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(Onze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Joly): Je déclare la séance
ouverte et je souhaite la bienvenue et le bonjour à tout le monde.
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 76, Loi modifiant la Loi sur la sécurité du revenu et la Loi
sur la santé et la sécurité du travail.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Marois
(Taillon) sera remplacée par Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve); M.
Philibert (Trois-Rivières) sera remplacé par Mme Bleau
(Groulx).
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la secrétaire.
M. le ministre, j'imagine que vous avez des remarques préliminaires qui
pourraient mettre sur les rails la locomotive et le projet de loi 76 tant
attendu par tout le monde. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, compte tenu de l'état
de fatigue dans lequel on est, j'aurais plutôt l'intention de m'allonger
dans la "caboose" - est-ce qu'on dit ça? - dans le dernier wagon du
train plutôt que dans la locomotive.
Je voudrais simplement rappeler que ce projet de loi 76 amende deux
lois, la Loi sur la sécurité du revenu et la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, afin de permettre
d'apporter des ajustements au calcul des prestations versées en vertu du
programme APPORT et, notamment, d'harmoniser le programme APPORT avec le
programme APTE qui est un des programmes de la Sécurité du
revenu. Le projet de loi modifie aussi, comme je viens de le dire, la Loi sur
la santé et la sécurité du travail, afin de mettre en
oeuvre une entente d'échange de renseignements entre la Commission de la
santé et de la sécurité du travail et le ministère
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, entente qui a été soumise à la Commission
d'accès à l'information et qui a fait l'objet, après une
certaine discussion et une négociation avec la Commission d'accès
à l'information, d'un avis favorable. Il y a également certaines
modifications de concordance qui sont apportées par ce projet de
loi.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le minis- tre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole pour sa
formation en la matière.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Nous avons eu
l'occasion d'intervenir sur le principe du projet de loi la nuit
dernière. Je ne sais pas si tous les membres de la commission ont eu le
bénéfice d'entendre à la fois le ministre et la
porte-parole de l'Opposition. Si c'est le cas, je ne voudrais pas reprendre
dans mes remarques préliminaires...
Des voix: Tout le monde écoutait...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Est-ce
qu'il y a des gens qui veulent intervenir?
Mme Harel: Je ne reprendrai donc pas, M. le Président, mes
propos, sauf peut-être pour rendre hommage à nouveau aux
institutions que sont la Commission des droits de la personne, le Protecteur du
citoyen et la Commission d'accès à l'information qui ont
joué vigoureusement leur rôle de protecteur des libertés
fondamentales et des droits des citoyens, et de surveillance des dispositions
législatives qui, dans leur application, peuvent mettre en cause ces
libertés fondamentales, ou qui peuvent mettre en cause, dans leur
application, le droit à l'intimité et le droit à la vie
privée, auxquels souscrit la société
québécoise.
M. le Président, nous allons certainement procéder avec
célérité durant la présente commission
parlementaire. Évidemment, je ne voudrais pas pour autant que l'on
puisse nous accuser de le faire sans avoir sérieusement scruté
les dispositions qui sont devant nous. Le ministre a déjà
annoncé, lors de son discours de deuxième lecture, à la
fois qu'il apporterait un amendement à la disposition qui modifie la Loi
sur la santé et la sécurité du travail et qu'il
introduirait - il l'avait annoncé dans sa déclaration
ministérielle la semaine dernière - une nouvelle modification
à la Loi sur la sécurité du revenu, pour faire en sorte
que les bénéficiaires d'aide sociale qui hébergent des
personnes qui sont en besoin de soins constants, en perte d'autonomie, soit
à cause d'une déficience ou d'une maladie ou de leur grand
âge, soient considérés dans la catégorie des non
disponibles, plutôt que des non participants. Alors, je souhaiterais, M.
le Président, qu'à l'ouverture de nos travaux, nous puissions
connaître le libellé des amendements - les papillons en termes
parlementaires - que le ministre entend introduire au projet de loi. Cela nous
permettrait, pendant l'intermission, d'accélérer
l'étude de ces amendements et nous pourrions en faire plus
rapidement l'analyse au moment de nos débats cet après-midi.
Alors, sans plus tarder, je vous inviterais, M. le Président,
à commencer l'étude article par article du projet de loi.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Afin de me
conformer un peu a ce que le règlement dit, je demande aussi aux autres
parlementaires s'ils ont des remarques préliminaires. Alors, je pense
que Mme la députée de Groulx en a manifesté l'intention,
autant que M. le député de Rimouski. Alors, je vais
reconnaître Mme la députée de Groulx.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: Je ne veux pas pour tout ça retarder les
travaux, mais je pense que c'est important. Quand Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve rendait hommage tout à l'heure à
I'ombudsman et aux autres organismes qui ont fait des demandes auprès du
ministre, je dois vous dire, pour le bénéfice de nos auditeurs,
qu'il y a beaucoup d'intervenants du côté ministériel qui
ont aussi fait connaître leurs demandes auprès du ministre. Et je
dois rendre hommage au ministre qui nous a écoutés, qui nous a
entendus et nous a apporté des amendements qui ont vraiment fait
l'unanimité auprès du caucus. Alors, merci, M. le ministre.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée de Groulx. M. le député de Rimouski.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Très brièvement. Je
m'associe aux propos de ma collègue et je souscris pleinement à
ce qu'elle vient de dire, à savoir que, nous, du côté
ministériel, nous avons bien fait notre travail auprès du
ministre et que nous sommes intervenus en temps et lieu pour qu'il apporte des
modifications au projet de loi.
Le Président (M. Joly): J'avise...
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Juste un instant. J'avise
maintenant les membres de cette commission que les projets d'amendement ont
été transmis et, afin de pouvoir débuter, qu'il faudrait
que j'appelle seulement l'article 1, tel que suggéré.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, si vous me permettiez de
compléter mes remarques prélimi- naires en souhaitant que
l'invitation des membres ministériels de cette commission, à leur
invita- tion et compte tenu de cette ouverture que manifeste le ministre,
j'espère que la même ouverture vaudra pour des modifications qui
sont toujours nécessaires, qui n'ont pas encore été
apportées et qui viendraient corriger des effets pervers et
déraisonnables qui, malheureusement, continuent d'accabler des
bénéficiaires de l'aide sociale. Alors, nous aurons l'occasion
d'évaluer le degré d'ouverture du ministre durant nos travaux, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: Vous me permettrez, M. le Président, de clore
- enfin, je ne veux pas nécessairement avoir le dernier mot - cette
introduction en disant que, oui, j'ai été et je continuerai
d'être à l'écoute de tous ceux qui ont des suggestions
à me faire ou des propositions relativement à des
améliorations qu'on pourrait apporter à la Loi sur la
sécurité du revenu. Cette loi-là ne sera jamais parfaite.
Elle ne sera jamais complète non plus et il faudra continuellement
l'amender au cours des années à venir, parce que la situation
change au fur et à mesure des mois et des années. De nouvelles
situations sont susceptibles de se présenter et on doit avoir la
souplesse et l'ouverture d'esprit nécessaires pour faire en sorte
d'adapter la loi à la réalité.
II ne sert à rien de faire des lois qui ne collent pas à
la réalité et on doit tenter de suivre sur le terrain
l'évolution de la société. Alors, je tiens à rendre
hommage à mes collègues des deux côtés de la
Chambre, qui, je dois le dire, ont porté à mon attention des cas
qui ont fait l'objet d'une analyse prioritaire au ministère.
Au fur et à mesure que ces cas là onl été
recensés, analysés et évalués, nous avons
tenté d'apporter des solutions. Maintenant, comme il y a beaucoup plus
de députés ministériels que de députés de
l'Opposition, on peut en déduire qu'il y a beaucoup plus de suggestions
qui m'ont été faites par mes collègues que par les
députés de l'Opposition. Vous ne m'en voudrez pas de dire
ça, M. le Président. Ce n'est pas de la partisanerie C'est
simplement la loi du nombre. Étant donné qu'il y a 90
députés du côté ministériel, j'ai
probablement eu beaucoup plus de suggestions de ce côté-là,
mais j'en ai eu un bon nombre aussi des députés de
l'Opposition.
Bref. On les a tous écoutés avec la même attention,
l'objectif étant de tenter de produire une loi qui soit la plus parfaite
possible. Je suis encore et toujours disposé à écouter et,
le cas échéant, à proposer des amendements Je suis
cependant limité, d'une certaine façon, dans la
possibilité de le faire par les contraintes budgétaires On sait
que chaque fois qu'on modifie quelque chose, il y a des coûts. On doit
évaluer
les coûts en fonction des bénéfices
escomptés, bénéfices pour la population, j'entends, pour
la clientèle, et c'est une des contraintes qu'on a. Il y a d'autres
contraintes, évidemment, on les connaît aussi, mais il n'y a rien
qui soit immuable pour moi. Le jour où j'en viendrai à la
conclusion que tout est immuable, il sera peut-être temps de tirer ma
révérence, M. le Président, mais ce n'est pas le temps
pour l'instant. Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. J'ai cru
comprendre qu'il y a des aspects techniques, peut-être, qui
nécessiteront l'aide de vos conseillers, alors pour les fins de
l'enregistrement, j'apprécierais si les personnes présentes
pouvaient s'identifier, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: À ma gauche, ici, j'ai Me François
Bélanger. Vous me permettrez de les présenter.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. Allez, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Me Bélanger est avocat au contentieux et
c'est lui l'expert numéro un, je crois, au ministère, en
matière de la Loi sur la sécurité du revenu. Je pense
qu'il a aussi certaines connaissances concernant le programme APPORT. Enfin, on
le verra au fur et à mesure que se dérouleront les discussions.
À ma droite, Mme Marie-Josée Reid qui est attachée
politique et responsable au cabinet du dossier de la sécurité du
revenu.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant appeler l'article... Excusez!
Mme Harel: Me permettez-vous de vous présenter...
Le Président (M. Joly): Oui, allez madame.
Mme Harel: ...mon adjointe...
Le Président (M. Joly): Oui, s'il vous plaît.
Mme Harel: ...qui est chargée du dossier de la
main-d'oeuvre, de la sécurité du revenu et de la formation
professionnelle, Mme Christine Lessard?
Étude détaillée
Le Président (M. Joly): Avec plaisir, madame. Merci. Je
vais maintenant appeler l'article 1.
Loi sur la sécurité du revenu
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de
proposer un amendement qui devrait s'insérer avant l'article 1. Je ne
veux pas "filibuster" le projet de loi, qu'on ne se méprenne pas. Ce
n'est pas pour retarder l'article 1, mais il faudrait introduire un article
que, pour l'instant, on appellera l'article 0.1. Nous avons fait distribuer les
amendements. Est-ce que tout le monde a copie des amendements? Je
présume que oui.
Le Président (M. Joly): Oui, pratiquement. Je pense qu'on
a fait la distribution des projets d'amendement.
APPORT
M. Bourbeau: Alors, il s'agirait d'insérer avant l'article
1, un article qui, pour l'instant, se lirait 0.1. Éventuellement, on
aura une motion de renumérotation. Alors, l'article 16 de la Loi sur la
sécurité du revenu (Lois refondues du Québec, chapitre
S-3.1.1) est modifié par l'addition, après le paragraphe 4°,
de ce qui suit: "5° partage une unité de logement avec une personne
dont l'autonomie est réduite de façon significative en raison de
son état physique ou mental et qu'il est seul à prendre soin de
cette personne. "Ce barème s'applique également dans les cas
prévus par règlement."
Cet amendement au projet de loi a pour but d'ajouter un cas
d'application du barème de non-disponibilité à ceux
déjà énumérés à l'article 16 de la
Loi sur la sécurité du revenu. Ainsi, un adulte qui prend soin
d'une personne qui ne peut vivre seule en raison de son état physique ou
mental pourra bénéficier du barème de
non-disponibilité comme, par exemple, une femme enceinte de 20 semaines
ou une personne qui garde un enfant qui ne fréquente pas l'école.
Par ailleurs, un pouvoir réglementaire permettant au gouvernement de
prévoir d'autres cas d'application de ce barème est introduit par
cet amendement. Alors, voilà, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, c'est là un amendement
important. J'aimerais d'abord comprendre pourquoi le ministre en restreint la
portée en ajoutant les termes "et qu'il est seul à prendre soin
de cette personne", donc, le dernier membre du paragraphe 5° introduit par
l'amendement. Qu'est-ce que le ministre a en tête en introduisant cette
restriction?
Voyez-vous, on aurait très bien pu introduire comme amendement
"partage une unité de logement avec une personne dont l'autonomie est
réduite de façon significative en raison de son état
physique ou mental et prend soin de cette personne". Pourquoi signifier qu'il
faut que le bénéficiaire soit seul à prendre soin de cette
personne? Quel test va devoir être fait, quelle
vérification, quelle surveillance va s'introduire pour
vérifier si la personne prend soin seule de la personne en perte
d'autonomie?
M. Bourbeau: M. le Président, il y a deux aspects à
la question de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Premièrement, elle nous demande de lui dire pourquoi l'amendement est
apporté comme il est rédigé. Le principe, c'est qu'on est
en présence d'une personne apte au travail et, le principe de base,
c'est que la personne qui garde chez elle une autre personne qui a des
contraintes physiques ou mentales est apte au travail. Donc, en vertu de la
loi, elle devrait être disponible, elle est présumée
être disponible, à moins qu'elle ne se déclare non
disponible, donc elle est sujette à se faire offrir des mesures
d'employabilité ou même un emploi si on lui en offre un. À
ce moment-là, on s'attend qu'elle accepte la mesure
d'employabilité ou l'emploi. Si elle ne le faisait pas, elle recevrait
le barème de non-participation. Donc, cette personne-là est
susceptible de recevoir le barème de non-participation, à moins
qu'elle ne soit disponible.
Or, la personne n'est pas disponible, puisqu'elle garde une autre
personne, et il est bien évident à partir du moment où il
y a une deuxième personne... Pourquoi a-ton dit qu'elle dort être
seule? C'est que, s'il y avait une deuxième personne dans la place, dans
le ménage, dans le logement capable de garder, à ce
moment-là, il faudrait voir si cette autre personne est capable de
garder et, si elle garde effectivement, il n'y a plus de raison de
déclarer non disponible la personne assistée sociale, puisqu'une
autre personne pourrait le faire. Par exemple, s'il y avait un couple dont les
deux seraient à la sécurité du revenu, il n'y aurait pas
nécessité que les deux personnes gardent la personne
handicapée; une, ce serait suffisant. Donc, à ce
moment-là, une des deux personnes pourrait postuler ou demander
d'être déclarée non disponible et l'autre devrait
être considérée comme disponible. On aurait ce qu'on
appelle le barème mixte.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Tel que libellé, l'article peut avoir une autre
interprétation, par exemple, dans un cas où il y a perte
d'autonomie de façon très significative, pensons à un cas
de sclérose en plaques. J'ai un cas précis en tête et je
reviendrai avec cet exemple en matière des pénalités,
quand même, qui sont maintenues pour le partage du logement. Mais prenons
un cas de sclérose en plaques. Si la bénéficiaire -
parlons des femmes, dans tous les cas que j'ai, c'est de femmes dont il s'agit
- garde une personne atteinte de sclérose en plaques qui peut être
un membre de sa famille ou quelqu'un qui n'est pas membre de la famille - c'est
ainsi qu'est libellée, je pense, la disposition - le premier test, c'est
celui de savoir s'il y a une seule unité de logement. S'il y a maintien
à domicile - c'est là ma question, M. le ministre - si, par
exemple, il y a une infirmière visiteuse ou une auxiliaire familiale qui
vient donner des soins, la personne bénéficiaire n'est pas seule,
au sens où vous introduisez votre amendement, à prendre soin de
cette personne II y a un maintien à domicile, il y a une
infirmière visiteuse, enfin, il y a des soins posthospitaliers.
Ça veut donc dire qu'à ce moment-là, le test pourrait
écarter la bénéficiaire, même s'il ne s'agit
finalement que de quelques heures d'assistance. (12 h 15)
Tel que libellé, il faut deux tests. Un test, c'est de partager
l'unité de logement, et l'autre test, c'est d'être seul à
prendre soin de cette personne. Est-ce que, par exemple, cela ne pourrait pas,
par l'interprétation qui en serait faite, amener un agent à
décider que, durant les heures où il y a une infirmière
visiteuse, où il y a une auxiliaire familiale, la personne pourrait se
rendre disponible et qu'à ce moment-là, elle n'aurait pas droit
au barème de non disponible, même si elle donne des soins, que la
personne partage le logement, qu'elle prépare les repas et que, la nuit,
elle assure assistance? Je trouve que, tel que rédigé, c'est trop
restrictif. Ce que vous visez, c'est que le barème ne s'applique pas aux
deux membres d'un couple, mais, là, vous envoyez un filet qui va prendre
à peu près tout le fond du banc de poissons.
Le Président (M. Joly): M. le ministre
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends bien la
distinction que fait la députée de Mai-sonneuve. Il est bien
évident que l'objectif recherché, c'est de faire en sorte
d'admettre au barème de non-disponibilité une personne qui a la
responsabilité d'une autre dont l'état physique ou mental est
détérioré, et certainement pas d'écarter du
barème de non-disponibilité une personne parce que, à
l'occasion ou même régulièrement, une infirmière
vient donner des soins à la maison une heure ou deux. Garder une
personne, c'est plus qu'une heure ou deux ou même trois, quatre heures,
c'est un travail qui se prolonge vingt-quatre heures par jour. Je ne pense pas,
quant à moi, a priori, que l'article devrait s'interpréter d'une
façon aussi restrictive que ce qu'en dit la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Ça demande réflexion Si la
députée de Maison-neuve plaidait un peu plus longtemps, on
pourrait peut-être entendre ses arguments. Moi, ça ne
mapparaît pas très évident qu'on pourrait
interpréter cet article-là d'une façon aussi mesquine, en
disant si une infirmière vient donner une injection tous les jours ou un
traitement, qu'on ne peut pas admettre la personne qui garde au barème
de non-disponibilité.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: La vie est plus complexe que le libellé des
articles des lois. C'est dans leur application, finalement, que les effets
déraisonnables s'illustrent et il faut les prévoir au moment
où on en fait l'étude. Je vous rappelle le cas dont je vous
parlais en Chambre hier, celui de ce couple qui garde à la maison leurs
deux filles atteintes de cette maladie degenerative qu'est l'ataxie de
Friedreich. Ils sont deux à s'en occuper, mais ils ne sont pas seuls
à en prendre soin, là. Attendez que je retrouve cela. Il y avait
une infirmière visiteuse aussi dans le dossier, il y avait des
intervenants du CLSC, du CSS. Alors, vous voyez, l'histoire familiale, c'est un
monsieur qui était camionneur jusqu'à l'âge de 45 ans. Il
cesse d'exercer le métier afin d'être plus près de ses
filles handicapées. Ensuite, il a conduit un taxi pendant 12 ans. Il se
retrouve maintenant à 57 ans. Il se trouvait déjà à
être dans la catégorie non-disponible, il se trouvait
déjà à obtenir la catégorie non-disponible et
ça répond à votre objection d'hier. Il avait
déjà le barème de non-disponible. Mais on va revenir avec
cet exemple-là, parce que la coupure qui lui était imputée
était celle pour le partage du logement avec ses deux filles
handicapées lourdement. Et le cas que je citais hier...
M. Bourbeau: Ce n'était pas hier, c'est aujourd'hui!
Mme Harel: Oui. Enfin, ce matin. Le cas que je citais est donc
toujours d'actualité, parce que quand ces personnes-là ont
lancé un cri d'alarme en disant: On a une hypothèque, parce qu'on
a tout modifié la maison; on n'a pas demandé de subvention
à l'OPHQ, à personne, on a tout modifié notre maison, puis
ça nous coûte beaucoup plus cher, puis tout ce qu'on a maintenant,
c'est R38 $, parce qu'on est puni d'héberger nos deux filles, et que, si
on ne trouve pas une solution, on va être obligé de demander un
placement... Vous voyez?
Alors, Mme et M. Daigneault travaillent à la maison et voient aux
besoins spéciaux de leurs deux filles atteintes de maladie, de l'ataxie
de Friedreich. Alors, comment fait-on dans des cas comme ça? Elles sont
deux... Vous savez ce que c'est cette maladie là, en chaise roulante...
Je vois Mme la députée de Groulx qui, certainement, a une
connaissance personnelle de cette situation-là. C'est une maladie qui
est degenerative, c'est comme la sclérose en plaques, alors ça va
juste en empirant cette maladie-là.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Groulx, je pense que vous vouliez ajouter quelque chose aux commentaires de Mme
la députée de Maisonneuve?
Mme Bleau: Oui. Je ne sais pas si ça peut apporter un
éclairage mais des fois... Je me demande si en ajoutant "seul à
en prendre soin", ce n'est pas pour prévenir aussi. Et je suis certaine
que la députée de Maisonneuve ne veut pas que personne ne triche.
On est tous pareils; on veut donner le plus possible à ceux qui en ont
besoin, mais il faut quand même éviter les abus. Je me demande si
ce n'est pas pour...
Je connais des enfants, entre autres, qui, chacun son tour, prennent
leur vieille mère à la maison. C'est chacun son tour. Alors la
fille... Et, ça, c'est tout près de moi, alors je le sais. Une
des filles prend soin de la mère qui est handicapée et qui est
très vieille pendant trois semaines et, après ça, c'est le
garçon, la bru, qui en prend soin trois autres semaines et ils
s'échangent comme ça la mère à tour de rôle
pour en prendre soin. À ce moment-là, s'il y a une des personnes
qui est sur le bien-être social, est-ce qu'elle va pouvoir retirer un
certain avantage de garder sa mère durant trois semaines? Je pense que
c'est peut-être pour prévenir ça, en tout cas.
Mme Harel: Mme la députée de Groulx, il y a un
premier test qui est exigé par l'amendement, qui est celui de partager
une unité de logement. Recevoir occasionnellement, même de
façon permanente mais à l'occasion, une personne qui est membre
de sa famille pour lui donner des soins, ça ne l'amène pas
à être considérée comme partageant une unité
de logement. Alors, l'exemple que vous apportez est écarté par
l'amendement, parce que le premier test à faire passer pour être
admissible, c'est de partager l'unité de logement. Mais ce n'est pas
simple et je demande au ministre: On joue - on joue, le terme est mauvais -
avec la vie des personnes - pas leur vie évidemment au sens de leur vie
ou de leur mort, mais dans le sens de leur quotidien - et c'est pour ça
qu'il faut avoir une certaine sensibilité dans la formulation
même, dans la rédaction des dispositions... Il faut prendre
conscience que ça a des effets, le ministre l'a dit, pervers, mais des
effets pervers qui ne sont pas totalement corrigés. j'insiste encore
pour vous rappeler quant au partage du logement, par exemple dans ce cas
précis et j'en ai des douzaines d'autres, dans ce cas précis, que
ça n'améliore pas, l'amendement que le ministre introduit.
ça n'améliore pas la situation des personnes, parce qu'elles
avaient déjà le barème de non disponible, ayant plus de 55
ans. elles se conformaient déjà à un des critères
pour obtenir le barème de non disponible et elles sont
pénalisées pourtant parce qu'elles hébergent. elles ont
une réduction substantielle de leur barème, parce qu'elles
hébergent leurs deux filles. et j'en ai d'autres exemples. mais ce que
je trouve le plus paradoxal là-dedans, incidemment, c'est que, si vous
êtes famille d'accueil et que vous hébergez un étranger qui
est référé par le centre des services sociaux, là
vous allez pouvoir être soustrait de la coupure pour partage du logement,
mais si vous hébergez
un membre de votre famille ou un proche qui n'est pas
référé par le centre des services sociaux et que vous
n'êtes pas une famille d'accueil, à ce moment-là, vous avez
la coupure pour partage du logement. C'est toute une politique familiale
ça.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je partage entièrement les sentiments de
la députée de Maisonneuve que la loi, on doit tenter de
l'améliorer de façon à venir en aide aux gens. La
députée de Maison-neuve, pour tester la loi et tester le
ministre, apporte des cas. C'est tout à fait correct. Je suis absolument
satisfait de travailler de cette façon-là. C'est la meilleure
façon de voir si la loi va venir en aide aux gens. La
députée de Maison-neuve, aux petites heures du matin, m'a sorti
un cas dont elle vient de faire état et je lui ai dit cette nuit...
Mme Harel: Je vous ai écrit là-dessus, sur ce
cas-là.
M. Bourbeau: Oui, mais vous l'avez ressorti cette nuit... Et je
lui ai dit là-dessus, parce que j'en ai tellement de cas qui m'ont
été présentés par mes collègues aussi que,
parfois, les noms peuvent se mélanger dans ma tête. Mais pour ce
cas-là dont vous avez parlé, je vous ai dit cette nuit,
qu'à mon avis, la nouvelle loi, les nouveaux changements vont
améliorer sensiblement le cas des gens dont vous parlez. Pour être
sûr qu'on ne se trompe pas, il s'agit d'un cas de Granby, je crois, des
gens de Granby dont le nom de famille commence par un D. Alors, j'ai de
très bonnes nouvelles pour vous. Premièrement, il s'agit du cas
d'un couple qui garde deux enfants, les deux enfants sont admis au programme
Soutien financier, les deux.
Mme Harel: Deux filles... M. Bourbeau: Deux filles.
Mme Harel: ...atteintes de maladie degenerative.
M. Bourbeau: C'est ça. Alors, les deux filles ont le
barème Soutien financier, qui est le barème le plus
intéressant. À cause du fait que les parents gardent les filles,
les parents aussi ont été admis au programme Soutien financier.
Donc, voilà, toute la famille jouit du plus haut barème de l'aide
sociale.
Deuxièmement, en vertu des règlements qui existent
présentement, à partir du 1er août prochain, personne de ce
groupe-là ne va se voir imposer le partage du logement parce que, vous
savez, avec les règles de transition, on a gardé le partage du
logement pendant l'année de transition, mais ça cesse le 1er
août pour tous les clients du Soutien financier. Donc, dans la famille en
question, vous allez avoir les deux filles qui vont avoir 85 $ de plus chacune
le 1er août prochain et le couple aussi, deux fois 85 $, c'est bien
ça, ce qui fait quatre fois 85 $ de plus dans la famille. Vous admettrez
que c'est quand même une augmentation de revenus substantielle.
Troisièmement...
Mme Harel: Vous m'assurez que les deux membres du couple vont
être considérés comme soutiens financiers? Les deux membres
du couple?
M. Bourbeau: Le ménage. Oui, en vertu des règles,
si un des deux dans le couple est soutien financier, le ménage est
bonifié par la mesure, si je peux dire, et ça fait en sorte, le
fait d'être inapte au travail d'une personne qualifie le couple à
la mesure Soutien financier. Donc, deuxième bonne nouvelle Et j'ai une
troisième bonne nouvelle pour la députée de Maisonneuve
qui pourra s'empresser de téléphoner à ces gens. C'est
qu'en vertu des amendements que j'ai annoncés au règlement, nous
allons aussi abolir la notion de chambre et pension dans le cas de gens qui
sont dans la même famille. C'est donc dire que pour ces gens-là,
on ne comptabilisera même pas la chambre et pension pour... Oui, de la
même famille. Quand les gens sont de la même famille, prestataires
de la sécurité du revenu, même s'il y a plus de trois
chambres, d'ailleurs, on ne le comptabilisera plus. Pour des étrangers,
on le comptabilisera à trois chambres et plus. Donc, dans ce cas
précis, ces gens-là aussi ne se verront plus imposer la
méthode de calcul des chambres et pension. C'est donc dire que les
amendements que nous avons proposés dans la loi et dans la
réglementation viennent régler à la perfection le cas de
la députée de Maisonneuve C'est des gens qui vont être,
j'en suis convaincu, extrêmement heureux des modifications que nous
proposons.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, mais il faut constater là que ce ne sont
pas, ni les règlements, ni les amendements aux règlements, ni les
amendements à la loi qui viennent corriger la situation.
M. Bourbeau: C'est la loi et les règlements.
Mme Harel: Attendez un instant! Le ministre invoque le
barème Soutien financier dans ce cas précis, j'en suis contente
et ça me confirme ce que j'ai toujours pensé. C'est que la
dynamique même de la réforme amène tous les bureaux de
député à faire des pieds et des mains pour que les gens
qui viennent voir leur député soient
admis au programme soutien financier. c'est la dynamique, de faire
considérer les gens comme étant inaptes au travail. bon! mais
c'est dans un cas précis. il reste que ce ne sont pas les amendements
introduits dans le projet de loi qui viennent bonifier la situation, parce que
l'amendement maintient que la personne qui donne des soins constants à
une personne en perte d'autonomie avec qui elle habite va être
pénalisée pour le partage du logement. le ministre ne peut pas
faire de l'esbroufe en disant qu'il vient améliorer la situation, ce qui
est exact, parce qu'auparavant, les gens étaient pénalisés
deux fois, 89 $ pour le partage du logement et, après, il y avait une
autre coupure parce qu'on présumait qu'il y avait des revenus de chambre
et pension même si les revenus n'étaient pas nécessairement
versés. alors, tout ce que le ministre introduit, il faut bien
comprendre, tout ce qu'il introduit avec son amendement sur les chambres et
pension, c'est qu'il dit qu'ils ne seront pas coupés deux fois, mais la
coupure pour partage du logement est maintenue. (12 h 30)
C'est le cas, par exemple, d'une personne qui est venue à mon
bureau. C'est quelqu'un de Montréal qui est presque analphabète,
37 ans, qui a de très sévères contraintes à
l'emploi, mais qui n'a pas d'incapacité physique, donc qui n'a pas
été accepté comme devant faire partie du programme Soutien
financier et qui va être considéré comme étant non
disponible. Cette personne prend soin, habite, partage son logement avec son
père presque aveugle et sa mère impotente, âgée.
