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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Joly): Alors, bonjour à tous et
à toutes. Je vous souhaite la bienvenue à cette commission. La
commission des affaires sociales se réunit afin de procéder
à des consultations particulières et tenir des auditions
publiques dans le cadre de l'examen de la situation qui prévaut à
la Corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain. Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des
remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la secrétaire.
Je vous rappelle que la présente séance fait suite au mandat
d'initiative que s'est donné la commission des affaires sociales le 27
mars 1991. On se rappellera qu'en vertu du règlement de
l'Assemblée et de leur propre initiative les commissions peuvent
étudier toute matière d'intérêt public, et ce, selon
l'article 120. C'est donc dans cette perspective que la commission des affaires
sociales se réunit aujourd'hui. J'inviterais M. le ministre à
faire quelques remarques préliminaires brèves, si possible. Je
pense qu'on a convenu qu'on échangerait plutôt avec ceux qui
présenteront les mémoires. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Très, très
brièvement, M. le Président. C'est une commission un peu
spéciale, dans le sens que c'est un mandat d'initiative qui a
été voulu et souhaité par les deux partis et qui nous
permettra, je l'espère bien, au cours des deux prochains jours, de faire
le point sur la situation du rapport De Coster, en particulier vis-à-vis
de la Corporation d'urgences-santé, du devenir et de ce qu'on peut
espérer au cours des prochains mois et des prochaines années
comme service à la population, l'objectif étant, bien sûr,
un service de bonne qualité au meilleur coût possible aux citoyens
de la grande région de Montréal. Dans ce sens-là, M. le
Président, je pense qu'on est davantage là ce matin, cet
après-midi, ce soir et demain matin pour entendre les gens, les
interpeller, les questionner et, au-delà de tout cela, la commission
aura un certain travail à faire sur le plan des recommandations. Je suis
prêt dès maintenant à procéder.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le minis- tre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue, j'imagine que vous
avez quelques remarques aussi.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, effectivement, presque deux
ans, jour pour jour, après les tristes événements de
l'École polytechnique, après le travail, je pense, assez
gigantesque effectué par M. De Coster et son groupe, qui avaient
été chargés d'enquêter sur les
événements, la suite des événements et, surtout,
sur l'organisation des services d'urgence sur lUe de Montréal et un
certain nombre d'événements qui, le moins que l'on puisse dire,
peuvent nous laisser inquiets quant aux besoins manifestés par la
population, surtout pour l'avenir des services d'urgence préhospitaliers
dans la région de Montréal.
Je remercie aussi la majorité ministérielle d'avoir
accepté de tenir cette commission, de tenir des audiences sur ce mandat
d'initiative. On sait toujours qu'en décembre c'est un peu beaucoup
chargé au niveau du Parlement, au niveau de l'Assemblée
nationale. Je veux la remercier d'avoir accepté, parce que c'est
important que l'on puisse faire le maximum d'éclairage sur la situation
qui prévaut actuellement et, surtout, être capable de voir
qu'est-ce qui va arriver au cours des 10 prochaines années avec nos
services d'urgence, en particulier dans la région de
Montréal.
Donc, suite à cet immense travail qui a été
effectué par le groupe de travail De Coster, il est important que les
parlementaires et le ministre responsable, nous puissions dégager
ensemble les éléments de la situation qui, somme toute, font
encore problème, très certainement, ou du moins laissent un bon
nombre de questions pour un observateur averti ou pour quelqu'un qui regarde
ça de très près, quelqu'un qui pourrait dire: Pour les
années à venir, oui, nous sommes à mettre en place, suite
à ces tristes événements, un système qui va
répondre aux attentes. Avec des méthodes optimales, avec une
approche optimale, avec tous les sous qu'on a investis là-dedans au
cours des dernières années, nous sommes capables de dire qu'au
cours des 10 prochaines années nous aurons un service de qualité
pour les résidents de l'Île de Montréal et, surtout, que
les gens pourront avoir confiance dans leur système. Il y a un ensemble
de choses à éclairer.
Dans ce sens-là, M. le Président, je pense que, oui, la
meilleure approche à utiliser, c'est d'entendre tous ceux et celles qui
sont concernés
par cette situation pour que nous puissions, au su et au vu de tout le
monde, porter un certain nombre de jugements et, je dirais en conclusion, suite
aux directives ministérielles qui ont été émises le
19 juin dernier et publiées dans la Gazette officielle du
Québec du mois de juillet, pour que nous puissions faire le point
sur la situation et voir dans quel type d'avenir nous sommes à nous
engager quant aux services d'urgence sur l'île de Montréal.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): oui, très,
très brièvement, pour ne pas qu'il y ait d'équivoque et
pour que mes absences ne soient pas mal interprétées, je voudrais
peut-être, dès ce moment-ci, dire que, compte tenu de l'horaire
qui était le mien, normalement je ne devais pas être
présent, m. le président, aux deux journées d'audition. je
serai ici une bonne partie de la journée. demain, je ne serai pas
là; je serai aux îles-de-la-madeleine. c'est un voyage qui
était prévu déjà depuis fort longtemps et que je ne
pouvais pas déplacer. donc, pour qu'il n'y ait pas d'équivoque et
qu'on ne fasse pas de l'interprétation quant à mon absence, je
tenais à le dire dès le début de cette commission, de
manière très claire, souhaitant que la commission, effectivement,
nous permette de jeter de l'éclairage sur un certain nombre de faits et
de faire en sorte qu'on puisse davantage penser à l'avenir qu'à
régler les problèmes du passé.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
J'inviterais donc M. Robert De Coster et son groupe à bien vouloir
s'avancer et à prendre place, s'il vous plaît.
J'apprécierais beaucoup, M. De Coster, que vous identifiiez les gens qui
vous accompagnent, s'il vous plaît.
M. De Coster (Robert): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Puis, je vous souligne que vous
avez environ une demi-heure pour présenter votre mémoire et que,
par après, la balance de la période sera impartie aux deux
formations, tant ministérielle que de l'Opposition, pour pouvoir
échanger avec vous.
Auditions M. Robert De Coster
M. De Coster: Je présume, M. le Président, que,
personnellement, je n'ai pas besoin de présentation. Mes lettres de
créance ici, c'est que j'ai présidé le groupe de travail
dit De Coster qui a été constitué en vertu d'une
décision ministérielle à la suite du drame du 6
décembre 1989 à l'École polytechnique de
Montréal.
M'accompagnent ici ce matin, à ma gauche, le Dr Pierre Lapointe,
à qui j'avais assigné un secteur de première importance,
c'est-à-dire les services préhospitaliers et hospitaliers
d'urgence - M. Lapointe, comme vous le savez, a produit son rapport individuel
qui a été, après ça, synthétisé dans
le mien qui devient le rapport plus collectif - et, à ma droite, M.
Serge Cossette, qui est un expert en communications du ministère des
Communications, à qui j'avais assigné toute la question des
communications, que ce soient les communications à l'intérieur de
chacun des intervenants ou les communications entre intervenants.
Ils m'accompagnent, évidemment, en support de ce que j'appelle ce
matin un témoignage que je vais faire. Je dois vous avouer tout d'abord.
M. le Président, que nous ne sommes pas venus ici par choix ni
même, dans une certaine mesure, de bon gré. Ce n'est certainement
pas une manifestation de mauvaise volonté, au contraire. Nous
répondons plutôt à une convocation qui nous a
été transmise par "tétéposte" samedi matin. Le
message sollicitait, de la part de la commission, un avis, et je cite, "sur la
situation qui prévaut à la Corporation d'urgences-santé de
la région de Montréal Métropolitain".
Ma première réaction, M. le Président, je dois vous
l'avouer, a été de refuser, et pour plusieurs raisons que je
trouvais valables. Le message, d'abord, fixait l'audition à 9 h 30 ce
matin. Nous avons été pris par surprise, et vous conviendrez
qu'on nous laissait fort peu de temps pour nous préparer, dans une
période déjà assez mouvementée et neuf mois
après avoir fermé, nous, les livres.
De plus, et je pense que c'est encore plus Important, comme vous le
savez, le groupe de travail De Coster n'existe plus et son mandat s'est
terminé en mars dernier. Nous ne pouvons donc plus nous prévaloir
d'une identité juridique, ni d'une autorité ministérielle,
ni même d'une indemnité que nous conférait notre mandat.
Ça nous met dans une situation assez difficile et nous avons dû
prendre en considération ce facteur-là avant de décider
si, oui ou non, on venait vous rencontrer aujourd'hui.
Plus Important encore, M. le Président, c'est que les membres du
groupe ne connaissent définitivement pas la situation actuelle qui
prévaut dans la Corporation d'urgences-santé, ce 12
décembre. De fait, et il ne s'agit pas, d'aucune façon, d'une
critique, bien au contraire, aucun des membres du défunt groupe de
travail De Coster n'a été impliqué, de quelque
manière que ce soit, dans le suivi du dossier relativement à
Urgences-santé. Je ferais peut-être une légère
exception en ce qui concerne M. Cossette qui avait été
désigné, à titre d'expert en communications, comme support
du Dr. Tétreault qui exerçait ses fonctions d'observateur au sein
du conseil d'administration de la Corporation d'urgences-santé. Son
implication, d'ailleurs, a été
plutôt limitée.
Ceci dit, M. le Président, après avoir songé
à refuser l'invitation, je me suis ressaisi pour éviter toute
interprétation qu'aurait peut-être engendré notre refus et
toute ambiguïté sur notre position actuelle. J'ai changé
d'avis, mais partiellement seulement, et j'espère, M. le
Président, que la décision que nous avons prise tous les trois ne
déplaira pas aux membres ici présents. Nous avons convenu tous
les trois que je ferais deux témoignages et que nous nous retirerions
sine die, sans période de questions. Ces témoignages-là
vont être courts, mais je pense qu'ils vont bien situer notre position
à l'heure actuelle.
Tout d'abord, M. le Président, les trois membres du groupe de
travail De Coster qui sont ici conviennent que rien, à date, ne peut les
porter à croire que nous pourrions ou devrions modifier d'un iota les
constats et les recommandations de notre rapport. Le rapport est
déposé, il est là. Nous demeurons complètement
solidaires de ce rapport après l'avoir déposé et
après avoir pris neuf mois de recul. Ce rapport a été
rendu public. Il était accessible et les intéressés ont eu
neuf mois pour l'analyser. Je ne crois pas qu'il soit utile, à ce
moment-ci, de réentreprendre l'analyse de ce rapport. Et, d'ailleurs,
l'objet de la commission aujourd'hui, si je comprends bien, n'est pas,
évidemment, le rapport De Coster comme tel mais bien la situation qui
prévaut présentement à Urgences-santé. Donc, comme
premier témoignage, M. le Président, nous confirmons que les
membres du groupe de travail demeurent solidaires du rapport dans son
intégrité et n'ont aucunement l'intention d'y changer quoi que ce
soit.
Quant au deuxième témoignage, même si, comme je vous
le signalais, les membres du groupe n'ont pas été
impliqués dans les initiatives ministérielles - et, encore
là, ce n'est pas une critique, d'aucune façon - les initiatives
qui ont suivi le dépôt du rapport, nous nous sommes
individuellement tenus informés des interventions du ministre de la
Santé et des Services sociaux. Nous avons aussi eu accès à
certains documents publics pertinents, notamment le projet de loi 156 et, plus
particulièrement, les directives du ministre portant sur les objectifs
et orientations de la Corporation d'urgences-santé et aussi, et surtout,
sur le train de mesures ou d'actions à prendre que le ministre dictait
à Urgences-santé, diktat assorti, d'ailleurs, d'un calendrier
d'exécution.
Le deuxième témoignage, M. le Président, je
l'exprime donc au nom des trois membres concernés ici présents et
des trois qui ont été impliqués dans le rapport original
ayant trait aux soins préhospitaliers d'urgence et aux communications,
particulièrement Urgences-santé. Les trois membres
concernés ici présents expriment leur satisfaction et les espoirs
que suscitent les initiatives prises par le ministre depuis le
dépôt de notre rapport. Nous considérons que les directives
ministérielles et le train de mesures signifiés à
Urgences-santé correspondent généralement aux
recommandations du rapport et répondent à ses attentes.
Cette initiative du ministre actualise et "priorise" nos recommandations
et fixe un échéancier réaliste. Elle est porteuse de tous
les éléments susceptibles d'affecter ou d'effectuer le virage que
nous avons souhaité. Nous ne connaissons pas la réaction de la
Corporation d'urgences-santé. Nous espérons de tout coeur que
sera éventuellement infirmé le dicton qui dit qu'il y a loin de
la coupe à la bouche. Merci, M. le Président, et, sur ce, vous
nous permettrez, s'il vous plaît, de tirer notre
révérence.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): je comprends; j'ai bien
entendu l'état de la situation. si on pouvait, à ce moment-ci, m.
le président, suspendre quelques minutes, nous pourrions peut-être
revenir avant de... l'idée n'est pas de ne pas libérer nos
invités, mais peut-être, avec une suspension à ce
moment-ci, d'en arriver par la suite à une suggestion après un
échange avec l'opposition.
Le Président (M. Joly): Parfait, M. le ministre. Alors,
nous suspendons nos travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 25)
(Reprise à 10 h 36)
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que, dans les
circonstances, nous avons à suspendre la commission cet
après-midi et, quant à moi, à remercier M. De Coster et
son groupe de s'être présentés, d'être venus affirmer
un certain nombre de choses. Je comprends certains arguments de base qui sont
là et je les respecte aussi, comme membre de la commission. Je prends
les remarques qui ont été faites, les deux. Il y en a deux. Elles
sont là, et nous travaillerons donc avec le rapport et avec les deux
remarques.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
M. Trudel: Je vais commencer, bien sûr, par remercier M. De
Coster, quand même, de s'être présenté ce matin avec
les deux personnes qui ont contribué à son travail, à son
rapport. Bien sûr que, de ce côté-ci aussi, on comprend
les
éléments du rapport qui a été
déposé il y a neuf mois, volumineux rapport qui, oui, il faut le
dire, présente un diagnostic assez clair. Je dois bien regretter un peu,
cependant, avec le plus grand respect que j'ai pour vous, M. De Coster et les
gens qui ont participé à ce rapport-là, qu'il y ait quand
même un certain nombre de questions que j'aurais aimé poser, moins
en rapport avec la situation à Urgences-santé aujourd'hui. On
aura l'occasion de l'examiner avec d'autres groupes et avec l'administration
même d'Urgences-santé à Montréal.
Je comprends parfaitement le fait que vous n'avez pas de mandat pour
continuer à observer et à regarder ce qui se passe actuellement
suite au diagnostic que vous avez posé. Mais je vous avoue que j'aurais
eu un certain nombre de questions, tout simplement d'éclaircissement,
à poser quant à votre diagnostic. J'imagine qu'on aura
l'occasion, avec des questions au ministre, puisque votre rapport a
été déposé depuis neuf mois et que le ministre a eu
l'occasion de présenter un certain nombre de directives pour y donner
suite, d'aller chercher les réponses ailleurs. Il y a dans le diagnostic
que vous avez dressé en rapport... Et là, encore une fois, je
parle moins à votre groupe et à vous, M. De Coster, qu'au
ministre, au ministère et aux opérateurs actuels du
système. On a essentiellement... Le diagnostic de votre groupe,
c'est...
Le Président (M. Joly): Excusez, pourriez-vous...
M. Trudel: II y a, d'évidence...
Le Président (M. Joly): J'imagine que vous allez en
arriver au fond de votre pensée.
M. Trudel: Oui. M. le Président. On avait
prévu une heure et demie là-dessus. Moi, j'ai dit que je
respectais la décision de nos invités ce matin. Je comprends
très bien les raisons et ça se tient parfaitement comme
illustration, mais j'ai un certain nombre de remarques à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Mais pour respecter, en fait, le
voeu de M. De Coster et des membres qui l'accompagnent, je pense que M. De
Coster a décidé qu'il n'était pas témoin ce matin.
Alors, partant de là, je ne sais pas si on peut libérer M. De
Coster et son groupe.
M. Trudel: Écoutez, là-dessus, je n'ai aucun
problème, mais je n'ai pas terminé mon intervention en ce qui
regarde la situation en rapport avec le rapport De Coster.
Le Président (M. Joly): Non, non, je n'ai pas d'objection.
C'est parce que, dans le fond, les remarques que vous adressez, c'est
plutôt envers le ministre et le ministère. Alors, partant de
là, moi, je serais d'accord pour libérer M. De Coster et son
groupe.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je suis prêt
à le libérer, mais je vous donne un exemple de choses...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Avant qu'il parte, sans le supplier, je
n'haïrais pas ça lui poser une question. Il a porté
des...
Le Président (M. Joly): M. De Coster a manifesté,
justement, le fait qu'il ne veut pas qu'on lui pose de questions, parce qu'il
ne veut pas répondre aux questions. Et ceci, je pense qu'il l'a bien
cadré dans le début de son intervention. Alors, partant de
là...
M. Chevrette: Je sais ça.
Le Président (M. Joly): ...je pense qu'il a
déjà exprimé le pourquoi aussi. Alors, je ne peux pas
imposer, moi, à M. De Coster et à son groupe, quelque chose qui
est contre leur volonté. Partant de là, je suggérerais
qu'on puisse libérer M. De Coster et son groupe.
M. Chevrette: M. le Président, avec tout le respect...
Le Président (M. Joly): Je tiens à opérer
ça de ta façon la plus juste et équitable pour tout le
monde. M. ie député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, avec tout le respect que je
dois à la présidence, une commission pourrait très bien se
tourner de bord si ça n'a pas été fait dans les formes. On
a le droit, même, d'assigner ici des gens - vous le savez -en vertu de
nos règlements, ce que je ne veux pas faire. Correct? Mais on pourrait.
Donc, ne me dites pas que c'est le témoin qui décide ou pas,
c'est la commission.
Le Président (M. Joly): Non, mais ce que M. De Coster nous
a expliqué, M. le député de Joliette et leader de
l'Opposition... C'est bien sûr que, si on va chercher le consentement de
tout le monde, on va s'entendre. Sauf que M. De Coster nous a expliqué
qu'il n'avait plus de mandat. Partant de là, c'est sur ces bases que je
suggérais qu'on libère M. De Coster et son groupe, à moins
qu'il y ait des ententes qui seraient acceptables pour tout le monde. Moi, je
suis prêt à administrer ça, comme règle.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que, si le
député de Joliette souhaite poser une question à M. De
Coster, essayer, après un refus, il peut toujours le faire. Mais, dans
la mesure où c'est la même réponse, je pense que la
commission devrait, à ce moment-ci, libérer M. De Coster. Si le
député de Joliette, qui a une vaste expérience
parlementaire, y compris des commissions, souhaite s'essayer - c'est un petit
peu ce qu'il nous passe comme message - auprès de M. De Coster sur une
réponse, en tout cas, M. De Coster répondra dans la mesure
où il maintient la position qu'il semble maintenir. Comme il a
souhaité, à la fin de son intervention, être
libéré, pour les raisons qu'il a évoquées, je pense
que la commission devrait le libérer.
Le Président (M. Joly): M. De Coster, vous vous sentez
comment à travers tout ça, là, vous?
M. De Coster: Ah! moi, je reste sur ma position, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. De Coster. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci beaucoup d'avoir bien
interprété mes propos, mais je voudrais continuer mon
raisonnement. Dans le rapport De Coster, il y a eu des jugements de valeur de
portés, et c'est clair. Je pense à la page 27 qui dit, par
exemple, que c'est "une entreprise de transport qu'a créée la loi
34, rien de plus". Moi, je ne le sais pas. Si on ne déborde pas du cadre
du rapport mais qu'on veut faire clarifier certains jugements de valeur
posés, à ce moment-là, on ne demande pas au témoin
de porter des jugements sur la situation actuelle qu'il ne connaît
peut-être pas - et avec raison, ça fait neuf mois qu'il est sorti
du décor - mais pour en arriver à écrire noir sur blanc
certaines affirmations dudit rapport, il doit y avoir eu un cheminement, pour
les gens. La mémoire est une faculté qui oublie, mais pas tout,
surtout sur les jugements de valeur qui sont portés à
l'intérieur d'un rapport.
Mais si M. De Coster nous dit: Je ne veux répondre à rien,
moi, je n'abandonne pas l'idée, dépendant du mandat d'initiative,
de revenir ici avec des propositions concrètes pour qu'on puisse avoir
des clarifications. Un comité de travail, avec tout le respect que j'ai,
c'est pour arriver avec des résultats concluants. Je comprends qu'il
peut y avoir eu une série d'anomalies dans le fonctionnement. Je
regardais l'agenda, puis j'en aurais pour deux jours juste avec la Corporation
d'urgences-santé; et je sais que je n'aurai pas ça. Donc, pour se
rabattre cet avant-midi, étant donné qu'on pourrait
peut-être rattraper du temps, on pourrait déjà demander
à Urgences-santé de s'asseoir, ils sont ici. Ça nous
permettrait vraiment de voir...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on va
régler les affaires une par une. Ça me parait, surtout venant
d'un gars qui a l'expérience du député de Joliette et qui
est leader... Je pense qu'il faut disposer des affaires une par une. M. De
Coster a été, je pense, on ne peut plus clair, en expliquant
pourquoi. Moi, c'est une attitude que j'accepte. Je dis: Disposons maintenant
de ça et on verra, après, ce qui arrive.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Alors, M.
De Coster, au nom des membres de cette commission, je vous remercie d'avoir
été présent, de vous être manifesté. Vous et
les membres de votre groupe, nous vous remercions d'avoir été
présents. Merci beaucoup.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue, vous
voulez prendre la parole?
M. Trudel: Bon. Alors, M. le Président, je ne sais pas si
le ministre, quant à lui, a des suggestions à faire quant au
déroulement; moi, pour ma part, je n'avais pas terminé. Je pense
que, même dans le style interrogatif, il vaut la peine de se poser un
certain nombre de questions ici, au départ, puisque toute cette
situation à Urgences-santé, c'est un événement
fortuit malheureux, qui s'appelle les événements de
Polytechnique, qui a amené à faire enquête. Finalement,
l'objet sur lequel on s'est penché, c'est l'organisation
d'Urgences-santé et les effets de la loi 34 adoptée... Je
m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Je vous laisse aller...
M. Trudel: ...à moins que les règles aient
changé...
Le Président (M. Joly): ...je vous laisse aller.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président...
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est une question de
règlement? M. le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Nous avons convenu, en
séance de travail, de faire le point sur un certain nombre de choses,
notamment sur Urgences-santé, et d'entendre, d'un commun accord, un
certain nombre de groupes ou d'individus. Alors, la cédule étant
ce qu'elle est, ce matin, nous devions entendre le groupe de travail De Coster;
ces gens-là ont décidé - et on les a libérés
- de faire un court témoignage et de se retirer. Est-ce que nous allons,
comme commission, M. le Président, épiloguer de façon
interrogative, comme semble vouloir le faire le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, sur un possi-
ble témoignage qu'ils auraient dû faire et qu'ils n'ont pas
fait? Ou bien, on suspend nos travaux et on reprend avec la Corporation
d'urgences-santé à 15 h 30, tel que nous le propose notre
cédule de travail. C'est ça, M. le Président, que je vous
pose comme question.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Je viens de m'entretenir avec M. le ministre qui a quelque chose à
communiquer et qui peut être d'un intérêt pour vous. Alors,
je pense que, M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, on ne gagnera
strictement rien, personne, à tenter de poser des questions à des
gens qui ne sont pas là pour répondre ou à s'interpeller
mutuellement. Nous avons convenu, des deux côtés... D'ailleurs, je
pense que ç'a été l'entrée en matière. Si on
avait dit non, comme gouvernement, on ne serait pas dans une situation de
commission parlementaire comme aujourd'hui; donc, ce qu'on a voulu, c'est
collaborer à faire en sorte qu'on puisse examiner un dossier qui est
celui-là, en toute transparence, devant une commission qui est la
nôtre. Je pense que c'est sage de pouvoir le faire et nous souhaitons
pouvoir le faire.
À ce moment-ci, moi, je vous le dis tout de suite, je ne
participerai pas à une séance pour toute la journée. J'ai
autre chose à faire que de me battre pour des questions de
règlement. Il faut bien se comprendre; on ne s'est pas entendu pour
venir s'interpeller sur des questions de règlement pendant toute la
journée et pour interpeller quelqu'un qui n'est pas là.
Alors, si nous voulons être sages, je pense, à ce
moment-ci, prenant à la volée la balle qui a été
lancée par le député de Joliette qui a pour deux jours de
questions à poser à la Corporation d'urgences-santé, nous
pourrions, M. le Président, les entendre; qu'ils fassent leur
présentation ce matin et qu'on passe à la période de
questions à 15 h 30, de telle sorte qu'il y aura plus de temps pour
poser des questions à Urgences-santé cet après-midi.
Ça me paraît être un arrangement raisonnable pour être
capable de faire progresser nos travaux, d'entendre les gens qui sont venus ici
pour témoigner et pour qu'on puisse les questionner. Ça me
paraît être un peu convenable à ce moment-ci pour qu'on
puisse progresser.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça vous
satisfait, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Oui, oui, c'est une suggestion que je peux accepter si
les gens peuvent tout de suite nous faire signe qu'ils sont prêts...
Le Président (M. Joly): Alors, j'apprécierais
si...
M. Trudel:... à témoigner. M. le Président,
juste pour terminer...
Le Président (M. Joly):... les représentants de la
Corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain pouvaient coopérer et s'avancer. Monsieur?
M. Lamarche (Pierre): Je suis Pierre Lamarche...
Le Président (M. Joly): Oui, M. Lamarche.
M. Lamarche:... président-directeur général
de la Corporation. J'aimerais pouvoir collaborer avec la commission et faire le
dépôt de notre position ce matin. Cependant, vous me prenez un peu
par surprise; j'aurais besoin d'un délai pour pouvoir obtenir nos
documents écrits, aller les chercher et vous les déposer.
Le Président (M. Joly): Combien de temps, M. Lamarche?
M. Lamarche: Je pourrais vous offrir que l'on commence à
11 h 30, ce qui me donnerait peut-être le temps.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, je propose
que l'on suspende nos travaux à 15 h 30.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, on n'a pas
vidé encore la question, M. le député. Alors, partant de
là, vous étiez à nous dire que vous seriez disposé
à présenter ça à 11 h 30. Est-ce que, de 11 h 30
à 12 heures, ça vous conviendrait? Parce que, normalement, le
temps qui vous est imparti, c'est une demi-heure.
M. Lamarche: Oui.
Le Président (M. Joly): Alors, si vous me dites
qu'à 11 h 30 vous pourriez être prêt, je suspendrais les
travaux jusqu'à 11 h 30 et nous reprendrions à 11 h 30
précises pour vous donner la demi-heure, disons, de présentation;
cet après-midi, nous reprendrions a 15 h 30.
M. Lamarche: D'accord.
Le Président (M. Joly): Ça vous va?
M. Lamarche: Oui.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 11 h 30.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
(Reprise à 11 h 34)
Le Président (M. Joly): La commission
reprend ses travaux. m. le ministre, m. marc- yvan côté, me
prie de l'excuser; il va retarder de quelques minutes. mais, de façon
à ce qu'on puisse avancer dans nos travaux, je permettrais... oui, m. le
député?
M. Chevrette: Est-ce que pouvez rappeler le mandat de la
commission?
Le Président (M. Joly): C'est bien sûr. La
commission des affaires sociales se réunit afin de procéder
à des consultations particulières et tenir des auditions
publiques dans le cadre de l'examen de la situation qui prévaut à
la Corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain. Ceci étant dit, je demanderais à M.
Lamarche, qui a déjà pris place avec son groupe, de bien vouloir
identifier les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal Métropolitain
M. Lamarche: M. le Président, il me fait plaisir de vous
présenter Mme Marie-Claude Chattier, membre du conseil d'administration
de la Corporation d'urgences-santé, qui y siège à titre de
représentante des répartiteurs et employés de bureau. Elle
est également membre du Comité de vérification. M.
Léo Hudon, membre du conseil d'administration d'Urgences-santé,
qui y siège à titre de représentant des usagers, est
trésorier de la Corporation et président du Comité de
vérification.
Je tiens immédiatement à excuser l'absence de M. Michel
Hamelin, président de la Communauté urbaine de Montréal et
vice-président de la Corporation, qui préside aujourd'hui une
commission internationale sur la formation en aéronautique et qui ne
pouvait être présent. Je veux également excuser l'absence
de Mme Michelle Major, qui est conseiller municipal à Laval et
secrétaire de la Corporation d'urgences-santé, qui - je suis
sûr que, comme parlementaires, vous le comprendrez - doit être
présente pour l'adoption du budget de Laval aujourd'hui. Je tiens
également à excuser l'absence du Dr Richard Forgues, chirurgien
et représentant des médecins coordonnateurs des salles d'urgence
au conseil d'administration d'Urgences-santé, qui est retenu
auprès de ses patients aujourd'hui. Je tiens à vous informer
aussi que sont également membres du conseil d'administration le Dr
Kalina et Mme Diane Inkel qui témoignent dans le cadre des groupes par
et parmi lesquels ils sont choisis.
M. le Président, si vous me permettez de vous rappeler les deux
points soulignés par M. De Coster ce matin... Excusez-moi.
Le Président (M. Joly): Excusez, vous pourriez
peut-être juste nous présenter les gens ici.
M. Lamarche: J'ai présenté les membres du conseil
d'administration. J'ai oublié de vous présenter les directeurs et
les directrices qui m'accompagnent: à ma droite immédiate, le Dr
Gilles Bastien, qui est le directeur des services professionnels, Mme Louise
Hébert Aube, qui est responsable des services multiclientèle et,
à ce titre, responsable du développement de l'Info Santé,
et M. Louis Trahan, qui est responsable de la technologie et de l'informatique.
Sont également présents M. Pierre Vanier, qui est le directeur
des finances, et Mme Louise Rancourt, qui est directrice des ressources
humaines. Alors, je m'excuse d'avoir oublié mes collaborateurs qui me
soutiennent quotidiennement.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous rappelle la
règle, M. Lamarche. Vous avez à peu près une demi-heure
pour présenter votre mémoire. À la reprise des travaux cet
après-midi, les membres de la commission auront largement le temps
d'échanger avec vous. Alors, s'il vous plaît, c'est à
vous.
M. Lamarche: D'accord. Je voudrais tout d'abord souligner que M.
De Coster, dans son témoignage de ce matin, a dit qu'il ne modifiait en
rien les recommandations qu'il avait faites, que son groupe les maintenait, et
il a aussi dit que les directives qui ont été transmises à
la Corporation d'urgences-santé témoignent d'un remède au
constat qu'il avait fait et d'un moyen d'assurer que les recommandations soient
mises en oeuvre à Urgences-santé. Nous, du conseil
d'administration d'Urgences-santé, avons accepté de recevoir et
d'implanter ces recommandations ministérielles, et il est de notre
intention de les implanter effectivement. j'ai déposé devant la
commission un certain nombre de documents que j'aimerais vous expliquer pour
qu'on puisse suivre la présentation: un premier document, qui est un
résumé du rapport d'étape et sur lequel je reviendrai plus
en détail, qui fait état du progrès de l'implantation des
directives ministérielles; un deuxième document qui essaie de
schématiser le cheminement critique d'un appel dans le système
actuel et dans le système médicalisé de "priorisation" des
appels urgents; un rapport déposé au conseil d'administration le
12 novembre 1991, qui constitue un rapport d'experts médicaux sur la
valeur du système médicalisé de "priorisation" des appels
d'urgence, ainsi qu'un dernier document d'information, de consultation et de
participation à un comité de travail qui donne, si vous voulez,
l'agenda de l'ensemble des directeurs depuis la transmission des directives et
qui résume l'ensemble des rencontres d'information, de consultation et
de participation ou de travaux de comités de travail qui ont
été mis en oeuvre depuis les cinq mois de la transmission des
directives ministérielles.
Je tiens à dire que les rencontres peuvent
être de valeur différente. Parfois, c'est une rencontre
avec un président de syndicat. Parfois, c'est une rencontre qui peut
durer huit heures pour pouvoir rencontrer tous les corps de travail,
effectuée par le directeur des services professionnels en collaboration
avec ses responsables des services ambulanciers et du système de
"priorisation" des appels d'urgence, qu'on tient dans chacun des points de
service. Alors, c'est de valeur inégale mais ça témoigne
quand même des informations, des consultations et de la participation qui
ont eu cours pendant l'année.
Je voudrais, avant d'examiner point par point le progrès de
l'implantation, souligner également la participation du
ministère, du Dr Tétreault, du Dr Frechette et des
médecins qui travaillent à leur groupe, en appui constant dans
les travaux qui sont les nôtres et qui assurent également que nous
donnions à la réforme un caractère universel,
c'est-à-dire un caractère qui permettra d'établir le
même système dans chacune des régions du Québec.
Pour revenir au rapport d'étape point par point, la
première des directives demandait que soit clairement
déterminée la mission d'urgence d'Urgences-santé. La
première mesure que nous avons prise est de séparer, dans
l'organigramme, les fonctions qui sont de l'urgence: la réception des
appels et leur traitement, la répartition des appels et l'intervention
sur le terrain. Ensuite, nous avons établi clairement que l'ensemble de
ces interventions cliniques qui doivent être unifiées
étaient sous la responsabilité du directeur des services
professionnels afin d'assurer un contrôle et une vue d'un contrôle
médical sur l'ensemble des opérations cliniques. D'autre part,
également, nous avons fait une fonction différente
d'Info-Santé et nous avons fait également une fonction
différente, sur examen, de la situation des transports
interétablissements.
Deuxièmement, nous avons aboli, depuis le mois de juillet, la
"priorisation" des appels, et je tiens à signaler que, malheureusement,
depuis le 30 novembre, une modification du traitement des appels à la
salle des infirmières fait en sorte qu'à quelques occasions nous
avons dû recourir de nouveau à la "priorisation" des appels. Nous
avons également adopté en conseil d'administration une
modalité complète de traitement des plaintes que nous avons
élaborée en collaboration avec le Conseil de la santé et
des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain.
Dans la révision complète de la flotte que nous devions
faire d'ici le mois de décembre 1991, nous avons posé un certain
nombre de gestes qui nous permettent d'assurer un contrôle plus
adéquat sur la gestion de la flotte, des actes administratifs qui, dans
le cadre de l'acquisition, nous ont permis de gérer la flotte en
fonction de ressources qui doivent être distribuées et
allouées en fonction des services et nous avons Imposé un plan de
redressement. Maintenant, je tiens à vous informer que la gestion de la
flotte peut et doit aller plus loin. Elle doit comprendre, avec des
éléments de localisation spatiale qui sont reliés à
une répartition assistée par ordinateur, que l'on puisse, par
ordinateur, choisir l'ambulance la plus près, la plus adéquate
pour effectuer telle intervention. Dans ce qui est prévu, au cours du
mois de juin, alors qu'on instaurera une répartition assistée par
ordinateur, on pourra établir cette gestion de la flotte lorsqu'elle se
déploiera sur la route. (11 h 45)
Au niveau de la révision complète de la gestion du
personnel, nous avons établi clairement que les activités
cliniques du triage des appels, de la répartition et des interventions
sur le terrain devaient être sous un contrôle médical. Nous
avons aboli, comme le recommandait d'ailleurs le rapport De Coster, la fonction
de chef d'équipe chez les techniciens ambulanciers et nous avons
distingué clairement les responsabilités de ceux qui s'occupent
de la flotte et qui mettent en service les véhicules et les
responsabilités des coordonnateurs, comme il était
recommandé dans le rapport De Coster, d'ailleurs, qui ont maintenant la
mission de s'assurer que le travail clinique sur la route est
exécuté conformément aux protocoles qui seront en
application ou qui sont actuellement en application.
L'autre élément concernait la mise en place de moyens de
communication hors véhicule. Nous avons, comme moyen intérimaire
et provisoire, mis à bord des véhicules, dès le mois de
juin, des téléchasseurs; c'est une modalité d'alerte un
peu primaire et sommaire. Nous avons l'intention et nous avons pris tous les
moyens actuels pour nous assurer que la renégociation du contrat avec
Bell Radiocommunications pouvait prévoir l'implantation de radios
portatifs, lesquels seront mis en application dans des projets-pilotes à
compter du 15 décembre. Ceci nous permettra d'établir une
architecture de réseau et nous permettra également, au mois de
mars, conformément à l'autre aspect de la directive qui
prévoit un retrait progressif, un retrait sélectif ou un retrait
définitif des médecins sur la route, d'établir, par des
médecins présents dans la centrale, un contrôle
médical direct, si vous me permettez l'expression qu'utilisent les
Parisiens, un "on-line medical control".
La mise en place des moyens de communication directs avec les urgences
des centres hospitaliers. Comme vous le savez tous, il s'agit de pouvoir
déterminer dans quel centre hospitalier on peut le plus
adéquatement et le plus sécuritairement amener le patient. Il
s'agit donc d'établir un réseau de communication informatique
entre chacune des salles d'urgence, qui soit capable de mesurer, dans
l'état réel, l'occupation de la salle d'urgence et de communiquer
avec la centrale de répartition. Nous avions, dans un premier temps,
l'intention de développer pour nos
propres fins un système semblable, mais, dans les discussions que
nous avons eues avec le Conseil régional et avec le ministère,
nous nous sommes rendu compte que le Conseil régional et le
ministère, avec les établissements, participaient
déjà, dans un projet qui s'appelle SIURGE, à la mise en
place de ce réseau. Ils ont accepté que l'on puisse travailler
parmi eux en définissant quels étaient nos besoins. Ils ont
épousé les objectifs; ils nous ont permis d'inscrire nos
objectifs dans ce cadre-là, ce qui, évidemment, nous permet des
économies importantes et nous permet davantage un succès de
l'opération puisque tous les partenaires y travaillent
déjà.
D'ici janvier 1992, une étude devrait être
déposée sur les coûts de la séparation des
transports urgents et non urgents. Nous sommes à une étape de
cueillette des données. Je dois vous informer que principalement la
direction des services des finances et des ressources matérielles a
été très occupée dans les derniers mois à la
négociation de l'acquisition de CTSAM. C'est des travaux qui vont se
faire au cours du mois de janvier pour pouvoir donner, donc, l'état de
l'évaluation des coûts de séparation des transports urgents
et non urgents.
La diminution du temps d'affectation des véhicules à une
minute après la réception de l'appel. Nous avons donc choisi un
système que nous, ici, appelons le système Clawson, mais nous
sommes probablement les seuls en Amérique du Nord à l'appeler de
cette façon. C'est un système médicalisé de
"priorisation" des appels urgents. C'est un système qui est fondé
sur l'application de protocoles et qui permet, dans toutes les circonstances,
de déterminer l'état d'urgence et, également, de
déterminer l'envoi de la ressource adéquate, à
l'intérieur d'une période d'une minute. Il existe sous la forme
de carte; il existe également sous la forme de disquette, de logiciel
qui permet d'emmagasiner chacune des transactions et qui permet d'emmagasiner
également comment chacune des personnes qui traitent une question la
traite et en combien de temps; il permet donc de se référer
immédiatement à des données statistiques sur le
comportement, d'établir un contrôle de la qualité et de
faire une formation qui est conséquente à l'examen de ce
contrôle de la qualité.
Je tiens à vous souligner que lorsque Urgences-santé a
voulu que soit examiné le contrôle de la qualité des appels
d'urgence à Urgences-santé, elle a recouru à une
étude du GRIS, le Groupe de recherche interdisciplinaire en
santé, qui nous a soumis un protocole de recherche pour examiner 1000
appels. Le GRIS nous a demandé un an et il a, dans les faits,
déposé son rapport après quatre ans de travaux. Vous
comprenez la différence entre un système qui oblige à une
réécoute, à un réexamen de la méthodologie
de traitement des appels, des questions posées, qui varient d'une
personne à l'autre et qui consistent à valider le jugement
professionnel, par rapport à un système qui n'est qu'un
système organisé posant un certain nombre de questions
validées depuis 14 ans maintenant, utilisé dans 2500 centres en
Amérique du Nord, parmi lesquels des grands centres comme Los Angeles,
Cincinnati, Philadelphie ou de petits milieux ruraux.
Le même système permet donc de traiter ces appels, de les
"prioriser" et également de donner des instructions en attente de
l'arrivée des ressources. Nous avons, à cet égard,
dès le mois de septembre, entrepris des discussions avec le Dr Clawson
qui est en quelque sorte l'auteur de ce système, le propriétaire
des droits intellectuels. Je tiens à informer la commission que le
ministre nous a informés que toute transaction avec le Dr Clawson
devrait prendre en compte le fait qu'il puisse ensuite être possible,
selon les calendriers d'implantation que proposera le Dr Frechette, de rendre
ce système accessible dans toutes les régions du Québec,
quelle que soit la région, et donc de permettre qu'un système
d'une qualité équivalente et semblable puisse être
implanté partout au Québec.
Nous sommes rendus à une étape où nous avons fait
traduire le protocole et où nous avons demandé aux
médecins - aux mêmes médecins qui ont travaillé sur
le rapport que j'ai déposé devant la commission et qui a
été déposé au conseil d'administration - de nous
donner leur opinion sur la traduction parce que, comme vous le savez,
l'utilisation des termes en médecine n'est pas neutre. Quand il s'agit
de pouvoir identifier clairement quels sont les symptômes qu'exprime un
citoyen parfois souffrant, parfois très anxieux, il faut s'assurer que
les termes qui sont utilisés soient les termes les plus usuellement
utilisés.
Le dixième point, c'est la réduction du temps de
réponse moyen à moins de six minutes. Alors, si nous
réalisons par cette étape - et ce qui permet de le faire - un
traitement d'appel et une affectation du véhicule à
l'intérieur d'une minute, on pourra réaliser cet objectif
puisque, déjà, le temps de réponse externe entre
l'affectation et l'arrivée sur les lieux est voisin de cinq minutes.
Enfin, la dissociation des opérations d'Info-Santé. Dans
la mesure où nous pourrons implanter le système
médicalisé de "priorisation" des appels d'urgence, nous serons
également prêts à implanter un Info-Santé qui soit
dissocié du traitement des appels d'urgence et en lien informatique et
téléphonique avec le système de traitement des appels
d'urgence.
D'ici mars 1992. Au point 12, la redéfinition complète du
rôle, de la formation, du nombre des médecins et
l'établissement d'un contrôle médical. Vous verrez
probablement cet après-midi les documents qui ont été
déposés pour le conseil d'administration d'Urgences-santé.
Les médecins d'Urgences-santé nous informent qu'ils collaboreront
- et je tiens à vous souligner l'utilisation
du futur conditionnel qui est un mode et un temps différent de
l'indicatif présent - au comité mis sur pied par
Urgences-santé moyennant un certain nombre de concessions qu'ils nous
demandent. Nous avons discuté avec le ministre et nous pensons... Le
ministre nous a dit également qu'il pensait souhaitable que des
discussions se poursuivent entre les médecins formés et
regroupés par la FMOQ et le ministère afin de voir quelles sont
les modalités résultant de cette directive
ministérielle.
La mise en place de protocoles d'intervention clairs et les besoins de
formation continue de l'ensemble des intervenants. Le conseil d'administration
a constitué des comités interdisciplinaires qui ont
déjà produit 11 protocoles d'intervention et un rapport
d'intervention préhospitalière, qui est en application depuis le
mois de novembre 1991, qui oblige les techniciens ambulanciers à remplir
des rapports d'intervention préhospitalière qu'ils
déposent dans les centres hospitaliers et qui sont remis aux services
afin que l'on puisse, d'une part, obtenir un contrôle médical sur
leurs interventions et, deuxièmement, obtenir l'opinion des salles
d'urgence sur le travail tel qu'effectué. Quant aux protocoles
d'intervention clinique, ils doivent constituer un nombre voisin d'une
quarantaine et le comité continue à y travailler.
