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(Neuf heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour à tous et à
toutes. Nous allons reprendre nos travaux. Je rappelle le mandat de la
commission. La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 120, Loi sur les services de santé et les services sociaux et
modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Chevrette
(Joliette) sera remplacé par Mme Caron (Terrebonne).
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la secrétaire.
Je vous rappelle qu'au moment où nous terminions nos travaux hier soir,
à 22 heures, c'est ça, 22 heures moins une minute, l'ajournement
a été demandé par M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, et nous en étions à appeler
l'article 1.
Motion proposant d'entendre la
Fédération des médecins résidents du
Québec
M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, je vous avais signalé,
je pense, que j'avais une autre motion préliminaire à vous
présenter, pour autant que vous la jugiez recevable, bien sûr.
Alors, M. le Président, je propose, toujours en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure, que la commission des
affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin, elle entende la
Fédération des médecins résidents du
Québec.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez la copie, M.
le député? Celle-ci me semble recevable. Alors, M. le
député, vous avez la parole et je vous rappelle la règle.
Vous avez 30 minutes pour pouvoir nous expliquer le bien-fondé de votre
demande.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux bien rappeler
au départ, ce matin, deux considérations. D'abord, le rappel de
ce que nous avons mentionné de ce côté-ci à
l'ouverture des travaux hier, au niveau des remarques préliminaires
avant l'étude du projet de loi 120. Et je ne veux en aucun temps laisser
transpirer une pratique contraire à ce que nous avons annoncé
comme attitude que nous prendrions tout au long des travaux de cette commission
parlementaire pour l'étude article par article du projet de loi 120.
Nous avons mentionné que nous n'effectuerions pas une opposition
systématique à tous les articles qui nous semblent contestables.
Cependant, nous avons mentionné que nous insisterions auprès du
ministre responsable devant cette commission parlementaire des affaires
sociales pour entendre un certain nombre de groupes, sur une période
limitée de temps pour laquelle nous sommes tout disposés
évidemment à faire les arrangements nécessaires avec les
parlementaires membres de cette commission, et en particulier le ministre
responsable, pour avoir un certain nombre d'éclairages de certains
groupes qui ont soumis, un titre ou à un autre, un mémoire, des
remarques, des analyses sur les intentions du ministre, intentions qui,
notons-le, ont été, oui, légèrement
modifiées, je dis bien légèrement modifiées et je
ne peux pas dire substantiellement puisque nous n'avons pas ces amendements. Le
ministre en a seulement annoncé la substance hier au niveau de ses
amendements, de façon qu'il est difficile pour les parlementaires
membres de cette commission d'évaluer, à ce moment-ci, si les
modifications ou les amendements ou les papillons proposés sont de
nature vraiment substantielle par rapport au principe du projet de loi qui a
été adopté en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale.
Alors, c'est dans ce cadre-là, au niveau de la première
remarque, de dire que nous n'avons pas l'intention d'empêcher ou de faire
en sorte que systématiquement, au niveau de la procédure, les
travaux de cette commission puissent être, disons-le franchement,
bloqués ad vitam aeter-nam. Nous comptons cependant sur la bonne
compréhension des parlementaires membres de cette commission et en
particulier du ministre responsable pour que nous puissions tenir des audiences
particulières. Le ministre se rendra bien compte que nous aurions
complété l'entente qu'il nous a proposée hier soir
d'entendre la Corporation professionnelle des médecins du Québec
avec quelques groupes supplémentaires, que déjà nous
serions à l'oeuvre ce matin et que nous pourrions avoir cet
éclairage supplémentaire. il me semble particulièrement
d'appoint de présenter une motion, ce matin, visant à entendre la
Fédération des médecins résidents du Québec.
Quand le ministre a présenté son projet de réforme
à l'Assemblée nationale, qu'il en a exposé les principes
les plus fondamentaux et qu'il a en particulier précisé quelle
serait
dorénavant la mécanique qui s'appliquerait au niveau de la
répartition des effectifs médicaux à travers le
Québec, nous avons mentionné au ministre que, sur l'objectif
terminal, nous ne pouvions faire autrement qu'être d'accord puisqu'il
s'agit là, au sein de notre formation politique, d'un article qui fait
l'objet nommément d'une préoccupation dans le programme de notre
parti politique.
Cependant qu'au niveau de la méthode, nous disions qu'H nous
semble important que nous puissions parler, que nous puissions échanger
avec les professionnels concernés, en particulier ceux et celles qui se
préparent à entrer de plein pied dans la profession. La
Fédération des médecins résidents du Québec,
de un, je pense que l'on peut affirmer qu'elle a bien répondu à
la préoccupation que nous avons de part et d'autre dans le sens suivant.
Dès le moment où le ministre a annoncé ses intentions, H
était légitime, de la part de ce regroupement de professionnels
de la médecine au Québec, de manifester son accord ou son
désaccord sur un certain nombre d'éléments de la
mécanique. Le message qui a été véhiculé,
d'une part, par le ministre - et pas besoin de retrouver les citations in
extenso, le ministre pourra corriger si je ne cite pas l'esprit de ses
remarques correctement - ça a été de dire: Vola l'objectif
que nous voulons atteindre en termes de services aux citoyens et aux citoyennes
du Québec, et si la Fédération des médecins
résidents ou si les jeunes médecins et les étudiants ou si
d'autres groupes de la profession veulent nous faire parvenir des
éléments susceptibles de nous aider à atteindre cet
objectif, eh bien, nous n'accepterons pas - le ministre utilisait souvent "et
c'est incontournable" - de contourner cet objectif-là, mais au niveau du
comment, au niveau des moyens, qu'on nous présente un autre
système.
Le message de l'Opposition, ça a été la même
chose. La Fédération des médecins résidents du
Québec, que j'ai rencontrée à plusieurs occasions, sait
que c'est toujours le même message qui a été porté
au niveau des deux principales formations de l'Assemblée nationale,
c'est: Présentez-nous des alternatives crédibles,
sérieuses, applicables, gérables, puis vous allez nous les
soumettre et, nous espérons, dans un débat public dont le forum
de base pourrait être la commission parlementaire des affaires sociales
de l'Assemblée nationale. Bien, ces gens-là se sont mis au
travail. Ils ont préparé un mémoire, Us ont soumis ce
mémoire à différentes personnes qui ont
réclamé une rencontre avec le ministre de la Santé et des
Services sociaux. Sauf erreur, H y a bien eu rencontre avec le ministre,
effectivement, sur la proposition de la Fédération des
médecins résidents. Mais dès le moment où ces gens
avaient, dans le processus démocratique, fait leur devoir - je pense
qu'on peut leur dire - correctement, eh bien, ils entretenaient un espoir
légitime de dire: Nous pensons que nous, comme professionnels de la
médecine, comme professionnels appelés à oeuvrer à
temps complet pour servir les citoyens et citoyennes du Québec, avec et
en collaboration avec nos collègues omnipraticiens et
spécialistes et autres regroupements au niveau des médecins, nous
pensons que c'est notre devoir de placer notre argumentation sur la place
publique, de façon que tout cela fasse objet de débats. Bien
sûr, je n'ai pas entendu de membres ou de représentants de cette
Fédération nous dire qu'ils n'acceptaient aucunement la
légitimité, l'im-putabilité, la responsabilité du
ministre, du Parlement ou des parlementaires membres de cette commission. Mais
ils souhaitaient, à l'intérieur d'un processus
démocratique sain, placer leurs observations, placer leurs remarques,
placer leurs suggestions sur la place publique. Dans notre système, il y
a bien évidemment plusieurs endroits pour le faire, mais sur le plan
législatif, l'endroit habituel, l'endroit le plus reconnu et
probablement le plus fructueux aussi, c'est de s'adresser publiquement aux
parlementaires qui sont appelés à gérer, qui seront
appelés à légiférer sur la gestion de leur pratique
professionnelle pour de nombreuses années a venir, et ça
s'appelle une commission parlementaire de l'Assemblée nationale du
Québec qui peut examiner les prétentions, les arguments, qui peut
examiner les suggestions d'un groupe de personnes regroupées au sein
d'une fédération et qui, en termes de personnes, ont des
intérêts directs dans l'organisation des services santé et
des services sociaux au Québec.
Et ça, je le répète. Donc, le message qui est
parvenu à ces personnes-là, ça a été de
dire: Faites-nous des suggestions. Parce que, en général, je
pense qu'on peut dire que l'Assemblée nationale et ses
différentes commissions parlementaires, lorsqu'on sent qu'il y a un
certain nombre d'intervenants dans notre société qui veulent
s'exprimer sur un sujet, ça va de soi que c'est proportionnel à
l'importance des modifications ou des changements qui sont proposés. Les
commissions parlementaires en général acceptent, à travers
différentes formules mais finalement qui se résument à peu
de chose, de recevoir et d'entendre ces gens et d'en discuter avec eux. Les
médecins résidents veulent se prévaloir de cette
possibilité de s'introduire dans le débat public et de laisser,
bien évidemment, la légitimité législative aux
élus de l'Assemblée nationale le soin de trancher et dire: Nous
allons dans telle ou telle direction, et que le processus démocratique
s'effectue suivant les normes ou les modes de fonctionnement habituels de notre
société démocratique. Si les résidents pensent
qu'ils ont des suggestions intéressantes à nous faire et que, par
ailleurs, elles ne sont pas reçues favorablement, eh bien, ils feront
leur travail comme tous les groupes dans la société et ils feront
en sorte qu'aux échéances démocra-
tiques, l'imputabilité du gouvernement joue et qu'on laissera la
population jouer.
Le mémoire qu'a fait parvenir la Fédération des
médecins résidents, qui n'est pas un groupement
spécialiste en procédures parlementaires, eh bien, elle l'a fait
parvenir au ministre et à l'Opposition. Elle l'a même fait
parvenir à la commission des affaires sociales sans y ajouter cependant,
et on pourrait lui en faire grief aujourd'hui, mais je pense que ce serait,
tout le monde en conviendra, jouer sur les mots, sur les intentions de ce
groupe-là de dire: Écoutez, elle n'a pas demandé
formellement d'être entendue par la commission parlementaire des affaires
sociales. Non, je pense qu'il ne faut pas jouer sur les virgules. Ces
gens-là ont amplement fait connaître publiquement et ils ont
même pris soin d'envoyer leur demande d'être entendus à tous
les parlementaires de l'Assemblée nationale. Les autres
représentants de la formation politique actuellement au gouvernement ont
également reçu cette demande d'audition. Aujourd'hui, ce que nous
posons comme motion, c'est de dire: il nous semblerait intéressant que
ces gens, qui vont constituer un des éléments fondamentaux de
notre système de santé et des services sociaux parce qu'ils vont
être dédiés, vous me permettrez l'expression, tout au cours
de leur vie à répondre à des besoins nouveaux des usagers
et au niveau des citoyens, eh bien, qu'ils nous disent: Nous autres, comme
professionnels déjà insérés d'une certaine
façon dans ce milieu de la santé, nous aurions un certain nombre
de remarques, de suggestions et de propositions, entre guillemets, à
vous faire, à la limite pour vous permettre d'atteindre vos objectifs.
Les gens de la Fédération des médecins résidents du
Québec ont des propositions, des suggestions, qui ne sont pas uniquement
reliées à la question de la planification des effectifs
médicaux et à la façon dont on entrevoit le faire suite
à une éventuelle adoption du projet de loi 120. Ces
gens-là voulaient aussi nous faire des remarques parce qu'ils sont sur
le terrain, ils sont dans la pratique. Ils voulaient aussi nous parier de la
question des droits des usagers. Le ministre a bien expliqué hier que
son intention législative, à la première section de ce
projet de loi, c'est, d'abord, de définir les droits des citoyens, les
droits des usagers, peu importe le terme que l'on utilise, si on est
passé de malade, à bénéficiaire, à usager et
on retombe au citoyen aujourd'hui, ça n'a pas d'importance. C'est la
personne qui a besoin de services et qui fait appel à un système
jusqu'à ce jour universel, accessible et gratuit. Ces gens-là
voulaient nous parler du droit des usagers et de la façon dont le
libellé des articles 6, 7 et 14 est introduit dans le projet de loi et
nous donner un certain nombre d'avertissements, un certain nombre de questions
qu'ils se posent quant à l'application véritable et à la
portée véritable de ces articles-là. (10 heures)
Ces gens-là voulaient aussi, et c'est un élément
fondamental, parce que ces personnes sont déjà dans la pratique,
je le répète, d'une façon, disons, particulière,
comme se préparant encore en quelque sorte au plein exercice de leurs
responsabilités professionnelles dans notre société. Bien,
ils voulaient aussi discuter en public d'enjeux énormes que posent les
articles 17 à 27 du projet de loi en ce qui concerne le dossier de
l'usager. Est-ce que le dossier médical - et je le pose sous forme de
question. C'eût été extrêmement intéressant et
éclairant d'entendre des professionnels du domaine nous donner leur
véritable vision de l'application de ces articles-là - est-ce
qu'on est en train de faire du dossier médical ou du dossier de l'usager
un dossier de gestion du système de santé et des services sociaux
au Québec? Ce n'est pas une question légère, ce n'est pas
simplement une question de dire: Jusqu'à maintenant, on a
rencontré, peut-être, dans certains secteurs un certain nombre de
difficultés à ce que le dossier, non pas simplement
médical mais le dossier de l'usager, conçu largement appartenant,
entre guillemets et entre parenthèses, plus à l'institution, aux
professionnels concernés, qu'à l'usager lui-même, soit dans
un système où c'est l'usager qui en aurait pleine et
entière responsabilité et plein droit sur ce dossier de l'usager,
avec un certain nombre d'implications au niveau de la gestion du système
de la santé et des services sociaux. La grande question qu'il faut se
poser, c'est: Est-ce qu'on est en train de passer à un dossier, non plus
à un dossier de l'usager au plan professionnel, mais à un dossier
de gestion du système de santé et des services sociaux? Il y a
des questions extrêmement importantes et des enjeux importants qui se
présentent à l'occasion de cette proposition de modifier la
nature et la relation de l'usager avec son dossier ou le dossier professionnel
qui est constitué, eu égard aux demandes de services auxquels il
fait appel dans notre système de santé et de services
sociaux.
Ces gens-là de la Fédération des médecins
résidents du Québec voulaient aussi nous parler justement des
mécanismes de recours administratifs prévus aux articles 28
à 50 du projet de loi 120. Là aussi, ces gens, qui sont des
producteurs - pour employer le langage du ministre - qui sont aussi des
producteurs de services, eh bien, ils sont on ne peut plus directement
concernés par le mécanisme proposé en matière de
recours et de traitement des plaintes des usagers du système. Lorsqu'on
est directement concerné par la question de ces recours administratifs,
il est normal, je pense, qu'on puisse entendre quelle est la situation de nos
professionnels et qu'est-ce que pourrait avoir comme effet ce mécanisme
à deux paliers et demi ou trois paliers, traitement au niveau de
l'établissement des plaintes, appel à la régie
régionale et ultimement au ministre, et absence de recours
externe et suppression de l'appel possible à la Commission des
affaires sociales en vertu des articles 28 à 50 du projet de loi. Ces
gens-là aussi voulaient bien nous entretenir sur l'organisation et les
missions des établissements et également de l'administration ou
du mode administratif qui serait dorénavant adopté pour la
gestion de ces établissements, les conseils d'administration des
établissements publics, la politique et toutes les provisions en
matière de gestion des ressources humaines, la grande question des
conseils de médecins, dentistes et pharmaciens et de leur position de
responsabilité dans les établissements où ils sont
appelés à oeuvrer et de leur relation d'autorité avec le
directeur général de l'institution au plan administratif.
Je pense qu'il aurait été intéressant d'entendre
ceux et celles qui vivent déjà, pour une grande partie, ces
questions et qui sont appelés à vivre avec ces
mécanismes-là en tâchant de chercher le meilleur
arrangement possible pour donner une qualité de services aux personnes,
aux citoyens et aux citoyennes qui font appel aux professionnels de la
santé dans notre système de la santé et des services
sociaux. Ces gens-là auraient pu nous donner un certain nombre
d'informations ou de visions, par exemple quant à la place
particulière, comment ils voient la place des pharmaciens dans un
établissement hospitalier. On le sait, c'est quasi inévitable, la
partie médication dans le système de soins au niveau de la
santé est une composante intrinsèque du système
lui-même et de la réponse que nous donnons aux personnes, ce qui
entraîne parfois une mauvaise utilisation - appelons-la largement - de la
dose chimique que l'on prescrit aux personnes pour en arriver non pas à
empirer, bien sûr, les situations, mais pour en arriver à
soulager. Quant aux professionnels de ce secteur, qui s'appellent les
pharmaciens, qui sont en étroite relation avec les autres professionnels
de la santé, quelle pourrait être ou quelle devrait être
leur place au sein de l'organisation des établissements?
Nous aurions même pu, à cet égard, suggérer
d'entendre aussi l'Association des pharmaciens oeuvrant en
établissements de santé au Québec, mais nous
répétons notre offre au ministre, soit de tenir des consultations
particulières limitées dans le temps, afin que nous puissions
entendre les principaux regroupements. Non pas que je considère les
pharmaciens comme n'étant pas un regroupement significatif, cependant,
je pense qu'au moment où nous les entendrons, nous pourrions entendre la
Corporation des médecins, la Fédération des
médecins résidents et, je le souhaite vivement, les associations
étudiantes qui se préparent à oeuvrer dans le secteur de
la santé. Nous pourrions discuter très largement, fermement, de
cette question et traiter aussi de la part, de la place ou de la situation des
pharmaciens dans cette proposition de réorganisation de notre
système de santé et des services sociaux.
