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(Douze heures treize minutes)
Le Président (M. Joly): Je vous rappelle que la commission
des affaires sociales se réunit afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 70, Loi concernant
l'adoption et modifiant le Code civil du Québec, le Code de
procédure civile et la Loi sur la protection de la jeunesse. Mme la
secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière) sera remplacée par M.
Claveau (Ungava); M. Marcil (Salaberry-Soulanges) par Mme Bleau (Groulx); M.
Paradis (Matapédia) par M. Poulin (Chauveau).
Le Président (M. Joly): Merci...
Mme Boucher Bacon: Pourriez-vous répéter, s'il vous
plaît, ceux de l'Opposition, c'est parce que je n'ai pas compris.
La Secrétaire: Ah! Alors, c'est Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière) par M. Claveau (Ungava).
Une voix: Excusez...
Mme Boucher Bacon: Qui est remplacé par le
député d'Ungava?
La Secrétaire: Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière) sera remplacée par M. Claveau
(Ungava).
Mme Boucher Bacon: On va avoir du plaisir.
Le Président (M. Joly): Bon, alors, je vous remercie
beaucoup, Mme la secrétaire. Je vous rappelle que, au moment où
nous avons ajourné nos travaux hier soir, nous étions à
l'article 4, 622.1, et nous avions déjà cheminé largement
dans ledit article. La parole est à vous, Mme la députée
de Marie-Victorin.
Rôle de vérification du tribunal
(suite)
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je me souviens
très bien qu'on avait commencé à aborder cet
article-là et qu'il restait encore beaucoup d'interrogations, en tout
cas, du moins du côté de l'Opposition, et des vérifications
que nous voudrons voir avec le ministre, à savoir son orientation.
Encore une fois, je me réfère toujours au document du Barreau du
Québec qui considère pourquoi maintenir toujours... J'ai beau
comprendre l'argumentation que le ministre a essayé de nous
démontrer hier, que c'était deux choses différentes, qu'il
y avait une approche, un contrôle bureaucratique, qu'il y avait tout
autant aussi un contrôle judiciaire, qu'il fallait faire la
conformité du projet au niveau de nos tribunaux pour avoir une
harmonisation entre les tribunaux extérieurs, étrangers, et nos
tribunaux ici au Québec, j'en conviens fort bien, mais pourquoi,
à ce moment-là, ne pas faire comme je lui disais? Dans le premier
cas, en ce qui concerne les tribunaux, ce n'est pas tellement compliqué.
En fait, c'est une question de concordance entre les lois
étrangères et nos lois, et faire en sorte que la démarche
soit reconnue pour permettre à l'enfant d'avoir les mêmes droits,
en fait, que tout enfant pourrait avoir lorsqu'il est adopté. Je
comprends très bien, c'est une procédure tout à fait
très habituelle pour les juges ou les gens du tribunal, que de faire ce
contrôle, cette vérification-là. Et ils ne peuvent pas
vraiment, d'autorité en tout cas, commencer à faire des grands
plaidoyers là-dessus ou faire de grandes recherches puisqu'ils ont tout
simplement à émettre un constat, tout simplement à
vérifier la compétence, en fait que les copies soient conformes
à l'original et que tout est fait, que tout est conforme à
l'original.
Je ne vois pas pourquoi on est obligé de demander, une fois de
plus, au Secrétariat, parce que, dans le fond, s'il y a un
déroulement et qu'on dit, que la procédure est telle, que la
procédure devrait prendre tel, tel, tel et tel document... En fait ce
qui est important, c'est que l'officier puisse vérifier que les copies
sont conformes à l'original et que ce soit fait dans un ordre
établi par la procédure. Mais je ne vois pas pourquoi le tribunal
ne pourrait pas faire ça et qu'il faille absolument que ce soit le
Secrétariat, en fait, qui commence à faire une autre
vérification. Ce qui fait que, encore une fois, les parents ont toujours
deux endroits où ils doivent s'adresser. Ça fait des
démarches assez longues, dans certaines circonstances. Pourquoi ne pas
procéder? D'autant plus qu'on a toujours peur de dire: Ah! bien oui,
mais là si l'enfant qui rentre au pays n'est pas... Il y a des
ministères de l'Immigration, il a des mesures au niveau de
l'immigration; quand l'enfant sort de son pays et quand l'enfant rentre dans le
pays, il y a une forme de contrôle qui, déjà là,
s'exerce. Et nous considérons que c'est suffisant, cette forme de
contrôle là, sans encore une fois vérifier si tout est fait
par le Secrétariat, alors qu'on sait très bien que les tribunaux
aussi vont le faire exactement. Et on peut demander aux tribunaux, en fin de
compte, de vraiment vérifier si tous les papiers sont conformes, si ce
sont des papiers originaux, s'ils sont conformes et sont
faits selon les règlements établis par la
procédure. Moi, je pense que ce qui est important, dans le fond, c'est
d'économiser. C'est de l'économie de temps pour les parents, une
économie aussi de démarches et, à mon avis, je trouve tout
à fait correct d'admettre que seul, en fin de compte, le tribunal
pourrait vérifier et jouer pleinement son rôle. Si on veut que le
tribunal puisse jouer son rôle, il faut lui laisser jouer pleinement son
rôle.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, moi, je ferai remarquer
à la députée que dans l'article qu'on discute on ne parle
nullement de Secrétariat. On parle de la nécessité qu'a le
tribunal de vérifier, qu'il est appelé à reconnaître
un jugement d'adoption et ce qu'il doit faire. Alors, j'imagine que quant
à l'article en question, vis-à-vis ce que nous étudions
actuellement, la députée est en accord. Parce que sa propre
argumentation, à ce moment-ci, est à l'effet que c'est le
tribunal qui devrait effectivement faire ce genre de choses. Si elle se pose
des questions quant au rôle du Secrétariat, on pourrait
peut-être le reprendre à l'article en question.
Mme Vermette: Oui, parce qu'en fait le tribunal vérifie
lorsque le jugement d'adoption a été rendu hors Québec. Je
comprends très bien que, si la procédure est conforme à
l'accord, ça va, il n'y a pas de problème là-dessus. Mais
on disait tantôt qu'il y avait deux approches, en fait, et c'est pour
ça que je me dis, puisqu'on parle du tribunal, pourquoi ne pas
s'arrêter là-dessus et pourquoi ne pourrait-on pas dire
qu'uniquement le tribunal pourrait s'acquitter de cette tâche-là
et que ce soit vraiment reconnu comme étant une des fonctions du
tribunal?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je répète que, dans l'article que nous
avons devant nous, on parle du rôle et des responsabilités du
tribunal. Alors, moi, je m'en tiendrais à l'article à discuter ou
à répondre à des questions de la députée
quant à l'article que nous avons devant nous.
Le Président (M. Joly): Excusez. Nous sommes à
l'article 4.622.1.
Mme Vermette: Oui, mais c'est parce que je pose la question.
Comme on est rendus à regarder le rôle que doit tenir le tribunal,
je lui demande: Pourquoi ne pas étendre, finalement, le rôle du
tribunal, pourquoi ne pas lui donner aussi une reconnaissance à l'effet
qu'à ce moment-là toute la conformité du projet, toute
l'authenticité du projet devrait passer uniquement par un tribunal, tout
simplement? Comme on est rendus à ce niveau-là, pourquoi ne pas
reconnaître tout simplement toutes les fonctions au niveau du
tribunal?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, je suggérerais à
la députée qu'on regarde l'article en question qui parle des
responsabilités et du rôle du tribunal. Qu'elle aille plus loin,
à l'article 10. On aura l'occasion, à ce moment-là, de
soulever la question dont elle parle, parce que c'est à l'article 10
qu'on parle de la vérification du Secrétariat. Alors, elle posera
ses questions, à ce moment-là, sur la vérification du
Secrétariat. Ici, on parle du rôle et de la responsabilité
du tribunal, ce avec quoi la députée est en accord. Alors, je
suggérerais qu'on fasse ce débat, cette discussion ou cet
échange...
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article...
Mme Vermette: Non, il n'est pas adopté. Le
Président (M. Joly): Non. M. Sirros: ...à l'article
10.
Mme Vermette: Bon! D'accord! On ira vérifier à ce
moment-là. Je demandais tantôt... Hier soir, on s'était
laissés, en fait, sur cette question. Dans ce cas-ci, on marque:
"Cependant, la requête doit être accompagnée d'une
évaluation psychosociale". Pourquoi, cette fois-ci, on n'est pas
obligé que ce soil: une évaluation psychosociale conforme par la
DPJ, ou tribunal, comme tous les autres? On a apporté des amendements.
À chaque fois qu'on parlait d'évaluation psychosociale, il
fallait absolument que ce soit sous la gouverne de la Loi sur la protection de
la jeunesse. Pourquoi, dans ce cas-ci, on n'en parle pas, on n'en fait pas
mention?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Si je comprends bien la question, vous cherchez
à savoir pourquoi on n'oblige pas les personnes qui, dans une situation
exceptionnelle, s'adressent aux tribunaux, à avoir recours à une
évaluation sous la Loi sur la protection de la jeunesse. C'est
ça, la question?
Mme Vermette: Bien, si on veut être logique avec le reste,
pourquoi faut-il absolument... On a fait beaucoup d'argumentation à
l'effet qu'on ne pouvait pas, que c'était impossible, c'était le
Code civil et l'autre, c'était la DPJ, le Tribunal de la jeunesse, la
Loi sur la protection de la jeunesse, que c'étaient deux choses bien
différentes et bien définies et qu'il fallait absolument,
à chaque fois qu'on parlait d'évaluation, que ce soit conforme,
en fait, à la Loi sur la protection de la jeunesse.
M. Sirros: M. le Président, c'est parce que dans ce cas-ci
on parle de la reconnaissance d'un jugement judiciaire rendu dans l'autre pays
où, effectivement, ce n'est pas nécessaire que ce soit pour les
raisons qu'on a expliquées hier. Ce n'est pas nécessaire que ce
soit fait par le directeur de la protection de la jeunesse. Il s'agit de
situations où les gens auraient adopté judiciairement dans
l'autre pays et, ici, on parle de la reconnaissance de ce jugement. Donc, le
recours à l'évaluation psychosociale privée est
envisageable et possible.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Mais je ne comprends pas du tout, par contre, les
motifs du ministre. Je pouvais comprendre la nuance, en ce qui concerne la
reconnaissance d'un jugement, entre un jugement judiciaire et administratif et
faire une concordance ici au Québec, mais, là, quand on arrive au
niveau de l'évaluation psychosociale, pourquoi faut-il faire des nuances
à ce niveau-là? Si c'est une adoption administrative dans
certains pays, on ne requiert pas une évaluation psychologique en
fonction des lois de la protection de la jeunesse. Si c'est judiciaire, bien,
là, il faut que ce soit en fonction de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Là, je ne comprends pas. Pourquoi ces
distinctions-là?
Le Président (M. Joly): M. le ministre. M. Sirros:
J'essayais d'être plus clair.
Mme Vermette: Là, on est au niveau de l'évaluation,
on n'est pas au niveau de la reconnaissance ou de la démarche dans les
pays.
M. Sirros: Mais l'un entraîne l'autre. Ce qu'on a
expliqué hier, c'est que l'un entraîne l'autre. Si on revient au
Québec avec une situation où l'adoption a été faite
légalement dans l'autre pays, mais non judiciairement, on a dit qu'il
faut assimiler la procédure à celle qui se passe ici. Donc, ici,
pour les enfants du Québec qui sont adoptés par un
Québécois selon la loi interne du Québec, on
prévoit que c'est la DPJ qui fait l'évaluation, donc...
Mme Vermette: Pas nécessairement.
M. Sirros: Oui, nécessairement. Donc, à cause de
cette nécessité d'assimiler les situations à un même
et seul traitement, un traitement identique pour avoir juste une façon
de procéder pour le même genre de cas, ça nous amène
à faire en sorte que les situations où il y a une adoption
administrative, légale, mais non judiciaire dans l'autre pays soient
évaluées par la DPJ. Dans la situation qui nous concerne ici, il
s'agit de jugements rendus judiciairement dans d'autres pays et c'est de
là que l'on parlait de 65 % de situations où des gens peuvent,
dans ces cas-là, avoir recours à des évaluations
privées.
Mme Vermette: Oui, même s'ils sont à un taux, au
tout début... Quand on partait de l'article, on parlait, peu importe, on
pariait d'évaluation psychosociale, on disait que dans le cas où
l'adoption doit être prononcée judiciairement hors du
Québec ou, en tout cas, légalement, on se posait la question,
d'ailleurs il faudrait y... En tout cas, on est passé là-dessus,
mais il n'y avait pas de nuances à ce sujet. L'évaluation pouvait
être faite par un professionnel en application de la Loi sur la
protection de la jeunesse, puis on disait que l'évaluation, peu importe,
même si elle était... C'est ça dont on discutait, parce
que, dans le fond, l'évaluation est faite par un professionnel, un
psychologue et que, même dans ce cas-là, il fallait qu'elle soit
faite... On disait: II y a un code d'éthique. Pourquoi faut-il qu'on
apporte la Loi sur la protection de la jeunesse? Et on disait: C'est parce
qu'on veut que ce soit une grille d'évaluation qui soit conforme
à la DPJ, en fait, qui soit conforme, à l'intérieur du
service de la DPJ. Bon!
Et là, on dit: Si les parents font une autre sorte de
procédure...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je n'ai jamais dit ça, et je ne sais pas si
c'est parce qu'on est dans un genre de période de réchauffement
avant de démarrer pour le vrai ici, mais ce qu'on a dit hier, c'est
qu'on a établi par cette référence, la Loi sur la
protection de la jeunesse, la nécessité d'avoir des
critères sur lesquels ceux qui font les évaluations peuvent se
baser. Que ce soient des gens du secteur privé ou des gens de la DPJ,
ils vont utiliser cette même grille d'évaluation et ces
mêmes critères.
Mme Vermette: Oui.
M. Sirros: Une fois que ça a été dit,
ça a été dit. Alors, je n'ai jamais dit que c'est
seulement pour les gens de la DPJ que s'appliquent ces
critères-là, au contraire, c'est avec la DPJ et les
recommandations des travailleurs sociaux et des psychologues...
Mme Vermette: Oui.
M. Sirros: ...que seront élaborés les
critères qui seront utilisés par l'ensemble des intervenants qui
feront des évaluations psychosociales. Et dans le cas...
Mme Vermette: Oui, mais...
M. Sirros: ...qui nous concerne, je pense
réellement que j'ai répondu à toutes ces questions
hier.
Mme Vermette: ...là, je m'explique mal, encore une fois,
pourquoi, rendu à cet article-là: "La reconnaissance peut, pour
des motifs sérieux et si l'intérêt de l'enfant le commande,
être accordée bien que l'adoptant ne se soit pas conformé
aux dispositions des articles 614.1, et 614.2. Cependant, la requête doit
être accompagnée d'une évaluation psychosociale. " Et, je
me souviens, vous avez apporté un papillon pour, à un moment
donné...
M. Sirro»: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre. S'il vous
plaît!
M. Sirros: Je dirais simplement à la députée
que ça laisse un espace plus large aux parents, ça.
Mme Vermette: Sur ça, on n'a rien contre, on est tout
à fait d'accord...
M. Sirros: Bon, allons-y, donc.
Mme Vermette: ...mais c'est la logique que j'essaie de
comprendre, parce que, tantôt, c'est une nécessité et, dans
un autre temps, ce...
M. Gautrin: Question de règlement, M. le
Président...
Mme Vermette: ...n'est plus nécessaire.
M. Gautrin: ...est-ce qu'on ne pourrait pas...
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Gautrin: Je demanderais à la députée de
s'adresser à la présidence: les articles 34.1, 35.4...
Le Président (M. Joly): Alors, si vous voulez, on va
essayer de prendre ça calmement, on va essayer de faire en sorte que nos
travaux continuent de progresser. Alors, Mme la députée...
Mme Vermette: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Joly): ...j'apprécierais beaucoup.
S'il vous plaît!
Mme Vermette: ...si j'ai continué l'échange de
cette façon-là...
Le Président (M. Joly): Non, je comprends que
l'enthousiasme, des fois, là, et les règles qui
s'établissent...
Mme Vermette: On était à un point très
précis et on essayait...
Le Président (M. Joly): Oui...
Mme Vermette: ...d'avoir un éclairage additionnel.
Le Président (M. Joly): ...je comprends, madame.
Mme Vermette: Mais, tout simplement...
Le Président (M. Joly): Pas de problème, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...ce n'était pas mon cas de manquer de
respect à la présidence, d'aucune façon, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
vous reconnais. À vous la parole.
Mme Vermette: Bien. Alors, M le Président, ce que j'essaie
de comprendre, c'est la logique qui sous-tend, en fait, le projet de loi, parce
que, tantôt, il y a nécessité, hors de tout doute, de la
pan" du ministre qu'il faut absolument qu'on apporte, en vertu de la Loi sur la
protection de la jeunesse... Et, à un autre moment donné, on nous
dit tout simplement que, là, il faut rendre ça plus souple et que
ça favorise une plus grande facilité pour les parents. Alors,
pourquoi, dans certains cas, on l'admet, puis pourquoi, dans d'autres cas, on
ne l'admet pas? Et ce n'est même pas une question de concordance au
niveau de la procédure de l'adoption, mais ce sont des règles
d'application au chapitre de l'évaluation psychosociale. Et là je
fais une nette nuance à ce niveau-là.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président. La députée,
effectivement, pose la question suivante, si je comprends bien. Pourquoi, des
fois, faut-il que ce soit le directeur de la protection de la jeunesse qui
fasse l'évaluation...
Mme Vermette: Non.
M. Sirros: ...puis pourquoi... Non? Alors, si ce n'est pas
ça la question, j'imagine que la députée a compris
pourquoi, des fois, c'est le directeur de la protection de la jeunesse et
pourquoi, d'autres fois, ce peut être soit celui-là ou quelqu'un
du privé mais, là, à ce moment-là, je ne comprends
pas pourquoi elle voudrait qu'on resserre ça ici dans une situation
où ce n'est pas nécessaire.
Mme Vermette: En d'autres mots, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée. (12
h 30)
Mme Vermette: ...je vais poser ma question au ministre et je vais
lui demander, au ministre. En d'autres mots, si une personne n'a pas
nécessairement pris un psychologue reconnu par la DPJ ou, en fait, suivi
la grille d'évaluation établie, d'une part, par la corporation
et, d'autre part, par la DPJ, ça veut dire que cette personne-là
peut choisir le psychologue de son choix et dans l'intérêt de
l'enfant, pourvu qu'elle ait, en fait, cette évaluation psychosociale.
À ce moment-là, dans l'intérêt de l'enfant, on va
reconnaître, tout simplement, la procédure. Je n'ai rien contre,
là. Je vous le dis bien honnêtement. Si ça peut favoriser
les parents, je n'ai rien contre. Mais au niveau de la logique, par contre,
là, je m'y perds. C'est juste ça.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, là. Il semble
exister un problème de compréhension, là...
M. Sirros: Oui.
Le Président (M. Joly): ...tant au niveau...
M. Sirros: Juste...
Le Président (M. Joly): ...des questions qu'au niveau des
réponses, qui se donnent d'un côté ou...
M. Sirros: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, partant de là,
est-ce que je peux me permettre de suggérer que peut-être la
question soit brève et que la réponse soit brève?
M. Sirros: Petite réponse. Mais avant ça, M. le
Président, je vais accueillir avec joie...
Le Président (M. Joly): Nous accueillons à bras
ouverts le...
M. Sirros: ...l'arrivée du député d'Ungava
qui, je suis certain, certain, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Va faire progresser la...
M. Sirros: ...va contribuer d'une façon positive et
constructive à la meilleure compréhension de l'ensemble des
membres de cette commission, quant à cette procédure complexe,
émotive et délicate qu'est celle de l'adoption
internationale.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, j'apprécie
les mots de bienvenue à l'égard du député d'Ungava.
Je suis convaincu que le député d'Ungava réalise que c'est
une commission bien enclenchée, sérieuse, et des parlementaires
qui veulent faire progresser les travaux.
M. Sirros: D'ailleurs, j'ai l'impression que le
député... je m'excuse... J'ai l'impression que le
député de Verdun est allé chercher le député
d'Ungava en Chambre. Est-ce que, peut-être, le député
d'Ungava ne voudrait pas aller voir si son ami qui le cherchait...
M. Claveau: J'ai rencontré le député de
Verdun juste ici, dans le corridor, M. le Président.
M. Sirros: Ah bon!
M. Claveau: Mais, M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Joly): Vous voulez nous annoncer quoi, M.
le député d'Ungava?
M. Claveau: Si je pouvais avoir un consentement de la commission,
M. le Président, devant un tel accueil, je pense qu'il faudrait presque
déposer une motion pour féliciter le ministre de
l'intérêt qu'il porte à son projet de loi. Est-ce qu'il y a
consentement? Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Oui. Moi, je suis
entièrement d'accord pour recevoir tous les documents que vous voudrez
bien nous déposer. Merci, M. le député d'Ungava.
M. Sirros: ...atteinte à mon humilité, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, je vous laisse
aller. Je pense que vous semblez bien vous connaître tous les deux.
M. Sirros: Voilà.
Mme Vermette: Donc, M. le Président, en fait, ce que je
demandais au ministre, c'est-à-dire que je comprenais très bien
qu'il peut vouloir, dans certains cas, favoriser la démarche des
parents, mais au niveau légal, parce qu'on est au niveau d'un texte de
loi... Et là, en fin de compte, je me demande pourquoi, certaines fois,
on est obligés d'agir en fonction de la Loi sur la protection de la
jeunesse et, à d'autres endroits, on ne l'écrit pas du tout.
Parce qu'on me dit: Bien oui! C'est tout simplement pour aider les parents. Et
là je m'explique mal, finalement, cette nuance. Parce qu'on est au
niveau d'un texte de loi, on n'est pas, tout simplement, au niveau de la
compréhension. Ça va avoir des conséquences. C'est
ça qui sera interprété.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Une brève réponse, M. le
Président. Hier, la députée comprenait. Elle comprenait
à tel point qu'on a même adopté l'article qui expliquait le
pourquoi. Je vais me reprendre. Il y a deux façons de procéder
selon que le jugement a été prononcé judiciairement dans
le pays en question, ou que ça été fait de façon
administrative, légale, mais administrative. Et on a expliqué,
hier, et l'Opposition avait compris. À tel point qu'ils ont
été d'accord avec l'adoption de l'article en question. On a
expliqué que, dans le cas où le jugement a été
prononcé judiciairement à l'extérieur du Québec,
l'évaluation psychosociale - et c'est la situation dans 65 % des cas -
peut être faite par un membre d'une corporation en privé, ou par
la DPJ, si celui qui adopte... Il a le choix entre les deux. Dans le cas
où l'adoption n'est pas prononcée judiciairement à
l'extérieur du pays, il n'y a pas de choix parce que c'est la même
situation que celle pour les enfants québécois qui sont
adoptés par des Québécois. Il faut que l'évaluation
soit faite par la DPJ. Et j'ai expliqué, hier, que c'est en liaison avec
le Code civil du Québec quant aux droits internes et que, dans l'avenir,
comme le Code civil est appelé à être révisé
et modifié, peut-être que d'ici un certain temps on va pouvoir
modifier cet article-là et retourner faire la concordance avec
ça, ici. Et j'avais clairement expliqué, hier, qu'il y avait
cette raison pour laquelle il y a deux possibilités. Alors, si vous
relisez l'article en question, vous allez voir qu'on parle ici des adoptions
qui ont été faites judiciairement dans l'autre pays. Donc, c'est
pour ça que vous ne retrouvez pas cette nécessité de
retourner à la DPJ et c'est pour ça qu'il n'y a pas de raison
pour la députée d'avoir cette crise de conscience, quant à
la logique inhérente de nos lois. Je peux lui assurer que tout est
logique.
Le Président (M. Joly): Je vais reconnaître
le...
M. Sirros: Je ne peux pas en ajouter plus que ça, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): La députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: oui, m. le président. pour
renchérir avec le ministre, j'aimerais faire une analogie pour lui
permettre de comprendre un peu mieux.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Est ce que
vous aimeriez... Bon alors, madame, je vous reconnais. De façon à
ce que ça soit bien compris, je vous reconnaîtrai par
après, M. le député d'Ungava. Mme la députée
de Bourget, s'il vous plaît.
Mme Boucher Bacon: J'aimerais bien que
Mme Vermette puisse écouter.
Le Président (M. Joly): oui, excusez, si vous voulez,
madame, de façon à ce qu'on puisse vraiment progresser...
là, s'il vous plaît, je ne veux pas m'impatienter, mais quand
même. mme la députée de bourget, s'il vous plaît,
vous dirigez...
Mme Boucher Bacon: Cest exact, M le Président, si chacun
met de la bonne volonté, je pense qu'on va pouvoir adopter la loi.
Alors, c'est pour faire une analogie pour bien faire comprendre à
la députée de Marie-Victorin le procédé entre la
judiciarisation et les jugements qui ne sont pas autorisés par le
Québec. Si on prend le cas - mais l'analogie s'applique dans ce sens -
si on prend un cas d'un enfant qui naît dans un avion, il est apatride,
c'est-à-dire qu'il n'a pas de patrie. Alors si la personne veut le faire
reconnaître au Québec - il n'est pas reconnu, judiciairement, il
n'y a pas de jugement - alors on doit procéder par adoption. Si on
procède par adoption, avant de le mettre par adoption - parce que vous
avez cité le cas d'une de vos amies qui a voulu changer le nom et elle a
dû renoncer à son droit et le faire adopter. . Alors, dans ce
sens, s'il n'est pas adopté, on doit le mettre sous la protection de la
jeunesse. C'est bien ça que stipule le règlement, M. le
ministre?
M. Sirros: Ça, c'est l'article qu'on a adopté hier,
l'article 617, si je me rappelle bien, où, effectivement...
Mme Boucher Bacon: On doit le mettre... M. Sirros: Pas cet
article-ci mais l'article...
Mme Boucher Bacon: en demande de placement et après il y a
autorisation pour l'adoption, tout le processus en cours Alors, c'est ce que je
voulais apporter comme nuance à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je comprends très bien.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je comprends très bien, sur le plan
juridique, au niveau de la reconnaissance, la distinction entre une adoption
qui se fait d'une façon judiciaire et celle qui peut se faire d'une
façon administrative. Mais, quand on arrive à une
évaluation, on dit que 35 % des cas ce sont des adoptions
administratives qui sont faites hors pays et que c'est en fin de compte la
reconnaissance qui a été faite dans le pays qui est
acceptée. Et, quand on revient au Québec, on fait une
harmonisation entre la façon de procéder dans le pays et chez
nous, pour donner les
mêmes droits à l'enfant. parce ce que ce qui est important
c'est la protection de l'enfant. j'en suis, ça j'accepte ça.
c'est admis, mais pourquoi au niveau de l'évaluation psychosociale, h ce
moment-là, celui qui passe par cette formule-là -parce que dans
le pays, s'ils vont en chine, on ne fait que de l'adoption administrative
-pourquoi celui qui va en chine, justement, peut bénéficier d'une
plus grande largesse au niveau de son évaluation psychosociale que celui
qui va aller...
M. Sirros: C'est l'inverse.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. Si vous voulez
corriger, là.
M. Sirros: Oui, tout à fait, parce qu'elle va partir sur
une fausse piste...
Le Président (M. Joly): Donc, c'est une mauvaise tangente,
là.
M. Sirros: ...parce que c'est l'inverse. C'est celui qui fait
l'adoption dans un pays où le jugement est rendu judiciairement qui peut
bénéficier de deux possibilités. Donc, la Chine est un
mauvais exemple. Il faudrait voir l'exemple, je ne sais pas, le Mexique.
Mme Vermette: c'est ça. ça veut dire que, quand
c'est un acte administratif, il est obligé de passer par les deux,
quoi... une ou l'autre.
M. Sirros: Non, par la DPJ. Parce que... Mme Vermette: Par
la DPJ absolument.
M. Sirros: Oui, et la raison qu'hier vous avez comprise et
acceptée, c'est qu'en revenant ici, s'il n'y a pas eu de jugement - et
c'est important, c'est pour ça que je prendrai le temps de leur
expliquer - s'il n'y a pas eu de jugement d'un tribunal dans l'autre pays, en
revenant ici l'enfant est en quelque sorte sans statut. Donc, on ne peut pas
reconnaître judiciairement, au Québec, quelque chose qui n'existe
pas. Donc, ça serait comme en mathématique, par exemple, on
multiplie un chiffre par zéro, ça reviendrait à
zéro, peu importe si le chiffre est immense. Donc, reconnaître
quelque chose qui est un acte administratif comme étant un jugement
judiciaire, ça ne peut pas se faire au Québec selon nos lois.
Donc, ce qu'on fait c'est qu'on place l'enfant sous l'égide de la Loi
sur la protection de la jeunesse en le laissant avec la famille qui veut
l'adopter et on entame les procédures judiciaires pour adopter l'enfant
au Québec, pour que l'enfant puisse toujours, dans sa vie future, avoir
tous les droits que l'enfant d'une telle famille aurait. Sinon, on risque de
mettre l'enfant dans la situation où, éventuellement, il ne
pourrait pas, par exemple, hériter de ses parents, ou son droit à
l'héritage serait contesté. C'est pour ça que les
adoptions sont faites administrativement dans l'autre pays. Il n'y a qu'une
seule voie et c'est celle du DPJ.
Mme Vermette: En tout cas, ce que je comprends...
M. Sirros: Hier, on l'a adopté... Mme Vermette:
...M le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...dans la logique du ministre, ça
s'inscrit, mais pas dans la mienne tout à fait. Parce que, d'une part,
je considère qu'on maintient deux formes d'évaluation. On
maintient deux formes, évidemment, selon les différents pays.
Parce qu'il y a des pays où on reconnaît uniquement que c'est un
acte administratif, alors qu'à d'autres endroits c'est un acte
judiciaire. Ça, je le comprends tout à fait. Mais, en tout cas,
au niveau de l'évaluation psychosociale qu'on veut assouplir,
finalement, quand c'est un endroit où c'est judiciaire, ça
aussi... Mais là où j'ai de la difficulté... Parce que
c'est une évaluation psychosociale. Là, on me dit: Quand il y
aura une concordance entre le Code civil et, finalement, peut-être la loi
sur la réforme, la Loi sur la protection de la jeunesse, peut-être
qu'on pourra enlever cette forme que je considère un peu
incohérente, jusqu'à un certain point, parce que ça permet
d'avoir deux approches en adoption internationale. Parce que dans un pays
où ce sont les us et coutumes qui s'appliquent - c'est plutôt un
côté administratif que judiciaire - ces parents-là, dans le
fond, vont être plus pénalisés que d'autres parents. En
tout cas, ça devient plus difficile pour eux, leur démarche
d'adoption internationale, que pour les autres. Je considère que, comme
l'objectif du ministre, c'est de pouvoir favoriser des démarches des
parents en adoption internationale et d'assouplir les règles de
procédure, je ne vois pas pourquoi, justement, on n'accepte pas
d'emblée que, si un pays fonctionne de telle façon, on devrait
faire confiance à ce pays. Et je ne vois pas pourquoi, nous autres, il
faudrait devenir plus sécuritaires parce que le pays fait de l'adoption
par la voie administrative plutôt que judiciaire.
M. Sirros: M. le Président.
Mme Vermette: Moi, je trouve que, tout simplement, on devrait
admettre que, oui, il existe différentes formes d'adoption selon les
pays, en tout cas, selon les coutumes des pays et que - mon doux! - c'est
à nous de les reconnaître par nos tribunaux et arrêter de
faire en
sorte que des parents soient plus pénalisés parce que,
malheureusement, ils doivent aller dans des pays qui n'ont pas le genre de
procédure que nous avons.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: J'ai justement expliqué exactement tout
ça. Si la députée ne comprend pas ce qu'elle comprenait
hier, je n'y peux rien. Hier, elle a voté pour. Elle a clairement dit
qu'elle comprenait. Elle a même donné son consentement à
l'adoption de l'article en question qui expliquait pourquoi on a ces deux
façons de procéder Je viens de le refaire tout à l'heure
en expliquant très clairement: C'est parce qu'il faut protéger
l'enfant dans son avenir et ses droits, par exemple, à
l'héritage. Je suis convaincu que le député d'Ungava, qui
écoutait attentivement, a compris. Mais je n'y peux rien, si j'apporte
toutes les clarifications de la façon la plus consistante, limpide
aussi, avec tout... Je me suis efforcé d'être clair. Après
ça, j'espère que la députée va retrouver sa
mémoire, ce qu'elle a saisi hier qui l'a amenée, quand
même, à adopter l'article en question, et qu'on puisse passer
à l'autre article.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Si Mme la députée de
Marie-Victorin ne peut pas admettre ce quelle a admis, j'aimerais que vous lui
rappeliez ce qui a été adopté hier pour qu'elle saisisse
bien le sens de l'ordonnance de placement qu'elle a admis à l'article
614.3. Alors, on a tous discuté, on a admis le processus de
reconnaissance - attendez un petit peu...
M. Sirros: De toute façon, on parle du tribunal.
Mme Boucher Bacon: Oui. ...aux évaluations. Elle a
accepté les évaluations. Alors, je crois qu'on pourrait
procéder tout de suite et entrer dans l'article 4, si c'était
possible.
Le Président (M. Joly): Bon! Excusez! M. le
député d'Ungava, vous aviez quelque chose à ajouter, vous
avez levé la main, tantôt.
M. Claveau: Oui, j'avais demandé mon droit de parole, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous l'accorde, M. le
député d'Ungava. (12 h 45)
M. Claveau: Oui? O.K. Je vous remercie, M. le Président.
Moi, en ce qui me concerne, je n'ai pas...
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava, est-ce que vous êtes au courant que depuis hier on a
cheminé là? Pour, peut-être, aller dans le même ordre
d'idées que M. le ministre vient de soulever et que déjà
on a adopté trois articles...
M. Claveau: On est au quatrième paragraphe là.
Le Président (M. Joly): ...et qu'on est rendus au
quatrième et que là, nécessairement, on semble revenir sur
le passé, sur quelque chose qui a déjà été
voté et accepté et adopté par tout le monde. O.K.?
M. Claveau: Bon, revenir sur le passé, M. le
Président, il reste qu'on peut toujours rester avec des doutes en
mémoire et on peut toujours aussi profiter d'autres moments, dans un
projet de loi, pour essayer d'éclaircir les doutes qui perdurent
à la suite d'une adoption ou d'un vote sur un article en
particulier.
Il reste que, pour être très, très pertinent sur le
paragraphe en question qui correspond finalement à la reconnaissance
nécessaire par des instances compétentes
québécoises, je suppose, en termes d'évaluation
psychosociale - ce sont des termes qui sont un peu compliqués, que pas
tout le monde peut comprendre et peut-être pas tous les gens mêmes
qui font de l'adoption internationale peuvent comprendre ou qui adoptent des
enfants - donc cette évaluation psychosociale rendue nécessaire
pour tout le monde me pose un certain nombre de problèmes à moi,
particulièrement. Et, M. le Président, si vous me permettez, tout
en n'ayant pas participé aux débats de la commission depuis le
début, étant retenu à d'autres tâches tout aussi
importantes, et dans cette même salle, d'ailleurs, au cours des derniers
jours, je dois vous dire que je suis un peu au fait comment ça se passe
dans la coopération internationale ou que ça se passait il y a
quelques années, pour le moins, au moment où j'étais dans
la coopération Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai passé neuf
années de ma vie, neuf ans, de 1971 à 1980, dans le milieu de la
coopération internationale. J'ai eu à travailler, en
Amérique centrale, avec des gens qui faisaient de l'adoption
internationale, à travers ce qu'on appelait, à ce
moment-là, Aldea SOS, qui était une espèce d'orphelinat
qui appartenait à une communauté religieuse et qui appartient
toujours, probablement, à une communauté religieuse
québécoise et qui opérait, et qui peut-être encore
aujourd'hui opère dans le domaine de l'adoption internationale. J'ai
passablement vu comment ça se situait et les choses qui se faisaient,
comment ça fonctionnait, comment on faisait des critères de
sélection, comment les jeunes, finalement, qui étaient recueillis
un peu partout dans des situations très misérables, il faut le
dire, parce qu'il y a des pays... J'ai connu des pays, M. le
Président, j'ai eu à vivre dans des pays où les
jeunes doivent commencer, à l'âge de quatre ou cinq ans, à
gagner leur vie. Et finalement, bon, on recueille ces jeunes-là, on
essaie de leur donner un minimum pour les orienter dans la vie et puis,
à partir de là, au cours des années, alors qu'ils vivent
dans des orphelinats ou des centres d'accueil semblables, il se faisait,
à l'époque - je parle d'il y a une vingtaine d'années -
une sélection en cours d'exercice, dans le vécu quotidien des
enfants qui, tout en vieillissant, émettaient le voeu d'être
adoptés par des parents outre-frontières ou outre-Atlantique et,
dans le cas présent, c'était plutôt vers le nord, "el
norte". Et puis, dans le fond, le processus de sélection était
loin d'être aussi mauvais que ça. Les mêmes
communautés religieuses, bien souvent, faisaient une sélection
sur le terrain au Québec même, à travers des gens qui leur
étaient recommandés par les communautés religieuses, par
le curé, par des gens du milieu où on savait que c'étaient
des gens qui pouvaient très bien faire la chose.
Et je suis à peu près convaincu que les résultats
qu'on obtenait par ce moyen-là étaient tout aussi bons que le
résultat que l'on tente d'obtenir, actuellement, uniquement par la
machine bureaucratique. Moi, ce qui me fait peur dans tout ça, c'est que
toujours on doit substituer, dans des projets de loi semblables... Quand on
applique un paragraphe comme celui-là, on substitue l'opinion d'un
technocrate - appelons les choses par leur nom - aux sentiments des individus.
On fait en sorte que, moi, mes sentiments d'amour et de partage que je pourrais
avoir à l'égard d'un jeune qui vient d'un pays en voie de
développement et que j'aimerais adopter à l'âge de deux,
trois ou quatre ans doivent être subordonnés à l'opinion
d'un technocrate qui, en bout de piste, n'est là que pour gagner son
salaire. Moi, ça m'insulte. Personnellement, ça m'insulte. M. le
Président, j'ai vu des cas pathétiques. J'ai eu l'occasion d'en
avoir aussi dans d'autres conditions. J'ai vu des cas pathétiques...
Le Président (M. Joly): Excusez-moi.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je comprends bien tous les sentiments que peut avoir
le député d'Ungava. Je ne voudrais pas être tatillon en le
rappelant à la pertinence quant à l'article 4, mais il discute de
quelque chose qu'on a approuvé hier, son parti inclus: la
nécessité d'avoir une évaluation psychosociale.
M. Claveau: Oui, j'y viens, j'y viens. M. Sirros: Alors,
la pertinence!
M. Claveau: D'où l'importance, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Claveau: Oui, M. le Président. D'où l'importance
de bien définir ce qu'est cette évaluation psychosociale.
Une voix: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article?
M. Claveau: Tant mieux! Sauf que j'aimerais bien quand même
avoir l'opportunité d'exprimer d'une façon globale, dans la
première intervention que j'ai à faire devant cette commission,
ma façon de voir un peu...
M. Sirros: Si on peut s'assurer de la collaboration par la suite,
on est prêts à vous laisser aller, M. le député,
même si... On va vous aider à comprendre mieux ce qu'on a
accepté hier.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Claveau: ...étant donné qu'on ne peut s'adresser
directement à un membre de cette commission, je vous prierais de bien
passer le message au ministre qu'il peut être tout à fait
assuré de ma collaboration par la suite et qu'il a même bien des
chances de pouvoir bénéficier de ma collaboration toute la
veillée, s'il le souhaite.
Le Président (M. Joly): Pas de problème. Je suis
content de servir d'intermédiaire entre les bons voeux et les bons
souhaits et les bonnes dispositions.
M. Claveau: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît, je vous reconnais.
M. Claveau: Toujours est-il, M. le Président...
M. Sirros: Vous ne m'en voudrez pas si je m'absente pour deux
secondes?
Le Président (M. Joly): Moi, je vais...
M. Claveau: Oh, non! De toute façon, je suis convaincu, M.
le Président...
Le Président (M. Joly): D'abord, je vais écouter
religieusement.