Le 6 juin 1992. Au point 14, l'opération d'Info-Santé par
d'autres instances, si jugé opportun par le ministère. Nous avons
souligné au ministre qu'il est probablement souhaitable pour tout le
monde, y compris pour les infirmières, que soit connu rapidement
l'endroit où le ministre estime que devrait être assumée la
fonction d'Info-Santé. Je sais que vous avez adopté le projet de
loi 120 et que vous connaissez toutes les cohérences, que vous avez
également pris connaissance des directives qui sont données
à Urgences-santé, lesquelles directives demandent
impérieusement qu'Urgences-santé soit principalement axée
sur les services d'urgence. Il demeure que des liens fonctionnels doivent
toujours demeurer avec Info-Santé et que plus rapidement, finalement,
cette perspective sera connue, je pense, plus elle servira à travailler
conjointement à la mise sur pied d'un Info-Santé adéquat.
(12 heures)
La répartition assistée par ordinateur. Nous avons
déjà entrepris des études de faisabilité. Nous
savons déjà ce dont nous avons besoin. Nous avons
déjà choisi une firme qui doit nous aider à rédiger
un appel d'offres public pour savoir quel fabricant de répartition
assistée par ordinateur pourrait être choisi. Lorsque nous aurons
un système médicalisé de "priorisation" des appels et que
l'ensemble des données seront transmises automatiquement par
l'ordinateur de la salle de triage des appels à l'ordinateur de la salle
de répartition, lequel pourra connaître, dans la
réalité et non pas uniquement d'une façon
déclarée, quel est le statut réel de chacun des
véhicules, la décision d'affecter le véhicule le plus
adéquat, le plus près possible sera immédiatement
suggérée par l'ordinateur, ce qui permettra à nouveau de
pouvoir exercer également sur la répartition un contrôle de
la qualité, ce qui permettra également de pouvoir transmettre un
ensemble de données que, dans un cadre de radiocommunication, nous ne
pouvons pas transmettre parce que nos ondes sont écoutées. La
preuve que nos ondes sont écoutées, c'est que, parfois, des
dépanneuses arrivent sur les lieux d'accidents avant même
l'ambulance, le service de la police ou le service des pompiers. Ce que nous
avons souvent besoin de transmettre, ce sont des données qui sont
intimes, très personnelles et qui concernent l'état de
santé d'un patient. Alors, ce système permettra également
de transmettre immédiatement l'ensemble des données et
réduira considérablement l'utilisation des ondes radio.
Le contrôle médical efficace. Je l'ai dit depuis le
début, l'ensemble des modules d'intervention clinique... Parce qu'il
faut concevoir l'intervention d'Urgences-santé, même si elle se
fait en trois étapes, c'est-à-dire traitement de l'appel,
répartition et intervention-terrain, comme étant une suite
continue. L'ensemble de ces trois activités a été mis sous
la direction des services professionnels pour s'assurer que l'examen qui sera
porté sur nos interventions sera un examen d'un point de vue
médical puisque c'est une action - je ne veux pas utiliser le terme
"acte", il a une signification juridique trop restreinte -unifiée,
médicale et, je dirais même, en lien avec chacune des salles
d'urgence. L'examen de notre prestation de services d'urgence doit être
également fait en conjugaison avec les salles d'urgence.
Le programme d'appréciation de la qualité. Dès mars
1992, les programmes d'appréciation de la qualité, le recours
à l'ordinateur nous permettra de les établir.
La pertinence des premiers répondants. Nous n'avons pas fait de
travaux spécifiques et nouveaux, à Montréal, sur cette
question. Il existe déjà des systèmes de premiers
répondants, principalement dans l'ouest de la Communauté urbaine
de Montréal. Nous continuons donc à opérer en conjugaison
avec ces premiers répondants.
Voilà l'état d'avancement des travaux relatifs à
l'implantation des directives ministérielles. Je divergerais d'opinion
sur une question avec M. De Coster. Il a dit ce matin que, quant à lui,
l'échéancier était réaliste. J'ajouterais qu'il est
cependant exigeant. Toutefois, je sais, comme lui, comme beaucoup d'autres et
comme mes collaborateurs, que, dans une réforme, il y a un momentum qui
doit être conservé, qu'il est absolument nécessaire que
nous nous donnions et que nous respections le plus fidèlement possible
les échéanciers qui nous ont été donnés pour
que
nous puissions mener à bon port la réforme qui doit se
voir dans un ensemble, qui doit se déployer jusqu'au mois de juin et qui
doit comprendre, par la suite, une administration et un ajustement selon les
besoins de la population. C'est mon dernier mot, je tiens à dire que
tout ça doit servir à améliorer la qualité des
services à la population dans notre région et,
éventuellement, dans l'ensemble des autres régions. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Lamarche. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h 30. M. le député.
M. Chevrette: c'est à vous, la question. Le
Président (M. Joly): oui.
M. Chevrette: Quand vous avez transmis au groupe qui
témoigne devant nous le mandat de la commission...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le
député.
M. Chevrette: ...est-ce qu'on a limité le mandat
exclusivement en demandant au groupe d'expliquer ce qui se passait sur un point
précis ou si ce n'était pas de permettre d'avoir une vue
d'ensemble sur la gestion d'Urgences-santé?
Le Président (M. Joly): Si vous regardez le mandat comme
tel, c'est la situation qui prévaut à la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain. C'est ce qui avait été entendu lors de la
séance de travail.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, je pourrai,
indépendamment du fait que le témoin ou le groupe qui
témoigne... déborder carrément, parler, par exemple, de
l'intimidation qui se fait auprès des travailleurs, parler des
transactions financières qui ont eu lieu, parler des pratiques
administratives également à la Corporation
d'urgences-santé.
Le Président (M. Joly): Je pense qu'il a été
de coutume, dans le passé, de considérer que chacun, à sa
façon, débordait souvent du sujet et même du mandat. Alors,
on verra et, si la pertinence n'est pas de ce jour, on verra à rappeler
à la pertinence. Merci. Alors, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 6)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Au moment de suspendre, nous étions rendus à la période
d'échanges avec les membres de la Corporation. J'inviterais donc
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Pour notre bonne compréhension, la coutume, c'est que
nous séparons le temps.
Le Président (M. Joly): L'enveloppe, oui. Nous terminons
à 17 heures.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que, dans ce genre
de situation là, M. le Président, on est dans une situation
où chacun aime bien poser un certain nombre de questions. Je ne veux pas
nécessairement prendre tout le temps au début, pour laisser aussi
un peu d'initiatives... Je pourrais prendre une demi-heure ou trois quarts
d'heure et poser toute une série de questions. Sachant que vous en avez
un certain nombre, je vais débuter et peut-être me garder du temps
un peu pour la fin, aussi, sur le plan des questions qui n'auraient pas pu
être touchées. Merci, M. le Président.
En juin dernier, à la lumière du rapport De Coster et
après avoir fait une analyse assez exhaustive de la situation au niveau
du ministère, nous vous avons transmis des directives, et vous en avez
fait état au cours de la matinée. J'aimerais, dans un premier
temps, parler d'Info-Santé et savoir de manière un peu plus
précise où nous en sommes quant à la dissociation
d'Info-Santé, quant à la faisabilité de dissociation. Et
aussi - je vais vous donner toutes mes questions en même temps, ça
va vous permettre de faire le tour - est-il indispensable qu'Info-Santé
soit rattaché à Urgences-santé, même s'il est
dissocié? Dans la mesure où, effectivement, il est
dissocié d'Urgences-santé, dans l'esprit même de la
réforme, est-ce que ce n'est pas une fonction qui, normalement, devrait
être dévolue aux CLSC?
M. Lamarche: M. le ministre, je vais aussi demander à Mme
Hébert Aube si elle veut m'aider dans cette réponse, puisque
c'est elle qui a piloté ce dossier. Maintenant, je tiens à vous
donner, comme premier élément de réponse, que, oui, il est
indispensable qu'il y ait un lien entre Info-Santé et
Urgences-santé - minimalement téléphonique et informatique
- afin de permettre, lorsqu'un citoyen aura appelé à un
Info-Santé auquel on accédera par un numéro de
téléphone à sept chiffres et que l'infirmière
découvrira qu'il s'agit, dans la réalité, d'une urgence,
qu'elle puisse transmettre l'information contenue et la discussion par simple
bascule et des lignes téléphoniques et des lignes informatiques,
pour être capable de saisir immédiatement le secteur d'urgence de
cette situation.
Deuxièmement, il est aussi important qu'il y ait ce lien pour
qu'Info-Santé demeure absolument centralise, ayant une fonction unique.
La tentation, si elle était de disséminer dans plusieurs CLSC un
Info-Santé, serait très grande,
à Urgences-santé, de reconstruire exactement cette
fonction qui est nécessaire et, ainsi, de dédoubler des budgets.
C'est-à-dire que progressivement, dans le cadre de l'appel 911 -
puisque, ailleurs, il n'y aurait pas de lieu centralisé pour traiter ces
questions-là - nous aurions des appels qui ne seraient pas
réellement des appels d'urgence auxquels, néanmoins, il faudrait
donner suite pour être capables de dégager les lignes d'urgence et
progressivement, comme ça, le risque serait grand de reconstruire. donc,
il faut qu'info-santé demeure unifié, il faut
qu'info-santé ait des liens téléphoniques et informatiques
avec urgences-santé. pour ce qui est de la cohérence, dans le
progrès du dossier que nous faisons, nous nous rendons bien compte qu'il
y a effectivement une cohérence dans la loi 120 où les clsc ont
une mission de porte d'entrée dans le réseau, où les
conseils régionaux ou les régies régionales ont aussi une
vocation sur l'information des services à la population. vos directives
sont nettes aussi à l'effet qu'urgences-santé doit être
entièrement centré sur une vocation, qui est celle de traiter
l'urgence.
Maintenant, nous avons mené plusieurs consultations internes et
externes, et j'aimerais que Mme Hébert Aubé puisse
répondre à votre question.
Mme Hébert Aubé (Louise): Oui. Plus
particulièrement, peut-être, par rapport à la
faisabilité. Je pense qu'il a été noté par
plusieurs groupes que les infirmières d'Urgences-santé, depuis
1981, ont comblé certaines lacunes au niveau des ressources qui
existaient sur le territoire du Montréal métropolitain.
Même si Québec a semblé innover, en 1984, avec
l'implantation d'un Info-Santé qui avait pour objet d'informer et de
référer la population vers les ressources existantes, je pense
qu'il faut convenir que les infirmières d'Urgences-santé
remplissaient un rôle similaire, même si c'était une
fonction qui était ambiguë et peut-être mal comprise. Mais la
population de Montréal, qui regroupe plus que Montréal - c'est
Montréal et Laval, le territoire que nous couvrons - c'est presque le
tiers de la population du Québec. C'est une population qui est
aflophone, c'est une population qui est isolée aussi en raison de
l'urbanisation même du territoire qu'on a. Cette population avait des
besoins d'information et de référence. Les infirmières
étant associées directement au tri des appels d'urgence, donc il
y avait une évaluation qui se faisait. Ce n'est pas une fonction
nouvelle, c'est une fonction, je pense, où les directives viennent
confirmer et officialiser, dans le fond, un rôle que les
infirmières ont rempli jusqu'à ce jour pour combler les lacunes
qui existaient.
Donc, quant à la faisabilité, ce qu'on a fait, c'est qu'on
a mis à profit l'expérience qui avait été
accumulée au fil des ans par le personnel infirmier quant aux besoins de
la population par rapport au territoire que nous desservons. Il y a
différents groupes de travail qui ont été mis à
profit et qui ont été constitués. Il y a différents
outils qui doivent être perfectionnés à partir du moment
où vous confirmez un certain rôle. L'informatique doit faire
partie intégrante également des outils de gestion du personnel
infirmier. comme le mentionnait m. lamarche, il doit y avoir un lien entre
l'urgence et le non-urgent que peut représenter info-santé, parce
que je pense qu'il est utopique de croire que la population pourra être
éduquée au point d'être en mesure de discerner, dans tous
les cas, la véritable urgence du non-urgent. donc, il doit y avoir un
lien téléphonique, un lien informatique qui va combler, si vous
voulez, ce vide-là qui peut exister au niveau du citoyen.
De la même façon, cependant, compte tenu de la
réforme et de la loi 120, il doit également y avoir des liens
d'information, des mécanismes de liaison entre un Info-Santé qui
demeurerait centralisé et les CLSC qui doivent être la porte
d'entrée dans le réseau. Je pense qu'il doit y avoir un suivi
d'information qui doit se faire entre l'Intervention de premier niveau que les
infirmières seraient appelées à effectuer au niveau d'un
Info-Santé et la continuité de services qui doit être
assurée par les CLSC en premier lieu. Donc, c'est à la fois un
lien, je pense, avec Urgences-santé, module urgent, mais c'est
également un lien informatique, téléphonique, quelque
chose de rapide qui s'assure que, le lendemain matin, le patient, il est pris
en charge si on a un appel qui arrive à deux heures du matin, donc, avec
les CLSC et avec toutes sortes d'autres ressources dans le fond. Il y a plus de
1300 organismes communautaires à Montréal. Il peut y avoir des
problèmes sociaux énormes. Il y a des problèmes de
santé, mais il y a également des problèmes de
société importants. Alors, c'est de développer, je pense,
des mécanismes importants en relation avec ces organismes-là.
M. Côté (Charlesbourg): Quel est l'impact sur le
personnel d'une dissociation d'Info-Santé, tel que les directives ont
été émises? Peu importe où les infirmières
qui font le travail à ce niveau-là se retrouvent, quel est
l'impact au niveau du personnel si, demain matin, on maintient... Comme on
maintiendra Info-Santé qui a prouvé sa valeur et qui est
nécessaire, quel est l'impact direct, demain matin, peu importe si c'est
dans le xième étage où loge Urgences, dans l'étage
additionnel ou dans le deuxième étage additionnel, ou s'il se
retrouve ailleurs, étant bien entendu qu'il faut que ce soit
concentré et non pas dispersé, compte tenu des risques?
M. Lamarche: S'il y a dissociation, la directive dit que la
totalité des infirmières qui travaillent aux services infirmiers
doivent être
affectées à la fonction Info-Santé; il est
évident que la totalité des infirmières qui
décideraient de maintenir leur emploi et leur poste d'emploi dans cet
Info-Santé seraient effectivement transférées. Il s'agit
de savoir si intervient une autre entité juridique ou pas. Si, par
exemple, c'était dans un conseil régional ou si c'était
dans un regroupement de CLSC... Les modèles existent. Lorsque
Urgences-santé a été constitué et lorsqu'il
s'agissait de préparer la mise sur pied de la Corporation, il y avait un
comité, formé par le ministère de la Santé et le
Conseil régional, mixte, qui avait comme fonction, un, de
préparer et de définir la mission d'Urgences-santé, mais
d'assurer également, d'une façon intérimaire, la gestion
de la direction des Urgences-santé du Conseil régional.
Ça signifie donc que, sauf celles qui voudraient possiblement
postuler d'autres emplois comme... Les postes de triage d'appels d'urgence vont
être affichés. Si quelques-unes veulent y postuler, leur
candidature va être prise en considération, mais elles seraient
transférées donc en bloc et avec tous leurs droits et tous leurs
privilèges. La convention collective qu'on a signée avec les
infirmières, c'est la même convention collective applicable dans
tout le réseau, qui comprend les mécanismes de transfert, les
mécanismes de sécurité d'emploi, les mécanismes de
replacement. Nous sommes liés, avec l'ensemble du réseau, par le
respect de ces conditions.
M. Côté (Charlesbourg): Si on remonte dans la
chaîne... Évidemment, lorsqu'on discute avec les intervenants et
qu'on parle du Dr Clawson, comme vous en avez fait état ce matin, on
arrive donc à un triage, avec tout le mécanisme qui est en cours,
où la discussion de fond est mécanique par rapport à une
approche biopsychosociale.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui! Après avoir
été 20 semaines en commission parlementaire avec l'Opposition il
faut en retenir quelques leçons. Donc, à partir de ce
moment-là, il y a triage qui sera fait par des individus. Est-ce qu'on
peut espérer que ce triage puisse être fait par des
infirmières?
M. La marche: Des personnes qui sont infirmières
pourraient postuler ces postes et appliquer le protocole. Maintenant, il est
évident que le système fonctionne dans la mesure où on
respecte le protocole et où on applique le protocole. En
conséquence, on renonce à appliquer un jugement professionnel.
Voilà où est la grande distinction. Dans le cas des
infirmières, tel qu'elles travaillent et tel qu'elles identifient les
urgences, à l'heure actuelle, elles exercent leur jugement
professionnel, c'est-à-dire que, par leurs habiletés
professionnelles, par leurs con- naissances, par leur sensibilité, qui
varient d'une infirmière à l'autre et qui peuvent varier d'un
poste de travail à l'autre - mais ce n'est pas le propre des
infirmières, c'est le propre de tous les professionnels qui exercent un
jugement professionnel, c'est le propre des médecins - elles
identifient, selon leurs connaissances, les situations d'urgence ou les
situations qui ne sont pas d'urgence. C'est tout à fait le contraire
d'assujettir une démarche au suivi rigoureux d'un protocole où,
là, le professionnel n'a pas de liberté. Il ne fait que poser des
questions, obtient du protocole les réponses et il les applique d'une
façon mécanique. (16 heures)
Alors, vous me posez la question: Est-ce que les infirmières
pourraient y travailler? Je vous dis que je pense que oui parce que j'estime
qu'elles doivent répondre aux exigences minimales, mais je leur ai
toujours dit: Est-ce que les infirmières seront
intéressées à y travailler? Est-ce que, dans le fond, les
habiletés professionnelles d'une infirmière ne sont pas davantage
liées à ce qu'est l'Info-Santé, à ce qu'est une
communication, à ce qu'est l'appel à une certaine formation,
à une certaine sensibilité et à certaines
expériences plutôt qu'au respect rigoureux d'un protocole?
Cela est absolument essentiel. Cela est absolument essentiel parce que
c'est le protocole qui est médicalisé. Ce protocole, qui a
été mis sur pied par le Dr Clawson, auquel toute
l'expérience, disons, de la pratique s'est ajoutée, existe depuis
14 ans. Il a été révisé à une dizaine de
reprises, c'est la dixième édition. On ne peut pas amender ce
protocole, on ne peut pas prétendre appliquer le système, on ne
peut pas obtenir les autorisations et la continuation de pouvoir appliquer ce
protocole si on n'accepte pas cette règle fondamentale que pose
l'académie médicale que, oui, il peut y avoir des changements qui
sont apportés au protocole, pourvu que la totalité des
utilisateurs en Amérique du Nord en conviennent.
C'est ce qui détermine ce que l'on appelle ou ce que les
tribunaux appellent "the best state of the art", c'est-à-dire qu'on sait
- c'est une règle qui s'applique coutumièrement en
médecine - que le médecin a à appliquer - il n'a pas une
obligation de résultats, il a une obligation de moyens - les
connaissances de la médecine au mieux de leur développement, dans
les circonstances qu'il connaît, et au meilleur de ses
compétences. S'il ne réussit pas, ce n'est pas de sa faute. Mais
s'il ne l'a pas fait, s'il n'a pas suivi "the best state of the art",
là, il peut être poursuivi. C'est la même chose au niveau de
l'application de ce protocole, c'est-à-dire qu'on ne peut pas intervenir
dedans et dire: Bon, voilà, on va le suivre. Maintenant, si on
décide de continuer, on va changer avec notre jugement professionnel ce
qu'est le protocole médicalisé, et on va le changer de la pire
des façons, c'est-à-
dire à chacune des interventions téléphoniques que
nous aurons, à chacun des appels téléphoniques qu'on
aura.
Si on veut maintenir un jugement professionnel dans le cadre de
l'application de ce système, je ne suis pas sûr,
premièrement, que le Dr Clawson accepterait que l'on prétende
utiliser son système, deuxièmement, on devient incapable de
répondre à un des aspects importants de la directive et des
constatations du rapport De Coster, c'est-à-dire que les lignes
d'urgence 911 doivent être libérées et que les appels
d'Info-Santé doivent être acheminés autrement sans
mobiliser les lignes d'urgence du 911. Il devient également impossible,
si on applique un jugement professionnel, de pouvoir porter le jugement: Est-ce
qu'Info-Santé, c'est une vocation d'Urgen-ces-santé ou si c'est
une vocation d'un autre organisme?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux bien qu'on se suive
là. Info-Santé, on a réglé ça avec nos
premières questions. Il y a dissociation d'Info-Santé. On est par
la suite dans une situation de triage et on dit: On veut appliquer chez nous ce
qui s'applique ailleurs - je ne sais plus, à un moment donné, on
me dit 2500, d'autres me disent 4000 villes - la méthode Clawson qui
fait l'objet d'un protocole. Le protocole, évidemment, à partir
du moment où on signe, j'imagine qu'on paie. Ça, ça veut
dire qu'on ne peut pas intervenir, pas changer. On ne pourrait pas mettre de
l'humain dans cette méthode-là parce que c'est une méthode
qui est mécanique.
De votre point de vue, c'est quoi la conséquence, demain, d'une
opération qui est plus mécanique et qui ne laisse pas de place
à une relation humaine? Est-ce que ça veut dire que, dès
le moment où vous prenez le téléphone, que quelqu'un est
dans une situation d'urgence, alors que vous pourriez avoir au
téléphone une infirmière, dont les compétences sont
reconnues, qui pourrait donner des conseils à cet individu qui est au
bout du fil, qui va attendre des secours et, en même temps, avoir le
secours... Est-ce que je comprends, dans une situation comme celle-là,
qu'avec Clawson, à partir du moment où c'est une situation
d'urgence, immédiatement, c'est un véhicule qui part pour se
rendre chez le patient? Mais, est-ce que pour autant ça veut dire que la
mécanique, le robot qui va être au bout du
téléphone... C'est à peu près ça; 1, 2, 3,
4, 5, c'est ça que les gens disent. Le robot qui va être
là, il va dire: Question 1, non; question 2, non; question 3, oui, et,
automatiquement, il y a un jugement qui va se poser: II faut envoyer quelqu'un.
Alors, l'ambulance se rend sur place, chez quelqu'un qui est en situation
d'infarctus. Pendant ce temps-là, est-ce que ça veut dire
qu'automatiquement, dès que l'ambulance est partie, il n'y a plus
personne qui peut être en contact, soit infirmière, soit
médecin, pour donner des conseils d'usage, le temps que l'ambulance
vienne? J'aimerais ça être capable de comprendre, un moment
donné, parce que essayer de faire croire, de dire au monde que
mécanique par rapport à biopsychosocial... Est-ce que la
mécanique met un frein à toute possibilité d'intervention
humanitaire et de support sur le plan du conseil?
M. Lamarche: Si vous me permettez, je vais demander au Dr Bastien
de vous donner la réponse relativement à cette application. Oui,
il y a un protocole intégré qui comprend le fait de donner des
instructions en attente de l'arrivée des ressources.
M. Côté (Charlesbourg): Mais j'aimerais ça
à partir d'un cas. Moi, je téléphone, j'ai "mon conjoint",
ma conjointe...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...pour ne pas qu'il y ait
aucune espèce d'équivoque à ce niveau-là, c'est
rien que la réalité que je veux vous démontrer...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): à partir du moment
où il y a cette situation-là, il se passe quoi? tu sais, mon
robot au bout, il pose des questions et il doit réagir, fà.
à partir de ce moment-là, moi je suis poigne au
téléphone et ça va bien me consoler de savoir qu'il y a
une ambulance qui vient me voir, mais ça me consolerait peut-être
un petit peu plus s'il y avait quelqu'un pour me conseiller en même
temps.
M. Bastien (Gilles): D'abord, M. le ministre Côté,
ce n'est pas une approche si mécanique que ça et ce n'est pas une
approche de robot. Je pense que ce qu'il faut comprendre, c'est que l'expertise
professionnelle s'est exercée au départ, c'est-à-dire
qu'il y a un certain nombre de médecins qui se sont penchés sur
le traitement des appels et ont déterminé une façon de
faire, un protocole, une démarche, laquelle démarche n'est pas
non plus complètement déshumanisée. La personne qui est au
bout du fil doit exercer également un contrôle sur la personne qui
risque d'être en panique. Ce qui est important, par contre, c'est qu'elle
suive le cheminement qu'un médecin pourrait faire dans une circonstance
comme celle-là et qu'elle gère l'ensemble des risques qui se
présentent à elle au bout du fil. C'est cette gestion des risques
qui est importante.
À titre d'exemple - étant donné qu'un grand nombre
de personnes, ici, ont plus de 35 ans - un homme de 35 ans et plus qui a une
douleur dans la poitrine, jusqu'à preuve du contraire, il est à
risque pour un infarctus. On doit donc prendre une décision en
conséquence.
En tant que médecin, je dois éliminer de ma tête ce
qui est plus grave, non pas le fait que vous ayez tout simplement une
inflammation des cartilages. Ce qui est important, c'est d'éliminer le
risque qui se présente devant nous, et c'est dans ce sens-là que
le système de Clawson a été pensé. Gérons un
ensemble de risques, allons du plus élevé au moins important et
traitons les situations de cette façon-là. C'est bien sûr
que l'élément... Ce sont des êtres humains qui vont
répondre au téléphone, ce sont des gens qui vont avoir non
seulement été entraînés à suivre une
démarche, mais également entraînés à
contrôler l'émotivité des gens qui sont au bout de la
ligne. Il y a toujours un aspect social, il y a un aspect psychologique qui
rentre en ligne de compte.
Il ne s'agit pas non plus, lorsque vous êtes au
téléphone, de poser un diagnostic. Ce n'est pas important de
poser un diagnostic. Ce qui est important, c'est de déterminer le
degré d'urgence de la situation et d'amener le patient, dans les plus
brefs délais, dans un centre hospitalier où il pourra être
traité de la façon la plus adéquate possible.
M. Côté (Charlesbourg): Si je comprends, ça
veut dire qu'à partir du moment où celui qui est au
téléphone, qui est un être humain, a un constat à
faire d'urgence... À quel moment intervient sa décision quant
à l'envoi d'une équipe d'urgence, à l'affectation d'une
équipe d'urgence qui doit aller sur place?
M. Bastien: Dès le départ, si l'appelant, la
personne qui appelle à Urgences-santé, le 911, dit: Mon
père est inconscient, il ne respire plus, dès que la personne a
donné cette information-là, l'ambulance est envoyée
immédiatement. Par la suite, si la personne respire toujours et n'est
pas inconsciente, pour une douleur rétrosternale, on doit effectivement
suivre une démarche, c'est quatre ou cinq questions qui vont nous
permettre de déterminer l'importance avec laquelle nous devons envoyer
les ressources et l'importance des ressources que nous envoyons.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Donc, à partir
de ce moment-là, il y a déjà une démarche qui est
entreprise pour un service rapide à l'endroit où il y a des
problèmes. Mais, il y a une continuité de relations humaines?
M. Bastien: Dès que l'envoi des ressources a
été fait, la personne qui est au triage des appels doit maintenir
un contact avec la personne qui est en bout de ligne et lui donner les conseils
nécessaires jusqu'à l'arrivée des techniciens ambulanciers
sur les lieux.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça peut vouloir
dire, demain, que, dans la mesure où vous recevez un nombre d'appels
extraordinaire, dans le concret, vous allez revenir nous voir pour nous
demander des véhicules additionnels et du personnel additionnel?
M. Bastien: Pas du tout.
M. Côté (Charlesbourg): parce que ça
signifie: un téléphone, une ambulance. si c'est ça que
ça signifie, est-ce que ça ne veut pas dire,
éventuellement, que vous allez nous revenir avec une commande d'achat de
matériel, puisque vous n'en aurez pas assez? je pense qu'il y en a qui
vont être très heureux d'apprendre ça. mais, en termes
clairs, est-ce qu'on va déboucher... parce que, ce que je comprends,
c'est qu'il se maintient une relation humaine - ça, je pense que
ça me paraît assez clair - entre l'intervenant et des
spécialistes. ça pourrait même être un médecin
qui est sur place, à ce moment-là, qui serait en relation avec
l'intervenant. je comprends? donc, à partir de ce moment-là, il y
a déjà une ambulance, du temps où vous parlez, qui est
partie et qui donnera un service rapide. mais, il y a peut-être un
certain nombre d'ambulances qui vont se rendre là pour rien, donc qui ne
seront pas disponibles pour faire d'autres cas. alors, ça signifie,
à toutes fins pratiques: un téléphone, une ambulance.
M. Lamarche: O.K. D'abord, je vais répondre à un
certain nombre d'aspects secondaires et je vais aussi répondre à
l'aspect fondamental de votre question, qui est celui de l'utilisation des
ressources.
Des médecins, normalement, oui. Le système, tel que nous
le prévoyons et tel que nous aimerions pouvoir discuter de son
implantation avec les médecins d'Urgences-santé, prévoit
qu'il y aurait dans la centrale, où sont présents les trieurs, un
nombre de médecins pour faire ce que j'ai appelé tantôt le
contrôle médical direct, le "on line medical control", donc pour
être capable d'appliquer les protocoles et d'intervenir,
également, si le triage mécanique et organisé était
débordé. Donc, présence de médecins, oui.
Deuxièmement, ce que je tiens à souligner, c'est qu'une
fois qu'on a un système comme ça, qui ne repose pas sur un
jugement professionnel, il devient universel dans la province et la province
n'est pas en situation différente du reste des États-Unis. Dans
50 % des appels d'urgence aux États-Unis pour un enfant qui est en train
de s'étouffer, dans 50 % des cas, on prend l'appel, on dit: Oui, on vous
envoie une ambulance, on ferme la ligne et il n'y a pas d'instructions.
L'enfant est à grand risque de mourir.
Dans la province de Québec, ailleurs qu'à Montréal,
pour Urgences-santé, c'est la même chose. Exceptionnellement, ce
n'est pas du "in and out" et, exceptionnellement, il y a des conseils qui
peuvent être donnés en attente de l'arrivée des ressources.
Mais, si on attend
d'avoir des infirmières pour traiter des appels à
Rouyn-Noranda, à Matane ou à Joliette, des médecins sur la
route, on utilise un système qui sollicite des ressources
organisées de telle manière que Montréal va toujours
demeurer avec un système différent des autres et les autres, avec
une incapacité de pouvoir utiliser un système de même
niveau. Ce système, qui permet à des personnes formées de
pouvoir donner les instructions en attente de l'arrivée des ressources,
permet de le faire partout. (16 h 15)
Votre question fondamentale. Je vais vous répondre par la
réalité de la ville de Los Angeles. Los Angeles, c'est la ville
la plus riche en Amérique du Nord. C'est 6 000 000 d'habitants, c'est
trois fois plus que le territoire qu'on couvre. Celui qui a monté le
système, c'est un médecin canadien qui s'appelle Ron Stewart, qui
est un des meilleurs médecins d'urgence préhospitalière,
je pense qu'il est reconnu mondialement. Le système de triage des
appels, qui est en application, c'est le système du Dr Clawson:
"Advanced Medical Priority Dispatch System". La gestion de la flotte se fait
à partir des travaux faits par un économiste du nom de Jack Stout
qui propose exactement ce qu'on veut installer, c'est-à-dire un arrimage
informatique entre le traitement de l'appel et la localisation réelle
des ambulances. On répond à tous les appels d'urgence dans la
ville de Los Angeles avec 48 ambulances disponibles le jour. À
Urgences-santé, il y en a 80.
M. Côté (Charlesbourg): On en a 40 de trop!
M. Lamarche: Je dirais qu'on peut obtenir un niveau de gestion
qui permettrait de répondre d'une façon satisfaisante. il y a une
autre façon aussi de voir la question. Nous avons environ - ça,
c'est des chiffres qui sont des moyennes - 1000 appels par jour.
M. Côté (Charlesbourg): La flotte, on verra
ça un petit peu plus tard. C'est parce qu'on me signifie qu'il ne me
reste pas grand temps.
M. Lamarche: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un nouveau
système qui est souhaité en termes d'application, qui crée
des inquiétudes parce que les nouveaux systèmes créent
toujours des inquiétudes dans un milieu de travail. Il est normal que
les changements créent de l'inquiétude. Il y en a chez vous; on
ne peut pas dire qu'il n'y en a pas, il y en a. Probablement que, s'il n'y en
avait pas, on ne serait peut-être pas ici aujourd'hui.
Une voix: C'est évident.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, confirmé par
l'Opposition, et ils sont, je pense, assez bien informés.
Ma question est: À partir du moment où on a un
système comme celui-là, qu'on souhaite l'implanter, que des
spécialistes, y compris du Québec, souhaitent que ce soit
implanté, quels sont les efforts que vous avez faits pour sensibiliser,
pour embrigader, pour embarquer comme partenaires les travailleuses et les
travailleurs de la Corporation d'urgences-santé pour que ce soit
l'objectif de tout le monde? Tout le monde dans cette boîte-là,
tout le monde a un objectif - en tout cas, je le souhaite - de bien-être
du citoyen-usager?
M. Lamarche: Premièrement, on a publié, on a
discuté au niveau du conseil d'administration, on a tenu des
assemblées du personnel au complet, on a tenu des assemblées de
groupes du personnel. Je peux vous dire que j'ai répondu à toutes
les demandes de rencontres du personnel, moi, personnellement, et je sais que
mes directeurs ont fait la même chose. Mais je sais où H y a
quelque chose qui devient incompréhensible, c'est quand la demande qui
est faite par les employés ou par les médecins consiste en une
consultation sur un sujet dont le résultat serait la remise en question
de la directive ministérielle. On ne peut pas s'entendre pour discuter
de toute question qui aurait pour effet de ne pas permettre de répondre
à un appel d'urgence à l'Intérieur d'une minute d'une
façon systématique, d'établir un contrôle de la
qualité, de réallouer les ressources aux niveaux médicaux.
Mais, sur les manières de l'implanter, sur les consultations, il y a eu
énormément, à mon avis, de consultations. Je connais quand
même un peu les relations de travail. Je ne connais pas beaucoup
d'entreprises qui, en l'espace de six mois, ont tenu autant de types de
rencontres, ont fait autant de publications. Est-ce que c'est satisfaisant
quand la demande, c'est que, finalement, la directive ne soit pas
réalisée, que les infirmières continuent à faire le
traitement de l'appel d'urgence, que les médecins continuent à
porter leur jugement professionnel en rappel sur les situations
référées par les infirmières, continuent à
dispenser les services de la même façon, à partir des 3,3
interventions, en moyenne, qu'ils font dans les huit heures de
disponibilité sur la route? Là, évidemment, ça
bloque parce que la consultation, elle n'est plus tout à fait une
consultation. Mais je leur affirme, et je le répète, que, dans la
mesure où la question, c'est de savoir de quelle façon on peut
implanter les directives, pour nous, pour le conseil d'administration, M. le
ministre - on vous l'a dit le 20 juin, on accepte ces directives et on va les
implanter - si c'est de savoir comment on les implante, on est prêts
à la consultation, on est prêts à la discussion.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Lamarche. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et vous rappeler que vous avez un bloc de 36
minutes à votre disposition.
M. Trudel: Très bien. Nous diviserons ce bloc-là,
M. le Président, en deux groupes, nous aussi, de notre
côté. Il y a mon collègue de Joliette qui a un bon nombre
de questions à poser aussi. Alors, allons-y rapidement.
M. Lamarche, est-ce que l'interprétation des directives
ministérielles de séparer l'urgent du non-urgent, pour vous,
ça se traduit par: Passons à Clawson, c'est ce
système-là qui me permet de séparer? Est-ce que ça
signifiait d'aller dans ce système-là lorsque vous avez
reçu cette directive-là? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres
méthodes?
M. Lamarche: Ça signifie qu'il faut avoir l'assurance
qu'on sera capable de traiter tous les appels qui sont reçus parce que
l'urgence, elle se détermine à la fin du processus et non pas au
départ. Ce sont tous les appels que l'on reçoit via le 911 en
dedans d'une minute. Il fallait donc trouver un moyen reconnu sur une base de
protocole où la totalité des questions sont toujours les
mêmes.
Deuxièmement, ce n'est pas la seule composante de la directive
ministérielle, parce que la directive ministérielle, elle dit
aussi: II doit y avoir un contrôle de la qualité. J'y ai fait
référence, ce matin. Pour qu'il puisse y avoir un contrôle
de la qualité, il faut que la démarche soit toujours la
même. Il faut avoir l'assurance que, quel que soit le poste de travail
où on répond à un appel, l'approche est la même, que
cette approche peut être emmagasinée et, par l'ordinateur, qu'on
peut recourir à l'ensemble des variations pour être capable de
faire ce contrôle de la qualité, pour savoir, par exemple, dans le
cas des hémorragies, en combien de temps nous traitons l'appel et quelle
est la formation qu'il va falloir donner à nos gens pour être
capables de devenir performants, pour rester à l'intérieur de la
directive qui dit qu'on doit affecter en dedans d'une minute.
Voilà pourquoi ça prend un système. Maintenant,
pourquoi Clawson? Parce que c'est le meilleur, c'est le "best state of the
art", et je pense qu'on a cette responsabilité. La consultation faite
auprès des médecins de chez nous et de l'extérieur du
Québec nous amène à constater que c'est le meilleur
système, et il faut recourir au meilleur système parce qu'il faut
assurer aux citoyens un traitement adéquat.
M. Trudel: II y a un ensemble de questions qui se posent suite
à votre jugement. Rapidement, à présent que vous dites:
Parce que c'est le meilleur... Vous vous appuyez sur quel jugement pour dire
ça, que c'est le meilleur? J'ai vu d'autres papiers qui disaient que
ça n'avait pas été évalué, cette
affaire-là.
M. Lamarche: Moi, je m'appuie sur un document qui est
déposé, qui a été examiné par nombre de
médecins, et de chez nous, et du Québec, et sur la
notoriété publique. Il y a d'autres systèmes qui existent.
Il existe un système, par exemple, de Labco, mais qui est un
système qui est davantage appuyé sur le traitement de l'ensemble
des appels d'urgence, comprenant les pompiers, comprenant les autres types
d'intervention, ou alors un système, également, qui s'appelle
"Power Phone", utilisé à quelques endroits aux États-Unis
et qui est une espèce de piratage de la troisième version de
Clawson.
Alors, tous les auteurs, tous les médecins, je pense bien, tant
américains que canadiens, vont dire: Bien, le protocole de triage des
appels d'urgence qui est le meilleur, le plus réputé, le plus
utilisé au Canada, aux États-Unis et aussi en
Nouvelle-Zélande, maintenant, c'est celui-là. Alors, voilà
pourquoi c'est celui-là.
M. Trudel: Je vais y revenir, sur la réponse à ce
pourquoi-là, M. Lamarche. Combien ça coûte, ce
système-là, quand on achète le paquet?
M. Lamarche: À cette étape-ci, on est encore en
transaction. La transaction, elle comprend que le Dr Clawson accepte que, pour
toutes les fins légales, y compris donc le fait qu'il doit être
approuvé par le Conseil du trésor et qu'il y a des lois du
Québec qui prévoient que des documents deviennent publics, il
devienne public. Mais, pendant toute la négociation, on a signé
une entente de confidentialité sur le coût. Je peux vous dire,
d'une façon globale, que, dans la mesure où on fait l'ensemble
des transformations, c'est un coût qui s'autofinance et qui s'autofinance
largement.
M. Trudel: C'est un coût qui s'autofinance? M. Lamarche:
Oui, parce que...
M. Trudel: L'autofinancement, c'est quand on fait payer quelqu'un
qui fait rentrer de l'argent. Vous dites: Un système qui s'autofinance.
Il y a quelqu'un qui finance ça quelque part. Est-ce qu'on est dans
l'ordre de 2 000 000 $ ou del 500 000 $?
M. Lamarche: Je vais vous donner un exemple précis et sur
lequel j'ai déjà répondu précisément
à ce syndicat. Dans le système tel que nous l'utilisons à
l'heure actuelle, qui comprend un jugement professionnel des infirmières
au triage des appels et un messager qui va chercher les billets et les apporte
à la messagerie, le simple coût en salaire des messagers,
annuellement, est de l'ordre de 375 000 $. Je leur ai dit que cette fonction
vétusté, dans le
cadre de l'implantation d'un système informatisé qui
transmet la donnée à la vitesse de l'électricité,
évidemment, disparaît. Il y a un certain nombre de diminutions de
fonctions, entre autres dans la facturation, qui peuvent être possibles
et qui permettent largement de penser que ça s'autofinance.
M. Trudel: Des économies de système. M.
Lamarche: Oui.
M. Trudel: Ça ne risque pas de baisser. Ça aussi,
il va falloir y revenir parce que, M. Lamarche, la réponse n'est pas
assez précise, mais le temps file. Je reviens sur l'aspect - c'est le
ministre lui-même qui a employé le mot "robot" tantôt, et on
a donné toute la dimension que ça voulait dire pour le
système - de la réponse mécanisée. Les nouvelles
personnes qui entreraient dans le système pour répondre à
un appel du 911, vous allez leur demander quel niveau de formation?
M. Bastien: II y a différents aspects dans la formation de
ces nouvelles personnes. La formation du Dr Clawson est d'abord une formation
théorique de 24 heures en ce qui concerne l'usage du "Medical Priority
Dispatch". Également, les personnes qui doivent répondre aux
appels doivent subir une formation en télécommunication.
M. Trudel: Non, mais, avant ça, vous allez avoir des
critères...
M. Bastien: Oui.
M. Trudel: ...pour dire: Si vous voulez faire application pour ce
travail-là, de trieur, c'est un secondaire V, un secondaire II... C'est
quel niveau de formation et de connaissances? J'imagine que le système
doit être documenté, en disant que ça prend des niveaux de
telle formation pour opérer le système.
M. Bastien: Les critères pour ces personnes-là.
C'est-à-dire que la liste a été déposée au
Conseil du trésor, mais ce sont des gens qui ont subi une formation d'au
moins un secondaire V. Ce sont des gens qui doivent être bilingues. Ce
sont des gens qui doivent avoir une formation en réanimation
cardiorespiratoire. Ce sont des gens qui doivent avoir une formation en
secourisme. On pourrait, si vous voulez, déposer le document...
M. Trudel: Non, mais le niveau académique
général demandé, ce serait une formation de secondaire
V?
M. Bastien: C'est une formation de secondaire V.
M. Trudel: On va ajouter à cela une formation à
Urgences-santé de trois jours, 24 heures, pour être capable
d'opérer au bout du téléphone. Je regardais vos fiches -
vous m'avez bien renseigné - avant le début des audiences; il y a
comme 32 diagnostics, pardon, fiches d'aide au diagnostic à partir d'une
fiche maîtresse. Alors, c'est quelqu'un qui va avoir trois jours de
formation pour opérer ce système au bout de la ligne. Je
comprends que le ministre disait qu'une des conclusions, c'est pas robot robot
au sens que, s'il y a une douleur du côté gauche, vous pesez sur
le piton 2 et, s'il y a une douleur du côté droit, vous pesez sur
le bouton 3. Sauf que c'est des gens de secondaire V, avec 24 heures de
formation, qui opèrent tout le système au bout de la ligne. C'est
ça que je comprends.
M. Bastien: II y a une formation théorique de 3 jours,
sauf que les gens doivent pratiquer entre eux pendant un certain temps avant de
l'appliquer. L'autre chose, je dois vous dire que, dans les 44 États
américains qui l'utilisent, plus les villes canadiennes qui l'utilisent,
cette formation-là a suffi pour permettre aux gens de faire le triage.
