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(Neuf heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour à toutes et
à tous. Nous ouvrons la séance. La commission des affaires
sociales se réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 120, qui est la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives. Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des
remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Les établissements (suite) Dispositions
générales
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la secrétaire.
Au moment, disons, de suspendre hier soir, nous en étions à
l'article 68. Donc, je rappelle l'article 68. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Nous en étions
là, je pense que...
Le Président (M. Joly): On était sur le point de
l'adopter, je crois.
M. Côté (Charlesbourg): M. le député
de Joliette voulait faire une vérification, je pense, concernant
Marie-Clarac?
M. Chevrette: Oui. Chartes va descendre dans deux minutes,
Charles Grenier. Mais on peut passer à 69 et on y reviendra tout de
suite. Ce n'est pas une question de... On n'en bloque pas là, ça
va être une question de minutes.
M. Côté (Charlesbourg): On l'adoptera dans quelques
instants, M. le Président. On pourrait passer à 69, à ce
moment-ci, pour...
Le Président (M. Joly): Donc, je suspends l'article 68
temporairement et j'appelle l'article 69.
M. Côté (Charlesbourg): "Est un établissement
privé tout établissement: 1° non constitué en
corporation; 2° constitué en corporation à but lucratif;
3° constitué en corporation sans but lucratif et exerçant les
activités propres à la mission d'un centre mentionné aux
paragraphes 2°, 4° ou 5° de l'article 53 pourvu que les
installations maintenues par l'établissement ne puissent permettre
d'héberger plus d'usagers que le nombre déterminé par
règlement."
On a un amendement qui se lit comme suit: "Ajouter à la fin du
paragraphe 3° les mots et chiffres "pris en vertu du paragraphe 15° de
l'article 410".
M. Trudel: Alors...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: alors, ce sont donc... même s'ils sont non
constitués en corporation, mais par l'exclusion... bien, on reviendra
sur 68. les cabinets professionnels se trouvent exclus de cette
définition-là, ici.
M. Gaudreau (Marc): Oui.
M. Trudel: 66...
Le Président (M. Joly): M. Gaudreau.
M. Gaudreau: Par définition même, ils ne sont pas
des établissements: "N'est pas un établissement..." Alors qu'ici,
on statue sur les établissements qui peuvent être en corporation
ou non incorporés.
M. Trudel: Par ailleurs, il y a une modification importante sur
la... "Pourvu que les installations maintenues par l'établissement ne
puissent permettre d'héberger plus d'usagers que le nombre
déterminé par règlement." Est-ce que l'ancienne loi ne
prévoyait pas un nombre de personnes?
M. Chevrette: Justement! Pourquoi il ne l'a pas pris?
M. Trudel: Pourquoi ne le prenez-vous pas?
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que la question
qui s'est posée... Bon, pourquoi pas 25, pourquoi pas 15, pourquoi pas
18, pourquoi pas 23? C'est la question qui s'est posée. Alors, s'il y a
une insistance pour que ce soit 20, on va réintroduire 20 et...
M. Chevrette: Mais pourquoi pas 100, non plus?
M. Côté (Charlesbourg): Pourquoi pas 100?
M. Chevrette: C'est pour ça que... Je pense que le 20
avait une valeur. C'était de ne pas arriver à ouvrir une porte
à une privatisation assez forte.
M. Gaudreau: Moi, je dirais là-dessus que le chiffre 20
n'était pas strictement fondé sur ce
motif-là, uniquement davantage sur le fait que, en-dessous de 20,
former tout un conseil d'administration d'établissement public de 15
personnes pour administrer un centre de 20 personnes, ça faisait un peu
disproportionné. Mais le chiffre 20, aujourd'hui, peut apparaître
effectivement dans certains cas, pour 23, 24 ou 25, aussi dommageable...
M. Chevrette: Mais vous référez à l'article
410...
M. Gaudreau: Oui.
M. Chevrette:... et 410, c'est justement un pouvoir qui est
donné au ministre d'autoriser des centres à dispenser des
services d'urgence aux usagers.
M. Gaudreau: 410?
M. Chevrette: 410. À moins que je... C'est ça.
Votre amendement à 69...
M. Trudel:... réfère au pouvoir du ministre. M.
Chevrette: C'est ça.
M. Gaudreau: L'article 410, c'est un pouvoir réglementaire
du gouvernement
M. Chevrette: C'est exact.
M. Gaudreau: Paragraphe 15°. Donc, le gouvernement peut par
règlement déterminer le nombre d'usagers qui peuvent être
hébergés dans une installation".
M. Chevrette: C'est ça.
M. Gaudreau: Donc, ce sera un règlement
prépublié. Si on passait de 20, comme actuellement, à 25
ou 30, les gens pourront faire des représentations, demander sur quoi on
fonde cette modification du nombre d'usagers. Si c'est parce que ça nous
obligerait à faire maintenir un conseil d'administration des
établissements publics, pour 300 ou 400 qui ont 25 usagers, qu'on
décide... C'est sûr qu'en étant dans la loi, c'est
bloqué au niveau réglementaire. Ça permet, à un
moment donné, la malléabilité nécessaire à
modifier... En tout cas, l'objectif recherché, ce n'est pas d'ouvrir une
porte à des cas spécifiques en disant: Lui, il sera privé
plutôt que public et lui ne le sera pas. Ce sera quand môme une
norme générale d'application qui n'obligera pas à rouvrir
la loi parce qu'on veut passer de 20 à 25. Parce qu'il s'en est
présenté des cas où c'était, comme on dit,
"borderline". Les gens en avaient 21 et ils disaient: Je suis obligé
d'avoir un con-seil d'administration public pour 21.
M. Trudel: Je pense qu'H y a ici plus qu'une question de pratique
administrative, du genre 20, 21 à 25. C'est que, là, il y a
d'Inscrit dans cet article un virage important. C'est-à-dire qu'on s'est
dit, au Québec, qu'on se donnait d'abord, fondamentalement, un
régime public de santé et de services sociaux et un régime
public, en particulier, d'accueil pour les personnes âgées, parce
que c'est dans ce secteur-là, probablement, qu'on retrouve le plus
d'établissements privés. Par ailleurs, on a aussi reconnu, oui,
effectivement, que le secteur privé devait avoir sa contribution en
matière de prestations de services. Sauf que c'est pour ça qu'on
se donne des lois et qu'on se dit... On met des verrous pour être
sûrs que ça garde un caractère dominant, en disant que
c'est d'abord un système public. Parce qu'il n'est pas besoin de refaire
la grande histoire là-dessus en matière d'établissements
privés, malgré aussi toutes les autres dispositions qui sont
prévues ailleurs en matière de qualité des soins,
qualité des services; dans ce cas-ci, surtout, on se donne d'autres
balises. Mais on s'est dit: On se donne d'abord un régime à
caractère public, avec du complémentaire en quelque sorte du
côté du secteur priva
Alors, dès le moment où on libéralise, en quelque
sorte, la possiblité pour les établissements privés de
devenir dominants, iI y a, comme ici, un changement possible de philosophie et
ça, ce n'est pas dans les règlements. La philosophie, je l'avais
fixée dans les règlements. Les règlements sont là
accessoirement pour baliser l'application de la philosophie
générale qui est inscrite dans une loi. Il s'agit ici d'une
ouverture à la privatisation qui est on ne peut plus large et on ne peut
plus discrétionnaire.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne suis pas d'accord avec
le député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, parce que si je
disais que, demain matin, un article de loi comme celui-là était
appliqué... Vous êtes au pouvoir dans deux ans et vous êtes
ministre de la Santé et des Services sociaux, vous l'appliquez comment?
Si c'était tel quel. Disons que, dans deux ans, vous prenez le pouvoir,
vous vous retrouvez ministre de la Santé et des Services sociaux et vous
avez à appliquer l'article 69 qui fait référence, bien
sûr, à un règlement qui donne un peu plus de souplesse et
vous avez vous-même à l'appliquer.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): est-ce que vous auriez
tendance à aller au-delà du 20, qui était la norme connue
actuellement en ternies de... et ainsi ouvrir au privé? je pense que ce
ne serait pas votre philosophie. donc, à ce moment-là, i n'y a
pas danger. ce n'est pas ma philosophie à moi non plus. sauf que, si on
est dans une situation où il y a un cas de 21, est-ce que ça veut
dire pour autant qu'on ouvre au privé? je ne pense pas. c'est d'avoir
une règle qui soit un
petit peu souple pour permettre de régler des cas qui sont
toujours sur le bord de la ligne et tenter de le faire. C'est uniquement
ça qu'il y a comme visée, à ce moment-ci, pas autre
chose.
M. Trudel: Parce qu'il y a une bonne différence. Les
ministres passent et les gouvernements passent, et c'est la loi qui donne
l'orientation de base et qui met les verrous là où ils doivent
être mis.
Quand on ouvre à une normalisation générale, on
s'expose à toutes sortes de dangers. Si vous me posez la question sous
la forme que vous venez de le faire, je vous dis: pourquoi ne
procède-t-on pas par voie d'exception? C'est-à-dire, qu'on se
donne une norme générale avec la possibilité d'y
déroger pour des cas exceptionnels. Et vous avez ici un bon exemple de
ce que pourrait donner un peu plus d'oxygène aux régies
régionales. Si, dans un cas particulier, dans un territoire
donné, à l'intérieur du plan régional
d'organisation de services, on a des bonnes motivations de dire:
Écoutez, bon, ça va se passer dans une bâtisse où il
va y avoir 21 personnes ou 21 places en hébergement et que ça
nous dépasse de 1... Parce que c'est toujours le problème de la
gestion des normes, c'est toujours celui ou celle qui nous dit: Ah! un de plus,
ce n'est pas grave! Je peux en ajouter un de plus. Je dis qu'on pourrait donner
ici un pouvoir de requête d'exception pour ces cas particuliers, sans
ouvrir la norme générale, aux régies régionales,
quitte à demander au ministre... Je pense qu'on est capables. Si on veut
véritablement parler de décentralisation et de
régionalisation et qu'on veut s'appuyer sur nos régies
régionales, bien, on peut se donner un corridor de gestion dans lequel
la régie régionale peut agir en matière d'autorisation
au-delà d'un certain nombre de places. Ça, ça se donne
très bien dans une réglementation. Alors, le signal public de
l'État, c'est: nous avons d'abord un régime à
caractère public; dans le cas des établissements privés
qui sont constitués en corporations sans but lucratif et exerçant
les activités propres aux missions, etc., pourvu que les installations
maintenues par l'établissement ne puissent permettre d'héberger
plus d'usagers que le nombre déterminé par le règlement...
On avait: recevoir à la fois plus de 20 personnes. Là, on
pourrait ajouter quelque chose du type - et je donne seulement l'esprit, si on
s'attable à la rédaction d'un amendement, on peut le
préciser: à moins que la régie régionale n'en
décide autrement, après autorisation ou sur demande
motivée au ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg):
L'intention...
J'aurais davantage peur de l'intention du député. Davantage. S'il
faut que le ministre consulte la régie régionale à cet
effet, je pense qu'il n'y a pas de problème. Ce n'est pas un
problème, mais que le ministre soit soumis à la régie
régionale, je ne suis pas sûr qu'on se rend service. Je ne suis
pas sûr qu'on se rend service, parce qu'on pourrait se retrouver avec
deux mêmes situations dans deux régions différentes et qui
auraient un résultat différent.
M. Trudel: Pourquoi Mme Lavoie-Roux, dans son avant-projet de
loi, la gardait, elle, la norme qui disait qu'on ne peut héberger plus
de 20 bénéficiaires?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire, notre
esprit n'est pas de la faire disparaître, mais davantage de lui redonner
une certaine souplesse dans le règlement, pas dans le but de privatiser,
mais une certaine souplesse, tout en ayant la sécurité juridique,
qui permet, dans des cas très exceptionnels et très très
limités... C'est...
M. Trudel: Je pourrais vous envoyer une fleur, ce matin, en
disant: Si c'était cet état d'esprit là qui
présidait tout le temps... Mais tout d'un coup qu'un bon matin - on peut
le nommer par son nom - si c'était Gobeil qui était ministre de
la Santé et des Services sociaux, je serais plus inquiet sur
l'application du règlement, je vous le dis.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sauf qu'il faut quand
même se dire que, dans le genre de discussions qu'on a, ça doit
normalement inspirer ceux qui vont administrer la loi demain en termes
d'échanges et en termes d'esprit aussi. Et une chose est certaine, c'est
que c'est un corridor qui est très très serré, qui lui
donne une certaine souplesse, mais en fonction de choses qui existent
aujourd'hui et qui nous permettraient de régler quelques cas. C'est
l'exception dans un cas comme celui-là.
M. Trudel: Oui, le corridor n'est pas très serré,
là.
M. Côté (Charlesbourg): Bien...
M. Trudel: je comprends ce que vous voulez dire, ça permet
de régler des cas qui sont dans un corridor serré, mais
là, le corridor qu'on dessine ici est très large.
M. Gaudreau: II permet une norme réglementaire. La norme
réglementaire va se discuter comme toute autre, avec une
prépublication et une adoption. S'il n'y a pas de norme ou de
règlement...
M. Trudel: Est-ce que le ministre serait disposé, on
pourrait dire, à baliser encoredavantage le pouvoir
réglementaire en y ajoutant une disposition qui oblige, avant l'adoption
au Conseil des ministres du règlement concerné, de changement de
norme, donc, de revenir devant la
commission des affaires sociales pour consultation avant? Enfin, on a vu
dans certaines lois le ministre, ou la responsable en termes de... Parce qu'il
y a danger de dérive là. On dit: On va limiter la dérive,
on ne s'en limitera pas à la simple bonne intention, aux bonnes
intentions, mais on la balise en disant: On va s'obliger à un exercice
qui n'est pas lourd, quand môme, qui dit: Si je modifie, par
règlement, je viens en commission des affaires sociales, dans le fond
une commission de l'Assemblée nationale, pour examiner les modifications
que je veux proposer. Et s) ces modifications ne sont que d'ordre technique et
ne débordent pas franchement un corridor de ce que le ministre pourrait
appeler raisonnable, une philosophie, bien ça ne brime pas la
liberté du ministre de proposer des arrangements administratifs
nécessaires.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, ma première
réaction à ça est qu'on s'est doté d'un
mécanisme d'approbation du pouvoir réglementaire qui passe par
décret, et qui est prépublié, ce qui n'était pas le
cas avant, et qui est publié par la suite. Donc, un processus qui est
plus long, plus transparent aussi que ce qu'on a connu auparavant. C'est
déjà une amélioration considérable. Si j'acceptais,
ce matin, de le faire pour ce pouvoir réglementaire là, pourquoi
pas pour les autres? Et on va se retrouver en commission parlementaire 300
jours par année dans un ministère comme le nôtre, et je ne
suis pas sûr que c'est ça que cherche le législateur. Dans
ces conditions-là, quant à moi, et ce n'est pas moi qui vais le
vivre, je préfère qu'on incorpore à l'intérieur de
la loi actuelle, 20, avec tous les problèmes que ça va supposer
pour les exceptions, mais on va vivre avec. Moi, je n'ai pas de problème
majeur parce que ça fait 20 ans que c'est ça. On va le mettre
dedans et il va rester là à 20 et évidemment, au bout de
la ligne, ça créera des embêtements à un certain
nombre, pas très élevé, mais une certaine situation
où on souhaiterait avoir des règles un petit peu plus souples
pour les régler et non pas ouvrir la porte indéfiniment. Donc, je
comprends que votre crainte est davantage pour celui ou celle qui va me
remplacer que de moi-même. Je vous remercie de ce témoignage de
confiance; à l'occasion, ça fait plaisir. (10 h 15)
M. Trudel: C'est à la marge? C'est quoi? C'est les 21-25
que...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais demander à Me
Gaudreau de vous donner l'exemple qui a été vécu, à
un certain moment donné, qui est l'exemple de Michel-Sarrazin à
Québec.
Le Président (M. Joly): Me Gaudreau.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va peut-être
illustrer...
M. Gaudreau: En raison de la norme actuelle dans la loi qui est
20, un centre comme la Maison Michei-Sarrazin qui aurait voulu partir son
centre à 25, on lui disait non, parce que, sinon, vous allez devenir
public à plein, avec un conseil d'administration et tout ce que
ça comporte. Vous voulez être sans but lucratif mais
bénéficier de la situation privée, vous allez devoir
rester à 20. Une situation comme ça aurait permis, à la
limite, d'envisager une modification réglementaire pour permettre 25.
Mais il faut toujours analyser, bien sûr, ces situations qui se
présentent. Il ne faut pas oublier une chose, les
établissements...
M. Trudel: Par règlement, le ministre...
M. Gaudreau: Pas des cas ad hoc, c'est bien sûr, mais
relever la marge parce que rendu dans les années quatre-vingt-dix on
dit: 20, ce n'est pas...
M. Trudel: On va le relever. M. Gaudreau: Pardon?
M. Trudel: Parce qu'un pouvoir réglementaire, là,
ça va être 25, il va vous arriver des cas à 26, il va vous
arriver des cas à 32 et il va vous arriver des cas à 41, à
45 et à 50 et là, c'est sans fin.
M. Gaudreau: C'est la responsabilité du ministre
d'apprécier...
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'est toujours le
problème, à partir du moment où on met un chiffre.
M. Gaudreau:... à l'assemblée nationale ou par
règlement. il faut avoir apprécié qu'il faut relever le
niveau, sinon 20, c'est les annnées soixante-dix, puis on est rendu aux
années quatre-vingt-dix et en bas de 30... par exemple, c'est ridicule
de penser de faire un public en bas de 30 parce que tous les publics sont
à 50 et plus. c'est rendu que nos pavillons d'hébergement, qui
sont purement des installations privées, sont à 30. ils ne
constituent pas des établissements en soi. ils constituent une
installation d'un établissement public, mais on leur permet 30. alors
qu'un établissement public à 21, ça lui prend un gros
conseil d'administration de 15 personnes avec les autres modalités qui
s'appliquent aux établissements publics. ça n'empêche pas
qu'on continue de le financer comme un public qui reçoit 100 % de son
financement, mais on lui élimine cet assujettissement à des
normes beaucoup trop ardues ou douleureuses à appliquer parce que...
M. Trudel: Je comprends que sur l'application, dans
l'administration concrète, c'est plus
facile, sur le plan de la gestion administrative, d'avoir un pouvoir
réglementaire qui permet de I faire varier la norme, sauf que dans votre
illustration, quand on est rendu à 30 - et ça, ça peut se
discuter sans fin - à 35 ou à 40, il y a peut-être quelque
chose là qui justifie justement qu'on est un conseil d'administration de
nature de ceux prévus aux dispositions de la loi parce que là, on
élargit tellement le service que ça justifie que le public soit
là autour. Parce que vous le dites bien, c'est l'argent du public, c'est
l'argent de l'État, c'est le financement de l'État qui arrive
dans cet établissement-là sans but lucratif. C'est pour ça
qu'on se donne des conseils d'administration dans les établissements de
nature publique. Alors, si votre problème c'est de se rendre à
30, bien, indiquons-le à 30 ici. Et vous dites: s'ajuster aux
années que l'on vit. Bon, bien, rendons-nous à la norme qui le
justifie actuellement, aux années quatre-vingt-dix, et mettons-le
à 30 et on fixe une barre quelque part.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, moi,
je suis prêt à accepter qu'on inclue ce qui est le cas depuis 20
ans et tout le monde vivra avec, qu'on mette, à l'intérieur de la
loi, le 20. À ce moment-là, ça va très bien
démontrer que l'intention n'est pas une ouverture grande à la
privatisation. Si ça peut sécuriser tout le monde... Ça va
causer certains problèmes administratifs. Si on a vécu avec
pendant 20 ans, on va continuer de vivre avec et les gens en subiront les
conséquences. Moi, je ne m'accrocherai pas pendant une heure pour une
règle comme celle-là.
Le Président (M. Joly): Aimeriez-vous, à ce
moment-là, M. le ministre, retirer l'amendement que vous avez et
reformuler l'amendement total, complet?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): Entre-temps, nous pourrions
suspendre l'article 69.
M. Trudel: Si vous pensez par ailleurs que, sur le plan
strictement administratif, il serait plus raisonnable et que ça nous
permettrait de régler une bonne partie des cas qui sont apparus en le
mettant à 30, on va accepter à 30.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ça ne
règle pas plus.
M. Gaudreau: Ce n'est pas l'exercice qu'on a fait en ce faisant.
C'est purement une norme qui fixe un chiffre dans une loi, qu'elle ne soit pas
bloquée pour 20 ans à venir, mais permette à une
administration...
M. Trudel: Mettons-là à 20.
Le Président (M. Joly): Alors, nous suspendons et
l'amendement et l'article 69, temporairement, pour y revenir sous peu.
J'appelle l'article 70.
Fonctions
M. Côté (Charlesbourg): "Les établissements
ont pour fonction d'assurer la prestation de services de santé ou de
services sociaux de qualité, qui soient continus, accessibles et
respectueux des droits des personnes et qui visent à réduire ou
à solutionner les problèmes de santé et de bien-être
et à satisfaire des besoins des groupes de la population. À cette
fin, ils doivent gérer avec efficacité et efficience leurs
ressources humaines, matérielles et financières et collaborer
avec les autres intervenants du milieu." Il n'y a pas d'amendement. C'est un
des seuls articles où on n'a eu aucun commentaire de personne.
Le Président (M. Joly): Ça laisse supposer qu'on ne
devrait pas en avoir non plus de l'autre côté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Non, on va juste avoir... On va au moins...
M. Côté (Charlesbourg): C'était une
tentative, M. le Président...
M. Trudel: C'était une tentative.
M. Côté (Charlesbourg): ...mais qui...
M. Trudel: Alors, vous savez, il y a des crédits
universitaires en termes de cours quasiment de 90 heures pour définir ce
que veulent dire l'efficacité et l'efficience. Alors, que signifient
là, l'efficacité et l'efficience de leurs ressources humaines,
matérielles et financières et collaborer avec les autres
intervenants du milieu parce que sur ça, il y a eu des commentaires
là-dessus.
Le Président (M. Joly): M. Lamarche, on vous
reconnaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. Lamarche a une notion de
ça dans ses services.
M. Lamarche (Paul-A.): M. le Président, je n'ai pas suivi
les 90 heures auxquelles M. Trudel faisait allusion, peut-être 3 heures.
La notion d'efficacité est davantage en termes de résultat qui
atteint la notion d'efficience et la quantité d'intrants sur la
quantité de produits faits. Donc, efficience, c'est davantage de
gérer correctement les ressources. Efficacité, c'est ce que
l'utilisation de ces ressources-là donne au
niveau des citoyens ou des usagers et de la population. Donc,
efficacité, c'est résultat, efficience, c'est pour employer le
terme français, intrants sur extrants. C'est plus l'utilisation des
ressources, pour efficience, et efficacité, c'est ce que ça
donne.