M. Claveau: ...que le ministre qui connaît bien les
règles du jeu prendra sûrement connais-
sance de ce que j'ai à dire ou de ce que je dirai pendant les
quelques minutes que durera son absence, tout en souhaitant que ces quelques
minutes ne se traduisent pas en un dîner ou en repas
prématuré. M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Claveau: J'ai vu des cas pathétiques aussi et des cas
qui sont souvent exclus de l'application de certains règlements parce
qu'on n'y avait pas pensé, mais qui sont des réalités qui
sont vécues par des gens qui vivent en dehors, comment dire, du nid
où ils sont nés, des gens qui, pour toutes sortes de raisons,
décident d'aller exercer leurs compétences sur d'autres
territoires pendant un certain nombre d'années. Il y a des compagnies
qui envoient des gens à l'étranger. Il y a des gouvernements qui
envoient des gens à l'étranger.
Alors, M. le Président, il arrive, après avoir vécu
à titre de diplomate, à titre de coopérant, à titre
d'attaché d'affaires, à titre uniquement même de
"privé" intéressé par une situation particulière
dans un pays, à titre d'attaché de presse, de journaliste, que
l'on puisse vivre quatre, cinq, six ou huit ans dans un pays donné et
que, en cours d'exercice de ces fonctions-là, on puisse, en vertu des
lois existantes dans ce pays-là, adopter un enfant. Il n'y a rien de
scandaleux à ça. Comme le dit régulièrement un de
mes collègues: On ne peut pas empêcher un coeur d'aimer.
M. le Président, comment voulez-vous, si on ne prévoit pas
au départ un minimum de flexibilité et non pas uniquement
l'application stricte d'un paragraphe comme celui que l'on lit à
l'article 4, qu'un psychiatre, un psychologue, je ne le sais pas, un
psychosociologue... Comment les appelle-t-on? Le ministre saura sûrement
m'éclairer sur le qualificatif réel dont on doit affliger
l'individu, mais moi je dirais que c'est plutôt un psychosociologue
puisqu'on demande une évaluation psychosociale. Donc, comment
voulez-vous qu'un psychosociologue de bonne naissance...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...puisse juger, en vertu des lois du Québec,
d'une adoption internationale ou d'une adoption qui aurait été
faite dans un autre pays, cinq ans plus tôt, par un attaché
d'affaires ou par un coopérant qui y vivait, en vertu des lois de ce
pays-là? Moi, je ne sais pas comment on peut faire pour évaluer
ça. Je ne sais pas comment le psychosociologue sera en mesure de dire:
Nous doutons de votre capacité de faire en sorte que cet enfant
s'intègre à la société québécoise.
Nous ne sommes pas certains que vous puissiez être de bons parents
puisque vous avez été des parents en vertu des lois d'un pays qui
ne nous concernent pas. Nous, au
Québec, être parents, ça veut dire ceci. Mon Dieu
Seigneur! Dans quelle chose on va s'embarquer? On en est rendus, M. le
Président, que s'il faut traiter comme ça tous les jeunes qui
auront été adoptés en vertu de lois d'autres pays par des
parents québécois, eh bien! l'heure est proche où on
obligera des évaluations psychosociales à tous les parents
québécois qui voudront avoir leurs propres enfants en territoire
québécois.
Comment peut-on, en vertu de l'application d'un tel article, prouver que
le député de Trois-Rivières, par exemple, peut être
un meilleur parent avant même d'avoir connu la paternité en
territoire québécois que le fait qu'il puisse être un
meilleur parent parce qu'il est allé adopter un enfant quelque part en
Amérique du Sud et qu'il a vécu avec cet enfant-là pendant
trois ans sous un autre régime?
M. Philibert: Parce que, dans mon cas, c'est aussi évident
que ne l'est la société distincte.
M. Claveau: Si je comprends bien, M. le Président, le
député de Trois-Rivières nage dans un lac où il n'y
a pas de poisson.
Le Président (M. Joly): M le député, une
chose que je peux vous certifier, c'est que l'intervention du
député de Trois-Rivières ne vous enlève rien sur
votre temps de parole. Alors, je vous reconnais, M. le
député.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
D'où la pertinence de mes propos, M. le Président, parce
que, en ce qui me concerne, je trouve toujours qu'il est risqué de
subordonner le sentiment humain à une mesure législative
intransigeante, de subordonner l'élan naturel que des parents puissent
avoir envers des enfants à une évaluation technocratique, une
évaluation de la machine administrative. Moi, ça me fait peur, M.
le Président.
Je crois que, effectivement, il faut qu'il y en ait de ces
études-là, mais lorsqu'elles se justifient ou lorsque l'on a des
doutes raisonnables. C'est bien évident que, s'il y a quelqu'un qui
arrive de l'étranger après avoir été
condamné pour trafic de drogue et avoir fait deux ans de prison, qu'il
se présente aux frontières, à l'aéroport à
Mirabel en disant: J'amène un enfant que je viens d'adopter quelque part
en Ouganda, eh bien! là, il y a peut-être des raisons qui puissent
justifier que l'on fasse une analyse psychosociale du problème. J'en
conviens. Mais qu'un diplomate québécois représentant la
première ambassade québécoise en Ouganda, si tant est que
l'on reconnaisse ce pays..
Le Président (M. Joly): Excusez, compte tenu de l'heure,
je me dois de vous aviser que nous suspendons nos travaux jusqu'à 15
heures et je fais un voeu pieux, c'est qu'après cette étude
de projet de loi personne n'osera me comparer à Janette Bertrand.
Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
Comme vous vous rappelez tous, nous étions rendus à l'article
7... Ah! Excusez, madame. Je vois que vous suivez vos affaires. Alors, comme de
fait, nous en étions effectivement à l'article 4, dont nous
avions largement débattu. La parole était au maître
voyageur, M. le député d'Ungava, qu'il me fait plaisir de
reconnaître.
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'ai toujours
énormément de plaisir à me remémorer mes voyages
à travers le monde et à en faire partager quelques brins avec mes
collègues qui veulent bien en profiter ou, du moins, s'en servir pour
alimenter leur réflexion personnelle. On est toujours à la
même place-Une voix: M. le député, on peut vous
passer un projet de loi...
Le Président (M. Joly): C'est l'article 211, dans la
pertinence.
M. Claveau: Oui. On est à l'article 4, c'est ça? M.
le Président, donc, on en était à dire, au moment de la
suspension, à 13 heures, qu'en ce qui me concerne je trouve assez
difficile que l'on puisse, à travers un même alinéa, dans
un article de loi donné, établir une mécanique unique ou
un entonnoir, auquel il n'y a aucune autre alternative, pour toutes les
conditions d'adoption à l'étranger.
M. le Président, je vais reprendre très exactement
l'exemple que j'étais en train de donner au moment de la suspension
à 13 heures. S'il nous arrive quelqu'un à Mirabel, qui sort de
deux ans de prison en Ouganda, ou quelque part par là, pour trafic de
drogue, qu'il nous arrive avec un bébé de trois ans et dit: Je
l'ai adopté selon les lois ougandaises, éventuellement, on peut
se poser une question quant aux conditions, au milieu psychosocial dans lequel
cet enfant-là aura à vivre. Probablement qu'on a de bonnes
raisons de croire qu'il serait bon de faire passer un test ou une analyse, de
faire passer la personne devant un psychosociologue, parce qu'on m'a dit que
c'était le terme, je ne sais pas, pour définir ce genre de
spécialiste. Mais, par contre, si, toujours en provenance du même
pays d'Afrique centrale, juste au sud de l'empire centrafricain, il nous arrive
un ambassadeur du nouvel État du Québec, premier ambassadeur du
Québec en Afrique centrale, qui revient, après cinq ans en poste,
et ayant adopté un enfant de trois ou de quatre ans, en vertu des
règles du pays où il était ambassadeur, croyez-vous qu'on
a des raisons suffisantes de croire que cet enfant-là ne sera pas
élevé dans les meilleures conditions possible, sans avoir pour
autant à le faire passer devant un psycho quelque chose? C'est un
psycho, un psy en général.
Le Président (M. Joly): Est-ce que. M. le
député, vous lancez la question, ou...
M. Claveau: C'est une question que je pose, et j'aimerais bien
avoir une réponse à la suite de mon intervention, parce qu'il me
reste encore quelques petits éléments à aborder avant de
terminer mon intervention.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous
aimeriez que le ministre prenne votre question et puisse répondre
à la toute fin.
M. Claveau: J'aimerais que le ministre réponde à
cela. Dépendamment des circonstances dans lesquelles se fait l'adoption
en vertu des lois étrangères, et aussi éventuellement en
vertu des lois des pays où s'est réalisée cette
adoption-là, à partir de quel principe, M. le Président,
à partir de quels critères un État du Québec, libre
et indépendant, pourrait se permettre de juger des règlements ou
de la pertinence des lois passées dans d'autres pays qui auront, de
toute évidence, un peu plus d'expérience que le nôtre quant
à leur souveraineté et à l'application de celle-ci
à travers ces différentes lois? Je trouve qu'il est même un
peu prétentieux, de la part d'un gouvernement comme le nôtre, de
se sentir supérieur ou de se donner une possibilité
d'évaluer, à sa façon et à travers certains
spécialistes dont on n'identifie même pas la provenance, toutes
les lois d'adoption dans tous les pays d'où il pourrait arriver
quelqu'un de chez nous, quelqu'un qui y aurait séjourné et
adopté un enfant en vertu des lois de ce pays-là.
Il me semble, M. le Président, qu'avec l'ouverture que nous exige
d'ores et déjà une nouvelle appartenance au monde, une
redéfinition de ce que nous sommes à travers les autres nations
de la planète, nous devrions avoir un minimum de respect pour les lois
qui se sont faites ailleurs et faire en sorte, que l'on vienne de Grèce,
que l'on vienne d'Italie, que l'on vienne de Turquie, que l'on vienne
d'Allemagne, que l'on vienne du Japon, que l'on vienne de l'Argentine, que l'on
puisse accepter d'emblée que ces gens-là ont dû penser au
problème d'une façon tout aussi intéressée que
nous. Finalement, les lois qui sont en vigueur dans ces pays, surtout quand il
s'agit de donner un de leurs enfants à un ressortissant étranger
qui va peut-être l'amener avec lui un jour ou l'autre, eh bien, sont
toutes aussi pertinentes et toutes aussi bien orchestrées,
réfléchies que les lois que
nous pouvons avoir nous autres mêmes.
Dans le fond, M. le Président, moi, en tant que
Québécois, si j'avais à accepter qu'un Européen, de
quelque origine qu'il soit, vienne au Québec pour adopter un
Québécois qu'il va amener chez eux, en bien, je m'assurerais de
faire en sorte que les conditions que je vais mettre pour l'adoption le
protègent au maximum, parce qu'en bout de piste ce sera toujours un des
nôtres. Ce sera toujours quelqu'un qui partagera notre sang, notre
culture, un peu de nous-mêmes. Et, dans ce sens-là, je pense aussi
que les autres pays de la terre sont capables de faire des cheminements
semblables. Éventuellement, il y a certains régimes sur lesquels
on doit se requestionner. Soit! Il est bien évident que, même dans
certains pays européens, que certains de nos collègues
connaissent très bien, il y a eu, à l'occasion, dans leur
histoire, des régimes qui étaient plus ou moins contestables. De
ce fait, ça devrait peut-être nous amener à
reconsidérer un certain nombre de choses. Mais, à ce
moment-là, on prendra des décisions ponctuelles en fonction du
vécu dans un pays ou d'une question qui est momentanée ou ad hoc,
et sans supposer que ces pays-là sont...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député, vous avez 30 secondes pour conclure.
M. Claveau: ...réduits à l'éternité
à ne pas comprendre leurs propres intérêts.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le
député.
M. Claveau: J'ai déjà fini?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, est-ce que vous
avez une réponse à ça, avez-vous des commentaires à
apporter à ça?
M. Sirros: Un seul commentaire, M. le Président. J'avais
dit ce matin que le député d'Ungava, n'ayant pas
été avec nous hier, il a manqué tout un raisonnement qui
l'aurait amené à voir que tout ce qu'il vient de nous dire,
depuis les 10 ou 15 dernières minutes, a été couvert hier
et que nous avons tout à fait convenu que tel n'était pas le cas.
Le Québec n'impose nullement ses lois ou ses vues aux autres pays. Au
contraire, la loi change justement une attitude qui existait avant, qui
était celle, possiblement, que décrivait le député
d'Ungava. La loi actuelle vient changer cet état de fait, afin de
permettre justement la reconnaissance d'une adoption qui est faite
légalement dans le pays d'origine et de permettre à l'enfant de
revenir au Québec et de ne pas avoir de problèmes par la
suite.
Alors, une dernière mise en garde aux députés de
l'Opposition qui sont comme obligés, si je comprends bien, de trouver
des façons de dire des choses durant un certain nombre de minutes: il
faudrait quand même être capable de relire ce qu'on dit, sans avoir
peur que les membres du gouvernement envoient vos propres discours dans vos
propres comtés.
M. Claveau: M. le Président, est-ce que... Non?
M. Sirros: Ne prenez pas ça comme une menace, par
exemple.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député, votre temps est écoulé. Nous passons
à l'article 4. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais justement...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée, j'ai été très tolérant. Je
vous ai laissé déborder votre temps; et j'ai fait sensiblement la
même chose avec le député d'Ungava. Nous sommes rendus
à l'article 4. Est-ce que nous adoptons l'article 4?
Mme Vermette: Si j'ai bien compris, M. le Président, on va
mettre en application les mêmes mesures qu'on est en train de mettre sur
les autres commissions, c'est-à-dire empêcher les parlementaires
de jouer leur rôle et de pouvoir poser les questions qui s'imposent au
moment où on étudie un projet de loi article par article.
D'autant plus qu'on en est rendus au troisième bâillon,
actuellement, cet après-midi. C'est la première fois dans nos
institutions qu'on se met des bâillons en si peu de temps.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
m'excuse, je vous rappelle l'article 211, question de pertinence. Ce qui se
passe l'autre côté ne devrait pas influencer ce qui se passe
ici.
Mme Vermette: Bien, il me semble...
Le Président (M. Joly): Partant de là, nous sommes
rendus à l'article 4. Depuis plusieurs heures que nous avons
discuté sur l'article 4; est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Vermette: Sur division.
M. Claveau: Je demande le vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, M. le
député. Je vais vous donner le vote nominal.
Mme Vermette: Sur division.
Le Président (M. Joly): Mme la députée
de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Contre. Je... Non.
M. Tremblay (Rimouski): Comment?
Mme Vermette: Abstention.
M. Tremblay (Rimouski): Elle a dit contre.
Mme Vermette: Abstention.
Le Président (M. Joly): Parfait. M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Contre. Mme Vermette: Abstention.
M. Tremblay (Rimouski): Contre ou abstention?
Mme Vermette: Une abstention, parce qu'on ne peut pas poser une
question importante.
M. Tremblay (Rimouski): Écoute un peu. La division est
l'autre bord. Il y en a un qui est contre et l'autre s'abstient. Qu'est-ce qui
se passe? L'Opposition est divisée. Voyons donc!
Mme Vermette: On s'abstient.
Le Président (M. Joly): M. le ministre?
M. Claveau: M. le Président, je voudrais juste faire
remarquer au député qu'on a vu dans d'autres commissions, hier,
des collègues de l'aile ministérielle voter sur des motions
contre leur ministre. Alors, il n'y a pas à s'en faire.
Le Président (M. Joly): C'est chose possible. Ce qui se
passe l'autre côté, on va laisser ça complètement
étranger à notre affaire.
M. Claveau: Le député de Nicolet-Yamaska, entre
autres, l'a fait hier.
Le Président (M. Joly): Nous voyageons internationalement.
Alors, M. le ministre?
M. Claveau: II a du cran, lui. Il est capable de se tenir
debout.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laurier?
M. Sirros: Pour, pour, pour.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci. Mme la
députée de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Pour, grandement pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Je suis pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre? Je suis pour.
Donc, l'article 4 est adopté. Nous allons maintenant appeler
l'article 5.
Mme Vermette: Oui-
Modifications au Code de procédure
civile
Abolition de l'approbation préalable du projet
d'adoption
M. Sirros: M. le Président, à l'article 5, on dit
que l'article 813.3 du Code de procédure civile (L.R.Q., C-25) est
modifié par la suppression, dans les troisième et
quatrième lignes, des mots "en approbation d'un projet d'adoption".
M. le Président, il y a lieu de modifier cet article du Code de
procédure civile, compte tenu que l'exigence relative à
l'approbation préalable du projet d'adoption par le tribunal est
abrogée. C'est-à-dire que c'est une modification de concordance,
étant donné qu'on a abrogé l'approbation préalable
du tribunal et, en ce faisant, on réduit les étapes
nécessaires pour une adoption. C'est un article de concordance, M. le
Président, pour tenir compte de quelque chose qu'on a déjà
adopté préalablement.
Le Président (M. Joly): Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, j'entendais le ministre
dire qu'il abolit par concordance. Moi, j'aimerais bien savoir, par
concordance, pourquoi... En fait, je voulais demander au ministre s'il
n'était pas intéressé, en ce qui concerne un autre article
de loi, au niveau de l'évaluation psychosociale... Comme il parlait de
concordance, actuellement, on est en train de faire la réforme du Code
civil, enfin, je sais qu'il y a une commission qui va se pencher
là-dessus. Est-ce que le ministre a fait sa demande pour que, tout de
suite, les parents ne soient pas obligés d'attendre, justement, parce
qu'on ne fait pas cette demande-là? Est-ce qu'il s'engage à faire
cette demande-là pour qu'on puisse, actuellement, au moment où on
est en train de faire l'étude, demander s'il y a une concordance et
qu'on fasse en sorte d'alléger... L'article, tantôt, je n'ai pas
pu poser la question, mais au dernier paragraphe, évaluation
psychosociale, on disait qu'il fallait absolument qu'on mette le Tribunal
de la jeunesse, parce que, actuellement, le Code civil, il fallait que
ce soit conforme avec ce qui existe actuellement, mais comme on attendait la
réforme du Code civil pour faire en sorte qu'on puisse enlever la Loi
sur la protection de la jeunesse, parce que ce n'est pas inclus dans le Code
civil... Comme on est en train de faire la réforme, actuellement, au
niveau du Code civil, ce serait peut-être l'occasion, tout de suite, de
le faire ou de le demander. Est-ce qu'il s'apprête à le faire?
M. Sirros: Je dois vous avouer, M. le Président, que je
n'ai pas tout à fait compris la question.
Mme Vermette: Bon, je vais répéter. Quand on a
étudié l'article 1, on disait, en fin de compte, qu'il
était nécessaire d'ajouter que l'évaluation psychosociale
devait se faire en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, parce que,
actuellement, on parlait du Code civil, de la réforme du Code civil, de
la réforme du code de protection de la jeunesse. Mais on disait: On
était obligés d'ajouter ça, parce qu'actuellement dans
l'adoption internationale, qui est à l'intérieur du Code civil,
il y a des éléments qui sont dans la protection de la jeunesse et
il y a des éléments qui sont à l'intérieur du Code
civil. Pour l'adoption, il y a des éléments à
l'intérieur de la Loi sur la protection de la jeunesse, et il y a des
éléments qui appartiennent au Code civil.
On disait: II faut absolument mettre "en vertu de la Loi de la
protection de la jeunesse", parce que, dans le Code civil, ces
éléments-là ne sont pas reconnus. Donc, je vous dis que,
actuellement, on est en train de faire la réforme du Code civil.
Pourquoi, plutôt que d'être toujours obligé de faire
référence à un autre code, au Tribunal de la jeunesse, ne
le reconnaît-on pas tout de suite? Ça ferait une uniformité
tout de suite dans le même Code. Ce serait une demande à faire
à ce moment-là.
M. Sirros: M. le Président, la demande est faite.
Le Président (M. Joly): M le ministre.
M. Sirros: Le Code civil, on parle de 3000 articles, etc. Il y a
une étude qui est faite, actuellement, quant à la réforme
du Code civil et, suite à cela...
M. le Président, la démarche est faite. Lors de
l'étude qui amènera une réforme éventuelle du Code
civil, cet élément de faire la concordance entre le droit interne
québécois quant aux adoptions internes et ce qu'on a fait ici,
c'est soumis pour étude à la commission qui examine la
réforme du Code civil. Ce que j'ai dit hier et ce que j'ai
répété ce matin, c'est que, éventuellement, quand
cet aspect sera amené sur la table, c'est-à-dire quand on fera
l'étude, la révision du Code civil qui touche au droit interne
québécois, cette chose sera prise en considération. Je
rappelle à la présidence et à la députée que
la question, encore une fois, ne touche pas l'article en question ici,
où nous faisons un amendement de concordance, finalement, afin de faire
en sorte que le Code de procédure civile tienne compte du fait que nous
avons déjà aboli l'approbation préalable du tribunal, qui
était une obligation supplémentaire faite aux parents. Je suis
convaincu que les députés de l'Opposition sont en faveur de
l'allégement des procédures.
Mme Vermette: En fait, cet article-là, si j'ai bien
compris, là aussi, c'est parce qu'on parle de l'approbation d'un projet
d'adoption. Comme cette approbation-là n'existera plus, cette
partie-là de la loi n'a plus sa raison d'être.
M. Sirros: C'est ça.
Mme Vermette: C'est bien ça, si j'ai bien compris?
M. Sirros: Tout à fait. (15 h 30)
Mme Vermette: Bien. M. le Président, je comprends
très bien qu'un des objectifs du ministre, c'est de vouloir
alléger la procédure, bien sûr, et de faire en sorte que
les parents ne soient pas pris dans des dédales administratifs, qui sont
très pénibles pour eux, d'autant plus, comme je l'ai
déjà dit à maintes reprises, que ces parents-là
n'ont qu'un désir, en fait, c'est de former une famille, de donner de
l'amour et de partager.
Je comprends, encore une fois, que le ministre a pris l'orientation
à l'effet, dans certains cas, selon les règles de droit qui
s'appliquent dans différents pays, d'être plus catholique que le
pape, comme on dirait Plutôt que d'avoir fait une adoption par mode
judiciaire, on l'a faite plutôt par mode administratif, dans ce cas, le
ministre dit: Là, il faut que j'aie des garanties supérieures et
tout ça, toujours dans l'intérêt de l'enfant En fin de
compte, c'est comme si, dans ces pays là, parce qu'on y va tout
simplement par un autre mode, par le mode administratif, ce serait moins
crédible que par un mode judiciaire. C'est comme si finalement, on
remettait en cause le mode de fonctionnement de ces pays-là. Moi, je me
dis que, quand on veut vraiment faire en sorte de ne pas faire deux classes
d'adoptants... C'est-à-dire qu'il y a des parents qui adoptent des
enfants parce qu'ils n'ont pas le choix. Vous savez que ce n'est pas facile
d'entrer dans les différents pays. C'est très difficile, aussi,
même s'il existe du trafic d'enfants. Ce n'est sûrement pas au
Québec, mais il y a beaucoup plus de facilités dans les pays
d'origine des enfants, là où se fait le véritable trafic
d'enfants. Parce qu'on fait aussi l'exploita-
tion des enfants. On les utilise vraiment pour des travaux à
très bas prix.
M. Sirros: M. le Président...
Mme Vermette: ...et on a bien davantage une forme d'exploitation
à ce niveau-là, à l'intérieur même de ces
pays-là, que, finalement, des parents qui voudraient faire du trafic
d'enfants ici au Québec. La seule façon, c'est par
contingentement... Le contingentement, comme je l'ai dit aussi, se fait
toujours par le biais de l'immigration. Je verrais mal, en tout cas, quelqu'un
pouvoir faire sortir des bébés à pleines portes, en fait,
des différents pays et après ça venir vendre les
bébés ici au Québec à différents parents.
Ça me surprendrait énormément; ce n'est pas facile. Il y a
tout de même les distances, il y a tout de même l'immigration,
l'immigration à la sortie, l'immigration à l'entrée. Il y
a un paquet de facteurs qui font en sorte qu'il y aurait beaucoup de gens qui
se poseraient des questions. Encore là, on maintient toujours cette
philosophie, cette approche qui fait en sorte... Dans l'article 5, on dit, bien
sûr, que l'approbation d'un projet, c'est une étape qui
était une étape préalable, et qu'on la fait
disparaître. Mais il n'en demeure pas moins qu'on maintient encore cet
état d'esprit face au processus et à la démarche de
l'adoption internationale.
M. Sirros: Question de règlement.
Le Président (M. Joly): Excusez! M. le ministre.
M. Sirros: Je veux faire appel à la pertinence du
débat, parce qu'on parle de l'abolition de l'approbation
préalable.
Le Président (M. Joly): Vous vous référez
à l'article 211, M. le ministre?
Mme Vermette: Exactement, si le ministre avait...
M. Sirros: Ça n'a rien à faire avec ce que la
députée est en train de dire, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Bon, alors...
Mme Vermette: M. le Président, au niveau d'un
débat, je pense qu'on peut être assez large, surtout au niveau
d'une commission parlementaire.
Le Président (M. Joly): Mme la députée...
M. Sirros: On étudie un article de loi.
Le Président (M. Joly): ...en vertu de l'article 245, je
vous laisse aller dans votre droit de parole qui est de 20 minutes.
M. Sirros: 20 minutes?
Le Président (M. Joly): 20 minutes. Le plus possible, je
vous demanderais d'essayer de respecter l'article 211 au niveau de la
pertinence.
M. Sirros: Moi, je ne m'oppose pas à ce que la
députée parle, M. le Président, mais j'aimerais qu'elle
s'en tienne à l'article. Je veux qu'elle exerce son droit de parole de
20 minutes, et le député d'Ungava également, mais
j'aimerais qu'elle nous dise si elle est pour ou contre cette modification de
concordance...
Le Président (M. Joly): Je pense, M. le ministre...
M. Sirros: ...sur quelque chose qu'elle a déjà
accepté.
Le Président (M. Joly): ...que c'est entièrement
légitime que vous fassiez appel à la pertinence. C'est pour
ça, Mme la députée, que je vous demande...
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je peux accepter que
le ministre fasse appel à la pertinence, mais je lui demanderais
d'écouter convenablement les propos que je suis en train d'apporter,
puisque j'étais justement en train de parler de cet article de la loi en
lui disant que, oui, je comprenais qu'on veuille alléger, parce qu'on
enlève l'approbation, une première étape qui était
douloureuse. Donc, s'il avait écouté, j'étais exactement
sur le sujet.
Le Président (M. Joly): Madame, je vous laisse aller.
Mme Vermette: d'autre part, m. le président, ce n'est pas
aux ministériels de nous dire de quelle façon on doit
répondre et faire nos interventions.
Le Président (M. Joly): Non, sauf que c'est à moi,
Mme la députée, de juger de la pertinence. Alors, partant de
là, vous ne pouvez pas mettre en doute, si vous voulez, le jugement que
je porte. Alors, si je juge, à un moment donné, que vous
n'êtes pas pertinente et que vous fartes le tour du jardin pour arriver
à l'article comme tel, bien, à ce moment-là, on pourra
vous rappeler à l'ordre à nouveau.
Mme Vermette: Je vous remercie, M. le Président. Alors, je
comprends très bien l'intention du ministre, en fait, d'enlever cette
étape qui était vraiment une étape pénible. En
fait, c'était une étape préalable à la
démarche d'adoption internationale. Je disais au ministre: Pourquoi
avoir encore pris cette philosophie de considérer que tout ce qui
pourrait se passer ici au Québec... Ou, en tout cas, il faut
éviter le
trafic d'enfants, parce qu'il y a tellement de trafic d'enfants qu'il
faut prendre des mesures mur à mur, partout, pour que d'aucune
façon on ne puisse avoir de trafic d'enfants ici au Québec.
Pardon?
M. Sirros: Est-ce que la députée veut qu'on laisse
une porte pour le trafic d'enfants?
Le Président (M. Joly): Est-ce que, M. le ministre, vous
voulez être reconnu? Demandez le droit de parole, s'il vous
plaît.
M. Sirros: Je m'excuse, M. le Président, j'ai
été délinquant dans...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, s'il vous plaît.
M. Sirros: ...ma tâche de parlementaire d'être
respectueux des autres.
Mme Vermette: M. le Président, je pense que je sais que le
ministre en est à ses débuts, que c'est son premier projet de loi
qu'il est en train de défendre. Peut-être que ça le rend
exubérant, parce que, bon, c'est une première, quant à
lui, mais j'apprécierais qu'il puisse écouter et attendre
jusqu'au bout, en fait, que je puisse faire mes 20 minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): ...vous n'aurez pas de
difficulté.
M. Sirros: M. le Président, si je comprends bien, la
députée a 20 minutes à faire, puis elle tient à les
faire, peu importe ce qu'elle va dire.
Mme Vermette: M. le Président, en fait, je pense que je
suis dans la pertinence du débat, et que je m'en tiens à la
pertinence du débat.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Monsieur... Votre
collègue... Le député d'Ungava.
M. Claveau: m. le président, je vous laisse à
même de juger de l'article, mais il y a quelque chose qui dit quelque
part qu'on ne peut pas donner...
Mme Vermette: De prétentions.
M. Claveau: ...de prétentions ou d'intentions à un
député qui intervient lors d'une commission parlementaire.
M. Sirros: Je vais écouter religieusement,
dorénavant.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, Mme la
députée de Marie-Victorin, je vous reconnais, madame.
Mme Vermette: Oui. M le Président Alors, je comprends, M.
le Président, que, encore une fois, on prend l'approche la plus
pénalisante, en fait, l'approche la plus restrictive en ce qui concerne
la démarche d'adoption internationale, en ce sens que, en fin de compte,
toujours dans l'intérêt de l'enfant, et j'en suis... Mais ce qu'on
essaie de développer, c'est qu'il faut protéger l'enfant
même envers son pays d'origine. Il faut même donner une garantie
additionnelle, qui est dans son pays d'origine. On maintient toujours cet
esprit de vouloir aller faire les lois ailleurs. Et ça, je me l'explique
mal, j'ai de la misère à comprendre Ce sont peut-être des
coutumes qui sont différentes dans certains autres pays, qui ne sont pas
nos coutumes ici, mais pourquoi faudrait-il encore aller imposer dans les
différents pays nos orientations et nos règles de droit?
Ça, je trouve ça un petit peu assez particulier et assez
spécial. Le ministre me dit: Écoutez, il y a deux formes
d'adoption, il y en a qui sont judiciaires, et les autres, finalement, elles
sont administratives. Si elles sont administratives, pour nous autres, c'est
"so-so", ce n'est pas tout à fait, il faut être d'une prudence
double, il faut faire bien attention, et même plus, on va
pénaliser les parents, on va leur demander, finalement, davantage de
tracasseries administratives, on va être plus sévères.
Comme si, M. le Président, parce qu'un parent qui va adopter un enfant
dans un autre pays, et parce que là-bas ils font du droit administratif,
une adoption administrative plutôt que judiciaire, le parent était
moins apte à adopter un enfant. Il faut, lui, qu'on l'évalue
d'une façon plus particulière, parce qu'il s'en va dans un pays
qui fonctionne de cette façon-là. C'est un peu ça, quand
on interprète la façon, l'approche qu'est en train de
développer le ministre.
C'est assez particulier, quant à moi, une telle approche, M. le
Président. Simplement, le parent a tout simplement été
obligé de choisir, parce que, comme on le sait, ici au Québec, ce
n'est pas ici qu'il se fait le plus d'adoption internationale. On n'a
même pas encore atteint l'objectif qu'on s'était proposé
lors du projet de loi 21, c'est-à-dire 350 enfants par année. On
a à peine atteint 250, et, il faut le rappeler, le quart des adoptions a
été fait par le Secrétariat. Donc, dans ce cas-là,
ça veut dire que les gens utilisent surtout des contacts, ils
privilégient cette formule-là, plutôt que de passer par le
Secrétariat, ça ne fait aucun doute. Pourquoi toujours maintenir
cet esprit, quand on sait qu'on peut... Il y a différents pays,
maintenant, qui ne veulent plus faire d'adoption internationale avec le
Québec. Il reste très peu de pays qui sont ouverts au
Québec, actuellement. Pourquoi? Pourquoi se restreindre, pourquoi rendre
ça plus difficile dans certains pays parce que c'est du droit
administratif, notamment en Chine? Pour
ce qui est de la Chine, on me disait que, de plus en plus, on a de la
difficulté avec le Québec à faire des adoptions, et je ne
suis pas sûre qu'Enfants d'Orient va continuer à en faire. Je sais
qu'il y a des gens, d'une façon individuelle, qui peuvent en faire, et
je me demande, M. le Président, en fin de compte, si cette
approche-là qu'on maintient toujours, cet esprit-là qu'on
maintient toujours, à faire en sorte qu'ici au Québec il faut
être plus sévère dans l'acceptation, dans
l'interprétation des différentes règles de droit des
différents pays... Moi, ça me dépasse, je vous le dis bien
honnêtement. Qu'il y ait des contrôles, j'en suis. Il y en a
déjà, des contrôles, et les contrôles administratifs
sont déjà en place. Puis vous avez l'Immigration, vous avez les
tribunaux, vous avez en plus de ça la chambre de la jeunesse, vous avez
aussi tous les CSS qui contrôlent, encore là, et vous avez les
organismes agréés. En tout cas, il y a une question de relation
de confiance, à un moment donné. Est-ce que, oui, on a confiance
en ses partenaires, ou on n'a pas confiance? Et est-ce qu'on a confiance en les
parents, en les couples québécois, ou on n'a pas confiance?
Est-ce qu'on a confiance, finalement, aux différents professionnels qui
sont sur notre territoire ou si on n'a pas confiance? Est-ce que la
majorité des gens qui forment les Québécois et les
Québécoises, ici, sont des gens qui n'ont que de mauvaises
intentions ou si ce sont des gens qui peuvent avoir quelquefois de bonnes
intentions, et surtout lorsqu'ils font de l'adoption internationale? Moi, je ne
comprends pas une telle attitude de la part du ministre de maintenir cette
approche-là. En somme, c'est comme s'il laissait croire que finalement,
chez nous ici, au Québec, pour une partie des gens, tout ce qui les
intéresse, c'est de pouvoir faire de l'argent sur le dos des familles en
faisant de l'adoption internationale. Vous vous souvenez, M. le
Président, d'une époque où on vendait les enfants dans le
monde, à travers le monde, dans les années cinquante. Ce n'est
pas si vieux que ça. Nous autres, on achetait les petits Chinois
à pleine porte. Ce que je veux dire, c'est que ça s'est toujours
fait, ces échanges d'enfants, ça s'est toujours... Il y a
toujours eu une mode de l'adoption internationale. Quoique ce soit du droit
nouveau, je me souviens très bien, si on se reporte à
l'époque, dans les années cinquante et les années
soixante, où beaucoup d'enfants... Et je serais intéressée
à savoir le nombre de petits Québécois qu'on a à
travers le monde, à l'heure actuelle. Il doit y en avoir aussi beaucoup,
parce qu'à cette époque-là on avait plein d'enfants. Et
nous autres aussi, M. le Président, on a participé à cette
façon de faire de l'adoption internationale.
Alors, je voudrais rappeler au ministre... Il ne faudrait pas être
si... Il y a toutes les nouvelles façons aussi de faire des grossesses.
Il y a des gens qui, avec des notaires, notariés... Il y a les
mères porteuses qui, à l'heure actuelle...
Il me semble que, si, celles-là, on leur permet de faire certains
gestes, pourquoi, quand un parent veut le faire légitimement, dans les
règles de droit de son pays, devient-on plus sélectifs, plus
"tatillonneux" et leur demande-t-on des règles de droit de plus en plus
compliquées et complexes?
Alors, M. le Président, j'ai de la difficulté, oui, j'ai
de la difficulté à voir cette approche-là. Pourquoi met-on
toujours le focus sur les parents adoptants? Parce que c'est du droit
international? Parce que ça fait peur de travailler, de transiger avec
les pays étrangers? Est-ce que c'est ça, la véritable
nature? Bien, il faut le dire. Est-ce que le Secrétariat se sent
incapable d'assumer cette responsabilité de droit international? Et
pourquoi, finalement, eux, voient-ils l'adoption comme étant une
question de droit international plutôt qu'un geste d'amour posé
par des parents, dans une approche d'amour, pour partager l'amour, la
tendresse, la chaleur avec un enfant qui, dans son pays, a eu le malheur de
perdre ses parents, soit parce qu'il y a la guerre, dans le pays, probablement
aussi qu'il y a de la pauvreté, parce qu'il y a une surpopulation, parce
qu'il y a eu des fléaux graves qui font que les enfants se retrouvent
abandonnes et se retrouvent dans les orphelinats?
Quand on regarde la misère du monde, surtout la misère de
certains pays, la misère du tiers monde, avec tout ce que ça
représente comme pays qui ont connu la famine, des guerres continuelles,
des tremblements de terre, etc., je pense que vouloir soulager et avoir de la
compassion pour les parents ferait preuve, en tout cas, d'une très
grande oeuvre humanitaire. C'est dans ce sens-là, M. le
Président, que je trouve que les gens qui appliquent la loi ou qui
écrivent cette loi-là doivent le faire dans un esprit beaucoup
plus humanitaire et avec un peu plus de compassion, en comprenant tout ce que
ça comporte pour ces parents-là. Et, je me répète,
c'est une grossesse psychologique, pour les parents. Il ne faut pas l'oublier.
Ce n'est pas simplement un objet de luxe qu'ils s'en vont acheter dans un pays.
Alors je trouve ça inconcevable, M. le Président, qu'on ne puisse
pas améliorer, qu'on ne puisse bonifier d'aucune façon le projet
de loi, ce qui favoriserait cet objectif que s'est donné le ministre
d'alléger la procédure ou de favoriser les parents adoptants et
leur permettre non pas d'avoir deux et trois classes de parents adoptants, mais
d'avoir au moins une uniformité dans les parents adoptants du
Québec. Et là on est en train de faire une autre
catégorie, des sous-catégories de parents adoptants au
Québec. On va rendre ça complètement... Ça va
être encore bien plus le "free for ail" avec cette affaire-là
parce qu'il va y avoir des gens qui ne sauront pas... Ils vont dire:
Tantôt, II faut que je me fasse évaluer de telle façon,
tantôt c'est d'une autre façon. Puis, si je n'ai rien fait de
ça, je m'en vais devant le
tribunal et je dis: Pour le mieux-être de l'enfant, youps! je m'en
reviens, puis je rentre. Alors, je pense que ça va être encore
bien plus complexe que ça ne l'était. Et, quand on veut
assouplir, il faut être cohérent, il faut avoir une
uniformité. Et ça, on ne le retrouve pas, dans ce projet de loi
là, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, vous
avez terminé. M. le ministre. (15 h 45)
M. Sinros: M. le Président, il n'y a rien dans ce que la
députée a dit qui correspond à la réalité et
aux intentions du gouvernement. Il est de mon opinion qu'elle agit de
façon irresponsable, M. le Président. Je n'ai rien d'autre
à ajouter.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Le ministre peut avoir
son opinion sur notre point de vue, voyez-vous, mais, comme j'ai eu l'occasion
déjà de le dire à d'autres commissions parlementaires il
n'y a pas si longtemps, on est capables de faire nos messages nous autres
mêmes. On est assez grands pour être capables de supporter nos
opinions sans avoir besoin d'intermédiaire pour faire valoir nos points
de vue. Je pense qu'on a le droit à des points de vue dans des
sociétés démocratiques comme les nôtres,
heureusement d'ailleurs, sinon, s'il fallait tous penser du même
côté que le pouvoir, il est fort probable qu'on n'aurait pas
uniquement les camions dans les rues de Québec.
M. le Président, je conviens avec le ministre que l'article 5
amendant l'article 813.3 du chapitre C-25 des Lois refondues du Québec
allège quelque peu le début de la procédure en ce qui
concerne une dynamique en adoption internationale, à partir du moment
où un couple peut être intéressé à adopter un
enfant en provenance d'un autre pays. Évidemment, ça
allège la chose en disant: Écoute, tu n'auras pas besoin d'avoir
un jugement de cour pour pouvoir commencer à prendre de l'information.
C'est sûr. On enlève donc une phrase, un bout de phrase qui dit
que, effectivement, on va pouvoir, n'importe quel Québécois et
Québécoise intéressé à adopter un enfant ou
qui a identifié un enfant quelque part qui pourrait être
adopté, entreprendre son projet d'adoption sans avoir à passer
devant la cour avant et à lui dire s'il a le droit ou non ou s'il a les
capacités ou non, s'il a les revenus suffisants ou non pour pouvoir au
moins entreprendre un projet d'adoption.