Je comprendrais mal pourquoi, à Montréal, ça prendrait une
formation différente de celle à Cincinnati, à Los Angeles,
à Winnipeg, à Calgary ou à Toronto. (16 h 30)
M. Trudel: Là-dessus aussi l'argumentation serait longue,
parce qu'il y a autre chose dans le système américain qui est
impliquée. Mais là, M. le Président, si vous voulez
reconnaître mon collègue de Joliette, parce qu'à partir du
moment où on a ce portrait de comment ça pourrait fonctionner
avec le nouveau système, il faut s'interroger maintenant sur l'autre
aspect: Comment ça fonctionne, en général, à
Urgences-santé, comment ça a fonctionné et quelles sont
les difficultés de fonctionnement? Là, j'imagine quelqu'un avec
un niveau de formation, disons, minimal, comme on vient de le mentionner, dans
cette machine, Urgences-santé. Il faut savoir comment l'ensemble de la
boîte vit actuellement et a vécu pour être capable
d'inférer un certain nombre de réponses au niveau de la
viabilité du système. Alors, moi, j'arrête là. Mon
collègue de Joliette a un certain nombre de questions là-dessus,
conformément à notre mandat de commission.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Oui. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je ne blaguais pas,
ce matin, quand j'ai dit que j'en aurais pour deux jours. Je vais être
obligé de tourner les coins très, très carré. C'est
la première fois, depuis 1974, que j'ai un dossier devant moi qui
mériterait, à mon point de vue, une enquête publique
profonde et fouillée, une vraie enquête publique. Je me souviens
de la loi
34 et de ce qu'il y avait dedans. Malheureusement, les
prédictions qu'on avait faites se sont réalisées à
peu près à 100 %. J'ai été à même de
rencontrer des dizaines et sans doute plus d'une centaine de personnes sur le
dossier. À la dernière minute, il y en a qui ont accepté
de me déposer des documents, malgré le système de chantage
éhonté qui règne à Urgences-santé au niveau
des relations de travail.
Je vais vous donner des exemples à partir de lettres
écrites, à partir de témoignages que j'ai eus et on jugera
après, à la fin du mandat de la commission, ce qu'il y a lieu de
recommander. Mais, nous autres, c'est clair, on ira assez loin dans nos
recommandations: sans doute une enquête publique profonde, et sans doute
que mon collègue également ira jusqu'à la mise sous
tutelle d'Urgences-santé.
Dans un premier temps, je voudrais vous poser une question relativement
banale, c'est: Combien vous a coûté la faillite de laCTSAM?
M. Lamarche: Qu'est-ce que vous entendez par
"coûté"?
M. Chevrette: Combien vous avez payé? Le gouvernement a
payé quoi pour ça, la folie, là?
M. Lamarche:l'acquisition des éléments d'actif plus
l'"assumation" de la garantie gouvernementale représentent un coût
d'environ 16 000 000 $.
M. Lamarche: 16 000 000 $. O.K. Vous connaissez la loi, M.
Lamarche, vous êtes avocat. Vous étiez conseiller au RETAQ avant
d'être président d'Urgences-santé. L'article 29 de la loi
34, vous le connaissez bien. C'était un droit qui était
donné aux salariés. Comment m'expliquer que la directrice des
ressources humaines de votre Corporation écrive aux employés et
les menace, sous peine de perdre leurs droits, d'adhérer à la
Coopérative? Comment pouvez-vous justifier ça en vertu de
l'article 29 de la loi que nous avons votée ici, où il y avait
une sécurité d'emploi légale d'assurée à
chaque travailleur qui était en emploi le 12 mai 1988? Comment
m'expliquer que Mme Louise Rancourt puisse écrire, le 14 août
1989, un an après le droit d'acquisition de sécurité, et
dire ceci: "Pour préserver tous vos droits, vous êtes donc
priés d'agir en conséquence", d'adhérer à la
Coopérative, alors qu'ils n'y étaient pas forcés, en vertu
de la loi 34? En vertu de quelle politique, si ce n'est pas une politique de
complicité et de collusion avec la CTSAM ou le RETAQ?
M. Lamarche: C'est une lettre de conseil qui était
adressée aux employés. C'était une lettre qui assurait que
le lien d'emploi soit maintenu. La loi 34, M. le député, ce n'est
pas la seule loi du Québec. Il existe aussi le Code du travail. Oui,
mais... Est-ce que je peux répondre à la question?
M. Chevrette: Je ne vous ai pas arrêté, je n'ai rien
dit.
M. Lamarche: Non? O.K. Vous faites signe que non.
M. Chevrette: Non, non, je montrais ma loi, la loi 34. Je la
connais, je l'ai combattue assez.
M. Lamarche: D'accord. La question était la suivante. Le
14 juillet 1989, dans le tumulte, tout ce qui restait d'autres entreprises
ambulancières et qui était visé par la loi 34 a vendu
à la Coopérative. Le transfert des liens d'emploi devait se faire
des propriétés privées à la Coopérative,
parce que le décret gouvernemental prévoyait que ce
n'était que le 17 juillet que le transfert s'effectuait. En
conséquence, pour que le droit qui était conféré
par la loi 34 soit applicable, il fallait qu'il y ait d'une façon
continue maintien du lien d'emploi.
Le problème qu'il y avait dans le cas d'une coopérative,
c'est que, pour pouvoir y travailler - c'est aussi compris par une autre loi du
Québec - il faut que les personnes en soient membres. Alors, ce que la
directrice des ressources humaines leur a recommandé, pour ne pas
qu'ultérieurement des gens interviennent pour dire: Écoutez, il y
a eu rupture du lien d'emploi entre le 14 et le 17 juillet, vous n'étiez
ni à l'emploi d'une des compagnies qui étaient mentionnées
dans l'annexe, ni à l'emploi de la Coopérative et, en
conséquence, nous contestons, par voie de grief et par tous les autres
moyens, la reconnaissance de votre accumulation d'ancienneté et de
l'accumulation de tous vos droits que vous aviez, vous avez refusé
d'adhérer à la Coopérative, c'est comme si vous aviez
également refusé de transférer... alors que, quelque part
entre 1988 et le transfert effectif, quelqu'un démissionnait d'une
compagnie, par exemple celle de M. Perlmutter. Alors, il y a rupture du lien
d'emploi, il n'y a donc plus transfert.
C'est une lettre qui leur a été adressée par la
directrice des ressources humaines afin de s'assurer qu'ils deviennent membres
d'une coopérative qui les employait pendant 48 heures pour que leurs
droits soient préservés.
M. Chevrette: M. Lamarche, je pourrais vous demander pourquoi le
décret est au 17 juillet. N'est-il pas exact plutôt que vu le
nombre très faible de coopérants inscrits à la CTSAM, la
SDC ne pouvait pas prêter, que tout ça s'est fait dans une
parfaite harmonie à tous les niveaux puis que c'était pour aller
chercher le nombre de coopérants valables pour aller chercher les 2 300
000 $ de la SDC? N'est-il pas plus exact de dire ça?
M. Lamarche: Bien, moi, je ne le sais pas,
parce que je n'ai pas travaillé au financement de la
Coopérative. Mais ce que je peux vous dire, c'est que c'est
effectivement le 17 juillet que s'effectuait le transfert des personnes. Je
n'ai pas la loi 34 devant moi, mais la loi 34 faisait plus que simplement
transférer les emplois le 17 juillet; elle faisait cesser la
responsabilité qui appartenait au Conseil régional,
jusqu'à cette date, d'assumer les services préhospitaliers
d'urgence sur le territoire du Montréal métropolitain et elle
rendait la Corporation, dont le conseil d'administration avait
été constitué quelque part au mois d'avril... Mais
légalement, ce qui avait pour effet de donner la pleine
responsabilité à la Corporation de l'ensemble des soins
préhospitaiiers d'urgence, c'était te moment
déterminé par décret où cessait le système
des permis, où cessait la responsabilité du Conseil
régional et où commençait l'application du nouveau
contrat, lequel nouveau contrat prévoyait également le transfert
des techniciens ambulanciers.
M. Chevrette: M. Lamarche, étiez-vous au courant que,
lorsque vous aviez incorporé tous les travailleurs ambulanciers,
automatiquement, la CTSAM n'avait plus de salariés au sens légal,
c'était des employés d'Urgences-santé? Comment
pourriez-vous m'expliquer d'abord que vous n'avez jamais versé à
Urgences-santé de parties, par exemple, de capital-actions pour que les
gens deviennent coopérants? Comment pouvez-vous expliquer ça,
alors que la CTSAM émettait quand même des T7 à ses
employés, qui n'avaient pas participé à aucun
capital-actions à la compagnie, que c'était sous un faux contrat
de départ, puis que la CTSAM a émis jusqu'à deux T7 au
même employé, qui n'a jamais donné une cent à la
CTSAM, qui recevait du ministère du Revenu du Québec, à
même nos deniers publics, des redevances, parce qu'il pouvait souscrire
au niveau de l'impôt, et qui allait envahir les véritables
cooopérants qui eux avaient mis de l'argent dedans? Étiez-vous au
courant de ça?
M. Lamarche: Non. Mais ce que je peux vous dire d'une
façon bien précise, c'est que ce que vous dites, au
départ, est faux. Ce n'est pas vrai non plus qu'à compter du 17
juillet 1989 la Coopérative n'avait plus d'employés. Elle en
avait. Elle avait tous ceux...
M. Chevrette: Je parle des techniciens ambulanciers.
M. Lamarche: Oui, mais c'est une coopérative de
producteurs. Est-ce que les techniciens ambulanciers, étant à
l'emploi d'Urgences-santé et également membres de la
Coopérative, étaient dans un statut tolerable en vertu de la Loi
sur les coopératives? Je sais que cette question-là a
été examinée. Je sais qu'elle l'a été parce
que le directeur du contentieux de la SDC, qui est M.
Montplaisir, je pense, m'a déjà écrit une lettre
pour me demander quel était l'état de la situation. Mais, ce
n'est pas à moi et ce n'est pas à la Corporation
d'urgences-santé de régler cette question-là.
Pour nous, la CTSAM a toujours été une entité
juridique distincte, une entité juridique qui, jusqu'au 17 juillet, pour
une partie, dans un premier temps, pour à peu près un tiers de la
flotte, dans un deuxième temps, pour les deux tiers de la flotte,
était un employeur au même titre que tous les autres employeurs
privés, c'est-à-dire qu'il détenait des permis et qu'on
payait la location et des véhicules et des employés pour faire la
prestation des services ambulanciers dans Montréal. À compter du
17 juillet, c'était une entité juridique dont nous louions
dès véhicules uniquement.
Alors, quels étaient les paiements ou l'obligation de faire des
paiements? La Corporation d'urgences-santé n'avait strictement et
absolument aucune obligation de payer des parts sociales au nom des techniciens
ambulanciers dans la Coopérative.
M. Chevrette: Mais lorsque Mme Louise Rancourt a envoyé sa
lettre le 14 août 1989 - c'est postérieur au 17...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...elle leur demandait d'adhérer à
une coopérative dont les employés, les techniciens ambulanciers
étaient tous passés chez vous et étaient des
salariés, au sens de la loi, exclusivement à
Urgences-santé. Comment pouvez-vous m'expliquer que la corporation
privée puisse émettre des T7 à un millier de techniciens
qui sont passés au service d'Urgences-santé et dont vous
êtes les seuls payeurs? Vous n'avez jamais envoyé une cent au
CTSAM concernant le capital-actions ou le contrat qu'on faisait signer avec
chaque coopérant. Donc, les Québécois, nous, les nouilles,
on payait, en plus, à même nos impôts, des retours
d'impôt à des individus qui n'ont jamais versé une cent en
capital-actions. Vous n'étiez pas au courant de ça, vous?
M. Lamarche: Ça ne me concerne d'aucune façon, M.
le député. C'est l'administration de la CTSAM qui fait ce qu'elle
veut.
M. Chevrette: Bon. M. Lamarche, puisque vous n'êtes pas au
courant, je dois vous dire que ça peut être une cause de la
faillite "phoney". Je vais vous expliquer pourquoi. Ces redevances-là,
si elles avaient été faites, ça représente 1000
employés à 5 % de leur salaire. Quand ils gagnent en moyenne 30
000 $, ça fait quelque chose comme 2 000 000 $ sur deux ans, 2 500 000
$. Vous regarderez la situation technique de faillite qui a été
enregistrée, ce n'était
même pas ça la différence. Je vous avoue qu'il y a
de quoi s'interroger très sérieusement, M. La-marche.
M. Lamarche: Je peux vous dire qu'à notre avis, dans la
faillite, il y a trois éléments importants. Un premier
élément important c'est, effectivement, une sous-capitalisation.
Ça ne signifie pas que ce qui est dit là n'est pas une
contribution monnayable. Les techniciens ambulanciers - ça je le sais,
mais je n'ai pas à défendre ça et je n'ai pas... Vous irez
devant n'importe quel tribunal que vous estimez à-propos et vous ferez
trancher la question, mais je sais que les techniciens ambulanciers avaient des
devoirs d'entretien dans la Coopérative, qui étaient
estimés par la Coopérative et par l'assemblée
générale de la Coopérative, en vertu desquels ils
estimaient ajouter une valeur à l'entreprise, ce qui n'est pas, non
plus, tout à fait faux.
Mais ce que je vous dis, c'est que, dans la situation de la
Coopérative, ce qui l'a rendue en situation très difficile ce
sont trois facteurs: premièrement, une sous-capitalisation;
deuxièmement, des coûts de véhicules qui n'étaient
pas autorisés ou prévus par le contrat. C'est-à-dire que
les coûts de véhicules ont pu varier de 105 000 $ à 115 000
$ alors que le contrat prévoyait un paiement sur la base du même
coût des véhicules pour toute la province à 85 000 $. Donc,
si on achète des véhicules qu'on n'est pas capable de payer par
l'entrée des revenus qu'on a, ça cause un autre problème.
(16 h 45)
Le troisième des éléments, c'était ce qui
s'appelle, en relations de travail, de ('"over-staffing", à notre avis,
c'est-à-dire qu'il y avait beaucoup trop de personnel pour faire des
activités qui auraient pu être d'un niveau différent. Je
vous donne un exemple, et c'est là-dedans, principalement, que nous
avons coupé. Bon. Il y avait une directive et il y avait une habitude
qui faisait en sorte que les véhicules étaient lavés et
à l'intérieur et à l'extérieur à la fin de
chaque quart de travail. Quand on a visité le Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, ou les véhicules de la
Communauté urbaine de Montréal - et c'est pourtant eux autres,
les policiers, qui donnent les billets d'infraction lorsque les
véhicules publics des services publics ne sont pas adéquats - on
nous a dit qu'une ou deux fois par semaine c'était suffisant pour le
lavage extérieur.
Donc, on a coupé dans ces choses-là. Mais, si on doit
prévoir deux laveurs par chaque point de service, par chaque 24 heures
de travail, par chaque 7 jours dans la semaine, évidemment, ça
demande un niveau d'emploi que ne permettait pas le contrat. Le contrat qui
était négocié et autorisé par le Conseil du
trésor entre la CTSAM et nous était sur la même base que le
contrat...
M. Chevrette: Là, quand vous avez signé avec la
CTSAM, c'est vous qui avez négocié et le Conseil du
trésor?
M. Lamarche: Sur mandat du Conseil du trésor.
M. Chevrette: N'est-il pas exact que ce contrat-là a eu
pour effet de forcer, à toutes fins pratiques, l'entreprise
privée d'alors à vendre? Il y avait une garantie de 24 $ l'heure,
vous le savez, du Conseil du trésor et vous avez signé avec la
CTSAM à un prix inférieur, forçant ainsi les compagnies
privées à vendre, à toutes fins pratiques, parce qu'elles
étouffaient. Ceci dit, vous avez...
M. Lamarche: J'aimerais répondre là-dessus, parce
que ça, ça contredit ce que vous avez dit tantôt. C'est
l'un ou l'autre.
M. Chevrette: Non, ça ne contredit pas du tout. M.
Lamarche...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...ça ne contredit en rien. C'était
l'esprit - vous l'aviez peut-être rédigé vous-même,
le rapport de la CSN à l'époque, je ne le sais pas - quand vous
avez déposé des mémoires en disant ¦ que l'objectif
ultime, c'était l'étatisation du système ambulancier
à Montréal et, quand on nous a fait gober la loi 34 ici, on vous
avait dit: Deux ans après, ils vont tout faire pour couper les ponts et
ils vous remettront les clefs. Qu'est-ce qui est arrivé? Vous le savez
très bien, il restait Durocher ou Desrochers - je ne sais pas - à
Montréal, et Perlmutter. Quand le ministère, avec vous et la
CTSAM, a signé le contrat à moindre coût,
précisément, ça a fait crever tout le monde et ça
ne pouvait pas être plus rentable pour une coopérative où
il y a trois mécaniciens au lieu d'un dans l'entreprise privée.
Vous le savez très bien, ça. Vous l'avez expliqué
vous-même. C'est loin de contredire, ça confirme, au contraire,
que l'objectif était recherché, visé et a
été réalisé. Et ça, fondamentalement, c'est
une erreur grave pour les Québécois.
J'ai un seul point et je donnerai la parole au ministre. Je sais qu'il
n'a pas fini son temps. Moi, je voudrais finir sur un point, M. Lamarche.
Êtes-vous au courant de ce qui se passe dans votre boîte dans les
relations de travail? Moi, j'ai des photos de listes de noms affichées.
C'est des gens qui étaient les vrais coopérants qui se battaient,
les 20 %. Des photos de listes. C'est affiché en plein dans les salles
de travail, ça. Et M. Cotton écrit: Vous autres... Je vais vous
le citer au texte parce que j'ai trouvé ça tellement grave...
Ça me semble pire un peu que les méthodes de l'enquête
Cliche que vous dénonciez, vous autres, la CSN, contre la FTQ. Je vais
vous en citer un petit bout: "Devrais-je un jour écrire
cette liste d'incapables nuisibles afin que ce 80 % vous organise votre
cas? que sais-je? des lettres de chantage à des syndiqués qui
osent défendre leurs droits, je ne pourrai vous laisser faire sans en
aviser l'ensemble des travailleurs de votre compagnie, qui ont mis beaucoup
d'énergie... et il conclut en disant ceci: allez rapidement vous
excuser, sinon vous êtes bien près de la porte. vous devrez sortir
rapidement du système ambulancier. "
M. le Président, je pourrais...
M. Lamarche: Est-ce qu'on peut savoir qui signe ça?
M. Chevrette: Pardon?
M. Lamarche: Est-ce qu'on peut savoir qui signe ça?
M. Chevrette: Oui, c'est signé Cotton, Mario. C'est
signé 1989. Ce que je vous décris là, c'est tout
récent, ça aussi, c'est le bulletin. Je pourrais vous donner des
propositions comme quoi le syndicat s'engage, à certains moments de
l'année, à ne pas défendre de griefs. Pourriez-vous me
dire qu'est-ce qui se passe dans votre boîte, M. Lamarche? Quelles ont
été les mises à pied? Combien y en a-t-il eu? N'est-il pas
exact que c'est surtout parmi les coopérants qu'il y a eu des mises
à pied? Êtes-vous au courant, dans votre boîte, que les
listes de ces noms-là sont affichées et qu'on empêche ces
gens-là d'aller aux toilettes? Êtes-vous au courant que, dans
votre boîte, il y a du monde à qui on dispatch des ambulances? Les
plus piteux, ce sont ceux-là. On est en train d'en faire des genres de
crapets pourris. Vous n'êtes pas au courant de ça?
M. Lamarche: Ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne, l'attribution...
M. Chevrette: Mais, monsieur, êtes-vous au courant?
Avez-vous reçu... Vous ne l'avez pas reçu. Moi, je vais vous le
dire. Si le monde n'avait pas peur, chez vous, là, ils vous auraient
déposé une dénonciation très officielle qu'on a ici
en plusieurs copies. Les gens ont assez peur, ils sont assez menacés
chez eux, dans leur propre maison, par téléphone. Ils
étaient prêts. Elles sont toutes rédigées. Ils
disaient ce qui se passait chez vous, mais ils ne veulent pas parler parce
qu'ils n'ont pas l'assurance de la protection. Partout où ils passent,
à Urgences-santé, c'est la collusion. Pour eux autres, c'est la
collusion entre les dirigeants du RETAQ et vos chefs d'équipe qui font
le "dispatch" discriminatoire. Ils n'ont pas l'assurance que la direction
d'Urgences-santé les défende adéquatement.
Et plus que ça. Ils vous ont présenté comme
étant le conseiller spécial du RETAQ en pleine assemblée
générale, au centre Paul-Sauvé, et, pour eux autres, c'est
ça qui fait que ces fiers- à-bras, qui ne sont peut-être
pas majoritaires, ce petit groupe d'indésirables fait en sorte qu'il
rend la vie impossible à des travailleurs. Et ça, je suis surpris
qu'un gars issu de la CSN ne soit pas conscient de ce qui se passe à
l'intérieur. Si vous voulez des noms, en me garantissant qu'on ne les
fera pas chanter par la suite, je vais vous en nommer, du monde, moi. La seule
façon de leur assurer une certaine protection aujourd'hui, M. Lamarche,
c'est de mettre le cas public. Si le ministre est capable de me garantir qu'il
va assurer une protection à ces gens-là et qu'il va assurer leur
emploi, je vais vous en sortir assez que vous n'aurez pas le temps de vous
occuper de changer votre système. Vous n'aurez pas assez de temps pour
régler vos propres problèmes à l'interne.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Un
commentaire?
M. Lamarche: Je vais essayer de ramasser un certain nombre
d'affaires.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Rapidement,
oui, oui.
M. Lamarche: II faudrait quand même tenir toujours
en...
M. Chevrette: Mais on n'a pas de temps. Ce n'est pas de ma faute,
c'est le système qui veut ça.
M. Lamarche: Oui, mais ça mériterait un peu
d'ordre.
M. Chevrette: Pardon? M. Lamarche: Je demeure...
M. Chevrette: occupez-vous de votre ordre à l'interne
avant de parler de l'ordre des questions que je pose, correct, m. lamarche?
soyez poli et je serai poli.
M. Lamarche: Le premier des ordres, M. Chevrette, c'est que vous
me pariez de problèmes internes syndicaux, à moi qui suis
patron...
M. Chevrette: Bon. Non, et vous savez, dans votre
boîte...
M. Lamarche:... alors qu'il y a un Code du travail dans la
province de Québec qui dit que ça ne me concerne pas.
M. Chevrette: Ah bien, Seigneur! Un gars ne peut pas aller aux
toilettes chez vous et ça ne vous concerne pas? Bien, Bonne Mère
du ciel!
M.. Lamarche: Ce n'est pas vrai. Les modalités
d'affectation des véhicules ne sont pas
déterminées de cette façon-là. Elles ne sont
pas déterminées de façon arbitraire non plus.
M. Chevrette: C'est par vos chefs d'équipe.
M. Lamarche: Ce qui pose problème, M. Chevrette, c'est
que, justement, ils sont attribués en fonction de l'ancienneté
aux travailleurs. Ce que nous avons modifié, comme procédure,
c'est que - puisque ça entraînait des retards dans les
affectations - lorsque le véhicule n'est pas disponible, le technicien
ambulancier doit prendre un autre véhicule. Et ça, c'est ce que
je sais, moi, de la façon dont ça fonctionne. Maintenant, vous
avez des anonymes qui écrivent des lettres à vous, pas à
nous, pour se plaindre. Nous autres, là, on fait...
M. Chevrette: Vous ne vous en occuperez pas.
M. Lamarche: Oui, eh bien, j'ai une liste, ici, d'à peu
près une cinquantaine de techniciens ambulanciers qui ont
été suspendus ou congédiés et, demain, vous allez
entendre probablement, comme il est écrit dans le Retaction, qu'à
Urgences-santé c'est un système répressif où il y a
des problèmes de relations de travail. Et les problèmes de
relations de travail, c'est qu'il y a trop de suspensions, il y a trop de
congédiements.
Quand on nous informe du fait que des techniciens ambulanciers posent
des actes médicaux, font des fausses déclarations de temps, font
des retards pour prendre la route et des menaces, quand on nous informe qu'ils
font des menaces et qu'ils portent des armes à feu, quand on nous
informe qu'ils n'utilisent pas une civière, quand on nous informe qu'il
y a une non-immobilisation, une non-utilisation de civière, quand on
nous informe qu'il y a un langage abusif sur les ondes, quand on nous informe
de quoi que ce soit, on prend nos responsabilités dans les relations de
travail.
En ce qui concerne les problèmes internes des syndicats, eh bien,
ça, je regrette, mais je ne m'en occuperai pas parce que les lois du
Québec m'interdisent de m'occuper de ces questions-là. Mais, sur
toutes les questions qui concernent la liberté, qui concernent la
capacité de pouvoir faire le travail adéquatement, que les gens
aient au moins le courage de signer des dénonciations. On vit dans un
système comme ça. On vit dans un système où, dans
n'importe quel régime de droit... Et c'est tant mieux qu'on vive dans un
système comme ça, parce que je ne voudrais pas vivre dans un
système où fes dénonciations peuvent être anonymes
et vous non plus, je le sais.
Alors, s'il y a des gens qui estiment qu'ils ont des droits qui sont
lésés, qu'ils viennent nous voir. Je ferai un comité et je
vous informerai, je vous tiendrai informé des démarches qu'on
fera pour restaurer chacune des situations. Ça, il n'y a personne qui va
nous empêcher d'assurer que les droits des gens soient respectés,
de tous les gens, puis d'une façon ordonnée, mais pas par des
lettres anonymes, pas par des dénonciations, parce que c'est tellement
grave, on a tellement peur et le boss est tellement méchant. Comment
est-ce qu'ils vont pouvoir avoir ma tête...
M. Chevrette: Vous ne croyez pas... M. Lamarche...
M. Lamarche: ...M. Chevrette, s'ils ne sont même pas
capables de signer une déclaration...
M. Chevrette: Je pense que ce n'est pas votre tête qu'ils
veulent.
M. Lamarche: ...puis de faire la preuve que je n'ai pas
donné suite?
M. Chevrette: Je vais vous expliquer, moi, ce qu'ils veulent.
Quand un président, P.-D.G. d'une corporation, avant même
d'être nommé à son poste, participe aux réunions
syndicales, comme vous avez fait... Vous avez été
présenté, vous le savez, vous ne nierez toujours pas ça,
vos cabanes à sucre, puis le centre Paul-Sauvé, puis tout
ça, vous le saviez comme moi. Vous étiez même dans le
décor avant, vous négociiez dans les corridors avant même
d'être nommé, en vertu de la loi 34. N'essayez pas de me remplir.
Je suis un petit peu au courant de ce qui s'est passé. C'est tout un
"deal" mal foutu, cette loi 34, un "deal" mal foutu pour Montréal. Puis
quand ils savent que Mario Cotton, pour lui et ses fiers à bras, vont
représentez leur caution, comment voulez-vous qu'ils aillent vers vous,
M. Lamarche? C'est humain, ça? Ne demandez pas à d'honnêtes
travailleurs...
Vous rappelez-vous, à CSN-Construction, ce que vous me disiez,
à l'époque, vous et Michel Bourdon. Vous disiez: Ils ont assez
peur qu'ils ne peuvent pas parler. Si la commission Cliche pouvait leur donner
une sécurité, ils viendraient parler. C'est ce qui est
arrivé. Puis qu'est-ce qui est arrivé après la commission
Cliche? Les honnêtes travailleurs ne se donnaient pas des coups de
marteau sur la tête, hein? On a décelé un petit noyau qui
alimentait tout ça. C'est ça, fondamentalement, M. Lamarche, que
vous reconnaissiez dans le temps, mais que vous ne reconnaissez pas
aujourd'hui.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, le
temps qui nous est imparti... Oui.
M. Lamarche: Juste pour terminer, vous dire que je vais aussi
à leur party de Noël puis que je ne suis probablement pas le seul
patron du Québec qui va à des parties de sucre avec ses
employés ou qui va à des partys de Noël.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Enfin, on
n'en est pas là. Les sucres, c'est plus tard, au printemps. M. le
ministre, vous avez encore quelques minutes.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
souhaite ardemment qu'on en finisse avec le passé, parce qu'on ne pourra
pas retransporter des personnes qu'on devait transporter puis donner des
services qu'on devait donner. S'il y a des gens qui ont des choses à
dire - on est ici deux jours - qu'ils le disent pour qu'on en finisse. Je pense
que ceux et celles qui ont ces responsabilités, tant au niveau du
conseil d'administration, devront avoir les coudées franches pour
être capables de redresser des situations qui, dans le passé, ont
été dénoncées à plusieurs reprises et qui
doivent être redressées.
Il y a eu des constats sur la place publique et il était
évident qu'à partir du moment où j'ai pris la
décision d'émettre des directives pour que ça aille dans
des sens très précis, avec des dates, avec des orientations
précises, ça ne ferait pas l'affaire de tout le monde et qu'il y
en aurait qui les contesteraient. C'est normal que des gens puissent s'exprimer
là-dessus, mais qu'on en arrive à une situation très
claire, très nette et que je joue le rôle que j'ai à jouer
au niveau d'Urgences-santé - et c'est ce que nous avons fait au
lendemain du rapport De Coster, donc très peu de temps après mon
arrivée - et que j'assume un suivi très serré sur
l'application de ces directives.
Donc, le message est assez clair pour tous ceux et celles qui vont
succéder, sur le plan des témoignages. Si vous avez des
témoignages à faire, faites-les maintenant pour qu'on tente de
régler ces situations-là, parce qu'au bout de la ligne c'est
l'usager qu'il faut protéger. Et, dans ce sens-là, je pense qu'il
nous faudra, bien sûr, examiner, à la fin de la commission, ce que
la commission elle-même peut faire. Je suis très à l'aise,
je ne suis pas membre de cette commission. La commission décidera. On a
eu l'amabilité de m'inviter à venir à la commission. Donc,
je vous en remercie.
Je vais quand même en profiter pour revenir à ce qui est,
pour nous, important, aussi; ce sont les directives qui ont été
émises sur les changements souhaités et qu'on doit apporter au
niveau du système. On a invoqué tantôt l'information, on a
invoqué le triage, on a invoqué Clawson et on a parlé
très brièvement de la flotte. On a presque conclu qu'il y avait
peut-être trop de véhicules. Peut-être. On ne sait jamais.
On verra au bout de la ligne.
J'aimerais avoir une discussion sur le rôle médical, parce
qu'à ce que j'ai compris, principalement, sur la place publique, il y a
les infirmières qui se sont interrogées sur ce qui se passait et
les changements qu'on voulait apporter, mais aussi les médecins. Quelle
collaboration avez-vous, à ce moment-ci, du corps médical pour
l'application des directives qui vous ont été transmises?
(17 heures)
M. Lamarche: Je dois vous dire que ce n'est pas la collaboration
qu'on souhaiterait. Pour être honnête, ce n'est probablement pas la
collaboration qu'éventuellement aussi les médecins
souhaiteraient. Je pense que, dans le cas des médecins, M. le ministre,
ce qui est important, c'est que la directive ne quantifie pas
précisément les réductions et les affectations. Il y a
quatre types d'affectations auxquelles II faut penser dans une
réallocation des ressources pour les médecins. Ces
réallocations des ressources doivent être précisées
avec eux. La première des réallocations des ressources, c'est de
mettre des médecins dans la salle du triage des appels d'urgence et de
la répartition pour assurer le "on-line medical control".
Première fonction.
Une deuxième fonction, c'est de donner une vocation de formation
des techniciens ambulanciers et de tous les autres et d'encadrement pour
s'assurer que, progressivement, avec le retrait des médecins, il y ait
formation adéquate des techniciens ambulanciers et de tous les autres
groupes pour qu'ils soient capables de poser les actes qui devront être
posés dans le cadre de l'application des protocoles d'intervention
clinique.
Le troisième lieu où les médecins devraient
normalement intervenir, c'est celui de certains champs cliniques
déjà au conseil d'administration. Le Dr Forgues, qui en est
membre, a souligné que, quant à lui, dans certains cas
d'arrêt cardiaque où on pourrait intervenir, à
l'intérieur d'un temps déterminé, il devrait y avoir
encore intervention médicale sur la route. Cette question-là doit
être débattue dans ce cadre-là. Il faut déterminer
quels sont les médecins qui assumeraient ces services et à partir
de quel centre.
Finalement, également, les visites médicales non urgentes
à domicile, c'est la quatrième vocation. Il faut pouvoir discuter
avec eux. Je pense qu'ils ont besoin de connaître, de leur
côté, de quelle façon est-ce que la Corporation va
être capable de pouvoir les appliquer. Ça signifie qu'il faut que
tous les acteurs capables de s'entendre et de déterminer, par
écrit, par entente, la façon dont ça se fait soient
présents. Ça signifie donc la Fédération des
médecins omnipraticiens, ça signifie donc le ministère de
la Santé, ça signifie donc la Corporation
d'urgences-santé, pour être capable de redéfinir l'entente
qui est intervenue entre ces trois partenaires.
Je pense que, dans ce cadre, si on est capables, de s'entendre et s'il y
a acceptation que les directives doivent s'appliquer, il y a une collaboration
qui pourrait s'établir entre les médecins, À date, je dois
vous dire qu'on est en panne sèche. Une des exigences que nous avons
eues dans les discussions avec le Dr Clawson et
qu'a accepté, le Dr Clawson c'est que, entre autres, il y ait des
rencontres entre lui et le comité médical, chez nous, qui
s'occupe de cette question de la détermination des niveaux de
réponses, pour tenir compte de la situation particulière du
Québec et de Montréal. Évidemment, si les médecins
chez nous lient leur collaboration à certaines réponses et qu'on
n'est pas capables de donner ces réponses d'une façon
adéquate, on va être retardé dans l'application de la
directive.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors,
voilà. Rapidement, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Non, parce que notre temps est écoulé.
C'était sur autre chose, M. le Président, à propos des
travaux de la commission.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
D'accord. Il me reste a remercier les gens de la Corporation
d'urgences-santé. J'inviterais nos prochains invités... Oui?
M. Trudel: M. le Président, avant que ces gens puissent
quitter la table-Le Président (M. Paradis, Matapédia):
Oui.
M. Trudel: ...je me raccroche à ce que le ministre vient
de dire: vider cette histoire-là et en arriver à ce que quelque
part on puisse avoir non seulement l'heure juste, mais qu'on soit
rassuré sur le système et ce qu'on va vivre au cours des
prochaines années. Je fais motion, M. le Président, comme membre
de la commission, pour que, si c'est possible, les gens d'Urgences-santé
demeurent à notre disposition pour revenir à la fin de nos
audiences. Il y a des gens qui sont de l'intérieur... Nous avons vu les
groupes qui vont se présenter et qui vont venir nous affirmer un certain
nombre de choses. On a déjà reçu des mémoires,
reçu des textes. Alors, si on veut que ce soit clair et si ce n'est pas
trop... Je ne veux pas empêcher ces gens-là de faire leur travail.
Je sais ce que c'est de diriger une boîte...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député, il a déjà été
décidé en séance de travail d'un certain nombre de choses.
Alors, si on veut changer ces choses-là, on devra refaire cette
séance de travail là. Enfin, c'est comme ça que ça
s'est décidé, qu'on devait faire des consultations, entendre
Urgences-santé et faire le point là-dessus. On aurait pu,
effectivement, les voir vendredi matin, comme derniers intervenants; le
ministre l'avait même proposé.
M. Trudel: Non, il y a deux éléments.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): On s'est
entendus sur un certain ordre et je pense qu'il faut le respecter.
M. Trudel: Moi, M. le Président, je suis d'accord avec
vous que ça a été discuté en séance de
travail, mais, quand on examine une situation particulière et avec ce
qu'on vient d'entendre aujourd'hui, il ne serait pas inutile que cette
commission puisse se garder 30 minutes à la fin de ses travaux pour en
arriver à ce que les gens d'Urgences-santé nous donnent leur
version quant à d'autres aspects qui seront examinés pendant nos
travaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): ...je vous soumets
respectueusement que ce que l'on vient d'entendre, c'est ce que l'Opposition
nous a mis sur la table, qui était donc à leur connaissance. Ce
n'est pas arrivé dans la nuit d'hier à aujourd'hui. Par
conséquent, je pense que, quand j'avais fait la proposition, qui
m'apparaissait raisonnable dans nos échanges, que nous gardions la
Corporation d'urgences-santé pour la fin, juste avant le Dr Frechette,
pour être capables de ramasser un certain nombre de choses qui pourraient
se dire en cours de route, ça me paraissait normal, mais ce n'est pas
ça qui a été établi. Cependant, je suis ouvert,
quant à moi, même si ne ne suis pas membre de cette commission,
à ce que la commission elle-même - si elle veut le faire pendant
l'ajournement du souper, elle le fera -discute d'un certain nombre
d'arrangements et elle déterminera si elle se rend aux voeux du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Moi, je n'ai pas
d'objection à ce que ce soit soumis là, mais dans une
séance de travail où la commission révisera son
horaire.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Vous
rappelant que ce n'est pas une séance de travail, alors on va passer
à autre chose et on aura à se voir pour débattre de ce
sujet...
M. Trudel: Très bien, mais ce que je veux juste
mentionner, là...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): ...ou de
cette motion.
M. Trudel: Pour discuter de cette motion.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): On se verra
ce soir sur l'heure du souper.
M. Trudel: Très bien, selon nos règlements, M. le
Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors,
je remercie les gens d'Urgences-santé et j'invite l'Alliance des
infirmières de Montréal. Alors, bienvenue à nos
invités. Je demanderais peut-être à un porte-parole de
s'identifier et d'Identifier les gens qui l'accompagnent.
Alliance des infirmières de Montréal,
section Urgences-santé
Mme Manzo (Denise): Bonjour, je suis Denise Manzo,
présidente de l'Alliance des infirmières de Montréal. Les
gens qui m'accompagnent sont respectivement: à ma gauche, Mme Micheline
Nadon, responsable locale; Mme Louise Sylvestre, responsable locale
également; M. André Auger, conseiller syndical; à ma
droite, Mme Josée Masson, conseillère syndicale.
Nous avons également invité le Dr Lambert Farand à
se joindre à nous à titre de chercheur ayant participé
à l'évaluation du système actuel du traitement des appels
à Urgences-santé, étude qui a été faite par
le Groupe de recherche interdisciplinaire en santé de
l'Université de Montréal. Il a aussi examiné les
implications de l'implantation du système Clawson a
Urgences-santé, et ce, dans le cadre de son mandat sur le contrôle
de la qualité. De plus, le Dr Farand a des compétences en
informatique et en éducation et termine un doctorat dans ces
disciplines, et ce, tout en poursuivant ses activités cliniques à
Urgences-santé depuis 10 ans.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci,
madame. Vous avez 30 minutes pour nous livrer votre message.
Mme Manzo: Merci. Dans le rapport De Coster, faisant suite aux
événements de la Polytechnique de Montréal, le
fonctionnement d'Urgences-santé a été remis en cause. Le
triage fait par les infirmières lors de cette tragédie, loin
d'être blâmé, a été souligné par le Dr
Lapointe comme ayant été efficace.
À notre avis, nous avons un modèle unique de triage dont
nous devrions être fiers. Le système actuel de traitement des
appels par les infirmières à Urgences-santé rejoint une
performance élevée en termes de sensibilité, soit 96 %.
Cette résultante n'est obtenue que par l'envoi inévitable d'un
certain nombre de ressources non requises, et ce, afin d'assurer un triage
sécuritaire. Cependant, le triage, par sa spécificité,
réduit de façon appréciable l'envoi injustifié de
ressources, permettant ainsi une réduction du gaspillage de celles-ci et
une augmentation de la disponibilité des véhicules pour les
véritables urgences.
Un des aspects importants de l'efficacité du traitement des
appels consiste à ajuster le temps de décision et/ou le temps de
réponse. À Urgences-santé, certaines lacunes
dénoncées par les infirmières depuis plusieurs
années, en regard du traitement des appels, perdurent. Certaines re-
commandations ministérielles contribuent à améliorer le
temps de réponse. À cet effet, les infirmières sont
d'accord quant à la séparation des deux lignes, l'urgent et le
non-urgent, et à l'implantation d'Info-Santé avec un
numéro distinct. Ces deux systèmes sont, à notre avis,
étroitement reliés et doivent être confiés aux
infirmières.
L'indissociabilité des fonctions assumées par un
intervenant unique minimise les temps de prise de décision et permet la
compilation des informations sur l'état clinique des patients, vise
à diminuer la redondance entre les deux systèmes et facilite la
coordination entre la réception et la répartition des appels, les
équipes de terrain et les centres receveurs.
L'Informatisation des postes de travail, afin de réduire les
pertes de temps reliées à la prise manuelle des données et
à l'acheminement de la fiche à la répartition.
L'informatisation permet également une connaissance approfondie des
appels antérieurs des patients et assure une prise de décision
rapide, conforme et adaptée à l'urgence d'une situation.
L'implantation d'un CAD permet la visualisation sur écran de la
localisation géographique des véhicules, de façon à
pouvoir intégrer rapidement les informations sur la disponibilité
des ressources et ainsi réduire les temps de réponse.
Une fois ces correctifs apportés, il sera alors opportun de
réévaluer l'efficience du système en regard du temps de
décision et/ou du temps de réponse et, à la lumière
de ces informations, de procéder à des réajustements, s'il
y a lieu.
Considérant les contraintes actuelles en regard de l'offre et de
la demande, fl est important de se rappeler que la qualité consiste
à maximiser le bénéfice net en ternies de santé
pour la population desservie à l'intérieur des ressources
allouées au système par la société. La
réduction du temps de réponse ne doit pas se faire au
détriment de la qualité, puisque la vitesse n'en est pas le seul
et unique critère. Pour les cas d'urgence vitale - arrêts
cardiaques, obstructions respiratoires, traumatismes majeurs - les temps de
prise de décision sont cruciaux. La présence d'infirmières
au triage des appels optimise la qualité d'intervention puisque le
jugement professionnel assure une détection rapide de l'urgence, en
deçà d'une minute, de même qu'un suivi et un support
adéquat jusqu'à l'arrivée des ressources, le tout dans une
approche biopsychosociale assurant une intervention adaptée aux besoins
de l'appelant et/ou du patient. De plus, dans les cas où l'urgence
immédiate est éliminée, la présence
d'infirmières permet la détection des urgences potentielles,
difficilement identifiables en l'absence de connaissances cliniques solides.
(17 h 15)
Comme dans les grandes régions urbaines, Montréal est
confrontée au problème de nom-
breux appelants demandant des sen/ices pour des situations non urgentes.
Cette demande de la population est fortement influencée par des facteurs
socio-économiques et culturels et par la présence ou non de
ressources alternatives dans le milieu.
Le jugement professionnel est le prérequis essentiel à
l'efficience du traitement des appels. Dans le cas d'un patient ayant une
histoire médicale antérieure cardiorespiratoire, chirurgicale,
seule une professionnelle de la santé est en mesure d'intégrer
ces informations aux symptômes décrits lors de l'appel et de
déterminer les ressources appropriées. La suppression du triage
risque de provoquer un allongement du temps de réponse aux appels
urgents par une utilisation inadéquate des ressources disponibles,
d'où une diminution de la qualité du service. De plus, en
augmentant le nombre de déplacements en STAT avec sirène et
gyrophare, il ne faut pas négliger le risque plus élevé
d'accidents impliquant autant les ressources ambulancières que la
population.
Suite aux tentatives antérieures visant à implanter des
protocoles rigides d'intervention - arbre de décision, algorithme - ils
se sont avérés difficilement applicables du fait qu'ils niaient
toute forme de nuances dans les réponses et qu'il était
impossible de tenir compte des informations données spontanément
par l'appelant. Les concepteurs de ces protocoles ont donc conclu qu'il
était préférable de s'en remettre au jugement
professionnel de l'infirmière. Notre système d'évaluation
des appels, basé sur une méthodologie qu'on appelle ABCC permet
d'identifier rapidement l'urgence.
