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(Quinze heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Joly): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le mandat
de la commission qui dit que la commission des affaires sociales se
réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les
normes du travail et d'autres dispositions législatives. Mme la
secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) sera remplacé par M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Marois (Taillon) par Mme Caron (Terrebonne), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) par Mme Harel (Hoche-laga-Maisonneuve),
Mme Vermette (Marie-Vic-torin) par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles).
Le Président (M. Joly): Merci, madame, de ces
précisions. Lorsque nous avions terminé nos travaux, nous avions
passé à travers les remarques préliminaires et les motions
préliminaires. Donc, j'appelle l'article 1 du projet de loi 97. M. le
ministre.
Étude détaillée
Loi sur les normes du travail
Modification à la définition de
conjoint
M. Bourbeau: M. le Président, cette modification à
la définition de conjoint vise à la libéraliser de
façon à mieux tenir compte des unions de fait et ainsi permettre
à plus de personnes de bénéficier des congés
familiaux. Les père et mère d'un même enfant seront
reconnus comme conjoints dès qu'ils cohabitent et s'apportent un secours
mutuel alors que la loi actuelle exige un an de cohabitation. Les conjoints de
fait sans enfant commun seront reconnus après un an de vie maritale
plutôt que trois selon la loi actuelle.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. D'abord, M. le Président, nous sommes
heureux d'entamer enfin l'étude...
Le Président (M. Joly): Enfin?
Mme Harel:... article par article du projet de loi.
Le Président (M. Joly): II n'en tenait qu'à
vous.
Mme Harel: Nous aurions souhaité pouvoir consacrer le
temps dévolu aux motions de l'Opposition pour entendre les organismes
qui avaient jugé bon de faire connaître leur position nouvelle eu
égard à l'avant-projet de loi et à la différence
dans le projet de loi actuel. Je voudrais, M. le Président, profiter de
l'ouverture de nos travaux pour demander au ministre s'il a donné suite
à la demande de rencontre qui lui a été transmise par
différents organismes, une coalition élargie sur les normes de
travail, coalition composée de représentants de groupes non
syndiqués, de jeunes, de femmes, de communautés culturelles,
d'Églises, d'organisations syndicales. Je crois comprendre que cette
demande de rencontre lui a été transmise la semaine
passée. Est-ce qu'il entend donner suite? Est-ce qu'il lui a
déjà donné suite? Sinon, jusqu'à quand entend-il
réfléchir pour donner une réponse à cette
demande?
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie.
M. Bourbeau: M. le Président, la demande en question n'est
pas étonnante. Un très grand nombre de groupes, d'individus ou
d'organismes intéressés par la réforme de la Loi sur les
normes du travail ont demandé à rencontrer soit le ministre, soit
les membres de mon cabinet, soit les fonctionnaires pour en discuter.
D'ailleurs, à de très nombreuses reprises, nous avons
rencontré des groupes. Nous en avons entendu en commission parlementaire
et cette demande vient de nous arriver. Malheureusement, comme on le sait,
demain, mardi, l'heure où on demandait la rencontre, c'est l'heure
où a lieu la période de questions, 14 heures, suivie d'une
étude en commission parlementaire, ici même, du projet de loi 97,
en après-midi et en soirée, jusqu'à minuit demain soir. Il
est donc très difficile pour moi de rencontrer des groupes en même
temps que nous procédons à l'étude article par article du
projet de loi. Cependant, j'ai fait dire à ces gens par mon cabinet que,
s'ils voulaient rencontrer soit mon chef de cabinet, soit un attaché
politique, il n'y a aucun problème, on pourra le faire.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Est-ce
que vous avez d'autres remarques?
Mme Harel: Sur cette disposition, vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
Mme Harel: ...simplement une minute.
Le Président (M. Gautrin): Vous voulez qu'on suspende pour
une minute?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Nous allons
suspendre pour une minute.
(Suspension de la séance à 15 h 52)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M. Gautrin): La commission des affaires
sociales est prête à reprendre ses travaux. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, vous avez une
intervention.
Mme Harel: Oui. M. le Président, nous en sommes à
l'étude de l'article 1 qui porte sur les définitions et notamment
sur la définition de conjoint. Je comprends, à la lecture du
projet de loi 97, que le ministre a décidé de maintenir la
définition de conjoint comme étant l'homme et la femme, telle
qu'on la retrouvait dans la Loi sur les normes du travail adoptée en
1978 et mise en vigueur en 1979. La mise en vigueur, en 1979, a eu lieu il y a
maintenant 11 ans et cette mise en vigueur s'est faite avant l'introduction
dans la Charte des droits et libertés du Québec d'un motif
supplémentaire à ceux déjà
énumérés à l'article 10 de la charte interdisant la
discrimination, ce motif supplémentaire étant celui de la
discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.
M. le Président, le législateur, en 1978, n'avait pas
comme balise, si vous me le permettez, cette disposition qui serait introduite
ultérieurement dans la Charte des droits et libertés du
Québec, cette disposition interdisant la discrimination fondée
sur l'orientation sexuelle. Onze ans après la mise en vigueur de la Loi
sur les normes du travail et 10 ans après l'introduction dans la Charte
des droits d'un motif supplémentaire aux motifs d'interdiction de
discrimination, il nous apparaît totalement archaïque que le
ministre n'harmonise pas sa définition de conjoint à celle
habituellement en usage dans des législations où il a
été lui-même auteur ou plutôt parrain du projet de
loi - peut-être pas auteur, là, je vois les sommités
juridiques qui l'entourent, mais tout au moins parrain du projet de loi.
Je voudrais certainement, à ce moment-ci, lui rappeler qu'il y a
deux ans maintenant il faisait adopter, dans le cadre de l'étude du
projet de loi 37, devenu la Loi sur la sécurité du revenu, une
définition de conjoint qui est différente de celle qu'il nous
propose maintenant. Alors, M. le Président, j'ai demandé au
service de recherche de nous transmettre la définition de conjoint telle
que contenue dans la loi 37, parce que je ne pourrais comprendre que le
même ministre responsable de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle soit
à ce point incohérent que lui-même nous propose des
versions différentes de la définition de conjoint.
Je me rappelle, il y a deux ans, cependant, qu'au même moment
où nous étudiions la loi 37 nous avions aussi devant la Chambre
deux autres projets de loi, mais parrainés par des ministres
différents qui, eux-mêmes, proposaient d'autres définitions
de la notion de conjoint. Pour avoir fait préparer un tableau par les
services de recherche de la bibliothèque de l'Assemblée nationale
sur la notion de conjoint que l'on retrouve dans diverses législations,
il faut constater que c'est l'incohérence à première vue,
mais un examen un peu plus attentif nous amène à comprendre que,
lorsqu'il y a un avantage, une indemnité, une prestation qui doit
être versée, habituellement, la notion est beaucoup plus
restrictive. Mais, quand c'est aux fins de considérer comme
l'équivalent de mariés des personnes pour leur retirer un
avantage, une prestation ou une indemnité, là, on voit que la
définition est beaucoup plus large.
C'est évidemment le cas en regard de la loi 37 qui est une loi de
dernier recours et qui prévoit, je vous en fais la lecture, une
définition à l'effet que sont conjoints: "1° les époux
qui cohabitent; 2° les personnes vivant maritalement qui sont les
père et mère d'un même enfant; 3° les personnes
majeures qui vivent maritalement et qui, à un moment donné, ont
cohabité pendant un période d'au moins un an. Ces personnes
continuent d'être des conjoints ou, aux fins du paragraphe 3° du
premier alinéa, sont présumées avoir continué
à cohabiter malgré l'absence temporaire de l'une d'elles."
Alors, vous voyez, M. le Président, quand il s'agit d'une loi de
dernier recours, donc d'une définition qui va être utilisée
pour déterminer l'admissibilité à une aide de dernier
recours, on utilise une définition très large du mot "conjoint".
Cette largesse cache évidemment la conséquence d'une restriction
de l'aide, puisque, en définissant la notion de conjoint comme
étant celle de personnes majeures qui vivent maritalement, il est tout
au moins possible... Je ne sais pas si c'est la pratique. Il me semble,
d'après l'expérience que j'ai, que ça varie beaucoup d'une
région à l'autre. Les échos des milieux de personnes
à orientation homosexuelle me laissent croire que cette
définition est utilisée pour refuser une aide de dernier recours,
lorsqu'il y a cohabitation de personnes de même sexe et au moment
où l'une d'entre elles a des revenus autonomes. Mais je ne saurais dire,
n'étant pas, en fait, personnellement concernée.
Cela dit, on voit bien, à la lecture même de la
définition, qu'elle est différente de celle qu'on retrouve dans
la Loi sur les normes du travail qui, elle, prévoit, restrictivement,
que la défini-
tion de conjoint ne s'applique qu'à l'homme et à la femme,
avec des situations qui peuvent varier ensuite, soit parce qu'ils sont
mariés ou parce qu'ils cohabitent et qu'ils vivent ensemble maritalement
ou qu'ils résident ensemble depuis au moins un an. Alors, cette
libéralisation dont parle le ministre, c'est une libéralisation
à l'intérieur d'une restriction. La libéralisation est
réelle, puisque la cohabitation requise n'est plus que d'un an et
qu'elle était de trois ans auparavant, et là il y a une
harmonisation avec la loi 37. Mais ce qu'on souhaite, c'est que le ministre
harmonise de la même façon, d'abord, pour donner suite aux
recommandations de la Commission des droits de la personne qui faisait valoir
que non seulement il y a discrimination fondée sur l'orientation
sexuelle...
Je vais rappeler les considérations de la Commission des droits
de la personne qui disait: Puisqu'il y a discrimination fondée sur
l'orientation sexuelle, il faut se demander si celle-ci est couverte par une
des exceptions prévues dans la Charte. Et la Commission de dire
qu'à première vue la réponse semble affirmative. Ça
signifierait que cette discrimination pourrait être couverte par une des
exceptions prévues dans la Charte. Cependant, ce que la Commission fait
valoir, c'est ceci, à la page 20: "La Commission des droits de la
personne estime conséquemment que tous les aspects, directs et
indirects, de la rémunération doivent être assujettis au
principe de non-discrimination et que nulle exception ne doit être
autorisée à cet égard pour quelque motif de discrimination
- par exemple: le sexe, l'état civil, etc., comme c'est le cas
actuellement - en ce qui a trait à diverses formules d'avantages
sociaux. " Ce que la commission énonçait, c'était dans le
cadre de remarques relatives à l'élimination de la discrimination
dans les régimes d'avantages sociaux et des régimes d'assurance
de personnes. Évidemment, la commission réitère cela
à l'égard de la Loi sur les normes du travail, parce que la
commission considère qu'il y a discrimination fondée sur
l'orientation sexuelle, tel que c'est stipulé dans le projet de loi.
Elle s'interroge sur le fait que cette discrimination serait couverte par une
des exceptions à l'article 90, mais elle ne dit pas au ministre de
s'entêter dans la discrimination. Elle indique les moyens qui pourraient
valoir pour l'ensemble de tous les gestes législatifs, le moyen
étant que le gouvernement du Québec abroge l'article 90 par
l'adoption du règlement prévu à l'article 86. 8 de la
Charte des droits et libertés de la personne, de manière à
ce que le règlement élargisse la notion de conjoint au conjoint
du même sexe; et cette définition élargie s'appliquerait
non seulement à la Loi sur les normes du travail, mais à tout
régime d'avantages sociaux.
Moi, je comprends que la Commission des droits de la personne cherche
toujours l'efficacité et la protection la plus étanche possible
dans les recommandations qu'elle fait au gouver- nement. Cependant,
j'espère que les juristes qui entourent le ministre ne lui ont pas
laissé croire que la commission lui donne l'aval de procéder
à de la discrimination dans le projet de loi sur les normes, parce qu'il
y aurait là comme une sorte d'abus d'interprétation. Ce n'est pas
ça du tout que la commission dit. Ce que la commission dit, c'est que le
meilleur moyen de mettre fin à tout jamais à ce genre de
discrimination, ce serait d'abolir l'article 90 de la Charte qui permet la
discrimination - c'est comme un "nonobstant", ça - qui écarte
l'article 10 des motifs interdits et qui permet la discrimination dans les
avantages sociaux. Ce que la commission dit, c'est que le règlement qui
serait le plus étanche, ce serait d'abolir... d'abroger l'article 90 et
d'adopter un règlement pour élargir la notion de conjoint
à l'ensemble de tous les régimes.
Bon. Ça, je veux croire que c'est la solution mur à mur
qui, dans le fond, devrait être transmise au ministre de la Justice. Mais
ce qu'elle dit, tout au long de son avis sur la loi selon les normes, c'est
qu'il ne devrait pas y avoir de discrimination fondée sur l'orientation
sexuelle. L'un des motifs qu'elle invoque, c'est que les drames de la vie
affectent ceux-ci tout autant que les couples hétérosexuels.
Concrètement, je me disais: Puisque la loi sur les normes va introduire
par exemple des congés dans le cas de décès... J'avais en
tête, par exemple, la perspective de couples homosexuels qui ont à
vivre une situation dramatique comme celle de la phase terminale d'une maladie
incurable. Ça veut donc dire que le conjoint ne pourrait pas être
considéré comme tel aux fins d'obtenir un congé
rémunéré pour les funérailles et ne pourrait pas
non plus être considéré comme tel pour obtenir les
congés sans solde aux fins du décès. Alors,
évidemment, c'est mutatis mutandis, hein! Tous les congés
s'appliquent mutatis mutandis, n'est-ce pas? Malgré qu'il puisse y avoir
des cas... La vie étant complexe, il peut y avoir certainement des
occasions nombreuses où la protection de la loi va être
retirée aux personnes qui sont en situation de couple homosexuel.
Alors, M. le Président, il n'y a pas de raison, 11 ans
après l'adoption, la mise en vigueur du projet de loi et, comme je le
signalais, après qu'il y a eu, ultérieurement à cette
adoption, un motif supplémentaire d'introduit dans la Charte et au
moment où le ministre a lui-même introduit plusieurs projets de
loi devant le Parlement qui contenaient des définitions beaucoup plus
larges de la notion de conjoint, je ne vois pas ce qui peut justifier ce recul
de la part du ministre. Je lui demande de réintroduire la notion de
conjoint telle qu'on la connaît dans les diverses législations
qu'il a lui-même fait adopter à l'Assemblée nationale en
tant que parrain de ces lois.
D'autre part, je sais qu'un comité interministériel, ou a
été mis sur pied, ou devra être mis sur pied en
février prochain, mais devrait
remettre un rapport l'été prochain, je crois. Ce
comité Interministériel est composé d'intervenants de
plusieurs ministères qui se penchent sur cette incohérence de la
définition de conjoint de fait dans les différentes lois
fiscales, sociales et devrait remettre un rapport l'été prochain.
Alors, l'harmonisation va - espérons-le - se faire à un moment
donné, mais d'ici là il n'y a vraiment pas de raison pour que le
ministre s'entête, je ne pense pas. Il va nous montrer tout de suite
cette grande ouverture d'esprit qu'il nous a promise au moment du discours de
deuxième lecture et il va ajuster la propre définition de
conjoint du projet de loi 97 à celle des lois qu'il a déjà
fait adopter. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, en réplique.
M. Bourbeau: M. le Président, je présume que la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve ne sera pas surprise si je lui
dis que je diverge quelque peu d'opinion avec elle sur ce qu'elle vient
d'avancer. Des couples homosexuels, il en existait dans l'Antiquité. Ce
n'est pas parce qu'il en existait encore en 1978 que, tout à coup, en
1990, H doit y avoir eu une telle évolution au cours des 12
dernières années que ce qui était une hypothèse il
y a 12 ans doive maintenant être devenu une réalité. En ce
qui me concerne, la société n'a pas évolué sur ce
point-là depuis l'Antiquité, il y a même eu un changement
dans la direction opposée par rapport au très haut degré
d'homosexualité qui existait à une certaine époque. Alors,
pourquoi, aujourd'hui, tout à coup, après 12 ans d'adoption de la
loi initiale, devrait-on avoir évolué, si tant est que c'est une
évolution dans le sens qu'a indiqué la députée de
Hocheiaga-Maisonneuve.
Moi, je prétends qu'il n'y a pas de discrimination actuellement
dans l'article en question. D'ailleurs, je mets au défi la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve de me citer un seul jugement de
cour qui aurait dit qu'un couple homosexuel, ça forme des conjoints. Si
la députée de Hocheiaga-Maisonneuve peut m'en citer un,
j'aimerais bien. Conjoint, au sens de vie maritale.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Je pense et je prétends que des conjoints ou
des gens qui vivent maritalement, ça ne peut pas être des gens de
même sexe et, dans ce sens-là, je ne vois pas pourquoi on
modifierait le projet de loi. Maintenant, la députée de
Hocheiaga-Maisonneuve a fait une analogie avec la réforme de l'aide
sociale. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas jugé bon, dans ce cas-ci, de
toucher à la définition de conjoint? La raison est assez simple.
C'est que, quand on a fait la réforme de l'aide sociale, on
créait une nouvelle loi, on fabriquait une nouvelle loi. On devait donc
accoucher - vous me passerez l'expression - d'une définition, puisqu'on
faisait une loi. Et pour cette définition, on a utilisé, si ma
mémoire est fidèle, celle de personnes qui vivent maritalement
comme étant des conjoints. Quand on est arrivé ici, à la
Loi sur les normes du travail, on ne faisait pas une nouvelle loi, on ne
faisait qu'amender certains articles de la loi. Alors, on n'amende que ce qui
doit être nécessairement amendé. Or, en lisant la
définition de conjoint qui existait, c'est-à-dire l'homme et la
femme, ça m'est apparu tout à fait correct et je ne vois pas
pourquoi je modifierais quelque chose qui est correct.
Alors, pourquoi est-ce que ce n'est pas le même texte? Pourquoi
est-ce que je n'ai pas jugé bon de ramener dans cette loi-ci la
même définition que dans la Loi sur l'aide sociale? C'est parce
que celle-ci, cette définition-ci, m'a semblé tout à fait
acceptable et l'équivalent de ce qu'on avait mis dans la Loi sur l'aide
sociale. Dans une des lois, l'aide sociale, on dit "les personnes majeures qui
vivent maritalement et, ici, on dit l'homme et la femme qui sont mariés
et cohabitent". Moi, je me dis que vivre maritalement et des conjoints qui sont
homme et femme, c'est la même chose, parce que, à mon avis, pour
vivre maritalement, il faut que ce soit un homme et une femme. Et je ne pense
pas qu'on puisse vivre maritalement quand on est deux femmes ou quand on vit
à deux hommes. Donc, c'était la même chose et c'aurait
été, à mon avis, une faiblesse de modifier cette
définition. C'aurait été tomber dans la facilité de
dire: Pourquoi ne pas mettre exactement la même chose, c'est plus facile?
Moi, je trouve qu'il faut faire preuve un peu de...
Le Président (M. Joly): Ce qui est bon est bon.
M. Bourbeau: Oui. Il faut varier. Il faut varier un peu, en
autant que les variations soient sur le même thème, ça
enlève à la monotonie. Je vois que la députée de
Terrebonne semble de mon avis, de même que la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Pourquoi tomber dans la monotonie, alors que
c'est si agréable de vivre dans la diversité? Alors, M. le
Président, voilà la raison pour laquelle nous avons
décidé de ne pas toucher à la définition du mot
"conjoint" qui existait dans la loi et que nous la conservons telle quelle,
parce que ça nous semble tout à fait acceptable. (16 h 15)
Maintenant, la Commission des droits de la personne n'a pas
demandé, à ma connaissance, dans son mémoire... Je ne sais
pas si la députée de Maisonneuve a la bonne version, parce qu'il
y a eu deux versions qui nous ont été envoyées. La
première avait été fabriquée sur l'avant-projet de
loi et la dernière, celle de la semaine dernière, sur le projet
de loi définitif. Alors, la bonne
version, enfin celle que J'ai, ne semble pas demander de modifier
l'article 1. Elle demande d'amender l'article 90 de la Charte
québécoise des droits et libertés. Or, M. le
Président, nous ne sommes pas à l'étude de la Charte
québécoise des droits et libertés. Je n'ai pas à me
prononcer sur le bien-fondé de la demande de la Commission des droits de
la personne, puisqu'on ne frappe pas à la bonne porte. Ce que Je peux
faire, c'est de faire parvenir à mon collègue, le ministre de la
Justice, la recommandation de la Commission des droits de la personne et, quand
on sera à étudier la Charte des droits et libertés de la
personne, si jamais on l'étudié un de ces jours, peut-être
qu'on pourra faire cette proposition.
En gros, M. le Président, ce sont les remarques que je voulais
faire sur l'article 1. Je suis disposé à en discuter encore
davantage si la députée de Hochelaga-Maisonneuve le souhaite.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M". Joly): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 1?
Mme Harel: Certainement. Oui. Il y a des interventions de mes
collègues.
Le Président (M. Joly): Alors, je vais les
reconnaître. Qui veut... Mme la députée de Terrebohne,
allez-y.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je suis très
étonnée de la réponse du ministre. D'un côté,
il nous dit qu'il faut conserver la définition telle quelle. Elle est
bonne, elle est correcte et il nous dit, de l'autre côté, que
c'est important la diversité et la variété. Bon! Vraiment,
j'ai beaucoup de difficulté à suivre sa cohérence tout
comme notre collègue, la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
qui a très bien démontré que dans la Loi sur la
sécurité du revenu il y a une définition et, là,
qu'on se retrouve avec une autre définition. Donc, vraiment,
l'incohérence totale.
Peu importe ce que le député et ce que le ministre en
pensent, il ne faut quand môme pas se fermer les yeux sur la
réalité actuelle de notre société. Il y a
effectivement au Québec, en très grand nombre, des femmes qui
vivent maritalement ensemble et des hommes qui vivent maritalement ensemble et
je suis convaincue que tout le monde autour de la table a des exemples bien
précis en tête. Ça va au niveau des congés, parce
que ces gens-là ont effectivement des conjoints qui
décèdent, mais ça va aussi du côté même
des congés parentaux. J'ai vu sourire le ministre tantôt, mais,
dans la réalité québécoise, je m'excuse, il y a
énormément d'homosexuels qui ont des enfants et qui sont
père de plusieurs enfants même. J'en connais même qui en ont
plusieurs, M. le Président. Ils en ont eu plusieurs, oui, avant, pendant
et après.
Je pense que c'est une réalité et qu'on ne peut pas en
faire abstraction quand ça nous plaît. Pour la Loi sur la
sécurité du revenu, le ministre est bien d'accord, si on peut
calculer les revenus du conjoint, même si c'est un couple d'homosexuels,
on va le calculer, le revenu du conjoint! Alors que, là, au moment
où c'est pour protéger les droits des travailleurs, eh bien
là, on n'est pas prêts à reconnaître l'existence de
cette définition. Ça m'étonne énormément et
je pense que le rapport de la Commission des droits de la personne du
Québec qu'on a sous les yeux, le nouveau texte, même s'il nous
parle de l'article 90, toute l'argumentation - elle est extrêmement
longue, volumineuse et très très très précise - dit
effectivement que la notion, la définition de conjoint est
discriminatoire à l'égard des conjoints de même sexe. Je
pense qu'on doit vraiment s'y attarder et ce n'est pas parce qu'une
définition est dans un texte qu'on ne doit pas la modifier, au
contraire. La Loi sur les normes du travail ne sera pas modifiée
à très brève échéance. Alors, pourquoi ne
pas apporter tout de suite les correctifs nécessaires?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, je dois dire que je ne
partage pas l'avis de la députée de Terrebonne. Nous agissons
exactement de la même façon dans la Loi sur les normes du travail
que dans la Loi sur l'aide sociale, même régime. Nous ne traitons
pas différemment les clientèles dans les deux lois. Dans les deux
lois, nous reconnaissons la même définition de conjoint. Dans les
deux cas, les conjoints, ce sont des gens de sexe différent, tant dans
la Loi sur les normes du travail que dans la Loi sur l'aide sociale.
J'ai justement refusé de faire des définitions
différentes. Le libellé n'est peut-être pas le même,
en raison de ce que j'ai dit tout à l'heure. C'est une variation sur le
même thème, mais c'est la même définition
essentiellement: un homme et une femme dans les deux cas. Les personnes qui
vivent maritalement, c'est de sexe différent et, ici, dans la loi que
nous avons devant nous, nous avons l'homme et la femme. Donc, dans les deux
cas, ce sont des couples de sexe différent.
Pour ce qui est de la cohabitation, dans les deux lois, nous avons
standardisé pour que la cohabitation soit d'un an. Alors, encore
là, le ministre qui vous parle est plutôt logique et
cohérent, parce qu'il a tenté et fait effectivement en sorte que
les mêmes distinctions existent, les mêmes définitions.
Maintenant, pour ce qui est de... Tout à l'heure, on en a
discuté. La députée de Hochela-ga-Maisonneuve parlait de
la jurisprudence. J'aimerais quand même, pour le bénéfice
de mes collègues, citer à même le rapport de la Commission
des droits de la personne trois cas de jurisprudence. Alors, le premier cas,
c'est peut-être Intéressant de le voir parce qu'on va voir que les
cours n'ont jamais, si on regarde les jugements qui sont cités par la
Commission des droits de la personne. Prenez le cas de Vogel contre le
gouvernement du Canada.
Une voix: Quelle page?
M. Bourbeau: En page 13. On dit que l'arbitre des droits a
décidé que le refus d'accorder la protection d'un régime
d'assurance dentaire au partenaire homosexuel ne constituait pas de la
discrimination fondée sur le sexe ou l'état matrimonial.
Mme Harel: Continuez, par exemple. Des voix: Oui,
continuez.
M. Bourbeau: L'arbitre a conclu qu'il ne lui revenait pas de
légiférer à la place du législateur.
Mme Harel: Est-ce que le ministre peut continuer?
M. Bourbeau: Dans le cas de Karen Andrews...
Mme Harel: Ha, ha, ha! Ou il est mal entouré
juridiquement, ou il...
M. Bourbeau:... contre le ministre de la Santé...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, s'il vous
plaît, on va laisser...
M. Bourbeau:... de la province de l'Ontario, M. le
Président, la Cour suprême de l'Ontario a décidé
qu'une disposition de la loi sur l'assuran-ce-maladie qui limitait la
couverture familiale de l'assurance à l'époux de sexe
différent n'était pas discriminatoire à l'endroit d'un
couple de lesbiennes. Précisons que la cour n'a pas
considéré le motif de l'orientation sexuelle.
Maintenant, dans la cause de Mossop contre...
Mme Carrier-Perreault: La suite, vous ne l'avez pas lue.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux quand même
pas lire toute la cause, là.
Le Président (M. Joly): Non.
M. Bourbeau: Je résume. Dans le cas de Mossop
contre...
Mme Harel: non. m. le président...
M. Bourbeau:... le Secrétaire d'État du
Canada...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, madame...
Mme Harel:... je conteste...
M. Bourbeau: M. le Président..
Mme Harel: m. le président, je conteste le mot
"résumé".
Le Président (M. Joly): Excusez! S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: Le ministre ne résume pas.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai la parole, je
crois.
Mme Harel: II choisit!
Le Président (M. Joly): Mme la députée, s'il
vous plaît!
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Joly): Je vais laisser la parole à
M. le ministre...
Mme Harel: Alors, que le ministre...
Le Président (M. Joly):... et vous pourrez poser des
questions par après, je vais vous le permettre.
Mme Harel:... que le ministre...
Le Président (M. Joly): Je vais vous le permettre parce
que.
Mme Harel:... retire le mot "résumé", parce que ce
ne sont pas des résumés, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Bon. Alors, à ce
moment-là, monsieur...
M. Bourbeau: M. le Président, je lis des extraits du
document.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, lisez les extraits
du document et, par après, eh bien, vous serez questionné.
M. Bourbeau: J'ai le choix, M. le Président,
je pense, de mes mots.
Le Président (M. Joly): Oui, définitivement. Je
vous laisse aller.
M. Bourbeau: Dans Mossop contre la Sécrétaire
d'État du Canada, le Tribunal canadien des droits de la personne avait
décidé que lo plaignant, qui s'était vu refuser un
congé de décès pour assister aux funérailles du
père de son conjoint homosexuel, avait fait l'objet de discrimination
fondée sur un motif de distinction illicite, soit la situation de
famille. Mais, M. le Président, infirmant cette décision, la Cour
d'appel fédérale a retenu une définition restrictive selon
laquelle un couple homosexuel ne constitue pas une famille. Ce résultat
s'explique par le fait que, l'orientation sexuelle n'étant pas un motif
de distinction illicite en vertu de la loi canadienne, le problème a
été analysé en regard de la situation de famille.
M. le Président, moi, ce que je conclus de ça, et la
députée de Hochelaga-Maisonneuve peut peut-être conclure
différemment, c'est que je n'ai pas encore trouvé un jugement de
cour qui affirme que constituent des conjoints des gens de même sexe qui
vivent ensemble, ou qui sont des homosexuels.
Le Président (M. Joly): Merci. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Oui, merci, M. le Président.
Disons, tout de suite en partant, que je voudrais faire connaître aux
membres de la commission, quand même, les bouts de texte que le ministre
ne nous a pas fait le plaisir de nous mentionner.
M. Bourbeau: Ça ne change absolument rien.
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons que oui. Je pense que
ça change effectivement des choses, dans le sens que, dans le cas de la
dernière cause, c'est très clair. On dit: "Ce résultat
s'explique par le fait que, l'orientation sexuelle n'étant pas un motif
de distinction illicite en vertu de la loi canadienne, le problème a
été analysé en regard de la situation de famille. La
conclusion serait-elle la même si l'on se demandait s'il y a
discrimination en fonction de l'orientation sexuelle? En fait, ce motif est
encore plus directement en cause..." En fait, c'est justement, c'est parce
qu'on ne s'est pas basé sur les mêmes critères.
Et dans l'autre cas, quand on parlait tout à l'heure de la loi
sur l'assurance-maladie ontarienne, on dit: Précisons... Je vais quand
même tout reprendre pour vous rappeler très bien ce qu'on dit:
...qui limitait le paiement de prestation à l'époux de sexe
différent n'était pas discriminatoire à l'endroit d'un
couple de lesbiennes. Et la Commission des droits de la personne ajoute:
"Précisons que la cour n'a pas considéré le motif de
l'orientation sexuelle prévu par le Code ontarien des droits, puisque la
question n'avait pas été soumise à la Commission des
droits." Alors, moi, je tenais à préciser cela et à donner
l'ensemble du texte, parce que c'est sûr que, si on donne un jugement sur
quelque chose et si on ne se base pas vraiment sur les mêmes propos, on
se trouve un peu hors contexte dans le moment.
Je suis tout à fait d'accord avec les propos de mes
collègues, soit de Hochelaga-Maisonneuve ou de Terrebonne. Ça a
été dit à plusieurs reprises, M. le Président,
quand on a parlé du projet de loi 97. Encore une fois, disons que c'est
le premier article, mais c'est un bel exemple que le projet de loi fait un
petit pas... fait un pas dans la bonne direction. On reconnaît,
effectivement, les conjoints de fait, mais on ne reconnaît pas la
réalité de 1990. On ne va pas assez loin. Au rythme où on
réforme cette loi-là, je trouve que c'est assez important; tant
qu'à corriger, il faut quand même s'ouvrir les yeux, qu'on n'aime
ça ou qu'on n'aime pas ça, ça existe, M. le
Président. Il y a des gens qui demeurent ensemble maritalement, qui sont
des hommes qui vivent avec des hommes et des femmes qui vivent avec des femmes.
Le ministre n'a pas l'air d'être au courant. Je trouve ça assez
étonnant quand même, parce qu'il me semble qu'on vit dans une
société à peu près la même. J'imagine qu'on
vit dans le même temps. Ça existe. Et ça existe aussi des
conjoints homosexuels qui en ont déjà eu des enfants, qui ont la
garde et qui élèvent leurs enfants. Ces conjoints homosexuels ou
hétérosexuels sont des travailleurs et doivent avoir les
mêmes protections, avoir droit aux mêmes protections que l'ensemble
des travailleurs du Québec, quand on parle de la Loi sur les normes du
travail. Je ne comprends pas pourquoi on s'entête à refuser, quand
même. Si on disait comme dans la loi 37... J'entendais tout à
l'heure, à un certain moment donné on a donné la
définition de la loi 37, et on a parlé de personnes majeures
vivant maritalement. Eh bien, ça vient de régler le
problème. Il y a moyen de faire un amendement. Si on parle de personnes
majeures, peut-être là qu'on devient un petit peu plus
cohérent, on devient un peu plus général et on peut
à ce moment-là protéger tout le monde avec notre loi sur
les normes minimales.
