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(Neuf heures quarante-et-une minutes)
Le Président (M. Joly): MM. les membres de la commission.
Je vous rappelle que la commission des affaires sociales se réunit afin
de procéder à des consultations particulières et tenir des
auditions publiques sur le document intitulé "Les régimes de
retraite: le partage équitable des excédents d'actif. Mme la
secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements ce matin?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Chevrette
(Joliette) sera remplacé par M. Boisclair (Gouin); M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles).
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la secrétaire.
Je me permets de vous lire l'ordre du jour. Aujourd'hui, nous recevrons
l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal, la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec, l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes inc, la Centrale de l'enseignement du
Québec, le Conseil du patronat du Québec et, finalement,
l'Institut canadien des actuaires.
Je vois que les gens de l'Association de bienfaisance et de retraite des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal ont
déjà pris place. J'apprécierais si M. le président
pouvait nous présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Association de bienfaisance et de
retraite des policiers de la Communauté urbaine
de Montréal
M. Perron (Jacques): Je vais vous présenter, à ma
gauche, le vice-président de l'Association, M. Pierre Lenoir, et
à ma droite, Claude Moses, qui est le secrétaire de
l'Association.
Le Président (M. Joly): Je vous rappelle que vous avez une
vingtaine de minutes environ pour nous livrer votre mémoire, qui a
déjà été reçu et lu, et partant de
là, après, eh bien, nous permettons un échange entre les
parlementaires de cette commission. Alors, à vous, M. Perron.
M. Perron (Jacques): M. le Président, nous désirons
tout d'abord remercier le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle de
permettre aux officiers de l'Association de bienfaisance et de retraite des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal de faire
connaître leur position relativement au partage des excédents
d'actif. Je voudrais faire une remarque immédiatement. Le mémoire
ou les positions que l'on prend dans le mémoire n'engagent pas
nécessairement les autres membres du conseil d'administration qui
siègent sur notre conseil d'administration, à savoir les maires
de banlieue ainsi que les représentants ou les échevins de la
ville de Montréal. Ça n'engage que les officiers élus de
l'Association, qui sont des policiers. Ça va?
À titre de représentants élus des participants de
la caisse de retraite, nous avons été tentés de vous dire
que les excédents d'actif devraient appartenir exclusivement aux
participants. Mais, en tant que justiciers de carrière, nous avons
poursuivi plus en profondeur notre réflexion, pour essayer de
délier des positions parfois difficilement conciliables, en vous
proposant des avenues qui nous semblent justes et équitables.
L'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal a été fondée
en 1892. Et à ce titre, constitue l'une des plus vieilles caisses de
retraite québécoises. Elle représente quelque 4486
policiers actifs et 2879 prestataires, soit des policiers retraités, des
conjoints admissibles ainsi que des orphelins. L'Association gère un
actif d'une valeur de 1 215 000 000 $ au marché. Elle a versé, au
cours de l'année 1990, des prestations et remboursements à ses
membres totalisant plus de 53 000 000 $.
De plus, nous voudrions faire remarquer au ministre qu'il a tenu sa
promesse faite lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 116,
à l'effet qu'il consulterait les personnes et les groupes
intéressés par les régimes de retraite relativement au
partage équitable des excédents d'actif et qu'il tiendrait une
commission parlementaire à cet effet. Aujourd'hui, nous tenons à
l'en remercier.
Le document de consultation fait référence à deux
principes fondamentaux en regard desquels est bâtie la politique
proposée par le gouvernement du Québec, à savoir la
sauvegarde de la sécurité financière des régimes de
retraite et le respect de la contribution des parties au financement du
régime. Aussi, il nous apparaît évident que les
améliorations introduites dans la réforme de la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite devraient, dans un avenir
prochain, limiter l'accumulation des excédents d'actif. C'est dans cet
esprit que nous avons élaboré notre approche quant au
présent document de consultation.
Surplus dans le cas de l'existence per-
manente du régime. Afin de répondre au premier objectif
visé par la réforme proposée, à savoir la
sécurité financière à long terme des
régimes, les excédents d'actif ne peuvent exister que s'il y a
pleine capitalisation du régime de retraite. À cet égard,
nous sommes en accord avec la position gouvernementale à l'effet qu'il
doit y avoir une marge de sécurité minimale au-delà de la
capitalisation pour tenir compte des fluctuations, qui peuvent survenir entre
les évaluations actuarielles, occasionnées tant par des facteurs
économiques que démographiques.
La marge de sécurité minimale au-delà de laquelle
il pourrait - je ne dis pas qu'il devrait - y avoir une distribution des
excédents d'actif devrait être fixée telle que
formulée dans la proposition gouvernementale, à savoir qu'une
réserve de sécurité équivalente au plus
élevé des deux montants suivants doit être maintenue: deux
années de la quote-part patronale de la cotisation d'exercice ou 25 % du
passif établi selon une approche de solvabilité.
D'autre part, dans le contexte de l'existence permanente du
régime de retraite, nous croyons qu'il y a peu de chance qu'il y ait des
surplus distribuâmes au cours des années. La contribution de
l'employeur étant variable et, s'il s'avère qu'une
évaluation actuarielle triennale ou intérimaire constate une
surcapitalisation, il y aura réduction de la contribution de
l'employeur.
Dans ces circonstances et afin d'être juste et équitable
envers les participants du régime, il y aurait lieu d'introduire une
règle qui permettrait à l'employeur de réduire sa
contribution au régime jusqu'à concurrence de la contribution de
l'employé. Dans ce sens, s'il y a un surplus dans la caisse et que
l'employeur prend une vacance de contribution, sa vacance de contribution ne
pourrait aller en deçà de la contribution faite par les
employés. Il ne faut quand même pas oublier, lorsqu'il y a surplus
dans une caisse de retraite, que ça peut être, soit des facteurs
démographiques ou des facteurs de rendement. Et les rendements
excédentaires par rapport à ce qui avait été
prévu dans l'évaluation actuarielle, ces rendements-là ne
sont pas faits juste sur la contribution de l'employeur. Ils sont faits aussi
sur la contribution de l'employé et, dans ce contexte-là, on volt
mal pourquoi ça serait juste l'employeur qui pourrait prendre une
vacance de contribution. On propose que cette vacance de contribution, si
l'employeur la prend, ne soit pas moindre que la contribution des
employés. En substance, dans le cours ordinaire d'opération d'un
régime de retraite, c'est l'essentiel de notre recommandation.
D'autre part, il ne faut quand même pas oublier aussi qu'il y a
certains syndicats qui ont négocié avec l'employeur une
contribution minimale de chacun d'eux, sachant fort bien à l'avance
qu'il y aurait des surplus dans la caisse de retraite et que ces
surplus-là seraient utilisés pour fins de bonification du
régime de retraite.
Donc, dans ce contexte-là, il ne faudrait pas, s'il y a un projet
de loi déposé qui ferait en sorte qu'il y aurait distribution
obligatoire des surplus - soit moitié-moitié entre les
participants et l'employeur - annihiler effectivement les efforts de
négociation qui se sont faits entre le syndicat et l'employeur pour
revaloriser les rentes à même les surplus.
L'approche de ne pas distribuer effectivement ou de ne pas permettre
à l'employeur de prendre une vacance de plus que la contribution de
l'employé s'inscrit dans la même ligne de pensée que celle
retrouvée à l'article 60 de la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite, qui édicté que les
cotisations salariales ne peuvent servir à acquitter plus de 50 % de la
valeur de toute prestation à laquelle le participant acquiert droit.
Nous sommes conscients que 50 % de la valeur d'une prestation n'est pas
nécessairement égal à 50 % de la contribution de
l'employeur; néanmoins, nous ne pouvons pas nier non plus que la
philosophie qui sous-tend le contenu de l'article 60 de la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite est à l'effet de faire
participer, à part égale, l'employeur et le participant dans la
prestation gagnée par ce dernier.
Quant à la terminaison d'un régime de retraite, la
position de l'Association est à l'effet que tout surplus
dégagé lors de terminaisons de régimes de retraite devrait
obligatoirement appartenir aux employés.
Lorsque les parties se sont assises à la table de
négociation pour négocier un régime de retraite, chacune
des parties avait conscience des engagements qu'elle prenait lorsqu'elles ont
négocié le régime de retraite. Les engagements se
formulent nécessairement en termes monétaires pour chacune des
parties.
Compte tenu que, dans un régime à prestations
déterminées, la loi oblige la capitalisation du régime de
retraite, donc la projection des salaires dans le temps, à ce
moment-là, c'est à ça que les parties se sont
engagées. D'une part, normalement, la contribution des employés
est fixe et la contribution de l'employeur est variable, compte tenu des
fluctuations qui peuvent arriver d'une évaluation actuarielle à
l'autre et des fluctuations qui peuvent arriver sur le plan
démographique et sur le plan économique. Mais, substantiellement,
les parties connaissaient au départ leurs engagements.
Dans ce contexte-là, s'il y a terminaison de régime, donc
évaluation sur base de terminaison, c'est certain qu'il y a des surplus
qui se dégagent. Mais ces surplus-là, c'étaient
effectivement des engagements que les deux parties avaient contractés et
avec lesquels elles étaient d'accord. Ces surplus devraient
nécessairement retourner aux employés parce que c'est ça
qui avait été mis sur la table par l'employeur. Ce
n'est pas sur une base de terminaison que ça a été
négocié, c'est sur une base de "going concern" et, dans
ce contexte-là, de projection de salaires. Si le régime se
termine, il y a un surplus, et ce surplus-là, les employés ont
souvent donné des éléments de leur convention collective
pour pouvoir effectivement payer ce régime de retraite là. je
vous donne un exemple. chez nous, en 1984, dans le régime de retraite,
on a négocié l'indexation pour le service passé dans le
cas des policiers d'avant 1972. les policiers ont donné 7,5 jours de
leur banque de maladie pour acheter cette indexation-là. ces 7,5 jours
de la banque de maladie valaient, et valent encore aujourd'hui, 2,88 % de la
masse salariale. dans le régime, c'est marqué 8 % que les
policiers cotisent. la banque de maladie qui a été donnée
pour racheter ces bénéfices-là, ce n'est pas marqué
comme cotisation, mais ça a été donné, et ça
équivaut à 2,88 % de la masse salariale.
Donc, dans les faits, les policiers cotisent - si ce n'est que juste
ça - 2,88 % plus 8 % inclus dans les dispositions du régime, donc
10,88 %, à part les autres éléments qu'ils ont
concédés au cours des années pour pouvoir se payer les
bénéfices du régime de retraite. À l'heure
actuelle, on est en négociation avec la Communauté au niveau du
régime de retraite et la première réflexion que la
Communauté a faite, elle nous a dit: Comment avez-vous trouvé
l'argent pour vous payer les bénéfices additionnels que vous
voulez avoir?
Nécessairement, dans toute négociation, les
bénéfices qu'un régime de retraite donne, c'est des
bénéfices qui, fondamentalement, sont subventionnés par
les employés. L'employeur va concéder des choses. II va dire:
Parfait, je vais mettre de l'argent dedans. Mais s'il met de l'argent dedans,
c'est parce qu'il ne le donne pas en augmentation de salaire ou sous une autre
forme de bénéfice. Donc, dans ce contexte-là, étant
obligés de projeter des salaires dans un régime de retraite
à prestations déterminées, s'il y a terminaison de
régime, on prend comme position de dire que les surplus devraient
retourner aux employés parce que c'est eux autres qui les ont
financés complètement.
Quant aux autres modalités, au niveau des scissions de
régimes, des fusions de régimes, c'est bien évident qu'il
peut y avoir, encore là, des surplus. Lorsque deux régimes
fusionnent - et c'est un élément que l'on a vu avec la ville de
Montréal et la Communauté lorsqu'il y a eu fusion, durant une
certaine période, des deux régimes - je pense qu'il serait un peu
anormal ou pas correct, effectivement, d'utiliser les surplus provenant d'un
régime appartenant à un groupe d'employés pour
transférer dans un régime commun ou dans un autre régime.
S'il y a des surplus qui sont dégagés lors de fusions de
régimes, à ce moment-là, ces surplus-là devraient
être utilisés pour bonifier les employés qui proviennent de
ce régime et non pas, peut-être, pour essayer de régler le
problème de l'autre régime avec lequel il est fusionné.
C'est de l'argent qui appartient aux gens qui proviennent de ce
régime-là. Dans ce contexte, s'il y a fusion ou scission de
régimes, s'il y a des surplus, ils devraient appartenir à ceux
qui proviennent, qui font partie du régime où il y a surplus.
Donc, M. le ministre, essentiellement, c'est la position de
l'Association, tant dans le cas d'un régime en cours d'opération
que dans le cas de terminaison, de scission ou de fusion de régimes.
Nous sommes à votre disposition, nécessairement, pour vos
questions.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Perron. M. le ministre,
je vous reconnais le droit de parole.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de saluer
les représentants de l'Association de bienfaisance et de retraite des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal, une Association
qui a des racines très profondes, qui célébrera l'an
prochain son premier centenaire, et qui a produit, au cours des années,
des résultats intéressants, tant par les statistiques
émanant de ses bilans financiers que par les anciens présidents
qui ont évolué en haut de l'échelle de la fonction
publique. Vous voyez qu'un fonds de pension, ça mène à
tout, même à la présidence de la Régie des
rentes.
Dans votre mémoire, vous ne signalez pas, en fait, la
levée du moratoire comme telle. L'événement que va
constituer la levée du moratoire ne semble pas - si j'ai bien compris
votre mémoire - être un événement qui
déclencherait ou obligerait à la distribution des
excédents d'actif. Vous dites plutôt que vous préconisez
une distribution à chaque évaluation triennale, évaluation
actuarielle générale. Alors, est-ce que c'est un oubli ou si
vraiment vous souhaitez que la première distribution ne se fasse,
disons, que trois ans après la levée du moratoire?
M. Perron (Jacques): Effectivement, pour les régimes
où il y a eu terminaison, je pense que la position est à l'effet
que, s'il y a surplus dans ces régimes-là, ça devrait
retourner aux participants à la levée du moratoire, à la
terminaison de régime. D'autre part, quand on dit, dans le
mémoire, que ça pourrait être à chaque
évaluation dans le cas d'un régime en opération, si,
effectivement, la position que le gouvernement prend est à l'effet
qu'au-delà de la marge de sécurité, les surplus doivent
être distribués, on propose qu'ils soient distribués tous
les trois ans, lors de l'évaluation actuarielle.
M. Bourbeau: Mais quand vous avez dit que vous étiez
d'accord qu'on puisse distribuer à la levée du moratoire, je
crois que vous avez ajouté: À la terminaison d'un régime.
Il me semble que j'ai entendu ça.
M. Perron (Jacques): Ah oui!
M. Bourbeau: La levée du moratoire, ce n'est pas
nécessairement la terminaison d'un régime.
M. Perron (Jacques): Non, non, je suis d'accord. Là, vous
voulez dire: À la levée du moratoire sur l'ensemble des surplus.
À la levée du moratoire sur l'ensemble des surplus,
nécessairement, il y a des cas qui sont pendants à l'heure
actuelle. Et dans ce contexte-là, il y a aussi des cas de terminaisons
de régimes qui sont pendants à l'heure actuelle. Dans ces
cas-là, on dit que les surplus devraient appartenir aux employés.
À la levée du moratoire, si le gouvernement prend comme position,
dans un régime qui est en cours d'opération, de dire
qu'au-delà de la réserve, on va obliger à distribuer les
surplus, nous autres, on dit au gouvernement: Si vous prenez cette position,
vous devriez obliger à la distribution de surplus à chaque
évaluation actuarielle au-delà de la réserve. C'est dans
ce sens-là. (10 heures)
D'autre part, la position fondamentale, c'est bien évident
qu'au-delà de la réserve, on sait bien que la contribution de
l'employeur varie d'année en année ou à chaque
évaluation triennale. Moi, je ne suis pas nécessairement en
désaccord si la contribution de l'employeur varie. Écoutez, on
peut avoir des années comme l'année 1990; au niveau des
rendements, ça n'a pas été phénoménal. Donc,
si on faisait faire aujourd'hui, nous autres, une évaluation actuarielle
du régime, la Communauté serait obligée de contribuer
plus.
D'un autre côté, entre 1987 et 1989 - le déficit
initial était évalué à 15 000 000 $ en 1987 - il y
a eu un surplus d'enregistré, durant ces deux années-là,
de 50 000 000 $, ce qui a fait passer le déficit initial à 75 000
000 $. Ainsi, la contribution de la Communauté pour amortir le
déficit initial est passée de 13 000 000 $ à 11 000 000 $.
Ça, on n'est pas en désaccord là-dessus. Une exception,
où on a une réserve, c'est quand il y a absence totale de
contribution de l'employeur à cause des surplus; là, on n'est pas
d'accord. On dit que sa contribution ne devrait pas être moindre que
celle des employés. Comme exemple, si l'employeur cotise 8 % à la
caisse de retraite et les employés 5 %, s'il y a un surplus, ce qui
permettrait à l'employeur de diminuer sa contribution à 3 %, on
dit qu'il ne pourrait pas la diminuer plus qu'à 5 %. Ça va
nécessairement générer, peut-être, certains autres
surplus. À ce moment-là, il y aurait distribution, après
entente entre les parties.
Mais que le gouvernement impose une distribution dans le cours normal
d'opération d'un régime de retraite, c'est évident qu'il y
a, comme je vous le disais tout à l'heure, des endroits où ils
l'ont négociée, cette contribution- là, qui est
supérieure à ce dont on aurait normalement besoin, comme
contribution, pour assurer la pleine capitalisation, dans le but de
revaloriser, après, avec les surplus qui se sont dégagés.
D'ailleurs, c'est certain que les régimes qui ont des revalorisations ad
hoc tous les deux ans, tous les trois ans ou tous les ans pour dire qu'on va
"upgrader" le régime... Prenez un régime à salaire
carrière; on va l'"upgrader" au dernier salaire, au cours, disons, de
l'année 1990. Fondamentalement, c'est parce que la promesse n'est pas
dans le régime pour dire qu'il va être appliqué sur le
salaire final. Mais s'ils font ça tous les ans avec les excédents
de contribution que chacune des parties, volontairement, a faits, bien c'est
comme si c'était un salaire final, excepté qu'il n'est pas
capitalisé. Mais ils utilisent ces surplus-là pour bonifier le
régime. Puis ça, en tout cas, moi, je trouve ça tout
à fait correct.
C'est pour ça que si le gouvernement prend position pour dire: On
va obligatoirement distribuer les surplus en cours d'opération d'un
régime de retraite, bien tous ceux qui auraient négocié ce
genre de clause là dans le régime, en utilisant et en sachant
fort bien qu'il pouvaient utiliser les surplus, là ils seraient
obligés de les distribuer. Et probablement qu'une des positions, ce
serait de distribuer 50 % à l'employeur et 50 % au participant alors
qu'aujourd'hui ils utilisent la totalité de ces surplus-là pour
bonifier leur régime.
Ecoutez, c'est des situations qui sont particulières dans
à peu près chacun des régimes. Moi, je sais bien qu'au
niveau de la Fédération des policiers du Québec, c'est ce
genre de tendance là qu'ils ont à négocier: des
contributions fixes qui sont plus élevées que ce qui serait
normalement nécessaire pour pouvoir capitaliser leur régime. Ils
utilisent ces excédents-là pour bonifier, d'année en
année, leur régime de retraite.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qu'on doit répondre? Qu'est-ce que
vous me suggéreriez de répondre aux employeurs qui nous disent:
Lorsque le régime est déficitaire, nous, on est seuls requis de
contribuer pour faire en sorte que le régime redevienne solvable; c'est
également nous qui sommes obligés, nous seuls, de fournir,
éventuellement, la rente à la retraite. Et, s'il manque des
fonds, on doit faire en sorte que les fonds soient dans le fonds de pension
pour être capables de payer ces prestations de retraite là. Alors,
en conséquence, s'il y a des surplus, puisque, nous, on est responsables
de combler les déficits, on devrait avoir droit aux surplus. Qu'est-ce
que je réponds à ça?
M. Perron (Jacques): Bon. En fait, on va distinguer...
M. Bourbeau: Et la contrepartie de ça, c'est
que si vous préconisez que les surplus doivent être
distribués exclusivement aux participants, est-ce qu'on ne pourrait pas
dire que les déficits aussi devraient être comblés
exclusivement par les participants?
M. Perron (Jacques): Écoutez, ce n'est pas une position
avec laquelle je serais en désaccord, à l'exception, par exemple,
que la représentativité des participants à la caisse de
retraite ne serait pas huit-deux. Je veux bien mettre la main à la
pâte pour les déficits, mais je veux avoir le plein droit au
chapitre des orientations de placements de la caisse de retraite. Ça, je
ne pense pas que l'employeur serait d'accord pour faire ça.
Mais si on revient à votre question première, les
déficits, si on parle d'un déficit d'amélioration,
ça, c'est une autre chose. Un déficit d'amélioration,
c'est que les parties, de toute façon, lorsqu'elles ont
négocié, savaient combien c'était pour coûter, un
déficit d'amélioration du régime de retraite. Donc, cet
engagement-là, il est connu. Il peut varier quand même avec le
temps, compte tenu des rendements, mais fondamentalement, cet
engagement-là est connu. Donc, les déficits
d'amélioration, je pense que c'est un événement qui est
complètement à part d'un déficit d'opération ou un
déficit qui peut arriver d'une évaluation actuarielle à
l'autre.
Mais les variations - on sait pertinemment que les actuaires, c'est des
gens conservateurs par nature - dans les contributions de l'employeur pour
tenir compte des fluctuations de l'économie ne sont quand même pas
si énormes que ça. Il ne peut pas se dégager des grands
déficits parce que les rendements attendus n'ont pas été
effectivement réalisés. Donc, dans ce contexte-là, la
caisse, bon an, mal an... C'est pour ça que, nécessairement,
comme je vous le disais tout à l'heure, si on faisait faire une
évaluation actuarielle du régime aujourd'hui, chez nous,
probablement qu'il y aurait un déficit, compte tenu que les rendements
attendus dans l'évaluation actuarielle et les rendements
réalisés au cours de l'année 1990 ont été
moindres. D'autre part, si on regarde ça sur des périodes de 5
ans ou sur des périodes de 10 ans, les variations sont quand même
très mineures, ce qui fait qu'il peut se dégager de temps en
temps des surplus, de temps en temps des déficits. D'autre part, somme
toute, sur une longue période, ce sont des choses qui
s'égalisent.
Dans ce contexte-là, l'argument de l'employeur pour dire: Moi,
compte tenu que c'est moi qui doit payer les déficits, les surplus
devraient m'appartenir, dans le cas de terminaison de régime, là
c'est une autre réflexion qu'il faut faire. Dans le cas de terminaison,
c'est complètement autre chose. Dans le cas d'opérations
courantes d'un régime de retraite, que ce soit l'employeur qui empoche
les surplus ou les déficits, ça ne me dérange pas trop
trop. Parce que, bon an, mal an, ça va s'équilibrer dans le
temps.
M. Bourbeau: Si on parlait maintenant des régimes non
contributifs, où seulement l'employeur contribue; la part qui est
allouée aux participants dans ces régimes-là, vous
suggérez que cette part-là soit établie sur la base de -
si j'ai bien compris - la moitié de la moyenne des cotisations
patronales établies dans les deux dernières évaluations
actuarielles.
M. Perron (Jacques): Oui.
M. Bourbeau: j'ai un peu de difficulté à saisir la
technique de calcul que vous proposez. est-ce que ça produirait,
ça, une part qui, disons, serait à peu près de 50 %? quel
serait le partage...
M. Perron (Jacques): Qui est à peu près 50 %. La
contribution de l'employeur au cours d'une évaluation actuarielle...
C'est pour ça qu'on a dit que ça pourrait être les trois
dernières évaluations actuarielles. Mais si les deux
dernières évaluations actuarielles... Parce que si on prenait
juste la dernière - et elle est arrivée en 1989 - compte tenu des
rendements que la caisse a obtenus, la contribution de l'employeur va avoir
normalement diminué, compte tenu des rendements. mais si on prend
ça sur une période de six ans, si la contribution de l'employeur,
dans un régime non contributif, est de l'ordre de 10 %, je pense qu'on
peut raisonnablement s'attendre à ce que, normalement, les
employés ont dû concéder peut-être 5 % d'une
rémunération quelconque, pour dire à l'employeur: tu vas
contribuer complètement dans mon régime et c'est toi qui vas le
capitaliser; moi, je ne paierai pas. mais on dit, nous autres, que
l'employé a au moins, par voie de négociations,
concédé des choses pour que l'employeur contribue
complètement au régime.
Et dans la philosophie que les employés participent sous une
forme ou sous une autre à l'enrichissement ou à la contribution
à un régime de retraite, on dit que, dans ce contexte-là,
on va prendre les deux évaluations actuarielles. Ici, dans un cas, la
contribution de l'employeur était de 10 et, dans l'autre cas
d'évaluation, elle était de 12. Bien, ça fait 11
divisé par 2, ça fait 5,5 pour chacun des côtés.
Parce qu'il faut en déterminer une, si jamais le gouvernement disait
qu'on va distribuer les surplus au-delà d'une réserve minimale.
Comment fait-on dans le cas des régimes non eontributoires? Les
employés ont contribué pareil dans ces régimes-là,
même si, effectivement, le règlement du régime dit que les
10 % ne viennent pas de la poche des employés. Mais, dans une certaine
mesure, il y en a au moins la moitié qui vient de la poche des
employés.
M. Bourbeau: On se demande si les 50 % de la part de l'employeur,
en fait, ça ne se trouve pas à être un tiers des
cotisations totales, ça.
M. Perron (Jacques): 50 % de la part de l'employeur? Non. Ce
n'est pas un tiers. Dans l'exemple que je vous ai donné, prenez deux
évaluations actuarielles. Il y a une évaluation actuarielle qui
disait qu'effectivement, l'employeur devait contribuer de 10 % au régime
de retraite, et l'autre évaluation dit 12 %. On dit qu'on prend ces deux
évaluations-là, on en fait la moyenne, ce qui fait 11 %. Les
employés, on dit qu'effectivement, ils auraient contribué pour la
moitié de ça, donc 5,5 %, et l'employeur,
o,o /o.
M. Bourbeau: Bon. O.K. Maintenant, à la page 3 de votre
mémoire, vous suggérez d'introduire une règle qui*
permettrait à l'employeur de réduire sa cotisation d'exercice
jusqu'à concurrence de la cotisation salariale de l'année. Sur
quoi vous appuyez-vous pour suggérer cette méthode-là?
M. Perron (Jacques): Jusqu'à concurrence de la cotisation
salariale des policiers, des participants au régime de retraite. Nous
autres, bien, fondamentalement, on prend pour acquis que ce sont tous les
participants qui financent leur régime de retraite. Dans ce
contexte-là, on dit que si la contribution de l'employeur varie dans le
temps pour tenir compte des fluctuations de rendement, la vacance de
contribution de l'employeur ne pourrait pas être zéro. Pour dire,
une année, l'employeur ne va pas contribuer à la caisse de
retraite. Les surplus qui ont été générés,
ce n'est pas juste sur la contribution que l'employeur aurait faite dans la
caisse de retraite, c'est aussi sur la contribution que les employés ont
faite dans la caisse de retraite. C'est dans ce contexte-là qu'on dit
que l'employeur ne pourrait pas avoir une vacance de contribution moindre que
la contribution des participants. Et si les participants contribuent de 5 %,
bien l'employeur, lui, ne pourrait pas avoir une vacance totale de
contribution, il serait obligé de contribuer de 5 %. Sinon, on prend
pour acquis que c'est juste les contributions que l'employeur a faites qui
génèrent les surplus. Bien non. Moi, quand je contribue de 8 %
dans ma caisse, bien, j'ai mis de l'argent dedans.
M. Bourbeau: Alors, la contrepartie de ça, c'est que vous
reconnaissez que les surplus ne proviennent pas non plus exclusivement des
contributions des travailleurs. C'est donc un composé des deux,
quoi.
M. Perron (Jacques): C'est exact.
M. Bourbeau: Alors, quand on parle de distribuer
éventuellement les surplus, si les surplus sont
générés par les efforts des deux participants, pourquoi ne
pourrait-on pas accepter aussi que les surplus soient partagés entre les
deux participants et non pas versés à un seul?
M. Perron (Jacques): Bon. C'est que le risque que l'employeur
prend... Et, pour moi, ça limite sa contribution, à l'employeur.
En prenant pour acquis qu'effectivement, l'employeur contribue pour la
moitié et que, moi, je contribue pour la moitié à la
caisse de retraite, ça, je peux prendre ça pour acquis, dans le
cas où, effectivement, il y a absence ou il y a vacance de contribution
de l'employeur à cause des fluctuations qui peuvent arriver d'une
évaluation à l'autre. Quand je vous disais tout à l'heure
que, fondamentalement, ce sont les employés seuls qui assument le
coût de la caisse de retraite... Parce que, si l'employeur ne mettait pas
10 % dans la caisse de retraite, j'ai l'impression que les employés
l'auraient sous une autre forme de bénéfices. Bien, je
présume. Parce que je ne pense pas que l'employeur va faire une
gratuité comme ça. Ça, c'est venu par voie de
négociations.
M. Bourbeau: Quand il y a un syndicat. Mais quand il n'y a pas de
syndicat? (10 h 15)
M. Perron (Jacques): Alors quand il n'y a pas de syndicat,
probablement que l'employeur a voulu s'attacher certaines personnes aussi, je
veux dire, et puis il a fait une caisse de retraite. Et puis, écoutez,
si on revient dans le temps... Et puis, d'ailleurs, lorsqu'on va sortir
l'historique de la caisse de retraite des policiers de la Communauté,
l'histoire nous enseigne qu'effectivement, à l'époque, il y avait
énormément de difficultés à recruter des policiers.
Et c'est dans ce contexte-là, effectivement, qu'ils ont
créé une caisse de retraite pour recruter des policiers.
Ça fait qu'un employeur qui crée une caisse de retraite,
si on ne prend que le gouvernement, avec les employés du gouvernement,
bien je suis d'accord, il y a un syndicat. Ils ont négocié. Mais,
d'un autre côté, un employeur qui crée une caisse de
retraite pour ses employés, je ne pense pas qu'il fasse ça
purement gratuitement. Quand il donne des augmentations de salaire à ses
employés, là où il n'y a pas de syndicat, bien
écoutez là, il tient compte aussi de ce qu'il paie dans la caisse
de retraite au niveau des augmentations de salaire qu'il peut donner.
Généralement, c'est comme ça.
Et c'est dans ce contexte-là que je dis que, lorsqu'il y a
terminaison de régime, en prenant comme point de départ que,
fondamentalement, ce sont les employés qui ont contribué
globalement à leur caisse de retraite et que, de toute façon, les
deux parties savaient exactement à quoi elles s'engageaient, dans une
continuation permanente d'un régime de retraite, donc projec-
tion de salaires, l'argent a été versé à la
caisse pour assurer ces rentes-là dans le temps. Et, à cause
d'une terminaison de régime, il y a une partie de ces
contributions-là où des surplus dégagés qui s'en
iraient à l'employeur. Moi, je trouve ça anormal parce que les
parties savaient les engagements qu'elles avaient. Ce n'était pas un
engagement de terminer le régime dans trois ans d'ici. C'était un
engagement d'une continuation permanente du régime de retraite. Et c'est
dans ce contexte-là qu'on dit que les surplus, dans le cas de
terminaison, devraient revenir exclusivement aux participants.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Perron (Jacques): Et d'ailleurs, ce n'est pas fait...
Le Président (M. Joly): C'est parce que, de la
façon dont on procède, tout le temps que vous prenez dans votre
réponse est imputable à la formation qui a posé la
question.
M. Perron (Jacques): Je m'excuse.
Le Président (M. Joly): Et comme on a déjà
débordé largement, disons, de l'enveloppe de temps qui nous est
donnée, on est en train d'empiéter...
M. Bourbeau:... d'hypothéquer...
M. Bourdon:... de faire déborder la mienne.
Le Président (M. Joly): D'empiéter, donc, sur
l'opération totale de la commission.
M. Bourdon: Ce sont les vases communicants.
Le Président (M. Joly): Alors, c'est pour ça que
j'apprécierais si, au niveau des réponses, on pouvait le faire
d'une façon peut-être un peu plus concise, s'il vous plaît.
Alors, je vais reconnaître le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je veux souhaiter la
bienvenue à l'Association de bienfaisance qui gère un des plus
vieux fonds de retraite du Québec, un des plus gros, et un des plus
avantageux pour les membres.
Vous dites dans votre mémoire: "À titre de
représentants élus des participants de la caisse de retraite,
nous avons été tentés de vous dire que les
excédents d'actif devraient appartenir exclusivement aux participants. "
J'aurais aimé, puisque vous avez été induits en tentation,
que vous succombiez à la tentation. Et à cet égard, je ne
peux m'empêcher, M. le Président, de noter qu'il y a
peut-être une saveur un peu corporatiste à votre mémoire,
dans le sens que, d'évidence, vos talents d'administrateurs et de
négociateurs ont donné aux policiers retraités de la
Communauté urbaine des avantages appréciables. Mais vous avez une
tendance que j'ai connue aussi, je le dis tout de suite au ministre, quand
j'étais dans le mouvement ouvrier, là, dans le temps qu'il y
avait plus de grèves, comme il le soulignait hier, c'est que les gens
qui ont une situation confortable ont une tendance naturelle à s'asseoir
sur leur situation confortable.
Et vous ajoutez dans votre mémoire: "Mais en tant que justiciers
de carrière, nous avons poursuivi plus en profondeur notre
réflexion pour essayer de délier des positions parfois
difficilement conciliables, en vous proposant des avenues qui nous semblent
justes et équitables. " Je pense que, ce faisant, vous avez agi moins en
tant que justiciers de carrière qu'un peu en tant qu'arbitres. Je vois
le président de la Fédération des policiers dans la salle;
j'imagine qu'il lui est arrivé, en lisant une sentence arbitrale tenant
lieu de convention collective pour un syndicat affilié à la
Fédération, de ne pas être tellement d'accord avec la
décision de l'arbitre. Ça arrive. Et, dans le fond, c'est le
même réflexe que j'ai. Je ne suis pas tellement d'accord avec le
fait que vous n'ayez pas succombé à la tentation. Et, dans ce
sens, je pense que l'usage des excédents d'actif par l'employeur en
cours de régime, ça comporte un inconvénient; c'est qu'on
n'indexe pas et on ne bonifie pas les régimes de retraite dans la mesure
où l'argent est retourné à l'expéditeur, si on
veut.
J'ai eu l'occasion de discuter avec M. Perron et les deux personnes qui
l'accompagnent du problème des policiers de certaines
municipalités de banlieue, dont une me tient à coeur,
Montréal-Est, parce qu'ils sont dans mon comté de
Pointe-aux-Trembles et qu'ils votent. Et, malgré vos efforts, vous
n'avez pas réussi à négocier avec les élus
municipaux pour bonifier leur retraite, pour qu'ils aient les mêmes
avantages que les autres policiers puisque eux disent - et je pense que c'est
vrai - qu'ils ont contribué autant que les autres.
Alors, à cet égard - c'est ma première question -
est-ce que les suppléments d'actif, les surplus d'actif, dans le cas des
policiers sur l'île de Montréal, ne pourraient pas, au lieu
d'être retournés en congés de cotisations ou autrement
à l'employeur, servir à bonifier les retraites des policiers de
banlieue, par exemple, qui ont été intégrés?
M. Perron (Jacques): Bon, je vais essayer d'être concis
dans ma réponse.
M. Bourdon: Non, non, M. le Président, je n'ai pas
été concis dans ma question.
Le Président (M. Joly): Vous avez tout le temps qu'il faut
parce que, dans le fond, c'est imputé au député comme tel.
Sauf que, quand on arrive à la toute fin, c'est difficile de
gérer
l'enveloppe de temps.
M. Perron (Jacques): Bon. C'est une question quand même
très complexe qui a été posée par le
député. C'est évident que, lors de l'intégration
des forces policières, il y a eu tout près de 1100 policiers de
secteurs qui ont été intégrés aux forces
policières de la Communauté urbaine de Montréal, et ces
policiers ont gardé le régime qu'ils avaient avant 1972. Et, dans
ce contexte-là, c'est probablement chacune de ces
municipalités-là qui n'a pas fait en sorte de revaloriser le
régime de retraite de ces expoliciers durant le temps qu'elles
revalorisaient la rente des autres employés de la municipalité
et, souvent, avec des surplus qui étaient dégagés à
même les contributions que ces policiers-là avaient faites au
régime de retraite.
Ça, c'est un problème juridique. Et vous me dites:
Pourquoi ne pas utiliser les surplus de la caisse de retraite du régime
de la CUM pour bonifier ces policiers-là? Écoutez,
premièrement, la caisse du régime CUM est loin d'être en
surplus, elle est déficitaire; elle a presque toujours été
en déficit constant. D'un autre côté, si on veut assurer la
pleine capitalisation du régime des policiers de la Communauté...
Comme je le disais tout à l'heure, le déficit est passé,
en 1987, de 125 000 000 $ à 75 000 000 $ et, tant et aussi longtemps que
ce déficit-là ne sera pas amorti, il n'y aura pas pleine
capitalisation du régime.
Et au delà de ça, s'il y a des surplus, c'est
évident que ça va être, à ce moment-là, au
syndicat à négocier l'utilisation de ces surplus-là. Mais
ça, ça ne règle pas nécessairement le
problème de ceux qui ne sont pas représentés par le
syndicat. Et, d'autre part, avec la loi 116 où il y a une
représentativité au niveau du comité de retraite, je pense
qu'un peu tout le monde va pouvoir être un peu plus conscient de la
mécanique des régimes de retraite et faire en sorte, même
s'ils ne sont pas représentés par un syndicat, de pouvoir au
moins s'asseoir avec l'employeur et négocier l'utilisation, dans le
cours d'opération d'un régime de retraite, de ces
surplus-là.
M. Bourdon: M. le Président, ce que je voudrais d'abord
dire, c'est que, dans le cas des policiers de banlieue dont il est question,
ils subissent l'injustice suivante, que M. Perron décrit bien: Leur
ancienne municipalité, si on peut dire, revalorisait pendant des
années les rentes des autres employés, mais comme eux oeuvraient
dorénavant pour la Communauté urbaine, on ne revalorisait pas la
leur.
Et dans ce sens-là, je pense qu'on peut parler d'une injustice.
On m'a mentionné comme ordre de grandeur, qu'à contributions
égales, un policier a 24 000 $ de retraite et que son voisin a 32 000 $
de retraite. C'est de cet ordre de grandeur. Et on me signale aussi qu'il y a
même, dans la même voiture-patrouille, deux policiers du même
âge, donnant la même contribution, et dont les perspectives de
retraite sont radicalement différentes.