La décision d'implanter à Urgences-santé le
système Clawson, dit expert, est à tout le moins
prématurée. La technologie informatique actuelle ne permet pas de
substituer un logiciel, si bon soit-il, au jugement professionnel.
Présentement, l'infrastructure du réseau de la santé ne
peut supporter l'utilisation d'un tel système. Certaines
améliorations, apportées par le GTI - Groupe tactique
d'intervention - en regard de l'engorgement des salles d'urgences,
disparaîtraient immédiatement. En effet, avec le système
Clawson, préconisant une grande utilisation de ressources
ambulancières, une saturation immédiate est inévitable,
tant au niveau des ressources de terrain que des centres dispensateurs de soins
d'urgence.
L'utilisation du système américain,
préconisée par Urgences-santé, est
sous-médicalisée et semble plutôt orientée vers une
protection légale du système d'évaluation
téléphonique des appels. Dans un contexte de médecine
d'urgence légaliste comme aux États-Unis, ce choix s'explique. La
surmédicalisation de la médecine d'urgence
préhospitalière européenne est tout aussi
inappropriée. Le système préhospitalier d'urgence
montréalais est un choix efficient et adapté aux besoins de la
population de par sa composante.
Celle-ci a d'ailleurs manifesté son appréciation lors d'un
sondage réalisé, à la demande de la direction, par la
firme Léger et Léger en 1991.
Par ailleurs, en mars 1990, le docteur Rudolph Koster d'Amsterdam,
après avoir évalué et comparé les centres de triage
de Seattle, Washington et Montréal, est arrivé à la
conclusion que la présence d'infirmières à la
réception des appels a un impact incontestable sur les coûts du
système en termes de rationalisation des ressources et d'encombrement
des salles d'urgence. De plus, il précise que notre système est
considéré comme un modèle qui peut être
implanté à Amsterdam.
Les responsabilités de tous et chacun, en regard des coûts
reliés au système de santé et de notre volonté de
lui conserver son caractère de gratuité, d'universalité et
d'accessibilité, suffisent à questionner les orientations de la
direction. L'évolution des dépenses dans le secteur de la
santé et des services sociaux croît de façon
inquiétante. Nous pensons que les réaménagements
amorcés ne feront qu'ajouter à la charge déjà
lourde du citoyen-payeur, alors qu'il suffit d'apporter au système
déjà en place des modifications mineures de façon à
optimiser les services.
Le système Clawson n'a subi aucune étude sérieuse
en termes de résultats, si ce n'est une évaluation de processus,
contrairement au triage des infirmières, seul maillon de la chaîne
d'intervention ayant été soumis à une évaluation
par le GRIS, Groupe de recherche interdisciplinaire en santé. Il a
d'ailleurs fait l'objet de plusieurs ajustements depuis sa mise en
marché et, de plus, Dallas, pour combler certaines lacunes de ce
système, a conservé le triage par des infirmières,
juxtaposant ainsi le jugement professionnel au processus technique.
M. le ministre, dans l'esprit de votre réforme axée sur le
citoyen, l'infirmière à Urgences-santé privilégie
l'approche biopsychoso-ciale plutôt qu'un service à la
chaîne, robotisé où la routine l'emporte sur l'approche
individualisée. L'application du système Clawson confine le
citoyen à un questionnaire rigide auquel il devra se soumettre et qui ne
fait appel à aucun jugement professionnel qui, pourtant, démontre
plus de flexibilité, flexibilité nécessaire lorsqu'on
s'adresse à une personne malade ou en situation de crise.
Les revendications des infirmières au cours des années
passées démontrent que nos préoccupations se rejoignent et
témoignent de l'intérêt que nous avons à fournir au
citoyen un service de qualité. Nous travaillons, présentement,
à l'implantation de notre projet Info-Santé. Ce travail est
élaboré avec la collaboration d'un nombre important
d'infirmières qui y mettent temps, énergies et
compétences. Considérant l'expertise développée par
les infirmières d'Ur-gences-santé, il est fondamental que ce
service soit centralisé. L'accessibilité du citoyen est
facilitée par un numéro unique. La continuité des
services sera favorisée, notamment par l'amélioration de
l'accueil, de l'évaluation, de l'orientation, et le contrôle de la
qualité des services est ainsi assuré.
Dans votre réforme, vous affirmez que le citoyen est en droit
d'être accueilli, aidé et traité par un personnel
dévoué et dédié à sa tâche et que,
pour rencontrer cet objectif, on doit motiver, valoriser le personnel et lui
fournir l'occasion de relever de nouveaux défis. Nous vous donnons
l'opportunité de rencontrer vos objectifs en permettant aux
infirmières d'Urgen-ces-santé d'exercer une influence sur le
devenir de l'organisation. Que l'on tienne compte de leurs allégations
dans la détermination de moyens visant à rehausser la
qualité des services et qu'on écoute leur point de vue dans
l'organisation du milieu de travail.
Compte tenu de l'expertise des infirmières à
Urgences-santé oeuvrant depuis plus de 10 ans auprès du citoyen,
nous vous demandons un temps d'arrêt et qu'ensemble, à la
lumière du GRIS et avec une évaluation du système dans son
ensemble, nous puissons influencer les choix que la direction a pris et ainsi
répondre aux besoins du citoyen qui demeure toujours au centre de nos
préoccupations.
Mme Nadon (Micheline): Alors, je vais vous parler du module
Info-Santé. Dans le but d'optimiser la qualité du service au
citoyen, nous préconisons alors la centralisation régionale du
service Info-Santé, qu'Info-Santé soit exclusivement
réservé aux infirmières et que ce service soit un
organisme autonome.
La centralisation régionale du service Info-Santé.
Info-Santé, avec un numéro unique, est un service d'information
téléphonique qui est ouvert 24 heures par jour et 7 jours par
semaine. Il y a plusieurs avantages à la centralisation
d'Info-Santé puisqu'il importe de considérer la prestation de ce
service en termes d'accessibilité, de continuité et de
qualité. Les structures du réseau de la santé sont
déjà très complexes et les ressources doivent être
accessibles et disponibles au moment où le citoyen en manifeste le
besoin. La centralisation régionale d'Info-Santé évite
d'alourdir davantage la structure du réseau et assure une qualité
de services en privilégiant les fonctions d'accueil,
d'évaluation, d'orientation, le tout axé sur les besoins du
citoyen.
Qu'Info-Santé soit exclusivement confié aux
infirmières. Dans l'exercice de sa profession représentant
à la fois un art et une science, l'infirmière utilise son
expertise au niveau de la communication afin d'établir rapidement une
relation d'aide avec le citoyen. Elle évalue la situation et l'aide
à identifier ses besoins de santé, d'information et de
référence. Toutefois, même si le besoin exprimé par
le citoyen est perçu comme non urgent par celui-ci, l'infirmière
demeure vigilante afin de détecter toute urgence potentielle et d'y
répondre de façon appropriée. De plus, elle conseille et
renseigne la population sur toute question relative à la santé
globale et favorise, si nécessaire, son orientation vers les ressources
du réseau de la santé et des services sociaux. Par ce conseil
d'ordre préventif ou curatif, aussi bien que par les
références vers les ressources appropriées,
l'infirmière vise à promouvoir l'autonomie du citoyen et à
le maintenir dans son milieu naturel tout en l'assistant dans
l'immédiat.
L'impact d'Info-Santé sur le désengorgement des salles
d'urgence et sur les coûts inhérents à la prestation de
services plus structurels est non négligeable. Il est important de
mentionner que la réponse au citoyen se fait dans l'optique d'une
approche globale et que ses besoins demeurent au centre de toute intervention.
Tout en recommandant l'exclusivité du service Info-Santé aux
infirmières, nous sommes conscientes de la nécessité d'une
approche multidisciplinaire et d'une collaboration avec les partenaires du
réseau de la santé et des services sociaux, dans le respect des
missions et des mandats qui leur sont confiés afin de favoriser la
continuité des soins et de promouvoir l'autonomie du citoyen, tout en
assurant sa sécurité.
Que ce service soit un organisme autonome. Tout en maintenant des liens
étroits avec les CLSC, les autres établissements et les
organismes du réseau de la santé et des services sociaux, nous
préconisons qu'Info-Santé soit un organisme autonome. Dans les
directives ministérielles, il est dit que, d'ici juin 1992,
l'opération d'Info-Santé sera confiée à d'autres
instances, si jugé opportun par le ministère. La décision
n'étant pas finalisée, les infirmières veulent exercer
leur influence sur le devenir du service Info-Santé. Associées
aux décisions, nous pouvons davantage développer le sentiment
d'appartenance si nécessaire à la motivation au travail.
Les recommandations. Compte tenu du contexte actuel: Que les
démarches reliées à l'implantation du système
Clawson soient suspendues; que le système actuel du traitement des
appels urgents basé sur le jugement professionnel des infirmières
soit maintenu; que les systèmes de prise d'appels urgents et de
répartition soient assistés par ordinateur et que les deux
systèmes soient étroitement reliés de façon
à permettre une juxtaposition du jugement professionnel au processus
technique; que l'implantation du CAD soit activée de façon
à visualiser la localisation des véhicules et à
évaluer la disponibilité de la flotte ambulancière; qu'une
évaluation du système global soit régulièrement
effectuée à l'aide de statistiques et autres outils pertinents;
que l'expertise des infirmières à Urgences-santé soit
prise en considération de façon à optimiser la
qualité du service au citoyen; que le service Info-Santé soit
exclusivement réservé aux infirmières et centralisé
pour des fins d'accessibilité, de continuité et de qualité
et, dans la
mesure où le ministre juge opportun de confier Info-Santé
à d'autres instances, nous recommandons que les infirmières
soient partie prenante à la décision, tel que le préconise
la réforme. C'est tout.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
ministre, vous avez des commentaires?
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est de bon aloi de commencer mon interrogation par
Info-Santé qui est, je pense, un peu partout à travers le
Québec, définitivement un des bijoux que nous avons. Et lorsque,
à l'intérieur de la réforme, on a pensé à du
24-7, c'était, effectivement, de reproduire dans toutes les
régions du Québec ce qui se faisait à Montréal et
ce qui se faisait aussi un peu à Québec. ( 17 h 30)
Je comprends donc que, pour vous, pour que nous ayons un rendement
optimal de ce service d'Info-Santé, il faut que les travailleuses et les
travailleurs soient regroupés et que, dans le cas particulier de
Montréal, tout le monde soit regroupé dans un seul endroit pour
être capable de donner ces services-là, dans un premier temps.
Actuellement, disons, vous êtes 66 infirmières au service
Info-Santé. Il n'est donc pas question de faire en sorte, si on
choisissait, par exemple, les CLSC, qu'il y ait une répartition des
infirmières dans chacun des CLSC. Pour être efficace, ça
prend une unité qui a une vocation régionale, mais qui est
homogène et donc dans un seul bloc.
Ce que je comprends, d'autre part, c'est que vous nous dites: Si jamais
vous décidiez de ie confier à une autre instance que celle
d'Urgences-santé, ça doit être une organisation autonome.
J'ai bien compris?
Mme Nadon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Pour vous, qu'est-ce que
c'est qu'une organisation autonome? Si, par exemple, notre décision
allait dans le sens que, dans l'esprit de la réforme que vous
évoquez dans votre document, l'information est davantage de
l'information qui doit relever de la première ligne et
qu'Info-Santé devrait être géré par les CLSC...
Qu'est-ce que signifie, à ce moment-ci, organisation autonome?
Mme Nadon: Je pense qu'il reste beaucoup à
développer sur ça, mais nous en avons quand même
parié. Quand on parle d'organisme autonome, c'est-à-dire que,
bon, supposons qu'Urgen-ces-santé resterait au Conseil régional,
mais que, par contre, Info-Santé aurait son propre conseil
d'administration. Alors, on resterait dans les locaux du Conseil
régional, mais, par contre, il n'y aurait pas le conflit
d'intérêt pour le Conseil de la santé et des services
sociaux; on aurait notre propre conseil d'administration. Alors, il ne serait
pas vu comme un dispensateur de services, supposons.
M. Côté (Charlesbourg): mais c'est un dispensateur
de services. on se comprend bien qu'on est dans une situation où
info-santé, c'est du service à la population.
Mme Nadon: C'est un service à la population. Ce que je
veux dire par ça, c'est comme quand Urgences-santé faisait partie
du Conseil régional, où le Conseil régional était
vu comme pour dispenser des services, alors que ce qu'on amène, c'est
qu'on dit seulement: On occuperait l'espace du Conseil régional, par
contre on aurait notre propre conseil d'administration.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je dois conclure
ou déduire, sans que ce soit une conclusion irrémédiable,
que les infirmières ne sont pas fermées à l'idée
d'examiner éventuellement qu'Info-Santé puisse être
rattaché, par exemple, aux CLSC ou au regroupement de CLSC de
l'île de Montréal?
Mme Nadon: Je n'ai pas compris votre question.
M. Côté (Charlesbourg): Que les infirmières
travaillant actuellement à Info-Santé ne sont pas fermées
à l'hypothèse qui voudrait que cette responsabilité
incombe aux CLSC du territoire de l'île de Montréal, bien
sûr, en respectant l'uniformité, et que ce soit un groupe de
travailleurs centralisé qui donne un service à l'ensemble de la
région de Montréal, mais dont le rattachement pourrait être
aux CLSC.
Mme Nadon: Vous voulez dire que ce serait un groupe de 67
infirmières qui serait rattaché à un CLSC avec un
numéro unique?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Avec un
numéro, avec un mandat pour couvrir l'ensemble du territoire que vous
couvrez actuellement, soit celui de l'île de Montréal. Laval,
c'est une autre question, mais à tout le moins pour I'île de
Montréal.
Mme Nadon: Bon. Disons que le service, il est
centralisé.
M. Côté (Charlesbourg): Centralisé, il est le
même, fait par des infirmières...
Mme Nadon: L'accessibilité...
M. Côté (Charlesbourg): L'accessibilité est
toujours là.
Mme Nadon:... elle est là.
M. Côté (Charlesbourg): II y a le rattache-
ment qui, lui, je dirais rien qu'à la première ligne
puisqu'on est dans une...
Mme Nadon: C'est une possibilité, parce que, dans le fond,
on préconise un service centralisé parce qu'on dit que c'est plus
facile au citoyen de s'y reconnaître. Il n'a pas à retenir
plusieurs numéros, comme 35 numéros. S'il déménage
dans la journée, il n'a pas à chercher unautreCLSCou...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
Mme Nadon: ...le soir, il n'arrive pas et il n'a pas un autre
numéro à recomposer. En termes d'accessibilité pour le
citoyen, oui, ça répond aux besoins.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai commencé par
ça; j'aurais aimé commencer par une autre question, mais, comme
c'était votre fin, je trouvais que ça s'incorporait bien. Vous
qui travaillez à Info-Santé, si je vous demandais qu'est-ce que
vous pensez du rapport De Coster. Parce que c'est en partie de la que
commencent un certain nombre de recommandations. De Coster, pour vous,
qu'est-ce que ça a représenté et qu'est-ce que vous en
pensez?
Mme Nadon: Du rapport De Coster?
M. Côté (Charlesbourg): On s'est fait dire à
l'occasion ou j'ai entendu a travers les branches qu'il n'avait consulté
qu'un seul médecin, le Dr Lapointe, qui est bien connu dans le domaine
qui nous préoccupe. Alors, j'aimerais ça vous entendre
là-dessus. Je reviendrai avec mes autres questions pour terminer mon
interpellation.
Mme Nadon: Bon, le rapport De Coster. Le Dr Lapointe dit, dans
son rapport: Quand les événements de l'Université de
Montréal sont survenus, l'infirmière au triage a très bien
perçu l'événement et envoyé le maximum de
ressources appropriées. Ensuite, il dit: On enlève les
infirmières du triage, ce n'est pas efficace. Bon. C'est comme
surprenant. Ensuite, il dit: On doit répondre en deçà
d'une minute. Si on regarde dans la fiche appel, les urgences, quand elles
entrent clair, M. le ministre, je pense que l'infirmière, avec son
expérience, envoie les ressources en dedans d'une minute.
Alors, nous, bon, ça fait des années que les
infirmières demandent des modifications. Il a amené la position:
séparer les deux lignes, du triage et Info-Santé. Les
infirmières, depuis 1983 qu'elles réclament de séparer les
deux lignes parce que la population demandait de l'information et qu'on disait,
à la direction: Ça n'a pas de sens, les gens demandent de
l'information et on ne peut pas leur refuser de l'information, c'est de
l'information dont ils ont besoin pour leur santé, mais ça
retarde sur la ligne d'urgence.
C'est que les vraies urgences... Les lignes clignotent parce qu'il y a
des appels en attente à cause d'appels d'information qui sont un peu
plus longs à traiter. On demandait de séparer ces deux
lignes-là en 1983, et ça n'a pas été fait.
Alors, dans le rapport De Coster, ils disent ça en 1991. Bien, ce
qu'on écrit dans notre rapport, on dit: Ils n'ont rien inventé.
Ça fait depuis 1983 qu'on le demande; ça fait huit ans, en fait.
Il dit: Répondre en deçà d'une minute. En 1985, avec
l'avènement du 911, on s'apercevait qu'on ne pouvait pas répondre
en dedans d'une minute à cause... Écrire l'adresse à la
main. Il faut la prendre, l'adresse, il faut prendre les coordonnées,
recevoir l'appel. Alors, tu fais ça en même temps. Peser sur le
bouton pour demander un messager, puis là, s'il n'arrive pas, ça
devient énervant parce que, des fois, c'est un STAT. Le temps qu'ils
viennent, parce qu'ils sont occupés au transport secondaire, et tout
ça, le temps qu'ils viennent à pied, qu'ils s'en aillent reporter
la fiche à la répartition, ça demande du temps. On a
toujours dit que ce temps-là, de 3,8 minutes, n'appartenait pas
entièrement à l'infirmière.
Alors, le Dr Lapointe, il y avait des contradictions, en tout cas, ou
des points, des choses qu'il amenait pour lesquelles on trouvait qu'il n'avait
pas été voir très loin quant à ce qui avait
été déjà amené au module de traitement des
appels. Je vais parler pour le module de traitement des appels.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends qu'ils ont
confirmé ce que vous viviez sur le terrain et que vous vouliez
vous-mêmes comme redressement. Donc, au moins, pour cette
partie-là, c'était correct.
Mme Nadon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, si on va plus loin,
oublions De Coster, parce que ça me paraît assez important
d'entendre ce que je viens d'entendre, pour moi à tout le moins. Allons
à Clawson. Vous faites beaucoup de place, dans votre intervention,
à Clawson, avec, bien sûr, les conséquences de votre point
de vue et de votre vécu. Je vous l'ai dit tantôt avant que vous
arriviez, c'est clair que, lorsqu'on émet des directives et qu'on change
des choses, il y a des changements qui sont, à l'occasion,
dérangeants et qu'on peut ne pas partager. Sauf que, dans votre
présentation, Clawson, j'en ai presque déduit que, pour vous
autres, c'était prématuré.
Mme Nadon: À ce stade-ci, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais préciser ma
question de manière plus claire. Je reste sur un doute quant à
"prématuré". Je vais y aller directement avec ma question: Est-ce
que vous êtes pour Clawson ou contre?
à partir de ce moment-là, il m'apparait important que...
c'est bien évident que la réponse du prématuré
peut, elle, être circonstancielle et stratégique, hein? on sait
que, lorsqu'on donne des directives, si les échéances n'arrivent
pas ou ne sont pas respectées, ça peut créer un certain
report dans le temps. prématuré, ça pourrait vouloir dire:
oui, c'est bon; il est peut-être un petit peu trop tôt pour
l'appliquer, mais on va l'appliquer. pour moi, c'est une question qui est
fondamentale. je pense que ma question est très précise puis je
suis convaincu que vous allez me répondre de manière
précise aussi.
Mme Nadon: Bon, nous ne sommes ni pour ni contre Clawson. Ce
qu'on dit, c'est que le triage, quand on parle de prématurité, je
pense... Ce qu'on dit, c'est que le système actuel est de
qualité. Par contre, on dit qu'il y a des améliorations à
apporter pour l'améliorer, des améliorations qui ont
été demandées depuis des années. Je ne vois pas des
appels provenant de la population, des appels avec des gens qui sont en
situation d'urgence qui peuvent être traités par quelqu'un qui a
une formation en 24 heures, de 24 heures.
Nous sommes pour un jugement professionnel, parce que, d'après
l'expérience, après 10 ans d'expérience, l'urgence qui
arrive claire au téléphone - comme le docteur Bastien disait:
J'ai une douleur, j'ai pris trois nitros; j'ai une douleur au thorax, j'ai pris
trois nitros - je veux dire que c'est évident qu'on envoie la ressource
tout de suite. C'est clair. Mais les appels ne rentrent pas tous comme
ça. Les gens n'ont pas la facilité à identifier leurs
problèmes. C'est ce qu'on dit. C'est là qu'est la
difficulté et c'est là qu'il y a une importance à avoir
une infirmière au téléphone, et même dans les vraies
urgences. Quand on dit qu'on a besoin d'une infirmière au
téléphone, c'est même dans les vraies urgences.
Je vais vous donner l'exemple: une mère ou un père qui
arrive en ligne en criant avec un bébé qui a les yeux fixes au
plafond et qui est catatonique, c'est-à-dire qu'il est raide, qu'il
convulse. Les gens n'ont pas de la facilité à prendre le
téléphone, en voyant leur petit, à s'exprimer clairement
et à répondre au besoin. Alors, ce qu'on dit,
l'infirmière: L'ambulance s'en va immédiatement. Sauf qu'il y a
une assistance à faire, il y a des premiers soins à donner au
moment de l'appel et il y a une assistance psychologique aussi à
apporter, un soutien. Il faut être efficace. Avec trois ans de formation,
je pense que l'infirmière, elle, a la formation pour répondre
à ces gens-là. C'est ce qu'on dit, que ça demande un
jugement. On ne peut pas traiter des gens de façon mécanique.
Ça ne se fait pas.
Et dans notre expérience, nous avons construit, nous avons
essayé à Urgences-santé - je suis là depuis le
début d'Urgences-santé - d'appliquer des moyens pour aller
chercher l'information sur les appels, avec des arbres de décision qu'on
a construits: est-il conscient? avez-vous de la difficulté à
respirer? l'abcc, ce qu'on dit, l'évaluation de l'état
respiratoire, la conscience et la circulation. on a essayé. les gens,
des fois, ils ne veulent pas répondre à ça. ils vous
disent: ce n'est pas de ça que je veux vous parler; c'est de ça.
il faut s'adapter aux situations. il faut être capables d'aller chercher
vitement l'urgence de la situation. on a essayé ensuite des arbres qui
étaient plus spécialisés et de poser des questions dans
l'ordre. les gens arrivaient avec de l'information dont iï fallait tenir
compte, de l'information médicale qui n'était pas demandée
dans ces arbres de décision là et on s'est aperçu que ce
n'était pas efficace. on n'arrivait pas à faire dire aux gens,
selon les questions qu'on posait, ce qu'on voulait aller chercher,
l'urgence.
Alors, il faut procéder selon chaque appelant et s'adapter
à chaque appelant. Ce n'est pas vrai qu'on peut avoir uniformisé
un système. Chacun est unique et c'est ce qu'on défend.
M. Côté (Charlesbourg): Vous feriez une bonne
politicienne parce qu'à une question précise vous ne m'avez
répondu ni oui ni non. O.K.?
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): oui. bien au contraire. ne
prenez pas ça comme une remarque désobligeante. est-ce que je
dois comprendre que votre jugement ou la réponse à ma question
serait peut-être différente si le triage était fait par une
infirmière? (17 h 45)
Mme Nadon: La réponse serait différente si le
triage était fait par une infirmière au lieu de Clawson?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. On parle toujours
de l'application de Clawson qui est faite, là, par quelqu'un, à
ce que j'ai compris tantôt, qui a un secondaire V, qui a
été formé en 24 heures, d'après ce que j'ai
entendu. Je ne suis pas tout à fait convaincu que c'est ça, mais
on pourra y revenir en temps et lieu.
Une infirmière qui a le diplôme qu'on connaît, qui a
de l'expérience et qui, elle, pourrait être au triage dans la
méthode Clawson avec son expertise, son sens professionnel... Je pense
qu'il n'y a personne qui met en doute le sens professionnel des
infirmières, c'est reconnu par tout le monde. Est-ce que, dans une
situation comme celle-là, si le triage était fait selon la
méthode Clawson mais par une infirmière, votre opinion serait
différente à ce moment-ci?
Mme Nadon: Nous sommes d'accord avec une méthodologie
d'appel faite par les infirmières.
M. Côté (Charlesbourg): Avec Clawson? Là, je
vous pose une question précise, là, puis si c'est une...
Mme Nadon: Non. Si on nous demandait d'appliquer le
système Clawson?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Nadon: Non, M. le ministre, je ne pense pas que les
infirmières voudraient appliquer le système Clawson.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, là, vous venez
de me donner la réponse que vous n'avez pas voulu me donner tantôt
quand vous ne m'avez dit ni oui ni non. C'était en réalité
un non.
Mme Nadon: Non, l'infirmière ne voudrait pas
répéter question après question sans tenir compte de
l'information que l'appelant lui donne et envoyer de façon
mécanique... Bon, je vais poser ces questions-là dans l'ordre:
Monsieur, avez-vous de la difficulté à respirer? Ah,
peut-être! Ça répond comme ça, quand il ne me
répond pas oui ou non. Monsieur, avez-vous de la difficulté
à respirer? Bien, je vous ai répondu. Et je recommence trois fois
parce que c'est ça. Alors, il faut que je passe à la
deuxième de façon mécanique. Non, M. le ministre, je ne
pense pas que l'infirmière...
M. Côté (Charlesbourg): Ne me faites pas la
démonstration, là. Je vous ai posé ma question en premier:
Êtes-vous pour ou contre Clawson? Vous ne m'avez dit ni oui, ni non. Si
on récapitule tout ça, là, après ça, je suis
revenu et j'ai dit: Si c'était Clawson appliqué par une
infirmière... parce que la question c'était: Quelqu'un qui a un
secondaire V, qui a eu 24 heures, 48 heures ou 72 heures de cours, ne pourra
pas appliquer un jugement professionnel dans ces situations-là. Alors,
ma question a été par la suite: Vous, infirmières
professionnelles reconnues, avec la formation qu'il faut, est-ce que vous
appliqueriez Clawson? Là, la réponse, ça a
été non.
Donc, à ce moment-ci, j'en arrive à ma conclusion, parce
qu'il faut que j'en tire une sur cet élément-là; Clawson
n'est pas prématuré, c'est que vous n'en voulez pas. Vous dites -
puis c'est votre droit de l'exprimer ainsi, on est là pour ça,
là - à ce moment-ci: II n'est même pas
prématuré, Clawson. Ce n'est pas ça qu'il faut dire.
À notre point de vue, Clawson n'est pas approprié à ce que
nous souhaitons implanter, nous, infirmières à Montréal.
Je pense que là, ça claire le décor d'une manière
très claire.
Mme Nadon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on se comprend
là-dessus là? Mme Nadon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, parfait. On n'en
pariera plus parce que, vous autres, vous êtes contre et pour les raisons
que vous avez évoquées à ce moment-ci.
Relations de travail. Bon, on est dans une situation où,
effectivement, un certain nombre de personnes interpellent les relations de
travail. Je pense qu'on en a eu un exemple tantôt et on en aura
peut-être d'autres. C'est clair que, lorsqu'on arrive avec des
changements aussi importants que la participation, même si on n'est pas
d'accord, je pense que c'est des forums où on doit s'exprimer à
ce moment-ci. Quand la direction prend des décisions, bien, on vit avec
ou ne vit pas avec, mais des décisions ont été prises.
Ça s'est passé comment l'introduction des changements,
même si c'est un diktat du ministre? Il ne faut quand même pas
mettre tout sur le dos d'Urgences-santé non plus quand on parle de
directives du 20 juin. Ce n'est pas M. Lamar-che qui a couru après;
c'est moi qui les lui ai envoyés. Donc, je suis prêt à
prendre moi aussi ma part de responsabilités, mais, à partir de
ce moment-là, c'est sûr qu'il y a un processus qui doit
s'établir. Quelle est votre appréciation de ce processus qui a
été suivi?
Mme Manzo: En regard des relations de travail, M. le ministre, si
je fais un bref historique, et ce, à partir de l'émission des
directives en juin, il y a eu une première rencontre à ce
moment-là qui a été demandée par nous et les
réponses que nous avons eues ont été qu'il y aurait des
tables de travail à compter de septembre.
En août, nous avons eu la surprise de voir apparaître un
organigramme dans lequel les infirmières étaient changées,
c'est-à-dire qu'elles n'étaient plus au triage, elles
étaient mises à Info-Santé, et nous avons également
appris que cet organigramme n'avait été présenté en
réalité qu'au comité exécutif du conseil
d'administration. Donc, certaines directions, les représentants
syndicaux de même que les salariés n'étaient pas au
courant. Il y a eu, par la suite, plusieurs reports de rencontres de C.A. et,
à la seconde rencontre que nous avons encore demandée, on nous a
répondu qu'on ne pouvait répondre à notre questionnement,
puisque le projet n'était pas encore assez avancé.
Sont ensuite apparues les conclusions de l'étude du GRIS,
étude qui avait été faite par le Groupe de recherche
interdisciplinaire en santé, subventionnée par le gouvernement,
et, à ce moment-là, nous avons été témoins
que la direction prenait tous les moyens pour étouffer cette
étude. On a même demandé aux chercheurs de taire les
résultats. On a suspendu ses vacations et les résultats, suite
à ces tentatives,
n'ont jamais été publicises. Pourtant, cette étude
faisait foi que le triage des infirmières était très bien
fait.
À notre avis, il y a eu certaines interprétations de fa
part de la direction quant à vos directives, il n'y a pas eu non plus
d'étude, ce qui, à notre avis, aurait dû être fait
avant de prendre la décision de choisir un système quelconque. Il
y aurait dû y avoir une étude d'impact, à tout le moins,
sur la flotte ambulancière, sur les salles d'urgence. Nous avons eu
aussi l'impression que l'information était retenue. Il y avait peu de
diffusion et nous obtenions peu d'information.
Nous avons donc, en octobre, fait une conférence de presse dans
laquelle nous avons exposé les faits et affirmé notre position.
Nous avons, par la suite, envoyé nos documents à
différents intervenants ainsi qu'aux représentants du
gouvernement, de même qu'un rapport critique qui avait été
fait sur le système Clawson et, de façon plus restreinte, les
études du GRIS. l'administration a réagi plutôt violemment
à notre conférence de presse, au fait que nous dénoncions
qu'il y avait eu peu de consultation. nous avons eu droit à des articles
dans les journaux. je peux vous mentionner principalement celui de the
gazette du 9 novembre, un certain autre article de la presse
où, à tout le moins, nous étions victimes d'une
pratique de dénigrement, d'un manque de respect flagrant. nous
constations que l'administration instaurait un climat de non-confiance face aux
intervenants et qu'on créait ainsi un climat de panique parmi la
population par des déclarations fausses.
Je pense que, quand une catégorie de professionnelles est
traitée de "plaies" dans un article, nous ne pouvons pas
considérer que ce sont des compliments. Nous déplorons ce type de
conduite, puisqu'elle va en plus à rencontre de votre réforme, de
l'esprit de votre réforme et ce que nous demandons, surtout et avant
tout, puisque nous intervenons pour que la qualité des services demeure
- et nous considérons actuellement qu'elle est mise en danger... Nous
intervenons et nous sommes intervenues pour que nous soyons
considérées, consultées et étant partie prenante
des décisions qui vont être prises jusqu'à la fin de
l'application des changements. Ça résume un peu le climat des
relations de travail qui a existé jusqu'à maintenant face
à l'implantation de certaines mesures.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. C'est bien sûr
une nomenclature. Moi, j'ai quand même demandé... parce que, moi
aussi, j'ai demandé un certain nombre de choses. Je pense qu'à
l'intérieur de la pochette qui a été déposée
ce matin par Urgences-santé, à l'intérieur de la pochette
- je ne sais pas si vous avez pu en prendre connaissance - qui était
à l'intérieur du document, à la page 11, l'item 7.3, c'est
"Infirmières", et le document est intitulé: "Information, consul-
tation, participation et comités de travail".
Je regarde au niveau des infirmières: les 16, 19, 22, 27 et 29
août, 3, 5, 13, 16, 17, 18, 25 et 30 septembre, 1er, 10, 16 octobre, 14
novembre et 11 décembre, sur le plan de rencontres tantôt avec
l'exécutif syndical... En tout cas, c'est un document qui est public,
qui a été déposé aux membres de la commission.
Ça fait quand même un certain nombre de rencontres, assez
important. Pour un, le Dr Tétreault, qui m'accompagne, a assisté
au moins à une, qui est celle du 16 octobre où, me dit-on, le
matin, vous avez déposé le document qui est connu et, à
midi, vous étiez en conférence de presse pour le rendre public.
C'est votre liberté et votre choix. Puis ça, ce n'est pas
ça que je veux critiquer parce qu'on est dans un système
démocratique et je pense que les gens peuvent prendre les moyens qui
sont à leur disposition pour informer la population.
Mais est-ce que ça veut dire qu'à ces
rencontres-là, finalement, vous vous servez un café et c'est
fini? J'aimerais ça en entendre un petit peu plus parce qu'il y a quand
même des rencontres, puis on ne fait pas des rencontres pour avoir des
rencontres.
Mme Manzo: Je vais répondre sur les rencontres qui ont
été spécifiquement convoquées à notre
demande. Elles ont été au nombre de trois. Ces rencontres
étaient spécifiquement sur l'avancement des travaux, quant aux
changements à apporter, la dernière ayant été celle
du 16 octobre, comme vous avez dit, et nous avons fait notre conférence
de presse le lendemain. La raison pour laquelle nous avons demandé cette
dernière rencontre, c'était spécifiquement pour
déposer notre document, pour que la direction ne pense pas que nous
allions en conférence de presse sans qu'elle soit au courant du document
que nous avions.
Pour les autres rencontres, je vais laisser Mme Nadon vous
répondre. C'étaient des rencontres qui traitaient
d'Info-Santé, des comités de travail qui devaient se pencher sur
Info-Santé, mais je vais la laisser vous expliquer ce
côté.
Mme Nadon: Bon, effectivement, c'étaient des rencontres
pour développer le module Info-Santé qui doit être en
fonction en janvier, selon les directives ministérielles. Alors, c'est
un groupe d'infirmières et de membres, comme l'infirmière-chef.
Il y avait la directrice du module d'Info-Santé, Mme Aube, qui assistait
à ces rencontres, il y a eu des infirmières. C'était sur
le développement d'Info-Santé, du service Info-Santé.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends,
peut-être en conclusion parce que je sais qu'il ne me reste plus de
temps, quant à Info-Santé, il y a eu une collaboration qui
est
acceptable et qui...
Mme Nadon: Ah oui! Ça va très bien. Sur le
côté module infirmier, la direction, -Mme Aube, et tout ça,
ça va bien.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'il est possible
que, la direction d" Urgences-santé ayant décidé
d'appliquer le Clawson et comme avec le Clawson il n'y a pas de place pour les
infirmières, on aurait décidé de considérer que,
comme vous seriez à Info-Santé, qu'Info-Santé
c'était de votre ressort, dans le cas du triage, n'ayant pas
d'infirmières, il n'y avait pas nécessairement à vous en
parler?
Mme Manzo: Je dirais que, si le choix d'Info-Santé a
été fait dès le départ sur Clawson et
qu'effectivement, comme vous le dites, on a jugé que ça ne nous
concernait pas, c'est peut-être l'explication qu'on peut donner. Par
contre, nous, ce que nous demandions dès le début, à tout
le moins, c'est d'être consultés sur l'ensemble des modifications
qui devaient être apportées. Mais je ne peux pas répondre
pour la direction.
M. Côté (Charlesbourg): On va peut-être
être obligé d'accepter la proposition du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour poser la vraie question,
éventuellement, aux intervenants. Ça va pour le moment, M. le
Président. (18 heures)
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, M. le
ministre. M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Si nous sommes à
cette commission à exercer ce mandat d'initiative, à ce
moment-ci, c'est, en grande partie, grâce à votre intervention
publique, privée. Il ne faut pas se gêner pour le dire. Vous avez
mis de l'information dans le circuit qui fait qu'il fallait continuer à
s'interroger là-dessus. Il y a trop de points d'interrogation. Moi, je
vais repartir un peu aussi avec une piste sur laquelle le ministre s'est
engagé, à partir de De Coster, parce que vous voyez, ce matin,
ça a été ciblé un peu, la comparution de M. De
Coster.
Est-ce que vous avez le même jugement, en tout cas, que nous on
porte? C'est que, grosso modo, le diagnostic quant à
Urgences-santé en rapport avec les événements de la
Polytechnique et les remèdes, les recommandations de De Coster, c'est
très majoritairement par rapport à la répartition,
à l'affectation des ressources physiques. C'est là où il y
a eu gravité de la situation. Est-ce que vous êtes d'accord avec
ça? Est-ce que vous avez lu la même chose que nous autres, que
c'est d'abord - je vais l'appeler comme ça, je sais que ce n'est pas vos
mots à l'intérieur de la boite - le module répartition qui
est en cause? Est-ce que c'est exact ce qu'on affirme là?
Mme Nadon: Bon, je ne pourrai pas répondre si c'est le
module répartition qui est en cause, mais je sais par contre qu'on ne
trouvait pas les ambulances. On ne pouvait pas communiquer avec les ambulances.
L'événement était grave et il y avait, je pense, trois
ambulances sur les lieux. C'était à l'heure du souper et on
n'arrivait pas à rejoindre les ambulances. Je ne peux pas
répondre autre chose et, sur les lieux d'intervention, ce qu'on disait,
c'est que c'était l'anarchie complète. Alors, tout le monde
faisait ce qui lui tentait, on n'allait pas voir la vraie urgence, et il y
avait quelqu'un qui pouvait avoir une blessure au bras et une autre, une
blessure a l'abdomen, on ne faisait pas la différence entre les
urgences, les gens. C'était l'anarchie. Le problème était
sur le terrain, je pense.
M. Trudel: Ou une autre façon de dire les choses, c'est:
Tous les problèmes auraient été après le
triage.
Mme Nadon: Oui.
M. Trudel: II n'y a personne qui a diagnostiqué - et je
veux être bien sûr de partager ce jugement-là - personne n'a
dit: Le triage...
Mme Nadon: Était correct.
M. Trudel: Ce qui a été le prétexte de De
Coster, et l'enquête qu'on a faite, et les recommandations, c'est
après le triage des événements où là il y a
de sérieuses interrogations. Vous constatez ça avec nous autres,
là-dessus?
Mme Nadon: Oui. M. Trudel: Bon.
Mme Nadon: Le Dr Lapointe le dit dans son rapport aussi.
M. Trudel: À partir de ce moment-là, pourquoi,
d'abord, s'intéresser à la partie triage dans ce qu'on appelle
une réforme à Urgences-santé? Pourquoi faire ça,
d'après vous, si ce n'est pas de là que sont venus les
problèmes? Pourquoi on veut absolument modifier le triage? Parce qu'il
s'en fait actuellement du triage. Ce n'est pas juste de dire qu'il ne s'en fait
pas. Il s'en fait du triage, avec tout ce que vous nous avez exposé
actuellement. Il s'en fait avec votre présence.
Mme Nadon: Oui. Il se fait du triage, oui.
M. Trudel: bon. pourquoi, si ça n'a pas été
là la majorité des problèmes, veut-on, à votre
avis, modifier cette partie et adopter le système clawson? on va y
revenir tantôt. j'ai d'autres
questions précises là-dessus. Mais pourquoi pensez-vous
qu'on veut changer ça? Vous êtes dans la boîte, vous. Vous
êtes depuis le début à Urgences-santé. Pourquoi
veut-on changer ça?
Mme Nadon: Bien, c'est un petit peu incompréhensible.
Nous, ce qu'on pense, c'est, que ça va être un appel, une
ressource. Parce qu'on ne peut pas mettre quelqu'un avec 24 heures de
formation, un secondaire V et penser qu'il va vouloir prendre la chance de ne
pas envoyer de ressources. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est que, parce qu'il va
y avoir un appel, une ressource, ça va demander beaucoup
d'ambulances.
C'est d'autant plus incompréhensible qu'il y a un rapport, une
étude, une recherche qui appuie que les infirmières... Et
j'aimerais plus que ce soit le Dr Farand qui parle des résultats de la
recherche parce que c'est une recherche sur les résultats pour montrer
l'efficacité du triage aux appels et surtout que Clawson, il n'y a pas
eu d'étude de résultats de faite. Il y a eu une étude de
processus, mais il n'y a pas eu d'étude de résultats. Alors,
j'aimerais, moi, que le Dr Farand expose un peu ce que dit la recherche du GRIS
sur le triage des infirmières au téléphone.
M. Farand (Lambert): donc, en gros, ce qu'on a constaté
dans cette recherche-là, c'est que la qualité
générale du traitement des appels est très bonne et que
c'est un système qui est efficace. donc, plus précisément,
ce qu'on a constaté, c'est que les gens qui ont besoin des ambulances
reçoivent toujours des ambulances. en fait, presque toujours, la
différence est minime, est insignifiante. donc, les gens qui ont besoin
d'ambulances en reçoivent et les gens qui n'en ont pas besoin, une
certaine proportion en reçoit, mais ce qui est important, c'est qu'une
certaine proportion n'en reçoit pas, contrairement à un
système qui enverrait, évidemment, des ambulances à tout
le monde; tous les gens qui n'ont pas besoin d'ambulances, on leur garantit,
à ce moment-là, qu'ils vont en recevoir quand même. donc,
le système de triage des infirmières est très sensible. on
envoie des ambulances aux gens qui en ont besoin et on n'envoie pas
d'ambulances à une bonne proportion, 55 % des gens qui n'en ont pas
besoin.
D'autre part, en termes de délais, les recommandations du
ministre demandent de réduire les délais de prise de
décision à l'interne à moins d'une minute. On a
constaté que, pour les cas urgents, vraiment urgents, les urgences
vitales, ces délais-là étaient respectés, en
général. Donc, les cas urgents reçoivent une
réponse plus rapide et les cas moins urgents reçoivent une
réponse moins rapide. Quand je parle de réponse, le temps de
décision est plus long lorsque les cas ne sont pas urgents, ce qui, en
fait, ne nuit pas à l'appelant et même, en fait, présente
une notion de qualité. En fait, lorsque la personne a besoin de conseils
plutôt que d'une ambulance ou d'un médecin à toute vitesse,
c'est une meilleure qualité d'acte de lui donner ces conseils-là
plutôt que de raccrocher le téléphone au bout d'une
minute.
Donc, en générai, c'est un système efficace et qui
remplit les directives ministérielles si on considère que le
délai d'une minute doit être pour les cas d'extrême urgence,
c'est-à-dire les cas pour lesquels il est essentiel de traiter l'appel
en moins d'une minute. Je pourrais peut-être continuer la partie de votre
question sur la raison pour laquelle on s'attaque tant au triage. Les
infirmières sont actuellement un obstacle à l'envoi
systématique de ressources pour tous les appels. Elles le font d'une
façon sécuritaire, mais elles sont quand même un frein
à l'envoi d'un grand nombre d'ambulances.
