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(Vingt heures six minutes)
Le Président (M. Gobé): La commission des affaires
sociales va reprendre ses travaux. Vous me permettrez de...
Bonsoir à tous. La commission des affaires sociales va reprendre
ses travaux. Vous me permettrez, étant nouveau président ce soir,
de vous saluer et de me joindre avec vous. J'espère qu'on aura
l'occasion d'étudier ce projet de loi dans la bonne humeur et la bonne
collaboration de tous. Le but de la commission ce soir - je rappellerai le
mandat - c'est de se réunir afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 97, Loi modifiant la
Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives.
Nous étions rendus à l'article 12...
Y a-t-il des remplacements, ce soir, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) sera remplacé par M. Poulin (Chauveau); M. Chevrette
(Joliette) par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles); M. Joly (Fabre) par M.
Gobé (LaFontaine); Mme Marois (Taillon) par Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve); M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) par M.
Morin (Dubuc) et M. Williams (Nelligan) par M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon).
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie beaucoup.
Comme je le rappelais, le mandat de la commission est d'étudier le
projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres
dispositions législatives. Nous en étions à l'article 12.
Y a-t-il des interventions sur l'article 12? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Loi sur les normes du travail
Mme Harel: M. le Président, je suis en train de raconter
à ma recherchiste que ça m'énerve d'avoir trop de papiers
autour de moi et que j'ai déjà entendu raconter l'histoire d'un
député, dans les années soixante-dix, qui, lorsqu'il
arrivait à son bureau, ici, et qu'il s'y trouvait un amoncellement de
papiers, paniquait et s'en retournait, tellement en désarroi d'avoir
trop de papiers. Alors les gens autour de lui avaient pris l'habitude de tout
clairer, puis de lui en porter un par un. Vous voyez, là, maintenant,
c'est vraiment le contraire, évidemment.
M. Bourbeau: m. le président, je peux raconter l'histoire
d'un vieux notaire qui avait plein de papiers sur son bureau. un jour, pour lui
faire plaisir, pendant ses vacances, ses assistants ont décidé de
nettoyer son bureau. Quand il est arrivé, il a regardé son bureau
et il a dit: Oh! Je ne me retrouverai jamais.
Des voix: Ha, ha, ha!
Les normes du travail (suite) Le salaire
Mme Harel: Bon, alors, nous en sommes donc à l'article 12
qui traite de l'exclusion des travailleurs agricoles dans des fermes qui
embauchent trois salariés et moins. Et sur cette question, M. le
Président, j'ai ici copie de la lettre transmise au ministre par le
président de l'UPA datée du 29 janvier 1990; d'autre part, un
avis du CEGAQ, le Conseil en économie et en gestion agricoles du
Québec, Conseil qui recommande des modifications visant à
permettre l'application graduelle de la loi au secteur agricole et jugeant
l'avant-projet insuffisant.
Je ne sais pas si le ministre a pris connaissance de ces recommandations
du Conseil en économie et en gestion agricoles du Québec. Ce
qu'il y a d'intéressant, c'est que le comité de travail qui a
été mis sur pied par le CEGAQ a envisagé divers
scénarios et hypothèses d'application de la loi. Les
recommandations qu'il fait sont le fruit des délibérations des
membres qui se sont rencontrés lors de diverses séances de
travail au mois d'août et au mois de septembre. La perspective
développée par le Conseil en économie et en gestion
agricoles du Québec, c'est finalement de trouver les modifications qui
permettraient de solutionner les problèmes reliés à la
main-d'oeuvre agricole.
Je pense que, pour bien comprendre l'objet du débat que nous
faisons présentement, il faut d'abord reconnaître qu'il y a un
problème. Si on pense qu'il n'y a pas de problème avec la
main-d'oeuvre agricole du Québec, alors là, évidemment, on
passe à côté du débat de fond parce que nous, de ce
côté-ci, on pense qu'il y a un problème. Il y a un
problème quand des organismes viennent nous dire, comme ils l'ont fait
au moment de l'étude de l'avant-projet de loi, qu'ils sont
obligés d'importer de la main-d'oeuvre immigrante saisonnière
pour la retourner une fois le travail complété. On pense qu'il y
a un problème aussi quand la main-d'oeuvre québécoise
s'exile en Ontario. Et comme le révélaient diverses
études, notamment celle publiée dans la revue Le marché
du travail de mai dernier et intitulée "Le travail agricole
saisonnier", qui est une analyse effectuée par un professionnel du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, la
question qui est d'ailleurs posée dès le début de
l'article qui donne les résultats de l'étude, c'est simple, c'est
la suivante: Pourquoi les gens vont-ils en Ontario? À cette question,
pourquoi les gens vont-ils travailler en Ontario dans le secteur agricole, on
dit: "À première vue, le mouvement actuel de migration du
Québec vers l'Ontario, alors que la demande de la main-d'oeuvre agricole
est forte à la même période au Québec,
présente un paradoxe qui laisse perplexe. Selon toute
probabilité, il s'agit, pour une benne part, de cueilleurs et
cueilleuses d'expérience qui auraient à leur actif plusieurs
saisons en Ontario alors que des emplois dans le secteur agricole seraient
disponibles ici, au Québec, durant la même saison."
Parmi les éléments à considérer,
évidemment, M. le Président, il faut constater que plus de la
moitié des gens, donc des Québécois qui se
déplacent ainsi du Québec vers l'Ontario,
bénéficient de subventions de la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada, dans le cadre d'un programme d'aide à la
mobilité géographique. Alors, on les subventionne pour qu'ils
aillent cueillir en Ontario pendant qu'il y a une forte demande ici, qui
nécessite de faire venir du personnel immigrant.
Mais le chercheur prend bien soin de nous dire que ça n'explique
pas totalement la décision de se rendre dans une autre province, la
question des subventions, alors qu'il faut, avec armes et bagages, se
déplacer pour quelques semaines seulement. Et là, ce sur quoi
insiste l'étude, c'est qu'au Québec les emplois sont beaucoup
plus précaires, d'abord à cause de l'intempérie; parce
qu'on a à peu près les mêmes conditions climatiques qu'en
Ontario mais des intempéries plus fréquentes. Alors ça
précarise plus l'emploi. Mais, d'autre part, le Québec compterait
beaucoup moins d'infrastructures d'accueil et de logement pouvant attirer des
gens en provenance de régions éloignées. Et puis, le mode
de rémunération se présente sur une base horaire au
Québec, sauf dans le cas des petits fruits et des pommes, où il
serait plutôt à la pièce.
Et l'étude note que les individus salariés, travaillant en
agriculture au Québec, reçoivent généralement le
salaire minimum ou son équivalent. Cependant, il est possible que la
main-d'oeuvre saisonnière soit en réalité
défavorisée puisque les personnes engagées comme
surnuméraires, dans le secteur agricole, ou employées pour les
productions fruitières ou horticoles, sont exclues des dispositions sur
le salaire minimum.
En conséquence, les producteurs du Québec peuvent, en
toute légalité, offrir des conditions salariales
inférieures au minimum légal ce qui ne peut pas être le cas
en Ontario. Et je vous rappelle que, même avec le projet de loi qui est
devant nous, est maintenue l'exclusion de l'application du salaire minimum, en
vertu soit de la loi ou du règlement, pour les travailleurs sur
numéraires ou encore pour les cueilleurs et cueilleuses en saison.
Alors... D'accord. On me souligne justement que les gens salariés
travaillant aux récoltes de fruits, de légumes et de tabac en
Ontario sont couverts par l'Employment Standards Act. Ces personnes ont donc
droit au salaire minimum. Je vous rappelle que ce n'est toujours pas le cas au
Québec, et ça ne le sera pas non plus en vertu du projet de loi
qui est devant nous. De plus, si, en Ontario, elles effectuent 13 semaines chez
le même employeur, elles peuvent bénéficier de certaines
autres dispositions touchant les vacances et les jours fériés. Le
principal mode de rémunération est celui à la pièce
et il a été constaté que, règle
générale, les salaires payés pour les récoltes
ontarierines se situent légèrement au-dessus des taux minimaux.
Donc, c'est un peu plus que le salaire minimum. À cela s'ajoute le fait
que 40 % des producteurs ontariens disposent d'un système de primes et,
en bout de course, il n'est pas irréaliste, dit l'auteur, de penser que
le personnel salarié du secteur agricole saisonnier
bénéficie globalement de meilleures conditions en Ontario par
rapport à ce qu'offre le Québec. Alors, c'est donc dans la revue
Le marché du travail, mai 1990, l'étude étant
réalisée par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
C'est donc dire qu'il y a un problème relié à la
main-d'oeuvre. Ce n'est pas que l'étude qui le dit. Nous avons, comme je
vous le mentionnais tantôt, reçu notamment l'association des
producteurs en serres qui est venue nous informer qu'elle faisait venir un peu
moins de 1000 travailleurs immigrants, uniquement pour les fins de ses
productions saisonnières.
Alors, les recommandations du CEGAQ, Conseil en économie et en
gestion agricoles du Québec, sont les suivantes. D'abord, la
volonté de respecter le caractère universel et d'ordre public de
la loi. Également, il faut manifester la volonté de
réduire le nombre de dispositions discriminatoires à
l'égard des salariés agricoles de manière à ce que
ça devienne des salariés comme dans n'importe quelle entreprise.
C'est comme un vestige des temps anciens de vouloir donner une sorte de
caractère particulier au secteur agricole. C'est étonnant. Je me
rappelle la commission parlementaire de l'éducation qui, il y a trois
ans maintenant je pense, avait entendu le ministre de l'époque
recommander une fréquentation scolaire - pour les élèves
d'âge où la fréquentation est obligatoire -
différente dans les secteurs agricoles, comme à l'époque
où les producteurs gardaient les enfants à la maison pour pouvoir
les utiliser sur la ferme. Ça, ça fait partie des vestiges du
temps passé et puis il me semble que, pour le bénéfice du
secteur agricole - qui est un secteur économique important au
Québec, moins en termes de création d'emplois que le secteur
forestier ou le secteur industriel mais qui est un secteur économique
important -
il me semble qu'à l'aube de l'an 2000 il y aurait
intérêt à revaloriser ce secteur-là en accordant aux
personnes qui y travaillent le statut de salarié, au même titre
que les autres salariés du Québec. Et, à cet égard,
les recommandations, donc, sont à l'effet d'affirmer clairement la
revalorisation du métier agricole en prévoyant une application
graduelle de l'ensemble des normes prévues à la loi des normes du
travail.
Alors, quant à l'article 12, la recommandation sera la suivante:
Considérant la volonté de respecter le caractère universel
et d'ordre public de la Loi sur les normes du travail; considérant la
nécessité d'assurer à toutes les personnes
salariées une égale protection de la loi, à moins de
raisons importantes ou urgentes qui se justifient dans le cadre d'une
société libre et démocratique; considérant
l'intérêt d'éliminer aussitôt toute disposition
discriminatoire que contient le projet de loi 97, considérant que la
majorité des producteurs agricoles respectent déjà les
conditions de travail contenues dans la loi actuelle, tout comme les
modifications prévues dans l'avant-projet - au dire même du
président de l'UPA dans sa lettre au ministre André Bourbeau, en
date du 29 janvier 1990; le président de l'UPA mentionnait que, de toute
façon, c'est la majorité des producteurs qui respectent notamment
le salaire minimum, en tout cas les clauses concernant le salaire minimum en
matière de travail - considérant l'intérêt d'assurer
l'assujettissement de l'ensemble des salariés agricoles à la loi
sur les normes, parce que ça peut constituer un élément de
solution indispensable au problème de main-d'oeuvre que connaît le
secteur agricole québécois, nous recommandons, disait le CEGAQ,
l'abrogation totale, dès le 1er janvier 1991, de toutes les dispositions
discriminatoires contenues dans le projet de loi 97 à l'égard des
salariés agricoles, dont notamment les articles 12, celui que l'on
étudie présentement, et 16, paragraphe 2, et les articles 54,
paragraphes 5 et 7, 77, paragraphe 6, 78, alinéa 2, et 88 de la loi
actuelle, et enfin, l'article 2 du règlement 3, paragraphes 5 et 6.
Alors, nous n'avons pas l'intention de reprendre le débat lors de
l'étude de chacun de ces articles mais nous souhaitons que le ministre
nous indique, à ce moment-ci de nos travaux, dans quel sens il entend se
réserver le pouvoir réglementaire qui lui permettrait
d'assujettir le secteur agricole à la protection de la loi des normes.
Le ministre s'est réservé ce pouvoir. Bon. Le ministre va nous
dire qu'il y a une amélioration dans le projet de loi en regard de la
loi actuelle puisque, auparavant, c'était l'exclusion globale. Bon. Et
là, je le répète parce qu'il y a des nouveaux membres de
la commission qui pourraient penser que l'Opposition n'en tient pas compte. Il
faut qu'ils sachent que l'Opposition tient compte de ces timides
améliorations, mais le projet de loi actuel exclut toujours les
entreprises agricoles qui embauchent trois salariés et moins, en
ajoutant le propriétaire et son conjoint ou son fils ou son père.
C'est donc dire au moins cinq personnes à temps plein. Il y a peu
d'entreprises agricoles au Québec qui utilisent plus de cinq personnes.
Il y en a très peu d'entreprises agricoles.
On citait hier notre collègue d'Arthabaska qui a une entreprise
agricole très importante, qui a nécessité un
investissement de millions de dollars, et qui opère avec deux
travailleurs parce que tout est automatisé maintenant. Il ne faut pas
oublier que ces cinq salariés à temps plein peuvent être
rejoints par des surnuméraires en saison. J'invite le
député de Saint-Hyacinthe à se rappeler qu'il n'y a pas
simplement...
Une voix: De Beauharnois-Huntingdon.
Mme Harel: De Beauharnois-Huntingdon. Donc, il n'y a pas
simplement les salariés embauchés sur une base
régulière. Il y a aussi, en vertu de la loi, possibilité -
en excluant le salaire minimum et des heures de travail
régulières de la semaine normale de travail - d'embaucher des
surnuméraires. Et il y a la possibilité d'embaucher aussi du
personnel pour la cueillette puisqu'on retrouve, à l'article 2 du
règlement, la disposition suivante, au paragraphe 5: "Le salarié
surnuméraire embauché sur une base occasionnelle pour les
récoltes est également exclu." Alors, vous comprenez que ce qui
semble, sur papier, être une amélioration pour les travailleurs
agricoles, dans la réalité, va bénéficier à
bien peu d'entre eux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
Mme la députée. M. le ministre. Je pense que la règle de
l'alternance... Vous avez 20 minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis entièrement
d'accord, mais entièrement d'accord avec ce que prône l'organisme
connu sous le nom du CEGAQ. Je ne sais pas si c'est comme ça qu'on le
prononce. La députée de Maisonneuve avait un accent un peu
différent du mien, disons le CEGAQ. En fait, on peut résumer la
proposition de l'organisme par la toute dernière phrase du
mémoire qui dit: Somme toute - c'est comme ça qu'on conclut - une
application graduelle et appropriée des normes du travail au secteur
agricole bénéficiera, selon nous, à l'agriculture
québécoise et à ses différentes composantes.
M. le Président, on ne saurait mieux dire. Et c'est pour
ça que nous procédons de la façon dont nous avons
rédigé le projet de loi. On aurait pu, dans le projet de loi,
changer tout d'un coup le statu quo et insérer dans la loi des
règles nouvelles qui auraient assujetti complètement tout le
secteur agricole, d'un seul coup, à toutes les prescriptions de la Loi
sur les normes du travail. Ça n'aurait pas été une
application
graduelle et appropriée. Ça aurait été
passer d'un régime dont on peut dire qu'il date un peu à un
régime tout à fait avant-gardiste et qui aurait probablement
été sujet à mettre en péril bon nombre de nos
entreprises agricoles. Et je voudrais signaler que, dans le but justement de
faire en sorte de provoquer une application graduelle et appropriée des
normes, nous avons convenu de faire un premier pas; un premier pas qui vise
à faire en sorte que, dorénavant, les petites fermes soient
assujetties à la loi alors qu'elles ne l'étaient pas. C'est quand
même un point important. Jusqu'à aujourd'hui, les petites fermes
ne sont pas assujetties du tout à la loi.
On peut peut-être résumer en disant qu'une petite ferme,
c'est une ferme qui compte trois employés ou moins. Celles qui comptent
quatre employés ou plus, elles, sont assujetties à la loi
dès maintenant, l'ancienne loi et la nouvelle. Donc, il n'y a pas de
changement. Mais pour les petites fermes, dans l'ancienne loi, elles
n'étaient pas assujetties à la loi; elles le seront
dorénavant. Donc, un pas en avant, mais un pas qui n'est pas complet
parce qu'on ne les assujettit pas à toutes les prescriptions de la loi.
On ne les assujettit pas, par exemple, aux prescriptions relatives à la
semaine de travail et au salaire horaire. (20 h 30)
Donc, deux exceptions. Ça, ça fait partie de ce qu'on
considère comme devant devenir, éventuellement, l'objet d'une
application graduelle et appropriée. D'ailleurs, je dois dire que nous
avons soumis le rapport de l'organisme en question, le CEGAQ, pour
considération, ou ministère de l'Agriculture du Québec.
C'est quand même le ministère qui est le plus au courant de ce qui
se passe au Québec, parmi nos ministères, en tout cas, en
matière d'agriculture. Et le ministère de l'Agriculture nous dit
ceci: Le ministère, contrairement à l'avis du CEGAQ, croit que
l'approche réglementaire contenue dans la loi est plus appropriée
à une application souple et graduelle des normes du travail au secteur
agricole. Le ministère vous propose la formation d'un comité
entre le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle et le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, comité ayant
pour mandat de faire des recommandations pour une réglementation
spécifique concernant certaines normes, avec les consultations qu'ils
jugeront nécessaires.
Nous avons donc choisi cette formule qui vise à faire un premier
pas dans la loi elle-même et d'autres pas, éventuellement, en
ayant recours à une réglementation qui pourra être
ajustée, modulée, graduée selon l'évolution de la
conjoncture. Et j'aimerais vous dire, par exemple, que nous avons
présentement des négociations. Il y a des négociations qui
ont lieu présentement à Genève - c'est à
Genève, je crois? C'est à
Genève, le GATT? - sur le GATT. Alors, les négociations du
GATT portent, entre autres et surtout, sur l'agriculture. On ne peut pas
présumer, à ce moment-ci, des résultats de ces
négociations-là, mais certainement qu'il y aura des effets sur
l'agriculture
Si, aujourd'hui, on coule dans le béton des décisions dans
la loi - coulé dans le béton, évidemment, vous avez
compris que je veux dire que si on met dans la loi des normes des
critères définitifs qui nous lient pour l'avenir -
peut-être qu'éventuellement on pourrait le regretter lorsqu'on
connaîtra les décisions qui ont été prises au GATT.
Il vaut donc mieux en mettre un peu moins dans la loi et se garder la souplesse
nécessaire avec la réglementation.
Maintenant, pour ce qui est de l'Ontario. Tout à l'heure, la
députée de Maisonneuve faisait l'apologie de l'Ontario, disant
que l'Ontario traite beaucoup mieux les travailleurs agricoles du
Québec, puisque les travailleurs agricoles du Québec,
semble-t-il, s'y dirigeraient en très grand nombre J'aimerais quand
même souligner qu'en Ontario - j'allais dire la culture mais on peut
peut-être mélanger ça avec la culture
maraîchère - les habitudes, disons, sont un peu différentes
puisque, selon les études que nous avons faites, il appert que dans 61 %
des cas on travaille à la pièce en Ontario, et non pas au salaire
horaire. Ça aurait pour effet, semble-t-il, d'attirer davantage la
main-d'oeuvre québécoise. Au Québec, on a une culture
différente, des habitudes différentes; et semble-t-il qu'au
Québec la tradition va dans le sens d'une rémunération
horaire plutôt qu'une rémunération à la
pièce, rémunération horaire qui tourne autour du salaire
minimum.
Maintenant, quels sont les motifs qui expliquent l'intérêt
des travailleurs québécois pour le travail en Ontario? Cet
intérêt, semble-t-il, tient au genre de travail qui est
proposé en Ontario et également au nombre plus grand de semaines
proposé. Il y a un plus grand nombre de semaines qu'au Québec.