Alors, ça veut dire que, même au paradis, il existe des
imperfections et des nuages. Et à cet égard, ça me fait un
peu penser au système de double rémunération qui existe
aux États-Unis. Je veux donner un exemple qui ne scandalisera pas le
ministre. Il y a trois ans, dans la revue Fortune, qui n'est pas
péquiste ni spécialement social-démocrate, on a mis en
première page une photo de deux hôtesses de l'air: une à
1200 $ par mois, embauchée en vertu de la nouvelle échelle, et
une à 3600 $ par mois. Et elles se jetaient, pour prendre des termes de
romancier français, un regard peu amène; et ce n'était pas
une jalousie à cause d'une affaire d'homme. C'est que celle à
1200 $ avait tendance à trouver que les turbulences l'affectaient autant
que celle à 3600 $. Et je reviens à la voiture-patrouille. Si
j'étais un policier originaire de banlieue et que mon voisin de
patrouille avait une espérance de caisse de retraite de 70 % du salaire
et moi de 50 % de mon salaire - je donne un chiffre arbitraire, mais on me dit
que l'ordre des différences est à ce point-là - eh bien,
j'aurais un peu moins le sens de la fraternité avec mon compagnon dans
la voiture-patrouille.
Tout ça pour dire au ministre que, si l'Association de
bienfaisance ou la Fraternité des policiers me le demande, j'entends
déposer une législation pour corriger cette situation-là,
dans ce qu'on appelle les projets de loi privés, pour régler des
choses. Et comme le ministre de la Sécurité publique est
particulièrement généreux, je suis convaincu qu'il va
accepter de mettre la trentaine de millions de dollars qui seraient
nécessaires pour corriger la situation.
Mais il reste que ces municipalités-là ont utilisé
des surplus d'actif pour revaloriser les pensions, les prestations des autres
employés, mais pas celles des policiers. Et à cet égard,
je me demande même si elles n'ont pas fait quelque chose d'illégal
à l'égard de la Charte des droits parce qu'on peut parler de
discrimination sur la base du statut social. Peut-être étions-nous
devant des maires et des conseillers municipaux qui avaient frappé une
contravention un peu douloureuse à un moment donné. Mais
ça, je me refuse à le croire du frère du ministre de la
Sécurité publique à Montréal-Nord, par exemple, qui
a joué un si grand rôle dans le conseil qu'il lui a donné
de revenir en vainqueur au congrès libéral de la fin de semaine.
La parenthèse étant fermée...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: ...M. le Président...
Le Président (M. Joly): Vous étiez quand même
pertinent, M. le député.
M. Bourdon:. ...Oui, je voudrais demander à M. Perron s'il
ne pense pas qu'il y a quelque chose d'injuste à permettre à un
employeur de mettre fin unilatéralement à un régime de
retraite? Je l'ai dit hier, aux États-Unis, dans les années qui
ont suivi 1982, ça a été la mode. On disait aux
employeurs: Mettez fin à votre caisse de retraite et buvez le fonds de
retraite - buvez, je suis tenté par l'exagération une fois ou
deux par année - pas le boire, mais s'en servir pour se financer.
J'ai deux questions, dans le fond, ou, comme on dit en Chambre pour
être conforme, ma question comporte deux volets. Le premier volet, c'est
celui-ci. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction entre votre position qui dit
que, lors de la terminaison d'un régime, tous les surplus vont
exclusivement aux participants, mais que vous dites qu'en cours de
régime, ça devrait être partagé 50-50? Ça,
c'est le premier volet. (10 h 30)
Le deuxième volet: Dans la mesure où le Barreau du
Québec, hier - ça, ce ne sont pas des justiciers, mais ce sont
souvent des arbitres - disait que c'était inconcevable qu'on permette
aux employeurs de décider unilatéralement d'une caisse de
retraite... Le Barreau nous disait: Un contrat, c'est entre deux parties, puis
pour modifier le contrat ou pour mettre fin au contrat, ça devrait
prendre l'accord des deux parties. Ne trouvez-vous pas qu'il est injuste de
permettre aux employeurs, comme le ministre s'apprête à le faire
s'il n'écoute pas les voix autour de cette table qui vont lui conseiller
de faire attention à ça, de permettre aux employeurs de terminer
une caisse de retraite? Même quand l'employeur en a décidé
tout seul, puis même quand il a décidé d'être
généreux, une personne qui pense avoir droit à une
retraite et qui a investi 20 années de sa vie dans l'entreprise,
à qui on annonce: Bien là, tu as les bénéfices de
cette année. Tu as 50 ans, c'est calculé sur ta rente maintenant,
sur une rente à laquelle tu aurais droit maintenant, pas sur celle dans
10 ans. C'est ce qu'on appelle des régimes de fin de carrière.
Pour l'employeur, ça crée un surplus de donner la rente de
maintenant plutôt que celle dans 10 ans, et l'employeur dit: Bien, je me
le mets dans la poche, puis au revoir, merci, continue de travailler sans fonds
de pension.
Donc, les deux questions. Pourquoi y a-t-il dans votre mémoire
une règle de distribution d'actif différente à la
terminaison d'un régime de celle pendant l'existence d'un régime?
Deuxièmement, trouvez-vous décent qu'on permette aux employeurs
de mettre fin à un régime alors que ça veut dire donner
à une seule partie le droit de mettre fin à un contrat?
Le Président (M. Joly): Alors et pour le plaidoyer et pour
la question, M. Perron.
M. Perron (Jacques): Bon, pour la première question,
à savoir la position que l'on prend lors de la terminaison de
régime, que l'ensemble des surplus doit retourner aux employés,
il est évident que si le gouvernement prenait cette position-là,
dans plusieurs cas, du moins, il y a beaucoup d'entreprises qui ne seraient pas
incitées à terminer le régime parce qu'il y en a qui sont
incitées à terminer le régime dans le but d'aller
effectivement chercher des surplus puis de les utiliser pour faire autre chose
au niveau de l'entreprise. Pour moi, l'argent qui est dans la caisse de
retraite, c'est comme le salaire de l'employé. Tu ne peux pas utiliser
le salaire de l'employé pour faire fonctionner l'usine. Pourquoi
utiliser l'argent qui est dans la caisse de retraite à d'autres fins que
celles qui ont été décidées durant le temps, qui
étaient orientées et utilisées pour payer des rentes?
Donc, dans ce contexte-là, pour nous autres, ça ne va pas
empêcher légalement de le faire, mais ça va faire en sorte
qu'il va sûrement y avoir beaucoup moins de terminaisons de
régimes, compte tenu qu'ils ne pourraient accaparer les surplus
générés lors de la terminaison de régime.
De là, par exempte à dire - puis ça, là, on
embarque peut-être dans des considérations légales
où je n'ai pas cette formation-là - est-ce qu'un régime de
retraite peut se terminer unilatéralement par l'employeur? Moi, je peux
vous dire qu'on a une clause dans le régime de retraite, à savoir
que le régime de retraite ne peut pas être modifié sans le
consentement du syndicat. Donc, dans ce contexte-là, ça
empêche effectivement la terminaison du régime.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, on peut penser qu'un
employeur, même s'il ne pouvait pas s'approprier les surplus lors de la
terminaison d'un régime, pourrait trouver avantage à le terminer
parce qu'il arrêterait d'y contribuer.
M. Perron (Jacques): Oui.
M. Bourdon: Et il y a toujours une contradiction entre ce que
vous dites: 100 % au participant quand il termine, et c'est louable que vous
ayez comme but de dissuader l'employeur de le terminer, mais encore, en
anglais, "incentive" à le terminer parce qu'il ne paiera plus,
même s'il ne peut pas s'approprier les surplus. Et sur l'autre
point...
M. Perron (Jacques): Mais là, si, effectivement,
l'employeur ne pouvait terminer son régime de retraite
unilatéralement, il est bien évident... En tout cas, moi, je ne
connais pas beaucoup d'employés qui diraient oui à ce genre de
proposition-là, ce qui ferait qu'il y aurait un contrat perpétuel
dans le temps, jusqu'à temps que l'entreprise ferme ses portes. Tu sais,
fondamentalement, puis ça, je ne veux pas embarquer...
M. Bourdon: Mais, voyez-vous, M. Perron...
M. Perron (Jacques):... dans un débat juridique où,
comme je vous dis, je...
M. Bourdon: Vous me permettrez de dire que le défaut que
votre position comporte, c'est de prendre pour acquis que tout le monde est
syndiqué et que tout le monde peut se défendre. Ce que je veux
dire par là, c'est qu'il n'y a que 40 % des travailleuses et
travailleurs au Québec qui sont syndiqués, et dans le secteur de
la fabrication, c'est 20 %. Alors, ce que je veux dire, c'est que, pour
ceux-là et celles-là, l'employeur décide tout seul du
régime. Mais le Barreau est venu hier nous dire: II décide tout
seul, mais ça devient un contrat, ça fait partie du contrat
social. Écoutez, les gens de Simonds, par exemple, CSN, où les
gens de Signer, FTQ, Métallos, qui espéraient une pension de 700
$, ils n'espéraient pas le meilleur des mondes. Ils sont en poursuite
contre leurs employeurs parce qu'ils se retrouvent avec des retraites de 200 $
par mois, parce que Singer et Simonds sont parties aux États-Unis - il y
a ça de bon, on ne les voit plus - mais ils prétendent sortir des
millions de dollars pour lesquels les gens ont contribués. Je retiens
que, dans votre mémoire, vous dites: Ils n'auraient pas pu s'ils avaient
suivi l'Association de bienfaisance des policiers. Sauf que s'ils vous suivent
et si le ministre vous suit... Et faites attention, le ministre, sur cette
pente-là, il glisse rapidement. Je ne sais pas pourquoi, mais ça
glisse du côté des employeurs avec une grande facilité.
Bien écoutez, les Singer et les Simonds, il y a une façon bien
simple de passer à côté, c'est de se donner des
congés de contribution jusqu'à ce que le surplus soit
éteint. Au lieu d'enlever le bouchon complètement, tu
enlèves le bouchon à moitié: ça gargouille moins,
ça fait moins de bruit, mais tu vides le bain. Je vous pose une
question...
M. Perron (Jacques): Non. Ils ne peuvent quand même pas se
donner des vacances de contribution. Il faut qu'ils assurent la capitalisation
du régime.
M. Bourdon: Oui.
M. Perron (Jacques): C'est au-delà de la capitalisation
qu'il peut y avoir des surplus. Dans le cas de terminaison, il ne peut pas y
avoir... Je veux dire, il est terminé, le régime, et s'il y a des
surplus qui sont dégagés... Normalement, il y a des surplus qui
sont dégagés et c'est dans ce contexte-là qu'on dit que
ça doit revenir aux employés.
M. Bourdon: Mais, M. Perron, vous ne pensez pas qu'un
employeur... Supposons, pour un seul instant, un employeur qui n'aurait pas la
même bonne foi que l'Alcan, ou la même bonne foi que le Conseil du
patronat qui va venir plus tard dans la journée dire la même chose
que vous, à certains égards, un employeur qui n'est pas d'une
absolue bonne foi, pris devant la décision du ministre de vous donner
raison pour les terminaisons de régimes, et qui planifie de fermer dans
x années... Parce que, quand on ferme au Québec, c'est gratuit
et, quand on ferme en Ontario, ça coûte jusqu'à 26 semaines
de salaire qu'on doit verser aux employés. Mais ça, le ministre
va y mettre fin; question de mois, 20 mois peut-être. Mais en attendant,
M. Perron, vous ne pensez pas qu'un employeur qui ne serait pas d'une absolue
bonne foi - et avant que le ministre le dise, j'ai connu des syndiqués
qui n'étaient pas d'une absolue bonne foi -...
Le Président (M. Joly): En conclusion, M. le
député.
M. Bourdon:... il pourrait, par des congés de
contribution, vider les surplus pour le terminer sans surplus, le
régime. Vous ne pensez pas que ça pourrait arriver?
M. Perron (Jacques): Ah! Il pourrait y avoir des absences de
contribution, mais à concurrence, par exemple... Je veux dire, il ne
pourrait pas aller en bas de la capitalisation du régime de retraite.
Ça, ça serait juste l'utilisation de ces excédents de
surplus là. Mais dans le cas de terminaison, s'il y a des surplus, il ne
peut pas y avoir absence de contribution pour tenir compte des surplus au cas
où il y aurait terminaison dans deux ans. Là, il ne pourrait pas
le faire. En tout cas, la loi ne lui permettrait pas de le faire.
M. Bourdon: Mais, M. le Président, je veux...
M. Perron (Jacques): M. Bourdon... M. Bourdon: Oui.
M. Perron (Jacques):... juste pour terminer, si je vous suis dans
votre orientation, il faudrait fondamentalement, effectivement, qu'au
Québec, il y ait un régime minimal pour tous les employés.
Ça, c'est bien évident qu'on n'est pas contre une position comme
ça. Ça, c'est certain.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je voudrais, au nom de
l'Opposition officielle, remercier les représentants de l'Association de
bienfaisance. Et, pour être conforme à leurs
réalités, je leur dis que je conçois cette commission,
indépendamment des partis, comme le 911 des victimes des
détournements de fonds dans les fonds de retraite par certains
employeurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perron (Jacques): Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Pointe-aux-Trembles. M. le ministre, le mot de la fin.
M. Bourbeau: Je me permets de remercier les représentants
de l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal, son président, M. Perron,
pour un exposé très succinct et très clair de la position
de l'Association, et je peux vous assurer que, compte tenu des liens
très étroits qui vous unissent, du moins par la tradition, par
l'ancienneté...
M. Bourdon: Pour une fois que le mémoire donne raison au
ministre.
M. Bourbeau: ...avec la haute direction de la Régie des
rentes, votre mémoire va être lu et relu avec attention. Je vous
remercie.
Le Président (M. Joly): Merci, au nom des membres de cette
commission. à mon tour de vous remercier. alors, je vais maintenant
appeler les représentants de la fédération des
travailleurs et travailleuses du québec, ftq. s'il vous plaît de
bien vouloir vous avancer.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprisée 10 h 54)
Le Président
(M. Joly): nous allons reprendre nos
travaux. m. le député de pointe-aux-trembles, je vous reconnais
sur une question de règlement.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre a quitté
la salle pour une vingtaine de minutes. Moi, je pense que ça ne devrait
pas influencer le temps consacré à chaque organisation qui vient
témoigner devant nous. C'est parce qu'il faut ajouter ça à
son retard habituel, le matin et, à un moment donné, quand on ne
veut pas couper ceux qu'on entend, M. le Président, on coupe sur notre
heure et demie de dîner qui est la seule chose qu'on a de comparable aux
travailleuses et aux travailleurs.
Le Président (M. Joly): C'était déjà
convenu qu'on était pour suggérer aux membres de cette commission
de déborder 12 h 30 pour se projeter dans le temps nécessaire
justement pour l'audition des mémoires, tel que stipulé par nos
règlements. M. le ministre m'avait demandé la possibilité
de retourner un appel important. Alors, c'est la raison.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je voudrais quand même que vous notiez une
chose. Je sais que le député de Pointe-aux-Trembles est
relativement nouveau dans l'appareil politique. Il devrait savoir que la
moitié du temps, quand les séances commencent en retard, c'est
l'Opposition qui est en retard, et le ministre a une convention avec
l'Opposition qu'on ne fait jamais ce genre de remarques. Quand il y a un retard
au niveau de l'Opposition, on le tolère. On comprend très bien
qu'il peut y avoir parfois des retards. Maintenant, si le député
de Pointe-aux-Trembles veut en faire état, moi, je n'ai pas d'objection,
mais disons que, dans le passé, je me suis abstenu de ce genre de
remarques à son endroit.
M. Bourdon: M. le Président, pour une bonne raison: le
ministre ne pouvait pas dire que j'étais en retard, j'étais
à l'heure.
M. Bourbeau: Pour une fois, oui. Pour une fois. Aujourd'hui, je
le reconnais.
M. Bourdon: Hier aussi, et il ne pouvait pas le vérifier
hier, il était 20 minutes en retard.
M. Bourbeau: Vous avez une bonne semaine. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Bourbeau: Le député de Pointe-aux-Trembles a une
bonne semaine.
Le Président (M. Joly): Partant de là, compte tenu
qu'on s'était entendus sur le principe de déborder sur l'heure
qui, normalement, nous est allouée, je vais demander à M. Daoust,
qui représente... Bon, je vais demander à M. Daoust, qui
représente la Fédération des travailleurs et travailleuses
du Québec, FTQ, de bien vouloir présenter les gens qui
l'accompagnent et d'excuser ce petit impair.
Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec
M. Oaoust (Fernand): Merci beaucoup, M. le Président. Je
vous présente, à ma droite, Claude Ducharme, président du
comité sur les régimes de retraite de la FTQ,
vice-président de la FTQ, directeur québécois des
travailleurs canadiens de l'automobile; Edmond Gallant, vice-président
de la FTQ, vice-président du Syndicat canadien des travailleurs du
papier et membre du comité de retraite de la FTQ; Jean-Guy Frenette,
à ma gauche, conseiller politique de la FTQ; Louis Ascah,
économiste, et Marcel Rivest, avocat, qui, tous deux, agissent comme
conseillers de la FTQ dans ce dossier.
Le Président (M. Joly): Vous avez une vingtaine de
minutes, M. Daoust, pour nous exposer votre mémoire.
M. Daoust: Merci beaucoup. La FTQ, qui représente plus de
450 000 membres, est intervenue à maintes reprises dans le passé
afin de faire valoir le droit des personnes âgées à un
revenu décent. Bien que les régimes privés aient un
rôle non négligeable à jouer, la FTQ continue donc de
revendiquer une véritable politique de retraite fondée sur le
régime des rentes du Québec et recommande de hausser
graduellement, sur cinq années, le taux de remplacement du salaire
assurable de 25 % à 50 % pour la partie du salaire inférieure
à la moitié du maximum, et de hausser de 25 % à 50 %, sur
une deuxième période de cinq années, le taux de
remplacement pour la deuxième partie du salaire moyen, et d'ajuster
immédiatement le salaire maximum assurable au niveau du salaire
industriel moyen et le maintenir automatiquement à ce niveau, et de le
hausser graduellement de 100 % à 150 % du salaire industriel moyen
durant la deuxième période de cinq ans.
Voici pour les grandes orientations de la FTQ à l'égard de
la dotation de l'ensemble des Québécois et
Québécoises de revenus suffisants à la retraite.
Nous allons maintenant aborder le problème plus spécifique
de cette commission: les abus dans les régimes de retraite. Certains
employeurs ont abusé de leur position de pouvoir pour s'attribuer
unilatéralement et sans le consentement des employés les
excédents d'actif des régimes de retraite. Le document de
consultation fait délicatement référence à ce
problème en ces termes: "Par contre, dans certains cas, il est
arrivé que l'employeur modifie à discrétion les clauses
sur la propriété de l'excédent et, dans d'autres, qu'il
utilise l'excédent pour payer des améliorations
négociées avec les travailleurs, réduisant ainsi ses
versements à la caisse du régime, et ce, bien souvent, à
l'insu des travailleurs. " Le ministre lui-même avoue, et nous citons le
ministre cette fois-là, que "le gouvernement était conscient que
la législation en vigueur n'offrait pas suffisamment de garanties quant
aux droits des travailleurs et des travailleuses du Québec".
Ces abus ont été dénoncés par les syndicats.
Des affiliés de la FTQ, dont les Métallos, entre autres, sont
intervenus pour empêcher les employeurs de s'accaparer des surplus qu'ils
revendiquaient suite à des amendements que nous considérons
illégaux. Il n'est donc pas surprenant que M. Bob Rae, alors chef du NPD
en Ontario, considère ces retraits comme du vol
légalisé.
Ce mémoire présente la position de la FTQ concernant
l'appartenance des excédents d'actif et les commentaires sur la
proposition du document. La position de la FTQ. Elle est simple, claire,
logique et équitable. En équité, les surplus des
régimes de retraite appartiennent à 100 % aux travailleurs et aux
travailleuses. Nous reviendrons sur ce point plus tard. Par conséquent,
la loi devrait être amendée pour, dans un premier temps,
établir clairement que les participants et les participantes aux
régimes de retraite sont les propriétaires exclusifs des
excédents d'actif. Dans un deuxième temps, la loi devrait
être amendée pour interdire les congés de cotisations
à l'employeur. Ceci implique que les employeurs devront remettre dans la
caisse des régimes, la valeur présente des congés de
cotisations qu'ils ont pris jusqu'à date. En effet, les congés de
cotisations de l'employeur ne sont qu'une méthode
détournée de retirer les excédents d'actif. Nous n'avons
pas à vous rappeler ce que la Cour d'appel de l'Ontario a
décidé dans la cause Ontario Hydro. Ainsi, le moratoire sur les
excédents d'actif n'a pas été un vrai moratoire. En
permettant les congés de cotisations des employeurs, la loi leur a
permis de retirer de facto des excédents d'actif des régimes de
retraite. Le moratoire gouvernemental, en n'interdisant pas formellement cette
pratique, a maintenu une injustice profonde à l'endroit des participants
et des participantes aux régimes de retraite. Si la tendance des
congés de cotisations s'est maintenue durant le moratoire, on peut
présumer que ce sont des centaines de millions de dollars, sinon des
milliards, que les employeurs se sont accaparés - nous soulignons le mot
- au détriment des participants et des participantes.
La justification de l'attribution des excédents d'actif aux
participants et aux participantes. L'attribution de ces excédents aux
participants et aux participantes des régimes de retraite est
justifiée pour trois raisons distinctes. Chaque raison prise
individuellement est suffisante pour justifier cette attribution. La
combinaison de toutes ces raisons donne une justification, évidemment,
beaucoup plus que suffisante.
Premièrement, à cause du principe du salaire
différé, toutes les cotisations au régime de retraite
proviennent de la rémunération globale des travailleurs et des
travailleuses. Puisqu'un salaire plus petit qu'autrement a été
versé - dû aux contributions de l'employeur au régime de
retraite - il n'est qu'équitable que tous les surplus
générés par le régime soient utilisés au
bénéfice des membres.
En deuxième lieu, dans plusieurs cas, la loi et les employeurs
ont promis explicitement ou implicitement le surplus aux membres des
régimes. Ces promesses doivent être maintenues.
En troisième lieu, les surplus provenant de rendements
excédentaires reliés à l'inflation devraient servir
à l'indexation des rentes de retraite. Nous allons élaborer
quelque peu sur ces justifications.
Salaire différé. Habituellement, la détermination
des salaires et autres conditions de travail se fait selon le principe de la
rémunération globale. Les employés ne tiennent pas compte
seulement de leur salaire mais aussi des vacances, congés, autres
bénéfices et du régime
de retraite. L'employeur ne détermine pas les salaires de
façon indépendante des coûts des autres
bénéfices incluant les régimes de retraite, et vice versa.
L'employeur tient compte du coût total de la rémunération
globale lors de comparaisons avec des groupes similaires dans la
détermination d'une rémunération compétitive. Dans
les situations où il y a un syndicat et des négociations, notre
expérience démontre abondamment que ce principe s'applique.
Par conséquent, le coût d'une amélioration au
régime de retraite se reflète par un salaire ou d'autres
bénéfices moins élevés qu'autrement. Aussi, dans la
réalité économique, toutes les cotisations au
régime de retraite proviennent de la rémunération globale
des employés, d'où le vocable largement utilisé de salaire
différé, même si on fait parfois la distinction
artificielle entre les cotisations de l'employeur et les cotisations des
employés. Ainsi, si l'on a tenu compte du coût actuariel du
régime, implicitement ou explicitement, dans la détermination des
salaires, les participants et les participantes ont accepté un salaire
moindre tenant compte du coût total anticipé du régime, ce
qui comprend le surplus anticipé.
Excédents d'actif explicitement ou implicitement promis aux
participants et aux participantes. L'attribution des excédents d'actif
aux participants et aux participantes est justifiée lorsque les
employeurs et/ou les lois leur ont promis explicitement ou implicitement les
surplus. Cette promesse peut mentionner directement l'utilisation qui doit
être faite des excédents d'actif ou indiquer que le régime
est au bénéfice exclusif des membres, ou établir que tout
le fonds de retraite ne servira pas à des fins autres que le seul
bénéfice des membres. Si de telles promesses ont
été faites, à l'origine, aux membres d'un régime de
retraite, il n'est pas acceptable que l'employeur change unilatéralement
cette promesse par la suite. Les modifications subséquentes à ces
promesses pour attribuer les surplus aux employeurs sans le consentement des
participants ne sont pas acceptables.
Étant donné, premièrement, toutes ces promesses
faites aux membres, deuxièmement, que les législations initiales
attribuaient les surplus aux membres des régimes et que leur
consentement n'a pas été demandé pour changer ces
promesses, troisièmement, que, déjà dans les années
soixante-dix, l'ambiguïté et la contradiction des clauses relatives
à l'excédent d'actif dans les textes des régimes
soulevaient l'inquiétude du gouvernement, tel qu'il l'admet
lui-même, et que le gouvernement n'a pas pris les moyens suffisants pour
régler cette ambiguïté, il est justifié que,
maintenant, le gouvernement établisse clairement que les surplus
appartiennent aux participants et participantes des régimes.
L'inflation et l'indexation. L'effet de l'inflation sur les rentes de
retraite non indexées est dramatique. Si on considère que
l'espérance de vie à l'âge de 65 ans est d'environ 15 ans
pour les hommes et 19 ans pour les femmes, on peut facilement et clairement
réaliser qu'une rente de retraite non indexée va tellement
s'amenuiser au cours de la retraite qu'elle ne sera plus adéquate.
ainsi, puisque, depuis 15 ans, les prix ont triplé, une rente non
indexée débutant à ce moment n'a plus aujourd'hui que le
tiers de sa valeur réelle initiale. lorsque les régimes de
retraite ont été créés avant 1960, on ne pouvait
pas prévoir en aucune façon les taux élevés
d'inflation des années soixante-dix et quatre-vingt. de 1951 à
1971, le taux d'inflation au canada était seulement de l'ordre de 2 %
par année en moyenne, tandis que, de 1971 à 1988, ces taux
d'inflation ont été de 7,5 % en moyenne. les futurs
retraités qui prévoyaient une rente d'une certaine valeur
réelle ont donc eu la surprise de voir cette anticipation cruellement
déçue. il serait difficile d'affirmer que la promesse implicite
faite aux retraités était d'avoir une rente qui diminue de 7,5 %
par année en termes réels. il y a donc un lien direct entre
l'inflation et les excédents d'actif dans le cas de rentes non
indexées. une augmentation de l'inflation qui mène à une
augmentation du taux de rendement des régimes de retraite résulte
en une augmentation des excédents d'actif, toutes choses étant
égales, par ailleurs. une indexation indirecte basée sur ces
rendements excédentaires, au lieu d'une indexation directe à
l'indice des prix à la consommation, élimine les problèmes
de risque pour les régimes de retraite car l'indexation se fait
seulement si les rendements ont été réalisés. si
l'on accepte que l'inflation fait augmenter les excédents d'actif et
qu'ils correspondent à l'absence d'indexation, la solution est
évidente.
Cependant, la situation actuelle est inéquitable. Plusieurs
employeurs s'approprient cet excédent d'actif par ce qu'il est convenu
d'appeler des congés de contributions ou en voulant s'approprier le
surplus directement à la terminaison du régime. Dans ce cas, le
bénéfice des gains inflationnistes va à l'employeur. Ce
gain correspond à la perte subie par la personne retraitée qui
voit la valeur réelle de sa rente grugée par l'inflation. C'est
une redistribution inéquitable du revenu des participants à
l'employeur. Cette non-indexation serait aussi inéquitable s'il y avait
eu promesse implicite d'une pension réelle qui ne serait pas autant
diminuée par l'inflation non anticipée.
L'argument du risque. Le document de consultation présente la
position des employeurs à l'effet que les surplus des régimes
doivent leur revenir car ils supportent les risques des déficits. Cet
argument, selon nous, est fallacieux. Premièrement, la
possibilité de surplus et de déficits n'est pas la même.
Ainsi, les actuaires utilisent des hypothèses conservatrices de
financement qui font en sorte que les surplus sont la norme habituelle. Un
exemple simple peut illustrer ce
phénomène. Supposons un jeu de pile ou face où le
maître de jeu offre de remettre 2 $ chaque fois que la pièce de
monnaie tombe sur le côté face. Chaque lancer coûte 1 $.
Dans ce jeu, l'espérance de paiement est de 1 $, soit le 2 $
multiplié par la probabilité qui est de une demie. C'est un jeu
équitable où les surplus et les déficits sont
équi-probables et où l'espérance de gain est nulle.
Cependant, si le maître de jeu exige 1,25 $ pour chaque lancer, le jeu
n'est plus du tout équitable. Son espérance de gain est de 0,25 $
- vous pouvez essayer, vous allez voir que ça se démontre
mathématiquement - par lancer et la probabilité de déficit
sur une longue période est très mince.
Un régime de retraite avec des hypothèses actuarielles
conservatrices ressemble à ce jeu. Le régime est
capitalisé sur la base d'un coût présumé de 1,25 $,
tandis qu'un coût plus réaliste serait 1 $. Il est clair, par
conséquent, que révolution normale de la situation mènera
à des surplus.
Deuxièmement, les personnes retraitées supportent les plus
grands risques dans le système actuel. On aura l'occasion de
développer ça probablement par des questions.
Troisièmement, même en cas de déficit, il n'est pas
évident que l'employeur en sera le responsable ultime.
Quatrièmement, l'employeur, ultimement, peut mettre fin au
régime. Cinquièmement, en cas de terminaison, plusieurs clauses
stipulent explicitement que le régime ne s'engage pas à payer des
prestations au-delà des fonds disponibles dans la caisse du
régime de retraite. Rappelons-le toujours, ultimement, l'employeur peut
mettre fin au régime. Tous ces faits - premièrement à
cinquièmement - sont abondamment prouvés et soutenus dans nos
documents.
La proposition gouvernementale est un recul par rapport à la
situation existante. Les employeurs prétendent que lorsque les
engagements du régime sont capitalisés, ils ont honoré
leurs promesses, et ils ne voient pas pourquoi ils devraient être plus
généreux et allouer aux employés les actifs
excédentaires. Comme nous le verrons plus loin, dans tous les
régimes commencés avant 1966, la loi obligeait les employeurs
à inclure dans le texte du régime que le surplus ou les
déficits, à la terminaison du régime, seraient
supportés par les participants et les participantes. La question n'est
donc pas de savoir si les employeurs doivent être plus
généreux ou non, mais plutôt de savoir si la loi et la
promesse explicite et implicite doivent être respectées. À
la page 14 de la proposition, il est indiqué que "seul l'apport patronal
est fonction de l'expérience du régime et de l'anticipation de
l'expérience future du régime". Cette citation doit être
qualifiée. À l'origine, comme nous le verrons plus bas, la loi
obligeait les employeurs à contribuer au moins l'équivalent des
contributions des participants. Ainsi, la formule de contribution des
employeurs était sous forme résiduelle, mais il était bien
compris que la contribution de l'employeur ne pouvait pas être moindre
que celle de l'ensemble des participants et des participantes. Il y avait donc
une promesse explicite et implicite, à cet égard, que l'employeur
cotiserait un montant approximativement connu au départ.
À la page 14 du document, on retrouve l'extrait suivant. "Il est
arrivé, ces dernières années, que des travailleurs ont
voulu contester la légalité des transactions de l'employeur
à l'égard de l'utilisation de l'excédent d'actif. Ils ont
donc porté le litige devant les tribunaux. Bien qu'il s'agisse de cas
exceptionnels, ils ont le mérite d'avoir mis en lumière le
problème de la propriété des excédents. Les
quelques jugements rendus par les tribunaux canadiens reflètent les deux
courants de pensée et ne permettent pas de dégager une
jurisprudence claire." Selon nous - et il faut le dire avec toute la vigueur
qui s'impose - le document de consultation a voulu nous induire en erreur - et
c'est grave - par cette affirmation. Au contraire de l'affirmation du document
de consultation - comme vous le verrez plus loin - il ne s'agit pas de cas
exceptionnels. Tous les régimes commencés avant 1966 sont dans la
même situation à cause de la législation en vigueur
à cette époque. De plus, il y a de plus en plus de jugements
rendus par les tribunaux canadiens, et il n'est pas exact de dire qu'il n'est
pas permis de dégager une jurisprudence très claire. Au
contraire, la nette tendance des tribunaux est en faveur des participants et
des participantes. (11 h 15)
Finalement, la proposition gouvernementale prend pour acquis que les
congés de contributions sont parfaitement légaux. Nous sommes
surpris - surpris, resoulignons-le - d'une telle prémisse lorsqu'on sait
que la Cour d'appel de l'Ontario, dans une décision unanime, a
jugé que les congés de contributions de l'employeur en question,
Hydro Ontario, étaient complètement illégaux. Même
si les tribunaux jugeaient que, dans certaines circonstances, les congés
de contributions sont légaux, nous continuerons de croire qu'ils sont
inéquitables. Je passe quelques pages du document pour arriver aux
véritables propriétaires des surplus, à la page 16.
La propriété légale des surplus fait de moins en
moins de doute au Canada. En effet, dans le cas des régimes
créés avant 1966, les tribunaux ont très majoritairement
décidé que les employeurs n'avaient pas le droit de modifier
unilatéralement leurs régimes pour s'approprier les surplus. Les
tribunaux ont rejeté l'argument des employeurs à l'effet que,
lorsque les prestations prévues au régime sont payées, ils
auraient droit au surplus. Les tribunaux ont indiqué que les surplus
sont un bénéfice additionnel. Les tribunaux ont également
considéré que ce sont les participants et non l'employeur, qui
supportent le risque de déficit à la terminaison et qu'il est
raisonnable qu'ils aient droit aux surplus.
L'argument des employeurs sur le risque financier est sans fondement
juridique. Les mêmes principes s'appliquent à tous les
régimes de retraite. Le scandale des fonds de pension qui a donné
lieu au moratoire, faisait suite à certaines décisions de
tribunaux et à certains dossiers chauds qui furent étalés
au public.
Le Président (M. Joly): M. Daoust, je vous inviterais
à conclure s'il vous plaît.
M. Daoust: Oui. Dans deux ou trois minutes.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci.
M. Daoust: II ne faudrait pas que le gouvernement légalise
ce que les tribunaux jugent illégal. La proposition gouvernementale,
rappelons-le, est un recul par rapport à la situation actuelle parce
qu'elle reconnaît moins que ce que la majorité des tribunaux ont
octroyé. Elle veut reconnaître les arguments de risque
rejeté par les tribunaux. Elle veut légaliser les amendements
jugés illégaux et les congés de contributions que la Cour
d'appel, entre autres, a jugé illégaux.
Je vais conclure, M. le Président, sur ce problème du
pourcentage minimal indéfendable. Juste quelques mots.
La proposition gouvernementale d'un pourcentage minimal correspondant
aux contributions effectives des participants à leur régime de
retraite en raison des ajustements apportés à leur
rémunération est indéfendable. Ce pourcentage suppose que
le principe du salaire différé s'applique seulement d'une
façon minimale. On serait heureux de poursuivre la discussion
là-dessus.
Je vais aller immédiatement à la conclusion. Je n'en ai
que pour quelques instants. La position de la FTQ, rappelons-le, est simple,
claire, logique et équitable. En équité, les surplus des
régimes appartiennent à 100 % aux travailleurs et aux
travailleuses. Cette loi, nous le rappelons, devrait être amendée
pour établir que les participants et les participantes aux
régimes de retraite sont les propriétaires des surplus. La loi
devrait interdire les congés de cotisations à l'employeur. Ceci
implique que les employeurs devront remettre à la caisse, dans la caisse
des régimes, la valeur présente des congés de cotisations
qu'ils ont pris jusqu'à date. En effet, les congés de cotisations
ne sont qu'une méthode détournée de retirer des surplus.
La proposition du document que vous nous avez soumis est illogique,
incohérente, indéfendable et inéquitable pour ne pas dire
plus, mais vous pouvez corriger ces prises de position là. Le
mémoire a démontré, quant à nous, les
problèmes de logique et d'incohérence de la proposition. La
proposition du pourcentage minimal, nous allons vous le démontrer si
vous le souhaitez, elle est indéfendable. Nous estimons que la position
de la FTQ est un pas dans la bonne direction pour atteindre une plus grande
équité, développer la confiance des travailleurs et des
travailleuses dans les régimes de retraite, restaurer des situations
inqualifiables ou redresser ces situations dont nous avons été
victimes dans le passé. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Daoust. Nous allons
maintenant reconnaître, M. le ministre.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous avons
écouté avec intérêt les propos du secrétaire
général de la FTQ. Je dois dire que je m'étonne un peu de
l'affirmation que vous faites à l'effet que le document a tenté
d'induire en erreur sur un point précis. Je pense que c'est une
accusation qui vaut la peine d'être relevée. Je n'ai pas
personnellement écrit le document. Il a été écrit,
bien sûr, par la Régie des rentes du Québec, qui s'occupe
de ce dossier-là en priorité, et si, tout à l'heure, la
commission est d'accord, peut-être qu'on pourrait demander au
président de la Régie des rentes de poser une question ou de
préciser ce point-là, parce que je pense que ça vaut la
peine d'être relevé. Quant à moi, j'ai constaté dans
votre mémoire que vous affirmez que la proposition gouvernementale est
un recul important pour les travailleurs. Vous soutenez que certains
régimes prévoient déjà un partage plus
équitable des excédents d'actif que celui proposé dans le
document de consultation. Alors, je tiens à vous rappeler que la
proposition gouvernementale, là, permettrait quand même aux
parties de s'entendre sur un partage plus avantageux pour les participants que
celui qui est prévu ou serait prévu dans la loi. Il serait assez
étonnant, en ce qui me concerne, connaissant la vigilance que vous
exercez sur ce dossier-là, que là où il existe des clauses
plus avantageuses que celles qui seraient prévues par la loi, les
parties ne pourraient pas s'entendre pour faire appliquer ces
clauses-là. Donc, je me demande en quoi la position gouvernementale peut
constituer un recul, puisque là où les clauses sont plus
avantageuses, elles devraient s'appliquer, et là où il n'y en a
pas de clauses, où elles sont moins avantageuses, la loi va venir
protéger ceux qui disent qu'ils n'ont pas de protection et, en
particulier, ceux qui n'ont pas de syndicat pour les représenter.