Ce n'est pas mauvais en soi, mais il reste encore, M. le
Président, qu'à travers toute la dynamique qui anime l'adoption
internationale, qui anime l'Intérêt que peut avoir un couple qui
veut, pour toutes sortes de raisons, finalement, se tourner vers l'adoption
internationale... Eh bien, c'était la moindre des choses. On n'a rien
inventé. Je pense que lorsque l'on a introduit ça, qui que ce
soit qui ait introduit ça à l'intérieur du Code de
procédure civile du Québec, on avait peut-être un petit peu
souffert de procédurite. Là-dessus, je vais vous dire, M. le
Président, je n'ai pas peur de mes paroles, je ne sais pas qui l'a
introduit, quand ça a été voté, si c'est
récent, si c'est un peu plus vieux, si c'est là depuis la nuit
des temps. Je ne le sais pas. Sauf qu'en ce qui me concerne très
personnellement, je crois qu'on a rajouté les bretelles à la
ceinture lorsque quelqu'un, quelque part, a eu la brillante idée de
faire en sorte que, si tu veux adopter un enfant, rien que pour avoir le droit
d'y penser, il faut que tu aies un jugement de la cour qui fasse en sorte qu'on
t'autorise à rêver par une belle nuit d'été de
pouvoir adopter un enfant en provenance d'autres cieux ou né sous
d'autres cieux II me semble qu'il y avait de l'exagération.
Que le ministre ait compris ça, je m'en réjouis, M. le
Président, parce que je me dis, finalement, que le ministre est
peut-être plus ouvert qu'on peut se l'imaginer. Le ministre a
peut-être définitivement compris certains éléments,
certains irritants dans la machine et il est de bonne foi lorsqu'il nous
présente son projet de loi. Ça me réjouit. C'est une piste
de travail intéressante pour l'Opposition, et intéressante, j'en
suis convaincu, pour tous ceux qui rêvent, par de belles nuits
étoilées d'été, d'adopter de jeunes enfants
nés sous d'autres cieux. Sauf que là où le bât
blesse, comme on dit, M. le Président, là où les
problèmes commencent à apparaître...
Le Président (M. Joly): Comment épelez-vous le mot
"bât"?
M. Claveau: Bas.
Le Président (M. Joly): C'est beau Vérifié.
C'est juste un petit test que je faisais Vous vérifierez ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Parce que, en ce qui me concerne, dans ma
façon de voir, M. le Président, nous ne devons pas nous adresser
à des va-nu-pieds. M. le Président, lorsqu'on saisit la finesse
qu'a eue le ministre pour comprendre qu'il y a des irritants qu'il faut enlever
dans la machine, on a de la difficulté à comprendre
qu'après coup il arrive avec de nouvelles normes générales
ou avec de nouvelles contraintes qui font en sorte que le bât, quelle que
soit la façon dont on I'epelle, continue à blesser. Et c'est dans
ce sens-là, d'ailleurs, qu'on ne comprend pas très bien, ou qu'en
ce qui me concerne je ne comprends toujours pas ce qui a amené le
ministre, à l'article 4 que l'ont vient de voter, à
générali-
ser quant aux mécaniques d'adoption outre-frontières.
Peut-être que s'il avait inversé ces articles de loi pour nous
faire voir, avant d'étudier l'article 4, les intentions qui l'animaient
au moment d'écrire l'article 5, eh bien, on t aurait pu entreprendre la
discussion de l'article 4 sous un autre angle, avec un oeil différent,
à travers une nouvelle lunette. Mais là, étant
donné qu'on a dû voter l'article 4 qui généralise
d'une façon, à mon avis, outrancière, le comportement de
l'ensemble des États de la planète, quant à
l'intérêt qu'ils portent à leurs ressortir sants qui vont
aller vivre au Québec, ayant été adoptés par des
Québécois et des Québécoises, étant
donné, donc, qu'on a adopté cet article-là avant d'avoir
compris que le ministre avait quand même un minimum de connaissances, ou
de sentiments, de toute la dynamique difficile de la machine contraignante, eh
bien, on n'a pas pu, je pense, argumenter d'une façon suffisamment
complète concernant l'article 4. Parce que, moi, si j'avais vu, M. le
Président, l'article 5 avant de voir l'article 4, et si j'avais compris
que le ministre, de toute évidence, a des ouvertures
intéressantes dans son projet de loi, eh bien, j'aurais probablement
pensé, puisque j'y ai pensé tout de suite en voyant l'article 5,
que le ministre serait prêt à développer certains compromis
quant à l'application, par exemple, de cette règle
générale de l'adoption outre-frontières.
Et j'entends par là, M. le Président, juste à titre
d'exemple, que l'on aurait pu définir un certain nombre de mois ou
d'années de résidence à l'extérieur. De toute
évidence, j'en conviens, il n'est pas normal qu'un résident du
Québec - et on va en parler, dans les articles subséquents, de la
question de demeure, de résidence, etc. - qui décide d'aller
passer ses vacances à Cancun, pendant un mois, revienne avec un petit
Mexicain qu'il a pu adopter en vertu des lois de là-bas, sans pour
autant avoir eu à vivre le contexte mexicain avec son enfant, et qu'il
l'amène ici au Québec, sans le connaître, et puis en
risquant de l'introduire - de toute évidence il va l'introduire - dans
un nouveau contexte de vie qui ne correspond pas du tout à ses
paramètres de pensée, à ses références, aux
références que cet enfant-là a connues depuis sa
naissance. Et là j'aurais compris le ministre quand il me dit:
Écoutez, dans ces cas-là, c'est bien évident que les
parents ne sont pas habitués de vivre avec l'enfant, ils ne le
connaissent pas, pas plus que l'enfant ne connaît les parents; on le
déracine, on le ramène dans un nouveau milieu de vie, on ne sait
pas ce que ça va donner, quel genre d'intégration cet
enfant-là va avoir au Québec, et puis là on pense qu'on
doit avoir un psychosociologue ou un psychologue et un sociologue ou, enfin,
quelqu'un qui s'y connaît là-dedans, pour essayer au moins de
faire en sorte de s'assurer que socialement l'enfant va être bien parti
et que les parents aussi vont s'adapter à l'enfant qui aura
lui-même à s'adapter à la société
québécoise. Parce que ce n'est pas évident, vous savez.
J'en ai dans ma famille. J'ai eu une belle-soeur qui est hondurienne et qui est
arrivée ici au Québec en ne parlant pas un mot de
français. Je le sais comment ça se passe. Je sais que ce n'est
pas facile. Je sais que l'intégration n'arrive pas comme ça, en
génération spontanée, je le comprends, ça.
Donc, je comprends que, effectivement, dans certains cas comme
ça, on devrait avoir une possibilité d'adaptation. Je le sais
aussi, M. le Président, parce que ce n'est pas un secret pour les gens
de mon comté, ma première femme était une Allemande qui
est arrivée au Québec sans parler un mot de français et
qui a eu un certain nombre de difficultés d'adaptation dans ses
années d'adolescence à cause de ça. Je le comprends, le
problème.
Mais il y a une autre chose que je voudrais aussi qu'on comprenne bien,
par exemple, et qu'on aurait pu éventuellement discuter avec le
ministre, sachant l'intérêt qu'il porte à la disparition
d'un certain nombre de contraintes, comme on le voit très bien dans
l'article 5. C'est que quelqu'un qui vit depuis deux ans, trois ans ou quatre
ans, ou une famille québécoise qui vit depuis deux ans, trois
ans, ou quatre ans à l'étranger, ou cinq ans, ou dix ans
même dans certains cas, et qui a adopté dans son pays d'accueil ou
son pays de résidence temporaire, en vertu des lois de ce pays, des
enfants - il arrive même que ce ne soit pas seulement un, ça peut
être deux, trois ou quatre - et qui revient au Québec, pourquoi
devrait-on, à ce moment-là, lui faire passer toute la myriade de
tests et d'examens pour être bien certains que tout va bien? C'est
ça que j'ai de la difficulté à comprendre, qu'on fasse du
pareil au même avec tout. En tout cas, le ministre aurait avantage
à regarder ça, à moins qu'il me dise par après - il
est possible qu'il me le dise et je m'en réjouirais - qu'il y a une
réglementation qui va accompagner ça et qui va faire en sorte de
nuancer certaines des affirmations qui semblent coulées dans le
béton et d'un bloc monolithique dans la façon de traiter un
problème général pour le ramener, dans le fond, avec une
vision tout à fait similaire pour tout le monde.
Mais, M. le Président, je reviens à l'article 5
très précisément. Je comprends qu'il devait être
drôlement tannant, drôlement restreignant, particulièrement
irritant pour un couple de Québécois et Québécoise
bien pensant, bien élevé, ayant une bonne réputation,
ayant les moyens nécessaires, de devoir commencer à consulter un
juge, de passer en cour, de commencer à mettre tous ses petits bobos sur
la place publique pour la seule raison de vouloir entreprendre une
mécanique d'adoption internationale. C'est bien évident qu'encore
là, au risque de me répéter, je dois dire que le
gouvernement ou le ministre qui a pensé ça, dans le Code de
procédure civile du Québec, aimait le blindage, était un
ministre
qui ne voulait surtout pas prendre de chance et qui se mettait un
parapluie par-dessus son imperméable. Encore là, je le dis bien
à l'aise, M. le Président, parce que... Vous excuserez mon
ignorance. Je ne sais pas quel est le gouvernement et quel est le ministre et
qui sont les fonctionnaires du ministre qui ont pensé cet
article-là, pas plus que j'en connais l'année d'adoption. (16
heures)
Donc, cela étant dit, M. le Président, je
réitère le voeu que l'ensemble de la dynamique qui anime la
continuité de l'étude de ce projet de loi soit le reflet de cette
préoccupation du ministre et de cette ouverture du ministre à la
discussion et à l'allégement de la dynamique. Mais le ministre ne
me fera pas croire que le fait d'alléger la dynamique quelque part
l'autorise à l'alourdir ailleurs. On n'a rien réglé, on a
changé le mai de place, comme on dit, on a mis un cataplasme sur une
jambe de bois, on n'a pas réglé le problème.
Moi, je pense que, lorsque l'on veut faciliter les choses, on fait en
sorte qu'elles soient faciles d'un bout à l'autre. À partir d'un
principe qui veut qu'une chaîne ne soit jamais plus forte que le plus
faible de ses maillons, à ce moment-la, on s'assure que la force
globale, la dynamique globale de la loi fasse en sorte que, lorsque l'on veut
alléger, on allège dans son ensemble. Lorsque l'on veut alourdir,
de toute façon, qu'on alourdisse à une place, on vient d'alourdir
l'ensemble de la mécanique.
Vous savez, lorsqu'on veut alourdir une démarche, on n'a pas
à en prendre tous les points, on a juste à faire en sorte qu'il y
ait un maillon quelque part qui soit tellement lourd qu'il n'y a plus moyen de
débloquer sur rien du reste. Alors que, lorsque l'on veut alléger
la même démarche, on se doit d'utiliser l'imagination pour faire
en sorte que tous les maillons de cette démarche-là soient les
plus légers possible ou le plus facile possible à traverser.
Parce que, dès que l'on va créer une barrière quelque
part, c'en est fini, il y a blocage dans la mécanique.
Vous savez, M. le Président, lorsque HydroQuébec veut
"harnacher" une rivière, veut faire un barrage pour couper l'eau dans
une rivière, elle n'a pas besoin d'en faire un tous les milles sur les
500 milles de la rivière. Elle n'a qu'à faire un barrage quelque
part dans un site bien situé le long de cette rivière et elle
vient de la bloquer, quelle qu'en soit la longueur et quel que soit
l'état sauvage du reste, si vous voulez. Il n'en reste pas moins qu'un
seul barrage est suffisant pour bloquer une rivière et pour changer le
niveau de l'eau. C'est la même chose dans une loi.
Ce n'est pas parce qu'on a fait disparaître quelques irritants
qu'on a réglé tout le problème si, en contrepartie, on
s'est gardé une espèce de boulet quelque part qui fait qu'on ne
voit pas la possibilité de passer par-dessus ce boulet-là.
C'est ça, le problème, souvent, des lois, M. le
Président. Voulant améliorer les choses, il y a toujours un
esprit un petit peu plus brillant quelque part qui trouve le moyen de
compliquer un élément de la loi pour faire en sorte que tout le
reste passe inaperçu et que, finalement, ce seul
élément-là diminue tout le reste de l'impact que l'on veut
donner à la loi.
Vous voyez, M. le Président, l'article 5 est un exemple, une
tentative d'allégement de la mécanique. Par contre, le dernier
paragraphe de l'article 4, quant à lui, est plutôt du genre
embarras technique pour bien des gens, tant qu'on ne l'aura pas, pour le moins,
défini ou mieux catalogué, mieux identifié.
Donc, M. le Président, je vais dire, en conclusion de cette
intervention-là, que, à l'image de ce que je retrouve à
l'article 5 du projet de loi, qui est un article intéressant, en tout
cas, que moi personnellement, très personnellement, je trouve
intéressant parce qu'il enlève une contrainte qui, de toute
évidence, n'avait rien à voir dans la mécanique... S'il y
a une chose sur laquelle on n'est pas encore taxé, c'est bien la
pensée et le rêve, même qu'on peut se permettre de
rêver sans risquer la TPS, imaginez-vous! Que l'on soit obligé de
passer par un ordre de la cour pour voir comment on pourrait rêver
d'adopter un enfant, ça me semblait définitivement énorme
comme point de vue. Que le ministre l'enlève, je me dois d'en saluer le
fait, mais j'espère qu'il s'agit là d'un indice de la
façon dont il entend traiter le reste de la loi pour ne pas faire en
sorte que, pour montrer ou pour donner limage d'une vision très large,
il nous emmène vers un entonnoir où il n'y a plus personne qui
pourra passer, finalement, en bout de piste. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M le député
d'Ungava Vous avez eu, je pense, juste assez de temps pour finir votre
intervention Vos 20 minutes sont déjà écoulées.
Alors, est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Sirros: Adopté, M. le Président.
Mme Vermette: Vote nominal, M le Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, Mme la
députée. M. le ministre et député de Laurier?
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. Mme la députée
de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Pour
Le Président (M. Joly): M le député de
Gaspé?
Une voix: Contre.
Le Président (M. Joly): J'ai bien compris?
Une voix: Pardon?
Une voix: II a dit contre.
Le Président (M. Joly): Non, non.
M. Beaudin: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. Parfait. M. le
député de Trois-Rivières?
M. Philibert: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Je suis pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre? Je suis pour. Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: Pour, M. le Président. Le Président
(M. Joly): Merci.
Mme Vermette: M. le Président, c'est un excellent exercice
pour démontrer qu'on peut avoir l'unanimité sur certains
articles.
Le Président (M. Joly): alors, je vois que l'article 5 a
été bien compris. maintenant, l'article 5 est adopté. nous
allons appeler l'article 6.
Demandes de placement et d'adoption
M. Sirros: M. le Président: "Ce code est modifié
par le remplacement de l'intitulé de la section IV du chapitre VI du
titre IV du livre V, qui précède l'article 825, par le suivant:
"Des demandes de placement et d'adoption". Cette modification est de
concordance avec celle de l'article 813.3.
Mme Vermette: M. le Président, je veux juste demander au
ministre: En fait, est-ce que ça s'est fait, cette concordance ou ce
changement, au moment de la loi 21, au moment où on adoptait la loi 21,
où on changeait le titre?
M. Sirros: Ma réponse est affirmative.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava. Est-ce que vous avez fini, madame?
M. Claveau: M. le Président, juste un exemple.
Le Président (M. Joly): Vous aviez un cas.
M. Claveau: Lorsque l'on dit que nul ne doit ignorer la loi ou un
truc semblable...
Le Président (M. Joly): Oui, c'est ça.
M. Claveau: ...imaginez-vous le simple chrétien qui veut
adopter un enfant et qui se retrouve...
Le Président (M. Joly): Supposons que c'est votre cas.
M. Claveau: Supposons que c'est mon cas, M. le Président,
et que là on me demande: En vertu de quoi voulez-vous adopter cet
enfant-là? Je me dois de répondre spontanément, sans la
moindre hésitation: M. le juge, c'est en vertu de la section IV du
chapitre VI du titre IV du livre V, qui précède l'article 825.
Ouf! On n'a pas encore commencé la procédure d'adoption,
là. On a juste émis l'hypothèse, on est juste en train de
travailler l'hypothèse d'une demande de placement et d'adoption. C'est
quand même extraordinaire, vous savez, la complexité de nos
lois.
Le Président (M. Joly): Sans vouloir abonder dans le sens
de l'article, je pense que c'est important, c'est tout simplement pour tester
le sérieux des parents adoptifs.
M. Claveau: Le sérieux de la démarche.
Le Président (M. Joly): Pour savoir s'ils sont vraiment
sérieux, s'ils veulent vraiment aller au bout de la recherche.
M. Claveau: En tout cas, M. le Président, en ce qui me
concerne, juste la démarche pour identifier où se trouve le titre
me laisse "patois" quant au contenu.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Pantois.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Joly): D'accord. Donc, l'article 6 est
adopté. Nous allons appeler l'article 7.
M. Sirros: L'article 7, c'est: "L'article 825.1.1,
édicté sous la numérotation 825.0.1 de la
version sanctionnée du projet de loi 21 de 1987, et l'article
825.6.1 de ce code sont abrogés." Cette modification est de concordance
avec l'article 813.3. Compte tenu que l'exigence relative à
l'approbation préalable du projet d'adoption par le tribunal est
abrogée, l'article 70 du Code de procédure est suffisant. Le
troisième alinéa de l'article 70 de ce code stipule: Enfin, les
demandes en matière d'adoption sont portées devant le tribunal du
domicile de l'enfant ou du demandeur ou, si l'enfant n'a pas de domicile au
Québec, devant le tribunal où le directeur de la protection de la
jeunesse, qui le dernier avait charge de l'enfant, exerce ses fonctions.
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est...
Mme Vermette: M. le Président...
M. Sinros: Alors...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le ministre.
M. Sirros: C'est une autre modification de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci
Mme Vermette: M. le Président, je suis tout à fait
heureuse qu'en fait on arrive au moins au voeu de l'Opposition au moment
où, justement, on discutait le projet de loi 21, parce que ça
faisait partie de l'objet, ça, de nos discussions importantes au moment
de l'adoption du projet de loi 21. On disait: Écoutez, c'est une
tracasserie administrative de plus, en fait, judiciaire. Vous faites
déjà tellement de contrôle au niveau des parents, pourquoi
faut-il, une fois de plus, faire en sorte que le tribunal doive aussi
entériner toute cette démarche-là, alors qu'on sait
très bien que même le Barreau, à l'époque, trouvait
ridicule l'article, puisqu'on mettait tout simplement le Barreau sous la
tutelle du Secrétariat? En fait, je pense que c'est une preuve
importante, on est en train de démontrer à quel point le
rôle de l'Opposition est important au moment des commissions
parlementaires pour l'étude article par article. Parce que,
effectivement, nous ne faisons pas nécessairement de la critique pour
faire de la critique, mais vous voyez bien que dans certains cas, en tout cas,
c'est tout à fait heureux qu'on présente notre point de vue; et
si on avait écouté, à ce moment-là, l'Opposition,
nous ne serions pas obligés de revenir, encore une fois, pour un tel
projet de loi sur l'adoption internationale, mais on aurait pu procéder
beaucoup plus facilement pour les parents.
Tous les parents, depuis 1987, ont dû subir ces
démarches-là. Vous savez fort bien qu'on leur a donné un
petit peu... Adopter un enfant, c'était comme les 10 travaux d'Hercule,
c'était aussi compliqué ou complexe que ça. Alors,
effectivement, je m'en réjouis pour l'ensemble des parents adoptants.
Ici, au moins, on vient de finir par comprendre, dans un premier temps, que
cette façon de faire les choses était peut-être inutile et,
tout compte fait, onéreuse pour les parents en termes de temps et
d'énergie, et cela n'a pas apporté la protection, il faut s'en
souvenir. Je me souviens, les discussions du projet de loi sont à peu
près les mêmes, l'état d'esprit est à peu
près le même qu'à l'heure actuelle, à savoir qu'il
faut absolument protéger l'enfant envers et contre tous et qu'il faut
absolument faire des mises en garde tellement importantes. C'est comme si les
parents, on les considère toujours comme des fraudeurs. On leur fait
subir tellement de tests, de contrôles, à tous les niveaux du
stade de leur projet d'adoption, que ça doit être très
difficile et même humiliant dans certains cas, pour certains parents,
d'être considérés toujours comme étant pratiquement
des fraudeurs, et on leur met partout, partout, partout, des choses
complètement inutiles puisqu'on ne peut pas aller au-delà de la
loi. Une fois qu'un texte est reconnu, une fois qu'un texte a le sceau des
tribunaux, une fois que les règles de droit se sont appliquées
dans les pays restrictifs, on ne peut rien y faire, si ce n'est que le tribunal
reconnaisse l'authenticité des papiers, si tout est conforme selon les
règlements et les règles de droit des différents pays.
Alors, je ne comprends pas l'acharnement, en fin de compte, du
législateur dans le cas de l'adoption internationale à
considérer toujours l'adoption sous le biais du trafic d'enfants et
qu'il faille éviter à tout prix le trafic d'enfants au
Québec, parce que ce serait... J'en conviens, M. le Président, il
faut se donner des garanties, dans l'intérêt de l'enfant, j'en
conviens. Mais il faut dépasser, à un moment donné, cette
mentalité-là pour apporter de la souplesse, de la
compréhension et de la compassion au niveau des parents, en fin de
compte. (16 h 15)
On revient encore à la case départ, on revient toujours
à la case départ Et là on a devant nous un exemple
extraordinaire et tout le monde à l'époque, je me souviens, le
Barreau, les parents, les associations de parents, tout le monde avait mis en
garde la ministre à l'époque en lui disant: Écoutez, cette
procédure, elle est inutile, cet article de loi n'apportera pas les
garanties que vous escomptez, Mme la ministre. Et je vous rappelle un cas au
moment où il y a eu des problèmes avec un organisme, entre
autres, où on a fait authentifier des papiers par le tribunal, par la
chambre de la jeunesse maintenant, et ce n'est pas la faute du tribunal,
puisque les papiers qui étaient là semblaient être
conformes, mais ce qui est arrivé, dans les faits, M. le
Président, c'est que les parents, eux, n'avaient pas
nécessairement la conformité dans leurs mains avec les papiers
C'est-à-dire que sur
les papiers la chambre de la jeunesse avait reconnu que les parents
avaient un petit garçon, et c'était une petite fille qu'ils
avaient. Pourtant, tout avait été conforme, les sceaux
étaient bien là. Même le Secrétariat, à
l'époque, à qui on avait demandé de venir vérifier
l'authenticité, avait donné aussi son approbation en disant: Oui,
toutes les règles de procédure étaient conformes, mais il
s'était glissé une erreur. Donc, M. le Président, on s'est
aperçu que personne n'est infaillible et qu'encore là il pouvait
se glisser des erreurs. Et le tribunal, lui, qu'est-ce qu'il pouvait faire?
C'était tout simplement de vérifier, en vertu des règles
de droit, si les règles de droit étaient appliquées dans
le pays de l'adopté. Finalement, s'il y a une concordance, c'est de
faire la concordance et l'harmonisation avec les lois du Québec.
Alors, encore une fois, j'espère que le ministre, celui-ci, va
aussi comprendre la nécessité de l'Opposition et prendre en
considération certains de nos arguments, parce qu'ils ne sont pas tous
farfelus, parce que, nous aussi, nous avons consulté les associations;
nous avons consulté le Barreau, parce que, nous aussi, nous nous sommes
enquis auprès des gens concernés pour bonifier et
améliorer le projet de loi. Et l'exercice que nous tenons à
l'heure actuelle n'est pas tout simplement de faire gagner du temps mais
vraiment de bonifier un projet de loi, parce qu'on sait très bien
l'importance d'un tel projet de loi. Vous savez, si on parle d'une loi fiscale,
bien sûr que ça nous fait mal au portefeuille s'il y a des erreurs
qui se glissent, mais, quand on fait des erreurs au niveau d'une loi qui touche
directement des gens dans leurs émotions, dans leurs sentiments, je
pense que c'est une prudence que de mettre tout le temps nécessaire pour
faire en sorte qu'on puisse apporter une législation la plus favorable,
la plus juste et la plus équitable possible pour les parents. Moi, ce
que j'ai en tête, M. le Président, c'est l'intérêt,
le droit de l'enfant et aussi favoriser les parents dans cette
démarche-là.
Je ne crois pas, moi, encore une fois, que c'est de cette façon
qu'on apporte de la considération à nos concitoyens et nos
concitoyennes qui désirent tout simplement former une famille. Moi,
j'estime que plutôt que de leur mettre des niveaux hiérarchiques
incroyables et des dédales administratifs de plus en plus complexes et
compliqués, au contraire, on devrait leur apporter des mesures d'appoint
et d'appui dans leur démarche. On devrait les favoriser dans leurs
démarches, tout au long de cette démarche-là, un peu comme
une grossesse naturelle où la mère qui attend son
bébé peut, à différents moments, aller consulter,
en fin de compte, le professionnel de la santé et avoir tous les
services nécessaires autour pour faire en sorte que cet acte d'amour,
cette démarche, qui est la naissance d'un enfant, de quelle que
façon qu'elle puisse être, puisse se faire le plus favorablement
possible, avec tous les éléments qui permettent de croire que
cette réalisation-là aura les meilleures chances de
succès. C'est dans cet esprit-là que j'aurais aimé qu'on
aborde bien plus le projet de loi, en ayant beaucoup de considération
pour ces parents-là, pour ces couples-là qui désirent,
justement, une contribution sociale à l'endroit de l'ensemble de la
collectivité québécoise, parce que c'est une contribution
que de faire ce geste-là. Ça favorise l'ensemble de la
société. Je crois que c'est tout le monde qui en
bénéficie, et on aurait dû démontrer beaucoup plus,
en tout cas, d'empressement à aider les parents.
Qu'est-ce qu'on fait, M. le Président, quand un parent ne sait
pas trop trop comment s'y prendre, quelle est la meilleure façon, a
certaines appréhensions parce que, justement, c'est un pays
étranger, les réactions par rapport au pays étranger? On
peut les aider dans cette démarche-là en leur donnant les
renseignements, les informations et en minimisant aussi les craintes qu'ils
peuvent avoir au moment où ils entreprennent cette
démarche-là. Un peu comme un couple, lorsque la femme tombe
enceinte. Elle est un petit peu craintive, puis elle se demande: Est-ce que je
vais le rendre à terme? J'espère qu'il ne m'arrivera rien en
cours de route. J'espère que je n'avorterai pas, que je n'aurai pas une
fausse couche. C'est des problèmes de cet ordre-là, M. le
Président, qu'il est important de soulever, parce que ce sont des
êtres humains. Ce sont des personnes qui ont des émotions et on
travaille sur des émotions. Et je ne vois pas pourquoi, encore une fois,
il faudrait toujours leur faire passer des interrogatoires interminables, des
contrôles interminables et insupportables. Ces gens-là, en fait,
tout ce qu'ils demandent, c'est: Aidez-nous. On veut bien la suivre la loi. On
veut vivre dans la légalité. On veut une reconnaissance pour cet
enfant parce que cet enfant-là, on l'aime, on l'aime déjà.
Dès qu'ils commencent à faire le geste, la démarche,
déjà, ils le portent dans leur coeur, cet enfant-là. Et ce
que les parents nous demandent, c'est: Aidez-nous. On voudrait tout simplement
faire ça le plus rapidement possible. Vous pouvez le comprendre qu'on
puisse vouloir le faire le plus rapidement possible. Que ça prenne neuf
mois, je n'ai rien contre, puisqu'une grossesse normale prend neuf mois. Mais
que ça prenne trois ans ou sept ans, là, par contre, je commence
à trouver ça exorbitant dans le temps, M. le Président.
Alors, je ne vois pas pourquoi, encore une fois, il faut toujours
émettre des formes de contrôle. Nous avions averti la ministre
à l'époque; nous avions pris toutes les mesures
nécessaires, en commission parlementaire, au moment où nous
étudiions la loi, article par article. Nous avions dit à la
ministre: Votre article 825.1.1, il est de trop, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Excusez, une chance
que vous venez de mentionner le numéro, parce que là je
pensais qu'on était rendu bien loin dans le projet de loi. Parce qu'on
était bien loin de la pertinence, Mme la députée.
Mme Vermette: Absolument pas. Monsieur, c'est exactement
pertinent, je suis en train de faire la démonstration... Je suis
heureuse qu'on enlève l'article 7, qu'il soit abrogé, M. le
Président. Et je suis en train d'expliquer pourquoi je suis heureuse
parce que c'est sous les pressions... Je me souviens très bien que nous
avions averti le gouvernement à l'époque qu'on aurait des
problèmes, qu'il faudrait enlever cet article-là.
Le Président (M. Joly): Ce qui est important... Bon alors,
si je comprends bien, là...
Mme Vermette: Je suis complètement dans la pertinence du
débat, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous avez fait votre point. Une
chance que vous le comprenez parce que moi je ne le comprenais pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): C'est pour ça que je
voulais savoir si j'étais encore dans la loi 70.
Mme Vermette: Tout à fait, monsieur. Je suis toujours dans
l'adoption internationale et je parle uniquement de démarches d'adoption
internationale afin d'aider et de favoriser les parents dans cette
démarche-là. Parce qu'il est important qu'on ait de la
compassion...
Le Président (M. Joly): Donc, si je comprends bien, vous
êtes d'accord avec l'article 7.
Mme Vermette: Ce que je suis en train de dire, M. le
Président, je suis très heureuse de voir qu'on ait
abrogé...
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Vermette: ...et qu'on se rende au voeu de l'Opposition,
puisque, manifestement, nous avions démontré, que cet
article-là, 825.1.1, n'apportait rien de bénéfique, en
fait, dans une démarche d'adoption internationale, pour les
Québécois et les Québécoises, ou les parents
adoptants ou les couples adoptants du Québec. Et je suis tout simplement
en train de faire mon argumentation là-dessus.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée.
Mme Vermette: II me reste encore du temps?
Le Président (M. Joly): Ah! oui, il vous reste quelques
minutes.
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Joly): II reste combien de temps à
madame?
La Secrétaire: II reste neuf minutes.
Le Président (M. Joly): Neuf minutes. Parfait, madame,
allez, neuf.
Une voix: II y a des fois ça prend du temps,
déménager.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: M. le Président, je pense que les gens ne
comprennent pas l'importance de nos discussions, de l'autre côté
de la Chambre. Et je ne sais pas s'ils s'aperçoivent que nous sommes en
train de parler d'un projet de loi qui touche des gens dans ce qu'ils ont de
plus profond, dans ce qu'ils ont de plus important, en fait. On parie
d'émotions, de sentiments On parle d'enfants. On parie de parents. On
parie de familles. Et je crois qu'on devrait avoir un très grand respect
pour tout ce qui touche à la famille, au Québec. Je comprends
qu'en fin de compte, et là je fais un aparté et je sais que je le
fais, l'aparté... Mais je vais vous dire, M le Président, je
comprends que, quand on parle de famille, c'est difficile pour ce gouvernement,
en fin de compte, de pouvoir avoir une compréhension
éclairée, puisque si on regarde les politiques familiales, on est
toujours en attente des politiques familiales. Au niveau des garderies, on a
encore des problèmes. On attend que le fédéral se
décide et, comme le fédéral a tout coupé, on n'a
plus rien. Alors, je comprends fort bien que ce gouvernement puisse avoir des
problèmes au niveau de la compréhension de la famille et que,
plutôt que d'aider nos familles, on leur mette des bâtons dans les
roues. Ça, je peux le comprendre et vous avez un exemple flagrant, quand
ça n'est pas des problèmes d'ordre économique ou d'ordre
administratif, on leur donne des problèmes d'ordre judiciaire, M le
Président Vous avez un très bel exemple avec l'article 825.1.1
que, justement...
Mme Boucher Bacon: M. le Président, j'aimerais
invoquer...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, madame...
Mme Boucher Bacon: ...l'article 211, s'il vous plaît.
Le Président (M. Joly): Oui
Mme Boucher Bacon: Alors, c'est la question de la pertinence. On
est à assister ici à un débat au sujet duquel madame a
reconnu qu'elle était d'accord. On dit, dans le cas d'un
déménagement, qu'on doit donner cinq jours d'avis. Toute
l'émotivité ou tout ce qu'elle renverse sur les critères,
qu'on ne prend pas nos responsabilités, je pense que ça n'a rien
à voir avec la pertinence de cinq jours qu'on doit donner à un
juge lorsqu'on a à déménager ou changer de district.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
ce n'est pas une question de règlement. D'ailleurs, M. le
Président, c'est à vous que revient, qu'il vous est imparti de
dire s'il y a pertinence ou pas du débat. Et je pense que...
Le Président (M. Joly): C'est pour ça. Je n'ai pas
rendu mon jugement encore, là, mais je vous écoute.
Mme Vermette: Alors, M. le Président, je demanderais
à...
Le Président (M. Joly): J'écoute. Alors, ne
supposez pas ou ne préjugez pas, si vous voulez, de mon jugement.
Mme Vermette: Et tout ce que je voulais dire...
Le Président (M. Joly): Excusez, je vais revenir à
ce que, nécessairement, Mme la députée soulève.
C'est bien sûr que, quand on invoque l'article 211 qui nous rappelle
c'est quoi, un peu, la pertinence... Je pense que la pertinence, on peut quand
même déborder largement pour faire valoir son point. Alors, j'ai
remarqué qu'occasionnellement vous êtes sortie du sujet mais vous
êtes quand même revenue. Alors, j'accepte le fait
qu'occasionnellement vous n'étiez peut-être pas pertinente dans ce
que j'appelle l'instant du moment, mais de l'égarement vous êtes
revenue. Alors, partant de là, je me dois de vous dire, madame, que je
vous reconnais le droit de parole.
Mme Vermette: M. le Président, vous conviendrez avec moi
qu'il y a une certaine forme de spontanéité lorsqu'on s'exprime,
qui fait en sorte qu'on peut un petit peu déborder. Mais, ce que
j'aimerais bien vous dire, M. le Président, à ce moment-ci, c'est
que je comprends un peu la réaction de la députée de
Bourget parce que, dès qu'on touche au gouvernement et dès qu'on
fait un éclairage sur l'attitude du gouvernement face aux familles
québécoises - et les parents adoptants font partie de la famille
québécoise - ils réagissent très très
très rapidement. Et je comprends parce qu'il y a tellement de lacunes,
en fin de compte, laissées par ce gouvernement, au niveau des politiques
familiales. Jp comprends qu'ils n'ont pas intérêt à ce
qu'on en parie beaucoup. Mais, M. le Président, je suis en train de vous
dire que, effectivement, on demande au procureur de signifier au moins cinq
jours d'avance, avant la date. Donc, ça demandait un autre geste
administratif, Mme la députée de Bourget, et il y en avait
tellement, déjà, des gestes administratifs dans la
procédure d'adoption internationale que celui-là, il devenait de
trop. Et c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Et si on
le prend comme ça, quand on n'a pas été au courant et au
fait de tout ce qui s'est passé dans le contexte de l'adoption
internationale... M. le Président, j'aurais aimé que Mme la
députée soit à la commission parlementaire au moment
où nous avions débattu le projet de loi 21. Elle aurait
très bien compris, en fait, mes propos. Elle aurait pu suivre aussi
l'essence même de mes propos parce que, justement, je ne fais que
relever, soulever, en fait, les arguments qui avaient été
apportés à ce moment-là, autant par les associations de
parents, autant par les associations agréées, les organismes qui
font de l'adoption internationale, et autant, a ce moment-là, par le
Barreau et par différents professionnels qui s'étaient
présentés ici, en commission parlementaire, au moment du projet
de loi 21.
Donc, M. le Président, j'en conviens que, lorsqu'on le regarde,
cet article-là, de cette façon-là, bien sûr qu'on
peut dire: Bien, écoutez, il n'y avait rien de bien bien
compliqué, là. C'est de dire aux gens, cinq jours à
l'avance, qu'il était pour leur présenter la demande. Mais, M. le
Président, on le savait fort bien, nous, que c'était inutile de
faire cette démarche-là. On voulait alléger le processus.
Ça a pris un an et demi, deux ans d'échec dans l'application de
la loi pour qu'enfin le ministre comprenne qu'il était heureux, il
était nécessaire de retirer et d'abroger cet article-là.
J'espère que, maintenant, ça va prendre un petit peu moins de
temps et qu'il y aura moins de parents qui devront, en fin de compte, subir des
lois qui sont plus ou moins conformes à une démarche d'adoption
internationale, puisque, quand on parle d'une démarche d'adoption
internationale, je me répète, on fait appel à de
l'émotivité, à des sentiments, à des êtres
humains; plus on peut économiser du temps, plus on peut
économiser des délais, des tracasseries administratives à
ces parents-là, je pense que nous y gagnons tous, autant nous, en tant
que législateurs, que, bien sûr, l'ensemble de l'appareil, du
système. M. le Président.
Mme Boucher Bacon: ...quand tu ne demeures plus dans un
même district...
Le Président (M. Joly): Excusez, madame. Je vous
reconnaîtrai par après, s'il vous plaît.
Mme Boucher Bacon: Ce n'est pas possible!
M. Claveau: M. le Président, est-ce que la
députée de Bourget pourrait demander la parole? Elle a juste
à lever la main et puis elle pourra prendre ses 20 minutes après
l'intervention de ma collègue.
Le Président (M. Joly): C'est ça. D'ailleurs, je
pense que...
Mme Vermette: Oui, M. le Président, parce que ce sont les
règles qui sont établies comme telles. Il y a l'alternance, vous
savez. On a rien contre l'alternance. (16 h 30)
Le Président (M. Joly): En vertu de l'article 245, je
reconnais que vous avez raison et que je reconnaîtrai qui de droit par
après. Alors, si...
M. Claveau: m. le président, est-ce qu'on pourrait
consigner au journal des débats l'expression que je viens
d'entendre de la part de notre collègue de bourget?
Le Président (M. Joly): J'imagine que, dépendamment
dans le champ, dans l'angle...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Allez, madame, allez!
Mme Vermette: Alors, M. le Président, je ferai remarquer
aussi à la députée de Bourget que je suis toujours sur
l'article 825.1.1. Ce dont elle me parle, c'est de l'article 825.6.1. Donc, je
pourrai faire, si elle veut, un autre 20 minutes sur l'autre article, mais pour
le moment je suis à l'article 825.1.1. Alors, c'est ce que je voulais
dire qu'il faudrait peut-être...
Le Président (M. Joly): Écoutez, je tiens à
vous mettre en garde...
Mme Vermette: Mais je veux dire si on veut mettre...
Le Président (M. Joly): ...vous avez 20 minutes sur
l'article 7...
Une voix: Vous ne pouvez pas faire ça. Mme Vermette:
Je le sais.
Le Président (M. Joly): ...qui englobe l'article
825.6.
Mme Vermette: Non, mais, c'était tout simplement une mise
en garde que je voulais faire...
Le Président (M. Joly): Oui, d'ailleurs, c'est...
Mme Vermette: ...à la députée en lui disant
qu'elle avait choisi le mauvais article pour me rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Joly): Mais, au cas où ça
serait interprété comme une menace, j'aime mieux, en fait, vous
donner la procédure et vous dire qu'en vertu de l'article 245 vous avez
20 minutes pour l'article au complet.