Le Président (M. Joly): Un petit commentaire. Vous auriez
sûrement perdu votre temps, si vous aviez assisté plus de trois
heures, parce que vous aviez déjà très bien
contrôlé votre matière.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Alors, compte tenu de
l'expérience passée comme recteur du député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, probablement que je pourrais
libérer, après la commission parlementaire, M. Lamarche, qui, en
quelques minutes, pourra expliquer aux professeurs qui ont pris plusieurs
années à le définir.
Le Président (M. Joly): Je pense que si ça peut
aider la cause...
M. Trudel: Et c'est pour ça que ce qui correspond souvent
à cette vision des choses, c'est ce quej'appelle souvent...
Ça l'amènerait peut-être à piquer la crise du
recteur, comme le ministre la pique souvent, sa crise, par rapport au projet de
loi qui est devant nous. C'est-à-dire qu'un bon matin tu décides
que, bon, ça va marcher dans cette université-là de
façon efficace et efficiente et c'est toi qui vas donner la
définition.
Aussitôt, par exemple, que tu as rencontré les intervenants
des différentes disciplines, tu t'aperçois qu'il y a plusieurs
définitions à efficacité et efficience...
M. Côté (Charlesbourg): Mais on s'aperçoit
surtout d'une chose, c'est qu'il y a de la place pour l'efficience et
l'efficacité.
M. Trudel: Ah, ça, ça dépend toujours de la
définition qu'on lui a donnée, qui lui est donnée. Puis
ça, est-ce que ça pourrait signifier l'introduction, dans les
établissements, de la notion de vérification
intégrée, ou de vérification globale? Parce qu'il y a une
école de pensée qui se propage que si on fait appel au concept
d'efficience, c'est-à-dire les ressources financières et les
ressources humaines, la résultante recherchée ça nous
demanderait de faire de la vérification intégrée. Et
est-ce que c'est une direction que pourrait prendre, par exemple, liée
à la notion de services de qualité que nous pourrions prendre
dans le réseau?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Trudel: Et,
est-ce que....
M. Côté (Charlesbourg): Ça ne veut pas dire
qu'il n'y en a pas actuellement, il y en a. Ça veut dire qu'elle
pourrait prendre un peu plus de place qu'elle n'en prend maintenant.
M. Trudel: Et est-ce qu'il y a des références
précises à la vérification, en quelque sorte, de cette
notion de l'efficacité et de l'efficience dans le présent projet
de loi ou si c'est par d'autres moyens, par le moyen des directives qu'on
entend implanter cette philosophie au niveau des établissements?
Le Président (M. Joly): M. Lamarche, est-ce que vous
aimeriez ajouter quelque chose?
M. Lamarche: M. le Président, dans le fond, ces
notions-là vont revenir à peu près à deux endroits:
un au niveau plus global qui est au niveau de la région, où c'est
la notion de programmes. On a mentionné qu'on voulait effectivement
tenter de fixer certains résultats à des programmes, et
ça, ça visait davantage la notion d'efficacité, pour faire
un lien entre un objectif qu'on veut atteindre et puis un programme au niveau
d'une région. Et donc, ça va revenir encore.
Au niveau des établissements, oui, le ministère a
actuellement des expériences de vérification
intégrée dans 15 établissements qui tentent effectivement
de composer avec les 2 volets, tant l'efficience que l'efficacité.
Donc, c'est oui, il y a des poignées, c'est sûr, ou des
leviers d'action pour être capable de mettre en force ces deux
éléments-là, puis aussi des systèmes d'information
qui supportent ça. Il y a des expériences là, que
ça soit SIDOCI, ou d'autres expériences pour être capable
de procurer les systèmes d'information là-dessus.
M. Trudel: Puis ça, est-ce que c'est dans le... Bon, vous
dites que c'est a titre d'expérience dans 15 établissements
à peu près. Est-ce qu'il y a des intentions de
véritablement en faire une politique de réseau?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Au cours des
dernières années, beaucoup d'initiatives du réseau et du
ministère, et à la fois financées par le réseau et
le ministère, pour tenter d'en arriver à isoler un certain nombre
de données qui permettraient effectivement de voir l'efficacité
et l'efficience, et c'est un peu ce dont M. Lamarche faisait état
tantôt avec SIDOCI. D'autres projets qui sont dans la région de
Sherbrooke, Anna-Laberge, l'hôpital Sainte-Justine,
Saint-François-d'Assise, ici à Québec, qui sont dans des
domaines à ce moment-ci exploratoires, sans qu'il y ait de conclusion
finale de tirée à ce moment-là. (10 h 30)
Chaque conseil d'administration a l'obliga-
tion d'engager ses vérificateurs sur le plan de sa gestion
régulière, selon les normes reconnues actuellement. L'orientation
qu'on prend dans la réforme, on dit: Le rôle du ministère
va changer, le rôle du ministère va être d'être
là avant pour établir des politiques, des programmes, des
objectifs et de faire en sorte que l'allocation de l'argent se fasse par
programme avec des objectifs, des résultats pour chacun des
établissements qui bénéficiera de ces programmes pendant
l'exercice. Donc, dans le pendant, le ministère ne sera pas là,
mais aura l'obligation, par la suite, d'être plus fort qu'il ne l'est
maintenant, sur le plan de la vérification de la qualité -
j'hésite à employer ce terme-là, parce que mon
collègue Tremblay l'a déjà employé - la
qualité totale. Mais c'est bon partout, la qualité totale. Et
c'est aussi bon dans le réseau de la santé et des services
sociaux. Et, à partir de ce moment-là, c'est ça que nous
allons mettre en place à la suite des expériences qui sont
menées un petit peu partout, là, qui vont amener de l'eau au
moulin pour trouver les outils dont on a besoin.
M. Trudel: Et ça ira de pair avec l'implantation, par
programme, de la budgétisation par programme dans le système et
dans les établissements.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça qu'est notre
intention.
M. Trudel: Et quant à la notion, pour les
établissements, de fournir des services qui soient continus, accessibles
et respectueux, est-ce que, pour la notion des services qui soient continus,
ça implique ici des pouvoirs exceptionnels au ministre, en
matière d'assurer la continuité des services?
M. Côté (Charlesbourg): M. Lamarche.
Le Président (M. Joly): M. Lamarche. C'est à
vous.
M. Lamarche: La notion de continuité fait appel à
deux dimensions: une continuité dans le temps, c'est-à-dire
s'assurer effectivement que les services puissent être procurés au
fur et à mesure que les besoins évoluent comme tels. Ça,
je pense que le réseau et les établissements ont certaines
responsabilités actuellement de le faire, et une responsabilité
dans l'espace, une continuité dans l'espace lorsqu'il y a un transfert
d'un établissement à l'autre. Et là-dedans, je pense qu'il
y a plusieurs mécanismes qu'on a tenté de mettre en place dans le
projet de loi. Le premier mécanisme, c'est un peu le conseil
d'administration unifié, si je parle au niveau macro, qui va
effectivement gérer un ensemble de ressources pour être capable de
faire circuler, j'espère, plus correctement, les patients à
l'intérieur de ça. Mais plus que ça, quand on a
regardé les missions des établissements, la responsabilité
d'un établissement est justement de ne pas laisser un usager sortir,
effectivement, si les besoins sont là, sans s'assurer qu'il y a une
prise en charge par la suite. Et d'ailleurs, c'a fait beaucoup l'object de
discussions, hier, lorsqu'on a parlé des missions et surtout des centres
de réadaptation.
M. Trudel: Mais prenons un cas tout à fait au hasard,
où il y a interruption ou, à toutes fins utiles, interruption de
la prestation de services médicaux par les médecins dans des
établissements de santé. Est-ce que le ministre pourrait faire
appel à cet article général pour obliger également
les personnes évidemment qui interviennent dans les
établissements? Parce que l'établissement en soi ne donne pas de
services - on l'a vu hier - c'est des personnes à l'intérieur,
qui font partie de cet établissement-là, qui fournissent la
prestation-services. Est-ce que la dimension des services continus, accessibles
et respectueux pourrait être invoquée par le ministre pour mettre
fin au contrôle de la prestation de services dans l'établissement
par des personnes désignées pour rendre tels types de services et
qui sont, par ailleurs, payés en vertu de toute autre loi?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est toujours
une possibilité qui peut être invoquée. Je ne sais pas
jusqu'où on pourrait aller devant les tribunaux. Évidemment,
à l'occasion, il y a des jugements qui sortent et on est un petit peu
surpris parce qu'on n'a pas la même évaluation. Mais ça,
c'est le propre d'un tribunal de juger à la lumière des faits qui
sont portés à sa connaissance, que nous pouvons contester par des
moyens qu'on connaît, en appel et ainsi de suite. Ça, c'est la
règle qui nous régit. Il y a, bien sûr, la Loi sur les
services essentiels qui peut s'appliquer ou une décision qui peut
être gouvernementale dans des situations plus serrées d'une loi
spéciale, mais ce n'est pas là que serait la poignée
principale pour répondre à l'objet spécifique que vous
évoquez.
M. Trudel: De l'autre côté maintenant, de l'autre
bout de la lorgnette, est-ce qu'un citoyen, une citoyenne, un
Québécois, une Québécoise pourrait invoquer
l'article 70 qui demande aux établissements d'assurer une prestation de
services en matière de santé et de services sociaux, et que ces
services-là soient continus et accessibles pour en arriver à ce
qu'un établissement le reçoive, l'accueille et lui donne les
services nécessaires parce que la disposition générale de
l'établissement lui fait le devoir d'être accessible et de
répondre à des besoins? Ce n'est pas accessible pour rien, c'est
pour répondre à des besoins. Et, dans ce sens-là, je vous
le dis très carrément, est-ce qu'on ne pourrait pas se servir de
cette notion d'accès-
sibilité combinée avec d'autres lois pour contester une
mesure comme le ticket, par exemple, comme n'importe quelle sorte de ticket
pour avoir des services? Est-ce que ça joue des deux bords?
M. Côté (Charlesbourg): Ça me rappelle des
discussions qu'on a eues. C'est plus 5, balisé par 13 aussi. On se
rappellera que c'est des articles qui sont déjà adoptés et
c'est là qu'est la continuité des services. À l'article 5,
balisé par 13, compte tenu de la disponibilité des ressources, si
on se rappelle, grosso modo. C'est davantage là que ça se
retrouve, malgré le fait qu'il y ait une notion de continuité
à 70.
M. Chevrette: Balisé par 13... M. Trudel: ...13 et
5.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas balisé par
13 et 5, 5 étant l'article qui assure les services, qui est
lui-même balisé par 13, alors que 70 s'adresse un peu à
l'ensemble des établissements, aux établissements.
M. Chevrette: C'est-à-dire, M. le ministre, que 5 et 13
reconnaissent des droits, consolident, figent les droits des Individus alors
que 70 crée l'obligation à un établissement.
M. Côté (Charlesbourg): À des
établissements.
M. Chevrette: ...à des établissements en fonction
des droits reconnus antérieurement à 5 et 13.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est ça.
M. Chevrette: Un ticket modérateur ou orienteur,
appelez-le comme vous voudrez, un ticket qui aurait pour effet de
détourner un individu qui voudrait aller dans un établissement
recevoir des soins, est-ce que ça ne pourrait pas devenir
illégal, en fonction de l'article 70?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne pense pas. Mais,
évidemment, la question est bonne. Je ne crois pas.
M. Chevrette: Vous dites que vous ne croyez pas.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Mais si on relit 70, "...ils doivent gérer
avec efficacité et efficience leurs ressources humaines,
matérielles et financières et collaborer avec les autres
intervenants du milieu." Quelqu'un se présente dans un
établissement. On lui dit: Toi, si tu n'as pas ton 10 $ ou si tu n'as
pas ton 5 $, salut! Va-t-en ailleurs. On lui a reconnu le droit, en vertu de 5,
à des services continus de qualité. En vertu de 13, on lui donne
même le choix de choisir son professionnel. Et son professionnel est
à l'urgence et on l'achemine vers un CLSC, par exemple, ou c'est le
contraire. Qu'est-ce que vous faites avec le ticket modérateur? Il ne
vient pas briser le droit que vous reconnaissez à 5 et que vous
consolidez par 13?
M. Côté (Charlesbourg): Non, parce que le 5, c'est
le droit de l'usager de recevoir des services en continuité. Et ce que
fait le ticket, pas modérateur mais orienteur, il oriente à une
ressource qui est là, qui est disponible, qui est accessible et qui est
gratuite, le service dont il a besoin et qui, d'autre part, est aussi
donné là. Parce que autrement, on devrait se retrouver dans une
situation où tous les établissements offriraient tous les
services et ça, ça ne marche pas.
M. Chevrette: Je vais y aller autrement. Un individu est suivi
pour une maladie bien spécifique, des crises d'asthme ou du genre,
ça ne se contrôle pas, ça, ce n'est pas sur piton. Mon
spécialiste est rendu au CLSC à 9 h 10, donc, je vais attendre 9
h 10 pour être malade. Il s'adonne qu'il est à l'urgence au moment
où il veut le voir. Il doit donc payer son ticket orienteur.
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est un
bénéficiaire qui a déjà été vu par un
professionnel, un spécialiste au centre hospitalier de
l'Enfant-Jésus et qui revoit son spécialiste dans la
continuité de ce qui a été diagnostiqué et
traité antérieurement, il n'est pas question qu'il y ait de
ticket orienteur là. C'a toujours été clair.
M. Chevrette: C'a toujours été clair où?
M. Côté (Charlesbourg): Je l'ai dit sur la place
publique.
M. Chevrette: Oui, vous l'avez dit mais dans les textes,
là, où est-ce qu'on va retrouver qu'un individu, après
avoir été diagnostiqué pour un objet, n'a plus de
réorientation de ticket, il va aller où est-ce que son
spécialiste, par exemple, peut être?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une continuité
de services et on verra, lorsqu'on abordera le ticket orienteur - que vous
attendez avec beaucoup de délices d'ailleurs...
M. Chevrette: Sans doute.
Une voix: Sur lequel vous allez être d'accord.
M. Chevrette: C'est moins sûr.
Une voix: C'est moins sûr un peu.
M. Chevrette: On peut même vous rassurer tout de suite, si
vous ne l'êtes pas. On va être contre.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Une voix:
Je ne comprends pas.
M. Chevrette: Mais, fondamentalement, au niveau du discours
politique par rapport au texte, je vous avoue que je n'ai pas retrouvé
ça, un, dans l'étude du projet de loi. Deux, par rapport au
principe du droit d'accessibilité et de la gratuité, il n'est pas
sûr, à ce moment-là, avec les textes qu'on retrouve au
niveau du projet de loi, que ce n'est pas une entrave au droit que vous
reconnaissez à 5 et 13.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on est là pour
tenter de faire la clarté des choses. Je pense que c'est le but de
l'exercice article par article. Je pense que jusqu'à maintenant on fait
la démonstration que... Lorsque la démonstration est faite que ce
n'est pas clair ou que ça ne va pas dans le sens qu'on s'entend, on fait
les modifications qu'on pense qui vont dans le sens qu'on s'entend. Donc, c'est
dans cet esprit-là. Moi, ce que j'ai dit sur la place publique au niveau
de la réforme, c'est à ça que je tiens. Et je pense que le
texte de loi a fait des efforts très importants dans sa première
facture déposée, qu'il a eu besoin de modifications, compte tenu
des échanges que nous avons eus avec beaucoup de monde et que si
ça en nécessite d'autres en cours de route pour aller dans ce que
nous avons dit sur la place publique comme réforme, écoutez,
là, il n'y a pas de fermeture ici. C'est très très clair.
Évidemment, nos légistes ont fait un travail de titan à ce
niveau-là. Ils ont une connaissance particulière du domaine de la
santé et des services sociaux. S'il y a des adaptations, des
consultations avec eux, bien sûr qu'on fera ce qu'on peut faire. (10 h
45)
M. Chevrette: Juste une dernière. Quand vous reliez
ça à l'article 71 qui viendra, il faut regarder les articles par
rapport aux autres. À l'article 71 vous dites: "L'établissement
doit notamment: "1° recevoir toute personne qui requiert ses services et
évaluer ses besoins;" O.K. On voit que vous créez l'obligation
à l'établissement à part de ça. Mais il y a une
question de ressources - et je reviens avec le ticket - financières. Il
ne l'a pas. Il n'a pas d'argent. Vous créez l'obligation à
l'établissement...
M. Côté (Charlesbourg): Qui n'a pas d'argent?
M. Chevrette: L'individu, le consommateur.
Le consommateur-payeur, parce qu'il y en a trois sortes et c'est le
même bonhomme, mais il n'en a pas d'argent.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous pensez qu'il
va être mis à la porte?
M. Chevrette: Je ne sais pas.
M. Côté (Charlesbourg): Voyons donc!
M. Chevrette: Je vous pose la question.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je comprends le
rôle de questionner et de tenter d'éviter que le ticket orienteur
devienne un frein à l'accessibilité à des services de
santé et des services sociaux, je comprends ça. Je l'ai dit assez
souvent, l'objectif sera atteint avec le ticket orienteur la journée
où on ne recevra pas un sou. Donc, ce n'est pas une question de piastres
et cents ni d'argent à ce moment-ci. Alors, ce n'est pas une question de
piastres et cents. Je pense qu'il faut qu'on se comprenne, je l'ai dit à
plusieurs reprises et je le répète, ce n'est pas une question de
laisser... Si le gars n'a pas son 5 $ dans ses poches, comme ça a
été dit... Il a dit: Moi, je ne pourrai pas être
reçu par le système puis soigne. Voyons donc! Ça serait
complètement à rencontre de tout ce qu'on essaie de faire sur le
plan de la réforme. Ce n'est pas ça qu'est l'idée et
d'aucune manière. Si jamais ça devait être cette
orientation-là qui transparaisse quelque part, bien on va la faire
disparaître, c'est tout.
M. Trudel: Est-ce que l'article 70, en ce qu'il campe les
fonctions des établissements dans le système de santé et
de services sociaux du Québec, est-ce que pour les
établissements, il est de l'intention du ministre, avec cet
article-là, de réaffirmer les principes de base de notre
régime de santé et de services sociaux qu'on s'est donné
autour des années soixante-dix, et qu'il s'agit d'inscrire dans les
fonctions des établissements? Par exemple, je complète, M. le
ministre, en disant: Vous venez d'affirmer qu'il n'est pas de l'intention ou de
la volonté du législateur de mettre des freins ou de refuser
l'accessibilité. Est-ce que l'article 70 est un article qui veut camper
la philosophie et la réaffirmation des principes fondamentaux tel que
nous le recommandait Rochon, après tant de mois et tant d'années
d'analyse du système, en disant: II y a des principes fondamentaux qui
font en sorte que la base de notre régime nous a donné un bon
régime, avec des corrections de trajectoire en matière de
dispensation de services. Est-ce que c'est ça, l'intention du
législateur, ici?
M. Côté (Charlesbourg): II faut le prendre tel qu'il
est, c'est oui. Et tel qu'il est à l'article 70, c'est: les
établissements. Donc, accessibilité
dans les établissements. On ne peut pas parler
d'accessibilité dans chaque établissement, de tous. Donc, si
c'était ça, demain matin, il faudrait faire de la cardiologie
dans tous les établissements hospitaliers du Québec, ça
n'a pas de bon sens! Les principes d'accessibilité, donc, les principes
fondamentaux du régime sont là, mais en prenant les
établissements comme un ensemble qui est accessible et non pas
l'établissement particulier devant être accessible dans toutes les
missions, dans tous les services. Ça n'a pas de bon sens.
M. Trudel: Non, non. Je n'infère pas ça dans mon
raisonnement.
M. Côté (Charlesbourg): II faut qu'on soit bien
clair parce que c'est...
M. Trudel: Oui. Je reviens sur le plan de la pratique.
Effectivement, les principes, il faut qu'ils s'incarnent à quelque part.
Ils s'incarnent par la voie des établissements, et ce qu'on dit ici, on
dit: Comme fonction, vos fonctions fondamentales dans notre système,
c'est d'assurer la prestation de services avec un "s", évidemment. Bon.
Et ces services, vous devez les fournir de façon continue, accessible et
respectueuse des droits des personnes. Alors, ce que je demandais au ministre,
c'est de dire: Est-ce que l'article 70 veut traduire, pour les
établissements, les principes fondamentaux de notre système, pas
du régime, mais du système de santé et de services sociaux
au Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Bon, si on relit Rochon, comme I le faut, quelle est
la première conclusion à laquelle en arrive Rochon après
avoir examiné de tous bords de tous côtés ce
système-là? Il dit: II y a trois principes fondamentaux qui font
qu'on a un bon régime, trois principes fondamentaux qui s'appellent:
l'universalité, l'accessibilité et la gratuité de la
prestation de services.
Le ministre répond oui à toutes mes questions,
répond oui, que c'est l'intention de transmettre dans les fonctions des
établissements les principes fondamentaux du système, sauf qu'il
en manque un, la gratuité.
M. Côté (Charlesbourg): II n'a jamais
été écrit dans la loi.
M. Trudel: Je ne veux pas savoir s'il a déjà
été écrit dans la loi ou pas.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais...
M. Trudel: Ma question, c'est de dire: Est-ce que quelque part,
dans nos textes législatifs, on donne suite aux recommandations de la
commission Rochon de réaffirmer clairement dans nos textes
législatifs les piliers de notre système de santé et de
services sociaux? Le ministre me dit: Oui. Et, quand j'arrive sur le fait qu'on
veut l'inscrire, il me dit: Ça n'a jamais été
marqué...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Trudel:
Pourquoi on le marquerait?
M. Côté (Charlesbourg): Un instant. Un instant Si
vous voulez une logique, on va la suivre, la logique. Le député
de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue nous dit: La commission Rochon - comme
lui seul est capable de le faire avec toute l'emphase qu'elle mérite -
la commission Rochon a dit, dans sa première recommandation, qu'y y
avait trois éléments extrêmement importants, des acquis
extraordinaires à notre système qui étaient:
l'universalité, l'accessbilité, la gratuité. Et ce qu'il
dit: Ce que je veux, c'est qu'on maintienne ça dans notre
système. Le message. Oui, bien sûr. Qu'on le maintienne tel qu'il
est. Si on dit que c'est ça qu'il faut maintenir comme acquis, c'est
votre discours, c'est le discours de tout le monde et c'est le nôtre, il
faut maintenir les acquis du système. Si c'est des acquis, c'est des
choses qui existent déjà.
