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(Seize heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Joly): Nous allons ouvrir la
séance. La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 70, Loi concernant l'adoption et modifiant le Code civil du Québec,
le Code de procédure civile et la Loi sur la protection de la jeunesse.
Est-ce qu'il y a des remplacements, madame?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Aucun remplacement, madame.
M. le ministre, j'imagine que vous avez des remarques
préliminaires.
M. Sirros: Quelques-unes, M. le Président. Je ne
m'attarderai pas longtemps.
Le Président (M. Joly): Je vous cède la parole, M.
le ministre.
Remarques préliminaires M. Christos
Sirros
M. Sirros: Merci beaucoup. Je ne m'attarderai pas longtemps
étant donné qu'on vient tout juste de finir la deuxième
lecture, mais simplement pour dire que ce projet de loi, tel qu'il est
présenté, avec des papillons qui ont été
distribués, je pense, à tout le monde... On les reprendra durant
l'étude article par article. Mais, l'essentiel, c'est effectivement de
rendre les procédures d'adoption internationale plus souples, plus
flexibles, d'appuyer les parents dans leurs démarches, de recentrer le
rôle du Secrétariat à l'adoption internationale ou d'un
service gouvernemental quelconque sur un rôle d'information d'appui et de
soutien aux parents. J'arrêterai sur ça et je pense qu'on
s'attaquera immédiatement à l'étude article par article,
si la députée de l'Opposition le veut bien.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président, j'aurais des
déclarations préliminaires à faire avant de commencer
l'étude article par article. J'aimerais ici, de nouveau, assurer les
gens de cette commission que, bien sûr, ils auront la collaboration de
l'Opposition pour bonifier le projet de loi, parce qu'il nous semble que, tel
que présenté actuellement, le projet de loi demande des
modifications pour que le processus soit beaucoup plus allégé
pour l'ensemble des couples qui désirent adopter des enfants au
Québec. Bien sûr, M. le Président, on sait fort bien que ce
n'est pas la première fois qu'on doit se pencher, dans une commission
parlementaire, pour arriver à rédiger un projet de loi qui, il
nous semble, pourrait répondre davantage à un processus
législatif souple, équitable pour l'ensemble des parents
adoptants du Québec. Nous en sommes rendus actuellement à notre
troisième projet de loi, depuis 1985, c'est-à-dire depuis que le
gouvernement libéral est en place, et j'ose espérer que cette
fois-ci, en fait, à la suite de nos travaux... Et j'espère que le
ministre délégué acceptera la présentation de
certains de nos amendements pour que nous n'ayons plus à nous pencher de
nouveau sur un tel projet de loi, en tout cas pour un bon nombre
d'années.
Bien sûr, on savait fort bien, lorsque nous avons adopté le
projet de loi 21, qu'il y aurait évidemment des problèmes puisque
le projet de loi 21 ne répondait en aucune façon à la
démarche que doivent faire les parents lorsqu'ils entreprennent une
adoption sur le plan international. En fait, la loi 21 ne faisait qu'alourdir
cette démarche qui était déjà assez complexe, pour
ne pas dire impérieuse dans certains cas, puisque, comme on le sait,
c'était toute une saga pour de nombreux couples, au cours des
dernières années, de se prévaloir d'un droit pour mener
à terme leur projet, la réalisation, en fait, de leur
adoption.
Cette fois-ci, nous espérons que ces tracasseries administratives
et cette lourdeur administrative pourront, en fait, faire l'objet d'une
étude plus approfondie au moment où nous étudierons le
projet de loi article par article parce que, quant à nous, il existe
encore des interprétations qui ne sont pas claires en ce qui concerne le
rôle que devra jouer le représentant du ministre
délégué, c'est-à-dire le Secrétariat
à l'adoption. Bien sûr que le rôle du Secrétariat
demeure d'aider et de favoriser les parents dans leur démarche, les
instruire et les renseigner sur les différents organismes
agréés. Mais il nous semble, encore une fois, que le
Secrétariat aura à jouer un double rôle, être juge et
partie, c'est-à-dire vérifier la crédibilité des
organismes, les accréditer dans certains cas et agir comme un organisme
agréé, aussi. Ça me semble assez difficile pour un
organisme de jouer ce double jeu et je trouve, à ce moment-là,
qu'il y a une perte considérable de temps et d'énergie. C'est
encore une fois les parents qui doivent assumer les frais de cette perte de
temps et d'énergie et ce sont des délais qui s'accumulent
inlassable-
ment.
D'autant plus que lorsqu'on regarde les budgets qui ont
été déposés dernièrement, avec une
agumentation de 0,8 %, quand on sait le nombre actuellement sur la liste
d'attente de parents qui souhaitent adopter un enfant, qui est de 1500, je me
demande s'I n'y a pas un ajout de personnel et si le Secrétariat
maintient, en fait, le rôle qu'H a toujours exercé dans les
années antérieures. Je me demande si le projet de loi, même
si on allège une procédure, favorisera davantage ou
accélérera le processus dans une démarche d'adoption sur
le plan international. M. le Président, tout cela ne sera que de vains
mots, et l'exercice sera encore un exercice tout à fait long et, en fin
de compte, qui n'apportera pas les effets escomptés. Je pense qu'on
reviendra un petit peu, comme on est obligés de constater actuellement
l'échec du projet de loi... Nous avons déjà suffisamment
d'exemples sous les yeux, lorsque l'on regarde le projet de loi 21.
J'écoutais tantôt le ministre faire ses remarques au niveau
de la conclusion du principe du projet de loi 70, qui disait: Écoutez,
nous avons été pris dans un carcan lorsque nous avons
prononcé le décret. Nous ne faisions que mettre en application la
politique déjà mise de l'avant par le Parti
québécois en 1983. Moi, je voudrais bien, ici, dire au ministre
qu'il faut se rappeler que la Loi sur l'adoption internationale, c'est assez
récent. Lorsque nous avons mis de l'avant ce projet de loi, en 1983, la
création d'un secrétariat n'était pas mise dans le
béton mais était pour être, justement, après
quelques années d'exercice, revérifiée et
reconsidérée pour permettre de faire l'évaluation,
à savoir si, effectivement, il n'y aurait pas d'autres
possibilités ou d'autres moyens d'alléger le processus pour
l'ensemble des parents adoptants. Et je pense que lorsque nous en avons eu
l'occasion, en 1986... nous avons été très surpris de voir
la façon peu démocratique avec laquelle le gouvernement avait
opéré, à ce moment-là, pour régulariser une
situation ou une interprétation de la loi, alors que oui, effectivement,
il existait, dans certains cas, des parents qui rentraient avec des enfants et
allaient dans certains pays qui maintenaient le lien de filiation et que
c'était l'adoption simple qui s'exerçait dans certains pays alors
qu'ici, au Québec, nous savons fort bien que c'est l'adoption
plénière. Et à un moment donné, je ne sais pas pour
quelle raison ou pour quel motif on exigeait, on devenait de plus en plus
exigeants, en tout cas, en ce qui concerne cette concordance entre les lois
étrangères et la loi du Québec.
Je ne sais pas non plus sur quel principe une nouvelle tendance
apparaissait au niveau des fonctionnaires du Secrétariat à
l'effet qu'ils devaient imposer la loi québécoise à
l'ensemble des pays étrangers, là où l'adoption
plénière ne s'appliquait pas. Ça devenait, en fait, assez
fastidieux pour les pays, de toute façon, de conclure des ententes avec
un pays qui leur imposait ses lois. Je pense que tout ça devrait se
faire dans un esprit beaucoup plus ouvert et respectueux des lois et des us et
coutumes de chaque pays. Et nous avons vu, à l'occasion dune
consultation restreinte, au moment du projet de loi 21, un eminent
constitutionnaliste international venir ici, en commission parlementaire, et
nous dire que tout ça ne devrait pas faire l'objet d'une
préoccupation au niveau du Québec, que nous avions suffisamment
à nous occuper de nos lois et à appliquer nos lois sans
être obligés d'aller dans les pays étrangers pour leur
imposer notre vision des choses et notre législation. Il fallait faire
aussi l'adoption grâce à l'ensemble de la procédure des
différents pays et que, si cette procédure était vraiment
entérinée par les tribunaux des pays étrangers, ça
devenait une garantie et on ne pouvait pas être plus catholique que le
pape dans certaines circonstances. On ne pouvait pas demander aux gouvernements
de s'assurer que leurs tribunaux puissent être, vraiment hors de tout
doute, très légitimés de faire l'approbation de ces
démarches d'adoption internationale.
Alors, bien sûr, la ministre a dû constater, en fait, que
l'orientation dans laquelle elle s'en allait, avec la loi 21, était tout
à fait erronée et qu'elle devait ajuster son tir et apporter des
modifications substantielles pour faire en sorte, du moins, qu'on puisse
admettre que ce qui est important, c'est la concordance entre les lois de pays
étrangers et les lois québécoises; que les enfants qui
sont adoptés par des parents québécois aient les
mêmes droits que les enfants naturels et légitimes.
Alors, c'est ce que nous avons vraiment préconisé, et
c'est ce que nous essayions, à ce moment-là, de faire comprendre
à la ministre. Et je pense que nous avons mis tous les efforts et
l'énergie nécessaires pour influencer, du moins, les membres de
la commission à ce moment-là ainsi que la ministre. Nous lui
avons dit: Écoutez, Mme la ministre, il est très important de
comprendre que l'harmonisation entre les lois, c'est une chose, c'est possible
et on peut très bien, selon les procédures et les tribunaux
actuels, faire en sorte que l'appréhension en ce qui concerne le trafic
d'enfants soit contrôlée par le biais judiciaire de
différents tribunaux; c'est suffisant, en fait, pour vraiment
reconnaître la légitimité de cette démarche et
reconnaître les droits et les effets que prend, en fait, tout jugement,
tant dans le pays étranger qu'au Québec. Alors, nous avons
dû aussi aviser à ce moment-là... (16 h 30)
Je me souviens très bien, en commission parlementaire, alors qu'H
y a eu une commission assez restreinte avec les différents organismes
agréés à l'époque, avec des associations de parents
et aussi des intervenants dans le domaine
de l'adoption internationale, que nous avons dû nous pencher
aussi, à ce moment-là, sur l'approche bureaucratique qu'avait
développée le Secrétariat. L'ensemble des mémoires
qui nous avaient été présentés, à
l'époque, dénonçait l'attitude du Secrétariat,
demandait, en fait, d'apporter une réforme en profondeur au niveau du
Secrétariat, demandait aussi qu'un comité consultatif ou un
comité formé de parents, d'associations, d'intermédiaires
puisse siéger et favoriser les prises de décisions au niveau du
Secrétariat et demandait que le Secrétariat soit beaucoup plus un
organisme de promotion, un organisme d'information qui pourrait favoriser les
parents bien plus en leur donnant les informations nécessaires pour
faire la démarche dans leur projet d'adoption internationale.
Alors, on s'aperçoit maintenant que, bon, cette réforme
n'a pas eu lieu. On sait fort bien, actuellement, qu'on a dû vivre
certains événements pénibles et c'est surtout les parents
adoptants, surtout les parents qui avaient fait affaire avec l'association
Arc-en-ciel qui ont été les plus lésés au cours des
dernières années, et plus particulièrement au cours de
l'été et de l'automne derniers. Même, beaucoup de ces
parents ont abandonné carrément leur projet d'adopter un enfant
puisque ça faisait déjà assez longtemps, et c'a
été des coûts onéreux pour ces parents. Même
s'il y avait eu certains arrangements avec le Secrétariat, ils n'ont
jamais pu rentrer dans leurs frais. Il y avait une quarantaine de couples, et
un très petit nombre ont pu, en fait, recevoir l'enfant pour lequel ils
avaient postulé. Et ça, je trouve ça tout à fait
malheureux, et ça nous a donné aussi une très mauvaise
réputation.
Je pourrais vous parler de certains cas, le cas des Lachance qui ont
dû eux-mêmes aller au Mexique et qui ont dû revenir avec
beaucoup... Oui, parce que j'ai eu l'autorisation de pouvoir en parler, c'a
été public, c'a été vraiment très
publié par les différents journaux du Québec, à
l'époque, lis comptaient énormément sur la collaboration
du Secrétariat, mais peine perdue, ils se sont retrouvés au
Mexique sans aide, sans vraiment de possibilité d'accomplir une
démarche. C'est grâce, a un moment donné, à un
religieux ou une religieuse qui leur a dit: Écoutez, je vais vous
montrer, moi, comment faire de l'adoption internationale. Si vous voulez
adopter un enfant, voilà, vous allez prendre telle, telle
procédure et vous pourrez, finalement, compléter votre projet
d'adoption internationale.
Il y a eu aussi tous les problèmes qui sont arrivés
à la Chambre de la jeunesse où on avait entériné
des demandes de concordance entre le projet initial et le projet final. Et
même, c'étaient tous des gens qui avaient fait affaire avec Les
Enfants de l'Arc-en-ciel, et l'autorisation venait même du
Secrétariat. Il y avait même des erreurs dans cette
autorisation-là. On parlait de fille alors que la famille recevait un
garçon et on parlait d'un garçon alors que la famille recevait
une fille. Il y a eu plein de choses, des erreurs dans les noms, ce qui prouve
encore une fois que plus on complexifie les règles de procédures,
plus il risque de se glisser des erreurs, et beaucoup. En fin de compte,
plutôt que d'aider les parents, bien, malheureusement, on leur occasionne
beaucoup de problèmes, de préjudice. Il faut toujours tenir
compte que plus les années passent, plus ces parents-là
vieillissent et plus ça devient difficile pour eux, en fait, de pouvoir
réaliser leur souhait le plus cher, soit de fonder, de former une
famille québécoise, ce qui est très malheureux, à
mon avis, d'autant plus que tout ça représente pour ces
gens-là, sur le plan psychologique, je crois, beaucoup de stress.
Ça leur demande aussi, je pense, d'assumer une large
responsabilité sur le plan émotif puisque vous savez fort bien,
peu importe la démarche ou le processus dans lequel vous vous lancez au
moment de concevoir un enfant ou bien de pouvoir le concevoir par le biais de
l'adoption internationale, qu'il y a toujours, en fin de compte,
l'appréhension, il y a toujours, aussi, le rêve, il y a toujours,
aussi, une partie où on imagine, en fait, ce geste, et aussi où
on imagine l'enfant.
Beaucoup de parents ont dû vivre d'une façon dramatique cet
événement qui devrait être plus heureux qu'autrement et ils
ont dû vraiment le vivre d'une façon difficile, de sorte que
certains couples ont malheureusement eu des problèmes sur le plan
psychologique; il y en a même certains qui sont arrivés à
des séparations, parce que la situation a été tellement
dure et éprouvante pour eux qu'ils ont dû assumer des
problèmes d'ordre psychologique graves, profonds, dont le
résultat, finalement, était que ce qu'ils avaient de plus
important à réaliser dans leur vie de couple, c'est-à-dire
former une famille, donner de l'amour, un échange, de la chaleur, un
foyer chaleureux, eh bien, s'était estompé. Ils ne pouvaient plus
aller de l'avant et ils devaient tout simplement dire: C'était notre
dernier recours, c'était la seule façon qu'on pouvait envisager
pour entreprendre la formation d'une famille, et voilà que tous nos
efforts sont vains et qu'on doit constater tout simplement un échec.
Cet échec, ce n'est que les parents, il faut bien le soulever...
Ce n'est ni le Secrétariat, ni le gouvernement ni, en fait, les
ministres ou les députés qui doivent subir ce choc
éprouvant, mais beaucoup plus les parents qui entreprennent cette
démarche-là et pour qui, en fait, le souhait le plus cher est
qu'un enfant puisse combler la famille et qu'il soit aussi, un citoyen
honnête et un bon Québécois.
M. le Président, je trouve que, depuis assez longtemps, on se
penche sur l'adoption internationale et, malheureusement, c'est toujours la
même pensée qui domine lorsqu'on fait cette approche dans
l'étude d'un projet de loi qui concerne l'adoption internationale. C'est
que,
d'une part, on a une frayeur constante des trafics d'enfants.
J'espère que le ministre, tantôt, pourra nous sortir des cas
patents des dernières années, où il y a eu des trafics
d'enfants, ici, au Québec, à part Les Enfants de l'Arc-en-ciel
qui était réellement le seul organisme, en fait, qu'on a connu ou
qui a été connu, à moins qu'il n'y ait eu d'autres cas
qu'on ne connaît pas. Ce serait souhaitable, en tout cas, pour le
bénéfice de l'ensemble des membres de cette commission, ici,
d'être mis au courant du nombre d'enfants qui ont pu avoir
été soit victimes de rapt ou victimes, dans des pays
étrangers, pour entrer au Québec... Aucune de nos lois, aucun de
nos organismes gouvernementaux n'aurait pu pallier, en fait, à ce genre
d'exercice. Je pense que, si on se fie à l'immigration, tant canadienne
que québécoise, il faut certainement des visas pour faire entrer
les enfants - d'ailleurs, c'est ce dont se plaignent bon nombre de parents
adoptants - et c'est vrai qu'on nous répond plus rapidement au niveau du
Secrétariat depuis qu'on peut faire faire l'évaluation
psychosociale par une personne dûment reconnue par la Corporation
professionnelle des psychologues et celle des travailleurs sociaux; bien
sûr que ça allège les délais. Mais là
où, maintenant, s'accumulent les délais, c'est lorsqu'on
émet la lettre de concordance, la lettre de conformité, ce qui
fait que l'enfant a de la difficulté à entrer, parce que le
ministère de l'Immigration n'a pas la lettre de conformité de la
part du Secrétariat pour faire en sorte que l'enfant puisse
entrer...
Le Président (M. Joly): Madame... Mme Vermette:
...facilement au Québec. Le Président (M. Joly): Mme
la députée...
Mme Vermette: Encore là, au ministère de
l'Immigration, H y a énormément de délais.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, je me dois de vous rappeler que déjà vous avez
écoulé votre enveloppe de temps. J'imagine qu'on aura
sûrement l'occasion de vous entendre à l'étude article par
article. Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? Merci. Je
vais donc appeler l'article 1.
Mme Vermette: M. le Président, avant d'appeler l'article
1...
Le Président (M. Joly): II est déjà
appelé. Mme Vermette: Non, non, non. C'est...
Motion proposant la tenue de consultations
particulières
avec le Barreau du Québec
Le Président (M. Joly): Non? Je vous laisse aller. Oui,
madame...
Mme Vermette: J'aimerais vous présenter une motion et elle
se lit comme suit: "II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission parlementaire des affaires
sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 70, Loi concernant l'adoption et modifiant le Code civil du
Québec, le Code de procédure civile et la Loi sur la protection
de la jeunesse, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Barreau
du Québec."
Je peux argumenter, monsieur...
Le President (M. Joly): Attendez On va regarder l'article
comme tel. Ça me semble récevable à première vue,
mais je vais quand même ajuster mes verres. Donc, en vertu de l'article
244, Mme la députée de Marie-Victorin, vous avez raison. Alors,
j'imagine que, sur votre motion, vous aimeriez expliquer
légèrement.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je suis convaincue que
vous n'êtes pas surpris que je présente cette motion-là
puisque les commentaires, article par article, concernant lavant-projet de loi
sur l'adoption internationale, présentés par le Barreau, me
semblent tout de même assez importants. Il aurait été
souhaitable, pour le bénéfice des membres de la commission, de
pouvoir entendre le Barreau. Bien sûr, je suis convaincue que nous
pouvons en faire une lecture intelligente, mais vous savez qu'en termes de
droit il est toujours intéressant d'entendre les parties
intéressées, puisque c'est le législateur qui doit
interpréter les lois et que ce sont nos tribunaux qui doivent aussi
faire en sorte de donner des jugements, de rendre jugement. Pour le
bénéfice de cette commission, il aurait été utile
de voir, de la part des membres du Barreau, si eux croient que l'application de
cette nouvelle loi favorisera ou allégera, en fait, la procédure
d'adoption internationale au Québec, permettra aux parents de pouvoir,
dans des délais plus restreints, mettre leur projet à
exécution et réaliser leur souhait, c'est-à-dire former
une famille et avoir un bébé
Je me demande, M. le Président, à ce moment-ci, pourquoi,
d'ailleurs, le ministre n'a pas cru bon de faire entendre le Barreau du
Québec. Il aurait été souhaitable, puisqu'on se penche
pour une troisième fois sur un projet de loi sur l'adoption
internationale, de faire vraiment toute la lumière puisqu'il nous semble
que nous avons une difficulté, à l'heure actuelle, à
légiférer. Il aurait été très souhaitable
que le Barreau vienne nous dire exactement quelle orientation aurait
été souhaitée et souhaitable pour faire en sorte qu'on
allège le processus d'adoption internationale et qu'on fasse que les
règles de procédure soient beaucoup plus souples,
beaucoup plus équitables pour ne pas qu'on revienne, encore une
fois, se pencher sur un autre projet de loi qui favoriserait une meilleure
interprétation, une orientation dans le domaine de l'adoption
internationale. (16 h 45)
D'ailleurs, j'ai lu les commentaires du Barreau, article par article,
notamment au niveau du vocabulaire. Le Barreau dénonce jusqu'à un
certain point l'utilisation du vocabulaire, dans ce projet de loi, en nous
disant que le vocabulaire est assez inhabituel en matière judiciaire. En
effet, lorsqu'on dit que l'adoption dort être prononcée
judiciairement hors du Québec, cela risque d'entraîner une
confusion par rapport au vocabulaire habituellement utilisé qui parle de
jugements d'adoption prononcés hors du Québec. Il y aurait
sûrement lieu de s'entendre sur un vocabulaire connu. Donc, M. le
Président, je pense que ça aurait été important que
le Barreau nous dise, à nous, profanes dans le domaine du jargon
juridique, c'est quoi, le vrai vocabulaire utilisé et qui ne serait pas
tendancieux ou qui ne serait pas sujet à des interprétations qui
pourraient causer des préjudices à des parents, en fait, dans
leur démarche d'adoption internationale. Et moi, en fait, et là,
je ne parle pas de l'ensemble des commentaires, mais je vous parle uniquement
sur la forme, je ne vous parle pas sur le fond... Déjà, sur fa
forme, on nous annonce que la façon dont est libellé ce projet de
loi là est assez inhabituelle. Et moi, je me pose la question: Est-ce
que ce sont des juristes? Est-ce que c'est le contentieux qui a fait ce projet
de loi là, ou est-ce que ce sont des fonctionnaires du
Secrétariat qui ont fait le projet de loi? Je me pose la question. Dans
ce cas-ci, si ce sont... Bon, il aurait été
préférable, en fin de compte, de voir avec les gens du Barreau
comment eux pourraient interpréter, ou, en fin de compte, quels sont les
termes qu'ils privilégieraient et qu'ils favoriseraient dans ce projet
de loi.
M. le Président, vous le savez tout aussi bien que moi, notre
temps est précieux, le temps, je pense, des juristes, est important et
revenir constamment sur un sujet qui est l'adoption internationale... Depuis
1985, je pense qu'il n'y a pas une session où on ne doit pas faire
réviser, en fin de compte, la procédure dans le domaine de
l'adoption. Je mets au défi l'ensemble des députés qui
sont présents, s'ils n'ont pas eu au moins un cas à leur bureau,
de voir à quel point l'interprétation de la loi en ce qui
concerne l'adoption est difficile, est complexe; et beaucoup de gens s'y
perdent dans cette interprétation-là. Il y a plein de
dédales administratifs...
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, Mme la
députée de Marie-Victorin, le but de votre motion, c'est de faire
en sorte que vous soyez bien comprise par le Barreau.
Mme Vermette: Pas qu'on soit bien compris par le Barreau, mais
que le Barreau vienne nous apporter un éclairage, M. le
Président, et que le Barreau, quand il affirme que le
législateur, dans cette loi-ci, utilise un vocabulaire inhabituel en
matière judiciaire, m'explique c'est quoi, le vocabulaire inhabituel,
pourquoi il a relevé cette note-là, parce que ça fait
partie, justement, de ses commentaires. Ça aurait été
important pour nous, autour de cette table, d'avoir un aperçu du
vocabulaire habituel dans le jargon juridique et qu'on nous explique, en fart,
la portée de ce vocabulaire-là. C'est tout simplement - moi, je
pense - dans l'intérêt des membres de cette commission, aussi pour
éventuellement nous faciliter la compréhension de notre
étude, article par article, parce que nous aurons à nous pencher
sur certains termes. Nous aurons à expliquer la notion de ces
termes-là, la compréhension de ces termes-là. Et
là, nous allons être obligés, dans certains cas, d'apporter
des amendements, des interprétations, pour favoriser un meilleur projet
de loi, et ça, dans l'intérêt de l'ensemble de la
population, M. le Président.
Ce n'est pas parce que, justement, moi, je m'applique à vouloir
comprendre ce projet de loi là que je suis convaincue que je ne suis pas
la seule à vouloir cette information-là. Je ne suis pas la seule,
non plus, à savoir que le Barreau, en fait, s'est penché
plusieurs fois sur l'adoption internationale, sur cette loi sur l'adoption
internationale. Tout le monde convient que l'adoption internationale, c'est
assez complexe. Une meilleure compréhension ferait peut-être que,
à la lecture du projet de loi, certaines interrogations pourraient
tomber, s'estomper. Ça serait beaucoup plus rassurant, compte tenu du
fait que, de nombreuses fois, nous avons été obligés de
reprendre la loi concernant l'adoption internationale.
Je ne sais pas, si c'était une première fois, bien,
peut-être, M. le Président, que je vous dirais: Bien,
écoutez, je pense que, oui, on a fart un effort substantiel. Le ministre
nous présente un projet de loi, en tout cas, qui nous semble
répondre aux attentes de l'ensemble de la population. Mais, vous savez
fort bien qu'il n'y a pas si longtemps nous avons eu une commission
parlementaire où nous avons entendu beaucoup d'intervenants, qu'il y a
eu le projet de loi 21, que ce projet de loi là, maintenant, n'est pas
applicable dans sa forme actuelle et que ce même projet de loi là
a été contesté, autant de la part des gens du monde
juridique que des gens de la Chambre de la jeunesse eux-mêmes. Les juges
de la Chambre de la jeunesse eux-mêmes ont eu de la difficulté
à mettre en application les articles du projet de loi 21.
Je pense, M. le Président, qu'il aurait été
souhaitable, en tout cas, que ces gens qui sont représentés par
le Barreau du Québec, des avocats qui ont de la pratique et des
connaissances, viennent nous expliquer exactement la
compréhension qu'ils se font des différents articles de ce
projet de loi, d'autant plus, M. le Président, que dans le projet de loi
- il faut le ressortir - il y a un article qui vise directement la pratique de
certains avocats. Ça aurait été très important
parce que je pense que le principal mandataire pour représenter les
différents avocats du Québec, en l'occurrence, c'est lé
Barreau. Ça aurait été très important d'entendre le
Barreau se pencher sur cette notion et sur l'article 12 du projet de loi qui
nous semble, en tout cas, assez contestable et qui remet en cause la pratique
même et la façon dont doivent pratiquer les avocats. Et ça
aurait été très intéressant, plutôt que
d'avoir uniquement... Comme moi, le ministre a reçu, lui aussi, des
avis, des documents de différents procureurs, de différents
avocats. Ça aurait été intéressant de ne pas s'en
tenir à ça et de dire: Bon, bien oui, c'est deux ou trois
avocats, tout simplement, qui ont pris parti dans ce dossier-là parce
qu'on sait fort bien qu'Us sont plus intéressés que d'autres
à faire de l'adoption internationale, qu'ils sont déjà
"développés" à une forme de pratique en adoption
internationale. Parce que ces gens-là, on a déjà une forme
de préjugé à leur endroit et qu'on voudrait devenir plus
restrictif, aussi, quant à l'application de cette loi-là, pour
certains avocats. Moi, j'aurais trouvé ça très
intéressant...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je pense que la
plaisanterie a assez duré. Je pense que la députée de
Marie-Victoria..
Mme Vermette: Question de règlement, M. le
Président. Je veux bien entendre le...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski, vous savez qu'en vertu de l'article 209...
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
Le Président (M. Joly): ...sur toute question de fond
comme telle...
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
Le Président (M. Joly): ...Mme la députée,
qui est l'auteure de la motion, a quand même droit à 30
minutes.
M. Tremblay (Rimouski): À 30 minutes? Le
Président (M. Joly): À 30 minutes.
M. Tremblay (Rimouski): C'est long, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, je me dois, madame... Mme
la députée de Marie-vïctorin, je me dois de vous
reconnaître. S'il vous plaît!
Mme Vermette: M. le Président, comme je vous le disais, il
nous a semblé qu'un article de ce projet de loi là visait
particulièrement certains procureurs et certains avocats de pratique
reconnue dans le domaine de l'adoption internationale. Ça aurait
été intéressant que le Barreau, qui est un tiers
complètement indépendant de toute cette
préoccupation-là, nous éclaire, en fait, sur la
compréhension que lui en a, sur son interprétation et sur la
possibilité pour les avocats de pratiquer dans le domaine de l'adoption
internationale. Je pense qu'il est important de respecter les différents
cadres légaux. Il est important de respecter aussi les professionnels
dans leur profession. Ça aurait été une occasion
extraordinaire, en fait, pour le Barreau, de manifester exactement sa
compréhension. Il n'aurait plus fait l'ombre d'un doute, à savoir
si le législateur, bien sûr, voulait viser une catégorie
plutôt qu'une autre.
Quand on veut être plus restrictif, dans un projet de loi, on ne
vise pas qu'une catégorie, on vise l'ensemble de la population.
Actuellement, en voulant viser une catégorie on a peut-être
été un peu trop loin, ce qui fait que maintenant on devra, si on
s'en tient à la lettre du projet de loi, de l'article 12,
éliminer beaucoup de gens qui voudront aider et qui auront uniquement
l'intention d'apporter une aide importante à des parents qui
désirent avoir recours à des informations pour faire entrer un
enfant au pays. Donc, le ministre nous disait oui, au moment de son allocution,
au moment de l'acceptation du principe du projet de loi. Il nous disait que,
oui, bien sûr, il apporterait certaines modifications. Mais, avant
d'apporter ces modifications, il aurait été, à mon avis,
très souhaitable que le Barreau puisse nous apporter un éclairage
additionnel pour qu'on puisse vraiment comprendre la portée de cet
article et aussi savoir exactement à quoi s'attendre avec
l'interprétation de cet article-là. Moi, je trouve ça tout
à fait dommage qu'encore une fois il nous semble qu'on arrive en fin de
session, qu'on nous présente un projet de loi vitement fait,
bâclé, avec, en tout cas, au niveau du vocabulaire, des mots plus
ou moins reconnus sur le plan judiciaire et qui risquent d'apporter
énormément de problèmes. Je considère que, quand on
veut vraiment favoriser l'ensemble de la population, il est important,
peut-être dans ce cas-ci, de légiférer moins, comme ' le
disait ce gouvernement, mais de légiférer mieux. En ce qui
concerne légiférer mieux, je ne peux pas, en tout cas, faire ce
constat à l'heure actuelle, surtout lorsqu'on parie de l'adoption
internationale.
M. Tremblay (Rimouski): Question de règlement, M. le
Président, en vertu des articles 211 et 212.
Mme Vermette: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, je vais laisser M. le
député s'exprimer et je vais voir si...
M. Tremblay (Rimouski): En vertu des articles 211 et 212, sur une
motion pour juger de l'à-propos d'inviter le Barreau, Mme la
députée de Marie-Victorin semble vouloir discuter de l'ensemble
du projet de loi qui vient d'être adopté à
l'unanimité à l'Assemblée nationale, en première
lecture. Je ne vois pas l'importance... Et je lui demande la pertinence du
débat.
Mme Vermette: Monsieur...
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Vermette: Oui. Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): En vertu de quel article,
madame...
Mme Vermette: 212, je crois.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, je pense que
212...
Mme Vermette: C'est la pertinence.
Le Président (M. Joly): Article 212. Tout discours doit
porter sur le sujet en discussion." Article 211.
Mme Vermette: 211.
Le Président (M. Joly): Article 212, si vos propos ont
été mal cités ou quoi...
Mme Vermette: C'est 211 ?
Le Président (M. Joly): Ça ne semble pas être
ça. C'est 211. Si vous invoquez l'article 211, je vous reconnais.
Mme Vermette: Alors, en vertu de l'article 211 du
règlement, M. le Président, je pense que je suis en train de
parler de la nécessité d'entendre le Barreau qui a apporté
des commentaires article par article. Donc, le Barreau a apporté ses
commentaires sur l'ensemble du projet de loi. Ma demande est à l'effet
que, puisque le Barreau lui-même a fait parvenir des commentaires, il
aurait été très important pour l'ensemble des membres de
cette commission de pouvoir, justement, entendre le Barreau pour faire en sorte
que la compréhension des différents articles...
Le Président (M. Joly): Écoutez.
Mme Vermette: ...puisse être apportée à cette
Chambre...
Le Président (M. Joly): Mme la députée...
Mme Vermette: ...et à cette commission.
Le Président (M. Joly): Je vais trancher. Le
député de Rimouski invoque l'article 211. Vous revenez à
la charge, vous invoquez à votre tour l'article 211. Donc, je ne sais
pas si vous voulez donner raison au député de Rimouski en
invoquant le même article mais, si tel est le cas, je me dois de dire,
quand même, qu'à l'intérieur de l'article 211 on peut
laisser supposer beaucoup de choses. J'admets que, occasionnellement, à
l'intérieur de son droit de parole, Mme la députée de
Marie-Victorin a peut-être bifurqué occasionnellement, mais elle
est quand même revenue sur le sujet et sur la pertinence. Mme la
députée Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. En fait, je pense que
j'étais tout à fait dans la pertinence lorsque je disais que ce
gouvernement, au tout début de son mandat, en 1985, avait affirmé
très fort qu'il légiférerait moins, mais mieux. Et je dis
qu'ici nous ne sommes pas devant un cas patent de légiférer
mieux, puisque nous devons constater que nous en sommes actuellement à
un troisième projet de loi qui touche l'adoption internationale. Donc,
c'est la preuve flagrante qu'avoir un éclairage du Barreau serait
très appréciable et que ça nous permettrait
peut-être de faire un projet de loi beaucoup mieux structuré et
qui, nous osons l'espérer, nous permettrait, en tout cas, de ne pas
être obligés de reprendre l'exercice pour une quatrième
fois.
C'est pourquoi je fais valoir à la présidence mes motifs
à l'effet qu'il est important - en tout cas, pour la
compréhension que nous voulons avoir des commentaires article par
article - que le Barreau vienne ici, à cette commission, nous donner ses
avis par rapport à ces différents articles-là. Ça
nous aiderait aussi dans nos débats à aller beaucoup plus
rapidement, à en avoir une meilleure compréhension et à
être sûrs, au moment où nous pourrons adopter ce projet de
loi là, d'avoir un projet de loi qui sera tout à fait conforme
aux règles de droit applicables, et aussi un projet de loi qui serait,
en fait, équitable et juste. C'est pourquoi le Barreau, à mon
avis, est important. Nous sommes en train de parler de législation. Nous
sommes en train de parler de compréhension de loi. Lorsqu'on parle de
législation, de projets de loi, nous sommes en mesure, en fait, de
mettre tous les éléments importants quant à cette
compréhension-là pour présenter les lois les mieux faites
possible, parce que ces lois-là ont des conséquences à
long terme. (17 heures)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, est-ce qu'on
pourrait appeler le vote sur la motion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski...