Je ne veux pas voir de relation de cause à effet, mais je crois
qu'il y a dans le mode de financement d'Urgences-santé quelque chose qui
est relié au nombre de transports à l'hôpital. Il pourrait
peut-être y avoir là un élément, sans que je puisse
être catégorique là-dessus, mais ça pourrait
être une partie de l'explication.
M. Trudel: on va devoir examiner ça au cours de nos
travaux parce que ce que vous inférez comme raisonnement, en particulier
lorsqu'on a consulté l'équipe médicale, il y a des
informations qui ont été transmises... je suis obligé, par
ailleurs, à ce moment-ci, de demander - et je vais revenir, dr farand,
sur certaines affirmations que vous faites ici - sur le plan professionnel, aux
infirmières qui sont avec nous, là, d'abord, premièrement,
nos secondaires v, qui vont faire les jugements, là, vous, quand vous
êtes une professionnelle de la santé, vous réagissez
comment lorsqu'on dit: bon, ça va être 24 heures de formation?
quelqu'un qui a une formation - je pense qu'on peut l'appeler minimale - qui va
répondre et qui va poser le diagnostic, vous réagissez comment,
professionnellement, là?
Mme Nadon: C'est effrayant. Parce que la qualité, elle est
mise en danger. 24 heures de formation, ça n'équivaut pas
à trois ans. Je pense que, pour détecter l'urgence,
l'infirmière détecte très bien l'urgence. Quand on dit,
comme le Dr Bastien dit: Bien, ils vont donner les conseils, bien, ils vont
donner les conseils que 24 heures de formation peuvent donner. Je pense que
tout ce qui arrive sur les lignes à Urgences-santé va plus loin
que des conseils de base de réanimation cardiovasculaire. Alors, je
pense que ce sera une qualité qui ne sera pas là.
M. Trudel: Partant de là, je pense qu'on peut bien poser
le pronostic que ces intervenants à formation minimale pour faire le
travail vont
avoir tendance à envoyer toujours une ressource pour
éviter justement qu'ils soient obligés de réviser ou de
faire en sorte qu'un arbre de décision se présente à leur
tête et qu'ils soient obligés de poser un diagnostic avec des
informations qui requièrent une capacité professionnelle que,
d'évidence, ils n'auront pas. Bon.
Vous, avec l'expérience que vous avez dans le système, les
infirmières, est-ce que vous pensez que la flotte actuelle de
véhicules - parce que c'est ça, au bout de la ligne, ça
prend une ressource, ça prend un véhicule pour aller vers le cas
vraiment urgent - ça va suffire? On a combien de véhicules
actuellement? On en a 80?
M. Côté (Charlesbourg): 40 de trop, à ce que
j'ai compris.
M. Trudel: Oui, 40 de trop. On a 80 véhicules,
là.
Mme Nadon: Alors, je vais vous apporter un exemple.
M. Trudel: O.K. Travaillez-vous ça, là, vous?
Mme Nadon: La semaine passée, le Dr Bastien vous l'a
amené tantôt, il a dit qu'on était en "priorisation". On
l'a fait un bout de temps. Les années antérieures, on nous
demandait de "prioriser" les urgences. Les infirmières ont
été les seules à soumettre un rapport. Il y a une
augmentation d'appels en ce moment. Des urgences, on ne peut pas dire, ce n'est
pas toujours égal. Ça peut varier. En période de
fêtes, à la fête des mères, il va y en avoir un peu
plus. L'hiver, s'il y a des tempêtes, il y a plus de demandes
d'ambulances.
En ce moment, on vit une période de "priorisations". Alors, le Dr
Bastien disait que ce sont les infirmières qui font moins bien le
triage. Effectivement, il y a plus d'appels en ce moment. Les
infirmières ont effectivement plus de difficultés à faire
le triage avec la réputation, tout ce qui est sorti dans les journaux.
Quand les gens appellent, ils s'adressent à vous comme ça:
écoute, votre directeur vous l'a dit que vous étiez une plaie.
Alors, envoyez-moi l'ambulance et arrêtez vos questions.
Alors, le travail en ce moment, il est difficile à accomplir. Il
y a une augmentation d'appels. Ils ont passé de 1000 à 1300.
Alors, il y a déjà de la "priorisation" et les infirmières
sont là. En décembre, pour trois jours, on connaît 19
heures de "priorisation". On manque d'ambulances, alors il n'y en a pas 40 de
trop.
M. Côté (Charlesbourg): ça, c'est un autre
débat. il y a peut-être des raisons pour lesquelles il manque des
ambulances, aussi. c'est peut-être d'autres...
M. Trudel: Oui, oui. C'est parce qu'il faut être capable de
voir. Je comprends la boutade un peu. Ils sont à 38 à Los Angeles
puis, bon, il y en aurait 40 de trop, mais, enfin, ça, c'est une image
qui a été faite. On va revenir là-dessus. Mais ça
révèle quand même la véritable situation. C'est
qu'on met toute l'importance sur le triage, encore une fois, sur la
réception des appels et le triage, quand, d'assez grande
évidence, le problème, il est dans la gestion de la flotte, la
disponibilité des véhicules, la "priorisation". Ça me
semble assez évident que le gros des problèmes est situé
dans ce secteur-là et qu'on est en train d'installer, par ailleurs, un
autre système qui, lui, probablement, en toute logique, va en arriver
à augmenter les problèmes au niveau de la flotte parce qu'il y
aura beaucoup plus d'appels, et la conséquence aussi, c'est qu'il y aura
beaucoup plus d'engorgement aux urgences, évidemment, si on envoie
toujours des ressources. C'est pour transporter des gens vers le Heu de
destination, étape numéro deux, la salle d'urgence de
l'hôpital.
Dans ce sens-là, est-ce qu'on a besoin d'installer le
système Clawson de triage, actuellement, pour solutionner notre
problème temps de réponse dans le système à
Urgences-santé sur l'île de Montréal, ville de Laval?
Mme Nadon: J'aimerais laisser répondre M. Farand, qui a
fait une étude, c'est-à-dire qui a...
M. Farand: Le système de Clawson, il ne faut pas le
considérer d'une façon... Ça dépend beaucoup de la
façon dont il est utilisé, du contexte dans lequel il est
utilisé. Si on regarde le système de Clawson, la méthode
Clawson avec opérateurs sans formation, ces gens-là ne font
qu'envoyer des ambulances à tous les appels. Il est impossible, à
l'intérieur d'une minute, avec un système comme celui-là,
des gens qui n'ont pas de formation... Le système, d'ailleurs, est fait,
de l'aveu même du Dr Clawson, pour envoyer des véhicules à
tous les appels, parfois plus rapidement, parfois moins rapidement, mais
à tous les appels de toute façon.
Le jugement professionnel et le système de Clawson ne sont pas
incompatibles. On pourrait imaginer un système de "priorisation"
initial, une décision initiale d'envoi de ressources qui assurerait une
prise de décision pour les urgences d'hôpital en moins d'une
minute, utilisant un système comme celui de Clawson, bien que les
infirmières ici présentes ne semblent pas accepter ça,
mais, enfin, logiquement, il serait possible d'avoir une approche initiale
"protocolisée". On envoie des ressources, mais le jugement professionnel
continuerait à s'exercer pour ensuite ralentir, annuler ou modifier
l'envoi de ressources. (18 h 15)
Donc, la combinaison des deux aspects, au
fond, permettrait de diminuer les délais de prise de
décision sans augmenter excessivement l'envoi des ressources. Mais
l'utilisation du système de Clawson tel quel, avec opérateurs
sans formation, ne peut que donner lieu à l'envoi d'ambulances à
tout le monde et, dans l'état actuel de la flotte, ça
provoquerait, en plus de ça, une catastrophe. D'autre part, même
si la productivité de la flotte était considérablement
augmentée, ça générerait plus un gaspillage de
déplacement de véhicules et une augmentation de l'engorgement des
urgences qu'une amélioration des services. Par contre, l'utilisation
d'une approche "protocolisée" initiale pour une préalerte, donc
pour réduire le temps initial, suivi d'un jugement professionnel qui
s'exercerait comme il s'exerce maintenant, serait adéquate. Ce serait le
meilleur des deux mondes, si on veut. Donc, le système de Clawson
pourrait être utilisable, je pense, mais pas dans notre contexte, par des
opérateurs non formés.
M. Trudel: alors, d'après le jugement, en tout cas, que,
moi, j'ai vu dans les informations du directeur des services professionnels
d'urgen-ces-santé, le docteur bastien, ça n'augmenterait pas de
plus de 5 % à 10 % l'utilisation des ressources. vous, selon votre
expérience et à la lecture de la procédure qui sera
utilisée et des ressources qui seront utilisées, vous dites:
ça, là, on est bien plus aux portes d'une demande de ressources
massives pour répondre à l'intérieur de ce
système-là qu'à une augmentation de 5 % à 10 % que
le système serait capable d'absorber actuellement.
M. Farand: Oui. Le raisonnement d'Urgen-ces-santé est de
dire: Étant donné qu'actuellement 50 % des appels à peu
près n'ont besoin que de conseils, l'implantation du système
Info-Santé va faire qu'automatiquement tous ces gens-là vont
appeler à Info-santé, et ce n'est finalement pas ce qui va se
produire parce qu'on a remarqué, dans l'étude du GRIS, en
particulier, que 40 % des gens qui appellent en demandant une ambulance ou un
médecin n'ont en fait pas besoin d'ambulance ni de médecin,
même pas d'aller à l'hôpital. Ils ont besoin de conseils. On
peut supposer que ces gens-là, même avec la présence
d'info-santé, vont continuer à appeler au 911. Donc, on ne peut
pas dire qu'automatiquement, avec l'implantation du système
Info-santé, tous les gens qui n'ont pas besoin d'ambulance vont appeler
Info-santé. Puis cette augmentation de 5 % à 10 % est
basée sur cette prémisse qui est non valide.
Mme Nadon: J'aimerais apporter une information
supplémentaire. On a dit tantôt: À Vancouver, a Calgary,
ils ont un système de triage. Alors, M. Auger a
téléphoné à Vancouver et à Calgary, il y a
deux semaines, pour voir comment était fait le triage dans ces
municipalités-là. Alors, je vais laisser M. Auger...
M. Auger (André): Ce n'est pas tout à fait
finalisé parce qu'on n'a pas eu l'ensemble des documents, et le manque
de temps fait en sorte, par rapport à la commission, que c'est
fragmentaire. Les appels que j'ai logés à Vancouver... Bon,
voici. Dans les autres provinces, ce sont les municipalités qui
s'occupent effectivement du transport ambulancier. Si je prends la ville de
Vancouver, la province, il y a un triage qui est effectué par des
paramedics. Les paramedics là-bas, avant de postuler pour un poste de
trieur ou au triage, ils doivent nécessairement passer trois ans comme
technicien ambulancier pour être près de la situation, pour vivre
ce que c'est les urgences, finalement. Une fois qu'ils ont passé les
trois ans, s'ils ont un rendement nettement supérieur, ils vont
être éligibles à poser leur candidature au poste de triage
et, par la suite, vont recevoir une formation de quatre mois. Selon les
informations qu'on a obtenues, la formation de quatre mois ajoutée
à la formation initiale qu'ils ont, ils auraient, en termes de temps,
d'heures d'études, l'équivalent de ce que les infirmières
ont ici dans la province de Québec.
En périphérie, parce que j'ai également
demandé ce qui se passait dans les plus petites régions, c'est
les ambulances qui sont attachées à l'hôpital qui sont
envoyées et il y a un triage qui est effectué par les
infirmières qui sont attachées au service de l'urgence dans les
plus petites municipalités. Or, c'est les informations qu'on a
recueillies là, à ce jour.
M. Trudel: À partir de ce moment-là, comment
expliquez-vous... Parce que ce matin-Moi, je ne peux pas me contenter d'une
réponse - cet après-midi, plutôt - d'une réponse
où je dis: Pourquoi vous adoptez Clawson... Par rapport qu'on dit: Parce
qu'il y en a 2500 ailleurs. On me répond du côté de la
Corporation d'urgences-santé: Clawson, parce que c'est le meilleur
système disponible. Pourquoi c'est le meilleur disponible? Parce que
2500 l'utilisent. Bon. On appelle ça, en recherche...
M. Chevrette: Plus de monde en mange parce qu'elles sont plus
fraîches et elles sont plus fraîches parce que plus de gens en
mangent.
M. Trudel: ça, mon collègue de joliette et
député, m. le président, appelle ça le principe de
saucisses hygrade. en recherche, on appelait ça de l'empirisme
cucul.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ou une tautologie. Mais vous, est-ce que je vous
comprends bien, quand vous répondiez tantôt au ministre en
disant... Il arrive finalement au bout en disant: Est-ce que vous êtes
pour ou contre Clawson? Est-ce que vous êtes d'accord ou pas d'accord
avec Claw-
son? Est-ce que je comprends bien votre réponse en disant: Nous,
finalement, on est en désaccord avec Clawson parce que, entre autres
dimensions de Clawson, il y a interdiction d'en changer quelque modalité
que ce soit dans son application? Est-ce que c'est ça qu'il faut
lire?
Je ne dis pas que le ministre essayait de vous trapper. Il essayait de
voir clairement, là aussi, est-ce que c'était les
intérêts professionnels qui étaient d'abord en question,
est-ce que Clawson, s'il était appliqué par vous, vous seriez
d'accord ou pas.
Vous ne dites ni oui, ni non. Est-ce que je comprends que Clawson, le
"package", là, ce qui est vendu et qui interdit qu'on en change quelque
paramètre que ce soit, c'est ça la raison fondamentale pour
laquelle vous êtes en désaccord avec Clawson?
Mme Nadon: Oui.
M. Trudel: Et est-ce que vous êtes capable de dire si les
paramètres de base de Clawson, par ailleurs, sur le plan professionnel,
les algorithmes qui sont prévus dans les 32 types d'arbres de
décision, si je peux m'exprimer comme cela, sur le plan professionnel,
c'est supportable, ça? Est-ce qu'on peut supporter ça sur le plan
professionnel? Est-ce que c'est acceptable pour trier?
Mme Nadon: Écoutez, il y aurait des modifications à
apporter. Pour détecter une urgence, il est évident qu'il faut
qu'il y ait une méthodologie. Ce qu'on dit, nous, c'est qu'on en
applique une en ce moment. Quand on évalue l'ABCC, on a une
méthodologie. Clawson a un protocole. On ne veut pas être astreint
à poser des questions puis à envoyer ce qu'il dit au bout. Je
veux dire, ça n'a aucun intérêt.
M. Trudel: Maintenant, je veux aller à l'envers, quant
à moi, à l'inverse de l'argumentation que j'ai entendue de la
Corporation d'urgences-santé, en disant que c'est les meilleurs au monde
parce qu'il y en a 2500 qui l'utilisent. Oui, effectivement, s'il y a, à
partir de cette espèce de raisonnement empirique, 2500 villes qui
utilisent ça en Amérique du Nord, pourquoi ce serait plus
difficilement applicable ou, à la limite, inapplicable dans le contexte
Canada, Québec, Montréal? Je comprends que c'est très
largement, forcément, dans le système américain où
c'est implanté.
Mme Nadon: Oui, exactement.
M. Trudel: Alors pourquoi c'est inapplicable ou que ce serait
difficilement applicable dans ce contexte - et là il faut
préciser, parce qu'on a parlé de Vancouver, on a parlé de
Toronto avec des observations qui nous sont faites - dans le cas de
Montréal, au Québec?
Mme Nadon: Oui. Alors, les deux systèmes de santé,
québécois, américain, ce n'est pas la même chose.
Ici, on a l'accessibilité, l'universalité. Je suis obligée
de dire la gratuité, M. Côté.
M. Côté (Charlesbourg): Gratuité, tant que
vous maintenez l'illusion.
Mme Nadon: Bon. Le système américain...
M. Trudel: Vous voulez dire le financement universel aussi.
Mme Nadon: ...n'est pas gratuit. Alors, il y a déjà
un triage qui se fait. Il y a 25 % de la population qui est
sous-assurée. Alors, en n'étant pas gratuit, les gens n'appellent
pas. Il y a aussi l'accessibilité. Ça, c'est la même chose;
la gratuité des services ambulanciers, pour certaines catégories
de bénéficiaires à Montréal, l'aide sociale, les
personnes âgées.
Il y a aussi la formation du public; 1/5 des Américains
connaissent les manoeuvres du RCR. Nous, ici, on disait 1 sur 60, dans la
littérature. La semaine passée, il y avait un cégep
à Jonquière qui disait que c'était 1 sur 300 qui sait les
manoeuvres, adapter les urgences de base, voyons, les conseils d'urgence.
Alors, ensuite, il y a beaucoup de campagnes d'information aux Etats-Unis. Il y
a aussi beaucoup d'information sur quand et quand ne pas accéder au
système d'urgence. On dit aux gens sur les ondes, à la radio,
comment, quand accéder.
Ici, on n'a pas d'information au point de vue santé, il y a une
insuffisance ou une absence d'implication à ce niveau-là. Il y a
aussi, à Pittsburgh, pour une ville de 1 500 000 habitants, qui est
semblable à Montréal... À Montréal, on
reçoit 1000 appels par jour, en ce moment, depuis deux semaines, de 1200
à 1300, là, mais, à Pittsburgh, pour une population de 1
500 000 qui est semblable, on reçoit 100 appels par jour.
M. Trudel: Ne vous inquiétez pas. J'ai...
Mme Nadon: Alors, c'est très différent du
système de Montréal.
M. Farand: Oui, comme Mme Nadon l'a expliqué, il y a un
prétriage qui s'effectue dans le système américain par
l'appelant potentiel. Mais le système de Clawson est extrêmement
bien adapté au contexte américain et on comprend bien pourquoi il
est utilisé très largement. C'est un système qui est fait,
avant tout... Son marketing est fait aussi dans ce sens-là, pour
protéger l'administration d'un système préhospitalier de
poursuites judiciaires. On peut le comprendre très bien.
Par exemple, on se dit: Pourquoi le Dr Clawson suggère-t-ll
d'utiliser des gens qui ont un minimum de formation? Il dit: C'est mieux
d'utiliser des gens qui ont moins de formation que d'utiliser des gens
qui ont plus de connaissances. Ces gens-là ne peuvent faire autre chose
que de poser très précisément les questions du
système. Donc, en termes de processus, on garantit, puisque les gens ne
font que lire la question et la poser très précisément,
que le processus suggéré par le système de Clawson est
suivi à la lettre. Si un problème se produit, que quelqu'un meurt
et qu'on poursuit le système préhospitalier, on peut
démontrer très précisément que les questions ont
bel et bien été posées, d'une part. D'autre part, ces
questions-là sont vendues, dans le système Clawson, comme une
norme. Le Dr Bastien parlait d'une académie médicale, tout
ça, là, de gens. C'est vendu comme une norme. Donc, tout le monde
le fait, c'est reconnu généralement. Donc, si on le fait, on peut
garantir qu'on a respecté une norme reconnue. Donc, encore une fois, un
élément de protection contre une poursuite éventuelle.
Lorsqu'on parle de l'implantation dans le système
montréalais où on dit: Ça prolongerait les délais
d'intervention, cette considération-là est peu importante parce
que, de toute façon, les délais d'intervention prolongés,
en termes de poursuites, ne seront pas dus à ce qui aura
été fait par les gens qui auront trié les appels. Ils vont
être dus à un manque d'ambulances. Le manque d'ambulances n'est
pas sous la responsabilité de l'administration d'Urgences-santé.
Ils pourront toujours dire: On en a demandé plus, donc ce n'est pas
nous. Si ça a pris une heure pour que l'ambulance se rende, ce n'est
vraiment pas de notre faute. D'une part, on a suivi très
précisément les questions qui étaient posées et,
malheureusement, il n'y a pas eu assez d'ambulances. Mais, nous, on en voudrait
bien plus.
Donc, c'est une protection à toute épreuve contre toute
poursuite judiciaire. Puis, la protection légale ne correspond pas
exactement à un objectif de qualité qui serait, dans un
système comme le nôtre qui est différent du système
américain, de maximiser, si on veut, le bénéfice net en
termes de santé pour la population. Le but, comme le Dr Bastien disait,
de gestion des risques, "risk management", qui veut dire, en fait, chez les
Américains, prévention des poursuites, n'est pas exactement le
même que celui de la maximisation de la qualité des services.
M. Trudel: Moi, je comprends, en tout cas, que, sur le plan
mécanique, là, dans un contexte où les conditions sont -
on va appeler ça -raisonnables, le technicien, dans l'application de
Clawson, il peut diagnostiquer ce qu'on appelle dans votre langage, là,
une urgence immédiate. Les symptômes sont présents et les
réponses sont assez claires. Mais il y a d'autres situations, en tout
cas, qui sont décrites assez largement dans vos documents et dans
d'autres documentations, c'est ce qu'on appelle l'urgence potentielle.
Est-ce que ce système-là va nous permettre de
diagnostiquer l'urgence potentielle? Si ce n'est pas assez clair, là...
Je n'ai pas envie de refaire la définition de l'urgence potentielle,
là. Donnez-les, les précisions sur qu'est-ce que c'est,
ça, ces cas d'urgence potentielle. Est-ce que le système Clawson
va permettre de diagnostiquer ça?
M. Farand: Oui. Le système Clawson est fait pour
classifier les appels en quatre catégories pour lesquelles le
système ne recommande pas un envoi spécifique de ressources. Le
système étant orienté vers la protection légale, le
Dr Clawson, lui aussi, se protège. Donc, les patients sont classifies en
quatre catégories: a, b, c, d, en catégories croissantes
d'urgence. Donc, on identifie pour chacune, à partir d'une question,
qu'est-ce qui pourrait le...
Prenons un exemple de douleur abdominale. Quelle est la pire chose qui
pourrait exister chez quelqu'un qui appelle pour une douleur abdominale? C'est
un anévrisme disséquant, bon. Donc, pour la douleur abdominale,
dans certains cas, on envoie les ressources maximales. Même si ce genre
de problème arrive une fois sur un million, lorsque quelqu'un appelle
avec un mal de ventre, on va classer ce patient-là dans une
catégorie maximale dans la voie de ressources parce qu'elle garantit,
à ce moment-là, la protection, l'immunité contre une
poursuite. Donc, il est sûr qu'on ne manquera pas des cas
d'anévrisme disséquant avec ça.
Par contre, dans le cas d'un professionnel qui peut poser des questions
plus complexes, évaluer plus la symptomatologie du patient, ces
cas-là aussi pourront être découverts sans qu'il soit
nécessaire d'envoyer des ressources à tous les cas.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): En
conclusion. Alors, peut-être, il nous reste... Notre temps...
M. Trudel: Bien, en conclusion...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Oui, c'est
ça, malheureusement.
M. Trudel: ...on vous remercie, parce que le temps est
écoulé. Je vous remercie de l'éclairage. Malheureusement,
on n'a pas suffisamment de temps. Est-ce que le ministre a encore d'autres
questions?
M. Côté (Charlesbourg): II me reste deux minutes et
demie que je ne voulais pas prendre, mais je les prends. Dr Farand, est-ce que
vous avez participé à une réunion le 4 novembre à
Sherbrooke...
M. Farand: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...au cours de
laquelle les docteurs Gilles Bastien, Alain Chêne-vert, Lambert
Farand, Pierre Frechette, Mathias Kalina, Pierre Lapointe, André Lavoie,
Mario Ostiguy, Jean-Pascal Ouellet, Wayne Smith et Michel Tétreault,
tous des docteurs... Donc, vous avez compris que je n'ai pas été
invité là, je n'avais pas la compétence. Mais semble-t-il
que ceux qui y sont allés, ils avaient la compétence. C'est pour
ça qu'on les a invités. Et le procès-verbal tient compte
d'un certain nombre de choses, puis ils arrivent avec une résolution:"
4. La résolution finale. Suite aux discussions, le Dr Frechette fait la
proposition suivante, qui est adoptée à l'unanimité - et
qui se lit comme suit: La méthode Clawson est une méthode
adéquate de traitement des appels et Urgences-santé doit prendre
les mesures nécessaires pour que son implantation assure la
sécurité de la population desservie, c'est-à-dire que les
cas urgents ne seront pas privés de ressources appropriées et de
transport ambulancier."
Comment conciliez-vous ça avec tout ce que vous venez de nous
dire? C'est rien que ça, mais...
M. Farand: C'est ce que je disais au niveau du mode d'utilisation
du système de Clawson. Le système de Clawson, utilisé avec
des opérateurs où on envoie des ambulances à tout le
monde, n'est pas - d'après moi, en fait, dans ce groupe-là, et
certains autres des médecins - une méthode adéquate.
Envoie beaucoup de ressources pour rien, sature la flotte, etc. Par contre, le
système, les cartes elles-mêmes, lorsqu'on les applique dans un
contexte où le jugement professionnel est conservé - puis c'est
ce qu'on voulait dire par assurer l'implantation de ce système-là
en protégeant le public - c'est adéquat. L'utilisation du
système de Clawson pour déclencher les préalertes en
maintenant le jugement professionnel, c'est tout à fait adéquat.
Donc, c'est ce que cette phrase-là voulait dire. Elle ne veut pas dire,
maintenant, la même chose dans l'esprit de tout le monde. Par exemple,
dans l'esprit de la direction d'Urgences-santé, elle voulait
certainement dire... Bon, c'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. De toute façon,
je veux vous remercier parce que ça a été un
échange qui a été très intéressant. Chacun a
eu au moins la chance d'émettre son point de vue. Je regrette seulement
une chose après cet échange-là, M. le Président. Je
ne regrette pas d'être aux Îles-de-la-Madeleine demain parce que
c'est toujours un plaisir d'aller dans les régions du Québec. Je
vais regretter de ne pas être ici demain, mais j'ose espérer
que... et connaissant l'esprit de connaissance, de savoir, de vouloir-savoir
des membres de la commission, ce sera très intéressant
d'interroger le Dr Frechette demain. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, oui,
rapidement.
M. Trudel: Je voudrais aussi remercier le groupe, en particulier,
des infirmières de l'Alliance des infirmières de Montréal,
les représentants des infirmières d'Urgences-santé ainsi
que le Dr Farand. En tout cas, je reste avec un bon nombre d'interrogations
encore ce soir sur l'application mécanique.
Trente secondes pour dire qu'il fut un jour, dans les
universités, où il y avait une mode, parce que tout le monde
faisait ça, c'était l'école du behaviorisme,
stimuli-réponses. Alors, là, tu corrigeais tout avec ça.
À un moment donné, on s'est rendu compte qu'il y avait juste une
donnée qui trichait la dimension stimuli-réponses; il y avait
l'être humain, entre les deux, qui pouvait réfléchir. Quand
on est dans des systèmes mécaniques, je suis toujours très
inquiet de voir que c'est la mécanique qui peut dominer la personne et
le jugement qu'on peut porter. Et là ils ont essayé de
déguiser ça en behaviorisme social, après ça.
Merci.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci
à l'Alliance des infirmières de Montréal. Nous suspendons
nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 35)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Je remarque que le groupe représentant les médecins
d'Urgences-santé a déjà pris place. J'apprécierais
si le responsable du groupe pouvait se présenter et aussi
présenter les membres qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Groupe représentant les médecins
d'Urgences-santé
M. Ostiguy (Mario): Bonjour. Je suis le Dr Ostiguy. Je suis ici
comme représentant des médecins d'Urgences-santé. Je vais
vous présenter mes confrères de travail qui sont ici avec moi:
à ma droite, le Dr Jocelyn Barriault; ici, à ma gauche, le Dr
Mathias Kalina; à sa gauche, le Dr Théodore Leibovici et,
ensuite, le Dr Richard Boisvert.
Le Président (M. Joly): Merci. Simplement pour ceux qui
participent à cette commission, je vous avise que, demain matin,
à 11 heures, le groupe représentant la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
Métropolitain sera entendu, pour une période d'une demi-heure;
à 11 h 30, le Dr Frechette prendra place. Nous entendons ajourner sine
die demain, à 13 heures. Dr Ostiguy, à vous la parole. Vous avez
une demi-heure et, après, eh bien, nécessairement...
M. Ostiguy: C'est peut-être trop.
Le Président (M. Joly): En tout cas, on va prendre ce que
vous avez et il restera un peu plus de temps pour échanger avec les
parlementaires des deux formations.
M. Ostiguy: Merci. Ça nous fait plaisir. On vous remercie
de nous avoir invités à prendre la parole et à donner le
point de vue des médecins d'Urgences-santé sur le système,
tel que nous le vivons aujourd'hui, sous la vision d'un système qu'on
entrevoit dans l'avenir.
Suite aux directives ministérielles données par M. le
ministre Côté en juin 1991, les médecins
d'Urgences-santé ont créé des petits groupes de travail
afin d'examiner et afin de pouvoir écrire et réfléchir sur
la vision que l'on avait du système actuel et quels seraient les
changements qu'on pourrait apporter. Suite à ces
réunions-là auxquelles plusieurs groupes ont travaillé
séparément, on est arrivé à créer un
document qui résume, qui apporte un certain consensus sur les
idées partagées par la majorité des médecins, un
certain dénominateur commun.
Je ne sais pas si vous avez en votre possession le document
intitulé "Notre vision de l'avenir de l'organisation et de notre
rôle au sein de celle-ci". C'est, grosso modo, le ramassis de tous les
travaux d'équipe qui ont été faits et dont on a
dégagé le dénominateur commun. Il en ressort - on a
essayé de le mettre de façon assez claire - que tous les
médecins oeuvrant actuellement à Urgences-santé sont
d'accord avec les directives du ministre Côté. De façon
claire, aucune des directives ne crée problème chez les
médecins d'Urgences-santé. Les seules réserves
partagées par nous autres, les médecins, c'est sur certaines
interprétations qu'on peut donner à certaines directives et,
surtout, sur les moyens d'application pour arriver à la finalité
et atteindre les buts des directives.
Il n'est pas question pour les médecins, de façon
partagée par la majorité, de défendre des emplois. Les
médecins se veulent un peu les défenseurs pour la qualité
des soins qu'on peut donner à la population. Les médecins sont
prêts à être garants de la qualité des soins qui
pourraient sortir du système d'Urgences-santé en autant qu'on
nous donne les outils nécessaires afin d'assurer cette qualité,
d'où l'importance d'établir, je pense, un certain contrôle
médical au niveau du système d'Urgences-santé. Le
médecin aimerait beaucoup avoir un rôle de partenaire, un
rôle de partenariat pour pouvoir partager les responsabilités de
ce qui peut se faire au niveau des soins de santé. Donc, grosso modo,
c'est ça. Je vais passer la parole au Dr Kalina qui va peut-être
faire un rappel sur le document de travail que les médecins
d'Urgences-santé ont déposé.
Le Président (M. Joly): M. Kalina, vous avez la
parole.
M. Kalina (Mathias): Merci. Je n'ai évidemment pas
l'intention de vous imposer la lecture du document. Je vais reprendre, aux fins
de la discussion, les principales idées de chacun des chapitres avant
d'ouvrir à la discussion et aux questions. On a divisé de
façon schématique l'exposé de ces prises de position qui
sont foncièrement des bases de discussion. Peut-être que certains
d'entre vous ont déjà eu des versions antérieures du
même document; ça s'inscrit dans un processus de recherche de
solutions qui n'est pas terminé actuellement. On commence par
l'intervention sur le terrain. Pourquoi commencer par l'intervention sur le
terrain? Parce que les directives laissent évidemment sous-entendre un
changement important du rôle du médecin. On suggère que le
médecin se concentre sur un rôle d'évaluation de la
qualité de l'acte, de formation, d'encadrement sur le terrain,
notamment, et, également, à l'interne. Les médecins
d'Urgences-santé sont prêts à assumer ces
responsabilités-là et acceptent l'idée que leurs
tâches vont graduellement être modifiées pour inclure une
plus grande proportion de ce type de tâches d'encadrement par rapport aux
tâches traditionnelles cliniques directement sur le terrain.
Il y a des sous-divisions à cette question. Évidemment,
pour se retirer de la fourniture directe de soins dans le contexte
préhospitalier, il est important, d'abord, de former des gens qui
puissent poser ces gestes-là en notre absence éventuelle; ceci
veut dire former des techniciens ambulanciers. Nous sommes d'accord pour
transférer une grande partie des activités cliniques
d'évaluation et, également, des gestes techniques à des
techniciens ambulanciers. C'est faisable, mais ceci doit se faire de
façon prudente, à diverses conditions.
La première est probablement d'identifier au préalable
quels gestes sont vraiment nécessaires en préhospitalier, de ne
pas partir d'un modèle préconçu. On pense tous,
peut-être, au paramedic américain; on n'est pas sûr que
toutes ces techniques et toute cette compétence soient absolument
nécessaires pour tous les techniciens ambulanciers. Donc, il s'agit de
bien définir quelles sont les compétences que les gens devraient
acquérir, d'une part, pour identifier les urgences importantes sur le
terrain, identifier les circonstances où certains gestes sont
indiqués et, enfin, être capables, et c'est la dernière
étape, de poser certains de ces gestes qui peuvent effectivement sauver
des vies.
Notre perception de ce rôle de formation est donc une perception
progressive. Au début, il y a un certain nombre de compétences
que tout le monde, sur la route, devra acquérir. Il faut s'assurer qu'un
certain nombre de compétences de base en réanimation, qu'elle
soit cardiaque, traumatologique, ou même en soins de base
soient acquises, que la performance soit correcte et, ensuite, passer
à des étapes ultérieures. Quant à la période
que ça prendrait pour former ces gens-là, il faudrait
prévoir une transition qui permette à la qualité des soins
disponibles à la population du territoire qu'on dessert au moins de
demeurer constante, c'est-à-dire qu'on soit capable de continuer
à faire des réanimations cardiaques, par exemple, en attendant
que les techniciens ambulanciers deviennent aptes à le faire, sous
contrôle à distance, sous contrôle direct. Ces sont des
modalités qu'il faudra, tous ensemble, en préhospitalier,
déterminer.
Le rôle d'évaluation des techniciens ambulanciers, quand on
parle de la qualité des soins, ou du rôle de promotion de la
qualité, pour utiliser une terminologie plus positive, est
également important. Évidemment, les liens
privilégiés qui ont été établis au cours des
années par les médecins qui travaillent sur la route avec les
techniciens ambulanciers ont fait que ceux-ci considèrent les
médecins comme des partenaires et acceptent, en général,
le rôle de modèle que peuvent avoir des médecins, ce qui
facilite cette espèce de fonction sur le terrain. C'est entendu que,
quand on parle de terrain, de fonctions, de formation, d'évaluation sur
le terrain, le terrain est l'un des endroits où on peut en faire, mais
ce n'est pas le seul endroit. Nous ne pensons pas que toute la formation puisse
nécessairement être faite sur le terrain. C'est un peu comme les
stages cliniques dans nos cours de médecine. Il y a une certaine base
qui s'acquiert dans des salles de cours et, ensuite, on peut passer à
des pratiques.
Est-ce que ce plan-là permet d'atteindre l'objectif de diminuer
le nombre de médecins sur la route? La réponse est oui, puisque,
si les soins avancés et de base sur la route, pour les cas urgents, sont
éventuellement donnés par des techniciens ambulanciers, cela
signifie que les médecins ne garderont éventuellement que
peut-être un certain nombre de cas qui auront été
identifiés et des fonctions de formation et de contrôle et le
nombre de médecins pour effectuer ces tâches-là sur la
route sera inférieur à ce qu'il est maintenant.
Il reste évidemment que ces commentaires s'appliquent à la
question des appels urgents. Par "urgents", on parle des urgences vitales. On a
tous recherché une terminologie plus appropriée pour parler des
autres classes d'appels auxquels on répond aussi actuellement. Vous
n'ignorez pas qu'actuellement Urgences-santé, si sa mission, ce sont les
soins urgents, répond quand même à une qualité mixte
d'appels. Il y a effectivement un certain nombre d'urgences vitales. Il y a
ensuite une demande de cas que d'aucuns appellent pressés, semi-urgents
et d'autres termes. Le terme exact est à trouver. Ce sont des cas
où les gens perçoivent qu'ils ont un malaise qu'ils estiment
important, qu'ils estiment relativement immédiat, mais où,
objectivement, la vie n'est pas nécessairement en danger.
Oui, c'est normal de ne pas faire faire ce type d'appels par des
équipes spécialisées dans les urgences vitales. Encore
faut-il prévoir une alternative. Cette demande-là existe et on
devra y répondre. Nous ne souhaiterions pas abandonner ce
champ-là sans que les citoyens aient au moins des alternatives à
leur disposition. Le type de système à envisager pour couvrir
cette demande-là - je parle toujours de l'intervention sur le terrain,
de la demande au domicile des gens... Divers scénarios sont
envisageables. Nous privilégions le maintien, à
Urgences-santé, de cette fonction sous une gestion séparée
de la gestion des urgences vitales pour éviter des dédoublements
de structure et pour permettre de partager certains services, d'une part, et,
également, pour garder une certaine mesure de contrôle sur le
débit. Évidemment, la crainte, c'est de voir
réapparaître - vous savez tous, évidemment,
qu'Urgences-santé est, à l'origine, née de la disparition
de Télé-Médic chez nous -ce type d'organisation sur
demande et ça ne nous apparaît pas souhaitable, en tout cas au
point de vue des coûts. C'était là un peu un
résumé de notre position en ce qui a trait au rôle sur le
terrain. (20 h 30)
II y a la question de la gestion des appels à
Urgences-santé. Je pense que vous avez déjà eu plusieurs
discussions sur ce sujet. Notre position est d'essayer de trouver une solution
qui permette d'atteindre les objectifs énoncés, entre autres dans
les directives du ministre, de répondre très rapidement aux
appels d'urgence vitale, mais, en même temps, de conserver une
capacité de jugement sur l'opportunité d'utiliser des ressources
dans certains cas.
Dans le débat qui nous amène tous ici, on a souvent
opposé la notion, d'une part, du système actuel qui est
basé sur un jugement professionnel. Vous êtes certainement au
courant d'études qui ont démontré que, contrairement
à ce que peuvent dire d'aucuns, c'est un système qui ne
fonctionne pas mal, même qui fonctionne bien. Par contre, on a
posé de l'autre côté des systèmes "protocol
isés" d'importation américaine, notamment celui du Dr Clawson, de
Salt Lake City.
Ce que les gens se sont posé comme question et la
réflexion qu'ils ont essayé de faire, c'est: Est-ce que c'est
mutuellement exclusif ou si l'objectif de bien gérer la demande peut
être atteint par une combinaison de ces idées-là? Notre
réponse, c'est que quel que soit le système choisi, il faut,
premièrement, s'assurer d'être capable éventuellement de
répondre à la demande qu'on va générer. Donc, notre
première priorité a été mise un peu...
Superficiellement, ça semble en contradiction avec les directives, mais
ça ne l'est pas. En fait, c'est une inversion de l'ordre des
priorités. On dit: D'abord, il faut s'assurer qu'on a une gestion de la
flotte qui
nous permet d'évaluer quelle marge on a pour faire face à
des fluctuations de la demande. Les fluctuations de la demande, il y en a qui
sont naturelles. Par exemple, à cette période-ci de
l'année, la demande est plus importante qu'à d'autres
périodes de l'année. Il y a également des fluctuations
dans la disponibilité des ressources. Il y a des systèmes
disponibles pour contrôler ces variantes-là et il y a un besoin de
contrôler ces variantes avant d'expérimenter diverses solutions
auxquelles nous pourrions arriver, à Urgences-santé.
Donc, notre première préoccupation est de créer,
effectivement, une situation de coopération sur les modifications
à apporter au système de tri, mais en nous assurant qu'on a la
gestion de la flotte qui nous permettra une expérimentation
sécuritaire de ces changements-là. Quels devraient être ces
changements-là? Est-ce que nous sommes opposés à une
approche "protocolisée" comme celle de Clawson, par exemple? Non. Le
système, en tant que tel, est adéquat, pour reprendre le mot
qu'on a utilisé dans une motion qui est tirée d'une
réunion où il y avait plusieurs experts québécois,
à Sherbrooke. En tant que tel, il est capable de classer en un certain
nombre de catégories, en quatre catégories surtout, les appels et
il a des avantages évidents comme la possibilité, en une minute,
de façon hautement reproduisible, de traiter l'appel. Ce
système-là a probablement ce qu'on appelle une très grande
sensibilité, c'est-à-dire qu'il est capable d'envoyer des
ressources lorsqu'on en a besoin, ou presque.
Ce que, nous, on dit, c'est que là où il y a un
problème, c'est probablement au niveau de ce qu'on appelle la
spécificité. Oui, effectivement, nous sommes
intéressés à envoyer vite des ressources aux gens qui en
ont vraiment besoin, mais il y a certains appels, à mesure que le
degré d'urgence décroit, où le jugement professionnel
pourrait, de façon avantageuse, complementer une approche initiale, de
façon à éviter d'initier trop d'envois de ressources et
à permettre, au prix peut-être d'une minute ou deux de plus, dans
des cas qui n'appartiennent pas aux catégories les plus urgentes - ce
n'est pas grave de prendre une ou deux minutes de plus, je ne parle pas des cas
d'urgence vitale -de prendre, à ce moment-là, des
décisions professionnelles d'orientation qui pourraient comprendre,
à notre avis, la référence ou le non-envoi de ressources
dans un certain nombre de cas, ce que les systèmes américains
hésitent à faire pour des raisons notamment
médico-légales, mais pas seulement médico-légales.
Enfin, toute la question de la comparaison entre la demande américaine
en général ou canadienne dans d'autres villes et la demande
à Montréal n'est pas documentée. Il existe probablement de
petites différences.
Nous pensons que, pour ce qui a trait à la population, il faudra
donner accès - nous sommes d'accord avec le concept d'Info-Santé
- à Info-Santé par un numéro qui soit différent du
911, un numéro à sept chiffres, que nous verrions implanté
avant les autres modifications, de façon à bien pouvoir
évaluer les chiffres, comment notre demande, en réalité,
va se diviser entre les deux catégories. Pour fins de planification,
ça va être important de pouvoir mesurer ça. Nous pensons,
évidemment, que le numéro à sept chiffres doit pouvoir
transférer au 911 les gens qui se sont malencontreusement mal
adressés, mais nous ne pensons pas que l'inverse soit nécessaire.
Nous pensons qu'il est tout à fait concevable que des gens qui ont
appelé, entre guillemets, à tort le 911 puissent se faire dire:
Appelez au numéro, je ne sais pas, 842-4242, en tout cas, le
numéro éventuel qui serait choisi.
Nous pensons donc que le rôle de support à l'interne, le
rôle de support professionnel au tri doit persister. Il doit
également pouvoir être utilisé éventuellement lors
de difficultés dans l'allocation de ressources, la répartition,
en termes habituels, lorsqu'on ne sait pas, par exemple, où envoyer ou
quoi faire avec un cas particulier sur la route, ce qu'on appelle le
contrôle médical à distance, et, éventuellement,
dans l'allocation d'hôpitaux lorsque les gens ne sont pas... C'est un
rôle d'appoint uniquement.
Notre troisième chapitre porte sur l'interface avec les centres
hospitaliers, évidemment. Urgences-santé, pour nous, est une
partie du réseau sanitaire. D'abord, tous nous travaillons aussi
à l'hôpital; nous ne travaillons pas que dans le domaine
préhospitalier. Nous voyons assez bien les deux côtés de la
médaille, selon l'endroit où nous travaillons. Nous concevons
qu'il y a une grande continuité dans les soins à apporter non
seulement par les médecins qui, par définition, travaillent dans
les deux endroits, mais également par les techniciens ambulanciers;
apprendre aux techniciens ambulanciers à respecter les institutions
hospitalières, à bien interagir avec elles et aux institutions
hospitalières à être capables de respecter les techniciens
ambulanciers comme des partenaires qui ont commencé le travail et qui,
parfois, vont avoir sauvé des vies qu'à l'hôpital on
n'aurait pas pu sauver. Il y a des vies sauvées de temps en temps en
préhospitalier. Les plus spectaculaires sont les arrêts
cardiaques, comme on voit, des fois, à la télévision en
direct en partie, mais ce n'est pas les seuls cas où on peut donner des
soins qui sauvent des vies. L'interface avec les centres hospitaliers doit
comprendre l'intégration du centre hospitalier comme lieu de formation.
