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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Gobé): La commission des affaires
sociales va commencer ses travaux de la journée et je vous rappellerai
brièvement le mandat de cette commission. Alors, la commission des
affaires sociales se réunit aujourd'hui afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 97, Loi modifiant la
Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives.
Nous en étions hier... Ah oui! Y a-t-il des remplacements, ce matin, Mme
la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Bon, annoncez-les.
La Secrétaire: M. Chevrette (Joliette) sera
remplacé par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles); M. Joly (Fabre) sera
remplacé par M. Gobé (LaFontaine); Mme Marois (Taillon) par Mme
Harel (Hochelaga-Maisonneuve); M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)
par M. Morin (Dubuc). Voilà.
Loi sur les normes du travail
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, je vous
rappellerai que nous étions hier soir, cette nuit du moins, lorsque nous
avons ajourné les travaux, à l'étude de l'article 16. Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve avait épuisé
son temps de parole en ce qui concerne le premier paragraphe de l'article 16 et
elle avait commencé, deux minutes et demie, je crois, sur le paragraphe
2. Je rappelle qu'un membre de cette commission peut intervenir 20 minutes sur
chacun des articles, alinéas ou paragraphes d'un article d'un projet de
loi.
M. Bourbeau: C'est 20 minutes par mot ou 20 minutes par
paragraphe, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Par paragraphe. En vertu de
l'article 245 de notre règlement, M. le ministre.
M. Bourbeau: Parce que vous avez dit 20 minutes par mot.
Le Président (M. Gobé):donc, on a la
députée de hochelaga-maisonneuve sur le paragraphe 2 de l'article
16. il vous reste 17 minutes.
Mme Harel: Oui. Que peut utiliser l'Opposition? Je n'ai pas bien
compris. Non? Est-ce que le président est partisan, là?
Le Président (M. Gobé): Non, non.
M. Bourbeau: Je n'ai jamais pensé que c'était
l'endroit pour faire des gains politiques, la commission parlementaire.
Le Président (M. Gobé): Je rappelais la
règle quant au temps de parole de 20 minutes par article, par paragraphe
ou alinéa.
Mme Harel: Ah oui
M. Bourbeau: Je lui ai demandé si c'était 20
minutes par mot...
Le Président (M. Gobé): ...et je lui ai
mentionné qu'il avait dû l'utiliser lorsqu'il était dans
l'Opposition.
Mme Harel: Ah oui! Oui, oui.
Le Président (M. Gobé): il s'agit de ce
règlement-là, le 245. Alors, M. le ministre, à ce
moment-là... Je pensais que vous le faisiez et je m'endormais bien le
soir en pensant que vous travailliez à un "filibuster" pour nous.
M. Bourbeau: Je gardais mes énergies pour les
débats utiles.
Mme Harel: Alors...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, vous avez beaucoup de papiers. Est-ce que vous vouiez
qu'on donne les uns après les autres?
Mme Harel: Peut-être pouvons-nous en faire lecture,
là, c'est le paragraphe 2, je crois?
Les normes du travail (suite) La durée du
travail
Le Président (M. Gobé): Le paragraphe 2, oui. O.K.,
2: par l'addition, à la fin du premier alinéa, du paragraphe
suivant: "Un salarié employé à l'exploitation d'une ferme
mise en valeur: "a) par une personne physique seule ou avec son conjoint ou un
descendant ou un ascendant de l'un ou de l'autre, avec le concours habituel
d'au plus trois salariés; "b) par une corporation dont c'est
l'activité principale avec le concours habituel d'au plus trois
salariés en sus des trois principaux actionnaires de la corporation
s'ils y travaillent; "c) par une société ou par des personnes
physiques agissant en copropriété, avec le
concours habituel d'au plus trois salariés."
Je voudrais en profiter pour saluer la présence du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui vient de se joindre
à nous. Bonjour, cher collègue.
Mme Harel: M. le Président, bon, mes instruments de
travail indispensables. Bon, alors, je vais vous citer. M. le Président,
il s'agit là de l'exclusion d'un salarié employé à
l'exploitation d'une ferme lorsque cette ferme est opérée par une
personne physique, seule ou avec son conjoint, ou si un descendant ou un
ascendant fait office avec le père ou vice versa, ou lorsque la
corporation qui opère la ferme engage tout au plus trois
salariés, en plus des trois principaux actionnaires de la corporation
s'ils y travaillent. Alors, vous vous imaginez, c'est donc un minimum de six
personnes à ce moment-là. Et puis l'exclusion s'applique aussi
à une société ou des personnes physiques en
copropriété avec le concours habituel d'au plus trois
salariés. Alors, imaginez, ça, c'est en sus, évidemment,
trois salariés plus les personnes qui sont en
copropriété.
En fait, on l'a déjà dit en regard d'une autre disposition
que l'on retrouve précédemment, M. le Président, on a
déjà dit que ce n'était que de la poudre aux yeux que
cette prétention de faire appliquer au secteur agricole les
bénéfices de la loi des normes, parce que dans la
réalité, sur les 37 300 employés de ferme, 33 000 sont
embauchés dans des fermes qui comptent 3 employés et moins,
c'est-à-dire 4 employés et moins, donc 92 % des employés
de ferme ne seront pas couverts par la loi des normes. Alors, c'est à
peu près la même situation qui va prévaloir pour eux et,
avec l'article 16, ce qu'on nous indique, c'est qu'en matière d'heures
normales de travail, puisque l'article 16 se réfère à
l'article 54 de la Loi sur les normes et que l'article 54 porte sur la
durée de la semaine de travail, alors ce qu'on nous dit, c'est que dans
92 % des cas, dans la réalité, les travailleurs agricoles seront
exclus de la semaine normale de travail.
Je veux simplement vous faire part de ce que l'on retrouve dans le
mémoire soumis au Conseil des ministres à l'appui de
modifications au projet de loi sur les normes du travail dans l'exposé
de la situation qui était présenté par le ministre de la
Main-d'?uvre et de la Sécurité du revenu, le ministre
actuel, et par la ministre déléguée à la Condition
féminine de l'époque, Mme Gagnon-Tremblay. On pouvait y lire
ceci, à l'égard de l'exclusion relative aux petites fermes: En
vertu du paragraphe premier de l'article 3, le personnel employé
à l'exploitation d'une petite ferme comptant au plus trois personnes
salariées est exclu de l'ensemble des dispositions de la loi. Une
exclusion aussi globale semble inéquitable au regard des autres petites
entreprises similaires qui doivent aussi subir des contraintes économi-
ques importantes tout en étant, elles, assujetties à la loi. De
plus, cette exclusion a pour effet de priver des travailleuses et des
travailleurs agricoles de l'ensemble des droits minimaux prévus dans la
loi, tels les recours en cas de congédiement ou de perte de salaire, le
salaire minimum, les congés annuels, les jours fériés, le
préavis de licenciement, de même que le congé de
maternité. Il ne fait pas de doute qu'une exclusion de ce type va
à rencontre du caractère minimal et universel des normes du
travail et qu'on doive changer cet état de situation.
Cet état de situation a été quelque peu
modifié, M. le Président, en regard de certains recours et de
certains droits minimaux. Malheureusement, l'exclusion est maintenue en
matière de salaire minimum et de semaine normale de travail. Cette
exclusion est maintenue pour les entreprises agricoles et nous
répétons qu'il n'y a pas de justification qui vaille pour ce
genre d'entreprises plus que pour d'autres. Les entreprises agricoles sont des
entreprises, d'abord, et qu'elles soient agricoles ne leur confère pas
une sorte de statut qui leur permettrait d'être au-dessus des lois du
Québec. Alors, nous avons l'intention de voter contre cette disposition,
M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que j'ai dit hier
à peu près tout ce que j'avais à dire sur le sujet. J'ai
une question à poser à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Gobé): Faites donc.
M. Bourbeau: Le mémoire que vous citez, c'est le
mémoire que j'avais déposé au Conseil des ministres pour
l'avant-projet de loi, je crois, et non pas pour le projet de loi.
Mme Harel: Oui, mais le projet de loi...
M. Bourbeau: II date quand même d'une année, au
moins.
Mme Harel: Tout à fait. Mais le projet de loi,
malheureusement, M. le Président, s'est très peu bonifié
en regard de l'avant-projet de loi. Au contraire, nous constatons des reculs
importants...
M. Bourbeau: Vous disiez, la semaine dernière... Tout le
monde disait que c'était un pas en avant, un projet de loi, alors je ne
comprends pas.
Mme Harel: Alors, un projet de loi, personne n'a jamais
déclaré que c'était un pas en avant en regard de
l'avant-projet de loi. Tout ce qu'on dit, c'est que le ministre a
présenté ce projet de loi pour s'ajuster à la
réforme de
l'assurance-chômage qui est maitenant en vigueur. C'est ça,
l'essentiel du projet de loi. S'il n'y avait pas eu cette réforme de
l'assurance-chômage, le ministre est encore à la remorque de
l'initiative d'Ottawa, de l'initiative fédérale. Parce que ce
projet de loi doit être en vigueur pour permettre simplement l'obtention
des congés prévus dans la réforme de
l'assurance-chômage en matière de congés de
parternité ou de congés parentaux.
Alors, c'est très timide, M. le Président, ces
ajustements. Mais définitivement, en regard de l'avant-projet de loi, il
y a du recul, entre autres, sur la question du temps supplémentaire.
Évidemment, le ministre n'a pas tenu compte des représentations
qui ont été faites, on l'a bien vu, à l'égard des
étudiants qui travaillent dans les colonies de vacances, n'a pas tenu
compte des représentations en matière de temps partiel.
C'était évident, juste par l'attitude de sa collègue
ministre déléguée à la Condition féminine,
hier, qu'elle ne semblait pas être enthousiaste quant au choix, quant
à la décision du ministre en matière de temps partiel.
En fait, ce que la disposition sur le temps partiel va consacrer, c'est
l'iniquité salariale pour des travailleurs qui font moins d'heures par
semaine que les travailleurs réguliers. Parce que, maintenant, on a
consacré l'iniquité salariale avec l'article que le ministre a
fait adopter par la commission. Dorénavant, pour les mêmes
tâches dans le même établissement, l'employeur va pouvoir
payer des salaires différents pour d'autres raisons. Imaginez-vous, on
dit dans la loi que ce sont les mêmes tâches, dans le même
établissement, mais que ça va être possible de payer un
salaire différent. Mais ça va être quoi, les autres
raisons? Si c'est la même tâche, dans le même
établissement, qu'est-ce que l'employeur peut trouver comme autre motif?
L'iniquité vient d'être consacrée. Alors, M. le
Président, que le ministre ne vienne pas nous faire croire que le projet
de loi améliorerait la situation par rapport à l'avant-projet de
loi.
Le Président (M. Gobé): Très bien, Mme la
députée. M. le ministre, avez-vous terminé?
M. Bourbeau: Oui. Mais seulement pour dire, M. le
Président, que ce que la députée de Hochelaga-Maisonneuve
a affirmé est inexact en ce sens que nous aurions décidé
de légiférer sur la Loi sur les normes du travail par
réaction à la décision du gouvernement
fédéral de réformer la Loi sur l'assurance-chômage.
Tout ce que je peux dire, c'est que notre projet de loi a été
conçu et réalisé et rédigé avant que le
gouvernement fédéral même n'annonce son intention de
modifier l'assurance-chômage. Nous travaillons sur ce projet de loi
depuis au-delà de deux ans, deux ans et demi. Et il n'y a rien dans ce
projet de loi qui a été influencé par la réforme de
l'assurance-chômage du gouvernement du Canada. Il y a des programmes qui
peuvent s'arrimer, tant mieux, se compléter, mais en aucune façon
nous ne sommes à la remorque du gouvernement fédéral, nous
avons même précédé le gouvernement
fédéral et les députés n'ont qu'à
considérer l'ensemble du projet de loi pour bien réaliser que
tout ce qu'il y a dans le projet de loi ne concerne pas la Loi sur
l'assurance-chômage, la réduction du service continu, la
problématique du temps partiel, la composition de la commission, le
refus de temps supplémentaire, les clauses en cas de maladie,
l'application des recours. Tout ça, ça n'a rien à voir
avec l'assurance-chômage.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Est-ce que vous avez terminé avec l'article 16, madame? Alors,
est-ce que l'article 16 est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 16 est
adopté sur division. J'appellerais maintenant l'étude de
l'article 17. M. le ministre, des commentaires?
M. Bourbeau: Hum, hum!
Le Président (M. Gobé) : Allez-y.
M. Bourbeau: M. le Président, je ramasse mes
idées.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie. Faites
donc.
M. Bourbeau: M. le Président, cette modification a pour
objet de permettre à l'employeur de remplacer, à la demande du
salarié, le paiement du temps supplémentaire par un congé
payé d'une durée équivalente majorée de 50 %. Le
dernier alinéa ajouté vise à préciser la
période accordée pour prendre les congés en remplacement
des heures supplémentaires.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais que le ministre
nous explique pourquoi il introduit la possibilité que ce remplacement
des heures supplémentaires par un congé payé puisse
être décrété puisqu'il introduit le fait que
l'employeur peut, par un décret, remplacer le paiement des heures
supplémentaires par un congé payé. Est-ce que c'est le cas
présentement? Est-ce qu'il y a des décrets qui prévoient
une telle chose? Est-ce qu'il y a eu des demandes dans ce sens? Pourquoi
introduire un décret gouvernemental qui obligerait ce genre de
remplacement?
M. Bourbeau: Ça se réfère à un
décret d'une convention collective, tel que défini au
début de la loi, à l'article 1 de la Loi sur les
normes du travail. Un décret, ça signifie un décret
adopté en vertu de la Loi sur les décrets de convention
collective et non pas un décret du gouvernement d'autre nature.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, je pense que ça peut
être intéressant puisque la loi actuelle ne permettait pas cette
compensation même si les parties en cause s'entendaient. Alors, nous
allons voter en faveur de cette disposition.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 18...
pardon, 17 est adopté.
M. Bourbeau: Êtes-vous d'accord pour que l'article 18 soit
adopté aussi? (10 h 30)
Le Président (M. Gobé): Non. Nous allons y passer,
M. le ministre. L'article 17 est maintenant adopté. J'appellerai
l'article 18. M. le ministre.
Les jours fériés, chômés et
payés
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai l'intention d'apporter
un amendement à l'article 18. L'amendement n'est pas prêt,
cependant. J'ai encore quelques vérifications à faire. Alors,
avec la permission de la commission, j'aimerais suspendre l'étude de
l'article 18.
Le Président (M. Gobé): Bon, nous allons
donc...
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais connaître
quelle est l'intention du ministre à l'égard de cette
disposition?
M. Bourbeau: Cela a trait au congé du 1er juillet. Et il y
a une divergence entre le sens du sous-paragraphe 4° de l'article 60, tel
que prévu, et la loi sur les heures d'affaires. Et nous sommes en train
d'harmoniser complètement la problématique du congé du 1er
juillet entre les deux lois. Alors, ça ne serait pas, selon nous,
très logique d'avoir une clause dans notre projet de loi, ici, sur les
normes du travail, qui serait différente de la clause qui prévoit
un congé dans la loi sur les heures d'affaires. Alors, je me propose
d'apporter un amendement pour assurer qu'il y ait une parfaite harmonisation
entre les deux lois.
Le Président (M. Gobé): C'est bien, M. le ministre.
Alors, l'article 18 est suspendu, le temps que M. le ministre nous fasse
parvenir sa proposition d'amendement. J'appellerai donc, maintenant, l'article
19. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, l'article abrogé est inutile, vu
l'article 62 de la loi. Il établit, de plus, un second mode de calcul du
salaire pour les jours fériés, par rapport à l'article 62,
ce qui amène de la confusion.
Mme Harel: Oui, décrivez-nous donc la mécanique,
là, quant au paiement des jours fériés.
M. Bourbeau: M. le Président, à l'article 62, la
députée demande quelle est la mécanique. Alors, le salaire
qui est payé le jour férié, l'indemnité,
plutôt, qui est payée pour travailler un jour férié,
c'est la moyenne du salaire quotidien des quatorze jours qui
précèdent le jour férié. Or, l'article
annulé, là, l'article 61, stipulait que nul ne peut
réduire le salaire d'un salarié en raison du fait qu'un jour
indiqué à l'article 60 est un jour chômé. Ça
créait de la confusion parce que la définition n'était pas
la même. Et on aurait pu, là, avoir de la difficulté
à savoir quelle était exactement l'indemnité payable
à cause de cette clause-là. Alors, on préfère
abolir l'article 61 et s'en tenir à l'article 62.
Mme Harel: L'article 61 s'appliquait-il, même à
l'égard d'un jour non ouvrable?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, il fallait que ce soit
un jour ouvrable pour le salarié.
Mme Harel: En vertu de quelle autre disposition?
M. Bourbeau: en vertu de l'article 60 de la loi qui dit que,
lorsqu'il tombe un jour ouvrable, les jours suivants sont des jours
fériés et chômés.
Mme Harel: Alors, il y a seulement la fête nationale qui
est un jour férié, chômé et payé.
M. Bourbeau: C'est exact, M. le Président.
Mme Harel: À combien estime-t-on les salariés qui
n'ont pas, par exemple, les jours fériés que l'on retrouve
déjà dans la loi? À combien estime-ton le nombre de
salariés qui n'ont pas de rémunération le 1er janvier, le
Vendredi saint ou le lundi de Pâques, le 25 décembre enfin, les
jours que l'on retrouve dans la loi actuelle?
M. Bourbeau: Ça dépend des années, M. le
Président. Ça dépend si le 1er janvier ou le 25
décembre, cela tombe un jour de semaine ou un dimanche.
Évidemment, ça peut varier.
Mme Harel: Mais en vertu du travail précaire,
c'est-à-dire occasionnel, sur appel ou encore...
M. Bourbeau: Le principe, M. le Président,
c'est que si le jour de la fête tombe un jour où une
personne travaille normalement, à ce moment-là, la personne a
droit à l'indemnité.
Mme Harel: Même si c'est un travailleur sur appel.
Une voix: Oui.
M. Bourbeau: Ça dépend de ce qu'on entend par "sur
appel". Si le travailleur est régulièrement appelé ce
jour-là, à ce moment-là, oui, il a droit à
l'indemnité. Mais si...
Mme Harel: Appelé les années antérieures ou
appelé le même jour d'une semaine précédente?
M. Bourbeau: M. le Président, une question de fait. Si une
plainte est portée, le tribunal, l'arbitre ou le commissaire va regarder
quelle est la coutume. Si l'employé est appelé
régulièrement à chaque jour de la semaine depuis, je ne
sais pas, moi, deux mois, trois mois et, tout à coup, on ne l'appelle
pas parce que c'est un jour férié, là, à ce
moment-là, sa cause sera excellente. S'il a été
appelé seulement la semaine précédente, là, je
pense que sa cause est moins bonne.
Mme Harel: Donc, ça signifie, par exemple, que... Quelle
est la proportion de salariés dans la main-d'oeuvre
québécoise qui est sur appel, qui est occasionnelle ou qui
travaille...
M. Bourbeau: m. le président, je suis incapable de
répondre à cette question. on ne semble pas avoir les
statistiques avec nous présentement.
Mme Harel: Vous ne les avez pas avec vous présentement ou
vous n'avez pas cette information-là?
M. Bourbeau: Disons que je ne les ai pas présentement et
je ne sais pas si on l'a au ministère. Je n'ai pas avec moi tout le...
M. le Président, je ne suis même pas sûr qu'il y ait des
études qui existent là-dessus. On peut donner beaucoup de
renseignements sur beaucoup de choses, par exemple, sur le nombre de
travailleurs occasionnels, etc. Mais les travailleurs sur appel, là, je
suis loin d'être certain qu'on a de la documentation là-dessus et
personne n'en a, d'ailleurs.
Mme Harel: M. le Président, malheureusement, le ministre
ne s'est pas inspiré... D'ailleurs, je vais le souligner à notre
collègue de Notre-Dame-de-Grâce qui souhaite souvent qu'on
s'inspire des législations voisines, canadiennes ou américaines,
pour ne pas se distinguer. Bien, dans cette matière, ne pas se
distinguer, ça signifierait accorder des congés
fériés même s'ils ne tombent pas un jour ouvrable. Parce
que toutes les provinces canadiennes, à l'exception de l'Alberta, donc,
les huit autres provinces canadiennes puis le fédéral ont
adopté une position en matière de congés
fériés qui consiste à accorder le droit à des
congés fériés, qu'ils tombent un jour ouvrable ou pas. Et
je ne comprends pas, à l'aube de l'an 2000, que ce soit toujours
incertain pour un travailleur ou une travailleuse.
Je pense, par exemple, au personnel... Tenez, on n'ira pas bien loin. On
va prendre le personnel de l'Assemblée nationale. Le personnel ici qui
est autour de nous, peut-être pas autour de cette table heureusement,
parce que vous bénéficiez de meilleures conditions ou, enfin,
d'une permanence d'emploi relative ou celle, en fait, qui est accordée
par les dispositions de la fonction publique, mais pensons au personnel de
l'Assemblée, les messagers, occasionnels, ceux qui s'occupent de
sécurité dans les corridors quand nous sortons. Cette
année, Noël sera un mardi. Alors, ce personnel n'étant pas
rappelé... La Chambre ne va pas siéger un mardi et la Chambre ne
siège pas à Noël, selon le règlement. Alors, ces
employés, ces travailleurs n'auront pas le bénéfice d'un
jour férié payé. Évidemment, pour eux, ni
Noël, ni le Jour de l'an, qui sont pourtant des fêtes
universellement reconnues dans notre société, malgré que
ce soit un personnel régulier qui est rappelé sur une liste,
liste qui prévaut dans l'embauche de ce personnel occasionnel. Ils sont,
comme ça, des milliers dans la fonction publique du Québec, et
parfois, pour des années. Ce personnel occasionnel n'est pas un
personnel qui est comme ça, à l'occasion. Ce n'est pas un
personnel qui est appelé ou pas. C'est un personnel qui se retrouve sur
une liste d'appel et il n'a pas le bénéfice d'une
rémunération donc, durant la période du congé de
Noël et du Jour de l'an.
Je pose la question au ministre. Pourquoi nous distinguer en
matière de jours fériés? Et pourquoi ne pas adopter la
règle en usage dans toutes les autres provinces, sauf l'Alberta, et en
usage au Canada, au fédéral, pour les employés du
fédéral? À la Chambre des communes d'Ottawa, le jour de
Noël et le Jour de l'an vont être des jours fériés,
chômés et payés.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le principe qui est en
cause, ici, c'est que quand une personne travaille à une époque
donnée, une journée donnée ou un nombre de journées
données, si l'État décide que cette
journée-là est fériée - donc, non ouvrable - la
personne ne doit pas être pénalisée et elle doit recevoir
son salaire comme si elle avait travaillé. C'est le principe. Ce que
nous disons ici, c'est que si la
journée fériée tombe une journée où
la personne ne travaille pas normalement elle n'est pas privée de
salaire puisque, de toute façon, elle n'aurait pas travaillé.
Je vous donne un exemple. Prenons l'exemple d'une personne qui travaille
à tous les mardis dans une entreprise. Elle est payée tous les
mardis. Ce qu'on nous demande, nous autres, c'est de dire, si un jour
férié tombe le vendredi, si cette personne aura droit à
son salaire, le mardi, et à un deuxième salaire, le vendredi,
alors qu'elle n'aurait jamais travaillé ce vendredi-là, donc,
n'aurait jamais eu de salaire.
Pour montrer comment ça peut donner lieu à des situations
assez loufoques, prenons une personne qui travaillerait les lundi, mercredi et
vendredi chez trois employeurs différents, une journée par
semaine, et tout à coup, survient une journée
fériée, le jeudi, où elle ne travaille pas. Elle pourrait
réclamer de chacun de ses trois employeurs le jour férié
du jeudi. Donc, elle pourrait réclamer trois journées de
Noël ou trois journées parce qu'elle travaille un jour par semaine
et elle a été privée de sa journée
fériée. On voit que ça n'a pas beaucoup de bon sens et ce
n'est évidemment pas ça que le législateur veut faire:
permettre à quelqu'un d'encaisser des journées où il ne
travaille pas, un salaire ou une indemnité à l'égard de
fêtes où il n'aurait pas travaillé de toute façon.
Je suis convaincu que, dans les autres provinces canadiennes - je n'ai pas la
documentation avec moi - on ne paie certainement pas le jour plein à une
personne qui travaille un jour par semaine. On ne lui paie certainement pas une
pleine journée fériée qui tombe une journée
où elle n'aurait pas travaillé. Possiblement qu'on pale une
proportion équivalente, ce que nous ne proposons pas ici, c'est
évident. Nous ne l'avions pas, non plus, proposé dans
l'avant-projet de loi et, à ce sujet-là, nous avons maintenu le
statu quo.
Mme Harel: M. le Président, je souhaiterais que le
ministre prenne connaissance de ses propres publications puisqu'il s'agit du
tableau de présentation des changements aux normes du travail,
préparé par le ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu...
M. Bourbeau: Je l'ai devant moi, M. le Président.
Mme Harel:... à la page 33. Dans ce tableau de
présentation des changements aux normes, on retrouve, à la page
33, le calcul de l'indemnité des jours fériés et
chômés. Je vous lis le commentaire du ministère, qui est le
suivant: "À l'exception de l'Alberta, le Parlement fédéral
et celui des autres provinces ont adopté la position inverse. Les
personnes salariées ont droit au congé férié, qu'a
tombe un jour ouvrable ou pas. " M. le Président, il en va de même
pour la fête nationale. Le ministre a l'air d'être absolu- ment
surpris qu'une telle situation puisse exister. Bien, elle existe ailleurs
à peu près partout, sauf en Alberta, et elle existe ici aussi,
d'ailleurs. Elle existe pour le 24 juin. Le 24 juin est un jour
chômé, payé, qu'il tombe un jour ouvrable ou pas. Alors,
que le 24 juin soit un samedi ou un dimanche, c'est un jour qui va être
payé. (10 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, bien sûr que le
document que lit la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je l'ai
devant moi aussi, sauf que ce document-là, ce qu'elle vient de lire,
ça a six lignes. C'est un résumé très succinct de
législations qui existent au gouvernement fédéral et dans
plusieurs provinces. Il faudrait voir ces législations-là pour
voir dans quelle mesure les jours sont payés. Il peut y avoir une
certaine forme de paiement, mais il n'y a rien qui dit, à la lecture de
ce que vient de dire la députée de Hochelaga-Maisonneuve, que
dans toutes les provinces canadiennes, et au gouvernement fédéral
on paie la totalité de tous ces jours fériés à
quelqu'un qui ne travaillerait qu'une petite partie du temps, par exemple.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vais vous proposer
de suspendre cet article et nous allons demander à la
Bibliothèque de l'Assemblée nationale de nous donner un portrait
plus complet...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'avais pas encore
terminé.
Le Président (M. Gobé): Oui, s'il vous plaît,
madame.
M. Bourbeau: Je pourrais peut-être terminer. Quand
même, la députée pourrait me laisser terminer mon
intervention. Je disais, M. le Président, qu'il faudrait voir ce qui se
passe dans les autres provinces. On me donne, par exemple, un document ici, qui
concerne l'Ontario où il y a une foule d'exemptions à la
règle générale dont vient de faire état la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, ce qui n'est pas reproduit,
bien sûr, dans le document du ministère. Les exemptions sont
tellement nombreuses que je me demande s'il en reste, des gens qui sont
payés le jour férié. Je pourrais vous en lire: The Act
does not apply to a person employed as a daily-qualified practitioner of
architecture, chiropractie, dentistry, law, medicine. " Alors, toutes les
professions y passent. Et après ça, à peu près tous
les métiers y passent aussi. Et il faudrait voir, finalement,
après ça: "landscape gardening, mushroom growing". Il y a le
domaine de l'agriculture presque au complet, les étudiants. Finalement,
quand on aura fini de faire le tour, M. le Président, on verra
peut-être que le principe général est fortement battu en
brèche par la législation.
Mme Harel: Je demande le dépôt...
Le Président (M. Gobé): Avez-vous terminé,
M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Mme Harel: Je demande le dépôt de ce que vient de
lire le ministre.
M. Bourbeau: Pas besoin de les déposer. Ça fait
partie des documents publics. C'est le règlement du "Employment
Standards" de l'Ontario. On en fera une photocopie si la députée
veut bien.
Le Président (M. Gobé):peut-être que la
commission pourra en faire photocopier et la faire distribuer aux membres pour
leur information personnelle.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Gobé): Mais il ne peut pas y avoir
de dépôt d'une chose déjà publique.
Mme Harel: C'est-à-dire que, M. le Président, quand
on cite un document à l'Assemblée ou en commission, un membre
peut en demander le dépôt. C'est un des articles de notre
règlement.
M. Bourbeau: Et on peut refuser, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): C'est déjà
public... Mme Harel: Pour des raisons d'ordre public.
Le Président (M. Gobé): ...et le ministre peut s'y
opposer ou s'y soustraire.
Mme Harel: Oui. Alors, moi, ce que je vous demande, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Alors, je ne crois pas
qu'il s'y soit soustrait. Il a offert de faire une photocopie et la faire
distribuer.
Mme Harel: ...c'est de suspendre cet article pour que nous
puissions avoir une vue d'ensemble non seulement de l'Ontario, mais des autres
Législatures qui, à l'exception de l'Alberta, accordent le droit
aux congés fériés payés, même s'ils ne
tombent pas un jour ouvrable.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, est-ce que
vous consentez à ce qu'on suspende?
M. Bourbeau: m. le président, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on fasse des photocopies du document, mais je ne vois pas
pourquoi on suspend l'adoption de l'article.
Le Président (M. Gobé): Madame, tenez-vous
absolument à ce qu'on suspende cet article?
Mme Harel: Mais, M. le Président, le ministre nous dit
que, finalement, ce qui est écrit dans son document n'est pas exact. Et,
nous, on veut vérifier. Alors, je ne pense pas qu'on soit ici pour lui
donner un chèque en blanc. Alors, on nous dit que toutes les autres
provinces, sauf l'Alberta, y compris le fédéral, ont
adopté des positions inverses à celle du Québec. Alors,
allons vérifier. La meilleure façon de le faire, c'est de le
faire à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau: M. le Président, ce que je dis, c'est que ce
que déclare la députée de Hochela-ga-Maisonneuve, ce
n'était pas complet. La députée de Hochelaga-Maisonneuve
cite un résumé succinct sur à peu près trois lignes
de la politique adoptée par le gouvernement fédéral et les
provinces canadiennes. Et, en réalité, cette assertion-là
ne tient pas compte du fait qu'il y a de nombreuses restrictions au principe
général qui est affirmé. Mais c'est tout ce que j'ai dit.
J'en ai donné l'exemple en citant, par exemple, la réglementation
de l'Ontario.
Le Président (M. Gobé): Alors, si vous tenez
absolument à faire suspendre cet article, Mme la députée,
vous devriez en faire une motion, parce qu'il semble... M. le
député, oui.
M. Marcil: Maintenant, je ne vois pas pourquoi on peut demander
à suspendre un article parce que Mme la députée juge que
la réponse du ministre est insatisfaisante.
L'article 154 de l'Assemblée nationale s'applique
également en commission parlementaire. Lorsqu'un ministre donne une
réponse - puis là, je me réfère même à
l'article 81 - on dit qu'un "rappel au règlement ne peut être
fondé sur l'opinion que la réponse à une question
posée à un ministre est insatisfaisante." Je veux dire, ce n'est
pas parce qu'une réponse est insatisfaisante qu'on doit suspendre
automatiquement un article, là. C'est la personne qui pose la question,
qui juge de la pertinence de la satisfaction ou de l'insatisfaction, et pour le
ministre, lui, il est satisfait de la réponse qu'il a donnée.
Donc, il a même fait circuler aussi de l'information
supplémentaire. Moi, M. le Président, je demanderais le vote sur
l'article.
Le Président (M. Gobé): Bon, merci, M. le
député. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je n'accepterais pas,
là, qu'au moment où le ministre a fait suspendre l'article 18,
qui porte, justement, sur les jours fériés, chômés,
on ne suspende pas l'article 19. Alors là, M. le Président, c'est
le
bout de tout. Ce serait tout simplement de l'entêtement de la part
des membres ministériels de la commission. Le ministre vient de nous
dire qu'il y a un amendement à apporter à l'article 18, qu'il
n'est pas prêt à faire adopter l'article 18, qui porte, justement,
sur l'article 60, et puis, il ne sait pas encore exactement... son amendement
n'est pas prêt. Et là, M. le Président, tout à coup,
il serait prêt à faire adopter cet article-là.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai jamais...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, rapidement,
sur cette demande de suspension de l'article 19.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai jamais refusé
de suspendre un article à la demande de l'Opposition. J'ai simplement
dit, tout à l'heure, que ça ne paraissait pas une raison
suffisante pour suspendre un article, mais si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve en fait un plat, M. le Président, je suis
prêt à suspendre l'article 19, l'article 20 et tous les articles
qu'elle désirera suspendre, en autant, M. le Président, qu'on ne
retarde pas indûment les travaux de cette commission.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. De
toute façon, je vais rendre ma décision. Selon Beauchesne, quand
l'article réserve des articles, "on peut, sur adoption d'une motion
conforme, réserver, c'est-à-dire différer l'examen d'un
article, sous réserve qu'il n'a pas été modifié et
qu'un amendement éventuellement proposé n'a pas été
approuvé. Ces deux circonstances rendraient la motion irrecevable".
C'est-à-dire qu'à la limite, sur la proposition d'une motion de
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, nous aurions à
statuer par une décision de cette commission si nous suspendions
l'article ou pas. Mais je crois qu'il y a maintenant consentement pour la
suspension de cet article et je vais donc suspendre l'article 19. Et
j'appellerai maintenant l'article 20.
J'avise les membres de cette commission. Je vais me retirer 10 minutes
et demander à un de mes collègues de me remplacer, car je vais
aller rencontrer les conseillers juridiques pour travailler sur les
décisions en délibéré qui ont été
prises hier soir et, d'ici à une dizaine de minutes, je reviendrai. Je
demanderais à mon collègue, le député de
Salaberry-Soulanges, de bien vouloir prendre ma place.
M. Marcil: C'est difficile, hein, de dire Salaberry-Soulanges.
Vous n'êtes pas habitué.
Une voix: C'est un nouveau comté?
Le Président (M. Marcil): Donc, j'appelle l'article
20.
M. Bourbeau: L'article suggéré établit le
mode de calcul de l'indemnité des jours fériés, mais en
précisant que pour y avoir droit le jour férié doit
coïncider avec un jour ouvrable pour le salarié, et le temps
supplémentaire n'est pas pris en compte.
Une voix: O.K.
Mme Harel: ...catégorie de salarié, est-ce que
cette disposition-là peut s'appliquer?
M. Bourbeau: Ça s'applique, M. le Président,
à toutes les personnes qui sont salariées et qui, en vertu de la
loi, ont droit à un jour férié.
Des voix: Elle ne m'écoute pas. Elle pose des questions,
puis elle n'écoute pas la réponse.
Mme Harel: Bon, qu'est-ce que c'est, la modification majeure, en
regard de l'actuel article 62?
M. Bourbeau: On tente d'établir une méthode de
calcul qui est plus équitable pour les personnes salariées, qui
sont, par exemple, rémunérées à commission. Le
changement par rapport à l'ancien... Pardon?
Une voix: Non, non, ça va. C'est parce qu'il
répondait à monsieur, qui lui demandait...
M. Bourbeau: Ah bon! Le changement, par rapport à l'ancien
article, c'est que tout d'abord, maintenant, on calcule l'indemnité sur
une période complète de paie, c'est-à-dire 14 jours. Dans
l'ancien système, on prenait la période de 14 jours qui
précédait le congé férié. Maintenant, on
prend une période complète de paie, ce qui peut être
différent, et on ne tient plus compte maintenant des heures
supplémentaires. On prend la paie régulière. Et comme je
le disais tout à l'heure, la nouvelle méthode de calcul est plus
équitable à l'endroit des travailleurs à commission
puisque, à leur égard, on fait un retour en arrière sur
une période de trois mois précédant le jour
férié. En fait, on fait la moyenne de son salaire pour les trois
derniers mois.
Mme Harel: Est-ce à dire, là, que la période
complète de paie précédant le jour férié
pourrait être mensuelle?
M. Bourbeau: M. le Président, en vertu de l'article 43, la
période de paie... L'article 43 dit: "Le salaire doit être
payé à intervalles réguliers ne pouvant dépasser 16
jours, ou un mois dans le cas des cadres ou des travailleurs visés dans
les sous-paragraphes..." Bon, d'un autre article, là. Évidemment,
il peut y avoir des périodes de paie hebdomadaire aussi.
Mme Harel: Ça, c'est l'article 43 de la loi, hein?
M. Bourbeau: Oui, c'est ça. L'objectif de ce
changement-là est de rendre plus facile et plus compréhensible
pour tout le monde le calcul de l'indemnité. On n'a qu'à prendre
le dernier relevé de la paie et on a immédiatement la base des
calculs pour l'indemnité.
Mme Harel: Et puis, pourquoi trois mois, dans le cas du
salarié rémunéré à commission?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que poser la
question, c'est y répondre, hein? Quelqu'un qui est à commission
peut avoir, tout à coup, une semaine donnée ou deux semaines
données, pas de commission du tout. Tout à coup, un mois
après, il a une grosse commission; après ça, il n'en a
pas. Alors, si on avait choisi une période très courte, on aurait
pu tomber dans une période où, finalement, il n'y avait pas de
revenus pratiquement pour un travailleur à commission. On fait du
"averaging", pour faire plaisir au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Harel: alors, c'est finalement la recommandation du rapport
beaudry, là, que vous avez introduite, je crois, dans la
rédaction de l'article 20?
M. Bourbeau: Exact. (11 heures)
Mme Harel: Je prends connaissance là, à la page 155
du rapport Beaudry, d'une recommandation à l'effet que les mots "jour
ouvrable" soient spécifiés en être pour le salarié
et non pas seulement pour l'établissement. C'est ça?
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, c'est exactement ce
que propose le projet de loi à l'article 20 pour un salarié.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Marcil): Ça va, Mme la
députée. L'article 20 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Merci. J'appelle l'article
21.
M. Bourbeau: Cette disposition a pour but d'éviter qu'un
employeur soit tenu de verser l'indemnité compensatoire ou compensatrice
pour les jours fériés à un salarié
déjà en congé sans solde.
Mme Harel: Alors, l'article 64 se lirait comme suit: "Si un
salarié est en congé annuel l'un des jours fériés
prévus par l'article 60, l'employeur doit lui verser l'indemnité
prévue par l'article 62 ou lui accorder un congé compensatoire
d'une journée, à une date convenue entre l'employeur et
l'intéressé ou fixée par une convention collective ou un
décret." Donc, si le jour férié tombe un jour de
congé annuel, ce jour férié est quand même
rémunéré ou compensé par un congé selon le
cas. Dans le cas des congés parentaux, qu'arrive-t-il?
M. Bourbeau: Si c'est un congé sans solde, à ce
moment-là, l'article 21 s'applique.
Mme Harel: Alors, dans le cas des congés parentaux, par
exemple, le congé de paternité, le congé mobile de cinq
jours, le congé pour donner des soins à l'enfant mineur, s'il
intervient, par exemple, le jour de Noël ou le Jour de l'an, donc
l'employé n'aurait pas de rémunération ce jour-là.
La naissance, par exemple. Il y a deux jours payés, puis il y en a
trois, je crois, qui peuvent être pris à l'initiative du parent
pour congé à la naissance, hein? C'est bien le cas. Deux jours
avec solde et trois jours sans solde. Si l'enfant naît, par exemple, le
25 décembre, le parent aura deux jours payés, puis si le parent a
trois jours sans solde et qu'éventuellement on arrive au 1er janvier,
ça ne sera pas payé.
M. Bourbeau: Si c'est les journées où il n'aurait
pas été payé. Par exemple, si ses parents, si deux jours
après la naissance... ces deux jours-là, un jour
férié survient, là, il aura droit d'être
rémunéré pour le jour férié, et si ça
tombe pendant les trois jours non payés, le jour férié
tombe pendant les trois jours non payés. À ce moment-là,
c'est l'article 21 qui s'applique.
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: Comment ça se passe dans les autres
provinces?
M. Bourbeau: Je présume que le salarié va
s'arranger pour ne prendre ses journées non payées un jour
férié.
Mme Harel: Oui, mais il n'a pas encore la possibilité de
décréter quand doit avoir lieu la naissance, par exemple. Il est
encore tributaire de la nature.
M. Bourbeau: Sauf que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve semble oublier que si l'enfant paraît à une
date qui n'est pas contrôlable, le parent, lui, peut prendre ses jours
les journées qu'il veut. Donc, sa remarque était inutile.
Mme Harel: Attendez! Vous me dites, là, que ce n'est pas
nécessairement à la naissance que le parent peut prendre le
congé de la
naissance.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que c'est à l'occasion de
la naissance, mais il n'est pas obligé de les prendre dans les cinq
jours qui suivent la naissance. Il peut les prendre dans les 15 jours qui
suivent la naissance. Donc, il peut s'arranger pour les prendre les
journées où il n'y a pas de journée
fériée.
Mme Harel: II n'est pas obligé d'être là au
moment où la naissance a lieu, mais dans les journées qui
suivent.
M. Bourbeau: ii peut les prendre dans les 15 jours. alors, il
peut les planifier, les choisir. dans le fond, m. le président, quand on
regarde ça, la journée de la naissance, le travailleur peut
s'absenter la journée de la naissance même et c'est une
journée qui est payée. après ça, il peut
prendre...
Mme Harel: À moins que ce ne soit un samedi ou un
dimanche, un jour non ouvrable.
M. Bourbeau: Oui, c'est ça. Effectivement. Si
c'était un jour non ouvrable, à ce moment-là, il n'est pas
payé. Mais si la naissance a lieu un lundi le père peut
s'absenter le lundi et c'est payé. Après ça, il peut
prendre les deux journées suivantes payées ou prendre des
journées dans les 15 jours qui suivent.
J'attire l'attention de la députée sur l'article 34, qui
amende l'article 81, qui dit: "Un salarié peut s'absenter du travail
pendant cinq journées, à l'occasion de la naissance de son enfant
ou de l'adoption d'un enfant. Les deux premières journées
d'absence sont rémunérées si le salarié justifie de
60 jours de service continu. "Ce congé peut être fractionné
en journées, il ne peut être pris après l'expiration des
quinze jours qui suivent l'arrivée de l'enfant à la
résidence." Alors, le père peut faire tout ce qu'il veut. Il peut
choisir ses jours, il peut les fractionner. Je suis convaincu qu'on va trouver
des bonnes façons de maximiser les avantages.
Mme Harel: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Ça va, Mme la
députée. Donc, l'article 21 est adopté. J'appelle
l'article 22.
Les congés annuels payés
M. Bourbeau: M. le Président, les paragraphes 1°
à 4° de cet article visent à réduire progressivement
de dix à cinq ans la durée de service continu requis pour avoir
droit à trois semaines de vacances.
Une voix: C'est l'article 69 qui est amendé.
Le Président (M. Marcil): Des commentaires sur cet
artide?
Mme Harel: Oui. M. le Président, est-ce que le ministre
peut, pour les fins du Journal des débats, nous préciser
quel amendement il entend faire à la loi des normes?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que ce qui est plus
facile à faire, c'est de lire l'article de loi, tel qu'il va se trouver,
avec les amendements, en incorporant les amendements. Ça va donner ceci:
Un salarié qui, à la fin d'une année de
référence, justifie de huit ans de service continu chez le
même employeur a droit à un congé annuel d'une durée
minimale de trois semaines. Ça, c'est à compter du 1er janvier
1992. Un salarié qui, à la fin de l'année de
référence, justifie de sept ans de service continu chez le
même employeur a droit à un congé annuel d'une durée
minimaie de trois semaines, à compter du 1er janvier 1993. Un
salarié qui, à la fin d'année de référence,
justifie de six ans de service continu chez le même employeur a droit
à un congé annuel d'une durée minimale de trois semaines,
à compter du 1er janvier 1994, et, finalement, un salarié qui,
à fin d'une année de référence, justifie de cinq
ans de service continu chez le même employeur a droit à un
congé annuel d'une durée minimale de trois semaines, à
compter du 1 er janvier 1995.
Comme on le voit, la durée de service continu exigée pour
pouvoir bénéficier de trois semaines de congé annuel est
réduite à cinq ans, et ça, de façon progressive.
Elle sera de huit ans à compter du 1er janvier 1992, de sept ans
à compter du 1er janvier 1993, de six ans à compter du 1er
janvier 1994 et de cinq ans à compter du 1er janvier 1995. Ainsi, un
salarié aura droit à trois semaines de congé annuel et
à une indemnité de 6 % de son salaire s'il justifie, à la
fin de l'année de référence, se terminant le ou
après le 1er janvier 1992, de huit ans de service continu, 1993, de sept
ans de service continu, 1994, de six ans de service continu et, 1995, de cinq
ans de service continu.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, nous en sommes donc à
l'étude de l'article 22 du projet de loi qui se réfère
à l'article 69 de la loi des normes. L'article 69 de la loi des normes
totalement archaïque prévoit qu'un salarié qui a dix ans de
service continu chez le même employeur a droit à un congé
annuel d'une durée minimale de trois semaines, dont deux semaines
continues.
M. le Président, je voudrais vous rappeler qu'à peine la
moitié de la main-d'oeuvre québécoise peut plaider un
service continu de cinq ans chez le même employeur. En
réalité, le tiers des salariés québécois
travaillent moins d'un an chez
le même employeur, la moitié, moins de trois ans chez le
même employeur, et les deux tiers, moins de cinq ans chez le même
employeur.
Alors, là, on a un autre exemple, comme ce fut le cas en
matière de protection des travailleurs agricoles, où on s'est
rendu compte que, finalement, l'abrogation de l'exclusion n'allait
bénéficier qu'à 8 % de la main-d'oeuvre. Un autre exemple
que celui du temps partiel, où on s'est rendu compte que ça
consacrait l'iniquité pour les mêmes tâches dans le
même établissement si l'employeur utilisait des motifs autres. Et,
là, c'est un autre exemple d'une disposition qui, comme ça, en
apparence, a l'air de bénéficier à la main-d'oeuvre
québécoise et qui, dans la réalité, va au
départ ne pas s'appliquer aux deux tiers, parce que la réduction
de dix à cinq, ça exclut les deux tiers de la main-d'oeuvre
québécoise, et je dirais particulièrement les femmes,
parce qu'une étude réalisée par le Conseil du statut de la
femme à l'égard de la main-d'oeuvre féminine
démontre que la durée du service continu chez les femmes est
d'une année et neuf mois. C'est en moyenne. (11 h 15)
Donc, pour des raisons qui sont liées à la grossesse, qui
sont liées à la présence d'enfants, qui sont liées
à des responsabilités parentales, en moyenne, les femmes
travaillent moins de deux ans de façon continue pour le même
employeur. Ce qui a d'ailleurs amené le ministre - bien disposé
à cette époque-là; ça fait déjà deux
ans de ça, un an et demi - à améliorer, à bonifier
la loi 116 portant sur les régimes supplémentaires de rentes, de
manière à rendre plus rapide l'accès au régime de
retraite pour pouvoir couvrir un plus grand nombre de femmes sur le
marché de l'emploi. Et là, M. le Président, c'est
évident que diminuer de dix à cinq, même si, sur papier,
ça peut sembler une amélioration, dans la réalité,
c'est encore l'immense majorité de la main-d'oeuvre
québécoise qui va pratiquement être exclue de cet
avantage.
Et c'est de plus en plus rare, M. le Président, qu'il y ait de
nombreuses années de service continu pour le même employeur. On me
relatait dernièrement qu'un travailleur de plus de 20 ans de service
pour le même employeur s'était présenté chez un
concessionnaire automobile pour acquérir un véhicule. Et le
vendeur, de toute sa vie, n'avait jamais rencontré un acheteur
éventuel, potentiel, qui avait ce nombre d'années de service; ce
qui était fréquent il y a quelques années. Et moi, je me
rappelle que dans mon enfance, dans mon adolescence, c'était une
situation qui était très fréquente. Et on a gardé
l'impression que c'est toujours le cas. Ça prend toujours beaucoup de
temps avant que notre perception ne s'ajuste à la réalité
des changements qui ont pu bouleverser le milieu du travail. M. le
Président, non seulement ce n'est plus le cas mais, bien au contraire,
c'est là une revendication des plus importantes en matière de
convention de travail négociée. Et ça a été
un changement absolument radical en moins de 10 ans. Quand on pense qu'en 1980
81 % des conventions collectives prévoyaient 4 semaines de vacances
après 17 années de service et, en l'espace d'à peine 10
ans, les conventions collectives ont été à ce point
modifiées, eu égard au chapitre des vacances, qu'à peine
en 10 ans, c'est 91 % des conventions collectives qui prévoient 4
semaines de vacances après neuf ans et demi.
Alors, vous voyez que les travailleurs syndiqués, dans un laps de
temps finalement très court, une décennie à peine, se sont
ajustés bien différemment quant aux vacances annuelles que
ça n'était le cas avant les années quatre-vingt. On est
passés de 17 années de service à neuf années et
demie, c'est-à-dire la moitié moins pour obtenir 4 semaines de
vacances annuelles.
M. le Président, c'est là, finalement, une tendance que
l'on dit lourde dans la société: celle d'augmenter le nombre de
journées de vacances et en même temps de diminuer l'âge
à la retraite. C'est assez phénoménal, d'ailleurs. On aura
l'occasion, peut-être, d'en parier au moment de la motion sur la
Régie des rentes cet après-midi. Mais c'est
phénoménal de voir à quel point l'avancement de
l'âge à la retraite s'est fait rapidement dans le marché du
travail au Québec en moins de 10 ans. Il y a eu un renversement complet
des tendances.
M. Bourbeau: Je me permets, M. le Président, d'indiquer
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve que la motion sur la
Régie des rentes est pour demain après-midi et non pas cet
après-midi.
Mme Harel: Ah bon! Est-ce que le ministre peut vérifier
parce qu'on nous a indiqué que c'était aujourd'hui?
Le Président (M. Marcil): Nous allons vérifier, Mme
la députée. Vous pouvez continuer votre...