Est-ce que le climat y serait pour quelque chose? Possiblement. Et, finalement,
le total des gains accumulés est plus grand, ce qui, évidemment,
avait pour effet d'attirer - et je dis bien "avait pour effet d'attirer - un
grand nombre de Québécois. Parce qu'on constate une
réduction importante du nombre de travailleurs québécois
qui s'en vont en Ontario entre l'année 1988, où on en comptait
6000, et l'année 1990, où on en a compté environ 1900.
Donc, il y a une réduction importante, depuis deux ans, des travailleurs
qui se rendent en Ontario.
Alors, ce sont des observations additionnelles que je voulais apporter
sur le sujet, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Pointe-aux-Trembles, vous avez demandé la
parole, vous l'avez.
M. Bourdon: oui. m. le président, avant que, de l'autre
côté, on me le dise, non, ii n'y a pas de ferme dans lo
comté de pointe-aux-trembles, mais il y a une ferme serricole dans le
comté de saint-henri, dont la députée est présente
ici, et j'ai déjà vu une photo d'elle dans le journal local, dans
cette serre qui avait l'air autant d'une serre que n'importe quelle serre. je
ne sais pas si c'était avant ou après qu'hydro-québec leur
ait donné un grand coup sur les tarifs.
Pour les nouveaux membres de la commission, disons qu'hier on a appris
qu'en vertu de la loi une petite ferme pouvait compter, l'été,
à la période des récoltes, jusqu'à 606
employés: les 3 personnes propriétaires de la ferme, les 3
employés permanents et réguliers et 600 surnuméraires, ce
qui faisait une petite ferme de 606 personnes.
Donc, de la façon dont la loi est constituée, M. le
Président, on parle de petites fermes, mais en pratique on parle de
choses qui concernent la très grande majorité des fermes
agricoles au Québec. Et, à cet égard, je dois dire que je
ne suis pas d'accord avec le document de l'Union des producteurs agricoles
qu'on a devant nous. Et, même si nos amis de l'UPA soutiennent
généralement des positions avec lesquelles je suis en accord, il
me semble que celle-là ne résiste pas à un examen un peu
serré. Je pense qu'à la page 4, où on dit qu'appliquer
intégralement la loi sur les normes, parmi les effets néfastes -
et je cite - "ça éliminera la relation de confiance qui est
nécessaire au travail en agriculture" - fin de la citation - M. le
Président, c'est y aller un peu fort. À 4,50 $ l'heure, il y
aurait une relation de confiance et puis à 5,30 $ l'heure, ça
éliminerait la relation de confiance entre les deux.
Et on parle aussi là-dedans de maintenir des relations de type
familial. C'est sûr, M. le Président, que sur une ferme les
employés - je ne parle pas quand il en a 606 ou 603 mais quand il y en a
quelques-uns - habitent habituellement à la ferme. Et à l'heure
du souper... Il y a un agriculteur qui me disait que dans les faits - puis il y
a un homme politique qui a déjà dit que les faits sont
têtus - la plupart des fermes agricoles sont tenues de payer,
souven-tefois, plus que le salaire minimum, simplement pour attirer de la
main-d'oeuvre et que le congé parental, par exemple, posait comme
problème que pendant que la personne était en congé elle
resterait à la ferme parce qu'elle s'y loge tout le temps, en plus.
Ça, c'est le genre de choses qui peuvent être regardées
comme types de problô mes. Mais, M. le Président, je trouve que la
façon dont on exclut les 37 000 salariés agricoles qui sont en
cause dans la loi, ça équivaut presque à mettre dans la
loi que ces personnes pourraient être appelées à financer
l'exploitation agricole, à la subventionner par leur travail. Parce que,
en fait, soyons un peu pratiques, ça n'a pas de bon sens, je pense, de
travailler à moins que 5,30 $ l'heure; la preuve, c'est qu'on a beaucoup
de difficultés à trouver de la main-d'oeuvre qui va travailler
à ces conditions-là. Et la façon dont c'est mis, c'est
comme si les gens qui travaillent sur une ferme devaient subventionner la ferme
par leur travail à bon marché. Alors que s'il y a des mesures de
subventions - et puis il y en a en agriculture - c'est plutôt à
l'ensemble de la population de les consentir, ces subventions, plutôt
qu'aux personnes qui travaillent dans une exploitation agricole.
Maintenant, malgré tout le désir sincère du
ministre de transformer la condition des travailleurs au salaire minimum, il me
permettra d'être un peu sceptique quand il dit que la foi permet, par
étapes, graduellement, par réglementation, d'assujettir les
exploitations agricoles aux normes minimales. À cet égard, les
gouvernements qui se sont succédés - alors, ça veut dire y
compris celui issu du Parti québécois - n'ont jamais
manifesté un zèle particulier à réglementer dans le
sens des intérêts des personnes. Et, à cet égard, je
mentionnerai juste un autre article qu'on a vu hier, où le gouvernement
se réservait le droit d'établir par réglementation un
fonds d'indemnisation pour les employés qui subissent des pertes de
salaire à la suite d'une faillite. Alors ça, c'était il y
a 11 ans, et il n'y en a pas eu. On ne se contera pas d'histoires. Et il y a
quelque chose d'un peu illusoire à dire aux gens qu'on pourrait, par un
acte de la princesse ou du prince, un jour, faire quelque chose pour eux. Et,
en pratique, ce n'est pas ça.
Qu'on prenne la loi sur la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, par exemple. Il y a 11 ans, encore
là, on a adopté des dispositions disant que les travailleurs de
la construction auraient droit à des préposés à la
prévention et à des comités de chantier. Onze ans plus
tard, il n'y en a pas. Alors les travailleuses et travailleurs n'ont pas envie,
je pense, de chanter "Un jour mon prince viendra". Le prince sortant d'une
réunion du cabinet lance son soulier à la princesse et Cendrillon
met son pied dans le soulier parce que le prince a pensé à elle
et, là, lui donne quelque chose. Je pense que, si on veut, oui, c'est
vrai qu'il y a quelque chose là-dedans.
Une voix: C'est bien plus poétique qu'autre chose.
M. Bourbeau: C'est un poète, le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Absolument.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Pointe-aux-Trembles, si vous voulez continuer.
M. Bourdon: On peut sobrement être poétique. Je suis
inspiré par le côté bucolique de
la discussion, le côté campagne, petits oiseaux, et tout et
tout. Mais pour revenir à mon propos, M. le Président, on n'a
pas, d'aucune manière, trouvé moyen d'indemniser les
employés qui perdent du salaire à la suite d'une faillite. Et
ça, j'ai une expérience personnelle de comment ça peut
être difficile. La loi dit que le salaire est une créance
privilégiée sauf que les banques se servent en premier. Je ne
sais pas pourquoi mais la loi canadienne des banques a comme des dents et les
gens perdent du salaire. Heureusement, le ministre disait, hier soir, que
ça pourrait coûter cher d'indemniser les victimes de faillites. Le
ministre des Finances nous a rassurés cet après-midi à la
période de questions: II n'y en a pas gros de faillites au Québec
et il y en a beaucoup en Ontario. Pourtant, en Ontario, ça pourrait
être coûteux; ils ont annoncé des mesures pour indemniser
les travailleurs victimes de faillites. Donc, la réglementation n'est
pas venue là-dessus. Et je pense qu'elle ne viendra pas non plus pour ce
qui est des travailleurs agricoles. Et je pense, M. le Président, que
les travailleuses et travailleurs n'ont pas plus confiance en la formation d'un
comité pour étudier la question. Parce que là, ça
fait à peine 14 mois que je suis député et il y a à
peu près deux réponses sur trois à la période de
questions où on dit: II y a eu un comité de formé et il y
eu une rencontre. Tous les ministres semblent être en comité et se
rencontrent les uns les autres. C'est fou ce qu'on peut étudier! Sauf
l'éducation et la main-d'oeuvre, et ça va venir. Mais s'il y a
une dualité d'opinion, on forme un comité, il y a une rencontre,
on étudie la question. Et je pense que ce n'est pas comme ça
qu'on va venir à bout du problème. Moi, j'estime que le Conseil
en économie et en gestion agricoles du Québec établit
assez clairement qu'on doit viser à intégrer la main-d'oeuvre
agricole, à lui donner, par étapes, les avantages des normes
minimales. Moi, je veux bien qu'il y ait des étapes mais ce qu'on a
devant nous, c'est par réglementation, peut-être un jour. Et
ça, je pense que ce n'est pas d'avance.
M. le Président, je ne pense pas qu'il faille attendre le bon
vouloir du prince. Ce n'est pas la formation d'un comité - qui peut
être valorisant pour les fonctionnaires qui en feraient partie à
l'Agriculture - mais qui ne donnerait rien, je pense. Si on veut y aller par
étapes, que la loi indique les étapes, qu'elle indique le
calendrier, les échéances, et qu'on arrive à l'objectif
recherché de couvrir, par les normes minimales du travail, 37 000
personnes qui ne le sont pas. Et je pense que ce n'est pas ça qui va
rendre notre agriculture moins compétitive. Et je finis avec un propos,
M. le Président. Il y a un ancien président de la CSN, Jean
Marchand - vous voyez que je cite un libéral, une valeur sûre -
qui disait à l'époque: Ce n'est jamais le temps pour les
travailleuses et travailleurs parce que, quand il y a une récession, on
dit: ce n'est pas le temps d'augmenter les frais des entreprises. et quand il y
a de la croissance, on dit: la croissance, d'elle-même, va finir par les
aider or, on a eu cinq années de croissance, et rien ne s'est fait
à cet égard-là. et je pense qu'on ne créera aucun
problème insurmontable - loin de là - à l'agriculture si
on met que les normes minimales - qui sont minimales, comme leur nom l'indique
- devraient s'appliquer aux travailleurs agricoles. et je finis en disant que
je suis parfaitement d'accord avec la députée de
hochelaga-maisonneuve pour dire que, dans ça, il y a quelque chose de
mythique. quand on touche à l'agriculture, toute mesure de normalisation
peut être comme d'introduire un bulldozer dans une église. c'est
mythique. et je connais en ville.. parce que, dans mon comté, il y a des
restaurants et des dépanneurs, des entreprises, puis il y en a qui sont
plus forts que l'entreprise agricole moyenne, il y en a qui sont plus faibles;
ils paient le salaire minimum, puis ils n'en meurent pas. (20 h 45)
Le Président (M. Gobé): Est ce que vous avez
terminé, M. le député?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Gobé): je vous remercie beaucoup.
m. le ministre, vous avez cinq minutes. non? alors mme la députée
des chutes-de-la-chaudière, vous avez demandé la parole, si vous
voulez procéder.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président.
Écoutez, je n'ai pas les talents poétiques de mon collègue
de Pointe-aux-Trembles mais j'aimerais quand même essayer de convaincre
le ministre d'intégrer, en tout cas, d'essayer de faire un effort et
d'agrandir un peu son petit pas pour essayer d'intégrer les travailleurs
agricoles des fermes de trois travailleurs et moins, de façon à
ce qu'ils soient couverts par la Loi sur les normes du travail. Je pense que
notre rôle ici, en tant qu'Opposition officielle, c'est aussi de prendre
la défense des travailleurs qui ne peuvent pas venir s'exprimer ici ce
soir. Et on l'a fait pour les gardiennes, on en a parlé. On a
parlé aussi pour les cadres supérieurs. On a eu des interventions
dans les deux cas, et je pense qu'on est rendus maintenant aux travailleurs
agricoles. C'est très important aussi que ces gens-là aient quand
même... En tout cas, qu'on s'exprime pour eux. D'autant plus que, comme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve le disait tout à
l'heure, d'après la lettre du président de l'UPA, il semble que
les conditions - de toute façon, il n'y a pas de problème - sont
remplies.
Disons que quand le ministre, tout à l'heure, nous disait que le
CEGAQ... Moi, j'aimerais, sans.. Est-ce que ça va briser mon
intervention? J'essaie d'avoir une explication. J'aime-
rais savoir, moi... Parce que le ministre nous disait qu'il avait eu un
avis qui allait un petit peu dans le sens contraire, si j'ai bien compris, du
ministère de l'Agriculture. Est-ce que j'ai bien compris?
Le Président (M. Gobé): Non, non. On peut le
demander. M. le ministre, si vous voulez...
M. Bourbeau: L'avis ne va pas dans le sens contraire. L'avis du
ministère de l'Agriculture nous dit que plutôt que d'inclure dans
la loi elle-même... Pour ce qui est des objectifs recherchés, on
est d'accord avec l'organisme, c'est-à-dire une application graduelle et
appropriée des normes. Mais le ministère de l'Agriculture nous
suggère de procéder par voie réglementaire, beaucoup plus
souple pour effectuer cette application graduelle et appropriée,
plutôt que par voie d'insertion dans la loi elle-même où
c'est rigide et où on ne peut plus les changer une fois que les normes y
sont. Alors, il vaut mieux mettre les normes dans la réglementation.
Ça se change facilement, un règlement. On peut le changer
à tous les trois mois. Alors qu'une loi, une fois que c'est voté,
Dieu sait que ce n'est pas facile à changer! Regardez tout le temps que
ça prend pour la changer.
Mme Carrier-Perreault: C'est une réforme importante, de
toute façon, M. le Président, et je pense que ça vaut la
peine qu'on s'y attarde. Quand on parle du CEGAQ, c'est le Conseil en
économie et en gestion agricoles du Québec. J'avoue que je ne
connais pas particulièrement l'organisme comme tel mais on dit aussi que
c'est aux soins du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Ça veut dire que c'est sûrement un comité
ou un conseil. En fait, c'est un conseil qui travaille de près avec le
ministère, si j'ai bien compris. Pourtant, ici, eux autres, c'est
très clair dans leurs recommandations quand ils nous disent:
Considérant la volonté de respecter, dans la mesure du possible,
le caractère universel et l'ordre public de la loi; considérant
la volonté de réduire le nombre de dispositions discriminatoires
à l'égard des salariés agricoles que contient cette loi;
considérant la volonté de revaloriser, aux yeux du grand public
et des travailleurs potentiels, le secteur industriel, agricole, et les
employeurs et les métiers agricoles; considérant la
volonté de prévoir une application graduelle ou plus
appropriée de certaines normes dans un secteur industriel jusqu'à
maintenant peu soumis à de telles obligations légales, il nous
recommande l'abrogation complète de cette disposition. C'est pour
ça que, ici, eux autres, dans leur recommandation, ils ne tiennent pas
du tout compte du règlement. Je voyais aussi - et ça, on en a
parlé quand on a parlé des gardiennes, effectivement, et tout
ça - par rapport à la commission des droits et libertés,
ils nous disaient eux autres aussi, par rapport aux travailleurs agricoles,
qu'une fois de plus on demeure en deçà de l'universalité.
En effet, l'article 3.2 de l'avant-projet de loi prive ces travailleurs du
bénéfice des dispositions de la loi relatives au salaire,
à la durée du travail, etc. Et ils continuaient: Encore
là, le motif d'exclusion est le genre d'emploi occupé, un des
critères de la condition sociale. Bien qu'elle s'explique par des motifs
économiques légitimes - dans le présent cas, le soutien
aux petites entreprises agricoles - la discrimination, même lorsqu'elle
n'est qu'indirectement fondée sur un motif illicite, ne devrait pas
être cautionnée par la loi.
En fait, le député de Pointe-aux-Trembles vous disait
qu'il n'a pas de ferme dans son comté. Mme la députée de
Hochelaga-Maison-neuve non plus. Je vous disais hier, M. le Président,
qu'il y en a quelques-unes chez nous. Et puisque le président de l'UPA
nous dit lui-même que ces conditions sont déjà
respectées, pourquoi ne pas les garantir par la loi aux 37 000
travailleurs dont il est question présentement? Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, pas d'intervention? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous aviez demandé la
parole...
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé): II vous reste trois minutes
et quelques secondes.
Mme Harel: M. le Président, ça va peut-être
vous surprendre que l'on n'ait pas déposé d'amendement. C'est
que, voyez-vous, nous souhaitons l'abrogation de cet article. Comme il n'est
pas possible, je pense, de déposer un amendement qui supprime un article
- parce qu'il ne s'agit pas d'un amendement mais d'une contre-proposition -
nous allons donc demander un vote nominal sur l'article 12. Mais je veux, avant
que nous procédions à ce vote, vous rappeler que l'avant-projet
de loi, lors de sa présentation, le document qui l'accompagnait
contenait une citation importante, qui était la suivante: "Par ailleurs,
compte tenu de la modernisation des entreprises agricoles et de
l'évolution du travail dans les fermes, il n'est plus indiqué de
soustraire les personnes salariées des petites fermes de l'ensemble des
dispositions et de la Loi sur les. normes du travail. Elles ne devraient
être exclues, encore pour un certain temps, que des normes relatives
à la durée de la semaine de travail et à la
rémunération". Pour un certain temps. Ce que faisait
l'avant-projet de loi et ce que reprend le projet de loi 97, c'est, d'une part,
abroger l'exclusion générale, n'est-ce pas? Mais cette
abrogation, elle est vraiment très très superficielle parce que,
des 37 300 employés dans le secteur agricole, il y en
a seulement 3000 qui travaillent dans des entreprises qui comptent plus
de 3 salariés. C'est-à dire que 92 %, ce n'est pas peu de
chose... Exactement, les chiffres sont les suivants: 34 000 salariés
agricoles au Québec travaillent sur des fermes utilisant 3
salariés et moins.
Donc, M. le Président, c'est vraiment comme une coquille
législative vide; c'est de la poudre aux yeux, d'une certaine
façon. On nous dit: II n'y a plus l'abrogation générale.
Par ailleurs, il y a 8 %... C'est exactement 8 % des travailleurs agricoles qui
seront couverts par la nouvelle loi sur les normes, sous réserve des
exclusions. Qui seront couverts. Mais encore là, sous réserve des
autres exclusions aux articles 54 et 78 qu'on verra plus tard. Mais 92 %
d'entre eux n'auront, finalement, pas la protection de la Loi sur les normes du
travail. Et puis, le seul impact significatif - et je termine là-dessus,
M. le Président - et je demande à mes collègues de bien
m'écouter parce que même pour les 8 %, ce n'est pas au 1er janvier
mais au 1er avril que la mise en vigueur est reportée. Mais, encore
là, le seul impact significatif, disent les experts, de l'adoption du
projet de loi 97, c'est que dorénavant l'ensemble des employeurs
agricoles aura à partir du 1er avril, à cotiser à la
Commission des normes du travail. Alors les employeurs agricoles, eux, vont
cotiser, mais les salariés agricoles, eux, n'auront pas les
bénéfices de la protection de la loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre, vous avez
terminé? J'appellerai maintenant l'adoption de l'article 12. Est-ce
que...
Mme Harel: S'il vous plaît, un vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): On demande un vote nominal.
Alors, nous appellerons donc les noms. Mme la secrétaire, si vous voulez
faire l'appel des noms pour le vote.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce qu'on vote sur des... ?
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Matapédia, le vote est appelé.
La Secrétaire: Alors, Mme la ministre, Mme
Trépanier?
Mme Trépanier: Pour.
La Secrétaire: M. le ministre Bourbeau?
M. Bourbeau: En faveur.
La Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
M. Gobé: Pour
La Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Pour.
La
Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Pour.
La Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Pour.
La Secrétaire: MChenail
(Beauharnois-Huntingdon)?
M. Chenail: Pour.
La Secrétaire: Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière)?
Mme Carrier-Perreault: Pour., hum, contre. Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: J'étais sûre qu'on l'avait
abrogé
Le Président (M. Gobé): Nous avions compris votre
position, madame.
La Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Contre.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Contre.
La
Secrétaire: M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Atkinson: Pour.
Le Président (M. Gobé): Alors, l'article 12 est
maintenant adopté. J'appellerai l'article 13. Mme la
députée... M. le ministre, avez-vous des commentaires sur
l'article 13.
M. Bourbeau: Et comment, M. le Président! Mme Harel:
Juste avant, M. le Président... Le Président (M.
Gobé): Mme la députée.
