve ça dommage.
Je trouve ça dommage, M. le Président, parce que, encore
là, je trouve que c'est la voie de la facilité. C'est la voie de
la facilité parce qu'on dit: On va chercher les sous, 78 000 000 $, chez
les contribuables, avant de prendre vraiment en main des mesures de
contrôle qui vont permettre de couper et de réduire les frais.
Ça, je trouve ça dommage encore plus.
Alors, quand on dit: Ce n'est pas une grosse brèche, vraiment,
écoutez, c'est mineur, on parle de 6 centièmes, en tout cas, 6 %,
78 000 000 $...
Des voix: 0,6 %.
(16 h 30)
Mme Carrier-Perreault: ...0,6 %. On dit que c'est mineur, mais
une brèche, M. le Président, c'est toujours une brèche. On
le sait, quand il y a une faille quelque part, c'est bien facile que ça
prenne l'eau, puis habituellement, cette brèche-là, ça
grandit. Ça, je pense que tout le monde a peur de ça et c'est
normal, c'est logique. Tout le monde est bien conscient que, quand on ouvre un
petit peu une porte ou quand il se fait une fissure quelque part, souvent,
ça dégénère et ça a comme tendance à
s'élargir. Alors, c'est dans ce sens-là que c'est bien sûr
que, pour nous autres, c'est difficile d'être d'accord avec le
ministre.
C'est difficile d'être d'accord parce que, comme je vous dis, moi,
des compliments sur ce genre de projet là, ça ne court pas les
rues dans Les Chutes-de-la-Chaudière. Ça, je peux vous le dire.
Quand on regarde les mesures, bien, je vais vous dire une chose, on se rend
compte que ça vient faire une brèche, effectivement, dans
l'universalité. Puis les groupes qui défendent leur position et
la position qu'on défend, nous autres aussi... D'ailleurs, votre
collègue de la Condition féminine et de la Famille me disait
encore, en Chambre, il y a pas tellement longtemps, qu'elle était pour
se porter à la défense de l'universalité. Alors, je ne
sais pas si elle est d'accord avec tout ça, parce que c'est des mesures
qui touchent la famille aussi.
Quand on parle des soins dentaires chez les enfants de 12
à 16 ans, eh bien, veux veux pas, on vient de toucher les familles. On a
beau dire, dans un budget, M. le Président... Moi, je trouve ça
toujours assez fantastique. Vraiment, ça m'épate encore de voir
le ministre des Finances, le soir de sa présentation du budget, nous
dire toutes sortes de choses comme ça avec le sourire et nous dire
comment ils sont bons pour la famille. Le gouvernement a préservé
l'universalité au niveau des allocations familiales. Ça,
là-dessus, je lui ai dit, à la ministre: Chapeau! Pour une fois,
ils ne se sont pas harmonisés avec le fédéral. C'est
bien.
Alors, je vais vous dire, dans ce sens-là, on se targue, on se
vante, n'est-ce pas, des belles mesures, puis, pourtant, par le biais d'autres
petites mesures qu'on voit arriver par en arrière, on se rend compte
qu'encore là ils vont en rechercher un petit peu plus chez les familles.
Ils vont chercher des moyens de... Bien, 78 000 000 $, ça, ça
comprend, bien sûr, les jeunes et les personnes âgées, mais
il reste qu'on se rend compte que c'est par le biais de petites mesures comme
ça qu'on oublie quelque part comment on est supposé être
bon pour les familles.
Disons que, dans la région où, moi, j'habite - la
région où mon comté est situé, c'est la
région de Chaudière-Appalaches - ça a fait les manchettes
dans les journaux, il y a pas tellement longtemps. Je suis sûre que les
gens du ministère qui sont ici ont vu ça. On nous a
expliqué, sur le long, sur le large, sur le travers, M. le
Président, que, pour la santé dentaire des jeunes, la
région de Chaudière-Appalaches, c'était à peu
près le pire endroit au Québec. C'est assez étonnant.
Qu'est-ce qui va arriver avec ça après? Est-ce que ça va
s'améliorer, pensez-vous? On est en droit de se poser des questions.
Quand le gouvernement, et le ministre en tête, nous dit qu'il veut
faire de la prévention et qu'il faut prévenir, bien sûr
qu'il y a du curatif là-dedans, quand on parle d'extraction. J'entendais
le ministre nous dire ça en Chambre: L'Opposition veut faire arracher
les dents du monde. J'ai trouvé ça drôle un peu. Mais il y
a aussi tout l'aspect préventif des soins dentaires, les nettoyages,
etc. C'est comme ça qu'on fait de la prévention aussi. Ça,
à toutes fins pratiques, ça vient d'être coupé pour
les jeunes de plus de 10 ans, entre 10 ans et 16 ans.
C'est dommage, mais je trouve, des fois, qu'on a une façon de
parler, du côté du gouvernement, qui fait que le message passe
différemment, dépendant de ce qu'on veut dire, dépendant
du fond et de l'objectif qu'on vise. Alors, à toutes fins pratiques, M.
le Président, moi, je ne m'étendrai pas plus longtemps sur le
sujet, pour l'instant. C'est évident qu'on ne pourra pas
nécessairement s'entendre avec le ministre parce qu'on ne partage pas,
effectivement, le même objectif sur le fond. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, aimeriez-vous y revenir?
M. Côté (Charlesbourg): Très, très
brièvement.
Le Président (M. Joly): Si on a le consentement, moi, je
n'ai pas d'objection.
Une voix: M. le Président...
Le Président (m.
joly): par après, je vais
vous reconnaître. il y a mme la députée de groulx et il y a
aussi vous, mme la députée de marie-victorin.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Très, très
brièvement, M. le Président, parce que, évidemment, c'est
notre manière de faire...
Le Président (M. Joly): De procéder depuis des
années.
M. Côté (Charlesbourg): ...sur le plan des
échanges. Je ne veux pas que ce soit différent parce que je pense
que c'est le meilleur moyen - il ne s'agit pas de s'arracher les cheveux ici,
parce que, moi, il ne m'en reste pas
beaucoup - à tout le moins, de discuter et
d'échanger sur les dossiers de fond, autant que possible, et c'est un
peu ce qu'on tente de faire-Juste sur les mesures de contrôle, il y a un
bon nombre de mesures de contrôle, moi, ce qui m'a frappé... Vous
vous rappellerez qu'au moment de la réforme il avait été
question des services complémentaires, à la demande de
l'Opposition parlementaire et de l'opposition extraparlementaire. Les gens
avaient souhaité qu'il y ait un débat sur la place publique sur
le financement, séparé du débat de la réforme des
structures. Ça, on s'est rendus à ça. À un point
tel qu'il y avait à l'intérieur du budget de 1991-1992 des
mesures budgétaires prévues qui allaient toucher à des
programmes complémentaires et qu'on a dû en décembre 1991
réajuster les budgets parce que les mesures n'avaient pas
été appliquées laissant place à un débat sur
la place publique.
Ce débat-là s'est tenu et ce qui m'avait
frappé à l'époque - et ça venait
particulièrement des personnes qui représentaient les personnes
âgées - c'est qu'elles disaient: Si on consomme des
médicaments, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui les prescrit, c'est
parce qu'il y a quelqu'un qui les vend et c'est parce qu'il y a quelqu'un qui
les fabrique. C'était vrai. C'est toujours vrai. On a fait quoi pendant
ce temps-là? Je me suis fait interpeller assez souvent en Chambre par le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue: Comment ça
se fait que ça fait deux ans que ça dure, la négociation
d'une convention collective, d'une entente avec l'AQPP, l'Association
québécoise des pharmaciens propriétaires. Pourquoi? C'est
parce qu'on négociait des mesures de contrôle - un PRA, un prix
réel d'acquisition, un PVG, un prix de vente garanti - et que pendant ce
temps-là le Conseil de pharmacologie, lui, analysait un certain nombre
de médicaments quant à l'utilité de ces
médicaments. On a fait quoi? On a fait un certain nombre de mesures de
contrôle. Le PRA, le PVG, c'est 55 000 000 $ de moins de dépenses
publiques, d'économie. C'est quand même considérable. On a
interpellé le corps médical. On continue de le faire. Il va
falloir continuer de le faire.
On s'est donc retrouvés avec des décisions:
PRA, prix réel d'acquisition, qui vise le pharmacien et PVG, prix de
vente garanti, qui, lui, vise le fabricant qui vend des pilules aux grossistes,
qui les revend aux pharmaciens ou qui les vend directement aux pharmaciens. Il
y a donc eu à ce niveau-là des mesures de contrôle qu'on
n'avait pas nécessairement avant, mais qu'on a resserrées de part
et d'autre, tout en s'interpel-lant sur la valeur thérapeutique des
médicaments. Donc, il y a eu, à ce niveau-là, un certain
nombre de contrôles qui en cours de route se sont mis en place et on va
continuer.
Quant aux autres mesures de contrôle dont il est
question ici, les seules qui nécessitent un projet de loi sont celles
qui vont dans le domaine de la désassurance. C'est ça qu'on
retrouve à l'intérieur du projet de loi 9. Il n'y a personne qui
pourra m'accuser de ne pas avoir été transparent dans cette
opération-là. On a fait la commission parlementaire, on a mis un
document qui était substantiel - non, je ne veux pas dire que vous ne
l'avez pas fait - et le 8 mai on a rendu publiques les décisions que
nous avions prises. On disait, à ce moment-là, qu'elles allaient
se traduire par un projet de loi qui serait déposé à
l'Assemblée et qui éventuellement ferait l'objet de discussions,
et qui a fait l'objet aussi de certaines considérations dans le discours
sur le budget de M. Levesque.
Donc, tout ça a été fait en
séquences: commission parlementaire; décision annoncée par
le ministre dans des communiqués de presse qui sont là avec ce
que ça touche; dépôt à l'Assemblée nationale
du projet de loi; dépôt à l'Assemblée nationale du
règlement, le 21 mai; par la suite, discours sur le budget; et,
aujourd'hui, donc, discussion sur la portée du projet de loi. Il reste
donc qu'il y a d'autres mesures qui sont en application. Les
établissements, qui doivent contribuer pour 15 000 000 $ cette
année et 35 000 000 $ l'an prochain, c'est déjà parti dans
le budget. Les médecins sont interpellés pour 25 000 000 $.
Vous conviendrez avec moi que, dans le cas des
médecins, comme on l'a fait dans le cas des dentistes et comme on l'a
fait dans le cas des optométristes, a dit: Voici parmi une liste de
services ce que nous mettons sur la table qui peut être examiné.
Ce que les médecins nous ont dit, c'est: II peut y avoir d'autres
choses, et laissez-nous le temps de travailler. Le quantum, on l'accepte et on
va le livrer. C'est un effort de tout le monde: de l'individu, du dispensateur,
des établissements. Donc, c'est un effort de tout le monde. On va aussi
faire notre part. Laissez-nous examiner les mesures et peut-être qu'on
peut arriver à des solutions qui sont autres, mais qui arrivent aux
mêmes résultats sur le plan budgétaire. C'est ça qui
intervient à ce moment-ci. (16 h 40)
Quant à votre interrogation, la brèche,
qu'elle soit petite ou grande, il y a pour vous une inquiétude. La
meilleure garantie, c'est que vous ne retrouvez pas à l'intérieur
du texte de loi les mesures qui élargiraient le champ qu'on couvre
aujourd'hui. Je l'ai voulu ainsi parce que, si quelqu'un d'autre s'avise
d'aller plus loin, il fera le même parcours, il fera le même chemin
de croix que je fais. J'imagine qu'à ce niveau-là, compte tenu de
vos ambitions et de votre certitude, un coup rendus au pouvoir - ce que vous
souhaitez le plus prochain possible - vous ne serez pas dans une situation
où vous ferez ce que vous avez dénoncé.
Alors, quand on parle de fissure, de brèche,
évidemment, ça campe bien le futur. À ce moment-là,
vous devriez être rassurés quant au
futur, puisque, votre futur, vous l'espérez et, d'ailleurs, tout
parti politique travaille pour ça, c'est bien légitime,
même le nôtre. Nous autres, on va travailler pour le conserver et,
vous autres, vous allez travailler pour le prendre. Alors, dans la mesure
où c'est vous autres, il n'y a pas d'inquiétude. Donc, on peut
rassurer la population, ça n'ira pas plus loin. Dans la mesure où
on le conserve, celui ou celle qui me remplacera fera le même
procédé que j'ai fait, transparent, public, pour être
capable d'interpeller et de faire des changements.
Donc, je pense que ça nous donne quand même, à ce
niveau-là, une certaine sécurité et aussi ça
interpelle le processus démocratique qu'on s'est donné. Chacun
devra défendre ses positions et Dieu sait que, quand on s'embarque
à l'Assemblée nationale pour en discuter, on peut en discuter
longtemps, très longtemps, dépen-damment de la volonté des
parlementaires. Voilà.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Je pense que je laisserais, si vous me le permettez,
M. le Président...
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection,
mais...
Mme Bleau: J'aimerais autant qu'ils complètent leur...
Le Président (M. Joly): Leur exposé.
Mme Bleau: ...exposé.
Le Président (M. Joly): Bien.
Mme Bleau: Ensuite, j'aimerais répondre.
Le Président (M. Joly): Mais aussi, dans le cadre, disons,
de ce qu'on appelle l'alternance, comme M. le ministre vient de
répondre, c'est à Mme la députée de
Marie-Vïctorin, s'il vous plaît.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Alors, je vous remercie beaucoup, M. le
Président. J'écoutais les derniers propos du ministre et j'avais
l'impression que c'était presque le chant du cygne, en fait, avant de se
retirer. Il nous faisait part de tout ce qu'il avait essayé d'apporter,
de sa contribution en tant que politicien à la société
québécoise. Mais, malheureusement, en fait, je pense que,
d'après les lectures que j'ai faites dernièrement, que ce soit le
club de Rome, que ce soit Le Monde diplomatique et d'autres ouvrages sur
l'éthique et sur les problèmes d'ordre mondial et international,
on dit qu'il faudra faire attention parce qu'il y a un écart qui se
construit de plus en plus entre les pauvres et les riches, et ce n'est pas
parce qu'il y a des problèmes de récession qu'il faut mettre
à la poubelle tout ce que fait la solidarité sociale.
Je pense que nous avons de grands défis comme politiciens et
politiciennes, effectivement, et ces défis-là font en sorte qu'il
faut trouver de nouvelles façons de faire, de nouvelles philosophies de
faire pour arriver à maintenir un équilibre entre la richesse et
la pauvreté. Ce qu'on nous reproche le plus souvent - et je m'inclus
là-dedans parce que je suis une femme en politique - beaucoup, c'est le
manque de courage des politiciens ou politiciennes. Si on veut que nos
sociétés puissent continuer à fonctionner dans un
système démocratique, nous devrons faire preuve de courage,
effectivement, pour les prochaines années à venir et apporter, en
fait, les modifications qui s'imposent aux régimes sociaux. C'est bon
pour les services de santé et les services sociaux, mais c'est bon,
à bien des égards, pour bien d'autres ministères, et c'est
pour l'ensemble et la vision globale que l'on peut se faire de la politique,
à mon avis.
On a un problème ici qui, à première vue, pourrait
sembler mineur, puisqu'on parle d'un ordre de grandeur de 78 000 000 $ sur un
budget de 12 000 000 000 $. Je pense que, effectivement, à
l'échelle de valeurs, c'est assez minime. Mais faut-il encore rappeler
que, là où le bât blesse, c'est qu'on s'attaque encore une
fois à nos plus démunis, c'est-à-dire qu'on commence
toujours par les plus vulnérables au lieu de commencer par les personnes
qui peuvent le plus, en tout cas, apporter du lest dans leur économie.
Bien sûr, tantôt, le ministre disait: Les hôpitaux devront
faire, eux aussi, leur effort de l'ordre de 15 000 000 $. Les médecins
devront faire aussi leur effort, en fait, 25 000 000 $. 15 000 000 $ et 25 000
000 $, ça fait 40 000 000 $ par rapport aux 78 000 000 $ qu'on va
chercher dans la poche des petits. 25 000 000 $ plus 15 000 000 $, ça
fait 40 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Honnêtement, lorsqu'on
parle de 78 000 000 $, c'est en vitesse de croisière. Donc, il faut
comparer les mêmes choses. En vitesse de croisière, la
contribution des établissements est de 35 000 000 $ et la contribution
des médecins est de 50 000 000 $, ce qui fait 85 000 000 $.
Mme Vermette: Quand on regarde l'effort qu'on demande d'un
côté comme de l'autre, l'effort est très substantiel pour
les plus défavorisés par rapport, si vous voulez, aux gens qui
sont en place, par rapport à un certain groupe de notre
société, c'est-à-dire les professionnels de la
santé, les médecins. Ça, c'est pour moi un problème
majeur parce que c'est comme ça qu'on tend vers une forme de
déséquilibre social, à mon avis. Ces gens sur lesquels on
est constamment en train de frapper, on est toujours en
train de leur demander de faire un effort substantiel,
parce que quelque part on a de la difficulté à avoir une vision
globale en tant que gestionnaires et en tant que responsables des deniers de
l'État. C'est ces gens-là qui ne sont plus capables d'exprimer
clairement leur sentiment de détresse à l'égard des gens
qui les dirigent. Ça, je trouve ça excessivement dangereux comme
société, et c'est malsain aussi.
On parlait du 2 $ pour les médicaments et c'est vrai
qu'on a accrédité dans la société qu'il y avait un
abus de consommation de médicaments et qu'un petit 2 $ pour les
personnes âgées, elles sont capables de se payer ça, quand
on sait qu'il y en a plein qui vont en Floride pour passer une partie de leur
hiver. Et pourquoi pas? En fin de compte, elles sont bien capables de
contribuer avec un 2 $, finalement, à leurs médicaments. Mais je
pense que c'est un raisonnement simpliste, cette vision-là.
Il y a une autre vision des choses qui est beaucoup plus
importante, à mon avis, beaucoup plus profonde aussi. Vous en avez fait
part, tantôt, en disant: Oui, on a essayé. C'est les changements
de comportement et d'attitude. Pour arriver à des changements de
comportement et d'attitude, évidemment, ce n'est pas en
pénalisant, en offrant, vous savez, d'un côté, la carotte
et le bâton qu'on va arriver à faire des changements. Non.
Ça, on le fait avec des enfants à la petite école. On le
fait aussi quand les gens manquent de maturité et quand on a de la
difficulté avec certains groupes. Ça n'a pas été
toujours les mesures les plus appropriées. On s'en souviendra, dans
notre petite enfance, ça n'a pas toujours été ces mesures
qui ont fait qu'on a été moins délinquants ou plus
délinquants. Je crois qu'il faut toujours faire appel à la raison
des individus. Il faut faire appel à l'intelligence et à la
capacité de responsabilisation des individus.
Ce qui aurait été intéressant, en fin
de compte, c'est que, oui, effectivement, par le Blais de la réforme, on
fasse appel à la responsabilité des individus, mais pas dans le
sens d'une pénalité, d'un 2 $ ou par des taxes indirectes. On vit
dans un système où tout le monde essaie de profiter du
système; tout le monde, du plus petit au plus grand, essaie de profiter
du système, parce qu'on a inculqué cette pensée que, dans
le fond, c'est l'État qui paie en quelque part, donc, ce n'est pas plus
grave que ça, on peut en profiter. C'est cette tournure d'esprit
là qu'il faut arriver à stopper. C'est non pas la façon
dont on a mis le système en place qui est perverse ou malsaine, mais
c'est la pensée vis-à-vis de l'utilisation de ce système
qui est malsaine. C'est là-dessus qu'il faut qu'on travaille et c'est
là-dessus, en tout cas, qu'on a passé à côté,
à mon avis.
Vous savez, les médicaments, effectivement... On
sait bien que ce que consomment les personnes âgées, plus souvent
qu'autrement, si j'enlève tous les médicaments pour
l'hypertension et certains autres pour le coeur, etc., c'est surtout des
psychotropes et des tranquillisants. En majorité, en fait, ce sont des
femmes aussi. On sait très bien que, dans la pratique, on fait consommer
beaucoup plus de tranquillisants aux femmes qu'on en fait consommer aux hommes.
Pourtant, dans une société vieillissante, ce sont des femmes qui
écopent de ce traitement. Ça remet en cause des valeurs
fondamentales dans notre société, des comportements profonds de
notre société, et ça remet en cause aussi la vision qu'on
se fait des rôles des uns par rapport aux autres dans une
société. (16 h 50)
Je pense que le ministre était parti d'une bonne
intention, à mon avis. Mais, effectivement, nous sommes tous soumis,
nous sommes tous pris à l'intérieur d'un cadre, d'une ligne de
parti, et il faut vivre avec ces limites, bien sûr. Mais, quand on veut
être, si vous voulez, un chevalier des temps modernes, je pense que le
discours n'est pas nécessairement approprié. Il faut prendre les
vrais mots. Il y a des mots qui sont vides de sens et il y a des mots qui en
sont remplis aussi. Ce dont la population est en attente à la grandeur
du Québec et aussi à la grandeur de la planète, c'est que
les mots qu'on utilise aient un sens, qu'ils soient capables d'apporter une
valeur aussi aux changements profonds de cette société dont tout
le monde est en attente. J'aurais été heureuse de voir le
ministre aller jusqu'au bout de cette démarche et démontrer qu'il
était capable de cette force, une force de caractère et non pas
juste une force de persuasion ou une force pour faire peur quand il va à
Ottawa en disant: Je vais faire beuh! beuh! beuh!, mais une véritable
force de caractère et une véritable force de changement. C'aurait
été, en tout cas, à mon avis, le plus beau chant du cygne
et vous auriez passé à l'histoire, j'en suis convaincue.
Dans notre société actuellement, c'est ce
qu'on recherche, des hommes et des femmes capables de se tenir debout, capables
d'apporter les véritables changements qu'on est en droit d'attendre dans
une société, mais pas en apportant des modifications de cet
ordre-là, qui banalisent, en fin de compte, toute réforme et tout
projet de société et qui font en sorte encore une fois que ce
sont toujours les plus petits contribuables qui sont pris à partie et
que c'est toujours sur leur dos. C'est comme si on développait une
pensée insidieuse à leur égard, comme si c'étaient
eux, les abuseurs du système, comme si c'étaient eux qui
faisaient en sorte qu'on n'est plus capables de se payer quoi que ce soit;
c'est que, quelque part, ces gens-là, qui sont les plus
dépourvus, les plus défavorisés, ou ces pauvres que nous
avons dans notre société, c'est eux qui ont abusé le plus
d'une façon éhontée du système, ce qui fait
qu'aujourd'hui on est devant une situation aussi dramatique.
Faut-il le dire encore, nous ne sommes pas dans une période de
récession, mais nous sommes davantage dans une période de
mutation. Les problèmes majeurs vont encore persister pour de nombreuses
années, puisque nous sommes en pleine mutation, en fait, nous sommes
à l'époque postindustrielie et de plus en plus il y aura des gens
sur le chômage, de plus en plus il y aura des gens qui ne seront pas
formés pour faire face aux nouveaux défis auxquels ils auront
aussi à faire face. C'est un entraînement de situations qui fait
qu'à l'heure actuelie les gens se retrouvent sur l'aide sociale ou
qu'ils ont de la difficulté à survivre. Quand on disait
tantôt qu'au niveau des dents, au niveau des lunettes, an fait, les gens
de la classe moyenne... Savez-vous que, de plus en plus, on est en train de la
réduire à néant, cette classe moyenne? Elle est à
la limite de la pauvreté. Elle est en décroissance vers la
pauvreté. Cette pauvre classe moyenne, c'est elle qui est
étouffée actuellement et qui n'est plus capable de suffire
à la pléthore de taxes qu'on lui impose de plus en plus, au cours
des dernières années.
Je pense, effectivement, que, quand la FTQ ou quand la CSN dit que,
finalement, ce n'est pas l'hécatombe et que ce n'est pas si
catastrophique que ça en fin de compte, mais c'est une brèche
sérieuse dans notre système, dans notre façon de penser,
dans notre vision des choses, et ça peut avoir des conséquences
à long terme pour l'ensemble du projet de société, pour
l'ensemble du contrat social qu'on s'est donné, oui, il y a x
années. Je ne vous dis pas qu'il ne faut pas changer nos projets de
société, qu'il ne faut pas les réviser, mais je pense
qu'il y a des...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée. Je dois suspendre les travaux temporairement. Nous
sommes appelés pour un vote.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 17 h 14)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Au moment de suspendre nos travaux, la parole était à Mme la
députée de Marie-Victorin, qui déjà avait...
M. Côté (Charlesbourg): Ici, ce n'est pas une
question de temps. On ne brime pas la personne qui veut s'exprimer.
Le Président (M. Joly): Non, je pense que c'est important,
M. le ministre, que ça continue. Alors, Mme la députée de
Marie-Victorin, je vous reconnais. Il vous reste encore quelques minutes.
Alors, le temps est à vous, madame.
Mme Vermette: M. le Président, je ferai peut-être
une conclusion, à ce moment-ci, sur mes remarques préliminaires.
J'en étais à dire que quand on arrive à une réforme
aussi importante que la réforme de la santé, je pense qu'il faut
prendre ça dans un aspect global et qu'il faut y apporter des mesures en
tenant compte aussi des différents aspects d'une société,
de l'évolution d'une société, des changements d'une
société, surtout au moment où on vit une profonde mutation
au niveau de notre société, comme à l'heure actuelle. Nous
avons des problèmes dramatiques, au niveau du chômage, qui
touchent, justement, des gens qui seront visés par les mesures que nous
avons apportées, notamment en ce qui concerne, en tout cas, les soins
dentaires et les soins optométriques. De plus en plus, les gens se
retrouvent sans travail, et ça touche les petits salariés,
ça touche des jeunes et ça touche aussi des jeunes familles, M.
le Président.
Pour ces raisons je pense, effectivement, qu'il faut toujours voir les
perspectives d'une société comme un effet de dominos. Quand on
touche à un des aspects d'un secteur, c'est l'ensemble, en fin de
compte, qui est touché. Dans ce sens-là, il faut avoir de plus en
plus une vision en spirale et non plus linéaire, comme on l'a appris
lorsqu'on était à nos études. Il faut aussi apporter de
nouvelles modifications dans notre vision, dans notre façon de voir les
choses, M. le Président, au niveau des réformes. Alors, quant
à moi, j'ai terminé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que je me
demandais si le président avait arrêté l'horloge pour vous
donner plus de temps.
Mme Vermette: Non, mais là...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, vous connaissez
mon impartialité.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, ça ne me
dérangeait pas.
Le Président (M. Joly): C'est l'effet magnétique,
probablement, des membres de cette commission qui a eu un effet sur le cadran
arrière.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, pour les
parlementaires...
M. Trudel: Ils ont même coupé l'heure, M. le
Président. Imaginez-vous! Imaginez-vous où ils sont rendus, ils
ont même coupé l'heure!
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Voyez-vous, vous
êtes à l'envers, y compris dans l'interprétation de ces
mesures-là, parce que, ça, ça vous donne 15 minutes de
plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): C'est l'aspect positif, mon cher
monsieur. Alors, Mme la députée, je vous remercie. Mme la
députée de Groulx, s'il vous plaît.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: M. le Président, j'ai bien écouté
ce qu'avaient à dire les députés d'en face, mes
collègues de l'Opposition. On a demandé, justement, d'avoir le
courage de dire ce qu'on avait à dire en politique, et je pense que Mme
la députée a mentionné ça tout à l'heure.
Alors, je vais avoir le courage de dire vraiment ce que je pense, M. le
Président.
Au tout début, je tiens à dire que j'ai 64 ans. Alors, je
pense que, lorsque mon mari et moi avons eu notre famille, c'était dans
les années 1952 à 1963. L'universalité,
l'assurance-maladie, la gratuité, ça n'existait pas. Mon mari,
c'était un ouvrier. Il était le seul à travailler, et nous
avons dû alors payer pour les accouchements, payer pour les soins
dentaires, payer pour les soins des enfants malades, payer pour les
opérations pour la gorge, payer, enfin, pour tout. Nous avons fait des
sacrifices et nous en sommes arrivés à payer pour tout ce dont
nos enfants avaient besoin, et nous aussi, que ce soient les dents, les
lunettes et tout le reste.
Il est certain qu'en 1971, lorsque le Parti libéral a
apporté la fameuse carte-maladie, j'ai trouvé ça
extraordinaire, et les membres de ma famille - mes parents vivaient toujours
à ce moment-là - ont trouvé que c'était un cadeau
du ciel. Avec les années se sont rajoutées d'autres mesures comme
pour les yeux, comme pour les dents, etc., et à chaque fois je trouvais
ça extraordinaire. Je ne suis pas jalouse, ni envieuse de ces
biens-là que notre population peut recevoir aujourd'hui, au contraire.
Si on avait pu continuer à en donner encore plus, j'aurais applaudi
certainement. Les finances publiques, maintenant que je suis
députée et que je peux m'en rendre compte comme vous, je pense
que ça ne se renouvelle pas comme d'autres marchandises autant qu'on
voudrait, sans aller quêter et prendre encore plus dans la poche des
citoyens.
Quand on parlait des commentaires reçus dans nos bureaux, M. le
Président, s'il y a un comté qui est à l'affût de
toutes les nouvelles, je pense que c'est le comté de Groulx. À
chaque fois qu'il y a des mesures gouvernementales qui ne font pas plaisir, je
peux vous dire que mes téléphones sont assaillis, et mes bureaux
aussi. Mais, là, c'est drôle, je n'ai jamais reçu un seul
téléphone, pas un seul. Les gens que j'ai rencontrés,
entre autres en fin de semaine où j'ai visité plusieurs clubs de
l'âge d'or qui fermaient pour les vacances d'été, ont dit:
Bien, on n'est pas contents, Madeleine - jamais personne n'est content de
fournir 2 $, ou de fournir 5 $, ou de fournir 10 $, c'est sûr - mais on
sait comment le gouvernement est mal pris, puis on est prêts à
faire notre part. On est prêts à faire notre part. (17 h 20)
Entre autres, pour les médicaments, quand on parle d'un montant
de 150 $, pour les gens qui sont vraiment malades, là... Mon mari, moi,
je peux vous dire qu'il est dans un centre de soins prolongés depuis le
mois d'août de l'année dernière et plusieurs des
médicaments qui lui sont donnés ne sont pas fournis par le
centre, parce que c'est des médicaments un peu en dehors des listes.