Elle sera considérée comme disponible. Elle aura le barème
de disponible, mais elle est toujours victime de la coupure de 89 $ pour
partage du logement. Ça, il n'y a pas d'amélioration. Si elle
envoyait ses parents en centre d'accueil, elle pourrait avoir son plein
barème, sa pleine prestation. Quand le ministre introduit, comme il
vient de le faire, le cas pour le programme Soutien financier, ça, c'est
par l'application de la loi, ce n'est pas par l'application des
amendements.
Et les chambres et pension, j'y reviens, parce que c'est un autre aspect
important. Il faut vraiment comprendre l'état de la situation qui
pénalisait doublement en comptabilisant deux fois, soit la coupure pour
partage du logement, et qui comptabilisait également pour des revenus de
chambres et pension. Je ne sais pas si les députés
ministériels savent quel calcul était fait, mais le premier test
qui était fait, c'était celui de couper 89 $ pour le partage du
logement, et puis après, était additionné un revenu de
chambre et pension, que l'adulte ou la famille perçoive effectivement ou
non un revenu de la personne qu'elle loge comme pensionnaire. Ce revenu
était calculé de la façon suivante. D'abord, il y avait le
montant du partage du logement, 89 $, et après, on comptabilisait une
proportion des revenus de chambre qui excédait le montant de 89 $ par
mois et on prenait, par un calcul savant, 40 % du montant qui excédait.
On additionnait ça aux 89 $, les 40 % du montant qui excédait,
qu'il soit versé ou pas, et on réduisait la prestation mensuelle
de ce montant additionné, partage du logement et revenu de chambre et
pension. Tout ce que le ministre nous dit, c'est qu'il n'y aura pas la
comptabilisation du montant de revenu de chambre et pension, mais il va
toujours y avoir la coupure pour le partage du logement. Et n'oublions pas que
ces personnes-là sont coupées, parce qu'elles partagent un
logement avec quelqu'un de déficient intellectuellement ou
d'âgé, malade ou handicapé, à qui elles offrent des
soins constants.
La situation est encore plus difficile, quand ces personnes
bénéficiaires occupent un logement social, une coopérative
d'habitation ou un HLM, parce que là on maintient la double
comptabilisation du partage du logement, 89 $ en moins, et également des
25 % de leur revenu attribué au logement. Ça veut dire
concrètement, dans le cas de cette personne qui a décidé
que sa mère qui était à l'hôpital depuis 10 ans et
qui souffrait d'une sclérose en plaques, qu'elle allait la sortir de
l'hôpital pour l'amener vivre en coopérative d'habitation, qu'elle
a vu son barème diminuer de presque 200 $ par mois et que ça ne
va pas s'améliorer avec les amendements, parce qu'elle va être
considérée comme non disponible. Elle n'aura pas la coupure de
100 $ et quelques pour la non-participation, sauf qu'elle aura une coupure de
89 $ pour partage du logement. Puis, on lui imputera 25 % des 400 $ et quelques
qui lui sont versés, 25 %, c'est-à-dire à peu près
110 $, à titre de loyer à payer, même si sa mère
paie également un loyer de 25 % de sa pension de vieillesse.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée, je pense qu'il y a une situation qui se
développe. M. le ministre.
M. Bourbeau: J'avais indiqué à Mme la
députée de Maisonneuve qu'il y avait une possibilité que
je sois obligé de me rendre au Conseil des ministres pour un dossier
qu'elle connaît, qui est très urgent, et elle m'avait
laissé entendre qu'elle n'avait pas d'objection à ce qu'on puisse
ajourner.
Mme Harel: J'espère que le ministre va gagner. Il
n'entreprend pas assez, à ce moment-là.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! On pourrait peut-être s'entendre
pour reprendre ce point-là à quinze heures.
Le Président (M. Joly): Alors nous allons suspendre
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que, dans l'ordre de
parole, c'était madame ou monsieur?
M. Bourbeau: Je crois que j'avais... Madame avait parlé un
peu, si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Donc, c'est à M le
ministre à prendre la parole. C'est ça?
M. Bourbeau: Je ne veux pas me l'arroger, mais, si on me la
donne, je vais la prendre.
Le Président (M. Gautrin): C'est toujours comme ça.
Il faut la prendre et ne pas l'arracher, quand on peut l'avoir.
M. Bourbeau: Bon. Alors, au moment de l'ajournement, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve plaidait en faveur d'un
amendement à l'article 0.1, qui vise à faire en sorte d'admettre
au barème de non-disponibilité une personne qui garde, dans son
unité de logement, une autre personne dont l'autonomie est
réduite de façon significative en raison de son état
physique ou mental. La députée de Maisonneuve nous disait.
Qu'est-ce qui arrive si une infirmière, par exemple, vient donner des
soins à cette personne et qu'on ne peut plus affirmer que la personne
est seule à prendre soin de cette personne? Donc, eUe n'aurait pas droit
au barème de non-disponibilité. C'est une objection qui est
valable et j'aurais l'intention de proposer un amendement pour préciser
que le fait que des soins externes soient apportés à la personne
handicapée ne "déqualifierait" pas l'assisté social ou le
prestataire de la sécurité du revenu de son droit
d'accéder au barème de non-disponibilité.
Maintenant, ce qu'on pourrait faire, M. le Président, je pourrais
peut-être avant de déposer l'amendement en discuter. C'est
d'essayer de dire, dans le papillon ou l'amendement qu'on a proposé,
d'ajouter que la personne serait admise au barème de
non-disponibilité, celle qui partagerait une unité de logement
avec une personne dont l'autonomie est réduite de façon
significative en raison de son état physique ou mental et qu'elle savait
seule - et là, on pourrait ajouter - seule parmi les personnes qui
partagent cette unité de logement à prendre soin de cette
personne. Pour là, on vient limiter l'exclusion à ceux qui
partagent le logement, c'est-à-dire que, si une personne de
l'extérieur du logement venait donner des soins, ça ne serait pas
suffisant, ça n'aurait pas pour effet de "déqualifier" la
personne qui prend soin de la personne dont l'autonomie est réduite.
Maintenant, je ne prétends pas que c'est la seule solution. Il
peut y avoir d'autres façons de régler ce problème. Une
chose est certaine, c'est que je ne vois pas qu'on puisse admettre au
barème de non-disponibilité plus d'une personne à qui on
confierait la garde, par exemple un couple. On ne pourrait pas dire que, sans
un couple, homme et femme, assistés sociaux, seraient tous les deux
admis au barème de non-disponibilité individuellement, ou comme
couple même, parce qu'on leur demanderait de faire la garde d'une
personne dont l'autonomie est réduite Ça me semblerait un peu
excessif. Quoique ce serait peut-être utile, je pense que ce serait
excessif en termes de coûts.
Il y a des barèmes qui existent présentement, qu'on
appelle les barèmes mixtes, qui tiennent compte justement du fait que
l'un des conjoints est admis à un barème et l'autre conjoint,
à un autre barème J'ai devant moi ici la nomenclature des
différents barèmes Un barème, par exemple, où une
personne serait non disponible et l'autre serait disponible, donnerait, pour un
couple sans enfant, 827 $ par mois, alors que, si les deux sont disponibles,
ça donne 808 $ par mois. On voit donc qu'il y a une augmentation de tout
près de 20 $ par mois dans le cas où l'un des conjoints
accède au barème de non-disponibilité ou fait
accéder le ménage au barème de non-disponibilité en
vertu du barème mixte.
Donc, M. le Président, ce serait une hypothèse de
clarifier la proposition en disant: "seul parmi les personnes qui partagent
cette unité de logement à prendre soin de cette personne", la
personne handicapée.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que je comprends bien
que vous retirez votre amendement et que vous allez en déposer un
nouveau?
M. Bourbeau: C'est-à-dire.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça, techniquement,
que je comprends.
M. Bourbeau: pas nécessairement, m. le président.
je commente l'amendement en disant qu'il y aurait moyen de le modifier si on
s'entendait.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que c'est un appel du
pied à l'Opposition pour qu'elle fasse un sous-amendement?
M. Bourbeau: C'est un appel au dialogue, M. le Président.
Disons que ça ne donne rien de multiplier les amendements et les
sous-amendements à ce stade-ci. J'ai dit que j'étais tout
à fait disposé à étudier toute proposition visant
à améliorer le projet de loi ou ses articles. On m'amène
ici une objection en me disant: II y a un danger, si on reçoit
l'amendement tel qu'il est présenté, que ce soit
interprété restrictivement et qu'on "déqualifie" une
personne seule qui prend soin d'une autre parce que des soins externes sont
donnés à celle-ci. Alors, je dis: Bon, très bien. Ce n'est
pas l'intention du
législateur. Voyons donc s'il n'y a pas moyen de cerner un peu
mieux l'article. Alors, ce que je peux dire, c'est que, si d'autres
députés veulent s'exprimer sur la question, moi, je serais
disposé à proposer une modification à l'amendement, mais
si c'est recevable, s'il y a un consensus.
Le Président (M. Gautrin): Écoutez, techniquement,
on va discuter avant de s'"enfarger" dans les fleurs du tapis.
Éventuellement, vous pourriez retirer votre amendement et déposer
une nouvelle version de votre amendement. C'est bien ce qu'on va faire. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: D'abord, j'invite le ministre à reprendre la
lecture de l'article 16, tel que libellé dans la loi 37. L'article
commence par les mots suivants: Le barème de non-disponibilité
s'applique lorsque l'adulte seul ou un membre adulte de la famille... Et
suivent les critères qui rendent admissible au barème de
non-disponibilité l'adulte seul ou un membre de la famille. C'est sur le
premier membre de phrase que j'invite le ministre à
réfléchir parce que déjà, dans le barème non
disponible, la disposition de la loi est telle qu'elle introduit le fait que
c'est chaque personne qui doit passer le test et non pas le ménage.
D'accord.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Donc, ça, c'est déjà pour le
ministre une garantie que ce n'est pas le ménage, donc, les deux membres
d'un couple. Je reviendrai sur une formulation que je vais lui suggérer
et à laquelle il pourra réfléchir. Ce n'est donc pas le
ménage qui doit passer les tests, les cinq critères, les quatre
et le cinquième qui va être rajouté. C'est l'adulte seul ou
le membre de la famille.
Moi, je dis que, juridiquement, je ne souscris pas à des
formulations qui ne permettent pas que les choses se fassent, et a priori,
parce que la vie peut être différente de l'idée qu'on s'en
fait cet après-midi ici. On peut dire que, oui,
généralement les soins peuvent être dispensés par un
seul des membres du couple. Mais cela dit, je donne au ministre un exemple et
il y en aurait sûrement mille autres, parce que chaque vie est
singulière, chaque maladie et chaque mort aussi. Prenons, l'exemple de
parents, 50, 52 ans, qui auraient perdu l'emploi du mari, la femme ayant
toujours été à la maison, et qui ont un fils sidatique
à qui ils prodiguent des soins et dont l'état est tel que
ça nécessite - pourquoi pas, c'est possible - dans les phases
terminales entre autres, la présence des deux parents. Pourquoi dire
d'avance que ça ne se peut pas? Ce qui est absurde, c'est une sorte de
vision étriquée sur le plan juridique où on veut
absolument mettre dans un damier des situations qu'on ne peut pas
contrôler. Je dis au ministre que je souscris à ce qu'il veut
rédiger, mais qu'il n'écarte pas la possibilité qu'il
puisse se produire que les deux membres d'un couple aient à soutenir le
test de prodiguer des soins. Alors, il est bien mieux d'avoir un test sur les
soins nécessaires plutôt que d'avoir un test sur la personne
seule.
En d'autres termes, je vais le lui lire tel que ça pourrait se
rédiger: Le barème de non-disponibilité s'applique lorsque
l'adulte seul ou un membre adulte de la famille... chacun aura de toute
façon, on en convient, à démontrer qu'il partage une
unité de logement avec une personne dont l'autonomie est réduite
de façon significative en raison d'un état physique ou mental qui
requiert des soins constants qu'il lui prodigue. En d'autres termes, les deux
tests, c'est: Est-ce qu'il partage l'unité de logement et est-ce qu'il
prodigue des soins constants? C'est ça les deux tests. Et si, dans un
cas singulier, on répond oui, s'il y a deux personnes qui sont
nécessaires pour ça, alors, à ce moment-là,
pourquoi pas?
Je reprends peut-être la suggestion puis...
Le Président (M. Gautrin): Alors, est-ce que la suggestion
est reprise? Toujours sur cette question-là, sans être très
formel, il y a Mme la députée de Groulx qui voudrait intervenir.
Vous pouvez y aller.
Mme Bleau: Seulement pour rapporter, si vous voulez, un cas qui
m'a été soumis il y a à peu près quatre ou cinq
mois. C'est une dame qui était malade, elle avait dans la cinquantaine,
son mari dans la soixantaine, et elle pesait 360 livres. Le monsieur pesait
à peu près 110 livres. Alors, la fille, qui avait la même
maladie que la mère et qui était presque aussi grosse mais qui
n'avait que 28 ou 30 ans, avait été obligée de rester
à la maison à un moment donné pour pouvoir lever la
mère. Il n'y a personne qui pouvait le faire. Alors, ça peut
arriver à l'occasion, mais je pense que chaque cas à ce
moment-là devrait être étudié cas par cas pour faire
une loi générale
Le Président (M. Gautrin): M. Ryan aurait des pouvoirs
discrétionnaires au ministre. M. le ministre. Est-ce que vous voulez
qu'on ajourne un petit peu pour que vous puissiez vous consulter deux
minutes?
Mme Harel: Oui, ou on peut aussi reprendre ça plus tard,
ajourner et reprendre ça plus tard.
M. Bourbeau: J'aimerais mieux qu'on ajourne pour voir s'il n'y
aurait pas moyen de le régler tout de suite.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous aimeriez...
Alors, on suspend ou on ajourne? On suspend les travaux, disons pour 10
minutes.
M. Bourbeau: On va voir. Cinq minutes.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais pour quelle
raison.
Mme Harel: En tout cas, vous pouvez vous fier à Mme
Lamontagne. Elle connaît tout, c'est une avocate.
Le Président (M. Gautrin): Ils veulent régler
ça tout de suite. Alors, on suspend pour 10 minutes. On peut regarder
les camionneurs.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Gautrin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend l'étude de l'amendement 0.1.
J'imagine que vous allez en déposer une version améliorée,
revue et corrigée plus tard. Alors, nous passons à l'article 1,
c'est ça?
M. Bourbeau: C'est ça, M. le Président. Il s'agit
d'une modification de concordance.. M. le Président, avec le
consentement de la commission, j'aimerais qu'on étudie, en premier lieu,
l'article 3, parce que, si on veut être logique, il serait illogique
d'étudier les articles 1 et 2 avant l'article 3, parce que, dans les
articles 1 et 2, on se réfère à l'article 3.
Le Président (M. Gautrin): S'il y a consentement, parfait.
Alors, si je comprends bien, on étudie actuellement l'article 3. M le
ministre, vous avez la parole, à l'article 3.
Harmonisation d'APPORT et APTE
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, le nouvel
alinéa introduit par cet article a pour objet d'assurer l'harmonisation
du programme APPORT et du programme APTE. Ainsi, en soustrayant, dans le calcul
de la prestation APPORT, le montant des exemptions de revenus de travail
qu'accorde le programme APTE pour une année, on s'assure que les
familles admissibles puissent commencer à bénéficier d'une
prestation dès que leur revenu de travail dépasse le montant de
ces exemptions.
Sans cet amendement, il y a actuellement un niveau de revenus où
une famille voit ses prestations d'aide de dernier recours diminuer à
cause de ses revenus de travail, dis-je, sans qu'elle n'ait droit à une
prestation en vertu du programme APPORT.
Le Président (M. Gautrin): C'est terminé? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve
Mme Harel: Alors, M. le Président, c'est la notion de
revenu net de la famille d'un adulte, n'est-ce pas, qui va être
introduite?
M. Bourbeau: C'est ça!
Le Président (M. Gautrin): C'est exact.
Mme Harel: C'est assez technique, M. le Président. Est-ce
qu'on pourrait me donner un exemple?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président,... Mme Harel: Avec
des chiffres
M. Bourbeau: je pense que la meilleure personne pour donner un
exemple serait Me Bélanger, qui est l'expert toutes catégories,
en matière du programme APPORT.
Le Président (M. Gautrin): Alors, Me Bélanger, le
poids lourd...
M. Bélanger (François): Essentiellement, le
changement qu'on introduit avec l'article 3, c'est que, dans le cadre actuel de
la loi, lorsqu'on calcule le revenu net de travail de la famille, c'est une
notion qui n'existe pas, pas actuellement, et qui est l'addition du revenu net
de travail de l'adulte et du revenu net de travail de son conjoint.
Ce qui est ajouté par l'article 3, c'est une exemption
supplémentaire des revenus de travail exclus, c'est-à-dire
l'exemption des revenus de travail qu'on retrouve dans le programme APTE
ramenée sur une base annuelle. Et cette exemption-là s'applique
sur le revenu familial, d'où la nécessité de fondre en une
notion le revenu de travail d'un adulte et le revenu de travail du conjoint
pour que l'exemption de revenus de travail, qui s'applique à l'ensemble
de la famille, ne s'applique qu'une fois Alors, c'est ce qui fait qu'on est
obligé de fondre en une notion les deux revenus nets de travail,
calculés sur une base annuelle, pour y ajouter lexemption pour les
revenus de travail exclus.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ça
répond à vos interrogations?
Mme Harel: Ça veut donc dire concrètement qu'il y
aurait une exemption de revenus de travail exclus annualisée.
M. Bélanger (François): On est dans le revenu net
de travail annualisé et les revenus exclus interviennent une fois
l'annualisation effectuée
Mme Harel: L'annualisation est faite. Donc on annualise,
là, les revenus de travail et, ensuite, on va soustraire les revenus de
travail exclus.
M. Bélanger (François): C'est ça,
l'équivalent des exemptions de revenus de travail qu'on retrouve dans le
barème apte multiplié par 12. Ça devient un barème
de revenus de travail exclus.
Mme Harel: Qu'est-ce qu'on va faire avec le résultat
obtenu une fois la soustraction faite?
M. Bélanger (François): À ce
moment-là, le revenu net de travail calculé sur une base
annuelle, qui sert aux fins du calcul de la prestation, est diminué.
Donc, la "supplementation" des revenus de travail commence... En fait, l'effet
de tout ça, c'est que dès qu'une personne a des revenus qui ne
sont pas exemptés... Une personne qui est à la
sécurité du revenu, actuellement, lorsqu'elle gagne des revenus
de travail supérieurs à l'exemption de revenus de travail, il y a
une partie des revenus de travail qu'elle gagne qui sont complètement,
je dirais, soustraits. On lui enlève à la sécurité
du revenu, à l'aide de dernier recours, ce monta'rt-là parce que
ce n'est plus exclu et elle ne gagne pas encore assez pour avoir droit à
une "supplementation" en vertu du programme APPORT. La modification qu'on fait
va permettre de commencer à supplémenter dès que, à
l'aide de dernier recours, on commence à soustraire, dollar pour dollar,
les revenus de travail.
Mme Harel: Vous évaluez à combien le nombre de
bénéficiaires, de prestataires qui vont pouvoir
bénéficier de cette mesure-là?
M. Bélanger (François): Je pense que, pour
ça, je devrai attendre qu'on me donne les chiffres.
Le Président (M. Gautrin): Madame, voulez-vous intervenir?
Alors, madame, pour les fins de l'enregistrement, pouvez-vous vous
identifier?
Mme Lemieux (Nicole): Oui, Nicole Lemieux. Je travaille dans le
cadre du programme APPORT.
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes le poids plume,
alors, du programme APPORT.
Mme Lemieux: Ha, ha, ha! En fait, je voulais peut-être
préciser que ça fait en sorte... Avant au programme APPORT, on
commençait à supplémenter à peu près
à un niveau de revenu de 3000 $. Le seuil d'entrée au programme
varie selon la composition de la famille, mais, si on prend, l'exemple d'une
famille "biparentale" où il y a un conjoint qui travaille, le seuil
d'entrée au programme, en 1989, était de 3680 $,
c'est-à-dire qu'on commençait à verser une prestation
à ce niveau-là, alors qu'en 1990, le seuil d'entrée est
à peu près 676 $.
Mme Harel: 676 $?
Mme Lemieux: Oui. On commence à verser APPORT à peu
près avec un revenu, en principe, qui devrait... Le seuil
d'entrée du programme est là. Ce qui fait qu'entre 676 $ et 3680
$... En 1989, il n'y avait pas de prestations APPORT, alors que, là, ces
gens-là vont recevoir des prestations APPORT entre ces niveaux de
revenus là.
Mme Harel: Les prestations seront de quel ordre?
Mme Lemieux: Bien là, les prestations, c'est à peu
près 33 % du revenu net de travail. Pour cette portion-là, sur
1000 $ de revenus, ça fait à peu près à 33 %, 330
$.
Mme Harel: À combien évaluez-vous le nombre de
ménages qui vont pouvoir en bénéficier?
Mme Lemieux: En fait, ça va créer une attraction.
Ça va augmenter le nombre de prestataires, mais si on prenait cela juste
sur la base des personnes qui reçoivent le programme APPORT à
l'heure actuelle, ça serait à peu près 2000 personnes.
Mme Harel: 2000 qui vont recevoir un montant...
Mme Lemieux: Supplémentaire. Mme Harel:
...supérieur?
Mme Lemieux: Oui. Mais si on tient compte...
Mme Harel: Combien de nouvelles personnes vont-elles être
admissibles?
Mme Lemieux: Oui. Combien de nouvelles personnes vont être
admissibles, là, c'est un peu plus difficile à évaluer,
mais on peut estimer qu'il y aurait, à peu près, un potentiel de
25 % de la clientèle actuelle qui pourrait s'ajouter.
Mme Harel: D'accord. Alors 25 %, ça signifie combien?
Mme Lemieux: C'est difficile. 4000, disons. C'est à peu
près la proportion, 4000 personnes, qu'on estimait qui auraient droit a
l'aide de dernier recours et à APPORT en même temps, c'est
à peu près 4000 personnes.
Mme Harel: 4000 ménages. Mme Lemieux: 4000
ménages.
Mme Harel: Qui auraient droit à l'aide de dernier recours
et à APPORT en même temps.
Mme Lemieux: C'est ça. Mme Harel: Vous
êtes...
M. Bourbeau: Cela va décevoir la députée de
Maisonneuve. Elle ne pourra plus dire que le programme est un échec.
Mme Harel: Bien au contraire! Ce serait 4000 nouvelles personnes
ou 4000 personnes, dont 2000 auraient des montants supérieurs et 2000
nouvelles personnes seraient admissibles, ou si c'est 4000 ménages, en
fait?
Le Président (M. Gautrin): C'est un programme pour les
ménages, en fait.
Mme Harel: 4000 nouveaux ménages.
Mme Lemieux: C'est que c'est difficile à évaluer,
ta clientèle qu'on va aller chercher, mais ce que je peux vous dire,
c'est que, à l'heure actuelle, on a à peu près 4000
personnes dans la clientèle du programme APPORT qui devraient,
normalement, être aussi admissibles à l'aide de dernier recours.
Les projections que je pourrais vous faire c'est...
Mme Harel: Mais vous avez dû en faire pour requérir
le consentement du Conseil du trésor et du Conseil des ministres.
Mme Lemieux: À ce moment-là, il faudrait que je
regarde dans les...
Mme Harel: II a dû y avoir, quand même, des
estimations des coûts et du nombre de ménages.
Mme Lemieux: Oui, j'imagine. Je n'ai pas les coûts avec moi
ici. Je pourrais ajouter aussi, que c'est une décision qui a
été annoncée dans le discours sur le budget. Alors, c'est
à ce moment-là que les coûts et tout ça avaient
été..
Mme Harel: Est-ce que ça a été estimé
au ministère des Finances ou au ministère de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu?
Mme Lemieux: En fait, c'est dans le discours sur le budget.
Mme Harel: Ça continue d'être un programme
pensé, programmé, géré, par le ministère des
Finances?
M. Bourbeau: On me dit que les estimations ont été
faites au ministère des Finances.
Mme Lemieux: Parce que ça apparaissait dans le discours
sur le budget.
Mme Harel: Le ministère des Finances est-il conscient de..
Quel qualificatif le ministre préfère-t-il à celui
d'échec pour qualifier le programme APPORT?
Le Président (M. Gautrin): Succès. Mme Harel:
Oui, mais...
M. Bourbeau: Écoutez, on pourrait dire que c'est un
succès plus ou moins...
Le Président (M. Gautrin): Relatif.
M. Bourbeau:.. mitigé, selon le point de vue. La
députée de Maisonneuve, manifestement, ne trouve pas que c'est un
grand succès. Moi, je pense que c'est un succès plus important
que ce qu'en pense la députée de Maisonneuve. Mais si la
députée de Maisonneuve veut convoquer le ministre des Finances,
on pourra peut-être le questionner sur le programme, mais je ne crois pas
qu'il soit disponible présentement.
Mme Harel: Mais le ministre va-t-il convenir que le ministre des
Finances, dans son discours sur le budget, prévoyait que 44 000 familles
devaient on bénéficier? D'autro part, si c'est un succès,
alors il aura certainement l'honnêteté intellectuelle de
reconnaître que SUPRET était aussi un succès, parce que le
même nombre de ménages bénéficie présentement
d'APPORT comparativement au nombre de ménages qui
bénéficiaient de SUPRET.
M. Bourbeau: La raison pour laquelle il y a moins de monde qui
participe au programme APPORT que ce qui avait été prévu,
c'est que les prévisions ont été correctement
établies, mais en présumant que tous les gens qui,
théoriquement, auraient droit à APPORT viendraient au programme.
Or, on se rend compte, et on le voit dans les autres programmes aussi, qu'il y
a toujours un pourcentage surprenant de gens qui, bien qu'ayant droit à
un programme, décident, ou enfin ne viennent pas au programme. On le
voit dans Logirente aussi. Quand on fait des projections de clientèle,
on sait qu'il y a tant de milliers de personnes qui seraient éligibles
à Logirente, alors que les chiffres démontrent que la
réalité est tout autre. Alors, enfin, disons que ce qu'on a fait
dans APPORT, et c'est peut-être pour ça qu'il y a un écart,
c'est que le chiffre qui a été avancé n'a pas tenu compte
de ce facteur de non-participation qui est inhérent à tout
programme et que, probablement qu'à ce moment-là, si on avait
tenu à appliquer ce facteur-là, on aurait peut-être
annoncé des objectifs moins ambitieux, qui étaient corrects
théoriquement, mais qui ne se sont pas révélés pour
les raisons que j'ai mentionnées.
Maintenant, pour ce qui est du programme SUPRET, tout ce que je peux
dire à l'égard du programme SUPRET par rapport au programme
APPORT, c'est que la grande vertu du programme APPORT par rapport
à SUPRET, c'est que les versements sont faits mensuellement. Et
ça, même si le programme APPORT n'attirait personne de plus que le
programme SUPRET, c'est un gros avantage parce que, dans le fond, le
travailleur à faibles revenus, lui, pour être incité
à aller ou à rester sur le marché du travail, il faut lui
donner l'argent tous les mois. C'est ça qui l'intéresse, c'est
ça qui le garde au travail. Avec SUPRET, on lui disait: Tu travailles ce
mois-ci, disons janvier, et l'an prochain, à la fin de l'année,
quand tu auras fait ton rapport d'impôt, le ministère du Revenu te
remboursera tes sommes d'argent. Parfois on pouvait anticiper un remboursement
12 ou 14 ou même 16 mois plus tard et ça, c'était vraiment
"désincitatif", en ce sens que le travailleur ne voyait pas la couleur
de l'argent, ne pouvait pas espérer voir la couleur de l'argent à
court terme. Et je dirais que le fait que, dans APPORT, on ait jugé de
faire des versements comme ça par anticipation, c'est certainement plus
motivant et c'est certainement aussi un des grands avantages du programme
APPORT par rapport au programme SUPRET.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Madame.
Mme Harel: ...je suis contente d'entendre le ministre vanter les
mérites de la mensualité des versements, principe qui a failli
être bafoué à l'égard des allocations familiales.
S'il vaut pour le programme APPORT, il vaut aussi pour les allocations
familiales...
M. Bourbeau: II n'a jamais été question de les
abandonner. Il n'a jamais été question d'abandonner les paiements
mensuels, M. le Président, et je voudrais m'inscrire en faux contre
cette déclaration.
Mme Harel: II en avait été question, il n'en est
plus question...
M. Bourbeau: Jamais...
Mme Harel: Heureusement, que vous avez une bonne Opposition quand
même, M. le ministre, hein?
M. Bourbeau: Ce n'est pas exact, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): C'est pour ça qu'on
l'aime, comme Opposition.
M. Bourbeau: M. le Président, le principe du paiement
mensuel n'a jamais été mis de côté. Le paiement a
toujours été prévu comme devant se faire mensuellement. La
méthode de paiement aurait pu varier, cependant, mais le paiement aurait
toujours été mensuel.
Mme Harel: Mais si ce programme a tant de vertus... Bon! Je veux
bien consentir aux vertus du paiement mensuel...
