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(Seize heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Joly): À tous et à toutes,
il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette commission. Je
me permets de vous rappeler le mandat. En fait, la commission des affaires
sociales se réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: oui, m. le président. mme
carrier-perreault, députée des chutes-de-la-chaudière,
sera remplacée par mme caron, députée de terrebonne.
Le Président (M. Joly): bonjour, mme caron. ça me
fait plaisir. alors, je me permets, d'entrée de jeu, de vous dire que
nous avons des remarques préliminaires, j'imagine, m. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Un peu, oui.
Le Président (M. Joly): Je vais vous reconnaître 20
minutes, 20 minutes aux membres de l'Opposition et, aussi, 20 minutes à
M. Atkinson du Parti Égalité. Alors, je vous laisse la parole, M.
le ministre.
Remarques préliminaires
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
d'entrée de jeu, je vous dis que 20 minutes, ça me paraît
très court dans les circonstances.
Le Président (M. Joly): J'imagine qu'on peut
sûrement en arriver à se négocier, à
l'intérieur de l'enveloppe de temps qu'on a en avant de nous, le temps
nécessaire pour vous permettre de dire ce que vous avez à
dire.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan de
l'équité, d'un côté comme de l'autre, je pense qu'il
faut...
Le Président (M. Joly): Oui, je suis prêt à
reconnaître ça, M. le ministre, avec le consentement.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre, allez.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Nous entreprenons donc une étape que l'on peut
qualifier de déterminante pour la réforme qui a été
amorcée, faut-il se le rappeler, il y a maintenant au-delà de
cinq ans par la mise sur pied de la commission Rochon. Le projet de loi 120, il
faut se le rappeler aussi, ne constitue pas la totalité de la
réforme puisque c'est une pièce extrêmement importante
parmi un ensemble de quatre mesures que l'on peut qualifier: la réforme,
le projet de loi, la politique de santé et bien-être et la mise en
oeuvre de cette réforme, donc un document qui est aussi assez important.
Mais il constitue, il faut bien l'admettre, la pièce maîtresse,
voire un préalable quant à l'application de la réforme que
nous avons proposée à la population au cours du mois de
décembre. Il assoit légalement les droits des usagers et des
mécanismes de recours. Il définit aussi les fonctions et les
responsabilités des acteurs dans le système: organismes
communautaires, ressources intermédiaires, les établissements et
leurs missions respectives, des régies régionales, le
ministère lui-même et j'en passe. Il définit, enfin, les
règles du jeu essentielles au bon fonctionnement du système: la
gestion des services, la gestion des ressources humaines, la gestion des
ressources matérielles et, bien sûr, la gestion des ressources
financières.
Donc, l'étude article par article que nous nous apprêtons
à débuter est une étape importante, extrêmement
importante pour l'adoption du projet de loi 120, essentielle, sinon il n'y a
pas de troisième lecture, on se comprend bien. C'est un défi pour
les parlementaires que nous sommes, peu importe l'identité politique ou
l'étiquette politique que nous avons, peu importe si nous sommes de
gauche, de droite, du centre, peu importe si nous sommes des gens qui avons
travaillé à l'intérieur du réseau ou pas. C'est
donc un défi aux parlementaires à cause de l'importance des
enjeux et, à voir les réactions au lendemain de la réforme
et depuis quelques mois, il y a donc des enjeux extrêmement
importants.
Un défi à cause de la complexité du domaine - ce
n'est pas un domaine qui est simple, facile; avec au-delà de 950
établissements, on voit toute l'importance des réseaux qui, au
fil des années, se sont mêlés, compte tenu de
l'appétit de l'un ou de l'autre, à vouloir occuper sans cesse un
terrain beaucoup plus grand - et aussi de par le nombre d'articles du projet de
loi: tout près de 500, 494 dans sa version que l'on connaît
actuellement. Donc, un
travail qui va marquer le Québec pour plusieurs années
puisqu'on ne touche pas de manière aussi substantielle au régime
de santé et de services sociaux à tous les deux ans, à
tous les trois ans. On peut le faire de manière très
exceptionnelle, mais pas de manière aussi fondamentale que nous le
faisons. Ça va donc exiger une collaboration de l'ensemble des
parlementaires qui sont autour de cette table, qui, il y a quelques
années, étaient ceux qui avaient la responsabilité de
gérer, aujourd'hui qui ont la responsabilité de critiquer. Pour
nous qui, à l'époque, avions la responsabilité de
critiquer et qui, aujourd'hui, avons la responsabilité de gérer,
il y a donc des préalables.
Avant d'aborder les principaux amendements, permettez-moi de rappeler
quelques points rapidement, à tout le moins trois points: les
étapes franchies - c'est bon de se resituer dans le contexte - le
contexte lui-même et, évidemment, un biais d'analyse, ou ce qu'on
appellerait de manière plus technocratique un prisme d'analyse, qui ne
porte pas insulte du tout à ceux qui me l'ont donné, mais il
m'apparaît important de le faire par un biais.
Les étapes franchies. Le projet de loi 120 a été
adopté par l'Assemblée nationale le 18 décembre en
deuxième lecture. Donc, les principes mêmes du projet de loi ont
été adoptés et il avait été
déposé à l'Assemblée nationale le 11
décembre dernier, faisant suite, bien sûr, à la
présentation de ce qu'était la réforme. Donc, le projet de
loi, malgré ses imperfections, ses incompréhensions, voulait lui
aussi faire en sorte que la réforme, qui est axée sur le citoyen,
le traduise très bien à l'intérieur du projet de loi et
c'était très évident.
Cette réforme faisait suite elle-même à un ensemble
d'interventions ou de démarches faites au fil des années. J'ai
évoqué tantôt la commission Rochon, mise sur pied par notre
collègue de Joliette en 1985, pas pour l'artifice d'une idée d'un
jour d'un ministre qui avait pensé qu'il y avait quelque chose à
faire et qu'il fallait se planter dans ie décor sur le plan politique,
mais par un constat qu'il avait fait d'une nécessité
approuvée par ses collègues du Conseil des ministres, et qui a
travaillé pendant deux ans, qui a consulté 6000 personnes - il
faut se le rappeler - et déposé un rapport substantiel.
Par la suite, le document d'orientation de Mme Thérèse
Lavoie-Roux "Pour améliorer la santé et le bien-être au
Québec". Elle a elle-même rencontré, suite à cela,
2000 personnes à travers le Québec. Une commission parlementaire:
au moment où nous sommes ici aujourd'hui, il y a un an nous
étions donc en commission parlementaire pour entendre, de janvier
à avril 1990, 175 groupes sur 266, une oeuvre colossale que nous avons
eu le plaisir de faire ensemble et qui nous permettait de passer un certain
nombre de messages et d'en recevoir aussi, et nous en avons reçu
abondamment, ce qu'il ne faut pas oublier.
Par la suite, au cours de l'automne, compte tenu de l'importance des
décisions que nous avions à prendre, j'ai moi-même
décidé de rencontrer, pendant des périodes assez
importantes, de trois à quatre heures minimum, des intervenants pour
discuter avec eux de la réforme, de leur intervention. Je dois vous dire
que c'est pas mal plus que 30 minutes ou une heure en commission parlementaire.
On a des sujets très précis, où nous sommes allés
au fond des choses - je le pense à tout le moins - avec chacun de ces
intervenants, une vingtaine, pour tenter de trouver des solutions optimales aux
problèmes de notre système.
Ce n'est pas tout. Malgré tout cela, des observations, des
commentaires, des critiques, des félicitations - parce qu'à
l'occasion on en a - en janvier, j'ai fait le tour du Québec pour tenter
de voir, parmi le réseau, ceux qui avaient un certain nombre de
commentaires à passer qui avaient pu décanter ce que nous avions
présenté le 7 et aussi adopté comme projet de loi 120.
J'ai donc fait le tour de toutes les régions du Québec dans une
quinzaine de jours où nous avons rencontré entre 8000 et 10 000
personnes qui ont pu s'exprimer, poser des questions et échanger avec
moi.
Il y a une réaction qui fait un large consensus. Les orientations
de fond sont partagées par l'ensemble de la population.
Deuxièmement, ce que nous avons senti partout, c'est une volonté
de collaborer. On ne remet pas en cause le quoi, on ne remet pas en cause la
nécessité de, et les gens nous signalent qu'ils ont une
volonté de collaborer et d'implanter la réforme le plus
rapidement possible. Il y a aussi, bien sûr - je pense qu'il faut pousser
l'honnêteté jusque-là - des gens qui, sur des points
particuliers qui sont aussi des points de fond, sont plus ou moins d'accord, vu
de leur point de vue. Si je prends quelques exemples de l'Opposition, je pense
que les remarques ont été plus percutantes lorsqu'on parlait
principalement des pièces financières que sont le ticket
orienteur, l'impôt-services et d'autres, bien sûr, mais
principalement celles-là, alors que les médecins ont
manifesté leur désapprobation sur certaines mesures,
l'agrément de cabinets privés en particulier, les CMDP et
d'autres mesures que nous verrons en cours de route.
J'ai alors, à ce moment-là, été très
clair et lancé une invitation à tous ceux et celles qui
souhaitaient participer dans le comment collaborer, bonifier, tenter
d'influencer ultimement un certain nombre de décisions quant à ce
que serait la réforme. Cette invitation-là a donc
été bien transmise et elle a été aussi bien
reçue, puisque j'ai reçu au niveau du ministère, et la
commission en a reçu un certain nombre aussi, quant à moi, 145
mémoires avant le 25 janvier et quelques-uns au-delà du 25 ou du
29 janvier, pour un total de 1500 pages de documents, ce
qui est tout à fait exceptionnel dans les circonstances. Et des
mémoires de très bonne qualité où des gens ont
effectivement travaillé dans l'esprit de la réforme pour tenter
de bonifier, de proposer des choses qui allaient dans le sens que nous
souhaitions, et ça, ce sont des amendements qui nous ont
été proposés, qui ont donc, à mon point de vue,
été très très utiles dans ce qu'on s'apprête
à faire au cours des prochaines semaines et des prochains mois. (16 h
30)
Toutes ces étapes m'amènent à dire que, pour moi,
la période de consultation sur la réforme et le projet de loi 120
est terminée. La responsabilité appartient maintenant aux
parlementaires et c'est leur responsabilité de faire en sorte que nous
ayons le plus rapidement possible un projet de loi amendé, bien
sûr, puisqu'il le sera, et qui nous permettra de mettre en place la
réforme, puisque, déjà, depuis cinq ans, le Québec
attend cette réforme et attend ces modifications.
Sur le plan du contexte, il n'est pas nécessaire, je pense,
d'insister longuement. Je veux seulement vous dire que le projet de loi 120 a
été adopté en deuxième lecture et, selon mes
conclusions qui peuvent avoir leur propre biais, et j'en conviens dès
à présent, l'impôt-services et le ticket orienteur ont fait
l'objet de critiques, tant à l'intérieur de l'Assemblée
nationale qu'à l'extérieur de l'Assemblée nationale,
compte tenu de ce que chacun comprenait et défendait comme principe.
Pour moi, le quoi est maintenant défini; il l'est de manière non
équivoque et il a été approuvé par
l'Assemblée nationale au mois de décembre.
Deux choses restent à faire: premièrement, des
améliorations afin que l'esprit du législateur soit correctement
traduit dans les libellés du projet de loi 120 et, deuxièmement,
la bonification du comment. D'ailleurs, on a commencé à le faire
puisqu'on a reçu 145 mémoires et qu'on les a analysés, par
l'entremise de mes officiers supérieurs et des gens du contentieux chez
nous qui ont fait un travail de moines pour tenter de colliger et de bien
s'imbiber de l'esprit qui nous a été transmis par ces documents.
En cela, je dois vous dire que le contenu des 145 mémoires, aujourd'hui,
avec le recul, a été essentiel - je ne crains pas de le dire
aujourd'hui, malgré le fait que nous ayons déjà un projet
de loi 120 - et a été d'un support tout à fait
exceptionnel pour voir un certain nombre de lacunes ou d'interprétations
possibles de certains articles du projet de loi que nous n'aurions pas vues
nous-mêmes par l'analyse que nous en avions faite.
Donc, vous pouvez être assurés de mon entière
collaboration, M. le Président, en commission parlementaire à
l'étude des projets de loi article par article. J'oserais presque vous
dire "ma légendaire ouverture d'esprit" pour recevoir des amendements,
puisque, avec le député de
Lévis qui a été mon vis-à-vis pendant de
nombreuses années au niveau du ministère des Transports, on a
passé à travers des pièces législatives de 700 et
800 articles, et Dieu sait qu'avec le député de Lévis ce
n'est pas facile.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mais on a réussi
à passer à travers, toujours en ayant à l'esprit le bien
du consommateur. C'est dans cet esprit que je vous dis "ma légendaire
ouverture d'esprit", et j'ai bien dit "en commission parlementaire", pour
accueillir toutes les suggestions qui pourraient être de nature à
bonifier. Et je le dis à l'Opposition aussi: Même si ça
vient de l'Opposition, le mérite vous en reviendra et, bien sûr,
je suis prêt à jouer ce jeu-là.
Donc, le quoi est défini, notre travail consiste à
s'assurer du respect de l'esprit du législateur et de bonifier le
comment. Donc, ce qui est pour mes fonctionnaires un prisme et pour moi un
biais, donc mon biais d'analyse, mais ça veut dire la même chose,
c'est sans doute le point de vue le plus important que je vais aborder avant
même d'entamer cette étude article par article. Je souhaite que
l'on adopte, en quelque sorte, ce biais d'analyse, c'est une question cruciale,
et nous y avons été confrontés par l'analyse des 145
mémoires et ces 145 mémoires n'étaient pas
différents des 266 qui ont été déposés et
des 175 que nous avons entendus, parce que les propositions venaient, bien
sûr, à partir de leur point de vue, tantôt de producteurs,
et à partir de leur intérêt à eux, et je pense que
c'était leur rôle de le faire. Ce biais, c'est celui du citoyen,
point, "period", à la ligne. Point! Pas celui du ministre, pas celui des
fonctionnaires, pas celui des directeurs généraux, pas celui des
médecins, pas celui des infirmières ou infirmiers. Celui du
citoyen, point. Je souhaite que l'on examine le bien-fondé de
propositions, mais en fonction d'un intérêt principal, celui des
citoyens, non pas uniquement selon le volet consommateur, mais aussi selon
celui du décideur et celui du payeur.
Cependant, on vit dans un contexte où il y a des contingences
qu'il nous faut respecter: pratique antérieure des professionnels et
établissements, ressources limitées. C'est ce que j'ai fait des
propositions retenues à l'intérieur des mémoires. Je
souhaiterais, bien sûr, que l'Opposition et le gouvernement - puisque je
me connais un peu - ne tombent pas dans les pièges traditionnels.
Rappelons-nous - et je m'adresse de manière particulière à
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui est le
porte-parole de l'Opposition - les paradoxes constatés lors de la
commission parlementaire sur l'avant-projet de loi; on en a vu et on en a vu
plusieurs et on en a entendu plusieurs. Déréglementez, mais
protégez-moi! C'était un des messages et il y en a eu
d'autres.
Examinons les revues de presse et comparons les messages des citoyens
par rapport à ceux qui défendent leur intérêt. Pour
le gouvernement, il n'y a qu'un seul biais pour analyser les demandes, celui du
mieux-être des citoyens et des citoyennes du Québec. On
l'atteindra à un niveau x; si on l'atteint à 100 %, tant mieux.
Tant mieux!
Des amendements, parce qu'il y en aura, bien sûr, M. le
Président, c'est ce que j'ai bien compris, des deux
côtés... Puisque j'ai eu le plaisir d'être à l'ACAQ
ce midi, de rencontrer les syndicats et que je n'ai pas eu le bonheur
d'assister à la conférence de presse de mon collègue ni
à l'émission "Camille Samson" ce midi - puisque c'était
l'Abitibi qui se retrouvait ce midi, de deux à trois - quelques petits
rapports fragmentaires m'ont laissé sous-entendre qu'effectivement
l'Opposition pourrait avoir quelques papillons. Donc, M. le Président,
ce sera la chasse aux papillons, souhaitant trouver à l'intérieur
de cette chasse les papillons les plus rares et les plus beaux, mais toujours
dans cet esprit du citoyen d'abord. Je vous le dis d'entrée de jeu:
Quant à moi, lorsque nous aurons disposé, dans la mesure
où nous aurons à en disposer, des motions préliminaires,
j'imagine, dans la mesure où il y en a, je rendrai donc disponibles, par
leur transmission à votre commission, M. le Président, un certain
nombre d'amendements qui sont au nombre de 309 - je vous le dis tout de suite
pour vous montrer le travail qui a été fait - 309 papillons que
j'entends déposer au projet de loi 120. Ce chiffre va très
certainement doubler ou tripler ce que l'Opposition pourrait présenter,
mais je vous le dis tout de suite, pour tenter de bien les situer, 60 %, plus
ou moins, des papillons sont des papillons d'ordre technique, puisqu'un certain
nombre de décisions ont été prises, et, par
conséquent, occasionnent des aménagements, mais davantage dans la
forme, ou des concordances, même dans certains cas de précisions
que nous ont demandées certains intervenants qui n'affectent d'aucune
manière la substance du projet de loi.
D'autres amendements plus significatifs sont aussi proposés: je
dirais plus ou moins 20 % qui n'affectent pas le quoi, mais qui, effectivement,
font appel au comment, ce à quoi nous avions invité nos
interlocuteurs à travailler, à réfléchir et
à nous proposer un certain nombre de choses, alors qu'un autre 20 % sont
de forme, mais aussi peuvent toucher au comment, pour tenter de vous les situer
dans l'ordre. Ces amendements font donc suite, pour une bonne part d'entre eux,
aux commentaires et recommandations des quatre groupes suivants:
communauté anglophone et communautés culturelles, les
communautés crie et inuit, le réseau et les médecins.
La communauté anglophone et les communautés culturelles.
Tout en souscrivant aux orientations de base de la réforme, la
communauté anglophone et les communautés cultu- relles ont
émis certaines réserves concernant le respect des droits acquis
par leur communauté quant à l'accessibilité à des
services de santé et des services sociaux, le maintien de
l'identité des établissements sociaux, communautés
anglophone et culturelles, leur représentation au sein des conseils
d'administration, la nécessité pour les régies de tenir
compte de la présence des communautés culturelles et
linguistiques dans l'organisation des services et l'allocation des ressources.
Le projet de loi 120 prévoit déjà que l'organisation des
services doit tenir compte des particularités linguistiques et
ethnoculturelles, ce qui est très certainement de nature à plaire
à mon collègue, de la population. Des amendements ont donc
été suggérés. Afin de préserver cet
objectif, des papillons seront proposés afin de préserver
l'identité des établissements associés à ces
communautés - unification des conseils d'administration non pas
uniquement en fonction d'une base territoriale, mais possibilité d'une
unification sur la base d'une affiliation linguistique et culturelle et aussi,
bien sûr, le CPEJ anglophone. Rappelez-vous que dans la loi nous avions
dit: Deux CPEJ pour l'île de Montréal, sans nécessairement
spécifier qu'un des CPEJ était anglophone. Nous répondons
donc à cette demande de la communauté anglophone.
Deuxièmement, d'assurer une présence au conseil d'administration
des établissements de la régie via, le cas échéant,
la cooptation. Donc, ça signifie que, par ce biais-ci et,
évidemment, par une mesure que je vous annoncerai ultérieurement,
il y aura, au niveau des régies régionales, cooptation. D'obliger
des régies à tenir compte, pour l'organisation des services et
l'allocation des ressources, de la présence des communautés
culturelles, du programme d'accès aux services pour les anglophones et
des établissements désignés comme devant offrir les
services en anglais.
Quant aux communautés crie et inuit, les Indiens cris souhaitent
la création d'une régie régionale qui aurait pour leur
communauté les mêmes pouvoirs que les autres régies qui
seront créées a travers le Québec. Les Inuit
réclament également une régie régionale pour leur
propre communauté. Ils souhaitent également que le projet de loi
120 puisse s'appliquer à eux, mais en l'adaptant pour tenir compte de
leurs caractéristiques et de leurs besoins. Une régie
régionale était prévue dans la réforme pour chacune
des communautés. On pourra le faire dans le cadre du projet de loi 120
car un arrangement doit intervenir entre les parties signataires de la
Convention de la Baie James. Finalement, nous nous engageons à amorcer
dans les plus brefs délais les négociations qui nous
mèneront à cette entente.
Le réseau. Suite aux recommandations et commentaires du
réseau, des amendements ont été proposés sur les
points suivants: la composition des conseils d'administration; les conseils
d'administration unifiés; les missions des établissements;
la marge de manoeuvre des établissements et des régies;
l'impôt-services sur les prothèses et les orthèses - on
peut toujours se dire qu'il y a des victoires morales pour certains groupes
à l'occasion, y compris le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue dans ce cas-ci - et, sixièmement, la
vérification externe des établissements.
Premièrement, la composition des conseils d'administration. Le
projet de loi 120 permet à trois employés professionnels de
siéger au conseil d'administration des établissements. Il ne
permet pas aux employés ou professionnels d'être
désignés membres d'un conseil d'administration d'un
établissement à titre d'usagers ou de représentants du
bénéficiaire. De plus, aucun professionnel ou employé ne
peut siéger au conseil d'administration de la régie
régionale. Avec les modifications proposées, des producteurs du
réseau pourront accéder aux conseils d'administration des
établissements soit par le canal des sièges cooptés ou
à titre d'usagers ou usagères ou représentants de
bénéficiaires, mais non pas dans l'établissement où
ils travaillent.
Des sièges cooptés au conseil d'administration de la
régie régionale, quatre à la régie régionale
de Montréal et deux autres, deux aux autres régies, seront
également prévus pour maintenir la logique du coopté au
niveau de l'établissement et aussi au niveau de la régie
régionale. Ces sièges serviront à combler des lacunes de
représentation au conseil d'administration: expertises, incluant celles
du réseau, parties de territoire, caractéristiques linguistiques
et socio-culturelles, domaines d'enseignement et recherche. Mais ces choix
cooptés seront faits par la régie et sanctionnés par le
ministre.
Au niveau des conseils d'administration unifiés, le projet de loi
120 prévoit utiliser des conseils d'administration des centres de
réadaptation pour personnes handicapées au plan physique. Des
propositions ont été faites pour tenir davantage compte des
réalités différentes des déficients auditifs, des
déficients visuels et des déficients locomoteurs.