Entre autres, il y en a un qui me coûte 60 $ par mois. Je peux vous dire
d'avance, mon mari travaillait dans une usine qui est fermée. Alors,
l'assurance-maladie, les fonds de pension et tout ça - c'est la Vickers
- c'est parti, ça, avec l'usine. Alors, comme il travaillait au moment
où je suis entrée députée et que je suis
très honnête, je ne l'avais pas inscrit sur ma police. Quand est
venu le temps où l'usine a fermé, mon mari était
déjà malade. Alors, c'est sûr que mon assurance, et votre
assurance, n'a pas voulu le prendre.
Alors, il a des médicaments qui nous coûtent, qui me
coûtent 60 $ par mois. Je ne priverai pas mon mari pour les 60 $ par
mois. Ça va être vite fait, hein? Dans deux mois - il a 65 ans,
mon mari - après avoir renouvelé la prescription deux fois,
déjà les 150 $ vont être atteints. Pour les autres, je
pense que le petit 2 $... Vous allez dire: Madeleine a les moyens de le payer.
Mais les gens pauvres, ceux qui sont assurés du supplément
garanti, ils n'auront pas à le payer. Ceux qui sont sur le
bien-être social, ils n'auront pas à le payer. Alors, les autres
là, ne venez pas me dire que, pour la durée des 150 $, ils n'ont
pas les moyens de payer le petit 2 $. Ils pourraient peut-être prendre
une bouteille de vin de moins la fin de semaine, là. Ça
coûte plus cher que 2 $, tu sais, la petite bouteille de vin la fin de
semaine.
En plus, il y a une chose qui a été prouvée
à mes bureaux, et ce n'est pas la généralité,
là. Je ne fais pas un cas général. C'est que,
hélas, beaucoup de personnes âgées font du trafic de
médicaments. Je pense bien que vous devez être au courant, comme,
moi, je le suis, parce que c'est des plaintes officielles que j'ai eues dans
mes bureaux. Certaines personnes qui avaient atteint 65 ans, qui avaient
déjà la gratuité des médicaments, aidaient les
autres qui étaient à 62, 63 ans en se faisant donner des
prescriptions renouvelables - en veux-tu en voilà - et achetaient les
médicaments pour d'autres personnes. Ce n'est pas un cas, là.
Moi, j'ai les preuves et on a trouvé le pharmacien qui se prêtait
à ce petit jeu-là. Elles achetaient les médicaments pour
la rue, les autres personnes âgées, et les vendaient pas cher,
naturellement. Pas cher, mais, quand même, 10 $ par-ci et 5 $
par-là. Je vous dis que ça se fait et j'en ai les preuves. J'en
ai les preuves. Bon. Là, si ça continue, hélas, à
ce moment-là, ils auront au moins payé leur 2 $. Ça sera
moins pire que la gratuité
totale.
Je pense qu'aujourd'hui la population, de plus en plus, reçoit
des services gouvernementaux qui sont extraordinaires, quand on regarde nos
parents et moi-même, puisque je suis rendue à l'âge d'or
comme on dit, dont on n'a pas eu les bienfaits. Je peux vous dire que
malgré tout on a fait notre vie quand même. Je pense que la
population est prête à reconnaître ce qu'elle reçoit
aujourd'hui. C'est presque un don du ciel à côté de ce que
nous avions, nous. Par le 2 $ pour certaines choses, ils sont prêts
à le reconnaître et à faire leur part pour le
Québec. Ce n'est pas au gouvernement, je pense que c'est à la
population entière, à poser les gestes qu'il faut pour que
l'économie reprenne. Si ça peut aider, moi, j'en suis. Alors, ce
sont les déclarations que je voulais faire.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Merci bien. Alors, compte tenu qu'il n'y a plus
de...
M. Trudel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui. Est-ce que vous aviez
d'autres commentaires à rajouter, M. le député?
M. Trudel: Si les remarques préliminaires sont
terminées, avant que nous passions...
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Trudel: ...à l'article 1, j'aurais peut-être une
motion à présenter, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député, vous
connaissez la procédure. Alors, c'est libre à vous.
M. Côté (Charlesbourg): Juste... Le
Président (M. Joly): M. le ministre. M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous permettre de la
faire, là, parce que je pense que c'est dans les règles. Avec
votre permission, j'aimerais avoir une petite réaction à ce que
j'ai entendu. Mme la députée de Marquette nous disait
tantôt...
Mme Vermette: De Marie-Victorin.
M. Côté (Charlesbourg): Marie-Victorin. Je ne sais
pas pourquoi, j'ai toujours été mêlé avec ces
comtés-là.
Mme Vermette: Des comtés de femmes. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est parce que c'est
deux comtés qui sont apparus sur la carte électorale en
même temps et que j'ai travaillé dans Marquette à
l'époque, alors... Écart entre riches et pauvres, vous inspirant
du club de Rome. Oui. C'est vrai aussi, c'est une préoccupation dans la
politique de santé et bien-être. Les démunis, c'est aussi
une préoccupation. Dans votre intervention, vous nous avez dit que
l'état de santé - et c'est vrai - des gens pauvres est,
règle générale, dans une condition un peu plus
désastreuse que quelqu'un qui est riche. C'est vrai. C'est ce que
l'enquête Santé Québec nous dit et c'est ce que
l'enquête Santé Canada de 1977 nous dit aussi. Évidemment,
c'est aussi la réalité d'aujourd'hui.
Vous avez donc évoqué les plus démunis pour plaider
en faveur des démunis. Vous aviez raison et, même dans cette
loi-là, les démunis sont protégés, que ce soient
des gens qui ont le maximum... Oui, oui, il faut le dire tel quel. Les
démunis, ceux qui ont le maximum du supplément de revenu garanti,
sont protégés. Ils le sont. Aujourd'hui, ils paient, mais ils
vont être remboursés dans pas grand temps, avec les mesures qu'on
a mises en place. De manière permanente, les plus démunis sont
protégés, de même que ceux qui sont sur l'aide sociale.
Savez-vous ce que j'ai le plus entendu? Moi aussi, je me promène
et j'entends les gens. Les gens viennent effectivement vous parler. Avec une
politesse exemplaire, ils abordent les dossiers de fond, vous évoquent
des questions de fond. Ce que vous entendez davantage, ce que les gens disent,
et ce avec quoi je ne suis pas d'accord, puis je vous le dis tout de suite,
c'est: On devrait protéger les personnes âgées, les plus
démunies des personnes âgées, mais les gens sur l'aide
sociale, on devrait leur faire payer le 2 $. C'est ça qu'on entend.
Quand vous vous promenez parmi le monde, c'est ça que vous entendez,
là. Les gens disent: II y aurait des gains assez appréciables.
Mme Dolment, dans son communiqué qui est sorti récemment, disait
que ça devrait s'adresser à tout le monde. Ce n'est pas la
dernière venue sur le plan de la défense des individus. Bon. En
contrepartie, vous pourriez, bien sûr, me citer d'autres groupes, les
ACEF, par exemple, qui aussi s'inscrivent dans cette logique de défendre
les droits des individus. À tout le moins, je vous dis que, moi, j'en ai
entendu beaucoup, mais je ne partage pas cette opinion-là. À
partir de ça, oui, les démunis sont protégés.
Dans votre deuxième plaidoirie, vous dites: Les classes moyennes
en ont ras le bol, parce qu'elles en ont passablement, puis, effectivement, on
en entend à gauche et à droite, au niveau des classes moyennes,
sur leur capacité d'assumer des charges additionnelles. C'est vrai. Bon,
bien, il reste qui, là? Il ne reste plus grand monde, hein? Il ne reste
plus grand monde. Là, je ne sais pas où vous arrêtez le
revenu dune classe moyenne. Le revenu d'une classe moyenne, c'est
60 000 $? C'est 65 000 $? Après ça, il ne reste plus grand
monde - il faut se le dire - au niveau du Québec et ça signifie
qu'il ne reste plus grand monde pour payer ce que tout le monde veut se
donner.
Il est bien évident que le discours des démunis, moi, j'en
suis. On les protège à l'intérieur, et il faut continuer
de les protéger. Mme la députée de Groulx nous a
donné tantôt un exemple personnel, qui est là, qui est
réel. Évidemment, quand on a mis le maximum de 150 $, c'est qu'on
ne voulait pas que ça pénalise les gens malades. On ne voulait
pas que ça pénalise les gens malades, peu importe leur revenu.
Effectivement, il y a des gens qui consomment des médicaments pour
beaucoup plus que 60 $ par mois, et c'est ça qu'on a voulu
éviter.
Vous avez parlé de changement de comportement et d'attitude,
davantage s'adresser à ça, en faisant attention au bâton,
m'avez-vous dit, davantage utiliser la carotte. Oui, je suis d'accord avec le
changement des attitudes et des comportements. Je ne prendrai qu'un seul
exemple, inspiré par mon vécu politique, pas par celui des
autres: la ceinture de sécurité. En 1974, Raymond Mailloux fait
passer une loi qui impose le port de la ceinture de sécurité.
C'est presque une révolte. C'est la course folle chez les
médecins pour avoir le papier d'exemption. À peu près tout
le monde pouvait en avoir, de telle sorte que le taux de port de la ceinture de
sécurité était à peu près inexistant au
Québec. On était l'une des provinces parmi les plus basses parmi
tous les pays du monde. (17 h 30)
Quand je suis arrivé aux Transports, on a commencé
à examiner ça. On a dit: Quoi? Qu'est-ce qu'il faut faire? On a
dit: II faut avoir des campagnes de sensibilisation de l'opinion publique, donc
agir sur les attitudes, sur les comportements, convaincre qu'il y a des
économies et de la sécurité additionnelle à avoir
pour la personne dans la mesure où elle porte la ceinture de
sécurité, et on a fait en même temps, donc, des campagnes
d'éducation. On est même allés plus loin que ça.
Rappelez-vous, on s'est même retrouvés avec des policiers qui, au
lieu de donner des tickets, des contraventions, donnaient des billets de loto -
c'est vrai, ça - pour interpeller les gens, puis les embarquer dans le
mouvement du port de la ceinture de sécurité. On a fait d'autres
choses aussi.
Et ce qui m'avait inspiré, c'est l'Opération Nez rouge. Un
soir, quelques jours avant Noël, comme ministre des Transports,
j'étais allé reconduire, dans le cadre de l'Opération Nez
rouge, un individu qui m'avait dit: 25 $, le port de la ceinture de
sécurité, c'est bien achalant. C'était un gars qui
était chaud, évidemment. Il a dit: C'est bien achalant; je
préfère payer 25 $ que de porter la ceinture. Ah, j'ai dit,
ça ne fait pas assez mal! On l'a monté à 40 $. Puis ce
qu'on a fait, c'est qu'on a ajouté la perte d'un point sur le permis de
conduire et là la tendance a commencé à se renverser de
manière radicale, en faisant une composante de mesures qui,
effectivement, sont des mesures un peu plus d'ordre disciplinaire et aussi des
campagnes d'éducation. Et on est, aujourd'hui, dans une situation
où le Québec se classe parmi les pays au monde avec le plus haut
taux du port de la ceinture de sécurité. Oui, agir sur les
attitudes et sur les comportements par l'éducation, par la
sensibilisation, mais aussi par un certain nombre d'autres
éléments qu'il nous faut ajouter qui, malheureusement, dans
certains cas, vont dans le domaine un peu plus coercitif.
Vous avez évoqué des psychotropes et la situation des
femmes en particulier. Et, quand on parle de psychotropes, on parle surtout des
benzodiazépines. Les spécialistes nous disent - bon, ils ne
s'entendent pas sur la période: De 14 à 21 jours, l'effet optimal
des benzodiazépines, de manière globale; l'effet optimal, vous
allez en prendre 21 jours consécutifs, ça a de l'effet; si vous
en prenez 6 mois, vous avez un effet de 21 jours. Et Dieu sait que c'est
prescrit pour des périodes un peu plus longues, merci, et on fera la
démonstration, en cours d'année, par des scientifiques,
qu'effectivement c'est des choses auxquelles on... Mais, quand la
démonstration scientifique sera faite, à ce moment-là, on
interviendra, par des professionnels dont les résultats peuvent
être difficilement contestables.
Quant au chant du cygne, évidemment, je serai passé par
toute la panoplie des comparaisons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): De la morue, étant
Gaspésien, du boeuf de Matane et, maintenant, avec un peu plus
d'élégance, le cygne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Alors,
évidemment, je vous remercie pour l'élégance de la
comparaison. Mais mon intention n'a jamais été de passer à
l'histoire, mais davantage d'amener ma modeste contribution à faire en
sorte qu'on puisse faire un certain nombre de réajustements qui ne sont
pas, sur le plan politique, faciles à faire. Il est clair que, demain
matin, je préfère me situer dans une position où je vais
annoncer des sommes additionnelles pour régler les problèmes des
dialyses, pour régler les problèmes du diabète, pour
régler les problèmes de coeur, pour régler tous les
problèmes au niveau du système de santé et de services
sociaux. C'est clair que c'est le rêve de tout personnage politique d'en
ajouter, puis de tenter de régler des problèmes en en ajoutant.
Mais, évidemment, lorsqu'on est dans la situation dans laquelle on est
sur le plan financier, on dit: II
faut faire des efforts. Et ça aussi, ça prend du courage
politique, pas pour en annoncer en plus, pour en annoncer en moins, et avec des
débats publics qui sont difficiles. Je ne dirai pas qu'il n'y a pas des
arguments, dont vous allez vous servir en cours de route, qui ne sont pas des
arguments valables, qui, pris isolément, n'ont pas une valeur, mais,
pris globalement, ils sont un peu plus questionnables. Moi, je me prête
à ça volontiers, puis on va tenter en cours de route de
répondre à un certain nombre de vos questions. À ce
moment-là, M. le Président, je pense qu'on en est rendus à
une petite motion ou...
M. Trudel: M. le Président, si le ministre acceptait,
j'aurais aussi quelques remarques préliminaires
supplémentaires.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Bien
sûr.
Le Président (M. Joly): Vous connaissez notre latitude
à cette commission, M. le député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Bien, j'aimerais, à mon tour, réagir un
peu aux propos de la députée de Groulx. C'est un peu difficile,
parce que la députée de Groulx, on connaît la
«proverbial ité» de son ardeur à défendre,
d'abord, les gens de son comté et, aussi, les personnes
âgées. Mais je lui dirais, évidemment avec tout le respect
que je lui dois comme aînée dans cette Assemblée nationale
par rapport à moi...
M. Côté (Charlesbourg): Elle n'est pas
l'aînée.
M. Trudel: Non, non, aînée par rapport à
moi...
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Trudel: ...dans cette Assemblée nationale, que je pense
que...
M. Côté (Charlesbourg): On ne veut pas lui enlever
un titre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bleau: Je ne le refuserais pas si c'était vrai, mais
ce n'est pas vrai. Je ne suis pas l'aînée.
M. Trudel: Je pense, néanmoins, que la solidarité
vous aveugle un peu et que les liens avec votre caucus et votre gouvernement
font en sorte que vous avez une certaine perception sélective des
événements, avec tout le respect que je peux avoir pour vous,
encore une fois, dans le sens suivant. Quand vous dites: Ça ne se
bouscule pas dans les autobus, en quelque sorte, pour les mesures qui ont
été annoncées, moi, je pense, voyez-vous, Mme la
députée, que c'est vrai qu'il se poursuit - et je ne mettrais pas
toute la faute toujours, tout le temps, sur ce gouvernement, mais je serais
prêt à en faire la démonstration d'une bonne partie - une
certaine entreprise de «désolidarisation» sociale.
Mme la députée, je suis certain que vous aviez rarement
entendu, avant il y a deux, trois ou quatre ans, dans cette
période-là, une catégorie de personnes au Québec,
qui, comme vous disiez, peuvent s'en sortir, à la limite, en payant de
leur poche, dire: Ah! Moi, je suis tanné de payer pour cette maudite
gang qui ne travaille pas ou pour les personnes âgées. Ça,
c'est le genre d'expression que vous avez entendue, et ça, dans une
société, ça ne nous mène pas loin. Ça ne
nous mène pas loin parce que... Prenons cet exemple des mesures d'aide
sociale. Ce n'est pas vrai, puis je sais que vous n'accompagnez pas ça,
comme jugement, et qu'il y a peu de personnes qui l'accompagnent en disant: Ah,
là, eux autres, cette gang-là, c'est tous capables de travailler,
puis ça vit sur notre bras, puis on est obligés de payer pour
ça! Non, un jour, on a choisi, au niveau des mesures de
sécurité sociale, de se donner un filet. Encore en tout respect
pour votre âge, Mme la députée de Groulx, vous avez donc
une mémoire plus vive que la mienne de la crise de 1929 et de cette
période. Et je vois opiner du bonnet Mme la députée de
Châteauguay. Bon. Quelle était la situation qu'on a vécue?
C'est que, comme il n'y avait pas de filet de sécurité, on s'est
retrouvés, excusez-moi l'expression, mais le derrière à
terre. Et ce n'est que récemment qu'on a, dans la foulée de nos
mesures de 1960, vu réapparaître le discours: Moi, je travaille,
j'ai un revenu, puis je vais les payer, les soins médicaux, puis je vais
les payer, les services dont j'ai besoin pour moi; mais que les autres me
foutent la paix, puis, moi, je suis tanné de payer pour les autres.
Quand vous entendez l'expression de la part des personnes
âgées qui disent: On est prêtes à faire notre effort,
moi, je le reçois plutôt dans le sens d'une solidarité
sociale en disant: La situation de notre gouvernement, de notre État,
ça demande que, nous autres, on fasse un effort également. Mais
ce n'est probablement pas dans le sens de dire: Est-ce que vous êtes
capables? Est-ce que vous commencez à avoir des failles dans votre
régime pour additionner un petit 2 $ ici, un petit 2 $ par-là,
avec une catégorie de personnes, inévitablement, qui va, soit se
priver de médicaments... Ce n'est pas tellement lié au revenu,
peut-être, dans votre hypothèse. Vous savez, vouloir avoir un
effet dissuasif, ça va avoir aussi d'autres effets secondaires: je me
prive de ce médicament parce que, quand j'en ai cinq...
Quelqu'un de Sainte-Foy m'a appelé ici, à mon bureau; il
m'a fait toute la liste, j'ai ça ici. Un médecin, d'ailleurs,
bon, qui n'a plus ces
revenus-là parce qu'il est rendu à 76 ans et qui dit: Moi,
celui-là, je ne pourrai plus me le payer. Sauf que, là, il n'est
plus en mesure d'évaluer celui qu'il ne pourra plus se payer, parce que,
des petits 2 $, c'est par médicament; ce n'est pas par prescription,
c'est par médicament. Ça aura peut-être un effet qui va
faire que, sur le taux d'hospitalisation dû à la
«malconsommation», la surconsommation ou la mauvaise consommation,
on va se réveiller avec des problèmes, au bout de la ligne, ce
qui va faire qu'on va avoir des coûts de toute façon. (17 h
40)
Ce que je veux dire là-dessus, c'est que la solidarité
sociale, ça veut dire aussi que, quand on décide qu'une valeur
est importante dans notre société... Vous, Mme la
députée, j'ai de la misère à croire que vous
êtes en train de me dire que les médicaments pour les personnes
âgées, vous ne considérez pas ça comme une mesure
sociale progressiste. Si je vous demandais, à vous: Est-ce que vous
êtes prête à faire un effort de cohésion sociale pour
assurer toutes les personnes âgées qu'on va continuer à
prendre soin d'elles - je vais revenir sur la surconsommation tantôt -
moi, je parie que votre sentiment de solidarité avec vos concitoyens et
concitoyennes de votre comté, et votre solidarité avec les
citoyens et les citoyennes du Québec vous feraient davantage dire: Oui,
je suis prête à ce que la charge collective des dépenses,
on la répartisse à travers tout le monde, y compris, bien
sûr, sur les personnes, d'abord, qui travaillent et qui retirent des
salaires, parce que c'est ça, de la solidarité sociale.
Regardez ce que ça infère, Mme la députée,
comme raisonnement, également. Regardez ce que ça infère
comme raisonnement. On a fait la démonstration, et vous le dites
vous-même: L'argent que ça coûte pour un médicament
pour une personne âgée, il sort de quelque part; il sort soit de
la poche du citoyen qui paie ses taxes et on en prend une partie pour payer les
médicaments, ou je le prends directement et je paie les 2 $ dans le cas
du pharmacien, après ça, les dents, et l'examen des yeux. Ce
n'est pas la même dépense. L'argent sort toujours de la poche,
là. On n'est pas en train de dire au monde que l'État va
régler tous ses problèmes. L'État va déverser son
problème dans les poches des citoyens et des citoyennes. En plus, parce
qu'on n'a pas une convention collective sous la main pour chaque citoyen et
chaque citoyenne qui se présente chez le pharmacien, chez le dentiste,
chez l'optométriste, chez l'ophtalmologiste - on verra l'ophtalmologie -
ça va augmenter la somme d'argent qui sort de ses poches. Un des effets
pervers, entre autres, c'est que vous voyez bien qu'il en reste moins pour la
création d'emplois, pour le développement. Ce que je veux juste
illustrer par là, et c'est bien démontré - ce n'est pas
moi qui dis ça, c'est le document du ministre, puis du ministère
qui a paru au mois de décembre - c'est que, quand on finance ça
par une mesure de solidarité sociale, ça nous coûte moins
cher collectivement et on en sort moins de nos poches. Ça, on est
capables d'expliquer ça au public.
L'autre élément, c'est la surconsommation et la mauvaise
consommation. Oui, il y a des statistiques qui indiquent qu'il y a une
proportion de personnes âgées qui sont hospitalisées
à cause d'une surconsommation, d'une mauvaise consommation de
médicaments. Vous avez même dit - ça, j'avais de la
misère à entendre ça de votre bouche, franchement, Mme la
députée - qu'il y avait des gens qui profitaient aussi du fait
que c'était gratis pour faire du trafic, pour faire de la fraude.
Ça, Mme la députée, c'est comme dire: II y a un voleur
à la banque, on va fermer la banque. Parce qu'il y a un tricheur, parce
qu'il y a des tricheuses, parce qu'il y a des gens qui passent à
côté du système, on va fermer le système - il ne
faut pas que je tombe dans l'exagération, moi non plus - on va comme
débarrer le système. On va débarrer le système.
Vous savez, Mme la députée, ce qui risque d'arriver quand un
système est débarré, quand on a enlevé le verrou.
Aujourd'hui, c'est 2 $; si ça ne marche pas assez pour restreindre les
528 000 000 $ de dépenses, vous savez ce qui va arriver, hein!
Une voix: C'est comme la ceinture de sécurité.
M. Trudel: Oui, oui, vous savez ce qui va arriver, c'est comme la
ceinture de sécurité.
Une voix: Vous allez décider d'être au pouvoir?
M. Trudel: Non. Vous savez ce qui va arriver, ça va
être comme l'exemple du ministre, ils vont passer de 25 $ à 40 $,
etc. On va augmenter. Quand tu enlèves la barrure,
premièrement.
Deuxièmement, sur les médicaments aux personnes
âgées, aussi, qui sont en abus, est-ce qu'on peut
considérer qu'on a vraiment, mais vraiment fait tous les efforts du
côté de la RAMQ, du côté des professionnels, du
côté aussi de la responsabilité gouvernementale en
matière d'éducation? Voulez-vous bien me dire s'il y a eu
d'immenses efforts qui ont été faits pour rappeler, pour indiquer
aux personnes âgées que, là, trop, c'est trop?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a vraiment des moyens corsés qui ont
été pris pour l'utilisation - j'appelle ça l'utilisation -
d'autres alternatives, aux Ativan, aux Valium, aux benzo-diazépines dont
parlait le ministre tantôt? On n'a peut-être pas fait tous les
efforts. Et on prend un grand risque, parce que, si on n'a pas fait tous ces
efforts-là, on dit: Bien, maintenant, parce qu'on a un problème
budgétaire du gouver-
nement, on débarre - on débarre, c'est le cas de le dire -
le système, on débarre avec un petit 2 $. On peut bien traiter
ça sur le plan humoristique en disant, comme le ministre des Finances:
Ah! Le petit 2 $ à Marc-Yvan, ce n'est rien, ça, par rapport...
Mais c'est comme ça qu'on en arrive à ce que les systèmes
provoquent la «désolidarisation» sociale. C'est l'exemple
qu'emploie le ministre en disant: Nous, on en a fait - ce
gouvernement-là - des campagnes sur le port de la ceinture de
sécurité et on y a ajouté le désincitatif, si je
peux employer cette expression. Vous n'avez pas juste fait des campagnes, vous
avez dénoncé celles des autres, aussi, sur le port de la ceinture
de sécurité, hein? Le slogan de la campagne sur la ceinture de
sécurité: «Nous, on s'attache au Québec», vous
lui avez donné un coup aussi, à l'époque, assez largement,
merci. Mais ça, c'était le petit...
M. Côté (Charlesbourg): Vous mêlez des choses
un peu, là. Ça, c'est une queue d'intervention, là.
M. Trudel: Ha, ha, ha! Une queue d'intervention.
Je conclus sur les remarques de la députée de Groulx. Vous
disiez que vous vous réjouissiez, et ça, je comprends ça,
parce que, moi aussi, je suis de ce type de famille de 10 enfants avec une
mère qui a passé pas mal plus de temps à l'hôpital,
jusqu'à la maturité des enfants, qu'autrement. J'en suis, moi,
d'une famille qui a été, mais toute sa vie,
hypothéquée, parce qu'on en a fait, des paiements. Vous avez
raison, je le sais, dans ce que vous décrivez comme situation; vous vous
êtes arraché le coeur pour payer ce que vos enfants
coûtaient, ce que les soins à vos enfants coûtaient. Je le
vois encore, là, dans votre propre famille. Ce que vous décrivez
là, c'est le courage des Québécois et des
Québécoises qui ont passé à travers, mais qui ont
eu aussi... C'est ça, ma remarque terminale, Mme la
députée de Groulx. Il faut essayer de se souvenir de ça et
je suis sûr que vous vous en souvenez mieux que moi, de toute
façon: 1971, quand vous avez appelé ça un vrai cadeau,
oui, ça a été un vrai cadeau, ça; oui, ça a
été un vrai cadeau de développement et de geste de
solidarité sociale. Mais est-ce que c'était plus facile
qu'aujourd'hui? Est-ce qu'on avait le fric dans les coffres? Est-ce que le
degré de richesse collective du Québec - il faut se souvenir,
1970, on avait à peu près 10 ans de Révolution tranquille
dans le corps - est-ce que le revenu des Québécois, est-ce que le
produit intérieur brut, est-ce que notre productivité
étaient au niveau d'aujourd'hui? Est-ce qu'on avait davantage de moyens?
Davantage de moyens: produit intérieur brut... Non, non. Moi, je me
souviens, quand M. Castonguay faisait la description de ce que ça allait
impliquer comme argent des Québécois, ça donnait le
frisson un petit peu, parce que, évidemment, puisqu'on l'assumait
publiquement, ça faisait comme une masse assez impressionnante.
Pourtant, comme une société qui progressait vers sa
maturité, on s'est dit: Nous, pour les familles nombreuses, pour les
gens qui avaient eu le courage que vous avez décrit tantôt - et je
suis d'accord avec vous là-dessus - on ne peut plus laisser ces
phénomènes-là se produire.
Moi, je pense qu'aujourd'hui, tant qu'on n'aura pas tenté toutes
les actions, qu'on ne sera pas allés au bout de nos ressources, en
particulier en ce qui concerne cette situation problématique de la
consommation des médicaments chez les personnes âgées, il
faut faire très attention de ne pas faire sauter les verrous de notre
système, parce que j'ai bien peur, tantôt, que tout cela nous
mène à une dérive dont la conclusion sera: Moi, j'ai du
travail; moi, j'ai un emploi; moi, j'ai un revenu et, si j'ai besoin de soins
de santé et de services sociaux, je vais me les payer, et je suis
capable de me les payer. Les autres, bien, «just too bad».
Qu'est-ce que vous voulez? Dans la vie, ils n'ont pas eu la même chance,
ils n'ont pas eu les mêmes possibilités et là on repart la
roue à l'envers. (17 h 50)
Je répète là-dessus, Mme la députée,
que vous évoquez des situations particulièrement vibrantes de
l'histoire des Québécois et je veux qu'on fasse attention de ne
pas se jouer, entre nous, un tour en disant: Parce qu'on aurait une
problématique budgétaire, on va en profiter pour introduire des
mesures qui risquent de nous mener beaucoup plus loin sur la
«désolidarisation». C'est une peur que j'ai. Certainement
que Mme la députée de Groulx a quelques remarques à me
faire.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Quand on se réfère aux années
antérieures, quand on parle du produit intérieur brut, je peux
vous dire une chose: De 1960 à 1976, au Québec... En 1960, le
Québec n'avait pas une cent de dette, vous vous en souvenez. De 1960
à 1976, ça a été la démocratisation de
l'enseignement. On a ouvert les écoles à tout le monde. On
voulait augmenter le taux de scolarité des Québécois et
des Québécoises. Ça a été, ensuite,
l'assurance-hospitalisation, ça a été
l'assurance-santé dont madame parlait tantôt, l'aide juridique,
l'aide sociale. Ça a été des mesures socialisantes,
probablement qu'aucune société moderne n'a réussi en si
peu de temps à établir, pour développer, dans le fond, un
concept d'un développement social collectif. En 1976, quand on a
laissé le pouvoir, il y avait à peu près 5 000 000 000 $
de dette. Quand on l'a repris, neuf ans plus tard, c'était cinq fois
plus.
M. Trudel: Est-ce que vous allez parler du déficit cette
année aussi?
M. Marcil: Non, non, mais...
M. Trudel: Non, non, parce que, si vous sortez la vieille
cassette, c'est parfait, on va parler de tout.
M. Marcil: Non, non, non. Mais je vous dis ça. Je vous dis
que, dans les années 1960 à 1976, par rapport aux années
1976 à 1985, il s'est passé quelque chose, entre 1976 et 1985, au
Québec, pour faire en sorte qu'on multiplie par cinq. Il s'est
passé quelque chose. Vous riez, mais, aujourd'hui, vous vous demandez:
Est-ce que le Québec a la capacité de maintenir le même
système, la même qualité, ainsi de suite, tout en
continuant à développer des mesures sociales? l_a question,
posez-vous-la. Si je prends mes parents, ma mère a 85 ans; elle va avoir
86 cet été. Elle a sa pension de vieillesse, comme on dit, et la
moitié des rentes de mon père, parce que mon père est
décédé. Mais les jeunes pensionnés, aujourd'hui,
ceux qui entrent dans le système, les 55 ans, les 60 ans, pour la
plupart - je ne dirais pas la majorité, la très grande
majorité - c'est la pension de la compagnie, c'est les rentes du
Québec, pour tout le monde.
Une voix: On paie de l'impôt.