M. Daoust: Oui. M. le ministre, pourquoi faut-il toujours laisser
au rapport de forces le soin de régler les problèmes tellement
évidents à l'examen et à l'analyse? Je dis "tellement
évidents", parce que, pour nous, la contribution des employeurs à
un régime de retraite, c'est du salaire différé. Bon. Il y
a une abondante documentation qu'on pourrait vous citer - vous en avez pris
connaissance sans aucun doute - et qui établit fermement ce
principe-là. Ce n'est pas
des cadeaux. Il n'y a pas de cadeaux qui se donnent dans ce bas monde et
dans les milieux de travail. Pour une prestation de travail, on
rémunère les gens, et la rémunération des
travailleurs et des travailleuses a de multiples formes, sans aucun doute,
c'est inévitable, bon, les avantages sociaux, et je ne veux pas faire
une démonstration trop et très longue là-dessus. Mais les
contributions de l'employeur au régime de retraite, c'est
peut-être pour projeter une image, c'était peut-être dans le
passé pour projeter une image de générosité, et je
ne dis pas ça plus méchamment qu'il faut, où l'employeur,
dans sa générosité, donnait à ses travailleurs, ou
contribuait à la création d'un régime de retraite pour
leurs vieux jours et disaft: Je contribue, moi, l'employeur. Mais ça
fait partie de la rémunération globale, tous les documents
l'établissent, toutes les comparaisons internationales
l'établissent. Quand on fait des comparaisons sur le coût de la
main-d'oeuvre d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre,
bon, sur le plan international, c'est la rémunération globale qui
comprend absolument tous ces aspects-là. Ça appartient aux
travailleurs, ça n'appartient pas à l'employeur. Je dis: Pourquoi
laisser au rapport de forces le soin d'en disposer, et pourquoi la loi ne
viendrait-elle pas rétablir ce qui est d'une évidence en fait,
quand à nous, on ne peut plus solide? Bon, si ça appartient aux
travailleurs, donc, ça leur appartient. On ne doit pas permettre aux
employeurs de piger là-dedans, d'escroquer, on l'a dit dans d'autres
lieux, et à d'autres moments, et dans les documents, on le
répète un peu partout, en s'emparant des surplus d'actif ou en se
donnant des congés généreusement. Alors...
M. Frenette (Jean-Guy): Je voudrais juste donner un exemple.
M. Daoust: Oui, peut-être que Jean-Guy va vous donner un
exemple là-dessus...
M. Frenette: Peut-être, pour enchaîner sur l'exemple
qu'on donne d'Hydro Ontario, M. le ministre, où il y avait 400 000 000 $
de surplus, et Hydro Ontario a essayé de prendre un congé de
contributions, évidemment, et ça lui a été
défendu par la cour. Si on compare la situation, actuellement, avec le
régime d'Hydro-Québec, où il y a 300 000 000 $ de surplus
à peu près, dans le régime d'Hydro-Québec,
Hydro-Québec n'y touche pas, n'a pas le droit d'y toucher, et on
soutient qu'elle n'a pas le droit d'y toucher par l'esprit de la loi et par la
tradition dans ce régime-là. Si vous accordiez,
évidemment, et si vous avanciez avec vos propositions,
dorénavant, Hydro-Québec pourrait se partager une partie du
surplus et s'emparer d'une partie du surplus qu'elle a dans la caisse, ce
qu'elle n'a pas le droit de faire à l'heure actuelle. On sait qu'elle
n'a pas le droit de le faire même s'il y avait une ambiguïté
dans la loi, mais que l'ambiguïté dans la loi n'autorisait pas
légalement les compagnies à le faire. ce qu'on est obligés
de faire, évidemment, on est obligés de se battre contre une
ambiguïté dans la loi. ce n'est pas tous les employeurs qui le font
et ce n'est pas généralisé. c'est ceux qui veulent
s'essayer parce qu'il y a un petit trou qui peut être
interprété différemment selon les avocats. c'est ça
qu'on dit: ça serait un recul. qu'on l'applique à toutes les
situations qu'on connaît où il y a des surplus. là
où la plupart des entreprises n'osent pas y toucher, le surplus, parce
que, par tradition, ça appartient aux régimes, le surplus... on
n'a pas le droit de s'en emparer par retrait ou par congé de
cotisations, ce qui est la même chose. or, votre proposition ferait
qu'hydro-québec pourrait toucher son surplus. elle n'en a pas le
droit.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Frenette. Je vais
maintenant reconnaître le président de la Régie des rentes
du Québec, M. Legault.
M. Legault (Claude): Merci, M. le Président. J'aimerais
peut-être vous poser une question, mais surtout clarifier un point que
vous avez soulevé et que vous avez traité de façon assez
en détail, qui est, entre autres, premièrement, le cas d'Hydro
Ontario. Je suis au courant du jugement, tout comme vous d'ailleurs, et vous
devez vous rappeler qu'il ne s'agissait pas d'un débat sur le principe,
mais que le jugement portait surtout sur le texte même du régime.
Alors, de là à prendre le jugement et d'en faire un moyen
à porter à l'avant-scène du principe même, je
voudrais bien pouvoir vous suivre là-dessus, mais je suis obligé
de me référer au jugement. D'ailleurs, plus récemment
encore, il y a eu celui qu'on appelle 'The HOOPP" qui est le "Hospital of
Ontario Pension Plan". Vous savez sûrement que le jugement est à
l'effet contraire et que les congés de cotisations ont été
permis par la cour comme ils avaient été antérieurement
utilisés par l'employeur. Je n'ai pas ici à me prononcer si c'est
bien ou si c'est mauvais, mais simplement vous dire que le jugement d'Hydro
Ontario en est un parmi d'autres.
Je voudrais surtout clarifier ce point: lorsque vous dites que le livre
blanc est tendancieux dans le sens qu'il donne une fausse information. Le seul
endroit dont je peux me souvenir - on a retrouvé l'endroit tout à
l'heure - est à la page 14. Je cite le paragraphe: "II est arrivé
ces dernières années que des travailleurs ont voulu contester la
légalité des transactions de l'employeur à l'égard
de l'utilisation de l'excédent d'actif." Donc, j'ouvre une
parenthèse, ce qui veut dire autant l'utilisation des congés de
cotisations que d'autres formes d'utilisation d'excédents d'actif, fin
de la parenthèse. "Ils ont donc porté le litige devant les
tribunaux. Bien qu'il s'agisse de cas exceptionnels, ils ont le
mérite d'avoir mis en lumière le problème de la
propriété des excédents." Jusque là, je ne trouve
rien de tendancieux. Plus loin, on ajoute: "Les quelques jugements rendus par
les tribunaux canadiens - et ça dépasse le Québec -
reflètent les deux courants de pensée et ne permettent pas de
dégager une jurisprudence claire." Or, de là à vouloir en
dégager une, je vous accorde le droit de dégager celle qui vous
plaira davantage, mais de dire que la jurisprudence est claire, je suis
obligé de m'inscrire en faux et de vous dire que je ne trouve rien de
tendancieux dans ce paragraphe-là. Lorsque vous faites
référence aux régimes qui existent depuis avant 1966, je
sais que l'on peut les regarder de façon très différente
puisque, à l'époque, les clauses devaient stipuler en faveur des
employés, mais on sait très bien que les régimes
n'étaient pas capitalisés du tout. Alors, de stipuler en faveur
des employés lorsqu'il n'y a aucun surplus, c'est facile. Donc, par la
suite, il y a eu obligation de modifier ces régimes-là, et c'est
là que les tribunaux essaient de nous indiquer un chemin clair, à
savoir: est-ce que les modifications ont été faites à la
satisfaction des tribunaux ou non? Je n'en connais pas encore qui se sont
prononcés sur le principe même: à qui devraient appartenir
les surplus? Je pense que le but de l'exercice du livre blanc du gouvernement
et de la commission parlementaire est justement la recherche de cette solution.
Merci, M. le Président. (11 h 30)
Le Président (M. Joly): Merci, M. Legault. M. Daoust? M.
Frenette?
M. Daoust: Me Marcel Rivest.
Le Président (M. Joly): Me Rivest.
M. Rivest (Marcel): M. Legault, avec le respect pour ce que vous
venez de mentionner, il reste quand même que si on regarde la
jurisprudence au Canada, d'une part, et au Québec, d'autre part, il
n'est pas exact de dire qu'il n'y a pas de tendance des tribunaux. Il y a trois
cours d'appel qui ont décidé en faveur des participants:
Québec, Ontario et, je pense, Alberta. Mais la Cour d'appel de la
Colombie-Britannique, dans un jugement, a eu, appelons ça, une
dissension avec les autres décisions. Au Québec, toutes les
décisions, au moment où on se parie, sont unanimes en faveur des
participants. Je pense que tout le monde va reconnaître qu'au moment
présent, il y a une nette tendance.
Deuxièmement, sur la question des congés de contributions,
il n'en demeure pas moins qu'au moment où la rédaction de cette
proposition a été faite, il n'y avait qu'une seule
décision de la Cour d'appel de l'Ontario sur la question, et
c'était celle d'Hydro Ontario qui déclarait que, dans le cas
d'Hydro Ontario, les congés de contributions étaient
illégaux. Pourtant, lorsqu'on lit la proposition, à plusieurs
endroits, on ne cesse de remarquer que les congés de contributions,
selon la proposition gouvernementale, sont tout à fait légaux et
normaux, alors qu'il y avait une décision de la Cour d'appel de
l'Ontario qui disait le contraire.
C'est vrai qu'il y a eu une décision, le 20 février
dernier, que nous rapportons dans notre mémoire, qui est arrivée
à une décision contraire. Je pense qu'en regardant les deux
décisions l'une à côté de l'autre, il faudrait en
venir à la conclusion que, dépendant du texte, dépendant
de l'engagement que l'employeur a pris à l'intérieur du
régime, il y aura ou non légalité des congés de
contributions. Sauf que d'en faire un principe général et de dire
que les congés de contribution, il n'y a rien là, c'est
légal, il n'y a pas de problème pour les employeurs, je pense
qu'il y a un grave problème.
Nous, notre position à cet égard, en regardant la
directive du ministère du Revenu que vous connaissez très bien,
la 7213-R-8, il est indiqué, dans cette directive, qu'on peut diminuer
les surplus, qu'il faut les diminuer. On ne veut pas accumuler, au niveau
fiscal, des surplus excédentaires dans les régimes de retraite
pour des raisons fiscales. On indique quand même deux méthodes
pour diminuer les surplus. Première méthode, congé de
contributions à l'employeur; deuxième méthode,
augmentation des bénéfices aux participants.
Notre position, c'est que, dépendant qui est propriétaire
des surplus en vertu du régime, il y aura droit ou non à un
congé de contributions. Si, par exemple, dans des cas, le régime
indiquait, à l'origine, que les surplus devaient aller aux participants
et que, comme la tendance majoritaire des tribunaux indique que les surplus
appartiennent aux participants, à ce moment-là, l'employeur
n'aura pas le droit de prendre congé de contributions. Seule, une
augmentation des bénéfices pourrait permettre de diminuer les
surplus à l'intérieur des régimes. Ça, ce serait
notre position.
Le Président (M. Joly): Merci, Me Rivest. M. le ministre.
Excusez, vous aimeriez ajouter M. Ducharme.
M. Ducharme (Claude): M. le Président, si vous me le
permettez, les cas qui vont devant les tribunaux, c'est les cas où on
n'a pas réussi à s'entendre avec l'employeur. Quand on s'assoit
devant l'employeur, la proposition qui nous est faite, c'est un partage des
surplus. On a refusé ça. Dans le cas Whitefarm, il a
été précisé par les tribunaux que tous les surplus
et les congés de cotisations, l'employeur a été
obligé de remettre ça dans le régime. Après
ça, il y a eu un partage, quand ça a été mis
dedans, aux retraités et à ceux qui partaient à la
retraite, et tout ça. C'est ça qu'on conteste. C'est ça
qu'on vient vous dire. Présentement, c'est du vol
légalisé. Là, vous êtes en train, à un
moment
donné, de laisser miroiter que ce qui nous appartient, ce qu'on a
déjà payé, ce qu'on a déjà
négocié, où l'employeur a décidé de mettre
des montants d'argent là-dedans qui équivalaient à des
rentes qu'on devait toucher au moment de la retraite, il va venir en chercher
une partie, 50 %. C'est complètement insensé. C'est le plus beau
cadeau que vous allez faire aux employeurs. Quand on fait la somme de
ça, c'est des centaines de millions dont on parle et quelques milliards
qui vont retomber graduellement dans la poche. Le cas de Dominion, pensez-vous
que Conrad Black n'aurait pas accepté un partage 50-50 si le syndicat
s'était amené, si le syndicat avait dit: Prends-en 30 000 000 $,
on va en prendre 30 000 000 $? Qu'est-ce qu'on contestait là-dedans
devant les tribunaux? C'est tout le montant qui était là, parce
qu'on a toujours prétendu, et c'est ça notre prétention,
que ça nous appartient. L'employeur, quand il a versé l'argent
là-dedans, ça ne le regarde plus. Êtes-vous en train de
nous dire que les endroits où il y a des régimes
d'économie mis sur pied par les employeurs où tu mets une
piastre, l'employeur met une piastre, que l'employeur va aller chercher 50 %
des intérêts générés dans ces
comptes-là? L'employeur n'a jamais demandé ça. Pourquoi
viendrait-il demander dans nos régimes de retraite d'en prendre 50 %?
Pensez-y sérieusement comme gouvernement. À l'heure actuelle,
c'est toute la question de la pauvreté des retraités qu'on est en
train de débattre. Ce n'est pas une chose facile à faire à
la table de négociation d'indexer des régimes privés. Il y
a quelque temps, il n'y en avait pas de régimes de retraite
privés. Nous, on l'a fait dans le domaine de l'automobile, on a
commencé à un moment donné à négocier. Il a
fallu se ramasser à New York devant les grands comptables pour nous
faire dire que c'était presque impossible d'indexer les régimes.
On a l'opportunité, il y a des sommes d'argent dans les régimes
de retraite. Les surplus qui ont été
générés, il faut les laisser dans ces
régimes-là et ça appartient aux participants.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. Ducharme. Je crois
que c'est très intéressant, mais ça prend le temps ou
l'enveloppe du ministre.
M. Ducharme: J'en suis peiné.
Le Président (M. Joly): Je vois que vous êtes un
homme assez enflammé. Ça va quand même assez bien, mais,
d'un autre côté, ça permet un échange quand
même assez limité, partant de là.
M. Ducharme: Ce n'était pas notre but.
M. Bourbeau: Je ne voulais pas interrompre le
conférencier, M. le Président, mais j'avais peut-être
encore une question à poser. Quand on a abordé la réforme
de la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes, vous vous
souvenez, vous êtes venus nous voir, il y a un an, la loi 116, on a
constaté qu'on avait une loi déficiente. J'ai proposé des
modifications. Vous êtes venus nous voir, la partie patronale aussi. On
s'était entendu sur des changements. Peut-être que, sur tous les
aspects, il n'y avait pas unanimité, mais, d'une façon
générale, je pense que ça a été assez bien
reçu et on a reformé la loi. Je pense que tout le monde s'accorde
aujourd'hui pour dire que c'est un grand pas en avant, à moins que vous
ne me disiez le contraire et que vous ne me disiez qu'on s'est mis les deux
pieds dans les plats.
Là, on a un autre problème. Il y a un moratoire qu'on a
mis. Je pense que vous avez applaudi lorsque nous avons mis le moratoire. Je
n'ai entendu personne s'objecter à ça. Mais si on n'est pas
capable de trouver une solution pour lever le moratoire, il y a une autre
solution qui est beaucoup plus facile, c'est celle qu'on a utilisée
quand on a maintenu pendant 11 ans le moratoire qui interdisait la conversion
des immeubles locatifs en copropriétés. Je me suis amené
au bout de 10 ans et j'ai entrepris de lever ce moratoire-là. Je dois
dire que ça n'a pas été très facile. On a fini par
le faire quand même, mais s'il n'y a pas moyen de s'entendre, est-ce que
vous préféreriez qu'on laisse le moratoire puis qu'on laisse le
temps aux gens de réfléchir pendant encore 10 ans?
Le Président (M. Joly): M. Frenette.
M. Frenette: M. le ministre, on ne peut pas parce que les
employeurs l'ont vu le trou dans le moratoire. Ils l'ont vu qu'il y a un
surplus et qu'ils pouvaient s'en emparer. Ils le font allègrement. Ils
le font avec la bénédiction, à l'heure actuelle, du
ministre, du gouvernement, de la Régie... Tout le monde le fait. On les
laisse faire. On ne pensait jamais qu'ils pouvaient aller aussi rapidement que
ça. S'ils ont pris des congés de contributions de 250 000 000 $
en 1987, c'était s'emparer des surplus. Probablement, puis la
Régie ne veut pas nous fournir les données pour 1988, 1989, 1990
et 1991, mais ils ont dû prendre dans le même ordre, la même
valeur, les congés de contributions. C'est probablement 1 000 000 000 $,
qu'on estime, de congés de contributions qui ont été pris
au cours des quatre dernières années. Ça, M. Legault
pourrait nous le dire s'il voulait nous donner les chiffres. On les lui a
demandés, on voulait les mettre dans notre mémoire.
Évidemment, on n'a pas pu les avoir.
On vous demande, M. le ministre, de nous les sortir ces
chiffres-là. Ils doivent quand même être connus.
Déjà, le moratoire a duré trop longtemps, parce que
ça doit être un quart à un demi-milliard par année
de surplus qui sortent
des régimes. On est en train de vider les régimes, alors
que... Et on estime toujours que, légalement, ce n'est pas permis de
faire ça. Il ne faut pas autoriser cette forme d'élimination des
surplus. Si le moratoire dure, le problème de l'utilisation des surplus
ne se posera même plus. Il n'y en aura plus.
M. Bourbeau: alors, il y a deux côtés à une
médaille. bien sûr vous faites entendre votre côté,
mais il y a des gens qui viennent ici et qui ont un point de vue
différent.
M. Bourdon: II n'y en a pas gros, M. le Président.
M. Bourbeau: Un instant, là.
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Bourbeau: La journée n'est pas terminée,
puis...
M. Bourdon: II va y en avoir, on les connaît, mais il n'y
en a pas eu gros jusqu'ici.
M. Bourbeau: M. le Président, on a...
Le Président (M. Joly): M. le député, je
serai obligé de couper nécessairement votre enveloppe de temps si
vous ne donnez pas la chance au ministre de prendre ses dernières deux
minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, on a accepté avec
plaisir d'inviter les gens de la FTQ. On a entendu les gens de la CSN, de la
CSD. Bien sûr, le langage qu'on entend de ce côté-là
est clair, et on s'attendait à ça. Maintenant, on a entendu un
organsime patronal qui ne tenait pas le même langage, on va en entendre
d'autres aujourd'hui, le Conseil du patronat, et je suis convaincu qu'on va
entendre un son de cloche différent. Maintenant, moi, j'ai à
prendre une décision: je lève le moratoire ou non. Mais si je ne
peux avoir de consensus sur rien, bien, qu'est-ce que je fais? Je ne peux pas
lever le moratoire si je n'ai pas de consensus, à moins d'arriver avec
une motion de clôture puis de forcer un point de vue. Alors, ce que je
dis, c'est: Peut-être qu'il y aurait lieu de s'asseoir puis de commencer
à trouver des solutions qui pourraient être acceptables pour tout
le monde. Votre point de vue est à une extrémité, c'est:
Tout au travailleur, on ne reconnaît aucun des arguments du patronat.
Moi, je dis que c'est excessif. C'est vrai que c'est du salaire
différé en bonne partie, mais pas en totalité. Enfin,
c'est le point de vue que je défends et que d'autres centrales
syndicales ont reconnu d'ailleurs. Même la CSN a reconnu ça, d'une
certaine façon. La CSN a reconnu que, quand les employeurs
doivent...
M. Bourdon: M. le Président, je crois que le ministre ne
peut pas dire des choses qui ne sont pas conformes aux faits.
Le Président (M. Joly): je m'excuse, m. le
député, vous avez une enveloppe de temps de 20 minutes, vous
pourrez débattre du sujet dans votre 20 minutes. s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: La CSN a reconnu, M. le Président, le droit
aux employeurs de prendre des congés de cotisations dans certains cas.
Bon. Alors, c'est donc dire que le principe est battu en brèche, qu'il y
a des cas où l'employeur est justifié de prendre des
congés de cotisations. Donc, je n'ai pas tort quand je dis
ça.
Alors, moi, je dis simplement ceci. Je souhaite grandement qu'il y ait
un effort qui soit fait de part et d'autre pour tenter de rapprocher les
positions des parties, ce qui pourrait nous permettre de lever le moratoire,
sans quoi il y a un risque, je dois le dire, qu'on poursuive la discussion ou
la réflexion pendant un certain temps encore.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Pointe-aux-Trembles.
S'il vous plaît.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais d'abord parler de
la page 14 du document de consultation où on trouvait l'extrait suivant,
et il est cité dans le mémoire de la Fédération des
travailleurs du Québec. "Il est arrivé ces dernières
années que des travailleurs ont voulu contester la
légalité des transactions..." Et on dit, à la fin: "Les
quelques jugements rendus par les tribunaux canadiens reflètent les deux
courants de pensée et ne permettent pas de dégager une
jurisprudence claire."
Alors, M. le Président, si je me laissais aller à un
travail de médiateur, je dirais à mes amis de la FTQ, on pourrait
dire, au lieu de mettre dans le document de la FTQ que les auteurs "ont voulu
induire en erreur", on pourrait le remplacer par "ont induit en erreur", parce
que je pense que la jurisprudence qui est citée dans le mémoire -
puis on sait tous lire, les membres de la commission - va dans un sens clair
que les surplus appartiennent aux participants. À cet égard, M.
le Président, je veux, au départ, saluer toutes les personnes de
la FTQ qui sont ici et, en particulier, Me Marcel Rivest dont je conviens que
les articles dans La Presse m'ont comme initié davantage au
problème dont il est question. Et je déplore que le ministre et
la Régie ou bien n'aient pas lu les documents de Me Rivest ou bien ne
les aient pas bien compris après les avoir lus. Et je partage
entièrement l'opinion du premier ministre de l'Ontario qui disait que ce
qu'on veut faire dans les caisses de retraite, c'est un vol organisé,
légalisé. Je prétends que le ministre qui est devant
nous
veut légaliser le vol au Québec et qu'il le
légalise déjà en permettant que, par des congés de
contributions, les employeurs se soustraient au moratoire. Puis ce matin, M. le
Président, qu'il nous menace de lever le moratoire, il ne nous menace de
rien du tout. C'est Boileau, je pense, qui disait: Hâtez-vous cent fois
sans perdre courage; cent fois sur le métier remettez votre ouvrage.
C'est ça qui permet aux employeurs de se hâter lentement dans le
vol de ce qui appartient aux travailleurs dans leurs caisses de retraite.
Je voudrais ajouter, M. le Président, que les gens ici de
l'automobile et du papier, puis les Métallos hier, s'occupent de fonds
de pension depuis à peu près 50 ans. Je dis ça parce que,
hier, le ministre a dit, à plusieurs reprises: C'est récent que
les syndicats s'occupent des caisses de retraite. Ce n'est pas récent.
Sous le sens commun, la population sait, depuis Singer, Simonds et tous les
autres, qu'il s'agit de vol légalisé. Puis le document du
gouvernement vient nous dire que ça va être légal et
même rétroactif, au cas où la jurisprudence ne serait pas
assez claire. (11 h 45)
Elle est claire la jurisprudence, au point que le gouvernement nous
propose de changer le sens de la jurisprudence par une législation, ce
qui est un déni de justice pour les participants. Je suis d'accord avec
M. Ducharme pour dire que ça, c'est de créer de la
pauvreté. Ça m'impressionne, moi, le 300 000 000 $
d'Hydro-Québec, puis on ne sait plus combien il reste dans le milliard
qu'il y avait il y a deux ans, des surplus d'actif, il en reste, il en reste
pas mal. Puis si on détourne 500 000 000 $ à 600 000 000 $ des
caisses de retraite, M. le Président, c'est bien plus que 500 000 000 $
à 600 000 000 $ parce que c'est une capitalisation qu'on permet aux
employeurs de s'approprier abusivement.
Alors, ça veut dire combien dans 10 ans, dans 15 ans, de
retraites qui ne seront pas versées aux ayants droit, et dont le secteur
public écopera. Le ministre pourrait consulter son collègue du
Trésor. Peut-être qu'il y a une voie là, en permettant aux
gens d'avoir une rente juste, on règle peut-être une partie du
problème financier du président du Conseil du trésor qui
l'amène à répéter une erreur historique,
c'est-à-dire mettre ça sur le dos des employés du secteur
public, ce qui en passant, et je suis placé pour le savoir, est
extrêmement coûteux politiquement.
Alors, M. le Président, je le sais que ça n'a pas la forme
d'une question, mais je tiens à dire, dès le départ, que
ce mémoire-là de la FTQ qu'on a devant nous est extrêmement
bien fait et convaincant. Le ministre devrait le lire attentivement, et puis
refaire ses devoirs en fonction de ce qu'il y a là-dedans.
Puis, M. le Président, je pense qu'il y a une illusion. On ne
peut pas dire que les contribu- tions aux régimes de retraite sont
presque du salaire différé, tout comme une femme ne peut pas
être presque enceinte, puis tout comme un parti ne peut pas être
presque souverainiste. C'est du salaire différé.
Moi, j'ai une formation de permanent syndical, et puis il y a des juges
qui pensent la même chose. Il y a des avocats qui ne pensent pas la
même chose. Maintenant, les notaires sont généralement plus
conservateurs sur les questions qui émargent à la
propriété privée, mais même le Barreau dit que les
caisses de retraite sont des contrats et qu'on ne doit pas permettre à
une partie à un contrat de le modifier unilatéralement. J'ai des
amis notaires qui pensent la même chose, qu'un contrat ne doit pas se
modifier unilatéralement par une des deux parties.
Puis l'autre aspect que j'aime dans votre document de la FTQ, c'est que
vous faites bien voir que tout le monde n'est pas syndiqué et que les
non-syndiqués sont encore plus mal pris. Je dis bien plus mal pris,
parce que les syndiqués sont obligés d'aller devant les tribunaux
pour réclamer leur dû. Les non-syndiqués, est-ce qu'ils ont
les moyens d'aller devant les tribunaux, est-ce qu'ils sont conscients des
enjeux?
Le ministre, par la loi 116, a fait faire des pas importants en termes
de transparence. Je ne sais pas ce qui est arrivé depuis la loi 116,
mais ce qui est devant nous là, ça équivaut à
légaliser, je ne parlerai pas de vol comme le premier ministre de
l'Ontario, je suis bien plus modéré que lui, une appropriation,
tiens je prends les termes dans le mémoire de la FTQ, une appropriation
abusive par les employeurs d'argent qui ne leur appartient pas. Ça se
dit mieux. Sur ma rue, le monde parle de vol.
À cet égard, une première question à la FTQ:
Croyez-vous qu'il est correct de permettre aux employeurs de terminer
unilatéralement une caisse de retraite, indépendamment de savoir
s'ils pourraient récupérer les surplus ou pas? Nous, on pense
qu'ils ne devraient jamais pouvoir récupérer les surplus.
Le Président (M. Joly): M. Daoust, M. Rivest, en fait vous
avez le choix là, M. Frenet-te, je pense...
M. Rivest: Non, effectivement, on ne pense pas que ce soit une
bonne idée qu'un employeur puisse terminer un régime
unilatéralement. Si on parle de contrat, automatiquement il faudrait
qu'il y ait une entente sur la terminaison du régime, parce qu'il y a un
point assez important sur une terminaison de régime qu'il s'agit de
comprendre. Dans un régime à salaire final, il faut être
conscient que, lorsque l'employeur termine le régime, à ce
moment-là, les rentes des retraités sont calculées non
plus sur le salaire final, le salaire projeté, mais sur le salaire
à la terminaison du régime. À ce moment-là, il y a
automatiquement création de surplus
parce que les contributions qui ont été placées
dans la caisse de retraite l'ont été en fonction des salaires
finaux. A ce moment-là, si en plus de donner des rentes sur le salaire
à la terminaison, on pousse, je dirais, la question à donner le
surplus à l'employeur, à ce moment-là, les employés
se font avoir par les deux bouts, si vous me permettez l'expression, d'autant
plus que ces rentes différées là ne sont pas
indexées. Ça fait que c'est certain qu'au niveau de la
terminaison du régime, c'est difficile d'être d'accord, de
permettre à un employeur unilatéralement de terminer un
régime et de créer comme ça un surplus et de se
l'approprier parce qu'il aurait des difficultés financières ou
quoi que ce soit.
M. Bourdon: M. le Président, j'ai une autre question. La
CSN, hier, nous disait qu'il y a très très peu souvent des
déficits imprévus d'une caisse de retraite. On donnait des
chiffres en Ontario et on disait: Les parties, ou une partie quand il n'y a
qu'une partie à l'administration d'une caisse de retraite, conviennent
parfois que le fonds peut avoir un déficit pendant un an, deux ans,
trois ans, mais les projections des actuaires font qu'à la longue, les
choses vont rentrer dans l'ordre. La CSN - d'où ma réaction un
peu vive tout à l'heure et je m'en excuse auprès du ministre -
ajoutait: Quand il y a un déficit imprévu d'un régime, ce
qui est très rare, on pourrait considérer que, lorsque
l'employeur le comble, on pourrait considérer ça comme une avance
qu'il fait et il pourrait se rembourser cette avance-là à
même un congé de cotisations.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'était pas
question du congé de cotisations que le ministre permet actuellement et
que la Régie permet, qui fait que les employeurs sont en train d'obtenir
déjà ce que le ministre veut légaliser dans la loi. Je
demanderais à M. Daoust: Est-ce que la proposition de la CSN vous
apparaît inacceptable à cet égard?
M. Daoust: Non, quant à nous, non, ça ne
crée pas de problème. Je pense bien que cette analyse qui a
été faite par la CSN, qui est reprise d'une autre façon
dans notre document et ses conclusions ne nous créeraient pas de
difficulté. Mais substantiellement, ce que nous, on veut dire au
ministre, c'est... Je vois bien son inquiétude. Il se dit: Bon, bien
qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on maintient le moratoire ou bien je tranche?
Nous, on l'invite à trancher, on a le sentiment profond et la conviction
qu'il n'y aura pas de commotion incroyable, qu'il n'y aura pas de tremblement
de terre... Évidemment, il y a des employeurs qui ont été
habitués et qui ont pris de faux plis. Il n'y a rien de pire que de
redresser quelque chose qui pousse tout croche, à un moment
donné. Mais il faut le faire inévitablement. Il va
peut-être y avoir des gens qui vont rouspéter ici. Je ne sais pas
ce que M. Ghislain
Dufour va venir vous dire, puis je ne veux pas présumer de ses
prises de position et être méchant à son égard, pas
une damnée miette. Mais il ne faudrait pas s'émouvoir qu'en
certains lieux, puisqu'on a pris des habitudes qui ont été
permises par toutes sortes de circonstances, on veuille les maintenir et les
voir confirmées par la loi.
Enfin, on invite le ministre à un certain courage. Ce n'est pas
le courage du siècle qu'on vous demande, mais un certain courage
à l'égard de ce problème-là, pour faire
disparaître cette mentalité de bandits de grand chemin. Tout le
monde a parié de vol, de vol légalisé et qualifié,
bon, et je n'en ferai pas une démonstration très longue. Mais le
pauvre monde, quand il se fait prendre les mains dans le sac ou la main dans le
sac, on s'en débarrasse et on les mets en prison. Voici que des
entreprises, un peu partout ici au Canada ou au Québec, ont
littéralement et physiquement, ce n'est pas rien que
littéralement mais physiquement, selon nous, volé les
travailleurs. Écoutez, il n'y a pas d'autre mot, c'est peut-être
un peu brutal comme mot et, parfois, on essaie de le rendre un peu plus doux,
mais...
Il ne faudrait pas confirmer cette façon d'agir des employeurs.
Quand je dis: Un certain courage... Oui, un certain courage, ce n'est
peut-être pas facile, sans aucun doute, mais n'attendez pas qu'il y ait
unanimité dans ce domaine-là et qu'il y ait un consensus, des
consensus... Je ne veux pas faire allusion à une autre commission mais
on verra bien en temps et lieu. Il n'est pas toujours facile de dégager
des consensus ou l'unanimité. Moi, je pense qu'il faut écouter la
voix de ceux et de celles qui connaissent le problème, qui l'ont
vécu et qui en souffrent, et puis trancher de façon
définitive pour que ne se répètent plus les abus du
passé. Je répondais à votre question un peu longuement,
mais...
M. Bourdon: Allez, allez, ce n'est pas un problème. Mais
nous, on a intérêt à vous écouter parce que, quand
on sera au gouvernement, on aura peut-être intérêt à
refaire l'exercice dans un sens différent.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous voulez que je vous
reconnaisse, M. le député de Gouin?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Joly): Ça va me faire plaisir.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Je pense que vous
citez d'ailleurs avec beaucoup de pertinence M. Rae, premier ministre de
l'Ontario, et rappelez que c'est un peu son élection qui est venue
couper l'herbe sous le pied au ministre, parce qu'à l'hiver 1990,
lorsqu'on invoquait des
motifs pour prolonger le moratoire, on nous disait à
l'époque qu'il fallait consulter l'Ontario. Depuis l'élection du
NPD en Ontario, on ne nous parle plus de consultation avec l'Ontario, et,
soudainement, c'est le gouvernement du Québec qui a décidé
de prendre l'initiative. Alors, c'est quand même... Ce que je vous
rappelle tout simplement, M. le ministre, ce sont vos propos de l'hiver 1990,
c'est un des arguments que vous avez invoqués pour prolonger le
moratoire. Alors, on ne voit pas, si ce n'est que l'élection de M. Rae
en Ontario, ce qui pourrait soudainement justifier un changement d'attitude de
votre part. Ce que j'aimerais ajouter, à ce moment-ci, c'est de
rappeller aussi pour le bénéfice des membres de la FTQ ce que les
gens du Barreau - qui sont des gens qui ont une vaste connaissance de la
législation autant québécoise qu'ontarienne et canadienne
- sont venus nous dire de façon très claire: que la proposition
gouvernementale ne respecte pas les ententes contractuelles, qu'elle ne
respecte pas le processus judiciaire puis qu'elle va à rencontre des
dispositions fiscales. C'était quand même une attaque très
sévère, qui ne venait pas d'un groupe d'intéressés
dans le débat, qui venait de gens, au contraire, éclairés
par leur expérience et par leur pratique.
J'aimerais revenir sur cette question de respect du processus judiciaire
et des causes pendantes. Mon collègue, M. le député de
Pointeaux-Trembles, a rappelé la citation que vous faites du document de
consultation à la page 14. Vous dites: "Les quelques jugements rendus
par les tribunaux canadiens reflètent les deux courants de pensée
et ne nous permettent pas de dégager une jurisprudence claire." Vous
faites une attaque très sévère, votre analyse à
vous. Les gens de la CSN sont venus nous dire: On se questionne sur la
légalité du geste. Les gens du Barreau sont venus nous dire: Sauf
en de très rares occasions, et je cite, "le gouvernement a toujours
respecté le principe de la non-application d'un nouveau texte de loi aux
causes pendantes. Nous croyons qu'il est important que le gouvernement continue
de respecter ce principe." Est-ce que la FTQ a un point de vue sur la
légalité du geste de donner l'amnistie, si on peut s'exprimer
ainsi, mais, dans le fond, de suspendre toutes les causes qui sont pendantes
devant les tribunaux?
M. Rivest: Bien, on peut se poser des questions sur cette
question-là. Mais, essentiellement, ce que la FTQ dit c'est que, compte
tenu qu'il y en a déjà suffisamment de décisions des
tribunaux, à ce moment-là, inspirez-vous donc des
décisions des tribunaux pour appliquer à tout le monde le
principe de l'appartenance des surplus et donnez-les aux participants
plutôt que, finalement, de perpétuer un certain nombre de causes.
Par ailleurs, on pense et on le dit que ce que le gouvernement veut faire,
c'est un recul par rapport à ce que les tribunaux, au moment
présent, donnent aux participants. Ça, on n'accepte pas
ça.
M. Boisclair: Mais est-ce qu'il y a... Et c'est ça que
j'essaie de voir... Les gens du Barreau nous ont dit que le "due process of
rights", l'accès aux tribunaux n'est pas garanti ici contrairement
à ce qui se passe aux États-Unis. Ce que j'essaie de voir au
niveau de la légalité du geste, je ne sais pas si vous avez une
opinion sur cette question-là parce que ça va être un
sacré problème? Le ministre nous disait, lorsque je posais cette
question-là, hier: Oui, mais qu'est-ce qui arrive si, par exemple, les
travailleurs et travailleuses de la Simonds perdent leur cause? Vous allez sans
doute être bien content de voir qu'il y a un caractère
rétroactif qui s'applique dans le cas de la loi. Est-ce que c'est un
pari que vous êtes prêt à prendre, vous? Le cas de la
Simonds, si je ne me trompe pas, ses employés sont de la CSN? Bon, il y
a d'autres causes qui émanent de vos instances, il y a des causes qui
ont été gagnées aussi chez les Métallos, si je ne
me trompe pas. Mais est-ce que c'est un pari que vous êtes prêt
à prendre, chez vous? (12 heures)
M. Rivest: Je pense que la question, ce n'est pas une question de
pari. Dans le fond, quelle est l'alternative, pari par rapport à quoi?
Je pense que c'est ça 1a question. Actuellement, la proposition
gouvernementale semble dire: Écoutez la loi va aller même à
rencontre de causes qui seraient pendantes devant les tribunaux. Ça, on
pense que ce serait illégal ou, à tout le moins, ce serait, il me
semble, contraire aux principes qu'on défend généralement
dans une société démocratique. Maintenant, savoir le pari,
ce serait le pari par rapport à quoi? Ce qu'on dit, c'est qu'au moment
présent, les tribunaux donnent plus dans le cas des régimes
où il y a eu des amendements en cours de régime,
généralement les régimes d'avant 1966, date
d'entrée en vigueur de la Loi sur les régimes
supuplémentaires de rentes. On pense que le gouvernement donne moins et
peut-être qu'on serait prêts à penser au pari, mais c'est un
problème qu'il faut regarder, non seulement pour le passé, mais
aussi pour l'avenir. Il me semble que notre proposition, c'est une proposition
qui regarde le passé pour qu'on l'applique à l'avenir par loi et
qu'il n'y ait pas de cas à la pièce.
M. Boisclair: Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): II vous reste une question.
M. Bourdon: M. le Président, combien me reste-t-il de
temps?
Le Président (M. Joly): Une minute et 15 secondes.
M. Bourdon: Une minute, c'est en masse.
Le Président (M. Joly): Pour la question et la
réponse.
M. Bourdon: Je n'ai pas d'autre question. Je voudrais remercier
la FTQ qui, au nom de ses 450 000 membres est venue lancer ici un cri d'alarme,
dans le fond, pour dire: Le ministre et la Régie se préparent
à légaliser une appropriation abusive des fonds de pension des
travailleurs par certains employeurs. Je pense que ça ressemble à
mon adolescence, ce qui arrive aux travailleurs des fois, ça ressemble
aux terrains en Floride qui étaient supposés comporter des
orangeraies, mais qui étaient des "swompes". C'est grave quand on joue
ça dans la vie des gens. Les gens ont l'espérance d'une retraite
x, et on permet à l'employeur... Me Rivest soulignait les fins de
carrière, entre autres, qui dégagent des surplus très
considérables, puisqu'on leur donne une retraite maintenant au lieu de
la retraite anticipée. Autrement dit, on vole les participants qui ont
investi le plus dans le fonds. Alors, dans ce sens-là, je tiens à
dire à la Fédération des travailleurs du Québec que
nous, de l'Opposition, on a de l'admiration pour ce que la centrale et ses
affiliés font pour défendre leurs membres là-dessus. On
espère que le ministre a entendu le message et qu'il y aura moyen
d'arriver à quelque chose de plus juste que ce qui est devant nous. Ce
qui est devant nous, c'est vraiment de permettre au renard d'entrer dans le
poulailler et de faire un carnage.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Le mot de la fin, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, tout en déplorant les
propos excessifs que j'entends depuis quelques minutes, tendancieux, le vol, le
carnage, c'est un langage, M. le Président, qui sied à...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, c'est le mot de la
fin, M. le député.