Mme Vermette: M. le Président, question de
privilège.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député de Rimouski.
Mme Vermette: Question de règlement.
M. Tremblay (Rimouski): Bien, ça n'a pas de bons sens.
Le Président (M. Joly): Je vais demander que, en tant que
parlementaires, on soit respectueux des règles établies et qu'on
donne la possibilité à chacun de s'exprimer librement. La
démocratie, je pense qu'on n'a pas besoin - on sait ce que c'est - de
l'expliquer. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Donc, je m'explique
mal, en fait, l'empressement du député de Rimouski, parce que je
me demande si, réellement, il pourrait m'interpréter les articles
de loi dans leur forme actuelle, tels que libellés, sans faire d'erreur
et en ayant la certitude que tout ce qui est écrit dans ce projet de loi
ne nécessiterait pas un éclairage approfondi et que, justement,
au niveau des tribunaux, les parents ne seraient pas lésés quant
à l'interprétation des différents articles qui sont
inscrits dans ce projet de loi. Si le député de Rimouski pouvait
me faire cette preuve-là, oui, effectivement, j'arrêterais tout de
suite, mais ça me surprendrait énormément. Donc je pense
que je vais continuer et j'espère que je ne serai pas
dérangée pour le reste du temps qui m'est alloué sur cette
motion, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Encore, avec vos
éléments de preuve, madame. U reste 15 minutes.
Mme Vermette: M. le Président, j'étais à
dire que, si on reprend les commentaires du Barreau... En fait, il a
émis énormément de commentaires, il y en a pour 11 pages.
La majorité des articles sont visés par les commentaires du
Barreau. Je pense que, dans certains cas, il y a beaucoup plus a dire que pour
d'autres articles. Moi, je vous le dis, en fait, c'aurait été
important qu'on apporte un éclairage autre que celui qui nous est
apporté actuellement par le ministre délégué, ses
procureurs et son contentieux. Les parents qui doivent vivre avec
l'interprétation de ces articles de loi là méritent qu'on
les traite beaucoup mieux, méritent qu'on leur apporte, en tout cas, une
loi mieux faite et qui facilite leurs démarches, M. le
Président
Moi, ce qui m'inquiète le plus, c'est justement
l'intérêt des parents parce qu'eux ont vécu, dans le
passé, tellement de problèmes face à une démarche
d'adoption internationale; on leur a rendu tellement compliquée, en
fait, toute démarche qu'il aurait été intéressant
d'entendre, en fin de compte, le Barreau nous dire quelle est la meilleure
façon, sur le plan juridique, pour alléger le processus de
l'adoption internationale, quoique complexe, en tenant compte des règles
internationales tout en tenant compte des différentes formes de
contrôle qui sont nécessaires. Il ne faut pas avoir peur de le
dire, bien sûr qu'il faut avoir des contrôles, mais qui pourrait
assumer ces contrôles-là? Moi, j'aurais grandement
apprécié, ça m'aurait peut-être, en tout cas,
permis, lorsque je pourrai voter sur le projet de loi, de savoir exactement
où je peux me situer. Est-ce que je peux donner mon aval à un tel
projet de loi ou tout simplement dire: Écoutez, il faut refaire
l'exercice au complet? Parce que, oui, même si on enlève certains
irritants, il n'en demeure pas moins que les parents, eux, devront subir
tellement d'autres inconvénients qu'il aurait peut-être
été souhaitable de ne pas accepter le projet de loi et de faire
un projet de loi tout à fait nouveau, tout ça dans
l'intérêt et le mieux-être de l'ensemble des parents
adoptants du Québec. C'est parce que je ne veux pas prendre parti pour
un groupe de représentants des professionnels et c'est dans cette
neutralité que pourrait apporter le Barreau que je "m'inscris" à
cette motion. J'aurais souhaité entendre un organisme tout à fait
neutre, qui aurait pu nous apporter une interprétation sans partisanerie
et qui nous aurait permis, justement, de pouvoir voter un projet de loi pour
lequel nous aurions pu afficher une fierté, parce qu'il aurait
répondu à l'ensemble des objectifs que nous nous étions
proposés, c'est-à-dire d'alléger le processus dans le
domaine de l'adoption internationale et de permettre à des parents
d'atteindre, dans les plus brefs délais, leur rêve, celui de
fonder et de créer une famille par le biais de l'adoption
internationale.
Je trouve ça tout à fait particulier qu'on refuse
d'entendre le Barreau du Québec, qui aurait pu aussi nous dire pourquoi
l'ensemble des avocats nous a envoyé autant de documentation, nous a mis
en garde contre un certain article et a pris la peine, en tout cas, de faire
parvenir à l'ensemble des députés élus de
l'Assemblée nationale des documents pour leur dire: Écoutez, nous
nous croyons lésés par le projet de loi, pas par l'ensemble du
projet de loi, mais par certains articles du projet de loi, notamment l'article
12 qui dit: "Nul ne peut faire entrer ou contribuer à faire entrer au
Québec un enfant domicilié hors du Québec en vue de son
adoption par un tiers, à moins d'être un organisme
agréé par le ministre..." Je pense que c'aurait été
souhaitable,
en tout cas, que toute la lumière autour de cet article qui
invite à un grand débat fasse l'objet d'une interprétation
de la part du Barreau du Québec, ici, sur place, et qu'il nous
enlève toute suspicion et toute interprétation douteuse quant
à ce libellé, tel que proposé dans le projet de loi.
Je pense qu'on ne pourra jamais nier que les avocats du Québec
ont un rôle important à jouer dans le processus complexe d'une
adoption internationale et que ça implique, lorsqu'on entreprend une
telle démarche, des mesures judiciaires, tant au Québec que dans
les pays étrangers. Cela a toujours été plus favorable, en
tout cas, entre professionnels qui s'adonnent à la même
profession, d'échanger entre eux toute la paperasserie administrative et
judiciaire, parce qu'ils ont une forme de jargon qui fait en sorte que c'est
beaucoup plus facile quant à la compréhension, parce que
ça permet justement de faire tous ces rapports dans un temps beaucoup
plus restreint et parce que ça permet aussi aux parents de
réaliser leur projet dans des délais beaucoup plus acceptables
qu'ils ne le sont à l'heure actuelle.
Vous savez très bien, M. le Président, que ça prend
de trois à quatre ans à des parents, lorsqu'ils entreprennent une
démarche d'adoption internationale, pour mener à terme leur
projet, que c'est, dans certains cas, difficile à vivre, difficile
à supporter sur le plan psychologie et émotif. Lorsqu'on peut
avoir l'assurance qu'une personne compétente peut nous apporter un coup
de main dans notre démarche, mon Dieu, c'est autant d'acquis pour ces
parents-là, ça enlève un poids et ça leur permet
d'envisager, dans des délais beaucoup plus restreints, la
possibilité de rentrer au pays avec des formalités reconnues par
les différents tribunaux, tant des pays étrangers que du
Québec.
Je pense que l'adoption d'un enfant exige et exigera toujours
l'intervention des tribunaux. Quand on parle de tribunaux, bien sûr qu'on
parle des avocats, et il faut aussi avoir des avocats compétents dans le
domaine de l'adoption internationale. J'aurais aimé poser quelques
questions au Barreau, à savoir si, ici, au Québec, nous avons des
avocats suffisamment connaissants en droit international et connaissant
suffisamment la procédure pour faire de l'adoption internationale.
Est-ce qu'on peut se fier à ces mêmes avocats? Est-ce que c'est
souhaitable, en fait, qu'on laisse certains avocats entreprendre de telles
démarches? C'aurait été autant de questions
intéressantes à poser au Barreau parce que nous aurions pu nous
fier à la neutralité de cet organisme, à la
représentation du Barreau du Québec. C'aurait été
beaucoup plus souhaitable que de dire, comme on me l'a mentionné
à un moment donné, que les seules doléances que nous
avions reçues provenaient de certains procureurs qui s'adonnaient de
façon plus particulière que d'autres à l'adoption
internationale au Québec.
Moi, je ne veux pas prendre parti, comme je vous l'ai dit, pour certains
professionnels dont, actuellement, il semblerait qu'une bonne partie de la
pratique est beaucoup plus orientée vers l'adoption internationale que
vers une autre forme de pratique. Tout simplement, j'aurais aimé que le
Barreau puisse répondre à mes interrogations en ce qui concerne
justement la démarche que font certains avocats au moment d'une adoption
internationale et leur demander si effectivement, ils reconnaissent tout
à fait acceptable que des avocats s'adonnent à une telle
pratique. Est-ce que ce serait souhaitable? Est-ce qu'il y aurait danger,
est-ce qu'il pourrait y avoir un monopole? Est-ce qu'on pourrait
présumer que certains avocats, en fin de compte, deviendraient des
"brokers" ou des agences pour l'adoption internationale, et, auprès des
parents, pourraient faire des pressions indues et que, bon, comme certains
professionnels, pourraient mettre des affiches ou des annonces dans les
journaux?
En fait, c'aurait été autant de questions
intéressantes à poser parce qu'il nous semble que le coeur, le
noeud du problème au niveau de cette loi-là a toujours
été, en fait, l'appréhension du trafic d'enfants ou du
trafic d'influence que pourraient faire certains professionnels auprès
de différents confrères dans des pays étrangers ou,
même, ici au Québec, ce qui pourrait indûment augmenter les
frais, de façon considérable pour des parents désireux
d'adopter un enfant, sachant très bien à quel point il est
important pour ces parents d'adopter un enfant.
J'aurais aimé poser ces questions-là, à savoir:
Combien pensez-vous qu'un avocat devrait "charger", en tout cas, pour faire une
procédure d'adoption internationale? Vous vous situez dans quelle mesure
de grandeur, en fin de compte, dans ce débat-là? C'est des choses
importantes. On est en train de légiférer, on est en train de
passer un projet de loi qui pourra aider des parents ou des couples qui veulent
faire une adoption internationale. Je pense que c'est important qu'on sache
exactement qui peut faire quoi, comment il peut le faire, jusqu'à quel
point on peut lui donner des responsabilités et comment devraient
s'effectuer les contrôles auprès des différentes personnes
qui pourraient être reconnues ou agréées par le projet de
loi. Je pense que c'est tout à fait normal qu'on le demande au Barreau,
qui est l'instance la mieux placée, à mon avis, pour nous donner
de tels avis et nous éclairer, nous apporter une compréhension
beaucoup plus substantielle de ce projet de loi, parce qu'il y a des
conséquences.
On parle de vies humaines avec ce projet de loi. On ne parle pas de
cannes de tomates qu'on est capables de déplacer sur des tablettes comme
ça fait notre affaire: une journée, c'est ce produit-là
qu'on présente, puis le lendemain, c'est un autre produit qu'on
présente. On parle ici d'enfants. On parle aussi de parents adoptants,
de parents qui ont des émotions, de
parents qui, en fin de compte, doivent vivre ce projet, cette
démarche-là dans une harmonie, dans la
sérénité et non pas, M. le Président, dans une
procédure de dédales administratifs qui fait en sorte qu'ils ont
beaucoup plus de préoccupations qu'autre chose et qui fait qu'ils se
posent toujours des questions. Ils ont bien plus de chances, dans la
procédure qu'actuellement on leur fait vivre, que leur projet d'adoption
ait un avortement que le nombre de grossesses naturelles qui pourraient exister
au Québec. Ça, je trouve ça inacceptable. On met toutes
les chances de son côté quand on parle vraiment d'une grossesse.
Alors pourquoi? C'est une grossesse psychologique, l'adoption internationale.
En fait, pourquoi ne pas mettre toutes les chances du côté des
parents adoptants pour qu'ils puissent arriver à mener à terme,
justement, ce projet, cette démarche et faire en sorte que oui, ils
puissent aussi bénéficier des avantages que pourrait avoir un
projet de loi qui les favoriserait et qui serait équitable pour eux?
Moi, je pense que tout simplement cette approche-là se fait dans
un esprit d'équité, de justice sociale pour l'ensemble des
parents et des couples adoptants ici, au Québec, qui n'ont qu'un
souhait, soit de vraiment fonder une famille, et qui veulent être
aidés par des personnes qui s'y connaissent, qui ont autorité
pour les aider et qui n'aspirent pas à prendre une filière
illégale. Mais, malheureusement, la pratique antérieure a fait en
sorte que de nombreux parents ont dû malheureusement prendre une
filière tortueuse qui a frisé, dans bien des cas,
l'illégalité. Nous devons constater, à l'heure actuelle,
qu'encore une fois nous devrons reconnaître tous ces enfants qui sont
entrés illégalement au pays. Le projet de loi revient encore
à cette notion-là dans l'intérêt de l'enfant. Il
faut, oui, justement, faire reconnaître la procédure d'adoption
même si les parents n'ont pas suivi à la lettre la
réglementation. Donc, c'est parce que... (17 h 15)
Le Président (M. Joly): Votre temps est expiré, Mme
la députée de Marie-Victorin. Votre temps est expiré.
Merci. M. le ministre.
Une voix: Voilà!
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. M. le Président,
je répondrai très brièvement sur le fond de la motion
parce que je n'embarquerai pas dans tout ce jeu que fait la
députée, et je trouve ça bien dommage parce qu'en Chambre
elle disait... L'Opposition et le leader de l'Opposition disaient qu'ils
voulaient travailler sincèrement et honnêtement à bonifier
la loi. Si c'est le souhait réel de l'Opposition, qu'on commence
à regarder les articles, article par article, pour qu'on puisse les
bonifier. Nous sommes prêts à discuter de chacun des points qui
sont soulevés par le Barreau et par d autres personnes. Nous avons des
explications à donner, des papillons qui ont été soumis
et, dans un esprit de véritable bonification de la loi, j'inviterais la
députée à jouer son rôle réel de critique de
l'Opposition afin qu'on puisse la regarder article par article.
Quant au fond de la motion, à savoir d'écouter le Barreau,
oui, le Barreau est important. On l'a déjà consulté, M. le
Président, le Barreau, mais ce n'est pas le Barreau qui écrit les
lois. Le Barreau nous a soumis un mémoire, au mois de novembre, de 36 ou
37 pages; on l'a analysé. Il nous a resoumis, par le biais d'un
comité qui a produit un rapport tout récemment... En tout cas, un
rapport nous est arrivé d'un comité qui agit sur la question de
l'adoption internationale. On l'a analysé également. Il y a eu
des pourparlers entre des représentants du ministère de la
Justice et du ministère de la Santé et des Services sociaux et le
Barreau. Il y a des réponses qu'on pourrait donner sur chacun des points
qui sont soulevés tant par le Barreau que par d'autres personnes.
J'arrêterai tout simplement en disant que, si véritablement
l'Opposition est sincère, si elle ne veut pas jouer ce jeu cynique, qui
étire le temps juste pour étirer le temps, si elle veut
être prise au sérieux, selon les paroles qu'elle a dites et
prononcées en Chambre, c'est-à-dire qu'elle est prête
à collaborer avec nous afin de bonifier le projet de loi, j'inviterais
la députée de Marie-Victorin à procéder avec nous
à l'appel de l'article 1. Et j'espère très
sincèrement que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscarningue n'embarquera pas dans ce jeu. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
Mme Vermette: Question de règlement, M. le
Préskient.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Une voix: En vertu de quel article?
Mme Vermette: Sur le privilège, M. le Président. Je
n'admets pas qu'on...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée, il n'y a aucune question de privilège.
Mme Vermette: Question de privilège. Le
Président (M. Joly): II n'y en a pas. Une voix: II n'y en a
pas en commission.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, il n'y en a pas.
Alors, si vous avez un autre article que vous voulez invoquer, ça va me
faire plaisir
de vous reconnaître si ça s'applique. Sinon, je dois
reconnaître le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue.
M. Sirros: Mon temps n'étant pas
écoulé...
Le Président (M. Joly): Non. Votre temps n'est pas
écoulé, sauf que, si vous cédez la parole, M. le ministre,
à ce moment-là, nécessairement, la "balance" du temps qui
vous reste, qui vous est imparti est annulée.
M. Sirros: Si je pouvais avoir le consentement, je pense que j'ai
une toute petite communication ou un rappel.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on a le consentement
pour déborder sur ce que M. le ministre veut nous communiquer?
Des voix: Consentement.
M. Sirros: Je veux tout simplement reprendre textuellement ce que
le leader de l'Opposition a dit en Chambre. Il a dit: Moi, sur le plan
législatif, ça m'irait. Regardons voir si on peut examiner du
côté administratif. Moi, sur le plan législatif, ça
m'irait. Ça, c'est dixit le leader de l'Opposition. Alors, dans ce
contexte et dans le contexte que la députée elle-même
soulevait... La députée elle-même soulevait le contexte de
législation qu'on a eu avant, l'anxiété des parents, la
frustration des parents, les sentiments eux-mêmes, les difficultés
qui sont vécues par les personnes. Or, dans ce contexte-là, je
l'invite encore une fois à procéder à l'examen article par
article pour légiférer et non pas juste pour discuter et faire de
l'histoire. C'est tout.
Le Président (M. Joly): M. le députe de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Oui, du
côté de l'Opposition, et le ministre est en mesure aussi de
comprendre cela parce que c'est ça aussi, le système
parlementaire, et ça fait partie d'un tout... Ce n'est pas divisé
en petits morceaux. C'est pourquoi on pense, pour bien nous inscrire dans
l'esprit du règlement et l'esprit de la motion qui a été
présentée, qu'il faut demander que cette commission entende, dans
des auditions particulières, les membres du Barreau. Les gens de
l'Opposition ont reçu un certain nombre de requêtes, ont
reçu un certain nombre d'observations qui sont extrêmement
pertinentes et qui demanderaient, effectivement... Parce que, qui que nous
soyons dans cette salle, nous n'avons pas tous une formation de juriste qui
nous permettrait de mesurer, en tant que législateurs, l'ampleur et les
effets que peuvent avoir certains mots utilisés dans certaines
lois...
Le ministre constatera très certainement avec nous qu'il y a
même une différence d'application lorsqu'on est à
préparer un projet de loi ou, en fait, des amendements à un
projet de loi, des corrections à une loi qui est déjà
existante, qui se réfère à de très nombreuses
autres législations à travers le monde. C'est le propre
même de l'adoption internationale.
Dans ce sens-là, le ministre a bien noté qu'au niveau du
principe de l'allégement de la correction, de la bonification du
processus d'adoption internationale l'Opposition a mentionné par son
leader et les différents intervenants - on l'a manifesté par un
vote nominal aussi - qu'elle appuyait le ministre dans l'examen de ce
processus-là. Je lui répète que tout cela fait partie d'un
tout et qu'il nous semble que oui, effectivement, on pourrait peut-être
même gagner du temps, comme le disait la députée de
Marie-Victorin tantôt. Le ministre dit: Nous avons reçu un long
mémoire du Barreau, il y a déjà un bon nombre de mois. On
a reçu, appelons ça une deuxième livraison de commentaires
du Barreau, il y a un certain nombre de semaines. Comment le ministre peut-il
dire: Eh bien, écoutez, passons sérieusement à chacun des
articles, quand nous, on ne l'a pas tout eu, peut-être, cet
éclairage-là?
Il y aurait lieu de partager avec des gens qui sont dans le monde
juridique et qui peuvent nous dire jusqu'où porte effet tel type de
terme, tel autre type de terme, et je sais très bien qu'il y a tout un
appareillage au Service de la législation. Mais je reprendrai
là-dessus les propres mots de votre ministre senior, le ministre de la
Santé et des Services sociaux, que j'interrogeais à l'occasion de
la défense des crédits pour l'année 1990, et qui disait:
Écoutez, il ne faut pas que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue soit trop impatient pour la
présentation de notre projet de réforme parce que, vous savez,
c'est extrêmement compliqué, c'est extrêmement difficile de
rédiger un projet de loi qui traduise bien la volonté du
législateur et la volonté du ministre qui propose un certain
nombre de réformes. Alors, voilà des motifs qui soutiennent, dans
un premier temps, notre demande de faire entendre le Barreau à cette
commission. également, le Barreau, vous l'avez mentionné
vous-même, a pris soin de vous écrire, a pris soin de vous
soumettre des mémoires, et il y a tout lieu de croire que, même
à l'étude de ces différents documents qu'on vous avait
soumis, supposément - si j'ai bien compris, le ministre me corrigera si
ce n'est pas dans le sens où les choses se sont passées, il y a
déjà un bon moment - on prévoit déjà
aujourd'hui qu'on va nous présenter, en séance ici, lorsque nous
arriverons à l'étude article par article, des modifications.
Bien, là, il y a quelque chose qui ne semble ne pas fonctionner dans le
raisonnement. Si on avait tous reçu ces représentations
et qu'on en avait tenu compte, j'espère, je le souhaite, que
toutes ces modifications, ces ajustements eussent été faits pour
être inclus dans le projet de loi qui a été
déposé devant l'Assemblée nationale. Je ne refuse pas de
reconnaître que c'est en plein le droit du ministre, là, qui
présente la législation, d'apporter des amendements. C'est
parfaitement conforme à l'ensemble de nos procédures et de nos
règlements. Je ne mets pas en doute la possibilité, la
capacité du ministre de présenter ces amendements-là. Mais
je veux tout simplement l'invoquer dans notre argumentation pour dire: II y a
des gens qui sont, on le sait, traditionnellement, au Québec,
très fortement impliqués, et dans tous les sens du terme - le
ministre sait ce qu'on veut dire par cela - dans le processus de l'adoption
internationale ou dans tout le phénomène de l'adoption
internationale.
Alors, que le Barreau, comme organisme professionnel, prenne soin de
nous faire connaître ses préoccupations à nous aussi, le
ministre doit bien le savoir, nous aussi, évidemment, c'est le propre de
l'économie générale du processus parlementaire que les
groupes de pression - dans ce cas-là, je ne veux pas les appeler groupes
de pression, mais des groupes "supportants" - fassent parvenir aussi à
l'Opposition certains documents pour nous aider à produire la meilleure
loi possible, le meilleur texte législatif. Parce que, et
là-dessus, je donne ça au ministre, on veut faciliter tout cela.
On veut que ce soit dans les termes les plus simples, dans le processus le plus
simple possible.
On sait comment on est pris longtemps - évidemment, c'est le
propre de la définition d'une loi - avec C'opérationnalisation"
d'un texte de loi lorsqu'il est adopté par l'Assemblée nationale.
Ça vaut la peine, de concert avec l'Opposition et, dans ce
sens-là, c'est plutôt un appel que je lancerais - à
l'inverse, c'est un appel que je lance à la majorité
ministérielle et au ministre responsable - pour qu'on puisse entendre le
Barreau pour qu'on puisse éviter deux choses en particulier: le nombre
de corrections qu'il y a eu à cette loi et... Personne n'est parfait
dans ce processus. Les premiers projets de loi qui ont été
présentés en pareille matière en termes de correction,
d'adaptation du processus, il y en a eu aussi sous le gouvernement du Parti
québécois. Puis, il s'est présenté un très
grand nombre de problèmes. Ma collègue de Marie-Victorin parlait
il y a quelques minutes des - appelons ça, entre guillemets, pour les
gens qui sont au texte - difficultés organisation-nelles du
Secrétariat à l'adoption internationale.
C'est probablement parce que le degré de sagesse n'est pas encore
assez élevé au niveau du législateur que je dis, premier
argument, que c'est important que l'on prenne toutes les précautions
nécessaires. Ce n'est pas ne pas faire confiance ou ne pas accorder de
crédibilité aux gens qui accompagnent le ministre et qui tra-
vaillent à cette fin-là. Ce n'est pas ça du tout. Le fait,
pour l'Opposition, c'est de dire: II y a donc, dans ce premier groupe
d'arguments, ceux du Barreau qui nous dit: On doit regarder chaque terme de
façon que la résultante générale dans ce projet de
loi, ce soit un processus au niveau de l'adoption internationale qui soit
facilitant, qui soit plus facile. Il faut que les gens, finalement, qui sont
les parents, puissent en arriver à dire: Bien, au niveau de l'adoption
internationale au Québec, le législateur nous "supporte" Pas rien
qu'au niveau de la volonté. On l'a vu dans les chiffrés que nous
pouvons examiner, quant au nombre d'adoptions, sur le plan international, qui
se sont réalisées effectivement chaque année, au cours des
cinq dernières années, et le nombre de parents, le nombre de
couples qui souhaiteraient faire appel à ce processus-là. On
admet tous, du moins de ce côté-ci, que ça demeurera
toujours un processus un peu compliqué qui nous demandera, oui, de
prendre un certain nombre de précautions, qui nous demandera
d'être attentifs à ce qui se passe ailleurs. Mais, comme on est au
service des citoyens et des citoyennes qui "initient" des procédures -
et je pourrais rappeler là-dessus, oui. tout ce qu'on doit faire pour
faciliter le processus pour, de plus en plus, utiliser ce processus-là,
pendant la discussion où les présentations qui ont
été faites pour...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, votre temps est
déjà écoulé.
M. Trudel: Hé! que c'est court. Hé! que c'est
court.
Le Président (M. Joly): Quoique ce fut très
intéressant, votre temps est déjà
écoulé.
M. Trudel: J'en avais au moins pour une heure, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est court, c'est court, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Trudel: Je vous trouve difficile.
Des voix: Oui.
M. Sirros: Oui, M. le Président.
M. Trudel: II a dit oui, il a dit oui. Consentement.
Mme Vermette: C'est adopté? Adopté.
M. Trudel: II a dit oui, il a dit oui. Consen-
tement.
Mme Vermette: On a dit oui, de l'autre côté, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Non, je pense qu'on va...
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut avoir un vote nominal, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Joly): Bien, madame, si vous le demandez,
on va le faire sûrement. Alors, je vais appeler le vote nominal.
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour, M. le Président. (17 h 30)
Le Président (M. Joly): Pour. M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Pour.
Le Président (M. Joly): Pour. M. le ministre?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Saint-Henri?
Mme Loiselle: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Fabre, contre.
Donc, la motion est rejetée. Alors, nous allons appeler...
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais une autre motion
à déposer, s'il vous plaît.
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la députée.
C'est votre droit. Alors, s'il vous plaît.
Motion proposant d'entendre aussi
l'Association des parents pour
l'adoption internationale
Mme Vermette: Alors, il est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure, la commission
permanente des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 70, Loi concernant l'adoption et
modifiant le Code civil du Québec, le Code de procédure civile et
la Loi sur la protection de la jeunesse, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin,
elle entende l'Association des parents pour l'adoption internationale.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
votre motion est recevable parce que ça apporte un fait nouveau. Alors,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Alors, vous savez très bien, M. le
Président, à quel point il est important pour nous de savoir
exactement ce qu'en pensent les principaux concernés. Et les principaux
concernés sont des parents qui appartiennent à l'Association des
parents pour l'adoption internationale, qui ont une expérience, depuis
de nombreuses années, dans le domaine de l'adoption internationale et
qui, eux, sont mieux placés que quiconque pour nous dire exactement
comment se passe la procédure au moment où ils mettent en oeuvre
tout le déclenchement d'une adoption internationale. Alors, moi,
à cette fin, M. le Président, je vous ai présenté
cette motion-là parce que, encore une fois... Lorsque nous avons
présenté le projet de loi 21, nous avions entendu plusieurs
associations de parents ou de groupes qui font de l'adoption internationale et
ça nous avait été d'une aide précieuse quant
à nos orientations et à la nature de nos discussions, pour
améliorer ou bonifier le projet de loi. Et je pense que, encore une
fois, maintenant que nous devons aussi nous pencher pour une troisième
fois sur un projet de loi, il aurait été souhaitable qu'on puisse
entendre, comme pour le projet de loi 21, quels sont les irritants les plus
difficiles à vivre et à subir au niveau des procédures
administratives, qu'est-ce qui fait que leurs doléances sont si fortes
à l'endroit du Secrétariat ou au niveau de leurs
démarches, qu'est-ce qui fait que c'est si difficile pour eux et
pourquoi, en fait, faire l'adoption, ça prend autant de temps que
ça. Les délais, on le sait, sont de trois à sept ans, dans
certains cas, et pourquoi? Pourquoi, encore aujourd'hui, faut-il
qu'après le projet de loi 21 qui devait améliorer
substantiellement tous les délais et toute la procédure,
devons-nous nous pencher une troisième fois sur un nouveau projet de loi
qui concerne l'adoption internationale? Ça aurait été
très important. Ce sont eux qui subissent, en fin de compte, toute cette
législation-là et la réglementation. Ce sont eux qui sont
mis à l'épreuve chaque fois qu'ils accomplissent une
démarche ou qu'ils doivent s'enquérir soit auprès des
tribunaux ou auprès du Secrétariat à l'adoption
internationale... En fait, les vraies préoccupations qui les concernent.
Je pense que, avoir eu le temps... Et ça aurait été
important pour
nous de faire ce qu'on avait demandé, le mandat d'initiative que
nous avions proposé au mois de juin 1989. Et, lorsque, après les
élections, bien sûr, nous sommes revenus, il aurait
été souhaitable de reprendre cet exercice-là parce que ce
mandat d'initiative avait été accepté. Et je pense que
l'ensemble des parlementaires auraient pu, à cette occasion-là,
être informés sur les préoccupations des parents qui sont
concernés par un projet tel que celui de l'adoption internationale.
Mais ce mandat n'a pas eu lieu, nous n'avons pas pu vérifier
à travers tout le Québec de quoi il en retournait des
problèmes pour les différents parents, dans les
différentes régions du Québec. Parce que je suis
convaincue, Mme la Présidente, que selon les régions, les
problèmes ne sont pas les mêmes. À Montréal, bien
sûr, dans les services sociaux, il y a beaucoup plus d'effectifs,
même s'ils sont débordés par tous les problèmes de
la DPJ en ce qui concerne le signalement. Bien sûr, dans certaines
régions, il n'y a vraiment pas de personnel professionnel qui soit
capable, justement, de répondre aux demandes des parents dans le but
d'adopter un enfant. Et c'est une préoccupation importante, quant
à moi, sur laquelle nous aurions dû nous pencher et il aurait
été intéressant de savoir, selon les différentes
associations de parents, qu'est-ce qui fait en sorte qu'ils avaient à
affronter des délais aussi insupportables pour eux et des délais
qui, de plus en plus, allaient en s'accroissant plutôt qu'en diminuant.
On me dit que dans certaines régions, même au niveau de certains
services sociaux... Je me demande s'il y a des personnes qui sont disponibles
pour répondre aux demandes des parents, ce qui fait en sorte que
certains parents se sont sentis lésés dans leurs
démarches, se sont sentis carrément abandonnés ou
laissés à eux-mêmes pour accomplir tout le processus qu'on
dort enclencher lors d'un tel projet.
Les parents, vous savez, depuis de nombreuses années, ont ce
sentiment d'entraide entre eux. Ils peuvent apporter une excellente
collaboration, ils peuvent apporter aussi de nombreuses informations et,
à mon avis, je les considère privilégiés puisque,
dans l'ensemble de ces associations de parents adoptants, la majorité
des membres ont déjà été impliqués dans un
processus d'adoption internationale et ils connaissent très bien tous
les aléas d'une telle démarche. Et ça aurait
été pertinent pour nous de recevoir ces informations-là
pour bonifier, améliorer le projet de loi et faire en sorte que la
majorité des couples adoptants, au Québec, n'aient plus à
subir toutes ces procédures si frustrantes pour un grand nombre de ces
parents adoptants là. Il n'en existe pas tellement d'associations de
parents, alors ça aurait été heureux pour qu'on leur donne
une attention particulière. Je ne pense pas qu'on aurait passé un
temps indu, parce que ces gens-là connaissent bien la situation. Ces
gens-là sont au fait de toutes les préoccupations - quelles que
soient les régions - de la majorité des parents qui ont à
faire face à un projet d'adoption internationale.
Et j'appuie énormément sur les différentes
régions, parce que, vous savez, quand des parents de Chicoutimi sont
obligés de descendre à Montréal au Secrétariat pour
faire entériner toutes leurs procédures, ce n'est pas tellement
facile pour eux. C'est des frais aussi. Et quand des gens aussi de la
région de Sherbrooke qui ont été lésés, eux,
par un organisme... Il aurait été important, en tout cas, de leur
demander: Bon, écoutez, qu'est-ce que vous pensez, qu'est-ce qu'H serait
souhaitable qu'on améliore pour faciliter vos démarches quand
vous procédez à une adoption internationale? Quels sont les
principaux obstacles auxquels vous êtes confrontés? Je pense que
c'est autant de réponses importantes, quant à nous, pour orienter
justement le libellé des articles de loi. Et, comme le ministre
s'était donné comme objectif d'alléger toute la
procédure, eh bien, pour alléger la procédure, il faut
être au courant des différentes réponses et de savoir
exactement où il faut ajuster le tir. Et les parents sont les mieux
concernés, les parents qui sont à l'intérieur des
associations de parents sont des gens très préoccupés, des
gens qui, manifestement, démontrent un intérêt substantiel
dans toutes ces procédures et pour eux ça aurait
été important, en fin de compte, qu'on leur donne le temps
nécessaire pour qu'ils puissent venir nous donner des informations
additionnelles pour que nous puissions améliorer ou bonifier le projet
de loi.
L'objectif, encore ici, il faut le répéter, est de
favoriser l'ensemble de la population par des législations beaucoup plus
simples, moins complexes et qui font en sorte que des parents ou des couples
qui sont concernés par un projet d'adoption internationale puissent
facilement mener à terme cette réalisation, cette
démarche. Donc, il aurait été intéressant,
effectivement, que ces parents-là nous apportent un éclairage en
ce qui concerne les différentes procédures, en ce qui concerne
les irritants auxquels ils doivent faire face régulièrement
lorsqu'ils font une démarche d'adoption.
Vous savez, bien sûr, on a nos problèmes ici, au
Québec, avec les projets d'adoption, mais avant d'arriver à tous
ces problèmes-là, pourquoi ne pas préparer les parents
à assumer ou à affronter cette démarche-là? Parce
que je pense que de leur apporter une forme de support, leur apporter aussi,
à eux, le soutien nécessaire, les informations nécessaires
importantes dans leurs démarches, ça allégerait leurs
préoccupations et ça leur permettrait aussi de se sentir beaucoup
plus sereins dans cette démarche-là.
J'entendais le ministre dire que c'est important d'avoir un esprit de
compassion vis-à-vis des parents adoptants. Moi, je pense que la
meilleure façon de démontrer de la compassion à l'endroit
des parents, c'est de leur donner
l'occasion de se faire entendre en commission ici, auprès des
différents membres de cette Assemblée, pour faire en sorte qu'on
puisse bonifier le projet de loi dans un sens qui favorise beaucoup plus et
avantage leurs démarches plutôt que d'être obligés de
reprendre encore une fois l'exercice d'un projet de loi. Je pense que chaque
fois qu'on reprend l'exercice de mettre sur papier un projet de loi, en fait,
on se donne un surcroît de travail - dans ce cas-ci, ça me semble,
en tout cas, utile puisque, une première fois et une deuxième
fois, et c'est la troisième reprise. Donc, il y avait des manques dans
ce projet de loi et peut-être que... Pourtant, nous avions essayé
en tout cas de mettre toutes les chances pour que le projet de loi puisse
réussir, quant à l'Opposition. Nous avions apporté nos
recommandations; nous avions apporté nos amendements; nous avions fait
nos mises en garde pour faire en sorte que le projet de loi puisse correspondre
plus adéquatement à une procédure souple, efficace, simple
pour l'ensemble de la majorité des parents adoptants du
Québec.
