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(Dix heures cinq minutes)
La Présidente (Mme Marois): La commission des affaires
sociales siège, en effet, dans le cadre de l'étude de
l'avant-projet de loi, Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
J'Inviterais donc les personnes représentant l'Association des
centres de services sociaux du Québec à bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît. J'informerai les membres de la commission que, ce
matin, nous entendrons trois groupes. L'Association des CSS, le Réseau
des départements de santé communautaire, et nous terminerons avec
l'Association des centres d'accueil privés autofinancés. Alors,
je vous souhaite la bienvenue à la commission.
La personne qui sera porte-parole se présente et présente
les personnes qui l'accompagnent. Vous avez une vingtaine de minutes pour
présenter votre mémoire et, par la suite, le temps qui reste sera
partagé entre les deux formations politiques, pour des échanges,
des commentaires, des discussions avec vous. Merci.
Association des centres de services sociaux du
Québec
M. Sammut (Maurice): Merci beaucoup. Alors, je me
présente: Maurice Sammut, président de l'Association des centres
de services sociaux du Québec, et également président du
CSS de l'Estrie, délégué bénévole.
Pour m'accompagner ce matin, il y a, à ma gauche, M. Georges
Kavanah qui, lui, est président du CSS
Gaspé-Îles-de-la-Madeleine; à ma droite, Mme Use Denis,
notre directrice générale; à sa droite, M. Jacques
Perreault, directeur général du CSS Richelieu et également
vice-président de notre association; à l'extrême droite, M.
René Desjàriais, président du CSS Montréal
métropolitain.
J'aimerais d'abord vous remercier, Mme la Présidente, vous et
tous les membres de la commission des affaires sociales, d'avoir accepté
de nous recevoir, nous, de l'Association des centres de services sociaux du
Québec, pour discuter d'un avant-projet dé loi que vous devez
maintenant connaître sous toutes ses coutures, après l'avoir
analysé et décortiqué avec autant de sérieux et
d'assiduité que vous l'avez fait au cours des dernières semaines.
SI cela peut vous consoler, dites-vous bien que des centaines de personnes dans
les centres de services sociaux en ont fait tout autant et ont suivi vos
travaux avec beaucoup d'intérêt.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Sammut: Vous comprendrez, Mme la Présidente, que, pour
les 17 centres de services sociaux que nous représentons, pour les 3500
intervenantes et intervenants avec qui nous travaillons, pour les 150 000
enfants, jeunes, adultes et personnes âgées auprès de qui
nous intervenons annuellement, pour les familles d'accueil et les autres
partenaires avec qui nous collaborons, vous comprendrez, dis-je, que les
discussions de cette commission et les résultats de ces
échangés sont d'une importance fondamentale. C'est, en bonne
partie, des décisions qui seront prises à la suite de vos travaux
que dépend la qualité de la réponse que nous pourrons
continuer d'apporter à ces 150 000 personnes qui comptent parmi les plus
vulnérables et les plus démunies de notre
société.
Les enjeux sont donc importants. Le futur projet de loi introduira sans
doute des changements qui auront un impact profond sur notre façon
d'offrir les services aux bénéficiaires et notre façon de
gérer nos établissements. Soyez cependant assurée, Mme la
Présidente, que c'est avec une très grande ouverture d'esprit que
nous envisageons la réforme à venir. Cela pourra peut-être
en surprendre quelques-uns, qui savent bien qu'en matière de
réforme, les centres de services sociaux ont pourtant déjà
été largement mis à contribution. Conversion de 42 agences
en 14 CSS, implantation de la Loi sur la protection de la jeunesse,
implantation de la Loi sur les jeunes contrevenants, modification à la
Loi de la protection de la jeunesse, partage des responsabilités avec
les CLSC, mise en pratique du rapport Harvey... Bref, depuis 15 ans, les
centres de services sociaux ont réformé, modifié,
implanté, adapté et partagé plus souvent qu'à leur
tour. On le voit, l'ouverture d'esprit des CSS, ce n'est pas une vertu, c'est
un comportement acquis. En terminant, Mme la Présidente, je tiens
à assurer tous les membres de cette commission de notre complète
collaboration à la recherche des moyens les plus justes et les plus
efficaces pour assurer à toute personne, quelle que soit sa situation
sociale et fa région du Québec où elle vit, des services
qui l'aideront à surmonter les difficultés qu'elle rencontre et
à participer pleinement à son propre développement,
à son plein épanouissement ainsi qu'à celui de son
milieu.
Je laisse maintenant la parole à Mme Denis.
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
Mme Denis (Lise): Bonjour. Je vais vous inviter dans la
présentation non pas à oublier, mais à laisser de
côté le mémoire de l'Associa-
tion, pour un peu vous présenter, je pense, trois
éléments majeurs. Compte tenu de l'évolution des travaux
de la commission et des questions qui se posent, on a pensé qu'il valait
mieux s'attarder à un certain nombre d'éléments qui nous
apparaissent majeurs, à ce moment-ci.
Je vous parlerai d'abord des quelques jalons nécessaires à
toute réforme, quant à nous. Je vous parlerai,
deuxièmement, de la consolidation ou de la meilleure intégration
des services à la jeunesse et je vous parlerai, troisièmement,
des services aux adultes et personnes âgées qui sont donnés
dans les centres de services sociaux.
Quelques éléments, quant à nous, Indispensables
à la réforme de la santé et des services sociaux. Deux
éléments, pour les utilisateurs. Premièrement, une
régionalisation. Il nous semble, effectivement, que la
régionalisation est un élément indispensable qui doit
dépasser la simple déconcentration administrative pour permettre
à chacune des régions de vraiment adapter les services aux
besoins des populations locales. Deuxième élément, pour
les utilisateurs toujours. Nous croyons que la population a droit à des
services où sera davantage respecté le nécessaire
équilibre entre les soins de santé et les services sociaux.
À cet égard, nous rappelons que de nombreux problèmes de
santé prennent leur origine dans les difficultés d'ordre
psychosocial et que les services sociaux sont là pour aider les
individus et leur famille à surmonter ces difficultés.
Pour les distributeurs de services, deux éléments qui nous
paraissent aussi majeurs dans la réforme. Il nous semble que la
réforme doit prévoir qu'il y ait des objectifs
généraux proposés au réseau, des programmes de
services et des standards de qualité. Il nous semble aussi que la
réforme devra permettre que les missions d'établissement soient
les plus claires possible. C'est à cette condition, pense-t-on, que nous
pourrons développer les meilleurs rapprochements et les meilleures
concertations dans chacune des régions.
Cela dit sur l'ensemble de la réforme, je vais tout de suite
aborder le secteur des services à la jeunesse. Pour les jeunes en besoin
de protection, pour les jeunes qui ont des difficultés sérieuses,
pour les jeunes en besoin de réadaptation, l'Association appuie la
proposition qui était dans l'avant-projet de loi. à savoir, une
meilleure intégration des services donnés aux jeunes en
difficulté. Et à cet égard-là, l'Association
favorise un rapprochement entre les centres d'accueil de réadaptation
pour jeunes et les centres de services sociaux. Je m'explique. Les CSS offrent
déjà une gamme de services aux jeunes - on parle des jeunes en
difficulté: services de protection de la jeunesse, services en vertu de
la loi des jeunes contrevenants, expertise à la Cour supérieure,
médiation à la famille, ainsi qu'une banque de
ressources-familles d'ac- cueil. Parmi les jeunes dont les CSS s'occupent, au
niveau de la protection de la jeunesse et des jeunes contrevenants, 15 % de ces
jeunes-là sont effectivement placés en centres d'accueil pour
jeunes. À l'inverse, pour les centres d'accueil pour jeunes, c'est 100 %
de leur clientèle qui vient des CSS. On a déjà, dans le
temps, développé des concertations; et un rapprochement viendrait
confirmer ou viendrait rendre plus structurel ces concertations-là. Il
nous semble, cependant, que ces rapprochements-là devront tenir compte
du contexte de chacune des régions. A Gaspé - et c'est
déjà en route; M. Kavanah pourra en témoigner tantôt
-il y a un CSS et un centre d'accueil pour jeunes, et il y a déjà
un pas de fait dans le sens d'une intégration d'un établissement
à un autre. Dans d'autres régions comme Montréal, bien, il
faut peut-être penser en termes d'étapes et en termes de
modalités différentes de distribution des services. Il nous
semble que ce rapprochement aura pour effet de mieux intégrer les
services de deuxième ligne. Il nous semble y avoir là un gain
pour les clientèles, en termes de continuité de services, et un
gain pour les établissements, en termes de simplification de
système.
Au niveau de l'enfance, pour compléter le portrait des services,
je dirais, ou des intentions par rapport à une consolidation, à
une meilleure intégration des services jeunesse, on ne peut pas passer
sous silence toute la question du réseau des familles d'accueil. En
effet, pour nous, au niveau de l'enfance, les familles d'accueil constituent un
maillon essentiel dans les services qui sont dispensés par les CSS au
niveau de la protection de la jeunesse. C'est, en effet, lorsqu'un jeune a
besoin d'être sorti de son milieu naturel que le CSS a à le
placer, soit en utilisant une famille d'accueil, soit en utilisant un centre
d'accueil. Les familles d'accueil sont beaucoup plus utilisées: plus de
40 % de nos jeunes qui sont pris en charge sont placés en famille
d'accueil pour jeunes. Il s'agit là, pour nous, d'une ressource plus
légère. Parce qu'il faut bien voir que pour un jeune, c'est
toujours une mesure lourde que de le sortir de son milieu, et que la
possibilité de le placer dans une famille d'accueil offre là, je
dirais, une ressource plus légère et plus adaptée à
un contexte familial. On assure déjà le recrutement,
l'encadrement, le paiement, le pairage des familles d'accueil au plan
régional. Les familles d'accueil elles-mêmes, d'ailleurs, se sont
regroupées dans chacune des régions. On assure aussi le suivi
auprès des jeunes qui sont placés dans ces familles d'accueil. Il
nous semble que c'est sur une base régionale qu'on peut le mieux
constituer que banque de ressources-familles d'accueil, parce que c'est
là qu'on a du volume et qu'on peut le mieux, aussi, s'assurer qu'on
puisse spécialiser - et ça se fait de plus en plus - certaines
ressources pour répondre à des besoins très particuliers
des jeunes.
Les services donnés par les CSS et les centres d'accueil pour
jeunes, de même que ceux offerts dans le réseau des familles
d'accueil, sont destinés à des jeunes qui vivent de grandes
difficultés. Cependant, si on veut éviter que ces services soient
engorgés, il faut retrouver, dans les CLSC et dans les organismes
communautaires, des services de base aux jeunes et à leur famille,
c'est-à-dire des services d'aide et de prévention. Cela nous
paraît essentiel que des efforts soient faits, à ce niveau, pour
éviter qu'un trop grand nombre de nos jeunes voient leur
sécurité ou leur développement compromis. En terminant sur
les jeunes, je crois important de vous souligner que le rapprochement des CSS
et des centres d'accueil pour jeunes mésadaptés constitue un
changement important. C'est un changement qui amènera chez nous des
modifications dans nos pratiques, dans nos façons de faire, dans nos
programmes, dans nos structures. C'est un changement aussi très
important pour les centres d'accueil et de réadaptation. Je crois
cependant qu'en matière de jeunesse, on en est peut-être rendus
là. Les instruments légaux sont là, la pratique sociale
s'est adaptée, peut-être que la prochaine étape, c'est
cette réforme qui est proposée. C'était pour les jeunes,
services de deuxième ligne en matière de jeunesse. pour les
adultes et personnes âgées. ce que les css font au niveau de
l'enfance est passablement connu. ce que les css font au niveau des adultes et
des personnes âgées l'est moins. à titre de rappel, je vais
essayer de reprendre rapidement ce que font les css pour les adultes et les
personnes âgées, et ensuite de vous traduire quels sont, quant
à nous, les enjeux qui se posent et quel genre de scénario on
peut envisager pour l'avenir. actuellement, les centres de services sociaux
donnent des services aux adultes et personnes âgées à deux
niveaux, essentiellement. dans les hôpitaux, d'abord; aussi ils assurent
des suivis ou font des interventions auprès des personnes adultes ou
âgées, vulnérables, qui sont placées en milieu
substitut. je dirais, en gros, que les css offrent des services à des
individus qui ne sont pas dans leur milieu naturel, pour une période
permanente ou temporaire.
En milieu hospitalier, qu'y fait-on? En milieu hospitalier, il y a
quelques 900 000 travailleurs sociaux qui interviennent. La clientèle de
tout âge provient de l'urgence, des services internes et des cliniques
externes. Auprès des personnes âgées, les services sont
principalement reliés au placement et au services sociaux en
gériatrie. Au niveau des adultes, deux grandes catégories:
maladies mentales, maladies physiques. Au niveau de la maladie mentale, 45 %
des travailleurs sociaux en milieu hospitalier interviennent auprès de
personnes qui ont des graves problèmes de santé mentale,
lorsqu'ils sont à l'intérieur de l'institution, où
lorsque... Bref, les travailleurs sociaux assurent le suivi après que
ces gens soient sortis de l'institution. Au plan physique, les travailleurs
sociaux interviennent auprès de personnes aux prises avec un
problème lourd, un problème médical grave. On pense
à des cas de cancer, à des cas de traumatisme grave, à des
cas d'accident cérébro-vasculaire. Essentiellement, en milieu
hospitalier, ça résume, je dirais, l'ensemble des
activités qu'on exécute auprès des adultes et des
personnes âgées.
En dehors du milieu hospitalier, on intervient effectivement
auprès des adultes et personnes âgées lorsqu'elles sont
placées hors de leur milieu. À titre d'exemple, les CSS suivent
des personnes déficientes intellectuelles placées dans des
ressources intermédiaires. L'ensemble de ces services est destiné
à des adultes ou des personnes âgées vulnérables, et
il vise à aider les personnes et leur famille à s'adapter ou
à se réadapter, à être en lien avec les
différents services offerts par la communauté. En plus des
services directs, les CSS développent, recrutent, évaluent une
banque de ressources intermédiaires - familles d'accueil et autres
milieux substituts - qui accueillent à l'heure actuelle 14 000
personnes. Ce système de ressources, qui a déjà connu une
évolution ces dernières années, est appelé
d'ailleurs à être de plus en plus normalisé. C'est ce
système de ressources légères qui constitue une
alternative indispensable à l'institutionnalisation pour des personnes
qui ne peuvent plus demeurer chez elles. Ça, à titre de rappel,
ça fait un peu le portrait.
Par rapport à ces services, comment envisager l'avenir? Est-ce
que les centres de services sociaux doivent continuer à donner ces
services ou ces derniers doivent-ils être donnés par d'autres?
Est-ce que les CSS doivent devenir des établissements de deuxième
ligne uniquement pour les jeunes? Ou, est-ce que les CSS doivent devenir des
établissements de deuxième ligne à la fois pour les
jeunes, les adultes et les personnes âgées? Est-ce que les CSS ne
doivent desservir qu'une seule clientèle ou demeurer au service de
multiclientèles comme le sont les centres hospitaliers, les CLSC? Ce
choix est majeur et il appartient au gouvernement. Quant à nous, nous
privilégions de maintenir une mission de deuxième ligne non
seulement auprès des jeunes, mais aussi auprès des adultes et des
personnes âgées. Cependant, nous pensons que cette mission de
deuxième ligne doit être recentrée à
l'intérieur des CSS et qu'à cet égard on pourrait
envisager différents scénarios.
Cela dit, quelle que soit l'approche qui sera retenue au niveau de la
distribution des services, c'est d'abord et avant tout en fonction des besoins
des populations que vous devrez décider. Nous sommes tous
confrontés au phénomène du vieillissement et un consensus
fort se dégage pour que l'ensemble des réseaux s'ajuste aux
besoins de la population vieillissante.
Il nous semble, quelle que soit l'approche que vous retiendrez, qu'il y
a trois enjeux
majeurs. Le premier, c'est de dire: Les besoins des personnes
âgées en matière de santé sont de plus en plus
connus et cernés. Le système de santé aura à
s'ajuster: maintien à domicile, ressources intermédiaires,
centres hospitaliers, centres d'accueil. Du côté social, ces
besoins sont peu connus et peu pris en charge. Les réponses aux besoins
des personnes âgées ne doivent pas être uniquement
médicales. Une réponse sociale permet bien souvent de diminuer un
problème de santé. Les dimensions sociales des problèmes
reliés au vieillissement devront être prises en ligne de compte,
si on veut éviter notre engorgement du système de santé.
Ça nous apparaît être le premier enjeu. Quel que soit le
lieu où seront situés ces services, H y a une importance à
avoir des services sociaux aux adultes et aux personnes âgées.
Deuxième enjeu: les services sociaux et de santé pour les
adultes et personnes âgées doivent être donnés le
plus près possible des milieux de vie de la personne. En ce sens, les
services doivent être principalement donnés par les CLSC sur le
plan local. Cependant, ceci étant dit, H nous semble que certains
services, parce qu'ils répondent à des problèmes
très graves, rares ou dispersés sur un territoire, ont avantage
à être concentrés sur le plan régional pour des
raisons d'efficacité et d'économie. Troisième enjeu: les
phénomènes d'abus, d'exploitation et de négligence grave
envers les adultes vulnérables et les personnes âgées sont
peu connus et n'en sont cependant pas moins réels. Des études
nous indiquent qu'entre 3 % et 5 % de la population âgée vit de
telles situations. C'est sûr qu'il ne faut pas être alarmiste en
cette matière et que tous les établissements doivent être
mis à contribution dans le dépistage et le traitement de ces
situations. Il demeurera cependant nécessaire de situer une fonction
régionale lorsque des recours seront indispensables. Ces
mécanismes de recours pour des situations extrêmes devront, sans
parler de loi de protection des majeurs, apporter une aide aux victimes
à la fois sociale et judiciaire. Cette fonction devra être
régionale et en interface avec le domaine judiciaire. Je vous dirais
finalement que, effectivement, une révision des services aux adultes ut
aux personnes âgées s'impose et que, pour arriver à faire
un scénario, nous croyons que certaines fonctions régionales
devront être maintenues, que certains services, pour des raisons
d'économie d'échelle, doivent être regroupés sur le
plan régional, qu'il faut maintenir un contrepoids social fort en milieu
hospitalier si on veut contrer la tendance à la médicalisation
des problèmes.
Qu'une première ligne forte soit indispensable, une
deuxième ligne l'est tout autant si on ne veut pas que les services
locaux soient étouffés par les problèmes les plus graves
et les plus rares. En terminant, je dirais que, si vous retenez que les actuels
CSS doivent continuer à dispenser des services de deuxième ligne
à ces clientèles, nous sommes tout à fait disposés
à regarder avec vous quels devraient être ces services et quels
services actuellement fournis auraient avantage à se situer ailleurs.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mim Marois): Merci, Mme Denis. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. Évidemment, c'est une journée, je dirais,
charnière dans la commission parlementaire, puisque passer à la
deuxième ou troisième journée de la fin, ça donne
l'avantage d'avoir entendu bien des choses. Comme vous l'avez si bien dit
tantôt dan6 votre ouverture, tout le monde survente de très
près les moindres gestes, les moindres paroles pour tenter de les
disséquer, pour voir quelle tendance ça pourrait prendre, et
c'est tout à fait normal dans le contexte actuel et compte tenu de
l'histoire du partage qui, de ce que j'ai compris, est presque un cadre de vie
au niveau des CSS.
Je dois vous dire d'entrée de jeu que c'est peut-être l'un
des mémoires les plus posttifs, à mon point de vue. Ce n'est pas
nécessairement le point de vue de tout le monde. Je vous donne mon point
de vue et je veux vous féliciter de l'ouverture que vous manifestez et
de la sincérité qu'il y a derrière les propos que vous
avez tenus en ouverture. Ça me paraît être hautement
responsable quant à la vision de la situation actuelle et de ce que
ça devrait être demain, en parfaite harmonie ou, à tout le
moins, en négociation avec les partenaires que vous êtes.
Ça change passablement de ce à quoi on s'attendait
Évidemment, j'en suis agréablement surpris et c'est pour
ça que je vous le dis.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, hat
M. Côté (Charlesbourg): Je préfère
vous le dire.
La Présidente (Mme Marois): Prenez-le pendant que
ça passe. Ha. ha. ha!
M. Côté (Charlesbourg): Et ça change un
peu..
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...je lui proposerais de se faire hara-kiri. Ha,
ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, absolument pas.
Non, non, sauf que, par rapport à d'autres qui sont venus, où on
tenait mordicus à ses fonctions totales, pleines et entières y
compris l'autonomie, les budgets qui ne sont pas assez élevés
avec tout ce que ça comporte - ne touchez à rien chez nous, mais
touchez à tous
les autres - ça tranche de ça et je tenais au moins
à vous le dire d'entrée de jeu parce que, encore une fois, je
suis agréablement surpris et je ne m'attendais pas, comme le disait le
député de Joliette, à ce que vous veniez nous dire: On est
disponibles maintenant. Affectez-nous où vous voulez. Je ne m'attendais
pas à ça non plus, évidemment.
Protection de la jeunesse. Commençons par ça parce que
c'est un dossier majeur qui fait l'objet de vos attentions journalières
et qui va très certainement continuer de faire l'attention de vos... Et
ça, je pense qu'il n'y a pas d'équivoque là-dessus. Tout
le monde en est pleinement conscient. J'aimerais échanger avec vous pour
tenter de voir s'il n'y a pas une zone grise ou un trou dans la
continuité des services. S'il y a signalement, c'est clair que c'est
chez vous et ç'a toujours été clair. S'il n'y a pas
signalement, je pense qu'on est dans une zone grise ou qu'on est dans un trou.
On a entendu les CLSC qui sont venus, on a entendu des groupes communautaires
qui sont des partenaires et qui veulent l'être, les CAR, les MSA qui sont
venus nous exprimer leur point de vue. Mon interrogation à ce moment-ci,
c'est: Est-ce que, de votre vécu, de votre connaissance, il y a une zone
grise dans cette articulation-là ou s'il y a un trou en termes de
services? Parce que ça ne paraît pas clair. Les signalements,
c'est clair...
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
M. Côté (Charlesbourg):... mais ça ne veut
pas nécessairement dire que, parce qu'il n'y a pas de signalement, il
n'y a pas de problème.
Mme Denis: Exact. Moi, je serais plus portée à
parler de trou, à ce moment-ci, que de zone grise ou de
dédoublements qui ont pu aussi être l'objet de certaines
préoccupations de la commission. Quand il y a signalement et que le
signalement entre au CSS, à la Protection de la jeunesse, les
premières décisions sont: on le retient ou on ne le retient pas.
Quand on ne le retient pas, ça ne veut pas dire là non plus qu'il
n'y a pas des problèmes. Ça veut uniquement dire qu'il n'y a pas
des faits suffisamment sérieux pour qu'on puisse penser que la
sécurité ou le développement sont compromis. Il y a un
premier niveau de trou de services parce qu'il faudrait en plusieurs occasions
être en mesure de référer - on le fait, on
réfère ces familles ou ces jeunes - mais il faudrait que ceux qui
puissent donner des réponses, que les CLSC ou les organismes
communautaires, entre autres, puissent effectivement être en mesure de
donner des réponses à ces jeunes-là. (10 h 30)
Même chose, quand un signalement est retenu, on pense qu'il est
fondé. On procède à une évaluation plus approfondie
et on se rend compte qu'en réalité il n'y a pas matière
à couvrir ce jeune-là par la Loi sur la protection de la
jeunesse. Mais quand il n'y a pas matière, il faudrait là
aussi... Si le jeune a été référé, bien
souvent il y a un problème, mais chez nous, nous ne nous occupons plus,
dans le fond, de services qu'on pourrait qualifier de première ligne, ou
d'aide à une famille ou à un jeune qui a un problème
sérieux mais qui n'est pas de nature à mettre en péril sa
sécurité ou son développement. Il y a là comme une
absence, effectivement, je dirais, de services ou de capacité des
actuels CLSC de répondre à ces demandes. L'autre aspect, quand il
n'y a pas de signalement, normalement, le jeune ou la famille devrait pouvoir
s'adresser à son CLSC, à des organismes communautaires, parce que
s'il s'adresse chez nous, il n'entrera pas dans le système. Il ne
s'adressera pas non plus à des centres d'accueil. Les centres d'accueil,
leur clientèle est captive et elle est acheminée vers le centre
d'accueil en interne ou en externe, mais par nos services. C'est là
qu'on parie plus de trou, ou de zone grise, si vous préférez,
parce qu'il n'y a pas d'endroit...
La Présidente (Mme Marois): Je pense que M. Perreault
voulait ajouter quelque chose.
M. Perreault (Jacques): Je pense que vous avez tout à fait
raison, M. le ministre, quand vous parlez de trou, dans le sens où Mme
Denis le mentionnait. Je pense que le trou, il n'est pas dans les fonctions
respectives des établissements, que ce soit CSS et CLSC. Le cadre de
partage est venu départager les responsabilités par rapport
à la clientèle jeunesse et familles. Il y en a qui ont
parlé d'un cadre de partage de fonctions, on se partage des fonctions,
d'autres, on se partage des effectifs, et d'autres ont même osé
dire que c'est un partage de la pauvreté.
Pour moi, le trou, il n'est pas dans les fonctions, il est dans la
capacité de certains établissements de rendre des services. On a
certaines listes d'attente en protection, des fois, parce qu'on n'est pas
capable de faire plus. Et les CLSC peuvent ne pas rendre certains services de
consultation psychosociale, psychologique, d'aide conjugale, d'aide familiale,
pas par mauvaise foi, pas parce que les fonctions ne sont pas claires, mais
parce qu'ils n'ont pas le personnel pour le faire. Ce qui fait que, quand une
personne nous téléphone pour dire: Je peux-tu voir un psychologue
ou un travailleur social avec mon enfant, le CLSC m'a dit non et vous, le CSS,
vous me dites non. Ça se produit régulièrement ce type de
situation-là et le trou il est là. Ce n'est pas un trou
théorique, c'est un trou pratique.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Évidemment c'est
inquiétant, quand on regarde nos responsabilités... Bon, on peut
parler des listes d'attente que vous avez, avec tous les problèmes
que
ça suppose. On peut parler des problèmes
spécifiques au niveau des CLSC. Ce qu'on se rend compte, c'est qu'il y a
un trou. Il y en a un, trou. Il peut être pratique, il peut être
d'ordre théorique. On peut discuter là-dessus pendant longtemps.