Quant à la mission des établissements, des recommandations
ont été faites pour mieux encadrer la mission des
établissements. Suite aux demandes du réseau, des
précisions seront apportées à la mission des
catégories des établissements, mais sans mettre en cause le
partage déjà fait entre établissements de première
ligne et établissements agissant sur référence ou
principalement sur référence. (16 h 45)
La marge de manoeuvre des établissements et des régions.
J'ai entendu, bien sûr, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue dire: L'oxygène tant promis ne se
rend pas. Il avait un peu raison et on l'a constaté nous aussi,
évidemment. Ce que je comprends maintenant, c'est que ce sera
différent. Donc, des artisans du réseau de la i santé et
des services sociaux ont indiqué que le projet de loi 120 ne donnait pas
une marge de manoeuvre suffisante aux établissements et aux
régions. Certains articles du projet de loi ont été revus
pour accorder plus de flexibilité et de liberté de gestion aux
établissements, soit par rapport à la régie
régionale, soit par rapport au ministre ou au ministère.
J'ai la même préoccupation que celle de donner de
l'oxygène et un espace aux établissements et aux régies.
Il faut admettre, cependant, que le gouvernement a fait deux choix qui
conditionnent notre marge de manoeuvre, soit qu'il n'y ait pas de suffrage
universel et que c'était non à un autre palier de taxation. Nous
sommes allés, donc, le plus loin possible en confiant des pouvoirs aux
régies sur l'aménagement des services sur leur territoire, sur
l'allocation des ressources, en renforçant les mesures
d'imputabilité aussi. Il ne faut pas oublier qu'on gère un
réseau de santé et de services sociaux, donc un système
complexe avec une structure à trois paliers: ministère,
régies, établissements, où il faut qu'un minimum de
règles du jeu soient définies afin que le réseau
fonctionne, justement, en système. Tant et aussi longtemps que le
Québec financera le réseau de la santé et des services
sociaux, le ministre sera donc l'ultime personne imputable et on
s'apprête, au cours des prochaines semaines, bien sûr, à
faire l'exercice annuel des crédits où c'est au ministre qu'on
pose des questions et c'est lui qui, devant l'Assemblée nationale, est
imputable.
L'impôt-services sur les orthèses et prothèses. La
réforme de la santé et des services sociaux prévoyait un
impôt-services sur les programmes complémentaires qui respectait
la capacité de payer des usagers. Compte tenu que la clientèle
des personnes handicapées est très vulnérable et que
l'impôt-services sur les orthèses et prothèses contredisait
la politique À part... égale du gouvernement du
Québec, l'impôt-services sur les orthèses et
prothèses ne sera pas appliqué. Mais nous n'avons pas le choix,
pour faire face aux besoins de la population et pour pallier au retrait graduel
du fédéral. C'est de nature à vous plaire, bien sûr,
vous qui avez tant souhaité et même fait du porte à porte,
usé des souliers pour être un représentant du Québec
au NPD fédéral. Donc, vous aurez compris que ce que je regrette
tout simplement, c'est de ne pas vous avoir aidé sur le plan politique
pour qu'effectivement vous soyez avec le NPD un défenseur des
intérêts du Québec, mais à Ottawa.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Gautrin:...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Évidemment, ce
que je comprends, c'est que mon collègue, M. Gautrin, qui, lui aussi, a
été un porte-étendard du NPD en...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça fait longtemps.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, ça fait quelques
années.
Les médecins. Les médecins ont soulevé un certain
nombre de problèmes reliés au projet de loi 120. Je le dis
publiquement en espérant, bien sûr, être entendu puisque mes
propos sur les médecins ne sont que les aspects négatifs qui,
à l'occasion, sont entendus. Des propositions ont été
faites et des mesures intéressantes nous ont été soumises
par le corps médical, que ce soit la Corporation professionnelle des
médecins, que ce soit la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, les résidents ou les étudiants
en médecine. Donc, c'est enregistré; tout ça pourra
être retenu contre moi ultérieurement. Mais une chose est
certaine, c'est que je le dis parce que je le pense et, avant de les aborder,
je voudrais souligner un certain nombre de faits.
Je tiens, quant à moi, mordicus à faire en sorte que les
Québécoises et les Québécois des régions
reçoivent des services médicaux car ils paient les mêmes
impôts, encore une fois, que ceux de Montréal, de Québec ou
d'ailleurs. Le projet de loi ne remet pas en question les libertés
fondamentales des médecins, contrairement à ce qui a
été véhiculé. Il nous semble établir un
juste équilibre entre les libertés individuelles et les
responsabilités collectives. L'évaluation de l'acte
médical continuera à être faite par les pairs.
Les amendements touchant les médecins sont nombreux et ils
concernent les sujets suivants: les CMDP, des ententes
médecins-établissement, l'agrément des médecins,
l'"opting out", les mécanismes de recours, la négociation, le
lien entre la signature du relevé d'honoraires et la
rémunération des médecins, les plans d'effectifs
médicaux.
Les conseils des médecins, dentistes et pharmaciens. Des
représentations ont été faites sur les
établissements devant obligatoirement constituer de tels conseils, sur
leur composition et leur rattachement. Un CMDP devra être
créé dans tout établissement comptant au moins cinq
médecins et non pas uniquement dans les centres hospitaliers, comme le
prévoyait le projet de loi. Bien sûr, vous pourriez reprendre le
même libellé pour les Cil, donc pour les conseils des infirmiers
et infirmières, avec la même norme de cinq infirmiers ou
infirmières. À la composition de l'exécutif du CMDP et de
celui du Cil, il y aura plus d'échanges réciproques des
présidents aux exécutifs. Par contre, un comité
multidisciplinaire d'évaluation sera institué dans les
établissements pour évaluer la qualité des soins et des
services rendus par ces établissements. Cela permettra de tenir compte
de la préoccupation d'autres professionnels qui ne sont pas
nécessairement médecins ou infirmiers Quant au rattachement
du
CMDP et des autres structures, ils continuent et continueront à
relever du directeur général, mais l'obligation à ce
dernier sera faite de transmettre au conseil d'administration les
recommandations que lui formulera le CMDP ou le Cil.
Les ententes médecins-établissement. Des médecins
ont demandé le retrait de la signature de l'entente entre un
médecin et un établissement. Cette entente devait
spécifier tant les privilèges que les obligations d'un
médecin dans sa pratique en établissement. Cette demande se
fondait sur deux raisons spécifiques. Premièrement, la signature
de cette entente formaliserait la relation entre un médecin et un
établissement et risquerait de s'établir davantage entre les
avocats représentant les deux parties plutôt qu'entre les deux
parties elles-mêmes. Deuxièmement, l'attribution d'obligations
spécifiques à un médecin risquerait d'avoir un effet
pervers très important; cela pourrait être perçu comme des
obligations maximales plutôt que minimales, comme le voulait l'esprit du
projet de loi. La signature de l'entente entre le médecin et
l'établissement, qui devait préciser tant les privilèges
que les obligations d'un médecin dans sa pratique en
établissement, est donc retirée. Elle sera remplacée par
des précisions au processus actuel d'attribution de privilèges
d'un médecin et plus particulièrement quant aux obligations qu'il
doit respecter sous peine de perte de privilèges.
L'agrément des médecins. Là aussi, plusieurs, des
médecins ont formulé des recommandations sur quatre points
précis concernant l'agrément: premièrement,
différencier les conditions d'un premier agrément de celles d'un
renouvellement de l'agrément; deuxièmement, limiter dans le temps
l'obligation d'être agréé pour pouvoir
bénéficier des honoraires à 100 %; troisièmement,
prévoir un mécanisme d'agrément qui impliquerait des
médecins et, quatrièmement, prévoir un mécanisme de
recours pour les médecins qui feront face à un refus ou à
un non-renouvellement de l'agrément. Nous avons donc et nous apporterons
donc des amendements au projet de loi.
Dans le renouvellement de l'agrément, uniquement le respect des
engagements pris et le maintien de pratique sont suffisants. Le respect des
pians d'effectifs médicaux et l'acceptation de nouvelles obligations
seront requis pour un premier agrément. Pour les médecins de 10
ans et plus de pratique, une seule condition sera requise: le maintien de la
pertinence de leur pratique eu égard aux besoins de la population. De
plus, les médecins pourront s'affranchir plus rapidement de
l'agrément en fonction de l'éloi-gnement de la région de
pratique ou de l'intensité des services fournis. Une commission
médicale composée uniquement de médecins sera
instituée pour aviser la Régie sur l'agrément des
médecins. Elle aura trois mandats: évaluer la pertinence des
pratiques des médecins qui font
une demande d'agrément, donner un avis sur l'agrément
pouvant être accordé, analyser les profils de pratique des
médecins de la région en vue de donner un avis sur les modes de
rémunération et d'organisation de la pratique de ceux-ci. Un
droit et un mécanisme de recours concernant l'agrément seront
prévus spécifiquement pour les médecins.
L'"opting out". Les médecins ont fait valoir que certains
médecins pourraient avoir des raisons personnelles ou professionnelles
de ne pas être agréés ou de pratiquer en
établissement en deçà des plans d'effectifs
médicaux. Des médecins peuvent se soustraire à
l'agrément pour leur pratique en cabinet privé moyennant une
rémunération à la baisse ou à des conditions de
rémunération fixées par le ministre. Un amendement est
apporté pour soustraire des plans d'effectifs médicaux les
médecins déjà inscrits dans un programme de formation pour
leur pratique en établissement moyennant une rémunération
fixée par le ministre.
Quant aux mécanismes de recours, trois problèmes sont
relevés par rapport aux recours dont disposent actuellement les
médecins. Premièrement, il y a des sujets, tel l'agrément,
pour lesquels aucun mécanisme de recours spécifique n'est
prévu. Deuxièmement, il existe plusieurs mécanismes de
recours ayant juridiction sur les mêmes objets, telles les mesures
disciplinaires prises à l'endroit des médecins. Et,
troisièmement, les délais d'audition de ces recours sont souvent
très prolongés et ce, principalement à la Commission des
affaires sociales. Afin de simplifier et d'accélérer les recours
éventuels des médecins, un amendement sera apporté visant
à créer un mécanisme spécifique d'arbitrage auquel
pourraient recourir des médecins dans toute matière qui fait
l'objet de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et
ce, en remplacement de la Commission des affaires sociales.
La négociation. Les fédérations médicales -
je ne sais pas si ça a changé pour les spécialistes, on
verra avec le nouveau président - demandent de revenir au libellé
de la loi actuelle en ce qui a trait au pouvoir du ministre de
déterminer les groupes de professionnels avec lesquels il peut conclure
une entente. La loi actuelle parle d'organismes représentatifs de toutes
catégories de professionnels, tandis que le projet de loi 120 parle de
groupements ou regroupements représentant des professionnels. Les
médecins perçoivent dans ce changement de libellé une
volonté du ministre de morceler des fédérations
médicales. Un amendement sera apporté pour préciser que le
ministre peut reconnaître uniquement des groupements ou regroupements
provinciaux. Les médecins contestent également la
préséance qu'un règlement pris en vertu de la loi 120
puisse avoir sur une entente. Un amendement sera également
apporté pour que seul un règlement concernant les gammes de
services assurés puisse avoir préséance sur une
entente.
J'achève, M. le Président. Je sais que j'abuse de votre
patience, mais c'est pour vous donner un meilleur éclairage des
intentions ministérielles, souhaitant qu'elles deviennent les intentions
de cette commission.
Le lien entre la signature du relevé d'honoraires et la
rémunération des médecins. Tel que formulé, le
projet de loi 120 faisait en sorte que la signature de l'usager est requise
pour que les médecins puissent être rémunérés
par la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Les
médecins ont fait valoir que, dans certaines circonstances, il pouvait
être difficile d'obtenir la signature des usagers, par exemple, en
santé mentale. De plus, un usager pourrait refuser de signer le
relevé d'honoraires parce que le médecin n'aurait pas consenti,
pour des raisons d'ordre professionnel, à lui procurer le service ou le
médicament qu'il requérait. La signature par le client du
relevé d'honoraires est maintenue même si certaines exceptions
sont permises. Le médecin sera tenu d'en remettre un exemplaire au
client, de telle sorte que la sensibilisation aux coûts soit
préservée, mais on fera en sorte de dissocier la signature de la
rémunération.
Quant aux plans d'effectifs médicaux, l'une des principales
craintes des médecins concernant l'application des plans d'effectifs
médicaux est l'impossibilité de revenir en région centrale
après avoir pratiqué en région éloignée. Un
amendement est apporté afin de réserver une partie des postes
à être octroyés aux régions universitaires
spécifiquement pour les médecins ayant déjà
pratiqué en région non universitaires.
Vous le constatez donc, M. le Président, beaucoup d'amendements
ont été apportés en regard des médecins. Ils sont
de nature à bonifier le fonctionnement du régime. J'espère
que cela démontrera la bonne foi qui nous guide quant à la
réforme.
Tels sont, pour l'essentiel, les changements proposés au projet
de loi 120. C'est mon sentiment qu'ils bonifient le projet de loi actuel. Ils
permettront, je l'espère, de réaliser un consensus encore plus
large autour de la réforme.
En guise de conclusion, l'exercice que l'on entreprend est très
important. C'est une dernière étape relative aux décisions
à prendre car, je l'ai dit au début et je le répète
en terminant, le temps des consultations est terminé, le quoi ayant
été bien défini. Un seul biais d'analyse:
l'intérêt du citoyen. Les propositions faites d'amendements que
nous pourrons voir au fur et à mesure des prochaines semaines et,
j'imagine, des prochains mois visent à bonifier le comment dans le
respect des principes et orientations et objectifs de la réforme et du
projet de loi 120. Est-ce que, pour autant, ça veut dire, M. le
Président, que nous ne pourrons pas à nouveau bonifier le projet
de loi 120? Je pense que oui. Dans l'exercice que nous débutons, je dis
tout de
suite à l'Opposition et à mes collègues que je ne
serai pas un ministre buté, en pensant que je suis le seul à
avoir raison. Cependant, la preuve leur incombera de faire la
démonstration que c'est véritablement une bonification dans
l'esprit même de ce qu'est la réforme, soit en prenant le biais du
citoyen, et que c'est ça qui devra, bien sûr, servir et bien
servir le citoyen.
Merci de votre patience, M. le Président, et on vous certifie
déjà à ce moment-ci notre support et notre
compréhension vis-à-vis du rôle que vous allez jouer,
compte tenu de ce que nous avons à faire comme travail, et on vous
assure de notre grande ouverture d'esprit.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Ça
me confirme ce que je savais déjà. Je pense qu'on ne doutait
jamais de votre ouverture d'esprit. Alors, je vais reconnaître maintenant
le porte-parole de l'Opposition officielle en matière de réforme
de la santé et des services sociaux, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Vous avez une quarantaine de minutes, M. le
député. (17 heures)
M. Trudel: Et vous alliez ajouter "avec une ouverture d'esprit
aussi grande", j'en suis sûr, M. le Président, je suis
assuré de cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je savais que vous-même,
vous renchéririez.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Nous sommes d'accord,
bien sûr, avec le ministre sur l'importance de l'étape que nous
allons Iranchir au cours des prochains jours, des prochaines semaines, des
prochains mois, dans l'étude de cet important projet de réforme
qui nous a été soumis au mois de décembre dernier et, pour
notre part, du côté de l'Opposition officielle, nous entreprenons
aujourd'hui l'étape la plus importante d'un long cheminement
initié par l'ancien gouvernement avec la mise sur pied de la commission
Rochon en 1985.
L'étude en commission parlementaire du projet de loi 120 portant
sur la réforme de notre réseau de santé et de services
sociaux sera longue. Non pas que nous ayons l'intention, M. le ministre,
d'entreprendre une opposition systématique ou, dans le langage
parlementaire, un "filibuster", mais parce que nous sommes conscients et
convaincus, comme le sont, je l'espère, les députés
ministériels, que la commission des affaires sociales représente
le dernier filet, le dernier rempart avant que ne prenne vie une réforme
qui affectera tout notre système de santé et de services sociaux
pour des dizaines d'années à venir On no refait pas cet exercice
là tous les deux ans, tous les cinq ans. C'est un exercice fondamental.
L'action législative que nous amorçons aujourd'hui aura un impact
direct et concret sur la santé et le bien-être de nos
concitoyennes et de nos concitoyens et ce, à court, moyen et long
ternie.
Dans notre esprit, chacun des 494 articles du projet de loi 120
mérite d'être scruté à la loupe afin de bien en
mesurer l'implication. Réformer pour le plaisir de réformer
étant une motivation insuffisante, nous nous attendons à ce que
le ministre motive, pour sa part, adéquatement le pourquoi des nouvelles
mesures et, à travers son prisme, en quoi le citoyen y gagne
lui-même pour ne pas que cela se transforme en biais pour le citoyen
concerné et que l'on cherche ensemble, à travers ce prisme,
comment nous allons solutionner les problèmes de ce citoyen concernant
ces services de santé et ces services sociaux.
De plus, comme il y a beaucoup de silences dans ce projet de loi - nous
pourrions dire des "non-dit" - concernant, par exemple, l'organisation du
réseau des services de santé et des services sociaux dans la
grande région de Montréal ou encore celle des départements
de santé communautaire, ainsi que le service ambulancier et
préhospitalier au Québec, malgré les précisions que
vient de nous apporter dans son discours d'ouverture le ministre à
l'égard de certaines dimensions dans la région de
Montréal, nous pensons que nous sommes en mesure d'exiger rigueur,
franchise, ouverture de la part du ministre pour en arriver, comme il l'a dit
et comme il dit d'habitude, à ce que nous servions les citoyens, de
quelque région qu'ils soient au Québec, de la bonne façon.
En contrepartie, nous pouvons dire au ministre qu'il va de soi que nous
légiférerons avec ouverture d'esprit.
Ceci étant dit, j'aimerais aussi, de notre côté,
aborder quelques points précis du projet de loi 120, enfin la version
que nous avons entre les mains depuis le mois de décembre dernier, et,
malheureusement, pas les 145 mémoires qu'a reçus le ministre.
Nous devons jeter notre éclairage à partir des documents qui sont
publics et qui ont été déposés à
l'Assemblée nationale et pas au-delà.
D'abord, lorsque le ministre a lancé son projet de réforme
en décembre dernier, les réactions furent
généralement positives - nous savons lire, nous aussi, de notre
côté. J'exclus ici, bien entendu, la position du corps
médical en particulier, qui a eu une opposition assez virulente à
différentes mesures contenues dans le projet de réforme.
Toutefois, le ministre en conviendra, au fur et à mesure que le temps
s'est écoulé, différents groupes constatèrent un
net décalage entre le livre blanc et le projet de loi 120; les critiques
et les demandes d'amendements se firent de plus en plus pressantes. La
démonstration de cette affirmation, nous la tenons maintenant du
ministre lui môme qui dit: 150() payes, 145 mémoires qui lui ont
été soumis
Donc, après le moment où on a publié cette
réforme et jusqu'au moment où on aborde aujourd'hui
l'étude article par article, les différents groupes ont vu qu'il
y avait un certain décalage et le ministre nous annonce même
aujourd'hui qu'au-delà de 300 amendements seront soumis de sa part au
projet de loi qui est à l'étude devant nous.
La première question qu'il faudra se poser, évidemment,
avec le dépôt de ces 309 amendements, c'est: Est-ce que l'un ou
l'autre de ces amendements modifie les principes que nous avons fait adopter
par l'Assemblée nationale au mois de décembre dernier? Les
étapes au niveau législatif sont bien campées dans notre
règlement et, lorsque nous demandons à l'Assemblée
nationale une approbation de principe, nous lui demandons d'approuver un
ensemble de principes dont nous étudions le détail,
l'écriture, la publication plus précise en commission
parlementaire; c'est l'étape que nous abordons aujourd'hui. Le ministre
comprendra très facilement que nous devrons d'abord nous poser une
question: Est-ce que les modifications, les papillons, pour employer le langage
ou le jargon qu'il a lui-même utilisé, sont de nature à
changer fondamentalement les principes que nous avons soumis, que le ministre a
soumis à l'Assemblée nationale? Et ça aussi, nous disons
au ministre: Nous le ferons avec ouverture d'esprit en vue d'en arriver
à une bonification du projet de réforme qui nous a
été présenté.
Dans notre esprit, ainsi que dans celui de plusieurs groupes qui ont
fait des demandes formelles dans ce sens, nous pensons que des auditions
particulières ne peuvent être remplacées par des
négociations à huis clos et des rencontres avec certains groupes
particuliers. D'ailleurs, nous récusons les arguments que le ministre a
fait valoir dans une lettre qu'il a fait parvenir à tous les
intervenants au mois de janvier dernier - il l'a signalé dans sa
présentation - à tous les intervenants et destinée, nous
pensons, à les décourager de demander des consultations
particulières. Pourquoi? Le ministre expédie, le 15 janvier, une
lettre à tous les intervenants du réseau de la santé et
des services sociaux et il leur donne 10 jours pour réagir à son
projet de loi. Nier que le ministre ait le droit de faire des consultations,
quand même! Quand même, le ministre a le droit de demander des
avis. Ce que nous pensons, c'est que le ministre s'attaque à la
réforme d'un système complexe dans lequel les enjeux sont
énormes pour la société québécoise, ce qui,
uniquement en termes de système, coûte à l'État
Québécois le tiers de son budget. Est-ce que tout cela ne
mériterait pas, pour quelques jours, d'avoir des audiences
particulières afin que soient débattus publiquement, ou
lancés publiquement à tout le moins, les enjeux du projet de
réforme qui nous est présenté par le ministre?
D'abord, les consultations publiques tenues au printemps 1990, faut-il
le rappeler, portaient sur un avant-projet de loi substantiellement
différent de celui qui est sur la table aujourd'hui. Les exemples de
principes ou de dispositions sur lesquels les groupes ne pouvaient se prononcer
lors de la consultation parce que absents du projet de loi
présenté par Mme Lavoie-Roux sont multiples. Les gens ont
été, oui, consultés, ont pu se présenter dans une
commission parlementaire qui, comme le ministre l'a rappelé, a
été l'une des plus longues de l'histoire de ce Parlement. Mais se
prononçaient-ils sur le bon objet? Devaient-ils se prononcer ou nous
donner des avis sur ce que le ministre nous a présenté en
décembre? Ce que nous disons, c'est qu'on n'a pas invité les gens
et les gens ne se sont évidemment pas présentés à
nous pour nous faire des observations, des remarques, des suggestions sur le
bon projet de loi et c'est pourquoi nous pensons qu'il faille, de façon
limitée, demander au gouvernement du Québec, au ministre de la
Santé et des Services sociaux de revenir sur cette attitude
carrée de ne tenir aucune audition publique particulière, dans le
langage parlementaire, au niveau du projet de loi 120.