Mme Vermette: Écoutez, je veux bien me faire rappeler
à l'ordre, mais qu'on prenne le bon article au moins; alors là,
on me reprend sur un mauvais article, et moi je suis toujours à
l'article 825.1.1. Je n'ai pas arrêté de répéter,
depuis le début de mon exposé, cette référence, en
fait. Alors, de deux choses l'une, soit qu'on ne lit pas, qu'on ne regarde pas,
qu'on n'écoute pas ou qu'on ne comprend pas. En fin de compte, je ne
poserai de jugement d'aucune façon. Mais, M. le Président, moi,
je reviens toujours, en tout cas, à cette notion: il faut aider les
parents, il faut donner des moyens pour créer la famille, surtout au
niveau du Québec à l'heure actuelle, où on a un
problème de démographie. Plutôt que de rendre
compliqué tout geste qui pourrait favoriser, améliorer la famille
québécoise, plutôt que de leur compliquer tout ça,
nous devrions beaucoup plus, en fin de compte, faciliter ça. D'autant
plus, M. le Président, et tantôt j'ai touché à peine
le sujet, qu'il y a tellement de choses qui se passent dans notre
société moderne! Nous sommes rendus dans l'an 2000, nous avons
les pieds dedans Je suis allée à un colloque, il n'y a pas si
longtemps en fin de compte, on parlait des naissances biologiques, de
maternité en laboratoire et de toutes sortes de nouveaux processus. On
parie maintenant, aussi, des mères porteuses, on reconnaît ces
gestes-là comme étant légaux, M. le Président. Je
pense qu'il y a bien plus de problèmes d'éthique dans ces
approches-là que dans une approche d'adoption internationale. Il y a
beaucoup plus de problèmes à bien d'autres niveaux, d'ordre
légal, d'ordre familial, de rapts d'enfants, etc. que dans une
démarche d'adoption internationale, M. le Président. Et ce que je
ne comprends pas, c'est cet esprit "tatillonneux" qu'on a à l'endroit
des parents adoptants et plus particulièrement ici au Québec,
comparativement à l'ensemble des provinces canadiennes, M. le
Président De nombeux parents - et ça je l'ai entendu maintes et
maintes fois - disent: Nous déménageons de province parce que
c'est plus facile d'aller adopter un enfant en Ontario qu'au Québec, ou
c'est plus facile d'aller adopter un enfant au Nouveau-Brunswick qu'au
Québec. Alors, tout simplement, M. le Président, je pense qu'on
n'a pas la meilleure réputation en matière d'adoption
internationale au Québec et je considère que, oui, ce serait
important que le gouvernement, que le côté ministériel
écoute, quelquefois, les argumentations qu'apporte l'Opposition,
parce
que, justement, vous auriez évité toutes les tracasseries
qu'on est obligés, actuellement, de recommencer parce qu'on vous avait
mis en garde au moment du projet de loi 21. On avait apporté tout ce
qu'il fallait pour vous dire: Écoutez, vous êtes dans la mauvaise
direction, voulez-vous, s'il vous plaît, rectifier votre tir, vous ne
faites qu'empirer les choses, vous n'apportez aucune amélioration. Et
cette fois-ci, c'est encore exactement dans le même état d'esprit
que nous venons ici, dans un esprit de collaboration, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): merci. m. le député
d'ungava, est-ce que vous avez des choses à rajouter, est-ce qu'il vous
reste des choses à rajouter?
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Des éléments
nouveaux?
M. Claveau: Oui. M. le Président, ce sera à vous
d'en juger, moi, je crois que oui. D'abord, si j'ai bien compris ma
collègue, il faut...
Le Président (M. Joly): Écoutez, je ne sais pas si
vous avez des doutes vous aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est juste pour être bien certain d'avoir bien
compris ce que voulait dire ma collègue...
Le Président (M. Joly): Non, je pense que ça
été assez clair.
M. Claveau: ...à l'effet qu'au moment de voter la loi 21,
M. le Président... J'ai la parole, oui?
Le Président (M. Joly): Je vous laisse la parole, M. le
député. D'ailleurs, vous savez, il y a eu une entente tout
à l'heure.
M. Claveau: Donc, pour être bien certain que les propos de
ma collègue ont été entendus de la même façon
par tout le monde qu'ils l'ont été par moi-même, c'est
qu'au moment de voter la loi 21 - en 1987, n'est-ce pas? ou quelque chose
semblable - on en avait mis un peu plus que le client en demandait. On a
introduit un certain nombre de goulots d'étranglement qui faisaient en
sorte que le golfe devant lequel on semblait ouvrir se restreignait très
rapidement en un très petit ruisseau, à peu près pas
navigable.
Dans ce sens-là, M. le Président, je comprends que ma
collègue ait dû relever le fait que l'Opposition, à ce
moment-là, avait argumenté en disant: Écoutez, vous ne
serez pas capables de l'appliquer, ce fameux article. Tout le monde est contre
ça. Pourquoi vous entêtez-vous? Donc, allez de l'avant
là-dessus. Et puis la ministre H'alors se disait dans la bonne voie et a
décidé d'aller de l'avant malgré tout de façon
à ce qu'on se retrouve aujourd'hui avec un article de loi à peu
près pas applicable et que le nouveau ministre, très conscient du
problème, décide de donner raison aux arguments que l'Opposition
amenait il y a à peine deux ans et qu'il a sûrement eu l'occasion
de consulter avant de prendre sa décision.
M. le Président, il y a un trait caractéristique de la
société distincte que nous formons. C'est cette espèce de
sang latin qui nous anime. Il ne faut pas nous en vouloir lorsque nous nous
emballons dans la défense d'arguments auxquels nous croyons. Ça
fait partie du sens distinctrf de la société qui occupe le
territoire québécois. Dans ce sens-là, je suis toujours un
peu surpris lorsque certains collègues trouvent inacceptable que l'on
argumente avec coeur, avec ferveur et avec fougue sur des
éléments auxquels nous croyons. C'est comme ça que nous
vivons au Québec. Ça fait partie des éléments
distinctifs de notre société. Ce qui fait que, d'ailleurs,
beaucoup d'Américains aiment bien venir se promener au Québec
parce qu'ils ont l'impression d'être ailleurs qu'en Amérique.
J'inciterais donc, M. le Président, à ce que vous fassiez
en sorte que, lorsque nous argumentons, peut-être d'une façon un
peu plus intempestive, sur certains éléments de la loi auxquels
nous croyons ou que nous voudrions voir changer par rapport à des
intérêts d'une majorité de citoyens, eh bien, qu'on ne nous
accuse pas à chaque fois de vouloir faire perdre indûment le temps
de la commission ou d'être en dehors des cadres du règlement. Je
pense qu'il est tout à fait normal, dans une société
démocratique telle que la nôtre, que l'Opposition ait
l'opportunité d'exprimer les voeux d'une partie non négligeable
de la population. On peut le voir, par exemple on l'a vu à l'occasion
d'autres projets de loi. Et on voit aussi, d'une façon disons
très frappante, par les temps qui courent, que, lorsque l'Opposition ne
peut pas exercer ses droits à l'intérieur du cadre parlementaire,
c'est dans la rue que ça se passe. Lorsqu'on empêche les
représentants de l'Opposition, ceux qui ont la possibilité de
parier en Chambre, à l'intérieur des institutions, de
défendre des gens qui ne sont pas d'accord avec ce que le gouvernement
met sur la table, ces mêmes gens prennent vite le relais pour l'exprimer
eux-mêmes dans la rue. L'exemple des camionneurs qui nous accompagnent
depuis déjà près de deux semaines à Québec
est un exemple très frappant de ce problème-là.
Alors, M. le Président, je suis de ceux qui, pour être
foncièrement démocrate, croient que l'on doit toujours, dans
quelque système parlementaire qui se dit démocratique, laisser la
chance à cette démocratie de s'exprimer.
Dans ce sens-là, je trouve, personnellement, difficilement
acceptable que l'on tente de ridiculiser, par tous les moyens, les arguments
qui sont amenés par l'Opposition et qui ne sont pas les
émanations des inspirations plus ou moins poétiques que
l'Opposition peut avoir quant à sa vision d'un projet de loi, mais qui
sont le reflet d'une problématique vécue sur le terrain par des
individus qui croient avoir été mal compris par le gouvernement
au moment de la fabrication de la version finale d'un projet de loi.
Dans ce sens-là, si on veut que notre société
avance harmonieusement vers des consensus, à ce moment-là, il est
excessivement important que l'on permette à l'Opposition de pouvoir
jouer ce rôle-là. La plupart de mes collègues
ministériels, du moins, bon nombre de mes collègues
ministériels qui ont eu à vivre eu aussi dans l'Opposition
pendant un certain nombre d'années sont très au fait de cette
dynamique-là. Ils comprennent très bien que, à ce
moment-là, ils avaient un rôle à jouer dans la
société, qui était différent de celui qu'ils ont
à jouer aujourd'hui, et que, dans ce sens-là, il n'y a pas de
drame à ce que l'Opposition utilise les mécanis mes prévus
par le règlement de l'Assemblée nationale, votés à
l'unanimité de ses membres, pour faire valoir des points de vue qui
peuvent être divergents, à l'occasion, des points de vue du
ministre, d'un Conseil des ministres ou d'un gouvernement.
C'est tout à fait normal dans notre démarche
démocratique et c'est tout à fait conforme au règlement
que, historiquement, on a bien voulu se donner pour faire en sorte que les jeux
d'influence de la société se retrouvent à
l'intérieur de l'enceinte du Parlement. C'est comme ça que
ça marche. Je ne vois pas, moi, pourquoi on s'offusquerait, par exemple,
que l'on fonctionne en vertu des règlements. À titre d'exemple,
M. le Président, juste pour vous dire jusqu'à quel point le
règlement était fait en fonction de ça, on a prévu
des sessions intensives où on aurait éventuellement à
siéger jusqu'à minuit tous les soirs de la semaine et ce,
jusqu'à la veille de la fête nationale du Québec. C'est
quand même extraordinaire. On l'a prévu au règlement. Je ne
vois pas pourquoi on pourrait s'offusquer d'appliquer le règlement. Dans
le fond, c'est tout à fait normal.
Si on n'avait pas voulu que ce soit comme ça, le fonctionnement
de notre démocratie, je suis certain qu'il y a suffisamment de grands
penseurs qui ont passé dans cette enceinte avant nous qu'ils auraient
trouvé des solutions différentes. C'est la solution avec laquelle
on travaille, et ça fait tout simplement partie d'une dynamique normale,
acceptable et acceptée par l'ensemble de nos commettants, de nos
électeurs qui, dans certains cas, préfèrent, pour toutes
sortes de raisons, se voir représentés par un
député de l'Opposition et, dans d'autres cas, acceptent de se
faire représenter par un député qui est au pouvoir.
Ça fait partie de notre dynamique sociale.
Je veux bien qu'à l'occasion on nous taxe de toutes sortes de
choses, mais je demanderais, pour le moins, que, lorsque l'on fait cela, on ne
bafoue pas la dynamique réglementaire qui a été mise en
place à travers la loi et la réglementation et qui permet
l'application de la Loi sur l'Assemblée nationale.
M. le Président, l'article 7 que nous avons sous les yeux
s'adresse essentiellement à deux choses complètement
différentes. À la limite, il aurait peut-être
été bon d'en faire deux articles pour être certain de bien
décortiquer les choses, pour être certain que, à la lecture
de l'article 7, quelqu'un qui est un peu moins informé et qui n'est pas
capable de réciter par coeur, de mémoire, le chapitre de la
section auquel on se référait à l'article 6 puisse
comprendre que l'article 7 touche deux points complètement
différents. D'abord, à l'article 825.1.1, disons que juste pour
être très précis, pour l'information de notre
président, il sait qu'on n'est pas rendu à l'article 825 du
projet de loi 70, mais bel et bien à l'article 7 qui modifie l'article
825... (16 h 45)
Le Président (M. Joly): Du Code civil.
M. Claveau: ...d'une autre loi, qui est la loi sur le Code de
procédure civile...
Le Président (M. Joly): Que j'ai lu, d'ailleurs.
M. Claveau: ...chapitre C-25. M. le Président, donc, dans
cet article, dans cette modification, on a un article de concordance avec
l'article 5 que l'on a voté tout à l'heure et pour lequel,
d'ailleurs, j'ai voté parce que je trouvais qu'il était tout
à fait normal que l'on enlève des irritants non
nécessaires. J'ai eu même l'occasion d'apprendre entre
l'intervention que j'ai faite sur l'article 5 et l'intervention que je fais
actuellement, que c'est en 1987 que l'on avait introduit cette clause dans le
Code de procédure civile du Québec.
Donc, pour une part, l'article 7 enlève un article au Code de
procédure civile, qui permet une concordance avec la modification que
l'on a introduite à l'article 813.3 par l'article 5 du projet de loi 70
C'est très clair, n'est ce pas? D'autre part - et c'est là,
finalement, qu'on a eu comme un problème pour s'entendre tout à
l'heure entre certains ou certaines de mes collègues - c'est que
l'article 825.6.1 qui lui aussi est abrogé par l'article 7 du projet de
loi 70 n'a pas du tout la même portée et ne s'adresse absolument
pas à la même catégorie, finalement, d'intervenants ou au
même problème que celui auquel se référait
l'ex-article 825.1.1 que l'on s'apprête à éliminer du Code
de procédure civile.
Pour être plus précis, je me dois encore de
revenir à l'article 4. L'article 825.6.1 est bel et bien un
article de concordance ou, enfin, un article d'ajustement, je ne sais pas, avec
le dernier paragraphe de l'article 4 du projet de loi 70 qui modifiait
l'article 622.1 du Code de procédure civile. Pour être sûr
de bien me faire comprendre, je vais me permettre de lire cet article 825.6.1
et c'est peut-être même une des dernières fois qu'il va
être lu en public puisqu'on s'apprête à l'abroger. Donc, on
dit dans cet article-là que "la demande en reconnaissance d'un jugement
d'adoption rendu hors du Québec est présentée au juge qui
a approuvé le projet d'adoption". Donc, on parle d'un projet d'adoption
et d'un jugement d'adoption rendu hors du Québec. On vient de dire tout
à l'heure, en votant l'article 4, article où, malheureusement,
j'ai dû exprimer certaines réserves, que cette "reconnaissance
peut, pour des motifs sérieux et si l'intérêt de l'enfant
le commande, être accordée bien que l'adoptant ne se soit pas
conformé aux dispositions des articles 614.1 et 614.2. Cependant, la
requête doit être accompagnée d'une évaluation
psychosociale". Bon! Puis, on précisait juste avant que "le tribunal
vérifie en outre, lorsque le jugement d'adoption a été
rendu hors du Québec en vertu d'un accord conclu en application de la
Loi sur la protection de la jeunesse, si la procédure suivie est
conforme à l'accord".
Donc, dans le fond, on n'a plus besoin de l'article 825.6.1 puisqu'on
vient d'introduire une nouvelle mécanique a l'article 622.1 en votant
l'article 4 du projet de loi 70. C'est un choix que le gouvernement fait, sauf
qu'encore là je ne suis pas convaincu que le nouvel article 622.1 que
l'on va retrouver maintenant ou que l'on risque de retrouver le jour où
on aura fini ce projet de loi en troisième lecture, si jamais on y
arrive, couvre l'ensemble de la problématique, comme j'ai eu l'occasion
de le dire. J'ai l'impression qu'on aurait eu avantage à faire un
certain nombre de variations ou de nuances dans la dynamique qui est mise en
place par cet article 622.1.
Quant à la question du déménagement qui semble
préoccuper particulièrement notre collègue, la
députée de... je ne m'en souviens plus... Bourget, pardon...
Mme Boucher Bacon: ...toujours, n'importe quoi...
M. Claveau: Non. J'ai cru entendre une rumeur à quelque
part, dans la salle.
Mme Boucher Bacon: C'est bien ça que vous avez entendu, M.
le député.
M. Claveau: Donc, ma collègue de Bourget semblait
très préoccupée par la question du
déménagement et elle l'a dit à quelques reprises à
notre collègue de Marie-Victorin. Cette ques- tion du
déménagement, dans l'actuel article 825.6.1, se lit de la
façon suivante: "Lorsque l'adoptant ne demeure plus dans le district
où la décision a été rendue, la demande peut
être portée devant le tribunal de son domicile ou de sa
résidence." Bon! Enfin, ce... Je suppose que de toute façon,
lorsque l'on déménage à quelque part, on n'a pas besoin
d'un article de loi pour nous dire que, éventuellement, il doit y avoir
un suivi au dossier qui puisse se faire différemment. Je crois qu'il
s'agit là du sens commun et puis, à moins qu'on ne retrouve une
disposition semblable ailleurs, moi, en ce qui me concerne, ça ne me
dérange pas du tout que cette disposition disparaisse.
M. le Président, tout ça pour vous dire que l'article 7,
finalement, n'amène rien de nouveau, étant donné que c'est
un article qui ne fait qu'aller dans le sens de l'application des articles 4 et
5 que l'on a vus antérieurement, dans le projet de loi, et que,
finalement, que l'on soit pour ou que l'on sort contre, les articles 4 et 5 ont
été votés. De toute évidence, les articles 825.1.1
et 825.6.1 que l'on retrouve actuellement dans le Code de procédure
civile du Québec, Lois refondues du Québec, chapitre C-25, n'ont
plus leur raison d'être, et nous serions bien malvenus, finalement, de
voter contre leur abrogation.
Le Président (M. Joly): Je considère que l'article
7 est adopté.
M. Sirros: M. le Président, j'aurais juste un commentaire
à faire après ces deux interventions...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: ...pour les résumer en disant simplement: un
déluge de mots dans un désert d'idées. Mais on accepterait
d'adopter, pour l'article... Je suis convaincu parce qu'ils ont tous
parlé pour.
M. Claveau: Je vois que...
Le Président (M. Joly): Donc, est-ce que l'article
7...
M. Claveau: ...le député a des ascendants
sahéliens!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Mme Vermette: Oui, monsieur...
M. Sirros: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci. Nous allons
appeler l'article 8.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Donc,
j'aimerais...
M. Slrros: Est-ce que je peux introduire l'article 8,
d'abord?
Mme Vermette: Ah oui! Bien, c'est parce que...
M. Sirros: Je sais que la députée a hâte
d'entamer son autre 20 minutes...
Mme Vermette: Non, non. Ça va.
M. Sirros: ...qu'elle doit faire, mais peut-être qu'avant
d'introduire... Un conseil d'ami à la députée... Je
comprends très bien la nécessité de - comment peut-on le
dire - tenir le temps, si vous voulez. Mais il y a deux façons,
peut-être, dont on peut procéder. Une, c'est d'être
très négatif et simplement critiquer pour critiquer et l'autre,
ça serait, effectivement, d'embarquer dans un processus qui serait une
amélioration de la situation afin qu'on puisse, effectivement, mettre la
meilleure part à l'avant pour l'adoption internationale. Parce que,
malheureusement, jusqu'à maintenant, chaque fois que la
députée intervient, elle insiste pour ramener sur le tapis des
choses qui sont dépassées, des préjugés qui
existent dans la tête de certains, des points de vue négatifs,
etc. Et je l'invite, avec moi, à travailler pour qu'on puisse
établir un climat de confiance meilleur dans le domaine de l'adoption
internationale, pour qu'on puisse traiter le dossier avec un certain
sérieux et responsabilité, parce qu'effectivement il s'agit de
quelque chose d'important et qui touche des gens qui sont très
concernés par ça, et perplexes. Et je suis convaincu que la
députée ne voudrait pas profiter de la nécessité de
tenir le temps, en quelque sorte, à cause de ce qui se passe ailleurs
dans cette enceinte, pour attiser des mauvaises perceptions, des mauvaises
compréhensions de la part des personnes. Donc, je l'invite à
faire son temps et à prendre son 20 minutes. Je la protégerai
dans son droit de parole, M. le Président, jusqu'au bout. Je crois
sincèrement que c'est effectivement en démocratie qu'on vit et
qu'elle a le droit de parler. Mais je l'invite à le faire d'une
façon qui pourrait nous aider à faire un pas en avant. Je
croyais, jusqu'à maintenant, qu'au fond elle était favorable
à ce que le dossier de l'adoption internationale avance. Je lui soumets
tout simplement, pour qu'on le fasse avancer, que ce serait bien mieux si, au
Parlement, on adoptait une loi qui, de toute façon, va en avant. Qu'on
profite de l'occasion qu'on a pour discuter de la loi, mais pas pour ramener
sur le tapis des choses qui sont de toute façon corrigées, pour
la grande partie. En grande partie, on enfonce des portes ouvertes, finale-
ment, de l'autre côté. Mais faites-le au moins de façon
positive et faites ressortir au moins les choses sur lesquelles on peut
bâtir un climat de confiance C'est tout. Il me semble que ce serait plus
responsable de le faire comme ça, M le Président. C'est tout.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je tiens compte des remarques que me fait le
ministre à l'heure actuelle.
M. Sirros: Alors..
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Pour introduire l'article... J'avais pris la parole
pour introduire l'article.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous laisse la parole,
M. le ministre.
Modifications à la Loi sur la protection de la
jeunesse
M. Sirros: L'article 8 dit que la Loi sur la protection de la
jeunesse est modifiée par le remplacement de l'article 72.1.1 par le
suivant: "72.1.1 Le ministre de la Santé et des Services sociaux
conseille les adoptants et les organismes agréés afin de
faciliter leurs démarches en vue de l'adoption d'un enfant
domicilié hors du Québec, notamment en les informant des services
qui sont disponibles. "Il peut également, à la demande de
l'adoptant, effectuer pour lui les démarches d'adoption."
Cet article est de droit nouveau. Il précise une des
responsabilités premières du ministre de la Santé et des
Services sociaux, qui est de conseiller les adoptants et les organismes
agréés afin de faciliter leurs démarches en vue de
l'adoption d'un enfant, notamment en les informant des services qui sont
disponibles Le deuxième alinéa maintient le rôle actuel du
ministre d'effectuer pour l'adoptant les démarches d'adoption.
Cependant, le ministre n'exercera ce rôle qu'à la demande de
l'adoptant
C'est peut-être un excellent exemple, M. le Président, de
mettre en application ce que je vous disais tout à l'heure
Effectivement, une des choses qui a été réclamée
par beaucoup de personnes, c'est qu'on change le rôle du
Secrétariat, qu'on souligne et qu'on mette de l'avant son rôle
d'information auprès des parents, d'aide et d'appui. C'est effectivement
ce qu'on introduit dans cette loi avec cet élément de droit
nouveau, qui resitue le rôle du Secrétariat à un rôle
d'information, qui précise la nécessité pour l'État
d'informer les gens qui veulent faire des projets d'adoption et qui veulent
adopter des enfants hors Québec, la nécessité de les
informer, de les
aider et de faire leurs démarches pour eux, s'ils le demandent.
Non pas de façon obligatoire, comme c'était le cas depuis 1979,
mais s'ils le demandent, en situant bien clairement qu'un des rôles
majeurs du Secrétariat doit dorénavant être effectivement
de fournir de l'information afin de faciliter les démarches des parents
qui adoptent et, en particulier, des parents qui choisiront d'adopter par
contact privé. Faciliter leurs démarches en les informant, par
exemple, de ce qui est nécessaire pour avoir une vérification
rapide, ce qu'il est nécessaire pour les parents de savoir avant d'aller
adopter dans tel ou tel pays. Par exemple, établir clairement que si
vous allez adopter un enfant dans tel pays, avant que vous puissiez rentrer au
Québec avec l'enfant, la procédure dans le pays en question est
telle, telle et telle, pour que vous alliez chercher les papiers
nécessaires. Cela va vous éviter ainsi toutes les tracasseries
administratives.
Alors, ce serait un excellent exemple de voir si effectivement, de
l'autre côté, on pourra s'amener à reconnaître qu'ici
nous nous attaquons à un problème qui était perçu
jusqu'à maintenant par plusieurs parents, qui était que tout ce
que le Secrétariat fait... Une perception fausse ou non, mais la
perception qui existait, c'était qu'on ne faisait que contrôler.
Nous nous attaquons à cette perception, afin de souligner la
nécessité pour le Secrétariat et le service
gouvernemental, finalement, de recentrer leur rôle sur un rôle
d'information, d'aide, d'appui et de soutien envers les parents qui veulent
adopter.
J'espère que la députée, la critique officielle de
l'Opposition... Comme nous sommes dans une période d'étude
article par article et que nos paroles sont consignées dans le
Journal des débats, je prendrai ses paroles comme les paroles
officielles de l'Opposition. J'aimerais soumettre, M. le Président, cet
article à l'étude de la commission. (17 heures)
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, quant au préambule
qu'a apporté le ministre avant de nous expliquer le contenu de l'article
72.1.1, l'article 8, en fait, du présent projet de loi, je lui dirai que
l'Opposition a toujours joué le plus sérieusement possible son
rôle dans le dossier de l'adoption internationale. N'eussent
été les recommandations du projet de loi 21 au moment où
nous en avons fait l'étude article par article, je pense que nous
aurions eu beaucoup plus d'adoptions illégales que nous n'en avons eu,
parce que la compréhension qu'en avait à ce moment-là la
ministre responsable du dossier à l'époque, si on s'en souvient
bien, était bel et bien de faire en sorte que le Québec devait
faire reconnaître nos droits, le droit interne du Québec à
tous les autres pays étrangers. C'est un constitution- naliste de
l'extérieur, M. Didier Opartti Badan, qui était venu ici,
à l'invitation même de la ministre, lui dire que, à ce
moment-là, elle faisait fausse route et qu'on ne pouvait pas remplacer,
en fait, le droit interne des différents États, qu'on pouvait
tout simplement faire un constat du droit qui était appliqué dans
les différents États et que nos tribunaux ne pouvaient
qu'appliquer la concordance.
Je sais très bien, M. le Président, que nous sommes rendus
en 1990 et que, effectivement, on essaie d'améliorer une situation que
ce gouvernement lui-même a créée, il ne faut pas l'oublier.
Nous revenons, finalement, aux recommandations qu'avait déposées
à ce moment-là l'Opposition et c'est dans cet esprit-là
que je veux tout simplement dire... Quand le ministre dit: Écoutez, on
voudrait bien que l'Opposition, dans ce dossier, démontre du
sérieux, je pense que nous avons constamment montré du
sérieux dans ce dossier. Si on intervient encore aujourd'hui, c'est avec
la même connaissance du dossier qu'au moment où on s'était
présentés pour l'étude du projet de loi 21. C'est toujours
avec la même compréhension et toujours avec la même approche
que nous abordons ce projet de loi là, dans l'esprit, d'une part,
d'alléger les démarches que doivent accomplir les parents au
moment d'un projet d'adoption internationale, tout en favorisant les droits de
l'enfant, et, d'autre part, de permettre, justement, que chaque juridiction, en
fait, chaque organisme ou chaque institution puisse vraiment jouer son
rôle et, en fait, qu'on arrête de faire des duplicata et qu'on
arrête de faire des doubles contrôles.
Je pense que, oui, effectivement, ce que nous voulons et ce que nous
essayons de faire comprendre au ministre une fois de plus, c'est que nous
essayons encore, en fait, d'aller contrôler dans les différents
pays leur mode de fonctionnement au niveau du droit interne de l'État.
Je trouve ça...
M. le Président, encore une fois, on a eu certains articles,
avant d'arriver à l'article 8...
M. Sirros: Lesquels?
Mme Vermette: ...qui parlaient des différents pays.
M. Sirros: Ce n'est pas vrai.
Mme Vermette: Là, M. le Président, tantôt, on
a essayé, oui, effectivement, d'aider le ministre et je crois que le
ministre ne peut accepter, en fait, ce que nous apportons à l'heure
actuelle, pour des raisons qui le concernent, bien sûr. Et c'est dans ce
sens, en fait, que je trouve ça laborieux, moi aussi, du
côté de l'Opposition, puisque ma collaboration lui est acquise. Ma
collaboration étant à l'effet de bonifier et d'améliorer
le projet de loi, tout ce que nous faisons, l'argumentation que nous
apportons, c'est beaucoup plus dans le sens d'aider, justement, ou de
bonifier ce projet de loi là.
Maintenant, j'aimerais bien pouvoir y aller article par article, M. le
Président, ou plutôt paragraphe par paragraphe. Il y a deux
paragraphes en tout et je commencerai à faire mon argumentation pour le
premier paragraphe, M. le Président.
M. Sirros: Oui, Mme la députée.
Mme Vermette: En fait, quand le ministre me dit: Bien sûr
que ce projet de loi là, en fait, est beaucoup moins exhaustif
qu'antérieurement au niveau du projet de loi où on disait: Le
ministre doit conseiller. Je me souviens très bien que la
majorité... Là, j'ai devant moi, ici, la lettre que m'adressait
l'Association des parents pour l'adoption internationale, en septembre 1988.
Ils avaient de la difficulté à vivre avec le libellé du
projet de loi, parce que ce droit-là, en fin de compte, devenait
tellement autoritaire auprès des différents organismes qui
devaient faire de l'adoption internationale que, finalement, c'était
comme s'il n'y avait plus aucune autre possibilité, que le
Secrétariat avait vraiment la mainmise et que c'était surtout le
ministre... Mais, encore une fois, M. le Président, je devrai relever
certains éléments qui me semblent importants à ce
moment-ci, puisque nous sommes à une étude et que c'est le temps
de poser nos questions lorsque nous entreprenons une étude.
Alors, au niveau du vocabulaire, encore une fois, faut-il le rappeler,
dans une loi: "Le ministre de la Santé et des Services sociaux
conseille..." Je veux bien, en fait, au niveau des règles et des
règlements, qu'on donne les façons de conseiller les parents,
mais, au niveau d'une loi, c'est assez inhabituel d'employer de tels termes,
parce que vous savez tout comme moi que c'est une interprétation vague
et que ça peut ne demeurer que des voeux pieux. Finalement, il n'y a
aucune idée d'obligation de tenir compte des conseils ou, en tout cas,
des informations qu'on pourrait donner aussi aux parents. Moi, je pense que
tout ça aurait pu faire l'objet de règlements internes au niveau
du Secrétariat.
Encore une fois, je me répète. Je peux vous dire qu'il
aurait été important, avant d'entreprendre un nouveau projet de
loi, de faire la réforme tant attendue au niveau du Secrétariat,
pour vraiment s'enquérir de l'attitude du Secrétariat, de
l'esprit du Secrétariat et pour savoir, en fait, comment il voit son
rôle et comment il peut le mettre à exécution pour
favoriser les parents dans un projet d'adoption internationale. Encore
là, on n'a jamais touché au coeur du problème. J'ai
tellement de correspondance ici avec moi, qui démontre à quel
point, oui, les parents s'attendaient une fois de plus à pouvoir
vraiment s'attarder sur l'ensemble de la structure du Secrétariat,
à pouvoir prendre en considération les pratiques qui se font au
niveau du Secrétariat. Peut-être qu'on aurait pu, avec les
associations de parents, avec les organismes agréés,
établir quel genre de conseils, quelle forme de conseils on aurait pu
apporter, quelles mesures d'appui... Parce que j'en ai beaucoup parié,
des mesures d'appui qu'on pourrait apporter aux familles; notamment, toute la
culture du pays étranger. Lorsqu'on va dans un pays étranger,
à quoi faut-il s'attendre? Il faudrait aussi apprendre aux parents qu'un
enfant, pour un certain temps, pourrait avoir différents
problèmes de comportement, parce qu'il y a une phase d'ajustement,
d'adaptation pour l'enfant.
Ce sont toutes des choses très importantes, à mon avis,
qu'il aurait peut-être été intéressant de pouvoir
discuter. Mais tout ça. quant à moi, fait l'objet beaucoup plus
de règlements internes, à l'intérieur du rôle que se
garde le ministre et qui est appliqué par le Secrétariat. Nous
n'en savons rien. C'est presque un chèque en blanc. Moi, j'aimerais
maintenant que le ministre puisse nous informer. Quand il est dit que le
ministre "conseille les adoptants", de quelle façon le ministre va-t-il
conseiller les adoptants et quelle orientation va-t-il prendre dans son
rôle-conseil? Je vous ai posé une question.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. M. Sirros:
Terminez votre discours.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
ministre, vous aimeriez qu'elle utilise son temps de parole et vous allez
accumuler les questions pour livrer les réponses après. Alors, je
pense que c'est la façon dont M. le ministre aimerait procéder,
Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, vous comprendrez
très bien que, tantôt, le ministre m'a appelée à la
collaboration pour permettre une meilleure compréhension et favoriser
aussi les parents. Nous touchons quelque chose d'important, effectivement.
Quand il me disait que mes paroles seront consignées aux
Débats, je considère, moi, tout à fait important
qu'on puisse savoir exactement ce qu'il en pense. Parce que le rôle le
plus important qui est dévolu au ministre, c'est le rôle-conseil.
C'est le coeur, c'est le noeud du problème, de savoir, maintenant,
comment, par l'intermédiaire du Secrétariat, il pourra conseiller
les parents et quelle forme prendra, finalement, ce rôle-conseil. Je
pense que, si on veut travailler dans un esprit de collaboration, je devrais au
moins avoir des réponses à cette question, ce qui nous
permettrait, justement, de déblayer d'autres éléments
après. Parce que ça, c'est vraiment important. C'est ce qui fait,
en fait...
Il y a eu tellement de problèmes au niveau de l'adoption
internationale. Justement, c'est là l'objet de la nombreuse
correspondance que j'ai
eue. Des gens nous disaient continuellement que ça bloquait
toujours au niveau du Secrétariat. On nous parle de l'inertie du
Secrétariat, qu'il y a des problèmes à l'intérieur.
Ça nous vient de l'Association Monde-Enfant, qui n'existe plus, de
l'Association Soleil des nations, bon, qui refusait de signer, en fait, une
convention avec le ministre... Alors, ce sont des organismes... Et il aurait
été très important de savoir, d'une part, pourquoi
certains organismes ont refusé de signer des conventions avec la
ministre ou le Secrétariat. Pourquoi on ne prend plus cette
formule-là? Le rôle-conseil va porter sur quoi exactement?
Ça serait très important, en fin de compte... Quelle forme de
conseil, quelles mesures d'appui on va apporter aux parents, puisque ce sont
là les demandes les plus pressantes au niveau des parents? Comment
ça va se passer maintenant, dorénavant, avec le
Secrétariat, en fait, qui est le représentant du ministre? Quel
mandat le ministre va-t-il donner au Secrétariat? Ce serait très
important de le savoir.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre.
Mme Vermette: Et si le ministre ne peut pas me répondre,
j'aurais une autre question. Comment réagit-il, le ministre, en fait,
quand le Barreau lui dit que, tel que libellé dans cet article, le mot
"conseille" ne demeure qu'un voeu pieux, et que, finalement, il n'a plus aucun
effet? J'aimerais aussi savoir si le ministre veut continuer à
considérer ce genre de vocabulaire, qui est inhabituel, je le
répète, dans un projet de loi. Est-ce qu'il considère,
quant à lui... Si, selon le Barreau, en fait, il n'a aucune
portée, aucune valeur, qu'il fait tout simplement l'effet d'un voeu
pieux, alors, sur quoi va-t-on se baser? Les parents, sur quoi vont-ils baser
leur crédibilité? Quelles seront leurs confirmations à
savoir qu'ils pourront avoir des conseils judicieux et appropriés? C'est
ça que j'aimerais bien savoir, parce que même le Barreau, lui
aussi, se pose cette interrogation-là, il dit: Écoutez, ça
risque de devenir des voeux pieux. Pour rassurer les parents adoptants ou les
couples adoptants, j'aimerais bien, moi, en fin de compte, avoir du ministre
l'assurance que ce ne sera pas uniquement des voeux pieux et que ce ne sera pas
uniquement, finalement, des conseils dont on pourra, oui ou non, tenir
compte.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, aimeriez-vous
répondre à ça?
M. Sirros: M. le Président, je ferai les commentaires
suivants. Jusqu'à maintenant, en tout cas, je n'ai pas été
convaincu qu'il y avait, avant de commencer cet article-ci, tout au moins... Si
la députée est en train d'annoncer qu'il y a un changement
d'attitude de la part de l'Opposition, je suis bien heureux de l'entendre.
Mais j'aimerais d'abord éviter d'entrer dans un dialogue comme
ça. Que la députée continue son exposé, qu'elle
mette sur la table les questions qu'elle a, puis, si elle veut bien, je
répondrai par la suite.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Vermette: Pardon?
M. Sirros: On va juger si, effectivement, c'est un esprit de
collaboration, une autre façon de...
Le Président (M. Joly): M. le ministre vous fait mention
qu'il est prêt à accumuler les questions...
M. Sirros: Je répondrai après.
Le Président (M. Joly): ...de façon à ce
qu'il puisse y répondre quand vous aurez utilisé votre temps de
parole.
Mme Vermette: Bon, M. le Président, en fait, je trouve
ça tout à fait triste de la part du ministre, d'ailleurs,
même si c'est la première fois qu'il débat un projet de
loi, qu'on soit obligés de l'aborder de cette façon. Alors, je
pense que ce qu'on essaie de faire, à l'heure actuelle, effectivement,
c'est améliorer, en fait, le projet de loi, pour ne pas avoir à
faire l'exercice une quatrième ou une cinquième fois.
Le Président (M. Joly): Mais le fait d'accumuler vos
questions, est-ce que ça vous indispose?
Mme Vermette: j'aurais aimé qu'on puisse échanger.
je trouve que ça aurait été plus sympathique, en fait, de
faire l'échange plus facilement.
Le Président (M. Joly): C'est que, sachant que vous avez
trois ou quatre questions, à ce moment-là...
Mme Vermette: Bien, on peut, de toute façon...
Le Président (M. Joly): ...ça peut
peut-être... Écoutez, c'est pour...
Mme Vermette: De toute façon, ça ne change rien.
Par contre, si on avait pu arriver à une entente, peut-être que
j'aurais argumenté moins longtemps. Mais là, je prendrai mes 20
minutes, tout simplement...
Le Président (M. Joly): Parfait, allez, madame.
Mme Vermette: ...et j'irai jusqu'au bout, en fait, sans avoir la
lumière additionnelle. Et vous pourrez constater que, si je n'ai pas ces
informations, il se peut que j'aie un discours qui ne corresponde pas à
la réalité des faits, puisque je ne peux pas avoir l'information.
Alors, M. le Président, ce que je trouve tout de même important,
ici... Et c'est pourquoi aussi j'aurais aimé entreprendre
l'échange ou le dialogue avec le ministre, parce que nous savons
très bien que l'ensemble des parents, depuis de nombreuses
années, en fait, dénonce l'attitude du Secrétariat, parce
que, justement, on dit qu'ils n'ont pas pu avoir les informations que
nécessitait une démarche telle que l'adoption internationale.
Beaucoup de parents nous ont demandé: Écoutez, on aimerait bien
savoir à quoi on peut s'attendre du Secrétariat. Il y a des
choses, quant à nous, sur lesquelles on considérait comme
étant très important qu'on nous oriente d'une façon
très éclairée et qu'on nous apporte l'information
pertinente à notre démarche. Mais il semblerait, en fait, que
c'est très difficile. Moi, beaucoup de gens me disaient: Bon, bien,
écoutez, on peut appeler un conseil et dire: Écoutez, quel
organisme est le mieux pour faire ma démarche, moi, je voudrais avoir un
enfant coréen? (17 h 15)
Bien sûr, qu'on peut référer, ce n'est pas
compliqué de faire ça, mais je ne pense pas qu'on soit
obligé de marquer ça dans un projet de loi. Quand on parle du
terme "conseille", c'est parce qu'on veut donner une fonction propre, on a
quelque chose en tête, on a vraiment un objectif à atteindre
à ce moment-là. Et ça serait important, quant à
moi, en tout cas, qu'on en profite, au moment où on est en train
d'écrire un projet un loi, pour apporter le plus de précisions
possible, un éclairage le plus consistant possible pour le
bénéfice, justement, des parents. En fin de compte, ce sont eux
qui devront répondre à l'application de cette loi-là. Je
pense que c'est très important, et je pense que c'est dans leur
intérêt de pouvoir savoir exactement de quoi il en retourne.
Est-ce qu'à ce moment-là... Vous savez, je comprends l'approche
que le ministre peut avoir. Il veut assouplir. Avant, on disait que le
Secrétariat était omniprésent, que plus personne ne
voulait faire d'adoption sur le plan international, parce que, justement, il y
avait duplicata dans les rôles. Au niveau des organismes
agréés, aucun organisme n'a voulu signer des protocoles d'entente
avec le Secrétariat, parce qu'en fin de compte les règles du jeu
n'étaient pas nécessairement les plus adaptables et les plus
favorables pour les organismes reconnus ou agréés. Alors, sachant
très bien que cela existe et sachant aussi fort bien que nous, au niveau
de l'Opposition, nous avons demandé à faire la lumière sur
l'ensemble de la structure du Secrétariat pour, justement, s'informer de
son mode de fonctionnement et pour savoir exactement la philosophie qui
sous-tend son action lors d'une démarche d'adoption internationale... Et
je trouve tout à fait normal qu'on se pose ces questions-là.
Comme le vocabulaire demeure tout de même assez flou, il serait
important, à mon avis, en tout cas, de vérifier exactement. Parce
que c'est le ministre et les services sociaux qui conseillent les adoptants et
les organismes agréés.