Et si elles existent c'est parce qu'il y a eu une pratique qui,
tantôt, s'est inspirée de lois ou des lois. C'est là. On
n'en exclut pas d'aucune manière, à ce moment-ci, ils sont
là les trois. Et je le répète parce que je sais un peu
où vous voulez en venir, parce qu'en mettant un ticket orienteur sur la
table, à ce moment-ci, c'est plus tard qu'on va en discuter. Le ticket
orienteur, je vous le rappelle, fera toujours en sorte qu'il s'appliquera au
moment où il y aura des services accessibles et gratuits ailleurs. Et
l'objectif fondamental du ticket orienteur n'est pas de faire de l'argent, mais
d'orienter des personnes à des places où les services sont
donnés, donc, accessibles et gratuits.
M. Trudel: Là, vous êtes en train de me
réaffirmer que c'est de l'intention du législateur de confirmer
les éléments fondamentaux du régime, que vous êtes
pleinement d'accord avec ça, que c'est important de le
réaffirmer, que c'est disséminé, parfois, quant à
certains éléments dans certaines autres lois et, dans la loi sur
l'organisation du système des services de santé et services
sociaux au Québec, on n'en pariera pas. M. le ministre, il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas en quelque part.
M. Côté (Charlesbourg): D'abord. Il y a
peut-être juste une chose qu'il faut rappeler pour qu'on ne se perde pas
dans un débat. je sais que c'est antiparlementaire et je vais l'employer
- je vais l'employer pour vous et pour moi, donc, ce ne sera pas blessant pour
personne des deux. quant on dit au monde "gratuit", vous
êtes menteur et je suis menteur. Et tous ceux qui disent que le
système de santé et de services sociaux est gratuit, tout le
monde, c'est des menteurs parce qu'il y a quelqu'un qui paie en quelque part,
et c'est l'individu qui paie. Alors, arrêtons de faire accroire au monde
que le système de santé et de services sociaux, c'est un
système gratuit, ça n'a pas de bon sens ce qu'on dit là.
Ce n'est pas gratuit, c'est 12 000 000 000 $ que ça coûte et il y
a du monde qui le paie au bout de la ligne. Arrêtons de dire ça,
ça n'a pas de bon sens. Ce dont on parle, c'est d'accessibilité
aux services et on parle d'universalité des services. C'est ça
les principes fondamentaux du système et la société
québécoise s'est dit: II faut trouver un régime qui va
faire en sorte qu'on reçoive des services, peu importe notre condition
sociale et financière. C'était ça, à
l'époque. À l'époque, avant que ces
régimes-là arrivent, si vous étiez bon avec le maire, il
pouvait vous donner une petite carte, vous passiez parmi les pauvres de la gang
et vous aviez accès au système pour vous faire soigner.
C'était comme ça que ça fonctionnait. Moi, je le sais, je
l'ai vécu chez nous avec un de mes frères. C'est ça qu'on
a voulu corriger pour que l'accessibilité soit à l'ensemble des
individus du Québec, acceptant que le fédéral en paie une
partie, que les employeurs en paient une partie et que le fonds
consolidé du Québec en paie une partie.
Ce n'est pas vrai quand on dit au monde que c'est gratuit. Je dois vous
dire que je suis tanné qu'on me dise que c'est un système qui est
gratuit, il n'est pas gratuit, le système.
M. Chevrette: La gratuité est dans la prestation du geste.
Au moment où tu reçois l'acte, il y a une gratuité. On ne
dit pas... Sur le plan théorique de discussion, c'est clair que c'est
les impôts des Québécois qui paient le système. On
se paie des services collectifs. Mais il y a une différence entre
imposer un ticket à celui qui reçoit l'acte par rapport au
paiement global qu'on a à effectuer comme collectivité.
L'individu, il a vraiment une gratuité vis-à-vis de lui, au
moment de la prestation des services: gratuité, universalité,
accessibilité, tous les grands principes qu'on a reconnus. Je pense que
quand on fait le débat pour dire qui paie, c'est une collectivité
qui se paie des services, mais les bénéficiaires, eux,
bénéficient de la gratuité. C'est ça qui est en
cause; c'est ça que mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue dit.
Quand tu Imposes un ticket ou un impôt à rebours, tu viens
donc affecter la gratuité suite à la prestation de services.
C'est clair. Alors que, socialement, dans les années 1971 et suivantes,
ce qu'on a décidé, c'était de se payer un système
où l'individu recevrait gratuitement des services quand il irait en
chercher, mais pour lequel il contribuerait, de par son système
d'impôt, à s'établir cette gratuité au moment
où il a à toucher un service. C'est ça, le raisonnement
qu'il faut faire là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Là-dessus, la
discussion est bonne parce que, de part et d'autre, je pense qu'il y a
probablement bien des mythes qui vont tomber. Il ne faut pas donner de vertu au
ticket orienteur qu'il n'a pas; il ne faut pas lui donner non plus de
défaut qu'il n'a pas. (11 heures)
Qu'est-ce qui en est, aujourd'hui? Est-ce qu'effectivement il y a de
l'orientation ou il n'y en a pas dans le système? La question est
simple. Il y a de l'orientation dans le système. C'est un
phénomène qui existe. Vous allez orienter des gens pour de la
qualité; vous allez orienter des gens pour de la
référence. Il y a donc déjà, à ce moment-ci,
une question d'orientation pour des fins d'efficacité de soins, par
exemple, parce que vous n'êtes pas à la bonne place et puis que
vous allez être mieux traité si vous allez voir tel ou tel
spécialiste qu'un généraliste. Je pense que ça
m'apparaît assez important. Le ticket orienteur est un moyen additionnel
qu'on se donne pour faire en sorte qu'on donne plus d'efficacité
à notre système en référant l'individu à des
services qui sont accessibles et qui sont gratuits ailleurs.
Finalement, je pense que c'est ça qui est l'objectif de base.
Ça ne remet pas du tout en question, quant à moi, la
gratuité à ce niveau-là. Si quelqu'un me faisait la
démonstration que ça remettait en cause la gratuité,
fondamentalement, comme objectif, je te dis que j'y repenserais. La
gratuité et l'accessibilité, ça...
M. Chevrette: Mais depuis quelques années, M. le ministre,
dans les urgences, vous avez mis des infirmières - ça a
commencé il y a cinq ou six ans là - qui font la sélection
des patients à l'entrée à l'urgence, pour savoir s'il y a
une urgence urgente ou bien si c'est moins urgent, de sorte que tu peux passer
les urgences prioritaires. Ça se fait ça.
Quand vous le référez à un spécialiste, vous
n'êtes pas obligé de lui charger 5 $, vous l'envoyez. Vous
décidez et puis vous dites: Toi, tu vas être mieux traité
par un spécialiste que par un omni. Quelle différence il y a
entre ça et entrer à l'hôpital présentement, avec
les infirmières qui font une sélection et qui, en apercevant une
petite égratignure ici là, disent: Écoute là, va
donc au CLSC, ils vont te faire ça beaucoup plus vite. Ici, tu vas
être obligé d'attendre peut-être deux heures, deux heures et
demie. Vous n'êtes pas obligé de charger 5 $ pour dire ça.
Vous pouvez dire: Va donc à la clinique privée, il y en a une
d'ouverte sur le coin là, je ne sais pas moi, vas-y. Mais non, c'est 5
$. Voyons!
Le principe, ils l'ont essayé en Suède, je crois, et je le
dis sous réserve parce que je
pense que c'est en Suède qu'il a été tenté
le ticket orienteur ou modérateur...
M. Côté (Charlesbourg): Norvège.
M. Chevrette: Ah! c'est en Norvège,je savais que
c'était dans les pays Scandinaves.
M. Côté (Charlesbourg): il est encore là.
M. Chevrette: mais il y a des endroits où ms l'ont
essayé et iis l'ont abandonné.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais pas en...
M. Chevrette: Puis moi, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait
pas décider, que tu sois riche ou que tu sois pauvre, que, quand
t'arrives à l'hôpital, Us regardent ton bobo et puis Us te disent:
Toi, tu t'en vas là. Mais, si je suis riche et qu'après avoir
regardé mon bobo, ils me disent que je serais mieux d'aller au CLSC...
Aie! Comment ça te prend pour que je passe ici? Un 10 $ sur le coin de
la table et puis je passe ici. Ça, ça fausse le système.
C'est de ça que j'ai peur.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, moi aussi, je partage
ces craintes-là. Si j'avais un objectif financier, je m'assoirais dans
mon fauteul puis je me dirais: Oui, effectivement, il y a ces risques, mais,
comme notre objectif est financier, on en a besoin absolument et puis c'est
ça qu'on vise. Mais ce n'est pas ça qui est visé.
Je vais peut-être revenir avec un exemple et une question. Prenons
l'exemple de l'Angleterre, parce que, évidemment, on 6'inspire toujours
de ce qui se passe ailleurs. Comment ça fonctionne en Angleterre? En
Angleterre, ce n'est pas compliqué, non, non.
M. Trudel: On s'inspire toujours des autres. Est-ce que tes
autres ne pourraient pas s'inspirer de nous autres aussi des fois?
M. Côté (Charlesbourg): Aussi, aussi. Aussi, et je
pense, évidemment, que de mettre sur la table un certain nombre de
questions à ce moment-ci... Et la France vient d'imiter l'Angle-terre.
C'est pour ça que, quand on parte de s'inspirer des autres...
En Angleterre, l'individu doit être inscrit sur la liste d'un
omnipraticien, jusqu'à 3000 personnes par omni, maximum, selon un mode
de rémunération qui est établi, et, pour le patient
là, l'accessibilité c'est là. Tu vas là et, par la
suite, tu vas ailleurs sur référence. Tu ne peux pas aller
ailleurs. Ça, c'est le modèle de l'Angleterre.
Qu'est-ce qui se passe en France? C'est récent ça, c'est
il y a quelques semaines. Une fédération médicale a
effectivement signé... une sur un certain nombre, je ne sais pas comment
il y en a, mais les autres ont refusé d'examiner ou d'embarquer dans un
plan comme celui-là où il y aurait abonnement, si on peut
s'exprimer ainsi, de l'individu à un cabinet privé, à un
médecin qui va lui dispenser les services de première ligne.
La deuxième phase de l'Angleterre, c'est la prise en charge
totale de l'individu, à partir du moment où une clinique
privée regroupe au moins 11 000 abonnés. On s'en va dans la
deuxième phase. On va lui dire: On vous donne aussi des sous pour la
deuxième ligne, de telle sorte que vous allez avoir davantage de
pression ou d'Intérêt à une prévention plus large de
l'in-dividu, puisque moins les gens vont être malades, plus ils vont
être soignés en prévention, moins ils vont se retrouver en
deuxième ligne, moins ça va être coûteux et vous en
aurez les bénéfices.
On n'en est pas là, mais c'est des expériences qui se font
auteurs aussi. En Norvège et en Finlande, qui ne sont pas quand
même pas considérés comme les pays les plus à
droite, l'expérience du ticket orienteur a été
implantée, alors que le ticket modérateur a été
essayé dans certains cas et éliminé. Modérateur,
c'est autre chose, modérateur, c'est que tout le monde paie partout
quand il y va, peu importe la condition économique, donc c'est bien
différent. moi, je poserais peut-être juste une question au
député de joliette, si ça m'est permis, là, qui a
une bonne expérience de l'administration - pas parce que je veux dire
que le député de rouvn-noranda-témiscamingue n'en a pas;
il l'a dans le domaine de l'education de manière plus importante que
dans le domaine de la santé - ayant été ministre: est-ce
que c'est acceptable qu'on ait une clinique sans rendez-vous dans un centre
hospitalier universitaire? prenons ça au centre-ville de
montréal, dans un centre hospitalier universitaire?
M. Chevrette: Clinique spécialisée?
M. Côté (Charlesbourg): Non, une clinique sans
rendez-vous, point, de première ligne. Est-ce que ce ne serait pas plus
approprié de se retrouver dans un cabinet privé, dans un CLSC qui
donne des services de première ligne, que de se retrouver dans un centre
hospitalier universitaire où on va renforcer - et il y en a - cette
mission-là qui est une mission de deuxième, de troisième
et même, dans oertains cas, de quatrième ligne?
M. Chevrette: Est-ce que c'est normal qu'il y ait une clinique de
première ligne, si j'ai bien compris?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Une clinique de première ligne dans un
centre universitaire, ce n'est pas a priori inconcevable, ça
dépend des possibilités du
milieu à côté. Moi, je reconnais que tout est
conditionnel à l'organisation générale.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Mais, c'est
exactement ce que veut faire le ticket.
M. Chevrette: Mais, ce n'est pas nécessairement la
question du ticket, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Non. Ce n'est pas
nécessairement la question du ticket, mais c'est parce que, comme la
discussion tourne autour du ticket, vous me permettrez de me servir au moins de
ce que je peux, là.
M. Chevrette: Oui, je comprends. Mais c'est parce que si vous
reliez ça au ticket, M. le ministre, moi, écoutez, j'aborde
ça différemment. Je dis que, si on veut mettre de l'ordre entre
la première ligne et la deuxième ligne, ce n'est pas par de
l'argent qu'on va mettre de l'ordre; c'est par des missions bien
spécifiques, des noyaux durs, comme vous parlez. Pas besoin de charger 5
$ pour dire à quelqu'un: Tu vas être traité plus vite, plus
rapidement à telle place. Moi, c'est ça que je ne comprends
pas.
M. Côté (Charlesbourg): Oui...
M. Chevrette: Juste en collectant votre cinq, là...
M. Côté (Charlesbourg): Oui...
M. Chevrette:... vous créez un malaise et un
problème là. Je vais dire comme le député de
Verdun, vous allez créer des malaises dans les problèmes.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux pas ajouter
à la discussion, mais, dans toutes les réflexions qui ont
été faites, à un moment donné, on a même dit:
Effectivement, dans l'opinion publique, le fait de dire qu'on va collecter 5 $,
c'est négatif...
M. Chevrette: Ah!
M. Côté (Charlesbourg):... tu sais, oui, oui.
M. Chevrette: Ça me répugne!
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Ce n'est pas si
négatif que ça parce qu'il y a bien du monde qui est pour, sur le
plan des sondages. S'il est contre certaines affaires, ça, au moins, il
est pour, et ce n'est pas rien qu'un sondage qui l'a démontré.
Donc, c'est...
M. Chevrette: C'est un ensemble de faits de même qui
créent d'autres sondages.
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui! De toute
façon, vous pouvez....
M. Chevrette: Non, c'est vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Non. Vous pouvez vous
en réjouir, de toute façon, il y a une époque où je
m'en suis réjoui.
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): On reconnaît les
grands partis à leur capacité de se relever. Vous autres, vous ne
l'avez pas été dans cette période-là, donc on verra
si on sera capables. O. K. ? C'est une autre affaire, là, qui se
réglera en temps opportun.
On a même examiné la possibilité...
M. Chevrette: Ah!
M. Côté (Charlesbourg):... de donner un
crédit à quelqu'un qui effectivement se rendrait directement au
CLSC au lieu d'en arriver avec le ticket oriènteur. Évidemment,
ça crée toutes sortes de problèmes d'application, c'est
clair. Je ne dis pas que le ticket orienteur ne crée pas de
problème d'application, ce que je dis, c'est que c'est un moyen de faire
en sorte que les gens se retrouvent ailleurs, dans des ressources accessibles,
gratuites, sans fondamentalement brimer le droit de l'individu à des
services accessibles et gratuits.
M. Trudel: Mais, là-dessus, vous faites un choix. Il y a
deux choix possibles: ou je mise sur l'intelligence, sur la
compréhension, sur l'information, ou je mise sur la police, en mettant
un ticket. Alors, vous faites un choix, au niveau du moyen, pour en arriver
à ce que l'accessibilité s'exerce dans les endroits prévus
à cette fin. Voyez la démonstration qui est déjà
faite, soit à travers les sondages qui nous disent que, quand on veut
avoir le service, on est même prêt à payer 5 $ - parce qu'on
peut le prendre dans ce sens-là aussi - reliée à l'autre
phénomène qui se passe: les gens se présentent maintenant
aussi au CLSC le 5 $ à la main en disant: "C'est-u" ici pour avoir mes
services? Ça, c'est du façonnement de mentalité, parce
que, tantôt, ce qui va arriver, vous le savez bien. Tantôt, on va
avoir façonné les mentalités à se donner une
espèce de ticket modérateur; ça, c'est très
clair.
Alors, je dis que c'est sur le choix que vous faites en matière
d'accessibilité aux services: ou vous misez sur l'information... et
là vous avez déjà une belle démonstration, c'est
vous-même qui le dites, la Fédération des CLSC est venue le
dire en auditions publiques ici, que juste le fait d'annoncer que ce serait de
la véritable première ligne dans les CLSC: augmentation du volume
de 15 % à 20 %. Vous ne pouvez pas prendre ce pari-là? Vous ne
pouvez pas prendre le pari de l'intelligence, le pari de
l'information et le pari de l'orientation par les professionnels? Vous
ne pouvez pas prendre ça comme orientation?
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, on aura des
discussions quand arriveral'article concernant le ticket orienteur,
dépendamment du côté de la Chambre où on est. Je me
réjouis, moi, que le message ait été entendu par plusieurs
qui se sont déjà rendus au niveau du CLSC. On a un défi,
un défi très important. Et ça, je l'ai toujours dit et je
vais continuer de le dire, pour continuer ce pari-là, il faut qu'il y
ait des ressources et qu'elles soient aussi accessibles, donc ouvertes. C'est
clair que c'est un des moyens. Il y a un autre moyen qui est aussi à
l'intérieur des mesures, qui est l'information 24-7. C'est un moyen,
ça aussi. Donc, il y a une série de moyens pour tenter d'y
arriver. Évidemment, on fera des discussions définitivement plus
larges de l'impact quand on sera rendu là, mais ce sont des discussions
qu'on a et qu'on continuera d'avoir d'ici ce temps-là. Mais c'est un
moyen parmi tant d'autres.
Le Président (M. Joly): Oui, M.le
député de Salaberry-Soulanges, peut-être dans le même
ordre d'idées.
M. Chevrette: Est-ce que je peux proposer au ministre qu'on
arrête la discussion pour profiter du fait que mon spécialiste
des...
Le Président (M. Joly): Écoutez, je pense qu'il y
avait une question aussi dans l'air.
M. Chevrette: Ah! vas-y.
M. Côté (Charlesbourg): On veut revenir, à ce
moment-ci, à l'article 68, si je...
M. Chevrette: Oui, c'est Marie-Clarac ou bien l'exemple de
Marie-Clarac, pour comprendre le processus. Il y avait au moins - un, deux,
trois, quatre - cinq communautés religieuses.
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons suspendre
l'article 70. J'appelle l'article...
M. Chevrette: 68.
Dispositions générales (suite) Le Président (M.
Joly):... 68... M. Chevrette: C'est 68.
Le Président (M. Joly):... sur lequel il y avait
déjà un amendement. M. le député de Joliette,
est-ce que le monsieur qui vous accompagne sera celui qui va prendre la
parole?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Joly): Non? (11 h 15)
M. Chevrette: Probablement qu'on va pouvoir régler
ça très rapidement Hier soir, c'était très clair
dans la tête du notaire, ça ne l'était peut-être pas
dans la mienne. Les trois religieuses ou les trois membres - parce qu'on ne
doit pas dire religieuses - du conseil qui sont nommés sont bien les
trois membres issus de la corporation qui détient toujours les actifs
sur les immobilisations?
M. Gaudreau: Oui, et cette corporation...
M. Chevrette: Donc, du conseil d'administration qu'ils ont
été forcés de former en vertu de la loi 62, mais qu'ils
ont fait dans le cas des soeurs de la Charité, c'est-à-dire en
1971. C'est en 1971 qu'on a créé les conseils d'administration et
à l'époque, c'étaient quatre, si ma mémoire est
fidèle, qui venaient des communautés religieuses...
M. Gaudreau: Des membres.
M. Chevrette:... des membres. Quatre membres issus des
corporations propriétaires, c'est ça?
M. Gaudreau: De la corporation, du fait qu'elle était
propriétaire des immeubles.
M. Chevrette: O. K. Mais les trois, en vertu de l'amendement que
vous apportez, sont nommés à partir des membres actionnaires des
immobilisations.
M. Gaudreau: Toujours les mêmes membres, toujours les
mêmes représentations, sauf qu'ils vont venir en concurrence, dans
le cas des conseils unifiés, parce qu'ils n'auront pas chacun trois
membres au conseil d'administration; ils vont devoir se répartir, dans
le cas des conseils unifiés, ces trois places-là. C'est là
qu'est la particularité. Mais le cas de l'hôpital Marie--Clarac,
lorsqu'ils sont venus en commission, c'est qu'ils devaient, eux, perdre le
bénéfice d'un conseil propre, tomber sur un conseil territorial
de CLSC dans l'avant-projet; eux voyaient partir toute administration propre
à l'hôpital en plus d'une représentation partagée
avec d'autres établissements du territoire, tandis que là, avec
le projet de loi 120, ils reviennent avec un conseil malgré tout propre
à la gestion, à l'article 99, et une représentation qu'ils
vont exercer eux-mêmes, ils ne seront pas en concurrence avec
d'autres.
M. Chevrette: À toutes fins pratiques, c'est un peu un
statu que...
M. Gaudreau: On revient à la situation
actuelle.
M. Chevrette:... mais avec une possibilité, si j'ai bien
compris, en vertu de 99 et 103...
M. Côté (Charlesbourg): Un ménage. M.
Chevrette:... de faire un petit ménage... M. Côté
(Charlesbourg): Oui, oui.
M. Chevrette:... sans attaquer le droit de
propriété réel à ceux qui...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est ça. M.
Chevrette: Ça va.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement à
l'article 68 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Joly): L'article 68, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle à nouveau l'article
70.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait régler 69
à ce moment-ci, puisqu'on s'est déjà entendus, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Sûrement, M. le ministre.
Alors, je suspends l'article 70 et j'appelle l'article 69.
M. Côté (Charlesbourg): Remplacer, dans la
deuxième ligne du paragraphe 3°, les mots "d'usagers que le nombre
déterminé par règlement" par ce qui suit "de 20
usagers".
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
ministre. Si je comprends bien, M. le ministre, vous retirez le premier
amendement...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly):... pour introduire celui que vous
venez de nous lire?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): Donc, c'est fait. Donc,
l'amendement à l'article 69 est-il adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député?
M. Trudel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Merci. Donc, l'article 69, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Trudel: Adopté.
Fonctions (suite)
Le Président (M. Joly): Adopté, merci. J'appelle
à nouveau l'article 70.