M. Bourbeau: M. le Président, ce sont les mots de la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Non, non, vous-même, vous avez utilisé le
mot "vertu". Alors, si on convient que c'est de loin plus efficace qu'il y ait
des versements mensuels, pourquoi n'y a-t-il pas plus de ménages qui ont
décidé d'en profiter? Est-ce que le facteur de non-participation
inhérent à tous les programmes n'inquiète pas quelque part
le ministre? Est-ce qu'il y a des études qui ont été
faites? Je vais vous raconter que, moi, députée dans la
circonscription du bas de la ville, quand je me suis rendu compte, il y a six
ans, qu'il y avait très peu de mes concitoyens et concitoyennes
âgés qui bénéficiaient de Logirente, je leur ai
écrit, j'ai envoyé 8000 lettres, je leur ai expliqué
comment on faisait pour bénéficier de ce programme et la
participation a monté en flèche. Entre autres aussi, la
participation à l'élection et à ma majorité
à l'élection suivante. Mais je veux simplement signaler qu'il y a
des motifs pour lesquels il y a non-participation aux programmes. Il y a une
sorte de fatalité dans les propos du ministre comme s'il fallait se
résigner en calculant, en projetant un facteur de non-participation
normal. Est-ce qu'il trouve ça normal? Est-ce qu'il ne faudrait pas
plutôt ajuster les programmes aux gens que de demander aux gens de
s'ajuster aux programmes?
M. Bourbeau: Ça ferait des programmes un peu
compliqués, M. le Président, s'il fallait les ajuster
individuellement à la clientèle. On essaie d'avoir des programmes
qui correspondent le plus aux besoins de l'ensemble de la clientèle,
sachant fort bien que la clientèle est diversifiée. Ce n'est pas
nouveau, le phénomène dont j'ai parlé tantôt
existait tout autant du temps du Parti québécois que maintenant.
Il y a un certain nombre de citoyens de notre société qui ne
participent pas aux programmes, même si c'est plus avantageux pour eux.
Je l'ai déjà dit à la députée, je peux bien
amener quelqu'un à l'abreuvoir, mais je ne peux pas le forcer à
boire. Si l'argent est là et qu'on ne veut pas le prendre, je ne peux
rien y faire. maintenant, le programme apport, je pense, est un programme
compliqué, on le sait, mais il est souple aussi d'une certaine
façon, c'est qu'il tient compte d'un très très grand
nombre de critères. et n'eût été de l'informatique,
jamais un programme comme ça n'aurait pu voir le jour. c'est un
programme dont l'objectif est extrêmement louable. à cause d'un
programme comme celui-là, il y a une vingtaine de milliers
de familles québécoises, de ménages
québécois qui sont au travail et, probablement, s'il n'y avait
pas le programme, qu'ils seraient à la sécurité du revenu.
C'est la différence entre garder quelqu'un à la
sécurité du revenu et l'inciter à aller travailler. Et
moi, je pense, même si le programme est compliqué, que ça
vaut la peine de le garder et peut-être de l'améliorer. Je peux
dire à la députée de Hochelaga-Maisonneuve que nous
travaillons très fort pour tenter d'améliorer le programme APPORT
encore. Il y a des améliorations qu'on peut apporter et probablement
qu'au cours des prochains mois ou certainement de la prochaine année, on
aura l'occasion d'améliorer encore davantage ce programme. (16
heures)
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous avez d'autres
questions?
Mme Harel: II y a eu pour 11 000 000 $ de budget
périmés au programme APPORT l'an dernier et le nombre de
prestataires est resté le même qu'en 1988. Je regardais les
tableaux qui nous ont été transmis au moment des crédits,
17 785 ménages bénéficiaires en 1988, 17 144, à peu
près 600 de moins, en 1989. Ça n'a pas l'air de
s'améliorer, ça aurait plutôt l'air de piétiner, en
fait. Quand le ministre nous indique qu'il aura des correctifs à
apporter, est-ce que ce sont ceux qu'il apporte avec le projet de loi 76 ou
est-ce qu'il en envisage d'autres?
M. Bourbeau: Non. Présentement, nous apportons un certain
nombre d'améliorations qui, je l'espère, auront pour effet
d'augmenter la clientèle, de faciliter l'accessibilité au
programme pour une certaine clientèle. Maintenant, ce que j'ai dit
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve, C'est que nous
travaillons présentement sur le programme pour tenter de
l'améliorer encore, de le simplifier, de le rendre encore plus
accessible et j'espère qu'au cours de la prochaine année, nous
pourrons continuer à améliorer ce programme-là, qui est
déjà excellent, mais qui, comme tous les programmes, est
perfectible.
Mme Harel: Excellent? Vous le considérez. Je ne sais pas
parfois d'où peut vous venir cette placidité. 11 000 000 $
périmés dans un budget qui devrait bénéficier aux
ménages qui sont sur le marché du travail avec des revenus
insuffisants, vous trouvez ça excellent? J'aimerais, M. le ministre,
vérifier une information à l'effet qu'à cause d'un retard
du ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu à transmette les données au ministère du Revenu,
les bénéficiaires vont devoir attendre jusqu'au mois d'août
leur retour d'impôt.
Le Président (M. Gautrin): Est ce que vous avez une
information à cet effet, M. le ministre?
M. Bourbeau: Je suis en train d'interroger la banque de
données, ici.
Le Président (M. Gautrin): Alors est-ce qu'on peut passer
la parole à la banque de données? Non!
Mme Harel: Le ministre du Revenu annonçait hier,
c'était dans tous les journaux d'aujourd'hui, que d'ici à la fin
de juin les remboursements d'impôt seraient complétés. Il
faut comprendre qu'ils le seront pour tout le monde, sauf pour les plus
démunis de notre société, qui, eux, vivront un
délai de deux mois avant de pouvoir les toucher.
Le Président (M. Gautrin): À la suite de cette
affirmation, est-ce que vous avez un commentaire, M. le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que ce n'est pas
inexact de dire que certains problèmes d'informatique font en sorte que
la transmission des données au ministère du Revenu souffre d'un
certain retard. Je ne pense pas que ce retard-là soit important..
Maintenant, on m'indique que ce retard-là ne devrait pas être
très important. Selon les indications que je possède, les
renseignements transmis par le ministère au ministère du Revenu,
le versement, le remboursement à la clientèle APPORT devraient se
faire dans les toutes prochaines semaines.
Le Président (M. Gautrin): Ça vous satisfait, Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Dans les demandes de renseignement que nous avions
formulées au ministère au moment des crédits, le ministre
nous avait fait parvenir les recommandations de la Commission d'accès
à l'information, notamment celles concernant le programme APPORT. Le
ministère, c'est à la page 9 de ses recommandations, faisait
valoir qu'il s'agissait, et je cite: Actions du ministère. Il s'agissait
de déterminer qui du ministère du Revenu du Québec ou du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle était responsable de l'administration du
programme APPORT. La Loi sur la sécurité du revenu établit
clairement que ce programme relève du ministère de la
Main-d'?uvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle. Un registre a été créé le 12
octobre 1989. Une déclaration de fichier a été produite le
10 janvier 1990. Quels sont les problèmes qui ont pu se présenter
pour qu'il y ait retard?
De toute façon, mon collègue responsable du dossier du
revenu va interroger le ministre du Revenu, mais quels sont les motifs? Vous
avez invoqué des problèmes d'informatique?
M. Bourbeau: Du retard dans quoi, au juste?
Mme Harel: Dans la transmission des données.
Le Président (M. Gautrin): Vous voulez savoir ça
pour voir si ça peut être corrigé par l'article 3?
M. Bourbeau: Si la députée de Maisonneuve pouvait
préciser un peu. C'est que, moi, je n'ai pas apporté avec moi les
dossiers concernant la Commission d'accès à l'information; ce
n'était pas dans les neuf articles du projet de loi. Je n'ai pas
d'objection à en discuter, mais il faudrait qu'on me donne un peu plus
de renseignements.
Le Président (M. Gautrin): II y a un petit problème
de pertinence. Mais, évidemment, je comprends que vous voulez faire en
sorte d'améliorer éventuellement le libellé de l'article
3, de manière que, si jamais des problèmes se sont
présentés, ils ne se présentent pas à nouveau.
C'est bien ça?
Mme Harel: M. le Président, c'est tout simplement pour les
dossiers qui exigent une annualisation. Quand c'est versé mensuellement,
ce problème-là ne se produit pas, c'est au moment de
l'annualisation que surgit le problème. On en traite justement,
là, de l'annualisation, et la question, c'est que le ministre du Revenu
annonçait aujourd'hui même dans les médias, que tous les
dossiers étaient complétés. Les remboursements seraient
terminés à la fin du mois de juin. Au moment même où
c'est annoncé, on a pu apprendre que ce ne serait pas le cas pour les
bénéficiaires du programme APPORT, qu'ils devront attendre au
mois d'août pour obtenir leurs versements. Alors, quand vous dites
quelques semaines, ça veut dire quoi?
M. Bourbeau: Je dirais, selon les renseignements que je
possède, qu'on devrait être en mesure de rembourser les
trop-payés au programme APPORT, le ministère du Revenu, dans un
délai d'environ deux à trois semaines, à partir de
maintenant.
Le Président (M. Gautrin): C'est-à-dire pour la
troisième semaine de juillet.
M. Bourbeau: Je dirais mi-juillet.
Le Président (M. Gautrin): Mi-juillet. Ça vous va?
Est-ce qu'on peut considérer l'article 3 comme adopté? Sur
division? Non?
Mme Harel: Juste une seconde.
M. Bourbeau: Ne mettez pas de mots dans la bouche de la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais je
n'étais pas sûr.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté.
M. Bourbeau: II arrive parfois qu'elle ait de bons mouvements, il
ne faut pas les freiner.
Le Président (M. Gautrin): Oui, tout à fait.
Adopté. Alors, maintenant, on revient à l'article 1. C'est
ça?
M. Bourbeau: Oui, c'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Parfait.
M. Bourbeau: II s'agit d'une modification...
Le Président (M. Gautrin): II y a un papillon?
M. Bourbeau: Vous avez raison, M. le Président. On a une
modification ou un papillon à l'article 1, qui vise à remplacer,
dans les première et deuxième lignes de l'article 1, ce qui suit.
"Loi sur la sécurité du revenu (L.R.Q., chapitre S-3.1.1)" par,
entre guillemets, cette loi, fermer les guillemets. Alors, l'introduction d'un
article qui précède l'article 1 - enfin, on aura ça
quand... on a l'intention d'en proposer un - obligera à apporter
à ce dernier une correction de concordance.
En effet, comme la Loi sur la sécurité du revenu est
déjà citée au complet dans l'article 0.1, il n'est plus
nécessaire de le faire à l'article 1, lequel ne sera plus le
premier article du projet de loi, bien sûr.
Le Président (M. Gautrin): C'est adopté? Merci.
L'amendement est adopté, bien sûr, et l'article aussi est
adopté? Bien sûr. Tout tel qu'amendé, bien sûr. Il
faut toujours accélérer les minutes.
Mme Harel: À l'article 1, le ministre a introduit un
papillon à l'article 1 et l'amendement comme tel à l'article 1,
peut-on en faire la lecture, tel que modifié?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'amendement, vous voulez dire l'article...
Le Président (M. Gautrin): Vous l'avez accepté
lui-même en ayant accepté l'amendement.
M. Bourbeau: L'article 1 lui-même.
Le Président (M. Gautrin): Tel qu'il se lit maintenant.
C'est moi qui dois faire la lecture?
M. Bourbeau: Oui. Alors: "L'article 46 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne du paragraphe
5° du deuxième alinéa, du mot "quatrième" par le mot
"cinquième".
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
Mme Harel: Alors on se réfère au cinquième
paragraphe qui a été adopté dans l'article 3?
M. Bourbeau: II s'agit d'une modification de concordance qui
découle de l'article 3 du projet de loi, lequel prévoit
l'insertion d'un nouvel alinéa à l'article 49. Toutes les
références au quatrième alinéa de l'article 49
deviendront, par conséquent, des références au
cinquième alinéa.
Le Président (M. Gautrin): Ça va? Merci.
Adopté. Article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, cette modification
découle elle aussi de l'article 3 du projet de loi qui introduit une
nouvelle notion de revenu net de travail de la famille. Il s'agit donc d'un
amendement de concordance. Comme pour l'article 1 et pour la même raison,
nous en avions suspendu l'étude jusqu'à ce que nous ayons adopte
l'article 3.
Le Président (M. Gautrin): Mais, moi, je suis à
l'article 2, là, qui se dit: L'article 48 de cette loi est
modifié: 1° par...
M. Bourbeau: Les explications que je viens de donner, M. le
Président, ne s'appliquent qu'au paragraphe 1° de l'article 2. Il
serait peut-être préférable de l'accepter...
Le Président (M. Gautrin): De l'adopter, paragraphe par
paragraphe?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors j'appelle
l'article 2, premier paragraphe.
M. Bourbeau: Les explications que je viens de donner portaient
sur ce paragraphe et c'est l'introduction de la nouvelle notion de revenu net
de travail de la famille.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez des commentaires?
Mme Harel: On en est au paragraphe 1°.
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Nous en sommes au paragraphe 1°, qui commence par
les mots: "par le remplace- ment des sous paragraphes a et b du paragraphe
1° par les suivants", c'est ça. Alors, si on pouvait peut-être
les prendre paragraphe par paragraphe...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Alors, au lieu
de prendre paragraphe par paragraphe, vous voulez les prendre sous-paragraphe
par sous-paragraphe, c'est ça?
Mme Harel: C'est ça
Le Président (M. Gautrin): Bon. alors j'appelle le
paragraphe 1°, sous paragraphe a. Ça va?
Une voix: Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Bon, alors: "a) le montant
obtenu en appliquant le pourcentage déterminé par
règlement à la partie du revenu net de travail de la famille de
l'adulte calculé sur une base annuelle pour cette année qui
n'excède pas le montant déterminé selon le
barème."
M. Bourbeau: C'est d'une limpidité, M. le
Président, absolue.
Le Président (M. Gautrin): Absolument, oui.
Mme Harel: C'est pour être concordant avec l'article 3
qu'on a adopté, c'est ça?
Le Président (M. Gautrin): Cest ça. Ça va
pour vous?
Mme Harel: Alors, adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté, 1a. J'appelle
1b.
Mme Harel: Quelle est la différence en b, là?
M. Bélanger (François): La différence avec
le texte actuel, c'est qu'on remplace les mots -attendez un instant -
"l'ensemble de ces mêmes revenus nets" que vous retrouvez au paragraphe b
de la loi actuelle, par "la partie du revenu net de travail de la famille". Or,
c'est encore une conséquence de l'introduction. C'est encore une
conséquence de l'introduction de la nouvelle notion de revenu net de la
famille.
Mme Harel: Voilà, c'est aussi en concordance avec
l'article 3.
M. Bélanger (François): Oui, c'est la même
concordance.
Le Président (M. Gautrin): Adopté, le
sous-paragraphe b? Ça marche?
Mme Harel: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors est-ce que le
paragraphe 1° est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci Paragraphe 2°,
sous-paragraphe d.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Cette modification vise
à ajuster la façon de calculer le montant des besoins d'un
prestataire du programme APPORT qui sont couverts par l'aide de dernier recour.
L'utilisation du revenu net de travail de la famille, calculé sur une
base annuelle à la place du simple revenu net de travail, corrigera une
situation qui a pour effet de pénaliser les familles qui se retrouvent
à l'aide de dernier recours dans les mois précédant ou
suivant leur participation au programme APPORT. Accessoirement, cette
modification vise également à appliquer un seul barème de
besoins établis sur une base annuelle et à éliminer la
prise en considération de la réduction pour partage du logement,
qui est déjà incluse dans le barème des besoins.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous voulez débattre les
sous-paragraphes i, ii, iii séparément ou les prenez-vous tous
ensemble?
Mme Harel: Peut-être d'abord poser des questions...
Le Président (M. Gautrin): Oui, bien sûr. Des
questions au ministre?
Mme Harel: ...si vous permettez, M. le Président, parce
que ce n'est pas vraiment lumineux. D'abord le paragraphe i. Vous avez raison,
on est peut-être mieux d'y revenir par paragraphe.
Le Président (M. Gautrin): Je suggère qu'on
procède sous-paragraphe par sous-paragraphe, i d'abord. Alors, on se
cantonne à d,i. C'est monsieur le poids-lourd... (16 h 15)
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'il y a une
question?
Mme Harel: ça, c'est l'annualisation, donc le calcul sur
une base annuelle. de quelle nature est la modification introduite par rapport
à la disposition qui était déjà en vigueur?
M. Bélanger (François): La nature de la
modification est la suivante, c'est que le paragraphe d de l'article 48,
1°, le premier paragraphe de l'article 48, établit les
premières étapes du calcul de prestations APPORT. On part d'un
barème des besoins et, aux paragraphes a, b, c ei d, vous avez des
montants qui viennent réduire le montant des barèmes pour en
arriver, en fin de calcul, à un chiffre qui va donner la prestation, une
fois qu'on aura appliqué aussi d'autres réductions. Mais ce sont
des réductions essentiellement que vous retrouvez aux paragraphes a, b,
c et d, qui sont des soustractions qu'on fait par étapes dans le calcul
de la prestation.
Au paragraphe d, ce qu'on faisait dans le cadre de la loi actuelle,
c'est qu'on partait du montant des besoins d'une famille et on enlevait de ce
montant-là les revenus de travail, et là, c'est important de dire
les revenus de travail non annualisés à cette
étape-là, ainsi que les autres revenus qu'une personne a, et le
résultat net de ça représentait les montants qui
déjà sont couverts par la sécurité du revenu, par
les prestations d'aide de dernier recours finalement. le problème qu'on
a actuellement, c'est lorsqu'une personne, par exemple, travaillait pendant les
six premiers mois de l'année et recevait une prestation apport à
raison, par exemple, de 200 $ par mois. si, à la fin de juin, cette
personne perdait son emploi, elle devenait bénéficiaire de la
sécurité du revenu. à ce moment-là, à la fin
- parce qu'on faisait à la fin de l'année le calcul au paragraphe
d - on soustrayait de l'ensemble de ses besoins non pas un revenu de travail
qui était sur une base mensuelle le même que celui qu'on avait
utilisé pour calculer la prestation, parce que, lorsque de janvier
à juillet lorsqu'on avait calculé la prestation, on l'avait
calculée, par exemple, sur la base d'un revenu de 1000 $ par mois, donc,
de 12 000 $ par année, à la fin, ce n'était pas 12 000 $
qu'on devait soustraire, parce qu'on devait prendre le revenu réel de
travail gagné dans l'année, donc 6000 $, mais qu'on soustrayait
dans un cas comme ça. ce qui avait pour effet de désavantager la
personne, parce qu'elle se retrouvait avec une aide sociale qu'on pourrait
imputer qu'elle n'avait pas reçue, parce qu'on n'avait pas
utilisé son revenu annualisé, mais plutôt un revenu
réel qui faisait en sorte que la soustraction était beaucoup plus
grande que celle qui, avec l'amendement, va se faire. avec l'amendement, on va
annualiser son revenu de travail. donc, ce qui va être soustrait,
à partir du barème des besoins, pour arriver au chiffre à
la fin qu'on doit soustraire, va être un montant plus
élevé. ça va être un montant de revenu net de
travail annualisé.
Dans l'exemple que je donnais tantôt, dans le système
actuel, on enlève... Je vais donner des chiffres fictifs, je n'ai pas de
chiffres tout à fait précis en tête. Par exemple, quelqu'un
qui aurait des besoins de 10 000 $ dans une année et à qui on
aurait calculé une prestation sur la base d'un revenu annuel de 12 000
$, donc, 1000 $ de revenu par mois, si, au bout de six mois, cette
personne-là perdait son travail, on se retrouve-
rait avec 6000 $ de revenus de travail pour l'année. Alors, dans
le calcul de la soustraction qui est prévue au paragraphe d, on part des
besoins qui sont de 10 000 $ et on soustrait 6000 $ de revenus de travail.
Là, il reste un 4000 $ - je fais abstraction des autres soustractions
qu'il pourrait y avoir - et on se retrouve avec 4000 $ qui viendraient affecter
sa prestation. Or, concrètement, ce qui arrive dans un cas comme
ça, c'est que la personne, tous les acomptes qu'elle a reçus,
elle doit les rembourser, parce qu'elle n'est plus admissible. Elle a
reçu peut-être 200 $ d'acompte pendant six mois, donc 1200 $, et
là, on lui calcule une soustraction de 4000 $ sur sa prestation.
Avec les modifications, ce qu'on va soustraire du 10 000 $, c'est non
pas 6000 $, mais 6000 $ annualisés, et son revenu annualisé
étant de 12 000 $, il n'y aura pas de soustraction, à ce
moment-là, qui va intervenir au paragraphe d.
L'effet actuel du paragraphe d fait en sorte que des gens qui ne
travaillent pas sur une base régulière se voient
pénaliser, parce que, finalement, l'aide de dernier recours étant
mensuelle et APPORT étant un programme annuel, il y avait une distorsion
qui se produisait à un moment donné dans certains cas. Je sais
que c'est technique, si vous...
Mme Harel: Finalement, quand son travail n'est pas permanent,
l'annualisation bénéficie plus au prestataire que le calcul
mensuel.
M. Bélanger (François): L'annualisation, le but de
l'annualisation, c'est effectivement de... Le programme APPORT étant un
programme annuel, on essaie autant que possible de respecter le
caractère mensuel aussi qui est introduit dans le programme APPORT par
rapport à l'ancien programme SUPRET. On essaie de tenir compte d'un
revenu mensuel, mais comme les données dont on se sert pour faire le
calcul sont annuelles, ça nous obligeait à ce niveau-là
à faire un ajustement du revenu pour ne pas que quelqu'un qui perdait
son emploi en milieu d'année, par exemple, soit obligé de
rembourser l'ensemble de ses prestations reçues, parce que le revenu qui
était prévu pour l'année n'était pas le même.
Ça, c'est vrai pour quelqu'un qui peut avoir à un moment
donné... Ce n'est pas juste une perte d'emploi. Ça peut
être aussi l'obtention d'autres types de revenus qui viennent affecter sa
prestation, et l'annualisation, à ce moment-là, peut être
favorable au bénéficiaire.
Mme Harel: Si on reprend l'exemple, si les besoins étaient
évalués à 10 000 $, le revenu était de 6000 $, les
4000 $, le résultat obtenu avec la soustraction était de 4000 $,
ces 4000 $, le montant d'APPORT qui était de 1200 $ était
soustrait de ce montant-là.
M. Bélanger (François): C'était 1200 $ moins
4000 $ et ça donnait zéro à ce moment-là. La
personne avait déjà eu 1200 $ d'avance alors qu'elle devait par
conséquent s'attendre à avoir 2400 $ de prestations au bout de
l'année. Là, c'est des chiffres qui sont fictifs parce que je ne
les ai pas précis en tête, mais c'est le raisonnement qu'on peut
tenir.
Mme Harel: Tandis que, là, ses besoins sont de 10 000 $,
elle a un revenu..
M. Bélanger (François): Annualisé de 12 000
$...
Mme Harel: ...de 12 000 $. Donc, elle a 2000 $...
M. Bélanger (François): Elle a 10 000 $ de besoins
moins 12 000 $ dans le calcul qu'on fait àl'AD...
Mme Harel: D'accord Donc, elle a 2000 $ sur lesquels elle
pourrait obtenir une...
M. Bélanger (François): En fait, ça donne un
chiffre... Ça donne un montant négatif au paragraphe d de
l'article 48, donc il n'y a pas de soustraction qui interviendrait à ce
moment-là dans son cas.
Mme Harel: Écoutez, on va le faire, d'accord?
M. Bélanger (François): D'accord.
Mme Harel: Avec vos chiffres. On ne peut pas se tromper. Vous
nous dites... On va reprendre l'exemple de 10 000 $ pour un barème de
besoins, moins 6000 $ pour six premiers mois de salaire. Ça fait donc
4000 $ de barème, c'est bien ça? La soustraction donne un
résultat qui est de 4000 $
M. Bélanger (François): 10 000 $ moins 6000 $.
Mme Harel: 10 000 $ moins 6000 $. M. Bélanger
(François): Oui, oui
Mme Harel: Et ces 4000 $, vous me dites, comme il y aura eu
pendant six mois une allocation mensuelle de 200 $, donc ça fait 1200 $,
vous dites, ces 1200 $...
M. Bélanger (François): Là, il faut
distinguer... Quand je parlais des acomptes, c'était pour illustrer la
conséquence. Ça n'intervient pas dans le calcul, ces 1200 $.
Ça, dans les faits, c'est ce que la personne avait eu comme acomptes. Je
donnais un exemple fictif d'une personne à qui on avait calculé
sur la base d'un revenu de 12 000 $ dans l'année, une prestation de 2400
$.
Je suis à peu près certain que ce n'est pas ça que
ça donne à 12 000 $, mais c'est pour illustrer mon propos. Dans
un cas comme ça, la personne aurait reçu 200 $ par mois d'acompte
et, à partir du moment où dans le calcul tel qu'il existe
actuellement on partait de besoins, par exemple, de 10 000 $ et où on
soustrayait non pas un revenu annualisé mais le revenu réellement
reçu qui était de 6000 $ dans le cas d'une perte d'emploi, il y
aurait eu un montant imputé au paragraphe d de 4000 $ qui serait venu
affecter la prestation qui était établie à 2400 $. Alors,
ça faisait 2400 $, le montant dont on tient compte en partant le calcul
au tout début de l'article, et au paragraphe d, il y avait une
soustraction de 4000 $ qui intervenait, ce qui faisait que la personne se
retrouvait avec aucune prestation pour cette année-là et, par
conséquent, devait rembourser les acomptes qu'elle avait reçus
pendant les six premiers mois de l'année.
Mme Harel: Le remboursement a-t-il touché bien des gens
depuis le début du programme APPORT? À combien de personnes, de
ménages, avez-vous demandé un remboursement des sommes
versées?
M. Bourbeau: L'an dernier, à peu près à
cette date-ci, on a remboursé tout près de 3 000 000 $ à
peu près.
Une voix: 2 700 000 $.
M. Bourbeau: 2 700 000 $ à ceux qui avaient droit à
un remboursement d'APPORT et, par décret, on a annulé la dette de
ceux qui devaient rembourser au gouvernement, de sorte qu'on n'a
réclamé de personne les sommes d'argent qui avaient
été avancées en trop.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
M. Bourbeau: La raison pour laquelle on l'a fait, c'est qu'il y
avait eu des changements, au cours de l'année, dans la façon de
calculer et on estimait que c'était le gouvernement qui, en faisant les
modifications, avait avancé trop d'argent. Donc, on n'a pas
réclamé les sommes avancées en trop.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ça vous
satisfait?
Mme Harel: II y a un autre aspect qu'il est peut-être
important de relever, c'est que, dans le libellé du paragraphe d de
l'article 48, on soustrait également l'unité de logement,
c'est-à-dire qu'on soustrait le montant prévu pour le partage du
logement. On y lit: "...dans le cas d'une famille qui partage une unité
de logement avec une autre personne même pour une partie de
l'année seulement, d'un montant déterminé par
règlement." Et on ne retrouve plus, là, ce membre du paragraphe d
dans le projet de loi 76.
M. Bélanger (François): II y avait, dans la loi, ce
pouvoir réglementaire là qui permettait, justement, de tenir
compte du partage du logement. Il n'y avait pas eu de règlement pris en
vertu de cette disposition-là. Par ailleurs, au niveau des
barèmes du programme APPORT, on tient compte du partage du logement.
Alors, il y a une soustraction qui est déjà faite à la
base sur le barème des besoins. Et, par ailleurs, avec la loi telle
qu'elle existait, on prenait les barèmes mensuels qu'on multipliait par
12 pour arriver, au paragraphe d, au montant du barème des besoins, ce
qui fait qu'on en tenait compte déjà. On avait comme deux
pouvoirs réglementaires qui nous permettaient d'en tenir compte. Et
comme on continue, avec le règlement actuel, à tenir compte du
partage du logement au niveau du barème, on a convenu que, finalement,
c'était un pouvoir habilitant de trop qu'on avait à ce
niveau-là et que, quant à modifier cet article-là,
c'était plus clair de l'épurer de ce membre-là qui
était devenu inutile.
M. Bourbeau: M. le Président... Le Président (M.
Gautrin): Oui.
M. Bourbeau: Puisque la députée de
Hoche-laga-Maisonneuve posait des questions sur les coûts... Tout
à l'heure, l'article qu'on a adopté, pour l'harmonisation des
programmes APTE et APPORT, les coûts prévus pour 1990 sont de 8
000 000 $ pour le gouvernement quant à la mesure d'harmonisation, et
l'article qu'on étudie présentement...
Mme Harel: Excusez-moi, M. le ministre. Voulez-vous
répéter les coûts prévus?
M. Bourbeau: 8 000 000 $, les coûts estimés, pour
1990, des mesures d'harmonisation entre les programmes APTE et APPORT qu'on
a vues tout à l'heure. Tout à l'heure. Me Bélanger
pariait du fameux trou d'APPORT entre les revenus sortis de l'aide
sociale...
Mme Harel: L'aide de dernier recours.
M. Bourbeau: ...pour ramener ça à ce qu'il n'y ait
aucune partie où les revenus soient récupérés
à 100 %. Pour ce qui est de la mesure dont on parte présentement,
les coûts estimés sont de 1 500 000 $ et l'objectif
recherché, on le sent, est de favoriser l'incitation au travail,
d'engendrer des prestations mensuelles identiques pour des revenus de travail
mensuels identiques, de réduire le nombre de trop-payés et de
diminuer le nombre de ménages exclus.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
Mme Harel: Oui. M. le Président, le ministre me permet-il
de lui demander combien de ménages sont considérés
inadmissibles après avoir fait une demande à APPORT, chaque
année? Par exemple l'an passé?
Le Président (M. Gautrin): C'est-à-dire le taux de
succès?
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: Oui. Les refus, en fait. Le Préskient (M.
Gautrin): Ah oui! Mais. Mme Harel: Non. Les refus au programme.