M. Boisclair: Le ministre n'a pas le droit de nous prêter
des propos, vous le savez très bien. Je vous demanderais tout simplement
de faire respecter le règlement. Vous savez très bien que le
vocabulaire que le ministre vient d'utiliser est un vocabulaire
antiparlementaire.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. S'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, vous auriez dû
l'interdire dans la bouche du député de Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Joly): Non, mais je vous ai laissé
aller. J'ai été...
M. Bourdon: M. le Président, j'ai cité le premier
ministre de l'Ontario, ce n'est pas antiparlementaire.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse là.
M. Bourbeau: Moi, j'ai cité le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: II s'agit d'un premier ministre d'une province du
pays que vous voulez garder.
M. Bourbeau: M. le Président, moi, j'ai cité le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le Président, je pense
que...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Si le député veut retirer la citation,
je vais retirer la mienne. M. le Président, tout en déplorant les
propos excessifs...
M. Bourdon: M. le Président, le ministre dit qu'on avait
dit des choses excessives et tendancieuses. Il n'a pas à nous
prêter d'intentions. On a décrit ce qu'on pensait être,
nous, la réalité.
M. Boisclair: II y a une question de règlement.
M. Bourbeau: Alors, l'aveu, c'est la meilleure preuve.
Le Président (M. Joly): Quel règlement,
monsieur?
M. Boisclair: Je vous demanderais de trancher, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Quel règlement, M. le
député?
M. Boisclair; Vous savez très...
Le Président (M. Joly): En vertu de quel
règlement?
M. Boisclair: Je peux sortir l'article exact et vous le dire.
Vous savez très bien, M. le Président, comme moi...
M. Bourbeau: Écoutez, on va s'entendre là...
M. Boisclair: ...qu'un parlementaire n'a pas le droit...
M. Bourbeau: ...on a prononcé les mêmes mots. Alors,
s'il les retire, je vais les retirer. Je n'ai fait que répéter ce
qu'il a dit. M. le Prési-
dent...
M. Bourdon: M. le Président, ce qui n'est pas
parlementaire, c'est que le ministre dit qu'on avait tenu des propos excessifs
et tendancieux, et ça, ce n'est pas parlementaire...
Le Président (M. Joly): À ce que je sache...
M. Bourdon: ...et je veux que vous le rappeliez à l'ordre.
Pour ce qui est du vol, on le sait...
Le Président (M. Joly): Moi, j'apprécierais...
M. Bourdon: ...c'est le premier ministre de l'Ontario qui l'a dit
et c'est ce que le monde pense.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): J'apprécierais que vous
baissiez le ton, au départ, parce qu'on peut quand même, entre
gens civilisés, s'entendre. Je ne crois pas que le ministre vous ait
traité de quoi que ce soit. Donc, il n'y a rien d'antiparlementaire
à ce moment-là. M. le ministre, s'il vous plaît, en
conclusion finale.
M. Bourbeau: M. le Président, une conclusion, c'est
toujours un peu final. Disons ceci...
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est parce que des fois
ça traîne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, tout en soulignant que tout
à l'heure on a affirmé qu'une femme ne peut pas être
à moitié enceinte - et je le reconnais - ce que je
déplore, c'est le sophisme qu'on a utilisé à
l'égard de cette comparaison-là. On dit: Une femme ne peut pas
être à moitié enceinte, donc, on ne peut pas trouver une
solution qui serait mitoyenne, qui tiendrait compte de tous les points de vue.
Il faut trancher dans une direction qui est à l'extrême: un point
ou un autre. On a même fait des comparaisons avec le parti politique que
je représente en disant: Ça doit être ci, ça doit
être ça. M. le Président, ce que je dis, c'est que...
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que la conclusion va
venir?
Le Président (M. Joly): C'est ce que je...
M. Bourdon: On va faire une nouvelle conclusion, nous autres
aussi.
Le Président (M. Joly): C'est ce que je souhaite, moi
aussi. D'une seconde à l'autre...
M. Bourbeau: Alors, en souhaitant...
Le Président (M. Joly): ...je m'attends toujours que c'est
la fin.
M. Bourbeau: oui, m. le président, en souhaitant que la
solution qui va sortir soit une solution qui ne soit pas absolue, mais qui soit
empreinte de nuances, de mesure et de pragmatisme...
Une voix: Et de justice.
M. Bourbeau: ...parce qu'il faut parler de pragmatisme et de
justice, oui, à l'image des Québécois qui aiment ce genre
de solution-là et qui savent faire la différence quand vient le
temps des élections. Je remercie la FTQ pour son mémoire.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
Moi-même, au nom des membres de cette commission, je remercie aussi les
membres de la FTQ. Merci beaucoup. Bon voyage de retour.
J'apprécierais que les représentants de l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes prennent place rapidement,
s'il vous plaît.
S'il vous plaît! Pourriez-vous libérer...
Alors, bonjour, messieurs. Bienvenue à cette commission.
J'apprécierais si vous pouviez vous identifier, s'il vous
plaît.
Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes inc.
M. Millette (Yves): Je suis Yves Millette, le
vice-président principal aux affaires québécoises de
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes. Je suis
accompagné aujourd'hui de M. Claude Garcia qui est vice-président
et chef de l'exploitation de la Compagnie Standard Life. M. Garcia va faire la
présentation du mémoire de l'Association.
Le Président (M. Joly): Vous savez que vous avez une
vingtaine de minutes, plus ou moins. Le mémoire a déjà
été lu, sauf que ce qui est intéressant, c'est souvent les
commentaires que vous y ajoutez. Merci.
M. Garcia (Claude): Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir évidemment de présenter le mémoire de
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes.
Alors, je pense qu'il s'agit évidemment d'un document important
sur un sujet qui a donné lieu à bien des débats. De
façon globale, l'Association est d'accord avec la proposition du
gouvernement puisqu'elle établit, selon nous, un cadre raisonnable et
pratique dans lequel traiter un projet fort litigieux. Il reste que certains
aspects des modalités d'application proposées ont besoin d'un
complément d'examen parce qu'on n'est pas certain de l'effet des
propositions sur certaines pratiques à l'heure actuelle que nous
considérons souhaitables.
Alors, en d'autres termes, nous sommes d'accord que le moratoire actuel
sur l'utilisation des excédents des régimes constitue une entrave
au développement et à la croissance de ce genre de régime.
Évidemment, vous savez sans doute que les employeurs ont le choix
d'avoir ou de ne pas avoir à mettre sur pied un régime de
retraite. S'ils décident de mettre sur pied un régime de
retraite, ils peuvent choisir un éventail de solutions. Comme le
moratoire a de l'impact sur les régimes à prestations
définies exclusivement, évidemment ça crée certains
empêchements au développement de ces régimes.
Nous sommes d'accord également que les principes fondamentaux qui
régissent la répartition des excédents devraient
être, d'abord et avant tout, la protection de la sécurité
financière des régimes et, en second lieu, le respect de la
contribution des participants et des responsables du régime.
Finalement, les commanditaires de régimes devraient continuer
d'avoir le droit de suspendre le paiement des cotisations si une
évaluation actuarielle montre que le régime est
surcapitalisé et solvable et que le texte du régime n'interdit
pas cette suspension.
Nous acceptons toutefois, comme compromis nécessaires, les vues
suivantes. Premièrement, en cas de distribution de l'excédent,
celui-ci doit être réparti entre les participants et le
commanditaire ou le responsable du régime. Deuxièmement, il y a
lieu de prescrire un pourcentage minimal de cette distribution en faveur des
participants du régime, même dans les cas de régimes non
contributoires. Troisièmement, que la répartition de
l'excédent devrait être obligatoire dans certaines circonstances.
Nous croyons, toutefois, qu'un certain nombre de propositions auraient
intérêt à être réexaminées ou au moins
explicitées. D'abord, les modalités d'application devraient
être harmonisées avec les règles fiscales pour faire en
sorte qu'elles ne débouchent pas sur un traitement fiscal
défavorable pour les participants ou les responsables. Ce qui m'a
frappé dans le débat qui a précédé, c'est
que tous les cas qu'on a cités, c'étaient des cas du secteur
public. Des entreprises, donc, qui ne sont pas taxables, qui ne sont pas
imposables. Alors, évidemment, dans le secteur prive, nous avons des
partenaires importants qui s'appellent le gouvernement fédéral et
le gouvernement provincial qui viennent chercher une partie importante de nos
profits, et il est certain que les règles fiscales pour nous ont une
importance considérable, qu'elles n'ont peut-être pas dans le cas
du secteur public. Hydro Ontario, Hydro-Québec ne sont pas des
corporations taxables.
Deuxièmement, une distribution des excédents d'actif ne
devrait pas être exigée lors de la levée du moratoire. Je
ne vois pas la pertinence de distribuer l'actif, les surplus actuels, lors de
la levée du moratoire.
Troisièmement, en ce qui concerne une modification au
régime visant à utiliser en totalité ou en partie les
excédents d'actif pour augmenter les prestations de certains
participants, que ce soit, par exemple, indexer les rentes des
retraités, permettre à certains participants de prendre une
retraite anticipée ou augmenter les prestations de services
passés, une distribution... On ne devrait pas exiger une distribution
des actifs dans ces circonstances-là. Une des raisons principales qui
fait que les employeurs veulent avoir des régimes de retraite à
prestations définies, c'est d'avoir une certaine flexibilité dans
l'utilisation de leur main-d'oeuvre. Et on sait maintenant avec toutes les
exigences des gouvernements que les coûts, si on veut, encourus par les
entreprises pour maintenir de tels régimes ont augmenté de
façon sensible, ce qui fait qu'ils ont découragé un
certain nombre de petites entreprises à limiter, à changer,
à modifier leur régime. Je n'apprendrai rien à M. Legault
certainement là-dessus, et l'expérience en Ontario est exactement
la même. Il y a eu une réduction considérable du nombre de
petits régimes à prestations définies à cause des
exigences légales. Si nous n'avons pas la possibilité de
permettre à des employés qui, pour toutes sortes de raisons,
n'ont peut-être plus la volonté ou l'habileté de continuer
à travailler dans nos entreprises, il est évident que pour nous,
c'est un outil important de gestion des ressources humaines. On constate tous
les jours que les employés ne vieillissent pas tous au même
rythme. Il y en a qui ont 55 ans et qui ont beaucoup de réticence
à accepter les changements technologiques ou qui ont toutes sortes de
problèmes. Il y en a d'autres qui ont 65 ans, 68 ans, qui veulent
continuer à travailler et qui sont capables d'apporter encore une
contribution importante. Alors, ces règles-là, que nous avons, de
retraites anticipées nous sont d'une grande utilité pour nous
permettre d'arriver à des solutions honorables avec les employés
qui vieillissent prématurément pour toutes sortes de raisons.
Alors, on tient évidemment à garder ça, et on n'est pas
certains que les modalités qui ont été prescrites par le
ministre nous permettraient de continuer à le faire sans être
obligés de distribuer le surplus.
Quatrièmement, le pourcentage minimal de l'excédent qui
peut être distribué aux participants du régime ne devrait
pas dépasser le tiers pour les régimes contributifs et la
moitié de ce pourcentage pour les régimes non contributifs.
Cinquièmement, il ne devrait pas être exigé que la
part de la distribution de l'excédent qui revient au responsable du
régime soit encaissée immédiatement en espèces. Je
pense que vous allez comprendre pourquoi, c'est question fiscale entre autres,
c'est taxable, ça, et, évidemment, à
l'occasion, si on a des bonnes années, on a eu tendance dans le
passé à essayer de mettre le plus d'argent possible dans notre
caisse de retraite pour pouvoir en disposer lorsqu'on aura de mauvaises
années. Et on ne voudrait certainement pas être obligés de
sortir de l'argent de la caisse. Il ne faudrait pas prescrire
d'hypothèses ou de méthodes actuarielles. Si on juge
nécessaire de le faire - parce qu'il y en a déjà beaucoup
de prescriptions d'hypothèses différentes et encore là,
dans un souci d'économie... Vous savez, dans le milieu, il y a une farce
qui circule, mais qui a quand même... C'est que toute la
législation qui entoure les régimes de retraite, c'est quasiment
une loi assurant le revenu des actuaires-conseils. Alors, on exhorte le
ministre, s'il vous plaît, de bien y songer avant de prescrire des choses
additionnelles. Je sais que les actuaires-conseils cette année ont un
peu plus de misère, parce que, justement, l'activité
gouvernementale a diminué, mais je pense que ça ne devrait pas
être le but de la législation de bâtir des lois qui visent
à assurer le revenu d'une profession en particulier. (12 h 15)
Et septièmement, il devrait être déclaré ici
clairement que les régimes à cotisations
déterminées ne tombent pas sous le coup des règles de
distribution. Il faudrait également examiner de plus près la
question de savoir si la part de l'excédent attribuée aux
participants du régime doit être basée sur les prestations
des seuls participants actifs ou s'il faut tenir compte des prestations des
participants avec droits acquis à une rente différée ou
qui sont retraités.
Il y aura lieu également, selon nous, de fournir des
précisions quant à la façon dont les règles de
distribution de l'excédent s'appliqueraient aux régimes ayant des
participants au Québec et dans d'autres provinces. Là-dessus, M.
le ministre, M. le Président, nous sommes très inquiets des
tendances qui ont pris forme dans ce domaine-là. Lorsqu'on est une
entreprise, par exemple - et, évidemment, la plupart des membres de
l'ACCAP sont dans cette situation-là. On vous parle peut-être plus
en tant qu'employeurs, à ce moment-ci - mais lorsqu'on a des
employés dans toutes les provinces, le fait qu'il y ait des
différences entre les provinces nous oblige, dans nos régimes,
à avoir des règles particulières pour les employés
de certaines provinces. Et ça devient assez compliqué d'expliquer
à nos employés pourquoi les règles seraient
différentes d'une province à l'autre. Et tout le monde
s'entendrait facilement pour accepter une règle de
réciprocité qui voudrait que la province où se situe une
majorité des employés d'entreprises soit celle qui
réglemente le régime. Et c'est malheureux qu'on s'éloigne
de cette tendance-là dans la réglementation, ce n'est pas le seul
domaine, remarquez, mais dans la réglementation d'un régime de
retraite, ça complique drôlement la vie des entreprises qui ont
des employés dans plusieurs provinces, ce genre de situation là.
Or, il faudrait que les règles précisent que l'affectation de
l'excédent aux cotisations patronales au titre de services futurs ne
constitue pas une distribution de l'excédent d'actif, et ne constitue
pas un événement exigeant la distribution de l'excédent et
qu'elle ne soit pas visée par les règles de distribution de
l'excédent. Peut-être, avant de terminer, j'aimerais rappeler que
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes est une
association professionnelle d'adhésion libre, représentant 108
sociétés d'assurances de personnes qui exercent leurs
activités au Canada. Les membres de l'Association détiennent 99 %
des assurances de personnes en vigueur au Canada. Nos membres administrent 73 %
des caisses de retraite canadiennes, mais couvrent 14 % des participants. Notre
part de marché est très forte dans les régimes moins
importants, dans les plus petits régimes. Elle offre des services de
gestion de caisses de placements également pour 18 % de l'actif des
régimes de retraite au Canada.
Alors, avant de terminer, peut-être qu'on pourrait lire à
la page 3: La question de la propriété des excédents
d'actif des régimes de retraite a fait l'objet d'amples débats
ces dernières années. Les vues des responsables de régimes
et des participants de ces régimes, habituellement exprimées par
le truchement d'organismes syndicaux, sont diamétralement
opposées, chaque partie revendiquant la propriété des
excédents. Les deux côtés ont vigoureusement fait valoir
leur point de vue. À la suite de ça, le gouvernement a
imposé un moratoire touchant les distributions d'excédents
pendant qu'il examine la question. Comme indiqué dans le document de
consultation, le moratoire s'avère un obstacle imprévu dans la
libre négociation des ententes en matière de régimes de
retraite. Il a créé un climat d'incertitude autant pour les
commanditaires que les participants, et dans certains cas, il a conduit au
report à plus tard d'améliorations aux régimes. Nous
croyons souhaitable une levée du moratoire à brève
échéance. Nous souhaitons que la responsabilité
prédominante du gouvernement en matière de réglementation
des régimes, est de sauvegarder la sécurité
financière de ce régime. Aucune distribution des excédents
ne saurait être permise ou imposée si elle mettait en péril
cette sécurité. Ce principe, ainsi que le principe voulant que
l'on tienne compte de la contribution de chaque partie au régime,
doivent inspirer toute proposition visant la distribution des excédents
d'actif, comme le gouvernement l'a déclaré dans le document de
consultation.
Il faudrait également reconnaître que, s'ils jugent qu'ils
sont lésés, les responsables risquent de prendre les mesures
nécessaires à l'avenir pour réduire les
possibilités d'un excédent. Résultat: des régimes
de retraite moins bien capitalisés et une sécurité
réduite pour les
participants. À notre avis, l'un des problèmes
inhérents au débat sur la propriété des
excédents est que les tenants d'un point de vue particulier ont tendance
à poser en principe que les circonstances qui leur sont
familières s'appliquent à tous les régimes, alors qu'en
fait, ce n'est pas le cas. Par exemple, il est raisonnable de penser que
l'entente implicite ou explicite entre employeurs et employés dans le
cas d'un régime négocié à prestations uniformes est
différente de celle qui concerne un régime de retraite non
contributif instauré unilatéralement par l'employeur. Cela peut
déboucher sur des approches différentes concernant le financement
du régime et à des vues différentes quant à la
propriété des excédents.
Le gouvernement semble être arrivé avec sagesse,
dirions-nous, à la conclusion qu'il y a une part de vérité
dans chaque camp, aussi a-t-il recherché une façon de partager
équitablement les excédents d'actif. Nous croyons qu'en termes
généraux, la proposition exposée dans le document de
consultation est un grand pas en avant vers la réalisation de cet
objectif.
Nous admettons que, si cette proposition doit être largement
accueillie, il doit être prévu qu'une partie au moins modique de
toute distribution d'excédent soit attribuée aux participants du
régime, et ce, dans tous les cas. Nous admettons aussi que, dans
certaines circonstances, il y a lieu de distribuer la tranche d'excédent
d'actif qui dépasse la "marge de solvabilité" aux participants et
au responsable du régime en vue d'un traitement équitable.
Nous croyons que le gouvernement a raison de conclure qu'un
commanditaire de régime devrait continuer d'avoir le droit de suspendre
sa quote-part de la cotisation d'exercice lorsqu'une évaluation
actuarielle montre que le régime est surcapitalisé et solvable et
que le texte du régime n'interdit pas la suspension. L'utilisation des
fonds excédentaires de cette façon ne met pas en danger la
sécurité financière du régime et serait plus
avantageuse pour les participants que l'éventualité de la
discontinuation du régime.
Nous avons des préoccupations concernant certaines
modalités, mais j'en ai déjà parlé.
Alors, nous croyons que le document établit, en conclusion, M. le
Président, un compromis raisonnable et acceptable pour traiter d'une
question qui a donné lieu à bien des débats. Dans le
délai très court qui nous a été imparti pour
l'étude de ce document, nous avons remarqué certains aspects de
la proposition qui nous préoccupent. Nous sommes convaincus qu'une
étude approfondie donnera lieu à de nouvelles perspectives que
nous aimerions partager alors avec le gouvernement. Nous serions heureux de
rencontrer des membres du gouvernement ou des fonctionnaires pour nous
entretenir avec eux de n'importe quel point de notre mémoire, si cela
peut vous être utile. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, monsieur. M. le ministre.
À moins que vous ayez d'autres choses à ajouter. Non?
M. Garcia: Non.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais poser une
question à nos amis de l'Association canadienne des compagnies
d'assurances - j'avais le sigle, mais je ne me souvenais pas du nom exact - et
vous demander sur quels critères vous vous basez pour affirmer que le
pourcentage maximal qu'on pourrait utiliser pour distribuer des
excédents d'actif aux participants devrait être de 33 1/3 % pour
les régimes contributifs et de la moitié de ça pour les
régimes non contributifs? Sur quels critères vous basez-vous pour
avancer ces chiffres-là?
M. Garcia: Écoutez, M. le Président, je pense que
c'est un peu arbitraire. On reconnaît que vous devez poser un geste dans
ce sens-là. Comme je vous l'ai dit, le moratoire, pour nous, on
considère que ça nuit au développement des régimes
et on souhaite que le moratoire soit levé le plus rapidement possible.
Alors, pourquoi le tiers? C'est parce que, de façon
générale, au moins au début quand on installe un
régime de retraite, c'est souvent arrivé qu'il y a eu des
partages 50-50. Alors, évidemment, peut-être... On nous dit que le
niveau des cotisations est établi à un niveau tel, avec des
hypothèses assez conservatrices, qu'effectivement, il y a eu des
surplus. Alors, on se dit: Bien, il faut que ça soit quelque part entre
50 % et 0 %. Alors, on a choisi le tiers, mais écoutez...
M. Bourbeau: Mais, en fait...
M. Garcia: Je ne veux pas prétendre qu'on a fait une
étude scientifique, ça serait faux. Dans le cas des
régimes non contributoires, comme l'argent vient exclusivement de
l'employeur, on pense qu'à ce moment-là, le niveau devrait
être un peu plus bas.
J'aimerais aussi rappeler qu'il y a déjà des
régimes qui sont très généreux. Vous avez des
régimes non contributoires. Il y en a beaucoup dans le secteur
privé, dans le secteur imposable, par rapport au secteur public, si on
veut. Il y a beaucoup de régimes non contributoires dans le secteur
privé, c'est-à-dire où tout est versé par
l'employeur. Il y a beaucoup de ces régimes-là qui sont
déjà très généreux, qui offrent
déjà des prestations élevées, des prestations qui
sont à peu près des maximums ou au maximum permis par les lois
fiscales. Je connais aussi plusieurs entreprises qui, de façon
périodique, indexent les prestations des retraités même si
elles ne s'y engagent pas par règlement. Elles le font de
façon... Chaque année, elles examinent la situation.
Alors, quand on dit dans ces régimes que l'on doit retourner les surplus
aux employés, comme les entreprises qui gèrent ces régimes
ont déjà satisfait une obligation de résultat qui
m'apparaît très pertinente et très correcte, je vois mal
que ça serait équitable de retourner une proportion importante ou
la totalité du surplus aux participants, surtout si le régime est
non contributoire. C'est dans cet esprit-là, évidemment, que nous
avons soumis le minimum et que nous avons prévu un minimum assez faible,
parce qu'on connaît, nous, des régimes où... Vous savez,
tantôt, on parlait, on employait des mots qui ressortissent au Code
criminel. Je prends l'occasion qui m'est présentée pour dire que
je ne pense pas que toutes les entreprises satisfassent nécessairement
aux exigences du Code pour se faire accuser des mots qu'on a utilisés
tantôt.
M. Bourbeau: J'ai dit ce que je pensais de ça.
Écoutez, il y a une chose qui m'étonne un peu dans votre
proposition. Nous, on a un système qui existe depuis 25 ans au
Québec ou à peu près, peut-être plus même,
enfin au moins 25 ans, où se sont accumulés des surplus. On dit
qu'il y a pour 900 000 000 $ de surplus accumulés. Il y a eu quelques
excès de zèle de certaines compagnies, il y a quelques
années, qui ont amené le gouvernement à imposer un
moratoire pour éviter que des situations malheureuses ne surviennent.
Là, vous nous dites: Vous avez très bien fait, on vous encourage,
levez le moratoire, mais on ne pense pas que vous devriez permettre de
distribuer les actifs à la levée du moratoire. Je trouve un peu
étonnant que vous nous disiez ça, parce qu'il me semble
qu'à cause de l'imprécision des clauses dans de nombreux
régimes qui existent présentement, imprécision sur les
excédents à cause des différents changements qui se sont
produits dans les régimes, les clauses qui ont été
modifiées au cours des années relativement, justement, à
la propriété des excédents, etc., est-ce qu'il ne faudrait
pas établir une date précise, une date claire en ce qui concerne
la propriété des excédents et aussi en ce qui concerne le
partage de ces excédents? Pourquoi continuer à laisser
traîner et pourrir peut-être une situation que l'on
déplore?
M. Garcia: Si vous me le permettez, M. le Président, je
peux parler peut-être de façon plus particulière de
l'entreprise à laquelle je suis associé, mais qui reflète,
je pense bien, la situation de plusieurs des entreprises membres de l'ACCAP,
parce que nous avons des régimes de retraite dans l'industrie de
l'assurance qui sont assez généreux.
Nous avons, chez nous, un régime de retraite
généreux, qui se compare avantageusement avec les régimes
les plus généreux dans le secteur public. Nous avons
également un surplus substantiel dans notre caisse de retraite, de
l'ordre de 30 %. les chiffres sont publics et sont publiés dans notre
rapport annuel, conformément aux exigences de la régie. il est de
l'ordre de 30 %. nous avons l'habitude d'indexer les rentes des employés
retraités au coût de la vie, de façon ad hoc, chaque
année. nous le faisons chaque année depuis très longtemps.
je n'ai pas vérifié avant de venir ici, je n'avais pas
prévu la question à savoir quand on a commencé, mais
ça fait très longtemps qu'on fait ça. nous ne voulons pas
le faire de façon automatique parce que ceci aurait comme
résultat de nous obliger à le faire, et on pense que si jamais la
solvabilité de l'entreprise était en danger, on
préférerait, à ce moment-là, passer peut-être
une année ou deux d'indexation. mais c'est certain que ce n'est pas une
décision qu'on prendrait à la légère, de ne pas
indexer.
Le fait que nous ayons un surplus important, par ailleurs, nous permet
de nous assurer que nous serons en mesure de continuer à indexer. Nous
payons d'ailleurs cette indexation à même le surplus de la caisse.
Avec ce surplus important, nous sommes en mesure de poursuivre une politique de
placement qui est beaucoup plus agressive. C'est l'autre raison pour laquelle
on ne veut pas indexer nos rentes. C'est que, si on indexait nos rentes de
façon automatique, on serait obligés d'utiliser des instruments
financiers dans la caisse qui seraient différents, des instruments comme
des obligations indexées, par exemple, pour garantir l'indexation. Le
rendement de ce genre d'instruments financiers est inférieur au
rendement qu'on peut obtenir avec la politique de placement qu'on poursuit dans
le moment et qui est une politique de placement qui nous a très bien
servis.
C'est un régime qui est non contributoire, d'accord, et le
surplus que nous avons a très bien servi nos employés. Nous leur
avons payé de très bonnes rentes. Nous les indexons chaque
année. Nous satisfaisons donc à une obligation de résultat
qui m'apparaît exemplaire. Notre régime d'indexation est plus
généreux que celui du secteur public parce que, nous, on indexe
le premier dollar d'inflation et non pas en haut. Si vous nous obligez à
distribuer notre surplus, ce n'est pas sûr qu'on pourra se permettre
d'indexer chaque année et ce n'est pas certain non plus qu'on pourra
poursuivre la politique de placement aussi agressive que nous avons poursuivie
dans le passé, mais qui nous a apporté de bons résultats.
Mais qui dit politique de placement agressive dit également
volatilité des résultats. De là l'importance, enfin, de
là l'utilité d'avoir un surplus, un certain coussin si on veut.
Alors, c'est ça que vous allez mettre en cause avec ces
règles-là. Vous savez, c'est trop facile de prendre un tapis et
de dire: Les employeurs du Québec, c'est tous des Simonds. O.K.? Ce qui
s'est passé chez Simonds, on le déplore autant que vous, mais
c'est une situation bien particulière. Vous avez là
un surplus qui origine, non pas, d'abord et avant tout, d'un
résultat de bons placements, qui résulte de mises à pied
massives chez les employés; ce que nous ne faisons pas non plus chez
nous. (12 h 30)
Vous voyez, on part de situations qui sont des cas d'espèce bien
particuliers et on dit: Tout le monde est comme ça dans le secteur
privé. Je prends exception, c'est faux. Il y a dans le secteur
privé des entreprises et je ne prétends pas dire ici que notre
entreprise est la seule à faire ça. Je connais des tonnes
d'entreprises qui, de façon annuelle, réexaminent les
prestations, mais les entreprises sont très réticentes à
se compromettre pour toutes les raisons que je vous ai données, parce
que ça obligerait à poursuivre des politiques de placement qui
sont moins rentables a long terme. Alors, quand on paie toutes les prestations,
nous voulons maintenir, nous voulons conserver, nous croyons que c'est dans
l'intérêt de nos employés, de notre entreprise, de
maintenir cette liberté d'action que nous avons jusqu'à
maintenant et qu'on pense que votre proposition met en danger jusqu'à un
certain point.
M. Bourbeau: Dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Allez. Vous avez le temps, M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, tout en déplorant
comme vous les prises de position excessives et les mots qui parfois
dépassent largement la pensée, enfin peut-être pas de celui
qui les prononce, mais de celui qui les reçoit, j'aimerais vous demander
ceci. Certains des intervenants nous ont suggéré d'interdire,
à toutes fins pratiques, à des employeurs de mettre fin au
régime en disant: On devrait interdire la pratique ou le droit de mettre
fin au régime. Je vous pose la question: Quel serait l'effet d'une
disposition qui interdirait de mettre fin au régime? Quelles seraient
les conséquences de ça?
M. Garcia: Écoutez, je pense que ce genre de
proposition... Vous savez, il ne faut jamais perdre de vue qu'établir un
régime de retraite, ce n'est pas obligatoire. Ce n'est pas toutes les
entreprises qui en ont. Je pense que si on interdisait de mettre fin au
régime, il faudrait en même temps interdire aux entreprises de
faire faillite.
M. Bourbeau: Oui, je comprends très bien. En fait, ce que
vous me dites, c'est que si on introduit une interdiction de fermer les
régimes, on risque d'avoir des employeurs qui ne voudront plus mettre
sur pied des régimes, parce qu'ils ne pourront plus y mettre fin.
M. Garcia: Oui. Écoutez, dans une entreprise, M. Bourbeau,
pensez-vous que c'est de gaieté de coeur qu'un chef d'entreprise va
mettre fin à un régime de retraite?
M. Bourbeau: Non, non. Je ne partage pas le point de vue. Je vous
pose la question, parce que...
M. Garcia: Ce que je dis, c'est que, quand vous avez un
régime de retraite, vous avez des employés... Vous savez,
aujourd'hui, on parle de plus en plus de qualité totale, de gestion des
ressources humaines. L'ère où on faisait travailler les gens avec
des ordres puis avec des fouets est révolue. On parle d'adhésion
aujourd'hui et de mobilisation des ressources humaines, mobilisation des
cerveaux au service de l'entreprise. Les entreprises qui réussissent
aujourd'hui sont des entreprises qui sont en mesure, par leur technique de
gestion, de mobiliser leurs ressources. Alors, ces entreprises-là, quand
elles mettent sur pied des régimes de retraite, c'est justement pour les
aider à poursuivre leur objectif de mobilisation des ressources
humaines. Alors, si elles mettent fin à un régime, le signal
qu'on envoie aux employés c'est que l'entreprise va très mal
financièrement, puis on dit aux employés: Vous êtes bons,
mais dépêchez-vous de vous trouver une autre job avant qu'on fasse
faillite, et les pas bons, bien ils restent là. Alors,
évidemment, c'est le début de la fin d'une entreprise lorsqu'on
fait ça. Ce sont des propositions, à mon avis, qui
découlent de l'utopie.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, M. Garcia et M. Millette.
On se retrouve aujourd'hui, M. Millette, dans un autre contexte que celui
où on s'est retrouvés il y a deux jours. Vous comprenez que
toutes les sensibilités qui existent alentour de cette
question-là peuvent être parfois très différentes de
celles qui existent lorsqu'on parle des institutions financières. Et je
fais référence, au bénéfice de M. Garcia, aux
discussions qui avaient lieu avant-hier à la commission du budget et de
l'administration sur la question du financement des compagnies mutuelles
d'assurances.
Je me permettrai cependant quelques remarques pour dire que j'ai
déjà, à quelques reprises, eu l'occasion de travailler
avec les gens de l'ACCAP, de prendre connaissance des mémoires qui sont
présentés par l'Association, et j'avais été
habitué à lire des mémoires où, à tout le
moins, il y avait plus d'argumentation et de matière alentour de l'os.
Je trouve que certaines affirmations qui sont faites dans ce mémoire,
malgré les quelques explications que vous nous avez apportées
à l'occasion de votre présentation, sont faites un peu de
façon rapide, à tout
le moins. Je pourrais en souligner quelques-unes, lorsque vous dites...
Le ministre en a soulevé une, d'ailleurs, sur la règle du 33 1/3
%, en page 2, lorsque - le pourcentage minimal de l'équivalent qui peut
être distribué au participant du régime ne devrait pas
dépasser 33 1/3 % pour les régimes contributifs - le ministre
vous demande sur quoi vous vous basez pour en arriver à ce
chiffre-là, vous nous avez répondu qu'il n'y avait pas
d'étude qui avait été faite à ce moment-là.
Lorsque vous pariez aussi de... Là, j'aimerais bien le retrouver. Ah!
oui, en page 4: "Nous admettons que, si cette proposition doit être
largement accueillie, il doit être prévu qu'une partie au moins
modique de toute distribution d'excédent soit attribuée aux
participants du régime." Je trouve que c'est un peu surprenant de
retrouver des choses semblables à celle-là dans le
mémoire.
Ceci étant dit, je pense qu'on peut vivre avec chacun nos
opinions et qu'on se respecte autant pour les positions qu'on défend.
Moi, j'admettrai cependant que j'ai un problème de fond avec la
présentation, la position - finalement, c'est la question qui nous
divise - qui est celle du salaire différé. Vous tentez de faire
une distinction entre les différents types de régime. J'aimerais
retrouver votre citation exacte lorsque vous parlez... Si vous me donnez
quelques instants, je vais la retrouver.
M. Garcia: Oui, à la page 2, chapitre 7, les
régimes à cotisations déterminées.
M. Boisclair: Oui. C'est ça.
M. Garcia: Mais chacun des points est explicité en
annexe.
M. Boisclair: Oui. C'est ça. Je veux juste le retrouver.
Essentiellement, vous dites que vous reconnaissez que, dans le cas de certains
régimes, il y ait une négociation et qu'à tout le moins,
vous êtes prêt à la reconnaître. Mais peu importe,
à mon avis, le type de régime, il faut quand même
comprendre que l'employeur ne décrète pas, de façon
unilatérale, les conditions de travail. Lorsqu'un individu, un homme ou
une femme décide, de bon titre et de juste foi, de participer au
développement d'une entreprise, il le fait connaissant l'ensemble des
conditions de travail qui sont offertes dans le cadre d'une entreprise, et
c'est un échange. Il y a quelqu'un qui a un service à offrir, des
compétences à offrir. En retour, vous lui offrez une
rémunération qui lui apparaîtra juste. Il y aura
transaction dans la mesure où les deux parties sont satisfaites des
propositions qui sont sur la table.
Alors, a mon avis, même s'il n'y a pas de négociations
formelles qui se font dans le cadre de négociations au sens où on
l'entend souvent avec partie patronale et partie syndicale, il y a quand
même un consentement. Alors je vous dis, moi, que je serais d'accord avec
votre point de vue si l'employeur décrétait
unilatéralement les conditions de travail, mais je pense que
l'expérience nous montre bien que ce n'est pas vraiment le cas, et je
suis forcé de conclure qu'il s'agit là, effectivement, de salaire
différé. À moins que vous me fassiez la
démonstration du contraire, ça, c'est une objection de fond que
je soulève, que j'ai beaucoup de difficultés à
accepter.
M. Millette: J'aimerais répondre un peu à vos
critiques concernant notre mémoire. Je pense qu'on a eu, finalement, peu
de temps pour préparer notre position et, comme vous l'avez vu par les
chiffres qu'on vous a cités au début, les compagnies membres de
notre association administrent 73 % des régimes et ça ne
représentent que 14 % des participants. C'est donc dire que nous
administrons de petits régimes. Et le secteur privé administre
presque autant de régimes non contributifs que de régimes
contributifs. Si on prend des statistiques qui sont de Statistique Canada pour
1988, celles que j'ai sous la main, dans le secteur public, il y a 908
régimes contributifs au Canada contre 55 qui sont non contributifs. Par
ailleurs, dans le secteur privé, c'est presque à
égalité: 10 496 qui sont contributifs et 9780 qui ne le sont
pas.
Si on regarde maintenant le nombre de travailleurs impliqués,
dans le secteur public, il y a 2 164 187 participants qui contribuent à
des régimes, alors qu'il y en a 8212 qui jouissent de régimes non
contributifs. 8212 employés, c'est très marginal. Alors que dans
le secteur privé vous avez 1 217 370 personnes qui participent à
des régimes contributifs, contre 1 405 338 qui participent à des
régimes non contributifs. Donc, quand on parle de question de salaire
différé, dans notre industrie, les régimes qu'on fait sont
carrément, je pense en tout cas, différents. C'est vraiment des
politiques de l'employeur qui décide et, souvent, c'est dans des PME,
là, de petites entreprises où il y a 100 employés et
moins, et ce sont les employeurs qui décident la plupart du temps, dans
des entreprises non syndiquées, unilatéralement de mettre en
place des régimes de retraite.
Donc, peut-être que pour notre entreprise...
M. Boisclair: Mais il a des intérêts aussi, il a un
certain nombre d'intérêts à le faire aussi, parce qu'il
sait fort bien...
M. Millette: M. Garcia l'a dit tantôt.
M. Boisclair: ...que s'il veut recruter des gestionnaires
compétents, s'il veut recruter du personnel qu'il va motiver, M. Garcia
l'a effectivement dit, il le fait aussi dans son intérêt, parce
qu'il sait très bien aussi que l'employé aura le choix d'aller
dans une entreprise qui, elle, peut-être l'offrira.
M. Millette: Je ne vous dis pas que ce n'est pas dans son
intérêt, mais, contrairement à ce qui se passe dans le cas
des régimes publics où ce sont des régimes
négociés la plupart du temps, ce n'est vraiment pas le cas dans
le cas des PME. Ils le font pour des raisons concurrentielles, ils le font,
comme on le disait tantôt, pour accorder des avantages à leurs
employés, mais ils le font sur une base purement volontaire.
Et, l'autre statistique qu'on pourrait ajouter, c'est que les
régimes non contributifs couvraient 500 000 personnes en 1970, ils en
couvrent 1 500 000 aujourd'hui. C'est donc dire que les régimes non
contributifs, au cours des 20 dernières années, ont
triplé, alors que les régimes contributifs, je parle toujours du
secteur privé là, sont restés à peu près
équivalents.