M. Marcil: Ça avance, ça avance.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: M. le ministre, j'ai cru comprendre qu'on partageait
un corridor commun sur les principes fondamentaux. J'adhère aussi aux
auto-accusations que vous avez faites. De dire que vous êtes un menteur
et que je suis un menteur, ça on dit que c'est gratuit.
M. Chevrette: Vous seriez mieux d'être deux gars
francs.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce qu'on a
décidé d'être.
M. Trudel: Quant à la compréhension dans le sens
commun de services gratuits, je ne peux dire que j'adhère
complètement à ce que vous dites, mais la base de ce que vous
dites, j'adhère à cela, c'est-à-dire qu'on se les paient
collectivement. Ce qu'on veut dire - et je le donne sous réserve - c'est
un système qui n'exige pas des charges additionnelles individuelles, et
là, je le dis entre guillemets. Là-dessus, M. le ministre, quand
je dis "sans charges additionnelles individuelles", j'ai un problème,
effectivement. J'ai un problème aussi avec les frais
d'hébergement, les frais d'hôtellerie, et, là-dessus, je ne
veux pas faire sauter la barrure.
Ce que je veux simplement dire, c'est ceci. Si vous êtes d'accord
pour que nous cherchions à réaffirmer le caractère public,
gratuit de nos services, dans le contexte qu'on vient de donner, est-ce qu'on
peut se donner, et à votre appareil, le mandat de trouver une
formulation? Je vous dis bien honnêtement, je ne l'ai pas la formulation,
au lieu de vous présenter un amendement qui traduirait autre chose et
qui, à défaut, ne nous permettrait donc pas d'affirmer les
principes fondamentaux du système, de réaffirmer dans cet
article, pour les établissements, les éléments
fondamentaux de notre régime de santé et de services sociaux pour
lequel on a fait un choix. Je suis même prêt à convenir que,
si nous ne trouvons pas de formulation d'ici peu pour ce caractère
gratuit au sens où encore une fois je viens de le définir, je ne
poursuivrai pas la discussion devant l'impossibilité que les mots
décrivent la réalité. N'est-ce pas?
Le Président (M. Joly): M.le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M.le
Président, ce
que je suis prêt à faire... parce qu'il y a des
inquiétudes que vous avez que je partage. Cependant, I y a une pratique
que nous avons depuis plusieurs années où on s'est dit
tantôt une première vérité qui était: Ce
n'est pas vrai, ce n'est pas gratuit. Bon. Il y a quelqu'un qui paie quelque
part. Et ce n'est aussi pas vrai de continuer de laisser croire à la
population qu'étant accessibles, qu'étant universels les services
sont aussi, pour l'individu, totalement gratuits. Ce n'est pas vrai. Ce n'est
pas vrai. Il y a de multiples exemples acceptés par tout le monde comme
étant les règles de notre système même dit gratuit
où les gens doivent contribuer. Prenons un certain nombre d'exemples
pour bien se comprendre.
Notre système est accessible à un Américain, mais
il n'est pas gratuit ou à un étranger, mais il n'est pas gratuit.
La chirurgie esthétique, elle est accessible, mais ce n'est pas gratuit.
Est-ce qu'on peut dire que tous les médicaments dont a besoin un
individu sont gratuits? Non, en faisant exception des pharmacies à
l'extérieur. Ce n'est pas de ça qu'on vous parle. C'est la
clinique externe ou l'"ambulatoire". Non. Est-ce qu'on peut dire que, pour
quelqu'un qui décide de prendre une chambre privée ou
semi-privée dans un centre hospitalier, c'est gratuit? Non. Il doit en
payer une partie. Pour nos adultes hébergés dans des centres
hospitaliers de soins de longue durée ou dans des centres d'accueil, ce
n'est pas gratuit Et ça, c'est accepté comme étant un
système qui est assez généreux. C'est à peu
près ça qu'on peut se payer et encore avec certaines
difficultés.
Donc, 1 y a des réalités dont on doit tenir compte avant
de dire: Oui, effectivement, il faut bien le camper ou l'inscrire comme
ça dans la loi, sans savoir toutes les conséquences que ça
pourrait avoir. Ce que je suis prêt à proposer au
député de Rouyn-Noranda... Je pense qu'on a besoin d'une
réflexion. Adoptons 70, on se promet qu'on va revenir faire la
discussion en cours de route au niveau de la gratuité. Si on peut
trouver un moyen pour être capable de le mettre en tenant compte de ce
qu'on vient de se dire, en quelque part... Écoutez là, je pense
avoir démontré un petit peu d'ouverture depuis le début II
y a des choses sur lesquelles je ne pourrai pas dire oui, mais on pourra le
faire à ce moment-là et on fera le débat. Mettons en
réserve qu'on a un débat à compléter à ce
niveau-là. De notre côté, comme formation politique, il n'y
a pas jamais personne qui a dit jusqu'à maintenant qu'on remettait en
question l'accessibilité, l'universalité, la gratuité.
Bon. évidemment, on peut toujours se poser des questions sur
l'impôt-services, sur le ticket orienteur quant aux effets, mais,
fondamentalement, ces principes-là ne sont pas remis en cause de notre
point de vue. Mais on aura la discussion quand les articles viendront dans le
cas de la gratuité, bien, d'ici à ce qu'on termine, je pense
qu'on aura le temps. Moi, je vais mener une réflexion avec mes gens au
ministère en leur demandant d'être ouverts.
M. Trudel: Je conclus donc qu'on pourrait éventuellement -
je ne fais pas de condition sur la discussion - revenir même sur 70 si on
trouvait...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel:... une formulation pour le dire dans 70, dans les
affirmations.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Trudel:
J'accepte. Adopté. Le Président (M. Joly): Article 70
adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, M. le
Président comme on s'est entendu, pour laisser la chance au caucus du
Parti québécois de recevoir les médecins, pour
arrêter une heure-Avoir su que c'était possible, j'aurais pu
demander la même heure pour les recevoir mais je ne pensais pas que
c'était possible.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ce sera ma contribution -
et...
M. Trudel: Est-ce que...
M. Côté (Charlesbourg):... j'espère que vous
allez le dire aux médecins - à la transmission de l'information
que les médecins veulent bien me transmettre.
M. Trudel: Est-ce qu'il y aurait d'autres messages plus urgents
qu'on pourrait porter tout de suite aux médecins?
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Nous
ajournons nos travaux sine die.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
(Reprise à 15 h 41)
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, la
commission des affaires sociales reprend maintenant ses travaux. Lorsque nous
nous sommes quittés, nous étions à l'article 71. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): "L'établissement doit
notamment: "1° recevoir toute personne qui requiert ses services et
évaluer ses besoins; "2° dispenser lui-même les services de
santé
ou les services sociaux requis ou les faire dispenser par un
établissement, un organisme ou une personne avec lequel il a conclu une
entente de services visée à l'article 78; "3° veiller
à ce que les services qu'il dispense le soient en continuité et
en complémentarité avec ceux dispensés par les autres
établissements et les autres ressources de la région et que
l'organisation de ces services tienne compte des besoins de la population
à desservir; "4° diriger les personnes à qui il ne peut
dispenser certains services vers un autre établissement ou organisme qui
dispense ces services. "
Et il y a un papillon qui se lit comme suit: Insérer, dans la
deuxième ligne du paragraphe 4°, après le mot "organisme",
les mots "ou une autre personne".
Et l'article se lirait comme suit, M. le Président,
principalement le paragraphe 4°, pour ne pas étirer le temps
inutilement: "4" diriger les personnes à qui il ne peut dispenser
certains services vers un autre établissement ou organisme ou une autre
personne qui dispense ces services".
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'amendement est adopté? M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Sur la particule, sur l'amendement?
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Oui. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: C'était pour rejoindre quel objectif là,
"ou une autre personne qui dispense ces services"?
M. Côté (Charlesbourg): Mme Demers.
Mme Demers (Laurence): Je veux dire, là on limitait
ça tout simplement à un établissement ou organisme, mais
il peut y avoir d'autres personnes physiques ou d'autres personnes morales qui
dispensent les services qui ne sont pas des organismes. C'est pour que ce soit
le plus large possible.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Trudel: "Ou une autre personne qui dispense ces services" fait
référence probablement à un cabinet privé.
Une voix: Un professionnel d'un cabinet privé.
M. Trudel: "Recevoir toute personne qui requiert ses services" ou
"qui requiert des services"? particule qui peut être différente
là. on ne partira pas tout de suite la bataille du ticket là.
c'est: une personne peut en arriver à être à la porte, pour
employer une expression, à la porte d'un établissement pour
requérir des services et on va devoir, j'espère,
réorienter, la réorienter.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est parce que "des
services", ça peut ne pas être des services que
l'établissement dispense et qui sont dans sa mission. Donc, à ce
moment-là, "ses services" s'apparentent aux services qui lui sont
reconnus à l'intérieur de sa mission. Ça n'exclut pas son
obligation éventuellement de référer la personne à
un établissement qui pourrait dispenser les services dont a besoin la
personne; "des" services, à ce moment-là. Ici, le "ses" est
approprié parce que c'est des services que l'établissement peut
dispenser. Le 4° complète, évidemment, hein...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg):... parce que le 4° nous
dit: "diriger les personnes à qui il ne peut dispenser certains
services".
M. Trudel: Oui. Il rattrape à quelque part... Je ne pense
pas que ce soit majeur, mais je pense que ça peut traduire une intention
justement au 4°. L'établissement peut "diriger les personnes
à qui il", etc, etc, etc., vers un autre service. Je pense qu'on les
oriente ailleurs. Orienter les personnes - parce que là, ça fait
beaucoup plus référence à de l'information transmise -
orienter les personnes vers telle direction.
Une voix: Le ticket commence à rentrer. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je n'ai pas dit qu'on payait pour les orienter.
Une voix: Elle est bonne. Elle est bonne.
M. Trudel: J'ai dit: On peut miser sur l'intelligence pour les
orienter. Il dit: Le ticket commence à rentrer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ce n'est pas impératif, "diriger", ça,
ici.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que,
évidemment, c'est de deux ordres. Un établissement de
première ligne peut ne pas avoir tous les services de première
ligne; ça, c'est une première situation. La deuxième,
c'est: Un établissement de première ligne va diriger en
spécialité, donc en deuxième ligne.
M. Trudel: Oui, parce que ce n'est pas le... de l'orientation au
traitement. On peut les diriger par référence à une
deuxième ligne et, à ce moment-là, ça devient
impératif, parce que les soins qu'elles requièrent ne se
dispensent qu'à cet endroit-là. On aurait pu effectivement
quasiment régler l'article 70 en même temps en disant "orienter
gratuitement les personnes"...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: ...et tout aurait été
réglé, zingo! Les articles 70 et 71: auraient fait
"adopté, adopté", et les principes auraient été
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Juste lui faire payer le
coût de transport.
M. Trudel: Ha, ha, ha! Le coût de transport à
quelque part.
Je ne sais pas si mon collègue a d'autres remarques
là-dessus, sur l'article 71.
M. Chevrette: Bien, sur l'article 71, j'avais une question. Elle
a probablement été posée. C'était "ses".
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Je suppose que c'est toujours par rapport au noyau
dur.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, c'est
oui, mais avec toute la possibflité de la complémentarité
ou de la périphérie que pourrait déterminer la
régie régionale.
M. Chevrette: Mais est-ce qu'il pourrait y avoir des ordres de
donnés de ne rien dispenser en dehors du noyau dur par le réseau
des 400? Est-ce qu'il pourrait y avoir des directives, par exemple, aux 400
personnes des établissements disant: En dehors du noyau dur, je ne vous
permets pas de dispenser des services autres que ceux compris dans le noyau
dur?
M. Côté (Charlesbourg): Un ordre venant de qui?
M. Chevrette: Ça pourrait venir du... M.
Côté (Charlesbourg): 17 ou du 1?
M. Chevrette: Ça pourrait venir de celui qui se donne des
pouvoirs en vertu de la loi, de vous, par exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Pas de manière
générale. Ça me tenterait presque de prendre un cas
d'actualité, mais on va attendre à la semaine prochaine.
Effectivement, il y a de ces ordres, et impératifs, pour dire: Vous ne
dispenserez pas des services - prenons un exemple - en cardiologie, même
si vous vous pensez suffisamment bons pour en faire.
M. Chevrette: Pour une spécialité, je le comprends,
mais par rapport aux missions. Si j'ai posé la question, c'est par
rapport aux missions dont on discutait à l'article 55. C'est à
l'article 55, je pense. Par rapport aux missions à l'article 55, par
exemple, un centre hospitalier, il va faire des soins...
M. Côté (Charlesbourg): Services médicaux
généraux et spécialisés.
M. Chevrette: ...généraux et
spécialisés, mais je suppose qu'un centre fait déjà
de la prévention à l'intérieur de sa mission.
M. Côté (Charlesbourg): Comme complément.
M. Chevrette: Étant donné que ce n'est pas dans son
noyau dur, est-ce qu'H pourrait y avoir des directives pour dire qu'il n'y aura
pas de prévention qui sera faite, puisque vous avez deux CLSC sous votre
territoire, par exemple, qui font de la prévention, de sorte que...
M. Côté (Charlesbourg): L'article 55 n'est pas
totalement fini dans son libellé.
M. Chevrette: Oui, je sais.
M. Côté (Charlesbourg): Tout le monde échange
pour tenter de trouver la formule la plus convenable à une
réalité d'aujourd'hui. L'idée n'est pas de défaire
la réalité. L'idée est d'empêcher
éventuellement que des empires se montent dans le complémentaire
alors que votre mission est le noyau dur.
M. Chevrette: Donc, le "ses", c'est dans le cadre des services
qui lui sont reconnus de par son agrément.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Chevrette: C'est ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Et à 4°, vous ne faites pas un
amendement, au quatrième point, pour dire: "diriger gratuitement les
personnes".
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Vous ne le faites pas?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Pourquoi? "C'est-u" parce que
vous avez des arrière-pensées?
M. Trudel: C'est tout simplement parce qu'il n'a pas
trouvé la formulation pour l'article 70. C'est juste ça,
hein?
M. Côté (Charlesbourg): On a conclu les
échanges en fin d'avant-midi en adoptant l'article 70, mais en se disant
que, sur le plan gratuité, accessibilité, universalité, on
avait une discussion à finaliser et que tout le monde travaillerait dans
le but de trouver la meilleure formulation possible pour maintenir les acquis
du système, tout en prenant en considération qu'au-delà de
dire aux gens qu'on leur a menti dans le passé en leur disant que
c'était gratuit, qu'ils payaient pareil, il y avait, à
l'intérieur des établissements, des services qui étaient
rendus, qui étaient accessibles, mais qui n'étaient pas gratuits,
tels: chirurgie esthétique, c'est accessible, ce n'est pas gratuit. Les
Américains peuvent venir chez nous, donc c'est accessible et ce n'est
pas gratuit. Les personnes qui sont hébergées dans les centres
d'accueil d'hébergement, c'est accessible, ce n'est pas gratuit. Des
médicaments dans des cliniques externes pour des patients qui vont
à la clinique externe, c'est accessible, ce n'est pas toujours gratuit.
Donc, il y a un certain nombre de cas comme ceux-là qui étaient
à identifier; c'est pour ça qu'on a conclu ce matin en adoptant
l'article 70 et en se disant qu'on devrait revenir sur un débat un petit
peu plus large éventuellement sur la gratuité. On va tenter de
travailler là-dessus dès ce moment.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté?
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
Adopté?
M. Trudel: Au deuxième paragraphe, au deuxième
alinéa: "dispenser lui-même les services de santé ou les
services sociaux requis ou les faire dispenser par un établissement, un
organisme ou une personne avec lequel il a conclu une entente de services
visée à l'article 78;" Vous connaissez toute l'argumentation des
organismes communautaires qui dit, grosso modo: Quand il y a un trop-plein dans
les établissements, on fait du déversement; on fait du
déversement et on est, le moins que l'on puisse dire... Et là, je
ne prends pas tout de suite, en tout cas, le volet de l'argumentation des
organismes communautaires. Je dis: La gestion budgétaire nous impose, le
moins que l'on puisse dire, quelquefois une restriction de l'offre de service
de l'établissement concerné tel que défini dans sa mission
et pour lequel il est agréé, cet établissement - je ne
parle pas de l'agrément de médecins; il est agréé,
cet établissement-là - et là, on déverse dans un
autre lieu la responsabilité et le service à rendre, puis on
pourrait employer toutes sortes de mots pour décrire la situation. C'est
toujours le dernier au bout de la ligne qui se ramasse avec la personne
concernée, le bénéficiaire ou l'usager, qui, lui, est pris
pour donner du service malgré l'absence de moyens, souvent, lui aussi.
Alors, comment éviter qu'on introduise ici, à partir de la notion
de "doit - enfin - dispenser lui-même les services de santé", en
évitant le déversoir? Comment éviter qu'il y ait un
déversoir qui s'installe?
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'article 78 qui,
normalement, devrait répondre à ça tantôt au niveau
des contrats. L'article 78 devrait répondre normalement à votre
question tantôt. Il y a déjà des amendements au niveau de
l'article 78 que vous connaissez et qu'on vous a transmis.
M. Trudel: Oui, oui, je comprends, on a un chapitre là
aussi. C'est parce que, déjà, on introduit dans cette
notion-là que ça peut être quelqu'un d'autre qui rend le
service, qui dispense le service qu'on est venu chercher dans mon
établissement. Et là...
M. Chevrette: À l'article 78? M. Trudel: Oui,
oui.
M. Chevrette: À l'article 78, il n'y a pas seulement le
mot "établissement"; le mot "organisme" revient.
M. Trudel: Oui, oui, je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): On est d'accord. Ça,
c'est "organisme". C'est parce que je pensais que c'était l'organisme
communautaire. C'est de ça dont il avait fait état
tantôt.
M. Trudel: Oui, oui, on en a fait état.
M. Côté (Charlesbourg): Alors que, dans ce cas-ci,
ce que je comprends, c'est principalement des services
interétablissements.
M. Chevrette: Ici, c'est seulement
interétablissements.
M. Côté (Charlesbourg): un exemple qui répond
à ça, pas à tout, pas à l'ensemble là:
sacré-coeur a une entente avec rouyn-noranda, par exemple.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le genre de
chose qui est couverte par cet article-là, donc par "un
établissement, un organisme ou une personne". Oui, c'est ça, "un
organisme". C'est ça que j'essaie de voir, "un organisme", parce qu'on
s'est dit, hier,qu'un organisme comprenait aussi un organisme
communautaire.
M. Trudel: C'est ça ma...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. La
marche.
M. Lamarche: Merci, M. le Président. Si je saisis bien la
question, M. le député, c'est: Pourquoi, effectivement, les
organismes communautaires sont essentiellement soit au service d'un seul
établissement ou servent uniquement de déversoir d'un ou des
établissements comme tels?
M. Trudel: Oui, c'est ça ma...
M. Lamarche: C'est bien ça, fondamentalement? À
l'article 78, ce qu'on a voulu effectivement élargir, c'est qu'il n'y
ait pas nécessairement de contrat unique entre un établissement
et un organisme communautaire sans, effectivement, voir le volet global qu'un
organisme communautaire voulait jouer, d'où, par exemple, de l'inscrire
davantage à l'Intérieur d'une notion régionale ou de plans
régionaux d'organisation de services. Antérieurement, ça
se faisait de un à un; donc, la santé financière d'un
organisme communautaire pouvait être énormément tributaire
du service qu'il rendait essentiellement à un ou à des
établissements, donc, devenait énormément plus
vulnérable. Là, ça s'inscrit dans un contexte beaucoup
plus global qui est l'article 78.
M. Trudel: Oui, mais mon autre préoccupation, c'est la
suivante. Sauf erreur, les organismes communautaires, et là le ministre
a le droit de prendre l'orientation qu'il veut là-dessus, disent: Nous
autres, on ne veut pas vivre comme une entreprise de services, ça, c'est
un et, deuxièmement, comment en arriver à mettre un verrou pour
qu'à partir d'un service que je dois dispenser à
l'intérieur de ma mission, je ne sois pas obligé ou je ne
m'oblige pas à dire: Bon, bien, écoutez, moi, je ne peux pas
donner ce service-là, je vais le confier par contrat à un
organisme communautaire. Je vais vous citer un type d'exemple. Maintien
à domicile: l'établissement, le CLSC, dit: Moi, je ne peux pas
maintenir, je ne peux pas faire du maintien à domicile pour ce groupe de
personnes-là parce que je n'ai pas assez de fric pour le faire. J'ai des
besoins, mais je n'ai pas assez de fric pour le faire.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes dans quoi
là? Est-ce que c'est dans le clinique ou pas?
M. Trudel: Ce n'est pas dans le clinique.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une autre affaire. (16
heures)
M. Trudel: Et là, je dis: Moi, je ne suis pas capable de
donner ce service-là même si... Alors, je confie ça
à un organisme, sachant que ça va être fait à partir
du - il faut bien employer le mot - on va développer un secteur du
"cheap labor", par exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis content que vous
preniez l'exemple pour qu'on tente de clarifier un certain nombre de choses. Le
CLSC, sa mission, ce n'est pas de tondre le gazon dans le maintien à
domicile, c'est d'assurer les services cliniques, d'abord. C'est ça
qu'il va y avoir comme distinction éventuelle dans le maintien à
domicile. Le clinique étant le plus important, il faut que ça se
distingue de ce qu'on peut appeler communément le support domestique
qui, dans certains cas, est nécessaire: un repas chaud de temps en
temps, si la popote roulante peut passer. Ce qui s'est développé
au fH des années, c'est que les CLSC ont développé, comme
organisme communautaire, des popotes roulantes qui sont indépendantes,
pour donner un certain service de support de maintien à domicile.
Ça en est du maintien à domicile aussi, mais pas de la nature
dont la responsabilité est celle de l'État, surtout au niveau du
clinique. C'est pour ça qu'il faut faire une distinction entre les deux.
Et le clinique devra être de responsabilité CLSC, alors que les
organismes communautaires pourront, dans le support domestique du maintien
à domicile, être beaucoup plus actifs, sans être à
contrat avec le CLSC, mais autonomes dans leur gestion et dans leur action.
M. Trudel: J'essaie de trouver un cas à partir d'un centre
hospitalier. Il faut que j'arrive...
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être pour une
bonne compréhension... Évidemment, le temps que je fais d'autre
chose, le temps que j'essaie d'administrer des bouts au ministère, H y a
de mes gens qui rencontrent des gens qui veulent nous voir pour nous mettre au
fait de certains écueils à certains articles libellés
comme ïs sont libellés. Peut-être que M. Lamarche peut
déborder l'article qu'on analyse pour tenter d'expliquer les
représentations qu'on a eues, et que vous avez probablement eues, et
dans quel cadre ça se situe sur le plan des changements qui sont
apportés. Il me paraît important de le mettre en contexte, et
ça n'implique pas seulement un article.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M.