Bien sûr que ces gens-là ont quelques impressions, quelques
suggestions, lis ont des assises assez fermes au niveau de l'organisation
régionale de la santé et des services sociaux et quant aux
pouvoirs qui sont détenus par les différentes instances, en
partant du haut par le ministre au niveau de ses fonctions
ministérielles et de ses pouvoirs de surveillance, du gouvernement
lui-même au niveau de la réglementation et de l'application de la
Loi sur l'assurance-maladie au Québec. Ces gens-là peuvent nous
en parler en tout état de cause. Je ne veux en aucun temps, à ce
titre-là, mettre en cause la vision du ministre. C'est lui qui est
responsable de ce secteur, mais je pense qu'il a aussi le devoir de partager
l'expertise qu'il pense avoir dans sa vision de l'organisation du
système de santé et des services sociaux avec des acteurs
importants au sein de ce système, et surtout des acteurs qui vont y
oeuvrer tout le temps de leur vie. On ne parie pas d'une question d'un an ou de
deux ans, ou d'une mesure qui va affecter temporairement ces professionnels.
C'est qu'on va réglementer, on va, en quelque sorte, régir, pour
toute leur vie professionnelle, la façon dont ils vont intervenir
auprès des personnes dans le besoin au Québec. Ces gens-là
ont fait leur devoir. Ils ont présenté des propositions à
cet égard, et je pense que tout cela doit faire l'objet d'un
débat public. Inévitablement, ces gens-là auraient aussi
à nous présenter ce qui constitue... Et puis je pense qu'il n'y a
pas de mal à déclarer cela, qu'ils sont intéressés
par une question centrale en ce qui concerne la planification des effectifs
médicaux Écoutez, des groupes de personnes vont passer 4 ans, 6
ans, 8 ans, 10 ans, 12 ans dans certains cas, au niveau des
surspécialistes, à se préparer à intervenir
auprès des personnes dans notre système, puis ils disent
après une telle préparation: Bien, voici ce que nous
présente le ministre en termes de règles du jeu pour exercer ma
profession. Est-ce que ce serait exagéré d'entendre et
d'écouter la Fédération des médecins
résidents pour qu'on puisse dire, nous aussi, comme professionnels
déjà insérés dans la pratique, comment on pense que
ça devrait opérer, comment ça devrait fonctionner, et
répondre aussi par différents moyens aux exigences ou aux
objectifs qui ont été déterminés au niveau du
principe de la loi, servir les citoyens là où ils sont sur le
territoire du Québec, mais avec les mécanismes les plus
efficaces, les plus souples et permettant l'évolution la plus normale
d'un professionnel de la santé qui a décidé de partager le
défi de répondre aux besoins des citoyens et des citoyennes du
Québec.
Encore là, je le répète, c'est important, ces
gens-là, dans ce qu'ils nous ont soumis, dans ce qu'ils souhaiteraient
soumettre publiquement en termes de débat, ne réclament pas ce
qu'on pourrait appeler la totale et unique liberté de
pratiquer leur profession à leurs seuls critères
personnels de choix. Ils sont capables, ce sont des professionnels
responsables, de composer avec la réalité d'un État, du
Québec, qui a décidé de se donner au tournant des
années soixante-dix un système universel, gratuit au sens de
financé publiquement, accessible pour toutes les personnes et dont l'un
des rouages les plus importants est, bien sûr, ces professionnels qui
sont chargés de donner des services. Ils ne réclament pas, ils ne
font pas d'affirmations à outrance en disant: Non, si vous voulez, on
veut s'insérer dans un système où nous n'aurions aucun
compte à rendre et où nous pourrions nous installer n'importe
où, peu importe la population. C'est tout à fait le contraire.
Ils nous ont présenté des mécanismes, ils nous ont
présenté des voies de solution quant à la
répartition des effectifs médicaux.
Je ne dis pas et je n'affirme pas que nous devons accepter en bloc,
aveuglément, les suggestions qui nous sont faites par ces professionnels
qui vont s'insérer tout au cours de leur vie dans notre système
de santé et de services sociaux. Ce que je dis pour l'instant, c'est, au
moment où on va modifier profondément les rapports au niveau des
professionnels ou l'insertion de ces professionnels dans notre système
de santé et de services sociaux au Québec, quoi de plus normal
que de prendre un certain nombre d'heures qui ne nous apparaît pas encore
exagéré pour dire: Entendons la Fédération des
médecins résidents du Québec qui nous parle de la
rémunération différenciée, l'application des plans
d'effectifs médicaux, la régionalisation de l'enveloppe de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, l'agrément des
cabinets privés, l'octroi des privilèges avec aussi - ils sont
capables de réfléchir avec nous - les amendements qui ont
été annoncés par le ministre, hier. On est capables
d'avoir un échange franc, honnête, et clair là-dessus. Et
nous sommes en droit nous-mêmes de faire notre devoir et de dire à
la Fédération des médecins résidents: Nous, de
notre côté, nous pensons qu'il est légitime de
réclamer une certaine prestation de services dans les conditions
suivantes. Moi, je pense que nous devons adopter une attitude ouverte en
disant: On ne veut pas faire cette réforme contre les professionnels de
la santé, peu importe qu'on l'ait dit ou pas. J'en profite pour faire
une remarque d'une minute. Le ministre disait, hier: Je rappelle au
député de Rouyn-Noranda - Témiscamingue que je n'ai jamais
affirmé... Ce que je disais dans mon affirmation, c'est que de nombreux
observateurs de la scène politique ou de la scène des services de
santé et des services sociaux au Québec ont
véhiculé - et ça ne doit pas venir de rien - il y a une
impression qui s'est créée, qu'enfin, on va les replacer, les
médecins.
J'ai reçu beaucoup de gens dans mon propre bureau au niveau de
l'Opposition, qui me di- saient: Bien, écoutez, ça semble assez
clair que l'objectif, c'est de casser les médecins. Je n'attribue pas
ces propos in extenso au ministre, je dis: II faut être aveugle pour ne
pas constater que ça a été véhiculé
largement...
Le Président (M. Joly): M. le député, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. Trudel: ...et c'est tout à fait comme l'organisation de
la justice. L'apparence de justice est aussi importante que l'exercice de la
justice elle-même et nous devons défaire cette impression, cette
perception qui a été largement véhiculée. Un des
moyens, c'est d'entendre la Fédération des médecins
résidents du Québec et que nous puissions débattre de ces
questions avec les principaux intéressés. (10 h 15)
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre. Est-ce que la motion... Ah! je m'excuse, oui, je vous reconnais
le droit. Vous avez, comme parlementaire, le droit de... Vous avez 10 minutes,
jusqu'à 10 minutes.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, je vous remercie.
Je n'ai pas l'intention de prendre 10 minutes, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vous reconnais, Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Très brièvement. Mon
collègue vous l'a dit tout à l'heure et je pense qu'il faut
être clair, on n'a pas l'intention de faire un "filibuster", comme on dit
dans les termes ici. Mais il reste que je pense que c'est important qu'on
s'exprime aussi sur ce sujet-là. La réforme de la santé,
je pense que ce n'est pas une blague, il y a eu des études qui ont
été faites pendant longtemps, des commissions, des
comités, et mettons-en. On entend qu'il y a aussi présentement
quelque chose comme 309, en fait, on m'a dit 309 amendements qui n'ont pas
été déposés, dont on n'a pas pris connaissance.
Alors, au moment où on se parie, M. le Président, vous
comprendrez qu'on est à travailler avec un projet de loi dont on sait
qu'il y aura des amendements, mais on ne sait pas où ils seront et ce
que ce sera. On sait aussi qu'on a plusieurs groupes qui ont fait appel aux
membres de la commission et au ministre sûrement aussi pour se faire
entendre. Alors, comme c'est un projet de loi qui est important, je le disais,
bien j'appuie tout à fait mon collègue dans sa demande de
rencontrer la Fédération des médecins résidents du
Québec, comme je trouve que ce serait important qu'on rencontre aussi
différents groupes. Il y a, comme je le disais tout à l'heure,
plusieurs groupes qui nous ont demandé d'être rencontrés.
Et je reprends ses propos.
Dans la présentation de sa réforme, le ministre a beaucoup
parlé du citoyen, le citoyen utilisateur, le citoyen payeur, le citoyen
décideur. Ces différents groupes, en plus d'être tout
ça, des citoyens utilisateurs, payeurs et décideurs, ont aussi
une particularité, c'est qu'ils sont aussi directement impliqués
dans le système de santé, pour une grande majorité de ces
groupes-là. Si on parle des médecins résidents du
Québec, je pense que c'est assez évident, c'est assez facile
à comprendre.
Il y a aussi le fait que pour ces groupes-là, souvent -
ça, j'en conviens - on lit ces mémoires-là, on regarde les
conclusions et on se rend bien compte que chacun des groupes défend une
position précise, défend un peu - comment je dirais bien
ça? - ses intérêts propres, mais je pense que c'est
légitime et que charité bien ordonnée commence par
soi-même, même pour ces gens-là aussi. Mais il reste que
dans plusieurs des mémoires aussi, on se rend compte que si on les
écoutait et si on regardait davantage les diverses recommandations,
ça pourrait sûrement nous aider à faire un meilleur
ensemble de système de santé qui pourrait être
sûrement plus intéressant pour le citoyen payeur, utilisateur et
décideur. C'est tout ce que j'avais à dire, M. le
Président, et c'est pour ça que j'appuie la motion de mon
collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. À mon tour
d'appuyer la motion qu'a présentée mon collègue, le
critique officiel en matière de la réforme de santé. Bien
sûr qu'il est important, lorsqu'on touche un changement aussi majeur que
la loi 120, de consulter les groupes qui auront à assumer
eux-mêmes, jusqu'à un certain point, cette réforme. Bien
sûr, il y a plusieurs acteurs. Vous me direz: La réforme est
axée sur le citoyen et tout converge à donner des services de
meilleure qualité et aussi en tenant compte de la capacité de
l'État de payer. Ça, c'est une responsabilité
partagée entre les différents partenaires et les
différents acteurs du système de notre société.
J'en conviens. Néanmoins, lorqu'on parle d'une telle réforme
axée sur le citoyen, c'est qu'on remet en question un projet de
société et on va aussi loin que remettre en cause les rôles
de ces différents acteurs. C'est là-dessus que j'aurais
trouvé intéressant qu'on puisse entendre des gens sur qui repose,
selon leur bonne volonté, en fait, la réussite d'une telle
réforme ou pas. Bien sûr, le citoyen, lui, est le consommateur des
soins et il est un petit peu en attente par rapport à l'ensemble des
différents professionnels qui gravitent autour de lui pour lui permettre
celto qualité do vie ou ce mieux-être. C'est pourquoi H aurait
été souhaitable, à ce moment-ci, dans une ouverture
d'esprit, de favoriser les éléments qui permettraient une formule
gagnante quant à l'application de cette réforme. On ne peut pas
passer à côté des principaux concernés, notamment
ces résidents qui, pour une bonne part, assumeront, dans un avenir
très rapproché, un rôle majeur dans le système de
santé. En fait, c'est avec eux qu'il faudrait regarder, envisager, en
fait, et avec d'autres - je ne les exclus pas nécessairement, ils ne
sont pas exclusifs au système de santé et ce ne serait pas
là ma prétention parce qu'on restreindrait
énormément notre système de santé - on peut dire
qu'ils jouent un rôle assez important. Il aurait été
souhaitable, à ce moment-ci, de pouvoir les entendre, pour savoir
comment ils peuvent conjuguer, en fait, les intérêts des
médecins et l'intérêt des usagers dans les propositions
qu'ils ont déposées. Il semblerait que, dans cette ouverture
d'esprit, ii y a peut-être des points qui ont échappé au
ministre ou qu'il y aurait des points qui auraient échappé au
législateur et qui nous permettraient peut-être d'améliorer
certains aspects du projet de loi. Déjà, il y a 304 amendements
qui n'ont pas encore été déposés. Il aurait
peut-être été intéressant de voir - 304,
peut-être 305 ou peut-être 306 - mais qui, tout de même,
auraient le mérite de favoriser le contexte d'application de la loi.
C'est ça qui est important en fait, et c'est là-dessus, pour
avoir oeuvré longtemps dans le milieu de la santé, pour avoir
été présidente de conseil d'administration et pour
connaître comment est le climat et la volatilité d'un climat dans
le milieu de la santé, si on veut que cette réforme apporte les
changements en profondeur auxquels nous nous attendons et que nous souhaitons
tous, quelles que soient les fonctions que nous occupons, qu'il aurait
été souhaitable et très important d'entreprendre des
échanges avec une ouverture d'esprit, sans jugement les uns des autres,
à savoir si ce qu'on demande est vraiment uniquement basé sur des
intérêts personnels, mais d'essayer de trouver le point de
convergence qui ferait qu'on pourrait facilement mettre en application une
telle réforme, axée sur le citoyen. Je me souviens, M. le
Président, quand j'étais au conseil d'administration et quand on
n'était plus capables de s'entendre les uns les autres et qu'on
était tellement rendus loin sur des points de divergence, on arrivait
toujours à dire: Ah oui! c'est le citoyen, on est ici pour le citoyen.
Et c'était toujours la dernière réflexion, dans le fond,
qui faisait qu'on pouvait se rallier. Nous étions tous là pour
favoriser le mieux-être du citoyen. C'est dans cette perspective qu'il
aurait été intéressant de faire en sorte que des groupes
puissent venir nous apporter leurs dernières réflexions, non pas
pour critiquer, parce que je pense que c'est vraiment stérile cette
forme d'approche, mais vraiment pour apporter dos moyens pour que celte
réforme tant
attendue... Parce qu'il faut le dire, ça fait longtemps qu'on
travaille sur cette réforme-là. Bien sûr, le ministre
lui-même a dit que les consultations étaient faites largement. On
a vraiment fait le tour avec les principaux concernés. Mais là,
on arrive à l'étape ultime, c'est-à-dire la formulation
qui sera vraiment le point d'appui et de référence pour
l'application de cette réforme. À ce titre-là, il faut
vraiment qu'on consulte à nouveau des groupes qui auront à
assumer cette nouvelle mécanique, et aussi leur permettre de nous
apporter cette vision des choses qu'ils nous apportent en disant: Dans
l'ensemble, nous sommes pour cette réforme. Il y a des points sur
lesquels nous souhaitons davantage argumenter pour apporter des
éléments plutôt constructifs que destructifs et qui
favoriseraient sûrement la mise en application de la réforme.
Si on prend de front des groupes sans tenir compte de leur point de vue,
je pense qu'au niveau des mentalités, des comportements, c'est toujours
là qu'on affronte vraiment les véritables réformes. S'il
n'y a pas une bonne volonté de part et d'autre des individus qui sont
concernés, à apporter leur contribution ou vouloir travailler
dans le sens de la réforme, alors nous aurons fait cet exercice
inutilement. Il y aura beaucoup de temps perdu parce que des gens, et ça
c'est tout à fait humain, maintiendront leur position, et, à ce
moment-là, ça deviendra de l'affrontement et on fera tout pour
faire en sorte qu'au lieu de faire fonctionner adéquatement la
réforme, on aura de la difficulté. Il y a des groupes très
importants aussi qu'on a oubliés, comme les travailleuses sociales. Je
reviendrai peut-être plus tard, à un moment donné, mais il
aurait été très important parce qu'à
l'intérieur de la réforme, cet aspect du social a
été très négligé. Je pense que dans un
contexte comme celui dans lequel on vit à l'heure actuelle, ce
côté-là est tout aussi important. C'est dans ce sens que
nous présentons des motions, parce qu'il nous semble, en tout cas, et
nous voulons permettre au ministre que sa réforme soit la plus heureuse
possible et qu'elle puisse s'inscrire vraiment dans ces changements en
profondeur que l'ensemble de la société et bon nombre
d'intervenants dans le milieu même de la santé souhaitent. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Oui, M. le Président. Je vous dis
immédiatement que je ne prendrai pas 10 minutes, puisque je vous annonce
déjà que je ferai une motion tantôt, mais je tenais
vraiment à intervenir concernant la Fédération des
médecins résidents du Québec. Je pense que ce groupe a
clairement démontré qu'il tenait à être entendu en
audiences particulières, que ces gens ont pris la peine de contacter
tous les députés de ce Parlement. Ils ont déjà eu
une rencontre avec le ministre le 29 janvier dernier, mais, malgré cette
rencontre, ils ont quand même demandé d'être entendus en
commission parlementaire. C'est donc dire que cette rencontre n'a pas
été suffisante. Ce qu'ils souhaitaient dans la lettre qu'ils nous
ont fait parvenir, c'est pouvoir réaffirmer leur point de vue, mais
aussi que les autres citoyens puissent les entendre. Lorsqu'un groupe
démontre aussi clairement son intérêt pour un sujet,
lorsqu'on prend temps, énergie et argent pour présenter des
mémoires de qualité, et ce sera le cas pour le groupe que je
présenterai aussi tanôt, je pense que le strict minimum, c'est au
moins de les entendre. Alors, c'est tout ce que je voulais vous mentionner, M.
le Président, c'était vraiment un appui formel à cette
demande de mon collègue.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Nous allons maintenant mettre aux
voix.