Donc, il y a eu un changement assez substantiel dans notre industrie, et
on ne peut pas dire que les genres de régime qui sont administrés
par notre industrie sont des régimes qui ont généré
des surplus énormes et qui ont contribué à créer la
situation qu'on connaît aujourd'hui dans le domaine des fonds de pension.
Donc, ça je pense que c'est une situation qui est moins connue,
premièrement.
Deuxièmement, quel est l'effet sur les fonds de pension? C'est
moins certain. Mais le message qu'on voulait vous passer, finalement, à
l'intérieur de ça, c'était que les régimes, et
c'est 73 % des régimes en vigueur aujourd'hui, que les régimes
administrés par les compagnies d'assurances sont des régimes qui
couvrent surtout de petits employeurs, et qui, très souvent, sont non
contributifs. Donc, ça explique un peu une différence dans les
positions qu'on peut prendre.
M. Boisclair: Oui, ça je... Mais sauf que...
M. Garcia: À part ça, pourquoi nous obliger
à distribuer le surplus si... Parce que si vous avez une caisse avec un
surplus de 25 % à 30 %, avez-vous pensé au rendement de ce
surplus-là chaque année? Ça paie. On parlait tantôt
d'enlever les congés de cotisation, mais si on a un surplus de 25 % dans
la caisse, seulement le rendement du surplus chaque année est souvent
supérieur au coût du régime de retraite. O.K.?
Puis chez nous, je me souviens, quand est arrivé octobre 1987, il
y a trois ou quatre employés qui nous ont demandé: Est-ce que ma
caisse de retraite est encore solvable? C'a été la
réaction des employés. Ils étaient inquiets parce que la
Bourse avait baissé de 22 %, puis les employés, chez nous - c'est
connu qu'on a énormément d'actions dans notre portefeuille dans
la caisse de retraite - les gens se sont inquiétés de la
solvabilité de la caisse de retraite. Alors, quand on parie de surplus
là, c'est un surplus aujourd'hui, mais demain, est-ce que c'est encore
un surplus? Ce sont des choses qui arrivent ça.
M. Boisclair: mais parmi les fonds que les membres de votre
association gèrent, est-ce que vous connaissez bien des régimes
qui sont déficitaires?
M. Garcia: Non, pas tellement, non.
M. Boisclair: Et lorsqu'il y a un déficit aussi, on
s'apercevra que c'est souvent dû aux mesures rétroactives qui sont
adoptées.
M. Garcia: Ah! mais une des raisons...
M. Boisclair: II pourrait y avoir un certain nombre de
déficits imprévus...
M. Garcia: Une des raisons pour lesquelles il y a des surplus
dans le moment...
M. Boisclair: Mais, si on me permet de terminer, il pourrait y
avoir des déficits imprévus, et la CSN même le
reconnaît, elle dit que les employeurs devraient avoir droit d'aller
compenser pour les déficits imprévus. Mais à ma
connaissance, et puis les statistiques qu'on nous présente, puis ce
qu'on est venu nous dire à ce jour, c'est que la question du
déficit est sans doute un faux problème.
M. Garcia: Non, mais c'est parce qu'il ne faut pas oublier une
chose à l'heure actuelle, c'est que nous connaissons depuis 10 ans une
période où les taux d'intérêt réels sont
très élevés au Canada. Ça, c'est à cause, en
bonne partie, du déficit du gouvernement fédéral et de
ceux des provinces dans une certaine mesure, qui ont fait que nous vivons des
taux d'intérêt réels, sur une si longue période que
ça ne s'est jamais vu. Alors, quand les taux d'intérêt sont
le double des taux d'augmentation des salaires, il est certain que les actifs
augmentent plus vite que les passifs, parce que les passifs, eux, ont tendance
à suivre l'évolution des salaires, mais les actifs suivent
l'évolution des taux d'intérêt actuels. Évidemment,
ça augmente au rythme de l'augmentation du taux d'intérêt.
Si on avait des gouvernements qui étaient plus responsables dans leur
politique fiscale, il y aurait moins de surplus dans les caisses de retraite.
Et un jour, au Canada, il va falloir qu'on soit plus responsables, parce qu'on
ne peut pas continuellement avoir des déficits. Alors...
M. Boisclair: Vous connaissez... M. Garcia: ...ce n'est
pas certain...
M. Boisclair: II me reste une minute, M. Garcia, je voudrais
pouvoir en profiter. Vous connaissez notre position sur cette
question-là. Qu'est-ce que vous faites... Je vous parlais de la
situation, du problème du déficit canadien, et je pense qu'on
sait tous qu'on paie 28 sous du
dollar pour payer l'intérêt sur la dette.
J'aimerais revenir, moi, sur la question qui est celle des causes
pendantes ou peut-être même vous demander... Tiens, non, puisqu'il
me reste seulement une minute. Est-ce que vous êtes allés
déposer un mémoire devant la commission Friedland, en
Ontario?
M. Millette: II faudrait que je vérifie, là, mais
j'imagine que si on ne l'a pas fait, on va le faire.
M. Boisclair: Je pense que la commission Friedland a
terminé ses travaux sur la question d'indexation des régimes de
retraite.
M. Millette: Oui, on a soumis nos rapports, effectivement.
M. Boisclair: Parce que le gouvernement ontarien a
déjà pris un certain nombre de mesures. On a même - comme
je le disais tout à l'heure et puis vous étiez présent
dans la salle - invoqué, en 13)90, une... On attendait de consulter
l'Ontario pour voir ce qu'on allait faire, et là, soudainement, depuis
l'élection du gouvernement NPD en Ontario qui est venue modifier
complètement le paysage politique, soudainement, c'est le gouvernement
du Québec qui prend l'initiative.
Ceci étant dit, j'aimerais vous demander, sur la question des
causes pendantes, compte tenu de la jurisprudence qui existe,
particulièrement, en Ontario ou en "common law", où la tendance
lourde est venue reconnaître que les surplus appartenaient aux
travailleurs et travailleuses, j'aurais le goût de reprendre la
même interrogation que les gens de la FTQ nous faisaient tout à
l'heure: N'y a-t-il pas danger - et je les cite - de légaliser ce que
les tribunaux jugent illégal? et là, ce n'est ni le ministre ni
un membre de l'opposition, je me base sur des jugements qui ont
été rendus. la liste est nombreuse, de ces jugements-là.
le récent jugement, d'ailleurs, du règlement des métallos
de la ftq en est une autre démonstration. on ne peut pas, à mon
avis, du revers de la main, par une législation, renverser une tendance
qui est en train de se dessiner. et puis les travailleurs sont même
prêts, les travailleurs sont prêts à prendre le ' risque de
perdre devant les tribunaux. ils nous l'ont dit, les gars de la simonds et
d'autres, ils m'ont même dit, cet avant-midi: ce n'est pas un pari qu'on
prend, compte tenu de la jurisprudence, compte tenu des informations qu'on a,
on est convaincus de gagner. est-ce que, comme législateur, je me
sentirais responsable d'agir de façon contraire à ce que les
tribunaux sont en train de décider?
M. Garcia: Comme je l'ai dit tantôt, si vous avez une
entreprise qui a satisfait à son obliga- tion de résultat, qui a
donné des prestations maximales permises en vertu de la loi sur
l'impôt, qui indexe chaque année des rentes au coût de la
vie et qui, un jour, sera obligée de mettre fin à son
régime de retraite après avoir satisfait aux mêmes
obligations, pourquoi est-ce que le surplus appartiendrait aux
employés?
Le Président (M. Joly): En conclusion...
M. Garcia: Qu'est-ce qu'on veut, dans un régime de
retraite? Est-ce que le régime de retraite est un mécanisme pour
payer des rentes de retraite ou bien si c'est un mécanisme pour donner
de l'argent aux employés? Si on satisfait à l'obligation de
résultat, l'objectif d'un régime de retraite, à mon avis,
c'est de payer des rentes, O.K.? Si, en plus, ces rentes-là respectent
les exigences, gardent leur valeur, est-ce que le surplus appartient vraiment,
à ce moment-là, aux membres de la caisse ou s'il appartient
à celui qui a fourni tout l'argent pour faire ça?
Le Président (M. Joly): Alors, le mot de la fin, M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir d'avoir
eu l'occasion de discuter avec les gens des associations...
M. Boisclair: Je voudrais juste demander, si vous permettez une
petite question très rapide, combien de régimes, à votre
connaissance, prévoient une indexation?
M. Garcia: II y en a très peu qui prévoient une
indexation annuelle. Il y en a énormément qui font...
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre.
M. Bourbeau: Comme je le disais, M. le Président, il me
fait plaisir de rencontrer les dirigeants des associations canadiennes des
compagnies d'assurances de personnes. Nous avons entendu un point de vue
différent de ceux que nous avions entendus précédemment,
c'est bon, de temps à autre, d'entendre d'autres points de vue que les
points de vue qui vont dans le même sens. Je pense qu'une nouvelle
tendance se dégage devant la commission, avec l'arrivée de
i'ACCAP. Alors on va réfléchir à tout ça et
éventuellement, on prendra nos décisions. Merci.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie. Alors, au nom
des membres de cette commission, il me fait plaisir de vous avoir reçu.
Bon voyage de retour. Alors, nous ajournons nos travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprisée 15 h 37)
Le Président (M. Gautrin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la commission des affaires sociales ouverte. La
commission des affaires sociales se réunit aujourd'hui afin de
procéder à des consultations particulières et tenir des
auditions publiques sur le document intitulé "Les régimes de
retraite: Le partage équitable des excédents d'actif. Les
remplacements, on les a donnés ce matin. Alors, on est rendus maintenant
à recevoir la CEQ, la Centrale de l'enseignement du Québec. Je
souhaite la bienvenue à M. Johnston, Mme Pronovost et M. Duval. Vous
avez une heure devant vous. J'imagine que, d'habitude, on répartit le
temps: 20 minutes pour votre présentation - vous êtes des
professionnels des présentations - 20 minutes pour le parti
ministériel et 20 minutes pour l'Opposition. Vous avez, madame, le
plancher...
Centrale de l'enseignement du Québec
Mme Pronovost (Solange): Merci.
Le Président (M. Gautrin): ...en cette fin de jeudi
après-midi.
Mme Pronovost: Alors, on va essayer de faire ça dans les
temps requis.
Le Président (M. Gautrin): J'en suis sûr.
Mme Pronovost: D'abord, en commençant, on tiendrait
à vous préciser que la majorité, évidemment, des
membres de la Centrale de l'enseignement du Québec sont couverts par des
régimes complémentaires légaux, mais que, cependant, il y
a plusieurs milliers des membres de la Centrale qui ont accès soit
à des régimes enregistrés de retraite ou encore à
des REER.
À la Centrale, l'objectif principal qu'on vise toujours en
matière de retraite, c'est de faire en sorte qu'une fois que les gens
sont à la retraite, ces gens-là disposent d'un revenu garanti qui
leur permet de vivre de façon décente et qui leur évite
surtout de sombrer progressivement dans la pauvreté. C'est donc pourquoi
nous privilégions toujours deux conditions qui nous semblent
véritablement les plus prometteuses pour atteindre cet objectif,
c'est-à-dire des régimes à prestations
déterminées et l'indexation' des rentes de retraite, bien
sûr. Avec cette orientation, vous comprendrez que la question des surplus
d'excédents d'actif nous intéresse au plus haut point.
Lorsqu'on lit l'introduction de la proposition gouvernementale, on
semble dégager une préoccupation qui rejoint sensiblement la
nôtre et qui laisse présager une solution qui va être en
conformité avec cette orientation-là, d'autant plus que, dans le
document, on évoque, par ailleurs, les contraintes budgétaires
des différents gouvernements, l'accroissement des coûts des
programmes généraux de sécurité de revenu et de
santé pour les personnes âgées. On évoque
également la croissance rapide du nombre de retraités. À
la lumière de ces données, on semble afficher une volonté
pour soulager effectivement les programmes sociaux en faisant appel à la
responsabilisation des travailleuses et des travailleurs dans une meilleure
planification de leur revenu de retraite, en mettant l'accent, bien sûr,
sur les régimes complémentaires de retraite qui, nous dit-on, ont
le mérite de faire participer les employeurs à la planification
de la retraite.
Or, la proposition qui, effectivement, nous est présentée
ne nous semble pas aller véritablement dans ce sens-là. Au
contraire, elle nous semble évacuer la question de fond et s'attarder
plutôt à l'aspect technique de la question.
Alors, cette proposition met de l'avant l'obligation de partager les
excédents d'actif entre les parties une fois qu'on a assuré la
sécurité financière des régimes par une
capitalisation suffisante et après avoir garanti une certaine marge de
sécurité par le maintien de la solvabilité des
régimes.
Vous compendrez certainement qu'on ne peut pas accepter qu'une partie
des surplus engendrés vers les régimes de retraite soit
octroyée aux employeurs. Pour nous, ça signifie que ça nie
carrément que la contribution patronale n'est autre chose finalement que
du salaire différé et ça nie également que le
rendement positif de ce salaire différé doit revenir à
celles et ceux qui l'ont généré.
C'est largement démontré au moment d'une
négociation que le facteur retraite est toujours considéré
par les employeurs lorsqu'ils déposent des offres. Il n'y a pas de doute
pour nous que la partie de contribution patronale au régime de retraite,
ça fait partie intégrante de la rémunération
globale. Et cette contribution patronale au régime de retraite,
ça influence toujours la fixation des augmentations de salaire et/ou les
améliorations aux différents avantages sociaux.
Alors, lorsque des employeurs par le passé ont assumé des
déficits, entre autres au niveau des caisses de retraite, ils se sont
largement rattrapés par les autres facteurs composant la
rémunération globale. Quand on invoque que le risque est
assumé par les employeurs, le risque d'éventuels déficits,
à notre avis, c'est un leurre, parce que la situation qui
prévalait avant le milieu des années soixante,
c'est-à-dire la situation où la capitalisation par les employeurs
était insuffisante à l'égard des engagements des
régimes et où les rendements connaissaient des écarts
négatifs importants par rapport à la progression des salaires,
cette situation-là n'est vraiment pas celle qu'on connaît
aujourd'hui, et on risque fort peu de retrouver intégralement cette
situation-là. D'une part, parce que le cadre légal a largement
évolué, est venu préciser certaines règles
relatives à la capitalisation, et,
d'autre part, parce que la loi 116 est venue déterminer des
exigences additionnelles quant à la santé financière des
régimes de retraite.
La conjoncture économique, en plus, qui prévaut à
ce moment-ci entraîne, tout le monde le sait, des rendements des caisses
de retraite qui dépassent très largement la croissance des gains
salariaux. Alors, les taux intéressants de rendement sur
l'investissement, les taux d'intérêt élevés
conjugués à la pratique habituelle d'évaluation
actuarielle très prudente, ça génère
inévitablement et automatiquement des surplus d'actif. Et il n'y a rien
qui nous laisse présager, à ce moment-ci, à moins que vous
n'ayez des choses intéressantes à nous annoncer là-dessus,
mais il n'y a rien qui laisse présager qu'il va y avoir un revirement de
situation à brève échéance à ce
niveau-là.
Si dans un tel contexte un employeur pouvait s'approprier une partie des
surplus d'actif de la caisse de retraite, ça équivaudrait
à l'autoriser à réduire rétroactivement sa
contribution à la caisse de retraite, donc sa contribution à la
rémunération globale des travailleuses et des travailleurs
concernés, en application d'une correction à une
sous-évaluation initiale du rendement de la caisse de retraite. Et
même dans l'éventualité où des employeurs auraient
à supporter un fardeau financier accru, l'entreprise aura toujours la
possibilité de le faire transférer, en tout ou en partie, vers
les travailleuses et les travailleurs, soit par la détermination des
autres composantes de la rémunération globable ou encore par une
augmentation des cotisations au régime de retraite.
Alors, pour nous, c'est inacceptable que les employeurs aussi puissent
s'accorder des congés de contributions à même les
excédents d'actif des régimes de retraite. Ce qu'on retrouve dans
le document de présentation du gouvernement, c'est que le gouvernement
lui-même fait du respect de la contribution des parties une des
conditions à la levée du moratoire. Dans le document, il
précise sa pensée en disant: "Un régime de retraite
constitue un contrat entre un employeur et des employés. Chaque partie
prend des engagements à l'égard du financement du régime.
C'est pendant la période où un régime se capitalise que
chacune des parties contractantes honore son engagement en contribuant au
régime conformément à ce qui a été
implicitement ou explicitement convenu entre elles." Et un peu plus loin, il
ajoute même: "De l'avis du gouvernement, lorsqu'un régime devient
excédentaire, il n'existe pas de raison valable pour modifier le partage
de la responsabilité des parties contractantes à l'égard
du financement du régime." Alors, vous comprendrez qu'avec de tels
énoncés, on arrive difficilement à comprendre comment le
gouvernement propose encore, à ce moment-ci, de maintenir la
possibilité pour les employeurs de suspendre leur quote-part de
cotisations d'exercice qui, nous tenons à le répéter, pour
nous, constitue du salaire différé.
On veut préciser également qu'on est en désaccord
avec cette pratique. Ce qu'on revendique, c'est que tout l'argent qui est
investi dans un régime de retraite et les rendements que ça
génère, ça serve uniquement à des fins de retraite.
C'est pour ça que c'est prévu, et c'est à ça que
ça doit servir. Et ça doit servir exclusivement à deux
choses en particulier: consolider les régimes de retraite par le
maintien de la solvabilité d'une marge de sécurité
pertinente, et ça doit servir à améliorer les
bénéfices qui vont aux gens qui participent à ce
régime de retraite, et particulièrement par l'indexation des
rentes de retraite.
Alors, quand les employeurs ont la prétention de croire qu'ils
assument des risques importants à l'égard de la retraite de leurs
employés, nous, on regarde du côté des travailleuses et des
travailleurs qui, à cause de la non-indexation, subissent une
dévalorisation très importante de leur revenu de retraite. Pour
ces gens-là, ce n'est pas un danger appréhendé, c'est une
réalité, c'est une perte réelle. Quand on calcule
ça, par exemple, une rente de retraite non indexée aujourd'hui,
une rente mensuelle de 500 $, dans 5 ans d'ici, en dollars constants, elle ne
vaudra plus que 411 $. Et dans 10 ans d'ici, cette même rente va valoir
338 $. Alors, c'est donc dire que dans 10 ans, la valeur de cette
rente-là ne sera environ que de 67 % par rapport à sa valeur
actuelle. Alors, ça, c'est une réalité pour les gens qui
reçoivent des prestations de retraite.
En plus de préconiser que les régimes de retraite ne
soient pas des véhicules d'investissements pour les employeurs, on croit
fondamentalement qu'il est plus que temps que ces régimes-là
cessent d'être considérés comme des régimes
d'employeurs et deviennent véritablement des régimes
d'employés. Là-dessus, on pense que le ministre lui-même,
dans l'avant-propos de la proposition présentée, semblait
d'accord pour inverser cette tendance-là, parce qu'il disait qu'il
considérait comme essentiel que les salariés aient pleinement
confiance dans ces régimes-là et qu'il souhaitait qu'au terme de
la consultation, cette confiance soit raffermie. Alors, vous comprendrez
certainement que pour les travailleuses et les travailleurs, pour que ces
gens-là démontrent leur foi dans les régimes de retraite
et prennent véritablement en charge leur régime de retraite et la
planification de leur retraite comme la loi 116 le laissait espérer,
encore faudrait-il que ces personnes-là puissent gérer et
contrôler totalement leur régime de retraite. Alors, quand, dans
le document, on utilise, par exemple, les termes "régime d'employeurs",
"régimes d'entreprises", "actuaires des milieux d'affaires", on
perçoit là la mentalité du gouvernement et, dans une
certaine mesure, son manque de confiance quant à l'intérêt
et à la capacité des travailleuses et des travailleurs et de
leurs organisa-
tions syndicales à s'occuper correctement de leurs affaires.
Nous, ce qu'on pense, c'est qu'au contraire de ça, le
gouvernement devrait faciliter et soutenir cette appropriation de la gestion
des régimes de retraite pour les gens concernés. On pense que ce
n'est certainement pas en les soustrayant des décisions qui concernent
une part importante des excédents d'actif qu'on va atteindre cet
objectif-là. On ne pense pas non plus que c'est en excluant les
actuaires et les économistes du milieu syndical de la
détermination des hypothèses et méthodes actuarielles
quant aux engagements des régimes et, par voie de conséquence,
quant à la détermination du montant d'excédents d'actif
qu'on va concrétiser un tel voeu. On ne pense pas non plus que c'est en
complexifiant et en alourdissant l'administration et en créant
potentiellement une précarité quant à une politique de
placement lorsqu'il y a des sorties massives de fonds qu'il va, par ce
biais-là, intéresser les cotisantes et les cotisants à
mieux planifier leur revenu de retraite.
Pour nous, on pense qu'une proposition, par exemple, qui pourrait
permettre le regroupement de certains régimes de retraite, ça
pourrait faciliter la mise en place de tels régimes et ça
pourrait faciliter l'administration et, possiblement, susciter une meilleure
performance de ces régimes-là.
Un autre élément qu'on examine, c'est la
détermination d'un régime cible, à peu près comme
celui établi lors de la réforme fiscale au niveau
fédéral. Un tel régime cible, pour nous, ça
pourrait constituer véritablement une base pour atteindre ce que devrait
viser tout régime de retraite, c'est-à-dire la protection du
revenu et un revenu décent à la retraite.
Il y a un autre élément sur lequel on voudrait attirer
votre attention, et on avait évoqué ça au moment de
présenter notre mémoire sur la loi 116, c'est la
possibilité éventuelle de mettre sur pied un régime
complémentaire public de retraite. On pense que cet
élément-là devrait faire l'objet d'un examen très
attentif.
Alors, ce qu'on recherche d'abord et avant tout, et ce, au moment
même où la population du Québec est appelée à
redéfinir son avenir politique et économique, ce qu'on recherche,
c'est que les travailleuses et les travailleurs possèdent
véritablement tous les instruments qui leur sont nécessaires pour
continuer de se prendre en main et assumer leur part de responsabilité
quant à la protection et à la planification de leur revenu de
retraite.
Alors, puisque le gouvernement a fait le choix de privilégier les
régimes complémentaires de retraite, ce qu'on lui demande, c'est
d'être conséquent avec ce choix et véritablement de
faciliter la mise en place d'un régime complémentaire de retraite
à prestations déterminées, et qui soit performant, et de
considérer que les leviers économiques, les leviers financiers
que constituent les excédents d'actif, ça revient de droit
à celles et ceux qui les ont générés. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme Pronovost. M. le
ministre, vous avez quelques questions?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Vous avez
parlé tout à l'heure du contrat... Je crois que vous avez
parlé des engagements des partis; c'est l'expression que vous avez
employée. Alors, je vous pose la question suivante. Pour vous, quel est
l'engagement que prend un employeur lorsqu'il met sur pied un régime
à prestations déterminées?
Mme Pronovost: Si vous le permettez... M. Bourbeau:
Pardon?
Mme Pronovost: Si vous le permettez, M. le ministre, M. Johnston
va répondre.
M. Bourbeau: Oui, oui, sûrement. Je n'y vois pas de
problème. Vous pouvez répondre.
Le Président (M. Gautrin): M. Johnston.
M. Johnston (Raymond): II y a effectivement des situations
différentes. Des régimes à prestations
déterminées, il y en a qui ne comprennent que la
prédétermination des prestations; il y en a d'autres qui
comprennent aussi la prédétermination des cotisations.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai de la difficulté
à entrendre.
Le Président (M. Gautrin): II y a un problème
actuellement d'audition. Les gens ici, du bout de la table, ont du mal à
entendre. Peut-être est-ce au niveau de la technique?
Une voix: Je ne peux pas lever tellement plus.
Le Président (M. Gautrin): Si vous pouviez approcher les
micros ou vous rapprocher des micros. On a quelques difficultés.
Une voix: Ou parler un peu plus fort.
Le Président (M. Gautrin): Peut-être le lever, le
micro?
M. Johnston: Je vais essayer de me réchauffer la voix.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça, c'est
ça. Un bon orateur comme vous.
M. Johnston: Je disais donc, M. le ministre, qu'il faut faire des
distinctions entre les régimes,
et il y a deux distinctions qu'il faut faire, à mon avis:
premièrement, il existe des régimes où seules les
prestations sont déterminées; il existe des régimes
où les prestations sont déterminées et les cotisations
sont déterminées. Vous voulez parler de façon plus
spécifique des régimes à prestations
déterminées où il n'y a pas, de façon
complémentaire, de cotisations déterminées.
M. Bourbeau: Oui, parce que l'autre type de régime est
quand mâme assez rare.
M. Johnston: De façon générale, quand le
régime est négocié, l'employeur prend à sa charge,
à partir de l'évaluation du coût potentiel du
régime, de couvrir les frais supplémentaires qui dépassent
les cotisations des salariés pour assurer les prestations. Mais ces
discussions-là, bien sûr, pour déterminer à la fois
le niveau de prestations qui va être accessible à la retraite et
qui sert aussi, dans certains cas, à déterminer le niveau de
cotisations des salariés, ça part d'une certaine
évaluation du coût potentiel du régime à partir du
rendement possible sur les cotisations. Donc, il y a déjà
là une forme d'engagement implicite à un certain niveau de
contribution patronale. Même si, dans les faits, l'employeur ne s'engage
qu'à couvrir ce qui manque pour assurer la solvabilité du
régime, dans les faits, le contrat implicite est à l'effet que
l'employeur prend un engagement de tel ordre à l'égard du
régime. Il peut faire des évaluations sur les coûts du
régime, sur le rendement des cotisations, sur le rendement de la caisse
qui vont avoir pour effet de diminuer son engagement et de créer des
déficits. Il peut faire des évaluations aussi qui vont
générer des excédents, mais, tacitement, quand le
régime est négocié, il y a un engagement d'un ordre
à peu près déterminé.
M. Bourbeau: Je comprends, moi, que la différence qu'il y
a entre un régime à prestations déterminées et un
régime à cotisations déterminées, c'est que dans un
régime à cotisations déterminées, chacune des
parties s'engage à investir dans le fonds régulièrement
une somme d'argent ou un pourcentage égal, et ce, quelle que soit la
situation du fonds, et, à la fin, quand vient le moment de la retraite,
l'employé retire une retraite qui est le fruit de la gestion de ces
fonds-là pendant toute la période. Ça donne ce que
ça donne. Si ça a été une bonne gestion et que
ça a bien fonctionné, il a une bonne retraite, mais il y a
toujours des sommes d'argent qui sont investies par les deux parties
continuellement tout le long de la période, selon des proportions
identiques, enfin identiques aux ententes qui ont été convenues
au début. Ça peut être moitié-molté,
ça peut être 60-40, mais c'est toujours la même chose.
Dans un fonds à prestations déterminées, c'est de
ça qu'on parle, selon ma compréhension, c'est que l'employeur
s'engage et garantit une prestation à la fin, garantit que M. Untel qui
travaille pour lui aura, lors de sa retraite, une pension qui sera égale
à, disons, 70 % de son salaire final ou selon le nombre d'années
qu'il a travaillées et ne s'engage pas, contrairement à l'autre
système dont on parlait tantôt, à investir chaque mois ou
chaque année une somme précise. Ça va dépendre de
la situation du fonds. Et régulièrement, on va évaluer le
fonds, les actuaires vont dire si le fonds est capitalisé suffisamment
ou non. S'il ne l'est pas, on va dire: M. le patron, vous devez mettre plus
d'argent parce qu'il en manque dans la caisse. Et si, à une
époque donnée, il y a un surplus, on va dire: M. le patron, vous
n'avez rien à mettre cette fois-ci parce que, là, on est en
situation de surplus. C'est ça, le contrat avec les parties. C'est
ça le contrat. On ne peut pas en sortir. C'est ça un contrat.
Alors, à partir de là, pourquoi est-ce que vous me dites que s'il
y a un surplus, le patron doit continuer quand même à mettre de
l'argent et ne peut pas ne pas en mettre, alors que, s'il y a un
déficit, il doit en mettre et ne peut pas refuser d'en mettre?
M. Johnston: Je pense, M. le ministre, que vous pouvez aborder le
problème par la petite lunette, comme ça. Mais quand vous faites
comme ça, vous prétendez que l'employeur, quand il négocie
son régime de retraite à une table de négociation, il n'a
pas déjà évalué le coût de l'investissement
qu'il devra faire à l'intérieur du régime de retraite. Il
ne fait pas d'engagement. L'employeur ne prend pas d'engagement à
l'aveuglette quand il décide de s'engager à couvrir ce qui est
nécessaire pour assurer des prestations déterminées. Il
fait une certaine forme d'évaluation des coûts de ces
affaires-là. Donc, il ne joue pas à la roulette russe. Il y a une
certaine forme d'évaluation. S'il n'était pas capable de
supporter ces coûts-là, il négocierait un niveau de
prestations inférieur, de façon générale.
Ça, ça entre dans la dynamique naturelle d'une
négociation. Ce n'est pas aussi mécanique et
détaché que vous le dites. (16 heures)
Le problème avec l'approche que vous présentez, c'est de
découper la question des excédents d'actif des caisses de
retraite de la problématique d'ensemble des régimes de retraite.
C'est comme si vous preniez la pointe d'un iceberg sans regarder l'ensemble de
cette même pièce-là. Et je pense que c'est là le
problème. Nous, ce qu'on dit, c'est: Réglons le passé en
considérant que les gens qui ont pris des engagements les ont pris de
bonne foi, de façon claire, précise... Les employeurs qui
prenaient des engagements de financer un régime, ils prenaient
implicitement un type d'engagement de participation financière à
ce régime qui était déjà connu. Ce qu'on dit, pour
fermer le passé: L'argent qui est dans les caisses de retraite, que le
gouvernement dise donc clairement qu'il y a un moyen
d'utiliser cet argent-là et un seul, c'est l'amélioration
des régimes de retraite après avoir assuré la marge de
sécurité fondamentale. Et ouvrons sur l'avenir. Pas en essayant
de déployer des approches qui vont permettre plus facilement aux
institutions financières de venir- jouer dans les régimes de
retraite et d'organiser un marché des régimes de retraite, mais
de fixer des objectifs de retraite. On parle d'un régime cible de
retraite, un régime cible complémentaire dans notre approche et,
d'après nous, dès le moment où le gouvernement aurait
fixé un horizon de régime cible de retraite, on devrait faire en
sorte que les parties concourent à ce que l'argent versé aille
toujours dans le sens d'améliorer le régime pour se rapprocher du
régime cible. Parce que l'objectif d'un régime de retraite, M. le
ministre, ce n'est pas de ramasser de l'argent d'une caisse, c'est de s'assurer
que les gens, quand ils vont prendre leur retraite, vont avoir un revenu de
remplacement de leur salaire qui va leur permettre de vivre
décemment.
Mais quand on part avec des seuils même assez
élevés, parce que, dans les beaux régimes de retraite,
c'est autour de 70 % du salaire moyen des cinq dernières années
qui est assuré après 35 ans, mais 70 % du salaire moyen des cinq
dernières années, ça donne quelque chose qui se rapproche
déjà de 60 % du salaire final et si ça se
dévalorise pendant 10, 15 ans, parce que ce n'est pas indexé,
ça revient à quelque chose qui se rapproche d'à peu
près 40 % du salaire final. Il faut voir qu'il y a un
phénomène d'appauvrissement là-dedans. On ne peut pas dire
en même temps: On va créer des caisses pour assurer des
régimes de retraite et on va permettre à du monde de venir ou
bien avec une grosse chaudière écumer le régime ou bien
venir à la petite tasse, par des congés de cotisations, vider
aussi la caisse et faire en sorte qu'en bout de course, l'objectif qui
était visé par la constitution du régime soit en quelque
sorte détourné. C'est devant ça qu'on se retrouve. C'est
un détournement des objectifs convenus, même à
l'intérieur de régimes qui ne sont que des régimes
à prestations déterminées.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le ministre?
M. Bourbeau: L'objectif qui était convenu, est-ce que ce
n'était pas de garantir une prestation à la retraite, prestation
qui était convenue dans un contrat? C'est ça l'objectif. Quand il
y a un surplus ou qu'il y a un déficit, ça, c'est un ajustement
qui n'avait pas été prévu au départ. Quand c'est un
déficit, on dit: L'employeur qui a mis sur pied le régime doit le
combler. Et quand il y a un surplus, vous me dites: L'employeur qui est
responsable du déficit n'a pas le droit de toucher du tout, du tout, au
surplus. Il me semble que ce n'est pas très logique, tout ça. Et
c'est ce que les employeurs nous disent. J'ai de la difficulté à
vivre avec une réponse comme la vôtre qui est intransigeante. Vous
ne cédez pas d'un pouce sur votre position, et, mol, je vous dis ceci:
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu plutôt de tenter de trouver un compromis
là-dedans quelque part? Ou est-ce que vous allez m'obligez à
poursuivre ma réflexion encore pendant très longtemps, ce qui ne
serait peut-être pas non plus dans l'intérêt des
travailleurs?
Le Président (M. Gautrin): M. Johnston.
M. Johnston: Nous, on ne veut pas vous forcer à prolonger
votre réflexion très longtemps. On aimerait cependant que vous
compreniez que la voie qui doit être prise pour préserver les
objectifs des régimes de retraite, pour préserver la
possibilité pour les travailleuses et les travailleurs actuels d'avoir
droit à un revenu de remplacement raisonnable à leur retraite, ce
n'est pas la voie que vous proposez. On espère pouvoir vous convaincre
de ça. Et nous, on croit que ce n'est pas de notre côté que
se situe l'intransigeance sur cette question-là.
M. Bourbeau: M. le Président veut exercer son droit de
député...
Le Président (M. Gautrin): J'ai une question...
M. Bourdon: II en a bien le droit. Il y a assez qu'au
congrès, on ne vous a pas écouté.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Je vois que vous avez
beaucoup d'intérêt pour notre congrès. Là, je
voudrais que vous m'expliquiez mieux ce que vous entendez par régime
cible de retraite. Ça a l'air d'être un élément
important pour vous. C'est quoi, pour vous, un régime cible? Vous faites
référence aux scissions fédérales. Qu'est-ce que
ça aurait comme effet d'établir un régime cible? Et
qu'est-ce que vous suggérez que nous fassions lorsque vous parlez de
détermination d'un régime cible de retraite?
M. Johnston: Si vous permettez, très rapidement. Si on a
fait référence au régime cible du fédéral,
c'est que le document même du gouvernement y faisait
référence. Qu'est-ce que c'est l'objectif d'avoir ce type de
régime cible? Il est utilisé actuellement à des fins
purement fiscales. Nous, on croit que la définition d'un régime
cible du type de celui qui sert à des fins fiscales pourrait comme
établir des objectifs à atteindre à travers les
régimes de retraite, vers quoi le monde devrait se diriger quand ils
négocient, quand ils aménagent, quand ils revoient même
l'utilisation des excédents, le cas échéant. Dans quelle
direction ça doit aller. Il y aurait là des paramètres qui
permettraient aux gens de dire: Voilà une direction qui est accep-
tée, proposée par le gouvernement à l'ensemble des
forces sociales au Québec et qui pourrait, le cas échéant,
devenir un levier qui compenserait pour le refus de regarder du
côté d'une bonification très importante du Régime de
rentes du Québec.
Le Président (M. Gautrin): Un régime cible, pour
vous, ça serait essentiellement au niveau des prestations qui seraient
dévolues au travailleur au moment où il prendrait sa retraite.
C'est ça qui serait important pour vous. Est-ce que ça va
jusqu'aux éléments de capitalisation?
M. Johnston: Peut-être que Pierre pourrait y revenir, mais
ce qu'on vous suggère en référant au régime cible,
c'est de définir des objectifs, essayer de définir des objectifs
proposés. Le gouvernement propose à l'ensemble des forces
sociales au Québec que les régimes de retraite qui permettraient
d'assurer une véritable sécurité du revenu, ça
devrait comprendre tels et tels éléments. Et tant et aussi
longtemps qu'on n'a pas atteint ce type de régime cible, il n'y a aucune
discussion qui peut arriver sur ce qu'on fait avec les excédents, parce
que les excédents seraient utilisés pour aller dans cette
direction.
Le Président (M. Gautrin): Qu'est-ce que ce serait pour
vous, les objectifs qui devraient être dans un régime cible?
M. Johnston: Nous, on n'a pas d'objection à ce que le
régime cible qui est utilisé à des fins fiscales par le
gouvernement fédéral puisse être repris par le
gouvernement. Ce qu'on croit, c'est qu'il faut se diriger vers des
régimes. Et ça, on pense que c'est un aspect qui devrait
être regardé attentivement. Quand on a réglé le
passé, on devrait essayer de favoriser le plus possible
l'émergence d'un régime de retraite à prestations
déterminées et à cotisations déterminées
où là, on mettrait les deux parties en présence pour agir
sur le régime de retraite.
Le Président (M. Gautrin): Qu'est-ce qui arriverait des
surplus dans un cas comme ça? Prestations déterminées et
cotisations déterminées garantissent des surplus pour vous?
M. Johnston: Dans un cas comme celui-là, les surplus
seraient utilisés pour l'amélioration du régime de
retraite, tant et aussi longtemps que le régime cible n'aurait pas
été atteint.
Le Président (M. Gautrin): Et si jamais le régime
cible était atteint, qu'est-ce qui arriverait à ce
moment-là?
M. Johnston: On s'en reparlera à ce moment-là, M.
le Président.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Il reste un peu de temps
en réserve, MM. les députés de l'Opposition, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Oui. M. le Président, je veux d'abord
dire aux gens de la CEQ que leur mémoire est solide, bien
structuré, et pourra peut-être contribuer à ce que le
ministre ne s'entête pas dans les positions qu'il a mises de l'avant
quant à la disposition des surplus de caisses de retraite. À cet
égard, comme on achève, je voudrais vous dire que ce que nous, on
appelle dans le jargon le décaissement, non seulement à la
terminaison d'un régime mais pendant, de se l'approprier, il y a eu
contre, jusqu'ici, l'Alcan, la CSN, la FTQ, la CSD, et vous autres de la CEQ.
Le prochain intervenant, le Conseil du patronat du Québec, a une
position qui est mitigée à cet égard-là mais qui,
comme d'habitude, quand on connaît M. Dufour, est nuancée. C'est
une position qui est intéressante, je pense, et que j'ai hâte de
discuter. Mais à cet égard-là, il me semble que ça
devrait faire pour ce qui est du décaissement.