C'est dans ce même esprit que nous abordons l'étude de ce
projet de loi pour, justement, faire en sorte que le ministre ne soit pas
obligé, encore un fois, de reprendre l'exercice et qu'il soit
obligé de recommencer une fois de plus un projet de loi concernant
l'adoption internationale.
Je pense que la meilleure façon pour qu'on ne soit pas toujours,
constamment en train de refaire cet exercice-là, eh bien, c'est de
prendre le temps d'entendre les bonnes personnes, les bons groupes ou les gens
qui sont les plus représentatifs et qui sont les plus concernés
par l'adoption internationale. C'est tout simplement dans un esprit
d'efficacité justement, que nous proposons actuellement au ministre et
au côté gouvernemental l'occasion d'entendre différents
organismes, d'entendre, en fait, les gens les plus au fait de tout ce qui se
passe dans le domaine de l'adoption internationale. Ces gens peuvent nous
apporter des informations importantes qui, justement, permettraient à ce
moment-ci - parce que c'est l'occasion qui nous est donnée - avant
d'adopter définitivement le projet de loi, de le bonifier, de
l'améliorer, de lui apporter, en fin de compte, un libellé
compréhensif, simple, pour faire en sorte que le projet de loi devienne
applicable et non pas tortueux. (17 h 45)
C'est, à notre avis, la meilleure façon de
procéder. En tant qu'Opposition, si on veut jouer adéquatement
notre rôle, on doit permettre au ministre de mettre tous les
éléments importants, positifs de son côté pour que,
justement, il ait la fierté de dire, lorsqu'il aura terminé son
projet de loi: Oui, ce projet de loi est conforme à la
réalité et conforme aussi aux objectifs que se sont donnés
les parents, les juges, les bénévoles, les gens qui oeuvrent dans
le domaine de l'adoption internationale. Qu'enfin nous puissions nous dire avec
fierté que le Québec s'est doté d'une loi qui
répond de façon juste et équitable à l'ensemble des
parents qui entreprennent un projet d'adoption internationale dans le respect
des règles et des procédures de notre législation et de
celles des pays étrangers.
Quant à moi, c'est très important que les principaux
concernés puissent avoir l'occasion de nous entretenir sur, justement,
toutes ces notions importantes concernant l'adoption internationale. Je
considère que ce serait à l'avantage de cette commission et que
ce serait heureux, en fait, de prendre le temps qui nous est alloué pour
permettre à ces gens de nous apporter des informations importantes et
pertinentes concernant toute démarche, toute approche dans le domaine de
l'adoption internationale. Bien sûr, cette fois-ci, on ne peut pas
entendre le Barreau. On nous a refusé que le Barreau puisse se faire
entendre. Maintenant, j'espère qu'on pourra, du moins, en tout cas, au
niveau des principaux concernés, c'est-à-dire l'Association des
parents pour l'adoption internationale, avoir l'occasion de les entendre.
Bien sûr, le ministre dira aux membres de cette commission qu'il a
eu l'occasion de les rencontrer et que même au mois de février,
déjà, il y a eu des échanges. Je voudrais vérifier
parce que je reçois de la correspondance de certains membres de
l'Association des parents pour l'adoption internationale et on me dit que le
ministre n'a pas respecté ses engagements. J'aurais bien aimé
pouvoir justement confronter les affirmations, en fait, de ces gens de
l'Association des parents qui disent que le ministre est revenu sur sa
décision. C'aurait été très enrichissant, en tout
cas, pour le bénéfice des membres de cette commission de savoir
exactement où en sont ces discussions, ce qui a été retenu
et ce qui n'a pas été retenu.
Nous aurions pu aussi demander au ministre, avec la participation des
parents, pourquoi il n'a pas retenu, en fin de compte, certaines
recommandations ou certaines demandes des parents qui étaient là.
Je pense que plusieurs parents m'ont souvent parlé d'un droit de
recours; tel que libellé dans le projet de loi, il n'y a pas de droit de
recours. L'association des parents adoptants du Québec nous disait que,
tout compte fait, elle se voit contrainte d'accepter ce projet de loi,
même s'il ne répond pas à ses attentes. Elle se sent tout
à fait contrainte de l'accepter parce que, de toute façon, on
enlève certains irritants qui étaient tellement difficiles
à assumer, notamment en ce qui concerne l'évaluation
psychologique où il y avait des délais insupportables - ça
dépendait aussi des régions parce que ce n'était pas
uniforme. Chaque région avait sa façon, sa procédure pour
faire de l'adoption internationale. Donc, les parents, en fin de compte, m'ont
dit: Écoutez, nous sommes prêts à accepter ce projet de
loi. Ce n'est pas... Un peu comme le disait le premier ministre du
Québec, lorsqu'il est revenu de la conférence
fédérale-provinciale, ce n'est sûrement pas dans
l'enthousiasme que ces parents-là ont accepté le projet de loi.
C'est un peu une question de raison, pour sauver les meubles un petit peu,
qu'ils sont obligés d'accepter, en fin de compte, le projet de loi en se
disant que c'est peut-être mieux de subir et de souffrir un peu moins que
de subir et de souffrir un peu plus, comme on le faisait avec la loi 21, mais
que, tout compte fait, il existe encore des améliorations majeures
à apporter au projet de loi et que, encore une fois, il reste des
demandes importantes auxquelles on n'a pas répondu par ce projet de
loi.
J'aurais aimé, en fait, qu'on puisse faire une discussion
sereine, à cette Assemblée, à cette commission pour
comprendre exactement le litige entre les parents et le Secrétariat, et
voir la connaissance des parents et l'interprétation qu'ils font, en
fait, de toute cette démarche. Il aurait été souhaitable
que nous puissions entendre ces parents pour éliminer toute controverse
ou pour éliminer toute mauvaise interprétation que ces gens
peuvent avoir, et autant pour le Secrétariat. Ça enlève
les doutes. Et c'est important lorsqu'on parle d'un projet de loi qu'on
élimine le plus de doutes possible pour permettre justement que,
lorsqu'on arrive à accepter le libellé d'un projet de loi, on se
dise: Dans ce projet de loi, on a fait un exercice intéressant. Nous
sommes, en tout cas, fiers de le présenter parce que nous savons qu'il
répond adéquatement aux attentes et aux exigences, en fait, d'une
procédure juste et équitable dans le domaine de l'adoption
internationale. Il favorise les parents, il favorise l'enfant et les droits de
chacun sont respectés. Et ça, dans des règles souples,
dans une démarche souple et qui permet justement de réaliser dans
des délais acceptables, le plus rapidement possible, l'adoption
internationale dans les pays étrangers.
Beaucoup de parents aussi nous ont dit qu'actuellement, H existait des
problèmes en ce qui concerne les visas d'entrée d'un enfant, que
maintenant, avec le Secrétariat, s'il fait diligence à une place,
il y a des problèmes à un autre endroit. Moi, j'aurais
aimé... C'est du ouï-dire, me dira le ministre et je ne peux pas me
fier sur du ouï-dire, et je ne veux pas apporter du ouï-dire en
preuve, mais j'aurais aimé, par contre, entendre de vive voix les
personnes en commission parlementaire. J'aurais pu, à ce
moment-là, apporter mes recommandations ou mes amendements sur du
concret, sur des réalités, sur des affirmations et on aurait pu
confronter, M. le ministre, d'une façon plus facile, en fin de compte,
mes interventions ou, en tout cas, mes amendements ou certaines affirmations
qui auraient pu vous sembler choquantes dans certains cas, puisque vous
m'apportez que, dans certains cas, ce n'est pas tout à fait
justifié. En fin de compte, l'association de parents me dit que vous
êtes revenu sur votre décision et vous dites: Non, ce n'est pas
vrai. Ça aurait été souhaitable, en fin de compte, qu'on
puisse, une fois pour toutes, trancher dans de tels débats. Sans l'ombre
d'un doute, nous aurions pu, en fin de compte, clore une discussion
interminable dans le domaine de l'adoption internationale. Nous aurions pu, en
tout cas, hors de tout doute, apprécier votre démarche et faire
en sorte de rassurer l'ensemble des parents adoptants qui sont membres de
l'association des parents adoptants du Québec. Nous aurions pu les
rassurer, en fait, collégialement, dans une démarche qui aurait
répondu beaucoup plus à leurs attentes et à leurs
préoccupations, de sorte que les parents puissent
bénéficier autant de la compréhension du ministre que de
la compréhension de l'Opposition, afin que nous puissions jouer
pleinement notre rôle en tant que parlementaires et en tant que
représentants dûment mandatés de la population. Et nous
pourrions ainsi passer des lois qui répondent à leurs attentes,
à leurs préoccupations, pour faire en sorte que ces lois soient
souples, justes et équitables.
J'aurais aimé entendre, en fait, les parents, pour savoir s'ils
étaient d'accord pour qu'il y ait deux formes d'approches, l'approche
tantôt par les CSS et... Et selon l'approche que l'on privilégie,
en fait, il y en a un qui a des frais et l'autre n'a pas de frais. J'aurais
aimé qu'on discute de toute cette approche dans un ensemble de politique
familiale, à savoir pourquoi justement on ne favorise pas, pour ces
parents adoptants là, un meilleur support sur le plan financier.
J'entendais le ministre dire: J'espère que la
députée ne veut pas qu'on paie des billets d'avion aux parents.
Je vous dirais: On paie bien un accouchement à l'heure actuelle et
ça représente des frais considérables. Je pense que, quand
les parents font une démarche d'adoption, on devrait, au même
titre, la considérer comme un volet d'une politique familiale et leur
apporter un support, tous les supports que l'on peut retrouver dans une
grossesse naturelle. Eh bien, je pense que les parents qui entreprennent un
projet d'adoption internationale pourraient, en tout cas, s'attendre à
au moins autant de support dans leurs démarches. Ces démarches
sont peut-être particulières, bien sûr, mais c'est le
même objectif de créer, de former une famille, de favoriser, en
fait, l'ensemble de la collectivité québécoise par la
famille et faire en sorte que nous puissions compter sur de bons citoyens pour
prendre la relève. Je pense que c'est le même objectif, quelle que
soit la façon d'y arriver. Si l'État reconnaît ses
obligations et qu'il favorise, en tout cas, laide et accorde des mesures
d'appui dans un cas, je ne vois pas pourquoi, au niveau de l'adoption
internationale, plutôt que d'alléger le processus on tente
davantage d'alourdir le processus et de pénaliser
certains parents en leur occasionnant des frais supplémentaires.
je considère que déjà là, ils ont suffisamment de
frais sans leur imposer des frais supplémentaires. il aurait
été beaucoup p\vt souhaitable, encore une fois, de regarder avec
les parents, enfin, comment analyser l'adoption internationale dans un
processus, dans le prolongement d'une politique familiale. je pense qu'ils se
seraient sentis directement concernés, il y aurait eu beaucoup à
échanger, beaucoup à dire et le projet de loi aurait
peut-être été un projet de loi beaucoup plus audacieux
qu'il ne l'est à l'heure actuelle.
M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée, je
vous reconnais, il vous reste encore quelques minutes.
Mme Vermette: je vous remercie, m. le président. alors, m.
le président, on me dit qu'il me reste... alors, j'aimerais bien pouvoir
prendre tout le temps qui m'est alloué...
Le Président (M. Joly): Madame, je pense que...
Mme Vermette: ...sans être...
Le Président (M. Joly): ...à venir jusqu'à
date, je vous ai toujours reconnue. Je pense que je démontre que je ne
mets aucune partialité, alors je vous laisse aller, donc, en vertu du
règlement.
Mme Vermette: Parfait, M. le Président. Alors,
j'étais à dire qu'effectivement, je crois qu'après les
enfants, les parents sont les principaux concernés et qu'il aurait
été important, en fait, de discuter avec eux pour voir comment
ils pourraient entrevoir l'adoption internationale comme étant le
prolongement d'une politique familiale et, quant à eux, quels seraient
les meilleurs moyens pour les aider dans leurs démarches, dans une
politique familiale, et quel serait le support qu'on pourrait leur apporter,
pour alléger, sur le plan financier, cette démarche.
Moi, je pense... Vous savez, c'est une contribution sociale que
l'adoption internationale. Il ne faut pas considérer ça comme une
dépense, mais bien plus, au contraire, comme un investissement, comme un
capital dont toute la société au complet, la
société québécoise peut bénéficier
parce que, justement, nous allons chercher des enfants qui seront demain des
citoyens et qui prendront la relève. Ils seront de véritables
Québécois et Québécoises et c'est ce dont nous
avons besoin au moment où nous constatons un problème de
démographie au Québec. Je pense que c'est la façon la plus
naturelle au niveau de l'immigration que de compter sur l'adoption
internationale pour favoriser la famille.
Je pense qu'au contraire, nous devrions les aider.
Beaucoup de parents m'ont demandé, à part ça:
Pourquoi n'avons-nous pas l'allocation, comme dans les autres familles, pour un
troisième enfant? C'aurait été intéressant, en
fait, de pouvoir discuter de toutes ces préoccupations-là.
Pourquoi ne leur donne-t-on pas l'allocation comme pour tous les autres
enfants? C'est une famille, il faut considérer ça. Ils ne s'en
vont pas chercher un paquet ou un objet pour leur plaisir; ce n'est pas un
objet de luxe qu'ils s'en vont chercher, c'est un enfant pour créer une
famille et c'est sur une approche familiale qu'on devrait se pencher lorsqu'on
parle d'adoption internationale. Lorsqu'on légifère, on devrait
être animé de cet aspect-là important, parce que, au
contraire, si on ne prend pas cette vision des choses, on fait fausse route. On
fait justement des relations internationales de pays à pays - trafic
d'enfants, voleurs d'enfants - mais on oublie tout l'aspect le plus
fondamental, quant à moi, qui est d'aider et d'encourager des parents
à créer une famille, à former une famille, à former
de bons citoyens et de bonnes citoyennes, des Québécois et des
Québécoises pour le Québec. Moi, j'estime qu'on manque,
encore une fois, une occasion importante de faire valoir les
préoccupations des parents qui sont les principaux concernés au
moment d'une démarche en adoption internationale et que ça aurait
été important, en fait, de les entendre ici, à cette
commission parlementaire.
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée de Marie-Victorin. Compte tenu de l'heure et compte tenu
aussi du fait que votre temps est expiré... Vous avez fait
coïncider ça, madame, à la seconde, je ne dirais pas
à la minute, à la seconde. Donc, nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures, dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux,
et nous en étions, de mémoire d'homme, à la motion
numéro 2, si je me souviens bien, qui, nécessairement,
suggérait qu'on entende l'Association des parents pour l'adoption
internationale. Alors, vous voyez que j'ai évité le
préambule. Est-ce que la motion... Oh! Vous aviez quelque chose à
dire, M. le ministre?
M. Sirros: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Brièvement, je vous
reconnais exceptionnellement s'il y a quelque chose, parce que votre droit de
parole...
M. Christos Sirros
M. Sirros: Oui. Les mêmes commentaires que lors de la
première motion, et mon souhait le plus vif c'est qu'on passe à
l'étude de l'article 1. On a eu amplement l'occasion, autant
moi-même que les députés, de consulter puis de parler,
d'avoir des points de vue de différents groupes, et non seulement
cela... J'arrêterai là, M. le Président. Je recommande
qu'on rejette la motion, puis qu'on passe à l'étude de l'article
1.
Le Président (M. Joly): Donc, la motion est
rejetée.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie- Victorin.
Mme Vermette: ...j'aurais une motion à vous
présenter, toujours en fonction...
Le Président (M. Joly): Donc, motion rejetée.
Mme Vermette: La première, la dernière...
Le Président (M. Joly): La deuxième motion, celle
que j'ai mentionnée tantôt.
Mme Vermette: La deuxième. Alors, j'ai une
troisième motion, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous avez une troisième
motion?
Une voix: ...motion. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Écoutez, c'est avec beaucoup de
déception, parce que c'est tout simplement pour aider à une
meilleure compréhension du projet de loi que je fais ces
motions-là et, en fait, pour qu'on puisse arriver à écrire
un bon projet de loi.
Le Préskient (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin, est-ce que vous permettriez qu'un des membres de cette
commission fasse une suggestion?
Mme Vermette: Au niveau...
Le Président (M. Joly): Au niveau de la motion.
Mme Vermette: On peut toujours écouter.
M. Sirros: Au niveau de la motion.
Mme Vermette: Comme le dit si bien le premier ministre, il faut
toujours aller voir de quoi les gens parlent.
Le Président (M. Joly): Bon! Alors, M. le ministre.
M. Sirros: Moi, j'allais suggérer.. J'imagine que la
motion c'est d'entendre un autre groupe?
Mme Vermette: D'entendre un autre groupe? Bien, alors on va le
formuler, l'autre groupe.
M. Sirros: Formulez d'abord, puis on verra après.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Mme la
députée de Marie-Victorin.
Motion proposant d'entendre aussi le
Secrétariat à l'adoption internationale
Mme Vermette: Alors, j'ai une motion à vous
présenter, M. le Président. Il est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission permanente
des affaires sociales tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 70, Loi concernant l'adoption et
modifiant le Code civil du Québec, le Code de procédure civile et
la Loi sur la protection de la jeunesse, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin
elle entende le Secrétariat à l'adoption internationale.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je trouve que c'est une motion
très sérieuse. Alors, si vous voulez, moi je suis prêt
à en débattre.
M. Sirros: Excusez-moi, M. le Président, est-ce que je
peux faire une suggestion, à ce moment-là?
Le Président (M. Joly): De là la suggestion qui
peut, peut-être, être apportée avec votre consentement, Mme
la députée de Marie-Victorin.
M. Sirros: Ma suggestion, M. le Président, ce serait, si
la députée le permet, qu'effectivement on entende le
Secrétariat à l'adoption internationale, mais en
commençant l'étude article par article et, lors de chaque
article, on pourrait avoir le point de vue...
Le Président (M. Joly): Vous allez l'avoir avec vous.
M. Sirros: ...du Secrétariat à l'adoption
internationale, M. le Président. Et je trouve ça très
intéressant de la part de la députée.
Le Président (M. Joly): Donc, Mme la
députée de Marie-Victorin, vous êtes
considérée comme une avant-gardiste. Partant de là...
Mme Vermette: Peut-être que j'ai des donc de clairvoyance,
M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je n'en ai jamais
douté.
Mme Vermette: Mais, indépendamment des dons que je peux
posséder, j'aimerais bien pouvoir mettre ma motion aux voix, si
possible.
Le Président (M. Joly): Alors nous allons la mettre aux
voix immédiatement.
Une voix: II faut en discuter avant.
Mme Vermette: Est-ce qu'on va en discuter?
Le Président (M. Joly): Ah! Vous voulez en discuter en
plus?
Mme Vermette: Ah oui. Non, non.
M. Sirros: J'avais un amendement à proposer, M. le
Président.
Une voix: On est sur l'amendement.
Mme Vermette: Non. Si on peut en discuter, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Oui. Donc, de par les
règlements, vous avez quand même un temps défini qui vous
est alloué...
M. Sirros: Oui, mais...
Le Président (M. Joly): ...qui est de 30 minutes, parce
que vous êtes l'auteure de la motion et que nous discutons sur la
forme.
Mme Vermette: Sur la forme. Voilà! M. Sirros: Oui, mais
une question... Mme Vermette: Sur la forme et le fond.
Le Président (M. Joly): Allez... Non. Sur la forme.
Autrement, vous auriez une heure. Oui. Alors, allez-y, madame, vous avez 30
minutes.
Mme Vermette: Sur la forme.
Le Président (M. Joly): Je vous laisse aller 30
minutes.
M. Sirros: Mais si la députée le permet, M. le
Président. Si on lui disait qu'on accepte sa motion avec un amendement
qui va tout à fait dans le sens de sa motion, est-ce qu'on pourrait
entendre l'amendement?
Mme Vermette: Alors, on pourra parler sur l'amendement
ultérieurement. Je vais commencer par parler sur la motion.
M. Sirros: Et si elle est d'accord à ce moment-là,
on pourrait fondre les deux.
Mme Vermette: Moi, M. le Président, je suis d'accord pour
débattre de la motion. On pourra, si le ministre a un amendement,
apporter notre argumentation à l'amendement.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, est-ce que vous
voulez soumettre un amendement immédiatement à la motion? Il se
lirait comment?
M. Sirros: Si on pouvait sauver du temps, pour qu'on puisse
passer, justement avant que le souhait de la députée ne soit
rempli...
Le Président (M. Joly): Elle le pourrait, oui. C'est
possible.
M. Sirros: M. le Président, si la députée
m'écoutait deux minutes, je suis convaincu qu'elle accepterait.
Le Président (M. Joly): C'est possible. Si...
M. Sirros: C'est pour aider la procédure, M. le
Président.
Mme Vermette: Alors, je vais déposer ma motion. Nous
allons débattre de la motion et, après, si le ministre
considère qu'il y a toujours lieu d'apporter son amendement, il
l'apportera et on pourra faire la discussion à ce moment-là, M.
le Président.
M. Sirros: Ha, ha, ha! Non, mais c'est pour aider la
procédure, M. le Président. Vous permettez?
Le Président (M. Joly): Alors... M. Sirros: Sur la
procédure.
Le Président (M. Joly): parfait! non, en vertu de
l'article 209, je reconnais mme la députée de marie-victorin et
je lui accorde le temps défini par le règlement, qui est de 30
minutes. mme la députée de marie-victorin.
M. Sirros: Même pas le consentement?
Mme Vermette: J'applique le règlement, M. le ministre.
M. Sirros: Je demande le consentement de la
députée, M. le Président, pour expliquer quelque
chose.
Mme Vermette: Alors, je mets en applica-
tion le règlement et je prends le droit de parole qu'on me
reconnaît.
M. Sirros: C'est de la mauvaise foi!
Le Président (M. Joly): Ce que je me dois quand même
d'expliquer, de par le règlement, Mme la députée, vous
avez 30 minutes.
Mme Vermette: Parfait!
Le Président (M. Joly): Le ministre aura son droit de
réplique de 30 minutes aussi, et il pourra apporter un amendement...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): ...qui pourra supputer, si vous
voulez, le...
Mme Vermette: Je trouverais ça tout à fait
intéressant, en fait.
Le Président (M. Joly): Bon!
M. Sirros: Je suis prêt à proposer à la
députée qu'on rencontre son souhait d'entendre le
Secrétariat, M. le Président, et elle tient quand même
à parler.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
ministre, vous êtes d'accord pour dire que, durant tout ce
temps-là, on radote... on recule ou on retarde les adoptions.
Une voix: On radote. Vous avez bien raison, on radote.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas osé le dire.
C'est un lapsus "involontaire". Je m'excuse, Mme la députée.
Une voix: C'était un excellent lapsus.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
à vous.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Alors, M. le Président, je trouve
qu'à ce moment-ci de nos discussions il serait important d'entendre le
Secrétariat à l'adoption, à la commission. Nous avons
beaucoup entendu parler du Secrétariat, tantôt par les parents,
tantôt par le Barreau, tantôt par certains procureurs qui font de
l'adoption internationale. Bref, le Secrétariat à l'adoption
internationale a fait l'objet de nombreux écrits et de nombreuses
interventions, autant de la part de parents que de gens qui ont
été concernés de près ou de loin par l'adoption
internationale.
Comme j'aime beaucoup l'objectivité, je pense que c'aurait
été une excellente occasion d'entendre des fonctionnaires du
Secrétariat nous parier de leur façon, de leur philosophie, de
leur approche, en fait, à l'intérieur du Secrétariat, de
la façon dont ils administrent le Secrétariat. Je pense que
ça aurait pu nous éclairer, en tout cas, pour une meilleure
interprétation, une meilleure compréhension du projet de loi qui
nous est présenté, le projet de loi 70, Loi concernant l'adoption
et modifiant le Code civil du Québec, le Code de procédure civile
et la Loi sur la protection de la jeunesse.
Vous savez, toute action s'inscrit dans une philosophie et c'est
important de connaître la philosophie qui sous-tend cette action. Et
c'est surtout aussi parce que ce sont des fonctionnaires du Secrétariat
qui doivent interpréter plus souvent qu'à leur tour les articles
de ce projet de loi. Et souvent, on aimerait beaucoup avoir un éclairage
additionnel, à savoir comment ces gens-là, qui ont dû
sûrement aider le ministre à écrire le projet de loi ou, du
moins, aider les gens au niveau du contentieux, en fait, envisagent toute la
procédure et quelle est la meilleure garantie pour apporter une
protection aux parents adoptants du Québec et les favoriser aussi au
niveau des délais, lorsqu'ils entreprennent une démarche en
adoption internationale. Je (sense que leur expérience, leur vécu
dans le milieu de l'adoption internationale, en tout cas, aurait pu nous aider
D'autant plus que nous savons fort bien que ces gens ont eu affaire à
aller dans différents pays, au cours de différents voyages aussi,
et que, notamment, ils ont eu certains échanges avec des
représentants d'autres pays, des fonctionnaires d'autres pays, et
même, à l'occasion, certains professionnels et aussi certains
juristes d'autres pays. J'aurais souhaité les entendre nous dire, au
sujet de ces voyages ou de ces échanges avec des collègues ou
avec des gens qui s'intéressaient à l'adoption internationale,
quelles seraient, quant à eux, les procédures qu'ils
privilégieraient dans un échange entre le Québec et leur
pays, qu'est-ce qui pourrait faciliter, en fin de compte, les démarches
pour des parents, et quel serait peut-être le meilleur chemin à
suivre pour alléger le processus tout en étant conformes aux
législations et tout en étant conformes aux magistratures des
gouvernements respectifs. Je pense que c'est important d'entendre des gens qui
ont un vécu, une expertise, pour nous en faire bénéficier
à notre tour pour que nous puissions justement bien cadrer l'approche
qu'on voudrait bien entreprendre par ce projet de loi 70 qui nous semble, en
tout cas, mériter une attention particulière à
différents articles parce que, justement, c'est de la
compréhension et l'interprétation qu'on fera de ces articles que
dépend la rapidité et que dépend, en fin de compte, le bon
fonctionnement d'une procédure en matière d'adoption
internationale.
Quant à moi, en fait, on me dit souvent, on
m'a dit: Bon, le Secrétariat, vous semblez lui reprocher
beaucoup. Je ne lui reproche... En fait je ne peux pas lui reprocher, je ne
fais que des constats. Et les constats que je suis obligée de relever
lorsqu'on parle du Secrétariat, cest, enfin, la lenteur administrative,
les problèmes de délais, les problèmes aussi que nous ont
fait souvent ressortir les parents: des problèmes d'ordre humanitaire,
si vous voulez, des problèmes d'accueil, des problèmes qui font
en sorte que des parents se sentent en confiance ou ne se sentent pas en
confiance ou se sentent accueillis ou se sentent un peu plus comme des gens qui
doivent passer un peu à la confesse devant le Secrétariat.
Ça les met dans des situations très embarrassantes quelquefois,
ou d'autres fois, carrément, on sent que la collaboration n'est pas tout
à fait existante. Et moi, j'aurais aimé entendre justement des
gens qui sont au Secrétariat. Ça aurait été
l'occasion pour eux de nous dire: Écoutez, nous, vous savez, nous sommes
débordés, nous n'avons pas le temps, nous avons trop de
préoccupations. Peut-être qu'ils auraient pu nous dire que,
finalement, leurs budgets ne sont pas nécessairement suffisants. Une
augmentation de 0,8 %, peut-être que ce n'est pas suffisant pour
répondre à la demande, puisqu'on sait qu'il y a des listes
d'attente de 1500 noms. Qu'est-ce qu'il faudrait pour améliorer le
fonctionnement du Secrétariat? Est-ce que, quant à lui, le
Secrétariat, dans sa forme actuelle, c'est la meilleure façon de
répondre aux besoins, autant ceux des parents que ceux du ministre?
Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres formules à exploiter? Est-ce que
dans d'autres pays il y a d'autres approches qu'un secrétariat? Est-ce
qu'on aurait pu, en fait, s'enquérir de différentes avenues,
autres que le Secrétariat, et en discuter avec le Secrétariat, ce
qui nous aurait permis, justement, de mettre, d'un côté, les
éléments positifs et, de l'autre, les éléments
négatifs afin d'arriver à une forme de conclusion qui permettrait
une meilleure compréhension entre, d'une part, les parents adoptants,
les couples adoptants, les organismes, ou les associations de parents et
certains professionnels et, d'autre part, le Secrétariat? Je pense que,
quand on parle de relations humaines, c'est important de faire la
lumière et d'apporter, en fait, une meilleure compréhension entre
les personnes en présence. Parce que, vous savez, c'est très
fragile, les relations interpersonnelles, les relations humaines. Et c'est
important de donner la chance aux personnes qui sont concernées, aux
personnes qui sont plus souvent qu'autrement visées par certains
comportements de venir s'expliquer ici, à l'Assemblée nationale,
en commission parlementaire. Je pense que c'est une excellente occasion pour
les membres de la commission de voir ce qui se passe.
On sait très bien qu'au niveau du Secrétariat, de nombreux
voyages ont été faits à l'étranger pour essayer de
conclure des ententes avec différents pays, alors que l'on sait
pertinemment que les pays sont très réticents à conclure
de telles ententes, qu'ils préfèrent davantage travailler avec
des gens reconnus, agréés, en fait, et qui sont leur
correspondant, d'égal à égal, dans leur pays, avec la
reconnaissance qu'on leur admet respectivement, dans les pays autant
étrangers qu'au Québec... Et ce que je trouve un petit peu
déplorable, c'est qu'encore une fois nous aurons à juger, nous
aurons à porter des jugements sur des personnes, sur des associations,
sur des groupes, sans qu'on puisse entendre ces personnes-là, sans qu'on
puisse leur donner le droit de parole. Je pense que le droit de parole est,
à mon avis, un droit fondamental très important et qu'il incombe
aux parlementaires de le respecter; non pas uniquement entre nous, mais aussi
pour l'ensemble de la population, parce que, justement, ils sont nos
commettants d'une façon ou d'une autre et ils nous ont donné une
responsabilité. Et une de nos responsabilités est de permettre
à chacun qui veut se faire entendre, ou de permettre, en tout cas,
chaque fois que l'occasion nous est permise, d'apporter des
éléments additionnels pour nous donner une meilleure
compréhension des gestes que nous avons à poser. Alors, je pense
qu'il faut prendre ses responsabilités et faire en sorte de les mettre
à exécution.
Alors, je vais déposer cette motion-là, quant à
moi, parce que je crois important, essentiel qu'on puisse entendre les
fonctionnaires du Secrétariat à l'adoption internationale parce
qu'on en a largement parlé. D'ailleurs, j'y reviens, j'avais
demandé un mandat d'initiative pour qu'on puisse, justement,
vérifier l'ensemble des activités du Secrétariat à
l'adoption, pour faire la lumière, sachant très bien à
quel point il était important de rétablir la réputation
qu'on a pu faire aux membres du Secrétariat à l'adoption, de
rectifier, en tout cas, si des motifs s'imposaient, la réputation et
l'image qu'on a faites au Secrétariat, avec toute la publicité et
avec tous les articles de journaux qu'on a pu voir durant les dernières
années, en tout cas, du moins, les cinq dernières années.
Je pense que, effectivement, il s'est écrit beaucoup de choses au niveau
du Secrétariat. J'ai ici, avec moi, plein de textes, et ça, ce
n'est pas uniquement moi, j'ai plein de coupures de journaux qui
démontrent à quel point les parents réclamaient
carrément l'abolition du Secrétariat. J'aurais aimé savoir
pourquoi les parents réclamaient à grand renfort de
publicité la disparition, carrément, du Secrétariat
à l'adoption. Je me souviens, on peut voir que ça vient de
différentes régions du Québec. Plusieurs, justement,
adoptaient le même langage. J'ai juste à me référer
à La Tribune de Sherbrooke, du 17 juin 1989, où
Adoption-Estrie réclamait la disparition du Secrétariat à
l'adoption internationale. Je me souviens très bien, bien sûr, que
les gens de l'Estrie se sentaient excessivement lésés, d'une
part, parce qu'au
niveau des CSS, il n'y avait absolument personne capable de prendre en
charge les demandes d'adoption internationale; au niveau de la DPJ, il n'y
avait pas de personnel qui pouvait répondre aux besoins de ces parents
à cause des coupures au sein de la DPJ et des CSS. Mais on se souviendra
aussi de toute la polémique autour de l'organisme Les Enfants de
l'Arc-en-ciel qui a même été l'objet et qui est encore, je
crois, l'objet d'une procédure judiciaire à l'heure actuelle.
C'est sûr que les parents aussi en avaient gros sur le coeur. Ils
avaient beaucoup de choses à dire en ce qui concerne le
Secrétariat à l'adoption. La plupart, l'ensemble des parents, en
fin de compte, décriaient avec véhémence l'attitude qu'on
avait à leur égard lorsqu'ils abordaient le Secrétariat
à l'adoption internationale. Je peux vous dire que certains, comme M.
Luc Lajoie et son épouse, ont même dû recommencer leurs
démarches après la faillite de l'agence en 1988. Mais,
après s'être vu proposer, en octobre 1988, deux autres enfants
mexicains par le Secrétariat à l'adoption internationale et
après avoir dû produire de nouveaux documents, le couple Lajoie
s'est fait dire, il y a un mois, par leur avocat mexicain, que l'un deux avait
fait une fugue et qu'il valait mieux ne plus y penser. Puis, la semaine
dernière, le même avocat a communiqué avec M. Lajoie pour
l'informer que le deuxième garçon, Marcos Evans, avait lui aussi
fugué. Finalement, le couple a appris par l'intermédiaire d'une
religieuse là-bas que Marcos Evans est toujours à l'orphelinat.
Mme Lajoie est en ce moment à Mexico pour tenter de rapatrier l'enfant.
Selon moi, a dit M. Lajoie, les délais sont tellement longs que les
orphelinats doivent se dire: On va les - les enfants - donner à d'autres
familles. (20 h 30)
En dépit de la loi 21 en 1987, qui promettait aux parents une
efficacité accrue, Adoption-Estrie signale, par ailleurs, que le taux
d'abandon des parents en cours de démarche est de 50 %, alors que les
coûts supportés par ces derniers ont augmenté. L'organisme
demande donc que le dossier de l'adoption internationale soit
intégré à la politique familiale gouvernementale et exige
que le ou la ministre en charge de celle-ci en ait la responsabilité au
lieu d'être le 100e ou le 101e dossier au Secrétariat à
l'adoption internationale. L'adoption d'un enfant doit être
considérée sur le même pied qu'une naissance dans tous les
programmes d'aide à la famille ou de lutte contre la
dénatalité, soutient Adoption-Estrie, qui propose même
l'instauration d'un régime épargne-adoption. Donc, vous voyez
qu'il y a eu beaucoup de suggestions qui ont été faites, des
suggestions qui peuvent sembler avant-gardistes dans certains cas mais, en
fait, qui favoriseraient davantage les parents et qui répondraient
justement à cette politique familiale tant attendue par l'ensemble, la
majorité des parents québécois.