Mme Harel: C'est ça. Juste avant d'aborder l'examen de
l'article 13, comme nous en sommes, M. le Président, à modifier
la Loi sur les normes du travail par ce projet de loi 97 qui modifie la Loi sur
les normes, j'aimerais attirer l'attention de la commission sur un amendement
que nous voulons introduira ci l'article 40 do la Loi sur les
normes du travail. L'article 40 porte sur le salaire minimum et se lit
comme suit: "Le gouvernement fixe par règlement le salaire minimum
payable à un salarié." Le ministre n'a pas cru bon de modifier
cet article 40, mais nous pensons qu'à l'occasion de la loi 97, qui
modifie la Loi sur les normes, nous aimerions introduire un amendement qui se
lirait ainsi: Projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail
et autres dispositions législatives. Le projet de loi 97 est
amendé par l'addition, après l'article 12, de l'article suivant:
"12.1 L'article 40 de cette loi est amendé par l'addition, à la
fin, des mots suivants: "et le taux d'indexation annuel du salaire. Ce taux ne
peut être inférieur à l'IPC." Alors, dorénavant, tel
qu'amendé, l'article 40 introduit par l'article 12.1 se lirait comme
suit: "Le gouvernement fixe par règlement le salaire minimum payable
à un salarié et le taux d'indexation annuel du salaire. Ce taux
ne peut être inférieur à l'IPC."
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...est ce que je peux parler sur le...
Le Président (M. Gobé): Oui. J'aimerais avoir
l'amendement par écrit, s'il vous plaît.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé): On peut toujours le faire
distribuer...
Mme Harel: Certainement.
Le Président (M. Gobé): aux membres de cette
commission avant de commencer à...
Mme Harel: Ah oui! Tout à fait.
Le Président (M. Gobé): ...pour qu'ils en prennent
connaissance.
Mme Harel: Oui. Je suis certaine qu'une fois, en en ayant pris
connaissance, nous obtiendrons...
Le Président (M. Gobé): On va suspendre une minute,
le temps qu'on nous transmette...
M. Bourbeau: J'aimerais qu'on suspende, M. le Président,
pendant quelques minutes, s'il vous plaît.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui, c'est ça.
Je viens de suspendre, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 20 h 59)
(Reprise à 21 h 14)
Le Président (M. Gobé): La commission des affaires
sociales reprend ses travaux. Si vous voulez prendre place. Nous étions
à l'amendement à l'article 40, qui introduisait un nouvel article
12.1 ayant pour but de... "Le projet de loi 97 est amendé par
l'addition, après l'article 12, de l'article suivant: "12.1 L'article 40
de cette loi est amendé par l'addition à la fin des mots
suivants: "et le taux d'indexation annuel du salaire. Ce taux ne peut
être inférieur à l'IPC".
Y-a-t-il des gens qui veulent plaider sur la recevabilité? Pour
cinq minutes de chaque côté? Mme la députée, vous
êtes la proposeure, alors s'il vous plaît, allez-y.
Mme Harel: Sur la recevabilité, M. le Président, je
vous dirai simplement que ça concerne évidemment le secteur
privé, et c'est là d'ailleurs un bel exemple de dispositions qui
ne requièrent pas l'approbation du Conseil du trésor. J'en avais
parlé au moment de l'ouverture des travaux de notre commission. Quelle
chance, à ce moment-ci, où on connaît une récession
économique, de pouvoir distribuer du pouvoir dans la
société sans que la dictature de l'intervention du Conseil du
trésor ne soit requise! On n'a pas référé, par
exemple, il n'y a pas de prélèvement, il n'y a pas de charge, il
n'y a pas d'imposition d'une charge par l'État, qui
prélèverait à même un mécanisme quelconque
des employeurs. Il ne s'agit pas de constituer une caisse, il ne s'agit pas de
constituer, de financer une régie, il ne s'agit pas de financer une
commission. Il s'agit simplement d'ajuster le salaire minimum que fixe le
gouvernement, de l'ajuster annuellement à un taux d'indexation qui ne
pourrait pas être en deçà de l'indice des prix à la
consommation. L'État n'intervient pas, ni indirectement, ni directement,
puisque la relation contractuelle n'existe qu'entre l'employeur et le
salarié. Évidemment, au niveau public, il faut comprendre quo les
lois qui régissent les employés du secteur public sont toutes
conventionnées, notamment par diverses lois d'application. Alors, je ne
vois pas comment il serait pensable de ne pas considérer recevable un
amendement semblable.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement proposé
par la députée de Hochelaga-Maisonneuve vise à introduire
dans le projet de loi que nous avons devant nous un nouvel article. Un nouvel
article qui n'amende aucun des articles de notre projet de loi. Le projet de
loi que nous avons devant nous ne traite pas du tout du sujet dont on veut
traiter avec le nouvel article que tente d'introduire l'amendement.
Je voudrais attirer votre attention, M. le Président, sur
l'article 244 du règlement, les Règles de procédure de
l'Assemblée nationale, qui parte justement de l'étude article par
article et qui dit que "la commission - des affaires sociales - saisie
étudie chaque article du projet de loi et les débats portent sur
les détails du projet - du projet de loi. "Les amendements doivent se
rapporter à son objet et être conformes à son esprit et
à la fin qu'il vise."
Alors, on étudie un projet de loi et on étudie chaque
article. Les débats doivent porter sur les articles de ce projet de loi.
Et si on amène des amendements, et c'est l'interprétation qu'on
en fait de ce côté-ci, ils doivent se rapporter à l'objet
visé par le projet et non pas à d'autres objets qui ne sont pas
dans le projet de loi. Or, le salaire minimum ne fait partie du projet de loi
97. Il n'en est pas question. C'est un article qui existe dans la loi
générale, mais qui n'est pas amendé et qui ne fait pas
l'objet d'un amendement en vertu de notre projet de loi. Si nous avions voulu
amender ou discourir sur le salaire minimum, on aurait introduit dans le projet
de loi 97 un ou des articles traitant du salaire minimum et on aurait pu en
discourir et l'amender. L'Opposition aurait pu suggérer des amendements.
Le gouvernement a jugé bon de ne pas toucher au salaire minimum et, en
conséquence, il n'y a aucun article dans le projet de loi qui s'y
réfère. M. le Président, à cause de ça, nous
sommes d'avis que l'amendement, bien sûr, est irrecevable. Voilà,
M. le Président, les représentations que je voulais vous
faire.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée... Mme Harel: Quand vous serez prêt.
Le Président (M. Gobé): ...s'il vous plaît.
Vous avez quelques points à faire valoir.
Mme Harel: Oui, certainement. M. le Président, je voudrais
invoquer un précédent qui s'est produit durant les travaux de
cette commission pas plus tard qu'hier. Le président de la commission a
reconnu l'admissibilité d'un amendement que nous avons fait. En fait, il
s'agissait du premier amendement que nous avons déposé devant
cette commission. Cet amendement consistait à remplacer les mots
"l'homme et la femme" qu'on retrouvait dans la loi, et non pas dans le projet
de loi, à les remplacer par les mots "les personnes", de façon
à assurer aux couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, la
protection de la loi. C'est donc dire, M. le Président, que si
l'argumentation du ministre valait elle aurait valu à ce
moment-là, parce que nous avons introduit un amendement qui modifiait la
loi comme telle. Et on l'a introduit, vous vous rappelez la mécanique
par laquelle on l'a introduit, on a plaidé la recevabilité et
puis le président, député de Fabre, finalement, a
acquiescé à l'admissibilité et nous avons modifié
la loi. Nous avons modifié la loi.
La prétention du ministre, c'est que notre amendement ne serait
pas recevable, parce que nous modifierions la loi et non pas le projet de loi.
Mais je vous rappelle que le projet de loi a justement comme objet de modifier
la loi. Et puis, quand le ministre me cite 244, je lui dis qu'il se met la
corde autour du cou lui-même, parce qu'il cite 244 qui dit: "Les
amendements doivent se rapporter à son objet et être conformes
à son esprit et à la fin qu'il vise". Alors, je veux le croire
là. Si je présentais un amendement sur les régimes
supplémentaires de retraite, ou sur le programme APPORT, ou sur la
disposition des surplus dans les régimes, je veux bien croire que
ça ne porterait ni sur l'objet, ni ne serait conforme à l'esprit,
mais l'objet du projet de loi qui est devant nous, quel est-il? C'est de
modifier la loi. Et quel est l'objet de mon amendement, M. le
Président?
C'est de modifier la loi.
Alors je vous rappelle que je ne pourrais pas imaginer, puis d'ailleurs,
je pense qu'il va falloir faire appel certainement - comment dit-on? Il ne
faudrait pas faire de précédent ici qui aurait des
conséquences pour l'ensemble de tous nos travaux parce que,
évidemment, il y a eu un précédent hier Là on
reprend, et advenant que ça serait considéré comme non
recevable, comme irrecevable..
Le Président (M. Gobé): Le député de
Matapédia.
Mme Harel: ...la conséquence que ça aurait,
ça serait de considérer que l'avant-projet, que le projet de loi
n'a pas comme objet de modifier la loi. Le projet de loi a comme objet de
modifier la loi des normes. C'est parce qu'il en est ainsi que le
président, hier, a accepté un amendement qui modifiait le projet
de loi.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre
M. Bourbeau: Deux choses. La première chose, c'est que je
dois dire que l'exemple de la députée de Maisonneuve ne vaut pas.
Il ne vaut pas parce que, hier, il n'y a pas eu de précédent de
créé. Et, aujourd'hui, ce n'est pas vrai, ce n'est pas exact
qu'aujourd'hui on pourrait s'autoriser de ce précédent-là.
Hier, quand la députée de Maisonneuve a proposé un
amendement à l'article 1, nous avions dans le projet de loi un
amendement à l'article 1. Donc, c'est un article qui est amendé.
Et si vous prenez le premier article de notre projet de loi, c'est l'article 1
de la loi qui est modifié.
Donc, la loi 97 amendait l'article 1, et la députée de
Maisonneuve a proposé un amendement à l'article 1. C'est correct.
Il n'y a pas de problème avec ça. Ce n'est pas ça qu'on
fait maintenant là. Vous ne pouvez pas invoquer un
précédent. Ce qu'on fait maintenant, là, c'est
qu'on amende un article, l'article 40 de la loi, qui n'est pas du tout
touché par le projet de loi 97. M. le Président, je pense que
vous avez bien compris ce point-là.
Deuxièmement, je vous prie de relire l'amendement de la
députée de Maisonneuve. Qu'est-ce qu'il dit, 12.1? L'article 40
de cette loi. De quelle loi parle-ton? De la loi 97 ou d'une autre loi? C'est
d'une autre loi, M. le Président. Elle ne dit pas l'article 40 du projet
de loi devant nous, ce qui serait intéressant et ce qui serait
probablement recevable; elle dit l'article 40 d'une autre loi qui n'est pas le
projet de loi devant nous. Alors si, M. le Président, vous acceptez cet
amendement-là, ça veut dire que, dorénavant, un
député peut arriver, n'importe où, lors de l'étude
d'un projet de loi, et nous dire: "L'article 78 de la Loi modifiant la Loi sur
les affaires municipales est amendé." Ce n'est pas la loi qu'on
étudie. Mais si on pousse l'exemple à l'extrême - et je
pense que, souvent, c'est important, c'est intéressant, justement, de
démontrer une situation par l'absurde - on pourrait arriver avec des
amendements qui modifieraient toute une série d'articles qui ne font pas
l'objet de notre projet de loi. Elle pourrait arriver avec 75 amendements
modifiant l'article 42 de l'autre loi, qui n'est pas notre loi, et des objets
qui ne sont pas touchés par notre loi.
M. le Président, je suis convaincu, quant à moi, que cet
amendement-là est irrecevable et, si jamais on devait accepter cet
amendement-là, on ouvre une porte, M. le Président, qui va
être... qui va donner lieu, dans l'avenir, à des abus
incommensurables. Et je suis d'accord avec la députée de
Hochelaga-Maisonneuve que si l'amendement est accepté, M. le
Président, il faudrait en appeler et aller vers d'autres instances.
Le Président (M. Gobé): merci, m. le ministre. m.
le député de pointe-aux-trembles, vous avez demandé la
parole. rapidement, s'il vous plaît.
M. Bourdon: Moi, M. le Président, c'est que
j'écoute parler le ministre et je me dis que, d'une part, il cite d'une
façon incomplète l'amendement qu'on a devant nous. C'est le
projet de loi 97 qui est amendé par l'addition, après l'article
12, de l'article suivant et on a un nouvel article différent. Par
ailleurs, si je suis le ministre, là où il veut nous
entraîner, il dit qu'on n'a pas le droit d'amender, qu'on n'aurait droit
que de sous-amender. Parce qu'il dit: II y a la loi, il y a le projet de loi.
Nous, dans le projet de loi, on vient amender la loi et l'Opposition ne peut
amender que ce que nous-mêmes on amende dans la loi. Donc, il dit que
l'Opposition ne peut pas amender, elle ne peut que sous-amender. Alors, l'objet
du projet de loi, c'est d'amender certaines dispositions de la loi et nous, on
veut amender certaines dispositions que le ministre n'amende pas. Mais c'est
notre droit d'amender qui est en cause et on ne se réduira pas
qu'à sous-amender. Quant aux conséquences, je pense que le
gouvernement garderait sa majorité môme si, M. le
Président, vous jugiez l'article recevable.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Alors, en finale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, c'est évidemment
Important de se rappeler que la présente rationalité
législative ne consiste pas à prendre le projet de loi comme s'il
était un amendement à la Loi sur les normes du travail et, comme
le signalait mon collègue, le député de Pointe
aux-Trembles, à nous permettre de sous-amender cette loi... à
l'amender uniquement lorsque la loi amende elle-même la Loi sur les
normes du travail. Bien au contraire, il faut évidemment
considérer que la loi qui nous permet d'amender - c'est la loi 97 -
contient un certain nombre d'amendements à la Loi sur les normes du
travail. Et nous pouvons, nous aussi, introduire d'autres amendements à
la Loi sur les normes du travail; sinon, la logique du ministre, c'est qu'il
nous resterait juste à sous-amender sa loi qui deviendrait un amendement
à la Loi sur les normes du travail. En dehors de ça, on n'aurait
pas le droit, nous, de l'amender, la Loi sur les normes du travail. Alors, sur
ce, M. le Président, ce que je vous recommande, c'est peut-être de
prendre en délibéré, pas nécessairement de
suspendre, on pourrait poursuivre les articles suivants. Et on reviendra,
quitte à revenir demain, si vous le jugez opportun.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée. C'est en effet ce que la présidence
considère devant l'importance de rendre une décision qui soit
équitable et qui ne fasse pas une jurisprudence nuisible à la
poursuite d'autres débats. J'ai bien reçu toutes vos
représentations, je crois qu'on a besoin d'y penser et de faire d'autres
discussions ou d'autres consultations. Aussi, je vais prendre la question en
délibéré et nous allons donc, de ce fait, suspendre
l'étude de l'article 13. Pardon! Nous allons maintenant passer à
l'article 13 directement. (21 h 30)
Mme Harel: Oui, juste... M. le Président, je vous demande
de prendre en délibéré également le fait que si
c'était jugé irrecevable et qu'éventuellement !e ministre
veuille ajouter des articles qui ne porteraient pas sur des dispositions
déjà comptées dans le projet de loi 97 mais qui seraient
de nouveaux articles qu'il voudrait introduire concernant la Loi sur les
normes, il faudrait que vous les jugiez irrecevables. Parce que dans la logique
développée par le ministre, tout ce qui ne serait pas contenu
dans le projet
de loi 97 ne pourrait être à nouveau modifié.
Le Président (M. Gobé): O.K. Merci, Mme la
député de Hochelaga-Maisonneuve. J'en prends bonne note. Nous
allons prendre ça en délibéré et nous reviendrons
un peu plus tard, probablement demain. Donc, nous suspendons l'étude de
votre amendement et j'appellerai maintenant l'étude de l'article 13. M.
le ministre, si vous voulez intervenir sur l'article 13, vous avez 20
minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article ou l'amendement,
si vous voulez, vise à empêcher que les salariés à
temps partiel dont le taux de salaire n'excède pas deux fois le salaire
minimum reçoivent un taux de salaire moindre que les salariés
à temps plein pour le seul motif qu'ils travaillent à temps
partiel.
M. le Président, il s'agit évidemment d'un ajout par
rapport à l'avant-projet de loi. Nous avions choisi, lors de
l'avant-projet de loi, de ne pas proposer d'article traitant de ce sujet,
traitant de ce problème du temps partiel et nous avions plutôt
choisi de demander, de proposer aux citoyens de nous faire des
représentations sur cette problématique du temps partiel. Lors de
la commission parlementaire du mois de février 1990, nous avons entendu
un grand nombre d'intervenants qui ont fait des représentations à
ce sujet, et le gouvernement, subséquemment, a fait l'analyse de toutes
ces propositions et décidé de proposer l'article que nous avons
devant nous.
M. le Président, c'est un article qui est simple et qui propose
que, pour des gens qui font le même travail dans le même endroit,
dans le même établissement, c'est-à-dire dans le même
lieu, on ne puisse pas les rémunérer selon un taux de salaire
différent pour la simple et unique raison qu'ils travaillent moins
d'heures par semaine que les travailleurs à temps plein.
Je vous signale, M. le Président, qu'un peu plus loin dans le
projet de loi, à l'article 79, nous allons faire en sorte de permettre
au gouvernement, par règlement - un règlement qui serait pris
avant le premier janvier 1992 - , de déterminer, parmi les
salariés qui sont visés aux articles 41.1 et 74.1 de la Loi sur
les normes du travail, tel qu'édicté par les articles 13 et 26 de
la présente loi, du projet de loi... Le gouvernement pourra
déterminer des catégories de salariés auxquelles ces
articles s'appliqueront à une date ultérieure.
Nous avons l'intention, M. le Président, d'introduire cet article
79, qui va justement permettre au gouvernement, avant la date du 1er janvier
1992, de faire une analyse de la situation économique, de la situation
en général et de voir dans quelle mesure il y aurait lieu ou non
de retarder la mise en application de cet article 13 à l'égard de
certaines catégories de salariés, si jamais, comme je l'ai dit
tout à l'heure, la situation économique faisait en sorte que
ça devienne souhaitable.
M. le Président, c'est un sujet qui est très
délicat. II est évident qu'un certain nombre d'entreprises, dans
certains secteurs, ont une structure salariale qui fait en sorte que les
salariés à temps partiel ont des taux de salaire
inférieurs à des salariés à temps plein. Est-ce que
ces salariés à temps partiel ont exactement le même travail
que les salariés à temps plein? Ça reste à voir,
mais si tel est le cas, il est évident que l'article 13 s'appliquerait
à eux. L'intention est claire. À travail égal, dans des
conditions égales, dans un même lieu de travail, il ne devrait pas
y avoir deux structures de salaire, deux taux de salaire différents.
Cependant, il est possible que, la conjoncture étant ce qu'elle
est, l'application immédiate et rigide de ce principe puisse causer des
perturbations dans le marché du travail. C'est la raison pour laquelle -
et je le dis dès maintenant pour qu'on voie ça venir à
l'article 79, parce que je ne ferais pas adopter l'article 13 s'il n'y avait
pas l'article 79 derrière - le gouvernement se gardera la
possibilité de faire une analyse de la situation et de moduler l'article
13 en fonction des paramètres économiques du moment. M. le
Président, même l'article 79... j'ai l'intention d'apporter des
modifications à l'article 79 tel qu'il est édicté
présentement, de façon à le modifier
légèrement.
Alors, M. le Président, en gros, c'est ce que je voulais dire.