M. Trudel: Je demande un appel nominal de la motion
présentée, s'il vous plaît.
Le Président (M. Joly): Un appel nominal. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gaspé.
M. Beaudin: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre, contre. Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Pour.
Le Président (M. Joly): Vous êtes pour. Mme
Carrier-Perreault: Oui.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme ta députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Joly): Donc, la motion est
rejetée. Mme la députée de Terrebonne, vous voulez la
parole?
Motion proposant d'entendre la
Fédération
nationale des associations de
consommateurs du Québec
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Oui, M. le Président. Alors, tel que je vous
l'ai annoncé tantôt, il est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure, la commission
permanente des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi, et qu'à cette fin elle entende la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Je constate la recevabilité de votre motion, et
comme vous connaissez la procédure, vous avez 30 minutes pour en
débattre, madame. (10 h 30)
Mme Caron: Merci, M. le Président. La
Fédération nationale des associations de consommateurs, et avant
que le ministre nous le dise je le dis immédiatement, n'a pas
demandé expressément d'être entendue. Il n'y a pas eu de
demande officielle et formelle. Cependant, elle a clairement
démontré son intérêt en déposant un document
de travail, qu'elle a intitulé: Commentaires sur le projet de loi 120,
en mars 1991. Puisque le ministre a introduit lui-même le concept de
citoyen consommateur, il nous semblerait important à cette
dernière étape, à cette étape décisive,
d'entendre les citoyens consommateurs, justement. Pourquoi avons-nous choisi la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec? C'est tout d'abord à cause de son intérêt
marqué dans le domaine de la santé puisque cette
Fédération-là a un comité santé qui est
formé de consommateurs et de consommatrices bénévoles qui
se sont impliqués régulièrement, au cours des
dernières années, pour améliorer la qualité des
services dans le domaine de la santé, et ils sont appuyés par des
permanents de l'ACEF de Québec et du groupe Auto-Psy de Québec
qui ont préparé le mémoire qu'ils ont déposé
en mars 1991. Vous savez, la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec regroupe neuf associations de
consommateurs. J'insiste toujours sur le fait que la FNACQ touche surtout des
consommateurs à faibles revenus et aussi à modestes revenus.
C'est toute la différence du monde parce que lorsqu'on regarde
l'étude des différents projets de loi - et j'ai eu l'occasion de
les étudier toujours avec l'oeil du consommateur et de la consommatrice
- on sent souvent une divergence entre les différentes associations de
consommateurs. Lorsqu'on regarde un petit peu plus loin ces associations de
consommateurs, on s'aperçoit toujours que la différence majeure
réside dans le fait que leur position est toujours très
opposée lorsqu'elles représentent des consommateurs à
faibles et moyens revenus ou lorsqu'elles représentent des consommateurs
à revenus élevés La FNACQ représente des groupes de
consommateurs à faibles revenus et à moyens revenus, donc cette
même clientèle qui est la plus touchée par la reforme de la
santé, la clientèle qui a le plus besoin de cette réforme
de la santé, puisque les consommateurs à revenus très
élevés vont toujours trouver le moyen de se débrouiller
dans un système de santé.
La Fédération nationale des associations de consommateurs
du Québec regroupe environ 125 000 personnes au niveau des membres.
Parmi ses objectifs, il y a toujours eu la défense des droits des
consommateurs, les intérêts des consommateurs, mais elle a
toujours porté une attention particulière à la dimension
nationale des dossiers. À ce chapitre, je pense que le projet de loi 120
constitue un excellent dossier pour la FNACQ. C'est vraiment le dossier qui
touche le secteur vital, la santé, et qui va toucher toute la
population. Donc, le comité santé s'est penché sur le
projet de loi 120. Ils ont déploré, bien sûr, le manque de
temps, parce qu'il faut toujours se rappeler que les associations de
consommateurs ont peu de revenus pour faire leurs recherches, mais effectuent
quand même un excellent travail malgré des moyens financiers
très peu élevés. Donc, ils ont réussi à
faire une très bonne analyse du projet de loi 120 et ils ont clairement
démontré leur satisfaction sur plusieurs aspects du projet de
loi, mais aussi des restrictions dans plusieurs domaines dont quelques-uns qui
touchent vraiment la population.
Je vais ici prendre le temps de sortir les principaux
éléments du mémoire de la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec. Le premier
élément qu'ils ont ressorti, c'est la dimension sociale de la
lutte à la pauvreté et l'amélioration des conditions de
vie. Ce qu'on déplore, c'est, bien sûr, l'absence d'une
politique claire au niveau du bien-être, de la santé, et
les recommandations qu'ils font à ce chapitre sont extrêmement
intéressantes. Je pense qu'il serait bon de les entendre à ce
moment-ci, avant de poursuivre, puisque le ministre nous a déjà
indiqué hier qu'on va déjà passer à une autre
étape après le projet de loi 120. Les commentaires qu'ils
auraient pu nous apporter immédiatement sur cette dimension sociale de
la lutte à la pauvreté et l'amélioration des conditions de
vie auraient été importants et intéressants. On avait
également mentionné, dans ce mémoire, que les droits des
usagers et des usagères devraient être davantage renforcés
et qu'on retrouve moins de restrictions dans l'application des droits. Comme
exemple, on insistait beaucoup sur le fait que les usagers et les
usagères devraient être accompagnés pour porter plainte.
J'ai abordé un petit peu le sujet des plaintes, hier, et
démontré comment le système de santé est souvent
utilisé par des gens qui n'ont pas nécessairement la
capacité de porter plainte, d'où l'importance de
l'accompagnement. Nous avons aussi demandé d'insister sur le choix du
professionnel. On sait à quel point, au niveau de la santé, c'est
important que le citoyen consommateur se sente en confiance, qu'il puisse
choisir son professionnel et qu'il puisse aussi, s'il est insatisfait d'une
décision, s'il a des inquiétudes, parce qu'on se parle de la vie
des gens, aller consulter quelqu'un d'autre. Et de maintenir ce
choix-là, c'est, bien sûr, ce qu'il y a de plus important.
La FNACQ a parlé longuement du traitement des plaintes. On a
parlé de comités de vigilance dans les établissements et
les régies régionales pour donner plus de
crédibilité et d'efficacité. Là-dessus,
dernièrement, nous avons entendu à la commission des
institutions, lors de l'étude du mandat du Protecteur du citoyen,
différents groupes de la santé qui sont venus nous exprimer les
difficultés qu'ils vivaient actuellement, parce que plusieurs
établissements de santé ont déjà un ombudsman, et
ils nous ont clairement dit qu'ils se sentaient souvent en conflit
d'intérêts, puisqu'on faisait quand même certaines pressions
sur eux pour aller, bien sûr, dans le sens de la défense de
l'établissement plus souvent que dans le sens de la défense du
citoyen consommateur. Cette étude du mandat du Protecteur du citoyen,
à savoir si on devait élargir ce mandat, nous a permis de
regarder du côté du domaine de la santé, en particulier.
Les interrogations que ces groupes-là nous ont présentées,
je pense que la FNACQ a, elle aussi, les mêmes interrogations et elle
était en accord pour que le Protecteur du citoyen ait juridiction dans
ce secteur.
Il y a aussi le côté des plaintes concernant les actes
professionnels. Là-dessus, le mémoire de la FNACQ demandait que
les plaintes pour les actes professionnels soient traitées comme les
autres plaintes par le système de traitement de plaintes normales en
établissement, à la régie régionale et, ultimement,
à la Commission des affaires sociales, tout en maintenant les pratiques
d'autoréglementation aussi et d'autodiscipline des corporations.
J'aurais vraiment aimé et j'aimerais encore les entendre
là-dessus, d'où l'importance aussi d'entendre la Corporation des
médecins - j'y reviens encore une fois parce que le ministre peut
toujours changer d'idée même sur les groupes qui ont
été rejetés - et la Fédération des
médecins résidents. Donc, on aurait pu vraiment, au niveau du
traitement des plaintes, faire le tour de la question, autant du
côté des professionnels que des consommateurs, parce que les
idées sont divergentes sur ce sujet-là, principalement, et c'est
un sujet, je le répète, qui doit se traiter rapidement. Lorsqu'un
citoyen dépose une plainte sur un sujet relatif à ia
santé, il ne peut pas toujours attendre une décision des mois et
des mois. Donc, il nous faut un système rapide, efficace, et d'entendre
tous les points de vue sur ce sujet-là, ça serait important au
moment où nous aborderons bientôt l'étude du projet de loi
article par article.
Parmi les commentaires de la FNACQ, il y avait un élément
qui m'apparaissait intéressant, qui n'avait pas été
abordé par plusieurs groupes, et c'est la possibilité d'un fonds
de compensation financière pour les victimes d'erreurs professionnelles
ou de négligence. On sait que ce sujet-là a fait l'objet de
plusieurs recherches, de certaines enquêtes. On sait, bien sûr, que
nos professionnels sont compétents, font leur travail au mieux de leurs
connaissances, mais il y a des erreurs comme dans tous les domaines. Tous les
métiers du monde se vivent de la même façon et des erreurs
peuvent se produire, sauf que dans le domaine de la santé et des
services sociaux, lorsqu'il y a erreurs, les erreurs peuvent être
extrêmement coûteuses pour le citoyen consommateur, puisqu'il peut
être affecté durant un court laps de temps au niveau de sa
santé, mais il peut être affecté aussi pour le reste de sa
vie. Présentement, au Québec, ce sujet est extrêmement
délicat. On sait qu'il soulève des luttes. C'est un point chaud
qui fait, bien sûr, ressortir souvent les émotions d'un
côté comme de l'autre. La proposition de la FNACQ d'un fonds de
compensation pour venir en aide aux personnes qui sont victimes d'erreurs
m'apparaissait une proposition qu'il y aurait au moins lieu d'entendre, de
commenter, de discuter et de poser davantage de questions sur ce
sujet-là, pour voir s'il n'y aurait pas lieu 'd'essayer
d'améliorer ensemble notre système.
On avait aussi, bien sûr, du côté de la FNACQ, toute
une partie qui a trait aux organismes communautaires qui sont voués
à la défense des droits, qui sont installés un petit peu
partout en région et qui sont souvent, finalement, le seul
élément sur lequel les citoyens peuvent se raccrocher lorsqu'il
n'y a pas de service installé formellement au niveau public. Les groupes
communautaires, et les associations
de consommateurs en font partie, sont des organismes qui sont
très près du citoyen, qui abordent avec lui les différents
sujets, tant au niveau de la santé que de la consommation. Ce que la
FNACQ demandait, c'est que le financement de ces organismes soit
protégé et qu'il ne dépende pas de la bonne volonté
des régies régionales.
Là-dessus, je suis convaincue que les députés des
deux formations politiques ont reçu des demandes de la part des
organismes communautaires, que les organismes communautaires leur ont fart part
de leurs inquiétudes. Vous savez, lorsqu'il y a décentralisation
de certains pouvoirs, on peut se retrouver avec un pouvoir encore plus fort en
région, et c'est l'inquiétude des organismes communautaires.
Certains se sentaient très rassurés du fait que les
décisions se prenaient à Québec. On croyait avoir
davantage d'objectivité par rapport au jugement qui se portait sur les
différents organismes communautaires puisque que c'étaient des
organismes qu'on connaissait, en réalité, un petit peu moins au
niveau national. L'inquiétude qu'ils ont, c'est que, dans les
régies régionales, les groupes sont davantage connus, mais, bien
sûr, il peut y avoir des liens avec certains groupes qui sont davantage
privilégiés. Je me souviens, lorsque j'ai participe l'an dernier
aux auditions en commission parlementaire, de cette réticence des
groupes communautaires, de leur grande inquiétude par rapport aux
décisions de financement en région. Les réponses qu'on a
eues jusqu'à maintenant n'ont pas enlevé ces inquiétudes.
Lorsqu'on se promène dans nos milieux respectifs, lorsqu'on rencontre
les différents groupes communautaires qui touchent à la
santé et aux services sociaux, lorsqu'on rencontre les différents
groupes de consommateurs, l'inquiétude est là. Elle est plus
grande que jamais puisque la réforme est maintenant à nos
portes.
On avait également demandé, du côté de la
FNACQ, d'étendre, de généraliser les comités
d'usagers et d'usagères à l'ensemble des établissements
et, bien sûr, que leur financement et leur autonomie soient
respectés, soient garantis par la loi. Les consommateurs ont
également manifesté un désaccord avec le ticket orienteur
et l'impôt-services. Ils ont surtout manifesté cette opposition en
la prenant par le côté positif, c'est-à-dire en demandant
le maintien de la gratuité pour l'usager et l'usagère. C'est
normal, je pense, que la FNACQ s'interroge sur ce ticket orienteur puisque, de
toute façon, pour le consommateur à revenus plus
élevés, le fait de payer 5 $, même s'il ne va pas au bon
établissement, ça ne pose pas de problème. Donc, le
citoyen qui peut payer ses 5 $ ne participera pas à l'effort de
désengorgement des urgences. Il va payer ses 5 $ et il va continuer
à utiliser les urgences. Donc, les seuls consommateurs qui vont
participer à cet effort, c'est bien sûr les con- sommateurs
à faibles revenus, ceux qui ne pourront pas payer les 5 $. Que la
Fédération nationale des associations de consommateurs s'oppose
à ce ticket orienteur, c'est normal, puisqu'elle défend les
consommateurs à faibles et modestes revenus, d'autant plus qu'on n'a
aucune garantie sur le changement au niveau du coût, puisque ce
changement-là pourra se faire sur simple réglementation de la
part du ministre, au moment où il le jugera opportun. (10 h 45)
Par rapport à l'impôt-services, je ne m'attarderai pas
longuement, M. le Président, puisque le ministre nous a
déjà annoncé hier qu'il y aura des modifications, des
amendements apportés de ce côté-là, et
peut-être certaines précisions.
Un autre dossier important pour la FNACQ et que nous n'avons pas
soulevé jusqu'à maintenant dans les débats, c'est tout ce
qui a trait à la confidentialité. Là-dessus, je vais me
référer aux recommandations de la FNACQ dans son mémoire,
lorsqu'elle parte de la carte à mémoire dans le domaine de la
santé. Ce qu'on dit globalement, là-dedans, c'est que, bien
sûr, il y a des technologies nouvelles qui sont intéressantes.
Bien sûr, on ne doit pas être complètement fermé
à toute cette nouvelle technologie et il faut trouver des avenues qui
vont nous permettre d'améliorer notre système de santé,
d'exercer un certain moyen de contrôle, de rationaliser nos services de
santé. Oui, c'est vrai, et il y a eu des demandes de la part des
citoyens consommateurs en général qui ont déploré
le fait que l'utilisation de la carte, telle qu'on la connaît
actuellement, pouvait se faire très facilement par des consommateurs
d'autres provinces, des consommateurs d'autres pays même qui pouvaient
venir en visite au Québec et en profiter pour s'occuper de leur
santé et faire payer les citoyens du Québec. C'est vrai, c'est
une réalité. Par contre, il y avait des réticences par
rapport à la carte mémoire. Pour ne pas interpréter la
FNACQ, je vais plutôt tout simplement la citer. Ce qu'elle nous disait,
c'est: "Nous éprouvons actuellement de grandes réticences face
à ce projet. Il nous faudra des garanties très solides pour nous
prouver qu'il n'y aura pas de danger pour la protection de la
confidentialité des informations, et nous sommes actuellement sceptiques
sur la solidité des garanties qu'on pourra nous offrir. Si cette carte
doit servir d'abord au rationnement des soins, alors là, il faudra
s'asseoir et discuter en profondeur des abus qu'on prétendrait abolir
par l'utilisation de la carte. Par exemple, est-ce que c'est un abus que de
rechercher un deuxième diagnostic indépendant du premier, alors
qu'il y a assez souvent des erreurs de diagnostic? Il faudrait voir s'il n'y a
pas d'autres moyens de contrer ces abus qui, selon nous, sont moins importants
qu'on le pense et qui relèvent davantage du mode de
rémunération des médecins et de
l'organisation des soins et des services que des usagers et des
usagères."
Tout ce qui a trait à la confidentialité de l'information,
c'est évident que pour le citoyen consommateur, cet aspect-là du
projet n'a pas été vraiment explicité. Il n'a pas fait de
grand débat sur la place publique, et c'est pourquoi je souhaiterais
vraiment que l'association des consommateurs vienne nous en parier davantage.
Parce que c'est vrai qu'il y a un risque, c'est vrai qu'il y a des abus et
c'est vrai qu'il faut se donner un moyen pour contrer ces abus-là.
Jusqu'à quel point va-t-on limiter les abus? Moi aussi, je me pose la
question: Est-ce qu'on va permettre un deuxième diagnostic, un
troisième diagnostic? Quand c'est une maladie... Si on annonce à
quelqu'un qu'il a un cancer, je pense que ce n'est pas évident qu'il va
peut-être se contenter d'un ou deux avis. En tout cas, moi
personnellement, j'avoue que j'essaierais peut-être d'aller un petit peu
plus loin. C'est sûr que si c'est un diagnostic bénin, bien
là, on peut être davantage conciliant, mais lorsque c'est quelque
chose d'aussi important ou si on pense à certaines maladies qui sont
très reconnues de ce temps-ci, bien peut-être qu'on pourrait
demander quelques diagnostics.