Certains principes n'étaient donc pas contenus dans le projet de
Mme Lavoie-Roux lorsque nous avons fait la consultation aux premiers mois de
1990. Mentionnons, à titre d'exemple, le ticket modérateur ou,
devrions-nous dire, orienteur, dans la mesure où le ministre a
envoyé aussi son dictionnaire à Mme Lavoie-Roux.
L'impôt-services n'était pas un principe qui était inclus
dans l'avant-projet de loi de Mme Lavoie-Roux. La régionalisation des
enveloppes de la RAMQ, la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
n'était pas incluse dans ce projet de loi. Les modifications au
régime de négociation avec les fédérations
médicales, malgré et avec les amendements que le ministre nous
promet, n'étaient pas à l'agenda du projet de Mme Lavoie-Roux
à l'époque de la consultation. La disparition des centres de
services sociaux, l'autorité des directeurs généraux sur
les conseils des médecins, dentistes et pharmaciens, le conseil des
infirmiers et infirmières, les nouvelles formules pour les conseils
d'administration, l'exigence de qualifications pour tous les directeurs
d'établissement, de façon universelle, avant d'être, entre
guillemets, repêchés par un établissement, n'étaient
pas des principes inclus dans le projet de loi de Mme Lavoie-Roux et, en
conséquence, évidemment, les groupes n'ont pas pu se prononcer
là-dessus, n'ont pas pu nous faire des observations et le débat
public, quant au tiers du budget du Québec consacré à des
services qui concernent l'ensemble de la population du Québec, doit
être fait de façon limitée, nous en convenons avec le
ministre, et que les enjeux soient lancés publiquement et puissent faire
l'objet d'un débat.
Mais plus grave, et c'est l'un des aspects
les plus condamnables du refus de tenir des audiences publiques, les
discussions clés, à notre avis, se tiennent et continueront
forcément de se tenir derrière des portes closes. La commission
Rochon avait pourtant dénoncé un réseau pris en otage par
les différents groupes qui oeuvrent en son sein; on comprend mal
pourquoi le ministre se laisse entraîner dans cette dynamique en refusant
d'étaler au grand jour les tractations ayant cours dans les
différentes officines du pouvoir.
Les enjeux sont de taille et impliquent les intérêts de
l'usager. Qui contrôlera la pratique professionnelle des médecins?
Les conseils d'administration ou les directeurs généraux
d'établissement? Le ministre l'a abordé; il apportera quelques
amendements à cet égard. Qui sera en charge des familles
d'accueil, finalement? Les départements de santé communautaire
resteront-ils campés dans les hôpitaux? Comment
réglera-t-on le problème de la répartition des effectifs
médicaux sur l'ensemble du territoire québécois? En
comptant sur la participation de nos professionnels de la santé de ce
secteur? Combien de centres de protection de l'enfance et de la jeunesse y
aura-t-il sur le territoire de Montréal? Deux, trois, plus? Seront-ils
divisés sur une base linguistique et qu'arrivera-t-il à ce
moment, par exemple, du CSS juifs à la famille? Les hôpitaux
pourront-ils continuer à offrir des services de clinique externe?
Feront-ils de la prévention et de la réadaptation comme ils
l'exigent? Est-il pertinent de faire siéger le président du
conseil des infirmiers et infirmières au conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens, et vice versa? Doit-on abolir les départements
de médecine générale dans les hôpitaux? Comment sera
financé le développement des services de première ligne
dans les CLSC?
Voilà autant de questions et de sujets pour lesquels un
débat avec les principaux intervenants aurait jeté un
éclairage profitable sur nos travaux. Il est encore temps de convoquer
des audiences particulières et je souhaite sincèrement que le
ministre accède à notre demande. Trois petites journées!
Trois petites journées ne compromettront en rien le calendrier
d'entrée en vigueur du projet de réforme du ministre.
Quelques mots, bien sûr, au niveau de l'absence d'une politique de
santé et de bien-être. Lors des consultations publiques, largement
rappelées par le ministre, du printemps 1990, nous avons mis en relief
l'incongruité d'étudier un projet de loi réformant les
structures du réseau avant même d'élaborer une politique de
santé et de bien-être. À partir d'aujourd'hui, nous
fabriquerons ensemble un outil sans en connaître son utilisation.
J'ajouterai que de nombreux groupes partagent cette analyse. Les remarques
faites à l'époque demeurent non seulement pertinentes, mais
s'appliquent avec d'autant plus d'acuité que nous sommes à
quelques jours seulement du dépôt de la politique de santé
et de bien-être telle que promise pour le 1er avril par le ministre de la
Santé et des Services sociaux. Pourquoi ne pas attendre quelques jours
supplémentaires? Les beaux jours d'avril se présenteront
bientôt! Où est l'urgence nationale? Pour nous, un calendrier de
travail intelligent pourrait s'élaborer ainsi: convocation pour trois
jours d'audiences particulières la semaine prochaine, suspension pour
l'étude des crédits, ce qui nous permettra de connaître les
implications financières de la réforme, dépôt de la
politique de santé et de bien-être et début de
l'étude en commission parlementaire, à moins, bien sûr, que
le ministre ne soit pas prêt à livrer sa politique de santé
et de bien-être dès maintenant ou pour le début d'avril.
(17 h 15)
Dans la même veine, j'ajouterai immédiatement que le projet
de loi devra prévoir que les objectifs de la politique de santé
et de bien-être soient déposés, débattus et
ajustés devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée
nationale à tous les deux ans. On exige bien qu'Hydro-Québec
vienne défendre annuellement son plan de développement et
d'investissement devant une commission parlementaire. Si le rôle
fondamental que l'on destine à la politique de santé et de
bien-être se veut sérieux, pourquoi ne pas en faire autant, et un
large débat au sein des élus à l'Assemblée
nationale? D'ailleurs, de telles séances de la commission seraient
extrêmement utiles et intéressantes. L'impact des nouvelles
technologies, par exemple, sur les coûts du système, les nouvelles
techniques de reproduction, l'impact de la qualité de l'environnement,
des conditions de logement et de la pauvreté sur la santé, la
sécurité routière et les coûts du système, la
lutte au tabac, aux MTS, à la drogue, à la violence conjugale,
sans oublier, bien sûr, un regard sur l'atteinte des objectifs
fixés par le ministère sont autant de sujets qui ne manqueraient
pas de nourrir une commission parlementaire sur la politique de santé et
de bien-être au Québec.
De tels débats auraient inévitablement comme effet
secondaire de sensibiliser les ministres sectoriels dont les missions et
actions ont un impact direct sur les coûts du réseau de la
santé et des services sociaux. Deux jours de commission parlementaire
à tous les deux ans favoriseraient l'émergence d'une approche
beaucoup plus globale des problèmes de santé et des
problèmes sociaux au Québec.
J'aimerais maintenant formuler un certain nombre de commentaires non
exhaustifs, bien sûr, compte tenu du temps qui nous est alloué,
sur des aspects plus précis du projet de loi et pour lesquels, si le
ministre veut obtenir notre adhésion en troisième lecture, il
devra démontrer, bien sûr, les justifications nécessaires
et une volonté d'amender son projet de loi actuel.
Le ticket orienteur ou modérateur et l'impôt à
rebours. Le ministre connaît notre position sur
ces deux mesures qui entraînent l'effritement des principes
d'universalité et de gratuité. Ce qui est moins connu du public,
c'est la belle unanimité qui se dégage à rencontre de ces
mesures. Des fédérations syndicales à la coalition des
aînés, en passant par les centrales syndicales et les associations
de consommateurs, on dénonce ces mesures dont la manifestation la plus
odieuse est certes l'impôt-services pour un certain nombre de services
complémentaires de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, tout en constatant que le ministre a fait un premier bon pas en
retirant l'intention d'imposer l'impôt-services sur toutes les
orthèses et prothèses dont le coût est assumé par la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. Nous l'invitons fermement
à progresser plus rapidement et à retirer le mécanisme
régressif que constitue l'impôt-services.
Quant au ticket modérateur, le ticket orienteur - je me
mêle toujours entre le dictionnaire Côté et le dictionnaire
Lavoie-Roux - les arguments contenus dans les différents mémoires
que nous avons reçus sont plus que convaincants. Il s'agit d'une mesure
discriminatoire, difficile d'application et inutile compte tenu que les CLSC,
par exemple, ont connu à eux seuls un accroissement de leur
clientèle uniquement par la publicité entourant le lancement du
projet de réforme du ministre. L'article 410, alinéa 14 doit
être retiré de ce projet de loi.
La régionalisation des services. Eu égard à la
régionalisation des services, le discours contenu dans le livre blanc
promettait. Le ministre se souviendra que nous l'avions appuyé dans
cette démarche, au niveau de la régionalisation. Nous souhaitons
pouvoir continuer à le faire, mais une condition s'impose: nous voulons
une véritable régionalisation et non une simple
déconcentration. Nous souhaitons l'émergence d'un
véritable décideur régional et non une duplication
coûteuse du ministère de la Santé et des Services sociaux.
De multiples dispositions devront être modifiées afin de limiter
au minimum les interventions ministérielles au niveau régional.
En contrepartie, puisque le ministre a choisi - il l'a dit - de ne pas aller
vers le suffrage universel et la reconnaissance d'un certain pouvoir de
taxation, les mécanismes d'imputabilité des futures régies
régionales, à notre avis, exigent d'être peaufinés
davantage. Le minimum sera de retrouver dans le projet de loi des dispositions
articulant les comparutions obligatoires des régies régionales
devant la commission des affaires sociales. La commission des affaires sociales
de l'Assemblée nationale devrait statutairement entendre au minimum
quatre régies régionales par année, effectuant ainsi une
rotation permettant de couvrir l'ensemble du territoire a tous les quatre ans.
Par ailleurs, la commission parlementaire disposerait du pouvoir de convoquer,
lorsque la situation l'exige, n'importe quelle régie à la fin de
son exercice budgétaire.
Au niveau de la formation des assemblées régionales et des
conseils d'administration, des modifications s'avéreront
nécessaires afin d'éviter toute opération de noyautage. Le
risque est bien réel et des groupes organisés élaborent
déjà des stratégies dans ce sens. Si la dialectique du
citoyen-décideur a un sens, le ministre aussi devrait y voir et nous
pourrons lui montrer aussi d'autres documents ou mémoires qui nous ont
été soumis sur des opérations de noyautage qui sont
déjà en cours au niveau de certains conseils
d'administration.
Dans la mesure où l'on réussit à échafauder
une mécanique d'imputabilité adéquate et des
assemblées régionales et des conseils d'administration
représentatifs de la population, il sera d'autant plus aisé
d'accorder une véritable marge de manoeuvre à ces régies
régionales.
En ce qui concerne l'organisation des établissements sur le
territoire de la régie, celle-ci apparaît habilitée
à prendre des décisions dans un cadre législatif qui lui
permet véritablement d'agir ainsi. Les pouvoirs du ministre devraient se
limiter à la reconnaissance des missions universitaires ainsi
qu'à la gestion des permis des établissements, encore qu'il
s'agisse ici d'un pouvoir important puisque c'est à partir des permis
que l'on détermine le nombre de lits dans un établissement. La
réglementation prévue à l'article 347 devra donc permettre
une certaine autonomie aux régies régionales.
Au chapitre de l'organisation des services, le rôle des
régies dans l'élaboration des priorités de santé et
de bien-être, à l'article 260, doit être renforcé -
c'est ce que nous avons compris des papillons que le ministre entend
déposer à cet égard - pour éviter qu'elles ne
deviennent de simples exécutantes de politiques élaborées
en vase clos à Québec. Elles doivent pouvoir collaborer et
participer à l'élaboration des politiques nationales. De plus,
des plans d'organisation de services, d'abord soumis à
l'assemblée régionale plutôt qu'au ministre, impliqueraient
davantage le milieu, nous le pensons.
Autre exemple, l'ingérence appréhendée du
ministère dans l'élaboration des systèmes d'admission aux
établissements ne nous apparaît guère compatible avec
l'esprit d'une véritable régionalisation, tel que
mentionné aux articles 417 et 274.
Les dispositions à caractère financier pourraient
connaître certains assouplissements. La véritable
régionalisation des moyens d'intervention se concrétisera au
moment où sera affectée aux régions du Québec
l'enveloppe budgétaire du ministère. Quelles seront les
règles qui présideront à cette répartition de
l'enveloppe? Le législateur doit manifester une certaine confiance
à l'égard des régies qu'il entend créer, sinon le
jeu n'en vaut point la chandelle.
L'article 342 qui autorise le ministre à prendre toute mesure
pour accroître l'efficacité
et l'efficience des établissements est inacceptable parce que
arbitraire et susceptible d'interférer continuellement dans les
décisions au niveau régional. Par ailleurs, il s'avérera
nécessaire que la régie, pour sa part, dispose de moyens pour
assurer le respect de ses propres décisions. Le ministre s'est
octroyé un tel pouvoir à l'article 375, par le mécanisme
de la rétention des subventions. Pourquoi pas un pouvoir analogue dans
les régies?
Bref, des modifications importantes s'imposent pour que les
régionalistes puissent crier victoire. En tout état de cause, il
aurait été essentiel de discuter de ces choses avec les
principaux intéressés, les CRSSS et les représentants des
fonctionnaires qui seront transférés, bien sûr, s'H en est
et s'il y en a de transférés.
Les missions des établissements. Lorsque l'on aborde les
discussions entourant les missions des établissements, nous nous
retrouvons au coeur des divergences entre les différents intervenants du
réseau. C'est essentiellement à ce niveau que des consultations
particulières auraient apporté un éclairage aux membres de
la commission. Prenons un exemple concret à partir dune situation
où, M. le ministre, nous le disons franchement, honnêtement et
ouvertement, l'Opposition officielle hésite encore à trancher:
Les centres de jour doivent-ils relever des CLSC ou des centres d'accueil?
Chacune des deux parties invoque des arguments intéressants. Pour les
CLSC, les centres de jour constituent le prolongement de leur mission de
maintien à domicile. En stimulant les personnes âgées, ils
favorisent leur autonomie. Placer les centres de jour dans les centres
d'accueil rapproche trop, selon les CLSC, les personnes âgées de
l'hébergement qui, lui, s'avère un moyen plus coûteux par
ailleurs. Au contraire, pour les centres d'accueil, la présence de
centres de jour permet, justement, aux personnes âgées
d'apprivoiser le centre d'hébergement. Cela provoque également un
va-et-vient qui crée de la vie dans les centres d'hébergement et
évite que ceux-ci ne deviennent de simples mouroirs isolés et
sans contact avec le monde réel. De plus, les centres de jour en centres
d'accueil permettent au personnel de se ressourcer quelque peu en favorisant le
contact avec des personnes possédant un plus haut degré
d'autonomie. Finalement, les centres d'accueil, de leur côté, font
valoir qu'ils ont déjà l'équipement et les infrastructures
nécessaires pour maintenir les centres de jour.
On pourrait donner d'autres exemples. Les médecins pratiquant en
centre hospitalier feront-ils de la prévention? Est-ce un
empiétement sur la mission des CLSC? Les CLSC, eux, ne devraient-ils pas
se voir octroyer le rôle de promotion, justement pour marquer une
différence avec les établissements hospitaliers?
Toujours au chapitre des missions, l'on ignore comment s'effectuera le
partage des responsabilités, je le disais tantôt, sur l'île
de Montréal. Est-ce sur une base linguistique, ethnique ou territoriale?
Dans notre esprit, il ne s'agit pas d'une question de détail.
Je pourrais continuer longtemps sur le sujet. Il est donc superflu de
dire que nous porterons une attention toute méticuleuse aux articles 53
et suivants pour éviter que le ministre n'achète une paix
illusoire en laissant délibérément des articles flous.
Les mécanismes de protection des usagers. Nous aurons plusieurs
commentaires à formuler sur les mécanismes de protection des
usagers. Compte tenu de la commission parlementaire sur l'extension du mandat
du Protecteur du citoyen, nous exigerons la création d'un recours
externe dans le traitement des plaintes. Toutefois, nous espérons aussi
la même attitude du ministre à l'égard des dispositions du
projet de loi qui, à notre avis, ne garantissent aucunement un minimum
d'indépendance aux individus chargés de traiter des plaintes au
sein des établissements et des régies régionales. Il
faudra prévoir que ceux-ci relèvent directement du conseil
d'administration et qu'ils puissent pleinement exercer leurs fonctions sans
remise en question constante de leur poste. Le mémoire ou la copie du
mémoire de la CSN qui a été expédié au
ministre offre à cet égard des pistes extrêmement
intéressantes. Les articles 28 et suivants retiendront donc l'attention
des membres de la commission et nous aurons, de notre côté,
à proposer aussi un certain nombre de papillons à cet
égard, compte tenu des travaux et des conclusions qui devraient nous
parvenir d'ici peu de la commission des institutions à cet
égard.
La répartition des effectifs médicaux. On ne peut entamer
ce projet de loi sans parler de la profession médicale, d'abord parce
que ce sont les médecins qui seront, de toute évidence, les plus
affectés par la réforme. Sans revenir sur toutes les
dispositions, énumérons bien celles qui leur déplaisent
souverainement: premièrement, la procédure d'agrément des
médecins par la régie régionale; l'intégration des
cabinets privés dans l'élaboration des plans d'effectifs
médicaux; la tutelle des CMDP sous l'autorité des directeurs
généraux d'établissement ainsi que la présence du
président ou de la présidente du Cil sur le CMDP; l'absence des
médecins des instances décisionnelles des régies
régionales - avec des papillons pour les modifications qui seront
apportées, a annoncé le ministre - alors que celles-ci disposent
de responsabilités importantes, ces régies, en matière
d'organisation médicale, de nomination et de révocation des
médecins; la régionalisation des enveloppes de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec - les médecins se sont
exprimés là-dessus, largement, aussi - les mesures concernant la
répartition des effectifs incluses dans la loi plutôt que dans le
cadre d'entente négociée; la modification à la proeô
dure de négociation des ententes qui ne seront
plus obligatoirement négociées avec les
fédérations existantes - nous étudierons avec attention la
proposition d'amendement qui sera déposée par le ministre
à cet égard. (17 h 30)
Un autre élément qui a fait l'objet de bien des
discussions et de beaucoup de remarques de la part de la profession
médicale, c'est l'évacuation, dans le projet de loi, du directeur
des services professionnels dans l'établissement hospitalier et aussi
l'absence de précision quant au rôle des chefs de
départements cliniques; le refus d'impliquer les médecins au
niveau de l'élaboration des différents plans ou des divers plans
d'organisation et d'effectifs et, finalement, l'absence de droit de recours
pour les médecins insatisfaits d'une décision de la Régie
les touchant - je sais, le ministre y a touché dans les amendements
qu'il entend proposer.
Inutile d'insister sur le ridicule du refus d'entendre les
médecins en commission parlementaire, d'autant plus qu'ils ont
présenté un plan de rechange qui, dans leur esprit, assurerait
une répartition interrégionale et intrarégionale des
effectifs médicaux. Il nous semble qu'à partir de leur position
certains compromis auraient pu se dégager dans le cadre d'une discussion
franche et publique.
Pour notre part, nous endossons certaines de leurs demandes, notamment
la création des commissions médicales régionales et une
participation réelle aux instances décisionnelles, et leurs
craintes qu'un jeune médecin ne puisse revenir dans un grand centre - le
ministre y a touché. Bien sûr, nous regarderons ces modifications
avec attention. Toutefois, nous réitérons les principes suivants,
à l'intérieur desquels devraient s'aménager de tels
amendements.
Il est de la responsabilité première des élus de
s'assurer que tous les citoyens et les citoyennes aient accès à
des services médicaux de base. Le ministre a raison, nous y souscrivons.
Les citoyens et citoyennes du Québec paient tous les mêmes
impôts, ils ont droit à des services de base partout au
Québec.
Si les moyens incitatifs sont à privilégier, on ne peut
exclure les moyens coercitifs compte tenu de l'expérience passée.
Il convient de donner de la souplesse, de se donner de la souplesse, mais en
s'assurant que les services de base sont disponibles.
La régionalisation des enveloppes de la RAMQ est une composante
importante du programme de notre parti. Nous tenons à ce que ce soit
inclus de façon claire et précise dans le projet de loi 120.
Il faut établir également des mécanismes pour
s'assurer qu'un jeune médecin ne soit pas confiné toute sa vie,
compte tenu de la mécanique proposée, dans une région
donnée.
Nous pensons qu'un autre élément-cadre devrait
présider à nos discussions eu égard à la
répartition des effectifs médicaux et qu'il est possible d'avoir
des règles différentes pour les catégories distinctes de
médecins, qu'on soit omnipraticien, qu'on soit pratiquant dans une
spécialité de base ou, comme on dit dans le langage, dans une
surspécialité.
Nous pensons qu'il faille accroître la participation des
médecins aux mécanismes décisionnels et que c'est un
objectif parfaitement atteignable.
La qualité de pratique et la détermination du type de
pratique devraient continuer d'être déterminées par des
pairs.
La répartition des effectifs médicaux au Québec ne
peut, par ailleurs - je pense que nous sommes d'accord avec le ministre
là-dessus -être soumise aux aléas d'une négociation
collective.
En ce qui concerne l'assujettissement du CMDP à l'autorité
du directeur général de l'établissement, le ministre aura
à nous convaincre. On pourrait songer à une position de compromis
en créant un recours devant le conseil d'administration en cas de
désaccord grave entre le CMDP et le directeur général.
En tout état de cause, peu importent les solutions que
privilégiera le législateur, chose certaine, le discours agressif
à l'endroit des médecins doit cesser. Nous ne devons pas faire
cette réforme de la santé et des services sociaux contre les
médecins. On ne peut nier la maladie dans un texte de loi. Une fois le
projet de loi adopté, les usagers continueront de requérir des
soins et il importe de préserver la motivation du corps médical.
On ne saurait construire un système sans leur apport et un minimum
d'appui. Inutile, M. le ministre, de répéter l'expérience
de Louis-Hippolyte-LaFontaine.
Une voix: On s'en reparlera.