J'aimerais ajouter que, selon une étude effectuée par le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, environ 20 % des personnes à temps
partiel ayant des profils comparables auraient un taux de salaire horaire
sensiblement inférieur à celui offert pour des employés
similaires à temps plein. Maintenant, j'aimerais également dire
que la loi traite indistinctement les emplois à temps plein et ceux
à temps partiel quant aux normes minimales. Au-delà de ces
normes, elle n'empêche pas un employeur d'offrir des conditions
différentes. C'est donc dire que, par exemple, un employeur qui a une
structure de salaire qui excède deux fois le salaire minimum, à
ce moment-là, si c'était le cas, n'est pas obligé, en
fait, ne serait pas visé par l'article 13, l'article 13 visant les
travailleurs dont la rémunération est inférieure à
deux fois le salaire minimum. Au-delà de cette norme ou de ce salaire de
deux fois le salaire minimum, on n'est plus dans ce qu'on pourrait appeler les
standards minimaux, on n'est plus dans les normes minimales. On est quand
même dans une catégorie de travailleurs qui gagnent plus que ce
qu'on peut appeler des salaires modestes, des bas salaires. C'est la raison
pour laquelle nous avons jugé bon de ne pas faire en sorte que l'article
13 s'applique à des travailleurs dont le taux de salaire excède
deux lois le salaire minimum.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Hochelaga-Maison-neuve, vous avez 20 minutes.
Mme Harel: Oui, alors M. le Président, c'est un bel
exemple, finalement, d'une loi qui ne veut rien dire en matière de
protection des travailleurs et travailleuses à temps partiel. En
définitive, qu'est-ce que le ministre nous dit? Contrairement, notamment
aux demandes répétées des organismes qui se sont fait
entendre lors de l'étude de l'avant-projet de loi - et je pense en
particulier à la Commission jeunesse du Parti libéral qui avait,
vous vous en rappellerez, déposé un excellent mémoire sur
les normes de travail, que nous avions applaudi d'ailleurs, à ce
moment-là, et que nous allons rappeler au ministre ce soir, parce que ce
rappel va nous permettre de constater que le message des jeunes du Parti
libéral n'a pas été entendu, en tout cas, pas
été écouté. Pourquoi je dis que, finalement, c'est
un bel exemple? C'est que, dans le fond, il se produit, à l'égard
de la protection des travailleurs à temps partiel, à peu
près l'équivalent de ce qu'on retrouve à l'égard
des salariés agricoles. C'est-à-dire qu'on fait miroiter un grand
changement, qu'on abroge l'exclusion générale qui les soustrayait
des bénéfices de la loi et puis, après, on
réintroduit, mine de rien, un changement qui fait que 92 % d'entre eux
n'auront toujours pas le bénéfice de la loi. Mais là on
dit que, par règlement, on se donne... 92 % d'entre eux n'auront
toujours pas le bénéfice dos dispositions qui concernent le
salaire minimum et la semaine normale de travail, et d'autres
considérations, y compris les jours fériés. On fait la
même chose, là, à l'égard des travailleurs à
temps partiel. C'est exactement, à peu près, la même
mécanique. C'est-à-dire qu'au départ on donne l'impression
qu'on va s'en occuper pour introduire une sorte d'équité dans les
statuts d'emploi à temps partiel et à temps plein, et
après on retrouve des dispositions réglementaires qui font qu'on
ne sait plus ce que le gouvernement va déterminer, comme il veut et
quand il veut, quelle sera l'application des protections qui seront introduites
dans la loi. Et non seulement quelles seront les protections et selon des
catégories, mais aussi quand ces protections s'appliqueront. C'est
vraiment l'exemple typique où on en est rendu sur le plan des
législations, où finalement on adopte de moins en moins du droit
substantif, c'est-à-dire qu'on décide de moins en moins de la
réalité des choses. Et ce qu'on décide, c'est de donner au
gouvernement le droit de faire ce qu'il veut. Parce que, maintenant, les
tribunaux ont décidé que sans support législatif - c'est
comme ça qu'ils disent ça en termes savants - on peut attaquer
des règlements comme étant inconstitutionnels ou comme
étant invalides du fait qu'ils n'ont pas le support législatif.
Alors, les lois, à peu près toutes les lois qu'on adopte sont
rédigées de façon à ce qu'on donne au gouvernement
le droit de faire des règlements. C'est à peu près tout ce
qu'on lui donne.
En matière d'emplois à temps partiel, c'est d'autant plus
évident que la formulation même de l'article 13 inquiète
les organismes de défense des non-syndiqués, pas uniquement pour
les répercussions que ça peut avoir sur les travailleurs à
temps partiel, mais pour les répercussions que la rédaction, dans
sa formulation proposée, peut avoir sur les travailleurs à temps
plein en termes de diminution ou de baisse de leurs conditions
générales. J'en ai parlé, M. le Président, au
début de nos travaux. Ce qui est en cause... J'attire l'attention du
ministre sur l'utilisation du mot "seul" dans l'article 13. L'article 13 se lit
comme suit: "Un employeur ne peut accorder à un salarié un taux
de salaire inférieur à celui consenti aux autres salariés
qui effectuent les mêmes tâches dans le même
établissement, pour le seul motif que ce salarié travaille
habituellement moins d'heures par semaine." Si on lisait qu'un employeur ne
peut pas accorder un taux de salaire inférieur, pour le motif que ce
salarié travaille habituellement moins d'heures par semaine, ça
signifierait que l'employeur aurait le fardeau de prouver, si tant est qu'il
offre ce salaire inférieur, que c'est pour d'autres motifs, des motifs
justes et suffisants, si on me permet l'expression, des motifs raisonnables.
Mais là, en ajoutant le mot "seul", "pour Ig seul motif que ce
salarié travaille habituellement moins d'heures par semaine", il peut
facilement être plaidé par l'employeur que c'est pour d'autres
motifs que celui-là. Et la présomption va reposer sur le dos du
salarié qui est a temps partiel et lui va devoir plaider que ce n'est
pas pour les autres motifs, mais que c'est pour ce motif seulement.
Que le ministre ne fasse pas des grands non de la tête. Ça
va être ça, l'application concrète de la loi. Voyez, M. le
Président, je ne veux pas lui rappeler, parce que lui-même le
disait tantôt. Son propre ministère, dans une étude
réalisée sur les personnes à temps partiel,
considérait que 20 % avaient une rémunération
inférieure à celle offerte pour des emplois comparables à
temps plein. Bon, c'est un travailleur sur cinq qui a, finalement, pour le
simple fait que c'est un emploi à temps partiel, un salaire
Inférieur au salaire payé par le travailleur à temps
plein. (21 h 45)
M. le Président, la Commission jeunesse du Parti libéral
rappelait qu'il y a une augmentation absolument vertigineuse de la proportion
d'emplois à temps partiel. Et cette progression s'est encore
multipliée du fait que, depuis janvier dernier, les deux tiers des
emplois créés au Québec l'ont été à
temps partiel. Vous vous rendez compte! Pendant des années, le ministre
me répondait que les emplois créés à
l'époque du gouvernement précédent l'étaient
à temps partiel.
Bien, ils le sont maintenant à temps partiel avec son
gouvernement.
Bon, prenons acte, mais la Commission jeunesse, en fait, concluait que
si le contexte économique actuel fait que le marché du travail
connaît une demande importante pour une main-d'oeuvre souple et flexible
et si cette main-d'oeuvre est essentiellement à temps partiel, ce n'est
pas à eux d'être les victimes. Il faut s'assurer que ces personnes
ne peuvent pas bénéficier d'un travail à temps plein,
parce que je rappelle que c'est plus de la moitié des personnes à
temps partiel qui souhaiteraient que leur travail se transforme à temps
plein, si c'était possible. Donc, le temps partiel, c'est un pis-aller,
c'est en souhaitant autre chose, c'est en attendant autre chose et puis,
d'ailleurs, ce sont les jeunes. Vous voyez, 42 % des emplois à temps
partiel sont occupés par des personnes de 15-24 ans. Alors on voit tout
de suite, là, que les premiers emplois qu'on offre à des jeunes
de 15-24 ans sont des emplois à temps partiel et, pourtant, ils ne
représentent que 23 % de la population active. Alors, c'est presque le
double de ce qu'ils représentent dans la population active, c'est
presque le double qui occupe, c'est-à-dire... C'est plus que la
moitié, c'est presque la moitié des emplois à temps
partiel qui sont occupés par cette catégorie de travailleurs
Alors, c'est bien bien clair. D'ailleurs, la Commission jeunesse le disait: "Le
phénomène de la précarité de l'emploi touche notre
génération de manière très importante." Ce que nous
deman dons, c'est que les jeunes, ainsi que toutes les personnes
employées à temps partiel, soient traités de façon
équitable dès leur entrée sur le marché du travail.
Et, après, qu'on ne vienne pas se gargariser, là, de beaux
discours sur la natalité ou la politique familiale. Ce sont finale ment
les jeunes en âge de procréer, là, qui sont en âge de
fonder des familles puis d'avoir des enfants, qui ont la situation de travail
la plus instable, la plus précaire.
Alors, M. le Président, je crois rappeler au ministre que
l'inquiétude est très vive, notamment dans les milieux de
travailleurs non syndiqués, puis je lui rappelle la recommandation de
l'organisme Au Bas de l'échelle qui, bon an, mal an, rend service
à des milliers de bas salariés qui sont l'objet de pratiques
interdites par la loi, mais ce n'est pas parce qu'elles sont interdites par la
loi qu'elles ne se répandent pas dans les milieux de travail. Alors, Au
Bas de l'échelle craint, à cause de la formulation de l'article
13, la possibilité d'un nivellement vers le bas des conditions de
travail des salariés à temps plein non syndiqués. Au Bas
de l'échelle considère la possibilité qu'on profite du
délai d'un an, soit entre le 1er janvier 1991 et le 1er janvier 1992,
pour niveler vers le bas les conditions de travail des salariés à
temps plein en raison des premiers alinéas des articles 13 et 26.
M. le Président, considérant qu'il est nécessaire
d'assurer une présomption en faveur du salarié qui croit
être lésé pour le motif qu'il travaille habituellement
à temps partiel, ce que nous proposons au ministre, c'est qu'il retire
le mot "seul" que l'on retrouve à l'article 13. Moi, je pense que, s'il
est de bonne foi, là, comme je le présume, ce qu'il souhaite,
c'est que l'employeur ne puisse pas, pour le motif que le salarié
travaille à temps partiel, lui accorder, lui consentir un taux de
salaire inférieur. Alors, ce sera à l'employeur de justifier que
ce salaire inférieur, il est finalement alloué pour des motifs
autres. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée J'ai peut-être une précision à vous
demander. Quand vous employez "temps partiel", est-ce qu'on ne serait pas mieux
d'employer "employé temporaire" ou "employé à temps
partiel"? Ce sont deux choses différentes, hein?
Mme Harel: Oui, parce que le temps partiel peut être
régulier.
Le Président (M. Gobé): C'est cela.
Mme Harel: Tandis que le temporaire peut être saisonnier,
ou occasionnel, mais il peut être à temps plein.
Le Président (M. Gobé): C'est cela. Donc, vous
employez à dessein le mot "temps partiel"?
Mme Harel: Oui
Le Président (M. Gobé): Dans
l'intégralité de sa signification. M le ministre, cinq
minutes.
M. Bourbeau: Oui. M. le Président, il s'agit là de
l'introduction d'une nouvelle notion visant le salarié travaillant
à temps partiel. On dit qu'un employeur ne peut en effet accorder
à un salarié un taux de salaire inférieur à celui
qui est accordé aux autres salariés effectuant les mêmes
tâches, dans le même établissement, pour le seul motif qu'il
travaille moins d'heures hebdomadairement. Il est possible que le
salarié à temps partiel fasse un travail différent et
qu'il y ait d'autres raisons pour lesquelles il soit payé moins cher.
Par exemple, si sa tâche est différente. Prenons, par exemple, je
ne sais pas, dans une épicerie, où vous avez un caissier ou une
caissière qui travaille à temps plein, et qui fait la caisse 20
heures ou 25 heures par semaine, et qui, pendant d'autres heures, fait un autre
travail Par exemple, je ne sais pas, on lui demande de faire un peu
d'administration, de remplir les tablettes dans les temps morts, etc. Donc, un
travail qui est plus varié, et qui peut même, à l'occasion,
être plus difficile à accomplir. Si on arrive avec un travailleur
à temps partiel, qui fait un travail qui n'est pas le même ou qui
est différent, en partie... Evidem-
ment, on ne peut pas comparer deux choses incomparables, qui ne sont pas
identiques. et, à ce moment-là, on pourra discuter du salaire et
il est possible, à ce moment-là, que le salaire puisse être
différent. mais si les deux font exactement et rigoureusement la
même chose, on ne voit pas pourquoi il y aurait deux taux de salaire
différents.
C'est ça le principe de la loi. Et je pense que c'est, à
ce moment-là, évident que le salaire devrait, normalement, en
vertu de la loi, être le même. Et si jamais le salaire était
différent, eh bien, l'employeur devra prouver que la tâche n'est
pas la même; sans quoi, il devra payer le même salaire. Alors, il
m'apparaît à moi que, dans ces conditions-là, c'est un
article qui est logique.
Et maintenant, est-ce que, vraiment, on protège, avec cet
article-là, ceux qu'on veut protéger? J'ai devant moi des
statistiques, ici, assez intéressantes, et qui portent sur les personnes
qui travaillent à temps partiel, et qui sont visées par le projet
de loi. Prenons, par exemple, le sexe: le projet de loi va faire en sorte que
66,1 % des hommes et 58,8 % des femmes qui travaillent à temps partiel
seront couverts par la loi, seront protégés, si vous voulez, par
la loi.
Si on regarde les jeunes, les jeunes de 16 à 24 ans, il y en aura
83,3 % qui seront couverts par la loi; ceux de 25 ans et plus, là, vous
en avez 47,1 %; les syndiqués, 34,8 % seulement. Forcément, parce
que, dans le cas des syndiqués, ils sont tellement bien
représentés qu'au-delà de 60 % gagnent plus que deux fois
le salaire minimum. Donc, évidemment, s'ils ne sont pas couverts par la
loi, c'est qu'ils sont en dehors de la loi; donc, ils gagnent plus que deux
fois le salaire minimum. Dans le cas des non-syndiqués, c'est 72,8 % des
travailleurs qui sont couverts par la loi.
Et regardons, maintenant, dans le secteur de l'hébergement
restauration et du commerce au détail. Vous avez 89,4 % des travailleurs
du secteur de l'hébergement-restauration qui vont être couverts
par le projet de loi. Dans le secteur commerce au détail, c'est 86,5 %
des cas. Donc, on peut dire d'une façon générale, M. le
Président, qu'avec cette norme-là on rejoint la majorité
des travailleurs qu'on voulait protéger, bien sûr.
Le Président (M. Gobé): Très bien. M le
député de Pointe-aux-Trembles, vous avez 20 minutes.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je pense que c'est
assez évident, que, si on veut introduire dans la loi quelque chose qui
veut dire quelque chose, il faut enlever le mot "seul". Enlever. Ne pas dire
"le seul motif", mais mettre "pour le motif. Parce qu'il suffirait que... Je
tiens à faire observer au ministre que le texte parie déjà
de salariés qui effectuent les mêmes tâches. Les
mêmes, c'est les mêmes; les mêmes, c'est pareil. Et si on
dit, si on maintient de mettre, "le seul motif l'employeur pourrait
dire: Ce n'est pas le seul motif que le salarié travaille habituellement
moins d'heures par semaine. C'est qu'il travaille le jeudi soir, le vendredi
soir et le samedi, alors que les autres travaillent du lundi au vendredi. Tu
sais, ça se met bien: C'est ça, le motif pour lequel il a un
salaire plus bas. Ça, je le mets, là, un employeur qui a une
approche "soft", pour parler comme nos adolescentes et adolescents. Un plus dur
pourrait dire: C'est parce que c'est une femme puis qu'elle est
handicapée...
Une voix: Ça n'arrivera pas ici, certain...
M. Bourdon: ...puis qu'elle est de race noire. Puis il dirait:
Comme ce n'est pas mon seul motif, qu'elle est à temps partiel, j'ai
d'autres motifs de lui donner moins.
Par ailleurs, M. le Président, ça ne se peut pas qu'on
maintienne, dans le projet de loi, la phrase: "Le premier alinéa ne
s'applique pas à un salarié qui gagne un taux de plus de deux
fois le salaire minimum." C'est absurde! Ça n'a aucune espèce de
bon sens! Ça fait injure au sens commun! Ce qu'on introduit dans la loi,
c'est une clause de non-discrimination. Puis on dit: À 10,59 $
l'heure...
Une voix: On peut discriminer.
M. Bourdon: ...la discrimination est interdite. À 10,60 $
l'heure, la discrimination est permise. Voyons donc! Eh, vous êtes
fous!
Une voix: Aïe!
M. Bourdon: Je vais donner un exemple...
Des voix: C'est ça.
Une voix: Aïe!
Une voix: Qu'est-ce que c'est que çà?
Une voix: M. le Président, est-ce que c'est parlementaire,
ça, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Excusez, M. le
ministre.
M. Bourdon: Ce texte est fou, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: II a été fait par des gens sains
d'esprit, dans un moment d'égarement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Alors, je retire, là. Ils ne sont pas
fous...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît, conservons le décorum de
ce débat.
M. Bourdon: Ah, absolument! Mais, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui
M. Bourdon: Reprenons ça, là, en termes
parlementaires. Une personne à temps partiel qui ferait 9, 00 $ pour
faire les mêmes tâches qu'une autre à temps complet qui
ferait 10, 00 $, çà, ça serait défendu. On ne peut
pas, en vertu de ce qui est là - je mets de côté
l'élément "seul motif - on ne peut pas donner 9, 00 $ à
une femme qui fait 20 heures par semaine, et 10, 00 $ l'heure à un homme
qui fait 40 heures par semaine. Fort bien! Mais on pourrait, en vertu de la loi
- puis, là, ce n'est même pas la réglementation qui vient
nier ce qu'on fait semblant de donner - on pourrait dire: Les femmes qu'on
engage à temps partiel vont faire 10, 60 $ l'heure, alors que les hommes
a temps complot feront 21, 20 $ l'heure. Et comme la femme qui lait 10, 60 $
l'heure à temps partiel fait - bien, on va mettre 10, 62 $, là -
plus de deux fois le salaire minimum, là, ça ne s'applique pas.
Et la loi dirait: Quand ça dépasse le salaire magique de 10, 60 $
et que c'est 10, 61 $, à 10, 61 $, l'employeur a le droit de faire de la
discrimination.
C'est insensé, M. le Président! Et on pourrait dire,
là: Du moment que la travailleuse à temps partiel fait au moins
10, 61 $ l'heure, elle peut gagner la moitié moins qu'un homme à
temps complet. À partir de 10, 61 $ l'heure, en les prenant à
temps partiel, vous avez deux travailleuses pour le prix d'une! Il y a quelque
chose de... Et je pense que, si on avait demandé un avis à
n'importe quel juriste, il dirait que c'est parfaitement absurde et que
ça n'a pas de sens de dire. On interdit la discrimination salariale sur
la base du statut, parce que ça fait partie du statut social
d'être à temps partiel, pour toutes les personnes qui ne gagnent
pas plus que 10, 60 $ l'heure. Et je ne vois pas, là...