Il y a un trou alors que notre système doit être
complémentaire. De quelle manière... Parce que, finalement, au
bout de la ligne, on pourrait tirer la conclusion: c'est parce qu'il n'y a pas
d'argent qu'il y a un trou. C'est inquiétant. Parce qu'il y a quand
même de l'argent dans le système. Comment est-ce qu'on fait pour
s'assurer de cette complémentarité pour faire en sorte que le
trou ne soit pas là? Bien sûr qu'il y a des problèmes
d'argent. Mais on peut tout régler sur la terre par des problèmes
d'argent et il va rester encore des problèmes pareil. Qu'est-ce qu'on
fait, demain matin, pour bien s'assurer qu'il y ait un continuum de services et
qu'il n'y ait pas ce trou, parce que c'est notre responsabilité, vous
l'avez dit tantôt, de prendre des décisions? Autant en profiter
pour se donner les éclairages qu'il faut, pour être capables de
combler ces trous
La Présidente (Mme Marois): M. Sammut.
M. Sammut: Quand on parle de complémentarité de
services, ce qui illustre bien c'est possiblement l'opération qui se
fait actuellement en protection de la jeunesse, où des opérations
comme ça ont été tentées, par le passé, par
les Centres de services sociaux, en faisant appel à la collaboration et
la complémentarité des autres établissements du
réseau. À cette étape-là, les gens nous disaient:
On n'a pas plus de budget que vous autres et ce n'est pas possible. C'est
là que ces fameux besoins étaient possiblement entre deux
chaises. Curieusement, dernièrement - et c'est peut-être
là, quand on parle de complémentarité, comment y arriver -
curieusement quand, vous-même, M. le ministre, ainsi que le
ministère, dites aux régions: Trouvez un moyen ensemble, sinon
j'irai voir comment on va pouvoir trouver le moyen. Curieusement la
complémentarité qui n'était pas possible hier, les fonds
de tiroir qui n'étaient pas disponibles, le sont aujourd'hui. Je me dis,
quand on regarde la solution au niveau de la complémentarité,
d'éviter qu'il ait effectivement des clientèles entre deux
chaises, il y va, je pense, d'une volonté régionale, mais avec un
petit peu plus que ça, un genre d'incitatif qui pourrait peut-être
se faire en région, mais qui pourrait aussi... qui vient actuellement,
en tout cas, peut-être plus du ministère.
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis, oui.
Mme Denis: Je dirais aussi, si on pense aux services aux jeunes
CSS versus CLSC, il y a des efforts importants qui ont été faits
depuis quelques années, dans le but effectivement d'être plus
complémentaires. Par exemple, c'est à l'instigation du
ministère que s'est développé un manuel réseau en
protection de la jeunesse. Mon doux, il y a là une occasion pour tout le
monde d'être assis autour de la même table et de voir comment on
travaille auprès des jeunes qui ont des difficultés. Je pense
que, pour augmenter les chances de succès de ces
complémentarités, il faut peut-être proposer aux gens des
objectifs clairs et dire: Dans le fond, dans cette région, il y a un
objectif clair au niveau des services aux jeunes, et on assoit le monde
à la même table et on développe ensemble des façons
de faire et une plus grande collaboration. Je peux vous dire qu'il y a des
régions - et j'oublie même le problème actuel ou la
situation actuelle - où il y a des choses de commencées dans ce
sens-là, qu'il faut aider à accentuer. Je pense que ça
peut servir d'exemple à d'autres régions aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me faites revivre des
mois passés en disant ça. SI on prend le problème des
urgences: on s'est aperçu à un moment donné que le seul
moyen d'entrer à l'hôpital, c'était d'entrer par l'urgence,
et que certains médecins pouvaient conseiller à des gens. Va-t'en
à l'urgence; c'est le seul moyen de t'entrer à l'hôpital.
Donc, on a trouvé une porte, qui n'est pas la porte normale, pour
être capable d'être admis. Est-ce que le fait d'avoir un trou ne
nous retrouverait pas dans une situation où ça augmente le nombre
de signalements et que les gens, pour être capables d'accéder ou
d'avoir des services, passent par le signalement? C'est ce qui expliquerait
peut-être... Je sais que j'ai vu, pendant mes vacances, vos commentaires
suite au rapport qui a été rendu public, mais je pose la question
pareil. Première question: Est-ce que ça ne risque pas
d'augmenter le nombre de signalements? Et la deuxième: Notre beau grand
réseau avec nos 950 établissements sur le territoire, est-ce
qu'eux-mêmes font des signalements?
Mme Denis: Oui
M. Côté (Charlesbourg): Quelle est la proportion,
à peu près, des signalements qui viennent de la part de notre
réseau?
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
Mme Denis: Oui. Je vais commencer par votre première
question. Je vais retrouver mon chiffre pendant ce temps-là. Est-ce que
le fait qu'il y ait un trou ça augmente les signalements? Je dis qu'il y
a des possibilités que, dans des régions où c'est
uniquement la protection de la jeunesse qui est identifiée, ça
ait comme effet qu'il y a plus de monde qui s'adresse là pour un
problème. Cependant, je dois dire que, la loi étant aussi de plus
en plus connue, quand les
gens s'adressent à la protection de la |eunesse, c'est de plus en
plus pour quelque chose de sérieux. Je pense qu'on a de moins en moins,
dans le fond, dans les signalements qui rentrent chez nous, de situations
très très légères. Ce qui ne veut pas dire que ce
sont toutes des situations de protection. Alors, je dirais qu'il y a, depuis
quelques années, une habitude qui s'est développée dans la
population d'identifier la Protection de la jeunesse à des
problèmes et à des problèmes graves. Cependant, il est
vrai aussi que pour les jeunes en difficulté, souvent la Protection de
la jeunesse est la seule porte Identifiée.
L'augmentation des signalements: effectivement, il y a eu à
travers les années une légère... une croissance des
signalements. Est-ce uniquement parce qu'il y a un trou? Je ne mettrais pas ma
main dans le feu là-dessus. Je vous dirais, cependant, que notre
capacité de ne retenir que les signalements réels ou, si vous
voulez, les signalements où on pense qu'il y a matière est de
plus en plus grande et que, là-dessus, même s'il rentre 50 000
signalements, au bout de la ligne, c'est 20 000 jeunes qui vont vraiment
être évalués; il y en a 30 000 qu'on va rejeter. Mais ces
30 000, où les envoie-t-on? Que fait-on avec eux? Est-ce que, dans
chacune des régions, on est capables de regarder avec les CLSC des
programmes d'aide à ces familles-là qui nous ont peut-être
signalé des jeunes?
La deuxième question est autour du nombre de professionnels:
à mon souvenir, et je pourrai le repréciser plus tard, c'est au
moins le tiers des signalements qui est fait par des professionnels, mais,
là, on dit professionnels pas juste de notre réseau; ça
peut être des professionnels du milieu de l'éducation, par
exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Passons aux personnes
âgées. Les oreilles ont dû vous tinter à l'occasion
sur les familles d'accueil pour personnes âgées, parce que
ça a été l'objet de plusieurs interrogations au niveau de
la commission parlementaire, li y a un courant qui semble se dessiner à
l'effet que les familles d'accueil devraient être rattachées
davantage aux CLSC qu'aux CSS, et vous l'avez abordé très
ouvertement sur le plan de la problématique en nous disant: Voici les
enjeux. Il faut quand même faire attention à un certain nombre de
choses.
Ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant, en particulier du CSS
juif de Montréal qu'on a entendu la semaine dernière, c'est qu'il
y avait une expertise au niveau des CSS qui était une expertise
extrêmement importante, mais qui peut, éventuellement, être
transférable si jamais la décision était dans ce
sens-là. L'autre élément qui sous-tendait le maintien au
niveau des CSS des familles d'accueil était à l'effet que
ça prenait un bassin régional et que, dans la mesure où ce
serait rattaché à un CLSC, ce serait un bassin plus petit.
La discussion est ouverte là-dessus. Il n'y a pas encore de
décision de prise et votre argumentation nous laisse croire qu'il y a
des possibilités de rattacher à la base certains services qui, de
votre avis, seraient peut-être mieux au niveau de la base, mais de garder
une certaine ligne de services à votre niveau. J'aimerais que vous soyez
un peu plus précise là-dessus.
Mme Denis: Prenons les familles d'accueil pour adultes et
personnes âgées. À l'heure actuelle, il y a deux sortes de
fonctions qu'on assume auprès des familles d'accueil. Il y a le
recrutement, l'évaluation, l'encadrement et, je dirais, la gestion, le
paiement, etc. De l'autre côté, on assume aussi... on suit le
bénéficiaire lorsqu'il est placé dans une famille
d'accueil. Il nous semble qu'il y a là matière à se poser
des questions, effectivement.
Est-ce que c'est aux CSS à suivre la personne âgée
lorsqu'elle est placée dans une famille d'accueil? Est-ce qu'il n'y
aurait pas avantage à ce que ce soit le CLSC? Bien souvent, même,
elle a pu entrer initialement par le CLSC pour du maintien à domicile.
Au moment où le maintien à domicile n'est plus possible,
où une autre alternative serait intéressante à les
référer au CSS, pourquoi ce suivi-là au niveau de la
personne âgée, pour laquelle le placement, contrairement aux
enfants... Pour les enfants, le placement, c'est quasiment ce que j'appellerais
une mesure thérapeutique. Pour la personne âgée, c'est un
plan de vie. Alors, pour la personne âgée, qu'elle soit suivie par
le CLSC, ce que ça viendrait peut-être faciliter aussi, c'est que
les familles d'accueil qui accueillent des personnes âgées
pourraient avoir accès, à ce moment-là, à des
services d'infirmières à domicile, pas des services d'aide, mais
des services d'infirmières. À l'heure actuelle, ce n'est pas
possible, cette situation-là.
Ça, ça nous semble être des fonctions qui sont
assumées par les CSS et pour lesquelles on peut se poser la question:
Est-ce que ça n'aurait pas avantage, ces interventions-là,
à être fait plus près des gens et, donc, dans le CLSC.
Sur l'autre aspect des fonctions qu'on assume auprès des
ressources, qui sont le recrutement, leur évaluation, leur encadrement,
est-ce qu'il y a, au niveau des personnes âgées, le bassin
nécessaire pour penser que ça puisse se faire au niveau des CLSC?
On pense qu'à ce moment-ci, en 1990, ce n'est peut-être pas
réaliste de penser que le bassin est suffisant. Peut-être qu'on
devra se reposer la question dans cinq ans.
On pense, cependant, qu'il y a une... ces fonctions-là exigent
que ce soit, et il s'est développé une expertise, un peu comme
l'indiquait le CSS juif à la famille, une expertise dans le
développement de milieux substituts.
En même temps - puis, là, je reviens... pour
moi, il y a un autre argument rattaché à ça - en
même temps, quand on dit: 11 y a des services qui ont avantage à
être regroupés pour des raisons d'économie
d'échelle, je vous dirai que, sur les familles d'accueil aux adultes, il
y a 120 postes au total dans les CSS et il n'y en même pas un par CLSC.
Au niveau des familles d'accueil pour les personnes âgées, il y en
a 223, si ma mémoire est bonne, donc, 1 .quelque chose par CLSC. Alors,
je pense qu'il y a là aussi un choix à passer dans ce
sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont deux questions
intéressantes, mais qui ne sont pas incontournables si on devait prendre
la décision de le faire, parce que, si l'unité de
référence devait être la région, elle pourrait se
faire aussi par un regroupement de CLSC sur le plan du placement. Je pense
qu'à ce niveau-là l'important est toujours de voir le
rattachement en fonction des services que le bénéficiaire peut
recevoir. Et c'est davantage ça qui doit nous préoccuper sur le
plan des décision qu'on aura à prendre.
Je me permettrais de déborder cet aspect pour vous poser une
question sur les travailleurs sociaux en milieu hospitalier. Y a-t-il ou pas
des avantages à garder le statu quo? Quelle est votre opinion
là-dessus? On fait quoi demain? Parce que - si je me souviens... je ne
sais pas, peut-être le soixantième ou le soixante-dixième
mémoire - on en a entendu parler un peu. J'aimerais en entendre parler
davantage sur les effets positifs ou négatifs des travailleurs sociaux
en milieu hospitalier et de qui devraient-ils dépendre.
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis. (10 h 45)
Mme Denis: Je vous dirais que, dans le fond, essentiellement, il
faut retourner à... Quel est l'objectif, pour un
bénéficiaire, quand il est dans un hôpital et qu'il est
aussi suivi par un travailleur social? Pour nous, en tout cas, la
réponse, elle est là. L'hôpital, dans le fond, a comme
objectif de guérir la personne et de la faire sortir. Je pense que
ça, c'est clair. Le travailleur social qui dépend du CSS, quand
il intervient auprès de cette personne, son obejcfrf, c'est de l'aider
soit à se réadapter ou à passer dans un milieu de vie
substitut et d'aider cette personne et sa famille à se
réinsérer dans la communauté. Ce sont, à notre
point de vue, des objectifs différents.
On peut imaginer, vous pourriez demander aux hôpitaux d'assumer
cette mission-là aussi. Si c'était le cas, il nous semble que,
dans le temps, ce sont deux missions très difficilement compatibles.
C'est très difficilement compatible parce que le travailleur social va
bien souvent suivre la personne qui sort de l'hôpital pendant les six
prochains mois et l'objectif de l'hôpital, qui est de sortir la personne,
va être difficilement compatible avec l'objectif du travailleur social
qui est d'aider la personne à se réinsérer. Tôt ou
tard, on risque de se retrouver dans une situation où les hôpitaux
développeront leur propre réseau de ressources, clandestin ou
non, pour faire sortir les gens de l'hôpital, parce que c'est leur
objectif majeur. Pour nous, c'est une raison... c'est cette approche qui fait
qu'on pense que ça doit continuer à être rattaché
à un établissement social. Je ne sais pas si...
La Présidente (Mme Marois): M. Perreault.
M. Perreault (Jacques): Je pense, en complément, qu'il y
avait aussi, au moment où ça a été fait, certains
arguments d'ordre plus administratif ou professionnel. Je pense qu'on voulait
s'assurer... parce que les hôpitaux qui ont des travailleurs sociaux, ce
n'est pas tous l'hôpital Notre-Dame à Montréal ou
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il y a plusieurs hôpitaux en
région, et c'est la majorité des cas, où ce sont des
travailleurs sociaux... où ce sont des postes uniques ou il y a une ou
deux personnes. Le regroupement de ces gens-là a permis d'assurer le
développement de ces personnes, leur formation, le développement
de programmes de services sociaux en milieu hospitalier, d'une part. Je pense
que ça se maintient comme ça.
Je pense qu'il y a eu aussi et qu'il y a toujours certains avantages.
Moi, je suis dans la Montérégie et, en termes très
concrets, je vous dirais qu'on se permet, par le service social d'un
hôpital, qui est Valleyfield, de desservir, par le même service
social, deux petits hôpitaux par des postes qu'on prend à
Valleyfield. Je vous dirais qu'à Saint-Hyacinthe où on a quatre
hôpitaux dans la même sous-réglon, Sorel, Granby et deux
à Saint-Hyacinthe, on a diminué de beaucoup le coût
d'encadrement. Chaque hôpital n'a pas son poste de cadre. On a un cadre
pour l'ensemble de la sous-région de Saint-Hyacinthe pour quatre
hôpitaux. À Longueuil. on a un hôpital où il y a 20
intervenants sociaux et un autre où il y en a 6. On a deux cadres, mais
pas un cadre pour l'hôpital Pierre-Boucher et un cadre pour
Charles-Lemoyne; deux cadres qu'on mixe ensemble pour être capable de
supporter l'ensemble des 25 intervenants de cette sous-région.
J'ajouterais aussi, malgré le langage qu'on peut tenir par
rapport à ça, que la concertation entre les milieux hospitaliers
et les CSS, elle est réelle, elle est existante. Il s'est
développé une concertation active dans le domaine du
désengorgement, de la gériatrie, du développement de
ressources d'accueil ou de familles d'accueil, tout à fait
spéciale où l'hôpital va rendre des services et ça
libère des lits à l'hôpital. Donc, je pense que,
malgré certains langages, sur le terrain, la concertation, elle se fait
et elle se fait quotidiennement.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-
camingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Oui, effectivement,
à la suite de ce que le ministre a mentionné, il faut vous dire,
redire que l'ouverture que vous faites à la commission et à ceux
qui auront à inscrire formellement, dans un projet de loi, quelle sera
la place d'organismes d'un niveau comme les CSS - et c'est une question qui est
souvent négligée dans l'ensemble du regard que l'on doit jeter
sur l'organisation de nos services de santé et de nos services sociaux.
Ce n'est pas à vous que je vais dire. L'oeil est plus grand ouvert,
souvent, parce que plus illustratif, plus spectaculaire, sur le domaine de la
santé que sur le domaine des services sociaux. L'ouverture que vous
démontrez, quant à l'aspect de la complémentarité
des services au bénéficiaire, à la personne, oui, est tout
à votre honneur, et c'est remarquable les pistes que vous fournissez au
législateur pour regarder la situation toujours dans l'aspect d'un
meilleur service. On a suffisamment entendu devant cette commission des
récriminations pas mal plus corporatistes, pas mal plus protectrices
d'un certain nombre de droits, d'un certain nombre de privilèges pour
vous dire que nous reconnaissons, en tout cas nous reconnaissons de ce
côté-ci, la valeur de cette ouverture et les pistes qui nous sont
fournies.
Il y a, en particulier - j'aborderai d'abord cette question-là -
un aspect majeur dans le questionnement autour des CSS et des services à
donner. Bien franchement, bien honnêtement et bien carrément, tout
ça est entouré un peu, pour ce gouvernement et ce ministre, d'une
problématique budgétaire, des coûts à l'ensemble des
services de santé et des services sociaux. On a eu l'occasion d'entendre
beaucoup de groupes, beaucoup de réflexions autour du fait qu'il y a du
dédoublement et qu'une des façons d'économiser dans le
système ce serait peut-être, et disons-le carrément, de
faire disparaître un niveau à quelque part - c'est clairement des
CSS que l'on parlait - et qu'il y aurait là une économie de
système appréciable, qui nous permettrait de rendre des services
à la jeunesse, aux personnes âgées et aux adultes en
matière de services sociaux et peut-être aussi de répondre
à des demandes urgentes en matière de santé, si nous
faisions complètement table rase de ce niveau-là. Moi, j'aimerais
ça vous entendre, parce que vous avez certainement dû le
regarder... Est-ce qu'il vous apparaît très carrément qu'il
y aurait, que ce serait un motif que nous devrions retenir pour regarder la
situation, les redressements et la réorganisation, l'économie
possible au niveau du travail que vous faites et d'une possible
intégration à d'autres services?
M. Sammut: Possiblement, dans un premier temps, j'oserais vous
répondre: effectivement, si, demain matin, on enlevait carrément
la structure, rétablissement "Centres de services sociaux", il n'y a pas
de problème là. On peut l'enlever, sauf que les services qui sont
donnés là, il faudra remettre une autre structure à
côté pour les redonner. Alors, c'est là que, dans un
premier temps, la structure... C'est là qu'on a voulu témoigner
dans ce sens-là. La structure comme telle, elle est là
actuellement. Il y a une expertise qui est là. Il y a une
expérience qui est là. Il y a des choses qui sont... Il y a du
solide sur quoi bâtir. Si on l'enlève, il faudra rebâtir
ailleurs demain matin ou on transférera demain matin. Alors, dans un
premier temps, je laisserais peut-être à Mme Denis le soin de
compléter.
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
Mme Denis: Je suis portée à penser, d'abord, que si
on parle de... Si on parle de la jeunesse, je pense qu'une meilleure
intégration des services à la jeunesse, un rapprochement avec les
centres d'accueil et de réadaptation - et quand on dit ça,
ça peut prendre différentes formules, ça va jusqu'à
des intégrations - bien, je pense qu'on vient là, en
matière de jeunesse, de resserrer beaucoup en termes de nombre
d'établissements dispensateurs, en termes de continuité de
services. Je pense qu'on vient là, dans ce sens-là, de faire un
effort. Il ne s'agit pas d'en abolir une, il s'agit de s'assurer qu'il y ait un
rapprochement plus organique. Par ailleurs, je suis portée à
penser aussi qu'il y a des fonctions qui peuvent se situer ailleurs. Il y a des
fonctions qui devront demeurer régionales, mais je ne pense pas qu'il y
ait vraiment des économies substantielles d'échelle à
faire. Dans le temps, les types de services qui sont donnés se sont
beaucoup précisés, ont été élagués
largement pour ne maintenir que des fonctions qui, où qu'elles soient,
devront être assumées. Je ne pense pas, dans ce sens-là,
qu'il y ait vraiment des économies d'échelle à faire.
On parlait tantôt aussi... M. le ministre évoquait la
possibilité que certaines fonctions régionales, on puisse dire:
Dans un territoire-Bien, par exemple, si ça doit demeurer
régional, une fonction, on peut la confier à un CLSC au nom des
autres. Je dis qu'il faut toujours faire attention. Il faut les regarder comme
il le faut ces hypothèses-là, mais il faut faire attention aussi
parce qu'on a le risque de recréer notre structure régionale ou
de se recréer un deuxième palier de toute façon et pas
nécessairement moins coûteux. Globalement, je pense que dans le
secteur social, ça représente peut-être quoi? 10 % en
réalité, de l'ensemble du budget. Les économies
d'échelle à faire là ne sont qu'à la marge. Ce sont
peut-être uniquement certaines économies légères de
système.
La Présidente (Mme Marois): M. Perreault.
M. Perreault (Jacques): J'ajouterais simple-
ment que, quand on a créé les CSS en 1974 - et on a vu
tantôt, dans la présentation du président, qu'on a revu
très souvent leur fonction - il y avait des raisons de
bénéficiaires, à savoir que des services rendus sur une
base régionale avaient une chance d'être plus
spécialisés, etc. Mais il y avait aussi le même motif que
vous invoquez, il y avait des économies à faire en créant
une structure régionale. Et vous nous demandez, aujourd'hui, est-ce que
de défaire la structure régionale qu'on a créée
pour des raisons économiques, est-ce que ça serait plus
économique de ne plus l'avoir aujourd'hui, alors qu'on l'a
créée pour des motifs comme ça aussi?
M. Trudel: Alors vous nous demandez et vous demandez au
législateur de bien regarder l'histoire de la construction, du
développement de ce réseau, et des motifs qui y ont
présidé, et son évolution actuelle, avant d'aller à
la conclusion et la démonstration que vous nous faites ce niatin que, si
c'est pour des motifs d'ôcono mie, ce n'est vraiment pas quelque chose de
majeur, à vos yeux, dans l'ensemble du système actuellement.
J'aimerais toucher, maintenant, un autre aspect. Vendredi dernier, nous
avons eu l'occasion d'entendre le regroupement des familles d'accueil du
Québec. C'était le ministre délégué à
la Santé et aux Services sociaux qui était du côté
gouvernemental, et nous avons, je pense, tous les deux, été, oui,
surpris du jugement assez sévère des familles d'accueil envers
l'institution CSS et les professionnels y oeuvrant. Oui, on a été
un peu beaucoup renversés d'entendre, en quelque sorte, le fait que ces
gens-là ne se sentaient pas comme partenaires, comme ressources
d'accueil dans le réseau des services sociaux en termes d'accueil. Vous
l'abordez dans votre mémoire, le premier texte que vous nous avez
soumis, en demandant des précisions quant au rôle des familles
d'accueil. Et je dois vous dire, là-desssus, que vous rejoignez
d'ailleurs la Fédération des familles d'accueil. Quelles sont ces
précisions qu'il nous faudrait apporter au niveau législatif pour
vraiment faire en sorte que les familles d'accueil soient
considérées comme de véritables partenaires dans le
réseau, dans les services aux bénéficiaires?
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
Mme Denis: Je vais prendre deux aspects. D'abord, peut-être
pour indiquer que je comprends que les familles d'accueil, effectivement, ont
des préoccupations importantes par rapport aux
bénéficiaires qu'elles suivent, et qu'en ce sens-là, ils
et elles sont très exigeants par rapport aux intervenants des CSS, c'est
un fait Je pense aussi que, du côté des Centres de services
sociaux, nos intervenants qui oeuvrent avec les familles d'accueil, je pense
que, globalement, les rapports se sont développés et, comment
dirais-je? améliorés d'année en année. de plus en
plus, il faut voir aussi comment, depuis quelques années, les
associations de familles d'accueil, les familles d'accueil avec les
intervenants, les relations sont plus soutenues, les - comment dirais-je - les
contacts sont beaucoup plus... nos intervenants sont plus aussi informés
et formés pour travailler avec la famille d'accueil, ce qui
n'empêche pas, bien sûr, que, comme dans n'importe quel
système, 9 puisse y avoir des situations particulières à
un moment donné ou à un autre. je pense que la volonté des
familles d'accueil, de la fédération et celle des css est de
vivre en partenaires. à titre d'exemple, je vous donnerais deux exemples
de choses qui sont en train de se préparer, au moment où on se
parle, avec la fédération des familles d'accueil.
L'une, c'est ce qui concerne les mécanismes de plaintes, ou de
recours devrais-je dire. Et ça. c'était dans l'avant projet de
loi: on situait au conseil régional, ou à la régie,
plutôt, un mécanisme de recours dans le cas des familles
d'accueil. Avec la Fédération, l'Association des CSS, on est en
train de regarder si on n'aurait pas une nouvelle proposition à vous
faire, pour situer à un plan provincial un mécanisme de recours,
quand il y a un problème, qu'une famille d'accueil se sent
lésée, et le Centre des services sociaux et la famille d'accueil
pourraient s'adresser à un arbitre, ou enfin une formule provinciale qui
permettrait de dénouer ce genre de situations là Je pense que si
on réussissait à se trouver une façon, et ça je
pense que c'est à compléter, si on réussi à se
trouver une façon que, lorsque la famille d'accueil se sent
lésée ou lorsqu'il y a un geste de posé, qu'il puisse y
avoir un recours provincial, bien, mon doux, je pense que c'est quelque chose
qui nous avancerait encore plus, en donnant cette alternative-là aux
familles d'accueil.
