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(Onze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Marcil): Je déclare la
séance ouverte et je rappelle le mandat de la commission des affaires
sociales. Elle se réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives. Est-ce qu'il y
a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Boucher Bacon (Bourget) sera remplacée par Mme Hovington (Matane); M.
Houde (Berthier) par M. Khelfa (Richelieu); Mme Juneau (Johnson) par M.
Paré (Shefford); Mme Marais (Taillon) par M. Garon (Lévis); M.
Paradis (Matapédia) par M. Maltais (Saguenay); M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue) par M. Blais (Masson).
Le Président (M. Marcil): C'est quasiment une nouvelle
commission parlementaire.
M. Bourbeau: C'est l'équipe de relève.
Projet de loi 21
Le Président (M. Marcil): L'équipe de
relève, je m'aperçois de ça. Donc, nous étions
à la période des motions préliminaires. Je suis prêt
à entendre le premier intervenant, M. le député de
Lévis.
Motion proposant d'entendre la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec
M. Garon: M. le Président, je voudrais présenter
une motion qui se lirait comme suit: «II est proposé qu'en vertu
de l'article 244 de nos règles de procédure la commission
permanente des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec.»
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous voulez la
déposer?
M. Garon: Certainement.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on suspend pendant
que vous étudiez la recevabilité?
Le Président (M. Marcil): Je vais étudier la
recevabilité de cette motion.
M. Bourbeau: Allez-vous prendre en délibéré
la motion, M. le Président?
M. Garon: Voulez-vous qu'on suspende nos travaux pendant que vous
étudiez ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Allez-vous prendre en délibéré,
M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Je vous donne la parole, M. le
député de Lévis.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Garon: M. le Président, comme vous avez
constaté...
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Ça va, M. le
député de Lévis...
M. Bourbeau: II y a une procédure qui doit être
suivie avant de donner la parole au député de Lévis. La
présidence doit rendre sa décision sur la recevabilité. Je
n'ai pas entendu la décision de la présidence. J'espère
qu'elle va être motivée aussi, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui. Donc, après
mûre réflexion...
M. Garon: Par écrit.
Le Président (M. Marcil): ...je considère que la
motion est recevable. Donc, je vais entendre le député de
Lévis.
M. Bourbeau: Ce n'est pas tellement motivé, M. le
Président, je dois dire.
Le Président (M. Marcil): Ce n'est peut-être pas
motivant, M. le député, mais je me suis motivé à le
dire.
M. Garon: C'est parce que, M. le Président, j'ai compris
que les postulats n'ont pas à être démontrés, non
plus que les axiomes.
M. le Président, vous avez remarqué, ce matin, quand vous
avez dit...
Le Président (M. Marcil): ...je tiens à vous
informer...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Marcil): ...M. le député et
tous les députés, ça m'est déjà
arrivé, dans le premier mandat, M. le députe de Terrebonne, vous
vous en souvenez... J'aimerais bien que dans le débat, toujours, on
n'oublie pas la pertinence. Donc, votre temps va être respecté.
Allez-y.
M. Jean Garon
M. Garon: Oui, oui. Aucun doute. Vous comprenez, M. le
Président, quand, ce matin, on a annoncé que je remplaçais
la députée de Taillon, que c'est une figure de style, puisque je
ne remplace pas, je suis incapable de remplacer la députée de
Taillon, excepté qu'essentiellement on veut dire que je prends la place
de la députée de Taillon pour la séance d'aujourd'hui.
Une voix: Vous prenez son siège. (11 h 30)
M. Garon: D'abord, c'est une question qui est très
importante, et on a mis en cause le Mouvement Desjardins dont le siège
social est à Lévis. Alors, je ne pouvais pas passer à
côté de cette commission parlementaire, puisqu'on met en cause le
Mouvement Desjardins. Je pense qu'on ne peut pas mettre en cause un mouvement
de l'importance du Mouvement Desjardins sans qu'on entende le président
du Mouvement Desjardins, le président de la Confédération
des caisses populaires Desjardins, surtout avec un nom comme celui-là,
difficile à porter, la Confédération des caisses
populaires Desjardins. Vous savez que M. Béland est le président
d'une fédération de fédérations. C'est à ce
titre que nous pensons que nous devrions l'inviter, d'autant plus que certains
députés ont évoqué une lettre que nous n'avons pas
reçue, et dont nous venons juste d'avoir copie. Je ne l'ai même
pas encore lue. Je vais vous dire bien franchement, je viens juste d'en avoir
une copie. Je vois qu'elle a été envoyée le 30 mars 1992,
mais nous ne l'avons jamais eue.
On voit, en regardant cette lettre de la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, qui est le comté le plus près du
comté de Lévis, donc qui est plus près du siège
social de la Confédération des caisses populaires Desjardins...
Regardez le texte qu'elle a reçu un peu avant moi, et elle m'a
indiqué que les représentations que fait le Mouvement Desjardins
dans sa lettre au ministre sont très, très limitées et
qu'il faudrait véritablement, avant d'adopter un projet de loi de cette
nature et d'accuser le Mouvement Desjardins de la paternité de ce
mouvement, le ministre en assumant la maternité, puisqu'on laisse
entendre que celui qui en a fait la demande, c'est le Mouvement Desjardins...
C'est comme si on disait que c'est le Mouvement Desjardins qui demande au
gouvernement de priver l'ensemble des citoyens d'une longue fin de semaine, une
longue fin de semaine au début de juillet, que les gens étaient
habitués d'avoir à l'occasion de la fête de la
Confédération. On comprendra qu'il y a des employés - il y
a des milliers d'employés dans le Mouvement Desjardins - qui seraient
très déçus d'apprendre une chose comme celle-là,
puisque je suis persuadé qu'à l'heure où on se parle
beaucoup d'entre eux ont déjà planifié leur fin de semaine
de trois jours à l'occasion de la fête de la
Confédération...
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Garon: ...et que l'ensemble des citoyens...
M. Bourbeau: ...est-ce que je pourrais poser une question?
Le Président (M. Marcil): Oui, un instant, M. le
député.
M. Bourbeau: Sans interrompre le député,
là...
Le Président (M. Marcil): Une question de
règlement, M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui. Je pense qu'il conviendrait peut-être que
le député lise la lettre avant de parler plutôt que de
parler avant de la lire.
M. Garon: Oui.
M. Bourbeau: II comprendrait que le Mouvement Desjardins veut
fêter le 1er juillet. Donc, les employés du Mouvement Desjardins,
d'après la lettre, vont être en vacances le 1er juillet. C'est le
sens de la lettre de M. Béland.
M. Garon: Oui, mais c'est ça que je dis.
M. Bourbeau: Non, ce n'est pas ce que vous dites.
M. Garon: Bien oui. J'ai dit: ...priver d'une longue fin de
semaine.
M. Bourbeau: Bien non. Le 1er juillet, c'est un mercredi.
M. Garon: Bien, le mercredi, ce n'est pas une longue fin de
semaine. Si on a un congé le mercredi, on travaille le... et on a un
congé le samedi et le dimanche, ce n'est pas comme avoir une longue fin
de semaine de trois jours.
M. Bourbeau: C'est ça que M. Béland veut, le
mercredi.
M. Garon: C'est pourquoi je préfère m'en tenir
à une lettre dont on nous a donné tardivement copie, alors que M.
Béland... et m'en tenir au discours de M. Béland à la
basilique de
Québec, devant 700 personnes, où il disait qu'il ne
fallait pas ajuster les hommes aux machines, mais ajuster les machines aux
hommes...
Une voix: Ou aux femmes.
M. Garon: ...ou aux femmes, qu'il ne fallait pas avoir une
pensée oeconomicus, arrêter de défendre l'homo oeconomicus,
mais défendre l'être humain dans sa totalité, dans sa
globalité, dans ses fonctions de père ou de mère de
famille, dans ses responsabilités sociales, ne pas s'ajuster aux
machines. Quand j'ai entendu des discours comme j'en ai entendu à
l'Assemblée nationale, M. le Président, de gens qui nous disaient
que les machines étaient importantes, qu'il y a des opérations
bancaires qui ne pourraient pas être faites cette
journée-là s'il y avait congé le lundi, imaginez-vous
à quel point ça doit être épouvantable, alors que
nous sommes dans le libre-échange, la plus grosse partie de nos
exportations s'en va aux Etats-Unis et les Américains fêtent, eux,
le 4 juillet. Vous savez qu'il y a bien plus de chances, à ce
moment-là, que certaines journées... On serait peut-être
mieux de fermer le 4 juillet, parce que j'ai l'impression qu'on fait de plus en
plus des affaires avec les Américains et qu'on fera, dans l'avenir, de
moins en moins des affaires avec le Canada. Arriver aujourd'hui avec une
fête comme celle-là et vouloir faire ces changements aujourd'hui,
il me semble que c'est à contre-courant. Si on avait fait ça en
1867, je ne dis pas. Ça aurait commencé à ce
moment-là, alors que les affaires n'étaient pas
considérables, mais, aujourd'hui, on s'en va beaucoup plus dans le
libre-échange avec des affaires qui vont se faire avec les
Américains, peut-être avec le Mexique, avec le reste de
l'Amérique, et de moins en moins on aura des affaires à faire
avec la Saskatchewan, la grosse Saskatchewan de M. Romanow, dont on dit que,
dans 15 ans, sa population pourrait baisser de 1 000 000 à 650 000.
Une voix: Ah oui?
M. Garon: Bien oui. Les prévisions des grands
planificateurs ou des grands penseurs de l'avenir; ils ont dit que la
population de l'Ouest du Canada va diminuer. J'avais dit, à une
conférence fédérale-provinciale, même en 1985, que
ce qui serait le plus rentable dans l'Ouest, ce serait sans doute de
recommencer à faire l'élevage du bison dans des prairies
naturelles et d'organiser des safaris à 5000 $ du bison; ça ne
coûterait pas de subventions au reste du Canada. Parce qu'il faut payer
des milliards de subventions par année pour maintenir des gens là
et ce n'est pas évident qu'ils doivent être là. Quand vous
allez vous promener dans l'Ouest, chaque fois qu'il y a un cours d'eau, vous
voyez un petit cerne autour, c'est le sel qui sort de la terre. Il y a un
problème de salinité épouvanta- ble, et il faut payer des
milliards pour maintenir ça, alors qu'aujourd'hui les productions de
l'Ouest sont de moins en moins nécessaires.
Les Ukrainiens qui sont venus au Canada au XIXe siècle,
aujourd'hui je dois vous dire qu'on voit de plus en plus de missions qui
s'organisent entre le Canada et l'Ukraine. L'Ukrainien qui retourne voir en
Ukraine, puisque, maintenant que le communisme, la fédération
soviétique vient de péter au fret, M. le Président, la
fédération, la confédération soviétique, et
qu'on revient à la Russie... Là, les Ukrainiens peuvent se sentir
davantage ukrainiens, ils retournent en Ukraine voir ce qui pourrait être
fait. On sait que les terres de l'Ukraine sont bien meilleures que les terres
de l'Ouest du Canada, mais que les méthodes de commercialisation du
communisme font défaut. Les méthodes communistes, d'avoir des
fermes immenses à 4000 acres ou hectares, avec plusieurs personnes qui
travaillent là-dessus, la Russie s'est rendu compte - ça a pris
bien du temps à s'en rendre compte - que, finalement, les paysans qui
avaient un petit lopin de terre à côté de leur maison,
d'à peine un acre ou même de moins que ça, ces
acres-là, qui représentaient moins de 10 % de la superficie,
représentaient plus de 40 % de la production. Parce que l'être
humain étant ce qu'il est, les gens travaillaient plus fort sur leur
acre personnel, tout petit, à côté de leur maison, que sur
la grande ferme de l'État. Après 75 ans de communisme!
Voyez-vous, c'est un peu comme la Confédération. En Russie,
ça a pris 75 ans à se rendre compte que la
confédération soviétique n'était pas bonne. Ici,
nous autres, les Canadiens, ils sont plus lents. Alors, après 125 ans,
on voit qu'on est dans le goulot d'étranglement actuellement et que des
gens commencent à se poser des questions sur ce fonctionnement qui est
un accident historique, en réalité, M. le Président.
Vous savez, si les États-Unis n'étaient pas devenus
indépendants en 1783, après le Boston Tea Party, où les
Américains n'ont pas voulu payer de taxes à l'Angleterre sans
être représentés, puis ils ont décidé de se
libérer, ils ont même envoyé des émissaires ici,
pour embarquer avec eux. Les gens de mon village, un certain nombre de
personnes du village d'où je suis originaire, Saint-Michel de
Bellechasse, d'ailleurs se sont joints à la révolution
américaine. Je dois vous dire que, même, il y en a un certain
nombre qui sont enterrés dans le stationnement de l'église, parce
qu'à ce moment-là l'Église excommuniait les gens qui
participaient à la révolution, américaine, parce que
l'Angleterre, voyant arriver cette menace, avait accepté de donner des
droits religieux en 1774, avec l'Acte de Québec, et avait oublié
le serment du Test qu'elle avait passé en 1673. Pourquoi? Pour amadouer
les Québécois ou les Canadiens français du temps pour
qu'ils restent avec la couronne anglaise. Mais, comme les Américains,
eux, avaient décidé de se libérer et d'être eux-
mêmes... Et, à ce moment-là, la population des
États-Unis, ce n'était pas une population considérable,
c'était quelques millions de personnes. Quand les Américains ont
fait l'indépendance américaine, vous savez, ils étaient
moins nombreux que les Québécois le sont aujourd'hui. Ils ont
décidé de devenir indépendants, et l'Angleterre s'est
retrouvée avec quelques colonies au Nord, qui n'étaient pas
grosses, et elle a pensé qu'en les regroupant, dans deux Canada, elle
pourrait mieux les défendre et, ensuite, dans une
Confédération pour cautionner les dettes des compagnies de
chemins de fer anglaises qui s'étaient endettées en faisant des
chemins de fer vers l'Ouest. (11 h 40)
Au fond, elle regroupait des colonies au Nord qu'il restait, le
résidu de l'Amérique du Nord qui n'était pas
embarqué dans l'indépendance américaine. Le Canada, c'est
ça. C'est un accident historique. C'est un pays formé en
réaction. Et formé avec quoi? Avec des loyalistes qui ont
quitté les États-Unis avec leurs boeufs puis leur charrette, leur
femme et leurs enfants, et ce qui restait de place dans la charrette pour
mettre du ménage ou encore des vêtements, parce qu'ils ne
pouvaient pas tolérer de vivre autrement que sous la couronne
britannique.
Une voix: Les loyalistes.
M. Garon: Vraiment, il fallait avoir un amour incroyable de la
reine d'Angleterre ou du roi d'Angleterre pour quitter les États-Unis,
pays merveilleux, des paysages extraordinaires, encore aussi beaux,
peut-être mieux que les Rocheuses, M. le Président. Partir avec
une voiture, deux boeufs. Ceux qui étaient plus riches pouvaient avoir
deux voitures avec deux boeufs, quatre boeufs. Comme, dans ce temps-là,
les familles étaient nombreuses, ils partaient avec leur femme et
peut-être leurs 10 ou 15 enfants, imaginez-vous qu'il ne restait pas
beaucoup de place pour des meubles dans la voiture ou dans la charrette. S'en
venir au Nord dans le froid, parce qu'ils trouvaient intolérable...
Abandonnant leur maison, leur terre, tout ce qu'ils ne pouvaient pas amener
dans la charrette, pour s'en venir rester au Nord sous la couronne
britannique...
Le Président (M. Marcil): M. le député, vous
parlerez un petit peu de la fête du Canada dans votre discours.
M. Garon: Oui, c'est pour ça. Bien oui, c'est ça
que je dis. Au fond, c'est ce qui est arrivé en réaction. C'est
les loyalistes qui refusaient l'indépendance américaine. C'est un
peu comme les Mohawks, ça. Les Mohawks, vous savez, ils se sont
trompés. Au moment de l'indépendance américaine, ils se
sont demandé - d'ailleurs, il y a un film qui a été fait
là- dessus - s'ils devaient embarquer avec les Américains ou les
Britanniques? Et, torturés, ils ont décidé d'embarquer
avec l'Angleterre, parce qu'ils ont pensé que l'Angleterre gagnerait.
Mal leur en a pris; ils ont perdu. Ayant peur des représailles, ils ont
dit à la mère britannique: Aidez-nous! les Américains vont
nous maltraiter. Et les Américains, les Anglais, l'Angleterre leur a
donné un petit espace de terrain au sud de Montréal. Et, depuis
ce temps-là, on a les Mohawks qui ont gardé leur
fidélité totale à la couronne britannique.
Mais, dans le fond, encore là, c'est une erreur. Le Canada, on
dirait, est toujours bâti sur des erreurs. Erreur des Mohawks qui se sont
trompés d'alliés. Ils n'ont pas pris les bons. Hein?
Une voix: Les loyalistes.
M. Garon: Erreur de Champlain qui a embarqué avec les
Hurons plutôt qu'avec les Iroquois. Des Hurons, s'il était
arrivé 15 ans plus tard, il n'en aurait pas resté. C'était
une espèce en voie d'extinction...
Le Président (M. Marcil): Erreur de Jacques Cartier...
M. Garon: ...parce que les Iroquois étaient en train
d'exterminer les Hurons. Encore une erreur. Quand vous regardez le Canada,
c'est une suite d'erreurs. Quand vous regardez que Christophe Colomb a
découvert l'Amérique...
Une voix: C'est une erreur.
M. Garon: Erreur. Il s'en allait en Chine.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix:...
M. Garon: Pardon, au Japon. Puis, après ça, quand
vous regardez Jacques Cartier, bien, lui, il est reparti, puis il a toujours
pensé qu'il était arrivé en Chine, ou au Japon, je ne m'en
rappelle pas. Mais en tout cas.
Une voix: Aux Indes.
M. Garon: Aux Indes, pardon. Aux Indes.
Une voix: Les Indiens.
M. Garon: c'est pour ça qu'il appelait ça
même les indiens. encore un autre qui s'est trompé, m. le
président. le canada est bâti sur une suite d'erreurs.
Alors, aujourd'hui, on ne voudrait pas qu'on fête une fête
sur une erreur d'interprétation d'une lettre de m. béland. ce
serait une autre erreur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Et je suis convaincu - parce que je connais M.
Béland et je connais le Mouvement Desjardins - que le Mouvement
Desjardins n'aurait jamais l'âme assez basse pour vouloir enlever une
longue fin de semaine aux citoyens. Jamais! Jamais! J'en suis convaincu. Et
comme on est en train de faire des erreurs d'interprétation, en tout
cas, il y en a un qui en fait une. Le ministre dit: C'est ça que le
Mouvement Desjardins veut et nous, nous disons non. Alors, la seule
façon de trancher ça - puisqu'on dit qu'on donne la
paternité de cette loi et de cette disposition au Mouvement Desjardins,
on ne peut pas faire une loi sur une erreur - il faut faire venir la
Confédération des caisses populaires Desjardins pour leur dire:
Dites-nous franchement, voulez-vous vraiment... est-ce que c'est vrai,
l'interprétation que fait le ministre de votre lettre, que vous voulez
enlever la longue fin de semaine aux Québécois à la
Confédération pour que le Canada fête sa fête le 1er
juillet de façon obligatoire, et que, quand ce sera un mercredi, ce sera
un mercredi, quand ce sera un mardi, ce sera un mardi, quand ce sera un jeudi,
ce sera un jeudi, puis, quand ce sera un vendredi, ce sera un vendredi-Une
voix: Là, ce sera une longue fin de semaine.
M. Garon: Oui, ça arrivera une fois de temps en temps.
Une voix: Une autre erreur.
M. Garon: Est-ce que c'est ça que vous voulez? Moi, je ne
voudrais pas qu'on fasse cette erreur. Je comprends qu'il y a des effaces au
bout des crayons, que les gens ont mis des effaces au bout des crayons parce
qu'on peut se tromper, mais excepté que ce n'est pas nécessaire
de finir l'efface avant d'avoir fini le crayon. C'est pourquoi il faut essayer
de minimiser les erreurs en faisant des consultations appropriées.
Essentiellement, la lettre dont on vient de parler - je suis persuadé
que les gens vont vous parier beaucoup de cette lettre - ceux qui l'ont vue
disent tous, de notre côté, que ce n'est pas ça que le
Mouvement Desjardins dit. Et moi, comme je connais le Mouvement Desjardins dans
ses principes, dans ses raisons de sa fondation, dans sa philosophie, et M.
Desjardins... Écoutez, il faut le faire! Il n'y a pas beaucoup de monde
qui a parié dans la cathédrale de Québec. La plupart de
ceux qui sont allés, ils ne pariaient plus quand ils y sont
allés.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ils sont allés pour leur dernier voyage dans la
cathédrale, et là on leur a fait une cérémonie pour
les saluer parce qu'on ne les reverra plus. Excepté que M.
Béland, lui, est allé parier à des vivants, devant 700
personnes, et il a dit à tout le monde quelle erreur on fait. C'est
d'adapter les hommes aux machines, les êtres humains aux machines. Pour
le confort des machines, on emmerde des êtres humains. On
éc?ure les citoyens pour le confort des machines.
Quand j'entendais la députée de Bellechasse, M. le
Président, qui nous laissait entendre - comprenez-vous - que le
Mouvement Desjardins, et d'autres députés ministériels qui
ont suivi voulaient absolument qu'on ajuste les êtres humains aux
machines, j'ai dit: Non, ça, ça ne marche pas. Avant ce
moment-là, je n'avais pas l'intention de parier, mais, quand j'ai
entendu ces discours, j'ai dit: On ne peut pas faire ça au Mouvement
Desjardins, on ne peut pas faire en sorte que les gens pensent - parce que
ça va passer à l'histoire, hein?... Les gens diront, après
ça: C'est au Mouvement Desjardins, et je ne voudrais pas occasionner de
dépenses aux citoyens, ou que le Mouvement Desjardins sera obligé
de passer des annonces dans les journaux et dire: Ce n'est pas vrai, ce n'est
pas ça qu'on a demandé au gouvernement, et le gouvernement a
désapprouvé ce qu'on a droit de congé... il n'aurait pas
besoin de prendre d'alibi pour essayer d'accuser quelqu'un d'autre de vouloir
le faire. Je suis convaincu que le Mouvement Desjardins, je suis
persuadé que M. Béland vous dirait: Non, jamais nous n'avons
voulu priver les citoyens d'une longue fin de semaine.
Et rappelez-vous bien quand on parie des gens qui travaillent selon les
normes du travail. Ça, c'est comme le salaire minimum. Moi, je me
rappelle, je vais vous répéter, vous dire quelque chose que je
n'ai jamais dit publiquement pour être enregistré dans un
débat public. Je me rappelle, quand j'étais au Conseil des
ministres, du temps du premier ministre M. René Lévesque, on
pariait du salaire minimum, et quelqu'un avait dit: II faudrait peut-être
bien trancher, ça fait deux heures qu'on parie de la question. Et M.
Lévesque avait dit, à ce moment-là: Non, on va prendre
tout le temps qu'il faut, parce que les seuls défenseurs que les gens au
salaire minimum ont sont ici autour de la table; ils n'ont pas d'autre chose
que la loi et les règlements du Conseil des ministres, et nous autres,
il faut prendre le temps pour prendre une décision qui est la bonne
décision parce qu'ils n'ont pas d'autres défenseurs. Au
contraire, il y a une loi pour protéger un salaire minimum, parce qu'il
n'y a rien d'autre qui les défend que cette loMà, et les
décrets qui sont adoptés en vertu de cette loi-là par le
Conseil des ministres. Et le premier ministre du Québec du temps, M.
Lévesque, avait dit: II faut prendre tout le temps qu'il faut et, quand
on aura fini notre discussion, prenons la meilleure décision possible,
mais, au moins, on saura qu'on aura tout le temps qu'il faut pour
des gens dont nous sommes les seuls protecteurs. Ça, c'est les
gens au salaire minimum. Même chose que ceux qui ont des vacances, 4 %
par année pendant...
M. Bourbeau: C'est pour ça que vous l'avez gelé
pendant...
M. Garon: Là, je regrette, parce que vous remarquerez
qu'aujourd'hui, vous regarderez, il y a actuellement 12,5 % de chômeurs,
et votre ministre des Finances annonce officiellement que le taux ne baissera
pas avant 1996. 1996, c'est loin. Alors, ça prend beaucoup
d'humilité de la paît d'un gouvernement qui pense être au
gouvernement et, parce qu'il va être au gouvernement, le taux de
chômage va rester à au moins 12,5 %, il ne baissera pas. Alors,
quand un ministre qui a déjà été
député pendant 36 ans est prêt à admettre ça,
il est prêt à faire une grosse admission au point de vue des
possibilités de son gouvernement et des capacités de son
gouvernement à réduire le chômage. En partant, parce que
vous savez que le budget, c'est quasiment un engagement, il prend un
engagement, quasiment, que le chômage ne baissera pas en bas de 12,5 %
d'ici à 1996. C'est une admission considérable. Je n'ai jamais vu
un ministre des Finances dire ça, d'ailleurs. Mais, quand on n'a pas de
programmes, quand on n'a pas de perspectives, quand on n'a pas de projets
vis-à-vis des problèmes économiques, bien,
évidemment, on dit des choses comme celle-là pour essayer
d'habituer les gens à leur misère. Il manquait juste au ministre
des Finances à dire que, heureusement... (11 h 50)
II manquait juste au ministre des Finances à dire que,
heureusement... Il pourrait dire, il aurait pu dire, et je pense qu'il est
à la veille de le dire, que ceux qui, par ailleurs, auront moins ici-bas
seront mieux placés de l'autre bord. Il aurait peut-être pu dire
ça pour essayer d'aider les gens à endurer leur sort. Mais,
aujourd'hui, les gens pensent moins... On pense moins, quand on parle de ces
questions-là, à un Dieu vengeur, à un Dieu qui aime voir
le monde souffrir. Nous autres, on a eu des écoles jansénistes,
ici, épouvantables, au Québec. On a toujours pensé de voir
l'avenir avec un Dieu qui nous aimait tristes, qui nous aimait miséreux,
qui nous aimait dans la misère, qui nous aimait souffrants. Je me
rappelle, moi, quand j'étais à l'école, on nous montrait
toujours le portrait de Gérard Raymond. On nous disait: Lui, il se
faisait souffrir, il mettait des affaires dans son matelas pour avoir mal
pendant qu'il dormait. Moi, je me suis toujours dit: Je ne peux pas croire que
le bon Dieu, il est heureux parce que quelqu'un souffre, puis des gens
souffrent, se font souffrir pour le rendre heureux. J'ai toujours pensé
que ça ne marchait pas, j'ai toujours pensé que ceux qui
enseignaient ça disaient des niaiseries. Je vais vous dire bien
franchement, j'ai toujours pensé qu'un bon Dieu qui aime les gens
malheureux, ça ne peut pas être un bon Dieu et qu'au contraire il
veut les gens le plus heureux possible. Mais c'était le langage du temps
que les puissants avaient inventé pour faire en sorte que les gens
misérables endurent leur sort, pour essayer de justifier leur
misère en disant: Plus tard, vous allez avoir une meilleure place quand
vous allez être de l'autre bord. Mais ceux qui leur disaient ça,
ils n'avaient pas l'air à être préoccupés à
avoir une bonne place de l'autre bord. Ils aimaient mieux avoir la meilleure
place ici. Ceux qui leur tenaient ces discours-là, eux, ils n'avaient
pas l'air à aimer ça, être bien de l'autre bord. Ils
avaient l'air à dire: Moi, j'en profite pendant que ça passe,
mais vous autres, vous allez être mieux de l'autre bord; je veux
tellement votre bien que je vais le prendre en attendant pour vous rendre plus
heureux de l'autre bord. Alors, on ne voudrait pas que ça arrive,
ça. Puis on ne voudrait pas donner à penser que les
libéraux attribuent la paternité d'une telle pensée au
Mouvement Desjardins.
Moi, je suis convaincu, et je le dis parce que je pense être
complètement connecté sur les citoyens quand je dis ça,
à tel point, écoutez... À quel point, écoutez,
bien... La journée où je faisais un discours là-dessus en
Chambre, à 16 h 15, 16 h 20, jeudi, si ma mémoire est bonne, on
rencontrait la Chambre de commerce après, et je ne savais pas que les
gens de la Chambre de commerce avaient écouté mon discours.
Après la rencontre avec la Chambre de commerce, les gens m'ont dit: Ils
ont entendu ton discours et ils ont dit: De quoi le gouvernement se
mêie-t-il de vouloir changer ça, de mettre la
Confédération le mercredi plutôt qu'une longue fin de
semaine? Parce que même les commerçants trouvent ça plus
avantageux d'avoir la fête une longue fin de semaine, parce que fermer le
magasin une journée, le mercredi, pour, après ça, le
refermer deux jours, même les gens d'affaires aiment mieux... Puis c'est
rare que les consommateurs, les travailleurs et les gens d'affaires ont tous la
même vision des choses. Ils aiment tous mieux avoir une longue fin de
semaine de trois jours. C'est plus utile pour ceux qui prennent leurs vacances
parce qu'ils peuvent mieux s'organiser. C'est plus utile pour les
consommateurs, c'est plus utile pour les entreprises, c'est plus utile pour
tout le monde. Alors, pourquoi le gouvernement... À moins qu'on ait en
face de nous un gouvernement méchant qui dise: J'aime ça, j'aime
mes Québécois quand ils souffrent un peu plus. Pourquoi vouloir
absolument détruire cette fin de semaine de trois jours pour des gens
qui, au fond, ne sont pas couverts par des conventions collectives, qui ont, au
fond, comme principal partage la loi du salaire minimum, la loi des vacances
minimums, les 4 %, puis la Loi sur les normes du travail pour leur dire: Vous
autres, ne vous en faites pas, votre fête du
Canada, ça va être le mercredi si c'est le mercredi, vous
n'aurez pas une longue fin de semaine?
Moi, je pense que l'ensemble des citoyens n'est pas d'accord avec
ça, avec le projet de loi qu'il y a ici. C'est notre évaluation,
parce que, si on pensait que les gens étaient d'accord, vous pensez que
ça passerait vite, il n'y aurait pas beaucoup de discussions. On est
convaincus. Dans le débat, les libéraux essaient de se
dégager de la paternité de l'affaire puisqu'ils disent: Nous
autres, ce n'est pas parce qu'on veut ça plus particulièrement.
Sauf quelques-uns. J'ai vu le député de Verdun, oui, je me
rappelle, le député de Verdun a dit que, lui, il voulait
ça expressément. Je me rappelle d'avoir entendu l'enregistrement
de sa convention, à M. le député de Verdun. Il expliquait
aux citoyens qui ne voulaient pas l'avoir comme candidat, il leur disait -
ça a été enregistré et ça a passé tel
quel à Radio-Canada: Que vous le vouliez ou non, je serai votre candidat
parce que mon chef a dit que c'était moi, le candidat; que vous le
vouliez ou non. Et ça a passé tel quel aux nouvelles, je l'ai
entendu. Je l'ai entendu, je n'en revenais pas. Je n'avais jamais entendu
parler d'une affaire comme ça.
Une voix: II a été élu pareil.
M. Garon: II n'a pas été élu, il a
été nommé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II a été nommé. Il disait aux gens
avec la même voix que je l'ai entendu dire au Parlement: Ça va
être un mercredi, la fête du Canada. L'air un peu enragé,
dire: Vous allez y goûter!
Une voix:...
M. Garon: Bien, il disait aux militants libéraux qui
étaient dans la salle: Que vous le vouliez ou non, militants
libéraux, c'est moi qui serai votre candidat. Que vous le vouliez ou
non! Bien, nous autres, on n'aime pas une société bâtie
comme ça. Nous autres, on n'aime pas...
Une voix: Les électeurs...
M. Garon: II y a des masochistes partout.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, essentiellement, ce que je veux dire, je ne
voudrais pas qu'on attribue faussement une paternité au Mouvement
Desjardins, en essayant de se déguiser en courant d'air sur le plan de
la responsabilité pour essayer de la passer à une autre. On a vu,
dans les discours à l'Assemblée nationale, des
députés libéraux qui disaient: Ah! mais ce n'est pas nous
autres; nous autres, ça ne nous fait rien que ce soit une longue fin de
semaine, mais c'est le Mouvement Desjardins qui dit ça, ça fait
son affaire dans ses affaires bancaires parce que les banques seraient ouvertes
en même temps que les banques de Calgary, les banques d'Edmonton, les
banques de Winnipeg... Parce que, si on va voir les montagnes Rocheuses...
Une voix: Les banques à grain donner le 4 juillet.
M. Garon: Moi, j'ai dit: Là, c'est
déconnecté. Je vais vous dire une chose: ça, c'est
vraiment le confort des banques, on est mieux d'avoir notre fête le 4
juillet. On fait bien plus affaire avec les États-Unis et on va faire
bien plus affaire avec les États-Unis dans l'avenir qu'avec Regina. Il
faut manquer d'imagination que de dire: On s'en va à Regina. J'ai
été dans beaucoup de conférences
fédérales-provinciales, je vais vous dire une chose: à
Regina, les gens arrivaient le matin même et repartaient le soir
même.
Une voix: Ah oui?
M. Garon: Ce n'est pas un endroit touristique ou un endroit
où il y a grand-chose à faire, à Regina. M. Romanow vient
de là. C'est pour ça qu'il aime ça parler de la
Constitution comme ça, il n'y a rien d'autre à faire. Ça
suppose que sa lecture, le soir, c'est de lire la Constitution, parce
qu'à Regina, comprenez-vous, l'avenir est sûrement... À
moins que le gouvernement libéral nous dise: Maintenant, on a
signé le libre-échange, mais l'avenir, vous autres, c'est dans
l'Ouest; c'est à Regina, l'avenir. Moi, je ne sais pas, j'ai
pensé que notre avenir serait plutôt avec New York, avec
Philadelphie, avec Boston, avec Chicago. Mais, eux autres, ils disent: Non,
non, on vous ramène dans le droit chemin: Regina, Moose Jaw. Moose Jaw,
moi, j'ai su que ça existait parce qu'on donnait toujours la
météo de Moose Jaw, au Canada. Quand j'étais petit gars,
on disait toujours quelle température il ferait à Moose Jaw.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II y en avait un autre, ...Current, je ne me rappelle
pas...
Une voix: Swift Current.
M. Garon: Swift Current. Je ne sais pas où c'est
exactement, Swift Current, mais je sais quelle température il faisait,
je l'ai su pendant des années. À tous les jours, on nous disait:
À Swift Current, telle température; à Moose Jaw, telle
température. On avait de la misère à savoir quel temps il
ferait chez nous le lendemain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Lévis oublie Medicine Hat. Medicine Hat.
M. Garon: Non, Medicine Hat n'était pas dans les... Ils ne
le disaient pas, ils ne donnaient pas la température à Medicine
Hat.
M. Bourbeau: Ah! ils ne le disaient pas? Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Marcil): II vous reste deux minutes, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Alors, M. le Président... Une voix:
Laissez-le aller.
M. Garon: ...vous comprendrez que l'avenir, j'en suis
persuadé, est beaucoup plus au Sud que dans l'Ouest, dans le
libre-échange, et de dire qu'on veut se connecter avec les banques de
l'Ouest, surtout, je vais vous dire une chose, je pense qu'on serait mieux de
ne pas trop être connectés avec eux autres. Vous avez vu les deux
qui ont fait faillite, qui nous ont coûté une fortune? On a
payé à 100 %, sans pleurer, parce qu'on est toujours un peu
masochistes au Québec. On a payé les deux banques. Ça nous
a coûté combien d'argent? 1 500 000 000 $?
Une voix: Mets-en.
M. Garon: On a payé pour les banques de l'Ouest. Je pense
qu'on va être plus en sécurité si on n'est pas trop
connectés.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député.
M. Garon: M. le Président, je pense qu'il faut absolument
voir le Mouvement Desjardins - c'est pour ça, la motion - pour qu'on
n'attribue pas faussement à M. Béland et au Mouvement Desjardins
une demande, que les gouvernements font, que les députés
ministériels font, que le gouvernement veut faire, do priver les
citoyens d'une longue fin de semaine, en vertu du projet de loi qu'il
présente devant nous. Je voudrais que M. Béland puisse, avec tous
ceux du Mouvement Desjardins qui voudront venir avec lui, nous dire ce qu'ils
veulent exactement, en respectant le discours à la basilique de
Québec où M. Béland disait à la face du
Québec...
M. Bourbeau: Le discours de Notre-Dame.
M. Garon: ...qu'il faut ajuster les machines aux êtres
humains plutôt que les êtres humains aux machines.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député. C'est la grâce que nous nous souhaitons tous. Nous
avons entendu parler de la température à Moose Jaw, sauf qu'on
n'a jamais entendu parler de la température le 1er juillet, chez
nous.
Maintenant, est-ce qu'il y a un membre du parti ministériel qui
veut intervenir?
Une voix: Mme Cardinal? Mme Loiselle?
Le Président (M. Marcil): Vous avez un mot à dire,
M. le ministre? (12 heures)
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Je suis très
heureux de voir la façon dont les travaux progressent ce matin, M. le
Président. J'espère qu'on va pouvoir arriver à l'article 1
avant l'heure du midi, qu'on en est à la dernière motion
préliminaire et, j'espère aussi, au dernier intervenant sur cette
motion-là, ayant conclu que les députés de l'Opposition
sont tout à fait disposés à discuter du projet de loi
lui-même. Étant donné, M. le Président, comme vous
le savez, que la session achève, je suis convaincu qu'on va
bientôt revenir à des préoccupations un peu plus
sérieuses.
D'autre part, M. le Président, je ne pense pas que nous soyons
nécessairement en train de perdre notre temps, parce que, comme le
disait Emile Zola, «Un Parlement qui discute est un Parlement qui
travaille», alors...
Une voix:...
M. Bourbeau: Mais, par contre, M. le Président... Ce n'est
pas tout à fait exact. Je reviens à ce que j'ai dit, je reviens
à ce que j'ai dit. Je pense que, plutôt, on est en train de perdre
notre temps parce qu'on ne discute pas présentement, on monologue.
Alors, pour discuter, il faudrait que, de part et d'autre, il y ait des
discussions constructives. Alors, ce n'est pas très constructtf, ce qui
se passe présentement, M. le Président.
Alors, pour ne pas faire en sorte de prolonger indûment les
débats sur la motion préliminaire, quant à moi, je serais
disposé à passer à l'article 1. Si d'autres
députés de l'Opposition veulent continuer, M. le
Président, à faire perdre le temps à la commission, on va
les écouter avec patience, mais tout en réalisant que notre
patience, éventuellement, pourra avoir des limites.
Alors, quant à moi, j'aimerais mieux qu'on commence
l'étude des articles 1 à 19, de façon à pouvoir
terminer au moins pour ce soir les articles 1 à 19. M. le
Président, vous savez qu'on est convoqués jusqu'à 18
heures, donc ça nous laisse à peu près encore quatre
heures de débat.
II me semble que c'est suffisant pour faire 19 articles.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle et député de Laporte. Maintenant, je vais
reconnaître, pour une question, M. le député de
Mas-son.
M. Blais: Je voulais tout simplement remercier le ministre de son
monologue.
Le Président (M. Marcil): Donc, je vais reconnaître
maintenant Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Bien sûr que je
pense tout à fait appropriée la motion que nous avons
déposée, puisque la lettre de M. Claude Béland nous a
été plus qu'autrement servie, que ce soit dans des discours
à l'Assemblée nationale ou ici, en commission parlementaire. En
fait, ça devenait uniquement le livre de référence et,
à certains égards, j'avais presque l'impression que
c'était la bible du Parti libéral en ce qui concerne ce projet de
loi, M. le Président, en fait qui reposait sur... la lettre de M. Claude
Béland. À cet égard, M. le Président, j'aimerais
vous dire à quel point tout ce qui a été documents
bibliques ou, en tout cas, religieux, ou diktats des évêques,
à quel point ça a été dangereux pour nous comme
Québécois, et c'est ça qui a fait en sorte qu'on a eu de
la difficulté au niveau de notre histoire à nous
développer dans le cours normal des choses, M. le Président.
Alors, il ne faudrait pas qu'on retombe dans le même piège. Il ne
faudrait pas en faire un écrit episcopal, ou de ce genre, ou de style
littéraire de cet ordre, M. le Président. Bien au contraire, il
faut le prendre comme étant une suggestion parmi d'autres et une
réflexion parmi d'autres, M. le Président. Et ça ne
représente en rien, en fait, parce que c'est le seul que nous avons,
nous n'avons aucun autre texte, c'est le seul texte que nous avons qui fait
état d'une telle façon de procéder et qui met en cause,
même, certaines façons de faire les affaires et qui demande une
harmonisation, si vous voulez, avec le reste du Canada en ce qui concerne
l'ouverture, les heures d'ouverture des banques pour la fête nationale du
Canada.
Je sais qu'il n'y a pas si longtemps on parlait des heures d'ouverture.
On a même déjà eu un projet de loi sur les heures
d'ouverture, on parlait de la possibilité d'ouverture le dimanche, ou
ces choses-là, et on n'a jamais parlé de la fête du 1er
juillet, en tout cas que ça pouvait mettre en cause... où les
heures d'ouverture pouvaient mettre en cause nos rapports avec
différents commerces du reste du Canada, M. le Président. C'est
la première fois, en fait, qu'on a un texte qui remet en cause notre
capacité de transiger, de faire des affaires avec les autres provinces
du Canada, M. le Président Je trouve ça assez particulier,
d'autant plus que la majorité des caisses Desjardins ne sont jamais
ouvertes le samedi, et je pense que c'est peut-être aussi un des
problèmes des caisses populaires. Peut-être qu'elles auraient
avantage aussi à ouvrir les fins de semaine. En tout cas, je ne le sais
pas, mais...
Une voix:...
Mme Vermette: Pardon?
Une voix: Les guichets automatiques.
Mme Vermette: Les guichets automatiques, oui, mais, pour faire
des transactions de tout autre ordre, le guichet automatique est toujours assez
limité. Mais, en fait, de plus en plus, au niveau du système
bancaire, on sait fort bien que les banques sont ouvertes le samedi et
favorisent certaines transactions financières pour les gens qui
travaillent, justement.
Donc, à mon avis, quant à moi, c'est un faux
problème que d'apporter cette lettre-là comme étant un des
éléments majeurs, une pièce à conviction majeure,
en ce qui nous concerne, au niveau du projet de loi 21, M. le Président.
Je regardais, parce qu'on oublie souvent l'histoire, on disait: L'honneur
n'abdique point. Nul n'a le droit de me prendre ma liberté, mon bien,
mon ciel bleu, mon amour. Tout l'univers aveugle est sans droit sur le jour.
Fût-ce 100 000 000 d'esclaves, je suis libre. C'est Victor Hugo qui
disait cette chose.
Alors, la proclamation royale date du 24 mai 1867 et l'entrée en
vigueur est le 1er juillet. On consacrait le nouveau dominion. Je peux vous
dire comment ça a été introduit. C'est qu'en principe
c'est vraiment l'Église qui était derrière cette
reconnaissance et, au niveau de la presse écrite du Québec uni,
parce qu'à l'époque, en 1867, on parlait du Québec uni,
c'est la presse religieuse qui était omniprésente et faisait en
sorte que les Québécois, les Canadiens français, parce
qu'à l'époque, on les appelait les Canadiens français,
devaient reconnaître de facto cette proclamation de la
Confédération et du 1er juillet, M. le Président.
Alors, on se souvient très bien de certains diktats de certains
évêques, et je voudrais vous en lire une partie, M. le
Président. Alors, l'archevêque de Québec, Mgr
Charles-François Baillargeon, qui a publié le 12 juin 1867 et qui
disait: Comme l'union fédérale qui vient de s'opérer,
écrit-il, émane de l'autorité légitime, vous la
regarderez comme votre loi et vous obéirez à l'ordre de Dieu en
l'acceptant en toute sincérité.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais écouter la
députée de Marie-Victorin. M. le Président...
Mme Vermette: M. le Président. M. Garon: M. le
Président... Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Garon: II y a tellement de conversations et ça parte
tellement fort; la députée de Marie-Victorin est à cinq
pieds de moi et j'ai de la misère à l'entendre. Elle fait un
discours important; j'aimerais qu'on puisse entendre son discours. Ceux qui
veulent parler peuvent aller parler dans le corridor. Je ne veux pas
empêcher les gens de se dire un mot ici et là, mais là,
quand il y a cinq, six questions dans la conversation d'engagées et
tellement fort qu'on n'entend plus rien, ça ne marche pas.
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, je dois dire que la
députée de Marie-Victorin est en train de prononcer un excellent
discours d'une qualité supérieure quant au fond et quant à
la forme aussi. Je dois dire que moi-même, j'avais un peu de
difficultés à l'entendre. Évidemment, il y avait le
député de Masson devant moi qui était en conversation avec
sa voisine, puis ça créait un bruit de fond. Alors, j'abonde dans
le sens du député de Lévis, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): c'est bien, m. le ministre.
donc, je demanderais la collaboration de tous mes collègues de cette
commission parlementaire. nous allons continuer à entendre le discours
très intéressant de mme la députée de
marie-victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je peux vous dire que je
suis tout à fait heureuse d'entendre les propos du ministre, parce que,
s'il continue à nous écouter de cette façon-là, je
suis convaincue qu'on va pouvoir arriver à une entente d'ici la fin de
nos travaux et, sûrement, nous allons laisser tomber, en fait, la partie
qui, pour nous, cause problème, M. le Président.
J'étais en train de dire et j'étais en train de vouloir
faire la démonstration qu'il faut faire attention dans certains
écrits et qu'il ne faut pas surtout les considérer comme des
diktats religieux, parce que ça pourrait nous causer des
problèmes. J'étais en train de vous faire une
démonstration, comment avait réagi à l'époque le
clergé, et surtout l'archevêque de Québec qui disait, le 12
juin 1867: Comme l'union fédérale qui vient de s'opérer,
écrit-il, émane de l'autorité légitime, vous la
regarderez comme votre loi et vous obéirez à l'ordre de Dieu en
l'acceptant en toute sincérité. Bientôt, vous serez
appelés à choisir ceux qui, soit dans le Parlement
fédéral, soit dans le Parlement local, devront travailler
à mettre en pratique la nouvelle Constitution. Vous vous garderez donc
de donner vos voix à des hommes disposés à la combattre ou
même à mettre des entraves à son fonctionnement.
Une voix: C'est effrayant!
Mme Vermette: Mais, aujourd'hui, ajoute Mgr Baillargeon, la
discussion n'est plus possible, la loi est promulguée. L'oeuvre de
l'autorité doit être respectée. Refuser de s'y soumettre,
ce serait renverser l'ordre établi par Dieu et résister à
sa volonté, ce serait marcher à l'anarchie, à la trahison,
à la révolte et à tous les maux qui s'ensuivent.
C'est peut-être pour ça, M. le Président, que,
très souvent, on nous dit qu'on est intolérants, nous, de notre
côté, parce que, finalement, on remet en cause certains propos de
cet ordre-là et, quand on regarde un peu plus loin, on dit:
Peut-être que la liberté a une autre saveur, une autre odeur et
une autre dimension, M. le Président. (12 h 10)
Et le grand adversaire des démocrates, Mgr Bourget, ordonne des
prières publiques, le 25 juillet 1867, à l'occasion de
l'établissement du régime confédératif. Dans sa
lettre pastorale, il expose la ligne de conduite traditionnelle de
l'Église à l'occasion des changements de régime, M. le
Président.
Par ailleurs, et on allait plus loin, et c'était dans un des
courriers... Le Courrier de Saint-Hyacinthe claironnait, M. le
Président, en 1867: La grande ferveur de l'épiscopat à
l'endroit de la Confédération ne plaît pas à tout le
monde. Les commandements des évêques de la province sur la
nouvelle Constitution, écrit le Journal des Trois-Rivières
le 19 juillet 1867, n'ont pas été entièrement au
goût des anticonfédérés. La preuve, c'est que -
écoutez ça, M. le Président, je suis convaincue que le
ministre va être très intéressé par ça... On
disait que cette attitude du clergé à faire un acte de foi
vis-à-vis la Confédération... On inscrivait, dans le
Journal des Trois-RMères à l'époque: La preuve,
c'est que pas une famille libérale n'a daigné reproduire ces
importants documents émanés des plus hautes autorités
religieuses du pays. Les écrits remarquables portaient trop le cachet de
la vérité et du désintéressement pour pouvoir orner
les colonnes des journaux de la démocratie, M. le Président.
Et, au nom de cette démocratie, M. le Président, je pense
qu'il aurait été important d'entendre Claude Béland, parce
que je considère que cet homme-là doit être un être
très respectueux de la démocratie, M. le Président. Et
le
respect de la démocratie demande qu'on consulte et qu'on se plie
aux voeux de la majorité. Pour nous, comme Québécois,
notre choix est fait, et c'est une seule fête nationale, et c'est la
fête nationale des Québécois.
Le Président (M. Marcil): merci beaucoup, mme la
députée de marie-victorin. maintenant, je vais entendre mme la
députée des chutes-de-la-chaudière, pour 10 minutes.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Moi aussi, je vais appuyer la motion de mon collègue, le
député de Lévis, à l'effet que ce serait
intéressant d'entendre le Mouvement Desjardins, le président du
Mouvement Desjardins, M. Béland, signataire, n'est-ce pas? de la lettre
qu'on a en face de nous ce matin. On pourrait jaser de beaucoup de choses avec
M. Béland, entre autres...
Des voix:...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, je
demanderais l'écoute de tous les députés.
Mme Carrier-Perreault: On pourrait discuter, entre autres, de la
lettre, la seule lettre qu'on a devant nous, devant les yeux, où il y a
une demande, effectivement, qui a été faite, mais, disons, il
faut s'entendre sur la nature de la demande. Quand on nous dit que le Mouvement
Desjardins a demandé cette disposition-là telle qu'elle est
écrite dans la loi, bien, là, il y a quand même un monde.
Là, on l'a devant les yeux, M. le Président. Enfin, on a le
texte, nous autres aussi, de la demande officielle. J'imagine que c'est la
seule demande qui a été faite...
Des voix:...
Le Président (M. Marcil): Allez-y, madame.
M. Blais: Je m'excuse auprès de...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît!
M. Blais: Je m'excuse humblement, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): C'est ça, je
demanderais...
M. Blais: C'est parce que, vu que je suis celui qui est
censé s'occuper de cette loi-là avec le groupe, je m'excuse
auprès de ma consoeur, c'est qu'on a eu une petite entente, le ministre
et moi, puis on a dérangé un peu le discours très
important que vous faites, et je m'en excuse très humblement.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que vous avez eu une petite entente
sur le fond, cher collègue?
M. Blais: Non, non. Je lui ai dit qu'on ne commençait pas
l'article 1 avant ce soir. Aucune...
Mme Carrier-Perreault: Bien, là... Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Blais: Qu'on avait beaucoup de choses à dire.
Mme Carrier-Perreault: Bien, ce serait intéressant si on
rencontrait le Mouvement Desjardins, peut-être qu'on pourrait avoir des
éclaircissements. Étant donné que c'est le seul document
qu'on a qui nous démontre que, peut-être, il y a eu un semblant de
demande... Comme je le disais, M. le Président, quand on prend
connaissance du document, on se rend compte que ce que le ministre fait,
ça ne va pas du tout dans le sens de ce que Desjardins demandait, de ce
que M. Béland demandait. En fait, ça peut peut-être arriver
aux mêmes conditions, mais le ministre l'étend drôlement, M.
le Président. Le ministre, lui, en fait une condition pour tout le
monde, tout le monde va prendre ça, alors que Desjardins... Même
à ça, M. Béland, dans sa lettre, nous donne même une
façon, en fait, de demander un amendement, effectivement, demander un
amendement au ministre, parce que chez Desjardins il y a des caisses, il y a
des fédérations qui ont des politiques de conditions de travail,
des politiques internes. Il y en a d'autres aussi qui ont des conventions
collectives, bien sûr. Mais les conventions collectives, ce n'est pas
là qu'il y a vraiment un problème parce que l'article 59.1, dans
la Loi sur les normes du travail - là, je suis un petit peu plus
technique, M. le Président, mais je pense qu'il faut dire les choses
comme elles sont... À l'article 59, on a déjà prévu
qu'il y avait des possibilités pour les gens qui avaient des conventions
collectives et/ou un décret d'aménager ce genre de congé,
de jour férié. Desjardins, ce qu'il demande, à toutes fins
pratiques, c'est de faire un amendement à cet article-là pour
qu'on puisse retrouver les mots «de ses conditions de travail»,
compte tenu que, dans certains des établissements, chez Desjardins, on
n'a pas de convention, on a uniquement des politiques de conditions de
travail.