Mme Harel: Bon. Alors...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est la première
nouvelle que j'en ai, si c'est cet après-midi.
Le Président (M. Marcil): D'une façon ou d'une
autre, ce n'est pas important dans le débat actuel.
Mme Harel: Non, mais je souhaiterais, moi, pouvoir en être
informée...
M. Bourbeau: On va le vérifier.
Mme Harel: ...avant la fin de nos travaux, ce matin.
Le Président (M. Marcil): Oui, pour que les gens puissent
se préparer.
M. Bourbeau: Je l'indique dès à présent et,
cet après-midi, je suis le premier à être pris par
surprise.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée,
est-ce que vous continuez ou si je passe la parole à d'autres
intervenants?
Mme Harel: Non, je vais continuer, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): C'est bien, allez- y-
Mme Harel: Bon. Donc, à ce chapitre-là,
l'Amérique du Nord accuse un retard absolument incroyable par rapport
à la main-d'oeuvre européenne. Les vacances statutaires, en
Europe, sont de quatre semaines après un an depuis exactement 54 ans. Et
bien loin de reculer, c'est finalement de plus en plus fréquent qu'une
cinquième semaine statutaire soit ajoutée aux quatre semaines qui
ont été décrétées en 1936. Et on parle d'un
élargissement dans tous les pays de l'Europe de l'Ouest - et c'est aussi
en usage en Europe de l'Est - de ces quatre semaines statutaires.
Quand on pense, M. le Président, qu'il y a 800 000 travailleurs
au Québec qui n'ont même pas droit aux congés annuels
inscrits dans la Loi sur les normes du travail - l'actuelle, les deux semaines
après un an - parce que ces 800 000 travailleurs ne complètent
pas une année de service pour le même employeur; 800 000
travailleurs au Québec qui ont souvent des dépendants à
leur charge, qui n'ont même pas droit aux congés prévus
après un an de service.
Et d'autre part, plus de la moitié des travailleurs
québécois, 1 600 000 travailleurs québécois
n'atteignent pas les vacances annuelles prévues après cinq
années de service; 1 600 000 présentement. Ces vacances annuelles
étaient prévues. Dans la plupart des conventions collectives, on
prévoit trois semaines après cinq années de service et 1
600 000 travailleurs n'y ont pas accès parce qu'ils ne complètent
pas ces cinq années de service.
Or, vous comprendrez que les amendements apportés par le ministre
sont beaucoup trop timides en regard des nouvelles réalités
sociales. Surtout que le ministre prévoit l'abaissement - qui devait se
faire, dans l'avant-projet de loi, sur une période de deux ans - sur une
période de quatre ans à partir, seulement, de 1992. Or, vous vous
rendez compte, en 1992, à partir de 1992, ça nous amène en
1996; et là, on est quasiment à l'aube de l'an 2000 où les
travailleurs québécois vont pouvoir bénéficier de
trois semaines après cinq ans, si on parle de 1996. À ce
moment-là, imaginez-vous si, présen- tement, 1 600 000 ne
complètent pas les cinq ans, qu'est-ce que ça va être en
1996, avec les bouleversements que l'on connaît en matière
d'adaptation de la main-d'oeuvre et de changements de postes de travail? Alors,
M. le Président, ce sera tout pour tout de suite, mais vous comprendrez
qu'on présentera des amendements au projet de loi qui est devant
nous.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre à la Condition féminine et
députée de Dorion.
Mme Trépanier: Dorion, c'est ça. M. le
Président, peut-être une petite information. Mme la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve donnait des chiffres quant aux
travailleuses, mais je pense qu'elle parlait des travailleuses non
syndiquées. La bonification que le projet de loi apporte est quand
même extrêmement sensible au niveau des trois semaines de vacances,
quand on regarde les travailleuses en général, syndiquées
et non syndiquées, parce que la Loi sur les normes du travail s'applique
à tous les travailleurs. Et avec ce que nous proposons aujourd'hui,
près de 50 % des travailleuses auront droit à trois semaines de
vacances quand, antérieurement, avec la loi comme on la connaît,
à peine 30 % y avaient droit, si on considère les
non-syndiquées et les syndiquées. Alors, je voulais juste...
Mme Harel: 50 % des syndiqués?
Mme Trépanier: Non, des travailleuses, de l'ensemble des
femmes.
Le Président (M. Marcil): De l'ensemble, syndiquées
et non syndiquées. C'est ce que vous voulez dire?
Mme Trépanier: Oui.
Le Président (M. Marcil): C'est bien.
Mme Harel: C'est impossible. M. le Président, je...
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde.
Mme Harel: C'est absolument impossible. Ces chiffres-là ne
conviennent pas parce que l'immense majorité des femmes ne sont pas
syndiquées.
Le Président (M. Marcil): Je vais vous reconnaître,
Mme la députée de Hocheiaga-Maisonneuve.
Mme Harel: D'accord. L'immense majorité des femmes ne sont
pas syndiquées. Là, évidemment, il faut exclure le secteur
public. Les deux tiers des employés du secteur public sont des
femmes, puis elles sont régies par des conventions collectives de
travail qui prévoient quatre semaines après un an. Donc, il ne
s'agit pas là des travailleuses du secteur public mais de celles du
secteur privé. Et, dans le secteur privé global, 81 % des
travailleurs ne sont pas syndiqués. Et les femmes sont majoritairement,
dans le secteur privé, non syndiquées. Alors, vous comprendrez
qu'en plus les femmes ont une durée de service moindre que les hommes
dans le secteur privé. Alors, évidemment, ces chiffres là
- bon, je ne veux pas...
Mme Trépanier: Mais on peut peut-être... Pour ne pas
faire une guerre de chiffres, M. le Président, on peut peut-être
déposer le tableau. Je pense que la députée de
Hochelaga-Maison-neuve doit avoir en main Statistique Canada qui nous donne ces
chiffres-là.
Le Président (M. Marcil): Si j'ai bien compris, Mme la
ministre, vous avez dit qu'en incluant les travailleurs syndiqués,
autant de la fonction publique que du privé...
Mme Trépanier: Non. Les travailleuses dans le secteur
privé.
Le Président (M. Marcil): Privé seulement.
Mme Trépanier: Si nous considérons... Moi, je
croyais que les chiffres que Mme la députée avait donnés
étaient pour les non-syndiqués.
Le Président (M. Marcil): Les non-syndiqués.
Mme Trépanier: Et je considère, moi, les
non-syndiqués et les syndiqués...
Le Président (M. Marcil): Dans le secteur
privé.
Mme Trépanier: Dans le secteur privé, 50 % des
femmes auraient droit à trois semaines de vacances quand, dans la loi
présente, à peine 30 % bénéficient de trois
semaines de vacances selon les chiffres que nous avons ici...
Le Président (M. Marcil): Vous acceptez le
dépôt?
Mme Trépanier: ...fournis par Statistique Canada.
Le Président (M. Marcil): Vous les avez?
Mme Trépanier: Je les ai, M. le Président. Mais ce
sont des chiffres qui datent de 1984. Et ce sont des chiffres qui ne tiennent
pas compte...
Mme Harel: 1986.
Mme Trépanier: ...des bouleversements intervenus.
Le Président (M. Marcil): Donc, il y a un vieux rapport et
un rapport qui est tout nouveau. On va accepter le dépôt du
tableau, ça va? Et je vais reconnaître le député de
Pointe-aux-Trembles. Pas tout de suite? Ça va? O.K. Donc, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Oui. J'aimerais apporter quelques précisions,
M. le Président. Je crois que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, tantôt, a dit qu'il y avait 800 000 travailleurs
qui avaient moins d'un an de service continu. C'est 800 000 que vous avez dit
tout à l'heure?
Le Président (M. Marcil): C'est ça, 800 000 qui ont
moins de cinq ans.
M. Bourbeau: Alors, les chiffres que nous, nous avons, ce n'est
pas 800 000. Ce serait 352 000 travailleurs qui auraient moins d'un an de
service continu. C'est ce que me donnent mes adjoints. Alors, il faudrait
peut-être vérifier ces chiffres-là. Enfin, c'est ce que
nous avons. Ça modifie un peu le portrait.
D'autre part, pour ce qui est des gens qui quittent avant un an de
service continu et à l'égard desquels on nous dit qu'ils n'ont
pas droit à des vacances, je pense que ce n'est pas exact de parler de
cette façon-là. Parce que, s'ils ont un an de service continu,
là, ils ont deux semaines de vacances. Mais, si on quitte avant un an,
on a droit à une journée de vacances pour chaque mois de service
continu, avec un maximum de deux semaines, dix jours. Mais, si on quitte avant
l'année, là, on part avec les 4 %. 4 % de son salaire, ça
permet à la personne de prendre des vacances puisqu'elle est sans emploi
à la fin de son travail. Si elle quitte après six mois, par
exemple, elle a droit à 4 % de son salaire et là, ses vacances,
elle les a puisqu'elles lui sont payées. C'est l'article 74 de la loi
actuelle. Donc, je pense que, dans tous les cas, une personne a droit à
des vacances. Si elle quitte avant l'année, elle reçoit l'argent
et elle peut prendre ses vacances elle-même avec l'argent que l'employeur
lui remet. Puis, si elle part après un an, elle a droit,
évidemment, à ses deux semaines de vacances payées.
Essentiellement, M. le Président, c'est ce que je voulais dire à
ce moment-là.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Disons que là, il y a une guerre de chiffres.
Mme Harel: Non, ce n'est pas une guerre, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Non, mais pour la bonne
compréhension de ceux qui vont nous lire un jour dans l'histoire, est-ce
qu'on pourrait,
pour les fins du Journal des débats, peut-être pour
permettre à ceux qui vont nous lire de se référer à
des sources... Donc, Mme la députée, vous parlez de 800 000. M.
le ministre parte de 352 000, selon ses fonctionnaires; ensuite on parle de 50
% de la main-d'?uvre féminine dans le secteur privé. Donc,
ça, ça va bien. Ça va selon le rapport de Statistique
Canada.
Mme Harel: Non...
Le Président (M. Marcil): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Harel: Oui. D'abord, clarifions la question de la
main-d'oeuvre féminine. Il ne s'agit pas d'un rapport qui concerne le
secteur privé, c'est la main-d'oeuvre globale, hein! Alors, c'est autant
celle du secteur public que privé et ça veut donc dire que
ça comprend l'ensemble des employés du secteur public. Et je vous
rappelle que sur les 350 000 employés du secteur public et parapublic
les deux tiers sont des femmes. Et dans le secteur public, elles
bénéficient déjà de quatre semaines de vacances
annuelles après un an. Ça n'est pas d'elles dont il s'agit dans
la loi des normes. Il s'agit de celles qui, travailleuses, sont dans le secteur
privé, souvent privées de semaines de vacances parce qu'elles
n'atteignent pas la durée de service continu qui leur permettrait d'y
avoir accès. Alors, pour qu'on puisse s'entendre, moi, je ne conteste
pas. Je dis simplement que les chiffres que l'on nous dépose sont
globaux et je répète toujours cette comparaison que faisait M.
Lévesque: On peut se noyer dans trois pieds d'eau de moyenne, parce que
ça peut faire six pieds à certains endroits puis un pied dans un
autre endroit. Puis, quand on parle de trois pieds d'eau de moyenne,
finalement, on ne veut rien dire. Quand on note que c'est la main-d'oeuvre
féminine qui est à 50 %, alors là, je constate une
diminution par rapport à 1984. Moi, j'avais les chiffres de 1984,
c'était 55 %. 1986: 50 %. J'aimerais voir aussi, si la courbe, en
1988-1990, continue à diminuer quant aux années de service
continu parce que ça nous démontrerait une tendance. Mais, de
toute façon, c'est la main-d'oeuvre globale, privée et publique,
et pour avoir une juste vue de la situation, il faudrait avoir l'état du
service chez la main-d'oeuvre féminine du secteur privé.
Ça, c'est le premier aspect et le deuxième...
Le Président (M. Marcil): juste une seconde, mme la
députée. est-ce que, toujours pour les fins du journal des
débats... c'est parce que mme la ministre avait donné des
chiffres tantôt, où elle ne parlait pas du secteur public. mais
j'aimerais bien ça qu'elle puisse confirmer ou infirmer. puis je reviens
immédiatement à vous après, mme la députée.
(11 h 30)
Mme Trépanier: M. le Président, après
vérification, le tableau que nous déposons à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve à la commission concerne
les employées dans les secteurs public et privé. C'est l'ensemble
des travailleuses.
Le Président (M. Marcil): Bon, merci beaucoup, Mme la
ministre. Ça vient clarifier la situation. Je retourne à
vous.
Mme Harel: Comme si on passait à l'histoire! Puis il n'y a
personne?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, puis je reviens à M. le député de
Pointe-aux-Trembles immédiatement après.
Mme Harel: Oui, je veux mettre le ministre en garde, là,
de se satisfaire de l'explication qu'il nous a donnée en ce qui concerne
les travailleurs qui ne complètent pas une année de service et
qui quittent avec les 4 %. D'abord, une bonne majorité de ces
travailleurs quittent, ou ne quittent pas volontairement mais sont mis à
pied ou, finalement, doivent quitter pour des raisons extérieures
à leur volonté. Mais, indépendamment de ça, les 4
%, ce n'est pas un revenu qui peut être mis de côté pour des
fins de vacances annuelles. L'assurance-chômage considère
ça comme un revenu qui doit être pris en compte avant le paiement
des prestations. Alors, il n'y a pas... Dans le fond, ce n'est pas un montant
qui serait reconnu comme devant être utilisé pour des fins de
vacances. C'est un revenu qui est alloué, les 4 %, finalement... Vous
comprendrez que le travailleur qui est mis à pied doit les utiliser pour
la bonne raison qu'il n'aura aucun autre revenu pendant la période de
chômage où l'assurance-chômage va lui refuser l'octroi d'une
prestation pour le motif qu'il a eu ce revenu-là. Alors, finalement,
c'est encore - comment dire - une sorte de coquille vide, tout ça. Ces 4
% là ne servent pas à des vacances pour la majorité des
travailleurs qui ne complètent pas une année de service. Cela
sert simplement à assumer leur subsistance.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, quand on parle avec les
personnes qui sont assujetties aux normes minimales et qu'on parie de vacances,
les gens ne parient jamais des deux semaines après un an. Ce dont ils
parient, c'est des 4 %. Parce que, dans l'immense majorité des cas, ces
personnes-là ne se qualifient jamais pour avoir plus que les deux
semaines ou les 4 %. Et je souscris à ce que disait à cet
égard la députée
de Hochelaga-Maisonneuve: Rendons-nous compte qu'en France les quatre
semaines après un an, ça date de 1936, il y a donc de cela 54
ans. Est-ce qu'il y aurait au Québec quelque chose d'équivalent
au Front populaire en France? Nos deux partis s'allieront-ils à
certaines fins, à un moment donné? Je l'ignore. Mais le magazine
Time, il y a un an, faisait une analyse des vacances en générai
en Amérique du Nord, et je pense que le Québec n'y fait pas
exception malgré les quatre semaines du secteur public, ce qui est sans
doute plus généreux que la moyenne américaine. On disait,
dans Time, que la moyenne des vacances de l'ensemble des travailleuses et
travailleurs aux États-Unis est de deux semaines et demie par
année et que la moyenne en Europe de l'Ouest est de cinq semaines. Parce
qu'il y a plusieurs pays d'Europe de l'Ouest où c'est cinq semaines de
vacances. Sans compter qu'en France, en particulier, plusieurs secteurs ont le
treizième mois de vacances, c'est-à-dire que le mois de vacances
est payé en double.
Alors, à cet égard, on est très en arrière.
On tire de la patte par rapport à l'Europe de l'Ouest et j'ajoute qu'en
termes d'organisation de vacances, en France en particulier, les comités
d'entreprises ont des ressources très considérables qui sont
consacrées à des villages-vacances, et d'autres mesures qui
s'ajoutent à ce facteur-là. La différence, en termes de
coût, entre l'avant-projet de loi et le projet de loi qu'on a devant
nous: dans l'avant-projet de loi, comme on étalait la réforme sur
deux ans, on parlait d'un coût de 44 000 000 $, presque 45 000 000 $, et
avec le projet de loi on est rendu à environ 22 000 000 $. M. le
Président, quand on parle de 22 000 000 $ pour l'ensemble des
entreprises du Québec, on parle d'un chiffre extrêmement
négligeable. Ce n'est pas vraiment quantrfiable.
Et il y a quelque chose d'un peu faux à dire qu'on augmente un
régime, alors qu'en réalité les deux tiers des
non-syndiqués, entre autres, ne l'auront pas. La ministre a raison
d'observer que, chez les syndiqués du privé, de le mettre
après cinq ans, ça peut causer une certaine amélioration;
parce que dans le privé, dans bien des secteurs, il n'y a guère
plus que les normes minimales en termes de vacances. Et, si on regarde la
situation des non-syndiqués, le progrès n'est pas
considérable. Je pense qu'à cet égard-là il y a du
rattrapage à faire. Nous, on va éventuellement suggérer un
amendement qui serait plus généreux que ce qu'on a devant nous,
parce que c'est étonnant qu'entre l'avant-projet de loi et le projet de
loi l'étalement soit passé de deux ans à quatre ans. On se
dit que le Conseil du patronat n'a pas mis toutes ses énergies sur la
Commission sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec,
peut-être, parce que je pense que c'est moins. Et surtout, c'est que pour
la grande majorité des non-syndiqués du secteur privé,
ça ne représente pas grand-chose, ce changement-là,
puisque la plupart ne se rendent pas à cinq ans.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Vous avez annoncé un
amendement; est-ce qu'on pourrait recevoir l'amendement? Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Non, non. C'est parce qu'ils ont
annoncé l'amendement, ça fait que... M. le député
de Dubuc.
M. Morin: Alors, avant d'écouter l'amendement, le projet
d'amendement... Évidemment, je souscris aussi à la même
thèse que... Même si sur papier, évidemment, l'amendement
ou l'article 22 peut sembler constituer une amélioration, on sait fort
bien - c'est même très, très clair - que dans son
application les bénéfices réels ou l'amélioration
des conditions réelles, c'est presque inexistant. Je pense que si le
ministre voulait véritablement, même pas se rapprocher des
conditions qu'on retrouve en Europe, mais démontrer qu'il veut
véritablement faire bénéficier les travailleurs et les
travailleuses de ces semaines de vacances payées, et cela, malgré
le fait que les années d'ancienneté, évidemment... Le
niveau d'ancienneté est très bas. Je pense que, s'il était
audacieux, il pourrait aller jusqu'à, peut-être, proposer ces
améliorations dans le cadre de service continu, mais pas
nécessairement au même employeur. Parce que c'est là qu'est
le problème: le service continu pour le même employeur. Les seuls
éléments ou les seules modalités qui devraient être
reliées à l'employeur, ce sont les modalités de paiement,
en termes que ça doit se référer au salaire ou à la
rémunération. Mais si on veut véritablement
reconnaître le droit au congé payé, il ne faudrait pas que
ce soit sur une base d'ancienneté en faveur du même employeur mais
uniquement en faveur du travail depuis que la personne - le travailleur ou la
travailleuse - est sur le marché du travail. Évidemment, si
quelqu'un est sur le marché du travail depuis cinq ans, sans être
pour le même employeur, et qu'on appliquait les améliorations du
présent projet de loi, là, je pense qu'on pourrait
reconnaître que ça constitue une amélioration parce que,
dans les faits, on y retrouverait une meilleure applicabilité.
Alors, disons que c'est ma conception des choses parce que les vacances
ne doivent pas être reliées... Le droit aux vacances, si on veut
véritablement le reconnaître, ne doit pas être relié
à l'ancienneté ou au service envers un seul employeur mais
uniquement en fonction du temps que la personne est sur le marché du
travail. Dans ce sens-là, je pense que ce serait un pas audacieux, mais
véritablement bénéfique pour les gens qui n'ont pas la
chance d'être protégés par des conventions collectives.
Alors, voilà!
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Dubuc. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre veut bien
être audacieux mais ne veut pas être téméraire. Si on
devait souscrire à la thèse du député de Dubuc, on
peut voir le genre de problèmes que ça pourrait soulever. Vous
auriez des travailleurs un peu plus expérimentés... Un
travailleur de 45 ans, par exemple, âgé de 45 ou 50 ans, qui perd
son emploi et qui, tout à coup, se cherche un emploi, qui trouve un
emploi, mais qui se fait dire par son employeur: Ah! bien, tu charries avec ton
droit à des vacances annuelles beaucoup plus importantes qu'un jeune qui
n'a pas beaucoup d'expérience de travail, ou qui en a moins que toi.
Donc, on serait portés à employer ceux qui ont moins de service
accumulé un peu partout sur le marché du travail puisque ce
serait moins onéreux pour l'employeur. Je ne suis pas sûr que
ça jouerait dans le sens de l'intérêt des travailleurs
âgés. C'est un inconvénient qui pourrait être assez
majeur.
Maintenant, puisqu'on décrit tellement, M. le Président,
la proposition que nous avons devant nous, regardons ce qui se fait ailleurs au
Canada pour voir si on retarde vraiment autant qu'on semble nous le dire.
Alors, puisque l'Opposition s'est fait un devoir, depuis le début de la
commission parlementaire, de nous comparer à l'Ontario, l'Ontario qui
est devenu l'Eldorado du Canada, le Klondike en matière de droits et
d'avantages sociaux... Mais le bien-aimé Ontario, M. le
Président, on constate qu'il n'accorde que deux semaines de salaire
après un an, et rien d'autre. Il est même en retard, semble-t-il,
sur ce que l'ancienne loi québécoise accordait,
c'est-à-dire trois semaines après dix ans, puisqu'il ne semble
pas y avoir autre chose en Ontario. Le Québec, avec le nouveau projet de
loi, en viendra à trois semaines après cinq ans. Dans le Code du
travail du Canada, on accorde une semaine après un an alors que le
Québec accorde deux semaines après un an et le Code du travail du
Canada accorde trois semaines après six ans. On en sera à trois
semaines après cinq ans. Donc, on ne peut pas dire qu'on retarde par
rapport au Code du travail du Canada. L'île-du-Prince-Édouard
donne deux semaines après un an. L'Alberta, c'est l'équivalent de
nous, trois semaines après cinq ans, deux semaines après un an.
La Colombie-Britannique, c'est la même chose. Donc, on va être sur
un pied d'égalité avec ces deux provinces. On va être en
avant de l'île-du-Prince-Édouard. On va être à peu
près sur le même pied que le Manitoba, à une exception
près: c'est que les trois semaines ne sont pas après cinq ans,
mais après quatre ans. On sera en avant du Nouveau-Brunswick et de la
Nouvelle-Écosse qui n'ont rien d'autre que deux semaines après un
an. On sera en arrière de la Saskatchewan qui, manifestement, est
à l'avant-garde du Canada et de toutes les provinces canadiennes,
à ce sujet-là, donnant trois semaines après un an et
quatre semaines après dix ans. Je vois que le député de
Pointe-aux-Trembles manifeste l'intérêt de déménager
en Saskatchewan bientôt! Enfin, on pourra voir. Et, finalement, M. le
Président, est-ce que ça vous étonnerait... (11 h 45)
M. Bourdon: ...projet, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, on peut peut-être
faire une collecte parmi les députés dans le parti gouvernemental
pour payer le billet, aller seulement, du député de
Pointe-aux-Trembles vers la Saskatchewan! Et, finalement, M. le
Président, est-ce que ça vous étonnerait si je vous disais
que nous allons être en avance sur Terre-Neuve qui n'accorde que...
Le Président (M. Marcil): II ne faudrait pas se comparer
à Terre-Neuve.
M. Bourbeau: ...deux semaines après un an. Donc, M. le
Président, quand...
M. Bourdon: Peut-être qu'on pourrait envoyer le
député de Matapédia à Terre-Neuve!
M. Bourbeau: m. le président, quand l'opposition nous
contemple, on la désole, mais quand je contemple ce qui se fait
ailleurs, je me console.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
J'aimerais aussi qu'on évite d'avancer des petites choses qui, des fois,
pourraient susciter des débats ou des échanges. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: En fait, M. le Président, je dois vous dire
que, quand le ministre s'essaie à l'humour, habituellement, il rate
complètement son coup. Il faut, j'imagine comprendre que c'était
là une manifestation de son humour. Alors, vous voyez, on lui laisse...
Il n'y avait rien de malicieux.
M. Bourbeau: je ne vois pas pourquoi le député de
pointe-aux-trembles a la bouche fendue jusqu'aux oreilles, de même que la
députée de hochelaga-maisonneuve!
Le Président (M. Marcil): On va revenir à la
pertinence du débat.
M. Bourdon: Le ministre n'a pas répondu à ma
question.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): On va revenir à la
pertinence du débat. Est-ce qu'il y a un autre intervenant, toujours sur
le même sujet?
Mme Harel: Oui, là-dessus, M. le Président. Je
trouve ça assez remarquable que le ministre nous cite pour la
première fois - après trois jours d'examen du projet de loi - les
comparaisons avec les autres provinces. Vous remarquerez, d'ailleurs, M. le
Président, que ce n'est que lorsque c'est finalement défavorable
pour les travailleurs ou que ça donne l'apparence de l'être qu'il
nous cite les autres provinces. Mais il se garde bien de s'inspirer de ses
voisins, lui qui est un fédéraliste convaincu. Il se garde bien
de s'en inspirer lorsque ce serait pour améliorer le sort des
travailleurs québécois.
Puis je vous rappelle qu'on n'est en avance sur personne parce que les
trois semaines après cinq ans, ce n'est pas maintenant, en 1990, ni l'an
prochain, ni l'année d'après, ni celle d'après et encore
après. C'est en 1996. Alors, vous comprendrez que, d'ici là...
Mon Dieu! le Manito-ba, c'est quatre ans! C'est trois semaines après
quatre ans, maintenant. Puis, la Saskatchewan, c'est trois semaines
après un an, maintenant. Alors, vous comprendrez que le ministre n'a pas
à se vanter de ce qui va se passer au Québec dans six ans parce
que, entre-temps, il a bien des chances d'être devancé par ses
voisins. Aussi, il faut dire qu'on a bien des chances d'améliorer
nous-mêmes la situation, M. le Président, ce que nous souhaitons,
le plus rapidement possible.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Compte tenu que
le débat est terminé sur cet article, ou si vous avez quelque
chose à ajouter...
Mme Harel: Oui, M. le Président, au regard du
cinquième paragraphe, avant de déposer l'amendement, nous
aimerions connaître du ministre quelles sont ses intentions eh regard de
la suppression, à la fin de l'article 69, des mots "dont deux semaines
continues". Ça, c'était un droit, celui qui prévaut
présentement et qui consiste à exiger deux semaines continues
après un an. Alors, est-ce à dire que le ministre recule sur ce
droit contenu dans la loi actuelle d'obtenir deux semaines continues?
Même deux semaines, c'est jugé insuffisant pour réellement
avoir l'impression d'être en vacances. Est-ce à dire que le
ministre n'octroiera plus le droit à la main-d'oeuvre
québécoise d'avoir au moins ces deux semaines continues?
Le Président (M. Marcil): M. le ministre. M. Bourbeau:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Compte tenu du fait qu'il y a
une discussion sur le sujet, on peut peut-être suspendre pour quelques
minutes. Non, ça va? O.K.
M. Bourbeau: Non, M. le Président, on va être en
mesure de répondre. En règle générale, dans le
système actuel, c'est l'article 69 qui le prévoit: Un
salarié qui, à la fin de l'année de
référence, a dix années de service continue a droit
à un congé annuel d'une durée de trois semaines dont deux
semaines continues. Maintenant, il faut lire également l'article 71 qui
dit: Le congé annuel peut être fractionné en deux
périodes si le salarié en fait la demande. Donc, c'est le
salarié qui a l'initiative. Sauf si l'employeur ferme son
établissement pour la période des congés annuels.
Évidemment, si l'établissement est fermé, là, la
question ne se pose plus. Dans la nouvelle proposition, le paragraphe 5° de
l'article 69 qui est introduit par l'article 22, on supprime à la fin
les mots "dont deux semaines continues". Elle est devenue inutile, cette
mention-là, puisque le fractionnement du congé annuel est
prévu à l'article 71 tel qu'il est modifié par l'article
23. Si on regarde l'article 23, on dit: La partie du congé annuel qui
excède une semaine peut être fractionnée à la
demande du salarié si l'employeur y consent.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que ça
répond à votre question, Mme la députée de...
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que c'est dans le
complément de réponse, Mme la ministre? Oui, on va vous
entendre.
Mme Trépanier: Je veux dire à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve que c'est une mesure dite
familiale, si vous voulez. C'est pour permettre un meilleur fractionnement pour
vaquer à ses occupations familiales.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Bon, ça, ça va; si c'est au choix, si
c'est à la demande du salarié. Là, les obligations
familiales, c'est un prétexte s'il n'y a plus ce choix parce qu'à
ce moment-là le fractionnement, le principe que ce n'était pas
fractionné... Actuellement, c'est deux semaines continues sauf si
l'employé demande de fractionner et sauf si, à ce
moment-là, l'employeur ferme. Alors, si l'employeur ferme, c'est deux
semaines continues. Mais si l'employeur ne ferme pas et si l'employé le
demande, il peut fractionner. Ça, c'est le principe qui fait
qu'actuellement un employé peut, pour des obligations... En vertu de la
loi actuelle, l'employé peut fractionner, pour des obligations
familiales ou pour un ajustement avec les vacances de son conjoint, pour un
ajustement avec les vacances des enfants, sauf si l'employeur ferme. On pense
à l'industrie de la construction ou à un certain nombre
d'entreprises qui ferment de toute façon. Mais le principe,
actuellement, c'est qu'il peut
fractionner. Le principe, c'est que, s'il le demande, il peut
fractionner. Mais là, on ne retrouve plus ça dans l'explication
que nous donne le ministre à l'article 23. Si on reprend l'article 71,
il faut presque l'examiner ensemble, M. le Président. Si on supprime
à l'article 69 le principe des deux semaines continues, donc, il n'y a
plus le principe qu'il y a deux semaines continues. Ce qu'on retrouverait, avec
les modifications apportées à l'article 71, c'est ceci: "La
partie du congé annuel qui excède une semaine peut être
fractionnée à la demande du salarié, si l'employeur y
consent." Imaginez, c'est un recul. C'est beaucoup, beaucoup plus restrictif.
Pensez-y, là. Si l'employeur n'y consent pas... Jusqu'à
maintenant, c'était juste si l'employeur fermait; sinon, il devait y
consentir. Bien, oui, en vertu des articles actuels: "Le congé annuel
peut être fractionné en deux périodes si le salarié
en fait la demande, sauf si l'employeur ferme son établissement pour la
période des congés annuels." C'est ça, l'article 71
actuel. Alors, si vous le modifiez, c'est ce que vous nous dites, là,
ça ne sera plus simplement si l'employeur ferme son établissement
que ça va être possible de fractionner; c'est s'il n'y consent pas
que ça ne pourra pas être possible de fractionner. La seule
réserve qu'il y avait présentement, c'est quand il fermait.
Là, s'il fermait, l'employé ne pouvait pas obtenir un
fractionnement. Ça, c'est l'article 71 actuel. L'article 71 actuel dit:
"L'employé peut obtenir un fractionnement, sauf si l'employeur ferme
rétablissement. Là, c'est bien différent. Ce que vous
allez introduire, là, l'employé ne pourra pas obtenir un
fractionnement, a moins que l'employeur n'y consente. Donc, des employeurs qui
ne ferment pas leur établissement pourront refuser. Est-ce qu'on se
comprend, là?
Mme Trépanier: Mais...
Mme Harel: Actuellement, il faut que l'employeur ferme son
établissement pour refuser de consentir, tandis qu'avec la modification
qui est apportée, l'employeur a le droit de consentir ou pas, à
sa guise, qu'il ferme ou non son établissement. Ça, c'est les
mots, là, les mots ont un sens. Puis, on remplace... Regardez à
l'article 23. L'article 71, là, la loi est modifiée par le
remplacement du premier alinéa. Le premier alinéa disait: "Le
congé annuel peut être fractionné en deux périodes
si le salarié en fait la demande, sauf si l'employeur ferme son
établissement pour la période des congés annuels." Et
c'est remplacé par: "La partie du congé annuel qui excède
une semaine peut être fractionnée à la demande du
salarié, si l'employeur y consent." On voit très, très
bien que le droit est restreint parce que, là, l'employeur aura bien
plus de motifs, là, pour refuser. Et puis, si on regarde le
deuxième paragraphe, on modifie par l'amendement, là, par
l'article 23 plutôt, on modifie le deuxième paragraphe de
l'article 71 qui concerne les dispositions des conventions collectives ou des
décrets. D'autre part, au troisième paragraphe on supprime
carrément: "Le congé, dont la durée est d'une semaine ou
moins, ne peut être fractionné." Ça veut dire que ça
peut être fractionné. Dorénavant, même une semaine et
moins, ça peut être fractionné. Cependant, à
la...
Évidemment, si on interprète les alinéas, les uns
par rapport aux autres, moins d'une semaine, ça pourra être
fractionné, mais ça pourra être fractionné seulement
à la demande du salarié, moins d'une semaine, parce qu'on dit
bien: "La partie du congé annuel qui excède une semaine", au
premier alinéa. Donc, moins d'une semaine, ça pourra
l'être, mais il faudra que ça sort à la demande; mais plus
d'une semaine, ça pourra l'être fractionné pour la partie
qui excède. Mettons que ça serait trois semaines, pour les deux
autres semaines, ça pourra être fractionné si l'employeur y
consent, mais pas s'il ferme son établissement. Il vaudrait bien mieux
pour des raisons, justement, liées à la protection du libre
choix, parce qu'il y a des familles reconstituées, puis il y a des
ajustements à faire, il vaudrait bien mieux garder la formulation que
l'on retrouve à l'article 71: "sauf si l'employeur ferme son
établissement pour la période des congés annuels." Sinon,
si vous remplacez ça par les mots "si l'employeur y consent", à
ce moment-là, bien d'autres motifs peuvent être utilisés
pour refuser.
Le Président (M. Marcil): Ça va, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce que vous vouliez
intervenir, Mme la ministe?
Mme Trépanier: M. le Président, dans la loi
actuelle, le congé ne pouvait être fractionné qu'une fois,
en deux périodes, si le salarié en fait la demande. Là, on
va oublier: "Si l'employeur ferme son établissement", c'est sûr
que là, ça ne s'applique pas. Mais, dans la nouvelle loi,
à part la première semaine qui se doit d'être continue,
ça permettra tout de même à un employé de pouvoir
fractionner un congé en plusieurs périodes. Moi, je ne suis pas
d'accord avec la députée que... Ça va favoriser la vie
familiale. (12 heures)
Mme Harel: Sauf...
Mme Trépanier: Ça élargit, ça va
favoriser la vie familiale. Ça élargit, ça assouplit.
Mme Harel: Si l'employeur y consent.
Mme Trépanier: Mais c'était la même chose
dans l'ancienne loi.
Mme Harel: Mais on va s'entendre, M. le Président, parce
que si c'est ça, l'intention ministérielle, on peut s'entendre,
parce qu'à ce
moment-là on pourrait simplement remplacer "la partie du
congé annuel qui excède une semaine peut être
fractionnée à la demande du salarié"... On peut garder
cette partie-là, parce qu'elle améliore le fait que ça
peut être en plusieurs périodes, là. Mais il faudrait
retrouver: sauf si l'employeur ferme son établissement pour la
période des congés annuels, pour d'autres raisons ça
pourrait être fractionné. Sinon, même si ça peut
l'être en plusieurs périodes, comme c'est redevable au
consentement de l'employeur et puis que ce consentement-là peut
élargir toutes sortes de motifs autres que ceux pour fermer
l'établissement, finalement, quelque chose qui a l'air d'élargir
peut, au contraire, avoir comme effet de restreindre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: Oui, je pense qu'il y a eu confusion dans la
rédaction, parce que je pense qu'il y a deux principes qui
prévalent là-dedans. C'est, soit le droit des deux semaines
continues - ça, c'est une chose - et la possibilité ou le droit
de fractionner. Ça devrait être totalement dissocié. Et
lorsque le ministre, tout à l'heure, a voulu expliquer la suspension des
mots "dont deux semaines continues", remplacés par d'autres articles
touchant le fractionnement, je pense qu'il y a erreur. Les droits de
fractionnement de congés ne peuvent pas remplacer le principe ou
l'obligation pour l'employeur d'accorder deux semaines continues. Je pense que,
quitte à reprendre la discussion sur le fractionnement, je veux bien.
Mais je pense que le ministre devrait reconnaître que les deux semaines
continues, évidemment, pour avoir un congé annuel d'une
durée minimale de trois semaines, dont deux semaines continues,
devraient demeurer, quitte à reprendre la discussion sur le
fractionnement qui a peut-être besoin d'être
précisé.
Mais on ne peut pas, de quelque façon que ce soit, peu importent
les modifications au niveau du fractionnement, remplacer ou compenser le
principe que sous-tendent les deux semaines continues. Je pense que,
là-dessus, il y a ambiguïté, ou ce serait un recul. À
moins de croire que c'est le ministre qui veut véritablement abolir le
droit à ces deux semaines de vacances continues.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Dubuc. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ça peut avoir l'air
d'un recul, à première vue, mais, dans le fond, les droits qui
sont conférés actuellement par la loi sont très
illusoires, parce qu'il faut lire l'article 71 en même temps que
l'article 72. L'article 71 dit bien, effectivement, que le congé annuel
pourrait être fractionné en deux périodes, si le
salarié en fait la demande. Donc, ça donne une liberté au
salarié que ne semble pas donner la nouvelle loi. Mais, quand on regarde
l'article 72, on nous dit qu'un salarié a le droit de connaître la
date de son congé annuel au moins quatre semaines à l'avance.
Alors, vous avez un salarié qui dirait à son employeur dans le
système actuel: Vous me proposez deux semaines au mois d'août, je
ne suis pas d'accord, j'en prends seulement une au mois d'août et je vais
prendre l'autre au mois de novembre. L'employeur dit: Très bien, vous
avez droit de fractionner, on va fractionner mais je vous donne d'autres dates
qui ne sont pas au mois de novembre. C'est moi qui donne les dates, je vous
donne les dates au mois de janvier, ou au mois de mars, ou au mois de...
Finalement, dans le système actuel, l'employé peut bien demander
un fractionnement, mais il ne contrôle pas les dates. C'est l'employeur
qui détermine les dates de congé.
Alors, je pense que ce que nous proposons présentement accorde un
peu plus de souplesse, en ce sens que le fractionnement pour la deuxième
semaine peut être multiple. Autrefois, il y avait un fractionnement dans
une semaine continue; on pouvait avoir une semaine, on pouvait fractionner,
mais on devait la prendre la deuxième semaine, en continu. Maintenant,
le salarié pourrait prendre des journées fractionnées, ce
qui donne beaucoup plus de souplesse. Et d'ailleurs, je vous...
Mme Harel: Si l'employeur y consent.
M. Bourbeau: Si l'employeur y consent, bien sûr. Mais je
vous signale une chose, quand même...
Mme Harel: Voyons, franchement, ça n'a pas
changé!
M. Bourbeau: C'est que la proposition que nous avons faite et que
nous avons dite, c'est la même que celle qu'il y avait dans
l'avant-projet de loi et qui a vraiment rencontré presque
l'unanimité de tous ceux qui se sont présentés devant la
commission parlementaire. À ma connaissance, il n'y a pas eu d'objection
à ça. Au contraire, il y a eu, semble-t-il, une rare
unanimité chez tous ceux qui se sont présentés à la
commission parlementaire. Finalement, ça s'inscrit dans la suite de ce
que proposait le rapport Beaudry, dans les recommandations du rapport Beaudry,
qui disait à l'article V.18: Fractionnement du congé annuel. Que
l'article 71 de la Loi sur les normes du travail soit modifié pour
permettre que le congé annuel puisse être fractionné en
plus de deux périodes, à la demande du salarié, à
condition que l'employeur soit d'accord. On peut dire qu'on colle vraiment aux
recommandations du rapport Beaudry. Donc, M. le Président, je pense que
ça ne doit pas être si
mauvais que ça, puisque les gens ont semblé d'accord avec
la proposition qui, elle, était en harmonisation avec les
recommandations du rapport Beaudry.
Le Président (M. Marcil): C'est bien. M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Vous parlez de fractionnement. Je ne veux pas toucher
à ça. Je voudrais que vous m'expliquiez sur quel article va se
baser le travailleur ou la travailleuse qui a droit à trois semaines de
vacances et qui veut prendre deux semaines de vacances continues? Voudriez-vous
me dire sur quel article le travailleur pourrait se baser dans le cadre de la
loi? Dites-moi l'article, là, surtout que vous voulez biffer le
cinquième paragraphe concernant...
Le Président (M. Marcil): En d'autres mots...
M. Morin: Dites-moi sur quel article il va se baser pour pouvoir
prendre deux semaines continues.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, en d'autres
mots, présentement, dans l'article...
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, c'est l'article 69
qui, dorénavant, va dire qu'un salarié, à la fin d'une
lettre de référence justifiée de 10 ans de service continu
chez le même employeur, a droit à un congé annuel d'une
durée minimale de trois semaines, point.
M. Morin: Oui, mais il n'a pas deux semaines continues. Ce n'est
pas ça. Je vous dis que c'est un droit, ça. Il faut... C'est
parce que, M. le Président, il faut se souvenir de l'esprit de cet
article-là.
Mme Harel: Là, il pense que ça va être induit
par l'opération du Saint-Esprit, que ça peut être
continu.
Le Président (M. Marcil): Une seconde, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Je ne vois rien dans la loi qui donne à
l'employeur le droit d'exiger le fractionnement.
M. Morin: Non, mais il a le droit d'obtenir deux semaines,
lorsqu'il a droit à trois semaines de vacances. Selon le présent
texte, il a le droit de prendre deux semaines continues. Ça, c'est un
droit. Là, vous suggérez, dans l'article 22, de biffer "dont deux
semaines continues". Alors, moi, je vous pose la question: À partir de
quoi, ou de quel article, le travailleur va-t-il pouvoir exiger, va-t-il
pouvoir avoir le droit de prendre deux semaines continues sur les trois que lui
confèrent les normes?
Le Président (M. Marcil): En d'autres mots, M. le
ministre, est-ce que le nouvel article 69, pour bien comprendre la question du
député de Dubuc, est-ce que dans l'article 69 proposé dans
le projet de loi un employé aura, de facto, le droit de prendre deux
semaines continues ou bien si l'employeur pourra lui refuser de prendre deux
semaines continues? C'est la question qu'il faut poser.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, avec le consentement
de l'employeur, tel que prévu à l'article 71, l'employé va
demander deux semaines continues et non pas trois semaines continues, ce
à quoi il a droit, et si l'employeur y consent, il aura ses deux
semaines continues.
Le Président (M. Marcil): Sauf que, dans l'ancien article,
l'employé pouvait demander deux semaines continues et il les obtenait
automatiquement.
M. Morin: C'est ça. Tandis que là vous le
conditionnez à l'accord de l'employeur. C'est un recul.
Le Président (M. Marcil): Non, la différence, c'est
que...
M. Bourbeau: II a droit à trois semaines. On peut
peut-être donner la parole à Me Paradis, si vous voulez, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Non, mais ce qu'on essaie de
comprendre c'est que dans l'article 69, présentement, un employé
qui a droit à trois semaines ou quatre semaines de vacances peut exiger
deux semaines continues. L'employeur est obligé de les lui donner. On
est d'accord? Dans le projet de loi, l'article 69 dit qu'un employé peut
obtenir trois semaines de vacances, au minimum, sauf qu'il ne peut pas exiger
d'avoir deux semaines continues.
M. Paradis (Michel): II peut exiger maintenant trois
semaines.
Le Président (M. Marcil): Oui, il pourra l'exiger comme il
aurait pu le faire dans l'ancien article. Il aurait pu demander trois semaines
continues. Si l'employeur voulait les consentir, il les donnait. Sauf qu'il est
obligé de lui donner deux semaines La seule différence, c'est
qu'ici il peut demander trois semaines continues, mais il peut demander deux
semaines continues. Sauf que, si l'employeur refuse de lui donner deux semaines
continues, il perd ce qu'il avait déjà dans l'article 69.
M. Paradis (Michel): Non.
Le Président (M. Marcil): Voyons donc! Allez y.
M. Paradis (Michel): A l'heure actuelle...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous pourriez
nommer celui qui parle, pour les fins du Journal des Débats.
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez vous identifier
pour les fins du Journal des Débats.
M. Paradis (Michel): Me Michel Paradis.
Le Président (M. Marcil): Aucun lieu de parenté
avec le ministre?
M. Bourbeau: un des célèbres conseillers juridiques
qui m'accompagnent. m. le président. il a fait son droit
récemment. un expert en discrimination systémique.
Le Président (M. Marcil): Ah! c'est bien ça! Je ne
savais pas que... Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Michel): À l'heure actuelle, ce que la loi
garantit, c'est deux semaines. La loi garantissait deux semaines continues pour
une personne qui en faisait la demande. Comme la loi actuelle, l'employeur
devait dire oui, mais la date du congé, c'est l'employeur qui la
détermine. Donc, le salarié pouvait dire: Je voudrais avoir trois
semaines. L'employeur pouvait dire: Non, tu vas prendre deux semaines et la
troisième semaine, tu vas la prendre à l'automne ou quand je
voudrai. Maintenant, ce qu'on fait - et la majorité des salariés,
ce qu'ils veulent, c'est d'avoir trois semaines pour partir en vacances avec
leur famille - on leur donne le droit à trois semaines continues.
Des voix: Où ça?
M. Paradis (Michel): C'est parce que la loi actuelle dit: Le
salarié a droit à trois semaines. Quand on arrive pour le
fractionnement, là, on doit se reporter à l'article 71 et il ne
peut y avoir fractionnement si le salarié n'en fait pas la demande.
Donc, l'employeur ne peut pas imposer un fractionnement, le fractionnement
étant prévu à l'article 71, ce qui rend inutile ce qu'on
avait avant, donc, deux semaines continues puisqu'on garantit maintenant
plus.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: écoutez, sur te plan juridique, on peut induire
de la lecture du projet de loi... de la loi dans son ensemble, on peut induire,
par exemple, une interprétation comme celle de me paradis par le
début du nouvel article 71 modifié par l'article 23. on y lit: la
partie du congé annuel qui excède une semaine peut être
fractionnée à la demande du salarié. ça veut donc
dire que cette partie qui excède peut l'être, donc, à la
demande et ne le sera pas s'il n'y a pas de demande. Donc, on peut induire que,
s'il n'y a pas de demande de fractionnement, il peut y avoir trois semaines de
vacances continues. Parce que, s'il n'y a pas de demande de fractionnement,
l'employeur a toujours, comme maintenant, le choix de la date mais, à ce
moment-là, les trois semaines doivent être continues. Moi, je
comprends ceci. Quand mon collègue, le député de Dubuc, de
bonne foi pose la question et que le député de
Salaberry-Soulanges pose la question, c'est qu'il y a malgré tout une
sorte de flottement. Oui, le terme est très exact. Il ne faut pas jouer,
d'une certaine façon, à l'apprenti sorcier avec des lois de cette
nature-là parce qu'elles auront à être appliquées
par des personnes dans des organismes de défense, etc., mais aussi
interprétées. J'imagine qu'un commissaire du travail qui a une
longue expérience d'interprétation des textes de loi devrait
induire de la lecture de la loi, une fois complétée, et des
modifications apportées à l'article 71 que si ça peut
être fractionné après une semaine, à la demande,
s'il n'y a pas de demande, ça ne peut pas l'être, n'est-ce pas?
Sauf que pourquoi... Ça, c'est une manière de rédiger les
lois. Il va nécessairement avoir besoin d'experts pour les
interpréter. Ça, c'est sûr. Parce que c'est une
manière de rédiger des lois qui donne lieu à une sorte
d'incertitude pour l'employeur et le salarié qui, éventuellement,
admettons, ne voudraient pas avoir besoin d'engager un avocat pour savoir
quelles sont leurs obligations mutuelles ou réciproques. Et là,
l'employeur qui avait son ancienne loi qui disait que ça devait
être deux semaines de vacances continues, ça, ça va
être biffé. Il ne le retrouvera plus. Mais il faudrait qu'il ait
la formation juridique pour comprendre qu'à l'article 71, quand il lit
que la partie du congé annuel qui excède une semaine peut
être fractionnée à la demande du salarié, il faut
qu'il en déduise qu'à ce moment-là il accorde trois
semaines de vacances continues si ça ne lui est pas demandé de
fractionner. Vous voyez? Bon. Tout ça peut se tenir entre gens de bonne
compagnie autour d'une table. Mais c'est une manière de rédiger
des lois qui complique l'existence des gens. Et comme toute nouvelle loi donne
toujours lieu à une période d'incertitude où les parties
s'essaient, comme on dit, à faire... Toute nouvelle loi donne toujours
lieu à une période d'incertitude, surtout dans le domaine des
politiques sociales où il y a de la jurisprudence qui se fait. Alors,
pourquoi ne pas le dire clairement là? Pourquoi ne pas laisser
simplement les trois semaines continues si c'est ça qu'on veut dire?
Disons-le, parfait! Alors, remplaçons les deux semaines par les trois
semaines et revenons à l'article 23. Vous comprenez, là, on veut
mettre trois semaines. L'intention du législateur, c'est qu'il y ait
trois semaines.
M. Bourbeau: Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, si pouviez interrompre pour quelques instants.
Plutôt que de poursuivre la leçon, on va suspendre l'article et on
va tenter de le rédiger un peu mieux. (12 h 15)
Mme Harel: La trouvez-vous bonne, la leçon?
M. Bourbeau: Oui, oui. Mme Harel: Convaincante?
M. Bourbeau: Elle est assez bonne, mais si la
députée de Maisonneuve continue on va peut-être finir
par...
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...racheter...
Le Président (M. Marcil): Ça va. Mais juste avant
de procéder à la suspension de l'article, il y avait le
député de Matapédia qui voulait intervenir. Donc, je vais
entendre le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): C'est simplement, M. le
Président, pour demander au ministre... Je pense que ça vaut la
peine de clarifier cet article-là. Étant moi-même employeur
et connaissant d'autres collègues qui pourraient être employeurs
et interpréter la loi, je pense que c'est important.