L'association des consommateurs a toujours, au cours de la
dernière année, pris position sur tous les grands débats.
L'entendre sur le projet de loi 120, ça m'apparait essentiel. Le
ministre lui-même l'a reconnu, parce que si on prend le texte du
préambule de son document déposé le 7 décembre
1990, il nous disait: Au terme de ces consultations, au moment
d'élaborer les solutions et de faire les choix que je rendrai plublics,
j'aurai pour ma part adopté résolument le point de vue de ceux
qui ont souhaité que notre système de santé et de services
sociaux soit réorienté vers le citoyen. Les orientations et les
mesures qui suivent visent le même but: recentrer le système sur
des objectifs plutôt que sur les moyens, l'orienter en fonction des
besoins de la personne, de ses problèmes et de ses attentes, lui
permettre de s'ajuster à ses besoins avec souplesse et rapidité,
bref, placer la personne au centre du système.
Alors moi, je me dis, à ce moment-ci: Puisque c'est l'objectif
premier du ministre, pourquoi ne pas entendre, à cette dernière
étape, un organisme représentatif des consommateurs puisque, de
son avis même, la réforme est centrée sur le citoyen
consommateur, décideur et payeur? Donc, pourquoi ne pas prendre cette
ultime chance de les entendre? Dans son énoncé, le ministre a
parié de plusieurs droits du citoyen consommateur. Il voulait renforcer
et élargir les droits des usagers: le droit d'obtenir des soins et le
droit de recourir à l'établissement et au professionnel de son
choix, le droit à l'information concernant son état de
santé, le droit de participer activement aux décisions, le droit
d'être assisté et accompagné et de faire respec- ter ses
droits. Moi, j'ajoute à ce moment-ci, juste avant de commencer
l'étude du projet de loi article par article, que je pense qu'il aurait
également le droit d'être entendu, qu'il aurait vraiment le droit
d'être entendu.
Alors, M. le Président, je sais que la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec serait un
organisme extrêmement représentatif puisqu'ils ont eux-mêmes
démontré leur intérêt, qu'ils ont eux-mêmes un
comité sur la santé qui a fait des recherches sur le projet de
loi 120, qu'ils l'ont analysé et qu'ils ont fait différents
sondages là-dessus. Donc, je demande au ministre de pouvoir les entendre
avant l'étude du projet de loi article par article. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): merci, mme la
députée de terrebonne. m. le ministre. merci. ah! je vais
reconnaître m. le député de
rouyn-noranda-témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Ce que nous continuons
de demander aux parlementaires membres de la commission des affaires sociales
et qu'a si bien rappelé - et je voudrais l'aborder sous un autre angle -
ma collègue du comté de Terrebonne, c'est qu'il nous semble qu'il
y a certaines catégories de citoyens et de citoyennes qui sont le prisme
du ministre dans cette réforme, qui souhaitent pouvoir nous donner leur
vision des choses pour le système que nous nous apprêtons à
transformer pour, semble-t-il, un bon nombre d'années. D'appeler la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec à venir nous rencontrer sur le projet de loi 120 sur la
santé et les services sociaux, sur l'organisation de ces services,
ça ne nous semble pas abusif de demander encore une fois qu'à
l'intérieur d'un temps limité pour des organismes dont le nombre
sera forcément limité, de venir véhiculer les enjeux du
débat public que doit constituer le projet de réforme qui est
devant nous, qui a fait l'objet, oui, nous le reconnaissons, qui a fait
l'objet, oui, d'un bon nombre de forums, mais jamais sur, très
précisément, le produit final déposé à
l'Assemblée nationale par le ministre le 7 décembre dernier, si
ma mémoire est fidèle.
Ce que nous disons au niveau de l'argumentation que nous soumettons,
c'est: Permettons à un certain nombre d'impliqués, de
producteurs, de gens qui oeuvrent, qui vont passer leur vie à oeuvrer
dans notre système - ce n'est pas leur système, ce n'est pas le
nôtre, c'est notre système de santé et de services sociaux
- est-ce que nous sommes dans la bonne direction? Est-ce que nous avons fait
des avancées, au plan législatif, qui risquent d'avoir des effets
pervers. Nous pensons qu'un groupe comme la Fédération nationale
des associations de consommateurs, qui
a un point de vue intéressant au niveau du débat public
qui doit se faire autour du projet de réforme qui nous est
présenté, bien sûr, joue un certain nombre
d'intérêts chez les différents groupes que nous pourrions
entendre sur une période limitée, mais ça fait partie de
la réalité sociale, économique et culturelle du
Québec d'aujourd'hui comme ça fait partie des enjeux ou des
éléments qui jouent inévitablement dans tout
système, dans quelque société que ce soit. Alors, nous
disons: Essayons donc, dans un effort sincère, ouvert, de trier un
échantillonnage représentatif des commentaires, des suggestions,
des propositions qui nous ont été glissés par
différentes voix au cours des dernières semaines. C'est pourquoi
on dit, du côté des citoyens, du côté de ceux et
celles qui sont appelés à recevoir des services: C'est des gens
qui, on ne peut plus, sont directement concernés par le projet qui est
présenté devant nous. Puis la Fédération nationale
des associations de consommateurs ne veut pas venir nous dire: On pense que ce
n'est pas bon; on pense qu'il faut tout recommencer à zéro. Ce
n'est pas cela du tout. Elle a pris soin - ma collègue l'a noté
avec beaucoup de justesse - elle a proposé, elle a avancé un
certain nombre de propositions qui seraient de nature à contribuer
à la qualité du débat qui, à cette étape-ci,
s'engage à nouveau autour du projet de réforme. Et ces
gens-là, qui sont les consommateurs, qui sont les citoyens et citoyennes
qui reçoivent, qui sont appelés éventuellement à
recevoir des services, ils sont non seulement représentatifs,
évidemment, de la population consommatrice de services, mais ils nous
soulèvent des éléments fort importants qui sont les enjeux
majeurs pour notre société, et ils ne sont pas les seuls à
les véhiculer. Mais de les recevoir sous l'angle du citoyen et de la
citoyenne qui va recevoir ces services, ils véhiculent une des
dimensions changeantes, des dimensions qui seront modifiées dans
l'organisation de nos services de santé et de nos services sociaux au
Québec, à l'intérieur du projet 120. Ces gens-là
véhiculent tellement une préoccupation sur des enjeux de
société qui sont impliqués dans ce projet de
réforme qu'ils vont dans le même sens, et je pense bien que le
ministre, effectivement, doit en avoir été saisi, lui aussi
également, dans La Presse, par exemple, de lundi dernier. Deux
professeurs chercheurs de l'Université du Québec à
Montréal, René Lapierre et Georges Lebel, publiaient un texte sur
les avatars, sur les risques que nous soulevons. On peut avoir des opinions
divergentes sur la sonnette d'alarme qu'ils nous tirent, sur ce qu'ils
appellent et ce que la Fédération nationale des associations de
consommateurs aussi appelle peut-être une certaine atteinte au niveau des
libertés démocratiques. Oh! Ce n'est pas facile. Ce n'est pas une
question facile. Ce n'est pas une question qui se tranche par simple
décision en disant: Écoute/, on est dans une situation
budgétaire, on est dans une situation financière tendue, dans une
situation financière difficile. Entre vous et moi, les gouvernements
sont, à toutes fins utiles, toujours dans des situations
financières difficiles.
Et ces gens-là, à l'instar de la Fédération
nationale des associations de consommateurs, nous disent: Nous avons
réfléchi sur cet aspect et ça fait partie du débat.
Et quand on nous dit que, pour sauvegarder l'universalité d'accès
aux services par ailleurs menacés par ce qu'ils appellent une
fiscalisation, ils font appel, bien sûr, à la notion
d'impôt-services rendue possible par l'informatisation du dossier des
usagers et de la carte transportant ces informations, ils disent: Au minimum,
il faut exiger la "dénominalisation" de ces informations parce que les
risques, au plan démocratique, sont élevés. Parce que
même si la Charte des droits et libertés de la personne
prévoit à son article 9 le principe du secret professionnel, une
fois que le dossier est informatisé et que les informations qu'il
contient sont accessibles à partir de réseaux
télématiques, toute garantie pratique de leur
confidentialité disparaît, car aucun de ces systèmes ne
peut être hermétique. Chacun a son histoire d'horreur qu'il peut
décrire ici sur la pénétration des banques
informatisées et des dossiers de personnes en particulier, parce qu'il y
a beaucoup de convoitise autour de ces dossiers. Ce dossier constitue, selon
ces chercheurs, une mine inestimable de renseignements qui sera l'objet de
convoitises multiples des employeurs, des assureurs, des institutions, des
bureaux de crédit, des agences sociales et autres commerçants
d'information, puisque c'est leur objectif. Alors, M. le Président,
ça, c'est une dimension particulière qui pourrait être
discutée en termes d'enjeux publics, à l'occasion d'une audition
particulière, limitée dans le temps, avec entente au niveau du
ministre responsable et des membres de la commission parlementaire. Nous
pourrions, à cet égard, jeter un certain éclairage sur ces
enjeux de société et les risques que nous sommes à courir
en procédant de telle façon. Est-ce que nous accepterons de les
courir? Est-ce que nous prendrons le risque d'y aller? Ça, ça
appartient à la responsabilité, justement, des parlementaires,
mais avec le maximum d'éclairage... (11 heures)
Le Président (M. Joly): En conclusion, M. le
député.
M. Trudel: ...pour voir, observer et nous permettre de
décider si ces enjeux en valent la chandelle. En conséquence, M.
le Président, non seulement j'appuierai la motion d'entendre la
Fédération nationale des associations de consommateurs, cela va
de soi, mais je souhaite que ces préoccupations soient également
partagées par l'équipe de députés faisant partie de
la majorité gouvernementale.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, M. le Président. Je m'étais toujours
réservé la possibilité de soulever certains commentaires.
Moi aussi, lundi, j'ai vu l'article du journal La Presse qui faisait
état d'un certain nombre de choses, et comme on en a de manière
régulière, de grands spécialistes, à gauche,
à droite, qui occupent les pages des journaux, de ce temps-là,
sur le plan de leur liberté d'opinion personnelle, tant mieux, qu'ils
s'expriment. Plus il y aura d'expression d'opinion, plus on pourra voir la
vérité à travers tout cela.
Je raccroche cette intervention à une précédente de
la part du député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui
disait: Si ce n'est pas un problème, mettez ça entre les mains
d'un universitaire et ça va en devenir un. J'ai compris que ça
pourrait peut-être être le cas dans ce cas ici, compte tenu du fait
que nous avons... Non? Tout simplement conclure qu'il y a un organisme au
niveau du Québec qui est reconnu pour être capable de sauvegarder
les droits des individus, c'est la Commission d'accès à
l'information. Et ça, il n'y a personne, il n'y a pas de sommité
pour moi plus importante que la Commission d'accès à
l'information. On s'est donné, comme parlementaires, cette
Commission-là justement pour être en dehors d'à peu
près tous les courants qui peuvent exister et qu'il y ait une justice
égale. Je peux vous dire que tous les papillons que nous soumettons ont
été approuvés par la Commission d'accès à
l'information et que, pour moi, au-delà des jugements de Pierre, Jean,
Jacques qui ont, eux aussi, dans le milieu, leur propre intérêt,
c'est légitime, c'est normal, le seul intérêt qu'a la
Commission d'accès à l'information, c'est la protection des
renseignements des individus. Et la Commission d'accès à
l'information a donné son aval à l'ensemble des papillons. Et au
Comité de législation, on a même insisté pour dire
que le ministère de la Santé et des Services sociaux dans son
projet de loi avait fait quelque chose d'extraordinaire et souhaitait que les
autres ministères en fassent autant. Donc, je suis très à
l'aise aujourd'hui de vous dire que je ne me sens aucune obligation à ce
moment-ci de dire oui à votre proposition. On pourra, en cours de route,
échanger, bien sûr, sur tout. Quant à moi, M. le
Président, je suis prêt à voter.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
M. Trudel: Vous me permettrez certainement, M. le
Président. Le ministre serait d'autant plus à l'aise, donc, d'en
discuter avec des associations comme la Fédération nationale des
associations de consommateurs. Il serait très à l'aise d'en
discuter et d'échanger... M. Côté (Charlesbourg):
Oui.
M. Trudel: ...son point de vue est soutena-ble, et dans ce
sens-là...
M. Côté (Charlesbourg): Je serais très
à l'aise d'en discuter. Je ne suis pas...
M. Trudel: ...je ne peux pas interpréter son "oui je suis
prêt". Est-ce que ça veut dire qu'on est d'accord avec la
proposition?
M. Côté (Charlesbourg): On est prêt à
voter sur la proposition. Je serais très à l'aise à
n'importe quel temps de discuter avec tous les intervenants de tous les points
de vue de la réforme, soyez sûr, très à l'aise.
Donc, à partir de ce moment-là...
M. Trudel: Dans un temps limité. M. Côté
(Charlesbourg): Non...
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Alors, M. le Président, je suis heureuse de
constater que le ministre, pour démêler les choses, est prêt
à entendre l'association des consommateurs, parce que c'est plus sur le
terrain, en fait c'est plus terre à terre. Il a peut-être des
chances là, finalement, de se retrouver un point d'entente.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas charrier non
plus. J'ai dit oui, mais pas nécessairement dans le forum que vous
souhaitez. Parce j'ai des oreilles ailleurs pareil. Il n'y a pas quelque chose
de tout à fart extraordinaire qui s'installe dans nos oreilles à
partir du moment où on s'installe autour d'une table comme
celle-là. Et ces facultés-là, on ne les perd pas si on est
en dehors de la table.
Mme Vermette: Je suis convaincue, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Tout dépend des gens, M. le
ministre.
Mme Vermette: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
revenir à la commission...
Le Président (M. Joly): Ah bien! vous sem-bliez favoriser
ce genre d'échanges, alors je me suis...
Mme Vermette: C'est parce que je voulais
tout simplement dire au ministre que ce serait encore mieux quand tout
est colligé et que tout est bien écrit et conscrit, en fait, sur
du noir et blanc, parce que c'est la seule façon dont on peut vraiment
démontrer la véritable volonté de faire des choses et
d'apporter des changements véritables en profondeur. On dit que les
paroles s'envolent, mais que les écrits restent et que ça peut
être favorable à apporter certaines modifications et changements,
notamment ceux que demandent les consommateurs à l'heure actuelle.
Alors, comme nous aimons travailler d'une façon officielle et non
officieuse, c'est pour ça que nous demandons que ces groupes soient
entendus en commission parlementaire et de faire aussi en sorte que tout le
monde puisse prendre part à ces débats, que ça devienne de
grands débats publics. Et notamment la commission des consommateurs,
pour ne pas que cette réforme axée sur le citoyen ne soit que du
vent, mais prenne vraiment une tendance beaucoup plus importante à la
place qu'on veut justement donner à ce citoyen, et en premier lieu en
tant qu'utilisateur et consommateur des soins. Parce que, dans le fond, la
grande majorité des citoyens sont des consommateurs de soins de
santé, il faut le dire et regarder les choses telles quelles. Il y a des
vérités qui sont incontournables quelquefois, et ça,
ça fait partie des vérités incontournables.
Il y a un volet que j'aimerais surtout relever, c'est tout l'aspect de
la consommation des médicaments et des personnes âgées, que
soulève aussi dans son rapport l'office des consommateurs du
Québec. Et c'est un volet tout de même assez important quand on
apporte une réforme par laquelle on veut prendre un nouveau virage,
s'adapter aux nouvelles problématiques de notre société
moderne, avec tout ce que ça comporte, ses côtés positifs
et négatifs. Mais notamment, si on veut mettre sur pied des incitatifs
pour décourager les gens de consommer des soins de santé, il
faudrait peut-être regarder aussi un autre aspect très important
peut-être, et ça, ce serait intéressant de le faire avec et
les consommateurs et les différents professionnels de la santé,
ce qui concerne la consommation de médicaments. Parce que,
effectivement, il y a une abondance actuellement phénoménale de
médicaments qu'on fait consommer aux utilisateurs des soins de
santé, et ça, je trouve ça tout à fait... Il faut
se poser des questions: Est-ce si utile, est-ce si nécessaire ou si
c'est tout simplement parce qu'on fait fonctionner une industrie pharmaceutique
et que c'est important de la faire fonctionner parce qu'elle est entrée
dans notre système économique. Mais, par contre, c'est le
consommateur qui en fait les frais, et finalement, dans certains cas - et
là j'y vais avec prudence - ce n'est pas nécessairement pour les
guérir qu'on leur fait consommer ces soins finalement, mais pour les
rendre davantage malades. Il faudrait regarder ça, et sur ces
aspects-là, on ne va pas vraiment en profondeur.