Il y en a un autre aussi, M. Julien Leboeuf qui, je me souviens, pour
avoir l'ensemble du dossier ici avec moi, a même été
jusqu'à la cour; il est même passé par le Protecteur du
citoyen pour avoir droit aux informations qui le concernaient. Je vois les gens
du Secrétariat sourire; je pense qu'ils savent bien de quoi je parle
quand je parle - non? - du cas Leboeuf. C'est un cas, en fait, qui a
été largement connu. Et il a fait de nombreuses démarches
pour faire valoir ses droits parce qu'il se sentait lésé. Alors,
si on lit, la région... Celle-ci, c'est Trois-Rivières. Alors, on
a différentes régions du Québec. C'est ce que je disais un
peu plus tôt, à quel point il est important de prendre en
considération les différentes régions du Québec,
parce que chaque région a ses particularités. Mais surtout,
chaque région doit toujours se référer au
Secrétariat à l'adoption, dont le siège social est
à Montréal. Alors, on dit, dans cet article de presse du 14 mars
1990: Le Secrétariat à l'adoption internationale, un organisme
relevant du ministre de la Santé et des Services sociaux, vient
d'être condamné à verser la somme de 950 $ à M.
Julien Leboeuf de la rue De Courval, à Trois-Rivières, parce que
le Secrétariat l'aurait privé de la priorité dont il
bénéficiait en vue de l'adoption d'un enfant au Pérou.
Le juge Serge Gagnon, de la Cour du Québec, division civile, qui
a été saisi du problème, a expliqué que le tribunal
n'avait pas a faire le procès des différents intervenants dans le
processus d'adoption, mais qu'il devait se limiter à décider si
la priorité dont bénéficiait M. Leboeuf, en mars 1985, lui
avait été enlevée sans cause juste et suffisante. Le
président du tribunal a expliqué que le requérant avait
établi d'une façon prépondérante que le
Secrétariat à l'adoption avait manoeuvré de façon
que la priorisation dont bénéficiait M. Leboeuf avec Soleil des
nations soit éliminée au profit d'une dame de Champlain, une
préposée de Soleil des nations inc. Cette priorisation, selon le
jugement de cour, a été décidée en janvier 1986 par
Mme Ehrhardt du Secrétariat à l'adoption internationale. Le juge
Gagnon explique que cette attitude a eu des conséquences tragiques sur
les coûts de l'adoption et sur le nombre et la complexité des
démarches que M Leboeuf a dû effectuer. Il a enchaîné
qu'une preuve non contredite a de plus été
démontrée à l'effet que des documents pertinents au
présent litige ont disparu du Secrétariat à l'adoption et
qu'il y avait dès lors de fortes présomptions à l'effet
qu'ils compromettaient certains préposés au Secrétariat.
Subterfuges utilisés. Le magistrat indique également, dans sa
décision, qu'il y a des indications sérieuses permettant de
croire que différents subterfuges ont été utilisés
pour faire perdre la priorité de M. Leboeuf. Il précise qu'on a
même présenté à s?ur Laberge, une religieuse
oeuvrant au Pérou, que les époux Leboeuf auraient
refusé
un enfant, ce qui est tout à fait contraire à la
vérité. Le tribunal dit considérer que le montant des
dommages réclamés par le requérant est bien fondé
et qu'il ne représente pas les dommages moraux réels. Le juge
Gagnon explique cependant qu'il accorde les dommages demandés, qui se
chiffrent à 950 $, car la Cour ne peut aller au-delà de ce qui
est réclamé.
Donc, tout ça pour vous dire que oui, il y a matière
à faire entendre le Secrétariat. Et ça, ce ne sont que
deux cas. Mais je peux vous parler d'autres cas. J'en ai d'autres qui viennent
de la région... Le Quotidien, donc, c'est Chicoutimi. Le
Secrétariat à l'adoption internationale fait tout pour
décourager les parents. Donc, je pense que vous voyez que les titres, en
ce qui concerne l'adoption internationale, on peut s'en apercevoir, ne sont pas
des plus reluisants sur le Secrétariat, en tout cas. Et, à mon
avis, il aurait été important, en tout cas, avant de commencer
une nouvelle législation, de s'attarder sur l'ensemble de la
problématique de l'adoption internationale et d'y aller d'une
façon plus globale, dans une approche beaucoup plus globale. Et
là, comme l'occasion nous était donnée de vraiment faire
une étude exhaustive de tout ce qui se passe au niveau du
Secrétariat, je pense qu'il aurait été vraiment rassurant
aussi pour l'ensemble des parents qui sont des parents adoptants, ou pour
d'autres parents qui prétendent vouloir, à un moment
ultérieur, faire une adoption... Je pense qu'il aurait été
rassurant, en fait, d'entendre des fonctionnaires du Secrétariat nous
dire exactement qu'elle était la situation, qu'elle était la
réalité. Est-ce que tous les faits qui ont été
mentionnés dans les différents journaux, un peu partout à
travers le Québec, méritent vraiment tout ce qu'on dit, ont le
mérite d'être vrais, ou était-ce simplement une mauvaise
compréhension ou interprétation, ou, tout simplement de mauvaises
relations interpersonnelles ou de relations humaines? Moi, je pense qu'il
aurait été intéressant pour l'ensemble de la population,
pour l'ensemble des gens du Québec de vraiment avoir l'occasion
d'entendre ce qu'a à dire le Secrétariat et pourquoi tous ces cas
que nous avons mentionnés ont fait l'objet d'autant de problèmes
et même ont dû, plus souvent qu'autrement, retourner devant les
tribunaux. Les parents ont dû aller devant les tribunaux pour faire
valoir leurs droits. Si on ne peut pas avoir confiance en des institutions que
crée le gouvernement, tel que le Secrétariat à l'adoption,
où le seul recours des parents est de passer devant les tribunaux et les
plus hautes instances et, régulièrement, de nous interpeller
à nos bureaux de députés pour qu'on puisse agir avec
diligence dans leur dossier, bien moi, je mets... En tout cas, là,
j'explique pourquoi j'aurais aimé entendre le Secrétariat et
m'enlever tous les doutes au niveau de son efficacité.
J'ai d'autres coupures de journaux aussi et ça, c'est à
Chicoutimi, le 9 janvier: L'adoption internationale. Les Gauthier
déboursent 9000 $ et attendent toujours! Une expérience longue et
coûteuse. Et encore une fois, ces gens-là parlent beaucoup, en
fait, de tout ce qui s'est passé avec Les Enfants de l'Arc-en-ciel. Le
couple Gauthier faisait partie des couples dont le Secrétariat devait
s'occuper en priorité parce qu'ils avaient été, eux aussi,
lésés par l'agence Les Enfants de l'Arc-en-ciel qui, sous la
recommandation du Secrétariat, il faut bien le dire... Alors, ce qu'on
dit ici c'est, je répète exactement: Ils ont
déboursé près de 15 000 $ en tout pour l'adoption des deux
petites. De ce montant, ils ont versé 7000 $ à l'agence
recommandée par le Secrétariat à l'adoption, Les Enfants
de l'Arc-en-ciel qui sert d'intermédiaire entre les pays et les parents
pour remplir les formalités. Bien voilà! Ça, on le sait
fort bien, c'est la procédure qui a toujours existé. De l'avis
des Girard et des Gauthier, le Secrétariat à l'adoption met
davantage de bâtons dans les roues des parents qui placent des demandes
d'adoption qu'il ne les aide. Aussi, bien des couples désireux d'adopter
des enfants d'autres pays passent par des agences privées plutôt
que par les centres de services sociaux, même si c'est plus
onéreux.
Donc, moi, tout ce que je disais tantôt au ministre dans le
préambule, c'est: Si on veut éviter des systèmes
parallèles, si on veut éviter que des parents prennent d'autres
moyens pour réaliser leur voeu qui est de fonder une famille, je pense
que, effectivement tant et aussi longtemps qu'on aura une telle attitude
à l'endroit des parents qui désirent adopter un enfant... Bien
sûr que ces parents-là ne veulent pas voler des enfants. Tout ce
qu'ils veulent c'est former une famille, c'est donner de l'amour, de la
chaleur, de la compréhension et pouvoir avoir un échange mutuel
et bien remplir leur rôle dans la société. La plupart de
ces parents-là, tout ce qu'ils demandent, c'est de trouver la formule
qui les favorise, une formule souple, une formule simple où on leur
apporte aussi de la compréhension et on les favorise dans leur
démarche. Ce qui semble ressortir plus souvent qu'autrement c'est que,
chaque fois qu'ils ont eu recours au Secrétariat, il semble, en fait,
dans une bonne partie des cas, qu'ils aient eu beaucoup plus de
problèmes qu'autre chose et, plutôt que de procéder avec
diligence, c'est beaucoup plus une accumulation de délais qu'ils ont
dû subir. Ça, je trouve ça tout à fait malheureux
parce que, d'une part, ça nous donne des problèmes ici au
Québec, mais aussi sur le plan international, ça nous donne une
réputation, ça nous fait une image peu intéressante, ce
qui fait que de nombreux pays hésitent maintenant à conclure des
projets d'adoption avec le Québec parce qu'ils ne savent pas exactement
ce qui se passe au Québec et quelle est la volonté réelle
de notre gouvernement face à l'adoption internationale. Et moi, je
trouve qu'effectivement le Secrétariat ne peut pas être juge et
partie, être à la fois celui qui
donne son assentiment, son consentement aux associations
agréées et devenir lui-même une propre association à
but non lucratif qui va aller dans les pays faire de l'adoption au nom des
parents. C'est difficile de porter deux chapeaux et je conviens que j'aurais
aimé discuter avec le Secrétariat de tous ces
sujets-là.
J'aurais aimé aussi qu'on puisse encore une fois voir pourquoi le
Secrétariat entreprend cette orientation de traiter avec les
différents pays plutôt que de permettre aux gens qui sont
reconnus, agréés et qui ont aussi une reconnaissance hors de tout
doute dans des pays étrangers... Pourquoi ne pas faciliter plutôt
le rapprochement entre ces organismes et les contacts que nous avons ici au
Québec pour permettre justement aux parents une expérience
intéressante dans leur démarche d'adoption internationale et,
à ce moment-là aussi, peu coûteuse? Parce que lorsqu'on est
rendu, pour adopter un enfant, à débourser des montants aussi
élevés que 10 000 $, 15 000 $ ou 12 000 $, je pense qu'on est
loin, on est même très loin d'une politique familiale qui favorise
la famille et qui met tout en oeuvre pour aider les parents à
réaliser la famille.
Alors, je pense, M. le Président, en fait, je peux vous
montrer... En d'autres endroits, parents et enfants fêtent l'Epiphanie;
en fait, ils ont pu recevoir leurs enfants. Et la plupart du temps, je n'ai
jamais pu lire un article sans qu'on remette en cause le Secrétariat
à l'adoption. Bien sûr, vous me direz: Les parents qui sont
allés sur la place publique étaler leurs problèmes ou
leurs misères, en fait, n'avaient sûrement pas de bons voeux
à exprimer à l'égard du Secrétariat. Mais quand on
regarde l'ensemble, le nombre est assez faramineux, en fait, d'articles de
journaux, et ce, pas uniquement dans une concentratbn montréalaise ou
urbaine, mais dans toutes les régions du Québec.
C'est autant dans la région de Chicoutimi, de Jonquière et
vous vous souvenez très bien du cas Brassard pour lequel, justement, il
y a eu un jugement et la ministre a été obligée de faire
entrer le bébé parce que les parents avaient perdu un premier
enfant. L'enfant était mort à cause des délais, parce
qu'on n'était pas capable de procéder avec diligence dans leur
dossier et qu'on avait l'air de vouloir bien plus respecter des
procédures, des règlements que de permettre et de favoriser, en
fait, la réalisation d'un projet d'adoption internationale
vis-à-vis des parents.
Moi je me demande, en fait, pourquoi encore - et là, j'aurais
aimé ça en discuter avec le Secrétariat - plutôt que
de prendre... Ce n'est pas eux qui, finalement, considèrent que
l'adoption est quelque chose qui touche plus la fraude qu'un acte d'amour,
qu'un acte gratuit d'amour de la part de parents, de la part d'un couple.
Plutôt que de toujours voir uniquement que tout ce que les parents
cherchent à faire, c'est faire un rapt d'enfant... Moi, je ne crois pas,
même si je suis d'accord au niveau de certains principes... C'est vrai
que les pays n'ont pas intérêt à envoyer leurs enfants
d'une façon phénoménale, à droite et à
gauche, dans les différents pays, j'en conviens, mais aussi, il faudrait
être beaucoup plus réaliste et regarder, en lait, le nombre
d'enfants qui, actuellement...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...à cause des guerres dans les
différents pays, sont carrément abandonnés.
Le Président (M. Joly): Je trouve ça très
intéressant, sauf que je me dois d'appliquer le règlement. Le
règlement vous donne 30 minutes. Déjà nous avons
écoulé les 30 minutes. M le ministre, est-ce que vous voulez vous
prévaloir de votre droit de 30 minutes?
M. Christos Sirros
M. Sirros: Peut-être pas 30 minutes, M. le
Président. Mais je vais me prévaloir de mon droit de parole un
tout petit peu, M. le Président. Premièrement, j'aimerais dire
que je trouve bien dommage que le directeur du Secrétariat à
l'adoption internationale n'ait pas invité la députée
à souper entre le moment où on a ajourné et maintenant;
ça aurait peut-être pu nous éviter une motion.
Deuxièmement, j'aimerais rappeler à la
députée qu'elle vient tout juste, il y a quelques heures, de
voter pour le principe...
Une voix: Oui, je vois ça.
M. Sirros: ...de la loi. là, elle est en train, encore une
fois, de nous parler de la nécessité d'entendre des groupes nous
parler sur le principe.
Mme Vermette:...
M. Sirros: Moi, je ne vous ai pas interrompue. (20 h 45)
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée de Marie-Victorin. Je m'excuse, M. le... Je ne voudrais
pas prendre le blâme pour Mme la députée. D'un autre
côté, on dit qu'un rôle d'arbitre, ce n'est jamais
populaire. Je suis prêt à devenir impopulaire quelques secondes et
demander à Mme la députée de Marie-Victorin de bien
vouloir, s'il vous plaît, souhaiter que M. le ministre livre son message.
Par après vous pourrez quand même, par le biais de votre
collègue, avoir un droit de réplique.
M. Sirros: Un tout petit...
Le Président (M. Joly): Par le biais de votre
collègue.
M. Sirros: ...message, m. le président. je veux simplement
rappeler à la députée qu'elle a voté pour le
principe de la loi que nous avons devant nous. elle était encore en
train, dans tout le discours de trente minutes qu'elle a tenu, de nous inviter
à écouter des groupes pour, encore une fois, discuter des
principes. elle a voté pour le principe de la loi que nous avons ici
devant nous. on aimerait passer à la bonification de la loi, si tel est
son souhait et son désir, en l'étudiant article par article, m.
le président, parce que, tout au moins, on pourrait quand même
avoir un certain semblant de sérieux. parce que j'en retiens,
finalement, que l'opposition est contre les améliorations que nous
voulons faire dans le projet de loi, même si elle s'est exprimée
en faveur du principe, m. le président. c'est de l'incohérence
totale.
Une voix: C'est impardonnable.
M. Sirros: Ça suffit pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député
d'Abitibi-Témiscamingue.
Une voix: Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Joly): Excusez-moi, de Rouyn-Noranda. Je
m'excuse. Je vous ai mêlé avec votre collègue. Ça
doit vous faire plaisir.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Alors, merci, M. le Président, en vous
rappelant effectivement que c'est le comté de Rouyn-Noranda et du
Témiscamingue.
Le Président (M. Joly): Vous avez une grande
responsabilité, là, vous.
M. Trudel: C'est une très grande responsabilité
puisque, dans le nord du Québec, il y a exactement 185
kilomètres, du côté nord jusqu'au côté sud du
comté, avec 42 municipalités.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, la pertinence du
débat, s'il vous plaît!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je m'excuse, je faisais juste répondre à
l'observation de M. le Président, à l'introduction...
Le Président (M. Joly): Merci. Allez, monsieur.
M. Trudel: ...des préoccupations du député
de Rimouski. Bien sûr, M. le Président. Oui, il peut sembler un
peu difficile, pour le ministre responsable qui a à présenter ce
projet de loi, de considérer que, du côté de l'Opposition,
par ailleurs, tout en étant conscient que... Tout en ayant voté
en faveur du principe du projet de loi, je pense que le ministre sait bien, par
ailleurs, au niveau de la mécanique parlementaire, que c'est à
l'occasion des étapes subséquentes que nous pouvons, d'abord,
lorsque c'est la volonté ministérielle, entendre les groupes ou
les organismes qui sont directement impliqués dans un projet de loi,
pour que nous puissions passer, par ailleurs, dans un deuxième ou dans
un troisième temps, à l'étude article par article pour la
bonification d'un projet de loi. Je lui rappelle encore une fois, quasi comme
une suite à ma première intervention sur notre demande, notre
motion de faire comparaître le Barreau, qui aurait pu nous apporter ici
un éclairage assez particulier. Mais, quoi qu'il en soit, la
majorité ministérielle ayant voté contre cette motion et
aussi contre la motion concernant l'association ou la fédération
des parents adoptants, nous pensons que nous devrions entendre un organisme qui
s'appelle le Secrétariat à l'adoption internationale.
Ce secrétariat, qui a d'ailleurs été
créé sous le régime du Parti québécois,
comme d'autres éléments de la législation, a
été créé avec de très bonnes intentions.
Comme ma collègue de Marie- Victorin l'a rappelé il y a quelques
secondes, et ce n'est pas un blâme directement pour les personnes du
Secrétariat à l'adoption internationale, on sait qu'il y a eu un
certain nombre de difficultés qui ont été vécues
dans les responsabilités à être assumées par le
Secrétariat à l'adoption internationale. C'est dans ce
sens-là, au moment où le législateur s'apprête
à faire des modifications qui, on l'espère toujours, ne seront
pas de nouveau amendées six mois, une session, deux sessions ou trois
sessions plus tard, c'est toujours dans cet esprit-là que nous demandons
des auditions particulières, que nous demandons d'entendre le
Secrétariat à l'adoption internationale. D'autant plus que, je
pense, on sait bien que le Secrétariat, comme espèce de bras
arti-culateur de la politique, prend une importance bien particulière
dans tout le déroulement ou l'activité de l'adoption
internationale, comme élément de l'activité
gouvernementale ou de l'activité dont le gouvernement a la
responsabilité. C'est dans ce sens-là que nous pensons que les
gens du Secrétariat pourraient nous faire profiter et des
expériences heureuses et des expériences malheureuses.
Je ne suis pas sans me douter, évidemment, que le ministre, que
les gens qui l'accompagnent, que les gens qui sont à travailler à
l'amélioration - et ça, on le reconnaît toujours, on l'a
dit au niveau de l'adoption du principe et on est prêts à
continuer à l'affirmer - de la loi, des mécanismes
législatifs qui nous sont présentés
pour faciliter l'adoption internationale... Ces gens-là, qui ont
vécu cela, dans le quotidien, avec un certain nombre de
difficultés, pourraient nous apporter ici, même s'ils ont
probablement déjà été consultés du
côté ministériel, un éclairage certain sur
l'objectif que tout le monde recherche dans cette opération: faciliter
les choses aux parents qui ont décidé d'accueillir au premier, au
deuxième, au troisième, au quatrième rang ou autre un
enfant dans leur famille. C'est toujours une grande responsabilité, et
le Secrétariat a un rôle clé à jouer dans
l'articulation de la politique.
Il me semble que ça pourrait être éclairant pour la
commission des affaires sociales d'entendre ce que ces gens-là ont
vécu. Ils pourraient aussi nous dire autant qu'auraient pu nous le dire
les gens du Barreau, le monde juridique, sur le plan de la fabrication de la
législation, de la précision au niveau de la
législation... Il y a toujours le deuxième niveau, celui de ceux
et celles qui ont à "opérationnaliser" cette
politi-que-là. Comme le Secrétariat, je pense que tout le monde
sera prêt à reconnaître qu'il y a eu des difficultés
assez énormes, sans chercher, encore une fois, à culpabiliser ou
à dire que ça dépend plus des personnes que de
l'organisation, il y a eu des difficultés assez grandes. Est-ce que
c'étaient des difficultés réelles, des difficultés
causées par la législation, ou encore... Et je sais bien que
ça peut se produire, en particulier dans les organismes publics.
Souvent, c'est la perception des gens qui fait en sorte qu'il existe un
problème, qu'il existe une situation problématique. Mon
collègue, le ministre responsable de la présentation de cette
politique, sait très bien que, comme homme politique, la perception est
souvent la réalité, dans ce monde-là. Et lorsqu'on a
à travailler au niveau du grand public, ça aussi... C'est pour
ça que les psychologues et les philosophes ont réussi à
nous démontrer un jour que la perception faisait aussi partie de la
réalité. Dans ce sens-là, ces gens qui ont à vivre
quotidiennement, qui ont à vivre chaque semaine, chaque mois cette
relation avec le monde juridique, avec le monde des parents qui ont
décidé d'adopter ou d'accueillir un enfant, eh bien, ces gens
sont en relation constante avec la perception que l'on peut avoir de l'action
du Secrétariat et de leur façon de fonctionner, donc avec le
monde juridique, avec le monde des adoptants et aussi, bien sûr, avec ces
éléments très larges qui s'appellent, évidemment,
la communauté internationale. Et là, on le sait, ça
devient extrêmement compliqué. On sait aussi là-dessus que,
souvent, dans les procédures, dans notre façon d'être avec
les autres pays, l'on joue notre réputation de pays, notre
réputation de collectivité accueillante, de collectivité
qui veut intégrer d'autres enfants. Il nous semble que ce serait
extrêmement important qu'on puisse connaître plus que les
irritants. Quels sont les éléments facilitants dont le
Secrétarait souhaite- rait disposer? Quels sont les
éléments supportants dont le Secrétariat voudrait
disposer? Encore plus, moi, je pense que nous pourrions procéder
à une meilleure législation, encore une fois. Nous pourrions
poser des questions sur les difficultés vécues par le
Secrétariat à l'adoption.
Nous pensons que cette loi... Je relisais encore hier le cheminement au
Québec des différentes législations en matière
d'adoption internationale, et on se rend compte que cela s'est fait à
des périodes régulières, rapprochées. Nous avons
à réviser ou à réexaminer, parce que tout
l'encadrement législatif pose encore un certain nombre de
problèmes. Peut-être que notre expérience
québécoise dans ce domaine-là est, somme toute,
très récente, parce qu'une quinzaine d'années en
matière de...
Le Président (M. Joly): M. le député, je me
dois de vous couper et de vous interrompre. Est-ce que la motion numéro
3 présentée par Mme la députée de Marie-Victorin,
qui suggérait qu'on entende le Secrétariat à l'adoption
internationale, est adoptée?
Une voix: Rejeté. Le Président (M. Joly):
Rejeté. Mme Vermette: Vote nominal. M. Trudel: On l'a
rejetée?
Le Président (M. Joly): Non. Je pense qu'on se doit de
respecter la demande de Mme la députée de Marie-Victorin, qui
demande un vote nominal.
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour la motion.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Pour la motion.
Le Président (M. Joly): M. le ministre et
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Joly): Contre la motion. Mme la
députée de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Je suis désolé, mais je
suis contre.
Le Président (M. Joly): Vous êtes contre M.
le député de Fabre, contre.
Alors, la motion, madame, est rejetée.
Si vous voulez, nous allons passer à l'article 1 du projet de loi
70.
M. Sirros: Très bien, M. le Président.
Étude détaillée Modifications au
Code civil du Québec
Le Président (M. Joly): "Le Code civil du Québec
est modifié par le remplacement des articles 614.1 à 614.3 par
les suivants."
Évaluation psychosociale des adoptants
M. Sirros: On fait les modifications suivantes à l'article
614.1: Toute personne domiciliée au Québec qui veut adopter un
enfant domicilié hors du Québec doit préalablement faire
l'objet d'une évaluation psychosociale, effectuée par le
directeur de la protection de la jeunesse. Dans le cas où l'adoption
doit être prononcée judiciairement hors du Québec,
l'évaluation peut être faite par un professionnel choisi en
application de la Loi sur la protection de la jeunesse."
Cet article, M. le Président, pour lequel nous avons aussi un
papillon, maintient la règle actuelle quant à l'obligation, pour
l'adoptant qui veut adopter un enfant domicilié hors du Québec,
de faire préalablement l'objet d'une évaluation psychosociale par
le directeur de la protection de la jeunesse. Cependant, il est produit un
élément nouveau qui permet, dans le cas où l'adoption doit
être prononcée judiciairement hors du Québec, que
l'évaluation puisse être faite par un professionnel choisi en
application de la Loi sur la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Joly): Vous êtes à l'article
614.1, où un papillon est déjà soumis... Oui, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, mais avant d'arriver au papillon, est-ce qu'on
peut discuter de l'article de loi?
Le Président (M. Joly): comme tel, c'est peut-être
préférable d'aller directement avec la suggestion du ministre
qui, déjà, vous soumet le papillon.
M. Sirros: Je suis en train d'expliquer l'article 1 tel qu'il est
là. J'expliquerai aussi par la suite le papillon, si la
députée veut bien.
Mme Vermette: O.K.
M. Sirros: Alors, il y a lieu d'utiliser les mots
"évaluation psychosociale" au lieu du mot "examen", compte tenu de la
réalité visée. Le papillon que nous soumettons, vous allez
le remarquer, changerait l'article pour que, finalement, il se lise comme suit:
"614.1 Toute personne domiciliée au Québec qui veut adopter un
enfant domicilié hors du Québec doit préalablement faire
l'objet d'une évaluation psychosociale effectuée dans les
conditions prévues par la Loi sur la protection de la jeunesse."
Cette modification vise à rapatrier dans la Loi sur la protection
de la jeunesse les éléments de nature administrative, soit les
conditions liées à l'évaluation psychosociale.
C'est-à-dire qu'on laisserait dans le Code civil les articles qui
déterminent le fond, et quant aux modalités d'opération,
elles iraient dans la Loi sur la protection de la jeunesse, en ce qui concerne
l'évaluation psychosociale.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
est-ce que vous avez eu le papillon en question?
Mme Vermette: oui, j'ai le papillon, m. le président. mais
j'aimerais avoir certaines formes d'éclaircissement, avant qu'on arrive
à la discussion du papillon. je voudrais savoir... là, on est
déjà rendus à l'article 614.1. on n'a pas...
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous
aimeriez discuter du principe même, et pour ce qui est des
détails...
Mme Vermette: Ou principe même, voilà!
Le Président (M. Joly): Allez, madame. Je pense que c'est
votre...
Une voix: Tout l'article?
Mme Vermette: Le principe même de l'article. On l'a fait en
général. Ça a été fait, ça.
Une voix: Oui, O.K.
Mme Vermette: Donc, M. le Président, en ce qui concerne
l'article 1, qui touche l'article 614, on peut voir déjà que,
dans la façon dont est formulé le libellé de cet
article-là, il y a certains termes qui ne sont pas usuels dans le
domaine judiciaire. Ce serait important qu'on arrive à des changements,
pour une meilleure compréhension et pour universaliser le texte
légal, le rendre conforme au vocabulaire usuel, tout simplement, et
aussi parce que, déjà là, on s'aperçoit que le
législateur, encore une fois, a de la difficulté à faire
la distinction entre les différentes autorités, entre les
tribunaux. On voudrait toujours impliquer le directeur de la protection de la
jeunesse. On s'aperçoit que, effectivement, par son papillon, le
ministre est prêt à apporter certaines modifications qui me
semblent heureuses. Plutôt que de laisser ça dans la
procédure civile, plutôt que de demander à la Direction de
la protection de la jeunesse d'être
responsable de l'évolution psychosociale... Parce que je
comprends l'attitude du ministre. Je pense qu'il avait plutôt
intérêt à apporter ce changement, qui était
très important.
Donc, dans l'ensemble, toute personne domiciliée au Québec
qui veut adopter un enfant domicilié hors Québec dort
préalablement faire l'objet d'une évaluation psychosociale.
À mon avis, il est important qu'on puisse en faire une, et j'aimerais
vérifier avec le ministre l'évaluation psychosociale. Est-ce
qu'on va émettre un mode d'évaluation? Est-ce que les
psychologues le feront selon leur expérience ou les études
appropriées dans ce sens?
Est-ce qu'on prendra, en fin de compte, l'évaluation
psychosociale de tout psychologue agréé? Est-ce qu'il y a
suffisamment de psychologues pour effectuer l'évaluation des parents qui
feront une demande en adoption internationale?
C'est des questions sur lesquelles je n'ai pas... J'aimerais ça
que le ministre puisse me répondre... Faire l'objet d'une
évaluation psychosociale, mais de quel ordre. Et sur quoi cette
évaluation-là... On a assez entendu dire que des parents se
sentaient humiliés par certaines formes d'évaluation qu'on avait
prises antérieurement. Est-ce qu'on va apporter des changements et des
modifications? Est-ce que ce sera écrit dans des textes? Est-ce qu'on
aura une forme, une procédure ou une approche qui sera
développée dans la...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée. Nous allons peut-être juste nous enquérir
s'il s'agit d'un appel.
Mme Vermette: Quand c'est long de même, c'est un vote.
Habituellement, pour le quorum, ce n'est pas bien long, les cloches.
M. Gauvin: Peut-être qu'en attendant, je pourrais
répondre à l'inquiétude de la députée.
Mme Vermette: Oui?
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection, parce
que, dans le fond...
Mme Vermette: On peut faire un échange de fond
là-dessus.
Le Président (M. Joly): Dans le fond, on peut le faire,
parce que le règlement le permet aussi. S'il y a une entente entre les
deux formations, il n'y a pas de problème.
M. Gauvin: Je pourrais référer la
députée à l'article 9 du projet de loi, parce qu'à
l'article 9, nous détaillons, de façon plus précise, toute
la question de l'examen psychosocial. Les critères sont convenus entre
les corporations professionnelles, dont celle des psychologues et celle des
travailleurs sociaux, et les directeurs de la protection de la jeunesse. une
liste des endroits où on peut prendre connaissance de ces
critères, qui servent de base à l'évaluation, sera
publiée dans la gazette officielle, pour que les critères...
Le Président (M. Joly): Excusez, mais nous allons
suspendre nos travaux pour quelques minutes, le temps du vote, s'il vous plait.
Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 5)
(Reprise à 21 h 12)
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre nos travaux. Nous en étions donc à
l'article 1, et la parole était à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Alors, je sais que je demandais au ministre...
En fait, au niveau de l'évaluation psychosociale, on me
référait à l'article 9, mais je lui demandais, en fait, si
on avait établi un protocole ou une approche plus particulière
pour faire cette évaluation psychosociale. Est-ce que c'est la
corporation qui devait établir ce guide pour l'évaluation, ou
est-ce que c'est tout simplement la DPJ? Est-ce qu'on s'inspire encore du guide
qui avait été mis de l'avant par les travailleurs sociaux de la
DPJ de l'époque? Est-ce qu'il y a eu des modifications? Est-ce qu'on
aura des modifications? J'aimerais connaître les principes, en fait, qui
feront qu'une évaluation psycho-sociale sera reconnue.
Le Président (M. Joly): Allez, M le ministre.
M. Sirros: M. le Président, c'est un peu la même
réponse, c'est-à-dire qu'il y a actuellement des discussions
entre la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux et celle des
psychologues et les directeurs de protection de la jeunesse, afin
d'établir tous ensemble les critères sur lesquels seront
basées les évaluations psychosociales. Au-delà de
ça, nous nous engageons à publier les endroits où seront
accessibles et disponibles ces critères, pour que les parents, quand ils
auront à subir - si je puis utiliser le terme - une évaluation
psychosociale, sachent sur quoi ils seront évalués par le
professionnel qui fera l'évaluation.
Mme Vermette: En fait, actuellement, il n'y a pas de texte
écrit pour...
M. Sirros: II y a un texte, oui... Mme Vermette:
...permettre...
M. Gautrin: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Joly): Oui, M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: En vertu de l'article 35.4, est-ce qu'un
député ne doit pas s'adresser directement au
président?
Le Président (M. Joly): Oui. Normalement, c'est la
façon. C'est la meilleure façon de garder l'ordre et de garder le
respect.
M. Gautrin: C'est ce que je souhaiterais qu'on fasse, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Alors, partant de là, Mme
la députée de Marie-Victorin, je pense que vous connaissez les
règles du jeu...
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...ça fait
déjà quelques années que vous êtes ici, alors ce
n'est pas à moi de vous rappeler les règlements. Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. Trudel: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Joly): Oui, M. le
député.
M. Trudel: Est-ce que l'intervention du député qui
soulève une question de règlement, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Quel règlement, M. le
député?
M. Trudel: Question d'information, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Quel article?
M. Trudel: Bien, c'est une question d'information.
Le Président (M. Joly): Parfait, je vais essayer de vous
la donner, si je l'ai.
M. Trudel: Est-ce que le député ne doit pas
commencer son intervention en soulevant effectivement le numéro de
l'article du règlement?
M. Gautrin: Bien sûr. C'est exactement ce que j'ai fait,
article 35.4.
Le Président (M. Joly): excusez. parfait, m. le
député de verdun. s'il vous plaît, on va laisser la parole
à m. le député de rouyn-noranda-témiscamingue.
M. Trudel: Ça va. C'est fait. Merci. Mme Vermette:
Alors, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Non, je pense que M. le...
Mme Vermette: ...il y avait une information...
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous aviez une
information...
M. Trudel: Non, ça va.
Mme Vermette: Non, il...
Le Président (M. Joly): C'est déjà fait?
M. Trudel: C'est fait.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, je demandais au
ministre s'il se référait toujours au guide ou, en tout cas,
à l'approche qui était préconisée par les services
sociaux, ou si c'est toujours, quand on dit qu'il y a déjà
actuellement un texte. On fait référence à ce
texte-là, ou y a-t-il une nouvelle formulation ou une nouvelle approche
qui a été arrêtée?
M. Sirros: M. le Président, c'est sur la base de ce texte
qu'il y a actuellement des discussions, afin que ce texte soit
révisé et revu par les travailleurs sociaux et les psychologues,
ensemble avec la DPJ.
Mme Vermette: Est-ce que le ministre peut nous dire quand sera
terminée, en fait, cette recherche? Quand ce texte sera-t-il
finalisé? Parce que puisque, bientôt, on s'apprête à
sanctionner un projet de loi qui sera effectif, et on risque encore de mettre
des délais, si tel n'est pas le cas.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, c'est prévu que le
texte sera prêt pour l'entrée en vigueur de la loi.
Mme Vermette: Le texte sera prêt.
M. Sirros: Oui, pour l'entrée en vigueur de la loi,
c'est-à-dire...
Mme Vermette: Modifié...
M. Sirros: ...modifié...
Mme Vermette: ...avec de nouvelles...
M. Sirros: Effectivement.
Mme Vermette: Est-ce que ce texte-là, on
pourra l'avoir au moment où on sera rendus en troisième
lecture du projet de loi?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Peut-être pas quand on sera rendus à la
troisième lecture du projet de loi, M. le Président, parce que ce
sont des discussions qui ont lieu entre la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux et celle des psychologues. On ne contrôle pas
ça, mais on nous assure que ce sera prêt pour l'entrée en
vigueur de la loi...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
M. Sirros: ...qui n'est pas nécessairement la date de son
adoption.
Mme Vermette: Non, ça, je sais que c'est à la
discrétion du ministre. Pour le mieux-être des parents adoptants
du Québec, j'imagine que le ministre va faire en sorte que ça se
fasse le plus rapidement possible.