Dans plusieurs autres projets de loi qu'on a eu à discuter en
commission parlementaire, j'ai remarqué que la plupart du temps on nous
arrive avec un article et on nous dit: C'est parce qu'il faut être
concordant. On fait ça par concordance avec une autre loi, pour
hamoniser nos lois. On pourrait harmoniser au moins à ce moment-ci et
avoir une définition qui se ressemble. S'il s'agit de marquer les
personnes majeures vivant maritalement, eh bien, je ne comprends pas pourquoi
on ne le marque pas et, à ce moment-
là, tout le monde est protégé. Alors, moi, c'est
dans ce sens-là que j'ai de la difficulté à m'expliquer le
problème qu'on a à obtenir un amendement sur cet article, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Vous voulez... marital,
maritalement...
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, la définition
de maritalement d'après le dictionnaire, pas le Bourbeau, Le Petit
Robert, qui est un excellent dictionnaire, comme vous savez... Bon, il y a
plusieurs définitions: à la manière d'un mari, comme mari
et femme.
Mme Carrier-Perreault: ...mari et femme...
M. Bourbeau: En quoi ça va changer? La
députée des Chutes-de-la-Chaudière dit: Modifiez votre
définition pour mettre maritalement et, là, vous allez
régler le problème. Mais ça ne règle pas le
problème. Comme mari et femme, dans la mesure où c'est encore
mari et femme... Mari et femme, que je sache, c'est un homme et une femme. Vous
ne pouvez pas me dire que c'est de même sexe. Alors, si on dit: Le
conjoint, ce n'est plus l'homme et la femme, mais ce sont les mari et femme, eh
bien, je ne vois pas, on tourne en rond, on dit toujours la même chose.
C'est ce que je m'évertue à vous dire depuis tantôt, que
vivre maritalement, ça ne peut pas s'appliquer à l'égard
de personnes de même sexe. Il faut que ce soit mari et femme, homme et
femme. Donc, homme et femme pour "maritalement" ou "conjoint": l'homme et la
femme, c'est toujours la même définition. Moi, je vous dis que
c'est inutile de modifier la définition parce que, qu'on emploie la
définition qu'il y a actuellement dans la loi, c'est-à-dire les
conjoints sont l'homme et la femme, ou qu'on revienne à la
définition que j'avais retenue dans la réforme de l'aide sociale
qui était: les personnes qui vivent maritalement, on est toujours dans
la même orthodoxie, qui est la mienne, d'ailleurs, et à laquelle
je tiens, qui est de faire en sorte que des conjoints, ce sont des gens de sexe
différent. (16 h 30)
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve; par après, je vais
reconnaître Mme la députée de Terrebonne.
Mme Harel: écoutez, m. le président, si le ministre
est de bonne foi, il va convenir que le mot "comme" ne signifie pas sont mari
et femme, mais qu'ils apparaissent comme. j'aimerais bien qu'il nous donne la
définition de "comme", hein? si vous me permettez, m. le
président, je vais vous emprunter le dictionnaire, on va lire ce que
ça veut dire, "comme".
Le Président (M. Joly): Avec grand plaisir.
Mme Harel: Parce, voilà, c'est dans le "comme" que
réside la différence. On dit ceci: De la même
manière que, au même degré que, les comparaisons
étant ainsi que ou ainsi. Donc c'est une comparaison Ça signifie
qu'ils ne sont pas mari et femme, ils sont comme mari et femme. M. le
Président, si le ministre est de bonne foi, il va reprendre avec moi
l'avis de la Commission des droits de la personne et il ne nous en fera pas
lire juste des petits bouts, ou son entourage ne lui en transmettra pas juste
des petits bouts pour lui donner l'éclairage qu'il veut, mais il va
accepter d'avoir une vue d'ensemble.
D'abord, il m'a dit que s'il y avait un cas de jurisprudence - est-ce
que je crois comprendre qu'un cas de jurisprudence que je lui cite le satisfait
pour modifier sa définition?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, allez...
M. Bourbeau: m. le président, je n'ai pas dit ça.
j'ai dit que je ne connaissais aucun cas de jurisprudence qui soit à
l'effet d'affirmer que des gens de même sexe forment des conjoints.
Le Président (M. Joly): Je ne me souviens pas que vous
ayez dit non plus...
M. Bourbeau: Je n'en connais pas.
Le Président (M. Joly): ...s'il y avait un cas de
jurisprudence, que vous changeriez votre opinion.
M. Bourbeau: Non, non. Je n'ai pas dit ça,
sûrement.
Le Président (M. Joly): Non, non.
Mme Harel: Mais je le lui demande, M. le Président. Si je
lui cite un cas de jurisprudence clair, qui définit comme vivant
maritalement aux fins d'obtenir un avantage un couple homosexuel, est-ce que le
ministre changera sa définition?
M. Bourbeau: M. le Président, il y a des cas de
jurisprudence. J'en ai cité un moi-même tantôt, un jugement
de premier ressort qui avait été dans le sens de ce que vient de
dire la députée et la Cour d'appel avait renversé la
décision. Donc, il est possible que la députée de
Maisonneuve - moi, je n'en ai pas vu - en trouve, mais dans ces cas-là,
M. le Président, il faudrait se dépêcher de porter la cause
en appel.
Mme Harel: M. le Président, c'est un cas d'ailleurs qu'on
a analysé longuement lors de l'étude du projet de loi sur les
régimes complémentaires de retraite et je comprends que les
cas... Ma collègue, la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, l'a très bien fait valoir, le ministre a
omis en nous citant différents cas de jurisprudence de nous faire
connaître l'ensemble du
dossier et celui qu'il nous a cité concernant l'appel en Cour
d'appel ne portait justement pas sur le motif illicite de l'orientation
sexuelle, puisque la question n'avait même pas été soumise
et que c'est sous un autre angle que la question a été
examinée.
Moi, M. le Président, je veux lui rappeler la décision de
la Cour fédérale concernant le Régime de pensions du
Canada à l'effet d'obliger le versement de la prestation en cas de
décès au conjoint survivant, le conjoint ayant été
défini comme étant homosexuel, et je lui rappelle que, dans la
loi dont il était lui-même le parrain, la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite, il a introduit une
définition de conjoint différente, là, de celle qu'il veut
nous voir adopter avec le projet de loi 97.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne propose pas de
définition de conjoint. On n'y touche pas.
Mme Harel: Vous la modifiez, la définition de conjoint,
dans le projet de loi 97, sinon elle ne se retrouverait pas dans le projet de
loi 97. Et nous, ce qu'on dit au ministre, c'est qu'il ne peut pas...
Le Président (M. Joly):...
Mme Harel: Vous la modifiez, notamment en la libéralisant
de manière à ce que la durée continue soit d'un an
plutôt que de trois ans.
Le Président (M. Joly): Qui sont mariés et
cohabitent...
M. Bourbeau: Oui, oui. On ne change pas la base.
Mme Harel: Alors, c'est pour ça qu'on la retrouve au
projet de loi 97. Mais je voudrais rappeler...
Le Président (M. Joly): Non, mais on a juste changé
la période.
Mme Harel: Oui, mais c'est également un amendement
à la définition de conjoint. Là, n'est plus conjoint un
couple qui vit trois ans, mais un an. Ce qu'on dit au ministre, c'est qu'il ne
pourra pas se retrancher en pensant se cacher derrière la
définition de conjoint do 1978, parce que, moi, je fais confiance aux
médias d'information - qu'on va évidemment alerter aujourd'hui
même - pour lui rappeler que, depuis l'adoption de cette disposition, il
y a eu des modifications à la Charte des droits et libertés du
Québec et ce sont ces modifications auxquelles le ministre cherche
à se soustraire actuellement.
Je voudrais juste reprendre l'avis de la Commission des droits en
n'oubliant pas que, dans le fond, ce que le ministre nous dit cet
après-midi, c'est: Laissons le débat judiciaire se faire, s'il y
a une jurisprudence, si des juges décident dans des poursuites et des
causes qui sont portées devant les tribunaux, si des juges
décident de faire de la jurisprudence, on verra. Ce n'est pas ça,
l'attitude responsable d'un législateur. M. le Président. C'est
ce que dit la Commission des droits de la personne. Ce que la Commission dit,
j'invite le ministre à la prendre connaissance à la page 17.
D'abord, la Commission nous dit, c'est-à-dire que la question
posée par la Commission est la suivante: "L'exclusion compromet-elle un
droit?" La Commission conclut à l'exclusion des couples homosexuels des
avantages et des protections de la loi sur les normes". Donc la question
qu'elle pose à la page 16 est la suivante: "L'exclusion compromet-elle
un droit?"
Elle répond ceci, et je cite: "La réponse à cette
question se trouve dans la finalité de la définition du mot
"conjoint", soit le fait que celle-ci constitue le critère
d'admissibilité aux divers congés familiaux prévus par la
Loi sur les normes du travail. À l'article 80, la Loi sur les normes du
travail prévoit un congé payé d'un jour et un congé
sans traitement de trois jours à l'occasion du décès ou
des funérailles du conjoint. À l'article 80. 1 du projet de loi,
il est prévu un congé sans traitement d'un jour à
l'occasion du décès ou des funérailles d'un gendre, d'une
bru, de l'un de ses grands-parents ou de l'un de ses petits-enfants, de
même que du père, de la mère, d'un frère ou d'une
soeur de son conjoint. Le droit aux congés familiaux - je cite toujours
la Commission - étant ainsi restreint aux conjoints
hétérosexuels, nous pouvons en conséquence affirmer que
cette définition permet aux employeurs d'exercer de la discrimination
fondée sur l'orientation sexuelle dans les conditions de travail
(article 16) plus spécifiquement dans la réglementation des
avantages sociaux, tels les congés familiaux. À titre d'appoint,
l'article 46 pourrait être invoqué pour soutenir que les
conditions de travail des homosexuels ainsi privés de tous congés
familiaux ne sont pas "justes et raisonnables". Le décès d'un
conjoint apporte pour eux les mêmes conséquences humaines. "
La Commission poursuit, à la page 19: "II demeure donc possible
de plaider que le fait de priver les couples homosexuels de tout congé
en cas de décès du conjoint leur impose des conditions de travail
injustes et déraisonnables. Les drames de la vie affectent ceux-ci tout
autant que les couples hétérosexuels. " Et la Commission
développe toute une argumentation à l'effet que pourrait
être écartée l'application de l'article 90, qui exclut de
la protection des avantages sociaux certaines catégories qui peuvent
être discriminées. Pourtant la Commission dit ceci: "... l'on
pourrait alléguer que l'exception de l'article 90 ne s'étend pas
à un avantage isolé prévu à des fins
spécifiques tel le congé en cas de décès. " Aussi:
"... l'article 90 utilise l'expression "régime" d'avantages sociaux, ce
qui, selon le sens com-
mun, implique un ensemble de dispositions. Ce que l'on a voulu
protéger, ce sont de véritables régimes d'avantages
sociaux où des facteurs de détermination de risques ou de
données actuarielles peuvent entrer en considération." En plus,
la Commission ajoute: "Une autre réserve peut être
formulée." Si on prétend appliquer l'article 90 - celui qui, je
vous le rappelle, permet de discriminer - à de tels congés, je
cite, "cette application doit être limitée aux congés
payés. En effet, malgré son sens large, là
définition de l'expression "avantages sociaux" implique une forme de
salaire indirect qui augmente le revenu. Le congé pour
décès pris aux frais du travailleur n'entrant pas dans cette
catégorie, l'article 90 ne saurait s'y appliquer." En fait, toute la
dénions-tratlon de la Commission des droits de là personne vise
à argumenter qu'il devrait y avoir une modification, de manière
à ce que la notion de conjoint ne discrimine pas, à l'effet que
l'em ployeur ne puisse pas discriminer sur là base de l'orientation
sexuelle. Ce que la commission dit, finalement, c'est qu'il n'est pas
intéressant, il n'est pas utile dans une société de s'en
remettre au débat judiciaire quand le législateur a en main les
moyens qu'il faut pour, justement, déjudicia-riser ce genre de
question.
Quand le ministre nous dit: C'est la même définition, il a
tort, objectivement, M. le Président. Et je voudrais faire une
distribution de l'article 2 de la section II de la loi 37 tel qu'on peut le
lire. Si le ministre me dit qu'il est prêt, parce que c'est le même
régime et les mêmes définitions, à adopter l'article
2 de la loi 37, alors, moi, je lui dis: Bon, on va écourter tout
ça. On ne finira pas... On ne présentera pas des amendements et
des sous-amendements. On va s'entendre sur cette définition-là et
on va l'introduire. Sinon, on va faire le travail qu'on a à faire comme
législateur, parce qu'on ne pense pas qu'on doive laisser ça au
débat judiciaire.
Le Président (M. Joly): J'aimerais, compte tenu que nous
avons largement débordé de ce que, nécessairement, nos
règlements nous permettent normalement, et tout ceci en fonction,
disons, de la jurisprudence établie par Beauches-ne où on dit que
l'article 1, l'article premier, est généralement très
libre, on y aborde les principes mêmes et les détails du projet ou
de la proposition à la loi... Alors, nécessairement, compte tenu
de la bonne compréhension, justement, de la définition de base et
par après, de tout l'impact que ça peut avoir sur l'application
du projet de loi, je me suis permis de laisser déborder Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve de 50 %, à date, du
temps qui lui est normalement imparti. Je pense que j'ai été
assez généreux. Alors, si vous le voulez, on va essayer, disons,
de clairer l'article 1, puis, par après, je pense que tout le projet de
loi pourra, disons, aller de l'avant. M. le ministre, à vous.
M. Bourbeau: M. le Président, moi, je pense qu'on a
vraiment fait le tour du dossier. Tout ce que je peux dire, c'est ma
compréhension à moi et dans une loi comme dans l'autre, conjoint,
ça doit être restreint aux gens qui sont de sexe différent.
Maintenant, si jamais on me faisait la preuve que, dans la Loi sur l'aide
sociale, la définition de vivre maritalement pourrait s'appliquer
à des gens qui sont du même sexe, alors, je m'engage à
modifier la Loi sur l'aide sociale pour être cohérent avec ce que
j'ai en tête.
Maintenant, je peux dire à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qu'il y a présentement un groupe
interministériel - je ne sais pas si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve peut écouter - qui est présidé par
un représentant du ministère de la Justice et qui se penche, au
moment où on se parle, sur l'uniformisation de la définition du
mot "conjoint". Alors, peut-être qu'éventuellement on arrivera
avec une recommandation pour uniformiser la définition de ce qu'est un
conjoint, de ce que sont des conjoints, dans les lois
québécoises. Pour l'instant, il y a des définitions
différentes dans plusieurs lois. Quant à moi, je n'en ai
qu'une.
Le Président (M. Joly): Vous vouliez intervenir, Mme la
députée de Terrebonne?
Mme Caron: Oui, M. le Président. Je pense que si on se
réfère à "personnes majeures", c'est extrêmement
clair, même dans le dictionnaire, qu'une personne c'est un individu de
l'espèce humaine et on spécifie même que c'est un homme ou
une femme, un être humain, lorsqu'on ne peut on ne veut préciser
l'âge ou le sexe. Et même, au niveau de la définition
d'époux qu'on retrouve dans le projet de loi 37, on nous dit bien:
Personne unie à une autre par le mariage. On ne dit pas un homme et une
femme, on dit: Personne unie à une autre par le mariage. Alors, on parle
bien d'une personne, donc, autant homme que femme. Je pense que nous serions
extrêmement satisfaits si on pouvait retrouver la même
définition que celle que vous avez mise dans la loi 37. On n'en demande
pas plus.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la notion qu'on met de l'avant?
Mme Harel: On va déposer un amendement.
Le Président (M. Joly): Bien, allez, madame.
Déposez votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Harel: Alors, l'amendement consiste à remplacer, dans
le projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres
dispositions législatives, à l'article 1, le paragraphe 3°
par le suivant: "conjoint": "les personnes". Remplacer "l'homme et la femme"
par "les personnes".
Le Président (M. Joly): Pour le bénéfice des
membres de la commission, nous pourrions avoir...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut partager?
M. Gautrin: Je pense qu'il faut laisser à la
députée de Terrebonne le plaisir de ses remarques.
Le Président (M. Joly): Madame, voulez-vous nous
communiquer le fruit de votre recherche?
Mme Caron: Nous regardions les définitions dans le
dictionnaire, M. le Président. Rien qui pourrait informer davantage les
membres de la commission.
Le Président (M. Joly): Ça ne pourrait pas nous
faire avancer davantage dans nos travaux.
Mme Caron: Absolument pas.
Le Président (M. Joly): Excuse/! Nous allons suspendre
quelques minutes Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant reprendre nos travaux. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve a présenté un
amendement.
Mme Harel: Voilà! Alors il se lit comme suit. Je vous en
donne immédiatement copie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): s'il vous plaît, madame, de
façon à ce qu'on le fasse circuler. je vais a priori juger de la
recevabilité pour voir si, sur le fond...
Mme Harel: L'article 1 du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi
sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives, est
modifié par le remplacement du premier paragraphe par le suivant: 1°
par le remplacement du troisième paragraphe par le suivant: "3°
"conjoint": les personnes: a) qui sont mariées et cohabitent; b) qui
vivent maritalement et sont les père et mère d'un même
enfant; c) qui vivent maritalement depuis au moins un an. "
Le Président (M. Joly): Donc, nous changeons "l'homme et
la femme" par "les personnes".
M. Bourbeau: C'est ça.
Le Président (M. Joly): Donc, acceptable.
Une voix: C'est recevable.
Le Président (M. Joly): Recevable. Alors, Mme la
députée, je vous laisse le soin peut-être de
élaborer davantage, quoique vous ayez déjà livré le
fond de votre pensée il ya quelques minutes. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve
Mme Harel: M. le Président, ce n'est pas un test que l'on
fait avec le ministre, mais, d'une certaine façon, ça peut nous
permettre d'évaluer son ouverture d'esprit, dès le premier
article, dès le début de nos travaux.
Ce que nous pensons, c'est que le ministre ne devrait pas reculer sur
cette question-là. Ce n'est pas un recul qu'on lui propose, c'est
simplement une définition qui s'apparente davantage à l'usage des
définitions adoptées dans les lois présentement. Ça
appartiendra à d'autres. Que, lui, ne veuille pas, comme ministre,
s'associer à une définition inédite, on peut le
comprendre, M. le Président. Ce n'est pas nécessairement tout le
monde qui est doué pour l'inédit. Mais - et on ne lui demande pas
d'être à l'avance sur le législateur, sur ses
collègues ministres, pas du tout - ce qu'on lui demande par ailleurs,
c'est de ne pas reculer.
Une voix:...
Mme Harel: Et c'est ça, le danger. C'est que, en nous
faisant modifier une disposition vieille de 11 ans qui n'a pas
été actualisée à la lumière de la Charte des
droits, il nous fait reculer. Et ça, on souhaite que... Est-ce qu'on
peut entendre ce que vous avez dit?
Le Président (M. Joly): Non. Si c'est pour faire avancer
les travaux, je n'ai pas d'objection.
Une voix: C'est un entretien privé.
Mme Harel: Alors, ce qu'on souhaite, c'est que le ministre ne se
montre pas plus catholique que le pape, en définitive. Qu'il s'en tienne
donc à la définition généralement acceptée.
S'il ne veut pas s'associer, lui, à un élargissement, qu'il
laisse aux tribunaux, aux commissaires du travail en l'occurrence, le soin de
définir dans l'application concrète ce que ça veut dire.
C'était le cas avec la loi 37, c'a été le cas avec la Loi
sur les régimes complémentaires de retraite; dans aucune de ces
lois, et ça, M. le Président, je vous le garantis, dans aucune de
ces lois, on n'a adopté une définition aussi restrictive que
celle que l'on retrouve aujourd'hui. Ça fait maintenant plus de deux ans
que je fais de la législation avec le ministre et nous n'avons jamais
connu les problèmes que nous rencontrons maintenant avec la notion de
conjoint. C'est la première fois et, moi, je ne comprends pas. Ce
n'est pas un retour du conservatisme, quand même! Qu'est-ce qui
viendrait justifier à ce moment-ci que le ministre prenne finalement
l'initiative, contrairement à tous ses collègues? Je pense, entre
autres, à des législations parrainées par le ministre de
la Santé et des Services sociaux. Comment se fait-il qu'à ce
moment-ci il viendrait restreindre des définitions qui ont plutôt
cette faculté d'être interprétées
libéralement? Alors, ce qu'on demande au ministre, c'est l'ouverture
d'esprit promise. Eh bien, qu'il la manifeste maintenant!
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que j'ai dit
tantôt tout ce que j'avais à dire. Je ne pense pas faire preuve de
fermeture d'esprit en privilégiant une définition du mot
"conjoint" qui soit claire. Je pense que, sur le sujet, tout à l'heure,
j'ai épuisé tous les arguments que j'avais et que je dois
renoncer à convaincre la députée de Hochelaga-Maisonneuve
de la justesse de la définition qui existait dans la Loi sur les normes
du travail et que nous n'avons pas jugé bon de modifier.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président.
Évidemment, moi, je voudrais venir appuyer l'amendement qui a
été apporté par la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Je pense que c'est un amendement qui permettrait, en
fait, d'élargir la définition, qui permettrait aussi
d'éviter la discrimination par rapport à l'orientation sexuelle.
Moi, personnellement, je suis convaincue - on en a parlé longuement tout
à l'heure, M. le Président - qu'on vient faire ici de la
discrimination par rapport à l'orientation sexuelle. Je pense qu'on l'a
dit, mais je tiens à le répéter, étant donné
qu'on fait une réforme, quand même, de la Loi sur les normes du
travail, une réforme attendue. Ça fait longtemps que ça
aurait dû être amorcé, je pense, et, comme ce n'est pas tous
les jours que ça se fait, on devrait profiter du moment pour rendre le
projet de loi le plus adapté possible à la réalité
que l'on vit aujourd'hui.
Si on laisse ce projet de loi avec une définition comme
celle-là, si on laisse la définition qui est là, on sait
très bien que les gens qui sont homosexuels ou que les couples
d'homosexuels qui sont des travailleurs aussi ne pourront pas
bénéficier des mêmes avantages qu'apporte la loi par
rapport aux congés dont on parlait tout à l'heure et par rapport
à certains recours, entre autres. On en a parlé aussi, il y a des
gens qui sont homosexuels qui vivent ensemble, qui ont aussi des enfants, qui
en ont eu antérieurement et qui les élèvent. Je ne pense
pas que le fait d'être un homosexuel ou une homosexuelle vienne en
même temps dire qu'on est un mauvais parent. Je pense que ces gens
devraient avoir droit aussi au même recours par rapport aux enfants
mineurs, par exemple, pour refuser du temps supplémentaire. Je ne vois
pas en quoi un enfant d'un parent qui est homosexuel ne pourrait pas profiter
des mêmes avantages que les autres. En fait, ça vient faire
ça aussi, on vient discriminer à ce niveau-là. Si le
parent homosexuel n'a pas le droit au recours pour refuser de faire du temps
supplémentaire pour s'occuper de son enfant, s'il en a - bien oui, il y
en a qui en ont, je vois de grands yeux qui s'ouvrent, il y a des gens qui ont
des enfants, qui vivent en couple avec d'autres, oui, ça arrive, ils en
ont eu avant - en tout cas je trouve que c'est de la discrimination.
En fait, je reprendrais tout simplement la phrase de la Commission des
droits de la personne qui dit: "Cette distinction vient donc nier la
réalité des couples homosexuels aux seules fins de leur imposer
une exclusion fondée sur l'orientation sexuelle, en leur refusant la
qualité de conjoint." Alors, voilà pourquoi, moi, je souscris
à cet amendement. Et je trouve que c'est important que tout le monde,
tous les travailleurs et les travailleuses du Québec, peu importe leur
orientation sexuelle, soient couverts par la Loi sur les normes du travail.
Merci, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Oui. M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais quand même signaler à la
députée des Chutes-de-la-Chaudière que rien
n'empêche un parent homosexuel qui a un enfant, puisqu'on parle des
congés parentaux, de prendre les congés et d'avoir droit, en
vertu de la loi, aux congés prévus dans la loi pour s'occuper de
son enfant. Il n'y a rien dans la loi qui l'empêche. Ce n'est pas parce
qu'on est homosexuel qu'on n'a pas le droit d'avoir droit aux congés, si
on a des enfants. Alors, un homosexuel qui a des enfants ou un enfant aura
droit à tous les congés parentaux, par exemple le congé
pour s'occuper des enfants, le congé ponctuel qui est prévu dans
la loi pour voir à l'éducation ou à la santé des
enfants. Ces congés-là sont disponibles pour toute personne qui a
un enfant. Oui, excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Effectivement, il y a
discrimination, parce qu'on parle aussi du congé pour le
décès du conjoint. C'est bien évident que le couple dont
les deux conjoints sont de même sexe, lorsqu'il y a un
décès,
c'est le décès d'une personne extrêmement proche
pour l'autre. Et ça, c'est difficilement acceptable qu'on accepte qu'il
y ait discrimination. Mais ce que je ne comprends absolument pas, c'est que,
dans la définition du ministre dans la loi 37, il utilise à peu
près à tous les paragraphes le mot "personne". Là, il
l'utilise amplement. Qu'on regarde l'article 2, le deuxième
alinéa: les personnes vivant maritalement, dans le troisième, les
personnes majeures qui vivent maritalement, au paragraphe suivant: ces
personnes continuent d'être des conjoints, et tout au long, M. le
Président, dans chaque paragraphe, on revient: deux personnes qui ont
été conjoints/. On utilise toujours le terme "personne", dans le
troisième article aussi, lorsqu'ils dépendent de l'une de ces
personnes. Lorsqu'on arrive à l'article 4: Un adulte est une personne
qui n'est pas un enfant à charge. Alors, tout le long de la loi 37, le
ministre a utilisé le terme "personne". Et là, dans le projet de
loi 97, tout ce qu'on lui demande, tout ce qu'on ajoute, c'est exactement
ça, de l'utiliser une seule fois, les personnes. Je ne comprends
absolument pas cette incohérence, parce que vous l'avez utilisé
tout au long de la section II, dans la loi 37.
M. Bourbeau: M. le Président
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: J'attire, par exemple, l'attention de la
députée de Terrebonne sur l'article 34 du projet de loi que nous
avons devant nous, qui amende l'article 81. 2, qui dit: "Un salarié peut
s'absenter du travail pendant cinq journées par année, sans
salaire, pour remplir les obligations reliées à la garde,
à la santé ou à l'éducation de son enfant mineur".
Je ne citerai pas le reste de l'article. Alors, un salarié, ça
peut être une personne homosexuelle. Et dans la Loi sur les normes, la
définition d'un salarié, c'est: "une personne - alors, là,
on rejoint les préoccupations de la députée de Terrebonne
- qui travaille pour un employeur et qui a droit à un salaire; ce mot
comprend en outre le travailleur partie à un contrat en vertu duquel...,
" etc. C'est donc dire . qu'une personne homosexuelle, homme ou femme, qui a un
enfant pourra s'absenter et aura droit aux bénéfices de cet
article-là.
Mme Caron: M. le Président, je pense que le ministre me
confond avec la députée des Chutes-de-la-Chaudière. C'est
elle qui lui a parlé des congés parentaux Moi, je lui ai
parlé des décès.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Alors, je reviens...
Mme Caron: J'ai parlé des décès. Alors,
ça ne règle pas le problème du décès du
conjoint.
M. Bourbeau: Si l'enfant d'une personne homosexuelle
décède, la personne homosexuelle aura droit aux
bénéfices de la loi.
Mme Caron: Si son conjoint décède.
M. Bourbeau: Ah, bien, pour ce qui est du conjoint, ça,
c'est autre chose. Il n'y en a pas de conjoint.
Mme Caron: Parce que, dans la réalité, il y en
a.
Le Président (M. Joly): Bon. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
Mme Harel: Je voudrais vous inviter à faire un vote
nominal, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Madame, je pense que c'est de
mise. Selon ce que vous demandez, ça va être
exécuté.
Alors, M. le ministre?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Contre. M. le député
de Verdun?
M. Gautrin: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges?
M. Marcil: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre, contre. Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Terrebonne?
Mme Caron: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Joly): Alors, l'amendement
est rejeté. Nous allons maintenant revenir ù l'article 1
comme tel.
M. Marcil: Je demanderais le vote, M. le Président, sur
l'article 1.
Le Président (M. Joly): Est-ce que... Mme Harel: Le
paragraphe 1°, évidemment.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 1°,
exactement.
Mme Harel: Sur le paragraphe 1°. Évidemment, on ne
peut pas...
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'on ne s'est pas
entendu comme tel, au tout début. Est-ce que vous avez autres choses
à l'article 1 sur lesquelles vous aimeriez revenir, Mme la
députée?
Mme Harel: Pas revenir là, mais arriver parce qu'on n'a
pas encore examiné ni le paragraphe 2° ni le paragraphe 3°.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous laisse la parole,
Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: D'accord, merci. J'aimerais que le ministre nous
informe de la portée des modifications qu'il a introduites au paragraphe
2°.
M. Bourbeau: Au paragraphe 2° de l'article 1. Le paragraphe
2° qui commence par: "2° par le remplacement, dans le paragraphe
6°..."?
Le Président (M. Joly): C'est ça, Mme la
députée de Hochelaga Maisonneuve?
M. Bourbeau: La députée de Hochelaga Maisonneuve
devrait... On lui pose une question, elle devrait répondre.
Le Président (M. Joly): "par le remplacement, dans le
paragraphe...", c'est ça?
M. Bourbeau: Vous voulez que je commente le texte qui commence
par: "par le remplacement, dans le paragraphe 6°..."?
Mme Harel: C'est bien ça.
M. Bourbeau: Cet amendement vise à préciser la
définition de domestique, de façon à ce qu'elle comprenne
les gardiennes qui, en plus du gardiennage, font des travaux ménagers
non directement reliés aux besoins immédiats de la personne
gardée.
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est satisfaisant
comme réponse?
Mme Harel: Quelle? est la portée de l'amendement en regard
de ce qu'il y avait aupara vant?
M. Bourbeau: Dans l'ancienne loi, un domestique, c'est un
salarié employé par une personne physique et dont la fonction
principale est d'effectuer des travaux ménagers dans le logement de
cette personne. Cependant, ce mot ne comprenait pas le salarié dont la
fonction principale est de garder un enfant, un malade, une personne
handicapée ou une personne âgée. Or, on sait que la
jurisprudence a interprété le texte actuel de la
définition comme excluant de la définition de domestique les
personnes qui, en plus d'effectuer les travaux ménagers, avaient la
garde dune personne. Alors, dès qu'une personne touchait à la
garde, si je puis dire, d'enfants ou d'une personne, à ce .
moment-là, la jurisprudence l'excluait de la loi, l'excluait des
bénéfices de la loi, parce que le simple fait de jouer un
rôle de gardienne, même accessoirement, entraînait la
disqualification, si je peux m'exprimer ainsi, de la loi. Alors, nous revenons
à la charge avec une nouvelle définition pour tenter de faire en
sorte que plus de personnes puissent maintenant être couvertes par la
loi.
Mme Harel: Donc, le ministre nous indique qu'il entend couvrir,
si l'expression m'est permise, il entend donner aux gardiennes, y compris
à celles qui prennent soin d'un enfant, d'un malade, d'une personne
handicapée ou d'une personne âgée et qui effectuent des
travaux ménagers dans le logement, le bénéfice de la
protection de la loi. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: Oui, la loi va s'appliquer, bien sûr, à
ceux qui font los travaux ménagers Seront exclus do la loi, autrement
dit, procédons à l'inverse, les gardiennes et les gardiens ou les
salariés qui effectuent, qui font la garde des enfants. Et si une
personne qui fait la garde d'enfants ou une autre garde fait des travaux
ménagers, si ces travaux ménagers sont reliés directement
à la personne, elle sera exclue de la loi, mais tous les autres seront
sujets à la loi, seront compris dans la définition.
Mme Harel: Quand vous utilisez le mot "directement", on ne le
retrouve pas dans le projet de loi 97, le mot "directement". Oui,
c'est-à-dire qu'on retrouve: "qui ne sont pas directement reliés
aux besoins immédiats de la personne gardée". Comment
définissez-vous cette expression: "travaux ménagers qui ne sont
pas directement reliés aux besoins immédiats de la personne
gardée"?