Je reviens à mon exemple, M. le Président. Dans un cas
où la personne à temps partiel ferait 10, 00 $ l'heure, par
hypothèse, celle à plein temps, ça serait permis; et dans
l'autre cas, 9, 00 $, 10, 00 $ l'heure, elle ne ferait que 1, 00 $ l'heure de
moins que l'autre, et là, ça serait défendu. Et en
terminant, M. le Président, essayez de vous mettre dans la peau d'une
travailleuse qui serait à 10, 60 $, quand la loi dit: Plus de deux fois
le salaire minimum. Elle supplierait son employeur de ne pas l'augmenter de
salaire parce que, là, elle cesserait d'être couverte. Voyons
donc! Ça n'a pas de bon sens, ça! C'est un non sons absolu de
dire, par exemple, que la discrimination sur la base du sexe est interdite
jusqu'à 10, 00 $ l'heure mais qu'après on peut. C'est une clause
d'équité salariale qui est introduite ici. On dit: On ne doit pas
discriminer sur la base du statut de temps partiel C'est une clause de
non-discrimination et seriez-vous en train de nous dire qu'on mette dans une
loi qu'à partir de tant l'heure la discrimination est permise? Voyons
donc! Ça n'a pas de sens, parce qu'il y a beaucoup de travail, de plus
en plus de travail à temps partiel qui se fait et le travail à
temps partiel... (22 heures)
Je ne mentionnerai que la firme Steinberg où ça s'est
négocié, là, que les temps partiel, c'était il y a
quatre ans, qui étaient surtout des femmes, évidemment, gagnaient
moins l'heure que les temps régulier qui étaient surtout des
hommes. Bien, on dirait, chez Steinberg, où les salaires à
l'époque - c'était avant les grands changements - étaient
sûrement supérieurs au double du salaire minimum, là,
c'était permis. Là, on trouve ça correct parce que la
personne gagne plus. Et c'est pire qu'hier quand on nous disait que les cadres
supérieurs n'avaient plus de recours. Je trouve, M. le Président,
qu'il y a quoique chose de proprement aberrant dans ce qui est prévu
là. de dire qu'une clause de non discrimination s'applique
jusqu'à tel salaire et qu'au-dessus de cette hauteur-là la
discrimination peut s'exercer
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le député?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Gobé): O. K. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, nous sommes en train
d'étudier une loi qui porte sur des normes de travail qu'on dit
minimales. Non pas des normes maximales, des normes minimales de travail, dans
le but de protéger les travailleurs qui sont les moins nantis et les
moins équipés pour se défendre, dans le fond. Et tout le
monde a dit et redit - c'est devenu un cliché - que c'est la convention
collective de ceux qui n'en ont pas. Bon! Alors, on est en train
d'établir un plancher des normes minimales, un plancher. Et la loi
traite indistinctement les emplois à temps plein et ceux à temps
partiel quant aux normes minimales. La loi s'applique à tous, ceux qui
sont à temps plein et ceux qui sont à temps partiel,
jusqu'à un certain niveau. Et après cela, quand on a couvert ce
niveau-là, évidemment, la loi ne s'applique plus. Il n'y a donc
pas de discrimination parce que ça s'applique équitablement
à tout le monde.
S'il y avait de la discrimination, si on disait, par exemple, les
femmes, ça s'applique pour les femmes, ça ne s'applique pas pour
les hommes. Ça s'applique pour les jeunes, ça no
s'applique pas pour les vieux, etc. Ça, c'est de la
discrimination. Ou les handicapés, pas les handicapés, les Noirs,
les Blancs, etc., ça c'est de la discrimination. Actuellement, nous
avons une loi qui établit les mêmes critères pour tout le
monde. Il y a une barre, on a établi la barre à deux fois le
salaire minimum et tous ceux qui sont en dessous de la barre sont
touchés par la loi, sont couverts par la loi. Et ceux qui sont au-dessus
de la barre, ceux-là, on estime qu'on n'a pas besoin d'une loi minimum
pour les protéger, ils sont déjà au-dessus du minimum. Et
on laisse le marché - nous sommes un gouvernement dit libéral -
alors, M. le Président, il ne faudrait pas que l'État se mette le
nez partout. On ne verrait pas, par exemple, les députés, ici,
couverts par une Loi sur les normes de travail quant à leur salaire, je
pense que ça ne serait pas normal que l'État vienne se mettre le
nez jusque-là. Donc, M. le Président, il fallait arrêter
quelque part. Alors, nous avons décidé d'une norme objective,
deux fois le salaire minimum, ça nous semblait suffisant, d'autant plus
que ça couvrait et ça couvre, comme je l'ai dit tout à
l'heure, la très grande partie des travailleurs qui gagnent les taux de
salaire les moins élevés.
M. le Président, donc, à mon avis, il n'y a pas de
discrimination. J'aimerais quand même attirer l'attention des membres de
la commission. On est en train, de l'autre côté, de nous faire des
sermons, M. le Président, de nous faire honte, de tenter de nous faire
honte pour être mesquins à ce point, qu'on ne couvre pas tous ceux
qui gagnent en haut de 10,50 $ l'heure. Mais saviez-vous, M. le
Président, que nous sommes la seule législation en
Amérique, la seule Législature en Amérique qui
protège, justement, les travailleurs à temps partiel? Il n'y a
pas d'autres cas, ni au Canada ni au États-Unis, me dit-on, M. le
Président. Et c'est intéressant de voir que le Québec est
le seul à légiférer spécifiquement sur les emplois
à temps partiel.
Bon, alors, moi, je veux bien, M. le Président, passer pour
rétrograde ou pour un dinosaure ou pour un fossile, M. le
Président, mais dans ce domaine-là, ici, nous sommes à
l'avant-garde du temps, je vous le signale, M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Et M. le Président, dans ce sens-là, je suis
fier d'appartenir à un gouvernement qui n'hésite pas à se
mouiller, à faire un pas en avant. Et moi, à titre de ministre
responsable de ce projet de loi, je suis particulièrement fier de
proposer une mesure comme celle là qui met le Québec à
l'avant-garde sur le plan social. M. le Président, qui dit mieux?
M. Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je termine là-dessus.
Le Président (M. Gobé): Je passe maintenant la
parole à la députée des Chutes-de-la-Chaudiè-
re.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. J'entends
le ministre dire: On est les seuls en Amérique du Nord à mettre
sur pied une règle concernant le travail à temps partiel. C'est
bien, mais, quant à faire, je pense qu'il faut faire comme il faut. On a
été longtemps les seuls à avoir une règle sur le
salaire égal pour un travail équivalent. Disons que ça ne
va pas vite non plus. Il va probablement falloir accélérer d'une
autre manière.
Quand on regarde ça, M. le Président, par rapport au mot
"seul", je suis tout à fait d'accord avec ce que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a dit. Mais, moi, je voudrais
surtout m'arrêter au deuxième alinéa et je n'ai pas
l'intention, moi, de vous parler des hommes et des femmes et tout ça.
Sauf que j'ai un problème aussi avec ce paragraphe-là. Quand le
ministre nous dit: "Pourquoi va-t-on faire..." Bon! On protège les gens
à faible salaire avec les normes du travail, on dit les normes minimales
du travail. Mais, on protège, en fait, les gens qui n'ont pas de
convention collective, les travailleurs qui ne sont pas syndiqués. Puis,
en même temps, le ministre nous dit: C'est une base, c'est un plancher,
c'est un fait. C'est indéniable que ça sert de base et de
plancher. Lors des négociations collectives, mon collègue de
Pointe-aux-Trembles a mentionné une convention qui a été
signée avec Steinberg tout à l'heure où, justement, il y
avait possibilité de faire ça, donner moins cher à des
employés à temps partiel. Moi, je trouve... En tout cas,
j'aimerais qu'on m'explique de façon plus claire, parce que j'ai
beaucoup de difficultés avec ce deuxième alinéa en
particulier. C'est qu'on se trouve à approuver, à ce
moment-là, le genre de convention qui peut se signer ailleurs. Quand on
décide là qu'en bas de 10,60 $ l'heure on peut facilement...
C'est comme approuver, effectivement, de la discrimination. En bas de 10,60 $
l'heure, il n'y a pas de problème. Des employés à temps
partiel... Il peut y avoir des nuances. S'ils gagnent plus cher que ça,
on peut en faire des différences. Ils peuvent gagner moins cher que ceux
à temps plein. En bas de 10,60 $, on ne peut pas. Je trouve que ce genre
d'article là ou ce genre d'alinéa là, pour moi, dans mon
esprit, ça a un effet pervers. C'est comme si on cautionnait quelque
chose. En tout cas... Puis je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on
pense ici que je fais ça pour faire un sermon puis pour m'amuser.
J'aimerais comprendre pourquoi on amène cet alinéa-là dans
la Loi sur les normes du travail. Parce que, définitivement, je ne suis
pas capable de comprendre ça. Je ne suis pas capable d'admettre
ça. Et s'il y a des explications plus claires, j'aimerais ça les
connaître.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
madame?
Mme Carrier-Perreault: Je ne suis pas longue. J'essaie juste
d'avoir des explications C'est tout ce que je veux.
Le Président (M. Gobé): M le ministre, avez-vous
des commentaires?
M. Bourbeau: J'ai donné toutes les explications tout
à l'heure. Je demanderais à la députée des
Chutes-de-la-Chaudière de relire Le Journal des débats
demain. Et tout ce que je pourrais dire, M. le Président, c'est
répéter ce que j'ai dit tout à l'heure. Alors,
manifestement j'ai prêché dans le désert, M. le
Président. Possiblement qu'à la lecture et à la relecture
de mes paroles la vérité finira par tranquillement
pénétrer la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve, vous avez
demandé la parole.
Mme Harel: Oui. M. le Président..
Le Président (M. Gobé): Vous avez quatre minutes
sur votre temps de vingt minutes.
Mme Harel: II faut constater que le ministre est très
vieux jeu dans sa façon d'envisager la discrimination dans le
marché du travail. Il est très, très vieux jeu, M. le
Président. Et compte tenu de l'argumentation qu'il a
développée sur le fait qu'il n'y avait pas de discrimination,
parce qu'il n'y avait pas de discrimination, tout le monde était
traité de la même façon. Ça, c'était... Je me
suis rappelé le cours de droit qu'il a dû suivre dans les
années cinquante, peut-être soixante...
M. Bourbeau: Les années trente
Mme Harel: C'était d'ailleurs là l'enseignement
juridique qui se faisait à ce moment-là. On présentait
l'égalité comme étant un traitement égal d'un
groupe donné devant la loi. Par exemple, à cette
époque-là, les tribunaux refusaient de considérer qu'il y
avait discrimination si la catégorie concernée était toute
traitée de la même façon. Ce qui fait que les femmes,
disait-on, n'étaient pas discriminées même si elles avaient
un salaire inférieur parce que l'application était égale
dans le traitement. C'étaient toutes les femmes qui avaient le salaire
inférieur. C'était là la pensée juridique de
l'époque et c'est celle que vient de nous rappeler - j'allais dire le
notaire, non - le ministre responsable de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mais c'a beaucoup évolué, M. le Président.
Beaucoup, beaucoup, beaucoup! Au point où, maintenant, ce qui est en
cause, c'est de se demander: Est-ce qu'il y a une discrimination
systémique? Ça, c'est comme... J'ai l'impression que c'est en
dehors, actuellement, du vocabulaire et peut-être aussi du champ de
conscience du ministre. Ça va me faire plaisir de lui rappeler qu'en
vertu de l'article 46 de la Charte la disposition que l'on retrouve à
l'article 13 pourrait être contestée pour les motifs... Et c'est
ça, maintenant, le test de la discrimination Ce n'est plus du tout le
test de savoir si toute la même catégorie est traitée de la
même façon. Ça permettait, avant, de discriminer des
femmes, des handicapés, des immigrants. Non! Maintenant, le test, c'est
de se demander s'il y a une discrimination qui est introduite du fait du
résultat sur certaines catégories, certains groupes. En termes
clairs, qui est-ce qui travaille à temps partiel dans notre
société? Et même quand le ministre parle des "gras durs"
qui gagnent un taux de plus de deux fois le salaire minimum. Ça, ce sont
des "gras durs" qui travaillent 20 heures à 10,60 $ l'heure, au maximum.
Ça, ça veut dire qu'ils ont un revenu de 220 $ par semaine C'est
d'eux dont il s'agit, là. Il ne faut pas penser que ce sont des 10,60 $
à 40 heures par semaine. Et même à ça, n'oubliez pas
que même à 40 heures par semaine, 10,60 $, savez-vous combien
ça donne, M. le Président? Ça donne à peu
près 20 000 $ par année. Savez-vous où on va, quand on a
une responsabilité familiale, avec 20 000 $ par année? On va dans
les programmes de supplément d'APPORT parce qu'on est
considéré comme ayant des revenus insuffisants et ça,
c'est à temps plein. Ce n'est pas d'eux dont il s'agit à
l'article 13. Il s'agit de gens à temps partiel, qui font 20 heures en
moyenne par semaine, et qui peuvent avoir un taux de salaire mirobolant qui
consiste en deux fois le salaire minimum. Alors, ce sont des gens qui vont
aller chercher un gros montant de 200 $ net... Non pas, un gros montant de 220
$ brut par semaine.
M. Bourdon: 212,20 $
Mme Harel: Voilà! Merci, M le député de
Pointe-aux-Trembles. 212,20 $, plus exactement. Et, au-delà de ce
montant magique de 212,20 $, il peut y avoir de la discrimination.
Le ministre et son gouvernement, au nom du libéralisme, pensent
ne plus avoir de rôle à jouer. Moi, je trouve ça
décevant, M. le Président, extrêmement décevant
parce que la discrimination, ce n'est pas simplement parce que ça
s'applique uniformément à tout le monde qu'il n'y a pas de
discrimination. La discrimination, c'est de voir quelles sont les
conséquences. Et qui travaille à temps partiel? Essentiellement,
les femmes. 72 % des travailleurs à temps partiel sont des femmes et des
jeunes. Ce sont ces deux catégories qui vont être
discriminées.
M. le Président, j'ai l'impression que, peut-être,
l'équipe juridique du ministre aurait intérêt à se
mettre plus au diapason des nouvelles conceptions puisqu'elle a à
travailler en matière de normes du travail et, dans ce secteur,
comme
le signalait le mémoire soumis au Conseil des ministres, il y a
le tiers des bas salariés qui connaissent très mal ou qui n'ont
pas le bénéfice des lois qu'on adopte, étant donné
qu'ils ne les connaissent même pas. Il me semble que ça pourrait,
tout au moins, servir au ministre, pour lui donner un éclairage
différent de celui qu'il nous a énoncé.
M. le Président, c'est extrêmement inquiétant parce
que, quand on lit l'article, il faut vraiment ne pas être de bonne foi
pour..
Le Président (M. Gobé): On ne peut pas
présumer de la bonne foi.
M. Bourbeau: Mme la députée aurait
intérêt à ménager ses transports.
Mme Harel: Je ne parle de personne. Je dis que, quand quelqu'un
lit l'article, il ne faut pas être de bonne foi pour penser qu'il faut
ajouter le mot "seul", étant donné que déjà il est
prescrit qu'un salarié qui effectue des mêmes tâches, dans
le même établissement, doit avoir le même taux de
salaire.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, le ministre et le législateur... Quand vous dites
qu'on ne peut pas présumer de la bonne foi, je pense que vous mettez en
cause l'intégrité du législateur et je vous demanderais de
bien vouloir...
M. Bourbeau: Je vous demanderais de la laisser aller, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Elle est partie sur une...
Le Président (M. Gobé): Je vous demanderais de bien
vouloir, pour le bon déroulement de ces débats...
M. Bourbeau: Tant qu'à nous insulter, M. le
Président, elle peut continuer.
Le Président (M. Gobé): ...rectifer,
peut-être, ce terme peu flatteur pour le travail du ministre et sa bonne
conscience.
Mme Harel: Mon Dieu! Écoutez, M. le Président
à ce moment-là, il faut que je consente là à
retirer les mots "de bonne foi", mais c'est peut-être alors que je
devrais utiliser le mot "ignorer", le mot "ignorant" peut-être? C'est
que, puisque...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Si vous voulez continuer,
on va reconnaître que vous avez retiré les mots "de bonne foi".
Merci, très bien, Mme la députée.
Mme Harel: II est peut-être de bonne foi, il est de bonne
foi, mais à ce moment-là il est...
Le Président (M. Gobé): II vous reste deux
minutes.
Mme Harel: Alors, je voudrais introduire l'amendement suivant,
à l'article 13 de la Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et
d'autres dispositions législatives. L'article 41.1, introduit par
l'article 13 du projet de loi 97, est modifié: I" par la suppression,
dans la troisième ligne du premier alinéa, du mot "seul"; 2°
par l'addition, après le premier alinéa, de l'alinéa
suivant: "Un salarié qui croit avoir subi une réduction ou une
modification de ses conditions de travail en raison du premier alinéa
bénéficie d'une présomption en sa faveur et il incombe
à l'employeur de prouver qu'il a pris cette mesure à
l'égard du salarié pour une cause juste et suffisante".
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez déposer
votre projet d'amendement.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors l'amendement est
déposé. Je demanderais de faire une copie, s'il vous plaît,
et de la faire distribuer aux membres de cette commission.
Alors, je suspends les travaux pour deux minutes. Si vous voulez vous
dépêcher là. Alors, la commission suspend ses travaux pour
deux minutes, le temps de faire des copies de l'amendement.
(Suspension de la séance à 22 h 17)
(Reprise à 22 h 21)
Le Président (M. Gobé): La Commission des affaires
sociales reprend ses travaux, tout le monde ayant reçu copie du projet
d'amendement, présenté par la députée de
Hochelaga-Maison-neuve, et je vais en faire lecture. Article 13, projet de loi
97. L'article 41, introduit par l'article 13 du projet de loi 97, est
modifié: 1° par la suppression, dans la troisième ligne du
premier alinéa, du mot "seul"; 2° par l'addition, après le
premier alinéa, de l'alinéa suivant: "Un salarié qui croit
avoir subi une réduction ou une modification de ses conditions de
travail en raison du premier alinéa bénéficie d'une
présomption en sa faveur et il incombe à l'employeur de prouver
qu'il a pris cette mesure à l'égard du salarié pour une" -
il y a le mot "autre" vous devriez l'enlever, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve m'avise de vous demander
de l'enlever - "cause juste et suffisante". Alors le mot "autre" devrait
être enlevé. 3° par la suppression du deuxième
alinéa.
Y a-t-il des interventions quant à la recevabilité de cet
amendement? Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Non. En fait, M. le Président, je crois que la
rédaction de cet amendement est conforme à nos règles.
Le Président (M. Gobé): Très bien madame. M.
le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai rien à dire
sur la recevabilité. Je laisse ça à votre bon
jugement.
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous remercie, M.
le ministre. Alors je déclare l'amendement recevable et je demanderai
à Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve de bien
vouloir...
Mme Harel: Le député de Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Pointe-aux-Trembles. Pardon, vous m'excuserez. Vous avez 20 minutes et, par
la suite, M. le ministre aura lui aussi 20 minutes.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais d'abord bien
établir qu'il n'y a rien de partisan dans l'exercice qu'on fait et que,
par ailleurs, le but de l'Opposition n'est pas de faire des sermons au
ministre. On voudrait essayer de le convaincre que la formulation de l'article
13 est totalement inadéquate au moins à deux égards. C'est
quand on parle du seul motif et quand on dit que le premier alinéa ne
s'applique pas à un salarié qui gagne un taux de plus de deux
fois le salaire minimum.
À cet égard, je voudrais attirer l'attention du ministre
et des députés ministériels sur l'article 19 de la Charte
des droits et libertés de la personne qui comporte comme sous-titre
"Égalité de traitement pour travail équivalent". On y dit:
Tout employeur doit, sans discrimination, accorder un traitement ou un salaire
égal aux membres de son personnel qui accomplissent un travail
équivalent au même endroit. C'est de même essence, le texte
qu'on a devant nous à l'article 41.1, un peu plus restrictif, je dirais,
parce qu'on dit "les mêmes tâches", alors que dans la Charte des
droits, on dit "un travail équivalent au même endroit". Et c'est
de même esprit. On dit "dans le même établissement" et on
dit "les mêmes tâches".
Mais, M. le Président, ce qu'on nous met à l'alinéa
d'après, c'est que cet article - qui ne fait que concrétiser dans
la Loi sur les normes du travail l'article 19 de la Charte des droits - cesse
de s'appliquer sur la base du statut social quand on atteint un salaire qui est
le double du salaire minimum Dans un avis que nous avons reçu de la
Commission des droits de la personne du Québec, à la page 5, on
dit: L'exclusion de certaines catégories d'emplois qu'une loi donne
encore à la notion de conditions de travail justes et raisonnables ne
pourrait-elle, à certains égards, être
considérée comme de la discrimination fondée sur la
condition sociale?
M. le Président, je pense que, nettement, le texte qu'on a devant
nous introduit une discrimination quant à la condition sociale. La
Commission ajoutait: Ces exceptions visent directement l'emploi. Or, avec la
scolarité et le revenu, l'occupation est l'un des trois critères
qui, selon la Commission des droits de la personne, peuvent être pris en
considération pour déterminer la condition sociale d'une
personne.