Donc, les organismes agréés, ils sont consultés,
sur quoi, par quoi, pourquoi? Les organismes, déjà, on leur
reconnaît, ou on devrait leur reconnaître, en tout cas, une
expérience, ou on devrait leur reconnaître, en fait, un
côté professionnalisme important. Donc, je voudrais bien savoir
quelles sortes de conseils ils vont donner aux organismes.. D'accord, on veut
abolir. Est-ce qu'on veut abolir les protocoles d'entente entre le ministre,
qui est représenté par son Secrétariat, et, finalement,
les organismes agréés? Moi, je ne sais pas si c'est cette
direction-là. Ça va être changé par quoi? Ce sera
quoi, les garanties, pour ne pas que les parents, encore une fois, puissent
avoir affaire à un organisme tel que Les Enfants de l'Arc-en-ciel. Parce
qu'on sait fort bien qu'il y a eu des parents qui ont des problèmes avec
l'organisme Les Enfants de l'Arc-en-ciel et que c'était sur les conseils
du Secrétariat que des parents allaient vers cet organisme-là.
Donc, ce serait important de vérifier, encore une fois, ce qu'on veut
faire, quelle forme de structure on veut donner. Une structure efficace, une
structure fonctionnelle, une structure qui va être
bénéfique, qui va être équitable? On ne le sait pas,
M. le Président, parce qu'on dit tout simplement que le ministre va
conseiller les adoptants et les organismes agréés afin de
faciliter leurs démarches en vue de l'adoption. Encore là, on
dit: "Afin de faciliter leurs démarches". Donc, le Secrétariat,
est-ce que c'est lui qui va entreprendre, finalement, la démarche en vue
d'adopter, parce qu'il va conseiller les adoptants? Ce sont des interrogations,
en fin de compte, qui sont assez particulières. Moi, j'aurais bien
aimé, en fin de compte, savoir exactement où on s'en va avec
ça. Et je comprends très bien le ministre quand il dit: Eh bien,
là, oui, j'essaie d'alléger. On veut bien essayer
d'alléger, mais il faut que ça soit clair, il faut que ça
soit précis, il faut savoir exactement où on s'en va, parce
qu'à ne pas savoir où on s'en va on n'arrive nulle part, non
plus. Et c'est ça qu'il est important, en fait, de préciser.
Justement, l'étude d'un projet de loi est une occasion importante
pour préciser exactement ce que veut le législateur, et non pas
de rester dans des considérations floues qui font en sorte que personne
ne pourra savoir ce qui en est. Chacun en fera sa propre interprétation,
et on aura encore les mêmes problèmes que nous avons à
l'heure actuelle. Il n'y a rien qui sera amélioré, mais on aura
tout simplement un peu plus de laxisme. Déjà là, on se
plaint dune forme de
laxisme, alors, je me demande bien ce qui va se passer. Actuellement,
ça risque... Et là, je n'aimerais pas, en fait, que ça
devienne un vrai charivari, et ce n'est pas ce qu'on recherche, ni du
côté gouvernemental, ministériel, ni du côté
de l'Opposition. Bien au contraire, on essaie de trouver la façon la
plus simple et la plus souple pour arriver à un processus d'adoption
internationale. Donc, je trouve tout à fait normal qu'on puisse demander
au ministre, en fait, ce que peut signifier le mot "conseille", dans sa
tête à lui. Quelle orientation veut-il lui donner? Et quand on
dit, "Le ministre de la Santé et des Services sociaux..." Les Services
sociaux, quelles formes de conseils... On garde encore les Services sociaux
dans le portrait. Quelles sortes de conseils les Services sociaux
donneront-ils, à ce moment-là, aux adoptants, aux organismes?
Est-ce qu'il y aura encore un lien? Maintiendra-t-on le lien entre les Services
sociaux et les adoptants? Est-ce qu'on va conserver le lien entre les Services
sociaux et les organismes? Est-ce qu'on maintient le lien... Enfin, qui fait
quoi? Est-ce qu'il n'y a pas risque de duplicata au niveau des conseils? Qui
aura la priorité, le conseil de l'un ou le conseil de l'autre? Et tout
ça, enfin, ce serait important qu'on puisse le vérifier. On dit
que les deux ont droit de conseil. "Le ministre de la Santé et des
Services sociaux conseille les adoptants." Quel sera le rôle de chacun,
à ce moment-là? Quels seront les conseils que chacun offrira?
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée. Il vous reste 45 secondes sur le premier alinéa
de l'article 8.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, je vais
conclure, M. le Président. J'ai posé beaucoup de questions au
ministre et j'espère qu'il pourra me répondre, parce que je
trouve que ça, c'est le coeur même du problème. Et
là on touche exactement au rôle que doit jouer le
Secrétariat à l'adoption et les liens qu'on veut maintenir entre
le Secrétariat et les parents adoptants, entre le Secrétariat et
les organismes agréés. Quand on sait qu'il n'existe actuellement
qu'un seul organisme, j'aimerais bien savoir les règles du jeu, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Sirros: M., le Président, la députée dit
qu'elle a posé plusieurs questions. Moi, j'en ai entendu deux.
Premièrement, c'est: qu'est-ce que ça veut dire, le mot
"conseille", comment le Secrétariat va-t-il conseiller? Le mot
"conseille", ça veut dire - je cite le dictionnaire - une opinion
donnée sur ce qu'on doit faire. Alors, le Secrétariat va donner
des opinions aux gens qui s'adressent à lui et aux organismes sur ce
qu'ils devraient faire par rapport aux adoptions inter- nationales. Quant
à toute la question de l'information, M. le Président... Parce
que ce qui est central, dans cet article de loi, et les critiques... Je
reviendrai tout à l'heure aux critiques du Barreau auxquelles a fait
référence la députée. Quant à la notion
d'information, on va lire ensemble - ce qui est écrit: "...conseille les
adoptants et les organismes agréés afin de faciliter leurs
démarches en vue de l'adoption d'un enfant domicilié hors du
Québec, notamment - notamment, ça veut dire qu'il y a d'autres
choses aussi - en les informant des services qui sont disponibles". Alors, vous
me demandez comment le Secrétariat va jouer son rôle. Je vais vous
répondre: De la meilleure façon possible. L'idée, c'est de
donner de l'information aux parents. Une chose dont ils se plaignent
actuellement, ils disent qu'actuellement... Et c'est la
nécessité, parce que la loi que vous avez rédigée,
en 1979... Il ne faut pas l'oublier, non plus. Parce que le rôle de
contrôle, le rôle d'unique intermédiaire, c'est vous autres
qui l'avez donné au Secrétariat. Oui, c'est vrai qu'on l'a
maintenu pendant un bon nombre d'années. O.K. Mais il ne faut pas
laisser croire aux gens que nous l'avons instauré en 1986 ou 1987. Vous
l'avez instauré. La loi 21, tout ce qu'elle a fait, elle a
simplifié les choses, en ouvrant la possibilité de faire des
adoptions dans des pays qui ne reconnaissaient que les adoptions simples. Donc,
à partir de la loi qui existait avant, d'ouvrir un champ de pays... On
est dans une autre continuité, donc on ouvre maintenant d'autres
possibilités, d'autres façons d'agir. Et, quand on ouvre d'autres
façons d'agir, il devient plus important de recentrer clairement le
rôle du Secrétariat, pour les parents, sur un rôle
d'information, notamment en les informant des services qui sont
disponibles.
La députée a la mauvaise habitude de revenir tout le temps
avec Les Enfants de l'Arc-en-ciel. Je ne sais pas si elle prend un malin
plaisir à rappeler ce fait, ce moment triste et malheureux pour
plusieurs parents. Mais, dans la situation actuelle, elle sait très
bien, si elle veut l'admettre, que les organismes seront agréés.
Et personne ne sera dirigé nulle part, à part de leur dire:
Voici, il y a tel organisme qui travaille dans tel pays, tel organisme qui
travaille de telle façon, etc. Choisissez. Vous êtes libres,
autonomes, adultes, responsables comme parents. Vous pouvez choisir à
quel groupe vous voulez vous adresser. Adressez-vous à tous les groupes,
si vous voulez, si les groupes veulent vous accueillir comme ça. Donc,
plus question de déléguer les pouvoirs du Secrétariat
à un organisme à travers une convention type. Il s'agit
plutôt d'agréer des organismes et permettre aux parents de choisir
la voie qu'ils voudront bien suivre pour faire une adoption. Et l'article que
nous avons ici, devant nous, est un article qui commande au Secrétariat.
Le Barreau peut bien dire que c'est des voeux pieux, mais, comme je le disais
hier, ce n'est pas
le Barreau qui écrit les articles de loi. On tient compte de
leurs commentaires, mais il est bien clair que, si on prend la peine de mettre
dans un projet de loi le rôle d'un organisme ou d'un service
gouvernemental, H faudrait bien croire que ça veut dire quelque chose,
et on dit souvent que le législateur ne parle pas pour ne rien dire.
Alors, ça veut dire que le service gouvernemental en question doit
informer les parents sur les procédures à suivre, par exemple,
dans tel ou tel pays, sur les exigences qu'ont différents pays, sur la
façon dont ça fonctionne dans tel ou tel pays, sur les services
qui sont disponibles ici, au Québec, sur les organismes qui existent,
sur les us et coutumes, la façon donc est vu, la culture, etc.
Alors, je maintiens, comme je le disais, que c'est un article important,
au-delà de ce que peut dire le Barreau quant aux voeux pieux, le
comité du Barreau ou une partie du comité qui nous a soumis ses
commentaires, parce que, effectivement, ça s'adresse à une des
choses que les parents réclamaient le plus, celle de voir à ce
que le Secrétariat ou le service gouvernemental devienne un instrument
d'aide, d'appui, en fournissant l'information. Alors, si la
députée se pose des questions quant à ce que veut dire
"conseiller les adoptants", bon, ça veut dire leur fournir des conseils.
Quel genre de conseils? Notamment sur la façon dont ça
fonctionne. Voilà, M. le President. Je proposerai donc qu'on
l'adopte.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce que
l'article 8... Avez-vous des questions, M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: j'aimerais, m. le président, profiter de
l'occasion pour émettre quelques commentaires sur l'article 8, si vous
me le permettez.
Le Président (M. Joly): Je vous le permets. M. Claveau:
Vous me le permettez?
Le Président (M. Joly): C'est bien sûr. Voyons
donc!
M. Claveau: Je comprends que vous êtes respectueux du
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Ah oui! C'est ce que je fais. Je
l'applique.
M. Claveau: M. le Président, à première vue,
je trouve intéressant que l'on ouvre la porte, finalement, à une
certaine autonomie ou à plus d'autonomie de la part des
différents organismes qui oeuvrent dans le domaine de l'adoption
internationale et que l'on permette aussi aux adoptants, aux parents
québécois, intéressés à faire appel à
l'adoption internatio- nale de se pencher vers cette façon d'enrichir
leur famille, leur milieu familial, de pouvoir fonctionner de façon plus
autonome et, éventuellement, plus proche de leurs aspirations
personnelles. C'est ce que je comprends par l'article de loi que l'on a sur la
table. Je comprends que l'ancien article 72.1.1 voulait ou, dans le fond,
laissait sous entendre pour le moins que le ministre de la Santé et des
Services sociaux devait, afin d'assurer - on dit "doit" dans l'article de la
loi - le respect des droits de l'enfant, coordonner les démarches des
adoptants et des activités des personnes qui interviennent en adoptant
des enfants domiciliés hors du Québec. Il me semble,
effectivement, que c'est un peu rigide comme cadre d'intervention où on
dit que le ministère doit coordonner. On enlève ça et on
dit à la place, maintenant: "Le ministre de la Santé et des
Services sociaux conseille les adoptants et les organismes agréés
afin de faciliter leurs démarches en vue de l'adoption d'un enfant
domicilié hors du Québec." Je veux bien croire, et là,
c'est une préoccupation qui, je pense, mérite réflexion du
côté ministériel, je veux bien croire qu'on change les
conventions, que l'on ouvre le cadre dans lequel devra opérer
l'organisme dédié à l'adoption internationale et que
l'adoptant va avoir, comme disait le ministre, pas mal plus de latitude dans
ses choix et pourra s'adresser à tout le monde s'il le veut, tout
ça, J'en conviens. Mais j'aimerais savoir, à moins que le
ministre me dise que ça existe ailleurs dans le projet de loi, quelles
vont être quand même les nouvelles conventions. Comment va se
structurer la nouvelle convention qui devra nécessairement organiser le
type de relation qu'il y aura entre le ministère et les
différents organismes agréés? Les organismes restent
agréés. Donc, on peut supposer qu'il y ait un règlement ou
une mécanique établie (17 h 30)
M. Sirros: M. le Président, il n'y aura pas de
convention.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça répond
à votre question, M. le député?
M. Sirros: II y a des critères d'agrément. Il n'y a
pas de convention.
M. Claveau: Bon Alors, je me réjouis que le ministre ait
immédiatement répondu à cette question.
M. Sirros: C'est parce que vous avez démontré votre
bonne foi.
M. Claveau: M. le Président, vous voyez, quand la bonne
foi règne des deux côtés et que chacun respecte la
mécanique établie dans le fonctionnement de ce Parlement...
M. Sirros: On va faire un rapprochement.
M. Claveau: ...on peut réussir à s'entendre et,
éventuellement, on peut réussir aussi - et on l'a vu dans
d'autres lois - à améliorer substantiellement un projet de loi.
On sait, par exemple, dans le domaine municipal, on a vu des projets de loi
où, en bout de piste, après quelques jours de commission
parlementaire, on les a adoptés en ayant plus d'amendements que le
nombre d'articles que le projet de loi contenait au départ. Ça
s'est vu déjà.
Ce n'est pas d'ailleurs, disons honteux, pour un ministre d'admettre
que, éventuellement, à la réflexion, on pourrait modifier
une approche et faire en sorte qu'on accepte un amendement qui émane de
l'Opposition. Je pense même que les ministres qui sont les plus
éclairés dans leur comportement en face des gens pour lesquels
ils essaient de régler des problèmes sont des ministres qui,
très régulièrement, acceptent des amendements qui
émanent de l'Opposition et qui représentent ou, du moins, qui
permettent d'éclaircir un certain nombre de points de vue qui avaient
été vus d'une autre façon au départ par le ministre
responsable du projet de loi.
Je me souviens, M. le Président, d'avoir travaillé
déjà, depuis presque cinq ans que je suis en cette Chambre, sur
un certain nombre de projets de loi où l'Opposition a réussi
à modifier complètement l'approche que le ministre avait. Je me
souviens même d'un projet de loi avec le ministre de l'Éducation
qui, pourtant, n'est pas considéré comme une personne qui peut
changer facilement d'idée, n'est-ce pas? Mais je me réfère
toujours à un certain nombre d'exemples qui vont nous permettre de
comprendre la façon de travailler ensemble que l'on aurait avantage
à développer au cours des quelques heures que nous aurons
à nous côtoyer avant d'en arriver à l'adoption de ce projet
de loi.
Aussi, pour un complément d'information destiné à
nos nouveaux collègues qui en sont peut-être à leur
première expérience dans le domaine, on a vu le ministre de
l'Éducation déposer un projet de loi concernant la dissolution et
la réorganisation de la commission scolaire du Nouveau-Québec et,
sans même qu'il y ait de consultation publique, à la suite
d'échanges avec l'Opposition, le ministre en est venu à la
conclusion que son projet de loi ne correspondait vraiment pas à la
réalité. Ce qu'il avait compris comme solution qu'il devait
donner à un problème ne correspondait pas du tout au
problème auquel il essayait de trouver la solution et finalement,
après de simples discussions avec l'Opposition, très informelles
même à bien des égards, il a retiré
complètement son projet de loi et en a refait un tout nouveau qu'il a
ramené en Chambre, lequel correspondait, cette fois-là, aux voeux
de l'ensemble des intervenants intéressés. À ma
connaissance, le ministre de l'Éducation ne s'en est pas senti
diminué pour autant. Ça ne l'a pas descendu de son
piédestal, si vous me passez l'expression.
Comme quoi, finalement, les travaux d'une commission, lorsqu'ils sont
bien menés et lorsque le ministre aborde aussi le travail de commission
d'une façon ouverte, d'une façon constructive, dans le meilleur
intérêt de l'ensemble des intervenants qui vont avoir, par
après, sur le terrain, dans le quotidien, à vivre avec le projet
de loi, on finit par faire des choses intéressantes et des choses qui
enlèvent toute ambiguïté et qui sont fonctionnelles, il faut
bien se le dire. Parce qu'il n'y a personne qui a la vérité en
soi. Que l'on soit d'un côté ou l'autre de cette Chambre, il n'y a
personne qui n'a que la vérité, comme il est très rare
dans la vie, M. le Président, de rencontrer quelqu'un qui n'ait que des
qualités.
Toujours est-il que, cela étant dit, afin d'expliciter la
démarche...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, il pourrait être
intéressant d'entendre notre collègue de Saint-Henri s'exprimer
sur notre projet de loi tout à l'heure. J'aimerais bien, en ce qui me
concerne, voir quels sont les points de vue fondamentaux qui l'animent dans sa
participation à la commission. Je suis convaincu, d'ailleurs, à
voir l'intérêt qu'elle porte à nos propos, qu'elle pourrait
sûrement avoir une contribution très constructive, enfin, une
version finale d'un projet de loi qui pourrait répondre à
l'ensemble des problèmes qui sont vécus par les gens qui veulent
avoir accès, pour toutes sortes de raisons, à l'adoption
internationale.
Effectivement, M. le Président, moi, je trouve ça un peu
bizarre, finalement, que l'on ait un virement aussi total dans la façon
de faire du ministère de la Santé et des Services sociaux quant
à sa relation ou aux orientations et à la dynamique qu'il doit
créer avec les organismes agréés. On part d'un
extrême pour aller dans l'autre, dans le fond. On part d'une situation
où le ministère exerçait, à toutes fins pratiques,
le contrôle total, et on l'obligeait, par la loi. à assurer le
respect des droits des enfants, à coordonner les démarches des
adoptants et les activités des personnes et intervenants à
l'adoption des enfants domiciliés hors du Québec. Donc, toute la
responsabilité incombait totalement au ministère. On disait bien:
Le ministre - quand on parle du ministère, évidemment, on parle
du ministre - de la Santé et des Services sociaux doit. À la
limite, peut-être que le nouveau ministre trouvait la charge trop lourde
et qu'il a décidé de la poser par terre ou de la faire porter par
quelqu'un d'autre. Ainsi, il s'est débarrassé complètement
de la charge et il dit, maintenant, que le ministre devient une espèce
de cour de triage, tout simplement, un centre de répartition où
on adresse des demandes, où il conseille sur la voie à suivre,
mais où il ne s'engage plus à rien. C'est quand même assez
extraordinaire. C'est un virage qui, s'il
était suivi par l'ensemble de ses collègues et s'il
faisait l'objet d'une politique globale de son gouvernement, pourrait avoir des
répercussions énormes dans l'ensemble des activités de
notre sodété. Il est plutôt rare, M. le Président -
et j'aimerais bien entendre le ministre là-dessus, sur ses motivations
fondamentales - qu'un ministre se décharge complètement d'un
certain nombre de responsabilités en les transférant à
d'autres.
C'est vrai qu'on a vu dernièrement le ministre des Transports
dire: Ce n'est pas moi qui dois négocier avec les camionneurs, ce sont
les entreprises, entendez-vous ensemble et, après, on verra. C'est
peut-être une façon de se décharger de ses
responabilités, mais il reste que, quand même, le virement me
surprend de la part d'un ministre. J'aimerais bien comprendre la dynamique ou,
enfin, les intérêts fondamentaux qui font que le ministre accepte
un tel virement.
D'autre part, je reste toujours perplexe quant à la
mécanique qui va s'établir entre le ministre et les organismes
agréés. Le ministre dit: II n'y a plus de convention, il n'y a
plus de relation formelle de cause à effet entre le ministère et
les organismes qui opèrent sur le terrain, mais il n'en reste pas moins
que, quelque part, il devra bien y avoir une réglementation, H devra
bien y avoir des obligations qui seront faites à ces
organismes-là, il devra bien y avoir un genre de guichet unique ou un
genre de démarche préétablie pour faire en sorte que l'on
s'entende. Moi, je veux bien, je suis de ceux qui sont plutôt pour que
l'on laisse les gens se responsabiliser, pour que l'on n'intervienne pas jusque
dans la chambre à coucher, comme on a déjà eu l'occasion
d'en discuter dans certains projets de loi. Mais je ne suis pas non plus un
partisan de l'anarchie totale, et j'aimerais bien savoir, donc, quand on me dit
qu'on redéfinit les cadres et que l'on ouvre globalement, quels vont
être les nouveaux paramètres qui vont orienter dune façon
plus large, soit, mais qui vont quand même gérer la dynamique de
base de tous ces organismes-là.
M. le Président, j'aimerais aussi, si le ministre veut bien
prendre quelques minutes après mon intervention pour y répondre,
mieux comprendre ce qu'il entend lorsqu'il dit qu'il devra conseiller les
adoptants et les organismes agréés afin de faciliter leurs
démarches en vue de l'adoption d'enfants domiciliés hors du
Québec. Parce que là il y a un problème, et un
problème, je pense, dont on se doit de parler très
sérieusement. J'ai eu vent, j'ai eu même à palper, presque,
certains problèmes de ce genre-là, et je sais qu'il y a des
Québécois et des Québécoises bien
intentionnés qui, ayant reçu un certain nombre d'informations
qui, supposément, devaient venir aussi de source sûre et ayant,
à l'occasion, déboursé des sommes assez importantes pour
avoir toutes les Informations et pour faire en sorte que la mécanique
qui, même à ce moment-là, devait être acceptée
par une cour... Comme on le disait, tout à l'heure, dans l'article que
l'on a discuté antérieurement, l'article 5, entre autres, il
devait y avoir un ordre de cour, finalement, pour permettre d'enclencher la
mécanique d'adoption. Alors que tout doit être fait, que tout est
réglé, on n'a plus qu'à prendre les billets d'avion et
aller chercher l'enfant dans le pays où il est puis on le ramène
chez nous, eh bien, il y a des Québécois et des
Québécoises qui se retrouvent là-bas à attendre des
mois, des mois et des mois. Soit parce que l'enfant n'est pas identifié
dans le pays même comme étant un enfant dédié
à l'adoption internationale, ou soit, tout simplement - il faut se dire
les choses comme eltes sont - parce qu'on a affaire à certains
régimes qui sont, disons, un peu plus relax quant à l'application
des normes d'éthique, qui sont un petit peu moins bien encadrés
quant à la façon de faire la distinction entre I
intérêt personnel et le bien commun Ces gens-là,
supposément bien informés, qui croient que tout a
été fait d'avance et qu'ils n'ont plus qu'à se
présenter devant les instances de ces pays-là pour finaliser une
démarche qui leur a déjà été assez
coûteuse et qui est supposément rendue à son stade final,
se retrouvent donc devant des obligations de payer, de payer et de repayer
encore toute une série de fonctionnaires du milieu, de gens qui sont
plus ou moins liés à la mécanique d'adoption
internationale, et qui, il faut bien le dire, en profitent largement. Il n'est
pas rare, M. le Président, dans certains pays de la planète
où un laxisme total s'est établi dans la fonction publique, dans
l'administration du bien public, qu'il faut soudoyer à tous les coins de
rues si on veut avancer. Il y a des pays où on a l'impression que
l'économie est basée là-dessus, que la principale
activité économique, c'est d'engraisser la machine administrative
pour avoir la paix. Il y en a de ces pays-là, il ne faut pas se le
cacher. Alors, un individu, un Québécois bien-pensant qui n'est
pas tout à fait habitué à ce genre de chose, parce qu'on
sait que, dans nos sociétés, ce sont des choses qui n'existent
pas, eh bien, il se retrouve comme un peu mal pris. (17 h 45)
J'aimerais savoir, moi, en ce qui me concerne, quelles sont les
protections ou quelles sont les informations pertinentes, quelles sont les
garanties qui vont dorénavant être données par le
gouvernement pour que ces choses-là ne se reproduisent plus, pour que,
lorsque des parents sont prêts à aller chercher l'enfant qu'ils
ont dûment adopté en vertu de nos lois, ils ne se retrouvent pas
dans le pays d'accueil pris dans un labyrinthe où on ne voit pas de
sortie, pris dans des imbroglios techniques et administratifs qui font en sorte
que l'on peut attendre des mois et des mois, M. le Président. Je
pourrais vous donner des exemples, si jamais on doute de mes propos, de gens
qui ont dû se payer des
chambres d'hôtel pendant deux, trois, quatre mois dans des pays,
en attente que les problèmes se règlent, qui ont dû,
à l'occasion, débourser un montant de 10 000 $ imprévu
ici, un montant de 3000 $ imprévu là, un autre montant de 5000 $
imprévus ailleurs et qui, finalement, reviennent presque ruinés,
à toutes fins pratiques, d'un voyage qui devait être bref. Ils se
retrouvent, au retour, dans des situations économiques plutôt
inconfortables, qui ne sont pas nécessairement propices à ce que
l'enfant qu'ils ramènent chez nous commence sa nouvelle vie de
Québécois dans les meilleures conditions possible. Ce sont des
problèmes qui existent, on ne peut pas se fermer les yeux
là-dessus. Parce que vous savez, M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député, je
vous inviterais à conclure.
M. Claveau: Eh bien, je conclurais, M. le Président, si
vous me le permettez...
Le Président (M. Joly): Je vous le permets.
M. Claveau: ...en disant tout simplement que, pour bien faire,
à l'occasion, des lois qui se veulent bien pensées oublient les
problèmes qui sont vécus par les individus qui ont à vivre
avec ces lois-là, un par un, en tant qu'individu, et non pas en tant que
partie d'une entité un peu floue de la société. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Bon! Est-ce que l'alinéa 1
de l'article 8 est adopté?
Mme Vermette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci. Nous allons passer à
l'alinéa 2...
Une voix: De l'article 8.
Le Président (M. Joly): ...de l'article 8, sous le
numéro 72.1.1.
Mme Vermette: M. le Président, comme le ministre a
adopté l'attitude de répondre à nos questions uniquement
à la fin de son intervention et, de toute façon, à part de
ça, s'il le juge de son intérêt à lui et non de
l'intérêt de l'Opposition... Alors, j'ai des interrogations. D'une
part, je soulève le fait qu'effectivement, on laisse le libre choix aux
individus, aux parents de passer soit par un organisme agréé. Je
pense qu'il faudra que le Secrétariat, en tout cas, travaille
très fort pour aller chercher des organismes, parce que, comme on l'a
dit, il en existe très peu. Et, en fait, à moins qu'on ait
changé le libellé de l'article 12, on ne pourra passer par des
contacts autres que des organismes agréés, ou le parent
lui-même, sans l'aide de quiconque. Alors, là, j'ai un
problème. Il ne reste pas beaucoup de choix, actuellement, pour les
parents, au niveau des organismes agréés, d'une part. et,
là, je me pose la question. bien sûr, il faut laisser la
possibilité aux gens, aux citoyens d'avoir des choix, des options, en
fait, dans une démarche...
Le Président (M. Joly): Excusez, madame, est-ce que vous
aviez une question précise? Le ministre semble...
Mme Vermette: Ah oui. Le Président (M. Joly):
O.K.
Mme Vermette: Ma question s'en vient, à savoir...
Une voix: Ah oui?
Mme Vermette: D'abord, un, c'est d'avoir le nombre d'organismes.
Il en prévoit combien, en fait, d'organismes agréés, pour
permettre justement aux parents de faire leur choix d'une façon plus
éclairée? Sinon, ils n'ont pas de choix. Il vont simplement
être obligés de passer par le Secrétariat, s'il y a juste
un organisme, et quand il y a 1500 noms en attente... Donc, combien
d'organismes...
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aimeriez
répondre immédiatement, M. le ministre?
M. Sirros: Question de procédures. Est-ce qu'on reprend le
débat sur les articles, ou quoi? Je pensais que j'avais
répondu...
Mme Vermette: On est au niveau de l'alinéa 2, M. le
ministre. M. le Président, je pourrais indiquer au ministre que nous
sommes à l'alinéa 2 de l'article 72.1.1.
Le Président (M. Joly): pour répondre à
votre question, m. le ministre, l'article 245 de nos règlements dit: "le
temps de parole de 20 minutes dont disposent les membres de la commmission vaut
pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet de loi". alors, je
pense que ça répond...
M. Sirros: Alors, si c'est ça, eh bien, que la
députée me donne ses questions et je vais y
répondre...
Mme Vermette: Bien! Alors, je vais donner mes...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
M. Sirros: ...si elles sont pertinentes.
Mme Vermette: Pour maintenir la facilité et
le libre choix aux parents, en fin de compte, la possibilité
d'avoir plus qu'une option, j'aimerais savoir quelles seront les étapes
prévues pour permettre aux parents d'avoir un plus grand choix
d'organismes en matière de démarches d'adoption internationale,
puisque l'on sait, à l'heure actuelle, qu'il en existe très peu,
qu'il n'en reste qu'un et que c'est important. Dans quels pays ces organismes
seront-ils affairés, en fait, au niveau de leurs contacts? Parce qu'il
faut aussi avoir une diversité, je pense que c'est très
important, d'autre part.
Je me pose une question, à savoir: quel sera le rôle
principal du Secrétariat? Est-ce que ce sera un rôle-conseil, ou
celui d'effectuer des démarches d'adoption pour des parents? Et si les
deux sont aussi importants l'un que l'autre, à ce moment-là,
pourquoi ne pas avoir augmenté les budgets en conséquence? Et
pourquoi aussi ne pas mettre du personnel additionnel pour faire en sorte qu'on
puisse diminuer les listes d'attente? Je comprends bien que, oui, on est
limité par les procédures des autres pays et aussi par le nombre
d'enfants disponibles par rapport aux pays étrangers, qui sont
consentants ou non à les laisser sortir. Ça, j'en conviens.
Mais, malgré tout ça, je pense qu'on avait un objectif,
c'était 350 enfants par année. On l'a déjà atteint
dans certaines années. Maintenant, on sait fort bien que, depuis 1985,
1986, en fait, c'est très limité, on est très loin de cet
objectif. Si le rôle prioritaire du Secrétariat est de permettre
d'effectuer pour un parent des démarches d'adoption, si ce rôle
devient prioritaire, n'y a-t-il pas crainte, pour les organismes
agréés, que le Secrétariat devienne aussi un
compétiteur dans le domaine? Il devra appliquer ses propres conseils et,
de ce fait, il va devenir un peu à la fois juge et partie. Il va donner
des conseils à certains organismes et finalement, lui qui donne les
conseils, il pourra aussi oeuvrer au même titre que ces organismes. De
cette façon, n'y a-t-il pas lieu de croire que, à un moment
donné, le Secrétariat pourrait venir en compétition avec
ces organismes, prendre des contacts des différents organismes dans les
pays étrangers et, finalement, évincer certains organismes? Parce
que, justement, on ira aux mêmes endroits frapper aux mêmes portes,
et tout ce qu'on fera, ce sera décourageant au niveau des
différents organismes agréés.
Moi, ce que je veux, tout simplement, c'est de permettre aux parents
d'avoir des garanties en ce qui concerne l'efficacité du système.
C'est là que, la plupart du temps, les parents nous ont dit:
Écoutez, c'est à ce niveau qu'on a vraiment des
préoccupations. C'est à ces endroits que c'est très
fragile, le processus de l'adoption internationale. Il semble que c'est
là, finalement, qu'il y a les principaux irritants. Parce que,
justement, tantôt... En tout cas, ce qu'on nous a dit, c'est que,
souvent, quand des parents allaient dans différents pays et qu'ils
avaient fondé leurs espoirs sur le Secrétariat pour effectuer
leurs démarches, c'est là en fait qu'ils ont eu le plus de
délais. C'est là, quelquefois, qu'ils ont dû reprendre
plusieurs fois l'exercice et même, à plusieurs reprises, aller
dans le pays et être obligés de revenir parce que, bon, on
était incapables, les délais étaient trop longs et on
n'avait pas nécessairement fait toute la procédure, tel que
nécessité soit dans le pays, soit au Québec. Au niveau des
contacts, le Secrétariat avait quelquefois de la difficulté
à établir des contacts dans les différents pays. Donc,
est-ce qu'on sera aussi sévère en ce qui concerne
l'efficacité du Secrétariat qu'on le sera pour les organismes
agréés? Est-ce qu'il n'y a pas aussi un danger, en fin de compte,
que le Secrétariat devienne un compétiteur aux autres organismes,
qu'il puisse, à un moment donné, prendre les contacts des autres
organismes dans les différents pays et évincer certains
organismes? C'est arrivé, par le passé. Et ça, je pense
que... Je me pose cette question, tout en considérant bien sûr
l'esprit du législateur, qui était de faire en sorte de favoriser
le choix du parent, c'est-à-dire que le parent puisse avoir plusieurs
options en ce qui concerne un organisme qui effectuerait pour lui des
démarches d'adoption internationale. Et là je me pose la question
à savoir exactement quel sera le véritable rôle du
Secrétariat. Est-ce que ce sera un rôle conseil ou si ce sera un
rôle-d'organisme pour effectuer des adoptions au nom des parents?
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aimeriez que M. le
ministre réplique immédiatement?
M. Sirros: Est-ce que la députée a
terminé?
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez
terminé?
Mme Vermette: J'ai d'autres remarques... M. Sirros:
Terminez.
Mme Vermette: mais j'aimerais bien pouvoir...
Le Président (M. Joly): Pour cet alinéa?
Mme Vermette: L'alinéa n'est pas terminé,
j'aimerais pouvoir faire... En fin de compte, mon temps serait en fonction
d'échanges qu'on pourrait avoir avec le ministre, par votre
intermédiaire, M. le Président. Je pourrais trouver ça
intéressant.
Le Président (M. Joly): M le ministre.
M. Sirros: On va accepter de répondre à ce
moment-ci, M. le Président, peut-être que ça va satisfaire
la députée pour qu'elle procède à
l'adoption, mais j'imagine que son collègue ne sera pas satisfait
et que lui voudra repartir aussi. C'est pour ça que je me demande ce que
ça donne d'essayer d'avoir un dialogue réel et constructif. C'est
aussi bien de peut-être laisser les gens faire le temps qu'ils ont
à faire et je répondrai après. À moins que le
député, le collègue de la députée,
écoute aussi...
Le Président (M. Joly): Est-ce que...
M. Sirros: ...et qu'il soit satisfait des réponses; il
pourrait juger lui aussi qu'avant l'ajournement de 18 heures on puisse
procéder à l'adoption de cet article.
M. Claveau: N'ayez crainte.
M. Sirros: J'ai des réponses aux questions de la
députée.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Si vous permettez, sur l'intervention du ministre,
c'est une façon de voir, et je la respecte de sa part, mais je le prie
de ne pas avoir crainte quant à mes intentions et je lui souligne que je
suis très attentif aux propos de cette commission et que, dans la mesure
où on s'entend pour travailler à l'amélioration du projet
de loi qu'il y a sur la table, il n'a pas à avoir peur de la foudre que
nous pourrions déployer quant à ses réponses à nos
questions.
M. Sirros: Je suis pleinement rassuré, M. le
Président, je pourrai ainsi procéder à donner quelques
commentaires et réactions...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. M. le
ministre.
M. Sirros: M. le Président, effectivement, l'article en
question est très important, je suis content que ce ne soit plus une
question de voeux pieux dont on parle, mais c'est effectivement un article
important. Ce sont des questionnements légitimes. Donc, je tiens
à préciser un certain nombre de choses.
Premièrement, au député d'Ungava qui se demandait
pourquoi on relâche le contrôle qu'exerçait le
Secrétariat à travers le ministre qui devait, avant, s'assurer
que tout était fait pour les projets d'adoption, etc., c'est justement
parce que c'était la seule façon de faire tandis que, maintenant,
on ouvre la porte à trois voies différentes que les parents
peuvent choisir afin de faciliter l'adoption, et c'était le but et le
souhait exprimé par sa collègue, aussi.
Pour revenir plus précisément au rôle du
Secrétariat quant a sa fonction-conseil et sa fonction de continuer
à faire des démarches pour ceux qui en font la demande, nous
avons décidé de maintenir la présence du ministre dans le
dossier de l'adoption internationale pour les personnes qui, pour une raison ou
pour une autre, voudraient bien s'adresser au Secrétariat ou au service
gouvernemental en question, éventuel, parce qu'ils ont plus confiance en
l'appareil ou peu importent les raisons.
Nous estimons que ça peut servir deux objectifs. D'une part,
d'assumer les projets d'adoption qui lui seront adressés par les parents
et, d'autre part, de pouvoir agir, en quelque sorte, à titre de
précurseurs pour créer d'autres organismes, effectivement,
c'est-à-dire aller dans des pays, établir des contacts avec le
pays, trouver des sources, finalement, qui pourraient résulter en un
certain nombre de projets d'adoption qui seraient complétés et,
par la suite, faciliter la mise sur pied d'organismes qui pourraient être
agréés et qui pourraient continuer à fonctionner
indépendamment par la suite.
Il n'est pas question...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, compte tenu de
l'heure, nous devons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures, dans la
même salle. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
Nous étions à l'article 8, alinéa 2. Et je pense que la
parole était à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, on était
à l'article 8, voilà, au deuxième alinéa, M. le
Président. C'est ça. Alors, je posais certaines questions et je
pense que le ministre était en train de répondre à
certaines de mes questions. Je lui demandais: Du fait que le
Secrétariat, qui sera le mandataire du ministre, en fait, auprès
des parents, pourra effectuer des adoptions, le cas échéant,
est-ce qu'il conviendra avec moi qu'il pourrait y avoir possibilité que
le Secrétariat puisse être un compétiteur, en fait, pour
les autres organismes agréés et que, comme par le passé,
à moins que ce soit des faits qui ne soient pas fondés... En
fait, selon ce que j'ai pu recevoir comme informations de différentes
associations ou groupes, c'est que, très souvent, dans les
différents pays étrangers, on ne savait plus qui avait vraiment
la responsabilité, est-ce que c'était l'organisme
agréé ou le Secrétariat? Il se passait une forme de
différends...
M. Sirros: Vous avez "expiré" votre temps. C'était
à moi, le droit de parole.
Le Président (M. Joly): Oui. C'est-à-dire qu'on
n'avait pas "expiré" le temps de Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Non, c'était un échange.
Le Président (M. Joly): Ce qu'elle fait, c'est qu'elle
reformule ou reprend la question qui était déjà sur la
table et a laquelle vous aviez commencé, M. le ministre, à
répondre. Donc, pour se placer dans le contexte et comme
aide-mémoire, je pense que Mme la députée...
Mme Vermette: Bien voilà! Je suis convaincue que le
ministre, ça lui fait plaisir, aussi, M. le Président, que je
refasse un petit peu l'historique au moment où nous avons laissé
les travaux de la commission.
Le Président (M. Joly): Et je pense que c'est
important.
M. Sirros: II ne faut jamais présumer, Mme la
députée.
Mme Vermette: Non, je ne présume pas, mais c'est, disons,
pour le...
Le Président (M. Joly): Mais je pense que c'est...
Mme Vermette: ...mieux-être de l'ensemble de la
commission.
Le Président (M. Joly): ...pour la bonne
compréhension, si vous voulez, de tout le monde. Parfait. Alors,
à vous, Mme la députée.
M. Sirros: D'accord.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, j'avais
demandé la parole. Vous ne m'avez pas reconnu.
Le Président (M. Joly): Oh! Je m'excuse. J'imagine que
vous vous êtes manifesté de façon tellement délicate
qu'on n'a pas pu... Allez.
M. Tremblay (Rimouski): Je comprends Je voulais seulement faire
une suggestion à Mme la députée de Marie-Victorin. Si elle
veut terminer avant son temps, qu'elle ne se sente pas obligée de tout
le prendre.
Le Président (M. Joly): Ça, c'est une chose qui n'a
pas été expliquée au préalable.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: J'apprécie beaucoup, en fait, l'importance
qu'on apporte aussi à ma qualité de vie à cette
commission, M. le Président.
M. Sirros: Ah, effectivement!
Le Président (M. Joly): Madame, là, je pense
que...
M. Sirros: Effectivement Alors, je souhaiterais que vous
apportiez la même estime à votre qualité de vie que, nous,
on apporte à la vôtre.
Mme Vermette: Je vois là toujours les bonnes intentions du
député de Rimouski, en fin de compte.
Le Président (M. Joly): J'apprécie l'échange
de bons voeux. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, j'étais à
dire, au moment où nous avons laissé nos travaux, que je
m'inquiétais de savoir s'il n'y aurait pas possibilité que le
mandataire du ministre, c'est à-dire le Secrétariat, puisse
être considéré comme un compétiteur auprès
des différents organismes agréés et si ça pouvait
porter à confusion aussi dans les différents pays
étrangers, à savoir: Qui a la véritable
responsabilité? Est-ce que ce ne serait pas tantôt le
Secrétariat ou l'organisme agréé? Et est-ce que,
finalement, le Secrétariat irait exclusivement dans des endroits
où il n'y aurait pas d'organismes agréés? Est-ce qu'il
irait clans les mêmes pays étrangers où il y a
déjà des organismes dûment reconnus par le Québec?