Lamarche.
M. Lamarche: Merci, M. le Président. Il faut mettre en
relation les articles 71, 78 et 84. La
notion de l'article 71, c'est effectivement l'entente qui peut exister
avec des organismes. L'article 84, ce qu'on disait, c'était justement
qu'il puisse y avoir des ententes de services, mais que la survie
financière de l'organisme communautaire... Et là, je vous demande
de regarder ici, à l'intérieur du projet de loi, du projet de loi
comme tel.
M. Trudel: O.K.
M. Lamarche: Donc, si vous lisez l'article 84, c'est
effectivement qu'il pouvait y avoir une entente de services, un échange
de services, mais que la survie financière de l'organisme communautaire
ne dépendait pas de cette entente-là. C'est fondamentalement ce
que l'article 84 même enlevait, disant que, dans le fond, ça
s'inscrivait davantage dans la dynamique régionale par rapport à
ça. Sauf que, après discussion, il y a trois réseaux,
essentiellement: déficience intellectuelle, alcoolisme-toxicomanie et
santé mentale, qui, à cause de la pratique, à cause du
développement - ce qu'on s'est fait dire - seraient mis à terre
ou terriblement en mauvais point dans la dispensation des services comme tels
si, effectivement, on appliquait de façon très stricte l'article
84 tel qu'il est là. Donc, ce qu'on a fait à la place, c'est
abroger l'article 84, mais le situer davantage dans la dynamique de l'article
78 qui est, justement, dans une perspective régionale comme telle. Donc,
la survie d'un organisme communautaire n'est pas uniquement tributaire de
l'entente de un à un qu'il peut y avoir, mais va s'inscrire à
l'intérieur - ce qu'on voulait depuis le début - des plans
régionaux d'organisation de services concernant, par exemple, les
déficients intellectuels, le rôle des organismes communautaires et
un lien qui peut exister entre un organisme communautaire et un
établissement. À ce moment-là, ça règle le
problème des trois sans rendre essentiellement un organisme
communautaire le déversoir d'un type d'établissement pour sa
survie financière.
M. Trudel: Oui, c'est important de le préciser. À
l'intérieur de ça, il y a deux écoles. Il y a
l'école de ceux que vous mentionnez et des autres qui disent: Non, pas
de contrat de services du tout, c'est-à-dire, on a l'autonomie, les
orientations et l'évaluation.
M. Côté (Charlesbourg): Mais donnez-nous de
l'argent. Je ne vous le mets pas dans la bouche, je vous le dis moi-même:
Donnez-nous la liberté, on a nos méthodes de pratique, vous
n'avez pas d'affaire dans nos affaires, on n'a pas nécessairement
d'affaire à être complémentaires, mais payez-nous.
Évidemment, je ne changerai pas de discours aujourd'hui, après
avoir fait tout ce qu'on a fait. Oui, je crois à l'autonomie,
l'autonomie de leurs orientations, l'autonomie de leur pratique, de
thérapies alternatives, de méthodes différentes de faire,
et qui, à l'occasion, est une pépinière d'interventions
qui sont bonnes et qui, à l'occasion, effectivement, sont
récupérées par les institutions, et c'est une bonne
affaire, il faut continuer d'encourager ça. Évidemment, avec les
moments difficiles qu'on passe, on a besoin des organismes communautaires, on a
besoin du bénévolat, sinon, si on devait tout payer demain matin,
12 000 000 000 $, on peut le multiplier et on n'en aura jamais assez. Donc,
ça, c'est vrai. C'est pour ça qu'on va maintenir l'autonomie.
Mais, évidemment, il faut au moins donner un pouvoir qui,
à l'occasion, peut permettre à l'État de dire oui ou de
dire non sur le plan du financement. Et la mission santé et services
sociaux est déjà suffisamment large et interprétée
de manière large pour qu'on puisse avoir un semblant de
complémentarité à l'occasion. C'est un de mes
fonctionnaires, un de mes supporteurs...
M. Trudel: Les plus ardents supporteurs...
M. Côté (Charlesbourg): ...pas dans mon
comté, mais qui a vu de quelle manière on avait
réglé les familles d'accueil et qui a toujours été
impressionné par cette manière de faire.
M. Trudel: Et à qui vous aviez promis: Vous allez voir, je
vais le planter, mon message.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je te le passerai. Alors, c'est livré... Mon
inquiétude touchait à cela. Mais un établissement, un
centre hospitalier est rendu en février de l'année
financière et on lui fait l'obligation de terminer, balancer, de ne pas
faire de déficit parce qu'il n'aura pas son coût de système
et il n'aura pas sa bonification, etc., les incitatifs qui sont dans le
système maintenant.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il
n'aura pas un coût de système qui sert au développement
qu'il veut faire tout seul.
M. Trudel: II n'aura pas de coût de système et il ne
pourra pas toucher... En tout cas, il ne pourra pas arriver à
établir un résultat balancé à la fin de
l'année. Alors, il dit: Moi, en psychiatrie, je ne peux plus donner de
services, comme ma mission me l'a confié dans mon centre. Je ne peux
plus faire ça parce que je suis obligé de couper - et je pourrais
employer l'autre, sauf que c'est parce que j'ai de la misère à
trouver l'autre exemple à côté pour rabouter - ou je ferme
des lits pour balancer mon budget. Ces personnes-là qui vont se
présenter dans cet établissement-là, en vertu de 1° et
en vertu de 4°, il va les diriger quelque part. C'est dans ce
sens-là que j'appelle qu'il peut y avoir un effet
de déversoir. C'est ça que je veux essayer d'encadrer, que
l'établissement assume ses responsabilités parce que...
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'êtes pas en
train de me dire que c'est un phénomène qui est très
répandu?
M. Trudel: Ah bien! on serait peut-être surpris, avec la
politique de désinstitutionnalisa-tion.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, c'est parce que
vous avez nommément identifié les centres hospitaliers.
M. Trudel: Non, je prenais comme exemple...
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Non, bien, c'est parce
que je veux prendre votre exemple. Ça m'inquiéterait. Ça
m'inquiéterait grandement. On fait quand même affaire avec des
gens qui ont des responsabilités sur le plan administratif et qui
tentent de les assumer au meilleur de leurs connaissances. Ça ne veut
pas dire qu'on n'aura pas quelque part quelques exceptions. Peu importent les
balises sur le plan législatif qu'on voudrait mettre, ça pourrait
arriver. Je vais vous donner un exemple. Ce n'est pas possible - c'est clair,
ça - d'hypothéquer des immeubles qui appartiennent au
gouvernement sans son autorisation. Imaginez-vous donc, M y en a qui ont
réussi. Ce n'est pas extraordinaire! La banque s'est fait prendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II y en a qui ont
réussi et c'est bien clair. Peu importent les balises que tu vas mettre,
c'est possible. La règle générale est là et je
pense qu'on a quand même un niveau d'administrateurs assez responsables.
C'est le sens, la portée générale... Je comprends
l'objectif qui est visé et qu'il faut absolument éviter que ces
choses-là se passent. Je ne pense pas que ce soit nécessairement
par des balises plus fortes sur le plan - à ce moment-ci, en tout cas -
législatif.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'article 71 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Le point est fait. Je pense
que le message est passé. Le message, il a sa place à être
passé ici. Mais, évidemment, c'est des cas d'exception. Si
ça devait être une règle générale, je pense
qu'on n'est pas sortis de l'auberge personne, hein?
M. Trudel: Non. Regardez, dans le cas de la politique de
désinstitutionnalisation, en santé mentale, je pense qu'on peut
dire, sans accuser personne nulle part, qu'il s'est retrouvé du monde
sur le trottoir en tabarnouche! M. Côté (Charlesbourg):
Oui, oui.
M. Trudel: II est né, d'ailleurs, à cet
égard-là, un ensemble d'organismes, c'est le propre de la
définition d'un organisme communautaire... Le besoin se manifeste, il y
a des personnes qui, socialement, se sentent responsables, elles disent: Bon,
on...
M. Côté (Charlesbourg): Et il y en a qui se
cherchent des jobs et ils s'en trouvent en créant des organismes
communautaires. Bon. C'est ça.
M. Trudel: On appelle ça le secteur de l'emploi
communautaire.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce n'est pas un
défaut.
M. Trudel: C'est de la création d'emplois. Ce n'est pas un
défaut. Par ailleurs, il y a des établissements qui - ça
aussi, c'est dans l'obligation - ont le devoir de balancer, ont le devoir de ne
pas faire des déficits. Le ministre leur dit: Revenez à
l'aéroport avant de demander des ajouts.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha. ha! Puis, là,
ils attendent un rendez-vous...
M. Trudel: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...et là, je suis
poigne en commission parlementaire.
M. Trudel: Là, vous allez leur dire que c'est la faute de
votre gars, là. S'il ne me retient pas longtemps, je vais vous
répondre, c'est lui qui me retient. C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non, parce qu'on
ne veut pas se faire des illusions, tout ce qu'on fait ici... On ne va pas
donner de services à personne. Alors, on fait juste les bases, on
établit des bases pour diriger les services. On n'a pas donné un
service, nous autres, là, pas un service à la population encore
qu'on a donné.
M. Trudel: Exactement. À travers la
désinstitutionnalisation, donc il y a beaucoup de gens qui se sont
retrouvés.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: à partir d'un objectif souhaitable, i y
a eu des effets pervers.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Et pour l'établissement à qui on
dit... Vous savez, la vie des établissements, la vie des
organisations, ça arrive, à quelque part, où c'est
difficilement palpable. J'imagine le conseil d'administration qui se
réveille ou le directeur général, on est 17, 400, le 400
du bout, il se réveille en février et il dit: Moi, si je veux
balancer, si je veux présenter un budget équilibré
à la fin de l'année, il va falloir que je réduise les
services que je suis chargé de dispenser à la population; mais
là, je ne suis pas assez irresponsable - j'espère - pour vous
dire: Ah bien! ça veut dire budget ouvert n'importe quand; budget ouvert
n'importe quand puisqu'il y a des besoins - c'est une notion illimitée,
ça, des besoins. Ce n'est pas ce à quoi je veux en arriver, sauf
que l'autre phénomène, je ne veux pas non plus que ce soit... Je
vais le dire comme ça: Je ne veux pas non plus que ce soit trop facile
à l'intérieur des organisations pour que les jeux de pouvoirs
fassent en sorte qu'on en finisse par être obligé à
restreindre les services qu'on est chargé d'offrir comme
établissement public au public, puis que, finalement, le bout de la
ligne, c'est que je déverse ça dans un organisme communautaire
à quelque part, dans un organisme à quelque part, et c'est moi
qui suis responsable. Moi, je comprends que tu peux avoir une entente avec un
organisme pour...
Une voix: Suppléer. (16 h 15)
M. Trudel: ...pas nécessairement suppléer, pour
donner le service à l'intérieur de ton plan régional
d'organisation de services, à l'intérieur. Mais ce que je veux,
c'est qu'on le fasse en établissement, tel que la mission le
prévoit, et, je le dis entre guillemets, si j'avais sept, huit avocats
et notaires, vous savez que je vous aurais présenté un amendement
comme il faut en disant: Je veux attacher ça pour qu'on le fasse d'abord
en établissement à l'intérieur de sa mission et que c'est
exceptionnel qu'on aille vers un organisme qu'on veut le déversoir.
Une voix:...
M. Trudel: Ce bout-là, ce n'est pas ça. Une
voix: Non, ce n'est pas ça. M. Trudel: Excusez-moi.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'article 71 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'elle offre un certain nombre de balises à ce moment-ci et, sans
vouloir nier qu'on puisse se retrouver effectivement dans des situations comme
le prétend le député, on se retrouvera davantage dans une
situation très exceptionnelle et extrême d'administrateurs dont
l'équilibre financier va davantage les guider quant aux choix qu'ifs
vont faire. J'admets volontiers que, sur le plan de la "désins...",
ça n'a probablement pas été le modèle parfait, et
je pense que nulle part à travers le monde quand ça s'est fait,
ça a été un modèle parfait, dans le sens que
ça évolue. Bien sûr, on regarde toujours davantage et on a
toujours davantage au visage les cas qui n'ont pas fonctionné que les
cas qui ont bien fonctionné. Dans la désinstitutionnalisa-tion,
il y a quand même un niveau de succès relativement
élevé, mais la visibilité est davantage sur les cas qui ne
réussissent pas. Et ça, malheureusement, à ce moment-ci,
sur le plan de la visibilité des données, on n'y peut rien, sauf
qu'on a peut-être besoin de resserrer un certain nombre de choses et
d'accompagner, de faire de l'accompagnement de manière plus importante.
Souvenez-vous, notre messagère de l'espoir...
M. Trudel: Du vendredi après-midi.
M. Côté (Charlesbourg): ...du vendredi
après-midi qui est toujours très active et qui, de manière
régulière, m'écrit pour me dire ce qu'elle fait avec le
Département de santé communautaire de Maisonneuve-Rosemont,
qu'à telle place elle allait faire de la prévention, qu'elle
accueille toujours chez elle et que sa fierté c'est de présenter
celui qui est son conjoint aujourd'hui qu'elle a réhabilité,
alors que d'autres avaient échoué auparavant. Ça, c'est un
organisme communautaire qui a 2000 $ de subvention par année par le SOC.
Je trouve ça extraordinaire. Je trouve ça extraordinaire.
M. Trudel: Vous avez raison. Alors, je resserrerai à
l'article 78.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Avant de
resserrer l'article 78, on va disposer de l'article 71.
M. Trudel: M. le Président, si vous voulez adopter avant
de serrer, oui.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors,
voilà. Est-ce que l'amendement à l'article 71 est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'article 71, tel qu'amendé, est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Trudel:
Adopté.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
J'appelle l'article 72. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): "Un établissement
doit élaborer, pour les usagers d'une catégorie
déterminée par règlement, dans la mesure qui y est
prévue, un pian d'intervention afin d'identifier ses besoins, les
objectifs poursuivis, les moyens à utiliser et la durée
prévisible pendant laquelle des services devront lui être
fournis."
Il y a un amendement qui vise, premièrement, à
insérer, dans la deuxième ligne, après le mot
"règlement", les mots et chiffres "pris en vertu du paragraphe 12°
de l'article 410". Deuxièmement, ajouter, à la fin de l'article,
la phrase suivante: "Le plan d'intervention doit assurer la coordination des
services dispensés à l'usager par les divers intervenants
impliqués de l'établissement."
Vous aurez compris que, dans le cas du premier, c'est une
précision quant au pouvoir réglementaire et, quant au
deuxième, c'est de coordonner l'ensemble des services requis par le plan
de services.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, M. le
ministre. Est-ce que l'article 72, tel qu'amendé, est adopté? M.
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Je reviens sur terre, là. Donc, le seul
amendement, c'est "pris en vertu du paragraphe 12° de l'article 410".
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): C'est
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Plus l'autre qu'on vient de
déposer, parce que dans l'autre on parlait d'un plan...
M. Trudel: En coordination.
M. Côté (Charlesbourg): Mais en coordination parce
qu'on ne peut pas avoir de plan de services...
M. Trudel: Et la catégorie est déterminée
à l'article 410 par le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député.
M. Trudel: oui. alors, au niveau de la réglementation,
c'est le ministre, par règlement, qui va déterminer les usagers,
les catégories d'usagers qui vont faire l'objet...
M. Côté (Charlesbourg): Des plans d'inter-
vention.
M. Trudel: ...des plans d'intervention.
M. Côté (Charlesbourg): Ou des pians de services
individualisés; ils doivent être élaborés. C'est la
même chose qu'aujourd'hui. Il n'y a pas de changement.
M. Trudel: Je pensais que tu savais ça par coeur; le
matin, tu te levais et tu déterminais la catégorie.
M. Côté (Charlesbourg): Hein?
M. Trudel: Je pensais que tu le savais par coeur; le matin, tu te
levais et tu disais: Ce matin, je classe ceux-là. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M.
Lamarche.
M. Lamarche: Merci, M. le Président. Actuellement, si je
regarde le règlement, les plans d'intervention comme tels sont dans les
soins de longue durée et les services d'hébergement - c'est
davantage ce qui requiert une dimension temps; là, effectivement, ce
n'est pas dans du très court terme - de même que dans les centres
de réadaptation. Donc, elles sont déjà identifiées
par règlement, les clientèles qui sont dans les centres
hospitaliers de soins de longue durée, dans les centres
d'hébergement, de même que dans les centres de
réadaptation.
M. Trudel: Ma vraie question maintenant.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Parce que l'autre
n'était pas vraie.
M. Trudel: L'autre, elle était vraie. Je me doutais de la
réponse. C'était un préambule. Je voulais
vérifier.
M. Côté (Charlesbourg): Le piège.
M. Trudel: Non. Mais vous ne pensez pas là que c'est
l'article en or qui nous permettrait de dire que ça, ça doit
être fait au niveau régional, au niveau de la régie
régionale. Regardez, c'est parce qu'on est obligés
forcément, le ministre est obligé de prendre ça
mur-à-mur pour le Québec et, comme au niveau régional on
fait un plan régional d'organisation de services, on peut
déterminer quelles catégories ont besoin d'un plan de services.
Là, vous les déterminez pour toutes les catégories, mais
sur recommandation des établissements, à la régie
régionale, on pourrait déterminer quels usagers ont besoin d'un
plan de services et de la coordination qui doit en découler.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il y a
un minimum qui doit être provincial. L'individu qui a des services
de longue durée à Gaspé, à Montréal ou en
Abitibi, règle générale, c'est à peu près le
même individu, que ce soit en longue durée ou en
réadaptation. Donc, ce qu'on a là, c'est le minimum. Que des
régions veuillent avoir des compléments, des variantes, je n'ai
pas d'objection à ça, mais, comme ministre, je suis obligé
de m'assurer qu'il y a un minimum. Et ce n'est pas moi qui vais s'objecter
à tenter de donner le plus d'oxygène possible au niveau des
régions.
M. Trudel: Je trouve votre argumentation parfaitement soutenable
de fixer les verrous. Je peux prendre ça d'un côté ou de
l'autre. Je pourrais reprendre presque vos mots de tantôt en disant:
Écoutez, on n'a pas affaire à n'importe qui; quand même
c'est des établissements sérieux et ils font leur job; ils sont
capables de le faire et ils sont capables de déterminer, et il y a des
professionnels là-dedans. Mais votre argumentation est parfaitement
soutenable. C'est moi qui avance souvent ici qu'on est en matière de
gestion de services de santé et de services sociaux pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises et il faut mettre les
verrous pour ne pas que ça aille en bas de ça.
Ce qui m'inquiète aussi, c'est que rien n'empêche une
régie régionale pour d'autres catégories. Si le ministre
veut assurer des minima pour certaines catégories, moi, je pense qu'on
pourrait, à tout le moins, introduire les deux ici, c'est-à-dire
en vertu du paragraphe 12° de l'article 410 ou dans le plan régional
d'organisation de services, dont je ne me souviens plus par coeur
l'article.
M. Côté (Charlesbourg): C'est possible. C'est
déjà possible. Ce qu'on dit, ça, c'est le minimum et c'est
obligatoire. Dans le reste, il n'y a rien qui les empêche et même,
il y en a qui le font.
M. Trudel: bien sûr. je connais des établissements,
effectivement. c'est le conseil d'administration d'un centre de
réadaptation qui existe...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Trudel: Mais je vais vous dire que... On n'est pas pour citer
des cas à tort et à travers, mais d'autres établissements
de type réadaptation qui ne croient pas à cette
approche-là multidis-ciplinaire, la loi ne leur en fait pas obligation
du plan de services. Ils ne le font pas.
Une voix:...
M. Trudel: Mais non. C'est pour certaines catégories, mais
je parle des catégories qui ne sont pas dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Dont on est en
réadaptation à...
M. Trudel: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg): Au niveau de
réadaptation, on a longue durée et, tantôt, à
l'article 35 et à l'article 42...
M. Lamarche: Pour chaque bénéficiaire admis ou
inscrit dans un centre de réadaptation...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M.
Lamarche.
M. Lamarche: Ça devrait viser autant des déficients
intellectuels, des auditifs, des visuels, des locomoteurs, ceux, dans le fond,
où il y a une dimension temps. Encore là, si c'est
essentiellement une intervention ad hoc ou sporadique, là c'est
différent. Mais c'est fondamentalement ce que ça dit et c'est
dans tous les centres de réadaptation qu'on mettait le minimum.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
L'article 72 est-il adopté? M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
(16 h 30)
M. Trudel: Une dernière petite vérification
à l'article 410.
Alors, là, actuellement, vous avez deux, trois
catégories?
M. Côté (Charlesbourg): II y en a deux.
M. Lamarche: Deux types d'établissements, on s'entend.
Une voix: Ça regroupe beaucoup de clientèles.
M. Lamarche: C'est ça, parce que centre de
réadaptation, ça regroupe déficients intellectuels,
auditifs, visuels, locomoteurs.
M. Trudel: Ah oui!
M. Lamarche: J'en oublie peut-être, là, jeunes
mères en difficulté, j'imagine, aussi, parce que c'est une
catégorie de réadaptation.
M. Côté (Charlesbourg): Alors que l'autre, c'est
longue durée.
M. Lamarche: L'autre, c'est centre hospitalier de soins de longue
durée et centre d'hébergement.
M. Trudel: II n'en échappe pas gros. Ça va,
adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
l'amendement à l'article 72 est adopté?
M. Trudel: Adopté.
Le President (M. Paradis, Matapédta): Est-ce que l'article
72, tel qu'amendé, est adopté?
M. Trudel: Adopté.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
J'appelle l'article 73.
M. Côté (Charlesbourg): "Lorsqu'un usager d'une
catégorie déterminée par règlement doit recevoir,
pour une période prolongée, des services de santé et des
services sociaux nécessitant la participation de plusieurs intervenants,
l'établissement qui dispense la majeure partie des services en cause ou
celui désigné après concertation entre les
établissements concernés doit lui élaborer un plan de
services individualisé."
On a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Allez-y, M.
le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Remplacer l'article 73 par
le suivant: "Lorsqu'un usager d'une catégorie déterminée
par règlement pris en vertu du paragraphe 12° de l'article 410 doit
recevoir, pour une période prolongée, des services de
santé et des services sociaux nécessitant, outre la participation
d'un établissement, celle d'autres Intervenants, l'établissement
qui dispense la majeure partie des services en cause ou celui des intervenants
désigné après concertation entre eux doit lui
élaborer un plan de services individualisé." On dit que la
correction est nécessaire puisqu'un intervenant autre qu'un
établissement, par exemple l'école, pourrait être
appelé à élaborer un plan de services
individualisé.