M. Marcil: Oui, oui, on paie de l'impôt. Bien oui! Nous, on
dit: II y a une contribution à faire pour tout le monde si on veut
maintenir le même système. C'est la question, dans le fond, qu'il
faut se poser: si on veut le maintenir. Donc, moi, je vous demanderais, au lieu
d'essayer de faire perdre le temps des gens en commission par des discours qui
ne veulent absolument rien dire, allez donc au moins sur le fond et discutez
ouvertement. Parce que c'est facile de tenir le temps. La seule chose que vous
attendez, dans le fond, c'est qu'un jour on appelle le bâillon pour
ramener ça à l'Assemblée nationale, parce que vous ne
voulez pas discuter, parce qu'on parle d'ajouter un 2 $.
La journée où vous allez être au pouvoir,
malheureusement - j'espère que ça n'arrivera pas - j'ai
hâte de vous voir. Et lorsque vous traitez notre gouvernement de
«taxeux», je ne sais pas si, de 1976 à 1985, il n'y en a pas
eu un gouvernement qui a taxé la population. Vous avez même
été obligés de couper les salaires des enseignants pour
réussir à boucler votre budget. Donc, la réforme comme
telle, je vais dire une chose, c'est de faire contribuer davantage les gens au
système. Et la journée où on n'atteindra pas cet objectif,
on va perdre autant notre sytème de santé que notre
système d'aide sociale, parce qu'il n'y aura plus personne qui va
suffire à travailler pour pouvoir supporter l'ensemble de ce qu'on a mis
sur pied comme mesures. Peut-être que, vous autres, ça vous fait
rire de voir qu'au Québec on était 3 000 000 qui travaillaient et
qu'aujourd'hui il y en a à peu près 1 800 000, i 900 000 qui
travaillent.
M. Trudel: Ce n'est pas notre faute.
M. Marcil: Non. Non, non. Il y a une situation économique
qui fait en sorte que vous avez le choix de continuer à augmenter les
taxes, les impôts de Pierre, Jean, Jacques, de tous ceux qui travaillent,
et les gens vont se décider un jour à dire: Moi, sais-tu... On
voit ça tous les jours dans nos comtés: quand tu trouves une job
à 6 $ de l'heure à quelqu'un ou à 7 $ de l'heure, la
personne qui est sur l'aide sociale aime bien mieux rester sur l'aide sociale
que s'en aller travailler à 6 $, 7 $ de l'heure. C'est ce qu'on appelle
une société gâtée. C'est exactement ça.
M. Trudel: C'est en plein le reflet de ce que je disais.
Voilà comment ça se désintègre, une
société. C'est en plein ça, ce que je viens
d'entendre.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre, il nous reste quelques minutes avant de suspendre nos
travaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il
faut quand même l'admettre, c'est un petit peu le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui a parti la question en disant: En 1971,
on s'est payé des choses, à l'époque, on se les est
payées comme société, et on a décidé de se
les payer. Moi aussi, je pourrais bien conter mon aventure familiale. La maison
de mes parents a été saisie parce qu'ils n'avaient pas d'argent
pour payer les médecins, à l'occasion. C'est arrivé,
ça aussi. Donc, je pense qu'il n'y a pas grand monde à qui ce
n'est pas arrivé, surtout quand le père était un
menuisier.
Cependant, il est clair que, lorsqu'on parle de 1971, puis qu'on parle
d'aujourd'hui, il faut regarder les situations financières des
gouvernements. C'est clair qu'on s'est donné des choses extraordinaires
au fil des années. On s'est donné des choses extraordinaires, et
les bases mêmes du régime de 1960, de 1971, ces bases-là
sont toujours là. On parle de programmes complémentaires qu'on
s'est donnés au fil de ces années-là, par la suite.
Évidemment, la réalité est là. Il y a eu des choix
gouvernementaux qui ont été faits. ii y en a que vous avez faits
qui vous ont permis de vous faire élire en 1981 puis, en 1985, vous avez
été battus, comme nous autres, on l'a été en 1976,
comme on a été réélus en 1973, à
l'intérieur de ces périodes-là, c'est bien
évident.
Mais, quand on regarde, pour être capables
de regarder aujourd'hui ce qu'on peut faire, l'évolution de la
dette totale sur le PIB, il y a des choses dont on doit se rendre compte. Quand
tu regardes l'année 1970-1971 - et, ça aussi, c'était dans
notre document qui a été rendu public - c'était 11 %; en
1975-1976, c'était 12,5 %. Quand je dis ça, ce n'est pas pour
lancer la pierre au parti que vous représentez; ça ne fera pas
avancer le débat, ça. Puis, si vous me la relancez, ça ne
le fera pas avancer non plus. Mais, en 1980-1981, c'était 20,3 %; on
était à 29 % en 1985-1986; et on est à 31 % en 1991-1992.
Il faut quand même se rendre compte qu'on paie le prix de certains
programmes dont on s'est doté comme société, en signe de
solidarité sociale. Mais, à ce rythme-là, on s'en va
directement vers une catastrophe sur le plan financier. Il faut tenter de faire
des choses. Et ce qui est corrigé ici, ça n'a pas une ampleur
absolument phénoménale. Il faut s'assurer que, justement, les
gestes qu'on va poser aujourd'hui, parce qu'on ne peut pas... On fait, nous
autres aussi, 4 000 000 000 $ de déficit cette année; j'imagine
qu'il n'y a pas grand monde qui va dans la rue pour se vanter de tout
ça. Ah, bien sûr, si on se compare à l'Ontario, qui en
ajoute 10 000 000 000 $ par année de ce temps-là, on est pas mal
moins pire qu'eux autres, hein? Mais, à 4 000 000 000 $ par
année, on ne règle pas le problème. On en pellette un
maudit paquet dans les générations futures qui vont payer ce
qu'on s'est payé aujourd'hui et qui vont être obligées de
se payer un système aussi au moment où le vieillissement de notre
population va augmenter de manière dramatique. C'est un peu ça
qu'on essaie de faire, certains petits réajustements.
Sur le plan des enveloppes, quand on parle de, globalement, plus ou
moins 250 000 000 $, c'est de l'argent. Mais, par rapport à la masse des
13 000 000 000 $, c'est quand même, il faut l'admettre, relativement
petit, par rapport à l'enveloppe globale. Et, lorsqu'on fait intervenir
tout le monde pour que ce soit équilibré comme mesure, c'est
ça qu'on a essayé de chercher pour faire en sorte que cette
solidarité sociale fasse appel à tous les intervenants:
établissements, professionnels de la santé et consommateurs. Que
chacun fasse sa part pour équilibrer ce système-là pour
nos générations futures, et être capables de garantir que,
dans quatre ans, cinq ans, peu importe ce qu'on dit aujourd'hui, vous autres
comme formation politique ou nous autres comme formation politique, la
situation financière du gouvernement ou des gouvernements - parce qu'il
n'y a rien de rose à Ottawa - ne se détériore pas au point
où, effectivement, c'est des pans de mur du système total qui
disparaîtront. C'est un peu ça, notre défi, et je pense
qu'on est conviés à ça, M. le Président. On va
tenter de continuer de faire notre travail.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie, M. le ministre.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à
20 heures ce soir, dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Joly): Au moment de suspendre, on nous
signalait qu'il y avait une motion qui était pour être
déposée.
M. Trudel: M. le Président, avant que l'article 1 ne soit
appelé, j'aurais une motion à déposer en vertu de nos
règlements, donc en vertu de l'article 244 de nos règlements de
procédure... de nos règles, pardon. Ce n'est pas des
règlements ici.
Le Président (M. Joly): Paragraphe deux.
Motion proposant d'entendre la Coalition
pour le maintien de la gratuité des
services de santé
M. Trudel: Paragraphe deux. Je propose qu'en vertu de l'article
244 de nos Règles de procédure la commission permanente des
affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 9, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-maladie, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Coalition pour le maintien de la gratuité des services de
santé.
Le Président (M. Joly): Merci. Nous allons juger de sa
recevabilité, qui semble tout à fait conforme à l'article
244, paragraphe deux. Alors, compte tenu de sa conformité, M. le
député, vous connaissez nos règles de procédure,
vous avez 30 minutes pour nous exposer le motif qui vous amène à
déposer cette motion.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Oui. Alors, M. le Président, je dépose
cette motion pour que nous puissions entendre la Coalition pour le maintien de
la gratuité des services de santé et des services sociaux au
Québec, parce que, d'abord, cette large Coalition représente
véritablement un mouvement au Québec. Vous connaissez bien la
procédure, M. le Président, évidemment; vous
présidez à nos débats, sinon à nos ébats,
depuis un bon nombre de semaines et de mois, je dirais. J'aurais pu vous
présenter une motion visant à entendre l'un ou l'autre des
membres de cette Coalition. Mais je tiens à le souligner, cette
Coalition regroupe des représentants des associations de consommateurs,
des associations d'aînés, entre autres l'Association
québécoise de défense des droits des retraités, et
ses multiples chapi-
très régionaux, également des organismes
communautaires et bénévoles, la Fédération des
femmes du Québec, ce qui n'est pas un petit organisme, qui
représente les femmes du Québec, les organisations syndicales, la
CEQ, la Centrale de l'enseignement du Québec. Alors, ce n'est pas une
coalition de 5, 10, 15 ou 100 personnes, puisque ça regroupe des
organisations syndicales comme la CEQ, la CSN, la Fédération des
infirmières et infirmiers du Québec et la FTQ, et un certain
nombre d'autres organismes également, comme la Table provinciale des
organismes communautaires et bénévoles.
M. le Président, donc, je fais cette motion pour que nous
puissions, avant de commencer à étudier le premier article du
projet de loi 9, entendre ces gens qui se sont regroupés en
espérant faire valoir devant les parlementaires un certain nombre de
principes qui ont guidé notre système depuis un bon nombre
d'années. J'ai eu l'occasion, déjà, de l'évoquer
dans les remarques préliminaires, d'ouverture de cette commission. Donc,
ces gens, qui représentent, je dirais, le moins qu'on puisse dire, un
arc-en-ciel d'organismes et de couches de la population
québécoise, nous ont présenté un certain nombre
d'arguments qui peuvent varier d'un organisme à l'autre, mais
essentiellement, ces gens insistent, d'abord, pour que tout cela se
déroule en vertu d'un minimum de respect des règles
démocratiques de la part du gouvernement et du ministre de la
Santé et des Services sociaux, qui a déposé ce projet de
loi devant l'Assemblée nationale.
Ils ont, d'ailleurs, ces organismes, regroupé leurs arguments...
Je pense que ce n'est un secret pour personne; on a eu l'occasion de les
rencontrer, surtout ils ont eu l'occasion de rencontrer aussi le premier
ministre du Québec et ce que nous avons pu en lire dans les journaux,
d'une part, et, d'autre part, ce qu'ils ont pu nous communiquer comme
information, ça nous indique que le premier ministre a lui-même
montré - si le mot est trop fort, le ministre rectifiera ou corrigera -
un certain nombre d'ouvertures aux représentations de la Coalition pour
le maintien de la gratuité des services de santé et, bien
sûr, des services sociaux.
Le premier argument qui est invoqué par la Coalition, dû au
fait que... Bon, vous l'avez bien vu par la description de la liste des
organismes qui en font partie, ce sont essentiellement des consommateurs et des
consommatrices, des gens qui sont, somme toute, des salariés, des gens
qui interviennent dans la fonction publique ou qui interviennent dans l'une ou
l'autre des organisations de travail du Québec et qui, à ce
titre-là, sont donc des payeurs et des «payeures» de taxes.
Le premier argument, c'est celui que nous avions introduit dans nos remarques
préliminaires, c'est que la diminution de la couverture des services de
santé ne contribuera pas, selon cette Coalition, à réduire
les dépenses de santé, mais constituera plutôt un transfert
de facture vers les usagers et les usagères. De plus, ils ajoutent que
l'on assistera probablement aussi à une hausse des tarifs professionnels
des dentistes et optométristes, comme cela s'est produit à
l'occasion de la désassurance des soins en physiothérapie.
Alors, M. le Président, je pense qu'il eût
été intéressant d'entendre les arguments des
représentants de cette vaste Coalition, en ce sens qu'on ne peut pas
nier, quand même, la représentativité de cette Coalition ou
des organismes qui se sont coalisés pour se battre pour le maintien de
la gratuité des services de santé et des services sociaux, et le
fait que, par ailleurs, comme consommateurs et consommatrices, c'est eux et
elles qui vont finir par payer la facture dont se déleste ou veut se
délester, aujourd'hui, le gouvernement.
Quand ces organismes nous font valoir ou voudraient nous faire valoir un
certain nombre d'arguments eu égard au transfert de dépenses qui
vont s'effectuer, ça nous ramène à cette question des
coûts des dépenses de santé au Québec, mais des
dépenses publiques, enfin, c'est ça, versus les dépenses
totales de santé. Alors, quand on est en matière strictement de
dépenses publiques, on s'aperçoit bien que les quelque 78 000 000
$ de non-déboursés à faire pour la couverture des soins
dentaires pour les enfants de plus de 10 ans et pour la couverture des soins
optométriques, plus la rentrée de quelque 36 000 000 $ qui vont
être ramassés de la poche des citoyens plus âgés, de
65 ans et plus, qui sont couverts par le régime de gratuité des
médicaments, eh bien, non seulement, donc, ce sera un transfert, mais il
va y avoir une augmentation des dépenses totales de santé, ne
serait-ce que par les tarifs qui sont chargés.
Mais plus grave encore, c'est qu'il y a un mouvement qui est
amorcé ici. La Coalition nous l'avait bien rappelé au
départ, mais j'ai eu l'occasion de rencontrer d'autres professionnels de
la santé qui nous ont fait voir que le mouvement qui est amorcé
va probablement être suivi par un certain nombre de réclamations
en matière, oui, je le dis, de désassurance d'autres services.
Parce que, vous voyez, sur le plan de la couverture des services de
santé, des services publics, l'ensemble, sinon la totalité, des
professionnels est lié par des ententes qui font en sorte qu'on a pu,
comme résultante, dans le document même publié par le
ministère en janvier, affirmer que, grosso modo, au Québec, en
matière de dépenses de santé publique, on contrôle
relativement bien les coûts, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de
dérapage par rapport à ce qui est généralement
observé dans d'autres provinces ou d'autres pays qui peuvent être
comparables. (20 h 20)
Alors, ça signifie ceci. C'est que, pour un bon nombre de
professionnels, le marché se trouve comme fermé,
c'est-à-dire: j'ai une entente avec la RAMQ en vertu de 19 de 120 et
je suis, par ailleurs, limité au niveau de la masse totale des
dépenses qui peuvent être effectuées par telle
catégorie de professionnels, mais, dès le moment où je
vois un service qui est désassuré, comme l'examen de la vue,
comme les dents en haut de 10 ans, évidemment, j'allais dire, de
façon inexacte: La loi du marché va opérer. Ce n'est pas
vrai. La loi du marché n'opère pas dans ces secteurs-là
pour la bonne raison que les tarifs qui sont généralement
appliqués font l'objet d'une recommandation par l'association ou l'ordre
des professionnels concerné. Alors, on le voit bien dans le cas des
dentistes, ce qui est payé pour les mêmes types d'examens par la
RAMQ, ce n'est pas du tout ce qui va être chargé au public.
Or, il y a des professionnels de la santé qui n'attendent, en
fait, que la désassurance, qu'un mouvement de désassurance
d'autres secteurs pour pouvoir se lancer, je dirais, sur le marché libre
du recrutement de la clientèle et de l'expansion du marché. Parce
que, là, on n'est plus en matière de contingentement, soit des
actes, soit du quantum d'argent qui en résulte. Et vous seriez surpris,
je suis certain, d'entendre les arguments et les discussions qui ont cours
actuellement dans un certain nombre de secteurs, dans certaines
spécialités médicales, disant: Dans le fond, quand ce
secteur-là sera éventuellement désassuré, nous
autres, on n'a pas tellement de problèmes comme professionnels parce
que, d'abord, il y a une question de quasi-nécessité, ou bien on
est capables de développer une espèce d'attente ou, si vous
voulez, d'actualiser une espèce d'attente qui ferait en sorte qu'on va
être capables, nous autres, d'avoir un champ pour attirer la
clientèle et, attirant la clientèle, on est capables de faire
développer la consommation, si vous me permettez l'expression.
Ça, c'est un truc, je dirais, connu, vieux comme le monde, depuis
que le monde de la publicité et des sciences du comportement existe.
C'est-à-dire il y a un marché qui existe et, quand il n'est pas
réglementé et qu'il n'est pas limité à une certaine
hauteur par une entente collective comme nous avons en matière
d'administration publique de nos services de santé et de nos services
sociaux, mais, là, on parle surtout des services de santé, eh
bien, il y a une invitation, ici, à dire: Nous, on va être
capables d'agrandir notre marché et on est capables d'aller chercher
plus de revenus que ceux qui sont généralement compris dans
l'entente du groupe de professionnels de la santé concerné. Et
ça, c'est une invitation directe. C'est une invitation directe.
Je vais être obligé de revenir à la remarque de Mme
la députée de Groulx, et elle s'en souviendra très
certainement. Souvenez-vous des marches de 1971 de la profession
médicale et des professionnels. Hein? Souvenez-vous! M. le ministre de
la Santé et des Services sociaux, la marche de juin 1991 par rapport
à la marche des sarraus blancs de 1971, j'oserais dire, c'était
quasiment des pinottes. Quand on avait fait la manifestation des
spécialistes, en fait, de l'ensemble de la profession médicale,
en 1971, lorsqu'on avait fait la marche sur le Parlement, il n'était pas
question de socialiser la profession médicale, il n'était pas
question d'étatiser, parce que ça allait donner des services de
moins grande qualité, etc., etc. N'est-ce pas? Mme la
députée, vous avez entendu ça.
Et là, il y a un nombre certain des membres de ces professions
qui commencent à avoir la nostalgie de l'agrandissement du
marché. Il y a un phénomène qui joue. Je me suis
préparé pendant 8 ans, 10 ans ou 12 ans à exercer une
spécialité et je suis - excusez-moi l'expression -
«capped» au niveau de mes revenus par l'entente que j'ai avec la
Régie de l'assurance-maladie du Québec parce que ça
prévoit que, rendu à telle hauteur de dépenses, il y a des
mesures de restriction. C'est ce qui fait en sorte que la Coalition, entre
autres choses, craint énormément que, je dirais, la dérive
s'installe par le petit 0,6. Le ministre, c'est de bonne guerre, disait:
Écoutez, vous ne commencerez pas à faire peur au monde avec
ça, en disant qu'on vient de sacrer le système à terre. On
désassuré ce qui compte à peu près pour 0,6 de 1 %
de l'ensemble des services de santé et des services sociaux au
Québec, c'est-à-dire RAMQ plus ministère de la
Santé et des Services sociaux, de l'ensemble des dépenses des
établissements. Alors, ça, c'est un argument qu'on ne peut pas
recevoir, parce qu'on commence par grignoter un petit morceau puis,
après ça, on dit: Bon, bien, la porte est ouverte, on va pouvoir
progresser.
C'est là que j'infère la donnée que vous allez
voir, d'ici six mois, un an, d'autres professionnels... Moi, je vais vous le
dire franchement, j'en ai reçu, des professionnels - je ne les
identifierai pas ici - à mon bureau, qui disaient: Pensez-vous que, tel
secteur, ils vont désassurer ça, d'ici un an ou deux ans? Comment
ça, vous me demandez cette question-là? Parce que ça
pourrait être intéressant pour nous autres, disent-ils. Ça
pourrait être intéressant pour nous autres, parce que le
marché va exister. Et c'est là, encore une fois, qu'on va
provoquer, je dirais, une espèce d'inflation au niveau, pas des
coûts, mais des dépenses totales de santé et qu'on va
aussi, possiblement, s'en retourner vers un état d'organisation de notre
système qui peut atteindre l'américanisation du système.
Je sais que, là-dessus, le ministre va répéter: Non, non,
non; écoutez, on n'est pas en train de s'embarquer dans une
espèce de privatisation du régime; on s'est payé un
régime de base et des régimes complémentaires au cours des
années et, maintenant, c'est une question de moyens pour
l'État.
Mais, sans qu'on ait fait cette rétrogradation, je dirais, au
niveau du système de santé américain, chacun a
probablement dû, je l'espère, ça me semble tellement
intéressant, voir ou
analyser les données qui sont publiées aujourd'hui, entre
autres, dans Le Journal de Québec, sur le système
dé santé aux États-Unis, «Le système de
santé le plus coûteux au monde». Je ne peux pas
m'empêcher, sur cette «dérape»-ià, sur cette
dérive qu'on est en train d'installer, de vous lire ce qui est
publié dans Le Journal de Québec à propos du
système de santé le plus coûteux au monde, celui des
États-Unis. «Le coût annuel d'une police d'assurance pour un
homme de 45 ans en bonne santé, vivant à Chicago, en 1989,
était de 1245 $; pour une femme du même âge, de 1625 $ et de
3382 $ pour une police familiale (homme de 40 ans, femme de 35 ans et deux
enfants). La plupart des primes augmentent avec l'âge. Ainsi, le
résidant de Chicago 60 ans et assuré avec Blue Cross devra verser
3375 $ annuellement.»
Mais ce qui est plus intéressant encore, évidemment, parce
qu'on l'a eue, cette démonstration-là, dans le débat sur
le financement, c'est que, je vous dirais, on n'assure que les bons risques et
on pratique largement la coassu-rance, c'est-à-dire les franchises, et
le fait que, pour certains types de coûts qui sont
entraînés, on accepte d'en payer seulement une partie. «Une
fois la prime payée, l'assuré n'est pas quitte pour autant, car
sa police contient plusieurs restrictions. Tout n'est pas couvert. Notamment,
un accouchement de routine (en moyenne 4334 $) n'est que rarement couvert alors
qu'un accouchement avec complications l'est. Les examens de routine et les
mesures préventives ne sont jamais couverts, signale-t-on. Le patient
doit, par ailleurs, payer une franchise plus ou moins importante (autour de 750
$), pour combler la différence entre les barèmes admissibles de
sa compagnie et les coûts réels des soins qu'il a reçus, en
plus d'assurer une partie de sa facture admissible (coassurance).»
M. le Président, vous êtes un homme qui est issu de la
profession des assurances et vous savez très bien qu'actuellement, parmi
les cercles des courtiers d'assurances, on file, je dirais, on est en goguette.
On est en goguette dans le milieu des assureurs québécois. Je
vous parie, parce que vous devez évidemment fréquenter encore vos
collègues professionnels de l'assurance, qu'ils vous diront
qu'actuellement ils sont pleins aux as et qu'ils ont du travail, parce qu'ils
sont à pondre de nouveaux produits pour couvrir ce dont le gouvernement
se retire. Ils vont inventer, parce que le besoin existe, une nouvelle... (20 h
30)
D'ailleurs, M. Gravel, qui est président de l'Association des
assureurs-vie du Canada, nous disait: Nous autres, voyez-vous, on ne se
prononcera pas tellement dans le débat, mais, quand vous parlez de
désassurance, on se réjouit, parce que vous nous donnez de la
business, vous nous donnez du travail. On est dans le champ de cette
couverture-là. Mais il dit: II faut bien que vous compreniez une
affaire. Nous autres, on est en business; on n'est pas en matière de
responsabilité sociale. Nous, on va assurer - une expression que vous
connaissez bien, M. le Président - les bons risques. Les personnes qui
présentent trop de risques pour nous et qui risquent de nous
entraîner des frais, bien, évidemment, on va les laisser pour
compte et elles s'organiseront; on ne les prendra pas, elles ne seront pas
assurables. Et ça, parlez actuellement aux gens des compagnies
d'assurances, aux courtiers d'assurances, ils disent: Bon, enfin, le
gouvernement favorise les affaires. C'est vrai, le gouvernement est en train de
favoriser les affaires d'assurances au Québec par le
désengagement.
Mais je termine sur ce petit chapitre-là en disant: Donc, il y a
véritablement, déjà aujourd'hui, chez bon nombre de
professionnels de la santé, cette idée qui se développe
assez largement de dire: Pas uniquement dans le complémentaire, mais
dans le panier des services de base, un bon nombre de services, quant à
nous, pourraient être désassurés, parce que ça nous
crée un segment de marché et c'est un segment par lequel nos
affaires peuvent prendre de l'expansion. On rend service, on répond aux
besoins quand même, mais on prend de l'expansion. La même chose
pour les assureurs-vie ou les assureurs de risques chez la personne en disant:
II va y avoir des nouveaux risques à couvrir. Alors, ça, c'est
des coûts qui s'ajoutent aussi, toujours de la poche du même
citoyen.
Pourquoi entendre la Coalition pour le maintien de la gratuité
des services de santé, qui regroupe l'ensemble des organismes que j'ai
énumérés au début? Aussi parce que ces gens veulent
nous informer des effets négatifs de ces coupures auprès des
citoyens et des citoyennes. Par exemple, sur l'imposition d'un ticket
modérateur de 2 $ par médicament, ces gens-là ont un bon
nombre d'exemples, parmi les gens qu'ils regroupent et leurs familles, des
effets déplorables de l'imposition. Ainsi, plusieurs personnes
âgées ont tendance à se priver de médicaments
nécessaires en raison de ces nouveaux frais imposés à la
pharmacie. La Coalition est d'avis qu'une campagne de responsabilisation des
médecins et des pharmaciens - il y a une campagne d'information
auprès des personnes âgées - aurait plus de chances de
réduire la surprescription et la surconsommation des médicaments
que des frais modérateurs. Il s'agit de suggestions que l'on retrouve
dans le rapport du groupe d'experts sur tes personnes aînées, le
rapport Pelletier, qui a été rendu public en début
d'année, bon, en ce qui concerne la condition des
aînés.
Je pense, M. le Président, que, quand on est à prendre des
décisions qui sont aussi importantes pour l'avenir de la
société québécoise... Je ne reprendrai pas toute la
question de dire: Est-ce que le petit 2 $, ça va vraiment
priver des personnes? Non, j'en suis vraiment au niveau des principes
où, là, on est en train de dire: On va entrer
véritablement pour toucher le «package deal» du
régime qu'on s'est donné au tournant de l'année 1971 et
des années qui ont suivi.
D'ailleurs, à cet égard, M. le Président, il serait
intéressant d'entendre aussi la Coalition pour que nous puissions
examiner qu'est-ce que signifie, pour la Coalition et le gouvernement du
Québec, le respect de la loi C-3 du gouvernement fédéral,
en ne voulant toucher qu'aux régimes complémentaires. Eh bien, le
ministre, il m'a, jusqu'à maintenant, donné des frissons, parce
que, là, il nous annonce, dans le débat en deuxième
lecture, au niveau de l'adoption du principe, qu'il va se rendre à
Ottawa le 18 juin et que, là, Ottawa n'a qu'à bien se tenir,
a-t-il dit, ou à peu près.
Mais, en y repensant et, surtout, en relisant les différentes
affirmations et les positions du ministre depuis le 7 décembre 1990, il
y a une autre frayeur qui s'est emparée de moi. M. le Président,
à défaut de se faire payer par le gouvernement
fédéral le juste dû aux Québécois en vertu
des taxes de 25 000 000 000 $ qu'on envoie à Ottawa et puis parce qu'il
sait très bien que, maintenant, en leur faisant: Beuh, beuh, beuh!,
ça ne marche pas fort et que ça ne donnera jamais rien, est-ce
que le ministre de la Santé et des Services sociaux est en train de nous
annoncer qu'il va se rendre à Ottawa pour faire baisser la barre du
sautoir? Est-ce qu'il va aller à Ottawa pour réclamer une
réduction des mesures qui sont garanties par la loi C-3?
Plus je relis le discours du 7 décembre 1990 et la politique du
ministre en matière de ce qu'il appelle la réforme de la
santé et des services sociaux, plus je deviens inquiet, parce que je me
dis: Ah, voilà, comme il n'y a plus aucun espoir de succès
auprès du gouvernement fédéral qui, lui, a une machine
à bouffer nos dollars, mais rien pour les retourner dans notre machine,
parce qu'il a le pouvoir illimité de dépense et de contrôle
de l'argent qu'il bouffe chez les Québécois, et que le ministre
reprend ce discours où il est d'accord avec l'Opposition que nos
problèmes sont à 90% dus, en matière de santé et de
services sociaux, aux manigances et au traitement du gouvernement
fédéral en matière fiscale, en matière de
transferts de nos impôts que nous déposons à Ottawa et
qu'il ne nous retourne pas, parce qu'il se sucre le bec en passant, et
largement, hein - ce n'est plus se sucrer le bec en passant; il est à
pleine poignée dans les suçons, là, et il bouffe tout au
passage - le ministre est-il en train de nous annoncer qu'il va se rendre le 18
juin à Ottawa pour réclamer un abaissement des normes nationales
en matière de santé et de services sociaux? Bien oui, parce que,
à défaut d'avoir la capacité de leur arracher notre
argent, eh bien, pour être capable de toucher aux autres pièces du
système, il ne lui reste qu'une orientation: c'est d'aller demander de
rabaisser les standards. Et Dieu sait que, par les temps qui courent, le
gouvernement fédéral est à peu près prêt,
à notre avis, à faire toutes les courbettes et les
«steppettes» nécessaires pour créer l'illusion de la
bonne compréhension des Québécois.
Eh bien, c'est là que la frayeur m'a pris et c'est là, M.
le Président, que je pense qu'on aurait pu entendre, au niveau des
membres de la Coalition pour le maintien de la gratuité des services de
santé, comment ils envisagent l'avenir en termes de maintien de notre
couverture universelle pour nos soins de santé et nos services sociaux,
c'est quoi, leur opinion au niveau du maintien de la couverture que nous avons
actuellement, et comment nous pourrions relever le défi des
coûts.
M. le Président, moi, avec l'exposé que j'ai vu dans le
document publié par le ministre au mois de décembre, ce que j'ai
pu voir, c'est que toutes choses étant égales par ailleurs pour
les années à venir, nous avons une impasse au minimum de 200 000
000 $ par année en matière de santé et de services
sociaux. Si on prend les balises que le ministre a données dans son
document, eh bien, on a une impasse qui nous amène entre 1 000 000 000 $
ou 2 000 000 000 $. (20 h 40)
Ça veut dire ceci. C'est que, cette année, c'est les dents
des 10-13 ans qui passent dans la moulinette, c'est les 18-40 ans, au niveau de
l'examen de la vue, qui passent dans la moulinette et c'est le petit 2 $ pour
les personnes âgées qui passent dans le hachoir. Mais, savez-vous
une chose? Et c'est pour ça qu'il faut entendre les organismes pour le
maintien de la gratuité des services et du financement universel de ces
services-là.
Parce que, l'année prochaine - excusez l'expression - c'est
«back to square one», on revient à la case départ.