Par ailleurs, sur les terminaisons de régimes, le Barreau nous a
dit qu'un régime de retraite, c'est un contrat et qu'un contrat, c'est
entre plusieurs parties, et qu'en conséquence, on ne devrait pas
permettre à une partie de modifier unilatéralement le contrat, et
à plus forte raison de mettre fin au contrat. Et sur la terminaison des
régimes de retraite, c'est sûr qu'on a des exemples en tête,
comme Simonds, Singer, Kik-Cola, la mine Bell, la mine du Lac d'amiante. La
liste est longue. Mais je voudrais attirer l'attention du ministre sur le fait
que, pour prendre un terme anglais - je n'aime pas ça parce que mon
parti est identifié avec raison à la langue française - la
possibilité pour une partie de mettre fin au contrat de façon
unilatérale, c'est ce qu'on appelle en anglais le "monkey wrench", c'est
l'arme nucléaire entre deux parties, parce que c'est une partie qui dit
à l'autre: Ah! si tu ne joues pas à mon goût, je mets fin
à tout ça. Papa est fâché, papa va te couper les
allocations et, bon, etc. Alors, à cet égard-là, il faut
regarder. l'autre aspect, m. le président, c'est qu'est-ce qui a fait
les surplus d'à peu près 1 000 000 000 $ qu'il y avait? mais ce
n'est plus 1 000 000 000 $ parce que le ministre a laissé le bouchon du
bain par les congés de contributions faire qu'il y en a moins dans la
baignoire. mais on parle d'un enjeu avec la proposition du ministre d'à
peu près 300 000 000 $, qui pourraient être appropriés par
les employeurs. et ce matin, la ftq nous a dit qu'hydro-québec pourrait
s'approprier un autre montant de 300 000 000 $, ce qui commence à faire
600 000 000 $. comme il vient des actuaires un peu plus tard, on leur
demandera: 600 000 000 $ de capitalisation, qu'est-ce que ça
représente comme rente? et j'en viens à ma question, les
retraités québécois émargent des
régimes publics de sécurité du revenu, Régie des
rentes, RREGOP, oui, et autres régimes du secteur public, mais aussi
pension de vieillesse, supplément du revenu du fédéral, et
un autre domaine que le ministre connaît bien et qui dépend de son
ministère, l'aide sociale. Or, dans la population active, les gens ne
retirent pas seulement 24 % de leurs revenus de leur travail directement. Et je
sais que le chiffre a une certaine distorsion du fait qu'il y a dans les 76 %
des gens qui reçoivent une retraite du secteur public, à laquelle
ils ont contribué. Mais ce que je veux dire, c'est que malgré
ça, il n'est pas normal que les trois quarts des revenus des
retraités leur proviennent du secteur public et qu'à cet
égard, comme beaucoup de gens sont préoccupés de l'ampleur
de la dette du Québec et du Canada, et tout ça, et de l'ampleur
des déficits des gouvernements, quand on n'assure pas un filet de
sécurité plus appréciable pour les personnes à la
retraite, eh bien, ça coûte cher aux contribuables et au
trésor public. (16 h 15) je pense que, dans votre mémoire, quand
vous parlez d'une retraite cible, c'est ce à quoi vous faites allusion.
en suisse, on a donné six ans aux intervenants pour s'entendre, à
défaut de quoi le gouvernement suisse disait: je vais intervenir. on
avait fixé, je pense, à quelque chose comme 60 % du revenu, ce
qui n'est pas le meilleur régime, mais qui est bien bien au-dessus du
québec, et, en six ans, ça s'est réalisé. mais j'ai
peur qu'on n'ait pas, comme les suisses, cette discipline, et je suis
frappé par le fait que la régie des rentes, depuis 25 ans, ait un
plafond qui, toutes proportions gardées, n'a pas été
modifié. autrement dit, le régime public garantit 25 % des
revenus assurables et le revenu assurable est maintenu artificiellement bas.
j'en ai conscience parce que, quand je travaillais à la ctcc, maintenant
appelée csn, et comme député, je m'aperçois que je
ne cotise pas à la régie des rentes du québec presque six
mois par année. d'ailleurs, la dernière fois que je m'en suis
aperçu, ça a enfin voulu dire que l'augmentation de 3000 $ qui
venait d'être décidée ne représentait plus une
diminution de salaire pour moi, ma contribution à la régie
étant exemptée.
Donc, il y a deux volets à ma question. Trouvez-vous normal qu'on
maintienne le droit pour un employeur de terminer un régime de retraite?
Deuxièmement, quelles étapes devraient être franchies,
selon vous, à même la Régie des rentes pour atteindre un
niveau de prestations de retraite décent et acceptable au Québec?
Et je m'excuse de la longueur du préambule.
Le Président (M. Gautrin): Mme Pronovost. Mme
Pronovost: Pierre, tu veux répondre? Le Président (M.
Gautrin): M. Duval?
M. Duval (Pierre): Oui.
Le Président (M. Gautrin): Alors, à vous.
M. Duval: Sur le premier point, qu'un employeur ait le droit de
terminer en tout temps, il est évident que... On a
répété tantôt que l'objectif, pour nous,
était de faire en sorte que les travailleuses et travailleurs puissent
avoir droit à une retraite décente, et c'est pour ça, dans
le document, qu'on essaie de tourner la tendance qui est de dire que des
régimes d'employeurs, ça devrait être des régimes
d'employés aux fins de retraite. Dans ce sens-là, on est
absolument contre le fait qu'il y ait une terminaison semblable.
Mais je voudrais revenir sur la question du contrat tantôt. Quand
on parle d'un contrat entre les parties, le ministre a fait allusion à
ça tantôt, ce qu'on trouve un peu disproportionné, c'est
qu'on aborde cette question-là de façon technique ou de
façon juridique en disant: Ce sont des contrats. Mais à quoi
ça sert de redistribuer des excédents d'actif lorsque le
régime en soi ne vaut rien? C'est pour ça qu'on ramène le
débat sur l'objectif en tant que tel en disant: Si un régime
cible était déterminé au Québec, on pourrait
réinvestir cet argent-là pour augmenter le fameux régime,
le bonifier pour faire en sorte que tout le monde s'entende sur l'objectif de
faire en sorte que les Québécoises puissent avoir droit à
une retraite décente. C'est dans ce sens-là qu'on le prend
différemment en termes de logique.
M. Bourdon: Est-ce que vous iriez jusqu'à convenir de
congés de cotisations ou autre lorsque le régime serait au-dessus
d'un niveau cible acceptable? Je pense aux policiers de Montréal qui,
apparemment, nous ont dit ce matin qu'ils sont prêts à laisser des
excédents à leurs employeurs.
M. Duval: Dans notre document, on a parlé comme exemple du
régime fiscal fédéral. Il faut penser qu'en termes de
pourcentage, il équivaut à 18 %. Donc, c'est pour ça qu'on
disait tantôt qu'on pourrait se reparler lorsqu'on aurait atteint ce
niveau-là, l'idée n'étant pas de faire de l'argent
au-delà... C'est un revenu de retraite dont on parle, mais, quand on
entre l'indexation là-dedans, on peut supposer que les congés de
contributions pourraient être retardés de façon assez
importante parce que le régime cible, pour nous, y inclurait
évidemment des protections contre le coût de la vie.
Mais si on parle en haut de 18 %, certainement qu'on pourrait reparler
de modalités à être entendues entre les parties, et, encore
une fois, on pense que le principe de dire que c'est de la
rémunération différée tiendrait toujours.
M. Bourdon: Maintenant, il y a une autre
chose qui me frappe. C'est que les motifs pour lesquels il y a des
excédents appréciables qui se sont constitués au
début des années quatre-vingt - et le document du ministre le
souligne - c'est d'abord l'inflation qui a causé des taux
d'intérêt littéralement usuraires et dont les travailleurs
ont eu à souffrir. Mais l'envers de la médaille, c'était
que leurs caisses de retraite avaient des rendements plus élevés
que prévu. Il y a aussi la crise de 1982 dont tout le monde se rappelle,
en particulier de ce côté-ci de la Chambre parce que c'est une
crise qui a été coûteuse et qu'on a payée, à
cause d'une erreur entre autres, assez longtemps merci, mais qui a causé
des mises à pied et, comme avant la loi 116 que le ministre a eu la
bonne idée de faire adopter, les travailleurs récupéraient
un taux d'intérêt minime sur leur contribution et très
très souvent, non pas la part de l'employeur et la faible progression
salariale aussi qui cause des surplus au régime. À cet
égard-là, le ministre conviendra que le président du
Conseil du trésor a plusieurs projets dans le cas du secteur public pour
limiter la progression des salaires. J'espère que, dans ce
cas-là, ce n'est pas un régime à cotisations
déterminées, mais on sent qu'il y a des économies qui se
préparent à cet égard-là. Ne trouvez-vous pas que,
d'une certaine façon, l'enlignement du ministre sur la thèse que
ça n'est pas de la rémunération différée,
ça équivaut à dire que les travailleurs sont bons juste
pour payer, souffrir de l'inflation, souffrir des mises à pied, avoir
des salaires qui progressent faiblement et que mieux vaut être riche et
en santé que pauvre et malade et que l'inflation, si elle a un aspect de
bon rendement d'un régime de retraite, les travailleurs ne sont pas pour
en profiter? Est-ce que vous seriez d'accord avec cette analyse?
Le Président (M. Gautrin): Mme Pronovost.
Mme Pronovost: On est en mesure de constater les effets
très concrets de ces choses-là qu'on avance, le type de
propositions que nous mettons dans notre mémoire et la
préoccupation fondamentale qu'on a de dire que les investissements en
matière de retraite, ça doit être là effectivement
et utilisés à des fins de retraite et ça ne doit pas
servir à autre chose qu'à ça. Comme la situation que vous
décrivez est à peu près celle qu'on vit actuellement et
celle qu'on risque de vivre aussi demain et après-demain, on pense qu'il
y a effectivement une préoccupation très importante que le
gouvernement doit avoir par rapport à la protection du revenu à
la retraite. Ce qu'on n'arrive pas à comprendre dans sa mentalité
et sa philosophie, c'est que, d'une part, il dit que les programmes sociaux
coûtent cher, que ça crée des pressions financières
importantes et que, d'autre part, il veut responsabiliser les travailleuses et
les travailleurs, mais il ne leur donne pas les outils dont ils ont besoin pour
justement prendre cette responsabilité qu'ils veulent assumer.
M. Bourdon: Ce que j'ajouterais à cet
égard-là... Même si du côté ministériel
il y en a que ça achale, je veux reparler ici de Jeanne qui est venue me
voir à mon bureau de comté et qui a un problème de
retraite - de l'autre côté, c'est bien effrayant quand on parie
d'êtres de chair qui existent et qui se rapportent à un
député pour confier un problème - elle, elle voulait un
HLM qui coûte à l'État dans les 600 $ ou 700 $ par mois.
Mais son problème est d'une nature autre. Ça se résume
succinctement et ça illustre ce que vous dites dans le mémoire.
Elle s'attendait, avec son RREGOP et la Régie des rentes, à une
retraite de 900 $ par mois; elle va n'en avoir que 800 $ parce que le fait
qu'elle a la Régie des rentes, ça lui diminue son RREGOP parce
que c'est complémentaire. Je vous dis ce que cette femme m'a dit. C'est
que si elle était restée à la maison toute sa vie, elle
aurait 800 $ pareil comme avec ses 25 ans de contribution à la
Régie des rentes et ses 15 années de contribution au RREGOP. Je
ne me suis pas senti capable de la chicaner. Je trouve qu'elle a raison et que
même dans le secteur public, quand, comme elle, on fait 17 000 $ par
année, on se retrouve avec une retraite insuffisante. Pour le HLM, je
lui ai dit: Vous pouvez être la 401e sur la liste d'attente mais... Et
elle paye un loyer de 365 $ par mois pour un deuxième étage de
duplex, un cinq pièces. Alors, son problème n'est pas un
problème de logement. Son problème, c'est qu'après 15 ans
dans un CLSC et 25 ans de contribution à la Régie des rentes,
elle obtient une retraite de 800 $ par mois, ce qui est en dessous du seuil de
pauvreté. Et elle, si elle n'a pas un HLM, il faut qu'elle renonce
à son auto. Alors, quand je dis ça, c'est que, de l'autre bord,
ils me disent: Voulez-vous nous faire pleurer? Non. Je voudrais juste qu'on ait
un peu de compassion pour les gens qui, après avoir travaillé 25
ans, se retrouvent avec à peu près rien, avec une retraite
très très minime, 70 %...
Le Président (M. Gautrin): Mais est-ce que vous avez une
question?
M. Bourdon: Oui.
M. Bourbeau: On peut remercier le conférencier.
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous allez
peut-être arriver à votre question.
M. Bourdon: M. le Président, je demanderais au ministre
qu'il prenne son temps de parole. Lui aussi, il fait des interventions...
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais...
M. Bourdon: ...longues. Moi, si ça ne lui fait rien, je
vais prendre le mien pour dire ce que j'ai à dire, même s'il
n'aime pas ça quand on parle de Jeanne, vu que Jeanne ne joue pas au
polo. Bon, elle ne joue pas au polo, mais elle existe pareil et elle a des
droits pareil, et je plaide pour elle. Ceci dit, M. le Président, j'ai
terminé.
Le Président (M. Gautrin): Mais par respect pour nos
invités, vous aviez une question peut-être?
M. Bourdon: Non, je n'en avais pas.
Le Président (M. Gautrin): Pas de question. C'est le temps
de la CEQ, en principe. M. le député de Gouin, vous avez
peut-être une question à la CEQ.
M. Bourdon: M. le Président, c'est le temps accordé
à l'Opposition, égal au ministériel pour s'entretenir avec
la CEQ.
Le Président (M. Gautrin): Exactement, et pas pour...
M. Bourdon: Et si je n'ai pas beaucoup de questions, il y a une
bonne raison, c'est que je suis parfaitement d'accord avec eux...
Le Président (M. Gautrin): Parfait.
M. Bourdon: ...et je concours à leurs propos, ce qui est
mon droit, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Laissez donc la chance au
député de Gouin de poser sa question.
M. Boisclair: Je n'avais pas besoin, M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Boisclair: ...de votre intervention pour poser la question.
J'y arrivais. M. Johnston, merci de cette présentation, et aussi aux
gens qui vous accompagnent. Il y a une question que j'ai posée à
l'ensemble des groupes qui sont venus témoigner devant cette commission
sur la question des causes pendantes. J'entends le ministre, dès le
départ, s'esclaffer, mais à ma connaissance - il me corrigera -
il n'y a pas un groupe qui s'est prononcé pour le caractère
rétroactif du projet du ministre. Peut-être pour des raisons
différentes. Mais je crois que la présentation de la FTQ
était on ne peut plus claire à cet égard, à ce
qu'elle disait: II ne faut pas légaliser ce que les tribunaux jugent
illégal. Le Conseil du patronat aussi tout à l'heure disait: Non
au principe de rétroactivité implicite dans le document. Le
Barreau nous dit: Sauf en de très rares occasions, le gouvernement a
toujours respecté le principe de la non-application d'un nouveau texte
de loi aux causes pendantes. Nous croyons qu'il est important que le
gouvernement continue de respecter ce principe. Et le seul argument que j'ai
entendu de la part du ministre depuis le début de ces travaux, c'est:
Oui, mais qu'est-ce qui va arriver si, par exemple, dans le cas de la Simonds,
dans un autre cas, les travailleurs perdaient? Et tous les représentants
de ces travailleurs et travailleuses sont venus nous dire: Ce n'est pas un pari
que nous prenons. Nous sommes convaincus que, compte tenu de la jurisprudence
qui existe, compte tenu des faits et des avis juridiques que nous avons, nous
allons gagner et que nous allons avoir un règlement plus
intéressant que celui qui est proposé dans le document de
consultation du ministre. Donc, j'aimerais avoir votre point de vue sur cette
question de rétroactivité et des causes pendantes pour savoir si
vous êtes de ceux qui allez joindre votre voix à l'ensemble des
groupes qui sont venus témoigner et dire que c'était une
situation qui était rejetée par, à date, tous ceux et
celles qui sont venus se présenter.
Le Président (M. Gautrin): M. Johnston, vous voulez
répondre?
M. Johnston: Je pense que la portée de nos propos
antérieurs répond, assez largement à votre question. Nous,
on pense qu'il n'y a pas vraiment d'autre choix. Si on veut respecter les
objectifs des régimes de retraite, il n'y a pas vraiment d'autre choix
que d'aller dans la direction que nous proposions, c'est-à-dire une
décision claire du gouvernement de proposer une législation qui
assurerait que tous les excédents d'actif serviraient à
l'amélioration des régimes de retraite. Je ne me prononcerai pas
sur les causes pendantes, mais je veux dire tout de même que, compte tenu
de ce que je répondais au ministre tantôt sur la nature des
engagements implicites qui se prennent quand les gens négocient des
régimes de retraite, que le gouvernement dise aujourd'hui: Vous pouvez
aller écrémer les excédents d'actif, ça, ça
serait vraiment une disposition à caractère rétroactif et
très odieuse.
M. Boisclair: Je m'excuse, M. Johnston, mais il y a aussi une
question de temps qui fait qu'on... (16 h 30)
Le Président (M. Gautrin): Brièvement, sans vouloir
s'étendre. Je pense qu'on a consensus pour vous laisser poser votre
dernière question, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Merci. Un dernier élément. Il y a une
analyse aussi qui a été reprise pratiquement par l'ensemble des
gens qui sont venus témoigner parce que, là, il va falloir
commencer à tirer des conclusions, hein? Ce ne sera pas
long, on va avoir achevé d'étudier cette
question-là en commission parlementaire.
Sur la question du risque, bien des gens sont venus nous parier d'une
gestion responsable des risques financiers. Je pense que la
représentation que madame a faite... Je regrette, j'ai oublié
votre nom.
Une voix: Mme Pronovost.
M. Boisclair: Mme Pronovost. Elle était tout à fait
pertinente parce qu'elle disait: Compte tenu des critères actuariels
utilisés, compte tenu aussi du fait qu'à l'heure actuelle, ce
dont on s'aperçoit, c'est lorsqu'il y a déficit c'est à
cause de certaines dispositions rétroactives qui font qu'à un
moment donné il y a un déficit qui va se retrouver, mais il n'y a
pas de risque disons, il n'y a pas de déficit - ça arrive
rarement - imprévu. Ce sont, dans la majorité des cas, des
surplus qui, comme vous le dites, sont un peu inévitables, ce qui fait
qu'aujourd'hui on ne se retrouve plus avec un problème comme
celui-là. Ce n'est pas essentiellement dû à des taux
d'intérêt et à la situation dont on a discuté.
Le ministre non plus n'a pas discuté de cette question-là.
J'aimerais vous poser une question: Est-ce que vous seriez prêts, par
exemple, à convenir, comme d'autres groupes l'ont fait, qu'en cas de
risque imprévu l'employeur puisse se compenser à même les
surplus?
Le Président (M. Gautrin): Brièvement, Mme
Pronovost, parce que le temps est écoulé pour la formation...
M. Boisclair: Parce qu'il y a des gens qui ont fait la
distinction entre ces risques prévus et imprévus. Peut-être
que c'est une distinction qui ne vous convient pas.
Mme Pronovost: Bien, écoutez, je vous avoue...
Le Président (M. Gautrin): Brièvement.
Mme Pronovost: ...qu'avec la philosophie qu'on a et qui dit qu'il
y a des évaluations actuarielles qui sont faites... Quand un employeur
met un régime sur pied, il ne le fait pas sans y penser et sans
évaluer et sans prévoir, d'autant plus qu'on préconise
effectivement que les travailleuses et les travailleurs s'approprient leur
régime de retraite et regardent ça de façon très
serrée. Je vous avoue que j'ai de la difficulté à
m'imaginer c'est quoi le véritable risque imprévu parce que les
évaluations qui sont faites... Il faudrait qu'il y ait un krach
boursier, j'imagine, important.
Le Président (M. Gautrin): M. Johnston voudrait ajouter
quelque chose. Brièvement, parce que le temps était
terminé.
M. Johnston: Très rapidement. Si le gouvernement et
l'Assemblée nationale prenaient les dispositions pour privilégier
le développement de régimes de retraite à prestations
déterminées et à cotisations déterminées
pour l'avenir, ce genre de problème s'éliminerait naturellement.
Et je pense qu'à cet égard, il y aurait lieu de confier
peut-être à un organisme comme la Régie des rentes du
Québec l'examen de certaines affaires qui pourraient aider le monde
à mettre en place des régimes de cette nature.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Je pense qu'il reste une
minute et demie au parti ministériel pour conclure.
M. Bourbeau: Le député de Gouin tantôt
faisait allusion au fait qu'il va falloir bientôt commencer à
tirer des conclusions. Effectivement, comme on achève, il reste deux...
Ne me regardez pas comme ça, vous là. Je ne vous ai pas
insulté. Et puis, je me dis que les conclusions, il va falloir les
tirer, bien sûr.
Ce que je constate, c'est que, dans le fond, si je comprends ce qu'on me
dit, la jurisprudence serait en train d'évoluer dans le sens de
l'intérêt des travailleurs. C'est ce qu'on me dit, que certains
jugements récents - on va vérifier ça - seraient
portés à interpréter les contrats plutôt en faveur
des travailleurs. Donc, il ne devrait pas y avoir chez les travailleurs un
grand grand désir de régler le dossier rapidement, puisque le
temps semble jouer, si j'en comprends ce que j'entends, en faveur des
travailleurs.
D'autre part, les patrons non plus ne semblent pas très
pressés de régler le dossier. Je me demande, dans le fond, est-ce
que je suis le seul qui veux régler ce problème-là, qui
veux lever le moratoire? S'il n'y a pas d'intérêt chez personne,
je vais poursuivre ma réflexion encore un petit bout de temps.
Le Président (M. Gautrin): Mme Pronovost.
M. Bourdon: m. le président, j'en fais une question de
privilège. le ministre, depuis ce matin, menace chaque groupe de laisser
traîner la situation, et on sait qu'il y a des congés de
contributions qui se font. .
Le Président (M. Gautrin): Monsieur.. Je m'excuse. Je
m'excuse...
M. Bourdon: M. le Président, je vais le dire ici.
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse. Vous n'avez pas la
parole là-dessus ici.
M. Bourdon: Je souhaiterais que le ministre cesse de menacer les
personnes qui viennent dire
qu'elles ne sont pas d'accord avec lui.
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, ce n'est pas une
question de privilège. Un privilège de parlementaire n'est
pas...
M. Bourdon: Mais, M. le Président, attendez que j'aie fini
de le dire avant de donner raison au ministre, sinon c'est un peu aveugle.
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse, quand vous dites
ça, ce n'est pas une question de privilège. Mme Pronovost.
M. Bourdon: M. le Président...
Mme Pronovost: Moi, je pense que les travailleuses et les
travailleurs, contrairement à ce que vous dites, M. le ministre, sont
sans doute très pressés que cette question-là se
règle parce que, pendant qu'on est en train de tergiverser, il y a des
gens qui, effectivement, sont à la retraite et ont des revenus de
retraite extrêmement dévalorisés et il y a des gens qui
n'ont, au moment où on se parle, à peu près pas de
véhicule ou de protection de retraite. Alors nous, on pense qu'il faut
absolument que le gouvernement statue de façon très claire sur
les objectifs que doivent rencontrer normalement un régime de retraite
et qu'il le fasse dans un délai relativement court pour que les gens
puissent effectivement y avoir accès et obtenir des revenus de retraite
qui soient décents. Pendant, effectivement, qu'on tergiverse, je ne veux
pas reprendre les propos de M. Bourdon, mais il y a quand même des
congés de contributions qui ont cours.
Le Président (M. Gautrin): Très brièvement,
M. le ministre, vous ajoutez un tout petit peu quelque chose. On est
réellement hors du temps, mais on a été libéral
avec l'Opposition, alors on pourrait être libéral...
M. Bourbeau: Je suis content de vous entendre dire ça
parce que ça fait quelques reprises que j'entends l'Opposition me dire
de ne pas me presser, que le temps joue en faveur des travailleurs et...
M. Bourdon: M. le Président, une question de
privilège.
M. Bourbeau: Ah bien là! vous, avec vos questions de
privilège...
Le Président (M. Gautrin): Monsieur...
M. Bourdon: Je n'ai jamais dit qu'on demandait au gouvernement
de...
M. Bourbeau: Ce n'est pas des questions de privilège.
M. Bourdon:... la bonne décision mais vite.
Le Président (M. Gautrin): Oui. Monsieur, je viens de
vérifier. On ne pose pas de question de privilège en
commission.
M. Bourbeau: Alors, je suis content de vous entendre...
M. Bourdon: Le ministre n'a pas le droit de...
M. Bourbeau: M. le Président, y a-t-il moyen
d'arrêter le député de Pointe-aux-Trembles?
Le Président (M. Gautrin): Chut! S'il vous plaît!
Laissez donc parler chacun son temps. M. le ministre.
M. Bourbeau: On n'est pas dans une assemblée de...
Le Président (M. Gautrin): Chut! M. le ministre,
pouvez-vous répéter...
M. Bourdon: Une assemblée syndicale.
Le Président (M. Gautrin): Chut! On s'adresse...
M. Bourbeau: On n'est pas à la CSN dans les...
M. Bourdon: Ah! Les injures volent M. Bourbeau: A la
CSN-Construction.
Le Président (M. Gautrin): Excusez-moi, on reçoit
des invités, alors écoutons et adressez-vous à la CEQ.
M. Bourbeau: II y a un certain décorum, il me semble, qui
devrait prévaloir...
Le Président (M. Gautrin): Et je voudrais qu'il soit
maintenu.
M. Bourbeau:... dans une assemblée comme celle-ci.
Le Président (M. Gautrin): Absolument.
M. Bourbeau: M. le Président, alors je suis content qu'on
me confirme que, quand même, il y a un grand désir qu'on en vienne
rapidement à une solution, parce que ce n'est pas facile de trancher
dans un débat comme celui-là. Ce que j'entends depuis un certain
temps - enfin là, je suis content que vous me le confirmiez - c'est que
l'urgence n'était peut-être pas aussi grande que ce que j'avais
cru. Mais là, vous me rassurez en me disant que, oui, il y a une
urgence. Alors,
je ne fais aucune menace, contrairement à ce qu'on dit, sauf que,
cependant, je me dois de trouver une solution juste et équitable,
équitable pour toutes les parties, tant les travailleurs que les
employeurs. Je ne veux pas être celui qui va brimer les droits de qui que
ce soit. Je veux qu'on le comprenne.
M. le Président, j'ai bien pris note des propos de la CEQ, comme
d'ailleurs de tous les autres qui l'ont précédée, et je
peux vous assurer que dans les jours qui viennent et dans les semaines qui
viennent, on va pousser la réflexion au fond pour voir dans quelle
mesure on peut trouver une solution qui sera soit celle qui est dans le
document, soit une solution amendée. Mais on va tenter de rallier le
plus possible le consensus de tous ceux qui ont des intérêts dans
la chose.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je vous remercie, Mme
Pronovost, M. Johnston et M. Duval, de votre présentation. Soyez
sûrs que la commission vous remercie de vous être
déplacés.
Avant d'entendre les prochains, on va suspendre cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprise à 16 h 46)
Le Président (M. Gautrin): on est prêts à
reprendre nos travaux, et nous invitons le conseil du patronat à
profiter des 20 minutes pour présenter son mémoire. m.
dufour.
Conseil du patronat du Québec
M. Dufour (Ghislain): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): II va présenter... C'est
un professionnel des présentations.
M. Dufour (Ghislain): M. le ministre, M. Bourdon, madame,
messieurs, je vous présente d'abord mes collègues. À ma
gauche M. Robert Blais, qui est vice-président de TPF & C
Itée; à ma toute gauche, M. Marcel Le Houillier qui est
président de MLH A inc; à ma première droite, M. Michel
Saint-Germain, qui est associé principal chez Mercer; et à ma
toute droite, M. Jacques Garon qui est directeur de la recherche
socio-économique au CPQ.
Alors, M. le Président rapidement, notre mémoire, vous
l'avez lu, commenté, analysé, je le résume très
brièvement. D'abord, on vous remercie M. le ministre d'être parmi
les groupes que vous avez invités à venir commenter votre
document de travail. Nous avions déjà réagi positivement
au moratoire que vous aviez décrété en novembre 1988 parce
qu'à ce moment-là, il y avait un certain nombre de
problèmes qui se présentaient dans le champ, et que tout le monde
connaît, et on pense que cette initiative a été opportune
parce qu'elle a permis vraiment de débattre la pertinence pour
l'employeur de récupérer une partie des excédents d'un
fonds de pension dans le cas de ce qu'on appelle les trop-versés.
Par ailleurs, et c'est le lien qu'on fait avec les derniers
intervenants, de nombreux employeurs se trouvent handicapés actuellement
à cause du moratoire, et, en ce qui nous concerne, évidemment,
nous voulons que le moratoire soit levé le plus tôt possible, et
j'y reviendrai en conclusion.
Les points qu'on aborde, le premier, c'est bien sûr la
rétroactivité, et nous disons non au principe de
rétroactivité qu'on retrouve implicitement dans le document.
C'est la question la plus fondamentale pour nous dans ce document-là. Ce
n'est pas tout à fait clair, mais, quant à nous, on va changer
rétroactivement les règles du jeu. Cela fait des décennies
que les entreprises capitalisent, dans la majorité des cas, un
régime de retraite de façon prudente, de manière à
assurer la sécurité des travailleurs, et à permettre d'y
apporter des améliorations éventuelles. Et voilà
qu'à la levée du moratoire, de nouvelles règles vont
dicter une certaine distribution d'excédents éventuels à
des employés qui partiront dans un an ou deux. Si les employeurs, bien
sûr, avaient su cela il y a, par exemple, 20 ans, il y aurait beaucoup
moins de régimes de retraite complémentaires aujourd'hui;
à tout le moins ils seraient très différents et n'auraient
pas été capitalisés de la même façon. En
fait, à la levée du moratoire, il n'y a aucune raison valable de
distribuer des surplus qui ont été accumulés au cours des
ans, puisque les participants du régime ont droit exactement à ce
que l'employeur leur a promis. Ces contributions ont été
versées à 100 % par l'employeur, s'il y a des excédents,
ils sont quant à nous la propriété de l'employeur. Selon
nous, il ne faut pas oublier que beaucoup d'employeurs qui se trouveraient dans
une situation où il y aurait excédent et possibilité de
distribution ne seraient pas enclins a toucher à l'excédent
étant donné les problèmes potentiels d'image que cela
pourrait leur créer. Et la phrase suivante, M. le Président, est
importante: Lorsqu'il s'agit d'un régime non contributif, la
rétroactivité nous apparaît comme une aberration. Pour le
CPQ, donc, toute loi qui vient rétroactivement mettre en question le
droit établi sans équivoque d'un employeur - mais, n'oubliez pas,
aussi d'un employé souvent, parce que souvent ce sont des
employés qui sont propriétaires des excédents -à la
propriété, donc, d'un surplus est en principe, quant à
nous, inacceptable.
Ne serait-il pas plus judicieux - parce qu'on est à la recherche
de solutions dans cette commission parlementaire - de laisser aux employeurs et
aux employés le soin de décider de
la répartition d'un surplus? La loi 116 elle-même stipule
qu'un régime de retraite est un contrat entre les parties
concernées. Ainsi, à titre d'exemple, il pourrait y avoir un
partage équitable des excédents d'actif aux conditions suivantes,
et c'est trois exemples, il pourrait y en avoir d'autres. En ce qui concerne
les employés, les sommes ainsi identifiées pourraient être
réinvesties dans les régimes de retraite afin de leur permettre
éventuellement d'obtenir des prestations plus élevées. En
ce qui concerne les entreprises, les sommes ainsi identifiées pourraient
être retirées à cause d'un contexte économique
difficile. Ce que nous favoriserons toujours, M. le Président, c'est
toute entente mutuelle à quelque règlement ou législation
que ce soit surtout, bien sûr, lorsqu'ils ont un caractère
rétroactif.
La deuxième question que soulève chez nous le document,
c'est: Est-ce que les évaluations actuarielles sont nécessaires?
À la levée du moratoire, les entreprises devront faire toutes les
évaluations actuarielles, et tout surplus excédent un certain
coussin devra être distribué selon les règles prescrites au
lieu de laisser à l'employeur la possibilité de prendre un
congé de cotisation. C'est du moins - et on nous corrigera - notre
interprétation du document. C'est tout à fait contraire à
la logique d'une saine capitalisation des régimes de retraite, sans
compter les coûts superflus que devront encourir les entreprises.
Par ailleurs, la politique de capitalisation varie
énormément d'une entreprise à l'autre en fonction de la
situation financière de l'entreprise, du régime, du type de
régime. L'imposition d'une norme aura un impact néfaste sur la
conception des prestations de retraite puisque l'employeur évitera
d'adopter des prestations qui nécessiteront une capitalisation d'avance.
Comme exemple, c'est évidemment les prestations basées sur le
salaire final. Pourquoi doit-on refaire une évaluation actuarielle
à la levée du moratoire pour déterminer s'il y a un
excédent d'actif, alors qu'on se propose de sortir l'argent de la caisse
de retraite? Est-ce là une logique de règlement à tout
prix quelles qu'en soient les conséquences?
Or, selon le CPQ les conséquences de la proposition
gouvernementale seront, en pratique, une moindre capitalisation, moins de
possibilités de revaloriser les rentes des retraités, des
prestations moins élevées pour les employés. Ces nouvelles
règles vont certainement décourager la mise en place de
régimes à prestations déterminées, alors que les
tendances démographiques se traduisent par un vieillissement progressif
et constant de la population et que, par ailleurs, le gouvernement
lui-même, aux prises avec un problème de dette, devrait
plutôt encourager l'instauration de tels régimes.
De plus, la complexité exagérée résultant de
la multitude de lois fédérales et provinciales a engendré
l'annulation d'un grand nombre de régimes à prestations
déterminées, et ces nouvelles règles vont ajouter aux
pressions dans ce sens.
La troisième question que soulève le document: Les
nouvelles règles du jeu sont-elles opportunes? Il y a bien des avantages
à maintenir une surcapitalisation lorsqu'elle est possible et voulue,
comme de prévoir un bon coussin pour des périodes futures de
conjoncture économique difficile.
Dans un régime non contributif, par exemple, alors que des
règles très claires établies il y a quelques années
prévoient le retour de l'excédent à l'employeur, ce
dernier, qui a seul mis de l'argent dans ce régime, sera forcé,
à la levée du moratoire, de distribuer une partie de
l'excédent. Pourquoi changer les règles du jeu pour cet
employeur? Cet employeur devrait, tout au moins, avoir la possibilité de
recourir aux tribunaux pour défendre ses intérêts
légitimes même si l'intention du législateur est de
déjudi-ciariser le système. Quoi qu'il en soit un
élément important ressort du document de consultation, à
savoir qu'on impose des règles plus strictes pour le passé, en
exigeant la distribution immédiate du surplus à la levée
du moratoire, que pour le futur, où l'on impose la distribution de
surplus uniquement si l'employeur fait une demande de remboursement des
excédents. Ajoutons encore que le provisionnement des prestations vise
à assurer la sécurité de ces dernières quelle que
soit l'évolution future de la situation de l'employeur.
Dans l'ensemble, le provisionnement des régimes de retraite a
été guidé par la prudence en vue d'accroître cette
sécurité. Lorsqu'il choisit de provisionner prudemment,
l'employeur le fait pour mieux protéger les prestations
constituées. Ceci ne change en rien son droit de propriété
sur les excédents d'actifs une fois que la sécurité des
prestations est obtenue. Si les excédents résultant d'une
expérience favorable sont unilatéralement expropriés,
l'employeur se verra contraint de réviser, bien sûr, sa
stratégie de provisionnement. Cela ne servirait pas les
intérêts des parties en cause, certainement pas ceux des
salariés participants, ni des responsables des régimes, ni des
organismes de réglementation.
Quatrième question, M. le Président, la question des
déficits. Le chapitre 4 du document traite uniquement de la distribution
d'un excédent d'actif d'une caisse de retraite et ne dit strictement
rien sur les déficits que ces mêmes caisses peuvent encourir dans
le futur. La situation financière d'un régime dépend en
grande partie de son histoire et de sa maturité ainsi que du genre de
prestations offertes.
Il n'y a rien de surprenant à ce que, tout au long des
années soixante-dix, période où ils étaient au
stade du développement, les régimes aient été
majoritairement déficitaires et que peu d'entre eux aient
enregistré un excédent. À noter
également que personne, y compris l'État, ne mettait alors
en doute le fait que ces déficits revenaient bien aux employeurs et que
ces derniers assumaient l'obligation de les liquider.
La volatilité des facteurs économiques conjoncturels,
comme le rendement des placements, l'inflation des salaires, peut
entraîner de profondes répercussions à court terme sur la
situation financière d'un régime de retraite. Ainsi, prenons, par
exemple, les années soixante-dix. Les augmentations de salaire ont
atteint des sommets inégalés. Simultanément, survenait un
revers boursier en 1974. La montée des taux d'intérêt a
réduit la valeur marchande des titres obligataires qui constituent une
tranche significative de la plupart des portefeuilles des caisses de retraite.
L'effet cumulatif, on s'en rappelle, fut dévastateur, entraînant
des pertes actuarielles massives à cause de rendements de l'actif
très en deçà des niveaux prévus, tandis que les
régimes assumaient des engagements dont l'ampleur dépassait les
prévisions.
Les employeurs ont dû verser d'importantes sommes pour se
conformer à la réglementation sur les régimes de retraite
exigeant que soient comblées les pertes actuarielles à court
terme, bien que les engagements contractés au titre des régimes
l'aient été à long terme et que cette règle ne
tienne pas compte du caractère cyclique de l'économie.
Dans la conjoncture actuelle et après le revers boursier de 1987,
de nombreux régimes de retraite vont de nouveau, M. le Président,
faire face à des difficultés. Le document lui-même
reconnaît que ces circonstances vont, à tout le moins, continuer
à atténuer la croissance des excédents d'actifs. Il serait
donc logique de prévoir que les règles applicables aux
excédents s'appliquent également au déficit. En d'autres
termes, si le législateur veut rendre obligatoire le partage des
excédents, il devrait, à tout le moins, permettre à
l'employeur de récupérer ou de mettre de côté
l'argent versé dans le passé pour combler des déficits
avant de répartir un excédent.
Dernière question que nous abordons dans notre mémoire, M.
le ministre, la fameuse question dont on a parlé avant nous, celle du
salaire différé. Selon certains, la cotisation à un
régime de retraite, incluant la quote-part patronale, constitue du
salaire différé aux fins de la retraite. Même si
l'employeur est en déficit, ce sont des travailleurs qui ont payé
la facture par des augmentations de salaire moindres, nous dit-on. La
responsabilité du déficit appartient donc strictement à
l'employeur.
C'est là, semble-t-il, le raisonnement qui a conduit les
rédacteurs du document à ne pas parler du problème des
déficits, prenant implicitement pour acquis qu'un déficit doit
être comblé par l'employeur. Dans bon nombre de régimes, le
concept d'équivalence entre salaire différé et
contribution à un régime de retraite est difficilement
conciliable avec la nature de l'objectif d'un régime de retraite.
L'examen de cette question doit répondre à l'interrogation
suivante: La valeur d'un régime de retraite est-elle
déterminée en fonction de ce que certains considèrent
comme des salaires différés afin de garantir une retraite aux
employés ou bien est-elle déterminée par la prestation
actuelle promise selon les stipulations du régime de retraite?