M. Bourbeau: M. le Président, je me rends à la
suggestion du député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Je suis, malheureusement,
obligé d'être d'accord avec la députée de
Hocheiaga-Maisonneuve.
M. Morin: M. le Président, je voudrais... Peut-être
juste un petit commentaire avant.
Mme Harel: Malheureusement!
M. Morin: Je voudrais rappeler que ce qui devrait guider le
ministre, c'est que les difficultés rencontrées, au niveau des
relations du travail, c'est beaucoup plus dans le sens de prendre des semaines
de vacances continues, et non pas de les fractionner. Fractionner, pour moi,
disons que ça peut être un problème, mais qui n'a pas la
même dimension que de prendre... Donc, la loi doit couvrir la
continuité, le droit de continuité aux vacances. Je pense que
c'est ça qu'il faut protéger.
Une voix: Dans les papeteries.
Le Président (M. Marcil): Ça va, M le
député de Dubuc. J'ai bien compris votre argumentation. À
la suggestion du député de Matapédia, M. le ministre
propose de suspendre l'article 22. Ça va, en ce qui concerne les
semaines continues. Est-ce qu'on suspend, par le fait même, l'article 71
ou bien on va attendre d'y arriver?
M. Bourbeau: Bien, on ne peut pas... L'article 71 de notre
projet?
Le Président (M. Marcil): C'est-à-dire l'article
23. Ça va?
Une voix: L'article 22.
M. Bourbeau: L'article 71?
Le Président (M. Marcil): C'est-à-dire l'article
23, c'est...
Une voix: L'article 22 aussi.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'article 22 est suspendu,
c'est ça? On va continuer. J'appelle l'article 23. Je vais attendre.
Mme Harel: Nécessairement, l'article 23 doit être
suspendu parce que...
M. Bourbeau: Oui, oui.
Le Président (M. Marcil): Ça va. Donc, nous
suspendons l'article 23 également. J'appelle l'article 24.
M. Bourbeau: Alors, la loi actuelle prévoit qu'un
salarié a le droit de connaître la date de ses vacances annuelles
quatre semaines à l'avance. La modification proposée permettra
aux conventions collectives, et aux décrets de conventions collectives,
de réduire ce délai. Évidemment, M. le Président,
vous avez remarqué qu'on ajoute, à la fin de l'article 72, les
mots "sous réserve d'une disposition d'une convention collective ou d'un
décret". C'est pour ajouter plus de souplesse face aux conditions de
travail librement négociées.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Dubuc, vous voulez intervenir?
M. Morin: En principe, là-dessus, sur l'esprit qui vous
guide, je vous rejoins. Sauf que, dans les faits, quand vous pariez de
"librement consenti", ce n'est pas de même si, évidemment, les
deux parties signent en bas d'une convention en toute liberté. Enfin,
ça ne se passe pas toujours comme ça.
Mme Harel: C'est comme pour les projets de loi.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député.
M. Morin: Sauf quand... Mais ce que je voudrais suggérer
au ministre... Par contre, je comprends que, dans une convention collective,
ça peut... Les parties peuvent convenir... C'est même très
avantageux, parce qu'il y a d'autres conditions qui compensent. Tu sais,
à un moment donné, dans une convention, on va dire: Bien, tu
peux, peut-être, ne pas exiger de connaître tes vacances quatre
semaines à l'avance parce qu'il y a tel avantage qui compense; enfin, il
y a une foule de choses. Dans cet esprit-là, lorsque la convention a des
modalités qui sont palliatives, qui compensent, à ce
moment-là, ça va. Mais il y a quand même des conventions
collectives où il n'y a pas ce genre de mesures qui sont de
considération plus collective et où les travailleurs
syndiqués ont de la difficulté à connaître leurs
vacances. Or, dans un esprit où une convention collective est
signée, où on retrouve d'autres avantages qui compensent,
ça va et dont dans l'ensemble des conditions ne va pas en bas, ou n'est
pas de moindre mesure que les normes minimales de travail. De façon
globale, ça va. Mais ce n'est pas toujours le cas et, moi, je ne serais
pas mécontent que le ministre considère cette facette-là,
sous réserve d'une disposition de convention collective de façon
globale. Mais il ne faudrait pas que, textuellement, on puisse empêcher
qu'une convention collective, de façon textuelle, empêche de
rencontrer ces conditions minimales, si ce n'est que dans le cadre de
conditions globales. Mais il y a certains cas où cet article-là
pourrait le permettre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Dubuc, c'a été dit, lundi, en commission parlementaire...
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Marcil): ...qu'on ne pouvait pas aller...
que même une convention collective ne peut pas aller en bas de ce qui est
minimum, de ce qui est prescrit par la loi. C'est ce qui a été
affirmé à ce moment-là.
M. Morin: Oui, sauf que ça, c'est interprétable
dans le sens que: Qu'est-ce qui fait que c'est minimum? C'est un ensemble de
conditions qui font que, si les travailleurs ont négocié,
admettons, à savoir qu'en autant qu'on connaisse ses vacances trois
semaines à l'avance, ça nous satisfait parce qu'il y a d'autres
conditions... Je pense qu'il faut l'interpréter dans son ensemble. C'est
pour ça, d'ailleurs, qu'on fait toujours référence
à des conventions collectives: parce qu'on peut y retrouver des
avantages qui dépassent de beaucoup les normes minimales de travail.
Mais en autant que cet aspect-là soit considéré, ça
pourrait être inférieur. D'ailleurs, c'est ce que l'article dit.
En principe, je suis d'accord, on ne doit pas aller plus bas. Mais une
convention collective, c'est quand même une entente globale, ce n'est
pas...
Le Président (M. Marcil): Ça va, M. le
député de Dubuc. Est-ce que l'article est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, j'espérais que vous vous annonciez. Non, je vous
reconnais.
Mme Harel: Bon. M. le Président, ça c'est une sorte
d'accroc à la loi des normes. En fait, on permet, avec l'article 24, que
dans une convention ou un décret on ne respecte pas les normes
minimales. Quel peut être l'intérêt d'un travailleur que,
dans son décret, dans sa convention on décide, là, que
ça va être moins de quatre semaines, le délai pour lui
permettre de prévoir avec ses enfants, avec sa femme ou avec son
ex-conjoint, un ajustement pour les vacances? Dans le fond, c'est comme si on
disait: Les travailleurs syndiqués travaillent dans des secteurs, puis,
on l'a vu. D'ailleurs, le bel exemple, c'est au moment où on faisait
l'examen de l'avant-projet de loi. Dans les secteurs de pointe, c'est
majoritairement de la main-d'oeuvre masculine. Et cette main-d'oeuvre masculine
a des conditions générales d'emploi qui, de façon
systémique - je réutilise le mot - exclut, dans le fond, la
présence féminine dans ces métiers non traditionnels. Dans
les secteurs de pointe, actuellement, la durée normale, c'est quasiment
quatre jours de travail de douze heures par jour. Qui, vous pensez, là,
qui assume des responsabilités parentales, qui peut travailler dans des
conditions semblables? Et c'est comme des ajustements et les
négociations collectives ou les contrats de travail
négociés ne sont pas exempts, hein? Il ne faut pas penser qu'ils
sont exempts de clauses qui ont finalement un effet discriminatoire. C'est
comme si on disait, parce que c'a été négocié,
c'est bien, c'est comme au-dessus de ce qu'une société peut
souhaiter.
Vous savez, je ne veux pas me référer à
l'expérience américaine, où il y avait des clauses, entre
autres, dans les conventions collectives, dans les grandes entreprises de
l'automobile, qui avaient comme conséquence d'exclure une main-d'oeuvre
noire. Bon, ce n'était pas dit comme tel, mais les effets, si vous
voulez, des dispositions, les unes par rapport aux autres, avaient ces
conséquences-là. Nous, il faut penser, par exemple, que c'a
été le cas - je pense, entre autres, aux grandes conventions
collectives sur la Côte-Nord - à l'égard des autochtones.
Cela
avait le même effet. Bon. Mais, plus concrètement, dans
l'accès des femmes à des métiers non traditionnels, il
faut voir que les conditions de travail négociées le sont en
regard d'une pratique de métiers occupés majoritairement par des
hommes. Et puis, oui, évidemment, je voudrais plaider l'article 93 de la
loi des normes, qui affirme que la loi est d'ordre public et qu'on ne peut pas
y déroger par entente entre les parties, sauf sous réserve d'une
dérogation permise. Alors, il faut comme introduire des
dérogations, mais ça, c'est une dérogation. Bon. Si on est
si soucieux de la question de la conciliation des responsabilités
familiales et du travail, comment peut-on accepter une dérogation comme
celle qu'on veut introduire à l'article 72, qui va permettre dans des
secteurs syndiqués, qui permettrait par exemple un délai plus
court? Quelqu'un qui apprend à une semaine ou deux semaines d'avis que
ses vacances sont la semaine d'après, comment, par exemple, quelqu'un
qui a besoin d'ajuster son service de garde, qui a besoin de s'ajuster, va-t-il
pouvoir réagir? Non. Moi, je vous dis, M. le Président, des
dérogations comme celles-là, finalement, peuvent avoir un
caractère inéquitable et puis je souhaiterais que le ministre y
repense avant d'introduire une disposition pareille.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est 12 h 25, je dois
recevoir à dîner le ministre de Mexico des Affaires sociales et du
Travail. Est-ce qu'il y aurait possibilité de suspendre la séance
cinq minutes avant la fin, pour me permettre de me rendre pour ne pas
être impoli...
Une voix: Vous ne nous avez pas invités.
Le Président (M. Marcil): II y a consentement?
Une voix: Moi, je parle espagnol.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons ajourner sine
die.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
(Reprise à 15 h 55)
Le Président (M. Gobé): La commission des affaires
sociales va reprendre ses travaux et je rappellerai brièvement le mandat
de cette commission, cet après-midi. La commission des affaires sociales
se réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives.
J'avais été saisi, hier soir, de demandes d'amendement de
la part de la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Devant la
complexité de ces amendements, en ce qui a trait à la
jurisprudence, j'avais décidé de prendre ça en
délibéré. Je suis maintenant prêt à rendre
une décision, et je demanderais aux membres de cette commission de bien
vouloir faire un peu silence, afin que je puisse rendre cette décision
dans la plus grande harmonie possible, étant donné la grande
importance que la députée de Hochelaga-Maisonneuve voyait a cette
décision, de même que M. le ministre. Je l'ai faite par
écrit, afin d'éviter toute équivoque et tout
malentendu.
Une voix: Je l'ai ici.
Mme Harel: ...M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame.
Mme Harel: Soyez sûr que c'est dans un esprit d'ouverture
que nous allons entendre votre décision.
Le Président (M. Gobé):alors, je me suis
basé... après différentes recherches, il pouvait y avoir
deux solutions: une qui était l'irrecevabilité et l'autre, la
recevabilité. il m'appert que le mandat d'une commission parlementaire
est de favoriser le débat et non de le restreindre. et c'est dans cet
objectif-là que je me suis penché sur ce problème, en
vertu, en particulier, de différents articles de notre règlement
et aussi de la philosophie qui prédestine au projet de loi. on sait que,
dans les notes explicatives du projet de loi 97, dans le préambule, le
projet de loi propose une révision de la loi sur les normes du travail.
c'est, en gros... on sait que ce n'est pas forcément limitatif. on sait
que ce n'est pas, non plus, une direction très stricte, mais quand
même, ça indique une direction dans laquelle le législateur
entend proposer sa loi qui est de modifier les normes du travail.
Alors, en vertu de l'article 44 de notre règlement, les
amendements à un projet de loi doivent se rapporter à l'objet du
projet de loi et être conformes à l'esprit et à la fin
qu'ils visent. Donc, ce projet de loi ayant pour but de proposer une
révision des normes du travail, l'objet du projet de loi étant
aussi d'améliorer les normes du travail en introduisant notamment
certaines dispositions concernant le salaire, la durée du travail,
j'estime que les amendements proposés se rapportent à l'objet du
projet de loi. En outre, ces amendements semblent conformes à l'esprit
et à la fin du projet de loi qui vise, entre autres, à
améliorer certaines normes de qualité de vie de l'ensemble de la
main-d'oeuvre en emploi. En conséquence, après mûre
réflexion, je déclare les amendements proposés par la
députée de Hochelaga Maisonrioiivo recevables Cetto
décision osl
sans appel et exécutoire. Alors, est-ce que nous allons passer
à l'étude des amendements, Mme la députée? Ou
est-ce que nous...
Mme Harel: C'est comme vous le souhaitez, M. le Président.
On peut procéder maintenant ou continuer et revenir. De toute
façon, on est peut-être mieux de poursuivre et, au fur et à
mesure de l'examen, si on voit qu'il faut suspendre, bon, à un moment
donné, il va falloir reprendre globalement avant de terminer pour
pouvoir compléter. On peut revenir, si vous le voulez, ou poursuivre.
C'est à la commission et à vous d'en décider.
M. Bourbeau: M. le Président, Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve a le triomphe modeste. Ça me fait plaisir de ne
pas prétendre vouloir en appeler de votre décision et de me
soumettre à votre loi. On pourrait continuer effectivement et, à
un moment plus propice, on pourra discuter des amendements de Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. le
ministre, de votre collaboration. Donc, j'appellerai maintenant l'article 24 de
ce projet de loi et je demanderais à M. le ministre de la Main-d'oeuvre
de bien vouloir faire des commentaires - de la Sécurité du
revenu, bien entendu, et de la Formation professionnelle.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons l'intention de
proposer un amendement à l'article 24. Cet amendement requiert
l'autorisation du Conseil des ministres qui siège au moment où je
vous parle. Alors, dès que la ministre déléguée
à la Condition féminine sera de retour, j'espère avoir
l'autorisation de présenter un amendement à l'article 24. Alors,
pour l'instant, je suggérerais qu'on suspende l'adoption de cet
article.
Le Président (M. Gobé): Vous demandez la suspension
de l'article 24?
M. Bourbeau: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Alors...
M. Bourbeau: Pour les raisons invoquées, M. le
Président, que vous avez bien saisies, j'en suis convaincu.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre,
j'étais en compagnie de ma secrétaire à voir à la
bonne rédaction de la décision que j'ai rendue et, d'ailleurs,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve avait aussi
demandé un supplément d'information en ce qui concernait la
recevabilité ou la non-recevabilité de cette motion à
l'effet que le ministre pourrait ou ne pourrait pas, par la suite, amener des
amendements. S'il avait invoqué l'irrecevabilité des amendements
de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, j'aurais limité
considérablement la possibilité d'amendements ultérieurs,
même par le ministre. C'est donc dans cet esprit-là aussi...
M. Bourbeau: Mais dans le cas qui nous concerne, l'article 24, M.
le Président, là, je n'amendais rien d'autre que l'article 72,
qui est déjà amendé. Donc, j'aurais été dans
la légalité. Voulez-vous revenir sur votre décision, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Non, non, absolument
pas.
Mme Harel: C'est une manière indirecte de vous en vouloir,
là, M. le Président, qu'exprime le ministre.
Le Président (M. Gobé): Oui, je me ferai le
président...
Mme Harel: Vous notez, vous notez!
Le Président (M. Gobé): Le président prend
bonne note de tout ça, madame.
M. Bourbeau: Alors, je signale mon intention de déposer un
amendement lorsque j'aurai obtenu les autorisations requises.
Le Président (M. Gobé):alors, l'article 24 est
suspendu jusqu'à ce que nous ayons les suppléments d'amendements
déposés par le ministre. et j'appellerai donc l'article 25. m. le
ministre.
M. Bourbeau: Le premier alinéa vise à donner au
gouvernement la possibilité, dis-je, d'améliorer par
règlement la norme actuelle en ce qui a trait à
l'indemnité de vacances annuelles des salariées en congé
de maternité.
Le second alinéa, ajouté, précise que
l'indemnité de vacances ne peut avoir pour effet d'accorder à un
salarié un bénéfice supérieur à celui auquel
il aurait eu droit s'il était demeuré au travail.
Ça veut dire quoi au juste, cette affaire-là?
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: D'abord, un certain nombre de questions concernant
l'article 25. L'article 25 du projet de loi 97 modifie l'article 74 de la Loi
sur les normes du travail. Déjà, l'article 74 prévoit une
indemnité afférente aux congés annuels, dans le premier
alinéa. Ensuite, l'absence pour maladie, accident, congé de
maternité. Là, le ministre ajoute deux nouveaux alinéas
qui deviendraient 3° et 4°. Et nous retrouvons le dernier
alinéa, à l'article 74, qui n'est pas en vigueur et qui est la
détermination de l'indemnité, et qui n'est pas
supprimé par le projet de loi 97. Alors, je veux d'abord demander
au ministre... On va devoir regarder ça alinéa par
alinéa.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez dire
que vous voulez parler 20 minutes par alinéa, Mme la
députée, si je comprends?
Mme Harel: C'est que, M. le Président, première
question: Doit-on comprendre que le dernier alinéa demeure
intégré à la loi, même s'il n'est pas en vigueur?
Parce qu'à ce moment-là il détermine l'indemnité,
et cela dit ceci: "L'indemnité afférente au congé annuel
à laquelle une salariée a droit pour la période durant
laquelle elle est en congé de maternité est
déterminée par règlement du gouvernement." Qu'est-ce qui
arrive avec cet alinéa qui n'est pas en vigueur?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole maintenant.
Mme Harel: C'est parce que c'est complexe, tout ça.
M. Bourbeau: Effectivement, il faut abolir ce
paragraphe-là, et c'est ce qu'on fait plus loin dans le projet de
loi.
Mme Harel: Où retrouve-t-on la supression? M. Bourbeau:
L'article 71, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Est abrogé, oui.
L'article 103 de la Loi modifiant...
M. Bourbeau: L'article 103 de la Loi modifiant le Code du travail
et... M. le Président, voulez-vous, on va donner la parole à Me
Luc Crevier, qui est le directeur du contentieux au ministère? Ça
devient de la plomberie juridique très complexe.
Le Président (M. Gobé): M. Crevier, vous avez la
parole.
M. Bourbeau: Tout ce que je sais, c'est qu'on l'abolit. Moi, je
pense qu'on l'abolit.
M. Crevier (Luc): En fait, c'est l'article 103 de la Loi
modifiant le Code du travail qui a introduit cet alinéa-là et,
compte tenu qu'il n'est pas encore en vigueur, techniquement, il faut aller
abroger la loi qui l'a intégré. Et advenant l'entrée en
vigueur, ça aurait été intégré dans la loi
sur les normes, mais ça ne l'est pas encore. C'est actuellement dans le
projet de loi en question. La loi...
Mme Harel: Qu'est-ce qu'il dit, l'article 103 du Code du
travail?
M. Crevier: C'est un article de la Loi modifiant le Code du
travail.
Mme Harel: De quelle loi s'agit-il?
M. Crevier: L'article 103 dit: "L'article 74 de la Loi sur les
normes du travail est modifié par l'addition à la fin de
l'alinéa suivant." Et là on a, intégralement, le texte qui
est ici. Donc, en abrogeant cet article-là, on se trouve à
abroger le dernier alinéa qu'on retrouve ici et qui n'était pas
en vigueur.
Mme Harel: Bon, donc, première réponse obtenue, M.
le Président. De toute façon, on y reviendra au moment de
l'étude de l'article 71. Revenons donc à l'article 25 qui
introduit deux nouveaux alinéas. Quant au premier, "le gouvernement
peut, par règlement, déterminer une indemnité
supérieure à celle prévue au présent article pour
une salariée en congé de maternité", qu'est-ce que
ça signifie, ça, M. le Président? C'est quoi, l'intention
du gouvernement?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est que, si le gouvernement décide,
à un moment donné, d'améliorer l'indemnité, il aura
les pouvoirs réglementaires pour le faire.
Mme Harel: Quelle indemnité? De quelle indemnité
s'agit-il?
M. Bourbeau: C'est l'indemnité qui est payée
maintenant à la femme qui est en congé de maternité, qui
est calculée comme vous le savez... En fait, c'est la même
indemnité que celle qui est applicable à l'entreprise où
la salariée en congé de maternité travaille, lorsqu'elle
dépasse la norme minimale. On pourrait éventuellement, par
règlement, permettre justement que la salariée en congé de
maternité puisse obtenir une indemnité qui est supérieure
à celle qui est prévue dans la loi. Dans la loi,
évidemment, c'est l'article 74 de la loi actuelle, au deuxième
paragraphe.
Mme Harel: Bon, alors c'est une indemnité
supérieure à celle prévue au présent article. Celle
prévue au présent article est la suivante: "Si un salarié
est absent pour cause de maladie ou d'accident ou en congé de
maternité" - c'est intéressant de voir que c'est au masculin; je
n'en connais pas beaucoup de salariés "enceints", enfin - "durant
l'année de référence et que cette absence a pour effet de
diminuer son indemnité de congé annuel, il a alors droit à
une indemnité équivalente, selon le cas, à deux ou trois
fois la moyenne hebdomadaire du salaire gagné au cours de la
période travaillée. Le salarié visé dans l'article
67 et dont le congé annuel est inférieur à deux semaines a
droit à ce montant dans la proportion des jours de congé qu'il a
accumulés."
Qu'est-ce que ça veut dire là, exactement, l'application
de cet alinéa-là? (16 h 15)
M. Bourbeau: Alors, prenons le cas d'une personne, une
salariée en congé de maternité. Normalement, si elle a
droit à deux semaines de vacances, elle a droit à 4 %; si elle a
droit à trois semaines de vacances, elle a droit à 6 %.
Ça, c'est la règle générale. Mais si elle n'a pas
travaillé assez de semaines dans une année et que les 4 % lui
donnaient moins, à ce moment-là, c'est l'autre formule qui
s'applique. L'autre formule, c'est qu'on prend deux fois la moyenne - ce qui
est marqué ici, là - hebdomadaire si elle a droit a deux
semaines...
Une voix: Du salaire.
M. Bourbeau: ...de son salaire, oui, et du salaire qu'elle a
gagné au cours de la période où elle a travaillé,
là. Alors, supposons qu'une personne gagnait 300 $ par semaine; disons
qu'elle avait travaillé 10 semaines, alors elle aurait droit...
Mme Harel: Voulez-vous reprendre l'article pour qu'on se
comprenne bien?
M. Bourbeau: Oui, bon. Alors, disons qu'une personne qui a
travaillé 10 semaines à 300 $ par semaine, ça fait 3000 $
de gains. Et là, elle part en congé de maternité pour un
temps immémorial, un temps indéfini. Alors là, si on
prenait 4 %, ça lui ferait 120 $ d'indemnité. Hein? 4 % de 3000
$. Je vais sortir ma calculatrice mais je pense que c'est ça.
Une voix: C'est ça.
M. Bourbeau: Alors, je n'ai même pas besoin de le calculer.
La députée de Hochelaga-Maison-neuve l'a calculé avant
moi. Si on trouve que ce n'est pas suffisant, on prend l'autre méthode.
Elle gagnait 300 $ par semaine, alors elle a droit à une
indemnité équivalente à deux fois la moyenne hebdomadaire
du salaire gagné au cours de la période. Alors deux fois la
moyenne hebdomadaire, qui est de 200 $; elle a droit à 600 $. Donc, elle
va choisir les 600 $ dans ce cas ici.
Mme Harel: Deux fois 300 $, c'est 600 $.
M. Bourbeau: C'est ça. Dans l'autre cas, elle aurait eu
120 $.
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: Quand est-ce qu'on choisit deux plutôt que le
trois fois la moyenne hebdomadaire?
M. Bourbeau: Bon. Si la salariée avait droit à
trois semaines de vacances parce qu'elle avait travaillé dix ans, selon
la loi actuelle, mais bientôt cinq ans en 1995 et quatre ans en 1994 et
trois ans en 1993 et deux ans en 1992, alors là, à ce
moment-là, la personne a droit à 6 % de son salaire. Alors
ça aurait fait, dans le cas présent, 180 $, 6 % de 3000 $. C'est
encore inférieur à ce qu'elle aurait selon l'autre méthode
parce qu'elle aurait 300 $ multiplié par 3, 900 $. Alors, elle choisira
les 900 $ plutôt que les 180 $.
Mme Harel: Bon, cet alinéa-là demeure. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Oui, absolument.
Mme Harel: Et là, ce que vous ajoutez, c'est deux nouveaux
alinéas...
M. Bourbeau: Oui. Ce qu'on dit, en fait, c'est que si, dans
l'entreprise de la salariée, il existe une convention collective -
est-ce qu'on parle de convention collective? - si, dans l'entreprise, il y a
des ententes - je présume, des conventions collectives; c'est ça
- qui permettent un régime encore plus généreux que
ça, elle n'aurait droit qu'à la loi. Supposons que, dans la
convention collective, on dit qu'elle a droit à quatre semaines
plutôt qu'à trois, plutôt qu'à deux, alors, par
règlement, on pourra faire en sorte que ce soit ça.
Mme Harel: C'est-à-dire ajouter quatre ou plus,
là?
M. Bourbeau: Ajuster la réalité à la
convention collective.
Mme Harel: Et pourquoi ne pas avoir utilisé la
méthode que vous utilisiez à l'article 24, c'est-à-dire
tout simplement ajouter "sous réserve d'une disposition d'une convention
collective ou d'un décret"?
M. Bourbeau: Vous nous avez demandé de l'abolir.
Mme Harel: Oui, mais cette fois-ci, ce serait pour avantager le
salarié, pas pour le défavoriser.
M. Bourbeau: Alors, je comprends bien que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, à l'occasion, veut qu'on
ajoute, elle veut qu'on retranche. Il est difficile de la suivre.
Mme Harel: non, pas du tout, m. le ministre. c'est dans l'esprit
de la loi. la loi prévoit qu'il peut y avoir des avantages, des
bénéfices supérieurs, mais il ne peut pas y en avoir
d'inférieurs. alors nous, tout ce qu'on dit, c'est que la loi est
d'ordre public et qu'on ne peut pas
accepter des dérogations qui soient en deçà, mais
qu'on est prêts à soutenir, à applaudir à toute
initiative au-delà. est-ce que le rationnel vous apparaît
clairement?
M. Bourbeau: vous me permettrez également, m. le
président, s'il n'y a pas de convention collective mais qu'une
entreprise, qui n'a pas de convention collective donne quatre semaines, par
exemple, alors dans ces cas-là, on pourrait également stipuler
par règlement qu'elle aurait droit à quatre semaines plutôt
qu'à deux ou à trois.
Mme Harel: Permettez-moi. Pourquoi donnez-vous ce pouvoir par
règlement et ne le mettez-vous pas dans la loi? Parce que là,
vous me faites valoir vos bonnes intentions. Je ne les mets pas en doute, bien
au contraire. Je pense que vous n'êtes pas éternel, cependant, ni
au poste de ministre de la Main-d'Oeuvre, ni à celui de ministre tout
court. Et un règlement peut être modifié en tout temps ou,
en fait, ne pas être adopté. Imaginez, s'il arrivait que le
premier ministre vous appelle à d'autres fonctions, bientôt par
exemple, votre successeur pourrait ne pas adopter le règlement que vous
avez en tête. Ça s'est déjà vu, dans des bons
partis.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ça aurait été possible de le
mettre dans la loi sauf que les études que nous sommes en train de mener
au ministère ne sont pas terminées là-dessus. On a un
certain nombre d'études en cours et plutôt que de ne rien mettre
du tout - parce qu'on n'était pas prêts, là - on a
préféré se donner un pouvoir réglementaire. Et
quand les études seront complétées, on pourra agir. Parce
qu'il peut y avoir des effets non prévus, qu'on veut pouvoir être
en mesure de calculer. Mais si jamais on amende la loi l'an prochain, par
exemple, là on pourra prendre le règlement et le mettre dans la
loi. Si le ministre est encore ici, bien sûr.
Mme Harel: Si vous me permettez, M. le ministre. Dans le premier
alinéa de l'article 74 - parce qu'il va falloir quand même
examiner l'article 25 dans le contexte de l'article 74 - vous dites:
"L'indemnité afférente au congé annuel du salarié
visé dans les articles 67 et 68 est égale à 4 % du salaire
brut du salarié durant l'année de référence. Dans
le cas du salarié visé dans l'article 69, l'indemnité est
égale à 6 % du salaire brut du salarié durant
l'année de référence". L'article 69 fait
référence à un salarié qui a droit à un
congé de trois semaines après dix ans, et éventuellement
après cinq ans, ou éventuellement après, peut-être,
un an, si tant est que vous acceptiez notre amendement. Mais...
M. Bourbeau: Quand vous serez au pouvoir, vous pourrez
peut-être le faire vous-même, si un jour vous y êtes.
Mme Harel: II va falloir, en tout cas, ne pas perdre trop de
temps au moment où on y sera; sinon, tout est tellement retardé
puisque les modifications n'interviennent qu'en 1992. Avant même que les
modifications n'interviennent, heureusement, on a le temps de changer la
loi.
Bien. Ça ne vous démoralise pas trop, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Non, Mme la
députée, simplement qu'on s'éloigne un peu de
l'actualité...
Mme Harel: Alors...
Le Président (M. Gobé): On rentre dans la fiction
et il faut s'en tenir à la dure réalité quotidienne.
Mme Harel: Une dernière question concernant le
deuxième alinéa introduit par l'article 25, et qui dit:
"Malgré les deuxième et troisième alinéas,
l'indemnité de congé annuel ne doit pas excéder
l'indemnité à laquelle le salarié aurait eu droit s'il
n'avait pas été absent ou en congé pour un motif
prévu au deuxième alinéa, les motifs étant maladie,
accident ou congé de maternité." Alors, quelle est la
portée de cet alinéa?
M. Bourbeau: Là, il pourrait arriver des cas où un
travailleur, par exemple un travailleur qui est payé à
commission, pourrait, dans les deux ou quatre semaines
précédentes, avoir fait de très grosses commissions, qui
excèdent beaucoup sa moyenne annuelle. Après ça, il tombe
malade, et là, on dit: Bon, il a droit à la moyenne, deux
semaines comme il est dit ici, et il a droit à une indemnité qui
est équivalente à la moyenne hebdomadaire du salaire gagné
au cours des deux dernières semaines. Et si, évidemment, il a
fait de très, très grosses commissions, il pourrait se retrouver
avec une indemnité de deux fois ce qu'il a eu en moyenne au cours des
dix dernières années, disons. Il pourrait se retrouver avec une
indemnité de vacances de six semaines parce que, exceptionnellement, il
a fait de très grosses commissions avant de tomber malade ou avant de
quitter pour un congé de maternité.
Alors, on tente là de s'assurer qu'il n'y a pas d'effets pervers
créés par cette clause.
Mme Harel: je remarque que vous êtes prêt, dans le
premier alinéa, à offrir, par règlement, une
indemnité supérieure à celle prévue dans le
deuxième alinéa, qui est de deux ou trois fois la moyenne
hebdomadaire, en invoquant qu'il est possible que certaines dispositions
prévoient,
finalement, quatre fois dans les cas où le congé serait de
quatre semaines. Mais vous limitez, finalement, cette possible indemnité
supérieure, simplement à la salariée en congé de
maternité. Pourquoi avoir exclu les salariés absents pour cause
de maladie ou d'accident?
M. Bourbeau: M. le Président, la norme, c'est que la loi
dit à combien de semaines de vacances ont droit les gens qui tombent
malade ou qui ont un accident C'est quand même un système
équitable parce que, en dépit du fait que la personne peut
être absente très longtemps, elle a droit à ses pleines
vacances comme si elle avait travaillé. Une personne peut, par exemple,
travailler huit semaines et être malade ou absente pour accident pendant
un an et elle a droit quand même à sa pleine indemnité de
vacances, comme si elle avait travaillé toute l'année. C'est
quand même assez équitable et généreux. Et on ne
pense pas qu'on devrait forcer l'employeur à aller encore plus haut que
ça dans des cas semblables parce que c'est déjà
très correct. Et c'est uniquement en raison de la faveur que le
gouvernement apporte à la natalité, à la politique de
condition familiale, qu'on se garde la possibilité d'aller encore plus
loin dans les cas de maternité. La députée de
Hochelaga-Maisonneuve devrait, je pense, se réjouir.
Mme Vermette: M. le Président, il y a quelque chose que je
n'ai pas compris - en tout cas, c'est peut-être parce que je viens juste
d'entrer dans le dossier - quand le ministre nous dit que celui qui a un
accident a droit à sa prime de vacances, mais les vacances ne sont pas
nécessairement... c'est deux, trois, peut-être quatre semaines,
pas plus que ça, pour un accidenté, s'il a droit à ses
vacances?
M. Bourbeau: Le droit aux vacances qui est prévu à
la loi, ici: Deux semaines...
Mme Vermette: C'est ça, deux semaines, trois
semaines...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Vermette: ...et c'est la seule indemnité à
laquelle il pourrait avoir droit s'il avait un accident?
M. Bourbeau: Bien, là on ne parle pas... Mme Vermette:
Congé de maladie, là.
M. Bourbeau: ...on ne parle pas des indemnités payables
par la csst, qui peuvent être différentes. l'employeur, lui, de
par la loi, doit lui verser une indemnité de vacances qui est
égale à ce qui est marqué dans loi: 4 % pour les
premières années et 6 % quand les vacances... 4 %, ça
équivaut à deux semaines et 6 % à trois semaines.
Mme Vermette: O.K. Ça va.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, avez-vous terminé?
Mme Harel: Oui. M. le Président. L'exemple que le ministre
utilise est celui d'un salarié absent pour cause de maladie qui,
après huit semaines de travail, peut s'absenter, dit-il, pendant un an.
À quel article va-t-on retrouver une sorte de présomption de
retour à l'emploi pour un salarié absent pour cause de maladie?
C'est à l'article 56, je crois, du projet de loi.
M. Bourbeau: L'article 56.
Mme Harel: Oui. Simplement, je veux juste ramener l'exemple du
ministre à des proportions plus réalistes, parce que huit
semaines... Si quelqu'un, après huit semaines de travail, prenait une
absence d'un an pour maladie, il se trouverait à ne plus avoir aucune
protection de la loi. Parce que la protection ne lui est ouverte
qu'après trois mois de service, c'est-à-dire l'équivalent
de douze semaines et, finalement, pour une absence d'au plus dix-sept semaines.
Donc, c'est une absence d'au plus quatre mois et une semaine. Bon, c'est
là une amélioration, mais ça ne correspond pas à
l'exemple que donnait le ministre.
M. Bourbeau: Ça, c'est deux choses différentes, M.
le Président. L'article 122.2 parle de congédiement. L'employeur
ne congédiera pas nécessairement tous les travailleurs qui vont
être malades ou qui vont s'absenter pour cause d'accident. Il peut y
avoir un grand nombre de travailleurs qui font parfaitement l'affaire de
l'employeur au retour. Ce sont deux choses différentes. (16 h 30)
Mme Harel: Oui, sauf que dans l'exemple que vous donniez... Vous
donniez l'exemple, pour illustrer l'article 25, d'un travailleur absent pour
maladie après huit semaines de travail et qui s'absentait pour un an.
Vous savez sans doute que le congédiement à la suite d'une
absence pour maladie est le plus fréquemment utilisé par des
travailleurs qui ont perdu leur emploi et qui font appel aux services d'un
organisme de défense des non-syndiqués.
M. Bourbeau: On a réduit de cinq ans à trois mois
la période de service continu pour avoir le droit d'appeler. C'est quand
même une amélioration importante.
Mme Harel: Ça n'est pas pire.
M. Bourbeau: Bon, M. le Président. Vous enregistrez
ça, en lettres d'or, dans votre livre.
Le Président (M. Gobé): Avec une plaque, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Un bon mot de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Ça n'est pas pire.
Le Président (M. Gobé): II y en eu plusieurs
à votre égard, M. le ministre, depuis le début.
Mme Harel: Ce n'est pas bête, ce n'est pas pire.
M. Bourbeau: Je ne m'en souviens pas tellement.
Le Président (M. Gobé): On pourrait faire un
lexique à la fin.
M. Bourbeau: Je les ai oubliés.
Mme Harel: C'est bien, M. le Président. Je ne sais pas si
mes collègues ont d'autres questions.
M. Bourbeau: Ça ne semble pas.
Le Président (M. Gobé): Je comprends bien que
l'article 25 est maintenant adopté. Alors, j'appellerai...
M. Bourbeau: Étant donné que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve est de bonne humeur, je propose,
avec le consentement de la commission, de retirer complètement l'article
24.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez un
amendement à cet effet-là, M. le ministre?
Mme Harel: Est-ce que, chaque fois que je vais être de
bonne humeur, le ministre va annoncer la suppression d'un article de son projet
de loi?
M. Bourbeau: j'ai ici, m. le président, la proposition. je
propose une modification. en effet, c'est de supprimer l'article 24 du projet
de loi.
Le Président (M. Gobé): Alors, j'ai un amendement
de la part de M. le ministre à l'effet de supprimer l'article 24 du
projet de loi. Bien entendu, cet amendement est recevable. M. le ministre, vous
êtes le proposeur; avez-vous des remarques ou des commentaires à
nous faire à l'appui de votre amendement?
M. Bourbeau: On a longuement discuté ce matin, M. le
Président. Il s'agit du droit qu'a un salarié de connaître
la date de son congé annuel au moins quatre semaines à l'avance.
On avait ajouté l'article 24 sous réserve d'une disposition d'une
convention collective ou d'un décret, en voulant ajouter une certaine
souplesse et en pensant que, quand les travailleurs et les employeurs se sont
entendus pour des termes différents qui seraient même
inférieurs à l'article en question, on pourrait respecter ces
conventions collectives là. La députée de
Hochelaga-Maisonneuve et d'autres, je crois, ont plaidé, y compris le
député de Matapédia, qu'on devrait garder ce minimum de
quatre semaines, nonobstant toutes les conventions collectives. Et après
en avoir référé à mes collègues du Conseil
des ministres - parce qu'il y avait une décision du Conseil des
ministres qui entérinait ces items - mes collègues ont
accepté ma recommandation de supprimer l'article 24. Et voilà
que, M. le Président, je me rends avec plaisir à ce désir
presque unanime des membres de la commission.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, quelques remarques.
Mme Harel: j'ai une question, m. le président. est-ce que
le ministre doit en référer à ses collègues du
conseil des ministres? et comment le fait-il, explicitement?
M. Bourbeau: Quand on obtient la permission de déposer un
projet de loi, M. le Président, la décision du Conseil des
ministres reprend l'essentiel du projet de loi dans la décision
écrite et certains articles... Or, il arrivait que cette disposition,
précisément, se retrouvait dans la décision du Conseil des
ministres. Très souvent, ce n'est pas le cas parce que la
décision est en termes généraux. Mais quand même,
c'est une décision qui est assez longue. J'avais décidé de
l'annuler, de retirer cet article, et on s'est rendu compte que le
libellé était dans la décision du Conseil des ministres.
Alors, comme je suis homme qui respecte non seulement la lettre, mais l'esprit
de la lettre de la loi et que le Conseil des ministres siège au moment
où on se parle, ma collègue la ministre de la Condition
féminine m'a représenté et, après un vibrant
plaidoyer, a arraché une décision du Conseil des ministres qu'on
m'a comuniquée par téléphone il y a quelques instants.
Voilà pourquoi votre feuille est muette.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Harel: Est-ce que c'est le cas pour tous les articles du
projet de loi?
M. Bourbeau: Non, il y a bien des cas où la
décision du Conseil des ministres ne contient pas les mots qu'on veut
modifier. Dans ces cas-là, on peut en référer simplement
au comité de législation. En général, c'est le
comité de législation, je crois.
Une voix: Oui. C'est ça.
Le Président (M. Gobé): O.K. Alors, est-ce que
l'amendement à l'article 24 visant...
M. Bourbeau: M. le Président, on me signale aussi que,
pour hausser le salaire minimum, ça prend une décision du Conseil
des ministres.
Mme Harel: Pour l'indexer? M. Bourbeau: Aussi.
Mme Harel: Pour introduire un mécanisme d'indexation?
M. Bourbeau: aussi. tout ce qui ajoute, m. le président,
ça demande une décision du... évidemment, on peut
retrancher parfois mais difficilement ajouter.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'amendement
à l'article 24 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 24 est,
par le fait même, abroge. L'article 25 ayant été
adopté, j'appellerai donc l'article 26. M. le ministre, des commentaires
sur l'article 26?
M. Bourbeau: M. le Président, la modification
suggérée donne au salarié à temps partiel
visé par le nouvel article 41.1 de la loi le droit de
bénéficier de la durée et de l'indemnité de
vacances applicables au salarié à temps complet, selon les
mêmes règles de calcul.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, des réactions?
Mme Harel: Oui. Là, M. le Président, il s'agit des
travailleurs qui ont un statut à temps partiel donc qui travaillent
habituellement moins d'heures par semaine que les autres salariés de
l'établissement. Alors, l'article modifie...
C'est toujours le même problème. On retrouve vraiment le
même problème, c'est-à-dire celui où on consacre
dans la loi le fait qu'un salaire inférieur peut être
accordé à un salarié à temps partiel qui effectue
les mêmes tâches, dans le même établissement, pour
d'autres motifs que celui qu'il est à temps partiel. Mais,
évidemment, la conséquence de ça, c'est qu'on consacre le
fait que, pour des mêmes tâches, il puisse y avoir deux
salaires.
Le seul motif qui, à nos yeux, pourrait être invoqué
pour justifier deux salaires différents, c'est le motif que des
tâches différentes sont effectuées. Si on justifie qu'il y
a des tâches différentes, on peut justifier, à ce
moment-là, qu'il y ait un salaire différent. Ce qui devient
contradictoire - en fait inéquitable - c'est que pour les mêmes
tâches, dans le même établissement, non seulement il peut y
avoir un salaire mais il peut y avoir, finalement, une durée de
congé annuel différente.
Évidemment, M. le Président, on retrouve une disposition
semblable à l'article 41.1. Et le mot "salaire", dans la loi, est
défini à l'article 1 et signifie la rémunération en
monnaie courante et les avantages ayant une valeur pécuniaire dus pour
le travail ou les services d'un salarié. J'ai écrit au
président de la Commission des droits de la personne à la suite
de notre échange d'hier. Je lui ai fait part... D'ailleurs, je voudrais,
à notre séance de ce soir, vous déposer le projet de
lettre que je lui ai fait parvenir. Je lui ai fait part...
M. Bourbeau: Voulez-vous m'envoyer le projet de réponse en
même temps, aussi?
Mme Harel: M. le ministre, ça, je préfère
que ce ne soit pas enregistré parce que ça discrédite le
président de la commission et l'institution, cette institution que votre
collègue, le ministre de la Justice, honore, en Chambre, lors de la
période de questions.
M. Bourbeau: Ça discrédite la députée
de Hochelaga-Maisonneuve. Je n'ai pas dit que la Commission va accepter le
projet. Ça ne m'éton-nerait pas que vous l'ayez envoyé
avec, cependant.
Mme Harel: J'ai fait part au président de la Commission du
fait que certains parlementaires... Je n'en ai pas nommé mais je me suis
référée, évidemment, au Journal des
débats du mardi 4 décembre. Alors, la Commission pourra
prendre connaissance de ceux d'entre nous qui ont prétendu que, parce
que l'avis de la commission est silencieux sur l'interprétation de
l'article 13, ils en ont conclu que la commission souscrivait à
l'article 13. Et je requérais... J'ai sollicité l'avis de la
Commission sur l'interprétation qu'il faut donner au fait que la
discrimination est admise - la discrimination en fonction du statut d'emploi -
lorsqu'un salarié travaille moins d'heures par semaine, à un
certain taux de salaire. Est-ce que la Commission considère comme valide
cette forme de discrimination en vertu du statut d'emploi quand il y a un
certain taux qui est atteint?
Et je demandais également si le fait de prévoir que
d'autres motifs que celui du temps partiel peuvent dorénavant être
invoqués pour justifier un salaire inférieur à un
salarié qui effectue pourtant les mêmes tâches dans le
même établissement n'avait pas une portée, un effet
inéquitable.
Alors, vous comprendrez, M. le Président, qu'étant
donné que j'ai fait connaître à la Commission des droits de
la personne l'urgence qu'il y avait à nous faire connaître son
opinion
je suis convaincue qu'il n'y a pas de législateur qui veuille
adopter une législation sociale qui, à sa face même,
recevrait une interprétation d'inéquité de la part de la
Commission. Surtout en se rappelant que 72 % des travailleurs au salaire
minimum sont des femmes, et que 45 % des emplois à temps partiel... Non,
pas du salaire minimum, mais 72 % des travailleurs à temps partiel sont
des femmes et 42 % des emplois à temps partiel sont occupés par
des jeunes. Alors, il peut donc y avoir un effet de discrimination
systémique qui n'est sans doute pas celui recherché par le
législateur mais qui est celui, finalement, résultant de la
rédaction législative qu'il nous propose.
Alors, vous comprendrez qu'il en va pour la durée du congé
annuel de la même façon qu'il en va pour le salaire. Comment
pourrait-on justifier que, pour les mêmes tâches - on parle de
mêmes tâches: deux
téléphonistes-réceptionnistes; une qui fait sa semaine
normale et une autre qui est engagée comme
téléphoniste-réceptionniste à des heures de pointe
- dans un cas, on paierait un salaire différent pour d'autres motifs?
Quels sont les autres motifs qui pourraient être utilisés? Le fait
que ce n'est pas les lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi? Mais le travail
de téléphoniste-réceptionniste de la travailleuse à
temps partiel est peut-être le jeudi soir ou le vendredi soir? On
utiliserait le motif que c'est un autre soir de la semaine que ceux de la
réceptionniste à temps plein pour plaider qu'il y a là
motif suffisant à verser un salaire inférieur? Et ça
pourrait être le cas avec l'article qui est devant nous, l'article 26, en
ce qui concerne la durée du congé annuel. Par exemple, une
réceptionniste à temps plein pourrait obtenir, après cinq
ans de service, trois semaines de vacances. Et au prorata, justement, la
réceptionniste à temps partiel pourrait se voir offrir une
durée de congé annuel inférieure, pour le simple fait
qu'elle travaille... Pour des motifs autres mais des motifs qui ne concernent
pas le fait qu'elle effectue la même tâche. C'est ce mot-là
qui m'embarrasse, moi. C'est qu'on a introduit que, pour les mêmes
tâches, il pouvait y avoir des salaires inférieurs. Si on nous
avait dit: Un employeur ne peut réduire la durée du congé
annuel d'un salarié visé à l'article 41.1 ni le
pourcentage de l'indemnité afférente par rapport à ce qui
est accordé aux autres salariés dans le même
établissement pour le seul motif qu'il travaille habituellement moins
d'heures par semaine, alors là, elle aurait pu plaider qu'elle effectue
les mêmes tâches. Mais là, le législateur dit que
pour les mêmes tâches, dans le même établissement, il
va pouvoir y avoir un salaire inférieur qui sera versé pour
d'autres motifs. Même si elle plaide qu'elle a la même tâche
il y aurait d'autres motifs. (16 h 45)
M. Bourbeau: Bien oui, mais c'est normal. Voyons donc, M. le
Président, c'est courant. On voit couramment des compagnies qui ont des
structures salariales différentes pour des gens qui ont deux ans, quatre
ans, six ans d'ancienneté, par exemple. Alors, ils font les mêmes
tâches dans le même établissement et ne sont pas
payés le même salaire. La députée de
Hochelaga-Maisonneuve fait la même tâche que la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, je le pense, du moins,
et elles ne sont pas payées la même chose. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve est présidente d'une
commission alors, évidemment, elles ne font pas la même
tâche...
Mme Harel: Ce n'est pas la même tâche.
M. Bourbeau: ...alors, M. le Président, je retire ce que
j'ai dit, ce n'est pas un bon exemple.
Le Président (M. Gobé): L'expérience..
M. Bourbeau: Mais l'expérience, M. le Président,
alors...
Le Président (M. Gobé): ...de l'employé dans
l'entreprise privée...
M. Bourbeau: C'est vrai, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve est payée plus cher et elle a plus
d'expérience. Mais dans une même société ou
compagnie, on voit des gens qui ont des salaires différents en fonction
de l'ancienneté. Dans la fonction publique québécoise,
c'est comme ça d'ailleurs.
Mme Harel: Oui, dans la mesure où c'est pour une cause
juste et suffisante. Mais si vous mettiez: Effectuer les mêmes
tâches dans le même établissement pour le motif qu'il
travaille habituellement moins d'heures par semaine sans cause juste et
suffisante... Parce qu'il y a de la jurisprudence là... Il y a une
jurisprudence importante qui s'est développée au fil des
années sur des causes justes et suffisantes. L'ancienneté, c'en
est une. Bon, qu'est-ce qui peut être une cause juste et suffisante?
Une voix: L'expérience.
Mme Harel: Oui, l'expérience, peut-être, mais je ne
sais pas... L'expérience, le diplôme peut-être, les
années d'expérience antérieures, l'ancienneté. Mais
ce sont des causes justes et suffisantes, là. Ça peut être
finalement pour des motifs autres que ceux, disons, que ia jurisprudence a
convenu comme étant...
M. Bourbeau: Des motifs qui ne sont pas discriminatoires mais qui
sont parfaitement acceptables.
Mme Harel: Comme quoi, par exemple?
M. Bourbeau: Bien, je l'ai dit tantôt;
l'ancienneté. Ça peut être la discrimination...
Mme Harel: L'ancienneté, c'est un motif qui est
considéré comme étant...
M. Bourbeau: ...les qualifications. Mme Harel: ...juste et
suffisant.
M. Bourbeau: Les qualifications, par exemple. Une personne peut
avoir un diplôme plus élevé et elle a droit à un
salaire plus élevé...
Le Président (M. Gobé): L'expérience.
M. Bourbeau: On a parlé d'expérience
tantôt.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas pareil,
l'ancienneté et l'expérience.
M. Bourbeau: Oui, oui, c'est l'expérience que je
voulais... Il y aura une structure salariale dans une société,
comme on en a une au gouvernement.