M. Trudel: Le facteur déterminant de la conduite à
bon port - et je terminerai là-dessus - de la réforme de la
santé et des services sociaux, c'est, bien entendu, l'argent. Il ne sert
à rien de décréter que les CLSC seront les
établissements de première ligne s'ils n'ont pas les moyens de
remplir ce rôle. Seront-ils équipés en laboratoire, en
équipement technologique nécessaire? Si oui, quelles seront les
sommes mises à leur disposition? Combien d'argent deviendra disponible
à la suite de la réallocation budgétaire? Combien d'argent
neuf? Combien coûtera le réaménagement des CRSSS en
régies? Autant de questions pour lesquelles le ministre devra nous
fournir, bien sûr, des réponses et des garanties formelles. Une
dernière question, peut-être et sûrement la plus importante
au chapitre du financement. Quand, compte tenu du désengagement du
gouvernement fédéral, le ministre traversera-t-il
également les divisions de la Chambre pour militer clairement en faveur
de s'occuper de nos propres affaires, de ce côté-ci, en
matière de santé et de services sociaux
comme ailleurs, comme II pense et comme II dit souvent qu'on est
capables de s'en occuper?
En conclusion, M. le ministre, je terminerai en disant que nous
légiférerons avec sérieux, souplesse, mais fermeté
sur des aspects qui nous tiennent à coeur, tout en souhaitant que le
ministre fasse preuve également, comme H l'a dit lui-même, de son
habituelle ouverture à des modifications. Nous passerons de longues
soirées ensemble, j'espère qu'elles seront agréables et
surtout fructueuses pour l'ensemble des Québécois et des
Québécoises. Merci, M. le Président. C'étaient les
quelques remarques préliminaires que j'avais.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je vais maintenant reconnaître M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce. S'il vous plaît, M.
le député.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: Merci. M. le Président, membres de la
commission, M. le ministre, avant de commencer, je tiens à vous
souligner que mon allocution sera entièrement en français. Ce
n'est pas ma langue maternelle; j'ai un problème avec la langue
française. Je vous transmets donc une copie de cette allocution afin
qu'il soit plus facile pour vous de suivre. Merci.
J'aimerais d'abord féliciter le ministre et son ministère
pour cette tâche ambitieuse. Le ministère de la Santé et
des Services sociaux, en plus d'avoir le plus gros budget du gouvernement, est
le ministère qui affecte de façon directe la vie de chaque
Québécois et Québécoise. Ceci étant dit, je
dois maintenant faire des commentaires moins élogieux.
En lisant le projet de loi 120, je suis très déçu
de voir que les articles qui m'avaient marqué particulièrement
dans le document d'orientation n'étaient pas dans ce projet de loi
déposé à l'Assemblée nationale. Quoique je puisse
comprendre la difficulté à traduire la vision d'ensemble de ce
projet de loi en jargon de juriste, je crois néanmoins que, dans
plusieurs cas, ce projet va à rencontre des intentions du ministre.
Pendant les séances de cette commission, j'apporterai des commentaires
précis sur certains articles de ce projet de loi. À ce moment,
cependant, je parlerai de mes inquiétudes en ce qui regarde ce
projet.
Dans le document d'orientation, j'étais heureux de voir que le
ministre parlait de reconnaître les besoins des communautés
anglophone, allophone et autochtone. Il nous a même assurés que
ces communautés seraient impliquées dans ce processus, mais,
à mon chagrin, le projet de loi ne reflète pas ces
idées.
Un aspect des plus dangereux de ce projet de loi est la
régionalisation par laquelle des établissements seront
limités à desservir un territoire géographique
déterminé. Le projet de loi doit tenir compte que plusieurs
institutions servent de coeur pour certaines communautés culturelles.
À ce titre, elles font affaire avec une population qui dépasse la
délimitation d'un territoire. Des anglophones des Cantons de l'Est qui
vont à l'Hôpital général de Montréal ou des
Italiens de l'extérieur de Montréal qui vont se faire soigner
à l'hôpital Santa Cabrini sont des phénomènes
courants. Je dois souligner que cet aspect du projet affectera non seulement
les communautés culturelles, mais quiconque a un attachement à un
établissement qui se trouve à l'extérieur de sa
région. Cette inquiétude est très importante parmi les
aînés qui ont peur de ne plus pouvoir jouir des services des
établissements et/ou des médecins en qui ils ont confiance Quand
nous parions de territoire desservi par un établissement, nous devrions
penser à la population qui utilise cet établissement, et non
seulement aux gens vivant à proximité. Ce concept doit être
mis en pratique par le conseil d'administration et la direction des services
fournis.
Pour plusieurs communautés culturelles, l'importance de maintenir
l'accès à des institu tions familières vient de la peur de
ne pouvoir avoir des services dans une langue qu'elles comprennent. Si le
ministre veut un système moins centralisateur, il doit faire face
à ce problème. Pour cette raison, je propose qu'un article qui
obligera les institutions à refléter les caractéristiques
linguistiques et culturelles de leur territoire soit rajouté à la
loi. Je dois souligner que ceci ne devrait pas être vu comme un cadeau ou
une concession aux communautés anglophone ou allophone, mais comme la
reconnaissance des droits aux citoyens de recevoir des soins de santé et
des services sociaux auxquels ils ont droit ainsi qu'un pas vers l'acceptation
de la réforme.
Pendant que je parle de décentralisation, je voudrais souligner
le rôle des organismes communautaires et des CLSC. Je suis totalement en
accord avec l'intention du ministre d'intégrer les organismes
communautaires dans le réseau des services sociaux. Toutefois, le projet
de loi n'est pas à la hauteur des attentes engendrées par le
document d'orientation. La loi ne reconnaît pas l'énorme
contribution des organismes communautaires, ni les inquiétudes
concernant leur mandat ainsi que leur autonomie à l'intérieur du
système de santé et de services sociaux. Il ne faut pas oublier
que les organismes communautaires découlent d'un besoin dans la
communiante que l'on ne trouvait pas ailleurs. La loi telle que formulée
exclut les organismes communautaires de donner des soins de santé et des
services sociaux. Ceci doit être clarifié. Nous devons
développer une collaboration entre les institutions et les organismes
communautaires.
Le problème des salles d'urgence bondées est très
urgent dans notre système actuel. Je dois cependant m'opposer à
la proposition du ministre pour résoudre ce problème. Je crois
que
les problèmes peuvent être corrigés en injectant de
l'argent dans les centres de soins prolongés, en assurant que les soins
donnés par les CLSC soient rendus publics et en trouvant une solution
aux problèmes internes des hôpitaux.
Je me réjouis des inquiétudes du ministre en ce qui a
trait aux services de santé en région éloignée. Je
crois que la vraie façon de résoudre ce problème serait en
offrant des compensations à ceux et celles qui accepteront de travailler
dans ces régions lointaines. Les médecins partiront de la
province, du pays, si nous imposons des conditions trop difficiles pour eux et
nous, les Québécois, seront les grands perdants. Je crois que le
programme de jumelage, tel que le ministre l'a souligné, avec un nouveau
programme de compensations, régularisera les divergences entre les
régions. Une suggestion que j'aimerais voir dans les programmes de
compensations serait que les prêts universitaires reçus puissent
être réduits de 5 % pour chaque année passée en
région éloignée. La réduction pourrait prendre
effet après une période de trois ou quatre ans. Les
médecins seront non seulement encouragés à
s'établir en région éloignée, mais ils seront
également encouragés à y demeurer. Sur ce point,
j'aimerais apporter un amendement au projet de loi autorisant le ministre de
faire un paiement anticipé de pas plus de 35 000 $ pour un
médecin. Le remboursement de ce prêt se ferait de la même
façon, c'est-à-dire 5 % de réduction de prêt pour
chaque année passée en région éloignée. (17
h 45)
En plus, je crois que nous devons faire des démarches pour
reconnaître l'importance des professionnels de la santé, des
infirmières, des travailleurs sociaux, des physiothérapeutes et
de tous les autres qui ont des rôles essentiels dans notre système
de santé.
Une autre proposition que l'on retrouve dans le projet de loi est
l'idée d'une période d'accréditation de trois ans avant
d'ouvrir un bureau privé. On ne peut s'attendre à ce qu'un
médecin ouvre un bureau s'il y a une possibilité qu'il soit
obligé de le fermer trois ans plus tard. Qu'arrivera-t-il aux patients
de ce même médecin s'il est contraint de s'installer ailleurs? Les
malades sont les grands perdants.
Je comprends les problèmes entourant la garantie du nombre
adéquat de médecins. Ce dont on a besoin, cependant, c'est d'une
meilleure communication entre le gouvernement et les facultés de
médecine pour s'assurer que les inscriptions correspondent aux besoins
de la province. Depuis quelques années, les facultés de
médecine ont reçu des directives contradictoires. Par exemple, je
me reporte au département de médecine familiale dans les
universités du Québec. En 1987, après qu'on leur eut dit
d'augmenter leur niveau d'admissions, les hôpitaux ont investi dans leurs
infrastructures et leurs ressources humaines. Maintenant, en 1991, ils se font
dire de diminuer leurs admissions. Nous devons avoir un projet bien
planifié pour s'assurer que ce genre d'erreur ne se répète
pas.
L'universalité des soins est le dernier sujet que j'aimerais
discuter. Le projet de loi présente plusieurs mesures qui violeraient ce
concept. Parmi celles-ci, l'article 410, paragraphe 12, où des
honoraires de 5 $ pourraient être exigés de toute personne ayant
abusé des cliniques d'urgence. Mais l'article n'indique pas le montant
des honoraires qu'on pourrait demander. On pourrait facilement demander 20 $ ou
50 $. Pour cette raison, je m'y oppose. Si le ministre ignorait ma demande pour
que cet article soit aboli, je demanderais au minimum qu'une augmentation du
ticket orienteur soit ratifiée par l'Assemblée nationale, M. le
ministre.
Je comprends les inquiétudes du ministre sur la hausse des
coûts des soins de santé. Je ne crois pas que les compressions
budgétaires du ministre soient nécessaires.
L'impôt-services, qui prendra en considération les soins de
santé tels que les médicaments pour les personnes
âgées, les soins dentaires pour les enfants et les appareils
d'orthèse et de prothèse qui sont en ce moment fournis
gratuitement, comme revenu taxable, pénalisera les plus
vulnérables de notre société et présentera d'autres
complications bureaucratiques.
En investissant dans la prévention et les soins à domicile
qui sont véritables, nous en bénéficierons dans l'avenir.
Notre gouvernement a comme mandat de fournir aux Québécois les
services de santé à un coût rentable, mais d'une
manière compatissante. Nous ne voulons pas nous retrouver avec la
même situation que le programme de vaccination contre la grippe où
le ministère n'a pu fournir le nombre de vaccins demandé.
Nous devons développer une approche multidimensionnelle si nous
voulons un système qui prévient la maladie. Le ministère
de la Santé et des Services sociaux doit mettre sur pied des programmes
coordonnés avec les autres ministères. Comme exemple, si nous
voulons encourager les soins à domicile en gardant les personnes
âgées à leur domicile, nous devons nous assurer qu'elles
aient une façon fiable de se rendre à leurs rendez-vous chez le
médecin; sinon, elles demeureront à l'hôpital plus
longtemps que nécessaire. Pour régler ce problème, le
ministère doit coordonner cela avec le ministère des Transports.
Le ministère du Revenu pourrait concevoir une déduction
d'impôt pour ceux qui prennent soin de leur famille. Le ministère
de la Sécurité du revenu doit s'impliquer pour assurer que les
patients psychiatriques reçoivent de l'aide pour faire face au
système bureaucratique complexe. Si les patients psychiatriques ne
peuvent s'occuper de la bureaucratie, ils se retrouveront à
l'hôpital. Le ministère des Communautés culturelles devrait
être également consulté sur la façon de s'assurer
que les
immigrants soient bien informés sur les soins de santé et
les services sociaux disponibles, ainsi que les besoins des différentes
communautés ethniques. Le ministère responsable de l'habitation
devrait offrir des subventions afin de permettre aux personnes
âgées et aux personnes handicapées de faire des
modifications à leur résidence pour qu'elles puissent être
plus autonomes.
C'est le mandat du gouvernement de fournir des soirs de santé
pour tous les Québécois de la façon la plus rentable, tout
de môme sympathique. Le développement d'une approche
multi-dimensionnelle au problème de prévention non seulement
donne un meilleur service à l'individu, mais apporte un contrôle
à la montée des prix.
En ce qui a trait au financement, j'aimerais souligner que l'article
192, qui touche les cadeaux et les héritages des institutions, pourrait
limiter les contributions du secteur privé. Je crois que nous ne
devrions pas limiter les contributions qui n'entraînent pas de
dépenses. Si le secteur privé veut contribuer pour l'entretien de
nos institutions, laissons-le faire.
Une autre menace au concept d'universalité n'est pas
mentionnée dans ce projet de loi. Si le ministre est sérieux
quand il dit que le citoyen est le centre de cette réforme, il doit
s'occuper de ta transférabilité de la carte d'assurance-maladie.
Parce que le gouvernement a rejeté l'accord sur la facturation
réciproque que les autres provinces ont signé, les citoyens du
Québec sont obligés de payer s'ils ont besoin de soins
médicaux dans une autre province. Les Québécois qui sont
à l'extérieur du Québec temporairement sont
pénalisés parce qu'ils doivent prendre une assurance
privée, payer des montants supplémentaires ou attendre
anxieusement de voir s'ils ont les moyens d'avoir des soins médicaux
s'ils sont malades. La signature de l'accord sur la facturation
réciproque coûterait 1 $ additionnel à chaque
Québécois, un montant très minime pour avoir la paix
pendant des vacances ou en voyage d'affaires.
Pendant que j'en suis à la carte d'assurance-maladie, je suis en
faveur de la carte à puce avec le dossier médical complet du
patient. Nous devons, cependant, nous assurer que le droit à
l'intimité de chaque individu soit respecté. Les médecins
et les hôpitaux doivent avoir accès au dossier médical.
Cela pourrait être une question de vie ou de mort. Je suis
également pour que cette carte soit munie d'une photographie pour
empêcher l'usage illégal des cartes par ceux qui n'ont pas droit
aux services de santé.
Finalement, M. le Président, si nous désirons créer
un système vraiment centré sur le citoyen, nous devons simplifier
la bureaucratie des plaintes pour ne pas avoir des attentes interminables. Le
ministre a proposé plusieurs mécanismes. Dans chaque
établissement, un administrateur serait désigné pour
prendre ces plaintes. L'action prise à la suite de ces plaintes serait
présentée à l'assemblée générale de
l'établissement. Les décisions peuvent être
interjetées à la commission régionale qui, à son
tour, doit faire rapport au ministre. Le ministre a également
proposé d'augmenter le rôle du conseil professionnel pour le
traitement des plaintes.
Même si ces mesures semblent imposantes, je ne crois pas qu'elles
aideront le citoyen en cas d'urgence. Une personne avec un sérieux
problème ne peut attendre que sa plainte soit acheminée à
travers une bureaucratie complexe. Pour cette raison, je propose un ombudsman
de la santé qui aurait le pouvoir d'agir rapidement. Cet ombudsman
serait indépendant du sysème de santé, mais au courant de
son fonctionnement. Cet ombudsman est essentiel si nous voulons fournir la
sécurité et la confiance que les citoyens du Québec ont le
droit d'attendre de leur système de santé et de services
sociaux.
Dans les semaines à venir, j'examinerai avec plus de soin ce
projet de loi. J'aimerais que l'on se souvienne de la façon dont nous
affecterons la vie des citoyens par les décisions que nous prendrons
à cette commission. Laissons de côté les prises de bec
reliées aux luttes du pouvoir et à la rivalité entre les
groupes et pensons aux besoins de tous les Québécois. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
parlementaires qui aimeraient intervenir? M. le député de
Nelligan, je vous reconnais.
M. Williams: Merci, M. le Président
Le Président (M. Joly): Vous avez une vingtaine de
minutes.
M. Williams: Je vais respecter les règles et essayer de
finir proche de 18 heures, parce que nous avons autre chose à 18 heures
aussi.
Le Président (M. Joly): Nous avons jusqu'à 18 h
30.
M. Williams: 18 h 30?
Le Président (M. Joly): Oui.
Une voix: Mais ce n'est pas une raison pour t'étendre.
Le Président (M. Joly): Je vous dis ça pour vous
encourager.
M. Russell Williams
M. Williams: Bon. Excellent! Merci beaucoup de me donner la
chance de faire quelques petits commentaires au lancement de l'étude
article par
article de la loi 120. Je pense que ce type de loi touche la vie
quotidienne de tous les Québécois et Québécoises et
on parie maintenant de valeurs fondamentales. C'est pourquoi je suis
très encouragé par la bonne volonté que j'ai entendue, du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et aussi du
député de Notre-Dame-de-Grâce, sur la façon dont
nous allons approcher cette question. Nous sommes tous ici pour
améliorer notre système de santé et services sociaux. Je
pense que nous avons un des meilleurs systèmes de santé et de
services sociaux au Canada, et mondialement, mais nous pourrons continuer de
l'améliorer. (18 heures)
Nous pourrons aussi, avec le ministre, discuter de la question des
amendements et nous en avons plusieurs. Nous allons discuter de ça
pendant les semaines qui vont suivre et j'espère que nous pourrons
garder cet esprit d'ouverture et si, c'est une bonne logique de continuer
à améliorer le projet de loi 120, nous pourrons faire
ça.
Ce soir, juste suite aux commentaires que j'ai entendus de l'autre
côté du pupitre ici, il y a plusieurs sujets que je voudrais
toucher, mais je pense que je vais juste en garder un pour ce soir parce que
nous allons avoir plusieurs autres semaines pour en discuter. C'est la question
de l'accessibilité au système de santé et de services
sociaux pour les minorités, incluant la communauté d'expression
anglaise et aussi les communautés culturelles, parce que je pense que
notre gouvernement québécois est le chef de file dans ce dossier
en comparaison avec tous les autres gouvernements provinciaux. Si on fait la
comparaison, je pense que nous avons vraiment commencé les bonnes
démarches dans une direction très très positive.
Je voudrais juste vous placer dans le contexte quand on parle de la
question des droits aux services de santé et services sociaux pour la
communauté d'expression anglaise. Vous vous souvenez de la loi 142 que
notre gouvernement libéral a passée au premier mandat. Ça
a été un long débat avec l'Opposition dans ce
temps-là, et je parie de l'Opposition du Parti québécois
et non pas de l'autre parti de l'Opposition. Il y a certainement une
différence de vision complètement, pas sur la question des
services, je pense, mais sur la question des institutions. Nous avons
passé une loi basée sur deux grands principes: l'un, c'est de
protéger les établissements et l'autre, c'est de protéger
la question de l'accès aux services en anglais pour la communauté
d'expression anglaise. Ça a été passé et,
maintenant, c'est en vigueur.
Le projet de loi 120, maintenant, prend la même philosophie que
j'ai vue dans la loi 142: mettre le client, le citoyen, comme cible de toutes
les planifications. Pour le sous-groupe dont on parie maintenant, la
communauté d'expression anglaise, ça va prendre cette philoso-
phie, avoir le citoyen comme cible de toutes les décisions que nous
voulons prendre. C'est pourquoi la loi 120 protège les deux grands
principes que nous avons protégés avec la loi 142. Je voudrais
les répéter. Ça va être une garantie des services en
anglais partout dans la province de Québec, pas juste où les
normes sont suffisantes, et c'est aussi une protection pour les
établissements de la communauté d'expression anglaise qui sont
publics, mais qui ont des liens historiques avec la communauté
d'expression anglaise. C'était dans la loi 142 et ça va
être dans la loi 120. Mais le ministre a, aujourd'hui, soulevé
quelques points comme bonification de ces deux principes.
Et maintenant, je parie de quatre grands thèmes. Le premier,
c'est la question des services. Nous voulons, avec chaque niveau de
planification, garantir l'accessibilité aux services en anglais.
Deuxièmement, nous voulons éliminer tous les doutes, à
savoir que nous voulons protéger les établissements. Avec
ça, le ministre a parié de la question de l'unification des
conseils d'administration. On parie de la possibilité de faire
l'unification sur une base linguistique et pas nécessairement
territoriale. Avec ça, c'est plus loin que ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a mentionné. Nous
avons, encore une fois, répété notre protection des
établissements qui ont un statut en vertu de l'article 113f de la Charte
de la langue française. Ça a été
répété et nous pourrons continuer cette protection,
toujours dans les paramètres de la réforme qui respecte le client
comme cible.
L'autre question qui est très importante pour tous les
Québécois, comme le ministre l'a mentionné, sur le concept
en général, nous sommes tous des payeurs de taxes et notre
système de santé et de services sociaux est disponible pour tous
les Québécois. C'est pourquoi nous avons besoin de trouver les
moyens d'assurer pour la communauté d'expression anglaise une
représentation au niveau décisionnel incluant les équipes,
les professionnels, incluant aussi le niveau bénévole, comme les
conseils d'administration des établissements, et aussi les régies
régionales qui vont avoir une grande responsabilité de
planification dans les affaires sociales. Et, quatrièmement, nous
vouions donner les paramètres clairs à toutes les personnes dans
le réseau pour que, quand on fait la planification, quand on divise
l'argent et les ressources, on tienne compte des caractéristiques
linguistiques et des autres caractéristiques aussi,
caractéristiques linguistiques et ethnoculturelles de chaque
région. Avec ça, nous avons tricoté ces philosophies dans
la loi et avec ça, les garanties sont très très fortes;
c'est basé sur le principe de fond que les citoyens sont la cible de
toutes les démarches.
Sur la question de l'accessibilité, maintenant, je pense que nous
avons complètement passé l'ancien débat... Est-ce que
c'est un débat
politique, ce débat linguistique dans les affaires sociales? La
question de la langue, ce n'est pas un débat politique dans cette
question, c'est un débat de services; c'est clair, c'est noir sur blanc
dans cette loi. Je voudrais aussi aller encore plus loin sur cette question de
l'accessibilité des services parce que, avec ces quatre thèmes,
je pense que nous avons vraiment donné les outils à la
communauté d'expression anglaise pour avoir une bonne protection de ses
services, une bonne protection de ses établissements et, plus que
ça, être utile, être participant dans le réseau.
Parce que nous ne voulons pas créer de ghetto pour la communauté
d'expression anglaise, nous ne voulons pas créer un réseau
parallèle; nous voulons un bon système qui donne l'assurance aux
services, mais dans les paramètres de notre réseau. Nous voulons
faire la même philosophie pour les communautés culturelles parce
que, de plus en plus, les communautés culturelles veulent prendre une
place plus importante dans la société québécoise
et, dans la même philosophie, nous voulons donner un programme
d'accès aux services pour les communautés culturelles.