M. Bourbeau: Les besoins immédiats d'une personne,
dépendant de l'état de cette dernière, peuvent varier
d'une personne à l'autre. Ainsi la préparation des repas d'un
enfant en bas âge
constitue un travail ménager relié aux besoins
immédiats de cet enfant. (17 h 30)
Mme Harel: Pourquoi est-ce que c'est simplement dans le cas d'un
enfant en bas âge, d'un malade, d'une personne handicapée ou d'une
personne âgée, ou d'un enfant... Par exemple, un enfant de 14 ans
et plus ne serait pas couvert par cette définition?
M. Bourbeau: Ce n'est pas exhaustif, l'article dit "y compris le
salarié", mais il pourrait y avoir autre chose. Toute personne qui est
gardée, son gardien ou sa gardienne serait exclue de la loi dans la
mesure où les travaux qui sont effectués ne sont que des travaux
qui sont reliés aux besoins immédiats de la personne
gardée.
Mme Harel: Oui. Moi, j'essaie de mieux savoir ce que signifie
besoins immédiats de la personne gardée dans l'esprit du
législateur. Là, vous me dites que c'est la préparation de
repas pour des enfants en bas âge. Est-ce que ça signifie que vous
excluez la préparation de repas pour des enfants adolescents, par
exemple?
M. Bourbeau: Non, non. C'est à titre d'exemple, ça.
Quand j'ai cité la préparation des repas d'un enfant en bas
âge, ça peut être exactement la préparation de repas
pour une personne âgée, si les travaux domestiques, entre
guillemets, effectués par le gardien ou la gardienne ne portent que sur
la satisfaction des besoins immédiats de la personne gardée.
À titre d'exemple, si, en plus de ça, le gardien ou la gardienne,
on requérait qu'elle fasse le ménage de la maison ou des salles
de bain de la maison ou des trucs comme ça, à ce
moment-là, ça devient des travaux de domestique et, là, la
définition de domestique s'appliquerait, et la personne...
Mme Harel: Mais s'il y a une salle de bain et qu'on requiert
qu'elle fasse le ménage de la salle de bain?
M. Bourbeau: si la salle de bain a été salie par la
personne qui est gardée, possiblement qu'à ce moment-là
ça ne serait pas des travaux domestiques.
Mme Harel: Ou si on lui demande de faire le ménage de la
garde-robe de la personne gardée?
M. Bourbeau: Ce ne seraient probablement pas des besoins
immédiats. Ce sont des besoins à moyen terme. Ce n'est pas
urgent. Quand on parle des besoins immédiats, ce serait plutôt ce
qui concerne, je ne le sais pas, moi, l'alimentation, les soins journaliers,
disons, et non pas les travaux qui ne sont pas essentiels.
Mme Harel: J'ai essayé de retrouver dans le dictionnaire
la définition du mot "immédiat". Je crois comprendre qu'il n'y a
eu aucune jurisprudence sur le mot "immédiat". Où a
été, mettons, repêché le mot "immédiat"?
M. Bourbeau: Quant à moi, je l'ai repêché
chez mes aviseurs juridiques. Quant à eux... Écoutez, là,
je pense qu'il faut utiliser le mot "immédiat" dans son sens
étymologique. Ce sont des besoins qui doivent être comblés
sur-le-champ ou à l'intérieur d'un délai très
court. Si on parle de besoins à moyen terme ou à long terme,
à ce moment-là, ça ne s'appliquerait pas. C'est
évident que, possiblement, la jurisprudence, un jour, se penchera
là-dessus, mais le législateur, justement, légifère
en termes généraux, et généreux aussi.
Éventuellement, les cours de justice apprécient.
Mme Harel: II y a eu, dans un passé récent, un
qualificatif qui, lui, a reçu, je pense, une jurisprudence assez
abondante, en particulier dans le secteur des soins, des services sociaux et
des soins de santé, c'est le qualificatif "personnel", pour distinguer
les besoins personnels des besoins liés à l'environnement. Ce
sont là, finalement, des qualificatifs qui sont utilisés,
notamment pour le maintien à domicile, pour pouvoir distinguer,
lorsqu'il y a attribution d'une ressource, si le besoin est personnel. Et, si
le besoin n'est pas considéré comme personnel, à ce
moment-là, c'est une ressource lucrative et non pas gratuite qui est
offerte. Pourquoi avoir écarté l'usage du mot "personnel" pour
définir les besoins, comme c'est le cas en matière de maintien
à domicile, puisqu'il s'agit ici de personnes gardées?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'on a une
meilleure définition ici que celle qu'évoque la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, parce que celle qu'on a ici est
plus restrictive encore. Premièrement, si on employait les mots "besoins
personnels" on n'aurait pas la notion d'immédiateté. Ce pourrait
être personnel, mais à plus ou moins long terme.
Deuxièmement, dans la définition qu'on a ici, on a les besoins
immédiats, mais de la personne gardée Donc, c'est personnel,
puisque c'est de la personne. Dans ce sens-là, je pense qu'on a une
définition qui est plus serrée en disant "les besoins
immédiats de la personne gardée" que si on disait simplement "les
besoins personnels de la personne gardée".
Mme Harel: Bon, c'est un effort de clarification que
j'apprécie, sauf que, dans les faits, la définition de
"personnels", c'est-à-dire, par exemple, les besoins personnels de la
personne gardée, réfère à des besoins intimes,
tandis que besoins immédiats de la personne gardée, cela
réfère à des besoins directs, sans intermédiaire.
Ils peuvent être de toute nature. Ça peut être,
par exemple, les besoins immédiats, celui qui consiste à
changer les fenêtres doubles au printemps. C'est un besoin
immédiat. C'est de pouvoir ouvrir les fenêtres au printemps. Puis,
ça peut être de mettre les moustiquaires. C'est un besoin
immédiat. Les besoins immédiats, moi, je ne sais pas où le
ministre a pris son interprétation que c'était plus restrictif
que personnel. Je sais qu'à l'inverse, dans les définitions des
services sociaux offerts à domicile, c'est l'expression "personnels" qui
est utilisée parce que, comme ils n'ont pas beaucoup de ressources et
pas assez d'argent pour offrir à la demande le service requis, alors,
ils ont comme restreint aux besoins personnels l'offre de services. Je ne
comprenais pas pourquoi on n'utilisait pas finalement le même
critère.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'on a voulu
utiliser le mot "immédiats", suivi de l'expression "de la personne
gardée" pour référer à l'ensemble des besoins de la
personne et ne pas restreindre cela uniquement à des besoins très
intimes. L'alimentation, par exemple, est-ce que ce sont des besoins personnels
très intimes? je ne saurais pas le dire. Faire la vaisselle, par
exemple, du repas de la personne gardée, ce serait probablement des
besoins immédiats, dans ce sens-là. Mais uniquement laver la
vaisselle de cette personne-là et non pas toute la maison. C'est dans ce
sens-là qu'on a choisi cette expression.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, c'est assez important. Vous
savez, ce n'est pas un jeu de mots tout ça, parce qu'il y a peu
d'exclusions. Il faut en féliciter le ministre. Il y a une nette
amélioration, parce qu'il y a une diminution de l'exclusion de la
protection de la loi de catégories et on n'en garde que deux finalement,
le travailleur agricole et le personnel domestique.
Malheureusement, ce sont là finalement des travaux qui sont
déconsidérés socialement. Je ne sais pas si vous vous
rappelez la prestation du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration devant la commission parlementaire lors de l'étude de
l'avant-projet de loi, qui faisait valoir que le personnel domestique
était en très grande majorité du personnel immigrant,
parce que les conditions de travail sont tellement déplorables dans ce
secteur qu'il y a finalement très peu de présence de
Québécois de souche ou qui ont déjà acquis leur
citoyenneté. Il en était de même dans notre travail
agricole. C'est une main-d'oeuvre qui est importée. On se rappelle
peut-être justement la présentation de l'association des
producteurs de serre devant la commis sion qui faisaitvaloir que pour
l'été dernier, elle avait importé une main-d'oeuvre
immigranteimportante.
Il y a un choix. Ou bien le gouvernement du Québec s'inspire de
celui de l'Ontario qui a pris, en matière de protection sociale, des
mesures très énergiques, notamment pour revaloriser l'apport
social du travail de garde à domicile - on reviendra sur le travail
agricole, mais c'était le cas aussi - et qui en a fait en quelque sorte
du vrai travail. Je comprends et je partage l'opinion exprimée par le
ministre et, je pense aussi, par la Commission des droits de la personne qui
faisait valoir qu'il faut cependant exclure les personnes qui ne font que de
façon occasionnelle ce travail de gardiennage, hein? Je conçois
très bien qu'on soustraie, finalement, les personnes qui font ça
de façon occasionnelle ou intermittente, mais le travail comme tel,
à domicile auprès de personnes handicapées, de personnes
âgées, auprès d'enfants malades, c'est un travail qu'on
aurait intérêt à valoriser. Et je demande au ministre s'il
accepterait, par exemple, d'envisager la possibilité d'ajouter et non
pas de retrancher, mais d'ajouter le mot "personnel" au mot "immédiat",
de façon qu'on puisse lire comme suit: d'effectuer dans le logement des
travaux ménagers... Donc, il y aurait toujours possibilité
d'exclure une personne salariée dont la fonction principale est la
garde... Qui effectue dans le logement des travaux ménagers, sauf si ces
travaux... si ces travaux, en fait, sont reliés aux besoins
immédiats et personnels de la personne gardée.
Je me posais aussi la question, peut-être que le ministre peut me
répondre tout de suite, pourquoi avoir ajouté les mots... Oui...
(17 h 45)
Dans le champ d'application du paragraphe 2°, on va aller à
l'article 3, mais j'aimerais avoir peut-être tout de suite une
explication du ministre. Pourquoi avoir ajouté les mots "si l'employeur
ne poursuit pas, au moyen de ce travail, des fins lucratives"? Ce sont la des
mots qui ont été ajoutés à l'article 3, paragraphe
2e, qui portent sur le travail domestique.
M. Bourbeau: M. le Président, quelques instants pour
prendre connaissance de la demande de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Je ne comprends pas la question de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. À l'article 3, on avait, dans la loi actuelle,
une définition et on disait que la présente loi ne s'applique pas
au salarié dont la fonction principale est de garder dans un logement un
enfant, un malade, une personne handicapée, si l'employeur ne poursuit
pas, au moyen de ces travaux, des fins lucratives.
Dans la nouvelle définition de cet article-là. enfin, dans
cet article-là amendé, on conserve encore la même
expression: si l'employeur ne poursuit pas, au moyen de ce travail, des fins
lucrative.
Le Président (M. Joly): Vous changez le pluriel pour le
singulier.
Mme Harel: Ça veut dire que le domestique, selon la
définition de l'article 1, c'est le salarié qui est
employé par une personne physique. Donc, dès que la personne est
embauchée par un employeur qui poursuit des fins lucratives, comme une
agence, la loi s'applique et il n'y a pas de possibilité de contourner
la loi à ce moment-là.
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Et, à ce moment-là, le salarié
employé par une personne physique va être couvert par la loi s'il
fait des travaux ménagers autres que ceux requis par les besoins
immédiats.
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Sinon, il sera soustrait à la loi et il y aura
une sorte de régime, de normes qui vont s'appliquer à lui, mais
c'est dans le règlement que ça va nous être connu.
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: Bon. Le ministre peut-il nous indiquer quelles sont
ses intentions au niveau du personnel domestique, dans le règlement?
M. Bourbeau: Au point de vue de la réglementation? M. le
Président, il existe déjà un règlement pour les
domestiques. Essentiellement, c'est le même règlement qui va
être reconduit ou, peut-être, avec de légères
modifications.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Pouvez-vous me rappeler l'esprit du
règlement?
M. Bourbeau: L'esprit?
Le Président (M. Joly): L'esprit du règlement
concernant les domestiques.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée veut que je lui
donne lecture de la semaine normale? La semaine normale de travail du
domestique qui réside chez son employeur est de 53 heures. La semaine
normale de travail du gardien qui fait la garde d'une
propriété...
Des voix: C'est autre chose.
M. Bourbeau: Ça, c'est autre chose. Et le salaire minimum
payable au domestique qui réside chez son employeur est de 202 $ par
semaine.
Mme Harel: Bon, alors, M. le Président, peut-on
connaître la réaction du ministre à notre proposition
d'ajout du mot "personnel" au mot "immédiat"?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est difficile de prendre
une décision sur le moment, comme ça, sur l'impulsion du moment.
Voilà lemot que je cherchais. La proposition de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve n'est pas dépourvue
d'intérêt. Cependant, je me méfie des modifications
apportées sans avoir le temps de tout peser, en long et en large. Ce que
je peux faire, si la députée de Hoehelaga-Maisonneuve souhaite
vraiment qu'on étudie profondément sa proposition, c'est
suspendre l'adoption de cette partie-là ou de l'article, si vous voulez,
et mes fonctionnaires vont étudier la proposition. On va regarder
ça ensemble et demain on pourrait lui dire quel est le verdict quant
à la faisabilité d'un amendement à ce sujet.
Le Président (M. Joly): Excusez. En fait, je pense que,
pour le bon déroulement de la commission, il serait à ce
moment-là à suggérer qu'il y ait un amendement
officiellement proposé, parce que si on laisse cela flottant on
pourrait...
M. Bourbeau: Moi, je préférerais, M. le
Président, pour ne pas faire perdre le temps de la commission, suspendre
plutôt l'article. Et si je dis à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve demain: Oui, ça va, on peut modifier, à ce
moment-là, elle pourrait avoir déjà préparé
son amendement. Si on lui dit que ce n'est pas acceptable, à ce
moment-là, ou bien elle y renonce ou bien elle fait son amendement quand
même. Vous voyez que notre démarche est empreinte de bonne foi, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, M. le ministre. Alors, on
s'entend sur la procédure à suivre. Alors, je sais que vous en
prenez bonne note Nous allons suspendre l'article 1.
M. Bourbeau: Est ce qu'il y a d'autres...
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a d'autres
choses?
Mme Harel: Le paragraphe 3°.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 3°.
M. Bourbeau: Aussi bien quand même...
Mme Harel: On va suspendre le paragraphe 2°, M. le
Président.
M. Bourbeau: On aime autant vider tout le contentieux.
Mme Harel: Oui. Mais si vous voulez, je vais...
Le Président (M. Joly): Nous suspendrons l'article au
complet après. Au lieu de voter article et paragraphes...
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Joly): on votera, si vous voulez, quand
ils seront complets.
Mme Harel: Si vous me permettez, je vais tout de suite faire des
représentations quant au paragraphes 3°...
Le Président (M. Joly): Allez, Mme la
députée. Je vous laisse...
Mme Harel: ...parce que. peut-être, elles auront le
mêne sort que pour le paragraphe 2°. Il s'agit au paragraphe 3°
de la notion de service, n'est-ce pas? Alors, on retrouve dans le projet de loi
au paragraphe 3° l'amendement suivant: par l'addition, à la fin du
paragraphe 12°, des mots suivants: "et la période pendant laquelle
se succèdent des contrats à durée déterminée
sans une interruption qui, dans les circonstances, permette de conclure
à un non-renouvellement de contrat". Alors, M. le Président, ce
qui est en cause, c'est la notion de service continu, n'est-ce pas. Quand et
si... Même si ce sont des contrats à durée
déterminée, par exemple, une embauche faite pour trois mois, six
mois ou huit mois et qui se répète successivement, est-ce qu'il y
a un lien d'emploi qui fait que, finalement, il y a eu un service continu? On
va comprendre facilement combien cette question-là est fondamentale,
l'application de plusieurs normes du travail repose sur la notion de service
continu auprès d'un employeur. D'ailleurs, c'était là une
des recommandations du rapport Beaudry qui soulignait, au sujet des solutions
à apporter à certains irritants et ambiguïtés de la
Loi sur les normes du travail ceci, et je le cite: "Les corrections plus
substantielles portent sur le service continu et le bulletin de paie.
L'application de plusieurs normes du travail repose sur la notion de service
continu auprès d'un employeur. C'est le cas, entre autres, des
congés annuels payés et du préavis en cas de licenciement
individuel. Il en va de même du recours à l'encontre d'un
congédiement sans une cause juste et suffisante. Bien que le
législateur ait voulu protéger cette continuité de service
en dépit de l'alinéation ou de la concession totale ou partielle
de l'entreprise, ou de la modification de sa structure juridique (article 97,
de la loi actuelle) il semble que certaines interprétations de la loi se
soient écartées de cette intention." Je vous cite le rapport
Beaudry à la page 171.
Il nous semble, à moins que la démonstration contraire
soit faite, que le projet de loi 97 aussi passe outre à la
recommandation du rapport Beaudry. Aux articles 95, 96 et 97 de la loi
actuelle, on reconnaît qu'un employeur et un sous-entrepreneur ou
sous-traitant sont solidairement responsables des obligations
pécuniaires fixées par la loi et on reconnaît qu'une
aliéna- tion d'entreprise n'invalide ni les réclamations civiles
découlant de la loi, ni la continuité de l'application des normes
du travail. On comprend l'importance de ces questions à ce moment-ci
où on assiste à une période d'effervescence en
matière de fusion, d'acquisition et d'aliénation d'entreprises Je
pense à quelques-unes, rapidement, que l'on a connues
dernièrement. C'est donc l'article 95 qui prévoit qu'un employeur
qui passe un contrat avec un sous-entrepreneur ou un sous-traitant est
solidairement responsable avec lui des obligations pécuniaires
fixées par la présente loi ou les règlements et des
prélèvements dus à la commission.
À l'article 96, on peut lire: "L'aliénation ou la
concession totale ou partielle d'une entreprise n'invalide aucune
réclamation civile. L'ancien employeur et le nouveau sont liés
conjointement et solidairement" À l'article 97, on peut lire:
"L'aliénation ou la concession totale ou partielle de l'entreprise, la
modification de sa structure juridique, notamment, par fusion, division ou
autrement n'affecte pas la continuité de l'application des normes du
travail."
La grande question est la suivante: malgré ces dispositions aux
articles 95, 96 et 97, faut-il introduire la notion de service continu?
Évidemment, c'est au paragraphe 3° de l'article 1. M. le
Président, vous allez me permettre deux minutes. Il y a quelqu'un qui
fouille dans...
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection. Est-ce
que vous avez vos documents, madame?
Mme Harel: Juste une seconde. Qu'est-ce qu'on peut avoir comme
garantie du maintien de la notion de service continu dans les modifications
apportées dans le projet de loi actuel, compte tenu que cette garantie
n'était pas introduite dans la loi, telle que présentement en
vigueur?
M. Bourbeau: Je m'excuse, j'ai mal saisi la question. Est-ce que
la députée pourrait reprendre sa question? (18 heures)
Mme Harel: Certainement. Qu'est-ce qui, dans le projet de loi 97,
vient corriger les ambiguïtés, les irritants qui étaient
identifiés par la commission Beaudry? Et comment peut-on être
rassuré sur l'interprétation de la notion de service continu dans
le projet de loi 97?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M.le ministre.
M. Bourbeau: L'amendement vise à améliorer les
possibilités d'accumulation du service continu pour les personnes qui
travaillent pour un employeur en vertu de contrats à durée
déterminée, il rend ainsi inutile l'utilisation de
contrats successifs à durée déterminée pour
empêcher qu'un salarié accumule du sorvice continu lui donnant
droit à une norme du travail. Justement, l'amendement qu'on propose
confirme le courant, amorcé par la jurisprudence, qui permet à un
employé de cumuler la durée de contrats successifs à
durée déterminée pour les fins du calcul du service
continu donnant droit à certains avantages, tel le recours en cas de
congédiement sans cause juste et suffisante par exemple. Alors, nous
avons justement voulu tenir compte de cette jurisprudence et ça donne
suite à la recommandation du rapport Beaudry dont parlait la
députée de Maisonneuve, la recommandation V-10 qui voulait: "Que
le contrat de travail à durée déterminée qui se
poursuit après son terme soit réputé devenir un contrat
à durée indéterminée. Il ne pourrait alors y
être mis fin que selon les règles applicables à la
terminaison du contrat à durée indéterminée, soit
après préavis ou, le cas échéant, sans
préavis pour une cause juste et suffisante, imputable à
l'employé."
Mme Harel: Je pense que le ministre a en main le rapport de la
commission Beaudry. Peut-il prendre connaissance, à la page 172, de la
recommandation V-32?
M. Bourbeau: Je suis en train de le faire.
Mme Harel: C'était à V-10. Le ministre vient de
nous citer V-10 à la page 142 où il est question de la
présomption de la durée du contrat individuel de travail,
c'est-à-dire qu'un contrat à durée
déterminée devienne à durée
indéterminée s'il se répète successivement. Mais
là, en fait, c'est plus dans la perspective d'une aliénation ou
d'une concession totale.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'indique, M. le Président, que c'est ce
qui s'applique présentement. Tantôt, la députée de
Maisonneuve lisait les articles 95, 96 et 97 de la loi, 95 où on parle
justement d'un employeur qui passe un contrat avec un sous-entrepreneur, ou
à l'article 96 de l'aliénation ou de la concession totale ou
partielle de l'entreprise, ou à l'article 97 de l'aliénation ou
de la concession totale ou partielle de l'entreprise. Ça me semble aller
dans le sens de la recommandation V 32 du rapport Beaudry
Mme Harel: Mais j'invite le ministre à prendre
connaissance des ambiguïtés mises en lumière par le rapport
Beaudry, à la page 171, justement sur la formulation qui est reprise
à l'article 97. Entre autres, au bas de la page, on note, par exemple...
Parce qu'il donne des exemples d'interprétations de la loi qui se sont
écartées de l'intention du législateur, qui était
justement de maintenir un service continu même en cas d'aliénation
ou de concession partielle ou totale. Et là, on dit ceci, je cite:"On
note par exemple, que l'on a, dans certains cas, décidé que
l'article 124 qui institue la plainte de congédiement ne constituait pas
une "norme" mais "un recours". Ceci a eu pour effet de rendre l'article 97
inapplicable pour fins de calcul des cinq ans de service continu donnant
ouverture au recours. Ainsi, le changement d'employeur aurait pour
conséquence d'annuler le cumul de la période de service continu
du salarié qui demeure pourtant au service de la même entreprise
ou organisation. Cette interprétation n'est cependant pas constante. Il
devient donc important de clarifier à tous égards ces situations
génératrices d'incertitude, et ce, dans le sens d'une affirmation
sans équivoque de l'intention législative manifestée
à l'article 97."
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on me dit que ce
problème-là a été réglé par un
jugement de la Cour d'appel dans la cause de Petro-Canada contre Moalli
où la cour a décidé que l'article 97, que je peux
peut-être citer... mais revenant à l'article 97, en relation avec
le recours des articles 124 et suivants, qui, en conformité de
l'arrêt Produits Petro-Canada inc, constitue une norme de travail... Il
faut remarquer que ce que le législateur a manifestement voulu, c'est
que le service continu s'attache à l'entreprise, quel que soit celui qui
l'administre.
Donc, la jurisprudence a confirmé l'intention. Il semble que
maintenant l'interprétation c'est dans le sens de ce que souhaite la
députée, et moi aussi.
Mme Harel: Évidemment, si on fait référence
à un jugement de la Cour d'appel, il est arrivé à des
cours de se dédire, notamment quand elles avaient décidé
aux fins d'exclure les femmes du droit de vote que celles-ci n'étaient
pas des personnes. Moi, j'ai toujours cultivé le doute à
l'égard des décisions de nos tribunaux. La certitude de la loi
m'est d'autant préférable que le doute ou l'incertitude des
jugements de cour.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je serais porté
à dire à la députée de Hochelaga-Maison-neuve:
Femme de peu de foi. Alors, je vais tenter de la convaincre une deuxième
fois en lui citant maintenant une autre cause de la Cour d'appel, puisque la
Cour d'appel a rendu un deuxième jugement dans la cause de Ventes
Mercury des Laurentides inc. contre Michel Bergevin et la Commission des normes
du travail et Taillon, Cour d'appel, Montréal, etc. qui ont dit:
Revenant à l'article 97... Bien, c'est la même chose. C'est la
même chose. C'est le même jugement.
Donc, la Cour d'appel, à deux reprises, a confirmé cette
interprétation-là. Je pense donc qu'on peut raisonnablement
penser que la jurisprudence est fixée maintenant à ce sujet.
Mme Harel: Bon. De toute façon, on pourra y revenir au
moment de l'examen, parce que nous souhaiterions, simplement pour manifester
plus de prudence, puisqu'il y a consensus, que la protection de la loi soit
étendue non seulement aux normes, mais aussi aux recours. Alors, nous
pourrions simplement ajouter à l'article 97 un amendement de
manière à dire que la concession totale ou partielle ou
l'aliénation n'affecte pas la continuité de l'application des
normes ou des recours.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais prendre avis de
cette proposition. En principe, ça ne me semble pas exorbitant, puisque
ça ne ferait dans le fond comme vous le souhaitez que confirmer ce que
la jurisprudence a déjà établi. Je vais voir dans quelle
mesure ça peut se faire. On peut peut-être prendre avis de
ça en même temps que l'autre proposition de tantôt.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça vous
satisfait, Mme la députée, comme entente, de savoir qu'on prend
ça en considération?
Mme Harel: Oui. On y reviendra de toute façon.
Le Président (M. Joly): On va y revenir. Donc, j'appelle
l'article 2. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 1?
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais être
sûr qu'on a vraiment fait le tour de l'article 1 parce que, quand on y
reviendra, on aura des solutions ou des réponses en tous les cas...
Mme Harel: C'est une excellente disposition, le paragraphe
3°, M. le Président, hein? Vous savez, des fois, on peut dire qu'on
n'est pas content, qu'on n'est pas avec le ministre pour le paragraphe 1°,
mais pour le paragraphe 3° c'est important, surtout dans le contexte de
bouleversements du marché de l'entreprise qu'on connaît
maintenant.
Le Président (M. Joly): Merci. Donc, nous allons suspendre
l'article 1. J'appelle l'article 2. M. le ministre, s'il vous plaît.
Champ d'application
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Il s'agit d'une
modification de concordance avec celle prévue au paragraphe 2° qui
assujettit le gouvernement et ses mandataires. Évidemment, c'est le
paragraphe... Non, ça va.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pourrais peut-être
ajouter que c'est un ajout par rapport à l'avant-projet de loi que nous
avions déposé l'an dernier qui n'assujettissait à la Loi
sur les normes du travail que les personnes à l'emploi du gouvernement
ou de ses organismes qui n'étaient pas assujetties à la Loi sur
la fonction publique.
Mme Harel: Alors, le champ d'application maintenant couvre les
salariés de la couronne.
M. Bourbeau: Oui, tous les salariés, qu'ils soient des
réseaux, des organismes ou assujettis à la fonction publique.
Mme Harel: évidemment, sauf ceux qui ont été
exdus, par exemple, par des lois statutaires comme la loi 37; en fait, des
mesures d'empioya-bilité.
M. Bourbeau: M. le Président, je pourrais peut-être
ajouter ceci pour la compréhension des membres. Pour que la loi soit
applicable à la couronne, on doit le mentionner spécifiquement.
La modification a pour effet de rendre applicable la Loi sur les normes du
travail à tous les ministères et organismes du gouvernement, et
ce, à compter du 1er avril 1991.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourbeau: Pourvu, M. le Président, que le projet de loi
soit adopté d'ici Noël, bien sûr.
Le Président (M. Joly): C'est une condition très
importante.
M. Bourbeau: Au rythme où l'on va, M. le Président,
je ne suis pas sûr.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
pense, un coup qu'on aura passé ces deux articles là, nous fait
mention que la balance, ça va aller tout seul.
M. Bourbeau: Ça m'étonnerait, M. le
Président.
Mme Harel: On va y mettre la même vigilance, je pense, que
celle qu'on a déjà démontrée à d'autres
occasions. Mais vous comprendrez qu'il y va finalement des conditions de
travail de millions de personnes. Moi, j'essaie modestement d'adopter
l'état d'esprit où on est en train de rédiger les
conventions collectives des non-syndiqués. Alors, je me dis que
ça vaut la peine de regarder où on met les virgules.
M. Bourbeau:...
Le Président (M. Joly): Allez, M. le ministre, vous avez
un commentaire.
M. Bourbeau: Peut être que la députée
pourrait se préoccuper des conditions de travail des membres de la
commission aussi.
Mme Harel: moi, je suis prête à faire des ententes
en annexe et à tenir les engagements. j'en ai déjà
parlé à quelques-uns qui siègent ici. je voudrais avoir
une information concernant le règlement sur l'exclusion des
établissements visés à l'article 90 de la loi sur les
normes du travail. on y lit: les établissements au sens du paragraphe a
du premier alinéa de l'article 1 de la loi sur les services de
santé et les services sociaux sont soustraits de l'application totale de
la loi sur les normes du travail et de ses règlements à
l'égard des bénéficiaires au sens du paragraphe p du
premier alinéa de l'article 1 de la loi sur les services de santé
et les services sociaux qui y travaillent en vue do leur
rééducation physique, mentale ou sociale. est ce que cette
exclusion-là demeure?
Le Président (M. Joly): Dans les règlements,
ça, madame?
Mme Harel: Oui. C'est dans le règlement sur l'exclusion
des établissements visés à l'article 90 de la Loi sur les
normes du travail, mais qui fait référence à l'article 1
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, ça demeure.
Mme Harel: Ça, ça demeure. Donc, l'ensemble des
autres organismes du gouvernement mentionnés à l'annexe I,
finalement, cette exclusion est abrogée pour eux et ils sont couverts
par la loi, mais les établissements en référence à
la Loi sur les services de santé et les services sociaux sont soustraits
à l'application totale. Pour quel motif?(18 h 15)
Le Président (M. Joly): M. le ministre
M. Bourbeau: M. le Président, le principe
général c'est que les organismes du gouvernement sont inclus dans
la loi, sauf lorsqu'ils ont été ou sont spécifiquement
exclus, et voilà un cas où c'a été
spécifiquement exclu.
Mme Harel: Pourquoi, quel est le mobile, là?
M. Bourbeau: Du législateur du temps? M. le
Président, il est très difficile pour moi de donner l'intention
des législateurs à l'égard d'une loi qui n'est pas la
nôtre, mais je présume que quand on a décidé
d'exclure de l'application de la loi ces travailleurs-là, qui sont, si
j'ai bien compris...
Mme Harel: Des bénéficiaires.
M. Bourbeau: ..des bénéficiaires...
Mme Harel: En fait, ce sont les bénéficiaires de
ces établissements qui sont soustraits de l'application de la Loi sur
les normes du travail, lorsqu'ils travaillent dans ces établissements,
mais que ce travail est fait en vue de leur rééducation physique,
mentale ou sociale. Et je me suis demandé si, 10 ans plus tard, il y
avait toujours lieu de maintenir cette exclusion au moment où vous
abrogez toutes les autres.
M. Bourbeau: C'est du travail qui est fait dans le but de
permettre la réinsertion dans la société de ces
clientèles-là. Il y a quand même des cas - tantôt on
mentionnait le cas des assistés sociaux ou des
bénéficiaires de la sécurité du revenu qui sont en
réinsertion aussi ou en mesure d'employabilité. Il y aurait,
à titre d'exemple, dans un régime d'apprentissage les apprentis
qui seraient en train de... Supposons qu'on ait un régime
d'apprentissage s'appliquant aux jeunes, par exemple, comme dans certains pays
comme en Allemagne ou en Suisse, en France, etc. - alors, dans les
premières années, on paierait un salaire, un très minime
salaire, qui serait une proportion du salaire minimum. Ce sont des cas qui sont
spécifiques et qui peuvent s'appliquer, disons, parce que la prestation
n'est pas complète, est partielle et est aussi réciproque, en ce
sens qu'il y a auiant d'efforts qui sont mis sur l'aide à la personne
qui travaille que la personne qui travaille met des efforts de son propre
chef.
Le Président (M. Joly): Ça vous va, Mme la
députée? Est-ce que...
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): ...l'article 2 est adopté?
Adopté. J'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, cet amendement a pour effet
de rendre la Loi sur les normes du travail applicable au gouvernement et
à ses organismes mandataires. Il s'agit d'un ajout par rapport à
l'avant-projet et j'aimerais, M. le Président, déposer un
amendement à cet article-là, l'article 3, qui est une correction
à la version anglaise du projet où le mot "except" avait
été omis. Alors, il s'agit de remplacer, dans la première
ligne du paragraphe 6° de la version anglaise, les mots "the standards" par
les mots "except the standards". Comme je le disais, c'est une correction
à la version anglaise, pour des fins de concordance.
Une voix: On reprend...
Le Président (M. Joly): Oui, s'il vous plaît, M. le
ministre. Une copie de l'amendement, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, vous noterez qu'à
l'article 3, il y a quatre paragraphes, hein?
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Bourbeau: La proposition que je dépose, elle, corrige
le paragraphe 4°. Aviez-vous appelé le paragraphe 1°, ou si
c'était l'ensemble du paragraphe?