Une voix: Quand ils ne sont pas admissibles, ils font une
demande...
M. Bourbeau: M. le Président, on va faire vérifier
au ministère. C'est un renseignement quand même assez technique et
j'aurai la réponse dans quelques minutes.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Est-ce que ça
vous va? Est-ce que ça vous permet d'accepter d,i?
Mme Harel: Oui, oui.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors maintenant,
j'appelle d,ii.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, je reconnais que vous
l'avez appelé.
Le Président (M. Gautrin): Pardon?
M. Bourbeau: Me Bélanger pourrait donner l'explication.
Est-ce que vous souhaiteriez avoir une explication sur ce... (16 h 30)
Le Président (M. Gautrin): Maître
M. Bélanger (François): Pour les paragraphes ii et
iii, c'est une reconduction du statu quo pour les autres types de revenus
qu'une personne peut avoir dans une année, autres que les revenus de
travail. Les changements apportés, on justifie qu'on décortique
le texte en sous-paragraphe par rapport à l'ancienne version qui
était d'un style plus continu. C'était un paragra phe sans aucune
subdivision, mais ça ramène les mêmes notions qu'on avait
exprimées tout différemment dans l'article tel qu'il existe
actuellement. C'est qu'on tient compte des autres revenus, quand on parte des
revenus obtenus au paragraphe c, les autres revenus, autres que les revenus de
travail, et, au paragraphe iii, ce sont d'autres revenus qui, pour d'autres
fins - là, on deviendrait très technique si on entrait
là-dedans, mais on peut toujours y aller si vous voulez - d'autres
revenus qui ne sont pas considérés de la même façon
pour d'autres fins que les revenus prévus au paragraphe c. Tout
ça était déjà dans le texte du paragraphe d de
l'article 48.
Mme Harel: Vous voulez dire que le paragraphe ii...
M. Bélanger (François): En d'autres termes, il
contient l'essentiel changement qu'on propose. Le changement, il se retrouve au
paragraphe i.
Mme Harel: Et le paragraphe ii est totalement conforme au
paragraphe c actuel?
M. Bélanger (François): C'est que l'addition de ii
et de iii reprend tout ce qu'on retrouvait autre que les revenus de travail
dans le paragraphe d actuel. Alors, on peut isoler le changement
effectué en l'identifiant au paragraphe i, parce que le reste, c'est la
reconduction du statu quo.
Le Président (M. Gautrin): Ça va, Mme la
députée de Bourget
Mme Boucher Bacon: Non, non, c'est le...
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Très bien, M. le Président. Le
Président (M. Gautrin): Ça va? Mme Harel: Ça
va.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je considère que
le paragraphe ii est adopté et, par concordance, le paragraphe iii est
adopté
Mme Harel: C'est bien ça.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je considère que
le paragraphe 2° est adopté dans son ensemble, les paragraphes
2° et d sont adoptés dans leur ensemble parce qu'il n'y a pas de
paragraphe c. Il n'y a pas de paragraphe e là-dedans. Et on peut appeler
le troisième paragraphe.
M. Bourbeau: M. le Président, cette modification a pour
objet d'éliminer dans le calcul de la prestation prévue à
l'article 48 de la loi le facteur de réduction en fonction du partage de
la garde d'un enfant. C'est plutôt au niveau des barèmes... M. le
Président, vous m'excuserez de vous déranger. C'est plutôt,
M. le Président, comme je vous l'expliquais il y a quelques instants, au
niveau des barèmes prévus par règlement que va
s'opérer cette prise en considération de la garde partagée
d'un enfant. Et j'ajoute, M. le Président, que la façon de
tenir
compte de la garde partagée d'un enfant qui est proposée
dans le projet de règlement publié dans la Gazette officielle
du Québec le 30 mai dernier est, en y faisant les adaptations
nécessaires, la même que pour les programmes d'aide de dernier
recours.
Le Président (M. Gautrin): Des commentaires de la part de
la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Est-ce que c'est finalement du fait qu'il y avait
comme deux pouvoirs habilitants?
M. Bélanger (François): Ça revient encore
à peu près à ça. C'est que la gardé
partagée était un élément du calcul qu'on
retrouvait au paragraphe 3 dans le coeur du calcul, alors que, finalement,
c'est beaucoup plus de la nature de ce qu'on retrouve dans les
éléments d'un barème. Dans un barème, c'est
là qu'on tient compte de la composition de la famille. Et la garde
partagée est quelque chose qui évidemment, est incluse dans la
composition de la famille. Comme on le fait déjà pour le
programme APTE où on tient compte de la garde partagée, c'est
dans le règlement au niveau des barèmes, si vous vous
référez au projet de règlement qui a été
publié dans la Gazette officielle du Québec, qu'on va
retrouver la formule de partage de garde de l'enfant qui est exactement, en
fait, exactement, comme M. Bourbeau vient de le dire, qui, en y faisant les
adaptations nécessaires, est la même formule qu'on retrouve pour
les programmes d'aide de dernier recours.
Mme Harel: Étant donné que le programme est
totalement informatisé, combien de ménages se voient appliquer le
test du partage de la garde d'un enfant.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, est-ce que vous
avez cette information? Combien de ménages se voient appliquer ce test
de la garde partagée?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est de la nature des
informations qu'on va demander.
Le Président (M. Gautrin): Parfait.
M. Bourbeau: On va le vérifier, je n'ai pas le nombre,
mais j'aimerais peut-être donner une explication concrète en ce
qui concerne ce problème-là. La modification se justifie,
à la suite d'un constat d'inéquité entre la famille
monoparentale avec un enfant et garde à plein temps et la famille
monoparentale avec deux enfants et garde partagée à 50 % entre
les deux conjoints, les ex-conjoints. Pour ce faire, il est essentiel de
reconnaître que deux enfants gardés à 50 % du temps, c'est
au moins équivalent à un enfant gardé à plein temps
en termes de coûts là et, avant la modification,
l'inéquité se traduisait comme ceci... enfin, elle se traduit
maintenant comme ceci. on prend la prestation de la famille monoparentale avec
deux enfants à temps plein, qui est de 3006 $, et on la divise en deux,
ce qui donne 1502 $. alors, la famille monoparente avec un enfant, qui
garde...
Mme Harel: Le montant était de 3600 $?
M. Bourbeau: La prestation de la famille monoparentale à
temps plein, avec deux enfants: 3006 $.
Mme Harel: Ah! très bien.
M. Bourbeau: Et on la divisait en deux, ce qui donnait 1502 $,
enfin, probablement 1503 $. Maintenant, la monoparentale avec un enfant, qui
garde à temps plein, à 100 %, l'enfant, a une prestation de 2721
$, alors que la monoparentale avec deux enfants, qui a une garde
partagée à 50 %, a une prestation de 1502 $. On voit là la
différence importante entre les deux.
Mme Harel: Attendez, attendez, M. le ministre. Une monoparentale
avec deux enfants, garde partagée, reçoit 1502 $.
M. Bourbeau: Garde partagée reçoit 50 %, oui, 1502
$, c'est ça.
Mme Harel: Tandis qu'une monoparentale? M. Bourbeau: Avec
un enfant...
Mme Harel: Avec un enfant à plein temps, c'est 2721 $.
M. Bourbeau: 2721 $. alors, après la modification qu'on
propose, on n'appliquera plus la réduction directement sur la
prestation, mais sur le barème de base des besoins. de cette
façon, on s'assure que, dans les deux cas, elles reçoivent la
même prestation. alors, la monoparentale avec un enfant, qui garde
à temps plein, recevra 2721 $ - 2721 $, c'est la prestation apport
maximale, évidemment - la prestation variant selon les revenus de
travail et les autres revenus.
Maintenant, la monoparentale avec deux enfants et qui a la garde
partagée aura également la prestation de 2721 $.
Le Président (M. Gautrin): Ça va pour vous?
Mme Harel: Et ces modifications, vous les obtenez par quelles
dispositions réglementaires ou législatives? Là, en fait,
il s'agit, M. le Président, de la suppression du paragraphe 3°.
M. Bélanger (François): C'est ça.
Mme Harel: Mais, comment en arrivez-vous à...
M. Bélanger (François): C'est que, dans le projet
de règlement, on supprime les dispositions actueMes sur la garde
partagée pour les remplacer par d'autres qui interviennent au niveau des
barèmes et qui reprennent, comme je le disais tantôt, le calcul,
le même type de calcul que pour les programmes d'aide de dernier
recours.
Mme Harel: En quoi est-ce que ça diffère du
programme APTE?
M. Bélanger (François): En quoi ça
diffère? En fait, ça diffère parce qu'on le fait sur une
base annuelle. C'est la seule différence, quand on parle d'adaptation,
et techniquement aussi, on est obligé de... En fait, c'est juste
ça, on transpose les montants sur une base annuelle, mais on fait
exactement le même type de calcul que pour le programme APTE.
Mme Harel: C'est exactement le même type de calcul. Le
montant attribué, par exemple, est le même dans le cas d'une
monoparentale...
M. Bélanger (François): C'est-à-dire qu'on
prend les barèmes du programme APTE comme on le fait dans le cas, par
exemple, où il y a... Dans le programme APTE, dans le cas d'une famille
avec un adulte et un enfant qui est en garde partagée, mettons à
50 %, ce qu'on fait, c'est qu'on prend la différence de barèmes
entre celui d'une famille d'un adulte et d'un enfant et le barème d'un
adulte seul, on fait la différence et on applique une réduction
de 50 %¦ C'est ce même genre de transposition qu'on fait, mais sur
une base annuelle, et le barème de prestations APPORT est
l'équivalent du barème de disponibilité du programme APTE
mais multiplié par 12, ce qui veut dire que, si on peut faire les
équivalences, c'est avec le barème de disponibilité du
programme APTE qu'on peut le faire.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
Mme Harel: Très bien. Alors le barème du programme
APPORT est l'équivalent du barème disponible dans le programme
APTE.
M. Bélanger (François): C'est ça Mme
Harel: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Je considère que
le troisième paragraphe est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Le quatrième paragraphe.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, serez-vous surpris si je
vous dis que cet ajout vient préciser que l'allocation-logement peut
être accordée à une famille admissible au programme APPORT
lorsqu'elle a droit à une prestation d'au moins 1 $? Et je vous ajoute,
si ce n'était pas assez clair, M. le Président, au cas où,
que, telle qu'elle existe actuellement, la loi pourrait être
interprétée comme donnant droit à l'allocation-logement
à une famille qui répond aux critères
d'admissibilité même si ses revenus sont assez
élevés pour qu'elle n'ait pas droit à une prestation. Cela
aurait pour effet qu'une famille avec des revenus de travail
élevés, c'est-à-dire 50 000 $ ou même, comme vous,
M. le Président, 100 000 $...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: ...pourrait théoriquement avoir droit
à l'allocation-logement.
Je parlais de votre salaire de président, M. le
Président
Le Président (M. Gautrin): Ah! alors je vais
peut-être m'en sauver, mais je peux vous donner l'état de mes
revenus. Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Je ne suis pas
sûr que j'aimerais ça habiter un HLM.
Mme Harel: Quel est le coût de cette mesure?
M. Bourbeau: Cette mesure n'entraîne pas de coût. On
ne fait que préciser ce qui était déjà, selon nous,
dans la loi ou dans l'esprit de la loi et on vient éviter d'avoir des
coûts qui seraient occasionnés par des députés ou
des ministres qui voudraient réclamer l'allocation-logement avec leur
faramineux salaire que l'on connaît.
Mme Harel: C'est bien théorique parce qu'ils n'y auraient
pas droit de toute façon, compte tenu de leur non-admissibilité,
compte tenu...
M. Bélanger (François): C'est qu'on vient...
Mme Harel: ...des revenus qui leur sont imputés.
M. Bélanger (François): C'est qu'en vertu du
programme APPORT, il y a comme une distinction entre les critères
d'admissibilité et le droit à une prestation. C'est-à-dire
que quelqu'un peut répondre à tous les critères
d'admissibilité mais arriver à une prestation qui est
égale à zéro. Or, de la façon dont l'article existe
actuellement, on dit. au paragraphe 4°, dans le calcul, qu'on ajoute au
montant obtenu, à la suite des opérations qui
précèdent, le montant de l'allocation-
logement. Ce qui veut dire que quelqu'un pour être admissible
à APPORT, arriver, après toutes les opérations qui
précèdent le paragraphe 5°, à un montant de
zéro parce qu'il a des revenus trop élevés mais,
là, on ajouterait l'allocation-logement. La personne est admissible
à APPORT parce qu'elle réside au Québec, parce qu'elle
travaille; elle a un revenu de travail, elle répond à tous les
critères d'admissibilité, mais ses revenus sont tellement
élevés que le montant de sa prestation, le fait d'avoir un revenu
si élevé fait en sorte qu'on se retrouve avec une prestation
égale à zéro. Or, une interprétation
peut-être un peu tordue du paragraphe 5° pourrait amener quelqu'un
à dire: Bien, moi, j'ai droit à l'allocation-logement même
si je fais 100 000 $ parce que, bon... C'est sûr que, quand on fait le
calcul, j'arrive à une prestation zéro jusqu'au paragraphe
5°, mais là, au paragraphe 5°, vous me dites que j'ai droit
à l'allocation-logement. Alors, pour venir préciser ça, on
ajoute que lorsque le montant obtenu à la suite de toutes les
opérations est égal à au moins 1 $, là, la personne
a droit à l'allocation-logement. Autrement dit, l'allocation-logement
s'ajoute au reste de la prestation, mais ne peut pas être accordée
à quelqu'un qui n'a pas droit à la prestation.
Mme Harel: À quel seuil de revenu part-on le droit
d'admissibilité à l'allocation-logement?
M. Bourbeau: C'est justement, c'est qu'on ne tient pas compte des
revenus. On tient compte des coûts de logement. Il faut être client
de la sécurité du revenu et client d'APPORT. Alors quand on est
prestataire de la sécurité du revenu ou prestataire d'APPORT,
indépendamment des revenus, mais ça ne peut pas être des
revenus nécessairement très élevés, à ce
moment-là, on a droit au programme d'allocation-logement pourvu,
d'abord, qu'on ait des enfants mineurs et que le loyer se situe dans la
fourchette dos coûts minimums et des coûts maximums qui ont
été publiés pour l'allocation-logement. Ça
varie...
Mme Harel: Donc, il faut que le logement soit de plus de 322 $
par mois. (16 h 45)
M. Bourbeau: Pour une famille où il y a deux personnes,
alors c'est une monoparentale avec un enfant, le loyer mininum est de 307 $ et
le loyer maximum de 370 $. Il y a eu indexation, ça c'est l'an dernier,
avec l'indexation de cette année, c'est de 322 $, coût minimum, et
de 388 $, je parle de la monoparentale avec un enfant. Maintenant, une famille
de trois, ce qui peut être une monoparentale avec deux enfants, ou deux
adultes avec un enfant, 340 $ minimum, et maximum 409 $. Et ainsi de suite.
Mme Harel: Est-ce à dire que, dès qu'on peut se
rendre éligibles à APPORT et avoir droit à 1 $ de
prestation d'apport, on peut, compte tenu des autres critères du
programme d'allocation-logement, se rendre admissible à
l'allocation-logement? est-ce que c'était le cas,
présentement?
M. Bélanger (François): C'était le cas, mais
il y avait peut-être un danger d'une interprétation, comme je le
disais tantôt, un peu tordue, qui conduirait quelqu'un à dire: Je
n'ai pas droit à une prestation d'APPORT, parce que mes revenus sont
trop élevés, mais je pourrais avoir droit à
l'allocation-logement.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Le quatrième paragraphe
est adopté, j'appelle maintenant le deuxième article dans son
ensemble, et...
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): On passe au quatrième
article, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. L'article 56 de la Loi
sur la sécurité du revenu énumère les
renseignements que le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle doit
transmettre au ministère du Revenu aux fins de la conciliation annuelle
qui permet d'établir la prestation APPORT. Le présent article
vient apporter certaines corrections, pour éliminer de cette liste les
renseignements qui, suite aux modifications contenues dans le présent
projet de loi, n'ont plus à être transmis, parce qu'ils n'existent
plus, et à ajouter à la liste un élément nouveau
introduit par l'article 3 du projet de loi. Il s'agit donc de modification de
concordance.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous voulez qu'on appelle les
sous-articles les uns après les autres?
Mme Harel: M. le Président, si le ministre et la
commission le pemettaient, on pourrait peut-être prendre cinq minutes, le
temps de se rafraîchir un peu, pour ne pas sombrer dans le delirium.
M. Bourbeau: Dans le sommeil.
Le Président (M. Gautrin): Alors, écoutez,
nous allons suspendre, nous suspendons. Pendre par les pieds, c'est
suspendre. Alors, une petite suspension.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprisée 16 h 57)
Le Président (M. Gautrin): On va reprendre nos travaux par
l'étude de l'article 4. J'imagine que, comme il y a trois paragraphes,
vous voulez les prendre paragraphe par paragraphe?
M. Bourbeau: Pas nécessairement.
Le Président (M. Gautrin): Pas nécessairement.
M. Bourbeau: II s'agit d'une modification, d'une concordance,
alors peut-être qu'on peut l'adopter comme tel.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors, ça vous
va? Vous allez prendre... Merci. Alors, on prend l'article 4 dans son ensemble.
Avez-vous des commentaires? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ou M. le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue.
Mme Harel: Donc, le ministre propose la suppression des
paragraphes 4e, 8° et 13°. Peut-on obtenir des explications
sur cette suppression?
Le Président (M. Gautrin): M. le bras droit du
ministre?
Une voix: Le bras gauche!
Le Président (M. Gautrin): Le bras gauche.
M. Bélanger (François): Le paragraphe 4° est un
élément dont on n'a plus besoin parce qu'on a
éliminé, en modifiant l'article 48, en modifiant la notion de. On
n'utilise plus le barème mensuel, mais plutôt le barème
annuel qui est déjà prévu, par ailleurs. Cette notion
n'existant plus, ce n'est plus un renseignement qu'on a à transmettre au
ministère du Revenu. C'est une conséquence directe d'un des
amendements qu'on vient d'adopter.
C'est la même chose pour le paragraphe 8°, qui est le
pourcentage, le partage de garde d'enfant qu'on a supprimé au paragraphe
3° de l'article 48, et le paragraphe 13° qu'on supprime et qui est le
partage de... C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): C'est quoi, ça, le
paragraphe 13"?
M. Bourbeau: "Le montant à ajouter au revenu total dans le
sous-paragraphe d du sous-paragraphe 1° de l'article 48 dans le cas d'une
famille qui partage une unité de logement avec une autre personne."
M. Bélanger (François): Ça, c'était
le petit bout du sous-paragraphe d du paragraphe r de l'article 48, qui
était le double emploi de la question de partage du logement.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que c'est limpide pour
vous, Mme la députée?
M. Bélanger (François): C'est
l'élément qu'on a fait disparaître dans le paragraphe d
qu'on a modifié. Alors, ce sont trois éléments qu'on a
fait disparaître par les modifications, donc, on n'aura plus à
transmettre ces informations-là au ministère du Revenu.
Mme Harel: Est-ce que ces dispositions ont été
élaborées par le ministère de la Main-d'?uvre et de
la Sécurité du revenu ou aux Finances?
M. Bélanger (François): Ces dispositions
précises là ont été faites en collaboration avec le
ministère du Revenu qui a identifié les renseignements qu'il
n'avait plus besoin compte tenu des autres modifications qu'on proposait.
Le Président (M. Gautrin): Ça va pour vous? Alors,
comme on n'appelle pas paragraphe par paragraphe, la suite, remplaçons
"clans la première ligne du paragraphe 6°, du mot "quatrième"
par le mot "cinquième"." C'est de concordance.
M. Bélanger (François): Cest la même
modification de concordance qu'on a retrouvée, par exemple, à
l'article 1 du projet de loi, qui est une conséquence de l'insertion
d'un nouvel alinéa à l'article 49 Donc, le quatrième
alinéa de l'article 49 est devenu le cinquième alinéa de
l'article 49
Le Président (M. Gautrin): C'est séquentiel.
Ça va pour vous? Alors, "3°, par l'addition, après le
paragraphe 13° du paragraphe suivant: 14° le montant
déterminé selon le barème des revenus de travail exclus."
C'est de concordance.
M. Bélanger (François): C'est une concordance avec
l'article 3 qui a été adopté, l'article 3 qui introduit,
dans le calcul du revenu net de travail de la famille, la notion de revenu de
travail exclus. On disait tantôt qu'on soustrayait du revenu net de
travail d'une famille les montants de travail exclus. Le barème dont il
est question ici, en fait, c'est les revenus de travail exclus du programme
APTE, le barème de disponibilité multiplié par 12, donc
ramené sur une base annuelle. C'est de concordance avec l'adoption de
l'article 3.
Le Président (M. Gautrin): Ça va pour vous?
Mme Harel: quelle est l'entente qui lie le ministère du
revenu avec le ministère de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu en matière de transmission de
renseignements?
M. Bélanger (François): En fait, l'entente, si on
peut parler d'entente, c'est que, nous, on donne les renseignements que la loi,
et précisément à l'article 56, nous demande de transmettre
au ministère du Revenu et qui sont les renseignements nécessaires
au calcul final de la prestation qui est de la responsabilité du
ministre du Revenu qui doit faire le calcul à même les
déclarations de revenus des personnes qui sont prestataires du programme
APPORT. Alors, ce sont des renseignements dont le ministère du Revenu a
absolument besoin pour pouvoir utiliser les revenus qui sont
déclarés par les bénéficiaires pour arriver
à établir la conciliation, ce qu'on appelle la conciliation
à la fin de l'année.
Mme Harel: Ça, ça se fait par fichier? Ça se
fait comment?
M. Bélanger (François): En fait, c'est un peu ce
qu'on appelle les T4. On envoie au ministère du Revenu une série
de renseignements: les montants qui ont été donnés
à titre d'avance, le nombre de mois d'admissibilité d'une
personne, la composition de la famille, tous les éléments sans
lesquels le ministère du Revenu ne pourrait pas finalement calculer la
prestation. Le ministère du Revenu va disposer, lui, des renseignements
que, nous, on n'a pas, c'est-à-dire le revenu net de travail de la
personne dans l'année, ses autres revenus. Alors, nous, on lui donne les
renseignements dont il ne bénéficie pas pour pouvoir
compléter le calcul. C'est envoyé sous forme... Je ne l'ai pas...
C'est par fichier informatique qu'on me dit que c'est transmis.
Mme Harel: Ça, c'est à cause de l'annualisation.
Parce que l'allocation mensuelle, elle est envoyée par le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu.
M. Bélanger (François): C'est aussi parce que le
ministre du Revenu a la responsabilité de par la loi d'établir en
fin d'année le montant de la prestation sur la base de décisions
qui ont été prises au ministère de la Main-d'oeuvre,
c'est-à-dire la reconnaissance et la composition de la famille, la
reconnaissance du nombre de mois d'admissibilité, etc., toutes des
choses qu'on peut vérifier, nous, mois par mois et où le
ministère du Revenu n'a aucun droit d'intervenir à ce
niveau-là. Ce sont des décisions qui appartiennent au ministre de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu. Le ministre du
Revenu, lui, a le pouvoir, en vertu de la Loi sur les impôts, de
reconnaître les montants qui sont déclarés à titre
de revenus. Il se sert de ces montants-là et des informations qu'on lui
donne pour finalement arriver à un calcul en fin d'année.
Mme Harel: Le ministère du Revenu peut donc se servir, en
fait rembourser, s'il y a des trop-perçus, les trop-perçus
à même une allocation a être versée au programme
APPORT?
M. Bourbeau: Le ministère du Revenu peut faire l'une des
deux choses. Si on a déboursé trop d'argent, il peut
réclamer le remboursement en faisant un compte à compte, par
exemple, avec les remboursements d'impôt ou si le montant versé
dans APPORT n'a pas été suffisant, il verse l'excédent au
prestataire. Il fait de la comptabilité, de la réconciliation ou
de la conciliation.
Le Président (M. Gautrin): Ça va?
Mme Harel: Cette conciliation, il ne la fait pas que dans le cas
du programme APPORT. Il l'a fait, par exemple, en regard des remboursements qui
sont dus pour les fins d'autres programmes et pour lesquels c'est le
ministère de la Main-d'oeuvre qui indique au ministère du Revenu,
par exemple, qu'il y aurait eu un trop-perçu et qui lui donne une sorte
d'information à l'effet de se rembourser, c'est bien le cas?
M. Bourbeau: Oui. Disons que le ministère de la
Main-d'oeuvre a des créances pour environ 200 000 000 $ et que le
ministère du Revenu a la liste de ces créances. Et, si les sommes
d'argent sont payables par le gouvernement à des individus qui
apparaissent sur cette liste-là, le paiement se fait par
compensation.
Mme Harel: Voilà. Par compensation. Mais, à ce
moment-là, le ministre a certainement été saisi d'un
certain nombre de dossiers, de ce qu'on pourrait appeler des compensations
sauvages, là, dans la mesure où les personnes s'attendaient
à un remboursement d'impôt et où ce remboursement n'est pas
venu, ayant été retenu pour des fins de compensation par le
ministère du Revenu, sans qu'il n'y ait d'entente, là, l'entente
prévue dans les règlements.
M. Bourbeau: Ça, c'est la loi...
Mme Harel: On comprend toujours que c'est à défaut
d'entente qu'il y a compensation, parce que, s'il y a entente, l'entente prime
la compensation?
M. Bourbeau: Je crois que c'est la Loi sur le ministère du
Revenu qui autorise le ministère à se payer dès que des
sommes d'argent sont dues au gouvernement.
M. Bélanger (François): Et le défaut
d'entente dont vous parlez, c'est-à-dire que l'entente est une
alternative à la compensation, non pas
la compensation du ministère du Revenu, mais ce qu'on appelle la
compensation à même les prestations de dernier recours, les 50 $
par mois qu'on retient lorsqu'une personne a une dette à l'aide de
dernier recours, à ce moment-là, la loi prévoit
qu'à défaut, il peut y avoir une entente entre le ministre et le
ministère pour une compensation moindre. Mais il n'y a pas de lien entre
ce type d'alternative et la compensation que le ministère du Revenu peut
faire. Ce sont deux choses différentes.
Mme Harel: c'est donc dire que l'entente prime. par exemple, une
entente intervenue, qui a fait passer de 25 $ h 50 $ le remboursement, ne
prévaut que lorsqu'il s'agit d'une prestation de dernier recours,
c'est-à-dire une prestation d'aide sociale. ça ne vaut pas pour
le programme apport, par exemple, ou ça ne vaut pas pour un
remboursement d'impôt foncier, ou ça ne vaut pas pour les autres
allocations qui sont versées en vertu d'autres programmes? c'est
ça qu'on doit comprendre?
M. Bélanger (François): C'est-à-dire que le
type d'ententes dont vous parlez sont des ententes qui sont prises, finalement,
en vertu de la Loi sur la sécurité du revenu, comme alternative
à une retenue automatique d'un montant prévu par
règlement. Et là, on parle de la retenue mensuelle sur les
chèques d'aide de dernier recours. Mais cette entente n'a pas de lien
avec d'autres types de compensation que le ministre du Revenu peut faire, en
vertu de sa loi, loi à laquelle la Loi sur la sécurité du
revenu se réfère et qui lui permet, finalement, de faire une
espèce de compensation entre ce qu'on doit à une personne et ce
que la personne doit, et ce sont des dettes. Les dettes encourues en vertu du
programme APPORT sont assimilées, en vertu de la loi, à une dette
fiscale. De la même façon, un remboursement qui est dû
à une personne en vertu du programme APPORT est assimilé à
un remboursement dû en vertu de la Loi sur le ministère du Revenu.
C'est ce qui permet, à un moment donné, au ministère du
Revenu, de faire un bilan des plus et des moins, pour être plus concret,
là, et arriver à un montant de retour d'impôt ou à
une réclamation chez un individu, ce qui fait que...
Mme Harel: Mais est-ce qu'il faut comprendre que les 200 000 000
$ dont parle le ministre, sur lesquels le ministère du Revenu peut
effectuer des compensations, ce sont là des trop-perçus dans un
programme de dernier recours? Et en vertu de ce programme de dernier recours,
il y a des dispositions, là, du règlement et de la loi, qui
prévoient la façon dont ça doit être
remboursé, et le remboursement doit se faire par entente, d'abord, et ce
n'est qu'à défaut d'entente qu'il y a la compensation?
M. Bélanger (François): C'est que le défaut
de respecter l'entente permet, si la personne est encore prestataire de la
sécurité du revenu, de revenir au montant qui est prévu
aux règlements, c'est-à-dire 50 $ par mois. Mais, comme je le
disais tantôt, il n'y a pas de lien entre le montant sur lequel on peut
s'entendre pour le versement mensuel d'une personne qui est à la
sécurité du revenu, qui est à l'aide de dernier recours,
et la possibilité de se compenser avec un retour d'impôt.
Mme Harel: Donc, en l'occurrence, il y a un ménage avec
des enfants. Un des parents ou les deux retournent sur le marché du
travail, mais avec un revenu inférieur aux besoins définis par le
programme APPORT. Ils escomptent obtenir une aide annualisée et il est
possible qu'ils ne la reçoivent jamais parce que le ministère du
Revenu aura fait compensation de sommes qui seraient des trop-perçus,
qui auraient été des trop-payés des années
antérieures C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bélanger (François): II est possible,
effectivement, si la personne a une vieille dette d'aide sociale, par exemple,
et qu'elle aurait droit à un retour d'impôt ou un retour. .
Mme Harel: D'APPORT.