Vous avez vu un changement de jargon du ministre quand il a
parlé. Nous avons parlé de tenir compte des
caractéristiques ethnoculturelles et vraiment, je pense, encore une
fois, on parie de clarification. Parce que nous voulons être très
précis que nous voulons avoir, dans le système, tous les moyens
nécessaires de rendre notre système plus accessible pour toutes
les minorités.
Une voix:...
M. Williams: Et c'est la première fois, dans un texte
législatif, que cette distinction est faite. Merci.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Williams: Je n'ai pas oublié ça. Et ce sont
vraiment deux philosophtes. Quand tu vois tous les textes et que tu mets toutes
les cartes sur la table, il y a tous les moyens de garantir les services pour
les minorités et aussi de rendre le système plus accessible
chaque année. Parce que la vision, la figure québécoise
change quotidiennement; notre vision comme société change. Nous
avons donné les outils pour avoir une bonne participation dans le
réseau. Avec ça, quand on parle d'avoir des plans
d'accessibilité, on parle pour les communautés culturelles aussi
et, quand on parle de tenir compte des caractéristiques linguistiques,
on parle de tenir compte des caractéristiques ethnoculturelles aussi.
Quand on parle de tenir compte des caractéristiques linguistiques pour
les allocations de ressources, on parle de tenir compte des
caractéristiques ethnoculturelles. Avec ça, c'est très
très clair et j'ai voulu souligner cette affaire.
L'autre chose que je voudrais juste men- tionner - une des
premières fois, je pense, que vous avez vu ça dans les lois
québécoises - c'est clair que nous allons avoir des
établissements publics qui ont un mandat régional pour la
communauté d'expression anglaise. On parle des établissements
résidentiels, mais on parle - et le ministre a souligné ce point
dans ses remarques - de CPEJ qui va avoir un mandat régional pour la
communauté d'expression anglaise. Les établissements, avant, ont
toujours joué un rôle: Est-ce qu'ils sont sous-régionaux ou
est-ce qu'ils sont anglophones? Est-ce qu'ils ont le mandat d'avoir des
contrats d'autres régions? Dans la loi, je pense que vous trouverez
toutes les réponses. On donne à la communauté les moyens
de répondre à ses besoins sur les quatre thèmes:
institutions, services, représentation et planification des services.
Nous aurons, au cours des prochaines semaines, la chance de discuter de
ça.
J'ai juste voulu mentionner que je suis fier d'être associé
à cette loi et aussi à la réforme qui touche en
particulier les questions pour toutes les minorités
québécoises. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Nelligan. Est-ce que d'autres parlementaires aimeraient intervenir pour
faire des remarques préliminaires? Madame, je vous reconnais, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que tous les
parlementaires autour de cette table sont bien convaincus que c'est
l'étape déterminante, parce que c'est l'étape qui nous
permet de passer des principes théoriques du livre blanc à
l'application, et on sait à quel point, souvent, il y a une
différence entre les beaux principes et l'application comme telle. Ce
qui importe pour les citoyens et les citoyennes du Québec, c'est
l'application. Vous savez, cette réforme a suscité
énormément d'attentes Lorsque les attentes sont immenses, la
déception peut être encore plus grande, lorsqu'on arrive à
étudier un document. Les attentes sont d'autant plus grandes qu'elles
touchent un secteur vital, c'est-à-dire la santé des
Québécois et des Québécoises. Il n'y a rien de plus
important que ce sujet-là.
J'avoue que j'ai apprécié l'intervention du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui a souligné
l'importance de la cohérence entre les différents
ministères. Sur tous les projets de loi, nous devrions nous y attarder
davantage.
Lorsque le ministre a fait sa tournée dans le réseau, un
peu partout à travers les régions, l'étude du projet de
loi 120 a permis une réflexion, mais une réflexion très
sérieuse de tous les intervenants de tous les milieux. J'ai eu
l'occasion de participer à quelques journées de travail, des
journées de travail extrêmement
importantes où les intervenants et les intervenantes souhaitaient
comprendre, analyser le projet de loi 120 et vraiment établir les liens
concrets qu'ils auront à vivre dans ce réseau. il y avait, bien
sûr, à la fin de cette analyse, des inquiétudes. la
question qui revenait le plus souvent, c'était de savoir si nous aurions
les moyens de nous payer cette réforme, si le ministre réussirait
à convaincre son gouvernement de l'importance de mettre l'argent
nécessaire pour arriver à instaurer la réforme.
L'inquiétude dans notre milieu se situait aussi au niveau des
CLSC puisque, dans certaines régions, surtout la couronne de
Montréal, les établissements sont peu nombreux. Nous devons donc
nous limiter parfois aux services du CLSC. Ce que nous avons remarqué au
cours des derniers mois, c'est que le citoyen, qui est important dans cette
réforme, ce qui compte pour lui, c'est le service direct. Ce qu'il a
retenu de la réforme, c'est deux éléments. On a fait une
petite vérification, une opération consultation chez les citoyens
un petit peu partout dans la région, et ils ont retenu deux
éléments de la réforme: le ticket orienteur et ils ont
retenu que la porte d'entrée, c'était le CLSC. Mais ils ont
compris que la porte d'entrée, c'était le CLSC
immédiatement. Ce qui fait que, dans nos régions, nous nous
sommes retrouvés avec un surplus de demandes au niveau des CLSC et les
CLSC n'étaient pas prêts à recevoir ces demandes des
citoyens. L'inquiétude majeure des travailleurs et des travailleuses
dans les CLSC, c'est de ternir l'image des CLSC avant même que la
réforme soit mise en application. Le danger est là. Si on
souhaite que la porte d'entrée soit vraiment le CLSC, il faut que les
CLSC aient rapidement les moyens de répondre à cette demande,
parce qu'on va complètement passer à côté de
l'objectif premier. Parce que si les citoyens se rendent dans les CLSC et
s'aperçoivent qu'ils n'ont pas les services qu'ils veulent, ils ne
voudront plus repasser par cette porte d'entrée là, et ce qu'on
souhaite peut, finalement, conduire complètement à la mort des
CLSC plutôt qu'à cette vigueur de nos CLSC.
Le bien du citoyen, je pense que tout le monde le recherche et on le
souhaite. Le citoyen est habituellement considéré surtout comme
un consommateur, un citoyen-consommateur, un citoyen-payeur. Il n'a pas souvent
l'impression d'être le citoyen-décideur, sauf peut-être une
fois par trois ans, quatre ans, et, dans cette réforme, le citoyen a
encore la conscience de ne pas être vraiment décideur, de ne pas
prendre partie dans cette réforme. Il se fie surtout aux instances, au
milieu, et aux organismes communautaires. (18 h 15)
Les organismes communautaires sont extrêmement déçus
du projet de loi 120. Ils ne retrouvent pas une reconnaissance réelle de
leur rôle et on sait à quel point ils sont importants partout en
région, surtout dans les régions où il n'y a pas de
services actuellement. Ces organismes communautaires, depuis quelques
années, ont permis de faire de la prévention et de
répondre aux besoins, alors que l'État lui-même ne
répondait plus à ces besoins-là. Ce sont les organismes
communautaires qui ont décidé de répondre aux besoins
essentiels des citoyens, de s'organiser, d'offrir des services à peu de
coûts, alors que l'État, lui, n'agissait, finalement, que comme
État-pompier pour répondre à ce qu'il y avait de plus
important. Donc, il faudrait s'assurer que, parmi les amendements que le
ministre va nous déposer, on va tenir compte du rôle des
organismes communautaires et s'assurer aussi qu'on va travailler beaucoup au
niveau de la prévention. Parce que c'est évident que la
prévention, à long terme, nous allons y regagner du
côté économique.
Vous comprendrez qu'à titre de porte-parole en matière de
protection du consommateur, j'ai attaché une attention
particulière au service des plaintes et j'ai vérifié au
niveau des milieux. Si on regarde les différents mémoires qui ont
été déposés, il y a des inquiétudes de ce
côté-là, concernant le service des plaintes. C'est vrai
que, lorsqu'on parle de plaintes du côté de la santé, il
faut que ce soit quelque chose de rapide et efficace. Il ne faut pas qu'on se
perde dans la bureaucratie, il ne faut pas, non plus, que les citoyens soient
obligés de faire une plainte écrite, parce qu'il ne faut jamais
oublier qu'on a quand même 25 % de la population qui est
analphabète au Québec. Malgré que nous avons
célébré l'Année internationale de
l'alphabétisation et qu'il y a eu certains efforts de faits, il y a
beaucoup de travail à faire de ce côté-là. Et cette
population qui, automatiquement, se retrouve souvent... Les personnes qui ont
besoin de services de santé, parce qu'il y a un lien entre la
pauvreté, les analphabètes et la santé, effectivement, on
s'aperçoit dans les statistiques que ces gens-là recourent plus
souvent aux services de santé. Donc, si le processus des plaintes est
compliqué, on les élimine automatiquement du système.
Le fait que le ministre nous parle de déposer quelque 309
amendements sur 494 articles nous démontre, bien sûr, une grande
ouverture du ministre, mais c'est également la preuve que le projet de
loi se devait d'être retravaillé et qu'on devait y apporter des
corrections. C'est évident que, du côté de l'Opposition,
nous allons nous attacher, nous aussi, à regarder attentivement chaque
article pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'apporter d'autres
améliorations et de s'assurer, nous aussi, que le bien du citoyen est
respecté. Parce que cette notion de bien du citoyen, elle peut avoir
deux notions: lorsqu'on est le gouvernement en place, il y a toujours le
côté financier qui compte, et le bien du citoyen peut parfois
différer tenant compte des moyens financiers. Donc, nous nous
assurerons, bien sûr,
d'étudier les articles très attentivement et je pense que
le travail devrait se faire dans la plus grande collaboration, parce que
l'important, c'est vraiment le citoyen. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Alors, c'étaient les remarques
préliminaires. M. le ministre, est-ce que, avec le consentement
des...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, juste une petite
remarque que je sens à tout le moins l'obligation de faire ici, quitte
à ce que, si mon collègue souhaite réagir, il
réagisse, compte tenu du fait aussi qu'à 18 h 30...
Le Président (M. Joly): Nous suspendrons.
M. Côté (Charlesbourg): ...on suspendrait les
travaux pour reprendre à 20 heures. Je ne veux pas reprendre tout ce que
j'ai entendu parce qu'on n'en sortirait pas et on s'est dit que ce n'est pas
ça qu'on ferait. Il y a peut-être un seul élément
que je n'ai pas dit dans mon intervention et que je veux dire à ce
moment-ci, et ce n'est pas stratégique, c'est tout simplement parce que
je n'ai pas pensé de l'inclure dedans, mais ça m'apparaît
important de le dire à ce moment-ci.
Je suis l'un des rares ici qui ait vécu les deux
côtés de la Chambre, qui ait vécu l'Opposition et qui ait
vécu le pouvoir. J'ai vécu le pouvoir comme député
de 1973 à 1976; j'ai vécu l'Opposition comme recherchiste. J'ai
recommencé au sous-sol du parlement après ma brillante victoire
de 1976. J'ai fait tous les étages, j'ai fait de la recherche, j'ai
été assis en arrière pour conseiller des parlementaires.
Je suis revenu en 1983 dans l'Opposition et je suis au pouvoir depuis 1985.
Donc, je connais très bien les rôles des uns et des autres, et
j'ai même joué ce rôle-là, j'ai été
souffleur dans ce rôle-là aussi. Une chose qu'il m'apparaît
extrêmement important de dire à ce moment-ci, et chacun dans nos
rôles d'Opposition et de pouvoir, c'est de ne pas mêler, non plus,
en cours de route le pouvoir et l'Opposition. Le pouvoir, c'est celui qui a
été élu pour gouverner, pour décider et pour
gérer et ça, c'est mon rôle à moi à ce
moment-ci que je vais exercer au meilleur de ma connaissance, bien sûr,
et, évidemment, à ce que j'ai compris, l'Opposition a un
rôle, pas d'opposition systématique, de toute façon je
pense qu'on est assez grands pour tous savoir ça. Une chose est
certaine, c'est qu'à partir du moment où il y a des propositions
d'amendements qui vont engager le fond et le gouvernement, je vais me camper
dans mon rôle de pouvoir pour dire: Oui, c'est acceptable, ou: Non,
ça ne l'est pas. Et, évidemment, à partir de ça -
ça me paraît extrêmement important de le dire à ce
moment-ci pour ne pas que... - j'aurai mon biais du pouvoir, avec tout ce que
ça comporte, parce que c'est lui qui va fouiller dans les poches des
citoyens pour être capable de financer ce qu'on veut faire. Donc, tenter
d'avoir un équilibre à ce niveau-là qui me paraît
extrêmement important. En terminant sur Louis-H.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, en terminant sur
Louis-H., parce que, évidemment, des exemples comme ça, on
pourrait en donner au fur et à mesure de nos discussions.
Louis-Hippolyte-LaFontaine est un exemple idéal de discussions, si on
veut le faire, des droits des bénéficiaires, du citoyen d'abord,
par rapport à des producteurs de services. Et l'histoire même de
Louis-Hippolyte-LaFontaine sous votre gouvernement, comme sous le nôtre,
est un dossier qui n'a jamais été réglé
malgré la volonté de Camille Laurin, une génération
avant vous dans le PQ, ça, y compris politique, qui a tenté de
régler le problème, mais qui ne l'a pas réglé.
Alors, c'est pour ça que si on veut illustrer ça d'exemples, y
compris Louis-H.-LaFontaine, avec toute la structure d'organisation, le CMDP,
le pouvoir du chef de département psychiatrique, à partir du
bénéficiaire, à 40 ou 60 cordés dans des locaux en
arrière, alors qu'on investit des sommes fabuleuses sur le plan
administratif pour les bureaux administratifs - ça n'a pas
été sur la place publique... Mais si on veut en discuter, on va
en discuter "ail the way" et on va s'apercevoir que, par le biais du
bénéficiaire, il y a peut-être bien des choses qu'on peut
apprendre en cours de route qui peuvent être très instructives
pour l'ensemble de la collectivité. Le juge s'est prononcé, on
verra ce que nous ferons comme gouvernement parce que, sur le plan
légal, il y a des étapes dont on peut se servir et, très
très prochainement, nous ferons connaître ce que nous envisageons
faire, mais je ne serai pas indifférent à ce qui s'est
passé à Louis-H., soyez-en sûrs.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le minis tre. M. le
député, aimeriez-vous intervenir? Je vous reconnais le droit
parce que c'est de bon aloi. On s'est entendu sur la formule, sur la
façon. Alors, on ne sera pas encadré, là.
M. Trudel: II eut été surprenant que le ministre ne
réagisse pas à cette partie-là. C'est parfaitement son
droit, je pense que c'est dans l'esprit, et je lui ferai remarquer
d'entrée de jeu que, dans les deux premières phrases de mon
discours d'ouverture, je dis que nous ne ferons pas systématiquement
d'opposition, ni de "filibus-ter". Ce qui ne veut pas dire que nous n'allons
pas insister de notre côté et vous, si vous dites que vous avez
franchi tous les échelons, et je vous le reconnais, vous comprenez
également le pourquoi et ce n'est pas uniquement en termes
parlementaires que nous devons le faire, parce
qu'il y a des gens intéressés là-dessus. je n'ose
pas, non plus, repartir la bataille sur louis-h. -lafontaine en vous citant la
page 80, la page 32 et la page 35 de la médecine ligotée des
médecins de louis-hippolyte-lafontaine. nous repartirions un
débat et je ne pense pas que ce soit ici...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, surtout que ce que j'ai
compris, c'est que la médecine ligotée a été battue
la semaine dernière.
M. Trudel: M. le ministre, il nous reste cinq minutes avant
l'ajournement. J'aurais également...
Le Président (M. Joly): Avant la suspension.
M. Trudel: Non. J'aurais également, si le ministre le
permet, je pense qu'il accepterait... Il y a peut-être quelques
informations supplémentaires, non seulement pour l'Opposition, que vous
devriez donner...
M. Côté (Charlesbourg): C'est oui. M. Trudel:
C'est oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est oui, comme j'ai
toujours fait dans toutes les commissions.
M. Trudel: Quel est votre échéancier, M. le
ministre?
M. Côté (Charlesbourg): L'échéancier?
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je ne suis pas
pressé. Je ne suis pas pressé. L'échéancier, c'est
qu'on va commencer à étudier article par article et on va prendre
le temps qu'il faut pour répondre aux questions que vous avez, et si
ça finit à la fin mai, ça finira à la fin mai; si
ça finit à la fin juin, ça finira à la fin
juin.
M. Trudel: Est-ce que vous pourriez donner de l'éclairage,
parce qu'il y a eu beaucoup d'informations et, franchement, il n'y a pas eu
moyen de vérifier - je pourrais citer beaucoup de sources - d'un autre
projet de loi d'application de cette réforme qui apparaîtrait? Je
pense que c'est assez essentiel, la question, parce qu'il y a toute une
série soit d'objections, d'éclairage, de questions
supplémentaires que nous aurons à poser, suivant l'intention du
ministre, la façon législative de faire entrer sa réforme.
Mais là, c'est important au niveau de l'éclairage qu'on doit
posséder et, également, pour les groupes qui discutent de ces
questions-là au niveau du public.
M. Côté (Charlesbourg): L'intention
législative, quand j'ai dit... Je vous le dis tout de suite, je
trouverais abusif qu'à la fin juin, donc à l'ajournement de la
session, on n'ait pas adopté le projet de loi. Donc, j'ai
peut-être été un peu ambitieux, je l'avoue candidement; ce
n'est pas nécessairement un défaut que de vouloir procéder
et régler des choses. Trop souvent, l'appareil gouvernemental est
accusé d'être trop lent. Je souhaitais débuter
l'étude article par article à la fin janvier, mais je pense qu'on
se serait littéralement cassé la gueule. Ça a
été beaucoup plus sage de procéder de la manière
dont on l'a fait. Et le plus bel exemple du respect des intervenants, c'est
qu'on a un nombre de papillons assez important que nous aurions eu pour une
partie de toute manière et, je l'ai dit, inspirés par des
mémoires sur le fait de nous alerter sur tel danger ou tel sens, telle
interprétation qu'on pourrait tirer de tel article. Donc, par
conséquent, l'application de la réforme débutera
dès que le projet de loi sera adopté, pour moi, fin juin. Si
c'est avant, tant mieux. Si c'est plus tard, on devra se reparler avant
l'ajournement, selon les règles parlementaires pratiquées au
règlement, sans que ce soit une menace, ce n'est pas ça qui est
mon objectif.
M. Trudel: C'est le coup classique. M. Côté
(Charlesbourg): Comment? M. Trudel: C'est le coup classique,
là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Bien, le coup
classique...
M. Trudel: Cette fois.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais le coup
classique, à partir du mois de... Quand on commence au mois de mars et
qu'on se retrouve à la fin juin... Bon, évidemment, on peut
toujours dire qu'un "filibuster", on n'en fait pas et on n'en fera pas, mais
évidemment, que de le dire, il faut voir dans la pratique ce que
ça donne. Vous l'avez dit, je prends votre parole; même si vous
êtes, à l'occasion, un peu démagogue, vous êtes quand
même un gentleman en dehors.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): À partir de ce
moment-là, je prends votre parole. Alors, une chose est certaine, c'est
qu'il y a donc, par conséquent, à partir du mois de mai, tout un
enclenchement d'une série de nominations ou d'élections dans les
conseils d'administration, qui devaient s'enclencher, et je pense qu'on
l'aurait fait de manière pas conforme à l'esprit de la
réforme et à ce qu'on s'apprête à adopter. Par
conséquent, oui, effectivement, il y a un projet de loi qui va
être déposé très prochainement puisque, demain, le
Conseil des ministres sera saisi de la teneur du projet de loi, et j'en ai
d'ailleurs informé le leader de l'Opposition il y a
déjà deux semaines de cela, qui viserait à faire en
sorte qu'on annule ce qui est prévu à la loi actuelle en termes
d'élection des conseils d'administration pour prolonger le mandat de
ceux qui sont là jusqu'à ce qu'en janvier, on puisse faire
l'élection des nouveaux conseils d'administration. C'est
l'élément qui est dans le décor au moment où on se
parle et c'est le seul.
M. Trudel: Très bien.
Le Président (M. Joly): M. le député,
rapidement, s'il vous plaît!
M. Trudel: Bien, enfin, je vais poser la question, M. le
ministre, et vous déciderez si vous répondez ou pas en revenant
à la séance. Et la politique de santé et de
bien-être?
M. Côté (Charlesbourg): La politique de santé
et de bien-être, je l'ai toujours dit, c'est une suite logique qui va
avec le projet de loi 120. Et, à l'époque, quand j'avais dit: En
avril, on rendra publique la politique de santé et de bien-être,
j'ai toujours la même idée. Je dis: La mise en oeuvre, la
politique de santé et de bien-être, la loi 120 et la
réforme elle-même sont quatre pièces extrêmement
importantes qui doivent aller de pair la journée où on commencera
à mettre en application la réforme. Si on en arrive à
l'adoption du projet de loi 120 au mois de mai ou au mois de juin, la politique
de santé et de bien-être va cheminer de la même
manière, de telle sorte que la politique de santé et de
bien-être devienne un document extrêmement important de
l'application de la réforme et un guide très important pour la
réforme. Je vous dirais très simplement que lorsqu'on parle de
politique de santé et de bien-être, comme vous l'avez dit dans
votre intervention, que c'était une nécessité, une
obligation pour savoir ce qu'est le projet de loi 120, je ne partage pas votre
point de vue. Parce que si on décide demain matin, dans ia politique de
santé et de bien-être, qu'on va réduire de 20 % les
maladies cardiovasculaires, dites-moi: Est-ce que la régionalisation,
les conseils d'administration des CLSC ou des CPEJ vont être
influencés par la politique de santé et de bien-être? Je ne
pense pas. Donc, en le prenant de cette manière-là, c'est clair
que c'est une pièce très très importante, une pièce
très importante, mais qui est faite par des fonctionnaires que j'ai chez
nous et 'ris ne sont pas multiples malgré le fait que vous ayez, dans
votre discours, évoqué la possibilité d'en
transférer quelques-uns au niveau régional. Ils ne sont pas
très nombreux et ils ont fait un travail colossal pour la
réforme, un travail tout aussi colossal sur le plan du contentieux au
niveau de la loi 120 et de l'analyse systématique des 145
mémoires. Le temps a été consacré à
ça et on accuse donc un petit retard au niveau de la politique de
santé et de bien-être, mais qui n'est pas majeur et on va se
retrouver avant la fin juin et, je l'espère, le plus vite possible - si
ça peut être en mai, ce sera en mai - avec la politique de
santé et de bien-être qui sera publique.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Nous allons
maintenant suspendre nos travaux et reprendre à 20 heures dans ce
même salon, cette même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
(Reprise à 20 h 38)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
Nous avions terminé, je crois, les remarques préliminaires. Nous
en sommes rendus aux motions préliminaires, s'il y en a Est-ce qu'il y a
des motions préliminaires? Donc, pas de motions
préliminaires.