Ça, ce sont des questions. D'autant plus que je sais, à l'heure
actuelle, qu'il existe très peu d'organismes qui sont
agréés. Je pense que, à ma mémoire, il en existe
un; peut-être qu'il y a d'autres pourparlers pour d'autres formes de
reconnaissance, mais, pour le moment, officiellement il n'y a qu'un organisme
agréé. Aussi, est-ce que le rôle principal du
Secrétariat sera un rôle-conseil ou un rôle davantage
axé à effectuer des démarches d'adoption? Quant à
moi, c'est très important de faire la différence
là-dessus, parce que, selon la fonction à laquelle ils auront
à consacrer plus de temps, je pense qu'il y a une organisation, il y a
une structure différente qui devra s'imposer à ce moment
là. J'attends les réponses du ministre.
Le Président (M. Joly): M le ministre. -
M. Sirros: M. le Président: Compétiteur, le
Secrétariat, avec les organismes? Non, M le Président, il ne
s'agit pas d une compétition Non. Il n'y a aucune raison pour le
Secrétariat de compétitionner avec des organismes et il n'y a
aucun "payoff", comme on dirait en anglais, ni pour l'un ni pour l'autre Ce
serait normal que, de façon générale, le
Secrétariat n'aille pas faire des adoptions dans les mêmes
endroits que les
organismes. Au contraire, le rôle du Secrétariat serait
plutôt d'aller là où d'autres ne sont pas allés afin
d'établir des contacts nouveaux, d'établir de nouvelles sources,
si je peux parler ainsi, d'apprendre comment ça se passe dans d'autres
endroits, puis ramener l'information pour qu'il puisse y avoir
l'établissement - c'est à souhaiter - d'organismes qui
pourraient, par la suite, prendre la relève. Le Secrétariat doit
agir beaucoup plus comme un - c'est ce que je disais - précurseur, aller
"where no one else has gone before", comme dans "Star Trek". Donc, il ne
s'agit, d'aucune façon, d'une compétition avec les organismes
agréés, parce qu'il n'y a aucun rendement, je veux dire aucune
récompense qui revient, ni à l'un ni à l'autre. Au
contraire, et d'une façon générale, le Secrétariat
n'oeuvrera pas dans le même pays, à moins qu'évidemment on
ne parle de l'Inde, par exemple, où il se peut fort bien qu'il y ait
plus d'un organisme, que le Secrétariat puisse aussi oeuvrer parce que
c'est tellement vaste et tellement diversifié. Mais je pense qu'il faut
vraiment étirer l'imagination pour voir le Secrétariat comme un
compétiteur des organismes agréés. Non.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...sans vouloir tout à fait étirer
l'imagination, faire une abstraction, en tout cas une peinture moderne, une
caricature de la situation, je sais fort bien, pour avoir entendu plusieurs
fois les parents adoptants ou même certains organismes qui sont disparus
maintenant parce que, justement, c'était très difficile pour eux
de pouvoir faire leur travail dans les différents pays... Notamment, il
ressortait que, trop souvent malheureusement, là où ces
organismes devaient travailler avec différents responsables ou
hauts-fonctionnaires de différents pays, il y avait interférence
au niveau du Secrétariat et ça portait à confusion, et
là ça devenait une forme de compétition non pas sur le
plan monétaire ou des gains d'argent, mais au niveau de
l'efficacité, en fait. Et, là, on se demandait qui faisait quoi
et qui était le plus responsable. Est-ce qu'on reconnaissait
l'organisme? Est-ce qu'on mandatait l'organisme et on lui donnait les pleins
pouvoirs ou, à ce moment-là, est-ce que le Secrétariat
tout simplement, outrepassait la mesure et allait, encore une fois, faire une
forme de contrôle sur l'organisme dans le pays où,
déjà, l'organisme agréé était reconnu, avait
déjà une expertise et des connaissances importantes au niveau des
règles et de la culture de ce pays, et avait, lui aussi, ses propres
contacts? Donc, il s'est avéré que, souvent, des organismes nous
ont dit: Eh bien, écoutez, nous on a arrêté, on
démissionne, on ne va plus dans tel ou tel pays pour ces
raisons-là, parce que, chaque fois qu'on va à une place, le
Secrétariat arrive en arrière de nous et commence à
vouloir faire des ententes avec le pays, conclure des reconnaissances, de sorte
que ça nous cause plus de tort et que ça devient tellement
difficile; on développe tellement une forme de tracasserie
administrative auprès de ces pays-là et des différentes
personnes en cause, que ça devient pénible pour nous et on perd
nos contacts, ça devient de plus en plus difficile et restreint pour
nous de pouvoir effectuer un projet d'adoption internationale.
Alors, c'est pour ça que je demandais au ministre, justement,
quelles sont vraiment ses intentions. On n'a aucune certitude depuis qu'on
discute du projet de loi, à savoir quelle sera vraiment la
réforme qu'il apportera au niveau du Secrétariat ou les
changements au niveau du Secrétariat. On n'a vraiment, absolument,
aucune confirmation à ce niveau-là. Moi, je ne sais pas, est-ce
qu'il y aura des changements au niveau de la direction? Est-ce que, finalement,
on nommera une personne responsable au niveau de l'administration, que
ça ne sera plus un intérim?
Ce sont des questions très importantes parce que là,
justement, on veut mettre en application une nouvelle loi. Je pense qu'au
moment où on parle de mettre en application une nouvelle loi c'est
très important aussi de vérifier les gens qui devront, justement,
mettre en application ces principes-là. Et c'est pourquoi, en fait, je
fais appel au ministre en lui demandant, tout gentiment, le plus gentiment
possible, qu'il puisse me donner des réponses qui pourront
m'éclairer et aussi satisfaire ma curiosité jusqu'à un
certain point, et permettre aussi à l'ensemble des parents qui voudront
ou qui sont déjà dans une démarche, d'un processus
d'adoption internationale, en tout cas, de se sentir très
sécurisés par rapport au rôle que devra jouer
ultérieurement le Secrétariat à l'adoption. (20 h 15)
Et ce sont des garanties, en fait, que je voudrais bien que le ministre
puisse nous apporter à ce moment-ci, à ce stade-ci, afin qu'on
puisse vraiment dire aux parents, à ce moment-là: Écoutez,
vous pouvez faire confiance; maintenant, quand le ministre dit que, de plus en
plus, le rôle du Secrétariat sera un rôle-conseil,
voilà, le rôle-conseil du Secrétariat comportera les
éléments suivants et sera de tel ordre de grandeur, et
occasionnellement, à défaut d'un organisme agréé
qui ne peut opérer dans un pays qui fait l'objet de la demande, il
pourrait à ce moment-là, faire la démarche au nom des
parents. Or, c'est ce que je demande au ministre. Est-ce que c'est à
cette orientation-là, à cette tangente-là, que le ministre
pense lorsqu'on lit ce paragraphe-là: II peut également, à
la demande de l'adoptant, effectuer pour lui une démarche d'adoption?
Est-ce que ce sera occasionnel? Est-ce que ce sera, finalement, un rôle
supplétif au manque d'organismes agréés? Est-ce que ce
sera
une de ses principales fonctions? Est-ce que le Secrétariat,
finalement, va bénéficier du fait qu'il y ait déjà
un organisme agréé dans un pays d'origine pour pouvoir aller
établir des échanges et favoriser des ententes? Comme on sait que
les pays ne sont pas tellement prêts à signer des ententes, il ne
faudrait pas mêler les démarches et faire en sorte que, parce que
dans un pays on n'a pas signé d'entente entre le Québec et ce
pays, on commence à avoir plus de problèmes au niveau de la
procédure, ce qui est tout à fait triste, à mon avis, dans
ce sens-là. Non, on peut échanger, je pense que ce serait plus
sympathique si on peut échanger là-dessus, parce que ce sont des
interrogations.
M. Sirros: Moi, je vais être bien honnête, là.
Moi, je n'ai pas d'objection à échanger, mais, par contre, si
vous utilisez l'ensemble de vos 20 minutes et que vous voulez qu'on
échange en plus, ce qui m'amène...
Mme Vermette: Non, non...
M. Sirros: ...à prendre du temps aussi, je pense que ce
n'est pas dans notre intérêt. Alors, c'est pour ça que j'ai
été amené à dire avant: Posez vos questions, je
vous donnerai les réponses après. La, vous avez posé un
certain nombre de questions, vous les avez posées tout à l'heure
aussi. J'ai répondu par rapport au rôle supplétif du
Secrétariat...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, afin de clarifier
le règlement comme tel, votre temps de réponse n'est pas
imputé à Mme la députée de Marie-Victorin.
M. Sirros: Je le sais, c'est ce que je dis, mais...
Le Président (M. Joly): Alors, partant de là...
M. Sirros: ...c'est imputé à nos travaux, M. le
Président. Donc, les questions que vous avez posées il y a cinq
minutes, j'avais répondu par rapport au rôle supplétif:
Oui, le Secrétariat va avoir un rôle supplétif à
jouer, ne sera pas en compétition avec les organismes. Je ne peux pas
être plus clair que ça. Et on accentue le rôle
d'information, d'appui et d'aide du Secrétariat par rapport aux parents.
Oui, le Secrétariat va continuer à faire un certain nombre
d'adoptions s'il y a des parents qui s'adressent à lui, mais son
rôle principal est d'être un informateur auprès des parents,
d'informer les parents quant aux procédures de l'adoption dans les
différents pays, des services qui sont disponibles ici, de faire des
adoptions dans des pays de façon supplétive par rapport aux
organismes qui existent déjà et d'appuyer les organismes dans
leur travail.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Oui, quelles sont, en fin de compte... Est-ce que
vous avez établi de nouvelles structures au niveau du
Secrétariat? Est-ce qu'il y a eu de nouvelles directives au niveau du
Secrétariat? Et la question que je vais poser à ce moment-ci:
Est-ce que bientôt vous allez nous annoncer la nomination d'un directeur
en poste d'une façon plus permanente que ce qu'il y a depuis trois
ans?
M. Sirros: Vous conviendrez avec moi, M. le Président, que
ce n'est pas dans un projet de loi qu'on va régler la structure
administrative du Secrétariat, des questions autour de sa direction.
Donc, en temps et lieu, on aura des annonces à faire.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, je comprends bien que
ça fait partie des privilèges d'un ministre, bien
sûr...
M. Sirros: Ce n'est pas une question de privilèges!
Mme Vermette: ...de pouvoir répondre de cette
façon-là...
M. Sirros: M. le Président, non, non.
Mme Vermette: ...puis j'en conviens. Mais je pense, M. le
Président, en fait, qu'il aurait été souhaitable, en tout
cas, qu'on se penche particulièrement sur la structure du
Secrétariat avant d'apporter le projet de loi. Je pense que, si on avait
pu travailler d'une façon beaucoup plus... ça aurait
été plus coulant, en fait, à ce moment-là, parce
que, dans le fond, ça nous aurait tout simplement permis de faire le
point sur une particularité qui est très litigieuse, en fait, qui
s'appelle...
M. Sirros: On est quand même avec un projet de loi, M. le
Président.
Mme Vermette: Ça aurait été
intéressant, parce que dans le projet de loi..
M. Sirros: C'est l'opinion de la députée.
Mme Vermette: ...M. le Président, il y a des
éléments auxquels on doit faire référence assez
régulièrement au niveau du Secrétariat, en fait, qui est
le mandataire du ministre, parce que c'est à ce niveau-là, tout
simplement. Et je trouve que ça aurait été tout à
fait important. Quand je pose ces questions-là et que le ministre me
dit: Bien, écoutez, je ferai les annonces au moment opportun, je
conviens que ça fait partie de ses privilèges. Ça, je le
sais et je ne veux
pas, en fait, lui enlever ces privilèges-là. Mais
ça aurait été, en tout cas... C'est parce que, comme
ça fait longtemps déjà - ça fait au moins trois ans
- qu'on a un directeur général par intérim, ça
serait peut-être, actuellement, une bonne occasion, à ce
moment-ci, de nous annoncer des bonnes nouvelles. Puis, on lui donne de la
place, on lui donne de la glace pour apporter les bonnes nouvelles, pour
sécuriser les parents. C'est une occasion extraordinaire, quand on est
en commission parlementaire, pour apporter des nouvelles.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, je répète que
nous avons devant nous un projet de loi qui traite de la façon dont on
va faire les adoptions. Je me suis attardé assez longuement, sans
exagérer, hier, dans ma réplique par rapport à toute cette
question que soulèvent continuellement la députée et
d'autres quant au Secrétariat. Je lui répète tout
simplement qu'il faudrait qu'elle arrête de vivre dans le passé
par rapport à ce qui se passait, à ce qui se faisait, parce que,
effectivement, il y avait une situation avec laquelle les gens du
Secrétariat devaient composer. C'est une loi que nous avons
adoptée ici. D'ailleurs, c'est une loi que votre parti avait
adoptée, qui leur donnait la responsabilité exclusive d'agir de
la façon dont ils ont agi jusqu'à maintenant. C'est avec cette
loi, plus précisément cet article que nous avons ici, que nous
recentrons le rôle et le mandat du Secrétariat. Donc, je
n'entrerai pas, à ce moment-ci, dans des détails administratifs
parce que ce n'est pas la place.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, ce que je voudrais faire
remarquer, avec toute la bienveillance, en fait, que je me connais, dans
certains cas, c'est que, au moment où nous avons adopté le projet
de loi 21... Je ne voudrais pas vivre dans le passé, M. le
Président, bien au contraire. C'est parce qu'on dit toujours, en fin de
compte, que, si le passé est garant de l'avenir, évidemment,
c'est important de scruter ce qui a été fait dans le passé
parce que, bon, c'est ce qu'on veut faire, et on travaille pour
améliorer l'avenir. Et, là, il faut apporter des corrections et
je fais cette référence-là pour apporter des corrections
pour l'amélioration et la bonification du projet de loi. C'est pour
aider le ministre, dans le fond, que je pose ces questions-là. C'est
pour lui permettre, justement, d'avoir la fierté de déposer un
très bon projet de loi et qu'on n'ait pas à reprendre l'exercice.
Parce que je ne voudrais pas, vous savez, avoir à faire le discours que
j'ai été obligée de faire, parce que ce n'est pas le genre
de discours que j'aurais aimé faire, sur ce projet de loi là.
J'aurais aimé davantage dire: Écoutez, je suis tout à fait
heureuse de voir que, bon, nous progressons très rapidement et que, oui,
on est vraiment dans un changement au niveau d'une nouvelle
compréhension. C'est le début d'une ère nouvelle. J'aurais
aimé pouvoir faire un tel genre de discours et j'aurais
été très, très, très heureuse. Mais, encore
une fois, M. le Président, je me sens un petit peu coincée, comme
au moment où j'ai dû prendre une décision pour accepter le
projet de loi 21. À ce moment-là, c'était sur la garantie
de la ministre à l'effet qu'il y aurait une réforme en profondeur
au niveau du Secrétariat et j'ai fait confiance à la ministre.
J'ai dit: Bon, écoutez, si vous me donnez ces garanties, Mme la
ministre... Bien sûr, c'est parce que je considérais que, pour le
bien-être des parents, dans un esprit de compassion pour les parents, en
fait, il était souhaitable pour eux, parce qu'il y avait tous les cas
d'enfants illégitimes, si on se souvient bien, et il était
important de leur donner une reconnaissance. C'était dans
l'intérêt de l'enfant, justement, que nous avions voté en
faveur de ce projet de loi là.
Le Président (M. Joly): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Vermette: C'est, encore une fois, M. le Président,
parce qu'on n'a pas le choix. C'est toujours dans l'intérêt de
l'enfant, parce qu'on se sent un peu comme coincés, on n'a pas le choix.
Il y a des irritants qui sont enlevés, mais, par contre, il y en a
d'autres qui demeurent et qu'il faudrait bonifier. C'est dans ce
sens-là.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Est-ce que l'alinéa 2 de l'article 8 est
adopté?
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut faire un vote, M. le
Président?
Une voix: Non, non. Adopté. Mme Vermette: Vote
nominal.
Le Président (M. Joly): Ah! Vote nominal. Pas d'objection,
madame. Vos désirs sont des ordres, et ceci, en vertu du
règlement.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je vois là
votre bonne compréhension.
Le Président (M. Joly): Comme toujours. M. le ministre et
aussi député de Laurier?
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. M. le député
de Gaspé?
M. Beaudin: Pour.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: II fait de l'effet!
Mme Boucher Bacon: C'est parce qu'il était ouvert, mon
micro. J'ai simplement fait ça et...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Boucher Bacon: C'est parce que mon micro était ouvert
et je voulais simplement souffler.
Une voix: Ça fait mal aux oreilles. Ah! il ne l'est plus.
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ça donnait l'impression que
vous vouliez éteindre une chandelle.
Mme Boucher Bacon: Ah! C'est vendredi. Bon.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher Bacon: Je n'ai pas parié.
Le Président (M. Joly): Non, non. Je veux simplement
savoir si vous êtes pour ou contre, madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Loiselle: Monsieur, ne touchez plus à son micro, s'il
vous plaît. Ha, ha, ha!
Mme Boucher Bacon: C'est pour ça que vous avez ouvert mon
micro?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, madame!
Mme Boucher Bacon: Pour.
Le Président (M. Joly): Merci. Mme la
députée de Saint-Henri?
Mme Loiselle: Je ne sais plus où je suis rendue.
Mme Boucher Bacon: Oui, oui. C'est ça.
Mme Vermette: Oui, oui, tu ne te trompes pas, là.
Mme Loiselle: Je suis quoi, là? Mme Vermette: Pour.
Mme Loiselle: Pour?
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Je suis pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre, pour. Mme la députée de Marie-vïctorin?
Mme Vermette: Je suis pour, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Vermette: ..à votre grande surprise. Et c'est dans un
esprit de collaboration et de participation, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Ah! Ce n'est pas à moi de
juger, d'être surpris ou pas. Alors, l'alinéa 2 de l'article 8 est
adopté. Nous passons maintenant à l'alinéa 3, toujours de
l'article 8, qui se lit comme ceci: "II peut également, à la
demande de l'adoptant, effectuer pour lui les démarches d'adoption."
M. Sirros: Est-ce que ce n'est pas le deuxième
alinéa, celui-là, parce que les deux autres étaient
ensemble?
Le Président (M. Joly): C'est le troisième, M. le
ministre.
M. Sirros: O.K. Pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'alinéa 3 est
adopté?
Mme Vermette: Non, M. le Président. J'aurais quelques
commentaires aussi à faire à ce niveau-là, M. le
Président. Effectivement, M. le Président, j'essaie de faire
appel à la bonne volonté du ministre et, je le connais, c'est un
homme de bonne volonté J'ai travaillé avec lui sur plusieurs
dossiers, à cette commission parlementaire, notamment au niveau du
dossier...
Le Président (M. Joly): Je me souviens.
Mme Vermette: ...de l'adoption internationale, de l'OPHQ,
l'Office des personnes handicapées. J'ai toujours connu cet esprit
d'ouverture au ministre...
M. Tremblay (Rimouski): C'est un bon ministre.
Mme Vermette: ...et j'ai toujours senti chez lui, en fait, sa
volonté de vouloir améliorer l'état des choses au niveau
de l'adoption internationale, et je ne l'accuse pas..
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Mme la
députée, allez.
Mme Vermette: Je ne l'accuse pas, M. le
Président, de ne pas vouloir faire bien, en fait, le projet de
loi. Tout simplement, ce que je dis, c'est que je souhaiterais qu'on fasse un
très bon projet de loi avec le projet de loi 70 et qu'on ait autant de
plaisir à voter ce projet de loi et à faire en sorte que la
conséquence et la résultante feront que l'ensemble des parents
adoptants du Québec ne se sentiront que mieux protégés et
qu'ils pourront bénéficier d'une loi juste et équitable.
C'est vraiment ce qui, en fait, est mon objectif en apportant certaines
argumentations et en apportant certains commentaires, M. le Président.
Vous savez très bien à quel point oui, effectivement,
au-delà de la partisane-rie, dans bien des dossiers, nous avons eu
à échanger et à faire en sorte d'arriver à des
conclusions heureuses dans d'autres domaines, dans certains autres projets de
loi. Je pense que c'est, pour moi, une occasion intéressante de pouvoir
échanger avec le ministre, de pouvoir voir son point de vue et de voir
que, peut-être, c'est une bonne occasion aussi d'arriver à
améliorer, en tout cas, ou à bonifier ce projet de loi, M. le
Président.
Je me souviens, lorsque nous avions fait la commission parlementaire au
niveau de la loi 21, que déjà le ministre offrait un esprit
d'ouverture, qu'il est arrivé aussi aux mêmes conclusions que
l'Opposition et qu'il avait la certitude que nous devrions nous pencher
à nouveau sur ce projet de loi. À preuve, M. le Président,
il a été nommé ministre responsable du dossier de
l'adoption internationale. Ça, ça démontre, oui, qu'il
avait effectivement une volonté d'améliorer les conditions de
l'adoption au niveau du Québec. Moi, je pensais qu'une des
premières choses qu'il aurait dû faire, c'est la réforme en
profondeur au niveau du Secrétariat, puisque, lui aussi, il avait
participé, tout comme nous, tout comme vous et tout comme moi et
d'autres personnes de cette commission-ci, à la commission sur
l'adoption internationale et' qu'il avait entendu les doléances de
l'ensemble des parents adoptants, à ce moment-là, et des
associations de parents, et que, oui, effectivement, peut-être qu'il
était resté quelque chose de ces audiences, au niveau du
ministre, même si c'est de nouvelles fonctions pour lui. Il a
siégé à maintes reprises au niveau de la commission des
affaires sociales et il était très au courant du dossier et
très au courant, aussi, des demandes des parents.
Qui plus est, M. le Président, je pense que le ministre a eu
l'occasion de rencontrer les groupes d'une façon particulière au
cours de ces consultations, en fait, et les différentes associations de
parents. Je sais qu'il a eu d'intéressantes discussions avec ces groupes
et ces associations elles-mêmes et que, à certains moments, le
ministre s'était avancé un peu plus loin que le projet de loi, et
c'est pour ça aussi que ça a été un peu une
surprise lorsque j'ai vu le libellé du projet de loi. (20 h 30)
En fait, avec les échanges qu'il avait pu obtenir avec les
différentes personnes, nous pensions qu'on était pour aller
peut-être un petit plus à l'avant-garde dans ce domaine et qu'on
aurait pu faire preuve d'ouverture. Notamment aussi, au niveau du
Secrétariat, même si c'est une fonction administrative, il aurait
été peut-être intéressant - vous savez qu'une loi
s'applique sur ses règlements - de voir des règlements, en fait,
au niveau de la structure et du fonctionnement du Secrétariat. Ça
aurait été très appréciable, en tout cas, quant
à nous, pour vraiment justifier notre position dans ce projet de loi.
Ça aurait pu apporter aussi des garanties suffisantes pour
l'Opposition.
Vous savez, quand on accepte de voter sur un projet de loi parce qu'on a
l'assurance du ministre et que nous sommes de très bonne foi, je pense
que, effectivement, la deuxième fois, quand on revient en commission
parlementaire, on est plus aguerris, on fait un peu plus attention, on demande
un peu plus de garanties. Malheureusement, cette fois-ci, c'est le ministre
délégué à l'adoption internationale qui doit
essuyer cette déception que nous avons pu avoir au cours de ces
dernières années, suite au comportement de la ministre
antérieure. Mais là, je fais face à un nouveau ministre,
bien sûr, et je lui apporte mon entière collaboration pour arriver
à améliorer, à bonifier ce projet de loi. Je prends tous
les moyens qui me sont impartis par le règlement de l'Assemblée
nationale au niveau des commissions parlementaires pour faire appel à sa
compréhension, à son ouverture d'esprit, pour qu'enfin on puisse
arriver à formuler un projet de loi extraordinaire.
Justement, tantôt au souper, nous parlions entre nous, entre
collègues, et on se disait à quel point actuellement on
légifère beaucoup trop rapidement en fin de session et à
quel point le fait de légiférer à pleine vapeur, en toute
rapidité, fait qu'il y a plein d'erreurs qui se glissent dans nos lois.
Trop souvent, malheureusement, il faut revenir et continuellement reprendre
l'exercice, et refaire les mêmes projets de loi. On devrait changer
peut-être notre système à l'heure actuelle. Les fins de
session, telles que nous les connaissons, ne sont plus des fins de session qui
répondent adéquatement aux besoins de notre population. Ce seront
des sujets sur lesquels nous allons pouvoir nous pencher. Mais, cette fois-ci,
comme l'occasion nous est donnée et qu'il n'y a pas beaucoup d'articles,
c'est une excellente occasion pour faire cet exercice et permettre qu'on puisse
vraiment prendre le temps nécessaire. En fait, nous ne sommes pas
vraiment bousculés, à cette commission-ci. À ce moment-ci,
il n'y a pas vraiment beaucoup d'autres projets de loi; alors, ce serait une
excellente occasion...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): ...étant donné la bonne
volonté de Mme la députée de Marie-Victorin et qu'elle
veut apporter des amendements à la loi, est-ce qu'elle aurait des
amendements à nous proposer ou un nouveau projet de loi, étant
donné qu'elle est tellement bien intentionnée?
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Écoutez, moi,
je réponds très favorablement à la suggestion du
député de Rimouski, en fin de compte. Si le ministre veut les
accepter, on n'aura pas de problème à en présenter.
M. Sirros: M. le Président, moi, je n'ai pas à
accepter les amendements que la députée veut bien
déposer.
Le Président (M. Joly): Non, nous...
Mme Vermette: On est ouverts aux suggestions et je pense qu'on
peut faire des échanges. Il n'y a aucun problème.
Le Président (M. Joly): Je pense qu'au départ, Mme
la députée de Marie-Victorin, vous connaissez la
procédure. Il ne faut pas demander au ministre s'il accepte les
amendements. Vous déposez les amendements.
Mme Vermette: Oui.
Le Président
(M. Joly): j'accepte les amendements
comme dépôt et, suite à ça, on peut
nécessairement regarder la valeur des amendements.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Nous sommes
très favorables à apporter aussi des amendements pour aider le
ministre à avoir un très bon projet de loi.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Si la députée veut déposer des
amendements, qu'elle les dépose. Je veux dire que, si elle juge que
selon elle ça va aider, qu'elle les dépose. Nous en avons
déposé un certain nombre. Nous aimerions prendre sa parole
qu'elle veut collaborer afin de faire avancer le projet de loi, sauf que j'ai
l'impression qu'elle choisit toujours de parler, de parler, de parler.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: M. le Président, ça ne nous avance pas
trop. À un moment donné, j'aimerais bien répondre et faire
un débat fructueux. Mais, à suivre la députée, moi,
je vais me cantonner dans le silence. Je vais lire les projets d'amendement que
nous avons, les mettre sur la table, puis que la députée prenne
la responsabilité sur les suites qui seront données au projet de
loi. Si elle veut le faire adopter, tant mieux, si elle veut le bloquer,
qu'elle le bloque. C'est à elle.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, si vous me
demandez de statuer sur les objectifs visés par Mme la
députée de Marie-Victorin, à savoir s'ils ont
été atteints, je ne pense pas que ce soit à moi de statuer
sur ça.
M. Tremblay (Rimouski): M le Président..
M. Sirros: Ça fait une heure qu'on discute du
troisième alinéa, de quelque chose qu'on a fini d'expliquer et la
députée sait que c'est fini, en termes d'explication.
Le Président (M. Joly): M le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, on a de la
misère à suivre Mme la députée de Marie-Victorin.
Ce serait beaucoup plus facile pour nous de la suivre si elle nous
déposait quelque chose d'écrit. Là, on est obligés
de toujours l'écouter et, des fois, on l'échappe, on ne sait pas
où elle est rendue, tandis que. si on avait un document devant nous, on
pourrait, à ce moment-là, statuer sur le document, sur la
qualité du document. Déposez donc vos amendements, on va savoir
à quoi s'en tenir.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski, je ne peux pas forcer Mme la députée à
déposer des amendements et je ne peux pas vous forcer à
écouter Mme la députée. Partant delà...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: Elle a voté pour les deux premiers
alinéas de l'article.
Le Président (M. Joly): Partant de là, je ne sais
pas si c'est une question piège, mais on dit qu'un rôle d'arbitre
n'est jamais populaire; alors, je conçois que le mien ne l'est pas
à ce stade-ci, mais je dois continuer à reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je ne pensais
pas...
M. Sirros: Qui veut bien continuer à parler.
Mme Vermette: Je croyais que le député de Rimouski
était beaucoup plus vite que ça, qu'il était un auditif,
qu'il pouvait facilement corn-
prendre rapidement les messages qu'on pouvait passer ici en cette salle
et qu'il pouvait en faire une interprétation personnelle.
M. Tremblay (Rimouski): Je vous le concède.
Mme Vermette: Mais, en fait, comme on vit dans un système
où il y a des auditifs et des visuels, je suppose que M. le
député de Rimouski est plutôt un visuel qu'un auditif.
Là, je ne sais pas à quelle notion au niveau du quotient
intellectuel ça peut faire référence, mais, en tout
cas...
M. Sirros: Ne parlons pas de quotient intellectuel!
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, s'il vous
plaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, mais je pense que, si
vous engagez la guerre sur ce terrain, encore là, je ne voudrais pas
préjuger de ce qui va ressortir du débat, mais, quand même,
on n'a pas beaucoup de temps pour en arriver à faire ça.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, c'est une
atteinte personnelle à mon quotient intellectuel.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous
invoquez l'article 212, M. le député. Est-ce que c'est l'article
212 que vous invoquez?
M. Tremblay (Rimouski): En tout cas, prenez-le.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): "Tout député
estimant que ses propos ont été mal compris ou
déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours..." Non, ce n'est pas ça. C'est en vertu de quel
article? Est-ce que c'est des propos antiparlementaires?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, il faut
comprendre que la députée de Marie-Vic-torin a laissé
entendre que j'avais un degré de compréhension pas tellement
rapide.
Une voix: ti-coune! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): Par conséquent, M. le
Président, je demande à la députée de
Marie-Victorin de ne pas apprécier les qualités des
parlementaires. Ce que je lui demande, c'est simplement de déposer les
amendements. Si elle a des amendements qui sont valables et qui sont une
amélioration au projet de loi que nous sommes en train d'étudier,
à ce moment-là, nous allons apporter notre contribution. C'est
trop facile pour elle de prétendre qu'on est incapables de la suivre,
surtout dans des propos qui sont souventefois incohérents, et je dis
bien le mot "incohérents" pour ne pas dire ce qui a été
déjà dit en Chambre. Mais je pense que Mme la
députée devrait avoir la délicatesse de nous soumettre des
amendements pour qu'on puisse apporter des améliorations au projet de
loi.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski, vous me demandez de statuer sur le degré de
compréhension versus le degré de volubilité. Partant de
là, j'imagine que ce n'est pas mon rôle, en fait, de m'impliquer
à ce niveau-là. Alors, je vais reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Si vous saviez toutes
les images qui me sont passées en tête...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: M. le Président, j'en étais à
dire que...
Le Président (M. Joly): Oui, vous étiez à
dire!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: J'en étais à dire, M. le
Président, que mon intention, l'intention des membres de cette
commission, pour ma formation politique, de ce côté-ci, en fait,
de la table, était beaucoup plus de favoriser le ministre puisqu'il en
est à son premier projet de loi, de faire en sorte que ce soit un des
plus beaux projets de loi de l'Assemblée nationale pour la fin de
session.
M. Sirros: Ce n'est pas nécessaire!
Mme Vermette: C'est un baptême et, comme on parle
d'adoption internationale...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, madame. M. le
ministre.
Une voix: C'est le ministre qui est un baptême?
Mme Vermette: Je parlais du projet de loi!
Le Président (M. Joly): Mme la députée
de
Marie-Victorin, je m'excuse, mais est-ce que vous dirigez le quolibet
à l'endroit du ministre ou à l'endroit du projet?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je vous demanderais de retirer vos
paroles, Mme la députée de Marie-Victorin, s'il vous plaît.
J'apprécierais, là.
Mme Vermette: m. le président, jamais n'est venu à
mon intention de tenir les propos... je parlais du projet de loi, que
c'était pour le ministre un baptême, le fait que c'est son premier
projet de loi.
M. Sirros: Est-ce que je peux dire que je considère la
député comme une bonne chrétienne?
Mme Vermette: C'était plutôt comme
événement heureux, en fait, et surtout ici au Québec; vous
savez à quel point c'est important, tout ce qu'on peut mettre autour
d'un baptême, lorsqu'on a une nouvelle naissance. Un projet de loi, c'est
un peu comme un nouveau bébé, en fin de compte, et je le
considère comme tel. Quand je parlais du terme, M. le Président,
rassurez-vous, je n'avais aucun propos à l'endroit du ministre, bien au
contraire. J'ai trop de considération pour le ministre, vous le savez
fort bien. Mais tout ce que je veux lui dire, ce que je veux lui assurer, c'est
qu'on voudrait que ce bébé qu'est son projet de loi fasse l'objet
d'un somptueux baptême. C'est ce que je voulais lui dire.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Joly): Alors, si je comprends bien, vous
aimeriez qu'on adopte le bébé?
Mme Vermette: Bien, écoutez, éventuellement; il y a
des bébés prématurés. Il faut leur donner un peu
plus de soins. Alors, c'est dans ce sens-là, M. le Président,
que...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Un peu
d'ordre, s'il vous plaît! M. Claveau, je pense que vous dérangez
l'assemblée. M. le député d'Ungava, il me semble
que...
Mme Boucher Bacon: II va venir baptiser, lui.
M. Sirros: II veut assister au baptême! Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): II semble que vous arrivez
à un moment où...
M. Claveau: Est-ce qu'il y a un parrainage en vue, M. le
Président?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: II faudrait demander, monsieur, au Tribunal de la
jeunesse si on peut, par exemple, faire une demande de placement, savoir
l'ordre de grandeur, en tout cas, si on lui donnera une famille importante, une
famille, en tout cas, qui pourra faire l'objet de fierté quant à
cette adoption du projet de loi. Mais, M. le Président, c'est ce que
j'étais en train de dire, à quel point c'est important,
justement, qu'on puisse prendre le temps, en fin de session, de se pencher sur
des projets de loi pour les bonifier et je trouve, actuellement, la
procédure que nous devons subir en fin de session de moins en moins
valable. Parce que je ne crois pas que ce que nous... Bon, d'abord, d'une part,
parce qu'on ne peut pas se rendre jusqu'à la fin des projets de loi. Il
y a déjà eu dans les années antérieures, sous
d'autres gouvernements, des études de projets de loi qui duraient 250
heures ou 300 heures, alors qu'on est rendus à peine à 15 heures
et on nous met des bâillons. On va tellement rapidement qu'on est
obligés de reprendre, en fait, l'étude des projets de loi. Moi,
je me dis que, tant qu'à faire, il n'y a pas urgence en la demeure et ce
qui est important, dans le fond, c'est de bien légiférer,
d'autant plus que, M. le Président, quand le gouvernement libéral
a pris le pouvoir, un de ses objectifs était de légiférer
moins, mais de légiférer mieux. Donc, nous nous appliquons
actuellement, ici en commission parlementaire, à faire en sorte qu'on
puisse arriver à légiférer mieux et à
légiférer moins. C'est pour ça, aussi, qu'on s'applique
actuellement à regarder paragraphe par paragraphe, alinéa par
alinéa, pour faire en sorte, justement, que se fasse cette
adoption-là dans l'allégresse la plus totale, voilà...
M. Tremblay (Rimouski): Dans l'allégresse, Mme la
députée...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: ...et qu'on puisse trouver que le projet de loi
aura atteint l'objectif proposé autant de la part du gouvernement que de
l'Opposition. Croyez-nous, dans ce projet de loi là, nous sommes tout
étant désireux que vous de faire en sorte de bien servir les
parents adoptants du Québec pour qu'ils puissent, justement,
réaliser leur souhait le plus important qui est de faire une famille
québécoise.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je
répète à Mme la députée de Marie-Victorin de
ne pas se sentir obligée de parler, vous savez. Et si elle a des
amendements, je lui demanderais, s'il vous plaît, de les déposer
pour qu'on puisse statuer sur la qualité de ces amendements-là.
Comme il y a des nouvelles recrues qui sont arrivées de l'autre
côté, ne vous gênez-pas, pour qu'on puisse changer le ton de
la discussion!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): m. le député de
rimouski, je comprends ce que vous avez actuellement à soumettre, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Claveau: Question d'information, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous aussi, monsieur...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je retire mes
paroles.
M. Claveau: Je voudrais juste savoir, là, quel est le ton
que préfère le député de Rimouski.
Le Président (M. Joly): Monsieur, je m'excuse, mais je
pense que vous connaissez les règles. Vous savez que vous n'avez pas le
droit d'intervenir lorsqu'un ou une députée est en pleine
livraison d'un message. Alors, en partant de là, vous ne faites
simplement que retarder les travaux de la commission. Alors, je peux vous dire
une chose: Je vais, à un moment donné, vous refuser le droit de
parole. (20 h 45)
M. Tremblay (Rimouski): Pardon?
M. Claveau: Hein! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Oui, oui, et vous ne pourrez pas
contester le jugement que j'apporterai. Partant de là, à moins
que ce ne soit une question de règlement, en vertu de nos
règlements et que vous puissiez identifier le numéro de
l'article, à ce moment-là, je vous reconnaîtrai. Alors, Mme
la députée de Marie-Victorin, s'il vous plaît, allez.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors,
j'étais toujours en train de disserter à l'effet que nous
étions en train d'aider le ministre dans son projet de loi et que
c'était notre intention de lui apporter tous les arguments que nous
connaissons et qui nous ont été rapportés tantôt par
les membres du Barreau, tantôt par les organismes, tantôt par des
associations de parents ou même, des fois, par des professionnels qui
sont impliqués par de tels projets de loi. Ce qu'on essaie de faire
passer... Parce que c'est aussi notre mandat, en tant qu'élus, de
représenter, en fait, les demandes de nos électeurs et de nos
électrices, d'être un peu ce porte-parole, cette courroie de
transmission entre les différents groupes qui existent dans la
société et le monde parlementaire. Moi, je veux bien jouer mon
rôle en tant que parlementaire, je veux le jouer pleinement et je veux
apporter, en fait, tous...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): question d'ordre, m. le président.
le député d'ungava est en train de nous fumer une cigarette en
pleine commission parlementaire, ce qui est défendu, tout à fait
défendu.
M. Claveau: M. le Président, je ne suis pas dans la
salle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je retire mes
accusations. Je m'en excuse.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...j'avais compris que le député de
Rimouski était visuel plutôt qu'auditif, mais je m'aperçois
qu'il a une capacité visuelle aussi diminuée, parce que le
député d'Ungava n'est pas ici.
Le Président (M. Joly): je pense qu'il est parti... sans
vouloir préjuger, je pense qu'il est parti du fait qu'il n'y avait pas
de fumée sans feu. alors, partant de là, il a plutôt
endossé l'item de la prévention. mme la
députée.
Mme Vermette: On a vu, aussi, qu'il y a beaucoup...
Le Président (M. Joly): J'espère que ça n'a
pas coupé le fil de votre...
Une voix: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Non, M. le Président, parce que, quand vous
avez parlé de fumée, je pensais à cette fumée
blanche qu'on attendait la semaine
passée, M. le Président, au moment où les premiers
ministres étaient en catimini, en fin de compte, comme dans un conclave:
à un moment donné, on attendait que la fumée blanche
puisse sortir. Il y a eu beaucoup de fumée noire...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, la pertinence du
débat. On est rendus au lac Meech.
Le Président (M. Joly): Honnêtement, M. le
député de Rimouski, je dois vous reconnaître, je sais que
vous invoquez l'article 211. Alors, partant de là, je dois quand
même rappeler à l'ordre Mme la députée de
Marie-Victorin. S'il vous plaît!
M. Sirros: Est-ce que l'article est adopté?
Mme Vermette: Non, il n'est pas adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): II reste encore quelques minutes
à Mme la députée de Marie-Victorin. Je me dois de
reconnaître le temps qui lui est consenti de par le règlement,
article 245. S'il vous plaît, Mme la députée.