J'aurais aimé qu'on aille un peu plus loin sur ces
différents volets, tout notamment la consommation des
médicaments, au niveau des aspects de la prévention aussi, des
aspects de l'information. On a encore peur, on ne va pas vraiment assez loin
dans ces remises en question là, et pourtant c'est des frais
considérables si on regarde le nombre de médicaments
consommés de tout ordre de grandeur, que ce soit au niveau des
solutés, des médicaments comme tels, oraux, buccaux et autres, je
trouve ça incroyable. C'est comme si, maintenant, c'était le
remède miracle. Pour tous maux, on a notre pilule. Il faut prendre la
pilule et c'est un petit peu ça que demandent en fait les consommateurs
du Québec, c'est dire: Bon, écoutez, on nous a doré la
pilule, on est tannés de prendre cette pilule-là. Est-ce qu'on
pourrait au moins savoir pourquoi on la prend, la pilule, et sur quelle
ordonnance en fin de compte? Et c'est de ces aspects-là que les gens
auraient aimé pouvoir discuter ici, en commission parlementaire, pour
nous dire, actuellement: Bien écoutez, on est d'accord avec certains
aspects du projet de loi parce que tout le monde attendait cette
réforme-là, on ne veut pas le jeter du revers de la main et dire
que non, on veut tout recommencer le travail, mais il y a des volets importants
et, notamment, tous les volets d'information, de prévention quant
à l'aspect utilisation et consommation de médicaments. Et je
pense qu'actuellement, si on regarde notre société avec tous ces
aspects-là, il y a des choses à faire. On est loin, on est en
retard là-dedans. On a de la difficulté à regarder ces
différents aspects-là de notre société. Le
problème de la toxicomanie... Et vous savez, parce que les
médicaments sont considérés comme étant des drogues
légales, on est en train de développer des toxicomanes
légalisés à cause de la pratique que l'on fait au niveau
de la consommation des médicaments. Beaucoup de gens sortent de nos
hôpitaux... Ils ont pris, en fait... Ils n'ont pas les moyens, ils n'ont
pas le support et l'appui nécessaire pour devenir autonome face à
la consommation des médicaments, mais, bien au contraire, on les inscrit
dans une dépendance "médicamentale". Et ça, je trouve
ça épouvantable, ce qu'on est en train de faire actuellement.
Vous verrez le nombre d'erreurs dans les hôpitaux, de personnes aussi,
surtout chez les personnes âgées, de gens qui sont
hospitalisés à cause d'une mauvaise médication ou parce
qu'ils ont des problèmes, soit à lire leur médicament soit
tout simplement, parce qu'ils ne savent pas trop comment prendre la
médication. Ils la prennent tout croche. Il y a des personnes
âgées qui entrent à l'hôpital, qui sont
tombées, qui se sont cassé une hanche, non pas parce que,
finalement, elles avaient de la difficulté à marcher, mais tout
simplement parce qu'elles avaient pris trop de médicament. On les entre
dans les hôpitaux, et ces gens-là, finalement, on leur fait un
diagnostic et elles rassortent avec
deux fois plus de médicaments que lorsqu'elles étaient
entrées, et c'est de cette façon, maintenant, que, trop souvent,
on arrive à trouver les moyens de traiter nos
bénéficiaires dans les hôpitaux. Et j'ai fait beaucoup de
lignes ouvertes là-dessus, sur la consommation de médicaments et
les personnes âgées, et c'est incroyable, à la radio, le
nombre de téléphones que j'ai eus où chacun venait nous
dire à quel point, oui, c'était vrai qu'il consommait
énormément de médicaments et que, mon doux, quand il
allait dans les bureaux de médecin ou dans les hôpitaux, bien, ce
qu'il se faisait dire, c'est que, parce qu'il manquait de personnel sur les
étages, bien, on lui donnait des médicaments parce que,
évidemment, on n'avait pas trop trop de temps à lui consacrer, on
lui donnait des médicaments. Alors, on avait trouvé la formule
expéditive, la plus rapide en fait, et c'était le
médicament. Alors, c'est un volet très important sur lequel on ne
s'est pas vraiment étendus à l'occasion de la réforme, et
j'aurais aimé, moi en tout cas, qu'on aille beaucoup plus loin. Parce
que tout le monde le sait, tout le monde le dit actuellement, la consommation
de médicaments, la toxicomanie est un volet grave, est un fléau
de notre société moderne, à l'heure actuelle et,
notamment, en ce qui concerne la consommation des médicaments. Que ce
soit en milieu hospitalier ou en consultation privée, il y a un
très grand nombre de médicaments, vraiment, qu'on fait consommer
à la population. Et ça aurait été
intéressant, en tout cas, et je pense que l'association des
consommateurs l'a mentionné, mais il y a aussi tous les
différents groupes, notamment de personnes âgées, qui ont
déjà manifesté, de se faire entendre là-dessus,
parce que je crois qu'il est grand temps qu'on regarde...
Le Président (M. Joly): En conclusion, s'il vous
plaît!
Mme Vermette:... cette vérité-là aussi et
qu'on se dise les vraies choses, telles qu'elles sont. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Alors, que la motion...
M. Trudel: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Appel nominal. Vote. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gaspé.
M. Beaudin: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre. Contre. Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Et Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Donc, la motion est
rejetée. Alors, on en est rendu à l'article 1. (11 h 15)
M. Trudel: M. le Président, avant que nous
procédions éventuellement à l'étude de l'article
1...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel:... je pense que vous vous doutez que j'aurais une
motion à présenter...
Une voix: Selon l'article 244.
Le Président (M. Joly): Une surprise du chef!
M. Trudel:... et en vertu de 244, mais elle sera, cette fois-ci,
un peu différente de ce que nous présentons.
Motion proposant d'entendre des groupes
représentants des médecins et des
associations
syndicales du réseau de la santé et
des
services sociaux, la Fédération des
CLSC,
l'Association des centres d'accueil du
Québec,
l'Association des hôpitaux du Québec,
la
Coalition des aînés du Québec et
la Coalition
des organismes communautaires
Je veux, M. le Président, proposer qu'en
vertu de 244 de nos règles de procédure, la commission
parlementaire des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi, et qu'à cette fin, elle entende un
groupe représentant des médecins, un groupe représentatif
des associations syndicales ayant des membres oeuvrant dans le réseau de
la santé et des services sociaux, la Fédération des CLSC,
l'Association des centres d'accueil du Québec, l'Association des
hôpitaux du Québec, la Coalition des aînés du
Québec et la Coalition des organismes communautaires. J'en ai
énuméré neuf, M. le Président. Voilà la
motion que je veux déposer en vertu de 244, M. le Président.
Le Préskient (M. Joly): Merci, M. le député.
Je considère que votre motion est recevable. Alors, vous
connaissez...
M. Trudel: M. le Président, écoutez, il y a des
obligations ministérielles qui font qu'on peut comprendre. Je suis
prêt à proposer un ajournement.
Le Président (M. Joly): Non.
M. Trudel: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Alors, vous avez 30 minutes pour
débattre votre motion.
M. Paradis (Matapédia): Sur la recevabilité
aussi.
Le Président (M. Joly): Oui, M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Sur la recevabilité parce
que si on se souvient bien, hier et ce matin, les députés de
l'Opposition ont déposé des propositions pour entendre des
organismes de médecins. Et on dit dans cette proposition-là qu'on
veut aussi entendre des organismes représentant les médecins et
je vous rappelle, M. le Président, que les propositions
antérieures ont été battues.
Le Président (M. Joly): Ici, M. le
député, pour votre information, on parle d'un groupe
représentatif des médecins. Alors, à ce moment-là,
on pourrait englober, en fait...
M. Paradis (Matapédia): Oui, je le sais, mais on a
déjà battu trois propositions, incluant la Corporation, les
médecins résidents, de même que les médecins
spécialistes. Sur la recevabilité, je demande tout simplement
votre interprétation, M. le Président, pour...
Le Président (M. Joly): Je viens de vous la donner
très brièvement, M. le député.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, je pense que je me dois de
demeurer stable dans ma décision et de considérer, parce que
si...
M. Paradis (Matapédia): Je me plie à votre
décision, M. le Président. Vous connaissez ma
docilité.
Le Président (M. Joly): Je pense qu'on pourrait
s'étendre longtemps sur ça, ici.
M. Trudel: Alors, c'est recevable.
Le Président (M. Joly): Je pense qu'un groupe
représentatif des médecins, ça pourrait laisser supposer
toutes les autres spécialités qui n'ont pas été,
à date, proposées. Alors, M. le député, vous avez
30 minutes pour débattre de votre motion.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: m. le président, le sens de la motion que je
présente, c'est une tentative pour dire au ministre: ii ne dépend
que de vous qu'elle soit ultime, pour s'entendre sur un débat
extrêmement limité à l'intérieur des travaux de
cette commission parlementaire. et même si formellement la proposition
n'inclut pas les détails que j'aimerais bien véhiculer au
ministre, elle comprend les aspects suivants. c'est que les groupes que nous
voulons faire entendre auront la responsabilité de s'entendre entre eux.
quand je dis: un groupe représentatif du monde médical, des
médecins, je pense qu'on peut s'entendre relativement facilement en
disant qu'il y aura une heure devant cette commission pour les groupes
représentant le corps médical au québec, et nous pouvons
ajouter au ministre, compte tenu de l'échéancier qui nous est
imparti - nous sommes capables de le voir, le calendrier parlementaire aussi -
que nous sommes prêts à accepter de siéger mardi matin
prochain. normalement, le règlement de l'assemblée nous dit que
nous pouvons commencer les travaux des commissions parlementaires après
la période de questions de l'assemblée nationale, article 143.
nous sommes prêts, de ce côté-ci, à siéger
mardi matin également, après consentement, de façon
à ce que - si vous comptez bien, m. le ministre - mercredi
après-midi prochain, suite à la période de questions de
l'assemblée nationale, nous puissions commencer la discussion des
différents blocs du projet de loi 120 qui nous est soumis devant cette
commission. alors, c'est, somme toute, une journée et demie de travail
pour nous permettre d'entendre ces gens qui veulent soumettre les enjeux au
débat public et
qui n'enlèvent absolument rien, mais au contraire, c'est tout
à fait le contraire, au débat que nous voulons instituer.
Nous accepterions également de sceller cette liste-là par
un comité directeur de la commission. Donc, oui, on est prêts
à porter la responsabilité conjointe, parce que,
évidemment, lorsqu'on propose à un certain nombre de groupes de
se faire entendre, il y aura d'autres groupes qui feront des
réclamations. Nous sommes prêts à vivre avec cette
situation, à l'accepter et à composer. On ne pourra quand
même pas dire que ce n'est pas une ouverture d'esprit et que nous
n'acceptons pas nos responsabilités. Tout cela, évidemment, se
déroulerait, techniquement, au salon rouge, avec la présence de
la grande table, en termes de facilités techniques.
Je dis au ministre, avant d'utiliser cette demi-heure, en termes de
technique parlementaire, que je suis prêt à suggérer un
ajournement de nos travaux, pour l'instant, pour que le ministre puisse penser
à cette possibilité et que nous puissions, éventuellement,
discuter de certaines modalités qui pourraient aussi faire l'objet de
discussions. Alors, c'est une motion de main tendue que je fais au ministre
pour un nombre limité de groupes, dans un temps limité: neuf
heures de commission parlementaire. Je ne pense pas que ce soit abusif quant
aux procédures dans lesquelles nous sommes engagés actuellement.
Je pense que c'est parfaitement soutenable, défendable, et qu'avec des
modalités d'accommodement, nous pourrions très bien nous entendre
là-dessus, au niveau des deux formations politiques. À
défaut, bien, évidemment, vous avez mentionné hier soir,
M. le ministre, que vous connaissiez bien les mécanismes des deux
côtés de la Chambre. Vous avez gravi tous les échelons.
Vous les avez faites, ces étapes-là. Vous savez le retranchement
dans lequel vous confinez l'Opposition en matière de travail, et nous
répétons le premier paragraphe de nos remarques
préliminaires d'hier. Ce n'est pas cela que nous souhaitons faire
longuement, trop longuement par rapport au contenu, au fond du projet de
réforme que nous proposons. Alors, le plus simplement du monde, M. le
ministre, je suis prêt à proposer un ajournement de nos travaux si
nous avons la possibilité d'en discuter.
Le Président (M. Joly): La proposition est
rejetée.
M. Trudel: M. le Président, je viens tout juste de le
mentionner...
Le Président (M. Joly): Nous ne suspendons point. Vous
voulez ajourner les...
M. Trudel: Suspension.
Le Président (M. Joly): Le ministre a déjà
statué.
M. Trudel: Suspension, etc.
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas le cas. Alors, nous
procédons selon les procédures normales et les règlements.
Vous aviez déjà engagé une partie de vos 30 minutes,
alors, c'est à vous de pouvoir continuer à débattre de
votre motion, M. le député.
M. Trudel: écoutez, il y a aussi une petite question
délicate. le ministre a une communication. je suis prêt à
suspendre aussi pour qu'il fasse sa communication quand même.
M. Côté (Charlesbourg): Pas la peine.
M. Trudel: Alors, M. le Président, ce que nous voulions
véhiculer au ministre comme proposition, c'est, encore une fois mais de
façon très précise, dans un laps de temps
extrêmement limité, d'offrir la tribune à des groupes et
des organismes représentatifs de secteurs d'activité à
l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux.
Et je ne pense pas qu'on puisse nous dire ici que cette proposition est
abusive, que cette motion est abusive en termes de temps de travaux
parlementaires que nous avons à notre disposition lorsque nous voulons
encadrer très bien ces consultations particulières. Que nous
définissons qu'il s'agit de neuf heures de temps parlementaire de
consultations au maximum, enfermées, enferrées dans une formule
qui permette quand même l'expression publique, devant les membres du
Parlement, des enjeux de cette réforme sous différents
aspects.
Je ne pense pas que ce soit abusif de proposer que nous ouvrions
à des intervenants du réseau directement concernés, qui
vont vivre probablement pour les 15, 20 prochaines années une
façon d'être autre pour le système de santé et
services sociaux au Québec, de venir véhiculer leurs
préoccupations publiquement.
Ce n'est pas abusif de dire, après la commission Rochon,
après les orientations de Mme Lavoie-Roux, après, oui, sa
tournée limitée dans les régions du Québec,
après le dépôt de l'avant-projet de loi avant les
dernières élections générales, après les
consultations de l'année dernière sur le projet de loi ou
l'avant-projet de loi de Mme Lavoie-Roux, ce n'est pas abusif de dire: Nous
allons prendre neuf heures. Là, franchement, je suis obligé
d'affirmer que l'abus n'est certainement pas du côté de
l'Opposition et des groupes qui entendent bien et qui voudraient bien venir
véhiculer leurs propositions publiquement, parce qu'il s'agit d'un
régime public d'organisation des services de santé et des
services sociaux et qu'on n'a pas le droit de se défiler devant le
débat public. Bien sûr, on nous répétera que cette
commission, elle n'est pas à huis clos, que cette commission ne se tient
pas
derrière des portes closes. Sauf qu'il y a des gens
concernés, il y a des groupes concernés qui n'ont pas que des
intérêts de groupes ou des intérêts corporatifs
à défendre, ils sont aussi des professionnels de notre secteur de
la santé et des services sociaux. Puis, si on veut bien faire notre
travail, moi, je pense qu'on a le devoir, dans un temps limité non
abusif du temps des parlementaires, d'entendre ces gens-là.
Alors, quand je dis dans cette proposition de main tendue au ministre:
Écoutez, mercredi prochain, 16 heures, on peut faire une entente que
nous déposons, que nous pouvons débuter les travaux sur les
différents blocs de ce projet de loi de 494 articles, y compris les 309
amendements annoncés par le ministre hier, il ne me semble pas
très abusif, là, de dire qu'on va prendre neuf heures de
consultation, dans un temps limité, bien délimité, et
qu'on s'entende sur les groupes que nous devrions recevoir ici.
Écoutez, c'est bien sûr la règle ou les
règlements de l'Assemblée nationale qui nous poussent à
utiliser cette mécanique, mais tout le monde a bien compris pourquoi
nous l'utilisons. Quand on va terminer à midi et trente là,
ça va faire huit heures que nous consacrons des énergies à
convaincre le ministre qu'on devrait en prendre neuf. Si le ministre avait
été, j'ose employer le terme "raisonnable", raisonnable au niveau
de ce qu'il sait bien que ce que nous véhiculons comme idée... Ce
n'est pas uniquement l'Opposition qui véhicule cette demande, elle nous
provient de groupes, d'associations, de regroupements qui demandent à
être entendus, qui veulent faire partie du débat public, qui
veulent soulever des enjeux, qui veulent donner leur appréciation des
mesures que nous avons présentées. Eh bien, déjà,
à midi trente, ça fera huit heures de temps parlementaire que
nous aurons dépensé pour convaincre le ministre d'un temps
limité de débat. Et si nous avions commencé dès le
moment où nous avons suggéré... Le ministre l'a
rappelé hier, dès le mois de décembre nous avons averti le
ministre. Le ministre ne peut quand même pas dire que nous arrivons avec
des demandes de dernière minute. À l'occasion du discours de
clôture, en deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, en décembre dernier, j'avais déjà dit, parce
que c'était facile à voir, c'était facile à
observer compte tenu des modifications qui avaient été
apportées à l'avant-projet de loi de Mme Lavoie-Roux, que nous
aurions besoin d'un certain nombre de jours d'auditions particulières.