Mme Harel: Bon, mais, M. le Président, à ce
moment-là, il y a une sorte de mécanique qui doit être mise
en place pour que ça ne devienne pas discriminatoire ou un ghetto
d'emploi. C'est bien décrit, d'ailleurs, dans l'avis même que nous
transmettait la Commission des droits de la personne, mais en regard des
clauses orphelin. Parce que, finalement, c'est à peu près la
même mécanique là, en regard des clauses orphelin. Les
clauses orphelin, comme vous le savez sans doute, sont celles qui
édictent un salaire inférieur pour de nouveaux arrivants. Et ce
sont finalement les jeunes de la Commission jeunesse du Parti libéral
qui sont venus plaider devant nous. D'ailleurs, ils l'ont fait et je dois vous
dire que j'ai trouvé que c'étaient de beaux jeunes. Je le leur
avais dit, d'ailleurs...
M. Bourbeau: Ils sont tous comme ça, les... Le
Président (M. Gobé): ...madame.
Mme Harel: Ça manquait de filles, par exemple, mais
ça...
Une voix: On était comme ça aussi.
Le Président (M. Gobé): On était comme
ça. On était beaux nous aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je dois vous dire que je ne suis pas convaincue. Je
pense qu'ils sont encore plus beaux qu'on ne l'était pour la bonne
raison-Peut-être qu'ils sont plus épanouis qu'on ne
l'était. Enfin, c'est un autre débat qu'on pourrait tenir
à l'extérieur de cette commission.
Alors, pour un travail semblable... Ce que disait la Commission
jeunesse, c'est que tous ces chiffres tendent à démontrer une
même conclusion. C'est qu'il existe deux traitements salariaux, celui des
employés à temps plein et celui des employés à
temps partiel. Devant cette situation, la Commission jeunesse demande au
gouvernement d'inclure dans la Loi sur les normes du travail des dispositions
qui assurent l'équité salariale aux employés à
temps partiel par rapport à ceux à temps plein. On parle souvent
d'équité salariale uniquement au regard des salaires payés
aux femmes par rapport à ceux des hommes. Mais l'équité
salariale des employés à temps partiel par rapport aux
employés à temps plein est aussi une forme d'équité
qui bénéficie d'ailleurs beaucoup aux femmes parce que les
travailleuses à temps partiel sont particulièrement des femmes;
mais aux jeunes aussi.
Quand vous dites que vous le faites là, malheureusement, ce que
vous faites, ce n'est rien. Qu'est-ce que vous offrez comme protection?
Qu'est-ce que... Ce que demandait justement la Commission jeunesse, c'est que
pour un travail semblable un employeur doive accorder un seul et même
salaire de base et respecter la même échelle salariale, quel que
soit le statut du salarié. Et ce que disait la Commission par rapport
aux clauses orphelin peut s'appliquer mutatis mutandis dans les cas du temps
partiel. Ce que la commission énonçait...
M. Bourbeau: Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve pourrait plutôt nous citer la Commission jeunesse
du Parti québécois. On va s'arranger avec la Commission jeunesse
du Parti libéral, M. le Président.
Mme Harel: On peut s'échanger nos commissions jeunesse,
vous savez.
M. Bourbeau: Non, on va garder la nôtre. Ça va
très bien, on est très satisfaits de la nôtre.
Mme Harel: On prendrait la vôtre, là.
Le Président (M. Gobé): Vous auriez moins de
trouble, c'est ça.
Une voix: Les commissions jeunesse font toujours du trouble,
partout où elles sont.
M. Bourbeau: C'est la relève de demain, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Pardon, M. le ministre?
M. Bourbeau: C'est la relève de demain.
Mme Harel: Attendez...
Le Président (M. Gobé): Je n'ai pas de
commentaire.
Mme Harel: ...malheureusement, M. le Président, je
voudrais pouvoir, à ce stade-ci, vous citer l'avis de la Commission des
droits de la personne à l'effet qu'il doit y avoir une échelle
salariale. Parce que, en l'absence d'une échelle salariale, il y a une
discrimination qui est introduite parce qu'il n'y a pas de passage d'un statut
à l'autre. Mon Dieu...
Une voix: II est peut-être derrière vous,
madame...
Le Président (M. Gobé): ...derrière vous.
Vous êtes assise dessus, madame... Quelle place avez-vous?
Mme Harel: Non, ce n'est pas ça. Je suis malheureuse...
Comment se fait-il que...
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous qu'on vous
donne une minute, madame?
Mme Harel: Ah! M. le Président, je l'ai. Excusez-moi.
Le Président (M. Gobé): Alors, si vous voulez
procéder...
Mme Harel: C'est que la Commission des droits de la personne
écrit beaucoup...
Le Président (M. Gobé): Nous avons hâte de
prendre connaissance de...
Mme Harel: Ce que la Commission énonce, c'est donc
que...
Le Président (M. Gobé): On va vérifier, M.
le ministre. Je vais pouvoir vous informer au plus vite.
Mme Harel: En fait, le...
Le Président (M. Gobé): Alors, on m'avise qu'il va
y avoir un vote en Chambre. Je vais suspendre les travaux de la commission afin
que tous les parlementaires puissent se rendre au salon bleu pour y exercer
leur droit de vote.
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 17 h 10)
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, vous vouliez
intervenir.
Allez-y, je vous en prie, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve n'étant pas tout à fait prête. Si
vous voulez, allez-y, je vous en prie. Il me fera plaisir de vous entendre.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. On se
retrouve avec, ici, le deuxième article concernant les travailleurs
à temps partiel. Disons que c'est à peu près le même
genre de thème, si on veut, qu'hier soir, l'alinéa en moins, le
fameux alinéa. Le ministre me disait, hier soir, justement, de tire les
galées parce que je semblais ne pas comprendre. Je voudrais dire au
ministre que, par rapport au fameux alinéa d'hier soir, j'ai beau lire
et relire, ça ne m'explique encore aucunement les raisons de cet
alinéa à l'article 13. De toute façon, quand on regarde
cet article-là, je ne trouve pas que ça change grand-chose dans
la vie, ce genre d'article là. En tout cas, j'aimerais ça qu'on
m'explique.
Ce qui arrive, c'est que la Loi sur les normes du travail prévoit
déjà qu'on ne peut pas réduire la durée d'un
congé annuel ou quelque chose comme ça; c'est toujours
basé sur le temps - comment dirais-je - de service, par exemple, ou
encore, l'indemnité, c'est toujours le salaire de base du travailleur.
Je ne vois pas en quoi ça vient changer quelque chose quand c'est un
travailleur à temps partiel, c'est basé quand même sur le
temps depuis lequel il est dans l'entreprise et sur son salaire de base,
à moins que... Je ne comprends pas, d'ailleurs, qu'on ne voie pas le
fameux petit alinéa, M. le Président. Est-ce que ça aurait
un rapport avec ça? Enfin, pourquoi on ajoute, pourquoi on se donne la
peine, premièrement, d'ajouter un article comme celui-là, puisque
c'est déjà clair dans la loi que c'est basé
là-dessus?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
trouve que l'addition du paragraphe 74.1 n'ajoute rien. Est-ce que c'est
ça que vous dites?
Mme Carrier-Perreault: Disons que j'aimerais que le ministre
m'explique, étant donné que c'est toujours garanti par
l'ancienneté, puis l'indemnité, c'est le salaire que la personne
gagne.
M. Bourbeau: La modification que nous suggérons donne aux
salariés à temps partiel visés par le nouvel article 41.1
de la loi le droit de bénéficier de la durée et de
l'indemnité de vacances qui sont applicables aux salariés
à temps complet selon les mêmes règles de calcul. C'est
ça.
Mme Carrier-Perreault: Quelqu'un qui est à temps partiel
deux jours-semaine ou trois jours-semaine depuis cinq ans dans une entreprise,
ça lui garantit... C'est dans cet esprit-là que...
M. Bourbeau: Le droit aux mêmes vacances que quelqu'un
à temps complet, dans la proportion des deux cinquièmes, soit
deux jours sur cinq. Par exemple, avec le projet de loi, en 1993, ils vont
avoir droit à, disons, trois semaines de vacances après cinq ans.
Ça va dépendre des années, là, mais disons qu'il a
droit à trois semaines de vacances. Alors, cette personne-là qui
travaille deux jours par semaine aurait droit à trois semaines de
vacances à raison de deux jours par semaine. Même chose.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Dubuc, vous avez demandé la parole?
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie,
allez-y.
M. Morin: C'est un peu dans le même esprit. J'aimerais
croire que l'article 26 vient ajouter puis renforcer... On pourrait s'en tenir
à ça, mais si le ministre pouvait imaginer un instant que
l'article 26 qui insère l'article 74.1 n'était pas là,
est-ce qu'il peut me dire comment un employeur - avec les autres articles
modifiés, bien sûr, concernant le temps partiel - pourrait faire
pour, dans le cas de congés annuels, ne pas accorder l'indemnité
basée, admettons sur 4 % des revenus de l'année de
référence et pour que l'indemnité concernant la
durée du congé annuel ne soit pas en fonction de l'emploi de
l'employé? Si on oubliait ça, moi, j'aimerais que vous me disiez
comment un employeur pourrait, ne pas donner à un employé qui
travaille trois jours par semaine, qui aurait droit à deux semaines,
donc à 4 % de ses revenus de l'année précédente,
deux semaines de vacances à raison de deux jours par semaine? Comment
est-ce qu'il pourrait faire pour ne pas octroyer ça, par quel truc, si
l'article n'était pas là? Dites-moi ça, parce que...
Remarquez bien, c'est uniquement pour savoir, pour mieux comprendre, parce que,
finalement, il peut me sembler rajouter et renforcer, sauf que mon
cautionnement est sur sa nécessité.
M. Bourbeau: Je voudrais ajouter quelque chose. L'article, il
accorde le droit au même nombre de semaines de vacances et au même
pourcentage de vacances, même si ça dépasse les normes
minimales. Autrement dit, si dans une compagnie on donne 10 % plutôt que
4 % ou 6 %, on sait qu'une semaine, c'est 2 %, alors 4 %, c'est deux semaines,
6 % c'est trois semaines. Supposons qu'une compagnie donne cinq semaines de
vacances, soit 10 %, à ce moment-là, les gens qui travaillent
à temps partiel, deux jours par semaine, auraient droit à cinq
semaines de vacances, à raison de deux jours par semaine. Il faut que
ça soit traité de la même façon.
M. Morin: oh! si c'est ça que vous entendez,
c'est-à-dire que ça dépasse le nombre de semaines qui est
déjà compris dans les normes, o.k. si ça touche
ça... je viens de comprendre. d'ailleurs, il faudra que je
vérifie un peu.
M. Bourbeau: Dans l'article 74.1, on ne fait pas
référence nécessairement à 4 % ou à 6 %, on
dit: Un employeur ne peut réduire la durée du congé annuel
qui lui revient normalement. Si, normalement, il donnerait 10 %,
c'est-à-dire cinq semaines de vacances, il ne peut pas donner moins
à quelqu'un pour la simple raison qu'il travaille moins d'heures par
semaine.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Alors, l'article 26 se justifie dans le contexte
où il y aurait, pour des salariés du même
établissement qui effectuent les mêmes tâches, une
durée de travail, ou encore un pourcentage d'indemnité, disons,
supérieur, et où les employés à temps partiel
n'auraient pas accès à ces avantages, du fait d'être
à temps partiel. En fait, c'était la recommandation du rapport
Beaudry, à la page 50, et qui se lisait ainsi: Que les parties
signataires des décrets et conventions collectives assurent aux
travailleurs à temps partiel une protection au prorata des heures
travaillées équivalente à celle des travailleurs à
temps plein.
Donc, là, il faut bien voir, c'est comme une protection que la
durée du congé annuel et le pourcentage des indemnités qui
sont versées dans un établissement le soient en proportion aussi
avec les travailleurs qui sont à temps partiel. Beaudry disait ceci:
L'objectif recherché, plus large par ailleurs, est d'accorder aux
travailleurs à temps partiel, au prorata des heures travaillées,
des avantages identiques à ceux des travailleurs à temps plein
sur les cinq points suivants: le salaire, les avantages sociaux, la garantie
d'un nombre minimal et maximal d'heures de travail par semaine,
l'ancienneté et l'accès prioritaire aux postes à plein
temps. Là, on voit que ça n'est qu'une partie de ces objectifs
qui sont remplis. Le ministre a invoqué, dans son discours de
deuxième lecture une étude qu'il avait commandée au groupe
Mercer, je crois, concernant les avantages sociaux des travailleurs à
temps partiel. Est-ce que c'est une étude différente de celle qui
nous avait été présentée au moment de
l'avant-projet?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une nouvelle
étude que nous avons fait faire après la commission
parlementaire.
Mme Harel: Quand le ministre a-t-il l'intention de rendre
publique cette étude?
M. Bourbeau: La question devrait être: Est-
ce que le ministre a l'intention de la rendre publique? Et après
ça, quand? Je ne peux dire si on la rendra publique. J'avais
prévu la question de la députée. On va regarder
l'étude pour voir si c'est d'intérêt public de la rendre
publique. A priori, je ne vois pas de problème, mais la prudence
m'indique qu'on va la regarder avant et, si on en vient a la conclusion que
l'intérêt public n'est pas menacé, on va la rendre
publique.
Mme Harel: Je rappelle au ministre le règlement de ce
Parlement au regard du fait que lorsqu'on cite un document en Chambre, des
extraits...
M. Bourbeau: M. le Président, il faut que le ministre ait
le document entre les mains.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de...
Mme Harel: Ah! Il ne l'a pas entre les mains?
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Maisonneuve-Rosemont...
Mme Harel: Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Gobé): Hochelaga-Maisonneuve,
Rosemont c'est l'hôpital, je m'excuse. C'est le docteur Rivard. S'il est
vrai qu'en Chambre, lorsqu'on cite un document, on peut être amené
à le déposer, en commission parlementaire il n'en est pas tout
à fait la même chose. Selon l'article 162, seul le
président peut autoriser un dépôt devant cette
commission.
Mme Harel: Vous avez raison.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre n'est
nullement tenu de déposer ce document, d'autant plus qu'il ne l'a pas
montré. C'est vous qui l'avez mentionné.
Mme Harel: Non. C'est lui qui l'a mentionné lors de son
discours de deuxième lecture. Évidemment, je ne me serais pas
autorisée à en parler si lui-même ne l'avait pas
invoqué pour pouvoir justifier de ne pas avoir élargi la
protection des travailleurs à temps partiel, eu égard aux
avantages sociaux. Mais vous savez, quand on fait préparer des
études avec des fonds publics, à moins que ce ne soit contraire
à l'ordre public, il est de tradition de pouvoir les rendre disponibles;
sinon, c'est compliqué de passer par la Commission d'accès
à l'information. Mais...
M. Bourbeau: Pas pour vous. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre a fait
état qu'une fois qu'il l'aurait vue, si l'intérêt public le
permettait, il se ferait un plaisir de la communiquer au public.
M. Bourbeau: Et aussi, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Alors, nous en prenons
bonne note M. le ministre.
M. Bourbeau: ...j'ajouterais par déférence pour le
président de la Commission des normes du travail, puisque c'est la
Commission des normes du travail qui a commandé l'étude, que je
voudrais simplement consulter le président de la Commission des normes
du travail et après on verra.
Le Président (M. Gobé): Nous vous remercions.
Mme Harel: On doit donc comprendre que le ministre a des
problèmes avec les institutions québécoises comme le
Protecteur du citoyen, la Commission d'accès à l'information, la
Commission des droits de la personne. Non, c'est hors d'ordre, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, M. le ministre, s'il vous plaît! Allons donc au
principal.
M. Bourbeau: J'entretiens de bonnes relations avec toutes ces
personnes, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Et nous le savons.
Mme Harel: Bon, alors, si on revient à la question du
temps partiel, puisque, au regard de la durée du congé annuel et
du pourcentage d'indemnité, il y a une protection qui est introduite
dans le projet de loi avec l'article 26, pour qu'il n'y ait pas, dans les cas
où l'établissement offrirait des conditions supérieures
aux normes minimales, à ce moment-là, un désavantage,
est-ce que le ministre avait l'intention de légiférer en
matière d'ancienneté ou d'accès prioritaire aux postes
à temps plein?
M. Bourbeau: Pas pour l'instant, M. le Président, ni dans
un avenir prévisible.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, voulez-vous terminer? Votre collègue de
Marie-Victorin a demandé la parole.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Gobé): Vous pourrez revenir par la
suite si vous le désirez. Mme la députée de
Marie-Victorin, vous avez la parole.
Mme Vermette: Oui, c'est une question de
sémantique, M. le Président. Dans la loi on parle de
pourcentage, et c'est en fonction des conventions collectives qu'il pourrait
être en plus. Mais les conventions collectives n'utilisent pas
nécessairement le mot "pourcentage"; ça peut être une
semaine de salaire, maximum. Est-ce qu'il ne serait pas
préférable de trouver une nouvelle formulation, ce qui ferait en
sorte que ça serait plus... Comme une loi, c'est toujours sujet à
interprétation, pour que ce soit plus clair pour les gens qui auront
à l'interpréter...
Le Président (M. Gobé): Nous allons vérifier
l'état de la cloche. Alors, c'est le quorum. Nous allons donc continuer
cette commission. M. le ministre vous aviez...
M. Bourbeau: la députée de marie-victorin pose une
question qui est vraiment d'ordre "légistique", je demande à mes
conseillers juridiques de répondre à la question.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. Crevier, si vous
voulez...
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous a pris à contre-pied. L'observation est
juste...
Le Président (M. Gobé): De Marie-Victorin, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que j'ai dit?
Le Président (M. Gobé): Vous avez dit
"Maisonneuve".
M. Bourbeau: De Marie-Victorin, je ne voudrais pas lui enlever
son mérite. Il y a effectivement une possibilité d'y avoir ici
une méprise sur le terme, on pourrait modifier le terme. En fait, on va
faire une modification. On va proposer un amendement, soit qu'on le fasse tout
de suite ou dans quelques instants. Est-ce que vous préférez
qu'on suspende quelques instants pour rédiger un amendement?
Le Président (M. Gobé): Oui. Nous allons suspendre
pour une minute ou deux, le temps de préparer l'amendement, et par la
suite nous allons continuer à procéder. Je suspends les travaux
le temps de rédiger un amendement. Mme la députée de
Marie-Victorin, une proposition du ministre...
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Gobé): La commission reprend
maintenant le cours normal de ses travaux. M. le ministre, vous avez un amende-
ment à proposer?
M. Bourbeau: oui. à l'article 26, qui viserait à
remplacer, dans la deuxième ligne de l'article 74.1, les mots "le
pourcentage" par les mots "modifier le mode de calcul". voilà.
Le Président (M. Gobé): Merci. Voulez-vous une
copie de l'amendement, Mme la députée, ou non? Je vais en faire
lecture. Article 26: Remplacer, dans la deuxième ligne de l'article
74.1, les mots "le pourcentage" par les mots "modifier le mode de calcul".
Est-ce que cela satisfait l'ensemble des membres de cette commission?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Marie-Victorin, c'est à votre initiative que
cet amendement est proposé; êtes-vous satisfaite?
Mme Vermette: Ça va. Oui.
Le Président (M. Gobé): Vous êtes satisfaite.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article se lirait: Un
employeur ne peut réduire la durée du congé annuel d'un
salarié visé à l'article 41.1 ni modifier le mode de
calcul de l'indemnité afférente, par rapport à ce qui est
accordé aux autres salariés qui effectuent les mêmes
tâches dans le même établissement, pour le seul motif qu'il
travaille habituellement moins d'heures par semaine. M. le Président, je
crois que c'est une amélioration.
Le Président (M. Gobé): L'amendement à
l'article 26 est adopté.
Mme Harel: Et sur l'article, M. le Président, j'aimerais
retenir l'attention de la commission sur le libellé de l'article 79 du
projet de loi. L'article 79 se lit ainsi: "Le gouvernement peut, par
règlement pris avant le 1er janvier 1992, déterminer, parmi les
salariés visés aux articles 41.1 et 74.1 - c'est-à-dire ce
qu'on est en train d'examiner, par le biais de l'article 26 - de la Loi sur les
normes du travail, édictés par les articles 13 et 26 de la
présente loi, des catégories de salariés auxquelles ces
articles s'appliqueront à une date ultérieure. "Le gouvernement
doit, dans ce règlement, déterminer à quelle date ces
articles s'appliqueront à l'égard de chacune de ces
catégories."
Alors, pour ne pas donner de chèque en blanc, M. le ministre,
pouvez-vous nous indiquer quelle est l'intention du gouvernement à
l'égard des articles 13 et 26?
M. Bourbeau: M. le Président, j'avais déjà
attiré l'attention de la commission, hier...
Le Président (M. Gobé): C'est exact.
M. Bourbeau: ...sur cet article-là, donc, il n'est pas
question de surprendre personne. Alors, les articles 13 et 26 dont on parle,
concernant les salariés à temps partiel, s'appliqueront, selon le
paragraphe 4° de l'article 80, le 1er janvier 1992. Alors, cet article 79
auquel fait référence la députée de
Hochelaga-Maisonneuve permettra au gouvernement de déterminer une date
ultérieure d'entrée en vigueur à l'égard de
certaines catégories de salariés qu'il déterminera par
règlement, lequel règlement, bien sûr, devra être
adopté avant le 1 er janvier 1992.
M. le Président, ce projet d'amendement là qu'on adoptera,
je l'espère, un peu plus tard au cours de la soirée donnera au
gouvernement une certaine souplesse pour s'adapter à la conjoncture. On
doit bien réaliser que nous sommes en train d'adopter un projet de loi
sur les normes du travail à une période, à une
époque qui n'est pas particulièrement indiquée pour
adopter une telle législation, puisqu'elle impose aux entreprises des
contraintes additionnelles. Il aurait été
préférable, M. le Président, dans un monde idéal,
de retarder l'adoption, peut-être, d'un projet de loi comme celui-ci pour
ne pas perturber davantage les entreprises. On sait le nombre de faillites et
de mises à pied qu'il y a présentement, mais nous avons quand
même décidé d'aller de l'avant avec projet de loi. Mais il
est possible disons au cours de l'année 1991, qu'il devienne
évident qu'à l'égard de certains secteurs, de certaines
catégories d'employeurs, la mise en vigueur des articles en question,
d'un seul coup, sans aucune espèce de distinction, puisse causer des
perturbations sérieuses dans certaines catégories. Alors, de
façon à assurer une transition harmonieuse, le gouvernement a
décidé de se garder cette possibilité-là de moduler
l'entrée en vigueur de ces articles-là. C'est pourquoi nous
allons proposer l'article 79.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Est-ce
que les explications vous satisfont, madame?
Mme Harel: Évidemment, M. le Président, vous
comprendrez que tout cela tempère totalement l'idée que le
gouvernement va améliorer le sort des travailleurs et travailleuses
à temps partiel...
M. Bourbeau: Ceux et celles qui conservent leur emploi.
Mme Harel: ...parce qu'en plus on nous dit: Ce n'est pas avant un
an puis, d'ici à un an, on a le temps de décider que ça ne
se fera pas de toute façon, parce qu'une date ultérieure
là, et puis l'éternité, ça peut être la
même chose. Il n'y a pas... Il n'y a aucune obligation pour le
gouvernement de décider que ce sera dans un an, deux ans, trois ans,
là. C'est une date ultérieure.
Le règlement peut déterminer que c'est dans une date
ultérieure lui-même.
M. Bourbeau: Bien, une date ultérieure, M. le
Président, ce n'est pas l'éternité. Parce que, par
définition, l'éternité, ça n'a pas de date ultime.
Donc, je pense que ce n'est pas exact de dire que c'est
l'éternité.
Mme Harel: Dans le règlement, vous prévoyez
déterminer une date spécifique.
M. Bourbeau: Pour l'instant, oui. Mme Harel:
J'écoute...
M. Bourbeau: Mais on n'est pas encore rendu à l'article
79.
Mme Harel: Parce que j'écoute vos raisons, l'argumentation
que vous invoquez, et, vraiment, je trouve ça, ce n'est pas la
première fois que vous la reprenez depuis trois jours. Et puis, c'est
finalement... Non, non. C'est justement parce que 79 concerne 26, et que 26 est
toujours en suspens...
M. Bourbeau: Mais il n'y a rien qui empêche d'adopter 26,
parce que 26 n'est pas affecté; il sera affecté par 79, quand on
y arrivera.
Mme Harel: Mais, en fait, il faut quand même se rendre
compte que 26 sera une coquille législative vide tant que le
règlement ne viendra pas déterminer à quel moment
ça va s'appliquer. Et puis, simplement un commentaire, M. le
Président, parce que le ministre l'utilise assez fréquemment le
fait que... Il invoque le fait qu'on soit en période de
récession, ce que contestait encore jusqu'à la semaine
passée la vice-première ministre et ministre de l'Énergie
qui, en Chambre, à la période des questions, semblait ne pas
être vraiment convaincue qu'on était en période de
récession. Bon.
Mais, je prends le ministre au mot et comme le règlement
l'indique, je prends les propos qu'il nous énonce pour ce qu'ils sont.
Mais je lui dis que c'est quand même paradoxal qu'en période de
croissance économique on ne trouve pas utile d'adopter ce genre de
législation, parce que la croissance, dit-on, bénéficie
à tout le monde. Quand on sait qu'au moment des récessions elle
n'a bénéficié qu'à ceux qui en ont profité,
et là on invoque une période de récession; ce sont
à peu près les seules périodes où tout le monde est
touché. Là, c'est comme la maladie, c'est que, finalement, la
récession, il faut la partager entre tous, mais la
prospérité, il n'y a que ceux qui en bénéficient
qui se la réservent. Et l'inquiétude qu'on peut avoir, c'est
qu'au moment où le gouvernement l'a annoncé, parce que c'est
finalement public, le dépôt du projet de loi a créé
des attentes. Les médias ont
relayé les propos du ministre, à l'effet qu'il allait y
avoir une protection accrue des travailleurs à temps partiel. Et, dans
la réalité, finalement, il peut y avoir des lendemains qui
déchantent. Parce que ces améliorations, elles ne seront pas
d'ici, elles ne seront pas introduites cette année, elles le seraient en
janvier 1992, et éventuellement le seront-elles? À moins que le
gouvernement ne décide d'une date ultérieure. Alors, je pense que
ça valait la peine d'être noté.
Le Président (M. Gobé): On en a pris bonne note,
madame. Est-ce que maintenant nous pouvons adopter le projet, l'article 26?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gobé): Tel qu'amendé, bien
entendu. Alors, l'article 26, tel qu'amendé, est adopté sur
division.
Et nous appellerons maintenant l'étude de l'article 27. M. le
ministre, pour des commentaires.
M. Bourbeau: Cet amendement prévoit qu'une convention
collective, ou un décret de convention collective, puisse régir
le moment où un salarié peut toucher l'indemnité relative
aux vacances.
Mme Harel: C'est le même problème. En quelque sorte,
le problème est même plus aigu parce que l'article 27 se
réfère à l'article 75 de la loi et l'article 75 traite du
versement de l'indemnité. Et il est dit ceci: "Un salarié doit
toucher l'indemnité afférente au congé annuel, en un seul
versement, avant le début de ce congé". Et puis cette
indemnité-là, pour parler en clair, c'est 4 %. Donc, le
travailleur qui n'a pas complété, ou la travailleuse qui n'a pas
complété un an, et puis qui a un congé qui...
Non. Pas nécessairement. Le travailleur aussi, ou la travailleuse
qui a deux semaines ou trois semaines éventuellement, s'il a
complété cinq années de service, doit toucher une
indemnité afférente au congé annuel on un seul versement
avant le début de ce congé. En Europe, il existe depuis
maintenant presque une décennie, de façon bien répandue,
le treizième mois de salaire. Et, très souvent, le mois de
vacances donne lieu à un treizième mois de salaire pour permettre
de prendre des vacances. Il ne suffit pas d'avoir l'argent pour payer son loyer
et payer ses dépenses courantes, encore faut-il, dit-on, ailleurs
qu'ici, avoir les moyens de partir en vacances.
Là, non seulement il n'est pas question d'un treizième
mois ni d'une semaine supplémentaire, il est juste question que le
travailleur qui est en vacances et qui pourrait, par exemple, avoir trois
semaines ne pourrait pas toucher sa paie de vacances avant de partir en
vacances. C'est ça, finalement, la réserve qui est introduite
à l'article 27, qui dit: "Sous réserve d'une disposition d'une
convention collective ou d'un décret." Donc, les travailleurs non
syndiqués partiraient avec leur paie de vacances mais les travailleurs
syndiqués, eux, n'auraient pas cette possibilité-là et
ça serait sous réserve d'un décret ou d'une convention
contraire.
Le Président (M. Gobé): Juste pour rajouter
à ce que vous disiez. Le treizième mois se paie
généralement à la période de Noël et non pas
à la période des vacances, ceci pour la France, la Belgique...
Pour les autres pays, je ne sais pas.
Mme Harel: Est-ce que le treizième mois est répandu
dans les conventions privées ou s'il est contenu dans une
législation sociale?
Le Président (M. Gobé): Dans une législation
sociale qui fut passée dans le temps de la réforme du Code du
travail dans le temps du général de Gaulle et de M. Malraux, vers
les années 1961 ou 1962. Chaque ouvrier, chaque travailleur
français reçoit son treizième mois ou une partie du
treizième mois, s'il n'est pas resté... C'est une bonne
législation qui permet aux gens de payer leurs impôts, pour
certains, et toutes sortes de choses, oui. M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Bourbeau: Oui? Ah bon!
Le Président (M. Gobé): Nous vous attendions.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment c'est un
élément de souplesse, là. La règle
générale est celle qui apparaît à l'article 75, mais
si les travailleurs syndiqués ont convenu dans une convention collective
que l'indemnité serait payable autrement, par exemple, disons, lorsque
la paie est payée au moyen d'un dépôt bancaire automatique
à toutes les deux semaines... Si on a convenu que ce serait comme
ça à l'année longue, y compris pour la paie de vacances,
à ce moment-là, cette entente-là, négociée
collectivement, serait acceptée et acceptable en vertu de la Loi sur les
normes du travail. C'est tout ce que ça dit.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Harel: Oui, je...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc.
M. Morin: Oui, évidemment, vous nous apportez l'exemple
idéal. Ce n'est pas ces cas-là qui nous préoccupent, je
pense. C'est là où, dans une convention collective, ça n'a
pas pu être
négocié que l'employé qui part en vacances puisse
bénéficier de l'indemnité avant son départ, tout
simplement. Alors, à ce moment-là, c'est que... Avec
l'introduction de la phrase, le travailleur ne pourrait pas invoquer les normes
minimales pour avoir ce que la convention ne lui accorde pas. C'est bien
sûr. C'est pour ça que, tout à l'heure, je vous avais
mentionné qu'assez souvent, dans une convention collective, on peut ne
pas avoir cet élément-là, de paie avant. Mais il peut y
avoir d'autres considérations plus avantageuses.
Donc, ça ne crée pas de problème. Mais dans les cas
où, dans le cas d'une nouvelle convention collective, une
première convention, il n'est pas dit qu'on a, dans les conventions,
l'obligation ou le droit d'obtenir la paie de l'indemnité avant le
début, à ce moment-là, je pense que les normes seraient un
secours fort utile. Dans d'autres cas, ça serait différent,
ça appartiendrait au travailleur de faire la démonstration
lui-même que les conditions sont inférieures aux normes. Mais
à partir du moment où on l'inclut, ça coupe de beaucoup.
(17 h 45)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais préciser pour le
député de Dubuc que si la convention collective est muette sur le
sujet, c'est le droit qui s'applique, en ce sens que c'est payable avant les
vacances. Et la modification n'a pour effet que de donner effet à une
convention collective qui stipulerait d'une façon précise que le
paiement se fait autrement que tel que prévu par la loi. Cette
stipulation concrète serait valide en vertu de la modification que nous
proposons. Mais si la convention collective est muette, c'est la loi
générale qui s'applique, l'article 75.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Au nombre de dérogations qu'on retrouve dans le
projet de loi - je crois qu'il y en 6 ou 7 - on est en train d'adopter une loi
qui va être quasiment un régime d'exceptions. Pourtant, il y avait
une sorte de consensus à l'effet que la loi des normes, c'était
une loi d'ordre public minimale qui devait s'appliquer et qui devait avoir une
application à l'ensemble de la main-d'oeuvre québécoise,
de façon à ce que les travailleurs syndiqués se donnent
des conditions plus avantageuses, mais pas moins avantageuses.
Ça me fait penser, M. le Président, aux
représentations que la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec faisait devant la commission, lors de
l'étude de l'avant-projet de loi. Et la commission disait souhaiter
l'adoption d'une législation du travail dans un seul code du travail qui
comprendrait essentiellement quatre parties: les rapports collectifs de
travail, en première partie; le contrat individuel en deuxième
partie; les normes du travail en troisième partie; la santé et la
sécurité du travail en quatrième partie. En d'autres
termes, ce que la FTQ signalait - et je pense que la commission Beaudry a
repris ces recommandations - c'est que l'on ne fasse pas d'opposition entre les
législations sociales s'appliquant au monde du travail, qu'on ne fasse
pas d'opposition entre celles contenues dans le Code du travail qui s'adressent
aux travailleurs syndiqués et celles contenues dans les normes du
travail, qui s'adressent aux non-syndiqués, qu'on ne fasse pas
d'antagonisme et qu'on élabore, comme c'est le cas, dans d'autres
provinces, un seul code, évidemment, qui s'applique distinctement et
spécifiquement pour des situations différentes, mais qui
s'applique distinctement pour le contrat individuel et pour les rapports
collectifs - lorsqu'il y a des négociations collectives pour les normes
du travail, comme pour la santé-sécurité - de façon
à introduire des principes qui ne sont pas en opposition. Là on
voit que, justement, le fait d'y aller à la pièce - parce que
là on adopte la loi des normes minimales, et un autre ministre, dans une
autre commission, modifiera éventuellement le Code du travail -
ça ne sera ni les mêmes principes, ça pourra même
être éventuellement en opposition; ce n'est pas les mêmes
juristes; c'est ni la même rédaction; ce n'est même pas la
même commission; ce n'est même pas la commission des affaires
sociales, c'est la commission de l'économie et du travail. Donc, on est
dans un domaine où, finalement...
Ce que la FTQ disait à ce sujet-là, c'est: "La
présente commission n'a pas pour mandat d'étudier la refonte du
Code du travail, nous en convenons. Cependant, nous jugeons qu'il est bon de
rappeler au gouvernement qu'une véritable réforme
législative dans le domaine des normes du travail nécessite un
réaménagement global des dispositions reliées au droit du
travail. Cette codification devrait s'accompagner d'une rationalisation des
organismes auxquels les travailleurs et travailleuses peuvent s'adresser pour
assurer le respect de leurs droits. Alors, il y a, d'une part, la commission
des relations de travail qui s'occupe de tout ce qui a trait aux rapports
collectifs, le Tribunal du travail qui s'occupe de ce qui a trait aux contrats
individuels de travail et aux normes du travail, et, c'est ce que proposait la
FTQ, la Commission de la santé et de la sécurité du
travail qui continue de prendre en charge la santé et la
sécurité. En fait, on voit bien, avec l'article 27 qui est devant
nous, que le gouvernement n'a pas retenu cette rationalisation du droit du
travail et on a finalement les dérogations nombreuses à la loi
des normes qui ne devraient pas être là. Voilà M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée. Est-ce que cela met fin aux interventions? M. le
député de Dubuc?
M. Morin: C'est parce que, tout à l'heure, j'ai
donné un exemple au ministre. Évidemment, j'ai peut-être
donné un mauvais exemple quand j'ai donné un exemple d'absence de
disposition. Bien sûr que ça lui a ouvert la porte à mettre
une cheville en plein dans le trou. Mais je suis arrivé avec un autre
exemple dans le même sens où, au lieu d'avoir absence de
disposition - imaginons qu'une clause de convention prévoirait que
seulement 50 % des indemnités sont payées avant le départ.
Et ça, ça existe beaucoup, disons peut-être pas... On va
dire, par exemple, que quelqu'un a droit à ses deux semaines; bien, il a
droit au paiement d'une semaine sur deux avant son départ. Ça
existe. À ce moment-là, à cause de cet article, sous
réserve d'une disposition, il ne pourrait invoquer des normes minimales
du travail.
Ça se trouve beaucoup, quelqu'un qui prend deux semaines de
vacances consécutives qui a le droit, en fonction de la convention
collective, seulement au paiement de l'équivalent d'une semaine, ou
l'indemnité d'une semaine avant son départ alors que les normes
prévoient qu'on doit payer l'indemnité équivalente,
afférente au congé avant le début de ce congé.
Alors, dans ce cas-là, vous empêchez un syndiqué de se
prévaloir des normes minimales du travail. Prouvez-moi le contraire et,
à ce moment-là, je vais être content, je vais être
satisfait.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, nous, on respecte la
convention collective dans ces cas-là. Là, on me dit que si les
salariés ont choisi de négocier un arrangement différent,
bien, on va respecter ça. Je présume qu'après
l'entrée en vigueur de la loi, quand les syndiqués vont
négocier de nouveau une autre convention collective, ils vont
peut-être s'appuyer sur la Loi sur les normes du travail pour demander
des clauses différentes.
M. Morin: Si vous le permettez, M. le Président, vous
conviendrez que, normalement, c'est un peu les normes qui sont à la
remorque...
Une voix: Bien oui.
M. Morin: ...des conventions collectives. Quand on sait qu'un
certain nombre d'avantages se retrouvent dans peut-être 75 %, 80 % des
conventions, bien, il est normal que, sur le plan social, on introduise
ça dans des normes minimales mais que le ministre nous dise que,
bon...
Une voix: Les normes minimales...
M. Morin: ...oui, que les... Et il faudra se baser sur les normes
pour négocier, ça ne va pas très bien.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Bourbeau: J'ai dit ce que j'avais à dire. Je ne
pourrais que me répéter.
M. Morin: Oui, mais je veux dire... Je pense que ce n'est pas
suffisant. Je comprends, mais il faut que vous me convainquiez parce qu'on est
de bonne foi, nous autres, là. On veut tout simplement...
M. Bourbeau: Mais nous aussi.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre. M. le député de Dubuc, si vous voulez terminer.
M. Morin: Oui, mais si au moins vous amendiez pour que lorsqu'on
se réfère à une convention collective, ou qu'on mette une
réserve, qu'on se réfère à une convention
collective mais aux conditions globalement négociées. Parce qu'on
sait que dans une convention collective il peut y avoir d'autres avantages
ailleurs mais, bon, globalement, là, j'en conviens, ce qui a
été négocié de bonne foi, bon, ça a
préséance même là-dessus.
Mais lorsqu'on fait référence seulement à un
élément de convention, soit l'indemnité payable d'avance
lors du congé annuel et qu'on dit: Sous réserve d'une disposition
de convention, là c'est par rapport à un élément
précis. Je comprends que vous puissiez revenir avec le même
argument, mais ça me paraît presque abusif ou, disons,
d'être gêné dans le sens d'universaliser les normes
minimaies de travail, ce qui devrait être le but du projet de loi. Il ne
devrait pas y avoir d'exception, même pas une convention collective,
parce que c'est trop relié à un article ou à une
disposition de convention collective. Si on s'y référait de
façon plus globale, je pourrais comprendre, mais de la façon que
c'est fait là.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le ministre, d'autres commentaires à
la suite de l'intervention du député de Dubuc?
M. Bourbeau: Tout ce que je peux dire c'est que, manifestement,
le député de Dubuc diverge d'opinions avec nous là-dessus.
Moi, je suis d'accord que le projet de loi doive avoir une portée la
plus universelle possible, mais je pense qu'on doit respecter aussi la
volonté des travailleurs et des employeurs de négocier une
convention collective qui, à certains égards, pourrait
s'écarter de la loi. Une convention collective, ça doit
s'interpréter dans sa totalité et dans sa globalité.
Parfois, il peut y avoir, pour des
raisons tout à fait valables, des modifications qui pourraient
aller à rencontre de certaines normes; mais on peut y consentir d'une
façon consciente et pour cause. Alors, je ne vois pas que ce soit un
sacro-saint principe auquel on ne doive absolument pas déroger.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
oui?
M. Morin: Vous n'avez pas pensé, M. le ministre...
M. Bourbeau: M. le Président, il veut s'adresser à
vous.
M. Morin: Oui, je m'adresse au président, mais, en fin de
compte, écoutez...
Le Président (M. Gobé): Non, non, adressez-vous au
président, M. le député. Il vous écoute.
M. Bourbeau: Ça évite les discussions. Le
Président (M. Gobé): M. le ministre...
M. Morin: Je veux être sûr qu'il m'écoute,
vous savez. Quand on s'adresse au ministre, il a des fois des
distractions...
M. Bourbeau: J'écoute toujours, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre
écoute beaucoup, M. le député.
M. Bourbeau: Je ne fais qu'écouter.
Le Président (M. Gobé): On ne peut pas mettre en
doute l'attention du ministre.
M. Morin: S'il y avait eu une disposition plus
générale dans votre projet de loi, une disposition ou un article
quelque part qui, lui, aurait fait référence aux conventions
collectives, qui aurait établi une réserve de façon
globale et plus articulée, dans le sens que si, sur un point ou un
avantage dans les normes, une convention pouvait être moindre sur cet
aspect-là mais que, globalement, on y retrouvait des avantages,
mêmes supérieurs, s'il y avait eu un article pour
généraliser cet aspect-là, je vous rejoindrais. Mais que
vous le fassiez de façon expresse dans plusieurs articles, c'est
vraiment embarrassant. Je pense que ça ne donne pas justice au projet de
loi, en fin de compte, en termes de normes minimales de travail. En tout cas,
je ne peux pas aller plus loin, mais...
Mme Harel: On doit donc comprendre que, lorsqu'il n'y a pas de
convention collective dans un milieu où il n'y a pas de syndicat,
l'indemnité doit être versée en un seul versement?
M. Bourbeau: Quand il n'y a rien dans une convention collective,
c'est l'article 75 qui s'applique.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que cela conclut, si
je comprends bien, les remarques...
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gobé): ...sur l'article 27? Alors
l'article 27 est adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 28.
M. le ministre, des commentaires sur l'article 28?
M. Bourbeau: Oui, la modification suggérée a pour
effet d'exclure les étudiants employés dans une colonie de
vacances à but lucratif des dispositions de la loi relative aux
vacances. En vertu de la loi actuelle, seuls les étudiants
employés dans une colonie de vacances à but non lucratif sont
exclus de ces dispositions. M. le Président, vous aurez compris que la
disposition vise à traiter les colonies de vacances sur le même
pied, qu'elles soient à but lucratif ou pas. Mais en vertu de l'article
284 du projet de loi, le gouvernement pourrait toutefois, par règlement,
mettre fin à l'exclusion totale ou partielle des articles 66 à 76
de la loi. Il n'y a aucun changement ici, M. le Président, par rapport
à l'avant-projet de loi. Et, d'ailleurs, je crois qu'on en a longuement
discuté hier.
Mme Harel: Vous venez de nous dire qu'en vertu de l'article 28.4
du projet de loi...
M. Bourbeau: Oui, oui. Mme Harel: Du projet de loi? M.
Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: En vertu de l'article 28.4, vous pourriez...
M. Bourbeau: ...à l'exclusion totale ou partielle des
articles 66 à 76. Le gouvernement peut toutefois, par règlement,
rendre les articles 66 à 76 totalement ou partiellement applicables aux
salariés visés aux paragraphes 2 et 6 du premier
alinéa.
Les remarques que je viens de faire portent évidemment sur le
paragraphe 1 de l'article 28. J'ai des remarques au paragraphe 2 aussi.
Concernant le paragraphe 2, il s'agit d'une modification de concordance.
L'expression "vendeur" a été remplacée par celle d"agent
d'immeubles" dans la Loi sur le courtage immobilier. C'est une concordance.
Voilà.
Le paragraphe 3, M. le Président. Il s'agit d'une modification de
concordance aussi, avec la Loi sur les valeurs mobilières adoptée
en 1982.
Encore là, il n'y a aucun changement par rapport à
l'avant-projet. (18 heures)
Au sujet du paragraphe 4, il appert qu'en vertu de cette modification il
sera possible au gouvernement de rendre applicables, par règlement, les
dispositions relatives aux vacances à certains groupes de
salariés qui en sont exclus en vertu de l'article 77 de la loi tel
qu'amendé.
Maintenant, les salariés qui pourront être visés par
un règlement sont les étudiants employés par une colonie
de vacances ou un organisme sans but lucratif et les surnuméraires
pendant la période des récoltes.
Mme Harel: Ça veut donc dire, M. le Président, en
regard du deuxième alinéa, que le ministre entend introduire un
traitement discriminatoire, parce que, dans le fond, il va exclure les
étudiants employés par un organisme à but lucratif en
rappelant la distinction, qui a été faite par la Commission
jeunesse du Parti libéral, entre le bénévolat que les
employés acceptent de faire dans un organisme à but non lucratif
en regard du profit qu'ils ne consentent pas de faire faire par l'entreprise
à but lucratif. Et en plus de toutes les autres dispositions, exclusions
sur la semaine de travail, sur le paiement du salaire minimum, là, il va
en plus les exclure du bénéfice des 4 %. C'est ça qu'il
faut comprendre?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais, je pense, corriger un peu ce que vient
de dire Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve; enfin, j'ai
peut-être mal compris. On ne fait pas en sorte d'exclure les
étudiants qui travaillent dans des organismes à but lucratif.
Ça demeure un organisme à but non lucratif. Le seul cas où
il y aurait du présumé lucratif, c'est les colonies de vacances
et les autres, ce n'est pas le cas. Dans les colonies de vacances - la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, évidemment, faisait
allusion longuement hier aux colonies de vacances qui sont très
très lucratives et qui s'enrichissent comme Crésus - nous, on n'a
pas d'indication à l'effet que c'est un domaine très lucratif de
toute façon et on a plutôt l'impression ou les informations
à l'effet que les lucratives comme les non lucratives ne seraient pas
plus lucratives les unes que les autres.
Alors, on dit que seront exclus de la loi les étudiants dans une
colonie de vacances, on ne fart pas la distinction entre lucrative ou non
lucrative, mais pour le reste, c'est la même chose que dans la loi
actuelle, dans les organismes à but non lucratif et à vocation
sociale ou communautaire, tel un organisme de loisirs.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé): Vous êtes satisfaite
de ces remarques?
Mme Harel: Non, M. le Président, évidemment.
Le Président (M. Gobé): Alors, faites-le-nous
savoir.
Mme Harel: En regard du salaire et de la semaine normale, le
ministre a décidé d'exclure, le ministre et son gouvernement ont
décidé d'exclure les organismes à but lucratif, les
entreprises dans ce secteur-là, du paiement du salaire minimum et du
congé, là, de la semaine normale de travail. J'essaie de
retrouver la rédaction, M. le Président, la rédaction
exacte, là, pour pouvoir comparer.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée, vous avez d'autres remarques?
Mme Harel: Oui. Donc, on retrouve à l'article 16 du projet
de loi une modification qui, dans le fond, vient élargir aux organismes
à but lucratif - c'est ça qu'il faut comprendre, parce que
l'article 16, paragraphe 2 modifie - en fait, paragraphe 1, excusez-moi...
L'article 16, paragraphe 1, remplace dans l'article 54 de la loi, paragraphe 2,
les mots: "un étudiant employé dans un organisme à but non
lucratif et à vocation sociale ou communautaire, tel une colonie de
vacances ou un organisme de loisirs", donc remplace cette formulation-là
par une nouvelle formulation qui se lit ainsi: "un étudiant
employé dans une colonie de vacances ou dans un organisme à but
non lucratif et à vocation sociale ou communutaire, tel un organisme de
loisirs". Ça n'a l'air de rien, M. le Président, là, c'est
le "ou" qui fait la différence, parce que le "ou" n'est pas conjonctif.
Le "ou" est disjonctif, là. C'est des colonies de vacances, qui peuvent
être lucratives ou non, ou un organisme à but non lucratif. Alors,
que le ministre ne vienne pas prétendre qu'il n'a pas élargi aux
organismes à but non lucratif les exemptions prévues quant au
paiement du salaire minimum et à la durée normale du travail.
Ça, c'est à l'article 16, paragraphe 1.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, là, je ne suis
pas d'accord avec la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre, nous
attendons vos explications sur
l'argumentation de Mme la députée.
M. Bourbeau: M. le Président, en fait, quand on regarde
l'article 16 ou l'autre, l'article ici, là, on exclut un étudiant
- premièrement, un étudiant, non pas un travailleur - qui est
dans le non-lucratif. Le social, le non-lucratif, la vocation communautaire,
etc., ça, c'est exclu. Et si on veut parler du lucratif, il n'y a que la
colonie de vacances lucrative. Bon, alors, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ne doit pas dire qu'on élargit à autre
chose qu'à une colonie de vacances à but lucratif et ne doit pas
laisser entendre qu'on est en train de faire en sorte d'écarter des
bénéfices de la loi les étudiants qui travaillent dans des
organismes à but lucratif. On ne fait qu'entrouvrir la porte ou
admettre, si vous voulez, à l'exclusion les étudiants dans des
colonies de vancances, qu'elles soient, que ces colonies-là soient
à but lucratif ou non lucratif. Pour le reste, c'est le statu quo. On
conserve la même phraséologie que dans l'ancienne loi,
c'est-à-dire les organismes à but non lucratif, à vocation
sociale ou communautaire, ou un organisme de loisirs.
Mme Harel: écoutez, m. le président, je comprends
que le ministre puisse être fatigué, mais c'est exactement ce que
je venais d'expliquer...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, vous ne pouvez pas imputer au ministre de la fatigue,
voyons!
Mme Harel: Ah! Non?
M. Bourbeau: Je ne vois pas pourquoi, d'ailleurs.
Le Président (M. Gobé): Pas à cette
heure-ci, en plus, il semble très attentif à vos propos, qui sont
fort intéressants, d'ailleurs.
Mme Harel: Ah bon! Alors, à ce moment-là...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne suis pas le seul qui
ait mal interprété alors ce que la députée de
Maisonneuve a dit, les gens autour de moi aussi.
Mme Harel: Ah bon! Je vais les reprendre exactement. J'ai dit
qu'à l'article 16 du projet de loi, paragraphe 1, on prévoyait
remplacer le deuxième alinéa de l'article 54 de la loi qui
prévoit un régime d'exemption pour les organismes à but
non lucratif qui sont, par la suite, définis comme étant soit des
organismes de loisirs, soit des colonies de vacances, et, à l'inverse,
avec l'article 16, paragraphe 1, que la formulation élargissait la
dérogation du versement du salaire minimum et de la semaine normale de
travail aux colonies de vacances qui peuvent être à but lucratif
ou non - c'est ce que je disais, M. le Président - ou à un
organisme à but non lucratif ou à vocation sociale. Et c'est
là où je disais que le "ou" n'était pas...