M. Bélanger (François): ..du programme APPORT qui,
finalement, sont deux choses qu'on peut assimiler parce que la loi assimile un
retour d'impôt en vertu du programme APPORT..
Mme Harel: II n'est pas possible de faire entente? Par exemple,
n'importe quel contribuable qui doit au Revenu va pouvoir faire une entente de
remboursement, tandis que là, c'est sauvage. C'est le ministère
qui se paie dans la totalité de ce qu'il peut prendre. C'est
ça?
M. Bourbeau: Les ententes se font normalement lorsqu'une personne
a une dette envers l'impôt ou envers la sécurité du revenu
et qu'elle n'a pas les moyens financiers de payer la totalité de la
dette. La compensation s'opère automatiquement. Dès qu'il y a une
somme d'argent qui est due à un contribuable à titre de retour
d'impôt, la compensation se fait automatiquement par le ministère
du Revenu pour la totalité ou une partie des dettes.
Mme Harel: Sans vérifier si la personne a les moyens de
payer. Prenons le cas d'APPORT. Le programme est conçu justement parce
que les parents qui retournent sur le marché du travail et qui ont des
revenus inférieurs à leurs besoins sont
"désincités" à le faire...
M. Bourbeau: Oui, mais si la personne...
Mme Harel: ...alors s'ils retournent et qu'ils escomptent avoir
un montant d'argent, ils ne peuvent jamais en voir la couleur parce que le
ministère du Revenu se sera servi dans la totalité de ce qui
était dû.
M. Bourbeau: Ces sommes d'argent là, c'est des sommes
d'argent qui auraient dû être payées au ministère du
Revenu en cours d'année puisque c'est dû. Alors...
Mme Harel: Oui, mais ça aurait pu l'être pour des
trop-payés antérieurs, pour les années
antérieures.
M. Bourbeau: Enfin, s'il y a un retour d'impôt, c'est que
la personne a payé trop d'impôt au cours de l'année et
qu'elle...
Mme Harel: Un retour d'APPORT.
M. Bourbeau: Un retour d'APPORT. Bon, la personne a reçu
en cours d'année des sommes d'argent équivalentes à 75 %
des montants estimés. Donc, elle a reçu au cours de
l'année des sommes d'argent périodiquement, et le solde qui lui
serait autrement dû ne lui sera pas payé si, d'autre part, elle
n'a pas payé ses impôts.
Mme Harel: Mais ça peut être des
trop-perçus.
M. Bourbeau: Ou une dette d'aide sociale.
Mme Harel: ce qui est absolument incompréhensible, c'est
que le gouvernement fasse ce qu'il ne permet pas à un créancier
de faire par rapport à son débiteur, parce qu'un
créancier... si je vous dois de l'argent, vous ne pourrez pas vous payer
sans que tout cela se règle devant... si tant est que je ne vous
rembourse pas, vous ne. pourrez pas vous rembourser sans qu'il y ait un
jugement, et là, il n'y a pas de jugement.
On envoie à des personnes, des analphabètes parfois... Je
suis toujours surprise de voir comment la main gauche, au gouvernement, ignore
ce que fait la main droite. Comme si les analphabètes, ça
n'existait que dans les articles de journaux aux fins de pouvoir allouer des
subventions, mais ça n'existerait pas dans la réalité.
Ça ne serait pas les clients du ministre, ça, là.
Ça ne serait pas les bénéficiaires d'aide sociale.
Ça ne serait pas des gens qui reçoivent ces lettres qu'ils ne
peuvent pas lire.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve sait fort bien, puisqu'elle a fait des études
très prolongées, que la Loi sur les impôts est une loi qui
ne connaît pas les mêmes règles que les autres lois, que le
fisc a des pouvoirs que n'ont pas d'autres ministères. Et c'était
ainsi sous le régime précédent, et on a toujours
accepté ce mode de gestion-là.
(17 h 15)
Mme Harel: Mais vous conviendrez, M. le ministre, que si, vous,
vous devez au Revenu, le Revenu va pouvoir se rembourser en partie sur des
montants à vous être versés. Mais il est vraisemblable que
ces montants ne vous soient pas versés, parce que ces programmes sont de
plus en plus ciblés pour pouvoir atteindre la catégorie de
personnes qui sont démunies dans notre société. Alors,
vous n'aurez droit ni au remboursement d'impôt foncier, ni à...
Quel autre remboursement y a-t-il, pour le chauffage, là? Ni à
tous ces remboursements qui font que, moins vous gagnez de revenus dans la
société et plus votre rapport d'impôt est compliqué,
parce que plus vous devez être obligés de remplir des formulaires
de déduction. Alors, ces déductions-là, en
général, la classe moyenne n'y touche pas, parce ce sont des
déductions qui sont pensées pour avantager les personnes en
difficulté dans notre société. Et si, vous, vous devez au
fisc - je reprends mon exemple - vous allez pouvoir faire une entente de
remboursement, par laquelle vous allez vous engager, non pas à
nécessairement payer la totalité, mais à rembourser selon
un certain montant convenu. Mais ça, c'est si vous en devez beaucoup.
Plus vous devez de l'argent, plus le ministère va accepter que vous
fassiez une entente de répartition de vos remboursements. Et puis, moins
vous avez d'argent et moins vous en devez, et plus il va se rembourser dans la
totalité.
M. Bourbeau: C'est intéressant, M. le Président,
tel que mentionné à l'article 5, ou 4...
Le Président (M. Gautrin): L'article 4, troisième
paragraphe.
M. Bourbeau: Tout à fait dans la pertinence, il faut le
reconnaître, mais disons que, M. le Président, la Loi sur les
impôts, pour terminer là-dessus, je présume, vous savez que
le fisc fait des ententes dans la mesure où il lui apparaît
impossible de percevoir autrement. Le fisc ne fera pas d'entente, par exemple,
avec le président, s'il sait que le président à un salaire
de 100 000 $ par année, et qu'il a beaucoup de biens.
Le Président (M. Gautrin): ...j'ai un peu moins,
quand même.
M. Bourbeau: Le fisc va faire des ententes uniquement a
défaut de pouvoir réaliser qu'il ne peut pas faire autre chose,
et, deuxièmement, le fisc se paie toujours lui-même à
même les retours d'impôt, quel que soit le contribuable, il ne fait
pas d'entente. On commence par vider la caisse de ce qui est remboursable, il
se paie, et s'il y a des excédents, là il réclame
l'excédent, et si le contribuables est incapable de payer, là il
fait des ententes. Uniquement dans ces cas-là.
Mme Harel: Je veux être bien bien certaine de comprendre,
parce qu'on avait passé presque quelques heures sur cette
question-là, étant donne que mes collègues ont eu un
problème généralise, là, de concitoyens qui,
pensant pouvoir bénéficier d'un retour d'APPORT ou d'impôt,
se sont vu confisquer, là, pour compenser des trop-perçus. Je
dois donc comprendre que, même si quelqu'un est
bénéficiaire d'aide sociale et a une entente de remboursement
avec l'aide sociale... Parce que, moi, la compréhension que j'avais,
c'est que lorsque quelqu'un était bénéficiaire d'aide
sociale et avait une entente de remboursement, cette entente de rembouse-ment
lui garantissait qu'il n'y avait pas compensation dans la totalité par
le ministère du Revenu.
M. Bourbeau: M. le Président, ma compréhension,
c'est que, prenons le cas d'une personne qui n'est plus asssitée sociale
et qui a une entente avec le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, pour
rembourser une vieille dette. Si, à un moment donné, cette
personne-là a un retour d'impôt qui lui est dû, le
ministère du Revenu va confisquer le retour d'impôt, en acompte
sur la dette.
Mme Harel: Même si elle rembourse
régulièrement.
M. Bourbeau: oui, on me dit que même si elle rembourse
régulièrememnt. ça ne fait qu'accélérer le
remboursement de la dette au gouvernement.
Mme Harel: Et si cette personne est bénéficiaire
d'aide sociale et a une entente par laquelle elle rembourse
régulièrement, qu'est-ce qui se passe?
M. Bourbeau: C'est assez rare, les retours d'impôt pour les
gens qui sont bénéficiaires d'aide sociale.
Mme Harel: D'impôt foncier. Il peut y avoir
également...
Le Président (M. Gautrin): Le mécanisme des frais
de garderie, par exemple, le mécanisme des subventions pour les
questions d'enfants. Il peut quand même y avoir des retours
d'impôt. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre pour accepter le
paragraphe 3° et demander des informations, parce que je trouve que c'est
fondamental ce bout-là. Mais ça n'a pas d'effet sur 3".
Voulez-vous attendre un peu, ou cette information, c'est quelque chose que vous
pouvez avoir ce soir? M. le ministre, vous pouvez répondre aux
interrogations profondes
M. Bourbeau: On m'avise que le cas d'une personne prestataire de
la sécurité du revenu, qui a une dette à l'aide sociale et
dont la dette est compensée mensuellement, est traité de la
même façon qu'un ancien prestataire qui n'est plus à la
sécurité du revenu mais qui a une dette et qui fait des paiements
mensuels aussi. Le fisc traite les deux sur le même pied. S'il y a des
sommes d'argent qui sont dues en remboursement d'impôt, le fisc les
intercepte pour valoir un acompte sur les dettes dues au gouvernement, au
ministère.
Mme Harel: Même si, dans le fond, la dette n'est pas
exigible. Parce qu'on rne rappelle le principe du Code civil qui veut qu'il y
ait compensation lorsque la dette est liquide et exigible. Elle n'est pas
exigible, parce qu'il y a eu une entente qui a différé le
remboursement ou son exigibilité dans sa totalité puisque
l'entente diffère le remboursement. Alors, ça m'étonne
beaucoup. Parce que mon collègue... Oui.
M. Bourbeau: Sur ce que je viens d'affirmer. On va demander
à un avocat chevronné de répondre à ça.
M. Bélanger (François): La dette demeure exigible.
C'est qu'une entente sur le mode de versement où on accepte d'être
payé à un certain rythme Mais on ne peut pas dire que la dene
n'est pas exigible. Il y a une possibilité de compensation.
M. Bourbeau: Elle est due et exigible.
Mme Harel: Mon collègue, le député de
Laviolette, avait porté à l'attention du ministre...
M. Bourbeau: II y a régulièrement des
problèmes à l'attention du ministre, je dois dire. Mais le
ministre les règle aussi.
Mme Harel: ...le cas d'un bénéficiaire d'aide
sociale de 72 ou 73 ans qui avait une dette passée et qui la remboursait
régulièrement et qui comptait sur son remboursement d'impôt
foncier de presque 1000 $ pour pouvoir réaliser des travaux sur sa
maison qui en avait bien besoin. Ça a fait les manchettes d'ailleurs du
Nouvelliste et des journaux de la Mauricie. Il s'est vu soustrait de ce
montant. Et mon collègue de Laviolette m'avait dit que le ministre avait
réglé la question à la satisfaction du retraité,
que le ministère du Revenu avait convenu de rembourser le montant et de
continuer à percevoir régulièrement le remboursement de la
dette.
M. Bourbeau: Alors, ce n'est pas le ministère du Revenu.
C'est le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu. Ça, c'était une dette qui était due sous l'empire
de l'ancienne loi qui nous donnait plus de marge de
manoeuvre que la nouvelle loi qui, elle, est plus stricte. C'est un
genre de...
Mme Harel: C'est parce que ce bénéficiaire avait
conclu cette entente sous l'ancienne loi. Bon.
Le Président (M. Gautrin): Bon
Mme Harel: C'est élucidé Et ça veut donc
dire que c'est un des correctifs que vous allez apporter à la nouvelle
loi incessamment.
M. Bourbeau: Ce n'est pas dit
Le Président (M. Gautrin): C'est à
l'étude.
M. Bourbeau: Disons que, plutôt que d'échapper 30
000 000 $ par année, on en échappera peut-être 29 500 000 $
par année.
Le Président (M. Gautrin): Si on revenait sur l'article 4
troisième paragraphe.
Mme Harel: vous ne craignez pas qu'il y a une
"désincitation", que finalement bon nombre de personnes ne s'inscrivent
pas... quand vous parliez du facteur de non participation inhérent
à tous les programmes sociaux, que, finalement, il y a un assez grand
nombre de personnes qui n'y croient plus. parce qu'on leur fait miroiter que
c'est à leur avantage, ils savent qu'au bout de la ligne, ils peuvent,
comme le mythe de sisyphe, monter la roche qui va redescendre le lendemain, et.
qu'ils vont se retrouver dans la même situation malgré leurs
efforts, même situation antérieure aux efforts accomplis.
M. Bourbeau: Je ne vois pas pourquoi les gens ne s'inscriraient
pas à APPORT. Ce sont des sommes d'argent qui sont payées et qui
peuvent aller jusqu'à 4000 $ par année à un ménage.
Pourquoi refuserait-on ça? M. le Président, est-ce qu'on peut
revenir à nos moutons?
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr, bien
sûr.
M. Bourbeau: J'aurais deux renseignements... Le
Président (M. Gautrin): Oui
M. Bourbeau: ...à donner à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve sur les questions qu'elle a posées ce matin.
Mais je ne voudrais quand même pas l'amener trop trop loin dans la...
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais on pourrait
peut-être adopter le 4, troisième paragraphe, avant.
M. Bourbeau: Oui. Je ne voudrais pas l'amener dans... Alors, on
va rester...
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais... Est-ce que
ça va, pour vous, le troisième paragraphe? Bon. Alors 4, dans son
ensemble, est-ce que vous le considérez comme adopté?
M. Bourbeau: Adopté. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, parce qu'on a
bien adopté le 4, la loi des renseignements, M. le ministre.
M. Bourbeau: Au sujet de la garde partagée dont on parlait
à midi, les mesures touchent moins de 300 familles monoparentales. Et en
fait, c'est plus un problème de complexité qui touche un nombre
restreint de ménages, là, le truc où on a modifié
la façon de calculer la garde partagée entre la monoparentale
avec un enfant à plein temps ou la monoparentale avec deux enfants
à garde partagée. Pour ce qui est du taux de refus dans APPORT,
vous voulez savoir combien de ménages se voient refuser. On me dit que
le taux de refus est d'environ 20 %. Les raisons sont essentiellement des
revenus de travail trop élevés, dans la grande majorité
des cas, dans au moins la moitié des cas. Les autres cas sont d'autres
revenus, comme des pensions alimentaires, par exemple, des revenus de
transfert, aide sociale, assurance-chômage, Régie des rentes du
Québec, etc. Donc, essentiellement, ce sont toujours des cas de gens qui
ont des revenus trop élevés et qui, par conséquent, ne
sont pas "éligibles" au programme APPORT.
Mme Harel: Alors M le ministre, c'est intéressant parce
que, compte tenu des 11 000 000 $ périmés que vous n'avez pas
réussi à dépenser l'an dernier, est-ce qu'il ne serait pas
souhaitable d'envisager de hausser le plafond des revenus admissibles pour
qu'il y ait un plus grand nombre de prestataires qui puissent
bénéficier du programme APPORT?
M. Bourbeau: Je pense...
Mme Harel: Vous ne vous êtes pas interrogé pour
savoir si le plafond des revenus permettant l'admissibilité
n'était pas trop bas?
M. Bourbeau: II s'agit, M. le Président, d'une
décision qui relève essentiellement du budget du ministre des
Finances parce que ça fait partie de toute la politique familiale. Et
j'ai dit à la députée de Hochelaga-Maisonneuve que nous
étions présentement à regarder l'ensemble du programme
APPORT pour voir dans quelle mesure on pourrait le modifier ou
l'améliorer. Alors, on verra, avec le temps, comment nous pourrons y
arriver.
Mme Harel: Parce que c'est évidemment
facile d'avoir l'air d'être généreux sur papier,
mais d'avoir des critères tels qu'une personne sur cinq est exclue,
finalement, étant donné que ce n'est pas conforme à la
réalité.
M. Bourbeau: Bien, ce n'est pas anormal qu'une personne sur cinq
soit exclue d'un programme. Si on regarde l'ensemble des programmes
gouvernementaux, que ce soit au ministère de l'Industrie et du Commerce
ou partout, quand des gens s'informent ou demandent de participer à un
programme, ce n'est pas évident que tout le monde y a droit. À
l'aide sociale, par exemple, le taux de refus est certainement de 20 % aussi.
J'ai vu les statistiques, là, que je n'ai pas devant moi. Maintenant, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve dit: On a périmé
11 000 000 $ à APPORT. Peut-être qu'on avait mis trop d'argent
dans le budget d'APPORT. On peut regarder ça de cette
façon-là aussi. C'est peut-être un enthousiasme un peu
débordant dont on a fait preuve en début d'année, en
constituant les budgets et on n'a rien refusé dans APPORT. C'est un
programme ouvert, c'est un bar ouvert, APPORT. Alors, de dire que j'ai
périmé des fonds, c'est inexact, parce que pour périmer
des fonds, il faut dire: On arrête de payer même s'il y a de la
demande. Là, on périme des fonds. Mais si le programme est ouvert
continuellement et si on répond à toutes les demandes et qu'il
reste, à la fin, 11 000 000 $, on ne peut pas accuser le gouvernement
d'avoir périmé des fonds. Le gouvernement a simplement mal
calculé, en début d'année, les budgets et avait mis trop
d'argent dans le programme pour la demande. C'est tout. Alors, je n'accepte pas
de dire qu'il y a des fonds périmés, là.
Mme Harel: Vous savez, M. le Président, auparavant, dans
les corps de police du Québec, on prétendait qu'on ne refusait ni
les femmes, ni les Asiatiques, mais le critère de cinq pieds et huit
était suffisant pour qu'elles en soient écartées.
Là, quand le ministre me dit qu'il ne refuse rien directement,
là, qu'il ne refuse pas, que c'est un bar ouvert, les cheveux m'en
dressent sur la tête. Parce que, avec les critères...
M. Bourbeau: Heureusement, moi, je ne peux pas.
Mme Harel:... d'éligibilité qu'il introduit, c'est
bien évident qu'il ne restreint pas directement mais indirectement. Le
résultat est le même, parce qu'il met des critères
tellement restrictifs qu'au bout de la ligne, il écarte des
ménages qui auraient pu en profiter. (17 h 30)
Si le ministre trouve ça exagéré, l'an
passé, c'était 29 000 000 $, les crédits, sur papier, qui
avaient été annoncés pour APPORT. C'était une
grosse diminution parce que, l'année d'avant, c'était bien plus
ambitieux, c'était 37 000 000 $. Cette année, c'est rendu
à 22 000 000 $. Quand on compare avec les sommes d'argent qui ont
été dépensées durant les années
antérieures, il faut constater que ça va en diminuant
constamment. Vous voyez, M. le Président. en 1985, 22 000 000 $
étaient consacrés au programme de Supplément de revenu de
travail. C'est les mêmes 22 000 000 $ que le ministre veut consacrer,
cinq ans plus tard. Ça, ça veut dire que c'est une diminution.
Imaginez-vous, avec l'augmentation du coût de la vie depuis cinq ans, ce
que ça peut vouloir signifier de réduction En 1984,
c'étaient 25 000 000 $ qui étaient consacrés au programme
de Supplément de revenu de travail. Le gouvernement n'avait quand
même pas si mal agi, en 1986, 26 000 000 $; en 1987, 27 000 000 $. Alors,
il va dépenser, en tout cas, sur papier, parce qu'il ne l'a même
pas dépensé, en 1990, cette année, il prévoit
moins, avec ses 22 000 000 $, que ce qu'il a lui même
dépensé il y a trois ans avec les 27 000 000 $.
Alors, vous vous rendez compte, là, il y a un problème. Si
le ministre ne le voit pas, c'est gros, je ne peux pas vous dire, comme le nez
dans le visage. C'est gros le problème du programme de Supplément
de revenu de travail. C'est presque 40 % de crédits
périmés l'an passé, 30 % de crédits
périmés l'an passé. Puis la solution qu'il trouve, le
ministre, aux crédits périmés, ce n'est pas
d'élargir les critères pour que plus de gens participent au
programme, c'est de baisser, d'année en année, de diminuer les
crédits comme ça, pour pouvoir donner moins l'impression de ne
pas en dépenser. Je ne peux pas comprendre.
Moi, si j'étais à la place de ministre... Des fois,
j'essaie de ne jamais être démagogique. Chaque fois que je le
critique, je me dis: Qu'est-ce que je ferais à sa place? Chaque fois, je
me dis: Ce n'est pas possible, être à sa place, ça
m'inquiéterait. Je me dirais qu'il y a un problème, que je
gère un problème, puis que je gérais un problème
et, étant au gouvernement, j'ai la responsabilité de trouver les
solutions. Mais le ministre n'accepte même pas de diagnostiquer qu'il y a
un problème, alors, comment est-ce qu'il va faire pour trouver la
solution?
Le Président (M. Gautrin): Ne dites pas qu'il n'essaie
pas.. M. le ministre, quelques petites remarques?
M. Bourbeau: M. le Président, je reconnais que la
députée de Maisonneuve fait de grands efforts pour ne pas tomber
dans la démagogie. Malheureusement, je dois dire qu'elle y succombe de
temps à autre.
Le Président (M. Gautrin): Ah! Le péché, de
temps en temps..
M. Bourbeau: Maintenant, M. le Président, soyons logiques.
La députée de Maisonneuve nous dit... Qu'est-ce qu'elle nous dit?
Elle nous dit: Vous prétendez que ce ne sont pas des crédits
périmés, vous avez 11 000 000 $ dans le programme, alors, si vous
relaxiez les normes du programme, vous dépenseriez vos 11 000 000 $.
Donc, c'est des crédits périmés. Mais le raisonnement ne
tient pas, parce que, en début d'année, j'ai un programme avec
des normes et j'ai un budget, et mes normes correspondent, évidemment,
au budget. Donc, si je ne change pas les normes en cours d'année puis
que j'ai un excédent de 11 000 000 $, on ne peut pas me reprocher
d'avoir mis des normes trop sévères en début
d'année, les normes étaient là lorsque le budget a
été fait. Si, en cours d'année, je changeais les normes
pour les restreindre, générant des crédits
périmés, là elle aurait raison de dire qu'on prend la
technique des cinq pieds huit dont elle parlait. Mais je n'ai pas changé
les normes en cours d'année. Si je les change, je les relaxe de
façon à faire en sorte que ça coûte plus cher au
gouvernement. C'est le phénomène inverse qui se produit. Je n'ai
pas restreint les normes pour économiser, je les ouvre, et ça va
nous coûter plus cher. Donc, je soumets...
Mme Harel: Vous allez juste dépenser votre budget.
M. Bourbeau: ...respectueusement que ce qu'a dit la
députée de Maisonneuve n'était pas logique. Je n'ai pas
fait ce qu'elle a dit.
Mme Harel: Mais c'est un sophisme incroyable. Vous allez
dépenser votre budget. En quoi ça va vous coûter plus cher
dépenser l'argent que vous annoncez sur papier?
M. Bourbeau: La question n'est pas là.
Mme Harel: Vous avez annoncé l'an dernier 29 000 000
$...
M. Bourbeau: La question n'est pas là, M. le
Président, la députée de Maisonneuve...
Mme Harel: ...vous en avez dépensé 18 000 000
$.
M. Bourbeau: Non La question n'est pas là. La
députée de Maisonneuve a dit: Vous jouez avec les critères
de façon à générer des fonds périmés.
Ce n'est pas exact. Je n'ai pas joué avec les critères pour
restreindre l'accessibilité au programme, donc...
Mme Harel: Ça, je l'accorde au ministre, là.
M. Bourbeau: Bon
Mme Harel: Je l'accorde au ministre, mais je n'ai jamais dit que
vous jouiez avec les critères pour avoir des crédits
périmés, je dis que vous devriez avoir la vigilance qu'il faut
pour constater que vos critères génèrent des
crédits périmés.
M. Bourbeau: Mais c'est ce qu'on est en train de faire. On
étudie, présentement, des mesures pour augmenter
l'accessibilité au programme APPORT. La députée de
Maisonneuve le sait, ça fait deux ans qu'on discute sur trois ou quatre
articles où on a dit: Avec tant de clientèle de plus, 4000 tout
à l'heure de plus, c'est ce qu'on est en train de faire. Tantôt,
j'ai dit que ça coûterait 10 000 000 $ de plus, APPORT, sur deux
articles. Mais c'est ce qu'on fait.
Mme Harel: Je sais maintenant une des solutions, ça serait
d'élargir les critères, notamment le seuil de revenu, le seuil
maximal de revenus admissibles.
M. Bourbeau: Élargir, approfondir, oui...
Le Président (M. Gautrin): Bon! Peut-être qu'on
pourrait faire un petit effort et revenir à l'article 5?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Il s'agit d'un
excellent article.
Le Président (M. Gautrin): Oui.
M. Bourbeau: Vous le reconnaîtrez certainement, puisque
j'ai quelques remarques à vous faire et ces remarques-là sont
à l'effet que l'article 75 de la Loi sur la sécurité du
revenu prévoit qu'il est interdit - non pas de parler à sa
recherchiste - mais de nuire à un vérificateur dans l'exercice de
ses fonctions, notamment, de le tromper par réticence ou fausses
déclarations. L'article 87 de la loi prévoit qu'une contravention
à l'article 75 rend une personne passible d'une amende. Le
présent article vise à faire disparaître l'infraction de
tromper par réticence, tout en simplifiant l'obligation prévue
à l'article 75.
M. le Président, je vous signale que le libellé actuel de
l'article 75 se retrouve dans plusieurs dizaines, je dis plusieurs dizaines, de
lois québécoises existantes, et ce libellé-là
reprend une formule type qui n'a jamais donné de résultats en
pratique. Et, à la suite de l'intervention de la Commission des droits
de la personne et du Protecteur du citoyen, c'est avec bonne grâce, M. le
Président, même s'il y a des douzaines de lois au Québec
qui contiennent cette expression-là, qui est une formule type, c'est
avec bonne grâce, que j'ai accepté de retirer l'infraction de
tromper par réticence pour le remplacer par une infraction qui, en fait,
dit qu'il est interdit de faire obstacle à un vérifica-
teur dans l'exercice de ses fonctions. Étant quand même, M.
le Président, convaincu, avec les quelques bribes de formation juridique
que j'ai pu avoir, que de toute façon, il était illusoire de
faire la preuve que quelqu'un pouvait avoir tromper par réticence,
c'était peine perdue et on n'a jamais réussi, je crois, à
faire cette preuve, je pense même qu'on n'a jamais essayé de le
faire. Alors, je me suis rendu à l'évidence que c'était
des mots qui ne servaient à rien, sinon qu'à faire peur à
la Commission des droits de la personne et au Protecteur du citoyen et
possiblement la clientèle. M. le Président, on a proposé
la modification.
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je pense que les mots "de
bonne grâce" que le ministre attribue à la façon dont il a
réagi, sont en quelque sorte excessifs. Les interventions se sont faites
il y a deux ans. La Commission des droits de la personne a émis des
commentaires sur le projet de loi sur la sécurité du revenu
concernant cette disposition-là en juin 1988, plus
précisément le 21 juin 1988. Dans le fond, ce que le ministre
fait, c'est qu'il se met au diapason de son collègue de
l'Éducation. Parce que, non seulement la Commission des droits de la
personne avait fait valoir ses commentaires il y a deux ans, mais le Protecteur
du citoyen, lui, est allé en commission, est venu d'ailleurs en
commission, ici même je pense, lors de l'étude du projet de loi
sur les prêts et bourses étudiants, désapprouver
l'utilisation que le ministre de l'Éducation voulait faire de
dispositions semblables dans le projet de loi. Et comme le ministre de
l'Éducation a eu la sagesse d'obtempérer immédiatement en
retirant du projet de loi ce qui s'y trouvait et qui concernait ces
dispositions, le ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité
du revenu, évidemment, serait mal venu de ne pas suivre l'exemple.
Je ne voudrais pas reprendre l'intervention que j'ai faite en Chambre
cette nuit...
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais dire une chose à la
députée de Maisonneuve. J'ai peut-être suivi l'exemple,
mais je ne le savais pas. Donc, je peux m'arroger encore le mérite de
l'avoir fait moi-même.
Le Président (M. Gautrin): Les grands esprits se
rencontrent, voyez-vous, et je comprends que vous êtes d'accord?
Mme Harel: Voila!
Le Président (M. Gautrin): Ah!
Mme Harel: Je dois comprendre que... J'aimerais interroger le
ministre. Je ne veux pas reprendre tout ce que j'ai dit sur cette question,
cette nuit, le ministre était présent et tous les
collègues, semble-t-il, y étaient également Mais je
voudrais simplement obtenir du ministre une information qui m'importe beaucoup
Elle était contenue dans un document que la Ligue des droits et
libertés a rendu public: le 15 mai dernier La Ligue des droits et
libertés faisait valoir que le ministère de la Main-d'oeuvre et
de la Sécurité du revenu tentait depuis plus d'un an d'obtenir de
Statistique Canada des dossiers individuels qui sont créés par
Statistique Canada dans le cadre d'une étude commandée par le
Conseil économique du Canada. Ces dossiers, qui seraient
constitués à des fins exclusivement statistiques, par Statistique
Canada, sont réalisés à partir du couplage de fichiers
à la fois de déclarations d'impôt, de fichiers d'aide
sociale, de fichiers d assurance-chômage. celui des pensions et des
suppléments de revenu, le fichier des allocations familiales En fait, un
très très grand nombre de fichiers qui sont couplés et qui
vont donner un profil qu'on n'a pas jusqu'à maintenant obtenu sur,
j'imagine, la pauvreté, ou sur les revenus, ou sur les personnes
à faibles revenus Semble-t-il que le ministère s'entête
à demander l'accès, non pas aux statistiques qui sont produites,
ça peut être extrêmement utile, je souhaite d'ailleurs que,
si le ministère les obtient, on puisse en bénéficier
aussi, mais le ministère ferait des démarches, aurait fait de
très nombreuses démarches pour obtenir les dossiers individuels,
ceux qui sont l'objet du couplage. Statistique Canada s'oppose à donner
ces informations au ministère. Est-ce que le ministère a
réellement, comme le prétend la Ligue des droits et
libertés, transmis une demande semblable pour obtenir...