Le Président (M. Joly): L'ensemble de l'article, M. le
ministre. Alors, je vous laisse toute latitude.
M. Bourbeau: L'amendement corrige l'article 4.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Bourbeau: C'est-à-dire le paragraphe 4" de l'article
3.
Le Président (M. Joly): Est ce que vous en aviez
déjà des copies, M. le ministre, ou si c'est la seule copie que
vous avez ici, pour m'éviter d'aller faire faire des...
Une voix: On va prendre des copies.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. Donc,
l'amendement est recevable. Madame, est-ce que vous avez des commentaires
à apporter sur l'amendement ici, sur la version anglaise?
Mme Harel: Doit-on comprendre que c'est un simple amendement de
concordance?
Le Président (M. Joly): C'est un mot.
M. Bourbeau: Ça affecte uniquement le paragraphe 4° de
l'article 3. En ce qui concerne, M. le Président, le premier paragraphe
de l'article 3, j'ai dit tantôt... M. le Président, je reprends.
Tantôt, j'ai fait une erreur, mes notes explicatives n'étaient pas
adéquates et personne ne l'a relevé.
Le Président (M. Joly): Je me suis posé la question
s'il y avait autre chose qui s'en venait, alors j'apprécie le fait que
vous nous éclairiez davantage.
M. Bourbeau: M. le Président, je vous éclaire
davantage en disant que la modification au paragraphe 1° de l'article 3 a
pour effet d'abolir l'exclusion totale des petites fermes de la Loi sur les
normes du travail.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on a exactement le
même amendement? Là, on était à la version anglaise,
M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, j'ai dit que c'était le paragraphe 4".
Là, je viens de...
Le Président (M. Joly): Article 3, paragraphe 4°.
M. Bourbeau: C'est un article qui a quatre paragraphes. Alors, le
paragraphe 1° vise à abolir l'exclusion totale des petites
fermes.
Le Président (M. Joly): Parce qu'on pourrait disposer do
l'amendement et, par après, revenir à l'article au complet. Est
ce que vous êtes d'accord, Mme la députée?
Mme Harel: L'article...
Le Président (M. Joly): Avec l'amendement à
l'article 3, paragraphe 4° pour additionner un mot qui est le mot
"except".
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est
adopté. Nous revenons à l'article 3 tel que libellé. M. le
ministre, vous aviez des commentaires sur l'article 3.
M. Bourbeau: non, j'ai fait le commen- taire sur le paragraphe
1° de l'article 3, m. le président. maintenant, toujours au sujet
des petites fermes, je signale que certaines exclusions sont prévues
quant au salaire minimum, soit à l'article 12 du projet de loi, et au
temps supplémentaire, soit à l'article 16, paragra- phe 2° du
projet.
Mme Harel: Excusez-moi, M. le Président. Le
Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Le ministre peut-il reprendre les derniers propos
qu'il vient de tenir?
M. Bourbeau: L'article 3, paragraphe 1°, exclut les petites
fermes de la Loi sur les normes du travail, mais je signale que, quand
même, certaines exclusions sont prévues à la loi quant au
salaire minimum et au temps supplémentaire.
Mme Harel: C'est à-dire qu'il abroge l'exclusion des
petites fermes.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Et non pas exclut.
M. Bourbeau: Abolit l'exclusion totale...
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: ...des petites fermes avec quand même le fait
qu'aux articles 12 et 16 on exclura des avantages de la loi le salaire minimum
et le temps supplémentaire.
Mme Harel: Donc il serait peut-être
préférable que nous reprenions lors de l'étude des
articles 12 et 16 l'argumentation du ministre et la nôtre au contraire
sur le tempérament, l'abolition de l'exclusion. Pour ce qui est du
paragraphe 1" qui abolit l'exclusion et donc couvre les petites fermes, on
pourrait en disposer tout de suite.
Le Président (M. Joly): Idéalement, on pourrait
étudier l'ensemble de l'article comme tel, tous les paragraphes et
revenir pour adopter l'article au complet.
M. Bourbeau: Je comprends que l'article...
Mme Harel: Paragraphe 1°, adopté.
M. Bourbeau: Paragraphe 1°, ça va. Adopté.
Le Président (M. Joly): Parfait Donc, paragraphe
2°.
M. Bourbeau: Cet amendement a pour effet d'exclure de la loi les
personnes dont la tâche exclusive est de garder ou de prendre soin des
personnes mentionnées à cet article et d'effectuer des travaux
ménagers qui sont directement reliés à la personne
gardée. Le gouvernement pourra toutefois, par règlement, les
assujettir à la loi et déterminer les normes spécifiques
à leur égard.
Mme Harel: Je propose, M. le Président, de demander au
ministre de prendre en considération que nous devons examiner
l'équivalent à l'article 1. Alors, il serait
préférable de le prendre en délibéré.
Le Président (M. Joly): Dans le même ordre
d'idées, M. le ministre, nous prenons en considération
l'étude, nous suspendons l'étude du paragraphe 2° et nous
reprenons au paragraphe 3°.
M. Bourbeau: Alors, cet amendement reprend en substance
l'exclusion actuelle des salariés du secteur de la construction tout en
leur permettant de bénéficier de certains congés
familiaux, soit le congé de naissance ou d'adoption, les cinq jours
d'absence pour obligation parentale, les congés pour examens
médicaux reliés à la grossesse, le congé de
maternité et le congé parental. L'amendement limite aussi
l'exclusion au seul salarié régi par la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Est-ce que ces salariés de l'industrie de la
construction auront également le bénéfice des
congés mobiles parentaux?
M. Bourbeau: Les congés mobiles parentaux? Oui, oui, je
l'ai dit tantôt, les cinq jours d'absence pour obligations
parentales.
Mme Harel: Doit-on comprendre que tous les congés
parentaux ou de maternité leur sont ouverts?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Et qu'ils vont bénéficier des
mêmes recours, donc de l'interdiction de pratiques Interdites, donc de la
présomption légale dont bénéficient les
salariés lorsqu'il y a une pratique interdite à rencontre de
l'usage d'un de ces congés?
M. Bourbeau: En ce qui concerne les droits que j'ai
mentionnés tantôt dans mes remarques, les congés familiaux,
les congés de naissance, d'adoption et les cinq jours d'absence, etc.,
oui, l'article 122 va s'appliquer à eux.
Une voix: Et l'article 124.
M. Bourbeau: Et l'article 124 aussi.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Alors, qu'est-ce qui distingue ces salariés des
autres normes du travail?
M. Bourbeau: C'est parce que, M. le Président, la Loi sur
les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
maln-d'oeuvre dans l'industrie de la construction reprend les autres normes et
définit ces normes-là à l'égard de ces
travailleurs-là. On ne pouvait donc pas leur applfquer deux
séries de normes qui, enfin, auraient pu être divergentes.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a des normes qui seraient en
deçà de celles prescrites dans le projet de loi des normes?
M. Bourbeau: On ne le croit pas de ce côté-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
Mme Harel: Est-ce que c'est un acte de foi?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Est-ce que la députée pense que je
suis un homme de peu de foi?
Le Président {M. Joly): Plusieurs fois à la fois.
Est-ce que l'article 3 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 3°, excusez.
Mme Harel: Le paragraphe 3°, plutôt.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 3°,
adopté.
Compte tenu de l'heure, nous allons suspendre nos travaux à 20
heures dans le même salon.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h g)
Le Président (M. Joly): Nous allons maintenant reprendre
nos travaux. Nous en étions...
La Secrétaire: À l'article 3.
Le Président (M. Joly): ...à l'article.. Non, nous
avions déjà...
La Secrétaire: On est rendus au paragraphe 4° de
l'article 3.
Le Président (M. Joly): C'est ça. Nous sommes
rendus au paragraphe 4° de l'article 3.
M. Bourbeau: C'est le paragraphe, M. le Président,
à l'égard duquel j'ai présenté plus tôt un
amendement de concordance, qui a été adopté par cette
commission.
La Secrétaire: Dans sa version anglaise. M. Bourbeau:
Dans sa version anglaise...
Le Président (M. Joly): Dans sa version anglaise,
exactement, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...comme le dit si bien Mme la secrétaire.
Alors, M. le Président, la modification proposée à
l'article 4 a pour effet d'exclure les cadres supérieurs de
l'application de la loi, sauf à l'égard des principaux
congés familiaux.
Une voix: Même chose que tantôt.
M. Bourbeau: On comprendra, M. le Président, que les
conditions de travail des cadres supérieurs ressemblent assez peu
à celles des personnes salariées, étant donné que
leur fonction est centrée sur la définition des politiques
générales et des grandes stratégies de l'entrepri- se. Il
s'agit là d'une demande patronale, je dois en convenir, qui date de
très longtemps et qui, en fait, voudrait que tous les cadres, et non pas
seulement les cadres supérieurs, soient exclus de la loi. Je vous
signale que, selon le Code canadien, les cadres sont exclus de la durée
du travail et des dispositions relatives au congédiement sans cause
juste et suffisante. En Ontario, les cadres ne bénéficient pas
des dispositions de la loi relative aux heures de travail, ni au temps
supplémentaire. En fait, il s'agit, M. le Président, du
même article qui apparaissait à l'avant-projet de loi, il n'y a
pas eu de modification.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. D'abord, je veux demander
au ministre qu'il nous fasse la nomenclature des congés parentaux et de
maternité qui sont admissibles pour les cadres supérieurs.
M. Bourbeau: Alors, il y a les congés parentaux et les
congés de maternité, les articles 81.1 à 81.17.
L'indemnité de congés annuels, lorsqu'elle est relative à
un congé mentionné au point 1... Alors, pour être un peu
plus précis: le congé de naissance ou d'adoption, les cinq jours
d'absence pour obligations parentales, les congés pour examens
médicaux reliés à la grossesse, le congé de
maternité et le congé parental.
Des voix: C'est ça.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Oui. Alors, faut-il comprendre que la
réglementation de la durée de la semaine normale de travail qui
est prévue au projet de loi, à l'article 55, je crois...
c'est-à-dire qui introduit une présomption légale s'il y a
pratique interdite contre le salarié qui utilise la
réglementation pour refuser de travailler si sa présence est
nécessaire pour remplir des obligations reliées à la
garde, à la santé ou à l'éducation de son enfant
mineur, bien qu'il ait pris tous les moyens raisonnables à sa
disposition pour assumer autrement ses obligations... Faut-il comprendre que
cette réglementation de la durée de la semaine normale de travail
ne sera pas admissible pour les cadres supérieurs?
M. Bourbeau: Ça ne s'applique pas, M. le Président,
puisqu'ils sont exclus de la semaine normale de travail et du temps
supplémentaire.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Oui. M. le Président, ça me fait
penser.. puisque tantôt nous avions demandé au ministre de nous
Indiquer., à un article précédent... oui, pour le
salarié de la construction. Le
ministre nous avait fait la nomenclature de tous les congés qui
étaient ouverts aux salariés de la construction, malgré
tout écartés de l'application de certaines normes. Est-ce que le
refus du temps supplémentaire, la présomption légale en
cas de pratique interdite s'il y a refus de faire du temps
supplémentaire est ouverte aussi au salarié de la construction?
Ça, c'est le paragraphe troisième du même article.
M. Bourbeau: C'est la même règle que pour les
cadres, M. le Président.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire que le ministre a choisi
d'écarter la présomption légale de congédiement
illégal lors d'une pratique suite à un refus de faire du temps
supplémentaire pour le motif que sa présence était
nécessaire pour remplir les obligations reliées à la
garde, à la santé ou à l'éducation de son enfant
mineur. Il faut donc comprendre que ni les salariés de la construction,
ni les cadres supérieurs n'ont la protection de cette présomption
légale?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, c'est l'inverse qui
s'applique. La présomption s'applique aux congés parentaux et aux
congés de maternité, tout ce qui s'applique à ça,
tous les congés. C'est l'article 81.1 à l'article 81.17. Les
cadres supérieurs sont exclus de la loi, sauf pour tout ce qui concerne
les congés parentaux et les congés de maternité. Ces
articles-là s'appliquent aux cadres supérieurs.
Mme Harel: Y compris le refus du temps supplémentaire,
article 55?
M. Bourbeau: Un instant, là-dessus, je ne suis pas tout
à fait sûr. Non, M. le Président, ça s'applique pour
les congés parentaux et les congés de maternité, mais pas
pour le refus du temps supplémentaire. Les cadres supérieurs
toujours.
Mme Harel: Et en est-il de même pour les salariés de
la construction qu'on retrouve au paragraphe 3°?
M. Bourbeau: La même chose. Mme Harel: Pourquoi?
M. Bourbeau: Parce qu'ainsi en a voulu le législateur.
Mme Harel: Alors, explique/ nous puisque vous l'êtes.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! M. le Président, le principe
fondamental, c'est que les cadres supérieurs seraient exclus, au
départ, de l'ap- plication de la loi en raison de ce que j'ai dit
tantôt. Cependant, même si on exclut totalement les cadres
supérieurs de la loi, on a fait une exception dans le cas des
congés parentaux et des congés de maternité. Étant
donné la faveur que le gouvernement apporte à la natalité
et à la démographie, on a voulu quand même, malgré
l'exclusion des cadres supérieurs, leur accorder les
bénéfices de ces articles-là. Mais c'est tout, c'est
l'exception. Pour le reste de la loi, les cadres supérieurs, leur
situation se présentant totalement différemment dans leur cas
étant donné leur fonction qui est centrée sur la
définition des politiques générales et des grandes
stratégies de l'entreprise, nous avons jugé qu'il était
préférable de ne pas les assujettir à la loi.
Mme Harel: Quel est le mobile, à ce moment-là,
à l'égard des salariés de la construction?
M. Bourbeau: M. le Président, je suis assez mal
placé pour donner des renseignements au sujet de cette loi-là qui
relève d'un autre ministre et qui n'est pas vraiment de mon domaine.
C'est difficile pour moi de venir donner l'intention du législateur pour
une loi qui existe depuis un certain temps et dont je ne suis même pas le
ministre responsable. Je peux aller aux nouvelles et demander à mon
collègue. Je pourrai vous donner les renseignements dans les jours qui
suivent.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Non, M. le Président, ce n'est pas une
réponse satisfaisante parce que c'est le ministre qui est responsable
des dispositions prévues pour le salarié régi par la Loi
sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Alors, c'est lui qui en est
responsable. C'est lui qui a introduit des amendements, lesquels amendements
prévoient notamment la protection des congés parentaux tels que
prévus à l'article 30 du projet de loi. Il aurait pu aussi
introduire la protection du droit du refus du temps supplémentaire tel
que prévu à l'article 55. Le choix qu'il a fait, c'est
d'introduire une protection et d'en exclure une autre. Mais c'est lui qui a
fait ce choix-là. C'est lui qui est parrain du projet de loi 97. Alors,
pourquoi avoir exclu les salariés de la construction de la protection de
l'article 55?
M. Bourbeau: M. le Président, je rappelle que la Loi sur
les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction est une loi qui ne
dépend pas de moi, ni la loi ni les règlements. Alors, je suis
bien... Je ne suis pas disposé à donner à la
députée de Maisonneuve les raisons profondes qui ont
justifié l'adoption
d'une politique différente. Mais cette loi-là régit
tout le domaine de la construction. Elle a sa propre dynamique, ses propres
articles et c'est la raison pour laquelle on n'interviendra pas dans cette
loi-là. D'ailleurs, si la députée de Maison neuve
consultait le député de Pointeaux Trem blés qui, lui, est
un expert dans le domaine de la construction, ayant déjà fait ses
preuves dans ce domaine-là, elle pourrait savoir.
Mme Harel: Là, M. le Président, il y a un gros
malentendu. Il y a un très, très gros malentendu. On est dans la
Loi sur les normes. La Loi sur les normes prévoit un régime
différent pour les salariés de la construction Ce régime a
été choisi par le ministre qui est devant moi ce soir et c'est
lui qui a adopté une politique différente de celle en usage pour
tous les autres salariés. Il a fait une bonne chose, c'est qu'il a
assujetti l'ensemble des salariés liés à la couronne aux
normes de la loi. Et je ne comprends pas pourquoi lui décide. Ce n'est
personne d'autre. C'est lui qui décide d'exclure les salariés de
la construction aux bénéfices de cette disposition-là. Il
a décidé qu'il y avait certains bénéfices qui leur
étaient accordés, notamment ceux relatifs aux congés de
paternité, congés de maternité et autres congés
parentaux II a décidé qu'il excluait ce bénéfice du
refus du temps supplémentaire pour un parent responsable d'un enfant
mineur. Pourquoi? C'est lui qui est responsable des congés familiaux
parentaux.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, oui, effectivement, la Loi
sur les normes du travail est une loi de celui qui vous parle. Bien que je ne
sols pas reponsable do l'autre loi dont on parlait tantôt, je vais...
Est-ce qu'on pourrait suspendre une minute, M. le Président? Je vais
consulter...
Le Président (M. Joly): Sûrement, M le ministre. On
va suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 22)
(Reprise à 20 h 25)
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve soulevait la question du refus de temps
supplémentaire, par un travailleur de la construction, pour des fins
parentales. Je n'ai pas d'objection à regarder attentivement la
proposition visant à couvrir les travailleurs de la construction.
Cependant, je ne pourrai pas le faire sans consulter mon collègue, le
ministre du Travail, qui est responsable de ce secteur-là. Alors, ce que
je proposerais, ça serait de suspendre l'article, le paragraphe 4°
de l'article 3, le paragraphe 3°, plutôt, de l'article 3 et...
Le Président (M. Joly): L'article 3 a déjà
été adopté, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse là.
Le Président (M. Joly): Le paragraphe 3° de l'article
3 a déjà été adopté. Nous en sommes au
paragraphe 4° de l'article 3.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est parce que la
députée de Maisonneuve est revenue en arrière, sur le
paragraphe 3°.
Mme Harel: C'est parce que l'article 3 n'est pas adopté,
et puis on peut toujours revenir en arrière, tant que l'article n'est
pas adopté.
Le Président (M. Joly): Oui. Alors, à ce
moment-là...
M. Bourbeau: alors, disons que, si ça devait se faire,
ça serait par un amendement au paragraphe 3° de l'article 3. alors,
on peut peut-être... de toute façon il n'y a rien
d'adopté.
Le Président (M. Joly): Non, non.
M. Bourbeau: Donc, je vais en discuter...
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons suspendre cet
article.
M. Bourbeau: ...avec mon collègue, le ministre du Travail,
pour voir dans quelle mesure on pourrait envisager la possibilité de
couvrir ces travailleurs
Le Président (M. Joly): Est ce que vous êtes
d'accord, Mme la députée, pour que nous suspendions...
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Joly): ...le paragraphe 3° de
l'article 3?
M. Bourbeau: Et, quant à l'article, le paragraphe 4°,
en ce qui concerne les cadres supérieurs, je pense que, dans ce
cas-là, la question ne se pose pas. Les cadres supérieurs n'ont
pas d'heures de travail, n'ont pas de semaines de travail avec des heures, donc
ils ne peuvent pas faire de temps supplémentaire, puisqu'ils n'ont pas
d'heures.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez quelque chose
à rajouter, Mme la députée, sur le paragraphe 4°?
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je crois également
que ma collègue, la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. . Alors, je voudrais porter à la
connaissance de la commission et du ministre le point de vue qu'exprimait la
Commission des droits de la personne, dans le texte qu'elle faisait parvenir
sur le projet de loi. La commission, à juste titre, insistait sur le
fait qu'il fallait particulièrement être vigilants lorsque
certaines exclusions ont comme conséquence d'être injustes et
s'appliquent "à celles et ceux qui auraient le plus besoin de la
protection de la loi". Je conviens avec le ministre que les cadres
supérieurs ne sont pas ceux et celles qui ont le plus besoin de la loi,
mais, "par souci de rigueur intellectuelle - ajoutait la Commission des droits
de la personne - il faut également s'interroger sur la création
d'une nouvelle catégorie dite "cadre supérieur". À cet
égard - ajoutait-elle - nous aimerions rappeler que l'exclusion
générale de tous les cadres, qu'ils soient supérieurs ou
non, de la réglementation de la durée de la semaine normale de
travail pourrait imposer une barrière à la promotion des
personnes qui ont des responsabilités familiales." Et là le point
de vue est "qu'ils soient supérieurs ou non"; donc, c'est l'ensemble des
cadres. Je dois comprendre que c'est l'ensemble des cadres qui sont exclus de
la protection de l'article 55, est-ce que c'est le cas?
Le Président (M. Joly): M le ministre.
M. Bourbeau: Non, seulement les cadres supérieurs, M. le
Président.
Mme Harel: Lorsque nous avions, en commission,
étudié l'avant-projet de loi, je vous rappelle que le Barreau du
Québec émettait un avis à l'effet "que l'expression "cadre
supérieur" - je le cite au mot - risque de poser de sérieux
problèmes d'interprétation. il nous semble - ajoutait le Barreau
- inopportun de faire opposer le champ . d'application de la loi sur un terme
qui n'a pas de définition juridique précise." Ça, c'est un
corps autorisé, le Barreau du Québec, qui, en
général, ne parle pas pour ne rien dire et qui nous dit de faire
très attention parce que l'expression "cadre supérieur" n'a pas
de jurisprudence. Est-ce que c'a été porté à votre
attention?
M. Bourbeau: On s'est arrêté, M. le
Président, à cette remarque du Barreau canadien, mais... le
Barreau canadien, je crois, hein?
Mme Harel: Le Barreau du Québec.
M. Bourbeau: Le Barreau du Québec. Et, bien qu'on soit
conscients que cette définition peut avoir des interprétations
qui peuvent varier, il reste quand même que l'expression "cadre
supérieur" est une expression qui est employée de façon
assez générale même si tous ne l'interprètent pas de
la même façon. Ça dépend de la structure de chaque
entreprise. On est quand même assez confiants qu'en utilisant
l'expression "cadre supérieur" on vise justement les cadres
supérieurs d'une entreprise et que, possiblement, éventuellement,
la jurisprudence aura à trancher dans des débats quelconques.
Pour l'instant, on s'en tient à cette définition qui n'est
peut-être pas la plus précise.
Le Président (M. Joly): Mme la dépuptée,
avant de reconnaître Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Harel: M. le Président, l'Ontario, notre voisin, a
réglé bien autrement cette question, puisque les seules
dispositions dont les cadres ne bénéficient pas sont celles
relatives aux heures de travail et au temps supplémentaire. L'ensemble
des autres dispositions sont à l'avantage de tous les salariés, y
compris les cadres. Est-ce que le ministre ne craint pas l'effet pervers
décrit par la Commission des droits qui serait celui de
désinciter, décourager à cette époque d'action
positive pour inciter en particulier les femmes, qui assument toujours les
responsabilités parentales et conjugales, d'occuper des emplois de
direction? Est-ce que le ministre ne craint pas l'effet pervers de dispositions
semblables qui, en introduisant deux régimes, un pour les parents,
où qu'ils soient, quand ils ne sont pas cadres supérieurs, et un
autre où ils ne peuvent pas être reconnus comme parents quand ils
sont cadres supérieurs... Sachant que - toutes les études le
démontrent, d'ailleurs - les femmes sont avant tout autre responsables
et portent toujours l'immense obligation parentale, est-ce que ce n'est pas
là, finalement, une mesure qui pourrait avoir un effet
discriminatoire?
M. Bourbeau: M. le Président, les cadres supérieurs
ont quand même droit aux congés parentaux et aux congés de
maternité même s'ils sont des cadres supérieurs. Donc, il
n'y a pas de discrimination à cet égard-là.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Ma collègue des Chutes-de-la-Chaudière
va peut-être convaincre le ministre, moi, j'abandonne.
Mme Carrier-Perreault: Moi, il y a quelque chose que je ne
comprends pas par rapport à la définition, d'abord, de cadre
supérieur. Le ministre nous dit que c'est la jurisprudence qui va
décider c'est quoi, qui va nous dire, finalement, en bout de ligne ce
que c'est la différence entre un cadre puis un autre, à savoir si
c'est un cadre supérieur ou pas. Ça ne me donne pas
grand-chose.
M. Bourbeau: Disons que ce n'est pas un
cadre inférieur.
Mme Carrier-Perreault: Ça dit quoi, ça? Ça
ne dit pas grand-chose en soi. Autre chose aussi, c'est que le ministre dit,
bon. On leur accorde les congés parentaux, les congés de
maternité toujours dans l'optique gouvernementale où on est pour
la famille, où on est pour encourager, n'est-ce pas... bon. Mais, par
contre, on se trouve à enlever les cadres. Ils ne sont plus couverts par
la loi des normes. Et vous dites: Les cadres il n'y a plus de temps
supplémentaire. Est-ce que ça veut dire, même si vous dites
qu'il n'y a plus d'heures normales, qu'il n'y a plus de semaines normales de
travail de 40 ou 44 heures, puisque la loi ne s'applique plus... Mais, quand le
cadre supérieur ou le cadre dont un jour on connaîtra la
définition devra s'absenter justement à cause de ses
responsabilités parentales, ne pourra pas accepter de faire du temps
supplémentaire, il n'y a absolument rien, si je comprends bien, qui va
le couvrir, puisque l'article 51 - point, je ne me souviens plus quoi - ne le
couvrira pas. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Bourbeau: On ne peut pas parler, on ne peut pas dire qu'un
cadre peut être requis ou non de faire du temps supplémentaire,
parce que, pour faire du temps supplémentaire, il faut qu'au
départ il y ait dans la description de tâches une semaine normale
de travail et, après laquelle semaine de travail, commence le temps
supplémentaire. Dans le cas des cadres, il n'y a pas de semaine normale
de travail. Ça n'existe pas. Donc, il ne peut pas y avoir de temps
supplémentaire. Donc, il ne peut y avoir de refus de faire du temps
supplémentaire, puisqu'il n'y en a pas de temps supplémentaire.
C'est de la nature même de la fonction.
Le Président (M. Joly): M le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, à la rigueur, je
pourrais suivre le ministre s'il se bornait à faire comme en Ontario et
à dire que les seules dispositions dont les cadres ne
bénéficient pas sont celles relatives aux heures de travail et au
temps supplémentaire. C'est connu que les cadres n'ont habituellement
pas d'heures régulières ni de temps supplémentaire, encore
que, dans la pratique des choses, lorsqu'ils négocient leurs conditions
salariales, le fardeau de la tâche est compensé même s'il
n'est pas compté à l'heure précise. Mais c'est qu'on dit
que tous les cadres sont couverts par la loi, à l'exception de la
durée du travail et du préavis de licenciement. Pourquoi ils ne
seraient pas, l'ensemble des cadres, couverts par le préavis de
licenciement? Il est si peu généreux; il va au maximum à
huit semaines.
Et le terme "cadre supérieur", j'ai tendance à être
d'accord avec le Barreau, le cadre supérieur n'est pas un cadre
inférieur. Le cadre supérieur est-il différent du cadre
moyen? Parce que ça aussi le cadre moyen, en France, entre autres, il y
a un temps où tout le monde auscultait et se demandait: Que pense, que
sent, que vit, quelle est la vie sexuelle du cadre moyen? Mais le cadre
supérieur, écoutez, on a un avis assez autorisé. Le
Barreau nous dit, et je le cite de nouveau, la députée de
Hochelaga-Maison-neuve l'a déjà fait: "Nous signalons - et je
cite le Barreau - que l'expression "cadre supérieur" risque de poser de
sérieux problèmes d'interprétation. Il nous semble
inopportun de faire reposer le champ d'application de la loi sur un terme qui
n'a pas de définition juridique précise", fin de la citation.
M. le Président, c'est méritoire de la part du Barreau de
dire au ministre: Vous allez amener du travail aux avocats avec ça,
parce que le cadre qui ne bénéficiera pas des avantages de la loi
pourra toujours se trouver un avocat pour dire qu'il n'est pas un cadre
supérieur. Et qu'est ce qui n'ost pas un cadre supérieur? Un
cadre congédié ne se sent sûrement pas
supérieur...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: ...et trouver un avocat qui va faire la preuve qu'il
n'était pas un cadre supérieur, ça peut se trouver. Donc,
ça va dans le sens d'une judiciarisation sans cesse
accélérée de notre vie en société. Ce que je
veux dire c'est qu'on va mettre quelque chose dans la loi qui est une source de
problèmes à l'origine. Le Barreau nous dit. Ça risque de
poser des problèmes d'interprétation. Il n'y a rien qui explique
ce que c'est un cadre supérieur. D'abord, par définition un cadre
a normalement une autorité sur de simples employés. Dans ce
sens-là, il est, dès lors, supérieur, ce qui ne veut pas
dire qu'il est meilleur mais il est supérieur. Mais, à ce
moment-là, comment allons-nous établir la démarcation
entre le simple cadre, le cadre moyen et le cadre supérieur? Parce que
je répète que, si on ne voulait les exclure, les cadres, que de
ce qui concerne les heures de travail et le temps supplémentaire, on ne
ferait pas de distinction, on dirait: Le cadre n'est pas assujetti. D'ailleurs,
dans la plupart des entreprises du secteur industriel, on dit même
souvent les employés à l'heure et les employés au mois. Et
dans les employés au mois, il y a les cadres. Les employés
à l'heure, bien ce sont ceux qui travaillent et qui sont payés un
salaire horaire. Alors, si on veut exclure les cadres des heures de travail et
du temps supplémentaire, et, s'ils sont exclus du temps
supplémentaire, ils sont exclus, bien sûr, de la disposition qui
permet de refuser pour des raisons familiales de faire du temps
supplémentaire... Encore que, pour ce qui est du refus de faire du temps
supplémentaire.
ma petite expérience rn'ens«lyno qu'il n'y a
peut-être pas des heures supplémentaires de versées
à des cadres, mais qu'il y a comme un horaire régulier qui est
tenu et une cadre qui a des enfants... Et la députée de
Hochelaga-Mai-sonneuve l'expliquait, les responsabilités familiales sont
encore surtout exercées par des femmes, on introduit peut-être
dans la loi une discrimination prévue par la loi à l'égard
des femmes qui deviennent cadres. Mais, en tout cas, il y a une chose qui est
certaine, c'est que le Barreau nous avertit que les bénéficiaires
de ce texte mal préparé et imprécis, ça risque
d'être les avocats et que ça aille dans le sens d'une
judiciarisation accrue des rapports.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, est-ce que vous
vouliez rajouter?
M. Bourbeau: M. le Président, tout ce que je dirais c'est
qu'il ne faut pas oublier que les cadres qui ne sont pas des cadres
supérieurs sont protégés par la loi au complet à
l'exception du temps supplémentaire. Alors, c'est déjà
ça là, il ne faut pas oublier ça. Maintenant, les cadres
supérieurs sont exclus à l'exception des congés parentaux
et des congés de maternité à l'égard desquels ils
sont inclus.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: M. le Président, c'est que les cadres, en
général, sont couverts par la loi, à l'exception de la
durée du travail et du préavis de licenciement. Pourquoi sont-ils
exclus... Dans la loi actuelle, le ministre a raison là-dessus. Mais,
à ce moment-là, pourquoi...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais
interrompre le député de Pointe-aux-Trembles?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député de...
M. Bourdon: Pointe-aux-Trembles, c'est ça.
M. Bourbeau: ...pointe-aux-trembles a fait une erreur là.
les cadres sont inclus dans la loi, à l'exception de la semaine de
travail, point, pas du préavis.
M. Bourdon: Je m'étais corrigé moi-même en
disant: Le préavis était exclu dans l'ancienne...
M. Bourbeau: C'est ça, c'est ça.
M. Bourdon: ...loi, dans la loi actuelle qu'on s'apprête
à modifier. Le ministre a raison. Le problème qui va se poser, M.
le Président, s'il n'y a pas une définition de ce qu'est un cadre
supérieur, je puis dire au ministre d'avance quels cadres ne se
considéreront pas comme cadres supérieurs. C'est sûr qu'ils
n'auront pas l'avantage qu'on prévoit ici pour eux. Ce que je veux dire
c'est: C'est quoi un cadre supérieur? Si on met une définition
dans la loi, il y aura moyen de trouver une application, mais, s'il n'y a pas
de définition... Et, à cet égard, on me corrigera si je me
trompe, mais, normalement, une loi, lorsqu'elle utilise un terme, doit en
quelque part définir ce terme. En tout cas, dans le Code du travail, il
y a une liste de définitions très exhaustives au début du
Code du travail pour éclairer le tribunal qui pourra être
appelé à trancher.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a autre chose
à ajouter sur le paragraphe 4° de l'article 3?