M. Bourbeau: On ne l'élargit pas, ils étaient
déjà exclus. On ne l'élargit pas à ces
organismes-là.
Mme Harel: Non. Vous l'élargissez aux colonies de
vacances.
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Parce que vous modifiez la rédaction.
M. Bourbeau: C'est ce que je m'évertue à dire
depuis 15 minutes, M. le Président.
Mme Harel: Voilà! Là-dessus, M. le
Président, ce qui est évident, par ailleurs, c'est que le
ministre s'est entêté, malgré les avis contraires, y
compris de sa Commission jeunesse qui l'a complètement
désapprouvé... Je la cite: La Commission jeunesse
désapprouve profondément... Pas juste une petite
désapprobation, une désapprobation profonde.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai l'impression de lire le
Journal des débats d'hier.
Mme Harel: Ahnon!Ahnon!
M. Bourbeau: II me semble que tout ça a été
dit hier, M. le Président.
Mme Harel: Alors, M. le Président, nous nous trouvons
devant l'article 28 qui, malheureusement, reprend, au deuxième
paragraphe, la même formulation qu'à l'article 16. Alors, que le
ministre ne s'étonne pas s'il a l'air de se répéter,
l'article 28 répète, à l'alinéa 2, la même
formulation; et nous, nous lui répétons les mêmes
objections. N'est-ce pas?
M. Bourbeau: C'est bien ce que je disais. Ce n'est pas moi qui me
répète.
Mme Harel: Cela dit, M. le Président, il faut comprendre
qu'il y a une catégorie particulière qui est discriminée
dans le projet de loi 97 et c'est la catégorie des étudiants. Ce
ne serait pas surprenant qu'il y ait une contestation qui se fasse de ces
dispositions pour le motif que c'est la condition sociale de l'étudiant
qui est en cause. Je vous rappelle que nous allons avoir, dans quelques jours,
un nouveau tribunal des droits de la personne, un tribunal qui, pour la
première fois, va officier, si vous voulez, en
matière de poursuites en regard de pratiques interdites pour des
motifs contenus dans la charte. Ce ne serait pas étonnant, parce que ce
ne sont que les étudiants qui sont soustraits à ces dispositions.
Alors, un jeune ou un employé d'un organisme à vocation sociale,
ou encore, un organisme de loisirs ou une colonie de vacances à but
lucratif ou à but non lucratif qui embauche un jeune qui n'est pas
étudiant doit lui verser les indemnités, doit lui offrir les
avantages contenus dans la Loi sur les normes du travail. C'est uniquement
quand il embauche des étudiants et, là, la grande question qu'il
faudrait se poser, c'est dans quelle mesure on ne multiplie pas les recours
possibles pour le motif que la personne engagée au moment où elle
était étudiante se retrouve, peu de temps plus tard, possiblement
avec un autre statut professionnel, non étudiante, et réclame, en
vertu de ce nouveau statut, l'application des normes. Si elle était
l'objet d'un congédiement ou d'une rétrogradation ou de n'importe
quelle autre pratique pour le simple motif que l'employeur l'avait
engagée comme étudiante, parce qu'il voulait lui verser moins
d'avantages, mais qu'au moment où la personne n'est plus
étudiante il ne veut pas lui donner les bénéfices et la
congédie pour le fait qu'elle n'est plus étudiante, est-ce que
ça ouvrirait un motif pour congédiement sans cause juste et
suffisante? (18 h 15)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre
M. Bourbeau: M. le Président, on me dit que ce serait
plutôt le cas de pratiques interdites couvert par l'article 122.
Mme Harel: Alors, ce serait à ce moment-là la
présomption, il y aurait une présomption légale que ce
congédiement l'a été pour des motifs interdits, des motifs
de discrimination. Qu'est-ce que la personne pourrait invoquer? Que
n'étant plus étudiante, elle peut bénéficier des
avantages de la loi et que seuls les étudiants sont exemptés des
avantages de la loi?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: m. le président, avec la permission de la
commission, je vais demander de répondre à mon conseiller
juridique, ici, me richard parent.
Le Président (M. Gobé): Me Parent, si vous voulez
donner quelques explications à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve au nom du ministre. Vous avez la parole.
M. Parent (Richard): M. le Président, suite aux
prémisses que nous avons, le salarié qui se verrait placé
dans une telle situation pourrait se prévaloir du recours prévu
à l'article 122 de la loi, plus précisément au
cinquième paragraphe de cet article, qui prévoit qu'il sera
interdit, qu'il devient une pratique interdite de congédier quelqu'un
dans le but d'éluder l'application de la présente loi ou d'un
règlement, c'est-à-dire de refuser de lui donner ce que la loi
prévoit qu'il a le droit d'avoir suite à un changement, par
exemple, du statut qu'il aurait pu avoir. Alors, dès que le
salarié ne sera plus dans les exceptions, si l'employeur refusait de lui
accorder ce qu'il demande et à bon droit, s'il le congédiait, il
pourra se servir de cet article-là pour recouvrer son emploi et ses
droits.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Parent.
Mme Harel: Est-ce que vous ne craignez pas que ça
judiciarise en quelque sorte, finalement, les recours devant la Commission des
normes? On sait qu'il y a déjà un certain nombre de plaintes qui
ont été adressées à la Commission par des
personnes, étudiants, moniteurs ou aides-moniteurs, qui contestent le
montant de leur rémunération auprès de la Commission des
normes.
M. Parent (Richard): Est-ce que vous vous référez
à la cause Edphy, par exemple?
Mme Harel: Je me réfère à la cause La
Perdrière.
M. Parent (Richard): Ah! La Perdrière.
Mme Harel: Oui. Mais la cause Edphy, c'était au
début des années quatre-vingt, je crois?
M. Parent (Richard): Oui, c'est ça et c'était
exactement dans le même sens que votre question. Suite aux plaintes que
nous avons eues, suite aux procédures qui ont été
intentées, les salariés en question avaient reçu à
ce moment-là un montant d'argent dépassant 32 000 $; ça a
été publicisé à ce moment-là.
Mme Harel: Voyez, ils ont eu gain de cause dix années plus
tard. Ils ont eu gain de cause, mais c'était, finalement, une plainte
qui avait été adressée à la commission du travail
dans le cas, le cas Edphy, au début des années quatre-vingt, et
puis ils ont eu gain de cause, parce que l'employeur leur a versé 30 000
$, à l'automne 1989. Alors, vous vous rendez compte, ça a pris
neuf ans pour faire valoir, finalement, un droit.
M. Parent (Richard): Comme vous savez, la Loi sur les normes du
travail est entrée en vigueur en 1980 et c'était la cause type
qui a servi pour tous les cas semblables par la suite. C'est vrai que ça
a été long, comme toutes les causes types d'ailleurs, c'est un
peu leur caractéristique, mais ça a fait en sorte que, lorsque
ça s'est reproduit par la suite, c'était extrêmement rapide
à solutionner, puisque nous avions
déjà une décision de rendue dans ce
cas-là.
Mme Harel: Mais la décision a été rendue
neuf ans plus tard. Pendant neuf ans, ça n'a pas dû être
rapide, parce que vous attendiez la décision de la cause type?
M. Parent (Richard): Oui, effectivement, on a attendu la
décision de la cause type et if y a eu beaucoup de procédures.
Ça a été peut-être un peu particulier; il ne
faudrait pas croire que toutes les dispositions de la loi nouvellement
adoptée passent par un chemin aussi long. Mais dans le présent
cas, c'est exact de dire que ça a été pénible et
long avant d'avoir notre décision.
Mme Harel: En fait, avec une formulation qui m'apparaît
boiteuse, il pourrait se produire, finalement, les mêmes lenteurs et les
mêmes causes types, puisque, dorénavant, la loi vient trancher a
l'effet contraire du résultat obtenu dans le cas, justement, du dossier
Edphy. L'employeur a été obligé de verser, finalement, ces
montants, parce que la loi s'appliquait aux colonies de vacances à but
lucratif. Maintenant, la loi indique que les colonies de vacances, dans un cas
semblable, n'auraient pas eu le versement qu'on a connu il y a neuf ans. Bon.
Le législateur a choisi de procéder en élargissant, mais
reste entier le problème des étudiants. Jusqu'à
maintenant, ça ne s'était pas présenté de la
même façon, parce que soit que l'étudiant qui travaillait
dans une colonie à but non lucratif était consentant pour le
faire et en quelque sorte, aussi, pour avoir un peu de contact avec certaines
d'entre elles, il faut comprendre que les étudiants les gèrent
aussi... Ils sont très très impliqués dans la gestion. Il
en va autrement pour les colonies de vacances à but lucratif, qui sont
des entreprises. Le ministre ne viendra pas me faire accroire que le camp
Edphy, par exemple, ou La Perdrière, ce sont des entreprises, mon Dieu,
de salut public. Essayez d'envoyer un enfant de mon quartier dans un de ces
camps-là pour savoir s'ils y ont accès, vous allez voir tout de
suite que ce n'est pas tout à fait ouvert à la majorité,
en tout cas, des enfants des familles bénéficiaires de l'aide
sociale, c'est le moins qu'on puisse dire. Alors, il n'est pas impensable qu'il
y ait une contestation, justement, dans une cause type, pour faire valoir, avec
la hausse des frais de scolarité, avec le caractère, finalement,
discriminatoire sur le statut social... C'est parce qu'ils sont
étudiants que les dispositions de la loi les exemptent du
bénéfice des normes. Le ministre ne pourra pas dire qu'on ne lui
a pas dit.
Le Président (M. Gobé): Je crois comprendre que
vous avez terminé, Mme la députée.
Mme Harel: Sur ce paragraphe-là, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Nous allons donc passer au
paragraphe suivant. Avez-vous des commentaires?
Mme Harel: Le ministre nous dit: C'est de la simple concordance,
le remplacement du mot "vendeur" par l'expression "agent d'immeubles". On le
prend au mot, alors on peut passer au paragraphe suivant.
Il nous dit que c'est par concordance avec la Loi sur les valeurs
mobilières qu'il introduit le paragraphe 3 de l'article 28, qui remplace
le mot "vendeur" par "un représentant d'un courtier ou d'un conseiller
en valeurs", et qui se réfère à un article de la Loi sur
les valeurs mobilières. M. le Président, on accepte l'acte de
foi. Une fois n'est pas coutume.
Le Président (M. Gobé): Non, non, c'est très
souvent dans votre cas, madame, voyons, voyons.
Mme Harel: Et à l'égard du paragraphe 4, peut-on
savoir, puisque le ministre et son gouvernement ont choisi de maintenir le
paragraphe 7... Excusez-moi, pas en regard du paragraphe 4, mais en regard du
paragraphe 7 de l'article 77 qui dit "un stagiaire dans le cadre d'un programme
de formation professionnelle reconnu par une loi." Donc, un stagiaire dans le
cadre d'un programme de formation professionnelle reconnu par une loi, à
quoi est-ce que ça se réfère, ce paragraphe 7 de l'article
77?
M. Bourbeau: Un avocat qui est stagiaire au Barreau, les
étudiants ingénieurs qui suivent des cours en même temps
qu'en entreprise, dans un système d'apprentissage. Probablement que,
quand on aura un système d'apprentissage, les salaires payés
seront bien en deçà du salaire minimum. En France, on paie entre
15 % et 70 % du SMIC à des stagiaires en système d'apprentissage.
Alors, ça pourrait couvrir ça.
Mme Harel: Vous ne nous avez pas indiqué que les personnes
qui participeraient à la nouvelle formule d'apprentissage, qu'on
connaîtra incessamment, seraient des salariés au sens de la
loi?
M. Bourbeau: J'essaie de faire référence au
système d'apprentissage pour les jeunes, les étudiants en France,
où on paie un pourcentage du salaire minimum. Celui que j'ai l'intention
de proposer est pour les adultes. Est-ce qu'il y aura... Alors, quand j'ai fait
référence aux stagiaires, je parlais dans un régime pour
les jeunes comme celui de la France ou de l'Allemagne, d'ailleurs. Pour les
adultes, évidemment, c'est autre chose et je ne dis pas qu'ils seraient
payés en deçà du salaire minimum.
Mme Harel: Alors, sur division.
Le Président (M. Gobé):alors, l'article 28 est
adopté sur division. étant donné l'heure, je vais
suspendre les travaux de cette commission jusqu'à ce soir, 20 heures,
dans cette salle, et je vous souhaite un excellent appétit.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Gobé): La commission reprend ses
travaux. Je vous rappellerai le mandat de la commission...
Une voix: De consentement unanime.
Le Président (M. Gobé): Non. Consentement,
jusqu'à 6 heures du matin, si vous voulez. La commission des affaires
sociales se réunit à partir de maintenant afin de continuer
à procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres
dispositions législatives. Est-ce qu'il y a des... Non. Alors, nous en
étions donc à l'article 29.
Nous venons d'adopter sur division l'article 28. Y aurait-il, M. le
ministre, des commentaires sur l'article avant que nous l'adoptions?
Les repos
M. Bourbeau: II s'agit d'une modification de concordance rendue
nécessaire par 'a modification proposée à l'article 30 du
projet de loi qui crée une nouvelle section, "Les congés pour
événements familiaux". Là-dessus, M. le Président,
je pense qu'on ne peut pas pérorer très longtemps, c'est un
titre.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 29 est
adopté, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: À la condition que le ministre retire
"pérorer".
M. Bourbeau: Je le retire pour le mot "picosser", M. le
Président.
Une voix: Ça, ce n'est pas dans le dictionnaire.
Le Président (M. Gobé): Oui
Mme Harel: Le ministre va nous obliger à être
à la hauteur de la réputation qu'il nous fait, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Alors...
Une voix: C'est péjoratif.
Le Président (M. Gobé): Cela étant dit,
l'article 29 est maintenant adopté.
Mme Harel: Attendez. L'article 29 deviendrait simplement "Les
repos". Est-ce ça? On biffe "et les congés divers".
M. Bourbeau: On ne peut rien vous cacher.
Mme Harel: Et "Les repos" consisterait uniquement en l'article
78, hein?
M. Bourbeau: Les congés divers.
Mme Harel: en biffant "congés divers" et en adoptant, pour
la section v du chapitre iv, les mots "les repos" seulement, puis en disposant
de l'article 29 avant d'entreprendre l'article 30 qui, lui, va ajouter une
nouvelle section v.1, la section v comprendrait seulement l'article 78. est-ce
que c'est le cas?
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: bon. alors, m. le président, j'ai quelque chose
à dire là-dessus. ça reste assez important et le ministre
va comprendre pourquoi.
M. Bourbeau: Je commence à m'ennuyer de Francis
Dufour.
Mme Harel: On va le lui dire, ça va lui faire plaisir.
M. le ministre, soyez sûr que je lui dirai; peut-être
viendra-t-il se joindre à nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous qu'on suspende
pour aller le chercher?
Mme Harel: Pour donner suite à votre souhait.
Le Président (M. Gobé): Sur une motion unanime des
commissaires.
Mme Harel: Alors, on peut lire là, à cette section
V, "Les repos". Sous réserve de l'application du paragraphe 12 de
l'article 39 ou de l'article 53... Le paragraphe 12 se lit comme suit:
"autoriser l'étalement des heures de travail sur une base autre qu'une
base hebdomadaire aux conditions prévues à l'article 53." Et donc
sous réserve aussi de l'article 53: "...un salarié a droit
à un repos hebdomadaire d'une durée minimale de vingt-quatre
heures consécutives. Dans le cas d'un travailleur agricole, ce jour de
repos peut être reporté à la semaine suivante." Et
l'article 53 prévoit l'étalement des heures de travail dans le
cas du repos hebdomadaire. À moins que ce ne soit ailleurs, je veux
demander au ministre où est prévue la pause, soit dans la loi,
soit dans le
règlement. Et je lui dis, je lui explique immédiatement
pourquoi je lui pose cette question-là. La fin de semaine
dernière, je me suis retrouvée au centre-ville de Montréal
dans le nouveau complexe Eaton, vous voyez, juste voisin, d'ailleurs, du centre
du même nom, et des employées m'ont fait valoir que leur employeur
considérait qu'elles devaient avoir complété sept heures
de service continu avant d'avoir droit à une pause.
D'autre part, le seul arrêt dans la journée était
une période de repas que l'on verra, d'ailleurs, je pense, au moment
où... Non. C'est tout de suite, effectivement, c'est 78 et 79, dans la
section sur les repos: une période pour le repas de trente minutes, sans
salaire, au-delà d'une période de travail de cinq heures
consécutives. Je me demandais si le ministre considérait que ce
n'étaient pas là des conditions un peu archaïques, surtout
pour la digestion des millions d'employés au Québec, que de leur
accorder une période de trente minutes et ça, seulement
après une période de travail de cinq heures consécutives.
L'employeur n'est même pas tenu d'accorder cette période de trente
minutes si la période de travail a été de moins de cinq
heures. Par exemple, un travailleur ou une travailleuse qui a commencé
à huit heures, alors, n'aurait pas droit à midi, par exemple,
à cette période de repos, parce qu'il n'y a que quatre heures de
complétées. Il n'y aurait droit, légalement parlant,
qu'à 13 heures et je me demandais s'il était possible d'envisager
une pause, je n'appellerais pas ça une pause-santé, malgré
qu'on n'assiste plus à aucun colloque, congrès quelconque sans
qu'on ne voie le mot pause-santé à l'ordre du jour, mais je
parlerais simplement d'une pause-là, dans cette section sur les repos,
parce que le règlement doit sans doute se référer à
la pause... Si on veut ajuster, comme le disait mon collègue de Dubuc,
les conditions des non-syndiqués à la règle habituelle
chez les syndiqués, eh bien! il faut comprendre qu'il y a quand
même une pause, je pense, généralement.
M. Bourbeau: II y a l'article 59 qui prévoit une
pause-café.
Mme Harel: Non. L'article 59 ne prévoit pas une
pause-café. L'article 59 prévoit que l'employé est
réputé être au travail durant la pause-café, pour ne
pas qu'il soit...
M. Bourbeau: Si la députée de Hochelaga-Maisonneuve
ne m'avait pas coupé la parole ou fait signe de me taire parce que je
croyais qu'elle avait des choses importantes à dire, j'aurais
terminé ma phrase. Mais j'ai cessé de parler dès qu'elle
m'a fait signe qu'elle voulait parler sur le même sujet et, étant
poli, je cède toujours la parole quand on me le demande. Alors à
l'article 59, Mme la députée de Hochela-ga-Maisonneuve, si vous
prenez l'article 59, la pause-café n'est pas obligatoire, elle ne lie
pas l'employeur, bien sûr, mais il peut y en avoir une quand même.
et elle est payée à ce moment-là.
Mme Harel: C'est-à-dire que le règlement n'interdit
pas qu'il y en ait une, mais le règlement n'indique pas qu'il doit y en
avoir une.
M. Bourbeau: Exact. Par contre, il doit y avoir une
période de repos après cinq heures de travail continu.
Mme Harel: Oui. Cette période de repos, c'est la
période de repas, en fait. L'organisme Au Bas de l'échelle
recommandait dans son mémoire que soit établie une
pause-santé obligatoire de 15 minutes à l'intérieur de 4
heures de travail consécutives.
M. Bourbeau: Avec solde ou sans solde?
Mme Harel: Oui, évidemment, au même titre
qu'à l'article 59.
M. Bourbeau: Sans solde.
Mme Harel: L'article 59, le règlement, c'est avec.
C'est-à-dire que l'article 59 dit que le travailleur est
réputé être au travail durant la pause-santé. Parce
que la pause d'une demi-heure, au moins la pause d'une demi-heure, pourrait
être avec solde. Imaginez que la période de repas, là - on
pourrait commencer par ça - la période de repas est sans solde.
Ce n'est quand même pas peu de chose.
M. Bourbeau: Je voudrais attirer l'attention de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve sur le dernier paragraphe, le
dernier alinéa de l'article 79, qui dit que la période de repos
doit être rémunérée si le salarié n'est pas
autorisé à quitter son poste de travail. Alors ça,
c'était une exception.
Mme Harel: Oui, ça, c'est une exception. Je me suis rendue
d'ailleurs, au printemps passé, dîner avec des travailleuses,
immigrantes pour la plupart, qui n'étaient pas non plus
autorisées à quitter leur poste de travail et qui mangeaient leur
sandwich sur leur machine à coudre. Ça fait que j'avais
apporté mes sandwichs pour les manger avec elles...
M. Bourbeau: C'est ce que fait le ministre de la Main-d'oeuvre
tous les jours.
Mme Harel: Oui. Alors, M. le ministre, vous êtes bien
à plaindre, c'est évident, mais je pense que votre salaire
horaire est un peu supérieur à celui du salaire minimum.
M. Bourbeau: Effectivement.
Mme Harel: Alors, comme ça, vous avez des compensations
qui peuvent peut-être mettre un peu de beurre sur vos sandwichs, ou
peut-être un peu plus, un peu de confiture, peut-être. Mais pour
parler plus sérieusement, en matière de repos, ne trouvez-vous
pas ça complètement archaïque ce qu'on retrouve, ce qui va
être maintenu dans la loi en 1990?
M. Bourbeau: Disons que ce n'est pas à l'avant-garde du
progressisme. (20 h 30)
La Présidente (Mme Boucher Bacon): M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Bourbeau: C'est évident qu'à première vue
ça n'a pas l'air très généreux ni avant-gardiste.
Le problème là-dedans, il peut y avoir bien des cas où les
employés même... Je ne sais pas, moi, les employés qui
travaillent en forêt ne sont même pas intéresses, eux,
à prendre une heure pour manger leur sandwich. Et si la loi qui est
d'ordre public l'oblige, ça peut créer des problèmes. Je
suis assez sympathique à libéraliser un peu ça, mais il
faut bien penser qu'on est dans les normes minimales et, si on établit
une norme qui devient d'ordre public et qui oblige tout le monde à cette
norme-là, il y aura peut-être des effets qui pourront survenir qui
pourraient nous surprendre un peu. il faut bien penser que, lors de la
commission parlementaire, on n'a vraiment pas eu de commentaires très
nombreux là-dessus. On a eu peut-être l'organisme Au Bas de
l'échelle qui nous en a parlé, mais je n'ai pas souvenance que
ça ait fait l'objet de récriminations très fortes à
la commission parlementaire. Quant à moi, je suis loin d'être
sûr qu'il y a beaucoup d'abus là-dedans.
Mme Harel: Est-ce qu'il vous en faut beaucoup pour
intervenir?
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Moi, j'aurais peut-être une solution
raisonnable. Il est difficile de penser que la commission soit
nécessairement un bon échantillonnage. Les groupes qui se sont
présentés avaient à leur disposition 20 minutes pour
présenter leur mémoire. Il y a un bon nombre de mémoires
qui en ont parlé finalement, entre autres, les mémoires des
centrales syndicales. Mais les 20 minutes étant trop courtes pour
aborder tous les sujets, puisque c'est une loi qui, finalement, couvre
énormément d'aspects, alors, je ne pense pas que ça soit
parce qu'on n'en a pas beaucoup parle que ce n'est pas un aspect important pour
autant. Sans doute les travailleurs syndiqués se sont-ils
aménagé de meilleures conditions, mais je n'ai pas de document
là-dessus. J'imagine que les conventions de travail prévoient une
pause, sûrement, et prévoient peut-être une autre
durée pour la période de repas. Mais si, au moins, bon,
là, c'est peut-être un peu bousculé que de prévoir
maintenant des rémunérations pendant cette
période-là sans en avoir peut-être évalué le
coût, mais on pourrait au moins, sûrement, diminuer la
période de travail qui donne droit à une période de repas.
Actuellement, c'est cinq heures consécutives. Ça ne correspond
vraiment plus à la pratique. Qui commence à travailler à 7
heures le matin pour... On pourrait au moins réduire la période
de travail à partir de laquelle on peut avoir une période de
repas. Ça permettrait d'avoir une pause d'une demi-heure après
quatre heures.
M. Bourbeau: Comme je le disais tantôt, c'est sûr
qu'à première vue ça a l'air assez mince, une demi-heure
après cinq heures de travail. C'est vraiment le minimum minimorum pour
prendre son lunch. Cependant, je l'ai dit tantôt, on n'a eu aucune
demande dans ce sens-là. Même l'organisme Au Bas de
l'échelle n'en a pas parlé dans son mémoire.
Mme Harel: Voyons donc, M. le ministre! Je l'ai ici, le
mémoire.
M. Bourbeau: Bien, on me dit qu'il n'en a pas parlé.
Mme Harel: II en a parlé à la page 10.
M. Bourbeau: Ah oui! Mais ce document que vous avez devant vous
est venu après la commission parlementaire, je crois. Le mémoire
qui a été présenté à la commission
parlementaire n'en faisait pas...
Une voix: Dans le résumé...
M. Bourbeau: II n'y en avait pas; dans le résumé du
mémoire, il n'y en avait pas. Ça ne doit donc pas faire partie de
ses préoccupations majeures.
Mme Harel: Bien non. Je vais vous lire exactement ce qu'il dit.
"On trouvera dans les pages qui suivent l'énoncé des
revendications d'Au Bas de l'échelle au plan de la réforme
législative. Les modifications que le gouvernement du Québec
entend apporter à la Loi sur les normes du travail en 1990 sont encore
loin du compte. Des domaines capitaux ont été
négligés par la révision gouvernementale. Au Bas de
l'échelle veut donc continuer à faire connaître la
situation et les besoins de ces personnes. Il importe donc de les faire
connaître et de redire sans cesse que les droits des personnes
salariées ne seront reconnus que dans la mesure où ces
dernières continueront à les défendre, à les mettre
de l'avant tant dans leur propre milieu de travail qu'auprès de
l'ensemble de la population. La situation des personnes salariées qui
n'ont d'autre défense que la Loi sur les normes du
travail est d'autant plus frustrante que d'autres travailleuses et
travailleurs québécois disposent de plus de droits qu'elles et
eux parce qu'ils sont régis par le Code canadien du travail, et ce,
à cause des méandres de notre Constitution. Dans certains cas,
les lois d'autres provinces accordent plus généreusement des
droits aux personnes salariées." Mon Dieu! On se croirait à la
commission Bélanger-Campeau.
Le Président (M. Gobé): C'est parce que M. Gautrin
arrive que vous dites ça?
Mme Harel: Alors, M. Gautrin pourrait remplacer M. Ryan?
M. Gautrin: Absolument, sans aucun problème.
Mme Harel: Hein?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve lit un document qui n'est pas celui qui a
été déposé à la commission parlementaire, me
dit-on. Le document qui a été déposé, je l'ai
devant moi et il n'en fait pas mention. Vous avez un document qui est plus
élaboré et qui serait venu dans une deuxième vague;
à moins qu'à la commission on n'ait déposé qu'un
résumé, je présume, et que vous ayez le document in
extenso. Le document ici, qu'on a chez nous...
Mme Harel: Oh! il y a un document beaucoup plus épais que
celui-là.
M. Bourbeau: Mais celui qui a été
déposé à la commission, on me dit que c'est celui-ci.
Mme Harel: Deux, il y en a eu deux.
M. Bourbeau: Mais un après la commission.
Mme Harel: Un au secrétariat de la commission et un autre
le jour même où ils sont venus.
M. Bourbeau: Ah bon! Oui, évidemment, nous, on a fait
l'étude du document qui a été déposé
à la commission bien sûr. Enfin, ce n'est manifestement pas chez
eux une préoccupation primordiale, puisqu'on n'en traitait même
pas dans le résumé.
M. le Président, on porte à mon attention aussi que dans
la Loi sur la santé et la sécurité du travail, à
l'article 223, paragraphe 12 - la députée de
Hochelaga-Maisonneuve doit sûrement le connaître par coeur
puisqu'elle connaît toutes les lois - il est dit que la commission peut
faire des règlements pour déterminer, dans les cas ou
circonstances qu'elle indique, le nombre d'heures maximum, par jour ou par
semaine, qui peut être consacré à un travail, selon la
nature de celui-ci, le lieu où il est exécuté et la
capacité physique du travailleur et prévoir la distribution de
ces heures ainsi qu'une période minimale de repos ou de repas.
Maintenant, je ne connais pas la teneur du règlement, on ne l'a pas ici,
mais ce qu'on peut peut-être faire, étant donné ma grande
ouverture d'esprit, c'est suspendre l'étude de cet
article-là...
Le Président (M. Gobé): L'article 29.
M. Bourbeau: ...et aller voir ce que dit le règlement, et
voir dans quelle mesure cette loi-là peut s'appliquer et peut-être
qu'on pourrait faire une concordance avec cette loi-là - le
règlement. D'ailleurs, ce n'est même pas dans le projet de loi,
c'est évident. C'était d'une façon incidente que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve avait engagé la
discussion sur ce point-là.
Mme Harel: C'est-à-dire, M. le Président, qu'il
s'agit de savoir si on dépose un amendement à ce stade-ci, parce
qu'on en déposerait un à 29.1, un amendement consistant à
modifier l'article 79.
M. Bourbeau: bien, là, ce qu'on pourrait faire, m. le
président, on pourrait, si la députée de
hochelaga-maisonneuve était d'accord, adopter l'article 29 et continuer.
si jamais la députée de hochelaga-maisonneuve n'obtenait pas
satisfaction dans les journées qui suivent, elle pourrait déposer
son amendement après.
Mme Harel: Non, parce que je ne pourrai pas revenir en
arrière.
M. Bourbeau: Alors, je m'engage à vous permettre de
revenir en arrière pour l'article 29.1.
Mme Harel: Est-ce que c'est un...
Le Président (M. Gobé): Permettez, je vais
vérifier si le règlement nous le permet.
M. Bourbeau: Bien, avec le consentement, certainement. Avec un
consentement, voyons.
Le Président (M. Gobé): Des fois que quelqu'un ne
le donnerait pas.
Mme Harel: Votre autorité n'est pas infaillible.
Le Président (M. Gobé): II faut respecter...
M. Bourbeau: Je pense que, de ce côté-ci, il n'y
aurait pas de problème. Il y aurait peut-être le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui pourrait s'objecter, mais
il n'est pas ici. M. le Président, je pense que c'est académique
de dire si on a droit ou pas droit, dans la mesure où il y a un
consentement par anticipation au dépôt éventuel d'un
amendement ou d'un nouvel article 29.1. moi, on devrait prendre ma parole, je
crois, hein?
Le Président (M. Gobé): D'accord. Mme la
députée, est-ce qu'on adopte l'article 29?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé): Nous pourrons revenir si
vous le jugez utile et avec le consentement. Alors l'article 29...
Mme Harel: Est adopté.
Le Président (M. Gobé): ...est maintenant
adopté et j'appelle l'article 30.
M. Bourbeau: La modification suggérée introduit une
section qui regroupera tous les congés pour des événements
familiaux. Il n'y a aucun changement par rapport à l'avant-projet de
loi.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 30 est maintenant
adopté. J'appelle l'article 31.
Les congés pour événements
familiaux
M. Bourbeau: Cette modification ajoute un congé d'un jour
avec solde lors du décès ou des funérailles d'un enfant du
conjoint tel que redéfini par l'article 1 paragraphe 1 du projet de loi.
Évidemment, cet article vise à mieux tenir compte de la nouvelle
composition de la famille. Il s'agit, M. le Président, d'un ajout par
rapport à l'avant-projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Vous avez des commentaires,
Mme la députée?
Mme Harel: Le ministre peut-il nous lire l'article tel
qu'amendé?
M. Bourbeau: Alors: "Un salarié peut s'absenter du travail
pendant une journée, sans réduction de salaire, à
l'occasion du décès ou des funérailles de son conjoint, de
son enfant ou de l'enfant de son conjoint, de son père, de sa
mère, d'un frère ou d'une soeur. Il peut aussi s'absenter pendant
trois autres journées à cette occasion, mais sans salaire." Ce
qui est nouveau, ce sont les mots "de son conjoint, de son enfant" et "de
l'enfant de son conjoint". "De son conjoint, de son enfant ou de l'enfant de
son conjoint". Alors, c'est "ou de l'enfant de son conjoint".
Le Président (M. Gobé): Article 31.
Mme Harel: Ce serait peut-être une bonne chose qu'on les
regarde ensemble, M. le Président, les congés familiaux, parce
qu'à la pièce comme ça, ça ne nous donnera pas une
idée de la mécanique. Là, c'est une journée avec
solde, donc payée, dans ces cas-là. Ensuite, l'article suivant
nous parle de congés, en fait, du droit de s'absenter dans d'autres cas.
Peut-être que le ministre peut introduire tout de suite l'article...
M. Bourbeau: Bien, je ne sais pas, M. le Président; moi,
je trouve qu'on devrait les prendre un par un. Ce n'est pas si
compliqué. Au contraire, si on allait de l'un à l'autre, il me
semble que ce serait plus logique d'en prendre un, de l'adopter et d'aller
à l'autre, quitte à reparler du premier après. Au moins
celui-ci, c'est clair, je crois qu'il n'y a pas de problème avec
celui-là. Enfin, la compréhension m'en semble facile. (20 h
45)
Mme Harel: Évidemment, ce qui porte à
préjudice, c'est la définition du mot "conjoint" que le ministre
a introduite dans son projet de loi. L'étude est encore suspendue de cet
article-là. Alors, est-ce qu'on peut adopter l'article 31 où on
retrouve la définition du mot "conjoint", un mot qui n'est même
pas encore défini?
Le Président (M. Gobé): Pourquoi n'adopte-t-on pas
l'article 1 dans un premier temps?
Mme Harel: C'est que, pour l'adopter, il va falloir disposer des
amendements que nous avions justement déposés et dont vous avez
décidé de la recevabilité aujourd'hui même.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, croyez-vous
que nous devrions procéder de cette façon-là? De toute
façon, je vois mal comment on pourrait adopter l'article 31, alors qu'on
n'a pas défini c'est quoi un conjoint.
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon,
j'aime autant boire mon calice maintenant que le boire plus tard.
Le Président (M. Gobé): Bien, tant qu'à
faire, hein!
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga-Maisonneuve
veut nous faire encore son discours sur le conjoint. Elle m'en fait un à
chaque loi, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je ne sais pas, est-ce
qu'il y aurait consentement pour retourner?
Mme Harel: là, m. le président, on est à
l'article 31 et le ministre n'acceptait pas tantôt qu'on regarde les
congés familiaux dans leur totalité.
M. Bourbeau: Non. Moi, j'étais d'accord pour adopter
l'article 31. Mais si la députée de Hochelaga-Maisonneuve invoque
pour l'adopter...
Le Président (M. Gobé): Elle demande la
définition du..
M. Bourbeau: ...le fait qu'on ne se soit pas entendus sur la
définition du mot "conjoint", on peut l'adopter quand même, car le
mot "conjoint" charrira la définition qu'on lui donnera
éventuellement ou comportera la définition qu'on lui donnera
éventuellement.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'on doit disposer
d'abord de l'article 1.
Le Président (M. Gobé): Je pense que ça me
semble assez raisonnable. C'est une manière logique. Je ne vois pas
comment on pourrait adopter, parce qu'on peut toujours le faire...
Mme Harel: Moi non plus.
Le Président (M. Gobé): ...l'article 31 qui
contient le mot "conjoint", alors qu'on ne l'a pas défini encore
à l'article 1.
M. Bourbeau: Aucun problème, M. le Président.
Le Président (M. Gobé):ce serait vouloir donner une
qualification à quelqu'un sans savoir si on va l'accepter après.
donc, nous allons revenir à l'article 1. mme la secrétaire,
auriez-vous copie de l'amendement? regardez, l'amendement à l'article 1
avait été rejeté et l'article avait été
suspendu. alors, est-ce qu'on reprend la discussion sur l'article?
Mme Harel: De l'article 1?
Le Président (M. Gobé): Oui. M. le ministre,
voulez-vous recommencer vos réflexions, vos remarques, ou, Mme la
députée, préférez-vous y aller tout de suite, si M.
le ministre les a déjà faites lors de...
Mme Harel: Aller où?
M. Bourbeau: Là, on est à l'article
lui-même?
Le Président (M. Gobé): Oui. C'est l'article
lui-même, parce que l'amendement a déjà été
rejeté.
Mme Harel: M. le Président...
M. Bourbeau: M. le Président, on me rappelle que, de toute
façon, même si on s'entendait sur la définition du mot
"conjoint", on ne pourrait pas quand même adopter l'article 1, parce
qu'il y a un autre point qui est resté en suspens dans cet
article-là, c'est la définition de "gardienne" et de "soins
immédiats et personnels". Alors, ça devient un peu
académique que de procéder à ce débat maintenant
puisque, de toute façon, on n'adoptera pas l'article 1.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: On n'est pas prêts, nous, à arriver
avec une proposition.
Mme Harel: Alors, M. le Président, on va disposer,
à ce moment-là, de l'article, sous réserve, n'est-ce pas,
de l'article 1, sous réserve du droit qu'on a de présenter
d'autres amendements.
M. Bourbeau: Et de nous convaincre de modifier notre
définition du mot "conjoint".
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 31 est
adopté sous réserve.
M. Bourbeau: Non. Il est adopté.
Le Président (M. Gobé): II est adopté tout
court et nous reviendrons à l'article 1, ultérieurement. Bien
entendu, on a pris bonne note de vos réserves.
Mme Harel: Un instant, M. le Président.
M. Morin: Ce serait seulement une question d'information.
Mme Harel: Oui, oui. Allez-y.
M. Morin: Concernant le texte actuel, quand on parle des trois
autres journées là, mais sans solde, j'aimerais savoir comment on
l'applique. Est-ce que ce sont trois jours qui doivent, qui peuvent...
Une voix: Consécutifs?
M. Morin: ...précéder, consécutivement ou
après? C'est quoi l'application? Est-ce que ça peut être
trois journées qui précèdent le décès ou les
funérailles, qui peuvent suivre le décès ou les
funérailles? Est-ce que ces congés doivent être
consécutifs?
Le Président (M. Gobé): Après le
décès.
Mme Vermette: Non, non, avant le décès, si une
personne est bien malade.
Le Président (M. Gobé): Pas qui
précède le décès.
Mme Vermette: On parle du sida là, trois jours avant ou
trois jours après.
Le Président (M. Gobé): Alors, il avait fait un
lapsus. C'est qu'il avait dit: Est-ce que c'est trois jours qui
précèdent le décès ou les funérailles?
M. Morin: Non, non. Qui précèdent les
funérailles mais qui suivent le décès.
Le Président (M. Gobé): J'avais cru comprendre ce
que vous vouliez dire, mais la langue a dû vous fourcher.
M. Morin: Ha, ha, ha! Et plus que la langue. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Le problème qui se pose là, c'est
qu'on n'a pas, M. le Président, une définition qui est
très précise; c'est "à l'occasion du décès".
Alors le problème, c'est que quelqu'un peut s'absenter, pourrait
s'absenter la veille du décès et que le mort lui joue un tour et
ne meure pas.
M. Morin: Avant les funérailles, pas avant le
décès.
M. Bourbeau: Du décès aussi.
Le Président (M. Gobé): Ou décès
aussi, c'est ça?
M. Bourbeau: Oui, on a "à l'occasion du
décès ou des funérailles...
M. Morin: Oui, d'accord.
M. Bourbeau: Les funérailles, ça, on peut en
établir avec assez de certitude la date parce que ça prend un
décès avant. Mais le décès lui-même, parfois
on peut se faire jouer des tours. Ça peut retarder et il n'y a pas de
normes plus précises que ça. C'est une question de bon
sens...
Le Président (M. Gobé): Mais par contre...
M. Bourbeau: ...et ça ne crée pas de
problèmes, me dit-on.
Le Président (M. Gobé): ...je pense que la
réflexion est bonne, parce qu'il peut arriver que quelqu'un qui
travaille à Montréal apprenne qu'un membre de sa famille est
mourant dans une région éloignée. Il sait qu'avec son
automobile ça peut lui prendre une journée pour se rendre et il
peut décider de se rendre avant le décès.
M. Bourbeau: Ordinairement, ça se prend entre le
décès et les funérailles. Mais tout à
l'heure...
Le Président (M. Gobé): C'est vrai que...
M. Bourbeau: ...la députée de Hochelaga-
Maisonneuve indiquait qu'elle voulait avoir une vue d'ensemble des
congés. Alors, je vous fais distribuer un tableau qui donne justement
cette vue d'ensemble là, pour la meilleure compréhension des
membres de la commission. Est-ce que ça répond à la
question du député de Dubuc?
M. Morin: Enfin, s'il n'y a rien, il n'y a rien.
M. Bourbeau: II n'y a pas plus précis que ça dans
la loi.
M. Morin: C'est parce que je sais qu'au niveau des conventions
collectives il y a plusieurs années, lorsqu'on parlait de congés
reliés à des funérailles, c'était
généralement conçu pour être pris après le
décès, mais nécessairement avant les funérailles.
Les choses étant ce qu'elles sont, elles ont beaucoup
évolué. Aujourd'hui, ça ne s'applique plus du tout comme
ça, hein? Les journées de congé peuvent être
totalement après les funérailles parce que, finalement,
dépendam-ment du degré de parenté ou de lien, les
responsabilités ou les préoccupations reliées aux
funérailles ou les obligations surviennent beaucoup plus après
les funérailles qu'entre le décès et les
funérailles. Alors, c'est là que les conventions collectives ont
été extensionnées pour donner beaucoup plus de souplesse
en autant bien sûr qu'un des congés était les
funérailles. Un des congés, mais ça peut être
après. C'est une souplesse qui correspond, qui répond
véritablement aux attentes. C'est pour ça que je posais la
question, s'il y avait cette même souplesse d'application au niveau des
normes.
M. Bourbeau: Elle y est.
Le Président (M. Gobé): Je remarque aussi, M. le
ministre, quelque chose. Lorsqu'on voit la définition: son père,
un enfant, son conjoint, sa conjointe, son père, sa mère, un
frère et une soeur, advenant qu'on se retrouve dans un cas de conjoint
dont un a déjà un enfant, l'autre a un enfant, mais ils ne sont
pas du même père ni de la même... Vous comprenez ce que je
veux dire?
M. Bourbeau: "De l'enfant de son conjoint; c'est là, oui,
c'est l'enfant du conjoint.
Le Président (M. Gobé): Non, mais est-ce que le
frère obtient automatiquement le même droit? Je ne parle pas du
père, du conjoint, de la conjointe là, mais du frère?
M. Bourbeau: Le frère de qui?
Le Président (M. Gobé): Le fils du conjoint.
M. Bourbeau: Le fils du conjoint, c'est...
Le Président (M. Gobé): A-t-il droit aux
mêmes congés si le fils de la conjointe qui n'est pas sa
mère...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Une famille
reconstituée.
M. Bourbeau: C'est une parenté compliquée
ça.
Le Président (M. Gobé): Non, mais c'est une
réalité moderne qu'on vit maintenant et...
M. Bourbeau: Est-ce qu'il est salarié?
Le Président (M. Gobé): II peut travailler en
effet. Je ne sais pas moi. Mme la députée venait de parler de
famille reconstituée, ça existe.
Mme Harel: Les frères et soeurs ne sont pas
nécessairement frères de sang.
Le Président (M. Gobé): Ils ne sont pas
frère et soeur légalement, ni par le sang, ni par la loi. Ce sont
des cas très très courants, je pense, maintenant dans notre
société moderne et libérée.
M. Bourbeau: Je pourrais tenter une réponse et vous citer
l'article 80.1: "Un salarié peut s'absenter du travail pendant une
journée, sans salaire, à l'occasion du décès ou des
funérailles d'un gendre, d'une bru, de l'un de ses grands-parents ou de
l'un de ses petits-enfants de même que du père, de la mère,
d'un frère ou d'une soeur de son conjoint." Alors, le frère ou la
soeur d'un conjoint.
Le Président (M. Gobé): Mais l'enfant?
M. Bourbeau: L'enfant du conjoint, eh bien, il est compris dans
l'article 80.
Le Président (M. Gobé): Non.
M. Bourbeau: "De son conjoint, de son enfant ou de l'enfant de
son conjoint."
Le Président (M. Gobé): Oui, mais est-ce que c'est
le frère?
M. Bourbeau: Le frère du conjoint?
Le Président (M. Gobé): Mais il n'est pas le
frère. Les deux enfants vivent ensemble, dans la même famille, ce
sont deux enfants de familles différentes, les parents vivent ensemble.
Ils ne sont pas frères, mais ils ont passé 10 ans ou 15 ans
à être élevés ensemble. Ils sont quasiment comme
frères mais, légalement, ils ne le sont pas et, par le sang, ils
ne le sont pas.
M. Bourbeau: Ils ne sont parents avec aucun des conjoints?
Le Président (M. Gobé):non, mais ils ont
habité ensemble pendant 15 ans, parce que le père et la
mère habitent ensemble depuis 15 ans mais ont eu leurs enfants chacun de
leur bord.
M. Bourbeau: Voulez-vous prendre rendez-vous avec mes
avocats?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On essaiera de régler votre
problème.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas couvert?
Une voix: Non, parce que ce n'est pas son enfant.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas couvert.
M. Bourbeau: Non, je ne crois pas que ce soit couvert, M. le
Président, parce qu'il n'y a pas de lien de parenté, là,
vraiment.
Le Président (M. Gobé): On n'y a pas pensé,
mais est-ce qu'on ne devrait pas y penser?
M. Bourbeau: Ce n'est pas son enfant.
Le Président (M. Gobé): Non, mais ils ont
vécu ensemble pendant peut-être 15 ans ou 20 ans.
M. Bourbeau: Oui, mais là...
Le Président (M. Gobé): Dans la même famille,
dans la même chambre.
M. Bourbeau: C'est parce que, là, on ouvre une porte, si
on commence à admettre des gens qui n'ont aucun lien de parenté
avec un salarié, avec solde, parce que c'est avec solde, ça.
Le Président (M. Gobé): Par contre, le père
et la mère deviennent parenté parce qu'ils sont mariés
ensemble, peut-être.
M. Bourbeau: S'ils sont mariés ensemble, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Gobé): Non, les enfants ne sont
pas de la même mère ni du même père. Ils ne sont pas
frères ni soeurs.
Une voix: Oui, mais ils sont enfants de l'un des deux.
Le Président (M. Gobé): Je ne veux pas triturer
l'esprit de la loi, mais c'est un cas particulier qui peut être un cas
humain.
M. Bourbeau: Oui, oui.
Le Président (M. Gobé): Ça peut être
un cas humain, un cas familial.
M. Bourbeau: Si c'est l'enfant de l'un des deux conjoints...
Le Président (M. Gobé): On ne pourrait pas dire un
demi-frère?
M. Bourbeau: Oui, mais un demi-frère, c'est un...
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas un
demi-frère, non, il n'est même pas du même père. Non.
Ce n'est pas un demi-frère.
M. Bourbeau: C'est ça. Il n'y a aucun lien de
parenté, alors ça devient un cas humanitaire où
probablement on peut demander au patron, à l'employeur, de donner un
congé quand même.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous ne pouvez
pas, non, l'amender?
M. Bourbeau: Non. Si on amende la loi pour admettre des gens qui
n'ont aucun lien de parenté, là, ça peut donner lieu
à des abus. Quelqu'un peut se présenter continuellement chez
l'employeur et dire: J'ai un ami de troisième degré...
Le Président (M. Gobé): Non, non. Ce n'est pas un
ami, c'est le fils de la femme de son père.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marcil: J'ai l'impression que vous avez cette facilité
de compliquer les choses.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas
compliqué.
M. Marcil: Le père de la mère de la...
M. Bourbeau: Le jour où j'ai épousé ma
femme...
Le Président (M. Gobé): Elle avait un enfant.
M. Bourbeau: ...elle avait, de son premier lit, une fille
à l'oeil plein de flamme de laquelle mon père s'éprit. Mon
père étant veuf mais très tendre, avec ma fille il se
maria. Ce qui fait que mon père devint mon gendre et que je fus le
beau-père de papa.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Voyez-vous comme ça ne se passait pas juste
dans les temps modernes.
Mme Trépanier: Je ne pensais jamais que tu la
"ploguerais", celle-là!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'est de quelle époque, ça?
M. Bourbeau: II y a trop longtemps.
Mme Harel: De l'époque fleurie?
M. Bourbeau: II y a trop longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut passer
à l'article 32?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Le ministre, qui est aussi notaire - était
aussi notaire - va se rappeler la définition que le Code civil donnait
de la famille, et donne toujours parce qu'il n'y a pas encore eu l'application
de la loi 20, qui est adoptée mais qui n'est pas mise en vigueur, dans
le chapitre sur l'obligation alimentaire. Je constate une différence
majeure entre ce qu'on retrouve dans le Code civil et ce qu'on retrouve dans le
projet de loi, et ce doit être la résultante de la
réalité familiale récente. (21 heures)
Le projet de loi, c'est la vision de la famille nucléaire.
Essentiellement, c'est la vision de la famille reconstituée,
c'est-à-dire qu'il y a les ascendants, père, enfants et
petits-enfants, et il y a l'équivalent pour le conjoint, donc
grands-parents ou parents ascendants, si vous voulez, enfants et
petits-enfants, les descendants, avec les croisements entre conjoints. Mais on
a, à part les frères et les soeurs, comme complètement
laissé tomber les collatéraux, ceux qu'on retrouve pourtant dans
le Code civil et qui sont les oncles et les tantes, comme s'ils n'existaient
plus. Là, je ne parle pas des neveux et nièces. Mais dans le Code
civil, depuis la Commune de Paris, il y a, entre autres - mon Dieu, le ministre
connaît ça encore beaucoup mieux que moi - toute la
dévolution en l'absence de testament notarié, il y a toute une
dévolution qui est prévue à l'intérieur du code,
quand il y a ab intestat, comme ils disent, et là, ça
prévoit tout un ordre de collocation, etc., et ça introduit non
seulement les parents ou les grands-parents, mais ça introduit aussi les
collatéraux, c'est-à-
dire les oncles et les tantes.
M. Bourbeau: Jusqu'à la douzième
génération.