Le Président (M. Gautrin): M le ministre ou votre bras
gauche
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous me permettez
de demander à M François Lévesque, qui s'occupe
spécifiquement des dossiers
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
M. Bourbeau: ...d'accès à l'information de
répondre à cette question?
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes comme Bouddha,
beaucoup de bras gauches.
M. Lévesque (François): II existe une entente entre
le ministère, Statistique Canada et puis un autre organisme
fédéral dont j'oublie le nom, pour créer une base de
données pour les fins de recherche... La Commission
d'assurance-chômage. C'est une entente tripartite qui a reçu
l'approbation, au niveau du Québec, de la Commission d'accès
à l'information du gouvernement
du Québec. Suite à cette entente-là, des organismes
envoient leurs fichiers: nous autres par exemple le fichier de la
sécurité du revenu ou le fichier de l'aide sociale,
l'assurance-chômage va envoyer son fichier d'assurance-chômage
à Statistique Canada. Et puis là ils créent un nouveau
fichier, une base de données, pour faire des études sur les
familles, le comportement des familles, dans le cycle de la pauvreté ou
de travail, retour à la sécurité du revenu, etc.
Après ça, une fois que le fichier est créé, ce qui
a été fait il y a à peu près un an, les chercheurs
sont invités à produire des... Les chercheurs, pas seulement du
gouvernement, mais un peu partout du gouvernement, dans le Canada, si vous
voulez, peuvent s'adresser à cette banque de données là,
à Statistique Canada, puis dire: Moi, je voudrais faire une recherche
portant sur un point particulier et utiliser votre base de données pour
faire ça. Évidemment, le chercheur qui fait ça, il doit
signer un protocole d'entente avec Statistique Canada, pour dire: Oui, je vais
avoir accès à une base de données, des choses nominatives,
mais ma recherche va être confidentielle. La Direction de la recherche du
ministère est présentement en train de discuter avec Statistique
Canada une espèce de mini-entente, si vous voulez, à travers la
grosse entente qu'on a signée pour faire une recherche. Ça n'a
rien à voir avec les mesures de contrôle à l'aide sociale
ou quoi que ce soit de ça, c'est simplement un chercheur du
ministère qui discute avec Statistique Canada pour faire une recherche
sur un point précis.
Mme Harel: Quel est-il le point précis?
M. Lévesque: Je regrette, là, je ne pourrais pas
répondre aujourd'hui à ça...
Mme Harel: Est-ce qu'il ne s'agirait pas des femmes
assistées sociales? Chefs de famille?
M. Lévesque: Si vous me laissez quelques minutes, je pense
que j'ai ça dans mes dossiers.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'on peut attendre pour
avoir l'information?
Mme Harel: Oui, oui certainement.
Le Président (M. Gautrin): C'est très
intéressant, mais moi j'aimerais poser une question.
M. Bourbeau: Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): je voudrais savoir comment
ça, des recherches qui demeurent confidentielles? en
général, ça doit être publiées, ces
choses-là?
(17 h 45)
M. Lévesque: C'est-à-dire que les recherches...
Le Président (M. Gautrin): J'ai toujours des
réticences quand les gens font des recherches soi-disant
confidentielles. Mais ça, c'est totalement hors d'ordre, alors.
M. Lévesque:... les recherches portent... Les recherches
ne sont pas confidentielles. Si j'ai dit ça, je m'en excuse. Les gens,
pour faire leurs recherches, ont accès à des données
nominatives sur les gens, des renseignements personnels sur les gens. Mais
lorsqu'ils produisent le résultat de leurs recherches, là ils ne
citeront pas le nom des gens.
Le Président (M. Gautrin): Ah bien sûr!
M. Lévesque: Ils vont dire: II y a tant de personnes de 40
ans qui se conduisent de telle façon, des choses comme ça.
Le Président (M. Gautrin): J'avais un peu pensé...
Vous avez dit: des recherches confidentielles. Ça m'avait un peu...
Écoutez, on fait un petit effort. L'article 6. Quinze minutes avant la
soupe.
M. Bourbeau: Est-ce que l'article 5 est adopté?
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Mme Harel: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): L'article 5, est-ce que vous
étiez d'accord au premier...
M. Bourbeau: II est 17 h 45. M. le Président. On peut
procéder, pas de problème.
Le Président (M. Gautrin): L'article 5, vous étiez
d'accord.
M. Bourbeau: II n'y a aucun danger qu'on finisse avant 18 heures,
M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais, l'article 5,
vous étiez d'accord.
Mme Harel: Oui, vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je considère que
l'article 5 est adopté.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Et je passe à
l'article... Un petit effort.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, l'article 6, il y a cinq
paragraphes.
Mme Harel: Mais nous allons obtenir l'information...
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui, n'ayez crainte.
Mme Harel: D'accord, d'accord.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez beaucoup
d'informations à obtenir. L'article 6.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aurais un papillon...
Le Président (M. Gautrin): Un papillon.
M. Bourbeau:... à insérer avant le paragraphe
premier de l'article 6.
Le Président (M. Gautrin): Ah!
M. Bourbeau: J'aimerais proposer le paragraphe suivant: 0. 1,
c'est-à-dire insérer avant le paragraphe premier de l'article 6
le suivant: 0. 1° par l'insertion après le paragraphe 16° du
premier alinéa, du suivant: "16. 1° prévoir les cas auxquels
s'applique le barème de non-disponibilité. "
Cet amendement...
Le Président (M. Gautrin): L'article 5 est
adopté.
M. Bourbeau:... en est un de concordance avec celui introduit par
l'article 0. 1 que nous voulons introduire et qui a été suspendu
et qui ajoute un nouveau pouvoir réglementaire. Il s'agit donc
d'insérer ce nouveau pouvoir à l'article 91 de la Loi sur la
sécurité du revenu qui énumère l'ensemble des
pouvoirs réglementaires prévus dans la loi.
Le Président (M. Gautrin): Unanimité parfaite. Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve ou M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, des commentaires sur le papillon? C'est
adopté?
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Non. Il n'arrivait pas à
prendre son envol. On vous donne les secondes que vous voulez.
Mme Harel: On est vraiment à l'article 6, M. le
Président. On est dans le c?ur d'un amendement qu'on veut
déposer à la commission.
Le Président (M. Gautrin): Alors, est-ce que vous voulez
suspendre?
Mme Harel: À l'article 91.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez faim.
Mme Harel: Hum! On va suspendre...
Le Président (M. Gautrin): On pourrait en passer des
faciles.
Mme Harel:. et on pourrait continuer avec l'article 7, si vous
voulez.
Le Président (M. Gautrin): Peut-être qu'on pourrait
en passer des faciles. Comme ça, ça serait fait.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Allez! On va prendre les 10
minutes qui viennent pour passer des faciles.
Une voix: Est-ce qu'il y en avait un difficile?
Le Président (M. Gautrin): Non, non Bien, le 6...
Mme Harel: L'article 6
Le Président (M. Gautrin): Le 6, suite à la
demande... On suspend l'étude de l'article 6 et de l'amendement pour
passer rapidement à l'article 7. Il semblerait qu'en dix minutes, le 7,
le 8 et le 9, on pourrait "shooter" ça rapidement
M. Bourbeau: bien, m. le président. mais l'article 7...
j'aimerais apporter un amendement à l'article 7, qui vise à
remplacer l'article 7 par le suivant.
Le Président (M. Gautrin): Bon!
Loi sur la santé et la sécurité
du travail
M. Bourbeau: Alors, l'article 7 se lirait comme ceci: "La Loi sur
la santé et la sécurité du travail, Lois refondues du
Québec, chapitre S-2. 1, est modifiée par l'addition, à la
fin de l'article 174, de l'alinéa suivant: Elle peut communiquer au
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle tout renseignement relatif à une
indemnité ou à un paiement d'assistance médicale qu'elle
verse ou qu'elle est susceptible de verser à une personne et qui est
nécessaire à l'application de la Loi sur la
sécurité du revenu. "
Vous comprendrez, M. le Président, que cette modification
à la Loi sur la santé et la sécurité du travail
vise à permettre à la CSST de
fournir au ministre responsable de l'application de la Loi sur la
sécurité du revenu les renseignements concernant les revenus
qu'un prestataire reçoit ou pourrait recevoir de la CSST. Ces
renseignements sont nécessaires, et je dirais même absolument
nécessaires, à l'application de la loi puisqu'une personne ne
peut cumuler des revenus de la CSST et des prestations d'aide de dernier
recours. Par ailleurs, cette modification n'écarte en rien l'application
de la Loi sur l'accès aux documents publics et la protection des
renseignements personnels qui exige qu'une entente écrite soit conclue
lorsque l'échange de ce type de renseignement se fait par couplage de
fichiers. L'amendement proposé vient préciser le type de
renseignement qui peut être transmis par la CSST au ministre responsable
de l'application de la Loi sur la sécurité du revenu. Et vous
noterez, M. le Président, que ce nouveau libellé satisfait la
Commission d'accès à l'information qui avait exprimé les
doutes et la crainte que les dossiers médicaux des prestataires puissent
être transmis au MMSRFP. Et ce nouveau libellé-là, qui
apparaît dans l'amendement, dans la proposition, a fait l'objet d'une
décision favorable de la Commission d'accès à
l'information.
Le Président (M. Gautrin): Bon! Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Le "elle", si je comprends
bien, c'est la CSST, hein?
M. Bourbeau: Le quoi?
Le Président (M. Gautrin): Le "elle".
M. Bourbeau: Oui, oui. C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Ça pourrait être
n'importe qui.
M. Bourbeau: Mais ce n'est pas la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Trudel: que veut dire les mots "susceptible de verser"? on va
attendre d'un côté, susceptible d'avoir de laide et on va
attendre, du côté de l'aide sociale, parce qu'on est susceptible
de recevoir de l'aide, et, quand on connaît la vitesse de sénateur
- a dit quelqu'un cette semaine? - la vitesse avec laquelle ça
obéit, dans ces grosses boîtes-là, on risque de se
réveiller avec un problème constitutionnel et de ne jamais
régler ça en moins de trois ans.
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais demander à Me
Jean-Pierre Roy, qui fait sa première apparition à cette table et
qui est avocat, de répondre à la question, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Gautrin): Tous vos bras gauches sont des
avocats, et vous êtes quel numéro, comme bras gauche?
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Roy (Jean-Pierre): À quel numéro est-on
rendu?
Le Président (M. Gautrin): Ah! je ne sais plus, le
sixième, je pense.
M. Roy: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Ce qui prouve qu'un notaire peut engager plusieurs
avocats.
Le Président (M. Gautrin): C'est ce que les notaires n'ont
pas l'esprit fermé.
M. Roy: Alors, les mots "susceptible de verser", c'est pour
pouvoir obtenir des informations sur des indemnités pour lesquelles la
Commission n'a pas encore pris de décision, mais qui sont susceptibles
d'être versées dans l'avenir. Alors, c'est pour avoir des
informations, là, sur des personnes qui sont en attente, qui ont
déjà placé, qui ont fait une requête, qui ont fait
une demande à la CSST, mais pour lesquelles la décision n'est pas
encore rendue. Alors, le fait d'obtenir l'information nous permet de savoir que
cette personne-là va recevoir des indemnités et, pour nous, de
faire (a demande quand la décision sera prise. C'est pour éviter
finalement que la CSST, sans le savoir, verse déjà
l'indemnité sans pouvoir nous rembourser. Il faut comprendre qu'avec la
CSST, on a aussi des ententes puis que la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles oblige la CSST à déduire des
indemnités qu'elle verse des montants de prestation de
sécurité du revenu qui sont versés en attente de la
décision de la CSST, en aide conditionnelle.
Le Président (M. Gautrin): Ça va, M. le
député de Rouyn-Noranda?
M. Roy: Ça existait déjà dans le temps de
l'aide sociale. On verse, en attente de la décision de la CSST, puis on
verse automatiquement, alors, il faut qu'on...
Mme Harel: c'est-à-dire que la csst va soustraire ces
montants d'aide conditionnelle versés des montants qu'elle doit au
prestataire pour l'indemniser?
M. Roy: C'est ça, elle va soustraire des indemnités
qu'elle doit verser, le montant de prestation de sécurité du
revenu que le ministère a déjà versé.
Mme Harel: Donc, ça ne peut pas être de l'aide
conditionnelle.
M. Roy: Bien, l'aide conditionnelle, c'est t'aide versée
par les MMSRFP, par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
Mme Harel: Mais comment est-ce que ça peut être de
l'aide conditionnelle puisque cette aide sera déduite, là, donc
sera soustraite, qu'il y a une soustraction qui se fera à la CSST de ce
qu'elle devra verser en indemnités? Il y a aura une soustraction de ce
qu'elle aura été au ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu?
M. Roy: Elle est conditionnelle en ce sens qu'on ne sait pas
encore si la CSST va rendre une décision favorable. L'aide est
versée, je dirais, sous forme de prêt, en attendant que la CSST
rende sa décision. Alors, si la CSST décide de ne pas verser
d'indemnités, par exemple, à ce moment-là, l'aide devient
sous forme gratuite, et là, il n'y a pas de remboursement. Mais, dans le
cas où la CSST décide que la personne avait bien droit à
une indemnité, alors, à ce moment-là, la personne doit
rembourser à notre ministère l'aide de la sécurité
du revenu versée.
C'est dans ce sens-là que...
Mme Harel: Oui, mais ça devient un paradoxe, là,
par rapport à ce que vous nous dites. Si la personne doit renverser...
Renverser!
Le Président (M. Gautrin): Rembourser.
Mme Harel: ...rembourser l'aide qui lui a été
versée et qu'en plus la CSST l'a soustraite...
M. Roy: Non non, la CSST la soustrait pour nous rembourser. Elle
la soustrait de l'indemnité et rembourse directement à notre
ministère l'aide sociale versée sous forme conditionnelle. C'est
une forme de remboursement, ça, et c'est un article qui est prévu
dans la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Alors, cet article-là permet, en tout cas le mot "susceptible" permet
d'appliquer l'article qui existe déjà dans la Loi sur les
accidents du travail.
Le Président (M. Gautrin): Chers amis, il est...
Mme Harel: Pourquoi...
Le Président (M. Gautrin): Excusez-moi..
Mme Harel: Excusez-moi.
Le Président (M. Gautrin): il est presque 18 heures.
Est-ce que vous pensez qu'avec un petit peu d'efforts vous pouvez accepter le
7?
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Vous n'êtes pas
prêt?
Mme Harel: Non, suspension
Le Président (M. Gautrin): Alors, écoutez, on va
donc suspendre. Nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures et on
reprendra, à ce moment-là, avec les informations. J'imagine que
vous allez vous consulter sur les amendements. Alors, c'est parfait, bon
appétit!
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Joly): Bonsoir. Nous allons maintenant
reprendre nos travaux. Nous étions rendus à l'amendement à
l'article 7 qui a été présenté et une discussion
s'était amorcée. M. le ministre.
M. Bourbeau: Un débat s'est élevé. Un
débat s'élève. M. le Président, on était
à l'amendement à l'article 7?
Le Président (M. Joly): C'est ça. Exactement,
l'article 7, l'amendement.
M. Bourbeau: Alors, je pense que pour l'instant, nous, nous
sommes relativement satisfaits du projet d'amendement.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. M. le Président, je souhaiterais faire
connaître au ministre une modification que nous espérerions
obtenir dans la formulation, de façon qu'il soit clairement bien
affirmé que ce n'est absolument pas l'intention du ministre ou du
ministère d'obtenir des informations relatives au dossier médical
ou des renseignements nominatifs autres qu'un renseignement de nature
financière. On se comprend bien, c'est bien un renseignement de nature
financière que vous voulez obtenir.
M. Roy: C'est ça. Le texte a été
rédigé avec la collaboration de la Commission d'accès
à l'information et a été rédigé, justement,
pour éviter cette possibilité que des renseignements soient
demandés concernant les dossiers médicaux. Alors, c'est pour
ça qu'on a les mots "relatif à une indemnité ou à
un paiement d'assistance médicale". Et dans tous ces cas-là, ce
sont des paiements d'argent. Les indemnités sont des indemnités
de remplacement du revenu, ou des indemnités de décès, ou
des indemnités forfaitaires pour prestation pour dommages corporels.
Dans les cas de paiement d'assistance médicale, ce sont des prestations
de la nature,
par exemple, de chaussures orthopédiques ou le paiement de
lunettes ou des choses comme ça, qui sont aussi versées, de la
même façon, en vertu de la Loi sur la sécurité du
revenu. Mais, dans tous les cas, ce sont des indemnités de nature, si
vous voulez, financière.
Mme Harel: Alors, à ce moment-là, le ministre
n'aura pas d'objection à ajouter, après les mots "tout
renseignement", les mots "de nature financière".
M. Bourbeau: Si vous pouvez m'obtenir l'aval de la Commission
d'accès à l'information, je n'ai pas d'objection.
Mme Harel: Ça va sans doute la satisfaire d'autant plus
que la Commission, dans l'avis qu'elle faisait parvenir à la commission
parlementaire et que tous les membres ont obtenu, signalait qu'elle donnait son
aval avec l'assurance que le ministère n'a nullement l'intention de
puiser au dossier médical des bénéficiaires de la CSST et
que la portée de la modification ne pourra avoir pour effet de lui
permettre d'obtenir des renseignements de nature médicale. Et
c'était considérant cette situation que la Commission
était amenée à donner un avis favorable. Donc, "tout
renseignement de nature financière", parce que ça pourrait
être 'lout renseignement de nature médicale relatif à une
indemnité ou à un paiement d'assistance médicale". Tout
renseignement de nature financière.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pense pas qu'on
pourrait accepter une modification comme celle-là, parce qu'il peut y
avoir des renseignements qui ne sont pas spécifiquement de nature
financière, qui ne sont pas non plus absolument de nature
médicale, mais dont on peut avoir besoin. Comme par exemple, la date
d'un accident, on peut avoir besoin de ça. Alors ça, est-ce que
c'est de nature financière? Peut-être pas là, mais ce n'est
pas de nature médicale non plus.
M. Roy: Ce que je voudrais ajouter, c'est qu'on a discuté
avec des gens de la Commission d'accès. Après le
communiqué de presse qu'elle a fait, on a rencontré les avocats
de la Commission d'accès et la Commission d'accès a
proposé, justement, une formulation semblable. On s'y était
objecté, parce que les renseignements qu'on veut obtenir, entre autres
de la CSST, peuvent comprendre par exemple des renseignements comme la date de
l'événement, c'est-à-dire la date de l'accident, ou bien
la date d'une demande formulée par un futur prestataire. Et c'est
ça, on avait peur que ça puisse être
interprété plus tard comme n'étant pas vraiment des
renseignements de nature financière. Ce sont des renseignements qui vont
permettre peut-être de calculer une indemnité, mais qui ne sont
pas strictement parlant des renseignements de nature financière. Alors
la Commission d'accès a accepté notre point de vue et a
accepté le texte qu'on vous propose. Sa principale objection,
c'était d'éviter qu'on puisse aller chercher des renseignements
d'ordre médical, et le texte la satisfaisait à ce point de
vue-là.
Mme Harel: Oui, je veux bien le croire. Finalement, le
régime de protection des renseignements était certainement plus
étanche. La protection était plus stricte avec la loi de la CSST,
et la modification que vous cherchez à obtenir, c'est une modification
pour amoindrir, en fait atténuer la protection que la loi de la CSST
contenait.
M. Bourbeau: la loi de la csst ne permettait aucun échange
de renseignements, point final à la ligne. c'est évident que nous
ne pouvions pas vivre avec une restriction semblable et la commission
d'accès l'a d'ailleurs reconnu, puisqu'elle a donné son aval
à un échange de renseignements. j'aimerais quand même, pour
le bénéfice des membres de la commission, rappeler que nous ne
cherchons pas à faire d'inquisitions ou la chasse aux sorcières.
ce que nous tentons de faire, ce que nous devons faire, c'est ce que m'oblige
à faire la loi sur la sécurité du revenu, qui oblige le
ministre, non pas qui permet, mais qui oblige le ministre à
vérifier les déclarations et les revenus d'un individu. j'ai une
obligation en vertu de la loi de faire des vérifications. or, ces
vérifications-là m'amènent, quand un individu me dit: je
n'ai pas de revenu, donc je veux que l'état me paie une rente ou une
prestation, à prendre des dispositions pour vérifier cette
affirmation-là. or, si j'ai raison de penser... quand je dis "je", parce
que la loi parle du ministre, ce n'est pas moi-même, m. le
président, qui fait ces vérifications-là. croyez-moi. si
le ministère a raison de penser que la personne a eu un accident ou a
peut-être une rente de la csst, à ce moment-là, on
s'adresse à la csst pour savoir s'il y a une rente qui est payée
à cette personne. vous savez comme moi que, chaque année,
beaucoup de cas nous échappent. des gens nous disent qu'ils n'ont pas de
revenu et finalement on apprend, six mois, huit mois après, qu'il y a un
revenu et on est obligé, en loi, d'en tenir compte. sans cela, ce n'est
pas équitable pour les autres assistés sociaux qui n'ont pas ce
genre de revenu additionnel.
J'aimerais simplement signaler à la commission que, lorsque nous
avons obtenu de la Commission d'accès à l'information, l'avis
favorable qui est ici, nous avons déposé en même temps un
projet d'entente avec la CSST. C'est sur ce projet d'entente que la Commission
a émis son avis favorable. Ce projet d'entente-là, dont j'ai une
copie devant moi, donne la nomenclature des renseignements qui vont être
communiqués de part et d'autre. À titre d'exemple,
comparaison
de fichiers pour identifier des revenus non déclarés par
un bénéficiaire. Le ministère transmet à la
commission, pour chaque bénéficiaire, le nom, le prénom,
la date de naissance, le numéro d'assurance sociale, d'assurance-maladie
et le code permanent. La commission transmet au ministère pour chaque
bénéficiaire identifié comme prestataire le nom... Si je
devais dire qu'il n'y a que des renseignements d'ordre financier, par exemple,
le nom, ce n'est pas d'ordre financier. Le numéro d'assurance sociale
non plus, celui d'assurance-maladie non plus, l'adresse non plus, donc, je ne
peux pas limiter ça, dans l'amendement, à des renseignements
strictement d'ordre financier, parce qu'il y a des renseignements, comme par
exemple les périodes qu'elle vise, pour lesquels on pourrait dire
à la rigueur que ça peut être assimilé à un
renseignement d'ordre financier, mais il y a certainement des renseignements
là-dedans qui ne sont absolument pas de nature médicale et qui ne
sont pas, à strictement parier, d'ordre financier.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. D'abord, il faut
comprendre que le ministère n'a pas déployé jusqu'à
maintenant une sensibilité qui le met hors de tout soupçon en
matière de protection...
M. Bourbeau: Des procès d'intention.
Mme Harel: ...des renseignements privés. Le libellé
même de l'article proposé, le libellé contenu dans le
projet de loi 76 lulmômo, était suffisamment inapproprié
pour que la Commission d'accès à l'information, qui n'est pas un
adversaire du gouvernement, qui est composée de gens nommés par
le gouvernement... C'est d'ailleurs le présent gouvernement, c'est le
gouvernement actuel qui a nommé les principaux responsables de la
Commission d'accès. Et je sais que l'avocat White par exemple, est un
ancien membre de cabinet. Je me demande même si ce n'est pas un ancien
chef de cabinet de votre... Ah! oui, c'est ça, d'un homme bien connu du
ministre. Alors, ce ne sont donc pas des personnes qui devraient être
sujet de controverse. Elles ne le font pas, parce qu'elles veulent remplacer le
gouvernement, être calife à la place du calife, pas du tout. Elles
le font, parce qu'elles ont un mandat. Ces personnes qui sont porte-parole pour
la Commission d'accès à l'information disaient, le 30 mai de
cette année, dans un communiqué envoyé sur Telbec et qui
s'intitulait: Un précédent dangereux pour la protection des
renseignements personnels des Québécois, ceci sur l'amendement
que contenait le projet de loi 76, que contient le projet de loi 76 que le
ministre veut amender, et qui avait été rédigé sans
doute de bonne foi - il n'y a pas de complot nécessairement
là-de- dans - par des juristes du ministère qui ont, comme bien
de leurs collègues, insuffisamment de sensibilité à
l'égard de ces questions.. La Commission disait: Un amendement qui, s'il
est adopté, pourrait constituer un précédent dangereux et
lourd de conséquences pour la protection des renseignements personnels
de tous tes Québécois. Et la Commission expliquait qu'elle ne
pouvait rester silencieuse devant une telle brèche au régime
actuel et qu'elle réclamait le retrait de l'amendement.
M. le Président, le ministre et son conseiller juridique nous
disent qu'ils ont négocié et que, maintenant, la Commission a
donné son aval à une nouvelle rédaction. Mais il faut
comprendre une chose, qui est importante. Ce qu'on va faire comme
législateur, ça dépasse un peu ce qui a pu être
convenu avec la Commission, dans le sens où, en vertu de la loi sur
l'accès à l'information, les dispositions d'une loi statutaire
comme l'est, par exemple, la Loi sur la santé et la
sécurité du travail quon s'apprête à amender, les
dispositions d'une loi qui prévoient un régime de protection des
renseignements plus strict, ce qui était le cas de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail qui prévoyait un
régime de protection des renseignements personnels plus strict que la
loi sur l'accès à l'information elle-même, dans ces
cas-là, ces lois, ces dispositions, donc, plus strictes, ont
préséance sur la loi sur l'accès à l'information
C'est important, la loi sur l'accès à l'information. Si on avait
une constitution québécoise, c'est absolument certain que la
constitution québécoise contiendrait la Charte des droits et
libertés, la Charte de la langue française et contiendrait
certainement des dispositions rolativos à Ih protorl Ion dos rnnsei
gnements privés dans un monde d'Informations comme celui dans lequel on
vit.
Alors, tant qu'à avoir un régime supérieur à
celui prévu dans la loi sur l'accès à l'information, c'est
ce régime-là qu'on va amoindrir, parce que l'amendement consiste
malgré tout à amoindrir le régime prévu dans la Loi
sur la santé et la sécurité du travail. Et la question
est: Est-ce que c'est opportun de légiférer pour atténuer,
pour amoindrir les protections qui étaient contenues dans ces lois? Si
tant est que le ministre veuille le faire, parce que c'était un des
obstacles, n'est-ce pas, la convocation d'une commission expéditive,
mais si tant est que le ministre veuille le faire, je pense qu'il doit le faire
en toute bonne foi, qu'il doit le faire pour donner des garanties, pas
simplement parce que c'est conforme à la loi sur l'accès, mais
plus encore, parce que ça n'atténue pas sensiblement les
protections strictes qu'offraient déjà la Loi sur la santé
et la sécurité du travail.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
M. Bourbeau: Moi, je ne m'accroche pas à aucun texte, je
l'ai dit tout à l'heure à la députée, je ne suis
pas celui qui vient Ici pour gagner des arguments. Moi, je suis prêt
à considérer, je l'ai toujours été d'ailleurs, pas
seulement aujourd'hui, tout texte qui peut améliorer le texte existant.
Si c'est pour remplacer par des mots qui veulent dire la même chose,
ça ne vaut pas la peine. L'objectif recherché, on le
connaît, c'est de permettre de pouvoir déceler les prestataires
qui reçoivent des prestations de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail ou qui sont suceptibles d'en recevoir. Je
me fous totalement du libellé, en autant que le projet de loi ou
l'article de loi puisse permettre d'atteindre les objectifs qu'on recherche,
qui sont tout à fait louables et qui ont été reconnus
comme tels par la Commission. (20 h 30) si mme la députée de
hochelaga-maison-neuve veut proposer d'autres textes, je n'ai pas d'objection
du tout, ni pour cet article-là, ni pour aucun autre. je ne fais pas de
bataille de drapeaux. maintenant, moi, je pense que cet article-là est
bien libellé. il a été accepté par la commission
d'accès à l'information. nous avions dans un premier temps, c'est
vrai, un autre texte, mais il faudrait quand même raconter toute
l'histoire. lorsque nous avons commencé ces procédures-là,
nous avons soumis à la commission d'accès une entente entre la
csst et le ministère. et la commission d'accès nous a dit
essentiellement que ça pourrait aller, sauf qu'il y a l'article 174 qui
est plus exigeant et qui prend préséance. alors, il a
été convenu avec eux, et c'était assez clair, qu'on
présenterait un amendement à la loi sur la csst pour permettre...
et au mois d'avril 1989, il y a un an, on avait déposé devant la
commission un projet de texte et la commission avait accepté en principe
qu'on amende l'article 174, mais elle n'était pas d'accord sur le
libellé, à ce moment-là. et nous étions pour
négocier avec eux quand tout à coup j'ai retiré l'ancien
projet de loi 44, je crois...
Une voix: 144.
M. Bourbeau: 144. Donc là se sont terminées les
discussions avec la Commission d'accès à l'information,
étant bien entendu que, sur le principe d'amender l'article 174, ils
étaient d'accord. Cette année, on revient et on dépose un
projet d'amendement qui est rigoureusement conforme à l'article 67 de la
loi d'accès à l'information qui dit qu'un organisme doit ou est
habilité - je n'ai pas le texte devant moi - doit transmettre à
un ministère ou un autre organisme, les renseignements dont on a besoin
pour donner suite à une loi du Québec.