Alors, ce serait intéressant de pouvoir en discuter et d'entendre
M. Béland s'exprimer là-dessus, parce que le ministre, ce qu'il
fait, ce n'est pas du tout la demande de Desjardins. S'il avait corrigé,
peut-être que là il aurait pu satisfaire les gens du Mouvenent, en
tout cas leur donner une latitude. Mais là le ministre, par le biais de
son projet de loi, il dit: Ce qui est
bon pour Desjardins - dans certains cas, parce qu'il y en a qui
étaient protégés, comme je vous le disais, chez
Desjardins, ceux qui ont des conventions collectives avaient des
possibilités de réaménager... Mais là il dit: Ce
qui est bon chez Desjardins, ça va être tout le monde qui va
l'appliquer pareil; qu'il y ait des politiques de conditions de travail ou pas,
tout le monde va marcher pareil, ça va être le 1er juillet que
ça va se fêter; que tu sois commerçant, que tu aies
n'importe quel établissement, c'est exactement ça, on va faire du
1er juillet un jour férié pour tout le monde, un genre de
fête nationale. C'est comme ça. C'est pour ça qu'on dit que
le ministre est en train, à toutes fins pratiques, de créer une
deuxième fête nationale.
Bien sûr qu'il ne fera probablement pas d'arrêté en
conseil, comme ça a été le cas pour la
Saint-Jean-Baptiste. On se rappellera qu'il y a eu un arrêté en
conseil quand on a décidé qu'au Québec il y avait une
fête nationale, que c'était la Saint-Jean-Baptiste. Dans ce
cas-ci, dans le cas qui nous concerne, il n'y aura pas de ça. Il n'y
aura pas, non plus, de grande déclaration, de discours important
là-dessus, mais, par le fait même, la façon dont on va
aménager cette journée de congé... Et j'entendais,
justement, hier soir, le député de Nelligan, parce que, si, dans
la tête du ministre, ce n'est pas une fête nationale, le
député de Nelligan, hier soir, a dit que c'était une
fête nationale, pour son monde, chez lui.
M. Williams: Moi?
Mme Carrier-Perreault: Oui, vous, M. le... Oui, lui, M. le
Président. Lui. Hier soir.
Disons qu'on peut très facilement voir que ça donne une
espèce de même effet. C'est le même effet, puisque ça
va être pris par tout le monde de la même façon, alors que
le décret, lui, avait prévu que ça se fêterait le 29
juillet... le 29 juin, pardon, c'est une erreur, le 29 juin, et que le ministre
avait même dit que ce serait la fête des
déménagements. Alors, on passe à la fête du Canada
officialisée, officielle, et ce n'est pas tout à fait ce que
Desjardins demandait, non plus. J'espère, je ne sais pas, je vois que le
député n'a probablement pas reçu la copie. On a eu
l'honneur d'avoir la copie de la lettre de M. Béland, ce matin. Alors,
nous, de notre côté, on aimerait bien rencontrer, effectivement,
les gens du Mouvement Desjardins, on aimerait bien que M. Béland vienne
s'exprimer, qu'on puisse discuter avec lui.
Écoutez, M. le Président, dans ce genre de lettre, M.
Béland doit avoir, doit vivre, à toutes fins pratiques... Moi,
j'aurais aimé ça savoir comment il vivait ça, le 24 juin.
Voyez-vous? Le 24 juin, c'est la fête nationale du Québec. Les
établissements sont fermés ici; les établissements
bancaires dans le reste du Canada fonctionnent. Il est obligé de fermer
ses établissements, M.
Béland; les caisses ferment le 24 juin. C'est une fête
nationale au Québec et c'est une fête qui n'est pas reconnue
ailleurs. Alors, est-ce que ça lui crée des problèmes,
à ce moment-là, quand il est obligé de fermer une
journée quand les autres continuent de fonctionner? Comme mon
collègue de Lévis disait tantôt, avec la
libéralisation des échanges et tout ça, ces gens-là
doivent faire affaire de temps en temps avec les organisations
financières, si on veut, les institutions financières
américaines. Qu'est-ce qui arrive le 4 juillet? Le 4 juillet, c'est la
fête nationale des États-Unis. Alors, on va avoir des
problèmes tantôt, M. le Président, s'il faut tenir compte
de toutes les fêtes qui se fêtent un peu partout, autour, juste
pour ajuster nos normes du travail et, en plus, les imposer à tout le
monde. Les commerçants ne feront pas d'affaires avec les
établissements bancaires, à ce que je sache. Ils
préféreraient garder leur congé pour allonger la fin de
semaine. Ça a été dit. Le Conseil du patronat l'a
déjà dit. (12 h 20)
II y a cette possibilité que les caisses, en fait, que M.
Béland apportait, d'amender l'article pour laisser une plus grande marge
de manoeuvre à ceux qui avaient des politiques de gestion, des
politiques de conditions de travail établies, parce que c'est
déjà écrit. Quand on regarde l'article 59.1 dans la Loi
sur les normes du travail, la possibilité existe pour d'autres
catégories. On dit, et je le cite: «La présente section ne
s'applique pas à un salarié qui, en vertu d'une convention
collective ou d'un décret - et, là, Desjardins demandait qu'on
ajoute «ou de ses conditions de travail»; c'est ça qu'ils
ont demandé au ministre - bénéficie d'un nombre de jours
chômés et payés, en sus de la fête nationale, au
moins égal au nombre de jours auxquels ont droit ceux à qui la
présente section s'applique; la présente section ne s'applique
pas non plus à un autre salarié du même
établissement qui bénéficie d'un nombre de jours
chômés et payés, en sus de la fête nationale, au
moins égal à celui prévu dans cette convention ou ce
décret.» M. Béland a écrit ça, effectivement,
au ministre. Il demandait un amendement en vue de pouvoir appliquer ses
politiques, et le ministre, lui, a décidé d'en faire une loi pour
tout le monde. La règle générale est de fêter la
fête du Canada et tout le monde va fêter cette année le 1er
juillet, en même temps.
Alors, M. le Président, vous me faites signe que mon temps est
terminé. En conclusion, je pense qu'on aurait eu effectivement beaucoup
de questions et qu'on aurait eu intérêt... en tout cas, on aurait
intérêt à rencontrer les gens de l'institution en question
pour pouvoir clarifier certains points et essayer de faire comprendre au
ministre que ce qui est écrit dans la lettre, ce n'est pas du tout ce
que lui veut nous imposer. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup,
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Maintenant, je vais reconnaître M. le député de
Shefford.
M. Williams: Ah!
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Nelligan.
M. Williams: Est-ce qu'on fait l'alternance ou...
Une voix: Oui, absolument. Oui, oui.
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez intervenir, vous
me l'indiquez. Est-ce que vous avez quelque chose à dire sur la
fête du Canada?
M. Williams: Oui, ce n'est pas nécessairement sur la
fête du Canada. Je pense qu'on discute...
Le Président (M. Marcil): Sur la motion, justement,
là.
M. Williams: ...de la motion... Une voix: D'inviter M.
Béland.
Le Président (M. Marcil): Sur la motion
préliminaire à l'effet d'inviter M. Béland.
M. Williams: ...d'inviter M. Béland.... Une voix:
...des Caisses populaires.
M. Williams: ...ou ne pas inviter le Mouvement Desjardins, si
j'ai bien compris la motion.
M. Garon: D'autant plus qu'il doit être avec M. Bourbeau
lundi.
M. Bourbeau: Oui, absolument.
M. Garon: Alors, ce serait facile de l'inviter. Il n'aurait pas
besoin de faire deux voyages.
M. Bourbeau: Je transmettrai l'invitation de la commission...
Le Président (M. Marcil): Ça va? M. Bourbeau:
...si on siège encore...
Le Président (M. Marcil): Vous voulez intervenir, M. le
député de Nelligan?
M. Williams: Oui, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le député de Nelligan, pour 10 minutes.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président. Juste avant,
c'était tellement un compliment que la députée des
Chutes-de-la-Chaudière me faisait de citer mon interprétation de
l'article de la loi. C'est aussi important pour elle qu'elle l'ait
mentionné. Hier soir - on pourra citer le Journal des Débats
plus tard - mais, hier soir, je pense, j'ai dit et j'ai voulu clarifier, si
ce n'est pas clair, que, certainement, pour moi, le 1er juillet, chaque
année, c'est la fête du Canada. C'est clair et net. Toujours. Et
je pense que, si on veut fêter d'autres choses le 1er juillet, nous
sommes tous «libéral», avec un petit «I», et on
peut certainement utiliser d'autres mots, si vous voulez.
Selon l'article de loi, certains n'ont pas de congé
férié. Mon interprétation de ça, c'est que ce n'est
pas légal. Quand je parle avec tout le monde dans mon comté - le
député de Shefford, hier soir, parlait de son comté - dans
mon comté nous avons toujours pensé que le 1er juillet
était la fête du Canada. C'est une fête panca-nadienne.
C'est une nation, c'est un pays. Si quelqu'un veut appeler ça
«fête nationale», ce n'est pas plus que ça.
J'espère que, dans un pays démocratique, libre et ouvert, on peut
avoir des titres différents d'une fête. Encore une fois, on met
beaucoup de temps sur des débats de mots. Comme je l'ai mentionné
hier soir, M. le Président, on met beaucoup de temps sur un
débat, à savoir: Est-ce que nous allons avoir ce congé
férié le lundi ou le mercredi cette année?
En Chambre, juste avant, nous avons eu un débat sur le projet de
loi 9... 15, excusez-moi. Le projet de loi 9, c'était Santé et
Services sociaux. J'ai mentionné que je trouve ça dommage que
nous ayons mis des heures et des heures, des journées et des
journées, sur un article qui va changer un congé
férié du lundi au mercredi, et nous n'avons pas mis la même
importance sur un débat de fond, c'est mon opinion, sur notre
système de santé et de services sociaux.
En tout cas, encore une fois, je pense que c'est assez clair. J'ai eu la
chance de lire la lettre de M. Béland. Je pense que sa perspective sur
un point est assez simple, c'est assez clair. 11 a dit tout ce qu'il avait
besoin de dire. nous sommes très occupés par d'autres choses. il
est un homme très occupé. j'ai eu la chance de travailler avec
lui durant la commission bélan-ger-campeau. je pense qu'il suit toutes
ces questions avec toute la compétence. je pense que, dans une lettre de
deux pages sur un article, c'est bien clair. jusqu'à date, je ne suis
pas convaincu que nous avons besoin d'inviter ce monsieur, de discuter le point
qu'il a déjà soulevé dans une lettre. encore une fois,
j'espère, m. le président, qu'on pourra avancer sur la discussion
de cette loi et passer cette loi, parce
que je souhaite, avant la fin de cette session, qu'on puisse avoir le
débat de fond, un débat substantiel sur le bien-être des
Québécois et des Québécoises. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Marcil): merci beaucoup, m. le
député de nelligan. maintenant, je vais reconnaître m. le
député de shefford, pour 10 minutes.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Vous allez
comprendre que je suis d'accord avec la motion de mon collègue de
Lévis. Le projet de ioi qu'on discute, on l'a dit et on va le
répéter, ça n'a pas été demandé, il
n'y a pas eu de pétition, il n'y a pas eu de mouvement de foule, il n'y
a pas eu de demande intensive ou de demandes regroupées par rapport
à un changement semblable. Mais, de l'autre côté, on
utilise comme argument, et comme seul argument, même si, nous, on sait
très bien que ce n'est pas ça qu'ils font, et c'est vrai qu'on va
en profiter, avec le temps qu'il nous reste, au cours des prochaines semaines,
pour en faire un débat de fond sur les modifications qu'on va amener qui
sont des modifications politiques... Mais le seul argument qu'on utilise pour
le justifier, c'est la demande de M. Béland. Si c'est le seul argument
favorable qu'on a, comment peut-on se permettre de refuser qu'on l'entende?
Comment peut-on se permettre de le citer, de l'utiliser, de
l'interpréter? Je dois vous dire que ce serait bien plus facile de
l'écouter et de le questionner, puis c'est la logique même. Si
c'est votre argument, j'aimerais ça l'avoir, M. Béland, pour
l'entendre et le questionner, échanger avec lui. Parce que c'est M.
Béland, au départ, et on connaît le respect qu'il a pour
les Québécois, on connaît les visions qu'il a pour le
Québec. Il est très intéressant. Et ce qu'il
représente, c'est suffisamment important pour qu'on puisse
l'entendre.
Vous savez, le Mouvement Desjardins, les caisses populaires Desjardins
au Québec, c'est extraordinaire comme Mouvement. Je suis convaincu qu'il
n'y a pas un député qui, à un moment donné, n'a pas
l'occasion d'aller dans une caisse, à une fête quelconque,
à une cérémonie, par les caisses populaires, et ils ne
sont pas là pour louanger le Mouvement Desjardins, dire à quel
point on est contents de les avoir... Ça fait partie des fiertés
collectives québécoises d'avoir le Mouvement coopératif
Desjardins. C'est par dizaines de milliards, son chiffre d'affaires; c'est par
dizaines de milliers, les employés; et les sociétaires, c'est
quasiment les trois quarts, sinon un peu plus, des Québécois qui
adhèrent au Mouvement des caisses populaires Desjardins.
Et pourquoi doit-on les écouter et pourquoi est-ce si populaire?
On ne les appelle pas «caisses populaires» pour rien, c'est
vraiment populaire, c'est une coopérative d'épargne, mais c'est
populaire dans le sens qu'elles ne peuvent pas faire autrement que d'avoir la
sensibilité, la capacité de comprendre et de s'adapter, comme
institution, à leur milieu, puisque les conseils d'administration, c'est
des bénévoles issus du milieu. C'est ce qui fait que les caisses
populaires sont si près des gens, si capables de s'adapter, capables de
répondre aux besoins. Regardez l'évolution et vous allez vous
apercevoir qu'à mesure qu'elles ont grossi elles ont été
à même de s'adapter à la réalité
québécoise et même, à plusieurs occasions, et
spécialement maintenant, comment dirais-je, de stimuler le
développement local et régional. Pourquoi? Parce que c'est les
gens du milieu qui gèrent cette fortune milliardaire qu'est l'actif des
caisses populaires. Bravo à ces gens-là, bravo au Mouvement, qui
sont bien représentés par tous les bénévoles au
niveau des conseils d'administration et par un personnel compétent, mais
aussi par un représentant qui est à l'honneur du Mouvement
Desjardins, M. Béland. (12 h 30)
Qu'on se cite, nous, les députés, qu'on se dise qu'on
s'est mal interprétés, que ce soit en commission ou à
l'Assemblée nationale, c'est une affaire. Mais qu'on se permette de
citer quelqu'un d'autre et de l'interpréter, quelqu'un de
l'extérieur, qui n'est pas du monde politique, je dois dire, de temps en
temps, je trouve que c'est un peu irrespectueux. On n'a pas à
interpréter les paroles des gens. Tout simplement, si on n'est pas
capables de se mettre d'accord ou si on veut utiliser leur nom et leur discours
ou leur lettre, bien, au lieu de les utiliser, qu'on les invite. Je suis
convaincu, connaissant M. Béland, qu'il accepterait de venir ici,
même à quelques jours à peine d'avis. La preuve, c'est
qu'on apprend que le ministre va être avec lui lundi. Il pourrait
l'amener pour que l'échange ne se fasse pas juste à deux, mais se
fasse entre M. Béland et les membres de la commission.
Une voix: C'est ça.
M. Paré: La demande de M. Béland, ça n'a pas
été de transformer une habitude, une coutume
québécoise, absolument pas. Ça a été, par
rapport au fonctionnement de l'institution qu'il dirige, qu'on apporte un
amendement, une modification à la loi, qui ne vient pas chambarder tout
le fonctionnement de la collectivité, de la société, mais
un amendement qui va toucher sa société, c'est-à-dire le
Mouvement Desjardins. Ce n'est pas la même affaire. C'est
complètement différent. Cet empressement qu'on a d'utiliser M.
Béland et de même interpréter sa lettre, c'est qu'on veut,
justement, se trouver un petit argument justifiant une volonté
strictement politique du gouvernement.
Une voix: Un bouc émissaire.
M. Paré: Mais absolument pas de répondre à
une demande de M. Béland dans l'esprit et la lettre du contenu de sa
demande. Ça, c'est dangereux. Je dois vous dire: comme politiciens, il
faut avoir un peu plus de respect des gens à l'extérieur du
Parlement, des gens impliqués dans la société, et je
trouve qu'on n'agit pas correctement en faisant ça. La façon de
se corriger, d'une certaine façon, ou de s'excuser par rapport à
M. Béland, ce serait de lui faire ou de nous faire l'honneur de
l'entendre ici, en commission. Ce n'est pas compliqué. Ça
pourrait ne pas être très long. Ça permettrait de ne pas
utiliser M. Béland, mais d'écouter M. Béland. Ce n'est pas
du tout, du tout la même chose. Il faut être bien conscients de
ça. On l'a, la lettre. Mes collègues ont lu les paragraphes
concernant la demande de M. Béland. Je vais vous dire, je n'ai pas
l'intention de la relire. C'est clair, c'est net. Ça ne sert à
rien de répéter ça. Nous sommes vendredi. Il y a une
rencontre lundi. Donc, ça veut dire que M. Béland est
déjà disponible d'une certaine façon, puisqu'il va
rencontrer le ministre sur autre chose.
Pourquoi n'accepterait-on pas de le recevoir ici et de clarifier une
chose? Est-ce que c'est une demande expresse de M. Béland qui fait qu'on
va modifier une habitude et une coutume populaires au Québec ou si c'est
le gouvernement qui décide de modifier quelque chose pour une
orientation et une direction politiques, mais qui utilise M. Béland
comme bouc émissaire? Ça, je pense que, comme
société, on doit être assez honnêtes et respectueux
pour clarifier cette chose-là. Quand on l'aura clarifiée, on aura
peut-être bien clarifié autre chose qui nous permettra
d'accélérer l'étude du projet de loi comme tel. Mais on se
base sur des prémisses qui sont fausses. On se base sur une lettre qu'on
interprète de façon fausse, et ce n'est pas correct. On ne doit
pas légiférer à partir de fausses prémisses. On ne
doit pas interpréter des gens de l'extérieur pour justifier des
gestes qui sont décidés ici, qui sont de notre
responsabilité à nous, et à nous seulement, et non pas la
responsabilité des gens de l'extérieur.
Je comprends que le Mouvement Desjardins est important. Je l'ai dit
tantôt, c'est non seulement un mouvement important en termes de capital,
d'employés, de services, ça l'est en termes de fierté pour
les Québécois. C'est notre institution financière qui est
publique, dans le sens que ce n'est pas une institution privée, dans le
sens que ce n'est pas public et parapublic gouvernemental. Donc, si on utilise
sa lettre, je dois vous dire qu'on devrait l'écouter. Ce n'est pas
compliqué. Ce n'est pas long. Je pense que c'est un minimum de respect,
et ça va nous permettre de clarifier quelque chose qui n'est pas clair,
parce que le débat, quand on cite la lettre, ce n'est même pas sur
le fond du sujet ou le fond du dossier qu'on est en train de regarder, c'est
sur une interprétation de lettre. On devrait être assez
honnêtes pour être clairs, pour clarifier les choses et, si on
n'est pas capables juste entre nous, aller chercher le signataire de la lettre
et lui demander de nous donner, lui, son interprétation, le fond de la
volonté qu'D voulait exprimer par sa lettre, la clarté par
rapport à sa demande.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député.
M. Paré: En conclusion, ça voudra dire qu'on
n'utilisera pas des boucs émissaires pour légiférer, mais
on se basera sur la réalité des choses. C'est pour ça que
je suis d'accord avec la motion, on devrait écouter M. Béland en
commission.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Shefford. Maintenant, je vais reconnaître M. le
député de Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je tiendrais
à vous dire, M. le Président, que je viens d'écouter
très attentivement les remarques du député de Nelligan. Il
a eu un discours bref et élégant, et je crois que ses
confrères en étaient très contents. C'est sûr que
c'est à prendre avec des gants blancs lorsqu'il y a bataille entre deux
Parlements. Il s'est plaint de notre tactique, mais il faudrait qu'il sache que
c'est un régime britannique. Dans les cas où on discute pour
perdre son temps, c'est l'essence propre de notre Parlement.
C'est bien sûr qu'on est là, on parle et on tergiverse,
mais nous avons là un cas d'espèce, et je ne voudrais pas que la
façon dont on procède fasse que nos paroles l'excèdent.
C'est, pour nous autant que pour vous, quelque chose d'un peu souffrant, mais
nous nous plions, et ceci, légitimement, aux procédures et aux
règles de notre Parlement. Ce que nous faisons là, nous le
faisons en suivant les règlements. Et, sur ça, je mets à
caution M. le président. À faire ce que nous faisons en ce
moment, il me semble qu'il n'y a là rien de surprenant.
C'est ainsi. C'est bien sûr que c'est un nouveau, le
député de Nelligan, mais votre confrère a fait la
même chose quand il était dans ce Parlement. Je ne voudrais pas
que ceci vous étonne, mais j'ai eu beaucoup de discussions, et j'en ai
eu même à la tonne, avec celui qui tenait votre siège,
même si l'horloge est arrêtée et qu'on aurait besoin d'un
orfèvre.
M. le ministre nous demandait très gentiment si nous passerions
bientôt à l'article 1. Je lui réponds très
candidement que, pour ma part, il n'en est pas question - on va tomber dans les
«on», une «escousse» - il n'en est pas question.
Même si ceci...
Une voix:...
M. Blais: Alors, vous savez bien que, si nous faisons
obstruction, ça ne prend pas une grande déduction pour savoir
que, comme de raison, il faudrait, et je vous l'assure, pour nous fermer, une
motion de clôture.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois comprendre que le
député le souhaite de tous ses voeux? Il l'appelle de tous ses
voeux?
M. Blais: Je ne vous dis pas que je la souhaite. J'aimerais
plutôt que des amendements soient faits à cette loi que nous
étudions, afin d'y apporter des améliorations. Parce que ce que
nous demandons, ce n'est pas des choses extraordinaires, c'est tout simplement
de rendre le 1er juillet une fête ordinaire. Nous n'avons pas d'objection
à ce qu'elle soit fériée.
M. Bourbeau: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. Blais: Oh! Allez-y, vous me feriez...
M. Bourbeau: Et si vous aviez le choix entre ne pas recevoir les
amendements et une motion de clôture, qu'est-ce que vous
préféreriez?
M. Blais: Je n'ai pas compris la question.
M. Bourbeau: Si le choix était une motion de clôture
ou aucun amendement, comme vous le souhaitez, qu'est-ce que vous
préféreriez?
M. Blais: Bon. Nous insistons pour que l'article 10 et l'article
18 soient retirés de ce projet de loi et, si vous apportiez ces
amendements-là, c'est bien sûr que nous, nous passerions
immédiatement à l'article 1.
M. Bourbeau: Et si on ne les apporte pas, ces
amendements-là? (12 h 40)
M. Blais: Si vous ne les apportez pas, nous allons nous battre
comme feux et diables. On sait que c'est vous qui
«légifère»; nous allons nous battre de ce
côté-ci comme Lucifer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: À vous entendre, je ne crois pas que vous
apportiez quelque amendement que ce soit et que nous devrons vivre et vous,
vous pourrez vivre avec cette loi.
M. Bourbeau: Oui, absolument. Et on a bien l'intention de vivre
avec cette loi, oui. Et les citoyens du Québec, aussi, je crois.
M. Blais: Vous ne voulez apporter à ce
Parlement, à cette loi, aucun changement?
M. Bourbeau: Pas ceux que vous souhaitez voir apporter, en tout
cas.
M. Blais: Est-ce que vous voulez nous dire par ceci que vous
auriez l'intention d'apporter quelques amendements?
M. Bourbeau: Pour l'instant, non. Mais, si jamais vous nous
faisiez la preuve que certains amendements pourraient bonifier la loi, tout en
respectant les principes que nous avons invoqués dans la loi... Mais pas
les amendements du genre de ceux que vous souhaitez avoir, certainement
pas.
M. Blais: Vous comprenez qu'ici il n'y a rien d'étonnant
que nous voulions faire venir M. Béland, parce que ce que vous dites en
ce moment, pour nous, est un raisonnement d'enfant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ce que je comprends, c'est que l'Opposition n'est
pas disposée à passer l'article 1 avant... Avant quand,
déjà?
Une voix: Avant le 1er juillet.
M. Blais: Nous allons boire le calice jusqu'à la lie.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois comprendre que vous n'avez pas
l'intention, jamais, de passer à l'article 1?
M. Blais: Nous ne voulons pas que cette loi, telle qu'elle est
rédigée, passe à ce Parlement. Nous ne voulons pas, et
c'est évident. Nous voulons que la Loi sur les normes du travail passe,
mais nous ne voulons pas que les lois nationales, celles du Canada et du
Québec, changent de statut. Le statut qu'elles ont actuellement, nous
voulons qu'elles restent comme elles sont. Nous voulons qu'elles gardent le
même statut: le 24, la fête nationale du Québec; le 1er
juillet, une fête fériée et payée. On est
complètement d'accord avec ça. Mais on ne veut pas que les dates
changent. Nous voulons que ça reste tel que c'est. Pour une fois que
nous sommes pour le statu quo, je voudrais que vous nous regardiez sans qu'il y
ait quiproquo.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Alors, vous n'apportez aucun amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Masson, pour pouvoir commencer à discuter des amendements, il faudrait
d'abord appeler l'article 1 et, ensuite, le discuter. Et s'il y avait des
amendements de proposés, à ce moment-là, on
pourrait voir. Mais, tant et aussi longtemps que nous n'avons pas
terminé les motions préliminaires, moi, je ne peux pas appeler
l'article 1. Donc, je vous écoute attentivement.
M. Blais: M. le Président, je comprends bien votre
position, mais cette tactique ne nous fera pas tomber, ne fera pas tomber notre
façon de nous objecter, parce qu'on peut commencer l'article 1, qu'il
n'y ait aucun amendement qui soit suffisant, et, si on nous présentait,
avant qu'on arrive à l'article 1, des modifications à l'article
10 et à l'article 18, peut-être qu'on changerait nos positions.
Mais, vu qu'on ne veut pas nous les présenter avant, c'est que vous
jugez immédiatement que ces amendements ne sont pas suffisants.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Masson, moi, je ne peux pas présumer qu'il va y avoir des amendements
à différents articles. Je vais vous entendre, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je pourrais peut-être clarifier pour le
député et dire que le parti gouvernemental n'a pas l'intention de
proposer des amendements maintenant ni pendant l'étude du projet de loi
quant aux articles 10 et 18. Nous n'avons l'intention d'apporter aucun
amendement. Je pense qu'on se doit d'être clairs et honnêtes envers
l'Opposition pour qu'elle sache à quoi s'en tenir, bien sûr.
M. Blais: À ce moment-là, j'ai bien l'impression
que, si vous voyez notre objection comme un tic, il va falloir que vous ayez un
peu plus de tact, parce que votre tactique nous porte à faire continuer
à marcher le tic-tac.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ça va prendre encore combien de temps?
M. Blais: nous allons continuer. nous allons boire le calice
jusqu'à la lie et jusqu'à temps que les moyens d'obstruction
soient terminés et finis.
M. Bourbeau: Ces moyens-là peuvent durer combien de temps,
selon vous?
M. Blais: C'est vous qui en êtes le maître. Nous ne
voulons pas que cette loi passe avant la fête nationale du 24 juin. Nous
ne voulons pas.
M. Bourbeau: Autrement dit, vous êtes prêts à
faire une défense héroïque jusqu'au 24 juin. On est quelle
date aujourd'hui, M. le Président? Le 11?
Le Président (M. Marcil): Pardon? Une voix: Le
12.
Le Président (M. Marcil): Nous sommes le 12 juin,
aujourd'hui.
M. Bourbeau: Je présume que c'est jusqu'au 1 er juillet,
dans le fond.
M. Blais: nous sommes prêts à y aller de toutes nos
forces et de toutes nos flammes pour brûler ces articles avec le brandon
de la saint-jean.
M. Bourbeau: Et de tous vos mots aussi?
M. Blais: On a quelques mots bien sûr, mais on trouve que
c'est déjà un mal et on ne veut pas d'autres mots dans ces
lois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, pour les fins du Journal
des débats, c'étaient des mots, m-o-t-s, dont je parlais,
bien sûr.
M. Blais: Oui, j'ai écouté sans mot dire.
M. Bourbeau: C'est bien ce que j'ai compris.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député de Masson.
M. Blais: En conclusion?
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Blais: Ça fait déjà 10 minutes que nous
nous interjectons?
Le Président (M. Marcil): C'est 8 minutes et 20 secondes
de...
M. Blais: Alors, en guise de conclusion, je tiens à dire,
M. le Président, que nous sommes dans un système britannique et
nous nous sommes acclimatés à ce système britannique. Vous
voyez bien qu'on utilise le système britannique pour faire de
l'obstruction quand une loi ne nous plaît pas. Nous l'avons fait. Et M.
le député de Nelligan nous a rassurés, et j'espère
que mes paroles le rassurent. J'aimerais bien, en conclusion, dire directement
par votre intermédiaire, M. le Président, au député
de Nelligan que le Parti québécois est d'accord que le 1er
juillet soit la fête du Canada et nous sommes d'accord que ce soit
fêté. Il ne faut pas nous prêter de mauvaises intentions. Ce
que nous ne voulons pas, c'est qu'elle soit fixe comme le 24 juin. Qu'elle soit
mobile et qu'elle puisse être reportée soit à un lundi ou
à un vendredi selon
les ententes qu'il y a entre les travailleurs et leurs différents
syndicats ou leurs différents patrons. Cette loi-là va
empêcher ça de se faire. La seule qui est empêchée...
c'est le 24 juin, comme toutes les fêtes nationales des États
où il y a un Parlement souverain. Toutes les fêtes des
États ne sont pas mobiles, et nous voulons qu'il y ait une seule
fête au Québec qui ne soit pas mobile, c'est le 24 juin. Ce n'est
pas un manque de compréhension et de générosité
envers ceux qui se disent Canadiens. Sur votre position et sur la nôtre,
je pense que les choses sont très claires. Il manque, chacun de notre
côté, une tolérance de l'autre, mais nous avons des
objectifs différents. C'est tout. Mais je ne pense pas qu'il y ait de
mauvaises intentions ni d'un côté ni de l'autre. C'est ce que je
voulais dire, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Masson.
M. Williams: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Nelligan.
M. Williams: ...est-ce que je peux poser une question de
clarification au député de Masson?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Masson, est-ce que vous acceptez?
M. Blais: Avec bonhomie.
M. Williams: vous avez juste mentionné que le parti
québécois est d'accord que le 1er juillet soit la fête du
canada. est-ce que j'ai bien compris?
M. Blais: Oui, oui.
M. Williams: C'est le 1er juillet. Vous avez dit, si j'ai bien
compris...
M. Blais: Oui, oui, c'est le 1er juillet.
M. Williams: Je pose la question juste parce que je voudrais
être clair aussi.
M. Blais: Si vous permettez, je vais répondre. Oui.
M. Williams: O.K. M. Blais: Oui.
M. Williams: Oui. O.K. Vous avez dit: C'est le 1er juillet...
M. Blais: On a voté pour en 1990, d'ailleurs.
M. Williams: Oui, oui. Je pense que c'était une sage
décision. Mais vous avez...
M. Blais: Nous avons toujours été victimes de notre
bonté et nous continuons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Williams: Vous avez dit que le 1er juillet, c'est la
fête du Canada, mais le congé férié du 1er juillet
n'est pas «bougeable», c'est le 1er juillet. Mais le congé
doit être «bougeable».
Une voix: Mobile.
M. Williams: Mobile. Excusez, mobile.
M. Blais: Voulez-vous que je vous réponde? C'est
exactement ça, vous avez bien interprété. Dans chacun des
endroits au monde où il y a un Parlement souverain qui représente
un peuple, une nation, un État... D'ailleurs, c'est l'État du
Québec, puis il y a un peuple au Québec, et ce peuple-là a
une fête nationale. Dans tous les pays du monde, à peu
près, la seule fête qui ne soit pas mobile, c'est la fête de
la majorité qui habite le territoire où il y a un Parlement. Une
demi-minute? Au Québec, nous disons que c'est le 24 juin, et c'est la
seule fête qui ne doit pas être mobile. Cependant, nous savons
aussi que nous sommes des Canadiens géographiques par l'histoire et nous
acceptons, à cause de notre statut de colonisé, que le 1er
juillet soit aussi fêté, mais que cette fête-là doit
être mobile. C'est ça qui est notre point de vue.
M. Williams: Est-ce que j'ai le droit encore de demander...
M. Blais: Oui, oui.
M. Williams: Si vous acceptez qu'une fête nationale, une
fête d'une nation, d'un pays, doit être non mobile, comme le 4
juillet, je ne comprends pas. Malgré votre position constitutionnelle,
la dernière fois que j'ai regardé que... Nous sommes au Canada,
nous sommes Canadiens, nous sommes...
Une voix:...
M. Williams: Ah! je ne commence pas de débat,
Québécois ou Canadiens. Nous sommes au Québec aussi, mais
nous sommes Canadiens. Nous sommes la province de Québec dans
l'Assemblée nationale, mais la province de Québec, tout le peuple
canadien... Québécois et fier d'être
Québécois aussi. Mais, par votre définition d'une
fête nationale, pannationale de ce pays, ce doit être non mobile,
comme vous l'avez juste mentionné. Et si une fête, pour un pays,
doit être non mobile, doit être la même journée chaque
année, comme vous avez juste mentionné que
votre parti appuie cette position, je ne comprends pas du tout votre
position dans ce débat. Est-ce que la fête du Canada le 1er
juillet est mobile ou non mobile? Si c'est la fête d'un pays, c'est non
mobile, comme vous l'avez juste mentionné. (12 h 50)
M. Blais: Écoutez, ici, au Parlement du Québec, il
y a des députés élus par les Québécois pour
défendre ce qui se passe sur le territoire québécois.
À Ottawa, ils ont un Parlement pour défendre ce qui se passe sur
le territoire canadien. Et si quelqu'un doit légiférer pour que
le 1er juillet ne soit pas une fête mobile, c'est le Canada et non le
Québec. C'est par condescendance que le Parti libéral apporte
ça, parce que je crois qu'au Parlement d'Ottawa c'est à eux
à prendre cette décision-là. Nous, nous avons à
prendre des décisions sur des choses qui nous regardent, nous, comme
Parlement, qui regardent le territoire québécois. Que le Canada
fasse une loi et oblige que, d'un océan à l'autre, et je suis un
homme pacifique, mais pas du Pacifique à l'Atlantique... O.K.? Je suis
un homme pacifique et je voudrais que notre gouvernement... Le gouvernement
libéral actuel, c'est le mien aussi, même si je suis dans
l'Opposition, et lui, il a assez de députés pour défendre
les intérêts du territoire québécois. Les lois qu'il
doit faire, c'est ce qui regarde le territoire québécois et les
fêtes sur le Québec, et non pas agir en gouvernement, en Parlement
soumis à un autre qui, lui, devrait prendre ses décisions. Cette
loi-là, si on ne veut pas en étant Canadiens qu'elle soit... Nous
autres, on veut qu'elle soit mobile...
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député.
M. Blais: Oui, oui, ce ne sera pas long. De toute façon,
il reste du temps. Ce serait au Parlement d'Ottawa à prendre cette
décision-là et à faire cette loi, et non pas a nous.
Une voix:...
Le Président (M. Marcil): Elle est
arrêtée.
M. Blais: Oui, elle est arrêtée. C'est ça que
je disais, on manque de tic-tac. Il est moins 10. Vous comprenez bien ma
position...
M. Williams: On ne prend pas votre temps, là.
Le Président (M. Marcil): Non, non. S'il vous
plaît!
M. Blais: Est-ce que vous comprenez bien...
M. Williams: Est-ce que je peux poser ma dernière question
de clarification?
Le Président (M. Marcil): Je voudrais mettre la motion au
vote, compte tenu que le...
M. Williams: O.K. Parfait.
M. Blais: II reste cinq, six minutes. Laissez-le donc finir.
M. Garon: Consentement.
M. Blais: Laissez-le donc finir.
Le Président (M. Marcil): Vous voulez...
M. Garon: Consentement.
M. Blais: Oui, laissez-le finir.
Le Président (M. Marcil): O.K. Une dernière
question.
M. Williams: Une dernière question. M. Blais: On a
encore six, sept minutes.
M. Garon: C'est parce que ça continue à
éclairer....
M. Williams: Est-ce que j'ai bien compris...
Le Président (M. Marcil): Ça prendrait beaucoup,
beaucoup de watts...
Des voix:...
M. Blais: Non, je pense que...
Le Président (M. Marcil): Non. Excusez, je vais mettre la
motion au vote, ensuite vous ferez une motion d'ajournement, si vous voulez.
O.K?
M. Blais: J'espère que vous m'avez compris, M. le
député.
M. Williams: J'ai bien compris, mais j'ai une certaine surprise
que les membres du Parti québécois demandent au gouvernement
canadien...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Nelligan.
M. Williams: ...de prendre une décision pour nous ici.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Nelligan, on vous remercie beaucoup.
M. Blais: Non, non...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Masson, merci beaucoup. Merci beaucoup. S'il vous plaît!
M. Garon: On consent à ce que le...
Le Président (M. Marcil): Moi, comme président, je
mets la motion au vote.
Une voix: Parfait.
Le Président (M. Marcil): C'est assez. Merci beaucoup.
Donc, je vais vous appeler par ordre alphabétique. M. Blais,
député de Masson?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Marcil): Pour la motion. M. Garon,
député de Lévis?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Marcil): M. Paré,
député de Shefford?
M. Paré: Pour.
Le Président (M. Marcil): Ça va. M. le
député de Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Nelligan?
M. Williams: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Laporte?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci. Donc, la motion
est...
M. Garon: Le vote est irrégulier. Le Président
(M. Marcil): Pardon?
M. Garon: Parce que vous êtes supposé appeler les
membres, pour un vote, par leur nom, pas par leur nom de comté. On
appelle toujours...
Le Président (M. Marcil): Ah! bien, je peux le reprendre,
si vous voulez, si ça peut régler...
M. Garon: Bien, normalement quand on appelle les gens, on les
appelle par leur nom propre.
Le Président (M. Marcil): C'est bien.
M. Garon: C'est le seul moment, d'ailleurs, où ils sont
appelés par leur nom; habituellement c'est par leur nom de comté,
sauf au moment du vote.
Le Président (M. Marcil): Vous avez raison, M. le
député. Je vais reprendre le vote en ce qui concerne ce
côté-ci. Mme Cardinal, députée de
Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Marcil): Mme Loiselle,
députée de Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Williams,
député de Nelligan?
M. Williams: Je n'ai pas changé, contre.
Le Président (M. Marcil): M. Philibert,
député de Trois-RMères?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Bourbeau,
député de Laporte?
M. Bourbeau: Contre.
Le Président (M. Marcil): Donc, la motion est
rejetée, et j'ajourne les travaux...
Une voix: Vous les suspendez jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Marcil): Je suspends les travaux
jusqu'à 15 heures. Ça va? Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Marcil): Je déclare la
séance ouverte. Je rappelle le mandat de la commission. La commission
des affaires sociales se réunit afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 21, Loi modifiant la
Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives.
Donc, nous étions toujours aux motions. Est-ce qu'il y a des
motions à annoncer? M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui. Comme, avant le dîner, le
ministre nous a laissé clairement entendre qu'il n'y aurait pas
de modifications, vous allez me permettre d'apporter une motion qui se lirait
comme suit...
Le Président (M. Marcil): Motionnez, monsieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
Motion proposant d'entendre le Conseil du patronat du
Québec
M. Paré: Je motionne: «II est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la commission
permanente des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Conseil du patronat du
Québec.»
Le Président (M. Marcil): Pourriez-vous la déposer,
s'il vous plaît...
M. Paré: Avec plaisir, monsieur, en liasse et en
paquet...
Le Président (M. Marcil): ...que je puisse la lire, afin
de vérifier sa recevabilité. Je vais peut-être vous
demander de suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 14)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Marcil): La motion étant
recevable, j'entends votre argumentation, M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Devant une si judicieuse décision, M. le
Président, c'est avec plaisir que je vais parler quelques minutes,
c'est-à-dire à peu près une trentaine, pour vous dire
pourquoi je trouverais très utile qu'on entende le Conseil du patronat
du Québec sur un projet de loi comme celui-là.
Premièrement, ça concerne les normes du travail, la Loi
sur les normes du travail. Donc, si c'est sur les normes du travail,
normalement, je suis sûr que le Conseil du patronat du Québec
serait intéressé à venir se faire entendre
là-dessus pour voir si ça a des effets. Parce que je suis
convaincu que jamais le gouvernement n'oserait passer une loi,
légiférer dans un domaine aussi important que les normes du
travail, sans avoir évalué les impacts. Sauf qu'ils n'ont pas
été vraiment rendus publics. Je n'ai pas eu l'impression qu'il y
a eu beaucoup de discussions, parce que, là où on en a entendu
parler jusqu'à maintenant, c'est ici.
Mais ça va concerner beaucoup de monde. Il ne faut pas oublier
que les normes du travail, c'est une grosse machine, c'est un instrument
important, puisque à peu près 50 % des travailleuses et des
travailleurs du Québec sont directement concernés par la Loi sur
les normes du travail. Comme les normes du travail, c'est une institution qui
est en place depuis une douzaine d'années, que les gens se sont
habitués non seulement à travailler avec la Commission des normes
du travail, mais avec la Loi sur les normes du travail, c'est devenu
indispensable. C'est devenu un outil collectif très important. Donc,
tout ce qui est relié au travail passe maintenant par les normes du
travail, sauf là où il y a convention collective. Mais 50 % de la
population des travailleuses sont directement concernées par
ça.
Donc, ça concerne, évidemment, ceux qui sont
intéressés de près, dont les employeurs, et on sait que
les grands employeurs, les superemployeurs au Québec sont
représentés par le Conseil du patronat. Je suis convaincu que ces
gens-là aimeraient se faire entendre, et le plaisir serait
partagé; nous, nous serions très heureux de les entendre et de
pouvoir échanger avec eux autres. À moins qu'il y en ait eu et
que je ne l'aie pas vu - ce qui est fortement possible, parce qu'il s'en passe
tellement de choses et on est tellement occupés avec les heures
prolongées qu'on fait en fin de session, ça se peut qu'il se
passe des choses dans les journaux, à la radio et à la
télévision sans qu'on en ait connaissance - moi, je n'ai pas vu
de commentaires du Conseil du patronat sur le projet de loi 21 qu'on est en
train de discuter. Je pense que c'est parce que ces gens-là n'ont pas eu
le temps d'en prendre connaissance, ou demandent à être
consultés. Surtout quand on sait à quel point les choses
politiques et publiques sont suivies de près par le Conseil du patronat,
ce serait important qu'on puisse les entendre et avoir leurs commentaires
là-dessus, sur un changement qui risque d'avoir des effets.
On a parlé beaucoup de la fête nationale, on a parié
beaucoup de congé, depuis le début, sur cette loi-là. Je
me rappelle que le Conseil du patronat s'était déjà
prononcé lorsque le gouvernement québécois avait
décidé de faire du 24 juin la fête nationale avec ce que
ça veut dire comme obligation. On décide que c'est une fête
nationale et une fête nationale, en soi, c'est sacré. La preuve,
regardez dans tous les pays du monde, normaux, une fête nationale, c'est
quelque chose qui se fête la journée même, c'est quelque
chose qui est fêté par tout le monde. La fierté s'exprime
cette journée-là, donc il faut que ce soit une journée
différente. Les gens du Conseil du patronat étaient venus dire
que, non, non, il ne fallait pas changer ça; le 24 juin
pouvait être mobile. On n'était pas d'accord, je dois vous
le dire. On était même déçus d'une réaction
semblable. C'est ne pas reconnaître qu'on est un peuple normal qui a
droit à sa fierté et à ce droit de l'exprimer lors d'une
journée qu'on appelle la fête nationale. Ils étaient venus
s'exprimer, pas en commission, mais ils avaient fait valoir leur point de vue
en nous disant comment ça pouvait perturber les choses, comment
ça pouvait être dérangeant, comment ça pouvait nous
coûter cher. Si, dans une société, on faisait juste
évaluer des coûts comme ça, sans tenir compte qu'il y a
autre chose que juste la piastre, le dollar et la rentabilité, on serait
des sociétés malades. Heureusement, il y a des visions qui sont
différentes, et ça, pas au Québec, à travers le
monde entier, il y a la vision qui veut qu'on traite les gens comme des
humains, comme des êtres n'ayant pas seulement un portefeuille, un neuf
à cinq à respecter et à travailler, mais aussi un
sentiment de fierté, un sentiment d'appartenance qu'ils veulent
exprimer, et d'une façon particulière, à leur fête
nationale. (15 h 20)
À ce moment-là, le Conseil du patronat avait fait valoir
son point de vue, qu'on ne pouvait pas et que c'était mieux que ce soit
mobile, qu'on puisse déplacer la fête pour l'ajouter à une
fin de semaine pour en faire une longue fin de semaine. Si l'argument
était bon pour le 24 juin, qui est la fête nationale du peuple
québécois, et il n'y a plus personne qui conteste qu'on est une
nation, un peuple, tout ce qu'il nous manque c'est un pays, mais on est un
peuple avec nos différences, nos particularités, notre
caractère, notre culture, on a tout, tout, tout, il nous manque juste de
dire qu'on veut qu'on ait le pays pour qu'au niveau mondial cette
reconnaissance soit visible, c'est-à-dire mettre notre drapeau aux
Nations unies et être capable de négocier et d'échanger
avec les autres pays du monde comme un adulte, comme un pays normal, comme un
pays responsable. Si, pour le 24 juin, le Conseil du patronat avait dit que
c'était bien trop dangereux, bien trop coûteux, bien trop
dérangeant, j'ai l'impression que, pour le 1er juillet, il va être
encore bien plus déterminé à faire valoir ces
arguments-là, que ça va nous coûter très cher, que
ça va déranger, que ça va bousculer. Parce que l'argument
qui est retenu par bien des gens, arrêter des chaînes de production
le vendredi pour recommencer le lundi, arrêter le mardi soir pour
recommencer le jeudi matin et finir le vendredi soir pour recommencer le lundi
matin, parce qu'on a un congé, le 1er juillet, qui tombe, cette
année, un mercredi... Donc, si...
M. Blais: Cette année, ça tombe un mercredi?
M. Paré: Ça tombe un mercredi, oui. Juste le
lendemain du mardi. Si c'était valable comme argumentation il y a
quelques années pour le 24 juin, imaginez-vous comment l'argument du 1er
juillet est encore bien plus fort, parce que, là, ça fait deux
semaines de file en plus, donc pas seulement une, mais deux... Alors,
là, le Conseil du patronat qui a fait valoir son point de vue il y a
quelques années sur la fête du 24 juin, on va lui passer le 1er
juillet, ici, en fin de session, comme ça...
M. Blais: Le 24 juin tombe quelle journée cette
année?
M. Paré: Un mercredi aussi, ça tombe bien.
Ça veut dire que...
Le Président (M. Marcil): La fête de la
Saint-Jean-Baptiste tombe le 24 juin cette année.
M. Paré: La fête nationale des
Québécois...
Le Président (M. Marcil): Ah bon! C'est nouveau.
M. Paré: ...qui est en même temps la fête de
notre patron, parce qu'on est un peuple-Le Président (M. Marcil):
Ah! c'est bien, ça.
M. Blais: C'est la fête de M. Parizeau?
M. Paré: Je voudrais continuer, M. le Président,
ha, ha, ha! en restant au niveau de la fête nationale, notre
fierté, collectivement, d'être au-dessus des partis politiques. Je
ne comprends pas qu'on refuse aux gens de s'exprimer là-dessus. C'est
sûr qu'il y a la fierté, mais il y a les coûts, et je vais
vous dire, les coûts, c'est minime par rapport à ça. Mais
là où je veux en venir et vous montrer que, des fois, je trouve
qu'on n'est pas très constants ou congruents dans notre jugement ou dans
les arguments qu'on utilise, on dit, d'une façon sérieuse et sans
rire, qu'il faut passer ce projet de loi maintenant, rapidement, parce que M.
Béland aurait dit que ça aurait été utile pour le
Mouvement Desjardins. Comment se fait-il qu'on va agir et qu'on va
légiférer rapidement sur un projet de loi parce qu'un
représentant d'un organisme, qui est majeur et très important au
Québec, j'en conviens, mais parce que M. Béland, des caisses
populaires, a dit et a demandé, dans une lettre, une modification
à la loi et non pas ce qu'on est en train de voter ici, mais on
l'utilise, par exemple... Mais parce que M. Béland, comme un des
intervenants majeurs au Québec, a demandé des modifications
à la loi, on est en train de légiférer. Et, pourtant, le
Conseil du patronat, qui, sur un principe semblable, s'est prononcé
contre il y a quelques années, on ne l'entendra pas, on ne lui permettra
pas de s'exprimer. On dit: II y a comme deux
poids deux mesures, ou: II y a comme quelque chose d'irrationnel
là-dedans.
Il faudrait que le Conseil du patronat puisse aussi se faire entendre
pour voir si, avec ce principe-là, il est d'accord et si, le fait de
faire ça, ça va amener des effets négatifs, pour la
société et pour l'économie. Mais non, on ne
l'écoutera pas. Et moi, je n'ai pas vu de commentaires. Il faudrait lui
donner la chance, à M. Dufour. Peut-être que le commentaire va
être: Je n'ai pas de commentaires à faire, ou peut-être que
ça va être qu'il est d'accord, plus par ses convictions politiques
que par son rôle de président du Conseil du patronat du
Québec. Ça, c'est une chose à voir. Mais ça nous
permettra d'échanger avec lui et de le savoir. Il faudrait l'entendre,
parce que M. Dufour, on aime ça, l'écouter. On l'entend souvent.
Il prend des positions d'une façon presque quotidienne sur tout et,
là-dessus, ce serait normal qu'il en prenne une aussi et qu'on puisse
l'évaluer, alors que là, moi, je n'ai rien vu, rien entendu, et
on va légiférer ne sachant pas ce qu'il pense du projet de loi.
S'il est d'accord pour ses convictions politiques, il a le droit. Mais, nous,
on a le droit de le savoir et on saura que, quand il prendra une position sur
un autre congé, il faut d'abord tenir compte du côté
politique plus que du côté économique. Parce qu'à un
moment donné, qu'on soit en politique ou pas, il va falloir qu'on soit
clairs et que les gens sachent de quel bois on se chauffe.
Quand j'entendais M. Dufour dire: II faut s'occuper de Constitution, il
ne faut pas laisser ça dans les mains de nos politiciens, ou même,
il faudrait quasiment... C'est un peu même beaucoup négatif, en
disant: II faut que le milieu des affaires prenne en main le débat
constitutionnel, comme si ce n'était pas quelque chose de
démocratique et de politique, c'est même indécent. Mais,
s'il veut faire de la politique, qu'il vienne là où le
débat se passe, parce que la démocratie veut que ce soient des
gens élus par la population, démocratiquement, et non pas des
gens nommés par des milieux des affaires qui ont des
intérêts égoïstes, particuliers et privés
à défendre. Nous, on n'a pas ça à faire ici. Vous
le savez, vous êtes tous des députés, on est des
représentants de l'ensemble des intervenants du Québec, mais dans
nos comtés, de la totalité de nos citoyens. On représente
tout le monde, peu importent leur origine, leur couleur, leur race, leur
religion et la grosseur de leur portefeuille. Donc, nous, on est très
représentatifs et on a le droit de s'exprimer, on a le droit de faire
valoir notre point de vue. Et même ici, à l'Assemblée
nationale, c'est nous qui devons décider de l'orientation que va prendre
le Québec, en consultation, j'espère, avec la population, par
référendum.