Mme Harel: Oui. Peut-être pas à l'article 31, mais
je lui demanderais d'examiner sérieusement, à l'article 32,
puisque ce n'est qu'un droit de s'absenter du travail sans solde, s'il ne
devrait pas y avoir ce droit dans le cas des oncles et des tantes. D'abord, il
y a une sorte de résurgence de la famille élargie au
Québec et il n'est pas évident qu'on doive s'en tenir strictement
à la famille nucléaire telle qu'elle a émergé de la
deuxième guerre. On en sort de plus en plus de ce contexte-là et
je me demande si on n'aurait pas intérêt, parce que, dans la
réalité, je crois que les conventions - mon collègue de
Dubuc connaît ça mieux que moi - les conventions collectives
prévoient les oncles et tantes en général, parce que
ça occasionne des déplacements très souvent à cause
de la mobilité géographique, mais prévoient dans la
réalité, quand on peut se les donner, ce droit de s'absenter...
De toute façon, le salarié n'est pas obligé de le prendre,
c'est à ses frais de toute façon.
M. Bourbeau: Sauf que, M. le Président, encore là,
on est déjà très à l'avant-garde du temps. Quand on
regarde toutes les autres provinces canadiennes, il n'y a personne, à ma
connaissance, qui touche à ça, des congés avec ou sans
solde, dans le cas de funérailles, décès ou mariage
d'oncles ou de tantes.
Mme Harel: Je parle de l'article 32, moi, par exemple, je ne suis
pas à l'article 31. Je parle du droit de s'absenter sans salaire...
M. Bourbeau: ...oui, du décès ou des
funérailles, c'est la même chose, je parle de ça aussi.
Lors du décès, des funérailles ou du mariage...
Mme Harel: Ce n'est pas un mariage ici.
M. Bourbeau: Je comprends, mais décès,
funérailles... C'est la même chose pour le mariage. Le tableau
qu'on a devant nous... Vous avez le tableau devant vous.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Bon. Ah! Vous n'avez pas celui-là.
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: Ah! On pourrait faire venir celui-là aussi.
J'ai un tableau ici que vous n'avez peut-être pas devant vous - je vais
le faire circuler - qui donne la durée des congés de
décès et de funérailles.
Mme Harel: Ils n'ont peut-être pas la même notion de
la famille que nous, hein?
M. Bourbeau: Peut-être. Écoutez, moi, on peut
regarder quels seraient les impacts d'ajouter encore les oncles et les
tantes.
Mme Harel: C'est sans salaire. Une voix: C'est sans
salaire.
M. Bourbeau: C'est sans salaire, oui, mais il reste quand
même que ça peut pertuber une PME à l'occasion. Les oncles,
les tantes, les cousins, les cousines, les neveux et les nièces...
Mme Harel: II y a de moins en moins d'oncles et de tantes
là. Il y a une génération peut-être pour qui
ça existe encore. Moi, j'en ai 16, mais je ne pense pas que ça se
reproduise, vu que ma fille est toute seule.
M. Bourbeau: on va le regarder, m. le président, je n'ai
pas d'objection, mais disons qu'à première vue je ne suis pas
mû par un enthousiasme délirant.
Mme Harel: Article 31, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui. Est-ce qu'on adopte
l'article 31? Alors, l'article 31...
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gobé): ...est maintenant
adopté. Je vais donc appeler l'article 32.
M. Bourbeau: Cette modification a pour effet de permettre
à un salarié de s'absenter une journée sans salaire,
à l'occasion du décès ou des funérailles d'un
petit-enfant, d'un membre de la belle-famille ou d'un des grands-parents.
M. le Président, c'est une modification par rapport à
l'avant-projet de loi, parce que ça étend le droit à ce
nouveau congé sans solde. C'est une amélioration par rapport
à l'avant-projet de loi, parce qu'on n'avait pas ces ajouts-là.
Alors, il n'y a pas que des reculs dans le projet de loi, il y a des ajouts
aussi.
Mme Harel: Comment justifier le 80.2? L'avis le plus tôt
possible, c'est un voeu pieux, ça.
M. Bourbeau: Dans le cas du décès, je pense bien
qu'il n'y aura peut-être pas beaucoup de temps qui va se passer entre
l'avis et le départ. Mais, dans le cas de funérailles, ça
peut se prévoir quand même parfois deux ou trois jours d'avance.
Alors, il n'y a pas de sanction, mais, quand même, je pense que c'est
intéressant de l'avoir dans la loi.
Mme Harel: Qu'est-ce que c'est la sanction, s'il y a eu, mettons,
défaut ou peut-être tout simplement, pas négligence mais
dans des circonstances, un conjoint qui décède, je ne sais pas...
Qu'est-ce que ça peut être, la sanction, s'il y a omission?
M. Bourbeau: M. le Président, on va demander à Me
Parent de répondre à la question.
Le Président (M. Gobé): Me Parent, si vous voulez
répondre à la question de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez la parole.
M. Parent (Richard): Alors, l'article prévoit que le
salarié qui désire se prévaloir de ce droit doit en aviser
son employeur le plus tôt possible. Cet article donne des droits au
salarié, c'est-à-dire de s'absenter à certaines occasions,
tel qu'on vient de le voir. Par contre, l'article donne aussi une obligation au
salarié, c'est-à-dire celle d'aviser son employeur le plus
tôt possible.
Si on prend un cas hypothétique qui, probablement, n'arrivera pas
très souvent, si, malicieusement, en faisant absolument exprès,
le salarié s'absente, par exemple, dans une entreprise où il n'y
a que quelques salariés, donc en mettant en péril
l'opération même de l'entreprise, s'il absente, ne donne aucune
nouvelle à son employeur et que, par la suite, il est
congédié pour s'être prévalu de ce droit qui lui
était attribué par ce nouvel article de loi, la protection qui
lui est accordée, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un
congédiement suite à une pratique illégale,
l'employé ayant voulu se prévaloir d'un droit, s'il n'a pas
rempli la condition qui lui incombait, s'il ne l'a pas remplie, tel qu'on l'a
dit dans notre exemple, grossièrement, en faisant exprès pour ne
pas le faire, ce qui peut arriver, c'est que la protection que lui accorde
l'article 122 suite à un congédiement de l'employeur pourra lui
être refusée par le commissaire du travail si celui-ci se rend
compte qu'il a refusé délibérément de remplir la
condition qui lui était imposée pour se prévaloir de ce
droit.
Mme Harel: oui, mais ça fait bien des conditions. il faut
que ce soit délibérément, malicieusement. qui va avoir le
fardeau de la preuve?
M. Parent (Richard): Le salarié va
bénéficier d'une présomption et, à ce
moment-là, s'il était congédié, pour se
prévaloir de sa présomption, il devrait démontrer au
commissaire du travail que lui aussi a rempli ses obligations, qu'il y a eu un
décès, qu'il s'est absenté et que, conformément
à l'article, il a tenté d'aviser son employeur le plus tôt
possible et, s'il est dans l'impossibilité de faire cette
démonstration-là au commissaire, qu'il a tenté d'aviser
son employeur le plus tôt possible, s'il ne peut pas démontrer
ça au commissaire, il pourrait arriver bien sûr que le commissaire
lui dise que son recours est irrecevable et qu'il ne peut pas se
prévaloir de la présomption n'ayant pas lui-même rempli son
obligation comme il devait le faire.
Mme Harel: Oui, mais dans la vraie vie, là, ça ne
se passe pas de la manière dont vous le décrivez parce que vous
nous dites: S'il ne remplit pas la... s'il est dans l'impossibilité de
faire la démonstration qu'il a avisé le plus tôt possible.
Mais s'il n'a pas avisé parce qu'il n'était pas dans la
possibilité d'aviser, juste pour des raisons psychologiques - là,
on est dans l'ordre du deuil et de la mort - alors, comment va-t-il faire cette
preuve-là, qu'il était dans l'impossibilité de faire la
démonstration... Attendez! Comme vous avez dit, s'il fait la
démonstration qu'il était dans l'impossibilité d'aviser
l'employeur de son absence le plus tôt possible. C'est une
démonstration qui va se faire à partir de quoi, s'il y a eu
omission? Vous voyez, c'est le genre de disposition qui, finalement, ne
s'établit pas à partir d'une omission. Si on peut dire "s'il
omet", là, les choses sont plus simples. Il peut omettre ou ne pas
omettre; il ne peut pas faire l'un ou l'autre, il ne peut faire les deux: il
omet d'aviser ou il avise. Mais, dans le cas présent, même s'il
omet d'aviser, est-ce que vous croyez qu'il peut être dispensé de
l'avis, s'il plaide et démontre que c'était pour des raisons hors
de son contrôle?
M. Parent (Richard): Sûrement. Ce qu'on dit, c'est qu'il
doit aviser le plus tôt possible, ça ne donne pas un délai
précis. S'il a été empêché de le faire la
journée même, le lendemain, même le surlendemain ou
même jusqu'à deux ou trois jours après, il devra faire la
démonstration au commissaire du travail, s'il est
congédié, qu'il a avisé l'employeur le plus tôt
possible. Ça ne veut pas dire, il ne faut pas interpréter
ça comme étant le jour même, le jour suivant ou même
dans les quelques jours qui suivent. Une fois qu'il aura fait cette
démonstration-là, à ce moment-là, le commissaire
sera satisfait du fait qu'il a avisé son employeur le plus tôt
possible, même si ce n'est que quatre ou cinq jours après, compte
tenu des circonstances. Dans l'hypothèse où il ne le ferait pas
du tout et qu'il n'a pas d'explication à donner pour ça, à
ce moment-là, évidemment, le commissaire aura à
interpréter si le recours en sa faveur s'applique ou non à son
cas. Alors, je pense que ça a beaucoup de flexibilité, ça
n'a aucun délai rigide et ça porte sur des faits qui seront
démontrés devant le commissaire du travail.
Mme Harel: Alors, ça suppose à ce moment-là
qu'il y a un congédiement ou une pratique interdite pour que cette
démonstration-là puisse se faire. Mais pour pouvoir faciliter -
comment dire donc - le respect de la disposition et étant
donné justement les explications que vous nous avez
données, est-ce qu'il ne serait pas souhaitable d'ajouter comme vous
l'avez fait les mots "compte tenu des circonstances"? Ce qui fait que l'article
se lirait: "Le salarié doit aviser l'employeur de son absence le plus
tôt possible, compte tenu des circonstances."
M. Parent (Richard): C'est que chaque fois qu'on touche à
un recours, soit de pratique illégale, ou même de
congédiement sans cause juste et suffisante en vertu de l'article 122 de
la loi, il s'agit toujours de démontrer des faits et des circonstances
et c'est toujours basé sur les faits et les circonstances qu'on peut
apprécier si ta présomption s'appliquera ou non. Alors, je crois
que c'est la même chose dans ce cas-ci que dans tous les autres cas qui
sont prévus à la loi.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée, c'est...
Mme Harel: Bien, merci. Alors, ça pourra peut-être
servir à des plaideurs, cette explication qui nous a été
donnée.
M. Bourbeau: C'est l'intention du législateur.
Le Président (M. Gobé): Mais que faites-vous dans
le cas d'un travailleur qui arrive deux jours après au travail et qui
dit: Je ne vous ai pas averti, mais ma grand-mère était mourante,
elle n'est pas morte, mais vu que je présumais qu'elle était
mourante, je suis allé en Gaspésie et je ne suis pas
rentré.
M. Parent (Richard): On est justement dans un exemple
précis...
Le Président (M. Gobé): Comment on le prouve,
ça? (21 h 15)
M. Parent (Richard): ...de ce qu'on vient de dire. Alors, dans le
cas qui nous est présenté, il avise son employeur deux jours
après et c'est au moment du retour au travail qu'il l'avise du pourquoi
il s'est absenté, en cas de décès. C'est ça, deux
jours après.
S'il dit à l'employeur, bien, c'est à cause du
décès de ma mère, de mon père, je ne sais pas, de
ma grand-mère...
Le Président (M. Gobé): Elle n'est pas morte.
M. Parent (Richard): Elle n'est pas morte?
Le Président (M. Gobé): Elle devait mourir, mais
elle est restée là-bas et elle n'est pas morte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parent (Richard): Là, je pense que, si elle n'est pas
décédée, malheureusement, il va falloir regarder dans la
loi s'il n'y a pas d'autres articles qui pourraient nous venir en aide parce
que ça, ça s'applique dans les cas de décès ou de
funérailles.
Le Président (M. Gobé): Mais elle devait
mourir.
M. Parent (Richard): Elle devait mourir?
Le Président (M. Gobé): II était en
Gaspésie pour le week-end et, là, sa grand-mère devait
mourir. Il n'est pas rentré avant le mercredi. Il attendait qu'elle
meure. Il avait droit à trois jours dans la loi.
M. Bourbeau: M. le Président, il va falloir qu'on
accélère parce que, moi, j'ai des funérailles dans une
semaine.
Mme Harel: Pensez-vous décéder vous-même?
M. Bourbeau: Le 18 décembre, j'ai des funérailles
prévues, M. le Président, il faut que je sois sorti d'ici.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Harel: Est-ce celles du projet de loi 97?
Mme Vermette: M. le Président, je voulais tout simplement
ajouter - non pas parce que je veux ajouter la couronne tout de suite aux
funérailles, mais tout simplement ce que je voulais dire, c'est que,
dans des circonstances de cette nature, quand on parle d'un
décès, je pense que... Est-ce que l'usage a
démontré, en tout cas dans les relations du travail, qu'il y a eu
beaucoup d'abus dans ce sens-là, d'une part? Et pourquoi, encore une
fois? Vous ne trouvez pas que, moralement, ce serait très mal vu de la
part d'un employeur de mettre un de ses employés à la porte,
parce qu'il y a eu un décès dans sa famille?
Dans le fond, on essaie toujours de responsabiliser nos travailleurs et,
dans le fond, des trucs comme ça, ça n'arrive pas à une
notion de responsabilisation. Ça veut dire qu'on a une
présomption comme quoi il peut toujours faire des choses
détournées, surtout quand on parle de quelque chose d'aussi
évident qu'un décès ou des funérailles, parce qu'on
sait qu'actuellement, c'est connu et au su de tout le monde. C'est assez, je ne
sais pas, facile à vérifier ou à savoir, vraiment,
l'état des choses. Si quelqu'un est malade dans ma famille ou si un
décès arrive,
un accident, vous savez, les médias, en fin de compte,
fournissent très rapidement l'information. on peut avoir facilement
l'information. je vois bien qu'on veut montrer... on dit qu'on veut prendre la
part du salarié, qu'il y ait au moins une poignée pour faire la
preuve de sa bonne foi, mais je trouve qu'on va loin.
M. Parent (Richard): Mais d'abord, au niveau de la
publicité comme vous dites, vous avez sûrement raison dans des
endroits où l'agglomération est vraiment importante; si on a des
facilités de communication, ça se sait facilement. Sauf que, des
fois, dans des endroits du Québec, parce que ça s'applique
partout au Québec, il n'y a pas la même publicité. Alors,
je pense, pour revenir à ce que vous disiez au début, que le
principe de responsabiliser les parties, parce que c'est quand même une
nouvelle disposition qu'on introduit, a justement été à la
base de cet article-là. D'une part, on responsabilise l'employeur en lui
disant: Bien voici ce qui est une norme minimale accordée à un
employé, lorsqu'il y a un décès ou des funérailles.
D'autre part, on responsabilise le salarié dans le même article en
disant: Bien là, il ne faudrait quand même pas oublier d'aviser
ton employeur le plus tôt possible, parce que lui aussi va subir des
inconvénients.
Je pense qu'il y a un équilibre basé sur la
responsabilisation des deux parties et, comme vous le disiez, dans ça,
je pense que ça doit être vraiment remarqué que les deux
côtés sont là, qu'il y a vraiment un bon
équilibre.
Mme Vermette: Mais la seule question que je vais vous demander
maintenant: En quoi c'est davantage important d'écrire ça
maintenant pour les responsabilités qu'il y a 10 ans? Est-ce que c'est
parce que vous avez constaté davantage d'abus, parce que ça n'a
jamais été fait, comme c'est nouveau et que c'est une
journée sans solde à part ça? Donc, évidemment, les
gens ne feront pas d'abus à ce niveau-là, puisque c'est une
journée sans solde.
M. Parent (Richard): Sûrement que si cette disposition
avait été introduite il y a 10 ans, comme nous le voyons
aujourd'hui, probablement que la responsabilisation du salarié serait
apparue aussi. Mais là, c'est tout nouveau. Ce n'était même
pas dans l'avant-projet.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 32
dans son ensemble est adopté?
M. Morin: Non.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc, vous avez des remarques finales.
M. Morin: C'est pour avoir une opinion, pour voir si le
non-respect de 80.2 à l'effet que l'employé n'aurait pas
avisé, est-ce qu'à un moment donné ça pourrait
compromettre ou remettre en question son droit au congé? Comment est-ce
que vous l'appliquez? Ou bien, parce que je comprends bien, et le terme
"aviser" me plaît beaucoup, que, s'il fallait que ce soit "demander" au
lieu d'"aviser", ce serait problématique. Comme on dit "aviser", je
pense que c'est beaucoup plus informer l'employeur. Alors, si jamais
l'employé n'avisait pas pour différentes raisons, même sans
raison, ça n'aurait pas pour effet de compromettre son droit à ce
même congé.
M. Parent (Richard): Sûrement qu'il pourrait prendre son
congé quand même, même s'il n'a pas avisé, parce que,
souvent, il n'aura pas le temps d'aviser. Surtout, un décès,
ça peut arriver en pleine nuit, ça peut arriver le soir et, bien
sûr, il n'aura probablement pas le temps, après le
décès, d'aviser son employeur le même jour. Sauf que, dans
les jours qui vont suivre, soit le lendemain ou le surlendemain, puisqu'il y a
plusieurs jours de prévus, là, il aura peut-être le temps
d'aviser son employeur et ce sera, pour lui, le plus tôt possible.
À ce moment-là, sûrement qu'il n'y aura aucune
pénalité contre le salarié.
M. Morin: Ça me va.
Le Président (M. Gobé): D'accord. L'article 32 est
donc maintenant adopté.
Mme Harel: À l'article 32, le ministre lui-même nous
a dit qu'il allait réfléchir à notre suggestion d'ajouter
les oncles et les tantes. Alors, s'il veut réfléchir, il faut
qu'on suspende.
M. Bourbeau: J'ai réfléchi, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ma réflexion est terminée.
Le Président (M. Gobé): Pourrions-nous
connaître la teneur de votre réflexion, M. le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai regardé
ça et, vraiment, je pense qu'on serait à l'avant-garde, à
l'extrême avant-garde du tableau de toutes les provinces canadiennes et
du gouvernement du Canada en matière d'élasticité. Pour
l'instant, on devrait s'en tenir à ce qu'on a dans le projet de loi. On
est déjà, à ce titre-là, pas mal avant-gardiste, je
pense. Alors, je n'ai pas l'intention de faire de changement pour
l'instant.
Le Président (M. Gobé): c'est bien, m. le ministre.
mme la députée de hochelaga-maison- neuve, voulez-vous faire part
d'un commentaire avant l'adoption?
Mme Harel: M. le Président, je ne tiens pas à ce
qu'on soit à l'avant-garde. Je tiens surtout à ce qu'on ne soit
pas à l'arrière-garde de ce qui a toujours été
défini dans notre Code civil, depuis avant la
Confédération, comme étant la définition de la
famille au Québec. Alors, je vous propose l'amendement suivant.
Le Président (M. Gobé): Alors, je reçois un
amendement.
Mme Harel: Que l'article 32 du projet de loi 97...
M. Morin: 33?
Le Président (M. Gobé): L'article 32.
Mme Harel: L'article 32 du projet de loi 97 est amendé par
l'addition des mots "d'un oncle ou tante" après les mots "de l'un de ses
grands-parents". Après les mots "de l'un de ses grands-parents", on
ajouterait "d'un oncle, d'une tante".
Le Président (M. Gobé): D'un oncle et d'une
tante...
Mme Harel: Alors, je vais vous en faire la relecture.
Le Président (M. Gobé): Oui, madame, allez- y-
Mme Harel: l'article 32 du projet de loi 97 est amendé par
l'addition, après les mots "de l'un de ses grands-parents", des mots
"d'un oncle, d'une tante".
Le Président (M. Gobé): Alors, si je comprends
bien, l'article se lirait...
Des voix:...
Le Président (M. Gobé): ...après "l'un de
ses grands-parents".
Mme Harel: C'est ça. Alors, il faut le formuler de
façon à lire: L'article 80.1, introduit par l'article 32...
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Mme Harel: ...du projet de loi 97, est amendé par
l'addition, après les mots "de l'un de ses grands-parents"...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que je peux
avoir...
Mme Harel: ...des mots "d'un oncle, d'une tante".
Le Président (M. Gobé): ...la copie de votre
amendement, s'il vous plaît, afin que nous le jugions à sa juste
valeur?
Alors, je reçois un amendement proposé par Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve à l'effet de modifier
l'article 32 du projet de loi 97: L'article 80.1, introduit par l'article 32 du
projet de loi 97, est amendé par l'addition, après les mots "de
l'un de ses grands-parents", des mots "d'un oncle, d'une tante". Alors, cet
amendement est recevable, parce qu'il se rapporte à l'étude du
projet de loi en cours et à un article en cours. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous avez droit au temps de
parole habituellement alloué pour ce genre de discussion. Est-ce que
vous voulez commencer?
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'on a suffisamment
commenté et je veux simplement qu'il y ait un vote nominal sur cet
amendement.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, avez-vous
des commentaires?
M. Bourbeau: Oui. Le seul commentaire, M. le Président...
On me signale que même la convention collective de la CEQ au gouvernement
ne comporte pas l'ajout d'un congé pour les oncles et les tantes. Alors,
quand je dis qu'on est à l'avant-garde du temps, on serait même
à l'extrême avant-garde du temps, puisque les fonctionnaires du
gouvernement qui sont très bien pourvus - comme vous le savez, M. le
Président - en matière de conventions collectives n'ont pas
jugé bon de demander ce congé-là. Ça va vous donner
une idée du sérieux de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais que le ministre
fasse bien attention avant de déprécier l'amendement qui est
devant nous. D'abord...
M. Bourbeau: ..des normes minimales
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre!
Mme Harel: C'est une question de perception, M. le
Président, de la notion de famille. Et comme je le signalais, on peut,
dans les lois... D'ailleurs, souvent, nos lois ont un effet pervers, puis,
malgré soi, ont l'effet exactement contraire de celui qui est
recherché et, en l'occurrence, l'effet de restreindre la famille
à la seule famille nucléaire et de soutenir la famille en autant
que ce soit dans ce type de relation. Alors, je pense que mon amendement est
tout à fait justifié.
Le Président (M. Gobé): Alors, je relis donc
l'amendement présenté par Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qui est de mofidier l'article 80.1 introduit par
l'article 32 du projet de loi 97 et de l'amender par l'addition, après
les mots "de l'un de ses grands-parents" des
mots "d'un oncle et d'une tante". Mme la secrétaire, si vous
voulez appeler le vote. Il y a une demande de vote nominal par Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, avant qu'on prenne le vote, il
n'y a pas le mot "et" entre...
Le Président (M. Gobé): Non, c'est "d'un oncle,
d'une tante".
Une voix: "Ou"?
Le Président (M. Gobé): Non, pas "ou" non plus. Mme
la secrétaire.
La Secrétaire: J'aimerais connaître de la part de
l'Opposition qui seront ceux qui pourront voter.
Mme Harel: II y en a trois.
La Secrétaire: Merci. Alors, Mme la ministre
Trépanier.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Dorion?
Mme Trépanier: Contre.
La Secrétaire: M. le député de Laporte?
M. Bourbeau: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Gaspé?
M. Beaudin: Contre.
La Secrétaire: Mme la députée de
Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre
La Secrétaire: M. le député de
Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
LaFontaine?
M. Gobé: Contre.
La Secrétaire: Après ça, j'ai Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: ..son amendement, pour, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: M. le député de Dubuc?
M. Morin: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
La Secrétaire: L'amendement est rejeté 7-3.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'amendement est
rejeté par 7 voix contre, 3 pour. Donc, je déclare cet amendement
rejeté. Et est-ce que l'article 32 est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gobé): L'article 32 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 33.
M. Bourbeau: La modification suggérée permettrait
à un salarié de s'absenter sans salaire non seulement le jour du
mariage de l'un de ses enfants, tel qu'actuellement, mais aussi le jour du
mariage de son père, de sa mère, d'un frère, d'une soeur
ou d'un enfant de son conjoint. (21 h 30)
Mme Harel: Est-ce que le ministre pourrait nous faire lecture de
l'article, tel que modifié?
M. Bourbeau: "81. Un salarié peut s'absenter du travail
pendant une journée, sans réduction de salaire, le jour de son
mariage. Un salarié peut aussi s'absenter du travail, sans salaire, le
jour du mariage de l'un de ses enfants, de son père, de sa mère,
d'un frère, d'une soeur ou d'un enfant de son conjoint. Le
salarié doit aviser l'employeur de son absence au moins une semaine
à l'avance."
Mme Harel: Donc, M. le ministre, la journée avec solde,
c'est la journée du mariage pour le ou la mariée. Le lendemain
des noces, elle doit retourner travailler.
Le Président (M. Gobé): Si elle se marie le
samedi?
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: Donc, une travailleuse ou un travailleur, surtout ou
en particulier les jeunes, parce qu'on sait que ce sont eux qui occupent les
emplois précaires et qui ont la moins grande durée de travail...
Il y en a 350 000, nous disait le ministre aujourd'hui. Moi, je parlais de 800
000 en citant des chiffres de la presse, mais le ministre nous dit: 350 000
travailleurs ne complètent pas une année de service continu et la
majorité d'entre eux sont à l'âge d'un premier mariage, pas
à l'âge d'un remariage. C'est donc dire, ne pouvant pas compter
sur des semaines de vacances qui ne sont accessibles qu'après un
an, qu'ils peuvent compter simplement sur une indemnité de 4 % et
qu'ils auront en tout et pour tout la fin de semaine, j'imagine, si ce n'est
pas un jour ouvrable, ou une journée qui est celle de leur mariage.
C'est ça? C'est bien ça? D'aucuns diraient dans mon milieu, dans
mon quartier plutôt, que le ministre n'est pas bien "blod".
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre,
allez-y.
M. Bourbeau: ...au risque de décevoir la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, je lui dirais que nous sommes
la province la plus généreuse au Canada à ce sujet,
puisque le Québec est la seule province à accorder une
journée avec solde pour le mariage. Les autres provinces n'ont
strictement rien du tout, aucune clause. Alors, nous sommes, encore là,
à l'avant-garde.
Mme Harel: En fait, vous avez raison.
M. Bourbeau: Les autres se marient le samedi et, comme le samedi
c'est congé...
Le Président (M. Gobé): Et le lendemain, c'est le
dimanche.
M. Bourbeau: ...et que le lendemain, c'est le dimanche, ils se
reposent du samedi.
Le Président (M. Gobé): Pour un travailleur de
restaurant, peut-être que ça ne peut pas s'appliquer.
M. Bourbeau: Nous sommes toujours dans les normes minimales, M.
le Président, j'aime à le rappeler.
Mme Harel: Évidemment, M. le Président, on se rend
compte qu'ailleurs il y a plus de journées avec solde pour un
décès ou des funérailles que pour un mariage. Dans le code
canadien, il y a trois jours avec solde dans le cas de congé de
décès ou de funérailles. Mais, effectivement, en tout cas,
sur le tableau qu'on nous présente du moins, il n'y a rien de
prévu en termes de congé de mariage.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
Mme Harel: Pourtant, ça ne les empêche pas d'avoir
un taux de nuptialité qui est supérieur au nôtre.
Le Président (M. Gobé): Pour d'autres raisons.
Mme Harel: Justement, on fait valoir qu'il y aurait une
remontée de la nuptialité, pas simplement de la natalité,
mais de la nuptialité et d'aucuns attribuent cette remontée
à la protection que donne la loi sur le patrimoine familial. J'ai lu cet
article dans le journal La Presse et j'ai eu le plaisir d'en faire la
distribution à mes collègues. Je pourrais peut-être faire
de même pour les membres de la commission.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, vous avez fait une
demande pour une intervention.
Mme Carrier-Perreault: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est sur
l'article 33?
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Le Président (M. Gobé): Ou sur la...
Mme Carrier-Perreault: Je regarde la modification qu'on apporte
à l'article 33 ici. On dit, dans le premier paragraphe, par le
remplacement, et voilà, on énumère: ...pendant deux jours,
bon, ...de la naissance ou de l'adoption d'un enfant... par les mots "de son
père, de sa mère, d'un frère, d'une soeur ou d'un enfant
de son conjoint". Je trouve que c'est quand même intéressant
d'avoir cette notion-là. Et je vois, par contre, dans l'article 81, pour
le jour du mariage, entre autres, dans le deuxième paragraphe, qu'on a:
Un salarié peut s'absenter du travail, sans salaire, le jour du mariage
de l'un de ses enfants. Et là, on arrête là. Il n'est
aucunement fait mention dans ce paragraphe-ci de, le jour du mariage de son
enfant... Et on se serait attendu à voir arriver la notion "ou d'un
enfant de son conjoint". Je ne sais pas comment on procède; j'aimerais,
moi, quand même, peut-être déposer un amendement à ce
niveau-là étant donné qu'on en est à amender
l'article 81.
Le Président (M. Gobé): Je crois comprendre que
vous avez une proposition d'amendement, Mme la députée?
Mme Carrier-Perreault: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez nous
la lire ou nous la communiquer?
Mme Carrier-Perreault: Oui, ça va prendre quelques
minutes, parce qu'on parlait de ça.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez que
nous suspendions quelques minutes, le temps que vous la fassiez?
Mme Carrier-Perreault: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Gobé): Ça va prendre un
peu de temps?
Mme Carrier-Perreault: Non, ce ne sera pas long, de deux à
trois minutes.
Le Président (M. Gobé): Et que nous passions
à l'autre article?
Mme Carrier-Perreault: Deux petites minutes.
M. Bourbeau: On n'est pas pour suspendre à chaque fois
qu'il passe par la tête à un député de faire un
amendement. Rédigez votre amendement et on va suspendre l'article
plutôt, mais pas la séance.
Le Président (M. Gobé): C'est ça que j'ai
proposé, M. le ministre.
M. Bourbeau: Ah! J'avais compris que vous vouliez qu'on suspende
la séance.
Le Président (M. Gobé):non. on n'est pas
obligé de suspendre le temps qu'elle fasse l'amendement. je vois que mme
la députée de hochelaga-maisonneuve n'est pas là pour
parler sur l'article.
M. Bourbeau: Non, on va suspendre l'article, c'est tout. C'est
l'article 33, ça?
Mme Carrier-Perreault: Disons que mon amendement, je pense que je
pourrais le présenter. Il est correct, recevable.
Le Président (M. Gobé): Vous l'avez maintenant?
Mme Carrier-Perreault: oui, j'en ai un. c'est parce que je veux
être sûre qu'il est recevable, m. le président. vous
comprenez mon inexpérience.
M. Bourbeau: Ah! bon, je parlais de la suspension de la
séance.
Le Président (M. Gobé): Non, M. le ministre.
Mme Carrier-Perreault: Vous comprenez que j'aime mieux le relire.
Je ne suis pas toujours trop convaincue.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, madame. Je vous en
prie.
Mme Carrier-Perreault: alors, j'apporterais un amendement
à l'article 33 qui se lirait: l'article 33 du projet de loi 97 est
amendé par l'addition, avant le premier alinéa, de
l'alinéa suivant: 1° par l'addition au deuxième
alinéa, à la troisième ligne, après les mots "un de
ses enfants" des mots "ou de l'un des enfants de son conjoint". Ce sont les
mots, d'ailleurs, qu'on retrouve dans l'amendement du ministre. "C'est-u"
correct?
Le Président (M. Gobé): Je vais le relire.
Mme Vermette: ii faut étendre la notion du mot "conjoint"
ici, parce qu'il peut y avoir des couples homosexuels qui ont
déjà été mariés qui ont des enfants.
Une voix: On en a parlé longuement.
M. Bourbeau: Nous, on ne comprend pas l'amendement.
Une voix: Vous ne comprenez pas.
Mme Carrier-Perreault: Si je vous le montre, allez-vous
comprendre?
Une voix: Sûrement.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous retirez
votre amendement, Mme la députée?
Mme Carrier-Perreault: Oui, avec plaisir.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière retirant son
amendement, j'appellerai maintenant l'adoption de l'article 33. Est-ce que
l'article 33 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. Mme Vermette:
Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 33 est maintenant
adopté. J'appelle l'article 34. M. le ministre.
M. Bourbeau: Cet article propose d'accorder cinq jours de
congé à l'occasion de la naissance ou de l'adoption d'un enfant.
La loi actuelle... M. le Président, est-ce que ça
intéresse quelqu'un, ce que je dis? Non?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Bien oui, voyons donc! C'est juste une blague.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président. Mme
Vermette:...mêmes avantages...
Le Président (M. Gobé): Adopté.
Mme Vermette: Oh! Un instant!
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Marie-Victorin, vous avez demandé la
parole?
Mme Vermette: Oui. Quand on parle d'adoption, simplement, moi,
c'est le volet de l'adoption parce qu'on parie de cinq jours dans le cas
où les parents adoptent un enfant. Mais, dans le cas de l'adoption
internationale, il faut que les parents aillent à l'étranger
chercher l'enfant et qu'ils reviennent. C'est sûr que c'est des frais
exorbitants pour ces couples-là aussi.
Mais pourquoi on ne donne pas - peut-être que je n'ai pas assez
bien suivi la loi depuis le début - les mêmes avantages à
la mère qui travaille, qui est dans le milieu du travail, qu'à
une mère qui donne naissance, dans le fond, comme les congés
parentaux, après l'adoption, c'est-à-dire que c'est comme une
naissance, et donner les 18 semaines pour s'occuper de l'enfant?
M. Bourbeau: II est question, quand une mère a un enfant,
d'un rétablissement physique qui doit être pris en cause. On
appelle ça relever de ses couches. La mère qui adopte un enfant
n'a pas cette...
Une voix: Elle va avoir un congé, par exemple.
Mme Vermette: Un congé de combien de semaines?
Peut-être que je n'ai pas suivi là, mais...
Une voix: ...comprend rien encore. Mme Vermette: Ah!
O.K.
M. Bourbeau: II y a le congé parental de 34
semaines...
Mme Vermette: O.K. C'est correct.
M. Bourbeau: ...qui s'applique à partir de l'adoption. Au
père et à la mère.
Mme Vermette: Au père et à la mère.
Le Président (M. Gobé): Quel âge l'enfant
doit-il avoir? Est-ce qu'il y a une limite d'âge?
M. Bourbeau: Pardon?
Le Président (M. Gobé): Une limite d'âge?
M. Bourbeau: Une limite d'âge?
Mme Vermette: Mais, généralement, c'est le
père et la mère qui vont en voyage chercher l'enfant.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Vermette: C'est les deux salariés.
M. Bourbeau: Oui, c'est ça. Ils ont droit, tous les deux,
au congé parental.
Mme Vermette: Tous les deux au congé parental.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que
l'article...
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc.
M. Morin: ...je voudrais en savoir un peu plus sur le
deuxième paragraphe concernant le fractionnement. Tel qu'il est
écrit, est-ce que j'aurais raison de croire que l'employeur pourrait,
lui, demander le fractionnement des journées? On stipule que ce
congé peut être fractionné en journées. Est-ce que
je dois comprendre que c'est un droit à l'employeur de fractionner le
congé ou si on devrait plutôt croire ou comprendre que c'est un
droit à l'employé de demander le fractionnement? Si
c'était le cas, pour éviter que l'employeur ne considère
ça comme un droit à lui et non pas un droit à
l'employé de fractionner, ce ne serait peut-être pas mauvais...
Enfin, je le suggère, dans un premier temps. Je ne sais pas si j'ai
raison de penser comme ça, mais si, sur le fond, il y avait place pour
éviter l'équivoque, à ce moment-là, peut-être
qu'il y aura lieu d'apporter un amendement.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est manifestement un
droit. Le fractionnement est un droit qui appartient à l'employé.
C'est l'intention du législateur. Maintenant, est-ce que le texte qui
est devant nous, ici, est suffisant pour assurer que cette affirmation que j'ai
faite pourra être "substantiée" par le texte? Je vais demander
à mon voisin, ici, le conseiller juridique, de faire sa...
M. Paradis (Matapédia): On devrait préciser.
M. Morin: Je pense que ce serait imiter ce qu'on a
déjà fait au niveau des vacances, où on spécifiait
qu'à la demande d'un employé les congés pouvaient
être fractionnés. Alors je pense que ce serait dans le même
esprit, à l'effet que ce congé - si vous voulez qu'on apporte un
amendement - peut être fractionné à la demande de
l'employé...
M. Bourbeau: On pourrait l'ajouter. M. Morin: ...ou du
salarié.
M. Bourbeau: C'est sûr que ça n'affaiblirait pas le
texte. Je n'aurais pas d'objection à
l'ajouter.
Le Président (M. Gobé): Alors est-ce que je dois
comprendre qu'il y a un amendement?
Une voix: ...une suggestion qui...
M. Bourbeau: Voulez vous qu'on rédige l'amendement ou
voulez-vous le rédiger vous-même?
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Matapédia, vous avez demandé la parole? (21 h 45)
M. Paradis (Matapédia): C'est ça. Je suggère
au ministre de pouvoir préciser.
M. Bourbeau: On va vous préparer un amendement disant:
À la demande de l'employé, hein?
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Matapédia. Alors, à la demande du
député de Matapédia...
M. Bourbeau: À la demande du salarié...
Le Président (M. Gobé): ...et du
député de Dubuc.
M. Bourbeau: À la demande du salarié, à la
demande du député de Dubuc.
Le Président (M. Gobé): ...Matapédia. ,
M. Bourbeau: La première... Alors, on aura des
coûts...
Une voix: Oui, alors faites-le.
M. Morin: Mademoiselle va préparer le texte.
Le Président (M. Gobé): O.K. Si vous voulez me le
transférer, je vous remercie. J'ai reçu l'amendement. L'article
81.1 introduit par l'article 34 du projet de loi est amendé par
l'addition, dans la première ligne du deuxième alinéa,
après les mots "fractionné en journées", des mots "a la
demande du salarié". Est-ce que l'amendement, tel que libellé,
est adopté?
M. Morin: Vous le jugez acceptable, rece-vable?
Le Président (M. Gobé): Oui, oui, il est recevable.
Pas de problème, même celui... Tout le monde en a convenu. Je veux
dire... La recevabilité a été de facto.
Une voix: ...après les mots "fractionné en
journées"...
Le Président (M. Gobé): ..."fractionné en
journées", des mots "à la demande du salarié".
Une voix: Bon. C'est pas mal beau, ça. Ça vient
ici. O.K.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, est-ce
que... Oui, M. le député de Matapédia, mais il semble que
M. le ministre ait besoin d'informations supplémentaires.
M. Bourbeau: On a une discussion ici...
Le Président (M. Gobé): On se doit de respecter son
droit, cette réflexion afin d'être assuré que la commission
fasse son travail lé mieux possible. C'est l'ordre de la Chambre. Mais
je vois qu'il y a consentement des deux côtés. Vous avez
parlé, M. le député de Matapédia, en faveur de ce
consensus. Avez-vous l'amendement, M. Parent? O.K. M. le ministre. L'amendement
est adopté et l'article...
M. Bourbeau: On pourrait peut-être le lire, pouvez-vous le
lire?
Le Président (M. Gobé): Je l'ai déjà
lu, M. le ministre.
M. Bourbeau: Ah bon! Parfait. Très bien.
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous que je le
relise? Je peux en refaire la lecture.
M. Bourbeau: Oui, oui, j'aimerais mieux, oui.
Le Président (M. Gobé): O.K. L'article 81.1
introduit par l'article 34 du projet de loi est amendé par l'addition
dans le deuxième alinéa, à la première ligne,
après les mots "fractionné en journées", des mots
"à la demande du salarié".
M. Bourbeau: O.K. Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 34, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 34, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle maintenant l'article 35.
Mme Vermette: Monsieur... Je voudrais juste...
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: II y avait un point que je
voulais...
Le Président (M. Gobé): Le temps est passé.
Mme Vermette: II est passé.
Le Président (M. Gobé): Non, non, allez-y. Je vous
en prie, je vous en prie.
Mme Vermette: À la fin de l'article, on parte aussi de
l'application pour l'enfant d'un conjoint, lorsqu'on veut adopter un enfant
d'un conjoint. Dans ce cas-là, il ne pourrait pas au moins y avoir une
journée ou une demi-journée de prévue, parce que c'est une
question administrative, s'il doit aller à un moment donné
à la cour pour signer des papiers et tout ça. Parce qu'il y a une
renonciation, la mère va renoncer, à un moment donné,
à son enfant, il faut qu'elle aille à la cour pour ça. Il
y a toutes sortes de papiers, il faut qu'elle aille aux services sociaux pour
pouvoir...
Le Président (M. Gobé): Elle ne renonce pas, c'est
le conjoint qui adopte l'enfant.
Mme Vermette: non, mais avant que le conjoint adopte l'enfant, il
faut que la mère renonce à son enfant, il appartient à
l'état pendant une période de temps.
Une voix: Ah! bien...
Mme Vermette: Oui, oui, les services sociaux font ça,
absolument.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): II rit de moi. Oui, M. le
ministre.
M. Morin: Ça n'a pas de bon sens.
Mme Vermette: C'est vrai, c'est ridicule, mais c'est un fait.
J'ai hâte qu'on révise cette loi-là parce qu'une
mère qui a un enfant, qui se remarie et qui veut que son mari adopte
l'enfant, elle doit renoncer à cet enfant-là pour que le conjoint
puisse l'adopter.
M. Bourbeau: Mais quoi, renoncer à un enfant? On ne peut
pas renoncer à un enfant.
Mme Vermette: Oui, pendant... Il faut qu'elle dise comme quoi cet
enfant-là... Elle fait une demande d'adoption. Pour faire une demande
d'adoption, il faut que l'enfant... Elle, elle renonce à...
M. Bourbeau: Elle se désiste.
Mme Vermette: Oui. en tant qu'enfant, et c'est le père...
Les services sociaux font une formule qui dit à la mère qu'elle
doit renoncer, finalement, à l'enfant. Ils font une enquête et le
père peut adopter l'enfant uniquement après. Il y a une grande...
Il y a une formalité alors, dans ce cas-là, c'est pour ça
que je vous demande, si ce n'était pas possible, parce qu'il y a des
démarches administratives, en tout cas, pour faire ça, et
qu'à ce moment-là on puisse reconnaître une journée
de congé.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée de
Dorion, vous avez demandé la parole.
Mme Trépanier: Oui. M. le Président, on m'informe
que c'est le cas lorsque ce sont des conjoints de fait, et non pas des couples
mariés. Apparemment que la procédure est...
Mme Vermette: Dans les conjoints de fait. Oui.
Mme Trépanier: Les conjoints de fait, mais pas...
Mme Vermette: Oui, mais ça existe dans les conjoints de
fait, mais les conjoints de fait travaillent aussi. Je veux dire, il y a un
moment donné où ils travaillent.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Non, pas vraiment.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que l'article
34 est adopté?
M. Bourbeau: M. le Président, on devrait l'adopter
paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Gobé): Oui
Mme Vermette: Moi, c'est le dernier paragraphe que j'ai
demandé. Auquel cas, en tout cas, s'il y a une démarche
administrative, qu'on permette au moins soit à la mère ou au
père d'avoir une demi-journée ou une journée pour faire
les démarches.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que le
paragraphe 81.1 est adopté?
Mme Carrier-Perreault: Non, moi, j'ai...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, vous avez la
parole.
Mme Vermette: Mais là, je n'ai pas de réponse
à la demande que je viens de faire.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse.
M. Bourbeau: Vous demandez quoi au juste? Une journée?
Mme Vermette: Oui, c'est ça. Une journée, de leur
donner une journée pour leur permettre au moins d'aller faire leurs
démarches administratives, ne serait-ce qu'aller au CSS.
M. Bourbeau: Ici, on a: "Le présent article ne s'applique
pas lorsqu'un salarié adopte l'enfant de son conjoint."
Mme Vermette: Oui, je vous donne comme explication qu'il y a des
démarches administratives à faire, dans le cas, justement, des
conjoints de fait où la mère doit renoncer et il y a un
formulaire à remplir et puis après, bon. Alors, il y a des
démarches à faire. Soit une demi-journée, où on
peut se permettre au moins de prendre le temps d'aller faire ces
démarches.
M. Bourbeau: Mais là, on est dans les normes minimales
là. On ne peut pas prévoir tous les cas exceptionnels qui se
présentent. On est vraiment... On n'est pas en train de prévoir
tous les cas de la société. Je ne peux pas commencer, M. le
Président, à amender la loi pour prévoir des cas tout
à fait exceptionnels. La députée en conviendra.
Exceptionnels.
Mme Vermette: J'en conviens, mais je veux dire que c'est un
aspect qui est non négligeable, qui n'arrive pas tous les jours, mais
qui peut arriver, effectivement.
M. Bourbeau: Oui, mais il faut prévoir d'abord que
ça ne serait peut-être pas un salarié; deuxièmement,
le patron va peut-être comprendre. En général, ils
comprennent et ce n'est quand même pas...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, vous avez
terminé?
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, je vais attendre
pour commenter sur l'autre.
Le Président (M. Gobé): D'accord. M. le
député de Matapédia, il me fait plaisir de vous
reconnaître.
M. Paradis (Matapédia): Alors, au premier paragraphe de
l'article 81.1, on note que cet article-là nous ramène à
un congé de cinq jours. C'est bien sûr que ça ne peut pas
s'appliquer dans le cas d'une adoption particulière, bien que ça
puisse être le conjoint. Ma question, M. le Président, pourrait
s'adresser au ministre ou à ses collaborateurs, à savoir si
déjà on prévoit un tel congé pour l'adoption? Sans
tenir compte de l'article 811.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre. Est-ce que
vous avez compris la question de M. le député de
Matapédia?
M. Bourbeau: Je l'ai comprise, mais ce n'était pas
très clair.
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous la
répéter, M. le député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Ce n'était pas clair?
Le Président (M. Gobé): La tonalité
n'était pas forte ici.
M. Paradis (Matapédia): Vous êtes plutôt
visuel, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, je suis plutôt tactile.
M. Paradis (Matapédia): Ce que je voulais dire, M. le
Président, c'est que cet article s'applique, entre autres, sur un
congé parental de cinq journées. C'est bien sûr qu'on ne
peut pas l'appliquer véritablement à une adoption comme telle
d'un enfant d'un conjoint, mais ma question est à savoir si le projet de
loi ou si les normes minimales du travail prévoient déjà
ce type de congé pour un salarié d'un conjoint qui pourrait
adopter un enfant.
M. Bourbeau: Si ça arrive à un conjoint?
M. Paradis (Matapédia): Non, non, non. Le conjoint du
salarié pourrait...
M. Bourbeau: Pourrait adopter un enfant?
M. Paradis (Matapédia): Oui. L'enfant de son conjoint.
M. Bourbeau: C'est ça qui est prohibé.
M. Paradis (Matapédia): Oui, c'est ça, c'est
prohibé. Mais je demande tout simplement si c'est déjà
prévu que ce type de congé là pourrait être garanti
par les normes minimales du travail, nonobstant l'article 81.1. Non?
M. Bourbeau: Je ne saisis pas très bien la question.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Bourbeau: Oui. Là, je suis en train d'étudier la
réponse.
Le Président (M. Gobé): ...on va l'enlever.
M. Bourbeau: Je veux savoir si on enlève un droit, avec
ça, qui était déjà existant.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...nous avons fait une recherche exhaustive et nous
avons trouvé, à la suite de la question du député
de Matapédia qui faisait suite à la question de la
députée de Marie-Victorin, qu'effectivement c'est un recul par
rapport à la loi actuelle où il y avait un congé de deux
jours sans solde dans une situation semblable. Alors, devant la
prépondérance des demandes venant des deux côtes de la
Chambre, on va préparer un amendement pour faire en sorte de permettre,
lors de l'adoption de l'enfant de son conjoint, une certaine mesure de
tolérance. Et si on avait choisi de bloquer ça, c'est qu'il y a
eu des abus dans la fonction publique où des avantages importants
étaient accordés lors de l'adoption de l'enfant du conjoint. Il y
aurait des cas où des gens ont adopté systématiquement et
à répétition des enfants du conjoint et obtenu des
avantages extrêmement importants. Alors, à raison de deux
années de congé par enfant, il y a des gens qui ont pris six ans
de congé, je crois, dans la fonction publique. Bien, ici, c'était
la raison qui justifiait de tenter de bloquer ce... Évidemment, on va
faire en sorte de se rendre un peu à la demande de la
députée de Marie-Victorin. O.K.? Alors, on va suspendre le
premier paragraphe, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Alors, nous suspendons
l'article 81.1 afin de préparer l'amendement, si je comprends bien?
M. Bourbeau: Oui. C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Et nous allons maintenant
appeler l'article 81.2.
M. Bourbeau: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin, sur l'article 81.2.
M. Bourbeau: M. le Président, je...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
des commentaires, oui?
Mme Vermette: Non, ça va, là...
M. Bourbeau: Cet article propose de...
Mme Vermette: Non, ça va, là. C'était
à la fin de l'article 81.1, M. le Président. (22 heures)
Le Président (M. Gobé): Nous allons y
revenir...
M. Bourbeau: Si vous voulez, on va préparer
l'amendement...
Le Président (M. Gobé): On va y revenir, Mme la
députée.
Une voix: II suspend l'article, là, puis il va y
revenir.
Mme Vermette: O.K. O.K.
Le Président (M. Gobé): On a suspendu, le temps de
préparer l'amendement.
Mme Vermette: O.K. Parfait.
Le Président (M. Gobé): On va revenir dessus. Si
vous avez des commentaires, vous pourrez les faire à ce
moment-là.
Mme Vermette: Parfait, non, non, ça va. Le
Président (M. Gobé): Là, on va...
M. Bourbeau: Nous allons préparer un amendement.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, l'article
81.2.