Et je pense que, dans un certain cadre, on aurait pu faire la
déclaration à ce moment-là que c'est des audiences
publiques larges. Parce que la description des propositions article par article
dans le projet de loi 120, nous l'avons dit, diffère sensiblement
substantiellement de l'avant-projet de loi présenté par Mme
Lavoie-Roux et qui a fait, lui, l'objet d'audiences, oui, nous le
reconnaissons, l'hiver dernier. (11 h 30) bien, c'était assez facile
à voir que dès le moment où on présentait des
changements substantiels, nous aurions pu aller dans une autre direction et
dire: ii faut aller encore plus profondément et refaire le débat
public et que tous les groupes, associations et regroupements puissent se faire
entendre devant cette commission de l'assemblée nationale. non. nous
avons d'ores et déjà, à ce moment-là,
informé le ministre de notre attitude, que nous aurions une
réclamation pour certains groupes qui, d'évidence, allaient
être concernés directement par les modifications et que nous ne
souhaitions pas que le débat se fasse derrière des portes closes,
mais se fasse publiquement. et nous avions espoir que le ministre accepte ce
débat, c'est pourquoi, aujourd'hui, nous disons: eh bien, voici, dans un
format très précis, m. le président: neuf heures de
consultation, entente avec les formations autour de la table à la
commission des affaires sociales et puis nous pourrons posséder, et nous
aurons permis aux groupes les plus directement concernés, qui sont - et
vous le voyez dans ma proposition - des regroupements d'associations ou des
regroupements de professionnels oeuvrant dans le réseau de la
santé et des services sociaux, et nous aurons les éclairages que
ces gens-là peuvent nous donner, prétendent vouloir nous donner
et prétendent être essentiels à nos travaux.
Alors, on ne peut certainement pas, donc, affirmer que c'est abusif de
faire une proposition comme celle-là. Nous sommes prêts, de ce
côté-ci, à tout arrangement mécanique qui serait de
nature à atteindre cet objectif d'un débat limité. J'ai
donné quelques paramètres au ministre, il y a quelques minutes.
Le ministre connaît bien cette mécanique-là, les membres de
la commission parlementaire connaissent bien ces procédures et ces
possibilités d'entente au niveau du travail que nous avons à
réaliser sur ce projet de loi. Bien, je pense qu'il n'est pas abusif,
qu'il n'est pas exagéré, qu'il n'est pas anormal que nous
présentions, à ce moment-ci de nos débats, cette
proposition pour entendre neuf groupes représentatifs des
intérêts. Bon. Le ministre disait hier: Bien, si le
député veut absolument qu'on entende la Corporation
professionnelle des médecins du Québec, oui, demain matin, on
commence par ça, on fait l'avant-midi et demain après-midi, on
commence l'étude de l'article 1, à condition que ça se
limite à ce groupe-là. le ministre sait bien que ce n'est pas
l'esprit de la présentation, sauf que nous l'eussions fait ce matin que
déjà nous aurions, en ternies de temps de travail de la
commission, réalisé ces objectifs de discussion publique et nous
ne serions pas à inventer ou à présenter une nouvelle
proposition, une nouvelle tentative pour tenter d'infléchir la
volonté du ministre, qui se refuse à ce que nous ayons ces
auditions publiques particulières. quand on dit "un groupe
représentatif des médecins", écoutez, je pense
que ce n'est pas bien, bien sorcier, on est capables, suivant la formule
reconnue pour les commissions parlementaires, de dire: Messieurs, mesdames du
monde médical, venez vous asseoir à la table ici, nous allons
prendre une heure, le Président va continuer à présider
à nos débats, faites-nous la présentation succincte de vos
arguments, de vos prétentions, des enjeux que vous soulevez par rapport
à cette réforme, et on va se partager 20 minutes, 20 minutes, de
chaque côté de la table, puis on va aller creuser ce que vous nous
avancez comme affirmation avec des papiers, de toute façon, que vous
avez déjà préparés et qui, forcément, n'ont
pas toujours été l'objet de la manchette, de la première
page des journaux le matin où ça a été
publié, parce qu'on sait comment ça fonctionne dans ie monde de
l'information. Ce n'est pas abusif, ça. Ce n'est pas abusif de dire: II
va y avoir neuf fois une table qui va nous permettre de regrouper des personnes
intéressées aux travaux de cette commission et aux modifications
législatives qu'on entend apporter à notre système de
santé et de services sociaux. Ce n'est pas exagéré. Est-ce
qu'on va avoir d'énormes problèmes insurmontables, cosmiques,
pour faire en sorte que les groupes de professionnels de la médecine,
par exemple, soient autour de la table pour une heure? Est-ce que la
Corporation des médecins va se mettre à faire un grand
débat public avec la Fédération des médecins
résidents pour savoir s'ils ont le droit de s'asseoir là ou pas?
Pas du tout parce que ces gens-là se parlent; évidemment, ils
sont tous membres, par exemple, de la Corporation ou appelés à
l'être ou, selon une formule quelconque, regroupés et
intéressés à l'intérieur de cette Corporation, puis
chacun pourra y véhiculer ses messages les plus importants, les plus
fondamentaux et dire: Pour nous, c'est des enjeux, ça. Alors, ce que
nous disons ici, si on essaie de trouver une proposition plus ultime que
celle-là, on est vraiment dans la nuit des longs couteaux: Une heure
pour les médecins du Québec devant la commission parlementaire,
est-ce abusif, est-ce déraisonnable, est-ce incorrect de proposer cette
mesure et surtout de ne pas l'accepter? Une heure. Une heure pour les
travailleurs et les travailleuses du réseau de la santé et des
services sociaux regroupés au sein de la CSN, de la FTQ et de la
Fédération des infirmiers et infirmières du Québec.
Est-ce qu'on peut dire: Mesdames, messieurs les travailleurs et travailleuses
du secteur public et parapublic de la santé et des services sociaux au
Québec, venez nous dire, à l'intérieur d'une heure, ce que
vous, vous pensez des propositions que nous avons faites à
l'Assemblée nationale? Il me semble que ça non plus ce n'est pas
déraisonnable pour les milliers de travailleurs et de travailleuses qui
sont regroupés dans une unité syndicale. Ils sont capables de
venir nous dire ici, une heure: Voici des enjeux puis voici, M. le ministre, ce
qui passe mal dans la gorge; voici ce qui, oui - parce qu'elles l'ont dit -
sous certains aspects, il y a des mesures là-dedans qui sont
intéressantes et de nature à contribuer à la motivation
des travailleurs et des travailleuses dans le système. Une heure pour le
monde des travailleurs et travailleuses du réseau de la santé et
des services sociaux. Un des aspects les plus importants de la modification au
système proposé par le ministre, c'est de faire des CLSC une
véritable porte d'entrée du système. Est-ce abusif, est-ce
déraisonnable, est-ce incorrect de demander qu'à une table, la
Fédération des CLSC, avec, bien sûr, ses partenaires
composants, vienne nous dire pendant une heure: Eh bien! M. le ministre, Mmes
et MM. députés à l'Assemblée nationale de cette
commission parlementaire, voici les grands enjeux, voici les dangers, voici les
effets pervers possibles à travers votre réforme. Soyons
prudents. Allons-y plus fermement sur telle autre dimension. Nous pensons
que... Voilà ce qu'est un débat public qui permet de poser sur la
place publique ses enjeux au niveau de la réforme. Est-ce abusif, est-ce
déraisonnable, est-ce incorrect de proposer une heure à tous les
intervenants des CLSC au Québec pour venir nous dire, au sujet de ce
projet de réforme: Nous voulons en discuter sur la place publique, nous
voulons vous soumettre un certain nombre de considérants quant à
cette réforme?
Par ailleurs, on dit: Un groupe, la Fédération des CLSC,
la Conférence des CRSSS. Bien, modification majeure, oui. Modification
majeure. Les conseils régionaux de santé et de services sociaux
vont, en quelque sorte, transformer, être les éléments qui
vont donner naissance à 17 régies régionales au
Québec. Bon. Ces gens-là, ils ont une expertise. Ils vivent sur
le terrain. Ils le vivent quotidiennement. Le ministre reconnaissait hier que,
oui, il y a peut-être moyen de donner un peu plus d'oxygène aux
régies. Il entend déposer des papillons, des amendements au texte
de loi qui nous a été présenté en décembre.
Il y donc là, de la part du ministre, une reconnaissance que ce sont des
partenaires importants dans le réseau, parce qu'elles vont devenir - je
le dis souvent dans mes mots - ces régies régionales vont devenir
les éléments fondamentaux de l'articulation possible de notre
système. Elles vont être le un, 17, 400 - un ministre, 17
régies régionales, 400 directeurs de centre - elles vont devenir
l'élément clé, elles pourraient être appelées
à devenir l'élément clé de cette réforme de
la santé et des services sociaux. Est-ce abusif, est-ce
déraisonnable, est-ce incorrect de dire: Pour le personnel, pour les
gens qui ont de l'expertise - expérience, parce que "expertise" n'est
pas français - au niveau de l'organisation régionale et d'une
véritable organisation régionale des services de santé et
des services sociaux, la table de la commission est à votre disposition
pour une heure, et dites-nous, selon votre expérience, selon votre
connaissance
du réseau, quels sont, pour vous, les enjeux de ce
système, les écueils que nous devons éviter et
également les éléments pervers sur lesquels nous devons
particulièrement nous pencher pour éviter que nous ayons des
effets contraires à l'esprit du législateur? Une heure pour
l'Association qui regroupe les centres de services sociaux au Québec,
est-ce déraisonnable, est-ce incorrect, est-ce injustifié de
demander que les CSS du Québec, regroupés dans leur Association,
viennent nous dire ici que la mission, en quelque sorte, qu'on va leur donner
au cours des prochaines années, nous pourrions en discuter pendant une
heure, que cette mission fait en sorte qu'ils vont, non seulement,
évidemment, changer de dénomination d'une certaine façon
pour devenir ces centres de protection de l'enfance et de la jeunesse, et qu'on
leur retire ou qu'on amène ailleurs certaines autres
responsabilités en termes de services sociaux? Est-ce que ces gens
peuvent venir nous dire - ils ont de l'expérience dans ce réseau,
ils ont l'expérience des services - est-ce qu'ils vont pouvoir nous
dire, est-ce qu'ils pourraient venir nous dire que, par exemple, renvoyer, au
bon sens du terme, nos travailleurs et nos travailleuses sociaux dans les
institutions hospitalières, est-ce que les garanties sont suffisantes
que les services vont continuer à se rendre et qu'on ne continuerait pas
à être, semble-t-il, parfois trop dans le curatif uniquement
physique, pour ne pas s'occuper des autres aspects de la personne? Est-ce que
les difficultés que l'on connaît actuellement - le moins que l'on
puisse dire et le terme est poli - les difficultés que nous connaissons
au niveau de la protection de la jeunesse, est-ce qu'on a ici des propositions
qui vont nous amener à améliorer sensiblement nos
mécanismes et l'exercice de ces mécanismes à
l'intérieur de l'objectif de protection de la jeunesse que nous nous
sommes donné au Québec? Une heure à nous asseoir, à
vous asseoir avec nous, ce n'est pas abusif, ce n'est pas déraisonnable,
ce n'est pas incorrect à notre avis. L'Association des centres d'accueil
du Québec, c'est beaucoup de monde. C'est beaucoup d'institutions et de
représentants de ces institutions qui vont devoir, eux, jouer un
rôle majeur au Québec, compte tenu de la problématique ou
de la situation de vieillissement de notre population. Est-ce qu'on continue
sur le même modèle? Est-ce que l'on continue à être
dans ce système ce que nous avons été au cours des 20
dernières années? Une heure pour que les centres d'accueil du
Québec, qui n'ont ménagé ni les efforts de
rédaction ni les efforts de réflexion au cours des
dernières semaines, viennent nous dire: Attention, il y a là
certains dangers quant aux missions que vous voulez nous confier, ou celles que
vous ne voulez pas nous confier, et nous sommes légitimés de vous
dire que nous pensons qu'il s'agit là d'enjeux importants et qu'il est
important de placer ces enjeux et surtout de les décrire sur fa place
publique parce que nous, on vit quotidiennement la réalité du
vieillissement de la population du Québec. Et la rareté des
ressources qui est l'affaire de ce gouvernement, et probablement de tous les
gouvernements actuellement, bien il faut donc que chacun des sous qu'on inscrit
dans ce système-là ait une production maximale, qu'on ait des
résultats et surtout que les personnes concernées plus
avancées en âges sentent qu'elles sont et qu'elles seront bien
servies dans ce système modifié au niveau de la santé et
des services sociaux. (11 h 45)
L'Association des hôpitaux du Québec, écoutez, ce
n'est quand même pas la dernière concernée, là,
comme association. Les établissements de santé, on ne peut quand
même pas dire qu'on peut espérer au cours des 20 prochaines
années... Ce qui serait l'idéal dans notre société
ce serait de faire disparaître les hôpitaux parce qu'il n'y aurait
plus de maladies, parce qu'il n'y aurait plus de traitements, plus de curatif.
Bon. Ne tombons pas dans le théorique, là. Il y a toujours un
certain taux de prévalence de maladies qui va s'implanter dans notre
société, et on se pose beaucoup plus la question de comment
réduire ce taux de prévalence là que de tenter de le faire
disparaître. C'est un élément cheville, important,
fondamental, essentiel, dans notre réseau de santé et de services
sociaux. Ces gens-là aussi ont réfléchi sur ce qui leur
est fait comme sort à l'intérieur du projet de loi qui nous est
présenté, et comment ne pas écouter, entendre, la version
de l'Association des hôpitaux du Québec pour nous donner ces
avertissements-là, pour nous donner de grands éclairages pour
faire en sorte qu'on fasse un meilleur travail au niveau parlementaire? Est-ce
déraisonnable, est-ce injustifié, est-ce incorrect de demander,
d'offrir au ministre neuf heures de temps parlementaire? Nous ne le pensons
pas. La Coalition des aînés et les organismes communautaires.
Écoutez, si on veut parler, si on veut s'entretenir, échanger
avec les personnes qui sont chargées de fournir des services, il me
semble que ce serait tout à fart normal, non abusif encore une fois,
incorrect et déraisonnable, de demander que des groupes
représentatifs de la population âgée de notre Québec
moderne puissent venir nous dire les appréhensions, les satisfactions,
les enjeux qui sont compris dans ce projet de loi. La même chose pour les
organismes communautaires. Nous allons leur donner une nouvelle façon
d'être dans le système qui répond à certaines
dimensions qu'ils nous avaient soulevées à la commission
parlementaire du printemps 1990, mais il y a d'autres choses aussi qu'elles ont
à nous dire.
Le Président (M. Joly): Je vous invite à conclure,
M. le député s'il vous plaît.
M. Trudel: Certainement, M. le Président.
Ce que je dis là, M. le Président, en conclusion,
j'espère que le message va se rendre. Ce n'est pas abusif, ce n'est pas
déraisonnable, ce n'est pas incorrect de réclamer auprès
de celui qui a la responsabilité, à toutes fins utiles, de la
décision, de dire: Prenons neuf heures de notre temps parlementaire.
Nous, on ne se défilera pas devant d'autres responsabilités de
pousser à fond sur chacun des articles. Nous allons tenter de jouer
notre rôle d'Opposition au maximum des possibilités constructives
et positives, mais il faut que les gens concernés, les
Québécois et Québécoises, comprennent, à
partir de ce moment-ci, que sur ce débat, sur le tiers du budget du
Québec, sur les services qui concernent l'ensemble des citoyens et des
citoyennes du Québec, bien, la balle est dans le camp du ministre pour
neuf heures avec une proposition qui n'est pas exagérée.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Mme la député de
Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que la motion
que nous avons devant nous est extrêmement claire, précise, et
qu'il est effectivement logique et normal que, pour une réforme de cet
ordre, qui ne sera pas touchée avant plusieurs années, on prenne
neuf heures de notre temps pour entendre quelques groupes qui sont directement
concernés. Et l'échantillonnage qui a été fait par
mon collègue, critique officiel, est intéressant, parce qu'il
nous permet de faire le tour de la question. Ce qu'on doit se demander, par
rapport au refus du ministre, s'il maintient son refus, c'est ou pour une
question de temps, ou pour une question de principe. Une question de temps:
est-ce que nous nous retrouvons en fin de session, au moment où on se
doit d'adopter les lois à la vapeur? Non. Est-ce que nous nous
retrouvons devant un projet de loi où l'Opposition a déjà
annoncé qu'elle ferait une obstruction systématique au projet de
loi? Absolument pas, M. le Président. L'Opposition a déjà
dit qu'elle souhaitait participer rapidement à l'étude du projet
de loi dès que nous aurions entendu les principaux groupes. Donc, ce
qu'on demande, c'est neuf heures. Donc, ce n'est pas une question de temps pour
une réforme de 494 articles, avec déjà une annonce de 309
amendements, de demander neuf heures d'écoute et de questions aux
principaux groupes concernés. Ce n'est pas quelque chose d'illogique et
d'irrationnel. Donc, si le ministre nous refuse, ce n'est pas une question de
temps. C'est donc une question de principe. Et au nom de quel principe peut-on
refuser neuf heures d'écoute et de questions pour les principaux
intervenants sur le projet de réforme de la loi 100? L'argument majeur
du ministre, c'est qu'il a le pouvoir exécutif, bien sûr, et que
ses consultations, il les a faites. Nous, ce qu'on dit de notre
côté, c'est qu'il y a également le pouvoir
législatif et que tous les parlementaires autour de cette table ont un
rôle à jouer à ce niveau-là, au niveau
législatif, et pour bien le remplir, ce rôle, ils doivent entendre
les groupes. Ce n'est pas uniquement le ministre qui doit entendre les groupes.