M. Sirros: Le plus rapidement possible. D'ailleurs, on vise le
début du mois de septembre, M. le Président, pour l'entrée
en vigueur, sans vouloir être trop précis à ce moment-ci,
parce que ça dépend d'un certain nombre de facteurs, dont
l'état des travaux entre la Corporation professionnelle des travailleurs
sociaux et celle des psychologues pour la réalisation de la grille
d'évaluation. Nous visons l'entrée en vigueur de la loi pour le
début de septembre, et on nous assure que cette grille sera disponible
et prête pour l'entrée en vigueur de la loi. Quant à ce
qu'on puisse transmettre copie, évidemment, on pourra le faire, M. le
Président, d'autant plus que les endroits... C'est une grille qui sera
publique, disponible aux parents. Nous, on s'engage à publier les
endroits où les parents pourront se procurer cette grille.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
est-ce que cette réponse est satisfaisante?
Mme Vermette: Oui. Alors, ça me donne d'autres
interrogations, M. le Président. On sait que c'était une des
recommandations, en fait, les plus attendues de la part des parents, parce que,
justement, ce qui fait qu'actuellement on a des délais, c'est cette
évaluation psychosociale du parent adoptant. Actuellement, dans les CSS,
on ne peut pas répondre à cette demande parce que, comme on le
sait, ils manquent de ressources, au niveau de la DPJ. On s'occupe beaucoup
plus des signalements, ce qui fait qu'on a moins le temps de s'occuper
d'adoption internationale. Bien sûr que je trouve ça tout à
fait important, et j'aurais même aimé, au moment où on se
penche là-dessus, que déjà on puisse regarder, justement,
cette grille d'évaluation et qu'on puisse, en tant que membres de
l'Assemblée nationale toujours très intéressés
à tout ce qui se passe dans le volet de l'adoption internationale, la
regarder avant même de sanctionner le projet de loi Je pense que
ça aurait été important qu'on puisse l'avoir, mais je vois
que, même si on savait depuis fort longtemps qu'il fallait un nouveau
projet de loi, on attend encore une fois que tout ça soit terminé
avant de vraiment proposer, en fait, des grilles d'évaluation.
En tout cas, ça aurait été apprécié,
au niveau de la commission, que les membres puissent bénéficier
de cette grille d'évaluation. On aurait pu la regarder et en faire la
discussion, d'autant plus qu'on sait fort bien que, dans de nombreux cas, en
fait, beaucoup de parents adoptants se sont plaints antérieurement de la
façon dont on les abordait ou de la façon dont le texte
était fait. Alors, c'est pour ça que j'aurais trouvé
ça intéressant, en tout cas, et même, j'aurais cru, en
fait, de la part du ministre, qui savait très bien que c'était
une des parties fragiles à l'intérieur du projet de loi, que
c'était une partie qui demandait qu'on réponde le plus rapidement
possible, que déjà, au moment où on présente le
projet de loi, tout serait fait et que ce serait prêt à être
regardé, pour le faire accepter aussi par des gens de la commission qui
se penchent sur le projet de loi 70.
Le Président (M. Joly): M le ministre.
M. Sirros: M. le Président, il faut quand même dire
qu'à partir du moment où on se réfère à des
corporations privées, qui ne sont pas des employés du
gouvernement... Il faut quand même d'abord s'arranger nous-mêmes,
adopter nos lois, et c'est une des raisons pour lesquelles j'incitais la
député, tout à l'heure, à passer à l'action
et à commencer à étudier ça. Effectivement, on a
déjà commencé à les contacter, on les a
déjà mis sur la piste en leur donnant un peu nos intentions, on a
déjà eu leur collaboration quant à la possibilité
d'élaborer des critères qui seront disponibles et visibles pour
l'ensemble des parents. Mais, quand même, vous pourrez convenir avec moi
qu'il faudrait adopter le projet de loi avant qu'on puisse forcer, dire ou
demander aux corporations professionnelles des psychologues et des travailleurs
sociaux de penser à faire quelque chose. À partir du moment
où on adopte la loi - et j'espère qu'on pourra le faire
rapidement - il est clair que les corporations des travailleurs sociaux et des
psychologues pourront, à ce moment-là, avec beaucoup plus de
sûreté et d'à-propos, s'asseoir avec le directeur de la
protection de la jeunesse pour élaborer des critères. Moi aussi
j'aimerais qu'il n'y ait plus de famine, plus de guerre dans le monde, mais il
faudrait quand même commencer avec des gestes concrets.
Premièrement, adopter la loi; deuxièmement, inciter ainsi les
corporations des psychologues et des travailleurs sociaux à continuer
dans la voie sur laquelle ils sont déjà, pour qu'on
puisse effectivement avoir des critères qui seront disponibles
pour l'ensemble des parents qui auront à demander des évaluations
psychosociales.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, je conviens très
bien avec le ministre que oui, effectivement, il y a un projet de loi qui, en
fait, est sur la table et que, bon, il faut étudier le projet de loi.
Mais c'est justement parce que nous sommes à l'étude d'un projet
de loi qui apporte des modifications importantes et qui enlève des
irritants... En fait, en enlevant ces irritants, on favorise les parents dans
une évaluation psychosociale. Comme je connais le dossier pour m'y
être attardée depuis au moins quatre ans maintenant, je peux vous
dire que cette évaluation psychosociale a fait l'objet de nombreuses
récriminations de la part de parents adoptants. Je pense que, même
si ce n'était pas officialisé, de nombreux parents pouvaient se
faire évaluer par des psychologues, et que plusieurs parents, depuis la
loi 21, selon, en tout cas, la disponibilité, selon certaines
régions et certains CSS qui reconnaissaient ou acceptaient la
capacité des psychologues de faire des évaluations... De
nombreuses adoptions, depuis la loi 21, ont été faites, et cette
démarche a été acceptée par le volet des
évaluations psychosociales.
Donc, je sais fort bien que, pour le ministre, ce n'est pas quelque
chose de nouveau, ce n'est pas une approche tout à fait nouvelle.
Même si, en fait, le projet de loi n'est pas encore adopté ou
sanctionné, il sait fort bien que, depuis que le projet de loi 21 a
été adopté, ceci fait partie d'un litige de la part de
l'ensemble des parents vis-à-vis de la loi 21, et que la plupart des
parents demandaient une nouvelle évaluation psychosociale. Je pense que,
indépen-. damment de ce projet de loi là, il aurait
été souhaitable, en tout cas, qu'on se penche sur une grille
d'évaluation beaucoup plus réaliste et plus acceptable pour
l'ensemble des parents.
Quand le ministre me dit qu'il attend que le projet de loi soit
sanctionné avant de pouvoir commencer à faire des échanges
avec les différentes corporations, cela m'étonne grandement,
sachant fort bien que déjà des professionnels, tant des
psychologues que des travailleurs sociaux, depuis le projet de loi 21,
s'adonnent à des évaluations de ce genre. Je pense que,
déjà, les gens sont au courant. Ce n'est pas parce qu'on apporte
un nouveau projet de loi aujourd'hui sur l'adoption internationale que des
approches, en tout cas, n'ont pas pu se faire dans ce sens. Je pense qu'on
aurait pu, effectivement, à l'heure où on se parle, avoir entre
les mains une grille d'évaluation psychosociale. Je pense que c'aurait
été tout à fait opportun.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je n'ai pas dit ça, M. le Président, je
n'ai pas dit qu'il n'y a pas eu d'approches de faites. J'ai dit le contraire.
Il y a eu des approches de faites. J'ai dit qu'effectivement, il y a une base
sur laquelle travaillent les DPJ, qui avaient déjà une grille
d'évaluation. Avec cette grille, ils sont en train de rencontrer la
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux et la Corporation
professionnelle des psychologues pour revoir ensemble la grille qui servira
à faire des évaluations psychosociales. J'aimerais ça
qu'elle m'écoute, comme ça, on pourrait éviter de se
parier sans s'écouter.
Le Président (M. Joly): Mme la
députée...
M. Sirros: Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas eu d'approches.
Maintenant, est-ce qu'on aurait pu le faire avant? Est-ce que les corporations
des travailleurs sociaux et des psychologues auraient pu finir leur travail
avec les DPJ? J'ai dit que, étant donné qu'ils ne sont pas encore
dans le dossier les corporations des travailleurs sociaux et des
psychologues... Elles seront dans le dossier une fois la loi adoptée,
parce que, là, elles auront eu raison de s'impliquer, parce que le
public, les parents adoptants pourront faire appel à leurs membres. Pour
l'instant, elles ne sont pas dans le dossier. On ne peut pas leur dire,
étant donné que ce sont des corporations: Allez-y, faites quelque
chose sans que vous soyez impliquées. On les a quand même
approchées. Elles sont déjà sur la piste. Il y a
déjà une rencontre prévue la semaine prochaine, par
exemple, entre la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux, celle
des psychologues et la DPJ pour, justement, travailler sur ça. Alors,
oui, j'aimerais ça que le monde soit meilleur et j'aurais aimé
ça si tout avait pu être fait avant, mais nous sommes quand
même assez avancés, et si on peut adopter la loi, on fera un pas
de plus en avant.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...je voudrais demander au ministre sur quelle base
selon quelle grille les évaluations psychosociales, se sont faites, en
cabinet privé. Ont-elles été faites? Est-ce que le
ministre va reconnaître ces évaluations psychosociales comme
étant conformes, puisqu'elles ont été faites par des
psychologues qui appartiennent à la Corporation professionnelle des
psychologues? À ce moment-là, les CSS qui ont accepté que
certains psychologues ou travailleurs sociaux fassent des évaluations
psychosociales, est-ce qu'ils acceptent tout ce qui a été fait
antérieurement à la loi et considèrent les
évaluations comme étant conformes, finalement, à...
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: ...tout ce qui a été fait
antérieurement à cette loi, qui n'est pas encore en vigueur, a
été fait selon l'ancienne loi. C'est-à-dire que, si c'a
été fait par des membres dans le privé, c'est parce que
les DPJ ont mandaté ces gens-là. Et si c'a été le
cas - et c'est le cas effectivement - c'a été sur la base des
critères d'évaluation des DPJ. Donc, évidemment,
c'était légal. Il n'y a rien qui n'a pas été
reconnu. Il existe une grille des DPJ, et c'est sur la base de cette grille que
les DPJ ont mandaté certains travailleurs sociaux privés pour les
évaluations psychosociales qu'elles avaient, elles, à remplir.
Mais comme c'était mandaté par les DPJ, c'était sous
l'autorité des DPJ, donc sur la base de la grille qui existait, et
c'était tout à fait légitime et légal.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...j'aimerais demander au ministre s'il ne trouve
pas curieux, en fait, que la DPJ indique à des professionnels,
dûment accrédités par leur corporation, qui ont fait de
longues études, enfin, que ce soit la DPJ qui oriente les grilles
d'évaluation des professionnels? Je pense que, quand on est
diplômé, qu'on a fait des études assez prolongées
dans un domaine tel que la psychologie et qu'on est reconnu comme étant
un professionnel... Pourquoi faut-il que la DPJ intervienne auprès de la
corporation pour dire à ces professionnels-là de quelle
façon ils doivent évaluer? Est-ce que ça veut dire que ces
professionnels sont plus ou moins professionnels dans un cas d'adoption
internationale et qu'on doit leur donner des balises parce que, justement, ils
ne pourraient pas, dans ce cas-là, faire une évaluation et qu'il
faut absolument qu'ils aient une grille d'évaluation émise par la
DPJ?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Entendons-nous bien, M. le Président. Est-ce
que la députée se réfère aux évaluations qui
ont déjà été faites sous le mandat, ou à
celles qui sont à venir?
Mme Vermette: Celles qui sont à venir aussi, parce que, si
j'ai bien compris...
M. Sirros: Les deux.
Mme Vermette: ...le ministre, M. le Président, il me dit
que c'est important. Il faut qu'il rencontre la DPJ et les corporations
professionnelles avant d'arriver à une grille d'évaluation. Et
là, je me dis, pourquoi la DPJ, en fait, doit-elle participer avec les
corporations profession- nelles à l'élaboration...
M. Sirros: Je suis en train de répondre. Je voulais juste
une clarification.
Mme Vermette: ...d'une grille d'évaluation?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Sirros:Prenons les cas d'avant. Il y a eu effectivement des
cas où des travailleurs sociaux appartenant à des corporations
professionnelles, qui n'étaient pas des employés proprement dits,
des employés hiérarchiques des DPJ, ont exécuté,
pour le compte et sous mandat des DPJ, certaines évaluations
psychosociales. C'était dans des situations où, par exemple, les
DPJ n'avaient pas le personnel et ne pouvaient pas faire les évaluations
qui étaient requises. Et, au lieu de faire attendre les parents, elles
mandataient un travailleur social dans le privé pour faire
l'évaluation. Ce faisant, auparavant elles fournissaient la grille avec
les critères sous lesquels elles voulaient avoir l'évaluation,
parce que c'était leur responsabilité. Donc, il est clair que
dans ce cas-là, c'était aux DPJ de fournir la grille. (21 h
30)
Dans le cas qui nous préoccupe, quant à l'avenir, il ne
s'agit pas de directives que les DPJ donneront à qui que ce soit, mais
il s'agit d'une certaine expertise qui existe au niveau des DPJ, que les
corporations elles-mêmes réclament en termes de partage. Elles
veulent s'asseoir avec les DPJ pour discuter et savoir comment les DPJ
faisaient leurs évaluations avant, pour voir si ça leur convient,
s'ils veulent continuer à le faire, de cette façon, s'il y a des
modifications qu'ils veulent apporter. Donc revoir, avec les gens qui le
faisaient depuis nombre d'années, le processus par lequel se feront les
évaluations dans l'avenir. Alors, il ne s'agit pas de directives ou de
balises qui sont données à des professionnels dans le
privé. Il s'agit d'une excellente collaboration entre le privé et
le public, dans le sens que des personnes ont, pendant nombre d'années,
acquis une expertise qu'il serait bien dommage - je suis sûr que la
députée en conviendra - de jeter par la fenêtre tout
simplement parce qu'on permet aussi à un autre corps de personnes de
faire le même genre de travail. Et c'est dans ce sens-là qu'il y a
des discussions actuellement entre les trois: les psychologues, les
travailleurs sociaux et les DPJ pour qu'ensemble ils puissent partager
l'expérience acquise jusqu'à maintenant par les travailleurs
sociaux et d'autres professionnels des DPJ qui effectuaient les
évaluations, pour arriver à une grille objective, correcte et
qu'on entreprend de mettre à la disposition des parents pour qu'ils
sachent justement, pour qu'ils n'aient pas à subir le sentiment qu'ils
sont en quelque sorte évalués
sur des critères secrets ou mystérieux. On va mettre ces
critères à la disposition des parents pour que tout soit fait de
façon très transparente et dans un esprit de collaboration. Je
pense qu'il ne s'agit pas d'aller chercher des puces là où il n'y
en a pas.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Dans le projet de loi
tel que libellé, en fait, on dit que c'est dans les conditions
prévues par la Loi sur la protection de la jeunesse. Moi, j'aimerais
savoir pourquoi l'évaluation psychosociale effectuée dans les
conditions prévues par la Loi sur la protection de la jeunesse. Est-ce
que, encore là on ne met pas la protection de la jeunesse,
c'est-à-dire la DPJ, responsable des évaluations psychosociales
et que, encore une fois, la DPJ pourra intervenir et refuser, en tout cas,
certaines évaluations psychosociales indépendamment de ce qui est
fait par un professionnel? À ce moment-là, quel est le droit de
recours pour le parent?
M. Sirros: Est-ce que la députée pourrait
répéter sa question?
Mme Vermette: En fait, on maintient toujours l'évaluation
psychosociale effectuée dans les conditions prévues par la Loi
sur la protection de la jeunesse et la Loi sur la protection de la jeunesse,
quant à moi, demeure la DPJ, en fait. Donc, on maintient toujours que
c'est la DPJ qui demeure responsable de l'évaluation psychosociale.
M. Sirros: Oui, mais les conditions prévues... Si vous
voulez, encore une fois, je vais vous référer à l'article
9. Les conditions prévues dans la Loi sur la protection de la jeunesse
permettent également le recours au privé. Alors il faut
prévoir quelque part comment se feront les évaluations
psychosociales et, à l'article 9, vous allez trouver que pour
l'application de l'article 614.1... On va le lire ensemble et ça nous
permettra en même temps peut-être de faire un peu de travail sur
l'article 9. On va le lire. "Pour l'application de l'article 614.1 du Code
civil du Québec - celui dont on discute actuellement -
l'évaluation psychosociale de la personne qui veut adopter un enfant
domicilié hors du Québec peut être effectuée, aux
frais de l'adoptant, par un membre de la Corporation professionnelle des
psychologues du Québec ou de la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux du Québec, choisi par l'adoptant sur une liste de
noms fournie par ces corporations et transmise au ministre." Et, après
ça, c'est la description de ce sur quoi porte l'évaluation. Donc,
ce dont on discute actuellement, à l'article 614.1, c'est du principe
qu'il doit y avoir une évaluation psychosociale et - c'est justement
pour ça qu'on a mis le papillon - on renvoie après ça le
lecteur à la Loi sur la protection de la jeunesse. Ce qu'on vient de
lire, c'est l'article 72.3 de la Loi sur la protection de la jeunesse qui, lui,
décrit comment se fait l'évaluation psychosociaie et par qui.
Mme Vermette: Et ça, c'est compris... Le
Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'ai bien compris ce
volet-là mais, moi, en fait, ce que je demande, c'est pourquoi tout
ça fait-il encore l'objet de l'application de la Loi sur la protection
de la jeunesse? Bon, on aurait bien pu faire confiance aux corporations
professionnelles. Et, de toute façon, l'évaluation pourrait
être faite, bon... On pourrait tout simplement reconnaître une
évaluation psychosociale.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: ...on aurait pu le mettre, on aurait pu renvoyer les
gens à n'importe quelle loi finalement. On aurait pu dire: Ça se
fait en conformité avec les conditions prévues dans la Loi sur la
curatelle publique, par exemple, et si, dans la Loi sur la curatelle publique,
il y avait eu un article qui décrit les évaluations, bien,
c'aurait été la Loi sur la curatelle publique. On a choisi la Loi
sur la Protection de la jeunesse parce qu'on parle déjà de
l'adoption et des procédures d'adoption, parce que ce sont
déjà les directeurs de la Protection de la jeunesse qui sont
impliqués là-dedans. Et, tout simplement pour trouver les
modalités selon lesquelles se fait l'évaluation psychosociale, on
se réfère à la Loi sur la protection de la jeunesse comme
à un endroit où se trouvent des explications sur le comment.
Ça n'a rien à voir avec le directeur de la protection de la
jeunesse. J'ai l'impression que la députée confond... Non?
O.K.
Mme Vermette: Non. M. le Président... Le
Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Je sais qu'il existe des corporations
professionnelles et que les professionnels sont soumis aux règlements et
aux normes des corporations professionnelles...
M. Sirros: Ça, ça s'applique...
Mme Vermette: ...et que l'évaluation, en fin de compte,
aurait pu être faite conformément à la loi et à ses
règlements et en fonction du Code des professions, parce que ce sont
surtout les règlements du Code des professions qui font en sorte que,
justement, on peut faire confiance
à des professionnels.
M. SiiTOS: M. le Président, la députée se
trompe. Le Code des professions régit les corporations professionnelles,
décrit le rôle, le mandat des corporations professionnelles et la
nécessité, par exemple, qu'elles élaborent un code de
déontologie, etc. L'évaluation psychosociale est faite par un
membre d'une corporation et ce membre doit quand même toujours agir en
conformité avec la loi qui régit sa corporation.
Ici, tout ce que vous avez, c'est un endroit, la Loi sur la protection
de la jeunesse, où se trouvent les informations à savoir comment
et par qui se fera l'évaluation. L'exécution de cette
évaluation se fait par un professionnel. Ce professionnel qui appartient
à une corporation professionnelle est régi par la loi sur cette
corporation professionnelle, etc. Alors, quand la députée lit
l'article qui dit que c'est fait selon les conditions prévues dans la
Loi sur la protection de la jeunesse, tout ce qu'elle devrait voir dans
ça, c'est une référence. Cette phrase renvoie la
députée ou celui qui lit cet article à la Loi sur la
protection de la jeunesse pour aller voir où et par qui se font les
évaluations.
Le Code des professions s'applique, les membres des corporations
professionnelles sont toujours tenus de respecter leurs engagements
vis-à-vis de leur appartenance à une corporation professionnelle.
Donc, il ne faudrait pas lire plus que ce qu'il y a là-dedans. Tout ce
que c'est, c'est une référence à un endroit où on
trouve l'information.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
oui.
Mme Vermette: M. le Président, moi, j'ai de la
difficulté à accepter l'argumentation du ministre. Le ministre
nous dit qu'il veut assouplir la loi et assouplir, en fin de compte, le
processus d'adoption internationale. Encore une fois, il maintient toujours les
mêmes acteurs, avec le même degré de responsabilité
et je pense que, quand on parie d'une évaluation psychosociale faite par
des professionnels tels que des psychologues ou des travailleurs sociaux,
chacun de ces professionnels appartient à une corporation et, à
l'intérieur de cette corporation-là, il y a... Aussi,
l'évaluation pourrait être faite. Votre article 9 que vous mettez
pourrait être, non pas sous l'autorité de la DPJ, mais tout
simplement être régi par des évaluations
effectuées...
M. Sirros: Non. Voilà!
Mme Vermette: ...à l'intérieur des corporations,
puisqu'il y a un code d'éthique à l'intérieur des
corporations. Pourquoi maintenir ce lien, cette symbiose avec la DPJ?
M. Sirros: M. le Président, il ne s'agit pas de symbiose.
Ce n'est pas sous l'autorité de la
DPJ. Je l'ai répété et je le répète
de nouveau. Ce n'est pas sous l'autorité de la DPJ. Je ne sais pas trop
comment le dire autrement, mais ce n'est pas sous l'autorité de la DPJ.
C'est simplement dans la Loi sur la Protection de la jeunesse. Je vous
réfère à l'article 9 de la loi qu'on a ici devant nous. On
modifie, à l'article 9, la Loi sur la protection de la jeunesse pour y
ajouter ou y inclure l'article 723 Cet article, on l'a lu tout à
l'heure, dit que ce sont les membres des corporations qui font
l'évaluation psychosociale dans certains cas. Alors, ils ne sont pas
sous l'autorité du DPJ. La députée confond, et je le dis
encore, DPJ et Loi sur la protection de la jeunesse, ce qu'elle ne devrait pas
faire dans ce cas-ci.
M. Trudel: Est-ce que le ministre ne convient pas...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: ...qu'en termes de simplification de la loi - il a
fait la différence entre la loi et le fonctionnement et ceux qui ont
à assurer la responsabilité du fonctionnement... Mais, il nous
propose d'amender l'article 1 et, essentiellement, d'amender la formulation
actuelle de l'article 614.1...
M. Sirros: Du Code civil du Québec. Voilà. O.K.
M. Trudel: ...du Code civil du Québec. Son objectif, dans
l'ensemble du projet, c'est de simplifier les choses, je pense qu'on s'entend
là-dessus. Est-ce que le ministre ne pourrait pas, dans cet objectif de
simplification, dans un article du Code civil qui nous décrirait que,
dorénavant, toute personne domiciliée au Québec qui veut
adopter un enfant domicilié hors du Québec doit
préalablement faire l'objet d'une évaluation psychosociale,
effectuée par un membre des corporations suivantes, selon les
critères X, Y, Z? Je peux comprendre, M. le ministre...
M. Sirros: Non, parce que...
M. Trudel: ...que la loi, telle qu'elle est faite actuellement -
et vous me corrigerez, on est ici pour cela - fasse référence,
par ailleurs, à l'article 72.3 de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Si on veut simplifier les choses, et j'insiste un peu
là-dessus - peut-être pen-siez-vous il y a quelques moments que
nous faisions du temps, on ne faisait pas uniquement du temps. Vous allez
convenir, M. le ministre, que, par rapport à la loi, il y a des
difficultés de perception avec lesquelles on est obligés de vivre
et si on veut faire changer cela, il faut faire un effort particulier au niveau
de la
simplification et donc, de l'efficacité. je le souhaite vivement.
alors, est-ce que le ministre ne conviendrait pas que nous pourrions simplifier
tout cela - je vais le dire comme cela - e* sortant la référence
à la loi sur la protection de la jeunesse pour, maintenant, l'inscrire
directement, eh oui, dans le code civil, mais à l'intérieur, par
la voie d'une loi, qui s'appellera la loi sur l'adoption internationale.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Ça aurait peut-être été
possible de l'envisager comme ça, n'eût été le fait
qu'il y a deux façons de procéder. Si vous allez a l'article 10,
vous allez voir l'autre façon de procéder qui, elle aussi, est
incluse dans la Loi sur la protection de la jeunesse, où, effectivement,
pour une certaine catégorie de situations, les évaluations sont
toujours faites par le directeur de la protection de la jeunesse. Donc, dans un
esprit de simplification, ce qu'on a choisi de faire, et surtout avec le
papillon, c'est d'enlever du Code civil toute référence aux
modalités, de maintenir le principe dans le Code civil, le principe
étant qu'il doit y avoir évaluation psychosociale. Maintenant,
étant donné qu'on ne voulait pas commencer à dire: Dans
tel cas, comme on avait, avant le papillon, c'est par tel groupe de personnes,
dans tel autre cas, c'est par tel autre groupe de personnes qu'est
effectuée l'évaluation psychosociale, on renvoie le lecteur,
celui qui lit l'article à la Loi sur la protection de la jeunesse et,
lui, va reprendre les modalités... Donc, c'est effectivement dans un
esprit de simplification.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: M. le ministre, justement, si on veut que
l'économie générale, pour l'ensemble des personnes, sous
l'empire, on va dire normal, entre guillemets, d'un processus d'adoption au
Québec... Alors le premier élément auquel on va se
référer, c'est qu'est-ce que je fais en pareille matière?
Qu'est-ce que me dit le Code civil du Québec en pareille matière?
Voilà pour le général. Par ailleurs, pour des cas plus
spécifiques, quelqu'un qui voudrait faire appel à des
mécanismes de protection de la jeunesse, vous savez pourquoi j'appelle
cela comme ça, me référant à la Loi sur la
protection de la jeunesse... On ne va pas, à notre avis, recourir
à la protection de la jeunesse à moins d'être dans une
situation particulière ou de vivre une difficulté
particulière. Traitons, à mon avis, les choses normales et
régulières dans ce qui gère le normal et le
régulier de l'organisation de la vie civile au Québec et
gérons les exceptions dans les lois d'exception, pour certaines
catégories de clientèles de la protection de la jeunesse. (21 h
45)
Vous savez probablement pourquoi nous disons cela. Déjà,
au premier article de la loi, on implique la direction qui administre la Loi
sur la protection de la jeunesse, déjà on amorce ce processus qui
semble, je vais employer le mot "compliqué" pour beaucoup d'adoptants au
Québec. Si on peut, en termes de législature, comme
législation à développer, simplifier tout cela et si on
peut retrouver ailleurs, et je pense qu'on pourrait le retrouver dans le projet
de loi ailleurs... Ceux qui ont besoin d'aide ou ceux qui ont besoin de faire
appel à un autre processus en matière de protection - je ne parle
pas de la protection de l'enfant pour réaliser le processus - peuvent
par ailleurs faire appel à la Loi sur la protection de la jeunesse
où il y a des mécanismes. Là je vais vous ramener à
un élément de philosophie qui est cher à votre parti
politique, à votre gouvernement. Si on veut effectivement
privilégier l'efficacité et le privé, c'est par là
qu'on devrait l'indiquer au niveau de la législation. D'abord, le
processus prévu par le Code civil, c'est que tu dois avoir une
évaluation psychosociale par un membre dûment
accrédité d'une corporation reconnue. Par ailleurs, l'adoptant
peut aussi faire appel à la Loi sur la protection de la jeunesse, s'il y
a lieu.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: On ne pourrait pas fonctionner comme ça pour un
certain nombre de raisons. D'abord, sur le principe, sur la première
partie, les principes sont inclus dans le Code civil; les modalités
d'opération ailleurs. C'est une remarque qui nous a été
faite par le Barreau, le groupe que vous vouliez entendre tout à
l'heure, et par d'autres, d'éviter le dédoublement. Parce que,
sans le papillon, vous avez une explication quant à une certaine partie
des personnes qui font des évaluations psychosociales dans le Code civil
et aussi dans la Loi sur la protection de la jeunesse. On enlève la
référence au "comment" dans le Code civil; on maintient juste le
principe dans le Code civil. On renvoie celui qui le lit à la Loi sur la
protection de la jeunesse, parce que, pour un certain nombre de situations, il
faut - et j'utilise bien le mot "faut" - procéder par ordonnance de
placement. Ce n'est pas selon le choix ou le voeu de quelqu'un. Il y a un
certain nombre de situations où il faut procéder par ordonnance
de placement. Un certain nombre de situations reviennent donc au directeur de
la protection de la jeunesse. Également, dans la Loi sur la protection
de la jeunesse on va retrouver les modalités d'application de
l'évaluation psychosociale pour ceux et celles qui choisissent de faire
effectuer leur évaluation par un membre d'une corporation. C'est pour
ça qu'on a choisi la Loi sur la protection de la jeunesse, parce que
c'est plus simple, plus cohérent d'avoir le tout
regroupé ensemble. Donc, à part ça, je n'ai pas
autre chose, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, en fait, je comprends la
façon dont M. le ministre aborde son argumentation, parce qu'il fait une
distinction entre les gens qui pourront passer par le biais d'un professionnel,
dans un cabinet privé, et ceux qui devront faire affaire avec la
protection de la jeunesse par le biais des travailleurs sociaux de la OPJ. Pour
assumer en fin de compte que tout ça soit bien compris, il fait toujours
référence... L'article 614.1 qui appartient au Code civil, il le
subordonne à l'article 9 en fonction de la Loi sur la protection de la
jeunesse.
Là, en fait, pourquoi ne pas inscrire que tout ce qui est dans le
libellé de la loi, puis tout ce qui est dans la loi 70, c'est une
approche d'adoption internationale qui s'interprète dans le sens le plus
large et que les parents auront à choisir les services offerts par la
DPJ, de toute façon, seront régis par les normes de la DPJ, parce
que c'est elle qui va donner le service et qu'à l'intérieur de ce
service-là elle aussi a un code d'éthique auquel les
professionnels sont soumis. Donc, pas besoin de l'inscrire à cet
article-là, l'article 1, puisque, déjà, les
professionnels, quant à eux, peu importe, qu'ils soient en cabinet
privé ou à la protection de la jeunesse, tous doivent appartenir
à des corporations; et ils ont aussi un code d'éthique et doivent
faire selon les normes professionnelles de leur profession.
Donc, peu importe, si je m'en vais voir un professionnel, mon
professionnel, lui, est régi par son code d'éthique. Et si je
m'en vais aux services sociaux et que je suis obligée de prendre un
travailleur social à l'intérieur de ces services sociaux, lui
aussi est régi par des normes et par des règlements qui
appartiennent aux services sociaux qui sont régis par la Loi sur la
protection de la jeunesse. Donc, on n'a pas vraiment besoin, à ce
moment-là, au niveau de l'article 614.1, de faire l'application en
fonction de la Loi sur la protection de la jeunesse, mais on pourrait tout
simplement le faire conformément à la loi et aux
règlements des corporations professionnelles.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Oui, on en a besoin. Je n'essaierai pas de jouer au
juriste, M. le Président, mais je dirai tout simplement qu'on en a
besoin pour deux choses. L'une, c'est de prévoir les deux
différentes possibilités qui existent, c'est-à-dire, dans
ce cas-ci, de dire que - et dans l'autre article, on va avoir l'autre
possibilité - les gens peuvent s'adresser à un membre d'une
corporation professionnelle. Après ça, si la
députée lit encore une fois l'article, elle va voir qu'il ne
s'agit pas de l'éthique des membres, mais de la détermination des
critères. On se donne le pouvoir de déterminer et de publier les
critères sur lesquels sont évalués les gens.
Ça, on ne le retrouvera nulle part dans la loi des corporations
professionnelles. On indique, ici, dans la Loi sur la protection de la jeunesse
qu'il doit y avoir des critères qui sont élaborés par les
corporations et les DPJ, et qu'ils seront disponibles aux endroits où
ils seront publiés.
À part ça, je ne sais pas quoi dire d'autre pour clarifier
la situation pour la députée, M. le Président.
Mme Vermette: Oui, mais...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, même si on fait
référence à des critères et si on veut uniformiser
les critères, je pense que la corporation professionnelle est capable,
elle aussi, de voir à ce que les gens qui seront proposés sur les
listes observent ces mêmes critères-là, de même que
les professionnels qui auront à travailler à l'intérieur
de la DPJ. Même si ce n'est qu'une entente entre les corporations
professionnelles et la DPJ, chacun devra, peu importe son appartenance,
respecter ces critères-là.
Et je pense que c'est tout à fait acceptable, à ce
moment-là. Ça devient plus clair au niveau de
l'interprétation. Chaque code conserve son authenticité et on
n'est pas obligé de faire référence chaque fois, de
vérifier la concordance du Code civil, dans le cas de l'adoption
internationale, avec le code de la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Est-ce que le ministre pourrait me préciser
à nouveau où on retrouve la deuxième catégorie
d'évaluation prévue dans la Loi sur la protection de la jeunesse
ou la DPJ, mais parions de la loi? Parce que, franchement, je crois que vous
m'avez répondu tantôt que nous nous référions ici
à l'évaluation psychosociale et qu'on devait aller à la
Loi sur la protection de la jeunesse, parce qu'il y avait deux
catégories: ou on choisirait de le faire par soi-même, en quelque
sorte, et, par ailleurs, par déduction, ou on choisirait de le faire
par... trois points de supension.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. M. Sirros:
Je vois ce que...
M. Trudel: II y a un point d'interrogation.
M. Sirros: Ce que je voulais dire, M. le Président... Et
j'ai peut-être effectivement induit les gens en erreur en indiquant
l'article 10 de la loi. Mais dans le cas où des enfants sont
adoptés non pas judiciairement dans un autre pays, mais par simple
procédure administrative - et on va revenir, j'imagine, à ce
débat-là - dans ce cas, quand les enfants reviennent ici, afin
d'assurer qu'ils auront tous les droits éventuellement, on doit
procéder à une adoption, ici, par ordonnance de placement. Et
dans ce cas, parce que, effectivement, il va falloir les traiter exactement de
la même façon qu'on traite les parents qui adoptent des enfants du
Québec, c'est le directeur de la protection de la jeunesse qui devra
faire l'évaluation psychosociale. Alors c'est à cela que je me
référais quand je disais qu'il y avait deux situations.
La première, c'est des parents qui adoptent des enfants
judiciairement dans un autre pays. Ils peuvent, à ce moment-là
avoir recours à une expertise pour une évaluation psychosociaie
du côté privé. L'autre, c'est des parents qui adoptent des
enfants qui n'ont pas été adoptés judiciairement dans leur
pays d'origine. Il faut qu'on fasse ici au Québec - afin de garantir
tous les droits à ces enfants-là éventuellement -
l'adoption. Et la façon de le faire, c'est de la même façon
qu'on procède pour nos enfants ici, au Québec,
c'est-à-dire par ordonnance de placement. Et, dans ce cas-là,
c'est le DPJ qui entre en ligne de compte.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Sirros: Vraiment sur ça, il n'y a pas de... Sur
l'article 1?