M. le Président, le projet de loi qu'on a devant nous dit qu'en
pratique l'article 19 de la Charte des droits et libertés de la
personne, qui touche l'égalité de traitement pour un travail
équivalent, s'applique à toutes les personnes, dans l'article 41
1, qui ont une condition sociale qui se détermine et qui se qualifie par
le fait de gagner moins que 10,60 $ l'heure. Et c'est dans ce sens-là
qu'on dit qu'un article qui vise à interdire la discrimination la
prévoit expressément. Et pour les personnes qui gagneraient,
à temps partiel, plus que 10,60 $, l'article de la loi va à
rencontre de l'article 19 de la Charte des droits et libertés de la
personne. Il y a une discrimination prévue, permise. Et je pense qu'une
loi ne peut pas permettre ce que la Charte interdit. Et il me semble qu'il
devrait y avoir moyen de s'entendre là-dessus. Là, on n'est plus
dans les cadres supérieurs d'hier, où on se faisait dire par le
député de Matapédia Puis après? Cadre
supérieur, c'est supérieur.
La notion de non-discrimination est, en termes d'emploi, la notion de ne
pas être congédié autrement que pour un motif fondé
et suffisant. Dans mon champ de conscience, ça n'arrête pas
à 50 000 $, à 75 000 $ ou à 100 000 $ par année. De
la même façon que l'idée qu'un travail égal donne
lieu à un salaire égal, c'est de portée absolue, de
portée stricte et qu'on ne peut pas dire, je pense, qu'à partir
du double du salaire minimum, ça ne s'applique plus, parce que, ici, je
suis d'accord avec le ministre de dire qu'on introduit une notion nouvelle.
Peut-être dans les normes minimales du travail. Mais, à cet
égard, il faudrait que l'entourage du ministre fasse marcher ses doigts
et consulte ce qui s'est fait en termes d'équité salariale, en
Ontario par exemple et dans plusieurs États américains qui sont
bien en avance sur nous autres.
Là, je parle d'équité salariale homme-femme, par
exemple. Or, la députée de Hochelaga-Maisonneuve a
expliqué que les temps partiel
dont on parle sont, à 72 %, des femmes et des jeunes. et on ne
peut pas, sur une disposition de cette nature, m. le président, dire:
c'est un petit pas en avant. il y avait une complète discrimination.
là, il y a juste une moitié de discrimination. c'est une pratique
interdite, que la charte interdit, de ne pas donner égalité de
traitement pour un travail équivalent. alors, ça n'a rien
à voir avec le salaire qu'on gagne.
À cet égard, on ne peut pas, M. le Président,
retenir aussi l'argument du ministre: Coudon, c'est des normes minimales pour
des gens qui ont des conditions de salaire, entre autres, minimales. Ce n'est
pas vrai, ça, même avec ce qu'on a adopté hier. Les cadres
qui n'ont pas le crime d'être supérieurs et qui gagneraient, par
hypothèse, 75 000 $ par année, sans être un cadre
supérieur, ont droit, en vertu des normes minimales, à un
arbitrage s'ils sont congédiés pour autre chose qu'un motif
fondé et suffisant. Bon, c'est comme ça et, dans ce
sens-là, on se tue à le répéter depuis le
début des travaux de cette commission. Les normes minimales, c'est un
ensemble de normes qui ne s'appliquent pas qu'aux gens qui ont le salaire
minimum.
À cet égard, ce qui est devant nous voudrait dire que
l'interdiction de payer à un taux différent peut toucher des
travailleurs syndiqués qui ont des conventions collectives qui leur
donnent pas mal plus que le salaire minimum. Là, le souci du ministre
d'inscrire dans la loi des dispositions qui combattent la discrimination
prévue à l'article 19 de la Charte des droits et libertés
de la personne... Il dit: Ça, c'est une considération qui est
absolue jusqu'à 10,60 $ l'heure, maintenant, et pour tout le temps
à deux fois le salaire minimum. Alors, je pense que ça n'a pas de
bon sens et qu'il faudrait changer ce texte-là, pour qu'il dise bien ce
qu'il dit. Sinon, ce qu'on peut craindre, comme législateurs, si on fait
un travail qui vise à éliminer la discrimination et qu'au lieu de
l'éliminer on la prévoit... Parce que je soulignerai que
l'article 19 de la Charte des droits et libertés de la personne, pour
toutes les personnes qui gagnent plus du double du salaire minimum, il veut
dire plus que ce qu'on nous met là.
Et dans ce sens-là, l'article qui est devant nous est contraire
à la Charte. Il est ultra vires et un tribunal, un jour - mais ça
va prendre des années - va le déclarer ultra vires parce qu'il
contredit directement, dans son essence même, l'article 19 de la Charte
des droits et libertés de la personne. Ce n'est pas comme dire que 5,30
$ l'heure, c'est vivable. comme 6 $ l'heure serait vivable. C'est que,
là, on dit que la discrimination fondée sur la condition
sociale... Encore là, on va très au bas. On dit qu'il y a une
condition sociale autre à partir du double du salaire minimum, ce qui
veut dire, à l'heure actuelle, qu'à partir de 212,20 $ on fait
partie des gras durs; 212,20 $ pour 20 heures par semaine à 10,60 $.
Au-dessus de ça, on est tellement des privilégiés de la
société, on est tellement chéris par la vie qu'on n'a pas
le droit d'obtenir, pour les mêmes tâches, le même
salaire.
Il me semble que ça n'a aucune espèce de bon sens et que,
si on laisse l'article inchangé, on fait un travail bâclé
et qu'un juge va venir, par-dessus notre épaule, le rédiger selon
ce que la Charte des droits et le bon sens même indiquent. Si on a eu des
termes un peu durs à l'endroit du ministre, c'est que ça fait
offense au sens de la justice de dire qu'une personne victime de discrimination
n'a pas de recours, en vertu de la loi, à partir du moment où,
pour 20 heures par semaine, elle fait le salaire de 212,20 $. À cet
égard, M. le Président, au lieu de nous marmonner dans les
oreilles, dans la partie, à ma gauche, de l'autre bord, on devrait
peut-être parler dans les caucus, quand c'est le temps, de ces
questions-là. Mais je pense que c'est une question qui est importante
puisqu'il s'agit de faire en sorte que fa Charte des droits s'applique dans la
loi qui est devant nous.
M. le Président, je pense que ça ne suffit pas de se
péter les bretelles en disant qu'on fait mieux que le reste de
l'Amérique du Nord. Vous savez, il y en a d'autres, en Amérique
du Nord, qui font des choses valables, je vais en mentionner quelques-unes. Le
discours du trône, en Ontario, annonce un fond pour indemniser les
victimes de faillites, ce que le gouvernement du Québec refuse de faire
même si la loi lui en donne le pouvoir depuis 11 ans. Et quand on s'est
fait dire, hier, que ça, coûterait trop cher, je pense que
ça, c'est une attitude d'une infinie mesquinerie. Surtout, dit par un
gouvernement qui vient de décider - tant mieux enfin! - que ses
employés sont assujettis aux normes minimales, mais que l'État ne
paie pas le prélèvement à la Commission des normes
minimales. Quand même!
Le projet de loi dans son ensemble constitue un progrès sur les
normes minimales actuelles, mais ce n'est pas parce que c'est un progrès
qu'il ne faut pas voir un recul, comme à 41.1. Parce que moi, si
j'étais une salariée à plus de 10,60 $ de l'heure, je
trouverais que la Charte des droits me protège mieux que la loi qui est
devant nous. Puis là, il va falloir que j'aille faire une plainte
à la Commission des droits de la personne, que la Commission des droits
de la personne l'analyse et poursuive pour faire établir par un tribunal
que la Charte, ayant préséance sur une loi qui est celle des
normes minimales, à moins que le gouvernement ne mette "Nonobstant la
Charte des droits" qu'on fait ça là. Mais le ministre actuel de
la Sécurité publique et des Affaires municipales nous a
déjà dit en Chambre que le "nonobstant", ils veulent faire
ça le moins possible. Mais, à moins de le faire, on se
prépare dans l'allégresse à adopter, de l'autre bord, une
disposition qui est ultra
vires, qui est contraire à la Charte des droits, puis qui
établit quelque chose qui est tout à fait insensé.
On discrimine sur la base qu'au-dessus de 212,20 $ par semaine, tu es
tellement gras dur que tu n'as pas besoin d'avoir, en plus, une disposition qui
empêche la discrimination sur la base de ta condition sociale qui
s'exprime en termes que tu es à temps partiel.
Et, à cet égard, M. le Président, je voudrais que
le ministre réponde à une question: Qu'est ce qui fait que c'est
inacceptable qu'un temps partiel à 9 $ l'heure, gagne 1 $ l'heure de
moins qu'un temps complet à 10 $, mais qui ferait qu'un temps partiel
à 10,61 $ l'heure - ça c'est juste 1,61 $ l'heure de plus que 9 $
- pourrait gagner la moitié moins qu'un temps complet à 21,22 $
l'heure? Puis ça n'est pas un slogan de dire que, à ce
moment-là, on a deux temps partiel pour le prix d'un temps complet.
C'est insensé. Je pense qu'il n'y a pas un tribunal qui va maintenir que
cette disposition-là est autre chose que discriminatoire dans son
essence. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): je vous remercie m. le
député de pointe-aux-trembles. m. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la cause est entendue. Nous
venons d'entendre le plaidoyer éloquent du député de
Pointe-aux-Trembles, célèbre juriste en la matière, qui
nous dit que c'est ultra vires, rien de moins. Contraire à la Charte des
droits.
Une voix: II n'est pas juge, encore.
M. Bourbeau: M. le Président, moi, je suis
estomaqué, sans moyen, en entendant ça. D'autant plus que c'est
corroboré par la très honorable juriste, députée de
Hochelaga-Maisonneuve, qui nous fait des leçons de droit, M. le
Président, qui, dans son style un peu suffisant, doit-on dire, vient...
Bon, qu'elle dise..
Mme Harel: C'est antiparlementaire.
Le Président (M. Gobé): Je faisais signe de la
tête à M. le ministre afin qu'il rectifie la portée.
Une voix: II faut être parlementaire des deux bords.
M. Bourbeau: "Suffisant" est-il pariemen taire, M. le
Président? "Suffisant", est-ce que c'est, enfin, je me...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous le mettez
dans un sens positif, M. le ministre?
Une voix: C'est...
M. Bourdon: M. le Président, parlant d'expression
parlementaire, je n'admets pas d'être traite de juriste non plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourbeau: Si "suffisant", M. le Président, est
antiparlementaire, je suis prêt à le retirer, mais...
Le Président (M. Gobé): Non, non, il n'est pas
antiparlementaire. Tout dépend de la façon dont vous
l'employez.
M. Bourbeau: C'est ça. Elle est suffisante, M. le
Président Et son style suffisant, passe encore qu'elle traite de
mauvaise foi les autres députés.. Je pense qu'elle l'a
retiré, mais bon... Qu'elle dise que le ministre retarde ça peut
toujours se dire, mais que les gens qui m'accompagnent, M. le Président,
soient déphasés par rapport aux droits, ça, je dois dire
que je m'objecte à ça. Je pense que les juristes qui sont avec
moi sont, au moins, aussi compétents, et probablement beaucoup plus, que
la députée de Hochelaga-Maisonneuve qui se fait la grande
défenderesse des opprimés, des brimés, de ceux qui sont
exploités. Enfin, j'ai pris des notes, tout à l'heure, de ceux,
M. le Président, qui auraient été l'objet de
discrimination, nous dit-elle, et appuyé en ça par le non moins
compétent juriste, le député de Pointe-aux-Trembles.
M le Président, si tous ces gens, qui sont des experts en
matière de droit constitutionnel et les défenseurs des droits de
la personne, ont raison et s'ils menacent de nous traîner devant les
cours de justice pour faire déclarer, faire admettre ou faire affirmer
que la loi n'est pas conforme aux droits, comment se fait-il, M. le
Président, que la Commission des droits de la personne n'allait
même pas traiter, dans son rapport, d'aucun paragraphe dans le rapport de
la Commission des droits de la personne, sur l'article 13? Comment se fait-il
que l'organisme qui est chargé de défendre les droits de la
personne ne souligne même pas, ne serait-ce que dans une seule ligne, que
l'article 13 va à rencontre des droits de la personne? Alors, ça
veut dire que l'organisme qui est chargé, au Québec, de
défendre les droits de la personne ne voit pas de problème avec
l'article 13, ne dit rien du tout, et que nos célèbres juristes,
en face, viennent nous dire, M. le Président, que l'article est ultra
vires, contraire aux droits de la personne, et nous menacent, là, de
nous traîner devant les tribunaux?
M. le Président, moi, j'ai peine à croire ce que
j'entends. Ou bien nous avons une Commission des droits de la personne qui ne
connaît rien, et qui est Incompétente, M. le Président,
ou
bien les gens d'en face auraient, évidemment,
intérêt à s'administrer la même médecine
qu'ils ont administrée à mes adjoints.
M. le Président, quant à moi, je me dis que l'article que
nous avons proposé n'est pas discriminatoire. Il traite tout le monde
sur le même pied et, en ce qui me concerne, M. le Président, je
pensé que je suis tout à fait à l'aise avec l'article 13
et je n'ai certainement pas l'intention de le modifier. Maintenant, si on
regarde, parce qu'on est toujours sur l'amendement, M. le Président...
Si on regarde l'amendement qui est proposé, bon, bien entendu, le
premier paragraphe, la suppression du mot "seul" viendrait totalement
dénaturer l'article. Si on regarde le deuxième paragraphe, on
nous dit, on propose qu'on introduise dans la loi la phrase suivante: Un
salarié qui croit avoir subi une réduction.
M. le Président, nous faisons plus que ça dans la loi,
nous ne protégeons pas seulement les gens qui ont subi une
réduction, nous protégeons les gens qui sont payés
à un salaire moindre. Pas besoin de subir une réduction, ils
peuvent exercer leur recours, même s'ils ne subissent pas de
réduction. Le simple fait qu'on constate que leur taux est
différent va leur donner des droits.
L'amendement de l'Opposition enlève ces droits-là en nous
disant qu'on doit avoir subi une réduction. Donc, un recul, par rapport
à ce que nous proposons ou une modification des conditions de travail.
L'article en question porte sur le taux de salaire. Ici, on ouvre davantage, on
introduit une notion plus large que le taux de salaire, on parle des conditions
de travail.
M. le Président, c'est, évidemment, un changement
important, par rapport à l'article en question Et on nous dit que le
fardeau de la preuve, bon, incombe au salarié, et qu'on voudrait
renverser le fardeau de la preuve. Mais regardons ce qui se passe, en pratique,
M. le Président. Un individu prétend que son taux de salaire est
différent et qu'il n'y a pas d'autres raisons que le fait qu'il
travaille moins d'heures par semaine. Il n'a qu'à se présenter
devant le tribunal et affirmer: J'ai un taux de salaire différent et mes
tâches sont les mêmes. M. le Président, c'est une preuve qui
est très facile à faire. C'est une preuve qui se fait en quelques
instants, et là, le fardeau de la preuve devient celui de l'employeur,
qui doit faire la preuve à l'effet contraire. Et c'est cette
économie-là qui existe partout dans la loi. Et si on devait,
à ce moment ici, introduire un amendement semblable, M. le
Président, ce serait, à mon avis, très illogique, et
certainement pas dans l'intérêt du travailleur. (22 h 45)
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
ministre, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Certainement, M. le Président. Bien, j'ai
l'impression que ça va être plus long qu'on n'avait prévu,
l'étude de ce projet de loi, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Nous sommes à
l'amendement.
Mme Harel: ...parce que, avec l'attitude qu'adopte le ministre...
Là, je fais amende honorable. Ce ne sont pas ses conseillers qui le
conseillent mal, c'est le ministre lui-même qui s'entête. Alors, M.
le Président, là, il nous développe toute une
argumentation, à l'effet que si la Commission des droits de la personne
n'a pas parlé, c'est que ça devait être bon. Sous
l'étiquette que si on ne dit mot, on consent.
Alors, ce qu'on va faire, M. le Président, c'est que je vais
recommander à cette commission qu'en tant que commission nous
sollicitions un avis de la Commission des droits de la personne. Alors, nous
allons... Je ne sais pas, je vous demande de quelle façon nous
pouvons... Je peux ainsi proposer à la commission parlementaire des
affaires sociales de solliciter un avis à la Commission des droits de la
personne. Par une motion?
Le Président (M. Gobé): Par une motion, Mme la
députée. Qui pourra être...
Mme Harel: À quel moment puis-je l'introduire?
Le Président (M. Gobé): Alors, avant... C'est
pendant l'article débattu, donc, nous allons vérifier.
Alors, c'est ça, Mme la députée. En vertu de
l'article 244, une commission parlementaire peut, avant d'entreprendre
l'étude détaillée, une commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat. Par
contre, nous sommes déjà à un stade ultérieur,
donc, nous ne pouvons pas... nous ne pourrons plus, en vertu de cet
article-là, tenir des consultations particulières. Vous pouvez
toujours faire une motion et, s'il y avait unanimité et consentement
général, nous pourrions à ce moment-là
procéder. Sinon, malheureusement, je ne vois pas d'autre avenue. Alors,
peut-être pourriez-vous faire une motion, une proposition de consentement
général.
M. Bourbeau: On ne peut pas disposer de l'amendement avant, M. le
Président? On ne peut pas laisser comme ça...
Le Président (M. Gobé): Mais c'est dans le cadre de
l'amendement, dans le cadre de la discussion de l'amendement de l'article
13.
Mme Harel: M. le Président, justement, avant...
M. Bourbeau: ça me paraît irrégulier de faire
une motion alors qu'on n'a même pas discuté de l'amendement, on
n'a même pas disposé de l'amendement.
Mme Harel: Justement, c'est avant même d'en disposer que
nous souhaiterions avoir le point de vue de la Commission des droits de la
personne. Il ne s'agit pas, évidemment, nécessairement, de les
auditionner, au sens de leur demander de se présenter devant la
commission, que de solliciter leur avis, qui pourrait nous être transmis
tout simplement par écrit. Alors, M. le Président, compte tenu
des explications que le ministre a données, je voudrais modifier
l'amendement qui a été déposé devant la commission
et biffer le deuxième paragraphe, de façon à ce que
l'amendement ne se lise plus...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, vous ne le pouvez pas. Si vous amendez votre propre
amendement, nous devrions disposer de celui-ci avant.
Mme Harel: Non, non, on ne sous-amende pas. Mais on peut, de
consentement, biffer?
Le Président (M. Gobé): II faut en faire un
sous-amendement.
Mme Harel: S'il y a consentement, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Vous devez donc faire un
sous-amendement à votre amendement.
Mme Harel: Bon, alors, je n'en ferai pas et le
député de Pointe-aux-Trembles va le faire.
M. Bourdon: Je vais le faire, je vais le faire sous forme de
sous-amendement.
Le Président (M. Gobé): À ce
moment-là, nous allons pouvoir le faire.
Mme Harel: Alors, le sous-amendement consiste à biffer le
deuxième paragraphe de l'amendement qui est déposé devant
la commission, de façon à ce que le troisième paragraphe
devienne le deuxième.
Le Président (M. Gobé): O.K. Alors, l'amendement
est recevable.
M. Bourdon: C'est un sous-amendement. Le Président (M.
Gobé): Donc, nous allons..
M. Bourbeau: M. le Président, je l'ai proposé. Mol,
je n'ai pas d'objection. Je ne tiens pas à faire de débat
là-dessus...
Le Président (M. Gobé): L'amendement est recevable.
Est-ce qu'il y a des débats? Est-ce que vous allez continuer? Mme la
députée
Mme Harel: Oui. M. le Président, compte tenu des
explications apportées par le ministre à l'effet que l'article
122 de la Loi sur les normes du travail est modifié par l'article 55,
mais que l'article 122 de la Loi sur les normes du travail prévolt
déjà l'interdiction, pour un employeur, de congédier, de
suspendre ou de déplacer un salarié dans le but d'éviter
l'application de la présente loi ou d'un règlement.