Mais la loi qu'on est en train de faire, ça modifie des choses
dans le comportement collectif du peuple québécois. Donc, on est
en train de modifier des choses; on ne veut pas écouter les gens. On est
tellement ouverts, nous, on est tellement disponibles et prêts, on vous
dit: On est prêts à être ici le temps que ça prendra
et on est prêts à écouter même des gens qui, au
départ, ne sont pas nécessairement sympatiques aux causes qu'on
défend. Et pourquoi pas? On respecte les idées différentes
et on est prêts à discuter avec tout le monde. Donc, si le Conseil
du patronat s'est déjà exprimé contre une date... le
congé à la date, comment dire ça? à la date
même de la fête nationale du Québec, comment se fait-il
qu'on ne lui donnerait pas la chance de s'exprimer sur une loi semblable
quelques années plus tard, qui fait que le 1er juillet va être
fêté la journée même? Parce que c'est ça,
l'esprit de la loi. Il ne faut pas se le cacher. On aura beau dire que
l'article 1 parie de la nomination d'un vice-président; ça, ce
n'est qu'un argument. C'est tout simplement, comment je dirais, essayer de
mêler un peu les gens. Mais la réalité, tout est
basé sur une seule chose: la reconnaissance de la fête nationale
du Canada. Et ça, notre collègue, le député de
Jacques-Cartier, si je ne me trompe pas de comté-Une voix: De
Nelligan.
M. Paré: ...de Nelligan, je m'excuse, est venu confirmer
tout ça depuis hier soir et d'une façon encore plus
spécifique ce matin en disant que c'est avec fierté qu'il faut
fêter le 1er juillet, fête du Canada. Ça, ça a
été très clair. Alors que le ministre vient nous dire que
ce n'est pas une question d'une seconde fête nationale pour les
Québécois, je vais vous dire, son collègue est venu
replacer tes choses exactement là où elles se trouvent,
c'est-à-dire dans la réalité des choses. La
vérité est toute claire et toute nue à partir de
maintenant; ce qu'on veut, c'est la confusion, comme on fait depuis des
années. Quand on n'a pas d'arguments pour quelque chose, bien, on a des
arguments contre ou on a la confusion. Et là, c'est la confusion.
Là-dessus, j'aurais aimé entendre le Conseil du patronat
du Québec qui défend, je dois dire, avec beaucoup
d'énergie, beaucoup de conviction, les choses auxquelles il croit. Il
faudrait être bien honnêtes là-dessus et bien clairs, le
Conseil du patronat est impliqué dans tous les dossiers, il se prononce
à peu près sur tout, mais il ne s'est pas prononcé sur la
loi 21. Donc, qui ne dit mot consent. C'est probablement ce qu'il faut en
déduire: Qui ne dit mot consent. Mais on le voit, tous les jours ou
presque, prendre des positions qui sont, dans bien des cas, des positions
très politiques, comme, dans le journal ce matin, le Conseil du patronat
voudrait «presquement» mettre les politiciens de côté
pour décider de la Constitution. Là, il faudrait le faire se
prononcer là-dessus. Il faudrait qu'il vienne nous dire si c'est
opportun, ce projet de loi là, pas seulement en fonction de ses
convictions politiques, mais en
fonction aussi un peu de l'économie en général et
du côté économique de ses membres. Il faudrait l'entendre.
Il faudrait voir s'il est d'accord à ce qu'on défende la
Constitution de cette façon. Est-ce qu'ils accepteraient, eux autres, et
est-ce qu'ils trouvent normal qu'on défende une option politique en se
mettant en état de faiblesse? (15 h 30)
Je vais vous expliquer ce que je veux dire, parce que c'est pas rien, ce
qu'on est en train de voter, ce n'est pas une petite affaire. Nous, on ne
semble pas le prendre au sérieux, mais on sait très bien ce que
ça a comme effet. On le sait tellement que ce n'est pas pour rien qu'on
a décidé de la passer, la loi, parce que si ce n'était
rien, si ce n'était pas une loi importante pour le gouvernement, au
niveau constitutionnel et politique, si ça ne changeait rien, comme
certains ont dit, de l'autre côté, pour quelle raison est-ce qu'on
ne la mettrait pas en vigueur juste l'an prochain? Pour quelle raison est-ce
qu'on serait en train de la voter maintenant? Même, probablement, le
ministre l'a laissé entendre très clairement ce matin, nous
mettre encore une fois la guillotine? Ça, c'est donc
représentatif du gouvernement libéral actuel.
Au lieu d'amener les lois au mois de mars... Ça, mes
collègues, ici, des deux côtés de la Chambre, vont s'en
rappeler. Au mois de mars, lorsque les travaux ont commencé, on ne
faisait même pas des semaines complètes. Il y a des soirs qu'on ne
siégeait même pas, imaginez-vous. On s'est dit que c'est parce
qu'il n'y a pas de législation, il y a pas de discussion, le
gouvernement n'a plus d'idées.
Une voix: Des motions non annoncées.
M. Paré: Ah, puis des motions non annoncées pour
gagner du temps. On pouvait faire parier des députés sur une
motion non annoncée, pendant tout l'après-midi, et ça,
ça légifère beaucoup... Puis, là, on s'est dit:
Mais comment ça se fait? Quand on veut légiférer
ouvertement, clairement, avec le respect de la population, on commence au mois
de mars et on se donne tout le temps de permettre à la population
d'être informée et aux intervenants, comme le Conseil du patronat,
de venir en commission pour se faire entendre.
Pourtant, ce n'est pas ça qui s'est passé. En mars, il y a
des après-midi complets qui n'ont été retenus, à
l'Assemblée nationale, que pour des motions de félicitations: M.
et Mme X, la journée de tel groupe dans la société. Je ne
dis pas que ce n'est pas important, sauf qu'on a pris des après-midi
complets à faire parier du monde sur des motions de
félicitations. Puis, il y a des soirs où on ne siégeait
pas parce qu'il n'y avait pas de législation déposée. En
mars, on n'a presque pas légiféré. En avril, c'est les
crédits qui sont arrivés. On a parié de finances. C'est
important, ça, il ne faut pas se le cacher, c'est vrai, sauf que tout
était concentré, non pas sur de la législation, mais sur
les crédits des différents ministères. À la fin de
mai, début juin, toutes les lois sont amenées en même
temps. Il y a urgence, on légifère 24 heures par jour. Vous avez
vu, la semaine passée, deux nuits complètes. Puis, là, on
finit tard. Là, ça presse.
Comment se fait-il que ça presse en juin, au moment où
tout passe à la vapeur, où on travaille jour et nuit? On refuse
d'entendre les gens, puis on refuse de discuter. C'est très
symptomatique du gouvernement actuel, et c'est en même temps très
inquiétant: c'est qu'on a des choses à cacher. Cette
loi-là, elle est fondamentale, cette année, pour le gouvernement.
Elle est fondamentale parce que nous sommes dans une année capitale au
niveau constitutionnel. On veut, encore une fois, amener plus de confusion, en
mêlant davantage les Québécois qui avaient une fête
nationale. On respectait ceux qui veulent reconnaître que le Canada,
c'est encore leur pays; effectivement, le 1er juillet était, est
toujours, et nous, on ne veut pas l'enlever comme tel, un des congés
reconnus par la Loi sur les normes du travail.
Mais, là, ce qu'on veut en faire, ce n'est pas ça,
deuxième fête nationale. Notre collègue de Nelligan l'a dit
carrément, ce matin, deuxième fête nationale. Cherchez les
peuples au monde qui ont deux fêtes nationales. Je dois vous dire, quand
on voit... On a vu ça, dernièrement, il n'y a pas tellement
longtemps. Dès qu'on voit un animal - on a vu un veau, je pense que
c'est en Californie ou au Mexique - né avec deux têtes, un veau,
ça fait les manchettes mondiales, partout à travers le monde, des
bibites à deux têtes. Hein! On voit un concombre qui est un petit
peu plus long que les autres, puis ça fait même les manchettes
mondiales. Pourquoi? Parce que ce n'est pas normal. Là, on est en train,
effectivement, d'être exclusifs, au Québec: seul peuple au monde
avec deux fêtes nationales, l'ambivalence, la confusion. Mêler les
gens, surtout cette année. La preuve? C'est ce projet de loi. Tout ce
qu'on peut faire pour mêler les gens, on va le faire. On va nous faire
veiller - probablement 24 heures par jour - au début de la semaine
prochaine pour voter cette loi-là en pleine nuit, parce qu'on veut
absolument, absolument, que le 1er juillet, ce soit une grande fête. On
en a besoin dans le débat constitutionnel actuel. On va fêter
quoi? On va fêter le rapport Beaudoin-Dobbie? On va fêter le
rapport Clark qui est sorti hier soir, qui est un recul historique sur tout ce
que le Québec a connu, même par rapport à la Constitution
de 1867? Ils vont même se mettre le nez, d'une façon
constitutionnelle, maintenant, dans l'éducation. Imaginez-vous!
La culture. On va nous traiter comme n'importe quelle minorité,
comme les autochtones, parce que tous les grands moyens de communica-
tion, non seulement ils les gardent à Ottawa, ils se
permettent, constitutionnellement, d'augmenter leur présence dans la
culture, même dans les subventions. Est-ce qu'on va finir par
arrêter de rire du monde, et dire que la culture est d'exclusivité
québécoise provinciale? Mais, tout ce qui est important, tout ce
qui est grand, tous les moyens modernes de communication, Ottawa garde
ça! Donc, l'Office national du film, Radio-Canada, les moyens de
subventions, tout ce qui est troupe nationale, on garde ça, parce que
ça, c'est visible, c'est important, c'est majeur. Vous autres, vous
garderez... quasiment le macramé, on nous traite de même. C'est
ça qu'on va fêter, mais on en a besoin de cette loi-là
parce qu'il faut absolument donner l'illusion aux Québécois qu'on
ne peut plus s'en passer, puis que c'est important.
Donc, mêlons-nous au bout... Mais je dois vous dire
que la capacité de dire n'importe quoi... Le ministre dit qu'on parle
beaucoup pour ne rien dire. Je vais vous dire, je n'ai pas cette
impression-là. En tout cas, j'essaie d'être clair, mais on a des
champions pour dire le contraire. Moi, quand j'entends... Puis, ce qu'on a
entendu, il fallait le faire! Dire aux gens qu'un non veut dire un oui. Un non
veut dire un oui! Y a-t-il quelque chose de plus contradictoire que non et oui?
C'est comme dire aux gens que noir et blanc, c'est pareil. C'est ce qu'on a
essayé de faire croire aux gens. Plus tard, on est en train de nous
faire accroire que la souveraineté, c'est du fédéralisme.
Comme on n'est pas capable de vendre le fédéralisme, on essaie de
faire accroire que le fédéralisme, c'est la souveraineté,
exactement comme le oui voulait dire un non. Mais, comme ce n'est pas encore
assez, il faut passer des lois comme ça, à la vapeur, sans
consulter et sans écouter les gens, avec la bénédiction du
Conseil du patronat. Mais il devrait venir nous le dire ici, en pleine face,
par exemple, devant les députés. Qu'il ne se gêne pas pour
dire qu'on ne fait pas notre rôle, qu'on le fait mal ou qu'on n'est pas
assez intelligents pour le faire. C'est un peu ça qu'ils nous disent,
hein?
Quand je regardais le texte de ce matin, c'est comme s'il
fallait décider de la Constitution en dehors du Parlement. Voyons donc!
Encore une fois, on va être la seule place au monde où on va dire
qu'en démocratie ce ne sont pas les gens politiques qui sont aptes et
capables de représenter leur population et de défendre ses
intérêts. Qu'il vienne nous le dire en pleine face. C'est pour
ça qu'il faudrait l'inviter. Puis, s'il est d'accord avec ça
parce que ça fait son affaire au niveau constitutionnel, on va le
questionner là-dessus. Mais il faut que ce soit clair, il faut que ce
soit juste, et là on va mêler les gens. Encore une fois, on va
leur dire qu'un non veut dire un oui, que noir et blanc, c'est pareil, que
c'est dans notre tête à nous autres, les péquistes, qu'on
voit une différence.
Puis, on a deux fêtes nationales, puis on va
fêter deux fêtes nationales. Bravo! «c'est-u»
extraordinaire? Bien, voyons donc! On est en train de vouloir dire qu'une
fête nationale, ce n'est pas important quand on fait ça. C'est
comme s'il n'y avait pas de différence. La société
distincte, vous êtes en train de lui passer vraiment le bulldozer dessus.
Puis, je trouve ça dommage, puis inquiétant.
J'aimerais ça pouvoir parler aux gens du Conseil du
patronat pour voir leur réaction par rapport à quelqu'un qui nous
représente et qui négocie pour nous, de la façon dont le
gouvernement québécois est en train de le faire. Ceux qui ont
déjà fait du syndicalisme ou ceux qui ont déjà
été à la tête de corporations, ceux qui ont
été des directeurs d'entreprise, des présidents de
conseils d'administration vont vous dire que, quand on est en train de
négocier, on met toutes les chances de notre côté pour
être gagnants. C'est notre rôle, ici, de s'assurer que le
Québec soit gagnant. C'est le rôle de tous les
députés, peu importe de quel côté on se trouve.
C'est d'essayer de faire en sorte - parce que, n'oubliez pas, on est
élus à Québec, nous autres, on n'est pas élus
à Ottawa, Notre rôle, c'est que le Québec soit de plus en
plus fort, de plus en plus riche, parce que c'est comme ça qu'on va
rendre les gens de plus en plus heureux. Notre rôle, c'est de s'assurer,
quand on défend le Québec, de se mettre en position de force. Un
syndicat, quand il négocie pour ses syndiqués, il fait quoi? Eh
bien, il va aller chercher des mandats de grève, s'il en a besoin. Il va
faire des pressions, s'il en a besoin. Il va même faire des grèves
du zèle, s'il en a besoin, mais il va se mettre en état de force,
comme représentant, dans le but d'aider ceux qu'il défend. Donc,
s'il fallait qu'un leader syndical, dans une période de fin de
négociation, se mette en état de faiblesse, puis commence
à tripoter avec le côté patronal, ce n'est pas long que les
syndiqués diraient: Bien, toi, on n'a plus confiance, va-t-en chez vous!
On va se trouver un autre leader. S'il fallait qu'un chef d'entreprise
gère mal une entreprise, de façon volontaire, pour faire baisser
les actions, je vais vous dire que ça ne serait pas long que les
actionnaires auraient une réaction terrible, virulente. (15 h 40)
Bien, qu'est-ce que c'est qu'on est en train de faire, nous
autres? Notre porte-parole, au niveau constitutionnel, dans une fin de
négociations constitutionnelles, notre représentant, notre
premier ministre, avec le Conseil des ministres, on est en train de se mettre
en état de faiblesse. Le projet de loi 21 vient confirmer notre
état de faiblesse en disant au reste du Canada: Faites-nous n'importe
quoi, crachez-nous dessus, refusez Meech, qui est le minimum des minimums, on
n'a jamais été si bas dans nos demandes, refusez-nous Meech, ce
n'est pas grave. Continuez à négocier, puis à nous dire
que les autochtones vont être mieux traités que les
Québécois, ce n'est pas grave. On ne commente même
pas. Amenez-nous le rapport Beaudoin-Dobbie, qui n'a aucun bon sens -
même le premier ministre... une motion unanime à
l'Assemblée nationale, sauf le Parti Égalité. Amenez-nous
n'importe quoi, on va passer une motion, mais après on se ferme.
Maintenant, on est à la fin de la négociation.
Là, avec ce qui est sorti hier soir, on sait très bien
vers quoi on nous amène: un recul sur toute la ligne pour les
Québécois. Alors, nous, là, n'oubliez pas, on est des
parlementaires. On fête le 200e. Je l'ai dit hier, puis je le
répète parce que c'est important de le répéter, je
pense. On fête le 200e anniversaire de vie parlementaire à
Québec. On est les représentants de la population
québécoise. On descend de Papineau et LaFontaine, comme nos
pères, au niveau parlementaire, qui ont défendu le Québec
et en ont fait une société distincte. Puis, là, nous, on
est là pour préserver au moins ce que ces gens-là nous ont
donné, ce qu'ils nous ont légué comme héritage,
puis essayer de donner autant d'espoir aux Québécois qui vont
nous suivre que l'espoir que nos prédécesseurs nous ont
donne.
Bien, avec ce qu'on nous a fait hier soir, on est en train de nous
enlever ce qu'eux autres nous ont donné. Ce que nos
prédécesseurs politiques nous ont légué, on est en
train de nous l'enlever au niveau de l'éducation, au niveau culturel, au
niveau de la reconnaissance de la société distincte, parce que la
société distincte on va la contraindre à l'obligation,
maintenant, de faire la promotion et le développement de l'anglais au
Québec. Bien, je vais vous dire, jamais nos ancêtres n'auraient
pensé cela que, nous, on serait d'accord avec ça.
Bien, hier, avec le signal qu'ils nous ont donné, du chemin
étroit dans lequel on nous embarque, on devrait être en train
de...
Le Président (M. Marcil): Ça, c'est une et
demie.
M. Paré: Pas juste une minute et demie?
Le Président (M. Marcil). Une minute et demie. Là,
maintenant, c'est une minute. Donc, si vous pouvez aller en conclusion.
M. Paré: Bien, je conclus, parce que vous me dites qu'il
me reste une minute et demie, en disant que c'est inacceptable que le
gouvernement nous mette en état de faiblesse avec ce qui est sorti hier
soir. Voter la loi 21 qui fait en sorte que, comme Québécois, on
les remercie et on va fêter notre seconde fête nationale le 1er
juillet, comme une fête nationale, c'est indigne d'un gouvernement. Ce
n'est pas une petite loi ridicule qu'on est en train de voter. C'est un signe
qu'on donne au gouvernement fédéral: Faites-nous n'importe quoi,
on va vous licher les bottines. C'est inacceptable. Si le Conseil du patronat
était contre le 24 juin, qu'il vienne nous dire ce qu'il pense, avec ses
arguments économiques, du 1er juillet. S'il est d'accord avec ça,
puis que l'économie, ça ne compte plus, quand ça
défend ses orientations politiques, qu'il vienne rendre compte, lui
aussi. Je pense qu'il est temps que les Québécois voient ceux qui
les défendent et ceux qui ne les défendent pas. Le Conseil du
patronat qui parle tous les jours, bien, qu'il vienne parler aujourd'hui. Moi,
j'aurais le goût de les entendre.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Shefford. Maintenant, je vais reconnaître M. le
député de Masson.
Une voix: II met son courage à l'épreuve. M.
Yves Blais
M. Blais: Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Il y
a une chose qui est très connue c'est que, comme député,
moi, je suis un homme très tolérant. Il y a certains ministres -
je les aime pour la plupart - mais le ministre actuel, c'est un ministre que
j'ai toujours apprécié. Je trouve qu'il fait son possible. C'est
un ministre, d'abord, très nationaliste. J'ai aimé beaucoup ses
plats de résistance au cours de son mandat. Il a pris une position
très ferme pour le rapatriement de la main-d'oeuvre de façon
totale dans les mains du Parlement du Québec. Là-dessus, je
trouve que c'est un beau plat de résistance.
À cette table, où nous sommes à discuter de plats
de résistance, arrive ici le patronat qui force le gouvernement, avec
certains agents économiques, à choisir entre deux dates, soit le
24 juin et le 1er juillet, ou de choisir les deux. Comme dessert, je pense que,
si c'est un de ses derniers projets de loi qui arrivent, ça ne fera pas
honneur à ses plats de résistance parce qu'il nous amène
ici, comme dessert, une «tarte aux dates». Comme dessert, cette
«tarte aux dates», je ne l'aime pas beaucoup. Moi, je suis
plutôt un type à défendre le folklore qui nous
caractérise et, le 24 juin, je pense que la tarte qu'on doit servir,
c'est la tarte à la ferlouche tandis que, dans ce projet de loi, on nous
amène la tarte du 1er juillet qui est la «tarte à l'affaire
louche».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Je ne crois pas que, malgré toutes les
discussions qu'on puisse avoir, le goût et le palais de chacun, qu'on
soit gourmet ou gourmand... Il se développe au travers des années
et, selon les peuples, des goûts spécifiques. Moi, je tiens
à dire - et je pense que c'est assez connu - que mes racines, que mon
palais est beaucoup plus satisfait quand je hume le fumet d'une chose beaucoup
plus affriolante qu'une «tarte à l'affaire louche». Moi, je
désire la tarte
folklorique de la feriouche, et c'est ça, en fait, qui est tout
le débat. C'est très drôle que des parlementaires, au prix
où nous gagnons, soient là à discuter d'une «tarte
aux dates». Si les gens nous écoutaient... On sait que personne ne
nous écoute. Grâce à Dieu, personne ne nous écoute,
mais quand on sait, au prix où on est payé, qu'on est là
à discuter d'un projet de loi sur une bataille de dates! On s'attaque
aux dates!
M. le Président, vous ne l'avez pas écouté sur
toute la ligne, le patronat. Le président du Conseil du patronat, qui
est très bien connu, voulait que vous ameniez ce projet de loi comme un
petit pain qui sort du four. Il voulait absolument qu'il amène ça
comme ça. Ça n'a pas été aussi croustillant que le
patronat voulait le demander. Le pain que vous lui avez servi, vous en avez
tranché quelques tranches, et là, à la tranchée, en
enlevant de leur petit pain des bouts, ils dont dit: Mais qu'est-ce qu'il dit,
le pain, quand on le tranche? C'est très simple, M. le ministre. Il
«diminue».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est ça qu'il dit, le pain, quand on le
tranche. Il «diminue». Le patron avait mangé plusieurs
tranches dans son projet de loi et, au lieu d'avoir tout un pain toasté
de 22 toasts, il va avoir un petit club sandwich, juste trois tranches
grillées. Toasté est accepté. Je lève un toast
à ça. Mais c'est malheureux. Il y a beaucoup d'agents
économiques au Québec. On sait, depuis le rapport
Bélanger-Campeau, que la plupart des agents économiques, une
très grande majorité de ceux qui sont venus à la
commission Bélanger-Campeau dans le monde de l'économie
étaient en faveur d'un rapatriement à peu près absolu des
pouvoirs. Ils étaient aussi exigeants que le rapport Allaire. Il y avait
une seule exception. Ce n'était pas le Conseil du patronat du
Québec, CPQ - canadien, provincial, québécois, ils sont
trois, eux - ce n'est pas eux autres, c'était le représentant, M.
Dufour, lui-même, en personne. Il a suivi depuis le début, d'une
ville à l'autre, d'un océan à l'autre, la Constitution,
comme une espèce de - je cherche un mot autre que suppositoire, ce n'est
pas parlementaire - palliatif à ceux qui manquaient d'arguments pour
défendre le fédéralisme économique.
On voudrait qu'il vienne ici nous dire pourquoi, lui, en tant que
représentant d'hommes d'affaires qui, à 82 % dans les sondages,
sont en faveur de la souveraineté et n'en ont pas peur du tout, choisit
encore d'atrophier la fierté du Québec en demandant que le 24
juin soit amovible. La fierté, ça ne se monnaye pas, ça.
C'est une chose que l'on a en soi ou que l'on n'a pas. Ça ne se commande
pas, ça. C'est comme la conscience sociale. On ne peut pas faire une
loi, nous, pour dire: Le peuple québécois devra avoir une
conscience sociale. Ça ne se légifère pas, ça.
Le patriotisme, c'est inné. On a ça en soi comme on a un
nez pour respirer, comme on a des poumons pour humer l'air, comme on a des
yeux, comme le député qui est devant moi, qui sont charmants.
C'est comme ça. Ça nous est naturel, ça, et ceux qui ne
sentent pas naturellement qu'ils sont des Québécois, c'est
inutile. C'est inutile d'essayer. Eux autres, ils vont manger un morceau de
«tarte à l'affaire louche». C'est ça qu'ils vont
manger comme dessert. (15 h 50)
On aimerait bien que M. Dufour, le président du Conseil du
patronat du Québec, vienne nous expliquer comment il peut en arriver,
contrairement à ses membres, à demander une chose qui est
antifête nationale, en voulant... Lui, il ne veut pas changer le 1er
juillet, comme il est dit dans la loi, puis le mettre à une date fixe.
C'est le contraire. Il veut laisser le 1er juillet comme il était, date
mobile comme fête. Nous autres aussi, on est d'accord là-dessus.
Lui, pire que ça, il voudrait que le 24 juin devienne une fête
mobile aussi pour, on dirait, déraciner notre fierté. Ils sont en
période de sécheresse, les constitutionnalistes
fédéralistes. J'ai l'impression qu'ils devraient - comment est-ce
qu'on dit ça - sarcler un peu plus le territoire, puis être plus
représentatifs.
J'ai trouvé extraordinaire l'exposé de mon confrère
de Shefford, extraordinaire. Il a dit: Dans la période actuelle,
où la Constitution nous est présentée sur une... On
regarde ça comme dans le temps de Notre Seigneur Jésus Christ. On
les regarde sur une grande table. Ils sont tous là, attablés, eux
autres aussi. Les gens les regardent. À peu près personne
n'était là, quand on a parié de la Constitution de 1982,
à peu près personne. Les gens ne les connaissent presque plus.
Moi, dans mon comté, on m'a demandé souvent: Mais qui sont ces
gens? J'ai dit: Ce n'est pas nécessaire que vous les connaissiez, ceux
qui sont là. Il s'agit de retenir que celui qui a la gueule croche
s'appelle Judas. Le restant, ce n'est pas nécessaire de savoir qui
c'est, ce n'est pas nécessaire. Ce n'est absolument pas
nécessaire de connaître les autres. Celui qui a la gueule croche,
c'est Judas. Ce n'est pas nécessaire de reconnaître les
autres.
C'est une figure de style, bien sûr. C'est une figure de style,
mais ça en dit très long. Mais, là, que le patronat vienne
rajouter, rajouter en voulant rendre mobile la fête nationale, ce serait
le seul État qui aurait une fête mobile dans le monde. Le 4
juillet, aux États-Unis, se fête le 4 juillet, la fête de
l'indépendance. Ça ne s'appelle pas la fête des
États-Unis. Voyons! Il n'y a pas un pays qui fait porter le nom du pays
pour désigner sa fête, parce que ça sort tout... ça
ne veut rien dire. Le 4 juillet, c'est la fête de l'indépendance
américaine. Le 14 juillet, c'est la prise de la Bastille. C'est comme
ça. C'est comme ça que ça fonctionne. Je ne savais pas
qu'ils l'avaient prise, la
Bastille. Savez-vous où elle est, la Bastille? Je me demande
où elle est. Je sais qu'ils l'ont prise, mais ils l'ont
déménagée où?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Je ne sais pas. Ça doit être...
Une voix: Ça doit être au Parlement, ici...
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député.
M. Blais: En conclusion, j'ai l'impression... Mais,
historiquement, pour tout le monde, je le sais où elle est, la Bastille.
Elle est dans le Bureau du leader du gouvernement avec la guillotine qui va
bientôt... Ils vont bientôt nous arriver tous les deux, afin de
faire que l'on se taise. Puisqu'ils «folklorent», je vais conclure
en disant que je préfère, dans ce dessert, aux «tartes aux
dates», la tarte à la ferlouche, qui est de notre folklore,
plutôt que celle du 1er juillet, de «l'affaire louche». Je
vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Masson. Maintenant, je vais reconnaître Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudiè-re.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Je ne peux pas croire, personnellement, en tout cas, que le gouvernement, que
le ministre va en arriver à nous mettre la guillotine sur un projet de
loi comme celui-là. Vraiment, j'ai de la misère à croire
ça. Je me demande comment ça pourrait être perçu,
comment ça pourrait être vu, un projet de loi comme
celui-là, où il n'y a eu, à toutes fins pratiques, aucune
consultation, aucune demande. On a parlé de la demande de M.
Béland, ce matin. Je pense que tout le monde, autant de notre
côté que du côté ministériel, sait lire. On a
vu en quoi consistait la demande du Mouvement Desjardins. Ce n'est pas tout
à fait ce qu'on est en train de faire, M. le Président.
La seule demande qu'on a vue, qui pouvait se rapprocher un tant soit peu
de ce qu'on est en train de faire, c'est la lettre de Claude Béland,
qu'on a vue ce matin. À part ça, M. le Président, on n'a
rien vu du tout d'autre. Alors, vous comprendrez que je serais absolument
étonnée... Je vais vous dire, je ne sais pas comment ça
serait perçu que le gouvernement nous mette la guillotine sur un projet
de loi amanché comme ça, qui ne répond pas à des
demandes, finalement, de personne. Ça ne répond pas à des
demandes de personne. Les demandes réelles... Si, vraiment, tout ce
qu'on a en main, c'est la demande de Claude Béland du Mouvement
Desjardins, on l'a vue, nous autres aussi, M. le Président. On est
capable de la lire. Je ne suis pas sûre que M. Béland aimerait
beaucoup porter l'odieux de se faire dire: C'est ça qu'on a fait avec
votre... C'est grâce à vous si on arrive avec une fête comme
celle-là, amanchée comme ça.
M. le Président, je sais très bien que le projet de loi
qu'on a devant les yeux ne met pas la fête du 1er juillet dans la loi,
n'inclut pas le 1er juillet dans la loi sur les fêtes nationales. Je suis
tout à fait consciente de ça. Mais ce qu'on vient faire par le
projet de loi, c'est qu'on vient enlever cette possibilité de
déplacer le congé du 1er juillet, comme c'était la coutume
de le faire, comme c'était permis et, d'ailleurs, comme c'était
demandé par le décret qui avait promulgué que, cette
année, ce serait le 29 juin qu'on fête le 1er juillet, pour
accommoder la population, accommoder tout le monde. On vient, à toutes
fins pratiques, dans ce projet de loi là, enlever la mobilité du
congé du 1er juillet. On en fait une journée fériée
fixe, comme d'autres journées fériées fixes. Je le sais,
le ministre va pouvoir nous expliquer ça - Oui, M. le
député. Je vois le député de Trois-Rivières
qui me fait signe que non. C'est exactement la même chose pour Noël,
qui est toujours le 25 décembre. Que Noël soit le mardi, le
mercredi ou le jeudi, ça reste Noël, c'est une journée
fériée fixe. C'est la même chose pour le Jour de l'an.
Qu'est-ce que vous voulez, le Jour de l'an, ce sera toujours le 1er janvier, on
n'y peut rien. On vient faire à peu près la même chose
mais, ce faisant, M. le Président, on vient, à toutes fins
pratiques, même si on ne le met pas dans la loi sur les fêtes
nationales, on vient en faire un congé, on vient donner au 1er juillet
une espèce de prestige, sans faire d'arrêté en conseil,
pour faire des grands discours sur la place publique, pour annoncer ça
avec tambours et trompettes. On vient faire, de façon
détournée, de façon subtile, ce que beaucoup de
fédéralistes apprécieraient grandement qu'il soit
fait.
Quand mon collègue demande de rencontrer le Conseil du patronat,
je peux vous dire que je l'appuie à 100 %. Ce serait très
intéressant de savoir ce que le Conseil du patronat veut faire avec
ça, ce qu'il pense de ça, le Conseil du patronat. On sait que le
Conseil du patronat était en désaccord total avec le fait que la
fête nationale des Québécois, qui est le 24 juin, soit
fêtée le 24 juin, de façon ferme et fixe. Là, on
parlait d'une fête nationale, M. le Président, qui est la
nôtre. Alors, le Conseil du patronat s'était tout à fait
objecté à ça, il n'était pas d'accord avec
ça. Quand le Parti libéral a repris le pouvoir, en 1985, on sait
- et ça, c'est facile de retrouver les articles de presse qui font
état des représentations du Conseil du patronat, à ce
moment-là - que le Conseil du patronat est venu faire des pressions, a
fait du lobbying auprès du gouvernement pour en arriver à faire
changer ce statut à notre fête nationale, pour que les
travailleurs puissent, en fait, pour que cette
fête-là puisse être changée de date, puisse
être mobile, comme d'autres fêtes qu'on a et qu'on connaît,
M. le Président. Ce serait intéressant de rencontrer ces
gens-là pour voir comment ils perçoivent, non seulement... mais
à partir du moment où le gouvernement sera tanné de nous
entendre - si jamais il en arrive à ce point - ce serait
intéressant de savoir comment ils perçoivent ça, M. le
Président.
Je regardais... Quand je vous disais que c'est facile de ressortir les
articles de presse, le ministre de l'époque, on se rappellera, en 1986,
avait reculé là-dessus. M. Paradis, qui était le ministre
du Travail à ce moment-là, n'avait pas déposé de
projet de loi allant dans le sens des volontés du Conseil du patronat.
C'était très clair. Selon le Conseil du patronat, il nous
expliquait, à ce moment-là, que le fait de célébrer
la fête nationale en milieu de semaine ou tout simplement le mardi, comme
cette année-là, en 1986, coûte énormément
cher aux entreprises qui doivent relancer deux fois leurs chaînes de
production ou maintenir les employés au travail, moyennant une
rémunération double. C'est ce que le Conseil du patronat disait,
en 1986, par rapport à la fête nationale du 24 juin qui tombait,
cette année-là, en milieu de semaine, M. le Président. Et
on n'en avait qu'une. Qu'est-ce qu'il dirait cette année, pensez-vous?
Ce serait intéressant de savoir ce qu'il dirait, parce qu'on va en avoir
deux de file, hein? On va avoir la fête nationale, le 24 juin, qui va
être un mercredi aussi et, la semaine suivante, selon le projet de loi
qu'on a devant les yeux, on aura le 1er juillet, encore en milieu de semaine,
un mercredi aussi. Je trouve que ça serait important que le gouvernement
ait au moins un avis de ces gens-là, qui sont dans le milieu, des
intervenants du monde du travail. Pourtant, le Conseil du patronat, c'est un
des intervenants, à mon sens, en tout cas, à tout le moins de ce
qu'on peut voir dans les différents projets de loi qui nous sont
passés, c'est un des intervenants privilégiés de ce
gouvernement, M. le Président, le Conseil du patronat. Je ne vois pas en
quoi ce serait abusif de demander l'avis du conseil du patronat. Nous autres,
on est prêts à entendre l'avis du Conseil du patronat sur le
dossier. (16 heures)
Je regarde ce qui se passe en Chambre avec la loi 35, ça vient
à peu près directement du Conseil du patronat, aussi. Hein? Avec,
évidemment, la collaboration pleine et entière de M. Diamant, qui
est le président de la CSST, parce que, lui, c'est ses droits de
gérance qu'il protège par le biais de la loi 35. La loi 35, on en
parle présentement en Chambre. On est en troisième lecture, une
très mauvaise loi, M. le Président, dont le gouvernement aura
à assumer la responsabilité. Tout ce qu'on peut faire, nous
autres, finalement, quand il arrive des mauvais projets de loi comme ça,
M. le Président, tout ce qu'on peut faire, c'est de dénoncer, de
parler, d'es- sayer de faire entendre raison au gouvernement, puis d'essayer
d'être le plus possible représentatifs des différents
intervenants des milieux concernés. C'est tout ce qu'on peut faire, nous
autres, ici. Il y a des projets de loi, comme ça, qui nous arrivent, qui
sont de très mauvais projets de loi. Dans le cas de la loi 35, c'est
évident que le gouvernement en portera lui-même la
responsabilité parce que, finalement, c'est un projet de loi où
on n'a entendu personne non plus, exactement comme ce qu'on est en train de
faire présentement, où on ne veut pas entendre l'avis de
personne.
Le gouvernement a raison, a toujours raison, et il se fiche
éperdument, à toutes fins pratiques, de l'avis des intervenants
du milieu puis des milieux concernés. Le Conseil du patronat, à
mon sens, devrait venir nous dire ce qu'il en pense, devrait venir nous dire si
c'est intéressant pour lui, s'il trouve qu'il appuie ce projet de loi
là. Ce serait intéressant pour tout le monde d'entendre
ça, M. le Président. On sait comment c'est puissant, le Conseil
du patronat, pour le gouvernement. Peut-être que ça leur ferait
entendre raison quelque part. Aussi, dans ce projet de loi là, on
pourrait demander comment il trouve ça, le Conseil du patronat, qu'on
ajuste aussi le montant des amendes qui sont prévues pour la fête
nationale. Je le sais, je ne veux charrier personne, ça ne s'appliquera
pas pour la fête du 1er juillet, mais c'est intéressant de voir
l'augmentation qui arrive. Sur les amendes, 25 % d'augmentation, M. le
Président. Je sais que le Conseil du patronat est très sensible
aux données économiques, aux chiffres. Ce serait
intéressant qu'il vienne nous expliquer son point de vue, qu'il vienne
nous dire ce qu'il pense de ce genre de mesures là qu'on est en train de
nous voter dans ce projet de loi, M. le Président, le projet de loi
21.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je vais
reconnaître maintenant Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Le
Président (M. Marcil): Pour dix minutes. Mme Cécile
Vermette
Mme Vermette: Oui, je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Alors, M. le Président, effectivement, le Conseil du
patronat est réellement visé par le projet de loi 21, puisqu'il
doit assumer, d'une certaine façon, la répartition des jours
fériés au calendrier dans le domaine du travail et dans les
relations de travail. Donc, c'est tout à fait normal que nous demandions
au Conseil du patronat de venir se présenter ici à cette
commission parlementaire pour nous donner, en fait, la perception qu'ils s'en
font, et les
avantages et les désavantages de faire en sorte que le 1er
juillet, qui était une fête mobile, devienne une fête
fériée, chômée, la journée même
où elle se produit.
Je pense, M. le Président, comme on connaît le Conseil du
patronat... On se souviendra très bien de la position qu'avait prise le
Conseil du patronat dans les années quatre-vingt, au moment du
référendum. On se souvient très bien que leur option avait
déjà été bien clairement définie, puisqu'ils
étaient dans ie clan du non, qu'ils s'étaient vraiment
prononcés en faveur de la Confédération, et qu'ils avaient
fait un acte de foi en fonction du fédéralisme, M. le
Président. Alors, c'est bien évident que, pour eux, on arrive
à vouloir faire des brèches au niveau du 24 juin... Ça ne
me surprend pas, jusqu'à un certain point, de voir à quel
point... Pour eux, le côté patriotisme leur fait mal. En fait, de
démontrer qu'on peut avoir une forme de fierté, c'est comme, vous
savez, si, pour ces gens... Au niveau du Conseil du patronat, il faut
être plus catholique que le pape, M. le Président.
Là-dessus, je vais vous dire pourquoi. C'est que, même au
moment... En 1982, lorsqu'on a fait le débat pour reconnaître la
fête du Canada comme étant l'appellation, pour reconnaître,
si vous voulez, ce symbole qui pourrait favoriser le rassemblement de
l'ensemble de l'unité canadienne, eh bien, il y a eu
énormément de débats, encore là, en 1982.
Même certains fédéralistes reprochaient alors au
gouvernement de Trudeau de vouloir faire de la fête du Dominion, de la
fête du Canada, une fête à tendance politique et non pas
nationale, une fête qui était uniquement pour favoriser une
unité canadienne parce qu'on venait de passer un
référendum, M. le Président. Regardez, maintenant, dans
notre contexte politique actuel. C'est peut-être pour ça aussi que
je me dis que le Conseil du patronat a déjà l'impression qu'il se
trouve sous le parapluie du non, à l'heure actuelle. En tout cas, je ne
le sais pas, mais ça aurait été heureux de voir s'il y a
eu une modification depuis les années 1980 à aujourd'hui, dans
leur orientation, en ce qui concerne leur position vis-à-vis du
fédéralisme, s'il n'y aurait pas une possibilité pour eux,
en fait, de faire en sorte, bien sûr, qu'on puisse regarder le Canada
comme une entité et le Québec comme une entité et que,
à ce moment-là, on se respecte mutuellement, chacun sur nos
territoires donnés, avec nos fêtes nationales, telles que nous
avons toujours eu l'habitude de les reconnaître et de les fêter, M.
le Président.
Ce projet de loi m'a permis de retourner à l'histoire et de
découvrir certains passages assez intéressants de notre histoire,
surtout au moment où il y a eu les débats en ce qui concerne la
reconnaissance de la fête du Canada, et de découvrir à quel
point, pour les gens, cette fête du Canada représentait
très peu pour eux. L'ensemble du Canada, surtout à Québec,
bien sûr, représentait... mais très très peu. Le
débat, en fait, n'était pas autour de cette fête. On
trouvait que c'était diminuer l'impact de la fête du Dominion. On
ne voulait pas reconnaître vraiment ce symbole, cette image du Canada qui
était d'un océan à l'autre. On trouvait que, quelque part,
c'était le grand rêve, vouloir appeler cette fête la
fête du Canada, c'était le grand rêve de Trudeau.
Alors, je pense que, effectivement, on a toujours pu comprendre que le
Conseil du patronat était un petit peu relié, était
beaucoup plus relié au grand rêve de Trudeau que... À
certains égards, pour certains... Je ne dis pas que l'ensemble des gens
d'affaires favorisent le même projet ou le même rêve, M. le
Président, mais au niveau du Conseil du patronat, dont la voix se fait
entendre par M. Ghislain Dufour, on sait très bien, en fait,
l'orientation. Effectivement, il supportait réellement les tendances de
M. Trudeau à l'effet que le Canada prenne une beaucoup plus grande place
que le Québec. Inévitablement, ça a un effet
d'entraînement en ce qui concerne la reconnaissance de nos fêtes
nationales, M. le Président.
On reprochait énormément, à l'époque... On a
reproché - ça, c'est en 1982, c'est 10 ans, depuis le temps, M.
le Président. Peut-être que, en fait, le Conseil du patronat
aurait pu dire: Bien nous, on a révisé nos positions. On a une
façon différente de voir les choses, en ce qui nous concerne...
De voir aussi tout l'impact économique que peut avoir une telle
orientation, de changer comme ça, de même, cette façon de
faire, de reconnaissance au niveau... En fin de compte, M. le Président,
avec la fête nationale du Canada, puis en même temps et par
ricochet... En fait, ce sont les seuls, le Conseil du patronat, qui
suggéraient aussi en même temps qu'on fasse la même chose,
c'est-à-dire qu'on mette sur le même pied la fête du Canada
et la fête nationale des Québécois, M. le Président.
C'est assez particulier que ces gens, qui sont des leaders, et qui devraient,
au contraire, prôner la fierté du Québec. En fait, ces gens
sont un petit peu... ils mettent, en tout cas, le développement, la
reconnaissance du pays en jeu, M. le Président. Je trouve ça
malheureux, d'une part, mais mon jugement est peut-être erroné.
Ça aurait été une occasion extraordinaire de pouvoir
entendre le Conseil du patronat pour, justement, rectifier le tir, si jamais il
y avait eu possibilité, en fin de compte, d'échanges. (16 h
10)
Je ne sais pas, je suis une personne qui, en fait, quand on m'apporte
des arguments convenables, peut entendre raison dans certaines circonstances,
M. le Président. Mais, à ce moment-ci, je n'ai qu'une
découpure de journaux - Le Soleil du 17 mai 1986 - où on
dit que le Conseil du patronat, en fait, était favorable à ce
qu'on fasse de la fête de la Saint-Jean-Baptiste une fête... On
voulait modifier pour que la fête de la Saint-Jean-Baptiste soit
célébrée le
lundi précédent, lorsque le 24 juin coïncide avec la
fête sur semaine ou un autre jour ouvrable, M. le Président. Donc,
on voit bien que, pour le Conseil du patronat, déjà, il y avait
un intérêt, bien sûr, quand ils disaient: C'est
peut-être plus facile pour nous d'administrer quand c'est une fête
statutaire. Quant à nous, en fait, on trouve ça
préférable que d'oeuvrer de cette façon. Maintenant qu'on
avait trouvé le moyen de donner à l'ensemble des travailleurs et
des travailleuses une fête statutaire, en ce qui concerne le congé
de la fête du Canada, bien, écoutez, c'était une occasion
privilégiée pour l'ensemble de ces travailleurs et de ces
travailleuses d'avoir trois jours au moment d'une fin de semaine de
congé.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Vermette: Ça aurait été, en tout cas,
tout à fait heureux que le Conseil du patronat vienne nous dire ce en
quoi il était nécessaire, sur des points économiques, de
changer la façon de faire les choses qu'on a toujours faites, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): merci beaucoup, mme la
députée. maintenant, est-ce qu'il y a d'autres intervenants? oui,
m. le député de masson.
M. Blais: J'ai une autre motion de...
Le Président (M. Marcil): Donc, on va mettre celle-ci aux
voix. Est-ce que la motion est adoptée?.
Une voix: Adopté.
Une voix: M. le Président, je demande le vote.
Le Président (M. Marcil): Vous demandez le vote, ça
va. Vote nominal, ça va? Bon, je vais vous appeler. Mme Cardinal
(Châteauguay)?
Mme Cardinal: Excusez-moi, j'étais... Contre.
Le Président (M. Marcil): Contre. M. Russell Williams
(Nelligan)?
M. Williams: Contre.
Le Président (M. Marcil): Mme Loiseile (Saint-Henri)?
Mme Loiseile: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Tout contre.
Le Président (M. Marcil): Tout contre. Mme Vermette
(Marie-Victorin), excusez-moi?
Mme Vermette: Oui. Pour.
Le Président (M. Marcil): Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière)?
Mme Carrier-Perreault: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Et M. Blais (Masson)?
M. Blais: Je suis pour.
Le Président (M. Marcil): Donc, la motion est
rejetée. Je vais appeler l'article 1... Pas immédiatement...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut passer à l'article 1, M. le
Président?
M. Blais: J'aurais une motion avant, si vous permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, je vais écouter
votre motion.
M. Bourbeau: Là, je suis assez étonné, je
dois dire. Là, je suis étonné.
Motion proposant d'entendre le Mouvement national des
Québécois
M. Blais: Malgré la guillotine, qui tombera à 18
heures, «il est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission permanente des affaires
sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres
dispositions législatives, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle
entende le Mouvement national des Québécois.»
Le Président (M. Marcil): Ah sainte Anne! Donc, la motion
étant considérée comme rece-vable, je vais écouter
le député de Masson...
M. Blais: Pendant une petite demi-heure.
Le Président (M. Marcil): ...pendant une petite demi-heure
et, durant ce temps, je réfléchirai silencieusement à vos
arguments.
Mme Carrier-Perreault: Là, ça veut dire qu'il va
piquer un somme!
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Hier, j'ai
essayé de vous expliquer les origines
du feu de la Saint-Jean, et je pense que, pour beaucoup de personnes,
ça a été très instructif. La Société
nationale des Québécois est aussi, comme la Société
Saint-Jean-Baptiste, une société qui représente les
francophones. Dans certaines parties du Québec, il y a la
Société Saint-Jean-Baptiste et, dans d'autres, la
Société nationale des Québécois. Ça revient
à peu près au même, ces deux... Il y a des choses
certainement qu'on a apprises hier, qu'on savait peut-être dans notre
prime jeunesse, mais qu'on a répétées ici, et qui ont
réveillé des souvenirs. Les choses vont nous rester
gravées jusqu'à la fin de nos jours. Quand on le
répète à un certain âge, les choses qu'on a
apprises, étant tout bambins... Entre autres, je n'avais pas souvenance
personnellement, moi, qu'au feu de la Saint-Jean, dans l'ancien temps,
c'était regardé comme la lumière un peu qui éclaire
la vie, et qu'au-dessus, au faite, on mettait un panier avec un renard et des
chats qui représentaient les mauvais esprits. Je n'avais pas souvenance
de ça. À cause de cette loi, j'ai fait des recherches et,
ça, je m'en souviens beaucoup. Je me souviendrai aussi d'une chose que
je me suis rappelée. C'est à IHe d'Orléans, les feux avec
les bardeaux. Ça, c'est une chose dont je ne me souvenais pas, que les
feux de IHe d'Orléans étaient faits avec des bardeaux, qu'on
mettait de la paille entre et qu'avec le brandon on allait l'allumer. Quand il
était mal bâti ou que les bardeaux étaient mal
placés, le feu éclatait et on était obligé de le
rallumer. La personne qui avait monté le feu avait manqué de
bardeaux, d'où l'expression «il lui manque un bardeau». Je
ne me souvenais plus de ça.
Mais je me suis remémoré ça. J'ai regardé
les livres des ancêtres, puis j'ai bien remarqué... Il y a
beaucoup de mots comme ça, et de choses dont on ne se rappelle pas
toujours, comme enfirouâper. Puis, on dit ça en argot. Il y a des
mots dont on ne se souvient pas. Enfirouâper, on dit ça
très souvent, c'est en argot québécois. Mais, dans notre
histoire, nous savons de quoi ça vient, la plupart de nous. Mais quand
ça fait longtemps qu'on ne l'a pas entendu, ça vient de...
Anciennement, on transportait le... On allait en excursion, les chasseurs s'en
allaient dans le bois, et ils emmenaient leurs fusils. Ils ne voulaient pas,
à cause des tempêtes, des rapides, etc., quand ils avaient pris
leurs peaux, ils avaient étendu... Les peaux de castor, vous savez qu'on
étire ça avec des clous, etc. On enveloppait tous les fusils et
les aliments dans la fourrure, pour ne pas qu'ils subissent les
intempéries. C'était «in fur wrapped». Et les
Québécois, nous autres, on dit
«enfirouâpé». Ça vient de là, «in
fur wrapped». Ça fait curieux, mais on a beaucoup de choses qui
nous viennent des expressions anglaises, comme une mitaine. Ça, on le
sait tous, ça vient de «mitten».
Mais il y a des choses comme ça dont on se rappelle quand on
relit l'histoire. Puis, c'est intéressant de revoir ça. Comme
bécosse, ça vient de «back house». Tout le monde le
sait, mais «in fur wrapped», c'est un peu plus difficile. Comme
quétaine. Quétaine, on dit tous ça, c'est quétaine.
Ça vient de quoi? Certaines personnes disent que ça vient d'une
famille de l'Estrie. C'est absolument faux. C'est qu'au Moyen Âge et au
début de la colonie il y avait un poteau sur la place publique, et
quelqu'un qui avait fait une faute, surtout contre l'Église, à
l'époque, on l'attachait, mains liées derrière le dos,
à ce poteau, pour 24 heures. Ce poteau s'appelle la quintaine. La
personne était en punition parce qu'elle avait fait une chose qui
n'était pas normale, qui n'était pas correcte ou que la
société, à l'époque, n'acceptait pas. Là, on
la mettait à la quintaine, et la personne devenait une quintaine, qui
est devenu quétaine avec l'usure, avec l'usage, avec le temps. Ça
vient du pilori qui était là, où les gens étaient
attachés, qui était la quintaine.
Alors, il y a beaucoup de choses qu'on se remémore. Si cette loi
a une valeur, ce serait celle de se remémorer des choses comme
ça, et puis de revenir à nos sources, etc. Mais point n'est
là le sujet de la discussion que je voudrais avoir avec vous, M. le
Président, et ceux qui vous accompagnent autour de la table. C'est que
je voudrais essayer de faire un bref historique du fait que la
Saint-Jean-Baptiste soit devenue, finalement, la fête des
Québécois.
Comme j'ai fait l'histoire du feu, je devrai faire l'histoire de la
Saint-Jean-Baptiste elle-même. C'est tout de même assez vieux. Je
ne remonterai pas à l'époque païenne, parce que ce serait
abusif dans les circonstances, mais je voudrais tout simplement dire pourquoi
saint Jean Baptiste est devenu le patron des Québécois.