Le deuxième projet sur lequel on travaille avec la
Fédération, c'est un protocole. Il y a des situations où,
à un moment donné, la famillle d'accueil... il y a eu des
présomptions d'abus, par exemple. Cela peut se passer. C'est
exceptionnel, mais il faut être en mesure de faire face à ces
situations là Pour trouver une manière correcte de fonctionner
dans ces situations, nous sommes à préparer avec la
Fédération un protocole qui va venir dire: Que se passe-t-il
quand H y a une plainte de cette nature? À quel moment, la famille
d'accueil est-elle invitée à se faire entendre? À quel
moment, le CSS doit-il poser un certain nombre de gestes? Et je pense que ce
sont des travaux comme ça qui sont de nature à compléter
peut-être ce qui était déjà prévu dans
certaines dispositions de lavant-projet et qui sont de nature aussi à
favoriser un meilleur partenariat. (11 heures)
La Présidente (Mme Marois): M. Perreault.
M. Perreault (Jacques): J'ajouterais qu'en plus de ces efforts
à un niveau plus national, dans les différentes régions -
et je dirais à peu près dans toutes les régions - il s'est
créé ces dernières années des mécanismes
conjoints ou de partenariat entre les directions de CSS et les
représentants des familles d'accueil pour aborder ce genre de
difficultés, qui sont vécues, et j'ajouterais même, pour
l'avoir vécu personnellement, pour associer les familles d'accueil
à certaines politiques du CSS qui les touchaient. Donc, II me semble que
ce genre de mécanismes, au niveau régional, au niveau national,
va faire en sorte, peut-être, que les propos qui ont été
tenus devant cette commission parlementaire... en tout cas, on souhaite qu'ils
ne soient pas les mêmes dans l'année ou les années qui s'en
viennent.
M. Trudel: Le temps file très rapidement, et mon
collègue de Joliette-La Présidente (Mme Marois): Vous avez
quand même le temps d'une autre question, M. le député.
M. Trudel: On a parlé beaucoup de la protection de la
jeunesse, de la protection des personnes âgées. Est-ce que la
coordination est effectivement suffisante comme mécanisme de protection
au niveau des personnes âgées, qui sont abusées, qui sont
vulnérables, maltraitées, ou s'il ne nous faudra pas penser,
compte tenu de l'importance de la situation... Vous avez mentionné des
chiffres, des chiffres qu'on a vus aussi dans l'actualité, 3 % à
5 %, mais c'est beaucoup de monde et c'est ce qui semble être le... ce
qui est apparent de la situation. D'aucuns ont dit qu'il y en avait
peut-être pas mal plus que cela suivant les milieux où on irait
examiner la situation. Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi, pour cette
clientèle, la nécessité de prévoir un
mécanisme spécifique d'accueil, de signalement et de traitement,
plus que la coordination des services, pour rendre ça visible et rendre
ça accessible à ces personnes qui sont dans des situations
extrêmement vulnérables au plan de l'entrée dans le
système, me semble-t-il?
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis.
Mme Denis: Oui. Je dirais deux choses. La première, c'est
qu'au niveau des adultes et des personnes âgées, il faut faire
attention de ne pas se mettre dans la même situation que lorsqu'on parle
des enfants, Je pense que c'est une situation fort différente, un
enfant, un adulte et une personne âgée. En ce sens-là, je
ne crois pas, et dans le réseau chez nous, on ne croit pas non plus
qu'il faille vraiment parler d'une loi, par exemple, de protection ou
d'exception. Par contre, ce qu'on voit, c'est qu'effectivement il y a des
situations pour lesquelles il faut responsabiliser les établissements
d'abord. Mais je pense qu'en bout de ligne, une situation qui n'est pas
réglée ou qui n'est pas le propre de quelqu'un qui a affaire avec
un établissement... parce que ça peut arriver que, dans la
population, il y ait des gens, des situations d'exploitation grave mais que la
personne n'est en contact avec aucun établissement. Il faut qu'il y ait,
un endroit où un recours extrême peut être exercé. Et
c'est souvent dissuasif. Je dirais même, à titre d'exemple, qu'il
y a, dans une région ici, une expérience pilote, à
Québec, qui se développe avec la Commission des droits de la
personne. Et, effectivement, quand un travailleur social est placé
devant des situations d'abus, le fait de pouvoir recourir à une
mécanique a un effet très dissuasif sur le comportement abusif.
Il faut qu'il y ait quelque chose de bien identifié, mais il ne faut pas
que ce soit une loi. Il faut que ce soit une mécanique, mais de dernier
recours, parce que c'est d'abord les établissements qui doivent
être, en tout premier lieu, responsables.
La Présidente (Mme Marois): M. Desjariais.
M. Desjarlais (René): Mme la Présidente, je profite
de la préoccupation de M. le député, et, bien sûr,
avant qu'il ne soit trop tard, pour m'accrocher à ce souci de besoin
spécifique pour exprimer une réalité qui me semble bien
spécifique au niveau provincial, c'est la réalité
montréalaise. Le temps ne nous permet pas, hélas! d'y toucher.
Vous partagez, et j'en suis certain, mon avis à l'effet que
l'arrivée massive des emigrants, et particulièrement à
Montréal - on sait qu'il y en a à peu près 75 % qui
s'installent à Montréal - la pauvreté grandissante de
Montréal, appuyée par les recherches de la Chambre de commerce,
et, je dirais, la dynamique de la concentration urbaine, je pense que ces
ingrédients, Mme la Présidente, engendrent des besoins
spécifiques - et voilà le crochet qui me permet de
répondre à la préoccupation de M. le député
- engendrent, à mon avis, des besoins spécifiques. Et je serais
très heureux, dans ce contexte de réforme, dans cette
préoccupation, de tenir compte des particularités
régionales. J'irais même jusqu'à dire, au CSSMM, nous
serions heureux de recevoir non seulement M. le ministre, mais bien sûr
tous ceux et celles qui se préoccupent de cette situation-là pour
nous permettre, pour nous donner la chance de véhiculer tous ces besoins
spécifiques engendrés dans ce milieu, dans cette île. Je
vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): Merci. M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je vais être
assez prudent dans ma façon de poser les questions, parce qu'ils sont
trois à répondre
à chaque fois et j'en ai quelques-unes à poser. Donc, je
viens de vous passer un message: un, s'il vous plaît. Je vais partir avec
un commentaire. Ce serait peut-être intéressant de rencontrer MM,
on pourrait savoir ce qu'ils pensent de VM.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Chevrette: Ceci dit.
La Présidente (Mme Marois): Attention, il va vous
répondre, M. le..
M. Chevrette: non, je ne veux pas. j'ai bien dit que
c'était un commentaire. on verrait que ce n'est pas tout à fait
les mêmes problèmes.
M. Côté (Charlesbourg): II y en 10 qui veulent
répondre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est une question brève d'abord sur la
complémentarité. Est-ce que la complémentarité
n'existe pas exclusivement pour dégraisser les listes actuellement?
Mme Denis: Non.
M. Chevrette: Elle existe pour quoi?
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis
Mme Denis: La complémentarité n'existe pas
uniquement pour dégraisser les listes. La complémentarité
existe parce que, dans l'application de la Loi sur la protection, il y a, ce
dont on parlait, du manuel réseau, on parlait de la révision
qu'on a faite de nos façons de procéder - on les a
révisées - ça s'appelle le rapport Harvey. On travaille
avec les CLSC dans ce secteur-là, on travaille avec le secteur des
centres d'accueil et de réadaptation...
M. Chevrette: N'est il pas exact, Mme Denis, que, lors du dernier
dégraissage des listes, vous avez réussi à aller chercher
des travailleurs sociaux d'institutions pour vous aider à baisser le
nombre de moitié?
Mme Denis: Ce matin, d'ailleurs, il y a 2543 enfants en attente,
donc il y a eu une baisse encore significative. Il est vrai que le
modèle dépend de chacune des régions. C'est
différent d'une région à l'autre, selon les
possibilités régionales et les liens déjà
établis. Il y a une région, effectivement, du personnel de
centres d'accueil pour jeunes se sont mis à contribution dans le cadre
d'une opération "blitz" pour arriver à diminuer les listes
d'attente C'est la région de Laurentides-Lanaudière.
M. Chevrette: O. K. C'était juste pour vérifier si
ça se faisait dans ce sens-là. Il y a blendes...
La Présidente (Mme Marois): C'était pour entendre
parler de sa région aussi en même temps. Ce n'est pas mauvais, ce
n'est pas malsain, au contraire.
Mme Denis:... nommer. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce n'est déjà pas si mal si je
connais ma région, hein? Deuxième question, sur la
décentralisation comme telle. Quelle place vous voyez le CSS ou les CSS
au niveau de la régie? Quelle importance vous leur donnez au niveau de
la régie?
Mme Denis: Je dirais que, d'abord, la régie aura à
adapter, à prendre des objectifs et à les adapter. Les CSS, comme
tout autre établissement, auront à s'inscrire avec les autres
établissements dans les plans d'organisation de services. Par exemple,
si c'était un modèle retenu, te plan d'organisation de services
pour les jeunes, eh bien, mon doux, j'Imagine que les CSS seraient mis à
contribution, avec aussi...
M. Chevrette: Est-ce que vous leur voyez une place obligatoire
sur le conseil d'administration, décisionnelle?
Mme Denis: Dans les termes où l'avant-projet de loi avait
été écrit, si mon souvenir est bon, effectivement, il y
avait toutes les catégories d'établissement où les CSS
étaient nommément représentés. Il y avait une
représentation spécifique. Je pense que selon l'allure qu'on
donne aux Centres de services sociaux, je pense qu'il y a là, oui,
importance qu'un établissement régional, qui donne des services,
soit représenté.
M. Chevrette: Êtes-vous d'accord avec la présence
des professionnels des établissements sur les conseils
d'administration?
Mme Denis: On a dit là-dessus qu'on trouvait... Il ne faut
pas qu'il y ait de professionnels de l'établissement sur son propre
conseil d'administration, comme règle générale; cependant,
on trouvait trop rigide l'approche qui était dans l'avant-projet de loi,
à l'effet d'enlever toutes les possibilités pour quelqu'un qui
oeuvre dans le réseau de pouvoir être un contributeur sur un
conseil d'administration d'une autre catégorie ou d'un autre
territoire.
M. Chevrette: Vous pariez d'autonomie de gestion dans la fusion.
L'expression que vous utilisez c'est "autonomie de gestion". Que voulez-
vous dire concrètement par "autonomie de gestion" quand vous
parlez des dangers de fusion?
Mme Denis: On a parié d'autonomie de gestion dans le
contexte de la décentralisation, notamment. Il nous apparaissait... une
chose qu'il ne fallait pas qu'elle arrive - je dois dire que c'est au point de
départ - une chose qu'on ne pensait pas qu'elle devait arriver; on
pensait que la décentralisation, ça doit être vraiment des
pouvoirs qui sont donnés aux régies en partant de Québec,
mais non pas des pouvoirs des établissements vers les régies.
C'est ce qu'on voulait dire.
M. Chevrette: Oui, oui. Question: II y a deux CRSSS qui sont
passés devant nous - je le dis sous réserve, avec un point
d'interrogation, parce qu'il y a eu tellement de groupes - la Côte-Nord
et Lanaudière, je pense, qui, en réponse à une question du
ministre - je pense que c'est Lanaudière et peut-être l'Abitibi
aussi - , qui ont affirmé d'une certaine façon qu'il y avait une
structure de trop au niveau régional et vous étiez visés.
Que leur répondez-vous?
Mme Denis: Qu'ils se sont prononcés très vite. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je voudrais avoir la même
spontanéité de votre part. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je souhaite la même spontanéité
de votre part.
M. Perreaurt (Jacques): C'est précisément la
réponse qu'on vous dit depuis une heure, par rapport aux services que
nous représentons, aux bénéficiaires que nous
représentons, et à ce qu'on vous a décrit, et aux
ouvertures qu'on avait.
M. Chevrette: Pour bien comprendre le combat dans certaines
régions - vous représentez quand même l'ensemble - est-ce
que, selon vous, c'est dû à un fonctionnement interne d'une
région pour qu'on en arrive à ça ou si... selon votre
évaluation?
La Présidente (Mme Marois): Mme Denis. Mme Denis:
Écoutez, je pense que...
M. Chevrette: vous avez sans doute des rapports de ça.
vous devez suivre à la trace ce qui se dit ici. donc, n'essayez pas de
m'en cacher.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Denis: Je n'essaie pas de rien vous cacher, je n'ai
même pas eu l'occasion de répondre. Non, non, je pense qu'il y a
des dynamiques régionales qui sont différentes d'une place
à l'autre et qu'il faut vivre avec ça aussi. Dans ce
sens-là tous les interlocuteurs dans une région ont des efforts
à faire pour faciliter que cette dynamique-là sort positive: les
CSS, bien sûr, probablement les conseils régionaux, les CLSC
aussi.
M. Chevrette: En institutions, vous avez répondu au
ministre, tantôt, le manque de ressources, mais, dans certains milieux,
on a des ressources en institutions et, comme par hasard, quand les centres
hospitaliers, je voyais M. Nadeau tantôt, ça m'a incité
à vous poser cette question-là: Pour fins d'équilibre
budgétaire, c'est souvent au niveau des travailleurs sociaux, par
exemple, en toxicomanie et en alcoolisme, qu'on coupe, même dans les
centres hospitaliers, pour fins d'équilibre budgétaire. Est-ce
répandu à travers le Québec ou si c'est localisé
seulement dans certaines régions?
Mme Denis: Je pense que les hôpitaux... dans la mesure
où les travailleurs sociaux relèvent des CSS, les budgets sont
CSS aussi, alors les hôpitaux ne touchent pas au budget des travailleurs
sociaux. Ce qui pourrait arriver, c'est que à travers... On a dit: il y
a de 900 à 1000 travailleurs sociaux, en réalité il y en a
1000, parce qu'il y en a un peu plus de 100 dont le financement vient de
l'hôpital.
M. Chevrette: C'est ça.
Mme Denis: C'est là peut-être que le financement est
moins sécurisé, tout étant relatif.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez qu'il y a eu un
recul des services à ce niveau-là dans les centres hospitaliers,
en particulier pour l'alcoolisme et la toxicomanie?
Mme Denis: Au moment où on se parle, j'aurais de la
difficulté, honnêtement, à vous répondre
spécifiquement sur l'alcoolisme et la toxicomanie.
M. Chevrette: O.K.
Mme Denis: En termes de recul ou pas...
M. Chevrette: Est-ce que vous avez senti, au niveau des 100 qui
relèvent des budgets des hôpitaux, qu'il y a eu une baisse ces
derniers temps ou si ça s'est maintenu?
Mme Denis: Non, à l'heure actuelle, il n'y a
pas eu de différence. En termes de volume de travailleurs
sociaux, c'est stable.
M. Chevrette: Donc, ça peut être localisé
dans certaines régions?
Mme Denis: Oui
M. Chevrette: D'accord. Ça me fera des bonnes
réponses à donner. C'est excellent. Une dernière question
sur la décentralisation: Je pense que vous n'avez pas peur de la
décentralisation. Vous êtes prêt à relever le
défi, en particulier sur la dimension jeunesse, avec des
possibilités de discussions en ce qui regarde les personnes
âgées ou les personnes adultes Pour vous, la
décentralisation pourrait-elle aller jusqu'à la
décentralisation totale, y compris des enveloppes de la RAMQ, y compris
de tout, ou si vous voyez une décentralisation plutôt partielle?
(11 h 15)
Mme Denis: Je vous dirais que, même dans notre
mémoire, on évoque la décentralisation des budgets de la
RAMQ comme une possibilité, parce qu'on pense que, même là,
ça a égard à des pratiques et non pas juste à des
sommes d'argent. l_a décentralisation qui est souhaitée chez
nous, c'est une décentralisation très significative, mais en
s'assurant qu'on garde au plan provincial des objectifs, des programmes et des
standards de qualité.
Un enfant battu à Gaspé et un enfant battu à
Montréal, il va toujours falloir qu'on lui réponde dans les
mêmes délais et qu'on fasse le même genre d'investigation Je
pense qu'on pourra adapter tous les services autour de ça, mais il va
falloir se garantir ce genre de chose-là. Dans ce sens-là, c'est
une décentralisation significative, mais avec des programmes et des
objectifs provinciaux, et des standards de qualité.
M. Chevrette: Une dernière petite vite, si Mme la
Présidente me le permet. Est-ce que le dégel... Est-ce que vous
allez enfin pouvoir faire du placement en famille d'accueil?
Mme Denis: Si, excusez..
M. Chevrette: Depuis quand pouvez-vous faire du placement en
famille d'accueil? Est-ce qu'il y a un dégel là-dessus? Est-ce
que vous pouvez en placer présentement?
Mme Denis: Ah le dégel! Moi, je pensais que vous
parliez... Actuellement, les enfants qui ont besoin d'un placement en famille
d'accueil sont placés. Ils l'ont toujours été, même
depuis la période du moratoire. Les problèmes en termes de
volume.. D'ailleurs, je pense que le moratoire ne visait pas à
empêcher l'entrôo des bénéficiaires, mais visait
à s'assurer qu'il n'y ait pas de nouvelles places qui se
développent. En d'autres termes, quand une place se libère, elle
peut être occupée par un nouveau bénéficiaire. Or,
comme à l'enfance, la rotation est quand même plus grande qu'au
niveau des adultes et des personnes âgées, je dirais que la
pression sur le système est moins grande. Il y en a une, mais elle est
moins grande.
M. Chevrette: Donc, c'était le gel du nombre total
admissible et non pas le gel du placement.
Mme Denis: C'était le gel du nombre total admissible et
des types de places.
M. Chevrette: Ça fait quelque chose de subtil, merci.
Mme Denis: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Ça va? M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous remercier.
Ça sera certainement l'un des points dominants de la commission
parlementaire. Ce que j'ai compris, c'est que, s'il y en a qui vous avaient
comptés pour déjà morts, vous avez donné une bonne
respiration artificielle ce matin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez fait la
démonstration que ce n'était pas toujours obligatoire de passer
par l'urgence pour être capable de s'en sortir et, que, dans ce cas-ci,
votre ouverture d'esprit... et de vous être placés au-dessus de la
mêlée en plaçant le bénéficiaire au centre de
vos préoccupations et non pas votre structure que vous avez à
défendre. Je pense qu'on a fait un pas très important dans la
bonne direction. On aura très certainement à vous revoir pour
finaliser nos dossiers. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre contribution
aux travaux de la commission.
J'inviterais maintenant les représentants et les
représentantes de l'Association des hôpitaux du Québec qui
viendront présenter un mémoire concernant le Réseau des
départements de santé communautaire.
Nous allons reprendre nos travaux. J'Inviterais le porte-parole de votre
groupe à se présenter, à présenter les personnes
qui l'accompagnent et, ensuite, à procéder à la
présentation du mémoire en une vingtaine de minutes au maximum.
Merci.
Réseau des départements de santé
communautaire
M. Montpetit (Jean-Pierre): Mme la Présidente, je vous
remercie. Je me présente, Jean-
Pierre Montpetit, je suis directeur général du centre
hospitalier DSC Charles-Lemoyne et président de la Conférence
sectorielle de la santé coitimunautaire regroupée au sein de
l'Association des hôpitaux. À ma gauche immédiate et la
deuxième personne qui Interviendra initialement avec moi, le Dr Mireille
Lajole, chef du département de santé communautaire du CH-DSC
Sainte-Marie de Trois-Rivières; à mon extrême gauche, M.
Gilles Lefebvre, directeur général du CH-DSC, centre hospitalier
régional de l'Outaouais, qui a également présidé,
durant l'année 1989, le Comité de soutien sur la révision
de la structure et le fonctionnement des DSC; à ma droite, le Dr Richard
Lessard, chef du CH-DSC Cité de la santé de Laval, qui a
été président du Conseil de santé communautaire -
organisme dont je vous parlerai brièvement tantôt - de 1986
à 1989; à mon extrême droite, le Dr René Tremblay,
chef du CH-DSC de l'hôpital Saint-Sacrement, qui a été
président de l'Association des directeurs des départements de
santé communautaire de 1983 à 1986.
Très brièvement, Mme la Présidente, je voudrais,
d'une part, vous dire que les centres hospitaliers qui ont été
désignés, par le ministre, pour s'acquitter de la fonction
territoriale de santé communautaire me chargent de vous faire part de
notre très vif intérêt et très vif souhait et de
volonté de continuer à assumer cette mission.
Je vous rappelle que depuis la création des départements
de santé communautaire, l'arrimage qui a réussi à se faire
au niveau des équipes médicales au sein des CH-DSC a
été plus que positif. A la fois, les équipes
médicales des centres hospitaliers ont pu être confrontées
à des idées de promotion, de prévention et de protection
et, à la fois, les réseaux de santé communautaire ont
été amenés à comprendre une bonne partie de la
problématique, notamment, du fonctionnement des centres
hospitaliers.
S'il est vrai qu'en 1970, au moment de la première grande reforme
Castonguay-Nepveu, la perception qu'on pouvait avoir, à l'époque,
était à l'effet qu'on n'avait peut-être pas besoin
d'investir massivement dans des mesures préventives dans le
réseau de la santé, à cause des nouvelles technologies,
des nouvelles thérapies, ainsi de suite, heureusement, en fin de
parcours, on a eu le souci de procéder à la création des
départements de santé communautaire. On sait, par ailleurs, que
depuis 1970, il y a quantité de nouvelles épidémies,
maladies, appelons ça comme on veut, sida, MTS, accidents, traumatismes
routiers, ainsi de suite, qui ont été portées à
l'attention de beaucoup de gens et je crois que c'est grâce à
l'action très rapide et très vigilante, notamment, des
départements de santé communautaire.
La nature déteste le vide et vous comprendrez qu'à partir
du moment où il y avait 32 DSC, à travers le réseau
québécois, qui avaient comme préoccupation les trois P
dont on vient de vous parler, dont on vous parlera un peu plus longuement
tantôt, il n'y avait aucune structure provinciale permettant une
coordination des activités, le risque que le réseau courait et,
par le lait môme, le ministère et l'ensemble de ses Intervenants,
c'était de voir se multiplier, dans les 32 points de services que sont
les DSC, des programmes répétifis à 32 exemplaires. Le
réseau a su se prendre en main et faire en sorte que, par une mise en
commun de ses niveaux d'expertise et de ses ressources, il se dote d'une
structure de coordination provinciale, structure qui - il m'apparaît
important de le souligner -transcende les dimensions géographiques ou
les responsabilités territoriales telles qu'on les connaît dans
les établissements. Les préoccupations de santé
communautaire dépassent de beaucoup le simple territoire
géographique d'un CH, d'un CLSC, ou encore même d'un CRSSS, tel
qu'on le connaît actuellement. Cette structure qui a été
financée par le réseau, justement pour permettre des
économies d'échelle, elle est en place actuellement. Je crois que
je peux vous dire avec beaucoup d'humilité qu'elle est très
performante et le souhait le plus cher que je puisse formuler à ce
stade-ci, c'est que ce réseau ne soit pas démantelé.
Cela dit, Mme la Présidente, avec votre permission, je passe la
parole au Dr Mireille Lajoie.
La Présidente (Mme Marois): Très certainement.
Mme Lajoie (Mireille): Ça me fait vraiment plaisir de
pouvoir vous rencontrer aujourd'hui. Il y a longtemps qu'on voulait parler de
santé communautaire ou de santé publique parce que, dans notre
terminologie, c'est la même chose. Je ne reprendrai pas le contenu du
mémoire que vous avez; je vais plutôt relever des points qui
m'apparaissent les plus importants, en particulier, compte tenu des questions
qu'on a entendues à plusieurs reprises à la commission et en
tenant compte, aussi, de différentes évaluations qui ont
été faites et qui font ressortir des préoccupations qui
sont similaires et des pistes de solutions intéressantes telles que, par
exemple, un réseau de santé.
Actuellement, nous avons un réseau de santé qui est aux
prises avec des coûts qui augmentent d'année en année et
qui a choisi de se réorienter en fonction d'objectifs provinciaux.
Rappelons-nous que c'est peut-être la première province qui le
ferait au Canada. C'est un réseau qui s'annonce prêt à
capitaliser sur la prévention et la promotion de la santé, comme
vous l'avez souvent mentionné, M. le ministre, et qui est
déterminé à augmenter l'efficacité de ses
interventions. C'est un réseau qui vise aussi à augmenter sa
performance en décentralisant le pouvoir vers les régions. C'est
un réseau, aussi,
qui veut être bâti sur une solide connaissance de
l'état de santé de la population et être constamment
réajusté par des activités de surveillance et
d'évaluation. Nous croyons, M. le ministre, que vous avez choisi les
bonnes voies et nous tenons à vous assurer de notre entière
collaboration, car les moyens pour concrétiser ce projet vont être
d'une importance capitale. Les problèmes sociaux, les problèmes
sanitaires sont complexes; le réseau lui-même, il va sans dire,
est fort complexe et la rénovation de ce réseau ne peut donc pas
être si simple.