Mme Vermette: Alors, sans fumée, M. le Président,
je voudrais pouvoir terminer, en fait, cette argumentation en disant au
ministre qu'il peut compter sur notre bonne foi afin de lui apporter tout ce
qu'on connaît sur la situation pour améliorer ou bonifier, en
fait, le projet de loi. Je rappellerais au ministre, aussi, qu'à un
moment donné j'ai mol-même déposé un projet de loi
en Chambre qui s'appelle le projet de loi 191. Je suis convaincue que,
lorsqu'on en fera la discussion, je pourrai peut-être, même au
point de départ, être "filibustée" sans même que je
puisse en discuter. Je comprendrai que ce sera les règles du jeu qui
s'appliqueront dans mon cas et j'accepterai la situation, je n'aurai pas
d'autres moyens que de dire: Bien, écoutez, c'est les règles du
jeu qui s'appliquent ici, dans cette Chambre, dans ce Parlement. Mais je ne
pourrai pas dire que je n'aurai pas fait mon effort, en tout cas, pour
améliorer ou faire en sorte que les gens qui ont cru, en fait, à
leurs démarches... Parce que je me considère toujours comme un
porte-parole, une courroie de transmission pour différents groupes dans
le milieu. Alors, pour tous ces gens qui ont cru en moi comme étant une
courroie de transmission, au moins, j'aurai fait mon effort et j'aurai fait un
effort substantiel pour arriver à convaincre, dans ce cas-ci, le
ministre, avec le projet de loi que j'ai déposé, le projet de loi
191, et à au moins convaincre une bonne partie de la deputation
ministérielle de l'effet bénéfique de la création
d'un Conseil québécois de la toxicomanie. Alors, M. le
Président, on connaît les règles du jeu et je pense qu'on
les accepte, puis on les vit aussi, tout simplement.
Tout ça pour arriver à la conclusion que l'article, en fin
de compte, quant à moi, aurait bénéficié de
certains éclaircissements. Notamment, même si ça s'applique
du côté administratif, il aurait été, en tout cas,
souhaitable, pour le bénéfice des gens de cette commission qui
sont assis ici, qu'on prenne la pleine connaissance, l'entière
connaissance, en fait, des nouvelles structures que l'on veut développer
au niveau du Secrétariat, qu'on puisse savoir exactement quel
rôle-conseil puisque c'est très vague, conseiller, et que c'est
sujet... En tout cas, ça ne fait qu'être des voeux pieux. Il
aurait été souhaitable, en tout cas, qu'on puisse avoir beaucoup
plus de certitudes, de garanties sur les orientations que le ministre aurait
aimé, en fin de compte, donner comme rôle essentiel au niveau du
Secrétariat, et sur ça, encore une fois, on nage en pleine
fumée, M. le Président. C'est nébuleux, on n'a pas tout
à fait encore les réponses auxquelles on était en droit de
s'attendre, puisque, comme je l'ai mentionné tantôt, le ministre
avait déjà participé à d'autres consultations, il
connaissait très bien la situation pour avoir été membre
de cette commission et avoir participé aussi à toute l'audition
des mémoires. Je pensais que, justement...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée. Est-ce que c'est en vertu d'une question de
règlement, M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Oui, en vertu de l'article 207 du
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Qui.. Oui, un instant, s'il vous
plaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je vais quand même
vérifier.
M. Tremblay (Rimouski): C'est parce que mon degré de
compréhension est atteint. Je dois dire que, quand elle dit qu'elle nage
en pleine fumée, là, je ne peux plus comprendre. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, on n'est toujours pas
responsables de la grandeur des vases.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, là, mais je ne
veux pas embarquer dans ce jeu-là. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Mme la députée.
Mme Vermette: Oui. Je vois qu'il y a de la surchauffe; alors, la
surchauffe, ça fait de la fumée, M. le Président. De
l'autre côté, je vois que les gens, en fin de compte, sont,
voilà, très exubérants et c'est pour ça que je me
dis que je nage en pleine fumée, parce que devant moi je vois ça,
ici, c'est assez...
Une voix: Noyez-vous pas! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Mme la députée, ,
est-ce que je dois présumer que vous avez fini votre intervention?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Pas tout à fait, M. le Président, pas
tout à fait.
Le Président (M. Joly): En conclusion, là. Moi,
je...
Mme Vermette: J'étais dans ma conclusion, justement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Oui, s'il vous plaît, parce
que, là, on achève.
Mme Vermette: J'étais, M. le Président, en pleine
conclusion en disant effectivement qu'il aurait été, en tout cas,
souhaitable d'avoir davantage d'informations, puisque le ministre connaissait
ce dossier, puisque c'est le ministre qui a demandé - j'imagine - de
faire ce projet de loi parce qu'il était convaincu qu'il y avait des
réformes importantes, en fait, à proposer au niveau de l'adoption
internationale. Compte tenu qu'on a un intérim depuis plus de trois ans,
maintenant, au Secrétariat à l'adoption, qu'il y a des
réponses que sûrement, en fait, il aurait été
capable, en tout cas, de nous donner, puisque déjà le ministre
connaissait le dossier, qu'il avait aussi été mis au courant de
certaines situations, c'était peut-être, au moment de
présenter le projet de loi, une excellente occasion aussi de
s'enquérir et de regarder, en fait, les structures du Secrétariat
et de vérifier dans quelle orientation, maintenant, quant à
l'avenir, le Secrétariat devra s'articuler. Je m'étonne, encore
une fois, que le ministre nous dise qu'au moment opportun... Je reconnais que
c'est son privilège, mais je peux tout simplement faire un constat et
dire que je suis tout à fait étonnée de voir que le
ministre, en fait, tarde encore une fois à nous apporter la
réforme qui avait été promise...
Le Président (M. Joly): Alors, Mme la
députée...
Mme Vermette: ...au moment de l'adoption de la loi 21. Je vous
remercie, M. le Président. J'avais terminé, j'avais compris que
vous étiez en train de me donner le point final.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre, vous avez,
je pense, demandé... Non?
M. Sirros: Je vais m'efforcer d'écouter les... À
moins que je ne puisse offrir un gros cigare au député d'Ungava
pour qu'il aille fumer quelque part?
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'alinéa 3 de
l'article 8 est adopté?
M. Claveau: J'ai demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Oh! excusez. M. Claveau:
Oui.
Le Président (M. Joly): Je pensais que c'était la
main de la paix qui se levait.
M. Claveau: On ne m'aura tout de même pas avec un
cigare.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, je vais reconnaître
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je retiens une
phrase-clé dans ce projet de loi sur laquelle j'aurais peut-être
deux petits mots à dire. Quant au Secrétariat, en modifiant son
rôle, en modifiant la mission première qu'on lui avait
donnée, on dit que maintenant, au lieu d'avoir l'obligation de tout
orchestrer, de tout coordonner, on va uniquement lui demander qu'il agisse
à la demande de l'adoptant pour effectuer pour lui des démarches
d'adoption. Enfin, de chef d'orchestre, on l'a réduit à un
rôle qui n'est même pas celui du premier violon.
M. le Président, il serait peut-être intéressant de
pouvoir entendre le responsable du Secrétariat à l'adoption
s'exprimer là-dessus pour avoir son point de vue général
sur la modification, la réorientation du Secrétariat, dans la
mesure où le ministre a peut-être bénéficié -
et nous souhaitons, d'ailleurs, que le ministre en ait
bénéficié - de ses réflexions pour préparer
cette phrase-clé. Mais, malheureusement, nous, les membres de la
commission, nous n'avons pas pu bénéficier de ces mêmes
informations, ce qui fait que nous restons avec un certain nombre de doutes, un
certain nombre de préoccupations, de questions qui méritent
d'être posées étant donné que...
Le Président (M. Joly): Excusez. M. le ministre.
M. Sirros: Pour ma compréhension, M. le Président,
une question au député d'Ungava. Est-ce que je dois comprendre
que les membres de l'Opposition auraient souhaité garder le
Secrétariat comme chef d'orchestre, tel qu'il était avant? Est-ce
que je lis bien les commentaires du député d'Ungava?
M. Claveau: M. le Président, absolument pas.
M. Sirros: Mais vous êtes surpris qu'on change son
rôle.
M. Claveau: Je ne suis pas surpris, je constate qu'on a
changé son rôle.
M. Sirros: Ah! O.K.
M. Claveau: Si vous me le permettez, M. le Président, je
ne fais que constater qu'il est passé d'un extrême à
l'autre, comme je le disais juste avant la suspension...
M. Sirros: Donc, vous constatez qu'on change son rôle.
C'est bon de savoir ça.
M. Claveau: ...pour la pause de 18 heures, et rien de plus, M. le
Président. N'ayez crainte. De toute façon, il devrait y avoir un
certain nombre de règlements qui accompagnent ce projet de loi
là. Ça ne peut pas faire autrement parce que, à
première vue, ce n'est pas quelque chose qui est nécessairement
facile à encadrer. Vous en conviendrez avec moi, j'en suis certain, avec
tout le sérieux qu'on doit donner à nos travaux. Il est bien
évident qu'il faut se questionner sur la façon dont on va
encadrer ce nouveau fonctionnement-là. Par exemple, quand on dit: "II
peut également, à la demande de l'adoptant, effectuer pour lui
les démarches d'adoption". "Peut", est-ce que ça veut dire qu'il
peut aussi refuser de le faire pour un adoptant qui le lui demanderait et
décider que, dans ce cas-là particulier, il ne le fera pas? Donc,
le service donné, à ce moment-là, si telle est
l'interprétation, ne serait pas le même pour tout le monde. Un
adoptant pourrait, pour une raison ou une autre, bénéficier du
service et un autre, à côté, qui se présenterait une
demi-heure plus tard, lui, ne pourrait pas en bénéficier pour
d'autres raisons qui seraient tout aussi vagues que celles qui font que le
premier a pu en bénéficier.
Vous voyez qu'il y a là comme une marge de manoeuvre qui nous
semble un petit peu large et dans la mesure où un projet de loi est
toujours conçu et doit être conçu de façon à
desservir également toute la population, tous ceux à qui il
s'adresse, eh bien, on devrait savoir quelles sont les règles qui vont
régir l'application du terme "peut". Il est important pour nous, donc,
de savoir, avant de voter sur un point aussi primordial, à quoi
ça rime, qui sont ceux qui vont pouvoir en bénéficier,
comment ils vont en bénéficier, qu'est-ce que ça va leur
coûter et, s'ils ne peuvent pas en bénéficier, bien,
pourquoi ils ne peuvent pas en bénéficier. Est-ce que le
Secrétariat à l'adoption, par exemple, va être
dérégionalisé dans les services qu'il va donner à
ceux qui font de l'adoption ou qui sont intéressés de recourir
à ses services pour adopter par le biais de la loi sur l'adoption
internationale? (21 heures)
M. le Président, personnellement, j'ai quelques doutes quant
à ce genre de service. Est-ce qu'il va y avoir des compensations, par
exemple, pour une famille demeurant à Matagami ou à
Sept-îles, ou quelque part en Gaspésie, à
Rivière-du-Loup, à Rimouski, qui devrait éventuellement se
déplacer à Montréal ou dans quelque autre centre urbain
d'importance pour avoir recours aux services du Secrétariat à
l'adoption? Est-ce qu'il va y avoir des dépenses de payées, des
frais? Ou est-ce que la personne qui vit en région va devoir, comme
d'habitude, comme c'est toujours le cas, payer elle-même et, finalement,
en bout de piste, payer plus cher pour le même service que si elle avait
eu l'opportunité de demeurer dans les centres urbains, là
où on retrouve plein de services?
Vous savez, M. le Président, ce projet de loi soulève,
encore une fois, tout un problème de société: le
problème de la disparité entre les régions et les centres
urbains, dans la mesure où on décide, par le biais d'une loi, de
permettre que le Secrétariat puisse donner, à sa convenance, ou
du moins on peut le supposer, des services à qui il décide bien
qu'il va en donner. Ça, ça veut dire que, si, moi,
résident de Chapais, j'exige que le Secrétariat me donne un
service chez moi, en tant que citoyen du Québec qui a le droit,
normalement, de recevoir le même service que quelqu'un d'autre au
Québec, parce que mes taxes et mes impôts ne sont pas moindres,
que je vais aussi payer la TPS à partir du mois de janvier prochain, que
mon compte d'électricité ne sera pas diminué pour autant
et que, lorsque l'on applique une loi fiscale, elle s'applique de la même
façon qu'ailleurs au Québec, alors, il me semble que j'ai le
droit de recevoir tous les services que l'État québécois
donne à l'ensemble de ses citoyens sans que ça me coûte
plus cher.
Alors, quand, par exemple, on dit que le Secrétariat a le choix
ou qu'on peut prétendre, par la formulation de la phrase, que le
Secrétariat aurait le choix de déterminer qui il va aider et qui
il n'aidera pas dans son processus d'adoption ou dans ses démarches en
fonction de la réalisation d'une adoption internationale, eh bien, moi,
en tant qu'habitant d'une région éloignée... Et je suis
certain que mon collègue de Rimouski et mon collègue de
Gaspé ont eu exactement le même réflexe que moi, qu'ils ont
dit: Mon Dieu,
mais est-ce que le "peut" veut dire que, si je viens de trop loin, puis
si ça risque d'engendrer des frais supplémentaires pour le
Secrétariat, eh bien, tout simplement, on va dire: Non monsieur, c'est
bien dommage, nous ne pouvons acquiescer à votre demande, parce que nous
n'offrons pas les services dans votre région? Ça peut être
une interprétation. Du moins, à la lecture de cette
phrase-là, on peut supposer que, un jour ou l'autre, quelqu'un quelque
part sur le territoire du Québec fera face à cette
interprétation-là.
Comme il est du rôle du législateur de s'assurer que,
lorsque l'on fait une loi pour les résidents du Québec, cette
loi-là soit équitable et soit applicable de la même
façon pour tout résident du Québec, peu importe où
il demeure, eh bien, M. le Président, en toute logique et en toute
pertinence, je me dois de me poser la question à savoir si les
résidents de mon comté pourront avoir exactement les mêmes
services que les résidents, par exemple, du comté de Saint-Henri
qui sont plus proches d'une agglomération urbaine d'importance, pour ne
pas dire qu'ils sont partie prenante d'une agglomération urbaine
d'importance. La question est ouverte et la réponse, nous ne l'avons
toujours pas.
En ce qui me concerne, je décèle dans la formulation que
l'on a prise pour écrire ces deux petites lignes anodines qu'il peut y
avoir là une discrimination qui s'exercerait contre les habitants des
régions éloignées. Mon premier rôle à cette
commission, M. le Président, est d'abord et avant tout de bien
représenter ceux qui m'ont élu. Et ceux qui m'ont élu, ce
sont les gens de la région la plus éloignée du
Québec, ceux du comté d'Ungava. Le rôle du
député de Rimouski, que je prends comme ça, au hasard,
à titre d'exemple...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...devrait être le même. Dans ce
sens-là, je comprends que le député de Rimouski semble
avoir à l'occasion, d'après ce que l'on peut constater de visu,
quelques réserves sur l'application d'un tel projet de loi qui risque
encore une fois, et je me dois de le répéter au ministre, d'avoir
certaines connotations discriminatoires envers des résidents des
régions éloignées ou des régions
périphériques, parce qu'ils ne pourraient avoir droit aux
mêmes services de la part du Secrétariat à l'adoption. Dans
ce sens-là, j'aurais presque envie, M. le Président, si nous
n'étions pas si tard dans la journée, de déposer une
motion à l'effet que l'on puisse entendre le responsable du
Secrétariat pour qu'il nous dise de quelle façon il entend
gérer tout ça, comment il va s'assurer, lui, avec le peu de
paramètres qu'on a dans la loi, que le service qu'il aura à
donner, il va le donner de façon équitable, il va le
répartir d'une façon correcte pour tous les habitants du
territoire du Québec.
M. le Président, je ne nage pas dans les hypothèses
lorsque je dis ça.
Des voix: Dans la brume, dans la fumée. Une voix:
Dans la brume.
M. Claveau: Je ne suis pas dans le brouillard qui accompagne
souvent les matinées fraîches du Saint-Laurent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président...
Mme Vermette: C'est un poète.
M. Claveau: M. le Président, savez-vous, par exemple, que,
juste à titre d'exemple...
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député, je tiens à vous aviser qu'il vous reste seulement
neuf minutes.
M. Claveau: À peine, M. le Président. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est dommage. Il m'en aurait fallu peut-être
un peu plus pour convaincre le ministre de la nécessité de revoir
la formulation pour s'assurer qu'il n'y ait pas de discrimination. Mais,
lorsque je dis ça, M. le Président, il y a des collègues
ici, dans cette salle, qui viennent aussi de régions
éloignées et qui sont a même de corroborer mes dires. Je
prends des exemples qui vont peut-être sembler impertinents dans leur
application restreinte, mais qui sont très pertinents pour permettre de
comprendre les effets que peut avoir la loi sur les services à donner en
région éloignée. Je vais même prendre un exemple qui
s'adresse au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Savez-vous que quelqu'un qui se retrouve du jour au lendemain avec un cancer et
qui demeure en région éloignée est drôlement mal
pris?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je demanderais la
pertinence du débat. Il vient d'affirmer lui-même que l'exemple
qu'il va donner est impertinent et, nous, on veut avoir la pertinence du
débat. Alors, M. le député, s'il vous plaît,
donnez-nous des exemples pertinents.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Excusez. Je vais quand même
me permettre de lire l'alinéa 3 de l'article 8 qui dit: "II peut
également, à la demande de l'adoptant, effectuer pour lui les
démarches d'adoption." Vous me semblez très, très loin des
démarches d'adoption, si vous êtes rendu avec un
cancéreux.
M. Claveau: M. le Président, j'essaie de donner un
exemple, et un exemple, d'ailleurs, pour lequel mon collègue de Rimouski
devrait être satisfait puisqu'il reprend des problèmes que
lui-même vit dans sa région...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, là...
M. Claveau:... et qu'il ne peut peut-être pas
défendre.
Le Président (M. Joly):... mais je me dois de trancher. Ce
n'est pas parce que l'exemple que vous donnez s'applique à un autre
collègue ou à un autre membre de cette Assemblée dans une
autre région donnée que c'est pertinent au projet de loi. Alors,
je m'excuse, M. le député, mais j'apprécierais beaucoup si
on pouvait revenir sur, en fait, la pertinence de l'article en question.
M. Claveau: O. K. M. le Président, on aura toujours
l'opportunité de revenir là-dessus, de toute façon. Je
pense qu'au moment où on est, chez certains de mes collègues,
pour le moins, je vois une lueur qui s'allume dans leur oeil et qui me permet
de croire qu'ils saisissent pour l'essentiel la problématique des
régions éloignées et que, dans ce sens-là, ils
seront tout à fait convaincus, à la fin de mon Intervention, et
voteront de notre côté quant à la nécessité,
éventuellement, d'aller un petit peu plus dans le détail en ce
qui concerne la possibilité pour le Secrétariat de donner des
services à sa guise ou selon son choix ou, on ne sait pas,
peut-être selon l'humeur momentanée du personnel. Enfin, on ne
sait pas. Il n'a pas précisé. je reviens maintenant sur la
deuxième partie de la phrase, m. le président, puisque vous m'y
obligez presque de par votre dernière intervention, où on dit -
et on peut le lire, après la virgule - "effectuer pour lui les
démarches d'adoption. " de quelle sorte de démarches s'agit-il,
m. le président? jusqu'où vont aller ces
démarches-là? est-ce que dans un cas ce sont des démarches
qui pourraient engendrer des frais ou des dépenses additionnelles qui
devraient être couverts par l'ensemble des citoyens du québec? et
est-ce que, dans un autre cas, par exemple, on refuserait ou on pourrait faire
moins de démarches ou engager moins de frais d'un cas à l'autre?
encore là, m. le président, je pense que, pour pouvoir voter en
toute conscience, sciemment, comme on le disait, sur cet article-là du
projet de loi, il faudrait être mis au courant de la
réglementation qui va accompagner ça. qu'est-ce qui va encadrer,
qu'est-ce qui va rendre objectif le procédé employé par le
secrétariat à l'adoption?
Lorsqu'on a fait la Loi sur les forêts, par exemple, M. le
Président...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: le ministre nous a déposé le manuel des
modalités d'intervention en milieu forestier.
Le Président (M. Joly): Écoutez, je m'excuse,
là. L'article 211, toujours, M. le député, s'il vous
plaît!
M. Claveau: Je donne un petit exemple, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Je pense
que vous pouvez peut être avoir une certaine forme de plaisir, là,
à déborder, mais pensez à ceux qui subissent le
débordement.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, on a de la
misère à suivre M. le député d'Ungava, puis, des
fois...
Le Président (M. Joly): Je ne vous en demande pas tant que
ça, de le suivre.
Dm voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je vous demande juste d'être
pertinent, M. le député. Je ne veux pas vous imposer ça,
là; moi, je vous dis: M. le député, s'il vous plaît,
essayez d'être pertinent. Si vous vouiez qu'on fasse avancer cette
commission.
M. Claveau: Oui, oui. M. le Président, il me semble...
Le Président (M. Joly): Je comprends que vous faites un
bel effort, là, je l'apprécie beaucoup...
M. Claveau: II me semble que j'étais très
pertinent.
Le Président (M. Joly):.. mais regardez toujours
l'alinéa 3 de l'article 8.
M. Claveau: Oui, oui. On en était à la
démarche d'adoption qui peut recevoir un appui non
déterminé de la part du Secrétariat, M. le
Président. Moi, je disais tout simplement qu'il serait nécessaire
ou de bon aloi, pour le moins, que le ministre dépose sa
réglementation là-dessus pour faire en sorte de légitimer,
d'encadrer, de rendre objectif le processus employé par le
Secrétariat, afin qu'on puisse voter sur une phrase anodine, à
première vue, mais qui peut avoir d'énormes impacts en termes de
discrimination régionale, entre autres, afin que, finalement, on vote
là-dessus, donc, en sachant sur quoi on vote exactement, si on donne le
feu vert, si on donne un mandat, un chèque en blanc au
Secrétariat, ou si, au contraire, ce chèque-là est assorti
d'un certain nombre de considérants qui vont obliger le
Secrétariat à donner les mêmes
services à tous les individus, qu'importe où ils se
trouvent sur le territoire du Québec, sans que ça coûte
plus cher à l'un ou à l'autre. C'est quand même important
comme encadrement nécessaire, là, de savoir sur quoi on
travaille!
Moi, M. le Président, j'ai plein de gens dans mon comté
qui en ont assez! J'aurais dit "jusque-là", mais, mon signe
n'apparaissant pas au Journal des débats, je vais dire qu'ils en
ont assez de payer toujours plus cher pour quelque service qu'ils veulent
recevoir, continuellement. Si vous avez un problème avec un
spécialiste, il faut que vous vous déplaciez. Si vous avez un
problème, ne serait-ce que pour immatriculer un véhicule, il faut
perdre une journée d'ouvrage et puis souvent faire jusqu'à 160
kilomètres, comme dans certains cas, aller-retour, ce qui fait 320
kilomètres, plus une journée d'ouvrage, pour uniquement
immatriculer un véhicule ou faire un transfert sur une vieille carcasse
qu'on veut envoyer à la "scrap". Ce sont des frais
supplémentaires qui ne sont considérés, d'aucune
façon, par personne. Je veux m'assurer, moi, M. le Président,
que, dans ce projet de loi, comme dans d'autres, d'ailleurs, mais, dans ce
cas-là très précisément, on va donner le même
service et que le Secrétariat sera obligé, de par une
réglementation ferme, de faire en sorte que les habitants du
comté d'Ungava, comme ceux du comté de Duplessis, comme ceux des
comtés de Saguenay, de Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi, de la
Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent...
Une voix: Sherbrooke.
M. Claveau: ...aient les mêmes services que les
résidents qui vivent proche des bureaux, parce que je ne retrouve aucune
clause de régionalisation dans les services en question. Il n'y en a
pas, de bureau de Secrétariat à l'adoption chez nous et,
pourtant, quoique vous puissiez en penser, M. le Président, il y a des
gens qui font de l'adoption internationale dans les régions.
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas à moi, disons,
de penser que les gens en font chez vous ou n'en font pas.
M. Claveau: Non, mais... (21 h 15)
Le Président (M. Joly): Je n'ai jamais douté de la
générosité des gens de chez vous.
M. Claveau: Vous comprenez, M. le Président, comme je ne
peux pas m'adresser...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, mais vous me lancez
des...
M. Claveau: ...directement à un membre de la commission,
je le dis à vous comme si je le disais au ministre et vous lui ferez le
message.
Le Président (M. Joly): J'apprécierais que vous le
formuliez de façon que je ne me sente pas un peu tassé dans le
coin ou accusé.
M. Claveau: Mais non, M. le Président. Vous savez
très bien, dans la dynamique de nos commissions parlementaires, que,
règle générale, on s'adresse au président, comme en
Chambre, d'ailleurs. Lorsqu'on est insatisfait du comportement, enfin, s'il y a
quelque chose qui ne nous plaît pas...
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est...
M. Claveau: ...nous nous adressons au président qui...
Le Président (M. Joly): ...le petit ajout que vous avez
fait. Vous avez dit: Quoique...
M. Claveau: ...lui, se charge de répartir...
Le Président (M. Joly): ...vous en pensiez, M. le
Président. Alors, là, vous vous adressiez vraiment à moi
personnellement.
M. Claveau: M. le Président, j'ai peut-être fait un
lapsus ou, enfin, j'ai été peut-être mal cité, mais
disons que ce que je voulais dire, c'est: Quoique le ministre puisse en penser,
voulez-vous lui faire le message, s'il vous plaît, à l'effet qu'il
y a des gens dans les régions qui font de l'adoption internationale.
Le Président (M. Joly): Excusez. Est-ce que, M. le
ministre, vous aimeriez répliquer à ce que dit M. le
député d'Ungava...
M. Sirros: M. le Président, je m'attendais à ce que
vous...
Le Président (M. Joly): ...qui, nécessairement,
aimerait vous citer que dans la région d'ungava il y a des gens qui
semblent disposés à vouloir faire de l'adoption
internationale...
M. Claveau: Qui en font.
Le Président (M. Joly): ...mais, dû au fait qu'il
n'y a pas de bureaux régionaux, donc n'ayant pas les services, ça
semble les ralentir dans leur ambition de vouloir adopter des enfants sur la
base internationale? Alors, je ne sais pas si je me suis fait assez clair comme
trait d'union ou comme porte-parole entre le député d'Ungava et
vous, M. le ministre.
M. Sirros: Tellement clair, M. le Président, que le
député d'Ungava n'aura plus besoin de parler.
Le Président (M. Joly): Alors, est-ce qu'on peut
considérer l'alinéa 3 de l'article 8 comme
étant adopté?
M. Claveau: M. le Président, U doit me rester encore une
minute ou deux pour conclure?
Le Président (M. Joly): Je vous le permets, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Écoutez, M. le Président, quand
même, il faut aller au fond des choses. Je suis de ceux, M. le
Préskient, qui pensent que, lorsqu'on légifère, c'est pour
tout le monde - je dois le répéter: C'est pour tout le monde - et
que l'on doit se donner les paramètres qui font en sorte que l'on ne
puisse oublier quelqu'un. Dans le domaine municipal, on dit qu'un
règlement n'est pas nécessairement mis en vigueur, mais,
lorsqu'on l'applique, il faut l'appliquer équitablement pour toute la
population. Si on ne l'applique pas, on ne l'applique pour personne et, si on
l'applique, il faut que tous les résidents de la municipalité
soient traités de la même façon. Ça devrait
être la même chose dans le cas d'un Etat, M. le Président,
comme l'État du Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Mais c'est certain que, à cause de certaines
disparités territoriales, de certains espaces, c'est plus difficile
à couvrir que dans le cas d'une municipalité; M y a des
contraintes qui apparaissent. Mais il faut trouver les moyens de baliser ces
contraintes-là pour faire en sorte que ça ne coûte pas plus
cher, que les résidents des régions aient droit aux mêmes
services que ceux d'ailleurs, ne serait-ce que pour une question de
délai, par exemple, M. le Président.
Lorsque vous devez avoir des services de quelque bureau que ce soit en
milieu métropolitain, que vous demeurez à 800 kilomètres
de route et que vous n'avez peut-être pas les moyens de vous payer
l'avion parce que ça coûte plus cher de faire le voyage
Montréal-Chibouga-mau en avion que ça ne coûte d'aller en
Europe, eh bien, vous avez aussi des délais qui sont
nécessairement plus longs. Vous ne pouvez pas profiter de votre heure du
dîner pour aller faire un saut au bureau pour vérifier où
en sont les papiers, parce que votre saut au bureau s'accompagne de 1600
kilomètres de route, la moitié pour aller et la moitié
pour revenir. C'est difficile à faire à l'heure du dîner.
C'est des choses comme ça sur toute la ligne, ce qui fait qu'il faut se
fixer des rendez-vous d'avance, il faut prévoir la perte d'une
journée ou deux d'ouvrage peut-être, il faut s'assurer que son
véhicule soit en bon état parce que le transport en commun...
Vous comprendrez que prendre le métro sur 800 kilomètres,
ça serait difficile; les trains, il n'y en a plus et, en autobus, il
faut coucher une fois en route pour descendre et une fois en route pour
remonter, deux nuits de plus sur la route. Alors, ce n'est pas
intéressant non plus. Alors, il faut que ton véhicule soit en bon
état. Il faut s'assurer, enfin, d'un certain nombre de choses auxquelles
le résident de la ville, le citadin en général, n'a pas
à penser, et ce sont des frais qui ne sont jamais
considérés dans quelque loi que ce soit.
Je voudrais, en ce qui me concerne, M. le Président, que l'on
commence peut-être par cette loi là. Il faut commencer à
quelque part. Un jour ou l'autre, il va falloir qu'un ministre en particulier
commence à se pencher sur le problème et introduise une
première loi qui va faire en sorte qu'on élimine les
disparités régionales. Et il ne faut pas s'en faire, M. le
Président. Vous savez, le mythe des gros salaires, dans le Nord, y faut
l'oublier. Le salaire minimum, chez nous, c'est le même qu'à
Montréal. Puis, à bien des égards, un gars qui travaille
dans les mines et les moulins à scie, ça gagne moins qu'un
chauffeur de métro et qu'un gars de la construction. Le salaire de la
construction est le même à Montréal que dans le Nord.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Et un camionneur ne gagne pas plus, mais paie plus
cher pour ses morceaux. Alors, quand on prend tout ça en
considération...
Le Président (M. Joly): Alors, je vous remercie de votre
intervention, M. le député d'Ungava. Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Claveau: Trente secondes, au moins pour...
Le Président
(M. Joly): je m'excuse, m. le
député d'ungava, vous avez vraiment dépassé votre
temps. vos 30 secondes, je peux peut-être vous les accorder.
M. Claveau: M. le Président, au moins par respect pour les
problématiques régionales...
Le Président (M. Joly): Oui, mais on est quand même
pas mal loin de ce qu'on a ici comme sujet.
M. Claveau: ...permettez-moi de dire au ministre qu'il aurait
là une belle occasion de montrer son intérêt pour
l'uniformisation des services, partout sur le territoire du québec.
exemple qui serait sûrement suivi par l'ensemble de ses collègues,
à la première occasion. merci, m. le président.
Le Président (M. Joly): Bon, c'est fini, là?
M. Claveau: C'est fini, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Bon, parfait M le
ministre, s'il vous plaît.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Ah! ça fait
toujours... il ne faudrait pas que je dise "plaisir", parce que ça va
l'encourager à continuer dans cette veine, mais disons que ça
été intéressant d'écouter le député
d'Ungava, au moins pendant la première partie de son intervention. Et
c'est à cette première partie de son intervention que j'aimerais
tout au moins apporter quelques précisions, parce que je ne voudrais pas
qu'on laisse ça sans une réponse ou sans quelques informations
qui pourraient tout au moins rassurer les gens qu'il ne s'agit pas d'une
opération de discrétion qu'ils trouveront au Secrétariat,
étant donné qu'on utilise le mot "peut" plutôt que le mot
"doit". J'aimerais tout au moins leur assurer qu'il y a effectivement des
règles de droit administratif qui existent, qui font en sorte que les
administrateurs publics doivent agir en tant qu'administrateurs prudents et
raisonnables. Et, dans le cas qui nous préoccupe, il y a un recours qui
est également à la disponibilité des parents ou des
personnes qui s'adressent au Secrétariat, et c'est le recours au
Protecteur du citoyen, étant donné qu'il s'agit d'une
administration publique. Et il est clair qu'on a changé ça de
"doit" à "peut" parce qu'on a, effectivement, recentré le
rôle du Secrétariat.
Alors, dans la première partie de l'intervention du
député, que j'avais suivie avec attention, je trouvais qu'il
importait que j'amène au moins ces précisions pour rassurer les
personnes qui pourraient être concernées de ne pas partir en
panique, tel que le suggérait le député d'Ungava, mais
qu'il y a, effectivement, certaines règles qui déterminent la
façon d'agir, pour assurer que, effectivement, les personnes sont
traitées équitablement, sans discrimination, selon les
règles du droit administratif, qui font en sorte que les administrateurs
publics doivent agir en tant qu'administrateurs prudents et raisonnables
vis-à-vis des citoyens, et qu'il y a aussi le recours disponible au
Protecteur du citoyen pour les gens qui utilisent des services en adoption
internationale, M. le Président.
Quant au reste, c'était intéressant, mais vraiment le
député d'Ungava pourrait faciliter l'étude du projet de
loi en parlant plus sur le projet de loi, comme il l'a fait au tout
début de son intervention, et moins sur les disparités
régionales et les difficultés de sa région à ce
moment-ci. Quoique c'est sûrement important et il joue son rôle de
défenseur de la population très efficacement, M. le
Président. Voilà!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce que
l'alinéa 3...
M. Sirros: Et j'aimerais accueillir le député de
Verdun, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci. Bienvenue, M. le
député de Verdun. Est-ce que l'alinéa 3 de l'article 8 est
adopté?
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander un vote nominal, s'il vous plaît?
Le Président (M. Joly): Sûrement, madame. C'est
votre droit.
Mme Vermette: Merci bien. Je voudrais entendre le
député de Verdun voter. Ça ferait plaisir à
entendre.
M. Gautrin: Merci, madame.
Mme Vermette: Je n'ai pas entendu sa voix; alors, ça me
fait un grand plaisir.
Le Président (M. Joly): M. le ministre et
député de Laurier?
M. Sirros: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gaspé?
M. Beaudin: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher Bacon: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Verdun?
M. Gautrin: Pour.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Saint-Henri?
Mme Loiselle: Pour.
Une voix: Est-ce que je vote, moi, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Non, madame, je m'excuse. Un bel
effort. M. le député de Fabre, pour. Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: Je vais m'abstenir, M. le Président. Faites
comme si je n'étais pas là.
Le Président (M. Joly): Alors, pour. Le troisième
alinéa est adopté. Maintenant, est-ce que l'article 8 est
adopté?
Mme Vermette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Nous allons maintenant appeler
l'article 9. Eî on me fait mention qu'il y a un papillon qui prend son
envol et qui est distribué aux membres de cette commission.
Évaluation psychosociale des adoptants
(suite)
M. Sirrps: Effectivement, M. le Président. Et, comme le
papillon remplace l'article 72.3, je vais vous lire le papillon au complet.
Alors, le papillon, c'est: Remplacer l'article 72.3 dans le projet de loi en
question par le suivant: "L'évaluation psychosociale de la personne qui
veut adopter un enfant domicilié hors du Québec est
effectuée par le directeur de la protection de ta jeunesse. Elle porte
notamment sur la capacité des adoptants de répondre aux besoins
physiques, psychiques et sociaux de l'enfant. "Dans le cas où l'adoption
doit être prononcée judiciairement hors du Québec,
l'évaluation peut aussi être effectuée, aux frais de
l'adoptant, par un membre ue la Corporation professionnelle des psychologues du
Québec ou de la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux du
Québec, choisi par l'adoptant sur une liste de noms fournie par la
corporation concernée et transmise au ministre. "
Nous avons, M. le Président, amplement discuté cet article
hier. C'est l'article qui établit la possibilité d'un recours
vers les travailleurs sociaux ou les psychologues, ainsi que le fait qu'il doit
y avoir des critères qui sont établis quant à
l'évaluation psychosociale en question, M. le Président. Et,
hier, nous avons abondamment traité de la question et je suis convaincu
que l'on réussira à l'adopter, cet article, avant un certain
moment donné très rapproché avant qu'on soit
appelés à sortir d'ici, parce que je sais que la
députée voudrait faire avancer les choses.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce que
l'article 9 est adopté?
Mme Vermette: M. le Président, j'avais...
Le Président (M. Joly): C'est-à-dire l'amendement
à l'article 9.
Mme Vermette: L'amendement, M. le Président. Alors, comme
on a, je pense, deux amendements, un amendement?
Le Président (M. Joly): Un amendement ici à
l'article 9.
Mme Vermette: Alors, on peut y aller alinéa par
alinéa.
Le Président (M. Joly): Oui, sûrement.
Mme Vermette: Alors, comme il y en a trois, on pourrait
peut-être prendre le premier alinéa.
Le Président (M. Joly): Donc, alinéa 1: "Cette loi
est modifiée par le remplacement de l'article 72.3..."
Mme Vermette: Oui. J'aurais des commentaires, parce que, vous
savez, ça fait beaucoup de choses.
M. Sirros: C'est quoi, l'alinéa 1? Le Président
(M. Joly): Excusez M. Sirros: Est-ce qu'on peut s'entendre? Mme
Vermette: II y a trois paragraphes.
M- Sirros: Alors, quel est le premier paragraphe? M. le
Président, je m'adresse à vous.
Le Président (M. Joly): Le premier paragraphe:
"L'évaluation psychosociale.' Ça, c'est le premier
paragraphe.
M. Sirros: Lequel? O.K.
Mme Vermette: "Dans le cas", c'est 2 et "l'évaluation",
c'est 3.
M. Sirros: Ce n'est pas: Remplacer l'article 72.3 par le
suivant.
Mme Vermette: Celui-ci, là.
Une voix: Vingt minutes là-dessus.
Mme Vermette: Ce qui nous a été
déposé, M. le Président.
Le Président (M. Joly): donc, c'est le premier
alinéa de l'article 9 qui est: "l'évaluation psychosociale", au
début, et qui finit par "sociaux de l'enfant". o.k.?
M. Sirros: O.K.
Le Président (M. Joly): "Psychiques de l'enfant."
M. Sirros: D'accord.
Le Président (M. Joly): Ça, c'est le premier
alinéa de l'article 9.
M. Sirros: D'accord.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, vous avez...
Mme Vermette: M. le Président, je suis
heureuse de constater, en fait, que le ministre a apporté des
modifications, mais je dois constater encore une fois qu'on maintient toujours,
en fait, deux approches en matière d'évaluation. Et, là,
c'est la consécration vraiment de ces deux approches-là. Parce
que je me posais la question à savoir: Pourquoi dans certains cas on
n'est pas obligés de faire référence à la Loi sur
la protection de la jeunesse? Mais, là, je comprends pourquoi. Parce
que, en fin de compte, on n'est pas toujours obligés de passer par les
CSS. Mais, dans le cas où on devra passer par les CSS, bien sûr,
il faut faire référence à la Loi sur la protection de la
jeunesse. Et là, à ce moment-là, ce sont les règles
d'application de la Loi sur la protection de la jeunesse qui s'appliquent. Et
quand on n'a pas besoin de passer par l'intermédiaire des CSS, on s'en
tient au Code civil. Et, le Code civil reconnaît de plein droit la
capacité des corporations professionnelles à faire leur propre
réglementation et leur propre évaluation. Et, là, c'est
tout à fait très clair. Mais ce que je viens de comprendre par
cet article-là, c'est qu'on maintient encore cette approche de deux
formules d'évaluation. Et, quant à moi, je trouve ça
très pénalisant pour les parents, parce que, dans le fond, dans
un cas, on ne met jamais... (21 h 30)
Et toute l'argumentation que m'apportait le ministre au moment des
discussions antérieures faisait en sorte que j'avais peut-être un
peu raison à ce moment-là, parce que toutes ces
discussions-là, en fin de compte, M. le Président, font en sorte
que ça dépend des circonstances, mais on ne tient pas compte,
d'aucune façon, des grilles d'évaluation faites par les CSS ou
les corporations professionnelles. Tantôt, on fait très confiance
aux corporations professionnelles et tantôt, en fin de compte, on fait
plus ou moins confiance aux corporations professionnelles. On impose,
finalement, une grille d'évaluation qui est émise par les CSS. Et
ça, je ne peux pas accepter ça. Ça, quant à moi, ce
n'est pas une forme...