Nous constituons et nous proclamons saint Jean-Baptiste, patron
spécial des Canadiens français qui sont au Canada et de ceux qui
vivent sur la terre étrangère. C'est un extrait du bref
émis le 25 février 1908 par Sa Sainteté le pape Pie X,
cédant ainsi à une demande de Son Eminence le cardinal
Bégin, suite aux voeux de la Société Saint-Jean-Baptiste
du Québec, que lui avait transmis son président, l'honorable
Adélard Turgeon. Alors, officiellement reconnu par l'Église,
parce que les saints sont reconnus par l'Église, et c'est normal. (16 h
20)
Je me souviendrai d'une anecdote de saint. Lorsque M. René
Lévesque est décédé, plusieurs grandes villes, pour
l'honorer, ont donné des noms de rues, des noms de monuments, ou ont
voulu rendre hommage à M. René Lévesque. À
Montréal, le boulevard Dorchester, pour la partie qui est dans l'est...
et, dès qu'on arrive à Westmount, la mairesse a refusé.
Puis, c'est par étroitesse d'esprit. Ce n'est pas nous qui étions
étroits, c'est elle. Ils n'ont pas voulu. Mais ici, à
Québec, ce serait très normal qu'il y ait une rue
René-Lévesque. Je me souviens qu'à l'époque, ma
secrétaire avait écrit au maire de Québec pour
lui demander de trouver un nom de rue qui porterait le nom de
René Lévesque et elle suggérait, entre autres,
Saint-Cyrille. M. Pelletier a répondu à ma secrétaire,
à l'époque: Ce nom Cyrille est là pour le père de
celui qui a fondé le Jardin botanique, le frère Marie-Victorin,
qui s'appelait Cyrille. Il disait que c'était en son honneur et que
c'était difficile de changer ça. On a regardé la
réponse, M. le Président, ça nous avait fascinés un
peu. Je dis ça parce que, Pie X, c'était celui qui pouvait -
encore des ecclésiastiques - canoniser quelqu'un. Mais vu que le
père du frère Marie-Victorin n'était pas saint, même
s'il s'appelait Cyrille, j'ai demandé par lettre, au maire de la ville,
M. Pelletier, de quelle autorité il avait canonisé Cyrille, pour
dire que cette rue était là à cause du père du
frère Marie-Victorin. Tout en me questionnant sur la lettre, j'ai dit:
Je crois que je comprends. Vu que vous vous appelez Jean et qu'il y a
déjà la rue Saint-Jean, je comprends tout. Je n'ai pas eu de
réponse. Tout ceci pour vous dire - c'est une anecdote vécue,
historique - que, pour déclarer Saint-Jean-Baptiste patron, qu'on dit,
des Canadiens français, il fallait Sa Sainteté et, à
l'époque, c'était le deuxième successeur de Pie VII,
c'est-à-dire Pie X. C'est lui, à la demande du cardinal
Bégin, qui a fait le décret.
Pie VII avait fait, lui, après le calendrier grégorien de
1483 - vous devez certainement être au courant de ça - un
réajustement du calendrier grégorien que l'on a aujourd'hui,
parce qu'il y a des difficultés. Tous les 400 ans, il n'y a pas
d'année bissextile. Vous savez, 400 ans, même si ça se
divise par 4, il n'y a pas de 29 février. Je ne sais pas si vous saviez
ça?
Une voix: Non.
M. Blais: Je crois que l'an 2000 qui vient... 1996, c'est une
année bissextile, ça se divise par 4; 2000, c'est une
année bissextile, elle ne le sera pas, il n'y aura pas de 29
février. Vous voyez que l'histoire, c'est bon de se la rappeler de temps
à autre. Même si ça se divise par 4, ça se divise
aussi par 400. Se divisant par 400, il n'y aura pas de 29 février en
l'an 2000. Le calendrier de Pie VII, qui avait fait la dernière fuite
aquatique de Grégoire XIII...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Votre temps compte.
M. Blais: Les silences ne sont pas enregistrés, M. le
Président?
Le Président (M. Marcil): Oui, vous pouvez, c'est...
M. Blais: Non non, le temps compte, mais le silence n'est pas
enregistré dans le Journal des
débats.
Le Président (M. Marcil): Non. Vous êtes exactement
comme en musique: il y a des portées, il y a des silences, il y a des
soupirs. Il peut y avoir des écarts, à l'occasion.
M. Blais: D'accord. Excusez-moi de...
Le Président (M. Marcil): II s'agit d'avoir la bonne
clé et d'être sur la bonne portée.
M. Blais: Vous êtes très aimable. Excusez-moi de mon
point d'orgue, je change de clé!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Ce bref pontifical reconnaissait officiellement le
choix populaire, vieux de près de trois siècles. En effet, notre
peuple a toujours célébré la fête de la Saint-Jean.
Les «Relations des Jésuites», à partir de 1636 - on
voit que ce n'est pas d'aujourd'hui - content la cérémonie qui a
lieu à la Saint-Jean. Nos ancêtres, qui ont apporté de
France cette pratique du Xllle siècle... et, en France elle-même,
a reçu une fête des plus... très haut, toujours reconnue
par l'Église et toujours célébrée... Il y a
toujours le côté laïc et le côté religieux...
Mais on dit surtout que, cette fête-là - on vient de
différentes parties de la France - on la doit surtout à nos
ancêtres normands. Vous savez, moi, je ne suis pas normand, je suis
breton, mais j'ai le physique des Normands, c'est-à-dire: grosse
poitrine épaisse, la poitrine, poitrine épaisse. Je ne suis pas
très grand: 5 pieds et 9 et demi. Les Normands sont des gens trapus, des
résistants de la terre, des percherons. En France, le Normand est le
percheron de la génération humaine, le cheval un peu plus
«étalonné».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Alors, Benjamin Suite, qui est un historien, dit
ça: Les Normands déjà fixés au Québec en
1618 s'étaient donné, le 24 juin, le plaisir d'un feu de joie et
autres réjouissances habituelles en ces occasions. Pour que
l'Église reconnaisse un saint, il faut absolument - parce que
l'Église, c'est difficile lui faire reconnaître les saints, a
l'Église; on sait qu'il y a beaucoup de monde qui se bat pour ça
- pour que l'Église reconnaisse les saints, il faut absolument avoir des
preuves de la véracité de la vie particulièrement
austère de la personne, etc. Quand quelqu'un est reconnu comme saint,
bien, là, l'Église peut, par proclamation du pape - je pense
qu'on appelle ça...
Une voix: On commence par les béatifier.
M. Blais: Oui, mais, quand ils sont saints, ils peuvent les
nommer patrons. C'est ce qui
nous est arrivé, nous autres, pour saint Jean-Baptiste. Alors,
vive les saints!
Dès les premières célébrations de la
Saint-Jean, chez nous, la fête comportait toujours une partie religieuse.
Parfois, l'on chantait le Bene-dictus. Je suis persuadé que ceux qui ont
fait leur classique, à la table ici, se rappellent du Benedictus. On
chantait ça. Le Domine salvum fax aussi, mais c'est entendu
qu'aujourd'hui on a oublié le Domine salvum, il y a juste le fax qui
marche un peu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: On a oublié le... Tu sais, je veux dire... On
dit que les parties religieuses tombent beaucoup de nos coutumes. Il ne nous
reste que le fax aujourd'hui. On chantait le Te Deum. Ça, c'est encore
fait. D'ailleurs, au 350e anniversaire de Montréal, l'Orchestre
symphonique de Montréal, sous la direction de M. Dutoit, à
l'église Notre-Dame, a joué un Te Deum pour l'ouverture des
fêtes du 350e.
D'ailleurs, un de mes petits-cousins, qui a un bambin qui a sept
à huit ans, était chez moi et on écoutait en même
temps. Il me demande, il dit: C'est l'ouverture du 350e anniversaire de
Montréal. Je ne comprends pas - il m'appelle «mon oncle» -
je ne comprends pas, mon oncle, pourquoi on fête le 350e anniversaire de
Montréal et qu'on "oit, à la télévision, des
annonces qui disent le 125e anniversaire du Canada. On était où
avant? Tu sais, les enfants, parfois, ont de ces questions qui nous
ramènent à la réalité. On était où
avant, mon oncle? Ça m'a fait réfléchir, beaucoup
beaucoup, beaucoup beaucoup. On était certainement quelque part.
Peut-être qu'il serait bon de revenir où nous étions. C'est
ce que nous défendons, nous.
Alors, que disais-je? Là, on disait qu'on chantait des... Mais,
une chose, ici, qui va paraître très curieuse, et qui va en
surprendre certainement plusieurs du côté historique. C'est
qu'ainsi, par exemple, chez les Iroquois de Sault-Saint-Louis - oui oui, je
vous dis ça pour votre propre gouverne - chez les Iroquois de
Sault-Saint-Louis, ce qui est Caughnawaga, aujourd'hui, les strophes latines
chantées par les Blancs alternaient avec les strophes iroquoises. Il y
avait un Te Deum laudamus, puis il y avait «Boum ba choum badum bom
choum». Ça marchait, il y avait des réponses indiennes et
des réponses latines. Aujourd'hui, le «Bom bom choum» est
devenu très populaire à Kahnawake. Le député de la
place connaît certainement par coeur les chansons folkloriques
iroquoises, surtout le «Bom bom choum», hein? Le «Bom bom
choum», je pense qu'il est très connu. C'est un peu comme
«Les fraises et les framboises» pour les Québécois.
Le «Bom bom choum», c'est vraiment, dans le folklore iroquois,
«Les fraises et les framboises» des Québécois, le
«Ô Canada» des Ontariens ou que sais-je encore? C'est donc
dire que même les Iroquois de l'époque épousaient la
Saint-Jean comme fête nationale. Ils prenaient part à
l'identité de ceux qui habitent le Québec, et non, ils
n'étaient pas en guerre à l'époque, malgré que les
Iroquois, entre parenthèses, côté historique, ont
été à peu près les seuls avec qui on a eu des
problèmes, du côté... On a guerroyé un peu avec eux,
parce que les Américains les faisaient monter vers chez nous et, eux
autres, ils ont été un petit peu suicidaires, presque
génocidaires - si ça se dit - pour les Indiens, ce que nous, nous
n'étions pas. Nous avions des bonnes ententes avec toutes les tribus.
Nous avions les mêmes attributs à donner aux Iroquois, mais ils
arrivaient et ils ne connaissaient pas notre mentalité. Nous avions une
mentalité Saint-Jean-Baptiste, mais pas nécessairement dans le
sens de mouton à toujours plumer. Pas toujours. Pas toujours. Des fois,
on met son casque, son béret français. Mais, même si c'est
l'emblème du Canada, ce n'est pas tous les jours que le castor... on ne
le tord pas tous les jours, c'est sûr. Elle a passé tout
«dret», celle-là. (16 h 30)
Après la conquête, on continue d'une manière ou
d'une autre à fêter la Saint-Jean dans les paroisses et sur la
côte du Saint-Laurent. «Les Anciens Canadiens», que tout le
monde a certainement lu, et les «mémoires», de Philippe
Aubert de Gaspé, décrivent la fête il y a 150 ans et le Dr
Larue, les feux de joie de IHe d'Orléans, vers 1810, après avoir
chanté, etc. On dit aussi qu'en 1850 bien des feux entre Québec
et Trois-RMères étaient allumés. Ces feux sur le bord du
fleuve se regardaient les uns les autres, tout le pays semblait en feu, en
fête, et le long de la rive... D'ailleurs, on a été
longtemps à n'habiter que les bords du Saint-Laurent. D'ailleurs, le
Haut-Canada de l'époque, qui représentait ce que nous
étions... dit qu'un peuple, sur le bord du Saint-Laurent, vit heureux et
en paix. Aujourd'hui, ça a bien changé.
La Saint-Jean était alors, on le voit, surtout populaire, une
coutume, mais ils disent: une coutume poétique. Bien voyons donc! La
Saint-Jean était alors... C'est ça qui est curieux, c'est qu'on
dit: Ça, c'est un angle qu'on ne voit pas et que je n'ai pas beaucoup
connu, moi. Je ne sais pas si mes consoeurs ici, à la table, ou
quelqu'un autour de cette table savait que la Saint-Jean était alors, on
le voit, surtout populaire. Ça, on l'a vu par beaucoup... mais une
coutume poétique. Ça, la coutume poétique de la Saint-Jean
du côté ancestral, je vous jure, M. le Président, que je
vais faire de nouvelles recherches là-dessus. Si c'était une
coutume poétique, ça voudrait donc dire qu'à
l'époque, à la fête de la Saint-Jean, on voyait
certainement des rassemblements de familles. Les poètes de la famille ou
du coin récitaient certainement des vers, peut-être de là
nos chansons de Théodore Botrel. Ceux qui connaissent «La Bonne
Chanson», il y a beaucoup de chansons qui rappellent le passé
historique. Quand on était jeune, on chantait «Le chapeau
de paille», par exemple. C'est beau, mais, quand on était jeune,
on ne comprenait pas le sens de ces mots-là. Pensons-y! «Le
chapeau de paille», c'est une chanson très révolutionnaire:
«À Saint-Denis, près d'un grand bois, un jour d'orages et
de batailles, je mis pour la première fois mon chapeau de paille. Sans
égard pour mon beau chapeau, contre l'ennemi la canaille, nous nous
battîmes sans repos en chapeau de paille.» C'est une chanson
révolutionnaire, ça, puis on dirait que, ce chapeau-là, on
l'a oublié à certains moments. Oui. On voit le ministre dont
j'apprécie - je le dis toujours et je ne perds jamais une occasion de le
dire - le sens du nationalisme. Il est très nationaliste, ce
ministre-là. C'est vrai et j'adore ça parce que c'est plus proche
de ma position. Je vois qu'il sait ces chansons-là. Il y en a beaucoup
qui se chantaient à la fête de la Saint-Jean. «Le violon
brisé»...
Une voix: ...brisé.
Une voix: On l'a réparé depuis ce
temps-là.
M. Blais: Oui, on a essayé, mais on manque d'arcanson sur
votre côté aujourd'hui. Au tout début de la colonie, quand
on est arrivés, on était des Français; on est devenus
après des Canadiens; on est devenus après des Canadiens
français et, là, on veut devenir des Québécois.
Ça fait quatre fois depuis 400 ans qu'on demande au peuple
québécois de changer de nationalité. Mais, à
l'époque où les francophones d'ici se sentaient des descendants
de la France, il y a des chansons qui ont été écrites et
«Le violon brisé» en est une. C'est une chanson issue de la
Révolution française que les francophones d'ici transportaient
pour, eux, libérer le territoire québécois. Je ne me
rappelle pas tous les mots, mais ça disait: «Ils ont brisé
mon violon parce que j'ai l'âme française et que sans peur, aux
échos du vallon, j'ai fait chanter la Marseillaise». Nous,
ça nous touche moins parce qu'on se sent un peu séparés de
la France. On reconnaît que c'est nos ancêtres et on a beaucoup
d'affinités, mais on ne se sent pas des Français vivant en
Amérique du Nord, on se sent des Québécois. Mais le sens
est d'une beauté, pour quelqu'un dont ses ancêtres sont issus de
la France: «Ils ont brisé mon violon parce que j'ai l'âme
française et que sans peur, aux échos du vallon, j'ai fait
chanter la Marseillaise». Alors, le soldat anglais est venu. Il a
brisé son violon. Ils lui ont brisé le coeur et son instrument de
défense parce qu'on a toujours été pacifistes, des
pacifiques. C'est par le folklore, le chant, la poésie, voilà le
poétique de la Saint-Jean. Combien y en a-t-il dans «La Bonne
Chanson»? Dans les 13 albums de «La Bonne Chanson», combien
il y en a de chansons comme ça, des chansons qui sont issues des
fêtes de la Saint-Jean et qu'on ne se remémore pas, mais qu'il
serait bon de regarder pour retrouver les sources de motivation de ce pays en
devenir? «Ô Carillon! je te revois encore!» Combien de
personnes ont chanté ça? En tout cas, vous avez... Oui. Je sais.
Je sais. J'apprécie toujours. Mais le ministre connaît ces
choses-là, cet esprit. Vous avez l'écorce d'un
Québécois pure laine. J'adore ça. J'adore ça. Je
vais vous...
M. Bourbeau: ...avant longtemps je vais passer pour un
vrai...
M. Blais: Non, non. Vous êtes un... Ce n'est pas une honte
de passer pour un nationaliste. Je m'excuse. Et je sais que vous n'en avez pas
honte non plus.
Bon. Alors, ce côté poétique...
Le Président (M. Marcil): Ne le dites pas trop souvent. Si
M. Ryan l'entend, il va...
M. Blais: En tout cas... Mais je pense que ça explique un
peu le mot «poétique». Je ne sais pas s'il y en a ici qui se
rappellent d'autres chansons révolutionnaires qu'il y a dans «La
Bonne Chanson». J'essaie de penser à d'autres... «Le chapeau
de paille», «Le violon brisé», «ô
Carillon!» Est-ce que vous en avez d'autres que vous pensez qui auraient
pu représenter le côté poétique de la fête de
la Saint-Jean? Moi, ça fait trop d'années que je n'ai pas
regardé ça, mais ça demeure quand même... Ça
demeure quand même... Est-ce que M. le ministre en aurait quelques-unes
qu'il se remémore? Vous pouvez y aller. Vous avez mon consentement.
M. Bourbeau: M. le Président, je croyais que
c'était le député de Masson qui avait la parole. Il me
semble que... 30 minutes, si j'ai bien compris?
M. Blais: Oui, mais mon grand sens de la démocratie...
Vous savez, si vous pouvez aider à influencer le législateur...
De votre part, ce serait très bienvenu. Ils disent que la Saint-Jean
était alors, on le voit, surtout populaire, une coutume poétique.
La date du 24 juin n'en était pas moins tout indiquée pour le
jour où on voudrait instituer la fête patronale et la fête
nationale. Et voici qui? Le nationaliste Ludger Duvernay sut le comprendre.
Ludger... On dit Ludger, mais les Acadiens disent «Ludgère»,
comme Viola Léger. Nous autres, on dit M. Léger; eux autres, ils
disent «Légère». Nous autres, on dit encore
l'«aile de l'auto»; au Nouveau-Brunswick, ils disent le
«fender». Ils sont rendus plus loin. Ludger Duvernay sut le
comprendre. Aussi, son initiative, le 24 juin 1834, de doter les Canadiens
français d'un patron national, d'une fête nationale, d'une
société nationale suscita-t-elle l'enthousiasme de tous ses
compatriotes. On voit que c'est loin. Quand on est un peuple colonisé et
conquis et qu'on veut
la moindre parcelle du bouquet de notre fierté nationale, il faut
beaucoup de patience; 1834, et ce n'est qu'en 1908 que ce fut accepté
par les autorités religieuses. On voit le cheminement qu'on a à
faire. Quand on est valet, on n'est pas roi. Alors, c'est le 24 juin, de doter
le Canada français d'un patron national, d'une fête nationale,
d'une société... C'était beaucoup d'enthou-siame.
Dès 1835, 1836 et 1837, la Saint-Jean-Baptiste s'officialise et se
célèbre un peu partout, notamment - écoutez bien les noms
- à Saint-Denis, Terrebonne, Saint-Benoît, Saint-Ours,
Boucherville, Saint-Jacques-de-l'Achigan, Trois-Rivières,
Saint-Hyacinthe, même Saint-Hyacinthe, etc. Ça veut donc dire que,
dès 1835, 1836, c'était généralisé. Et puis,
qu'est-ce qui arrive? Un peu plus tard, on la fête partout à
travers le Québec, en Acadie, aux États-Unis, «le
cérémonial se ressemblait partout et partout des messages
solennels avec des sermons de circonstance apportés soit par les
laïcs ou par les religieux». Quand c'était un laïc, on
disait: C'est un discours. Quand c'était un religieux, on disait: C'est
un sermon. Dans ce temps-là, en 1837, c'étaient vraiment des
sermons parce qu'ils disaient: Sers mon maître le conquérant. En
plus de la tradition... C'est beau, se rappeler les traditions. On vibre
beaucoup, oui. On a une députée, ici, de la rive sud, où
Lévis a été la seule conquête... le
député de Lévis lui-même, et Lévis a
été la seule victoire de 1760-1763.
Une voix: II a été battu.
M. Blais: En tout cas, c'est extraordinaire! Je n'aurai
même pas le temps de finir l'historique. Apparemment, il ne me reste que
trois minutes. Je peux demander un prolongement, je pense, M. le
Président. On verra. Bon. (16 h 40)
En plus, il y a une tradition qui s'est installée là. En
effet, depuis de longues années, on désignait les Canadiens sous
le nom de Jean-Baptiste. Ça a été longtemps comme
ça. Les Américains, les étrangers qui venaient, ils
disaient: Ça, c'est un Jean-Baptiste. Ils disaient: C'est canadien.
C'est canadien. Et les autres, ils disaient: C'est les Anglais. On n'avait pas
raison de dire ça de même. Mais les Québécois, qui
étaient des Canadiens, à l'époque, ce n'étaient
plus des Canadiens français, on disait: Lui, c'est un Canadien. Puis vos
grands-pères disaient ça: Lui, c'est un Canadien et, lui, c'est
un Anglais. Tous sans exception, vous avez connu ça. Tous.
C'était nous autres qui étions les Canadiens. Là, le pays
a grandi artificiellement. Historiquement, c'est rendu plus grand. Mais les
Canadiens, c'était Québec. On disait: Les autres, c'est les
Anglais. Non pas parce qu'on était racistes, non pas parce qu'on
était xénophobes. On distinguait, dans notre langage, à
l'époque, les deux peuples, le besoin de deux pays, le besoin
d'affirmation. Tout peuple qui perd une guerre reprend ses possessions,
même ceux qui l'ont fait de 1939 à 1945, la plus grosse guerre
qu'on ait jamais eue. L'Allemagne, l'Italie et le Japon sont très
indépendants aujourd'hui. Nous autres, ça fait très
longtemps. J'aimerais bien qu'on reçoive le Mouvement national des
Québécois pour qu'il vienne au moins finir l'histoire, ici, de la
fête de la Saint-Jean, si jamais je n'ai pas l'opportunité de le
faire avant que la guillotine ne nous attaque. Si jamais j'ai l'occasion, je
finirai un petit peu plus tard, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Masson. Maintenant, je vais reconnaître Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, pour 10 minutes.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: oui, m. le président. moi, je
voudrais appuyer la motion de mon collègue. oui, certainement, m. le
président. comme je vous le disais tout à l'heure...
Le Président (M. Marcil): Bon. Est-ce qu'il y en a
d'autres qui l'appuient?
Mme Carrier-Perreault: Oh, oui. Bien, j'imagine. On l'a dit...
Ça fait plusieurs fois qu'on vous le dit depuis que cette
commission-là est commencée. C'est un projet de loi qu'on a
devant nous et il n'y a pas eu de consultations, nulle part. Écoutez, ce
n'est pas la première motion qu'on fait. Alors, je pense qu'on a
essayé, plusieurs. On a parié de la Société
Saint-Jean-Baptiste, on a demandé le Conseil du patronat. On pourrait
demander les syndicats. On en a d'autres à faire. Parce que ça
touche les travailleurs, ça touche les employeurs puis ça touche
l'ensemble des Québécois. Quand on arrive avec un projet de loi
comme celui-là, le Mouvement national des Québécois...
Vous allez peut-être vous demander pourquoi on demande de rencontrer ce
mouvement-là. Ce n'est pas le Parti québécois, on parie du
Mouvement national des Québécois. Vous savez que c'est quand
même très large. Ça regroupe des gens même du Parti
libéral, il y en a là-dedans. Alors, je veux dire, ce n'est pas
nécessairement un mouvement partisan. C'est quelque chose qui... En
fait, c'est un mouvement qui est important au Québec, surtout par les
temps qui courent. On se rend compte que les Québécois ont besoin
de se serrer les coudes, de ce temps-là. On a besoin de se tenir debout
parce qu'on va s'en faire passer une vite, si ça continue, encore une
fois. Là, vous n'avez pas raison, M. le Président, de me montrer
un petit papier qui me dit: Trois minutes, alors que je viens à peine de
commencer. Voyez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Ce sont des
papiers qui traînaient.
Mme Carrier-Perreault: Ah. Effectivement, le Mouvement national
des Québécois, ce n'est peut-être pas un mouvement
économique comme le Conseil du patronat. Ce n'est peut-être pas un
mouvement économique comme du côté des travailleurs,
où on pourrait demander des consultations aussi. Mais c'est un
mouvement... En fait, c'est un groupe, c'est un organisme qui est
représentatif d'une bonne majorité de la population
québécoise. Alors, quand on parle de nous faire une
deuxième fête nationale... Parce que je sais et je le
répète, M. le Président, on a beau ne pas intégrer
le 1er juillet dans la Loi sur la fête nationale, il reste qu'on veut lui
donner un statut particulier. On est en train, à toutes fins pratiques,
d'officialiser comme une fête nationale, un peu, la
Confédération. La fête de la signature de l'acte
confédéral. Disons qu'au même titre qu'hier on demandait de
rencontrer la Société Saint-Jean-Baptiste - on vous l'a
expliqué quand même pendant assez longtemps, hier... On a
parlé de rencontrer la Société Saint-Jean-Baptiste, parce
qu'on sait qu'elle aussi est un organisme qui est l'un des plus vieux de nos
organismes. C'est un organisme qui représente l'ensemble des
Québécois. En plus, cet organisme-là, aujourd'hui, a comme
vocation d'organiser les activités, les festivités, le
défilé, entre autres, de la Saint-Jean-Baptiste. Alors, hier on
vous disait que c'était important de rencontrer la Société
Saint-Jean-Baptiste pour voir comment elle percevait ce projet de loi
là, comment elle percevait le fait qu'on fasse de la
Confédération... qu'on lui donne un statut qui ressemble,
à toutes fins pratiques, à celui de la fête nationale du 24
juin. C'est pour la même raison, M. le Président, que je pense que
ce serait important qu'on rencontre le Mouvement national des
Québécois. Eux aussi pourraient nous parler de l'impact que
ça peut avoir, ce genre de décision là, au moment
où on se parle.
Mes collègues en ont fait état, c'est évident qu'au
moment où on se parle, on ne peut pas dire que ça va très
bien, que c'est tout rose et que la Confédération nous fait
honneur. Comme Québécois, je pense qu'on se sent un petit peu
diminués, par les temps qui courent, M. le Président. Surtout
quand on voit les documents qui nous sont arrivés ce matin, les
documents qui sont sortis la nuit dernière, qui ont été
commentés, d'ailleurs, abondamment par des gens du Parti libéral,
du parti ministériel, qui ont été commentés aussi
par des ministres, mais aussi par des militants du Parti libéral, et pas
les moindres, M. le Président. On a vu les commentaires de M. Jean
Allaire sur ce qui se passe présentement, sur le genre de
résultat auquel on a abouti à date dans les négociations
qui sont menées au niveau constitutionnel. On a vu que ce n'est pas le
temps de faire de cadeau à ces gens-là. Ce n'est pas le temps de
mousser, à toutes fins pratiques, de publiciser ce genre de
système qui s'effrite, qui s'effondre, qui nous fuit un peu entre les
mains, qu'on aime ça ou qu'on n'aime pas ça. Je sais qu'il y en a
qui sont plus déçus que d'autres. On sait qu'il y a des gens qui
sont plus inquiets que d'autres de cette situation-là. Il y en a qui
sont plus déçus que d'autres, aussi. Disons que pour beaucoup de
Québécois, cependant, pour une majorité de
Québécois, c'est de moins en moins un mystère, c'est de
moins en moins surprenant. Ce n'est pas pour rien qu'l y a beaucoup de monde,
que vous avez des pétitions qui vous arrivent justement du Mouvement
national des Québécois, implorant, à toutes fins
pratiques, le premier ministre de prendre les choses en main et de suivre ses
propres directives, ses directives qu'il s'est lui-même données.
Il nous dit assez souvent qu'on a voté contre la loi 150, alors que,
écoutez, à toutes fins pratiques, c'est lui qui l'a
décidé et qui dit très clairement qu'on devra faire un
référendum avant le 26 octobre 1992. Alors, c'est le Mouvement
national des Québécois qui s'implique et qui envoie
présentement à l'Assemblée nationale des pétitions
signées par de nombreux pétitionnaires. On l'a vu, ce n'est pas
des pétitions ordinaires, là, comme on voit
régulièrement. On a des pétitions présentement de
40 000 ou 50 000 personnes qui ont été signées par des
Québécois. Alors, disons que les gens au Québec, je pense,
de plus en plus sont prêts à prendre une décision, et je
pense qu'il faudrait que tout le monde s'en rende compte. Ce genre de
décision, bien... c'est pour ça qu'hier on parlait de
provocation. Ça devient provocant pour les gens de chez nous quand on
voit ce qui se passe d'un côté, et qu'on nous arrive avec des
affaires comme ça de l'autre. Moi, je suis convaincue, M. le
Président, que ce n'est pas des raisons économiques qui font
voter ce projet de loi là. Ce n'est pas parce que c'est bon pour les
Québécois qu'on vote ce projet de loi aujourd'hui, qu'on va nous
mettre la guillotine, semble-t-il.
Une voix: Non, non, ils n'oseront pas. Mme Vermette: II n'osera
jamais.
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons que le ministre nous a comme
laissé entendre très clairement...
M. Paré: Le ministre a dit que ça ne changerait
rien. Voyons donc! Il ne fera pas une guillotine...
M. Bourbeau: Pensons au député de Masson qui, ce
matin, l'appelait de tous ses voeux, la guillotine. Il nous implorait...
Mme Carrier-Perreault: Mais le ministre a entériné,
a continué à nous dire...
M. Bourbeau: ...ce matin, d'imposer la guillotine.
Le Président (M. Marcil): Continuez le débat, Mme
la députée.
M. Bourbeau: On résiste, on résiste.
Mme Carrier-Perreault: De toute façon, pour en revenir au
projet de loi, ce n'est pas des raisons économiques qui sous-tendent ce
projet de loi là, sûrement pas. Alors, c'est pour ça qu'on
dit qu'il y a des raisons politiques. Dans les journaux le 15 mai alors que,
nous, de l'Opposition, on n'avait dit aucun mot encore, on avait à peine
reçu le projet de loi, ce qui a fait dire aux gens de la presse, le 15
mai que, dans le fond, c'était important pour qui? pour les
organisateurs des festivités du 125e anniversaire du Canada. Bien
sûr, on a vu la publicité qui nous arrive. On voit la
publicité, ça arrive à toute heure du jour, surtout aux
heures où il y a de bonnes cotes d'écoute. Ce n'est pas
donné, cette publicité-là, M. le Président, et
ça afflue. On est, à toutes fins pratiques, inondé de
cette publicité-là de notre beau Canada, la petite fille qui
chante avec les Rocheuses en fond de scène... (16 h 50)
Une voix: Les vaches qui broutent.
Mme Carrier-Perreault: ...les vaches qui broutent, le ciel bleu.
C'est de toute beauté de voir ça!
Une voix: Le ciel bleui
Mme Carrier-Perreault: Alors, ça, c'est une des choses qui
se font présentement. On essaie de nous garder nostalgiques de tout
ça, de nous dire que c'est nous, que ça nous appartient, que
ça nous ressemble. Écoutez, c'est pour aller dans la même
lignée parce qu'on sait qu'on s'en prépare toute une, avec le
125e, M. le Président. C'est curieux, on a peut-être un gros
déficit canadien, un immense déficit canadien. On voit qu'on est
dans le trou, tiens, jusqu'aux oreilles, presque en faillite, M. le
Président, et on nous... Il me reste une minute et demie, alors je vais
terminer assez rapidement.
Le Président (M. Marcil): Votre conclusion prend toujours
une minute et demie.
Mme Carrier-Perreault: Alors, même si, à toutes fins
pratiques, on est inondés de dettes, on nous passe une publicité
incroyable pour nous dire de rester là alors que, d'un autre
côté, on essaie de nous mettre dehors le plus possible puis on ne
réussit même pas à s'entendre.
Alors, voyez-vous, M. le Président, je pense que ce serait
important d'entendre ce qu'en pense le Mouvement national des
Québécois parce que, si ce n'est pas techniquement le fait, c'est
subtilement le fait et c'est ce qu'on est en train de faire, à toutes
fins pratiques, de façon subtile, une deuxième fête
nationale au Québec.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Maintenant, je vais
reconnaître M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: oui, m. le président, il me fera plaisir
de faire quelques minutes là-dessus, en espérant réussir
à convaincre le ministre que ce serait important qu'on puisse entendre
nos amis du mouvement national des québécois. vous faites signe
que oui, m. le ministre? non? pas là-dessus.
M. Bourbeau: Pas du tout. Moi, j'ai de la lecture, ici...
M. Paré: Ah, je m'excuse. Je pensais que vous me faisiez
signe que oui, à notre demande, à notre motion pour
écouter les gens du Mouvement national des Québécois.
Comme on le dit et on le répète depuis quelques heures, la loi
qui est devant nous n'est pas une loi du travail, c'est une loi politique.
C'est une loi pour reconnaître une fête nationale. Donc, il serait
normal, à mon avis, que les mouvements nationaux, dans le sens
nationaliste du mot, tel qu'on l'entend ici, au Québec, puissent se
faire entendre là-dessus et voir si ça répond à
l'esprit nationaliste québécois. Si ça répond
à notre particularité, à la société dont
nous sommes, qu'on dit distincte... Mais elle n'est pas distincte, elle est
tout simplement québécoise. Ça ne sert à rien de la
qualifier. On ne qualifie pas les Français d'être distincts, ou
n'importe quel autre peuple. Ils sont ce qu'ils sont.
Nous, on essaie de nous cataloguer, on nous sort des mots de toutes
sortes parce qu'on refuse de voir la réalité qu'il y a un peuple
québécois. Donc, plutôt que de reconnaître qu'il y a
un peuple... et quand il y a un peuple, avec ses richesses, sa culture, son
Parlement, ses institutions, il doit avoir son pays. Et pour lui refuser son
pays, on lui donne, en compensation, des qualificatifs: société
distincte, fête nationale du Québec, puis là ça va
être fête nationale du Canada. On va tout faire pour essayer de ne
pas reconnaître la réalité.
Et ça, c'est assez spécial. Est-ce qu'il y a des... On
parie, comment je vous dirais ça, des Américains espagnols. Dans
les autres provinces ou, surtout, à Toronto, où il y a tellement
de gens des communautés, dont un très grand nombre de gens de
descendance italienne, est-ce qu'on les appelle les Italo-Canadiens? Non. C'est
des Canadiens. Donc, il y a des Canadiens, il y a des Américains, il y a
des Français, il y a des
Polonais et, une exclusivité, comme une
espèce de bête rare, il y a des Canadiens français. On
s'identifie non pas à sa nationalité, mais à la langue
qu'on utilise. Essayez de voir ça à travers le monde, vous allez
vous apercevoir que ça n'existe pas beaucoup qu'on identifie des
catégories, des types de gens, des types de citoyens. Ce pays est
tellement impossible qu'on est obligé de cataloguer les gens; comme on
leur refuse un pays tel que ça doit être, on les catalogue par
rapport à leur langue maternelle. Et ça, c'est assez
spécial. Comme le disait ma collègue avant moi, on peut bien en
mettre, des centaines de millions en période de crise pour nous vendre
que nous sommes autre chose que ce que nous sommes en réalité,
ça ne réussira pas.
C'est tellement vrai. Faisons juste regarder... C'est pour
ça qu'il faudrait peut-être parler à des gens qui sont
intéressés par le mouvement nationaliste et qui suivent ça
de près. Faites juste regarder le débat constitutionnel depuis le
lac Meech. C'est spécial qu'on ne s'y arrête pas plus que
ça. Meech a foiré et, là-dessus, je pense que c'est
unanime, ce n'était pas voulu. La preuve, j'écoutais le ministre
dire aujourd'hui que, pour une première fois de l'histoire, il y a eu
discussion sérieuse pour essayer de sauver le pays. Aïe!
rappelez-vous la prison de Hull, au moment de Meech, où les premiers
ministres étaient séquestrés jusqu'à ce qu'une
entente puisse arriver: Vous êtes enfermés. Vous sortirez quand
vous aurez trouvé quelque chose qui puisse être signable, qui
puisse être vendable et un peu acceptable. Aussitôt qu'ils ont
été sortis, par exemple, vous avez vu le chiard. Avant Meech, on
pouvait toujours dire qu'avec le Québec il n'y a pas moyen de
s'entendre. Depuis Meech, depuis la déclaration de juin 1990 du premier
ministre, quand il a dit: Je ne retourne pas aux négociations; je ne
retourne pas à la table des 11, les anglophones, les neuf autres
provinces, sont tout seuls, ils sont entre eux, puis ils ne sont pas capables
de s'entendre. C'est spécial! Ils ne peuvent pas dire que c'est le
Québec qui est le fauteur de troubles; ils ne peuvent pas dire que c'est
le Québec qui amène des demandes exagérées ou qui
n'ont pas de bon sens. C'est tellement vrai que le premier ministre refuse
même de commenter tout ce qui est déposé, en disant: Ce
n'est pas final. C'est des dépôts. Ce n'est pas des offres
finales; on ne peut pas commenter ça. Il ne nous dit pas c'est quoi, le
minimum qu'on demande, parce que Meech atrophié, malade,
contaminé... En substance, on ne sait pas ce que ça veut
dire.
Donc, on ne demande rien, on n'est pas présent
à la table, puis ils ne réussissent pas à s'entendre entre
eux autres. Non seulement sur la reconnaissance qu'on va faire du Québec
ils ne sont pas capables de s'entendre entre eux autres, mais ils ne sont pas
capables de s'entendre entre eux sur leur relation, comme Canada anglophone,
sur le Sénat, la représentation de
chacun, la force des différentes régions, le
partage des pouvoirs. Ils ne sont pas capables de s'entendre. Ils ne peuvent
pas dire cette fois-ci, contrairement à ce qui s'est toujours dit depuis
125 ans: C'est la faute du Québec. Ce n'est pas la faute du
Québec; la preuve, c'est qu'on n'est plus dans la ronde Québec,
on est dans la ronde Canada et ils ne sont pas capables de s'entendre.
Donc, si nous, ici, au Québec, on est capables de
s'entendre quand on se parle, c'est parce qu'on est un peuple particulier.
Issus de ce peuple, il y a des mouvements, non pas nécessairement juste
des mouvements de contestation, parce que le Mouvement national des
Québécois s'implique effectivement dans certains débats,
intervient de temps en temps parce qu'il veut faire valoir son point de vue,
mais c'est un mouvement nationaliste, un mouvement issu du milieu, apolitique,
indépendant, autonome, qui exprime une fierté de nationaliste et
qui s'implique dans les fêtes nationales dans les différentes
régions du Québec. Donc, c'est la nature même du peuple qui
s'exprime par un mouvement. Comme on est en train de regarder un projet de loi
réellement politique, la preuve, c'est que depuis qu'on est ici, des
deux côtés de la table, on s'arrête à quoi en pariant
du projet de loi? Strictement du côté politique par rapport
à des institutions politiques. C'est très clair maintenant. Mon
collègue de Nelligan nous l'a confirmé d'une façon claire:
C'est pour la reconnaissance de la fête nationale du Canada. Je respecte
ça, puis je le dis. Bravo! merci d'être aussi clair. On a besoin
de clarté et de franchise.
Donc, c'est un débat sur une loi politique. Comment
se fait-il que les mouvements nationalistes ne puissent pas s'exprimer sur
quelque chose qui va les concerner, qui va les toucher, parce que ça va
toucher toute la population? Pas seulement les travailleurs, même si on
touche à la Loi sur les nonnes du travail. À toute la population
par rapport à ce qu'on impose comme journée, parce que,
là-dedans, on touche aussi à la loi sur les heures d'affaires.
Donc, ça veut dire qu'on vient de modifier des habitudes des gens. Le
1er juillet ne sera plus ce qu'il était pour les
Québécois. On veut leur faire fêter la fête nationale
du Canada. Donc, ce n'est plus seulement une fête, un congé en
soi, c'est la fête nationale. Donc, deux fêtes nationales, un
peuple avec deux fêtes nationales. (17 heures)
Si c'est ça qu'on veut, on a le droit de le
soumettre, on a le droit de le proposer, on a le droit d'avoir un projet de
loi. Mais je pense qu'on n'a pas le droit de le passer sans permettre aux gens
de s'exprimer, parce qu'on n'est pas censé ici modifier des choses sans
que ce soit un besoin ou une utilité pour la population, pas
nécessairement pour une formation politique ou une orientation. Essayez
de me convaincre que ça va améliorer quelque chose, au
Québec, ça, sinon
nous affaiblir, moi, je n'en vois pas. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Shefford. Je vais reconnaître maintenant le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je suis heureux d'arriver et de
pouvoir me joindre au groupe. J'ai dû partir à 15 heures cet
après-midi pour enregistrer une émission de
télévision, pour annoncer un peu le projet de loi du gouvernement
et dire que, si les gens perdent leur fin de csmaine de trois jours, ils
pourront dire merci au gouvernement, parce qu'on se rend compte à quel
point on a des gouvernements déconnectés, tant à Ottawa
qu'à Québec.
À Ottawa, là, on discute pour acheter pour 4 300 000 000 $
d'hélicoptères à l'Angleterre pour faire la chasse aux
sous-marins soviétiques. Il faut le faire! Comme imbéciles,
là, je veux dire, il n'y a pas d'autre mot que ça et, même,
je suis généreux en disant «imbéciles».
Acheter pour 4 300 000 000 $ d'hélicoptères pour faire la chasse
aux sous-marins soviétiques alors que les Soviétiques n'ont
même pas d'argent pour mettre du gaz dans les sous-marins, l'huile pour
garder les moteurs pas trop chauds. Alors, ça aurait été
moins cher, sans doute, d'acheter la flotte, de leur donner des crédits
pour acheter quelque chose à manger. Pour 4 300 000 000 $, on pouvait
acheter une partie de la flotte de sous-marins soviétiques et leur
donner des crédits pour s'acheter quelque chose à manger à
la place. Alors, là, on est des grands experts en l'avenir du Canada.
Quand on est rendus à 450 000 000 000 $ de dettes, avec des
décisions comme ça, ne vous demandez pas... Quelqu'un qui reste
là-dedans, c'est quelqu'un qui est masochiste et qui n'a pas peur de la
faillite. C'est un pays qui s'en va sur la «bum»,
comprenez-vous.
Actuellement, nous autres, alors qu'on a 12,5 % de chômeurs, on
fait des grands débats, aujourd'hui, pour changer la date de la
fête. Au lieu de fêter ça en fin de semaine, on va faire
ça le mercredi toute la journée, sans consultation, sans aucune
demande de la population. Il faut être complètement
déconnecté. Voir si c'est ça, l'urgence nationale.
Jusqu'en 1982, c'était la fête du Dominion. On avait des
«bills» du Dominion, la fête du Dominion, des timbres du
Dominion. Aujourd'hui, on dit: II faut faire la grande urgence nationale. Au
cours de la semaine prochaine, je suis content de savoir que le ministre
Bourbeau et M. Béland vont être en conférence de presse
lundi.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Lévis devrait savoir qu'il n'est pas permis de nommer les
députés par leur nom. Il faut nommer le nom... C'est le
règlement.
M. Garon: Non, je parle de la conférence de presse. Je ne
nomme pas le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas le même
règlement qu'en Chambre, ici?
Le Président (M. Marcil): C'est la même chose. Donc,
on appelle les députés par leur nom de comté. C'est
ça.
M. Bourbeau: M. le député de Lévis.
M. Garon: Alors, le ministre responsable de ce projet de loi va
être en conférence de presse avec M. Béland,
président de la Confédération des caisses populaires
Desjardins. J'espère que les journalistes vont leur demander si c'est
devant la volonté populaire qu'ils enlèvent la fin de semaine aux
citoyens pour mettre la fête de la Confédération le
mercredi. Je suis convaincu que M. Béland ne pourra pas rester, parce
qu'on ne peut pas parler dans l'église impunément en disant qu'il
faut s'occuper des hommes plutôt que des machines et, après
ça, cautionner un gouvernement qui se cherche des cautions partout.
Même aujourd'hui, on l'a vu à la période des questions ce
matin, les gens ne sont plus capables d'endosser. Ça n'a plus de bon
sens. Alors qu'aujourd'hui on invite le Mouvement national des
Québécois, je vais vous dire plus que ça. Moi, je pense
qu'il faudrait faire une autre motion pour montrer qu'on n'a pas peur du
danger. On pourrait inviter aussi, après le Mouvement national des
Québécois qui s'intéresse aux questions nationales, la
Légion royale canadienne, des gens qui sont préoccupés des
fêtes, les gens de la Légion que je connais beaucoup pour avoir
travaillé avec eux, avec les anciens combattants pour la modernisation
d'endroits touristiques, pour voir ce qu'ils en pensent. Est-ce qu'ils aiment
mieux avoir la fête du Canada le mercredi ou s'ils aiment mieux avoir la
longue fin de semaine? Je suis convaincu que la Légion royale
canadienne, comme le Mouvement national des Québécois, ce sont
des gens qui sont connectés. Ce ne sont pas des gens
débranchés. Ce sont des gens connectés et qui vont
indiquer que les citoyens aimeraient mieux avoir la fête la longue fin de
semaine.
Les députés ont mentionné - le député
de Shefford l'a dit à plusieurs reprises, la députée de
Marie-Victorin - qu'il n'y a aucune demande dans ce sens-là. Là,
on nous dit qu'on s'est référé à M. Béland,
qui parle de ses ordinateurs. Bon! Comme ce ne sont pas les ordinateurs qui
font des pique-niques, les ordinateurs ne vont pas en vacances, on peut mettre
les pitons sur «hold», ils peuvent passer la fin de semaine
tranquilles et ils ne font mal à personne, mais les citoyens, eux, ne
sont pas indifférents à avoir une longue fin de semaine. Je pense
qu'il n'y a pas de volonté populaire, de quelque façon que ce
soit. Le Mouvement national des Québé-
cois, qui s'occupe de la fête nationale, va pouvoir l'indiquer.
Mais, moi, je suis en train de me demander si les fédéralistes
aiment vraiment le Canada, pour essayer de le faire haïr par tous les
moyens possibles. Moi, j'ai un peu de tristesse en voyant ça, parce que
ce n'est pas une façon de faire aimer le Canada que d'enlever la fin de
semaine des citoyens. Je ne pense pas que ce soit aimer vraiment la fête
du Canada que de vouloir faire en sorte que les gens souffrent plutôt que
d'avoir la fête dans la longue fin de semaine, comme c'était le
cas depuis le début. D'ailleurs, le ministre disait, au mois de
décembre 1990... Je ne comprends pas quelle mouche l'a piqué; je
ne comprends pas quelle mouche a pu le piquer pour arriver avec un projet de
loi de même. Ça n'a pas de bon sens. Il n'y a pas de demande, il
n'y a pas de volonté populaire. J'en ai parlé encore ce midi,
quand j'ai enregistré mon émission. Je disais aux gens que le
gouvernement, ce qu'il voulait faire... Les gens, les cameramen, et tout
ça, ils disaient: Pourquoi ils font ça? Le monde n'aimera pas
ça. J'ai dit: Oui, c'est ça qu'on dit. On ne comprend pas le
gouvernement. On a l'impression, des fois, qu'il y a quelque chose qui se passe
dans le gouvernement qui est détraqué. Victor Hugo disait
toujours, quand il regardait l'univers, qu'il y avait sûrement un
horloger quelque part pour que tout ça s'agence aussi bien. Mais, quand
on regarde le fonctionnement du gouvernement, on dit: II faut vraiment que ce
doit détraqué pour que ça marche aussi mal. Je ne peux
croire que le gouvernement a même proposé une guillotine
là-dessus. Alors qu'on fête le 200e anniversaire de
l'Assemblée nationale, ce n'est pas le temps de mettre des guillotines
sur des projets de loi qui ne sont demandés par personne. Le Mouvement
national des Québécois pourra saisir les gens de
l'Assemblée nationale et de la commission et nous indiquer ce qu'il en
pense. À date, il y a eu des motions de présentées. La
démocratie, au fond, c'est de vivre en osmose avec la population,
être près des gens, non pas être dans une situation
où les gens considèrent les parlementaires comme des gens
dangereux, mais des gens qui veulent les aider, non pas des gens qui veulent
leur nuire. Le projet de loi actuel va nuire aux gens. Il n'aidera pas les
gens, ne contribuera pas... Moi, je ne hais pas le Canada, je ne voudrais pas
qu'on fasse une loi comme celle-là pour faire haïr le Canada. Il y
a assez de gens actuellement qui trouvent qu'il y a des problèmes sans,
en plus, faire des lois inutiles qui vont faire en sorte que des gens vont
avoir de mauvaises raisons de ne pas être d'accord.
C'est un peu comme les débats constitutionnels actuellement sur
le Sénat. Tout le monde savait... On avait l'impression qu'il y avait un
consensus très fort pour faire que le plus grand service que les
sénateurs pourraient nous rendre, c'est prendre un dernier vote pour
voter leur abolition. Le consensus qui est là-dessus au
Canada, c'est que le Sénat est inutile. Aujourd'hui, on voit que,
pendant trois semaines, on discute du Sénat dans les réformes
constitutionnelles comme si l'avenir était là. Habituellement,
les gens qui y sont nommés sont des gens qui sont renommés pour
être entrés dans une époque de leur vie où ils ont
plus de souvenirs que de projets et qu'ils peuvent se compter...
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Autrefois, c'était tranquille. Mais,
aujourd'hui, qu'on vienne nous présenter un projet de loi comme
celui-là en fin de session, dans une période où il y a
12,5 % de chômeurs, je pense que ce n'est pas opportun. C'est pourquoi ii
serait bon aussi d'entendre le Mouvement national des Québécois
qui a travaillé régulièrement, depuis plusieurs
années, pour faire en sorte que la fête nationale du Québec
marche bien, qu'elle soit un succès et pour sensibiliser les gens. Comme
ce sont des experts, à toutes fins pratiques, en fêtes nationales,
on devrait les consulter. Plutôt que de penser que les
députés ont la science infuse et que le gouvernement est un
expert en fêtes nationales, ce serait bon de consulter le Mouvement
national des Québécois, pour qu'il vienne nous donner son opinion
sur le projet de loi qui est devant nous, M. le Président. (17 h 10)
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Lévis. M. le député de Nelligan.
Je vous ai reconnu, M. le député.
M. Russell Williams
M. Williams: Oui. Merci, M. le Président. J'ai voulu faire
quelques remarques moi-même sur la motion d'invitation du Mouvement
national des Québécois. Je vais faire à peu près
les mêmes remarques que la dernière fois, que ce n'est pas
nécessairement un groupe qui est bien reconnu comme un groupe qui suit
les questions des fêtes du Canada. Je voudrais rappeler à cette
commission qu'on discute un article qui touche le congé
férié du 1er juillet. On discute si c'est mobile ou non mobile.
On touche la fête du Canada. Ce n'est pas surprenant non plus, M. le
Président, que le député de Lévis encourage le
ministre responsable de ce dossier à dire quelque chose aux journalistes
lundi prochain. Ils ont essayé, heure après heure, question
après question, motion après motion, de créer un peu
d'intérêt de leur prospective, de leur vision. Jusqu'à
date... Encore une fois, hier, j'ai mentionné que... Pas un mot, pas un
article. Ils ont essayé pendant 26 heures dans l'Assemblée
nationale. Maintenant, à la commission des affaires sociales, ils
essaient encore. Encore une fois, M. le Président, pas un article, pas
un commentaire, pas une question. Avec ça, je demande des questions,
actuellement,
exactement le contraire. Comme M. le député de
Lévis l'a demandé: Qui s l'appui de la population? Je pense que
c'est bien clair que nous avons l'appui de la population. Encore une fois, ils
disent: II n'y a personne qui a demandé. Peut-être qu'il a
manqué quelques-unes de mes interventions pendant les dernières
heures, mais j'ai répété souvent et je
répète encore une fois que j'ai reçu les demandes du
peuple, des simples citoyens, les hommes et les femmes qui veulent avoir une
fête, un congé férié non mobile le 1er juillet pour
fêter certainement le 125e anniversaire de notre pays, mais aussi, comme
nous avons discuté, pour fêter plusieurs autres dans l'avenir.