Parce que, c'est bien indiqué là-dedans, c'est bien
indiqué dans le document du ministre au mois de décembre, on est
très exactement à la même case l'an prochain. On vient de
s'embrayer pour 200 000 000 $, mais on vient de régler le
problème pour une année. D'autant plus que c'est encore
peut-être plus grave, cette situation-là que nous allons vivre,
avec les folies du gouvernement fédéral qui ne finit pas de nous
grimper un déficit sans égard aux dépenses et sans
égard aux besoins des provinces. De toute façon, ils ne veulent
rien savoir de nous autres. Ce sont eux qui décident et ils se servent
en premier...
Le Président (M. Joly): Une minute.
M. Trudel: Oui, M. le Président, j'avais bien entendu,
mais, sur mon élan, vous allez me laisser terminer, j'en suis
convaincu.
À cet égard-là, on est en train, donc, de se
faire mettre les doigts dans le tordeur. L'an prochain, il faudra
recommencer le même petit jeu. Mais indiquez-moi, M. le Président,
et que le ministre nous l'indique dans sa réponse, si l'approche va
être différente l'année prochaine. À partir du
moment où on dit: II manque de fric et puis H n'y a pas d'augmentation
des revenus prévisible, ni d'augmentation de l'emploi, parce que le
développement économique n'est pas à une vitesse
effarante, bien, l'année prochaine, il va rester quoi comme raisonnement
au ministre? Il va dire: Je vous l'avais bien dit, M. le député,
je ne vous surprends pas, je vous l'avais dit qu'il nous manquait 200 000 000 $
par année et 1 000 000 000 $ la cinquième année. Cette
année, moi ou mon successeur, peu importe, la politique gouvernementale,
eh bien, je l'exécute. On est à la phase II du pian. Quel va
être, M. le Président - je conclus là-dessus - l'an
prochain, le raisonnement? Le raisonnement, l'an prochain, ça va
être de dire: Écoutez, l'an passé, on a fait 0,6 % des
dépenses; cette année, un autre 0,6 %.
Alors, à cet égard, M. le Président, je vous
demande donc, avant de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi, qu'on puisse entendre les membres de
la Coalition, qui représente un large éventail de la population
québécoise, venir témoigner devant cette commission pour
qu'elle puisse répondre à nos questions eu égard à
l'objectif du projet de loi.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour vous exprimer,
à ce moment-ci, que je suis pleinement conscient qu'il y a d'autres
membres de cette commission qui veulent s'exprimer, probablement pour ajouter
à ce que le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue a
dit en termes d'arguments. Je préférerais peut-être les
entendre et faire une réponse plus globale, parce qu'il y a
peut-être dans leur intervention des arguments qui vont pouvoir me
frapper. Comme vous pouvez le constater, je prends des notes pour bien
m'assurer que je ne puisse rien manquer de ces interventions et de ce support
à cette demande.
Le Président (M. Joly): Compte tenu, M. le ministre, de
cette flexibilité que vous nous démontrez encore une fois, de
votre ouverture d'esprit, je me dois de reconnaître un des membres de
cette formation qui veut bien s'exprimer. Alors, Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, merci, M. le Président. Mon
collègue, le député de
Rouyn-Noranda-Té-miscamingue, a déposé un amendement
à l'effet qu'on puisse entendre la Coalition parce qu'ils avaient des
choses importantes à nous dire en ce qui concerne les mesures qu'on
s'apprête à voter, j'imagine, d'ici la fin de la session.
Sûrement, d'ici la fin de la soirée, j'ai l'impression qu'on aura
encore à subir un bâillon. J'ai bien l'impression qu'on s'en va
vers ça.
Mais, avant, il aurait été souhaitable, en tout cas,
d'entendre ces gens qui devront faire les frais de ce projet de loi, puisque ce
sont les principaux concernés, car ça concerne, d'une part, les
utilisateurs de médicaments, les consommateurs de médicaments,
les personnes âgées et ceux qui seront aussi visés par la
réforme au niveau des soins dentaires et aussi de l'utilisation des
prothèses optiques, c'est-à-dire les lunettes.
Oui, effectivement, on disait tantôt qu'on tend de plus en plus
à favoriser la loi du marché. Mais vous savez que la loi du
marché a ses limites et qu'elle favorise aussi le développement
d'une société plus ou moins égoïste et individuelle.
Cette société dans laquelle nous vivons à l'heure actuelle
a développé une orientation très matérialiste, de
sorte que, de plus en plus, les gens ont l'impression que leur seule raison
d'être est d'accumuler de l'argent, des biens matériels et qu'ils
oublient tout le reste des valeurs très fondamentales d'une
société.
En fait, surtout pour nos jeunes, le modèle que nous sommes en
train de développer, c'est que l'importance d'une personne se mesure
à la grosseur de son compte de banque, et je trouve ça tout
à fait malheureux. C'est pour ça qu'on voit de nouveaux
phénomènes auxquels les jeunes adhèrent de plus en plus.
Ils consomment de l'alcool, ils consomment de la drogue, parce que, en fait, il
n'y a plus d'espoir ou, en tout cas, c'est très difficile de leur
procurer ces modèles d'espoir dans une société dont les
valeurs ne sont pas uniquement des valeurs matérialistes, mais où
il y a d'autres formes de valeurs, notamment des valeurs qui sont
basées, en fait, sur l'innovation sociale et humaine. Je pense que ce
sont des valeurs fondamentales pour une société et lorsqu'on
parle d'un projet aussi fondamental que la réforme de la santé et
des services sociaux, ça touche à ces valeurs sociales et
humaines.
C'aurait été intéressant d'entendre ces gens pour
nous dire, justement, leur vision du monde dans lequel nous vivons, dans lequel
nous sommes plongés, les orientations dans lesquelles nous sommes
orientés, à l'heure actuelle, en ce qui concerne les forces du
marché. Souvent, les forces du marché peuvent répondre
à certains besoins, mais c'est des besoins qui sont tout à fait
très ponctuels. Ça ne peut pas être des guides, en tout
cas, pour mettre sur pied des visions de l'avenir. Elles ont, comme je l'ai dit
et je le répète, leurs limites. C'est, à mon avis,
important de s'en rendre compte et de faire intervenir les personnes qui sont
les plus concernées là-dessus, pour qu'elles nous en parlent,
de ces limites.
Ce qui sous-tend aussi le fait de retrouver ces personnes
âgées à qui, en fait, on a enlevé le droit de
parole, parce qu'à chaque fois qu'on nous met le bâillon, c'est
sur le droit de parole de l'ensemble des citoyens et des citoyennes qu'on
représente qu'on l'impose aussi. Ces personnes âgées
vivent, plus souvent qu'autrement, dans l'isolement et c'est grâce
à ces groupes de représentants, comme l'AQDR, comme les
mouvements pour la défense des droits des retraités... Ce sont
ces gens qui représentent une bonne majorité de ces personnes
âgées qui, pour la plupart, vivent isolées, vivent dans la
solitude, ce qui engendre un paquet de problèmes, notamment la
surconsommation de médicaments, des problèmes d'alcoolisme aussi
qui sont reliés aux personnes âgées.
C'est des problèmes très actuels et des problèmes
aussi qui, à l'ensemble de la société, coûtent
très cher, parce qu'on oublie que la solitude est peut-être un des
problèmes majeurs de notre société, à l'heure
actuelle. Plutôt que de donner des médicaments aux personnes
âgées, peut-être qu'on aurait pu développer d'autres
approches qui auraient favorisé, en fait, cette conscience de la place
qu'elles occupent dans une société où toute cette
richesse, tout ce bagage d'expérience qu'elles ont accumulé
pourrait enrichir aussi d'autres personnes et pourrait enrichir aussi
l'ensemble de la collectivité.
Je pense que c'aurait été intéressant pour ces
personnes de venir nous dire exactement, en fait, ce qu'elles attendaient de
nous, avec beaucoup plus d'égards et beaucoup plus de respect que de
faire étaler sur la place publique leur pauvreté et de faire en
sorte que, dorénavant, ces personnes âgées, qui sont plus
défavorisées que d'autres, devront afficher, à la vue de
tout le monde, cette pauvreté. Vous savez à quel point, chez moi
en tout cas, les groupes qui défendent les droits des personnes
âgées, très souvent, nous disaient que, même l'hiver,
beaucoup de personnes âgées sont incapables de sortir, parce
qu'elles n'ont même pas de vêtements pour sortir; elles ne peuvent
même pas se mettre des bottes.
Alors, imaginez, quand on arrive avec le 2 $, ça devient aussi un
montant important. Il y a des personnes âgées qui sont
littéralement dans des sous-sols, complètement isolées,
toutes seules; c'est à peine si elles sont capables de manger: pas de
nourriture, pas de chauffage, absolument rien. Et c'est sur ces
personnes-là, en fait, qu'il faut vraiment s'attarder; il faut
défendre leurs droits, à ces gens-là. Il y en a beaucoup
plus qu'on ne le pense, M. le ministre, et, moi aussi, j'ai été
très surprise lorsque j'ai parlé avec ces gens qui
défendent les droits des retraités, à quel point il y en
avait dans notre société, malheureusement. (20 h 50)
Je pense que, quand on parlait d'innover l'avenir, il fallait aussi
penser à des valeurs collectives, et ça, c'est important, quant
à moi, les valeurs collectives. Donner, en fait, le goût aux gens
de défendre ces valeurs et, notamment, une des valeurs collectives,
c'est notre système de santé. Ça fait partie de nos
valeurs collectives, ce système de santé qu'on s'est
donné.
À l'heure actuelle, j'ai l'impression qu'on est en train de vivre
une érosion par rapport à ce qu'on est en train de faire avec les
mesures qu'on va imposer prochainement à ces gens, une érosion
dans notre système et qui, de plus en plus, s'éparpille, prend de
l'espace. Vous savez à quoi ces érosions peuvent arriver,
à un moment donné. Il y a des effets de débordement
incroyables qui font complètement disparaître certains espaces,
certaines couches, en fin de compte, et on le sait très bien.
Nous aurons à les vivre aussi, ces problèmes
d'érosion, à d'autres niveaux, au niveau, finalement, de
l'environnement parce qu'on ne fait pas aussi attention à notre
environnement. On a beaucoup de difficultés à prendre conscience
que, ça aussi, ça appartient à des valeurs collectives et
qu'il faut avoir une notion de l'ensemble de la société. On ne
peut plus rester individuels et être braqués uniquement sur notre
mieux-être à chacun, d'une façon individuelle, mais, de
plus en plus, il faut retourner à cette pensée qui a permis
à des gens qui avaient moins de chances que d'autres de s'en sortir dans
une société.
Le fait d'être retournés à des valeurs plus
individuelles, à mon avis, est un des malheurs, en tout cas, dans notre
société moderne, qui fait en sorte qu'à l'heure actuelle
nos jeunes ont de la difficulté à se trouver, que nos jeunes ont
de la difficulté aussi à vouloir relever les défis
auxquels ils auront à faire face. Même si on dit: II ne faut pas
hypothéquer les générations à venir par nos
déficits ou par les décisions que nous aurons à prendre
dans certains domaines, je pense que, M. le Président, nos
générations sont déjà hypothéquées
non pas par les décisions purement comptables dans lesquelles nous
sommes impliqués, mais tout simplement par notre manque de vision
sociale, collective et humaine, humanitaire. Et ce qui est le plus dangereux
pour une société, c'est ce manque de vision. Ça aurait
été agréable, en tout cas, de pouvoir entendre ces gens.
Le ministre nous disait que, M. le Président-Une voix: Important
ou agréable?
Mme Vermette: Important, oui. Ça aurait pu être
agréable aussi parce qu'ils auraient pu peut-être avoir des choses
importantes à nous dire, M. le Président.
Mais le ministre nous disait: Nous sommes rendus à un point de
non-retour. Il faut faire des choix. Dans une société, il faut
faire des choix qui ne sont pas toujours les plus faciles et qui sont,
quelquefois, douloureux. Je lui rappel-
lerais tout simplement que, effectivement, oui, nous sommes à
l'heure des choix. Mais, si on pense - et ça, c'est l'UNICEF qui faisait
cette remarque - que le budget total de l'UNICEF représente quatre
heures de tout ce qu'on dépense pour l'armement mondial, M. le
Président, alors, c'est des choix de société.
Effectivement, de l'argent, il y en a. Ça dépend où on
veut le mettre et à quel effet on veut dépenser cet
argent-là aussi dans notre société.
Alors, M. le Président, la Coalition, ce sont des gens
branchés sur l'humain, ce sont des gens qui sont au service d'autres
personnes et ce sont des gens qui ont un vécu hors de tout doute, et il
aurait été souhaitable, en tout cas, qu'on puisse les
entendre.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres parlementaires qui aimeraient
s'exprimer sur cette motion? Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous plaît.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Alors, je vous remercie, M. le
Président. À mon tour, je vais appuyer la motion
présentée par mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue à l'effet qu'on demande de rencontrer
la Coalition. Je regardais le ministre écouter ma collègue, tout
à l'heure, puis il opinait du bonnet, comme on dit, il avait l'air
d'approuver. Alors, une couple d'interventions de plus, puis il y a
peut-être des chances qu'on rencontre la Coalition. Enfin!
Écoutez, M. le Président, c'est qu'on sait quand
même que la Coalition s'est prononcée sur le projet de loi. Je
pense que le ministre a lu les journaux, comme nous autres. Il est au courant
des inquiétudes, si on veut, de ces gens-là. Mais il reste que,
la Coalition, c'est quand même beaucoup de monde. Ça regroupe
beaucoup d'organismes. On nous dit une trentaine, en fait, d'organismes dont,
évidemment, les syndicats, les organismes communautaires, les
organisations de consommateurs et autres. Alors, ça veut dire que c'est
beaucoup de monde, au Québec, la Coalition. S'il y avait lieu d'entendre
un seul groupe, je pense que ce serait probablement le groupe le plus important
à entendre, puisqu'il regroupe à lui seul un certain pourcentage,
en fait, un pourcentage important de la population du Québec. Je sais
que le ministre est au courant des inquiétudes, comme je le disais, de
la Coalition. En fait, on tient à peu près le même
discours. C'est qu'on trouve que c'est une brèche importante et tout
ça au niveau des soins de santé.
Maintenant, il reste que la Coalition disait autre chose aussi. Elle
était prête à donner des suggestions au ministre même
à ça. Et, moi, c'est surtout de ces aspects-là que
j'aurais aimé qu'on discute avec la Coalition. Ils se sont permis de
donner des idées, si on veut, en fait, de faire état de certaines
possibilités d'aller essayer de couper ailleurs. Il y a certaines choses
qui ont été publiées, mais je pense que ça aurait
été intéressant d'en discuter. Parce que, voyez-vous, dans
un petit article, là, on voit un paragraphe. Ça ne dit pas
grand-chose, ça dit juste le principal. Mais, pour les détails,
bien, c'est toujours mieux d'aller les chercher autrement, de discuter avec les
gens.
D'ailleurs, il y en a d'autres commissions où les ministres
acceptent de discuter. Je le sais, je l'ai faite, moi, la mienne, avec ma
collègue, même si on ne s'entendait pas sur le fond, M. le
Président. Je sais que le président est au courant et tes membres
de la commission aussi parce qu'on siège, à toutes fins
pratiques, à la même commission. Ça se passe ici, à
la commission des affaires sociales. Même si, sur le fond, on ne se
rejoignait pas, la ministre de la Condition féminine et moi-même,
c'est bien évident, il reste que la ministre a accepté de
rencontrer des groupes. Ça n'a pas été très long,
puis on a réussi à discuter avec les groupes. Je pense que
ça donne quand même une bonne idée.
Puis, aussi, il y a une autre chose. C'est que ça permet à
tout le monde de s'expliquer, ça permet à tout le monde
d'être sur la même longueur d'onde. Même si on est plus ou
moins d'accord ou si on ne s'entend pas, je pense que ça fait
évoluer certaines choses de part et d'autre. On n'a pas
entièrement raison, puis on n'a jamais entièrement tort, non
plus. Alors, il s'agit de savoir où se situer dans tout ça. Le
fait de rencontrer des gens du milieu, des gens impliqués, puis des gens
qui vont vivre avec les mesures qu'on vote ici, je pense que ça ne peut
pas faire autrement que faire avancer les dossiers.
Quand je regardais au niveau des différents articles, ils nous
auraient donner des idées. Ça aurait été
intéressant de pouvoir discuter avec ces gens-là de ce qu'ils
voient comme réorganisation des actes médicaux, par exemple.
Ça fait partie de ce qu'ils nous ont dit. La surprescription des
médicaments... Je ne suis pas sûre, moi, que le 2$, ça va
changer quelque chose à la surprescription des médicaments. Les
gens de la Coalition - je ne trouve pas ça si bête que ça,
moi; je trouve que ça aurait été vraiment important qu'on
puisse en discuter - nous disaient, et très clairement, qu'une campagne
de responsabilisation des médecins et des pharmaciens et, une campagne
d'information auprès des personnes âgées auraient
peut-être plus d'effet sur la surprescription, si on veut, que de charger
2 $ par prescription.
C'est vrai que ce n'est pas évident, là, d'essayer de
convaincre les médecins de moins prescrire. Je sais que le ministre a
bien essayé de convaincre les médecins de toutes sortes de choses
avec la loi 120. C'est sûr que c'est peut-être plus facile de
convaincre les personnes
âgées de payer 2 $ que de convaincre les médecins de
ne pas surprescrire. C'est vrai que ce n'est peut-être pas
évident, mais je pense que c'est important que les gens viennent
s'exprimer là-dessus. Parce que, dans le fond, les personnes
âgées, on dit: Elles consomment énormément de
médicaments. Tout le monde dit ça, là. On l'a entendu
à plusieurs reprises. Je pense qu'on est conscient qu'il y a une
surconsommation, si on veut. Mais, si ces personnes-là sont
vulnérables, puis qu'elles surconsomment, c'est parce que, à
quelque part, il y a du monde qui leur surprescrit des médicaments. Les
gens ne vont pas se chercher ça comme si de rien n'était. La
plupart de ces gens-là ont des prescriptions. Alors, ce n&st pas
corriger le problème à la source. Moi, voyez-vous, je suis en
santé et sécurité au travail, puis, selon la loi 17, on
nous dit qu'il faut corriger les problèmes à la source. En
chargeant 2 $ aux personnes âgées, je ne suis pas sûre qu'on
corrige le problème à la source, parce que la source ne vient pas
de la personne qui les consomme, au départ, elle vient de la personne
qui les prescrit. Et c'est sûr que le ministre aurait eu, à mon
sens...
Là-dessus, je rejoins la Coalition, je rejoins les syndicats qui
en ont parlé, je rejoins une grosse partie de la population. Puis, je
suis sûre qu'il y a des gens autour de la table qui pensent la même
chose que nous autres là-dessus. Je pense que, pour corriger le
problème à la source, il aurait fallu restreindre cette
façon de prescrire des médicaments aux personnes
âgées comme ça, parce qu'elles sont vulnérables et
plus... Comment dirais-je? C'est bien évident qu'en vieillissant tu as
toutes sortes de petits bobos qui se déclarent. Bien souvent, il y a des
choses aussi, comme l'ennui, on le sait, l'isolement. Il y a toutes sortes de
choses comme ça qui font que les gens sont mal dans leur peau. Alors,
ils vont voir le médecin. Le médecin qui prescrit la
médication, là, entre vous et moi, je regrette, là, mais
je pense qu'il est responsable plus que la personne qui consomme la
médication. Et, par ce 2 $ là qu'on met à la personne qui
consomme, on punit la personne qui consomme d'avoir été voir son
docteur parce que là, lui, il lui a donné une prescription. La
correction du problème, à mon avis, là, elle ne s'applique
pas à la bonne personne. Je ne suis pas sûre qu'on corrige quoi
que ce soit.
Même qu'il y a des gens qui nous disaient: Bon, bien,
écoutez, à ce moment-là, ce qu'on va faire, on va se
stocker en médicaments. O.K.? Ma prescription, elle est bonne pour deux
semaines, elle est bonne pour trois semaines. Bon, bien, ce n'est pas un
problème. Quand je vais aller chez le pharmacien, je vais lui demander
de me la renouveler pour six mois, hein, parce que ça me coûte 2 $
à chaque fois, voyons! Je vais lui dire de me la renouveler pour plus
longtemps, dépendant. Il y a des gens qui sont chroniques, qui prennent
des médicaments régulièrement. Alors, voyez-vous le genre
d'effet qu'on se propose de faire, c'est que les gens sont exposés
à surconsommer davantage à cause d'une affaire comme
celle-là. (21 heures)
Alors, moi, je pense que, par cette mesure-là comme telle,
indépendamment qu'on dise que c'est une brèche à
l'universalité, puis tout ça, indépendamment de ça,
même si je partage l'expression de mon collègue, je ne veux pas
vous dire que je m'en dissocie, pas du tout et je suis persuadée aussi
qu'autour de la table il y a des gens qui le savent, qui ont compris ça,
on ne corrige pas le problème à la source, on ne règle
rien par là, sauf qu'on ramasse des 2 $ chez les personnes qui
surconsomment parce qu'on leur surprescrit des médicaments.
Bref, M. le Président, je suis capable de me rendre compte, comme
bien du monde ici au Québec, que, par les temps qui courent, c'est plus
facile de faire passer une mesure comme celle-là que de dire aux
médecins d'arrêter de prescrire et de dire aux médecins
qu'ils font trop de vérifications, qu'ils prescrivent trop d'examens,
qu'ils rencontrent trop souvent les mêmes personnes et on leur propose en
plus d'aller voir le spécialiste pour vérifier à nouveau
et davantage. C'est plus facile de passer une mesure comme celle-là, je
veux bien le croire, mais je pense qu'on ne corrige rien. Et ça aurait
été une des choses importantes à discuter avec les gens de
la Coalition, qui vont vivre, eux autres aussi, avec ces mesures-là et
qui ont dû faire des vérifications, c'est comme rien.
Par ailleurs, il y a d'autres mesures qu'il aurait été
intéressant de discuter avec la Coalition. On parle des assurances
privées. Ils en ont parlé, de ça. Eux autres, ils ont un
point de vue sur l'assurance privée. Je voyais dans l'article,
justement, cet après-midi, quand je vous parlais...
Il me reste deux minutes, M. le Président. Mon doux que ça
passe vite, 10 minutes, en fin de compte! Je me demandais si je serais capable
de faire 10 minutes.
Ce qui arrive, c'est qu'au niveau de la région de
Chaudière-Appalaches... Je voyais, cet après-midi, quand je vous
parlais des soins dentaires, qu'on dit que la santé dentaire des jeunes
de la région de Chaudière-Appalaches est vraiment catastrophique,
et une des raisons qui étaient exprimées dans cet
article-là, justement, M. le Président, c'est qu'on nous dit que,
contrairement à d'autres régions au Québec, au niveau des
assurances privées, les gens ont très peu d'assurance
privée chez nous, dans la région de Chaudière-Appalaches.
Alors, quand on parle d'assurance privée, bon, bien, peut-être que
ce serait important qu'on en discute avec la Coalition. Le ministre a
sûrement vu ça.
M. Côté (Charlesbourg): Dans
Chaudière-Appalaches, il y a très peu d'assurance privée.
Desjardins ne rayonne pas?
Mme Carrier-Perreault: Desjardins, c'est dans
Chaudière-Appalaches, vous comprenez.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Carrier-Perreault: Chaudière-Appalaches, ce n'est pas
Les Chutes-de-la-Chaudière, M. le Président. Je fais une petite
rectification. Tout le monde mêle ça. C'est huit comtés,
Chaudière-Appalaches, M. le Président.
M. Boulerice: Je pense que c'est jumelé avec...
Mme Carrier-Perreault: En plus. Mon collègue va continuer
de vous parler de Chaudière-Appalaches dans quelques minutes. En tout
cas, pour toutes ces raisons-là, M. le Président, je pense qu'il
aurait été important qu'on rencontre les gens de la Coalition,
pas juste pour se plaindre de ce projet de loi, mais peut-être pour
apporter des idées nouvelles et discuter des vrais problèmes de
fond, ce qui aurait peut-être permis de faire avancer... et de
régler les problèmes à la source. Alors, j'espère
que le ministre pourra se laisser infléchir. On ne sait jamais, des
fois, un miracle, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la
députée. M. le député des Chutes... Non, excusez,
de Salaberry-Soulanges. L'influence de Mme la députée, il faut
faire attention.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce qu'on est jumelés.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci, M. le Président. Ça fait
drôle d'entendre les gens de l'Opposition, lorsqu'ils veulent faire un
«filibuster», parce qu'à ce moment-là on peut dire
à peu près n'importe quoi. Pourtant, tous les messages sont
enregistrés. J'ai l'impression qu'il y a des gens qui emploient des
mots, qui disent des phrases, mais qui n'évaluent pas l'impact de ce
qu'ils peuvent dire.
On vit dans une société qu'on dit une des plus
progressives dans le monde, le Québec, le Canada. On se classe... En
tout cas, lorsqu'on prend le modèle social à travers la terre, on
se réfère toujours au Canada, on se réfère toujours
au Québec. C'est drôle, lorsqu'on dépose un budget, le
critique de l'Opposition en éducation dit: Ça n'a pas d'allure.
Vous coupez de l'argent au niveau de l'éducation. On devrait en avoir
plus. Aux affaires municipales, c'est la même chose; santé et
services sociaux, aïe! C'est épouvantable! À l'aide sociale,
on devrait augmenter les primes. On devrait tout augmenter.
Aujourd'hui, on parle par la motion... On aurait pu même contester
la recevabilité de cette motion-là, parce que, en ce qui nous
concerne, l'universalité des soins n'est pas touchée par cette
loi. Une personne qui est malade au Québec peut toujours se faire
soigner gratuitement. Ça. je pense que ça n'a jamais
été changé. Le problème, c'est que, dans les
discours qu'on entend... J'entendais dernièrement que, pour le taux de
suicide chez les jeunes, à travers le monde, le Québec se classe,
je pense, dans les cinq ou six...
Une voix: C'est le deuxième avec la France.
M. Marcil: Bon, tu sais, dans les jeunes. Puis, là,
lorsque j'entends la députée de Marie-Victorin, je n'ai pas
hâte d'être vieux parce que, à la minute où on va
être vieux, là, on va être pauvre et malade. C'est un petit
peu ça, le discours qu'on entend aujourd'hui. Il faut que tu sortes de
ta jeunesse rapidement, puis H ne faut pas que tu vieillisses trop vite, non
plus, parce que ça va être une catastrophe socialement parlant ici
au Québec. C'est épouvantable de dire des choses comme ça.
C'est comme si, automatiquement, la journée où tu deviens vieux,
tu es condamné à mourir de maladie et de pauvreté.
Il me semble, M. le Président, que, si on veut bâtir une
société de façon équilibrée, on devrait
être en mesure au moins d'être capable de poser les bons gestes.
Puis, dans un Parlement comme le nôtre, on dit toujours: C'est le jeu
parlementaire; lorsqu'on n'accepte pas une loi, on fait un
«fillibuster». Il me semble qu'il aurait été plus
logique au moins d'appeler l'article 1, de commencer à discuter de
l'article, mais au moins de «fillibuster» sur l'article et non pas
sur les motions préliminaires. Il me semble qu'on aurait pu au moins
prendre un article, puis avoir une raison de le constester, l'article. On ne
fait même pas ça. C'est un jeu qui est faux au départ.
Puis, lorsqu'on s'écoute parler - parce que c'est à peu
près ça qu'on fait ici, on s'écoute parler - il ne
faudrait pas qu'il y ait trop, trop de jeunes dans la salle pour nous
écouter parler, parce qu'il me semble qu'ils verraient
peut-être... On ne pourrait pas développer chez eux un optimisme
à toute épreuve. Nous, qui sommes ici présents,
représentant des gens de chacun des comtés, on est 125; avec les
discours qu'on tient ici... On a peut-être une belle
société, je me demande pour combien de temps on va la garder,
cette société-là, dans l'état où elle est
présentement. Ce n'est pas en faisant des interventions comme on les
fait présentement. Essayer d'enrichir ou de bonifier, c'est ça
qu'on devrait faire, mais ce n'est pas de cette façon-là qu'on
travaille ici, au Parlement. Je trouve ça un petit peu regrettable.
C'est vrai que je n'ai pas tellement l'expérience du Parlement
comme certains peuvent l'avoir, mais je suis un petit peu désolé
d'entendre, du moins, les discours qu'on peut entendre de l'Opposition. On se
disait tantôt, mon
collègue et moi: On serait aussi bien d'être dans
l'Opposition, on peut dire à peu près n'importe quoi. C'est
à peu près ça qu'on peut faire ici. On n'est pas capable
d'arriver avec des discours pour essayer de bâtir des choses. C'est
malheureux, par exemple.
Moi, quand j'essaie d'enseigner à mes deux filles, puis à
mon gars pour essayer de leur transmettre des valeurs, bien, il faut au moins
que je les mette en pratique. Ce n'est pas uniquement par mes messages que je
vais convaincre les gens; c'est par mon action que je vais être capable
de convaincre les gens. Puis, on dit toujours: N'écoutez pas ce que les
gens disent, écoutez ce qu'ils font, admirez ce qu'ils fort, puis vous
allez savoir ce qu'ils pensent. C'est ça qu'on devrait faire ici au lieu
de passer notre temps à discourir pour étaler le temps. On va se
rendre jusqu'à 22 heures, minuit, puis on n'aura rien changé.
Si on est assez intelligents, si on respecte vraiment le rôle du
parlementaire, moi, je vous inviterais, les gens de l'Opposition, à
appeler l'article 1 pour qu'on puisse au moins commencer à discuter d'un
article. Vous pourrez le constes-ter jusqu'à minuit si vous voulez, mais
au moins appelez un article. Ça va donner au moins l'air qu'on travaille
sur un projet de loi. Ce n'est même pas ça qu'on fait
présentement. Je trouve ça bien malheureux de voir qu'on conteste
pour un petit 2 $.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Des voix:...
Le Président (M. Joly): Normalement, l'article 213 nous le
permet, sauf que je m'en allais reconnaître votre collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, mais en vertu de 213, si j'ai le consentement des
membres de cette commission, je vous reconnaîtrai après.
M. Trudel: Non, je ne l'ai pas demandé. Mon
collègue de Sainte-Marie va parler.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît. Vous avez toujours 10
minutes à vous.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui. M. le Président,
j'écoutais attentivement les propos du député de
Salaberry-Soulanges, puisqu'il y a eu une modification d'appellation de sa
circonscription. Je vous avoue que je suis passablement sidéré
d'entendre un tel discours. Dire qu'on ne travaille pas sous prétexte...