C'est, bien sûr, les parlementaires, mais, par le fait même, par
cette écoute que nous aurions, c'est toute la population du
Québec qui pourrait les entendre. C'est donc tous les citoyens et les
citoyennes du Québec qui pourraient les entendre et c'est donc en
parfaite conformité avec l'objectif premier que le ministre s'est plu
à nous rappeler régulièrement: la réforme
axée sur le citoyen. Donc, si cette réforme est axée sur
le citoyen, il faut que, concrètement, le citoyen sente que cette
réforme, elle est axée sur lui et que, concrètement, il
ait le droit, lui aussi, d'entendre les groupes, et non seulement le
ministre.
Si les groupes, malgré les consultations
précédentes, ont jugé bon, depuis décembre, de
présenter des demandes formelles d'audiences particulières, ce
n'est pas pour une simple raison, comme le mentionnait le ministre hier, parce
qu'ils ont été sollicités, mais bien parce qu'ils avaient
encore des choses à dire sur cette réforme, parce qu'ils avaient
le goût d'exprimer leurs inquiétudes, parce qu'ils avaient le
goût de défendre des points importants à leurs yeux et
qu'ils avaient le goût de faire part aux législateurs que nous
sommes de la réalité quotidienne qu'ils vivent. Parce qu'il ne
faut jamais oublier que, malgré notre rôle de législateurs,
cette réforme, elle sera vécue sur le terrain, donc, par les
professionnels, par les groupes communautaires, par les différentes
associations et par le citoyen consommateur. Donc, quoi de plus logique que
d'entendre une dernière fois, devant le dernier texte que nous avons,
les groupes les plus concernés, ceux qui ont l'expertise, ceux qui
vivent quotidiennement les problèmes de la santé depuis des
années.
Depuis des années, ils ont eu le temps de préparer des
solutions et ils ont manifesté le goût de nous en faire part. Si
aucun groupe, suite au dépôt du projet de loi 120, n'avait fait de
demande formelle pour être entendu à nouveau, je comprendrais
l'attitude du ministre. Si, suite aux rencontres que ces groupes ont eues avec
le ministre - parce que le ministre nous l'a dit, il y en a eu, des rencontres
avec les groupes et les groupes l'ont dit eux-mêmes - il n'y avait pas eu
de demandes formelles pour être entendu, nous n'en serions pas là,
M. le Président, à presque huit heures de débat à
tenter de convaincre le ministre d'entendre les groupes.
S'ils ont donc maintenu leurs demandes d'audiences particulières,
c'est qu'ils étaient insatisfaits, c'est qu'ils avaient autre chose
à
dire et que c'était le dernier moment où ils pouvaient le
dire. Oui, la commission parlementaire va être publique, mais ils ne
pourront plus réagir directement, sauf, bien sûr, en lien direct
avec le ministre. Comme législateurs, nous, on ne peut pas accepter que
ça se fasse uniquement à huis clos, de cette
façon-là.
Mon collègue, le député de Rouyn-Noranda, a
très bien exposé sa motion et il a très bien défini
le rôle de chacun des groupes que nous avons demandés. Si on
regarde cette panoplie de groupes, je pense qu'on pourrait vraiment faire le
tour de la question en peu de temps, parce que neuf heures, ce n'est pas
quelque chose d'extrêmement long. Ce serait sûrement d'autant plus
intéressant pour les parlementaires. Ça pourrait leur permettre
de poser des questions et de faire un travail peut-être différent
de celui qu'ils font depuis huit heures actuellement, et je me limiterai
à ce commentaire. Ça leur permettrait peut-être de
travailler vraiment sur le projet de réforme de la loi 100, de poser les
dernières questions qu'ils ont à poser.
Qu'on pense, bien sûr, à un groupe représentatif des
médecins, c'est tout à fait normal. Ils vont la vivre, cette
réforme, et ils vont avoir une grande responsabilité dans la
réussite de cette réforme. C'est évident puisque ce sont
des intervenants et des intervenantes directs. Un groupe représentatif
des associations syndicales ayant des membres oeuvrant dans le réseau,
ça m'apparaît aussi tout à fait vital puisque eux et elles
aussi, quotidiennement, vont avoir à vivre cette réforme et ont
déjà commencé à recevoir des commentaires des
consommateurs, du citoyen consommateur, parce qu'ils ont déjà
commencé à réagir par rapport à ce projet de
loi.
Bien sûr, il y a aussi la Fédération des CLSC.
Là-dessus, je pense que la Fédération des CLSC a
déjà fait une analyse très sérieuse du projet de
loi 120. Partout en région, il y a eu des journées de travail et
ils ont de nouvelles choses à dire sur le sujet: le nouveau rôle
qu'on leur propose et la grande question de savoir si nous avons les moyens
financiers de répondre à ce nouveau rôle qu'on leur propose
et de leur donner les garanties que ce rôle, ils vont pouvoir le jouer
adéquatement et devenir vraiment la porte d'entrée...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. J'aurais besoin de la
résolution, madame.
Mme Caron: Ah oui! parfait, je vous la donne.
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Caron: Donc, ce groupe des CLSC qui vont devenir la porte
d'entrée du système, du réseau, il est essentiel de les
entendre à la dernière minute. Il y a bien sûr le groupe
des CRSSS, et ça, je pense que c'est normal, puisque la réforme
permet une décentralisation, que nous allions consulter ces gens en
région une dernière fois. Qu'on demande à rencontrer la
Coalition des aînés, bien vous comprendrez évidemment que,
puisqu'il y a déjà eu un refus pour la Fédération
nationale des associations de consommateurs, nous choisissons un autre
groupe.
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Caron: Un groupe qui a un rôle essentiel du
côté de la santé, et qui, lui, a subi très souvent
le système de santé. Et enfin, un représentant des
organismes communautaires, et puisque le projet de loi 120 est très
silencieux sur le rôle des organismes communautaires et qu'eux aussi
jouent un rôle essentiel tant du côté de la santé que
des services sociaux, je pense qu'il y aurait lieu de les entendre.
Donc, ce qu'on dit au ministre, question de temps, neuf heures, ce n'est
pas vraiment une question de temps; question de principe, je pense que la
population, tout comme les législateurs ont le droit d'entendre une
dernière fois les groupes concernés devant un projet de cette
ampleur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Bien
écoutez, très brièvement, je voudrais moi aussi appuyer la
motion de mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je pense
que cette motion-là vous démontre, en tout cas démontre au
côté ministériel qu'il y a quand même une bonne
volonté, une volonté de participer et de travailler sur le fond,
de notre part, de la part de l'Opposition, parce que vous savez très
bien que la procédure... (12 heures)
On aurait pu demander des groupes chacun leur tour, et le fait de
regrouper comme ça neuf groupes, de dire, écoutez, on essaie
encore, en dernier recours, on essaie encore une fois d'entendre les gens, je
pense que ça vous démontre que ce n'est pas nécessairement
dans le but de ralentir et de bloquer tout le processus. Mais voyez-vous, M. le
Président, on est en début de session, et c'est un projet de loi
quand même important. C'est un projet de loi de 500 articles et on nous a
dit qu'il y avait 300 amendements. C'est quelque chose d'important. On se rend
compte que le processus, c'est comme un entonnoir. On est comme en bout
d'entonnoir, et c'est la dernière place, si on veut, où on peut
filtrer et amener les changements ou les améliorations qui s'imposent.
Alors, dans ce sens-là, je pense que ça serait intéressant
de rencontrer les
gens et de discuter avec eux autres, non seulement de la loi, mais de
déposer ces amendements-là et d'en parler avec les groupes, parce
que eux autres ont demandé des changements. Et au moment où on se
parie, au moment où on est réunis ensemble ici, on n'est
même pas encore au courant de la teneur, si on veut, de ces
amendements-là. Je peux vous dire qu'il y a quand même beaucoup
d'inquiétude, parce qu'on reçoit des appels - et je suis
persuadée que je ne suis pas la seule à en recevoir, je viens
justement de mon bureau - où les gens me demandent qu'est-ce que c'est
les amendements? Est-ce que le ministre a tenu compte des recommandations qu'on
lui avait faites, etc.? Des choses comme ça. Est-ce qu'ils vont
rencontrer des groupes? Est-ce qu'ils vont nous rencontrer parce qu'on a
demandé à être rencontrés? Je pense que c'est tout
à fait normal, et c'est le rôle de l'Opposition de faire cette
demande-là au ministre dans le but d'avoir un projet de loi qui, le plus
possible, disons, serait une réforme qui serait la plus efficace
possible dans le milieu de la santé.
Comme je vous le disais, c'a pris des années de consultations. On
est en bout de processus. C'a pris quelques années de consultations
auprès de la population, auprès des différents
intervenants, on a pris quelques mois et tout ça pour rédiger le
projet de loi, pour l'amender, à ce qu'il paraît, et disons que
c'est un projet de loi qui va être en fonction, qui va être en
application si on veut, pendant plusieurs années, parce qu'on ne refait
pas une réforme comme ça à tout bout de champ, et
ça, tout le monde en est bien conscient. Alors, dans ce sens-là,
puisque les gens s'interrogent, et je pense, avec raison, je pense que ce n'est
pas abusif moi non plus et je trouve que ça serait intéressant
qu'on fasse neuf heures. Neuf heures, c'est vraiment très peu si on
pense au temps qui a été mis à venir jusqu'à date
dans ce projet de réforme là. Alors, en bout de ligne, M. le
Président, c'est pour ça que j'appuie la proposition de mon
collègue de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. Voilà!
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur la motion du député?
M. Trudel: M. le Président, j'aimerais que vous fassiez
l'appel au vote nominal sur cette proposition.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, vote
nominal. Ceux qui sont pour la motion-
Une voix: Non, appelez-nous par notre nom.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Ah bon!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
ministre, député de Charlesbourg?
M. Côté (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Mme la
députée de Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Gaspé?
M. Beaudin: Contre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Mme la
députée de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Matapédia, contre. Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Pour.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Pour.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): La motion est
rejetée.
M. Trudel: M. le Président, avant que vous n'appeliez
l'article 1 ...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Vous demandez
l'appel de l'article 1?
M. Trudel: Avant que vous demandiez...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Avant. Ah!
O.K.
M. Trudel: ...l'appel de l'article 1, comme président de
séance, j'ai malheureusement le devoir de présenter...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Une
motion.
M. Trudel: ...une autre motion.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Selon
l'article 244, je suppose.
M. Trudel: Vous avez deviné tout à fait juste.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Ah! Des
voix: Ha, ha, ha!
Motion proposant d'entendre le
Regroupement des départements
de santé communautaire du Québec
M. Trudel: Quelle clairvoyance, M. le Président! En vertu
de l'article 244 de nos règles de procédure, que la commission
permanente des affaires sociales de l'Assemblée nationale, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 120, Loi
sur les services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives, tienne des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin,
elle entende le Regroupement des départements de santé
communautaire du Québec.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Est-ce que
vous avez votre motion? Elle est recevable. Alors, vous avez 30 minutes, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: M. le Président, cette motion, c'est celle que
j'aurais aimé ne pas présenter. J'aurais aimé ça,
ne pas la présenter et prendre un temps précieux des membres de
cette commission, du ministre au premier chef, pour entendre un groupe - parce
que quand nous aurons terminé probablement de débattre la motion
qui est devant vous, M. le Président, nous aurions pu déjà
avoir entendu un groupe concerné par ce projet de réforme de la
santé et des services sociaux.
Le fait que je dépose cette proposition sur les
départements de santé communautaire fait en sorte qu'il nous faut
bien, à travers le mécanisme qui nous est imparti par la
procédure ou les règlements de l'Assemblée nationale,
faire savoir au ministre qu'il y a des enjeux pour différents groupes,
et l'un de ces groupes là c'est le département de santé
communautaire.
Nous n'aurions pas eu à présenter cette motion si l'on
avait accepté l'offre de discussion, d'échange, à
l'intérieur d'un format limité d'auditions particulières
pour différents groupes. Si nous voulons jouer correctement notre
rôle et exercer correctement nos responsabilités en tant
qu'Opposition officielle, bien il me semble nommément d'appoint que nous
présentions, en vertu de notre règlement, cette motion pour
entendre le Regroupement des départements de santé communautaire
au Québec, parce que, là aussi, ces ressources, l'ensemble des
professionnels qui sont à la disposition des citoyens et des citoyennes
du Québec et qui sont regroupés à l'intérieur des
départements de santé communautaire répondent à une
organisation spécifique qui avait été prévue par le
législateur au tournant des années soixante-dix et que l'on
propose de modifier substantiellement, tout en ignorant, tout en comprenant
qu'il y a un certain nombre de silences dans le projet de loi quant à
l'avenir des unités de santé communautaire à travers le
Québec.
C'eût été et ce serait important aussi que nous
puissions entendre ce groupe de professionnels qui oeuvrent au niveau de la
santé publique au Québec. Ce que le projet de loi nous propose
dans ses grandes lignes quant à l'avenir des départements de
santé communautaire, c'est qu'il y aurait dorénavant une
unité, un département de santé communautaire par
territoire couvert par la régie régionale. Nous sommes cependant
ici à proposer un passage d'une formule à une autre. Si
mémoire m'est fidèle - j'espère ne pas faire erreur sur le
chiffre - nous sommes, actuellement, en présence de 32 ou 34
départements de santé communautaire. Ça, ça ne veut
pas dire que, quand on a un certain nombre d'unités de services au
niveau de la santé publique au Québec dans notre organisation du
système de santé et des services sociaux, c'est gelé
à vie et qu'on ne doit jamais faire de modifications parce qu'on
bouscule des habitudes, parce qu'on veut changer un certain nombre de
façons d'être ou de façons d'agir au niveau de la
santé publique et qu'on fait une autre proposition.
Sauf que je pense qu'il est tout à fait normal qu'on puisse
entendre publiquement ce que les gens qui oeuvrent sur le terrain ont à
dire de cette nouvelle proposition. On peut avoir toutes sortes d'opinions. On
peut avoir une idée différente de celle proposée par le
ministre, en termes de rationalisation des services de santé publique au
Québec, qui est actuellement la principale mission dévolue aux
départements de santé communautaire. Mais on peut aussi compter
sur l'expérience des professionnels qui sont actuellement
regroupés à l'intérieur de ces départements et de
la façon dont on veut les regrouper pour les années à
venir, qu'ils puissent nous dire: Bien, notre mandat, eu égard à
la santé publique au Québec, nous pensons que nous
l'organiserons, que nous serons capables de répondre de meilleure
façon à ce mandat ou, le contraire, avec des nuances ou, encore
une fois, avec des enjeux importants ou des risques importants, suivant la
formulation que vous voulez utiliser pour, maintenant, nous définir
notre place dans le réseau de la santé et des services
sociaux.
Quand on est dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et qu'on
vit, actuellement, avec deux unités de département de
santé communautaire, est-ce que de regrouper à
l'intérieur d'une seule unité administrative ces
professionnels, ce regroupement des ressources en matière de
santé communautaire ou de santé publique, est-ce que ça
apparaît raisonnable, acceptable, souhaitable, cette façon de
faire les choses, quand on est dans une région comme le
Saguenay-Lac-Saint-Jean? Moi, je sais bien que si nous avions à entendre
le Regroupement des départements de santé communautaire au
Québec, je sais ce que les gens de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, par exemple, nous diraient, c'est que la
formule proposée par le ministre, presque à coup sûr, nous
irait. On est capables de vivre avec ça pour la simple et bonne raison
que nous avons cette formule. Nous appliquons déjà cette formule
depuis au-delà de quatre ans. Et ils pourraient nous dire, ils
pourraient nous éclairer, cependant, sur les risques, les dangers, les
avatars, les effets pervers auxquels on peut s'attendre si nous adoptons cette
façon d'être au niveau des régions quant à la
santé communautaire. Il y a des gens, là-dedans, qui ont une
expertise, qui ont de l'expérience qui n'est pas négligeable et
qui peuvent nous éclairer en termes de débat public. Voilà
pourquoi, entre autres raisons, je demande, M. le Président, que nous
entendions le Regroupement des départements de santé
communautaire.