Mme Harel: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire qu'en vertu de ce paragraphe
4° un cadre supérieur est exclu de la loi sauf pour certaines des
dispositions qui sont décrites, les articles 81.1 à 81.17 et
ainsi de suite. Dois-je comprendre que le cadre supérieur n'a pas droit
à un recours pour congédiement sans cause juste et
suffisante?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve a raison.
Ça ne s'applique pas aux cadres supérieurs.
Mme Harel: Mais le congédiement illégal
s'appliquerait?
M. Bourbeau: II s'appliquerait quand c'est relatif aux
congés parentaux et aux congés de maternité à
l'égard desquels congés un cadre supérieur a droit aux
bénéfices de la loi.
Mme Harel: Pour tous les autres motifs, le cadre
congédié doit recourir aux dispositions du Code civil? C'est bien
ça?
M. Bourbeau: C'est ça, M. le Président, l'article
1668 du Code civil.
Mme Harel: Avez-vous déjà pratiqué comme
avocat?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'est quelqu'un qui vous l'a soufflé?
M. Bourbeau: M le Président...
Le Président (M. Joly): Pourquoi doutez-
vous des connaissances de M. le ministre? Mme Hardi: Donc...
Excusez.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez
terminé, parce qu'il est déjà...
M. Bourbasu: Je n'ai pas pratiqué la fonction d'avocat
mais j'ai appris mon Code civil il y a quelques printemps.
Mme Harel: C'est donc dire qu'à ce moment-là H n'y
a pas de recours devant la Commission et le commissaire du travail. C'est
ça qu'on doit comprendre?
M. Bourboeu: Mais sauf pour les
congédiements relattfs aux congés parentaux et aux congés
de maternité.
Mme Harel: oui, oui. et ça, ça ne vaut que pour les
cadres supérieurs. lee autres, on les appelerait comment s'ils ne sont
pas supérieurs? on ne peut pas dire "inférieurs".
M. Bourbeau: Les cadres intermédiaires. Mme Harel:
Moyens.
M. Bourbeau: Les cadres intermédiaires et les cadres
inférieurs.
Mme Harel: Les adjoints, par exemple, sont des cadres que vous
définiriez dans quelle catégorie?
M. Bourbeau: Les adjoints à qui? Mme Harel: Les
adjoints...
Une voix: Adjoint, ce n'est pas si pire que ça.
Mme Harel: Adjoint, par exemple... Ça dépend,
évidemment, si c'est une TPE, une très petite entreprise ou
une...
Une voix: Une TPE. Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Un adjoint peut ne pas être un cadre du
tout.
Mme Harel: Hum, hum! Et comment définit-on la notion de
cadre?
M. Bourbeau: La notion de cadre ou de cadre supérieur? La
notion de cadre ou...
Mme Harel: La notion de cadre. (20 h 45)
M. Bourbeau: La meilleure définition que l'on me
suggère c'est: Le cadre est quelqu'un qui représente l'employeur
auprès des autres salariés.
Mme Harel: et un cadre supérieur représente ml plus
l'employeur qu'un cadre cadre?
M. Bourbeau: c'est une possibilité là, selon ce que
la députée de maisonneuve a en tête, mais disons qu'un
cadre supérieur c'est un cadre qui a des responsabilités plus
importantes que les autres.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut dire que des cadres dépendent
de lui?
M. Bourbeau: Les autres cadres? Fréquemment.
Mme Harel: Bon, alors comme votre adjoint parlementaire.
M. Bourbeau: M. le Président, ils ne dépendent pas
de moi du tout, Dieu m'en garde!
Le Président (M. Joly): M le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je pense que la loi qui est
devant nous, le projet de loi qui est devant nous, est un recul sur les normes
minimales actuelles. J'ai lu fréquemment, dans le journal Les
Affaires, de la jurisprudence sur des congédiements de cadres
supérieurs et il y a beaucoup de recours qui existaient en cas de
congédiement, en vertu de la loi qu'on veut changer, qui étaient
exercés par des cadres supérieurs. Pourquoi? Parce qu'il y a eu
des fusions d'entreprises, des achats et des ventes d'entreprises et qu'il y a
parfois de ces opérations-là qui, au niveau des cadres
supérieurs, sont relativement sanglantes. Tellement que le Conseil du
patronat du Québec suggérait aux entreprises de régler les
départs à l'amiable en donnant une indemnité. Et moi, je
n'hésite pas à défendre les cadres supérieurs ici.
Ces gens-là ont droit à une protection minimale, des normes
minimales. Et je pense qu'il y a une équivoque à cet égard
de considérer que les normes minimales ne s'appliquent qu'à ceux
qui gagnent le salaire minimal. Perdre un emploi à 75 000 $ par
année c'est extrêmement douloureux et cette personne devrait
continuer d'avoir un recours si le con- , gédiement n'est pas pour un
motif fondé et suffisant. D'ailleurs, il y a de la jurisprudence des
arbitres nommés par le ministère du Travail dans ces
congédiements-là qui ont posé, par exemple, comme
principe, qu'en cas de difficultés économiques de l'entreprise
même des cadres devaient voir leur ancienneté dans l'entreprise
respectée, même s'ils n'étaient pas, évidemment,
couverts par une convention collective prévoyant un forme
d'ancienneté, et il y a un arbitre qui n'a pas hésité
à dire que l'ancienneté était aussi
un principe de justice naturelle et que, dans le cas d'espèce qui
était devant lui, un cadre qui est là depuis 20 ans ne devrait
pas être mis à pied avant un cadre qui est arrivé là
six mois avant.
Je reviens sur l'idée de l'équivoque, M. le
Président. Un cadre, c'est sûr, représente l'employeur
auprès des employés. Ça nous aide à savoir ce
qu'est un cadre. Mais un cadre supérieur a-t-il autorité sur
d'autres cadres? Et il y aura toujours un avocat qui se fera fort de dire
à l'employeur: Je vais prouver que c'est un cadre supérieur, avec
une objection préliminaire pour dire que l'arbitre n'a pas juridiction
vu que le cadre supérieur est soustrait à la juridiction de
l'arbitre. Le cadre en question qui se dira pas supérieur va se trouver
un avocat facilement qui va dire qu'il est un cadre ordinaire, pas
supérieur. Qu'est-ce qu'on fait avec... Il va chanter: Je suis un cadre
bien ordinaire, tellement ordinaire qu'il est mis dehors comme la plupart des
gens ordinaires.
Mais, plus sérieusement, M. le Président, il y avait une
protection à l'endroit et à l'égard des cadres
supérieurs dans la loi et on veut l'enlever. Or, ces personnes-là
ont droit à une protection parce que ça fait partie des nouvelles
réalités économiques de voir des gens qui se retrouvent
sur le chômage et qui gagnaient 75 000 $ ou 100 000 $ par année.
Dans les fusions d'entreprises, c'est bien connu que c'est parfois sanglant, je
veux dire, parce qu'on appelle ça une rationalisation. Ça,
ça veut dire qu'il y a du monde qui va être dehors. C'est
ça, une rationalisation, c'est moins de monde qu'avant. Dans les
entreprises syndiquées, c'est encore plus sanglant parfois pour les
cadres parce que les syndiqués se sont négocié des
protections. On dit: Bien, les cadres, eux autres, il n'y a pas grand-chose, on
peut toujours... Et dans la pratique, c'a donné lieu à des
ententes sur des indemnités de départ, parce qu'une personne qui
a un recours peut négocier son départ. Humainement, ça
m'apparaît acceptable. Alors, si le ministre ne veut pas prévoir
d'indemnité de départ pour personne dans la loi, qu'il ne
crée pas une situation où personne ne pourrait s'en arracher
une.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, excusez, de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président,
j'écoute avec beaucoup d'attention la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, M. le député de Pointeaux-Trembles, et je
trouve pour le moins particulier qu'on s'acharne à défendre les
cadres supérieurs lorsqu'on traite d'un projet de loi qui traite des
normes minimales du travail pour essayer de défendre les gens qui sont
peut-être à l'affût ou du moins qui sont subordonnés
à un certain nombre de choses. Enfin...
Une voix: Pouvez-vous parler plus fort, s'il vous
plaît?
M. Paradis (Matapédia): Je pense que ça va bien,
oui?
Le Président (M. Joly): Pour vous, mais pas pour nous
autres.
M. Paradis (Matapédia): Pardon?
Le Président (M. Joly): Pour vous mais pas pour nous, on
ne vous entendait pas bien.
M. Paradis (Matapédia): C'est parce que le monsieur de la
technique me disait que ça allait bien. Je m'excuse, M. le
Président.
Une voix: On entend.
M. Paradis (Matapédia): Tout ça pour dire que je
trouve pour le moins particulier que les députés de l'Opposition
s'acharnent à défendre les cadres supérieurs lorsqu'on est
ici pour défendre les normes minimales du travail, donc les gens qui
sont le plus susceptibles, dans notre société, d'être pour
le moins en difficulté sur le marché du travail. Si le
député de Pointe-aux-Trembles veut défendre son cas
personnel, c'est son choix, mais ce n'est peut-être pas la meilleure
tribune, dans une commission parlementaire comme la nôtre, pour le faire.
Finalement, j'invite nos amis de l'Opposition à regarder avec attention
le projet de loi et à voir de quelle façon on peut,
évidemment, aider les gens qui sont un petit peu susceptibles
d'être peut-être en difficulté sur le marché du
travail et à voir de quelle façon on pourrait améliorer
leurs conditions de travail. Mais je souligne aussi aux députés
de l'Opposition, particulièrement au député de
Pointe-aux-Trembles, que, ce soir et même demain, nous ne
négocierons pas une convention collective mais que nous essaierons de
donner à des gens des conditions de travail qui pourront être,
dans une société que l'on dit tolérante, civilisée,
des normes du travail qui pourront correspondre à une certaine
activité économique sans pour cela, évidemment,
négocier chacune des classes d'activité économique dans
chacun des secteurs d'activité.
On sait très bien que, enfin, chaque compagnie, chaque syndicat a
des définitions particulières sur ce que c'est, un cadre
supérieur, intermédiaire ou inférieur, de telle sorte que
c'est difficile pour l'État... Et je souhaite que l'État
n'intervienne pas parce qu'on n'est pas, je pense, un État socialiste.
J'espère que l'État n'interviendra pas continuellement dans les
centrales syndicales de même que dans les entreprises privées pour
définir qu'est-ce que c'est un cadre inférieur,
intermédiaire ou supérieur. J'espère qu'on pourra le
déterminer dans chacune de ces cellules d'une société,
sort dit en
passant, tolérante, civilisée, de telle sorte qu'on puisse
vivre encore - et je l'espère - dans une société qui, sans
sens péjoratif, puisse être civilisée.
Le Président (M. Joly): M le député de
Pointe-aux-Trembles a demandé la parole.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, ça se
résume à peu de chose, notre argument. Il est fort simple. La loi
actuelle donne une protection contre un congédiement arbitraire,
après cinq ans. On parie de réduire ça à trois ans
pour un cadre supérieur. Je pense, moi, qu'on est là pour assurer
des droits a des personnes et qu'il ne faudrait pas en enlever aux cadres
supérieurs. Moi, qu'un cadre supérieur soit quelqu'un qui est
bien au-dessus et bien au-delà du salaire minimum, ça
n'empêche pas qu'il doive continuer d'être protégé
par les normes minimales du travail, qui comportent, indépendamment du
salaire qu'on gagne, une protection en cas de congédiement si le
congédiement n'est pas fondé sur un motif fondé et
suffisant.
Pourquoi l'enlever aux cadres supérieurs? Je ne vois pas
l'idée. Une personne qui gagne 75 000 $ par année et qui se
retrouve sans emploi, c'est loin d'être facile. Il y a déjà
des députés qui ont vécu ça, suite à des
élections, puis de tous les partis, puis ce n'était pas simple de
se retrouver un emploi. Bon, un député c'est élu, ce n'est
pas là la question, mais les députés ont une
indemnité de départ, quand ils sont battus. Les cadres
supérieurs sont des personnes humaines qui ont des droits. Et je pense
que le droit à un arbitrage, si on prétend que son
congédiement n'est pas fait pour un motif fondé et suffisant,
c'est un droit élémentaire, que les cadres supérieurs
exerçaient d'ailleurs, et qui a donné lieu à un certain
nombre de décisions arbitrales en leur faveur. Et je
répète que ça a amené les entreprises à
négocier certains départs. Et vous savez, quand on se retrouve au
chômage et puis qu'on gagnait, je le répète, 75 000 $, ce
n'est pas simple. Et je ne vois pas pourquoi il y aurait des droits pour les
personnes à 7500 $ par année et puis qu'il n'y aurait pas les
mêmes droits quand il s'agit du droit au travail. Et ça
n'empêche pas les entreprises de procéder à des mises
à pied pour des raisons économiques, mais il ne faut pas que
ça se fasse pour des motifs arbitraires, il ne faut pas que ça
soit injuste.
Il y a quelque chose d'invraisemblable à dire qu'une cadre
supérieure à 75 000 $ a droit à un congé de
maternité, mais que, trois mois après, sans que ça n'ait
aucun rapport, j'en conviens là, elle puisse être
congédiée sans recours. Alors, elle a le droit d'être
mère, elle a le droit d'enfanter, mais elle n'a pas le droit à
son emploi, puis elle peut le perdre sans pouvoir exercer un recours. Sans
compter que, comme on dit, ça dépend si on est cadre
supérieur ou cadre ordinaire, puis les autres cadres; on leur accorde le
droit au préavis de licenciement ou de mise à pied, mais pas le
recours en cas de congédiement. Donc, c'est tous les cadres qui se
voient subitement enlever un recours qui existe dans la loi actuelle, puis sans
qu'on les ait avisés d'aucune manière que ce droit-là
serait perdu. Moi, je pense qu'il y a quelque chose d'extrêmement mauvais
là-dedans. On sait, je répète, que les fusions, les
achats, les ventes d'entreprises, entre autres, ont créé des
situations où on éliminait des gens pour des motifs qui
n'étaient pas toujours fondés et suffisants.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, excusez. Peut-être
en réplique, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Je rappelle au député de
Pointe-aux-Trembles qu'il semble avoir oublié que les cadres autres que
les cadres supérieurs ont droit au recours, en cas de
congédiement, contrairement à ce qu'il vient de dire. (21
heures)
Deuxièmement, en ce qui concerne les cadres supérieurs,
pensons-y un instant. Si un cadre supérieur est congédié,
étant donné, là, le lien très étroit qu'il a
avec la haute direction, le président ou le vice-président, il
devient illusoire de penser qu'il peut être
réintégré après congédiement, que ce soit
pour des raisons justes ou injustes. Un cadre supérieur, à toutes
fins pratiques, s'il est congédié, même si c'est
injustement, on ne pourrait pas le réintégrer dans l'entreprise
à cause des relations très étroites de
confidentialité. Donc, à toutes fins pratiques, un fois qu'il est
congédié, il ne peut penser qu'à un recours. Or, il est
assez coutu-mier que ces cadres-là, lors d'un congédiement, on
leur propose une indemnité. Si on ne le fait pas, le cadre peut exercer
les recours prévus à l'article 1668 du Code civil, et c'est ce
qu'ils font généralement. Ce sont des gens, quand même, qui
ont certains moyens financiers, qui connaissent la loi et qui peuvent se payer
un avocat. De toute façon, les indemnités qui sont, en
général, accordées à des cadres supérieurs
sont importantes. Donc, sur le plan pratique, je pense que, finalement, il n'y
aurait pas de possibilité de réintégrer ces
cadres-là dans leur emploi s'ils étaient congédiés.
Il m'apparaît, à ce point de vue là, qu'on a probablement
raison de les exclure des avantages de la loi.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, vous vouliez ajouter quelque chose.
Mme Harel: Oui, M. le Président, c'était pour
rassurer le député de Matapédia en lui disant que, bien au
contraire, il ne s'agit pas de socialisme, ce qu'il semblait craindre, parce
que...
M. Paradis (Matapédia): Pas du tout.
Mme Harel: ...il a invoqué, d'ailleurs, qu'il ne fallait
pas faire de contrôle, je crois, sur les...
M. Paradis (Matapédia): L'ingérence de
l'État.
Mme Harel: D'ingérence, c'est ça. Le terme est
mieux adapté. D'ingérence, parce qu'il a parlé de
socialisme également.
M. Paradis (Matapédia): Oui Mme Harel: Bon. C'est
bien le cas?
M. Paradis (Matapédia): Oui. J'aimerais bien en discuter
avec vous.
Mme Harel: Et je voulais le rassurer en lui disant qu'il n'a pas
à s'en inquiéter, certainement pas, parce que l'Ontario, qui ne
peut pas être taxé de socialiste, a déjà, il y a
trois ans, modifié la Loi sur les normes.
M. Paradis (Matapédia): On verra dans les prochains mois,
les prochaines années. Voilà!
Mme Harel: Possiblement. Mais, là, l'Ontario
libéral, celui de Peterson, celui de David Peter-son, a
déjà...
M. Bourbeau: Celui du gouvernement de coalition!
Mme Harel: ...prévu que les cadres
bénéficient de toutes les dispositions, toutes les normes, tous
les recours, sauf des dispositions relatives aux heures de travail et au temps
supplémentaire, mais que l'ensemble des autres recours leur
étaient ouverts et que ça ne nécessitait pas l'ajout du
qualificatif de supérieur, puisque tous les cadres avaient droit
à cette protection de la loi.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Oui, j'aimerais ça, M. le Président,
qu'on m'explique, parce que le député de Pointe-aux-Trembles a
mentionné tantôt qu'en ce qui concerne le cadre supérieur
c'est un recul par rapport à l'ancienne loi. J'essaie de voir dans quel
sens. Parce que le cadre supérieur, est-ce qu'il apparaissait dans
l'ancienne loi? Je ne pense pas. Non, mais j'aimerais ça qu'on...
Ça n'existait pas, hein?
M. Bourdon: Non.
M. Marcil: C'est ça que je voulais savoir par rapport...
Je comprends que cadre supérieur, on l'a déjà
été. Si j'étais cadre supérieur, j'aimerais
ça être protégé. Non, mais je voulais voir la
différence par rapport à l'ancienne loi. Parce que, dans
l'ancienne loi, il n'apparaît pas. Il n'y a rien sur ce... Du moins, il
n'y a rien qui parle du cadre supérieur. Merci, c'est tout.
Mme Harel: M. le Président, pour le bénéfice
du député de Salaberry-Soulanges, je le renverrais à
l'article 82 de la loi actuelle qui prévoit que, comme il n'y avait pas
de notion de cadre dans la mesure où celui-ci pouvait se
prévaloir de la définition de salarié, les recours lui
étaient ouverts, y compris celui de préavis de licenciement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, j'aimerais attirer son attention sur le dernier
paragraphe de l'article 82 qui dit: Le présent article ne s'applique pas
dans le cas des cadres.
Mme Harel: Ah oui! c'est vrai.
M. Marcil: C'est ce que je viens de lire là.
Mme Harel: Oui, c'est tout à fait juste. Mais
c'était l'exception. Est-ce qu'il y en avait d'autres? Il y avait
l'exception du préavis de licenciement.
M. Bourbeau: Le temps supplémentaire puis c'est tout.
Mme Harel: C'est tout. Tandis que là vous ajoutez... En
fait, ce que vous introduisez, c'est la notion de cadre supérieur
où il est exclu de tout sauf des congés familiaux ou
parentaux.
M. Bourbeau: Par contre, les cadres intermédiaires et
inférieurs, on les admet.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, je voulais
juste faire remarquer au député de Pointe-aux-Trembles que, s'il
y avait eu des députés qui s'étaient retrouvés,
dans une certaine mesure, en difficulté suite à leur mandat,
c'est grâce à la loi que son propre gouvernement a passée
en 1983. Et j'invite donc le député de Pointe-aux-Trembles
à regarder de très près cette loi qui a régi,
finalement, par la suite les fonds de pension des députés. Mais
au-delà de toutes des considérations où on parle de cadres
inférieurs, intermédiaires, supérieurs, moi, je demande
à la commission, aux gens qui siègent autour de cette table de
regarder véritablement quels sont les acquis. Qu'est-ce qu'on peut
faire
pour les gens qui... sans être une convention collective, tout le
monde l'admet de plein droit dès lé départ. j'aimerais
qu'on étudie article par article tes avantages qu'on pourrait donner aux
gens qui attendent cette loi-là mais pourquoi devons-nous nous obstiner
sur, bon, la définition d'un cadré inférieur,
supérieur, intérmédiaiere ou de toutes suites? moi, je
pense que le son de cloche que j'aides gens qui attendent cette loi
là, c'est qu'elle est attendue. on nous dit: faites-là et
rapidement parce qu'il y a des avantages pour nous. je comprends mal
l'opposition, ce soir, d'essayer de trouver une définition de ce que
c'est un cadre supérieur. si le député de
pointe-aux-trembles veut défendre ceux qui gagnent 70 000 $ ou 75 000 $,
soit, c'est son privilège te plus absolu. mais, enfin, je pense que,
lorsqu'on parle d'adopter une loi modifiant les normes minimales du travail,
c'est-à-dire de protéger les gens qui n'ont pas la chance, entre
guillemets, d'être syndiqués, je pense qu'on doit aller dé
l'avant et donner ces avantagès-là à ces gens-là et
non pas essayer de protéger, mon dieu, les cadres supérieurs! et
dieu sait si la jurisprudence est là suite à là
récession que l'on a connue à une certaine époque, au
début des années quatre-vingt. dieu sait si la cour a fait des
jurisprudences pour nous amener à considérer la protection de ces
mêmes cadres supérieurs qu'aujourd'hui l'opposition veut
protéger.
J'invite nos amis à voir jusqu'où on peut aider les
personnes qui attendent avec appréhension, avec beaucoup d'attentes ce
projet de loi, et non pas à protéger les cadres, Grand Dieu! Pas
les moyens, les petits puis les gros, quand on parle de cadres
supérieurs, mais, Grand Dieu, ceux qui méritent ce projet de loi
là. Alors, j'invite le député de
Pointe-aux-Trembles...
Mme Harel: Quel plaisir! Quel bonheur d'entendre le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): ...et la députée de
Hochelaga-Malsonneuve à regarder avec attention ce point de vue
là.
Mme Harel: Alors, qu'à cela ne tienne, M. le
député, nous sommes maintenant assurés de votre
collaboration...
Le Président (M. Joly): Je vous reconnais, Mme la
députée.
Mme Harel: ...au moment où nous aborderons les ajouts, les
améliorations qu'il faut apporter à ce trop timide projet de loi.
nous savons maintenant que vous serez de notre côté.
Le Président (M. Joly): Écoutez là... Je
m'excuse, s'il vous plaît!
M. Paradis (Matapédia): Vous savez Mme. la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, pour avoir travaillé
avec vous sur le Code de la sécurité routière, que vous
avez mon entière collaboration...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Si vous
voulez vous adresser à la présidence.
M. Paradis (Matapédia): ...et j'espère que ce sera
vice et versa.
Le Président (M. Joly): Écoutez. Je ne voudrais pas
brimer quiconque de son droit de parole, mais, là, je pense qu'on
s'étend largement. Je suis prêt à être assez
permissif, je suis prêt à être assez compréhensif,
sauf que vous avez tous des choses à dire et à redire. Il y a 79
articles, sûrement que vous pourrez y revenir. C'est parce qu'on
déborde souvent de la pertinence. Alors, partant de là, si c'est
pertinent au paragraphe 4° de l'article 3, je vais vous entendre. M. le
député de Salaberry-Soulanges a demandé la parole et M. le
député de Pointeaux-Trembles. Alors, je vais reconnaître M.
le député de Pointe-aux-Trembles, par voie d'alternance, et, par
après, M. le député de Salaberry-Soulanges. S'il vous
plaît, brièvement.
M. Marcil: M. le Président, disons que...
Le Président (M. Joly): Non, excusez, par voie
d'alternance. M. le député de Pointe-aux-Trembles, s'il vous
plaît.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, l'article 124 de la
loi actuelle dit: "Le salarié qui justifie de cinq ans de service
continu chez un même employeur et qui croit avoir été
congédié sans une cause juste et suffisante peut soumettre sa
plainte par écrit à la Commission dans les 30 jours", et
ça continue. Alors, on ne fait aucune distinction, on dit: "Le
salarié qui justifie de cinq ans de service". Le projet de loi qui est
devant nous réduit ça à trois ans de service. Moi, je
pense qu'il faut garder ce recours pour les cadres supérieurs. Je ne
vois pas pourquoi on exclurait dos personnes d'un droit, que reconnaît en
général la loi, sur la base de leur statut social. Un cadre
supérieur qui estime avoir été congédié sans
une cause juste et suffisante peut soumettre sa plainte et
éventuellement avoir droit à un arbitrage. Et je
répète, M. le Président, que le fait de dire que les
autres cadres qui ne sont pas supérieurs maintiendront leur droit
à un arbitrage en cas de congédiement, en vertu de l'article 124,
ça va amener des avocas-series et des objections préliminaires
à la juridiction de l'arbitre en disant que le cadre n'est pas un cadre
supérieur. Et là on est au contraire du socialisme. Dans les pays
qui l'ont abandonné, qui le pratiquaient, on était
sévère et on mettait en prison les cadres supérieurs.
Nous, on dit qu'ils devraient être protégés et qu'ils
devraient avoir la protection de la loi. Je n'aime
pas qu'on me tutoie on me promettant la prison, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse mais là,
là, tous ceux qui voudront adresser des commentaires devront les
adresser à la présidence et je verrai à les
reconnaître. S'il vous plaît! Merci, M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député de Salaberry-Soulanges, s'il
vous plaît!Excusez, est-ce que vous aviez autre chose à
rajouter en conclusion, monsieur?
M. Bourdon: C'est parce qu'on pourrait peut-être attendre
le ministre. Moi, je n'ai pas de grandes chances de le convaincre...
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est parce que
vous...
M. Bourdon: ...peut-être que le député de
Salaberry-Soulanges...
Le Président (M. Joly): ...venez de revenir sur le fait
qu'encore là ça va causer des frais d'avocats et ainsi de suite.
Ça avait déjà été dit, alors je pense qu'il
y est excessivement sensible. Il est parti justement méditer sur
ça. Il va nous revenir dans quelques minutes...
M. Bourdon: Non mais, M. le Président, c'est parce
que...
Le Président (M. Joly): ...et sûrement qu'on
pourra...
M. Bourdon: ...si on l'attendait je pense que le
député de Salaberry-Soulanges serait peut-être plus habile
à le convaincre que moi.
M. Marcil: On pourrait dire que M. le ministre a l'affaire en
main! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection, mais
comme toutes les décisions se prennent avec le vote sur la commission...
M. le ministre, s'il vous plaît, on vous attendait de façon
à ce que vous puissiez écouter les propos du député
de Salaberry-Soulanges afin qu'il puisse vous convaincre d'apporter des
modifications et je crois que ce sont des propos que le député de
Salaberry-Soulanges adresse à la présidence versus les
renseignements généraux. Allez, M. le député.
M. Marcil: M. le Président, disons que c'est parce que
j'ai vécu aussi certaines situations dans... Si on s'en va dans la
fonction publique ou dans le domaine des commissions scolaires où iI y a
des associations de cadres qui sont régies par une certaine
réglementation et ont certains recours et ainsi de suite... Dans
l'entreprise privée, on ne retrouve jamais une association de cadres,
donc l'individu comme tel peut souvent être congédié pour
toutes sortes de raisons. Ça peut être, comme le
député de Pointe-aux-Trembles disait tantôt, dans une
rationalisation; il faut couper des postes et on coupe des postes. Mais
ça, encore là, c'est le privilège de l'entreprise, un
moment donné, de dire: Moi, je rationalise, j'ai cinq, six postes de
cadres de trop, je les élimine, et ainsi de suite. Sauf qu'il y a
toujours le problème où un individu...
Moi, c'est sur le principe parce qu'un principe ça ne s'applique
pas seulement pour une job de journalier, ça s'applique à toutes
sortes de jobs. Il y a des gens qui, à cause de l'organisation à
laquelle ils appartiennent, ont des recours et une force de frappe, de
persuasion qui font en sorte souvent que les entrepreneurs ou les
propriétaires vont y penser deux fois avant de congédier
quelqu'un pour le plaisir de le congédier pour toutes sortes d'autres
raisons que de rationaliser l'entreprise. C'est vrai parce que, moi, j'en al
vécu des cas comme ça où on avait des gens... C'est vrai
que les gens pouvaient gagner 70 000 $, 75 000 $, mais, si les gens gagnent 70
000 $, 75 000 $, c'est parce qu'ils l'ont mérité, un moment
donné, ils ont atteint un certain standing. Mais c'est souvent les gens
les plus fragiles aussi dans une entreprise et il y a souvent des cadres qui
sont réellement remerciés injustement et n'ont aucun recours,
aucun recours. Et, quand quelqu'un gagne 70 000 $, 75 000 $ par année et
qu'il perd sa job, Dieu sait que c'est difficile pour lui de s'en retrouver une
le lendemain matin ou deux semaines ou trois semaines après. C'est tout
simplement ça.
Je ne dis pas qu'on peut le régler par ce projet de loi
là. Je sais qu'au niveau des institutions nous avions analysé ce
problème-là à l'intérieur de la Commission des
droits de la personne, je crois, pour que certaines personnes puissent avoir
des recours et que le tribunal puisse devenir décisionnel. C'est qu'au
lieu de régler le congédiement de quelqu'un par une bouteille de
Champagne, parce qu'on l'a congédié... parce que c'est sûr
que, quand on congédie un cadre, il ne peut quasiment jamais revenir
dans l'entreprise mais, quand même, il n'y a jamais eu de compensation
autour de ça. C'est vrai que, sur le principe, je ne peux pas être
contre l'argumentation que le député de Pointe-aux-Trembles
apporte, mais je ne sais pas comment on pourrait le régler.
Peut-être pas... Comme mon collègue dit, par la loi 97, on va
régler le problème peut-être des gens qui sont au salaire
minimum, qui vivent des conditions de travail un peu plus difficiles, mais
c'est quand même un problème assez important aussi. C'est tout ce
que je voulais dire.
Le Président (M. Joly): Merci M. le député
de Salaberry-Soulanges. Maintenant, est-ce qu'en... Oui? Dernier commentaire?
(21 h 15)
Mme Harel: M. le Président, il faut recon-
naître que les cadres de la fonction publique ont tous un recours;
lors d'une mise à pied ou d'un congédiement, ils peuvent recourir
à la Commission de la fonction publique. Ils ont comme un droit d'appel.
Alors, ceux-là mêmes qui ont rédigé la loi ne sont
peut-être pas des cadres. Je ne sais pas s'ils se définissent
comme cadres supérieurs ou comme cadres moyens. Mais il reste que, dans
le secteur public, il y a un recours. Dans le secteur privé, en fait -
notre collègue de Salaberry-Soulanges a raison - peut-être que la
seule protection, si tant est que ç'en est une, c'est, lors de la
signature du contrat, contrat individuel, évidemment, de prévoir,
dans des clauses crépusculaires, que, s'il y a mise à pied ou
cessation du contrat, il puisse y avoir une indemnité de
départ.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis d'accord mais pas
avec le "crépusculaire".
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Voici, est-ce que l'étude
du paragraphe 4° de l'article 3 est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. L'article 3 comme
tel, dû au fait qu'on a des paragraphes qui sont suspendus, est suspendu
jusqu'à ce qu'on aille chercher les réponses. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: L'article 3. 1 de la loi actuelle précise que
les dispositions relatives à la retraite obligatoire s'appliquent au
gouvernement, à ses ministères et à ses organismes. Cette
précision est devenue Inutile vu la modification prévue par le
paragraphe 2° de l'article 2 du projet qui assujettit le gouvernement
à la loi. L'amendement précise aussi la référence
à la section VI. 1. M. le Président, j'aimerais apporter une
modification à cet article-là, à l'article 4, en
remplaçant, dans la première ligne de l'article 3. 1, le chiffre,
en chiffres romains, V. 1 par le chiffre VI. 1, en chiffres romains. Il s'agit
d'une correction technique à cette référence qui doit
viser la section concernant la retraite.
Le Président (M. Joly): sur la recevabilité, on
peut vous dire, m. le ministre, que vous êtes conformes. Maintenant,
à nous d'en discuter. Mme la députée.
Mme Harel: Alors, donc, dans la loi actuelle, l'article 3. 1
prévoyait que la protection de la loi s'appliquait à tout
salarié et à tout employeur, c'est-à-dire la protection
prévue dans les dispositions relatives à la retraite. C'est bien
ça? Et, dans le nouvel article introduit par le projet de loi 97, la
section V. 1 faisait référence aux congés familiaux. La
section V. 1 du chapitre IV. Est-ce à dire que, si la protection de la
loi en matière de congés familiaux s'applique de toute
façon, ce serait une redite que de le répéter à
l'article 4?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: m. le président, dans la loi actuelle, on
fait référence à la section vi. 1. c'est par inadvertance
qu'on avait marqué v. 1 dans le projet et là on vient de le
corriger avec le papillon.