M. le ministre, nous voulons vous faire part du point de vue de la
santé publique sur ce sujet et des moyens que nous pouvons mettre
à votre disposition pour améliorer la performance de ce
réseau. Un des moyens, vous le connaissez bien, on en a parlé
beaucoup dans cette commission, c'est l'identification d'objectifs de
santé. On insistera peu sur cet élément parce que vous
connaissez bien notre position, si ce n'est pour dire qu'il s'agit là,
effectivement, du principal outil de gestion d'un système qui se
décentralise. En effet, un nouveau mode de gestion des opérations
peut générer certainement un grand degré d'incertitude et
la gestion, à notre avis, de cette incertitude, passe par des objectifs
clairs et l'identification d'organismes mandatés et
responsabilisés pour les réaliser. (11 h 30)
Je ne reprendrai pas les propos de la Conférence des CRSSS, qui
est venue hier, propos qu'elle a tenus sur les avantages de se doter
d'objectifs de santé, parce que ce sont des propos qu'on tient depuis
1983 et je pense qu'elle les a repris avec brio. Par contre, ce que j'aimerais
vous mentionner, c'est de vous dire qu'en choisissant cette voie, vous ne
partez pas de zéro. Les DSC ont développé non seulement de
l'expertise, c'est important, mais aussi de l'expérience sur le terrain,
parce qu'on a dû faire des choix. Nos ressources sont quand même
limitées, les problèmes sont nombreux et on a dû faire des
choix. De nous-mêmes, nous avons priorisé des problèmes de
santé au niveau de chacun des DSC et au niveau de l'ensemble des DSC. On
a développé aussi des méthodes importantes. On a appris
à faire de la consultation pour aller voir les gens et non seulement
pour qu'on nous dise: Oui, c'est bien, ce que vous faites. Mais pour qu'on nous
donne les meilleures garanties d'action sur le terrain, dans un deuxième
temps. Je pense que ce qui est important, et l'identification d'objectifs doit
vraiment passer par des actions concrètes, c'est que,
déjà, on est dans les actions concrètes en promotion et en
prévention. On tente d'implanter des programmes à partir
d'objectifs que nous avons retenus, non pas tout seuls mais essentiellement
avec des partenaires, tant du réseau que d'autres systèmes. avec
une approche intersectorielle Je vous rappelle... Vous êtes bien au fait
de ça que, d'ailleurs, les DSC, récemment, ont apporté
leur support et leur collaboration au CRSSS dans la démarche
initiée sur l'élaboration d'objectifs de santé au niveau
régional. On a appris des choses par cette démarche. On a appris
qu'une condition essentielle, indispensable, c'est d'être capable de
mobiliser les gens, en particulier au niveau de la promotion et de la
prévention. Si on veut atteindre les objectifs de santé au niveau
provincial, cette mobilisation-là devra être aussi au niveau
provincial. Elle devra s'appuyer sur une politique du ministère mais,
même, sur une politique gouvernementale intersectorielle, dans un premier
temps. Dans un deuxième temps, pour qu'elle se réalise
concrètement, vous devez avoir des porte-parole sur le terrain, des
porte-parole qui ont une crédibilité scientifique. Ce qu'on peut
vous dire, c'est qu'en promotion, en prévention et en protection,
actuellement, on croit qu'on a commencé à voir cette
crédibilité scientifique-là, on a commencé à
agir. Je vais vous donner un exemple concret. A l'heure actuelle, au moment
où je vous parle, au DSC de Trois-Rivières, il se tient une
conférence de presse sur la santé cardio-vasculaire qui se fait
en collaboration avec la Fédération des caisses populaires. C'est
un projet de promotion de santé réalisé avec des
partenaires hors réseau, non seulement avec leur "input" de ressources
humaines mais même avec leur "input" de ressources financières,
donc, ce qui augmente la capacité du réseau de santé au
niveau de la promotion.
Le deuxième point qui... Je voudrais aussi vous illustrer...
Parce qu'on dit: On a des objectifs de santé. C'est bien mais, dans le
concret, qu'est-ce que ça va donner? Je voudrais prendre un peu
l'exemple des maladies cardio-vasculaires. Je pense que, dans votre discours
d'inauguration, M. le ministre, vous avez bien identifié le
problème relié aux maladies cardio-vasculaires. On sait qu'il y a
des facteurs Importants, tels que le tabagisme, l'hypertension, le
sédentarisme, etc., qui sont des causes aux maladies cardio-vasculaires.
Vous savez aussi qu'il y a des déterminants importants, dont les
habitudes de vie. Une fois qu'on a ces deux éléments-là,
on se dit. Sur qui devrons-nous agir? On doit donc Identifier des
clientèles. Si je prenais un exemple pour essayer d'illustrer comment,
à partir d'objectifs de santé, on peut travailler en promotion et
en prévention, prenons deux clientèles: la clientèle des
écoliers et la clientèle des travailleurs. Je veux aussi, par le
fait même, vous illustrer comment le réseau doit travailler en
complémentarité et non pas sur un mode de duplication ou de
redondance. Si on veut intervenir auprès des écoliers, on doit
agir au niveau des écoles, et les départements de santé
communautaire ou la santé publique, à ce. moment-là,
doivent agir auprès des décideurs que sont les directeurs
d'école ou même au niveau régional, mais ils doivent agir
aussi auprès des intervenants que sont les infirmières des
CLSC.
cette action-là se fait autant au niveau des professeurs, dans le
cadre des programmes de formation personnelle et sociale, que le support qu'on
doit apporter au personnel infirmier dans l'élaboration des projets non
pas pour faire l'action mais pour les aider à agir. ça, c'est un
niveau. le parallèle est vrai aussi dans l'industrie, comme je l'ai
mentionné tantôt. on doit agir avec des décideurs, des gens
qui, eux, vont dire: oui, on est d'accord. et qui vont prendre les moyens pour
le mettre sur le terrain. l'action de la santé publique est à ce
niveau-là. rencontrer les gens qui, eux, ont les outils pour aller le
mettre en place. c'est la nuance qu'on fait, et ça, ça n'est pas
une duplication, c'est vraiment une action complémentaire
essentielle.
Quand je vous dis qu'on va travailler sur des clientèles, c'est
un niveau d'action pour réduire les maladies cardio-vasculaires.
D'autres actions vont être importantes. On parle, par exemple, des
actions sur l'environnement. Pour réglementer l'environnement, en
particulier concernant le tabagisme. D'autres exemples, c'est la production
d'étiquetage d'aliments sains au niveau des... là, on traite des
aliments... l'accessibilité d'aliments sains dans les écoles, et
on voit qu'il y a une politique alimentaire qui est en cours, qui s'est
créée en collaboration avec le réseau de la santé,
avec le réseau de l'agriculture et avec les départements de
santé communautaire. Et je pourrais vous donner plusieurs types
d'activité. L'action au niveau de la promotion et de la
prévention doit se faire non seulement sur le terrain, c'est un niveau
d'action, mais aussi à d'autres niveaux. Ça prend... Une des
conditions, c'est que... Vous pouvez en conclure que, pour réaliser ces
actions-là, ça prend un travail indéniable d'implantation
sur le terrain. On ne peut pas faire ça en l'air, dans nos bureaux, il
faut être vraiment sur le terrain pour être capables d'agir.
Ça prend donc une excellente connaissance du milieu et des approches qui
soient adaptées aux besoins et aux ressources qui sont présentes.
Ça prend aussi une surveillance constante de ces programmes, est-ce que
ça donne quelque chose.
J'aimerais aussi vous parler, parce que je vous parle, en somme, de
prévention et de promotion... une préoccupation que vous avez,
c'est où se situent la prévention et la promotion. Ce que nous
disons, c'est que cette mission de prévention, quand elle est prise dans
son sens large, O. K., par rapport à la... il faut l'opposer à la
restauration. Mais ça n'appartient pas aux seuls départements de
santé communautaire, comme certaines personnes ont peut-être pu le
croire, ni même au seul réseau de la santé. Personne, en
prévention, promotion, et même protection ne doit prétendre
à l'exclusivité. Notre principal mandat, comme responsables de la
santé publique, consiste justement à ce que la prévention
devienne l'affaire de tout le monde. Mais, en bons gestionnaires, vous savez
fort bien que si tout le monde se voit confier une telle responsabilité,
personne ne va finir par la réaliser véritablement, ça va
devenir un "sideline", si vous me permettez l'expression. Au même titre
que vous ne confierez pas la responsabilité des services de
première ligne à tout le monde, vous allez confier
spécifiquement cette responsabilité à un organisme. Donc
le mandat, à notre avis, devra être attribué à
quelqu'un, avec ses budgets, ses ressources, ses comptes à rendre, bien
sûr, et des liens fonctionnels avec le partenaire. Ce qu'on peut vous
dire, c'est que, déjà, vous avez... les DSC font
déjà ce travail-là dans leur milieu. Par contre, ce ne
sera pas suffisant, parce que le mandat devrait être inscrit clairement
dans une loi, encore plus clairement qu'il ne l'est à l'heure actuelle.
Ce qu'il est important aussi de dire, c'est qu'au niveau de l'intervention, on
ne peut pas dissocier prévention, promotion et protection. Ce n'est pas
pour rien qu'on n'arrive jamais à faire des définitions
exclusives et satisfaisantes. Tout le monde se sent mal à l'aise, bon,
qui doit faire telle chose, ce n'est pas... on ne peut pas scinder cette
fonction-là, et il faut ajouter, à ce moment-là, que ces
trois fonctions sont indissociables. J'aimerais vous apporter un exemple pour
illustrer l'indissociabilité de ces fonctions-là. Prenons
l'exemple des trimotos, qui sont bien connues. Un département de
santé communautaire s'est rendu compte qu'au niveau des urgences, les
accidents d'automobile étaient fréquents, excusez-moi, les
accidents reliés aux trimotos étalent très
fréquents. On a essayé de mieux documenter le problème,
c'est ce qu'on appelle connaître le problème, c'est le dossier de
connaissance. Mais on s'est dit: II y a des solutions. On avait le choix de
deux types de solution. Comme disait un collègue, on pouvait acheter des
chaises roulantes pour tous ces gens-là ou on pouvait agir autrement.
L'action qui a été choisie, c'est d'abord une action de
promotion. C'est d'informer le public, c'est dangereux d'utiliser les trimotos.
Et en informant le public, c'est aussi de faire des pressions pour qu'une
modification à la législation soit apportée. Et la
solution, ça a été une modification à la
législation. Je pense que ça... et c'est un élément
de protection de la santé publique, à ce moment-là. Donc,
on peut voir que, dans un dossier qui apparaît très simple, les
trois approches sont indissociables.
Vous avez aussi un autre souci, M. le ministre, qui est d'assurer une
meilleure efficacité, c'est-à-dire de faire les bons choix et une
meilleure efficience, c'est-à-dire qu'au moins vous ayez le meilleur
rendement dans les interventions. Ça présuppose une bonne
connaissance du problème et des solutions. Ça présuppose
aussi l'élimination de la redondance, une rationalisation des mandats et
un partage clair des responsabilités. Ce qu'on vous dit, c'est que c'est
une préoccupation des départements de santé com-
munautaire depuis plusieurs années. Et ce qu'on a fait, c'est
d'abord d'assurer une meilleure coordination en regroupant nos expertises et
nos expériences à l'intérieur de comités
provinciaux tels que mentionnés. Et je vous en mentionnerais
quelques-uns: en santé cardio-vasculaire et tabagisme, au niveau des
traumatismes routiers, en enfance famille, en environnement, en maladies
infectieuses, en santé mentale, en santé au travail. Ce sont des
comités qui ont regroupé leurs expertises autour d'objectifs
collectifs, O.K., pour minimiser justement la duplication. Et
l'efficacité est maximisée par le développement
d'interventions qui sont réalistes, parce que ce sont des gens du
terrain qui le font, et qui sont adaptées aux citoyens de nos
régions. Elles s'implantent sur leur terrain et ceux-là
mêmes qui les développent mettent à contribution les
décideurs locaux et la population. On la fait, cette coordination, au
niveau provincial et on la fait aussi au niveau régional. On fait aussi,
je vous rappellerais, appel à des expertises qui sont hors du
réseau des DSC; un exemple, c'est au niveau des maladies infectieuses,
et on pourrait en nommer d'autres. Donc, on veut mieux centrer et coordonner
nos efforts.
Nos comités, la façon dont ils fonctionnent, parce que ce
ne sont pas juste des comités pour faire des comités, nos
comités veulent développer des bonnes bases de connaissance
commune, O.K. Ce sont toutes des priorités qui sont retenues. Ils
veulent les partager avec le réseau. Ils veulent supporter les DSC. Et
ça, on le fait, comme je l'ai mentionné tantôt, par un
mécanisme de va-et-vient. On a aussi un souci constant que ce qu'on
fait, à ce niveau provincial, puisse vraiment s'implanter et être
applicable sur le terrain. On a aussi un souci d'améliorer notre
connaissance - c'est un moyen qu'on a pris - soit par un meilleur traitement
des données qui sont disponibles, soit par la recherche de nouvelles
données en recherche ou en évaluation La connaissance, comme vous
pouvez le comprendre, ce sont nos yeux. Et vous savez très bien que la
connaissance, ce n'est pas exclusif aux DSC Tout le monde devrait avoir une
bonne connaissance de ses actions, à partir de quoi il doit agir. Mais
pour maximiser nos efforts, je vous donnerais cet exemple-ci: nous avons mis
sur pied un comité provincial qu'on appelle un comité en
connaissance surveillance. C'est un comité qui regroupe 25 personnes
provenant de 21 DSC réparti sur six dossiers Le dossier connaissance
surveillance est extrêmement complexe. Ses objectifs: on veut
améliorer l'accès aux données, l'accessibilité des
données; on veut aider les DSC à développer leur expertise
et favoriser le développement et la coordination de la fonction. Et je
dois vous rappeler qu'il y a même une collaboration très
importante avec le ministère de la Santé sur ce dossier là
Donc, nous avons, à titre d'exemple, parce qu'il y a des produits,
développé un répertoire commun des indicateurs
sociosanitaires de base, et ça, c'est extrêmement Important. Il y
a très peu d'endroits qui l'ont. Ça veut dire qu'en utilisant ces
répertoires-là d'indicateurs, tous les DSC et même les
CRSSS qui, éventuellement, pourraient l'intégrer dans leur
dossier, vont être capables de se comparer. Ça, c'est
extrêmement important si on veut se projeter dans le futur et regarder en
arrière ce qui a été fait.
On est en train aussi de développer, dans un DSC, ce qu'on
appelle le "système reflet", qui vise à l'intégration des
données de différentes banques. C'est un système, je dois
vous dire, qui, je crois, est unique au monde. On ne l'a même pas
retrouvé aux États-Unis. Il est en train de se développer.
Donc, on veut maximiser nos efforts et ne pas répéter notre
travail. Je vous ai fait part de ce que les DSC ont fait pour optimiser leur
action. Je vous mentionnerais aussi ce qui pourrait être fait davantage,
en particulier au niveau provincial où on a noté des lacunes
importantes. On croit qu'un organisme central de santé publique devrait
coordonner certaines institutions du gouvernement concourant à
l'amélioration de la santé publique: le laboratoire de
santé publique, le centre de toxicologie, le Conseil des affaires
sociales, les organismes responsables des différents fichiers, mais
aussi s'adjoindre l'expertise du réseau de santé publique.
Ça, c'est un moyen. L'autre moyen serait de développer des
centres d'excellence qui pourraient s'inspirer des comités provinciaux
dont je vous ai parlé.
Un dernier point important, évidemment, c'est le pouvoir
régional. Oui, nous sommes d'accord pour qu'il y ait un pouvoir
régional. Je rappellerais que, bien que la planification,
c'est-à-dire organiser selon un plan, ça demeure un outil
essentiel à toutes les organisations, nous reconnaissons d'emblée
que la planification régionale des services dans le sens du document sur
les orientations, que ce soit pour la complémentarité, la
continuité, l'adaptation, la concertation et la participation, c'est
vraiment du ressort des régies. Les nouvelles régies seront donc
investies d'une plus grande responsabilité et vont voir fort
probablement leur champ de préoccupation s'élargir, mais aussi
leurs besoins. On croit, comme département de santé
communautaire, que ce rapprochement du niveau de décision à celui
des populations concernées, c'est bien au cadre de
référence de la santé communautaire. C'est un pouvoir qui
est viable cependant, pour autant qu'il reste au-dessus de la
mêlée sans s'approprier les services curatifs ou
préventifs. Sinon, à notre avis, la régie se placerait en
conflit d'intérêts pour l'allocation des fonds, en trempant
directement dans un secteur et non dans l'autre. (11 h 45)
M. le ministre, les DSC sont prêts à apporter leur
collaboration aux régies, à partir de l'expertise qui nous est
spécifique, en par-
ticuller au niveau du développement des dossiers de connaissance
surveillance et dé notre expertise en prévention et promotion, et
ce, à l'instar des autres organismes du réseau, tels que les
centres hospitaliers et les CLSC. Mais notre action doit, d'abord et avant
tout, se situer dans le champ de la santé publique et près des
milieux et des décideurs pour qu'ils fassent leurs les activités
de promotion, de prévention et de protection. Nous croyons que le
renforcement au niveau régional passe par la collaboration et non pas
par l'assimilation qui affaiblirait le système. Nous croyons que
l'atteinte de vos objectifs propres va être facilitée par la
reconnaissance de la santé publique comme un acteur majeur dans le
système de santé, au même titre que la restauration.
Pour que la promotion devienne une réalité encore plus
vivante qu'elle ne l'est, ça prend des actions concrètes et
diversifiées et ça peut se réaliser dans des conditions
qui voient à ce que les organismes soient responsabilisés
spécifiquement pour son développement.
Nous croyons que c'est dans une synergie d'action entre ce qu'on appelle
les trois P, prévention, promotion, protection, entre la restauration et
même la planification que passe la solution.
M. le ministre, vous avez un parti pris pour l'action, je dois vous dire
que le réseau de santé publique aussi, et ceci, depuis plusieurs
années. Ce que nous demandons, c'est de nous permettre de poursuivre
avec tous nos outils de travail. Je dois vous avouer que nous croyons fermement
à l'avenir de la prévention, de la promotion et de la protection
et que nous croyons être vos plus grands alliés.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. Si on avait un point fort à 10 heures, on en a un
tout autant, à ce moment-ci, puisque, effectivement, vous avez fait
l'objet de préoccupations de la commission, en cours de route. Ce que
j'ai compris, c'est que vous l'avez suivie avec beaucoup
d'intérêt, en particulier pour rappeler aux CRSSS que vous
étiez à l'origine des objectifs de santé. C'est dommage
qu'on ne puisse pas avoir les CRSSS par la suite pour être capables
d'avoir leur opinion. Ils sont assez grands pour s'exprimer.
Une chose est certaine, c'est que, au niveau des quatre fonctions
fondamentales au niveau de la santé publique, il n'y a pas de
désaccord; au niveau des champs privilégiés des quatre, il
n'y a pas de désaccord la; au niveau de l'indissociabi-lité, il
n'y a pas de désaccord là.
Je commencerai par une question qui est d'ordre philosophique, je le
pense, en tout cas. On parle de santé publique et on parle aussi de
protection de la santé publique. Dans votre esprit à vous, il
doit y avoir une distinction très importante entre les deux: la
santé publique et la protection de la santé publique. Qui fait
quoi? Il n'est pas évident, pour moi, que - je vous le dis
d'entrée de jeu - la santé publique, c'est la
responsabilité unique et exclusive des départements de
santé communautaire, alors qu'il pourrait en être autrement de la
protection de la santé publique.
La Présidente (Mme Marois): Mme Lajoie.
Mme Lajoie: La protection de la santé publique, c'est une
composante de la santé publique, c'est un mode d'action. Ce n'est
certainement pas leur... Nous sommes d'accord, les DSC ne réclament pas
l'exclusivité. S'ils avaient l'exclusivité de l'action en
santé publique, on n'irait pas loin. Pour agir en santé publique,
même au niveau de la protection, ça prend des niveaux
d'intervention. Ce qu'on vous dit, c'est que si vous voulez que ce soit
efficace, il faut que vous responsabilisiez spécifiquement quelqu'un
pour s'assurer que ça se fasse. À notre avis, la santé
publique, c'est une fonction de services au même titre que la
restauration. À ce titre-là, comme vous avez les CLSC qui sont
responsables, par exemple, des services de première ligne, ce n'est pas
exclusif. Les activités qu'ils vont réaliser, vous allez en
trouver aussi au niveau des médecins, vous allez en trouver même
à domicile. En santé publique, c'est la même chose. Ce qui
est important, si vous voulez qu'il y ait... si vous voulez une action
efficace, il faut que vous disiez à quelqu'un: Toi, tu dois t'occuper
d'abord et avant tout de ça, et t'assurer que ça marche, tu dois
développer ton expertise, tu dois ramasser tes ressources. Sinon, vous
allez disperser, et personne ne se sentira vraiment responsable.
M. Côté (Charlesbourg): On l'a dit, on le
répète, il va y avoir régionalisation, avec autant de
pouvoir que faire se peut, compte tenu de la Loi sur l'administration
financière, mais le plus loin possible. Il va donc y avoir des
régies régionales qui vont avoir la responsabilité, une
responsabilité très large au niveau de chacune des
régions. Donc, en plus de la responsabilité qui est provinciale
qui demeurera celle du ministère et du ministre, quant aux objectifs,
quant à une série de choses que vous connaissez
déjà, il faut tout de même transposer les
responsabilités au niveau des régions. On sait qu'il y aura une
structure régionale. Au niveau d'une région, de qui devrait
dépendre la santé publique? Sous la responsabilité de la
régie ou des départements de santé communautaire?
La Présidente (Mme Marois): Dr Lajoie ou M. Montpetit
ou...
Mme Lajoie: Je peux répondre...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Dr Lajoie.
Mme Lajoie: On pourra compléter, parce que c'est une
réponse que je vais tenter de mettre claire mais que d'autres pourront
clarifier. Je crois que, dépendant du niveau de... Si vous
décentralisez vraiment, les régies régionales devront
avoir le même mandat que le ministère, c'est-à-dire que le
ministère a l'ensemble des mandats et les régies
régionales devront avoir l'ensemble des mandats. Par contre, de la
même façon que les régies ne vont pas donner des services
directs, c'est le même modèle qui devrait s'appliquer à la
santé publique. Ce ne sont pas les régies qui devront faire la
santé publique, mais elles devront s'assurer qu'elle soit faite. C'est
la distinction que l'on fait. Je ne sais pas si...
La Présidente (Mme Marois): Dr Lessard.
M. Lessard (Richard): Oui. Dans le même type d'exemple, de
la même façon que les régies n'ouvriront pas des salles
d'urgence où elles vont se mettre à opérer des patients
cardiaques, je ne pense pas qu'elles doivent rendre des services de
santé publique, mais elles doivent certainement s'assurer que, au niveau
d'une région, l'ensemble des services dispensés par le
ministère soit couvert.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Lessard: Dans ce contexte-là, je pense que les
départements de santé communautaire vont relever de la
régie autant que les centres hospitaliers, les CLSC, les cabinets
privés et tous les autres organismes du réseau.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Allons plus loin dans
la démarche en fonction des... fonctions fondamentales des DSC. Prenons,
par exemple, connaissance et surveillance de l'état de santé. Il
est clair que, si on veut avoir une politique de santé et des objectifs,
ça prend une connaissance et une surveillance de l'état de
santé des Québécois. On est dans une situation où
il va y avoir des objectifs provinciaux et aussi partages par les
régions, si on veut être capables d'avoir des objectifs comme on
en a eus dans le domaine routier, où c'était un des objectifs, au
niveau du document, de réduire de 35 % les accidents de la route. Les
départements de santé communautaire ne sont pas absents de ce
décor, ayant été moi-même ministre des Transports,
j'en sais quelque chose. C'est quoi, la relation, dans un cas comme
celui-là, au niveau de la connaissance et de la surveillance de
l'état de santé? C'est quoi, la relation que vous avez, à
ce moment-ci, avec les CRSSS qui, éventuellement, pourraient être
remplacés par des régies régionales? Ce que vous avez
comme rapport, dans le cas de l'Estrle, on me dit que c'est une collaboration
qui est peut-être un peu plus poussée qu'ailleurs - Ils nous l'ont
dit hier, que c'était la meilleure région - mais qu'est-ce
que ça devrait être, si ce ne l'est pas aujourd'hui?
La Présidente (Mme Marois): Dr Lessard.
M. Lessard: C'est la meilleure région après Laval,
M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, hal
La Présidente (Mme Marois): Chacune des régions a
beaucoup d'habileté pour défendre, d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris, c'est
parce que c'est facile à Laval parce qu'ils n'ont pas de CRSSS.
M. Lessard: Vous avez tout compris, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lessard: Je pense que ce qu'il est important de dire, c'est
que c'est vrai qu'il n'y a pas eu énormément de liens entre les
CRSSS et les départements de santé communautaire. Je pense qu'il
n'y en a pas eu beaucoup parce que les sujets de lien n'étaient pas
là. Les occasions d'échange n'étaient pas très
nombreuses, les CRSSS se préoccupant surtout, mais pas uniquement, de
l'organisation des services et les DSC se préoccupant surtout de la
santé publique, promotion, prévention et protection. Mais depuis
que le ministère a passé la commande que s'établissent
dans chaque région du Québec des priorités et des
objectifs, vous devriez voir la collaboration qui existe. Et elle existe parce
que les départements de santé communautaire croient que, pour
développer la prévention et la promotion, ça passe par les
objectifs et que, pour réaliser les objectifs, il va falloir faire
énormément de prévention et de promotion. C'est à
cause de ça que les départements de santé communautaire
ont tant investi au cours des derniers mois, avec les conseils
régionaux, dans le développement des objectifs, en se basant
principalement sur nos connaissances de l'état de santé pour
définir les objectifs et pour définir la situation actuelle et
évoluer. Cette collaboration est très présente
actuellement.
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, il n'y a pas de
problème.
M. Côté (Charlesbourg): J'avise, parce que j'ai une
série de questions que je veux poser, puis je suis prêt à
en enlever; il y en a qui sont plus importantes que d'autres. Alors, au cas
où il nous manquerait de temps.
Comme on y va sur la connaissance et la surveillance, je suis
très heureux de saluer une nouvelle complémentarité qui
s'installe dans le réseau. C'est tout à votre honneur et
j'espère que c'est une grande porte ouverte pour le reste. Il y a
d'autres fonctions, celles de la protection. C'est tout aussi fondamental que
les autres, on l'a dit, il y en a quatre fondamentales. Donc, c'est aussi
très important. Je pense qu'à ce niveau-là, le
ministère a aussi un rôle très important à jouer et,
comme je l'ai fait depuis le début de la commission parlementaire, si
vous avez des blâmes à nous donner, on est prêts à en
prendre, parce que je ne suis pas convaincu qu'au niveau du central, on soit
parfaits. Si on était parfaits, je pense qu'on ne parlerait pas de
décentralisation aujourd'hui. Donc, on parie de décentralisation
parce qu'il y a peut-être des problèmes. Donc, dans ce
sens-là, ne vous gênez pas pour nous dire nos
vérités, parce qu'on veut se réajuster, nous aussi,
étant très ouverts de ce côté-là.
Quels sont les liens sur le plan de la protection que vous avez avec les
CRSSS et avec le ministère? Y en a-t-il ou s'il n'y en a pas? S'il n'y
en a pas, pourquoi il n'y en a pas?
Mme Lajoie: Je pense qu'au niveau de la protection, il faut
considérer les actions comme étant d'abord et avant tout des
actions de type professionnel. Je crois...
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça peut cacher
bien des choses.
Mme Lajoie: Ça peut cacher bien des choses et on pourra...
Peut-être qu'on n'arrivera pas à tout dire aujourd'hui, on pourra
se revoir, mais, effectivement, au niveau de ia protection, il y a un
élément important, c'est qu'on doit garantir à la
population que, si leur santé est menacée, une Intervention
adéquate sera prise par rapport à des préoccupations
d'abord et avant tout de nature scientifique. Je pense que c'est la nuance
qu'il faut faire et les interventions de protection sont, soit de nature
urgente ou soit à plus long terme. Les liens qui devraient exister avec
la régie, en termes de protection, en termes d'urgence, devraient
être à ce moment-là un terme de support.