Une des manières de former les techniciens ambulanciers notamment -
évidemment, les médecins, ça va de soi aussi - est de les
exposer à de grands volumes de patients - qu'ils ne peuvent pas
nécessairement rencontrer sur la route - dans un milieu
contrôlé, de façon à habituer les gens à un
encadrement professionnel. C'est une collaboration qui est à
développer. Cette collabora-
tion doit également être développée pour
l'enseignement aux étudiants en médecine et aux résidents.
Effectivement, nous pensons que, lorsque des médecins seront
éventuellement appelés à travailler dans les centres
hospitaliers, dans les salles d'urgence, que ce soit à titre de
spécialiste ou à l'urgence, il sera important qu'ils aient
compris et connu ce qui se faisait en préhospitalier, de façon
à assurer une meilleure continuité au traitement des cas.
Je vais passer rapidement sur le chapitre qui parie du traitement des
plaintes. On l'a inclus parce qu'il en est question dans les directives. Il est
clair que, outre le principe avec lequel on ne peut pas ne pas être
d'accord, nous pensons qu'il est important que le processus permette d'avoir
une approche positive de renforcement de la qualité et ne soit pas, pour
être acceptable, perçu uniquement comme un bâton. Le message
à passer, c'est qu'on souhaiterait imaginer des modes qui permettent de
renforcer le comportement positif de la carotte et du bâton, qu'on
connaît tous, et de respecter également les procédés
normaux, procédés qui ne sont pas judiciaires, mais il faut quand
même faire attention aux droits des intervenants.
Le document ne fait pas allusion à d'autres activités que
les médecins ont déjà entreprises à
Urgences-santé et qu'ils souhaitent évidemment continuer à
faire, notamment la recherche. Vous savez qu'on a déjà produit
passablement de publications et nous souhaitons continuer à participer,
entre autres, à des projets internationaux coopératifs, ce qui
nous permet d'utiliser la recherche comme un stimulus à la
qualité de la performance. Les gens qui sont impliqués dans des
projets de recherche, qu'ils soient médecins ou techniciens
ambulanciers, ça les intéresse et, en augmentant
l'intérêt, ça déteint non seulement sur les cas qui
font partie du projet de recherche, mais également sur l'ensemble de la
performance. Il y a des villes comme, par exemple, Seattle où on insiste
beaucoup sur l'utilisation de ce moteur-là comme un outil positif
d'amélioration de la qualité.
Nous parions, à la fin, de quelques principes concernant les
structures à Urgences-santé. Nous considérons
évidemment que les structures en soi ne sont pas des objectifs que nous
poursuivons, mais uniquement la recherche d'un contexte qui permette aux
médecins d'être considérés comme des partenaires
à part entière, à toutes les étapes de conception
et d'implantation des projets, ne serait-ce que pour maximiser notre
utilité pour le système.
Ça résume un peu le contenu de ce document et, à ce
stade-ci, je pense qu'on peut commencer nos discussions. (20 h 45)
Le Président (M. Philibert): Vous étiez très
bien chronométré. Vous entrez exactement dans le temps qui vous
était dévolu, une minute en moins à peu près.
Alors, félicitations. Merci de votre exposé. Maintenant, je pense
que c'est au tour du député de Matapédia, adjoint
parlementaire au ministre de la Santé et des Services sociaux. M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Oui. J'aimerais d'abord excuser
l'absence du ministre. Ce n'est pas sa mauvaise foi ou sa mauvaise
volonté. Il est retenu par des occupations à l'extérieur.
Néanmoins, soyez assurés que nous essaierons, tout comme lui, de
voir la lumière dans ce beau monde qu'est Urgences-santé.
À cet égard, j'aimerais peut-être commencer au
moment où lui a terminé tout à l'heure avec vos
prédécesseurs, parce que quelques-uns d'entre vous étaient
à la fameuse réunion de Sherbrooke, comme vous l'avez
mentionné tout à l'heure, et peut-être vous entendre sur
des commentaires additionnels sur la méthode Clawson.
M. Kalina: Vous pariez de la réunion de Sherbrooke.
Effectivement, c'était une réunion à laquelle trois
d'entre nous, le Dr Ostiguy et moi-même, entre autres, et le Dr Farand,
si vous vous retournez, qui est peut-être derrière moi, ont
participé. Lors de cette réunion, la question qui était
posée, c'est: Le système de Clawson est-il adéquat? Le
mandat qui avait été donné se résumait à
cette question-là.
Notre participation à ce débat a été un
petit peu difficile à contrôler pour le président de
l'assemblée ici présent - c'était le Dr Frechette qui est
en arrière de nous - parce que nous débordions un peu. Pour nous,
émettre une opinion sur le système de Clawson en tant que tel,
c'est une chose. On peut dire que oui, en soi, c'est un système qui est
accepté, qui a des avantages, et j'en ai énuméré
quelques-uns tout à l'heure, qui n'est pas si mauvais s'il a
été accepté par tant de systèmes que ça,
mais qui nous amène certaines inquiétudes. La première de
ces inquiétudes qui était hors d'ordre lors de cette
réunion, c'est le contexte d'implantation. Mais dans la motion de
clôture, on tient compte de cette préoccupation en disant:
L'implantation - je ne le cite pas de mémoire, ce n'est pas exactement
cité - devra se faire de façon prudente en faisant attention
à ce que ça n'amène pas des difficultés au point de
vue du temps de réponse. ce que nous craignons, c'est la situation
suivante. si le système de clawson amène, comme c'est
prévisible, un plus grand nombre d'envois de ressources,
c'est-à-dire qu'on envoie plus d'ambulances sans juger si c'est
souhaitable ou non, la situation actuelle de gestion de la flotte ne nous
permettra pas, à notre avis, de faire face à une augmentation
significative du nombre d'envois de ressources...
M. Paradis (Matapédia): Êtes-vous en train de me
dire qu'il manque des ambulances ou qu'il en manquerait?
M. Kalina: Non. C'est au niveau...
M. Paradis (Matapédia): Cet après-midi, on a dit
qu'il y en avait 40 de trop. Là, j'aimerais...
M. Kalina: Non, ce n'est pas du tout au niveau du nombre
d'ambulances. Quand on parle de gestion de la flotte, cela veut dire la
manière d'utiliser l'ensemble des véhicules que tu as sur le
terrain. Par exemple, émettre des normes de temps pour effectuer
certaines tâches, la capacité de localiser... Dans la plupart des
systèmes urbains, il y a des systèmes de localisation qui
permettent de... Il y est fait allusion dans les mesures justement du ministre.
On dit qu'une gestion améliorée de la flotte, une gestion un peu
plus étanche, si elle était, simultanée ou
précédait l'éventuelle augmentation de demandes de
ressources, permettrait d'éviter la situation non désirable
suivante, c'est-à-dire que tu augmentes sans avoir encore la
capacité de faire face à une demande accrue; tu l'augmentes et tu
auras un effet paradoxal où le temps de réponse, au lieu
d'être raccourci, sera rallongé parce qu'on devra chercher une
ressource qu'on n'aura pas à notre disposition. Donc, ça ne
réfère pas au nombre physique d'ambulances.
M. Paradis (Matapédia): Très bien. Vous avez fait
mention un petit peu, dans votre présentation, que vous n'étiez
pas tout à fait en accord avec certaines directives ou, du moins, avec
les moyens d'arriver avec certaines directives du ministre. Pourriez-vous
expliciter?
M. Kalina: L'exemple de Clawson en est un. Ce n'est pas une
question de désaccord avec l'objectif recherché par les
directives. C'est une question de dire qu'on va rechercher le moyen d'y arriver
qui permette d'éviter des écueils du genre de ceux qu'on a
mentionnés tantôt. Dans le cas, par exemple, du changement des
fonctions des médecins sur la route. On dit: Oui, oui! Bien sûr
qu'on est d'accord avec le principe de faire plus de formation,
d'évaluation, et tout ça. Mais on dit: En attendant, il y a quand
même des choses qu'on doit préciser, comme une période
d'intérim où, en attendant que les techniciens ambulanciers
soient aptes à faire certains gestes, on continue d'offrir des services
à la population.
Il faut également, si on pense à la séparation, par
exemple, du non-urgent de l'urgent, en attendant d'éventuellement ne pas
répondre à certaines catégories d'appels
considérés comme en dehors de notre mandat... Je veux prendre un
exemple simple, douloureux pour les familles qui le vivent: la constatation de
décès. Nous allons constater des décès. Vous
conviendrez avec moi que ce n'est pas une urgence vitale, mais vous conviendrez
aussi qu'au point de vue humain il faudra qu'on offre aux citoyens une autre
alternative avant de leur dire: On ne vient pas chez vous, monsieur ou madame.
C'est plutôt dans la façon de faire pour que la transition soit
sans heurts, si on veut. il faut dire que la plupart des médecins qui
travaillent à urgences-santé, je parie du noyau, sont des gens
qui font beaucoup d'urgence ou pratiquement seulement de l'urgence et dont
l'orientation de carrière est plus vers les cas urgents que non urgents.
donc, il n'y a pas d'objection philosophique aux directives.
M. Paradis (Matapédia): Dites-moi, est-ce que je vous
comprends bien - et vous me corrigez si j'ai mal compris - vous n'êtes
pas contre qu'à un moment donné on fasse les urgences urgentes.
Donc, on sépare Info-Santé du 911. Vous ne seriez pas contre non
plus qu'on puisse avoir la même philosophie sur le transport, vital et
non-urgent. Est-ce ça que j'ai compris?
M. Ostiguy: Oui. Ce n'est pas juste qu'on est d'accord, on
encourage la séparation de l'urgent du non-urgent. Le 911 et le
numéro à sept chiffres, c'est essentiel. Si on veut être
capables de répondre dans des délais satisfaisants, c'est
nécessaire d'être capables de faire la séparation de ce qui
est urgent et non urgent.
Là où on a des réserves, c'est dans la façon
d'y accéder, c'est d'être capables si on veut répondre au
911 pour les urgences majeures, et c'est de là tout le débat de
Clawson, du traitement des appels, du support professionnel. Les grandes lignes
de séparer l'urgent du non-urgent, c'est essentiel. Comment faire pour y
arriver? Comment faire pour ne pas perdre les cas qui appelleraient au
non-urgent et qui s'avéreraient des cas urgents? C'est tout ça.
On dit que c'est la façon d'utiliser...
M. Paradis (Matapédia): I riez-vous jusqu'à nous
proposer de former une coopérative pour le transport des non-urgences,
par exemple?
M. Kalina: Oui...
M. Paradis (Matapédia): Juste pour imager un peu ce qu'on
dit.
M. Kalina: La question sous-jacente... Là, on va dire
qu'en tant que médecins on n'essaiera pas non plus de nous prononcer sur
le bout où on a moins d'expertise. C'est sûr que la question que
vous posez, il y a une question financière en dessous de ça,
à savoir: Est-ce que deux flottes complètement
séparées de façon structurelle ne seraient pas plus cher
qu'une séparation qui soit uniquement fonctionnelle? Ça, je pense
que c'est un débat qui relève plus de calculs que,
personnellement, je n'ai pas la compétence de faire. Mais
l'idée...
M. Paradis (Matapédia): Parce que vous vivez
continuellement dans le milieu...
M. Kalina: Au niveau du concept, c'est sûr...
M. Paradis (Matapédia): ...alors sans avoir une expertise,
des commentaires.
M. Kalina: Oui. C'est sûr qu'on souhaiterait qu'il y ait
des gens qui se dévouent pratiquement uniquement aux urgences majeures
et qu'il y ait des gens qui se dédient pratiquement uniquement aux
urgences pressées, pour reprendre l'expression de votre voisin de
gauche. Mais la possibilité d'une couverture ou d'un appui entre les
deux groupes est peut-être envisageable.
M. Paradis (Matapédia): Dans un autre ordre
d'idées, au chapitre V sur les structures, vous nous dites que les
médecins sont prêts à offrir leur collaboration aux
organismes accrédités ou aux premiers répondants,
notamment la police, les pompiers. C'est bref, très bref, mais ce serait
intéressant peut-être de vous entendre davantage. Oui?
M. Barriault (Jocelyn): Est-ce que je peux m'exprimer
là-dessus, oui, effectivement, je pense que l'orientation du
préhospitalier, de toute façon, on est influencés beaucoup
par la mode nord-américaine, va tendre vers l'utilisation d'un service
de premiers répondants. Effectivement, il y a des structures qui sont
déjà en place. Les pompiers, tout le monde y fait
référence, il y a des casernes dans tous les quartiers et ils
sont déjà là. Souvent même, les gens se demandent ce
qu'ils font entre les feux. Effectivement, on est d'accord avec ça. On
serait prêts, évidemment avec une bonne collaboration et un bon
niveau de travail, avec une formation adéquate - ça n'a pas
nécessairement besoin d'être une formation dispendieuse et
très longue - à avoir des ressources supplémentaires qui
sont les premiers répondants, qui peuvent être les policiers. Ne
serait-ce que s'ils apprennent déjà à faire un massage
cardiaque en attendant l'ambulance, ce serait déjà ça de
gagné. Effectivement, on est prêts à...
M. Paradis (Matapédia): N'ont-ils pas déjà
une formation de base, notamment les pompiers?
M. Barriault: Les pompiers ont plus de formation de base que les
policiers, mais, par expérience sur le terrain, parce que je suis plus
un homme de terrain que d'administration, je peux vous dire qu'il est
relativement rare actuellement, premièrement, pour diverses raisons...
C'est que les pompiers ne sont pas affectés sur les cas autres que des
gros accidents en ce qui concerne le Montréal métropolitain.
C'est probablement la même chose en région ou ailleurs. Vous
verrez rarement un pompier se déplacer, sauf dans quelques
localités du West Island, pour aller comme premier répondant sur
un cas qui pourrait être un cas médical, par exemple un patient
qui a de la difficulté à respirer ou un patient qui est en
arrêt cardiaque. Ce procédé existe dans quelques endroits
du West Island, mais pourrait être généralisé, avec
une formation standardisée, à tous nos autres pompiers ainsi
qu'à la police. (21 heures)
M. Kalina: J'aimerais ajouter à ceci que si c'est
souhaitable... Quand on parie de chaîne de survie, c'est un peu le but de
toucher légèrement à divers points, c'est de dire juste:
N'oublions pas de penser à ça, il y a la population,
l'entraînement de la population. Au Québec, on a de grands
progrès à faire dans l'apprentissage de la population des
premiers gestes à poser. Ensuite de ça, combien est-ce qu'il faut
enseigner aux autres intervenants? Il faut poser la question, à savoir:
Dans combien de cas est-ce qu'ils arrivent avant nous? Dans la région de
Montréal, ce n'est pas toujours les mêmes qui arrivent avant que
dans d'autres régions. Et à partir du type de cas où ces
gens-là arrivent avant nous, déterminer peut-être quelques
compétences qu'il pourrait acquérir en tenant compte,
évidemment... Parce que, chaque fois qu'on parle de formation, la
question que les gens vont vous poser, c'est: Oui, mais ça va nous
coûter combien, en plus de former les techniciens ambulanciers, de former
ces gens-là de surcroît? Même si c'est souhaitable.
M. Paradis (Matapédia): Oui. En terminant, peut-être
une dernière question, quitte à revenir après mon
collègue de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. Moi, je ne saisis pas
vraiment de divergences avec les directives ministérielles,
d'après vos propos, sauf peut-être, à moins que vous me
disiez le contraire ou que vous m'informiez du contraire, c'est la façon
dont elles vous sont imposées? Coudon, comment ça va, chez vous,
avec Urgences-santé? On nous a dit, cet après-midi - et je vous
le vend en mille, que vous ayez été présents ou pas, par
personne interposée - très succinctement, parce qu'on n'a pas pu
élaborer davantage, que les relations étaient un petit peu
plus... je ne dirais pas difficiles, mais on souhaiterait de meilleures
relations avec Urgences-santé et ses médecins.
M. Boisvert (Richard): Si je peux me permettre, je pense que
plusieurs l'ont fait ressortir, ce qui a été et ce qui est encore
un problème à Urgences-santé, c'est que tout le monde
garde en tête un objectif de santé auprès de la population
qu'il dessert. Parce que Urgences-santé est un organisme assez
compartimenté, il y a souvent une perte de vue des objectifs de la part
des intervenants. Et ce qu'on souhaiterait, nous, c'est que, quelque part,
quelqu'un fasse le lien pour qu'à la fin il y ait un objectif de
résultat qui soit visible et perçu par tout le monde et que
chacun voit, dans le triage, le dispatch des appels, dans le traitement sur
la
route, à quoi contribue chacun des intervenants à
r'outcome", au pronostic ou à la survie du patient. Et je pense qu'il y
a une façon particulière de gérer des professionnels, que
chacun des gens qui sont à Urgences-santé doit être
considéré comme un professionnel. On ne peut pas imposer, venus
d'en haut, des concepts à des professionnels sans qu'ils aient
été préapprouvés ou qu'on en ait discuté au
préalable. Et, à certains égards, il y aurait eu des
choses dans le processus qui auraient pu être améliorées.
En tout cas, je fais référence, par exemple, à
Clawson.
M. Paradis (Matapédia): On vous écoute, là.
Si vous êtes convoqués, c'est parce qu'on veut savoir des choses.
On n'a pas la prétention de posséder la vérité,
mais on peut partager celle que l'on connaît de part et d'autre. Vous
nous dites, finalement, que vous n'avez pas été consultés
et que vous n'aimez pas la façon dont on vous impose un certain nombre
de choses. C'est ça que vous venez de dire, monsieur?
M. Boisvert: Je n'ai pas dit qu'on n'avait pas été
consultés. Je pense que...
M. Paradis (Matapédia): Ou mal consultés?
M. Boisvert: Enfin, il y a une nuance à apporter,
là.
M. Paradis (Matapédia): C'est quoi? Bien,
j'aimerais...
M. Boisvert: Je pense qu'il faudrait qu'il y ait un processus, en
tout cas, très participatif qui soit mis en place de la part des gens
qui veulent mettre des changements en place à Urgences-santé. Et
ce sera la seule façon, je pense, d'obtenir la performance maximale des
gens, des professionnels qui sont en place, de leur demander ce qu'ils en
pensent. Ils sont, jusqu'à preuve du contraire, les experts dans ce
domaine-là et doivent participer de très près à
l'élaboration et à la mise en oeuvre des changements.
M. Paradis (Matapédia): Vous semblez... Non?
M. Kalina: Je veux juste ajouter, puisque c'est moi qui suis
quotidiennement présent dans mes fonctions, qui suis là à
temps plein, qu'effectivement il y a eu un certain malaise qui
réfère surtout au souhait qu'on a d'être Impliqués
dans le processus dès le début de discussion d'un dossier. On
estime que plusieurs de ces dossiers-là sont en plein dans ce qu'on a
coutume d'appeler notre talle, là, en plein dans notre domaine de
connaissances et d'expertises et qu'il est beaucoup plus facile de contribuer
de façon positive en embarquant dans le dossier au début
plutôt que lorsqu'une décision préliminaire, par
exemple...
M. Paradis (Matapédia): Voulez-vous me dire par là,
si vous voulez entrer dans le dossier dès le début, que vous
voulez être téléphoniste aussi?
M. Kalina: Non.
M. Paradis (Matapédia): O.K.
M. Kalina: Je parle au niveau conceptuel, là, on s'entend
bien, pas sur rendre le service...
M. Paradis (Matapédia): O.K. Non, c'est une question.
M. Kalina: Oui, bien c'est votre rôle.
Le Président (M. Philibert): D'autres questions, M. le
député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Non, quitte à pouvoir
revenir.
Le Président (M. Philibert): Alors, M. le
député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Non. Quitte à pouvoir
revenir.
Le Président (M. Philibert): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux remercier aussi
l'équipe médicale, le coordon-nateur en chef, le
représentant de la Fédération des médecins et
l'équipe médicale d'Urgences-santé de venir nous
rencontrer ce soir pour finalement tenter d'y voir clair. Parce que c'est un
peu ça le mandat de la commission, tenter d'examiner tout le
fonctionnement d'Urgences-santé et, en particulier, bien sûr, ce
qui est le coeur, ce qui est l'objet même de l'existence
d'Urgences-santé, le recours que les personnes en difficulté en
font et le type de soins qu'ils reçoivent, et, bien sûr, tout
ça a été déclenché par un
événement majeur, soit les événements de la
Polytechnique, et, d'autre part, la réaction ministérielle en
termes de suivi au rapport De Coster, c'est-à-dire les directives
à la Corporation d'urgences-santé.
Alors, que les médecins viennent nous voir ce soir, oui, vous
avez une connaissance du système, du coeur du système, qui est
très importante pour les parlementaires en termes de recommandations
qu'on aura à faire à partir de demain midi, parce que, d'assez
grande évidence, il y a de la difficulté dans le rouage, c'est le
moins qu'on puisse dire. Mon collègue de Joliette, sur d'autres aspects
qui sont management de l'organisation, des participants dans cette orga-
nisation-là, il y a des choses assez extraordinaires qui s'y
passent...
Je vais revenir, quant à moi, aux éléments de votre
mémoire, sur la situation à Urgences-santé en ce qui
regarde en particulier les médecins. Alors, somme toute, vous pourrez me
corriger si je tourne les coins trop rond, d'accord, bien sûr, avec la
division de l'urgent et du non-urgent. Quant à vous, médecins,
vous dites: Oui, mais cependant... À la page 2 de votre mémoire
là, l'intervention sur le terrain, vous souhaitez qu'il y ait une
période d'intérim et, à la fois, qu'on maintienne un
certain nombre d'équipes médicales pour l'intervention sur le
terrain, en particulier pour maintenir les soins vitaux avancés, les cas
les plus urgents, et vous énumérez ce que ça peut vouloir
dire: dans les cas de pathologies majeures incluant l'arrêt
cardiorespiratoire, les grandes urgences cardiopulmonaires, le coma, les
intoxications graves, les polytraumatisés incarcérés ainsi
qu'à l'occasion de catastrophes.
Est-ce que dans l'implantation actuelle - ne vous inquiétez pas,
je vais revenir sur Clawson, vous pouvez être sûrs de ça -
vous avez ces assurances ou la conviction, dans les échanges que vous
avez avec la direction, l'administration d'Urgences-santé, que cette
préoccupation terrain que vous avez - et là c'est votre aspect
professionnel qui est en cause... Est-ce que vous avez cette
assurance-là que, pour les citoyens et citoyennes qui vont en avoir
besoin et pour lesquels vous jugez essentiel de conserver ces
éléments-là, ça va se faire, ça?
M. Ostiguy: Non, on n'a pas l'assurance. Écoutez, on
entend parler ici qu'en mars il y aura des échéanciers, qu'en
mars, de façon plus définitive, le rôle clinique, terrain
du médecin sera modifié. Combien va-t-il y en avoir? Est-ce que
les médecins vont continuer à aller sur la route ou seulement
dans des cas exceptionnels? Non, nous, les médecins, on dit que
ça devrait être la responsabilité de la Corporation de
s'assurer de cette période d'intérim où, par exemple, s'il
y a un arrêt cardiaque... J'ai travaillé hier et j'ai fait de la
réanimation cardiaque, quelqu'un qui est décédé.
Mais, si en mars les médecins sont enlevés de la route, qui va
aller faire cette réanimation-là?
Est-ce que les techniciens ambulanciers, à l'heure actuelle, sont
capables de prendre la relève de la majorité des actes que le
médecin est appelé à poser? Nous, on dit que non, pas
à l'heure actuelle. Est-ce que le technicien ambulancier serait apte
à en faire la majorité, comme l'a dit le Dr Kalina tantôt?
Oui, mais ça va se faire quand, comment, durant combien de temps? Je ne
pense pas qu'on ait l'assurance, et c'est pour ça qu'on l'a écrit
dans le document de réflexion... On voudrait, même si on est
d'accord avec tout ça, qu'il y ait quelqu'un durant le temps que
ça va prendre pour former les techni- ciens ambulanciers, qu'on puisse
permettre à la population de maintenir un certain niveau de
qualité de soins. Tel qu'il est prodigué, c'est
déficitaire à bien des endroits; ça a besoin
d'améliorations, c'est évident. Mais on trouve que ce serait
prématuré de nous enlever avant qu'il y ait du personnel qui soit
capable de prendre la relève, d'assurer un certain maintien de soins
à la population.
M. Barriault: Ce que je voulais ajouter, peut-être,
à ça, aussi... Mon collègue, le Dr Ostiguy, a quand
même assez bien cerné la chose, la situation, sauf qu'il serait
peut-être important de mentionner que ce qu'on voudrait proposer...
Évidemment, on parle de la région de Montréal, mais je
pense que le Québec est assez grand. Il y a des régions qui sont
plus distantes de l'hôpital que dans le Montréal
métropolitain. Ce qu'on peut proposer, dans un même ordre
d'idées, c'est d'assurer notre intérim médical pour ce
qu'on appelle du ALS - "Advance Life Support" - dans la région de
Montréal, mais aussi, par le biais de notre formation qu'on pourrait
émettre à nos techniciens ambulanciers, soit en mode
avancé, soit en mode basique, de reproduire cette même formation
pour des techniciens qui pourraient travailler en région, et ça,
je pense qu'il n'y a personne - ceux qui connaissent les régions - qui
s'oppose à ce problème-là.
Actuellement, je pense qu'il faut dire qu'on n'a pas besoin de sortir de
Montréal - moi, je demeure à Longueuil - on a seulement à
aller sur la rive-sud et, parfois, les ambulanciers... Ils travaillent avec ce
qu'ils savent. Ils ont 150 heures de formation. Ils n'ont aucune formation
médicale ou paramédicale continue. Quand ça fait 10 ans,
ils travaillent avec ce qu'ils ont appris il y a 10 ans; des fois - la
mémoire, c'est une faculté qui oublie - on prend des mauvais plis
et 11 n'y a personne qui nous corrige. donc, il faut corriger cet état
de choses au niveau préhospitalier, et non seulement à
l'échelle de montréal, mais à l'échelle de la
province.
M. Trudel: Vous me permettrez juste de faire une observation
très rapide. Ça m'inquiète quand, pour 2 000 000 de
personnes, les professionnels concernés ne sont pas assurés, au
moins pendant une période intérimaire, qu'ils vont pouvoir
intervenir au niveau de cette catégorie de soins. Votre conscience,
votre responsabilité professionnelle nous met en garde sur cet
aspect-là, quand on Implante un nouveau système. Ça fait
juste m'inquiéter quand vous dites: Nous, on n'est pas sûrs, on ne
nous l'a pas garanti et on ne peut pas l'assurer; c'est la
responsabilité de la Corporation, mais on ne peut pas s'assurer de
ça, même s'il s'agit d'une recommandation assez essentielle.
Deuxième partie. Effectivement, il y a l'envers - pas l'envers de
la médaille - une
autre situation, pour le reste du Québec. Vous êtes devenus
une équipe d'experts dans le domaine des services préhospitaliers
d'urgence, et il y aurait certainement beaucoup à faire.
Toujours au fil de votre mémoire, maintenant, sur la question
cruciale de la gestion des appels. Vous avez affirmé, du moins les
participants, ici, ce soir, au concile de Sherbrooke présidé par
le pape, que vous étiez d'accord à la question - on a eu la
résolution, on l'a, là: Est-ce que Clawson est un système
adéquat? Vous aviez répondu... En fait, la réponse, c'est:
Oui, il peut être adéquat. Sauf que, dans votre mémoire, je
ne sais pas si je lis comme il faut, mais vous dites: "Afin de répondre
à la demande d'un traitement interne en moins d'une minute,
l'administration d'Urgences-santé s'apprête à
acquérir [...] Clawson. Nous considérons que l'acquisition de
tels outils peut être attrayante à certains égards,
notamment la rapidité, la reproductibilité et la facilité
d'évaluer le processus. Nous savons cependant que, par ailleurs, et nous
devrions en être fiers, nous avons, à Urgences-santé,
développé une expertise en évaluation des résultats
de tri démontrant, entre autres, qu'un tri professionnel, tout en
étant très sensible, permet des gains importants au niveau de la
spécificité et soulève aussi la possibilité de
diminuer de façon appréciable les coûts." On dit que c'est
bon, ce qu'on a actuellement. Et je parle juste de la partie gestion des
appels, du triage; ça, ça marche - pour employer un langage
simple - actuellement, ça marche bien. (21 h 15)
M. Kalina: Oui. La recherche qui a été faite a
démontré que ça marche bien. Cependant, il reste que les
directives reflètent... Quelque chose peut toujours fonctionner mieux.
Parce qu'on travaille dans ce domaine-là, parce qu'on évalue
quand même, à l'occasion, un certain nombre d'appels, on constate
qu'il y a certaines caractéristiques du système, par exemple, de
Clawson qui, ajoutées, appariées ou raccrochées, si vous
voulez, à notre système pourraient, effectivement
l'améliorer. Par exemple, les professionnels en général,
même pas seulement à Urgences-santé ou même pas
seulement dans le domaine de la santé, en général, quand
ils font face à une situation donnée, sont
caractérisés par des réactions qui sont variables, qui
dépendent de leur... L'une des caractéristiques souhaitables du
système de Clawson, c'est que, dans la gestion de la première
minute - parce que c'est un système qui ne gère qu'une
première minute -il pourrait amener une certaine structure qui fait,
d'une part, que, de façon systématique, on n'oublie pas de faire
l'essentiel; dans l'ensemble, c'est une police d'assurance, entre guillemets.
Ce n'est pas des variables indépendantes, mais ça permet
également de vérifier plus facilement, lorsque la démarche
est systématique, ce à quoi on fait allusion.
Par contre, on dit que c'est quelque chose qui n'est pas... Nous, on ne
voit pas le système de tri professionnel, ce que le texte essaie de
refléter, comme exclusif; on ne conçoit pas le fait de dire que
le système de Clawson est adéquat comme quelque chose qui est
négatif vis-à-vis de l'aspect professionnel. Ce qu'on dit, c'est
que l'aspect professionnel ajoute à ce premier tri en augmenterait la
qualité de façon énorme. Diminuer les coûts,
ça veut dire diminuer l'envoi de ressources, tout simplement. C'est par
ça que...
M. Trudel: Je ne veux pas vous faire perdre le fil de votre
raisonnement, mais... Parce qu'on a tous assez largement compris, on ne peut
plus dire ça parce que Clawson, c'est: Take it or leave it". C'est: Tu
l'achètes, le "package", ou pantoute. Tu ne peux pas ajouter, tu ne peux
pas y juxtaposer ou y faire intervenir une intervention professionnelle qui
modifierait, à la limite, l'algorithme, le protocole, la
procédure. Tu ne peux pas toucher à ça. C'est vendu, tu
achètes le paquet et tu dois l'opérer de telle façon.
Alors, je comprends très bien. Vous dites que la base de Clawson,
c'est certain qu'on n'oublie pas des éléments dans le diagnostic
du triage; deuxièmement, ça permet, au niveau de l'analyse de la
qualité, d'avoir des données comparables lorsqu'on fait du
contrôle. Ça améliore ces aspects-là. Mais, dans la
mesure où on ne peut pas toucher au système, est-ce que je suis
obligé d'arriver à la conclusion que la répercussion la
plus hautement probable, ça va être une augmentation - je qualifie
tout de suite pour vous faire réagir - assez fantastique des
coûts?
Le Président (M. Joly): M. Kalina.
M. Kalina: Oui. Notre prise de position, vous avez raison de
souligner qu'elle est conceptuelle, n'ayant pas été
impliqué dans les tractations avec le Dr Clawson. Ce qu'on comprend du
système de Clawson, c'est qu'il fait un tri initial qui ne
détermine pas si on envoie ou si on n'envoie pas de ressources, qui
détermine quatre catégories d'urgences et le client, entre
guillemets, fait ce qu'il veut avec les quatre catégories. Il peut
décider: Pour la catérogie d, voici la réponse que j'ai;
pour la catégorie c, je fais ça. Il pourrait décider:
Bien, pour la catégorie a, moi, je fais une analyse professionnelle.
C'est hypothétique. Ce qu'on souhaite dire, c'est qu'il y a des
questions importantes à se poser sur les compromis. On devrait
être assis avec ces experts-là pour travailler
là-dessus.
Lorsque vous parlez de coûts, oui, l'abandon de la
spécificité, qui est une qualité importante qui est
réservée au tri professionnel, que n'a pas le système de
Clawson, résulterait en plus d'envois de ressources que ce qu'on fait
actuellement. Plus d'envois de ressources, ça peut vouloir dire des
coûts additionnels. Pour le tri, il
y a deux niveaux d'ailleurs, pour cette spécificité,
où votre raisonnement agit. Une fois que la ressource est envoyée
sur le contrôle de ce qui a été fait, lorsque l'intervenant
est là et qu'il évalue une situation, il y a également une
deuxième étape de tri qui se fait avec l'intervenant
déjà en place. Nous, on estime qu'il serait utile d'avoir un
certain contrôle sur les deux robinets parce que ça serait le
moins coûteux en termes d'efforts.
M. Trudel: En tout cas, ce qu'on a eu comme information ce matin,
c'est que, pour y arriver avec un effort honnête, il faut avoir la
permission de tous les autres utilisateurs. Ils sont 2500 au minimum en
Amérique du Nord, alors on a besoin de commencer notre "run" tout de
suite. Il faudrait avoir l'accord de tous les autres pour modifier le
système, pour y toucher, d'après la compagnie. C'est ce qu'on a
eu comme information aujourd'hui. Et on peut comprendre pourquoi du point de
vue du propriétaire de ce système et de celui de l'entreprise qui
a développé ce système de triage. Mais, dans le contexte
actuel de l'augmentation probable du quantum de ressources nécessaires
pour répondre et avoir le même taux d'efficacité, est-ce
que - là, je ne veux pas que vous vous déguisiez en
administrateur - vous, qui faites beaucoup de terrain, avez l'impression qu'on
a actuellement les ressources à Urgences-santé pour
répondre à cette augmentation du niveau de ressources
nécessaires?
M. Barriault: Ce que je pourrais vous dire là-dessus,
parce que j'ai vécu une situation il n'y a pas tellement longtemps
où ça a été relativement corsé et ce n'est
pas toujours les grosses catastrophes qui font les journaux, c'est tout
simplement ce que le Dr Kalina mentionnait à l'effet d'une recrudescence
de demandes. Les demandes sont plus élevées dans cette
période-ci pour diverses raisons. Actuellement, la répartition
fonctionne, on doit l'avouer - je crois que les répartiteurs le disent
eux-mêmes - d'une manière un peu archaïque. Le
problème qu'ils ont, c'est qu'ils ont de la difficulté à
localiser leurs véhicules lorsqu'ils sont en mouvement. Ils ont aussi de
la difficulté, à cause des moyens de communication plutôt
restreints, à rapatrier leurs unités lorsqu'elles sont soit sur
les lieux d'un appel qui ne nécessite pas de transport ou, le plus
souvent, lorsqu'elles sont à l'intérieur d'un centre hospitalier.
Donc, en grande partie, nous, ce qu'on a proposé et ce qu'on discutait,
on s'est dit: Bon, O.K., peut-être qu'il y a des choses que les gens ne
trouvent pas ou qu'ils ne sont pas d'accord avec le mode de fonctionnement de
la prise d'appels, mais ce qu'on pense, c'est qu'avant de toucher à la
prise d'appels peut-être que la gestion de la flotte, au niveau de la
gestion de la répartition des effectifs par un système
assisté par ordinateur, serait probablement plus utile dans
l'immédiat. À partir de ça, on saurait exactement qui on
a, où on l'a en temps réel et, après ça, on
pourrait voir ce qu'on a à faire sur notre flotte. On peut vous dire, en
théorie: Ah! J'aurais besoin de 20 ou de 30 ambulances de plus, de 10 de
moins, de 40 de moins. Il y a des standards, en Amérique du Nord, qui
ont été émis. Je pense que comparer une ville
nord-américaine avec Montréal, oui, c'est faisable, mais il y a
des secteurs incitatifs qui font que peut-être, aux États-Unis,
des gens n'utiliseraient pas le 911, alors qu'ils vont l'utiliser ici.
Mais je pense que la chose importante, si on est capable de gérer
la flotte et de savoir à la minute près, à la seconde
près quel véhicule est où, on va pouvoir probablement
s'assurer une réponse plus efficace et, après ça, on
pourra savoir ce dont on a besoin.
Le Président (M. Joly): Merci, Dr Barriault.
M. Trudel: Que ces choses sont bien dites. Parce que, selon De
Coster, le principal problème, quand on prend l'événement
- il y en a qui font les journaux et il y en a un ensemble d'autres qui
existent quotidiennement - autour de l'événement de la
Polytechnique, ce n'est pas le problème du triage qui a
été le plus gros de la situation problématique
diagnostiquée par De Coster, c'est l'envoi et la répartition des
ressources. Vous dites: On travaille actuellement avec des méthodes
archaïques, et Urgences-santé - il faut être honnête
aussi - nous a dit ce matin qu'elle travaillait également
là-dessus. Elle est à développer un système
assisté par ordinateur pour l'affectation, pour savoir où sont
les véhicules. Moi, je trouve que c'est fondamental ce que vous venez de
dire. Mais il fallait commencer par ça, c'est là qu'était
l'ensemble, le gros du problème au niveau des ressources. Sans
ça... Mon collègue, M. Chevrette, a fait une prédiction en
décembre 1989 lors de l'adoption de la loi 34, il a dit: En dedans de
deux ans, ils vont venir vous remettre les clés. Alors, on pourrait en
risquer une autre ce soir. Parti comme c'est là, d'ici deux ans, 25 000
000 $ supplémentaires pour que ça marche, la patente. Vous alliez
ajouter quelque chose docteur?
Le Président (M. Joly): Dr Kalina.
M. Trudel: Non?
Le Président (M. Joly): Dr Ostiguy.
M. Trudel: Je pensais que vous aviez quelque chose à
ajouter. Et à l'autre bout aussi - parce qu'il ne reste pas beaucoup de
temps. Le Dr Tétreault est à la mauvaise place, le directeur
général, président du GTI; ça va avoir de l'effet
chez lui tantôt, là. Parce que, si on augmente sensiblement le
niveau d'envois de ressources, on les amène à quelque part,
n'est-ce
pas, alors là c'est l'urgence hospitalière. Vous en parlez
d'ailleurs dans votre mémoire. Est-ce que vous pensez aussi qu'il va
donc y avoir une augmentation sensible et qu'on est, grosso modo, capables
d'absorber ça, dans le réseau des urgences montréalaises,
le surplus de clientèles, d'usagers qui va forcément devoir
être envisagé compte tenu de l'évolution du système
que vous venez de nous faire ou qu'on vient d'observer ensemble?
Le Président (M. Joly): Dr. Barriault.
M. Barriault: Ce que je pourrais vous dire à propos de la
clientèle, admettons qu'on présuppose que le système de
triage utilisé, peu importe le système de prise d'appels, envoie
plus de ressources, "so what?", plus de patients qui vont à
l'hôpital. Mais ce qu'il faut comprendre dans le fonctionnement
hospitalier - et je pense que le Dr Tétreault est là pour le
savoir parce que ça fait plus longtemps que moi qu'il est
là-dedans...
M. Trudel: En tout cas, si ça augmente, vous allez l'avoir
à l'autre bout. C'est lui qui va vous recevoir.
M. Barriault: Mais ce qui est important, un patient dans la salle
d'attente, s'il veut attendre quatre heures pour être vu à
l'urgence au lieu d'aller dans une clinique, c'est son problème. Ce qui
encombre, c'est un patient qui est sur civière qui a besoin de soins
importants. Et pourquoi il est sur civière en bas? C'est parce qu'on n'a
pas de place pour le monter. Si vous envoyez plus d'ambulances pour des cas
qu'on pourrait considérer, entre guillemets, non justifiés, moi,
comme trieur, quand je vais les voir dans mon urgence, bien je vais les envoyer
dans la salle d'attente même s'ils arrivent sur une civière. Vous
comprenez? Au niveau de l'urgence, je ne suis pas certain que ça va
nécessairement nous encombrer plus parce qu'il y a plus d'ambulances,
parce que peut-être que ce même patient-là se serait
présenté sur ses pieds et aurait été vu comme un
patient ambulant tout simplement. Mais si le patient, comme on voit souvent, se
présente sur ses pieds et qu'il fait un infarctus, bien je vais le
coucher et ça va me prendre une civière. Qu'il arrive en
ambulance ou sur ses pieds, ça ne changera pas, c'est immuable. On a
à peu près tous les mêmes standards là-dessus.
M. Boisvert: Si je peux me permettre d'ajouter à ce que
Jocelyn vient de dire, je pense que ce qu'on aimerait voir dans le processus
d'implantation qui s'en vient, c'est que tous les impacts éventuels
soient évalués. Il est à la mode, et je pense que c'est de
bon aloi, de parler de plus en plus de maintien à domicile,
d'hôpital à domicile, etc. Donc, il faut essayer, je pense,
d'être cohérents dans nos objectifs. Si on pense à la fois
à garder les gens à la maison et à les amener plus vite
à l'hôpital, il y a des impacts là qu'on aimerait voir un
peu précisés et ce n'est pas clair dans notre tête que la
démarche a été faite à date. C'est ça qu'est
le problème.
M. Leibovici (Théodore): J'aimerais peut-être
ajouter une autre chose. Si on a des objectifs clairs avec lesquels on
travaille, si vraiment on a le contexte global de la situation,
c'est-à-dire où le préhospitalier fait partie d'une
chaîne... Du moment où quelqu'un ne se sent pas bien et que
quelqu'un est averti, à ce moment-là, on arrive au
préhospitalier. On arrive par la suite à des ressources, on
arrive à l'hôpital et, par la suite, il y a un maintien à
domicile. Ça, c'est un aspect global qu'on pourrait voir. Quand on voit
que l'aspect préhospitalier n'est pas un aspect détaché et
que ça fait partie vraiment d'une chaîne, si un morceau de cette
chaîne-là ne fonctionne pas bien, la chaîne va être
brisée. C'est sûr qu'il y a certaines parties qui sont plus
importantes que d'autres dans le fonctionnement, mais c'est tout vraiment,
c'est l'aspect global qu'il faudra regarder et saisir vraiment le
résultat. Quand on conçoit quelque chose, on le conçoit
dans la totalité, on considère tous les facteurs qui pourraient
influencer un résultat, on regarde les résultats et, à ce
moment-là, on se porte garants des résultats, mais après
effectivement avoir tout considéré.
M. Trudel: II me reste quelques minutes, j'imagine?
Le Président (M. Joly): Vous avez déjà
écoulé votre temps, M. ie député, sauf que je suis
assez flexible. (21 h 30)
M. Trudel: C'est ça, ça fait partie d'un tout. Il y
a une chaîne de différents éléments. L'urgence
préhospitalière, ce n'est pas un morceau détaché du
système. Et je vais vous dire franchement, je fais aussi une autre
lecture, une autre observation dans vos propos. Toute la chaîne repose
actuellement sur des actes de professionnels de la santé. Quelque part,
dans les services préhospitaliers d'urgence, avec Clawson, moi, je vous
dis que je suis inquiet, non pas comme spécialiste, et je suis content
de vous entendre là-dessus, parce qu'il faut nous rassurer et nous
donner des indications précises, mais je suis inquiet lorsqu'on me dit,
cet après-midi, que, pour trier les appels, ce qui va faire en sorte que
je vais envoyer une ressource de différente catégorie ou pas,
ça va être quelqu'un avec un secondaire V qui va avoir 24 heures
de formation. Je suis très inquiet.