J'ai nommé jusqu'au 300e. Peut-être que ^a va être plus long
que ça, j'espère que oui. J'ai reçu plusieurs demandes,
quand j'ai une chance, comme adjoint parlementaire du ministre de la
Santé et des Services sociaux, de visiter plusieurs territoires du
Québec. Souvent, j'ai reçu les demandes, aussi. Actuellement, pas
loin du comté de Shefford, quand j'étais là la
dernière fois, j'ai reçu les demandes: Est-ce qu'on peut changer
ça? J'ai reçu personnellement les demandes. J'ai voulu corriger
l'image que les députés de l'autre côté du pupitre
essaient de créer, qu'ils n'ont pas reçu les demandes. Ce n'est
pas une grande surprise qu'un parti formé avec une vision qui veut se
séparer du Canada, ils n'ont pas eu les commentaires de leurs citoyens
qui veulent fêter le Canada. Je pense que ce n'est pas très...
Ça ne prend pas une grande intelligence pour voir la connection entre
les deux. Si les personnes veulent fêter le Canada ou veulent avoir un
congé férié non mobile, elles vont certainement nous
appeler et peut-être qu'elles vont écrire des lettres. Mais ce ne
sera peut-être pas très utile de téléphoner aux
représentants du Parti québécois. Et c'est dans cette
direction que je vais certainement voter contre la motion d'inviter le
Mouvement national des Québécois qui, à ma connaissance,
n'a pas une longue histoire pour arranger les faits canadiens.
Aussi, j'ai entendu les commentaires juste sur le Canada, que
c'était un pays de «bums». Ce n'est pas du tout mon pays,
l'image de mon pays. C'est un beau pays, bien respecté, comme nous avons
vu dans le rapport des Nationc unies. C'est un des pays les plus
respectés mondialement. Si les députés qui ne croient pas
à ce pays ne veulent pas fêter cette fête, ils ont le choix.
On vit dans une démocratie. Ils sont certainement les bienvenus dans mon
comté pour fêter avec nous. Mais, s'ils ne veulent pas participer,
c'est certainement leur choix. Ça a été
répété souvent ici, si les employeurs et les
employés veulent changer cette date, c'est encore possible.
Mais je voudrais revenir sur la question... Le député de
Lévis a mentionné quelques fois le taux de chômage de 12 %
ou 12,5 %, et c'est plus élevé dans quelques endroits. Ils ont
aussi soulevé le point que, cette année, c'est le 200e
anniversaire de la démocratie, dans le Bas et le Haut-Canada. Je pense
que le peuple québécois va commencer à se questionner si
leurs députés ont gaspillé le temps... Oui, c'est
certainement les règles britanniques, comme vous avez mentionné,
M. le député de Masson, mais il y a les règles et il y a
la sagesse. J'espère que les règles établies sont des
règles pour la démocratie.
Quand je parle avec mes commettants, ils veulent qu'on prenne le temps
de discuter les questions de chômage, les questions de dette. Ce n'est
pas juste le gouvernement fédéral qui a des dettes. Chaque
province a des dettes aussi. On doit créer une nouvelle économie.
On doit recommencer toutes les questions économiques. Je pense qu'ils
préfèrent, nos électeurs, nos commettants... Si on leur
demande la question, à savoir s'ils sont satisfaits que nous ayons mis
26 heures à l'Assemblée nationale... J'ai perdu le temps, je ne
sais pas combien d'heures nous avons mises... Nous avons mis trois heures
aujourd'hui? Oh, excusez. J'ai oublié combien d'heures nous avons mises
sur cette simple question, M. le Président, à cette
commission.
Si on demande à nos commettants s'ils pensent que c'est du temps
bien utilisé par leurs députés, je ne peux pas parler pour
mes commettants, mais je gage avec vous que ça va être à
100 % non. Ils vont dire: Nous n'avons pas élu nos députés
pour faire des débats comme ça. On veut avoir un échange
dans les commissions parlementaires qui est supposé être non
partisan, non politisé. On veut avoir un débat de fond.
Jusqu'à date, encore une fois, je n'ai pas entendu un débat de
fond. J'ai entendu les questions, qu'il y a toujours une réponse
très logique, mais jusqu'à date je pense que l'autre
côté ne veut pas....
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
député de Nelligan.
M. Williams: ...entendre de réponse.
Encore une fois, je voudrais juste mentionner que je suis en
désaccord avec la motion. Je suis prêt à toujours discuter
les questions qui peuvent améliorer cette loi. Je voudrais
répéter, comme je l'ai mentionné hier, qu'au minimum il y
a deux partis qui prennent cette question... Avec ça, je voudrais vous
remercier d'avoir eu la chance d'exprimer encore une fois que je souhaite qu'on
fête le Canada, mon pays, le 1er juillet.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Nelligan. Comme il n'y a plus d'intervenants, je vais
mettre la motion aux voix.
M. le député de Masson, M. Blais?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Marcil): M. le député
Paré
(Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Président (M. Marcil): Mme Cardinal
(Châteauguay)?
Mme Cardinal: Pardon? Contre, cher ami, contre.
Le Président (M. Marcil): Contre. M. Philibert
(Trois-RMères)?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Russell Williams
(Nelligan)?
M. Williams: Certainement contre.
Le Président (M. Marcil): Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Tout contre.
Le Président (M. Marcil): Donc, la motion est
rejetée.
M. le député de Masson.
M. Williams: Est-ce qu'on peut appeler l'article...
M. Blais: Non, pas tout de suite parce qu'il y a des
éclaircissements qu'on aimerait bien avoir. On aimerait
réentendre le député de Nelligan nous donner des
éclaircissements sur cette loi, parce que c'est encore
marécageux, brumeux un peu dans nos têtes, et c'est un projet
qu'on aimerait... Il a d'ailleurs tenté de façon très,
très intelligente et logique... J'ai aimé votre intervention.
J'aimerais bien en entendre d'autres de votre côté nous dire leurs
idées. J'ai trouvé ça superbe-Une voix: Ça
va? (17 h 20)
M. Blais: Ah, ça va très bien. Approuvé.
Vous avez droit à ça. J'aurais aimé que Mme la
députée de Châteauguay, Mme Cardinal, si vous permettez que
j'en parie une minute, M. le Président, de consentement avant la motion,
que je dise un petit mot et que vous...
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Blais: Vous permettez une minute?
Le Président (M. Marcil): Oui, il y a consentement
à ce que monsieur dévie de...
M. Blais: C'est dont Mme Cardinal m'a fait part, et j'ai
trouvé ça extrêmement instructif, il y a quelques minutes
je suis allé parier avec elle en lui disant que Kahnawake où les
Iroquois fêtaient la fête de la Saint-Jean avec nous, où
nous autres on chantait nos chansons de folklore et qu'eux répondaient,
qu'on chantait nos Te Deum et qu'eux répondaient par des strophes
iroquoises, boum balaboum balaboum baiaboum... Le balaboum, elle dit que c'est
vraiment le chant de folklore chez elle, le balaboum, et elle m'a dit que son
nom est Cardinal, et qu'elle était excessivement en faveur de la
fête nationale du 24 juin, parce qu'elle est descendante de Narcisse
Cardinal, un des Patriotes de 1837, qui a été à
l'époque - c'étaient les circonstances -vendu aux
conquérants par les Iroquois, qui sont les Mohawks, et que sa famille en
a subi des torts pendant plusieurs années. Elle avait souvenance, me
disait-elle il y a quelques instants, que la dernière lettre avant sa
mort que Narcisse écrivait à son épouse, qui était
sur le point d'avoir un cinquième enfant, que malgré tout il ne
regrettait pas les gestes en soi qu'il avait posés, mais qu'il
était amer de l'avoir placée comme mère dans une situation
comme ça et la laisser seule avec quatre enfants et demi, et qu'elle
était sur le point d'accoucher. Elle me disait qu'elle a relu ces
choses-là, que c'était une lettre qui avait fait vibrer chez elle
des cordes excessivement sensibles. Elle m'a conté ça avec un
oeil tellement resplendissant. On aurait dit qu'elle plongeait son iris et sa
pupille dans le passé et qu'elle extirpait de leur tombe ceux qui
étaient passés chez ses ancêtres et qu'elle les voyait
dérouler devant elle comme si c'était un tableau nouveau, comme
si c'était un film, qu'elle me disait. Elle a une façon de capter
le tympan de quelqu'un, doublée d'un oeil parleur incroyable. J'ai
trouvé ça excessivement intéressant et je remercie
beaucoup la présidence de m'avoir permis de faire ce petit
aparté. C'est par consentement que j'ai pu me permettre de parier des
sentiments de madame que je trouve extraordinaire.
Elle me disait que toutes les chansons des Patriotes, dans sa famille
ces chansons-là sont connues, sont chantées, et qu'ils ressentent
encore les vibrations des ancêtres. Alors, quand on a devant nous une
patriote de ce genre, on ne peut pas faire autrement, M. le Président,
qu'en glisser quelques mots, parce que c'est honorant pour la Parti
libéral d'avoir dans ses rangs une femme qui a des ancêtres d'un
tel patriotisme. Alors, à ceux, madame, qui ont fait que vous êtes
chez nous aujourd'hui, qui ont fait que vous êtes là et
députée du même comté, d'ailleurs, que votre
ancêtre Narcisse Cardinal, qui était député de ce
comté, le même comté que vous occupez aujourd'hui, alors
qu'on voit une patriote revenir à la même place, sur le
même
terrain et qu'elle a les mêmes idées que son ancêtre
de revendiquer les droits de ce que nous sommes, une des deux nations
fondatrices, eh bien, j'étais ébloui. Je me disais: Vous devriez,
madame, nous parler quelques instants de la noblesse de votre famille. Vous
remontez de Patriotes de 1837. Ça vous honore, madame. Je vois un
sourire tout épanoui de consentement et de satisfaction et vous
méritez bien de vous réjouir des ancêtres que vous avez
eus.
Personnellement, je n'ai pas eu d'ancêtres dans les Patriotes de
1837. J'aimerais, parce que, contrairement à l'Église catholique
qui n'a reconnu que 150 ans après ce que les Patriotes avaient fait pour
la francophonie, eh bien, je l'ai reconnu dans ma famille bien avant. Mais je
suis jaloux, madame, de ne pas avoir les ancêtres que vous avez, non pas
parce que je veux descendre ou désanoblir les miens ou leur donner moins
de prestance ou de prestige ou de qualité qu'ils en ont vraiment, mais,
quand on est de la lignée des Patriotes de 1837, c'est un poème
que de vous regarder, madame. Ça m'a fait plaisir de vous dire ce petit
mot parce qu'il est historique, lui aussi. Je suis content que vous soyez
là. Je vous remercie de m'avoir permis de dire ça, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Alors, on est rendu
où?
Une voix: Une motion à présenter.
Mme Cardinal: Est-ce que je peux dire quelques mots?
Le Président (M. Philibert): Est-ce qu'il y a un
consentement, pour Mme Cardinal?
Madame, allez-y. Mme Cardinal, de Château-guay.
Mme Cardinal: Je dois dire au député que je suis
très honorée de votre tirade quant à mes ancêtres.
Vous m'avez enlevé le plaisir de reconnaître que, depuis des
heures, nous entendons parler patriotisme, de rendre hommage, le 24 juin, nos
ancêtres. Ça, c'était acquis. Je vous remercie d'avoir fait
l'allocution à ma place. Merci.
Le Président (M. Philibert): Merci, Mme la
députée de Châteauguay. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Blais: Oui, j'aurais une motion. Le Président (M.
Philibert): Oui.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Philibert): Allez-y.
M. Blais: On vient d'apprendre... Il y a eu une réunion
des deux leaders, le nôtre, l-e-a-d-e-r, et l'autre, l-i-t d-'-a-i-r. Les
deux leaders se sont rencontrés et ils ont décidé de faire
venir Guillotin et de nous passer la guillotine, qui est arrivée avec la
Bastille de tantôt. Alors, est-ce que vous croyez qu'il serait bon de
continuer?
M. Bourbeau: on a donné droit à vos demandes. vous
la réclamiez à grands cris, ce matin, la guillotine. vous
l'appeliez de tous vos voeux.
M. Blais: Ce n'est pas que je l'appelais de tous mes v?ux,
mais je dis qu'il n'y avait qu'elle pour me couper la parole. Alors, est-ce
que... Moi, M. le Président, je suis bien prêt à me rendre
jusqu'à 18 heures, comme il a été commandé, mais si
le ministre pense que c'est absolument inutile... Je vois que les
priorités du gouvernement sont plutôt dans le 1er juillet que dans
le 24 juin. Alors, je suis prêt à faire, jusqu'à 18 heures,
mon devoir, si le ministre consent à m'entendre malgré sa
guillotine.
M. Bourbeau: M. le Président, moi, je pense que nos
règlements, de toute façon, ne nous donnent pas le loisir de
suspendre la séance maintenant, à moins que le
député ne veuille suspendre maintenant. Moi, je suis tout
à fait disposé à entendre...
M. Blais: Je ne veux pas suspendre, pour aucune
considération.
M. Bourbeau: Bon, M. le Président, moi, je suis tout
à fait disposé à entendre les remarques du
député de Masson. De toute façon, jusqu'à
maintenant, ça a bien fonctionné. Ce n'est peut-être pas
tellement instructif, mais plutôt plaisant, parfois instructif, sur le
plan historique, peut-être un peu instructif, mais ça ne fait pas
beaucoup avancer le projet de loi, on doit le remarquer.
M. Blais: O.K. Alors, M. le Président, j'avais une motion
à proposer.
Le Président (M. Philibert): Allez-y, M. le
député de Masson.
Motion proposant d'entendre la Chambre de commerce du
Québec
M. Blais: Malgré la guillotine, il est proposé
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la
commission permanente des affaires sociales tienne - ça, c'est nous -
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
21, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions
législatives, des consultations très particulières quant
à tous les articles
dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la Chambre de
commerce du Québec.
Une motion débattable, M. le Président.
Une voix: Est-ce que vous pensez qu'elle n'est pas recevable?
Le Président (M. Philibert): Non. Elle est recevable. M.
le député de Masson, vous avez 30 minutes.
M. Blais: Vu qu'il est 17 h 30, M. le Président, et que,
si je prenais ma demi-heure, c'est moi qui commencerais cette motion et qui la
terminerais, je ne suis pas obligé de parler une demi-heure?
Le Président (M. Philibert): Pas du tout. Vous pouvez ne
pas parler du tout.
M. Blais: Non, non. Je veux absolument parler, parce que j'y
tiens. Mais je pourrais faire un peu moins d'une demi-heure. Pour permettre
à mes confrères qui brûlent du désir de faire
renouveler leur salive, je peux me permettre de parler moins d'une
demi-heure.
Le Président (M. Philibert): En clair, vous pourriez
parler 10 minutes et deux autres de vos confrères pourraient parler 10
minutes, pour un total de 30 minutes.
M. Bourbeau: Ou bien, dans la très grande rigueur, ne pas
parler du tout, M. le Président.
Le Président (M. Philibert): Oui. M. Blais: C'est
très bien.
Le Président (M. Philibert): Vous, vous avez une
demi-heure, mais vous n'êtes pas obligé de la prendre. Vos
collègues de l'Opposition ont un maximum de 10 minutes chacun. (17 h
30)
M. Yves Blais
M. Blais: Très bien. Merci beaucoup, M. le
Président. Je suis encore... Vous savez que je suis un
Québécois à fleur de lys, un Québécois
à fleur de peau, un Québécois à fleur d'espoir de
ce pays en devenir. Et je suis, il va de soi, à fleur de bataille pour
le conquérir. Et à fleur de bataille pour le conquérir,
c'est la fleur de la bataille moderne. Dans la bataille moderne, c'est le verbe
qui fait foi.
Alors, refuser de parler sur une motion, venant de moi, ce serait
impossible. Mais je vibre encore du regard nationaliste que m'a jeté Mme
Cardinal, et ça m'a plu. Je ne savais pas qu'on avait un descendant des
Patriotes de 1837 en Chambre. Et je vous jure que je vais faire chanter le
cardinal un peu plus que je ne l'ai entendu jusqu'à aujourd'hui. Je vais
rencontrer madame, je vais discuter avec elle et, s'il le faut, je vais aller
chercher l'histoire dans les documents, et la lui donner pour que, en Chambre,
elle nous raconte un peu plus en détail l'histoire de ses
ancêtres. Je vais certainement faire quelque chose à ce
sujet-là.
Ceci dit, M. le Président, nous aimerions rencontrer la Chambre
de commerce du Québec. Ça fait beaucoup de chambres en même
temps, ça. J'arrive de la Chambre en haut, je regrette la chambre que
j'ai quittée ce matin, et nous demandons la Chambre de commerce du
Québec. Il y a trois chambres qui sont ici superposées l'une sur
l'autre. Dans le contexte dans lequel je parle actuellement, il y en a une que
je regrette plus que les autres, c'est ma chambre, que j'ai quittée ce
matin. Malgré que je sois un parlementaire qui aime beaucoup le travail
qu'il fait, vient un temps où, à force de ne pas dormir, entre
guillemets, nous devenons las. Il y en a qui disent «lasse»; je ne
sais pas comment le prononcer. On dit bien un «taon», au
Québec, pour dire un «bourdon». On est supposé dire
un «tan», on dit un «ton». On dit «taba»,
puis on dit «Frontenac»; on est supposé dire
«Frontena». Mais, que voulez-vous, on a de ces intonations qui nous
sont particulières. Mais, quand on dira à quelqu'un «je me
suis fait piquer par un "tan"», personne ici, au Québec, ne
comprendra. Et, en Europe, si tu dis à quelqu'un «tu as
été piqué par un "ton"», il trouve ça un peu
curieux. Voyez-vous, juste un petit océan qui... Malgré qu'on
soit à trois heures et demie, en Concorde, des deux plus grands pays
francophones au monde... D'ailleurs, nous sommes le seul pays francophone de
souche en dehors de la France. Alors, c'est spécial.
Mais on a, comme dans toutes les régions françaises, des
petits particularismes régionaux. Moi, je suis un petit colon d'Abitibi,
et on a nos expressions bien à nous, des expressions qui, parfois, entre
guillemets, peuvent sembler un tantinet, même, vulgaires, comme
«chier sur le bacul». Mais ce n'est pas vulgaire. C'est une
expression bien à nous pour dire... Si j'avais dit «je ne
présente pas ma motion et je ne parle pas», les gens d'Abitibi,
qui m'écoutent, auraient dit «notre député chie sur
le bacul»; il ne veut pas faire son devoir jusqu'au bout. Ce que je ne
veux pas, et mes confrères non plus.
Je sais qu'au Lac-Saint-Jean il y a des particularismes de toute
beauté. Voyons! «Fais pas simple!» Imaginez! «Fais pas
simple!». N'allez pas dire ça à Paris, «Fais pas
simple». Ils vont dire: Pardon? Parce que les Français, il ont une
façon, même grammaticale, de voir les choses. Nous, on fait des
sous-entendus et, par nature - on est habitués comme ça - on sait
quel est le reste de la phrase. On est à Paris, et on demande à
un gendarme: «J'aimerais aller à la tour Eiffel». Et le
gendarme de me répondre: «Mais qui vous en empêche?»
La mentalité n'est
pas la même. Mais j'ai dit: «Je ne sais pas comment m'y
rendre». Ah! c'est autre chose! Ah! là, c'est sorti, les cartes;
il m'a tout montré. Mais, nous, au Québec, si on disait «je
voudrais aller au parlement», si on est dans la ville de Québec,
bien, on comprendrait immédiatement que ça veut dire que je ne
sais pas comment m'y rendre. Mais, là-bas, pas du tout! «Je veux
aller à la tour Eiffel». «Mais qui vous en
empêche?». Il a fallu que je m'explique. «Je ne sais pas
comment m'y rendre». «Je voudrais voir la Bastille». Et de me
répondre: «Vous ne savez pas qu'on l'a prise?» Ils ont un
sens de l'humour assez poussé, assez poussé. Au Lac Saint-Jean,
«on ne fait pas simple», puis «à cause», et
«pour qui faire»; mais c'est la seule région au
Québec qui dit ça. Au lieu de dire «pourquoi faire»!
Au Lac-Saint-Jean, ils ont des expressions merveilleuses, comme si la chose
devenait personnalisée à ce point, pour eux... On dit:
«Mais tu me demandes ça pour qui faire?» Et c'est beau, en
fait, c'est très beau, c'est très joli. J'aime autant ça
que «Eh, peuchère! où vas-tu ce soir?». Vous savez,
on a chacun nos charmes. Ça aussi, c'est beau, Marius.
M. Bourbeau: Ou encore «un flo en bobettes sur le
cran».
M. Blais: Un quoi?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Non, j'aimerais bien l'entendre.
M. Bourbeau: «Un flo en bobettes sur le cran».
M. Blais: Le «cran», je ne connais pas.
«Flo», je connais. Ils disent un «flo» pour un jeune;
«en bobettes», c'est en slip et, en français, on appelle
ça un short. Mais, le vrai nom, c'est slip. Mais, le cran, c'est quoi?
Une petite montagne?
Une voix: Une petite montagne, une petite colline.
Une voix: Un petit tas de roches. Une voix: Un petit tas
de roches dans un... M. Blais: Ah! Un petit tas de roches, quoi. Une
voix: Un cap.
M. Blais: Attention! Les slips puis le cap, là, il
faudrait que vous précisiez. Un petit cap de...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Je connais beaucoup les expres- sions. On dit que, nous
autres, à Montréal, on a le «a» gras, mais je vous
dis qu'au Lac-Saint-Jean ils disent le mont «Vâlin»; ils ne
disent pas le mont Valin, mais le mont «Vâlin».
M. Bourbeau: On est un peu loin de...
M. Blais: C'est très près. Ou bien, donc...
M. Bourbeau: ...la Chambre de commerce, M. le
Président.
M. Blais: Mais, la meilleure de toutes, c'est «Fais pas
simple». Celle-là... «T'es don d'adon». «T'es
don ben d'adon!». Dites ça à un Français! Bonjour,
vous arrivez au Québec? Certainement, je descends là. Du bateau?
Le bateau retourne, retounez-vous avec? Non. Mais, vous êtes «don
ben d'adon!». Pardon? Vous êtes «ben d'adon». Comment,
«T'es ben d'adon»? Ils ne peuvent pas comprendre.
Je me souviens, moi, que j'étais arrivé, j'avais fait la
location d'une voiture. Je descendais de Paris, en voiture, jusqu'à
Nice, sur la côte, et je m'étais arrêté à
différents endroits. Mais j'ai eu un problème avec ma bagnole,
j'ai eu un petit problème. C'est que ma courroie a brisé, la
courroie de mon système de ventilation. Je me suis arrêté
au garage, et j'ai dit: «Ma strap de fan est lousse; je pense qu'elle est
pétée.» «Ma strap de fan est lousse, je pense qu'elle
est pétée», imaginez! Comment voulez-vous qu'un
Français comprenne une chose comme ça? Ça fait que le
garagiste, il a dit: Eh! dis donc, mec! Mais, moi, je pensais que ça
voulait dire le résumé d'un mécano, d'un
mécanicien. J'ai dit: Non, je ne suis pas mec du tout. Il a dit: Vous
êtes qui? Bien, je ne suis pas mécano, je ne suis pas
mécanicien. Il a dit: Ah! On veut dire... Là, j'ai demandé
ce que c'était. Ce n'est pas un mécano, même si
j'étais au garage. Eh! Dis donc, mec, quelle langue tu parles? J'ai dit:
Je parle français québécois. Il y en a qui disent: Je suis
Québécois, Canadien, Français d'Amérique du Nord,
Nord-Américain, Terrien. Ils ne savent pas où ils sont. Ils sont
tellement de choses qu'en fin de compte ils ne sont rien. Mais je l'ai
expliqué; j'ai dit: Écoutez, je ne sais pas, je ne connais pas
beaucoup la mécanique: «Ma strap de fan est lousse». Je ne
connais pas beaucoup la mécanique. J'ai dit: Vous avez juste à
nettoyer le «windshield», à lever le «hood»,
puis à regarder dedans si le député de Berthier est
là... Euh... Levez le «hood», puis regardez, vous allez
voir. La courroie est brisée. Là, il a compris le mot
«courroie». Puis, là, j'ai dit: J'ai
«poqué» mon «bumper» aussi. Ça fait que,
là, ils n'ont rien, rien compris. C'est pour vous dire que les
expressions de chacun...
Mais, au Nouveau-Brunswick, c'est encore pire que ça. Je me
souviens d'être allé au Lac-Saint-Jean, à
Saint-Fulgence...
Une voix: C'est très beau, ce coin-là.
M. Blais: II y avait un service funéraire. Et ils
étaient parents avec des «Nouveaux-Bruns-wickois». Et, nous,
on emploie moins, maintenant... Depuis que le PQ a pris le pouvoir, les termes
français pour l'automobile sont revenus, comme on a commencé
à semer une fierté d'être un peu ce que l'on est. Ce que
l'on est, «n-'-e-s-t». Et on a commencé à dire
«enjoliveur de roue», «pare-chocs»,
«pare-brise», «essuie-glace», «clignotant».
Puis, aujourd'hui, on comprend ça. On ne fait plus un
«flat», on fait une crevaison. On achète un pneu. On sait
les mots français, aujourd'hui. Mais, au Nouveau-Brunswick, ils sont
rendus plus loin que nous, parce qu'ils sont moins nombreux. Et, comme dans
toutes les provinces anglo-saxonnes, les francophones ne sont pas tellement
aidés à conserver... Ils n'ont pas, comme nous, de la maternelle
jusqu'à la fin de l'université, tous les services, les radios et
les télévisions, les communications, les écoles, et tout.
Ils n'ont pas ça. Donc, ils perdent beaucoup plus leur souche
française qu'ici. (17 h 40)
Alors, j'étais là, et la personne qui arrivait... Bien
sûr, venant du Nouveau-Brunswick, c'était très loin. Elle
avait eu un petit accident en s'en venant. Ça fait qu'on est allé
voir tout suite. Je lui ai dit: Qu'est-ce qu'il y a eu, comme accident?
«J'ai poqué mon fender». Ils ne disent même plus
«aile de voiture». Le «fender»! C'est rendu loin! Puis
il avait un problème avec sa «door». Nous autres, on ne se
rendait pas là. On trouve ça drôle, nous, les francophones
du Québec, parce qu'on ne s'est jamais rendu aussi loin que ça.
On disait «bumper», «windshield», «tire»,
«cap de roue», «char». «T'sais», toutes des
affaires! Mais, rendu à «fender», là, on n'est pas
rendu là, nous autres. Donc, ça nous surprenait. Ça fait
qu'imaginez-vous donc le mec, au garage, sur la route de Cannes, où je
suis allé faire «checker ma strap de fan qui était
lousse»! Imaginez! Lui, il arrivait de plus loin que ça, hein!
Alors, j'ai fait un peu rire de moi, mais ça m'a donné un coup
pour essayer d'être un peu plus perfectionniste du côté
langue.
Une voix:...
M. Blais: Je n'ai pas compris... Oui.
Mais, tout ça, c'est simple, en fait, et ce n'est la faute de
personne d'autre que nous, les francophones, s'il en est ainsi. Ce n'est pas
une accusation à la minorité, là. C'est que, à
l'époque du cheval, avant l'arrivée de l'automobile - pensez-y
comme il faut - tous les mots sont français. Tous les mots! C'est une
charrue, c'est un licoul, c'est des guides. Il n'y a pas de mots
étrangers, là. Il n'y en a pas! Quand l'automobile est
arrivée... C'était surtout à la fin du régime
Taschereau, Godbout... avant Godbout, là, à l'arrivée de
Duplessis. On avait un gouvernement, à Québec, qui ne se tenait
pas debout. C'est ça, le problème! Ils n'avaient qu'à
obliger les gens qui amenaient les voitures ici à mettre la technique
française. On est obligé de tout reprendre, après. Mais
c'est beaucoup plus difficile de faire un retour en arrière.
Alors, M. le Président, vu que j'avais promis de ne pas parler
longtemps, que deux de mes confrères sont là et que je sais
qu'ils ont des choses d'un intérêt capital à dire avant la
fin... J'ai parlé tantôt d'un point cardinal; là, je sais
que les gens ont des points «capitals» à faire. Et afin que
personne ne soit déboussolé, de mon côté, M. le
Président, avant que de perdre le nord, je cède la parole
à quelqu'un d'autre. Et je vous remercie de m'avoir
écouté, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Masson, pour cet intéressant monologue.
Maintenant, je vais reconnaître le député de Shefford, pour
10 minutes.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. J'ai
écouté très attentivement mon collègue de Nelligan,
tantôt. Et c'est dommage qu'il ait dû s'absenter parce que... Ah!
Il est là-bas. Il a passé des remarques que j'ai trouvées
très intéressantes, mais j'ai quelques commentaires à
faire dessus.
La première, il a dit qu'il aimerait ça avoir un
débat de fond plutôt que d'entendre les discours qu'on entend. Je
vais vous dire, toutes les motions qu'on a déposées depuis le
matin pour entendre la Société nationale des
Québécois, la Société Saint-Jean-Baptiste, le
Conseil du patronat et maintenant la Chambre de commerce, c'est justement parce
que, nous aussi, on aurait aimé ça, faire un débat de
fond; pas juste entre nous, mais avec les gens qui sont
intéressés, dans la société, aux modifications
qu'on apporte. Parce que, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, les lois
qu'on vote ici, ça peut nous faire plaisir à nous, mais ça
a des effets sur le comportement de la société et sur le
vécu des gens. N'oublions jamais ça! On a l'air de prendre
ça trop à la légère, ici. Qu'on vienne modifier des
choses dans le vécu des gens en pensant que, pour nous, ce n'est pas
grave, parce que, quand on va avoir voté, ce sera fini... c'est
probablement ce qu'on appelle des «coquilles de fin de session».
À un moment donné, dans la première quinzaine de juillet,
tout le monde sacre, au Québec. «Ça prend-u une bande de
caves pour nous avoir passé des affaires de même!» Bien,
vous écouterez, dans vos comtés, ce que les gens vont dire par
rapport aux modifications qu'on est en train d'apporter. Ils vont se demander
ce qui nous a pris, quelle mouche nous a piqués. Donc, ça,
c'était le
premier point auquel je voulais faire allusion. Quand il disait qu'il
voulait un débat de fond, moi aussi, j'aurais aimé ça,
qu'il y ait un débat de fond par rapport à la modification
législative qu'il y a devant nous autres.
L'autre remarque qu'il a faite: Je ne suis pas sûr que nos
électeurs seraient contents s'ils voyaient comment on agit et les
discours qu'on est en train de faire, comment ils prendraient ça, le
temps qu'on est en train de perdre. Nous ne sommes pas en train de perdre du
temps. C'est la démocratie qui est en train de s'exercer. Et ce n'est
absolument pas la même chose. Et, moi, je suis convaincu que, la
tête haute, tantôt, vers 21 heures, dans mon comté, je ne
serai pas gêné pantoute de rencontrer les gens et de leur dire ce
que j'ai fait aujourd'hui, parce que je suis convaincu qu'ils ne sont pas
d'accord avec le projet de loi, et qu'on a fait notre boulot, à
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire prendre le temps
nécessaire pour essayer d'empêcher la loi de passer, avec les
moyens démocratiques qui sont en notre pouvoir. Les gens
préfèrent qu'on prenne le temps nécessaire, même si,
des fois, c'est long, même si, des fois, ce n'est pas tentant. Je suis
convaincu que les citoyens diraient: Au moins, comme Opposition, vous avez
essayé de prendre tout le temps que vous aviez. Vous avez utilisé
les moyens que vous aviez à votre disposition pour empêcher cette
loi de passer.
Et ce n'est pas du temps perdu que d'essayer de convaincre un
gouvernement qu'il fait fausse route. Non seulement ce n'est pas du temps
perdu, mais c'est une obligation qu'on a, dans un système
démocratique, parce que les citoyens qui ne sont pas d'accord n'ont pas
d'autre véhicule, n'ont pas d'autre moyen que d'utiliser l'Opposition
pour faire valoir leur point de vue. Donc, je n'ai pas l'impression
qu'aujourd'hui j'ai perdu mon temps ici, en commission parlementaire, en
essayant d'apporter un éclairage sur le projet de loi, en montrant que
c'est un projet de loi très politique, que c'est un projet de loi
à saveur constitutionnelle. Et, la preuve, c'est le député
de Nelligan qui a dit qu'il espérait non seulement qu'on allait
fêter grandement le 125e anniversaire du Canada mais qu'on allait
fêter encore dans 300 ans. C'est un débat politique qu'on est en
train de faire. Il faudrait que nous, parce qu'on n'est pas d'accord, on laisse
faire et on laisse aller? Je dois vous dire: Non, il n'en est pas question.
Et l'idée qu'on donne aux Québécois et au reste du
monde! Comme si passer une loi comme ça, ça n'avait aucun effet,
ça ne touchait personne et que c'était normal, parce que, nous
autres, les méchants Québécois, on empêche
ça. Comme si, dans le reste du Canada, c'était quelque chose
d'acquis. J'aimerais ça, voir un député, en Alberta,
apporter un projet de loi demandant que le 24 juin soit considéré
comme ce qu'on veut faire du premier juillet, ici! Et là je parle de
l'Alberta. Dans n'importe quelle autre Législature provinciale, essayez
d'apporter un projet de loi semblable par rapport au 24 juin, et vous allez
voir les discours que vous allez entendre. Premièrement, ça ne
serait jamais présenté, parce qu'il n'y en a pas un qui voudrait.
On a vu un député francophone, en Saskatchewan, essayer
d'apporter un projet de loi et une discussion, ou même l'utilisation du
français en Saskatchewan. Arrêtez-donc, bongyeu! de nous faire
passer pour des «anti quoi que ce soit» parce qu'on veut tout
simplement la normalité des choses, comme dans le reste du monde, comme
dans les autres provinces du Canada.
Il y a quelqu'un qui avait raison quand il a mis, à
l'intérieur du Grand Théâtre de Québec: «Vous
n'êtes pas tannés de mourir, bande de caves?» Ça,
là, je dois vous dire, c'est très significatif, et ça dit
ce que ça doit dire. Ce n'est pas nouveau, mais ça continue.
C'est ça qui est inquiétant. Ça continue au moment
où on est dans un débat aussi capital que celui qu'on est en
train de vivre. C'est une erreur de l'amener maintenant. Et, si on avait la
chance d'écouter la Chambre de commerce, effectivement, s'ils
étaient dans la salle, ici, ils seraient scandalisés, ces
gens-là, pas nécessairement par les discours qu'ils entendraient
mais par le fait que, dans une crise économique aussi forte que celle
qu'on traverse - et on n'est pas à la veille d'en sortir si ça
continue - on a un débat, non pas pour aider les entreprises, encore une
fois, mais pour leur compliquer l'existence; il y a des gens qui
s'arracheraient les cheveux de sur la tête.
Le gouvernement va passer une loi comme ça en période de
crise économique, avec la guillotine, quand on devrait être en
train d'essayer de trouver des moyens et des programmes pour aider nos
entreprises à créer des emplois ou à ne pas crever.
À la place, effectivement, il y a un projet de loi qui n'a pas de bon
sens, et l'Opposition qui utilise des discours qui sont un peu longs - et
peut-être que vous allez les trouver un peu plats - mais ce sont des
moyens démocratiques pour l'empêcher de passer.
Ça n'aidera rien. Ça n'aidera pas le Québec,
ça va nous affaiblir. Ça n'aidera pas les entreprises, parce
qu'elles vont être obligées, maintenant, de s'adapter à une
loi qui vient leur compliquer la vie, alors que la loi actuelle est simple,
elle est claire, elle est acceptée, et on vit avec. On vit avec sans
amener de complications, ni quoi que ce soit. Bien, là, vous dites: On
va fêter ça. Et le député a été
très clair là-dessus, on veut fêter le 125e la
journée même.
M. Williams: J'ai dit «je». M. Paré:
Pardon?
M. Williams: J'ai dit «je».
(17 h 50)
M. Paré: Oui, «je», mais «je»,
dans le sens d'un projet de loi, c'est aussi la population. Donc, on va faire
ça. On peut le changer, sauf que c'était clair, et c'était
tout le monde en même temps. Vous nous tiendrez les beaux discours de la
politique familiale, mais, ou on ne le changera pas, et ceux qui vont le
changer... Puis, que le mari soit changé et que, pour la femme,
ça ne soit pas changé, on «va-t-y» en faire, des
beaux micmacs? C'est pour dire! C'est des lois qui n'ont pas de bon sens,
à mon avis. Non seulement ça n'a pas de bon sens par rapport
à la pratique, mais ça n'a pas de bon sens par rapport au respect
de la population.
Et qu'on vienne nous tenir le discours, de l'autre côté,
qu'on a le droit de fêter cette fête, ça laisse
sous-entendre que, dans toutes les provinces canadiennes, il y a le respect de
la minorité francophone et qu'ils fêtent le 24 juin. Bien, voyons
donc! Voyons donc! Les francophones des autres provinces n'ont pas le droit
à cette fête-là, eux autres. Et on va nous reprocher,
à nous autres, de vouloir reconnaître la société
distincte du Québec par sa fête nationale, le 24 juin! Et! Le 1er
juillet, ce n'est pas comme le 24 juin, et ce n'est pas reconnu ailleurs. Il
faudrait au moins qu'il y ait, à un moment donné, ce qu'on
appelle l'équivalence, la parité. On nous traite, ici, comme si
on était des gens non conciliants, non généreux parce
qu'on veut la normalité des choses. Je vais vous dire, on est le peuple
le plus généreux au monde par rapport au traitement qu'on donne
à notre minorité. Et, ça, moi, je dis que c'est une
fierté pour les Québécois. Là-dessus, je ne
voudrais pas que ça change, c'est une fierté. Moi, je me suis
battu, et je me bats encore pour le maintien de mes deux écoles
primaires anglophones dans le comté. J'y tiens. Ça fait partie de
notre histoire. On est dans les Cantons-de-TEst, et ils ont droit à
leurs institutions. Mais, entre la reconnaissance du droit aux individus et
l'espèce d'à-plat-ventrisme par rapport à notre contexte
de minorité au Canada...! C'est refuser de reconnaître notre fait
de majorité au Québec...
Le Président (M. Marcil): M. le
député...
M. Paré: ...et je trouve que c'est une loi qui est
insultante pour la majorité québécoise. C'est juste une
loi de stratégie qui nous est apportée, en plus, par une
guillotine. C'est indécent, M. le Président.
Une voix:...
M. Paré: Non, j'ai terminé.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Shefford. Je vais reconnaître M. le
député de Nelligan.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président, de me donner
quelques petits moments pour faire peut-être une des dernières
interventions de cette longue discussion sur... Je m'excuse. Ici, à
cette table, on peut certainement répéter quelque chose que nous
avons entendu jusqu'à maintenant. Je voudrais dire merci au
député de Shefford pour avoir, au moins pendant ses 10 minutes,
parié pour la motion. Il a au moins mentionné le nom de la
Chambre de commerce. Parce que le député de Masson, pendant toute
son allocution...
Une voix: II a oublié.
M. Williams: ...je pense qu'il a oublié. Mais,
peut-être, quand il a lu la motion, fl a mentionné les mots
«Chambre de commerce». Félicitations pour ça! Mais,
après ça, ce n'était pas bien connecté avec la
motion. Je n'ai pas appelé la pertinence, mais c'est pourquoi j'ai voulu
juste dire merci au député de Shefford.
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que...
M. Williams: Est-ce que c'est une question de règlement,
ou quoi?
Mme Vermette: Oui, une question de règlement. Est-ce que
je pourrais poser une question au député de Nelligan? Je voudrais
lui demander s'il voudrait que le député de Masson
recommence-Une voix: Pas du tout, pas du tout, pas du tout, pas du
tout...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît!
Mme Vermette: ...pour qu'il puisse parier de la Chambre de
commerce plus souvent, M. le Président.
Une voix: Pas du tout, pas du tout, pas du tout!
Le Président (M. Marcil): Non, non. Laissez le
député de Nelligan terminer son exposé.
M. Williams: J'ai juste décidé de mentionner
ça, parce que nous avons eu... Le député de Shefford aussi
est revenu à mon point sur l'efficacité de notre temps. Oui,
c'est vrai, c'est dans la règle démocratique, et on peut vivre
avec les règles; on vit avec leurs conséquences, aussi. Mais je
voudrais juste mentionner, très vite, que nous avons discuté la
question de la famille. Peut-être que le député de Shefford
va dire que c'est un conflit d'intérêts, ou ça va
être aussi une autre raison, mais sur la famille,
sur la question familiale... J'ai deux enfants, j'ai une épouse
qui travaille...
Une voix:...
M. Williams: Elle travaille dans une banque; nous sommes
chanceux, les deux travaillent. Vous avez raison. Et on doit discuter les
questions économiques comme celles que j'ai mentionnées. Mais,
avec des règles telles que nous en avons dans la loi maintenant, elle
doit travailler le 29 juin, sauf si elle prend un congé, comme
ça. Et elle doit prendre le 1er juillet de congé parce qu'elle
travaille dans une banque, et c'est sous les règles
fédérales. Je ne sais pas si c'est le bon mot ici, mais c'est les
règles. Moi, je n'ai pas la même chose.
Le député de Shefford a discuté des questions
familiales. Ça va certainement changer notre fête si je prends le
29 et qu'elle prend le 1er. Ça va être bien difficile de
fêter avec mes deux enfants, Christopher et Michael. Et je pense qu'on
doit avoir un peu de coordination. Vous avez tout à fait raison.
Ça va être bon de coordonner des affaires comme ça, parce
qu'il y a plusieurs familles qui seront exactement dans la même
situation. Il y a plusieurs Québécois et
Québécoises qui travaillent dans la fonction publique
fédérale, ici, au Québec, mais ils travaillent là,
ils suivent les règles là. Il y a plusieurs
Québécois et Québécoises qui travaillent dans des
institutions financières, qui doivent travailler le 29 et seront en
congé férié le 1er juillet. Il y a plusieurs personnes,
Québécois et Québécoises, qui travaillent dans les
autres corporations parapubliques fédérales, qui vont avoir les
mêmes règles que celles que je viens juste de mentionner.
Avec ça, si vous voulez avoir la coordination de ces
congés, avoir la possibilité que le père et
«le» mère... - le père et la mère? On a
parlé de questions linguistiques, avant; je voudrais être correct
quand je parle. En tout cas!
M. Blais: Je tiens à vous féliciter. Vous parlez un
assez bon français, meilleur que mon anglais, malgré que ce soit
rare que je m'exécute - ça serait le cas de le dire - au sens
primaire.
Une voix: Ne continuez pas ça. Une voix: II a
posé une question...
Le Président (M. Marcil): Ah bien! Il faudrait qu'il
s'adresse au président.
M. Williams: Merci beaucoup, M. le député de
Masson. Mais je voudrais certainement souligner l'importance... Il y a
plusieurs Québécois qui vont être exactement dans la
même situation que moi, qui ont des enfants, et les deux parties de la
famille travaillent. Et, si nous n'avons pas une bonne coordination des
règles, si nous n'avons pas une harmonisation des congés
fériés, ça va être presque impossible d'avoir une
fête ensemble pour la famille. Parce que, vous avez tout à fait
raison, comme le député de Shefford l'a mentionné, nous
avons souvent fait des discours d'appui à la famille. Nous allons
continuer de donner des discours qui appuient la famille
québécoise.
Je pensais que, ce soir, nous allions discuter aussi d'une loi sur les
garderies, mais j'ai entendu dire que ça va être plus tard, la
semaine prochaine. Le gouvernement libéral veut supporter la famille. Le
gouvernement libéral supporte la famille, et nous allons continuer de
faire ça. C'est une façon de faire et, dans mon cas
spécifique... J'espère que ce ne sera pas le prochain
débat à l'Assemblée nationale. Peut-être que
ça va être cité comme un conflit d'intérêts,
parce que nous avons cité beaucoup de choses, et nous avons appris
beaucoup de choses, ici. Mais j'ai dit: Voilà l'exemple qu'un
Québécois canadien, qui a une famille québécoise et
canadienne, va être divisé à cause de cette loi. On veut
avoir un peu de coordination, c'est pourquoi on peut fêter la fête
la même journée. Je pense que c'est clair et simple. J'ai
essayé d'être clair et simple pendant tout le débat. J'ai
essayé de répondre à toutes les questions, d'expliquer,
et, jusqu'à date, je n'ai pas convaincu l'Opposition. Mais
peut-être que, plus tard, la prochaine fois qu'on discutera de ça,
on pourra changer votre opinion. Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcil): M. le député,
compte tenu...
M. Williams: M. le Président, en conclusion, je pense que
j'ai démontré un bon exemple; nous avons besoin d'une
harmonisation des règles pour les familles
québécoises.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Nelligan. Compte tenu du temps, nous allons ajourner
sine die. Et j'informe les membres de cette commission qu'à 20 heures
nous reprenons sur le projet de loi 408.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 26)
Projet de loi 408
Le Président (M. Marcil): Je déclare la
séance ouverte, et je rappelle le mandat de la commission. La commission
des affaires sociales se réunit afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 408, Loi sur la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Houde
(Berthier) sera remplacé par M. Gautrin (Verdun). Puis je rappelle
également que Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve est
membre de la commission pour la durée du mandat.
Institution et organisation (suite)
Le Président (M. Marcil): C'est bien. Donc, nous revenons
à l'article 5, pour lequel il y avait un amendement sur lequel nous
étions déjà à discuter. Il y avait
déjà 18 minutes d'entamées à la discussion, donc,
il vous reste 42 minutes, maximum, parce qu'on peut faire 20 minutes par
alinéa. C'est ce que Mme la députée avait demandé
à ce moment-là, mais elle n'est pas obligée de prendre son
temps. Donc, Mme Harel... Excusez, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est 20 minutes pour toute
la commission? C'est 20 minutes par personne ou par alinéa?
Le Président (M. Marcil): Oui, oui, par personne.
M. Bourbeau: Donc, c'est 20 minutes pour Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Ça fait 60 minutes pour
elle et 60 minutes pour moi.
Le Président (M. Marcil): vous avez toujours le droit de
répondre, d'intervenir aux questions. il n'y a pas de temps
d'alloué pour vous, dans le fond. o.k.?
M. Bourbeau: Ah bon! Mais je n'ai pas l'intention de me
«filibuster» moi-même.
(Consultation)
Mme Harel: M. le Président. Le Président (M.
Marcil): Oui. Mme Harel: On est à...
Le Président (M. Marcil): Vous cherchez l'amendement?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Marcil): On peut vous en passer un.
Mme Harel: Finalement, l'amendement a été... Je
vais prendre celui de... Alors, nous avions donc, je pense,
complété l'échange sur le premier alinéa.
Le Président (M. Marcil): Donc, on passe au
deuxième.
Mme Harel: Et j'aimerais, à ce moment-ci, demander au
ministre quelles sont les associations d'employeurs les plus
représentatives qu'il entend consulter.
M. Bourbeau: Celles que nous allons considérer être
les plus représentatives.
Mme Harel: Hum, hum! En ce qui concerne les organismes du milieu
coopératif, s'agit-il du Mouvement Desjardins ou du Conseï de la
coopération du Québec? Parce que vous mettez «des
organismes du milieu coopératif».
M. Bourbeau: Oui, oui. On va consulter l'ensemble des
organismes...
Mme Harel: II n'y aurait donc pas que le Mouvement
Desjardins?
M. Bourbeau: ...du mouvement coopératif, mais je doute
qu'on nomme quelqu'un qui provienne d'une autre organisation que le Mouvement
Desjardins, à moins que le Mouvement Desjardins ne manifeste pas
d'intérêt pour la chose.
Mme Harel: Hum, hum! Mais, tel que libellé, vous avez
l'intention de consulter, nécessairement...
M. Bourbeau: C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on l'a
rédigé comme ça. (20 h 30)
Mme Harel: Ah bon! Et en ce qui concerne le milieu de
l'éducation, il vous avait été demandé, en
commission parlementaire, une représentation du milieu de
l'éducation qui ne soit pas celle de fonctionnaires nommés par
les ministres des ministères concernés par l'éducation.
Faut-il comprendre qu'en formulant comme vous le faites, dans votre amendement,
«un représente le milieu de l'enseignement secondaire»...
Qu'est-ce que vous entendez par l'expression «le milieu de l'enseignement
secondaire»?
M. Bourbeau: II n'y a pas essentiellement de modification
à ce sujet-là par rapport au texte original. Le libellé
est différent, mais ce sont les mêmes mots présentés
différemment. Ça laisse toutes les possibilités. Ça
peut être un fonctionnaire, ça peut être un enseignant,
ça peut être un administrateur. Toutes les possibilités
sont sur la table.
Mme Harel: Mais je crois me rappeler qu'au moment de nos travaux
en commission parlementaire la ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science avait clairement indiqué qu'il allait s'agir pour elle de
désigner quelqu'un de son ministère.
M. Bourbeau: La députée veut sans doute
dire «pour elle de recommander», parce que la
désignation n'est pas faite par la ministre. Elle est...
Mme Harei: Pas nécessairement.
M. Bourbeau: Oui, mais, même la ministre, ce n'est pas elle
qui fait la recommandation au gouvernement. Elle est consultée par le
ministre de la Main-d'oeuvre. Alors, c'étaient ses intentions, à
elle, par rapport aux consultations que je tiendrai avec elle.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire que le troisième
alinéa laisserait place pour la nomination de six fonctionnaires.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! En théorie, ce n'est pas
impossible, mais, en pratique, il y a très peu de chances. Enfin, tant
que c'est moi qui suis le ministre responsable, je n'ai certainement pas
l'intention de proposer la nomination de six fonctionnaires.
Mme Harel: Alors, pourquoi ne pas avoir spécifié,
comme le demandait la Fédération des commissions scolaires:
«après consultation des milieux concernés de l'enseignement
secondaire; après consultation des milieux concernés de
l'enseignement collégial»? Pourquoi ne pas l'avoir ainsi
rédigé? En fait, le ministre consulte ses collègues
ministres, et c'est entre eux, comme en un circuit fermé, qu'ils vont
nommer les personnes qui vont représenter le milieu de l'enseignement
secondaire et le milieu de l'enseignement collégial.
M. Bourbeau: La formule dont parle la députée
s'applique surtout à l'article 37. Quand il sera temps de nommer les
régions, on va certainement, à ce moment-là, consulter les
milieux des commissions scolaires, alors qu'au niveau de la
Société québécoise la consultation est plutôt
faite auprès des ministres concernés. Maintenant, ça
n'empêche pas que mes collègues ministres peuvent consulter les
milieux concernés. Ça n'empêche pas non plus, quand ce sera
le temps de désigner des membres des conseils régionaux, que je
puisse consulter les ministres concernés. Tout est possible.
Mme Harel: Par ailleurs, tout ça est laissé
à la pure initiative des ministres. C'est bien ça?
M. Bourbeau: II faut bien que quelqu'un ait l'initiative quelque
part. Je pense que c'est au niveau de la Société
québécoise qu'on a jugé important que le ministre consulte
ses collègues; au niveau des sociétés régionales,
on a jugé important que les milieux eux-mêmes soient
consultés. Ce qui n'empêche pas que les ministres soient
consultés, là aussi.
Mme Harel: Alors, vous vous rappellerez que la
Fédération des cégeps demandait de modifier le
troisième alinéa de façon à ce qu'il se lise comme
suit: «six autres membres dont un provient du milieu des collèges
d'enseignement général et professionnel et un autre du milieu des
commissions scolaires; ces deux derniers sont choisis après consultation
des fédérations représentant les cégeps et les
commissions scolaires.» Au niveau de la société
mère. C'est donc dire que ça vous laisse le même nombre de
membres: six membres - donc le même nombre que celui recommandé
par le ministre - quatre à partir de la consultation auprès de
ses collègues ministres, et deux qui représentent les mêmes
milieux mais qui, en l'occurrence proviennent... Le terme est beaucoup plus
fort que «représentent» puisque le souhait de la
Fédération des collèges, c'était une
rédaction qui disait: «proviennent» du milieu des
collèges. Parce que, entre «représentent» le milieu
des collèges et «proviennent» du milieu des collèges,
il peut y avoir un océan, un continent de différence, et
ça l'est tout autant pour la représentation au niveau secondaire.