Quand on est dans la région de Montréal, nous l'avons dit
hier au niveau des remarques préliminaires, avant l'étude de ce
projet de loi 120, dans le projet de loi, même avec les
précisions, les papillons que le ministre nous a promis au niveau de son
discours d'ouverture, quant à l'organisation de la santé
communautaire, de la santé publique sur le territoire de l'île,
dans la région de Montréal, eh bien, ce n'est pas d'une
clarté de cristal. Ce n'est pas de l'eau cristalline qui coule, en
matière de connaissance de comment ça va fonctionner sur le
territoire de la région de Montréal. Quand on sait aussi qu'il y
a un certain nombre de responsabilités qu'occupent actuellement des
départements de santé communautaire dans la région de
Montréal, certains vont nous dire à cet égard: Eh bien, la
mission exercée - je ne parle pas de la mission qui leur aurait
été confiée en termes d'esprit - par certains
départements de santé communautaire, en particulier dans la
région de Montréal, dans notre esprit, voyez-vous, ça
dépasse ce que le législateur aurait voulu lui confier comme
mission à l'époque de la définition de notre
système de santé et des services sociaux. Dans ce sens-là,
une partie des missions que vous exercez actuellement ou que vous
réalisez, c'est beaucoup plus quelque chose ou des
éléments qui appartiendraient éventuellement ou qui
devraient appartenir à un service de première ligne, au CLSC ou
encore à d'autres éléments du réseau de la
santé et des services sociaux. Ce n'est pas négligeable de dire,
en matière de santé publique, pour quelque chose comme 1 000 000
de personnes sur l'île de Montréal: Est-ce que vous pensez que la
méthode, que l'approche que nous voulons utiliser va donner les fruits
escomptés, va nous permettre d'atteindre les objectifs? Il y a du monde
qui est sur le terrain depuis de très nombreuses années, qui
travaille au niveau d'interventions en matière de santé publique,
qui peut nous apporter un éclairage je ne dirais pas susceptible de nous
aider à prendre les bonnes décisions, mais essentiel pour nous
aider à prendre les bonnes décisions, et qui nous permettrait
d'avoir, encore une fois, des précisions sur probablement un certain
nombre de filets de sécurité qu'il faut installer en
matière de passage, en matière de transformation du
système pour nous permettre d'atteindre les objectifs. Peut-être
aussi que ce Regroupement des départements de santé communautaire
pourrait nous donner des précisions quant à la façon dont
nous devrions définir le poste de responsable de la santé
publique, enfin, de "gênerai surgeon", que le ministre a proposé
en quelque sorte de définir maintenant dans la structure
ministérielle de responsabilités au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Est-ce qu'un poste de responsable
administratif et de contenu en matière de santé publique au
cabinet, dans la structure ministérielle, pour les services de
santé et services sociaux, tout cela ne devrait pas s'accompagner de la
création d'un conseil de la santé publique au Québec? (12
h 15)
C'est une disposition fréquemment utilisée par le
législateur dans beaucoup de matières, en disant: J'ai la
responsabilité ministérielle comme ministre, le cas
échéant ici, en matière de santé et de services
sociaux au Québec, ça me préoccupe; c'est un sujet
important en matière de prévention, en matière
d'organisation, en matière de définition des services en ce qui
concerne la santé publique au Québec; je trouve ça
tellement préoccupant, l'Assemblée nationale, à travers
ses représentants, trouve ça tellement préoccupant qu'on
sent le besoin maintenant de proposer la définition d'un poste
spécifique de responsable en haut niveau, au niveau du ministère,
d'un poste en matière de santé publique au Québec.
Est-ce que nous sommes en train de créer là une autre
filière administrative bureaucratique visant surtout au contrôle
administratif? Je ne fais pas de procès d'intention. Je ne veux pas
prêter nécessairement cette intention au ministre dans sa
proposition au niveau du projet de loi 120. Je dis: Quand on fait une
proposition de cette nature, eh bien, il y a des avatars, il y a des risques,
il y a des effets pervers qui peuvent se glisser. Et les gens qui sont dans le
domaine de la santé communautaire au niveau des actuels
départements de santé communautaire doivent nous apporter
l'éclairage sur comment nous devrions faire pour nous assurer
d'atteindre nos objectifs le plus efficacement possible en matière de
santé publique au Québec.
L'occasion m'a été donnée de rencontrer des
responsables de ces départements de santé
communautaire et la proposition, la suggestion qui, sauf erreur, est
apparue au cours des audiences du printemps 1990 de créer ce poste de
responsable au ministère a été agréée par le
ministre, et des membres des départements de santé communautaire
voudraient bien faire en sorte que ce responsable en haut niveau de la
santé publique au Québec s'entoure également de personnes
qui sont de ce secteur. On n'est pas en train de multiplier le nombre de
personnes qui administrativement seraient à l'emploi de l'État en
matière de santé publique. Non, non! Tout ce que ces
gens-là disent pour l'instant - et moi, je pense que ça doit
faire l'objet d'un bon débat public - les arguments invoqués par
ces gens-là quant à leur suggestion, quant à leur
proposition, ils nous disent: Bien, voyez-vous, les programmes de santé
publique que nous avons à mettre sur pied, de différents points
de vue au Québec, ça ne peut pas être la même chose
dans la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie que dans la
région de Montréal, dans la région de
l'Abiti-bi-Témiscamingue que dans la région de la Mauricie. Et
nous, on pense qu'il y a une façon de faire les choses qui n'est pas
statique, qui n'est pas définitive, qu'on ne peut structurelle-ment
définir pour un grand nombre d'années, et si on veut tirer le
maximum de la structure que nous voulons installer, et avec laquelle nous
sommes d'accord, si nous voulons que cette définition de
responsabilité soit plus efficiente, soit plus efficace, nous pensons
que les gens préoccupés par ce secteur de la santé
publique au Québec, élément essentiel de toute politique
de santé et de bien-être, eh bien, il faut qu'on soit autour de la
table, dans un organisme léger, un organisme dont le type de
paramètres est extrêmement bien défini par le gouvernement
dans différents secteurs d'activité, et ce ne serait pas la mer
à boire que d'instaurer ce conseil de la santé publique autour du
responsable général de ce service au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je ne pense pas non plus que cette
proposition soit déraisonnable, au contraire, qu'elle grossisse la masse
budgétaire en termes de dépenses, ce qui nous priverait de
dispensation des services directs aux usagers dans le réseau de la
santé et des services sociaux. Non, ce n'est pas cela. C'est de jouir de
l'expertise, de faire appel aux compétences que nous avons
développées au Québec et qui sont
généralement non seulement reconnues, mais regroupées au
sein des départements de santé communautaire. Ces gens-là
pourraient venir nous dire... Évidemment... Évidemment! Le
ministre a, quant à lui, sa vision des choses, son biais
là-dessus, a-t-il dit. Nous, nous pensons qu'il eût mieux valu
discuter, échanger, mettre au point la politique de santé et de
bien-être du ministère de la Santé et des Services sociaux,
mais, en définitive, du Québec, avant de procéder au
dessin de l'outil. Si le ministre réplique là-dessus, bien
écoutez, moi, je sais que nous aurons toujours un certain taux
d'utilisation, de consommation de drogues au Québec. C'est une question
d'intensité en disant: Nous voulons réduire de tel taux ou de tel
autre taux la consommation de drogues au Québec, compte tenu de ce que
ça a comme effet sur le système de santé et des services
sociaux. Bien, ce n'est pas parce que je choisirai de dire que nous voulons, de
notre côté, réduire de 10 % ou de 15 % la consommation des
drogues dures au Québec que ça va changer la nature de
l'instrument que je suis en train de vouloir dessiner au niveau du projet de
loi 120.
Non, je pense que ce n'est pas comme ça qu'il faut voir cela.
Quand on décide, dans n'importe quelle organisation, de
développer précisément un type de structure et une
façon d'organiser les ressources humaines, les ressources
financières, les ressources matérielles en vue de l'atteinte d'un
certain nombre d'objectifs, ça me semble tellement simple d'affirmer
qu'il faut connaître, avant cela, les objectifs. Et les objectifs qu'on
détermine pour un vaste système comme le système de la
santé et des services sociaux au Québec ou les vastes objectifs
qu'on doit se dessiner en termes de société pour atteindre un
certain niveau de bien-être pour les membres de cette population, ce
n'est jamais des objectifs qui sont tous sur le même pied. Ça va
forcément nous amener à établir un certain nombre de
priorités pour faire en sorte que les partenaires qui sont avec nous
dans la définition de cette politique de santé et de
bien-être puissent également en être, de ces objectifs, et y
travailler ardemment, parce que c'est toute la différence du monde.
C'est toute la différence du monde, parce que nous sommes à
travailler avec des êtres humains, avec des professionnels, avec des gens
dédiés à leur système, mais qui veulent aussi
être des participants.
On ne commencera pas ici à faire une définition des
théories fondamentales de la motivation chez le personnel dans les
organisations, mais on sait tous, on peut tous affirmer aujourd'hui qu'il a
été amplement démontré sur le plan scientifique que
la première source de motivation du personnel, dans quelque
système que ce soit, c'est d'abord quand il adhère aux objectifs
de l'organisation et, également, quand il se sent concerné par la
définition de cette organisation.
Vous savez, il y a des chercheurs américains qui nous ont
amplement décrit que l'aspect rémunération, que l'aspect
salarial, dans quelque entreprise que ce soit, ce n'est pas, à moyen
terme, la source principale de motivation. Ces chercheurs nous ont
prouvé largement et de façon bien étayée que la
rémunération n'est qu'un facteur de ce qu'on appelle
généralement, dans le monde des sciences du comportement humain,
un facteur hygiénique qui empêche l'insatisfaction, mais qui ne
peut être à la base même de la satisfaction et donc de la
motivation,
parce que la non-satisfaction d'un besoin, ce n'est pas la même
chose que l'insatisfaction. Une rémunération, dans quelque
système que ce soit, dans quelque organisation que ce soit,
privée ou publique, est la rémunération qu'on
reçoit pour les services que l'on donne dans cet organisme, pourvu qu'on
atteigne un niveau raisonnable. Ça, ça se définit aussi.
Un niveau raisonnable qui permette d'évoluer normalement dans le groupe
de pairs dans lequel on est inséré, c'est un facteur qui
empêche l'insatisfaction. Est-ce que tout cela amène le
développement de la motivation? La réponse scientifique
prouvée, développée, c'est non. Ce qui développe la
motivation chez les travailleurs, chez les travailleuses, chez tout être
humain membre d'une organisation, c'est vraiment les facteurs reliés au
travail lui-même. Suis-je considéré dans cette organisation
comme personne? Suis-je considéré comme un artisan, un
élément fondamental de l'articulation de ce système?
Est-ce que je suis reconnu à ce titre? Et la définition
opérationnelle, sur le terrain, de comment ça se déroule,
bien, c'est de dire: Moi, je sens, dans mon organisation, que les objectifs qui
ont été dessinés par ou pour cette organisation-là,
j'en suis partie et je suis donc un contributeur. Je suis donc une personne qui
va donner le maximum de ses énergies pour réaliser les objectifs
du système. Alors, c'est ça aussi qu'on doit retrouver dans la
définition d'une politique de santé et de bien-être, non
seulement au niveau des objectifs eux-mêmes quant à ce que nous
voulons aborder, ce que nous voulons atteindre comme niveau de santé et
de bien-être dans cette population, et que nous puissions en être
de cette définition. Ça, s'il y a des gens qui peuvent nous
donner, nous dire, nous porter un certain nombre de messages au niveau de la
santé publique au Québec, eh bien, c'est bien le Regroupement des
départements de santé communautaire. On pourrait affirmer
à certains égards que ce n'est pas les seuls groupes ou personnes
concernés, fort bien, vrai, ce ne sont pas les seuls groupes
concernés: D'autres intervenants dans le réseau, d'autres
groupes, en particulier les groupes communautaires, font un travail assez
exceptionnel aussi comme contribution en matière de développement
ou en matière de santé publique au Québec. Sauf que le
législateur, à l'époque, a confié une
responsabilité à des personnes à l'intérieur
d'organismes qui s'appellent les départements de santé
communautaire. Puis comme ça fait à peu près 20 ans qu'on
évolue dans cette structure-là, moi, je pense qu'on pourrait
dire, au bout de 20 ans, de ces personnes qui sont, dans ce réseau, en
charge des différents mécanismes et de
l'opérationalisation de nos orientations actuelles - qui changeront
peut-être avec une politique de santé et de bien-être en
matière de santé publique - voilà, nous, nous pensons
qu'il faudrait opérer de telle ou telle façon.
Voilà pourquoi, à l'égard des impliqués, des
concernés, dans le domaine de la santé publique à
l'intérieur des départements de santé communautaire, nous
devrions entendre ces personnes, tout en ne rejetant pas, même si
ça a été fait au niveau formel par un vote devant cette
commission, l'offre que nous avons faite au ministre de prendre neuf heures de
notre temps parlementaire pour entendre les principaux regroupements de
personnes qui agissent dans notre secteur de la santé et des services
sociaux qu'on s'apprête à modifier de façon assez profonde
pour les prochaines années.
Je pense que, là-dessus, on ne pourra pas affirmer que les
techniques utilisées par l'Opposition sont tout simplement des mesures
en vue de se défiler devant l'étude du projet de loi. Non, c'est
tout à fait le contraire. Nous voulons avoir le maximum
d'éclairage, en ayant en tête, en étant bien conscients de
tout ce qui s'est passé avant, de tout ce qui va nécessairement
se passer pendant l'étude article par article, paragraphe par
paragraphe, phrase par phrase, cette étude sérieuse du projet de
loi 120. Ce n'est pas abusif, ce n'est pas déraisonnable, ce n'est pas
incorrect de réclamer que nous puissions consacrer un nombre d'heures
limité pour faire en sorte que les parlementaires, du côté
de l'Opposition comme du côté de la majorité
ministérielle ou de la majorité gouvernementale, puissent...
Le Président (M. Joly): M. le député, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. Trudel: En conclusion, M. le Président, que ces
gens-là puissent retourner...
Le Président (M. Joly): II vous restera quelques minutes
à la reprise des travaux. J'imagine qu'on va être reconduit dans
un mandat, alors il vous restera quelques minutes.
M. Trudel: Je peux terminer la phrase en disant, avant
l'ajournement des travaux, que les députés membres de la
formation ministérielle, membres de la majorité gouvernementale
pourront dire, lorsqu'ils retourneront dans leur comté: Oui, nous avons
entendu. Oui, nous avons permis un débat dans un temps limité.
Oui, les personnes qui ont demandé à s'exprimer publiquement
à l'intérieur de la commission, c'est fait.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député, terminé. Merci. M. le ministre, vous aimeriez
peut-être...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, avec
votre permission, avec la permission des membres de l'Opposition, je ne crois
pas que les arguments évoqués soient suffisamment forts pour
m'influencer dans mon jugement parce qu'à ce que j'ai entendu depuis le
début, on mêle bien des choses. On mêle la réforme,
on mêle ce qu'est la loi, on mêle la politique de santé et
de
bien-être, on mêle le budget. Il faut le faire!
Évidemment, quand on a à discourir sur des motions comme
celles-là, je le comprends, je le comprends. Pour être bien clair,
quand la première proposition est venue d'entendre la Corporation
professionnelle des médecins, j'ai dit oui, j'ai dit oui. Ça
m'intéressait. Probablement que le Dr Roy aurait pu nous dire - et
c'aurait été avantageux pour nous autres - devant la commission
ce qu'on a vu dans les journaux ce matin. Bon, alors... Ce n'était pas
désagréable à entendre.
À ce moment-ci - et moi, ça sera le dernier bout que je
vais faire, le dernier - M. le Président, je serais prêt à
accepter que, demain, on entende six groupes. Six groupes, demain, et
l'Opposition va les choisir. Ne venez pas me consulter, ne venez pas me voir.
Vous allez choisir les six groupes. Ça, ça sera votre
problème. Vous nous aviserez après la période de questions
pour nous dire quels groupes vous aurez choisis, et on commencera à 9 h
30 demain matin, de telle sorte que, demain soir, on aura fini, avec
l'engagement qu'on va aborder la semaine prochaine l'article 1, M. le
Président, et qu'ainsi de suite on va continuer à travailler.
Quand j'ai parlé de souplesse et d'ouverture, évidemment,
moi, je ne serai pas fatigué. Ce n'est pas fatiguant, ici, pour moi. Par
rapport à être au bureau, il n'y a pas de pression, pas une
minute, ici. Tu ramasses un cas une fois de temps en temps, ce n'est pas si
mal, au lieu d'en ramasser 15 à l'heure au bureau. Donc, ce n'est pas
stressant du tout. Je ne trouve pas. Je me trouve en congé. Je peux
toffer ça pendant un bon bout de temps, jusqu'à l'automne si vous
le voulez. Ma santé n'en sera que meilleure. Mais, évidemment, ce
que j'ai compris aussi, c'est qu'on est aussi ici pour travailler un petit peu
et aller dans le sens que tout le monde souhaite. J'entends toute une
série de questions sur les articles auxquelles on pourra répondre
en cours de route et, là, ce n'est pas... C'est un peu le rapport
Allaire, mais c'est le vrai. Ce n'est pas négociable, ça. C'est
ça, la souveraineté: Six, demain, "that's ail". Vous les
choisirez comme bon vous semblera.
Le Président (M. Joly): M. le député,
exceptionnellement...
M. Trudel: Comme c'est exceptionnel pour le ministre.
Le Président (M. Joly): Oui, exceptionnellement.
M. Trudel: Écoutez, le ministre fait une proposition
qui...
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Trudel: ...est éminemment regardable, sur laquelle nous
pouvons réfléchir, et après la période de
questions, avec les conditions qu'il fixe, nous pourrons donner notre
réponse au ministre.
Le Président (M. Joly): ii y a une motion. le temps n'est
pas tout à fait écoulé encore. alors, dépendamment
de ce qui va se discuter, nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 12 h 33)