Le maillon faible que vous soulignez, docteur, moi, j'ai bien peur que
ce soit là qu'il apparaisse, c'est-à-dire qu'il y aurait comme
une brisure dans la continuité professionnelle de la
décision qui va être prise du type de ressource à
envoyer ou encore de ne pas envoyer de ressource. Ça m'inquiète
beaucoup de voir que, quelque part, on tienne absolument, dans un
système mécanique, à ce que ce soient des individus qui
soient habilités uniquement à poser des questions et à ne
pas réfléchir, surtout. Moi, je suis obligé d'en conclure,
même si ça ne m'a pas été dit comme ça
aujourd'hui, qu'avec Clawson, quand tu fais le tri, une des conditions
essentielles, c'est: Ne réfléchis pas. Vous connaissez ça,
vous êtes en médecine, c'est comme dans les approches
"behavioriales": Stimuli et réponses. Puis ne modifie pas les stimuli
à part ça, hein? Il faut que ce soit mécanique. Tu poses
telle question, tu vas à la fiche no 31, tu continues ta
spécificité, tu arrives à a, b, c, d, catégorie de
ressource ou pas du tout, ou aucune de ces réponses. Ça
m'inquiète beaucoup, ce passage-là et, parce qu'on termine, je
vais vous le dire franchement aussi, la capacité de gestion, de
transformation du système à Urgences-santé actuellement.
Mais ça, je sais que ce n'est pas votre discipline, ce n'est pas votre
problème. Je suis très inquiet de la capacité. Alors, si
vous avez des réflexions à faire sur la chaîne, j'aimerais
ça vous entendre en conclusion et sur les interrogations qu'on a ici
quant aux directives.
Le Président (M. Joly): Dr Ostiguy. Or Kalina. Non?
Parfait. Alors, je comprends qu'on a pris bonne note de vos commentaires, M. le
député. Alors, M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Rapidement, M. le
Président. Ce n'est pas souvent que ça m'arrive, mais prenez-en
acte, je veux remercier le médecin qui a su dire qu'il avait une
préoccupation importante pour les régions. Je le salue
très bien parce que, habituellement, c'est moi qui fais l'inverse, qui
essaie de convaincre soit des professionnels ou soit même le gouvernement
tout court de porter une attention particulière aux régions.
Aujourd'hui, je me le suis fait dire par quelqu'un de Montréal. J'en
suis fort aise et je l'accepte volontiers.
Tout à l'heure, j'ai mentionné qu'il pouvait y avoir,
enfin, certains malaises au niveau de la façon dont on peut imposer un
certain nombre de lignes directrices et, à cet égard, j'aimerais
peut-être demander au coordonnateur qui vit le quotidien de ça,
à ce qu'il m'a dit tout à l'heure, quelles sont ses relations
avec son DSP?
Le Président (M. Joly): M. Kalina.
M. Paradis (Matapédia): Mais deux médecins,
normalement, vous devriez vous entendre très bien.
M. Kalina: C'est une...
M. Paradis (Matapédia): J'ai vu une solida- rité
tout à fait exceptionnelle ici même, à l'Assemblée
nationale, dans cette Chambre. Alors, je voulais juste vérifier cette
solidarité encore ce soir.
M. Kalina: La question n'est évidemment pas du genre de
celles auxquelles on répond avec un enthousiasme délirant. Il y a
effectivement eu, depuis qu'on travaille - je veux répondre directement
à la question - une différence d'approche qui s'est
reflétée. Les gens qui disent qu'il y a eu un problème
à ce niveau-là ne se trompent pas. J'ai un concept ou une
approche de travail en équipe. Vous avez vu un peu comment on fonctionne
ici; on fonctionne un peu comme ça, comme groupe de médecins et,
collectivement, disons qu'on est assez fiers de notre force et de notre
productivité collective. On a fait quelques affaires. C'est sûr
qu'il y a des améliorations à apporter et on a essayé de
dire: On veut coopérer à en amener. On pense que plusieurs de ces
mandats-là, on est capables de les assumer collectivement.
Cette philosophie de se voir à titre de partenaires s'est
confrontée à une philosophie qui a une vision plus... en anglais,
on utilise le concept "line", une autorité de lien autoritaire ou de
lien d'autorité qui ne correspond pas - et je ne pense pas parier
seulement pour moi-même, mais en général pour le corps
médical - à la structure idéale pour exprimer toute notre
productivité de la façon dont on le souhaiterait, ni dans le
contexte hospitalier ni dans le contexte préhospitalier, parce que,
finalement, on est tous des médecins qui travaillent aussi à
l'hôpital. C'est des contextes qui se ressemblent, même si nos
structures ne se ressemblent pas. Donc, c'est plus un conflit de philosophie de
gestion. Peut-être que vous pourriez appeler ça un conflit de
personnalité ordinaire. C'est plus une...
M. Paradis (Matapédia): Je n'en suis pas sur les conflits
de personnalité.
M. Kalina: Non. Je pense...
M. Paradis (Matapédia): Ce n'était surtout pas le
but de mon propos. Mais, tout simplement, j'amène une dernière
chose à votre réflexion. Nous avons entendu un certain nombre de
choses depuis ce matin. Notamment, on a entendu les infirmières dire
nous: On fait une bonne job, on la garde. Vous nous dites ce soir: On fait une
bonne job et on aimerait bien la garder et continuer dans ce sens-là.
J'ai l'intuition que, possiblement, tout à l'heure, nous allons entendre
des travailleurs nous dire: Ça ne va pas tellement bien, on aimerait
bien qu'on nous respecte davantage et on aimerait bien faire ce qu'on fait et
ce qu'on aime. Si on veut changer les choses, si on veut être pour un
patient, si on veut être pour, entre guillemets, une clientèle, il
y a
quelqu'un, quelque part, qui devra mettre de l'huile dans l'engrenage.
Je laisse ça à votre réflexion.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Je vais reconnaître maintenant Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Merci, M. le Président. Comme on est
dans un mandat de consultation, moi, je me demande qu'est-ce qui vous
amène, en tant que médecins, à travailler pour
Urgences-santé et à cumuler en même temps la fonction de
médecin dans un centre hospitalier. Lorsque vous aurez répondu
à cette question-là, quand trouvez-vous le temps d'aller aux
auditoriums des hôpitaux pour vous recycler ou vous mettre à jour
quand les médecins, dans un centre hospitalier, en travaillant à
l'urgence et aussi en cabinet privé, arrivent à le faire mais
d'une façon assez restreinte?
M. Barriauit: Si je comprends bien votre question, vous nous
demandez...
Mme Boucher Bacon: Qu'est-ce qui amène un médecin
à travailler pour Urgences-santé et à cumuler les deux
postes à la fois?
M. Barriauit: Évidemment, je pense que tous mes
collègues sont ici pour vous dire... Moi, ça fait six ans et demi
que je travaille à Urgences-santé et, pour la plupart de mes
collègues, ça fait plusieurs années aussi. Il y a un
intérêt particulier. Pourquoi? Parce que les médecins qui
travaillent à Urgences-santé, premièrement, sont des
médecins qui aiment l'urgence, qui aiment ce qu'on pourrait appeler des
gros cas, les états critiques, qui aiment travailler dans les conditions
où il y a de la pression, mais, en même temps,
Urgences-santé, ça nous permet de travailler dans une condition
où on a un contact différent avec le patient. Ce
contact-là est plus humain parce que, souvent, il se passe,
premièrement, dans un contexte familial. Il se passe aussi sur la route,
en plein milieu du chemin. Il se passe en dessous d'un wagon de métro.
Ça, c'est un paquet. Pour ce qui est de... Si j'ai cru comprendre, vous
faisiez allusion au ressour-cement médical. Bien, je pense
qu'habituellement tous les médecins ici sont assez responsables pour
organiser leur horaire et suivre le nombre de congrès qu'il faut pour
maintenir à date...
Mme Boucher Bacon: Vous, puisque c'est vous qui avez
accepté de me répondre, vous travaillez combien d'heures à
Urgences-santé, par semaine?
M. Barriauit: Moi, actuellement, mon horaire est de 24 heures par
semaine à l'hôpital de Verdun - pour ne pas le nommer - et puis je
travaille entre 16 et 24 heures par semaine à Urgences-santé. Et
ça, c'est à part d'autres... Mais je pense que c'est un nombre
d'heures qui correspond souvent à une... Les médecins ne sont pas
réputés pour faire le moins d'heures dans la
société. En général, les gens travaillent pas mal.
Mais je pense que c'est des semaines qui sont faisables. Je le fais et je n'ai
pas de problème. Le jour où je ne serai pas capable de le faire,
j'arrêterai.
Mme Boucher Bacon: O.K. Je vais vous poser une autre question.
Vous devez être habitué pas mal - en page 2, là, vous
citiez les arrêts cardiaques, et tout ça - à voir les
mêmes cas. Est-ce que ça vous arrive d'aller sur un appel d'une
jeune mère qui a un jeune bébé qui fait assez de
température ou qui convulse et c'est simplement soit les dents ou une
otite?
M. Barriauit: Oui, ça arrive. Effectivement, même,
ça arrive souvent.
Mme Boucher Bacon: Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée.
Une voix: Sauf qu'elle le sait après.
Mme Boucher Bacon: Sauf si elle le sait après.
Le Président (M. Joly): J'ai manqué une partie,
disons, du déroulement de la commission - j'étais à
l'extérieur - mais je voudrais juste me permettre, moi, de poser une
dernière question, que ce soit à n'importe quel des
médecins qui voudra bien répondre. Ce que vous connaissez du
système Clawson, est-ce qu'à votre connaissance il y a eu
beaucoup d'actions, beaucoup, disons, de causes qui ont pu être produites
ou présentées devant les tribunaux suite à une mauvaise
répartition, ou une mauvaise gestion, ou une mauvaise façon
d'administrer le système?
M. Ostiguy: Vous voulez dire si, en utilisant le système
Clawson, on a...
Le Président (M. Joly): Oui, le système Clawson
comme tel, ce qui existe, là, si vous voulez, à
l'extérieur, en dehors. Actuellement...
M. Ostiguy: S'il y a eu des poursuites?
Le Président (M. Joly): ...il est hautement
expérimenté. Donc, est-ce que le fait de se servir de ce
système a pu amener à ce qu'on puisse saisir les tribunaux de
mauvaises expériences que le système aurait pu commander?
M. Ostiguy: Non.
M. Kalina: Si vous parlez du système de Clawson, le
principe, c'est l'inverse: c'est qu'on s'attend à ce que ce
système-là soit conçu... Dans le pays où il est
fait, ce sujet que vous amenez est extrêmement sensible. Les gens sont
très sensibles à ça. Ils le garantissent pratiquement.
C'est un de leurs points de vente, à ma connaissance, de protéger
les gens contre des poursuites.
Le Président (M. Joly): merci. alors, à mon tour,
compte tenu que je pense que tout le monde a dit ce qu'il avait à dire,
là... est-ce que vous avez quelques remarques?
M. Chevrette: C'est parce que votre question, ça laisse
une patte en l'air, ça. Parce que vous dites: C'est pour
protéger. Le système comme tel, là où il est
instauré, ça protège qui, d'abord? Fondamentalement, c'est
sur "computer" avec des questions bien précises. Ce n'est pas une
relation humaine nécessairement, par exemple, ce dont vous me partez
là, quand on parie, qu'on se targue et qu'on se pète les
bretelles que c'est la personne avant toute chose. Après que tu l'as
fait, là... Il peut y avoir trois ou quatre "computers", mais ça
ne répond pas au... Quand madame posait la question, tantôt, sur
le bébé qui a une otite et qui fait de la fièvre... Oui,
mais elle va le savoir quand vous allez être rendu là. Puis,
à plus forte raison, s'il n'y a pas quelqu'un de compétent et
d'humain avant qui lui conseille quelque chose, vous allez être là
pour toutes les otites, toutes les oreilles. C'est ça qui est le maudit
problème.
M. Ostiguy: Oui, idéalement...
M. Chevrette: Moi, lorsqu'on déshumanise un
système, là, et qu'on se targue d'être pour la personne
avant toute chose, on me fait rire.
Le Président (M. Joly): Alors, merci. M. Trudel:
Mais, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, auriez-vous une
dernière...
M. Trudel: ...je ne peux pas m'empêcher non plus de lancer
la question, même si c'est moins aux médecins qu'il faut la poser,
mais il y a des informations qui circulent à l'effet que non, il n'y en
a pas tellement, de poursuites. Parce que, d'abord, le système est fait
pour ça. On envole autant de ressources qu'il y a d'individus qui le
réclament. Mais est-ce qu'aux États-Unis, au moins, on ne
vendrait pas vraiment tout le "package"? On prend même les poursuites
avec? C'est-à-dire que, s'il y a des poursuites éventuelles,
c'est le concepteur du système qui accepte le suivi? Est-ce que vous
avez des informations là-dessus, vous autres?
Le Président (M. Joly): Très brièvement,
parce que nous débordons déjà de notre cédule de
temps, là.
M. Ostiguy: Oui. Je ne connais pas assez le système pour
être capable de le dire.
M. Kalina: On n'a pas vu la proposition de contrat.
Une voix: On s'excuse, on ne peut pas répondre.
M. Trudel: On essaie de le savoir, mais nous autres non plus.
Merci. (21 h 45)
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, au nom des membres
de cette commission, je tiens à remercier les représentants des
médecins d'Ur-gences-santé. Merci de nous avoir
éclairés. Alors, je demanderais maintenant aux gens
représentant le Syndicat' des employés d'Urgences-santé de
bien vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Alors, Mme, MM. les membres du Syndicat des employés
d'Urgences-santé, nous vous souhaitons la bienvenue à cette
commission. J'apprécierais que la personne responsable du groupe
s'identifie et nous présente les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Syndicat des employés
d'Urgences-santé
M. Fackini (Yves): Bonjour. Je m'appelle Yves Fackini. Je suis le
président du Syndicat des employés d'Urgences-santé.
À ma gauche, c'est Alain Desrosiers, un répartiteur
délégué. À ma droite, on commence avec Yves
Mallette, agent de grief, Claire Labelle, vice-présidente, et Conrad
Lagueux, qui est notre conseiller CSN.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Je vous rappelle
un peu la procédure. Vous avez environ une demi-heure pour nous
présenter votre mémoire et, par après, eh bien, vous
laissez aux parlementaires des deux formations le loisir de partager avec vous.
Alors, je vous laisse aller, M. Fackini.
M. Fackini: Fackini.
Le Président (M. Joly): Fackini.
M. Fackini: Oui, maganez-le-moi pas en commençant.
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de l'attention que vous nous
portez aujourd'hui. Le Syndicat des employés d'Urgences-santé
représente plus de 222 employés de la Corporation
d'urgences-santé, qui sont répartis comme suit: 101 dans notre
secteur opération et 121 dans notre secteur bureau. Notre
présentation d'aujourd'hui portera sur les points suivants: propos
préliminaires, directives ministérielles, le système
Clawson et quelques propositions.
En premier lieu, les propos préliminaires. On nous
répète souvent qu'il faut suivre le courant, adhérer aux
réformes, faire avancer le système. Cependant, on ne peut ignorer
les conséquences humaines et sociales qui sont en fait les facteurs de
réussite et d'acceptation de toute réforme. Les employés
qui sont aux prises avec ces réformes s'adapteront vite et bien en
autant qu'ils estiment non seulement que ces réformes sont valables,
mais qu'ils y sont associés.
Enfin, nous croyons, comme plusieurs experts, que la clé de la
réussite de toute réforme repose sur les trois principes
suivants: planifier méticuleusement et graduellement un changement - ce
qu'on ne vit pas - faire participer à cette planification toutes les
personnes concernées et cela à tous les niveaux de la
hiérarchie et, en troisième lieu, la formation. À
Urgences-santé, le problème fondamental c'est le manque de
transparence. Les employés sont constamment écartés,
malgré l'expertise qu'ils peuvent avoir. Soyons bien clairs.
Urgences-santé n'est pas née le 17 juillet 1989, date
d'entrée de la Corporation d'urgences-santé. Des gens y
travaillaient bien avant l'arrivée de M. Lamarche et de son
équipe.
Nous tenons à vous rappeler que, parmi les critiques que nous
avons formulées sur l'ancienne entité qu'était
Urgences-santé, nous retrouvons le manque de vue à long terme, la
gestion à la petite semaine, un minimum de concertation. La
création de la Corporation d'urgences-santé suscitait donc
beaucoup d'espoir en ce sens. Notre Syndicat donna la chance au coureur et
assura la nouvelle administration de sa coopération pleine et
entière. Cependant, la lune de miel fut de courte durée. La
planification est faite de façon grossière, jamais en profondeur,
et souvent en réaction à des événements
précis.
À titre d'exemple, soulignons l'absence d'une véritable
politique de transport interétablissements, la mise en place d'une
politique de mesures d'urgence, d'Info-Santé et l'application des
radiochasseurs ou d'un système de préalerte suite au rapport De
Coster. Ou que dire de l'absence de véritables protocoles d'intervention
ou encore de l'implantation en catastrophe du système Clawson, suite aux
directives ministérielles? Quant à la participation du personnel
à tous les niveaux de la hiérarchie, la direction a
été claire sur le fait qu'elle était peu encline à
des consultations formelles. Il n'est pas normal d'en apprendre plus sur
Urgences-santé à travers les médias qu'à travers
ses dirigeants. Alors, comment demander aux employés d'avoir confiance
et de vouloir adhérer à tout changement ou réforme s'ils
s'en sentent totalement exclus? Comment croire qu'une organisation comme la
nôtre puisse performer dans un tel contexte?
On va faire maintenant les directives ministérielles.
Permettez-nous maintenant quelques commentaires sur les directives
émises le 20 juin 1991. Nous tenons à préciser que nos
commentaires sur ces directives porteront sur celles qui nous concernent
directement. Précisons d'abord qu'elles constituent un excellent canevas
de travail, dans la mesure où elles seront mises en application par la
direction d'Urgences-santé et que quelques éléments seront
précisés ou modifiés. Enfin, nous aurions
apprécié être consultés après
l'émission de ces directives, ce qui nous aurait permis de signaler
certains problèmes ou conséquences inhérentes à ces
directives et aurait aussi permis l'avancement de ce dossier de façon
positive et surtout avec cohérence et efficacité, ce qui ne nous
apparaît pas évident.
Pour ce qui touche l'abolition de la "priori-sation", nous croyons que,
dans la mesure où Urgences-santé se donnera les moyens de faire
respecter les mandats que lui a confiés Québec, moyens qui
passent, rappelons-le, par Info-Santé, une meilleure
disponibilité de la flotte, l'utilisation maximale de tous les
intervenants - infirmières, répartiteurs, premiers
répondants, médecins et ambulanciers - de meilleurs protocoles
d'intervention, une meilleure facilité d'accès aux
différentes salles d'urgence - et ça, ça prend une
volonté politique du gouvernement - cette recommandation n'aura aucune
raison d'être. Nous tenons cependant à apporter la
précision suivante: la "priorisation" n'a jamais été et ne
sera jamais éliminée, et ne pourra jamais uniquement être
utilisée que dans des circonstances exceptionnelles et catastrophiques.
Il peut arriver, et il arrive fréquemment que des éléments
extérieurs à Urgences-santé font qu'il manque de
disponibilité de véhicules. Il n'y aura peut-être pas de
"priorisation" mais il y aura réévaluation des appels, et tout
est, dans ce cas précis, question de sémantique. Nous ne croyons
pas que nous pouvons y échapper, et en particulier avec l'implantation
du système Clawson. Nous y reviendrons d'ailleurs
ultérieurement.
En ce qui concerne la gestion de la flotte, nous ne pouvons que saluer
le retour des coor-donnateurs sur la route et le support qu'ils apportent.
Cependant, pour ce qui est de la gestion de la flotte, le portrait est tout
autre. Fréquemment, il y a des manques de véhicules sur la route
faute de véhicules disponibles. Soulignons que l'intégration de
l'activité de la Coopérative, CTSAM, se traduit par une
augmentation d'une quarantaine de cadres et une diminution désastreuse
du personnel d'entretien.
La mise en place des radiochasseurs a déjà
été effectuée, mais leur utilisation est très
restreinte. Premièrement, l'accès au système SPAM est
réservé aux assistants-chefs de la répartition qui ne sont
pas toujours présents. De plus, ce système n'est pas
localisé dans la centrale, mais plutôt dans un local à
part, et seuls les assistants-chefs en connaissent le fonctionnement. Le
système n'est pas non plus relié à une ligne prioritaire.
Donc, tous les
messages transmis par d'autres compagnies se servant du même
système de radiochasseurs passeront avant Urgences-santé. Donc,
dans les périodes d'affluence, il pourrait y avoir des délais de
plusieurs minutes. Il est donc dérisoire de croire qu'un simple
système de radiochasseurs peut résoudre le problème de
disponibilité des véhicules.
La mise en place des moyens de communication. La mise en place d'un tel
système existe depuis les débuts d'Urgences-santé,
communément appelé, pour nous autres, téléphone
rouge. Présent dans chaque salle d'urgence de centres hospitaliers, ils
sont rejoignables par composition abrégée directement de la salle
de répartition. Précisons cependant que le moyen de communication
avec les centres hospitaliers se traduit par l'implantation du projet SIRUS
comme plusieurs intervenants le réclament depuis plusieurs
années.
La remise de l'étude de l'évaluation de la
séparation des transports urgents et non urgents. Tout nous laisse
croire, que si cette étude d'évaluation sur la séparation
des transports urgents des non urgents existe, elle a été
produite en catimini, sans consultation et sans l'implication du personnel
concerné par cette question. Nous avons toujours réclamé
de la part de l'administration d'Urgences-santé la mise en place d'une
véritable politique intégrée de transport
interétablissements. Il est plus que temps que l'administration
d'Urgences-santé cesse de jouer à l'autruche et constate qu'il y
a de moins en moins de transport inerétablissements, que le temps de
réponse est toujours aussi long et que, si aucune preuve de leadership
n'est faite sur cette question, le problème ne sera plus de savoir si
Urgences-santé devra gérer deux flottes d'ambulances, mais de
savoir si Urgences-santé gérera encore les transports
interétablissements.
Nous suggérons, de plus, que cette politique
intégrée de transport interétablissements soit le fruit
d'une consultation de l'ensemble des intervenants concernés et que
toutes les options soient traitées de façon égale, claire
et précise, y compris le concept des deux flottes proposé par le
rapport De Coster et la création de points de service dans les
hôpitaux.
Le temps d'affectation et le temps de réponse. La clé de
la réussite d'une intervention dans le cycle des soins
préhospitaliers d'urgence est la rapidité avec laquelle on peut
répondre à un appel. Cette rapidité de réponse doit
nécessairement passer par la rapidité d'affectation. À
notre avis, l'actuel système de répartition des appels à
Montréal est quelque peu déficient. C'est ce que nous nous
emploierons à vous démontrer dans les prochaines minutes, tout en
vous apportant des pistes de solution.
Dans le système actuel de répartition, l'affectation d'une
ressource se fait de la façon suivante: Montréal et Laval; Laval
est une région seule, Montréal est divisé en deux
secteurs, est et ouest; pour 1 250 000 personnes, il y a un répartiteur
qui répartit toute une partie de la ville et l'autre répartit
toute l'autre partie de la ville. Aucun critère n'a véritablement
été retenu pour déterminer la délimitation de ce
secteur. 50 % des appels de la région 06A, c'est-à-dire
près de 100 000 appels, se retrouvent dans les quartiers centre-sud ou
centre de Montréal. Deux groupes radio y sont retenus pour l'affectation
des appels, c'est-à-dire un répartiteur pour un ratio de 1 250
000 habitants, pour environ 210 kilomètres carrés de superficie.
Le suivi de ces appels se fait sur d'autres fréquences, qu'on appelle
des fréquences de suivi. Pour les répartiteurs des
fréquences primaires, le suivi d'un appel devient difficile, pour ne pas
dire impossible. Pour notre service, un véhicule en mouvement est un
véhicule disponible.
Ne pouvant plus contrôler la disponibilité des
véhicules, nous en arrivons presque à la politique d'un appel,
une ambulance, diminuant ainsi, de façon sensible, une couverture
efficace du territoire, ce qui se traduit par une perte d'opportunité,
une perte de disponibilité des véhicules, des croisements de
véhicules, des ambulances roulant à vide et un temps de
réponse plus long. À l'intérieur d'un véritable
système de répartition, un répartiteur devrait être
en mesure de procéder et à l'affectation et au suivi d'un
véhicule et c'est ce que, nous, nous appelons la sectorisation.
La dissociation des opérations d'Info-Santé. Ce nouveau
service réclamé à hauts cris par plusieurs intervenants
est instauré en réaction au rapport De Coster. Il n'y a eu
à l'interne, sauf dans le secteur de la prise d'appels, aucune
consultation sur les tenants et les aboutissants de ce projet. Dans le but
d'améliorer le service à la population et de cesser d'encombrer
les lignes d'Urgences-santé, et à l'instar du rapport De Coster,
nous encourageons la création d'un service Info-Santé
indépendant du 911 et possédant un numéro particulier. Ce
service devrait être géré par la Corporation
d'urgences-santé, mais de façon parallèle au service
régulier de la prise d'appels.
Pour ce qui est de la redéfinition complète du rôle
du médecin, nous croyons que le rôle du médecin à
l'intérieur d'Urgences-santé doit se situer au niveau des
interventions cliniques et de tout ce qui en découle. Sans nier le
rôle du médecin, bien au contraire, il faut bien comprendre
qu'à l'intérieur de la structure d'Urgences-santé il est
un intervenant parmi tant d'autres et que l'importance de son savoir ne lui
donne cependant pas nécessairement toute l'expertise nécessaire
pour intervenir de façon décisionnelle à tous les niveaux.
En ce sens, nous croyons que leurs interventions doivent se situer de
façon spécifique au niveau suivant: conception de protocoles
cliniques, conception de programmes de formation pour les médecins,
diffusion de la formation et surveillance des stages cliniques.
La mise en place d'un protocole d'intervention. Nous proposons la mise
en place d'une équipe multidisciplinaire permettant de mettre en commun
l'ensemble du savoir et de l'expérience de toutes et tous, ce qui
permettrait d'élaborer des protocoles d'intervention efficaces et non
bureaucratiques. De fait, nous trouvons que l'élaboration de ces
protocoles est le plus bel exemple du laxisme de la Corporation
d'urgences-santé et de son manque flagrant de leadership. En effet, tous
les intervenants lors de la création de la Corporation
d'urgences-santé, en 1989, réclamaient la mise en place de ces
protocoles, étaient d'accord que ces protocoles d'intervention auraient
une influence directe sur la qualité et l'efficacité de notre
organisation.
La répartition assistée par ordinateur. Plutôt que
l'abolition du triage dans le but d'améliorer la qualité et la
rapidité de nos interventions, nous croyons que la mise en place d'un
système de préalerte efficace par ordinateur, entre le module de
la prise d'appels et celui de la répartition, est une solution beaucoup
plus intéressante et pourrait être le premier chaînon de la
mise en place d'un système intégré de répartition
par ordinateur, ce qu'on appelle le système CAM. Soulignons toutefois
que le projet de répartition assistée par ordinateur existe
depuis déjà cinq ans et qu'à cette époque il y
avait eu une formation précipitée et
accélérée de l'ensemble des répartiteurs, 45
heures, pour être exact. Précisons aussi que ce nouveau projet ne
doit pas être une nouvelle pièce isolée mais un
élément d'un tout qui s'appellerait la mise en place d'un
véritable plan d'intervention en matière de soins
préhospitaliers d'urgence. (22 heures)
Pour ce qui est de la pertinence des premiers répondants à
l'intérieur d'un système de soins préhospitaliers
d'urgence, personne ne peut être contre les premiers répondants.
L'exemple du West Island, même s'il a certains problèmes, est
valable. Cependant, tout ne doit pas être fait de façon arbitraire
et individuelle mais doit être le fruit d'une concertation, d'une
politique globale.
Pour ce qui est du système Clawson, il nous est difficile de nous
prononcer sur ce dossier. Nous croyons que la fuite en avant, par ce
bouleversement dans nos méthodes de travail, ne réglera en rien
les problèmes soulevés et les attentes du ministère.
Permettez-nous seulement de soulever quelques interrogations sur un
système qui sera implanté en janvier 1992 sans consultation, sans
explication, sans analyse d'impact sur l'ensemble du service à la
population ni, évidemment, de formation. Nous nous pencherons surtout
sur certains impacts de cet éventuel système de prise d'appels.
Ces impacts, nous les identifierons surtout au niveau des transports, des
infirmières, des centres hospitaliers et de
l'interétablissements.
Premièrement, au niveau des transports, à notre sens,
ça va être une augmentation du nombre d'appels, donc un manque de
ressources, des distances aussi plus grandes à parcourir, une
problématique de la priorité d'affectation, un vieillissement
prématuré des véhicules.
Au niveau des infirmières, on pense que sans infirmières,
c'est: un appel égale une ressource. L'impact sur leur évaluation
par les techniciens ambulanciers sur les lieux d'un appel, les conseils nursing
pour aider les patients jusqu'à l'arrivée des techniciens
ambulanciers, les cas d'abus qu'on vit fréquemment... Que devient,
à cet effet-là, la "priorisation"? S'il y a un manque de
ressources, qui réévalue les appels? Qui autorise le
défonçage des portes, etc.?
Au niveau des centres hospitaliers, on se pose des questions sur
l'impact du système sur les salles d'urgence, déjà
qu'elles sont assez encombrées. On se pose la question aussi: Est-ce
qu'on va respecter le choix du patient ou si Urgences-santé
décide du centre hospitalier approprié? On parle aussi de Toronto
où l'attente est très longue avant d'accorder un centre
hospitalier. Les dispositions géographiques des centres hospitaliers,
pour nous, ça égale du temps d'appel prolongé.
Autorisera-t-on des détournements à la demande d'un centre
hospitalier?
Au niveau de l'interétablissements, ça représente
environ 35 % de nos transports. Il est évident que ça devrait
avoir une incidence et un impact sur le service à cause, on pense, du
manque de disponibilité des ressources.
Nous ne pouvons donc, dans l'état actuel du dossier, accorder
notre appui à l'implantation de ce nouveau système. Nous croyons
que, dans le contexte actuel, le statu quo est préférable
à toute réforme qui nous mène vers l'inconnu. Nous vous
signalons que ce statu quo ne signifie pas le maintien du système
actuel, mais plutôt la mise en application des recommandations faites
durant cet exposé.
Précisons aussi, monsieur, que nous ne sommes pas contre les
changements technologiques et administratifs, nous voulons seulement y
être associés, surtout que ces changements doivent répondre
véritablement aux besoins de la population et ne surtout pas être
le fruit de l'improvisation et de la précipitation.
Nous conclurons cet exposé par quelques recommandations qui vont
dans le sens d'améliorer tant le service à la population que
notre efficacité: premièrement, la création d'un service
Info-Santé sous la responsabilité d'Urgences-santé,
possédant son propre numéro particulier; l'amélioration de
la gestion de la flotte, que d'aucune façon les appels urgents des
transports interétablissements soient transférés au 911;
quatrièmement, la mise en place d'une véritable politique
intégrée de transport interétablissements;
cinquièmement, la création de points de service pour les
transports interhospitaliers dans
les centres hospitaliers; l'officialisation du système des
premiers répondants; la mise en place de véritables protocoles
d'intervention opérationnels et cliniques; la mise en place, dans une
première étape, d'un système de préalerte efficace
et, dans une seconde, d'un système CAD; que les médecins exercent
un rôle de leadership au niveau de la conception de protocoles cliniques
et des propagandes de formation pour les médecins, ainsi que pour la
diffusion de la formation et la surveillance des stages cliniques; qu'une
équipe multidisciplinaire, composée des répartiteurs,
infirmières, médecins, coordonma-teurs et techniciens
ambulanciers, exerce un rôle de leadership au niveau de
l'élaboration de la conception des procédures, des politiques et
des protocoles opérationnels; la mise en place d'un plan d'intervention
conjoint en cas d'événement majeur ou de sinistre efficace et non
bureaucratique et un projet de sectorisation de la flotte ambulancière,
tel qu'expliqué précédemment. C'est tout.
Le Président (M. Joly): Merci, monsieur. M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Oui, M. le Président. Tout
d'abord, j'aimerais reprendre peut-être votre dixième
recommandation: Qu'une équipe multidisciplinaire exerce un rôle de
leadership.
M. Fackini: Oui.
M. Paradis (Matapédia): Oui, j'aimerais vous entendre de
façon plus explicite.
M. Fackini: On pense que si tous les intervenants...
M. Paradis (Matapédia): Ça, je veux bien. Ce que je
veux vous dire, c'est que tout le monde est d'accord, tout le monde est pour la
vertu, tout le monde est pour les objectifs purs, mais tout le monde dit: Ne
venez pas jouer dans notre cour.
M. Fackini: Oui.
M. Paradis (Matapédia): Bon. Moi, je veux bien une
équipe multidisciplinaire. Quand j'étais à
l'université, c'étaient les concepts que l'on développait.
Pour votre information, je suis pharmacien de formation, et on nous parlait
d'équipes multidisciplinaires en santé. Chez vous, on nous dit la
même chose. Alors, de quelle façon est-ce que ça pourrait
être viable, vivable surtout?
M. Fackini: Ce que je pense, c'est que, si on avait un leadership
qui était adéquat, normalement, notre employeur pourrait asseoir
tous les gens à la même place, tirer le meilleur de ces
gens-là et arriver en bout de ligne avec des protocoles et des
procédures qui seraient applicables sur la route et non pas laisser
aller les gens de façon aléatoire, un petit peu comme ils le
veulent, par service indépendant, sans consultation ou sans une ligne
directrice d'en haut. Si, déjà, on atteint ça, on aura
atteint un petit but, dans le sens que vous dites.
M. Paradis (Matapédia): Présentement, ça ne
se fait pas. Il n'y a pas d'équipe et vous n'êtes pas
consultés. C'est ce que vous semblez nous dire.
Des voix: Oui.
M. Fackini: Oui, c'est ce qu'on dit.
M. Paradis (Matapédia): De façon très
affirmative, sans aucune consultation?
M. Fackini: C'est arrivé, et je peux vous donner un
exemple: le plan de mesures d'urgence qu'on est en train de développer
qui, dans les directives du ministre, est prévu pour mars 1992; les
directives du ministre sont sorties en mars 1991 et les premières
rencontres de ces comités de protocole se sont faites en octobre
1991.
M. Paradis (Matapédia): Puis, depuis ce moment-là,
il ne s'est rien passé?
M. Fackini: II y a eu deux rencontres ou trois.
M. Paradis (Matapédia): Puis vous croyez qu'il n'y aura
pas possibilité de faire l'élaboration ou de mettre en
application ces directives.
M. Fackini: je ne vous dis pas que c'est impossible; je vous dis
que, si on part sept mois en retard, on est sept mois en retard. c'est
mathématique, ça.
M. Paradis (Matapédia): Mais dites-moi, vous faites un
certain nombre de recommandations, mais le quotidien, comment peut-il
être viable, vivable?
M. Fackini: Comment peut-il l'être? Il ne l'est pas.
M. Paradis (Matapédia): Mais ce n'est pas ça que je
vous demande. Je vous demande comment il pourrait l'être.
M. Fackini: o.k. à notre perception à nous autres,
si tous les intervenants pouvaient être dans la même salle une fois
et que les gens pouvaient se parler, s'expliquer, comme on l'avait fait dans le
cadre du projet de sectorisation... on a de volumineux dossiers
là-dessus. le projet de sectorisation faisait en sorte qu'on
était
convaincus qu'on améliorerait le temps de réponse, qu'on
améliorerait le service, qu'on améliorerait les relations entre
les différents groupes et, en bout de ligne, tout le monde aurait
été plus content, l'employeur aussi, et la consultation qu'on
vous a dit tantôt qu'on n'a plus, qu'on a déjà eu au
début d'Urgences-santé, ça fonctionnerait. Le projet de
sectorisation, c'est la meilleure idée, c'est le meilleur projet qu'on
n'a pas. Il répondait à tout besoin ou toute demande du
ministère et il améliorait le service à la population.
Mais ce projet-là est tombé à l'eau.
M. Paradis (Matapédia): II faut bien comprendre qu'ici
vous êtes des invités pour éclairer la commission et ses
membres pour faire un certain nombre de recommandations, si nous devions le
faire. Ce n'est pas le procès de personne; ce n'est pas le procès
d'une corporation par rapport à une autre. Tout simplement pour vous
mentionner, par contre, qu'il nous a été remis quand même
un certain nombre de documents, notamment relevant les ambulances qui devaient
être en service et qui l'étaient. On nous dit aussi que le temps
de réaction est quand même relativement court, en
deçà d'une minute, et le temps d'intervention en bas de six
minutes. Finalement, ma question est la suivante: Est-ce que vous avez
noté des changements ou des améliorations à
Urgences-santé?
M. Fackini: Oui. Depuis les directives du ministre, on a un
projet qu'on appelle préalerte, qui est supposé remplacer le
messager. C'est une petite imprimante. C'est le changement qu'on peut noter.
Cette petite imprimante prend, le temps de sortir la fiche appel, 22 secondes.
Neuf fois sur dix, le messager arrive avant la fiche préalerte qui sort
de la machine. Si c'est dans ce sens-là, je pense qu'on est loin de
répondre aux normes du ministre ou aux directives émises. Si
c'est dans ce sens-là, votre question, on est loin delà.
M. Paradis (Matapédia): Non, mais ma question portait sur
l'ensemble d'Urgences-santé. Est-ce qu'il y a eu des changements
notables? On n'en est pas à dénoncer l'un et l'autre, mais est-ce
que vous semblez voir des changements? Ou, sinon, c'est le climat de terreur,
comme on l'a décrit d'une certaine façon.
M. Fackini: "Climat de terreur", je n'aime pas les mots.
M. Paradis (Matapédia): Là, je vous tire une
perche.
M. Fackini: Pardon?
M. Paradis (Matapédia): Je vous tire une perche.
M. Fackini: Je n'ai pas aimé les mots "climat de terreur".
Ce n'est pas ça que je voulais...
M. Paradis (matapédia): non, non. mais, dans certains
commentaires que nous avons entendus ici depuis ce matin, c'est pratiquement
près de cela que l'on parle, que l'on dit.
M. Fackini: Si on a noté des améliorations, oui. Il
y a plus de cadres qu'il y en avait. Si les lignes directrices sont meilleures,
la réponse est non. Si la consultation avec les différents
intervenants est meilleure, la réponse est non. Si c'est dans ce
sens-là, les améliorations, non, il n'y en a pas. C'est sûr
que la structure d'Urgences-santé est mieux que ce qu'elle était
au début. C'est sûr aussi qu'il y a beaucoup plus de cadres qu'il
y en avait. Normalement, nos lignes directrices devraient venir de là.
La gestion devrait partir de là et, après ça, ça
devrait être clair pour tout le monde. Mais, à l'heure où
on se parle, on est encore dans le même marasme où on était
avant. On ne sait pas plus où on s'en va et, au niveau de la
répartition, on manque autant de ressources qu'on en manquait. Hier,
à 7 heures, il y en avait une à Montréal. Ça fait
qu'à l'heure où on se parle, quand vous me parlez
d'amélioration, je peux vous dire qu'on est loin, au niveau de la
répartition des appels.
M. Paradis (Matapédia): Puis vous ne croyez pas,
évidemment, que le système Clawson pourrait améliorer
d'une certaine façon.
M. Fackini: au niveau de clawson, ce qu'on sait, on l'a su par
l'info-corpo. la date est du 29 novembre, mais, nous autres, on l'a
reçu le 6 décembre, le lendemain de la rencontre avec le
ministre. là-dedans, on répond à quelques questions, oui.
un petit peu tard quand même, mais on répond à quelques
questions. ce qu'on sait aussi de clawson, c'est, à notre sens à
nous autres, pour le peu qu'on peut en savoir, que clawson, c'est un appel, une
ambulance. et, si c'est un appel, une ambulance, quand, hier, il restait une
ambulance, je pense qu'il va manquer d'ambulances pour faire le reste des
appels. on a un problème avec clawson. on a un problème aussi,
s'il est comme on pense, au niveau des encombrements des centres hospitaliers.
on a quelques petits problèmes avec clawson. mais ce qu'on vous dit,
c'est que l'information qu'on a, on n'en a pas beaucoup. il est très
difficile pour nous de nous prononcer à l'heure où on se parle
sur clawson.
M. Paradis (Matapédia): Même avant Clawson, on
manquait d'ambulances aussi. On l'a vu à la Polytechnique.
M. Fackini: Oui. C'est une question de gestion.
M. Paradis (Matapédia): Pardon?
M. Fackini: Je pense que c'est une question de gestion. Je pense
qu'on a assez de ressources pour répondre à nos appels, quelque
part. J'en suis même convaincu. Mais je pense qu'il y a de la gestion
là-dedans qui ne se fait pas.
M. Paradis (Matapédia): Je vais laisser poursuivre mon
collègue de Joliette, quitte à vous revenir par la suite.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je vous remercie. D'abord, je voudrais vous
souhaiter la bienvenue. C'est vrai que, dans votre cas, vous étiez
là avant. Moi, je vais y aller sur la gestion, au début. Vous
dites qu'il n'y a pas de transparence. Vous donnez quelques exemples de
non-transparence, mais j'aimerais que vous m'en donniez un petit peu plus.
M. Fackini: On peut vous en citer quelques-uns.
M. Chevrette: Moi, je pensais que c'était l'absence et,
vous autres, vous marquez "manque de transparence".
M. Fackini: C'est une question de sémantique. Ce dont on
peut vous parler, entre autres...
M. Chevrette: Ce qui est opaque.
M. Fackini: Ce dont on peut vous parler, c'est, entre autres, de
l'Info-Corpo, de ce qu'on parlait tantôt. Alors, quand on nous
parle de Clawson, nous autres, pour le peu qu'on en sait, c'est quelqu'un qui a
une 12e année et qui ne pense pas; à ce que je sache, il va
remplacer une infirmière. Mais j'ai un document ici d'une rencontre
où on me dit que la personne qui devrait remplacer l'infirmière
peut... Et c'est dit texto, comme ça, en réponse à une
question d'une infirmière: "Non, les conseils de secourisme de base
seront donnés par les préposés en prenant un maximum de
six ou sept minutes par appel." Moi, je m'interroge quand on parle de
transparence ou d'information. J'ai eu ça et on n'était pas
supposés l'avoir. Comment ça se peut qu'on remplace quelqu'un qui
est formé par quelqu'un qui ne l'est pas et qui va être capable de
passer sept minutes au téléphone avec un enfant, à l'autre
bout, qui est en arrêt cardiaque? J'ai un petit peu de difficultés
avec ça. J'en ai même beaucoup. (22 h 15)
M. Chevrette: Mais vous êtes en train de me dire que vous
n'avez pas été mis dans le coup avant octobre, si j'ai bien
compris?
M. Fackini: Sur Clawson? M. Chevrette: Oui.
M. Fackini: On n'a jamais été dans le coup avec
Clawson. Sur Clawson, la seule chose que je vous dis qu'on a eue, c'est
daté du 29 novembre. Quand on a rencontré le ministre
Côté, le 5 décembre passé, on ne l'avait pas.
M. Chevrette: Puis il n'y a pas quelqu'un de la direction - une
directrice ou un directeur -qui, depuis le mois de mars, là...