M. Trudel: Toute personne au Québec qui désire
adopter un enfant hors du Québec doit subir une évaluation
psychosociale?
M. Sirros: Ah oui.
M. Trudel: À partir du moment, M. le Président,
où on dit à l'article 1, effectivement, "doit faire l'objet d'une
évaluation psychosociale", pourquoi compliquer les choses, à mon
avis, quant à la référence judiciaire que vous venez de
donner sur la deuxième catégorie? Avec la question suivante,
toujours dans l'objectif de la simplification et de l'efficacité aussi:
Si à toute personne qui, au Québec, prétend au statut
d'adoptant, on impose, par l'article 614.1 du Code civil, d'avoir une
évaluation psychosociale, qu'on simplifie les choses en disant "par un
membre d'une corporation agréée ou, le cas échéant,
par la direction de la protection de la jeunesse s'il y a lieu", point,
"period" - excusez l'anglicisme.
Le Président (M. Joly): excusez, m. le ministre, juste une
question de précision là. je veux être quand même
certain qu'actuellement on est à travailler sur l'article 614.1, mais
sur l'amendement du ministre.
Mme Vermette: Non, on n'est pas... On est dans les
généralités.
M. Sirros: J'ai l'impression, M. le Président...
Le Président (M. Joly): On s'en va au large, si je
comprends bien.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Joly): On déborde là, si je
comprends bien.
M. Sirros: ...on aurait peut-être avantage à
préciser quelque chose avec les représentants de l'Opposition.
Moi je suis bien prêt à faire ce genre d'échange et de
discussion en autant que ça sert également à clarifier les
autres articles de la loi, pour qu'on puisse, tout au moins, économiser
le temps qu'on utilise maintenant à discuter finalement des principes et
des façons qu'on les met dans la loi. Je suis bien prêt...
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, M. le
ministre...
M. Sirros: ...à le faire, si on veut bien collaborer de
cette façon. Sinon reprenons les papillons et les articles un à
un et on va s'en tenir très strictement à la procédure
qu'il faut suivre.
Le Président (M. Joly): Pour ma perception à moi
là, si je comprends bien, vous ne voulez pas faire partie de
l'émission "Parler pour parler". C'est ça? Parfait.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...avec tout le respect que je vous dois, je ne
crois pas qu'actuellement l'exercice que nous sommes en train de faire est de
parler pour parler, mais je pense qu'il est très important. On sait fort
bien justement que c'est un paquet de tracasseries qui font que l'adoption
internationale est tellement compliquée ici, chez nous au Québec.
C'est ce qu'on veut éliminer. D'ailleurs, c'est même l'objectif du
ministre de rendre le processus le plus simple possible, autant pour les
parents... Que ce soit fait dans la légalité effectivement. Et on
parlait de projet de loi qui soit plus facile de compréhension. Je pense
que c'est pour ça que nous
faisons cet exercice à l'heure actuelle. Nous essayons de
démontrer au ministre qu'il maintient toujours, en tout cas, cette
notion d'État omniprésent, de contrôle de l'État
dans le processus de l'adoption et que même le Barreau nous le dit:
Écoutez, essayons donc de faire de l'adoption, arrêtons de mettre
l'État trop présent un peu partout. (22 heures)
Ce qu'on essaie de dire au ministre, c'est qu'il existe actuellement, en
tout cas selon l'approche qu'on choisit, tantôt par un professionnel de
la Corporation professionnelle des psychologues ou, tantôt, s'il y a
lieu, par la protection de la jeunesse, il y a déjà, dans chaque
situation, des règles, des normes très précises
d'éthique et, s'il reste juste à mettre à
l'intérieur de ça, au niveau des corporations, une grille
d'évaluation, ce n'est pas bien compliqué. Ils sont capables de
se conformer à une grille d'évaluation, on n'est pas
obligé de maintenir, en tout cas, le libellé de la loi tel
quel.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
j'apprécie l'explication que vous donnez, mais vous allez comprendre
pourquoi je vous posais la question autant à vous qu'à M. le
ministre. C'est qu'en vertu de l'article 245 - et quand même, on est
limités dans le temps - je veux savoir si on part de l'article 1 et
qu'on tombe à 3, à 12 et ainsi de suite. Je veux quand même
savoir quelle sorte d'encadrement on se donne, de façon que je
puisse...
Mme Vermette: On suit dans l'ordre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): C'est parce que je veux...
M. Sirros: Vous avez raison de nous ramener...
Le Président (M. Joly): On est toujours rendus à
l'article 1...
Mme Vermette: Si nous avons fait référence aux
articles 9 et 10, c'est pour les explications, pour la compréhension, en
fait, que nous apportait le ministre. Il nous a donné comme
référence les deux autres articles, mais nous sommes toujours
à l'article 1.
Le Président (M. Joly): J'ai beaucoup de difficulté
à nous situer dans le temps si, nécessairement, on fait ce qu'on
appelle du "jeopardizing", on saute un peu à gauche et à droite.
Dans le but d'appliquer l'article 245, afin de respecter le règlement
où on parle quand même de 20 minutes par article... À ce
moment-là, je vous ai largement laissé dépasser, et je me
dois quand même de trancher quelque part. M. le député.
M. Trudel: M. le Président, avec tout le respect que je
vous dois et que j'ai pour vous...
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas saisi, monsieur.
M. Trudel: Avec tout le respect que je vous dois et que j'ai pour
vous...
Le Président (M. Joly): J'apprécie beaucoup la
confirmation; je n'en ai jamais douté.
M. Trudel: ...le ministre ne devrait pas douter - très
sérieusement - qu'on veut véritablement en arriver, par
ailleurs.. Je connais assez bien le ministre pour qu'il comprenne des
expressions comme l'ensemble des règles parlementaires...
Deuxièmement, si nous voulions en arriver à exercer des pratiques
comme celle que vous avez décrite sous la qualification de parler pour
parler, on ferait ça à l'article 14. On ferait ça à
l'article 14, lorsqu'on arriverait à la fin, si c'était cela.
Non, l'Opposition veut vraiment travailler là-dessus pour tenter d'en
avoir le maximum en termes de législation, d'efficacité et de
simplicité en même temps.
Le ministre va convenir - et je réponds toujours un peu à
votre observation, M. le Président - que ça peut paraître,
de prime abord, simple, mais il y a tellement eu, au cours des dernières
années, des modifications successives que, là - et je le dis au
ministre - s'il nous faut passer tout cela après la période du 21
juin, je pense qu'il faut que le législateur, au Québec,
sérieusement... Je ne dis pas que ce n'est pas un travail sérieux
ici, mais il y a tellement eu de difficultés au cours de l'histoire
récente, il faut qu'on prenne tout le temps voulu pour en arriver
à une véritable articulation d'un bon projet de loi efficace et
simple, en soulevant toutes les possibilités pour les adoptants.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros:m. le président, je pense que je me rallierais
à votre souhait qu'on prenne les articles un à un. c'est une
façon ordonnée. ce que j'ai devant moi, c'est une question de la
part des membres de l'opposition qui, finalement, se résume à:
pourquoi, m. le ministre, mettez-vous dans l'article 614.1, pourquoi
voulez-vous que ce soit la loi sur la protection de la jeunesse qui
prévoie les conditions dans lesquelles seront faites les
évaluations psychosociales? c'est ça, la question?
Une voix: Oui.
M. Sirros: La question, c'est de savoir pourquoi on choisit la
Loi sur la protection de la jeunesse.
Une voix: Oui
M. Sirros: Dans la Loi sur la protection de la jeunesse, M. le
Président, on vise ici à énumérer les conditions
liées à l'évaluation, de dire, par exemple, qu'il va y
avoir des critères, que ces critères seront disponibles quelque
part. Pourquoi la Loi sur la protection de la jeunesse? Je pourrais aussi bien
dire: Pourquoi pas? Mais je ne serai pas aussi frivole, M. le Président.
Je dirai: Parce que l'adoption, c'est une mesure de protection ultime des
enfants. Parce qu'avant 1982, il y avait une loi sur l'adoption. Il n'y en a
pas depuis le temps où on a rapatrié les éléments
concernant l'adoption dans le Code civil, le Code de procédure civile et
la Loi sur la protection de la jeunesse, depuis 1982, et c'est pour ça
qu'on le met dans la Loi sur la protection de la jeunesse, M. le
Président. Et c'est, je pense, l'ultime intervention que je pourrais
faire sur ça.
Le Président (M. Joly): Écoutez, moi, je n'ai pas
d'objection. Si vous voulez, on va déborder...
M. Sirros: Moi, j'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...au gros, gros maximum, sauf
qu'à date...
M. Sirros: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Joly): ...on a débordé de
50 % sur ce que le règlement nous permet. Je suis prêt à
donner toute la latitude possible pour, nécessairement, la bonne
compréhension, disons, de chacun des articles, sauf que je veux qu'on me
donne une forme de direction ou des directives afin que je puisse savoir si je
peux me permettre d'être délinquant dans l'administration du
règlement. Alors, si vous êtes tous les deux d'accord...
M. Sirros: D'accord. Appliquez le règlement.
Le Président (M. Joly): Vous, madame, votre temps est
écoulé. Monsieur, il vous reste des minutes...
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que je pourrais
apporter un sous-amendement à l'amendement, s'il vous plaît?
Le Président (M. Joly): Bien, là, officiellement,
comme...
Mme Vermette: II faut débattre de l'amendement avant?
Le Président (M, Joly): Normalement. M. le ministre,
pourriez-vous...
M. Trudel: Si je peux me permettre, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: M. le Président, vous demandez en quelque sorte
de quelle façon nous tenterons de l'aborder. Nous savons très
bien que si nous y allions "by the book", l'effet recherché par
l'Opposition serait le même, de toute façon. Si le ministre vient
de dire qu'il est prêt à convenir qu'on va étudier cela par
ordre d'intérêt et en renvoyant d'autres articles qui,
forcément, nous amènent aussi à l'économie
générale du projet de loi... Mais si le ministre dit:
Écoutez, nous, on préférerait finalement y aller article
par article et suivre le livre, l'expression française, on va y aller
par le livre.
Le Président (M. Joly): Voici là. Juste avant
d'aller un petit peu plus loin, j'aimerais quand même, M. le ministre, si
vous avez toujours l'intention de déposer le papillon auquel on fait
référence depuis le début, que vous le fassiez de
façon officielle pour que, par après, on puisse
nécessairement avoir un sous-amendement si, nécessairement, c'est
le désir des gens de l'Opposition.
M. Sirros: Alors, on va déposer officiellement le
papillon, M. le Président, parce que j'ai tout transmis en vrac...
Le Président (M. Joly): En bloc.
M. Sirros: ...donc, je ne sais pas quelle est la
procédure. Mais je dépose officiellement le papillon.
Le Président (M. Joly): Papillon à l'article
1,614.1.
Une voix: il faut dire: Le papillon à l'article 1 se lit
comme suit...
M. Sirros: Je l'ai déjà fait, parce que j'ai lu
tout à l'heure le papillon en question. J'ai dit qu'il y avait un
papillon et je l'ai lu. Si je peux juste... Parce que j'ai l'impression qu'on
commence à se perdre dans la "procédurite". Moi, je suis bien
prêt à discuter en long et en large du projet de loi. J'aimerais
quand même avoir l'assurance de l'Opposition, à ce
moment-là, que d'ici minuit, on aura fini l'étude du projet de
loi en question.
Mme Vermette: M. le Président, nous... Le
Président (M. Joly): Mme la députée.
M. Sirros: Si je n'ai pas cette assurance-là, aussi bien y
aller "by the book", et on finira quand on finira.
Mme Vermette: On va y aller "by the
book", M. le Président, parce que quant à nous, nous ne
voulons pas être obligés de nous pencher pour une cinquième
fois sur un projet de loi concernant l'adoption internationale. Nous
considérons que c'est important qu'on puisse...
Le Président (M. Joly): Ce n'est pas à moi de
juger, Mme la députée, ce que vous voulez faire ou ne voulez pas
faire.
M. Sirros: C'est votre...
Le Président (M. Joly): Moi, je suis ici...
M. Sirros: C'est votre choix.
Le Président (M. Joly): ...pour essayer d'appliquer la
procédure.
M. Sirros: C'est dommage. Alors, moi, j'ai terminé sur
l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Donc, parfait. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Vermette: 114.1. Non, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Non.
Mme Vermette: ...on a un sous-amendement.
Le Président (M. Joly): Vous avez un sous-amendement. S'il
vous plaît, est-ce qu'on peut...
Mme Vermette: Alors, à l'article 114.1 du Code
civil...
Le Président (M. Joly): 614.1.
Mme Vermette: 614... Je vais mettre mes lunettes.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
Mme Vermette: L'article 614.1 du Code civil, tel que
modifié par l'article 1 du projet de loi 70, Loi concernant l'adoption
et modifiant le Code civil du Québec, le Code de procédure civile
et la Loi sur la protection de la jeunesse, est modifié par le
remplacement dans les sixième et septième lignes du premier
paragraphe des mots "en application de la Loi sur la protection de la jeunesse"
par les mots "conformément à la loi et à ses
règlements".
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça amende...
M. Sirros: M. le Président, nous, on a
présenté un papillon qui...
Le Président (M. Joly): M. le ministre
M. Sirros: ...a modifié, si je comprends bien... Alors,
qu'est-ce que vous modifiez? Vous voulez modifier le papillon, ou vous modifiez
le... Alors, c'est irrecevable, M. le Président.
Le Président (M. Joly): II ne faut pas influencer les
juges.
Mme Vermette: Vous modifiez le dernier paragraphe par le...
M. Trudel: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Le ministre a déposé devant vous le
remplacement de l'article 614.1 du projet de loi dont nous avons fait
l'adoption de principe à l'Assemblée nationale. Il a fait le
remplacement. Nous l'avons reçu. Merci. Nous l'avons analysé. Je
vous soumets respectueusement que la députée de Marie-Victorin
présente maintenant un amendement, parce que le terme "papillon"
utilisé par le ministre est un langage utile, au niveau du travail, mais
on ne peut pas l'utiliser ici. Ma collègue, la députée de
Marie-Victorin présente donc un amendement à un article qui a
été remplacé par le ministre. Alors, nous convenons, de ce
côté-ci, en termes de règlement, que nous discutons
maintenant sur une proposition de remplacement, et nous voulons amender la
proposition de remplacement.
Le Président (M. Joly): M. le député, je
comprends très bien les explications, sauf, de la façon dont le
sous-amendement est libellé, il ne semble pas acceptable. Donc, on va
permettre à votre conseiller de le rédiger à nouveau, et
par après on pourra voir.
M. Trudel: C'est une tout autre chose. M. le Président,
est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Joly): Sous-amender l'amendement?
M. Trudel: ...suspendre pour deux minutes?
Mme Vermette: Suspendre deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Oui. Alors, nous allons suspendre
les travaux pour deux ou trois minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 13)
(Reprise à 22 h 23)
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre nos travaux. Afin, disons, qu'on éclaire
les membres de cette commission, j'aimerais quand même savoir, M. !c
ministre, ce que vous avez convenu avec les gens de l'Opposition.
M. Sirros: On a convenu, M. le Président, qu'on
procédera article par article, selon les règles de
procédure.
Le Président (M. Joly): Merveilleux! Donc, nous sommes
toujours à l'article 614.1, de l'article 1. Nous sommes sur l'amendement
qui a été lu par M. le ministre, et il serait peut-être bon
de le relire. L'article 614.1: Toute personne domiciliée au
Québec qui veut adopter un enfant domicilié hors du Québec
doit préalablement faire l'objet d'une évaluation psychosociale,
effectuée dans les conditions prévues par la Loi sur la
protection de la jeunesse. Alors, est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Vermette: Oui, adopté. L'amendement, tel qu'il nous a
été proposé...
Le Président (M. Joly): Tel que libellé, tel qu'on
vient de le lire. L'amendement est adopté.
M. Trudel: Non, M. le Président, parce que j'aurais des
questions.
Le Président (M. Joly): Bon, je vais reconnaître M.
le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue pour des
questions.
M. Trudel: M. le ministre, vous avez reçu des informations
de l'Association des CSS du Québec?
M. Sirros: Oui.
M. Trudel: Oui. Alors, on va travailler sur les mêmes
choses, là.
M. Sinros: Allez-y.
M. Trudel: Je pose la question à l'article 1, et ça
va régler le cas, s'il y a lieu, pour le restant des articles du projet
de loi. Les questions par lesquelles j'y allais dans le détail,
tantôt, en disant: Pourquoi se réfère-t-on toujours
à la Loi sur la protection de la jeunesse? Est-il imaginable pour le
ministre, ou a-t-il été imaginé, dans la
préparation de la loi, qu'on sorte tout ça de la Loi sur la
protection de la jeunesse? Et quand je dis tout ça... Vous avez
vous-même employé le mot, tantôt, quand vous avez dit: La
Loi sur la protection de la jeunesse est un recours ultime. Là, on n'est
pas en termes de recours ultime, on est dans le processus normal d'adoption.
Quand il y aura des cas spécifiques pour des enfants qui réclame-
raient une protection ultime, bien, on renverra à la loi qui traite
telle matière, tel sujet. je suis persuadé que vous avez dû
vous poser la question. et les réclamations des css vont largement dans
le sens de sortir tout ça de l'économie générale de
la loi sur la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je regrette, M. le Président, les commentaires
des CSS, on ne peut pas en tenir compte, parce qu'effectivement, ce n'est pas
dans le Code des professions qu'on peut élaborer les critères
pour l'évaluation, c'est dans la Loi sur la protection de la
jeunesse.
Mme Vermette: M. le Président...
M. Sirros: Tout simplement, ils se trompent.
Mme Vermette: ...j'aimerais en savoir davantage, parce que
j'imagine que le ministre a dû consulter les CSS, puisqu'ils sont
concernés directement par l'application de la Loi sur la protection de
la jeunesse. Pourquoi, alors qu'eux sont responsables de l'application de la
Loi sur la protection de la jeunesse, au moment où on est en train de se
pencher encore une fois sur l'adoption internationale et de faire en sorte
qu'on leur donne toute cette reconnaissance par l'application de la Loi sur la
protection de la jeunesse, ils nous demandent de l'omettre et de faire en sorte
qu'on replace, qu'on resitue les juridictions aux bons endroits et qu'on donne
la reconnaissance vraiment aux corporations? Pourquoi? Quels étaient
leurs motifs pour vous faire de telles recommandations, quand vous avez
discuté avec eux, en fait? Est-ce qu'on peut au moins savoir pourquoi
ils vous ont présenté ces recommandations-là? Quelle
était leur argumentation?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, les gens peuvent faire les
recommandations qu'ils veulent, leurs motivations leur sont propres, mais je
vous répète que ce n'est pas avec le Code des professions qu'on
peut élaborer des critères pour l'évaluation
psychosociale, c'est avec la Loi sur la protection de la jeunesse. Je ne peux
pas dire autre chose. C'est là où ça doit se trouver.
C'est une description des critères que nous mettons de l'avant, non pas
le comportement des professionnels. Nous disons, dans la Loi sur la protection
de la jeunesse, qu'il doit y avoir des critères qui sont de telle et
telle nature, qui vont être publiés à telle et telle place.
Ça, ça ne va pas dans le Code des professions, ça va dans
la Loi sur la protection de la jeunesse.
Mme Vermette: Oui, mais là...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: ...on est dans un projet de loi de Code civil, et
il y a une autre loi qui s'appelle la Loi sur la protection de la jeunesse.
Actuellement, tout ce qu'on est en train de libeller, d'inscrire s'applique en
fonction de la loi sur le Code civil.
M. Sirros: Et le Code de procédure civile.
Mme Vermette: Vous faites des concordances avec les autres lois,
en vertu de...
M. Sirros: On a dit...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: ...tout à l'heure, M. le Président, que
les principes, on va les retrouver dans le Code civil. Les modalités
d'opération, on va les retrouver, dans ce cas-ci, dans la Loi sur la
protection de la jeunesse. Comme il s'agit d'établir des critères
sur lesquels sera fondée la grille d'évaluation pour
l'évaluation psychosociale, ce n'est pas dans le Code des professions
qu'on va les retrouver, parce que nous ne parlons pas du comportement des
professionnels, nous parlons des critères qui seront utilisés par
les professionnels qui sont régis, eux, par le Code des professions.
Alors, les critères, on va les retrouver dans la Loi sur la protection
de la jeunesse et non pas dans le Code des professions.
M. Trudel: M. le ministre...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: ...je ne veux pas que ce soit du harcèlement et
que vous me disiez: Bon, j'y ai répondu, je n'ai pas d'autres arguments.
Il se peut que nous ne soyons pas dans la juste direction. Est-ce qu'on peut
envisager - je vais appeler ça comme ça - l'autosuffisance de la
loi en matière d'adoption internationale? Ce dont j'ai l'impression, ce
dont nous avons l'impression, c'est que l'économie
générale jusqu'à ce moment-ci, la mécanique - je ne
parle pas des principes, vous avez bien décrit cela au Code civil - elle
est actuellement inscrite dans la Loi sur la protection de la jeunesse.
Ça va de soi que si on ne change pas d'orientation et qu'on veut
toujours viser... On va donner la chance au coureur. Vous voulez
améliorer la loi, bien forcément que ça vous amène
à aller modifier la Loi sur la protection de la jeunesse. Il est clair
que la question posée par l'Association des CSS, c'est de dire: On va
sortir l'adoption internationale de l'économie générale de
la protection de la jeunesse. Donnons-nous une loi qui a - je vais appeler
ça comme ça encore une fois - un certain degré de
suffisance. Je conviens, M. le ministre... Mais là, ça
dépend évidemment de votre volonté.
Je suis bien conscient que la question que je vous pose et la
réponse que vous allez me faire, ça nous amènerait
plutôt à minuit et quart, minuit et vingt qu'à 22 h 30 ou
23 heures. Mais si vraiment vous voulez rendre le processus de l'adoption
internationale, plus simple et plus efficace, donnons-nous une loi de
l'adoption qui contienne elle-même, non pas le Code civil, mais la loi et
ses mécanismes. Dans le cas où nous pensons qu'il pourrait y
avoir un besoin de protection ultime, nous aurons recours à la Loi sur
la protection de jeunesse. Là, je m'excuse. Je comprends que vous ayez
des consultations, c'est normal. La préoccupation des CSS, c'est de
sortir ça de la mécanique des DPJ, pour ne pas qu'on s'embarrasse
sur les lois, sur la mécanique des DPJ. C'est de sortir ça de
là. Pourquoi sortir ça de là? On est en droit de supposer
les motifs, aussi, pour lesquels on veut sortir ça de là. La
grosse question en matière d'adoption internationale, une des
très grosses questions, c'est le temps. C'est le temps. Puis là,
ce n'est pas du discours discourant que je fais là. Quand on aborde le
processus de l'adoption internationale, moi, je pense, pour faire une image,
qu'on en décourage 50 %, 75 % sur la longueur du processus. Il ne faut
pas non plus être simpliste en disant: Tout ça, ça peut se
régler en quinze jours. Ce n'est pas vrai. Mais je pense qu'on peut
faire des choix. Alors, l'une des façons de le faire quant aux
prétentions des CSS, c'est de dire: Sortons ça de la
mécanique des DPJ, la Loi sur la protection de la jeunesse, pour nous
donner une loi plus autosuffisante.
Et je vais compléter là-dessus. Je comprends très
bien votre argumentation, que ce n'est pas à travers le Code des
professions qu'on va aller réglementer tout ça. C'est bien
réglementé. Mais si on dit quelque part que ce sera fait par tel
type de professionnels, ils accompliront les devoirs de leurs fonctions en
conformité avec le code de leur profession. On ne peut pas en arriver
à cela?
M. Sirros: M le Président, ça va un peu à
rencontre de l'argumentation que l'Opposition faisait elle-même il y a
à peine une heure. Il y a à peine une heure, la
députée de Marie-Victorin nous disait qu'il y a des parents qui
subissent des évaluations psychosociales et qui se sentent
humiliés par le processus, parce qu'ils ne savent pas sur quoi ils se
font évaluer, parce qu'ils se font évaluer par des gens qui ont
leurs propres critères en tête, etc. C'est un processus difficile
à supporter et à vivre pour plusieurs parents. Ce que nous
faisons donc, c'est rendre ce processus plus vivable, plus supportable, plus
transparent, plus limpide, en édictant qu'il doit y avoir des
critères objectifs qui sont élaborés en collaboration avec
la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux, celle des psychologues et les DPJ. Tout ce qu'on
fait ici, et je le répète, c'est qu'on se réfère
à la Loi sur la protection de la jeunesse pour établir qu'il doit
y avoir des critères. Ça n'a rien à faire avec la
mécanique, ça n'a rien à faire avec la procédure,
ça ne change absolument rien dans les délais. Ce que ça
fait? Ça indique qu'il doit y avoir des critères, une demande que
faisait elle-même l'Opposition, il y a à peine une heure, en
faisant un discours sur la difficulté que vivent plusieurs personnes qui
subissent l'évaluation. Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on rend cette
évaluation plus limpide en disant qu'il doit y avoir des
critères, et on dit ça dans la Loi sur la protection de la
jeunesse.
Je vous répète, M. le Président, qu'on ne peut pas
prendre - et on a discuté de ça avec l'Association des CSS, ils
ont compris et ils ont dit: D'accord, on ne tient pas à ça - la
suggestion qu'ils nous font, qui est simplement de dire "conformément
à la loi et ses règlements", parce que si c'était le cas,
on ne raccrocherait nulle part les critères qu'on veut édicter,
qui doivent exister. On veut édicter qu'il doit exister des
critères. Si on disait tout simplement que toute personne
domiciliée au Québec qui veut adopter un enfant domicilié
hors du Québec doit préalablement faire l'objet d'une
évaluation psychosociale, effectuée dans des conditions
prévues conformément à la loi et à ses
règlements, tel que le demandent les CSS et les députés de
l'Opposition, on ne pourrait pas accrocher nulle part, à ce moment-la,
le fait qu'on établit qu'il va y avoir des critères objectifs,
qui seront de plus publiés quelque part. Alors, ça n'a rien
à faire avec la mécanique, la procédure, le temps.
Ça a à faire avec le désir que nous avons, et qui est
partagé de l'autre côté, de nous assurer que les parents
vont savoir sur quoi ils sont évalués et comment on les
évalue...
Le Président (M. Joly): Madame...
M. Sirros: ...et c'est dans la Loi sur la protection de la
jeunesse que nous le faisons, et non pas dans le Code des professions ou dans
une autre loi.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Lorsque je faisais
part au ministre, antérieurement, que de nombreux parents ont
été humiliés, effectivement, c'était dans le cadre
d'une évaluation faite par la DPJ. Beaucoup de parents se plaignaient,
justement, de l'approche, de la grille d'évaluation employée par
la DPJ à ce moment-là. Ce que les parents réclamaient,
c'est de ne plus passer par les évaluations de la DPJ, parce que
c'était cette forme d'évaluation, cette grille
d'évaluation qu'on leur faisait subir qui était humiliante.
M. le Président, quand on fait appel à des corporations
professionnelles, je pense que ces gens-là devraient être
habilités à établir, à l'intérieur de leur
corporation professionnelle, leurs propres critères pour faire des
évaluations dans le cas qu'on leur soumet à l'heure actuelle,
c'est-à-dire l'adoption internationale. Je ne vois pas encore pourquoi,
encore une fois, la DPJ devrait énoncer des critères ou
émettre des critères dans une grille d'évaluation. Elle
peut rendre compte, en fait, de l'expérience qu'elle a vécue, des
traumatismes subis par les parents, mais de là à ce que ce soit
la DPJ, finalement, qui prenne la responsabilité d'émettre des
critères au niveau des corporations, ça, je ne peux pas accepter
ça. Antérieurement, la majorité des travailleurs sociaux,
il n'y avait qu'eux qui étaient directement liés pour faire
l'évaluation sociale, et ils étaient directement liés
à la DPJ. Mais tel n'est plus le cas, et le nouveau libellé de la
loi reconnaît justement l'autorité des différents
professionnels dans le domaine des psychologues ou des travailleurs sociaux de
le faire, indépendamment de leurs liens respectifs avec la DPJ. Donc,
pourquoi maintenir ce lien artificiel alors qu'il n'existe pas en principe?
C'est ce que moi, j'ai de la difficulté à accepter, actuellement,
et je ne peux pas comprendre pourquoi le ministre maintient, encore une fois,
cette orientation.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je n'ai plus rien à dire, M. le
Président, j'ai tout dit.
Le Président (M. Joly): Rien d'autre à ajouter,
merci.
M. Gautrin: Bien! Bravo! Belle intervention!
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Dernière tentative sur cette partie-là.
Le ministre ne convient-il pas qu'il faut avoir effectivement des
critères au niveau de l'évaluation psychosociale de l'adoptant?
Ça va? Est-ce que le ministre serait prêt a examiner un article
614.1 qui contiendrait votre texte - on ne s'enfargera pas dans les fleurs du
tapis pour vous donner l'idée - qui serait suivi du texte suivant,
à peu près, toujours dans l'article 614.1, qui pourrait
être 614.2, on verra dans la mécanique: Cette évaluation
psychosociale de la personne qui veut adopter un enfant domicilié hors
du Québec peut être effectuée, aux frais de l'adoptant, par
un membre de la Corporation professionnelle des psychologues, ou de la
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux du Québec, choisi
par l'adoptant sur une liste de noms fournie par ces corporations et
transmise au ministre. L'évaluation psychosociale, etc. Une liste
des endroits où il peut être pris connaissance des critères
servant de base à l'évaluation est publiée dans la
Gazette officielle du Québec. Et de un. Ce qui serait
complété, par ailleurs, lorsqu'il y a adoption judiciaire, par le
ministre, en disant par exemple: Dans ces cas, la Loi sur la protection de la
jeunesse, en ce qui regarde l'évaluation psychosociale nécessaire
s'applique.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Comme c'était la dernière intervention
du député, je donnerai la dernière réponse à
la question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros:non, m. le président, ça ne peut pas se
faire parce que, et c'est très simple, l'article 614.1, c'est une
modification au code civil. on a convenu tout à l'heure que dans le code
civil on met les principes les modalités d'application de ces principes
vont se retrouver ailleurs que dans le code civil.
M. Trudel: Est-ce que je peux arrêter le ministre pour ne
pas qu'il... Ça ne sert à rien de tout répéter
cela. Pour bien préciser ma question, 614.1, l'article 2 de ce projet de
loi sur l'adoption ne pourrait-il pas dire ce que j'ai dit que l'on mettrait en
614.2 il y a quelques instants?
M. Sirros: On est en train de modifier le Code civil. 614.1 et
614.2, c'est dans le Code civil. Alors, le Code civil, on va le modifier mais
on va s'en tenir à l'élaboration des prin-* cipes. On ne va pas
s'embarquer dans les modalités quant au Code civil. C'est d'ailleurs le
but précis du papillon aussi. Si vous regardez le papillon qu'on a
apporté, ce qu'on a fait, c'est qu'on a enlevé du Code civil ce
qu'on avait là avant comme modalités pour les inscrire ailleurs,
en gardant le principe qu'il doit y avoir une évaluation psychosociale.
Maintenant, qui va le faire? Les critères qui doivent exister...
M. Trudel: Ça va. M. Sirros: Parfait!
M. Trudel: Ça va, M. le ministre, là-dessus. On ne
peut pas modifier...
M. Sirros: C'est sur ça que je n'avais pas d'autres...
M. Trudel: Non, ça va dans le sens suivant. Je pourrais
dire, M. le Président, ça va dans le sens où on est en
matière d'amendements du Code civil. On n'est pas sur la
mécanique, on est sur les principes II faut bien comprendre ce qu'est le
Code civil du Québec Mais vous voyez la préoccupation des
CSS?
M. Sirros: Je comprends leur préoccupation.
M. Trudel: Est-ce que, par ailleurs, sur l'amendement du Code
civil, au lieu de renvoyer à la Loi sur la protection de la jeunesse, on
pourrait renvoyer à la loi sur l'adoption?
M. Sirros: Ça n'existe pas. Il n'y a pas de loi sur
l'adoption...
M. Trudel: C'est vrai.
M. Sirros: ..depuis 1982. C'est dans le Code civil. Les principes
sont dans le Code civil et les modalités d'opération ailleurs.
C'est pour ça que...
Mme Vermette: Mais, M. le ministre, est-ce que vous pouvez
considérer que... En tout cas, c'est un indice assez intéressant
que les CSS nous envoient par contre en demandant, en ce qui concerne
l'évaluation psychosociale, d'être retirés du dossier de
l'adoption internationale. Ils doivent avoir leur raison pour le demander mais,
en tout cas, ils ont un indice sérieux. Il y a une indication
sérieuse à prendre en considération à ce
niveau-là, à mon avis.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Je retiens surtout ceci de qui a été
exprimé par l'Opposition: qu'on puisse faire tout ce qu'on peut de
façon légitime pour raccourcir les délais et rendre le
processus plus facile à supporter pour les parents. Je suis content et
heureux de voir qu'on a pu se retrouver sur la même longueur d'ondes
quant à l'article 614.1.
Mme Vermette: Bien. M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marle-Victorin.
M. Trudel: Je m'excuse, non. J'ai encore une question sur... tout
à fait à part.
Le Président (M. Joly): Bon Alors, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: J'ai dit dans cette économie
générale de la question, je n'ai pas dit tantôt par rapport
aux raisons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: J'aurais dû le savoir. (22 h 45)
M. Trudel: Les délais, M le ministre.
Supposons que nous sommes en renvoi à la Loi sur la protection de
la jeunesse. Donc, on fait Une demande... On peut, c'est-à-dire, faire
une demande, procéder de façon privée en quelque sorte ou
procéder par la loi elle-même, et c'est les mécanismes
applicables en pareille matière de la Loi sur la protection de la
jeunesse qui s'exercent pour effectuer l'évaluation psychosociale.
N'est-ce pas? On y va, soit par le privé... En vertu de l'article 72.13,
je choisis, à mes frais, un membre de la Corporation des psychologues ou
un travailleur social pour faire l'évaluation. Par ailleurs, ça
peut être la direction elle-même qui ordonne une évaluation
psychosociale. Parce qu'on ne peut pas imposer un délai dans lequel
ça se ferait. Là, je vous préviens tout de suite, ne
prenez pas trop de temps à me répon dre: Mais si c'est en
matière privée, qu'il s'organise avec son évaluateur.
Parce que souvent, ce n'est pas le cas. Les évaluateurs ont une
espèce de domination, je le dis au sens méchant du terme, sur
l'adoptant, le traitant, la personne. Vous comprenez pourquoi je pose la
question, toujours dans le souci, que je pense vous avez aussi, de rapetisser
les délais. Là, on ne se le cachera pas, par ailleurs, il me
semble que ce n'est pas abusif de dire à un membre d'une corporation: Tu
peux produire des évaluations psychosociales à titre
privé, mais la loi t'oblige de le faire dans tel délai. Dans le
fond, c'est quasiment de la protection du consommateur, en quelque sorte.
Là, à moins que vous me disiez que ça existe ailleurs, en
termes de délais...