M. Trudel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, M le
député.
Motion proposant d'entendre la Corporation
professionnelle des médecins du Québec
M. Trudel: Je l'avais, je pense, en esprit, annoncé un
peu, avant que nous abordions l'article 1 du projet de loi qui est à
l'examen devant nous aujourd'hui, le projet de loi 120. En vertu de l'article
244 de notre règlement, j'aimerais proposer, en vertu de cet article de
nos règles de procédure, que la commission parlementaire des
affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les article dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Corporation professionnelle des médecins du Québec. Alors, M. le
Président, je ferai donc, en vertu de 244, cette proposition d'audiences
particulières de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec.
Le Président (M. Joly): votre motion semble recevable, m.
le député. m. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Excusez-moi, je pense que vous
avez le droit de débattre votre motion, M. le député.
M. Trudel: C'est bien. À moins que le ministre ne
l'accepte, on n'aura pas besoin.
M. Côté (Charlesbourg): Ne vous faites pas
d'illusions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Alors, M. le Président, nous devons, bien
sûr, prendre en compte les remarques préliminaires du ministre
lui-même qui nous a indiqué qu'il avait reçu, depuis le
dépôt du projet de loi à l'Assemblée nationale, 145
mémoires de personnes, de groupes, d'associations qui désiraient
dire au ministre qu'est-ce qu'ils pensaient de ce projet de loi et, surtout, de
l'écriture des différents articles de ce projet de loi sur lequel
nous nous étions prononcés à l'Assemblée nationale,
au niveau du principe, à la fin de décembre dernier. Le ministre
avait, je l'ai mentionné tantôt, même pris soin, compte tenu
de l'ampleur de la réforme à laquelle nous nous attaquions,
d'écrire aux différents groupes, aux différentes
associations une lettre spécifique mentionnant qu'il aimerait bien
recevoir, dans un délai de 10 jours, des remarques des
différentes associations, des suggestions, des modifications possibles,
des propositions d'amendement au projet de loi.
Quand nous demandons, M. le Président, dans une motion
préliminaire, ici, d'entendre la Corporation professionnelle des
médecins, c'est que, rapidement, et le ministre lui-même, dans son
discours terminant la deuxième lecture du projet de loi à
l'Assemblée nationale, avait déposé devant le
président de l'Assemblée nationale les coupures de presse sur la
réaction à sa réforme. Bon. La question de la
répartition, en particulier, des effectifs médicaux a toujours
été un sujet extrêmement brûlant au niveau de
l'organisation des services à la population du Québec. Il y a
différentes mesures qui sont apparues au cours des dernières
années et le ministre nous arrive, dans l'esprit d'atteindre un objectif
qui est souhaitable, en disant: Nous allons, finalement, adopter un
mécanisme qui va faire en sorte que la main-d'oeuvre médicale, si
je peux m'exprimer ainsi, va oeuvrer là où sont les populations
sur l'ensemble du territoire, et la base du mécanisme qu'il propose,
c'est le contrat d'agrément au niveau de la régie
régionale et un certain nombre de mécanismes
afférents.
Réaction immédiate, non seulement de la Corporation
professionnelle des médecins, mais aussi, je pense que le ministre
pourrait en convenir facilement, de l'ensemble des groupements professionnels
de médecins au Québec et en y ajoutant la
Fédération des médecins résidents et des
étudiants dans les Facultés de médecine. On peut adopter,
c'est bien sûr, deux attitudes carrées là-dessus, en
disant: Oui, vous allez aller pratiquer et vous allez aller intervenir sur le
territoire là où sont les populations et je me donne le pouvoir
exclusif. À l'autre bout du continuum, eh bien, on a
expérimenté au Québec différentes formules
tournées surtout autour des mesures incitatives et on doit bien dire, je
pense, honnêtement, que dans le cas de certaines catégories de
professionnels de la médecine, parlons des omnipraticiens, eh bien, le
résultat, sans avoir atteint 100 % de l'objectif poursuivi, a quand
même permis une répartition de la main-d'oeuvre au niveau des
omnipraticiens et, le moins que l'on puisse dire, c'est que cette
situation-là est très différente de ce qu'on a vécu
pendant un bon nombre d'années au Québec. Là, on dit: On
va prendre une seule méthode, même avec les modifications que le
ministre a annoncées dans ses remarques préliminaires, dans son
discours d'ouverture. Ça va être soumis à une
mécanique d'agrément au niveau des régies
régionales.
Ce que la Corporation professionnelle des médecins nous
répond, ce que des groupes professionnels nous répondent
là-dessus, c'est: Nous, on aimerait bien que tout cela fasse l'objet
d'un débat public. Vous savez, lorsqu'on a un immense système
comme celui des services de santé et des services sociaux au
Québec - mais prenons la partie santé - et qu'on y retrouve un
nombre aussi considérable de spécialistes qui sont les chevilles
ouvrières de ce système, nous, nous pensons, M. le ministre, que
ce ne serait pas superflu de confronter nos points de vue sur la façon
dont nous allons faire en sorte, au Québec, que les professionnels
interviennent là où sont les populations et que nous soyons
capables d'écouter - et le rôle des élus, à
l'Assemblée nationale, c'est aussi celui-là - les gens sur le
terrain, regroupés, par ailleurs, dans des corporations professionnelles
ou d'autres types de regroupements professionnels et qu'on soit capable de les
entendre et de dire: Voyez-vous, du point de vue de l'exercice de votre
profession, la méthode que nous prévoyons utiliser, que le
gouvernement veut utiliser, est-ce que vous pouvez nous dire si,
professionnellement, c'est viable, c'est acceptable dans votre vie
professionnelle ou si vous êtes capables de nous amener des arguments qui
nous diraient: Voyez-vous, ce que vous voulez nous imposer là, ça
aura tel effet pervers ou tel autre type d'effet pervers et, là-dessus,
vous allez peut-être passer à côté du propre objectif
que vous voulez atteindre.
Est-ce qu'après 20 ans, au minimum, de vie dans un réseau
qui s'appelle le réseau de la santé et des services sociaux,
après avoir apporté certaines modifications au niveau de la
façon dont nous répartissons nos effectifs médicaux, au
Québec, nous pourrions prendre une heure ou une heure et demie, dans une
commission de l'Assemblée nationale du Québec, et dire: La
méthode que nous avons prévue, c'est celle-là par rapport
aux objectifs, et dites-nous publiquement - parce que ce n'est pas uniquement
l'affaire d'une relation entre un groupement de l'Assemblée nationale et
un groupement de professionnels, c'est pour des services à la population
- ce que vous trouvez inacceptable là-dedans, compte tenu
des objectifs et des moyens qu'on veut mettre en oeuvre pour y arriver,
compte tenu de ce que vous êtes, comme profession, compte tenu du service
que vous rendez à la population et compte tenu de ce que vous êtes
capables de faire aussi, comme professionnels responsables dans votre secteur
d'activité. Ils sont capables de nous dire ça. Et qu'on ait une
discussion ouverte là-dessus, c'est le principe général
des auditions publiques où nous pouvons questionner.
Lorsque la Corporation professionnelle des médecins, en
particulier, est venue nous rencontrer dans le cadre des consultations que nous
avons tenues à l'hiver 1990, est-ce que la Corporation professionnelle
des médecins pouvait nous dire, nous affirmer, nous poser un certain
nombre de constats par rapport à la méthode que le ministre
allait mettre de l'avant, eu égard au problème ou à la
situation de la répartition des effectifs médicaux? La
réponse est non, elle ne pouvait pas nous donner, nous dire, nous faire
de commentaire, nous exposer, à partir de la pratique quotidienne des
professionnels de la santé au Québec, ce que ça pourrait
avoir comme effet, puisque ce n'était pas dans la proposition ou dans
l'avant-projet de loi, dit l'avant-projet de loi Lavoie-Roux. Alors, on ne peut
pas leur reprocher aujourd'hui de nous dire: Bien, écoutez, on est en
désaccord avec un certain nombre de choses, et nous aurions
peut-être des éléments à suggérer.
Par ailleurs, le ministre pourrait très bien répliquer, et
dire: J'ai fourni d'amples occasions à la Corporation professionnelle
des médecins et autres professionnels de ce secteur d'activité
dans notre réseau de santé et de services sociaux, j'ai fourni
beaucoup d'occasions où ces gens-là ont pu s'exprimer. Mais
là, il y a une différence qu'il faut saisir. Ce n'est pas parce
que le ministre invite des groupes professionnels concernés à lui
donner leur version de son projet que ça évite et que ça
doive tenir lieu d'un débat public qui doit absolument avoir lieu, qui
doit prendre place lorsqu'on travaille sur des éléments aussi
importants que les professionnels qui sont au service de la population. Et
ça, ce n'est pas l'objet d'un débat privé, ce n'est pas
l'objet d'un débat entre une personne responsable, oui, devant
l'Assemblée nationale, et un groupe de personnes responsables devant
leur corporation et devant le public également - parce qu'il faut se
rappeler qu'elles sont regroupées en corporation et qu'elles sont
là également et on est organisé pour être capable de
leur dire si elles ne font pas leur travail - de voir à la protection du
public quant aux actes qui sont réalisés par les professionnels
qui sont regroupés au sein de cette corporation-là. Non, ce n'est
pas un débat privé et le risque que l'on court toujours lorsqu'on
procède à de telles consultations, c'est de dire: Bon,
là-dessus, moi, j'ai un objectif, je veux y parvenir et là,
inévitablement, on en arrive à certains compromis, ou à
certains arrangements, entre guillemets, qui font en sorte qu'on va y arriver
mais le public, les Québécois et les Québécoises,
ils sont tenus en dehors du débat.
Est-ce que les gens qui oeuvrent dans ce secteur sont uniquement des
professionnels de la médecine? Non, ce ne sont pas uniquement des
professionnels de la médecine. Ce sont également des citoyens et
des citoyennes du Québec qui oeuvrent dans leur secteur
d'activité, qui oeuvrent auprès des gens qui,
inévitablement, ont des problèmes avec leur santé et qui
peuvent nous donner aussi leur vision des choses quant au fonctionnement, quant
à l'organisation du système. Je ne pense pas qu'on puisse
affirmer, dans quelque forum que ce soit, que nos médecins, au
Québec, s'en sont toujours tenus uniquement, uniquement, comme on veut
bien le leur reprocher dans certains milieux, à leurs
intérêts professionnels stricts et à leurs conditions de
travail. Je pense que c'est faux d'affirmer cela. On peut dire et on peut
compter sur notre main-d'oeuvre médicale pour débattre le sens
qu'on veut donner à notre système de santé et à nos
services sociaux. on a commencé tout ce débat-là par une
commission d'enquête, la commission rochon, en 1984. oui, nous l'avons
continuellement étalé sur la place publique, ce
débat-là, et nous pensons que nous devons le poursuivre au moment
précis - et on ne se lancera pas uniquement dans une litanie de
reproches - où un ministre responsable propose différentes
mesures pour répondre aux différentes interrogations, aux
différentes consultations, aux différentes rencontres qu'il y a
eu depuis 1984. alors, au moment où on arrive au but, où on
propose des mesures très précises pour atteindre les objectifs,
nous, on pense, m. le président, que ce n'est pas abusif de dire: nous
aimerions entendre, au minimum, la corporation professionnelle des
médecins du québec pour qu'elle nous dise: nous autres, sur le
terrain, avec l'expérience que nous avons auprès des
québécois et des québécoises, nous pensons que nous
devrions aller dans telle direction, nous pensons que nous devons aller dans
telle autre direction en ce qui regarde la place des médecins dans notre
système.
Et le sens qu'a pris le débat depuis un bon nombre de mois,
ç'a été, et peu importe - je le fais comme
parenthèse - si c'est la réalité des mots qui ont
été dits ou de la perception qu'on en a eue dans le public, mais
la perception générale, c'est: On va faire une réforme et
on va les casser, les médecins. On va faire une réforme et on va
les placer. Je ne pense pas qu'on puisse, dans un aussi gros système,
avec ces piliers de base que constituent les médecins comme force
agissant dans notre réseau, qu'on doive laisser planer cette perception
des choses. Nous ferions fausse route, comme législateurs, si on en
mettait - et moi, je pense qu'on a laissé
percer cette impression-là au cours des dernières semaines
- un peu trop sur le dos des médecins, comme si c'étaient des
groupes qui étaient fermés complètement au dialogue. Nous
avons vu, et le ministre l'a vu également, dans les messages qu'il a
lancés, ça a été de dire: Nous, on veut atteindre
tel objectif, servir les citoyens et les citoyennes là où ils
sont sur le territoire du Québec. Si vous pensez que vous avez une
meilleure approche que celle que je propose, eh bien, venez me la porter,
portez-la à mon bureau.
Nous, ce que nous disons, nous avons reçu également un bon
nombre de ces professionnels dans nos bureaux, au niveau de l'Opposition, et
ça a été la même réaction. Messieurs,
mesdames, si vous pensez que vous pouvez nous suggérer, compte tenu de
votre expérience, de votre expertise, de vos capacités, de votre
expérience sur le terrain, des solutions qui nous font éviter le
maximum d'effets pervers dans ce que nous voulons atteindre comme objectifs,
suggérez-nous des systèmes. Eh bien, des professionnels de la
médecine ou des gens qui se préparent à être des
professionnels de la médecine sont venus également nous porter
des éléments de solution, des éléments de solution,
d'ailleurs, que le ministre a retenus en partie.
Mais il serait intéressant de réexaminer maintenant dans
toute cette dynamique qu'est-ce que ça va signifier pour la force
médicale du Québec, comment on va gérer les cas
frontières, comment ça va jouer, cela, effectivement sur la
main-d'oeuvre médicale, l'annonce dans la réforme - parce que je
ne suis pas sûr que ce soit dans le projet de loi - de la
régionalisation de l'enveloppe de la RAMQ. Quels effets ça va
avoir sur la main-d'oeuvre médicale au Québec?
Tout simplement, ce que nous voulons, par la motion que nous
présentons en vertu de l'article 244 de notre règlement, M. le
Président, c'est de dire: Les professionnels de notre système ont
le droit de parole, ont le droit au débat public, ont le droit
d'exprimer ce qu'ils pensent de la proposition ministérielle et
ça n'enlève absolument aucune prérogative, absolument
aucun pouvoir, ça n'enlève aucune possibilité pour le
ministre en termes de décision en vertu de la majorité
ministérielle qu'ils détiennent à l'Assemblée
nationale pour former le gouvernement, ça n'enlève absolument
rien. C'est tout simplement une ouverture d'esprit pour dire: Est-ce que nous
allons entreprendre et mettre sur pied une réforme complète de
notre système de santé et des services sociaux, sachant que les
acteurs, qu'une grande partie des acteurs principaux de ce
système-là sont en désaccord, tel qu'ils nous l'expriment
par leur corporation professionnelle? Eh bien, je pense que la question est
assez lourde de conséquences.
Prendre trois jours au niveau d'auditions particulières, compte
tenu de la période de temps où nous sommes rendus, on aura
l'occasion, donc, d'entendre publiquement les enjeux ou l'avis de cette
corporation professionnelle sur les enjeux de la réforme, en
particulier, encore une fois, au niveau des différents écueils
que peut représenter l'approche du ministre en matière de
répartition des effectifs médicaux. Nous partageons, à cet
égard, le même objectif que le ministre, nous l'avons dit à
plusieurs occasions. Quelqu'un qui représente ici le comté de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue est particulièrement
sensibilisé à cette question de la répartition des
effectifs médicaux. Sauf que, quand je regarde, de prime abord, la
méthode par laquelle on veut passer pour affecter nos professionnels...
Vous savez, M. le ministre, je fais à beaucoup de groupes une
comparaison, je dis que c'est a peu près comme piquer la crise du
recteur dans une université, à peu près à tous les
trois mois ou les quatre mois. Vous savez, quand vous êtes recteur d'un
établissement universitaire et que vous avez des budgets à
gérer, un bon matin, vous entrez à votre bureau et vous dites:
Bon, là, ça va faire, ce matin. On va décider que, dans
cet établissement, c'est le recteur qui va être boss et ça
va être lui qui va décider. Et il va faire en sorte que tout le
monde va passer par la même machine administrative et les mêmes
normes. Et si je décide, dans une classe, qu'il va y avoir une norme de
45 étudiants par classe pour dispenser un cours, ça va être
vrai pour tout le monde. Quand vous vous assoyez, et ça, pour peu qu'on
ait vécu dans un système où les disciplines
intellectuelles se côtoient régulièrement, on
s'aperçoit, après une demi-heure de réflexion, que la
première réaction à la base, de vouloir tout
régimenter, de vouloir tout décider d'en haut, de vouloir tout
imposer au nom d'une norme nationale, d'une norme qui s'applique mur à
mur dans l'institution, ça ne marche pas.
Ça ne marche pas parce que les philosophes vont venir vous
expliquer des raisons disciplinaires qui font en sorte que la seule et unique
méthode d'intervention en enseignement, de pratique du
développement de la connaissance, de la conservation des connaissances,
ça ne peut pas se passer de la même façon que ça se
passe en sciences appliquées, en sciences pures ou du côté
de la formation des travailleurs sociaux. Et l'on comprend vite que la
dynamique même d'un système qui fait appel à des
spécialistes doit respecter aussi un certain nombre de valeurs, un
certain nombre de dimensions qui appartiennent à la discipline propre et
qu'on ne peut pas faire en sorte que les normes vont s'appliquer mur à
mur à toutes les disciplines, à tous les professionnels, à
toutes les catégories de professionnels d'un établissement de
nature universitaire. Je pense qu'on peut faire le parallèle avec une
institution, un établissement qui est chargé, ou un groupe de
professionnels chargés de dispenser des services pour des citoyens dans
une région comme le Québec.
Dans ce sens-là, ce que nous disons au
ministre, c'est: II serait intéressant de voir les
représentants de la corporation responsable non seulement de la
discipline professionnelle, mais de l'évolution de la profession au
niveau du corps médical au Québec, venir nous dire: Voyez-vous,
M. le ministre, nos spécialistes, nos spécialistes qui ont leurs
difficultés, comme tout le monde, à s'entendre à l'interne
- et on ne commencera pas à jouer profondément là-dessus,
en disant: Voyez, il y a un groupe qui pense comme ci et il y a un groupe qui
pense comme cela. C'est normal. Dans un groupe, au moins, il y a une discipline
qui se déroule, il y a une façon d'être dans ce
regroupement-là. Et qu'il y ait des divergences de vues, c'est
éminemment souhaitable. Au niveau de la Corporation des médecins,
on est capable de nous dire: Voyez-vous, nos spécialistes, à
l'intérieur de notre corporation, ils pensent que la façon dont
on répartira les effectifs médicaux au Québec, en vertu de
la méthode que vous proposez, il y a des dangers. On est capable de vous
dire, au niveau des omnipraticiens qui oeuvrent partout sur le territoire au
Québec, qu'il y a tel ou tel danger. On peut vous dire aussi, au niveau
des résidents, les étudiants résidents qui sont
actuellement en processus de spécialisation ou en fin de processus de
formation, il y a comme une espèce de contrat que nous voulons passer au
niveau social. Et il serait d'autant plus important que nous les
écoutions, ces gens-là, que c'est la relève au niveau de
l'intervention dans les différentes corporations et, surtout,
auprès des différentes catégories de la population au
Québec. (21 heures)
Moi, je pense que c'est tout à fait normal qu'on
prenne une période de temps limitée, d'autant plus que là,
il ne faut pas jouer au chat et à la souris. On ne serait pas en train
de demander ici à la Corporation professionnelle des médecins du
Québec de nous dire: Voulez-vous vous garrocher cette nuit et aller nous
préparer un mémoire, aller réfléchir sur les
intentions du projet de loi? Non, ces mémoires, et en particulier de la
Corporation et pour d'autres groupes de professionnels de la médecine au
Québec, ils ont été rédigés. Ils ont
été présentés, dans certains cas, à la
présidence de la commission des affaires sociales, dans certains cas au
ministre de la Santé et des Services sociaux, dans certains cas aux
représentants de l'Opposition, dans d'autres cas à l'un ou
l'autre ou à l'ensemble de ces représentants. Ce que nous disons,
c'est: Pourquoi ne pas ouvrir le débat sur un projet de réforme
essentiel et dans lequel projet de réforme nos médecins, notre
main-d'oeuvre spécialisée au niveau du médical, est
concernée directement? Si nous avons été capables de
recevoir ici, au niveau du ministre et au niveau de l'Opposition, que la
création d'une commission médicale au niveau des régies
régionales, c'était un lieu qu'il fallait non seulement
créer, mais reconnaître comme essentiel au niveau de
l'articulation de la participation de nos professionnels à notre
système de santé et des services sociaux...
Bien sûr, on pourrait ajouter toutes sortes de
commentaires qu'on a entendus au cours des derniers mois, en disant:
Écoutez, est-ce que ces gens-là, à la limite, sont
véritablement capables de prendre les intérêts du citoyen
plutôt que leur intérêt corporatif, que les
intérêts de leur profession? Bien voilà, voilà un
lieu, ici, en commission parlementaire de l'Assemblée nationale, un beau
lieu pour débattre ces questions et s'exprimer franchement sur ces
dimensions, parce qu'on n'a pas le droit dans notre société. Et
quelle que soit la source de ces commentaires ou de ces perceptions que l'on
véhicule dans le public, c'est extrêmement dangereux qu'on laisse
planer un certain nombre de doutes, un certain nombre d'impressions sur le
comportement de nos professionnels. Je pense qu'il n'y a personne qui peut nier
que ces perceptions-là, elles ont été largement
véhiculées au cours des dernières semaines. On n'a
qu'à lire les papiers des différents éditorialistes du
Québec pour nous dire que la perception ou le discours même du
ministre a fait en sorte que c'a créé, à tout le moins,
une impression au niveau des professionnels de la médecine au
Québec.