Mme Harel: Ah! Parce qu'à la page 13 de l'actuel projet de
loi 97 vous retrouvez la section V. 1, intitulée: "Les congés
familiaux". Alors, on se demandait si le ministre avait voulu bien affirmer,
par l'article 4, que les articles concernant les congés familiaux
s'appliquaient à tout salarié.
M. Bourbeau: M. le Président, c'était VI. 1 qu'on
voulait marquer et la preuve c'est qu'on arrive avec le papillon. Il s'agit
d'une modification de concordance par rapport à l'avant-projet de
loi.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): article 4, l'amendement est
adopté et l'article adopté tel qu'amendé. est-ce que
l'article 4 est adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci. J'appelle donc l'article
5.
Commission des normes du travail
M. Bourbeau: L'amendement a pour but de préciser dans les
fonctions de la Commission des normes du travail un rôle de conciliation
entre les employeurs et les salariés.
Mme Harel: L'article 5, tel que rédigé
actuellement, ne prévoyait pas cette disposition-là de
conciliation. On peut l'appeler comme ça ce paragraphe 5°?
M. Bourbeau: Exact.
Mme Harel: "5° tenter d'amener les employeurs et les
salariés à s'entendre quant à leurs mésententes
relatives à l'application de la présente loi et des
règlements. "
M. Bourbeau: Oui, conciliation, médiation.
Mme Harel: La première question, évidemment, est
celle de savoir si l'article 93 continue
toujours de s'appliquer. M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Alors, l'article 93 prévoit que la Loi sur les
normes est d'ordre public, signifiant par là qu'il ne peut pas y avoir,
même par consentement, de dérogation à la baisse.
Étant donc une loi d'ordre public, le législateur rend le
gouvernement responsable de l'application de cette loi d'ordre public, n'est-ce
pas? Donc, il ne s'agit pas là de négocier le salaire minimum, si
tant est qu'il y ait une mésentente, ou de négocier le paiement
du temps supplémentaire après les 44 heures de travail d'une
semaine normale de travail, ou de négocier les autres dispositions de la
loi qui sont d'ordre public et qui doivent trouver une application, puisque
c'est une loi minimale. Alors, la question que je pose au ministre c'est:
Qu'est-ce qu'il a en tête quand il souhaite une conciliation ou une
médiation entre employeur et salariés qui ne s'entendent pas sur
l'application de la présente loi et des règlements?
M. Bourbeau: L'objectif, c'est de favoriser la
déjudiciarisation des plaintes et leur règlement à un
moindre coût et dans de meilleurs délais, mais jamais, jamais en
allant en deçà des normes. Il n'est pas question d'aller en
rabais par rapport aux normes et, comme je le disais - la députée
n'était peut-être pas attentive - l'objectif c'est de favoriser la
déjudiciarisation des plaintes et de leur règlement. Maintenant,
il incombera officiellement à la Commission des normes du travail,
à l'occasion d'un différend relatif à l'application de la
loi et des règlements, d'informer l'employeur et le salarié de la
teneur des normes à la base de ce différend et de tenter d'amener
les parties à s'y conformer et non pas de tenter d'amener les parties
à régler en deçà des normes.
Mme Harel: Là où je rencontre une
difficulté, c'est non pas dans l'intention louable de
déjudiciariser ou... Déjudiciariser, c'est un bien grand mot
parce qu'en fait déjudiciariser c'est finalement plus l'évocation
en Cour supérieure parce que là, finalement, ce n'est pas une
judiciarisation puisqu'on fait appel à un organisme parajudiciaire.
C'est comme ça qu'il faut l'appeler? Quasi plutôt,
quasijudiclaire, alors c'est un organisme quasijudiciaire qui n'a pas de
règles de procédure sauf les règles de justice naturelle,
j'imagine, audi alteram partem et autres, mais ce n'est pas des règles
de procédure très strictes.
Là où je souhaite avoir un peu plus d'explications du
ministre, c'est quand il indique qu'il veut amener les parties à
s'entendre sur l'application de la présente loi. Il y a juste une
façon de faire appliquer la loi, c'est de la faire appliquer. Qu'on me
dise qu'il y aura une con- ciliation, une médiation pour amener les
parties à interpréter la présente loi et les
règlements ou à s'entendre quant à leurs
mésententes relatives à l'interprétation, ça, il me
semble que ça peut être raisonnable, parce qu'une partie peut
avoir une interprétation de la loi qui contrevienne à
l'interprétation de l'autre partie. Mais l'application, ce n'est pas
quelque chose, l'application qui est laissée... On n'est pas à la
Cour des petites créances, là. À la Cour des petites
créances, on peut souhaiter qu'il y ait de plus en plus de
médiation. Il n'y a pas de loi d'ordre public qui lie les parties.
Est-ce qu'on va demander, par exemple, s'il y a une mésentente relative
à l'application de la loi, à l'application des heures de travail
ou à l'application du salaire minimum, qu'il y ait une conciliation?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve a raison, il
n'est pas question d'amener les parties à régler un
différend en deçà des normes du travail. Il s'agit
simplement, pour la Commission, d'expliquer aux parties quels sont leurs
droits, quelles sont les normes en cause et de tenter de les amener à
respecter ces normes.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Mon Dieu! si c'était rédigé de la
façon que le ministre vient de le dire, ça pourrait, Je pense,
être satisfaisant. Mais ce n'est pas dit qu'on va tenter d'amener les
parties à respecter. Là, on dit: On va amener les parties
"à s'entendre quant à leurs mésententes relatives à
l'application de la présente loi". Ça ne veut pas du tout dire,
ça, faire respecter la loi.
M. Bourbeau: oui. on dit: "...relatives à l'application de
la présente loi et des règlements". il faut que la loi soit
appliquée, et les règlements aussi.
Mme Harel: Alors, en quoi il va y avoir une conciliation?
M. Bourbeau: II reste quand même que, souvent, les
employeurs ne connaissent même pas la loi et encore moins les
règlements. Et avant que ne s'élève une contestation, que
ne s'engage une contestation, on espère que l'intervention de la
Commission va permettre aux parties de mieux connaître la loi et les
règlements et de s'y conformer.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: La commission Beaudry recommandait d'avoir des
enquêtes-médiation. Cependant, je partage les craintes de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. J'ai déjà, dans
ma carrière syndicale antérieure, rencontré quelques
centaines d'employeurs et je les crois capables
d'essayer de régler la mésentente en deçà de
la présente loi. Et, d'une certaine manière, je me demande si, au
plan administratif, la commission des normes minimales n'a pas
déjà ce pouvoir-là, parce que tenter d'amener les parties
à respecter la loi... parce que c'est ça qu'on peut dire que
c'est. Bon, la Société de l'assurance automobile tait des
campagnes pour tenter d'amener les automobilistes à respecter la
loi.
C'est difficile d'être contre la médiation, c'est aussi
difficile d'être contre ça que d'être contre le mariage ou
la tarte aux pommes. Mais "tenter d'amener les employeurs - dit-on - et les
salariés à s'entendre quant à leurs mésententes
relatives à l'application de la présente loi et des
règlements..." Il y a une autre chose qu'il ne faut pas négliger,
c'est que la loi sur les normes minimales ne donne pas de recours à
l'employeur contre l'employé. Elle ne donne que des recours à
l'employé contre l'employeur. Oui, pour une raison évidente,
c'est que c'est l'employé qui a besoin qu'on protège ses droits,
parce que l'employeur, lui, il a tous les droits sauf ceux qui sont
limités par les normes minimales.
Donc, c'est comme si on disait: Les deux parties sont responsables.
Admettons que quelqu'un ne paie pas 5,30 $ l'heure comme salaire minimum mais
paie 4 $; quel travail y a-t-il à faire auprès de
l'employé pour le convaincre d'avoir ses 5,30 $? Lui, c'est
évident que, si la Commission a eu vent qu'il y avait quelque chose,
c'est qu'il s'est plaint qu'on ne les lui payait pas.
Le Président (M. Joly): Alors, s'il n'y a plus
d'intervenant sur l'article 5, est-ce qu'on peut considérer que
l'article 5 est adopté?
Mme Harel: M. le Président, je suis vraiment
inquiète quant à la rédaction. (21 h 30)
Le Président (M. Joly): Allez, exprimez-vous, madame.
Mme Harel: Oui, je suis vraiment inquiète, et je me
rappelle les propos de Fernand Daoust, secrétaire général
de la FTQ, devant la commission, au moment de l'étude de l'avant-projet
de loi, qui mettait en garde, justement, le ministre, d'amener, finalement,
pour des bons motifs, là... D'ailleurs, en général, on dit
que les bons sentiments ne font pas de bonnes politiques. Et je crains qu'avec
ce paragraphe 5° qui sera ajouté ce ne soit un bon sentiment, au
goût des notaires - et je constate simplement que le ministre en est un -
alors, au goût, donc, de la déjudiciarisation, très
souhaitable, de la médiation et de la conciliation, mais qu'en
introduisant une pareille disposition dans une loi d'ordre public on vienne un
peu comme dérégler le mécanisme de protection des
salariés. Si on me disait que... parce que c'est le cas, en fait,
concrètement. Après, il n'y aura plus d'arbi- trage. mais c'est
le commissaire du travail, de toute façon, qui va, par exemple,
éventuellement conclure à la réintégration. Prenons
l'exemple d'un congédiement pour lequel il y a une ordonnance de
réintégration. Mais, souvent, le salarié ne veut pas
réintégrer, de son propre chef, parce qu'il ne veut pas supporter
la pression, le poids, et il est prêt, à ce moment-là,
à se négocier une indemnité.
Bon, ça, je trouve qu'à ce moment-là il peut
même être souhaitable qu'il ait ce pouvoir-là. Ça
dépend à quel moment intervient ce pouvoir qui est
conféré, en vertu du paragraphe 5°, à la Commission.
Si on me dit: "La commission surveille la mise en oeuvre et l'application des
normes du travail. Elle exerce en particulier les fonctions suivantes... tenter
d'amener les employeurs et les salariés à s'entendre quant
à leurs mésententes relatives à l'application de la
présente loi et des règlements", ça, ça
m'inquiète que cette façon de faire intervienne avant qu'il y ait
eu, par exemple, un examen par le commissaire du travail. Vous savez,
actuellement, il y a déjà quand même un assez long
délai d'attente; c'est huit mois. Et puis, au minimum, semble-t-iI - II
serait encore mieux d'avoir le point de vue du président de la
Commission qui a dû faire les évaluations - la loi va
entraîner une augmentation d'au moins 800 dossiers. Alors, imaginez, si
les délais commencent à s'allonger indûment, comme c'est le
cas devant la CAS, par exemple, la tentation peut être forte d'essayer de
réduire à l'aval, avant que les dossiers s'accumulent.
Voilà!
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Seulement une question d'exemple, M. le
Président. À l'exemple que le député de
Pointe-aux-Trembles apportait tantôt, on amène les deux parties
à essayer de s'entendre, bon, je reprends l'exemple que le
député apportait: l'individu est payé à 4,30 $ au
lieu d'être payé à 5,30 $. On amène les deux parties
à s'entendre, mais, elles ne s'entendent pas, qu'est-ce qui arrive?
C'est la loi qui s'applique? C'est tout. Bon, à ce moment-là,
c'est seulement d'essayer d'éviter d'amener toujours des cas devant la
commission, d'intenter des procédures judiciaires. Si on peut les
amener... Dans le fond, ce qu'on propose, c'est un mécanisme qui leur
permettrait de régler, avant d'entreprendre une procédure. Mais,
si au bout de la ligne le patron ne s'entend pas et qu'il ne veut pas lui
donner 5,30 $, la loi va s'appliquer et il va l'avoir.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, moi, je pense qu'il importe
d'être très prudent en cette matière. Parce que
d'exérience, quand on fait de
la médiation, les parties se placent dans une situation de
négocier. Le ministre dit: il faut expliquer. Eh bien, expliquer, ce
n'est pas faire de la médiation et, pour faire une médiation qui
réussisse, il faut qu'il y ait une pression sur les deux parties. Alors,
le médiateur va être inévitablement amené à
faire pression et sur l'employeur et sur l'employé. Puis je reviens
à l'exemple que le député de Salaberry-Soulanges m'a fait
l'honneur de reprendre, pourquoi faire de la pression sur le salarié
à qui on donne 4,30 $? Il dit: Moi, ce que je veux c'est 5,30 $! La loi
le dit. Et je voudrais lire une partie de la page 19 du mémoire de la
Fédération des travailleurs du Québec. À
l'égard de la médiation dont on parle, la FTQ écrivait:
"Nous comprenons mal ce nouveau rôle qu'on veut donner à la
Commission. Comment un employeur et un salarié peuvent-ils essayer de
s'entendre sur l'application par l'employeur des normes du travail? Soit qu'un
employeur respecte la loi, soit qu'il ne la respecte pas. La loi devrait
être assez claire pour ne permettre aucune ambiguïté. Dans le
cas où l'employeur ne respecte pas la loi, il est de la
responsabilité de la Commission de voir à ce que les droits des
salariés soient respectés par l'employeur en utilisant tous les
pouvoirs et moyens dont elle dispose." Fin de la citation.
On dit: "La commission n'a pas à être neutre." Je continue
la citation: "Elle est là pour faire respecter la loi, et pour
défendre les quelques droits minimaux qu'elle reconnaît aux
salariés." Fin de la citation.
M. le Président, ce serait moins dangereux si on disait que cette
médiation survient après que la Commission a entrepris des
procédures contre l'employeur et que l'entente, s'il y en a une, doit
être soumise en bout de course aux commissaires qui la ratifient
après avoir vérifié qu'elle est bien conforme aux normes.
Parce que je suis d'accord avec la FTQ que, là, on voit la Commission
comme étant neutre. S'il s'agit d'expliquer, s'il s'agit de faire
pression sur l'employeur pour qu'il respecte la loi et qu'il applique la loi,
entre autres, je suis sûr que c'est déjà du pouvoir de la
Commission de le faire. Avant de poursuivre, on peut mettre en demeure, et puis
c'est quoi le sens d'une mise en demeure? C'est de dire à quelqu'un: Tu
ne respectes pas la loi ou tu ne respectes pas un contrat et on va te
poursuivre si tu ne respectes pas le contrat. Maintenant, sous prétexte
de judiciarisation, on met comme la Commission dans un rôle neutre
à l'égard de l'application de la loi. Puis la FTQ a raison:
l'employeur applique ou n'applique pas la loi. S'il l'applique, il n'y a pas de
médiation possible, puis, s'il ne l'applique pas, il n'y a pas de
médiation souhaitable. Qu'après une plainte on puisse le faire
puis que ce soit par le commissaire, bon, à la rigueur, mais le
commissaire sera là pour s'assurer qu'on n'a pas fait une entente qui
est en deçà de la loi.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Est-ce que l'article 5 est adopté?
Mme Harel: M. le Président?
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'attire l'attention des membres de la commission sur
l'article 123, en fait c'est l'article 58 du projet de loi 97, à la page
23, qui introduit, après l'article 123.1, les articles suivants,
notamment l'article 123.3: "La Commission peut, avec l'accord des parties,
nommer une personne qui tente de régler la plainte à la
satisfaction des parties." C'est donc de la médiation qui va, disons,
s'enclencher après qu'il y aura eu plainte qui aura été
déposée et après que la Commission aura
décidé de la pertinence de la plainte, puisque, à partir
de ce moment-là, la commission, s'il y a accord des parties, va nommer
un arbitre - non, pas un arbitre - un médiateur.
Mais, dans tout ça, j'ai toujours la crainte d'un arrangement qui
soit, finalement, en deçà des normes. La personne qui va
être nommée pour tenter de régler la plainte à la
satisfaction des parties peut-elle recommander une entente en
deçà des normes, en invoquant que c'est selon le consentement des
parties que ça se fait? En d'autres termes, peut-on de consentement
déroger à une loi d'ordre public? Moi, je crois que non, mais
vous voyez, par exemple, la loi 101, les jugements de cour ont
décidé qu'il pouvait y avoir consentement tacite entre locataire
et locateur, sur le fait qu'ayant signé un bail en anglais les relations
subséquentes pouvaient se faire aussi en langue anglaise et la
transmission de correspondance, par un simple consentement tacite. Est-ce qu'il
peut y avoir, selon les experts qui entourent le ministre, une
dérogation à la loi par consentement?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
pourrait aussi consulter le ministre, pas seulement les experts qui entourent
le ministre. On a dit tantôt que c'était une loi d'ordre public,
donc on ne peut pas aller en dérogation.
Le Président (M. Joly): On ne peut pas régler
à la baisse. M. le député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: M. le Président, je voudrais reprendre toujours
le même exemple, parce que, du moins, les amendements qu'on apporte,
surtout en ce qui concerne la Commission, c'est dans le but
d'accélérer le processus. Tantôt, on a pris un exemple
simpliste: le salaire minimum est à 5,30 $ et il décide de payer
4,30 $. C'est sûr que c'est la loi qui s'applique. Je pense qu'il n'y a
pas tellement de problème sur ça. C'est dans des détails,
des fois, que c'est un peu plus difficile.
Je suppose que tenter d'amener les employeurs et les salariés
à s'entendre, ça suppose que quelqu'un a déposé une
plainte pour que la Commission décide de déléguer
quelqu'un. Il n'y a personne à la Commission qui va deviner que, dans
une entreprise, il y a une mésentente. Il faut avoir eu une plainte. Et
le but de ça, c'est d'essayer de déblayer, de corriger et
d'éviter qu'il y ait des procédures qui s'engagent et qu'il y ait
des attentes pendant 8, 9 ou 10 mois devant la Commission. C'est un plus par
rapport à la loi qui existait.
M. Bourbeau: C'était suggéré par la
commission Beaudry aussi.
M. Marcil: Exactement.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article...
Mme Harel: C'est-à-dire que l'article 123.3 était
suggéré par la commission Beaudry, mais pas le libellé du
paragraphe 5°.
M. Marcil: Pour moi, l'article, comme ça, on pourrait
l'adopter.
Le Président (M. Joly): Je pense qu'on n'est pas loin de
faire ça. M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Moi, je pense qu'on donnerait notre accord si le
ministre ajoutait: ...et les salariés à s'entendre, après
dépôt d'une plainte, quant à leurs mésententes
relatives à l'application de la présente loi et des
règlements, et ajoutait une phrase: S'il survient une entente, elle doit
être ratifiée par le commissaire du travail. Pour que le
commissaire s'assure...
Le Président (M. Joly): A ce moment-là, on retourne
au pourquoi on fait la médiation.
M. Bourdon: M. le Président, l'entente va être
conforme à la loi ou pas. Si elle est conforme, le commissaire va
l'entériner. Il y a des mécaniques, actuellement, de conciliation
qui existent à la Commission des droits de la personne avec une personne
qui est victime de discrimination. C'est rare que ça réussit.
D'habitude, ça réussit après qu'il y a une plainte qui est
portée devant le tribunal compétent. Mais c'est parce que, pour
prendre une autre langue que notre chère langue française, je
dirais: "What is there to bargain"? Il va médier quoi le
médiateur? J'en ai fait 20 ans, moi, de la médiation et de la
conciliation. Qu'est-ce qu'il fait le conciliateur? Qu'est-ce qu'il fait le
médiateur dans la vraie vie, M. le Président? Il pèse sur
la bedaine des deux parties pour que les deux fassent des concessions. Alors,
le salarié à qui on doit 5,30 $ et à qui on verse 4,30 $,
il n'a pas d'affaire à faire de concession.
Bien ià, c'est ça. On serait prêt à se
rallier si on l'amendait.
Le Président (M. Joly): Bon, excusez, nous allons
suspendre quelques minutes. Il y a un vote d'appelé en Chambre.
Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 45)
(Reprise à 22 heures)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
Nous étions rendus à l'article 5. Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. J'appelle l'article
6.
M. Bourdon: m. le président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...j'aurais une question, avant, sur le 4e paragraphe
de la loi actuelle où on dit: "...dédommager les salariés
à la suite de la faillite d'un employeur conformément à la
présente loi et aux règlements." Si je ne me trompe pas, depuis
11 ans, cette disposition-là n'est pas encore en vigueur. Dans mon
comté, j'ai eu affaire à des personnes qui ont perdu du salaire
suite à une faillite d'une agence de sécurité dans la
pétrochimie, à Montréal-Est, et ce qu'on m'a fait voir,
c'est que la loi est ainsi faite que, théoriquement, les salaires sont
une créance privilégiée, mais qu'en pratique il arrive que
les gens ne puissent pas récupérer le salaire perdu. Alors, je
demande au ministre s'il a l'Intention d'adopter un règlement pour avoir
un fonds d'indemnisation pour les victimes de faillite.
On a vu en Chambre, cet après-midi, qu'il y a de plus en plus de
faillites au Québec. Donc, il faut peut-être protéger les
employés qui sont dans une entreprise qui fait faillite.
Le Président (M. Joly): Alors, à titre
d'information, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ça ne fait pas partie
de l'étude du projet de loi qu'on a devant nous, on ne touche pas
à ça.
Le Président (M. Joly): Mais je sais que vous êtes
d'une bonté jamais discutée.
M. Bourbeau: Je peux quand même dire au
député de Pointe-aux-Trembles et aux députés
qu'effectivement je regarde et nous regardons,
par les temps qui courent, la possibilité de mettre en vigueur
cet article-là. Cependant, les discussions ont lieu présentement,
mais aucune décision n'a été encore prise à ce
sujet. Je dois dire que la situation économique présente n'est
quand même pas la situation idéale pour commencer à
augmenter les cotisations des entreprises à ce moment-ci où on
est en pleine récession. Mais on regarde quand même cette
possibilité-là.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Le projet de loi 97 modifie la Loi sur les normes du
travail et d'autres dispositions législatives et, les modifiant, il se
trouve à introduire, finalement, un regard de la Commission sur
l'ensemble de la loi, qui est en partie modifiée et on pourrait, par
exemple, introduire, dans le cadre de l'étude que nous faisons du projet
de loi 97, des amendements qui viendraient modifier une partie de la loi qui
n'a pas été, disons, touchée par le ministre. Mais ce
n'est pas là mon propos. Le ministre fédéral du Travail -
non, alors ce n'est pas celui du Travail; Blais, Pierre Biais - de la
consommation, annonçait, samedi dernier, que le fédéral
souhaitait modifier la Loi sur la faillite de façon à garantir
comme créance privilégiée, semble-t-il, celle des
salariés. Est-ce que le ministre a été informé des
intentions du fédéral, qui a juridiction en matière de
faillite? Est-ce qu'il y a des contacts, des échanges qui se sont faits
sur cette question?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, et une rencontre est
prévue la semaine prochaine entre les représentants du
ministère et du ministère fédéral afin de discuter
de cette question.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve?
On était à l'article 6. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. J'aimerais apporter une
modification à l'article 6. Est-ce qu'on pourrait... Est-ce que vous
l'avez?
Le Président (M. Joly): On ne l'a pas, mais on est
prêts à le recevoir.
M. Bourbeau: C'est un nouveau papillon qui sort à peine
des presses, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Encore tout chaud.
M. Bourbeau: Tout chaud, et qui se lirait comme suit. À
l'article 6, on remplacerait l'article 8, par le suivant: "La Commission est
composée d'au plus 13 membres, nommés par le gouvernement, dont
un président et au moins une personne provenant de chacun des groupes
suivants: les salariés non syndiqués, les salariés
syndiqués, les employeurs du milieu de la grande entreprise, les
employeurs du milieu de la petite et de la moyenne entreprise, les employeurs
du milieu coopératif, les femmes, les jeunes, la famille, les
communautés culturelles. "Ces neuf membres sont nommés
après consultation d'associations et d'organismes représentatifs
de leur groupe respectif. "Les membres, autres que le président, doivent
provenir en nombre égal du milieu des salariés et du milieu des
employeurs."
M. le Président, cette modification a pour effet d'augmenter de 7
à 13 le nombre de membres du conseil d'administration de la Commission
des normes du travail et d'en assurer une meilleure
représentativité.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: M. le ministre, en fait, l'amendement le plus
important que vous introduisez, outre l'ajout d'un treizième membre qui,
en l'occurrence, sera le président de la Commission, c'est certainement
le fait que les membres doivent provenir en nombre égal du milieu des
salariés et du milieu des employeurs. En fait, vous introduisez le
partenariat, n'est-ce pas? Pour quel motif, étant donné que,
contrairement à la CSST, la Commission n'est pas neutre en fait? C'est
une commission qui est là pour appliquer une loi d'ordre public. Quel
est l'objectif derrière le partenariat?
M. Bourbeau: Ce n'est pas un objectif comme une raison qui tient
au fait que la Commission, on s'en rappelle, est financée
entièrement par les cotisations des employeurs. Alors, il nous
apparaît normal que les employeurs soient représentés sur
la Commission pour au moins la moitié des membres.
Le Président (M. Joly): Mme la députée?
Mme Harel: Oui. Effectivement, M. le Président, je prends
connaissance de la recommandation que la FTQ a énoncée à
ce chapitre. Et la FTQ, lors de son passage devant nous, en février
dernier, signalait que les membres de la Commission des normes du travail
nommés en avril 1987 sont tous originaires de milieux patronaux soit
comme gestionnaires, sort comme patrons. Et la FTQ concluait au fait qu'il est
inacceptable que l'organisme chargé de surveiller l'application d'une
loi concernant le respect des conditions de travail minimales pour les
personnes non syndiquées ne soit administré que par des
représentants des milieux patronaux. Mais,
ceci dit, c'est là une nette amélioration parce que
là le ministre indique que la moitié des membres devront provenir
du milieu des salariés. Cependant, la FTQ ajoutait: "Les commissaires
ainsi que le président ou la présidente de la Commission des
normes du travail devraient être choisis à partir d'une liste
dressée par le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. "
Qu'en pense le ministre? Évidemment, il n'a pas réussi à
mettre la main... C'est lui qui voulait annexer le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre ou si c'était son collègue du
Travail, à l'époque, le député dé
Montmorency?
Le Président (M. Joly): Vous voulez dire intégrer
ou...
Mme Harel: Le ministre...
Le Président (M. Joly):... intégrer ou...
Mme Harel:... annexer à sa responsabilité. Le
ministre n'avait-il pas déjà, dans un discours, il y a deux ans,
il y a un an plutôt, évoqué la possibilité
d'utiliser le Conseil consultatif du travail et de la main-d'?uvre pour
des fins de formation professionnelle?
Le Président (M. Joly): M. le ministre?
M. Bourbeau: Je n'ai jamais prononcé de telles paroles. Je
ne sais pas où la députée de Hochelaga-Maisonneuve a pris
ça, mais ce n'est certainement pas dans un de mes discours que cette
proposition-là est apparue. Ce que je dirais au sujet de...
Mme Harel:... avoir la formation professionnelle...
M. Bourbeau:... ce que nous avons devant nous, c'est qu'en vertu
de l'article 6, tel qu'il apparaissait avant l'amendement, on aurait pu se
retrouver avec une Commission des normes du travail où il n'y aurait que
2 syndiqués sur 12. Bon, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a fait tantôt allusion au témoignage de la
FTQ. Je lui signalerai que la CEQ aussi, de même que le SFPQ, Au Bas de
l'échelle et le RAIF ont fait des demandes en vue d'assurer une
représentation plus élargie qu'actuellement. Donc, on va assurer
à tous ces organismes-là qu'au moins la moitié des membres
de la Commission proviendront du milieu des travailleurs, l'autre moitié
provenant du milieu des employeurs.
Mme Harel: M. le Président, pour la culture du ministre,
je dois lui dire que le RAIF se dit plutôt le RAIF et qu'il est
présidé par nulle autre que par Mme Marcelle Doiment qu'il doit
connaître...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est que j'ai un accent
différent, c'est tout. Des voix: Ha,ha, ha!
Mme Harel: qu'il doit connaître comme étant
très assidue habituellement aux travaux de la commission.
M. Bourbeau: Intimement.
Le Président {M. Joly): Alors, M. le ministre, ne changez
pas votre accent, ça veut dire la même chose. Ha, ha, ha! Est-ce
que l'amendement, tel que proposé à l'article 6, est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Donc, est-ce que l'article, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Présidera (M. Joly): Donc, j'appelle l'article 7.
M. Bourbeau: Cet article a pour objet d'accroître de trois
mois le délai qu'a la Commission des normes du travail pour remettre son
rapport annuel au ministre. Alors, M. le Président, en vertu de cet
article-là, le délai passe de trois à six mois. J'aimerais
indiquer aux membres de la commission qu'en vertu de l'article 28 de la loi le
rapport du Vérificateur général sur les livres et comptes
de la Commission doit accompagner le rapport annuel, ce qui laisse très
peu de temps à la Commission pour transmettre son rapport annuel.
Maintenant, il n'y a aucun changement ici par rapport à l'avant-projet
de loi. C'était déjà dans l'avant-projet de loi.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Ça vous semble
raisonnable de trois à six mois?
Mme Harel: Excusez-moi... Alors, la fin de l'exercice financier
de la Commission est-elle la même que celle du gouvernement?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: Donc, la fin de l'exercice financier intervient fin
mars et le délai qui est requis ce serait donc de six mois à
partir du 1er avril. Et pourquoi la Commission doit-elle examiner le rapport du
Vérificateur général? Pourquoi en fait-on un
préalable à la préparation du rapport annuel? Le
Vérificateur général s'est-il déjà
intéressé de près à la Commission des normes du
travail?
M. Bourbeau: II doit accompagner le rapport annuel. Le rapport du
Vérificateur générai sur les livres doit accompagner le
rapport annuel.
Le Président (M. Joly): Contenir.
M. Bourbeau: M. le Président, le Vérificateur
général peut et même doit vérifier les livres et les
comptes de la Commission comme tout autre organisme. Il doit produire un
rapport, évidemment, le cas échéant.
Mme Harel: Une question pratique: Est-ce que, jusqu'à
maintenant, la Commission avait réussi à rendre public son
rapport dans le délai de trois mois?
M. Bourbeau: M. le Président, ça a toujours
été extrêmement difficile et ça a été
fait en accomplissant des miracles de célérité et à
des coûts exorbitants, me dit-on. Alors, on veut permettre à la
Commission de pouvoir s'exécuter à un rythme plus normal.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Article 7, adopté.
J'appelle l'article 8.
M. Bourbeau: Cet article, ou l'amendement si vous voulez,
précise le pouvoir réglementaire de la Commission des normes du
travail concernant le prélèvement exigible des employeurs et le
rapport qu'ils doivent transmettre à la Commission. Il n'y a aucun
changement ici, par rapport à l'avant-projet de loi.
Mme Harel: Bon, il s'agit donc de l'article 29 de la
présente loi qui dit que "la commission peut, par règlement,
adopter des règles de régie interne; constituer des
comités pour l'examen des questions qu'elle détermine; rendre
obligatoire," etc. Et il y a des articles qui sont non en vigueur, notamment
l'article 4" qui concerne toujours la faillite. Et, à l'article 5°,
c'est, finalement, le prélèvement pour les fins du financement de
la Commission des normes du travail. C'est bien ça? (22 h 15)
M. Bourbeau: C'est ça, oui.
Mme Harel: Alors, reste en vigueur, là, le texte suivant:
"5° prélever des employeurs une somme n'excédant pas 1 % du
total des salaires qu'ils paient à leurs salariés et de ceux
qu'ils sont réputés leur verser en vertu de l'article 1015.2 de
la Loi sur les impôts". Ce prélèvement se fait-il
mensuellement, hebdomadairement, annuellement?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'excuse, je n'ai pas
compris.
Le Président (M. Joly): La question qui vous était
posée visait a savoir si le prélèvement se faisait
hebdomadairement ou mensuellement.
M. Bourbeau: Annuellement, M. le Président. M. Bourdon:
II est de combien?
M. Bourbeau: 8/10 de 1 % de la masse cotisable, du salaire
cotisable.
Mme Harel: Et 1 % là dans le...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: Je m'excuse, M. le Président, j'étais
en train de discuter avec mon adjoint.
Le Président (M. Joly): Parfait, pourriez-vous
répéter votre question, Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Harel: Oui, en fait, l'objectif de la loi, c'est de permettre
à la Commission de charger un intérêt sur l'argent qui
n'est pas versé. Est-ce qu'il y a autre chose comme objectif?
M. Bourbeau: M. le Président, le paiement
d'Intérêts est déjà prévu au
règlement, à l'article 9: tout employeur qui remet son rapport
d'accompagnement après le 10 mars doit ajouter 5 % au montant du
prélèvement dû.