«Proviennent» des commissions scolaires est différent de
«représentent».
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve considère que je doive consulter mes
collègues ministres pour le choix des six membres de la
délégation gouvernementale? D'après ce qu'elle dit
présentement, j'ai l'impression qu'elle estime que j'ai l'obligation de
consulter les ministres pour les six membres.
Mme Harel: En entendant la question que vous me posez, ça
me confirme encore plus dans la nécessité que vous consultiez les
milieux d'enseignement collégial et secondaire, parce que le fait est -
pour répondre à votre question - qu'il n'y a pas d'obligation
pour que vous consultiez vos collègues ministres, sauf pour ces deux
nominations...
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: ...et le danger vient justement de là. C'est
que vos collègues ministres, la seule possibilité qu'ils aient
d'avoir quelqu'un pour être leurs yeux et leurs oreilles à cette
société mère, c'est de pointer, si vous voulez, de
désigner quelqu'un - le mot «désigner» est
inadéquat, là...
M. Bourbeau: Suggérer, suggérer.
Mme Harel: ...juridiquement parlant, de suggérer, ou, je
dirais presque, en langage politique, de vous imposer quelqu'un en faisant
valoir que, de toute façon, auprès du Conseil des ministres,
c'est leur seul homme ou leur seule femme dans la place. Et, ça,
ça peut devenir un fait inquiétant. Ça peut devenir
doublement inquiétant, du fait que, n'étant pas
eux-mêmes
représentés, n'étant pas... Le ministère de
l'Éducation ou celui de l'Enseignement supérieur et de la Science
n'étant pas eux-mêmes représentés sur ce conseil
d'administration de 19 personnes, la tentation va être très,
très, très, très grande de choisir quelqu'un - puisque,
pour représenter les milieux du secondaire et du collégial, vous
devez les consulter - la tentation va être très grande, non pas de
choisir quelqu'un qui provient de ces milieux-là et qui est, dans le
fond, choisi par ces milieux-là, mais de choisir quelqu'un qui leur
convienne à eux, dans la logique et la dynamique de leur
ministère, qui est en conflit avec le vôtre.
Je ne dis pas ça pour faire un procès, là. J'ai
constaté ça pendant un mois, le temps qu'ont duré nos
travaux. Vous ne seriez pas là, eux ne seraient pas là comme
ministres, ce seraient d'autres ministres, mais Je pense bien que la
rivalité fratricide continuerait.
M. Bourbeau: La députée emploie des mots, M. le
Président, qui sont nettement exagérés par rapport
à la réalité, là.
Mme Harel: Vous trouvez?
M. Bourbeau: C'est un cas où la fiction dépasse la
réalité.
Mme Harel: Vous trouvez? M. Bourbeau: Oui, oui. Oui,
oui.
Mme Harel: Ah oui? Vous trouvez que ça l'est sur... Je
dirais que ça l'est moins sur le terrain que ça ne me semble
l'être, mais, s'il y avait juste un exemple à donner, le seul que
j'aurais à donner, c'est celui que l'on retrouve dans
l'énoncé de politique. Je pense que c'est celui qui est le plus
percutant, n'est-ce pas, quand... Merci. Je pense que, dans
l'énoncé de politique, quand on retrouve le papier qui a
été collé à la page 63, là, on se rend
compte un peu que ça n'a peut-être pas été
fratricide, mais ça a sûrement été viril.
M. Bourbeau: M. le Président, mes relations avec mes
collègues, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science et le ministre de l'Éducation, sont excellentes. M. le
Président...
Mme Harel: Sûrement!
M. Bourbeau: ...elles sont excellentes.
Mme Harel: Mais, quand vous vous êtes rendu compte que la
fuite à TVA, à l'automne dernier, provenait de
l'Éducation, vous vous êtes rendu compte que vous n'aviez pas
juste des amis là-bas.
M. Bourbeau: Écoutez, à l'Éducation, il n'y
a pas seulement le ministre; il y a des fonctionnaires, aussi, alors... (20 h
40)
Mme Harel: Oui, oui. Je ne vous parie pas de vos
collègues.
M. Bourbeau: Je ne dis pas que c'est...
Mme Harel: Je vous dis qu'indépendamment des personnes il
y a présentement - vous le savez, de toute façon, autant que je
le sais, autant que les gens qui sont concernés le savent - une impasse
qui n'a pas été dénouée. Et il y a un certain
nombre de...
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: ...conciliations qui ne se sont pas faites.
M. Bourbeau: Le phénomène de l'émergence de
l'importance de la main-d'oeuvre et des changements qu'on doit apporter
à la main-d'oeuvre sur le marché du travail, un peu partout, dans
tous les pays, a amené ces tensions. C'est ainsi dans tous les pays que
j'ai visités, entre les ministères de l'enseignement national des
pays et les ministères du travail ou de la main-d'oeuvre. On tente de
faire valoir des nouvelles façons de faire les choses en matière
de formation de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas un phénomène qui
est unique au Québec, de vouloir changer les choses. Et, quand on change
des choses, évidemment, ça dérange, et ça peut
perturber certaines personnes qui sont réfrac-taires au changement. Mais
je ne pense pas que le phénomène soit plus accentué au
Québec qu'il ne l'est en France, par exemple, ou dans d'autres pays.
Mme Harel: En fait, vous faites valoir le vieil adage: Quand je
me regarde, je me désole et, quand je me compare, je me console.
N'est-ce pas? C'est ça?
M. Bourbeau: SI vous voulez.
Mme Harel: Ceci dit, M. le Président, en répondant
à la question du ministre, je me confirme encore plus à quel
point il serait nécessaire que les milieux de l'enseignement secondaire
et collégial soient représentés.
M. Bourbeau:...
Mme Harel: Oui, mais qu'ils le soient par des personnes qui
proviennent de ces milieux, parce que, étant donné que ce n'est
que pour ces deux postes-là seulement que les ministres,
collègues et néanmoins amis - c'est ce que je conclus - du
ministre de la Main-d'oeuvre seront consultés, je suis convaincue que la
tentation va être très, très, très forte de nommer
des gens
qui vont plus faire valoir le point de vue des ministères que le
point de vue des régions... des milieux, je veux dire, des milieux
concernés.
M. Bourbeau: M. le Président, je...
Mme Harel: Excusez-moi, c'est un lapsus significatif. J'ai bien
dit «des régions». Ce sera un autre débat, ce
soir.
M. Bourbeau: Je ne sais vraiment pas où s'en va la
députée de Hochelaga-Maisonneuve avec ses questions. M. le
Président, quoi de plus normal que, dans une société de
développement de la main-d'oeuvre où on veut que le monde de
l'éducation soit représenté, il y ait des
représentants du ministère de l'Éducation? Qui est mieux
placé pour représenter le ministère de l'Éducation
qu'un haut fonctionnaire du ministère de l'Éducation? Il me
semble que c'est beaucoup plus représentatif qu'un commissaire
d'école locale. Même chose pour le niveau collégial. Il me
semble que ce n'est pas aberrant de penser que - je ne sais pas, moi - le
sous-ministre de l'Éducation ou le sous-ministre de l'Enseignement
supérieur, un sous-ministre adjoint ou un directeur
général ferait un excellent représentant du monde de
l'éducation, du monde de l'enseignement supérieur, certainement
aussi bien que n'importe quel commissaire d'école ou professeur, sans
vouloir rie1" enlever à ces derniers. Et je ne vois pas
pourquoi on viendrait prétendre qu'il y a un danger que le monde de
l'éducation soit mal servi par une représentation semblable.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve fait son travail,
c'est bien évident, mais je vois un peu quelle est la technique
utilisée. Il y a eu 80 organismes qui sont venus en commission
parlementaire. Bien sûr, il n'y a pas eu l'unanimité sur tous les
sujets. Donc, il est facile de prendre, dans les 80 mémoires, à
l'égard de chaque article, 10, 15 ou 20 mémoires qui
n'étaient pas d'accord complètement avec l'article, d'arriver et
de nous dire: Tel organisme a proposé autre chose; pourquoi ne le
faites-vous pas? Nous, on n'a pas fait un projet de loi en fonction des
desiderata de chacun des 80 organismes; on aurait des sous-amendements,
nous-mêmes, et le projet de loi ne se tiendrait pas. Il faut être
cohérent. On a dessiné une loi, un organisme avec un plan
stratégique, et on a mis sur pied l'organisme selon la philosophie que
nous véhiculons. On a essayé de donner, autant que possible...
Aux grands courants qui se sont dessinés, on a essayé de
répondre autant que possible. On ne peut pas modifier à la
pièce chaque article du projet de loi parce que l'organisme untel l'a
souhaité, c'est évident.
Et je suis convaincu que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve peut trouver, à l'égard de chacun des
articles de ce projet de loi, des voix qui se sont élevées et qui
ont demandé des modifications. Il y en a eu, j'en suis convaincu,
à chaque article, étant donné qu'on avait 80 organismes.
Mais je ne peux quand même pas tenter à la fois de plaire à
80 organismes et avoir un projet de loi cohérent. Alors, c'est sûr
qu'on peut apporter un amendement à chaque article, en disant: Tel
organisme a demandé telle chose, alors je propose qu'on le fasse. Il
faut quand même que, ça, ça s'harmonise complètement
avec le reste du projet de loi. On ne peut pas tirer dans toutes les directions
en même temps.
Alors, je fais appel au sens commun de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve pour ne pas nous soumettre à des amendements
continuels, à chaque article, qui feraient en sorte de tenter de plaire
à un organisme à l'égard d'un article, et à
l'organisme suivant à l'égard de l'autre article. C'est sûr
que ça permettrait peut-être à la députée
d'aller dire aux organismes: Bien, j'ai proposé votre amendement, puis
ça n'a pas fonctionné, mais, si on le faisait, si on acceptait
tous ces amendements-là, je ne sais pas comment on se retrouverait
à la fin de l'exercice. On aurait, je pense, une Société
québécoise qui serait toute croche, qui aurait des
caractéristiques, parfois, peut-être contradictoires. Alors, je
fais appel à la bonne volonté de la députée pour
qu'on puisse procéder. Moi, je suis prêt à regarder tous
les amendements, mais qu'on ne vienne pas les apporter uniquement parce que les
cégeps en ont parlé quelque part.
Mme Harel: M. le Président, je veux rassurer le ministre.
Je ne dépose et je ne déposerai à cette commission que des
amendements que je serais personnellement prête à défendre
si j'étais à sa place. Et j'essaie de m'en faire un principe de
travail: ne prendre des engagements et ne proposer des amendements que dans la
mesure où je serais capable de prendre ces engagements et de proposer
ces amendements si j'étais assise de l'autre côté de cette
table.
M. Bourbeau: Mme la députée me rassure, M. le
Président.
Mme Harel: Et je me rends compte que c'est parce... Je ne lui
proposerai aucun amendement, durant l'étude qu'on fera du projet de loi
408, que je ne serais pas prête à défendre devant mes
collègues, si tant est que j'occupais le siège qu'il occupe.
Ceci dit, je me rends compte qu'on a une vision différente du
projet de loi. Autant on peut souhaiter, l'un comme l'autre, qu'il y ait une
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, autant la vision que l'on en a peut être
différente, fondamentalement différente, très
profondément différente. Moi, je n'ai absolument pas de
réserve, aucune nuance à apporter au fait qu'il y a des
sous-ministres qui siègent sur ce conseil d'administration, et qu'ils y
siègent pour y représenter le gouvernement. Il y aura quatre
sièges pour ça. Mais que, pour les deux sièges qui
sont censés représenter l'Éducation, ce soient des
sous-ministres qui y siègent, ça... Personnellement, là,
indépendamment du reste, même si c'est vendredi soir et que
j'aimerais mieux faire autre chose... Je ne comprends pas qu'on n'ait pas
été convoqués ce matin, étant donné que
c'était ce matin qu'on devait siéger sur le projet de loi 408 et
que, à la dernière minute, le leader du gouvernement a
décidé de changer ça. Indépendamment de ça,
on est là pour travailler, puis je le fais vraiment le plus positivement
possible.
Mais, ceci dit, je le dis bien, bien simplement, c'est impensable. Je
sais très bien que la formation de la main-d'oeuvre a bouleversé
profondément les milieux de l'éducation, partout dans les
sociétés industrialisées, étant donné que
les milieux de l'éducation étaient des milieux institutionnels et
que ce sont des milieux qui ont de la difficulté à simplement
assouplir les règles qui, d'un siècle à l'autre ou d'une
décennie à l'autre, avaient certainement amené une culture
de tous ces milieux de l'éducation, une culture de l'apprentissage
académique par des voies conventionnelles, etc. Ça, je peux bien
en convenir, sauf que les sociétés ont relevé les
défis de ces bouleversements quand elles ont pu mettre côte
à côte les entreprises et les écoles et qu'à partir
de leur rapprochement le milieu de l'école s'est ouvert à
l'entreprise et le milieu de l'entreprise s'est ouvert à l'école.
Sinon, c'est la crispation, et c'est les procès d'intention, d'un
côté comme de l'autre. Et il n'y a pas, de toute façon,
d'avenir de ce côté-là, parce que c'est une force
d'inertie, et la lourdeur de l'appareil institutionnel est telle qu'elle peut
tout bloquer. (20 h 50)
D'un autre côté, le ministre le sait, le milieu des
affaires, lui aussi, peut bloquer. Et, en l'occurrence, actuellement - ce qui
est quand même étonnant; c'est un paradoxe - le milieu des
affaires est venu majoritairement nous dire qu'il voulait un rapprochement avec
l'école, mais qu'il ne considérait pas que le projet de
Société du ministre de la Main-d'oeuvre était le moyen le
plus approprié pour effectuer ce rapprochement-là.
M. Bourbeau: Certains milieux d'affaires.
Mme Harel: Oui, mais... Disons que c'est «certains»,
mais ces milieux-là sont quand même représentatifs de la
grande entreprise - pour ce qui est du Conseil du patronat, ça, le
ministre en conviendra, c'est le discours que tenait le Conseil du patronat -
ils sont représentatifs des milieux d'affaires des petites et des
moyennes entreprises. Pour ce qui est des chambres de commerce... Bon, alors,
de qui d'autre parlons-nous? Parce que l'AMQ, l'Association des manufacturiers
du Québec, qui est une force montante, importante, et qu'il faut
plutôt soutenir et consolider, bien, l'Association des manufacturiers du
Québec est venue, malgré tout, tenir le même langage du
nécessaire rapprochement de l'entreprise avec l'école et de
l'importance d'une présence accrue du milieu de l'éducation au
sein de la Société. Et là, quand le ministre, à mes
préoccupations, me répond que ce ne serait pas une si mauvaise
chose que ce soient des sous-ministres qui représentent
l'Éducation, là, je crois qu'il y a un fossé
énorme, énorme, énorme. Parce que si c'est des
sous-ministres qui représentent l'Éducation, là, je pense
qu'on ne marche pas du tout dans la même direction, pas du tout, du tout,
du tout, du tout, du tout.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit ça, M. le
Président.
Mme Harel: Vous venez de le dire, il y a quelques minutes.
M. Bourbeau: J'ai dit que c'était une possibilité.
Je n'ai pas annoncé que ce seraient des sous-ministres. Ça
pourrait être...
Mme Harel: Oui, mais que ce soit une possibilité...
M. Bourbeau: Oui, mais, écoutez, vous
préféreriez un fonctionnaire régional d'une commission
scolaire? Un directeur d'une commission scolaire? C'est un fonctionnaire, lui
aussi.
Mme Harel: Mme Drouin, la présidente de la
Fédération des commissions scolaires. Mme Drouin ou la
vice-présidente, Mme Lemieux. En fait, pourquoi pas quelqu'un du milieu
des commissions scolaires?
M. Bourbeau: Mais ça pourrait être ça. Il n'y
a rien qui interdise que ce soit elles qui soient nommées en
fonction.
Mme Harel: Alors, pourquoi ne pas croire que c'est eux dont il
faut s'assurer la présence?
M. Bourbeau: Mais, écoutez, avec la modification que je
propose: «...dont un représente le milieu de l'enseignement
secondaire», Mme Drouin pourrait parfaitement se qualifier avec
ça.
Mme Harel: Non, parce que, pour se qualifier, il faudrait que ces
deux derniers membres soient choisis après consultation des ministres
concernés, c'est-à-dire le ministre de l'enseignement secondaire
puis la ministre de l'enseignement collégial.
M. Bourbeau: II n'y a rien qui dise que le ministre de
l'enseignement secondaire ne pourrait pas proposer Mme Drouin.
Mme Harel: II peut le faire...
M. Bourbeau: Mais oui.
Mme Harel: ...mais il n'est dit nulle part non plus qu'il devra
le faire. Et il pourrait très bien choisir, plutôt, de faire
nommer un sous-minlstre.
M. Bourbeau: est-ce que la députée de
hochelaga-maisonneuve souhaite qu'on mette que le ministre doit nommer la
présidente des commissions scolaires?
Mme Harel: Je pense que je vais non seulement souhaiter, mais en
temps et lieu, à ce troisième alinéa, je ferai une
proposition pour que les ministres concernés puissent être
consultes quant à la nomination des membres autres que ceux
représentant le milieu de l'enseignement secondaire et le milieu de
l'enseignement collégial. Je crois que...
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve
sait fort bien que ces nominations-là sont discutées au Conseil
des ministres et, dans ce sens-là, tous les ministres sont
consultés sur toutes les nominations. Parce que, quand on propose un
décret du gouvernement, ces décrets-là font l'objet de
discussions au Conseil des ministres, donc, les ministres concernés vont
être consultés au Conseil des ministres sur ces
nominations-là. Ms peuvent s'objecter et, en cas d'objection majeure...
Enfin, la députée a déjà été
ministre, elle sait que, quand un ministre a une objection majeure sur une
nomination, c'est suffisant pour la retarder, sinon pour la bloquer.
Mme Harel: Mais est-ce que le ministre peut me dire pour quelle
raison il a préféré... je dirais
«s'entêter», parce qu'on a toujours les défauts de ses
qualités, hein? On peut dire du ministre qu'il est tenace, mais on peut
reconnaître aussi qu'il est entêté. N'est-ce pas? Ça
dépend du point de vue où on se place. Mais pourquoi est-ce qu'il
s'entête à... Je n'ai pas vraiment compris, lorsque j'ai lu le
projet de mémoire qui avait été déposé au
Conseil des ministres, pourquoi le ministre ne donnait pas suite à deux
courants majeurs, deux courants qui, pourtant, se sont exprimés
fortement au moment des travaux de la commission parlementaire, qui sont,
finalement, deux courants importants. S'il avait simplement donné suite
à la représentation de ces deux courants-là pour leur
faire une place au sein de la Société, il n'aurait pas toutes les
difficultés qu'il rencontre présentement. Il peut bien me dire ce
qu'il veut, le ministre, mais qu'on soit la seule commission parlementaire
à siéger ce vendredi soir, après que, toute la
journée, c'est le projet de loi 21 qui a été appelé
plutôt que le projet 408 qui, normalement, devrait être le projet
majeur, qui devrait être un projet extrêmement important, pas
simplement pour le ministre, mais pour son gouvernement...
M. Bourbeau: Avez-vous demandé à vos
collègues, qui ont parlé sans arrêt sur le projet 21? Nous,
on était prêts à procéder, avec 408. C'est vous qui
avez parlé pendant 34 heures sur le projet de loi 21, alors, vous avez
retardé la commission.
Mme Harel: Non, je vais rappeler au ministre qu'après le
début de la deuxième lecture sur le projet de loi 408 le projet
de loi n'a même pas été rappelé vendredi dernier, en
Chambre, à l'Assemblée nationale, en deuxième lecture; le
projet de loi aurait pu l'être immédiatement, en deuxième
lecture. Le gouvernement n'était pas du tout obligé d'appeler le
21. Moi, ce qu'on m'avait dit, c'est que le menu législatif,
c'était d'abord le projet de loi 408, après, le projet de loi 30
et, après ça, le projet de loi 21. C'était dans cet
ordre-là, que je trouvais absolument logique, dans l'ordre de
l'importance des choses.
M. Bourbeau: Mais c'est toujours ça.
Mme Harel: Alors, le projet de loi 408 a été
appelé jeudi; il ne l'est plus vendredi. Et, vendredi, le projet de loi
qui est appelé, c'est le projet de loi 21. Alors, on se demande, on se
dit: Comment comprendre que le gouvernement décide de donner
préséance au projet de loi 21, à la fête du Canada?
Il y a rien à comprendre à ça, surtout que le Canada ne
donne absolument pas de bonnes raisons au gouvernement de fêter,
particulièrement cette année, pas plus que les autres
années. Alors, pourquoi cet acharnement à faire primer le projet
de loi 21 sur le projet de loi 408? Ce sera l'énigme de ma session.
M. Bourbeau: Mais, si vous voulez...
Mme Harel: je suis en manque, moi, là, parce que je
pensais vraiment... moi, j'étais convaincue qu'on serait en travaux
sérieux depuis le début de juin.
M. Bourbeau: Mais, si vous vouliez vraiment discuter du projet de
loi 408, pourquoi avoir fait perdre 36 heures à la Chambre pour un
projet de loi que vous ne jugez pas important?
Mme Harel: Mais ce n'est pas nous qui appelons les projets de
loi.
M. Bourbeau: Oui, mais vous ne le trouviez pas important, le 21,
alors pourquoi ne l'avez-vous pas laissé aller rapidement?
Mme Harel: Mais, au contraire, justement. Si le ministre le juge
peu important, lui aussi, comment se fait-il que son gouvernement, son leader
l'ait appelé pendant 36 heures? Et comment se fait-il...
M. Bourbeau: Vous posez... Non, mon leader ne l'a pas
appelé pendant 36 heures, il l'a appelé une fois, et c'est vous
qui avez fait durer le plaisir pendant 36 heures.
Mme Harel: Je rappellerai au ministre que le leader du
gouvernement a le contrôle du menu législatif. C'est lui qui
appelle les projets de loi; il peut immédiatement, après une
demi-heure, une heure, comme il veut, mettre fin à un débat et en
entreprendre un autre. Il n'y a aucune...
M. Bourbeau: M. le Président... Mme Harel:
Là...
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve voudrait-elle admettre avec moi que, ni elle ni moi, on
ne peut régler le problème des leaders. On a des leaders qui
prennent leurs décisions. Moi, je suggérerais qu'on revienne au
projet de loi 408. Je pense qu'on est en train de faire des débats qui
ne nous feront pas avancer sur le chemin du 408.
Mais, pour ce qui est de l'éducation - dont on parlait
tantôt, si on veut revenir à ça - il n'y a rien qui
empêche le ministre de nommer des personnes - si tant est que ses
collègues le lui conseillent - qui seraient autres que des hauts
fonctionnaires du gouvernement. Ça pourrait être des hauts
fonctionnaires régionaux, des commissions scolaires, ça pourrait
être des élus, ça pourrait être n'importe qui, mais
il faut que quelqu'un décide. La loi estime que c'est le Conseil des
ministres qui nomme, donc, tous les ministres auront l'occasion de faire valoir
leur point de vue. Si on pense que la proposition du ministre de la
Main-d'oeuvre n'est pas bien équilibrée, mes collègues
pourront faire valoir un point de vue différent et, probablement,
influencer la décision du Conseil des ministres. (21 heures)
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'insiste simplement
sur le fait que c'est assez incompréhensible qu'il y ait une part si
congrue qui soit faite à l'éducation et que, en plus, il n'y ait
absolument aucune, aucune, aucune garantie qui soit faite que les milieux de
l'éducation, sur le terrain... Il n'y a aucune assurance que les
personnes qui seraient supposées représenter le milieu de
l'éducation en proviendront. Il n'y a absolument aucune assurance. Il me
semble que si le ministre avait simplement ouvert sur deux choses, je termine
là-dessus, là, pour donner la garantie... J'espère qu'il
l'a fait, en passant, à la CEQ. J'espère qu'il a eu la sagesse de
le faire, parmi les cinq membres prévus au premier alinéa, hein?
Il me semble qu'il y aurait eu du bon sens là-dedans, puis, comme je lui
en attribue, j'imagine que...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai donné de
garanties à personne, pas à la CEQ, pas à la
FTQ, pas la CSN, pas au Conseil du patronat ni à l'AMQ. Je n'ai
pas voulu présumer de la décision de l'Assemblée
nationale. Alors, si j'avais commencé à vendre la peau de l'ours
avant qu'elle ne soit mise par terre, c'est la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qui, aujourd'hui, viendrait me blâmer d'avoir fait
un crime de lèse-Parlement, comme vous appelez ça. Bien non, je
n'ai pas voulu faire un crime de lèse-Parlement, mais aucune garantie
à personne.
Mme Harel: Mais il se serait fait des alliés, et
peut-être ses alliés n'auraient-ils pas clamé tout haut ce
qu'il aurait pu leur faire savoir tout bas? Mais...
M. Bourbeau: Vous savez, les alliés, parfois, ça
fait connaître des choses tout bas qu'on ne veut pas
répéter tout haut.
Mme Harel: M. le Président, je vous le dis bien
sincèrement, le ministre, à ce moment-ci, il a bien peu
d'alliés. Si tant est qu'il en a, ils ne s'expriment pas. Ceux qui ne
lui sont pas alliés, eux, s'expriment beaucoup, très haut et
très fort.
M. Bourbeau: M. le Président, la politique, c'est ainsi.
Quand on veut agir, en politique, selon sa conscience et non pas pour faire
plaisir à Pierre, Jean, Jacques et tout le monde, on prend des
décisions. Souvent, on se fait dire par des gens: La décision est
très bonne, mais on ne peut pas le dire en public. Alors, moi, j'ai
appris à composer avec ça et je prends les décisions qui
réapparaissent les meilleures. Je les fais confirmer par le Conseil des
ministres.
Je dirai à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
que j'ai plusieurs alliés au Conseil des ministres, puisque le projet de
loi a été approuvé par le Conseil des ministres, et
plusieurs alliés parmi le caucus. Je pense qu'elle en connaît
quand même quelques-uns ici et je pense qu'on pourrait en aligner 90
autres. Nous avons quand même encore la confiance des
Québécois.
Alors, la députée de Maisonneuve peut peut-être
peindre un portrait très noir de la situation, tenter de jeter un petit
peu d'huile sur tous les feux qui se manifestent à travers le paysage,
mais en gros, je pense que nous avons la confiance des électeurs. Il y a
des gens qui s'expriment. Elle sait fort bien que ceux qui sont en faveur, en
général, ne font jamais de bruit. Ils nous le disent, comme
ça, là, dans des conversations privées, mais en
général, ils ne le disent pas trop sur la place publique. Ceux
qui sont contre, par contre, ça, ils le disent très fort et ils
le font savoir et surtout, ils téléphonent ou ils écrivent
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui, je la
comprends, ne reçoit que des téléphones et des lettres de
gens qui sont contre. Mais c'est vrai dans tous les projets de loi. Vous nous
dites...
Mme Harel: En plus, se sont les amis du gouvernement qui
m'écrivent.
M. Bourbeau: Oui, mais... Je comprends, mais, parfois, vos amis
à vous, ils me disent des choses, moi, qui sont différentes,
aussi. Alors, la politique se fait, comme on dit parfois... M. le
Président, il y a une expression anglaise qui dit: «Politics makes
strange bedfellows». Parfois, on se retrouve, M. le Président,
avec des alliés qu'on ne pensait pas être des amis et qui le
deviennent de façon circonstancielle. Moi, je...
Mme Harel: C'est pour ça qu'en général il
faut avoir 10 amis pour 1 ennemi.
M. Bourbeau: Oui, bien, c'est bien ce que je pense avoir, M. le
Président. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je pourrai faire une liste à la
députée de Maisonneuve de tous mes amis. Elle va être
surprise, peut-être.
Mme Harel: Mais le ministre a peut-être surpris... Non, pas
surpris mais... Si tant est que les propos qu'il vient de tenir sont
sincères, comme je l'imagine, je peux difficilement comprendre comment
lui-même n'est pas à même de comprendre,
présentement, qu'il est en train de vivre, dans ce Parlement, ce qu'on
appelle une fin de régime.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Moi, j'ai déjà eu l'occasion d'en vivre
une.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! Oui, oui. Moi aussi, je l'ai
vécue, votre fin de régime, et celle-ci ne ressemble pas à
celle que j'ai vue.
Mme Harel: J'en connais les signes précurseurs et je peux
maintenant les identifier très très bien. Quand on en arrive
à mettre un bâillon, comme sur la loi 21, dans un projet de loi
qui n'est demandé par personne ou presque, par personne... Moi, le
ministre serait surpris, je réponds souvent au téléphone
dans mon bureau, puis je réponds, là, à des personnes, des
travailleurs qui ne font pas de politique, qui n'ont jamais appelé un
député et qui, finalement, décident en groupe d'appeler,
puis qui appellent pour me dire: On veut notre congé le lundi.
M. Bourbeau: Bien oui...
Mme Harel: Ce n'est pas la fête du Canada ou du
Québec, etc. Ils ont un voyage de pêche, c'est organisé,
ça fait des années et ils ne peuvent pas comprendre pourquoi
maintenant ce serait changé. À part, la Gazette,
évidemment...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Ça, je comprends que la Gazette fait
campagne, mais à part le fait que le gouvernement veut aller chercher le
vote d'Equa-lity et qu'Equality est en compétition avec la formation
politique qui est au gouvernement présentement, qu'est-ce qu'il y a
comme autre raison? En fait, on n'est pas à 21, on revient à
408.
M. Bourbeau: M. le Président, une seule remarque. Si Mme
la députée de Maisonneuve est en train de nous dire que le
gouvernement fait une grave erreur, que le Québec est en train de se
soulever sur la question de la fête du 1er juillet et qu'à la
suite de la journée sanglante d'hier, où l'Opposition a fait une
bataille rangée jusqu'à 2 heures du matin... Est-ce que la
députée de Maisonneuve a pris connaissance de L'ARGUS
d'aujourd'hui? Il n'y a pas un seul article de journal dans tous les
journaux d'aujourd'hui qui traite du très grave problème...
Mme Harel: Ça, c'est un signe précurseur d'une fin
de régime.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...qu'a vécu l'Assemblée nationale
hier, M. le Président, où le sang coule dans les rues à
travers le Québec au sujet de la fête du 1er juillet. Ça
n'intéresse personne, M. le Président.
Mme Harel: D'accord. Jusqu'à ce que les gens
découvrent qu'ils n'ont pas congé le lundi. Ils vont assez vous
en vouloir.
M. Bourbeau: Tant mieux pour vous.
Mme Harel: Dans un sens, moi, je me dis: Est-ce qu'on prend nos
responsabilités, puis on s'assume comme Opposition, parce qu'une bonne
opposition, ça rend le gouvernement meilleur, ou on vous laisse faire
vos erreurs? Quand les gens vont découvrir qu'ils n'ont pas
congé, pour des raisons idéologiques uniquement - parce que la
grande majorité ne fête pas le Canada; ça se peut que
ça fasse de la peine au député, mais c'est ça, la
réalité - quand ils vont découvrir que vous voulez leur
faire fêter de force, en plein milieu de la semaine, ils vont vous
haïr.
M. Bourbeau: Un beau congé en plein milieu de la semaine,
c'est agréable.
Mme Harel: Bon. On revient à 408, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Avez-vous présidé toute la
journée? Alors, on va tout de suite déposer notre
sous-amendement.
Le Président (M. Marcil): Le sous-amendement à
l'amendement 5, c'est ça?
Mme Harel: Oui, c'est bien ça. D'abord, M. le
Président, une dernière question...
M. Bourbeau: Elle est ineffable.
Mme Harel: ...dont on n'a pas parlé à l'article 5,
c'est la nomination du président. Le ministre sait que la grande
majorité des organismes qui appuient le projet de loi 408, en fait, la
majorité de ceux qui pensent pouvoir y siéger et qui appuient le
projet de loi lui ont demandé de consulter les organismes
concernés avant de procéder à la nomination du
président. Je vois que le ministre n'a pas retenu cette suggestion.
Puis-je savoir pourquoi?
M. Bourbeau: Non, j'ai fermement l'intention de consulter, M. le
Président.
Mme Harel: Alors, pourquoi ne pas l'avoir écrit?
M. Bourbeau: Je n'ai pas besoin de l'écrire, je le
dis.
Mme Harel: Oui, mais vous, c'est vous. Vous êtes unique,
irremplaçable...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...mais il arrivera un jour où...
M. Bourbeau: Et singulier.
Mme Harel: ...nous vous perdrons, le Québec vous perdra.
C'est une chose à ne jamais oublier, n'est-ce pas? que notre fonction
est transitoire, qu'avant d'être nommé ministre il faut d'abord
être élu député, d'une part, puis ensuite,
évidemment, il faut être nommé. Quoi qu'il en soit, pour
dire la vérité, un projet de loi ça survit au ministre
parrain qui le fait adopter, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: II peut survivre longtemps aussi.
Mme Harel: Alors, pourquoi ne pas engager l'avenir dans le sens
que vous dites que vous allez le faire? Pourquoi ne pas consulter?
M. Bourbeau: Écoutez, ça c'est une décision
du Conseil des ministres de rédiger le projet de loi comme ça,
mais il est bien entendu avec tout le monde que le gouvernement ne nommera pas
ou ne nomme pas un président d'un organisme qui se veut un creuset du
partenariat sans effectuer une certaine forme de consultation. Donc, que ce
soit écrit ou non, j'ai l'intention de consulter les principaux
dirigeants des milieux concernés. C'est un choix de gouvernement de
l'écrire comme ça.
Le Président (M. Marcil): Ça va? Votre
sous-amendement, madame?
Mme Harel: Alors, M. le Président, ce sera l'objet de
notre premier sous-amendement.
Le Président (M. Marcil): On va le faire photocopier. Nous
allons le faire reproduire. (21 h 10)
M. Bourbeau: Ils ne sont pas écrits
déjà?
Mme Harel: C'est parce qu'on a, finalement, trois
scénarios possibles.
M. Bourbeau: Vous êtes prêts à toutes les
éventualités.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais donc faire
l'amendement suivant. Dans nos projets de loi, le masculin comprend le
féminin. C'est bien ça.
Le Président (M. Marcil): II y a certains endroits
où le féminin comprend le masculin aussi.
Mme Harel: alors, on pourrait, par exemple, décider
à l'article 5 de dire: le gouvernement nomme la présidente. on
pourrait le souhaiter, en tout cas.
M. Bourbeau: Absolument. Si vous avez des suggestions à
nous faire parvenir, les enchères sont ouvertes.
Mme Harel: J'en ai deux. J'en ai déjà parié,
d'ailleurs. Alors, donc, l'amendement se lirait comme suit: «Le
gouvernement nomme le président après consultation du conseil
d'administration.»
(Consultation)
Le Président (M. Marcil): Là, vous touchez le
premier alinéa.
Mme Harel: C'est un amendement, excusez-moi.
Le Président (M. Marcil): II vient avant l'amendement que
vous avez apporté, là, les trois alinéas.
M. Bourbeau: On est pris dans notre plomberie juridique.
Le Président (M. Marcil): Ce que je vais faire, mesdames,
messieurs, je vais suspendre l'amendement à l'article 5 qui a
été déposé par le ministre. Nous allons y revenir
immédiatement après celui-là, parce que, lui, il
précède.
M. Bourbeau: II ne précède pas dans le temps, mais
il précède dans le sens.
Le Président (M. Marcil): Dans le sens.
M. Bourbeau: De toute façon, M. le Président, j'ai
toujours cédé le pas aux femmes. Je suis habitué, j'ai
été élevé comme ça.
Le Président (M. Marcil): Elle a même
signé.
Mme Harel: Ah, mon Dieu!
Le Président (M. Marcil): Ha, ha, ha! j'ai dit qu'elle
devait le signer.
M. Bourbeau: II est paraphé.
Le Président (M. Marcil): C'est bien. C'est ça.
C'est qu'à l'article 5 l'amendement est le suivant: Ajouter,
après «Le gouvernement nomme le président», les mots
«après consultation du conseil d'administration».
M. Bourbeau: M. le Président, je peux peut-être tout
de suite dire à la députée de Hochela-ga-Maisonneuve
pourquoi on n'a pas retenu cette formule-là. Dans une version
antérieure, on avait pensé utiliser une formule semblable. Le
problème que ça pose... C'est que notre intention est, dès
que la loi aurait été adoptée, si tant est qu'elle l'est
un jour, de commencer par nommer le président-directeur
général, dans un premier temps, et subséquemment de nommer
les membres du conseil d'administration. Alors, on serait assez mal pris de
nommer un président... Si on devait consulter le conseil
d'administration, il faudrait attendre une bonne période de temps avant
d'avoir formé tout le conseil d'administration. Ça peux prendre
un certain temps de faire tous ces arbitrages-là et ça
retarderait d'autant le choix du président.
Il est important, dans mon esprit, dès que la loi va être
approuvée, de s'attaquer en premier lieu à la nomination d'un
président-directeur général. Il y a
énormément de travail à faire au cours des prochains mois:
prévoir la transition et préparer tous les dossiers, tous les
projets sur le plan technique que requiert la mise sur pied d'une nouvelle
société. Ça va demander pas mal de boulot. Ça
serait, à notre avis, imprudent de retarder indûment la nomination
d'un président-directeur général ou d'une
présidente-directrice générale. Alors, pour ces
raisons-là, et je répète que nous sommes tout à
fait décidés à consulter les milieux - je pense que c'est
quand même un peu de tradition de consulter les milieux dans un cas comme
ça, surtout dans une société qui se veut une
société tripartite, qui va être marquée au coin de
la concertation et du partenariat - nous ne l'avons pas indiqué dans le
projet de loi.
Mme Harel: Est-ce que le ministre, compte tenu de ce qu'il m'a
dit, serait prêt à envisager de consulter les associations
représentatives?
M. Bourbeau: Vous parlez des syndicats, des...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Oui, c'est exactement ce que nous avons l'intention
de faire. Les dirigeants des organismes.
Mme Harel: Dans les alinéas qui suivent, il est toujours
question soit d'associations de salariés, soit d'associations
d'employeurs. Étant donné l'amendement que je veux faire au
troisième alinéa, il faudrait penser aux milieux
représentatifs aussi. Quant aux associations, est-ce qu'il serait
prêt à écrire ce qu'il dit qu'il est prêt à
faire? Comme il est prêt à le faire, il n'y a pas de
problème à le dire.
M. Bourbeau: Oui, il y a des problèmes à le dire.
Je l'ai indiqué tantôt.
Mme Harel: Je comprends les problèmes qu'il a. Je serais
prête à retirer mon amendement, étant donné qu'on
peut concevoir que les nominations devront se faire au niveau de la
présidence et vice-présidence vraisemblablement avant que le
conseil d'administration soit formé. Peut-être même que ce
sont ceux qui sont nommés qui auront à faire les consultations
auprès des associations. Mais est-ce que le ministre est prêt
quand même à procéder à une consultation
auprès des associations représentatives? Auquel cas, mon
amendement se lirait comme suit: «Le gouvernement nomme le
président après consultation des associations
représentatives.»
M. Bourbeau: M. le Président, dans une version
antérieure... Je crois qu'on avait un texte semblable, à un
moment donné, hein?
Mme Harel: Je veux juste vous rappeler peut-être une
expérience plus ou moins récente...
M. Bourbeau: Mais le Conseil des ministres... J'ai eu plusieurs
versions, comme la députée de Hochelaga-Maisonneuve peut s'en
douter. Elle a probablement même déjà vu certaines des
versions antérieures. On n'a pas retenu finalement cette
formule-là. Le gouvernement ne l'a pas retenue. Mais il est bien entendu
que nous allons
consulter les dirigeants des organismes ou les députés
représentatifs tant du milieu patronal que du milieu syndical.
Mme Harel: Alors, s'il est bien entendu que vous allez le faire,
moi, je trouve qu'il n'y a pas de difficulté à le dire.
C'était quand même une des préoccupations, le ministre s'en
souviendra, de toutes les associations d'employeurs ou de salariés qui
se sont présentées devant la commission. Le Conseil du patronat
demandait que le président soit nommé avec l'accord des membres
du conseil d'administration. Il n'était même pas question de
consultation. Ensuite, l'APCFP demandait qu'il y ait aussi une consultation. Un
bon nombre de groupes ou de comités qui se sont présentés
devant la commission demandaient que le conseil d'administration soit
consulté par le ministre avant qu'il ne procède à la
nomination du président. Ensuite, il y a eu la FTQ et même le
Mouvement Desjardins qui nous demandaient que le président soit
nommé par le conseil d'administration et non par le ministre. En fait,
la CSN demandait que le gouvernement nomme le président parmi les
personnes qui auront été désignées par le conseil
d'administration. (21 h 20)
Alors, notre amendement à l'effet de consulter les associations
représentatives, c'est comme une sorte de compromis entre ce qui
était réclamé d'un côté, presque à
l'unanimité, que ce soit par les patrons ou les syndicats, et d'un autre
côté, ce que le ministre invoque, à savoir la
difficulté de le faire, en tout cas, tout au moins pour mettre en place
la Société. Une fois, évidemment, la Société
mise en place, parce que le ministre ne fait pas adopter le projet de loi 408
simplement pour nommer une première fois un président, c'est une
loi qui vaudra pour toutes les fois successives où il y aura à
remplacer le président. Alors, je le retire. C'est ça.
Le Président (M. Marcil): Vous le retirez? Mme Harel:
Oui, je vais le retirer.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'amendement est
retiré.
Mme Harel: Ce que je vais proposer à la place, c'est un
amendement à l'effet que le gouvernement nomme le président
après consultation des associations représentatives.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais dire ceci
à la députée de Maisonneuve. Ça vaut pour
l'amendement qu'elle est en train de fignoler et ça vaut pour d'autres,
probablement, qu'elle devra apporter plus tard, aussi, relativement aux
pouvoirs de la Société. Ce que je voudrais lui dire, c'est que
ces sujets-là ont fait l'objet de longues discussions au sein de
l'appareil gouvernemental. L'arbitrage... Je veux que la députée
de Maisonneuve m'écoute, là.
Mme Harel: Oh, oui, j'écoute, ne vous inquiétez
pas.
M. Bourbeau: L'arbitrage entre les souhaits des groupes et avoir
un maximum d'autonomie, tant sur le plan de la nomination des membres, tant sur
le plan des pouvoirs de la Société, tant sur le plan aussi de la
composition, de la structure de la Société, ces
discussions-là ont eu lieu au Conseil des ministres, dans l'appareil
gouvernemental, et ont duré très longtemps, plusieurs semaines,
pour ne pas dire plusieurs mois. On comprend le désir des associations,
des organismes d'avoir une marge de manoeuvre très grande, un pouvoir de
nomination étendu. On comprend également que, contrairement
à ce qui se passe dans bien d'autres pays, en Allemagne, par exemple,
ici, les milieux patronaux ou syndicaux ne fournissent pas de capitaux,
pratiquement, dans la mise sur pied d'un organisme comme celui-là. C'est
financé à peu près à 100 % par des fonds du
gouvernement. En Allemagne, c'est financé presque exclusivement par des
fonds privés. Quand on met tout l'argent, on peut réclamer des
pouvoirs importants, mais quand on ne met pas beaucoup d'argent, ou
pratiquement rien - disons la vérité, on ne met rien du tout, M.
le Président - on ne peut pas exiger autant de pouvoirs que quand on
s'implique beaucoup financièrement. Le gouvernement, lui, est
responsable devant l'Assemblée nationale des deniers publics. Il ne peut
pas céder le contrôle d'une société semblable
impunément.
Alors, je voudrais que la députée de Maisonneuve
réalise que ma capacité de consentir à ses amendements est
très limitée, pour ne pas dire inexistante, en ce sens que tous
ces débats-là ont déjà eu lieu au sein de
l'appareil gouvernemental, les arbitrages se sont faits et le Conseil des
ministres a tranché dans tous ces cas-là. Je n'ai pas de marge de
manoeuvre. La députée peut déposer beaucoup, beaucoup
d'amendements. Elle peut me faire la preuve par a plus b que ces
amendements-là sont très valables. Tout ce que je peux lui
répondre, et je vais lui répondre ceci pendant plusieurs heures,
j'ai l'impression, c'est que le gouvernement a tranché de telle ou telle
façon. Mais je peux lui dire qu'entre le projet original, le projet que
nous avons devant nous et celui que nous aurons avec les amendements que je
suis autorisé à déposer, il y a eu une évolution
très importante en faveur d'une relaxation des contrôles que le
gouvernement avait originellement prévus, une marge de manoeuvre accrue
pour la Société et que les articles qu'on étudie
présentement sont déjà des articles qui ont fait l'objet
d'un recul de la part du gouvernement par rapport à des clauses qui
étaient beaucoup plus contraignantes dans les versions
antérieures. Alors, on peut déposer beaucoup d'amendements, on
peut en
parier à satiété, mais ma marge de manoeuvre est
très réduite, M. le Président, sinon inexistante.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
Madame.
Mme Harel: Ça veut donc dire qu'il ne s'agit pas de
véritable partenariat.
M. Bourbeau: Oui, je pense qu'il y a un partenariat
évident.
Mme Harel: Le ministre lui-même vient de signaler que les
partenaires n'apportent pas, dans ia corbeille de mariée de la nouvelle
société, là...
M. Bourbeau: La dot est très faible, mais, par contre, M.
le Président, le gouvernement apporte une dot importante et ce
capital-là, ces fonds-là seront gérés conjointement
par les partenaires. Cependant, les partenaires autres que le gouvernement ne
peuvent pas demander d'avoir la gestion intégrale totale et
l'indépendance absolue quand ce sont des fonds gouvernementaux.
Mme Harel: Alors, ça pose vraiment le problème,
comme on le posait, de l'absence d'un fonds national de formation
professionnelle dans lequel les entreprises investissent. Pourtant, ce sont
là des fonds publics et ce sont... Non seulement il y a un
problème, tel que mentionné par le ministre, quant au fait que ce
sont des fonds publics, mais il y a un problème quant à la
représentativité aussi. L'argument que le ministre vient
d'utiliser, à bon droit, je crois, ce même argument-là,
celui qu'il utilise, je ne comprends pas qu'il l'écarté quand on
en vient à parier de la représentativité et de l'absence,
de la sous-représentation des personnes sans emploi. Le même
argument vaut... Non seulement il n'y a pas une contribution, disons, par
exemple, des entreprises qui pourrait permettre de justifier, par exemple, la
gestion complète du fonds, mais il y a un problème de
représentativité. Il n'y a pas que des travailleurs non
syndiqués, il y a des entreprises non représentées, si
vous me permettez cette expression-là. Il y a des entreprises qui
considèrent que, dépendamment soit de sièges que le
ministre fera, elles pourront ou pas être
représentées...
M. Bourbeau: Le gouvernement...
Mme Harel: ...par exemple, des entreprises, pour parier
clairement, là, des régions. L'Abitibi, par exemple, ou le
Lac-Saint-Jean ou la Mauri-cie, n'importe quelle, n'ont pas vraiment
l'impression - et c'est là la conclusion que je tire à la suite
d'une petite tournée - d'être représentés par les
associations d'employeurs de Montréal. Elles ont l'impression, par
exemple, que le
Conseil du patronat, c'est essentiellement des grandes entreprises de
Montréal, avec peut-être l'Alcan, comme exception, là, au
Lac-Saint-Jean. Mais pour l'ensemble des milieux d'affaires dans les
régions du Québec, ils n'ont pas vraiment l'impression...
D'abord, il n'y a pas de filiales régionales, il n'y a pas de
congrès, d'élections, ils ne sont pas invités à
participer à un choix de dirigeants. Il ne faut pas minimiser la chose.
Dans les sociétés où il y a des appareils de concertation
qui gèrent vraiment des grands pans des politiques sociales, n'oubliez
pas qu'il y a derrière ça tout un dispositif pour confirmer la
représentativité autant des travailleurs que des employeurs.
M. Bourbeau: Mais il n'y a rien qui dit qu'il n'y aura pas une
place pour quelques-unes de ces personnes-là à la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre, là. On a gardé un siège du
côté des travailleurs, des milieux de la main-d'oeuvre. On a six
membres qui représentent la main-d'oeuvre québécoise. Il y
en a cinq qui représentent les organismes syndiqués, mais il y a
un siège qui va rester disponible. Il y a la délégation
gouvernementale aussi qui peut faire place à quelques personnes de ces
milieux-là et il y a aussi les sociétés régionales.
Ces organismes-là, qui sont régionaux et non pas nationaux,
auraient probablement plus d'influence sur une société
régionale que sur la société nationale. (21 h 30)
Mme Harel: Le ministre sait qu'il y a eu une très vaste
coalition qui s'est organisée autour de l'UMRCQ, en particulier. Il a,
je pense, même rencontré M. Nicolet à ce sujet. Il sait
qu'il y a eu, finalement, de part et d'autre, du côté de ces
organismes qui s'étaient présentés devant la commission,
une sorte, je dirais, de compromis qui s'est fait. Je prenais connaissance de
la même lettre qu'il a reçue, j'en suis certaine, de l'Association
des CFP. Je comprends que leurs demandes se sont réduites en regard de
celles qu'ils faisaient quand ils sont venus devant la commission. Il y a un
chemin qui s'est fait. Le ministre ne peut pas, je pense, prétendre,
maintenant, que les organismes ont les mêmes revendications, disons, que
celles qu'ils avaient au moment où ils sont venus devant la commission.
D'ailleurs, aujourd'hui même, dans Le Soleil, on retrouvait le
point de vue des organismes régionaux, qui considèrent que la
création de la Société québécoise... qui
estiment que la volonté de centralisation à Québec dans le
domaine de la main-d'oeuvre vient en nette opposition avec la politique de
décentralisation du gouvernement qui est rendue publique par le ministre
responsable du développement régional, etc.
Ceci dit - on reviendra sur la régionalisation - il faut que le
ministre convienne... Par exemple, je ne retrouve plus du tout, dans les
demandes, celle que les sociétés régionales aient un
représentant au conseil d'administration. Je
peux lui dire tout de suite que je n'ai pas l'intention de
déposer un amendement à cet effet-là. Mais ce que je
comprends du ministre, c'est que, finalement, tout l'exercice qu'on fait,
à part les amendements que lui va déposer, rien de ce qu'on peut
faire, finalement, ne sera retenu.
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: C'est ça que je dois comprendre?
M. Bourbeau: ...ce que je voudrais simplement dire, c'est que
l'initiative de préparer un projet de loi est laissée au
gouvernement, je crois, qui vit avec ses lois. L'Opposition peut
suggérer des amendements. Elle ne doit pas s'offusquer si le
gouvernement les refuse, parfois, et elle doit se réjouir s'il les
accepte. Moi, je ne refuse pas des amendements pour ie plaisir de les refuser.
J'ai déjà dit à la députée de Maisonneuve
que j'ai vécu, moi, étant dans l'Opposition, des situations
où des ministres de l'ancien gouvernement, je dois le dire, refusaient
systématiquement des amendements sans même les regarder parce
qu'ils étaient proposés par l'Opposition. Moi, j'ai connu
ça, M. le Président, des ministres qui ne voulaient même
pas regarder un amendement. C'était vu comme étant un
péché mortel que...
Mme Harel: Donnez-nous des noms.
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: Donnez-nous des noms.