C'est-à-dire que les régies devraient voir à ce que les
services soient accessibles si des mesures doivent être prises, par
exemple, en situation d'urgence ou en situation demandant la protection. La
régie à ce moment-là, à l'aide de son
réseau, peut faire des interventions.
Les liens avec le ministère, ce qu'on retrouve de façon
générale, c'est que c'est un lien direct ou pratiquement direct
avec le ministre. La protection de la santé, c'est une
responsabilité qui se retrouve directement sur la table du ministre de
façon très fréquente, comme vous avez peut-être pu
en avoir l'expérience, en tout cas, je ne vous en souhaite pas beaucoup,
mais ça peut arriver. Donc, ça prend des moyens non seulement au
niveau local ou régional mais certainement au niveau provincial pour
s'assurer qu'il y ait une ligne, en particulier en termes de protection. Notre
recommandation, c'est qu'au niveau provincial vous soyez assisté d'un
chef de santé publique provincial.
M. Côté (Charlesbourg): Ça fait partie des
demandes. On n'en parle pas de celle-là, parce qu'elles sont là
très claires.
Mme Lajoie: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que je
continue. Il y a des points dans votre mémoire que je ne touche pas,
mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'intérêt pour
nous. Ce que je veux, c'est... et on l'a dit, quant à moi, dans le
système, il y a du doublement, il manque de
complémentarité et c'est davantage, là-dessus qu'on veut
tenter de poser nos questions. C'est pour ça qu'on va continuer dans le
même sens. On a des liens avec les CRSSS, avec le ministère et,
tantôt, c'était avec des CLSC. Par exemple, sur le plan de la
promotion de la prévention, quels sont les liens qui existent entre les
CLSC et les DSC à ce niveau-là? Ça m'apparait
extrêmement important. Aussi, par le fait même, avec les CRSSS
parce qu'ils sont eux-mêmes et ils seront éventuellement
très impliqués dans le processus.
La Présidente (Mme Marois): Dr Lessard. (12 heures)
M. Lessard: Je pense que les liens des DSC avec les CLSC sont
très importants, très nombreux et très vivants. Puis il y
a un historique à ça, c'est qu'au début des années
soixante-dix, quand on a créé le réseau, comme le
réseau des CLSC ne se développait pas comme prévu, on a
demandé aux départements de santé communautaire de prendre
ia relève et de rendre les services que les CLSC rendent
actuellement.
Mais, avec le temps et, surtout, à partir de 1983, la
dissociation s'est faite, le réseau des CLSC s'est créé et
les DSC ont continué d'agir comme support aux CLSC dans un ensemble de
programmes. Ce support et cette entente conjointe sont toujours vivants et
fonctionnent très bien dans la majorité des cas. Mais, si on
prend des exemples... prenons les maladies infectieuses où les CLSC sont
responsables de l'immunisation, de donner les vaccins aux individus dans fa
communauté. Ce ne sont pas les DSC qui le font mais, comme responsables
de la santé publique, Ils voient à ce que ce soit fait avec les
CLSC, s'assurent que les niveaux de couverture de la population soient valables
et, quand il y a des épidémies, on intervient.
Souvent, quand il y a des épidémies - pour ne pas dire
toujours - on intervient avec les CLSC qui, eux, ont conservé les
infirmières qui étaient dans les unités de santé
publique auparavant et qui ont été formées, avec le temps,
pour intervenir en cas d'épidémie avec le DSC. Alors, on agit
plus à titre d'experts, à ce moment-là. Mais il y a
d'autres problèmes. Prenons, par exemple, le problème du suicide.
Je pense qu'après avoir réalisé, comme d'autres, que le
suicide était présent chez les écoliers puis dans les
écoles secondaires et dans les cégeps, II y a, à partir...
Je vais vous donner un exemple concret. En réalisant qu'il y avait 400
tentatives de suicide par année à Laval, dont 33
décès... On a réalisé qu'à la salle
d'urgence, les gens qui se présentaient pour tentative de suicide
étaient très bien traités médicalement. Mais, en
regardant ce qui se passe, c'est qu'il n'y avait aucun suivi de ces
gens-là. On a regardé, dans la communauté, qui
était prêt à donner un coup de main pour prendre en charge
les gens qui faisaient des tentatives de suicide. On a réalisé
qu'à l'hôpital, il y avait des choses à faire, que les CLSC
étaient prêts à s'en mêler, un en particulier, qui
avait un plus grand intérêt. Il y avait des cliniques
privées qui étaient prêtes a s'en occuper et il y avait
aussi les commissions scolaires et le cégep qui étaient
prêts à faire de la prévention.
On a mis tout ce monde-là autour de la table et on a
travaillé à développer ensemble des programmes de
formation pour les professeurs sur quoi faire au niveau des écoles quand
il y a du suicide, comment tendre l'oreille et comment donner un coup de main.
Les cégeps, les CLSC ont décidé, eux aussi, de
sensibiliser leurs propres intervenants quand ils voient ce type de
patient-là, ce type de personne-là. Il y en a même un qui
s'est spécialisé pour les problèmes plus complexes des
suicidaires, de telle sorte qu'on en arrive ensemble à développer
quelque chose de nouveau qui répond aux besoins de la population, qui
répond à des problèmes très nouveaux rapidement,
mais avec l'ensemble des intervenants. Puis il n'y a aucune duplication, M. le
ministre. On ne peut pas se le permettre; on n'a pas d'argent pour
ça!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, je pense
que vous êtes très sérieux quand vous faites cette
affirmation-là. Vous en avez l'air, à tout le moins. Et je n'ai
pas raison d'en douter...
M. Lessard: Je ne comprends pas pourquoi vous en douteriez non
plus
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): On s'en reparlera.
M. Lessard: Avec plaisir.
M. Côté (Charlesbourg): II vaut mieux qu'on se parle
de ça dans le privé éventuellement, lors d'une rencontre,
parce qu'on devra se parler d'autre chose. Il y a un thème qui est
devenu très important, au cours de la commission parlementaire, qui est
celui de l'Imputabilité. C'est une partie de l'os qu'on a
vis-à-vis des régies régionales. Donc, rendre Imputables
les régies régionales aux centrales et à la population
locale. Je vais vous poser la question très simplement: D'après
vous autres, vous êtes imputables à qui?
La Présidente (Mme Marois): Dr Lajole ou M. Montpetit.
M. Montpetit: Je vous rappellerai qu'en vertu de la loi,
actuellement, c'est le CH qui a la responsabilité, qui assume la
responsabilité ou qui chapeaute l'exercice fait par le
département de santé communautaire. Comme ça fonctionne
actuellement, je veux dire, dans une relation normale avec le conseil
régional et ainsi de suite, il y a une Imputabilité, je pense,
qui est assurée, de fait, de facto, qui pourrait continuer exactement de
la môme façon, advenant la mise sur pied des régies
régionales.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'essaie de
comprendre, c'est, demain, comment est-ce qu'on va fonctionner? Parce que,
à partir de ce moment-là, si vous êtes imputables au
consefl d'administration du CH auquel vous êtes rattaché,
ça signifie que, sur le plan de vos choix fondamentaux dans les champs
où vous voulez oeuvrer, en termes de priorités, ça
signifie que le conseil d'administration a autorisé ces choix-là
que vous avez faits. Parce que, forcément, comme vous n'avez pas
beaucoup de budget, vous êtes obligés de faire des choix, à
ce que j'ai compris.
Donc, à ce moment-là, sur le plan de
l'imputabilité, ce que je comprends, c'est que c'est soumis au consefl
d'administration du centre hospitalier auquel vous êtes rattaché,
en termes de choix, et c'est de là que part l'Imputabilité du CH
vis-à-vis du réseau et du gouvernement, par la suite. C'est
ça?
M. Lessard: Oui. Si on regarde la façon dont les
priorités se sont établies, à date, dans les 32
départements de santé communautaire depuis 1983... Chacun des
départements de santé communautaire s'est établi un plan,
mais les priorités ont été choisies par des consultations
avec l'ensemble des intervenants de nos territoires Et co n'est qu'après
avoir choisi ces priorités avec l'ensemble de la population du
territoire que les plans ont été véhiculés au
conseil d'administration de l'hôpital. Je pense que c'est un type
d'imputabilité qui s'est fait.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Quel est le niveau
d'Implication des CRSSS dans ces choix de priorités?
M. Lessard: C'est pas mal intéressant. Ça a
été très variable. Je pense que, dans les régions,
les CRSSS étaient très Intéressés à ce
processus, ils ont participé et je pense que l'exemple le plus
intéressant, c'est celui de l'Estrie. Mais dans d'autres endroits, il
n'y a pas eu ce type d'intérêt qui s'est manifesté.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça dépend
uniquement du CRSSS.
M. Lessard: Non, je dis que l'intérêt ne s'est pas
manifesté.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Dr Lajoie.
Mme Lajoie: j'aimerais peut-être ajouter que la
priorisation que nous avons d'abord faite, c'était par rapport au
travail que, nous, nous avions à faire. je pense qu'il faut distinguer
des objectifs dont on s'est dotés pour faire notre travail en promotion
prévention des objectifs dont une régie pourrait se doter, qui
pourraient aller dans le même sens mais qui pourraient couvrir des
actions à d'autres niveaux. donc, ce que les dsc ont dit, c'est qu'avec
tous les problèmes qu'il y a et les ressources dont nous disposons, on
ne peut pas travailler, s'éparpiller et travailler sur 20 dossiers; il
faut choisir. c'est une démarche interne, de la même façon
qu'un centre hospitalier va devoir prioriser ses actions au niveau des
services. nous, on le fait par rapporta notre action.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends, mais il va
falloir que ça se fasse dans le cadre d'une planification
régionale ou, si on décentralise, il va falloir que le travail se
fasse en complémentarité et en parfaite harmonie avec le palier
régional qu'on déterminera éventuellement.
Mme Lajoie: Oui, effectivement, nous sommes tout à fait
d'accord. D'ailleurs, la démarche qui se fait ou qui est en train de se
faire, je pense, prouve exactement la volonté de collaboration. Ce qu'on
s'est dit, c'est: Dans le futur, que devront faire les DSC? Je crois que c'est
via les objectifs qui auront été déterminés tant au
niveau provincial que régional que l'action pourra être
orientée.
La Présidente (Mme Marois): Merci. M le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Direct au but. Que diriez-vous de relever du CRSSS
ou de la régie plutôt que d'un centre hospitalier puisque vous
parlez d'imputalibité à la région et, dans plusieurs
régies, il y aura seulement un département de santé
communautaire?
Mme Lajoie: Pour répondre à cette
question-là, je pense qu'il faut voir les avantages et les
désavantages d'être dans un endroit ou dans un autre. Il faut voir
aussi ce qu'on veut que la santé publique fasse. Si on conçoit la
santé publique comme ayant d'abord et avant tout un souci de voir
à ce qu'il se fasse de la protection, de la prévention et de la
promotion, on doit l'évaluer dans cette optique-là. Notre
évaluation - parce que je dois vous dire qu'on y a
réfléchi, on a regardé les différentes
hypothèses, ce n'est pas une question à laquelle on ne
s'attendait pas - quand on regarde les avantages qu'il pourrait y avoir
à être près d'une régie, ce serait notre
capacité d'influencer de façon plus directe les choix en termes
de planification, programmation, etc. Les contraintes qu'il pourrait y avoir,
ce serait qu'on nous perçoive comme étant davantage bureaucrates
que responsables des services et notre pénétration dans le milieu
pourrait en être affectée.
M. Chevrette: Sauf qu'un centre hospitalier est une corporation
autonome, avec tous les pouvoirs, toutes les juridictions qui sont
accordés à une corporation autonome. Moi, je me souviens, j'ai
été ministre de la Santé, un an, je n'étais
même pas capable d'influencer le changement de vocation d'un centre
hospitalier qui faisait du dédoublement dans un territoire et ça
s'est ramassé jusqu'en Cour suprême quasiment. Comment voulez vous
qu'un DSC qui est responsable d'une communauté régionale, s'il
relève d'une corporation autonome spécifique, ait cette dimension
ou cette vision obligatoire de toute la communauté régionale?
Mme Lajoie: Je pense que ce qu'on doit illustrer, ce sont les
conditions dans lesquelles ça s'est réalisé et, quel que
soit l'endroit où on est, ce sont des conditions qu'on devra être
capables de retrouver, les conditions d'exercice de la santé publique.
Je pense que ces conditions, nous les avons retrouvées dans les CH et,
si le choix était de dire: On choisit de mettre la santé publique
dans les régies en évaluant bien les avantages et les
désavantages, ce sont des conditions qui devraient se retrouver,
c'est-à-dire la capacité de faire notre travail, la
capacité d'être près des populations, une
responsabilisation, donc une identité très claire que c'est le
travail du DSC et que ce n'est pas un travail de planification. C'est un
travail d'action de la santé publique.
La Présidente (Mme Marois): Dr Lessard.
M. Lessard: Je pense qu'il y avait une
réponse un peu, aussi, directe, c'est que si on a le choix entre
être près de la planification et être près de
l'action, on préfère être près de l'action.
M. Chevrette: Oui, ça, je savais votre réponse; je
vous l'ai demandé la dernière fois que vous êtes
passé devant moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est pour ça que je l'ai demandé
à elle. D'ailleurs, si vous vous rappelez, quand vous êtes
passé, il y avait deux groupes qui avaient passé avant vous:
c'était l'Abitibi et c'était le Saguenay-Côte-Nord.
M. Lessard: Baie-Comeau.
M. Chevrette: Baie-Comeau, oui. La région du Saguenay, ils
avaient dit précisément que leurs départements de
santé communautaire étaient reliés au CRSSS, eux autres.
Vous vous rappellerez que je vous ai posé la question. Je reconnais les
binettes et je me rappelle même de leurs paroles.
M. Lessard: Oui. Vous vous rappelez aussi de notre
réponse, monsieur?
M. Chevrette: Ceci dit, j'ai une autre question. Pardon?
M. Lessard: Vous vous rappelez aussi de notre réponse?
M. Chevrette: Oui, oui. Deuxième question que j'ai
à poser là-dessus, c'est que vous demandez de... Vous ne vous
êtes pas prononcés sur l'abolition de 10 DSC sur 32. Quelle est
votre réaction?
La Présidente (Mme Marois): M. Montpetit.
M. Montpetit: Je vous dirai, monsieur, que nous nous sommes
prononcés, dans le mémoire, au moment - et si ma mémoire
est fidèle, c'est à l'avant-dernière page - où on
vous énonce: Advenant la nécessité de revoir le nombre,
certains critères qui pourraient être utilisés, par
opposition à ce qui a été annoncé lors des
orientations ministérielles et qui a traumatisé le réseau
de la santé communautaire de 32 à 22, sans qu'il n'y ait aucun
critère d'énoncé nulle part. Je pense que c'est l'effort
que le réseau fait pour vous dire: Si le gouvernement doit et veut
absolument revoir sa répartition des ressources en santé
communautaire, voici quelques critères qui sont - je n'ose pas dire un
peu plus sérieux - un peu mieux étoffés en regard d'une
redistribution potentielle.
M. Chevrette: Je vous offre l'opportunité d'en
énoncer quelques-uns, critères. Je vous offre
l'opportunité d'énoncer certains critères positifs;
faites-le donc.
La Présidente (Mme Marois): Dr Lajoie.
M. Montpetit: Si vous me le permettez, |e vais demander à
M. Lefebvre.
La Présidente (Mme Marois): M. Lefebvre.
M. Lefebvre (Gilles): M. Chevrette, en plus des critères
de population qui sont différents dans les milieux à haute
concentration comme Montréal et Québec par rapport aux milieux
périphériques, les chefs de DSC nous ont soulevé que
certaines régions ont des problèmes particuliers plus importants,
de façon à ce que nous atteignions un per capita ajusté
aux réalités locales. Alors, il n'y a pas le même type de
préoccupations dans l'Est de Montréal, où I y a un haut
taux d'industrialisation avec son véhicule de santé
reliés, que dans une région comme l'Outaouais où
l'industrialisation est présente mais moins évidente. Les
problèmes sont différents. Nous avons donc adopté une
forme de per capita qui doit être ajustée d'autres critères
qualitatifs.
M. Chevrette: Là-dessus, je partage votre point de vue. On
doit tenir compte du facteur éloignement...
M. Lefebvre (Gilles): Exactement.
M. Chevrette:... du facteur déplacement, du facteur aussi
concentration très dense autour, puis, déjà, les autres
ressources du milieu aussi, ça doit jouer aussi.
M. Lefebvre (Gilles): Exactement. Grandeur du territoire.
M. Chevrette: D'accord. Question qui m'a intrigué. Vous
avez dit tantôt, au niveau de votre énoncé, que vous aviez
appris à connaître la mobilisation des populations. Je ne sais pas
si j'ai mal compris, mais c'est ce que j'ai marqué comme note:
mobilisation des populations. Et, à la page 12 de votre mémoire,
j'avais lu ceci: "La production de mémoires et d'avis concernant les
principaux enjeux en santé environnementale au Québec... " Donc,
je me suis rendu compte que, de plus en plus, les départements de
santé communautaire étaient appelés à se prononcer
sur différents aspects de la qualité de l'environnement.
Ça a été le cas à Saint-Jean-sur-Richelieu, si ma
mémoire est fidèle. Ça a été le cas à
Beauport, que vous marquez. Ça a été le cas
dernièrement à Joliette, la Cimenterie Saint-Laurent, qui est la
même compagnie, d'ailleurs, qu'à Beauport. Ma question est la
suivante: Comment expliquez-vous... Ça ne fait pas partie,
entre vous et moi, des mémoires mais ça fait partie du
travail ou de la conception que peut se faire un département de
santé communautaire, et c'est pour ça que je vous adresse la
question. Comment concevez-vous votre travail vis-à-vis la mobilisation
de la population dans un dossier aussi Important, par exemple, que
l'élimination des BPC? Comment vous concevez votre travail? Parce qu'on
vous reproche, à Saint-Jean d'avoir été un an en retard;
on vous reproche, à Joliette, d'avoir exigé moins que les
élus municipaux; on vous reproche, à différents endroits,
d'être à la remorque des groupes structurés. Comment
concevez-vous votre rôle, comme membres d'un département de
santé communautaire, parce que vous êtes responsables
fondamentalement de la santé et vous dites que vous avez enfin
découvert... vous avez découvert la mobilisation des populations,
donc, comment vous vous situez dans ça, a posteriori, a priori ou en
accompagnement? (12 h 15)
La Présidente (Mme Marois): Dr Lajoie.
Mme Lajoie: ii y a deux aspects que je dois regarder. quand on
parle de mobilisation, vous l'adressez aux problèmes environnementaux,
mais on signifiait aussi la capacité de voir à ce que des
populations, des organismes ou des individus embarquent dans des
activités de promotion de santé. donc ça pourrait autant
être capables de cesser de fumer ou de s'assurer que des sites dangereux
soient modifiés. en tout cas, ii pourrait y avoir plusieurs
exemples.
Quand vous parlez par rapport à la protection, parce que ce que
vous mentionnez c'est une préoccupation de protection de la santé
publique, là, notre intervention doit être basée, d'abord
et avant tout, sur la qualité de nos données scientifiques.
Là-dessus, les perceptions que les gens peuvent avoir, c'est qu'on n'est
pas là pour mobiliser les gens pour faire de l'action communautaire pour
de l'action communautaire. Nous sommes là pour assurer la protection de
la santé publique avec le maximum de données et les meilleures
informations disponibles. S'il faut, pour faire modifier des mesures, par
exemple, comme faire modifier une législation, s'il faut aller chercher
l'appui d'une population, l'appui de députés, on appelle
ça de la mobilisation, nous allons le faire. Mais si ce n'est pas ce
type d'action qu'il faut faire, s'il faut faire d'autres types d'interventions,
nous allons prendre d'autres mesures. Mais le critère fondamental, en
protection de la santé, c'est de s'assurer que les mesures qui seront
prises, que ce soit les bonnes mesures, que les gens aient la perception, qu'on
soit pour ou contre. Je ne sais pas si d'autres ont...
M. Chevrette: Votre réponse commande un commentaire de ma
part. Je vais vous le faire comme citoyen qui a vécu un problème.
J'ai eu l'impression - le problème que j'ai vécu chez nous - que
le département de santé communautaire était un aviseur
scientifique et non pas un groupe qui faisait cheminer une population. Si bien
que, dans mon milieu, si j'avais une conclusion à tirer, c'est que le
département de santé communautaire, à partir de
connaissances scientifiques que je n'avais pas, ou que d'autres citoyens
n'avaient pas, a été un aviseur pour une compagnie, alors qu'il
m'apparaissait qu'un département de santé communautaire, s'il
avait raison, à partir des données scientifiques qu'il
détenait, c'était de faire cheminer une population, la
sécuriser plutôt que de passer comme une caution pour une
compagnie. Et c'est ça, je pense, qui a détruit le rôle du
département de santé communautaire sur un territoire.
Vous ne croyez pas fondamental, comme clé de voûte, pour
votre travail auprès de la communauté, de vous adresser toujours
à la collectivité et de la faire cheminer dans votre cheminement
au lieu d'être une caution pour une compagnie éventuellement.
La Présidente (Mme Marois): Dr Lessard.
M. Lessard: M. Chevrette, c'est une question, en tout cas,
extrêmement pertinente, et le département de santé
communautaire ne peut pas faire fi des perceptions des gens par rapport
à ce qu'il fait. Je pense que c'est à ça que vous
faites... Notre préoccupation est de donner à la population la
meilleure information scientifique possible pour qu'elle se fasse son
idée. Quand on parle de travail avec la population, c'est surtout en
termes d'information de la population pour qu'elle décide. Moi, ce n'est
pas la perception que j'avais, en tout cas de ce qui s'est passé
à Joliette, et quand on regarde les autres exemples comme Saint-Jean sur
le Richelieu en particulier, je pense que le travail du département de
santé communautaire, à cet endroit-là, parce que je le
connais mieux, que ce qui s'est passé dernièrement à
Joliette, a vraiment été d'informer la population, les dirigeants
sur ce qu'il y avait à faire pour protéger les enfants qui
étaient touchés par le problème du plomb. Je pense que la
communauté l'a compris et je pense qu'ils ont supporté le
département de santé communautaire dans ses démarches.
Notre rôle est de donner la meilleure information possible au public. Il
faut l'expliquer, il faut informer les gens, il faut les sensibiliser aux
dangers, aux avantages et aux inconvénients, mais il faut comprendre que
ces dossiers sont rendus des dossiers qui sont très, rappelons-le,
difficiles, parce que, souvent, les gens se font a priori des idées sur
ce que ça doit être, sans avoir l'information, et il y a des
accusations qui peuvent être envoyées mais qui ne sont pas
toujours supportées.
M. Chevrette: Non, mais pour avoir un rayonnement dans un milieu,
vous savez très bien
que le rayonnement est basé sur la crédibilité.
M. Lessard: Exact
M. Chevrette: Donc, il faut se bâtir une
crédibilité pour avoir du rayonnement, d'accord? C'est une
vérité de La Palice. Si vous coupez votre
crédibilité, non pas sur le fond, en vertu des connaissances que
vous détenez, mais en vertu de la démarche que vous faites,
rajustez votre tir sur la démarche, n'est-ce pas?
M. Lessard: Mais, si vous nous permettez, sur la question de
l'environnement, il faut dire que l'implication, les problèmes qui
concernent l'environnement et la santé sont d'apparition publique plus
récente, que l'expertise au Québec, dans ce sens-là,
commence à se développer. Nous en avons développé
beaucoup le plus rapidement possible; il y a encore des possibilités
pour développer davantage d'expertise en santé environnementale
et, là-dessus, je pense qu'il y a des discussions qui ont
été ouvertes avec le ministère pour faciliter ce
développement-là.
M. Chevrette: Mord. Mol, |o ponso que... La Présidente
(Mme Marois): Ça va?
M. Chevrette: ...vous avez un rôle important au niveau de
la collectivité puis, avec le souci et l'éveil des populations
quant à sa santé, qu'on regarde le tabac, qu'on regarde
l'alcoolisme, qu'on regarde l'environnement en général, vous
aurez un rôle extrêmement important à jouer auprès de
collectivités bien identifiées et j'espère qu'on vous
adjoindra des ressources pour apprendre à faire cheminer des gens d'une
façon correcte avec... conformément au rôle que vous avez
à jouer pour conserver cette crédibilité scientifique.
La Présidente (Mme Marois): Merci M le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Ce que je
comprends, c'est qu'il nous reste encore du travail à faire et on
cheminera au cours du mois de mai, avant même que les décisions
finales se prennent, souhaitant qu'on comprenne bien que c'est le
bénéficiaire qui, pour nous, est au centre de nos
préoccupations et - j'ai compris - aussi pour vous, et que la
complémentarité commence à faire son chemin, ce qui est
très intéressant. Merci.
Mme Lajoie: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation aux membres de la commission.
J'inviterais maintenant les personnes représentant l'Association
des centres d'accueil privés autofinancés, s'il vous plaît,
à bien vouloir venir prendre place.
Bienvenue à la commission. Vous avez entendu un peu nos
règles du jeu: présentation du mémoire; ensuite,
échange avec les membres de la commission. Si vous êtes capables
de resserrer un petit peu votre présentation, on a un petit peu de temps
à rattraper. Je ne voudrais pas que ça vous desserve, mais, si
c'était possible de la ramasser, ça faciliterait notre
tâche par la suite. Merci.
Association des centres d'accueil privés
autofinancés
M. Bisaillon (André): Merci, Mme la Présidente. M.
le ministre, distingués membres de la commission, il nous fait plaisir,
aujourd'hui, d'être présents pour vous présenter nos
réflexions et nos commentaires sur l'avant-projet de loi portant sur la
santé et les services sociaux, particulièrement en ce qui a trait
à notre réseau privé autofinancé.
L'Association, qui existe depuis 1985, a eu, au cours des années
1987, 1988 et 1989, à avoir des rencontres fréquentes avec les
dirigeants du ministère, où l'on a eu l'occasion, effectivement,
d'échanger sur l'approche, tant des permis de centres d'accueil
privés autofinancés, et on ose espérer que les discussions
qu'on a eges ensemble ont permis d'apporter certains éclaircissements
sur les orientations.