Si les contributions à un régime de retraite
étaient, en fait, reconnues comme équivalentes à des
salaires différés, il serait certainement logique de mettre en
place un type de régime d'accumulation de capital où les salaires
différés prédéterminés de même que les
contributions de l'employé seraient investis pour permettre ultimement
d'offrir à l'employé une somme globale. (17 heures)
II semble évident que les bénéfices des
régimes de retraite sont difficilement conciliâmes avec le concept
des salaires différés. Bien qu'un régime de retraite
donné fasse partie de la rémunération globale d'un groupe
d'employés, sa valeur repose sur les avantages promis ultimement
plutôt que sur les salaires que certains considèrent
différés afin d'obtenir ces avantages. Par ailleurs, la
caractéristique fondamentale d'un régime de retraite dont
l'employeur est garant, c'est que, contrairement à un régime de
retraite à contributions définies ou à un régime
d'accumulation de capital, les risques financiers qu'il comporte, et qui sont
substantiels, sont assumés par l'employeur et non par les
employés. Ce type de régime comporte un risque pour les
employés, à savoir qu'ils se retrouvent dans une position
déficitaire. Les risques financiers ont traditionnellement mené
les employeurs à surcapitaliser afin d'éliminer les
déficits éventuels ou ils les ont comblés, comme l'ont
démontré de nombreux exemples durant les années
soixante-dix.
Nous terminons notre mémoire, M. le Président, par toute
une série de questions d'ordre technique sur lesquelles je ne reviendrai
pas. Ma conclusion n'est pas incluse au mémoire. Elle est à peu
près la suivante. J'ai dit que nous avions été d'accord
avec le moratoire, mais depuis ce temps-là, M. le ministre, il y a eu la
loi 116, une loi que nous vous avons dit être très exigeante, mais
qui a quand même des volets très intéressants par rapport
au débat qu'on fait aujourd'hui. Cette loi-là a permis la mise
sur pied de comités de retraite. Donc, les travailleurs maintenant sont
carrément impliqués dans ce dossier-là, ce qui
n'était peut-être pas le cas avant. Vous avez assuré la
transparence de l'information quant aux régimes de retraite. Donc, c'est
des éléments nouveaux dans tout ce débat-là.
Nous souhaitons vivement que vous leviez le moratoire. Mais en levant le
moratoire, nous ne vous demandons pas nécessairement de
légiférer.
On voudrait peut-être vivre davantage la loi 116 plutôt que
d'embarquer encore dans un système qui est excessivement complexe, ce
qui fait peut-être l'affaire des actuaires - et je le dis facilement
parce que ce sont mes collègues de travail - mais qui rend toujours de
plus en plus difficile la gestion des régimes de retraite.
Un peu comme notre intervenant antérieur - et là, vous
allez dire qu'un front commun patronal-syndical, ça existe - nous aussi,
on voudrait davantage peut-être laisser à la Régie le soin
d'établir des règles vivables, laisser aux tribunaux le soin de
juger les cas qui pourraient se présenter. Et je termine en disant que
nous favoriserons toujours, M. le Président, des ententes
employeurs-travailleurs plutôt que toute loi ou toute
réglementation, surtout si elle se devait d'être
rétroactive. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le président.
M. le ministre, est-ce que vous avez quelques questions pour le parti
ministériel?
M. Bourbeau: Oui. Je commence où vous finissez. Vous me
dites que vous préféreriez toujours des ententes
employeurs-travailleurs. J'ai le député de Pointe-aux-Trembles
qui, plus tôt, citait le cas de la Suisse où, nous disait-il, on a
laissé les parties négocier, on leur a donné un certain
temps pour négocier en disant: Si vous ne vous entendez pas, on
s'entendra pour vous. Je voyais dans le journal La Presse, il y a une
dizaine de jours, une nouvelle à l'effet que les employés
syndiqués d'une usine d'acier de Lachine ont réussi à
négocier avec leur employeur, la compagnie Drummond McCall, un partage
de l'excédent d'actif. Ça m'apparattrait une possibilité.
Qu'est-ce que vous en pensez si on disait: On va poursuivre le moratoire un
certain temps, peut-être pas tellement longtemps, en voyant dans quelle
mesure les travailleurs et les employeurs ne pourraient pas régler ces
problèmes-là entre eux avant que le gouvernement intervienne. On
sait que la jurisprudence est très active de ce temps-là. Il y a
des jugements qui sortent. Comment verriez-vous une approche comme
celle-là?
M. Dufour (Ghislain): D'abord, ça m'inquiète
toujours quand un homme politique dit: Pour un certain temps. Je me rappelle
lorsqu'on a institué ce moratoire-là que c'était "pour un
certain temps". Il dure depuis déjà très longtemps. Mais
vous avez parfaitement raison de poser cette question-là parce que c'est
une approche, finalement, au lieu d'une législation, au lieu d'une
réglementation. Je vais demander à Robert Blais de chez TPF &
C de réagir dans le concret à cette
hypothèse-là.
Le Président (M. Gautrin): M. Blais.
M. Blais (Robert): Le problème un petit peu avec votre
commentaire, c'est le terme "poursuite du moratoire". Si on poursuit le
moratoire, on continue, au cours des prochaines années, à avoir
des problèmes lors de transactions financières, etc. Si vous me
dites: On donne quelques années aux gens pour s'entendre, mais lorsque
ces gens s'entendent là, selon des choses qui sont acceptables, par
exemple, à la Régie des rentes ou aux tribunaux, et qu'on regarde
la situation quelques années plus tard, avec ça, je n'ai pas de
problème, tant qu'on laisse la porte ouverte pour les gens qui
s'entendent vraiment entre eux.
M. Bourbeau: Oui, bien là, je ne peux pas retourner au
statu quo ante. On a mis un moratoire parce qu'il y avait des excès. Je
ne peux pas enlever le moratoire, probablement donnant lieu encore à des
excès, en disant: Entendez-vous. Les gens ne se sont pas entendus
pendant 20 ans avant. Pourquoi les gens s'entendraient-ils maintenant?
M. Blais (Robert): II y a des choses...
M. Bourbeau: II faut maintenir quand même le moratoire. Je
devrais maintenir le moratoire certainement.
M. Blais (Robert): II y a des choses qui sont vraiment
changées.
Le Président (M. Gautrin): M. Blais.
M. Blais (Robert): Ghisiain a mentionné ces
choses-là, et ça, on le vit en pratique, la question des
comités de retraite, la question des assemblées annuelles. Je
peux vous féliciter, ça fonctionne. Ça fonctionne vraiment
en pratique pour ceux qui les ont mis en place. Les employeurs qui prennent des
congés de cotisations présentement expliquent à leurs
employés pourquoi. Les employeurs, avant d'arriver et de faire une
terminaison partielle, totale, une fusion, vont devoir expliquer à leurs
participants pourquoi, ce qui va se passer, etc. Alors, l'environnement comme
tel ne fait que commencer.
Je crois sincèrement que les éléments sont en place
pour qu'on arrive au cours des prochaines années à une bien
meilleure entente. Ce qui est dit là-dedans, c'est que, et il y a des
situations comme ça, si on s'entend pour que les excédents soient
partagés moitié-moitié, eh bien, tant mieux. Si on
s'entend pour que ça aille tout aux employés, tant mieux. Et, si
on s'entend pour que ça aille aux employeurs, tant mieux.
Le Président (M. Gautrin): M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain (Michel): Merci. J'aimerais réagir au mot
que vous avez utilisé, les "excès" qui se sont produits dans le
passé. Dans la situation actuelle, j'ai beaucoup de difficulté
à conce-
voir comment un employeur pourrait s'approprier un surplus qui ne lui
appartiendrait pas. Je pense que toutes les plates-bandes, toutes les mesures
de sauvegarde sont présentes, soit imposées par la Régie
des rentes, soit par les représentants des employés, soit par la
jurisprudence qui s'est créée. Je ne peux pas concevoir comment
un employeur s'approprierait un surplus qui ne lui appartiendrait pas.
Quant au passé, on a parlé beaucoup de cas d'excès,
mais j'aimerais encore qu'on me donne un exemple d'un employeur qui a pris un
surplus qui ne lui aurait pas appartenu. Les cas de conflits sont maintenant
où ils devraient être, c'est-à-dire devant un tribunal, et
il me semble qu'on devrait faire confiance aux tribunaux pour établir la
jurisprudence et pour établir à qui appartiennent les surplus.
Dans notre société, lorsqu'il y a un conflit sur la
propriété des surplus ou de n'importe quel bien, on s'en remet
aux parties qui font leurs propres représentations légales et aux
tribunaux pour trancher. Il me semble qu'on devrait traiter cette
question-là de la même façon.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, justement, c'est là que le
problème se pose. Vous me dites que les parties vont aller devant les
tribunaux et que les tribunaux trancheront. Ce n'est jamais toujours toujours
la meilleure façon de régler des problèmes. C'est
sûr que, quand on va devant les tribunaux, ça fait surtout
l'affaire des avocats et peut-être des actuaires aussi, mais ce n'est pas
la façon idéale de régler des problèmes. Si je
disais: Bon, eh bien, alors, on va tout renvoyer les problèmes devant
les tribunaux, on se reverra dans cinq, six ou sept ans, quand la Cour d'appel
ou la Cour suprême aura rendu un jugement, mais les travailleurs, pendant
ce temps-là, ils vont vieillir et la retraite va arriver et
peut-être le décès avant qu'ils aient touché leur
pension. Moi, je ne peux pas accepter, disons, une solution, faire un peu comme
Ponce Pilate, me laver les mains et dire: Je vais laisser les tribunaux
régler tous les problèmes de pensions au Canada et au
Québec.
Je reviens sur la question du salaire différé, parce que
c'est là qu'est le point. Si on prend une approche légaliste,
contractuelle, le contrat dit que les surplus vont à l'employeur ou que
les surplus, il n'en est pas question. Ça, c'est une approche. D'autre
part, les centrales syndicales qui sont venues ici depuis deux jours nous
disent: Écoutez, dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme
ça. Quand les négociations ont lieu sur un renouvellement de
contrat, on discute de ça, du fonds de pension et, très souvent,
les travailleurs acceptent de réduire leurs exigences salariales parce
que l'employeur fait un effort particulier du côté du fonds de
pension. Et dans ce sens-là, ça fait partie de la
rémunération globale, et, si ça dégage des surplus,
c'est parce que les travailleurs se sont serré la ceinture et ont
été moins exigeants. Est-ce qu'on doit vraiment ne pas tenir
compte du tout de ce point de vue à votre esprit?
Le Président (M. Gautrin): M. Dufour.
M. Dufour (Ghislain): M. le ministre, pour la question du salaire
différé, je vais demander à M. Le Houillier, mais vous
allez me permettre de revenir à votre dilemme de législation
versus décision des tribunaux. On a bien fait la distinction, je pense,
dans notre mémoire entre les problèmes passés et les
problèmes futurs. Ça, je pense qu'il faut d'abord s'entendre
là-dessus.
On dit que, dans le futur, il y aura beaucoup moins de problèmes
que par le passé à cause de votre loi 116. Les travailleurs sont
maintenant impliqués; ils sont sur le comité de retraite, il y a
une transparence. Je dois dire que les syndicats aussi, et je pense que M.
Bourdon va être d'accord avec moi, sont beaucoup plus sensibilisés
aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a 5 ou 10 ans quand on
négociait les régimes de retraite, parce qu'on peut dire que,
s'il y a des problèmes qui se sont passés, c'est souvent parce
que des syndicats n'étaient pas assez impliqués, n'ont pas assez
embarqué dans le dossier. Ça, c'est le futur.
Quant au passé, je pense que de façon unanime, pour des
raisons différentes, et vous l'avez mentionné, il n'y a personne
qui accepte ce genre de loi rétroactive. Alors, j'ai même entendu
un intervenant antérieur, et ça m'a surpris, dire que,
jusqu'à un certain point, il faisait confiance aux tribunaux dans un
certain nombre de dossiers, et c'était l'intervention aussi du
député de Gouin. Si l'on fait bien cette distinction-là,
nous, on est capables de vivre avec les tribunaux parce qu'on sait que le futur
va être réglé ou à peu près par la loi
116.
L'autre débat qui est fondamental, c'est celui auquel vous vous
référez aussi. Ça, c'est un problème
patronal-syndical plus qu'un problème politique, de la définition
du régime de retraite comme étant du salaire
différé. Et là, je demande à Marcel de vous
répondre.
Le Président (M. Gautrin): M. Le Houillier.
M. Le Houillier (Marcel): M. le Président, dans les
régimes de retraite, quand on fait cet énoncé-là
qu'un régime de retraite, c'est du salaire différé, c'est
parce qu'on fait une déclaration globale. Je pense que ce n'est pas
l'ensemble des régimes de retraite qui sont des salaires
différés. Il est évident que, lorsque deux parties
négocient un régime de retraite où il est convenu que les
deux parties mettent un certain montant et qu'on dit spécifiquement,
soit que ceci provient d'une réduction de salaire, soit que
c'est par écrit qu'une contribution fixe est
déterminée, on peut relier ça à du salaire
différé. Mais dans la plupart des régimes de retraite, on
convient qu'il y a une rente de retraite qui est promise à la retraite
et qu'il y aura une contribution fixe de la part de l'employé et une
contribution variable de la part de l'employeur. C'est là que la notion
de salaire différé fait défaut. La promesse, l'engagement
de l'entreprise, c'est une prestation à la retraite; ce n'est pas un
montant de contribution, celle-ci varie dans le temps, alors que la partie de
l'employé est constante. Alors, la notion de salaire
différé est dangereuse. On ne peut pas l'appliquer de
façon globale à l'ensemble des régimes de retraite. Dans
les régimes que je connais, où j'ai été
impliqué, dans les cas où les cotisations, les engagements ont
été effectivement fixés, dans la grande majorité de
ces cas-là, il n'y en a pas de problème. Le régime de
retraite va prévoir spécifiquement que le surplus appartient aux
participants. Si vous prenez tous les cas de régimes multiemployeurs ou
de régimes vraiment négociés, la plupart du temps la
clause est claire, elle est précise: les surplus, les excédents,
en cas de terminaison ou autres moments, appartiennent aux participants.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Est-ce que vous avez
d'autres questions, M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui, je voudrais poser une question à M.
Dufour. Quand un fonds de pension dégage un surplus important à
cause des rendements extraordinaires qu'on a connus depuis quelques
années, c'est arrivé dans bien des cas, et que l'employeur prend
des congés de cotisations - d'ailleurs, je pense qu'il n'a même
pas le loisir, je pense que la fiscalité l'oblige d'une certaine
façon à ne pas cotiser - avez-vous déjà
pensé d'offrir aux travailleurs aussi de prendre des congés de
cotisations? Est-ce que ça s'est déjà fait, ça?
M. Dufour (Ghislain): Est-ce que ça se fait? Je suis
obligé de retourner la question aux firmes d'actuaires? Est-ce que
ça se fait?
M. Saint-Germain: Pour répondre à la question, la
façon dont on l'aborde, on regarde le texte de la convention collective.
C'est pour ça que lorsqu'il y a une entente dans une convention
collective, on la met par écrit. Il y a certains textes qui indiquent
que le coût du régime est partagé
moitié-moitié. C'est d'ailleurs le cas des régimes
gouvernementaux. Mais dans d'autres secteurs privés, le texte de la
convention collective est très clair. Les employés cotisent x %
de leur salaire, l'employeur cotise le solde du coût. Il y a des gens qui
se sont donné la peine de mettre par écrit ces
conditions-là. Il me semble que si le régime de retraite est un
contrat, comme la loi 116 le stipule, on devrait respecter ce sur quoi les
parties se sont entendues dans le contrat. (17 h 15)
M. Bourbeau: Une dernière question. À l'instar de
plusieurs autres intervenants, en tout cas certains autres, vous proposez un
genre de récupération des déficits que l'employeur a
amortis contre des gains actuariels, avant toute distribution. À la page
6 de votre mémoire, vous mentionnez l'idée suivante: "Si le
législateur veut rendre obligatoire le partage des excédents, il
devrait à tout le moins permettre à l'employeur de
récupérer ou de mettre de côté l'argent versé
dans le passé pour combler des déficits avant de répartir
un excédent." Cette idée-là a été
avancée par la CSN, si je me souviens bien. Si je me trompe, je sais que
le député de Pointe-aux-Trembles va me sauter sur le dos. Mais
non, je pense qu'il est d'accord.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Non, non, pas de
présomption.
M. Bourbeau: Alors, c'est bien cité, j'ai bien
cité. La CSN a proposé exactement la même chose. Elle m'a
dit: On n'est pas d'accord avec les congés de cotisations sauf dans des
cas comme ça. Si l'employeur avait été obligé de
combler des déficits, on serait d'accord qu'il prenne des congés
de cotisations équivalents aux sommes d'argent. Peut-être que
là on voit le début, tiens, d'un compromis qu'on pourrait
peut-être trouver quelque part. Enfin, deux points de vue qui se
ressemblent, venant de deux groupes qui, manifestement, n'ont pas toujours des
positions qui sont les mêmes. Comment verriez-vous l'application de cette
récupération-là? Quel type de déficit visez-vous
quand vous parlez de ça? Et une récupération comme
celle-là, elle pourrait s'étendre sur quelle période de
temps, par exemple?
M. Dufour (Ghislain): En fait, M. le ministre, je suis content
que cette phrase-là ait attiré votre attention. C'est pour mettre
plus d'impact sur notre position en rétroactivité. Parce que, en
fait, ce qu'on dit, c'est: Vous demandez de séparer ou de diviser ou de
remettre les excédents, s'il y en a au moment de la levée du
moratoire. Et on vous pose la question: Mais qu'est-ce que vous faites des
déficits? Et là, à ce moment-là on dit: II faudrait
au moins regarder quelque chose face aux déficits. Mais ce n'est pas une
proposition de notre part. C'est parce qu'on s'oppose à la
redistribution et on oppose ça au fait que ça nous paraît,
en tout cas, tout à fait pas correct de la part du législateur de
ne vouloir aborder que le dossier des excédents sans aborder le dossier
des déficits. Vous avez remarqué d'ailleurs que c'était
interrogatif. Mais ça vous démontre un argument additionnel pour
vous
dire que la rétroactivité sur des excédents,
ça n'a pas de bon sens, surtout si c'a été payé
à 100 % par les employeurs. Alors, on fait cette
démonstration-là, mais pas pour qu'on commence à faire la
grille: voici, il y a eu trois années de déficit à tant et
il y a eu une année de congé de cotisations, etc. Je pense qu'on
ne s'en sortirait pas. Il faut prendre l'argument de façon globale, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Bon alors, moi qui avais vu une lueur d'espoir au
fond du tunnel, si je comprends bien, c'est plutôt un mur de briques.
M. Dufour (Ghislaln): Voyez-vous, on voit les lueurs d'espoir
où on peut, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Alors, c'est plutôt un mur de briques au fond
du tunnel qu'une lueur d'espoir, si je comprends bien.
M. Dufour (Ghislain): Non, mais je suis content que vous l'ayez
soulevé, parce que ça nous permet de faire l'argument que, quand
tu regardes l'un, il faut que tu regardes l'autre. Et voyez-vous les
problèmes où ça nous conduirait si on regardait les
déficits?
M. Bourbeau: Comme disait mon collègue, le
président du Conseil du trésor, il y a une lueur au fond du
tunnel, c'est une locomotive qui s'en vient en sens inverse.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Bon, M. le député
de Pointe-aux-Trembles, quelques remarques. Quelques petites questions
brèves.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter le Conseil du patronat pour le sérieux et la haute
tenue du mémoire qu'il nous a soumis. Et comme je commence à
être habitué d'être assis à une table où
j'entends des présentations du Conseil du patronat, disons que c'est un
haut niveau de qualité comme d'habitude.
Une première question qui serait celle-ci: Est-ce que,
d'après vous, Simonds et Singer ont abusé un peu? Ce qui a
amené le gouvernement à décréter un moratoire. Et,
s'ils ont abusé, dans quel sens et dans quelle mesure?
M. Dufour (Ghislain): Moi, dans ce genre de question là,
étant au Conseil du patronat, je réfère toujours les
questions à mes consultants. Alors, M. Saint-Germain, est-ce qu'en
principe, parce que je pense qu'on ne doit pas viser les entreprises... Vous
parlez de Singer, vous parlez de... Je pense qu'il faut dire: Est-ce qu'il y a
eu le genre de situation qui a conduit le législateur à
établir ce document-là?
M. Saint-Germain: Moi, je ne voudrais pas commenter...
Le Président (M. Gautrin): M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain: Oui. Je ne voudrais pas commenter sur des cas
précis. Ce que je voudrais dire, c'est qu'il y a effectivement des
régimes qui ont des clauses ambiguës au niveau de la
propriété des surplus, pour toutes sortes de raisons historiques.
Ces causes-là sont maintenant où elles devraient être,
c'est-à-dire devant les tribunaux. Je n'ai pas la prétention de
savoir ce que le juge va décider, mais j'ai confiance en sa
décision et j'ai confiance au processus qui est suivi.
J'aimerais aussi rajouter qu'il y a très peu de ces
cas-là. Moi, j'ai beaucoup de clients et il y a beaucoup d'employeurs,
qui sont membres du Conseil du patronat, qui n'ont absolument aucune intention
de terminer le régime ou de retirer les surplus. Ce dont ils ont
l'intention, c'est de continuer leurs régimes et de continuer à
les améliorer. Ce que je trouve dommage, c'est qu'on vise et on sort
continuellement ces quelques cas d'exception là pour aller faire des
règles compliquées qui viennent décourager la très
très grande majorité des employeurs qui veulent simplement
continuer à améliorer leurs régimes.
Le Président (M. Gautrin): M. le député.
M. Bourdon: M. le Président, ce que j'ajouterais à
cet égard, c'est que j'ai eu l'occasion de dire à l'Alcan qui est
venue devant nous et qui nous expliquait comment ils administrent la caisse de
retraite de leurs employés, qui est très considérable et
qui fait l'objet de négociations avec les syndicats, et je leur ai dit:
Si ce n'était que de l'Alcan, on ne serait pas assis ici.
Je comprends la prudence du Conseil du patronat à parler de
Simonds ou de Singer. Quand j'étais dans le milieu syndical et qu'un
employeur me mettait sur le nez - si vous me pardonnez l'expression - qu'un
syndiqué avait ton", bon, si dans l'hypothèse il avait tort, je
n'étais pas très disert pour en parler. Mais il y a eu un
moratoire parce qu'il y avait eu un certain nombre de situations
problématiques.
J'ai une autre question. Revenu Canada a, en quelque sorte, par ses
décisions, obligé les entreprises à recourir à des
congés de cotisations - vous me direz si je me trompe - en disant:
Écoutez, vos contributions aux régimes de retraite, c'est
déductible des revenus de l'entreprise à condition que ça
serve à faire des contributions, et, si ça ne le fait pas, ah
bien! là, il y a un problème. Et c'est M. Dufour que j'aimerais
questionner là-dessus, pas pour confondre cette commission-ci avec une
autre, mais simplement parce qu'il y a des occasions où le
fédéral ne manque pas de compliquer un problème
qui n'est déjà pas simple dans le sens où, d'une
certaine manière, Revenu Canada disait à l'entreprise:
Liquidez-moi ça, ces surplus-là, sinon je vais les imposer. Je ne
sais pas si le Conseil du patronat a étudié cet aspect
particulier de la question.
M. Dufour (Ghislain): Sur les deux commissions que vous mettez en
parallèle, je vais vous dire que je suis totalement d'accord avec vous
que, dans bon nombre de dossiers, le fédéral nous complique la
vie.
Sur l'aspect particulier ou technique de Revenu Canada et la
façon dont vous faites la démarche, moi, je ne sais pas si j'ai
de mes collègues qui peuvent en parler.
Une voix: 92, la solution.
M. Dufour (Ghislain): M. Saint-Germain va en parier.
M. Saint-Germain: Oui. Bon. Vous avez raison sur le point que
vous avez mentionné qu'il y a un maximum au-dessus duquel les employeurs
ne peuvent pas prendre de déductions. Mais je pense que ce serait
fausser le débat que de croire que les employeurs ont suspendu leurs
contributions à cause du maximum de Revenu Canada. Les employeurs ont
faussé leurs contributions parce qu'ils ont jugé qu'il y avait
trop d'argent dans la caisse, qu'ils avaient cotisé des montants
excédentaires aux caisses de retraite et qu'ils avaient le droit de
prendre un congé de contributions, tel que le règlement du
régime le prévoyait. Je pense que l'effet du maximum du
ministère du Revenu national n'est pas pertinent dans le débat
qu'on a maintenant.
M. Bourdon: O.K. À la page 3 du...
M. Dufour (Ghislain): SI vous me permettez...
M. Bourdon: Excusez.
M. Dufour (Ghislain): ...M. Bourdon, juste pour ajouter. Nous, on
ne veut pas en faire un problème de gouvernement, mais je
renchéris sur ce que je disais tout à l'heure. Les règles
sont devenues excessivement difficiles, excessivement complexes. La loi 116
n'est pas facile, ni pour les syndicats ni pour les entreprises. La nouvelle
législation fédérale est venue encore compliquer le
dossier de façon extraordinaire. Il n'y a pas grand PME, comme moi, qui
a été capable de faire son FE sur les derniers T4 du
fédéral. On a toutes été obligées de donner
ça à l'extérieur. Il n'y a plus de PME comme telle qui
peut gérer ses régimes de retraite. Ce que l'on dit, c'est qu'en
ajoutant cette procédure qu'on nous propose ici, on vient encore rendre
beaucoup plus complexe, beaucoup plus difficile, la gestion des régimes
de retraite, alors que les entreprises, face à ça, vont
plutôt aller dans les REER collectifs, vont plutôt aller dans les
régimes de retraite à cotisations déterminées,
alors que c'est au désavantage, quant à nous, des
travailleurs.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Ce que je voudrais ajouter là-dessus, c'est
que 40 % des travailleurs en gros sont syndiqués, 60 % ne le sont pas.
Et je sais d'expérience que les travailleurs syndiques ne
réussissent pas toujours à négocier leur caisse de
retraite. Ils tendent à ça. Et dans certains secteurs depuis
très longtemps: La Fédération du vêtement de la CSD
gère elle-même sa caisse de retraite depuis une cinquantaine
d'années. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas simple,
l'application de ça, parce que j'ai déjà
négocié avec des employeurs que, pour la durée de la
convention, la caisse de retraite ne serait pas modifiée et que
l'employeur ne pourrait pas prendre les surplus, et votre voisin a raison de
dire que ça se fait, ça. Mais dans le secteur de la fabrication
où les Métallos sont actifs, entre autres, il y a à peine
20 % des gens qui sont syndiqués. Et donc, y a-t-il un vrai rapport
contractuel entre les parties qui, dorénavant et grâce au
ministre, en vertu de la loi 116 constituent deux parties à un contrat?
Et, à cet égard, il y a des facettes multiples à cette
question-là. Vous dites dans le mémoire, à la page 3: "Ne
serait-il pas plus judicieux de laisser aux employeurs et aux employés
le soin de décider de la répartition d'un surplus." Est-ce que
ça irait jusqu'à dire que ça prend l'accord des deux
parties pour disposer d'un surplus? Ça, c'est ma première
question. J'en ai une série qui gravitent autour de ça.
M. Dufour (Ghislain): Robert.
M. Blais (Robert): Par rapport à si ça prendrait
l'accord des deux parties, encore une fois, je reviens sur la notion des
comités de retraite qui ont été mis en place, où la
grande différence entre la situation qu'on vit présentement et
celle qu'on a vécue qui a amené le moratoire, et tout le reste,
c'est que ces situations se faisaient, existaient, sans la connaissance des
employés. Maintenant, je ne ferai pas la liste des choses que la loi 116
a apportées là-dessus. Les gens de la Régie des rentes qui
sont là pourraient vous les nommer l'une après l'autre. C'est
vraiment totalement impossible à ce moment-là pour un employeur
de changer les règles du jeu sans en aviser d'abord ses employés,
sans en discuter avec eux. Alors, les employeurs, même dans des groupes
non syndiqués, n'ont pas l'intention de se mettre leurs employés
à dos, n'ont pas l'intention de faire ce genre de choses là.
Comme Michel le disait, la
grande majorité veut que leur régime de retraite soit
apprécié et les comités de retraite font le travail.
M. Bourdon: Et à cet égard-là, vous ne
pensez pas que ce rapport-là est comme plus compliqué quand,
comme dans le cas de Singer et Slmonds, l'entreprise quitte et s'en va à
l'extérieur. Ce que je veux dire par là, c'est que les bonnes
relations, on tient à les entretenir quand on est en relations, mais
quand un employeur quitte parce que, par hypothèse, ça ne
coûte rien de fermer une entreprise à Montréal - bien que
le ministre nous ait dit hier, je vous en avise, que ça va changer -
puis que ça coûte jusqu'à 26 semaines de salaire en
Ontario, bien c'est sûr que... Oui, oui c'est ça, il l'a dit hier
et j'ai bien pris note de ça.
M. Bourbeau: Je ne voudrais pas que mes paroles soient
interprétées. Je me réserve le droit de qualifier
ça tantôt, là.
Le Président (M. Gautrin): Ne recommencez pas cette
guerre.
M. Bourdon: M. le Président, ne permettez pas une
discussion de taverne comme on a connue...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon:... surtout que je lançais des fleurs au
ministre. S'il se fâche même des fleurs, notre couple est vraiment
en danger.
Le Président (M. Gautrin): II se méfiait des fleurs
empoisonnées. Continuez.
M. Bourdon: Comment disait-il ça: Je me méfie des
Grecs et de leurs cadeaux.
M. Bourbeau: Timeo Danaos et dona feren-tes.
M. Bourdon: ah bon, bon! puis moi, dans mon quartier
c'était habeum meum cristum itineris, puis ça ne serait pas
parlementaire de traduire.
Le Président (M. Gautrin): Écoutez, chers amis, ce
n'est pas parlementaire, continuez vos questions. (17 h 30)
M. Bourdon: Et vous dites également dans votre
mémoire, en page 6: "En d'autres termes, si le législateur veut
rendre obligatoire le partage des excédents... " Je note au passage que,
comme l'Alcan et d'autres intervenants, vous hésitez pour le moins
à la notion d'un partage annuel des excédents à cause des
problèmes considérables que ça poserait en termes de
capitalisation.
Et l'Alcan mentionnait que ça inciterait une caisse à
faire des placements à très court terme et à ne pas aller
en bourse avec des placements qui, à long terme, pourraient
s'avérer bons. Et il y a une dimension du débat qui est la
suivante. On ne peut pas être manichéen là-dedans, et je
pense que je mettrais trois sortes de réaction du côté des
employeurs. Des entreprises qui quittent et qui n'ont pas un sentiment fort
d'appartenance à la société qu'elles quittent. Des
employeurs en difficulté - et, malgré ce que pense le ministre,
j'en ai rencontré, dans mon rôle précédent, et on ne
s'empressait pas de dire: Si on pouvait fermer ça et perdre nos emplois,
on "serait-u" assez heureux, on cherchait des moyens d'éviter le
problème - donc, des employeurs qui éprouvent de réelles
difficultés économiques. Ce que j'ajoute, M. le Président,
c'est que vous dites donc dans le mémoire, en page 6, en d'autres
termes: "Si le législateur veut rendre obligatoire le partage des
excédents - et je viens de dire que, pour vous, ce n'est pas une chose
qu'il faut faire quasiment tous les mois, il y a de l'argent qui traîne,
"chlac"! on se le donne - il devrait à tout le moins permettre à
l'employeur de récupérer ou de mettre de côté
l'argent versé dans le passé pour combler les déficits
avant de répartir un excédent. "
Là-dessus, la CSN nous disait hier: Écoutez, s'il y a un
déficit non prévu - et dans les paragraphes avant, vous expliquez
qu'un krach boursier, ça ne dépend pas nécessairement de
M. Le Houillier, qui est l'actuaire de mon propre régime de retraite
à moi, et qu'à cause de ça, je lui dois un grand respect
et que c'est un bon régime. Je dirais qu'il coûte assez cher
à l'employeur, à ce niveau-là - donc, s'il y a un
déficit imprévu - parce que ce n'est pas la faute de l'employeur
s'il y a un krach boursier, parce qu'il y a eu une guerre ou je ne sais pas
quoi - la CSN disait: On pourrait considérer que ce que l'employeur a
mis pour combler un déficit, c'est une avance qu'il peut
récupérer par des congés de cotisations. Bon, on est des
grandes personnes, un congé de cotisations ou bien prendre une part d'un
excédent qui survient après, ça se ressemble. Il y en a un
qui est de prendre un excédent à tempérament et de se
rembourser, et l'autre, de prendre comme un bloc et de se rembourser avec. Et
il y avait une ouverture.
Maintenant, le ministre a exprimé ça à la FTQ,
d'une façon que j'ai trouvée un peu malhabile et pas susceptible
de maintenir les bonnes relations entre la CSN et la FTQ. Et quand j'ai
donné à la FTQ la même explication que celle que je viens
de donner, M. Dufour, ils ont dit: En principe, on n'est pas contre. Donc, il
n'y a peut-être pas un si grand péril en la demeure si on regarde
l'avis des intéressés. Et je répète, M. Dufour, que
moi aussi, j'aime mieux une entente entre les parties qu'une sentence
arbitrale. Puis ce n'est pas parce que je peux
arbitrer ici - tout est relatif, on est moins nombreux qu'eux autres et,
à l'occasion, ils nous le font sentir - mais est-ce que la proposition
de la CSN vous apparaît matière à discussion puis ouvre un
champ?
M. Dufour (Ghislain): Écoutez, M. le
député...
Le Président (M. Gautrin): Monsieur...
M. Dufour (Ghislain): M. le député, il y a deux
volets dans votre intervention. Il y a le problème global des
entreprises qui quittent, et on revient toujours aux fameux cas de Singer et de
Simonds. Nous, on voudrait que ces cas-là, on les oublie. C'est des cas
de passés, ce n'est pas des cas qui pourraient être possibles avec
la nouvelle loi 116. On peut en prendre gros aussi sur les bras dans le cas de
ces compagnies-là, mais là, on peut dire aussi que les syndicats
n'ont pas fait leur job. C'était des entreprises syndiquées,
ça, on se rappelle, sûrement pas avec la CSN, mais elles
étaient syndiquées.
M. Bourdon: Une avec la CSN, une avec la FTQ, c'est juste dans ce
sens-là.
M. Dufour (Ghislain): C'est 50-50. Parce qu'à ce
moment-là, les travailleurs n'avaient pas les outils que leur donne la
loi 116. Alors, il n'y en aura plus de ces cas-là, quant à nous.
Il faut faire attention aussi dans l'image qu'on donne. Ça ne veut pas
dire que ces deux compagnies-là ne respectent pas leurs engagements face
aux obligations du contrat. On parle des excédents, on ne parle pas des
obligations du contrat comme tel. Pour la deuxième question, moi, je
n'ai pas lu le texte de la CSN et, vous comme moi, on se refuse toujours de
commenter des textes qu'on n'a pas vus. Alors je voudrais le voir, mais je
répète ce que j'ai dit tout à l'heure que, quand nous on
abordait le problème du déficit, c'était pour camper le
dossier du déficit qu'on absorbe face aux excédents qu'on doit
remettre. Alors, cette phrase-là se situe dans ce
contexte-là.
Mais je vous dis, M. Bourdon, moi, je n'ai aucun problème. On
regardera ça avec nos collègues, quitte à envoyer une
réaction au ministre et à vous-même sur ce volet-là
du mémoire de la CSN.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Ce que j'ajouterais, M. le Président, c'est
que, supposons un cas très hypothétique où un employeur
aurait assumé un déficit de 200 000 $ et où, un an
après, la loi lui permettrait de s'approprier un surplus de 2 000 000 $,
on pourrait trouver qu'il y a disproportion entre le tort subi et la
réparation reçue. Ça m'amène à vous poser
une autre question. Le cadre législatif actuel permet à un
employeur de terminer une caisse de retraite - bien, en respectant les
crédits de rente accumulés dedans, la loi protège les
adhérents - et pour les fins de carrière, ça peut avoir
une incidence très considérable. Et c'est pour ça que je
regarde M. Le Houillier, mais votre autre voisin aussi est actuaire, en tout
cas, je m'adresse à tous les actuaires, parce qu'à 47 ans, le
terme "fin de carrière", ça commence à avoir quelque chose
qui va devenir évocateur dans quelques années. Et la CSN
expliquait hier que, lorsqu'on liquide une caisse de retraite, même si
l'entreprise est encore active, parce que c'est permis, les gens qui ont un
régime fin de carrière se voient rétribués selon le
revenu actuel et non pas le revenu projeté dans 10 ans. Par exemple, une
personne de 50 ans, qui est un participant pour une somme appréciable
dans le fonds, à son nom et au nom de l'employeur, mais en tout cas une
somme considérable, va recevoir un pourcentage de retraite sur son
salaire actuel et non le salaire projeté dans 10 ans. Et ça,
ça peut être source de surplus considérables.
Alors ça, c'est un aspect de la question que je vous pose. Et
l'autre aspect, c'est que, dans la mesure où le Barreau hier m'a
convaincu que c'est un contrat, et donc qu'il faut être deux pour
modifier ou mettre fin à un contrat, est-ce qu'il est correct que
l'employeur, sans raison là, puisse terminer le contrat, diminuer la
fonction d'actuaire à presque rien, parce que sans caisse de retraite il
n'y a plus d'actuaire... Et aux États-Unis, vous savez sans doute
qu'après la crise économique de 1982, il y a des centaines
d'entreprises qui ont terminé des caisses de retraite, avec des
situations assez problématiques pour les personnes en cause. Alors,
j'aimerais savoir vos...
M. Dufour (Ghislain): C'est quoi votre question exactement?
Le Président (M. Gautrin): II reste peu de temps...
M. Dufour (Ghislain): C'est quoi votre question exactement?
M. Bourdon: êtes-vous d'accord qu'un employeur reste
doté du pouvoir de terminer une caisse de retraite, alors qu'il continue
ses opérations? je veux être bien clair, parce que, quand
ça ferme...
M. Dufour (Ghislain): M. Le Houillier.
Le Président (M. Gautrin): M. Le Houillier.
Brièvement, il reste deux minutes.
M. Le Houillier: Bon, la plupart des régimes de retraite
ont des clauses, comme vous avez dit
tout à l'heure, qui sont unilatérales. À savoir si
on est d'accord avec ça ou non... Remarquez qu'on a dit que le
régime de retraite en vertu de la loi 116 est devenu un contrat. Dans
bien des cas, dans le passé, les régimes de retraite
étaient établis par l'employeur, et dans ces cas-là
l'employeur se réservait le privilège de terminer le
régime. Dans les autres cas, où ils ont fait partie des
négociations, on ne retrouve pas cette clause-là. Moi, ceux que
je connais où les deux parties ont réellement
négocié le régime de retraite, la clause ne se
négocie pas. Quant à savoir ceux qui mettent la clause s'ils
peuvent le terminer unilatéralement ou non, je pense qu'on pourrait
trouver une moitié d'employeurs qui sont d'accord et une moitié
qui sont contre. Alors ça, je n'aimerais pas me prononcer pour eux.