Et, d'ailleurs, j'aurais pu intervenir au niveau du règlement, M. le
Président, mais je ne l'ai pas fait. Je préfère lui dire
de vive voix que d'employer l'arme légale de notre Parlement.
Donc, je disais: Prétendre qu'on ne travaille pas, sous
prétexte que l'on veuille entendre une coalition qui regroupe des
intervenants sérieux. S'il y en a qui ne sont pas sérieux,
nommez-les, puis on fera savoir à ces groupes-là que vous ne les
considérez pas sérieux. À ce moment-là, M. le
Président, le député portera le poids, la
responsabilité de ses paroles. Alors, qu'il vienne nous dire que, parce
qu'on voudrait entendre des gens qui sont prêts à nous faire part
d'un vécu, d'une expérience, d'une expertise... Et, dans le
groupe, je sais qu'il y a l'AQDR, qui est l'Association
québécoise de défense des droits des retraités,
avec laquelle je travaille, M. le Président, depuis fort longtemps,
même avant mon élection. Des gens qui auraient pu, effectivement,
nous faire part de beaucoup plus qu'un vécu, même d'un ressenti.
Alors, je trouve que les propos du député sont inutilement
blessants, méprisants même. (21 h 10)
Quand je regarde la loi que le ministre nous dépose, je n'arrive
pas à comprendre sa logique. Vous allez regarder un enfant de cinq ans
et vous allez lui dire: Dépêche-toi de vieillir. À la
minute où il va avoir 18 ans, ça va être: S'il te
plaît, ne te presse surtout pas de vieillir. Je ne vois pas où
peut être la logique là-dedans. Il ne faut quand même pas
avoir fréquenté très longtemps un opticien, un
optométriste, un ophtalmologiste même pour savoir que ce n'est pas
entre la période 18-40 ans qu'il doit y avoir une plus grande
fréquence au niveau des examens des yeux, mais bien plutôt
après 40 ans.
Je peux vous parler de mon expérience personnelle. Je suis
allé peut-être deux, trois fois... Pardon? Entre 18 et 40, tu ne
paies pas? Voyons! Alors... Pardon?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député.
M. Boulerice: Ce n'est pas ça que vous faites.
Une voix: Oui.
M. Boulerice: Bien non! C'est après 40 ans.
Le Président (M. Joly): Vous avez toujours le droit, Mme
la députée, en vertu de l'article 213, de poser une question
à M. le député.
M. Boulerice: Puis je me ferai un plaisir d'y répondre, M.
le Président, vous me connaissez. Après 40 ans, là, c'est
gratuit. Combien de fois je suis allé voir l'opticien - puis un bon
libéral, entre parenthèses - pour changer de monture? Puis,
ça, je pense qu'il fallait que je le paie, puisque c'était, dans
mon cas - je vais employer le mot - un caprice, une coquetterie, peu importe.
Je lui disais; Oui, mais ma vue? Il me disait: Non, non, non, pas avant 40-45
ans. Ça ne fluctue jamais de façon significative à
moins
qu'il y ait un problème particulier.
Alors, là, je remercie le ministre du traumatisme psychologique
qu'il m'a causé il y a quelques jours quand je me suis
présenté. Là, j'ai pu, pour la première fois de ma
vie, me rendre compte que j'étais vieux, que j'ai dépassé
40 ans. De très peu, ça va de soi, mais j'ai
dépassé 40 ans.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je ne comprends pas cette logique. Je regarde aussi
au niveau des médicaments. Je pense que ma collègue, la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, l'a bien
expliqué. Je ne pense pas que les gens exigent absolument une pilule
comme telle, un médicament. Sauf qu'on reconnaît le
médecin, on reconnaît la qualité de son travail, son
diagnostic et, forcément, le traitement qu'il prescrit. Le traitement
peut être sous forme de médicaments.
Mais là, ce que je ne comprends pas, c'est que la dame
âgée ou le monsieur âgé qui ne sera pas dans un
hôpital, qui ne sera pas dans un centre d'accueil, lui, va être
obligé de payer. La personne qui, elle, est à Saint-Luc, à
Ernest-Routhier, à Jacques-Viger, bien, elle n'aura pas à payer
cet impôt de 2 $ sur les médicaments. En vertu de quelle
équité? La personne qui est maintenue à domicile, qui
continue à demeurer dans son logement va les payer. Celle qui est
institutionnalisée ne les paiera pas. Où est
l'équité? Le ministre prend des notes, là. Je suis content
de le voir faire ça. Où est l'équité?
Puis, là, j'ose espérer qu'il n'y a aucun de mes
collègues qui va être assez tordu, si vous me permettez
l'expression, M. le Président, pour penser que, malheureusement,
vieillesse n'équivaut pas à appauvrissement. Je n'ai pas encore
vu, à moins de très rares exceptions de fortunes personnelles qui
ont bien fructifié, quelqu'un de ma circonscription qui, en
vieillissant, est plus riche que quand il était, disons, d'âge
mûr. Vous avez très souvent le drame du conjoint qui
décède; donc, à ce moment-là, il y a
forcément rétrécissement du montant mensuel qu'ils avaient
pour vivre. Tout le monde sait que vivre à deux peut être,
à l'occasion, économiquement beaucoup plus rentable que vivre
seul, les prix étant les prix. Alors, il y a une adéquation entre
vieillesse et pauvreté.
Celle ou celui qui, vieux, ne sera pas institutionnalisé va payer
cet impôt de 2 $ sur les médicaments. Je n'arrive pas à
comprendre la logique. Si le ministre réussit à me l'expliquer en
termes simples et clairs, je ne sais pas comment je vais réagir, mais je
vous avoue que je ne vois pas de raisons. Je ne sais pas lesquelles l'ont
motivé, mais je peux vous dire une chose, par exemple. Quand on habite,
parce que j'y habite, et qu'on est député d'une circonscription
comme la mienne, il y a forcément un nombre assez élevé de
personnes âgées; quand on se ramasse dans une pharmacie - et je ne
nommerai pas de nom, là; c'est une chaîne qui est assez importante
- ce n'est pas une seule prescription; très souvent, c'est deux, trois,
quatre prescriptions. Le médecin sait ce qu'il fait. Sinon, bien,
contestons les médecins. Je ne pense pas que ce soit le cas. Alors, ce
n'est pas une seule prescription; c'est une, deux, trois, quatre même,
des fois. Je les vois, ces braves gens qui sont au comptoir et qui
attendent.
Alors, parce que c'est par prescription, à moins que je ne me
trompe, ce sera 8 $, 10 $ potentiellement et, souvent, ce sont des
médicaments dont la quantité est contingentée. Le
médecin ne va pas en prescrire un pot de 50, etc. Alors, ça peut
être renouvelable à toutes les deux semaines ou mensuellement.
Ça peut faire un joli montant. Ces personnes âgées n'ont
pas toutes le fonds de pension des députés pour vivre
après. Alors, c'est une surcharge que l'on donne, c'est une charge que
l'on donne. Je pense qu'il ne faut pas en rire. Il faut...
Le Président (M. Joly): En conclusion, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Boulerice: Bien, en conclusion, je vous le dis, je ne vois pas
la logique de cela. Pourquoi pénaliser des gens qui, déjà,
sont dans une situation de vulnérabilité financière,
économique, sociale, psychologique, etc.? Je ne vois pas le pourquoi.
Finalement, qu'est-ce qu'on va en tirer, en fin de compte? Alors, si le
ministre a une réponse, je pourrai peut-être reconsidérer
ma décision, mais je doute qu'il en ait une.
M. Marcil: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
député...
M. Boulerice: et vous rappellerez à m. le
député de salaberry-soulanges qu'il ne peut mettre en doute la
parole d'un de ses collègues, en vertu de notre règlement.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. S'il vous plaît! M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. La motion déposée par le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue vise à sensibiliser la commission
- d'ailleurs, soutenue par ses collègues députés -
à l'importance d'entendre la Coalition, disons, de prendre le temps
d'entendre la Coalition parce qu'ils ont, semble-t-H, un certain nombre de
choses à dire qui pourraient être de nature à nous
éclairer quant aux gestes que nous allons poser. (21 h 20)
Alors, j'ai pris des notes, pas juste pour le plaisir d'en prendre.
Évidemment, c'est une plaidoirie où des gens tentent de
convaincre par des arguments qu'ils auraient très certainement des
choses nouvelles à nous apprendre si on devait entendre la Coalition.
Parce qu'on n'entend pas quelqu'un pour entendre ce qu'on a déjà
entendu. J'imagine que c'est davantage pour nous faire part
d'éléments nouveaux quant aux implications des mesures que nous
nous apprêtons à adopter.
C'est toujours notre privilège, évidemment, que de
décider d'entendre des gens. Je l'ai fait à plusieurs reprises
dans le passé. Mme la députée, tantôt, disait: Le
ministre devrait entendre les gens, devrait accepter. Je pense que je suis
peut-être l'un de ceux des ministres actuels qui en a le plus entendu. En
1990, 175 groupes... Non, toujours sur l'ensemble de la même
problématique. En 1991, on a aussi entendu des gens, pas des milliers de
groupes, à la demande de l'Opposition, en particulier la coalition des
médecins qui était venue se faire entendre. J'avais dit oui, dans
le processus d'une commission parlementaire. Et, à la demande de
l'Opposition, j'ai aussi accepté qu'on ait une commission parlementaire
sur le financement du réseau de la santé et des services
sociaux.
Mettez tout ça ensemble, là, avec tout le temps qu'on a pu
passer à adopter, article par article, la loi 120, la loi 15, bon, c'est
à peu près sept à huit mois de commission parlementaire
pour entendre les gens s'exprimer sur la réforme, sur les structures,
sur le document sur le financement du réseau. C'est quand même un
niveau d'écoute assez exceptionnel pour une même réforme.
Donc, je ne suis pas celui qui est totalement fermé à ce genre
d'exercice là.
Cependant, à ce moment-ci, ce qu'il faut examiner, parmi les
suggestions que vous nous faites pour tenter de nous aiguillonner, au
mérite, c'est s'il y a des arguments neufs qui peuvent nous être
apportés ou si vous nous avez indiqué des pistes qui pourraient
nous intéresser. Je ne veux pas les prendre par ordre d'importance,
là, parce que j'ai pris des notes au fur et à mesure de vos
interventions. Bon, on nous a dit: Bien, écoutez, la Coalition a
rencontré le premier ministre. Le premier ministre a semblé
sensibilisé à certains éléments, peut-être,
d'application de cette politique-là qui auraient des effets pervers.
Oui, effectivement, il m'a téléphoné. Je peux vous
rassurer là-dessus. Dès le moment où il en a eu
terminé avec la Coalition, le premier ministre m'a
téléphoné pour me dire: Les histoires de 28
médicaments, 28 fois 2 $, ça fait quand même passablement.
Y a-t-il moyen de vérifier?
Bon, évidemment, il n'y a personne qui, jusqu'à
maintenant, a réussi à faire la démonstration que c'est le
quotidien. On est dans des exceptions. Ce que j'ai compris, à tout le
moins, de ce que le premier ministre a dit, c'est qu'il faut examiner ce genre
de situation là au mérite pour tenter de faire en sorte que ce
projet de loi puisse, dans ses effets les plus pervers... qu'on puisse trouver
une solution à ce genre de situation là. C'est ça que le
premier ministre m'a dit, et que le projet de loi était là, puis
qu'en principe le projet de loi devrait être accepté.
Vous dites: II faut les entendre parce qu'ils vont nous informer sur les
effets déplorables chez les personnes âgées. Ils vont,
entre autres, en bonne partie ou en tout ou en partie, reprendre certains
éléments du groupe d'experts, le groupe Pelletier. Je pense que
c'est le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui nous a
dit ça. Oui. Bon, parfait! On n'a pas besoin d'entendre des gens: c'est
déjà dans les rapports. Et ça, on peut en prendre
connaissance de ce rapport-là, si ce n'est pas déjà fait.
Donc, on n'a pas besoin d'allonger nos séances pour entendre des gens
qui viendraient nous dire ce qu'il y a dans un rapport. Il me semble bien que,
comme parlementaires, on devrait d'ailleurs déjà être
sensibilisés et avoir fait une bonne lecture du rapport Pelletier,
puisqu'il inspirera, au début de l'automne, la politique que nous
développerons au niveau des personnes âgées.
On devrait les entendre sur le maintien de la couverture. Le maintien de
quelle couverture? Maintien de la couverture des services de base? Il n'y a
rien de touché. Si on vient nous vanter les mérites de la
couverture de base, parfait. Pas besoin de les entendre en commission
parlementaire. Il y a ce maintien de la couverture de base. Ce dont on parle,
c'est des services complémentaires, de trois services
complémentaires.
On va les entendre pour qu'ils viennent dire: Changez d'idée,
vous allez maintenir les services. La décision, ce n'est pas ça.
La décision qui a été prise, à la lumière
d'une commission parlementaire... On peut peut-être avoir pris la
mauvaise décision. On n'est pas exempt de ça, non plus. La
science infuse, je n'y crois pas. Évidemment, l'avenir nous dira si on a
fait des erreurs et j'imagine que vous serez là présents en force
pour nous rappeler ces erreurs-là.
On dit, d'autre part, un autre argument: Les entendre nous dire comment
est-ce qu'on pourrait faire face aux coûts. Ça a été
l'objet de la commission parlementaire que nous avons tenue au mois de
février, où les membres de la Coalition - et, je pense, sans
exception - ont été entendus. Les syndicats, l'AQDR - on se
rappelle, c'était un mercredi soir, l'AQDR - et d'autres organismes sont
venus nous dire effectivement: Voici, on est pour le maintien des acquis du
système, l'accessibilité, l'universalité, la
gratuité, dans le sens plus large. Évidemment, les gens sont
venus nous dire ça. Mais la majorité des gens sont venus dire
aussi: On est prêts à faire un certain nombre d'efforts ensemble
pour faire en sorte qu'on puisse passer à
travers. Mais on souhaite, dans un premier temps, qu'il y ait des
efforts de rationalisation, d'efficience et d'efficacité et que, par la
suite et uniquement par la suite, on regarde ce qui peut être fait au
niveau des solutions. Il y avait, à ce moment-là, plusieurs
possibilités.
On nous dit, très important: II faut les entendre parce qu'on
craint que la dérive s'installe avec le 0,6 %. Vous nous l'exprimez
vous-mêmes. Vous êtes, en cela, j'imagine, de très bons
porte-parole de ceux que vous représentez et de cette Coalition dont
vous avez pris les principaux éléments d'information pour tenter
de nous les transmettre. Donc, je ne pense pas qu'on serait dans une situation
où il y aurait des arguments nouveaux par rapport à cela. Votre
crainte, vous l'exprimez, vous dites: La dérive, avec le 0,6 %, qui nous
dit que, l'an prochain, ce ne sera pas 0,6 % additionnel qui ferait 1,2 % et
ainsi de suite?
Vous tentez d'américaniser, avez-vous dit, le système. Que
Dieu nous en protège longtemps! Je l'ai toujours dit, puis c'est mon
opinion personnelle et celle du gouvernement: On n'a rien à tirer du
système Bush. C'est très clair, très évident. Je
prends à témoin les propos qui ont été tenus par le
député citant Mme Roy, du Journal de Québec, qui
nous révélait des choses qu'on savait déjà sur le
nombre de personnes qui, aux États-Unis, sont à peu près
sans protection. Comment?
M. Trudel: C'était sur le prix des primes surtout.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue nous a dit: Quand le ministre, au mois de
décembre, a déposé un document qui a fait l'objet de la
commission parlementaire en février, il nous a dit: C'est une impasse
entre 200 000 000 $ et 400 000 000 $ par année pendant cinq ans. C'est
vrai. Je n'ai pas changé d'idée. On l'a écrit et on a mis
ça sur la place publique. C'est ça. Qu'on le veuille ou pas,
c'est ça, la problématique. Bon.
Il y en la moitié, c'est la faute du fédéral. Il y
en a la moitié, c'est clair, carré, net, c'est la faute du
fédéral. C'est vrai. C'est vrai. Désengagement
irresponsable de la part du fédéral, qui a commencé sous
Pierre Elliott Trudeau, l'idole de bien du monde au Québec, une ex-idole
pour moi. Une chose est certaine, c'est qu'on est dans une situation où,
si on suit votre raisonnement, on devrait continuer de lui payer ses pilules.
Ça n'a pas de bon sens. Je vais y revenir. (21 h 30)
Donc, l'impasse reste toujours là et, lorsque le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue dit: Cette
année, on a réglé une partie des problèmes avec la
mesure que vous vous apprêtez à passer, il reste que, pour
l'avenir, il reste aussi un certain nombre de problèmes. Bien sûr
qu'on va continuer les efforts sur le plan de la rationalisation, de
l'efficience et de l'efficacité qui peuvent nous donner des
résultats intéressants. Quant à moi, même si je fais
beuh, beuh! à Ottawa, je n'ai pas lâché l'idée qu'Hs
prennent certains signes dans nos messages et qu'ils peuvent se
réajuster puisque le principe même qui était à la
base du régime était une question d'équité sur le
plan du partage des coûts. Et définitivement ce sera au coeur de
l'intervention que je ferai devant eux, jeudi matin.
Ce que j'ai entendu d'autre? Les nonnes fédérales, la
crainte que, jeudi matin, on demande l'abaissement des normes
fédérales par rapport à C-3. Il y a un principe de base
qui est clair, qu'il faut défendre, qui est la base même du
régime. On a dit: Voici, on implante le régime et c'est un
régime à frais partagés. Et voici, en conséquence,
les exigences que nous pouvons avoir sur le plan des normes nationales. Et
c'est clair que, si vous voulez maintenir les normes, il va falloir qu'ils
paient le prix. C'est clair. C'est ça qui va leur être dit, jeudi
matin. Vous allez avoir le moyen de vos convictions. Et, quand j'additionne
tous les programmes à gauche et à droite qui ont
été lancés par le fédéral, il y a de
l'oxygène, là, qui pourrait être transféré
aux provinces sur le plan financier, qui pourrait nous permettre,
effectivement, de continuer à maintenir la totalité des acquis.
Mais c'est ça, le message qui va être passé de
manière très claire, au niveau des normes
fédérales.
Ce que j'ai entendu aussi comme argument de fond de la part du
député, c'est à peu près: II y a une gang de
vautours qui s'appellent des assureurs qui sont là, qui surveillent tout
ça, puis qui sont intéressés à ramasser, là,
tout ce qu'il y a de bon. On dit: Là, ils sont en attente. Tu les vois
voler au-dessus, puis, à la première... Vous n'avez pas dit
«de vautours», c'est ça, mais il y a des assureurs
qui...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais je caricature
à peine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Les assureurs sont
là, ils attendent et ils sont prêts à prendre le
marché. Donc, un agrandissement de marché, y compris pour les
médecins, quand c'est désassuré. Et, finalement, il va y
avoir une facture transférée au consommateur et ça
signifiera des hausses de tarifs, en l'illustrant par un exemple que vous avez
pu constater personnellement. Mais ça ne s'applique pas dans le cas des
médicaments. Faites-moi cette démonstration-là,
trouvez-moi une compagnie d'assurances qui va être
intéressée à assurer pour 150 $. Voyons donc! Soyez
sérieux un petit peu, là. Trouvez-moi une compagnie
d'assurances...
Une voix: Elles l'ont fait pour...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Non, non. Trouvez-moi
une compagnie d'assurances qui va assurer pour les 150 $ que pourrait payer
quelqu'un alors qu'on sait que la moyenne, c'est 36.
Une voix: 33.
M. Côté (Charlesbourg): La moyenne, c'est 33
prescriptions, ce qui veut dire 66 $. Bon. À un moment donné, je
pense que, sur le plan des arguments, il faut être sérieux un
petit peu, là. Je comprends qu'il faut en prendre un certain nombre,
là, mais il faut être sérieux un petit peu.
Et vous avez parlé du panier de services de base qui est un
panier qui demeure, actuellement, totalement assuré. Sur le panier de
services de base, tout ce qu'on a dit et qu'on va continuer de dire, si on veut
se comporter en personnes responsables et qu'on veut maintenir les acquis de ce
système-là... Parce que, sur le fond, en fait, il n'y a pas une
grande différence entre vous autres puis nous autres. Si on veut
maintenir les acquis de ce système-là, ce n'est pas vrai qu'on va
pouvoir continuer de maintenir un discours en disant que le panier de services
de base ne pourra, en aucune circonstance, en aucun temps, en aucun moment,
être révisé.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière nous
disait tantôt: Au lieu d'aller chercher 2 $ pour les
médicaments, au lieu d'aller sur les dents, au lieu d'aller sur les
examens de la vue ou à peu près...
Mme Carrier-Perreault: Moi?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Laissez-moi finir,
vous allez comprendre. Vous allez dire oui, vous allez opiner du bonnet.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Au lieu de faire ça,
assurez-vous donc, par exemple, d'avoir un meilleur contrôle sur les
médecins qui posent des gestes qui sont peut-être
considérés, aujourd'hui, inutiles.
Mme Carrier-Perreault: C'est d'essayer de corriger à la
source.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Mais c'est
ça, corriger à la source, mais par un certain nombre d'examens.
Ça, ça s'appelle une révision du panier de services pour
des mesures qui sont efficientes et qui donnent des résultats sur le
plan du traitement des individus. Et c'est ça, une révision du
panier de services. Et, je pense qu'il va falloir la faire de manière
très ouverte, comme je l'ai dit cet après-midi, avec des experts
qui vont, à ce niveau-là, nous aider.
M. le Président, on en entend un petit peu de toutes sortes.
Évidemment, ça fait partie de la «game». Quand j'ai
entendu Mme la députée nous dire «personnes
âgées, sous-sol pas chauffé», j'ai dit:
«Woops»! Bien, en tout cas...
Mme Carrier-Perreault:...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Écoutez, je
peux vous dire que j'ai vu des choses, dans certains cas, dont je ne pensais
pas que ça existait. Il y a, effectivement, de la pauvreté, et de
la pauvreté chez les personnes âgées qui sont seules. C'est
clair. Lorsque le député disait tantôt: Une personne
âgée qui se retrouve seule du jour au lendemain et qui n'a qu'un
seul revenu pour être capable de faire face au même logement, au
même chauffage, à la même électricité et aux
autres besoins, ça rend des situations précaires, surtout si elle
n'a pas eu la chance - lui ou elle - d'être un employé du Bell, du
CN, de Radio-Canada ou des gouvernements, tant municipaux, parce qu'ils les
paient bien, que du niveau fédéral ou provincial. Oui, c'est vrai
qu'il y a de ces problématiques.
Mais il y a d'autres conclusions aussi auxquelles on doit en arriver et,
sur ça, les chiffres ne mentent pas. Les personnes qui atteignent
aujourd'hui l'âge de la retraite, de 65 ans, sont des personnes qui, de
manière générale, ont amélioré leur sort par
toutes sortes de régimes de retraite dont elles se sont dotées au
fil des ans et qui ont aussi profité du Régime de rentes que M.
Lesage a implanté, avec la complicité des
Québécois, à l'époque. On est dans cette
situation-là. Il y a, par contre, des gens qui sont dans le
quatrième âge, qui, eux, n'ont pas pu bénéficier de
ces programmes sociaux très avantageux, et il est clair que
ceux-là sont dans des situations un peu plus difficiles.
Donc, oui, nous sommes à l'heure des choix et il faut en faire.
Je partage entièrement ce que vous avez dit sur l'UNICEF. Quand on
regarde ce qui se passe à travers le monde où les gens sont dans
la misère, au niveau des Kurdes, au niveau de ce qui reste de la
Yougoslavie où les gens continuent de se bombarder, oui, il y a de la
folie sur cette terre. Heureusement qu'au niveau des guerres elles ne se font
pas nécessairement chez nous.
M. le Président, on parlait de prescriptions pour personnes
âgées, renouvelables aux six mois. Je peux vous dire une chose: Ce
n'est certainement pas le lot et ça peut être, certaines, des
exceptions prescrites de manière particulière pour des maladies
particulières. Et, dans la mesure où c'est prescrit pour six
mois, il est bien évident qu'on est dans une situation où le
médecin doit être suffisamment responsable, j'imagine - il doit en
rester encore quelques-uns - pour donner une prescription. S'il la donne pour
six mois, c'est parce qu'effectivement il considère, sur le plan
professionnel, que la personne en a besoin pour six mois. (21 h 40)
Je vais vous dire, moi, qu'est-ce que ça a occasionné
comme réaction, le petit 2 $. Ça aussi, il faut le dire. Au
moment où on est passé du pilulier semainier, une pratique qui
avait augmenté de manière fulgurante au cours des
dernières années, le petit 2 $ a fait s'interroger la personne
qui bénéficiait du pilulier, mais qui n'avait jamais à
payer. La journée où la personne a dû payer 2 $ par semaine
pour son pilulier, elle s'est interrogée et, dans plusieurs cas, s'est
dit qu'elle était capable de s'occuper de ses médicaments au
mois.
La conclusion de tout ça, ça veut dire quoi? Ça
veut dire 7 $ pour le pharmacien par semaine, pendant 4 semaines, soit 28 $,
alors que nous sommes dans une situation où, si c'était maintenu,
il y aurait, bien sûr, 8 $ à payer pour la personne
âgée. Le réajustement s'est fait de la manière
suivante: la personne a dit: Une prescription pour un mois. Ça veut dire
7 $, dont 2 $ chargés à la personne, ce qui signifie, pour le
gouvernement, des économies substantielles. Ça aussi, c'est des
effets des mesures qui ont été prises et qui s'appellent
rationalisation et qui s'appellent aussi utilisation plus raisonnable d'une
gratuité qui est normale, mais qui permet aussi de faire certaines
épurations de gestes posés qui ne sont pas toujours
nécessaires. C'est ça que ça a permis d'interroger.
Il est clair que je souscris entièrement à votre
énoncé qui fait que les médecins devraient être plus
vigilants, plus exigeants sur le plan de la prescription. Qu'est-ce qu'on a
fait, au cours de la dernière année? On a signé une
entente avec l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires où on a reconnu trois actes, s'adressant au
professionnel au lieu du vendeur de pilules. C'est une première. Donc,
pour dire au pharmacien: Vous êtes un professionnel et, au lieu d'avoir
un profit sur les pilules, voici, on vous reconnaît un acte qu'on paie en
conséquence. Par conséquent, c'est au professionnel qu'on
s'adresse sur le plan du conseil à l'individu qui, demain, consommera,
à la lumière des informations qu'il possède et en contact
avec le médecin qui a prescrit. Ça aussi, c'est des choses qui
ont été faites au cours de l'année et qui sont
intéressantes.
Quant à mon bon ami, qui vient d'avoir à peine 40 ans, je
dois lui dire que je le connais depuis un certain temps et qu'il n'avait pas
nécessairement besoin de lunettes pour toujours voir clair dans certains
domaines. Quant aux médicaments, il a évoqué
l'équité institutionnelle par rapport à
l'équité au niveau du maintien à domicile. Ça m'a
frappé de plein fouet. Parce que, il faut l'admettre, il y a une
certaine logique. Lorsque vous êtes en institution, les
médicaments sont fournis. On estime que, sur le plan institutionnel,
tout confondu, les médica- ments, ça coûte plus ou moins
200 000 000 $ par année, longue durée, courte durée et
ainsi de suite.
Ce n'est pas ça qui m'a frappé. C'est les deux discours du
côté de l'Opposition. Parce que, lorsque j'ai fait, il n'y a pas
tellement longtemps, un réajustement de 9 % des coûts de
l'hébergement au niveau de l'institutionnel, la première chose
qui m'a été faite, ça a été un reproche
d'augmenter les coûts d'hébergement à des personnes qui
sont en institutionnel, alors que la logique même, à la base de
tout ça, était de faire en sorte qu'on ne soit pas
inéquitables vis-à-vis des gens qui sont maintenus à
domicle et qui, eux, paient leur loyer, paient leur nourriture, paient leur
chauffage, paient leur électricité et paient les autres affaires.
Il est clair que c'est surtout ça qui m'a frappé devant cette
intervention-là.
Vous avez dit: vieillesse et pauvreté. Oui, c'est vrai, dans
certains cas, ce n'est pas vrai dans tous les cas. Principalement au niveau du
quatrième âge, c'est vrai, c'est préoccupant, mais il y a
aussi un autre groupe de notre société qui éprouve
certaines difficultés. Je dirais les 55 à 64 ans,
particulièrement les femmes seules. J'ai été un de ceux,
moi, qui ont supporté la loi 146, justement pour tenter de
protéger celle-là dont le mari a sacré son camp,
possiblement avec une plus jeune, la laissant tranquille, elle-même ayant
élevé les enfants pendant plusieurs années. Une chose qui
est certaine, c'est...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): m. le président, vous
avez compris, en jetant un coup d'oeil. moi, je n'ai pas vu, je n'ai pas mes
lunettes, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Comme je sais que...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): ...vous n'êtes pas de courte
vue...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): En voyant la revue que le
député consulte, je comprends, maintenant, pourquoi il s'est fait
ajuster la vue.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je voulais tout simplement illustrer le discours du
ministre. Et, entre parenthèses, ma revue, et c'est indiqué dans
le cas de la loi, s'appelle Hola...
M. Côté (Charlesbourg): Hola.
M. Boulerice: ...c'est-à-dire ça suffit. C'est
vrai.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce que vous m'avez
montré, c'est Lola.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il
est clair que vieillissement et pauvreté doivent préoccuper notre
société. Mais, quant à moi, je n'achète pas et
n'achèterai pas l'argument que la société
québécoise, au nom de cette solidarité sociale, continue
de payer les médicaments de Pierre Elliott Trudeau. C'est clair?
Une voix: Ça dépend de qui?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Non, non. Vous
avez beau le souhaiter, mais, une chose est certaine, je le dis tel que je le
pense: II est clair, à mon point de vue, que ceux qui ont - pour qui
j'ai quand même beaucoup de respect, mais il faut à tout le moins
se dire ce qu'on se dit - profité et profiteront de régimes de
pension de toute nature... Je le répète: Vous ne me ferez pas
pleurer sur les retraités du CN, vous ne me ferez pas pleurer sur les
retraités du Bell, vous ne me ferez pas pleurer sur un certain nombre de
retraités qui, bien sûr, ont gagné ce qu'ils ont, et avec
du labeur. Moi, je ne pleurerai pas à ce niveau-là, ni sur ceux
de l'État. Une chose est certaine, M. le Président, lorsqu'on
parle de l'AQDR, j'ai rencontré ce matin les représentants de
l'AQDR de Granby. Ils étaient une quinzaine, des gens fort sympathiques,
qui m'ont déposé une pétition - j'ai passé une
vingtaine de minutes avec eux - concernant le diabète. Ça a
été d'une cordialité assez exemplaire. J'ai reçu
cette pétition-là, et pas une seule personne des 15 ne m'a
parié du 2 $ sur les médicaments.