Le Président (M. Gobé): Alors, il y a un vote en
Chambre et je vais donc suspendre les travaux de la commission, le temps que
les parlementaires puissent se rendre au salon bleu pour aller voter. La
commission suspend donc ses travaux jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 22 h 51)
(Reprise à 23 h 5)
Le Président (M. Gobé): La commission des affaires
sociales reprend le cours normal de ses travaux. Alors, nous étions en
train de discuter du sous-amendement présenté par le
député de Pointe-aux-Trembles à son amendement.
Une voix:...
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Et
l'amendement avait pour but de supprimer le deuxième alinéa de
l'amendement qui était: "Un salarié qui croit avoir subi une
réduction ou une modification de ses conditions de travail en raison du
premier alinéa bénéficie d'une présomption en sa
faveur et il incombe à l'employeur de prouver qu'il a pris cette mesure
à l'égard du salarié pour une cause juste et suffisante"
L'alinéa 2 serait remplacé par l'alinéa 3. Est-ce que le
sous-amendement est adopté?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Gobé): Consentement. Alors, si
l'amendement est adopté, l'amendement se lit de la façon
suivante. L'alinéa 1. L'article 13 du projet de loi 97 est
modifié par la suppression, dans la troisième ligne du premier
alinéa, du mot "seul", 2°, par la suppression du deuxième
alinéa. Est-ce que...
Mme Harel: Est ce que c'est le seul amen dément, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députôo
Mme Harel: Alors, une dernière intervention, pour
souligner que déjà à l'article 122.1 de
la loi des normes nous retrouvons une semblable disposition mais, cette
fois, à l'égard de la pratique interdite de mise à la
retraite obligatoire. Et ce que nous en lisons, c'est la formule suivante: "II
est interdit à un employeur ou à son agent de congédier,
suspendre ou mettre à la retraite un salarié pour le motif qu'il
a atteint ou dépassé l'âge ou le nombre d'années de
service, etc." On ne dit pas "pour le seul motif'. On dit "pour le motif. C'est
le motif qui est interdit. Le motif qui est Interdit, c'est celui de la mise
à la retraite, en l'occurrence, à l'article 13, le motif qui est
interdit, c'est le fait que le salarié travaille actuellement moins
d'heures par semaine.
Et je ne comprends pas pourquoi là, plutôt que de s'en
tenir à une rédaction harmonisée de la loi, le
législateur ait choisi d'ajouter le mot "seul" parce que, quand on
retrouve dans la loi des normes des pratiques qui sont interdites pour des
motifs, bien, ces motifs-là sont exprimés sans qu'il soit
jugé nécessaire d'ajouter le mot "seul". Et moi, je vous dis que
lorsqu'il y aura une interprétation...
Les dispositions se lisent les unes par rapport aux autres et un arbitre
ou un commissaire du travail aura à évaluer pourquoi, par
exemple, à l'article 122.1, le législateur a jugé qu'il
était suffisant d'énoncer l'interdiction d'une mise à la
retraite pour le motif que le salarié a dépassé
l'âge, et puis qu'en matière de temps partiel le
législateur a préféré indiquer que ça devait
être pour le seul motif. Si les mots ont un sens, M. le Président,
bien, ils en ont un de plus en droit qu'ailleurs. Et puis, habituellement, le
législateur ne parle pas pour ne rien dire. Puis, quand ça ajoute
des mots, c'est parce qu'ils devraient trouver application.
Et je trouve ça extrêmement regrettable que ce
mot-là ait été ajouté dans cette disposition qui
venait, en quelque sorte, offrir une protection, mais cette protection est
assez éludée, finalement, par l'introduction du mot "seul", parce
qu'il y aura toujours possibilité pour l'employeur de plaider que
c'était pour d'autres motifs beaucoup plus facilement avec
l'Introduction du mot "seul", parce qu'il va toujours pouvoir plaider que
c'était non pas pour ce motif là, mais pour d'autres motifs.
Parce que, dès qu'il y aura d'autres motifs, l'arbitre ou le commissaire
du travail devra juger que c'est une cause juste et suffisante, même si
le salarié effectue les mêmes tâches dans le même
établissement. Je comprendrais, moi, si les mots "les mêmes
tâches" n'avaient pas été introduits dans l'article.
L'argumentation du ministre aurait pu se tenir si on avait dit: Un employeur ne
peut accorder à un salarié un taux de salaire inférieur
à celui consenti aux autres salariés dans le même
établissement pour le seul motif que ce salarié travaille
habituellement moins d'heures. Mais ce n'est pas ça. On a ajouté:
Ça ne peut pas être consenti quand ce sont pour les mêmes
tâches dans le même établissement. Alors, ça va
être pour quoi d'autres? C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
Mme la députée? Est-ce que l'amendement à l'article 13,
sous-amendé tel que mentionné, est adopté?
Mme Harel: Un vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): vote nominal. est-ce que
l'amendement à l'article 13 est adopté? mme la secrétaire,
si vous voulez appeler le vote.
La Secrétaire: C'est bien, M. le Président. Alors,
quels sont ceux qui sont pour l'amendement tel que sous-amende? M. Bourbeau
(Laporte)?
M. Bourbeau: Contre.
La Secrétaire: M. Gobé (LaFontaine)?
Le Président (M. Gobé): Contre.
La Secrétaire: Mme Loiselle (Saint-Henri)?
Mme Loiselle: Contre.
La Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
La Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
La Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
La Secrétaire: Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: M. Atklnson
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Atkinson: Contre.
La Secrétaire: Alors, l'amendement...
M. Atkinson: Est-ce que ce serait possible, pour moi, de parler
un petit moment, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Oui, certainement. Je pense
qu'il y a consentement. On va donner les résultats du vote parce que
nous sommes
pendant le vote, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Mais dès que le vote aura été
annoncé, de consentement, nous allons vous accorder quelques minutes de
droit de parole. O.K.
La Secrétaire: L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Gobé): L'amendement à
l'article 13 est rejeté. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, nous vous reconnaissons.
M. Atkinson: merci, m. le président. je parle en anglais
parce qu'en français c'est trop... too hard on the ears. i would just
like to comment here. i have been srtting here now for three hours - two and a
half hours or whatever the hell it is - and we are nit-picking on things that
frankly do not mean a damn at all. in section 41.1, "seul motif - en anglais,
c'est le môme alinéa - "sole reason" and i do not understand. i
think it is very clear in the law as it is tabled. it makes it quite clear what
the motive is and i do not see a purpose for modi-fying, or changing, or
deleting words that merely give a depth in the reason for the law to become
understandable and i am afraid that what is happening is that we are gettlng
into the realm of change for the sake of change. i am totally opposed to this
because i am firmly very much in the free enterprise, "entrepreneurial" spirit,
and we cannot wrap the people of québec in cotton batting and then hold
them from a wound to the tomb and have them interpret laws on the basis of one
or two words. i am sorry. i just sit... c'est désagréable pour
moi. je ne comprends pas le changement sur le mot "seul" ou sur le mot "sole
reason". je ne comprends pas. c'est incroyable! and we are wasting time. i am
sorry, and i have wasted time now. merci, m. le président.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Merci, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce. Nous sommes toujours
à l'étude de l'article 13.
Mme Harel: Nous n'en étions pas à l'article, M. le
Président. Nous en étions à une remarque qui, par
consentement...
Le Président (M. Gobé): Dans le cadre de
l'article...
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: c'est un peu hors d'ordre, mais, enfin, disons que
le député aurait pu faire son intervention avant le vote et il
l'a fait après.
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: Disons qu'on revient, M. le Président, sur
l'article.
Mme Harel: Disons qu'on comprend qu'il ne comprenne pas.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'article
13...
M. Bourdon: ...j'aurais une petite chose à ajouter, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Rapidement, s'il vous
plaît, M. le député de Pointe-aux-Trembles. (23 h 15)
M. Bourdon: Oui, c'est parce que le député qui m'a
précédé ne comprend pas pourquoi on veut changer un seul
mot. Mais c'est que, parfois, dans un texte, un ou deux mots peuvent faire un
grand problème. Dans le passé, par exemple, il y a eu les deux
mots "société distincte" qui ont posé un certain nombre de
problèmes. Je voudrais attirer l'attention, M. le Président, sur
l'article 122.1 des normes minimales actuelles où il s'agit de la
retraite. On dit "pour le motif" au lieu de "pour le seul motif". Et les
juristes qui m'ont enseigné à écrire des conventions
collectives disaient que, dans un contrat comme dans une loi, il est
préférable d'utiliser les mêmes termes partout.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Nous avons compris le sens de
votre intervention. J'appellerai maintenant l'adoption de l'article 13. Est-ce
que l'article est adopté?
Mme Harel: Un même vote, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Même vote.
L'article...
M. Bourdon: Un même vote que quoi au juste?
Le Président (M. Gobé): Que l'amendement. M.
Bourbeau: Non, M. le Président. Mme Harel: Non,
inversé. Le Président (M. Gobé): Inversé,
oui.
M. Bourbeau: M. le Président, il a beau être 11 h 15
du soir, on n'est pas encore totalement endormis!
Le Président (M. Gobé): L'article 13 est
adopté, vote inversé.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Gobé): Sur division. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Atkinson: Adopté...
Le Président (M. Gobé): J'appelle l'article 14. M.
le ministre.
M. Bourbeau: Cette modification vise à assouplir la loi en
permettant que le temps supplémentaire, les commissions ou les primes
gagnés au cours de la semaine précédant le versement du
salaire puissent être payés lors de la paie subséquente ou
au moment prévu par la convention collective ou le décret. Je
rappelle ou je souligne, plutôt, que la loi actuelle ne laisse pas assez
de délai aux employeurs pour leur permettre de préparer la paie
quant à ce qui est survenu quelques jours plus tôt. Et je souligne
que lavant-projet de loi était muet quant au contenu des conventions
collectives et des décrets.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: On se trouve donc, M. le Président, au chapitre
IV, section I, sur le salaire. C'est bien le cas. Et nous avons donc devant
nous une modification à cette section I concernant les salaires. M. le
Président, j'aimerais qu'à ce stade-ci vous puissiez nous faire
part de votre décision, parce que je vous rappelle que nous avons,
à l'article 14, une modification introduite à la section I, sur
les salaires, de la loi des normes du travail. Je sais que vous avez pris
connaissance d'une décision. Est-ce qu'on peut avoir copie de la
décision antérieure?
Une voix: Elle est à la photocopie.
Mme Harel: Ah bon! Elle est à la photocopie.
Préférez-vous attendre que nous en ayons copie?
Le Président (M. Gobé): Oui, mais je n'ai pas
encore rendu ma décision. Ma décision est toujours en
délibéré et, comme j'avais informé la commission
lors de la prise en délibéré que je la rendrai d'ici
demain, vous comprendrez que je n'ai pas eu le temps de consulter le service
juridique.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Gobé): Et vu que vous avez fait
valoir l'extrême importance d'une décision juste pour la
jurisprudence et l'avenir des fonctionnements des commissions parlementaires,
vous comprendrez que je préfère ne pas me hâter et prendre
le maximum de précautions afin de rendre justice et de rendre la
décision la plus juste possible.
M. Bourbeau: Pour l'avenir du Québec?
Le Président (M. Gobé): Surtout que ce seraient des
Implications très graves ou importantes pour les prochains projets de
loi dans toutes les commissions et dans tous les projets de loi qui seront
soumis dans les Législatures, celle-ci et les suivantes. Mme la
députée, si vous voulez passer à l'article 14.
Mme Harel: Oui, certainement. On va disposer de l'article 14.
Adopté.
Le Président (M. Gobé): L'article 14 est
adopté. J'appellerai l'article 15.
M. Bourbeau: M. le Président, le changement proposé
vise à préciser que l'employeur est dispensé d'inscrire
une ou des mentions sur le bulletin de paie, lorsqu'elles ne s'appliquent pas
à son personnel. En fait, il n'y a aucun changement par rapport à
l'avant-projet de loi. En fait, les remarques que je viens de faire portaient
sur le premier paragraphe, M. le Président. Est-ce que vous voulez que
je les commente un par un?
Le Président (M. Gobé): Tant qu'à faire,
allez-y, M. le ministre. Ça permettra peut-être de vider la
question.
M. Bourbeau: Alors, voilà les remarques concernant le
premier paragraphe. En ce qui concerne le deuxième paragraphe, cet
amendement est prévu pour apporter une correction de concordance avec la
modification proposée à l'article 17 qui permet le remplacement
du paiement des heures supplémentaires par un congé payé.
Encore là, il n'y a aucun changement par rapport à l'avant-projet
de loi.
S'agissant du troisième paragraphe, cette modification vise
à rendre conforme la version anglaise à la version
française qui ne fait pas référence à un taux
horaire. Encore là, il n'y a aucun changement par rapport à
l'avant-projet de loi.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre peut me
rappeler les dispositions du projet de loi concernant le congé
payé à la place du versement du temps supplémentaire?
M. Bourbeau: C'est l'article 17 du projet de loi qui modifie
l'article 55 de la Loi sur les normes du travail qui dit: "Malgré le
premier alinéa, l'employeur peut, à la demande du salarié
ou dans les cas prévus par une convention collective ou un
décret, remplacer le paiement des heures supplémentaires par un
congé payé d'une durée équivalente aux heures
supplémentaires effectuées, majorée de 50 %."
Le Président (M. Gobé): Est-ce que cela vous
satisfait, madame?
Mme Harel: Oui, tout à fait.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que l'article
15 est adopté?
Mme Harel: II y a le troisième paragraphe également
dont on dispose avec l'article 15.
Le Président (M. Gobé): Ça y ressemble
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gobé): O.K. L'article 15 est
maintenant adopté. J'appelle donc l'article 16.
Mme Harel: M. le Président, avant que nous abordions
l'article 16, pour réserver nos droits Jusqu'à ce que vous
procédiez à une décision à l'égard de la
recevabilité de notre amendement à l'article 12.1, je voudrais
introduire un amendement qui deviendrait l'article 15.1 Alors, je vous en fais
lecture.
Le Président (M. Gobé): Faites-en lecture,
allez-y!
Mme Harel: Le projet de loi 97 est amendé par l'addition,
après l'article 15, des articles suivants: 15.1. L'article 52 de cette
loi est modifié, au premier paragraphe, par le remplacement, dans la
deuxième ligne, du mot "44" par "40"; au deuxième paragraphe, par
l'addition, dans la deuxième ligne, après le mot "heures" des
mots "et la journée normale de travail est de huit heures"; au
troisième paragraphe, par l'addition à la fin des alinéas
suivants: "Un salarié a le droit de refuser de continuer de travailler
après 48 heures de travail dans une semaine et après 8 heures de
travail dans une journée. "Malgré le deuxième
alinéa, un salarié ne peut refuser de continuer de travailler si
ce refus met en péril immédiat la vie, la santé, la
sécurité ou l'intégrité physique d'une autre
personne ou si ce refus a pour effet d'entraîner la destruction ou la
détérioration grave des biens, meubles ou immeubles de
l'employeur."
Le Président (M. Gobé): Est-ce que votre amendement
est déposé, Mme la députée? Je vais en faire faire
des copies et les distribuer à l'ensemble des membres de la commission
et je le prends en délibéré jusqu'à demain.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai exactement la
même plaidoirie.
Le Président (M. Gobé): Je présume que c'est
la même plaidoirie, c'est le même cas.
M. Bourbeau: Les mêmes arguments.
Le Président (M. Gobé): N'ayant pas statué
sur le premier, je ne peux donc pas statuer sur celui-ci. Donc, je le
répète, je le prends en délibéré
jusqu'à demain, dans le courant de la journée. Nous allons donc,
maintenant, passer à l'article 16. M le ministre, si vous voulez.
La durée du travail
M. Bourbeau: Oui. Cette modification vise à traiter les
colonies de vacances sur le même pied, qu'elles soient à but
lucratif ou pas, quant à la durée du travail. Je vous rappelle
que les colonies de vacances à but lucratif pour enfants - pour enfants,
là - de l'Ontario et de l'état de New York
bénéficient d'une telle exemption. Il n'y a aucun changement par
rapport à l'avant-projet de loi, M. le Président.
M. le Président, j'aimerais attirer l'attention de la commission
sur cet article-là, où on dit que dans la loi actuelle... Je
reviens à la loi actuelle qui dit que la durée de la semaine
normale ne s'applique pas à un étudiant employé dans un
organisme à but non lucratif. Je raccourcis un peu pour les fins de la
compréhension: L'objet de l'amendement est d'étendre cet
article-là, les effets de cet article-là, à un
étudiant qui est employé, qui serait employé dans un
organisme à but lucratif. Mais je souligne que ça ne concerne que
la semaine normale, et non pas les autres objets de la loi. Uniquement,
là, l'article 51 ou 54?
Une voix: L'article 54.
M. Bourbeau: L'article 54 de la loi sur les normes dit bien que
la durée de la semaine normale ne s'applique pas. Bien sûr, on
parle toujours de colonies de vacances. Alors, la durée de la semaine,
et c'est restreint à cet objet-là, dans une colonie de vacances
ne s'applique pas aux étudiants, à un étudiant qui est
employé par ou qui travaille pour un organisme à but non
lucratif, pour, à, dans ou pour, dans un organisme ou pour un organisme
à but lucratif. Alors, évidemment, ça, c'est, M. le
Président, le paragraphe 1. Dans le deuxième paragraphe...
M. le Président, le deuxième paragraphe vise, ou
l'amendement qui y est contenu vise à exclure les salariés des
petites fermes de la semaine normale de travail, sous réserve de
l'amendement prévu au paragraphe troisième qui pourrait permettre
de déterminer une durée particulière à leur
égard Je rappelle que l'article 3, premièrement, au premier
paragraphe, au premier alinéa de la loi actuelle, exclut les
salariés des petites fermes de toute la loi. Et, finalement, le
troisième paragraphe, M. le Président, a pour objet de permettre
au gouvernement de déterminer une semaine régulière de
travail pour des salariés qui, auparavant, n'avaient pas droit à
du temps supplémentaire.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de
Hochelaga-Maisonneuve. (23 h 30)
Mme Harel: Oui, alors M. te ministre nous dit donc que l'article
16 ne trouve application que dans le cadre de l'article 54 de la loi des
normes, qui traite de la durée de la semaine de travail. Cependant,
à l'article 2, paragraphe 1 du règlement concernant le salaire
minimum, il est dit que, et je lis: L'étudiant employé dans un
organisme à but non lucratif et à vocation sociale ou
communautaire, tel une colonie de vacances ou un organisme de loisirs, ne
bénéficie pas de la protection de la disposition traitant du
salaire minimum. Est-ce que le ministre a l'intention d'élargir aux
organismes à but lucratif la disposition qui, actuellement, ne
s'applique qu'aux organismes à but non lucratif et les dispense de payer
le salaire minimum?
M. Bourbeau: M. le Président, j'attire l'attention... Vous
permettez, M le Président, oui.
Le Président (M. Gobé): Allez, M le ministre. La
parole est à vous.
M. Bourbeau: J'attire l'attention des membres de la commission
sur l'article 39 du projet de loi, qui fait en sorte d'amender l'article 88 de
la loi et qui indique que le gouvernement peut faire des règlements pour
exempter de l'application totale ou partielle, etc. On notera que, dans le
premier paragraphe de l'article 39, on modifie l'article 88 par l'insertion,
dans la neuvième ligne du premier alinéa, après le mot
"employé", des mots "dans une colonie de vacances". C'est donc
l'intention du gouvernement de faire en sorte que les colonies de vacances
à but lucratif soient traitées de la môme façon que
les colonies de vacances à but non lucratif.
Mme Harel: Au salaire minimum.
M. Bourbeau: Oui, étant entendu que le gouvernement pourra
toujours, par règlement, tel qu'il est prévu, apporter
éventuellement les modifications qui pourraient être jugées
souhaitables ou de concordance.