Le Président (M. Gautrin): Alors, pour conclure
brièvement, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Oui, selon le temps qui m'est imparti, je voudrais
remercier le Conseil du patronat de cet échange qui m'est apparu
très vivifiant et dire qu'il y a quand même un problème de
fond qui fait qu'on est ici, c'est comment interpréter la notion de la
contribution versée, du salaire concédé ou du salaire
différé. Et, à cet égard-là, je ne ferai pas
que M. Dufour soit renversé sur son siège en lui disant que moi,
personnellement, je pense que toutes les contributions d'un régime,
mises dans un régime de retraite, devraient donner des
bénéfices de retraite. Et les distributions aux participants,
même du côté des employés, j'y suis réticent
parce que les syndiqués, qui ne sont pas parfaits, parfois voient un peu
trop le court terme, et ça m'est arrivé de dire: Écoutez,
une retraite, ça se prépare et se bâtit. Mais je suis
heureux de voir votre ouverture et j'espère qu'elle va déterminer
chez le ministre une ouverture aussi grande qui nous permettra, en
séance de travail... Parce que je vais demander qu'il y en ait une
à la présidente de la commission pour qu'on essaie de resserrer
les conclusions et de refaire les devoirs pour que ça marche mieux, pour
qu'on mette fin au moratoire le plus tôt possible, dans le respect des
droits de chacun, et c'est la grâce que je nous souhaite de tout coeur.
Voilà.
Le Président (M. Gautrin): Merci, merci. M. le ministre,
pour conclure, il vous reste trois minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'en prendrai pas
tant...
Le Président (M. Gautrin): Merci, merci.
M. Bourbeau: ...mais je n'ai pas dit que je n'en prendrais
pas.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, allez-y, allez-y.
M. Bourbeau: Je tiens à remercier le Conseil du patronat
pour une prestation encore bien au-delà de la moyenne et dire que
j'espère moi aussi qu'on pourra bientôt déposer une
législation qui sera de nature à rallier tous les esprits
raisonnables, et là-dedans, j'inclus, bien sûr, le
député de Pointe-aux-Trembles. Et je formule le voeu que le
Conseil du patronat viendra dans quelques mois nous dire que, comme pour les
comités de retraite et les assemblées annuelles, on aura eu
raison de déposer la nouvelle législation. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Dufour (Ghislain): M. le ministre, on a dit que le projet de
loi 116 était moins pire qu'on pensait, on n'a pas dit que
c'était un bon projet.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Je tiens à vous
remercier pour votre prestation et je vais appeler maintenant...
M. Dufour (Ghislain): M. le Président, je voudrais, moi
aussi, vous remercier, votre présidence et les membres de la commission.
Je voudrais aussi dire au ministre que si la Régie des rentes, dans la
rédaction de tout projet réglementaire ou autrement, veut
bénéficier des services du secteur privé, mes
collègues sont tout à fait disponibles pour bien s'assurer que ce
qui en sortira sera le moins complexe possible.
M. Legault: S'il y a des problèmes qu'on ne peut pas
surmonter, on y fera appel sûrement.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors nous sommes
prêts à passer... On ne suspend pas, on ne suspend pas. L'Institut
canadien des actuaires. Alors, je pense que, de facto, on va suspendre pour
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Repriseà17h46)
Le Président (M. Gautrin): La commission reprend ses
travaux et nous sommes heureux d'accueillir l'Institut canadien des actuaires.
Vous êtes M. McCrossan?
Institut canadien des actuaires M. McCrossan (Paul): Oui. Le
Président (M. Gautrin): Et c'est vous qui
allez faire la présentation?
M. McCrossan: Oui. Je vais commencer.
Le Président (M. Gautrin): Voulez-vous présenter
les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît?
M. McCrossan: Merci, M. le Président. Il me fait grand
plaisir d'assister aujourd'hui à cette réunion de la commission
parlementaire des affaires sociales comme président
désigné de l'Institut canadien des actuaires. D'abord, je
voudrais introduire mes collègues, Danielle Morin, membre du conseil de
l'Institut, Marc Fernet, vice-président de l'ICA, et Pierre Courcy,
membre de notre Commission de liaison avec les pouvoirs publics en
matière de régimes de retraite. L'Institut canadien des actuaires
est l'organisation professionnelle de tous les actuaires au Canada,
c'est-à-dire plus de 1600 "fellows"; plus de 400 de ces actuaires sont
actifs dans le domaine des régimes de retraite incluant, notamment, la
conception, l'administration, l'évaluation et le financement. Je
voudrais aussi présenter nos priorités formant la base de notre
mémoire. Nous pensons que le premier objectif d'un projet de loi
concernant les régimes de retraite devrait être de protéger
les droits des participants en s'assurant que les actifs du régime
seront suffisants pour acquitter ces droits. Deuxièmement, nous
cherchons l'encouragement de la création et du maintien des
régimes de retraite. Troisièmement, il reste les autres "issues"
comme la propriété des excédents d'actif. Notre conclusion
est que la proposition gouvernementale ne respecte pas suffisamment les deux
premiers objectifs. Bref, beaucoup de provinces étudient et la
propriété et l'utilisation des excédents d'actif
aujourd'hui. Il y aura une grande conférence de l'Institut canadien des
actuaires, de l'Association canadienne des organismes de réglementation
et de l'Institut canadien de la retraite cet automne sur ce sujet. Nous
souhaitons qu'on cherche un consensus national en ce qui concerne la
propriété des excédents et même l'utilisation des
excédents d'actif. Sans un tel consensus, nous avons peur que l'avenir
des régimes de retraite à prestations déterminées
soit diminué. Maintenant, Marc Fernet va faire des commentaires
généraux sur la proposition.
Le Président (M. Gautrin): M. Fernet.
M. Fernet (Marc): Merci. Premièrement, M. le ministre sera
heureux d'apprendre que nous sommes tout à fait derrière lui en
ce qui a trait à la levée du moratoire. Nous croyons que c'est
une excellente initiative du gouvernement. Pas nécessairement la semaine
prochaine ou dans deux semaines, mais c'est le temps de se pencher sur la
question. Cependant, comme Paul l'a indiqué, nous croyons que la
proposition comme telle aurait des effets négatifs sur les
régimes de retraite en deux points. Premièrement, sur la
capitalisation des régimes, il nous apparaît évident que
ça aurait un impact négatif. Du moment que vous distribuez un
excédent d'actif, ça baisse évidemment le niveau de
sécurité des prestations immédiatement, mais à plus
long terme, nous croyons que ça amènera les parrains de
régimes à diminuer beaucoup le conservatisme du provisionnement.
Et ce n'est pas au bénéfice des participants. Et
deuxièmement, nous croyons qu'en intervenant dans les arrangements
contractuels entre parties, la proposition ne favorisera pas la création
ou le maintien des régimes de retraite. Il y a un nombre non
négligeable de régimes où les arrangements contractuels
sur la propriété du surplus sont très bien définis.
Le surplus appartient soit à l'employeur, soit aux participants et c'est
clairement établi, et en intervenant, ça ne favorise pas la
compréhension entre les parties qui va favoriser la création et
le maintien des régimes. Et surtout, ça suscite, nous croyons, la
crainte d'interventions ultérieures.
Ceci dit, il y a deux points sur lesquels j'aimerais insister. C'est,
premièrement, le principe de l'application universelle de la
proposition. Les remboursements d'excédents d'actif au Québec,
présentement, ne sont pas permis, et, dans le document de consultation,
nous ne voyons rien qui nous indique la nécessité de changer cet
état de chose. Alors, nous croyons que ce principe-là devrait
être préservé. Et, finalement, nous croyons que toute
solution, pour qu'elle soit harmonieuse à long terme, devrait comprendre
l'accord des parties. Et nous croyons que le problème, fondamentalement,
devrait être réglé entre les parties, par
négociation ou de quelque façon que ce soit. Nous avons, dans
notre mémoire, proposé deux, approches distinctes. Et sur
ça, je laisse la parole à Danielle qui va traiter de certains
commentaires techniques sur la proposition.
Le Président (M. Gautrin): Mme Morin.
Mme Morin (Danielle G.): Oui. Mon intervention se limitera
à deux points techniques du document de consultation.
Premièrement, l'uniformisation des hypothèses et des
méthodes actuarielles et, deuxièmement, la contribution des
parties. Le premier point. La capitalisation d'un régime est
effectuée selon des méthodes et des hypothèses qui
tiennent compte des circonstances particulières de chaque régime.
Ces hypothèses-là sont déterminées en tenant compte
de l'expérience démographique anticipée pour le groupe, de
l'expérience économique, du désir de conservatisme ainsi
que du désir de faire des provisions pour des améliorations
possibles futures au régime. Et, finalement, la prescription d'une base
actuarielle uniforme pour la déter-
mination de l'excédent d'actif peut avoir des conséquences
indésirables. Par exemple, si l'expérience du régime est
moins favorable que celle de la base uniforme, la distribution peut donner lieu
à un déficit qui doit être remboursé
ultérieurement par les responsables du régime.
Deuxièmement, la marge de capitalisation pour amélioration future
des prestations peut être distribuée à des participants qui
ne sont pas visés par ces améliorations-là. Un dernier
exemple: elle peut donner lieu à une distribution, alors que le
régime est en déficit sur une base de capitalisation.
Mon deuxième point, la contribution des parties. La contribution
des parties devrait être déterminée en tenant compte de
toutes les cotisations qui ont été versées depuis la
création du régime. Deuxièmement, les cotisations des
participants actifs, au moment d'une distribution, ne sont pas
nécessairement représentatives des contributions de toutes les
parties au régime. Exemple ici encore: la contribution des
retraités au financement de leurs prestations est normalement moindre
que celle des participants actifs, ou encore la contribution des participants
actifs peut varier matériellement pendant la période du
régime. Et, finalement, attribuer une part de l'excédent d'actif
aux participants d'un régime non contributif n'est pas toujours
justifiable ou justifié.
Alors ça, ce sont les deux points techniques que je voulais
faire. Maintenant, je vais passer la parole à Pierre pour terminer notre
présentation.
M. Courcy (Pierre): Donc, j'aimerais vous souligner quelques
points ou quelques questions pratiques qui, disons, sont soulevés par la
proposition. La première, c'est la fréquence des
événements qui vont produire ou mener éventuellement
à des distributions. Donc, on a des complications administratives
importantes qui peuvent survenir. Entre autres, si on parie du point de vue
actuariel, des évaluations actuarielles peuvent survenir, disons, dans
le temps, dans certains cas, à beaucoup de reprises. Donc, c'est un
élément important à considérer.
L'autre élément, étant donné qu'il faut
faire des évaluations dans le temps, il y- a une question de
données, des informations qui vont devoir être requises ou
disponibles à ces moments-là. Donc, encore une fois, si ce n'est
pas toujours facile de les récupérer, il peut y, avoir, encore
une fois, des approximations qui vont devoir être utilisées, donc,
problème. L'autre élément de la fréquence, c'est
qu'on pourrait, entre autres, parier aussi de flexibilité, de dire que,
quand les régimes sont capitalisés, on a une flexibilité,
on peut dire, intrinsèque dans le développement, une
flexibilité utile d'avoir des montants, donc la distribution vient un
peu s'immiscer dans ce genre de situation là également. En
l'absence de consensus, on peut aussi se poser la question suivante: un
régime dans lequel il y a des participants dans différentes
provinces, ou dans une province autre que le Québec, qu'est-ce qui
advient de la mécanique, finalement, qu'on va vouloir amener pour la
distribution? Encore une fois, je pense que c'est un élément
important à soulever.
Un autre point important, c'est les règles fiscales. On a
souligné dans les interventions précédentes, que les
surplus, entre autres, sont un peu limités par ce qu'on appelle Revenu
Canada. Donc, encore une fois, lorsqu'on a un surplus, actuellement, on ne peut
pas le transférer dans un régime enregistré
d'épargne-retraite d'un employé. Les règles fiscales
actuelles nous l'interdisent. Encore là, est-ce que la proposition va
devoir tenir compte de cette situation-là?
L'autre élément aussi, c'est que l'attribution d'un
surplus, encore une fois, toujours dans la réforme des pensions qui
s'est installée au Canada depuis 1991, va devoir nous créer ce
qu'on appelle des facteurs d'équivalences pour services passés.
Donc, c'est une complication, administrative, encore une fois, imprévue.
Si on recule en arrière, ce n'était pas quelque chose qu'on
devait peut-être penser, mais, aujourd'hui, c'est une interrogation qu'on
doit se poser au niveau de la proposition. Un élément très
important, peut-être non quantifiable, mais qui va prendre une part
importante, c'est la communication avec les participants. Lorsqu'on va avoir
des distributions à faire, il va falloir expliquer aux participants
comment ça fonctionne, ces choses-là. Est-ce que ça va
être simple? Je pense qu'on va avoir justement un gros
élément d'information à donner à ce
niveau-là, et on peut avoir des régimes quasi identiques, dans
lesquels il y a des distributions, alors que dans d'autres, il n'y en a pas.
Donc, encore là, ça va amener des situations un peu, disons,
embarrassantes ou interrogeantes pour le moins. Le processus administratif de
la proposition est également, de prime abord, assez lourd, compte tenu
qu'il va falloir faire des transferts à des régimes de retraite
immobilisés ou tenir en registre, dans les dossiers du régime,
pour ceux qui n'auront pas transféré, des informations à
ce niveau-là.
Et enfin, un élément qui va apparaître, c'est les
coûts administratifs supérieurs; ça n'apportera pas de
sécurité aux participants, ces choses-là, d'amener une
enveloppe administrative plus importante. Donc, pour une entreprise
spécialement, qui a plusieurs régimes ou avec des employés
dans plusieurs provinces, c'est des complications auxquelles les employeurs
devront faire face. C'est un certain point concernant les questions pratiques,
ce n'est pas des solutions, c'est plutôt des interrogations.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. Courcy. M. le
ministre, êtes-vous en mesure de
faire quelques commentaires, quelques questions?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Ce qui revient
fréquemment là-dedans, les témoignages des gens qui se
présentent devant nous, c'est qu'on nous dit, de plus en plus, si je ne
m'abuse. Laissez donc les parties s'entendre. Vous nous avez dit ça,
hier. Laissons donc les parties s'entendre. Moi, il n'y a rien de mieux que je
préférerais que de laisser les parties s'entendre. En fait, il
n'y a rien de pire pour nous que d'intervenir dans des dossiers comme
ça. De toute façon, on est toujours perdants. La Presse
disait hier que j'avais fait l'unanimité. Mais remarquez que
j'aurais pu écrire l'article il y a une semaine, parce que
j'étais convaincu que je ferais l'unanimité contre la solution
qu'on propose, bien sûr. D'un côté, j'ai les syndicats qui
nous disent que ce n'est pas assez, et, de l'autre côté, j'ai des
employeurs qui nous disent que c'est trop. Bon. Alors... Mais ça...
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes dans le juste
milieu.
M. Bourbeau: Ça, M. le Président, avec quelques
années de recul et l'expérience que j'ai, j'aurais pu
écrire cet article-là avant, sauf que ça ne règle
pas le problème. Et moi aussi, je serais bien tenté de dire:
Laissons donc les parties s'entendre. Le problème, c'est que si on dit:
Très bien, on ne bouge pas, on ne légifère pas, on laisse
les parties s'entendre. Pendant le temps que les parties vont s'asseoir pour
s'entendre, ça peut prendre un mois, six mois, un an, trois ans, il y a
des employeurs qui prennent des congés de cotisations. Et s'il y a des
surplus, avec le temps, les discussions, il n'y en aura même plus, parce
qu'il n'y aura plus de surplus parce qu'on parle de s'entendre sur le partage
d'un surplus. Encore faut-il qu'il y ait un surplus pour s'entendre? Comment
est-ce que je peux raisonnablement dire: Très bien, entendez-vous, on va
suspendre toute action gouvernementale ou législative, et m'assurer que
les ententes vont survenir dans un laps de temps raisonnable pour éviter
que, comme dirait le député de Pointeaux-Trembles, on vide la
baignoire à la petite cuiller pendant ce temps-là. (18
heures)
Le Président (M. Gautrin): Qui veut répondre? M.
Fernet
M. Fernet: Nous ne suggérons pas nécessairement que
le gouvernement ne fasse rien. Nous suggérons que le fond du
problème soit réglé par les parties. Mais il y a des
domaines où le gouvernement peut intervenir et d'ailleurs est
déjà intervenu. On parle de la question des congés de
cotisations, par exemple. Il y a des dispositions légales sur ça
présentement. La loi 95 a confirmé le droit d'un employeur de
prendre un congé de cotisations. Donc, il y a des dispo- sitions
légales. Ça ne veut pas dire que le gouvernement ne peut pas
regarder à nouveau ces dispositions légales là sur les
questions de congé de cotisations. Et dans cet ordre d'idées
là, le gouvernement pourrait regarder les solutions qui font un certain
parallèle entre ce qui est requis par la loi dans le cas d'un
déficit et ce qui sera permis dans le cas d'un congé de
cotisation.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois comprendre de ce que vous me
dites que le gouvernement pourrait dire: On n'intervient pas, mais on prolonge
le moratoire et on ajoute au moratoire l'interdiction, par exemple, de
congé de cotisations. C'est ce que vous me dites. On dirait: A partir de
maintenant, le gouvernement ne fera rien, ne légiférera pas, on
maintient ie moratoire pour un certain temps pendant que les parties discutent
et on interdit les congés de cotisations. C'est ça que vous me
dites?
M. Fernet: Je ne vous parie pas d'interdire les congés de
cotisations. Je parle de les mettre peut-être - et c'est une solution
parmi d'autres à regarder - sur le même pied que les
déficits, parce que, quand il y a un déficit, l'employeur n'a pas
à combler immédiatement le déficit, il y a une
période d'amortissement. Alors, dans le cas des congés de
cotisations, ça pourrait être quelque chose de similaire qui
pourrait être... En d'autres termes, présentement, s'il y a 10 $
de surplus, l'employeur peut réduire sa cotisation de 10 $. S'il y a 1
000 000 $, il peut réduire sa cotisation de 1 000 000 $.
M. Bourbeau: Oui, mais s'il fait ça pendant qu'on discute
sur le partage du surplus, bien, au moment où on va s'entendre, il n'y
en aura plus de surplus, parce qu'il va avoir pris les 1 000 000 $ en
congé de cotisations. Comment puis-je éviter que ça se
produise ça?
M. Fernet: II y a quand même une différence entre un
remboursement de surplus et un congé de cotisations. La
différence étant que, dans le cas d'un remboursement de surplus,
malgré que dans la proposition on parle d'une marge de
sécurité, ça peut vider une partie non négligeable
de la caisse. Vous avez des régimes où l'excédent d'actif
peut être égal à la moitié de la caisse, autant que
ça. Alors, même avec une marge de sécurité,
ça peut enlever un bon montant. Dans un cas de même, un
congé de cotisations va prendre pas mal plus de temps pour vider la
caisse.
M. Bourbeau: Oui, mais ça, ce n'est pas la norme, des
excédents d'actif aussi importants.
M. Fernet: Mais, en tout cas, il y a un point que je voudrais
rendre clair. Ce que j'entends par appareiller le traitement des
congés
et des cotisations au traitement des déficits, c'est que, dans le
cas d'un déficit, l'employeur bénéficie d'une
période pour combler le déficit. Est-ce que, dans le cas d'un
congé de cotisations, il pourrait y avoir aussi une période pour
prendre le congé de cotisation sur la même base,
c'est-à-dire qu'il ne pourrait pas utiliser plus que la partie du
surplus amorti sur la même période qu'un déficit?
M. Bourbeau: Donc, ce ne serait pas un... Mais un congé de
cotisations, en général, un employeur peut le prendre tant qu'il
y a un surplus, puis quand il n'y a plus de surplus, il n'a plus le droit de
prendre des congés de cotisations.
M. Femet: Exact.
M. Bourbeau: Vous me dites que, là, on pourrait se
contenter d'un congé de cotisations qui durerait moins longtemps ou qui
ne viderait pas tout le surplus. C'est ça que vous me dites?
M. Fernet: En fait, qui aurait pour effet de contrebalancer, si
vous voulez, le traitement des déficits, c'est-à-dire, oui,
d'étirer le congé de cotisations. Si on regarde la capitalisation
à long terme d'un régime, dans le meilleur des mondes, II n'y a
jamais de surplus ou de déficit. En pratique, n'importe quel actuaire va
vous dire qu'il va y avoir soit des surplus, soit des déficits, parce
que jamais l'expérience du régime ne sera conforme aux
hypothèses.
Alors, qu'est-ce qui se passe quand on a un déficit? On prend une
période pour le combler. Est-ce que, de la même façon, on
ne devra pas prendre une période pour éliminer le surplus?
Appelons ça "éliminer", parce qu'effectivement, le congé
de cotisations va avoir pour effet à long terme d'éliminer le
surplus.
M. Bourbeau: Mais c'est là qu'est le problème. Les
travailleurs, ils ne veulent pas l'éliminer, le surplus, ils disent que
ce surplus-là, ça leur appartient. Et nous autres, on vous dit:
On ne sait pas si ça appartient aux travailleurs ou aux employeurs, mais
peut-être qu'on pense que ça appartient peut-être aux deux,
et on voudrait que les parties s'entendent pour partager ce surplus-là.
Mais il ne peut pas être partagé si les employeurs le retirent
petit à petit avec des congés de cotisations. C'est ça,
là, on ne peut pas avoir son gâteau et le manger en même
temps.
Dans votre rapport, en page 8, vous demandez plus de flexibilité
et vous allez même jusqu'à suggérer la prolongation du
moratoire pour donner le temps aux parties, comme vous dites, de
redéfinir leurs responsabilités financières respectives.
Et une fois qu'une entente serait intervenue, le moratoire pourrait être
levé à l'égard de ce régime-là,
c'est-à-dire que le moratoire pourrait être levé
régime par régime après qu'il y aurait eu une entente.
Ça m'ap-paraît une solution qui pourrait être
intéressante. Pourriez-vous élaborer un peu sur cette
proposition-là?
M. Fernet: Bien, quand vous avez mentionné tantôt
que vous ne pouvez pas attendre que tous les surplus soient vidés pour
agir, c'est une façon d'agir du gouvernement qui laisserait aux parties
la possibilité de régler entre elles, non pas la question des
surplus, mais la question des responsabilités financières
vis-à-vis du régime. Parce que les surplus, ce n'est qu'un des
éléments de toute la capitalisation du régime. Alors,
ça laisserait aux parties la possibilité de convenir entre elles
comment elles vont partager la responsabilité financière pour le
régime.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'aurais une question.
Allez-y, M. Fernet.
M. Fernet: Et dans cet ordre d'idées là, rien
n'empêcherait les parties de convenir par exemple que le financement du
régime va se faire selon un taux, une répartition
prédéfinie entre l'employeur et les participants de telle sorte
que, s'il y a un déficit, il va être comblé par les deux
parties et, s'il y a un surplus, les deux parties vont en
bénéficier. Et moi, je me suis occupé d'un régime
qui marchait sur cette base-là. On avait convenu, entre l'employeur et
les employés, quelle partie des cotisations était versée
par les employés et quelle partie était versée par les
employeurs, et si un surplus survenait, on ajustait les cotisations des
deux.
Et ça, c'est le genre d'entente qui est de loin
préférable à toute intervention arbitraire dans ce qui est
essentiellement un contrat. Je pense que ce n'est pas la première fois
que ça se dit, on l'a entendu dans les témoignages
précédents. C'est un contrat entre les parties et les parties
devraient s'entendre, mais s'entendre non pas uniquement sur le partage des
déficits, mais surtout sur la responsabilité financière,
idéalement, en tout cas. Et en laissant le moratoire en place pour le
lever régime par régime à mesure que les parties
s'entendent, bien ça donne une pression pour qu'elles s'entendent.
Autrement, dans 10 ans, elles ne se seront pas entendues.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'ai une question à
poser. Et je voudrais la poser à Mme Morin. Vous vous êtes
prononcée contre l'uniformisation des paramètres actuariels. Dans
votre argumentation, vous avez dit, bien sûr, que, si on uniformisait les
paramètres actuariels, on ne tiendrait pas compte de l'histoire de
chacun des groupes en termes d'histoire économique, ou d'histoire
démographique de chacun des groupes, ni de l'histoire de la caisse.
Ça, je comprends tout à fait.
Vous avez rajouté un point que je n'ai pas compris, et je
voudrais que vous me l'expliquiez. Vous avez dit aussi qu'il ne faut pas
uniformiser des paramètres actuariels parce que la caisse peut varier
suivant les volontés des gens d'utiliser les surplus pour bonifier les
prestations. Ça, je n'ai pas compris quel lien il y a à ça
avec la détermination des paramètres actuariels.
Mme Morin: O.K. Le point qu'on veut faire ici, c'est tout
simplement de pouvoir dire: On améliore les rentes des
retraités.
Le Président (M. Gautrin): Oui.
Mme Morin: C'est un désir que l'employeur peut avoir
d'améliorer les rentes des retraités. Dans un autre groupe, ce
qu'ils vont vouloir faire, c'est d'améliorer les bénéfices
des gens qui sont actifs en améliorant leurs prestations ou en changeant
la formule de paiement. Si on donne des hypothèses uniformes, ça
enlève la flexibilité à l'employeur de dire...
Le Président (M. Gautrin): Pourquoi les
bénéfices que vous en tirez, ça a un lien avec la fixation
des paramètres actuariels que vous déterminez au départ?
Ça, je ne comprends pas.
Mme Morin: Parce que, des fois, le conservatisme est pris dans le
taux d'intérêt pour les retraités.
Le Président (M. Gautrin): Ça, je comprends,
madame.
Mme Morin: Alors, à ce moment-là, ce qui arrive,
c'est que, quand vous fixez vos hypothèses actuarielles, vous pouvez
dire: Une des choses que je veux faire, c'est améliorer les
bénéfices à mes retraités, et on utilise un taux
d'intérêt plus bas pour se créer une marge. Si vous
établissez une règle uniforme pour tous les régimes, vous
enlevez cette possibilité-là de varier d'un régime
à l'autre, la possibilité de faire des améliorations, dans
ce cas-ci, pour les retraités.
Le Président (M. Gautrin): Je ne suis pas sûr que je
vous comprends, mais enfin, je vais passer la parole à... Parce que je
ne vois pas le lien qu'il y a entre les bénéfices que vous
retirez et la manière dont vous pouvez éventuellement utiliser un
surplus actuariel avec la détermination des paramètres qui vous
permettent justement de déterminer ces surplus. C'est ça que je
ne comprends pas.
Excusez-moi, M. Fernet.
M. Fernet: Si on mettait ça en chiffres, peut-être
que ça serait plus facile à comprendre.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y.
M. Fernet: Alors, disons qu'un régime aurait normalement
un passif, c'est-à-dire que la valeur de toutes les prestations serait
normalement de 10 000 000 $. Et sur ça, vous avez des retraités
qui représentent 4 000 000 $. L'employeur peut consciemment dire: Pour
mes retraités, au lieu d'évaluer mon passif de façon
habituelle, je vais être plus conservateur. Et au lieu d'évaluer
à 4 000 000 $, je vais évaluer à 5 000 000 $. Et le 1 000
000 $ additionnel, c'est une réserve pour indexer les prestations.
L'employeur le fait comme ça parce qu'il ne veut pas,
contractuelle-ment, indexer les prestations, mais il le fait en se
bâtissant une réserve.
Alors, si vous voulez mettre des hypothèses uniformes, les 1 000
000 $, ils retombent en excédents d'actif et ils peuvent être
distribués aux employés...
Le Président (M. Gautrin): Pour les autres raisons, je
comprenais pourquoi vous étiez contre les paramètres uniformes,
mais je n'avais pas compris ce point de vue là.
M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, il est assez rare
qu'on règle un problème quand on ne convient pas que le
problème existe. Alors, s'il n'y avait pas eu Simonds, Singer et les
autres, on ne serait pas ici. Ce qui me frappe dans tous les exposés
qu'on a entendus, c'est que l'Alcan, la CSN, la FTQ, la CSD, la CEQ et
l'Institut canadien des actuaires qui est devant nous, tous sont contre le
décaissement, l'appropriation de surplus d'actif en existence de
régime. J'espère que le ministre va en prendre acte et en tenir
compte et qu'il ne dira pas: La preuve que j'ai raison, c'est que tout le monde
est contre moi. Ça, c'est une logique qui est infernale. Dans nos
villes, ça amène des gens à se barricader avec une 30-30,
et puis ils pensent qu'ils ont raison vu que tout le monde est contre eux
autres.
Les congés de cotisations, par la loi 95, le ministre les a
permis abusivement, ce qui a permis le décaissement qui est
déjà commencé. Et c'est notre formule de dire qu'il a
permis que le bouchon dans la baignoire soit partiellement levé. Donc,
il est urgent de resserrer les congés de cotisations. Puis une des
bonnes pistes de réflexion pourrait être la proposition de la CSN
qui a été jugée recevable par la FTQ, et que le Conseil du
patronat regarde et est prêt à examiner. C'est déjà
ça. Donc, le décaissement, le ministre le permet
déjà et puis il faudrait qu'il l'arrête.
Et j'ajoute, M. le Président, que je suis un peu las d'entendre
le ministre dire: Je suis las et comme j'ai tout donné au patron
à terme, j'ai juste à laisser aller et les travailleurs vont en
manger une. Il faut qu'il se secoue, qu'il devienne positif et qu'il ne
permette pas les détournements de fonds qui se font à l'heure
actuelle. C'est de ça qu'il est question, de détournements
de fonds. De l'argent placé dans des caisses de retraite et qui,
quant à nous de l'Opposition officielle, ne doit servir qu'à des
prestations de retraite est actuellement retiré par le biais des
congés de cotisations. Et le ministre, dans son document, dit: Ah! puis
en paquet, aussi, pas juste à tempérament. Donc, il est urgent de
modifier la loi 95 pour resserrer considérablement la notion des
congés de cotisations.
Le décaissement: l'Institut canadien des actuaires nous dit qu'il
est contre, comme l'Alcan, comme tous les autres. Bien, ça devrait faire
et ça devrait suffire. Il resterait quoi comme problème à
résoudre? Donc, après avoir limité les abus qui se
commettent actuellement en termes de congés de cotisations, après
avoir laissé l'interdit actuel quant à l'appropriation des
surplus d'actif... Et ça, ça fait l'unanimité des partis,
y compris du Conseil du patronat, bien que plus nuancé quelque peu. Et
la notion de à qui appartient l'argent lors de la terminaison, pour
nous, de l'Opposition, elle est double. On ne devrait pas permettre à
une entreprise en opération de cesser sa caisse de retraite. Et si une
entreprise ferme, on pense que tout l'argent devrait aller aux participants,
parce que c'est pour ça que l'argent a été placé
là. Je ne reprends pas la longue digression sur les salaires
différés. On n'a pas assez de caisses de retraite privées
au Québec, et il ne faut pas en enlever des milliards pour les donner
aux entreprises qui ferment et qui quittent. Il faut donc les donner aux
participants. Il y en a eu dans la salle tout le temps de nos audiences, pas
n'importe qui, des gens qui sont déjà à la retraite et
pour des entreprises pas minimes, comme Hydro-Québec, par exemple, et
qui estiment que les excédents accumulés devraient servir
à valoriser leur retraite plutôt que d'être
appropriés par l'employeur. Nous, on pense que c'est ça qui doit
se faire.
Maintenant, sur la notion de contrat, on me permettra d'être un
peu sceptique d'entendre tout le monde dire soudainement: Oui, oui, c'est un
contrat. D'abord, la loi 116 ne permet que depuis le 1er janvier 1990 aux
salariés, syndiqués ou pas, de participer à un
comité de retraite et d'avoir une information complète sur leur
retraite. Et le président de la Régie est issu d'une organisation
où le fonds de bienfaisance a été quitté en 1892.
Donc, ça a pris presque un siècle pour l'avoir. Grâce
à qui? Grâce au ministre qui est là. Sauf que le même
ministre nous propose, dans son document, d'aller à rencontre de toutes
les tendances observées et de décaisser, d'enlever l'argent des
fonds. Nous, notre position est assez simple. On pense comme la population, que
Simonds et Singer volaient de l'argent du fonds de pension pour s'en aller
à l'étranger avec. "C'est-u" assez clair? Et, en ça, on
est en bonne compagnie. Ce phénomène-là, le premier
ministre actuel de l'Ontario appelait ça du vol légalisé.
Alors, il ne faut pas que la loi vienne le permettre et il faut même
enlever le trou qu'il y a dans la loi 95 actuelle qui prend la forme de
congés de cotisations sans justification.
Comme nos amis de l'Institut canadien des actuaires n'étaient pas
là lors de la présentation du mémoire de la CSN, je
répète ce qu'elle disait, c'est que, si l'employeur finance un
déficit non prévu, on pourrait considérer ça comme
des avances que les congés de cotisations rembourseraient à
l'employeur. Donc, ce n'est pas absolu. Mais actuellement, le ministre le
disait avec raison, s'il se sert de sa lassitude et qu'il laisse aller, il y a
un certain nombre d'entreprises qui sont en train de vider les fonds qui sont
prévus là.
En conclusion, M. le Président, je voudrais, d'une part,
remercier l'Institut canadien des actuaires de nous avoir déposé
un mémoire. Je voudrais donner avis qu'en vertu de l'article 176 du
règlement...
Le Président (M. Gautrin): Après. Là, on est
dans...
M. Bourdon: Après. O.K.
Le Président (M. Gautrin): Attendez un instant.
M. Bourdon: Pas de problème, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Conserve ça, dans un
instant.
M. Bourdon: II n'y a pas plus discipliné que moi.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le ministre,
voulez-vous remercier l'Institut canadien des actuaires.
M. Bourbeau: Oui. Avec une certaine réserve sur la
dernière phrase du député de Pointe-aux-Trembles, M. le
Président, il me fait plaisir de remercier les gens de l'Institut
canadien des actuaires pour leur contribution, tout en les assurant que nous
allons prendre en bonne considération les propos qu'ils nous ont tenus.
Merci.
Le Président (M. Gautrin): je vous remercie de
l'information que vous avez eu la gentillesse de nous donner. est-ce que vous
avez des remarques à faire avant de quitter?
M. Fernet: Pardon?
Le Président (M. Gautrin): Avez-vous quelques remarques
à faire avant de nous quitter?
M. Fernet: Oui. Une remarque que nous
tenons à faire, c'est que, premièrement, nous voulons vous
remercier de nous avoir donné l'opportunité de nous exprimer ici.
Et, deuxièmement, nous croyons que la question des excédents
d'actif n'est qu'un des problèmes des régimes de retraite et nous
espérons qu'on regardera les autres problèmes aussi, et non pas
seulement celui-là.
Le Président (M. Gautrin): Je tiens à vous
remercier. Maintenant, nous sommes à l'étape des remarques
finales et vous pouvez faire votre remarque finale.
M. Bourdon: M. le Président, je ne voudrais pas que
l'ensemble des mémoires d'une grande qualité et des
échanges fructueux qu'on a eus avec les intéressés,
pendant ces deux jours de commission parlementaire, restent sans suite. En
conséquence, je vous prierais de demander à la secrétaire
de la commission de transmettre à la présidente de la commission,
la députée de Taillon, une demande expresse que je formule
d'avoir une séance de travail pour discuter des suites à donner
à ce qu'on a entendu. Je suggère que ce soit inscrit à la
séance de travail déjà prévue le 20 mars 1991 et,
en conséquence, que la présidente de la commission donne avis
à tous les membres de la commission qu'on va revenir là-dessus.
Moi, je suis optimiste. Même si le ministre et moi avons des
tempéraments fougueux à l'occasion, je pense qu'on va s'entendre.
Je pense qu'on va finir par trouver un moyen de bonifier les régimes de
retraite, de les indexer plutôt que de permettre à d'aucuns de
piger dedans.
Le Président (M. Gautrin): Écoutez, je prends acte
de votre demande en vertu de l'article...
M. Bourdon: 176.
Le Président (M. Gautrin): ...176. Je comprends que cette
demande est consignée au procès-verbal et je comprends aussi
qu'un mandat est donné à la secrétaire de la commission de
prendre contact avec la présidente de la commission, la
députée de Taillon, comme vous l'avez fait remarquer, pour
qu'elle statue quant à l'opportunité de convoquer une
séance de travail de la commission.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques de clôture?
M. Bourbeau: Oui. Je tiens à remercier tous les membres de
la commission pour leur assiduité, l'Opposition, les membres de la
partie ministérielle, M. le Président, vous-même, pour la
sagesse avec laquelle vous avez présidé à nos travaux, de
même que votre prédécesseur - vous lui ferez part de nos
remerciements...
Le Président (M. Gautrin): Avec plaisir.
M. Bourbeau: ...Mme la secrétaire de la commission, tous
les autres membres de la commission, les gens de la Régie, le
président de la Régie, M. Legault, ses adjoints qui sont avec
nous. Je pense qu'ensemble nous avons fait quelques pas en avant. Est-ce que
ça sera suffisant? L'avenir nous le dira, mais je pense que ça va
certainement aider à augmenter sensiblement notre compréhension
du dossier et certainement éclairer nos lanternes sur les divers points
qui ont été soulevés. Maintenant, l'avenir dira si ce sera
suffisant pour enclencher le dépôt d'un projet de loi. Quant
à moi, je réserve mes commentaires, et je veux, M. le
Président, dans les prochains jours, de même que mes adjoints,
mettre sur papier mes réflexions et tenter de voir dans quelle mesure on
pourra en arriver à une solution le plus rapidement possible. Alors,
merci à tout le monde.
Dépôt de mémoires
Le Président (M. Gautrin): Merci. Avant d'ajourner la
séance, je vais procéder au dépôt de mémoires
qui ont été produits par des personnes ou des organismes qui
n'ont pas pu être entendus dans le cadre du présent mandat. Je
veux donc déposer un certain nombre de mémoires qui vont
être rendus publics au même titre que s'ils avaient
été entendus.
Je veux donc déposer le mémoire de l'Association des
industries forestières du Québec Itée, le mémoire
de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec, le
mémoire de l'Association des manufacturiers du Québec, le
mémoire de l'Association des pompiers de Montréal, le
mémoire de l'Association provinciale des retraités
d'Hydro-Québec, le mémoire de BCE inc, le mémoire de
René Cantin, le mémoire de COGENA (1980) inc., le mémoire
du comité de retraite du régime de rentes pour le personnel non
enseignant de la Commission des écoles catholiques de Montréal,
le mémoire du Comité intersyndical des régimes de retraite
et d'assurances collectives, le mémoire de la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec, le mémoire de la Fédération
des policiers du Québec, le mémoire de Gaz Métropolitain,
le mémoire du groupe Sobeco inc, le mémoire d'Impérial
Tobacco Itée, le mémoire de Johnson & Higgins Willis Faber,
le mémoire de Lac d'amiante du Québec Itée, le
mémoire de MLH + A inc, le mémoire de Pratt et Whitney Canada
inc, le mémoire de TPF et C, le mémoire de l'Union des
municipalités du Québec, le mémoire de l'Université
McGill et le mémoire de William M. Mercer Itée.
La commission, ayant rempli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 26)