Alors moi, je pense qu'au niveau des objectifs que nous
poursuivons, au niveau de ce que ces gens-là pourraient nous apporter,
au niveau de l'expérience qu'ils ont sur le terrain et également
qu'on puisse leur permettre et qu'ils puissent nous permettre, comme
responsables au niveau ministériel, en ce qui concerne le ministre, et
au niveau de l'Opposition, qu'on puisse faire ressortir aussi d'autres effets
que nous n'avons pas obtenus par d'autres méthodes de répartition
des effectifs médicaux et qu'on puisse en discuter.
Ce que nous allons prendre comme décision, ça
affecte le professionnel de la médecine sur le terrain puis ça
affecte ultimement, évidemment, le citoyen au centre du système
dont le ministre a décrit, il y a quelques heures, l'importance, en
termes de signe central sur lequel nous allions placer cette réforme du
système de santé et des services sociaux. Eh bien, si on veut
véritablement prendre l'intérêt du citoyen, la part du
citoyen d'abord, moi, je pense qu'on doit aussi prendre la part des
professionnels qui, quotidiennement, dans nos institutions, dans nos
établissements, prennent également la part de ce citoyen.
J'en veux encore pour expérience, tout à fait
avant d'entrer en commission parlementaire, ce problème des effectifs
médicaux, dans ma propre famille où je dois, demain matin, faire
venir ma propre fille ici, à Québec. Et j'ai pu constater, en
communiquant avec un orthopédiste de Saint-Sacrement, cet
après-midi, pour un problème vécu dans une région
comme Rouyn-
Noranda-Témiscamingue, que je pouvais, oui, ici, de ce
professionnel, avoir un rendez-vous cette semaine, en termes de
spécialisation, pour regarder, pour poser un diagnostic sur ce qu'il y
aurait à faire pour la grande fille de 17 ans qui est à la
maison. Ce que je constatais à travers cela, c'est que nos
professionnels de la santé sont en général très
disponibles. Il y a des problèmes de répartition, il y a des
façons de faire les choses qui font en sorte qu'ils comprennent,
à la base, que nous avons un profond respect pour le travail qu'ils font
dans notre société, qu'ils ont une part importante à
réaliser pour atteindre les objectifs que nous nous sommes donnés
en société au Québec et comme ils sont des témoins
continuels, comme ils sont des personnes aussi citoyens au centre d'un
système, ces personnes, elles sont capables de nous dire: Bien,
voyez-vous, comme législateurs, vous vous occupez de votre
responsabilité, vous tentez de mettre sur pied le meilleur
système qui fasse en sorte qu'on réponde aussi aux besoins des
citoyens où qu'ils soient au Québec. Nous, on peut vous dire,
comme professionnels, si vous voulez qu'on continue à évoluer, si
vous voulez qu'on continue à donner des services de qualité, eh
bien, nous pensons qu'il doit y avoir un certain nombre de paramètres
à l'intérieur desquels ça doit s'opérer, cette
répartition, et puis, peut-être, à la fin de la ligne, on
n'en arrivera pas ultimement, au même moyen, en termes de
répartition...
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, M. le député, s'il vous plaît.
M. Trudel: ...peut-être qu'on n'en arrivera pas avec les
mêmes moyens au niveau de la répartition de la main-d'oeuvre
médicale, mais certainement qu'on nous déclarera: On est heureux
que vous portiez ce débat-là sur la place publique, que vous nous
laissiez la chance de nous exprimer et de vous faire part de nos craintes et,
aussi, des suggestions positives que nous pourrions vous faire à titre
de législateurs.
En conséquence, M. le Président, voilà pourquoi
j'ai présenté cette motion qui nous amènerait à
entendre ce regroupement québécois de professionnels, qui
s'appelle la Corporation professionnelle des médecins, ce qui ferait en
sorte que nous pourrions, à l'intérieur d'une limite de temps
raisonnable, dans une pratique habituelle et reconnue, au niveau des
gouvernements, entendre, dans une période de temps restreinte, encore
une fois, ce groupe témoin au Québec.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre, 30 minutes ou moins.
M. Marc-Yvan Côté M. Côté (Charlesbourg):
Ça va être moins,
M. le Président. Évidemment, je ne me ferai pas mon propre
"filibuster".
M. le Président, il y a un certain nombre de choses que je vais
relever à ce moment-ci. Je ne prends pas l'engagement de le faire
à chaque motion que déposera le député, parce qu'on
pourrait perdre du temps. Je me réserve quand même le droit de
relever un certain nombre de choses qui pourraient, à l'occasion,
écorcher mes oreilles ou ma logique à moi. Je commencerai par
certains éléments qu'a souvelés le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, et ce n'est pas la première fois
qu'il le fait, qui relèvent, a mon point de vue, d'arguments
démagogiques. Il l'a dit dans l'introduction, il l'a
répété tantôt, j'aurais dit: On va casser, on va
placer les médecins. Je le mets au défi de me trouver l'endroit
où j'ai dit ça, quand j'ai dit ça, parce que c'est des
genres de propos que je n'ai jamais tenus. Et, évidemment, s'il veut
faire une évaluation où c'a brassé le plus avec les
médecins, je lui rappellerai qu'il fasse un retour en arrière, un
certain soir de commission parlementaire où on entendait des
mémoires, où les résidents sont venus en commission
parlementaire et succédaient à la Fédération des
médecins spécialistes. Il ira voir au texte. Et il ira voir dans
le ton aussi, voir si le ministre a été celui qui a mené
la charge ou si la charge n'est pas venue davantage de d'autres et, en
particulier, d'un de ses collègues. Pour lui rafraîchir la
mémoire... Et ce n'était pas une petite charge non plus, à
ce moment-là. C'en était une bonne!
Donc, à partir de ce moment-là, je pense qu'il faut quand
même faire attention. J'ai répété à plusieurs
reprises, qu'il est faux de prétendre, ou que quelqu'un veuille
prêter dans la bouche d'un autre qu'un médecin qui aura fait six
ans, pour un omni, qui aura fait dix ans d'études, pour un
spécialiste, qu'on puisse lui substituer n'importe qui, n'importe quand,
n'importe comment pour remplir le rôle qu'il a à remplir. Ce n'est
pas vrai, ce n'est pas possible. Ça, ça a été dit
à maintes reprises. Évidemment, ça occupe moins de place
que l'accrochage que j'aurais pu avoir avec Augustin Roy, que l'accrochage
qu'on aurait pu avoir avec quelqu'un d'autre et, de toute façon, qui
fait l'affaire d'Augustin et qui fait l'affaire du ministre aussi, ou qui fait
l'affaire de quelqu'un d'autre. Parce qu'on doit toujours se rappeler que les
fédérations sont aussi, à ce moment-ci, des syndicats et
qu'elles ont des intérêts à défendre et que la
Corporation, elle aussi, a certains principes et certains intérêts
à défendre. Et je pense que ce n'est pas mauvais que de dire ce
genre de choses là. Ça ne s'attaque pas aux personnes. Je ne
pense pas que ce soit mesquin non plus. C'est la nature des choses, comme moi,
j'ai aussi des positions à défendre.
Donc, à partir de ça, je pense qu'il faudra
peut-être être un petit peu prudent à ce niveau-là.
Et, à moins que l'intention - et j'ose espérer
que ce n'est pas celle-là - ne soit qu'on veuille effectivement
mettre de l'hutte sur le feu pour atteindre des buts Inavoués et
inavouables, ça, c'est une autre chose.
Quant à votre situation personnelle - parce que j'ai
trouvé que vous aviez accès à des orthopédistes qui
vous répondaient assez vite - si c'est tout de suite dans la même
semaine, c'est bien différent de bien d'autre monde qui attend sur la
liste d'attente. Donc, tant mieux! Si le besoin est là, le besoin est
là. C'est le jugement du médecin qui, à ce
moment-là, s'applique. Ce n'est pas mol qui vais le contester, c'est
à lui de le juger. Et c'est exactement ce que la réforme veut
faire. Le jugement du médecin est le jugement du médecin et il
n'y a personne qui tente, à ce moment-ci, dans la réforme,
d'inféoder la profession médicale. Et ça, c'est
très très très clair. Donc, à partir de ce
moment-ci, y est clair, M. le Président, que des exercices d'auditions
publiques, on en a fait. J'oublie Rochon, j'oublie Mme Lavoie-Roux, on en a
entendu ou, à tout le moins, déposé 266, il y a un an. On
en a entendu 175. M. le Président, on a reçu 145 mémoires,
ce qui fait le modeste total, sur le môme sujet, de 411. Ça, c'est
à part les rencontres que j'ai tenues moi-même, personnellement en
personne, dans des séances de travail, pour aller chercher la
quintessence de la nuance de telle ou telle proposition qui devait tenter de
rejoindre... On a fait des choix. Les choix sont faits et on a tenté
d'aller encore plus loin.
Si j'ai bien saisi, tantôt, les propos de M. Roy, U a dit: C'est
des marches que vous avez montées dans la bonne direction. Il en reste
encore, mais c'est des marches dans la bonne direction. Donc, il faut croire
qu'on n'est pas aussi bouchés que ça, que, de temps en temps, on
se lave pour être capables d'entendre ceux qui viennent nous voir et qui
nous passent des messages. Quant à moi, 411, c'est assez. Si on n'est
pas éclairé, à 411, on ne réussira jamais à
faire passer l'électricité dans la lumière qui est
brûlée. Alors, ça me paraît évident et on ne
pourra pas faire d'une 2 watts une 100 watts. Ça, c'est impossible!
À moins qu'il n'y ait des interventions chirurgicales tout à fait
spéciales et très rapides, je ne pense pas qu'on puisse faire
ça. (21 h 15)
Donc, à partir de ce moment-ci, quant à moi, je me suis
suffisamment informé pour procéder à ce pourquoi nous
sommes conviés. On n'est pas conviés à nouveau à
s'introduire dans une commission parlementaire pour entendre des
témoins, pour entendre des gens qui vont venir nous exprimer leur
opinion. Après la deuxième lecture, donc le principe voté
en Chambre, on est conviés à un exercice d'adoption article par
article, et ça me paraît très clair.
D'autre part, je dois vous dire que je ne suis pas surpris de la
proposition de mon col- lègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je
ne serais pas surpris non plus que Mme la députée de Terrebonne
intervienne pour supporter en force son collègue dans le même
sens. Je ne suis pas surpris. Au mois de décembre dernier, après
application de la réforme, pendant qu'on discutait en Chambre du
principe de deuxième lecture, j'ai reçu des
téléphones au cabinet, de groupes qui disaient: Qu'est-ce qu'on
fait avec ça? Il y a quelqu'un à l'Opposition qui nous a
appelés et a dit: Demandez une commission parlementaire, demandez
à être entendus. Je ne suis pas surpris qu'aujourd'hui on veuille
y arriver. Quand on sollicite, évidemment, il y a de
l'intérêt. Je vous donnerai les noms si ça vous
intéresse. Alors, j'aurai la simplicité de le faire à
l'extérieur, mais je pourrai vous donner des noms si jamais ça
vous intéresse, autrement que par le micro. Mais il y a une chose qui
est claire, c'est qu'il y a eu une sollicitation. C'est votre rôle. Donc,
je vous dis que je ne suis pas surpris, aujourd'hui, que... Vous reconnaissez
en être l'auteur?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je ne suis pas surpris,
à ce moment-ci, que ça puisse se faire. Évidemment, je ne
dénonce pas la situation, je dis: Vous l'avez fait, vous l'avez fait. Il
n'y a rien là, sauf que ça ne me surprend pas qu'aujourd'hui vous
arriviez avec une motion et que vous preniez vos 30 minutes pour tenter de nous
expliquer bien des affaires au niveau des effectifs médicaux.
Écoutez, avec 500 articles et 300 amendements à part les
vôtres, vous allez avoir de l'espace un peu pour exprimer votre opinion.
On a l'impression qu'on va se demander, à la fin, si on ne radote pas.
Donc, je ne suis pas surpris de ça. Et qu'on m'arrive avec une
proposition, d'entrée de jeu, en disant... La Corporation
professionnelle des médecins, ça ne me surprend pas non plus,
parce que la Corporation professionnelle des médecins ne s'est pas
contentée, à partir du mois de janvier, d'un mémoire, mais
de deux. Un premier, propre, et un deuxième en commun; donc, deux
mémoires. Ils n'ont pas manqué leur coup. Deux mémoires
qui m'ont été présentés et dont vous avez
certainement obtenu copie.
Donc, j'ai de la misère à comprendre où est-ce que
veut en venir le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Il
arrive avec une proposition, parce que j'ai entendu à quelques reprises,
et il l'a échappé encore tantôt: trois jours. J'ai entendu
ça dans son discours de présentation cet après-midi. Et
là, il arrive avec une motion. Il dit: Pourrait-on entendre la
Corporation professionnelle des médecins? Je ne comprends pas. On va les
entendre pendant trois jours? Je suis sûr que M. Roy serait capable de
nous entretenir pendant trois jours...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...des bonheurs et des
malheurs, M. le Président, de la profession médicale et de ce qui
va et qui ne va pas dans les services de santé et les services sociaux,
de manière très éloquente, avec beaucoup de sagesse aussi
sur le plan des propositions. Mais je ne comprends pas.
Et je terminerai en vous disant, M. le Président, que si le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue me dit à ce
moment-ci: Oui, la Corporation professionnelle des médecins, c'est le
seul organisme qu'on est prêt à faire entendre en commission,
c'est réglé, on commence demain matin, on passera l'avant-midi
avec eux autres s'il faut et après ça on entamera l'étude
article par article. Donc, c'est entre ses mains que ça repose. S'il
veut qu'on entende la Corporation professionnelle, on va l'entendre et on
passera après ça aux articles, un par un.
Une voix: L'avant-midi.
M. Côté (Charlesbourg): Pas trois jours parce que...
Pas trois jours.
Le Président (M. Joly): Un supplice, il faut que ça
se termine.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, je vous ai
exprimé mon point de vue. Dans la mesure où ça ne va pas
et que ça ne va pas dans ce sens-là, M. le Président, je
me contenterai, les prochaines fois, de vous dire: Faites parler ceux que vous
avez à faire parler et, après ça, qu'on appelle le vote.
Et les remarques de ce moment-ci seront les mêmes pour les autres, me
réservant le soin de corriger certaines affirmations qui pourraient
être faites au passage.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres parlementaires qui voudraient se prévaloir de leur
droit de parole? Mme la députée, vous avez 10 minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense qu'il a
été clairement dit, autant par le ministre que par mon
collègue de l'Opposition, que nous étions à une
étape déterminante, donc à la dernière étape
où nous pouvions entendre des groupes. Et ça m'étonnerait
beaucoup que le ministre ait compris que nous voulions entendre un seul groupe
durant trois jours. Ça m'étonnerait vraiment qu'il ait compris
ça. Ce qu'on dit, du côté de l'Opposition, c'est que c'est
la dernière chance pour entendre des groupes. Ce qu'on dit aussi, c'est
qu'il y a peu de groupes qui ont fait des demandes formelles, peu de groupes.
Donc, ce qu'on dit: Pourquoi on n'entendrait pas les groupes qui ont fait des
demandes formelles? Le ministre nous a dit que l'Opposition a sollicité
des demandes d'audiences.
C'est fort possible, mais je peux confirmer au ministre que ce n'est pas
l'Opposition qui a préparé les demandes formelles d'audiences.
Donc, si les groupes ont jugé bon de les faire, ces demandes-là,
peut-être avec de la sollicitation avant, mais ils ont jugé bon de
les faire quand même, ces demandes-là, donc, ce serait
peut-être intéressant de les entendre.
Il y a deux raisons qui peuvent jouer pour ne pas les entendre. Le
ministre peut nous dire: On manque de temps. On est pressés par le temps
et il faut l'adopter rapidement, faire l'étude rapidement. Pour un
projet de cette envergure-là auquel il nous a annoncé qu'il y
aurait 309 amendements en plus des 494 articles qu'on a déjà, je
ne pense pas que nous soyons à deux jours ou trois jours près.
Donc, ce n'est pas une question vraiment de temps.
L'autre argument du ministre, c'est de nous dire qu'il y a
déjà eu des consultations, et à plusieurs reprises. Oui,
il y a eu des consultations, sauf qu'il y a toujours eu des consultations sur
des documents différents. Le projet de loi 120, tel qu'il a
été déposé en décembre, on n'a pas eu
d'audiences par la suite. H y a eu 145 mémoires qui ont
été déposés et je me demande même si, du
côté des députés du gouvernement, des
députés ministériels, ils ont eu la chance, tous ces
députés, de lire les 145 mémoires qui ont
été déposés...
Une voix:...
Mme Caron: ...et s'ils ont pu voir les changements qu'on pouvait
apporter.
Vous savez, lorsque, dans un projet de loi, on nous annonce qu'il y a
309 amendements sur un projet de 494 articles, ça peut changer, il peut
y avoir des changements vraiment significatifs au niveau global de ce projet de
loi là. C'est plus de 62 % du projet qui est touché.
Nous avons ici un rôle de législateur, bien sûr. Un
gouvernement peut passer des lois, peut présenter des réformes,
mais concrètement, sur le terrain, ce qu'on souhaite, d'abord et avant
tout, des deux côtés de la Chambre, c'est évidemment la
réussite de la réforme. Et la réussite de la
réforme, elle va dépendre non seulement des législateurs,
mais bien des gens qui vont la vivre, cette réforme-là. Et
là, je fais appel à mon expérience antérieure de
professeur. Au moment où on nous soumettait des changements
pédagogiques, régulièrement, on nous proposait des
réformes, des réformes sur lesquelles on était plus ou
moins consultés, parfois. Mais dans l'application les résultats
n'ont pas été très significatifs et nous nous retrouvons
aujourd'hui avec un système d'éducation qui a de sérieuses
faiblesses, tout comme notre système de santé. Et si on veut
vraiment que la réforme soit une réussite, il faut que tous les
agents concernés soient bien consultés, et c'est le dernier
moment où on peut le faire.
Du côté de la santé, on a des problèmes du
côté des effectifs, mais on a des problèmes du
côté de la qualité, aussi. Et cette
qualité-là, on ne l'atteindra pas si nos professionnels n'en sont
pas convaincus.
La Corporation professionnelle des médecins du Québec a
déposé deux mémoires et le ministre en a fait mention. Il
y a donc plusieurs points de litige. Et, personnellement, il y aurait certains
points sur lesquels j'aurais aimé interroger la Corporation
professionnelle des médecins du Québec, particulièrement
sur la notion de médecin traitant, qui nous permet d'assurer une
continuité des soins. Je trouve que c'est un élément
intéressant qui a été présenté par la
Corporation professionnelle des médecins du Québec et sur lequel
on aurait pu élaborer un peu et poser des questions pour arriver
à un système de santé un petit peu plus humain. Parce que
c'est parmi les plus grands reproches du citoyen-consommateur que nous avons
actuellement au niveau de la santé, qui nous dit que, finalement, il n'y
en a plus de médecin traitant, et que tout se passe à l'urgence,
on ne voit jamais les mêmes professionnels, et on a difficilement un
diagnostic sûr.
J'aurais aussi aimé les entendre, bien sûr, sur le
système de traitement de plaintes puisque je l'ai abordé cet
après-midi en commission. C'est un sujet extrêmement
préoccupant parce que c'est le sujet qui nous permet de donner
satisfaction aux citoyens-consommateurs. Et là-dessus, c'est
évident qu'on ne partage pas nécessairement les arguments qui
sont avancés par la Corporation professionnelle des médecins du
Québec, que nos arguments se rapprochent davantage de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, bien sûr, mais j'aurais vraiment aimé les entendre
et poser des questions et essayer de voir leurs réactions par rapport
aux commentaires de la FNACQ, la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec.
L'autre point important, parce qu'ils en ont soulevé vraiment
plusieurs, c'est évidemment le fonctionnement du ticket
modérateur. Puisque la Corporation professionnelle des médecins
du Québec va être directement touchée et qu'elle va
être sûrement appelée à rendre un jugement à
savoir si le citoyen consommateur s'est présenté au bon endroit
ou s'il a à payer ou non un ticket modérateur, puisque c'est ce
qu'on va décider, alors le médecin va être directement
concerné et c'est évident qu'il aurait été
intéressant de les entendre. Ce qu'on a demandé, donc, c'est deux
à trois jours d'audiences pour entendre les groupes qui ont fait les
demandes formelles et les groupes prioritaires. C'est tout. On ne demande pas
au ministre de reprendre le processus complet de consultation et puisque le
ministre, lui, a l'avantage, bien sûr, d'avoir déjà en main
les 309 amendements, c'est évident qu'au niveau des questions qu'il
aurait à poser à ces groupes-là, ça pourrait
être très intéressant et ça nous permettrait
peut-être d'avoir plus rapidement consensus au niveau de cène
réforme et d'assurer sa réussite.
Vous savez, tantôt, le ministre nous parlait de démagogie.
Il s'agit plutôt de s'assurer qu'au moment où nous sommes à
la dernière étape tout le monde qui a demandé à
nouveau à être entendu soit entendu. Et ces gens-là savent
très bien qu'ils ont déjà été entendus. Ils
savent très bien qu'ils ont déposé un mémoire et
ils ont quand même fait une demande formelle d'audiences. Alors pourquoi
ne pas répondre à cette demande qui est bien simple et qui nous
prendrait très peu de temps, qui prendrait sûrement moins de temps
que de passer à travers une série de motions qui seront plus ou
moins intéressan tes pour le ministre alors qu'il pourrait entendre
directement les groupes s'exprimer et poser des questions très
clairement sur les différents sujets de litige? On sait que, du
côté de la Corporation professionnelle des médecins, il y a
énormément de points de divergence, c'est peut-être la
corporation où il y en a le plus, à part, bien sûr, la
Fédération des médecins résidents du Québec
aussi. C'est les deux groupes où on a eu le plus de revendications.
Donc, ce ne serait pas quelque chose de très long, de très
laborieux et ça nous permettrait peut-être de partir sur un
meilleur pied et d'obtenir des résultats très rapidement.
Le ministre nous a fait part, cet après-midi, au tout
début, de sa grande ouverture par rapport à des amendements.
Alors, peut-être pourrait-il nous démontrer aussi, du
côté des audiences, qu'on pourrait peut-être entendre les
deux groupes qui ont fait des demandes formelles. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires,
d'autres... Non? Alors est-ce que la motion est adoptée?
Des voix: Non.
M. Côté (Charlesbourg): M le Président,
j'avais fait une proposition au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. La Corporation professionnelle des
médecins, moi, je peux les entendre demain matin. On passe à
autre chose après, c'est tout. Alors, si le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue me dit oui, on va voter pour; s'il me dit
non, on va voter contre.