Mme Harel: Alors, M. le Président, il faut bien constater,
là, que la Commission jeunesse du Parti libéral a
été défaite sur toute la ligne. Aucune des recommandations
qu'elle est venue défendre devant cette commission n'a finalement
été retenue par le ministre. Et je me rappelle la
véhémence du propos, et du président et des personnes qui
l'accompagnaient, faisant valoir au ministre que si la rationalité,
là, de la non-application du salaire minimum pouvait se justifier dans
les colonies de vacances à but non lucratif, puisque le profit
réalisé, finalement, sur le dos des étudiants moins bien
payés l'était pour des fins communautaires, si vous voulez, ou
celles auxquelles les étudiants eux-mêmes adhéraient en
acceptant de travailler en deçà du salaire minimum pour les fins
d'opérer ces colonies de vacances ou ces organismes de loisirs
communautaires... Ils rappelaient que c'était bien différent en
ce qui concerne les colonies de vacances à but lucratif, parce que le
profit réalisé allait être directement celui
réalisé en ne payant pas le juste salaire aux étudiants,
et que si ça se comprenait que les organismes à but non lucratif
puissent bénéficier de la contribution de l'étudiant,
ça ne se comprenait pas, ça ne pouvait pas se justifier, ce
n'était pas justifiable que les organismes à but lucratif, ceux
qui opèrent pour faire des profits, puissent finalement obtenir un sort
équivalent qui, comme ça, de prime abord, peut avoir l'air
d'être un traitement égal là - le ministre va
peut-être nous dire qu'il y aura de la discrimination - mais qui dans le
fond, va discriminer les étudiants qui vont être, finalement, du
"cheap labour" pour ces organismes qui sont des entreprises, là. Il faut
bien voir que ce sont des entreprises qui sont incorporées pour
réaliser des profits.
À cet effet, la Commission jeunesse - puis je vais les citer
parce que c'était, mon Dieu, très convaincant... Elle disait: La
présente législation exclut les organismes à but non
lucratif et à vocation sociale ou communautaire des normes concernant le
salaire minimum et la durée de la semaine de travail. Sur cette
question, la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec a
deux revendications à formuler. D'abord, une proposition de
l'avant-projet consiste à exempter, également, les colonies de
vacances à but lucratif - et là, on constate que le projet de loi
97, également, exempte les colonies de vacances à but lucratif.
Je poursuis: ...des dispositions de la loi concernant la durée du
travail et le salaire minimum. Cette suggestion est inacceptable, tout autant
que les arguments évoqués pour la soutenir. En effet,
l'Association des camps du Québec soulève la concurrence des
colonies de vacances de l'Ontario et de l'État de New York pour
justifier cette demande à laquelle s'apprête à
répondre le gouvernement. Toutefois, faut-il rappeler que la concurrence
n'est pas le propre des colonies de vacances. De nombreuses industries
québécoises font face à la compétition ontarienne
et américaine. Par exemple, dans le secteur manufacturier, il n'est pas
du tout question de les soustraire à l'application de la loi. La
Commission jeunesse désapprouve profondément cette idée et
demande le retrait de cette proposition, qui est fondée sur un principe
dont l'extension mènerait à l'annihilation des effets de la loi
sur les normes du travail. Cette réponse à l'argument de la
concurrence ouvre la porte à bon nombre d'autres exceptions, allant
ainsi à i'encontre des objectifs fondamentaux de la loi. Une
libération de certaines dispositions de la loi est justifiée,
dans le cas des organismes à but non lucratif, puisque ceux-ci n'ont pas
pour but ultime le
profit, mais bien le service de la communauté. Quiconque accepte
de travailler en deçà des conditions prescrites par la loi, au
sein d'une colonie de vacances à but non lucratif, concourt donc,
exclusivement, à servir la communauté, et d'aucune façon
à augmenter les bénéfices de l'entreprise.
Notre deuxième remarque concerne le deuxième alinéa
de l'article 54 de la Loi sur les normes du travail, ainsi que le premier
alinéa de l'article 2 des règlements sur les normes du travail,
ce dont on vient, justement, de parler. Ces deux parties du texte de loi visent
à soustraire de l'application des dispositions sur la durée de la
semaine et sur le salaire minimum, un étudiant employé dans un
organisme à but non lucratif et à vocation sociale ou
communautaire, tel une colonie de vacances ou un organisme de loisir. Nous
avons expliqué précédemment pourquoi nous reconnaissons la
légitimité de laisser un peu de latitude aux organismes sans but
lucratif, mais nous ne comprenons pas pourquoi ce ne sont que les
étudiants qui sont soustraits à certaines dispositions. Puisque
nous ne voyons vraiment pas en vertu de quel principe une personne
salariée effectuant le même travail qu'une autre, dans les
mêmes conditions, ne serait pas protégée par la loi du seul
fait qu'elle soit aux études, nous réclamons que le mot
"étudiant" soit remplacé par un terme plus large, qui inclurait
tous les salariés.
Alors, M. le Président, en définitive, là, non
seulement le ministre nous dit-il qu'il va maintenir le règlement qui
soustrait du salaire minimum les étudiants qui travaillent dans des
colonies de vacances à but non lucratif, mais il nous dit qu'il va
élargir, finalement, tout cela, de façon à ce que les
colonies de vacances à but lucratif aussi bénéficient
d'étudiants qui vont être payés en deçà du
salaire minimum. Le Conseil permanent de la jeunesse faisait parvenir, en date
du 26 novembre, donc la semaine dernière, un avis concernant le projet
de loi qui est devant nous, et je le cite: Le Conseil comprend mal que les
étudiants et étudiantes travaillant dans une colonie de vacances
ou dans un organisme à but non lucratif, à vocation sociale ou
communautaire, soient exclus du champ d'application de la loi. Comment peut-on
justifier qu'en raison de leur statut ces jeunes n'aient pas les mêmes
droits que les travailleurs non étudiants employés dans les
mêmes organismes? Faut-il rappeler qu'avec l'augmentation des frais de
scolarité à l'université, les jeunes étudiants et
étudiantes doivent désormais assumer une part croissante du
financement de leurs études.
Alors, M. le Président, si je comprends bien, ce n'est pas que
l'Opposition n'en a pas parlé, la Commission jeunesse, de son propre
parti, est venue plaider, et plaider vraiment de façon éloquente.
Je me rappelle les applaudissements presque chaleureux qui avaient suivi la
présentation du mémoire devant la commission
Et le mifiistre n'a rien modifié de l'avant-projet de loi. Rien
de ce qui a été énoncé par la Commission jeunesse
n'a été utilisé pour quoi que ce soit, pour servir en quoi
que ce soit à modifier le projet de loi
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée?
Mme Harel: Alors, M. le Président, c'est évidemment
très, très décevant. À ce compte-là, si le
ministre est toujours prêt à s'inspirer de la concurrence
ontarienne et américaine pour nous niveler par le bas, alors on va lui
proposer de s'inspirer aussi de la concurrence ontarienne pour niveler par le
haut et ajuster le salaire minimum à ce qu'il sera bientôt en
Ontario.
Le Président (M. Gobé): Très bien, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les arguments de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve ne sont pas dépourvus de
sens, d'autant plus qu'elle reprenait mot à mot les arguments de la
Commission jeunesse du Parti libéral du Québec, et c'est
ça qui donne évidemment un peu plus de poids à ses
arguments. J'aimerais bien, quant à moi aussi, pouvoir faire en sorte de
proposer immédiatement l'assujettissement des colonies de vacances
à but lucratif au salaire minimum, mais nous avons rencontré des
problèmes dans notre tentative de le faire et je dois dire qu'on a
manqué un peu de temps pour être en mesure d'arriver avec une
solution qui serait équitable, compte tenu de la situation qui
prévaut dans les colonies de vacances en Ontario, par exemple, ou dans
les États américains limitrophes. il y a un argument, quand
même, qui est difficile à accepter c'est quand on nous dit que
c'est du "cheap labour", on nous dit: quand ils travaillent dans une colonie de
vacances à but lucratif, c'est du "cheap labour", mais quand ils
travaillent au même salaire dans une colonie de vacances à but non
lucratif, là, ce n'est pas du "cheap labour". pourtant, le "cheap
labour", il vient - excusez l'expression, m. le président, c'est une
expression consacrée - du salaire qu'on retire. alors, pourquoi ce
serait du "cheap labour" quand on gagne, je ne sais pas, moi, 4,75 $ l'heure
dans une colonie de vacances à but lucratif et que ce ne serait plus du
"cheap labour" quand on gagne la même chose dans une colonie de vacances
à but non lucratif?
Maintenant, on nous évoque le fait que dans un cas, c'est
lucratif, donc on fait des profits, et dans l'autre cas, on ne fait pas de
profits. Les indications qu'on a, nous, c'est qu'on ne fait de profits nulle
part. Ce n'est certainement pas un domaine où les gens font des profits
importants, les colonies de vacances, puisque ça ne dure que quelques
semaines par été et qu'il y a des investissements importants et
que, souvent,
les gens qui sont soi-disant à but lucratif ne le sont que parce
que ce sont des familles ou des gens qui ne veulent pas voir des
étrangers venir se mettre le nez dans leur organisation.
Nous sommes en train d'étudier encore, de pousser davantage nos
études sur ce sujet-là, et il n'est pas impossible
qu'éventuellement nous puissions en arriver avec des propositions plus
concrètes. C'est pour ça que nous nous sommes gardé le
pouvoir d'assujettir ou de modifier ces normes-là par la
réglementation. Alors, espérons que nous pourrons, par
règlement, et c'est prévu, d'ailleurs, éventuellement
déterminer une semaine normale de travail à l'égard de
certaines catégories de salariés qui, auparavant, avaient
été exclus du temps supplémentaire, soit les
étudiants employés par une colonie de vacances ou un organisme
sans but lucratif. Les salariés affectés aux récoltes,
même chose aux conserveries. Nous nous sommes gardé la
possibilité d'intervenir par règlement à une date
ultérieure.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Mme
la députée, il vous reste quelques minutes. Vous en avez
terminé?
Mme Harel: Combien? Non, non.
Le Président (M. Gobé): Trois minutes.
Mme Harel: Ce sont quelques minutes quand même
substantielles, M. le Président. Mon Dieu, M. le ministre n'a rien
à proposer. Il a juste à laisser les choses dans l'état
où elles sont présentement. Alors, c'est lui qui vient
bouleverser la situation. La Commission jeunesse du Parti libéral ne lui
demandait pas de mofifier la loi; au contraire, elle lui demandait de ne pas la
modifier dans le sens qu'il s'engageait à le faire dans son avant-projet
de loi et qu'il maintient dans l'actuel projet de loi. Il a juste à
laisser les choses dans cet état. (23 h 45)
Vous voyez, M. le Président, ce qui est embarrassant là,
c'est que présentement tous les experts, les spécialistes ou,
enfin, les gens intéressés aux opérations des colonies de
vacances, des camps d'été, s'accordent à dire que le
recrutement va être très difficile l'année prochaine. Je
fais état d'un article paru dans La Presse au printemps dernier
ot qui faisait état d'une plus grande difficulté de recrutement,
compte tenu des conditions salariales des employés des camps
d'été qui sont toujours assez précaires et compte tenu
aussi de la hausse des frais de scolarité. Il y a une sorte de
découragement, là, chez plusieurs jeunes qui étaient,
auparavant, intéressés pour toutes sortes de raisons, y compris
parce qu'il y avait défi au niveau des responsabilités à
assumer. Il y a une sorte de découragement qui a fait que, cette
année, le recrutement a été encore plus difficile.
Et, M. le Président, ce qui est assez inquiétant, c'est de
prendre connaissance des propos du directeur de l'Association des camps
à but lucratif du Québec qui, de toute façon,
considère que la plupart des moniteurs ne recevaient pas, effectivement,
le salaire minimum. Donc, la Commission ne faisait même pas appliquer sa
propre loi. Et, finalement, ce que le ministre propose, c'est comme un
ajustement pour que la loi vienne se mettre au diapason d'une
réalité qui était celle de transgresser la loi. Le
directeur, M. Louis Jean, estime, et je cite, que "dans les faits, la plupart
des moniteurs ne reçoivent effectivement pas le salaire minimum." Il
reconnaît également que "la hausse des frais universitaires risque
d'avoir un impact sur le recrutement des moniteurs. Il faut que
l'étudiant maintienne son niveau de vie. Si on veut garder la
qualité, il va falloir réagir", a-t-il confié. C'est quoi
réagir, si ce n'est pas améliorer les conditions de salaire et de
travail des moniteurs dans les camps d'été.
D'autre part, M. le Président, on apprend dans cet article
l'impatience des directeurs de camps à but lucratif de voir adopter au
plus tôt les modifications à la loi qui les soustrait à
l'application du salaire minimum et l'un d'entre eux, M. Paquin, directeur du
camp La Perdrière à Saint-Donat, invoque être impatient du
fait que deux de ses ex-employés contestent le montant de leur
rémunération auprès de la Commission des normes du
travail. Alors là, il y a une contestation devant la Commission de la
part de moniteurs de colonies à but lucratif. D'autre part, les
directeurs de ces organismes reconnaissent que, dans la majorité des
cas, effectivement, ils n'offraient pas le salaire minimum. Et là, le
ministre vient, par une législation, basculer dans le camp de ceux qui
disent qu'il faut que les conditions précaires, les conditions instables
demeurent et se renforcent et soient élargies à un plus grand
nombre d'organismes que ça n'était le cas auparavant.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, madame?
Mme Harel: Le ministre s'étonnait tantôt que les
jeunes de son parti aient manifesté beaucoup d'enthousiasme ou de
motivation à travailler même à salaire moindre pour des
organismes à but non lucratif que pour des organismes... Mais, je lui
rappelle que c'est là une attitude qui est assez fréquente. Dans
les organismes communautaires, il y a une sorte de bénévolat qui
se fait. Ce n'est pas du "cheap labour", à moins que le ministre ne
considère comme du "cheap labour" la participation aux travaux
communautaires, les stages en milieu de travail, les programmes RAD, tous ces
programmes qu'il autorise aux fins de considérer comme participants les
bénéficiaires d'aide sociale et qui sont, évidemment,
payés bien en de çà des
conditions de travail que l'on discute maintenant, mais qui le font
parce que c'est là une implication bénévole à la
communauté. Alors, si le ministre ne comprend pas ce que la Commission
jeunesse de son parti est venue lui expliquer, à savoir qu'ils
acceptaient de faire du bénévolat dans des organismes à
but non lucratif, mais qu'ils n'accepteraient pas de faire du
bénévolat dans des entreprises à but lucratif, je ne sais
pas, si elle n'a pas réussi à lui faire comprendre, je ne vois
pas comment, moi, je réussirais à lui faire comprendre.
Malheureusement, je vols qu'il n'a pas non plus l'intention de comprendre.
Est-ce qu'on a un amendement? Au deuxième paragraphe, puisque
nous en sommes au deuxième paragraphe de l'article 16..
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous lire votre
amendement?
Mme Harel: Oui. M. le Président, tout compte fait, c'est
au moment de l'étude de l'article 39 du projet de loi...
Le Président (M. Gobé): Très bien.
Mme Harel: ...que nous reviendrons avec un projet
d'amendement.
Le Président (M. Gobé): Alors, il n'y a pas
d'amendement. M. le ministre, avez-vous des commentaires à faire suite
à l'intervention de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Alors, j'appellerai...
Mme Harel: Le paragraphe 2.
Le Président (M. Gobé): ...l'adoption de l'article
16.
Mme Harel: On a simplement discuté du paragraphe 1, M. le
Président. Là, je voudrais aborder, évidemment, le
paragraphe 2 qui traite tout à fait d'autre chose, mais qui traite de
salariés, d'employés à l'exploitation d'une ferme.
Le Président (M. Gobé): Alors, allez y, madame.
Vous avez droit à un temps de parole sur chacun des paragraphes du
projet de loi. Nous sommes article par...
Mme Harel: Est-ce qu'on peut clarifier cette question du temps de
parole, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): oui. selon l'article 245,
le temps de parole de 20 minutes dont disposent les membres de la commission
vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet de loi,
chaque amendement ou sous amendement ou chaque article qu'on propose de
modifier Ce temps de parole peut être utilisé en une ou plusieurs
interventions.
M. Bourbeau: Je croyais que c'était 20 minutes par
article.
Le Président (M. Gobé): Bien entendu, il faut que
l'intervenante se prévale de ce droit, chaque article ou chaque
alinéa...
M. Bourbeau: Je vous fais confiance, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve est dans son droit le plus
strict lorsqu'elle a l'intention d'intervenir pour une période de temps
maximum de 20 minutes à chaque article, paragraphe ou alinéa de
l'article du projet de loi étudié. Ceci étant dit, il
reste quatre minutes, Mme la députée, avant que nous
levions...
Mme Harel: La séance
Le Président (M. Gobé): . ajournions les travaux
à demain matin. Alors, est-ce que vous avez encore des commentaires ou
si nous devons ajourner?
Mme Harel: Oui. J'ai surtout une question en regard du dernier
alinéa de l'article 16 qui se lit ainsi: "Le gouvernement peut
toutefois, par règlement, assujettir les catégories de
salariés visées aux paragraphes 2 et 5 à 8 à la
durée de la semaine normale qu'il détermine."
Alors, le paragraphe 2 de l'article 54 renvoie aux étudiants
employés dans un organisme à but non lucratif dont nous venons de
parler et les paragraphes 5 à 8 concernent les salariés
affectés à la récolte, à la mise en conserve,
à l'empaquetage, à la congélation des fruits et
légumes pendant la période des récoltes, concernent les
salariés dans un établissement de pêche, de transformation
ou de mise en conserve du poisson et concernent également les
travailleurs agricoles. Et je n'ai pas le 8e
Le Président (M. Gobé): ...un salarié
employé à l'exploitation d'une ferme mise en valeur.
Mme Harel: Donc, ce serait le nouveau paragraphe qui
précède.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Un salarié employé à
l'exploitation d'une ferme.
Le Président (M. Gobé): D'une ferme mise on
valeur.
Mme Harel: Quand le ministre indique que
le gouvernement peut assujettir les catégories de salariés
ainsi définies à la durée de la semaine normale qu'il
détermine, qu'est-ce qu'il entend faire précisément? Il
entend déterminer une semaine normale pour ces catégories?
Actuellement, qu'en est-il au niveau de la réglementation de la semaine
normale pour ces catégories?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans l'état actuel de la législation,
M. le Président, ces catégories-là ne sont pas assujetties
à une semaine normale de travail. La notion ne s'applique pas à
eux. Ce que nous voulons faire, c'est que, quand nous aurons
complété les études que nous menons sur ces sujets, nous
verrons dans quelle mesure nous pourrions déterminer une semaine normale
ou des semaines normales pour ces travailleurs-là, en tenant compte,
bien sûr, des particularités propres à chacune de ces
catégories de travailleurs.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire qu'on donne au gouvernement,
par l'article 16, le pouvoir de décider de la semaine normale. Alors, la
loi lui donne le pouvoir de faire un règlement, mais on ne sait pas ce
qu'il va y avoir dedans. C'est ça?
M. Bourbeau: Mais ça risque d'être une
amélioration sur la situation actuelle où il n'y a pas du tout de
semaine normale.
Mme Harel: C'est-à-dire que l'article... Dans le
règlement actuel, aux articles 8, 9 et suivants, le règlement
prévoit, à la section IV, un certain nombre de dispositions
concernant la semaine normale, entre autres pour les salariés
occupés dans une exploitation forestière, occupés dans une
scierie, etc.
M. Bourbeau: Ce ne sont pas des catégories... Ce ne sont
pas celles visées par l'article 54.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Ce sont d'autres catégories.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a l'intention de revoir ces
catégories qu'on prévoit aux articles 8, 9, 10 et suivants du
règlement?
M. Bourbeau: Ça ne fait pas partie de nos priorités
pour l'instant, M. le Président. Mais il n'y a rien qui dit qu'on ne
pourrait pas, au cours des prochains mois, s'attarder à regarder
également ces articles-là.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve, M. le
ministre, étant donné qu'il est maintenant minuit ot que l'ordre
de la Chambre nous a demandé de siéger et de faire l'étude
du projet de loi 97 jusqu'à minuit, je vais maintenant devoir ajourner
les travaux de cette commission à demain matin, 10 heures, en cette
même salle.
L'horaire de la session intensive est 10 heures. Alors, demain matin,
à 10 heures, en cette salle et la commission ajourne ses travaux. Je
rappellerai aux membres de cette commission que la Chambre continue à
siéger et que vous êtes cordialement invités à vous
y rendre.
(Fin de la séance à minuit)