Une voix: Pour une intégration scolaire.
M. Côté (Charlesbourg): Intégration
scolaire.
M. Trudel: Intégration scolaire dans le cas d'une personne
handicapée.
M. Côté (Charlesbourg): Stimulation
précoce.
M. Trudel: Stimulation précoce. Est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu, surtout pour la deuxième catégorie, si ce n'est pas
celui qui dispense la majeure partie des services en cause, celui des
intervenants désigné après concertation entre eux qui doit
lui élaborer un plan de services individualisé, de baliser
ça dans le temps? Par exemple, en matière d'intégration
scolaire, fréquemment, on a des gens qu'on reçoit à nos
bureaux qui ne savent pas trop trop qui est responsable: Est-ce que c'est la
commission scolaire? Est-ce que c'est l'OPHQ? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
de baliser ça? Je ne dirais pas mettre un mois, 30 jours ou 32 jours.
J'aimerais ça, peut-être, donner une indication de temps, parce
qu'H y a des gens qui se font "barouetter" - si vous me permettez l'expression.
C'est beaucoup plus...
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 74, il
est fait.
M. Trudel: II est fait.
M. Côté (Charlesbourg): ...laisser le temps de le
faire. S'il n'est pas fait, H peut traîner pendant six mois.
M. Trudel: Je vais vous dire franchement... Diligence,
délai raisonnable.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, comme on
n'est pas uniquement concerné, il y a aussi l'éducation.
M. Trudel: Oui. C'est précisément...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est parce que je
ne peux pas avoir autorité sur l'éducation par ma loi.
M. Trudel: Non, c'est plus... On ne peut pas avoir un
délai de rigueur sur un autre ministère, un autre organisme. Je
pense que c'est plus aux établissements et aux intervenants, pour
montrer le souci que ça, là, H y a comme intérêt
à faire diligence. Alors, avec diligence et dans un délai
raisonnable, et ça, ça n'implique pas d'impératifs.
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 74, on
disait: Chacun des plans doit être élaboré le plus
tôt possible... "Chacun des plans visés respectivement aux
articles 72 et 73 doit être élaboré..."
M. Trudel: Non, non, là ce n'est pas le même
objet.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non c'est ça.
C'est pour ça qu'on serait probablement mieux sur ça tout
à l'heure. Mais c'est l'indication qu'il faut donner.
M. Trudel: Oui, c'est ça. Parce que là on ne peut
pas en matière clinique dire: C'est impératif une semaine, 10
jours.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait insérer,
à titre d'essai avant même de rédiger le papillon, M. le
Président, à lavant-dernière ligne, après "entre
eux doit", " le plus tôt possible", "lui élaborer un plan de
services individualisé". Il y a une indication que ça ne doit pas
traîner.
M. Trudel: C'est parce que "le plus tôt possible",
ça peut se rapporter à l'un ou à l'autre, pour lui faire
un plan de services ou désigner celui qui agira pour
élaborer...
M. Lamarche: "Doit lui élaborer le plus tôt
possible".
M. Trudel: En tout cas, pour un, j'aimerais beaucoup mieux le
placer là. J'aimerais beaucoup mieux le placer là.
M. Lamarche: Parce que vous voulez éviter le fait que ce
soit la concertation qui se fasse le plus tôt possible et non pas
l'élaboration. C'est ça que vous voulez, autrement dit.
M. Trudel: C'est-à-dire que je voudrais que les deux se
fassent.
M. Lamarche: Non, non, je comprends.
M. Trudel: Je veux que les deux se fassent, mais... Si on a la
même préoccupation, c'est le client qui a besoin de services,
j'aime mieux mettre l'accent là. Attendez une seconde.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg):... l'amendement serait le
suivant: Insérer après "élaborer", "le plus tôt
possible". Donc, ça se lirait comme suit: "Lorsqu'un usager d'une
catégorie déterminée par règlement pris en vertu du
paragraphe 12° de l'article 410 doit recevoir, pour une période
prolongée, des services de santé et des services sociaux
nécessitant, outre la participation d'un établissement, celle
d'autres intervenants, l'établissement qui dispense la majeure partie
des services en cause ou celui des intervenants désigné
après concertation entre eux doit lui élaborer le plus tôt
possible un plan de services individualisé. "
M. Trudel: Ça va pour l'amendement.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement, tel que
proposé, est adopté.
M. Trudel: L'amendement est adopté, oui. Le
Président (M. Joly): Adopté.
M. Trudel: L'article... J'ai une autre question.
Le Président (M. Joly): Allez, M. le
député.
M. Trudel: "Qui nécessite, outre la parti- cipation d'un
établissement, celle d'autres intervenants. " Ce n'est pas
nécessairement d'autres établissements.
Une voix:...
M. Trudel: O. K. "L'établissement qui dispense la majeure
partie des services en cause ou celui des intervenants désigné
après concertation entre eux. " Les mots "entre eux", ça pourrait
être un intervenant qui soit chargé d'élaborer le plan de,
qui soit autre qu'un établissement.
M. Lamarche: C'est ce qu'on mentionnait tantôt, ça
pouvait être effectivement le milieu scolaire si, effectivement,
l'ensemble de la problématique est davantage mis sur
l'intégration scolaire ou la stimulation précoce ou...
Une voix:...
M. Lamarche: Ça dépend de la problématique,
c'est pour ça qu'on a voulu le mettre là où est la
majeure. Donc, on dit "l'établissement", bien sûr, parce que
l'établissement a une responsabilité, mais ça peut
être aussi un autre intervenant, qui n'est pas nécessairement un
intervenant à l'intérieur du milieu de la santé et des
services sociaux, il peut être soit dans le milieu scolaire, soit dans le
milieu du travail. Ça, c'est les deux exemples qui me viennent
particulièrement à l'esprit.
M. Trudel: Ça peut être, là aussi, un
organisme communautaire à cette fin...
M. Lamarche: Ça pourrait être un organisme
communautaire, certainement.
M. Trudel:... qui soit chargé d'élaborer le
plan.
M. Lamarche: Oui. J'ai oublié ça, mais
effectivement.
M. Trudel: En toxicomanie, la désintoxication, par
exemple, on pourrait confier à un organisme un suivi dans le plan et on
dit: C'est toi qui coordonnes ça parce que tu...
M. Lamarche: Et la majeure est là.
M. Trudel: La majeure est là, ou on s'entend que: C'est
toi qui dois le faire, même si ce n'est peut-être pas majeur en
termes de temps calculé, tu es le meilleur pour faire ça.
M. Lamarche: C'est ça qu'est l'esprit.
Le Président (M. Joly): Donc, l'article, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Trudel: Ça va. Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. J'appelle l'article
74.
M. Côté (Charlesbourg): "Chacun desplans
visés respectivement aux articles 72 et 73 doit être
élaboré, dans la mesure du possible, en collaboration avec
l'usager le cas échéant. "Ces plans doivent contenir un
échéancier relatif à leur évaluation et à
leur révision. Cependant, ils peuvent être modifiés en tout
temps pour tenir compte de circonstances nouvelles, en collaboration avec
l'usager. " (16 h 45)
II y a un amendement qui vise à supprimer, dans la
troisième ligne du premier alinéa, les mots le cas
échéant". Et on me dit qu'en éliminant "le cas
échéant", c'est de pure forme. Donc, ça se lirait comme
suit maintenant: "Chacun des plans visés respectivement aux articles 72
et 73 doit être élaboré, dans la mesure du possible, en
collaboration avec l'usager. "Ces plans doivent contenir un
échéancier relatif à leur évaluation et à
leur révision. Cependant, ils peuvent être modifiés en tout
temps pour tenir compte de circonstances nouvelles, en collaboration avec
l'usager. "
M. Trudel: Je veux retourner à la section des droits des
usagers, le droit de l'usager de participer à toute décision
affectant son état de santé et de bien-être. Il a notamment
le droit de participer... C'est l'article 10, excusez, l'article 10. "Il a le
droit de participer à l'élaboration de son plan d'intervention ou
de son plan de services individualisé, lorsque de tels plans sont requis
conformément aux articles 72 et 73. " Il y a "dans la mesure du
possible" et, l'autre bord, il y a le droit.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que ce n'est pas
toujours possible pour certains individus.
Une voix: Un déficient intellectuel.
Une voix: Je vais vous donner un exemple. Quelqu'un qui est dans
une condition médicale difficile...
M. Trudel: Je comprends qu'il y a des catégories, mais il
y a un droit à l'article 10...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel:... et c'est rien que "dans la mesure du possible"
à l'article 74? Il a le droit ou iI n'a pas le droit?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je comprends
là.
M. Trudel: Vous allez vous retrouver à quelque part, on va
se retrouver à quelque part. Quelqu'un qui va demander une injonction,
il va dire: Moi, en vertu de l'article 10, j'ai le droit d'être
là.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends très
bien parce que si je vous saisis très bien, quand on dit "dans la mesure
du possible", il y a quelqu'un à quelque part qui peut dire: Ce n'est
pas possible.
M. Trudel: C'est ça, exactement ça. C'était
la question suivante. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 10, c'est
un droit, mais ce n'est pas une obligation pour l'individu. C'est un droit.
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): S'il ne veut pas, c'est
aussi son droit.
M. Trudel: C'est sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Alors, à partir
du moment où c'est sûr que c'est aussi son droit, c'est pour
ça que "mesure du possible", s'i dit: Non, je n'en veux pas, moi;
organisez-vous avec vos affaires...
M. Trudel: Correct pour ce bout-là, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Là, "le cas
échéant" est parti.
M. Trudel: Non, mais... M. Côté (Charlesbourg):
Oui. M. Trudel:... l'autre bord... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Trudel:... quand c'est le professionnel responsable du plan
visé aux articles 72 et 73. Non, non, non, il n'est pas apte, lui,
à participer; je ne veux pas le voir dans la salle, lui, pour
préparer le plan d'intervention; je ne veux pas qu'il soit dans la
cabane, lui, là. Là, il dit: Non, moi, j'ai le droit en vertu de
l'article 10.
M. Côté (Charlesbourg): Le droit à l'article
10 est là. C'est parce que le droit à l'article 10, H est
là. Je pense que ce que le député a saisi, c'est que dans
la mesure où il ne veut pas participer, si on enlevait "dans la mesure
du possible", ça signifierait qu'il n'y en aurait pas.
Une voix: II n'y aurait pas de plan.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y aurait pas de plan.
Ça n'a pas de bon sens.
M. Trudel: Mon avis, c'est bien mieux d'enlever "dans la mesure
du possible" et de garder "le cas échéant", parce que là,
tu lui laisses sa liberté de choix. "Chacun des plans visés
respectivement aux articles 72 et 73 doit être élaboré, en
collaboration avec l'usager le cas échéant. " Regardez. Votre
première impression en lisant ça, avec des yeux "non
avocas-seux", "non notariés", M. le ministre, vous avez constaté,
vous avez dit: Bien oui, bien sûr, dans la mesure du possible, il faut
qu'il soit là, il a un droit. C'est la première réaction
que vous avez eue.
M. Lamarche: Si je peux me permettre et je ne suis vraiment pas
un juriste...
Le Président (M. Joly): M. Lamarche.
M. Lamarche: Merci, M. le Président. Si vous mentionnez
"avec l'usager le cas échéant", ça veut dire que ça
peut se faire avec la collaboration de n'importe qui d'autre, puis l'usager le
cas échéant. C'est d'ailleurs pour ça qu'on le laisse
enlevé. Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous pouvez au moins convenir que ce n'est pas la
trouvaille du siècle de dire dans cet article-là: II a le droit
d'être là, puis dans la mesure du possible; il va être
là dans la mesure du possible. L'indication n'est pas d'une absolue
clarté: Chacun des plans visés, des plans individualisés
d'intervention ou de services, aux articles 72 et 73 doit être
élaboré et doit être... Supposons qu'il n'y avait pas
d'exception.
Le Président (M. Joly): Allez, M. Lamarche.
M. Lamarche: Juste pour vérifier, M. le Président.
Dans le fond, "dans la mesure du possible", pour nous, c'était le fait
que l'usager ne veuille pas le faire. Donc, on dirait: "doit être
élaboré", si l'usager y consent, "en collaboration avec
l'usager".
M. Trudel: Ah bien là, ça va se rapprocher de la
trouvaille du siècle, M. le sous-ministre. Ça se rapproche de la
trouvaille du siècle. Là, j'aime autant vous le dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche: Mais là, on regarde sur le plan juridique, je
veux dire, je n'ai vraiment pas d'idée, je ne suis vraiment pas
juriste.
M. Trudel: Des fois, l'histoire est brisée par les...
Pendant qu'ils réfléchissent, je vais aller voir autre chose.
M. Lamarche: Bien, ça me désappointe, monsieur,
parce que je dis toujours que j'ai une idée par année.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche: Je l'ai eue.
Le Président (M. Joly): M. Lamarche.
M. Lamarche:merci, m. le président. article 74: "chacun
des plans visés respectivement aux articles 72 et 73 doit être
élaboré en collaboration avec l'usager, s'il y consent. "
Une voix: Ça fait deux bonnes idées.
M. Lamarche: Ou en collaboration avec... Il faut faire attention
dans la formulation, M. Trudel, que si on le met, s'il refuse, s'il ne dit rien
du tout, il n'y a rien qui se fasse.
M. Trudel: Oui. Mon petit voyage...
M. Lamarche: O. K. Et c'était ça qui était
l'élément, donc on dit...
M. Trudel: Mon petit voyage, c'était ça. Je ne veux
pas non plus qu'il y ait automatiquement un 24e formulaire...
M. Lamarche: Non, c'est ça. M. Trudel:... puis,
à l'inverse...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça, et s'il ne
se passe rien. !
M. Trudel:... qu'il est sourd et muet et l'autre dit: Non, moi,
je ne comprends pas les signes.
M. Lamarche: C'est ça. Mais ce n'est pas ça qui
était l'élément. "S'il y consent", donc dès qu'il y
consent, ça se fait en collaboration avec l'usager. Mais si jamais il ne
dit rien, ni un oui, ni un non, pour ne pas faire en sorte que la machine-Le
Président (M. Joly): Soit arrêtée, limitée.
M. Lamarche: Oui, c'est ça.
M. Trudel: Oui, je pense que ça pourrait se... Oui.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement...
M. Trudel: Non?
Le Président (M. Joly): Non? Excusez. Vous n'êtes
pas satisfait. Voulez-vous vous surpasser M. Lamarche? (17 heures)
M. Lamarche: On peut vous dire un tout petit peu le
problème, c'est-à-dire qu'on peut le
trouver ensemble. C'est que si on met "s'il y consent" à la fin,
nous, on pensait que c'était fondamentalement à collaboration.
Mais il faut faire attention parce que ça peut être à
élaboration.
M. Trudel: Ah oui! Il ne faut pas que ce soit la qualification de
l'élaboration.
M. Lamarche: Et c'est là qu'est la difficulté.
Donc, ouf! je vais avoir une autre idée cette année.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
ça soulève un certain nombre de problèmes au niveau du
consentement, au niveau du refus qui peuvent créer d'autres
embêtements. Je pense qu'on s'est entendus sur le sens qu'on voulait. On
va suspendre l'article pour un papillon qui va répondre à nos
attentes. On s'est entendus sur le fond.
M. Trudel: O. K. Ça va. Juste, à titre de
commentaires, regardez comment, dans l'exercice des droits des personnes
handicapées, on libelle un article semblable. Ça va pas mal plus
loin: Dans l'élaboration d'un plan de services et dans les modifications
qui y sont apportées, l'Office doit respecter le libre choix de la
personne handicapée. On ne le règle pas avec ça. Je fais
juste vous laisser ça.
M. Côté (Charlesbourg): Le prix à payer est
très élevé. Ç'aurait pu être un point de
référence.
M. Trudel: Ç'aurait pu être une bonne
référence. Ça aurait pu être une bonne...
M. Côté (Charlesbourg): Ç'aurait pu
être une trouvaille. Suspension de 74, M. le Président,
pour...
Le Président (M. Joly): Je pense, de mémoire, qu'on
avait adopté l'amendement, mais qu'on était sur le point
d'adopter l'article et que, nécessairement, on a décidé
d'y revenir. Donc, nous allons suspendre l'article...
M. Côté (Charlesbourg): O. K.
Le Président (M. Joly):... tel qu'amendé, et nous y
reviendrons.
M. Trudel: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Joly): Oui. Parce qu'il était
déjà...
J'appelle l'article 75.
M. Côté (Charlesbourg): "L'établissement
détermine les services de santé et les services sociaux qu'il
dépense de même que les diverses activités qu'il organise,
en tenant compte de sa mission, des ressources disponibles et des plans
régionaux d'organisation de services élaborés par la
régie régionale pour l'atteinte des objectifs fixés aux
divers programmes établis par le ministre. "
Il y a un papillon, M. le Président: Remplacer, dans le
première ligne, les mots "sa mission" par les mots "la mission de tout
centre qu'il exploite".
Ça se lirait maintenant comme suit: "L'établissement
détermine les services de santé et les services sociaux qu'il
dipense de même que les diverses activités qu'il organise, en
tenant compte de la mission de tout centre qu'a exploite, des ressources
disponibles et des plans régionaux d'organisation de services
élaborés par la régie régionale pour l'atteinte des
objectifs fixés aux divers programmes établis par le ministre.
"
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député.
M. Trudel: 1, 17, 400. Le ministre élabore... Non, ce
n'est pas le numéro de la loto d'hier soir.
Le Président (M. Joly): II serait peut-être bon
d'expliquer. Les gens vont penser qu'on joue au bingo.
M. Trudel: Ah! 1, 17, 400, c'est la version partisane. C'est le
ministre qui décide tout, 17 contrôleurs régionaux et 400
exécutants sur le terrain qu'il choisit lui-même. Ça fait
1, 17, 400. C'est la version partisane, ça.
M. Côté (Charlesbourg): La vérité
maintenant.
M. Trudel: La vérité, maintenant, c'est... M.
Côté (Charlesbourg): 1, 17, 400.
M. Trudel:... 400 qui passent dans la passoire du ministre, de
l'École nationale d'administration publique et du troisième que
j'oublie, qui sont bien sélectionnés et dont le premier
critère est l'obéissance, qui se rapportent à 17
présidents-directeurs de régies régionales, mais qui n'ont
toujours rien qu'un "boss" en haut, le ministre et le ministère de la
Santé et des Services sociaux où il n'y a personne qui
disparaît de là.
M. Côté (Charlesbourg): Comme si l'obéissance
ce n'était pas de règle aujourd'hui.
M. Trudel: Moi, je dis que ça dépend du chef de la
communauté. Donc, les programmes établis par le ministre,
intégrés au plan régional d'organisation de services de la
régie régionale
et je construis les services de santé et/ou les services sociaux
suivant les centres que j'exploite. C'est parce que je veux bien retrouver,
là... Ici, c'est le coeur, ce que je vais faire comme
établissement.
M. Côté (Charlesbourg): On va retrouver les 1, 17,
400.
M. Trudel: C'est 1, 17, 400. Alors, ça va être
ça la mécanique des programmes élaborés par le
ministre, transmis à la régie régionale pour les incarner
dans la région sociosanitaire concernée et les
établissements qui vont déterminer les services de santé
et les services sociaux à dispenser à l'intérieur de ces
programmes dans le plan régional d'organisation de services.
M. Côté (Charlesbourg): À première
vue, ça semble être une interprétation honnête et non
partisane de l'article 75.
M. Trudel: Comme ça part de là, vous allez me
situer la politique de santé et de bien-être et qu'est-ce que
ça va vouloir dire pour les autres exécutants des oeuvres du
ministre sous forme de programmes?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, M.
Lamarche...
Le Président (M. Joly): Oui, M. Lamarche.
M. Lamarche: Je me permets de dire que vous avez posé une
excellente question. Dans le fond, c'est justement ce qu'on tente de faire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce que ça donne
quand que je dis que c'est dommage!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche: Lorsqu'on mentionne "des objectifs fixés aux
divers programmes", on veut, effectivement, à partir de la politique de
santé et de bien-être, identifier les objectifs, notre
façon d'atteindre les objectifs en termes de types de services - je vais
revenir tantôt là-dessus - et de ressources dans la notion de
programme, comme, par exemple, personnes âgées en perte
d'autonomie, jeunes en difficulté d'adaptation, santé mentale. Je
donne effectivement des exemples, non pas que la nomenclature des programmes
soit complète là-dedans. Donc, nous, le programme, c'est ce qui
s'adresse soit à un problème, soit à une clientèle.
Ce sont, fondamentalement, les deux dimensions pour lesquelles les objectifs
vont être à l'intérieur de la politique comme telle.
À l'intérieur d'un programme, qu'est-ce qu'il y a? Il y a
l'ensemble des ressources requises pour personnes âgées en perte
d'autonomie. Je prends juste ça comme étant un exemple. Qu'est-ce
que ça veut dire? Services à domicile, familles d'accueil,
ressources intermédiaires, centres d'accueil et d'hébergement,
centres hospitaliers de soins de longue durée, je dirais même
privés et conventionnés et je dirais même activités
et organismes communautaires. Enveloppe globale.
À l'intérieur du programme, donc d'une région, dans
le programme personnes âgées en perte d'autonomie, à
l'intérieur des balises financières données,
élaborer un plan régional d'organisation de services. C'est quoi?
C'est l'articulation bien concrète, dans la région, du programme
et de la ventilation entre les différents modes d'intervention: services
à domicile, ressources intermédiaires, familles d'accueil et
l'institutionnel.
M. Côté (Charlesbourg): En mettant l'accent
là où il juge que l'accent doit être mis au niveau de sa
région, qui peut être fort différent en
Abibiti-Témiscamingue qu'à Québec.
M. Lamarche: Et actuellement, ça n'existe pas.
Actuellement, le budget est donné par catégories
d'établissements. Donc, la possibilité, pour une région,
de mouler, par exemple, moins d'interventions institutionnelles, plus vers
l'intermédiaire ou plus vers le domicile, n'existe pas. Donc, dans notre
perception, ce ne sont pas les exécutants, ce sont effectivement ceux
qui adaptent la notion de programme à leur réalité...
M. Côté (Charlesbourg): Les maîtres d'oeuvre
de l'adaptation.
M. Lamarche:... les maîtres d'oeuvre dans leur
région des modes d'intervention: domicile, intermédiaire,
institutionnel. Eux ont la liberté, à l'intérieur du
programme, de mouler leurs interventions par rapport aux ressources qui
existent, aux besoins et à la dynamique de leur région, ce qui
n'existe pas, absolument pas actuellement.