Mme Harel: Donc, le règlement le permet? Une voix:
C'est 29.2 Mme Harel: C'est ça, 29.2.
Une voix: Dans le nouveau projet de loi.
Mme Harel: Oui, dans le nouveau projet de loi. Mais qu'est-ce
qu'il y a de nouveau à l'article 8 du projet de loi 97?
M. Bourbeau: C'est pour rendre conforme le projet de loi par
rapport au règlement et aussi pour indiquer dans la loi et non plus dans
le règlement les détails relatifs au rapport de l'employeur.
M. le Président, j'aimerais préciser une chose. Tout
à l'heure, j'ai dit que c'était 8/10 de 1 %; c'est plutôt
,08 la cotisation actuellement. Ça fait...
Mme Harel: 8/100?
M. Bourbeau: ...donc 1/12 de 1 %, .08. En fait, ce n'est...
Mme Harel: C'est 1 /12 de 1 %.
M. Bourbeau: ...pas 1/12, c'est 1/12,5 probablement, 8/100 de 1
%.
Le Président (M. Gautrin): Ça va? Une voix:
C'est pas cher.
M. Bourbeau: C'est... Les employeurs prétendent le
contraire.
Mme Harel: Et donc, les articles 8 et 9 doivent se lire ensemble,
c'est bien ça qu'il faut comprendre.
Le Président (M. Gautrin): II faut tout lire ensemble.
Mme Harel: En fait, l'article 8 et l'article 9 du projet de loi
97 portent tous les deux sur le prélèvement. Dans un cas, c'est
le montant qui est déterminé, puis, dans l'autre cas, c'est le
rapport de l'employeur, hein! C'est ça.
M. Bourbeau: On peut adopter 8 et 9 en même temps, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Bon, c'est une bonne
idée.
Mme Harel: L'article 8, adopté.
Le Président (M. Gautrin): L'article 8 est adopté.
Et l'article 9?
Mme Harel: L'article 9, on va l'examiner. Le Président
(M. Gautrin): Bon.
M. Bourbeau: A l'article 9, M. le Président, là,
l'article 29.1 introduit par cet article, par cet article 9, détermine
le taux d'intérêt applicable sur le prélèvement
dû par les employeurs. L'article 29.2 détermine la
pénalité qui doit être payée lorsque le rapport
servant au calcul du prélèvement n'est pas fourni à la
Commission à la date prescrite. Évidemment, M. le
Président, tout ça, c'est pour faciliter la perception des sommes
dues. Les articles 29.1 et 29.2 reprennent deux dispositions qui se retrouvent
à l'article 9 du règlement sur le prélèvement de la
Commission des normes du travail.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire qu'il y aura un
intérêt, déterminé en vertu de la Loi sur le
ministère du Revenu, plus une pénalité de 5 %, et c'est
l'addition des deux qui sera chargée à l'employeur.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais signifier
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve, si ça ne
vous dérange pas trop, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Non, vous pouvez toujours,
allez-y.
M. Bourbeau: que...
Le Préaident (M. Gautrin): Signifiez.
M. Bourbeau: ...l'intérêt, c'est une chose et que
ça s'applique sur les sommes dues, alors que les 5 %, c'est une
pénalité d'office pour ne pas avoir produit de rapport.
Le Président (M. Gautrin): Ça va. Mme la
députée? Merci. Est-ce que vous êtes prête à
adopter l'article?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Gautrin): Pas encore, bon.
Mme Harel: Une question, là. A l'article 9 du
Règlement sur le prélèvement autorisé par la Loi
sur les normes du travail, on prévoit que "tout employeur qui remet son
rapport d'accompagnement après le 10 mars doit ajouter 5 % au montant de
prélèvement dû". Alors donc, ça, c'est la
pénalité de 5 %. Pourquoi le 10 mars?
Le Président (M. Gautrin): C'est sa fête. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je crains de décevoir
la députée de Hochelaga-Maisonneuve, mais c'est la date qui a
été fixée dans le règlement pour déposer le
rapport.
Mme Harel: Mais, en quoi est-ce que c'est une date qui convient
à la Commission? La Commission, elle-même, doit compléter
son rapport fin mars? Est-ce que ce n'est pas un peu serré?
M. Bourbeau: M. le Président, l'année fiscale de la
Commission se termine le 31 mars. À la fin de février, c'est la
date limite pour produire les T4, alors les employeurs, entre les deux dates,
c'est plus facile pour eux de produire le paiement, là...
Mme Harel: J'imaginais qu'il y avait une réponse
raisonnable.
M. Bourbeau: ...à la Commission. Il y a toujours des
réponses raisonnables.
Mme Harel: Alors, je vois qu'elle est venue du président
de la commission.
M. Bourbeau: Elle est venue du ministre, si j'ai bien compris. M.
le Président, c'est moi qui l'ai...
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui, c'est lui.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci, adopté. L'article
9 est adopté, si je comprends bien?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors, l'article
10.
M. Bourbeau: M. le Président, ne parlez pas si fort, vous
venez de réveiller le député de...
Le Président (M. Gautrin): ...de Matapédia. Il est
parti.
Une voix: Alors, lui, il peut regarder le football.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, l'ajout du paragraphe
16°, introduit par l'article 10, est un amendement de concordance avec
l'amendement prévu au paragraphe 3° de l'article 3 du projet. Il
confirme que les employeurs de la construction ne seront assujettis au
prélèvement de la Commission des normes du travail que pour les
employés qui ne sont pas régis par la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction. Le prélèvement sera donc exigible
pour les employés de bureau, par exemple. Je vous rappelle qu'il n'y a
aucun changement ici par rapport à lavant-projet de loi.
M. Bourdon: M. le Président?
Le Président (M. Gautrin): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Je trouve paradoxal que, quand on fait une exception
en vertu de la loi de la construction, pour les employeurs, c'est une exception
qui leur permet de ne pas payer, puis, ailleurs, on a vu que, pour les
employés, c'est une exception qui leur enlève des droits, en
vertu de la loi sur les nonnes minimales. Alors, dans ce sens-là, il y a
deux poids, deux mesures. Quand les employés de la construction se
voient soustraits à des normes minimales, ça leur enlève
des droits. Les employeurs, eux autres, on les soustrait à l'obligation
de payer, en vertu de la loi sur les normes minimales, alors il y a, dans ce
sens-là, deux poids, deux mesures.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Est-ce que M. le ministre...
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Gautrin): ...vous voulez faire quelques
commentaires sur les déclarations?
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais simplement dire
que les propos du député de Pointe-aux-Trembles méritent
d'être un peu nuancés.
Le Président (M. Gautrin): Bon, nuancez.
Nuançons.
M. Bourbeau: Je dirais que, puisque l'article 3, paragraphe
3°, prévoit que la Loi sur les normes s'applique a l'employeur
oeuvrant dans l'industrie de la construction à l'égard de ses
salariés qui ne sont pas régis par la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction, il est de mise que cet employeur paie un
prélèvement quant au salaire de ses salariés.
Le Président (M. Gautrin): C'est tout? M. Bourbeau:
Voilà! Le Président (M. Gautrin): Merci. M.
Bourbeau: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, quelques commentaires?
M. Bourdon: ...bien, ce qui est dit là-dessus, c'est que
les normes minimales s'appliquent aux travailleurs de la construction. Elles
s'appliquent à tout le monde, y compris les travailleurs de la
construction, sauf le droit de refus de faire du temps supplémentaire.
Donc, quand on fait une exception touchant les travailleurs de la construction,
c'est pour leur enlever quelque chose.
Maintenant, la Commission des normes doit faire respecter les normes
dans la construction. Elles s'appliquent partout, les normes, mais les
employeurs de la construction - c'est un régime d'exception - sont
exemptés de l'obligation de payer le prélèvement à
la Commission des normes du travail. Par ailleurs, les mêmes employeurs -
parce que je veux être juste - comme les travailleurs, ce qu'ils ont
comme lot commun, c'est qu'ils paient des impôts, mais, en même
temps, ils paient leur prélèvement pour payer les votes de
représentation syndicale, qui, en vertu du Code, sont assumés par
les impôts, la formation professionnelle, l'apprentissage, en tout cas,
un certain nombre de mandats publics. Alors, il faudrait que le ministre
s'ajuste et s'arrime avec le ministre du Travail parce que je ne vois pas
pourquoi la Commission ferait respecter les normes dans la construction sans
recevoir de prélèvement des employeurs de la construction.
Bien sûr, ces employeurs paient, comme les employés, un
prélèvement pour administrer le décret qu'ils font
semblant de négocier et que le gouvernement impose après, mais je
ne vois pas pourquoi ils seraient les seuls employeurs à ne pas payer
pour l'application des normes minimales du travail.
M. Bourbeau: M. le Président, la conclusion à
laquelle en vient le député de Pointe-aux-Trembles serait valable
si les prémisses étaient bonnes, mais les prémisses sont
fausses. La loi ne s'applique pas dans la construction, la loi sur les normes
minimales. Alors, la conclusion, évidemment, est erronée.
M. Bourdon: M. le Président, la Loi sur les normes du
travail s'applique dans la construction. Elle s'applique aussi dans toutes les
entreprises où il y a des conventions collectives. Dans la construction,
il y a une convention collective qui donne lieu à un décret, mais
les heures maximales... Et il y a toutes sortes de choses, de toute nature, qui
s'appliquent dans la construction. D'ailleurs, l'ensemble des employeurs
où se trouvent des syndicats accrédités paient un
prélèvement à la Commission des normes minimales
même si, dans leur convention collective, ils consentent,
généralement, des conditions de travail supérieures aux
normes minimales. Alors, ce n'est ni plus ni moins dans la construction
qu'ailleurs et je ne vois pas pourquoi les employeurs de la construction ne
paieraient pas le prélèvement à la Commission des normes
minimales, comme n'importe qui d'autre.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Est-ce que vous voulez
répondre, M. le ministre, ou...
M. Bourbeau: Mais oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): ...une petite suspension?
M. Bourbeau: Je suis obligé.
Le Président (M. Gautrin): Alors, répondez.
M. Bourbeau: L'article 3 de la loi est clair; la présente
lor ne s'applique pas au salarié régi par la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, sauf en ce qui a trait aux
congés parentaux et aux congés de maternité. Donc, elle ne
s'applique pas dans la construction, sauf, tel que je l'ai dit, en ce qui a
trait aux congés de maternité et aux congés parentaux.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ça va, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourbeau: Tout le reste, M. le Président,
s'écroule.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
M. Bourdon: Ils devraient être inclus, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Mais, je vous comprends...
M. Bourdon: Quand ils seront inclus, ils paieront.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Quand ils seront inclus, votre
argument sera valable, mais, comme ils ne le sont pas, votre argument ne l'est
pas. Bon, enfin on s'entend. Alors...
M. Bourdon: Ne vous prononcez pas, vous, là.
Le Président (M. Gautrin): Non, je ne me prononce pas.
Alors, on est à l'article 10. Êtes-vous prêts à
l'accepter?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, non. Ah bon!
M. Bourbeau: A la rescousse.
Mme Harel: On est au premier paragraphe.
Le Président (M. Gautrin): Alors, le premier paragraphe de
l'article 10, qui s'appelle le paragraphe 16°, est-il adopté?
Mme Harel: On est au paragraphe 16°. Le Président
(M. Gautrin): Oui
Mme Harel: Mais on ne les adopte pas par sous-paragraphe
Le Président (M. Gautrin): Bien. On va l'adopter d'un seul
coup, d'accord. Alors, le paragraphe 16°, c'est fini?
Mme Harel: Oui
Le Président (M. Gautrin): Le paragraphe 17°.
M. Bourbeau: L'ajout du paragraphe 17° exclut du
prélèvement le gouvernement et tous les organismes
gouvernementaux régis par la Loi sur la fonction publique et les
sociétés d'État
appartenant en totalité au gouvernement.
Mme Harel: Donc, les salariés seront régis en vertu
du nouveau paragraphe, puisque, maintenant, les salariés liés
à la couronne seront régis, mais le gouvernement ne va pas payer
sa part. C'est ça? (22 h 30)
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la majorité... M. le
Président, on a fait que ça rimait au statu quo.
C'est-à-dire que, dans la loi actuelle... La loi actuelle, M. le
Président, s'appliquait quand même aux réseaux, au
réseau de la santé, par exemple, au réseau des commissions
scolaires, au réseau de l'éducation, et à certains
organismes, également. Déjà, je peux en nommer
quelques-uns: la Raffinerie de sucre du Québec, M. le Président -
ça ce n'est pas tellement d'actualité - la Société
du Grand Théâtre de Québec, la Société de la
Place des Arts de Montréal, la Société
générale de financement et ses filiales, Sidbec, la
Société nationale de l'amiante. Enfin, il y en a plusieurs, et
qui ne payaient pas.
Mme Harel: Parce qu'ils étaient exclus de l'application de
la loi.
M. Bourbeau: Non, ils n'étaient pas exclus. Ils
étaient inclus. Je nomme des organismes qui étaient assujettis
à la loi, de même quo tout le réseau de la santé et
de l'enseignement. Or, tous ces organismes-là, tant paragouvernementaux
que le réseau, bien qu'inclus dans la loi, n'étaient pas
assujettis au prélèvement. On a donc fait étendre cette
tradition, si je peux m'exprimer ainsi, aux organismes, qui sont maintenant
assujettis, et au gouvernement lui-même.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, on vient d'expliquer que,
comme, à part des congés parentaux, les normes minimales ne
s'appliquent pas aux travailleurs de la construction, c'est conséquent
et normal que les employeurs de la construction ne paient pas le
prélèvement. Mais, là, on nous dit, et c'est un
progrès, que dorénavant le gouvernement va être assujetti
au normes minimales, mais qu'il ne paiera pas le prélèvement.
Alors, je pense que c'est absolument anormal. Il faudrait que l'État
donne l'exemple, comme n'importe quel autre employeur dont les employés
sont assujettis aux normes qui paie le prélèvement pour
l'administrer. J'espère que l'État n'est pas cassé au
point de ne pas s'astreindre aux règlements qu'il impose aux autres
employeurs.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député de Pointe aux Trembles.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, quelques
remarques.
M. Bourbeau: Étant donné l'état des finances
publiques que nous ont laissé nos prédécesseurs, M. le
Président, on comprend que les finances...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: J'arrête là, M. le
Président.
M. Bourdon: Oui...
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Après cinq ans, vous savez, il y a des gens,
dans la population, qui pensent que, quand ça fait cinq ans qu'on marque
"nouvelle administration" sur le magasin, on peut penser que, si le magasin va
mal, c'est la nouvelle administration qui le gère mal!
M. Bourdeau: M. le Président, les emprunts ont
été faits sur 25 ans, pas sur 5 ans.
Le Président (M. Gautrin): Oui, je pense qu'il s'agirait
simplement d'une partie... Revenons donc à notre petite loi 97,
paragraphe 17°. Alors, est-ce que vous avez encore des commentaires
supplémentaires? Non? Pas de commentaires supplémentaires? Bon,
alors, on passe au paragraphe 18°.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Encore un instant? Bon, un
petit instant pour vous.
Mme Harel: Non, ça va.
Le Président (M. Gautrin): Le paragraphe 18",
maintenant.
M. Bourbeau: L'ajout du paragraphe 18° exclut les organismes
gouvernementaux dont les budgets pour leur personnel sont financés par
le fonds consolidé ou par un ministère. Le paragraphe 18°
exempte des organismes tels le Conseil des services essentiels ou des
commissions d'enquête, par exemple.
Le Président (M. Gautrin): Bon. C'est limpide. Alors,
quelques remarques?
Mme Harel: Qu'est-ce que c'est le rationnel, derrière
cette décision, évidemment, à part la...
M. Bourbon: L'avarice. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: C'est une extension du principe qui est contenu au
paragraphe 17 Mutatis mutandis.
Mme Harel: Faire payer aux riches, c'est ça? C'est le
principe des marxistes-léninistes des années soixante-dix;
faisons payer les riches? Et le ministre considère que les employeurs
sont plus riches que l'État?
M. Bourbeau: M. le Président, je dirais que, si les
employeurs avaient, en fin d'année, un rapport financier qui ressemble
à celui de l'État, ils ne seraient plus en affaires très
longtemps.
Le Président (M. Gautrin): Bon, revenons au paragraphe
18°, article 10.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre se
réfère au gouvernement fédéral.
Le Président (M. Gautrin): merci, m. le
député de pointe-aux-trembles. revenons au paragraphe 18°.
vous n'avez plus de remarques? bon, passons au 19°. vous êtes
prêts? bon, le 19°.
M. Bourbeau: L'ajout du paragraphe 19° exempte du
prélèvement le lieutenant-gouverneur...
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Bourbeau: et le chauffeur de son Chrysler!
Des voix: Ha, ha,ha!
Le Président (M. Gautrin): Ah...
M. Bourbeau: l'Assemblée nationale et certaines personnes
qui relèvent de l'Assemblée nationale. M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Le secrétaire
général.
M. Bourbeau: Je me limiterai là, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Quelques commentaires? M.
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, ça finit par
l'Assemblée nationale et ça me laisse le sentiment que nous, on
va au repas et qu'on part sans payer.
Le Président (M. Gautrin): D'autres commentaires? Allez-y,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, peut-être simplement
vous rappeler qu'à l'article 2, para graphe 2", nous avons
déjà adopté d'ajouter, à l'article 2, un
alinéa signifiant que la présente loi lie la couronne et donc,
dorénavant, l'ensemble des salariés. Évidemment, c'est un
ajout de combien de centaines de milliers de salariés, M. le
ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pourrais
répondre à la question de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. .
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
M. Bourbeau: ...sauf que je pourrais lui dire que la plupart des
salariés du gouvernement font appel à la fonction publique
plutôt qu'à la Commission des normes du travail. Donc, le
gouvernement ne sera certainement pas un gros utilisateur des services de la
Commission. Et, deuxièmement, il ne faudrait pas oublier qu'il y a une
disposition, dans la loi, qui permet maintenant le recours à un
commissaire du travail plutôt qu'à un arbitre et ça,
ça va générer des frais importants pour le gouvernement,
qui frôlent le million de dollars. Alors, il reste quand môme que
le gouvernement va s'imposer des dépenses importantes, avec l'option du
projet de loi...
Le Président (M. Gautrin): Bien.
M. Bourbeau: ...au bénéfice des travailleurs.
Mme Harel: Attendez. M. le Président, les commissaires du
travail sont financés à même le budget de la Commission et
la Commission est financée à même la cotisation, le
prélèvement de cotisation des entreprises?
M. Bourbeau: Non. Les commissaires du travail, M. le
Président, vont émarger au budget du ministère du Travail,
sauf pour la période de transition, la période des six premiers
mois, je crois, jusqu'au premier mai. Et après cela, c'est le
ministère du Travail qui devra prendre à sa charge les frais des
commissaires additionnels. Si ma mémoire est fidèle, ce sont
à peu près 800 000 $ de coûts additionnels, entre 800 000 $
et 1 000 000 $.
Le Président (M. Gautrin): II y a le député
de Pointe-aux-Trembles qui voulait dire quelques mots.
M. Bourdon: Je veux juste savoir du ministre si la Commission a
évalué combien ces exclusions-là lui font perdre.
M. Bourbeau: Je ne saurais répondre à cette
question, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): A vous
Mme Harel: 11 faudrait poser la question aux commissaires
eux-mêmes.
M. Bourdon: On posera la question...
Le Président (M. Gautrin): Parce qu'on est sur le
paragraphe 19°, hein? Article 10, paragraphe 19°. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, quelques remarques encore?
Mme Harel: Oui, peut-être une dernière, M. le
Président. Puisque, dorénavant, la présente loi lie la
couronne, c'est donc dire que les travailleurs, les salariés
occasionnels du gouvernement qui sont engagés avec des contrats à
durée déterminée pourront être
considérés comme ayant une continuité de service, si tant
est qu'ils donnent ouverture aux recours qui sont prévus dans le
présent projet de loi. Est ce que c'est une bonne
interprétation?
M. Bourbeau: Pour les fins de la Loi sur les normes du travail,
oui, mais pas pour les fins d'obtention d'une permanence quelconque.
Mme Harel: Mais pour les fins, par exemple, d'un
congédiement?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Mme Harel: Ce qui n'était pas le cas jusqu'à
maintenant?
M. Bourbeau: C'est exact.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Alors l'article 10,
paragraphe 19°, plus de remarques? Alors, l'article 10 est adopté?
Merci. L'article 11.
M. Bourbeau: Cet article a pour objet de permettre à la
Commission des normes du travail de pouvoir procéder à des
règlements hors cour lorsque la majorité des salariés
visés par une réglementation y consent. Il n'y a pas de
changement, ici, M. le Président, par rapport à l'avant-projet de
loi. Je vous signale qu'en vertu de la loi actuelle la Commission doit refuser
toute offre de règlement hors cour si un seul salarié
concerné par la poursuite ne donne pas son accord.
Un règlement hors cour peut parfois être plus profitable
que d'attendre un jugement, surtout si la situation financière de
l'employeur est précaire. Ce n'est pas moi qui va vous apprendre, M. le
Président, que, selon une certaine philosophie, un mauvais
règlement vaut mieux qu'un bon procès. Non, je dirais
plutôt qu'un bon règlement vaut mieux qu'un mauvais
procès.
Le Président (M. Gautrin): Bon, Mme la
députée ou M. le député. Mme la
députée de... C'est ça.
Mme Harel: Donc, c'est à l'article 39 de la
présente loi que l'on retrouve les pouvoirs de la Commission. Parmi les
pouvoirs qui lui sont attribués, elle peut faire diverses choses, la
Commission, notamment, "accepter pour un salarié qui y consent ou pour
un groupe de salariés visés dans une réclamation et dont
la majorité y consent, un paiement partiel en règlement des
sommes que lui doit son employeur". Quand on dit le paiement partiel, c'est un
paiement final partiel, c'est ça hein! Et pourquoi avoir enlevé
le terme "sans préjudice aux droits du salarié quant au
surplus"?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, une question
vous est posée par la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Pourquoi avoir enlevé "du salarié quant au surplus"?
M. Bourbeau: Cette expression-là existait, M. le
Président, parce que, dans l'ancienne loi, la Commission ne pouvait pas
percevoir plus que le double du salaire, du montant qui était dû,
alors, forcément, parfois il y avait des excédents et
c'était sans préjudice, quand la Commission acceptait, aux
excédents, mais, maintenant, il n'y a plus cette limite de deux fois la
somme due.
Mme Harel: C'était la somme due ou...
M. Bourbeau: C'était deux fois le salaire minimum et non
pas deux fois le salaire dû. Deux fois le salaire minimum.
Mme Harel: Au-delà de ce montant, le salarié avait
un recours civil et la...
M. Bourdon: La Commission ne pouvait pas réclamer plus que
le double du salaire minimum pour les salaires non payés.
M. Bourbeau: C'est ça, deux fois le salaire minimum, je
m'excuse.
Mme Harel: Mais ça occasionnait beaucoup de
problèmes pour des salariés qui donc devaient utiliser deux
recours différents.
M. Bourdon: Pour la même réclamation, dans le
fond.
Mme Harel: Alors là, il n'y a plus de plafond, c'est bien
le cas?
M. Bourbeau: C'est ça
Mme Harel: II n'y a pas de plafond quant à une
réclamation pour une somme due.
M. Bourbeau: C'est exact, aux articles 43 et
44 du projet.
Le Président (M. Gautrin): Ça vous satis fait?
Mme Harel: Non. Le ministre parlait tantôt d'une
disposition qui, présentement, exigeait l'obtention de la
totalité de l'accord, du consentement unanime de toutes les parties.
Quel est cet article-là?
M. Bourbeau: Dans la loi actuelle, c'est l'article 39 paragraphe
5° qui dit que la Commission peut accepter pour un salarié,
lorsqu'il y consent, un paiement partiel, mais on devait obtenir, dans le cas
d'une réclamation pour plusieurs, le consentement de chacun des
salariés. Je vous signale que la commission Beaudry recommandait
d'autoriser la Commission à accepter un paiement partiel d'une
réclamation impliquant un groupe de salariés lorsqu'une
majorité de ces salariés y consent, le tout en guise de
règlement partiel, selon l'article 39, paragraphe 5e.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Très bien.
Mme Harel: Très bien. Une dernière question, M. le
Président, à moins qu'on y revienne, au paragraphe 6°:
C'était là une préoccupation d'Au Bas de l'échelle.
Alors, sur le paragraphe 5°, c'est bon. Alors...
Le Président
(M. Gautrin): attendez, je ne vous
suis plus là. vous êtes à l'article 11, c'est ça,
paragraphe 6° qui suit le paragraphe 5°, c'est ça?
Mme Harel: Nous complétons, là, l'étude du
paragraphe 5° de l'article 39 qui est modifié par l'article 11.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça.
Mme Harel: Bon, une fois complétée l'étude,
j'aimerais, M. le Président, que nous examinions le paragraphe 6" de
l'article 39.
Le Président (M. Gautrin): Ça marche. Donc, est-ce
qu'on peut disposer de l'article 11?
Mme Harel: Du paragraphe 5°.
Le Président (M. Gautrin): .5° de l'article... O.K.,
ça marche, j'ai compris.
Mme Harel: Parce que là on va examiner le paragraphe
6°.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez raison. Alors, le
paragraphe 5° est adopté. Maintenant, on ouvre le débat sur
le paragraphe 6" - ça marche - de l'article 39, qui n'est pas en vigueur
d'après ce que je lis. (22 h 45)
Mme Harel: Le paragraphe 6° se lit comme suit: "6° verser
les sommes qu'elle juge dues par un employeur à un salarié en
vertu de la présente loi ou d'un règlement jusqu'à
concurrence du salaire minimum en tenant compte, le cas échéant,
des majorations qui y sont prévues".
C'est donc une disposition qui n'est pas encore en vigueur et qui permet
à la Commission des normes du travail de verser les sommes dues qu'elle
réclame, mais de les verser préalablement, avant même
qu'elles soient prélevées de l'employeur Est-ce que le ministre
entend donner suite à cette disposition?
M. Bourbeau: M. le Président, pour sauver du temps, je
dirais qu'à l'égard de ce paragraphe 6° et du paragraphe
7°, que la députée de Hochelaga-Maisonneuve va certainement
soulever après le paragraphe 6", deux articles non en vigueur depuis
l'adoption de la loi en 1978, nous regardons cette question-là - je l'ai
dit tout à l'heure, alors je répète - à l'occasion
de l'adoption de la Loi sur les normes du travail, et la possibilité,
éventuellement, de faire entrer en vigueur ces paragraphes 6° et 7
° de l'article 39. Je ne saurais dire, à ce moment-ci, quelles
seront les conclusions de nos réflexions à ce sujet-là.
Nous sommes en train d'y songer, de consulter. Je rappelle quand même
que, pour pouvoir y arriver, il faudrait augmenter sensiblement la cotisation
des employeurs et qu'étant en pleine récession ce n'est
peut-être pas tellement le meilleur temps pour faire entrer en vigueur
des articles qui auront pour effet d'augmenter la charge des entreprises
à ce moment-ci. Mais nous regardons ça par les temps qui
courent.
Le Président (M. Gautrin): En plein ralentissement
économique. M. le député de Pointeaux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je pense que le ministre
s'alarme pour rien. D'abord, verser les sommes qu'elle juge dues en attendant
que la réclamation procède, c'est l'idée qu'un
salarié au salaire minimum... parce qu'on parle d'avancer le salaire
minimum pas plus. C'est que la Commission a certainement plus que le
salarié les moyens d'attendre le jugement de cour qui parfois peut
mettre passablement de temps à venir. Quant au 7° paragraphe:
"verser a un salarié à la suite de la faillite", je trouve, moi,
que ça n'a pas de bon sens que les agents de sécurité dont
je parle, dans mon comté de Pointe aux-Trembles, aient perdu plusieurs
semaines de salaire suite à la faillite de leur entreprise. Maintenant,
je pense que le ministre, dans sa réflexion, devrait tenir compte que,
si,
par un simple amendement que l'Opposition serait prête à
adopter assez rapidement, le gouvernement payait ses
prélèvements, ça pourrait assumer tout ça et sans
avoir de dépenses supplémentaires pour l'entreprise. Il faut
contribuer à la relance de l'économie. L'État devrait
faire sa part en versant sa juste part comme tous les autres employeurs.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Est-ce qu'on peut
considérer l'article 11 comme adopté?
Mme Harel: Non, M. le Président Le Président (M.
Gautrin): Non. Bon.
Mme Harel: J'aimerais, pour les fins de la réflexion que
le ministre entend poursuivre - absolument, poursuivre puisqu'il l'a
déjà engagée - peut-être simplement lui rappeler la
situation difficile dans laquelle se retrouvent les personnes salariées
qui ont des réclamations à faire contre leur employeur.
Après qu'il y a eu enquête, évidemment, une fois qu'elles
ont porté plainte à la Commission des normes du travail, qu'il y
a eu enquête et que la Commission a réclamé de l'employeur
fautif le paiement de la somme due, au mieux, l'employeur consent, fait un
chèque à la Commission qui paie le salarié, ce qui peut
quand même, même si tout va bien, durer trois, quatre mois, mais,
au pire, l'employeur refuse de payer et la Commission doit alors le poursuivre
devant les tribunaux civils, généralement à la Cour du
Québec. Évidemment, avec les lenteurs que ça peut
nécessiter, ça rend le processus encore plus long et
entre-temps... Je ne sais pas si le ministre en a rencontré, des
personnes dont les causes sont présentement pendantes devant la
Commission des normes du travail. Moi, j'ai des concitoyens qui viennent me
voir au bureau de comté et ça fait littéralement des mois
qu'ils se débrouillent avec des revenus considérablement
diminués, entre autres parce que les prestations
d'assurance-chômage ont deux semaines de carence et, en plus, parce que
c'est un minimum, maintenant, de six à huit semaines avant d'obtenir son
premier chèque de prestations. Alors, en attendant que la Commission
puisse obtenir gain de cause devant la Cour du Québec, c'est le
salarié qui ronge son frein. Et l'article 39, paragraphe 6°,
permettrait une procédure bien plus expéditive parce que la
Commission, ayant elle-même reçu la plainte, l'ayant jugée
fondée, ayant fait parvenir une réclamation à l'employeur,
a toutes les chances, évidemment, de la percevoir et, à ce
moment-là, c'est tout simplement une avance de fonds.
Alors, je sais qu'Au Bas de l'échelle recommandait que, dans le
contexte du libre-échange, en donnant les exemples de Gillette, de
Simp-son's et de bien d'autres entreprises, une disposition comme celle du
paragraphe 6° soit mise en vigueur le plus incessamment.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Donc, ça va
alimenter la réflexion du ministre, qui veut réagir.
M. Bourbeau: Oui. J'aimerais simplement dire au
député de Pointe-aux-Trembles qu'on n'a pas besoin d'un
amendement pour le faire entrer en vigueur, c'est déjà dans la
loi. Tout ce qu'on a à faire, c'est une décision du gouvernement.
Moi, j'aimerais quand même dire - je ne l'ai peut-être pas fait
avec assez de vigueur - que je suis extrêmement en faveur de la mise en
vigueur de ces articles-là, M. le Président. Quand je dis que je
réfléchis, ce n'est pas une réflexion qui s'amorce, qui
vient de s'amorcer il y a quelques minutes, c'ost beaucoup plus avancé
que ça. On a déjà des documents de rédigés,
etc., au ministère et, quant à moi, je souhaiterais beaucoup
faire entrer en vigueur ces articles-là dans les meilleurs
délais. La seule raison pour laquelle on hésite
présentement, c'est la situation économique qui n'est pas facile
et qui ferait en sorte qu'en plus d'imposer aux employeurs des fardeaux
additionnels avec la nouvelle Loi sur les normes, qui impose quand
même... J'ai lancé le chiffre de 300 000 000 $, il n'y a pas
longtemps. On évalue à à peu près 300 000 000 $ le
coût de la Loi sur les normes pour les employeurs du Québec, 300
000 000 $. On ajouterait encore... Et, si on ajoutait la mise en vigueur des
paragraphes 6° ou 7°, il y aurait des coûts additionnels.
Le Parti québécois doit me comprendre, parce que
lui-même n'a pas osé faire entrer en vigueur les paragraphes
6° et 7° au moment où la récession, la dépression
ou la crise économique a sévi, dans les années 1981", 1982
et 1983, bien qu'elle n'ait pas été là en 1979 et en 1980,
fermez la parenthèse, et qu'elle n'était plus là en 1984
et 1985. Il reste que, pour l'instant, ce n'est pas en vigueur et ce n'est
peut-être pas le meilleur temps pour le faire, mais je garde l'espoir de
pouvoir le faire aussitôt que possible.