M. Boulerice: Ils n'étaient pas là pour
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non? Bien, un instant. On a
beau dire qu'ils ne sont pas là pour ça, j'imagine que, lorsqu'on
a la chance d'être avec le ministre, la journée même
où on discute en commission parlementaire du projet de loi, et qu'on
vient demander au ministre de déposer une pétition pour aller
vers une certaine gratuité des médicaments ou de ce qui est
nécessaire pour les diabétiques, on peut peut-être en
profiter, prendre un petit 2 minutes dans les 20 pour être capable de le
sensibiliser aux effets de. Mais pas du tout.
Alors, M. le Président, si j'avais la conviction qu'entendre la
Coalition ferait changer d'idée l'Opposition sur le bien-fondé du
projet de loi, je serais peut-être un peu plus perméable.
Mais je suis assez rompu à ces exercices parlementaires. Je me
rappelle le discours de mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, en deuxième lecture, qui
était sans équivoque sur le fond. C'est un choix politique que je
ne partage pas, mais je le respecte. Il n'était donc pas question,
d'aucune manière, de changer d'idée sur ce projet de loi. Ce que
je comprends, c'est que le but avoué, c'est d'entendre des gens qui vont
venir nous dire: Voici, il n'y a que des effets négatifs et vous
devriez, par conséquent, retirer le projet de loi ou ne pas l'appliquer.
La décision du gouvernement est donc prise de procéder à
l'adoption de ce projet de loi et, M. le Président, nous voterons donc
contre cette motion. (21 h 50)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, la motion ayant été débattue, nous la mettons aux
voix.
Une voix: Un vote.
M. Trudel: M. le Président, j'ai... Est-ce que vous me
permettez?
M. Côté (Charlesbourg): Avez-vous un droit de
réplique?
Le Président (M. Joly): Non. Je m'excuse. Tout a
été dit.
M. Trudel: Tout a été dit. Vous pensez, vous?
Le Président (M. Joly): Nous avons épuisé la
procédure...
M. Trudel: Vous pensez, vous? Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): ...au niveau de cette motion.
M. Trudel: M. le Président, j'allais vous demander de...
J'ai dit que ce n'était pas ça, l'objectif, au ministre. J'avais
un certain nombre d'autres motions et je vous les déposerai en
même temps pour qu'on puisse prendre un seul vote sur les autres motions
que j'avais l'intention de déposer, sur lesquelles je ne parierai
pas.
Une voix: Vous ne nous parierez pas sur les motions!
M. Trudel: S'il y a des objections, je les déposerai
après. C'est tout.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Si j'ai bien entendu la proposition du
député de l'Opposition, c'est de déposer
d'autres motions, puis de prendre un seul vote.
Le Président (M. Joly): Non. Il a corrigé avec la
dernière phrase qu'il vient de dire, mentionnant que, s'il y avait des
objections, on se limiterait à cette seule motion et que, après,
il reviendrait à la charge avec d'autres motions...
M. Marcil: Bon. Je vous demanderais le vote sur la motion, M. le
Président.
Le Président (M. Joly):... sur lesquelles il n'a pas
l'intention de discuter.
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Joly): Alors, comme vous le savez, il y a
seulement trois membres du côté de l'Opposition qui ont droit de
vote. Alors, j'imagine qu'entre vous vous allez vous entendre pour ne pas que
j'aie à trancher la question.
Je vais commencer par ceux qui sont contre. M. le ministre, vous vous
êtes manifesté tantôt; vous avez dit que vous étiez
contre. Alors, je continue, j'enregistre votre voix, votre dissidence, et je
demande à Mme la députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Contre. Je pensais que vous me nommeriez.
Le Président (M. Joly): Non, non.
Mme Cardinal: En vote nominal, vous ne nommez pas la
personne?
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: C'est suffisant. Merci, pas de problème.
Le Président (M. Joly): C'est suffisant. Mme la
députée de Groulx?
Mme Bleau: Contre.
Le Président (M. Joly): Contre. M. le député
de Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Souianges?
M. Marcil: Contre.
Le Président (M. Joly): Le député de Fabre,
contre.
M. Boulerice: Contre? À la culture...
Le Président (M. Joly): Oui. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Pour.
Le Président (M. Joly): Et qui a droit de vote chez
vous?
M. Trudel: Tout le monde. Non, non. Mmes les
députées de Marie-Victorin et des
Chutes-de-la-Chaudière.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Vous avez failli changer
d'idée, là, vous.
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Six pour, trois contre. Donc, la
motion est rejetée.
Mme Bleau: C'est le contraire. Une voix: Six contre, trois
pour. Une voix: Six pour ou six contre?
Le Président (M. Joly): Six contre. Excusez-moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Six contre la motion et trois
pour.
M. Trudel: Alors, vous m'avez demandé... Le
Président (M. Joly): M. le ministre, vous voulez apporter un
commentaire?
M. Trudel: M. le Président...
Dépôt de documents et
d'amendements
M. Côté (Charlesbourg): Juste avant... J'imagine
qu'on passera à d'autres motions, si j'ai bien compris. Je veux,
à tout le moins, informer les membres de cette commission qu'avant
même d'aborder l'article 1 il y aurait un certain nombre de petits
papillons qui ont à peu près le même objet: permettre, dans
les plus
brefs délais, d'expédier la carte d'exemption aux
bénéficiaires le plus rapidement possible. Cela prenait, pour
cela, certains petits amendements à la loi, qui ont été
acceptés par la Commission d'accès à l'information. Je
peux donc déposer ces papillons pour considération future, que ce
soit ici ou dans d'autres forums de notre Assemblée. Il semble bien que
ce sera d'autres forums. Et aussi, en même temps, M. le Président,
donner, pour le bénéfice des membres de cette commission, un
spécimen de ce que sera la carte d'exemption qui sera
expédiée aux gens qui ont le maximum du supplément de
revenu garanti. On me dit que, dans la mesure où la loi serait
adoptée le plus rapidement possible, les cartes pourraient être
expédiées dès vendredi. Évidemment, tout retard
dans l'adoption de ce projet de loi occasionnera des retards dans
l'expédition des cartes d'exemption.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, afin justement,
d'officialiser toute l'information que vous communiquez aux membres de cette
commission, nous déposons ces documents au niveau du Secrétariat
de la commission.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Et les amendements
aussi.
Le Président (M. Joly): Les amendements aussi.
(Consultation)
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, là,
juste pour se comprendre, M. le Président, moi, j'ai toujours
procédé de la même manière, tenté de donner
le plus d'informations possible. Donc, s'ils ne sont pas pris en
considération ici, ils vont l'être dans un autre forum. À
tout le moins, c'était pour informer les membres de cette commission. Si
on en prend connaissance et qu'on les accepte comme amendements sans les voter,
bon, je ne sais même pas si ça fera partie du rapport d'adoption.
Je ne sais pas comment ça marche.
M. Trudel: C'est pour information.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous considérez
que c'est pour information, donc, c'est pour information, puis, au moment
où on fera le restant du travail en Chambre, on s'assurera que, dans les
bons forums, ils soient déposés en temps opportun.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a d'autres motions,
M. le député...
M. Trudel: Oui.
Le Président (M. Joly): ...avant que j'appelle l'article
1?
Dépôt et mise aux voix sans
débat
de quatre motions proposant d'entendre
différents organismes
M. Trudel: M. le Président, je voulais déposer les
motions suivantes, toujours suivant l'article 244 de nos Règles de
procédure: Qu'on puisse entendre l'Association des chirurgiens dentistes
du Québec et l'Ordre des dentistes; l'Association des
optométristes et l'Ordre des optométristes du Québec;
l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires et
l'Ordre des pharmaciens du Québec; le Regroupement des
fédérations de médecins du Québec, qu'on a
déjà entendu en d'autres occasions. C'est tout, M. le
Président. Et, là-dessus, je vous prierais, pour notre formation
politique, d'enregistrer le même vote. Je n'ai pas de plaidoirie à
faire, compte tenu de ce qui a été dit, sauf peut-être deux
ou trois petites remarques...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le
député. M. Trudel: ...en réponse à...
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député. Question de règlement, M. le député
de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Est-ce qu'on peut recevoir en même temps trois
ou quatre motions? C'est la question que je vous pose. Au point de vue du
règlement, est-ce qu'on doit les débattre motion par motion ou
bien si on peut déposer cinq motions en même temps et
débattre les cinq motions?
Le Président (M. Joly): Dans le fond... Excusez.
M. Marcil: Deuxième question, M. le Président, si
on accepte un dépôt de trois ou quatre motions, allons-nous avoir
un débat de 30 minutes sur chacune des motions?
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député. Dans le préambule, M. le député a
mentionné qu'il n'a aucune intention de les débattre. Donc, on ne
fait que déposer les motions et...
M. Marcil: Oui. Puis passer au vote.
Le Président (M. Joly): ...enregistrer le même vote
que sur la motion première qui a été déposée
tantôt.
M, Marcil: Je demanderais le vote immédiatement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): C'est ce que j'étais sur le
point de faire.
M. Trudel: II faudrait demander le consen-
tement du gouvernement là-dessus.
M. Côté (Chariesbourg): Consentement pour voter tout
de suite.
M. Trudel: C'est ça.
Le Président (M. Joly): Je demande aux membres des deux
formations: Est-ce qu'on enregistre le même vote que
précédemment?
M. Côté (Charlesbourg): Même vote. M.
Trudel: Même vote.
Le Président (M. Joly): Alors, Mme la secrétaire,
considérez que, pour les quatre motions qui viennent de nous être
déposées, le vote enregistré est le même que sur la
motion no 1 qui avait été déposée
précédemment.
Maintenant, M. le député, vous aviez...
M. Trudel: Une autre déclaration à faire?
Le Président (M. Joly): Je ne le sais pas. Vous sembliez
avoir demandé la parole.
M. Trudel: Non. C'est parce que j'étais anxieux de
commencer l'étude du projet de loi pour...
Le Président (M. Joly): Donc, parfait. J'appelle
donc...
M. Trudel: ...prouver au député de
Salaber-ry-Soulanges qu'il n'y a aucune mesure dilatoire dans ce que nous
faisons actuellement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Étude détaillée
Le Président (M. Joly): J'appelle donc l'article 1 du
projet de loi 9. M. le ministre, s'il vous plaît.
Services optométriques dont ie coût est
assumé
M. Côté (Chariesbourg): L'article 3 de la Loi sur
l'assurance-maladie modifié par l'article 558 du chapitre 42 des Lois de
1991, est de nouveau modifié: 1° par l'addition, à la fin du
paragraphe c du premier alinéa, de ce qui suit: «toutefois, le
coût de ces services n'est assumé par la Régie que pour le
compte d'un bénéficiaire dont l'âge est celui fixé
à ces fins par règlement ou qui détient un carnet de
réclamation en vigueur délivré suivant l'article 71.1
;» 2° par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de
tout ce qui suit les mots «tout bénéficiaire» par ce
qui suit: «selon son âge et selon le fait qu'il détient ou
non un carnet de réclamation en vigueur délivré suivant
l'article 71.1.»
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
M. Trudel: Oui, M. le Président. (Consultation)
M. Trudel: Bon. Alors, M. le Président... (22 heures)
M. Marcil: M. le ministre a lu le premier. Est-ce qu'il doit lire
le deuxième alinéa également?
Le Président (M. Joly): Non. C'est l'article 2, M. le
député.
M. Marcil: C'est l'article 2? O.K. Ça va.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que
j'ai eu la même hésitation sur le plan de la
présentation.
Le Président (M. Joly): Esthétique. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: M. le ministre doit nous donner, au départ, je
pense, la justification de nature politique qui amène à exclure
les 18-40 ans au niveau de la couverture de l'assurance, d'autant plus que
l'Association des optométristes et des représentants de l'Ordre
des optométristes étaient venus, effectivement, témoigner
à la commission parlementaire du mois de février et avaient, le
moins que l'on puisse dire, manifesté une ouverture devant la
description de l'impasse du gouvernement en matière de financement des
services de santé et des services sociaux. Je ne répète
pas les mots parce que je ne les sais pas par coeur et je n'ai pas la citation,
mais l'esprit de la proposition, c'était de dire: Nous sommes, pour une
grande partie, prêts à ouvrir des négociations avec le
gouvernement, avec le ministre de la Santé et des Services sociaux pour
voir si, à l'intérieur de l'enveloppe de quelque 56 000 000 $,
rapetissée, si vous me permettez l'expression, coupée de 17 000
000 $, nous ne pourrions pas trouver une façon de garder la couverture
uniforme pour tout le monde, sauver ce que je pourrais appeler le principe de
l'universalité à l'intérieur de ce programme pour lequel,
moi, je n'accepte pas le qualificatif «complémentaire».
Mais, ça, c'est une autre histoire en termes de discussion. Et il y a
eu, que je sache, effectivement aussi, un certain nombre d'échanges et
de conversations.
Alors, j'aimerais que le ministre nous explique ce qui l'a amené
à trancher dans le groupe d'âge 18-40 ans pour désassurer,
pour
17 500 000 $. Et, d'ailleurs, il corrigera mon évaluation si elle
n'est pas correcte, mais je la prends des informations qu'il a lui-même
communiquées au public: 17 500 000 $, examen de la vue et chez
l'optométriste et chez l'ophtalmologiste. Bien évidemment, il y
aura des questions qui vont revenir sur la question du spécialiste parce
que, pour un représentant d'une circonscription de région,
ça devient une question importante, cette question de la
désas-surance chez tous les types de spécialistes qui traitent
les yeux, que ce soient les médecins spécialistes
ophtalmologistes ou les optométristes. Donc, première partie,
pourquoi choisir cette méthode, cette approche? Deuxièmement, les
échanges qu'il y a eu avec l'Association et l'Ordre au niveau d'en
arriver à une entente possible pour garder la couverture universelle sur
ce régime complémentaire.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je ne vous cacherai pas que la première
décision prise par le gouvernement était celle de
désassurer les 18-64 ans. Ce n'est un secret pour personne maintenant,
on était dans une situation où on désassurait
carrément les 18-64 ans, au lendemain de la commission parlementaire.
Vous avez été vous-même l'objet du lobby de l'Association
comme de l'Ordre des optométristes qui ont toujours manifesté une
ouverture à collaborer à l'impasse financière du
gouvernement, y compris en commission parlementaire et, de manière
palpable, dans les lendemains de la commission parlementaire. Et ça a
été le premier groupe de professionnels qui, sur la place
publique, s'est commis par, je dirais, des faits et des gestes concrets. Et, si
ma mémoire est fidèle, et corrigez-moi si je n'ai pas la bonne
grandeur, les bons nombres, les bons chiffres, les optométristes, y
compris l'Ordre et l'Association, ont dit publiquement, à un moment
donné: On a identifié 13 500 000 $ qui pourraient être
l'objet d'une coupure dans le programme et, par le fait même, on vous
témoigne de notre volonté d'être des partenaires dans le
maintien des acquis, en vous disant que l'on préfère de loin
maintenir le système tel qu'il est. Évidemment, je n'a! pas
besoin de grands dessins pour m'apercevoir que c'était vrai aussi; tu
n'amputes pas un programme de 13 500 000 $ pour le plaisir de le faire, et qui
se répartissent sur l'ensemble des optométristes à travers
le Québec.
J'ai donc considéré, en cours de route, que
c'était, parmi tous les professionnels, les seuls - je dis bien les
seuls - qui se sont mis à table et que, par conséquent, je me
devais, moi aussi, de me mettre à la table avec eux et d'examiner des
alternatives à leurs propositions et à nos intentions. J'ai donc
rencontré à nouveau l'Ordre et l'Association et je leur ai fait
part de nos intentions sur le plan budgétaire, donc de l'objectif
financier recherché par le gouvernement, à ce moment-là,
qui était nettement supérieur aux 13 500 000 $ qu'ils nous
offraient. Et le message qu'ils m'ont passé, c'a été: Nous
souhaitons être avec vous pour éviter qu'il se pose des gestes qui
soient dommageables à la santé publique. C'était hautement
responsable.
Et, M. le Président, on a commencé à discuter pour
savoir comment on faisait ça. On s'était donc fixé un
objectif sur le plan financier, mais on s'est dit: Comment est-ce qu'on fait
ça? Il y a deux moyens. C'était au niveau des actes, donc, en
désassurant des actes, ou en désassurant des groupes d'âge.
Et, en échangeant avec eux, on s'est rendu compte que, dans la pratique,
désassurer des actes était extrêmement difficile
d'application. Finalement, nous avons convenu qu'il était plus facile
d'examiner les groupes d'âge. Je le répète, pour qu'on se
comprenne bien: Tant l'Ordre que l'Association des optométristes ont
toujours souhaité que le programme demeure intact. Mais, devant la
volonté très ferme et exprimée à plusieurs reprises
du gouvernement de désassurer les 18-64 ans, on a examiné
ensemble une solution alternative. Notre idée, à nous,
était de désassurer les 18-64 ans, mais de créer un
programme de détection du glaucome, donc spécifique, où on
ajouterait 5 000 000 $ par année puisque, au-delà de 40 ans,
c'étaient là les principaux symptômes qu'on pouvait trouver
des déficiences visuelles. (22 h 10)
Finalement, en échangeant avec eux, nous sommes tombés
d'accord sur 20 000 000 $ que nous souhaitions, laissant pour nous plusieurs
millions de dollars sur la table et faisant en sorte qu'on puisse, à ce
moment-là, avec l'Association et avec l'Ordre, s'entendre sur la
désas-surance des 18-40 ans qui sont les groupes d'âge les moins
problématiques à ce niveau-là. Et, c'est là-dessus
qu'on s'est entendu et qu'on a discuté. Encore une fois, je pense que
l'Ordre était relativement satisfait de ce qu'il avait sauvé,
ainsi que l'Association, et qu'ils auraient espéré en sauver
davantage. Donc, les discussions avec eux ont été de très
haut niveau, d'un niveau très responsable et eux aussi ont voulu faire
leur effort sur le plan des finances publiques même si, pour
l'Association, ce n'était pas nécessairement annoncer le
Père Noël à ses membres. Mais, le travail a
été fait auprès des membres et, dans ce sens-là,
c'est la conclusion à laquelle nous en sommes arrivés.
Au-delà de tout cela, il y a eu des discussions sur le glissement
possible de l'optométrie à l'ophtalmologie, de la couverture des
régions du Québec par les optométristes et des lacunes de
la couverture de régions du Québec par des ophtalmologiste. Et,
je dois vous dire qu'à ce niveau-là nous avons toujours
exprimé le même souhait, c'est de trouver des moyens de faire en
sorte que ce glissement ne puisse pas se faire et qu'il
y ait équité dans l'application de toutes ces mesures.
J'ai eu l'occasion, il y a quelques heures à peine,
d'échanger brièvement avec les représentants de
l'Association des optométristes sur quelques préoccupations
qu'ils avaient. Les gens échangent et il n'est pas impossible, dans la
mesure où démonstration est faite, que je vous arrive, demain,
avec certaines modifications, puisque les principes ont toujours
été clairs, chez nous, que nous ne voulions pas de glissement et
qu'on voulait, bien sûr, faire en sorte d'être équitables
envers chacune des catégories de professionnels. Par conséquent,
nous allons continuer d'échanger avec eux pour éviter qu'il y ait
ce glissement.
M. Trudel: Est-ce que le ministre est en train de me raconter
qu'au niveau de la coupure de la couverture des services pour l'examen de la
vue il y a un «deal» qui s'est fait? On coupe les 18-40 ans, on
ramasse 17 500 000 $. On vous en redonne 5 000 000 $ pour un programme de
dépistage du glaucome.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, pas du tout. Pas
du tout. Non, ce que je vous ai dit, c'est qu'au moment où on
desassurait les 18-64 ans, ce qu'on nous disait,' en termes de
spécialistes, c'est qu'au-delà de 40 ans il y avait une
prévalence du glaucome et que c'était l'une des choses qu'il nous
fallait continuer de détecter le plus rapidement possible. Et,
finalement, dans nos précautions à nous, on s'était dit:
Si on désas-sure les 18-64 ans, il faut s'assurer qu'il y a un programme
pour faire le dépistage du glaucome le plus hâtivement possible
pour la sécurité visuelle des gens. Donc, c'est dans la phase
18-64 ans.
Ce que je vous dis, c'est que les gens nous ont dit: On est prêts,
nous. On met 13 500 000 $ sur la table, de mesures qui pourraient être
satisfaisantes, moyennant certaines choses en particulier. Il n'y a pas eu de
marchandage parce qu'il ne peut pas y en avoir, de marchandage.
M. Trudel: Mais, est-ce vrai que vous avez rajouté 5 000
000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Que j'ai rajouté...
M. Trudel: ...pour le dépistage du glaucome?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Bien, à partir
du moment où le 40 ans est toujours assuré, il est bien
évident qu'à ce moment-là il est couvert. Donc,
au-delà de 40 ans, il est assuré à ce moment-ci. Et c'est
justement ces personnes-là qu'on voulait surveiller, au-delà de
40 ans, et c'est dans ces âges-là que le phénomène
est le plus présent. Donc, non, il n'y a pas eu marchandage. Il y a eu
échanges et des avis professionnels de l'Ordre et de l'Association quant
aux impacts de ce que nous nous apprêtions à faire.
Il est bien évident, par rapport à l'idée d'origine
qui était la désassurance des 18-64 ans, que l'Ordre et
l'Association ont fait en sorte de nous sensibiliser au phénomème
qu'au-delà de 40 ans on devait les maintenir assurés. Ils ont une
bonne part de responsabilité dans ce maintien de l'assurance des 40
à 64 ans. Si l'Association et l'Ordre des optométristes
étaient venus nous dire: II n'est absolument pas question que vous
coupiez une cent, on va vous faire une bataille à mort, avez-vous
compris, là? il est bien clair qu'il n'y aurait pas eu de dialogue.
Alors, probablement qu'à ce moment-là on en serait arrivé
avec une désassurance des 18-64 ans, possiblement avec quelques erreurs,
mais ce que nous avons réussi à faire, en gens, je pense,
responsables, c'est chacun notre bout de chemin sans pour autant qu'eux ne
cautionnent la totalité de la démarche. C'est clair. Je pense
qu'ils ont leur liberté sur le plan associatif et sur le plan de l'Ordre
aussi.
M. Trudel: Le ministre, maintenant, doit nous expliquer pourquoi
son gouvernement a choisi cette méthode d'aller chercher 17 500 000 $.
Je ne reprends pas tout...
M. Côté (Charlesbourg): 20 000 000 $. M. Trudel:
20 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, c'est 20 000 000
$.
M. Trudel: 20 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): 20 000 000 $, à la
vitesse de croisière.
M. Trudel: À la vitesse de croisière, 20 000 000 $.
17 500 000 $, mais 20 000 000 $ à la vitesse de croisière
à cause de la date, etc. Quoique ça n'a pas tardé beaucoup
pour l'imposition de la mesure, parce que, le 14 mai, le ministre des
Finances...
M. Côté (Charlesbourg): Avril, mai. Donc, sur
l'année budgétaire qui est exclue.
M. Trudel: Bon. 17 500 000 $. Ce qu'il faut nous expliquer
absolument, c'est que, peu importe la condition financière, on
décide, entre 18 et 40 ans, de ne plus assurer l'examen visuel, l'examen
de la vue. Là, moi aussi je trouve une contradiction entre les
affirmations du ministre qui dit: Moi, je n'accepterai jamais qu'on soit
prêt, comme société, à payer les médicaments
de Pierre Elliott Trudeau. Même si, lui, il l'aime moins ou ne l'aime
plus, depuis assez récemment, nous autres, on ne l'aime plus depuis
longtemps.
M. Côté (Charlesbourg): Êtes-vous capable de
m'affirmer que vous n'avez jamais voté pour
Trudeau, vous?
M. Trudel: II faudrait que j'y pense, savez-vous. Il faudrait que
j'y pense, dans ces longues années, là...
M. Côté (Charlesbourg): Je peux vous dire une
affaire, c'est que, surtout en 1968, Trudeau ressemblait pas mal au NPD.
M. Trudel: II avait déjà été,
d'ailleurs, NPD. Le ministre doit nous expliquer absolument pourquoi il refuse
de maintenir, par exemple, le programme des médicaments, même si
ce n'est pas ça qui est l'objet ici, en se servant de ! exemple de
Pierre Elliott Trudeau, en disant: II est capable de payer ses
médicaments et, comme société, on n'a pas à payer
ses médicaments, en oubliant de noter - le ministre dit quelquefois que
je fais de la démagogie; il étire lui-même, quelquefois -
...
M. Côté (Charlesbourg): Ça m'arrive.
M. Trudel: ...en oubliant de dire que, s'il fait 200 000 $ par
année de revenus, le petit PET, pardon, notre cher ami Pierre Elliott
Trudeau, bien, il en paie pour 200 000 $ au niveau des impôts. C'est la
même chose au niveau de vos pensionnés qui ont eu la chance, vous
avez raison, d'avoir un bon régime de fonds de pension, sauf que quand
tu tombes à 65 ans, que tu as un bon fonds de pension que tu t'es
gagné au cours des années, tu ne pars pas en disant: Bye, bye!
Moi, je ne m'occupe plus de mes devoirs sociaux, je ne m'occupe plus de mes
responsabilités. Moi, je retire 20 000 $, 25 000 $, 30 000 $, ce qui
n'est pas énorme, de toute façon, dans le type de
société dans laquelle on vit, avec le niveau de vie auquel on a
à faire face. Mais ils paient de l'impôt, ces gens-là. Ils
paient plus d'impôt que les autres. On n'est pas en train de dire qu'on
paie des médicaments aux personnes les plus riches.
Alors, à l'inverse, par ailleurs, quand on arrive chez les 18-40
ans, on dit: Si tu as 41 ans, que tu gagnes 125 000 $, 200 000 $, comme Trudeau
- ça arrive - tu ne paies pas les examens de la vue, mais, si tu as 39
ans, ou 19 ans...
M. Cantin (Réjean): Ou 18 ans.
M. Trudel: ...ou 18 ans - ne veut absolument pas perdre un an,
là, Cantin, il veut absolument poigner l'année, il dit pas 19
ans, 18 ans - et que tu as un revenu... (22 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui. Ce n'est pas trop
démagogue, ça.
M. Trudel: ...de 15 000 $ ou de 10 000 $, parce que tu es souvent
aux études ou dans une famille monoparentale - vous avez décrit
la situation dans une autre politique déposée aujourd'hui - toi,
tu vas payer, peu importe le niveau de revenu. Ce n'est pas ça. Le
minimum, maintenant que vous nous avez enfermés dans l'enclos de la
nécessaire coupure et du drame du financement, 18 ans, 39 ans: peu
importe l'état de pauvreté, tu paies; 17 ans, mais plutôt
41 ans: peu importe le niveau de revenu, attends au moins une couple
d'années pour aller passer ton examen chez l'optométriste ou
l'ophtalmologiste - mais chez l'optométriste, probablement, en
particulier - toi, tu n'auras pas à payer. C'est quoi, ce
principe-là, qui fait en sorte que ça vaut d'un
côté, en disant: On ne paiera pas les médicaments pour ceux
qui ont des revenus élevés, on n'est pas capable de se payer
ça comme société, et, par ailleurs, lorsqu'on arrive sur
une autre catégorie de services assurés, à 18 ans et 41
ans, on dit: Peu importe la condition financière, on vous passe à
la caisse, à l'exception, vous allez dire, des
bénéficiaires de l'aide sociale qui sont mentionnés ici?
J'aimerais que le gouvernement nous justifie ça, parce que la
progressivité des impôts et des tables d'impôt et de la
taxation, c'est une des caractéristiques du régime fiscal
canadien et québécois.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais dire un bon mot pour vous auprès de Pierre Elliott Trudeau, en
disant que vous avez défendu son dossier au nom de
l'équité fiscale.
M. Trudel: Mais je veux voir son rapport d'impôt.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va me faire
plaisir. Quelle est la philosophie derrière ça? Ce n'est pas
toujours facile d'en avoir une, spécialement dans ce genre
d'opération là, mais il y en a une.
M. Trudel: Si je comprends bien, vous avez trouvé la
solution et vous avez fait la philosophie après?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. J'aurais
tendance à vous dire que, sur le plan dentaire, c'est à peu
près la même philosophie qu'en 1982; une petite indication et on
va vous laisser fouiller là-dessus. Juste en passant, comme
indication.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Dans mes vieux papiers.
M. Côté (Charlesbourg): Globalement, il faut
regarder, et c'est elle, la philosophie, le coût moyen. Le coût
moyen, au niveau de l'optométrie, c'est 33 $. Le coût moyen, sur
le plan du dentaire - vous allez être surpris, vous allez peut-être
même dire que Jacinthe n'a peut-être
pas payé cher - c'est 72 $. Le coût moyen, au niveau des
médicaments, c'est 582 $, légère petite différence.
Ce qu'on a donc décidé, c'est... Dans le cas de
l'optométrie et du dentaire, compte tenu du coût moyen, on est
dans une situation où, effectivement, ça demeure des coûts
qui sont abordables, alors qu'au niveau des médicaments on parle d'un
coût moyen de 582 $. Est-ce qu'à ce moment-ci on pourrait dire
que, par exemple, on aurait dû désassurer les médicaments
pour les 65 ans parce qu'ils sont peut-être moins malades ou les 66 ans
parce qu'ils sont peut-être un petit peu moins malades que les 70, ils
ont peut-être besoin de moins de médicaments? On a donc
décidé, à ce niveau-là, d'aller par 2 $ qui
rapporteront 38 000 000 $ et 10 %, si on se comprend bien, alors qu'on est dans
une situation où le dentaire et l'optométrie faisaient davantage
référence à un coût moyen par
bénéficiaire. C'est donc ça qui est à la base
même de la décision: faire en sorte que l'on soit dans une
situation vivable, si on peut s'exprimer ainsi. Il est clair,
dépendamment du côté de la chaise où on se trouve,
que, 33 $, ça peut, à l'occasion, être acceptable, tout en
faisant en sorte que le programme soit assuré pour les moins de 18 ans
et les plus de 40 ans. C'est ça, à la base même.
M. Trudel: Je m'excuse, mais le ministre ne m'explique pas
grand-chose sur le pourquoi du choix de ne pas prendre la progressivité
des revenus comme seuil. À partir du moment où le gouvernement
décide qu'il va aller chercher une vingtaine de millions de dollars,
bon, ça, il vivra avec les conséquences, il vivra avec ses
actions. Le ministre a dit tantôt, dans les premières
interventions: Vous en avez fait, des choses, quand vous étiez au
pouvoir, vous êtes passés à la caisse, l'électorat
vous a jugés. Vous allez porter la responsabilité de ça
aussi.