M. Fackini: Oui. Il y a eu une rencontre du personnel, un
vendredi, où les responsables ont rencontré les salariés.
Ça s'adressait surtout à la répartition. Et quand les gens
sont sortis de là, ils s'étaient fait dire que, bon, il y aurait
un choix de personnes pour être formées, qui iraient comme
formateurs; on ne savait pas c'était qui et on s'en allait un petit peu
dans le vague. Et le Dr Bastien avait dit que les consultations très
officielles, il n'était pas trop pour ça. En sortant, ce qu'on a
su, c'est que les quatre personnes étaient déjà choisies,
étaient déjà revenues de Cincinnati. On avait un petit peu
de misère avec la transparence là-dessus.
On avait aussi un petit peu de misère quant aux informations
qu'on a pu prendre sur Clawson dans le journal, quand on nous dit que c'est
mieux que l'invention de l'ordinateur ou, en tout cas, de la dactylo, je ne me
souviens plus trop, là. L'information, le plus gros qu'on a eu, c'est
par les journaux, par les chicanes, les différentes tirades qu'on peut
lire. C'est là qu'on l'a toute prise.
M. Chevrette: Vous relevez de quelle direction, au point de vue
travail proprement dit?
M. Fackini: Depuis la réorganisation, des services
professionnels, du Dr Bastien.
M. Chevrette: Quand vous parlez des problèmes de flotte,
je ne sais pas... Il n'y a pas 125 ambulances, dans la flotte à
Mario?
M. Fackini: Si je ne me trompe pas, je vous dis ça de
mémoire, je pense que c'est 132 en tout et partout. Il n'y en a jamais
132 sur la route en même temps.
M. Chevrette: C'est combien, sur les heures de pointe?
M. Fackini: C'est 80 de jour, 70 de soir et 60 la nuit.
M. Chevrette: Puis vous manquez de véhicules.
M. Fackini: Oui, oui, oui. Ça, pour en manquer, on en manque. On
a aussi été environ une vingtaine d'heures en - c'est un mot
qu'on ne peut plus employer, là - "priorisation", entre guillemets,
depuis environ les quatre ou cinq derniers jours. Mais ça n'existe
plus.
M. Trudel: Maintenant, c'est la réévaluation.
M. Fackini: C'est ça. Excusez, je ne me souvenais pas du
mot. C'est ça. On était en réévaluation. Mais, des
fois, c'est dur à évaluer quand il te reste une ambulance. Elle
est plus difficile à faire, disons.
M. Chevrette: Si vous aviez à faire une comparaison entre
le fonctionnement du CRSSS, antérieurement... Vous releviez du CRSSS de
Montréal avant, au niveau des flottes d'ambulances, là.
C'est-à-dire, vous releviez... C'est une façon de s'exprimer,
vous étiez gérés par le CRSSS.
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: On a "coopératisé" le matériel
roulant...
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: ...avec des subventions de la SDC. Est-ce qu'on a
amélioré la situation, de ce côté-là?
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: En termes de qualité de
véhicules?
M. Fackini: Oui, en termes aussi de disponibilité. On peut
prendre tous les termes. C'est sûr qu'avant ça, quand on
était sous le joug du Conseil régional, avec les
différentes compagnies privées et les bris de véhicules
effrayants qu'il y avait là-dedans... C'est évident qu'on a
amélioré la qualité des véhicules. C'est clair et
c'est sûr qu'on en a plus aussi. Ça, c'est évident.
M. Chevrette: Puis, malgré tout ça, vous en
manquez.
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: Parce que la flotte est plus grosse qu'elle
était...
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: ...si ma mémoire est fidèle.
M. Fackini: Si ma mémoire est bonne - je vous dis
ça de mémoire - il me semble que, dans le temps du Conseil
régional, on en avait environ entre 70 et 72. Il me semble même
que c'est 72 véhicules de jour. Aujourd'hui, on en a 80.
M. Chevrette: S'il n'y a pas de triage, là, puis si on
répond avec un système qu'à peu près à
chaque appel on envoie une ambulance, où est-ce que vous allez
vivre?
M. Fackini: Vous êtes mieux de rester à
Québec qu'à Montréal.
M. Chevrette: Vous parlez de "sectorialisa-tion".
M. Fackini: Sectorisation.
M. Chevrette: J'ai de la misère à le dire, je vais
le siffler, à cette heure-là. Si j'ai bien lu, vous avez, dans un
secteur, 1 250 000 personnes?
M. Fackini: c'est-à-dire que, quand urgences-santé
a été créé, en 1981, d'une façon assez
rapide - vous devez vous souvenir de ce temps-là - on a eu une carte,
une grosse carte de la ville.
M. Chevrette: Oui. J'en ai de 1984 et j'en ai de 1989.
M. Fackini: Oui. C'est ça. O.K. On a eu une grosse carte
de la ville, on l'a divisée en deux, à l'avenue du Parc et,
depuis ce temps-là, l'est de la ville, c'est de l'avenue du Parc
jusqu'à la 100e, à Pointe-aux-Trembles, et l'ouest de la ville,
c'est de Pointe-aux-Trembles jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue, incluant
Laval aussi. Depuis ce temps-là, on n'a jamais eu d'amélioration.
Ça a toujours fonctionné comme ça et c'est ce qu'on disait
dans le document. Un répartiteur, il n'arrête pas d'affecter, lui,
il affecte tout le temps. Ce qu'on demande à cet individu-là,
c'est de se rappeler le véhicule qu'il a envoyé il y a 15 minutes
et qui, dans le fond, devrait être plus proche ou qui est parti sur un
interétablissements. C'est ce qu'on demande à un individu,
d'avoir de la mémoire, de se souvenir de tout ça.
M. Chevrette: Quels sont les motifs que la direction vous donne
pour ne pas se brancher là-dessus...
M. Fackini: On attendait les directives.
M. Chevrette: ...et faire des secteurs qui soient un peu plus
proportionnels?
M. Fackini: À un moment donné, on a fait un projet
de sectorisation avec la direction. C'a bien fonctionné. Après
ça, sont arrivés de petits problèmes qui sont aussi
d'ordre syndical. Disons qu'on a boycotté un petit mois ou deux pendant
la fin de notre négociation. Et, depuis ce temps-là, on nous
répond qu'on attend des directives,
qu'on attend des budgets, qu'on attend ci, qu'on attend ça.
Mais, quand le projet a pris forme, on a engagé 25 personnes, qui
ont été engagées par Urgences-santé, formées
et payées entre 10 $ et 17 $ l'heure pour être des
répartiteurs dans le cadre de la sectorisation. Et ces gens-là,
c'a coûté cher pour du monde qui ne travaille pas souvent.
La sectorisation... On a les tables adéquates. Dans un certain
appartement en arrière, dans le bureau des cadres, on a aussi les cartes
qui fitteraient pour la sectorisation. On a aussi le personnel, ils ont
été engagés et formés pour ça, mais
ça ne se fait pas parce que c'est un rajout de personnel chez nous.
M. Chevrette: C'est sur liste de rappel, je suppose, ceux qu'on a
formés?
M. Fackini: Oui. On les a, ces gens-là. Ils sont sur la
liste de rappel. Demain matin, si on faisait une sectorisation, ces
gens-là pourraient s'installer, ils ont été formés,
et, à notre sens à nous autres, ça améliorerait de
beaucoup la qualité du service à la population.
M. Trudel: Et vous êtes deux répartiteurs, deux
équipes qui travaillez en même temps?
M. Fackini: Non. Il y a un individu qui s'assied devant une
carte, qui, lui, dispatche, répartit plutôt, excusez, tout l'est
de la ville et, l'autre, qui est assis, répartit tout l'ouest de la
ville. Lui, il a à se souvenir qui il a affecté, tous les
véhicules qu'il a affectés, que ce soit en urgence ou en appel
qu'on appelle 10-16, un appel urgent. Il a à se souvenir de toutes les
ressources qui roulent. C'est sa job à lui de s'en souvenir. Tandis que
ce qu'on proposait dans le temps, c'était de répartir la
tâche, la mémoire et le talent des gens en cinq groupes
différents.
M. Trudel: Mais, c'est ça. Vous êtes deux secteurs,
vous êtes deux individus pour faire la répartition.
M. Fackini: Oui, on est assis un à côté de
l'autre.
M. Trudel: Le dispatch, j'ai vérifié, c'est
français.
M. Fackini: Pardon?
M. Trudel: Le dispatch, j'ai vérifié, c'est
français.
M. Fackini: O.K. Donc, on est deux dispatchers, si vous voulez:
un qui s'assied et qui dispatche l'est de la ville et l'autre qui est assis
à côté et qui dispatche l'ouest de la ville. Ce qu'on
proposait, nous autres, c'est de l'avoir en cinq individus.
M. Trudel: Quand vous dites que, pour les répartiteurs des
fréquences primaires, le suivi des appels devient difficile, pour ne pas
dire impossible, c'est quoi les fréquences primaires?
M. Fackini: O.K. C'est parce que les fréquences primaires,
c'est ce que les gens affectent, ce dont on vous parle présentement, les
deux gars qui prennent l'est de la ville et l'ouest de la ville. Ce sont deux
individus qui affectent tout le temps. Ils donnent ces fiches appels à
des gens qu'on appelle des répartiteurs, ils ont le même titre
d'emploi, mais eux autres font le suivi. Leur travail à eux autres,
c'est de suivre les véhicules, leur disponibilité, tant qu'ils
sont là, quand ils se rapportent disponibles. C'est eux autres qui nous
avisent quand ces véhicules-là sont rendus, sont prêts,
sont en direction. Ils font le reste de l'appel. Le répartiteur
d'affectation ne fait qu'affecter et les autres font tout le suivi. Ce que nous
autres on proposait, c'est que le répartiteur fasse et l'affectation et
le suivi parce qu'il est humainement impossible de se souvenir de 30
véhicules que tu as affectés il y a cinq minutes, ça ne se
peut pas.
M. Trudel: Ça ne se peut pas.
M. Fackini: Mais on le fait quand même depuis 1981.
M. Chevrette: Au dernier paragraphe de votre page 5, vous dites
ceci: "Soulignons aussi que l'intégration des activités de la
Coopérative, CTSAM, se traduit par une augmentation d'une quarantaine de
cadres et une diminution désastreuse du personnel d'entretien". Y
avait-il 40 cadres à la Coopérative?
M. Fackini: Non, ils n'existaient pas. C'est des titres d'emploi
qui ont été créés; ça avait passé
dans la presse, à un moment donné. C'est que, quand il a
été question d'acheter la Coopérative des travailleurs,
Urgences-santé a sorti un titre d'emploi dans les journaux qu'ils
appelaient chef de secteur. Les personnes dont je vous parle, c'est des chefs
de secteur. Il y en a environ une quarantaine. Il peut peut-être y en
avoir un petit peu moins.
M. Chevrette: Est-ce que c'est ceux-là qui dispatchent les
ambulances?
M. Fackini: Non, ils ne dispatchent rien, eux autres. Ce sont des
cadres. Ce qu'on dit, c'est qu'avant...
M. Chevrette: Mais ils doivent faire quelque chose. Qu'est-ce
qu'ils font?
M. Fackini: Je ne le sais pas. Ah! ils
donnent les clés des véhicules. M. Chevrette:
Pardon?
M. Fackini: Ils donnent les clés des véhicules.
C'est ce qu'on me dit. Leur travail spécifique, on ne le sait pas. On ne
l'a jamais su.
M. Chevrette: Jasez-vous avec les travailleurs, les techniciens
de temps en temps?
M. Fackini: Pardon?
M. Chevrette: Vous devez parler avec les techniciens
ambulanciers, vous autres.
M. Fackini: Ça nous arrive.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y en a qui vous disent, par exemple,
qu'il y a même de la discrimination au niveau du dispatch des
ambulances?
M. Fackini: De la discrimination au niveau...
M. Chevrette: En ce sens que, par exemple, si tu es un bon
syndiqué collaborateur par rapport à un coopérant, tu
pourrais avoir tel type d'ambulance au lieu de tel autre ou tu pourrais
avoir...
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: Vous n'en avez pas jasé avec eux autres?
M. Fackini: Non. Pas de ça.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils vous ont déjà dit,
certains individus, qu'ils se sentaient menacés des fois?
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: Vous n'en avez pas entendu parler, vous autres.
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: Jamais.
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez jamais su, dans la boite, par exemple,
qu'au niveau des techniciens ambulanciers, ça jouait "rough", des
fois.
M. Fackini: Peut-être comme-ci, comme-ça, mais pas
plus.
M. Chevrette: Lisez-vous de temps en temps les journaux du
RETAQ?
M. Fackini: Non, on ne les reçoit pas.
M. Chevrette: Vous ne les recevez pas, vous. Votre syndicat est
très autonome.
M. Fackini: Oui. C'est la grosse qualité de la CSN.
M. Chevrette: C'est bien. Vive l'autonomie! M. Fackini:
Mais ce qu'on disait, aussi... M. Chevrette: Dans votre...
M. Fackini: Excusez! Mais comme il est repris au point 5, ce
qu'on disait, c'est qu'il y a une prolifération de cadres, ça,
c'est vrai. On peut vous citer des exemples. Quand il y a eu le rachat de la
CTSAM, je ne sais pas exactement le nombre d'individus qui ont
été coupés, des salariés.
M. Chevrette: Ça a coûté 16 000 000 $,
ça. M. Fackini: Pardon?
M. Chevrette: Ça a coûté 16 000 000 $, qu'on
a su cet après-midi.
M. Fackini: Oui, mais ce n'est pas le chiffre en millions que je
me demande, c'est le nombre d'individus qui travaillaient là qu'on a
coupés. Je pense, moi, que c'est depuis ce temps-là qu'on a un
petit peu plus de difficulté à faire sortir les véhicules
puisque, avant, je pense qu'ils étaient trois pour faire ce
travail-là - un préposé, un laveur, un ci, un ça -
et, là, s'il en reste un, moi, je pense qu'il en manque deux. On a
dénoté juste hier qu'il nous manque 1548 minutes. Les
véhicules n'ont pas commencé leur quart à date. Ça
fait 25 heures et 48 minutes, en quarts de nuit et de jour. Il nous manquait 25
heures de disponibilité parce que les ressources n'ont pas pu commencer
à temps. Si on avait encore le même nombre de salariés
qu'il y avait, j'imagine que les véhicules seraient sortis à la
même heure, à la bonne heure; mais ça, c'est une
spéculation.
M. Chevrette: C'est ce que j'avais cru comprendre, tantôt.
On sait que, quand c'étaient des entreprises privées, ça
se faisait par un technicien, probablement, par propriétaire
ambulancier, ou deux au maximum, dépendant des chiffres - je ne le sais
pas. Mais, selon le plan de redressement, à un moment donné,
quand on a parlé de la faillite technique de la CTSAM, c'est là
qu'on a appris qu'il y avait peut-être une quarantaine, au dire, à
ce moment-là, d'Ur-gences-santé et de certains du gouvernement,
qu'il y avait trop de techniciens, pas de techniciens ambulanciers, mais de
techniciens dans les garages. Et là c'est redevenu, si je com-
prends bien, à peu près l'équivalent de ce qui
existait antérieurement, d'abord.
M. Fackini: Je ne sais pas si, avant, il y avait trop de
techniciens ou de manuels dans les garages. Je sais qu'on a
congédié ces gens-là et qu'on les a remplacés par
des cadres - ça, je sais ça - ou, en tout cas, si on ne les a pas
remplacés texto par des cadres, on a mis une structure de cadres qui
fait en sorte qu'à l'heure où on se parle - je vous donne
l'exemple d'hier - sur les 10-77, les départs des véhicules, il
nous manque 25 heures et 48 minutes.
M. Chevrette: Ça n'existait pas, ce poste-là, avant
l'intégration de la CTSAM?
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: C'est bon à savoir, ça. Est-ce que
c'est possible? On me raconte qu'à un moment donné il peut y
avoir une ambulance au coin de telle rue et qu'à un moment donné
c'est une autre de je ne sais pas quel coin qui va être obligée de
venir quasiment à côté? Est-ce que ça arrive encore,
ça? Moi, j'ai su, par exemple, qu'il y avait un individu qui
était pris d'une crise cardiaque et puis ça a pris exactement 14
minutes pour qu'une ambulance se rende à l'endroit précis. Et,
à la grande surprise du technicien ambulancier, il y avait une ambulance
parquée sur un coin de rue, à peu près à une
minute. Est-ce que c'est possible encore, en fonction du système actuel,
que ces choses-là se produisent? En temps et lieu, je sortirai les
noms.
M. Mallette (Yves): Est-ce qu'on vous a donné la raison,
pourquoi le...
M. Chevrette: Une question d'ondes, je ne sais pas. C'est
peut-être à un moment où il y avait brouillage d'ondes ou
de je ne sais pas quoi. Je ne le sais pas. C'est arrivé en novembre
1987.
M. Desrosiers (Alain): II y a quand même des facteurs qui
sont plus ou moins contrôlés dans un système de
répartition. C'est-à-dire qu'un véhicule peut être
disponible ou non, à savoir si les techniciens sont à
l'intérieur du véhicule, ils sont peut-être sur un appel.
L'appel est peut-être une urgence ou non. Le véhicule pourrait
être en bris mécanique. Ça pourrait être aussi une
période de repas où les techniciens sont à
l'intérieur. Ça, évidemment, ce sont des choses qu'on ne
contrôle pas. Ce n'est quand même pas une carte géographique
qui se fait ni plus ni moins par satellite en ce qui concerne la localisation
des véhicules. À savoir s'ils sont disponibles ou pas et le
pourquoi, ce qu'ils sont en train de faire, ça, évidemment, on ne
l'a pas. (22 h 30)
M. Chevrette: Mais il n'y a pas une obligation d'aviser, par
exemple, à un moment donné, quand quelqu'un quitte pour son heure
de lunch? Il a le droit de manger, ce n'est pas à ça que je
m'attaque. Mais je suppose que, s'il est stationné sur le coin de la rue
Wellington à Verdun, s'il est au Dunkin'Donuts ou je ne sais pas
où, est-ce qu'il n'a pas le devoir de se rapporter pour que vous sachiez
que tel véhicule ne peut pas servir dans les circonstances?
M. Desrosiers: Le syndicat de la RETAQ, de par leur convention,
serait sûrement mieux habilité pour répondre à la
question.
M. Chevrette: Mais vous autres, comme répartiteurs... Non,
non, non. Ma question, je la poserai bien au RETAQ. Mais, vous autres, vous
n'avez pas sous vos yeux, au moment où vous faites la
répartition, vous n'avez pas d'idée qui est dans le secteur?
Une voix: Non.
M. Desrosiers: Lorsqu'un véhicule est en bris
mécanique ou que le personnel est en période de repas, ça,
évidemment, c'est des périodes qui appartiennent aux techniciens
ou aux garages eux-mêmes. Là, évidemment, le
véhicule est perdu de vue; même si, physiquement, il se trouve
à tel coin de rue, pour nous, évidemment, c'est invisible.
M. Trudel: Oui, mais, vous autres, vous savez toujours quel
nombre de véhicules est disponible?
M. Desrosiers: Oui.
M. Trudel: En tout cas, au moins il faut que vous fassiez
l'effort de vous en souvenir, comme vous le disiez tantôt, soit 30
véhicules à peu près.
M. Desrosiers: Le nombre de véhicules, oui, qui devraient
être normalement actifs de par leur début de quart, incluant ceux
qui ne le sont pas, dû à des bris mécaniques, des manques
d'équipement, des périodes de repas et ainsi de suite, oui, sans
connaître la localisation précise s'ils ne sont pas sur des
appels. Évidemment, on élimine l'attente, là.
M. Trudel: C'est-à-dire...
M. Chevrette: Mais vous n'êtes pas installés comme
la police, dans ce cas-là.
Une voix: Non.
M. Chevrette: La police qui va luncher, le répartiteur
sait où il est. S'il y a un urgent besoin, il va lui dire: C'est de
valeur, tu mange-
ras ta soupe plus tard, mon petit gars, j'ai besoin de toi. Vous autres,
vous ne savez pas ça.
M. Desrosiers: Effectivement, on ne peut définitivement
pas se comparer au système de répartition de la police ou des
pompiers. On se réfère, d'ailleurs, très souvent à
eux pour des rues qu'on ne connaît même pas ou dont on n'a
même pas la référence, parce que, eux, évidemment,
sont plus habilités de par leur système à nous dire
exactement: Rendez-vous à tel endroit, c'est à telle
intersection, vous allez voir telle chose et ainsi de suite, incluant les
édifices publics. On ne possède aucun outil de travail pour
localiser comment se rendre à l'intérieur...
M. Chevrette: Mais, imaginez-vous...
M. Desrosiers: ...d'un édifice; par exemple,
l'Université du Québec.
M. Chevrette: ...monsieur, si on répond à tous les
appels!
M. Desrosiers: La répartition
d'Urgences-santé...
M. Chevrette: J'essaie de m'imaginer comment ça va
être...
M. Desrosiers: ...ne s'est jamais vantée
d'être...
M. Chevrette: ...si vous n'avez pas un système...
Ça va vous prendre...
M. Trudel: Une mémoire phénoménale.
M. Chevrette: Ce n'est plus une mémoire. Je ne sais pas ce
que ça va prendre, mais, à supposer que ça augmente, le
nombre de véhicules roulants, pour venir à bout de
répondre en vertu du nouveau système qu'on veut implanter, si
vous n'avez pas plus de notions que vous en avez là, ce n'est toujours
pas un IBM, un cerveau électronique qui va aller courir en ville,
là.
M. Desrosiers: Le Syndicat des employés de bureau
d'Urgences-santé, évidemment, n'a jamais dit qu'il avait tous les
outils de travail pour bien oeuvrer dans ses tâches et il n'a jamais dit
non plus que ses employés n'avaient pas certaines qualités x pour
subir un certain stress. C'est évident.
M. Trudel: Je reviens un petit peu sur la question de la
disponibilité de votre poste de travail. Théoriquement, 80
véhicules le jour, 70 le soir, 60 la nuit, un ordre de grandeur. S'il y
a 60 véhicules la nuit qui sont en service, est-ce que, vous autres,
vous êtes constamment informés du nombre de véhicules
effectivement disponibles et à quel endroit ils sont toujours, ces
véhicules-là?
M. Fackini: Oui, tant qu'ils ne sont pas dans leurs
périodes de repas, qu'ils ne sont pas en bris mécanique ou des
choses comme ça, avec un problème d'équipement ou un
problème radio. Mais les véhicules disponibles, on sait toujours
où est-ce qu'ils sont; ça, c'est notre job, ce n'est pas un
problème. Mais, sur les 60, il peut y en avoir 5 qui sont en
période de repas. Le technicien mange où il veut; ça, ce
n'est pas notre problème. Il nous en reste 55; les 55, on sait toujours
où est-ce qu'ils sont. Ça, c'est notre travail de savoir
où est-ce qu'ils sont, toujours.
M. Trudel: Mais le cas soulevé par mon collègue,
théorique, là...
M. Fackini: Bien, ce qui peut arriver, c'est que...
M. Trudel: ...d'une expérience qui a été
vécue... Est-ce que ça se peut, ça, qu'un véhicule
soit à un endroit et qu'il ne soit pas dans les exceptions que vous avez
mentionnées - pour le lunch, en bris mécanique ou des
problèmes de communication, ça peut arriver, on est en termes de
matériel - des gens qui sont actifs, qui sont en circulation, mais, vous
autres, vous ne pouvez pas les rejoindre là où ils sont?
M. Fackini: S'ils sont là où vous dites et qu'on
n'est pas capables de les rejoindre, ils ont un problème radio, ils ont
un problème quelque part et je me demande ce qu'ils font là.
Théoriquement, on sait toujours où est-ce qu'ils sont, nos
véhicules. Les techniciens, on leur demande - on appelle ça un
10-20, ça veut dire: Où est-ce que vous êtes? - leur 10-20
des centaines de fois par jour, pour ne pas dire des milliers. On sait à
peu près toujours où le véhicule se dirige. Quand on vient
pour affecter un appel...
M. Chevrette: Avez-vous la responsabilité de faire les
rapports quand vous identifiez que quelqu'un n'est plus en poste, par
exemple?
M. Fackini: Pardon?
M. Chevrette: Supposons que vous en cherchez un...
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: ...et que vous ne le trouvez pas, est-ce que c'est
vous autres qui avez la responsabilité de faire un rapport?
M. Fackini: Non, on a des coordonnateurs qui...
M. Chevrette: Vous rapportez au coordon-nateur que ça ne
répond pas dans tel véhicule.
M. Fackini: on dit que ce véhicule-là est non
disponible pour problèmes de communication radio et le coordonnateur va
voir quel problème de radio il a.
M. Chevrette: Je comprends. Je voudrais vous dire que...
M. Fackini: Les radios changent aussi de fréquence toutes
seules, ça fait que...
M. Chevrette: J'ai aussi été ébranlé
d'apprendre par vous autres qu'il n'y a même pas aucun comité
interdisciplinaire ou intersecteur de travail qui existe
présentement.
M. Fackini: Je vous ai dit qu'il y en a un sur le plan des
désastres qui a commencé sept mois après.
M. Chevrette: Non, mais sur l'éventuel système
qu'on veut mettre là...
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: ...est-ce qu'on vous a assis ensemble...
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: ...techniciens, répartiteurs, infirmiers,
infirmières, médecins?
M. Fackini: Pas à l'heure où on se parle.
M. Chevrette: Jamais.
M. Fackini: Non.
M. Chevrette: Ça n'existe quasiment pas.
M. Fackini: Pas à l'heure où on se parle.
M. Chevrette: Je dois vous dire que l'heure est plutôt
à ça, dans tous les secteurs. On en parie dans les
hôpitaux, par exemple, de santé mentale. Je me rappelle du nombre
d'heures qu'on a passées ici et on a dit: II faut parler de
multidisciplinarité, la réforme de la santé parle de
ça. Et chez vous, ça n'existe pas?
M. Fackini: D'ailleurs, notre inquiétude, si Clawson
fonctionne d'après les directives du ministre, de mémoire, il me
semble que ce doit être le 1er ou le 31 janvier. Il nous reste un mois
pour faire les charges de postes, choisir les gens, les trouver, les former
trois jours pour remplacer des infirmières qui ont des DEC ou des BAC.
Ça va aller vite.
M. Chevrette: Quel est le fonctionnement, la méthode de
travail avec vous autres? Est-ce que la direction envoie des papiers et dit:
Qu'est-ce que tu en penses?, ou si elle t'envoie des papiers et qu'elle dit:
Applique ça, ou bien si elle te demande ce que tu en penses avant de
faire ses papiers?
M. Fackini: Au niveau de la répartition, je pense qu'il
n'y a pas de papiers qui sont envoyés pour demander ce qu'on en pense.
Je pense qu'il n'y a pas non plus de papiers qu'on retourne pour dire ce qu'on
en pense, parce que, au niveau des procédures, on fait bien dur. Ce
qu'on fait, on va voir notre chef de service, on lui explique et, ensemble, on
essaie de faire des choses. Au niveau de l'encadrement, je peux vous donner un
exemple bien farfelu: Si quelqu'un de l'UQAM appelle, que quelqu'un vient de
tomber à terre près de l'UQAM, la seule adresse qu'on a sur
l'informatique, c'est l'adresse du siège social de l'UQAM. Mais il y a
six pavillons. Là, on ne sait pas où on va le chercher.
Si on cherche - ça arrive souvent - des petites rues, des
nouvelles rues à Rivière-des-Prairies, on appelle une compagnie
de taxi et eux autres savent où; nous autres, on ne le sait pas. C'est
un exemple.
M. Chevrette: Comme syndicat... M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: ...comme groupe, là... M. Fackini:
Oui.
M. Chevrette: ...est-ce que vous avez décidé de
faire connaître vos orientations, vous autres? Quand vous voyez qu'ils ne
vous consultent pas, que vous ouvrez le journal et que vous apprenez par le
journal ce que vous devriez apprendre à l'interne d'abord, est-ce que
vous avez pris position face à ce manque de transparence au niveau de la
gestion?
M. Fackini: Oui. On a rencontré notre P.-D.G. il y a
environ un mois, les comités restreints de l'exécutif, et, suite
à cette rencontre-là, on a sorti un journal. On a eu le malheur
d'appeler ça un compte rendu et on s'est fait envoyer une lettre par
notre employeur dans laquelle il mentionnait qu'à peu près tout
ce qu'on avait dit c'était faux. C'était intéressant parce
qu'il ajoutait: On a su, par cette lettre-là, que les gens de
l'interétablissements allaient perdre les appels d'urgence qui sont
là actuellement et que ça serait transféré au
nouveau module de triage des appels. On l'a appris par cette lettre-là.
Mais quand on a regardé la Gazette, La Presse et Le Soleil,
trois, quatre semaines après, à peu près tout ce qu'on
avait dit qui n'arriverait pas, ça corroborait, disons.
on s'est fait dire qu'on était à côté de la
"track", pour relire la même chose que ce qu'on avait dit deux, trois
semaines après, à quelques variantes près.
M. Chevrette: Avez-vous un représentant
présentement sur le conseil d'administration?
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que votre représentant a
rapporté ces positions de votre groupe?
M. Fackini: En général, on se parle. M.
Chevrette: Est-ce que c'est vous? M. Fackini: Non, non, ce n'est pas
moi.
M. Chevrette: Non, c'est un membre de votre exécutif.
M. Fackini: Non, c'est un membre de notre Syndicat.
M. Chevrette: De votre Syndicat.
M. Trudel: vous dites aussi dans votre mémoire qu'il y a
de moins en moins de transport interétablissements; le nombre, vous
voulez dire, vous en faites moins.
M. Fackini: Cela a baissé, oui. Mais c'est dû
à plusieurs facteurs. Entre autres, je ne sais plus quand mais, à
un moment donné, le ministre Côté a dit qu'il faudrait que
les hôpitaux gèrent leur budget, bon. L'hôpital Maisonneuve,
au lieu de prendre une ambulance pour l'envoyer au pavillon qui est sur l'autre
coin de rue, maintenant, souvent - ça dépend des cas - ils
peuvent se servir d'un taxi, de Medic-Aid, ou de Medic-Bus, ou des choses comme
ça. Et il y a eu un temps où la qualité du service qu'on
donnait... On ne respecte pas beaucoup les rendez-vous, en
général, parce qu'on a un manque de ressources. Je suppose que
les centres hospitaliers ont préféré faire affaire avec
Medic-Aid ou des choses comme ça. Mais, là, je
spécule.
M. Trudel: Avec une entreprise privée ou quelque chose de
même.
M. Fackini: Pardon?
M. Trudel: Ils ont fait affaire avec quelqu'un d'autre
pour...
M. Fackini: Bien, en tout cas... ou il y a réellement
moins de transport et moins de monde malade, ce qui m'étonnerait
beaucoup, là.
M. Trudel: Ce serait étonnant un peu. Vous parlez du
système de préalerte, ce que, vous autres, vous pensez, comment
on devrait faire cela, qu'on devrait mettre en place un système de
préalerte efficace. c'est quoi, ça, un système de
préalerte pour vous autres, au niveau des répartiteurs?
M. Fackini: Bien, si le projet de sectorisation fonctionnait, on
pense qu'il serait plus facile parce que, déjà, à l'heure
où on se parle, quand le projet de la secto a débuté - les
infirmières me reprendront si je me suis trompé - dans leur coin
d'écran cathodique, elles avaient les secteurs. Ce ne serait pas, je
pense, trop, trop compliqué d'avoir une imprimante ou un petit
ordinateur par secteur où la fiche sortirait immédiatement dans
le secteur approprié. Au lieu, là, de se creuser la tête
à savoir dans quel coin c'est, on le sortirait par secteur. Ça
diminuerait le temps de réponse. Bien, peut-être pas le temps de
réponse, mais le temps d'affectation. Celle dont on vous parle, la
préalerte, c'est une petite boite, une belle petite boîte, bien
"cute", ça lui prend 22 secondes pour faire sortir une fiche appel et,
physiquement, les infirmières sont comme, je ne sais pas, d'ici à
la chaise qu'il y a là. 22 secondes pour sortir de là. Le
messager le fait à pied et plus souvent qu'autrement, il arrive avec la
fiche appel de l'infirmière avant que la préalerte sorte de la
petite machine.
M. Trudel: Je comprends pourquoi vous ajoutez le mot
"efficace".
M. Fackini: Pardon?
M. Chevrette: La vitesse tue.
M. Fackini: Elle ne mourra pas, cette machine-là.
M. Trudel: Je comprends pourquoi vous dites: un système de
préalerte efficace. Sur les premiers répondants...
M. Fackini: Oui.
M. Trudel: ...vous dites: "À l'intérieur du
système de soins préhospitaliers d'urgence, personne ne peut
être contre les premiers répondants; l'exemple du West Island,
même s'il y a certains problèmes, est valable." Vous autres,
personne ne prend contact avec des premiers répondants.
M. Fackini: Oui, dans les villes... Là, j'ai un petit
blanc de mémoire. Ce n'est pas trop, trop important les villes. Il y a
Westmount, Pointe-Claire, Côte-Saint-Luc, Beaconsfield,
Baie-d'Urfé, Senneville. Toutes ces villes ont un système de
premiers répondants - ce sont des gens plus aisés, ils sont dans
l'ouest. Quand on fait un appel sur les ondes - qu'on appelle, nous
autres, un 10-19 - qu'on appelle tous les véhicules, on nomme le
véhicule 800 - on l'appelle le 800 - on appelle le 810 et nos ressources
à nous autres et ces véhicules-là, les 800 - ils ont tous
la dénomination 800 au début - nous répondent et ils
envoient une ressource. Neuf fois sur dix, ils connaissent très,
très bien leur secteur, ils ont juste un petit secteur bien, bien
délimité, et ils arrivent plus souvent qu'autrement avant nous
autres, parce que eux autres aussi ont un petit cardex qui leur dit: Tu passes
telle rue, tu tournes à telle rue, telle rue, telle rue. Ils ont le
temps, ils ont un petit secteur. Si Urgences-santé avait ça
à Montréal, ça serait l'idéal, mais c'est beaucoup,
ça. J'imagine que c'est beaucoup.
M. Trudel: Ces premiers répondants là, c'est juste
l'ouest, dans le West Island.
M. Fackini: Oui, oui, certaines villes du West Island, oui.
M. Chevrette: Mais vous avez déjà fait des
suggestions dans ce sens-là.
M. Fackini: On n'est pas contre.
M. Chevrette: Non, mais est-ce que vous en avez apporté,
des suggestions de ce type-là, à votre employeur pour qu'il
améliore le système?
M. Fackini: Quand on avait rencontré la commission De
Coster, on avait dit dans ce temps-là qu'on était pour les
premiers répondants. On l'a déjà dit.
M. Chevrette: Je me garde 30 secondes.
Le Président (M. Joly): M. le député, vous
avez été très raisonnable.
M. Chevrette: Tu peux y aller, c'est un commentaire final que
j'aimerais faire.
Le Président (M. Joly): Ah! C'est un commentaire. Donc,
à ce moment-là, je vais reconnaître le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Oui, rapidement, M. le
Président. Vous nous dites que vous êtes d'accord pour
séparer Info-Santé.
M. Fackini: Non, ce n'est pas ça qu'on dit, on dit
qu'Info-Santé devrait avoir un numéro à part.
M. Paradis (Matapédia): Oui, oui, c'est ça que je
veux dire.
M. Fackini: O.K.
M. Paradis (Matapédia): Je m'exprime mal, je me suis
peut-être mal exprimé. Je me reprends.
M. Fackini: D'accord.
M. Paradis (Matapédia): Chacun un numéro de
téléphone et de façon distincte pour
Info-Santé.
M. Fackini: Oui.
M. Paradis (Matapédia): On a parlé tout à
l'heure... Je vous ai entendu parler de transport
interétablissements.
M. Fackini: Oui.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que vous seriez d'accord
pour la même chose?
M. Fackini: Je pense que non parce qu'à l'heure où
on se parle, toujours dans le cadre de la sectorisation...
M. Paradis (Matapédia): Mais vous dites que c'est quand
même 35 % de votre volume, que vous manquez de véhicules. (22 h
45)
M. Fackini: Oui. Mais si on peut gérer ce qu'on appelle,
avec notre sectorisation, les opportunités... Je vais vous donner un
exemple précis. Vous êtes à l'hôpital Saint-Luc,
à Montréal. Si vous prenez un véhicule qui s'en va sur un
transport interétablissements jusqu'à l'hôpital
Maisonneuve, s'il est dissocié de nous autres - au début, on
fonctionnait comme ça à Urgences-santé; on était
dissociés, on avait deux flottes à part - et s'il passe sur
Notre-Dame et Pie IX, par exemple, et qu'il voit un accident, nous autres,
à Urgences-santé - si on était dissociés, si on se
reporte au passé - on prend un véhicule, qui, lui, est à
l'hôpital Notre-Dame, qui part avec ses ambulances, ses gyrophares, pour
s'en aller sur Pie IX et Notre-Dame pendant que l'autre lui passe dans le
visage. C'est ce dont on parle quand on parle d'opportunité. C'est dans
ce sens-là qu'on veut une sectorisation. Parce qu'on va avoir un
meilleur contrôle sur toutes nos ressources, on va savoir où elles
sont tout le temps. Un véhicule qui est sur un appel
interétablissements, il s'envoie pour aller nous donner ce qu'on appelle
un 10-33, une évaluation sommaire de la situation. Plus on a de
ressources, plus on peut répondre dans un temps plus court à nos
appels.
M. Paradis (Matapédia): Peut-être une
dernière question en terminant. Vous dites que vous seriez tout à
fait disposés à travailler dans un groupe interdisciplinaire.
J'ai, devant moi, le document des médecins qui nous recommandent ou qui
seraient prêts à travailler, dans le cadre de projets en commun,
avec des organismes
accrédités ou les premiers répondants, tels les
pompiers et la police. Est-ce que vous seriez prêts à travailler
avec les pompiers, notamment?
M. Fackini: Oui. Bien oui. On travaille déjà avec
les premiers répondants. Je veux dire, je ne vois pas pourquoi on...
M. Paradis (Matapédia): Dans votre réflexion,
jusqu'où pourrait aller la contribution des pompiers?
M. Fackini: J'imagine sur le même principe que les...
Ça, on ne l'a pas poussé plus qu'il le faut, mais je suppose dans
la même voie que les premiers répondants du West Island. Je pense
que, si on assoit les gens à une même table, on verra ce qui va en
ressortir de ça. Je ne peux pas me prononcer sans avoir assisté
au moins à une rencontre quelque part pour savoir, eux autres, où
ils veulent s'en aller. Dans ce sens-là, je pense qu'on n'a pas de
limite à l'heure où on se parle.
M. Paradis (Matapédia): Ça, je veux bien. Tout le
monde nous dit: On est de bonne foi, on est prêt à s'asseoir,
à discuter, à travailler en groupe multidisciplinaire ou
interdisciplinaire, mais il est difficile, jusqu'à un certain point, de
sentir jusqu'où chaque organisme ou chaque groupe est prêt
à faire des concessions pour arriver à un consensus.
M. Fackini: Ce n'est pas une question de concession d'aller
s'asseoir là. Je pense que, si la direction assoit les différents
groupes à une table, on va voir ce qui peut en ressortir de cette
concertation-là, mais on va commencer par s'asseoir une fois à
une table. Je ne me suis jamais assis à une table avec un pompier. Je
sais que, dans le West Island, ils font une bonne job. Ça, c'est la
conclusion que j'ai. Ça fait que je partirais avec cette
prémisse-là. Je ne peux pas vous répondre plus que
ça à cette question-là.
M. Paradis (Matapédia): Je vais vous donner ma
définition de la concertation.
M. Fackini: Ah! Ça, ça serait peut-être
intéressant.
M. Paradis (matapédia): la mienne, strictement
personnelle. moi, je vis dans une région relativement pauvre où
on est obligés de se concerter pour se partager la pauvreté,
jusqu'à un certain point.
M. Fackini: Oui.
M. Paradis (Matapédia): La définition que j'ai de
la concertation, qui m'est tout à fait personnelle, c'est: C'est quoi
que je suis capable de laisser à mon voisin?
M. Fackini: Comment m'avez-vous dit ça?
M. Paradis (Matapédia): Qu'est-ce que je suis capable de
laisser à mon voisin? La concertation, dans ma tête, c'est
ça.
M. Fackini: Ah!
M. Paradis (Matapédia): Je ne vous demande pas de la
partager...
M. Fackini: Non, non.
M. Paradis (Matapédia): ...je vous demande d'y
réfléchir.
M. Fackini: À l'heure où on se parle, je ne la
partage pas. Mais, à l'heure où on se parle, je pense que
ça serait intéressant qu'on puisse mettre les différents
intervenants quelque part et on verra jusqu'à quel point ils sont
prêts à partager. Mais, si cette étape-là n'est
jamais faite, la réponse à votre concertation, qu'elle soit dans
votre sens ou dans le mien, on ne l'aura jamais.
M. Paradis (Matapédia): Très bien. Je vous remercie
de votre présence.
M. Fackini: Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Matapédia. M. le député de Joliette et leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Ça tombe bien, c'était de ça
dont je voulais vous parier.
M. Fackini: De la concertation?
M. Chevrette: Mais, pour moi, pour se concerter, il faut d'abord
être ensemble.
M. Fackini: Oui.
M. Chevrette: parce que, avant que je puisse laisser quelque
chose à mon voisin, il faut, au moins, qu'on me convoque pour que je
sache...
M. Fackini: Ce que je vais perdre.
M. Chevrette: ...ce que je peux donner aussi dans un
système, dans une orientation où un conseil d'administration doit
d'abord donner ses objectifs aussi et son point de vue avant de le demander aux
autres. D'ailleurs, ça a l'air d'être un mot qui a
été découvert dernièrement, ça, le mot
"concertation". On a vu ça.
Une voix:...
M. Chevrette: Oui. Je connais le ministre de
l'Industrie et du Commerce, effectivement, qui l'a découvert,
mais ce n'est pas ça que je veux dire. Moi, je voudrais formuler un
voeu. Je voudrais formuler le voeu que le conseil d'administration saisisse la
perche que vous tendez. Parce que c'est rare, effectivement, qu'on a des offres
aussi spontanées pour dire: Moi, je suis prêt à m'asseoir
pour trouver un système amélioré. Parce qu'à la
lecture de votre mémoire, entre vous et moi, et au type de
réponses que vous avez fournies - c'est bien sûr, on vous a
posé des questions et je voudrais vous féliciter pour votre
franchise, d'abord - vous avez quasi un air de dépit. On dirait que vous
avez perdu un peu confiance.
M. Fackini: Effectivement.
M. Chevrette: moi, je dois vous dire, si ça peut vous
encourager, que le mandat d'initiative, on va essayer de faire grouiller
ça. parce que ça se sent de l'extérieur ce que vous
ressentez à l'intérieur. et si vous en apprenez par les journaux,
on en apprend par les journaux et dans les corridors. merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le
député.
M. Trudel: Je veux vous remercier, moi aussi, et vous dire que
j'ai été impressionné par la franchise. On voit que vous
êtes sur le terrain et que les problèmes, vous les vivez
quotidiennement. On ne peut pas rejeter l'offre d'expertise que vous avez faite
ce soir. Merci de vous être déplacés, merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. M. Fackini:
Merci.
Le Président (M. Joly): À mon tour, au nom des
membres de cette commission, je tiens à remercier madame et messieurs de
cette présentation. Bon retour. Merci beaucoup.
La commission ajourne ses travaux à demain matin, 9 h 30, dans
cette même salle.
(Fin de la séance à 22 h 51 )