M. Bourbeau: Oui, oui, je peux vous en nommer, si vous voulez. Je
vous les nommerai dans le particulier. M. le Président, moi, je n'ai
jamais agi comme ça. J'ai toujours dit: Si un amendement améliore
le projet de loi, à notre point de vue, on l'accepte. Mais il y a des
choses que je ne peux pas accepter parce que ces débats-là ont
déjà eu lieu au sein du gouvernement, ces arbitrages-là
ont été faits. La députée sait fort bien que, pour
pouvoir accepter un amendement qui modifie substantiellement le projet de loi,
je dois retourner devant le Conseil des ministres. Je n'ai pas
l'autorité d'amender un projet de loi, parce qu'il a été
approuvé par le Conseil des ministres, le projet de loi, dans sa
globalité. Alors, si je propose un amendement de forme, un amendement
mineur, j'ai une certaine marge de manoeuvre, sans quoi je n'en ai pas. Alors,
des amendements comme ceux que propose la députée, je ne peux pas
les accepter sans retourner voir le Conseil des ministres, et je sais, pour y
avoir été, que je ne peux pas les passer. Donc, on peut parler
pendant toute une soirée, moi, ça m'est égal, mais c'est
l'impossible en ce qui me concerne.
Le Président (M. Marcil): bon. à ce
moment-là, comme la discussion, le débat est terminé sur
l'amendement, je vais le mettre au vote.
Mme Harel: Un vote nominal.
Le Président (M. Marcil): Vote nominal.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Marcil): Bon. Donc, je lis l'amendement
à l'article 5: Ajouter après «Le gouvernement nomme le
président» les mots «après consultation des
associations représentatives».
Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Marcil): Mme Cardinal
(Châteauguay)? Non, c'est parce que...
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Philibert
(Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Williams (Nelligan)?
M. Williams: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Hélas, contre.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'amendement est
rejeté.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Marcil): Oui, madame. Mme Harel:
...suspendre pour cinq minutes?
M. Bourbeau: M. le Président, si j'ai dit
«hélas», ce n'est pas parce que je n'ai pas voté
avec...
Le Président (M. Marcil): Vous voulez... Mme Harel:
Enthousiasme.
M. Bourbeau: C'est parce que je ne voulais pas indisposer la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour les heures qui
viennent.
Le Président (M. Marcil): Donc, on va
suspendre les travaux pour cinq minutes? Mme Harel: Cinq
minutes.
Le Président (M. Marcil): II vous manque quoi?
M. Bourbeau: On peut passer au projet de loi 30, si vous
voulez.
Des voix: Ha, ha, ha! (Suspension de la séance à 21
h 35)
(Reprise à 21 h 46)
Le Président (M. Marcil): Donc, nous sommes toujours
à l'article 5...
M. Bourbeau: Toujours, M. le Président. Hélas!
Le Président (M. Marcil): ...à l'amendement que
j'ai suspendu. Donc, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: On revient avec votre amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Donc, on revient avec
l'amendement du ministre. À l'article 5, remplacer les paragraphes 1",
2° et 3° du deuxième alinéa de l'article 5 du projet par
les suivants.
Mme Harel: Alors, M. le Président, pour donner suite
à une des recommandations, notamment formulées par l'Union des
municipalités régionales de comté, l'UMRCQ, qui a mis sur
pied un groupe de travail constitué de Mme Pagé, de la Centrale
de l'enseignement du Québec, de M. Larose, de la
Confédération des syndicats nationaux, de M. Maurice Payette, de
la Fédération des CLSC, de M. Daoust, de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, de
M. Fortin, de la Conférence des CRSSS, de M. Sansoucy, de la
Fédération des cégeps, de Mme Drouin, de la
Fédération des commissions scolaires, de M. Duchesne, de
l'Association des industries forestières du Québec Itée,
de M. Le Hir, de l'Association des manufacturiers du Québec, de M.
Dufour, du Conseil du patronat, de M. Béland, du Mouvement Desjardins,
de M. Proulx, de l'Union des producteurs agricoles, de M. Turgeon, de l'Union
des artistes... C'est incroyable comment tous ces gens-là se rencontrent
partout quand même. C'est juste une remarque, une parenthèse. Je
ne sais pas si, dans une semaine, ils doivent passer une journée sans se
rencontrer à l'une ou l'autre des tables organisées par l'un ou
l'autre des ministères ou, en fait, des partenaires.
Quoi qu'il en soit, l'UMRCQ a formulé un certain nombre de
recommandations dites, et je le cite, essentielles au succès du projet.
C'est pour, finalement, garantir le succès de ce projet sur lequel
travaille depuis tant de mois le ministre que l'UMRCQ lui faisait parvenir ses
recommandations, entre autres. Ces recommandations consistent, en fait,
essentiellement à quatre grands aspects, le premier étant
d'accroître le degré d'autonomie de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. On y
reviendra. Je sais que le ministre, sur ce terrain-là, a quand
même obtenu des améliorations. Il en fera l'objet d'amendements.
Deuxièmement, rappelle l'UMRCQ, constituer des sociétés
régionales en corporations au sens du Code civil. Alors, tout ce qui
était demandé, finalement, l'essentiel se réduit à
ça. Ça fera l'objet, d'ailleurs, d'un amendement de
l'Opposition...
M. Bourbeau: On s'en doute bien.
Mme Harel: Troisièmement, assurer une présence
appropriée et équitable de tous les groupes concernés au
sein des conseils d'administration des sociétés
régionales, et je cite: meilleure représentation, entre autres,
du secteur de l'éducation. Ça, ça vient de l'UMRCQ, au nom
de tous les groupes que je viens de vous mentionner. Finalement, envisager un
mécanisme électoral pour les conseils d'administration des
sociétés régionales en vue de garantir la
représentativité de ces conseils et l'imputabilité des
décideurs.
En fait, cette dernière question, je pense, est laissée en
retrait par rapport aux trois autres, parce que c'était la position de
l'UMRCQ le 25 mai dernier. Cette position, l'UMRCQ la faisait connaître
dans une lettre adressée au ministre le 21 mai. Nous recevions, je
crois, hier ou avant-hier, une lettre mentionnant la position de l'ACFP,
l'Association des commissions de formation professionnelle. Je crois que le
ministre recevait, j'imagine au même moment... (21 h 50)
M. Bourbeau: ...position, mais on va finir par le savoir quand
même.
Mme Harel: Ça m'est arrivé hier, en plus, sur le
projet Innovatech, de recevoir la lettre avant le ministre concerné.
M. Bourbeau: C'est vous qui l'aviez écrite, je
suppose.
Mme Harel: Ça a créé un certain imbroglio.
Les lettres qui concernent le ministre de la Main-d'oeuvre, je les
reçois après lui.
M. Bourbeau: Ça m'étonnerait.
Mme Harel: En tout cas, j'ai constaté que l'ACFP ne
parlait plus de mécanisme électoral,
mais que l'ACFP, de concert avec un certain nombre d'organismes, dont je
me suis fait faire une liste pour avoir un aide-mémoire, recommande
l'incorporation, au sens du Code civil, des sociétés
régionales et s'en tient à ça. Le ministre les a
rencontrés, ce que je n'ai pas pu faire moi-même, mais le ministre
les a rencontrés. Je comprends donc que, finalement, de toute la
panoplie de demandes qui se faisaient au moment de la commission, ils ont
finalement restreint à une seule essentielle pour eux: les
sociétés régionales avec un statut de corporation au sens
du Code civil.
Pour donner suite, parce qu'en plus on y souscrit, M. le
Président, aux recommandations de l'UMRCQ concernant la présence
appropriée et équitable de groupes concernés au sein des
conseils d'administration, j'aimerais à ce moment-ci proposer un
amendement. Alors, l'esprit d'abord de l'amendement, M. le Président,
puis la lettre ensuite.
L'esprit de l'amendement consiste à proposer au premier
alinéa... Alors, ce serait plutôt un sous-amendement, parce qu'il
y a déjà l'amendement du ministre. C'est ce qu'il faut
comprendre?
Le Président (M. Philibert): Si vous voulez en faire
lecture. Ça vient amender l'amendement du ministre, c'est donc un
sous-amendement.
Mme Harel: C'est ça. Alors, M. le Président, le
sous-amendement se lirait comme suit: cinq membres qui représentent la
main-d'oeuvre québécoise choisis après consultation des
associations de salariés les plus représentatives; cinq membres
qui représentent les entreprises... En fait, il faudrait plus lire:
quatre membres, excusez-moi, qui représentent les entreprises.
Excusez-moi. Je recommence: cinq membres qui représentent les
entreprises, dont quatre sont choisis après consultation des
associations d'employeurs les plus représentatives et un après
consultation des organismes du milieu coopératif les plus
représentatifs; trois membres représentant le secteur
communautaire...
M. Bourbeau: Après représentatifs?
Mme Harel: au troisième alinéa, excusez-moi: trois
membres représentant le secteur communautaire, dont une
représentante des groupes de femmes.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée a
oublié les zouaves pontificaux aussi.
Mme Harel: Je vais vous rapporter à la
Fédération des femmes du Québec.
Le Président (M. Philibert): Est-ce que les femmes sont
acceptées chez les zouaves? Ce serait nouveau.
Mme Harel: C'est un terrain glissant à cette heure-ci,
à ce moment-ci de la semaine.
Le Président (M. Philibert): Pas du tout, c'est tellement
limpide.
M. Bourbeau: C'est facile quand on est dans l'Opposition, M. le
Président.
Mme Harel: Et quatrième alinéa: six autres membres
dont un provient du milieu de l'enseignement secondaire et un autre provient du
milieu de l'enseignement collégial; ces deux derniers sont choisis
après consultation des fédérations représentant les
cégeps et les commissions scolaires.
M. Bourbeau: Tant qu'à y être, M. le
Président, on pourrait ajouter: les Filles d'Isabelle, les Dames de
Sainte-Anne, les clubs Richelieu...
Le Président (M. Philibert): Mais, là, au plan
technique, avant de...
Mme Harel: Est-ce que je comprends que c'est là...
Le Président (M. Philibert): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Harel: ...une façon dérisoire...
Le Président (M. Philibert): À l'ordre, s'il vous
plaît! Avant de parler du fond et de faire des commentaires sur le fond,
je pense qu'il faudrait le rédiger, parce que c'est assez
compliqué. Pour la bonne marche des travaux, nous demandons que ce soit
rédigé.
Mme Harel: Très bien. Alors, je vous demande une
suspension de deux minutes, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais faire
une suggestion?
Le Président (M. Philibert): Oui.
M. Bourbeau: Moi, je serais d'accord qu'on suspende l'article
complètement, qu'on le mette de côté. Ça pourrait
peut-être permettre à la députée de Maisonneuve de
fignoler son amendement au cours de la nuit, au cours de la fin de semaine.
Sans ça...
Le Président (M. Philibert): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bourbeau: J'aimerais mieux que l'amendement soit écrit
au moment où...
Mme Harel: Consentement.
Le Président (M. Philibert): Consentement. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve nous revient avec un
sous-amendement écrit.
M. Bourbeau: ça pourrait lui permettre aussi, m. le
président, de trouver d'autres organismes qu'elle a oubliés,
qu'elle pourrait rajouter sur sa liste d'épicerie.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vais...
Le Président (M. Philibert): Alors, je suspends
l'étude du...
Mme Harel: Juste avant de suspendre...
Le Président (M. Philibert): ...sous-amendement de
l'amendement et de l'article 5.
Mme Harel: ...je veux simplement signaler au ministre que
l'amendement que je vais déposer est rédigé suite aux
représentations faites par l'Association provinciale des commissions de
formation professionnelle, l'Institut de formation en développement
économique et communautaire, la Centrale de l'enseignement du
Québec, l'Institut canadien de l'éducation des adultes, le
Mouvement action-chômage, la Fédération des associations de
familles monoparentales, l'Association des clubs de recherche d'emploi du
Québec, la Maison internationale de la Rive-Sud, le Regroupement
québécois des organismes de développement de
l'employabilité, l'Association des parrains des services
d'employabilité du Québec, le Collectif des femmes immigrantes du
Québec, la Confédération des syndicats nationaux. Je n'ai
pas colligé les appuis à cette proposition qui nous sont
arrivés aujourd'hui.
Alors, c'est une proposition qui a été mise au point et
fait l'objet d'un consensus parmi tous les groupes que je viens
d'énumérer.
M. Bourbeau: Consensus public, M. le Président. Sur la
place publique.
Mme Harel: Ça a même fait l'objet d'une
conférence de presse.
Le Président (M. Philibert): Alors, on avait convenu
qu'on...
M. Bourbeau: Parfois, il y a des consensus privés qui
diffèrent des consensus publics. le président (m. philibert):
alors, on avait convenu que l'article 5 et son amendement étaient
suspendus. j'appelle maintenant l'article 6.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article fixe la
durée maximale du terme pour lequel peuvent être nommés le
président de la Société, d'une part, les autres membres du
conseil d'administration, d'autre part. Il prévoit en outre que ces
personnes continuent d'exercer leurs fonctions à l'expiration de leur
mandat et, implicitement, que leur mandat peut être renouvelé.
Mme Harel: Je comprends, M. le Président, que, sur cet
article-là, pendant toutes les semaines que nous avons
siégé, je ne crois pas avoir entendu un seul commentaire. Alors,
nous allons l'adopter.
Le Président (M. Philibert): L'article 6 est
adopté.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis...
Le Président (M. Philibert): J'appelle l'article 7.
M. Bourbeau: ...ébloui, M. le Président.
M. le Président, cette disposition prévoit que le
président de la Société en est également d'office
le directeur général. Elle précise les fonctions qui lui
appartiennent, d'une part, ayant qualité de président du conseil
d'administration, et, d'autre part, en qualité de directeur
général de la Société.
Mme Harel: Je crois que c'est la même chose pour l'article
7, M. le Président. À moins que le ministre nous indique que
c'est là du droit nouveau, ça me semble être,
évidemment, une disposition qui est usuelle.
M. Bourbeau: Aucun commentaire. (22 heures)
Le Président (M. Philibert): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Bourbeau: M. le Président, cette disposition
prévoit que le gouvernement détermine les conditions de travail
du président de la Société et que celui-ci exerce ses
fonctions à temps plein. Quant aux autres membres du conseil
d'administration, elle permettra au gouvernement, s'il le désire, de
leur allouer des jetons de présence. Elle prévoit, par ailleurs,
dans quelle mesure ceux-ci auront droit au remboursement de certaines
dépenses.
Mme Harel: Je rappelle au ministre qu'une des centrales
syndicales, en l'occurrence fa CSD, avait fait des représentations, dans
le mémoire déposé devant la commission, pour qu'une aide
financière soit accordée pour compenser les pertes de salaire et
autres dépenses encourues. Il ne s'agissait pas, en fait, d'une
rémunération, mais il s'agissait plutôt d'une compensation.
C'est dans l'esprit, je pense, de la recommandation de la CSD. Est-ce que c'est
dans ce sens-là que le ministre entend procéder?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est
intéressant ce dont parle la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve, parce que je suis, justement, en train de
réfléchir très sérieusement à la
possibilité de proposer un décret au Conseil des ministres pour
la Commission des normes du travail à l'égard de certains des
membres qui doivent subir des pertes de salaire lorsqu'ils siègent au
conseil d'administration.
La position que je suis en train de prendre, c'est de faire en sorte de
rembourser exactement le salaire perdu à l'égard de ceux qui
doivent subir des pertes de salaire et non pas de proposer des jetons de
présence, par exemple, pour tout le monde. Alors, ça
m'apparaît être une formule qui est plus équitable. Ceux
qui, réellement, subissent des pertes de salaire pourraient avoir droit
à un remboursement sur preuve de ces pertes-là, ce qui ferait
qu'on éviterait de conférer des avantages importants à
certaines personnes. «Importants», le mot est peut-être fort
un peu, mais au moins on compenserait pour les pertes de salaire.
Évidemment, il est trop tôt pour dire ce qu'on fera à
l'égard de la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre, mais il me semble qu'une formule
comme celle-là serait intéressante.
Mme Harel: Alors, vous envisagez un règlement à cet
effet?
M. Bourbeau: Ça se fait par... Mme Harel: Par
décret?
M. Bourbeau: C'est un décret du gouvernement. D'ailleurs,
je crois l'avoir...
Mme Harel: Qu'est-ce qui se passe dans le parlement?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une apparition.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Le député de Verdun vient de faire son
apparition.
Mme Harel: Est-ce que d'autres que nous siègent, ou est-ce
que nous sommes les seuls à siéger?
Le Président (M. Philibert): Oui, nous sommes
distincts.
M. Bourbeau: Alors, c'est un décret, M. le
Président, qui peut être adopté par le Conseil des
ministres.
Le Président (M. Philibert): Adopté? Mme Harel:
Adopté.
Le Président (M. Philibert): L'article 8 est
adopté. J'appelle l'article 9.
M. Bourbeau: Cet article énonce les modalités de
nomination par le gouvernement de vice-présidents au sein de la
Société dont la nomination s'effectuera à l'initiative du
conseil d'administration de la Société. Il prévoit aussi
que les conditions de travail des vice-présidents seront
déterminées par le gouvernement.
Mme Harel: M. le Président, sur cet article-là, il
y a eu beaucoup, beaucoup de représentations, n'est-ce pas? Je ne pense
pas qu'on puisse passer sous silence les difficultés qui se
présentent dans un certain nombre d'organismes du fait que les
vice-présidents sont souvent imposés à leur
président. Je pense à un exemple que je connais, c'est celui de
la CSST, où, finalement, les nominations successives portent la marque
des ministres qui se sont succédé dans un court laps de temps,
finalement. Ce n'est pas toujours la même école de pensée
qui présidait lorsque les nominations devaient se faire. En l'espace de
presque un an, il y a eu trois ministres différents qui se sont
succédé. Il y a eu une série de nominations, puis
ça a donné une équipe un peu dépareillée.
Ça paraît d'ailleurs. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ce n'est pas nécessairement un bon
modèle à suivre, M. le Président.
Mme Harel: Oui, c'est ça qui m'embarrasse, et ça
m'inquiète, M. le Président, parce que j'ai l'impression que
l'article 9 est à peu près du même acabit, d'une certaine
façon, c'est-à-dire... D'abord, le gouvernement n'est pas tenu de
nommer des vice-présidents, c'est ça qu'il faut comprendre, hein?
par la rédaction de l'article 9. Alors, le gouvernement n'est même
pas tenu d'en nommer un. Je ne sais pas. Quelle est l'intention du
ministre?
Le Président (M. Philibert): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il m'apparaît
évident qu'on ne peut pas ne pas avoir plusieurs vice-présidents
dans une société importante, de l'importance de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: On ne peut pas?
M. Bourbeau: On ne peut pas ne pas avoir plusieurs
vice-présidents, à moins d'avoir une structure tout à fait
inusitée, donc il y aura des vice-présidents. Et la
députée pourra noter que la formule qui est utilisée ici,
à l'article 9, est assez inusitée. Je ne crois pas qu'on retrouve
une formule comme ça dans aucune autre société
gouvernementale. C'est le résultat de longues discussions et d'un
arbitrage, si je peux m'expri-mer ainsi, entre divers points de vue. Alors,
ce
qui est intéressant ici, c'est que, contrairement à ce
qu'on retrouve dans la majorité des cas...
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: II nous arrive un visiteur d'outre-tombe. M. le
Président, contrairement à ce qu'on retrouve dans la
majorité des cas, ici ce n'est pas le gouvernement qui prend
l'initiative de nommer les vice-présidents. Ce qui est
intéressant, pour le bénéfice de ceux qui souhaitent une
décentralisation, etc., c'est que c'est le conseil d'administration de
la Société qui prend l'initiative, premièrement. Non
seulement il prend l'initiative, mais il peut proposer au gouvernement des
candidatures de vice-présidents. Alors, c'est déjà une
bonne concession, je pense, que le gouvernement fait dans ce cas-ci, se
démarquant ainsi d'une tradition qui est assez bien répandue qui
veut que c'est le gouvernement qui nomme les présidents et les
vice-présidents. La députée de Hochelaga-Maisonneuve sait
de quoi je parle, elle a probablement déjà proposé,
d'ailleurs, des nominations au gouvernement. Alors, ici, bien sûr, le
gouvernement se garde un pouvoir résiduaire. Si jamais il y a divergence
de vues fondamentale entre le gouvernement et la Société, le
gouvernement peut toujours, après consultation, nommer une autre
personne. Mais, encore là, s'il le fait, c'est après
consultation. Donc, dans un premier temps, c'est la Société qui
propose et, dans un deuxième temps, si le gouvernement ne retient pas
ces propositions-là, il doit quand même consulter avant de
proposer.
Mme Harel: Alors, je comprends donc que votre
interprétation de l'article 9 est à l'effet que, s'il y a
nominations de vice-présidents, elles ne pourront venir que sur
proposition du conseil d'administration. C'est ça que je dois
comprendre?
M. Bourbeau: Non, non. Ce n'est pas ce que j'ai dit. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve, ou bien a mal compris, ou bien
elle fait semblant de mal comprendre.
Mme Harel: Non, non, non, pas du tout. À cette
heure-ci...
M. Bourbeau: Bon. Alors, j'ai dit que l'initiative...
Mme Harel: ...j'ai peut-être besoin de...
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve voudrait un café, par exemple? Non? Oui?
Mme Harel: Oui. Est-ce qu'on... Je suis prête à le
payer.
M. Bourbeau: Ce que j'ai dit, M. le Président...
Des voix: Ha ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 9 dit que
l'initiative de proposer des candidatures est laissée au conseil
d'administration de la Société.
Mme Harel: Et, si le conseil n'en propose pas, le gouvernement ne
peut donc pas nommer.
M. Bourbeau: Mais le gouvernement peut aussi prendre
l'initiative, parce que, en vertu du deuxième paragraphe, il est dit
que, s'il décide de procéder à une telle nomination, le
gouvernement nomme la personne ainsi proposée ou... Il y a un
«ou». On peut dire: S'il décide de proposer une nomination,
le gouvernement, après consultation du conseil, peut nommer toute autre
personne. Donc, si jamais le conseil décidait de faire la grève
et de ne demander aucune nomination de vice-présidents, le gouvernement
déciderait, pourrait décider de procéder à une
telle nomination, après avoir consulté, toujours, le conseil
d'administration. (22 h 10)
Mme Harel: Je sais que le ministre est juriste, là, mais,
pour agir dans le sens où il vient de le dire, il faudrait enlever le
mot «telle», parce que, ainsi libellé, «s'il
décide de procéder à une telle nomination», le mot
«telle» renvoie à la nomination proposée par le
conseil d'administration de la Société.
M. Bourbeau: M. le Président, je donne raison à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Si elle voulait proposer
d'enlever le mot «telle», je serais d'accord pour l'enlever.
Mme Harel: Justement pas. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Justement pas. C'est justement parce que je
considère que, dans le fond, le dispositif de l'article 9 me semble
assez intéressant. Finalement, le dispositif de l'article 9, c'est que,
pour qu'il y ait une nomination de vice-président, il faut qu'elle,
cette nomination, ait été proposée par le conseil
d'administration.
M. Bourbeau: Oui, mais, à ce moment-là, si le
gouvernement n'est pas d'accord de nommer la personne proposée, le
gouvernement peut nommer une autre personne après avoir consulté
le conseil.
Mme Harel: Voilà.
M. Bourbeau: Bon. Alors, la députée ne veut pas
proposer la modification?
Mme Harel: J'espère que vous n'allez pas la
proposer?
M. Bourbeau: Bon. Alors, à ce moment-là, moi, je
serais d'accord pour voter l'article 9 tel quel...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais il ne faudrait pas me donner la tentation de
proposer un amendement.
Mme Harel: C'est parce que j'en faisais cette
interprétation-là. L'étonnement que j'ai, c'est que la
CSN, en commission, ait demandé... Non, en fait, c'est qu'elle demandait
plus lors de la présentation. Elle demandait que la nomination des
vice-présidents soit considérée comme étant de la
juridiction du conseil. En fait, l'article 9 prévoit que c'est de la
juridiction du gouvernement, mais à la demande, sur proposition du
conseil, si vous voulez, quant au poste à créer et, après
consultation du conseil, quant à la personne à nommer. On peut
s'entendre là-dessus, là.
M. Bourbeau: C'est exact. Oui, ça va.
Mme Harel: Mais ça reste une prérogative du
gouvernement.
M. Bourbeau: Disons que c'est le fruit, là, de... Cette
formulation-là...
Mme Harel: C'est une belle formulation, ça.
M. Bourbeau: ...a pris compte de toutes les propositions qui ont
été faites, puis c'est l'arbitrage qui en a été
fait.
Le Président (M. Philibert): Alors, voyant
l'Opposition...
Mme Harel: Je ne sais pas pourquoi le Conseil du patronat du
Québec disait que le pouvoir d'intervention du ministre auprès de
la Société concernant la nomination des vice-présidents
est trop grand. Alors, son pouvoir...
M. Bourbeau: Bien, parce que le Conseil du patronat, aussi,
aurait voulu que le conseil d'administration nomme tous les
vice-présidents.
Mme Harel: Les vice-présidents. M. Bourbeau: C'est
la même chose.
Mme Harel: là, de toute façon, le conseil
d'administration, pour qu'il y ait des vice-présidents, doit proposer
qu'il y ait des fonctions de vice-présidents...
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: ...et soit consulté sur les personnes qui sont
nommées par le gouvernement. Ce qui n'est même pas le cas, je
pense, actuellement à la CSST ou dans les organismes.
M. Bourbeau: Mais c'est plus que ça, le conseil peut aussi
proposer des candidatures.
Mme Harel: Aussi. M. Bourbeau: Aussi. Mme Harel:
Oui. M. Bourbeau: C'est ça. Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: C'est un bon point en faveur du gouvernement
ici.
Mme Harel: Oui, c'est un bon point, je...
M. Bourbeau: II a cédé.
Mme Harel: En faveur du ministre.
M. Bourbeau: En faveur du ministre, oui.
Mme Harel: Peut-être que le gouvernement ne s'en est
même pas rendu compte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Le gouvernement s'en est rendu compte, soyez sans
crainte.
Mme Harel: Le ministre n'avait pas l'air de s'en rendre compte
lui-même.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le ministre... Mme Harel:
Est fatigué?
M. Bourbeau: Non, mais vous m'avez mis dans la tête des
projets auxquels je pourrais peut-être céder si vous ne passez pas
à l'article 10 bientôt.
Mme Harel: Alors, c'est adopté.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Philibert): Adopté. L'article 9
est adopté. J'appelle l'article 10.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président et
député de Trois-RMères, fixe la durée maximale du
terme pour lequel peuvent être nommés les vice-présidents
de la Société. Il prévoit en outre que ces personnes
continuent d'exercer leurs fonctions à l'expiration de leur mandat et,
implicitement, que leur mandat peut être renou-
vêlé. De plus, il précise que les
vice-présidents de la Société exercent leurs fonctions
à temps plein et qu'ils ne font pas partie du conseil d'administration
de la Société.
Mme Harel: Quand vous dites, M. le ministre, que c'est d'au plus
cinq ans, c'est donc un terme qui ne peut pas dépasser cinq ans, leur
mandat ne peut pas être renouvelé. C'est ça qu'il faut
comprendre?
M. Bourbeau: Non, il peut être renouvelé. Mme
Harel: Ah! il peut être renouvelé.
M. Bourbeau: Oui, oui, c'est indiqué, «ou
nommés de nouveau». C'est marqué dans l'article.
Mme Harel: Ah oui! Excusez-moi.
M. Bourbeau: Je pourrais peut-être ajouter qu'il est
d'usage, dans les récentes lois constitutives d'organismes
gouvernementaux, de prévoir que les membres d'un conseil
d'administration soient nommés pour une période maximale de trois
ans - je parle de membres du conseil, là - à l'exception du
président de l'organisme dont le terme peut aller jusqu'à cinq
ans. De plus, ces lois précisent toujours que les membres du conseil
d'administration demeurent en fonction à l'expiration Ho leur mandat
tant qu'ils ne sont pas remplacés. Ça, c'est pour les membres des
conseils d'administration. Et je dirais que, pour ce qui est des
vice-présidents d'organismes, il y a aussi une certaine jurisprudence
qui s'est établie depuis quelques années fixant les termes au
plus, au maximum à cinq ans, mais renouvelables.
Mme Harel: Est-ce que vous envisagez qu'il soit possible que ces
nominations-là cumulent, par exemple, un poste dans la fonction
publique?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le personnel de la
Société ne sera pas membre de la fonction publique, mais ceux qui
le sont déjà pourront conserver leurs droits acquis. Ils pourront
conserver leurs droits acquis indéfiniment.
Mme Harel: On reviendra, je pense, à l'article 11, hein?
sur la Loi sur la fonction publique? Adopté.
Le Président (M. Philibert): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 11.
M. Bourbeau: Les dispositions prévoient que la
Société établit elle-même les conditions de
nomination de ses employés, son plan d'effectifs ainsi que les
conditions de travail de ses employés. Les conditions de travail des
employés de la Société, qui comprennent les normes et les
barèmes de leur rémunération, devront être
approuvées par le gouvernement. Il découle de cet article que le
personnel de la Société ne sera pas assujetti à la Loi sur
la fonction publique.
Mme Harel: Alors, c'est donc là l'article qui nous permet
de faire le débat qu'on reportait sur la question de la Loi sur la
fonction publique qui liera ou pas les employés de la nouvelle
Société. Alors, vous vous rappelez qu'au moment où on a
fait l'examen de l'article 2 - c'est ça - votre conseiller nous a dit
que c'était à l'article 11. N'est-ce pas? Vous avez dû
recevoir comme moi, cette semaine, une lettre du président du Syndicat
de professionnels du gouvernement du Québec.
M. Bourbeau: Je voudrais dire à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve qu'en commission parlementaire seulement 2
intervenants sur 80 se sont opposés au non-assujettissement du personnel
de la Société à la Loi sur la fonction publique,
c'est-à-dire le Syndicat de professionnelles et professionnels du
gouvernement du Québec et le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. Alors, en vertu de la tradition que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a instaurée depuis le début de la
commission, elle devrait, en conséquence, ne pas insister pour
assujettir, puisque 78 sur 80 ne l'ont pas demandé. Donc, ce n'est pas
un élément rentable.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Effectivement, ce sont là les
syndicats visés, en fait, malgré que d'autres mémoires
mentionnaient cette question-là, notamment les mémoires de la FTQ
et de la CSN, étant donné qu'elles détiennent des
accréditations pour représenter des unités dans les
commissions de formation professionnelle.
Ceci dit, à l'article 11, au premier paragraphe, on lit:
«Les employés de la Société sont nommés de la
manière qu'elle prévoit par règlement et selon le plan
d'effectifs qu'elle établit.» Alors, la manière qu'elle
prévoit par règlement, il n'y a pas de convention collective? (22
h 20)
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
n'a pas d'objection, comme on va parler de choses techniques, on va demander
à Me Crevier de répondre, c'est un expert en la matière,
et sûrement qu'il peut le faire mieux que moi.
Le Président (M. Philibert): Maître, allez-y.
M. Crevier (Luc): Oui, if s'agit, en fait, du processus de
nomination, de la façon de nommer le personnel. Les dispositions
relatives aux conventions collectives, il n'y en a peut-être pas de
précises, mais il est évident que ces gens-là sont
assujettis au Code du travail et qu'ils peuvent donc négocier
collectivement des conditions de travail.
Mme Harel: Dans la mesure où, dans le
projet de loi, les sociétés régionales ne sont pas
des corporations au sens du Code civil, c'est donc dire que les employés
des sociétés régionales, de la Gaspésie ou de
l'Abitibi, ne seront pas, donc, des salariés de leur
société régionale, mais vont se trouver à
être des salariés de la société mère. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Crevier: Oui, exactement. Oui. Mme Harel: C'est ce que
vous proposez. M. Bourbeau: Effectivement.
Mme Harel: Et ça veut donc dire qu'il y aurait une seule
accréditation.
M. Crevier: C'est-à-dire qu'en ce qui concerne
l'accréditation c'est évidemment le commissaire-enquêteur
qui va en décider ultime-ment, alors il est possible qu'il y ait plus
qu'une unité, sauf qu'il y aura, effectivement, un seul employeur. Mais
il peut y avoir des unités: professionnels ou personnel de soutien,
etc.
Mme Harel: Oui, je veux bien croire, mais vous envisagez donc...
Habituellement, les accréditations sont émises en fonction,
finalement, des employeurs. Alors, il n'y aura qu'un seul employeur et,
éventuellement, il pourrait n'y avoir qu'une seule accréditation,
par exemple, des conseillers. Vous le dites vous-même, là...
M. Crevier: Oui.
Mme Harel: ...par catégorie d'emploi. C'est donc dire
qu'il pourrait y avoir, par exemple, une convention avec... Le recrutement se
ferait comment, à ce moment-là?
M. Crevier: Bien, pour la nomination, c'est la
Société qui peut recruter, suivant les règles qu'elle va
se donner. Elle peut, évidemment, déléguer ce
pouvoir-là aux sociétés régionales. Pour ce qui est
des unités d'accréditation, là, c'est une autre loi qui
vient jouer, le Code du travail, où il y a des règles
précises. Effectivement, dans ce cas-là, il y aurait un seul
employeur, donc ça peut, évidemment, influer sur la
détermination des unités.
Mme Harel: Mais que deviennent les employés
déjà assujettis à la Loi sur la fonction publique, ceux,
par exemple, qui sont membres du SPGQ ou encore ceux qui sont membres du
Syndicat des fonctionnaires du gouvernement du Québec?
M. Crevier: Disons qu'en ce qui concerne les droits individuels
ils vont être prévus plus loin dans les dispositions transitoires
pour les salariés qui vont être concernés. Pour ce qui est
des droits collectifs ou du syndicat, ils sont également
préservés dans les dispositions transitoires. Donc, au
départ, la convention collective et l'accréditation des deux
syndicats concernés, professionnels et fonctionnaires, ça va
être toujours valable et ça va lier la Société.
Maintenant, par la suite, il est possible qu'il y ait un
réaménagement de tout ça, et ça se ferait suivant
les règles du droit commun, le Code du travail. Donc, c'est possiblement
le commissaire du travail qui déciderait qu'il y aurait un nombre
d'unités d'accréditation moindre. Mais, au départ...
Mme Harel: C'est quels articles de transition, ça?
M. Crevier: II y en a plusieurs. Mme Harel: 82?
M. Crevier: II y a 82; 82, c'est en ce qui concerne des droits
individuels. À 83, là, on touche davantage les droits du syndicat
ou de l'association de salariés. C'est la même chose à 84
et à 85, c'est des droits individuels. Si on parle de droits collectifs
pour les syndicats de la fonction publique, c'est 91. Alors, à 91, le
premier alinéa assure le transfert de l'accréditation, tandis que
le troisième alinéa assure le transfert de la convention
collective.
Mme Harel: Alors, ces dispositions transitoires, elles sont
introduites du fait que le gouvernement a choisi, à l'article 11, de ne
pas assujettir la Société à la Loi sur la fonction
publique. C'est ça qu'il faut comprendre. Elles ne seront pas
nécessaires, ces dispositions transitoires, à ce
moment-là, si... Je sais que dans la mesure où un organisme ou
une société est assujettie à la Loi sur la fonction
publique, à ce moment-ià, le dispositif d'accréditation
syndicale en vertu du Code du travail tombe parce que c'est la Loi sur la
fonction publique qui détermine, je pense, l'accréditation. C'est
ça?
M. Crevier: C'est vrai. Il existe des particularités dans
la Loi sur la fonction publique qui font que ce n'est pas l'ensemble des
règles du Code du travail qui va s'appliquer. En particulier, il est
prévu que les unités de négociation se découpent
suivant certains critères: professionnels, fonctionnaires, etc.
Mme Harel: Dans la Loi sur la fonction publique.
M. Crevier: Dans la Loi sur la fonction publique. Donc,
effectivement, il y a peut-être...
Mme Harel: Mais est-ce que la Loi sur la fonction publique ne
prévoit pas également la possibilité qu'il puisse y avoir
une délégation du recrutement par l'Office de recrutement, et
est-
ce que la Loi sur la fonction publique ne prévoit pas aussi qu'il
peut y avoir une accréditation au sens du Code du travail pour certaines
unités?
M. Bourbeau: De toute façon, elle ne s'applique pas, M. le
Président, la Loi sur la fonction publique. Alors...
M. Crevier: Juste pour préciser, peut-être. Il y a
deux choses là-dedans. Le processus de nomination, effectivement, la Loi
sur la fonction publique prévoit, je dirais, de a à z, un
processus de nomination. Donc, dans ce sens-là, c'est certain
qu'à l'article 11 on précise que les employés sont
nommés de la manière que la Société prévoit.
Et si on appliquait la Loi sur la fonction publique, évidemment,
là les règles seraient déjà faites et ce serait
l'ensemble des règles qui s'appliquerait à la
Société.
En ce qui concerne les accréditations, c'est assez
différent. En fait, c'est seulement une partie des règles du Code
du travail qui ne s'applique pas dans la fonction publique. Pour le reste,
ça s'applique quand même.
Mme Harel: en fait, la question de fond que je voudrais poser au
ministre, c'est: pourquoi avoir écarté l'application de la loi
sur la fonction publique?
Une voix: C'est la mode.
Mme Harel: C'est la mode, oui. À part la mode,
là... Effectivement, c'est la mode.
M. Bourbeau: Je dirais que c'est un voeu un peu universel qu'on a
constaté. À la Conférence permanente, par exemple, sur la
main-d'oeuvre, c'était, à ma connaissance, unanime. La CSN l'a
spécifiquement demandé dans son mémoire. D'ailleurs, la
députée a certainement lu le mémoire de la CSN; elle le
cite à profusion pour tous les autres articles. Alors, c'est bon pour
celui-là aussi. Et vraiment, sur les 80 organismes, il n'y en a que 2
qui se sont opposés à ça. On estime
généralement que la fonction publique a déjà ses
tentacules, je pense, assez bien établies un peu partout dans les
ministères, un peu partout, sans avoir besoin de l'étendre
davantage.
Mme Harel: Mais c'est une mode, effectivement,
présentement.
Une voix:...
Mme Harel: Absolument. Oui. Ça peut dépendre, dans
une certaine mesure, peut-être, du durcissement ou de la crispation que
les syndicats représentant les fonctionnaires ou les professionnels ont
pu témoigner à l'égard de certaines considérations
régionales dans l'embauche ou dans les nominations, et il faudrait qu'il
y ait une sorte d'assouplissement pour qu'il y ait.... Parce que,
effectivement, c'est incroyable que, 30 ans après cette
révolution qui a bouleversé le mode de nomination,
d'embauché, de recrutement du personnel, qui a assuré une
impartialité dans les normes d'embauché, c'est incroyable que ce
soit considéré comme étant un frein à une gestion
ordonnée et souhaitable, en fait, du personnel et des ressources
humaines. Je ne sais pas. Ça m'a l'air d'être une tendance
très, très, très forte à écarter. La Loi sur
la fonction publique était considérée pourtant, dans les
années soixante, comme étant celle qui mettait à l'abri
des pressions politiques, qui mettait à l'abri de la partialité
dans les nominations. (22 h 30)
M. Bourbeau: Oui, mais il y a une autre tendance, M. le
Président. On a tendance à penser que la sacro-sainte
sécurité d'emploi tous azimuts qui est accordée à
la fonction publique, aujourd'hui, est de plus en plus contestée, si je
peux dire, dans la population, étant donné qu'il y a très
peu de personnes maintenant qui ont cette possibilité d'avoir la
sécurité d'emploi absolue, mur à mur, et peut-être
que plusieurs considèrent qu'il n'y a pas lieu d'étendre ce
privilège, qui est un privilège assez extraordinaire, à
plus de personnes qu'il y en a présentement. Si on devait assujettir les
employés de la Société à la fonction publique,
ça veut dire que tous les employés des CFP...
Mme Harel: Excusez-moi, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...tous les employés des CFP, par exemple,
qui, présentement, n'ont pas ce privilège, l'obtiendraient d'un
seul coup, ce qui ferait entrer dans la fonction publique 700 à 800
personnes de plus.
Bref, est-ce que la députée serait disposée
à proposer un amendement à cet effet-là? Oui? Ah!
ça m'étonne. Ça m'étonne. Mais, M. le
Président, si elle veut le faire, je lui dis tout de suite que je n'ai
pas l'autorisation pour y consentir. Mais on peut faire l'exercice, pour la
beauté du geste.
Mme Harel: Quand le ministre parle de sécurité
d'emploi, dois-je comprendre que les employés des CFP n'ont pas de
sécurité d'emploi, les employés régis par les
conventions collectives des unités d'accréditation existantes
à la CSN ou à la FTQ, ou au SPGQ, parce qu'ils sont trois
à se partager les unités d'accréditation des commissions
de formation professionnelle en région?
(Consultation)
M. Bourbeau: Bon. Où est-ce qu'on en est?
Mme Harel: La sécurité d'emploi pour les
employés des commissions de formation professionnelle. Est-ce que je
comprends, de l'interven-
tion que le ministre a faite, qu'il n'y aurait pas de
sécurité d'emploi pour les employés de la
société, si tant est que l'article 11 était
adopté?
M. Crevier: Oui, si je peux me permettre. Effectivement, il
existe un régime de sécurité d'emploi dans les conventions
collectives conclues dans les CFP, sauf que, évidemment, ce n'est pas la
même que dans la fonction publique. Il y a plusieurs modalités qui
existent; c'est, d'ailleurs, assez élaboré dans les conventions
collectives qui s'appliquent aux CFP. Mais ce n'est pas la même que dans
la fonction publique.
Mme Harel: Parce que ce n'est pas la même convention.
M. Crevier: C'est-à-dire que, dans la fonction publique,
c'est une loi qui prévoit cette sécurité d'emploi
là, tandis que, dans les conventions collectives des CFP, c'est
davantage sur le modèle d'autres entreprises. Mais c'est une
sécurité d'emploi qui est quand même assez importante.
M. Bourbeau: Je présume qu'elle ne subsiste que dans la
mesure où les CFP ont des crédits à leur disposition. Si
les CFP n'avaient pas de crédits disponibles, elles ne pourraient pas
continuer à assurer la sécurité d'emploi, et il n'y aurait
pas de recours contre le fonds consolidé, je présume.
Mme Harel: Comment le ministre pense-t-il pouvoir intégrer
les fonctionnaires fédéraux si ce qui leur est offert...
M. Bourbeau:... tout doucement. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Un par un? Un par un, si je comprends bien, ou une par
une? Non, mais, plus sérieusement, quel est le volume
d'intégration dont il s'agit?
M. Bourbeau: Écoutez, présentement, on estime qu'il
y a au Québec, je crois, environ 6000 fonctionnaires
fédéraux qui oeuvrent dans le domaine de la main-d'oeuvre et de
l'assurance-chômage. Je sais qu'un bon nombre, un certain nombre de ces
employés-là devraient, au cours des cinq prochaines
années, atteindre l'âge de la retraite ou de la
préretraite.
Mme Harel: Combien?
M. Bourbeau: Je n'ai pas le chiffre exact, mais je crois que
ça peut tourner autour de 1500 ou 2000, à ce qu'on m'a dit,
à ce qu'on nous a dit. Et, dans ce sens-là, on ne fait que
spéculer, là. Les négociations à venir diront ce
qui en est, mais on pourrait très bien concevoir que la
Société pourrait prendre, dans ses effectifs, tous les
fonctionnaires fédéraux, quitte à ce que, par attrition,
au cours des quelques prochaines années, on puisse réduire
sensiblement le nombre des effectifs de la Société. Alors, les
chiffres les plus précis qu'on a sont au 31 août 1991. Il y aurait
au Québec, présentement, affectés à la
main-d'oeuvre seulement, 2618, 67 employés...
Mme Harel: 2618?
M. Bourbeau: Et deux tiers.
Mme Harel: D'accord. J'avais 2500.
M. Bourbeau: Je ne sais pas de quelle partie il s'agit
là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Vous avez bien dit à la formation de la
main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Oui... Non, à la main-d'oeuvre. Mme Harel:
À la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Pas à la formation, à la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: D'accord, à la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Ça, c'est le total pour ce qu'on appelle la
région Québec, y compris les directions centrales. Dans
l'assurance-chômage, secteur assurance-chômage, il y avait 3506,
88, quatre-vingt-huit centièmes d'un employé. Pour un grand total
de 6125, 56 employés...
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, parfois, la
réalité dépasse la fiction.
Mme Harel: Quand vous parlez des employés à
l'assurance-chômage, 3506, ça comprend les employés qui
dispensent les mesures actives comme les mesures passives?
M. Bourbeau: Non, ça, je crois que c'est uniquement les
employés qui sont affectés à la distribution des
chèques à l'assurance-chômage.
Mme Harel: Donc, comme tel, là, ce qu'on peut appeler
main-d'oeuvre, c'est 2618 personnes.
M. Bourbeau:, 67; 2619 pratiquement
Mme Harel: Ça, c'est comme 2, 4 enfants par femme.
M. Bourbeau: C'est ça, exactement.
Mme Harel: De ce nombre, on m'a indiqué qu'il y en avait
environ 700 qui s'occupaient de formation et que les autres étaient
affectés à ce qu'on appelle le service à l'emploi.
M. Bourbeau: Vous tenez ça de paroles verbales ou si vous
avez des écrits? On n'a pas de documents...
Mme Harel: Je tiens ça du syndicat de l'Alliance de la
fonction publique.
M. Bourbeau: C'est des chiffres que nous, en n'a pas. Mais c'est
tout à fait plausible.
Mme Harel: Alors, dans le projet de rapatriement, je faisais part
au ministre, aujourd'hui même, de la dernière proposition,
l'ébauche de la dernière, dernière proposition, dans
laquelle on retrouve, finalement, la disposition que je lui proposais et qu'il
a finalement battue hier en commission, à savoir modifier l'article 92,
paragraphe 1, de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, pour confier
la compétence exclusive de la main-d'oeuvre aux provinces. Mais il est
dit également que l'article 91, je ne sais plus quel paragraphe qui
porte sur l'assurance-chôma-ge, lui, ne serait pas modifié, et
ça consacrerait la compétence exclusive du fédéral
à l'égard de l'assurance-chômage. Je le dis de
mémoire, mais je pense que le ministre en convient aussi. Cette
dernière, dernière proposition parlait d'une entente
administrative en matière d'assurance-chômage et spécifiait
bien, cependant, que toutes les provinces allaient avoir le même sort
dans la mesure où elles voulaient obtenir... signer une telle entente,
et que, par ailleurs, il y aurait une disposition constitutionnelle qui ferait
en sorte que tous les programmes de perfectionnement soient compatibles avec
les objectifs nationaux. (22 h 40)
En lisant cette proposition, je me suis demandé si, finalement,
le ministre allait être déprimé ce soir. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je suis déprimé, M. le
Président, parce que je trouve qu'on n'avance pas vite dans le projet de
loi...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...11 articles après 5 heures. Pour ce qui
est du dossier constitutionnel, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, d'abord, si je comprends bien, vient de faire
état de l'ébauche dont on a parlé à la
période des questions aujourd'hui. Moi, je regarde ça dans une
perspective évolutive. Il y a huit mois, les propositions du
gouvernement fédéral, en septembre dernier, parlaient de
transférer aux provinces la formation de la main-d'oeuvre, point final
à la ligne. Donc, c'était pratiquement le statu quo, un peu,
à peine amélioré. Un peu après, on a vu le rapport
Beaudoin-Dobbie qui est allé un petit peu plus loin, mais pas beaucoup.
Maintenant, on semble prendre pour acquis que non seulement la formation de la
main-d'oeuvre pourrait faire l'objet de, je n'ose pas dire un transfert, mais
plutôt d'un abandon de la part du gouvernement fédéral.
Mais là on commence à parler de main-d'oeuvre au complet, ce qui
va beaucoup plus loin qu'uniquement la formation.
Certainement sous l'influence des demandes du Québec, on commence
aussi à ouvrir un peu sur le chômage. On en parle, puis on laisse
entendre que, possiblement, il pourrait y avoir des transferts aux provinces,
une partie des fonds d'assurance-chômage. Donc, il semble que les
demandes du Québec pénètrent de plus en plus ces milieux
qui, autrefois, étaient absolument imperméables. Les discussions,
comme vous savez, les négociations n'ont même pas commencé
encore. Le Québec ne négocie pas. Alors, moi, je me dis...
Mme Harel: Je pense que c'est terminé, par exemple, si
vous voulez mon avis. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Moi, je me dis que tous les espoirs sont permis. On
est partis d'une situation où...
Mme Harel: Vous êtes mieux de vous dépêcher,
parce que j'ai peur que vous ne commenciez pas ce qui va se terminer.
M. Bourbeau: On est partis d'une situation où le
fédéral ne ferait pratiquement rien et, maintenant, il semble, il
est en train d'offrir chaque semaine un peu plus, de plus en plus. Alors, moi,
je me dis: Ne nous décourageons pas; il ne faut pas être
pessimistes; le temps a fait son oeuvre. Et il semble que le temps joue en
faveur du Québec, parce que, à chaque mois, à chaque
semaine qui passe, les offres semblent s'améliorer.
Mme Harel: Écoutez, si vous le prenez comme ça,
tant mieux. Il y a le ministre de la Justice, ou des Affaires
intergouvernementales, qui le prend bien, lui aussi. Je ne sais pas si vous
avez lu sa remarque à la radio. Vous avez entendu, peut-être? Non?
Il faisait état de son fils Nicolas, parce qu'il disait à son
fils que les bons danseurs se voient à la fin des soirées.
Effectivement, d'ailleurs, à la fin des soirées, quand vous ne
vous faites pas piler sur les pieds, vous en concluez que c'est un bon danseur.
Et son fils lui avait dit que ça allait être «rock and
roll», n'est-ce pas? Le fils du ministre de la Justice est à son
égard ce que la grand-mère de Mme Payette était à
la sienne.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on
peut revenir à nos moutons? Mme Harel: Oui. Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Harel: Comment va se faire l'intégration des
fonctionnaires fédéraux? Par exemple, parlons d'un
scénario, mettons, probable, qui soit celui du transfert de la
compétence en formation de la main-d'oeuvre - c'est déjà
là, dans l'ébauche en tout cas, c'est déjà acquis -
puis comme étant une sphère de compétence provinciale
exclusive. Ça, ça veut dire à peu près 700, me
dit-on, des 2500. On m'avait dit 2500, vous me dites 2618; alors, ça
doit tourner...
M. Bourbeau: 56.
Mme Harel: C'est un ordre de grandeur. Donc, ça doit
être autour de 700, 750 qui s'occupent de formation de la main-d'oeuvre.
Évidemment, le ministre sait, et je ne veux pas revenir
là-dessus, que les sources de financement vont être de plus en
plus l'assurance-chômage, de moins en moins la fiscalité, et qu'on
peut se faire passer un cadeau de Grec en se faisant passer une
compétence exclusive pour laquelle il y a de moins en moins d'argent qui
est transféré. Parce que, finalement, c'est là où
l'argent est que le fédéral va rester. Mais enfin! C'est un
débat qu'on reprendra un autre matin plus de bonne heure. Mais, pour
tout de suite, en ce qui concerne les employés comme tels... Parce que
eux, finalement, ce que vous leur offrez par règlement, c'est d'arriver
un par un seulement. C'est ça?
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'il y a des
précédents, M. le Président. Ce n'est pas la
première fois que le fédéral tranfère des effectifs
au Québec. On l'a fait à plusieurs reprises.
Mme Harel: À deux reprises.
M. Bourbeau: Lorsque j'étais ministre responsable de
l'Habitation, on avait transféré au Québec tous les
pouvoirs en matière d'habitation sociale, y compris un certain nombre
d'effectifs. Ça s'est fait récemment dans l'immigration,
ça s'est fait avec la TPS. Il y a des précédents et on va
procéder par... Quand les négociations avec le
fédéral seront terminées, on verra comment on va
intégrer ces fonctionnaires-là dans la Société.
Mme Harel: Ce n'était pas le même ordre de grandeur.
Dans le cas de l'immigration, vous pariiez de 60 employés
fédéraux.
M. Bourbeau: Je comprends que, là, c'est...
Mme Harel: Dans le cas de la TPS, vous parliez d'une centaine
à peine. Dans le cas de l'habitation sociale, je ne sais pas de combien
de fonctionnaires il s'agissait.