Mais, vous ne m'expliquez pas; vous me dites: 33 $, c'est moins grave
que 500 $. On aurait pu, théoriquement, aller chercher nos 80 000 000 $,
supposons, tout dans le même coin en désassurant tel programme.
Mais, là, je vous parie spécifiquement du programme de l'examen
de la vue où on ne tient pas compte de la progressivité ou de la
régressivité des revenus des individus. Je m'excuse, là,
mais je n'ai pas de réponse dans ce que vous m'avez donné.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je vous dis, c'est
qu'on a fait le choix qui est là. C'est ça que je vous dis.
Alors, ça ne vous donne rien de me poser une question sur la
régressivité ou la progressivité du revenu ou des
impôts.
M. Trudel: Non, mais pourquoi vous n'avez pas respecté le
principe, généralement admis et reconnu dans notre système
fiscal, que, plus tu en gagnes dans la société, plus tu paies?
Bon, il y a un débat là, mais ça, je le laisse de
côté, vous le savez, sur la proportion que paient les individus et
les entreprises, et sur la proportion que paient les haut et les bas
salariés. Ça, c'est un autre débat, mais il y a une notion
de progressivité, là.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, êtes-vous
après me dire que vous seriez d'accord avec ça?
M. Trudel: Non. Moi, je vous pose les questions, là. Quand
je serai au gouvernement, si un jour on l'est, et je ne présume de rien,
on répondra aux questions et puis on fera face à la musique.
Mais, je ne présume de rien, à chacun ses
échéances.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon, bon, bon. O.K.
O.K.
M. Trudel: Non, mais je vous pose la question. Comme
gouvernement, on a une façon d'administrer, dans notre
société nord-américaine, qui tient compte au minimum que,
dans les services publics, plus tu as de revenus, plus tu contribues, de
façon générale, parce qu'il y a une réorientation
de la fiscalité aussi dans les pays industrialisés. Au niveau de
l'impôt, il y a une progressivité qui s'installe dans les
échelles et, encore une fois, un principe assez simple: plus tu as de
revenus, plus tu dois contribuer à l'ensemble des services. C'est
ça, le rôle d'un gouvernement aussi pour, dans un deuxième
temps, avoir des mesures de répartition sociale, des mesures de
répartition de l'ensemble dans la société, et faire en
sorte qu'il y ait un équilibre qui s'établisse quelque part. Ne
me cherchez pas les poux en disant: Allez-vous être d'accord avec
ça? Je vous demande de m'expliquer pourquoi, quand on a deux principes,
vous prenez l'un par rapport à l'autre. C'est parce que vous avez
trouvé des défauts au deuxième, que vous avez
trouvé que c'était plus progressif, cette histoire-là?
C'est quoi?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord...
M. Trudel: Parce que là, je m'excuse, mais vous me
répondez: C'est rouge parce qu'on a choisi que ce soit rouge, point.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. Je voulais
juste vous dire une chose, c'est que vous êtes libre de vos questions et
je dois être libre de mes réponses.
M. Trudel: J'espère.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Oui, j'espère.
J'espère des deux bords, c'est comme ça que ça marche,
là.
M. Trudel: Tout à fait.
M. Côté (Charlesbourg): Puis, ça ne changera
pas, non plus, là. Et, vous me permettrez, à tout le moins, pour
quelqu'un qui a répondu pendant huit mois aux questions, de pouvoir vous
en poser une petite de temps en temps.
Vous vous voyez souvent au pouvoir et vous avez très souvent, et
plus souvent qu'autrement, toutes les solutions à tous les
problèmes parce que vous embrassez toutes les causes. Je comprends qu'on
est dans une situation d'Opposition. Je l'ai joué, ce
rôle-là, moi aussi. Mais, ne prenez pas le mors aux dents parce
que je vous dis: Vous autres, quelle sorte de position vous défendez?
Parce que, moi aussi, je vous ai entendu en commission parlementaire. Je vous
ai entendu en commission parlementaire, à plusieurs reprises. J'ai fait
sortir - comme vous le faites pour moi sur tout ce que j'ai pu dire - sur ce
que vous avez pu dire, un certain nombre aussi d'énoncés, faits
sincèrement. (22 h 30)
Je me rappelle, quand on a passé, en commission parlementaire, un
certain temps à interroger des gens, que vous avez dit: Oui,
effectivement, il faut s'assurer qu'on soit capable de se payer ce qu'on se
paie et il faut à l'occasion être plus efficient, plus efficace,
plus rationnel et tenter de faire en sorte qu'on réponde à
certaines balises sur le plan budgétaire. Je pense qu'à
l'époque vous étiez très, très sincère. Je
ne dis pas que vous ne l'êtes pas aujourd'hui. Évidemment, il faut
aborder un certain nombre de questions de cette nature-là.
Dans le document dont vous vous servez à l'occasion, dont vous
vous inspirez à l'occasion, celui qui a été rendu public
au mois de décembre, il y a d'autres pistes de solutions qui s'appellent
l'impôt-services, l'impôt-santé, où les gens sont
venus en commission parlementaire se prononcer. On n'est pas allés dans
l'impôt-services jusqu'à maintenant pour des programmes comme
ceux-là, parce que le rendement de l'impôt-services était
marginal par rapport aux coûts d'implantation de l'impôt-services.
Ça, effectivement, c'aurait pu répondre à votre
question.
Mais une chose est certaine, c'est qu'on n'a pas voulu engager sur le
plan de l'administration d'un programme des coûts tels qu'au bout de la
ligne on aurait fait un impôt pour payer son administration. C'est
ça, le choix fondamental qui a été fait, en
espérant qu'avec le concours de l'Opposition et du public en
général on puisse encore davantage sensibiliser le
fédéral à l'impasse dans laquelle on est et, dans la
mesure où le fédéral verse ce qu'il doit verser, selon
l'entente conclue avec lui au début du régime, qu'on puisse faire
un certain nombre d'aménagements qui nous permettent, sur le plan
financier, de passer à travers. C'est ça.
Finalement, à l'intérieur de ça, il reste des
solutions qui demeurent toujours là. Ce ne sont pas des solutions qui
sont évacuées, il faut bien se comprendre, ad vitam aeternam. On
verra ce que d'autres feront. Ce n'est pas moi qui vais le faire. On verra ce
que d'autres feront éventuellement sur le plan des décisions. Il
est clair que des échanges que nous aurons avec le
fédéral, dépendra un certain nombre de décisions
que devront prendre d'autres qui prendront notre place demain, peu importe leur
couleur politique. On aurait pu penser à l'impôt-services, parce
que c'était une des propositions qu'il y avait. On ne l'a pas retenue
compte tenu de son coût d'application.
M. Trudel: C'est parce que je veux réaffirmer qu'il s'agit
d'un précédent dans la législation
québécoise en matière de services qui avaient une
couverture de nature universelle et pour lesquels on veut restreindre
l'accessibilité. Jusqu'à maintenant, nos pratiques, comme
gouvernement, avec la responsabilité et l'imputabilité que cela
comporte, on dit: Écoute, tu en gagnes plus, tu vas en payer plus et,
comme mesure de solidarité sociale, tu vas contribuer davantage et tu
vas avoir droit aux services comme tout le monde. Cependant,
l'État-soutien, l'État-répar-titeur et l'État
chargé d'administrer la solidarité sociale va t'en demander plus
pour que nous puissions supporter des individus qui sont plus dans le besoin ou
qui sont moins munis, qui sont plus démunis, au plan du revenu et de la
capacité de se payer ces services-là. Et ça, peu importe
le groupe d'âge dans lequel tu es situé.
J'ose dire que le gouvernement est allé au plus court. Il ne
faudrait quand même pas se faire d'illusions, à la fois sur la
poursuite du précédent qui est en train de se créer en
matière de couverture santé et services sociaux, parce que,
là, la voix du ministre de la Santé et des Services sociaux
à Ottawa ne peut pas nous ramener, avec tout le respect qu'on peut avoir
pour sa responsabilité ministérielle, des millions et des
millions. Vous dites: Vous autres, de votre bord, qu'est-ce que vous allez
faire avec ça? Au moins, j'espère que le ministre va avoir
l'occasion de dire que leur nouvelle patente de Sénat, l'espèce
d'emmanchure qu'ils veulent développer, les gonflables,
biodégradables, soufflables, dégonflables, poussables,
grimpables, descenda-bles...
M. Côté (Charlesbourg): Après
biodégradables, on pourrait même finir avec
«riodégrada-bles».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Les lignosulfonates dégradables. Ça va
coûter 130 000 000 $, cette patente-là, comme si on n'avait pas
assez de niveaux de gouvernement. Je suis certain que les
Québécois ne croient pas à ça. Vous ne croyez pas
à ça, vous non plus, d'ailleurs. Tout ce
système-là, c'est ça qui fait en sorte que vous allez
être
dans une trappe qui va faire que vous allez revenir avec rien dans les
mains, sinon un cadeau parce qu'il y a un référendum qui s'en
vient. Ils vont vous faire le coup pour une année, puis ça va
recommencer l'autre année après.
Ce que je veux dire, c'est qu'à ce moment-là, dans ce
contexte-là, comme vous adoptez l'approche par catégories
d'âge, ça veut dire que l'année prochaine - j'allais dire,
vous n'avez rien vu, là - on va prendre 5 ans de plus et on va prendre
10 ans de plus. Enfin, on va prendre la tranche d'âge qui correspond
à la tranche de dépenses qu'on veut couper. Là, cette
année, grâce à la collaboration que vous avez
décrite tantôt et aux échanges avec l'Association des
optométristes et l'Ordre, on a pu, excusez l'expression - vous
l'accepterez sans doute -limiter les dégâts aux 18-40 ans.
Ça veut dire que là on est embarqués, puis on va couper au
niveau de l'âge. On va se retrouver dans une situation aussi où,
pour d'autres maux qui peuvent affecter les personnes au plan oculaire, eh
bien, le revenu ne compte plus, c'est l'âge qui compte, puis le
gouvernement agrandit ou rétrécit la couverture suivant
l'âge que nous avons et suivant les besoins, par ailleurs, du
gouvernement.
Alors, là-dessus je ne peux pas aller très loin sur le
raisonnement que nous impose le gouvernement. Il nous dit: J'ai besoin d'aller
chercher quelque chose comme 80 000 000 $. Le gouvernement n'est pas masochiste
au point de se dire: Je vais les choisir là où ça semble
faire le plus mal possible, hein? Sauf qu'il y a mal, puis c'est mal, hein? Je
veux dire, il répartit le mal sur plusieurs plaies et, dans le cas de
l'examen des yeux, c'est 20 000 000 $ qu'on va chercher là.
Là, je ne peux pas, encore une fois, m'empêcher de dire:
Qu'est-ce qu'il va faire l'année prochaine, le ministre? Qu'est-ce qu'il
va faire dans son raisonnement? Il l'a démontré. Moi, j'ai
même sorti des chiffres qui n'ont pas encore été
contestés. Ce n'est pas 2 000 000 000 $ qu'il va manquer sur cinq ans,
c'est 4 515 000 000 $ qu'il va manquer sur cinq ans au même rythme
actuel. Qu'est-ce qu'il va faire? On ne perd rien pour attendre. Alors,
tenez-vous-le pour dit, les 40 ans d'aujourd'hui. Profitez bien de
l'année qui s'en vient, parce que probablement que vous allez avoir une
tranche de 10 ans encore l'année prochaine.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a pas mal de jus dans la dernière intervention du député.
Il y a un certain nombre de choses qui méritent d'être
replacées dans leur contexte. D'entrée de jeu, dangereux
précédent, dit-il. On ne vit pas sur la même
planète, à moins qu'il vous en ait échappé quelques
petits bouts.
Dangereux précédent où? Au Canada? Je peux vous
donner une série de provinces qui sont toutes là. On va vous le
déposer, le tableau, même s'il est déjà à
l'annexe, pour être bien sûrs que vous l'avez. Dangereux
précédent, alors qu'on se retrouve dans des situations où,
en Colombie-Britannique, on exige au niveau des médicaments pour les
plus de 65 ans une participation. C'est ainsi en Alberta, en Saskatchewan, au
Manitoba, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Ecosse, à Terre-Neuve,
à l'île-du-Prin-ce-Édouard. C'est seulement en Ontario
qu'on ne le fait pas. Dangereux précédent? 8 provinces sur 10.
Dangereux précédent au Québec? Continuons, M. le
Président, dans d'autres domaines. (22 h 40)
Non, restons sur les médicaments. Allons voir à travers le
monde. Dangereux précédent? C'est certainement un des
modèles qui a pu inspirer aussi le député pour
défendre ses causes NPD. La Suède, le modèle
suédois, tout à fait extraordinaire. Qu'est-ce qui se passe au
niveau des médicaments? C'est quand même un système dont
tout le monde veut s'inspirer. Je serais curieux de lire certains
éléments du programme à l'origine du PQ par rapport
à ce qui se passe en Suède. M. le Président, en
Suède, les médicaments sont assurés pour l'ensemble des
résidents. L'usager - écoutez-moi ça, M. le
Président, ne soyez pas distrait et surtout pas discret lorsque vous
saurez ce que je vais vous dire - paie l'équivalent de 19 $ canadien
pour le premier médicament d'une prescription et 6,30 $ de plus par
médicament additionnel, en Suède. Vous allez ajouter à
ça là, si vous continuez, quand il va voir le médecin pour
se faire prescrire un médicament, un petit 15 $ additionnel.
Dangereux précédent? Je m'excuse là, M. le
Président. À travers le Canada il y a des exemples, en
voulez-vous, s'il vous plaît, et à travers le monde, si vous en
voulez d'autres, on va vous en sortir d'autres. Donc, ce n'est pas un dangereux
précédent. Ce n'est même pas un précédent. On
peut bien critiquer la mesure, mais une chose est certaine, c'est que ce n'est
pas un précédent.
Oui, effectivement l'impôt-services, c'était dans les
mesures. On l'a examiné. On pensait que c'était une bonne
idée. On a testé un certain nombre de choses,
échangé avec les gens. Il faut quand même se rendre compte
que ça n'existe nulle part à travers le monde, à ma
connaissance et à la connaissance de ceux qui me conseillent. Pourquoi
on n'a pas retenu l'impôt-services? Parce que, pour avoir le rendement
financier qu'on souhaitait, tout en payant les frais administratifs, il aurait
fallu désassurer la totalité du dentaire et de
l'optométrie. Ce qu'on a donc comme solution, c'est une solution
alternative qui nous permet de maintenir de larges pans de murs de
l'optométrie et du dentaire. C'est ça que ça nous a permis
de faire sur le plan du travail et de l'échange.
Quant au dernier élément de l'intervention
de mon bon ami, il dit: Les 40-50 ans, là, préparez-vous,
l'an prochain, ça va être votre tour. Dites-moi où vous
voyez à l'intérieur du projet de loi la possibilité que
ça puisse se faire. Quant à moi, je l'ai dit et je le
répète, c'est une expérience, disons-le à tout le
moins, qui demande un certain courage politique. On passe par un processus
législatif qui est ici et que nous allons adopter. Si d'autres veulent
aller de l'avant l'an prochain, ils passeront par ie même
scénario. Mais, moi, je ne passerai pas par ce scénario-là
l'an prochain. Je ne peux pas présumer de ceux qui me succéderont
où je suis, peu importe s'il y a des élections ou s'il n'y en a
pas, mais ce sera leur responsabilité comme gouvernement, comme parti
politique, de refaire la même démarche avec la même
transparence, la même ouverture sur le plan des échanges et,
évidemment, probablement avec les mêmes problèmes sur le
plan financier, parce que l'horizon financier des gouvernements, peu importe le
parti qui sera au pouvoir, est un horizon pas très, très
facile.
Donc, on est dans une situation où l'âge, il faut tout de
même l'admettre, est fixé par règlement. Quant à
moi, il n'est absolument pas question que je revienne avec une démarche
similaire l'an prochain. On a toujours dit dans ce gouvernement-là que,
sur le plan des équilibres du gouvernement, le ministère de la
Santé et des Services sociaux n'était pas celui qui avait mis
l'épaule à la roue pour les équilibres. Je pense que cette
année le ministère a fait un effort assez important avec la
Régie de l'assurance-maladie du Québec dans ce sens-là.
Pour les prochains gestes qui iraient dans le même sens, si jamais les
démarches à Ottawa devaient ne pas fonctionner... Supposons
qu'une de vos hypothèses est vraie, que pour tous nous acheter, dans ie
cadre du référendum, ils nous donnent un «break»,
cette année, un bon «break», ce sera autant ça de
sauvé. Mais continuons. Il faut continuer. Dans l'année qui va
suivre, il va y avoir des élections. Vous allez être au
pouvoir.
Une voix: Tu penses?
M. Côté (Charlesbourg): Au pire, vous perdez le
référendum. Au mieux, vous gagnez l'élection
générale. Donc, le problème qu'on a aujourd'hui sera votre
problème. Si jamais vous êtes élus, vous allez
peut-être être élus sur l'indépendance et, comme vous
aurez tout rapatrié d'Ottawa, y compris tous les fonctionnaires, vous
allez être poignes avec le problème. Vous allez être poignes
avec le paquet d'argent, avec le paquet de fonctionnaires, puis avec le
déficit. Alors, vous réglerez l'équation par des additions
ou par des soustractions et j'imagine qu'à ce moment-là vous
aurez moins de problèmes. Une chose est certaine, c'est que, cette
année, après ça, si vous me passez l'expression, la shop
se ferme, et ce n'est pas le ministre qui est devant vous qui va la rouvrir
l'an prochain, à tout le moins cer- tainement pas sur les objets qu'on
discute aujourd'hui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Oui, oui. Vous me voyez très rassuré par
ces paroles, très rassuré. Je vais commencer par la fin. C'est le
propre ministre de la Santé et des Services sociaux qui dit que, sur les
échéances de type électoral, référendaire,
on va s'y rendre, on va les vivre, on verra ie résultat. Il ne faut
jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair.
M. Trudel: Alors, pas de présomption. Il n'y en a jamais
eu de ce côté-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Pas de
présomption.
M. Trudel: II n'y a jamais eu de présomption de ce
côté-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Ha, ha, ha! Ce qu'il ne
faut pas entendre!
M. Trudel: Le ministre ne peut pas relever ça ici, dans
aucune des discussions qu'on a eues depuis huit mois. Bon.
Le Président (M. Joly): Étirez le plaisir.
M. Trudel: Deuxièmement, sur le fait que le ministre n'a
absolument aucune intention, dans le régime actuel... Bien sûr
qu'il va y avoir du monde à payer en plus à Ottawa, nos
sénateurs gonflables. Mais est-ce que le ministre est en train de nous
dire qu'il va être prêt tantôt à accepter un
amendement à l'article 1 du projet de loi où il est défini
que le bénéficiaire qui n'est pas couvert par le programme
administré par la RAMQ, c'est le «bénéficiaire dont
l'âge est celui fixé à ces fins par
règlement»? Est-ce que le ministre va accepter un amendement que
je vais présenter tantôt qui dirait de remplacer «est celui
fixé à ces fins par règlement» par «se situe
entre 18 et 40 ans», puisque c'est si ferme et qu'il ne touchera jamais,
quant à lui, à une autre tranche d'âge? À une autre
tranche d'âge, oui. Le ministre m'a demandé la question: Mais
où le député voit-il que je pourrais déborder i'an
prochain sur une autre tranche d'âge? J'ai dit: Surveillez-vous, les
40-50 ans. Ça va être votre tour l'an prochain. Évidemment,
c'est dans la troisième ligne du deuxième alinéa que je
retrouve ia possibilité, parce que c'est par règlement.
D'ailleurs, le projet de règlement que le ministre a bien voulu
redéposer ici est à cet effet, de fixer l'âge des citoyens
et citoyennes, des bénéficiaires qui ne seront plus couverts par
ce programme-là.
Le ministre sait bien, par ailleurs - jusqu'à maintenant, il ne
peut pas me répondre là-dessus - que c'est relié à
l'ensemble du financement du système. Le ministre, avec ce qu'il a
annoncé le 8 mai, apporte un certain nombre de solutions
financières à l'impasse du gouvernement jusqu'à une
hauteur d'à peu près 200 000 000 $. Pourquoi n'irait-il pas dans
la même direction l'an prochain, puisqu'il est pris avec une nouvelle
impasse de 200 000 000 $, quand on part de la même lecture,
évidemment, quand on part de la même base, du document du mois de
décembre? (22 h 50)
Chaque année, quiconque est ministre dans ce
gouvernement-là responsable de la Santé et des Services sociaux,
sitôt que le 31 mars, le 1er avril sonne, est pris avec une impasse de
200 000 000 $. Alors, chaque fois, il faut qu'il réduise la couverture.
Là, on commence par couper la dentelle, dit-il, alentour. Tantôt,
on va commencer à couper la Catalogne. Là, on va finir par un
petit coussin, un petit coussin qui va être tout petit...
M. Côté (Charlesbourg): Une courtepointe?
M. Trudel: ...une très courte pointe, une courtepointe
où les pointes vont être très courtes.
M. Côté (Charlesbourg): Vous tourniez autour sans
être capable de l'identifier.
M. Trudel: Ha, ha, ha! Je cherchais le mot. Je ne pouvais pas
dire patchwork, quand même. On va se réveiller avec une
très courte pointe en matière de ces programmes-là. C'est
ça que je posais, finalement, comme question au ministre, en disant:
Quand on commence à jouer dans les catégories d'âge et
à ne plus jouer sur la progressivité ou la
régressivité des taxes et des impôts, bien, c'est ça
qui est la perspective qui se présente à nous. En même
temps, le ministre continue à dire: Ils font les normes à Ottawa,
ils vont avoir les moyens de leurs normes. Ils ne les ont jamais eus et ils ne
nous paient pas.
M. Côté (Charlesbourg): Au début du
régime, ils l'ont eu.
M. Trudel: Au début du régime... Nous nous
étions donné des régimes, effectivement. Au tout
début, c'est vrai. Au tout début, je dois le dire, il y avait une
situation qui nous approchait des équilibres: programmes
dispensés et revenus générés par les impôts
généraux, la taxation et le système de perception pour le
Régime d'assurance-maladie. Sauf qu'on est très loin de cette
situation-là. Là, on commence à rogner à partir des
catégories d'âge. Alors, comme il y a une impossibilité du
côté du gouvernement fédéral, compte tenu de
l'impasse dans laquelle ils sont situés sur le plan constitutionnel
comme sur le plan financier, eh bien, là, on fait la brèche 18-40
ans et, tantôt, on va élargir le fossé. C'est ce qui
m'amène à dire: Surveillez-vous bien, les 40-50 ans, parce que,
l'année prochaine, il va probablement falloir aller en chercher une
autre tranche, n'est-ce pas?
Quant aux perspectives terminales, si on se réveillait dans une
situation où nous devions, disiez-vous, absorber tous les fonctionnaires
fédéraux - c'est ce que le ministre disait - le ministre a
certainement vu le rapport Beaudry et les autres rapports qui ont
été publiés à cet égard. Il sait très
bien qu'il y a moins de fonctionnaires québécois dans la fonction
publique que la proportion de ce que nous sommes dans la
Fédération canadienne et qu'à cet égard quand on
garderait tous les Québécois et toutes les
Québécoises qui sont dans la fonction publique
fédérale, il va encore nous en manquer, compte tenu que nous
sommes sous-représentés dans la fonction publique
fédérale. Je parle des Québécois et des
Québécoises.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Vous avez quelques
commentaires?
M. Côté (Charlesbourg): ...moi aussi, je vais
commencer par la fin. En tout cas, une chose qui est certaine, c'est qu'avec la
dernière affirmation du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, ce qui va manquer, c'est de l'argent pour
tous les payer tantôt. Tenter de dire qu'il va manquer de fonctionnaires
quand on aura rapatrié, étant indépendants, tous les
fonctionnaires fédéraux...
M. Trudel: Québécois,
Québécoises.
M. Côté (Charlesbourg): Québécois,
Québécoises... Les fonctionnaires fédéraux au
Québec. Dans la mesure où on se sépare demain matin et
qu'on rapatrie tout ce monde-là... On se plaint déjà de
duplication et d'un certain nombre de problèmes à ce
niveau-là. On va tous les rapatrier. En plus, vous nous dites qu'il en
manque. Il va y en avoir de plus. Je ne sais pas où on va prendre
l'argent pour tout payer ça. On va avoir des problèmes. Vous
allez être obligés de couper un certain nombre de services.
M. Trudel: Regardez...
M. Côté (Charlesbourg): J'aime autant vous
laisser...
M. Trudel: Au niveau de la régie régionale. Ha, ha,
ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais je trouve
ça déjà extraordinaire que vous admettiez par le
fait même que, les régies régionales, il leur manque
du monde.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ça n'a pas toujours
été le cas, de un. De deux, je veux juste vous dire...
M. Trudel: J'écoute.
M. Côté (Charlesbourg): ...à vous qui
êtes arrivé parmi nous en 1989, que, m'inspirant de 1982, je n'ai
pas voulu créer de précédent. Vous me suivez? Je n'ai pas
voulu créer de précédent et je me suis inspiré de
ce qui s'est fait en 1982, puisque le texte de loi 1982 sur le dentaire disait
que l'âge était fixé par règlement. Je me suis donc,
M. le Président, inspiré de cette grande sagesse qui a
inspiré le gouvernement qui était alors au pouvoir en 1982 et,
finalement, si je peux m'exprimer ainsi, j'ai appliqué la même
médecine. Mais...
M. Trudel: Vous êtes arrivé en 1985.
M. Côté (Charlesbourg): Vous devriez vous
dépêcher de voter pour, dans ces conditions-là.
Deuxièmement, M. le Président, puisque le député
m'a lancé un gant, en gentleman qu'il est, en me disant: Je vais vous
proposer un amendement pour faire en oorte que ce soit inscrit dans
la loi et non pas dans le règlement, je relève votre gant et je
vous dis: Faites-en tout autant en ayant des principes et en votant pour la
loi.
M. Trudel: Un cheval et un lapin, puis, parce que je veux limiter
les dégâts, il faut que j'accepte de mettre le feu à la
maison!
M. Côté (Charlesbourg): II faut absolument
être conséquent avec ses propos.
M. Trudel: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): II faut être
conséquent avec ses propos.
M. Trudel: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): On ne peut pas
pérorer et tenter de défendre la planète et l'ensemble de
la terre...
M. Trudel: Parce que je veux limiter les dégâts, il
dit: À la condition que ce soit toi qui mettes le feu à la
maison.
M. Côté (Charlesbourg): ...en disant: Ça n'a
pas de bon sens dans le règlement, je le veux dans la loi, M. le
Président. Je le mets dans la loi et il dit encore non. Où est-ce
qu'est la sincérité du député?
M. Trudel: Bien, certain qu'on va voter oui pour l'amendement.
C'est certain qu'on va voter oui pour l'amendement. C'est certain. On va voter
oui pour l'amendement. Mais vous me demandez de dire oui à un amendement
qui va limiter les dégâts, mais, en même temps, il faut que
je tienne l'allumette pour absolument mettre le feu à la maison.
Alors...
M. Côté (Charlesbourg): Non, absolument pas, M. le
Président. Ce n'est pas une question de mettre le feu à la
maison. C'est que, si on a des principes et qu'on veut aller le plus loin
possible, dans la mesure où vous proposez l'amendement, je suis
prêt, moi, à le mettre dans la loi. Vous allez voter pour
l'article, là.
M. Trudel: C'est bien évident qu'on va voter pour notre
amendement, c'est bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez voter pour
l'article?
M. Trudel: Je présente un amendement pour limiter les
dégâts et il veut absolument que je scrape toute la carrosserie au
grand complet.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je...
M. Trudel: M. le Président, cet amendement viendra le
temps venu, puisque ce n'est pas dans le premier alinéa. On a d'autres
choses à soulever par rapport au premier alinéa. Cet amendement
viendra à la fin du deuxième alinéa. Quant au premier
alinéa...
M. Côté (Charlesbourg): On voit clair. On commence
à voir clair. J'ai 45 ans, je commence à voir clair un peu.
M. Trudel: Vous avez probablement reçu les recommandations
de l'Association des optométris-tes, demandant que, effectivement, au
niveau des exemptions, les handicapés visuels soient également
des bénéficiaires et des usagers qui soient exclus de la
désassurance. C'est-à-dire qu'il y a les handicapés
visuels au Québec qui doivent se présenter, là,
évidemment, peu importe leur âge, chez l'optométriste.
Est-ce qu'on peut suspendre cinq minutes avant de passer à
ça?
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection. M.
le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Trudel: Je parle des handicapés visuels, après
ça.
Le Président (M. Joly): Nous suspendons nos travaux cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 59)
(Reprise à 23 h 21)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
La parole vous était donnée, M. le député.
Mme Cardinal: Alors, l'article 1 est adopté?
M. Trudel: alors, pourquoi, m. le ministre, à l'article 1,
comme le disait la députée de châteauguay, en insistant
pour qu'on étudie bien à fond l'article...
(Consultation)
M. Trudel: Pourquoi les handicapés visuels ne sont pas
compris dans l'exclusion? C'est quand même des personnes qui vivent avec
un handicap permanent. Si on les appelle les handicapés visuels, c'est
parce qu'ils sont catégorisés comme ayant une carence et une
difficulté au niveau de la vision. Elles sont donc appelées
à se rendre, ces personnes handicapées là, chez
l'optométriste ou chez l'ophtalmologiste. J'ai essayé de trouver
une évaluation du nombre de personnes que cela pourrait concerner au
Québec et ça peut être quelque chose comme 1000 personnes,
au maximum, qui sont concernées par la situation.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il a
toujours été clair dans mon esprit, ainsi qu'à ceux qui
m'entourent que les handicapés visuels étaient exclus. C'est
clair. Ce que je comprends là, c'est que ce n'est pas si clair que
ça dans la loi...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...ou dans le
règlement.
M. Trudel: Dans le règlement, ce n'est pas si clair que
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas si clair que
ça. Une chose est certaine, c'est que, pour nous, ils sont exclus. Ce
dont il était question sur le plan de la discussion, c'est: pour le
paiement, est-ce qu'on crée un programme de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec ou si on le fait absorber par les
établissements alors que le ministère renflouerait les
établissements, rembourserait les établissements? On a une
tendance, à ce moment-ci, à y aller davantage avec un programme
de la RAMQ pour le remboursement de ces frais-là.