Une voix:...
Le Président (M. Joly): On va laisser le droit de parole
à madame.
Mme Vermette: Ce n'est pas, quant à moi, de la
cohérence ou de l'uniformité, en fin de compte, dans l'approche
parce qu'on maintient deux formes de système, deux formes d'approche, en
fait, et des parents pourront, selon le pays... Et ce n'est pas fait en
fonction d'un choix libre, mais c'est fait en fonction du pays dans lequel ils
doivent adopter l'enfant, parce qu'ils doivent subir les règles de droit
interne qui s'appliquent à chaque pays étranger. Donc, je ne peux
pas me dire: II y a des parents qui ont choisi de trouver une formule plus
rapide que d'autres. Dans certains cas, peut-être, mais dans d'autres cas
il n'y a aucune autre alternative que celle de passer par les CSS, ce qui n'est
pas nécessairement la formule la plus heureuse quand on constate,
actuellement, le peu de ressources qui existent à l'intérieur de
la Protection de la jeunesse pour faire de telles évaluations, à
quel point c'est long, à quel point les délais sont fastidieux et
à quel point, aussi, en tout cas dans le passé - je ne sais pas
si le personnel a changé au niveau des DPJ - le personnel a de la
difficulté à faire cette évaluation-là des besoins
physiques, psychologiques et sociaux de l'enfant.
Donc, M. le Président, quand je lis le libellé de
l'article 72.3 et qu'on dit, que, finalement, elle porte notamment sur la
capacité des adoptants de répondre aux besoins physiques,
psychologiques et sociaux de l'enfant, c'est qu'on dit: On fait confiance
à la corporation professionnelle à laquelle le parent adoptant
s'adressera. En fait, on leur donne des grands barèmes, si vous voulez,
des balises, en disant: Écoutez, ça doit porter sur trois points
spécifiques: l'évaluation des besoins physiques, psychologiques
et sociaux. Ça, je trouve que, bon, oui, ça va, on fait confiance
à la capacité des gens de rendre jugement, de faire une
évaluation. Et, là, je suis tout à fait en accord, mais je
ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, quand on est obligés
de passer par les CSS, on est obligés d'entrer dans une grille
d'évaluation plus particulière. Là, je trouve ça,
à mon avis, tout à fait différent et un petit peu
particulier.
M. Sirros: Ce n'est pas ça.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît. Je m'excuse, Mme la députée.
M. Sirros: C'est parce que la députée est partie
sur une fausse piste. Elle va commettre des erreurs graves de logique.
Le Président (M. Joly): Bien...
M. Sirros: Non, mais c'est une erreur de fait, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre, moi, ce que je
remarque, quand même...
M. Sirros: Si la députée le permet, je pourrais la
corriger.
Le Président (M. Joly): ...c'est que dans votre
amendement, que vous n'avez pas lu du début à la fin... Il serait
peut-être bon, pour le Journal des débats, que vous
puissiez lire du début à la fin votre amendement, de façon
à ce qu'on puisse, si on peut dire, être vraiment conformes. Et,
après, peut-être que ça donnerait l'éclaircissement
que vous voulez transmettre à Mme la députée de
Marie-Victorin. Il serait
peut-être souhaitable, si vous voulez en arriver à ce que
la tangente, qui semble être celle que vous remarquez et qui n'est pas la
bonne, puisse peut-être profiter d'un échange quelconque entre les
deux partis, de façon à corriger... Je suggérerais, M. le
ministre, que vous puissiez Ifre au complet l'amendement 72.3 de l'article 9,
s'il vous plaît.
M. Sirros: Merci, M. le Président. C'est parce que j'avais
effectivement oublié tout à l'heure de lire la dernière
partie de l'amendement, qui se lit comme suit: "L'évaluation est
effectuée sur la basé des critères convenus entre les deux
corporations professionnelles et lés directeurs de la protection de la
Jeunesse. Une liste des endroits où il peut être pris connaissance
des critères servant de base à l'évaluation est
publiée à la Gazette officielle du Québec." En
guise de correctif à ce que disait la députée, qui disait:
Pourquoi est-ce que, dans le cas où la personne fait l'évaluation
du côté privé, il va falloir avoir une grille plus
particulière? M. le Président, il ne s'agit pas d'une grille
particulière pour les situations où la personne aura recours
à une évaluation psychosociale du privé, mais bien d'une
grille pour l'ensemble des évaluations qui sont faites où on
évalue la capacité des adoptants, comme on dit, de
répondre aux besoins physiques, psychiques et sociaux de l'enfant. Les
corporations professionnelles, les DPJ élaboreront la grille qui fera en
sorte que l'évaluation psychosociale sur ces choses-là soit
basée sur quelque chose qui sera connu par les parents, et ce, pour
l'ensemble des évaluations. Donc, non pas pour une partie, comme
l'affirmait tout à l'heure la députée, mais pour
l'ensemble, indépendamment sous quel chapeau est faite
l'évaluation. C'est une grille qui servira pour tout le monde et dont
les critères seront connus par les parents. C'est important et je suis
convaincu que la députée sera en accord et écourtera son
temps de parole d'autant.
Le Président (M. Joly): donc, pour ma compréhension
à moi, avec votre permission, mme la députée, je n'ai
quand même pas abusé tellement de mon droit de parole...
Mme Vermette: Non, allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...si je comprends bien, M. le
ministre, ce sont les mêmes critères et la même grille
d'évaluation qui vont servir autant aux évaluateurs
professionnels qu'aux DPJ. La seule chose, c'est qu'il y a deux choix qui sont
donnés, dépendamment, dfeons, de quelle façon l'adoption
se fart, que ça soit "in or out", si on peut dire.
M. Sirros: Oui, vous avez bien compris, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): donc, partant de là, il y
en a toujours qui auront tendance à dire que, si j'ai compris, tout le
monde a compris.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, mais, en fait, selon
le libellé, on fait trois paragraphes et chaque paragraphe a une
interprétation aussi. On arrive à une conclusion dans le
troisième alinéa et, dans le premier alinéa, lorsqu'on
commence à le lire, il dit: ...lorsqu'elle "est effectuée par le
directeur de la protection de la jeunesse. Elte porte, notamment, sur la
capacité des adoptants de répondre aux besoins physiques,
psychiques et sociaux de l'enfant." C'est dans le premier alinéa. Quand
on arrive au deuxième alinéa, c'est libellé d'une autre
façon. Et, dans le troisième, on arrive à la grande
conclusion que tout le monde va avoir la même chose. Alors, si j'arrive
dans le deuxième alinéa, on dit: "...aux frais de l'adoptant, par
un membre de la Corporation professionnelle des psychologues du Québec
ou de la Corporation (...) des travailleurs sociaux du Québec, choisi
par l'adoptant sur une liste de noms fournie par la corporation
concernée...
Le Président (M. Joly): Ça ne change pas la
griffe.
Mme Vermette: ...et transmise au ministre." Là,
effectivement, on ne parle pas de grille, on parle tout simplement des
modalités.
Le Président (M. Joly): Je pense que ça ne change
pas du tout, du tout, la grille. On donne juste le choix.
Mme Vermette: On dit que, finalement, ça ici, ça
sera fait conjointement avec une... On fait une référence en fin
de compte, mais on ne parie pas, ni dans une place ni dans l'autre, d'une
grille. On fait tout simplement des grandes balises.
M. Sirros: C'est un article, il faut lire le troisième
paragraphe.
Mme Vermette: Et on arrive à la fin, ce sont des
critères convenus, en fin de compte.
Le Président (M. Joly): Est ce que je peux me permettre,
Mme la députée, de vous souligner que l'article qui est là
est un peu ce qu'on a déjà discuté dans le temps où
on était sur le point de demander un mandat d'initiative? C'est
exactement ce sur quoi les deux partis s'entendaient à ce
moment-là où on avait déjà discuté de
l'ensemble de cet article-là. Alors, je ne sais pas, il me semble
que...
Mme Vermette: Justement, M. le Président, on avait
demandé un mandat d'intitiative pour
faire toute la lumière au niveau du Secrétariat pour,
justement, vérifier, quant à eux, quelles étaient leurs
orientations et quel était, en fin de compte, leur mode de
fonctionnement. Et, comme nous n'avons pas pu avoir cette opportunité de
regarder en profondeur le mode de fonctionnement, en fait, des critères
qui sont employés par le Secrétariat et les exigences du
Secrétariat dans une démarche d'adoption internationale, bien
sûr, vous comprendrez qu'on peut se poser certaines questions parce que,
en fait, on tend à vouloir vraiment préciser, à mon
avis... Ce qui ressort de la façon dont sont libellés, en fait,
les différents alinéas, compte tenu des gens qui sont en
présence ou des professionnels qui sont en présence, c'est comme
si on voulait exercer une forme de contrôle, en fait.
Vous savez, il y a beaucoup de médecins qui pratiquent la
médecine, mais il n'y en a pas un qui a la même approche, mais,
par contre, les résultats sont tous les mêmes. Si vous avez mal au
foie, il y a plusieurs médecins qui ont une façon de voir comment
soigner le foie, mais leur diagnostic va arriver à dire que vous avez
une maladie de foie. Alors c'est peut-être exactement, j'imagine, la
même chose au niveau des professionnels. Ces professionnels-là, en
fait, sont capables de faire leur évaluation et je ne sais pas, moi,
pourquoi on rendrait publique, en fait, une grille d'évaluation au su et
connue de tout le monde. Pourquoi, finalement, à tout le monde dire:
Bien, écoutez, si vous voulez adopter un enfant, voilà, vous avez
à répondre à toutes... Où est-ce que c'est,
finalement, l'intimité pour un couple...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée, mais dans le fin fond, si on revient un peu à ce
qu'on a déjà discuté dans le temps, ce sont les
mêmes critères que tout parent dgvrait avoir pour pouvoir bien
élever son enfant. Vous n'admettriez pas que des parents aient moins que
ça, à leur charge, pour pouvoir élever leurs propres
enfants. C'est bien sûr que si on en adopte, eh bien, on peut exiger
exactement la même garantie. Donc, il n'est pas question de trahir un peu
la valeur de chacun des parents qui s'en vont sur le marché de
l'adoption parce qu'on présume, dans le fond, que ce sont exactement les
mêmes critères que tout parent se doit d'avoir pour pouvoir
élever son enfant.
Mme Vermette: Vous savez fort bien, M. le Président, vous
comme moi, nous avons des enfants et nous n'avons jamais passé une liste
d'évaluation avant de considérer le fait d'avoir un enfant. On
s'est marié, on a eu la bénédiction et c'était
suffisant, dans notre cas, pour avoir un enfant. Et, là, lorsqu'on
parle, en fait, d'adoption internationale, on devient beaucoup plus exigeant,
et j'en conviens, parce qu'il y a un élément additionnel, en
fait. On va en terre étrangère pour aller chercher un enfant qui
a une culture différente ou, en tout cas, on doit faire face à
des données particulières, à mon avis. Et je pense que,
oui, c'est important de s'enquérir et de vérifier si les parents
adoptants sont capables de faire face à ces situations-là.
Ça, j'en conviens tout à fait, M. le Président. Mais, moi,
à mon avis, c'est davantage basé sur des capacités
d'adaptation culturelle que des capacités parentales. Et c'est beaucoup
plus ça qui est important. Et je sais aussi qu'il faut vérifier.
On ne peut pas confier, en fait, un enfant à des gens qui n'ont aucune
capacité parentale. Ça, j'en conviens tout à fait. Mais je
pense que, quand les parents prennent le temps de faire une démarche par
le biais de l'adoption internationale, c'est que ces gens-là, du moins,
s'ils sont capables de faire une démarche, ont tout de même une
motivation, ils ont déjà, aussi, une capacité parentale
qui doit être tout de même reconnue, jusqu'à un certain
point.
Ça implique des frais, ça implique des démarches et
ça implique aussi beaucoup de détermination pour aller jusqu'au
bout de son projet d'adoption internationale. Moi, je pense que toute cette
évaluation-là devrait être faite d'une façon
beaucoup plus souple et d'une façon qui permet, justement, de faire en
sorte... Une fois qu'on sait la capacité des parents d'assumer la
différence entre l'enfant et aussi les parents, sur le plan de la
culture, à mon avis, ça devrait se limiter à ça et
on ne devrait pas aller beaucoup plus en profondeur dans l'intimité du
couple ou dans la vie du couple. On ne le fait pas pour des parents naturels.
Je ne vois pas pourquoi, finalement, au moment de l'adoption, on deviendrait
encore plus sévères. Je pense que ça fait partie, en fait,
d'une société qui, actuellement, doit assumer certaines formes
d'évolution à l'intérieur de la famille. Bon! Et je pense
qu'on peut être les meilleurs parents du monde, avoir toutes les
capacités parentales, ça n'implique pas qu'il ne puisse arriver,
à un moment donné, à l'intérieur d'un couple, des
problèmes qui font que le couple ne peut plus fonctionner dans sa
cellule initiale. Et ça, ça ne touche pas du tout, en tout cas
à mon avis, la capacité parentale et c'est très difficile
à mesurer. À un moment donné, il faut prendre le risque de
la confiance entre les parents adoptants, les parents qui décident
d'adopter un enfant, et de faire confiance aussi à leur capacité
de pouvoir élever des enfants et d'être assez responsables pour
élever des enfants. M. le Président, s'il fallait faire passer
des tests de capacité parentale à tous les couples qui se
marient, ici au Québec, je ne suis pas sûre qu'il y en aurait
beaucoup qui seraient capables de passer le test. Et il y aurait beaucoup
d'interdits, à mon avis, au niveau du nombre d'enfants qu'on serait
capables d'enfanter, au Québec.
Donc, tout simplement, voici ce que je veux dire: Tout en prenant des
formes de responsabilité, je pense qu'il est important, bien
sûr,
de faire une évaluation, mais pas une évaluation trop
restrictive ou une évaluation qui fait en sorte que ça devient
beaucoup plus quelque chose d'humiliant pour le couple, où on entre dans
leur intimité la plus profonde. Et ça, je trouve que... Au niveau
des critères, j'aurais aimé qu'on puisse s'attarder
là-dessus, regarder ça, voir exactement quels sont ces
critères-là. Puisqu'ils seront publics, ces
critères-là, nous pourrons en prendre connaissance à un
certain moment. Mais, pour le moment, on ne sait pas encore exactement et,
là, on doit discuter sur des articles de loi. Donc, on n'a pas
nécessairement les choses les plus profondes sur lesquelles sont
basés, justement, ces articles de loi là, et sur lesquelles
ça devrait être fondé. (21 h 45)
Je trouve que, encore une fois, on aurait dû faire confiance
suffisamment aux professionnels qui sont en place en leur disant:
Écoutez, nous sommes d'accord avec vous pour faire cette
évaluation-là et, bon, en fait, comme vous êtes des
professionnels, vous savez comment faire votre travail et nous allons nous
appliquer à ce que vous puissiez faire votre travail, finalement, sans
être supervisés par une autre corporation qui serait, finalement,
la corporation des CSS ou, en tout cas, la protection de la jeunesse.
Donc, M. le Président, encore une fois, pourquoi faire, dans le
fond, deux formes d'évaluation psychosociale, une forme, en fait, qui
doit être fate par la direction de la protection de la jeunesse si,
encore une fois, on n'a pas d'autre alternative, parce que le choix du pays
où on doit adopter l'enfant fait en sorte que ce ne sont que des
règles administratives qui s'appliquent et, à ce
moment-là, les parents devront subir des délais, devront attendre
d'une façon, plus souvent qu'autrement, très longue avant de
pouvoir mettre leur projet à exécution ou, du moins, selon
d'autres articles dont nous avons pu faire lecture antérieurement, iront
chercher l'enfant tout simplement dans le pays, parce que l'enfant sera
là, et Hs pourront entrer dans le pays avec l'enfant? Ils diront que,
dans l'intérêt de l'enfant, en fait, il était
impératif pour eux d'aller dans le pays pour aller chercher l'enfant
puisque déjà le projet d'adopter un enfant était là
et tout ce qui manquait, quant à eux, c'était une
évaluation psychosociale.
Je pense, à ce moment-là, que cette compréhension
qu'on fait au nrveau de cet alinéa-là est abusive. Elle est
discriminatoire vis-à-vis des parents qui n'ont pas d'autre choix que
d'aller dans les pays qui n'ont que des adoptions administratives. Ça,
quant à moi, je trouve ça très discriminatoire, à
ce moment-là. On ne donne aucun choix à ces parents-là et
je ne pense pas, moi, en tout cas, que c'est favorable. C'est comme ça
qu'on établit des structures parallèles et c'est comme ça,
justement, qu'on favorise, en fait, l'entrée HIégale d'enfants au
Québec, et qu'on est obligé, en fin de compte, d'avoir recours au
tribunal pour faire une reconnaissance d'adoption, ici, au pays et une
conformité, parce qu'on doit retourner devant le tribunal pour
démontrer que, selon l'intérêt de l'enfant, même si
on n'a pas pu respecter, en fait, ce qui était établi, on a
été obligés de passer par une autre filiale.
Donc, pourquoi ne pas tout de suite simplifier le processus, puisque
déjà on accepte dans...
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée, est-ce que vous aimeriez que votre collègue qui
demande la parole puisse intervenir?
Mme Vermette: Veux-tu parler tout de suite?
M. Claveau: Non, non. J'ai demandé la parole pour que vous
me signaliez mon ordre d'intervention.
Le Président (M. Joly): O.K. Parfait. Merci. Une voix:
Entendez-vous, là.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, tout
simplemerrt - c'est ce que je disais - pour l'économie
générale de la loi, puisque dans d'autres articles, on
reconnaît que, dans l'Intérêt de l'enfant, s'il y a une
évaluation psychosociale qui accompagne la démarche, même
si elle n'est pas faite selon la procédure établie à
l'article 72.3, elle pourra, être reconnue comme étant
légale pourquoi ne pas tout de suite avoir uniformisé pour faire
en sorte qu'il n'y ait qu'une forme d'évaluation, peu importe, en fait,
si on doit passer par une adoption administrative ou une adoption judiciaire?
À mon avis, ça favoriserait davantage les parents. Quand on sait
actuellement quels sont les pays qui sont ouverts à l'adoption
internationale, qu'on sait que, de plus en plus, les parents se tournent vers
la Corée, vers la Chine, et que ce sont davantage des adoptions
administratives qui se font dans ces coins-là que dans certains autres
pays comme le Chili, on aurait intérêt, en tout cas, je pense -
oui, M. le ministre, je le crois sincèrement - à modifier...
Le Président (M. Joly): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...cette partie-là de la loi afin que toutes
les mêmes règles s'appliquent, peu importe le mode d'adoption du
pays.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, s'il vous plait.
M. Sirros: J'allais vous demander, M. le Président, s'il y
a une façon polie de dire que, à un moment donné, il ne
faut pas dire n'importe
quoi. La députée revient, finalement, encore sur toute la
question qu'on a réglée hier, toutes les explications qui ont
été données au moins à cinq reprises quant à
savoir pourquoi il faut agir par l'entremise des DPJ dans le cas où les
adoptions n'ont pas été faites judiciairement à
l'extérieur du pays. Je ne peux quand même pas continuer à
répéter, à répéter parce que la
députée veut bien changer quelque chose pour le plaisir de le
changer ou pour le plaisir d'utiliser son temps de parole.
Quant à la grille, M. le Président, franchement, elle nous
dit, d'une part, que ça peut être un processus humiliant pour les
parents parce qu'ils se sentent scrutés dans ce qu'ils ont de plus
intime: leur désir d'adopter, d'être parents et de fonder une
famille, etc. Et, d'autre part, elle dit qu'elle ne veut pas avoir une grille
publique où les parents vont savoir sur quoi cette exigence qui est
quasiment dans l'unanimité faite par les pays qui donnent des enfants...
Ils demandent une évaluation psychosociale. Alors, nous, on a pris le
choix que les parents qui vont avoir ce genre d'évaluation qui sera
faite quant à leur capacité parentale vont savoir sur quoi ils
sont évalués. Si vous ne voulez pas ça, que vous voulez le
laisser de côté et laisser ça à la bonne
discrétion, au jugement et au bon vouloir des professionnels, je
voudrais vous informer également que les corporations professionnelles
elles-mêmes veulent s'asseoir avec les DPJ. Je vous ai dit ça hier
aussi, à moins que vous ne le croyez pas. Ils veulent s'asseoir ensemble
pour élaborer des critères transparents afin que tout le monde
puisse savoir de quoi il s'agit justement parce que vous-même, vous avez
dit que les parents trouvent ça parfois humiliant. Alors, branchez-vous!
C'est tout.
Une voix: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Bourget, vous aviez l'intention d'intervenir?
Une voix: Oui, je pense que oui. Elle voulait parier.
Le Président (M. Joly): Non? Ah! J'ai cru voir une main
levée, tantôt. Alors, M. le député...
Mme Vermette: C'est la députée de Saint-Henri, M.
le Président, qui avait quelque chose à dire.
Mme Loiselle: Le ministre a répondu à ma
question.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Claveau: C'est curieux, le ministre ne réussit jamais
à répondre aux nôtres.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Elle ne parle pas souvent, mais quand elle parle!
M. Claveau: On aurait aimé ça, pour le
bénéfice de la commission, connaître les questions de la
députée de Saint-Henri.
Le Président (M. Joly): Je me dois quand même
d'aviser les membres de cette commission que ceux qui ont fait la demande pour
que chacun des membres puisse être inscrit à un cours de braille,
c'a été refusé.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Est-ce que je pourrais comprendre les sous-entendus
de cette intervention, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Non, mais je voulais simplement
aviser les membres de cette commission que, nécessairement, ce
n'était pas pertinent au mandat qu'on s'est donné. Alors, je ne
sais pas. Il y en a qui auraient souhaité que vous puissiez vous
exprimer en braille.
M. Claveau: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Voilà, tout de suite,
d'emblée...
M. Claveau: Je peux le faire en morse, si ça peut vous
plaire.
Le Président (M. Joly): ...j'ai cru que ce n'était
pas pertinent. Alors, M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît, dans votre charme habituel.
M. Claveau: M. le Président, ce que vous dites me surprend
terriblement dans la mesure où je suis presque amené à
conclure qu'il y a certain de nos amis d'en face qui sont aveugles.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): C'est une demande
générale.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: ...Parce qu'il parle de votre charme?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): C'est un rappel, une demande
générale. M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît, si vous voulez bien alimenter la
conversation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Non, ça, ce n'est pas pour
vous. Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, avec tout le sérieux
qu'on doit avoir...
Le Président (M. Joly): Qu'on vous reconnaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...dans la tenue de nos travaux, je me dois, enfin,
d'ajouter quelques mots de bonification et de réflexion au premier
paragraphe surtout. Le reste, c'est plus ou moins un problème pour moi.
Mais le premier paragraphe me cause un certain nombre de problèmes. Vous
dites?
Le Président (M. Joly): C'est correct. J'étais
heureux de comprendre vos intentions.
M. Claveau: m. le président, on va relire, pour le
bénéfice de ceux qui n'auraient pas pu le lire parce que ce n'est
pas écrit en braille...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas possible.
M. Claveau: Non, je me permets...
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas le discours que vous
aviez préparé tantôt, ça, là.
M. Claveau: non, non, m. le président. on s'adapte. on est
flexibles...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...vous comprenez, surtout pour aider nos
collègues qui auraient de la difficulté
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): ...je demanderais au député
d'ungava de parler pour lui. qu'il ne s'occupe pas de nous autres. on est
capables de prendre nos responsabilités et de nous évaluer.
M. Claveau: Je n'en ai jamais douté, d'ailleurs, M. le
Président.
M. Tremblay (Rimouski): J'espère bien.
M. Claveau: Vous comprendrez que mon respect du parlementarisme
peut même, à certaines occasions, être poussé
à l'extrême.
M. Sirros: Ça transpire de partout, ce soir.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. S'il vous
plaît, ça allait bien, là? On va continuer. M. le
député d'Ungava, s'il vous plaît! Un peu de sérieux,
s'il vous plaît.
M. Claveau: Oui, M. le Président, je suis prêt
à intervenir avec tout le sérieux du monde.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, on a lu, nous les
articles...
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est une question de
règlement, M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Oui, c'est une question de
règlement. Je voudrais..
Le Président (M. Joly): En vertu de quel
règlement?
M. Tremblay (Rimouski): En vertu de l'article 214b.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Oh! Je pense qu'on est loin de ce
que vous cherchez à prouver comme point, monsieur. Premièrement,
il n'y a pas eu assez de place pour écrire les articles, comme vous le
mentionnez, article b, et, là, vous attaqueriez le ministre, si on
invoquait l'article 214.
M. Claveau: Allez-y, M. le Président, voir! En tant que
membre de la commission, j'aimerais bien savoir à quel article on se
réfère pour me couper la parole.
Le Président (M. Joly): Non, je pense que vous ave/ mal
cité le numéro de votre article. Alors, je vais vous laisser le
temps d'y réfléchir, M. le député de...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): Je m'excuse, M. le Président,
c'est peut-être le 217. En tout cas, de toute manière...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Oui, de toute manière.
M. Tremblay (Rimouski): ..je voulais dire au
député d'Ungava qu'il n'a pas besoin de nous le lire, on
est capable de le lire. S'il y a des choses qu'il ne comprend pas, il peut
faire appel à nos services et, là, on pourrait les lui faire
comprendre.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava, est-ce que vous avez besoin des services des membres de...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Services de traduction.
M. Claveau: M. le Président, remarquez que, si le
député de Rimouski veut lire le premier paragraphe, je lui
permettrais même de le faire, pour le bénéfice de la
commission, sur mon temps de parole. S'il veut bien s'y prêter,
là...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski, M. le député d'Ungava aimerait que vous lui expliquiez
l'alinéa 1 de l'article 9 sur l'amendement qui est soumis. Est-ce que
vous accédez à la demande du député d'Ungava?
M. Tremblay (Rimouski): Non, M. le Président, le temps de
parole appartient au député d'Ungava. C'est à lui de
s'exprimer. La seule chose, la seule restriction que j'ai, c'est qu'il nous
fasse une lecture de l'article. Nous n'avons pas besoin d'avoir une
leçon de lecture, ce dont nous avons besoin, c'est d'une leçon
d'interprétation, à savoir comment, lui, le comprend. On n'a pas
besoin d'avoir une lecture, n'importe qui est capable de lire. Alors, à
ce moment-là, qu'il nous donne son interprétation et, s'il y a
une chose sur laquelle on peut l'aider, à ce moment-là, ça
nous fera plaisir d'apporter notre contribution pour sa meilleure
compréhension.
Le Président (M. Joly): Alors, comme je présume
qu'il n'y a pas...
M. Claveau: vous avez compris, m. le président, que
ça, ce n'est pas ce que je lui avais permis de dire sur mon temps de
parole. alors, je...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
député d'Ungava, vous voulez vous exécuter
vous-même.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: En autant qu'on ne me parle pas de guillotine, M. le
Président, je suis prêt à m'exécuter.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): S'il désire s'exécuter, je
n'ai pas d'objection à ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Donc, allez, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: 'Tirez les premiers, messieurs les Anglais!"
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, j'essaie d'être
sérieux, mais, devant des interventions comme celles du
député de Rimouski, vous comprendrez que c'est difficile. De
toute façon, je crois que le député est sur une bonne
voie, puisqu'il commence à comprendre certaines nuances, pour le moins,
qu'on retrouve dans le projet de loi et qui ne sont pas évidentes au
départ. Et, pour ce faire, je vais me permettre de le lire pour
moi-même, à haute voix, et pour le bénéfice de ceux
qui auront à consulter un jour nos travaux, pour qu'ils puissent savoir
à quoi on se référait ou à quoi se
référait le député de Rimouski. Je crois qu'il est
nécessaire de lire tranquillement le paragraphe en question. Alors, on
dit: "L'évaluation psychosociale de la personne qui veut adopter un
enfant domicilié hors du Québec est effectuée par le
directeur de la protection de la jeunesse."
Première interrogation, M. le Président - une
interrogation par phrase, c'est quand même pas mauvais, ce n'est pas
exagéré: Est-ce qu'il s'agit du directeur de la protection de la
jeunesse en personne ou de quelqu'un qu'il pourrait mandater pour le faire
à sa place?
Une voix: Ha, ha, ha!
(22 heures)
M. Claveau: Parce que vous comprenez, M. le Président,
qu'encore là j'ai comme un problème avec la dynamique
régionale. Vous savez, il y a des organismes, enfin, il y a des
tribunaux parajudiciaires qui opèrent au Québec, qui prennent des
décisions dans ce style-là et puis qui se promènent
à travers le Québec, qui vont voir sur place dans les cas
précis. Prenons, par exemple, la Commission des droits de la personne.
Lorsqu'il y a un problème de discrimination quelque part sur le
territoire du Québec, les agents, les enquêteurs se
déplacent là où il y a le problème pour aller
vérifier si, effectivement, il y a problème et, s'il y a
problème, on siège sur place pour permettre aux différents
intervenants, aux différentes personnes impliquées de se faire
entendre. C'est un exemple intéressant et pertinent. Dans le cas
présent, si un individu ou un couple de Rimouski - ville que je prends
au hasard..
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II a le hasard facile.
M. Claveau: ...parce qu'elle est en bordure du Saint-Laurent et
qu'eHe est facile d'accès - doit subir une évaluation
psychosociale pour voir s'il peut prétendre être capable d'avoir
recours à l'adoption internationale... Prenons à titre d'exemple,
juste comme ça pour bien se comprendre, le député de
Rimouski qui aurait l'intention d'adopter un enfant né sous d'autres
deux. Alors, est-ce que le directeur de la protection de la jeunesse en
personne se déplacerait à Rimouski pour aller le rencontrer, pour
aller faire l'évaluation ou si ça peut être un mandataire?
Est-ce que ça peut être un psychosociologue de Rimouski si tant
est qu'il y en ait?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski, oui.
M. Tremblay (Rimouski): ...je trouve qu'il est très
insultant pour ma communauté. Je lui demanderais de retirer ses paroles,
s'il vous plaît.
M. Claveau: M. le Président, si vous me le permettez,
comme je n'ai crainte d'insulter la mienne, je vais reprendre l'exemple
à partir de ma propre communauté.
M. Tremblay (Rimouski): Ah bon! Ça me...
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît!
M. Tremblay (Rimouski): Je préfère et de
beaucoup.
M. Claveau: Donc, M. le Président, sachant au
départ qu'il n'y a pas de psychosociologue dans ma municipalité -
il y a peut-être des gens qui pourraient quand même comprendre les
phénomènes sociaux et les phénomènes personnels,
parce qu'on a des gens compétents, mais il n'est pas évident
qu'on ait la classification précise exigée par la loi - comment
va se faire l'évaluation pour un résident de Chapais? J'essaie de
comprendre, j'essaie de voir et n'ayez crainte, M. le Président, il y a
des familles d'immigrants à Chapais, il y a des jeunes qui sont
élevés dans des contextes de choc culturel, il y a les
mêmes problèmes que l'on vit à peu près partout
à travers le Québec, à un niveau moindre,
évidemment, parce que la population est plus petite. Mais il y a
d'autres problèmes, par contre, qui ne sont pas vécus et que,
nous, nous vivons d'une façon très aiguë comme, par exemple,
la fermeture d'une mine qui peut ruiner l'économie de toute la
localité, ce qui risque d'ailleurs d'arriver à une ville comme
Matane, par exemple, si jamais la papeterie ne voit pas le jour. C'est une
hypothèse.
Donc, M. le Président, qui va faire l'évaluation et
comment ça va se faire pour les gens des régions? C'est un
problème à soulever. Je le soulève. La question reste
entière. Je crois que le ministre saura sûrement y répondre
d'une façon aussi adéquate et aussi pertinente que les
réponses qu'il a données à mes premières questions
tout à l'heure dans mon autre intervention, réponses que j'ai
beaucoup appréciées parce qu'elles m'ont permis de mieux
comprendre la dynamique de son projet de loi, tout en étant quand
même resté sur ma faim en ce qui concerne la disparition des
disparités régionales. C'est bien dit, n'est-ce-pas?
Une voix: Oui.
M. Claveau: Mais je passe tout de suite à la
deuxième phrase avant de ne plus avoir de temps parce qu'on m'en a fait
perdre pas mai avec des interventions farfelues. Alors, la deuxième
phrase du même paragraphe dit, et celle-là est encore
peut-être même plus grave lorsqu'on va dans l'essence même de
la signification des mots. Je voyais tout à l'heure un dictionnaire qui
papillonnait dans la salle...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): ...est-ce qu'on ne pourrait pas permettre
au ministre de donner la réponse au premier paragraphe, pour ne pas
qu'on se perde, s'il vous plaît? Parce qu'on a de la misère
à suivre le député d'Ungava. Pour le
bénéfice de la commission, il me semble qu'on devrait avoir la
réponse du ministre 'immédiatement et, à ce
moment-là, pour l'éclairage du député d'Ungava
surtout, il me semble que ce serait très bon.
M. Claveau: Bien, je n'ai aucun problème avec ça,
M. le Président. Si le ministre veut me donner sa réponse tout de
suite, au contraire, je vais être content. Peut-être que ça
me permettra, dans mon temps de parole, de pouvoir le requestionner si jamais
la réponse me semble incomplète ou insatisfaisante. Alors, si le
ministre est d'accord pour répondre à ma première
question, à savoir est-ce que c'est le directeur de la protection de la
jeunesse en personne qui va se rendre dans les régions du Québec
pour aller enquêter et pour aller donner son accord ou son
évaluation psychosociale? Sinon, est-ce qu'il pourra le faire par le
biais d'une personne qui réside déjà dans le milieu et
quelles seront les compétences que l'on exigera de cette
personne-là? Et, si tel n'est pas le cas, est-ce que la personne qui en
fait la demande ou qui veut avoir accès à l'adoption
internationale devra, à
ce moment-là, se déplacer à ses frais, là
où le directeur de la protection de la jeunesse voudra bien l'amener,
pour aller rencontrer un spécialiste qui aura été
identifié de quelle façon? C'est ça, essentiellement, ma
première question. Et, si le ministre veut y répondre tout de
suite, j'en suis fort aise.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Sirros: M. le Président, je pensais que c'était
un genre de question rhétorique, comme on dit, où le
député savait déjà la réponse.
M. Claveau: Non, non, je ne la sais pas.
M. Sirros: H est évident que le directeur de la protection
de la jeunesse, quand il a à faire une évaluation psychosociale,
peut mandater et mandate, d'ailleurs. Ce n'est jamais lui en personne.
M. Claveau: Alors, on aurait peut-être pu écrire "ou
son mandataire". Mais qui sera ce mandataire-là? Est-ce qu'il viendra du
milieu, est-ce qu'il pourra identifier un mandataire d'une autre région
ou d'une autre municipalité, ce qui ferait en sorte qu'il y aurait un
déplacement important, ou est-ce que le mandataire ira lui-même en
région rencontrer l'individu?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): ...je ne comprends pas l'intervention du
député d'Ungava. Tout à l'heure, il se demandait, il se
questionnait à savoir si le DPJ c'était une personne ou un objet,
je ne sais pas trop quoi. C'est une personne, pour la gouverne du
député d'Ungava, ce n'est pas un objet. Ce n'est pas un
ordinateur, c'est une personne qui assume cette responsabilité, je
présume, et il peut...
M. Claveau: C'est pour ça que je me demandais s'il
consultait lui-même.
M. Tremblay (Rimouski): ...aussi procéder par
délégation de pouvoir, et nécessairement son mandataire,
à ce moment-là, pourra exercer le même pouvoir qu'il a. Et
j'espère que le député d'Ungava comprend ça. Ce
n'est pas un objet, c'est une personne physique, avec des
responsabilités qu'il assume.
M. Sirros: Et son mandataire...
M. Tremblay (Rimouski): Ou son mandataire.
M. Sirros: ...dans le cas d'une personne...
M. Claveau: Ce que je tiens à savoir, et c'est très
sérieux, M. le Président...
M. Sirros: Oui, je suis en train de l'expliquer.
Le Président (M. Joly): Allez, M. le
député.
M. Claveau: ...puisque, pour l'essentiel, ce sera le mandataire,
de toute évidence, est-ce que ce mandataire-là sera quelqu'un du
milieu ou, s'il n'est pas du milieu, ira-t-il consulter dans le milieu la
personne intéressée ou si, au contraire, la personne devra se
déplacer là où le directeur aura identifié son
mandataire, à ses frais, de toute évidence? Et le
député de Rimouski devrait être content de ma question,
parce que le problème risque de lui arriver, un jour ou l'autre,
à son bureau de comté.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Sirros: M. le Président, le mandataire du DPJ est soit
un employé d'un CSS, soit dans le cas où le DPJ mandate à
l'extérieur, en privé, un membre d'une corporation
professionnelle, celle des travailleurs sociaux et des psychologues, et
l'évaluation se fait normalement et de façon
générale dans le milieu.
M. Claveau: Dans le milieu.
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Claveau: Alors, je dois comprendre que, avec la réponse
du ministre, si le problème se pose chez nous et que la personne vient
me présenter le problème à mon bureau de comté en
tant que représentant, à toutes fins pratiques, du Protecteur du
citoyen... parce qu'elle se sent lésée dans ses droits parce
qu'on lui demande de se déplacer, je lui sortirai la réponse du
ministre et je dirai: Regardez, le ministre nous dit que c'est chez vous que
ça doit se faire, c'est dans le milieu. Donc, exigez qu'il vienne dans
le milieu. Il est payé pour ça, il a ses frais de
déplacement pour ça. Et le Conseil du trésor n'imposera
pas de coupure sur ses frais de déplacement s'il vient vous voir dans le
milieu, cher monsieur ou chère madame. Je pourrai me permettre de dire
ça?
M. Sirros: C'est bien le CSS qui couvre le territoire du
député en question. Le DPJ a une responsabilité sur
le territoire et...
M. Claveau: C'est ça.
M. Sirros: ...comme je l'ai dit, de façon normale et
générale, les évaluations se font dans le milieu.
M. Claveau: Bon. Donc, je peux comprendre qu'un habitant de
Chapais, de Matagami et même de Radisson, à la limite - parce
qu'il y a des gens qui demeurent à Radisson et en permanence avec leur
famille - pourront bénéficier du service de la DPJ quant à
l'évaluation psychosociale de leur capacité d'élever un
enfant né ailleurs qu'au Québec, sur place.
M. Sirros: C'est ce que j'ai répété à
trois reprises, que, de façon générale,
l'évaluation est faite dans le milieu.
M. Claveau: De façon générale. Il peut y
avoir des cas particuliers.
M. Sirros: Écoutez, vous ne me demanderez quand même
pas d'avoir dans la tête la carte spécifique de votre
région, de votre circonscription, et de savoir, en tout cas, tous les
détails possibles mais, de façon normale et
générale, les évaluations sont effectuées par le
DPJ qui, lui, relève d'un CSS et, comme il y a un CSS dans chacune des
régions du Québec, de façon normale et
générale, les évaluations exécutées par le
DPJ sont faites dans le milieu.
M. Claveau: J'ai hâte qu'on ait un CSS pour la
région du Nord du Québec. Ça va peut-être
régler un certain nombre de nos problèmes, M. le
Président. Le message est lancé au ministre et il doit
sûrement avoir quelque chose à voir avec ça.
Le Président (M. Joly): Peut-être. Il reste combien
de temps, là?
La Secrétaire: Dix minutes.
M. Claveau: On m'a tellement coupé la parole, M. le
Président, que mon temps n'avance pas, moi.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! La
commission, non plus.
M. Sirros: On va vous écouter religieusement,
dorénavant.
M. Claveau: Non, mais j'aime ça avoir les réponses
comme ça parce que ça nous permet d'avancer. Parce que, quoi
qu'on puisse en dire, en ce qui me concerne, je prends la chose au
sérieux. Et l'heure ne compte pas pour moi. Il nous arrive très
fréquemment de travailler tard dans la nuit, le samedi soir, dans nos
comtés, ou le dimanche matin, très tôt, des trucs
semblables. Et ce n'est pas une question d'heure, n'ayez crainte.
Une voix: Un vote!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, je m'excuse. Avant
d'aller à la Chambre, au salon bleu, est-ce qu'on peut considérer
que l'amendement à l'article 9, alinéa 1, est adopté?
Une voix: Adopté.
Une voix: II te reste 10 minutes.
Une voix: Non.
Le Président (M. Joly): Parfait.
M. Claveau: Je n'ai pas eu le temps d'aborder la deuxième
phrase.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons ajourner sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 13)