Une voix: Avez-vous le texte?
Une voix:... "nécessaire à l'application d'une loi
au Québec. "
M. Bourbeau: Nécessaire, bon, voilà. "Un organisme
public peut, sans le consentement de la personne concernée, communiquer
un renseignement nominatif à toute personne ou organisme si cette
communication est nécessaire à l'exercice d'un mandat de gestion
administratif confié par l'organisme public, à cette personne ou
à cet organisme. "
Ce n'est pas le bon. Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est pas
celui-là, c'est l'article 67. "Un organisme public peut, sans le
consentement de la personne concernée, communiquer un renseignement
nominatif à toute personne ou organisme si cette communication est
nécessaire à l'application d'une loi au Québec. "
Ça, c'est le texte de l'article 67 de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. C'est la loi qui gouverne la Commission d'accès à
l'information. Donc, nous, pour être très catholiques, si je peux
m'exprimer ainsi, on a rédigé un article que vous avez devant
vous et qui colle à ces mots-là. Il dit: "Elle peut - c'est la
CSST - communiquer au ministère de la Main-d'oeuvre tout renseigement ou
toute information nécessaire à l'application de la Loi sur la
sécurité du revenu. " L'article 67 dit: "... nécessaire
à l'application d'une loi au Québec. " On avouera que le
texte...
Mme Harel: Je suis obligée, malheureusement, d'interrompre
le ministre et demander une suspension pour aller parler à
l'Assemblée de l'autre côté.
M. Bourbeau: Vous allez parler, est-ce que vous allez vous
absenter longtemps?
Mme Harel: 10 minutes.
Le Président (M. Joly): 10, 20 minutes maximum.
Mme Harel: 20?
M. Bourbeau: 10 ou 20?
Mme Harel: Mettons 10.
Le Président (M. Joly): Juste le temps de faire son
intervention. 10 minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai toujours dit que je ne
peux rien refuser à la députée de...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Vous devriez me le refuser, là.
M. Bourbeau:... Hochelaga-Malsonneuve. On va faire...
Le Président (M. Joly): Ah! je vois que ce que vous aviez
dit...
M. Bourbeau: ...un geste de bonne foi.
Le Président (M. Joly): ...c'était sincère.
Alors, nous allons suspendre nos travaux pour le temps qu'il faut, mais
approximativement une dizaine de minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 34)
(Reprise de la séance à 21 h 08)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
Nous en étions à l'article 7, et, sur l'article 7, M. le ministre
était en train d'expliquer toute la philosophie qu'il y avait en
arrière.
M. Bourbeau: Enfin, la philosophie c'est beaucoup dire, M. le
Président, mais j'étais en train d'expliquer notre logique.
Le Président (M. Joly): C'est encore mieux, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je disais donc que nous avons tenté de nous
coller le plus possible à la loi sur l'accès à
l'information qui dit qu'un organisme public peut, sans le consentement d'une
personne, communiquer un renseignement nominatif à toute personne ou
organisme si cette communication - et c'est là qu'il est important,
là -nécessaire à l'application d'une loi au Québec.
Alors nous avons marqué dans notre premier libellé, nous avons
collé à ça en disant que la CSST peut nous communiquer des
renseignements si c'est nécessaire à l'application de la Loi sur
la sécurité du revenu. Donc, on ne pouvait pas être plus
orthodoxe. On se collait au sens de la loi. Or, la Commission d'accès,
dans un premier temps nous a dit: Ce n'est pas suffisant, nous pensons que vous
allez trop loin. Alors, un peu à notre surprise, je dois le dire, parce
que nous respections intégralement le texte de la loi sur
l'accès, elle nous a dit, la Commission d'accès à
l'information, dans un premier temps: Limitez-vous donc à moins que
ça. Bon, alors nous avons négocié avec la Commission et
finalement nous avons convenu avec elle d'un texte qui est celui que vous
retrouvez aujourd'hui ici. Alors, M. le Président, voilà pourquoi
votre fille est muette, comme disait Molière. Et nous pensons que ce
texte-là est un texte tout à fait correct, acceptable. Le
premier, celui qui est dans la loi, selon moi, est tout à fait aussi
acceptable, mais puisqu'on ne nous fait pas confiance, nous sommes d'accord
pour être mis en tutelle, c'est-à-dire nous mettre des balises
à l'article en question pour tenter de limiter, pour éviter que
le ministère aille chercher des renseignements qui pourraient avoir pour
effet de communiquer des renseignements sur la situation médicale des
individus, ce que nous ne recherchons pas et ce dont nous n'avons pas besoin
non plus. Donc, nous avons consenti à un libellé qui limite la
possibilité que nous avons. Mais nous devons quand même - et c'est
Important - en avoir suffisamment de renseignements pour pouvoir atteindre les
objectifs que nous recherchons et qui sont connus Alors, moi, dans la mesure
où on a un libellé qui nous permet d'atteindre nos objectifs, je
n'en ai pas de besoin, mais qu'on ne me demande pas un libellé qui va
faire en sorte que nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs qui sont de
faire une saine gestion des fonds publics.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'ai l'impression qu'il y a un malentendu quant
à l'application de cette disposition. Le ministère ne va pas
à la pêche en obtenant des informations de la CSST. Le
ministère veut établir le droit à l'admissibilité
à une prestation. C'est bien le cas. Et il se fait demander une
prestation, une aide de dernier recours par un individu qui lui transmet des
renseignements nominatifs personnels, le nom, le numéro d'assurance
sociale, etc. Comment, dans l'application concrète, se fait
l'échange d'informations entre la CSST et le ministère? Ça
se faisait déjà. Comment ça se fait présentement?
Qu'est-ce que vous voulez de plus que ce qui se fait maintenant?
Concrètement, est-ce que, vous, vous dites: Voilà telle personne,
tel numéro d'assurance sociale, veut obtenir de l'aide sociale. . Vous,
vous vérifiez auprès de la CSST ou à l'inverse, vous
demandez à la CSST de vous communiquer tous les noms des personnes qui
sont des prestataires? Comment çéi se transmet, les informations?
Qui demande à qui quoi?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: II y a deux possibilités. Ou bien on demande
des renseignements sur un cas individuel, auquel cas, dans le projet d'entente
que nous avons proposé, déposé à la Commission
d'accès à l'information, il y a la description des gestes que
nous posons et que la CSST va poser. Je les ai énumérés
tout à l'heure. Premièrement, comparaison de fichiers pour
identifier les revenus... Je m'excuse. Dans un premier temps, on demande des
renseignements sur un dossier, et là, on donne le nom, la date de
naissance, le numéro, etc.
Mme Harel:
M. Bourbeau: Oui, et la CSST nous donne des renseignements qui
sont également mentionnés. Il y a une autre procédure qui
est une
comparaison de fichiers. Si à un moment donné, nous
prenons notre liste de clientèle... C'est une comparaison, comment on
appelle ça?
Une voix: Croisée.
M. Bourbeau: Croisée, c'est quoi le terme qu'on
emploie?
Mme Harel: Couplé.
M. Bourbeau: Couplé. Le voilà, le mot. Et le
fichier de l'aide sociale est couplé avec le fichier de la CSST pour
savoir s'il y a des individus qui sont à la fois à la CSST et
chez nous. Si c'est le cas, à ce moment-là, il faut que ces
gens-là nous ait donné ce renseignement-là sans quoi ils
sont délinquants. Enfin, sinon délinquants, ils sont des gens qui
ne nous ont pas donné les renseignements qu'ils devaient nous donner.
Ça peut se faire des deux façons et ça se fait des deux
façons. D'ailleurs, nous couplons nos fichiers
régulièrement tous les mois aussi avec la CEIC, la Régie,
l'assurance...
Mme Harel: La CEIC, c'est la Commission...
M. Bourbeau: De l'emploi et de l'immigration du Canada pour ceux
qui sont à l'assurance-chômage. Nous le faisons avec la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Enfin, c'est une
procédure qui est standard et qui est approuvée par la Commission
d'accès à l'information. Tout ça est fait
légalement.
Mme Harel: Et c'est pour ça d'ailleurs que le projet de
loi 62 qui était devant l'Assemblée durant cette session
inquiétait tant, je le dis à l'imparfait, parce que le
gouvernement finalement a décide') do surseoir à son adoption ol
do tonlr une commission parlementaire au mois d'août. Mais c'est vraiment
étonnant le nombre d'organismes qui sont intervenus. Je pense encore
à Gilles Lesage, l'éditorialiste du Devoir, qui a
écrit un editorial là-dessus, je pense que c'est samedi dernier,
pour s'inquiéter des intentions de modifier la loi d'accès, en
tout cas, tel que rédigées dans le projet de loi 62, de modifier
la loi d'accès pour qu'il n'y ait plus d'obligation de renseigner
finalement la Commission lorsqu'il y a cette transmission d'informations. (21 h
15)
Là, il faut bien se comprendre. Aux États-Unis, il y a
déjà des dispositions très strictes qui obligent,
lorsqu'il y a constitution de fichiers, lorsqu'il y a couplage de fichiers, il
y a déjà des dispositions très strictes pour obliger
à rendre public. On n'empêche pas la constitution de fichiers ou
le couplage de fichiers, mais on oblige à rendre public. Moi, j'apprends
là qu'il y a un couplage de fichiers avec la Commission de l'emploi et
de l'immigration, avec la Régie des rentes, etc.
M. Bourbeau: Je veux simplement dire que pour nous aussi, tout
ça se fait dans la plus stricte transparence, au vu et au su et avec
l'approbation de la Commission d'accès à l'information. Toutes
les comparaisons de fichiers que nous faisons, les couplages de fichiers sont
prévus, sont reconnus par des ententes. Les ententes sont
acceptées par la Commission d'accès à l'information. Nous
publions dans la Gazette officielle du Québec, à chaque
fois, le décret qui autorise le couplage de fichiers. Chaque prestataire
de la sécurité du revenu qui est client est avisé sur les
documents que nous lui envoyons de la possibilité qu'a le
ministère et du fait que le ministère d'ailleurs fait des
couplages de fichiers régulièrement, de façon que les gens
sachent que ça se fait et qu'ils doivent se conduire en
conséquence. Je pense que tout ça se fait dans la grande
transparence.
Moi aussi, je suis pour un resserrement des intrusions dans la vie
personnelle des gens. Mais on reconnaîtra que ce n'est pas avec ce genre
d'opérations qu'il y a des problèmes. Il y a des problèmes
dans le secteur privé où se constituent des banques de
données non contrôlées où les renseignements qui
apparaissent ne sont pas facilement accessibles pour tout le monde, etc. C'est
là qu'il y a des abus et non pas dans des opérations qui se font
en pleine transparence comme celle que nous avons ici.
Mme Harel: Est-ce que le ministre sait que le projet de loi 22
cherche à restreindre considérablement les cas où un
organisme comme le ministère est tenu d'aviser la Commission
d'accès d'un couplage de fichiers? C'est vrai la procédure que le
ministre invoque, publication dans la Gazette, etc. Mais, justement, les
amendements qui sont introduits dans le projet de loi 162 ont pour effet do
restreindre toutes ces étapes.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pense pas que ce soit
l'endroit pour discuter d'un autre projet de loi mais disons ceci: La
philosophie que j'ai exposée tout à l'heure, c'est la philosophie
que partage le gouvernement. C'est sûr que la société
évolue. On ne peut quand même pas mettre sur pied des
procédures à ce point lourdes qu'elles empêchent finalement
d'en arriver aux fins qu'on recherche. Il faut que tout ça se fasse dans
l'efficacité, dans la transparence et dans le respect de la vie
privée des gens. J'en suis, le gouvernement en est. maintenant, est-ce
que le projet de loi 162 respecte ces principes? la députée de
hochelaga-maisonneuve semble le mettre en doute. mais je pense que la
commission parlementaire va se pencher là-dessus à l'automne.
moi, je n'ai aucun doute qu'éventuellement, le projet de loi sera
adopté, soit dans sa forme actuelle ou a\/ec des modifications. je ne
doute pas que, si la députée de hochelaga-maisonneuve est aussi
éloquente à cette commission qu'elle l'est ici, elle saura
toucher le coeur de ma collègue et des autres ministres et
amener, non pas par son coeur mais par son raisonnement et sa logique, le
gouvernement à améliorer son projet de loi.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Sur division, M. le Président. Toute bonne
chose a une fin.
Le Président (M. Joly): l'amendement sur l'article 7 est
adopté sur division. maintenant, est-ce que l'article 7 est
adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Adopté. Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. J'appelle l'article
8.
M. Bourbeau: M. le Président, au sujet de l'article 8, un
projet de règlement modifiant le règlement sur la
sécurité du revenu a été prépublié
à la Gazette officielle du Québec le 30 mai 1990.
Plusieurs dispositions de ce projet de règlement concernent le programme
APPORT. Parmi celles-ci, certaines donnent suite au discours sur le budget de
1989 qui avait annoncé des modifications au programme pour
l'année 1990. Le programme APPORT étant un programme annuel, le
présent article vise à permettre au gouvernement d'adopter les
règlements nécessaires aux ajustements à apporter au
programme pour l'année 1990.
Mme Harel: Alors, on a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Oui.
Mme Harel: Je vais en faire lecture, le ministre va
peut-être vouloir faire sien l'amendement. Il s'agirait, à
l'article 8, justement, de remplacer, à la quatrième ligne, les
mots "pourront prévoir" par les mots "devront prévoir". Ça
doit prévoir le caractère rétroactif.
Le Président (M. Joly): L'amendement comme tel est
recevable. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on me signale que l'adoption
de cet amendement-là pourrait causer des problèmes au
gouvernement, non pas à l'endroit des amendements que nous avons fait
prépublier à la Gazette officielle du Québec le 30
mai 1990 qui, eux, seront rétroactifs au 1er janvier 1990, mais il se
peut fort bien qu'en cours d'année, nous adoptions d'autres
règlements La députée notera que, dans l'articlu en
question, on dit: Les règlements concernant le programme, d'ici le 31
décembre 1990, seront pris. Le fait d'avoir indiqué ça.
c'est qu'on ne limite pas ça à ceux qui ont déjà
été identifiés, les règlements qui ont
été pris ou adoptés - j'aime mieux le mot "adoptés"
que le mot "pris" - si on se limitait à ceux qui ont été
adoptés jusqu'à maintenant et qui ont été
prépubliés le 30 mai, on n'aurait aucun problème à
accepter l'amendement. Si, en cours d'année, nous décidons
d'adopter d'autres règlements pour bonifier le programme APPORT et que
le gouvernement décidait que ces règlements-là prendront
effet, disons, à la fin de l'année pour l'année suivante,
à ce moment-là, on ne pourrait tout simplement pas bonifier le
programme APPORT. Donc, il ne faudrait pas se mettre dans une situation
où, finalement, on s'empêcherait de poser des gestes qui
pourraient être bénéfiques pour le programme en cours
d'année.
Mme Harel: Oui
M. Bourbeau: Elle peut nous faire confiance en ce sens qu'elle
sait que nous avons prépublié le règlement. On me signale
que, dans la prépublication, il est prévu que ce
règlement-là du 30 mai 1990 entre en vigueur le 1er janvier 1990.
C'est indiqué dans le règlement. On me dira toujours qu'on peut
toujours modifier un règlement avant son adoption finale, mais le
gouvernement n'aurait pas été jusqu'à adopter un
règlement, le prépublier, indiquer dans la prépublication
qu'il est rétroactif et, après ça, après coup,
venir modifier le règlement - c'est l'article 27 du règlement qui
prévoit la rétroactivité au 1er janvier 1990 - et,
après coup, venir dire: Non, ce n'était pas exact, c'était
pour la frime, c'était pour induire en erreur la commission
parlementaire, nous changeons la rétroactivité. Je pense que
l'explication..
Mme Harel: Alors, on va retirer notre amendement, M le
Président.
Le Président (M. Joly): Vous retirez l'amendement? Mme la
députée, je vous le donne intact. Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Nous allons
continuer à l'article 9.
Mme Harel: À l'article 0.1.
Le Président (M. Joly): On suggère ici de passer
à l'article 9 et de revenir à 0.1. Je n'ai pas d'objection
à ce qu'on revienne à 0.1
Mme Harel: Ah! L'article 9 Oui. D'accord. Vous pouvez faire
l'article 9.
M. Bourbeau: M. le Président, on est à votre
entière disposition.
Le Président (M. Joly): Donc, l'article 9, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: L'article 9. Cet article, M. le Président,
prévoit que le projet de loi entrera en vigueur le jour de sa sanction,
à l'exception de dispositions touchant le programme APPORT qui ont effet
depuis le 1er janvier 1990.
Le Président (M. Joly): Alors, l'article 9? Mme Harel:
Adopté.
Articles en suspens
Le Président (M. Joly): Nous revenons à l'article
0.1 où nous avions déjà, je pense, l'amendement.
M. Bourbeau: Je voudrais retirer l'amendement qui avait
été proposé et le remplacer par un nouvel amendement que
nous avons fait circuler - je ne sais pas si tout le monde l'a - et qui se lit
comme suit: Article 0.1, insérer, avant l'article 1, le suivant: "0.1
L'article 16 de la Loi sur la sécurité du revenu, Lois refondues
du Québec, chapitre S-3.1.1, est modifié par l'addition,
après le paragraphe 4°, de ce qui suit: "5° partage une
unité de logement avec une personne dont l'autonomie est réduite
de façon significative en raison d'un état physique ou mental qui
requiet des soins constants de cet adulte. "Ce barème s'applique
également dans les cas prévus par règlement."
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que l'amendement est satisfaisant?
Mme Harel: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Donc, je conclus que l'amendement
à l'article 0.1 est adopté.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): Donc, l'article 0.1 est
adopté. Mme la secrétaire, nous avions suspendu l'article 6.
M. Bourbeau: m. le président, il s'agit d'un amendement de
concordance avec celui qu'on vient juste d'introduire à l'article 0.1
qui ajoute un nouveau pouvoir réglementaire. il s'agit donc
d'insérer ce nouveau pouvoir à l'article 91 de la loi sur la
sécurité du revenu qui énumère l'ensemble des
pouvoirs réglementaires prévus par la loi.
Mme Harel: M. le Président, juste avant, si le ministre le
permet.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: Avant de compléter l'article 6, on a un
amendement à l'article 6, un dernier amendement, et puis mon
collègue a aussi un amendement, juste avant, je pense.
M. Trudel: Juste avant. En fait, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Vous voulez dire que vous aimeriez
inclure un autre article?
Mme Harel: C'est ça. M. Trudel: C'est
ça.
Le Président (M. Joly): Parfait. Alors, s'il vous
plaît, M. le député.
Mme Harel: Qui serait avant l'article 1, je pense.
M. Trudel: C'est ça. Avant l'article 1.
Le Président (M. Joly): Avant l'article 1? Mme Harel:
Là, on était à 0.1.
M. Trudel: 001. Là, ce sera avant l'article, d'abord.
Mme Harel: 0.2, là. On le numérotera plus tard.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aimeriez le voir
précéder ou suivre?
M. Trudel: Précéder.
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons le
numéroter de quelle façon, Mme fa secrétaire? Non, non. Il
voudrait qu'il précède. Avant 0.1.
Mme Harel: Ça va suivre. Ça va suivre.
M. Bélanger (François): À suivre? Entre 0.1
puis 1?
Le Président (M. Joly): Ça va suivre. Parfait.
Mme Harel: Oui, parce que ça modifie l'article 18.
Le Président (M. Joly): Donc, ce serait 0.2. Alors,
j'apprécierais que vous déposiez l'article en quesiton, M. le
député, s'il vous plaît. (21 h 30)
M. Trudel: M. le Président, le ministre nous
a annoncé, la semaine dernière, qu'un certain nombre de
modifications répondait à des demandes, avait-il dit, de
plusieurs membres de l'Assemblée nationale en ce qui concerne - et nous
venons d'avoir une manifestation concrète de cette proposition, de cette
déclaration ministérielle traduite dans le projet de loi - le
partage du logement. Or, le ministre est certainement au courant aussi qu'il y
a un autre problème qui se présente relativement
fréquemment, pour les personnes qui ont des prestations de l'aide
sociale et qui sont, par ailleurs, reconnues comme familles d'accueil. Alors,
cette personne ou ces personnes se voyaient, jusqu'au moment où vous
venez de corriger, en vertu de la non-réduction pour partage
d'unité de logement, réduire leurs prestations en vertu, donc,
d'unité de logement. Par ailleurs, ces personnes, en vertu des
différentes catégories, seront toujours, en vertu de l'article
18. reconnues comme non participantes et, à cet égard donc,
auront la réduction de prestations. Vous le reconnaissez, d'un
côté, par ce que, lorsque l'on prend soin d'une personne dont
l'autonomie est réduite de façon significative en raison d'un
état physique ou mental, vous rétablissez l'espèce
d'équité qui avait été brisée.
Dans le cas des familles d'accueil, vous l'avez souligné dans des
commentaires à propos d'autres articles, tantôt, et vous ne m'en
voudrez pas si je me réfère aussi à une discussion hors
commission que nous avions, il y même quelques instants, où une
autre députée ici - la députée de Groulx -
signalait comment c'était parfois difficile de vivre et d'analyser
certains cas de comté. Et c'est particulièrement le cas des
familles d'accueil qui, sur le plan strictement financier - et je ne fais pas
de blague avec ça - sauvent de l'argent à l'État. Parce
que le ministre sait très bien, et son collègue de la
Santé et des Services sociaux a eu l'occasion de l'examiner longuement
en commission parlementaire, à l'occasion de l'avant-projet de
réforme sur la loi de la santé et des services sociaux, que les
familles d'accueil sont finalement des ressources de suppléance qui nous
permettent de prendre soin de certains types de clientèle sans aller
jusqu'à l'institutionnalisation. Or, depuis l'entrée en vigueur
de la loi 37, une partie de ces familles sont de moins en moins motivées
parce que, dès le moment où elles choisissent d'être
familles d'accueil, au moment où elles sont sur l'aide sociale, on les
reconnaît à ce titre à l'aide sociale, faut le dire, et on
continue de leur permettre de retirer la prestation, mais qui était
amputée par rapport à deux mesures.
Alors, l'amendement que je veux déposer, M. le Président,
vise à ce qu'à partir de l'article 18 de la loi 37, qui se lit
comme suit, maintenant, actuellement: "Le barème de participation
s'applique lorsque l'adulte participe à une mesure proposée en
vertu de l'article 23." Je souhaiterais donc et la proposition que je fais est
de le pla- cer à la suite de l'article 16 - mais on le numérotera
tantôt, vous l'avez bien dit - et que l'on puisse lire ceci: Le projet de
loi 76 est amendé par l'insertion, avant l'article 1, du texte suivant:
L'article 18 de la loi est amendé par l'ajout, à la fin, des mots
suivants "et lorsque l'adulte ou sa famille est reconnue comme famille
d'accueil". Alors, on peut vous donner le texte. Vous l'avez déjà
Alors, essentiellement, par rapport à ce texte, c'est de
reconnaître que les familles d'accueil qui sont actuellement à
l'aide sociale, qui ne seront plus maintenant réduites, au niveau de
leurs prestations, au titre du partage d'unité de logement, ne le soient
pas non plus, tel que ce l'est actuellement, comme étant non
participantes dans le régime. Et je pense qu'à cet
égard... Vous disiez tantôt avoir un souci d'efficacité, de
bonne gestion des fonds de l'État en défendant cet article sur le
couplage avec la banque de données ou la banque de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Si le ministre de la
Santé et des Services sociaux était ici, nous pourrions reprendre
ses propos en commission où il reconnaissait, effectivement, toute la
valeur du travail réalisé par les familles d'accueil. En ce qui
concerne votre responsabilité, ce ne sont que les familles d'accueil qui
sont sur l'aide sociale. Et je pense que là-dessus, l'objectif de
d'abord placer le bénéficiaire au centre des
préoccupations du législateur, que ce soit en termes de services
de santé ou de services sociaux, ou chez vous, à la
sécurité du revenu, à cet égard-là, nous
serions à prendre une mesure qui permette à l'État
d'économiser et de prendre soin de personnes en famille d'accueil,
à domicile, au lieu de les pousser, en quelque sorte, du
côté de l'institutionnalisation, d'autant plus que, par ailleurs,
le ministre de la Santé et des Services sociaux a
décrété depuis le 15 novembre un moratoire sur la
création ou l'autorisation de nouvelles familles d'accueil au
Québec. Ce qui fait en sorte que les familles existantes et reconnues
comme telles à titre de familles d'accueil sont d'autant plus
précieuses dans le système et doivent être d'autant plus
motivées qu'on a décidé de geler le nombre de familles
reconnues. C'est pourquoi nous présentons, je veux présenter cet
amendement, et le ministre, lorsqu'il prendra avis de ses conseillers, verra
certainement que cet amendement-là ne concerne pas un très grand
nombre de personnes En fait, un petit nombre de personnes, par rapport à
l'immensité du service qu'elles rendent à la
société. Et ce serait une autre façon de reconnaître
qu'il s'agit d'une ressource alternative dans le système et que
ça a de la valeur pour le système de les reconnaître
à ce titre de familles d'accueil. Alors, voilà l'amendement que
je voulais présenter, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Aimeriez-vous ajouter quelque
chose en attendant, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Pour votre bénéfice,
peut-être...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, madame.
Mme Harel: ...m. le président, puis le
bénéfice de mes collègues, je recevais, il y a quelques
semaines, le 31 mai dernier, une lettre qui m'était adressée, qui
ne vient pas de montréal, et cette personne me disait... si vous
permettez, je vais vous en faire peut-être rapidement lecture.
Le Président (M. Joly): Allez.
Mme Harel: Elle me disait: "Je suis âgée de 47 ans
et je suis famille d'accueil pour le CSS de ma région. J'ai choisi
l'outil de famille d'accueil parce qu'il me convenait, ayant travaillé
pendant 17 ans auprès des enfants et des familles démunies, je
suis pleinement heureuse dans ce métier. Cet art, je l'aime, parce qu'il
me permet de vivre en harmonie avec mes principes, mes valeurs et mon
idéal. Je dois cependant vous dire que je suis très très
idéaliste. La raison de ma colère vient du fait que je suis
présentement bénéficiaire de prestations d'aide sociale,
et, comme toutes les autres personnes dans ma situation, nous avons
été réévaluées dernièrement. Je
trouve ça tout à fait normal. Nous devions donc définir
à quelle catégorie de personnes nous appartenions. Mon mari
étant malade, il devenait donc non disponible. Je dis à la
personne visiteuse que je pouvais disposer de quelques heures-semaine pour les
organismes à but non lucratif. L'agent de placement me convoque et
m'affirme que, puisque je ne peux occuper un emploi à plein temps, je
suis classée non participante. On me fait presque sentir que je ne veux
pas travailler. Je suis indignée, car je ne sais pas ce que pensent les
administrateurs de l'aide sociale, mais je crois qu'en tant que famille
d'accueil, je ne me tourne pas les pouces. Je m'occupe présentement de
deux garçons trisomiques, mongoliens, âgés de 37 ans. Je
crois à mon travail et je le prends au sérieux. J'essaie de
développer leurs capacités motrices et intellectuelles au
maximum. Je vois aussi à leur intégration sociale Cela comprend
l'apprentissage du magasinage pour leurs effets personnels, la
fréquentation des restaurants pour les bonnes manières à
table, découvrir le voisinage et l'environnement, la découverte
de toutes les formes d'art afin de stimuler leur imagination. Il y a aussi
toute l'hygiène corporelle et alimentaire, sans compter les nombreuses
visites chez les médecins et les spécialistes, car, voyez-vous,
l'un souffre de surdité et il est porteur du virus actif de
l'hépatite B. L'autre, quant à lui, a continuellement des
infections qui demandent une hygiène sans faille. L'un d'eux ne
fréquente l'atelier protégé qu'une journée sur
deux, car sa santé ne lui permet plus de faire toute la semaine. Il y a
aussi les grandes vacances. Trois semaines de congé bien
méritées, mais pas possible de trouver des camps de vacances pour
eux dans notre région, inexistants. "Il y a quelque chose de plus
important que tout ça. Je les aime et je veux pour eux le meilleur. Je
dois me battre tous les jours pour avoir des soins médicaux
adéquats et surtout faire comprendre aux gens leurs capacités et
leurs limites. Les préjugés sociaux sont tenaces et les raisons
de me battre pour eux sont nombreuses. Je vous dis, chère madame: Non,
je ne les laisserai pas tomber, comme m'ont conseillé certains agents de
l'aide sociale. Parce que je les aime et surtout parce que je les ai
laissés m'aimer, je me sens doublement responsable de les avoir
apprivoisés. Je veux être et je demeure famille d'accueil. "Je
vous demande donc votre aide afin de faire comprendre aux personnes et aux
ministères concernés le rôle et le travail des familles
d'accueil. Voyez-vous, je crois en l'importance de mon travail et à son
utilité. Je travaille très fort tous les jours et je suis en
poste 24 heures par jour, et cela l'année durant. Si l'aide sociale me
verse la somme de 826 $ par mois pour mon mari et pour moi, cela veut dire que
je reçois 1,15 $ l'heure pour 720 heures de travail par mois. Je ne
crois pas être déraisonnable en demandant que l'aide sociale
tienne compte de mon travail et me reconnaisse le droit de refuser un double
emploi à plein temps. Que personne ne s'inquiète, je travaille
à plein temps. "Pourquoi les familles d'accueil ne sont-elles pas
reconnues pour leur travail? Pourquoi doivent-elles demander la charité
à l'aide sociale? Pourquoi refuse-ton de bien définir notre
rôle? Nous sommes les personnes et l'instrument de premier plan dans
l'intégration sociale pour les handicapés intellectuels. Nous
méritons, je crois, que notre travail soit respecté, à
défaut d'être considéré. Je suis prête, comme
je l'ai mentionné dans cette lettre, à consacrer quelques
heures-semaine aux organismes à but non lucratif, mais ne me demandez
pas de négliger mes enfants bénéficiaires, je ne le ferai
pas. "Madame, je sollicite votre aide afin que soient prises en
considération les familles d'accueil. Quand on est conscient de ce que
représente le travail des familles d'accueil, on sait que c'est un
emploi à plein temps. Pourquoi nous pénaliser de notre
choix?"