Il est évident que les centres d'accueil privés
autofinancés ont connu, au cours des années...
La Présidente (Mme Marois): Je vais vous
arrêter.
M. Bisaillon: Oui.
La Présidente (Mme Marois): J'aimerais que vous vous
présentiez et que vous...
M. Bisaillon: Je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): ...présentiez les
personnes qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
M. Bisaillon: À ma gauche, Mme Suzanne Gaudet, du Manoir
Soleil de Chambly, secrétaire-trésorière de l'Association;
Mme Marie-Claire Lamontagne, vice-présidente de l'Association, du foyer
Jean XXIII de Montréal, et moi-même, André Bisaillon,
président de l'Association, du Manoir de Caroline inc. de Rimouski.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bisaillon: Alors, je disais donc que les centres d'accueil
privés autofinancés n'hébergent pas nécessairement
une clientèle différente de
celle du réseau public. On n'a pas la prétention de
vouloir être concurrentiels. Mais, dans l'ensemble de nos revendications
qu'on a faites au cours des dernières années, ce que l'on a
toujours voulu, c'est être vraiment considérés comme des
partenaires à part entière du réseau. Car une partie
importante des services que nous offrons à la clientèle des
personnes aînées relève, effectivement, des services de
santé.
On répond présentement à un besoin qui est de plus
en plus difficile à combler par le réseau public. Sans que la
clientèle soit nécessairement et obligatoirement alitée,
il n'empêche que les personnes âgées et les
aînés dans nos établissements nécessitent, de plus
en plus, des soins d'assistance et des soins médicaux, et demandent une
protection et une sécurité. Nous considérons que nous
avons été, jusqu'à aujourd'hui, en marge du réseau,
ne comptant que sur la collaboration très restreinte de certains
intervenants. Et, je dirais, en comptant beaucoup plus selon le bon vouloir des
personnes en place.
Dans l'avant-projet de loi, nous nous réjouissons qu'il y ait
deux grands principes qui aient été maintenus. Toute notre
argumentation est également basée sur ces deux grands principes,
à savoir: l'accessibilité universelle au niveau des soins et le
libre choix du bénéficiaire. Il est évident que la
réforme, présentement, paraît d'emblée
préserver certains acquis et reconnaît la nécessité
d'un tournant important dans la réorganisation des soins de santé
et des soins de services sociaux et ce, malgré le difficile choix des
priorisations que les élus doivent faire, tout en tenant compte des
coûts qu'engendrent de tels services.
Nous partageons d'emblée les orientations et les modifications
mises de l'avant et nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction la
reconnaissance et la place que semble vouloir faire le gouvernement aux
établissements privés autofinancés. Je dis "semble" parce
que, bon, on nous définit comme établissement, on nous nomme
comme établissement, mais on ne fait pas le lien à
l'intérieur de l'avant-projet de loi. Nommément on le voit au
niveau de notre absence au sein des régies régionales, où
on nous place ni dans les établissements privés, ni dans les
organismes communautaires, ni dans les groupes socio-économiques. Et
pourtant, nous sommes des établissements, centres d'accueil
d'hébergement, tels que définis dans la loi. Alors, nous croyons,
en tant qu'établissement privé, qu'on devrait avoir place
à l'intérieur de la catégorie des établissements
privés, à l'intérieur de la Régie, car nous
participons également à l'activité des aînés
dans chacune de nos localités respectives et au niveau régional
également.
Nous croyons aussi que les pouvoirs de la Régie devraient
être étendus à la participation du contrôle de la
qualité, et également au niveau de l'émission et du
renouvellement des permis des établissements, qu'ils soient
privés ou publics. bon, évidemment, si je parle ici en tant
qu'établissement privé, c'est sûr que si le
ministère a des effectifs réduits quant au contrôle de la
qualité - pour voir si, effectivement, les services sont rendus au
niveau d'un établissement, si l'établissement est conforme - je
pense que, bon, les crsss qu'on a présentement sont sûrement
d'emblée les personnes les mieux placées pour voir au niveau
régional. ça permettrait également d'avoir un meilleur
contrôle sur les établissements ou sur les résidences qui
ne détiennent pas de permis et/ou qui donnent des soins d'assistance
sans obtenir de permis de centre d'accueil ou, encore, qui ne donnent pas les
soins que requiert l'état de leurs résidants. (12 h 30)
Au niveau des permis, permettez-moi d'élaborer quelque peu
là-dessus. Dans la loi, c'est très clair, nul ne peut
opérer un établissement s'il ne détient de permis
d'opération émis par le ministère de la Santé et
des Services sociaux. Malgré la volonté à peine
balbutiée d'assister
Nous avons tous été grandement déçus de
constater qu'il n'y avait aucune modification par rapport au traitement
réservé à certains de nos bénéficiaires Et
là, je fais particulièrement allusion à l'article 375 du
Règlement d'application de la loi sur les services, qui stipule que les
personnes âgées qui ne reçoivent que leur plein
supplément de sécurité de la vieillesse et qui sont
hébergées dans un centre d'accueil privé
autofinancé ne sont pas admissibles ni aux menues dépenses ni aux
besoins spéciaux. et on stipule de façon très
précise, à l'article 375: "...l'expression "centre d'accueil" ne
s'étend pas à un centre d'accueil qui fontionne sans avoir
recours à des sommes d'argent provenant du fonds consolidé du
ministère du revenu". et à notre avis, cela contrevient
carrément à la section ii de la loi sur l'aide sociale, les
privant ainsi du droit à l'exonération concernant les menues
dépenses et les besoins spéciaux car il est faux de
prétendre que les bénéficiaires ou les personnes
âgées ayant des moyens financiers choisissent exclusivement les
centres d'accueil privés autofinancés. je ferai
référence, m le ministre, à un document que nous avons
déposé en avril 1988, où on faisait l'inventaire des
ressources au niveau de nos établissements membres de l'association on
obtenait une moyenne de 33 1/3 % de la clientèle hébergée
en centre d'accueil privé autofinancé qui ne détenait que
le plein supplément de sécurité de vieillesse. et avec cet
argent, l'établissement doit assurer le gîte et donner les soins
requis à l'état du bénéficiaire. nous aurions
aimé voir cette anomalie corrigée par rapport aux personnes
âgées, car on a nettement l'impression qu'on considère,
à ce moment-là, les personnes hébergées dans les
centres d'accueil privés autofinancés comme des citoyens de
deuxième ordre.
Quant à la privatisation à long terme, des services de
santé, un des objectifs visés lors de l'introduction des
établissements privés autofinancés dans le système
de la santé était certes pour l'État de réaliser
des économies importantes. A la lumière de l'expertise et de
l'expérience vécue par et avec les centres d'accueil
privés autofinancés, il nous apparaît opportun pour le
gouvernement de pouvoir composer avec les ressources que nous sommes, afin
d'atteindre ces objectifs de gérer à moindre coût. Ce sont
également des éléments à propos desquels nous avons
eu à discuter avec la direction de l'hébergement depuis
maintenant près de deux ans et demi. Déjà, passablement de
chemin a été fait à ce niveau-là. Nous sommes,
quant à nous, disposés à accroître cette
collaboration, en offrant notre disponibilité à répondre
efficacement aux besoins que le réseau ne peut combler.
L'utilisation du secteur privé autofinancé tiendrait
compte des facteurs suivants, toujours dans le cadre d'un
réaménagement et d'une utilisation à moindre coût:
ça pourrait apporter ou aider à apporter une économie au
trésor public; il y a l'avantage d'accélérer la
disponibilité des services; l'intégration des services
privés au réseau, que nous demandons déjà depuis
plusieurs années; participation intégrée aux instances
régionales, quo nous roquerons également depuis plusieurs
années; et surtout, un contrôle de la qualité des soins
prodigués aux bénéficiaires Parce que le fait de demander
d'être intégré au réseau et de regarder les
possibilités d'assistance financière, dans notre esprit, ne nous
élimine pas du contrôle de la qualité des soins offerts. Et
nous sommes tout disposés à considérer tous les
éléments possibles, en ce qui concerne une éventuelle
supervision au niveau des soins requis et donnés aux
bénéficiaires
Or, il est de notre avis qu'il serait économique pour le
gouvernement d'utiliser les centres d'accueil privés autofinancés
et surtout d'aider les personnes âgées à s'héberger
dans nos établissements. Selon notre façon de voir, H ne s'agit
pas de devenir des centres d'accueil privés conventionnés, mais
bien de permettre aux personnes âgées de recevoir de l'assistance
financière pour pouvoir recevoir les soins requis par leur état
Puisque le bénéficiaire conserve d'abord et avant tout son libre
choix, et qu'il est de la responsabilité de l'État d'assumer le
coût des heures-soins qu'occasionne son hébergement, nous
suggérons alors qu'une assistance financière pourrait commenter
deux volets: une assistance aux heures-soins et une assistance à la
perte d'autonomie. Les membres de l'Association des centres d'accueil
privés autofinancés conçoivent qu'il est de leur
responsabilité d'assumer à même le coût de
l'hébergement la première heure-soins requise par le
bénéficiaire. L'assistance financière, donc, porterait
essentiellement sur tout excédent des heures requises, mais pour chacun
des bénéficiaires concernés, et non pas par rapport
à la totalité des bénéficiaires de
rétablissement. Et ce, tant et aussi longtemps que le
bénéficiaire est hébergé dans nos
établissements. Nous sommes disposés à collaborer à
la mise en place de moyens de contrôle, afin de s'assurer que les sommes
versées correspondent vraiment aux heures-soins requises et que les
services sont effectivement offerts et rendus. Le Conseil régional de la
santé et des services sociaux, quant à nous, pourrait fort bien
être l'organisme désigné à cet effet.
Comme nous ne nous soustrayons pas non plus, au fil du temps, à
l'alourdissement de notre clientèle, de plus en plus, les demandes
d'admission requièrent une plus grande contribution de notre part pour
assumer les soins requis. Il y a aussi un autre volet. Le fait que les
personnes qui sont hébergées dans nos établissements,
même si elles requièrent des heures-soins, lorsque l'on fait une
demande de placement ou une demande de diriger le bénéficiaire
dans un établissement qui pourrait mieux répondre à son
besoin, on nous fait réponse qu'effectivement, comme il a
déjà un gîte et qu'il reçoit des soins, le placement
n'est pas urgent. Donc, alourdissement de la clientèle par
l'intérieur, accroissement des coûts, etc Même si nous
croyons que bon nombre de nos établissements ont les Infrastructures
nécessaires pour permettre de recevoir
cette clientèle en perte d'autonomie, puisqu'ils répondent
déjà aux normes exigées, il y aura toujours des gens pour
dire qu'il y a deux types de centres d'accueil privés
autofinancés. C'est-à-dire, le centre d'accueil privé de
soutien et le centre d'accueil d'hébergement pour recevoir une
clientèle en lourde perte ou en plus grande perte d'autonomie. Nous
pensons qu'à ce niveau-là, en ce qui concerne l'émission
des permis, il devrait y avoir une cotation qui qualifierait le centre
d'accueil avec une clientèle par rapport aux heures-soins. Il est
évident que nous attendons et que nous souhaitons même que
certains mécanismes soient mis sur pied pour s'assurer que les services
offerts soient de qualité et correspondent aux besoins requis. Car on a
la prétention, même dans les centres d'accueil privés
autofinancés, d'offrir des services de qualité à nos
personnes hébergées.
L'Intégration au réseau. Nous profitons de
l'opportunité de l'avant-projet de loi pour réitérer notre
demande des années 1985, 1986, 1987, 1988 et 1989, c'est-à-dire:
participer aux différentes commissions administratives des CRSSS, aux
tables de concertation, aux comités d'admission et d'orientation et
également, avoir davantage de collaboration de la part des intervenants
du réseau par rapport à la reconnaissance de nos
établissements. Je dois dire qu'on a obtenu, au fil des dernières
années, énormément de collaboration de la part de la
Direction de l'hébergement et des services de longue durée du
ministère. Également, les dirigeants des CRSSS 06A et 06B ont
montré beaucoup d'ouverture en collaborant avec notre réseau.
Tout ce qui précède dans le mémoire que nous avons
déposé sous-tend une relative harmonie entre le secteur public et
le secteur privé. Une volonté politique est nécessaire,
voire indispensable, si l'on désire que les CAPA participent vraiment
à la réforme et qu'ils continuent à donner des soins
à nos aîné(e)s.
En conclusion, Mme la Présidente, je vous dirais que notre
organisme regroupe des gens de bonne volonté, qui sont désireux
de participer étroitement au développement des services de
santé et des services sociaux au Québec, et non pas de demeurer
simples spectateurs. Que nous réserve l'avenir face à
l'accroissement de la population âgée? Est-ce que la
capacité du gouvernement, et de toute la collectivité, d'assumer
le coût du vieillissement sera aussi forte dans quelques années
qu'elle peut l'être maintenant? Quelle est notre capacité
d'investir dans la construction et l'aménagement de nouveaux centres
d'accueil publics? Quelles seront les attentes des personnes âgées
en l'an 2000? Voilà autant de questions auxquelles il nous reste
à répondre. Mais en même temps, se questionner, c'est aussi
y répondre. C'est pourquoi les CAPA privilégient l'utilisation
maximum des centres d'accueil privés autofinancés comme
réponse aux besoins pressants et immédiats du gouvernement.
Aux besoins pressants et immédiats du réseau,
également, parce qu'on sait que les aînés en perte
d'autonomie et présentement en attente de placement sont de plus en plus
nombreux. Le tout, évidemment, devrait se faire en harmonie, avec
l'agrément des autorités du ministère et des divers
intervenants de l'actuel réseau de la santé et des services
sociaux.
Mme la Présidente, j'ai essayé de faire le plus rapidement
possible pour résumer un peu le mémoire, et je suis disponible
pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Marois): Merci. M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. Si mes souvenirs sont bons, lorsque nous avons
discuté avec le député de Joliette, de votre participation
à la commission parlementaire, on disait: II nous manque un volet de
l'ensemble du réseau, et c'est celui-là. C'est avec plaisir que
nous vous accueillons ce matin. Si mon souvenir est bon, à
l'époque, on avait évalué à 4000 ou 4500 le nombre
de personnes hébergées dans vos établissements. Est-ce que
c'est toujours le cas?
M. Bisaillon: L'ensemble du réseau privé
autofinancé couvre environ 4000 lits, effectivement. Au niveau de
l'Association, nous représentons entre 2500 et 2800 personnes
hébergées.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'il y a des
statistiques sur la moyenne d'âge des gens hébergés chez
vous?
M. Bisaillon: C'est 80,5.
M. Côté (Charlesbourg): 80 .
M. Bisaillon: C'est 80,5 ans. En 1987, l'évaluation des
bénéficiaires...
M. Côté (Charlesbourg): 80,5...
M. Bisaillon: ...que nous avons transmise au ministère,
d'ailleurs, donne effectivement une moyenne de tout près de 82 ans,
à l'époque.
M. Côté (Charlesbourg): Quel est le taux de rotation
des gens qui sont chez vous? On sait que dans le réseau des centres
d'accueil publics, c'est 25 % annuellement. Est-ce que vous avez ces
statistiques-là?
M. Bisaillon: Je dirais que ça varie selon les
régions et selon aussi - je devrais l'ajouter, je pense, entre
guillemets - la capacité qu'ont les gens de payer. Le taux de roulement
au niveau de nos établissements est beaucoup plus élevé
que celui du réseau public compte tenu que pour eux, bon, il y a une
partie de la clientèle qui est
quand même autonome, semi-autonome. Or, quand on est rendu
à 82, 88, 90 ans, la perte d'autonomie est beaucoup plus brutale et
beaucoup plus rapide. Or, le roulement de la clientèle dépasse
les 40 %.
M. Côté (Charlesbourg): Quand je vous écoute
présenter votre mémoire et que je le relis, personnellement, je
le trouve sympathique. Ça n'engage personne d'autre. On a dit qu'il
fallait faire de la place au secteur privé, et j'y crois, moi aussi.
Cependant, il y a des Inquiétudes vis-à-vis du privé,
justifiées ou pas. Ce qui m'effraie le plus, ce temps-ci, c'est qu'il ne
se passe pas une journée où il n'y a pas un vendeur qui vienne me
dire qu'il est en parfaite harmonie avec ce qu'on a dit, qu'il a trouvé
la solution et qu'il est prêt à bâtir demain et, s'il vous
plaît, partout sur le territoire. Je pense que si on donnait notre
accord, dans trois mois, il n'y aurait plus de problème, au
Québec, il y aura de la place pour tout le monde. Ça, ça
m'inquiète un peu parce que, vous le dites dans votre mémoire, il
nous faut tenir compte de la qualité des services donnés à
la personne. Quand vous êtes privé autofinancé, ça
veut dire que c'est le bénéficiaire qui est à
l'intérieur qui paie. Si tu es privé, tu ne fais pas ça
pour les beaux yeux de celui que tu reçois. Bien sûr qu'il y a des
considérations. Il y a des gens pour qui, parmi vous autres, c'est
certainement une mission que de le faire; parce que ça ne doit pas
toujours être rose sur le plan financier non plus. Sauf qu'au bout de la
ligne, privé autofinancé, c'est quand même lucratif. Et
ça, dans la discussion au niveau de la commission, il y a toujours eu
une tendance à dévier, en disant: Bah! Évidemment, le
privé, c'est la solution à tout, mais l'objectif premier du
privé, c'est l'argent, c'est de faire de l'argent. Vous répondez
quoi, à ça, par rapport à votre vécu? Parce que
c'est peut-être l'endroit idéal pour être capable de...
Est-ce que c'est ça, l'objectif premier, faire de l'argent? Et si c'est
ça, évidemment, comment ça devient compatible avec
l'hébergement de personnes âgées à qui on doit
donner des soins? (12 h 45)
M. Bisaillon: Je dirai, M. le ministre, qu'on a le même
langage que le ministère, à ce niveau-là. Il y a quelques
années, les établissements fonctionnaient avec beaucoup de
déficit. On a parlé d'équilibre budgétaire, faisant
en sorte que les sommes d'argent versées aux établissements,
même au niveau des centres d'accueil pour personnes âgées...
Ces centres d'accueil devaient s'autofinancer avec le budget qu'on leur
accordait. Pourtant, ils sont à but non lucratif. L'établissement
public s'autofinance aussi avec des lits non comblés. C'est sûr
qu'il n'y a personne, dans nos organisations, qui est philanthrope. Je ne
connais personne, dans aucune entreprise, qui va investir pour faire des pertes
à chaque année. Sauf que, quand on regarde... On partage votre
inquiétude, soit dit en passant, par rapport aux demandes de
construction d'établissements; parce que de toute façon,
même si le ministère dit non, il s'en construit quand môme.
Ça aussi, ça nous inquiète. Ça inquiète
parce que ça met en péril les établissements
déjà existants.
C'est sûr que ça a toujours fatigué, le fait que
nous soyons à but lucratif. Mais vous savez, demain matin, on peut avoir
le môme permis au niveau de la corporation à but non lucratif, de
la corporation qui donne les soins, et aller chercher nos profits par le biais
d'une propriété d'immeuble. Je pense que ce qui
différencie nos établissements par rapport à d'autres,
c'est la nature des services qu'on offre à la clientèle. Vous
savez, nous, ce qui nous inquiète, c'est de voir qu'il y a des centres
d'accueil qui ferment leurs portes, parce qu'ils ne sont pas capables,
budgétairement, d'arriver. Ce qui nous inquiète aussi, c'est de
voir que, dans certaines résidences, on offre les services à
rabais. Parce qu'on dit à un moment donné: Ça nous prend
une clientèle plus autonome, parce que s'il y a une perte d'autonomie,
ça va coûter trop cher, et on va être obligés de
fermer nos portes.
Il faut dire que notre souci premier est, je pense, de plus en plus, les
gens qui oeuvrent dans les centres d'accueil privés autofinancés.
Ce sont des gens qui ont déjà oeuvré dans le
réseau; c'est aussi une question, je pense, de vocation personnelle.
C'est sûr qu'on ne peut pas se permettre... Comme toute personne,
ça lui prend un salaire raisonnable, à un moment donné,
pour rencontrer ses obligations d'hypothèque de maison, payer son
alimentation à tous les jours. Elle aussi est à but lucratif dans
son travail. Ça fait partie de notre travail, c'est notre quotidien.
Sauf que notre quotidien est aussi de donner des services à une
clientèle qui a des besoins. Parce que, vous savez, peu importe que la
personne ait les cheveux blancs, les cheveux gris ou pas de cheveux du tout,
elle a des besoins tout le long de sa vie. Souvent, comme personne
aînée, elle a beaucoup d'insécurité. Quand elle
choisit notre établissement, elle le choisit pour certains de ses
principes, certains de ses goûts particuliers, aussi, et on essaie de les
satisfaire.
Quand on dit qu'un établissement privé est à but
lucratif, bon, "ça fait de l'argent sur le dos du monde". Dans le fond,
c'est ça, le préjugé défavorable qu'il y a envers
l'entreprise privée. Je pense que ce sont des préjugés
qu'il faut effectivement démystifier. Parce que tout le monde, dans le
fond, fait son argent, ou fait de l'argent, d'une façon qui lui est
propre, entre guillemets. Quand on ferme des lits dans un établissement
pour permettre aux travailleurs de prendre leurs vacances, quand on ferme des
lits dans un établissement pour boucler le budget, on fait de l'argent
sur le dos de qui? Quand un établissement a un permis de 100 lits et
qu'on comble 80 lits ou qu'on fonctionne avec 80 ou 85
bénéficiaires pour boucler son budget, l'économie
se fait sur le dos de quoi? Quand - et Je m'excuse - le ministère
ne bouge pas sur l'émission des permis de centres d'accueil
privés, ou sur le contrôle des établissements, et permet
à des établissements de donner des services à des
clientèles en grande perte d'autonomie, il fait aussi des
économies.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf que... Vous connaissez
bien le réseau. Dans certains établissements du ministère,
effectivement, on a fermé des lits de manière historique, parce
que c'était plus facile de choisir cette option-là. Et ça
mettait plus de pression sur la place publique, sur le ministère, pour
être capable de remettre de l'argent. Ça a tendance à
vouloir s'effacer un petit peu. Lorsque vous évoquez le
phénomène des illicites, effectivement, quant à moi,
ça m'inquiète grandement. Pour ça, ça prend une
gestion par régions, par sous-régions; une gestion intelligente,
à partir de critères de base, en termes de lits, pour ne pas que
n'importe qui intervienne n'importe quand. Il faut bien se le dire, ce n'est
pas le ministère qui donne l'autorisation. Si vous n'avez pas de permis
de la ville, vous ne bâtissez pas. Il y a donc une implication sur le
plan municipal extrêmement importante, à ce niveau-là.
C'est la chasse, au niveau des municipalités, à celui qui va
venir bâtir chez lui un centre d'accueil pour personnes
âgées, qu'il soit privé ou autofinancé. Là
aussi, il y a un problème assez important, sur le plan municipal,
concernant les permis.
Je vais arriver avec une autre question, parce que ce que je comprends
davantage, c'est que le seul bénéfice - et qui n'est pas
négligeable - que peut réaliser un propriétaire dans un
cas comme celui-là c'est l'équité sur la bâtisse
qu'il peut avoir. Au-delà de tout ça, celui qui se met riche avec
ça, il ne doit pas l'être bien longtemps. En tout cas, c'est un
riche pauvre, j'ai l'impression, compte tenu des services qu'il doit donner. en
terminant, je vais vous confier une crainte que j'ai très
honnêtement, et qui ne vient pas d'un préjugé
défavorable. qu'est-ce que vous pouvez nous offrir, comme garantie,
à nous, l'état, si demain matin, on dit: parfait, on va
reconnaître des heures-soins à un bénéficiaire? vous
faites déjà un pas assez important en disant: la première
heure, c'est notre responsabilité? si on reconnaît à la
personne, c'est-à-dire qu'on paie une personne qui, elle, ira magasiner
sa place dans un centre d'accueil privé autofinancé? si on
faisait ça demain matin, qu'est-ce qui nous dit que vous ne
pécherez pas des deux côtés de la chaloupe? comme vous
êtes à rimouski, ça va .vous dire quelque chose.
pêcher du côté de la chaloupe de la personne même qui
est chez vous, en allant lui chercher tout ce que vous pouvez sur le plan
financier, et, en même temps, pêcher de l'autre côté
de la chaloupe, celui du ministère, en disant: bon, maintenant qu'on
peut aussi en avoir du ministère, allons-y de ce
côté-là, et continuons d'y aller de l'autre bord, aussi: on
va peut-être attraper deux poissons en même temps. Qu'est-ce qui
nous garantit que ces situations-là ne se produiraient pas?
M. Bisaillon: Je pense que, depuis 1988, lorsqu'on a eu à
discuter avec les autorités du ministère, ce sont des choses
qu'on a effectivement abordées. Mais un des premiers points qu'on a
soulevés, c'est qu'il est important d'avoir des balises pour
l'établissement. Et on pourrait aussi assurer que le
bénéficiaire, comme vous dites, ne paiera pas des deux
côtés. Par rapport aux heures-soins, c'est sûr qu'on
prévoit un mécanisme d'évaluation de la clientèle,
d'une part, pour que les heures-soins soient clairement établies. On
prévoit effectivement aussi des contrôles qui peuvent venir, par
exemple, du CRSSS, pour que la qualité des services soit offerte. Mais
il faut aussi, à ce moment-là, considérer s'il y a, pour
la personne, une assistance au niveau des heures-soins, ou au niveau d'une plus
grande perte d'autonomie. Il est évident qu'a un moment donné, il
y a toute l'évaluation des coûts que la personne est capable de
payer. L'établissement ne perçoit que le volet qui est
déterminé par les autorités du réseau. Ça ne
nous inquiète pas; il ne s'agit pas d'aller chercher dans la poche de
gauche du bénéficiaire et dans la poche de droite du
ministère. C'est un tout et une complémentarité.
Là-dessus, on a dit qu'on était ouverts à des balises et
à des contrôles. Ça ne nous inquiète pas.
La Présidente (Mme Marois): Merci M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais d'abord remercier le ministre d'avoir
accepté, parce qu'il y a un groupe de privés qui a passé
et je n'y étais pas. Je voulais également avoir
l'opportunité de dire ce que je pense personnellement. Donc, je vais
commencer par un commentaire avant de vous poser une question. Oui. Parce qu'on
peut idéologiquement avoir des approches très bien
structurées, être pour ou contre. Ça pourrait se
défendre, dépendamment de l'idéologie que tu te donnes.