M. Sirros: Je répondrai tout simplement, M le
Président, qu'il s'agit surtout du code de déontologie de la
profession et, de la même façon que, tout à l'heure, on
voulait effectivement que les professionnels soient vus à la
lumière de ce qu'ils sont, des professionnels régis par un code
de déontologie, une corporation qui a un comité de discipline,
qui gère leurs actes, etc., c'est dans ce sens-là qu'on ne va pas
dans ce sens-là.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Vermette: ...c'est un fait qui ne touche pas l'article comme
tel, mais qui m'inquiète. C'est une interrogation que l'article
soulève au niveau des délais. Est-ce que le fait qu'au niveau des
CSS... C'est très difficile d'avoir une évaluation psychosociale,
c'est très long, c'est là que les délais sont les plus
importants et impressionnants. Est-ce que le fait qu'au niveau des CSS, il y
ait de la difficulté... Est-ce qu'au niveau des CSS, s'il y a un manque
de personnel pour favoriser les évaluations psychosociales - je ne parle
pas des évaluations privées - ça n'influen- cera pas les
parents d'emblée d'aller vers les cabinets privés plutôt
que de passer par led C8S? Ce serait comme une façon indirecte de
privatiser un petit peu, finalement, les évaluations psychosociales et
de faire en sorte que les parents soient de moins en moins
intéressés à passer par les CSS.
M. Sirros: M. le Président, est-ce que je présume
que l'article 1 est adopté? Parce que ce n'est pas du tout en
référence à l'article 1.
Le Président (M. Joly): Bon! Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Sirros: Ou l'amendement, oui.
Mme Vermette: Oui, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Joly): L'amendement pour remplacer
l'article 614.1...
Mme Vermette: Est-ce que le ministre pourrait me répondre,
par contre? Effectivement, puisqu'on sait que maintenant il y a deux
façons de faire les évaluations psychosociales, les gens auront
avantage à passer, au niveau des délais, par des cabinets
privés plutôt que de passer par les CSS ou par le système
public...
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article amendé
est adopté, l'article 614.1?
Mme Vermette: L'article 614.1, tel qu'amendé, est
adopté.
Le Président (M. Joly): Donc...
M. Sirros: M. le Président, est-ce que c'est une
façon d'encourager les gens à aller vers le privé? Si je
comprends bien, c'est le sens de la question de la députée. On
n'a jamais caché qu'il y a une situation dans les CSS et on sait qu'on
opère à l'intérieur de certaines limites
financières économiques. Les CSS ont un certain nombre de
responsabilités devant lesquelles ils doivent réagir et agir. Il
y a une gamme de situations, allant de l'adoption, de l'évaluation des
parents qui veulent adopter un enfant domicilié hors du Québec,
jusqu'au traitement des signalements dans les cas d'inceste, par exemple. On
sait qu'il y a des listes d'attente, également, en ce qui concerne la
protection de la jeunesse. On vit à l'intérieur de nos moyens. On
priorise les interventions et, dans ce sens-là, il y a de grands
délais qui ont été créés. La porte qu'on
ouvre est une porte qui a été réclamée par la
quasi-totalité des parents dans la situation. Ce ne sont pas les
coûts les plus importants dans la question de l'adoption d'un enfant
domicilié hors du Québec. Ce n'est pas ça qui va
créer des problèmes, et, effectivement, ça présente
des
solutions aux parents qui ont des contacts dans les pays, parce que, en
permettant ainsi les contacts directs, on permettra donc un raccour cissement
assez important pour un grand nombre de parents qui pourront procéder,
selon ce qu'il peuvent convenir avec un travailleur social ou un psycholoque
privé, et par la suite, établir leur adoption dans le pays en
question.
Le Président (M. Joly): Merci, M le ministre. Je vais
maintenant appeler l'article 614.2.
M. Sirros: M. le Président, il y a un papillon à
l'article 614.2. Je vais le lire Ce serait de remplacer le premier
alinéa par le suivant: "Les démarches en vue de l'adoption sont
effectuées soit par l'adoptant, dans les conditions prévues par
la Loi sur la protection de la jeunesse, soit, à la demande de
l'adoptant, par le ministre de la Santé et des Services sociaux ou par
un organisme agréé en vertu de la même loi. Et on
supprimerait le deuxième alinéa. Cet article, ainsi
amendé, précise qui peut effectuer les démarches des
adoptants: soit l'adoptant lui-même ou, à sa demande, le ministre
de la Santé et des Services sociaux, ou un organisme
agréé. On a supprimé le deuxième alinéa, et
la modification vise à rapatrier à la Loi sur la protection de la
jeunesse les éléments de nature administrative relatifs à
la vérification par le ministre. Donc, c'est la même argumentation
que tout à l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je vois que cette
fois-ci, par contre, le ministre va dans le sens des recommandations du Barreau
qui disait que les termes "démarche d'adoption", en fait, étaient
très vagues et que cela pourrait être interprété
comme si on demandait au ministre de faire lui même l'adoption. Alors, je
pense qu'il est assez heureux que...
Une voix: Quel article?
Le Président (M. Joly): L'article 614.2.
Mme Vermette: ...le ministre ait pu apporter, en fait, des
modifications qui, maintenant, mettent en évidence qui devra faire la
démarche et en vertu de quelle loi, dans quel cadre devraient être
faites ces conditions-là Et encore une fois, j'imagine que
l'argumentation que m'apportera le ministre est toujours la même Je
voudrais lui demander pourquoi... Encore une fois, les CSS ont demandé
que, justement, les conditions prévues dans la Loi sur la protection de
la jeunesse soient éliminées.
M. Sirros: La même argumentation, M le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M le ministre Est-ce que
l'amendement à l'article 614.2 est adopté?
Mme Vermette:...
Le Président (M. Joly): Oui, un instant. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Assez simplement, M. le ministre, donc,
"effectuées par l'adoptant lui-même, ou par le ministre de la
Santé et des Services sociaux, ou par un organisme agréé".
En avez-vous vraiment contre le fait qu'il y art aussi des personnes
agréées?
M. Sirros: On va avoir cette discussion à l'article 12.
J'aimerais peut-être profiter... Bon, en tout cas, j'attendrai à
l'article 12 pour me référer à un commentaire qu'avait
fait la députée...
Le Président (M. Joly): Donc, est-ce que l'article 614.2,
c'est-à-dire l'amendement à 614.2 est adopté? Mme la
députée, M. le député, sur l'amendement,
adopté?
Mme Vermette: Oui. M. Trudel: Oui
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. Nous allons
maintenant appeler l'article 614.3.
Reconnaissance judiciaire au Québec d'une
adoption à l'étranger
M. Sirros: II y a un papillon là aussi, M. le
Président, qui est à l'effet de remplacer l'article 614.3 par le
suivant: L'adoption d'un enfant domicilié hors du Québec doit
être prononcée judiciairement, soit à l'étranger,
soit au Québec. Le jugement prononcé au Québec est
précédé d'une ordonnance de placement. Le jugement
prononcé à l'étranger doit faire l'objet d'une
reconnaissance judiciaire au Québec. Alors, M. le Président, cet
article édicté formellement que toute décision judiciaire
prononçant l'adoption à l'étranger doit être
reconnue au Québec. L'objectif est de s'assurer que tout enfant
adopté à l'étranger par des adoptants
québécois se voit reconnaître les même droits que
ceux de tout enfant québécois. Cet article clarifie aussi qu,e
lorsque l'adoption n'a pas été prononcée judiciairement
à l'étranger, il est nécessaire de procéder par une
ordonnance de placement et un jugement au Québec. La condition de
l'approbation préalable du projet d'adoption par le
tribunal disparaît et, enfin, l'obligation pour le tribunal de
s'assurer que les règles relatives au consentement à l'adoption
et à l'adoptabilité de l'enfant sont respectées est
reprise au premier alinéa de l'article 617 et au deuxième
alinéa de l'article 622.1. Le papillon vise à préciser
clairement qu'un jugement étranger doit faire l'objet d'une
reconnaissance judiciaire au Québec.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
est-ce que tout semble concorder avec vos visées?
Mme Vermette: Non, M. le Président. Je pense que, sur cet
article-là, il y a vraiment des choses, en fait... L'adoption d'un
enfant doit être prononcée judiciairement. Je pense que,
déjà, ça, c'est un pas dans une... "Judiciairement", c'est
un nouveau terme. Ce n'était pas "légalement", avant?
C'était "légalement", habituellement, plutôt que
"judiciairement"? Judiciairement. O.K.
M. Sirros: C'est assez technique.
Mme Vermette: Oui, c'est parce qu'il y a des pays qui ne le font
pas nécessairement légalement, c'est pour ça?
M. Sirros: Non. Judiciairement. Il y a des pays qui ne le font
pas nécessairement judiciairement.
Une voix: C'est ça. Mme Vermette: O.K.
M. Sirros: Si vous voulez, je pourrais demander...
Mme Vermette: O.K. C'est notarié. Ça peut
être tout simplement...
M. Sirros: ...à notre juriste du ministère de la
Justice d'expliquer la raison. Ça va peut-être nous éviter
des débats plus tard, parce que c'est effectivement quelque chose
d'assez technique. Elle va vous expliquer pourquoi il faut maintenir le mot
"judiciaire" plutôt que "légal", et les conséquences
éventuelles pour les enfants si on remplaçait le mot "judiciaire"
par le mot "légal".
Alors, je pense qu'il faut que vous vous identifiiez.
Le Président (M. Joly): Merci. Madame, est-ce que vous
pourriez vous identifier, s'il vous plaît, pour les fins du Journal
des débats?
Mme Sabourin (Frédérique): Oui. Mon nom est
Frédérique Sabourin et je travaille au ministère de la
Justice.
Le Président (M. Joly): Merci. Madame, la parole est
à vous.
Mme Sabourin: Merci. Alors, en fait, c'est par des recherches en
droit comparé qu'on s'est aperçu que, dans des pays autres que le
Québec, les adoptions étaient prononcées de toutes sortes
de façons différentes. Dans certains pays, c'est par un jugement,
comme au Québec. Mais il y en a un certain nombre où c'est fait
sous d'autres formes et, à ce moment-là, ça peut
être parfaitement légal dans le pays, que ce soit prononcé
de cette façon-là. Alors, on note qu'il y a des pays qui
prononcent l'adoption par des décisions administratives, par des
fonctionnaires, des tribunaux vraiment administratifs. Il y a aussi des pays
où l'adoption, finalement, est constatée par un contrat
notarié. Et c'est pour rendre compte de toutes ces
différences-là qu'on a établi la distinction, parce que,
finalement, c'est seulement dans le cas où un jugement aurait
été rendu à l'étranger qu'il pourrait faire l'objet
d'une reconnaissance au Québec. Dans les autres cas, comme la
reconnaissance n'est pas possible, on a décidé de procéder
par ordonnance de placement et jugement d'adoption, tel que le prévoit
le droit québécois. Je ne sais pas si ça peut suffisamment
répondre à votre question ou si vous voulez que je
m'étende un peu plus. La conséquence de la reconnaissance, c'est
qu'elle permet de donner à l'enfant tous les droits que confère
l'adoption au Québec.
M. Sirros: Pour le bénéfice, est-ce que vous
permettez que, peut-être, on pose une couple de questions qui vont...
Le Président (M. Joly): Je pense qu'on peut donner toute
la latitude, si on s'entend. Moi, je n'ai pas d'objection à administrer
ça. M. le ministre.
M. Sirros: Si je comprends bien, un enfant qui aurait
été adopté légalement mais non judiciairement dans
son pays d'origine, de retour au Québec, les lois
québécoises font en sorte finalement que...
Mme Sabourin: Son statut serait imprécis. Alors, c'est
pour ça qu'il faut procéder par ordonnance de placement et
jugement d'adoption.
M. Trudel: On voit très bien l'économie
générale, sauf que les mots ne disent pas ça. Ce n'est pas
ça que ça dit.
Mme Vermette: Non, parce que vous avez maintenu
"judiciairement".
M. Trudel: Oui.
Mme Vermette: Pourquoi maintenir le "judiciairement", alors que
le Barreau demandait
une autre approche complètement, avec un sens beaucoup plus
large, une interprétation beaucoup plus large. Parce que,
"judiciairement", justement...
M. Trudel: Si je peux me permettre de compléter,
juste...
Mme Sabourin: "Judiciairement" se réfère à
un jugement. Oui.
M. Trudel: Si je peux me permettre de compléter. Tel que
libellé, l'adoption d'un enfant domicilié hors Québec doit
être prononcée judiciairement.
Mme Vermette: Judiciairement.
Mme Sabourin: Oui
(23 heures)
M. Trudel: Soit à l'étranger, mais judiciairement
d'abord. Je comprends votre préoccupation. Enfin, la dernière
phrase, elle, dit: Te jugement prononcé à l'étranger doit
faire l'objet d'une reconnaissance judiciaire du Québec." Dans les cas
où ce n'est pas judiciaire, on fait couvrir ça par un jugement
judiciaire au Québec, on peut comprendre, pour rendre les affaires
claires et faciles pour la personne. Mais est-ce qu'on est obligés,
à ce moment-là, d'employer le mot "judiciaire" dans la
première partie? Étant donné que la deuxième partie
vient préciser que si ce n'est pas judiciaire - enfin, ce n'est pas dit
comme ça, mais c'est ça que ça veut dire - tout cela doit
être recouvert. Et moi, je trouve.. J'avoue qu'en regardant l'amendement
du minis tre, tantôt, je me suis dit: Voilà, une des
récriminations que nous avions. Et c'est intelligent, parce qu'ils
recouvrent tout le truc - vous excuserez l'expression peu juridique - d'une
reconnaissance judiciaire au Québec Dans le sens suivant. Vous venez de
nous expliquer que, dans certains pays, ça peut être des
tribunaux, même pas des tribunaux, des organismes administratifs qui
prononcent le jugement Et je comprends que, si on veut avoir une certaine
uniformité, une certaine égalité ou équité
et si on ne veut pas causer de problèmes aux adoptants, on dise: Bon,
bien, en rentrant au Québec ou quand vous serez prêts à
procéder, vous allez faire reconnaître ça. D'ailleurs,
tantôt, je vais vous demander ce que c'est, ça, une reconnaissance
judiciaire. Mais on fait recon naître ça par un tribunal
québécois. Dans le fond, on estampille le passeport, qui serait
administratif, mais on veut que vous estampilliez le passeport judiciaire qu'on
a obtenu ailleurs, dans un pays étranger. C'est dans ce sens-là
que la première partie nous ramènerait au "légalement".
Mais le "légalement" doit recevoir, si ce n'est pas judiciaire, une
reconnaissance par un tribunal québécois. Et ça, j'en
comprends l'économie, mais ce n'est pas ça que dit actuellement
l'article tel que libellé.
M. Sirros: L'article tel que libellé, M. le
Président, dit qu'il doit y avoir un jugement judiciaire qui est
prononcé, soit à l'étranger, soit au Québec. Alors,
tout le monde doit avoir un jugement judiciaire. Si le jugement n'a pas
été prononcé judiciairement à l'étranger, il
doit l'être au Québec. Pour que ça le soit au
Québec, il faut procéder au préalable par une ordonnance
de placement, c'est à dire confier l'enfant au directeur de la
protection de la jeunesse pour que le directeur de la protection de la jeunesse
puisse faire une requête..
Une voix: Ça, c'est ridicule
M. Sirros: Franchement! Non, c'est la façon dont on
procède pour les adoptions des enfants au Québec, et on va faire
la même chose, sinon, on va se retrouver devant les tribunaux pour
discrimination, par les Chartes, etc Et si vous trouvez ça ridicule, en
tout cas... Alors, j'essayais d'expliquer. Si le député ne veut
pas d'explications et qu'il veut formuler ses jugements d'avance, ça,
c'est une autre chose
Le Président (M. Joly): M. le ministre, moi, pour ma
compréhension, parce que quand même, c'est un sujet qui
intéresse tout le monde, tous les parlementaires, si le cas est
confié au Tribunal de la jeunesse, est-ce qu'il se pourrait que l'enfant
soit confié nécessairement aux parents adoptifs? Ça, c'est
ma première question. Et la deuxième question: Ça prend
combien de temps, entre le moment où on confie au Tribunal de la
jeunesse et le moment où on légalise ou on endosse, si vous
voulez, ce qui a été passé à l'étranger et
qui n'est pas considéré comme suffisant chez nous, au
Québec? Ça prend combien de temps?
M. Sirros: Vous voulez qu'on explique comment ça se
passe?
Le Président (M. Joly): Bien, j'aimerais ça, parce
que dans le fond, ça
M. Sirros: Peut-être juste avant ça... J'aimerais
juste terminer, M. le Président, et on pourrait revenir pour expliquer
comment ça se passe. J'étais en train de dire que ce qu'on dit,
c'est qu'il doit y avoir un jugement judiciaire, soit à
l'étranger, soit au Québec. S'il n'y en a pas à
l'étranger, ça veut dire que, quand revient ici l'enfant, le
jugement doit être rendu ici. Pour qu'un jugement soit rendu ici, il faut
qu'on fasse la même chose qu'on fait avec nos enfants d'ici qui sont
adoptés, c'est-à-dire qu'il faut procéder par ordonnance
de placement et que le directeur de la protection de la jeunesse demande un
jugement d'adoption pour telle famille, pour tel enfant Et là, l'enfant
se retrouvera, après ce
processus, avec pleins droits. Sinon, l'enfant n'a pas tous ses droits
au bout de la ligne, parce que son statut est vicié dès le
départ. O.K. Maintenant, quant aux délais et comment ça se
passe, dans la pratique, l'enfant est déjà avec celui qui veut
l'adopter. La DPJ n'enlève pas l'enfant à sa famille ou à
celui qui l'a amené; il reste dans la famille en ordonnance de
placement. Donc, le lien psychologique entre l'enfant et le parent continue
à se développer, et le statut légal...
Le Président (M. Joly): Est confirmé
éventuellement.
M. Sirros: ...est confirmé éventuellement par le
tribunal. Et j'imagine que c'est dans des délais qui relèvent des
tribunaux, M. le Président. On pourrait s'enquérir de choses plus
précises. Mais je veux simplement assurer que ces dispositions sont
là pour garantir que les enfants qui seront adoptés auront pleins
droits, comme des Québécois et des Québécoises.
Sinon, si on ne fait pas ça comme ça, on risque de se retrouver,
les enfants, plutôt, risquent de se retrouver, à un moment
donné, dans une situation où ils n'auront pas pleins droits. Ils
ne seront pas, par exemple, en mesure d'hériter de leur famille. Alors,
c'est très important, et c'est pour ça qu'on a pris bien soin de
choisir les mots avec lesquels on traite l'article.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, ce que je comprends, c'est
qu'actuellement, la demande de placement, selon la procédure de
l'article 825 du Code de procédure civile, en fait, oblige le parent
adoptant à la faire avec la DPJ. Pourquoi, à ce moment-là,
cette procédure qui alourdit encore une fois la démarche de
l'adoption? Selon les recommandations du Barreau, on demande: Pourquoi ne pas
profiter de cette occasion pour alléger, justement? Parce que le Barreau
considère que cette procédure est inutilement lourde. Pourquoi
faudrait-il que le législateur soit plus exigeant pour les dossiers qui
vont être complétés ici que pour ceux qui vont être
complétés à l'étranger?
M. Sirros: Parce qu'il faut qu'on soit exigeants de la même
façon qu'on l'est avec les adoptions, avec les jugements judiciaires qui
sont prononcés au Québec, pour les enfants adoptés au
Québec, des Québécois qui sont adoptés, par
exemple. Donc, c'est une question de... C'est ça. Quant aux
modifications proposées à la procédure d'ordonnance de
placement, cette question est actuellement à l'étude, compte tenu
de la réforme du Code civil. O.K.? En attendant, il est essentiel de
maintenir les mêmes règles lorsque l'enfant est adopté au
Québec, que cet enfant soit domicilié au Québec ou
à l'étranger. Il nous apparaît très
aléatoire, compte tenu de la Charte des droits et libertés de la
personne, d'effectuer des modifications à ce titre pour les
entants domiciliés hors du Québec.
On ne peut pas avoir deux systèmes pour le même genre de
situation. Il s'agit dans les deux cas d'enfants adoptés judiciairement
au Québec, de parents québécois qui adoptent
judiciairement au Québec. Il faut les traiter de la même
façon, en attendant la réforme du Code civil qui va
peut-être venir modifier le droit interne québécois. Si
c'est fait au moment de la réforme du Code civil, on viendra faire la
concordance avec ce qu'on vient de faire ici. Mais on ne peut pas
procéder à l'inverse. On ne peut pas, par cette loi-ci, modifier
le Code civil sur le droit interne québécois. Alors, c'est pour
une raison de traitement équitable envers des personnes qui sont dans la
même situation.
Mme Vermette: Mais vous êtes conscient que tout ça,
par contre, occasionne énormément de problèmes aux parents
adoptants. Encore une fois, chaque fois, il faut que les parents planifient une
rencontre avec la DPJ. C'est une procédure de plus et ça alourdit
le processus.
M. Sirros: Effectivement. Je suis très conscient que
ça pourrait être une source d'inquiétude pour les parents,
parce que ça les ramène à une situation qui est semblable
à celle qui existe. Il y en a qui vont dire qu'il n'y a rien de
changé.
Deux ou trois choses. Premièrement, il s'agit d'une
minorité de pays où ça arrive. De tous les pays dans
lesquels on peut adopter, et on a fait la comparaison sachant comment ça
se passe dans chaque pays, il y en a seulement 35 % qui sont concernés
par ça. Donc, dans 65 % des pays, ça se passe judiciairement de
l'autre côté. Et, de plus en plus, la tendance est vers ça.
A travers les conférences internationales sur le droit des enfants et
sur la protection des enfants dans l'adoption internationale, les
recommandations qui sortent - et on pourra vous les lire tout à l'heure,
si vous voulez - c'est que les pays procèdent par voie judiciaire et non
pas par simples voies administratives. Donc, la tendance est vers ça, et
il y a déjà 65 % des pays où ça fonctionne comme
ça.
Dans les autres pays, 35 %, je vous ai expliqué la contrainte,
qui est une contrainte très réelle. Par contre, je veux assurer
tout le monde et c'est ce que j'ai essayé de faire et cet
après-midi et hier en deuxième lecture, que nous prendrons tous
les moyens pour nous assurer que les personnes qui sont touchées par ces
dispositions et cette nécessité de procéder ainsi seront
traitées le plus équitablement et le plus rapidement possible, en
prenant des mesures telles que, par exemple, inciter les DPJ à mandater
des travailleurs sociaux privés pour l'évaluation psychosociale.
Parce que, et il faudrait le dire
ici, ces gens-là doivent aussi... La conséquence de ce
traitement similaire avec les adoptants des enfants du Québec, c'est
qu'il faut aussi que leur évaluation psychosociale soit faite par la
DPJ, comme c'est le cas pour l'adoption interne de Québécois,
selon les lois internes du Québec. Donc, ce qu'on peut dire, et ce que
j'ai dit à tous les gens qui sont un peu préoccupés par
ça. c'est que nous prendrons les mesures nécessaires afin de nous
assurer qu'il n'y aura pas plus de délais pour ces gens-là que
pour d'autres.
M. Trudel: Oui, mais M. le ministre...
M. Sirros: Mais je vous dis que la situation pourrait se corriger
au moment de la réforme du Code civil, en ce qui concerne le droit
québécois interne.
Mme Vermette: M. le Président, je veux bien croire le
ministre quand il me dit qu'il va faire tout son possible, qu'il va même
donner des directives aux CSS, à la DPJ, pour qu'ils puissent
procéder avec diligence pour permettre, justement, que tout se fasse le
plus rapidement possible. Vous savez très bien, tout comme moi, que,
actuellement, au niveau des CSS, ce n'est pas la préoccupation majeure,
quand on connaît le débordement, les listes d'attente au niveau
des signalements, de faire en sorte qu'on puisse réagir d'une
façon rapide. Et à notre avis, ça va apporter des
problèmes majeurs au niveau des parents, et ça va faire en sorte
qu'il y aura encore des délais et qu'on devra, encore une fois, attendre
qu'il y ait une reconnaissance, et ça demeure encore une autre
étape de plus Et je me demande pourquoi, encore une fois, parce que si,
au tout début, on dit que l'adoption d'un enfant domicilié hors
du Québec doit être prononcée judiciairement, soit à
l'étranger, soit au Québec, donc, il y a eu un prononcé
qui est judiciaire, qui a été dûment reconnu Donc,
ça se fait à une place ou ça se fait à l'autre. Si
ça ne se fait pas dans l'autre pays, ça va se faire au
Québec. Donc, à ce moment-là, je ne vois pas pourquoi on
commence à établir une autre forme de procédure, puisqu'il
y a une reconnaissance judiciaire de la démarche.
M. Sirros: Ça va se faire à une place ou à
l'autre, M. le Président, sauf que, pour que ça se fasse à
cette place-ci, il y a une procédure à suivre. Ça ne se
fait pas automatiquement.
Mme Vermette: Et est-ce que ça veut dire..
M. Sirros:je veux revenir sur la question des délais. et
il faudait qu'on se comprenne bien il n'y a aucun délai quant à
la nécessité, comment dire... l'enfant est ici, l'enfant pourra
entrer ici...
Mme Vermette: Ah, ça...
M. Sirros: et donc est avec ses parents, et les délais
quant à la reconnaissance judiciaire de l'adoption ici, si ça n'a
pas été fait à l'étranger, ça va se faire
suite à l'ordonnance de placement. Mais pendant ce temps-là,
l'enfant se trouve avec ses futurs parents légaux.
Mme Vermette: Mais il demeure toujours...
M. Sirros: Donc, le délai en est un de tribunaux,
finalement.
Mme Vermette: II est avec ses parents, mais il demeure toujours,
en fait... Et ça, ça m'amène à vous apporter. . Je
trouve ça un petit peu.. Il demeure toujours sous la
responsabilité de la DPJ. en fin de compte. Et qu'est-ce qui arrive s'il
y a un problème avec un des parents ou quoi que ce soit, deux ou trois
jours? L'enfant demeure toujours sous la protection de la DPJ. Et ça, je
trouve ça, en tout cas, à mon avis, assez difficile à
supporter pour des parents. C'est la même chose dans certains cas. J'ai
connu certains autres cas, et je trouve que c'est le temps qu'on se penche et
qu'on regarde, vraiment, cette approche-là. Dans d'autres cas, j'ai vu
des parents...
Le Président (M. Joly): Et vous suggérez quoi?
Mme Vermette: ...qui, pour prendre leur propre enfant, ici au
Québec, devaient abandonner leur enfant à la DPJ, en attendant de
le réadopter. C'est des délais très très longs. Je
sais que ma secrétaire, l'année dernière, a voulu que son
enfant porte le nom de son mari, parce qu'elle venait de se marier II avait 16
ans, il fallait qu'elle abandonne son enfant pour pouvoir le réadopter.
Et ça, c'est la Loi sur la protection de la jeunesse, actuellement, qui
fait en sorte que... Je trouve ça tout à fait aberrant. L'enfant
tombe sous la protection de la Loi sur la protection de la jeunesse, et c'est
un petit peu ça... Quand l'enfant revient, pourquoi, en fin de compte,
si on a fait toute une démarche de reconnaissance dans un processus,
faut-il qu'on le mette encore sous la protection de la DPJ pour qu'on lui donne
une garantie additionnelle de faire reconnaître ses droits?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
Mme Vermette: C'est avec ça que j'ai de la
difficulté... (23 h 15)
Le Président (M. Joly): Peut être que, dans le
même ordre d'idées, pour ma bonne compréhension, disons, de
la situation... Je pense que vous avez donné l'explication qui, moi, me
satisfait. C'est une forme de police d'assurance pour éviter tout
problème futur. On veut vraiment que les enfants soient reconnus au
même
niveau que nous, au Québec, on les reconnaît. Partant de
là, je suis d'accord avec ça. Mais je pense que ce qui semble,
peut-être, hanter chacun des parlementaires... Lorsqu'un enfant est
placé chez un parent adoptif, on lui dit: O.K., il n'y a pas de trouble,
il n'y a pas de problème, c'est à toi, l'enfant. Il faut
simplement légaliser ça avec un autre document, qui va renforcer,
si on veut, le jugement qui a été rendu à
l'étranger.
Ce qui fait souvent mal aux parents qui adoptent des enfants, c'est le
fait de ne pas savoir, dans le temps, quand ça va se régler.
C'est ça le problème. Si on pouvait avoir une forme de garantie
d'un temps minimal, on pourrait, à ce moment-là, à mon
sens, éviter tout ce débat. Parce que, dans le fond, ce dont on a
besoin comme parlementaires, c'est de savoir pendant combien de temps il va
être sous la tutelle de la DPJ. Dans le fond, c'est ça qu'on pose
comme question.
M. Sirros: M. le Président, premièrement,
j'aimerais dire qu'aussitôt qu'il y a une ordonnance de placement, il y a
aussi un transfert d'autorité parentale. Donc, les parents qui ont
l'enfant, qui reçoivent l'enfant, suite à une ordonnance de
placement du directeur de la protection de la jeunesse, reçoivent aussi
l'autorité parentale. C'est l'enfant qui n'a pas encore reçu son
statut juridique. Combien de temps est-ce que ça va prendre? Ça
dépend de la rapidité avec laquelle les gens font les
démarches et de la rapidité avec laquelle la Cour répond.
Vous savez comme moi qu'on ne peut pas ordonner au juge, pas plus qu'on ne peut
ordonner aux législateurs, M. le Président.
Mme Vermette: Mais le temps où l'enfant est sous la
protection de la jeunesse, sans ordonnance de placement, il n'a pas les droits
et les privilèges d'un enfant qui serait dûment reconnu...
M. Sirros: C'est ce que j'ai dit.
Mme Vermette: II peut lui arriver, dans ce laps de
temps-là, n'importe quoi...
Le Président (M. Joly): II ne l'a pas plus, mais...
Mme Vermette: ...de sorte qu'il n'a pas...
Le Président (M. Joly): II ne l'a pas plus...
Mme Vermette: ...la protection parentale...
Le Président (M. Joly): Mais il ne l'a pas plus
autrement.
Mme Vermette: ...qui serait peut-être supérieure
à... Il devient un autre enfant illégitime. Il n'a pas...
Le Président (M. Joly): Temporairement.
Mme Vermette: ...la protection. Il n'a pas la protection, il
demeure toujours sous le couvert de la protection de la jeunesse. Il n'a pas la
protection parentale et les droits de reconnaissance.
Le Président
(M. Joly): c'est pour ça qu'on
le reconnaît, pour éviter ça. donc, au lieu de l'avoir
illégalement sous son chapeau, comme père, comme
mère...
Mme Vermette: ii ne peut être illégal, l'enfant,
parce qu'il est entré au pays légalement, avec une reconnaissance
de jugement et avec...
Le Président (M. Joly): Oui, mais avec...
Mme Vermette: ...une reconnaissance judiciaire.
Le Président (M. Joly): ...des documents non reconnus au
Québec.
M. Sirros: Vous parlez de deux choses différentes, Mme la
députée. Une dernière intervention. Il y a une distinction
à faire entre une procédure qui est légale dans le pays
d'origine et une démarche, une adoption judiciaire dans l'autre pays.
Dans le cas où il y a eu une adoption judiciaire, c'est-à-dire
devant les tribunaux de l'autre pays, les lois du Québec nous permettent
de reconnaître ce jugement comme si ça avait été
fait ici, finalement. O.K.? Dans le cas où il n'y a pas eu de jugement
judiciaire, s'il n'y a pas eu une adoption judiciaire dans l'autre pays, nos
lois à nous ne nous permettent pas de reconnaître une adoption qui
est légale dans l'autre pays comme ayant la même force, le
même statut qu'une adoption faite par jugement d'une Cour. Donc, l'enfant
qui revient ici, suite à une adoption tout à fait légale
dans l'autre pays, se retrouve non protégé par rapport à
ses propres droits. Donc, il n'a pas encore de statut judiciaire. Pour qu'il
puisse l'avoir au Québec, et on veut que tout le monde l'ait, il faut
qu'on passe par la procédure qui est prévue par le droit
québécois interne. Donc, ordonnance de placement, parce qu'il
faut que quelqu'un... Comme il s'agit d'un enfant qui est là sans
statut, finalement, il faut que quelqu'un en assume la responsabilité.
Les parents qui l'ont amené, les personnes qui l'ont amené, on va
leur confier l'enfant. On va leur dire: Voilà, vous avez
l'autorité parentale et on entreprend les démarches pour
conférer à l'enfant un statut juridique. Une fois que c'est fait,
c'est fini, il a pour toute sa vie, après ça, toutes les
garanties quant à ses droits futurs.
Mme Vermette: Oui, mais... M. Sirros: C'est pour
ça... Mme Vermette: ...M le Président... M. Sirros:
...qu'on fait ça.
Mme Vermette: ...pourquoi ne pourrait-il pas faire tout de suite
sa demande de reconnaissance judiciaire devant les tribunaux, tout de suite en
rentrant au pays...
M. Sirros: II peut le faire tout de suite.
Mme Vermette: ...sans passer par la DPJ? Il passe directement
devant les tribunaux..
M. Sirros: Parce que c'est la loi...
Mme Vermette: ...devant la Chambre de...
M. Sirros: C'est la loi...
Mme Vermette: Devant la Chambre de la jeunesse. Il pourrait
passer directement par là.
M. Sirros: C'est devant la Chambre de la jeunesse, en ordonnance
de placement. Il peut le faire tout de suite en entrant. C'est exactement la
même situation pour les enfants du Québec, le droit
québécois interne ici. On ne peut pas procéder autrement,
et c'est effectivement tout de suite que ça se fait.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'article 614.3...
Mme Vermette: J'ai juste un autre petit point à vous
demander, M. le ministre. À la fin du libellé de votre article,
vous dites que le jugement prononcé à l'étranger doit
faire l'objet d'une reconnaissance. Tantôt, on disait qu'il n'y avait pas
nécessairement, uniquement des jugements, mais qu'il y avait d'autres
formes... Donc, vous devenez très restrictif. Qu'est-ce qu'on fait avec
le reste?
M. Sirros: Non, non, au contraire.
Mme Vermette: "Le jugement prononcé à
l'étranger doit faire l'objet d'une reconnaissance judiciaire au
Québec." Oui, mais c'est libellé de même...
M. Sirros: Comprenons les deux situations. On dit: Les cas qui
n'ont pas été adoptés judiciairement dans un autre pays
doivent l'être au Québec. Les cas qui ont eu un jugement
judiciaire dans un autre pays doivent être reconnus ici. Donc, toutes les
adoptions faites doivent être reconnues au Québec. Celles qui
n'ont pas été faites par jugement dans un autre pays doivent
l'être ici par un jugement des tribunaux.
M. Trudel: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vais reconnaître M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscarningue.
M. Trudel: L'intention du législateur est parfaitement
bien expliquée. La dernière phrase dit: Le jugement
prononcé à l'étranger. Un jugement, ça vient d'un
tribunal. Vous nous avez expliqué tantôt, recherche faite, qu'il y
a environ 35 % des cas où ce n'est pas un prononcé judiciaire. Ce
n'est pas un jugement; ça peut être un acte administratif.
À aucun moment, ici, il n'est fait référence à tout
autre acte que celui d'un jugement judiciaire prononcé qui doit.. Je le
comprends bien, c'est correct. Il faut que ce soit tout ça, il faut
toujours légaliser ça en vertu des lois
québécoises
M. Sirros: C'est ça
M. Trudel: Parfait! On achète tout. Mais quelqu'un qui
amènerait au Québec un enfant avec une décision
administrative, je comprends, il va à la direction de la protection de
la jeunesse, à la DPJ, puis il fait faire le travail. On ne dit pas dans
l'article du Code civil que si ce n'est pas un jugement... Vous ne convenez pas
qu'on pourrait dire: Le jugement, l'ordonnance ou la décision
prononcée à l'étranger doit toujours faire l'objet d'une
reconnaissance judiciaire - je dis "toujours" pour insister ici - au
Québec?