Le Président (M. Joly): M. le député, est-ce
que l'entente vous semble valable?
M. Trudel: M. le Président, je vous demanderais une
suspension de deux minutes, s'il vous plaît, maximum.
Le Président (M. Joly): Nous allons suspen
dre les travaux pour deux minutes. (Suspension de la séance
à 21 h 30)
(Reprise à 21 h 32)
Le Président (M. Joly): Nous reprenons nos travaux. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue, la parole est
à vous.
M. Trudel: M. le Président, je voudrais d'abord relever
une information sur laquelle le ministre a donné, lui, sa version des
choses, et qui n'est pas fausse, mais sur laquelle il faut apporter une
précision.
Le Président (M. Joly): je m'excuse, mais on est hors
d'ordre, parce que, dans le fond, je vous ai donné vos 30 minutes et
j'ai donné 30 minutes au ministre. à moins qu'il n'y ait
consentement des membres de cette commission...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
toujours dit que je ferais montre de souplesse et, si certains de mes propos
ont pu faire en sorte que ça nécessite une réplique de la
part de mon collègue de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, je suis
prêt à l'entendre, toujours dans le but de faire avancer nos
travaux.
Le Président (M. Joly): Vous avez des excuses, M. le
député?
M. Trudel: Pas tout à fait.
Le Président (M. Joly): Ah bon!
M. Trudel: Pas tout à fait. Le ministre a dit, en donnant
la liste des organismes qui, effectivement, à la présidence de la
commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, ont
manifesté le désir d'être entendus, qui ont envoyé
des mémoires... Vous disiez tantôt que seulement deux organismes
ont demandé d'être entendus. Oui, vous avez dit ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas moi qui ai dit
ça, c'est votre collègue.
M. Trudel: Non, vous avez dit ça, auparavant.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Trudel:
Vous avez la liste ici.
M. Côté (Charlesbourg): Allez chercher les
galées, vous ne retrouverez jamais ça. C'est de votre
côté, c'est vous autres qui l'avez dit. C'est Mme la
députée de Terrebonne...
M. Trudel: Ce que je veux bien préciser...
Mme Caron: On a répété ce que vous avez
dit.
M. Trudel: Ce qu'il faut bien préciser, M. le ministre, et
ce n'est pas en termes de reproches que je fais cela, vous avez choisi de dire
aux groupes intéressés au Québec par le projet de
réforme que vous avez présenté, vous leur avez
expédié une lettre leur disant: Vous pouvez m'envoyer à
moi, et évidemment que je ne vous nierai pas ce droit-là et cette
façon de faire les choses, vous pouvez m'envoyer vos réflexions
sur le projet que j'ai déposé. L'interprétation qui en
suit immédiatement, c'est de dire: Écoutez, des audiences
publiques, il n'y en aura pas. Ça ne sert à rien de
présenter des demandes à la commission des affaires sociales, une
demande d'auditions publiques, on ne sera pas entendus. Il ne faut pas se
surprendre aujourd'hui qu'on ait ce nombre de personnes ou de groupes qui ont
manifesté leur intention de formellement déposer des
mémoires à la commission des affaires sociales. L'autre preuve de
cela, vous l'avez dit vous-même, M. le ministre, vous avez reçu
145 mémoires d'organismes ou de personnes. Donc, l'intérêt
pour des groupes ou des personnes était bien là. Est-ce qu'on a
fait quelques erreurs? Est-ce qu'on a mal visé la façon de faire
les choses? On peut faire nos gérants d'estrade par après et
dire: Écoutez, ces gens-là, si on leur avait dit formellement: Si
vous nous le demandez, on va étudier ça en commission, c'est pas
mal sûr qu'on aurait eu autant de demandes que vous avez reçu de
mémoires. Ça, c'est le passé.
Vous dites maintenant: Si le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue me fait la proposition d'entendre la
Corporation des médecins, tout de suite demain matin, je suis prêt
à l'entendre demain matin et on va discuter avec eux et on va passer,
avec les arguments qu'ils nous présenteront, à l'étude de
notre projet de loi. M. le ministre, je pourrais bien être tenté
de vous dire: Ah! là, je vais jouer aussi au fin finaud en disant, de
mon côté: Oui, j'accepte votre proposition, mais je vais vous dire
honnêtement, M. le ministre, je vais être clair, vous savez avec
quoi je vais revenir après l'entente.
M. Côté (Charlesbourg): Vote, M. le
Président.
M. Trudel: Dans ce sens-là...
M. Côté (Charlesbourg): Vote. Vote. Vote.
M. Trudel: Je peux juste terminer ma phrase...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, vous étiez
déjà hors d'ordre. J'ai toléré, avec l'approbation
des membres de cette commission...
M. Trudel: Très bien, j'accepte.
Le Président (M. Joly): Partant de là, je pense
qu'on a tranché. Alors, ça laisse supposer... Je me dois de vous
demander si la motion, telle que libellée, présentée par
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue est
acceptée.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Le Président (M. Joly): Refusée. Si vous êtes
d'accord à ce que ce ne soit pas un vote nominal, on peut quand
môme aller...
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Joly): Vote nominal, parfait.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la député de
Saint-Henri.
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Président (M. Joly): Le député de Fabre,
contre.
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Pour.
Le Président (M. Joly): La motion est
Alors, j'appellerais l'article...
Motion proposant d'entendre la
Confédération des syndicats nationaux
M. Trudel: M. le Président, avant de procéder
à l'article 1, j'aurais une autre motion à présenter en
vertu de l'article 244. Compte tenu des dispositions de notre règlement,
il est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission permanente des affaires sociales tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 120, Loi
sur les services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle
entende les représentants de la CSN. le président (m.
joly): la motion est recevable. vous avez, tel que vous connaissez les
règlements, m. le député, un droit de parole de 30
minutes.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Alors, M. le Président, nous avons
présenté un certain nombre d'arguments dans une première
motion qui vient d'être rejetée et c'est le moyen parlementaire -
puis il faut s'expliquer un peu là-dessus - c'est le seul moyen que nous
avons à notre disposition pour faire en sorte qu'un groupe qui a fait
une demande formelle d'audiences ou d'auditions devant cette commission, la
CSN, puisse être entendu et puisse faire valoir son point de vue dans ce
débat. Bon! Le règlement, à l'article 244, ce qu'il nous
indique c'est qu'on peut présenter un certain nombre de motions. Si nous
choisissons actuellement, compte tenu de ce que nous avons dit en remarques
préliminaires de l'étude de ce projet de loi, article par
article, que nous ne ferions pas un "filibuster" ou que nous ferions de
l'obstruction systématique continuellement et sur une très longue
période, ce que nous voulons signifier au ministre, en dehors de
résolutions à la pièce que le règlement nous oblige
à présenter ici, c'est qu'il nous semble y avoir un besoin
fondamental pour que différentes catégories d'intervenants, au
sein du réseau de la santé et des services sociaux, nous
semble-t-il... Ce serait normal qu'on puisse les entendre dans une commission
parlementaire publique, pour nous donner, nous dire, de leur point de vue,
quels sont les enjeux qui sont présents au niveau du projet de loi
présenté par le ministre à l'Assemblée nationale et
sur lequel l'Assemblée, de façon majoritaire, s'est
prononcée au niveau des principes. Maintenant que nous avons eu le
temps, tous et chacun des organismes intéressés et surtout des
travailleurs et travailleuses, des professionnels, des gens qui vivent
quotidiennement dans ce système, d'approfondir ce que pourrait signifier
ce projet de loi 120 lorsqu'il deviendra loi, bien nous, il nous semble que
c'est tout à fait normal qu'on ne prolonge pas indûment le
débat sur les tenants et les aboutissants de ce projet de réforme
mais que des regroupements nationaux puissent venir nous dire: Écoutez,
nous, au sein de notre organisme, on a bien analysé ce projet de loi, on
a bien regardé les implications et, voyez-vous, comme tantôt, pour
la Corporation professionnelle des médecins
et les groupes qui font partie de cette Corporation, eh bien, on peut
vous donner des effets prévisibles, on peut vous dire certains effets
prévisibles et, peut-être, certains effets pervers au niveau du
système, si nous l'adoptons. Il y a d'autres dimensions aussi
là-dedans qui concernent particulièrement les travailleurs et les
travailleuses qui sont regroupés au sein d'unités syndicales et
qui oeuvrent quotidiennement dans ce réseau de la santé et des
services sociaux.
Évidemment, M. le ministre, j'aurais pu vous présenter une
motion en vertu de l'article 244 où je vous demanderais trois jours
d'audiences où nous pourrions entendre les représentants de
grands organismes nationaux qui, principalement, représentent des
acteurs du système et qui vivent quotidiennement la
réalité, comme citoyens aussi, de notre système de
santé et des services sociaux et qui pourraient nous dire que la voie
dans laquelle nous nous sommes engagés au niveau de la
présentation de ce projet de loi, eh bien, il faut arrondir les coins,
bonifier certaines dimensions, resserrer certaines autres dimensions pour qu'on
puisse être sûrs que pour les 20 ou 25 prochaines années, eh
bien, on aura les effets désirés et on atteindra les objectifs
recherchés, compte tenu de ce qui est proposé comme
structures.
Évidemment que j'aurais pu vous présenter une motion
où j'inviterais les représentants de la FTQ à venir nous
donner leur vision des choses, la Fédération des
infirmières et infirmiers du Québec aurait pu venir nous parier
de différentes dimensions en ce qui concerne son travail professionnel,
en ce qui concerne son intervention dans le système, tout comme j'aurais
pu, et je devrais, et ce serait tout à fait normal de la part de
l'Opposition, dire: M. le ministre, nous voulons faire des CLSC la porte
d'entrée du système. Les gens de la Fédération des
CLSC, dans un processus extrêmement démocratique, dans une
consultation très élargie au sein des organismes ou des
établissements qui sont regroupés au sein de la
Fédération des CLSC, ont pu se prononcer et nous dire: Bien, nous
autres, notre monde sur le terrain qui vit quotidiennement et qui a
analysé et qui a regardé attentivement vos intentions au niveau
du projet de loi 120, eh bien, nous, nous pouvons dire que, dans telle ou telle
dimension, il faudra être très prudent.
Quand vous voulez faire des CLSC la porte principale d'entrée, M.
le ministre, il faut que nous vous disions qu'il faudra y ajuster les
ressources. Ces niveaux-là vont véritablement être capables
de jouer ce rôle-là, parce que, actuellement, dans certains coins,
nous sommes même incapables de jouer le rôle qui nous est
actuellement dévolu et ça devient une condition sine qua non et
je le donne tout simplement à titre d'exemple.
Nous souhaiterions que les élus de l'Assemblée nationale
puissent les entendre. J'aurais pu, évidemment aussi, vous dire dans une
seule et même résolution, bien, il existe actuellement une
conférence des CRSSS au Québec. Quand même, ce n'est pas
les derniers venus. C'est des gens qui, régionalement, dans le
découpage actuel, vivent les problèmes, vivent les situations
parfois difficiles au niveau de la répartition des ressources, qui ont
à arbitrer un certain nombre de conflits, qui ont à arbitrer un
certain nombre de dimensions quant à la responsabilité ou
à l'affectation de certaines ressources au niveau d'un certain nombre
d'établissements, soit au niveau régional, sous-régional
ou même au niveau local. Et ces gens-là ont une expertise qui
serait appréciable pour la commission des affaires sociales, pour les
différents députés qui sont regroupés, ici, au sein
de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
On procède, dans ce projet de loi, à un
réaménagement - je pense qu'on peut le dire -majeur du
fonctionnement ou des responsabilités attribuées aux CSS, aux
Centres des services sociaux à travers le Québec. Ce que nous
demandons, M. le ministre, ce n'est pas de procéder ici à
l'audition des 9, 10, 11, 12, 13 CSS à travers le Québec. Ces
gens-là sont regroupés dans une association nationale et sont
capables de nous donner les principales dimensions de comment ils envisagent
leur nouvelle mission à l'intérieur des centres de protection de
l'enfance et de la jeunesse et de nous donner une appréciation parce que
ce sont des personnes qui vivent continuellement dans ce réseau. Et que
nous affections maintenant des ressources qui, jusqu'à maintenant, ont
été affectées au réseau des CSS directement dans
les établissements, peut-être ont-elles un certain nombre de mises
en garde, ces personnes-là, à nous donner. Peut-être
ont-elles un certain nombre de dimensions sur lesquelles il nous faudrait nous
pencher très sérieusement pour dire: Oh! attention! L'intention
est bonne. Il faut cependant mettre les filets de sécurité
nécessaires de façon à ce qu'il n'y ait pas
déviation et qu'on n'ait pas d'effets pervers au niveau du
système. (21 h 45)
J'aurais pu vous dire exactement la même chose sur le fond, au
niveau des centres d'accueil au Québec: population vieillissante,
rôle accru des centres d'accueil transformés au niveau de leur
administration, des responsabilités qu'ils auront,
éventuellement, ces centres-là, dans le réseau de la
santé et des services sociaux au Québec. Bien, je pense que les
différents établissements représentés au sein de
l'ACAQ, les différentes catégories d'établissements
auraient très bien pu venir ici et nous dire: Bien, voilà,
après étude approfondie de ce que nous a présenté
le ministre et de l'incidence sur nos activités et sur la réponse
aux besoins des citoyens et citoyennes qui sont chez nous, à qui nous
sommes appelés à donner des services et de la façon dont
nous pensons que nous devons
donner réponse à ces besoins-là, eh bien, on pense
qu'il y a peut-être un certain nombre de dangers.
Il y a peut-être du renforcement, au niveau de certaines
dimensions, dans le système, qu'il faudrait introduire dans le projet de
loi parce que. encore une fois, vos intentions ne seront pas accomplies, les
effets recherchés ne seront pas atteints parce que nous n'avons pas
suffisamment pris de précautions au niveau de la modification
législative. Bien sûr, également, au niveau du
communautaire, j'aurais pu vous faire exactement la même argumentation et
dire: Bon, 9 existe, au Québec, des coalitions d'organismes
communautaires et, a partir du moment où le ministre a choisi d'indiquer
une voie de reconnaissance, de financement et de support des organismes
communautaires dans le réseau de la santé et des services
sociaux, est-ce qu'il s'agit, en termes de virage, du bon virage que nous
sommes en train de prendre?
Alors, je pourrais continuer comme cela, sauf une chose, M. le ministre,
c'est le message que nous voulons passer, le message que nous voudrions qui
soit entendu au niveau de la motion que nous présentons, c'est qu'il y a
un certain nombre de groupes, un certain nombre de regroupements, au
Québec, qui sont capables, qui sont déjà
préparés, qui ont fait l'analyse, qui,
généralement, vous l'ont fait parvenir, à vous, comme
ministre responsable de la révision des choses, mais qui n'ont pas eu
l'occasion de déposer cela sur la place publique, à
l'intérieur d'un mécanisme qui s'appelle une commission de
l'Assemblée nationale, et il nous apparaît éminemment
souhaitable que dans le débat actuel, à travers les
mécanismes usuels que l'on connaît dans notre
société, qui s'appellent les médias d'information,
certains lieux où on peut mettre sur la place publique ces
enjeux-là, à l'occasion d'une commission parlementaire, eh bien,
l'offre que nous avons faite dès l'ouverture de la commission, c'est de
dire: Nous ne recommencerons pas l'exercice et le nombre de jours pendant
lesquels nous avons réalisé cet exercice-là tout au cours
de la session d'hiver 1990 de l'Assemblée nationale, mais nous pensons
qu'il pourrait y avoir un certain nombre de discussions et d'échanges de
points de vue avec l'Opposition sur des auditions publiques et
particulières dans notre langage. Et nous pensons qu'en trois jours nous
sommes capables d'entendre les principaux groupes représentatifs des
intervenants du réseau, et également des gens qui sont des
citoyens et citoyennes du Québec qui peuvent vous faire voir les enjeux
de ce projet de réforme.
Bon, le raisonnement que l'on peut poursuivre quasi
éternellement, c'est de dire: Bon, écoutez, nous avons un choix.
Si l'Opposition présente ses motions pendant quatre jours, eh bien, on
est aussi bien d'accéder à leur demande. Nous ne souhaitons
vraiment pas, M. le ministre, effectuer un tel travail de
représentations sur une période aussi longue. Nous pensons que,
dans le calendrier qui est maintenant le nôtre et qui semble être
le vôtre au niveau de l'objectif à atteindre, tout cela
attaché si possible au mois de juin, nous avons le temps, en ces trois
jours, d'entendre des groupes représentatifs.
Accepter votre offre d'il y a quelques minutes d'entendre uniquement la
Corporation professionnelle des médecins du Québec, nous aurions
fait un pas en avant parce que nous aurions pu permettre le débat public
sur la question des responsabilités, des affectations et de ce que nous
demandons à nos professionnels de la médecine au Québec.
Mais faire cela eut été injuste et insuffisant, surtout pour
d'autres groupes qui ont des rôles aussi importants dans notre
réseau de la santé et des services sociaux.
Et, à l'inverse, nous ne pensons nettement pas qu'il faille aller
à des auditions ouvertes, publiques, où nous redemanderions
à tous les groupes du Québec de venir nous présenter leur
point de vue. Non, nous pensons qu'effectivement tout n'a pas été
complètement fermé, que les gens ont eu l'occasion de s'exprimer
à travers certains canaux. Cependant, y y a des objets qui ne doivent
pas être des objets de possibles négociations entre ce groupe
représentatif de leur intérêt et le ministre responsable.
Pourquoi? Ce n'est pas la partie ministre responsable sur laquelle je veux
forcer ici. C'est qu'on est en matière de services publics, de
dépenses publiques et tout cela doit se faire dans un débat
public, restreint, oui, lancer des grandes questions, oui. Donner la vision des
choses au niveau de ces groupes-là, eh bien, ça nous semble
essentiel que nous puissions les entendre devant cette commission.
La CSN - puisque dans la motion que je présente, je voudrais que
l'on entende les gens de la CSN - ces gens-là auraient pu nous dire...
Ils ont comme de l'expérience au niveau des négociations
collectives, c'est leur objet propre de représenter les travailleurs et
les travailleuses et de négocier les conventions, les conditions
collectives de travail. Alors, la décentralisation des
négociations collectives, est-ce que ça pose un problème?
Est-ce que, comme partie représentant les acteurs du système, la
vision que le ministre nous donne dans son projet de loi, c'est vivabie, c'est
acceptable? Ça nous donne quoi, dans un projet de loi, d'adopter une
perspective qui nous semble souhaitable a nous autres, mais où tous les
joueurs n'accepteraient pas ces règles du jeu peut-être parce que
impossibles, compte tenu de l'histoire que nous avons? S'il y a des gens qui
peuvent nous donner des informations là-dessus, nous donner leur vision
juste des choses, je pense bien que c'est les gens de la CSN comme d'autres
groupes syndicaux que nous pourrions rencontrer.
Les mesures de valorisation et de motiva-
tion qui sont prévues, qui sont annoncées dans la
réforme au niveau de certaines catégories de personnel, est-ce
qu'elles ne sont pas vouées à l'échec tant qu'on n'aura
pas réglé la question du résultat de l'application de la
loi 160? Je pense qu'il faudrait entendre les principaux concernés,
leurs représentants. Peut-être que les représentants de la
CSN auraient plus de succès que nous, M. le ministre, pour tenter de
vous convaincre une dernière fois de revenir sur les accrocs à
l'universalité, à la gratuité par un système de
l'impôt à rebours ou de l'impôt-services ou de l'imposition
d'un ticket modérateur. Ça aussi, c'est des citoyens responsables
qui vivent au sein de ces associations. Les gens de la CSN auraient très
bien pu également nous présenter leur point de vue sur la
nécessité d'introduire un code d'éthique pour les
travailleurs et travailleuses, une disposition sur laquelle les gens
représentés au sein de la CSN semblent très peu
portés parce que peu porteuse de fruits ou de résultats en
matière de motivation au niveau de ceux et celles qui interviennent dans
ce système. Il y en aurait toute une série
d'éléments sur lesquels la CSN pourrait venir nous
éclairer.
Alors, je présente cette motion: Que nous puissions entendre les
représentants de la CSN pour les quelques motifs que je viens
d'expliciter. Nous pensons que des auditions particulières
limitées dans le temps seraient de nature non abusive et nous
permettraient d'avoir un maximum d'éclairage au niveau de l'ensemble du
projet de loi que nous avons à discuter article par article ici et nous
souhaitons que le ministre puisse peut-être bonifier son offre à
chaque occasion et que, lorsqu'on sera rendus à six ou sept groupes
représentatifs, eh bien, nous pourrons relever le gant et dire: Oui, M.
le ministre, nous acceptons votre offre et nous ne voulons pas déborder,
nous ne voulons pas abuser du temps que nous pourrions utiliser à bien
débattre, dans notre société québécoise, les
enjeux que nous avons choisis il y a au-delà de 20 ans et qui, pour un
certain nombre, sont remis en question par le projet de loi 120 et le projet de
réforme.
Alors voilà ce que j'avais à dire, M. le Président,
au niveau de cette motion visant à entendre les gens,
représentants de la CSN au sujet du projet de loi 120 qui est
actuellement en analyse devant cette commission.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député?
M. Trudel: Oui.
Le Président (M. Joly): Oui? M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Vote. Vote.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a d'autres
parlementaires qui veulent intervenir sur la motion? Alors je vais... Est-ce
que la motion est adoptée?
Des voix: Non. M. Trudel: Nominal.
Le Président (M. Joly): Nominal. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Contre.
Le Président (M. Joly): Le député de Fabre,
contre.
Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Nelligan.
M. Williams: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda - Témiscamingue.
M. Trudel: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Pour. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): La motion est rejetée. Je
vais donc appeler l'article...
M. Trudel: M. le Président, avant de passer à
l'étude de l'article 1, vous vous doutiez, je pense, que j'allais
présenter une motion.
Le Président (M. Joly): Toujours en vertu de l'article
244...
M. Trudel: Toujours en vertu de l'article 244.
Le Président (M. Joly): Bien, parfait, je vous
reconnais.
M. Trudel: À moins, M. le Président, que je ne vous
présente, compte tenu de l'heure, une motion d'ajournement de nos
travaux à demain matin, tel que prévu, à 9 h 30.
Le Président (M. Joly): Alors, tel que souhaité,
nous ajournons nos travaux à demain, 9 h 30, à la môme
salle.
(Fin de la séance à 21 h 59)