Mais sur le plan pratique, moi, le dogme, je l'ai toujours assez loin, en
matière de santé, quand il s'agit de la personne. quand on a un
projet de loi qui nous dit: c'est la personne avant toute chose, je pars de
ça et j'adhère à ça. c'en est un dogme, un
principe, une idéologie. tu dis: toute ma politique de santé est
axée sur la personne. après que tu as dit ça, il faut que
tu sois cohérent. à ceux qui disent: l'état a un devoir
fondamental vis-à-vis la personne, je dis. oui. elle a payé des
taxes toute sa vie, et elle est rendue à un certain âge où
elle a besoin de soins. si c'est ça, l'état doit
donc avoir un traitement équitable envers toutes ses personnes
âgées qui requièrent la môme quantité de soins
et la même qualité de soins. Si l'État n'est pas capable
dans son réseau, il faut qu'il compense. Si tu n'es pas capable
d'héberger tout ton monde, tu vas ailleurs, tu fais quelque chose. Si tu
invites quelqu'un chez vous et que tu n'as pas de place, tu dis: Écoute,
je me suis arrangé avec mon voisin et j'ai loué trois chambres.
Mais tu le loges. Tu n'as pas le choix, vis-à-vis une population. Ma
grande inquiétude présentement - et que ce soit n'importe qui, je
pense qu'on découvre assez vite ce sentiment et cette inquiétude
- la personne en est à son premier mois à la Santé, c'est
que si on ne fait pas quelque chose, on va arriver avec des aberrations et
notre population va être plus maltraitée qu'il y a à peine
cinq ans ou dix ans. Pourquoi? Il y a une population vieillissante
épouvantable. Il ne se construit pas ou peu... c'est 350 nouvelles
places en cinq ans. Les besoins sont sans cesse croissants. Il y a un moratoire
sur le privé et il émerge de partout des maisons de pension qui
ne partent pas sous le nom de centre d'accueil. C'est la résidence x,
jouvence ici et amuse-toi là. Ça rentre très bien entre le
fait de santé, puis comme disait M. Bisaillon, le frère de
l'autre. Oup! Tout d'un coup, la perte d'autonomie est brutale, catastrophique.
Tu es rendu avec des centres d'accueil clandestins qui n'ont pas de permis,
où le contrôle de la qualité des soins est nul et qui, plus
est, les CLSC n'y vont pas. Bien non, ils font du travail à domicile.
Mais dans ces maisons de chambres, les CLSC n'y vont pas.
Je le sais et je le vis dans mon milieu. Ça me met en fusil,
ça me met en beau maudit. Tu sais, c'est un citoyen qui prend son
chèque de pension, il le donne au complet et il n'est même pas
capable d'avoir un service de son CLSC. C'est grave en maudit, ça, comme
société. Moi, je ne le tolère, je ne l'accepte pas.
Donc, à partir de là, il y a quelque chose qu'il faut
faire vis-à-vis nos concitoyens d'âge mûr. Puis je n'essaie
pas d'être partisan, j'essaie exclusivement de lire la
réalité que vivent nos personnes âgées. C'est
ça qui m'intrigue. Les CLSC disent qu'ils n'ont pas d'argent pour faire
du maintien à domicile. Il n'y a plus de permis qui se donne pour le
privé, puis il n'y a plus de place dans les conventionnés puis il
n'y a plus de place dans les publics. Qu'est-ce qu'on fait avec notre
monde?
Nous avons une très belle politique, cependant, axée sur
la personne Mon oeil, bon Dieu! Et c'est là-dessus que, moi, je pense
que, collectivement, il va falloir réagir un petit peu. Je le livre
complètement aujourd'hui, parce que je n'ai pas eu le temps avant, puis
je veux que le ministre sache que ce n'est pas une approche partisane que je
veux, pas du tout. Mais il y a une approche très pragmatique qu'il va
falloir avoir vis-à-vis la personne âgée et on va
arrêter de se péter les bretelles sur la personne avant toute
chose, si on ne rend pas service à la personne.
Moi, je voudrais vous féliciter sur l'approche, en particulier,
de l'heure-soins, la partie soutien à la personne. Ça, c'en est
une approche positive, parce que, si je suis malade, je n'ai pas d'autre foin
et pas d'argent pour me payer des soins, puis je n'ai pas de place dans les
privés conventionnés et je n'ai pas de place dans le public.
Donc, trouve-moi une place ou pale-moi mes soins. Ça, c'est
élémentaire, ce que vous faites et, moi, j'adhère à
ça.
Et si on est capables d'analyser les patients pour qu'ils entrent par
dossier médical dans un centre d'accueil public, puis si on est capables
de le faire pour un centre d'accueil privé conventionné, on doit
être capables d'évaluer des heures-soins pour une personne qui est
chez elle, qui est en pension ou qui est en privé. Ça, c'est
clair. Et ça m'apparait être une piste extrêmement
enrichissante. Puis, moi, c'est là-dessus que Je veux vous remercier.
Ça fait longtemps que je gratte la possibilité. Je cherchais une
solution pour aider quelqu'un puis je ne l'avais pas. Il n'y a pas de cachette,
c'est en discutant avec certains d'entre vous, de votre organisation, qu'on m'a
dit qu'il y a peut-être des façons d'en trouver, des
solutions.
Puis il n'y a pas de cachette. Je trouve ça le "fun",
explicité de même. Je ne l'avais pas compris de même. C'est
la première fois que je le comprends d'une façon correcte. Soumis
à des contrôles où la personne... Ce n'est plus vous
autres, dans le fond, qu'on regarde. On va regarder la personne et on sera
cohérents avec les soins à accorder à un individu si c'est
une politique de santé nationale. Moi, je pense que, dans cette optique,
c'est une piste de réflexion extrêmement importante.
Ma question est la suivante, par exemple. Vous savez très bien
que c'est idéologique, l'approche du secteur privé versus le
secteur public. Quand vous admettez qu'il nous faut cependant un
contrôle, est-ce que vous acceptez que l'analyse du dossier patient ou du
dossier bénéficiaire soit entièrement à la charge
du ministère et à l'évaluation du ministère? Du
ministère ou d'une régie, là. Je ne parle pas de
structure. Est-ce que c'est ça que vous voulez dire quand vous
parlez...
Quand vous avez répondu au ministre tantôt, vous avez dit:
On est prêts à une forme de contrôle. A mon point de vue, si
vous avez cette approche, est-ce que ça ne devrait pas être
l'approche, purement et simplement, totale du ministère?
M. Bisaillon: l'évaluation du bénéficiaire
se fait à partir.. quand on a fait l'évaluation, en 1967, elle
s'est faite à partir des mêmes bases que l'ensemble du
réseau. alors, on a dit: au niveau de l'évaluation du
contrôle de la qualité
des soins à faire, ça peut être fait par le biais du
contrôle de la qualité du ministère, ça peut
être fait par le biais des intervenants du crsss aussi, parce que, nous,
on prévoit, dans la question de pouvoir régional, que le crsss
puisse avoir un mandat au niveau du contrôle de la qualité.
C'est sûr qu'à un moment donné ça
présuppose une participation aux comités d'admission
régionaux par rapport à l'évaluation de chacun des cas
parce qu'on a quand même, aussi, une responsabilité personnelle
d'engagée. Si on accepte un bénéficiaire, on doit
être capables de lui donner les services que son état requiert. On
n'a pas juste l'obligation morale, on a aussi l'obligation légale de le
faire et notre responsabilité personnelle y est aussi engagée.
Nous, on dit, par rapport aux soins, que ça peut, effectivement,
être contrôlé soit par un organisme par le biais du centre
hospitalier régional, soit par le biais du CLSC, soit par le biais du
CRSSS ou du ministère. Ça reste à déterminer,
à définir. On est ouverts là-dessus. Je ne sais pas si je
réponds à votre question par rapport au contrôle. C'est
l'essence que vous vous demandiez.
M. Chevrette: oui, ça, moi non plus, ça ne me
dérange pas le niveau. il se fait une évaluation du monde. je
pense bien que c'est au niveau régional que ça se fait ces
évaluations. c'est sûr que c'est transmis au ministère pour
fins d'aller chercher les subventions, ça je le comprends. moi, je n'en
suis pas là-dessus. c'était véritablement de savoir si
vous acceptiez que le contrôle soit fait par ceux qui déterminent,
précisément, la quantité heures-soins. il ne faudrait pas
que ce soit de votre autorité...
M. Bisaillon: Non, ça, ça va, c'est très
clair.
M. Chevrette: ...et bien sous l'autorité ... M.
Bisaillon: Très, très clair.
M. Chevrette: o.k. l'autre question que je veux vous poser c'est
la suivante: dans l'évaluation de la quantité heures-soins - je
m'excuse, ce sera la dernière, mme la présidente - dans
l'évaluation des coûts - parce que ça a de l'importance -
est-ce que vous reconnaissez que l'évaluation devrait être
basée sur les coûts réels et non pas sur les
critères du ministère? je vais m'expliquer pour être bien
ciair.
C'est évident qu'une heure-soins, c'est évalué en
fonction des conventions collectives. C'est évalué en fonction du
type de professionnel que ça prend pour la personne et ce ne sont pas
nécessairement les mêmes coûts. Est-ce que vous accepteriez,
dans l'hypothèse où le ministre s'enlignerait pour un soutien
à la personne, que ce soit évalué en fonction des
coûts réels et que ça démontrerait clairement que ce
n'est pas une question de faire de l'argent, mais que c'est vraiment de donner
les soins à la personne, compte tenu des coûts réels?
M. Bisaillon: Là-dessus, on n'a pas de difficulté
à transiger avec ça non plus, puisque dans nos discussions, au
niveau des barèmes heures-soins, ce qu'on a tenu compte... Je pense que
quand il faut tenir compte, et là, c'est de la technicalité vous
allez me dire, mais ce qui dépasse l'heure-soins, quand on a un
bénéficiaire qui nécessite, deux heures, trois heures,
quatre heures-soins, ce n'est plus la même qualité d'effectifs
qu'on a besoin non plus, donc, ce n'est plus le même taux horaire, sauf
que, dans les discussions avec le ministère, on s'est entendus sur des
paramètres possibles que pourrait avoir comme impact l'heure-soins, et
la même chose au niveau d'une plus grande perte d'autonomie, sur un
montant forfaitaire global pour chaque bénéficiaire par jour.
C'est déjà dans la discussion, dans les approches. Si on parie
d'un projet d'assistance aux bénéficiaires versus les
coûts, ça doit se faire à un coût moindre. Or, s'il y
avait un coût moindre, c'est sûr que ce n'est pas la parité
avec le réseau. Ça doit tenir compte de nos coûts
d'opération et des besoins du bénéficiaire.
M. Chevrette: C'est dommage qu'on n'ait pas plus de temps, mais
je tiens à vous remercier. Ça nous aura permis, en tout cas,
comme membres même de l'Opposition de travailler dans le sens de la
cohérence de la politique en fonction de la personne. Soyez
assurés qu'on va en tenir compte au niveau des amendements que nous
apportera le ministre, éventuellement. Je pense que notre premier souci,
si on dit que c'est la personne, on va essayer de le prouver dans les actes et
dans les gestes.
La Présidente (Mme Marois): Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup, dans si peu
de temps, d'avoir pris la peine... C'est quand même des dossiers que vous
connaissez très bien et je pense qu'il y a un peu une meilleure
qualité d'information qui peut circuler maintenant sur la place du
privé et ce n'est pas nécessairement des voleurs de jobs et des
gens qui donnent de moins bons services, de ce que j'ai compris, à tout
le moins, ce matin, et qu'il y a une piste à explorer, qui est
intéressante.
Quant à l'ouverture que vous avez manifestée, je partage
presque en totalité les propos qu'a tenus mon collègue de
Joliette. C'est du terrain et c'est davantage ça dont il faut se parler
pour les prochains mois, les prochaines années. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre intervention.
Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 16 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise 16 h 39)
Le Président (M. Joly): Nous allons
maintenant reprendre nos travaux. Je vois que les gens représentant le
Centre hospitalier de Beauceville se sont déjà avancés.
Alors bienvenue à cette commission. Vous connaissez un peu la
procédure, On essaye de faire ça de la façon la plus
concise possible. Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter
Votre mémoire. Par après, les membres de chacune des formations
se réservent le privilège de vous poser quelques questions.
J'apprécierais si la personne responsable du groupe pouvait s'identifier
et aussi nous présenter les gens qui l'accompagnent. S'il vous
plaît.
Centre hospitalier de Beauceville
M. Mathieu (Raymond): Merci, M. le Président. Je me
présente, mon nom est Raymond Mathieu, président du conseil
d'administration du Centre hospitalier de Beauceville. Je suis
accompagné, à mon extrême gauche, du Dr Jacques Brunet,
ex-administrateur provisoire du Centre hospitalier régional de Beauce,
du Dr. Serge Moisan, directeur du département de santé
communautaire de l'hôpital de Beaucevilie et, à ma droite, M.
Gilles Morin, directeur général du Centre hospitalier de
Beauceville.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Mathieu. La parole est
à vous.
M. Mathieu: M. le Président, M. le ministre, madame,
messieurs de l'Opposition, mesdames, messieurs, permettez-moi d'abord de vous
donner lecture de la lettre que M. Jacques Brunet, alors administrateur
provisoire de notre établissement, faisait parvenir à ta ministre
de la Santé et des Services sociaux, quelques jours après la
publication des orientations gouvernementales, en avril 1989.
Voici le texte de cette lettre: Nous avons pris
connaissance des orientations que vous avez rendues publiques le 10 avril
dernier et nous croyons que plusieurs des mesures que vous suggérez
seront de nature à améliorer le fonctionnement du réseau
sociosanitaire du Québec pour les prochaines années.
Cependant, l'une des mesures annoncées nous a
à la fois surpris et déçus. Il s'agit, en l'occurrence, de
la disparition du département de santé communautaire du centre
régional de la Beauce - on comprend que cette lettre a été
écrite il y a un an et, aujourd'hui, c'est le Centre hospitalier do
Beauceville. Après avolr (examiner cette proposition on compagnie du
gestionnaire actuel du centre hospitalier visé, nous sommes convaincus
qu'il y a lieu de revoir votre décision, compte tenu de ses
conséquences néfastes sur notre milieu.
Nous fondons notre requête sur les arguments,
à savoir: que la Beauce a une très longue tradition de
santé publique, ayant été le siège de la
première unité sanitaire au Québec; que le
département de santé communautaire jouit d'une réputation
et d'états de service fort enviables dans le réseau des DSC et
cela, depuis ses débuts, que ce DSC a su développer une expertise
adaptée aux communautés qu'il dessert; que ce DSC a, à son
crédit, de nombreuses réalisations dans la communauté; que
ce DSC a su s'aménager une place enviable parmi les partenaires de sa
sous-région; qu'en matière de protection, de santé
publique, ce DSC jouit d'une excellente collaboration des établissements
et des professionnels de la santé de son territoire; que ce DSC a,
depuis ses débuts, été préoccupé de
concertation et de coordination efficaces, tant sur son territoire qu'à
l'échelle régionale et provinciale; que les ressources y sont
gérées de façon efficiente, en étroite
collaboration avec la direction générale; que ce DSC
représente une activité économique non négligeable
dans son milieu, avec ses 40 emplois directs et ses dépenses totales de
plus de 2 000 000 $; que la disparition du DSC dans notre sous-région
risque d'avoir un impact négatif sur la santé de notre
population.
Ici, M. le Président, je voudrais faire un
aparté et m'adresser un peu à M. le ministre et, si vous me le
permettez, faire un bref historique de la situation que nous avons vécue
pendant une dizaine d'années dans la Beauce au niveau de notre centre
hospitalier. Nous avons...
Le Président (M. Joly): Je vous rappelle, M.
Mathieu, que vous avez une dizaine de minutes, tout compris.
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Joly): Merci
M. Mathieu: Nous avons vécu une fusion, on a tenté
une fusion...
M. Côté (Charlesbourg): On est en train de vider des
arénas
M. Mathieu: Oui. On était en train de vider autre chose,
si votre gouvernement n'avait pas fait un grand effort. Alors, après de
multiples chicanes et tout ce que ça peut apporter, les plus punis
étalent, bien entendu, les malades et la population. Votre gouvernement
a nommé un administrateur en la personne du Dr Brunet. Nous sommes
arrivés, je crois, à une heureuse solution et, pour en arrlver
là, iI a fallu faire des partages de soins. Dans ce partage, le
département de santé communautaire a été tenu
pour
compte, étant une chose qui devait demeurer à Beauceville,
étant donné que c'est 15 % du budget total, présentement,
à l'hôpital de Beauceville. Alors, je voulais seulement vous
rapporter ça. On fait seulement que... On commence... Je vous dirai que
je suis seulement à mon deuxième conseil d'administration, que
ça s'annonce très bien, et c'est dû à un travail
formidable qui a été fait pour régler ce
dossier-là. Le fait que le Centre hospitalier de Beauceville gardait le
département de santé y a été pour beaucoup dans
cette solution. Je continue ma lecture.
Pour tous ces motifs et pour ne pas appauvrir davantage une
région périphérique, nous vous demandons de revoir votre
décision et de maintenir le DSC au Centre hospitalier de Beauceville.
Par ailleurs, si un seul DSC devait être maintenu pour la région
03 sud, il faudrait songer à localiser ce DSC en
périphérie, plutôt qu'en région urbaine. Les
caractéristiques de ce territoire militent en faveur d'une localisation
en milieu rural du DSC.
De même, il faut attirer votre attention sur les centaines
d'appuis exprimés dans notre milieu au maintien de notre DSC. Nous
considérons qu'ils sont l'expression de l'appréciation pour les
services que nous avons rendus au cours des ans. Bien sûr, ces appuis
nous ont motivés à ne rien négliger pour ne pas perdre cet
acquis. Vous les trouverez énumérés en annexe au
mémoire.
Vous connaissez également la tradition de contrôle de ces
institutions qui caractérisent la Beauce. Certains voudront
décrier cette caractéristique de notre communauté.
D'autres la diront favorable. Quant à nous, nous la croyons hautement
favorable dans le contexte actuel de décentralisation des pouvoirs et
comme atout puissant appuyant l'accent que vous voulez mettre sur l'approche
promotion de la santé au Québec. Est-il nécessaire de
rappeler que l'objet même de la promotion de la santé est d'amener
individus et communautés à se sentir responsables de leur propre
état de santé et, donc, à se prendre en charge?
Venons-en dès maintenant au mémoire que nous avons
déposé et dont vous avez sans doute pris connaissance. Vous savez
sans doute déjà que l'aspect principal qu'il aborde est celui de
la localisation des départements de santé communautaire sur le
territoire du Québec. Plus précisément, ce que notre
mémoire demande, c'est de maintenir le plus près possible des
communautés cet organisme communautaire qu'est le département de
santé communautaire. Comme corollaire à cette recommandation,
nous vous demandons de maintenir le département de santé
communautaire de Beauceville. J'inviterais le Dr Moisan à continuer la
lecture.
M. Moisan (Serge): Pour vous convaincre du bien-fondé de
notre recommandation, nous vous donnerons certains exemples de nos
réalisations qui sont typiques, croyons-nous, d'un département de
santé communautaire en milieu rural, qui a voulu axer ses efforts sur
les besoins de la communauté qu'il dessert.
D'abord, le dossier de la Corporation ambulancière de Beauce
inc., connu sous le nom de Cambi. Peut-être connaissez-vous
déjà cette organisation, dont le siège social est à
Beauceville, qui dessert en service ambulancier 93 municipalités
rurales? Le DSC de Beauceville a été l'artisan majeur de la mise
sur pied de cet organisme, aujourd'hui autonome, à une époque
où les services ambulanciers du Québec vivaient une crise
profonde. Comment se doter de services ambulanciers de qualité en milieu
rural à population dispersée? Notre DSC a cru que cela
était possible et souhaitable et initia les actions qui allaient
solutionner le problème.
Dans le domaine des maladies infectieuses, notre DSC est fier de
présenter les taux d'immunisation parmi les plus élevés du
Québec, situation hautement souhaitable qui a permis à votre
population d'être épargnée pendant l'épidémie
de rougeole de l'an dernier.
Dans le domaine de la surveillance, on constate sur notre territoire des
taux de déclaration de maladie plus élevés qu'ailleurs au
Québec. Bien sûr, cette situation n'est pas due au fait que notre
population est davantage malade, mais bien que les médecins
déclarent plus volontiers les cas de maladies à
déclaration obligatoire qu'ils découvrent. Ces deux
résultats sont le fruit d'années d'efforts soutenus, ce qui a
créé, dans notre milieu, un environnement très favorable
aux mesures de santé publique.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Dr Moisan. Je pense
qu'on est juste comprimé à l'intérieur de la petite
période qui nous est allouée. Si vous vouliez conclure de
façon qu'il reste un petit peu de temps parce que, autrement, vous
n'aurez pas de temps pour vous faire questionner. Alors, je vous permets de
continuer, de déborder, sauf qu'il faut que je vous explique les
règles.
M. Moisan: Je pense donc... Oui, M. le Président. Il faut
mentionner le dossier des maladies transmissibles sexuellement où le DSC
a des réalisations. Je vous invite à constater par
vous-mêmes les services de réadaptation pédia-trique du
Centre hospitalier de Beauceville qui sont supportés actuellement et qui
ont été mis sur pied en bonne partie en raison de l'action du
DSC.
Une opération plan de santé sur notre territoire a
réussi à mettre en évidence six priorités de
santé: le dossier de santé et de sécurité du
travail; les rapports que notre DSC entretient avec les organismes
communautaires - je crois d'ailleurs qu'ils ont fait des représentations
auprès du cabinet du ministre pour demander de revoir votre
décision - le dossier de
l'abus des médicaments chez les personnes âgées, qui
a entraîné la production d'un document qui a même
été utilisé par l'Ordre des pharmaciens du Québec,
qui nous a demandé de pouvoir le publier intégralement; le
dossier des traumatismes routiers. Nous hébergeons encore le
coordonnateur provincial du comité traumatismes routiers des
départements de santé communautaire. Et dans le domaine de
l'environnement aussi, où notre département de santé
communautaire est très actif et ce, de façon originale.
Pour notre part, nous avons la certitude que la plupart de ces
réalisations originales et appropriées n'auraient pas
été possibles si l'intervenant responsable de la santé
publique avait été situé loin des communautés. Chez
nous, le département de santé communautaire est un centre
d'expertise et d'animation, attirant sur notre territoire des
compétences utiles à toute notre communauté. Amputer une
telle ressource serait un appauvrissement certain pour nous.
De plus, nous sommes convaincus que de tels services sont produits par
notre DSC à des coûts très modestes. Nous sommes
persuadés que les communautés que nous desservons ont beaucoup
à perdre par l'éloignement de ce centre de décision et
c'est pourquoi nous avons demandé avec tellement d'insistance au
ministre et à son ministère de modifier leur intention à
notre égard.
Pour nous, si le gouvernement et l'appareil de l'État croient
vraiment à la valeur de la prévention et de la promotion, ils
devraient maintenir près des communautés les départements
de santé communautaire dont la préoccupation prédominante
est la santé. Bien sûr, nous comprenons le désir du
ministre d'augmenter l'efficacité. Cependant, cet objectif ne devrait
pas avoir pour effet d'éloigner des populations les centres de
décisions et d'augmenter la bureaucratisation. Laissez les DSC sur le
terrain, dans les communautés, là où ils ne pourront pas
ignorer les problèmes de santé et les réalités des
populations qui constituent leur raison d'être. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci, monsieur. M. le ministre de
la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Dans votre
présentation, il y a plusieurs éléments qui supportent le
maintien à Beauceville d'un département de santé
communautaire; je comprends votre point de vue. Si j'étais dans votre
situation, je prendrais probablement les mêmes arguments. L'argument
économique, évidemment, 2 000 000 $, c'est un argument qui est
assez important, pour la communauté là-bas. Il a moins de poids
vis-à-vis du ministère, pour la simple et bonne raison que le
ministère, quant à lui, a des objectifs d'abord de santé
et de bien être et, dans ce cas-là, évidemment, le
critère écono- mique... Mais je vous comprends de l'avoir mis
dans les points positifs qui faisaient que ça a un impact.
Un point dont on devra tenir compte bien sûr. c'est le fait que,
dans le partage des biens, Il y a le département de santé
communautaire, comme vous l'avez dit tantôt, qui est un
élément extrêmement important sur le plan de cette paix
retrouvée au niveau des centres hospitaliers de la Beauce.
Il y a un élément qui me frappe, qui aurait dû
être une évidence pour moi, au début de la commission, mais
qui était peut-être latent: votre Insistance à nous dire
qu'un département de santé communautaire, ce n'est pas fait
uniquement pour les centres urbanisés, mais qu'il faut tenir compte
aussi de la dimension rurale. Ça, c'est un argument qui me touche. Je
vais vous poser la question suivante. Dans la nouvelle région
Chaudière-Appalaches, puisque maintenant vous allez pouvoir voler de vos
propres ailes, un département de santé communautaire, s'il devait
y en avoir un, est-ce qu'il devrait être davantage rattaché au
monde urbanisé ou au monde rural, pour être capable de bien
représenter ce qu'est la région Chaudière-Appalaches, avec
ses nouvelles limites?
M. Morin (Gilles): M. le ministre, la région
Chaudière-Appalaches, au niveau des statistiques des populations, si on
prend l'agglomération urbaine, qui est Lévis,
Saint-Rédempteur, Saint-Romuald, les douze municipalités
représentent 29, 5 % de la population. L'ensemble du territoire
représente 70, 5 % de la population au moment où on se parle. En
plus, J'aimerais ajouter également que. dans les trois
départements de santé communautaire existant actuellement sur la
rive sud de Québec, le plus gros, actuellement, est le
département de santé communautaire de Beauceville. tant par la
population qu'il dessert, près de 160 000 de population, que par son
budget de base financé par le ministère, 1 100 000 $ et, en ce
qui a trait particulièrement au domaine de la santé au travail,
plus de 50 % des travailleurs sont sur le territoire desservi actuellement par
le département de santé communautaire de Beauceville. et plus de
50 % du budget, et, en plus, dans tous ces domaines-là, depuis qu'on
existe, on a fait une bonne job.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous être en train de
plaider, vous continuez dans la même veine que votre mémoire, vous
plaidez pour que ce soit vous autres. Je pense que ça fait partie de la
"game" Vous avez répondu à ma question à l'effet que. s'il
y a un choix, le choix devrait se porter davantage sur un DSC de type rural
pour desservir la communauté rurale puisqu'elle représente 70 %.