M. Bourbeau: alors, cet article propose d'accorder cinq jours
d'absence sans solde, fractionnables, pour l'exercice des obligations
parentales reliées à la garde, à la santé ou
à l'éducation d'un enfant mineur dans des circonstances
exceptionnelles. toute absence devra donc être motivée par une
circonstance imprévisible ou incontrôlable, et par la
nécessité de la présence du salarié auprès
de son enfant mineur. tous les moyens raisonnables doivent cependant avoir
été pris pour éviter une absence et pour en limiter la
durée. m. le président, j'aimerais apporter un amendement
à cet article-là.
Le Président (M. Gobé): Je crois comprendre que
vous avez un amendement, M. le ministre. Alors, à l'article 81.2?
M. Bourbeau: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'amendement est
distribué, Mme la secrétaire?
M. Bourbeau: Alors, l'amendement est le suivant, à
l'article 34: 81.2. Alors, il faudrait, M. le Président, remplacer le
deuxième alinéa de l'article 81.2 par l'alinéa suivant:
"Un congé peut être fractionné en journées. Une
journée peut aussi être fractionnée si l'employeur y
consent."
Cette modification a pour objet de permettre sans limite le
fractionnement d'une journée de congé pour obligations parentales
suivant des modalités à être convenues entre l'employeur et
le salarié.
M. le Président, il nous est apparu, après des
discussions, qu'il était un peu déraisonnable d'obliger un
employeur - surtout dans les PME - à se voir confronté à
la toute dernière minute avec un employé qui quitte pour une
demi-journée. On nous fait valoir que très souvent un employeur a
beaucoup de difficultés à... doit remplacer sur-le-champ
quelqu'un et on a de la difficulté à trouver des gens qui ne vont
travailler, là, que trois ou quatre heures, d'autant plus que le mot
"demi-journée" n'est pas très évident. Quand on est dans
les quarts de 16 heures à minuit, ou de minuit à 8 heures le
matin, quelle est la demi-journée? Où elle se situe? Ça
donnait place à beaucoup d'interprétation. Nous
préférons donc dire que les congés se prendront en
journées, mais le fractionnement pourra se faire de convention
habituelle entre l'employeur et le travailleur.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre? Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière,
vous avez demandé la parole sur l'amendement de M. le ministre,
hein?
Mme Carrier-Perreault: Là, on est sur l'amendement,
là?
Le Président (M. Gobé): Oui, nous sommes sur
l'amendement actuellement.
Mme Carrier-Perreault: Seulement sur l'amendement, je ne peux pas
parler de tout en même temps.
Le Président (M. Gobé): Oui, puisque nous avons
commencé la discussion sur l'amendement.
M. Morin: Vous pouvez compter sur la souplesse du
président.
Le Président (M. Gobé): Madame, est-ce qu'il y a
des intervenants sur l'amendement de M. le ministre?
Mme Carrier-Perreault: Disons que je trouve ça
étrange. En tout cas, je vais faire un commentaire sur l'amendement mais
je vais revenir sur l'article dans son ensemble aussi. Je trouve ça
étrange que, dans ce cas-ci, on ajoute "si l'employeur y consent". On a
vu... c'est ici, tout à l'heure... Je comprends, au fond, le genre de
difficultés que ça peut causer, disons, je peux comprendre un
peu... Oui. Mais étant donné l'importance du motif, bien, je veux
dire, c'est quand même un motif sérieux, je trouve, là,
pour des besoins de ses enfants. Je me dis que ça vient limiter
énormément la portée de cet alinéa- là, je
trouve, moi, de dire "si l'employeur y consent". Si l'employeur dit non,
ça veut dire qu'il ne peut pas prendre une demi-journée parce que
là... Il arrive un problème, admettons, le parent est au travail,
il y a un problème qui se présente et il lui reste une
demi-journée, il faut qu'il s'en aille. La minute où l'employeur
dit: Je ne veux pas, il ne peut pas quitter, ça vient limiter quelque
part la portée de cet alinéa-là.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
Mme la députée?
Mme Carrier-Perreault: Bien, j'attends une réponse,
là.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense qu'on ne peut pas parler d'un recul. Disons
qu'après en avoir discuté longuement il nous est apparu qu'il
n'était pas raisonnable d'imposer à un employeur, surtout
à une PME, un petit employeur qui ne peut... une obligation comme
celle-là de fractionner même en demi-journées.
Premièrement, je le répète, le mot "demi-journée"
prêtait à confusion, surtout quand on travaille sur des quarts qui
ne sont pas nécessairement le matin et l'après-midi.
Deuxièmement, dans une petite entreprise, si, par exemple, une
salariée s'absente à 11 heures le matin ou 10 h 30 le matin sur
un coup de téléphone de la gardienne, et qu'on doit
immédiatement la remplacer par quelqu'un d'autre qu'on doit aller
chercher en catastrophe, si la salariée revient à 3 heures
l'après-midi, vous comprendrez que la personne qu'on a
déplacée pour venir travailler, probablement qu'on a dû lui
garantir la journée de travail. Alors, c'est déraisonnable
d'imposer à une PME d'avoir à s'adapter à autant de
souplesse pour rendre service à une personne qui en a besoin, bien
sûr, mais qui doit aussi, je pense, porter un peu la
responsabilité de son absence. Alors, la personne a le droit de
s'absenter, ce n'est pas un problème, même en catastrophe, sans
préavis pratiquement; encore là, il ne faut quand même pas
non plus imposer à l'employeur des charges additionnelles parce que cet
excès de souplesse, disons, pourrait être là. Alors, on
pense que, d'une façon générale, on pourrait utiliser une
journée. Mais si l'employeur est... Il va arriver très souvent
que l'employeur va pouvoir s'adapter à ça et va accepter que
l'employé revienne en demi-journée ou à une heure de la
journée quelconque. Mais on ne veut pas lui imposer comme tel.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre?
Mme Carrier-Perreault: Disons que je trouve ça un petit
peu difficile à admettre, étant donné que l'intention...
C'est vrai que c'est un pas en
avant de donner une ouverture à ce niveau-là et puis on
nous a dit à plusieurs reprises que l'intention du législateur,
dans cette réforme, était de faciliter la coordination de la vie
parentale et de la vie professionnelle, etc. On nous a fait vraiment comprendre
que le législateur voulait vraiment aider, de façon très
claire, le travailleur aux prises avec des problèmes de ce
genre-là au niveau parental. Disons que ce n'est pas... Moi, je trouve
que ça vient vraiment, de toute façon... Je trouve que pour le
travailleur, ça devient compliqué dans sa vie de pouvoir...
L'employeur, s'il n'y consent pas, le travailleur ne pourra pas en
profiter.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la
députée n'a pas bien saisi le sens de l'article. Cet
article-là n'empêche pas le travailleur de s'absenter. Il peut
s'absenter sans l'autorisation du patron là. Il n'y a aucun
problème avec ça là. Ce que ça dit, ça ne
dit pas que l'employé ne peut pas s'absenter, ça dit que, s'il
s'absente, il ne peut pas revenir, obliger l'employeur à le reprendre
dans ia même journée. C'est ça que ça dit.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Ça veut dire que, s'il arrive
quelque chose, il est 11 heures le matin, sa journée de travail est
commencée, l'employeur ne peut pas refuser.
M. Bourbeau: Jamais. Non, non. L'employeur ne peut jamais
refuser. Par exemple, la mère est au travail; à 10 heures le
matin, le téléphone sonne, bon, il y a un problème
à la maison, l'enfant est malade, la gardienne est obligée de
partir, la mère quitte sur-le-champ, elle s'en va chez elle. Bon, elle
peut y aller sans problème, la loi le lui permet. Si elle veut revenir
l'après-midi à 2 heures, en vertu de la rédaction qu'on
avait là, elle aurait pu dire: Je ne veux pas prendre une journée
complète, je veux prendre une demi-journée. Et là,
l'employeur aurait été obligé de la reprendre à 2
heures l'après-midi alors qu'il l'a déjà remplacée
par quelqu'un d'autre. Alors, on trouvait ça déraisonnable
d'obliger l'employeur à la reprendre à 2 heures
l'après-midi. Alors là, ce que l'employeur va dire: Parfait, tu
prends une journée, bonjour, tu reviendras demain. Bon, ça,
ça va être la loi. Encore qu'il pourra toujours s'arranger pour
qu'elle revienne l'après-midi, mais elle ne pourra pas forcer
l'employeur à la reprendre a 14 heures. Mais ça ne lui
enlève pas son droit de s'en aller sur-le-champ.
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, si le travailleur ou la
travailleuse est au travail et tout ça, elle peut s'en aller.
L'employeur ne peut pas refuser.
M. Bourbeau: Cinq fois dans l'année.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Même si c'est une
demi-journée, elle peut partir. Alors, ça veut dire que...
Mme Trépanier: Mais ça compte pour une
journée.
Mme Carrier-Perreault: Bien, la demi-journée qui reste,
disons, M. le ministre.
M. Bourbeau: Elle est comptée comme une journée
pour les fins de ces congés-là.
Mme Carrier-Perreault: Pardon?
M. Bourbeau: La loi va dire qu'elle peut prendre cinq
journées par année.
Mme Carrier-Perreault: Oui
M. Bourbeau: Si elle part à 10 heures le matin, elle
reviendra travailler le lendemain...
Mme Carrier-Perreault: À 10 heures. M. Bourbeau:
...et le lendemain, on a dit... Mme Trépanier: Non, non, non.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Bien, je ne comprends pas.
Mme Trépanier: Pas à 10 heures, le lendemain.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que j'essaie de suivre le
ministre aussi.
M. Bourbeau: C'est que la loi lui donne le droit de s'absenter
cinq fois par année, si vous voulez, cinq journées ou cinq fois
par année. Ça va être ça après qu'on aura
adopté l'amendement. C'est ça, cinq fois.
Une voix: Pas cinq fois.
M. Bourbeau: Cinq journées par année.
Une voix: Oui, un congé de cinq jours par
année.
Mme Carrier-Perreault: Oui, ou encore...
M. Bourbeau: Non fractionnables, si vous voulez.
Mme Carrier-Perreault: ...dix demi-journées.
Mme Trépanier: Ça ne lui donne pas vraiment dix
demi-journées.
M. Bourbeau: Elle n'aura pas dix demi-journées, mais cinq
journées.
Une voix: C'est un congé de cinq jours qui peut être
pris en cinq fois.
M. Bourbeau: Avant ça, il y avait dix demi-journées
possibles.
Une voix: C'est un congé de cinq jours par
année.
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre et
députée de Dorion...
Mme Trépanier: Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière...
Le Président (M. Gobé): ...vous avez la parole.
Mme Trépanier: Alors, elle a droit, automatiquement,
à cinq absences. Mais ce qui arrive, c'est qu'il y a certaines
catégories d'emplois où c'est plus difficile de remplacer un
employé - par exemple, sur une chaîne de montage, où les
gens ont déjà été remplacés par d'autres -de
reprendre son travail. Mais dans plusieurs catégories d'emplois, il y
aura des arrangements possibles avec l'employeur et il sera possible de le
prendre en demi-journées aussi, fractionné en
demi-journées. C'est pour ça qu'on a dit: Si l'employeur y
consent, ça pourra être fractionné également. Dans
le fond, dans 80 % des cas, il y aura possibilité de le fractionner. Par
exemple, prenez une serveuse de restaurant qui a été
remplacée pour la journée. C'est difficile de demander à
l'employeur de déplacer celle qui vient d'arriver, mais pour d'autres
employés, pour une secrétaire, ce sera possible que la personne
revienne et que ça compte pour une demi-journée si l'employeur
est d'accord. Dans le fond, ce qu'on veut, c'est faciliter les activités
parentales, mais il ne faut pas pénaliser, d'autre part, l'employeur
à tel point que ça ne devienne pas applicable. Je dois dire, moi
aussi, que c'est une mesure que les employeurs, surtout les très petites
entreprises, ont soulevée comme étant extrêmement difficile
d'application, sauf que je suis consciente qu'un employeur qui ne voudra pas
donner le congé, ça réduit de moitié le nombre
d'absences possibles. Ça, c'est clair.
Mme Carrier-Perreault: Mais parfois... C'est dans ce
sens-là, M. le Président...
Mme Trépanier: Oui, mais...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame. Vous pouvez y
aller. Allez-y!
Mme Carrier-Perreault: ...que je considère et que
j'essayais de comprendre que l'amendement du ministre, par rapport à ce
qu'on avait ici, c'est un recul.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Matapédia, vous avez demandé la parole, vous l'avez.
M. Paradis (Matapédia): Oui. La ministre vient de
confirmer que si ce congé est accordé pendant cinq jours dans une
année, c'est cinq fois.
Mme Trépanier: Obligatoires.
M. Paradis (Matapédia): Par contre, la personne qui aura
fait du temps... Disons que, pour fins de discussion, si la personne entre
à 8 heures le matin et qu'elle est obligée de s'absenter à
14 heures, sa journée n'est pas coupée. Elle est payée
pour les heures travaillées ou bien c'est sans salaire, la
deuxième ligne de l'article.
Mme Trépanier: Je pense qu'elle serait
rémunérée.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, M. le
ministre... Qui va répondre? Mme la ministre et députée de
Dorion.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que c'est cinq fois ou cinq
jours?
Mme Trépanier: À mon avis, elle serait
rémunérée pour le nombre d'heures travaillées et le
nombre d'heures qui lui reste de congé. Pour un employeur qui ne
voudrait pas fractionner la journée, ce serait considéré
comme une journée de congé.
M. Paradis (Matapédia): Une journée de congé
sans salaire...
Une voix: Comme excédent.
M. Paradis (Matapédia): ...même après avoir
travaillé.
Mme Trépanier: Non. Si elle travaille de 9 heures à
15 heures, à un taux horaire, elle sera rémunérée
pour son nombre d'heures qu'elle aura fait, qu'elle aura travaillé et le
reste des heures, ça devient un congé sans solde pour occupations
familiales...
M. Bourbeau: C'est ça. (22 h 15)
Mme Trépanier: ...et ça compte pour une
journée de congé si l'employeur ne veut pas fractionner ses
congés. Mais si l'employeur accepte qu'elle ait un fractionnement de
ses
journées, ça lui fait une demi-journée de
prise.
M. Paradis (Matapédia): Des cinq jours prévus.
Mme Trépanier: Des dix, dans ce cas-ci, parce que lui, il
accepterait de fractionner.
M. Paradis (Matapédia): Oui.
Mme Trépanier: L'employeur accepterait de fractionner. Il
faut voir les cinq jours de congé comme une banque, fractionnables pour
certains.
M. Paradis (Matapédia): Parce que, entre deux virgules, il
y a les mots "sans salaire".
Mme Trépanier: Oui, mais ce qui est sans salaire, c'est le
congé et non pas la demi-journée travaillée avant. C'est
dans la même journée.
M. Paradis (Matapédia): Je comprends tout ça, mais
en enlevant le fractionnement...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée.
M. Paradis (Matapédia): ...et en gardant "sans salaire",
ça crée un certain paradoxe ou, pour le moins, une certaine
équivoque.
Mme Trépanier: M. le député de
Matapédia, moi, je ne suis pas avocate et si j'ai
interprété ça comme ça, ça doit être
à peu près ça. Ça doit être assez facile.
M. Paradis (Matapédia): C'est facile à
interpréter autour de cette table.
Mme Trépanier: Ce n'est peut-être pas assez
clair.
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin. Avez-vous terminé, M. le
député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Oui, tout à fait.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Pour aller dans le même sens que le
député, en fait, si on connaît la situation d'une
mère ou d'un père qui travaille, peu importe... Vous savez, quand
on est appelé pour aller... soit que notre enfant s'est blessé
à l'école ou qu'il est malade, il est à la maison et il y
a une gardienne qui ne sait plus quoi faire avec, c'est une question d'heures,
en fin de compte. C'est peut-être une heure, deux heures, trois heures ou
quatre heures, le temps de faire le déplacement et d'aller
vérifier ce qui se passe pour l'enfant. Ce que je trouve dommage, c'est
qu'il y a beaucoup de femmes, de famille mono- parentale, qui sont sur les
normes minimales du travail et ce sont ces femmes qui vont être les plus
pénalisées, en fin de compte, parce que le fractionnement, c'est
vrai, ce n'est pas évident que c'est tous les employeurs qui vont
vouloir le donner en demi-journées, de sorte qu'on réduit
considérablement la banque. La femme va devenir pénalisée
aussi parce qu'elle devra faire les frais chaque fois qu'un enfant sera malade,
parce qu'on ne voudra pas fractionner, finalement, les journées de
travail. Ça, je trouve ça malheureux, en tout cas, pour les
femmes qui doivent subir ces coupures pour des considérations de
l'entreprise, je le comprends, mais aussi qui empêchent les femmes
d'avoir des promotions ou d'avoir aussi des chances d'avancement dans la vie et
qui ont la charge de famille en plus. C'est cet aspect-là que je trouve
un petit peu difficile à accepter. Je sais qu'il faut concilier les
intérêts des uns et des autres, mais pourquoi faut-il le faire sur
le dos des femmes? C'est toute la question que je me pose.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Là, mes propos, je vais essayer de
les mesurer. C'est qu'en tant que ministre de la Condition féminine, en
bout de piste, il faut faire en sorte que nos lois aient une certaine mesure
pour ne pas pénaliser, justement, les femmes dans l'embauche. Quand on a
travaillé ce projet de loi, ça a été l'une de mes
préoccupations tout au long, en considérant les congés
parentaux. Je dois dire, évidemment, que ce que vous soulevez, c'est la
première préoccupation, mais il ne faut pas oublier le long terme
également. Moi, j'étais un peu d'avis que c'était une
mesure difficile à appliquer pour l'employeur. C'est en circulant dans
les régions que l'on se rend compte que les petits employeurs, c'est
l'une des mesures qui les fatiguent le plus d'application. C'est sûr que
quand vous avez une entreprise de 3000 employés, il n'y a pas de
problème, mais quand ce sont des petites entreprises... Vous me disiez,
tout à l'heure, la femme chef de famille monoparentale, oui, mais je
pense que ce sera - comme le cas que le député de
Matapédia présente - des exceptions, ce sera une urgence, parce
que les gens qui feront face à un employeur qui n'autorisera pas un
fractionnement de congé vont s'organiser pour prendre une pleine
journée de congé s'ils ont des activités parentales
à assumer. Je suis consciente du point que vous soulevez, je suis
consciente que c'est un recul, aussi, face à lavant-projet de loi Je
dois dire qu'après en avoir discuté avec les femmes et les
entreprises, j'ai été prête à me ranger, à me
plier aux recommandations du ministre en pensant à la mesure pour ne pas
pénaliser les femmes en bout de piste, mais c'est sûr que c'est
une question d'appréciation.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
ministre.
Mme Vermette: J'aurais compris, M. le Président, si, dans
notre société, on avait des systèmes de garderie, si on
avait des choses bien intégrées qui font en sorte que, oui, on
donne des outils à la femme pour pouvoir se maintenir à son
poste, à son emploi, mais tel n'est pas le cas à l'heure
actuelle. Encore une fois, ce que je dois soulever, c'est que c'est malheureux.
C'est encore la femme qui va subir, en fait, toute cette
réforme-là, et on n'aide pas nécessairement la famille non
plus, à ce niveau-là.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc, vous avez la parole.
M. Morin: Évidemment que moi, les demi-journées,
disons que le fait que ça ne soit pas fractionnable sans consentement,
je suis plus ou moins d'accord, sauf que je suis obligé de
reconnaître les difficultés au niveau de l'employeur. Bon. Mais je
voudrais quand même apporter un commentaire. Mais remarquez bien, c'est
seulement si vous le voulez. Ha, ha, ha! Mais ce n'est pas plus grave que
ça. C'est que votre amendement, comme...
Mme Trépanier: ...baisser pavillon avant d'avoir
livré bataille.
M. Morin: Non, non, mais c'est parce que moi, je n'aime pas me
battre inutilement pour des virgules, là, parce que ça semble
être comme ça, des fois. C'est le deuxième paragraphe,
quand on parle d'un congé - et vous le reproduisez dans votre amendement
- est-ce que ce ne serait pas possible de mettre "ce congé", comme on le
fait dans la plupart des autres articles? À l'article 81.2, on parle du
congé relié aux obligations parentales, hein? C'est un
congé annuel de cinq jours. Donc, c'est les cinq jours, le congé
annuel d'obligations parentales. Quand on revient, par contre, on parle de ce
congé soi-disant de cinq jours. Eh bien, il faudrait dire: Ce
congé peut être fractionné en journées. Sans
ça, ça fait lourd de compréhension, de le rendre avec un
article indéfini, "Un congé", alors qu'on se réfère
à "ce congé de cinq jours - annuellement - peut être
fractionné en journées". Alors, moi, je vous suggère,
là, mais sans plus, de changer - ça serait un sous-amendement
-"un" par "ce", ce qui le rendrait, finalement, dans le même sens que la
plupart des autres articles qu'on a adoptés tout à l'heure.
Ça en faciliterait la lecture.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous avez parlé d'autres articles
tantôt; à quels autres articles faisiez-vous allusion?
M. Morin: Ah! Mon Dieu, Seigneur! On en a trouvé
plusieurs, mais pour vous sauver du temps je vais vous en donner rien qu'un.
Bon, à l'article 34 qui introduit l'article 81.1. Alors, dans le
deuxième paragraphe, on parle dans le cas d'une naissance: "Ce
congé peut être fractionné... Alors, il y a d'autres cas
comme ça.
M. Bourbeau: M. le Président, je me rends à la
sagesse du député de Dubuc. Je pense que c'est une
amélioration qui vaut la peine d'être apportée. On
va...
M. Morin: Oui, c'est ça. Alors, ça serait un
sous-amendement, si vous voulez?
M. Bourbeau: On va mettre "ce congé". Oui, je suis
d'accord.
Le Président (M. Gobé): Avant de faire le
sous-amendement, il faudrait déjà le... Adopter le
sous-amendement, puis adopter l'amendement. C'est ça. Il faudrait que
j'aille l'écrire et l'envoyer à...
M. Bourbeau: II faudrait que j'amende... Bien, on va prendre le
même, ici...
Le Président (M. Gobé): Vous voulez le prendre
comme ça, là? O.K.
M. Morin: Oui, il peut corriger son propre amendement. On va
éviter un sous-amendement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Alors, le sous-amendement sera... On convient que l'amendement se lirait, au
lieu de "un congé", "ce congé peut être fractionné
en journées. Une journée peut être aussi fractionnée
si l'employeur y consent." Ce qui devient l'amendement. D'accord? Alors, est-ce
que cet amendement est adopté? Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement?
M. Morin: La porte-parole.
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée de...
Mme Harel: Oui. C'est sur l'article 81.2, M. le Président,
et non pas sur l'amendement.
Le Président (M. Gobé): C'est sur l'amendement,
nous sommes sur l'amendement, Mme la députée.
Mme Harel: Ça va pour l'amendement. Je partage le point de
vue du député de Dubuc.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, voulez-vous intervenir
sur l'amendement encore? Ou on adopte l'amendement et puis on va à
l'article, tel qu'amendé?
Mme Carrier-Perreault: Donc, je vais vous dire que... C'est
correct, je vais attendre, sur l'article.
Le Président (M. Gobé): D'accord? Alors,
l'amendement est maintenant adopté et se lit de la façon
suivante: Remplacer le deuxième...
Une voix: Non, non, c'est correct.
Le Président (M. Gobé): Remplacer le
deuxième alinéa de l'article 81.2 par l'alinéa suivant:
"Ce congé peut être fractionné en journées. Une
journée peut être aussi fractionnée, si l'employeur y
consent". Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article tel
qu'amendé? Madame, M. le ministre, non?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière? J'avais une demande
d'intervention sur l'article tel qu'amendé.
Mme Carrier-Perreault: Sur l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Gobé): Sur l'article, tel
qu'amendé, hein?
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Le Président (M. Gobé): Oui, l'amendement est
adopté.
Mme Carrier-Perreault: Quand je regarde cet article-là, en
fait... J'ai assisté à la commission, l'automne dernier, sur les
normes nominales. J'étais là et ce genre de propositions ou
d'articles qui nous arrivent comme ça rejoint...
M. Bourbeau: Pourriez-vous parler un peu plus fort? Moi, j'ai de
la difficulté à l'entendre.
Le Président (M. Gobé): Monsieur de
l'insonorisation, peut-être augmenter le volume des micros.
Mme Carrier-Perreault: Non. Je vais essayer si je la... Est-ce
que c'est mieux comme ça?
M. Bourbeau: Parce qu'il y a un bruit ici, un bruit sourd qui
court, M. le Président, et on a de la difficulté à
s'entendre.
Le Président (M. Gobé): C'est dû au personnel
du cabinet, M. le ministre...
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit, M. le Président, qui
était le responsable.
Le Préskient (M. Gobé): ...qui travaille
très fort. Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: Bon, d'accord. Merci, M. le
Président. J'en viens au fait que j'ai assisté moi aussi, comme
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, en même temps que
le ministre, aux différentes auditions de la commission parlementaire
sur les normes minimales de travail. Disons que ce genre d'article là
rejoint des demandes qui avaient été faites effectivement. Je me
souviens, entre autres, de la demande du Conseil du statut de la femme qui,
à ce moment-là, nous recommandait qu'une ou un salarié ait
le droit de s'absenter cinq jours ouvrables par année, sans traitement,
sous forme de journée complète ou de demi-journée lorsque
sa présence est requise auprès d'un enfant ou d'un autre membre
de la famille immédiate. Sauf qu'évidemment, quand je regarde
l'article qu'on a devant nous, on se rend compte que, d'une part, on a
ajouté des conditions, des conditions quand même... On se rend
compte, au deuxième alinéa: "...II doit avoir pris tous moyens
raisonnables à sa disposition pour assumer autrement ces obligations et
pour limiter la durée de ce congé." D'accord, disons que dans ce
sens-là, au niveau des suggestions qu'on avait, c'était plus
clair à ce moment-là. Ce genre de disposition-là vient
quand même limiter les travailleurs. C'est eux autres qui auront à
éclaircir et à démontrer qu'ils ont vraiment pris tous les
moyens qui sont à leur disposition, finalement, pour éviter de
perdre ou de s'absenter de leur travail. Disons que par rapport en plus au
sous-amendement... Effectivement, j'ai beaucoup de difficultés avec
l'amendement que le ministre vient de nous apporter. Je pense que cet
amendement, par rapport à l'article tel qu'il est formulé
maintenant, vient encore limiter la portée de cet article-là.
L'amendement que le ministre vient d'apporter vient aussi limiter la
portée de l'article. Je préférais de beaucoup les
suggestions qui avaient été apportées et je pense que ces
suggestions-là rejoignaient quand même beaucoup plus le besoin des
travailleurs et des travailleuses.
Quand le ministre marque: "...II doit avoir pris tous les moyens
raisonnables à sa disposition pour assumer autrement ces obligations et
pour limiter la durée de ce congé", qu'est-ce que c'est que
ça veut dire ça? Vous dites: Assurer la durée du
congé. Par contre, on dit qu'on ne peut pas le fractionner. Si on peut
pas le fractionner, M. le Président, et que le travailleur, de toute
façon, quand l'employeur ne consent pas à reprendre pour le reste
de la journée, etc. Parce que, dans le second alinéa, on dit:
S'il n'y consent pas. Il ne peut pas limiter la durée du congé
si, chaque fois qu'il le prend, il vient de perdre une journée sur cinq.
Je voudrais savoir exactement c'est quoi? Quelles sont les intentions du
législateur quand il ajoute ces mots-là à l'article?
M. Bourbeau: M. le Président, limiter la
journée du congé, il faut bien penser qu'un parent peut
prendre plus qu'une journée là. Il peut prendre deux, trois jours
de suite, lors d'un événement qui donne ouverture à cet
article-là. Ce sont des congés qu'on a institués pour
pallier des situations exceptionnelles. La raison pour laquelle on a
balisé un peu ça est la suivante. On avait peur que les parents
utilisent ces congés-là pour, par exemple, se créer une
banque de vacances, par exemple, lors de la semaine du mois de février
où on ferme les écoles. Imaginez-vous ce qui arriverait si, tout
à coup, tous les parents se donnaient le mot pour prendre une
journée de vacances en février. Ça pourrait créer
une véritable perturbation dans le marché du travail, en ce sens
que, tout à coup, les manufactures, les magasins, tout le monde
fermerait, tout le monde serait malade, tqut le monde irait s'occuper des
enfants. Parce que les enfants sont en vacances, alors là tout le monde
prend des vacances. Évidemment, ça créerait, inutile de
vous le dire, une perturbation et ça dérangerait beaucoup les
employeurs, surtout les PME. (22 h 30)
Alors, comme le but de l'article n'était pas de donner des
vacances aux parents ou s'occuper des enfants en vacances mais vraiment de
s'occuper de la santé des enfants, de l'éducation, on a
été obligé de baliser l'article pour s'assurer qu'il n'y
aurait pas une espèce d'abus, genre qu'on va prendre des vacances en
même temps que les enfants. C'est essentiellement ça, la raison
profonde qui fait qu'on a entouré l'article d'une certaine
phraséologie qui va empêcher cette explosion, disons, de vacances
appréhendées chez les parents et les salariés. La semaine
de relâche, là.
Mme Carrier-Perreault: Si je comprends bien, c'est par peur de
l'abus des parents qu'on a mis cette disposition.
M. Bourbeau: Oui, parce qu'on veut bien que le congé soit
pour des obligations essentielles, santé, etc., et non pas pour
s'occuper des enfants pendant la semaine de relâche. En gros, je pense
que... M. le député de Dubuc comprend très bien ça.
Ce n'est pas des vacances, dans le fond.
Mme Carrier-Perreault: Et dans ce même ordre
d'idées, vous n'avez pas peur que l'employeur en abuse aussi, dans le
deuxième alinéa, s'il y consent? Moi, si j'étais
employeur, je vais vous dire, à partir du moment où je vois cette
phrase-là, ça m'agace un peu, tout ce genre de système
là. Je suis dans mon entreprise, on a besoin d'avoir nos
employés, notre monde et tout ça, ça m'oblige à
faire des remplacements. Ça m'agace. C'est possible de le faire, mais
ça m'agace. À partir du moment où je vois "si l'employeur
y consent", M. le ministre, comme employeur, vous n'avez pas peur que
j'abuse?
Excusez, mais là, on n'a plus de présidence, ce n'est pas
grave.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: La rédaction d'un article comme ça,
c'est, ce qu'on a dit en anglais, des "check and balance". Des deux
côtés, il faut se prémunir contre les abus des deux
côtés. L'abus de l'employeur, c'est sûr qu'il voudrait ne
pas permettre le congé, mais je pense que, quand même, le
congé est là, il y a un droit, il est balisé mais il est
là. Si la mère ou le père justifie que c'est une
circonstance imprévisible - en général, quand un enfant
est malade, ce n'est pas très prévisible - hors de son
contrôle aussi, s'il a pris les moyens raisonnables pour assumer
autrement ces obligations et qu'il dit: J'ai tenté d'avoir une gardienne
et je n'ai pas pu, probablement que ça va être l'explication,
c'est ça. À partir de ce moment-là, le congé sera
disponible, mais c'est un congé qui est accordé pour ces
fins-là et non pas pour garder les enfants dans le temps de la semaine
de relâche.
Mme Carrier-Perreault: O.K. D'accord. Je comprends un peu. Je
comprends très bien ce que le ministre m'a expliqué, M. le
Président, mais disons qu'une simple remarque avant de laisser la parole
à quelqu'un d'autre, c'est que, d'une part, ce que je trouve
intéressant et, en même temps, spécial, dans ce que je vois
là, c'est que, d'une part, on prévient, sur l'abus, on ferme la
porte un petit peu, on resserre les choses pour prévenir l'abus des
parents et, d'autre part, on ajoute quelque chose qui ouvre la porte à
une possibilité d'abus du côté de l'employeur.
Voilà.
M. Bourbeau: Écoutez, on ne peut jamais empêcher des
gens de tenter d'abuser, tant les employeurs que les employés.
Ça, des abus, il y a toujours des gens qui vont tenter d'abuser de tout.
Je pense que l'article est rédigé de telle façon que,
d'une façon générale, les gens qui sont raisonnables vont
pouvoir vivre avec cet article-là. Mais il y aura toujours des gens qui
vont tenter d'abuser, autant des parents que des employeurs. J'en conviens.
L'article sera là pour protéger les uns et les autres.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Hochelaga-Maison-neuve, vous avez la parole.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
a pris connaissance de la lettre transmise à la commission parlementaire
par la Commission des services juridiques?
M. Bourbeau: En voilà une autre.
Mme Harel: N'est-ce pas? Cette quatrième institution avec
laquelle le ministre a des
problèmes, après le Protecteur du citoyen, la Commission
des droits de la personne et quelle autre? La Commission d'accès
à l'information.
M. Bourbeau: II y en a une cinquième: la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: La cinquième, M. le ministre, c'est la Ligue
des droits et libertés. Mais ça...
Le Président (M. Gobé): C'est plus tard.
Mme Harel: ...c'est plus tard. Donc, en date du 29 novembre, la
semaine passée, le directeur, excusez-moi, le président de la
Commission des services juridiques faisait parvenir au secrétariat de la
commission des affaires sociales un avis sur le projet de loi. Est-ce que le
ministre a pris connaissance de cet avis?
M. Bourbeau: Sûrement, M. le Président, on prend
connaissance de tout.
Mme Harel: Qu'en pense-t-il concernant les cinq jours
d'absence?
M. Bourbeau: Je pense que c'est un point de vue qui se
défend.
Mme Harel: Bon. Alors, si vous pensez qu'il se défend,
entendez-vous modifier le projet de loi pour en tenir compte?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, on est d'avis que le
projet de loi tel que rédigé est suffisamment capable de
prévoir les situations qui peuvent survenir et on est parfaitement
satisfaits du projet de loi tel qu'il existe présentement.
Mme Harel: Oui, mais alors, comment pouvez-vous concilier votre
satisfaction avec l'insatisfaction de la Commission des services
juridiques?
M. Bourbeau: C'est une question de point de vue, je l'ai dit
tantôt: La ligue a un point de vue. Elle argumente...
Mme Harel: Ça, c'est la Commission des services
juridiques.
M. Bourbeau: La Commission, je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): La Commission.
M. Bourbeau: Je suis moins familier que la députée
de Hochelaga-Maisonneuve avec tous ces titres-là. La Commission expose
un point de vue, elle le défend. Nous avons un point de vue qui est
légèrement différent et qui est reflété par
l'article 81.2.
Le Président (M. Gobé): L'article 81.2. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je ne sais
pas. Peut-être le ministre n'a t-il pas en tête exactement les
recommandations de la Commission des services juridiques,
précisément sur l'article 81.2. Je voudrais simplement les lui
rappeler, à la page 2...
M. Bourbeau: M. le Président, je l'ai devant moi, mais
enfin, la députée de Hochelaga-Maisonneuve peut le lire.
Mme Harel: Non pas au complet, mais simplement pour rappeler que
la Commission des services juridiques considère que le but de l'article
81.2 est de faire en sorte que le marché du travail tienne plus compte
des obligations familiales des parents. On a parié de flexibilité
du travail et de politiques familiales. Le résultat de l'article est
donc de donner une banque de dix jours de congé à une famille
avec enfants et dont le père et la mère seraient salariés,
au sens de la loi. Êtes-vous en accord avec cet interprétation
d'une banque de dix jours de congé à une famille avec enfants
dont les père et mère sont salariés?
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: Êtes-vous favorable à cette
interprétation?
M. Bourbeau: Oui, oui, je suis d'accord que l'on donne dix jours.
Oui.
Mme Harel: Et là, la Commission fait valoir et pose la
question: Qu'en est-il cependant des familles monoparentales? Une famille
composée d'un parent salarié et de deux enfants serait
désavantagée, sinon discriminée, par rapport à une
famille composée d'un père, d'une mère et de deux enfants.
La famille monoparentale n'aura droit qu'à un congé total de cinq
jours, alors que la famille composée de deux adultes salariés
aura droit à une banque de dix jours. Dans la vie quotidienne, on
pourrait croire qu'un seul parent éprouve sûrement plus de
difficultés à se faire remplacer auprès de ses enfants
dans les cas urgents, étant l'unique adulte responsable immédiat
de la famille. Les enfants des familles monoparentales suscitent aussi autant
d'urgences que les autres.
La Charte des droits et libertés de la personne du Québec
interdit comme motif de discrimination l'état civil lorsqu'une exclusion
aurait pour effet d'empêcher ou de compromettre l'exercice d'un droit.
Nous croyons qu'il pourrait en être ainsi si l'article 34 du projet de
loi 97 n'était pas modifié pour y indiquer que le
salarié, membre d'une famille monoparentale, a droit de
s'absenter de son travail pendant dix jours par année...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Oui, je termine. Le fait d'être divorcé
ou d'être marié a déjà été
considéré par les tribunaux comme élément de
l'état civil...
Le Président (M. Gobé): Tout de suite après
son intervention, M. le ministre.
Mme Harel: Nous n'avons aucune difficulté à croire
que le fait d'être une famille monoparentale serait inclus dans la notion
d'état civil. Compte tenu, donc, de ce qui précède, nous
croyons que ledit article devrait être modifié en
conséquence. Est-ce que vous avez l'intention d'ajuster le projet de loi
aux recommandations de Me Lafontaine, président de la Commission des
services juridiques?
M. Bourbeau: Je vous souligne, M. le Président,
qu'à mon avis Me Lafontaine a erré. Il y a une autre
discrimination qui lui a échappé. Prenez le cas, par exemple,
d'une famille qui a un enfant. Alors là, vous avez cinq jours: le
père a cinq jours, la mère a cinq jours, ça fait dix
jours. Prenez une autre famille qui a deux enfants. Alors, il y a deux fois
plus de chances d'avoir des enfants malades. Donc, si on donne le même
jour aux deux familles, on discrimine contre la famille qui a deux enfants. Si
la famille a six enfants, M. le Président, on devrait donner six fois
dix jours parce que, proportionnellement, il y a beaucoup plus de chances
d'avoir des enfants malades dans les premiers dix ans. Donc, c'est une
discrimination sans précédent. M. le Président, je pense
que Me Lafontaine devrait reprendre son argumentation.
Une voix:...
M. Bourbeau: Mein? Non, mais poussons la discussion
jusqu'à ce dernier retranchement, M. le Président, voyons
donc!
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de...
M. Bourbeau: Je pense qu'il faudrait amender le projet de loi de
plusieurs façons, selon le pourcentage du nombre d'enfants.
Mme Harel: Bien, M. le Président, peut-être
simplement là, en toute déférence au ministre, lui
rappeler qu'il y a discrimination uniquement quand il y a un motif interdit par
la Charte. S'il y a exclusion aux distinctions, distinctions fondées sur
des motifs mais qui ne sont pas interdits par la Charte, il n'y a pas de
discrimination. Le nombre d'enfants dans une famille n'est pas un motif, la
taille de la famille n'est pas un des motifs que l'on retrouve parmi les motifs
interdits, là. Le sexe est un motif interdit pour discriminer,
l'orientation sexuelle est un motif interdit de discrimination. La condition
sociale, bon, enfin, il y en a plusieurs.
M. le Président, en fait, il s'agit de discrimination interdite
pour les motifs de couleur, de race, de sexe, de grossesse, d'orientation
sexuelle, d'état civil - en l'occurrence les familles monoparentales -
l'âge, sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les
convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la
condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour pallier ce
handicap. La taille de la famille n'en est pas un. Donc, il n'y a pas lieu de
faire un reproche à Me Lafontaine de ne pas avoir identifié une
discrimination interdite et d'avoir souhaité un changement à la
loi, parce que la taille de la famille ne fait pas partie des motifs de
discrimination interdite.
M. Bourbeau: Ça, c'est une opinion. Je suis convaincu
que...
Mme Harel: Non, M. le Président, ce n'est pas une opinion,
c'est l'article 10 de la Charte.
M. Bourbeau: bien, on pourrait demander à me lafontaine
d'étudier la charte pour voir s'il n'y aurait pas également une
autre discrimination dans le cas dont j'ai parlé tantôt.
peut-être qu'une interprétation plus serrée de la charte
que celle que fait la députée de maisonneuve nous
révélerait qu'effectivement il y a une discrimination. parce que,
pensons-y bien, dix jours de congé pour six enfants, ça fait
quand même moins de temps pour s'occuper de chaque enfant que dix jours
de congé pour un seul enfant. qu'en pense le député de
dubuc? est-ce que ce n'est pas un raisonnement logique implacable?
M. Morin: Ah! je n'ai pas compris, je n'ai pas compris!
Mme Harel: Non, c'est un syllogisme. C'est un sophisme, en fait,
M. le Président...
M. Bourbeau: C'est d'une logique implacable.
Mme Harel: ...parce que le congé n'est pas associé
aux enfants, mais aux salariés. La distinction que le ministre voudrait
introduire sur la taille de la famille n'est pas une distinction qui est
utilisée parmi les motifs interdits de discrimination. Alors, si je
comprends bien, le ministre n'entend pas tenir compte de la recommandation de
la Commission des services juridi-
ques.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: Bon, on va attendre, M. le Président, que la
Commission des services juridiques attaque l'article - on va sûrement le
faire - et puis on verra ce qu'un juge nous dira. Si un juge nous dit de le
modifier, nous le modifierons.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Est-ce que ceci met fin à l'intervention sur le paragraphe 81.2 de
l'article 34?
Mme Harel: Est-ce que vous avez terminé?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le paragraphe
81.2, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gobé): Adopté sur division.
J'appelle maintenant le paragraphe 81.3 de l'article 34. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. M. le Président, cet article introduit
le droit pour une salariée de s'absenter sans salaire pour des examens
médicaux reliés à sa grossesse. C'est un ajout, M. le
Président, par rapport à l'avant-projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est là
votre explication, M. le ministre? Y a-t-il des interventions de votre
côté sur l'article 81.3? Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Dans la façon dont c'est
libellé, on parle uniquement des examens médicaux. Je sais qu'il
y a eu un projet de loi qui reconnaît les sages-femmes, la pratique des
sages-femmes. Est-ce qu'on pourrait considérer aussi que si une femme
décide de se faire suivre par une sage-femme, ça inclut aussi la
capacité, dans le cas d'une grossesse, de se faire suivre par une
sage-femme?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
Mme Vermette: Ce sont des examens médicaux, mais... Non
pas médicaux, mais ce sont des examens qui sont faits par une
sage-femme. Bien, c'est un projet de loi, à part ça, qui est
à l'étude.
Une voix: II n'a pas été accepté, le projet
de loi des sages-femmes.
Le Président (M. Gobé): II n'a pas
été accepté encore? Il n'a pas été
voté?
Mme Vermette: II a été voté. (22 h 45)
Une voix: Pour les projets-pilotes, oui.
Le Président (M. Gobé): Ah! pour les
projets-pilotes!
M. Bourbeau: Alors, M. le Président... Le
Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...on va vérifier auprès du ministre
de la Santé et des Services sociaux dans quelle mesure les soins
donnés par des sages-femmes sont considérés comme des
soins médicaux. On pense que, probablement, c'est apparenté
à des soins médicaux puisqu'elles sont reconnues par... Mais,
pour être bien sûr que ça comprend les sages-femmes, on va
vérifier.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous
suggérez qu'on suspende l'article?
M. Bourbeau: Oui, on va suspendre.
Le Président (M. Gobé): Alors, à la demande
du ministre, nous allons suspendre l'article 81.3 parce qu'il demande un
supplément d'information auprès du ministre de la Santé et
des Services sociaux. Nous allons donc aborder maintenant le paragraphe 81.4.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Cet article confère à toute
salariée enceinte le droit au congé de maternité de 18
semaines prévu actuellement à l'article 17 du règlement
sur les normes du travail.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est
l'essentiel de votre intervention?
M. Bourbeau: Vous remarquerez, M. le Président, que cet
article rend universel le droit au congé de maternité, en
enlevant l'exigence de 20 semaines de service continu prévue au
règle ment sur les normes du travail, c'est-à-dire à
l'article 15. Ça s'inscrit dans l'objectif d'intégrer dans la loi
les principales normes prévues par le règlement en matière
de congé de maternité. La durée maximale du congé
de maternité de 18 semaines apparaît à l'article 17 du
règlement sur les normes du travail. C'est un ajout, M. le
Président, par rapport à l'avant-projet.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée... M. le ministre, vous avez fini? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Alors nous en sommes, là, au congé
de maternité. Je pense que les articles qui l'abordent vont de l'article
81.4 à l'article 81.17, je crois, hein? Bon. Là, on a
tenté de retrouver dans la loi - parce que c'était là, je
pense, l'objectif - c'était d'introduire dans le
projet de loi les dispositions en vigueur dans le règlement. Le
règlement qui s'intitule "Durée du congé", aux articles 17
et suivants, prévoit un certain nombre de dispositions sous le chapitre
"Durée du congé, avis et retour au travail". C'est finalement les
articles 17 à 35.
Alors, ce qu'on veut savoir du ministre - et je ne sais pas s'il y a un
tableau quelconque - qu'est-ce qui, dans le règlement en vigueur, a
été mis de côté? Qu'est-ce qui a été
changé par rapport aux articles 81.4 à 81.17 qu'on retrouve dans
le projet de loi?
M. Bourbeau:...
Mme Harel: Oui. Qu'est-ce que c'est, finalement, les changements
à la loi par rapport au règlement?
Le Président (M. Gobé):m. le ministre, est-ce qu'on
répond globalement sur tous les articles ou si on les prend les uns
après les autres, mme la députée?
Mme Harel: c'est parce qu'on a tenté de retrouver des
articles. je vous donne un exemple: l'article 81.6 correspond à
l'article 24 du règlement.
Le Président (M. Gobé): Oui.
Mme Harel: Je ne sais pas si pour les membres de la commission...
Il y aurait peut-être utilité d'avoir le règlement; c'est
deux pages.
Une voix: Oui.
Mme Harel: L'avez-vous?
Le Président (M. Gobé): Oui.
Mme Harel: Vous l'avez. On pourra peut-être en faire une
photocopie.
Le Président (M. Gobé): Peut-être en faire
photocopie et le faire distribuer à chacun des membres de la commission.
C'est correct, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Harel: Ça concerne 7 ou 8 articles, 10 même. Oh,
mon Dieu! plus que ça. Je pense qu'on est mieux de le regarder.
M. Bourbeau: On n'a pas...
Le Président (M. Gobé): On reste dans le bloc,
alors, hein?
M. Bourbeau: C'est quoi la question?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, la question
est à l'effet que la députée de Hochela-ga-Maisonneuve
voulait savoir quels étaient les changements entre les articles 81.4 et
81.17 de ce projet de loi par rapport au règlement.
M. Bourbeau: J'aimerais entendre la députée de
Hochelaga-Maisonneuve poser sa question elle-même, M. le
Président. Je pense qu'il y a une distorsion entre ce qu'elle a dit et
ce que vous répétez, là.
Mme Harel: Mon Dieu! je vais la reposer là! Je pense que
c'est la troisième fois. C'est que nous souhaiterions connaître
quelles sont les dispositions du règlement qui ont été
introduites dans le projet de loi et celles qui, dans le règlement, ont
été écartées du projet de loi. Est-ce que le
ministre entend garder ces dispositions dans le règlement ou entend-il
les supprimer? Qu'est-ce qu'il entend faire? Il y a beaucoup de jurisprudence
qui s'est faite sur le congé de maternité. Il y a beaucoup de
jurisprudence... J'en ai ici, entre autres, du Tribunal du travail. On retrouve
ces décisions dans la revue Le marché du travail, novembre
1990. Alors, c'est vraiment très, très récent.
Alors, ces décisions concernent le retrait préventif, le
droit de la travailleuse enceinte en regard de la convention collective, en
regard de la Loi sur les normes du travail. On veut simplement vérifier
si la jurisprudence va continuer de s'appliquer. Est-ce qu'il va falloir que,
finalement, les travailleuses connaissent encore une période
d'incertitude puis qu'il y ait de la nouvelle jurisprudence qui se fasse? Vous
savez, la jurisprudence, ça se fait toujours sur le dos de quelqu'un qui
est victime. Même si au bout de la ligne elle gagne, c'est toujours une
période difficile.
Bon. Il y a eu quand même beaucoup de décisions du Tribunal
du travail. Elles sont toutes relatées d'ailleurs dans la revue Le
marché du travail du mois de novembre. Ces décisions,
finalement, ont rendu des jugements qui ont clarifié la question des
droits et des congés dont peut bénéficier la travailleuse
enceinte.
Alors, moi, je veux savoir si cette jurisprudence-là va durer. Je
vous donne un exemple. Ici, j'ai une décision. C'était une
requête pour permission d'appeler de l'employeur, basée sur la
prétention du procureur de l'employeur, à l'effet que
l'intimée, c'est-à-dire la travailleuse enceinte, n'avait pas
droit aux 18 semaines de congé de maternité après
l'accouchement pour lesquelles une femme a normalement le droit d'opter, en
vertu de l'article 17 du règlement. Suivant le procureur, elle n'aurait
eu droit qu'à 10 semaines, puisque le retrait préventif dont elle
s'était prévalue en vertu de la Loi sur la santé et
sécurité du travail devait être assimilé au
congé spécial prévu à l'article 20 du
règlement. Alors là, suit finalement toute la
démonstration du cas pour qu'en conclusion le juge décide que,
dans l'hypothèse où une travailleuse
enceinte bénéficie d'un retrait préventif
jusqu'à son accouchement, en vertu de la Loi sur la santé et la
sécurité, elle est alors assurée de
bénéficier d'au moins 18 semaines de congé au lendemain de
son accouchement, peu importe que le congé de maternité dont elle
entend se prévaloir soit celui prévu à la Loi sur les
normes du travail ou dans sa convention collective. Bon, tout ça, ce
jugement-là, c'est basé sur l'article 17 du règlement, sur
l'article 20 du règlement. Moi, je veux savoir: Est-ce qu'il va falloir
de la nouvelle jurisprudence ou si on va retrouver, finalement, toutes ces
dispositions-là dans la loi?
M. Bourbeau: Ce que je peux dire à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, c'est que, selon nous, il n'y a
aucun des avantages qui existent présentement au vertu de la loi ou de
la jurisprudence qui n'est enlevé, retiré par le projet de loi.