M. Trudel: Oui, mais je ne parle pas uniquement... Là,
vous parlez des handicapés visuels qui sont en établissement. Ils
ne sont pas tous en établissement, les handicapés visuels.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ils fréquentent
rétablissement.
M. Trudel: Comment ça, ils fréquentent un
établissement?
M. Côté (Charlesbourg): Un établissement
comme...
Mme Bleau: L'institut Nazareth.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Ils sont
tous rattachés...
M. Trudel: Bien non.
M. Côté (Charlesbourg): ...aux cinq centres. Il y a
cinq établissements à travers le Québec, et les
handicapés visuels fréquentent, à un moment ou l'autre,
ces cinq centres.
M. Trudel: Chez les handicapés visuels - ce n'est pas le
bon terme, là - il y a de la désins-titutionnalisation aussi,
évidemment. Ça n'existe pas l'institutionnalisation, là.
Il y a des handicapés de la vue, classés comme tels, qui
sont à domicile, qui ont soit quelques revenus, qui ont du travail, qui
sont dans la société et qui ne fréquentent pas un
établissement à moins d'en avoir besoin, comme n'importe quel
consommateur qui va aller chez l'optométriste et chez l'ophtalmologiste.
Mais, lui, il ne pourra pas se faire...
M. Côté (Charlesbourg): Mais où va un
handicapé visuel autrement que dans les cinq établissements?
M. Trudel: II ne peut pas se présenter chez
l'optométriste pour un examen général, en disant: Voici ma
condition, je sens une détérioration, est-ce que vous pourriez me
faire un examen? Bien sûr qu'il peut faire ça.
(Consultation)
M. Trudel: Je vais me souvenir du nom, là. Je vais vous
donner un exemple. Je ne me souviens plus du nom par coeur. J'ai un psychologue
d'à peu près 35 dans mon propre comté. Il s'est
donné une formation, puis c'est un handicapé de la vue. Il n'est
pas rattaché à n'importe quelle institution. Il vit à
Rouyn-Noranda, il vaque à ses tâches. Il fait de la
suppléance, etc. Là, ce que je vous dis, c'est que cet
handicapé-là peut très bien se présenter à
la clinique Iris chez le docteur Descary et dire au docteur Descary:
Écoutez, je pense qu'il y a une détérioration, parce que
ce n'est pas un handicapé qui a perdu la vue à 100 %, il a quand
même un petit degré de vision. S'il sent qu'il a des malaises
reliés à d'autres choses, bien, il va passer un examen chez son
optometrists ou son ophtalmologiste. Bon, bien, pour celui-là, on ne
peut
pas rembourser un établissement; il ne fréquente pas
ça, lui.
M. Côté (Charlesbourg): On a deux sortes de
situations. Dans certains CAR, il y a des optométristes qui sont
là. Avec le plan de services, des gens qui sont à l'externe
fréquentent ie CAR et ont accès à des services
d'opto-métriste. Il y a aussi d'autres situations où des gens
sont en plan de services avec un CAR où il n'y a pas
d'optométriste, mais il les réfère à un
optométriste dans un cabinet privé. À ce moment-là,
c'est soumis au paiement par l'établissement, ou par le programme qu'on
créera au niveau de la RAMQ.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, la première
question que je pose à mon monde, c'est: Est-ce qu'il existe des
handicapés visuels... Je vous regarde avec vos lunettes, là.
Est-ce que vous vous considérez un handicapé visuel?
Une voix: Non, non. M. Trudel: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Non, O.K. À ce
moment-là, il n'y en a pas des dizaines de milliers.
(Consultation)
M. Côté (Charlesbourg): Bon, par exemple, là,
Louis-Braille et Louis-Hébert, c'est deux centres où il y a des
optométristes qui sont couverts par le programme. Mais on est dans une
situation de cinq centres à travers le Québec. Alors,
possiblement que - je n'ai pas le détail - dans les autres, il n'y en a
pas à l'intérieur des murs de l'établissement, mais qu'ils
font affaire avec un optométriste qui est à l'externe si, dans le
plan de services, ça nécessite, pour le handicapé visuel,
des services d'optométrie. Ils sont donc, à ce moment-là,
couverts. Quand on dit qu'un handicapé visuel est couvert ou va
être couvert par le programme, effectivement, il va l'être. Je ne
sais pas à quels autres cas vous pourriez faire allusion.
M. Trudel: Si je peux me permettre l'expression, comment on
acquiert la qualité de la description d'un handicapé visuel?
C'est en vertu de quelle loi? Comment je deviens, comment je suis classé
handicapé visuel?
M. Côté (Charlesbourg): Handicapé visuel.
(Consultation)
M. Trudel: Ce n'est pas parce que je vais à une
institution.
M. Dicaire (André): C'est par la voie
réglementaire.
M. Côté (Charlesbourg): M. Cantin va vous lire
ça sans lunettes.
M. Cantin: Règlement d'application de la Loi sur
l'assurance-maladie: «n) "handicapé visuel*: toute personne qui
réside au Québec, qui après correction au moyen de
lentilles...
M. Trudel: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez compris par
ça qu'il est handicapé s'il réside au Québec.
M. Trudel: Oui, c'est ça que j'ai compris.
M. Cantin: ...ophtalmiques appropriées, à
l'exclusion des systèmes optiques spéciaux et des additions
supérieures à + 4 dioptries, a une acuité visuelle de
chaque oeil d'au plus 6/21, ou dont le champ de vision de chaque oeil est
inférieur à 60° dans les méridiens 180° et
90°, et qui, dans l'un ou l'autre cas, est inapte à lire, à
écrire ou à circuler dans un environnement non familier.»
(23 h 30)
M. Trudel: Vous lisez trop vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que c'est clair?
M. Trudel: Ne fermez pas le livre! Ne fermez pas le livre!
Ça, c'est une personne handicapée visuelle pour les fins de la
RAMQ? C'est un règlement de la RAMQ, ça?
M. Côté (Charlesbourg): Règlement
d'application de la Loi sur l'assurance-maladie.
M. Trudel: Et toutes ces personnes...
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous qu'on
répète, là?
M. Trudel: Oui, c'est la «discrotomie»,
là?
M. Cantin: Dioptrie.
M. Trudel: Comment?
M. Cantin: Dioptrie.
M. Trudel: Dioptrie.
Mme Bleau: C'est un «diopte», ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Elle dit: C'est quand tu es
«diopte» ça. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Non mais, M. le président de la RAMQ, cette
personne qui est classée handicapée visuelle en vertu de votre
règlement, où est-ce qu'elle est couverte ici, là, dans le
régime? Vous me dites que c'est par l'établissement. Quand elle
est classée, quand elle a ce diagnostic-là, elle acquiert la
description qualitative de handicapée visuelle. Mais ça,
ça ne la rattache pas à un établissement. Ça peut
être M. Dallaire, de telle rue, à Rouyn-Noranda.
Une voix: Allaire?
M. Trudel: Allaire. Lui, il n'est pas handicapé. Avec ce
qu'on a entendu la semaine passée, il n'est pas handicapé, lui!
Lui, il n'est pas handicapé. Il sait lire, puis il a compris. Puis il a
les yeux vifs, les yeux vifs. Les yeux vifs, l'intelligence...
M. Côté (Charlesbourg): C'est un gars de Laval.
M. Trudel: Puis c'est un gars de Laval, en plus?
M. Côté (Charlesbourg): C'est un gars de
contentieux.
M. Trudel: Oups! Vous avez compris, M. le
président-directeur général?
M. Cantin: Pour bénéficier du programme comme tel,
elle doit être rattachée à un établissement? Il y a
eu un moment où c'était...
M. Trudel: O.K., arrêtons là. Où
retrouvez-vous ça, cette obligation d'être rattaché
à un établissement? Là, vous me décrivez, selon la
RAMQ, ce qu'est un handicapé visuel.
M. Dicaire: C'est une modalité administrative. Je peux,
par directive, dire aux établissements d'assumer les frais et le
ministère les remboursera. Vous donnez un budget aux
établissements, qui comprend le budget de base, qui comprend
également les médicaments, etc., puis vous ajoutez...
M. Trudel: Je comprends ça.
M. Dicaire: ...les handicapés visuels. Vous dites: Payez
les frais optométriques et le ministère vous remboursera à
tous les trois mois, à tous les six mois, à tous les ans.
M. Trudel: Bon, bien, là...
M. Dicaire: Le ministère est capable de l'exercer. Donc,
tout ce qu'il s'agit de faire, c'est envoyer soit une directive ou une lettre
aux centres de réadaptation pour leur indiquer de bien vouloir
procéder au paiement de, puis qu'Us seront remboursés sur
présentation de pièces.
M. Trudel: Non, non, non. Vous allez aussi envoyer une lettre aux
1000 personnes classées handicapées visuelles...
M. Dicaire: 725. M. Trudel: 725? M. Dicaire: Oui,
c'est ça.
M. Trudel: ...aux 725 leur disant: Dorénavant, vos soins
optométriques ou ophtalmologiques, vous allez aller les chercher dans
tel centre. Là, je questionne votre...
M. Dicaire: Dans un centre ou dans un cabinet privé,
à condition que ça se situe ou que ça s'inscrive à
l'intérieur d'un plan de services convenu entre le centre de
réadaptation et le handicapé visuel. Il n'est pas
nécessaire que ces services-là soient obtenus dans un
établissement, lis pourraient, selon le plan de services, être
obtenus dans le cabinet privé d'un optométriste.
M. Trudel: Pourquoi vous compliquer la vie tant que
ça...
M. Dicaire: On ne se la complique pas. C'est très
simple.
M. Trudel: ...au lieu de dire: Les handicapés visuels, ils
ne sont pas exclus. Ils ne sont pas exclus? Là où ils se
procureront le service, ce sera couvert, point. Là, vous dites qu'il
faut qu'ils passent par un plan de services...
M. Dicaire: Non, mais ils sont tous - en tout cas, d'après
ce qu'on m'en dit - d'une façon ou d'une autre, reliés à
un centre de réadaptation. Par ce centre-là, disons, il y a
un plan de services qui est convenu entre l'individu et le centre, dans
l'intérêt de l'individu. Les plans de services
individualisés, je dirais, c'est un plus, et non pas un moins. C'est un
programme qui fait en sorte que la personne peut devenir davantage
autonome.
M. Trudel: M. le sous-ministre, vous allez convenir avec moi que,
s'il est rattaché à un CR, à un centre de
réadaptation, c'est parce qu'il a besoin d'un plan de
réadaptation.
M. Dicaire: Bien oui.
M. Trudel: II y a des handicapés visuels qui n'ont pas
besoin de plan de réadaptation parce que la condition est
constatée. Bon, Us ont les
caractéristiques, les degrés et tout le machin-truc que
vous nous avez décrit et qui a été préparé
par les spécialistes du secteur. Ces gens-là n'ont pas affaire
à un centre de réadaptation.
M. Dicaire: Oui, bien oui, pour avoir les aides visuelles. Il y a
d'autres programmes d'aide visuelle qui sont reliés avec le centre de
réadaptation. De toute manière, à ma connaissance, ils
doivent passer par un centre de réadaptation. Ce n'est pas juste pour
aller voir l'optométriste. Il y a aussi des programmes d'aide visuelle
qui sont adressés à ces individus-là.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
qu'on vise la même chose...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...que les handicapés
visuels soient couverts par un régime assuré.
M. Dicaire: C'était déjà dans le
communiqué de presse.
M. Côté (Charlesbourg): Ça a toujours
été notre volonté, c'a été clairement
exprimé, y compris au niveau du communiqué de presse. J'avais eu
des représentations, en particulier des...
M. Trudel: Des optométristes.
M. Côté (Charlesbourg): Pas des
optométristes, mais des centres, des CAR. À partir de ce
moment-là - ce n'est pas des sommes épouvantables dont il est
question là - on avait accepté de le faire. On va s'assurer
que...
M. Trudel: Mais, là, ce que vous réaffirmez, c'est
que toutes les personnes classées en vertu du règlement de la
RAMQ ou de tout autre règlement ailleurs qui pourrait exister - si je ne
me trompe pas, au ministère du Revenu, on a une définition de
personne handicapée - ...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...ces personnes-là seront couvertes, seront
assurées pour les services de la vue, peu importe leur âge, mais
elles devront aller chercher leurs services dans un établissement ou
selon le plan tracé par l'établissement pour aller chercher les
services chez un opto-métriste ou un ophtalmologiste.
M. Dicaire: C'est exact. Peut-être pour vous
sécuriser, on me dit que, même pour obtenir une canne blanche, la
personne doit passer par un centre de réadaptation. Donc, d'une
façon ou d'une autre, ces individus ou ces personnes doivent, à
un moment donné dans le temps, recourir au centre. Donc, soit qu'ils
obtiennent des services optométriques nécessaires dans le centre,
intra-muros, soit extra-muros sur recommandation du CAR à
l'intérieur de leur plan de services. Il n'y a pas de problème,
sans leur compliquer la vie, par ailleurs.
M. Trudel: Si vous voulez complètement me
sécuriser, faites juste m'expliquer pourquoi vous tenez tant à ce
que ça se fasse en établissement ou que ça passe par un
plan de réadaptation en établissement. On n'en a pas besoin, pas
tout le temps, pas nécessairement. Je sais bien que, pour une grande
partie, oui, mais pas nécessairement. Il existe, encore une fois, des
handicapés visuels qui sont capables de se rendre chez l'opto, chez
l'ophtalmo, sans avoir un plan de réadaptation. Là, pour se faire
payer, ils vont passer par l'établissement, parce que ça va
être assuré en établissement, tandis qu'en se rendant
directement au cabinet privé ils ne seront pas remboursés.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, la
démonstration est à faire. Ce que je comprends, c'est que la
démonstration est à faire. Les handicapés visuels
correspondant à la définition qui est là passent tous par
un CAR. Je pense que c'est une sécurité, y compris pour eux, que
de passer par un CAR qui leur donne accès, soit au CAR même ou en
cabinet privé, aux services d'un optométriste. Moi, en tout cas,
je n'ai pas d'exemple, il ne me vient pas d'exemple à l'esprit de
gens... Peut-être que vous avez des exemples, j'aimerais les avoir. Je
sais que, sur le plan du fond, on poursuit le même objectif clair, que le
handicapé visuel soit assuré. Ils le sont et ils vont le
rester.
M. Trudel: Je veux faire une vérification... M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...parce qu'il y a des handicapés visuels
classés comme tels et pas toujours en vertu de votre loi à vous
autres. Il y en a ailleurs aussi, qui devront passer par... L'OPHQ, par
exemple, a un règlement.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Trudel: L'OPHQ a un règlement pour définir ce
qu'est une personne handicapée et handicapée visuelle.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, ils
marchent avec nous autres.
M. Trudel: Vous allez toutes les récupérer. M.
Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Trudel: Je vous l'ai
dit, tantôt...
M. Côté (Charlesbourg): L'OPHQ n'en aura plus de
programme, tantôt. C'est la RAMQ, c'est le ministère, c'est
d'autres ministères, et il y a donc uniformité à ce
niveau-là. C'est pour ça que... Ma question avait l'air bien
innocente tantôt: Est-ce que, parce que vous avez des lunettes, vous
êtes un handicapé visuel?
M. Trudel: Non, non. Je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là...
M. Trudel: Oui, ça touche tout le monde. (23 h 40)
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ça
ne se définit pas par la personne elle-même; ça se
définit par le règlement qui est là.
M. Trudel: Par la caractéristique.
M. Côté (Charlesbourg): Automatiquement, ceux qui
correspondent à ces règlements-là sont couverts, sont
assurés.
M. Trudel: Par l'établissement. M. Côté
(Charlesbourg): Oui. M. Trudel: Via l'établissement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Via
l'établissement qui peut lui-même donner tes services intra-muros
ou à l'extérieur, dans le cabinet privé auquel il
réfère les gens qui ont ces problèmes. Si d'ici la fin de
la session - parce qu'on va probablement discuter de ce petit projet de loi
d'ici la fin de la session - il y avait des cas particuliers, je suis
prêt à les examiner sachant même que vous voterez contre la
loi.
M. Trudel: Je vais procéder aux vérifications
usuelles...
M. Côté (Charlesbourg): Visuelles? Une voix:
Ha, ha, ha!
M. Trudel: ...nécessaires et utiles en pareil cas. Je
demeure persuadé... Là, j'essaie de retrouver les noms. Je vois
mes cas de comté là où ils ne sont nettement pas
rattachés à des établissements. Enfin, je vais
vérifier pour être plus sûr de mon affaire.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous avez besoin
d'une copie de la description de...
M. Trudel: Non, pas du tout. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Pas du tout. Je suis capable de faire ça
à marée basse, à vue de nez. Par ailleurs, tous les 18-40
ans sont donc, aussitôt que vous avez...
Mme Bleau: Ils sont «flushes», comme dirait votre
député.
M. Trudel: Comme dirait la députée de Groulx, ils
sont «flushes». Qui a dit ce mot-là?
Mme Bleau: M. le député de Terrebonne. Non, non,
pas de Terrebonne, de Masson.
M. Trudel: De Masson.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut surtout pas
mêler Terrebonne et Masson, ce n'est pas une chimie...
Mme Bleau: Ce n'est pas une bonne chimie.
M. Côté (Charlesbourg): II y en a certainement un
des deux qui veut «flusher» l'autre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ah, moi je pense que ça fait un excellent
mariage.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Je pense que ça fait un excellent mariage, une
bonne chimie.
M. Côté (Charlesbourg): II y a quelques
années, lorsque madame était au service de monsieur. On s'entend
bien là, service...
M. Trudel: Le député de Masson, quand on l'aime une
fois, on l'aime pour toujours! Est-ce que vous avez examiné, dans les
18-40 ans qui sont exclus de la couverture d'assurance, les gens qui sont
atteints de ce qu'on appelle généralement une pathologie
évolutive? C'est-à-dire des gens vont aller passer un examen
à 20 ans, on va diagnostiquer une pathologie chez l'opto ou chez
l'ophtalmo, et on dit, à ce moment-là: Bon, là, vous
êtes atteint de quelque chose qui ne va pas se stabiliser et qui ne vous
demande pas rien qu'une prothèse. Vous êtes atteint d'une
pathologie évolutive. Est-ce que vous avez été à
même, d'abord, d'examiner ce que ça pouvait représenter
comme bassin? Je dois vous dire franchement, selon les informations que j'ai
aussi, que ça pourrait représenter, sur les 600 000
Québécois qui vont être touchés,
c'est-à-dire, non, 23 % à 25 % des 600 000
Québécois de cette catégorie d'âge là... Il y
en aurait une dizaine de mille entre 18 et 40 ans. Est-ce que vous avez
examiné ça, ceux qui sont victimes ou dont le diagnostic est
qu'ils souffrent d'une pathologie évolutive et qu'ils ne seraient plus
couverts?
M. Côté (Charlesbourg): Pathologie évolutive,
ça pourrait signifier que c'est médicalement requis. Dans la
mesure où c'est médicalement requis, il est clair que
l'ophtalmologiste fera le nécessaire. Donc, ça serait couvert. Je
vérifie là.
(Consultation)
M. Côté (Charlesbourg): Oui? M. Trudel:
C'est...
M. Côté (Charlesbourg): Non, j'attendais
après vous parce que...
M. Trudel: Ah bon!
M. Côté (Charlesbourg): ...ça a l'air que ma
réponse est bonne.
M. Trudel: Est-ce que vous avez examiné la
possibilité que la couverture puisse toujours s'appliquer pour les gens
chez qui on constaterait une pathologie évolutive?
M. Côté (Charlesbourg): Mais je vous l'ai dit. Je
vous ai dit que, dans la mesure où c'est une pathologie
évolutive, où c'est médicalement requis et si c'est
l'ophtalmologiste, le geste est assuré.
M. Trudel: ïdais l'optométriste ne peut pas
être appelé à poser des gestes pendant une période
de temps x pour quelqu'un atteint d'une pathologie évolutive?
M. Côté (Charlesbourg): À ce moment-ci...
M. Trudel: Oui, il peut.
M. Côté (Charlesbourg): ...l'optométriste,
dans la mesure où il y aurait une pathologie évolutive et qu'il
la constate, va référer à l'ophtalmologiste.
M. Trudel: Oui, mais est-ce que cette personne peut être
appelée, entre 18 et 40 ans, tout au long de sa carrière
d'exclue, à revenir chez l'optométriste? Ça le dit,
là, il y a une pathologie évolutive. Est-ce qu'elle ne peut pas
être appelée à se représenter chez
l'optométriste?
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je pense que, en termes
clairs, les deux pieds à terre, à partir du moment où vous
avez une pathologie évolutive, où vous avez vu un
ophtalmologiste, vous allez continuer de voir un ophtalmologiste et c'est
assuré. C'est médicalement requis. Il peut arriver qu'un individu
se retrouve chez l'optométriste qui constate qu'il y a un haut risque
d'une pathologie évolutive et, à ce moment-là, il va le
référer à l'ophtalmologiste.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): la pire des situations, s'il
a entre 18 et 40 ans, c'est qu'il paierait une visite chez
l'optométriste. ça, c'est le pire qui peut arriver.
M. Trudel: C'est encore trop.
M. Côté (Charlesbourg): Pour moi, vous avez eu des
conversations, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je vous soupçonne
d'avoir des rapports extra-muros.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Moi, je vous ai vu regarder au fond de la salle. Je
pense que vous en avez intra-muros, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): En autant qu'on ne me dise pas
qu'il y en a qui entendent des voix.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Non. On est dans les yeux pour commencer. Ça va
venir plus tard, ça, les appareils pour la voix.
M. Côté (Charlesbourg): Ça vous inspire donc
une question, j'imagine?
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Laquelle?
M. Trudel: Vous ne l'avez pas examinée?
M. Côté (Charlesbourg): C'est sous examen
actuellement.
M. Trudel: Oups! Là, vous allez me faire voter ça
avant que vous finissiez votre examen visuel?
M. Côté (Charlesbourg): Dites-vous donc une affaire,
c'est que vous n'avez jamais eu l'intention de voter.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: M. le Président, si vous voulez ramener le
ministre à l'ordre. Il n'a pas le droit d'imputer des motifs à un
député...
Le Président (M. Joly): Non, mais en fait, moi, je l'ai
pris...
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour vous dire que je
vois clair.
M. Trudel: ...ou de prêter des intentions.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, mais, moi, j'ai pris
ça sous forme de question.
Une voix: Pas d'intention.
M. Trudel: Le député prête des intentions
à un membre de la Législature.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est interdit par le règlement. Qu'est-ce que
le ministre veut dire par on l'examine?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est qu'il a
été porté à notre attention une situation similaire
à celle que vous décrivez avec beaucoup d'intérêt et
de préoccupation, et nous sommes à faire le tour de la
courtepointe pour bien nous assurer que ce qui est assuré est
assuré et ce qui est assurable est assuré. Dans ce
sens-là, nous allons continuer jusqu'à demain, puisqu'il semble
bien que, n'ayant pas adopté l'article 1 ce soir, nous pourrons à
nouveau avoir des discussions sur ce projet de loi aujourd'hui, demain, dans ce
forum-ci ou dans un autre forum, et que, par conséquent, il pourrait y
avoir certains ajustements à la lumière de l'examen plus
spécialisé que nécessite cette demande arrivée au
cours de la journée.
M. Trudel: Si j'ai bien compris, vous feriez un examen du type
«dichromatoscopique»...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Là, on ne sait pas si
c'est...
M. Trudel: ...pour en arriver à savoir si vous voyez de la
bonne couleur? Non. C'est parce que, si vous me dites ça, c'est qu'il
faut en arriver à ce que le résultat de votre examen soit fait
avant l'adoption de cette loi, parce que vous allez être coincés
évidemment avec le projet de loi après. Comme vous avez
l'intention de ne pas priver beaucoup trop de personnes qui auraient droit
à cette couverture d'assurance pour cet examen, je souhaite que vous
puissiez, disons, établir quelques balises qui feront en sorte que vos
intentions soient clairement exprimées. S'il reste quelques
écritures de type juridique, on appellera le notaire à la
rescousse, puis, bon, on écrira ça, pourvu qu'on ait l'intention
ministérielle. (23 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): Ce que nous sommes à
examiner à ce moment-ci, c'est effectivement le fond sur lequel vous
vous êtes penché, à savoir quel est le meilleur moyen d'y
arriver.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce sur le plan
législatif ou réglementaire? Ça, c'est une autre affaire.
Mais, l'intention étant déclarée, H est évident
que, lorsque l'examen sera terminé, nous ferons en sorte d'apporter des
ajustements, si nécessaire, au texte de loi, sinon par voie
réglementaire.
M. Trudel: M. le Président, quant à l'article 1,
j'aurais un amendement à proposer.
Le Président (M. Joly): M. le député, vous
connaissez la procédure. Il s'agit de nous lire votre amendement, de le
déposer de façon à ce qu'on assure la conformité et
après, nécessairement, nous verrons.
Motion d'amendement
M. Trudel: Que l'article 1 du projet de loi 9 soit amendé
par le remplacement dans le paragraphe 1° des mots «dont l'âge
est celui fixé à ces fins par règlement» par
«âgé de 18 ans ou plus et de moins de 41 ans», M. le
Président. C'est comme le projet de règlement que vous nous avez
déposé le 21 mai et que vous avez reporté à notre
connaissance aujourd'hui. Alors, ce que vous aviez l'intention de faire par
règlement, vous le faites par loi.
M. Côté (Charlesbourg): Prenez ça en
délibéré, M. le Président.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, c'est un petit peu ce
qui m'anime, M. le ministre. Je regarde ça, là. Dans une place,
c'est dans le règlement et, dans l'autre place, c'est dans le projet de
loi. Alors, à ce moment-là, je vous avouerai qu'à une
heure tardive comme ça, moi, pour prendre une décision aussi
sérieuse, je me devrais quasiment de suspendre, puis de prendre
ça en délibéré, justement. C'était mon
intention. Compte tenu de l'heure tardive, ça m'amènerait
à vous livrer ma décision demain.
M. Trudel: M. le Président, vous ne voulez pas dire qu'on
n'adoptera pas l'article 1, là?
Le Président (M. Joly): Pour vous dire bien
honnêtement, compte tenu de l'amendement que vous nous soumettez à
cette heure tardive, une décision aussi importante ne peut pas se
prendre en dedans de trois minutes.
M. Trudel: Alors, l'article 1 serait suspendu?
M. Côté (Charlesbourg): m. le président,
d'après ce que je comprends, dans la mesure où vous voulez
prendre en délibéré la recevabilité de cet
amendement...
Le Président (M. Joly): Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): ...évidemment, je
pense qu'il vous appartient de disposer du temps dont vous avez besoin pour
juger de la pertinence, de toute la quintessence de cet amendement et, par le
fait même, dans la mesure où vous le prenez en
délibéré, il est bien évident que c'est à
vous de décider si on suspend l'article ou pas.
M. Trudel: M. le Président, c'est votre décision,
à moins que vous demandiez d'entendre des plaidoiries sur la
recevabilité ou pas.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je pense que...
J'aimerais entendre le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue sur la recevabilité de cet
amendement.
M. Trudel: M. le Président, ma...
Le Président (M. Joly): J'en suis rendu là dans ma
décision; alors, afin de mieux m'éclairer, M. le
député...
M. Trudel: Non, M. le Président, je vous recommande plutôt,
comme vous l'aviez décide-Le Président (M. Joly): Moi, je
suis prêt à subir encore, si...
M. Trudel: ...de le suspendre et d'appeler l'article 2.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha! M. Trudel:
Appelez l'article 2. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
moi...
Le Président (M. Joly): Non. Moi, j'aimerais
plutôt...
M. Côté (Charlesbourg): C'est une question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): J'aimerais plutôt, M. le
député, vous entendre justement sur la recevabilité.
M. Trudel: Bon. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Joly): II vous reste quatre
minutes...
M. Trudel: ...je vais donc plaider sur la recevabilité de
mon amendement.
Le Président (M. Joly): ...pour faire valoir certains de
vos arguments qui pourraient peut-être... Comme on dit, la nuit porte
conseil. Alors, compte tenu de ce que vous me direz, ça influencera
peut-être d'une façon quelconque ma décision.
M. Trudel: M. le Président, je comprends mal votre
hésitation.
Le Président (M. Joly): Ah! Vous y avez droit, mais,
là, vous me prêtez des intentions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ce que je retiens, M. le Président, et c'est
très clair, c'est qu'à l'article 244 de notre
règlement...
Le Président (M. Joly): Alinéa deux, paragraphe
deux, non?
M. Trudel: C'est étude détaillée en
commission. «La commission...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Oui, alors, M. le Président, à 244,
c'est: «La commission saisie étudie chaque article du projet de
loi et les débats portent sur les détails du projet. Les
amendements doivent se rapporter à son objet et être conformes
à son esprit et à la fin qu'il vise.» Alors, M. le
Président, je suis obligé de constater que l'amendement est
très clairement relatif à l'objet du projet de loi 9. On n'a pas
les yeux écarquil-lés à cette heure là, quand
même.
Le Président (M. Joly): C'est là, justement, dans
le dernier...
M. Trudel: Deuxièmement, c'est dans le même esprit
que le projet de loi 9, au niveau des restrictions qui sont
imposées.
Le Président (M. Joly): C'est là où j'ai un
peu de difficulté à vous rejoindre, M. le député,
dans les fins visées. Alors, partant de là, c'est pour ça
que je demanderais que, compte tenu de l'heure, nous ajournions nos
travaux.
M. Trudel: M. le Président, il y a une dernière
question à laquelle je souhaiterais peut-être que vous
répondiez ce soir. Si d'autres forums sont ouverts, à quel moment
allez-vous vous prononcer sur la recevabilité ou non de mon amendement?
Est-ce que vous nous assurez que la commission va siéger demain?
Le Président (M. Joly): Non, je ne peux pas
vous en assurer. Je n'ai pas suM, en fait, ce qui s'est passé en
haut, mais, demain, aussitôt que j'aurai l'ordre de la Chambre, eh bien,
à mon retour, je pourrai rendre ma décision et vous parler de la
recevabilité de votre amendement.
M. Trudel: Alors, je constate donc que, sur le plan de notre
amendement vous en avez été saisi et que, de toute façon,
votre décision doit se rendre.
Le Président (M. Joly): Bien. Je suis saisi de votre
amendement, mais, compte tenu de l'article 244, c'est un peu là que je
ne vous rejoins pas tout à fait. C'est pour ça que j'ai besoin
d'un petit peu plus de temps pour justement rendre ma décision sur la
recevabilité.
M. Houde: M. le Président, il est minuit pile.
Le Président (M. Joly): Si vous le dites, je vous
crois.
Une voix: Motion de clôture. M. Houde: Plus
d'argumentation.
Le Président (M. Joly): Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)