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Trudel: Là, vous allez en sortir au moins un morceau.
L'enveloppe du communautaire va être protégée.
M. Côté (Charlesbourg): Non, l'enveloppe du
communautaire est protégée pour le communautaire, mais ce que les
organismes communautaires n'ont pas compris jusqu'à maintenant, c'est
qu'on a toujours dit que c'était un plancher et que, par-dessus le
plancher, il pourrait s'en ajouter et que la régie régionale
pourrait décider, demain matin, qu'elle donne un certain nombre de
mandats à des organismes communautaires et en ajouter par-dessus le
plancher. Donc, c'est pas en moins, c'est une base garantie avec
possibilité d'en mettre davantage. C'est donc de l'oxygène au
niveau de la région pour des organismes du
milieu qui pourraient en recevoir, mais dans la mesure où Us sont
complémentaires à l'objet principal qui est le maintien à
domicile.
C'est ce que j'ai tenté de faire comprendre à un certain
nombre d'organismes communautaires. Ceux qui ont plus une tendance
bénévole, on fait un bout. Dans d'autres cas, c'est un petit peu
plus difficile. Évidemment, c'est ça notre compréhension
à nous de ce qui va devoir se passer. Quand on l'expliquait à
l'époque, comme ce n'était pas compris - je pense que c'est une
bonne chose - on a dit: Parfait, on va s'organiser pour transférer
l'enveloppe, mais en y mettant un plancher pour vous assurer le minimum vital,
pour ne pas qu'elle soit orientée ailleurs. (17 h 15)
Dans ce sens-là, la dynamique est qu'on donne de l'oxygène
au niveau de la région, qu'on lui donne une marge de manoeuvre pour
qu'elle soit capable de jouer à l'intérieur, qu'il y ait
"transférabilité" de ces sommes-là à
l'intérieur du maintien à domicile, et là, à ce
moment-là, qu'elle puisse aller vers des services qui vont être
moins coûteux, choisir les moins coûteux et tenter d'en faire
davantage. Parce que, là, on est "pogné" dans des corridors
où tu as de l'argent dans ce corridor-là, tu en as dans ce
corridor-là, tu en as dans ce corridor-là, mais il n'y a pas de
passage entre les deux, évidemment, si tu ne veux pas le perdre, tu vas
le dépenser dans ce corridor-là, sachant que, sur le plan de tes
initiatives, tu pourrais avoir des initiatives moins coûteuses pour
donner le service à l'individu et pouvoir créer cette
dynamique-là au niveau des régions.
M. Trudel: À toutes fins utiles, ça veut dire que
vous allez vous retrouver avec, je ne sais pas, deux, trois, quatre
superprogrammes, parce que vous ne pourrez pas aller au niveau de l'assez
particulier puisque, par définition, on est au niveau du
général. Si l'on veut, effectivement, qu'il y ait une marge de
manoeuvre régionale... je prendrai, pour fins d'illustration, la
situation sociosanitaire de la population d'un territoire concerné:
idéalement, dans le monde idéal, ça devrait commander une
enveloppe budgétaire et répondre aux besoins de santé et
de services sociaux. Je dis bien idéalement parce que je sais,
évidemment, que ce n'est pas comme facile facile de trouver une petite
formule simple à trois ou quatre dimensions pour en arriver à
l'attribuer.
M. Côté (Charlesbourg): Actuellement, on parie de 6
ou 7 programmes, mais on continue d'analyser. L'idée tourne autour de 6
ou 7 programmes, pas 50, pas 20. On parie davantage de 6 ou 7.
M. Trudel: Parce que, regardez, dans la politique de santé
et de bien-être; forcément, politique nationale de santé et
de bien-être, donc des objectifs nationaux...
M. Côté (Charlesbourg): Elle va être bonne,
d'ailleurs.
M. Trudel:... des objectifs de résultats. ça, on
aurait aimé ça discuter de ça avant. là, je
n'aurais pas besoin de poser toutes ces questions aujourd'hui, avec ta
politique de santé et de bien-être.
M. Côté (Charlesbourg): Ah non! Une politique de
santé et de bien-être, c'est une chose. Livrer, ça prend
des véhicules.
M. Trudel: Mais livrer de la pizza ou livrer du bois, ce n'est
pas pareil.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! bien, ce n'est pas
à moi que vous allez le dire parce que, évidemment, j'ai fait la
différence entre du bois et de la pizza depuis longtemps. D'ailleurs,
ça paraît.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais vous allez avoir
l'occasion. De toute façon, je ne la garderai pas pour moi, elle est
tellement bonne. C'est tellement bon que j'ai hâte d'avoir fini pour
qu'on y passe.
M. Trudel: Nous autres, on avait hâte que ça soit
fini ce bout-là, pour que celui-là soit plus facile parce que,
quand on sait qu'est-ce qu'on fait avec son véhicule, on sait à
quel garage aller pour acheter. Regardez, c'est que vous allez forcément
vous retrouver avec des objectifs nationaux, avec des grands objectifs qui ne
pourront pas tenir compte de situations régionales. C'est quasiment par
définition. Dans votre objectif, je dis ça au hasard, vous ne
pourrez pas avoir d'objectif, au niveau national, de prévention du bruit
dans les mines en Abitibi-Témiscamingue, par définition. C'est
national, c'est une politique nationale. Bon. Les mines dans la région
de l'Abitibi-Témiscamingue. Là, je veux voir si, dans les
programmes, ça va être un programme et est-ce qu'on va être
capable d'avoir, au niveau régional, le... Ce que je veux ajouter
à ça, c'est: Est-ce qu'on va demander aussi aux régies
régionales de se donner des politiques de santé et de
bien-être coordonnées, ou alignées, ou composant avec la
politique nationale de santé et de bien-être? Vous voyez que ce
n'est peut-être pas aussi rapide que ça.
M. Côté (Charlesbourg): Aussi?
M. Trudel: Rapide que ça parce que, si on veut que la
politique nationale soit bonne...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...et qu'elle soit complète, il faut qu'elle
vienne d'en bas et qu'elle soit issue des composantes.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, j'ai toujours compris
qu'une politique nationale devait venir d'en haut. Je me considère un
gars du bas là. Le leadership d'une politique nationale doit venir d'en
haut, mais...
M. Trudel: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg): ...d'un haut qui n'est pas
ignorant du bas. Il me semble bien que ça va de soi. On a une
réforme qui vient d'en haut, mais dont le message a été
véhiculé par le bas avec Rochon, des commissions parlementaires,
où tout le monde s'est exprimé. Mais elle vient d'en haut. Il
faut que le leadership soit assumé quelque part. Il faut qu'il y ait des
standards dits nationaux, ce qui ne veut pas dire pour autant, sur le plan
régional, qu'il n'y aura pas un certain travail à faire des
régies régionales pour l'adaptation de la politique de
santé et de bien-être et des programmes au niveau de chacune des
régions. C'est clair. C'est clair qu'il va falloir le faire. D'ailleurs,
il y en a un certain nombre qui ont déjà commencé.
On peut se retrouver face à deux... Vous prenez le cas
particulier de mineurs; ça va se retrouver dans la région de
l'amiante, en Gaspésie un peu et surtout en
Abitibi-Témiscamingue. L'itinérance, c'est un problème
spécifique à Montréal. Prenons un autre exemple. S'il n'y
avait pas une politique nationale très claire dans les maladies
cardio-vasculaires et qu'on se retrouvait avec une région qui
décidait que ce n'était pas un problème important chez
elle, parce qu'il faut que ça vienne d'en bas, moi je ne cautionnerais
pas ça. J'ai ma responsabilité nationale sur le plan de la
santé des individus, des Québécoises et des
Québécois. Donc, à partir de ce moment-là,
ça prend une politique nationale et ça prend aussi des plans
régionaux d'organisation de services qui vont se modeler à
certaines réalités de la région et qui, par
conséquent, sont en suite logique avec la politique de santé et
de bien-être. Bon. "C'est-u" la poule ou si c'est l'oeuf?
M. Trudel: Je ne suis pas en train de dire qu'on ne doit pas se
donner des orientations nationales...
M. Côté (Charlesbourg): De type national.
M. Trudel: non, c'est parce que je le rattache à autre
chose; des orientations nationales en matière de vie collective y
compris le secteur particulier de la santé et des services sociaux.
ça c'est tout le défi de la régionalisation et c'est vrai
que ce n'est pas facile parce que ça demande, certains diront, un acte
de foi dans les régions parce que, avec ce que vous venez de me dire...
Tantôt, je vous posais une question sur le communautaire parce qu'on en a
discuté beaucoup de cette partie-là, en particulier pour un type
d'organismes. Bon. Il va y avoir un plancher et le plafond, lui, n'est pas
limité.
Mais, ça va vouloir dire aussi, là, ce que vous venez de
me dire comme conception, qu'il va y avoir aussi des planchers d'enveloppes en
rapport avec certains programmes et certains objectifs de la politique
nationale et des programmes nationaux. Sans ça, vous n'en sortez
pas.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais il faut bien
se comprendre. On est quand même soumis par les règles qui nous
régissent sur le plan administratif comme gouvernement. C'est ça
qu'on a choisi. Bon. Il y a des crédits qui sont votés par
l'Assemblée nationale, qui ne peuvent pas être différents
au niveau des régions. Donc, il y a des crédits par programme et
ça tu ne peux pas défoncer ça. Ça va être des
crédits par programme qui seront transférés au niveau des
régions et c'est à l'intérieur des programmes que les
régions vont avoir la marge de manoeuvre à ce moment-là.
Donc, il n'y a pas de communication interprogramme possible tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas franchi une autre étape éventuelle sur
l'ensemble de toute la problématique d'une régionalisation,
c'est-à-dire: taxation et pouvoir carrément électif d'une
régie régionale. Je pense que je vais tenter d'être le plus
clair possible. Ce n'est pas là qu'on est. Mais, éventuellement,
si c'était ça et qu'il y avait une participation
financière, évidemment, l'État devrait revoir un certain
nombre de choses à ce niveau-là et probablement franchir cette
étape-là.
Je n'ai jamais dit que j'étais opposé à cette
étape-là. Je pense qu'il faut qu'elle vienne en son temps. On a
déjà un exercice qui est assez important à ce moment-ci,
qui va donner de l'oxygène au niveau des programmes, au niveau de
chacune des régions, suffisamment d'oxygène. Juste à voir,
actuellement et l'an passé, les exercices qui ont été
menés et qui vont se mener cette année sur l'enveloppe
d'alourdissement de la clientèle et de maintien à domicile
où ce n'est pas facile, je pense qu'il faut... Tu parlais aux CLSC et
ils disaient: Oui, parfait, partageons l'enveloppe 70-30; 70 % pour le maintien
à domicile et 30 % pour l'alourdissement de la clientèle, puis,
quand tu rencontrais des représentants des centres d'accueil, ils
disaient: Parfait, 70-30, mais 70 pour nous autres puis 30 pour les autres.
Donc, je pense qu'il faut y aller progressivement et cette habitude de
collaboration - il y en a une déjà, on ne peut pas dire qu'il n'y
en a pas - va se créer graduellement. Moi, je ne serais pas surpris,
éventuellement, le système
ayant été, pour une bonne partie, confié aux
régies régionales, que la maturité fasse en sorte qu'il y
ait une pression pour aller à l'étape suivante qui sera, à
ce moment-là, effectivement, plus d'autonomie et de liberté au
niveau régional qui sera accompagnée d'un suffrage universel et
qui sera accompagnée d'un pouvoir de taxation.
M. Trudel: En tout cas, au moins une observation. Je souhaite
vivement qu'on n'absorbe pas trop durement la désillusion dans les
régions, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je pense que ça
a toujours...
M. Trudel: Non, non, je veux dire, regardez. Par rapport au
message qui est véhiculé depuis le 7 décembre et le
message qui est véhiculé dans les régions du
Québec, en particulier par les actuels CRSSS, je vais vous dire
franchement, M. le ministre, c'est sur l'approche, c'est une autre affaire,
mais ce n'est pas ça qui est dit. Et je ne vous accuse pas, au
contraire, je ne dis pas que c'est vous qui avez fait en sorte de
répandre ça, mais je vous dis que le message qui est
répandu partout en région, ça va bien plus loin que cela,
mais énormément plus loin que cela. Dans le fond, il s'agit
beaucoup plus de la déconcentration que de la régionalisation.
Puis de la déconcentration, ce n'est pas un péché
ça, c'est une étape, la déconcentration. Dans mon livre -
et je sais que ce n'est pas le livre de tout le monde - la
déconcentration c'est précisément, tel que vous l'avez
décrit il y a quelques instants, une étape. Ça peut
devenir une étape dans le processus vers une véritable
décentralisation, parce que décentralisation, c'est centre de la
décision. Là, ce n'est pas ce qu'on dit.
M. Côté (Charlesbourg): Non. En tout cas, ce n'est
pas une décentralisation pure et ce n'est pas une déconcentration
pure non plus. C'est quelque chose qui se situe davantage à moyen terme.
Quand on parle de déconcentration, on parle de bureaux qui vont partir
de Québec, qui pourraient partir de Québec et qui se
retrouveraient en région. Ça, c'est de la déconcentration.
O.K.?
M. Trudel: Ouais. (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Alors que, dans la situation
actuelle, ce qu'on dit, c'est des programmes qui vont partir de Québec
avec des balises nationales, qui sont envoyés à la régie
régionale qui a un pouvoir de décision - ça, c'est de la
régionalisation - quant au partage et au choix qu'elle fera à
l'intérieur du programme. Bien sûr qu'elle a ses limites. Elle a
ses limites en ce sens que le souhait, demain matin, ce serait que l'enveloppe
globale - disons que le budget global du ministère, c'est sept
programmes - des sept programmes dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue soit transférée comme enveloppe
totale et qu'on dise, à ce moment-là, à la régie:
Longue durée, vous pouvez prendre l'argent que vous voulez; courte
durée ou services médicaux courants, vous allez prendre l'argent
que vous voulez; vous ventilez l'enveloppe de la manière dont vous le
souhaitez. Bon! Je l'ai toujours dit, moi, c'est de l'oxygène.
Effectivement, ça en est au niveau des régions.
À mon point de vue, c'est le plus loin que l'on pouvait aller
avec les règles administratives que le gouvernement s'est
données, parce qu'il y a de l'imputabilité quelque part. Je suis
convaincu que, demain matin, si ça "shire", par bonne ou mauvaise foi ou
par accident de parcours, vous ne vous dépêcherez pas d'aller
poser la question à un président de CRSSS ou à un
directeur général de CRSSS, même si c'est certifié
que "Côté approuve". Votre plaisir, ça va être de la
poser à l'homme politique parce que j'ai encore la responsabilité
et l'imputabilité devant le Parlement. Si on était dans la
situation où, effectivement, tout le paquet était
transféré, où on avait une régie régionale
éiue au suffrage universel et qui avait un pouvoir de taxation, je pense
que le focus serait ailleurs. Mais comme je vous ai dit tantôt, pour moi,
c'est une étape ultérieure et ça se situe davantage, ce
qu'on fait aujourd'hui, à mi-chemin entre la déconcentration et
la régionalisation. Je pense qu'il y a un peu de vérité
dans ce que vous dites, mais c'est un petit peu plus loin parce qu'il y a,
effectivement, un pouvoir réel de décision et de partage de
l'enveloppe qui est là, mais évidemment limité au
programme lui-même.
M. Trudel: C'est bien sûr que si on avait
transféré tout en bloc dans la région, on aurait pu en
arriver à des résultats autres - on va saluer les gens du bloc
qui sont là...
M. Côté (Charlesbourg): Ça aurait
été un résultat québécois...
Le Président (M. Joly): La pertinence! M. Trudel:
Ça aurait été un vrai résultat...
Le Président (M. Joly): La pertinence, monsieur.
M. Trudel: ...québécois sur les budgets
transférés en bloc.
M. Côté (Charlesbourg): Et après ça,
les blocs...
Le Président (M. Joly): On a bien saisi.
M. Côté (Charlesbourg): ...de région auraient
formé une fédération.
M. Trudel: Les blocs de région se seraient
organisés pour échanger des services parce que,
économiquement, ils sont suffisamment intelligents pour être
capables de vivre leur propre réalité, comme les régions
du Québec. Mais, M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): Tous ces sparages, M. le
Président, pour saluer la présence d'un député
fédéral, M. Lapierre. Il vient très certainement
s'instruire pour faire en sorte qu'il y ait des messages qui passent à
Ottawa aussi.
M. Chevrette: D'ailleurs, je l'ai préparé avant
vous, je lui ai parlé des transferts, des coupures de transferts, de
votre 1 200 000 000 $.
Le Président (M. Joly): Donc, on se rapproche du
Québec.
M. Chevrette: II est bien d'accord que ça n'a pas
d'allure.
M. Trudel: On lui a expliqué aussi que les colonnes du
Temple du ministre sont ébranlées pas mal souvent quant à
ses convictions, quand ça arrive sur les transferts. Là, il
semble qu'on demande... En tout cas, parfois on se demande si ça va
continuer à supporter la toiture.
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, je vous
reconnais.
M. Côté (Charlesbourg): oui, m. le président.
le ministre a dit une fois que les colonnes du temple étaient
ébranlées; il ne l'a pas dit deux fois, il l'a dit une fois.
M. Trudel: Mais là, les colonnes n'ont pas
été resolidifiées depuis ce temps-là, depuis les
messages qui sont arrivés d'Ottawa.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de message suffisamment important
actuellement pour que le plâtre tienne.
M. Trudel: Est-ce qu'il faut donc confirmer ce que n'a pas
confirmé M. le ministre....
Le Président (M. Joly): II ne faudrait pas revenir avec du
plâtre de Paris...
M. Trudel: Est-ce que le ministre veut confirmer que le
plâtrier de la Santé et du Bien-être au Canada viendra lui
rendre visite bientôt pour tenter de mettre du plâtre sur les
transferts?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
toujours eu beaucoup de respect et de bonnes relations avec mon
collègue, Benoît Bouchard. Je vais continuer d'en avoir.
M. Trudel: II n'est pas à la chefferie comme le
précédent, comme vous disiez à l'ouverture de la
commission.
M. Côté (Charlesbourg): Comme le
précédent Bouchard? Vous voulez parler de Lucien?
M. Trudel: Non, non, Pete comme dans Perrin.
M. Côté (Charlesbourg): Pete, il vogue ailleurs et
je pense qu'il va être très utile ailleurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Nous aussi, on pense qu'il va être utile
ailleurs.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! La
pertinence.
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il y a, M. le Président?
Qu'est-ce qui vous agace dans notre histoire? Quand vous voyez le ministre
heureux, vous devriez être heureux.
Le Président (M. Joly): Moi, je suis neutre.
M. Trudel: M. le ministre, pour revenir sur cette
quasi-régionalisation ou presque déconcentration, je vous
répète là-dessus que les régions du Québec,
les messages qui nous sont véhiculés actuellement, c'est qu'on en
donne plus, pas mal plus que ce que vous venez de nous expliquer en
matière de fonctionnement. Bon. Et, là-dessus...
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je vous dis que je n'en
ai jamais dit plus que ce que je vous ai dit aujourd'hui et je vous confirme
à nouveau, si besoin est, qu'il n'y a qu'un seul maître d'oeuvre
de la mise en place de la réforme, ça va être le
ministère. Il y en a un seul qui va aller chercher des collaborations,
mais ce sera des collaborations que le ministère souhaitera
lui-même. Il est prêt, le plan de mise en oeuvre. 222 mesures, le
plan de mise en oeuvre est prêt et il a été refait à
plusieurs reprises. Il sera probablement refait parce qu'il faut toujours
tenter de faire les choses le mieux possible. Il est prêt. Mais le
maître d'oeuvre, c'est le ministère et gare à ceux qui, sur
le terrain, vont trop loin.
M. Trudel: Comme je le disais, que les 17 et les 400 se le
tiennent pour dit, du 1.
M. Côté (Charlesbourg): II y a une place où
se fait la réforme, dans des livres, et la réforme, c'est la loi.
La loi n'est pas adoptée. On la
travaille ensemble, on la bonifie. C'est ce qu'on fait depuis trois
semaines. On va continuer de le faire encore pendant plusieurs semaines pour le
bénéfice de ceux qu'on veut desservir. Le message que je passe
est très clair. Il ne peut pas y avoir une réforme sur le terrain
tant que la réforme n'est pas adoptée par l'Assemblée
nationale. Ça n'a pas de bon sens. Et le maître d'oeuvre, c'est le
1, oui. C'est normal que ce soit le 1 qui va aller chercher les collaborations
dont il aura besoin en cours de route, en temps opportun, avec des messages
très clairs. Ça fera 1, 17, 400... Bon, mettez-en.
M. Trudel: Bon. Est-ce qu'on...
M. Côté (Charlesbourg): On est prêts à
adopter l'article, oui.
M. Trudel: Est-ce que, sur l'article, on pourrait au moins, au
minimum, inclure que la régie régionale et les divers programmes
établis par le ministre le sont à l'intérieur de la
politique de santé et de bien-être qu'on va se donner au
Québec? Parce que là, ça me semble fondamental, même
si on ne la connaît pas aujourd'hui, qu'au moins on puisse dire que c'est
le cadre de référence national. Là, on se tiraillera sur
la façon de l'établir, mais ça me semblerait le minimum
qu'on indique pour une première fois, bon, aux établissements,
qu'il y a une politique nationale de santé et de bien-être.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous en faites un
amendement, M. le député?
M. Chevrette: À la fin de tout.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il y a une autre
place où ça pourrait...
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise à 17 h 50)
Le Président (M. Joly): M. Lamarche, est-ce que vous
êtes prêt à nous livrer ça?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense, M. le
Président, que ce qui restait c'était de tenter de trouver le
moyen d'inclure, à ce que j'ai compris, des éléments de
politique de santé et de bien-être. C'est ça qu'il nous
resterait dans ce cas-ci. On va tenter de le faire.
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons suspendre et
l'amendement et l'article 75.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on a l'amendement
pour 74? On pourrait libérer 74.
Le Président (M. Joly): Je vais rappeler l'article 74.
M. Côté (Charlesbourg): II restait un amendement
à apporter à 74 pour le régler: 1° remplacer le
premier alinéa par le suivant: "Chacun des plans visés
respectivement aux articles 72 et 73 doit être élaboré en
collaboration avec l'usager tel que le prévoit l'article 10. "; 2°
supprimer, dans les deux dernières lignes du premier alinéa, le
signe et les mots ", en collaboration avec l'usager". Et, à ce
moment-là, ça couvre toutes les discussions qu'on a eues...
M. Chevrette:... écrit?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): En fait, à l'article 74
comme tel, après l'usager, c'est "tel que le prévoit l'article
10".