Au contraire, il y a des ajouts. On n'a pas de tableau, alors je ne peux pas
répondre à la députée de Hochelaga-Maisonneuve
globalement. Mais au fur et à mesure qu'on verra les articles, on lui
dira lesquels sont dans la loi et lesquels sont dans le règlement.
Mme Harel: Parfait. On va l'aborder article par article.
Le Président (M. Gobé): Alors, je rappelle
l'article 81.4. Oui, M. le député de Dubuc, vous voulez
intervenir?
M. Morin: J'ai compris qu'on suspendait pour de plus
amples...
Le Président (M. Gobé): Non. Nous allons prendre
les paragraphes paragraphe par paragraphe, au lieu de les prendre en bloc,
comme l'a suggéré Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: II faudrait lire peut-être le projet de loi avec
le règlement.
M. Morin: Là-dessus, je pourrais poser comme question:
Est-ce que la seule différence avec le règlement, c'est que dans
le règlement on parlait d'un congé continu alors que dans le
présent projet de loi on n'en parle pas? Est-ce que ce serait la
différence?
M. Bourbeau: Vous parlez de 81.4? M. Morin: Oui.
M. Bourbeau: Un congé de maternité sans salaire
d'une durée maximale...
M. Morin: parce que dans le règlement on parlait d'un
congé continu, une période continue decongé. alors
que, là, on n'en parle pas. alors, est-ce que c'est à ce
niveau-là la seule différence? Remarquez que j'apprécie
bien ça, ce n'est pas que je le conteste parce que...
M. Bourbeau: Les gens qui m'accompagnent, les juristes qui
m'accompagnent me disent qu'il n'est pas essentiel de marquer "continu"...
M. Morin: Je suis bien d'accord.
M. Bourbeau: ...parce que si c'était fractionnable, on
l'aurait dit. Alors, comme ce n'est pas marqué que c'est fractionnable,
c'est continu.
M. Morin: Wo! Wo! Je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation, par exemple. Moi, je considère comme une nette
amélioration le fait d'enlever "continu" parce que je considère
que le fait de ne pas le mettre, ça pourrait laisser entendre un
congé de 7 semaines, de 18 semaines qui pourrait être pris en deux
ou trois reprises, pour autant qu'on respecte la période d'accouchement
prévue. Bien, c'est comme ça que je l'interprète, d'autant
plus que vous savez fort bien que si jamais il fallait plaider là-dessus
on peut se référer à l'ancien texte de la loi et une
modification ne peut jamais aller dans le sens de diminuer les lois mais en les
augmentant. Alors, moi, je continue puis je considère que si vous avez
enlevé le mot "continu", ce avec quoi je serais totalement d'accord, je
ne dis pas ça pour le contester, mais je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation à l'effet que ça ne serait pas
fractionnable.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Morin: Je m'excuse, M. le ministre, je vous embête un
peu mais... (23 heures)
Le Président (M. Gobé): Non, non, ne vous excusez
pas. Vous avez... vous êtes là pour ça, M. le
député. C'est là votre rôle.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...encore là, je pense que le
député de Dubuc a fait une observation judicieuse. On me dit
qu'on croit ici qu'on pourrait, par interprétation, maintenir ou
soutenir que le congé de maternité est continu, mais qu'il
possible que, comme l'a indiqué le député de Dubuc, hier,
il y ait une possibilité qu'on puisse se prétendre que, parce
qu'on a modifié le sens, le texte, on aurait donné un droit de
fractionnement. Alors, on va faire une modification. Je félicite le
député de Dubuc qui a un sens très aigu de l'observation
et...
M. Morin: Oui, mais on ne va pas en amendement pour aller dans...
Qu'est-ce que vous voulez faire? Si vous l'avez fait une fois, re-
culer, vous ne pouvez pas le faire trop souvent, ça.
M. Bourbeau: ...une certaine expérience en la
matière... Non, non. Je pense qu'effectivement l'intention du
législateur, c'est que ce soit continu. Il n'est pas question que ce ne
soit pas continu. On ne peut pas concevoir un congé de maternité
où la femme pourrait entrer et sortir. Ça, ça pertuberait
le marché du travail d'une façon incroyable. D'ailleurs, ce n'est
pas le but du congé de maternité. Il y a le congé parental
qui peut être fractionné.
M. Morin: Bien, moi, ça dépend des besoins. Si vous
êtes contente que ça soit continu, je suis aussi heureux. J'aime
autant que ça soit clair, parce que dans des normes, ce qui est
important, c'est que ça soit clair et efficace.
M. Bourbeau: Alors, on va introduire une modification, en
ajoutant le mot "continu".
M. Morin: Aussi bien ne pas parler.
M. Bourbeau: Non, au contraire, on vous encourage à
parler. Chaque fois que vous parlez, M. le député de Dubuc, vous
apportez une modification qui bonifie le projet de loi, ce qu'on recherche.
Maintenant, il est possible qu'on fasse la modification ailleurs, aussi.
M. Morin: II ne faut pas que ça aille en reculant trop
souvent.
Une voix: Quel article?
M. Morin: On va vous surveiller de près. Je voulais m'en
aller, mais je vais rester. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ça, c'est des suggestions constructives,
elles font avancer. Je ne fais de comparaison avec personne d'autre.
M. Morin: ...quand un ministre te félicite. Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
un amendement, si je comprends bien? Une modification?
M. Bourbeau: Le parrain est le député de Dubuc.
M. Morin: On ne posera plus de questions là-dessus. La
transposition d'un règlement dans une loi... C'est quelque chose.
Le Président (M. Gobé): La paternité de
l'amendement.
M. Bourbeau: M. le Président, je propose...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre. M.
Bourbeau: ...à l'article 34...
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous le lire, s'il
vous plaît?
M. Bourbeau: ...d'ajouter, dans l'article 81.4, après le
mot "semaines", le mot "continues". Et je signale que le grand-père de
la motion, c'est le député de Dubuc.
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est vous qui
l'avez fait, mais c'est lui qui en assume la paternité.
M. Bourbeau: C'est ça. Moi, je suis le père
adoptif.
M. Morin: On va se contenter de parrain, ça fait moins
vieillir.
Le Président (M. Gobé): Ça fait italien un
peu.
Une voix: Tu connais bien ça.
Le Président (M. Gobé): Je connais bien ça.
Alors, l'amendement est, bien sûr, recevable et, si je comprends bien, il
est adopté à l'unanimité: Ajouter dans l'article 81.4,
après le mot "semaines" le mot "continues", tel que M. le ministre
l'avait lu auparavant. Alors, l'amendement est maintenant adopté. Est-ce
que l'article 81.4 tel qu'amendé est adopté?
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Justement, dans le règlement, la période
de 18 semaines est fixe, sauf si, à sa demande, l'employeur consent une
période plus longue. Est-ce qu'on le retrouve, ça, dans le projet
de loi?
M. Bourbeau: Non, mais on a introduit un congé parental de
34 semaines. Alors, évidemment, ça tient lieu de la
période plus longue.
Mme Harel: Où est-ce qu'on le retrouve déjà,
le congé parental?
M. Bourbeau: À l'article 81.10.
Mme Harel: Alors donc, en fait, ce n'est plus nécessaire,
parce que l'employeur n'a plus à y consentir ou pas, étant
donné que le droit existe et que le parent peut donc l'utiliser sans
avoir à obtenir le consentement. C'est bien ça?
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Très bien. On retrouvait quand même
à l'article 17, la deuxième phrase de l'article: Elle peut le
répartir à son gré, avant ou après la date
prévue pour l'accouchement. Ce congé ne peut cependant commencer
qu'à compter du début de la 16e semaine précédant
la date prévue pour l'accouchement. Alors, on retrouve à
l'article 81.5: "Le congé de maternité ne peut commencer
qu'à compter du début de la 16e semaine précédant
la date prévue pour l'accouchement." Ça, ça va. Mais on ne
retrouve pas là la phrase qu'on retrouve à l'article 17: Elle
peut le répartir à son gré avant ou après la date
prévue pour l'accouchement.
M. Bourbeau: On a considéré que c'était
inutile de le marquer, étant donné que la mère peut
commencer à utiliser les congés à partir de la 16e semaine
précédant la date pour l'accouchement. Donc, elle peut... C'est
donc qu'elle peut le répartir comme elle veut.
Mme Harel: Vous trouvez que c'était déjà
contenu dans l'article 81.5? La difficulté que ça
présente, c'est qu'il n'y a pas un droit clairement exprimé.
Là, ce qu'on dit, c'est que ça ne peut commencer qu'à
compter du début de la 16e semaine... donc 16e semaine
précédant la date prévue pour l'accouchement, c'est quatre
mois ça. Donc, ça ne peut pas commencer avant quatre mois de la
date de l'accouchement, mais il n'est pas dit que... En fait, il n'est pas
clairement dit... À l'article 81.4, on dit: Ce congé est de 18
semaines, maximum. À l'article 81.5, on dit: Elle ne peut pas prendre le
congé avant quatre mois de son accouchement. Mais il n'est pas dit
qu'elle peut le prendre à son gré. Oui. Parce qu'il me semblait
que l'article 17 était plus clair parce qu'il déterminait:
d'abord, que ça ne pouvait pas excéder 18 semaines; ensuite, que
ça pouvait être réparti au gré de la femme enceinte
et, troisièmement, que ça pouvait, même si elle le prenait
à son gré, ça ne pouvait pas commencer avant quatre
semaines.
Il me semble qu'il n'y a plus là le droit de le répartir
à son gré. À moins qu'on ne retrouve ça ailleurs,
mais...
Mme Trépanier: À l'article 81.6...
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la ministre...
Mme Trépanier: À l'article 81.5, on dit: "Le
congé de maternité ne peut commencer qu'à compter du
début de la 16e semaine précédant la date prévue
pour l'accouchement." C'est ce que vous dites, Mme la députée.
Mais à l'article 81.6: "Le congé de maternité peut
être pris après un avis écrit d'au moins trois semaines
à l'employeur indiquant la date du début du congé..."
Alors, après ces 4 semaines... ces 16 semaines, elle peut le prendre
n'importe quand avec un avis de 3 semaines à son employeur. À
notre avis, c'est ça. "Cet avis doit être accompagné d'un
certificat médical attestant de la grossesse et de la date prévue
pour l'accouchement." Alors, elle est là, la flexibilité.
M. Bourbeau: la députée... la ministre a raison. si
la femme peut indiquer la date, c'est donc qu'elle a le loisir de le
répartir à son gré.
Le Président (M. Gobé): L'article 81.4, Mme la
ministre... la députée, pardon.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors l'article 81.4 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle maintenant l'article 81.5.
M. Bourbeau: L'article détermine le moment où le
congé doit commencer. Il reprend, sur ce sujet, l'article 17 du
règlement sur les normes du travail. C'est un ajout par rapport à
l'avant-projet.
Le Président (M. Gobé): L'article 81.5 est
adopté? J'appelle maintenant l'article 81.6.
M. Bourbeau: L'article régit l'avis que doit donner la
salariée pour bénéficier du congé de
maternité. Il reprend en substance les articles 24 et 25 du
règlement sur les normes du travail.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc, vous avez des commentaires?
M. Morin: Oui. Pour revenir aux commentaires de la ministre, tout
à l'heure, qui a interprété l'article 81.6 comme
étant un assouplissement de l'article 81.5 par rapport à la 16e
semaine, moi, j'aimerais comprendre, si quelqu'un peut m'expliquer, parce que
je n'y vois pas tellement d'assouplissement par rapport à la 16e semaine
mais plutôt une exigence de préciser le...
Mme Trépanier: Je n'ai pas parlé d'assouplissement,
M. le Président. J'ai dit qu'à partir de ce moment-là
l'article pouvait lui donner le choix de prendre son congé comme elle le
voulait, à la condition d'aviser son employeur trois semaines à
l'avance. C'était la question de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, elle croyait qu'on ne pouvait plus... qu'elle avait
juste un moment pour prendre son congé et que le congé devait
être fixe. Mais l'article 81.6 vient nous dire que la femme enceinte peut
prendre son congé, mais en avisant son employeur.
M. Morin: Bon, c'est ce que j'avais compris. Si vous ne qualifiez
pas ça d'éclaircissement, peu importe.
Mme Trépanier: Non, non.
M. Morin: Ça ne dit pas ce que vous dites.
Mme Trépanier: Non?
M. Morin: Moi, je ne vois pas dans ce texte la possibilité
pour la femme, avec un avis de trois semaines, la possibilité de
modifier le début de la 16e semaine, par exemple.
Mme Trépanier: Non, on ne dit pas qu'on modifie le
début de la 16e semaine, on dit qu'elle n'est pas obligée de le
prendre au début de la 16e semaine, qu'elle pourrait retarder, qu'elle
pourrait commencer son congé plus tard.
M. Morin: Oui, mais où c'est écrit, ça?
Mme Trépanier: L'article 81.6 est libellé ainsi:
"Le congé de maternité peut être pris après un avis
écrit d'au moins trois semaines à l'employeur indiquant la date
du début du congé et celle du retour au travail. Cet avis doit
être accompagné d'un certificat médical..." (23 h 15)
M. Morin: Oui, mais il faut que ce soit conforme à la 16e
semaine. Sauf que si l'accouchement a lieu, supposons, au mois de janvier, il
faut que 16 semaines plus tôt, mettons au mois de septembre, ça
peut être le 15 septembre, donc c'est là...
Mme Trépanier: Oui, mais monsieur...
M. Morin: ...que le papier, 3 semaines avant, doit indiquer la
date, soit le 15 septembre qui constitue 16 semaines avant l'accouchement.
Mme Trépanier: C'est ça.
M. Morin: Donc, ça ne permet pas de jouer sur la 16e
semaine. Je ne voudrais pas qu'on l'interprète de même, à
moins qu'on ne m'explique là, parce que ce n'est pas ça que
ça dit.
Mme Trépanier: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée, Mme la ministre, pardon.
Mme Trépanier: ...la nature fait en sorte qu'on
prévoit le moment de l'accouchement mais, parfois, il est sûr que
ça peut s'extensionner de quelques semaines. Mais c'est la date
prévue pour l'accouchement. À partir de là, l'article 81.6
s'applique. Je ne comprends pas.
M. Morin: Oui, mais ça ne change pas les 16 semaines.
Ça ne peut pas... Les 16 semaines sont fixes.
Mme Vermette: Je peux donner une explica- tion. Ce qu'il dit en
fin de compte, c'est que lorsqu'on donne un avis, si on donne l'avis, on va
prendre ça à partir de telle date, ce qui fait...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Marie-Victorin, c'est votre collègue de Dubuc
qui avait la parole, je m'excuse.
Mme Vermette: Ah bien... M. Morin: Je lui
cède...
Le Président (M. Gobé): Non, vous ne pouvez pas.
C'est la règle de l'alternance, je m'excuse.
Mme Vermette: Mais juste pour préciser... M. Morin:
Ah bon! O.K.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre voulait
faire une intervention...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne crois pas que...
Le Président (M. Gobé): ...vous m'excuserez.
M. Bourbeau: ...l'interprétation qu'en
décèle le député de Dubuc puisse être exacte
puisque, à l'article 81.5, on ne dit pas que le congé de
maternité commence la 16e semaine. On dit qu'il ne peut pas commencer
avant la 16e semaine ou ne peut commencer qu'à compter du... On ne dit
pas: II commence la 16e. On dit qu'on ne peut pas retourner plus loin que la
16e semaine prévue pour l'accouchement. Si on avait voulu dire qu'il
doit commencer la 16e semaine, on l'aurait dit. Le législateur aurait
signifié à ce moment-ci: C'est ça la date. Il faut lire
les articles, je pense, ensemble: l'article 81.4 dit qu'il y a un congé
de 18 semaines de prévu; l'article 81.5 nous apprend qu'il ne peut pas
commencer avant la 16e semaine sans dire que ça doit être à
ce moment-là qu'il commence, et l'article 81.6 dit que la personne qui
prend le congé doit indiquer elle-même la date où
débutera son congé. Je crois que ça va.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, vous avez
demandé un complément de réponse.
Mme Trépanier: Non, je pense qu'on a...
Le Président (M. Gobé): C'est correct maintenant.
Alors, est-ce que l'article 81.6 est adopté? L'article 81.6 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 81.7. M. le ministre.
M. Bourbeau: Cet article confère un pouvoir
réglementaire au gouvernement pour régir, comme dans le
règlement actuel, les événements excep-
tionnels qui peuvent survenir durant une grossesse ou à la suite
de celle-ci. Les cas spéciaux seront prévus dans la
réglementation tandis que les cas habituels se retrouvent maintenant
dans la loi afin de permettre plus de souplesse vis-à-vis des situations
particulières. Ces cas sont actuellement traités dans les
articles 18, 20, 21, 22, 24, 26 et 28 du règlement sur les normes du
travail. Alors, on peut se référer à ces articles du
règlement, 18 à 28, enfin 18, 20, 21, 22, 24, 26 et 28.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a des
commentaires, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, sur
l'article 81.7?
Mme Harel: Oui. D'abord, l'article 18 du règlement
prévoit que si l'accouchement a lieu après la date prévue
la salariée a droit automatiquement à une extension du
congé de maternité équivalente à la période
du retard. Cette extension n'a pas lieu si la salariée peut
bénéficier, par ailleurs, d'au moins deux semaines de
congé de maternité après l'accouchement. Alors, ça,
c'est évidemment uniquement lorsqu'il y aurait eu un certificat
médical attestant de la grossesse et de la date prévue pour
l'accouchement, mais un certificat médical attestant du besoin de la
salariée de cesser le travail dans un délai moindre... Il faut
comprendre que l'article 18 ne peut s'interpréter que... C'est l'article
18 du règlement. Où est-ce qu'on le retrouve dans la loi, cet
article 18?
Mme Trépanier: Dans l'article 79, Mme la
députée: Le gouvernement peut, par règlement pris avant le
1er janvier 1992, déterminer parmi les salariés visés aux
articles 41.1... Ce n'est pas ça. Je m'excuse. On le reprend à
l'article 78 de la loi: "Les dispositions relatives au congé de
maternité du règlement sur les normes du travail sont compatibles
avec les articles 81.4 à 81.17 de la Loi sur les normes du travail
édictés par l'article 34 de la présente loi et demeurent
en vigueur tant qu'elles ne sont pas remplacées ou abrogées.
Mme Harel: Alors, quelle est l'intention du gouvernement à
l'égard de cet article 18? Évidemment, il va rester en vigueur
là. Mais est-ce que c'est l'intention du gouvernement de remplacer ou
d'abroger l'article 18 ou de le mantenir?
Mme Trépanier: II n'y a pas de changement. Mme Harel:
II n'y a pas de changement? Mme Trépanier: Non.
Mme Harel: II n'y a pas de changement pour tout de suite. Mais
avec l'article 78 que vous venez de nous lire...
Mme Trépanier: Oui. Ce n'est pas notre intention de
changer quoi que ce soit là. On reporte l'article 18 comme il
était.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous êtes
satisfaite, madame?
Mme Harel: Oui. Alors, l'article 19 du règlement, on le
retrouve à l'article 81.8 du projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Nous sommes à
81.7.
Mme Trépanier: M. le Président, pour clarification.
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, l'intention de la loi
est de ne garder dans la réglementation que les cas d'exception et de
tout reporter les cas normaux, réguliers dans la loi.
Mme Harel: alors, donc l'article 18 porte finalement sur un cas
d'exception, c'est-à-dire lorsque l'accouchement a lieu après la
date prévue.
Mme Trépanier: C'est qu'on ne considère plus
ça comme un... c'est considéré comme un cas qui peut
être normal...
Mme Harel: Mais vous ne l'avez pas mis dans la loi, l'article
18.
Mme Trépanier: O.K. Alors, je reprends. Tous les cas qui
sont ici sont des cas d'exception qui restent dans la
réglementation.
Mme Harel: Hum, hum! Donc, l'article 18, c'est
considéré comme un cas d'exception parce que l'accouchement a
lieu après la date prévue?
Mme Trépanier: Oui, c'est une modalité.
Mme Harel: Ensuite, l'article 19, on le retrouve à 81.2,
dont deux alinéas où je pense qu'on le retrouve
intégralement.
Mme Trépanier: L'article 19, on le retrouve au 81.8 du
nouveau projet de loi.
Mme Harel: C'est ça. Et là, on en arrive à
l'article 20. L'article 20, il y a beaucoup de jurisprudence sur cet
article-là. C'est considéré, l'article 20, comme un
congé spécial, c'est comme ça que c'est appelé dans
le milieu. Il y a le congé de maternité qui était
l'article 17, il y avait le retrait préventif dans la Loi sur la
santé et la sécurité, puis il y avait le congé
spécial de l'article 20.
Mme Trépanier: Quelle est votre question?
Mme Harel: Quelle est la différence? Où est-ce
qu'on retrouve l'article 20?
Mme Trépanier: II reste dans le règlement, Mme la
députée, comme l'article 18, comme tous les articles qui sont
ici: 21, 22, 24, 26 et 28.
Mme Harel: Hum, hum! Oui, alors je vois, parce que l'article 18,
finalement, c'est le premier alinéa de 81.7: "lorsque l'accouchement a
lieu après la date prévue;" l'article, 20 c'est le
deuxième alinéa de 81.7: "lorsqu'il y a un danger pour la
santé de fausse couche ou un danger pour la santé de la
mère ou de l'enfant à naître."
Mme Trépanier: C'est ça.
Mme Harel: ensuite, l'article 21, c'est le troisième
alinéa: "lorsque survient une fausse couche ou un accouchement d'un
enfant mort-né."
Mme Trépanier: Oui.
Mme Harel: Et puis, l'article 22, c'est ça. Non. l'article
22, on ne le retrouve pas.
Mme Trépanier: L'article 22, c'est aussi le
troisième alinéa.
Mme Harel: Oui, d'accord. Et le quatrième alinéa
porte sur l'article 23, hein? Quatrième alinéa: "lorsque
l'état de santé de la mère ne lui permet pas de retourner
au travail à l'expiration du congé de maternité."
Mme Trépanier: Oui.
Mme Harel: Alors, le règlement va déterminer, pour
chacun de ces alinéas, la durée du congé, etc., la
durée supplémentaire. Et vous nous dites qu'en vertu de l'article
78, c'est le même règlement qui va se maintenir, sauf s'il est
remplacé ou abrogé.
Mme Trépanier: C'est ça.
Mme Harel: Oui. Bon. Eh bien! Mon Dieu! On s'est retrouvé
assez vite! Il y a peut-être juste une question qui se pose, à la
lecture de l'alinéa 3°, et on le retrouve, je pense, ailleurs dans
le projet de loi. Quand on parle de fausse couche, dans la loi, on ne
définit pas, comme c'est le cas dans le règlement: Fausse couche
naturelle ou provoquée légalement. Vous avez choisi d'utiliser
l'expression "fausse couche" seulement. Mais prenez, par exemple, le
règlement. Chaque fois qu'il y a le mot "fausse couche", on retrouve
toujours, comme à l'article 21, par exemple: Lorsque survient une fausse
couche naturelle ou provoquée légalement. Vous l'avez à
plusieurs endroits, d'ailleurs. Par exem- ple, à 26: En cas de fausse
couche naturelle ou provoquée légalement. Vous l'avez vraiment
à plusieurs endroits dans le projet de règlement. Dans la loi,
vous avez conservé simplement les mots "fausse couche", sans ajouter
"naturelle ou provoquée légalement". Est-ce qu'il y a des
motifs?
Mme Trépanier: M. le Président, on a voulu employer
le terme "fausse couche", qui est un terme plus générique et qui
se réfère aux cas prévus aux articles 21, 22, 26 et 28 du
règlement, qui étaient plus spécifiques. Or, ça
englobe tout ça. En définitive, il n'y a rien de
retranché, tout est repris dans le règlement.
Mme Harel: Quand on parle de fausse couche provoquée
légalement, on fait référence à l'avortement?
Mme Trépanier: J'imagine que oui. Oui.
Mme Harel: Oui, c'est ça. Et vous dites que l'expression
"fausse couche" du projet de loi recouvre à la fois les fausses couches
naturelles, autant que celles provoquées légalement?
Mme Trépanier: Forcément. Mme Harel:
D'accord. Oui. Ça va?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que je dois
comprendre que l'article 81.7 peut maintenant être adopté?
Mme Harel: D'autres questions? Ça vous va?
Une voix: Ah oui!
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 81.7 est
maintenant adopté. Nous appelons l'article 81.8. M. le ministre.
M. Bourbeau: Cet article permet à l'employeur, à
certaines conditions, d'obliger la salariée à prendre son
congé de maternité lorsqu'elle n'est plus en mesure de
travailler. Il reprend essentiellement l'article 19 du règlement
actuel.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 81.8, madame ou messieurs? M. le
député de Dubuc? Mme la députée de
Marie-Victorin?
Une voix: Non.
Le Président (M. Gobé): Alors, je comprends que
l'article 81.8 serait adopté.
Mme Harel: L'article 81.8 se réfère, c'est
ça, au règlement, je pense, hein?
M. Bourbeau: C'est mot à mot, l'article 19 du
règlement.
Mme Harel: L'article 19, hein?
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 81.8 est
maintenant adopté. J'appelle l'article 81.9. M. le ministre.
M. Bourbeau: Cet article reprend l'article 30 du règlement
sur les normes du travail, afin de permettre à l'employeur de s'assurer
que la salariée qui revient au travail dans les deux semaines de
l'accouchement est en mesure de reprendre le travail.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 81.9? Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
M. Bourbeau: Ce n'est pas le même, ça. Suivant
l'accouchement... C'est substantiellement la même chose que le
règlement.
Le Président (M. Gobé): Alors, je crois qu'il n'y a
pas d'intervention sur l'article 81.9, Mme la députée?
Mme Harel: Bien, pourquoi avoir modifié en introduisant
l'article 30 du règlement dans le projet de loi? Pourquoi avoir
modifié les mots "un certificat médical attestant de son
rétablissement suffisant pour reprendre le travail" par les mots "un
certificat médical attestant qu'elle est en mesure de travailler"? Il me
semble que ce n'est pas le même sens, là. En mesure de travailler,
vous savez ce que ça veut dire, hein? Dans la Loi sur l'aide sociale,
ça veut dire que vous êtes en mesure de travailler. Ça ne
veut pas dire que vous pouvez faire le travail habituel, ça veut dire
que vous n'êtes pas paraplégique, que vous n'êtes pas
impotente, vous n'êtes pas alitée, vous pouvez être en
mesure de travailler. Mais c'était bien plus intéressant, la
rédaction du règlement qui dit: Attestant de son
rétablissement suffisant pour reprendre le travail. En fait, ça
veut dire "pour reprendre son travail". (23 h 30)
Mme Trépanier: C'est ça. C'est exactement ça
que l'article veut dire. On a voulu spécifier que la dame qui venait
d'accoucher pouvait reprendre son travail.
Mme Harel: Mais ce n'est pas ça qui est dit à
l'article 81.9.
Mme Trépanier: On spécifie plus loin, quand on dit
que l'employeur doit lui redonner son poste.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Dubuc, vous voulez nous faire part de vos réflexions. Vous avez la
parole maintenant.
M. Morin: Mais je ne veux pas soulever d'autres
inquiétudes au ministre, là.
Le Président (M. Gobé): Non, non, mais c'est
très constructif, vos...
M. Morin: C'est tout simplement pour dire que...
M. Bourbeau: Chaque fois que vous ouvrez la bouche, ça
provoque un amendement, depuis...
Le Président (M. Gobé): Vos interventions sont
très constructives et...
M. Morin: Bon. Je pense qu'enfin les seuls termes qui sont
modifiés, c'est celui du règlement qui parlait de
"rétablissement suffisant", avec celui du présent projet de loi
qui parle seulement du fait d'être en mesure de travailler. Moi,
ça me convient parce que l'autre terme pourrait peut-être avoir
une connotation subjective.
Mme Trépanier: Lequel vous convient? M. Morin:
Celui du présent projet de loi. Mme Trépanier: Le 30?
O.K.
M. Morin: Oui, parce que l'autre, "de rétablissement",
j'aime autant ne pas le revoir parce que c'est subjectif. Tandis que, quand on
parle de retour au travail, être en mesure de retourner au travail, par
rapport à un congé qui a déjà été
accordé, ça me paraît concordant.
M. Bourbeau: Aussi, "rétablissement suffisant", ça
peut être très minimal; "suffisant", ce n'est peut-être pas
souhaitable. Tandis que l'autre "en mesure de travailler", il me semble
que...
M. Morin: Je ne sais pas si on l'a fait dans cet
esprit-là, mais enfin, moi, ça me convient.
Mme Trépanier: C'est complété par l'article
81.15, et c'est très clair. On dit: "À la fin du congé de
maternité ou d'un congé parental n'excédant pas 12
semaines". Alors, les deux semaines après seraient comprises
là-dedans.
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Mme Trépanier: ..."l'employeur doit réinstaller le
salarié dans son poste habituel avec les mêmes avantages..."
Le Président (M. Gobé): Ça se
complète. Mme Trépanier: Oui.
Le Président (M. Gobé): C'est-à-dire un
chevauchement de... Alors, est-ce que je peux comprendre que l'article 81.9 est
adopté?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé):d'accord. alors, l'article
81.9 est adopté. j'appelle maintenant l'article 81.10. m. le ministre,
des commentaires sur l'article 81.10?
M. Bourbeau: Cet article confère le droit à un
congé parental d'au plus 34 semaines dans le cas de la naissance d'un
enfant ou de l'adoption d'un enfant d'âge préscolaire autre que
l'enfant du conjoint.
M. le Président, nous voudrions apporter un papillon, un
amendement à cet article-là, à l'effet d'ajouter, à
la fin du premier alinéa de l'article 81.10, après le mot
"semaines", le mot "continues".
Le Président (M. Gobé): Au pluriel ou... M.
Bourbeau: Au pluriel, oui. Le Président (M. Gobé): Et
au féminin? Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Non, c'est parce que, dans
l'amendement précédent, "continues" était avec un "us"
à la fin.
M. Bourbeau: Des semaines continues.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. Alors, je
déclare l'amendement, bien entendu, recevable. Et je vais vous en faire
la lecture. À l'article 81.10...
Alors, c'est: Article 34. Ajouter, à la fin du premier
alinéa de l'article 81.10, après le mots "semaines" - au pluriel
- le mot "continues" - au pluriel. Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gobé): D'accord. Alors,
l'amendement est adopté et fait maintenant partie intégrante de
l'article. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article tel
qu'amendé? Mme la députée de Marie-Victorin, vous avez
fait signe.
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous avez la
parole.
Mme Vermette: Alors, en ce qui concerne l'adoption, on dit: "Le
père et la mère d'un nouveau-né et la personne qui adopte
un enfant... "La personne", est-ce qu'on exclut un des membres de la famille du
père, le père ou la mère? Qu'est-ce qu'on veut dire par
ça? Parce que, quand on adopte un enfant... C'est la seule place
où le père est aussi actif que la mère. C'est une
grossesse qui est partagée comparativement à toutes les
autres.
Une voix:...
Mme Vermette: Oui, mais ce n'est pas de la même
façon. Ils sont à égalité au niveau...
Mme Trépanier: Le père et la mère y ont
droit.
Mme Vermette: Le nouveau-né... La personne qui adopte un
enfant.
Mme Trépanier: Les deux. Mme Vermette: Les deux?
Mme Trépanier: Oui.
Mme Vermette: Bon, O.K. Et n'ayant pas atteint l'âge
à compter duquel l'enfant est tenu de fréquenter l'école.
Or, si on parle dans le cas d'une adoption internationale, l'enfant n'a pas
nécessairement fréquenté l'école. Il peut
être plus...
Mme Trépanier: On fait référence à
l'âge de fréquenter l'école au Québec.
Mme Vermette: Au Québec, parce qu'il peut y avoir des
enfants qui sont déjà d'âge scolaire qu'on peut adopter et
qui vont revenir ici. Alors, c'est ça qui est important.
Mme Trépanier: J'ai compris la question sur la
réponse.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, vous
voulez intervenir sur le... Vous voulez proposer un amendement?
Mme Trépanier: Alors, c'est selon la Loi sur l'instruction
publique, donc six ans.
Le Président (M. Gobé): Six ans.
Mme Vermette: Oui. Mais on peut adopter...
Mme Trépanier: Je comprends votre inquiétude...
Mme Vermette: On peut adopter des enfants plus vieux que
ça...
Mme Trépanier: ...plus vieux qui n'ont pas
fréquenté l'école.
Mme Vermette: ...qui n'auront jamais fréquenté
l'école ici.
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Mme Vermette: Et là, ça va être
pénalisé. Pourtant, quand on arrive dans un cas d'adoption
internationale, il y a une période d'acclimatation qui est très
importante et qui requiert autant la présence du père que celle
de la mère.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre.
Mme Trépanier: La restriction apportée, c'est qu'on
a peur que ça crée un précédent et que ça
fasse une ouverture trop grande ou de la discrimination également. Vous
pouvez avoir des enfants qui sont adoptés... des enfants au
Québec qui ont des problèmes aussi d'apprentissage ou un handicap
quel qu'il soit. Alors, ça ouvrirait la porte. C'est la raison
majeure.
Mme Vermette: Mais je trouve ça...
Mme Trépanier: Est-ce que vraiment il y a beaucoup
d'adoptions qui dépassent... dont les enfants sont d'âge...
Mme Vermette: La grosse moyenne des adoptions, bien sûr, ce
sont des enfants en bas âge, des bébés ou, en tout cas,
plus... Mais il arrive aussi dans certains cas que des gens adoptent des
enfants, soit des enfants qui sont carrément abandonnés dans des
pays ou, en fait, qui ont été victimes de la guerre dans leur
pays et qui arrivent avec des handicaps aussi. Ça arrive dans certains
cas. Dans le cas de réunification des familles...
Mme Trépanier: Oui.
Mme Vermette: ...il peut y avoir aussi ces aspects-là.
Mme Trépanier: L'élément majeur, ça a
été qu'il n'y ait pas de discrimination.
Mme Vermette: En fait, ça fait une discrimination par
rapport aux parents qui adoptent cet enfant-là, par contre. Parce que
lui, il est privé d'un droit et là, il va être
pénalisé s'il faut qu'il s'occupe de cet enfant-là quand
il arrive. Il n'aura pas droit à son congé parental. C'est dans
ce sens-là. C'est l'arrivée d'un enfant, de toute
façon.
Le Président (M. Gobé): Le père et la
mère d'un nouveau-né et la personne qui adopte un enfant.
Ça semble s'adresser à des enfants en bas âge et non pas
à des enfants d'âge scolaire. Ça peut faire partie d'un
autre article peut-être.
Mme Vermette: II n'y a pas d'autre - je vérifie, là
- article.
Le Président (M. Gobé): Mais dans celui-là
spécifiquement, je me demande s'il a bien sa place sans aller
dénaturer le...
Mme Vermette: L'adoption, c'est quelque chose de particulier.
Le Président (M. Gobé): Pour moi, c'aurait dû
faire l'objet d'un article particulier et non pas... C'est qu'on met sur le
même pied un enfant de 7 ou 8 ans qui a des problèmes,
probablement, à s'adapter ou qui peut en rencontrer et un
nouveau-né. Là, on parle d'adoption en termes, probablement, de
nouveau-né, mais c'est un bon point que vous soulevez là. C'est
qu'on ne considère pas son adoption autre qu'à deux ou trois mois
ou qu'à quelques mois.
Mme Vermette: Oui. Il n'y a pas juste des enfants
bébés.
Le Président (M. Gobé): Exactement. La perception
qu'on a, c'est un enfant qu'on va chercher dans une crèche, quelque
part, alors qu'il peut y en avoir des plus vieux, des plus
âgés.
Mme Vermette: II y a tous les enfants abandonnés qui sont
dans certains foyers et il y en a plus, puis la réunification des
familles.
Le Président (M. Gobé): Oui. Mais là, 34
semaines, ça peut paraître quand même...
Une voix: Qu'est-ce que vous faites, vous, de ça?
Faites-vous un amendement avec ça?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre,
êtes-vous... Mme la ministre, en conclusion.
Mme Trépanier: Je ne peux que répéter
l'argument de tout à l'heure.
Mme Vermette: On ne peut pas faire un amendement, Mme la
ministre? Et reconnaître, au moins, une possibilité de prendre en
considération ces cas-là et permettre à ces parents
d'avoir les mêmes droits, en fait, que si c'était un enfant en bas
âge, mais que ce soit un enfant qui a soit des difficultés
d'adaptation, d'intégration parce que c'est le volet d'une adoption...
En tout cas, sous le volet de l'adoption internationale, il y a aussi les
enfants de langue... Vous pouvez avoir des enfants de 7 ans, 8 ans, qui
viennent d'un pays d'Amérique latine, qui parlent l'espagnol, qui vont
arriver ici et ne pourront sûrement pas être intégrés
tout de suite dans des classes, en tout cas, et suivre le cours
régulier.
Le Président (M. Gobé): Des cours de concentration.
Il existe des classes, à Montréal, pour ce genre de jeunes hommes
là, d'élèves, d'étudiants ou de jeunes filles.
Mme Trépanier: M. le Président, je pense que dans
le cadre du présent projet de loi je persiste à dire qu'on
considère que ça créera un précédent et
peut-être une certaine discrimination, mais peut-être
qu'éventuellement, lors de... Je ne sais pas si c'est un
règlement. On est en train d'examiner toute l'adoption internationale.
Il y aura peut-être lieu de revenir si on voit que c'est majeur et s'il y
a un nombre important d'adoptions, mais, pour le moment, on pense qu'on devrait
rester avec cette loi.
Mme Vermette: Parlez-vous d'un règlement dans le cadre de
cette loi-là? Non?
Mme Trépanier: Non, mais au niveau de l'adoption
internationale.
Le Président (M. Gobé): Au niveau de l'adoption
internationale.
Mme Vermette: O.K.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, Mme la
ministre. Est-ce que je peux considérer l'article 81.10 comme
adopté?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Gobé): Non. Mme la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Alors, à l'article
81.10, ce qu'on offre, c'est donc le fameux congé de 34 semaines non
payé.
Une voix: Ou sans solde.
Mme Harel: Ou sans solde, oui, dépendam-ment de la culture
des gens. Bon, M. le Président, je pense qu'il faut, à ce
stade-ci, rappeler que, sans doute, bien peu de jeunes chefs de famille vont
pouvoir s'offrir ce congé sans salaire.
Une voix: Les vieux aussi.
Mme Harel: Bien, les vieux ne pourront peut-être pas se
l'offrir du fait qu'ils n'ont pas de nouveau-nés qui le leur permettent,
mais les jeunes chefs de famille sont, finalement, les plus affectés par
la crise économique et par toute la période de bouleversement du
marché de l'emploi qu'on connaît depuis 10 ans. Je regardais les
chiffres qui ont été publiés, je pense, dans Le
marché du travail justement, dans la revue Le marché du
travail, suite à l'étude réalisée pour le
compte du secrétariat économique et social - le
secrétariat ministériel, là... le Secrétariat
permanent des affaires économiques et sociales - et qui portait sur la
pauvreté. (23 h 45)
Ces chiffres-là laissent bien peu d'espoir quant à la
possibilité réelle que ce congé parental soit
utilisé. En France, lors de la naissance d'un troisième enfant,
l'allocation qui est versée correspond presque à
l'équivalent du salaire minimum jusqu'à ce que le
troisième enfant ait atteint trois ans, parce que les études ont
démontré que si la mère d'un enfant de moins de trois ans
maintenait son activité professionnelle ou son travail sur le
marché de l'emploi au moment de la naissance du premier et
fléchissait très légèrement au moment de la
naissance d'un deuxième, c'est presque les deux tiers des mères
à l'emploi qui abandonnent le marché du travail lors de la
naissance d'un troisième et, finalement, le troisième, dans la
décision de faire un troisième enfant, nécessairement est
introduite la société. Le premier enfant, on dit habituellement
qu'on le fait pour soi; le deuxième, on le fait pour le premier et, le
troisième, on le fait pour la société. Il y a sans doute
quelque chose de vrai là-dedans. Je ne sais pas si vous en avez trois,
Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine et responsable de la Famille.
Mme Trépanier: Malheureusement, j'en ai deux!
Mme Harel: On aurait pu vérifier avec vous si cette
allégation était vraie! Je pense que le ministre, lui, est
allé jusqu'à trois.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: C'est ça!
M. Bourbeau: J'ai fait cet effort.
Mme Trépanier: Ce n'est pas un effort, M. le ministre,
c'est un grand bonheur!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, c'est une étude extrêmement
intéressante qui a été pubiée dans la revue Le
marché du travail de juin 1990 et qui porte sur la pauvreté
au Québec de 1973 à 1986. En fait, les faits saillants de cette
étude, c'est que la pauvreté rajeunit terriblement et que la
situation... Évidemment, en rappelant qu'un chômeur sur deux, au
Québec, a moins de 30 ans, que les trois quarts des enfants naissent de
mères qui ont moins de 30 ans et que la situation est de plus en plus
difficile, la situation économique est de plus en plus difficile pour
les enfants et les jeunes chefs de famille, vous comprendrez, dans ce
contexte-là, M. le Président, que ce n'est pas très
convaincant qu'on offre un congé parental sans salaire.
Je regardais le document qui avait été
préparé par le ministère pour les fins de l'avant-projet.
Ce document, en fait, le document intitulé 'Tableau de
présentation des changements aux normes du travail", à la page 3,
on peut y
lire, concernant le congé de naissance ou d'adoption de longue
durée: "impact. Congé de naissance ou d'adoption. Aucun impact
direct sur les coûts salariaux des entreprises, parce qu'il s'agit d'un
congé sans solde". Alors, l'impact, finalement, c'est sur le revenu de
la famille. Il y aura toujours possibilité - avec les modifications
apportées à l'assurance-chômage - d'un total de
congés de 25 semaines. Donc, ce congé pourra permettre de retirer
60 % du revenu assurable pendant ces 25 semaines. Évidemment, c'est la
moitié moins des semaines qu'on offre sans solde.
Malheureusement, je l'ai laissé au bureau, parce que j'ai lu
très attentivement le discours que le ministre a prononcé en
Chambre au moment de l'étude en deuxième lecture du projet de
loi. Et les propos qu'il a tenus m'ont beaucoup surprise. Malheureusement, je
n'ai pas la copie, mais je... Ah, voilà!
M. Bourbeau: ...tous mes discours, les recevez-vous toujours?
Mme Harel: Ha,ha, ha!
M. Bourbeau: Est-ce qu'ils ont préséance sur la
Charte des droits? Dans vos lectures, bien sûr.
Le Président (M. Gobé): La bible!
Mme Harel: Alors, évidemment, ce qui était
étonnant, c'est que le ministre n'avait pas de réponse aux
questions qu'il a posées, malgré le fait qu'on ait reçu,
en commission parlementaire, au moment de l'étude de l'avant-projet de
loi, des groupes aussi nombreux que diversifiés, tel le Conseil du
patronat, avec M. Ghislain Dufour en tête, jusqu'au Cercle de
fermières avec Mme Huot, qui sont venus nous dire leur appui au projet
qui avait été déposé par le Conseil du statut de la
femme et, d'ailleurs, appuyé par un communiqué de presse de Mme
la ministre déléguée à la Condition
féminine. Mme la ministre s'expliquera si cet appui était
réservé, mais le communiqué a quand même
été publié. Le ministre posait la question suivante.
M. Bourbeau: Poser la question, c'est y répondre. Je vois
que la députée de Hochelaga-Maisonneuve ne lit pas très
bien mes discours, M. le Président. Je croyais qu'elle était plus
familière que ça.
Le Président (M. Gobé): Peut-être
pourriez-vous le lire cette nuit, madame, et nous le ramener demain matin au
petit déjeuner?
Mme Harel: Non, ce n'est pas nécessaire, M. le
Président. Vous allez voir.
Le Président (M. Gobé): Ce serait son et
brioches.
Mme Harel: On va se retrouver.
M. Bourbeau: Je croyais qu'elle les apprenait par coeur, M. le
Président. Je suis déçu.
Le Président (M. Gobé): Nous allons voir à y
remédier.
Mme Harel: Attendez, ça ne devrait pas tarder, M. le
Président, à moins qu'on n'ait retranché ces pages
compromettantes.
Le Président (M. Gobé): Un autre discours
peut-être.
M. Morin: Toi, ça ne t'a pas frappé tant que
ça.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Si vous nous disiez ce que
vous cherchez, peut-être que le ministre pourrait vous aider.
Mme Harel: Oui. Le ministre, en fait, dans ce discours,
s'interrogeait, il se demandait qui allait payer un congé
bonifié, un congé parental bonifié.
Le Président (M. Gobé): Quelle page, M. le
ministre?
M. Bourbeau: Je ne me souviens pas de la page, mais je me
souviens de l'extrait. Je ne disais certainement pas l'employeur.
Mme Harel: Voilà! Ah oui!
Le Président (M. Gobé): Allez-vous en faire
lecture, Mme la députée? Nous sommes tout ouïe.
Mme Harel: Le ministre disait: Cela m'amène à
aborder la question du remplacement du revenu durant les congés de
maternité et les congés parentaux. Il est important de
préciser que cette question des revenus de remplacement relève
avant tout des programmes sociaux et non pas de la Loi sur les normes du
travail. D'abord, le ministre se désengage par rapport à sa
responsabilité en tant que ministre responsable de la
Sécurité du revenu, ministre qui est aussi responsable du
remplacement du revenu dans les cas de la retraite, par exemple. Il ne se
demande pas, à ce moment-là, si c'est ou non de sa
responsabilité. C'est lui qui est le ministre responsable des
régimes de retraite.
Alors, le ministre ajoute: Nous profitons cependant de ce projet de loi
pour apporter un amendement à la loi constitutive du ministère
afin d'élargir le pouvoir réglementaire de façon à
pouvoir, éventuellement, proposer un programme
pour le remplacement du revenu à l'occasion d'une naissance ou
d'une adoption. Alors, il commence à dire que ce n'est pas de sa
responsabilité, mais, après, il dit que ça l'est
peut-être un peu, vu qu'à l'article 70 du projet de loi - je pense
que c'est à l'article 70, de mémoire - il va introduire une
disposition qui va lui permettre, éventuellement, de proposer un
programme pour le remplacement du revenu.
Je vous rappelle, incidemment, que la grossesse est, je dirais, le seul
risque, d'une certaine façon, dans la société qui n'est
pas indemnisé à 90 %. Tous les autres programmes de
sécurité sociale, lors d'un accident d'automobile, lors d'un
accident ou d'une maladie de travail, lors de la retraite, l'ensemble, si vous
voulez, de tous les programmes sociaux de remplacement du revenu indemnisent
à 90 %, sauf dans les cas de maternité ou dans les cas des
congés parentaux où on confie à l'assurance-chômage
le soin d'indemniser ou de compenser au moment où il y a absence du
travail et donc, perte de revenus. Alors, le ministre ajoute: Des travaux ont
déjà été entrepris au ministère sur cet
aspect important du dossier, mais l'adoption par le gouvernement
fédéral du projet de loi C-21 nous oblige à réviser
l'approche que nous avions envisagée. Des amendements récents
apportés à la loi fédérale sur
l'assurance-chômage, qui entre justement en vigueur cette semaine,
comportent des dispositions relatives au remplacement du revenu pendant un
congé parental. Comme les modifications à la loi
fédérale sont maintenant en vigueur, il nous faut
réévaluer différents scénarios en vue de pouvoir,
éventuellement, proposer notre propre programme de remplacement du
revenu, de même qu'une stratégie de négociation avec le
gouvernement fédéral. Et là suivent quelques principes
inquiétants dont les suivants: Le ministre ajoute: II ne serait pas
opportun d'imposer aux entreprises du Québec des obligations plus
lourdes que celles que nous proposons déjà dans ce projet de loi.
Il s'agit simplement d'être réaliste et de commencer par un
premier pas dans la bonne direction, n'est-ce-pas?
Alors, le ministre ajoute qu'il a déjà fait son choix et
qu'il ne s'agit pas, pour lui, d'imposer aux entreprises du Québec des
obligations plus lourdes que celles que nous proposons déjà. Moi,
je lui rappelle que dans le scénario de financement de la caisse de
congés de maternité, et accordant l'universalité d'une
allocation à toutes les femmes qui accouchent au Québec de 100 $
par semaine pendant 18 semaines, supplé-mentée par une
indemnisation à 90 % du revenu assurable, dans ce scénario de
financement prévu par le Conseil du statut de la femme, il y a le
rapatriement des contributions de l'employeur et de l'employé aux fins
du financement du congé de maternité de
l'assurance-chômage. Je rappelle au ministre qu'en vertu de l'actuelle
loi de l'assurance-chômage comme de la précédente, il y une
disposition qui permet, l'article 30 je pense, ou 31 de la loi qui permet
justement à une province d'établir son propre régime et
qui assure que la caisse se désengage à partir de ce
moment-là et ne perçoive plus, ne prélève plus de
l'employeur, ne prélève plus les cotisations si la province a
établi un régime équivalent.
Alors, on se demande qu'est-ce que le ministre attend pour
établir ce régime, pour en avertir le fédéral
évidemment, faire en sorte qu'il se retire de ce champ de cotisations
des employeurs et des employés et puis, pour proposer son propre mode,
ses propres scénarios de financement. Scénarios de financement
qui, je le rappelle, dans la proposition du Conseil du statut, se trouvaient
à être financés par l'entreprise, par les travailleurs et
par le gouvernement pour la partie, évidemment, qui a trait aux
allocations universelles allouées à toutes les femmes du
Québec indépendamment qu'elles soient sur le marché du
travail ou non, indépendamment qu'elles se qualifient ou non à
l'assurance-chômage, parce que je vous rappelle que ce n'est pas simple
d'être qualifié à l'assurance-chômage et d'avoir
droit à ses prestations même si elles sont juste à 60
%.
Le Président (M. Gobé): Madame.
Mme Harel: Ah! Alors, je vois déjà que mon temps
est écoulé.
Le Président (M. Gobé): Non, votre temps n'est pas
écoulé, mais nous achevons l'heure. Malheureusement, je dois, sur
ce, surseoir à nos travaux. Nous allons ajourner les travaux de cette
commission jusqu'à demain matin, jeudi 6 décembre, à 10
heures en cette salie. Alors, bonsoir et bonne nuit à tout le monde.
(Fin de la séance à 23 h 59)