M. Bourbeau: II n'y en avait pas un très grand nombre.
Mme Harel: Combien?
M. Bourbeau: Une vingtaine, 25.
Mme Harel: Une vingtaine. Ça ne s'est jamais fait dans
l'ordre de grandeur de ce qu'on envisage là.
M. Bourbeau: M. le Président, j'innoverai, nous innoverons
et...
Mme Harel: Oui, je veux bien croire, mais qu'est-ce que vous
allez offrir? Ces gens-là ne seront pas tenus, j'imagine? Parce que
l'entente entre le Conseil du trésor fédéral et le Conseil
du trésor québécois, en ce qui concerne les transferts de
fonctionnaires pour l'immigration, c'était une entente sur une base
volontaire, c'est-à-dire que l'entente prévoyait que le
fonctionnaire était transféré sur une base volontaire.
Mais vous vous imaginez, là, en l'occurrence, quand il s'agit
peut-être de milliers de fonctionnaires!
M. Bourbeau: Je pourrais dire ceci à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, peut-être que ça
lui permettrait de comprendre un peu mieux comment on pourrait procéder.
Je lui dirais que le transfert d'activités et de responsabilités
du gouvernement fédéral impliquera vraisemblablement le transfert
des ressources humaines correspondantes. C'est pourquoi l'article 93 du projet
de loi précise qu'«un accord visé à l'article 23
peut prévoir la cession d'une partie d'unités ou de services
administratifs d'un ministère ou d'un organisme public
fédéral ainsi que les modalités du transfert de certains
employés du gouvernement du Canada affectés à ces services
ou unités au ministère de la Main-d'?uvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle ou à
la Société. Ces modalités peuvent déroger à
la Loi sur la fonction publique, le cas échéant.»
Dans un tel cas, le Conseil du trésor pourra déterminer
les règles, normes et politiques relatives aux conditions de travail
applicables aux employés concernés. L'expérience
récente du transfert de fonctionnaires fédéraux au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, et
plus particulièrement au ministère du Revenu dans le cas de la
TPS, nous permet d'entrevoir le type de statut et les modalités qui
pourraient être appliquées à la Société, le
cas échéant. Ainsi, dans le cas du ministère du Revenu, on
a négocié des ententes particulières, pour le transfert
des ressources humaines, avec le gouvernement fédéral. Chaque
fonctionnaire fédé-
rai a reçu une offre d'emploi au gouvernement du Québec de
la part du ministère du Revenu. À ce moment-ci, 524 des 530
fonctionnaires fédéraux ont accepté l'offre et ils
bénéficieront des mesures suivantes, et il y a certaines mesures
qui ont été... Alors, on voit que c'est quand même assez
important dans le cas du ministère du Revenu; on parle d'au-delà
de 500 fonctionnaires fédéraux.
Je dirais ceci: Les dispositions des conventions collectives et les
mesures prévues dans le projet de loi font en sorte que les
employés transférés jouiront d'une très bonne
protection de leurs droits et statuts. Les employés des CFP pourront
également profiter des avantages que procure l'appartenance à une
organisation d'envergure. En fait, chacune et chacun y gagnent. Le débat
se situera sans doute davantage au niveau des associations de salariés
qui tenteront de prendre le contrôle de la représentation des
employés de la Société. Je vous signalerais que, dans le
cas des employés des CFP, le fait d'avoir une société
unique plutôt que plusieurs petites sociétés va faire en
sorte de favoriser la mobilité de la main-d'oeuvre, beaucoup plus que si
chacun était encarcané dans une petite société
régionale.
Mme Harel: Alors, on va revenir, de toute façon, au moment
où on fera l'examen de l'article 23, sur la question de
l'intégration des fonctionnaires fédéraux, parce que je
pense qu'if va falloir des scénarios qui rassurent. Il y a beaucoup
d'inquiétude, le ministre doit être bien conscient de ça,
pas juste... je ne parle pas des têtes dirigeantes. Il y a beaucoup
d'inquiétude dans le milieu même des gens qui donnent un service
et qui sont des employés fédéraux. Parmi les 6000 que nous
mentionne le ministre, les 6000 qui sont sur le territoire du Québec et
qui se demandent ce qui va leur arriver, j'imagine que le ministre doit en
rencontrer à l'occasion, comme je peux en rencontrer. Puis les
scénarios les inquiètent, d'autant plus que leurs tâches
ont été intégrées, un peu comme pour les CTQ
présentement, le processus de fusion des tâches qui est entrepris
fait qu'il n'y a plus de distinction entre les mesures d'employabilité
puis l'estimation de la prestation. On en a assez discuté pour savoir
que, finalement, cette intégration fait que, dépendamment des
équipes, quelqu'un peut faire un tiers ou deux tiers, trois quarts ou un
quart, dans une journée, de l'une ou l'autre, finalement, des fonctions.
Et c'est le cas, semble-t-il, au niveau fédéral, ce qui fait que
ce n'est pas tranché au couteau comme ça l'est dans
l'ébauche progressive fédérale, ce n'est pas
tranché au couteau entre la formation de la main-d'oeuvre puis les
services à l'emploi. (22 h 50)
Les gens, dans les centres d'emploi et immigration, ils font des deux.
Alors, ça les inquiète, d'autant plus que, si une seule partie du
mandat est transférée, ça veut donc dire: lesquels d'entre
eux vont rester, lesquels vont partir? C'est comme si on était en train
de dissocier des fonctions. En fait, clairement, ça veut dire qu'une
personne qui est sans emploi, qui va à un centre d'emploi et
immigration, elle peut être vue par quelqu'un qui va faire du
«counseling», elle peut être vue par quelqu'un qui va faire
de la référence à l'emploi. Mais cette même
personne-là peut faire aussi de la référence à la
formation professionnelle, elle peut lui conseiller de devenir soit un
étudiant indépendant avec ses prestations ou de participer
à un groupe, etc. Quoi qu'il en soit, si tant est que les propositions
fédérales se trouvaient à être confirmées,
c'est comme si on revenait à l'ancien modèle où,
finalement, une personne devait aller voir un conseiller pour faire du
«counseling» ou du service à l'emploi, un autre pour pouvoir
suivre un cours de formation, etc. Alors, ce n'est pas vu comme un
progrès. Ce n'est pas vu ainsi par les employés qui font le
travail, parce que ça a demandé quand même... Il faut le
comprendre, ce n'est pas des appareils qui sont légers, ça, quand
vous pariez de 6000 personnes. Et c'est Michèle Jean, il faut savoir que
c'est la sous-ministre qui était à Québec, qui est
maintenant à Ottawa, qui a fait effectuer ce virage-là. Puis ce
n'était pas un virage facile à faire d'un appareil de 6000
personnes.
M. Bourbeau: c'est évident, m. le président, que
l'entreprise est inusitée, un bloc de 6000 fonctionnaires qui
transiteraient d'un gouvernement à un autre...
Mme Harel: Non, ce n'est pas tant les 6000... Ça va
être plus facile si c'est les 6000 que s'il y en a juste 2000.
M. Bourbeau: Oui, je comprends très bien ce que dit la
députée, mais...
Mme Harel: Est-ce que vous êtes d'accord avec moi?
M. Bourbeau: ...les demandes du Québec portent sur la
totalité et non pas sur une partie. Présentement, je pense au
stade où on en est dans les discussions qui ont lieu entre les provinces
anglophones et le fédéral; on semble déjà d'accord
pour transférer aux provinces les mesures actives de main-d'oeuvre.
Mme Harel: Toutes les mesures actives? M. Bourbeau: Bien,
enfin...
Mme Harel: C'est votre lecture de la proposition?
M. Bourbeau: Bien oui. Je crois que oui. Il me semble, oui. Pas
la vôtre?
Mme Harel: Je crois que c'est les mesures de formation de la
main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: Mais je crois qu'on en est plus loin que ça
maintenant, d'après ce que j'ai pu comprendre.
Mme Harel: Mais, par ententes administratives, ce dont il est
question, c'est conclure des ententes administratives avec les provinces afin
d'harmoniser et de rationaliser les activités fédérales en
matière d'assurance-chômage et les activités provinciales
dans le domaine de l'emploi. Alors, ce dont il est question, c'est du maintien
des deux, puis d'un accord Canada-Québec de la nature de ceux qu'on
connaît, j'imagine, ou, en fait, même amélioré,
même amélioré. On ne parle pas du tout d'un retrait du
fédéral en ces matières-là.
M. Bourbeau: De toute façon, M. le Président, on
discute sur un projet d'ébauche de discussions auxquelles on ne
participe pas. Moi, je veux bien spéculer indéfiniment, mais la
députée conviendra qu'on ne peut pas aller très loin dans
ces discussions-là. Les vraies discussions, les vraies
négociations restent à faire. Je peux assurer la
députée que, quand les vraies négociations vont commencer,
j'ai l'intention de me tenir très près de la table, très
près de la table, et de tenir informée la députée,
sur une base journalière, du progrès des travaux.
Mme Harel: Même après la clôture de la
session?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, j'aurais un amendement à déposer,
M. le Président, qui se lit ainsi: Remplacer le premier paragraphe par
le suivant: «Les employés de la Société sont
nommés en vertu des dispositions de la Loi sur la fonction publique et
selon le plan d'effectifs qu'elle établit.»
Une voix: Vous remplacez le premier paragraphe?
Mme Harel: Non. On remplace les mots «Les employés
de la Société sont nommés de la manière qu'elle
prévoit par règlement» par «Les employés de la
Société sont nommés en vertu des dispositions de la Loi
sur la fonction publique et selon le plan d'effectifs qu'elle
établit».
M. Bourbeau: Est-ce que M. Nicolet est d'accord avec la
proposition de la députée?
Mme Harel: M. Nicolas?
M. Bourbeau: M. Nicolet. C'est une mesure qui m'apparaît
aller à rencontre de la volonté de décentralisation que
prône la députée.
Mme Harel: J'ai vérifié moi-même, cet
après-midi, et je sais que la Loi sur la fonction publique permet une
délégation de pouvoirs au niveau de l'embauche. Alors,
évidemment, on pourrait le spécifier. Si le ministre m'appuie
à l'amendement que je propose, je veux lui dire que c'est dans l'esprit
de déléguer les pouvoirs au niveau de l'embauche. Il
m'apparaît que cette délégation de pouvoirs existe
présentement, par exemple au niveau de la CSST. On m'a informée
qu'au niveau de la CSST ce n'était pas, je pense, l'Office de
recrutement qui procédait, mais c'était sa propre Direction des
ressources humaines.
M. Bourbeau: Je vais demander à Me Crevier de
préciser.
Le Président (M. Philibert): Me Crevier.
M. Crevier: Oui, juste un point peut-être à
préciser. Effectivement, il existe, en vertu de la Loi sur la fonction
publique, des possibilités de déléguer, par exemple, la
tenue de concours, etc. Sauf que, quant aux règles elles-mêmes,
elles sont fixées dans la loi ou dans la réglementation, et
l'article 11 est à l'effet quand même qu'il permet à la
Société de se donner des règles quant au processus
d'embauché. Alors, il y a quelque chose là qui est
différent quand même, qui dépasse le cadre d'une
délégation en vertu de la Loi sur la fonction publique.
Mme Harel: Mais l'un n'empêche pas l'autre. C'est ça
que je comprends, de ce que vous dites?
M. Crevier: C'est-à-dire que, dans la mesure où on
dirait, à l'article 11, que la Loi sur la fonction publique s'applique,
il y a, dès lors, une série de règles qui vont s'appliquer
immédiatement. Les délégations dont on parle, c'est
uniquement dans les modalités de tenue de concours, par exemple, ou des
éléments semblables.
M. Bourbeau: De sorte qu'il m'apparaît que cette
proposition-là limite l'autonomie des régions sur ce
point-là.
Mme Harel: Remarquez que les régions n'ont, en vertu de la
proposition que vous faites, aucune autonomie. D'abord, elles n'existent pas,
elles n'ont pas de statut de corporation, elles ne sont pas employeurs et elles
n'ont pas de salariés. C'est la société mère qui
détient le statut de corporation au sens du Code civil, qui est l'unique
employeur.
M. Bourbeau: Disons qu'alors ça limite... En tout cas,
certainement que ça limite l'autonomie de la Société, en
tout cas, par rapport...
Mme Harel: Oui, ça, c'est autre chose.
Alors, qu'est-ce qu'on peut mettre dans la balance? D'un
côté, l'autonomie de la Société, mais, de l'autre
côté, je crois que ça oblige à un débat
public qui n'a pas eu lieu finalement, au moment où on a
procédé à l'examen, en commission parlementaire, de cette
question, parce qu'il y en avait tant d'autres que celle-là, finalement,
n'a pas fait surface, elle a été vraiment mise de
côté. Mais il y aurait lieu, au moment où vous vous
apprêtez à créer un appareil considérable-Moi, je
fais l'amendement pour permettre que le débat ait lieu, pour la bonne
raison qu'à Montréal, ce débat n'ayant jamais eu lieu dans
le passé, maintenant on se retrouve avec une série de
sociétés paramunicipales qui se sont multipliées au fil
des années, de la précédente administration puis de
l'actuelle administration. Et je peux vous dire que, quand on regarde à
rebours, on se demande si c'était la voie dans laquelle il fallait
s'engager. (23 heures)
Ce qui peut avoir l'air au départ de solutionner l'absence de
souplesse, parce qu'on peut reconnaître qu'il y a un manque de souplesse
dans une loi de la fonction publique qui n'a pas été vraiment
rafraîchie ou renouvelée depuis 30 ans... Cependant, plutôt
que d'y remédier en faisant au fur et à mesure que c'est
nécessaire, compte tenu de l'évolution de la
société, les changements qu'il faut pour que la loi de la
fonction publique évolue aussi, on préfère agir à
côté. Je crains que, finalement, tout ça se fasse avec des
bonnes intentions, je n'en doute pas du tout, notamment avec aussi - il ne faut
pas quand même craindre d'en parler - l'intention des centrales
syndicales de représenter des membres auxquels la loi de la fonction
publique ne donne pas accès présentement, mais dans la mesure
où l'accréditation est détenue par des syndicats qui ne
sont pas affiliés. Alors, il y a des intérêts de tous
bords, tous côtés là-dedans. Il n'y en a pas simplement du
côté de ceux qui sont déjà dans la fonction
publique.
Mais, quoi qu'il en soit, je constate, en tout cas, pour
m'intéresser à ce qui se passe à Montréal, que
ça n'a pas donné à Montréal les résultats
que c'était censé donner. C'est censé assouplir, donner
plus d'autonomie, etc. Puis, finalement, on se rend compte que ce n'est
peut-être pas la meilleure façon de gérer du personnel ou
des ressources humaines que de multiplier les conventions collectives,
multiplier les disparités et, dans la mesure où des postes
s'ouvrent là où, finalement, c'est plus payant, les gens vont
quitter les fonctions qu'ils occupent. Ce que je crains, finalement, c'est que
la fonction publique se ratatine, là, et que les protections qu'on avait
introduites dans les années soixante finissent par ne
bénéficier qu'à un nombre de plus en plus restreint de
personnes.
Je crois qu'en général les réformes qui
réussissent finissent par faire oublier les causes qui les ont
produites. La réforme de la fonction publique a réussi. Elle a
tellement réussi qu'elle a réussi à nous faire oublier
pourquoi elle avait été faite parce qu'elle a fondamentalement
été faite pour mettre fin à une partialité qui
était devenue totalement scandaleuse, etc., mais il n'est pas impossible
qu'on revienne à ce régime si on n'y fait pas attention.
Le Président (M. Philibert): Est-ce que vous êtes en
train de discuter sur le fond de l'amendement?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Philibert): Parce que, pour le bon
fonctionnement de la commission, votre amendement...
M. Bourbeau: L'amendement est irrecevable.
Le Président (M. Philibert): Vous vous êtes mise
à faire du coq-à-l'âne, et l'amendement, tel que
présenté, je pense qu'il n'est pas nécessairement facile
à saisir.
M. Bourbeau: Le débat a été fait, M. le
Président. Alors, on peut le retirer.
Le Président (M. Philibert): II faudrait d'ailleurs, je
pense, par respect pour la commission, rédiger les amendements
préalablement, parce que je ne pense pas que ça traduise votre
pensée ce qu'on retrouve ici. En tout cas, on a de la difficulté
à saisir, là.
M. Bourbeau: Mais comment avez-vous pu saisir la pensée,
M. le Président? Moi, je m'évertue à le faire.
Le Président (M. Philibert): Mais je pense qu'il faudrait
à l'avenir les rédiger.
Mme Harel: Qu'est-ce qui fait problème, M. le
Président?
Le Président (M. Philibert): Pardon?
Mme Harel: Qu'est-ce qui fait problème dans la
rédaction? Expliquez-moi, en droit, là.
Le Président (M. Philibert): non, ce n'est pas, je pense,
la fonction de la présidence de rédiger les amendements ni pour
l'opposition, ni pour le côté ministériel. je pense que
ça devrait être fait préalablement.
M. Bourbeau: M. le Président, de deux choses l'une, pour
ne pas perdre de temps, ou bien on peut suspendre pour permettre à la
députée de rédiger l'amendement, ou bien elle peut
renoncer à son amendement, étant donné que le débat
a déjà été fait.
Mme Harel: Non, M. le Président. Je vois très,
très bien qu'il y a eu une confusion. Ce n'était pas
«ajouter»; c'était «remplacer». C'est
évident. C'a toujours été évident dans mon
esprit.
Le Président (M. Philibert): Mais regardez ce qui
était écrit, nous.
Mme Harel: D'accord. Très bien.
Le Président (M. Philibert): Alors, il faudrait...
Mme Harel: Alors, c'est «remplacer». C'est
évident.
Le Président (M. Philibert): ...lire l'amendement.
Mme Harel: C'est bien ça.
Le Président (M. Philibert): En tenant compte que le temps
écoulé sur cette discussion a été bien
écoule. Alors, l'amendement, c'est: Remplacer, au premier alinéa
de l'article 11 du projet de loi 408, les mots «de la manière
qu'elle prévoit par règlement» par les mots «en vertu
des dispositions de la Loi sur la fonction publique».
Mme Harel: C'est bien ça, bien sûr.
Le Président (M. Philibert): Mais ce n'est pas ça
que vous aviez écrit.
M. Bourbeau: M. le Président, on va comprendre que
c'était une faute d'inattention et on pourrait peut-être passer au
vote, à moins que les députés veuillent prendre un vote
non nominal.
Mme Harel: Non, c'est bien, M. le Président. Un vote
nominal.
Le Président (M. Philibert): Un vote nominal.
Mme Harel: C'est comme un quorum, ça, un vote nominal.
Le Président (M. Philibert): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Pour.
M. Bourbeau: M. le député d'où,
là?
Le Président (M. Philibert): Mme la députée
de Châteauguay?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
Laporte?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président, tout contre.
Le Président (M. Philibert): Alors, l'amendement est
rejeté.
Mme Harel: Faites-vous en pas, parce qu'à deux ils me
battent quand même.
Le Président (M. Philibert): Nous revenons maintenant
à l'article 11.
M. Bourbeau: M. le Président, notre objectif n'est pas de
battre la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Philibert): Nous revenons à
l'article 11.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Philibert): Adopté? Mme Harel: Un
instant, M. le Président. M. Bourbeau: Sur division.
Mme Harel: «Les normes et barèmes de
rémunération ainsi que les autres conditions de travail de ces
employés sont établis par la Société et soumis
à l'approbation du gouvernement.»
C'est donc dire que la Société aura à signer les
conventions collectives de travail. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Crevier: Oui, elle aura, en fonction du Code du travail,
à négocier et à signer les conventions collectives.
Mme Harel: Et donc...
M. Crevier: Et, si je peux me permettre, vous avez, en relation
avec ça, l'article 70, qui prévoit que le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic va être applicable à la Société.
Mme Harel: Ça signifie quoi, ça, M. le
Président?
M. Crevier: C'est une loi qui encadre la négociation, par
exemple, en exigeant que les négociations se fassent avec autorisation
ou des mandats qui proviennent du gouvernement ou du Conseil du trésor,
comme d'autres organismes publics. Mais, quant au fond de la
négociation, ça ne change pas les règles, dans le sens
où il y a une négociation, il y a des conventions collectives de
conclues.
Mme Harel: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir les...
Est-ce qu'il a, par-devers lui, les dispositions qui sont concernées par
l'annexe C de la loi sur les régimes de négociation? En fait, la
question qui m'intéresse, là: Quels sont les organismes analogues
qui sont soumis au même régime?
M. Crevier: On va en avoir la liste. De mémoire, il y
aurait, par exemple, la Commission des droits de la personne.
Mme Harel: D'accord.
M. Crevier: II y avait autrefois...
Mme Harel: Radio-Québec, j'imagine?
M. Crevier: possiblement. il y a aussi les commissions de
formation professionnelle qui l'étaient. il y en a une liste, je pense,
d'une douzaine environ.
Mme Harel: Comme, par exemple, la Commission des services
juridiques?
M. Crevier: Oui, je pense que oui.
Mme Harel: En fait, ce sont là des négociations qui
ont toutes la même caractéristique, c'est qu'elles sont soumises
au Conseil du trésor.
M. Crevier: C'est ça. Si je peux me permettre, il y a
aussi la Commission de la construction du Québec, la Commission des
droits de la personne, les commissions de formation professionnelle, la
Commission des services juridiques. Il y en a même un certain nombre:
HydroQuébec, Société des alcools, Société
des loteries du Québec, etc., Radio-Québec.
Mme Harel: D'accord. Adopté... Sur division.
Le Président (M. Philibert): Adopté sur division.
J'appelle l'article 12. (23 h 10)
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai eu une fausse joie.
Mme Harel: Je vous en ai adopté pas mal, là, ce
soir.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée...
Le Président (M. Philibert): L'article 12.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve se contente de peu. Cette disposition vise à empêcher
que les membres du conseil d'administration ainsi que les employés de la
Société ne se placent en situation de conflit
d'intérêts.
Mme Harel: Le conflit d'intérêts, il est vraiment
décrit comme impliquant une participation dans une entreprise. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Disons que...
Mme Harel: ...qui met en conflit leur intérêt
personnel.
M. Bourbeau: «ne peuvent, sous peine de
déchéance de leur charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise qui met en conflit leur intérêt
personnel et celui de la société.» je pense que les mots
disent bien ce que ça veut dire.
Mme Harel: Ils ne peuvent pas se lancer dans des agences de
formation professionnelle qui offrent des services, des choses comme
ça.
M. Crevier: Là-dedans, il faut évaluer, je pense,
chaque cas et il faut que le conflit soit réel et soit susceptible
d'influencer le jugement de la personne. Alors, là, il faut voir
à chaque cas. Quelqu'un peut avoir un intérêt minime, par
exemple, dans une entreprise, sans qu'on considère qu'il soit en conflit
d'intérêts.
Mme Harel: Quand est-ce qu'on considère qu'il y a conflit
d'intérêts?
M. Crevier: Bien là, c'est difficile, c'est des cas
d'espèce en fait. Ce qui est reproduit là, c'est ce qu'on
retrouve généralement dans les autres lois qui peuvent
créer les organismes. Le critère, en fait, c'est quand il y a un
conflit réel qui est susceptible d'influencer le jugement ou la
décision d'un employé en faveur de ses intérêts
personnels. Ça, c'est à évaluer, là.
Mme Harel: Un intérêt personnel, vous l'entendez
comme un intérêt pécuniaire. Par exemple, un membre du
conseil d'administration... Un exemple purement hypothétique. Par
exemple, le président d'une entreprise, n'est-ce pas? On sait que, si
telle décision est prise en matière, par exemple, de subvention
à tel genre d'entreprise ou si telle décision est prise en
matière de crédit d'impôt pour telle entreprise, il pourra
en bénéficier. Comment allez-vous jauger son intérêt
personnel?
M. Crevier: II faut quand même que l'intérêt
soit suffisamment particularisé, je pense. Si on parie là d'une
norme générale qui est en discussion, il n'est pas certain qu'on
puisse conclure qu'une personne, en particulier, est en conflit
d'intérêts. C'est difficile à établir des
règles. C'est vraiment des cas d'espèce.
Mme Harel: Même si l'entreprise qui l'emploie va
possiblement bénéficier pour, par
exemple, des centaines de milliers de dollars d'un programme qu'elle
aura fait voter, par exemple, par la Société, on ne
considérera pas qu'elle a un conflit d'intérêts. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Crevier: Oui. Par exemple, si le programme en question
s'adresse à toutes les entreprises du Québec, par exemple, je ne
pense pas qu'on puisse y voir là un conflit d'intérêts.
Mme Harel: Alors, par exemple, Hyundai ne pourrait pas
siéger sur le conseil d'administration?
M. Crevier: C'est-à-dire que Hyundai, s'il se produit le
cas d'un contrat à discuter ou à négocier avec
Hyundai...
M. Bourbeau: C'est le premier paragraphe qui s'appliquerait. Le
membre du conseil devrait, à ce moment-là, déclarer son
intérêt...
Mme Harel: O.K.
M. Bourbeau: ...et s'abstenir de participer à toute
délibération et à toute décision portant sur
Hyundai.
Mme Harel: Alors, le premier paragraphe concerne les membres du
conseil d'administration et le deuxième concerne le président,
les vice-présidents et les employés de la
Société.
M. Bourbeau: Exact, exact.
Mme Harel: C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Exact. Les premiers doivent déclarer leur
intérêt; les deuxièmes ne peuvent pas en avoir.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Philibert): Adopté. J'appelle
l'article 13.
Mme Harel: On arrive au...
M. Bourbeau: Cette disposition prévoit l'adoption par la
Société d'un règlement de régie interne.
Le Président (M. Gautrin): Alors, cet article 13?
Mme Harel: ...d'un comité exécutif va être
laissé à l'initiative de la Société. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: C'est exact. Ça fait partie des mesures
d'autonomie que le gouvernement a consenties à la
Société.
Mme Harel: Alors, je crois comprendre... Est-ce que c'est
là une disposition usuelle ou est-ce que c'est encore un effet de la
générosité du ministre?
M. Bourbeau: Moi, je ne connais pas toutes les lois par coeur,
mais, dans certaines lois que je connais, c'est le gouvernement qui nomme le
comité exécutif, mais je présume qu'il y a des lois
où ça peut être ainsi. Le contenu d'un règlement de
régie interne varie plus ou moins d'un organisme gouvernemental à
un autre. Dans plusieurs de ces règlements, on retrouve des dispositions
concernant, entre autres, la localisation du siège social - pas dans le
cas présent parce que c'est la loi qui le détermine - le sceau
corporatif de l'organisme, les séances du conseil d'administration,
fréquence, formalités de convocation, modalités de prise
de décision, quorum, ajournement, procès-verbaux, les fonctions
et pouvoirs du personnel de direction, la constitution des pouvoirs de certains
comités internes - comité exécutif, comité de
vérification - et la signature de certains documents.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. Alors, j'appelle
l'article 14.
M. Bourbeau: M. le Président, allez-y mollo. M. le
Président, vous allez réveiller...
Des voix: Ha, ha, hal
M. Bourbeau: ...les chats qui dorment.
Le Président (M. Gautrin): Je vais réveiller...
Merci, bon.
M. Bourbeau: m. le président, cet article prévoit
quelles signatures peuvent lier la société dans les documents qui
en émanent ou auxquels elle peut être partie. j'ajouterais que
cette clause s'inspire de plusieurs clauses du même type que l'on
retrouve dans des lois constitutives d'organismes gouvernementaux.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. J'appelle
l'article 15.
M. Bourbeau: Cette disposition, M. le Président,
confère un caractère d'authenticité aux
procès-verbaux des séances du conseil d'administration de la
Société ou à tous autres documents de la
Société lorsqu'ils sont certifiés par le président
du conseil ou par une autre personne autorisée par règlement de
régie interne de la Société.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. L'article 16.
L'article 16, mission et pouvoirs.
Mission et pouvoirs
M. Bourbeau: L'article 16, M. le Président, cette
disposition décrit la mission de la Société. Cette mission
consistera essentiellement à mettre en place des services et programmes
visant à promouvoir et à favoriser le développement de la
main-d'oeuvre québécoise, qu'elle soit en emploi ou en
chômage, et ce, dans la perspective de favoriser un meilleur appartement
entre l'offre et la demande de travail.
M. le Président, j'aimerais proposer un amendement à la
commission...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr, bien
sûr.
M. Bourbeau: ...amendement qu'on vous distribue à
l'instant et qui vise à remplacer l'article 16 du projet de loi par le
suivant: «La Société a pour mission de promouvoir et de
soutenir le développement de la main-d'oeuvre et de favoriser
l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur le
marché du travail et de l'emploi au Québec.»
Le Président (M. Gautrin): Bon. Attendez, on va voir s'il
est recevable. Vous remplacez complètement l'article 16 par un autre
article 16.
M. Bourbeau: Oui, et le paragraphe premier de l'article 44 du
projet de loi attribue à un conseil régional, entre autres
fonctions, celle de définir la problématique du marché du
travail et de l'emploi dans sa région. Par souci de cohérence
avec cette disposition, il est proposé d'amender l'article 16 du projet
de loi en y référant spécifiquement non seulement à
la réalité du marché du travail, mais aussi à celle
de l'emploi.
(Consultation)
M. Bourbeau: ...étudié la recevabilité de
l'amendement, M. le Président? (23 h 20)
Le Président (M. Philibert): Alors, l'amendement est
recevable.
M. Bourbeau: II est recevable, M. le Président? Nous
sommes en faveur.
Le Président (M. Philibert): L'amendement est
adopté?
Mme Harel: oui, m. le président. m. le président,
à l'article 44 du projet de loi, on retrouve les fonctions du conseil
régional et on retrouve, au premier alinéa, comme fonction, de
définir la problématique du marché du travail et de
l'emploi sans sa région et, au sixième alinéa, de
favoriser la mise en oeuvre de programmes d'aide à l'emploi ou de
développement local. Donc, on confie plus que l'équilibre entre
l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur le marché du travail et de
l'emploi au Québec. On confie même des programmes d'aide à
l'emploi.
Une voix:...
Mme Harel: 44, sixième alinéa.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: On confie plus au conseil régional qu'on est
prêt à confier à la société mère. La
société mère n'aura donc pas la mission de promouvoir
l'aide à l'emploi. C'est ça qu'il faut comprendre. Bon.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il faut lire
l'article 16 en conjonction avec l'article 17, et peut-être que la
députée de Maisonneuve va trouver réponse à ses
préoccupations en lisant l'article 17.
Mme Harel: Oui, justement.
M. Bourbeau: Surtout dans le deuxième alinéa.
Mme Harel: On reviendra sur l'article 17, parce que c'est
à l'article 17 que, finalement, on peut débattre de l'exclusion
des programmes d'employabilité et d'intégration au marché
du travail. À l'article 16... Bon. Moi, je veux juste demander au
ministre, je vais lui dire bien simplement, là. On avait idée de
proposer un amendement pour ajouter «emploi» de manière
à ce que la mission de la Société soit celle de promouvoir
et de soutenir le développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi.
M. Bourbeau: On avait saisi ça lors de la consultation
publique...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...où la députée s'était
prononcée à maintes reprises là-dessus. Alors, nous sommes
allés...
Mme Harel: Au devant.
M. Bourbeau: ...au devant des désirs de la
députée.
Mme Harel: Mais il me semble...
M. Bourbeau: Je ne nierai pas avoir été
influencé.
Mme Harel: Je ne sais pas si c'est l'heure, mais il me semble que
c'est dit de manière assez ampoulée. Pourquoi? «et de
favoriser l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur
le marché du travail et de l'emploi au Québec.» Il y aurait
un marché du travail différent de l'emploi. Pourquoi deux mots:
sur le marché du travail et de l'emploi? Il y aurait un marché de
l'emploi qui serait différent du marché du travail?
M. Bourbeau: Bien, si c'était parfaitement
équilibré, ce serait le plein emploi, évidemment.
Mme Harel: Bon. Allons-y pour... Laissons de côté
«favoriser l'équilibre entre l'offre et la demande de
main-d'oeuvre». Prenons «sur le marché du travail et de
l'emploi». Là, il y a comme quelque chose de redondant.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la meilleure
personne pour expliquer ces nuances-là, c'est M. Yvon Boudreau, qui est
le directeur du service des politiques et programmes de main-d'oeuvre au
ministère. Peut-être que la députée de Maisonneuve
le connaît.
Mme Harel: M. Nolet...
Le Président (M. Philibert): M. Boudreau.
M. Bourbeau: M. Yvon Boudreau. Pardon?
Mme Harel: M. Nolet n'est plus à la Direction des
politiques?
Une voix: II est à la sécurité du
revenu.
M. Bourbeau: II est à la sécurité du revenu,
oui.
Le Président (M. Philibert) M. Boudreau.
M. Boudreau (Yvon): Merci. Bon, c'est parce que les deux
expressions...
M. Bourbeau: ...le Journal des débats aussi.
M. Boudreau: Les deux expressions ne recherchent pas
nécessairement...
Mme Harel: Ça pourrait être retenu contre lui.
M. Boudreau: Alors, les deux expressions sont couramment
utilisées dans la littérature qui concerne le marché du
travail et les politiques de travail et de main-d'oeuvre. On parle du
marché du travail, qui représente l'ensemble de la
réalité du marché du travail, et on parle aussi du
marché de l'emploi. Si on veut peut-être risquer une distinction
entre les deux, il y a peut-être des activités de travail ou
d'emploi qui ne seraient pas considérées comme des
activités propres du marché du travail, soit parce qu'elles sont
à temps partiel ou pour différentes raisons; en incluant dans le
projet de loi les deux mentions, on pourrait a priori penser que c'est
redondant, mais on est sûr que ça couvre l'ensemble de la
réalité du marché du travail et de l'emploi sous toutes
ses formes.
On estime que c'est plus prudent, si on veut couvrir le champ le plus
large possible, d'utiliser les deux expressions, mais il y a une nuance qui est
subtile.
Mme Harel: est-ce que c'est possible de nous faire la distinction
entre ce que serait le marché du travail et ce que serait le
marché de l'emploi?
M. Boudreau: Ce que je dis, c'est que le marché de
l'emploi couvre vraisemblablement une réalité plus large.
Mme Harel: Laquelle?
M. Boudreau: Celle des emplois...
Mme Harel: Ce n'est pas juste suffisant de le dire. Encore
faut-il le démontrer.
M. Boudreau: O.K. Celle notamment des emplois qui ne sont pas
considérés... comme des emplois plus typiques, des emplois qui
sont plus marginaux, qui ne sont pas des emplois à temps complet,
parfaitement rémunérés. On peut penser, par exemple... ou
à des activités comme des stages. Donc, on élargit
à une notion plus large que celle d'un emploi
rémunéré à temps complet ou à temps...
Mme Harel: Vous voulez dire que le marché de l'emploi,
ça pourrait faire référence à des stages.
M. Boudreau: Pourrait couvrir des activités plus larges
que celles qu'on considère comme étant plus usuelles sur le
marché du travail. C'est une réalité un peu plus
large.
Mme Harel: L'expression «marché de l'emploi»
est plus large que l'expression «marché du travail».
M. Boudreau: À notre avis, oui.
Mme Harel: Pourquoi ne pas choisir l'expression plus large?
M. Boudreau: C'est parce qu'on retrouve les deux expressions dans
la littérature et on ne voudrait pas que l'article soit
interprété de façon restrictive. On dit: On voudrait
couvrir l'éventail des deux réalités que sont le
marché du travail
et le marché de l'emploi, et, comme on veut que le mandat de la
Société soit le plus large possible, on fait
référence aux deux réalités.
Mme Harel: Merci. Alors, abordons l'autre aspect qui est celui de
favoriser l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre.
Qu'est-ce que ce langage élégant veut dire?
M. Bourbeau: Mais je pense que c'est une expression qu'on emploie
déjà, je crois, dans... Ce n'est pas déjà dans la
loi sur les CFP, comme vous dites? Cela avise de tenter, dans la mesure du
possible, de déterminer quels sont, dans chaque région du
Québec, ou à travers le Québec, 3S besoins en
main-d'oeuvre et de faire en sorte que la main-d'oeuvre
québécoise puisse atteindre un degré de compétence
tel qu'elle puisse remplir ces fonctions-là. L'adéquation entre
l'offre et la demande: que tous les emplois qui sont vacants puissent
être remplis et que toute la main-d'oeuvre qui est non employée
puisse l'être. (23 h 30)
Mme Harel: D'accord. Mais, à ce moment-là,
ça veut donc dire que si la demande de main-d'oeuvre, si la demande
de... parce que je comprends que favoriser l'équilibre entre l'offre et
la demande de main-d'oeuvre, c'est simplement combler les pénuries
d'emploi. C'est ça que je comprends.
M. Bourbeau: Et plus que ça, combler les pénuries
d'emploi, oui. C'est-à-dire, vu du point de vue des entreprises, c'est
faire en sorte que les emplois qui ne sont pas comblés puissent
l'être par une main-d'oeuvre qui serait assez qualifiée pour le
faire et, vu du côté des travailleurs, faire en sorte qu'on puisse
générer des emplois nouveaux qui leur permettent de
s'intégrer au marché du travail.
Mme Harel: C'est-à-dire que vous lui donnez une mission de
création d'emplois ou de développement de l'emploi?
M. Bourbeau: Oui, c'est une des missions de la
Société. D'ailleurs, vous avez tantôt cité l'article
44.
Mme Harel: Si vous aviez été au Conseil des
ministres en proposant comme amendement, plutôt que celui que vous
présentez, celui de soutenir le développement de la main-d'oeuvre
et de l'emploi, pensez-vous que ça aurait été
accepté?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que je ne l'aurais pas
proposé, parce que l'objet premier de la Société, c'est
vraiment le développement de la main-d'oeuvre. C'est une
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Ce n'est pas une société de développement
de l'emploi comme tel. C'est un peu accessoire que la Société va,
dans des cas particuliers, stimuler l'emploi dans des régions, surtout
les régions les plus défavorisées. L'article 44 le dit
bien: Un conseil régional a notamment pour mission... Vous remarquerez
que c'est uniquement au paragraphe 6° qu'on en vient à parler de
«favoriser la mise en oeuvre de programmes d'aide à
l'emploi».
Si on en faisait une préoccupation majeure au même titre
que le développement de la main-d'oeuvre, on risquerait de se retrouver
avec une Société qui, finalement, passerait une partie importante
de son temps à financer les programmes occupationnels et non pas de
développement de la main-d'oeuvre.
Mme Harel: Est-ce que le ministre accepterait qu'on suspende cet
article pour que je puisse simplement consulter sur l'expression? Il est
possible qu'elle convienne, mais, comme l'amendement est nouveau, j'aimerais
juste consulter sur cet amendement.
Le Président (M. Philibert): Alors, nous avions...
M. Bourbeau: ...sauf que je voudrais qu'on réalise bien
que notre objectif n'est pas de ne pas faire la promotion de l'emploi, mais
nous ne pensons pas que ce soit une Société dont l'objectif
majeur de faire un développement, une création d'emplois.
Le Président (m.
philibert): nous avions
reçu l'amendement. alors, on suspend l'amendement à l'article 16,
de même que l'article 16. j'appelle l'article 17.
M. Bourbeau: Cette disposition, M. le Président,
prévoit que la Société élaborera, mettra en oeuvre
et gérera des programmes de développement de la main-d'oeuvre qui
seront le principal instrument de réalisation de sa mission. Elle
précise également les différents domaines d'intervention
dans lesquels la Société accomplira sa mission.
Mme Harel: Alors, M. le Président, cet article-là,
vous savez, a donné lieu à de très, très,
très nombreuses représentations. Le ministre a dû recevoir
comme moi des lettres émanant d'organismes les plus divers qui lui
demandent d'amender le projet de loi pour que la Société puisse
mettre en oeuvre et gérer, en collaboration avec les
sociétés régionales, l'ensemble des programmes se situant
dans le cadre des politiques de main-d'oeuvre, étant entendu que cette
responsabilité s'étend également aux programmes
d'employabilité et d'intégration au marché du travail.
Je ne sais pas, moi, je vais vous proposer quelque chose. C'est un beau
débat, M. le Président. Quand même, le ministre le sait.
C'est quand même un débat important. Ça met en
cause... Bien, c'est un choix. C'est un choix qui s'explique, mais c'est
un choix par lequel il y a 225 000 personnes qui vont être
écartées, en tout cas, au départ, de l'application des
programmes de la Société. On peut toujours croire qu'il pourrait
y avoir des ententes. La Société pourra faire des contrats,
éventuellement, avec les centres Travail-Québec ou, en fait,
l'inverse plutôt. Mais est-ce que le ministre ne
préférerait pas qu'on entreprenne cette question-là
à tête reposée, au moment où nous serons frais et
dispos?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas d'objection. On
peut le faire. J'aurais peut-être aimé faire valoir ma position
à la députée. Elle aurait pu...
Mme Harel: Ah, bien oui!
M. Bourbeau: Elle aurait pu y réfléchir...
Mme Harel: Moi, je suis assez en forme pour vous écouter,
mais pas assez pour parler.
M. Bourbeau: Elle aurait pu y réfléchir pendant le
week-end. Peut-être que je pourrais même lui donner copie de mon
texte; je vais lui donner, M. le Président. Elle pourrait
peut-être le relire.
Mme Harel: Ah! J'aimerais entendre vos arguments parce que c'a
quand même été un point fort de tous les travaux de la
commission.
M. Bourbeau: Disons, M. le Président, qu'effectivement
plusieurs organismes qui ont témoigné devant la commission
parlementaire, lors de la consultation publique sur l'énoncé de
politique, qui est le projet de loi, ont proposé ou
réclamé que cette Société prenne également
en charge les mesures de développement de l'em-ployabilité. Je
vous rappelle que l'énoncé de politique prend plutôt
position en faveur du maintien de cette responsabilité dans les centres
Travail-Québec.
Nous proposons que le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle conclue des
ententes de services avec la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre garantissant l'accessibilité
des clients de la sécurité du revenu aux programmes de
main-d'oeuvre administrés par les sociétés
régionales.
A priori, le regoupement, au sein de la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre, de toutes
les activités relatives à la main-d'oeuvre, quel que soit le
statut des personnes concernées, apparaît logique,
séduisant même. Peut-être que la députée s'est
laissé séduire. Après tout, les prestataires de la
sécurité du revenu aptes au travail font partie de la
main-d'oeuvre active. Ils doivent avoir accès aux mêmes services
que les autres personnes qui tentent d'accéder au marché du
travail ou de le reconquérir.
De plus, le gouvernement milite en faveur d'un seul réseau de
main-d'oeuvre, ce qui constitue son argumentation de base pour rapatrier au
Québec l'ensemble des budgets fédéraux dans ce domaine. En
conservant les activités de développement de
l'employabilité dans les centres Travail-Québec, le
ministère ne maintient-il pas deux réseaux de main-d'oeuvre? Mais
l'apparence de simplicité, ce n'est pas nécessairement la
simplicité. Il faut également s'interroger sur la façon la
plus sûre d'offrir les meilleurs services aux clients de la
sécurité du revenu.
Il y a au moins cinq bonnes raisons pour lesquelles la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre ne devrait pas se voir confier la responsabilité des
programmes de développement de l'employabilité à
l'intention des prestataires de la sécurité du revenu. En premier
lieu, le fondement même de la création de cette
Société tient au partenariat entre les associations patronales,
les syndicats et le gouvernement, partenariat qui doit s'exercer dans l'action.
La Société aura déjà relevé un défi
considérable si elle réussit à faire fonctionner ce
partenariat de manière efficace. Or, qui dit partenariat dit mise en
commun des intérêts des parties en présence. Nous n'en
faisons pas un mystère. Même si, au cours des dernières
années, les employeurs et les syndicats ont développé une
sensibilité très vive à l'égard de la lutte au
sous-emploi et à la pauvreté, leurs intérêts
premiers se situent tout de même du côté des personnes en
emploi et de celles qui peuvent accéder assez rapidement au
marché du travail.
Vous savez, M. le Président, qu'une partie non négligeable
de la clientèle de la sécurité du revenu n'a
malheureusement pas atteint ce degré de développement
préparatoire à l'emploi. Si nous demandons à la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre de concevoir des programmes et d'établir des
priorités, elle aura naturellement tendance à se
préoccuper, en premier lieu, des besoins d'adaptation de la
main-d'oeuvre en emploi et des prestataires d'assurance-chômage. Je ne
crois pas faire injure à la conscience sociale de nos partenaires
patronaux et syndicaux en soutenant qu'à leurs yeux, les budgets de
développement de la main-d'oeuvre, à plus forte raison s'ils
proviennent du compte d'assurance-chômage, doivent prioritairement servir
à accroître la capacité d'adaptation de la
main-d'?uvre active à des marchés de travail changeants et
instables.
Dans le contexte d'une société d'État qui
bénéficierait d'une marge de manoeuvre raisonnable, les besoins
spécifiques des prestataires de la sécurité du revenu
risqueraient d'être placés dans un deuxième ordre de
priorités. Bien sûr, le gouvernement peut faire en sorte, j'allais
dire
peut obliger la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre à accorder le même
traitement aux clients de la sécurité du revenu qu'aux autres
personnes qui réclament l'accès aux programmes de
développement de la main-d'oeuvre. Il peut la contraindre par des
normes, par un encadrement réglementaire, par des balises soigneusement
délimitées dans son champ d'action et par une panoplie de moyens
de contrôle. C'est précisément là, M. le
Président, la deuxième raison qui milite en faveur du maintien
des mesures d'employabilité dans les CTQ. (23 h 40)
Nous voulons que la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre ait les coudées franches,
qu'elle ne soit pas enferrée dans un encadrement qui étouffe son
pouvoir d'initiative. En lui confiant la responsabilité d'une partie du
régime de la sécurité du revenu, le gouvernement n'aurait
pas le choix de délimiter de façon très précise et,
par conséquent, très contraignantes les activités de la
Société à l'endroit des prestataires de la
sécurité du revenu. N'oublions pas qu'il s'agit d'un
régime de dernier recours. Le gouvernement ne peut pas
déléguer ce genre de responsabilités sans les encadrer
soigneusement. Si nous avions retenu cette option, nous aurions
accrédité les comparaisons avec la Commission de la santé
et de la sécurité du travail, la CSST, qui, compte tenu des
mandats qui lui sont confiés, est astreinte à un encadrement
réglementaire et normatif très important.
Troisièmement, nous devons aussi éviter de faire faire
certains détours inutiles aux prestataires de la sécurité
du revenu. Ces personnes continueront de toute façon de recevoir du
réseau Travail-Québec l'aide financière dont elles ont
besoin pour subvenir à leurs besoins essentiels. Une fois qu'on leur a
octroyé cette assistance, le ministère étudie avec ces
personnes l'aide et le soutien qui semblent indiqués pour faciliter leur
intégration éventuelle au marché du travail. Des dizaines
de milliers de clients de la sécurité du revenu sont actuellement
référés à des activités de rattrapage
scolaire ou d'alphabétisation. Plus de 60 % des personnes qui
participent à des mesures de développement de
l'employabilité sont engagées dans des activités de
rattrapage scolaire.
Évidemment, les centres Travail-Québec les
réfèrent directement aux institutions scolaires. Si la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre prenait charge du développement de l'employabilité,
les clients devraient vraisemblablement se plier à une démarche
administrative additionnelle. On doit réaliser, je pense, que le
réseau des CTQ et celui constitue des sociétés
régionales de développement de la main-d'oeuvre, loin de
représenter des structures parallèles, forment au contraire des
organisations complémentaires pour les prestataires de la
sécurité du revenu aptes au travail.
Quatrième raison, c'est qu'il faut donner une chance à la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre de réussir sa mission première, celle du
partenariat et de la gestion efficace et cohérente des programmes et
services de main-d'?uvre. Si nous voulons confier à cette
société d'État tous les problèmes
d'intégration sociale et économique, nous allons diluer son
dynamisme propre dans la dispersion et les lourdeurs bureaucratiques dont sont
fatalement tributaires les organismes aux multiples missions. De grâce,
gardons-nous d'une sorte d'excès d'enthousiasme qui nous conduirait
à étouffer la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre avant qu'elle ne voie le jour.
Enfin, nous avons acquis la conviction que le meilleur moyen de garantir
l'accès des prestataires de la sécurité du revenu aux
programmes et services de main-d'oeuvre consiste à négocier un
contrat à cette fin avec la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Si nous
payons la Société pour qu'elle accepte 20 000, 30 000 ou 50 000
clients de la sécurité du revenu, nous pouvons être
assurés qu'elle les accueillera dans ses programmes et activités.
C'est la meilleure garantie que nous pouvons offrir aux prestataires de la
sécurité du revenu qu'ils ne seront pas laissés pour
compte et, loin d'être marginalisés comme d'aucuns
l'appréhendent, ces prestataires aptes au travail prendront part de
plein droit aux programmes de main-d'?uvre et de formation
professionnelle.
J'insiste pour dire que cela se fait déjà. Des ententes de
services existent entre les CTQ et les commissions de formation
professionnelle, notamment pour la préparation des plans de formation
des stages en milieu de travail. J'ajoute aussi que, dans les autres pays
industrialisés, il y a toujours, du moins dans ceux que nous avons
étudiés, un régime d'assurance-chômage et un
régime d'assistance distinct. Ailleurs, on ne fusionne pas ces deux
régimes. Pour ma part, je n'ai pas entendu en Suède, en Allemagne
ou en France des remarques à l'effet que les clients du régime
d'assistance se sentiraient marginalisés ou méprisés du
fait de la coexistence d'un régime d'assurance-chômage
parallèle. Il y a des limites aux innovations qu'on voudrait nous voir
adopter.
J'ai tenu à apporter ces précisions avant la fin de la
présente séance parce qu'il m'apparaît important de
dissiper une certaine ambiguïté relative à la fusion des
programmes de main-d'?uvre et de développement de
l'employabilité. On peut d'ailleurs cultiver cette ambiguïté
avec autant de succès qu'on présente cette hypothétique
fusion sous l'angle de la simplicité administrative et du respect des
clients de la sécurité du revenu. La vérité nous
apparaît tout autre. Je vous remercie, M. le Président.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre
accepterait de déposer son texte? Je sais bien que ce sera publié
dans les galées, mais
ça prend des semaines, lorsqu'on est en fin de session. Si je
voulais me retrouver le moindrement... Prenez le temps de le relire, d'abord.
L'important, c'est que je voie... Peut-être une seule question. Le fait
que le RAPC soit le dispositif qui finance une partie, 50 % des prestations
d'aide sociale, est-ce que ça n'a pas une incidence?
M. Bourbeau: Disons, M. le Président, que, comme nous
n'avons pas anticipé de transférer l'employabHité à
la Société de développement de la main-d'?uvre, nous
n'avons pas vérifié avec le gouvernement fédéral.
Je ne pourrai pas répondre avec certitude à la question de la
députée. On pourrait toujours vérifier, mais c'est une
question hypothétique. Donc, on ne l'a pas vérifiée.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Est-ce qu'il
y a consentement pour suspendre?
M. Bourbeau: Pour suspendre l'article 17?
Mme Harel: Non, pour suspendre nos travaux.
M. Bourbeau: Dès maintenant? Si tôt? Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je voulais juste dire au ministre... On n'est pas
convoqués pour lundi matin?
Le Président (M. Philibert): Non. On est convoqués
pour après la période de questions.
M. Bourbeau: On n'est pas convoqués du tout.
Le Président (M. Philibert): On n'est pas convoqués
du tout?
Mme Harel: Parce que j'ai été convoquée pour
un autre projet de loi, lundi matin.
M. Bourbeau: II n'y a pas eu de convocation pour la commission.
Il faut attendre les ordres de l'Assemblée nationale.
Mme Harel: Ça indique un ordre de priorités du
gouvernement.
M. Bourbeau: On va travailler lundi.
Mme Harel: M. le Président, je vous remercie. Est-ce qu'il
y a consentement?
Le Président (M. Philibert): II y a consentement. Alors,
j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 48)