Il y avait d'autres considérations parce qu'elle a ajouté
par la suite... Elle disait: "Lors de l'entrevue, la personne qui m'a
reçue pour l'employabilité n'a pas tenu compte de deux facteurs.
J'éprouve une grande fatigue, qui va avec le début de la
ménopause, et des troubles de vision. Il est donc normal que je cherche
à gagner ma vie à domicile, et la formule de famille d'accueil me
convient parfaitement."
Il y avait des lettres d'appui. Je sais bien qu'il y a un per diem qui
est versé par le centre
des services sociaux mais le per diem vient quand même compenser
les dépenses d'hébergement, de nourriture. ce n'est pas un revenu
net, ça, le per diem.
M. Bourbeau: J'aimerais réagir à la proposi tion du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je devrais le
savoir pourtant. J'ai demeuré là quand j'étais jeune. Il
s'agit d'une excellente suggestion, il n'y a aucun doute. Je veux simplement
dire qu'avant d'en arriver à la suggestion précise, nous avons
déjà commencé à nous occuper d'une façon
particulière des familles d'accueil.
Premièrement, dans les familles d'accueil, tous les revenus, les
per diem, on n'en tient pas compte à l'aide sociale, en ce sens qu'on ne
comptabilise pas ces revenus. En vertu de l'article 52, paragraphe 3, du
règlement, les revenus qui sont retirés par la famille d'accueil
sont complètement exemptés à l'aide sociale.
C'est-à-dire que la personne qui tient la famille d'accueil, on ne lui
déduit pas ses revenus de sa prestation d'aide sociale. Donc, c'est une
exception à la règle générale, pour favoriser
justement une famille d'accueil.
Deuxièmement, on n'applique pas non plus, en aucune façon,
la notion de chambre et pension qu'on applique d'une façon
générale à l'aide sociale. On ne l'applique pas du tout On
ne comptabilise pas cette notion qui pourrait être appliquée en
présumant qu'une partie du per diem, bien sûr, une bonne partie,
c'est des dépenses réellement encourues, mais une petite partie,
c'est des profits, un genre de gain. Ce gain-là non plus, on n'en tient
pas compte, ça n'affecte pas la notion de faire les pensions. (21 h
45)
Troisièmement, pour favoriser davantage les familles d'accueil,
j'ai annoncé la semaine dernière que, dans le règlement
que j'ai prépublié le 30 mai, donc, ça fait deux semaines,
nous avons décidé d'exempter les familles d'accueil du partage du
logement. C'est tout nouveau, c'est une décision très
récente du Conseil des ministres, de sorte que, dorénavant, la
personne qui était assistée sociale et qui tient une famille
d'accueil ne se verra plus déduire les 89 $ par mois pour
elle-même et tous ses pensionnaires qui sont assistés sociaux
aussi vont avoir le bénéfice de ne pas se voir déduire les
89 $ au partage du logement. Donc, je dois dire qu'on s'inscrit très
bien dans la ligne de pensée du député en ayant
déjà, au cours du dernier mois, fait des efforts pour venir en
aide aux familles d'accueil.
Cela étant dit, je voudrais qu'on comprenne que, même si je
voulais, aujourd'hui, acquiescer à la demande du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, je ne ie pourrais pas parce que la demande
qu'on me fait, c'est une demande qui comporte des coûts et qui doit donc
être acceptée par le Conseil du trésor et
sanctionnée par le Conseil des ministres. Je n'ai pas le pouvoir de
consentir à ça, mais j'aurais le pouvoir de consentir à un
libellé différent d'un article déjà existant ou
d'un amendement, si ça ne change pas la substance. Là, on me
demande un amendement de substance.
J'ajouterai aussi, M le Président, que j'ai dit à
plusieurs reprises que j'étais disposé à regarder tout
amendement qui viserait à améliorer le système. Nous
procédons par vagues, si je peux dire, parce qu'il y a souvent des cas
qui nous sont rapportés. Nous en faisons le recensement, nous avons une
procédure établie au ministère pour faire l'analyse de
tous ces cas-là et lorsque nous en avons quelques-uns, nous les
présentons au Conseil du trésor et nous tentons,
évidemment, de les faire accepter par le Conseil des ministres. Il y a
eu une première vague le 30 mai où nous avons
prépublié un règlement qui apporte un certain nombre de
bonifications à la réglementation; la deuxième vague,
c'est celle qu'on voit aujourd'hui et qui comprend des changements au projet de
loi, et le projet de loi lui-même d'ailleurs. Et la deuxième vague
comprend aussi tous les changements que j'ai annoncés la semaine
dernière au règlement - il y en avait plusieurs - dont un nouveau
règlement que nous allons prépublier dans les prochains jours et
qui va comprendre les dernières annonces que j'ai faites la semaine
dernière, qui s'ajoute au règlement qui a été
prépublié le 30 mai.
Nous sommes en train de regarder une autre série d'amendements,
ce qui sera la troisième vague, si vous voulez, au ministère et,
dans cette série-là, il y a la proposition du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue Ce que vous
proposez, nous l'avons actuellement sur notre table de travail. Le fait de
traiter des gens qui ont des familles d'accueil, qui détiennent des
familles d'accueil non pas comme des non participants, mais comme des non
disponibles. Ce que nous avons sur la table de travail, c'est de traiter comme
des non disponibles, de la même façon que les personnes dans
l'article 0.1 du projet d'aujourd'hui.
Vous proposez de les traiter comme des participants. C'est une
proposition que je défends aussi, on pourrait aussi bien dire que ces
gens-là participent à une mesure d'employabilité, on
pourrait aussi dire que ce sont des gens qui sont non disponibles à
aller travailler puisqu'ils sont occupés à maintenir une famille
d'accueil. Ça voudrait dire, bien sûr, des prestations accrues. Le
barème de non participant et non disponible est légèrement
inférieur au barème des participants, pas beaucoup, mais est
sensiblement plus élevé que les non participants.
Tout ce que je peux dire au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, c'est que la proposition qu'il fait est sur
notre table de travail. Elle fait partie d'un groupe de mesures que nous
regardons présentement. Ce n'est pas
exactement la même, mais elle s'en rapproche beaucoup. J'ai
l'intention, dans les prochaines semaines, le plus tôt possible
d'ailleurs, de retourner au Conseil du trésor avec une nouvelle
série de propositions. Je ne peux pas préjuger des
décisions parce qu'il y a toujours un coût qui doit être mis
au bout de ça. À chaque vague où on arrive, il y a
quelques millions qui sautent, et la caisse du gouvernement n'est pas
très remplie par les temps qui courent, mais je peux dire que,
personnellement, je fais tous les efforts pour tenter de faire en sorte de
rendre la situation la plus facile possible pour la clientèle de l'aide
sociale et la moins contraignante possible. Je suis convaincu que j'aurai
certainement l'appui de mon collègue, le ministre de la Santé et
des Services sociaux. Reste à savoir si je pourrai dénicher les
fonds requis dans la machine gouvernementale. Nous sommes en train de faire
l'évaluation des coûts de cette mesure-là. On n'a pas les
chiffres ici. On est en train de faire l'exercice. Alors, je vous dis
simplement que ma bonne foi est là. Je reconnais que ce serait une autre
amélioration. Je vous signale que nous avons déjà
bougé dans ce domaine-là, il y a deux semaines, avec l'abolition
du partage du logement, mais il n'y a rien qui empêche qu'on puisse faire
une deuxième mesure dans le même domaine en peu de temps. Mais je
pense que la bonne foi a été démontrée, et tout ce
que je peux vous dire c'est qu'on va tenter de voir dans quelle mesure on peut
faire adopter une proposition semblable dans les prochaines semaines.
Le Président (M. Joly): Je tiens à souligner pour
le bénéfice du député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue que j'ai laissé aller
l'échange que je trouvais quand même intéressant, quoique,
en vertu de l'article 192, l'amendement comme tel ou l'article était
irrecevable parce que seul un ministre peut présenter une motion visant
l'engagement de fonds publics.
Mme Harel: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Si vous me permettez, de vous citer l'une des
décisions rendues par un de vos collègues, je crois que c'est M.
Lemieux, le député de Vanier, qui dit qu'il faut appliquer un
test pour savoir... Ce n'est pas nécessairement parce que ça
implique des fonds publics que ça doit être écarté.
Attendez, je vais vous citer ça. C'est l'article 192. Autour de
ça...
Une voix: ...formation continue.
Mme Harel: Oui.
Une voix: ...ça fait partie du volet forma- tion
continue.
Le Président (M. Joly): Si on regarde les jugements
antérieurs rendus aussi par Geof-frion...
Mme Harel: J'ai eu à trancher quelques décisions de
cette nature à la commission de l'éducation. Pour savoir si une
motion implique des engagements de fonds publics, quatre critères
doivent être pris en considération. Le premier critère:
Est-ce exécutoire? Deuxième critère: Y a-t-il implication
directe sur des dépenses d'argent? Troisième critère.
Est-ce exprimé en termes généraux? Quatrième:
Est-ce que la motion comporte des chiffres? Dans le cas présent, la
motion serait exécutoire puisque comprise dans une loi elle-même
exécutoire. Elle implique également des dépenses d'argent
et la motion n'est pas exprimée en termes généraux
puisqu'elle demande spécifiquement quelque chose. Alors, elle ne serait
pas recevable.
Des voix: Ha, ha, ha.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, j'avais rendu ma
décision, et on dit que ma décision n'est pas contestable.
Mme Harel: il y aurait juste une manière de la libeller
pour qu'elle le soit. on pourrait la modifier, alors on va formuler un souhait.
on pourrait la modifier. on va la retirer et on pourra la représenter en
souhaitant que le ministre introduise telle... et ainsi de suite.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Joly): II n'y rien de mieux qu'une double
confirmation, Madame... M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais dire que, même si on avait su
dès le départ qu'elle était irrecevable, j'aurais quand
même aimé qu'on en discute et je suis content qu'on en ait
discuté, parce que ça permet de comprendre encore mieux les
problèmes, de les mettre sur la place publique. Tout ça doit se
faire avec beaucoup de transparence, et je pense que chacun peut
réaliser comment nous faisons des efforts, tout le monde, pour tenter
d'améliorer un système qui n'est pas parfait, mais qui devrait
l'être dans la mesure du possible, afin de se rapprocher de la
perfection. Je suis très satisfait et très content quand des
députés me signalent des cas. Parce que ça nous permet de
tenter de raffiner la réforme et je n'aurai de cesse que nous ayons
réussi à colmater toutes les brèches. Alors, dans ce
sens-là, je peux vous assurer que nous allons tenter, dans la mesure du
possible, de voir s'il n'y a pas moyen de régler le problème dont
vient de parler le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Joly): Le député
M. Trudel: Si vous permettez, sur une motion non recevable, M. le
Président, je dirais que ça allait contribuer à votre
formation, mais c'est à la mienne que ça a contribué,
voyez-vous Oui, je vais souhaiter que, assez rapidement la troisième
vague, non pas de Toffler, mais de Bourbeau, pardon, du ministre, arrive le
plus rapidement possible, parce que ça ne me semble pas concerner - j'ai
vu quelques chiffres - un très grand nombre de personnes, mais
très significatif comme signal à donner. L'autre information que
je veux signaler au ministre - il aura l'occasion certainement dans l'analyse
de voir cela - sur le per diem qui est donné aux familles d'accueil,
actuellement, c'est autour de 21,65 $ par jour, ce qui n'est pas luxueux, on va
l'admettre, pour être famille d'accueil, par bénéficiaire,
bien sûr, et quelque 8 $, en moyenne, actuellement, lorsque c'est des cas
qui sont pi us lourds, selon le langage adopté, lorsque c'est des
personnes handicapées ou des gens souffrant de déficience mentale
ou d'autres types de déficiences. À cet égard-là,
je pense que ça relève plus du signal à donner, que c'est
des ressources importantes dans notre système de santé et de
services sociaux et que le gouvernement reconnaît bien ce qui se fait de
la main gauche ou de la main droite par son autre main, et ce sera le signal
important. Alors, on va attendre de vos nouvelles très bientôt
là-dessus.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Dans ce sens, il y a des coûts
économiques aussi à ne pas favoriser la
désinsti-tutionnalisation ou à ne pas favoriser le maintien
à domicile, il y a aussi des coûts quand même importants. Je
prenais connaissance d'un communiqué rendu public par le ministre de la
Santé et des Services sociaux annonçant une recherche pour
améliorer la qualité de vie et l'intégration sociale des
personnes ayant une déficience intellectuelle. Le ministre
annonçait un montant de 500 000 $ à la recherche. Cette recherche
consiste à suivre, pendant une période de quatre ans, 500
personnes provenant de milieux de vie, comme les familles naturelles,
appartements supervisés, foyers de groupe, familles d'accueil.
L'étude consiste à identifier les meilleurs moyens d'atteindre
les résultats d'intégration sociale dans la communauté des
déficients intellectuels.
C'est des recherches qui sont intéressantes, mais il ne faut pas
qu'au même moment, il y ait, comme une sorte d'effet pervers, d'autres
dispositions qui fassent qu'on "désincite" des familles à devenir
famille d'accueil. Je ne pense pas que les familles d'accueil puissent se
recruter parmi les ménages où les deux personnes travaillent. En
général, les classes moyennes ou classes moyennes
supérieures ou qui ont un niveau de vie aisé se recrutent parmi
les ménages où les deux travaillent II faut favoriser, d'une
certaine façon, le recrutement de familles d'accueil dans des familles
où il y a encore maintien à domicile. Ça, c'est dans des
milieux comme ceux qui sont touchés par les bénéficiaires
d'aide sociale.
Moi, ce que je souhaiterais, c'est que, de la même façon
qu'on considère comme participants les personnes qui font des travaux
communautaires et qu'on considère comme une mesure
désignée les travaux communautaires, qu'on considère comme
une mesure désignée d'être famille d'accueil
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve
reconnaîtra que, ce signal-là, on le donne présentement
à la sécurité du revenu, en faisant en sorte que le
partage du logement ne soit plus appliqué. C'est une mesure
récente qui date d'il y a deux semaines, publiée le 30 mai dans
la Gazette officielle C'est un signal qui va dans le sens de ce que vous
proposez. Nous avons également annoncé que les familles d'accueil
pour contrevenants, ce n'est pas la même chose exactement, mais il reste
quand même que, là encore, nous excluons les revenus et exemptons
totalement les revenus pour les fins de la sécurité du revenu
dans le règlement qui a été prépublié. C'est
l'article 8.
Mme Harel: C'est-à-dire que, ce que vous faites, c'est que
vous n'amputez plus les 89 $ pour le partage du logement, mais l'allocation
versée n'est toujours que de 125 $. On parle de la réinsertion
des délinquants ou des personnes qui...
M. Bourbeau: C'est-à-dire que, pour les familles d'accueil
de contrevenants, les sommes qui sont reçues par un foyer d'acceuil
lié par un contrat de service conclu avec le ministère de la
Sécurité publique pour faciliter la réinsertion sociale
des personnes tenues d'y loger, ces sommes-là sont exemptées
complètement de la sécurité du revenu. Donc, c'est un
autre signal qui est donné, plus l'abolition du partage du logement. Je
pense qu'on peut dire que, quand même, le ministère n'est pas
à la remorque de qui que ce soit. Nous sommes sur la bonne voie.
Mme Harel: Oui, ce n'est pas... Il ne faut pas que vous vous
satisfassiez de ce qui est entrepris. (22 heures)
M. Bourbeau: On compte sur vous pour nous le rappeler, Mme la
députée.
Mme Harel: Bon.
Le Président (M. Joly): J'aimerais, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, pour le bénéfice
des membres de cette commission - je me souvions avoir vu lo comité
iiuquol vous
faites référence - mais j'aimerais avoir la date quand
même, et puis le titre.
Mme Harel: Le 6 juin.
Le Président (M. Joly): Le 6 juin? C'est ça, je me
souviens avoir vu ça, le 6 juin. Alors...
Mme Harel: alors, j'ai, bon, également un amendement
à introduire, m. le président. c'est à l'article 6, je
crois que c'est le seul article qui nous reste...
Le Président (M. Joly): L'article qui avait
été suspendu. Il y avait déjà un amendement, donc
est-ce que vous faites un sous-amendement à l'amendement, ou...
Mme Harel: Non, je vais laisser le ministre introduire son
amendement, puis j'introduirai le mien après.
Le Président (M. Joly): C'est-à-dire, s'il y avait
déjà un amendement, est-ce qu'il était soumis par M. le
ministre? Donc, j'imagine que vous allez retirer votre amendement? Non?
O.K.
Mme Harel: Ça ne porte pas sur les mêmes choses.
Le Président (M. Joly): On vous laisse aller, on va
voir.
M. Bourbeau: Mais je crois qu'il a déjà
été déposé, l'amendement?
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Bourbeau: Bon, alors il s'agit d'un amendement créateur
de concordance avec celui introduit par l'article 0.1, qui ajoute un nouveau
pouvoir réglementaire. Il s'agit donc d'insérer ce nouveau
pouvoir à l'article 91 de la Loi sur la sécurité du
revenu, qui énumère l'ensemble des pouvoirs réglementaires
prévus dans la loi. Et ce pouvoir-là, c'est de prévoir les
cas auxquels s'applique le barème de non-disponibilité.
Mme Harel: Alors doit-on comprendre que vous vous réservez
ce pouvoir réglementaire uniquement dans les cas du barème de
non-disponibilité? Par exemple, vous pourriez l'utiliser,
éventuellement, à l'égard des familles d'accueil?
M. Bourbeau: Exactement.
Mme Harel: Sans avoir besoin de passer par une disposition
législative.
M. Bourbeau: Exactement. Mme Harel: Mais...
M. Bourbeau: Ça indique d'ailleurs dans quelle direction
on se dirige.
Mme Harel: Mais pourquoi vous limiter simplement à un
pouvoir réglementaire dans le cas du barème non disponible?
Pourquoi ne pas aussi en profiter, parce qu'on est dedans, on ne revient pas
nécessairement fréquemment, pourquoi ne pas en profiter pour vous
donner un pouvoir réglementaire dans les cas des autres barèmes
également?
M. Bourbeau: le seul autre barème qui aurait un certain
intérêt, c'est le barème de participation. or, ce
barème-là, j'ai déjà le pouvoir de
reconnaître une nouvelle mesure...
Mme Harel: De désigner?
M. Bourbeau: Oui, de désigner, ou reconnaître une
mesure, désigner une mesure. Et dès que la mesure est
désignée, à ce moment-là, on n'a pas besoin de
pouvoir réglementaire, ça existe. Alors, à moins que la
députée ne veuille que je me donne le pouvoir de désigner,
pas de désigner, mais... À moins que la députée ne
veuille que je prévoie les cas auxquels s'applique le barème de
non-participation, mais je présume que ça n'a pas
d'intérêt pour la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Est-ce que la députée de Hochelaga-Maisonneuve voudrait que je me
donne le pouvoir de prévoir des cas auxquels s'applique le barème
de non-participation? Je présume que...
Mme Harel: ...le ministre connaît la réponse.
M. Bourbeau: Le seul barème intéressant, à
part le participant, c'est celui-ci.
Mme Harel: Alors donc, le ministre pourrait désigner, par
exemple, les familles d'accueil aux fins des mesures permettant le
barème de participant, ou utiliser le pouvoir réglementaire qu'il
introduit.
M. Bourbeau: C'est exact. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Joly): L'amendement sur l'article 6,
adopté. Donc, est-ce que l'article 6 est adopté tel
qu'amendé?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. Alors, merci.
Mme Harel: alors m. le président, j'ai un amendement
à introduire à l'article 6 que je vais essayer de rédiger
de façon à ce qu'il soit recevable.
M. Bourbeau: Ça risque d'être compliqué, j'ai
l'impression.
Le Président (M. Joly): Je me pose la question, mot
aussi.
M. Bourbeau: II est adopté.
Le Président (M. Joly): Bien oui, Particle 6 est
adopté, madame...
Mme Harel: Non, c'est l'amendement.
Le Président (M. Joly): L'amendement et l'article 6.
Mme Harel: Non, non, on a juste procédé à
l'amendement.
Le Président (M. Joly): Bon, alors de consentement, nous
allons renverser...
Mme Harel: On avait adopter seulement l'amendement...
Le Président (M. Joly):... la décision qui a
été prise. Oui, parce que j'ai demandé... Remarquez bien
que, moi, je suis prêt à coopérer, nécessairement
toujours selon la bonne foi des deux...
Mme Harel: Ah!
M. Bourbeau: Vous avez demandé: Est-ce que l'article 6 est
adopté? Et il est adopté, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Tel qu'amendé...
M. Bourbeau: Mais disons ceci. Avant de le rouvrir, voyons
donc...
Mme Harel: De le rouvrir? Mais, M. le Président, encore
faut-il qu'il y ait un consentement. Ce n'est pas tacite, ce n'est pas le
silence, le silence est...
M. Bourbeau: Non, non, vous avez...
Mme Harel: Je sais que le silence est d'or et que la parole est
d'argent mais...
M. Bourbeau: Moi, j'ai entendu...
Le Président (M. Joly): Disons que je ne voudrais quand
même pas débattre ça.
M. Bourbeau:... de mes oreilles, là...
Le Président (M. Joly): Je pense qu'on va se fier...
Mme Harel: On va attendre les galées.
M. Bourbeau: La députée a été
surprise, quoi!
Le Président (M. Joly):... à la bonne foi et
à la bonne volonté.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Joly): Panant de là, moi, ce que
je suggère, c'est que vous nous donniez le libellé de votre
amendement, Mme la députée, et puis on pourra, par après,
procéder.
Mme Harel: Vous ne dites pas, d'abord, si on a rouvert l'article
6. Alors, je vais le plaider, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Alors, on va être
obligés de retourner aux galées.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hoehelaga-Maisonneuve veut rouvrir l'article 6.
Le Président (M. Joly): Oui. C'est le voeu..
Mme Harel: Je considère que l'article 6 est toujours sujet
à des propositions qui doivent évidemment recevoir l'aval du
président.
M. Bourbeau: Bon. M. le Président, elle pourrait aussi
proposer non pas de rouvrir l'article 6, mais proposer l'article 6. 1, je
présume. Ça serait peut-être la même chose. Alors,
disons que...
Mme Harel: Ah! C'est vrai.
M. Bourbeau: Voyez-vous, je vous donne même les
façons de vous en sortir.
Mme Harel: Mon Dieu!
Mme Bleau: C'est vraiment extraordinaire!
Le Président (M. Joly): J'imagine que vous n'en avez
jamais douté.
Mme Harel: Bon. Je vais vous dire... C'est l'article 91. En fait,
l'idée est la suivante. C'est de proposer au ministre d'étudier
l'ajout, avant le paragraphe 1°, du paragraphe suivant, évidemment,
en modifiant l'article 91, qui s'intitulerait 0. 1 et qui se lirait ainsi: par
l'ajout, dans le paragraphe 15, après le mot "déterminer-dans la
première ligne des mots suivants "sauf à l'égard... ",
Alors, pour comprendre, je devrais peut-être lire le paragraphe 15.
Alors: "sauf à l'égard d'une famille d'accueil et des personnes
qui y sont placées, d'une maison d'hébergement pour femmes en
difficulté et des femmes qui y sont réfugiées, d'un foyer
d'accueil lié par un
contrat de service avec le ministère de la Sécurité
publique pour faciliter la réinsertion sociale des personnes tenues d'y
loger et de la personne responsable de ce foyer ainsi que sa famille, ou
à l'égard des personnes visées au paragraphe 5" do
l'article Hi "
Alors, M le Président, il s'agit essentiellement de soustraire
à l'application du partage du logement les personnes visées par
le règlement mais qui se trouvent à avoir la protection d'une
législation, donc qui ne peuvent pas être l'objet d'une
modification simplement par voie réglementaire. Il s'agit à la
fois des familles d'accueil, des personnes qui sont hébergées
dans les familles d'accueil, des femmes en difficulté qui se
réfugient dans une maison d hébergement, des jeunes contrevenants
qui sont dans des foyers d'accueil liés par un contrat avec le
ministère de la Sécurité publique, ainsi que des personnes
visées au paragraphe 5" de l'article 16, à savoir celles qui sont
considérées comme non disponibles parce que prodiguant des soins
constants à une personne en perte d'autonomie. Alors, l'objet de
l'amendement, c'est d'inviter le ministre à étudier la
possibilité, d'une part, de donner la protection législative et,
d'autre part, d'élargir aux personnes non disponibles qui
hébergent et donnent des soins constants l'exemption de partage du
logement.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que...
Le Président (M. Joly): Oui, M le ministre.
M. Bourbeau: ...la députée de Hochelaga-Maisonneuve
propose que le gouvernement, le ministre, étudie la possibilité
de transposer dans la loi ce qui est déjà dans les
règlements. Moi, je n'ai absolument pas d'objection à
étudier cette possibilité-là, mais je ne vois pas comment
on peut introduire un article comme ça dans une loi. Il faudrait que ce
soit une résolution de la commission.
Mme Harel: Ce n'est pas simplement la protection du
règlement, c'est aussi l'élargissement aux personnes qui sont
considérées comme non disponibles.
M. Bourbeau: Oui, oui. Je comprends.
Mme Harel: Je n'ai peut être pas besoin de
développer beaucoup, M. le Président, en vous disant simplement
que si elles étaient familles d'accueil désignées par un
CSS de la région, pour accueillir un bénéficiaire
étranger, elles ne seraient donc plus assujetties au partage du
logement. Mais si elles habitent avec quelqu'un, un membre de leur famille,
à l'égard duquel ellos ne peuvent pas être
désignées familles d'accueil, là ellos vont être
victimes du partage du loge ment. À mon point de vue, c'est une mesure
qui devrait s'harmoniser parce qu'elle a un caractère antifamilial.
Quand vous gardez un étranger, vous êtes finalement plus
bénéficiaire que si vous gardez un propre parent.
Le Président (M. Joly): M le ministre, est-ce que vous
auriez une façon à suggérer à Mme la
députée de communiquer en fait les...
M. Bourbeau: Je n'aime pas plaider pour l'irrecevabilité.
Il me semble qu'elle saute aux yeux. Disons que je prends la proposition de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve comme étant une
suggestion que nous allons mettre dans le collimateur, avec les autres
propositions que nous étudions présentement, comme celle qu'a
proposée tout à l'heure le député de
Rouyn-Noranda-Té-miscamingue. Nous allons certainement la
considérer avec beaucoup d'attention.
Mme Harel: Est-ce que vous la jugez recevable?
Le Président (M. Joly): De la manière qu'elle est
libellée, je pense que oui.
Mme Harel: Vous la jugez recevable?
Le Président (M. Joly): Non, pas recevable,
irrecevable.
Mme Harel: Ah! irrecevable. M. Bourbeau: Des voeux
pieux.
Le Président (M. Joly): Non, il faut adopter toute la
balance. L'article 6 est adopté, comme on a dit tantôt. D'accord,
oui?
M. Bourbeau: II n'y a pas de... M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Donc, est-ce que le titre du
projet de loi est adopté9
Mme Harel: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Est-ce que le projet de loi
amendé est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Joly): Est-ce que la commission
recommande la renumérotation du projet de loi?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Mme Harel: Adopté M. Bourbeau: Elle le fait.
Le Président (M. Joly): Donc, ayant rempli notre mandat,
nous allons ajourner nos travaux sine die.
M. Bourbeau: Vous me permettrez en terminant un mot.
Le Président (M. Joly): Sûrement, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Simplement remercier les membres de la commission
des deux côtés pour leurs efforts consentis dans une
période où les forces qui nous restent nous sont comptées.
Je tiens à souligner l'esprit de coopération qui a existé
entre l'Opposition et nous. J'aime bien travailler dans un climat
constructif.
Je dois dire que jadis, naguère, lorsque j'ai été
dans l'Opposition, j'ai connu des ministres qui, par principe, ne voulaient
jamais entendre parler d'un amendement, qui les rejetaient avant même de
les entendre. Je me suis juré que je ne serais jamais ce genre de
ministre. Enfin, je ne veux pas me faire mon "auto-congratulation", mais je
tiens à dire que c'est important de tenter d'améliorer le projet
de loi le plus possible, dans la mesure où les amendements qui sont
proposés sont sérieux et ont pour objet non pas de gagner, mais
de faire avancer la loi. J'ai connu même, depuis mon accession au
gouvernement, des critiques de l'Opposition qui présentaient des
amendements pour le plaisir de le faire. Ce n'est pas le cas de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, ni du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. On a peut-être une petite idée
de ce à quoi je fais allusion. Mais dans le cas présent, je
pense, M. le Président, que c'est agréable de travailler dans un
climat constructif comme celui-là. Quant à moi, même s'il
est tard un peu, je pense que ça valait le coup. Merci,
Le Président (M. Joly): À mon tour, M. le ministre,
je tiens à remercier les membres de cette commission pour leur
coopération Je savais à l'avance, parce que vous le dites souvent
de fois, que vous avez toujours du plaisir et de l'agrément à
travailler avec Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Partant
de là, je me sentais à l'avance rassuré. Alors, merci de
la collaboration des membres de cette commission.
Nous allons donc ajourner sine die.
(Fin de la séance à 22 h 15)