M. Sirros: C'est le premier alinéa. Oui, on le dit, M le
député. Lisez-le avec moi.
M. Trudel: Oui
M. Sirros: "L'adoption d'un enfant domicilié hors du
Québec - c'est un enfant à l'extérieur du Québec -
doit être prononcée judiciairement, soit à
l'étranger, soit au Québec." Donc, si ça n'a pas
été prononcé à l'étranger, il faut que ce
soit prononcé au Québec. Dans ce cas-là, le jugement
prononcé au Québec est précédé d'une
ordonnance de placement.
M. Trudel: Merci.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'amendement à
l'article 614.3 est adopté? J'entends des voix. Un peu plus fort.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Joly): Merci. Est-ce que l'article, tel
qu'amendé, est adopté? Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Trudel: O.K.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. On va passer
maintenant à l'article 2.
M. Sirros: L'article 2, M. le Président, dit tout
simplement que l'article 614.4 du Code civil du Québec est
abrogé. Cet article abroge l'article 614.4 du Code civil du
Québec, compte tenu du fait que le deuxième alinéa de
l'article 617 et le deuxième alinéa de l'article 622.1 reprennent
les conditions de l'adoption faite en vertu d'un accord, et que l'exigence de
l'approbation préalable du tribunal disparaît. Je ne sais pas si
vous l'avez là, mais on pourrait lire ce qu'on a abrogé.
Mme Vermette: Oui, oui.
M. Sirros: Vous ne l'avez pas?
Mme Vermette: Non.
M. Sirros: Ce qu'on a abrogé se lisait comme suit:
"Lorsque le placement de l'enfant ou l'adoption hors du Québec est fait
en vertu d'un accord conclu sous l'autorité des lois relatives à
la protection de la jeunesse, le tribunal ne vérifie que la
conformité de la procédure suivie avec celle que prévoit
l'accord. Dans ce cas, l'adoption hors du Québec n'est pas soumise
à l'approbation préalable du tribunal." On abolit l'approbation
préalable du tribunal, de toute façon. On abroge et on reprend
à l'article 617 certains éléments, et voilà!
Mme Vermette: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: En fin de compte, on peut considérer
l'abrogation de cet article-là comme étant vraiment une
amélioration. Ce qu'on peut dire, c'est que c'est de la souplesse que
d'abroger cet article-là. Donc, comme on ne peut pas être contre
la vertu...
Le Président (M. Joly): Madame, à cène
heure-ci, c'est un rayon de soleil.
Mme Vermette: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Le ministre aurait certainement à exercer son
droit de réplique de cinq minutes sur un tel geste de
générosité, de complaisance et de concertation à
l'endroit de l'ouverture du ministre. Alors, il peut certainement prendre ses
cinq minutes.
M. Sirros: je ne pourrais pas mieux le dire que le
président. à cette heure-ci, c'est véritablement un rayon
de soleil, m. le président.
Le Président (M. Joly): En fait, mon
interprétation... Je vous le dirais quand bien môme ce ne serait
pas enregistré, c'est que, si je comprends bien, vous n'auriez pas pu
faire mieux.
Mme Vermette: Dans ce cas-ci... Ha, ha, ha!
M. Sirros: Alors, on peut prendre pour acquis que c'est
adopté?
Le Président (M. Joly): Article 2, adopté? M.
Trudel: Adopté. Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Joly): Adopté. J'appelle l'article
3, M. le ministre.
Ordonnance de placement par le tribunal
M. Sirros: L'article 3 se lit comme suit - et il y a un papillon
que j'introduirais - "L'article 617 de ce code est modifié par l'ajout
des alinéas suivants: Le tribunal vérifie en outre, lorsque le
placement d'un enfant domicilié hors du Québec est fait en vertu
d'un accord conclu en application de la Loi sur la protection de la jeunesse,
si la procédure suivie est conforme à l'accord. Le placement
peut, pour des motifs sérieux et si l'intérêt de l'enfant
le commande, être ordonné bien que l'adoptant ne se soit pas
conformé aux dispositions des articles 614.1 et 614.2. Cependant, la
requête doit être accompagnée d'une évaluation
psychosociale." La modification qu'on amène, c'est d'ajouter, dans le
dernier alinéa de l'article 617, après le mot "psychosociale",
les mots "effectuée par le directeur de la protection de la jeunesse".
Alors, je m'explique, M. le Président: le premier alinéa de cet
article reprend substantiellement l'article 624.4 du Code civil du
Québec, en précisant le rôle de vérification du
tribunal lorsque le placement est effectué en vertu d'un accord.
Le second alinéa vise à permettre au tribunal de prononcer
l'ordonnance de placement pour des motifs sérieux et si
l'intérêt de l'enfant le commande, malgré que l'adoptant
n'ait pas consulté le ministre afin qu'il vérifie son projet
d'adoption ou malgré qu'il n'ait pas demandé de faire effectuer
les démarches par le ministre ou par un organisme agréé.
Cet article exige que la requête en ordonnance de placement soit
accompagnée d'une évaluation psychosociale, et la modification
vise à clarifier que l'évaluation psychosociale doit être
effectuée par le directeur de la protection de la jeunesse, compte tenu
du fait que l'article concerne l'ordonnance de placement. En ce qui concerne
cette dernière partie, le papillon, l'argumenta-
tion, je pense qu'on l'a donnée tout à l'heure, dans
l'avant-dernière...
Mme Vermette: On aimerait parler, en général, sur
le libellé.
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection. Tout
comme pour l'article 1 tantôt, on peut procéder de la même
façon, on peut faire ça paragraphe par paragraphe.
Mme Vermette: Je comprends que c'est une concordance, en ce qui
concerne le papillon. Mais j'aimerais parler sur l'article 3 en
général Effectivement, il y a des termes qui laissent
l'interprétation encore beaucoup trop vague. Et là, on peut
parler des motifs sérieux, ce qui fait en sorte qu'on laisse beaucoup
trop de place, à l'heure actuelle, à cette
interprétation-là. D'autant plus que la DPJ, encore une fois,
pourra exercer... Le tribunal, en fin de compte, pour un motif grave ou dans
l'intérêt de l'enfant, pourrait intervenir facilement et on
pourrait avoir des problèmes. Et ce serait important. On devrait
plutôt préciser quels seraient les motifs sérieux et quels
seraient les cas ou les raisons pour lesquelles pourrait intervenir. Le
placement peut, pour des motifs sérieux...
Le Président (M. Joly): M le ministre. (23 h 30)
Mme Vermette: Les motifs sérieux, surtout dans un cas
d'adoption internationale... J'aimerais savoir pourquoi on a apporté ce
libellé là, qui est encore très vague et qui pourrait, en
fin de compte, apporter encore là des problèmes, dès le
départ, à certains parents.
M. Sirros: M. le Président, il s'agit ici d'introduire un
élément de discrétion donné au tribunal afin de
prévoir des situations où, par exemple, quelqu'un aurait
adopté - et on le spécifie - un enfant d'une autre façon..
On prévoit trois façons de procéder, soit par contacts
directs, soit par un organisme agréé, soit par le ministre. Il
pourrait survenir une situation pour des raisons exceptionnelles. Il faudrait
souligner que quelque chose d'autre est arrivé. On donne, par cet
article-ci, une discrétion au tribunal de juger si c'était
effectivement pour des motifs sérieux et si c'est dans
l'intérêt de l'enfant de pouvoir quand même
reconnaître l'adoption, même si ça a été fait
contrairement à ce qui est prévu ici. Donc, c'est un autre
élément d'assouplissement, de flexibilité pour
prévoir, effectivement, des situations imprévibles Mais il faut
quand même que ce soit pour des motifs sérieux. Il ne faudrait pas
que ça devienne... Ce n'est nullement l'intention, et c'est pour
ça que le libellé est comme ça... On ne voudrait pas avoir
des situations où les gens font fi de la loi et utilisent cette clause
pour dire: M. le juge, vous n'avez qu'à estampiller, effectivement, le
fait que je l'ai fait différemment. Non, c'est une discrétion que
le juge exerce pour des motifs sérieux et si l'intérêt de
l'enfant le commande.
Le Président (M. Joly): Mme la députée
Mme Vermette: Oui, M. le Président. En fait, je ne fais
que relever une mise en garde apportée par le Barreau du Québec
qui considère, exactement, que dans le Code civil du Québec,
à l'article 654, on traite justement de la déchéance de
l'autorité parentale. Effectivement, de plus en plus, il y a une
jurisprudence très abondante qui fait que le tribunal peut prononcer la
déchéance pour des motifs graves et dans l'intérêt
de l'enfant. Alors, on peut constater, à ce moment-là, comme il y
a une forte jurisprudence qui est, de plus, fort peu constante... Elle est
même interprétée d'une façon très
élastique, pour des raisons que vous pouvez savoir. Alors, en tout cas,
ça pourrait apporter, encore une fois, des complications aux parents, et
ce serait peut-être préférable, plutôt que de mettre
les mots "motifs sérieux", de mettre "des motifs exceptionnels"
D'ailleurs, j'ai remarqué que le ministre lui-même a
utilisé ce terme. Donc, à mon avis, ce serait beaucoup plus
explicite avec le terme "exceptionnels".
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: Oui, sauf que, selon l'avis de plusieurs juristes, si
on mettait "motifs exceptionnels", ce serait encore plus contraignant que
"motifs sérieux".
Le Président (M. Joly): Peut-être Ça
affaiblit...
M. Sirros: Ça a été soumis. Les commentaires
du Barreau ont d'ailleurs été soumis. Je peux lire, pour le
Journal des débats, la réponse suivante, suite aux
commentaires, le deuxième document qu'on a reçu du Barreau. Il
faut souligner que l'expression "motifs graves" utilisée à
l'article 654 du Code civil n'est pas la même que celle de "motifs
sérieux" utilisée à l'article 617, tel que le soulevait le
Barreau. "Nous ne croyons donc pas que la jurisprudence de l'article 617 serait
nécessairement semblable à celle qui s'est
développée à partir de l'article 654, où on parlait
de motifs graves, d'autant plus que cette dernière jurisprudence a pu
parfois servir à toutes sortes d'autres fins que celles pour lesquelles
la déchéance de l'autorité parentale était
prévue: réaliser une adoption, autoriser un changement de
nom...", etc.
Précisément quant à la question de motifs
sérieux, effectivement, c'est l'opinion de plusieurs juristes que si on
mettait "motifs exceptionnels" plutôt que "motifs sérieux", ce
serait encore plus contraignant Parce que le mot
"sérieux" laisse au juge une plus grande latitude, en tenant
compte des motifs sérieux et de l'intérêt de l'enfant, pour
juger si la situation qu'il a devant lui est une situation qui devrait l'amener
à reconnaître le jugement, en dépit du fait que ça a
été fait contrairement aux dispositions de la loi. C'est
effectivement une discrétion qu'exerce le juge. Il est là
justement pour exercer ce genre de jugement, juger si c'est sérieux.
S'il avait à juger si c'est exceptionnel, j'imagine que ce serait encore
plus difficile pour lui de reconnaître une telle situation.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: M. le Président, je comprends que,
là, on pense toujours à l'intérêt de l'enfant, bien
sûr, et que ce qui est important, à notre avis, c'est de faire en
sorte qu'un enfant ne soit pas brimé et puisse avoir les
privilèges que tout autre enfant peut avoir.
M. Sirros: Je vous ferais remarquer tout simplement que c'est
effectivement une protection de plus et une possibilité accrue qu'on se
donne en ne s'encarcanant pas dans une situation où on aurait
essayé de prévoir toutes sortes de situations qui peuvent
survenir dans ce dossier. Donc, il y a une façon de traiter des cas
spéciaux, exceptionnels où, pour des motifs sérieux et
dans l'intérêt de l'enfant, le juge pourrait quand même
reconnaître quelque chose, même si ça a été
fait autrement que ce qu'on avait prévu au départ.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: Est ce que cet articlo là, en fait, favorise
toute l'entrée d'enfants, par le biais d'une procédure qui,
actuellement, n'est pas reconnue ici, au Québec? C'est le dernier
article de la loi. C'est pour tout ce qui est à venir, en fin de
compte...
M. Sirros: Exactement.
Mme Vermette: Est-ce que ça veut dire aussi - on va en
parler plus loin, mais il faut que j'en parle - que, si certains parents, en
fait, ne passent pas, soit par une association agréée ou reconnue
par le Secrétariat, en l'occurrence, qui représente le ministre,
ou par un religieux ou une religieuse - ce qui n'est pas conforme, à ce
moment-là, parce que ce n'est pas reconnu au privé - ou qui
prendrait aussi l'initiative d'y aller par le biais d'une personne qu'on n'a
pas agréé, qui a des contacts... À ce moment-là, ce
n'est pas la procédure légale, mais l'enfant est ici, au
Québec, est arrivé au Québec. Est-ce que ça
deviendrait conforme et on pourrait, finalement, utiliser cet article-là
pour faire reconnaître les droits de l'enfant?
M. Sirros: C'est toujours difficile et hasardeux d'essayer de
prévoir le genre de situations qui pourraient être couvertes par
ça parce que l'article tel qu'il est là est libellé d'une
façon assez claire. Pour des motifs sérieux et quand
l'intérêt de l'enfant le commande, le placement peut être
ordonné, bien que l'adoptant ne se soit pas conformé aux
dispositions des articles 614.1 et 614.2. Comment le juge va-t-il juger ce qui
est couvert par ça? Je laisserai ça au juge.
Mme Vermette: Je suis bien d'accord pour que, quand ça
fait notre affaire, on puisse laisser ça à la discrétion
du juge. Simplement, c'est pour corriger une forme de situation. Vous savez
fort bien que des parents, comme ils sont empressés d'adopter un enfant,
si des formes d'adoption ne sont pas reconnues, si les délais ne
s'améliorent pas, bien sûr, ils auront tendance à
privilégier certaines voies, entre autres, toutes les formes de projets
privés qu'on ne veut pas agréer et, dans ce cas-là, les
parents devront aller devant les tribunaux pour faire reconnaître tout
projet. C'est pour ça que je me pose la question, à savoir
pourquoi, a ce moment-là, on les empêche de faire une chose, mais,
par contre, on leur donne l'autorisation, d'autre part, par un article de loi
qui serait tout à fait accepté.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Sirros: C'est là pour couvrir des situations
imprévues; donc, je ne peux pas les prévoir d'avance. Les
situations de cas qui sont là actuellement, on va les régler
à l'article 14, on va y revenir.
Mme Vermette: Mais pas pour les cas qui sont
déjà...
M. Sirros: Je veux souligner...
Mme Vermette: Là, c'est pour les cas à venir.
M. Sirros: À venir. C'est pour ça que je dis que je
ne peux pas prévoir dans quels genres de cas le juge va juger que, pour
des motifs sérieux et dans l'intérêt de l'enfant, il peut
passer outre aux dispositions de l'article 614.2. Je veux souligner tout
simplement que ce n'est pas une autre voie, et je veux le rendre très
clair... C'est dans des situations spéciales, exceptionnelles, si vous
voulez, que le juge pourrait estimer ou évaluer... Mais ce n'est pas
là une autre façon de procéder, c'est-à-dire faire
fi de la loi et s'adresser par la suite à un juge et dire: C'est pour
l'intérêt de l'enfant. Il est clair que ce n'est pas
ça.
Mme Vermette: Vous connaissez très bien la
pratique générale à l'heure actuelle. Quand des
parents sont dans l'incapacité de faire une démarche pour x
raisons, soit parce qu'il n'y a pas d'association agréée dans le
pays dans lequel ils veulent adopter un enfant, parce que les délais
commencent à être trop longs ou, enfin, pour des motifs, en fin de
compte, de différents ordres, certains parents vont directement dans le
pays ou, en tout cas, passent par d'autres personnes qui ont un contact dans le
pays et rentrent ici avec un enfant. Ils n'ont pas nécessairement suivi
la procédure À un moment donné, les parents se tannent, se
fatiguent, ne suivent pas nécessairement la procédure et, bon,
une fois qu'ils auront l'évaluation psychosociale, les parents vont
rentrer ici au Québec avec l'enfant.
M. Sinros: Écoutez, moi, je peux bien comprendre les
difficultés, les frustrations que peuvent rencontrer les parents, mais
j'aimerais quand même insister, et je suis convaincu que la
députée sera d'accord avec moi, sur le fait qu'il est quand
même important qu'on respecte les lois que nous avons votées, les
lois qui nous régissent. Ce n'est pas parce qu'on trouve ça
difficile à supporter qu'on peut se permettre de faire fi d'une loi. Ce
n'est pas parce que je n'aime pas la façon que, je ne sais pas moi, la
police me donne des contraventions que je peux faire fi des choses. C'est pour
ça, effectivement, qu'on permet des contacts directs. On ne pourrait pas
accepter quand même qu'un parent, parce qu'il veut bien adopter un
enfant, et je suis convaincu que 99,9 % des parents, non plus, n'accepteront
pas, je ne sais pas, d'acheter un enfant, par exemple, et dire par après
au juge: Écoutez, c'est de l'intérêt de l'enfant
d'être avec moi plutôt que d'être ailleurs. Là, ils
ont la pos sibilité d'aller par contact direct et c'est clair qu'on ne
couvre pas par la clause pénale les missionnaires, les soeurs, etc., qui
peuvent donner un conseil ou un contact dans l'autre pays. Le parent qui
choisit d'effectuer ses démarches lui-même, c'est permis.
Actuellement, ce n'est pas permis et ça, on comprend que c'a
amené certaines situations difficiles. Mais à partir du moment
où on le permet, on maintient la disponibilité des services de
l'État pour faire les démarches pour ceux qui veulent bien
recourir à ces services-là. On facilite le reconnaisance
d'organisme et on encouragera - on pourra discuter aussi sur ça -
l'émergence d'autres organismes. Je pense qu'à partir de ce
moment-là, il y a peut-être des cas exceptionnels qu'on ne peut
pas prévoir qui peuvent survenir C'est pour ça que cet article
est là Mais j'aimerais juste faire un genre de... Faisons attention. Ce
n'est pas parce que quelqu'un trouve une loi difficile ou trouve que ça
lui cause des dif ficultés personnelles qu'il peut faire fi de la
loi.
Oui, un exemple qu'on me donne: Ça pourrait être un
coopérant qui travaille dans un autre pays depuis trois ans, par
exemple, et qui a adopté, pendant qu'il était là, un
enfant. Il a vécu avec pendant trois ou quatre ans, le ramène
ici, n'étant pas trop au courant des procédures, etc. Il n'a,
évidemment pas fait... Mais, il l'aurait fait lui même à ce
moment-là. Je ne vois pas. Il l'aurait fait lui-même ou
peut-être qu'il aurait...
Mme Vermette: Mais il aurait une reconnaissance au moins..
M. Sirros : En tout cas, une situation de cette
nature-là...
Mme Vermette: ..dans le pays étranger.
M. Sirros: C'est pour ça que je dis: C'est un peu
hasardeux d'essayer de prévoir ce pourquoi on met un article afin de
couvrir ce qui est imprévisible à ce moment-ci. Alors, vous me
demandez d'essayer de prévoir d'avance ce qui est imprévisible et
c'est un peu difficile.
Mme Vermette: Non, c'est parce que. M. Sirros: Alors,
je..
Mme Vermette: ... je sais que le cas de l'adoption internationale
est plus particulier, en fin de compte, et que ça implique des
démarches beaucoup plus longues que d'autres démarches, et qu'un
tel article peut être tentant justement et que, bon,
l'intérêt de l'enfant... Lorsque l'enfant est rendu ici au
Québec, c'est toujours dans l'intérêt de l'enfant de lui
faire une ordonnance de placement plutôt que le laisser en...
M. Sirros: Je dirais simplement que c'est un
élément de flexibilité qu'on introduit dans la loi. C'est
une autre façon pour quelqu'un qui se retrouverait coincé, de
bonne foi, d'avoir une porte de sortie, si je peux parier ainsi.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'amendement à
l'article 3 est adopté?
Mme Vermette: II est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Adopté Est-ce que l'article
3, tel qu'amendé, est adopté? Est-ce que j'ai bien compris?
M. Trudel: Adopté. (23 h 45)
Le Président (M. Joly): Adopté. Merci Je vais
maintenant appeler l'article 4.
Rôle de vérification du tribunal
M. Sirros: À l'article 4, M. le Président, le Code
est modifié par le remplacement de l'article
622.1 par le suivant: "Le tribunal appelé à
reconnaître un jugement d'adoption rendu hors du Québec s'assure
que les règles concernant le consentement à l'adoption et
à ladoptabilité de l'enfant ont été
respectées. "Le tribunal vérifie, en outre, lorsque le jugement
d'adoption a été rendu hors du Québec en vertu d'un accord
conclu en application de la Loi sur la protection de la jeunesse, si la
procédure suivie est conforme à l'accord. "La reconnaissance
peut, pour des motifs sérieux et si l'intérêt de l'enfant
le commande, être accordée bien que l'adoptant ne se soit pas
conformé aux dispositions des articles 614.1 et 614.2. Cependant, la
requête doit être accompagnée d'une évaluation
psychosociale."
Alors, M le Président, en guise de commentaires, le premier
alinéa de cet article reprend la règle édictée
à l'article 614.3 actuel, en la situant à l'étape de la
reconnaissance du jugement, compte tenu de l'abrogation de la règle
relative à l'approbation préalable pour le tribunal. Il est de
concordance avec l'article 596 du Code civil du Québec. Le
deuxième alinéa reprend substantiellement l'article 614.4 du Code
civil actuel, en précisant le rôle de vérification du
tribunal lorsque le jugement d'adoption a été rendu hors du
Québec en vertu d'un accord. Le troisième alinéa reprend
les mêmes règles que l'article 617 qui prévoit la situation
où le placement est prononcé au Québec. Il vise à
permettre au tribunal de reconnaître le jugement pour des motifs
sérieux et si l'intérêt de l'enfant le commande,
malgré que l'adoptant n'ait pas consulté le ministre afin qu'il
vérifie son projet d'adoption ou malgré qu'il n'ait pas
demandé de faire effectuer les démarches par le ministre ou par
un organisme agréé. Cet article exige que la requête soit
accompagnée d'une évaluation psychosociale.
Mme Vermette: Oui, M. le...
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Vermette: M. le Président, je suis convaincue que le
ministre a dû prendre connaissance des recommandations du Barreau quant
à cet article, lequel se pose beaucoup de questions, à savoir
qu'il y a duplication dans les rôles du ministre et du tribunal, en fait,
et il se demande exactement pourquoi, encore une fois, quel sera... Le tribunal
vérifie le jugement d'adoption qui a été rendu hors du
Québec. Là, en fait, au niveau du Barreau, ce qu'on apporte,
c'est qu'il va vérifier quoi? Il va vérifier des faits? Ce ne
sont pas eux qui ont rendu le jugement, ça s'est fait à
l'étranger. Donc, pourquoi, en fait, recommencer l'exercice, une fois
encore, devant le tribunal?
Je pense qu'au niveau de l'immigration, quand quelqu'un entre au pays,
on regarde tous ses papiers, on lui demande... Alors, pourquoi, encore, faire
passer ces gens-là devant le tribunal, puisque ce qui est important,
c'est la reconnaissance, en fin de compte, des papiers légaux des
différents pays ou les papiers judiciaires des différents pays?
En fait, ce qu'on demande que le tribunal vérifie, lorsque le jugement
d'adoption a été rendu hors du Québec en vertu d'un accord
conclu en application de la Loi sur la protection de la jeunesse, c'est si la
procédure suivie est conforme à l'accord. C'est quoi, le
rôle du tribunal là-dedans si ce n'est, finalement, que de
vérifier des faits? Il n'y a pas grand-chose à faire
là.
M. Sirros: Le tribunal, c'est une reconnaissance du jugement.
C'est...
Mme Vermette: Justement.
M. Sirros: ...cette reconnaissance qui donne le statut juridique
à l'enfant. La vérification...
Mme Vermette: C'est ça.
M. Sirros: ...du ministre... C'est là qu'on va voir qu'il
n'y a pas duplication du tout. La vérification ou la reconnaissance du
tribunal vient après que l'enfant est déjà rendu ici et a
comme effet de donner un statut juridique à l'enfant. La
vérification du ministre se fait avant que l'enfant arrive ici et pour
vérifier si la procédure du pays en question a été
suivie selon nos informations et ce, avant l'entrée de l'enfant au
pays.
Il serait assez inusité qu'on laisse entrer tous les enfants qui
auraient été adoptés de quelque façon que ce soit
et que, par après, ici, au moment de la reconnaissance du jugement ou de
la situation par le tribunal, on découvre que ça n'a pas
été fait selon les lois du pays. D'ailleurs, ce n'est pas le
rôle du tribunal de pouvoir effectuer ce genre de vérifications
parce qu'il s'agit de vérifications factuelles: Est-ce qu'il y a un
certificat d'abandon, est-ce qu'il y a un certificat de naissance, est-ce qu'il
y a, je ne sais pas moi, les procédures qui sont nécessaires dans
chaque pays?
Celui qui est habilité à exercer ce genre de
vérifications, c'est le ministre responsable des adoptions des enfants
hors du Québec. Le tribunal vient par après reconnaître le
jugement, accorder un statut juridique à l'enfant. Mais la
vérification du ministre se fait avant l'entrée de l'enfant au
pays Sinon on se retrouverait dans des situations où un juge serait
quasiment dans l'obligation de retourner un enfant là d'où il
vient, si jamais il trouvait que c'est irrégulier ou si quelqu'un lui
faisait remarquer que c'est irrégulier. Et ça, ce n'est
sûrement pas dans le meilleur intérêt de l'enfant.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Vermette: À ce moment-là, M. le
Président, je comprends fort bien que le ministre conserve ses
prérogatives et qu'il veut vérifier. en fait, si tout est
conforme. On met encore une fois des dédales administratifs, en fin de
compte, ce qui fait qu'on rend compliquée, encore une fois, la
reconnaissance d'un jugement d'adoption dans les pays étrangers,
lorsqu'on revient ici. D'une part, le ministre, via le Secrétariat, va
encore vérifier si tout est conforme, si tout est bien fait. Et le
tribunal, en fait, lui, on lui dit: Vous avez juste à estampiller, parce
que ça a déjà été fait. Maintenant que
ça a été fait, vous prenez l'affaire et vous faites une
reconnaissance, encore une fois, pour permettre à l'enfant de toute
façon...
M. Sirros: De deux choses l'une.
Mme Vermette: Alors, pourquoi toujours être obligé
de faire ces deux démarches?
M. Sirros: Parce que ce sont deux choses différentes. Ce
sont deux choses tout à tait différentes. La première
vérification faite par le ministre se fait avant l'entrée de
l'enfant dans le pays. Et c'est une vérification qui vise à
s'assurer que l'adoption a été faite, selon ce que nous
connaissons des procédures de l'autre pays, en conformité avec
les lois du pays L'étape de la reconnaissance du tribunal, c'est un acte
juridique qui confère un statut juridique à l'enfant. Il va
falloir que je reprenne, parce que la députée ne m'écoute
pas.
Mme Vermette: Non, j'écoute.
M. Sirros: Alors, je disais que ce sont deux choses
différentes. Le ministre dans sa vérification ne peut pas
accorder un statut juridique à l'enfant. Tout ce qu'il peut faire, c'est
de vérifier, sur une base factuelle, selon nos connaissances quant aux
procédures de l'autre pays, si ça a été fait
conformément aux lois du pays. Une fois qu'on a constaté que oui,
l'enfant entre au pays et, par la suite, il doit y avoir un jugement, une
reconnaissance du jugement par un tribunal. Alors, ça, c'est une
deuxième chose qui est tout à fait différente de la
première vérification. Ce n'est pas nécessairement une
vérification, c'est l'octroi d'un statut juridique à l'enfant, ce
que le ministre ne peut pas faire Seul un juge peut le faire. Alors, ce sont
deux choses différentes. Et c'est pour ça qu'il y a deux
choses.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Marie-Victorin Est-ce que l'article 4 est adopté?
Mme Vermette: Non, M. le Président En fait, j'ai de la
difficulté, parce que, bon, le ministre me dit: Non, on fait deux choses
différentes. Pour l'un, en fait, c'est le côté judiciaire
et pour nous, c'est le côté administratif Et, chacun de notre
côté, on fait des vérifications à savoir si la
procédure est conforme, selon nos règlements, selon nos lois,
d'une part. Et le tribunal, lui, en fin de compte, tout ce qu'il regarde, c'est
le sceau du pays étranger, si ça a été bien
été fait d'une façon légale, judiciaire ou
administrative et si le sceau du pays est bien appliqué sur tous les
documents. Donc, dans le fond, le tribunal, on ne lui demande pas vraiment de
jouer un rôle ou, en tout cas, de faire une évaluation. Tout ce
qu'on dit, c'est: Bon, bien, faites la concordance du projet avec nos lois pour
donner une reconnaissance à l'enfant C'est ce qu'on demande au tribunal
Et le ministre continue toujours à garder un rôle, en fait, au
niveau de la vérification de la démarche Et là, en fin de
compte, c'est là que je me dis: Si on a des tribunaux, ils pourraient
très bien aussi vérifier si la démarche est conforme
Pourquoi le Secrétariat fait-il encore cette même
vérification alors qu'on passe déjà devant les tribunaux?
Pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups, vérifier devant les
tribunaux si tout ce qui a été fait est conforme, ou même
finalement faire vérifier cela par le Secrétariat?
M. Sirros: Prenons la logique de la députée, M. le
Président, et voyons pour l'instant ce qui résulterait si on
éliminait l'une ou l'autre de ces deux choses Commençons par ce
qui est le plus évident. Supposons qu'on élimine la
deuxième chose, la reconnaissance par le tribunal. Si on élimine
ça, il est clair que l'enfant n'a pas de statut juridique Donc, il faut
le maintenir. Vous conviendrez avec moi qu'il faut maintenir au moins la
reconnaissance du tribunal...
Mme Vermette: Pourquoi le Secrétariat?
M. Sirros: d'un jugement. On est d'accord sur ça.
Mme Vermette: Oui.
M. Sirros: On va maintenir ça. Bon. Là, vous posez
la question: Abolissez donc l'autre étape, parce que, de toute
façon, vous allez reconnaître un jugement par le tribunal, au
Québec Supposons qu'on le fasse. Savez-vous ce que ça veut dire
ça? Ça veut dire que, finalement, n'importe qui peut faire entrer
n'importe quel enfant C'est ça que ça veut dire dans le concret.
Oui. Parce que la seule façon que nous ayons de vérifier si les
enfants qui entrent ici, avant qu'ils entrent - et c'est important qu'on puisse
le faire avant - sont des enfants qui ont été adoptés
légalement dans un autre pays... Et on dit, dès le départ,
que, en ce qui nous concerne, tout enfant qui a été adopté
légalement dans un autre pays, que ce soit judiciairement ou juste par
procédures administratives.
peut entrer au Québec. Et on va se rattraper ici pour lui donner
le statut juridique. Mais si vous éliminez, comme vous voulez le faire,
l'étape de la vérification du ministre, ça veut dire qu'il
n'y a pas de barrière. N'importe qui peut faire n'importe quoi et on
pourra seulement le savoir après, peut-être. Parce que vous
conviendrez avec moi que le juge, en ce qui concerne la vérification
quant à la procédure légale dans l'autre pays, est
probablement un peu plus éloigné de la situation que peut
l'être le ministre qui s'occupe des adoptions des enfants hors du
Québec. Alors, si vous éliminez l'étape de la
vérification, vous ouvrez les portes à un "free for ail" à
n'importe quoi. N'importe qui pourrait partir et revenir avec toutes sortes
d'enfants dont on n'aurait aucune façon de savoir si ce sont des enfants
adoptés légalement ou non, et on pourrait possiblement le savoir
au moment de la reconnaissance, par un tribunal, des papiers qui seraient
soumis. Là, vous créeriez des problèmes pour les parents.
M. le Président, il me semble que c'est essentiel qu'on maintienne les
deux choses, parce que ce sont deux choses différentes qui visent deux
buts différents. Et nous ne sommes pas prêts, de ce
côté-ci, à convenir que le Québec devienne un genre
de "free for all" où il n'y a aucun contrôle sur les
entrées. Nous ne voulons pas mettre des enfants ou des parents dans la
situation où ce n'est que par après qu'on découvre qu'il y
a des irrégularités, avec toutes les conséquences que
ça comporte.
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
avant de clore, est-ce que ça répond à vos questions?
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais d'autres
questions, donc je ne peux pas adopter le projet de loi comme tel. Parce que,
il y aurait un papillon, j'imagine, de la part du ministre, à
apporter...
M. Sirros: Est-ce qu'on peut adopter cet article, au moins?
Mme Vermette: ..d'une évaluation psychosociale, dans le
dernier alinéa, par la DPJ.
M. Trudel: Si on veut faire la concordance avec l'article 3,
où vous avez ajouté tantôt...
Le Président (M. Joly): L'article 3 a déjà
été adopté.
M. Trudel: Oui.
Mme Vermette: Non, non, mais..
M. Trudel: Puisque vous l'avez adopté en ajoutant
"effectuée par la DPJ"..
Mme Vermette: Peut-être accompagné d'une
évaluation psychosociale.
M. Sirros: On me dit... Je vais le répéter tel
quel. Ce n'est pas obligatoire de le faire par la DPJ dans ce cas ci
M. Trudel: On ne l'adoptera pas.
Le Président (M. Joly): Parfait!
Mme Vermette: C'est complexe, l'adoption.
M. Trudel: Vous voulez suspendre immédiatement?
Le Président (M. Joly): II reste une minute. Si ça
vous donne le temps.
M. Sirros: Est-ce qu'on peut adopter cet article? On pourrait
continuer par la suite?
Mme Vermette: Non, on ne peut pas adopter cet article.
M. Trudel: Non, parce que là...
Mme Vermette: ...parce qu'il reste encore d'autres choses
à comprendre ou à discuter là-dessus. Je n'ai pas fait la
discussion là-dessus sur le plan général.
M. Sirros: On va le reprendre demain.
Mme Vermette: Pardon?
M. Sirros: On va le reprendre demain.
M. Trudel: Oui, ça va.
Mme Vermette: On va le reprendre demain.
M. Trudel: C'est juste de la concordance.
M. Sirros: À moins que... Je ne sais pas si on en a pour
cinq minutes, on peut finir l'article.
Mme Vermette: ..cet article-là. M. Sirros: C'est
ça
Le Président (M. Joly): Vous avez besoin de combien de
temps?
M. Sirros: Juste pour finir ça. On ne parle pas de laisser
suspendu comme ça. Après ça on reprendra le reste.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection,
personnellement.
Mme Vermette: Demain, M. le Président...
On a fait d'autres commissions parlementaires et c'est arrivé
pour des articles, quand on n'avait pas le temps de tous les débattre,
qu'on revienne en fin de compte. On suspend et on revient.
M. Sirros: Si c'est votre choix, je n'ai pas d'objection, mais
ça aurait été...
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons ajourner nos
travaux sine die et attendre un ordre de la Chambre, demain.
(Fin de la séance à minuit)