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Joly): Donc, il y avait
déjà un amendement, je pense. Donc, l'amendement est
adopté? Adopté. Est-ce que l'article, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M.
Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. J'appelle l'article
76.
M. Chevrette: Bon. L'article 75 est en suspens.
Le Président (M. Joly): L'article 75 est en suspens.
M. Côté (Charlesbourg): "L'établissement peut
édicter les règlements nécessaires à la conduite de
ses affaires et à l'exercice de ses responsabilités. Il doit
édicter des règlements sur toute matière
déterminée par règlement du gouvernement, lorsqu'elle
relève de la compétence de rétablissement. "Une copie des
règlements édictés par un établissement est
transmise à la régie régionale ou au ministre, à
leur demande. "
Il y avait un amendement, M. le Président, qui vise la
précision et qui dit: Remplacer, dans la quatrième ligne du
premier alinéa, les mots "du gouvernement" par ce qui suit "pris en
vertu du paragraphe 4° de l'article 110".
Une voix: 410.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai dit quoi?
Une voix: Vous avez dit 110.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Excusez-moi. Alors, du
paragraphe 4° de l'article 410.
M. Chevrette: Est-ce qu'on retrouve l'équivalent dans la
loi actuelle?
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est dans un
règlement. Donc, c'est le règlement qui vient dans la loi. Je
peux peut-être vous le lire. Je ne sais pas si vous l'avez.
M. Chevrette: En d'autres mots, est-ce que... Non, ce n'est pas
nécessaire, pour le règlement, c'était juste pour savoir
s'il y avait une assise.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Ce n'est pas légal, c'est
réglementaire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est
réglementaire.
M. Chevrette: Ce n'est pas une assise juridique, c'est par
règlement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais là, il y en
aurait une.
M. Chevrette: O.K. Quand vous dites qu'il doit édicter les
règlements sur toute matière déterminée par
règlement pris en vertu de l'alinéa 4° de l'article 410,
ça veut dire que l'établissement ne pourra édicter de
règlement avant que le ministre édicté, par
règlement, les matières sur lesquelles il peut faire des
règlements. C'est bien compliqué, mais ça veut...
M. Côté (Charlesbourg): Mme Demers. Le
Président (M. Joly): Mme Demers.
Mme Demers: Dans le rôle d'application, on va
prévoir que tous les règlements qui existent au moment de
l'adoption de la loi, qui ne sont pas en contradiction avec la nouvelle loi,
demeureront en vigueur tant qu'ils ne seront pas remplacés.
M. Chevrette: O.K. Mais ce que je veux dire...
M. Côté (Charlesbourg): C'est oui, à l'autre
question.
M. Chevrette: L'article 76, qu'il y a là, retrouve toute
son assise juridique dans l'article 410, 4°, au complet ou bien... C'est
parce qu'il y a deux phrases. Regardez, la première:
"L'établissement peut édicter les règlements
nécessaires à la conduite de ses affaires et à l'exercice
de ses responsabilités", et il y a un point. Ça, si on
arrêtait l'article là, si j'ai bien compris, il pourrait faire ses
règlements...
Mme Demers: L'établissement fait ses règlements
tout seul.
M. Chevrette: Ses propres bebelles et ça pourrait faire
l'objet d'un article, par exemple, point.
Mme Demers: On n'aurait pas besoin d'un pouvoir
réglementaire pour ça. C'est ça.
M. Chevrette: C'est pour ça que... Vous recommencez
l'autre phrase en disant: "II doit édicter - c'est
l'établissement qui doit édicter - des règlements sur
toute matière déterminée par règlement pris en
vertu de..." Le pouvoir qui lui est confié d'édicter puise donc
son assise juridique exclusivement au point 4° de l'article 410. C'est bien
ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Donc, je reprends la question que je posais au
début. Sans règlement du point 4° de l'article 410, il ne
peut y avoir de règlement qui tienne. C'est ça?
Mme Demers: C'est-à-dire que ce que dit l'article, c'est
qu'un établissement peut faire des règlements, va faire ses
règlements de régie interne comme ça se fait actuellement.
Mais il y a un certain nombre de matières, comme on a dans la loi
actuelle, sur lesquelles l'établissement devra faire un
règlement. Dans les règlements actuels, on prévoit qu'un
établissement doit faire des règlements... Je pense qu'il y a 24
ou 25 sujets. Alors, ces règlements vont rester en vigueur tant
que...
M. Chevrette: Ça ne crée pas d'obligation... Mme
Demers: C'est ça.
M. Chevrette: ...ça crée un pouvoir. Donc, il n'est
pas obligé d'édicter des règlements, mais il pourra
édicter des règlements. Sauf que c'est vous, en vertu de
l'article 410, 4°...
Mme Demers: Qui va donner les sujets.
M. Chevrette: ...qui allez déterminer les matières,
ou les objets, ou les sujets.
M. Côté (Charlesbourg): Pour lesquels il doit.
M. Chevrette: Pour lesquels il devra. O.K. En d'autres mots, vous
pouvez édicter et vous devrez édicter. Donc, la première
partie, c'est: Je pourrai si je veux, pour ma régie interne, pour mon
fonctionnement, élaborer les règlements que je veux...
M. Côté (Charlesbourg): Et l'autre, c'est un
"doit".
M. Chevrette:... et, pour d'autres, qui seront
délimités en vertu de l'article 410, 4°, devrez. Donc, il n'y
a pas d'alternative. On dit: "[... ] lorsqu'elle relève de la
compétence de l'établissement. " Pourriez-vous me donner des
exemples... (18 heures)
Mme Demers: De règlements?
M. Chevrette:... concrets de ce que ça pourrait donner
dans le "devra". Dans le "pourra", je sais ce que ça peut donner, mais
dans le "devra".
Mme Demers: C'est l'article 6 des règlements actuels. Dans
les règlements actuels, on dit qu'un établissement peut faire des
règlements sur tout ce qui est nécessaire pour ses
activités, mais H doit faire des règlements sur les sujets
suivants: sa régie interne; les orientations et les activités de
l'établissement; les rapports à produire au conseil
d'administration sur la nature, la quantité et la qualité des
services fournis aux bénéficiaires; la répartition et le
contrôle du budget; les formalités concernant toute demande ou
projet soumis au ministre au conseil régional; la conclusion de contrats
de services professionnels; la révision annuelle de la
répartition des lits de l'établissement en fonction des besoins
des bénéficiaires, de l'intensité des soins et de la
gravité des maladies, des ressources de rétablissement, du permis
et des besoins de l'enseignement; l'organisation de la recherche et de
l'enseignement; les visites aux bénéficiaires admis.
M. Chevrette: Mais le ministre pourrait se servir du pouvoir qui
lui est dévolu à l'article 410, 4° pour imposer aux
établissements le devoir de, par exemple, publier leurs états
financiers pour obliger et forcer les autorités du CH, par exemple,
à avoir tel comportement face à la clientèle. Vous
pourriez faire ce que vous voulez.
Mme Demers: C'est-à-dire que non. Il pourrait obliger
l'établissement à faire un règlement sur les attitudes
à prendre envers la clientèle, disons, ou sur la façon de
publier ses rapports, mais il ne pourrait pas prescrire lui-même la
façon dont ça doit se faire. Tout ce qu'il a le droit de faire,
c'est de dire: Vous devez faire un règlement sur tel sujet, mais il ne
dit pas ce qu'il y a dans le règlement.
M. Chevrette: C'est-à-dire qu'il définit les
objets. Par exemple, le ministre pourrait dire: Je vous oblige à
édicter un règlement sur vos relations avec votre fondation.
Est-ce que le ministre pourrait dire: Je vous oblige à édicter un
règlement d'utilisation de l'argent de la fondation,
indépendamment qu'il y ait connivence ou collusion? Bien, ça, je
comprends que la fondation, ce n'est peut-être pas le bon exemple, parce
qu'elle va probablement être touchée dans le projet loi. Mais
ça pourrait aller jusque-là.
Mme Demers: C'est toute matière que le règlement va
prévoir...
M. Chevrette: Toute matière que le ministre juge...
Mme Demers:... mais des matières...
M. Chevrette:... de définir comme créant
l'obligation de réglementer. Vous ne trouvez pas que c'est large un peu,
ça?
Mme Demers: Pourvu que ça relève de la
compétence de rétablissement.
M. Chevrette: Oui, mais de la compétence ou de la
capacité de l'établissement; pas nécessairement de la
compétence.
Mme Demers: Non, mais je veux dire que...
M. Chevrette: Par exemple, vous n'étiez pas
obligé...
Mme Demers:... le pouvoir réglementaire du ministre, c'est
"lorsqu'elle relève de la compétence de l'établissement. "
"Il doit édicter les règlements sur toute matière
déterminée par règlement [... ] lorsqu'elle relève
de la compétence de l'établissement. " Ça, ça
infère, en fait.
M. Chevrette: La politique d'emploi, par exemple. Une politique
d'emploi, c'est de la compétence de l'établissement. Est-ce que
vous pourriez forcer un centre hospitalier à avoir une politique
d'emploi par règlement?
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais répondre
oui à toutes les questions que vous pouvez poser, possibles et
imaginables.
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que c'est un pouvoir
illimité. Toute la gestion du personnel, toute la gestion
administrative, toute la gestion, c'est de la compétence du centre.
Pourquoi est-ce que c'est aussi large? Moi, c'est la question que je me pose.
Pourquoi est-ce que c'est aussi vaste que ça? Si ça avait pour
objectif de contrôler la qualité de l'acte médical, si
ça avait pour objectif de contrôler la gestion financière,
je comprendrais. Mais, là, vous vous donnez un pouvoir illimité.
Tout est de la compétence après que tu lui aies donné la
responsabilité de donner les soins. C'est ça que... Et quel
était l'objectif que vous vous étiez fixé quand vous avez
rédigé un article avec une largeur de vue illimitée?
M. Côté (Charlesbourg): II est là pareil au
niveau réglementaire. C'est essentiellement ce qu'il y a
déjà là.
M. Chevrette: Oui, mais je vous demande pourquoi vous le mettez
aussi vaste que ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais c'est
déjà ce qui existe actuellement.
M. Chevrette: Ce n'est pas parce que c'était
déjà là que c'est bon. Je vous pose la question, en vertu
des pouvoirs qui...
M. Côté (Charlesbourg): II faudrait peut-être
aller voir par qui ça a été fait.
M. Chevrette: Pardon?
Une voix: C'est le législateur du temps qui l'a fait.
M. Chevrette: Je ne pose pas la question au législateur du
temps, je pose la question au législateur d'aujourd'hui qui est à
bâtir une réforme, mon cher collègue.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est moi qui ai
posé la question de date.
M. Chevrette: Je m'excuse! Je pensais qu'il me
répondait.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est moi qui ai
posé la question de date, là. Le législateur du temps, on
est après essayer de trouver qui c'était à
l'époque.
Le Président (M. Joly): m. le député de
joliette, vous n'avez pas... est-ce que vous avez des problèmes
d'ouïe, m. le député de joliette?
M. Chevrette: non, mais y avait-il des objectifs précis ou
bien si vous avez reconduit ça sans vous poser de questions? ça
se répond, ça. la franchise, la transparence...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non,
c'est-à-dire que, comme dans certains autres cas, on l'a reconduit.
Ça ne veut pas dire que, dans la loi actuelle, tout est mauvais.
M. Chevrette: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, ce n'est pas
nécessairement mauvais non plus parce qu'au bout de la ligne, là,
c'est qui qui est imputable?
M. Chevrette: Oui, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Somme toute, c'est le
ministre.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, si je pose la question...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...c'est à cause des changements de
structure. Il y a une régie régionale, là, qui a un
rôle différent d'un CRSSS. Ce n'est pas pour rien que je vous pose
la question. Si ça avait été le maintien des CRSSS
existants avec les rôles qu'ils ont, mais la question que je vous pose,
c'est en fonction de l'établissement d'une nouvelle structure. Ça
peut changer. Tu sais, les CRSSS ne peuvent pas tout avoir du ministre. Ils
vous font publier un règlement en disant: Faites-nous donc produire, M.
le ministre, par les établissements, par voie réglementaire en
vous servant de l'article 410, 4°, on aurait besoin de ça,
ça, ça, ça, ça. Ça peut être une porte
ouverte à tout, ça. C'est pour ça que, même si on
n'a pas encore discuté de la régie, on est obligé d'en
tenir compte dans l'étude de l'article qu'on fait là, vous
comprendrez ça, sinon vous ne nous trouveriez pas brillants si on ne le
faisait pas. Mais les discussions qu'on fait ici peuvent régler un
paquet de discussions postérieurement, là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est clair. C'est pour
ça que c'est une discussion qui est toujours très large depuis le
début.
M. Chevrette: Non, mais je pense que c'est vrai qu'il se fait de
la discussion sur ces articles-là qui vont en éliminer.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! C'est clair. Le pouvoir
qui est là, c'est un pouvoir de demander de faire un règlement,
point. Donc, on ne dira pas ce qu'il y a dans le règlement, je veux
dire. Vous devez faire un règlement sur cette... On ne dira pas comment
faire le règlement.
M. Chevrette: Non, ça, je comprends. Ma seule crainte, M.
le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'au bout de la
ligne, large, là...
M. Chevrette: Ma seule crainte, c'est qu'on se serve du pouvoir
réglementaire illimité du ministre pour aller chercher toutes
sortes de données dont la régie aurait besoin. Vous pouvez
devenir un outil pour la régie avec le pouvoir illimité que vous
vous donnez. La régie pourrait exiger, par exemple, que, dans le
processus d'achat... Vous autres, vous avez une régie d'achat, vous
n'avez pas de règlement, mais vous avez un directeur des achats, etc. et
vous avez un service. Là, la régie dit: M. le ministre,
demandez-leur donc de faire un règlement sur la politique d'achat d'un
établissement. Elle va se servir de vous comme instrument et c'est
ça qui
pourrait devenir tatillon en maudit, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça n'a pas
été le cas jusqu'à maintenant.
M. Chevrette: Non, mais ça pourrait, en vertu des
contrôles exercés par la régie. Ah! je m'excuse, mais c'est
une nouvelle structure que vous proposez. Vous ne proposez pas de reconduire la
loi en entier.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, ça, ce
n'est pas...
M. Chevrette: Vous comprendrez. Vous devenez la soupape pour la
régie régionale éventuelle, et c'est ça que je
crains, moi. Vous n'y aviez pas pensé, mais avec 1, 17, 400, c'est
ça qui va arriver.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sauf que le 1, 17, 400,
ce que j'ai compris, la manière dont vous le présentez, c'est 1,
17... 400.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Bien, c'est-à-dire qu'on lit le 1...
M. Côté (Charlesbourg): Là, ce que vous
voulez dire, c'est que le 1, il est mangé par la régie.
M. Chevrette: On ne se fait pas de bile, quand le 1 va dire
ça, là, c'est l'escouade de Charlesbourg qui va partir.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
ça a déjà été l'escouade de Joliette.
D'ailleurs, je le répète - je ne l'ai pas dit seulement une fois,
je le répète - René Lévesque a toujours
regretté de ne pas l'avoir mis là avant.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! Je n'étais pas dans les
confidences de M. Lévesque là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Pas moi, mais d'autres me
l'ont répété à plusieurs reprises.
M. Chevrette: J'en rougis de gène, M. le ministre,
arrêtez. Ceci dit, dans te cadre du système qui sera
établi, il me semble que le pouvoir devrait être un peu
limité à l'établissement de politiques régionales
ou à quelque chose du genre. Là, on peut même exiger des
règlements pour des politiques strictement au niveau de
rétablissement. Moi, quand il s'agit de contrôle... Je vais vous
donner un exemple. Tu peux te garder un pouvoir réglementaire quand tu
veux établir une structure de contrôle ou une structure
d'établissement de politiques régionales, les forcer à
participer, de quelle manière, et tout ça. Mais très
ilimité de même, avec une nouvelle structure... Parce que quand
vous dites: 1, 17, 400, I y a 17 pouvoirs de plus au 1 qu'il n'y en avait dans
l'ancienne loi. Nous autres, c'est le décompte qu'on fait à peu
près, 17 pouvoirs additionnels. La régie a pas mal plus de
pouvoirs que les CRSSS n'en avaient, au niveau des contrôles, en tout
cas, puis du "fouinage", elle a pas mal plus de fouinage" à faire que
les CRSSS n'en avaient avant. Puis, là tu te ramasses avec un pouvoir
réglementaire pour leur faire faire des règlements en fonction de
tout ça. Ça me fatigue, ça m'agace. Je ne sais pas si on
comprend ce que je veux dire, mais ne trouvez-vous pas que ça a de
l'allure?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
veux juste essayer de voir, c'est la pratique d'aujourd'hui. On est dans une
pratique. C'est clair qu'on change de structure, qu'il y a un pouvoir
régional qui va avoir plus de pouvoir, même si ce n'est pas le
pouvoir total et que, dans ce sens-là, ça doit paraître. On
part d'une situation où c'est 24 matières à
règlement. Je ne sate pas s'il y a possibilité d'examiner si,
effectivement, ça peut être allégé en termes de
liste, mais il doit en demeurer un minimum sur lequel le ministre doit avoir
prise au niveau des règlements et, encore une fois, tu demandes de fake
un règlement, tu ne dis pas ce qu'ildoit y avoir dans le
règlement, mais un règlement sur telle matière.
M. Chevrette: Je pourrais comprendre si le pouvoir
réglementaire était en fonction d'objectifs bien précis,
ou de contrôle, ou d'établissement de politique, mais un pouvoir
illimité ça peut servir à toutes les sauces, y compris
devenir tatillon même au besoin.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends. C'est toujours
le même principe. Les gens disent toujours: Tant que vous allez
être là, il n'y a pas d'inquiétude, mais c'est celui qui va
vous suivre.
M. Chevrette: Oui, c'est cela
M. Côté (Charlesbourg): C'est probablement ce qui a
été dit à M. Laurin, à l'époque, quand il
l'a adoptée. C'est pour ça que la question arrive
aujourd'hui.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Trudel: Voyez comme I a raison.
M. Chevrette: C'est moi qui l'ai suivie. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on a prévu
aussi, c'est la mise en marche, avec les régies
régionales, d'un comité de travail sur la
déréglementation. Non, non, ce n'est pas un comité de
travail qui va aboutir dans 175 ans. Il va aller avec ce qu'on veut faire et
ça pourrait éventuellement avoir des conséquences sur ce
dont on discute.
M. Chevrette: Mais vous comprendrez, en tout cas... Nous autres,
on a écouté, on a lu, on a entendu des discours extraordinaires
sur la régionalisation de la réforme de la santé, la prise
en main, par le milieu régional, de ses affaires, puis on arrive
à 76 et le ministre dit directement aux établissements: Je peux
vous forcer à faire des règlements. C'est une drôle de
régionalisation, ça.
M. Côté (Charlesbourg): II faut se le rappeler,
celui qui est encore imputable et qui sera en tout temps imputable... Vous
n'étiez pas là tantôt, je vais vous le
répéter. J'a dit au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue: S'il y a une "flagosse" quelque part, vous
n'irez pas interroger le président ou le D.G. de la régie
régionale, vous allez vous faire un bon plaisir d'interroger le
ministre, qui est la personne imputable devant l'Assemblée nationale,
c'est clair, puis si j'étais dans votre situation, je ferais la
même chose. C'est ça. La loi a une économie aussi, selon
les règles administratives, où la seule, l'unique personne
imputable, ultime-ment, c'est le ministre. Bon. Et ça...
M. Chevrette: Oui, mais c'est parce que vous avez opté, M.
le ministre, pour ne pas changer l'imputabilité, je veux dire...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. En tout cas, je ne
veux pas recommencer ce que j'ai dit tantôt...
M. Chevrette: Non, non. Je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): ...on en a fait un bon bout,
on a échangé un bon bout là-dessus, tantôt.
M. Chevrette: Vous voyez la cohérence de notre bord.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ça va bien, à part de ça?
Qu'est-ce qu'on fait avec ça, nous autres?
M. Trudel: Au moins une explication sur: Pourquoi vous sautez
par-dessus la régie régionale? Pourquoi vous sautez par-dessus?
Non, non, mais là, je suis à l'intérieur de votre
paramètre de l'imputabilité que vous avez choisi, puis là,
vous allez directement aux établissements, je veux dire, vaste
témoignage pour les régies régionales.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, il
faudra continuer d'être cohérent dans vos propos aussi parce que
ce que j'entends, à l'occasion, sur les régies régionales
ou ceux qui sont dans le champ, dans des articles qu'on a étudiés
précédemment et qui en parlent très large alors que c'est
très petit, il faut aussi, de ce côté-là, être
cohérent, sur le plan du discours, parce que ce n'est pas le voisin qui
a abordé ça, tantôt.
M. Trudel: Non. On a parlé, en général,
d'oxygène pour les régions.
M. Chevrette: On parle de nos appréhensions. On ne se
gêne pas.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. D'ailleurs, nous
aussi, on en a des appréhensions. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que
je dis que la mise en oeuvre c'est le 1...
M. Chevrette: Ah! Ça, je suis... d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): ...parce que c'est lui qui
demeure toujours imputable.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'amendement à
l'article 76 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): ...évidemment, comme
le disait le député de Joliette tantôt, on a une discussion
qui est plus large que l'article 76 et je ne veux pas me retrouver dans une
situation où on fasse des choses à l'article 76 qui soient
exportables ailleurs, sans mesurer ce que ça a comme conséquences
ailleurs. Ce que je vais faire, c'est que je vais prendre le temps de voir si,
effectivement, le palier régional peut être inclus au niveau de
l'article 76 dans une mécanique que nous pourrions trouver, parce que
c'était ça l'esprit, si c'est possible, sans
nécessairement que ça crée ailleurs d'autres obligations.
C'est ça qui est toujours le danger. Pour un but qui est très
légitime au moment où on étudie un article, on se retrouve
à d'autres, quand c'est exportable, avec des problèmes assez
importants que vous comprenez. Alors, M. le Président...
M. Chevrette: Si on veut des arbitrages, entre vous et moi, des
modus Vivendi, pour qu'ils apprennent à vivre ensemble, je pense qu'il
faut que le travail parte de la région. Qu'ils aient un pouvoir ultime
pour fins de contrôle sur des objets spécifiques, moi, je
comprends ça, comme sur l'établissement des politiques. Mais je
pense qu'il faut qu'on mette la région dans le coup si on veut
développer une certaine harmonie dans tout ça.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, M. le
Président, on recommencera mardi avec l'article 76.
M. Chevrette: C'est beau.
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons suspendre
l'amendement et l'article 76. Alors, compte tenu de l'heure, nous ajournons nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 23)