Le Président (M. Gautrin): Dans les meilleurs
délais.
M. Bourdon: M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Oui, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Je voudrais juste compléter
l'énumération du ministre. C'est qu'on avait une période
de forte croissance économique en 1985, en 1986, en 1987, en 1988 et en
1989 et que le gouvernement a perdu cinq belles chances, en 1985, en 1986, en
1987, en 1988 et en 1989, de mettre en vigueur ces deux articles. Et j'en parle
parce qu'il y a quelque chose, dans les répliques qu'on se fait en
Chambre, parfois, qui m'apparaît mauvais dans le sens suivant. C'est que
l'Opposi-
tion accuse le gouvernement d'un manque. Le gouvernement
réplique: Quand vous étiez au pouvoir, vous avez manqué
à ça, vous aussi. Et c'est parfois vrai. Mais si on additionne
les deux et qu'on se met dans la peau de la personne qui regarde ça,
à la télévision, elle se dit: Deux torts, ça
devient éternel. Parce que le gouvernement est exempté de le
faire, vu que l'Opposition ne l'a pas fait en temps utile, donc c'est
éternel.
Comme disait Woody Allen, M. le Président,
l'éternité, c'est long, surtout vers la fin.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Est-ce qu'on peut
considérer l'article 11 comme adopté? Non, non, mais on pourrait
adopter l'article 11, ares on pourrait conclure. Ah! vous voulez conclure,
bon.
M. Bourbeau: Je voudrais seulement conclure, M. le
Président. Je suis d'accord avec le député de
Pointe-aux-Trembles qu'on devrait arrêter de tenir ce langage-là,
M. le Président. Et, si l'Opposition veut cesser d'accuser le
gouvernement, nous allons cesser de citer leurs propres...
Le Président (M. Gautrin): Merci Alors, l'article 11
est-il adopté?
M. Bourdon: Adopté. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci. L'article 12, M. le
Président, M. le ministre, excusez-moi.
M. Bourbeau: Est-ce que vous voulez changer de chaise avec
moi?
Le Président (M. Gautrin): Wouaf! Alors, l'article 12.
Les normes du travail Le salaire
M. Bourbeau: Cette modification a pour objet d'exclure les
petites fermes de l'application de la section de la loi relative au salaire.
Elle permet aussi au gouvernement de mettre fin à cette exemption. Je
rappelle, M. le Président, que les petites fermes étaient, avant
le projet de loi, totalement exclues, totalement exclues de l'application de la
loi. Elles ne bénéficieront, dorénavant, que d'exemptions
partielles auxquelles le gouvernement pourra mettre fin si les circonstances le
permettent. Une disposition similaire sera présentée par
l'article 16, concernant le temps supplémentaire.
Le Président (M. Gautrin): Bon
M. Bourbeau: II s'agit d'un ajout par rapport à
l'avant-projet de loi.
Le Président (M. Gautrin): Les petites fermes.
Mme Harel: M. le Président... Le Président (M.
Gautrin): Oui
Mme Harel: ...est-ce que je peux vous proposer une suspension de
cinq minutes?
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Mme Harel:
Le temps d'aller...
Le Président (M. Gautrin): Consulter ce que c'est qu'une
petite ferme.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Non, le temps d'aller chercher un breuvage chaud et de
se délasser avant que l'on sombre dans les bras de Morphée.
Le Président (M. Gautrin): Ah! Bien sûr, et on
pourra voir le résultat aussi de la partie de football opposant les
49ers et les Giants.
(Suspension de la séance à 22 h 57)
(Reprise à 23 h 22)
Le Président (M. Gautrin): La commission des affaires
sociales va continuer ses travaux pour reprendre l'étude du projet de
loi 97 Alors, si je comprends bien, on était rendu à l'article 12
et la parole était à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, à moins que le ministre ait quelques commentaires
à faire sur les petites fermes?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai fait les commentaires
que j'avais à faire.
Le Président (M. Gautrin): O.K. Alors, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, toujours sur les fermes.
Mme Harel: Bien alors, c'est assez laconique, M. le
Président, et je dois vous dire qu'il s'agit pour nous, là, d'une
disposition importante du projet de loi 97, celle qui consiste à
réactualiser le projet de loi adopté en 1979, à la
lumière des changements qui se sont opérés dans le
marché du travail et, en particulier, dans le secteur des entreprises
agricoles. Alors, M. le Président, je veux d'abord vous rappeler que,
comme le signalait la Commission des droits de la personne, il serait
souhaitable d'envisager une
application universelle de la Loi sur les normes du travail et
d'éliminer les exclusions de l'ap plication de la loi à certaines
catégories d'emploi. Il y a déjà eu un bel effort de fait,
là. Je pense qu'il faut féliciter le ministre. Il ne s'agit pas
simplement de le réprimander à cette heure-ci mais de le
féliciter pour les bons coups, l'audace qu'il a eue, et en lui disant
qu'il lui en faudrait encore peu pour pouvoir compléter son oeuvre.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! Comme Duplessis! Laissons Duplessis
compléter son oeuvre!
Mme Harel: Et là, ce que nous lui proposons, c'est
d'envisager, particulièrement à l'égard du secteur
agricole qui nécessite certainement - là, on va s'entendre
là-dessus - une sorte de reconsidération, de revalorisation -
tantôt, j'aurai des chiffres... Mais je peux peut-être, d'ailleurs,
vous les citer tout de suite. Ils sont transmis par la revue Le
Marché du travail, revue produite par le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle et...
Le Président (M. Gautrin): C'est une bonne revue,
hein!
Mme Harel: Alors, la revue est actuellement à la
photocopie, parce que...
Le Président (M. Gautrin): Peut-être que le ministre
pourrait vous en donner des copies supplémentaires.
Mme Harel: ...j'avais justement l'intention d'en faire faire des
photocopies pour mes collègues et pour les membres de la com- mission,
d'ailleurs...
Le Président (M. Gautrin): Avec plaisir.
Mme Harel: ...qui voudraient prendre connaissance de l'exode -
c'est de ça qu'il est question, là - des travailleurs agricoles
québécois vers l'Ontario. Et ça, c'est chiffré,
c'est calculé, évalué par les études du
ministère. Il faut savoir que l'Ontario s'est donné, il y a
maintenant trois ans de ça, des dispositions qui revalorisent et qui,
évidemment, considèrent comme du vrai travail le travail agricole
sur un établissement de ferme. Et là il faudrait peut-être
que le ministre nous indique pourquoi on a choisi d'exclure de la protection de
la loi des sociétés, corporations ou personnes qui gèrent,
finalement, des fermes avec trois salariés et moins.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le ministre, une
petite question pour vous: Pourquoi avoir exclu de la loi les entreprises ou
corporations avec trois salariés ou moins?
M. Bourbeau: M. le Président, la notion de petite terme,
c'est une notion qui existait dans l'ancienne loi, la loi actuelle, et, dans la
loi actuelle, disons, l'ancienne loi, pour ne pas se tromper, ces petites
fermes étaient totalement exclues de la Loi sur les normes du travail.
Alors, on avait cette notion de trois employés et moins et, dès
qu'une ferme avait trois employés et moins, c'était
considéré une petite ferme et elle était totalement exclue
de la loi. Nous avons voulu faire un pas en avant et assujettir ces petites
fermes à la loi. Et, effectivement, elles sont assujetties à la
loi, donc c'est déjà un pas de géant.
Sauf que nous n'avons pas été jusqu'à les
assujettir en totalité. Nous nous sommes arrêtés en cours
de route, si je peux m'exprimer ainsi, pour faire en sorte que les petites
fermes soient assujetties à la loi, sauf en ce qui concerne le salaire
et la semaine de travail. Bon, ce n'est pas la perfection, mais c'est un grand
pas en avant. Vous vous souviendrez, M. le Président, de la
réaction de l'UPA, l'Union des producteurs agricoles, devant la
commission parlementaire qui, évidemment, souhaitait et exigeait
même qu'on maintienne l'exclusion totale des petites fermes, et,
même aujourd'hui, l'UPA réagit très violemment à
notre intention d'assujettir les petites fermes à la loi, sauf pour la
semaine de travail et le salaire. Ce n'est pas la perfection, mais c'est quand
même une amélioration par rapport à l'ancienne loi et
probablement que, éventuellement, on pourra progresser davantage. Je
vous signale que, dans ce but-là, le gouvernement s'est conservé
ou a fait en sorte de se donner le pouvoir de mettre fin à cette
exclusion-là par règlement, si les circonstances le permettent.
Alors, nous allons étudier la situation, nous allons suivre la situation
et, si le gouvernement arrive à la conclusion, à un moment
donné, que les circonstances le permettent, à ce
moment-là, on aura les pouvoirs dans la loi pour procéder
à l'inclusion totale des petites fermes.
Le Président (M. Gautrin): Ça vous convainc, Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve?
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, ce qui me
convient, c'est l'étude qu'en faisait le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, lui-même, qui, dans une étude intitulée
"Rapport sur le travail saisonnier dans le secteur agricole du Québec",
Service des politiques de main-d'oeuvre, Direction générale de la
planification, avril 1987, page 10, énonçait ceci: ...d'assurer
l'assujettissement de l'ensemble des salariés agricoles à la Loi
sur les normes du travail puisque cela constitue un élément de
solution indispensable aux problèmes de main-d'oeuvre que connaît
le secteur agricole québécois. Et l'étude signalait, je
cite
l'étude, M. le Président: Les analystes considèrent
que les individus salariés travaillant en agriculture au Québec
reçoivent généralement le salaire minimum ou son
équivalent. Toutefois, parce que le règlement sur les normes du
travail exclut spécifiquement certains salariés agricoles, il y a
toujours des travailleurs qui seront systématiquement payés en
deçà du salaire minimum. Par ailleurs, la précarité
de l'emploi chez les travailleurs agricoles du Québec, due en partie
à des considérations climatiques, favoriserait une migration vers
l'Ontario où, l'Employ-ment Standards Act s'appliquant aux travailleurs
agricoles, ceux-ci sont assurés de recevoir le salaire minimum. Et selon
l'étude du ministère, et je cite exactement les mots: En bout de
course, il n'est pas irréaliste de penser que le personnel
salarié du secteur agricole saisonnier bénéficie
globalement de meilleures conditions en Ontario par rapport à ce
qu'offre le Québec. Et pourtant...
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous désirez
déposer cette étude?
Mme Harel: Ah! Je le souhaiterais, M. le Président, je le
souhaiterais, mais je ne l'ai pas. Je la déposerai dès que je
l'aurai, dans quelques instants.
Le Président (M. Gautrin): D'accord.
Mme Harel: Et toujours cette même étude
considère qu'un potentiel de revenus globaux saisonniers satisfaisants
favoriserait la rétention de la main-d'oeuvre au Québec et
considère que le salaire fait partie de ce potentiel de revenus
satisfaisants qui pourrait avoir cet impact. La question posée c'est:
Pourquoi le gouvernement persiste-t-il à exclure les travailleurs
agricoles du salaire minimum, en tout cas ceux des fermes de moins de trois
salariés? Et je crois comprendre que la très grande
majorité des fermes au Québec opère justement avec trois
salariés et moins.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le ministre,
même question, j'imagine même réponse. (22 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais dire aux membres
de la commission qu'il faut traiter avec beaucoup de prudence ces
études-là. La députée de Hochelaga-Maisonneuve dit:
Une étude du ministère, comme si c'était la politique du
ministère, ce qui est signalé dans l'étude. C'est un
document qui a été préparé par un analyste, parmi
un grand nombre que nous avons au ministère, qui a fait ses propres
constatations Ça ne représente pas, en aucune façon, la
position, la politique du ministère. Si c'était le cas, la
recommandation se retrouverait dans le projet de loi aujourd'hui. Et nous en
avons comme ça des centaines d'invididus qui sont occupés
à écrire des papiers. M. le Président, inutile de vous
dire que le ministre ne les lit pas tous avant qu'ils ne soient
imprimés, ne les valide pas tous surtout, et ce qui indique notre
largeur d'esprit, de vue, M. le Président, il s'écrit à
peu près n'importe quoi au ministère chez nous.
Maintenant, je dirais qu'à la suite de ce document qui
n'était pas, par contre, mauvais non plus - je ne dis pas que ce n'est
pas valable - un comité a été formé et a
étudié la question. Il y avait des membres de l'UPA sur le
comité, des membres du ministère de l'Agriculture, des gens de
chez nous, et nous avons finalement décidé, à la suite de
ça, d'accoucher de l'article 12 que nous avons dans le projet de loi et
qui fait un grand pas en avant vers l'assujettissement des travailleurs des
petites fermes à la Loi sur les normes du travail.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Il y a
le député de Pointe-aux-Trembles qui aurait quelques commentaires
à faire sur l'article 12. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, quand on regarde ce qui nous
est proposé, on va au deuxièmement, quand on parle des petites
fermes, on dit: ".. d'une ferme mise en valeur - deuxièmement - par une
corporation dont c'est l'activité principale avec le concours habituel
d'au plus trois salariés en sus des trois principaux actionnaires de la
corporation s'ils y travaillent". Alors, M. le Président, on parle de
six personnes qui travaillent à plein temps sur une ferme et je connais
des fermes où deux personnes y oeuvrent et la ferme a
représenté un investissement de 300 000 $. Alors, si on va
jusqu'à six, ça peut facilement valoir 700 000 $ ou 800 000 $.
Alors, elles sont pas mal grandes, ces petites fermes. À cet
égard, si on compare l'application du salaire minimum par les
commerçants, par exemple, eh bien, c'est appliqué par des
entreprises, je pense, dans la restauration, par exemple, où le capital
investi est beaucoup moindre. À cet égard, le signe que ça
couvre beaucoup de monde, ça nous est donné dans le
mémoire d'Au Bas de l'échelle qui dit, à la page 3, qu'au
moins 37 000 salariés agricoles au Québec pourraient
bénéficier de l'entière protection de la loi, sans impact
économique significatif.
À cet égard, M. le Président, j'attire l'attention
du ministre sur une question d'équité. Ce Parlement a
adopté l'assurance-récolte pour protéger les agriculteurs
des fluctuations de la température, et c'est normal Ce Parlement a
adopté des lois créant des plans conjoints pour contingenter les
productions agricoles pour garantir aux producteurs agricoles un revenu minimum
suffisant. Alors, ce qu'on obtient pour garantie pour soi, on peut le garantir
à d'autres et le salaire minimum à 5, 30$ il s'agit là
d'un salaire minimum de 212 $ par semaine pour
quelqu'un qui fait 40 heures. C'est un peu humiliant de voir que les
travailleurs agricoles sont portés à s'exiler à
l'étranger, en Ontario, parce qu'à l'étranger, en Ontario,
ils sont mieux traités qu'au Québec, M. le Président
à s'exiler dans une province qui, bientôt j'espère,
deviendra un pays étranger voisin, avec qui on va avoir des relations
économiques mutuellement avantageuses et des relations très
cordiales, peut-être même qu'ils vont cesser de piétiner
notre drapeau, M. le Président.
M. Bourbeau: Et nous le leur?
M. Bourdon: Le leur, je ne l'ai jamais tellement
piétiné.
Le Président (M. Gautrin): Revenons au fond du
débat, chers amis. Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Si on revient au fond du débat, donc ce n'est
pas "La petite maison dans la prairie," là. On nous parle de petites
fermes où travaillent six petites personnes, avec un placement en
capital de 600 000 $, 700 000 $, 800 000 $ ou près de 1 000 000 $, bref
d'entreprises millionnaires qui ne sont pas tenues de payer le salaire minimum.
Moi, je pense, M. le Président, qu'il faut être favorable à
notre agriculture, mais l'exclusion des petites fermes dans la loi, je pense
que c'est une crainte mythique que le législateur avait, qui nous vient
sans doute, "subconsciemment", des Parlements précédents
où Maurice Duplessis régnait. C'est directement issu du
duplessisme que les libéraux ont tant décrié lorsqu'ils
étaient dans l'Opposition. Je pense que ça nous vient de
là parce qu'il y a quelque chose là-dedans qui dit qu'une
entreprise qui a une capitalisation pouvant aller jusqu'à 1 000 000 $
n'est pas capable de payer ses employés un minimum de 212 $ par semaine.
Moi, je pense que ce n'est pas fondé, on n'a pas de signe que l'UPA
s'objecte formellement à ce que le salaire minimum s'applique à
ces employés. D'une certaine manière, il s'agit de 37 000
salariés. Alors, pourquoi n'auraient-ils pas, ces salariés, la
même chose que les autres? Dans le fond, M. le Président,
l'agriculture est plus menacée par le dézonage agricole aveugle
et par Léo Kotler et consorts que par la nécessité qu'elle
aurait de payer le salaire minimum. Je répète que les plans
conjoints, l'assurance-récolte, il y a nombre de mesures, toutes
excellentes, qui garantissent à ces producteurs des minima qui les
mettent à l'abri dos intempéries. Alors, autant protéger
ceux qui, comme le père et le fils dans le si beau film "Pelle le
conquérant", partent travailler sur une ferme. Il faut qu'on arrive au
XXe siècle, qu'on oublie le discours de Duplessis sur la terre gardienne
de nos traditions, qu'on arrive à la campagne, dans le fond, et puis
qu'on arrive à consentir des conditions que l'Ontario consent sans que
ce soit, que ça ait un effet adverse, parce que, dans cette
matière-là, comme dans d'autres, l'Ontario fait mieux que nous,
puis, dans le fond, on peut les envier et je pense qu'il s'agirait de faire la
même chose puis d'appliquer le salaire minimum à tous ceux qui
travaillent.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le ministre a quelques petites
remarques.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, je dirais que le
député de Pointe-aux-Trembles qui, bien évidemment, est un
député urbain, connaît assez mal le milieu agricole et que,
pour pouvoir dire qu'une entreprise agricole qui a des actifs de 700 000 $ ou
800 000 $ est une entreprise riche, il faudrait qu'il vienne voir le prix des
instruments aratoires pour se rendre compte qu'on en arrive très
très très rapidement à des 300 000 $, 400 000 $, 500 000 $
et 600 000 $ avec des instruments agricoles de base et qu'au moment où
une entreprise s'est dotée de ces instruments-là, de ces
équipements-là, elle est tellement endettée, M. le
Président, que très souvent elle n'a même pas les moyens de
payer un salaire à quiconque. Et c'est le drame de nos fermes
présentement où la rentabilité, très souvent,
surtout sur les petites fermes, est de plus en plus vacillante et on voit, de
plus en plus, des fermes qui - je ne veux pas employer un pléonasme -
ferment, M. le Président, qui sont vendues, qui sont
délaissées et qui sont abandonnées. C'est un
phénomène surtout chez les petites fermes, où la
rentabilité est de plus en plus problématique. Maintenant, je
vous signale, M. le Président, que j'ai devant moi le rapport de la
commission parlementaire et je vous rappelle que l'Union des producteurs
agricoles avait demandé l'exclusion totale de la loi des entreprises
agricoles de trois personnes salariées ou moins.
J'aimerais également signaler à la commission, à
titre de comparaison, qu'en Ontario les personnes qui travaillent sur une ferme
sont exclues des normes relatives aux heures de travail, au salaire minimum, au
temps supplémentaire, aux jours fériés et aux vacances. Il
existe une réglementation particulière pour la cueillette de
fruits, de légumes et de tabac, quant aux salaires, aux jours
fériés et aux vacances. Au Nouveau-Brunswick, la loi ne
s'applique pas aux petites fermes, sauf quant aux normes relatives à
l'emploi d'un enfant. Voilà, M. le Président, les quelques
remarques que je voulais apporter.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. C'est un comté
semi-rural.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. En fait,
peut-être que de nous trois... en tout cas, je peux vous dire que chez
nous il y
en a des fermes. C'est un comté urbain, mais encore avec de gros
producteurs agricoles. Il y en a plusieurs dans les
Chutes-de-la-Chaudière. C'est vrai ce que le ministre dit, qu'il y
beaucoup de difficultés au niveau de l'agriculture au Québec,
qu'il y a des fermes qui ont des difficultés financières et qui
ont vraiment de la difficulté à arriver. Mais, à l'instar
de mon collègue le député de Pointe-aux-Trembles, qui vous
disait tout à l'heure que l'agriculture, en fait, était beaucoup
plus menacée par d'autres critères, je pense que c'est tout
à fait vrai, tels que le dézonage agricole et bien d'autres
choses, en tout cas, qu'on pourrait élaborer plus longuement. Cependant,
chez nous, je peux vous dire que, quand on pense que le ministre nous disait
tout à l'heure que dans le rapport il s'écrivait beaucoup de
choses, que dans son ministère il s'écrit n'importe quoi, nous
dit-il, je comprends qu'on va poser des questions un petit peu plus.
M. Bourbeau: La députée devrait retourner au
Journal des débats, M. le Président, là. N'importe
quoi...
Mme Carrier-Perreault: Oui, bien, je pense que le ministre nous a
dit quelque chose qui ressemblait à ça.
M. Bourbeau: II s'écrit beaucoup de choses.
Le Président (M. Gautrin): Je pense qu'il a dit: II
s'écrit beaucoup de choses, et qu'il ne relisait pas tout ce qui
était écrit.
Mme Carrier-Perreault: Oui, en plus. Alors, de toute
façon, par rapport au rapport dont il a été fait
état tout à l'heure, là, des hautes instances, si on veut,
au ministère, qui disait que les producteurs agricoles manquent de
main-d'oeuvre et offrent déjà le salaire minimum et plus, c'est
un fait qu'il y a beaucoup de producteurs, de gros producteurs au Québec
qui manquent de main-d'oeuvre, qui sont obligés d'offrir des salaires
plus élevés que le salaire minimum encore. Alors, je ne comprends
pas, moi, pourquoi, M. le Président, on a décidé encore
une fois, ici, d'exclure les travailleurs des petites fermes. J'ai beaucoup de
difficultés à comprendre ça parce que, comme on l'a dit
tout à l'heure, on a un manque, on est obligé d'engager - il y a
même des gens d'ailleurs qui viennent travailler sur nos fermes - des
gens de l'extérieur du pays; il y a des gens du Mexique, entre autres,
qui viennent travailler chez nous parce qu'on n'est pas capable d'avoir de
travailleurs. J'ai de la misère à comprendre pourquoi on les
exclut. On ne parle pas de grand-chose, on parie de 5, 30 $ l'heure. Et on sait
que c'est un emploi précaire, saisonnier, que les gens... En fait, on a
beaucoup de notre monde à nous autres qui s'en va ramasser des fruits en
Ontario, ou encore en Colombie-Britannique et un peu partout. Je ne comprends
pas pourquoi on n'essaie pas de commencer par encourager notre monde, chez
nous, en donnant au moins le salaire minimum à nos travailleurs. (23 h
45)
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais ça avoir des
explications là-dessus.
Le Président (M. Gautrin): O. K. Alors, M. le ministre,
vous avez compris les remarques de la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
M. Bourbeau: je les prends en bonne considération, m. le
président, comme les remarques du député de
pointe-aux-trembles et comme les remarques de la députée de
hochelaga-maisonneuve.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, il y a de
nouvelles remarques, pour prendre la suite des considérations, n'est-ce
pas, de la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Bon, M. le Président, est-ce que le ministre a
reçu dernièrement, là, récemment une communication
de l'UPA différente de celle qu'elle avait déjà transmise
à la commission lors de l'avant-projet?
M. Bourbeau: Non, pas à ma connaissance, M. le
Président. Mais j'ai eu des communications d'individus, par exemple
d'agriculteurs pariant au nom des agriculteurs, mais pas de l'UPA
officiellement.
Mme Harel: Je ne sais pas si le ministre se rappelle que, dans la
lettre que le président de l'UPA lui avait fait parvenir, en date du 21
janvier 1990, le président de l'UPA considéra que la
majorité des producteurs agricoles respectaient déjà les
conditions de travail contenue dans la loi tout comme dans les modification
prévues dans lavant-projet de loi. Donc, il y peu à penser que
ça puisse bouleverser le secteur agricole puisque, aux dires mêmes
du président de l'UPA, les modifications prévues dans
l'avant-projet de loi étaient déjà en application dans
secteur agricole. Le projet de loi ne diffère pas de l'avant-projet de
loi, en cette matière c'est moins. C'est donc dire qu'on se retrouve
devant les mêmes dispositions avec le projet de loi 9 qui, dans
l'avant-projet de loi, amenaient président de l'UPA à conclure
que c'étaient des conditions de travail largement respectées.
D'autre part, quant à l'exclusion, il s'agit pas simplement
d'examiner l'exclusion du travailleurs qui vont oeuvrer dans des fermes qui
embauchent trois salariés et moins, mais il a d'autres exclusions qui
vont s'ajouter. Il y notamment celle prévue à l'article 54, au
pa-
graphe 5°, qui prévoit que la durée de la semaine
normale ne s'applique pas à "un salarié affecté à
la récolte, à la mise en conserve, à l'empaquetage et
à la congélation des fruits et légumes, pendant la
période des récoltes". Quant au salaire minimum, le
règlement adopté en vertu de la Loi sur les normes du travail
prévoit, à l'article 2, paragraphe 5", que le salarié
surnuméraire embauché sur une base occasionnelle pour les
récoltes n'est pas assujetti au salaire minimum. Alors, dans la
rédaction de la disposition de l'article 12, quand on y lit: "...ne
s'applique pas au salarié employé à l'exploitation d'une
ferme", est-ce que le ministre entend le salarié régulier? Parce
que, combiné avec l'article 2 du règlement, au paragraphe 5°,
il pourrait donc y avoir à la fois trois salariés plus des
surnuméraires et tous ces gens-là seraient soustraits à
l'application du salaire minimum. Et je veux simplement rappeler que notre
collègue d'Arthabaska - le député d'Arthabaska - a une
ferme qui a nécessité un investissement de plus de 1 000 000 $ et
que son fils, avec un salarié, réussit entièrement
à faire opérer la ferme parce qu'elle est entièrement
automatisée. Et il faut comprendre qu'il y a très peu de
producteurs qui ont survécu aux périodes qu'on a connues depuis
une décennie sans s'être consolidés, sans s'être
automatisés. Alors, c'est très fréquent que des fermes
soient opérées par trois salariés et moins, surtout qu'en
vertu du règlement combiné avec la loi l'entreprise peut aussi
engager des salariés dits surnuméraires, sur une base
occasionnelle, pour les récoltes. Alors, ce sont, finalement, à
la fois les salariés réguliers plus les salariés
surnuméraires qui sont tous soustraits à la protection du salaire
minimum.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Quelques petites
remarques, M. le ministre?
M. Bourbeau: Alors, en ce qui concerne le salaire minimum, le
règlement, à la section II, dit: "Le salaire minimum
établi à la présente section ne s'applique pas aux
salariés suivants - et on dit, au sous-paragraphe 5": le salarié
surnuméraire embauché sur une base occasionnelle pour les
récoltes". Ça, ça ne vaut que dans la mesure où il
y a plus de trois salariés, plus de trois employés. S'il y a plus
de trois employés, là, à ce moment-là, le salaire
minimum s'applique, mais le salarié surnuméraire, lui, ne peut
pas bénéficier de cette clause-là.
Même chose à l'article 54 pour la durée de la
semaine normale, où "un salarié affecté à la
récolte, à la mise en conserve, à l'empaquetage et
à la congélation des fruits et légumes, pendant la
période des récoltes", ne peut pas bénéficier de la
mesure Bon, ce n'est pas... Par contre, s'il y a moins de trois
salariés, là, la loi ne s'applique pas ni le salaire minimum,
mais les employés sont quand même... Je m'excuse, M. le
Président, j'allais faire une erreur Quand il y a moins de trois
salariés, la loi s'applique, sauf en ce qui concerne la durée du
travail et le salaire minimum.
Mme Harel: C'est bien ça. Alors, ça veut donc dire
que, dans une entreprise qui embauche trois salariés réguliers,
la loi du salaire minimum ne s'applique pas. Cette même entreprise peut
engager des occasionnels surnuméraires et la loi du salaire minimum ne
s'appliquera pas non plus. Finalement, quel est le pourcentage des entreprises
qui embauchent trois salariés et moins?
M. Bourbeau: La loi s'applique dans tous les cas, M. le
Président, sauf que, quand il y en a moins de trois, qu'il y en a trois
et moins, le salaire minimum et la semaine de travail sont exclus. Quand il y a
plus de trois employés, elle s'applique intégralement mur
à mur. Donc, la loi...
Mme Harel: Bien sûr. Mais, M. le ministre, par exemple,
à l'article 12, on retrouve la possibilité que... Non pas
simplement la possibilité, parce que c'est finalement la
définition d'une entreprise agricole opérée par un
propriétaire et son conjoint ou un propriétaire et son fils, par
exemple, et qui en plus engage trois salariés et moins. Donc, c'est un
total de cinq personnes. Bon. Combien y a-t-il d'entreprises agricoles qui,
à la connaissance du ministre, embauchent plus de trois salariés,
à part le propriétaire et son conjoint ou son ascendant ou
descendant?
Le Président (M. Gautrin): C'est le contraire que vous
voulez savoir; combien il y en a qui en engagent moins.
Mme Harel: Non plus, parce que ça va nous donner le
pourcentage exact des salariés qui seront couverts, des entreprises qui
seront couvertes par la loi sur le salaire minimum.
M. Bourdon: Les deux. On veut tout savoir.
Le Président (M. Gautrin): Vous voulez les deux, vous.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas ces
renseignements-là avec moi présentement, malheureusement.
Le Président (M. Gautrin): Si je comprends bien, le
député de Pointe-aux-Trembles veut savoir. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, vous avez quelques remarques, dans
les quelques minutes qui nous restent.
M. Bourdon: Forcément, M. le Président, on veut
savoir, parce que, d'après Au Bas de l'échelle, il s'agirait de
37 000 salariés qui sont exclus. Quand on fait le total, ça peut
être trois
actionnaires d'une ferme, plus trois salariés réguliers
à l'année - ça, ça fait tout le temps - plus autant
d'occasionnels qu'ils veulent pour les récoltes. Trouvez-moi une ferme
qui a plus de six personnes à plein temps en dehors des périodes
de récolte. Soyons sérieux, on exclut toute l'agriculture en
pratique.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'exclut pas...
M. Bourdon: Ils peuvent être six et ils peuvent engager 600
employés occasionnels sur une base saisonnière. Là, ils
sont rendus 606, toujours pas assujettis au salaire minimum.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça, uni quement
pour l'article du salaire minimum.
M. Bourdon: quelle petite ferme où il y a juste 606
personnes qui y oeuvrent! ce n'est plus "la petite maison dans la prairie",
c'est l'immense entreprise au bout du rang.
Le Président (M. Gautrin): C'est "Dallas"
M. Bourdon: C'est "Dallas"...
Le Président (M. Gautrin): Parfait!
M. Bourdon:... et ça permet trop de "J. R. " pour qu'on
s'en contente.
Le Président (M. Gautrin): Alors, ceci étant dit,
est-ce que vous êtes prêts à accepter l'article 12?
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Pas encore.
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Mme Harel: Non, M. le Président. Non, non, non, même
pas.
M. Bourdon: Même pas.
Le Président (M. Gautrin): Vous n'êtes pas
prêts.
M. Bourdon: On n'a pas fini.
Mme Harel: Non, M. le Président. Il nous faut
déposer les documents...
M. Bourdon: On va faire toute la lignée.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez d'autres documents,
Ah!
Mme Harel:... et on les attends depuis trois quarts d'heure.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve tue te temps.
M. Bourdon: Non, pas du tout.
Le Président (M. Gautrin): Non, mais elle se renseigne,
elle se cultive.
M. Bourbeau: Elle fait passer le temps. Le Président
(M. Gautrin): Bon!
Mme Harel: J'espère que nous vous le faisons passer...
Le Président (M. Gautrin): Agréablement. M.
Bourdon: En agréable compagnie.
Le Président (M. Gautrin): Agréablement en votre
compagnie
M. Bourdon: Mieux vaut être député dans une
commission tard le soir qu'être un des 600 employés agricoles
d'une petite ferme.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je rappelle à la députée de
Maisonneuve que le temps fait passer l'amour.
Le Président (M. Gautrin): Bon! À cette heure-ci,
évidemment, ce sont des remarques de circonstances.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut ajourner?
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'on pourrait
ajourner...
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Oui
Le Président (M. Gautrin):.. pour savoir les
résultats du football? Est-ce que quelqu'un les connaît?
Une voix: Non.
Le Président (M. Gautrin): Pas encore, merci. Alors, on
ajourne. On ajourne sine die, c'est ça?
Une voix: Sine die.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on ajourne sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)