Vous avez répondu à cette question là
L'autre question est la suivante. Il y a une insistance assez importante
des départements de Santé communautaire sur deux points, tout le
monde semble tenir mordicus au rattachement à un centre hospitalier - je
vous le dis tout de suite, ce n'est pas évident pour moi, pour
être bien clair, je vais vous montrer mes couleurs - et,
deuxièmement, vous semblez avoir peur comme de la peste d'être
rattaché à un CRSSS. Si, demain matin, on décide d'avoir
des régies régionales avec des pouvoirs, les régies
régionales devront avoir la possibilité de planifier l'ensemble
des activités de santé et de bien-être à travers le
Québec, donc sur leur territoire. J'aimerais avoir des raisons
précises qui font que vous ne pourriez pas, éventuellement,
à tout le moins pour certaines fonctions, être rattaché et
faire partie de la planification de la nouvelle régie
régionale?
M. Moisan: M. le ministre, effectivement, nous demandons de
maintenir le rattachement hospitalier et nous supportons, en cela, ce que
propose le document d'orientations publié il y a un an maintenant. On
s'est interrogés nous aussi à savoir si c'est ce qu'on devait
continuer à demander comme rattachement. Pour nous, le rattachement
hospitalier nous fournit un encadrement professionnel. Vous savez que plusieurs
professionnels de la santé travaillent en département de
santé communautaire, dont plusieurs médecins et dentistes, et
l'encadrement professionnel que fournit le centre hospitalier, en s'assurant de
la qualité de l'acte médical, est sûrement un atout.
De plus, le milieu hospitalier, quant à nous, est un lieu propice
pour plusieurs programmes de santé. Ça peut être un lieu
très intéressant pour mettre de l'avant des programmes de
prévention et de promotion. En plus de ça, je pense que la
position stratégique des centres hospitaliers et leur
crédibilité dans la société, dans la
société d'aujourd'hui, c'est un atout puissant pour demander de
maintenir ce rattachement.
Le Président (M. Joly): Dr Brunet.
M. Brunet (Jacques): Je voudrais peut-être profiter de
cette question pour insister. Je pense qu'il faut faire un rappel un peu
historique et voir ce qui s'est passé en santé publique au
Québec. Une des choses qu'il ne faut pas oublier, c'est que la
santé publique était sur une base, je dirais, d'organisation
bureaucratique centralisée avec des bases régionales très
fortes, une structure hiérarchique avec une coordination idéale.
Je veux dire que tout partait du ministère et ça s'en allait sur
le terrain avec des structures très bien organisées et quelque
chose qui correspondait à ce que j'appellerais un rêve
d'organigramme bien fait.
Malgré ça, la santé publique, au début des
années soixante-dix - et je pense que la commission Castonguay l'a bien
dit - était en train de mourir. Je pense qu'il faut rappeler qu'à
ce moment-là l'âge moyen des médecins hygiénistes au
ministère était de 55 ans, que le recrutement était
à peu près nul et que les écoles de santé publique
étalent en train de mourir. C'est la réforme de la santé
publique, le transfert dans les hôpitaux, la mise en place des
départements de santé communautaire, la mise en place de
programmes universitaires nouveaux en santé communautaire et en
médecine sociale et préventive qui ont permis le renouveau qu'on
connaît actuellement. je pense que ces acquis sont encore fragiles;
ça date de dix ans. l'intégration, dans le milieu hospitalier, a
permis des choses qui n'avalent pas été possibles autrement.
c'est un milieu, je veux dire, qui est dynamique, qui est proche des
médecins, qui est proche de la population, qui est crédible.
donc, retourner la santé publique dans une structure bureaucratique
comme seront les régies, à toutes fins pratiques, parce que ce
seront des structures bureaucratiques, qu'on le veuille ou non, ça
m'apparaît extrêmement dangereux et ça m'apparaît un
argument très fort pour, au moins, continuer l'expérience du
milieu hospitalier encore une dizaine d'années. si on regarde la
différence entre ce qui se passait en 1972 et ce qui se passe en 1990...
enfin, l'argument c'est un peu de ne pas briser une équipe gagnante. (17
heures)
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, excusez-moi. C'est une
explication historique, je pense, qui a sa valeur, qui a ses assises, mais j'ai
quand même des problèmes. La santé publique, les objectifs
de santé publique, ça doit être et ça devra
être d'abord provincial. La protection de la santé publique, c'est
une autre affaire, et celle-là, elle est discutable. On demeurera
toujours, donc, avec des orientations de santé publique et des
responsabilités qui doivent être provinciales, qui devront
être régionales aussi, bien sûr, mais dans un continuum
très clair, très clairement établi.
La protection de la santé publique devient, à ce
moment-là, l'affaire des départements de santé
communautaire et j'imagine mal que l'on puisse parler de protection de la
santé publique dans une région sans qu'il y ait une
complémentarité, une harmonisation très claire et
très nette avec les régies régionales de qui,
éventuellement, les centres hospitaliers, en particulier,
dépendront sur le plan de la planification et de l'allocation des
ressources, en fonction des programmes et des objectifs par programme. En tout
cas, je pense qu'il reste un peu de travail à faire sur le plan des
décisions qu'on a à prendre. L'historique est quand même
intéressant; le retour en arrière, moi, je ne l'ai pas
vécu, donc
on va se fier sur ceux qui étaient là à
l'époque et qui l'ont vécu d'une manière plus intensive
que d'autres afin, évidemment, de tenter d'éviter les
écueHs. Mais la ligne me paraît claire: santé publique,
c'est provincial et c'est régional; protection de la santé
publique, à ce moment-là, on va dans le comment avec les
régions, les départements de santé communautaire, mais on
doit trouver le moyen d'accrocher l'action avec ce qu'on devra planifier au
niveau des régions et ça, ce sont les régies
régionales qui devront le faire.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais tenter
de vous amener sur quelques questions qui élargiraient la plaidoirie,
parce que ça s'adresse beaucoup plus au ministre qui aura à
décider, en quelque sorte, dans la réforme, dans ce cas
précis, de votre survie comme département de santé
communautaire. Alors, le maximum d'éclairage qu'on peut apporter
là-dessus...
Vous nous parlez donc, évidemment, dans le document, des
réalisations de votre département de santé communautaire
et c'est impressionnant; j'espère que j'aurai l'occasion d'y revenir.
Vous avez regardé tout ça, évidemment, dans le projet de
réforme, dans l'avant-projet de loi. Les régies
régionales, véritablement régionalisées, avec des
pouvoirs, etc., êtes-vous d'accord avec ça?
M. Mathieu: Écoutez, moi, personnellement, vous dire si on
est d'accord avec la totalité des pouvoirs qu'on veut donner aux
régies régionales, je ne pourrais pas me prononcer
immédiatement, parce que je n'ai pas pris connaissance de tout
ça. Mais je pourrais vous répondre et en même temps donner
mon opinion à M. le ministre en disant que, lorsqu'il a dit, tout
à l'heure, qu'il devait exister un lien, un lien très
étroit entre la régie et les départements de santé
communautaire, je suis complètement d'accord avec ça. Alors,
qu'une régie régionale remplace, éventuellement, les CRSSS
qu'on connaît aujourd'hui, avec des pouvoirs, d'autres pouvoirs ou
d'autres modes électifs - j'en ai pris connaissance un peu - moi,
personnellement, je ne suis pas contre, a priori, les régies
régionales, mais ça ne veut pas nécessairement dire
qu'à l'intérieur de ces régies régionales on
devrait tout incorporer.
Le Président (M. Joly): Dr Moisan, vous voulez ajouter
quelque chose?
M. Moisan: Au niveau du rattachement de l'officier de
santé publique du département de santé communautaire par
rapport à la structure du réseau de santé, je pense que
vous vous êtes sans doute rendu compte que le chef du département
de santé communautaire est le représen- tant du ministre
directement, nommément, en territoire. D'accord? Notre
imputabilité, elle est directe au ministre, en termes de fonction. La
loi et les règlements sont ainsi libellés - pour l'instant, les
règlements. Donc, que cette fonction-là soit clairement traduite
dans un plan d'organisation qui convienne aux régies régionales,
nous en convenons tout à fait, mais, actuellement, avec le modèle
que vous avez, le ministre de la Santé du Québec a, sur le
territoire du Québec, 32 officiers qui sont là pour intervenir,
pour protéger la santé de la population avec des mandats
très explicites qui pourraient l'être encore plus, on le souhaite,
mais je pense que ça s'en vient. Donc, par rapport à votre
question, M. Trudel, je pense que c'est comme ça qu'on le vit.
Actuellement, nous sommes rattachés directement, nous sommes imputables
directement au ministre de la Santé et c'est comme ça que nous le
vivons.
M. Trudel: Peu importe quelle sera, je dirais quasiment,
l'étendue des pouvoirs de la Régie, ma question est finalement la
suivante: Avec un excellent dossier de réalisation, une excellente
performance comme celle que vous nous présentez de la part de votre DSC
aujourd'hui, est-ce que vous ne seriez pas bien organisés pour vous
présenter devant votre régie régionale qui serait
chargée de faire tous les arbitrages, y compris en matière de
protection là - je reprends le même langage que le ministre - de
santé publique et de dire: Nous, là, dans notre région,
avec notre monde, on est super bien organisés pour faire la
démonstration qu'en matière de santé communautaire, de
protection publique de la santé, nous serions capables, non pas avec
l'immense structure nationale, de dire à notre régie
régionale: Vous allez nous donner le mandat, la responsabilité
des effectifs, tout ce que cela comprend en termes de protection de la
santé publique? Dans la mesure, donc, où il y aurait cet
organisme régional véritablement décentralisé,
est-ce que vous pensez que vous pourriez convaincre une régie
régionale de votre région de maintenir le département de
santé communautaire, en tenues d'équipe, au Centre hospitalier de
Beauceville?
Le Président (M. Joly): Oui. Dr Moisan.
M. Moisan: Si la question s'adresse à moi, je pense que
oui, en autant que nous ne sommes... Ce que nous voyons comme danger, c'est le
danger d'une intégration, pour l'instant, d'une intégration
radicale et totale où les ressources seraient gérées
directement par la régie régionale. Nous croyons, par rapport aux
mandats que nous avons en matière de promotion, de protection et de
prévention, pour lesquelles nous sommes mandatés directement par
le ministre et pour lesquelles on nous demande de prendre des mesures,
des mesures sur le
terrain, très actuelles - ii faut les prendre rapidement sans
passer par de nombreux niveaux hiérarchiques pour pouvoir intervenir -
que cette légèreté-là dans l'intervention est
favorable. par contre, que nous nous présentions à la
régie pour faire des arbitrages de ressources, quant à moi, j'en
conviens. je conviens que la régie devra aussi intervenir en termes
d'arbitrage des ressources investies en protection de la santé. donc, je
pense que, là, il y a les mandats d'autres organismes qui interviennent.
la loi, d'ailleurs, telle qu'elle vous est présentée,
suggérait qu'en collaboration avec les établissements de son
territoire le chef du dsc doive etc. donc, ça nous montre clairement de
quelle façon nous devons être articulés avec un
réseau d'établissements. je pense que cette
articulation-là devra être la plus claire possible, de sorte que
le chef du dsc puisse réaliser ses devoirs, parce que ce sont bien des
devoirs qu'il a et non des pouvoirs. il doit prendre des mesures et je pense
que l'arbitrage des ressources, pour faire son travail, devra être
possible.
M. Trudel: Je dois malheureusement conclure, puisque le temps est
déjà écoulé, sur l'ensemble en faisant deux
remarques. Je pense qu'il reste assez de temps pour cela Je voudrais rappeler
au ministre, bien sûr. que nous comprenons que le ministre a la
responsabilité de l'administration des fonds publics en matière
de santé et de services sociaux, mais qu'il a aussi une
responsabilité en matière de répartition de ces ressources
financières et que ça n'a pas d'effets neutres de dire: Je mets 2
000 000 $ à tel endroit pour la santé publique et je ne me
tracasse pas de l'endroit. Oui, je pense que c'est difficile, que ça
impose de nouveaux devoirs, mais qu'il faut aussi - et je pense que votre
argument est très juste - se soucier de l'endroit où sont
ancrées ces ressources financières et ça ajoute à
votre argumentation. Les ressources humaines présentes sur votre
territoire, ça contribue au développement social aussi de ce
territoire-là, à l'enrichissement collectif et ça, c'est
extrêmement important aussi de le prendre en considération. Moi,
je pense qu'avec les réalisations que vous nous exposez aujourd'hui le
ministre devra songer au fait qu'il n'y a peut-être pas de recette unique
pour tous les départements de santé communautaire et qu'il y a
peut-être place à une certaine marge de liberté dans les
formules devant être approuvées par le ministre en provenance du
milieu régional, en ce qui concerne, en particulier, les
départements de santé communautaire. C'est tout le temps que nous
avons. Merci beaucoup de votre présentation.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup, en
souhaitant qu'on prenne les bonnes décisions, mais ce qu'il faut,
d'après ce que j'ai compris, c'est s'inspirer du passé. On va
tenter de s'en inspirer et de faire pour le mieux. Merci. J'ai compris que vous
étiez les meilleurs, de toute façon, et qu'au niveau de
Chaudière-Appalaches, vous ne deviez pas craindre beaucoup quant
à la compétition, à ce que j'ai compris. Merci.
M. Mathieu: Est-ce que vous me permettez, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): Brièvement.
M. Mathieu: D'abord, brièvement.
Le Président (M. Joly): Brièvement, s'il vous
plaît.
M. Mathieu: Peut-être que le préfet de la MRC
Robert-Cliche pourrait parler à l'ex-ministre responsable du
développement régional on lui rappelant quo Beauceville, dans le
partage, la décentralisation qu'on devrait vivre au niveau de notre
nouvelle région, notre situation géographique ne devrait pas
hériter, à l'avenir, de beaucoup de bureaux régionaux.
Alors, lorsque viendra le temps de prendre votre décision, je suis
convaincu que votre esprit régional ne voudra pas sortir de la
région ce qui y existe déjà.
M. Côté (Charlesbourg): ce que vous voulez nous dire
c'est, finalement: on n'en aura pas beaucoup en additionnel, alors, au moins,
ne nous enlevez pas ce qu'on a.
M. Mathieu: C'est en plein ça, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est compris.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Mathieu: Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Au nom des membres de cette
commission, je tiens à vous remercier de votre participation. Merci
beaucoup.
Maintenant, j'inviterais les représentants des Centres d'accueil
de la région 03, s'il vous plaît, à bien vouloir prendre
place.
Centres d'accueil de la région 03
Alors, messieurs, bonjour et bienvenue à cette commission. Je
vous rappelle que vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter
votre mémoire de la façon la plus concise possible et
que, par après, les membres des deux formations se
réservent le privilège de vous poser quelques questions. Que la
personne responsable du groupe veuille bien s'identifier et aussi nous
présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît
M. Perreault (Jocelyn): Alors, mon nom est Jocelyn Perreault.
J'aimerais vous présenter les membres de la délégation:
à ma gauche, M. Bernard Tremblay, directeur du centre d'accueil
Cardinal-Villeneuve; toujours à ma gauche, M. Gilles Proulx, directeur
général du Mont Saint-Aubert; à mon extrême droite,
M. Henry Hannon, directeur général du St. Brigid's Home, et,
aussi à ma droite, M. Pierre Corriveau, directeur général
de L'Escale.
Le Président (M. Joly): Alors, à vous, M.
Perreault. On vous écoute.
M. Perreault (Jocelyn): Alors, M. le Président, M. le
ministre, membres de la commission, il nous fait plaisir de vous
présenter quelques commentaires en sus de notre mémoire que nous
vous avons déposé. En passant, nous avons bien compris, tout
à l'heure, qu'il fallait être bref si vous vouliez avoir la
possibilité de nous poser des questions, alors c'est ce qu'on va tenter
de faire.
M. Côté (Charlesbourg): Et le moyen de ne pas en
avoir, c'est d'être long.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perreault (Jocelyn): On est ici pour répondre à
vos questions.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Ha. ha, ha!
M. Perreault (Jocelyn): Alors, il nous fait plaisir de vous
présenter le Conseil régional des centres d'accueil 03, rive
nord. Ce conseil regroupe 31 établissements membres, parmi lesquels on
retrouve 15 centres d'accueil d'hébergement, 5 centres d'accueil en
mésadaptation sociale, 5 centres d'accueil en déficience
intellectuelle, 4 centres pour handicapés physiques et sensoriels et un
centre d'accueil pour mères en difficulté.
L'intérêt des 30 centres que nous représentons se
manifeste aujourd'hui par la présentation d'un mémoire dans
lequel nous voulons vous exprimer nos souhaits et désirs quant à
l'atteinte des objectifs évoqués dans le document intitulé
"Orientations. Pour améliorer la santé et le bien-être au
Québec". Nous vous présentons ici quelques particularités
concernant les centres d'accueil, illustrant bien que l'on devra tenir compte
du fait que ces établissements diffèrent beaucoup les uns des
autres. Nous croyons donc qu'il faudra apporter les nuances nécessaires,
lors de la rédaction de la version finale du projet de loi. (17 h
15)
En effet, dans ce conseil que nous représentons, nous retrouvons
des centres d'accuefl de petite taille et d'autres de moyenne taHle, des
centres qui offrent des services internes et externes et d'autres seulement
l'un ou l'autre. De plus, plusieurs d'entre eux jouent un rôle
supra-régional et desservent une clientèle provenant de l'Est du
Québec. Mentionnons, par exemple, le centre François-Charon, qui
offre des services à une clientèle handicapée physique de
tout l'Est du Québec, tout comme le centre Louis-Hébert, à
une clientèle de personnes handicapées visuelles, desservant
l'Est du Québec, ainsi que St. Brigid's Home, qui a une clientèle
de personnes figées anglophones. Toutefois, par opposition et pour vous
démontrer un peu les différences, il y a certains centres qui
font partie du regroupement, comme le centre d'accueil de Qermont qui offre,
pour sa part, des services à une clientèle âgée,
exclusivement pour sa communauté locale. Ces quelques exemples nous
démontrent qu'H doit y avoir des nuances et des différences dans
l'application des mesures proposées et dans l'orientation à
donner à notre réseau quant à l'organisation de
services.
En ce qui concerne les objectifs et les modes d'organisation, nous vous
soulignons qu'en tout premier lieu nous partageons entièrement les
objectifs de santé que ce projet de loi favorise et que nous sommes
à la fois heureux de constater que, pour y arriver, on parte d'Implanter
des indicateurs qui serviront, nous l'espérons, à assurer
l'atteinte de ces objectifs, c'est-à-dire une meilleure santé
pour tous et de meilleurs services à la clientèle.
Quant à la dimension organisationnelle, nous sommes heureux de
constater l'évolution qu'il y a eu sur ce sujet depuis le début
de la présentation des mémoires à la commission. À
cet effet, bien que nous ne soyons pas en total désaccord, dans
l'avant-projet de loi, avec ce qui avait été
présenté, nous nous entendons à dire qu'une certaine
souplesse devrait exister par rapport aux différentes formules de
rapprochement. Par exemple, du côté de la mésadaptation,
nous sommes favorables à une forme de regroupement, de type
rapprochement administratif. Il est donc préférable, selon nous,
de tenir compte des réalités particulières du type de
clienteles des établissements, plutôt que de se limiter à
l'application de mesures uniformes régionales.
D'autre part, on peut faire de tels rapprochements sans essentiellement
y inclure les conseils d'administration. En ce sens, on pourrait voir, dans
notre région, un regroupement de quatre centres pour personnes
handicapées physiques dans une sorte de holding, orientes ensemble dans
la recherche, l'enseignement, l'évaluation des technologies et des
services spécialisés et ultraspécialisés.
En ce qui concerne le secteur de la mésa-
daptation et les propositions de rattachement avec le centre des
services sociaux, le lien le plus naturel que nous y voyons, c'est celui avec
la direction de la protection de la jeunesse. quant aux centres d'accueil pour
personnes âgées, un regroupement, sur un territoire de clsc, des
centres d'accueil pour personnes âgées nous apparaît un
modèle acceptable et intéressant, et cela, toujours dans la
mesure où il existe une volonté des partenaires. le client n'en
sera toujours que mieux servi. dans toute cette réforme, il nous
apparaît fondamental que le bénéficiaire soit au centre de
nos préoccupations et lorsqu'on introduit, dans ce propos, la notion
d'objectifs et de résultats, nous y adhérons. pour ce faire, et
à juste titre, l'imputabilité nous apparaît comme
souhaitable, tel que mentionné dans notre mémoire.
En ce qui concerne la décentralisation et la
régionalisation, la régie régionale, nous croyons que dans
le processus de décentralisation cette instance s'inscrit comme le
moteur régional de la coordination de la distribution des services
à la population. Cependant, cette décentralisation devra se faire
avec le réseau, en collaboration et en complémentarité
avec les établissements. À titre indicatif, notre territoire de
centres d'accueil regroupés correspond exactement au nouveau territoire
assigné à la région 03, c'est-à-dire notre CRCA
rive nord. Enfin, nous souhaitons que la régie régionale ne
devienne pas un mini-ministère.
Quant à la ressource humaine, les grands principes
élaborés sont fort intéressants: structures de
participation, de mobilisation, nous y croyons. Cependant, à ce
chapitre, nous osons croire que cette préoccupation devra inclure
l'ensemble des catégories de personnels, c'est-à-dire le
personnel, les administrateurs et aussi les cadres. Nous savons et
reconnaissons, depuis fort longtemps, que la qualité de nos
organisations passe par l'ensemble du personnel, et ce, à tous les
niveaux.
En conclusion, permettez-nous de vous exprimer quelques recommandations
ou quelques souhaits. À ce titre, n'y aurait-il pas lieu d'apporter une
attention particulière au statut d'enseignement que pourraient dispenser
certains centres d'accueil, pour des catégories d'employés qui
leur sont spécifiques? Quelle place réserve-ton aux corporations
propriétaires dans le futur? Près de la moitié de nos
établissements sont dans cette situation, ont déjà des
corporations.
En terminant, nous tenons à rappeler que des
établissements que nous représentons possèdent leurs
propres caractéristiques, et l'une d'entre elles, non la moindre, est
que les bénéficiaires, en ce qui a trait plus
particulièrement aux centres d'accueil pour personnes
âgées, défraient une partie des services qu'ils
reçoivent. Lorsqu'on parle de contribution des clients aux services de
santé, dans les centres d'accueil pour personnes âgées, le
tiers, par exemple, des budgets est financé par le
bénéficiaire lui-même.
Enfin, à la lumière de l'argumentation
présentée, sur certains points, un souhait pourrait être
formulé, c'est que l'avant-projet de loi soit présenté sur
deux volets distincts, soit un en santé et un spécifiquement
social. J'ai bien dit pour certains aspects. Les réalités
spécifiques de nos établissements pourraient être mieux
cernées et ainsi mieux répondre aux besoins de la
clientèle. De plus, n'y aurait-il pas lieu de mettre sur pied un
mécanisme permanent d'écoute et de consultation qui aurait pour
fonction d'apporter, au fur et à mesure, compte tenu des besoins, des
ajustements à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux? Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Perreault. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup, surtout pour
un organisme qui a son siège social à Charlesbourg - 9080,
boulevard du Jardin - je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues. Il
fallait être en commission parlementaire pour se voir, dirait-on. Il y a,
malgré le fait que ce soit court, quelques points très
intéressants et vous me permettrez de les aborder avec vous. On parle de
formation, on parle d'enseignement, et c'est une proposition qui a
été effleurée à l'occasion en commission
parlementaire où on a dit: Bien, débordons les centres
hospitaliers universitaires traditionnels sur le plan de la formation, parce
qu'il y a d'autre monde qui travaille dans le réseau aussi, il n'y a pas
seulement les médecins. Il y a peut-être d'autre monde qui
pourrait bénéficier de toute l'expertise ou de ce champ
d'application possible pour certaines spécialités ou certaines
techniques qui sont enseignées. Dans votre esprit à vous,
ça veut dire qui et comment est-ce que ça se ferait?
M. Perreault (Jocelyn): Je laisserais M. Bernard Tremblay,
peut-être, faire quelques commentaires à ce sujet.
Le Président (M. Joly): M. Tremblay.
M. Tremblay (Bernard): Dans le domaine de la réadaptation
physique et sensorielle, déjà, je crois que les
établissements de réadaptation collaborent à la formation
du personnel spécialisé. Je pourrais mentionner ici la
physiothérapie, l'ergothérapie, l'orthophonie, les psychologues,
les travailleurs sociaux. Donc, il y a déjà - comment pourrais-je
dire - un aspect de formation dans lequel ces centres d'accueil sont fortement
impliqués. Maintenant, il y a probablement aussi d'autres types de
formation qui pourraient être fournis par les autres catégories
d'établissements. Et là, je laisserais la parole à mes
collègues.
Le Président (M. Joly): M. Corriveau.
M. Corriveau (Pierre): Si vous permettez, M. le ministre, du
côté de la mésadaptation sociale, quand on parle de
rapprochement administratif, il y a tout un volet qui pourrait toucher des
aspects qui sont déjà couverts sous l'étiquette institut
universitaire. Et ça pourrait même aussi aller plus loin que
ça et toucher d'autres aspects administratifs, les systèmes
d'information, les systèmes de comptabilité, certains services en
commun. Ça pourrait peut-être prendre la forme - on n'est pas
obligés de regrouper nécessairement les conseils d'administration
pour ça - d'un organisme administratif, un peu sous la forme d'un
holding, avec des objets biens spécifiques, qui pourraient être
ceux-là.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, là, vous parlez
davantage d'unification de certaines fonctions qui vous sont attribuées
pour des économies d'échelle et aussi, finalement, de faire en
sorte d'en avoir plus pour votre argent, sur le plan de la performance. Mais,
ma question allait davantage dans le sens que, sur le plan de la formation,
vous dites... On sait que, dans les centres hospitaliers, les médecins
vont faire leur formation. Ce que j'avais compris de votre présentation,
c'est qu'il y avait possibilité pour d'autres professionnels de la
santé ou du secteur social, d'aller chez vous, dans vos
établissements, ou d'en faire reconnaître un certain nombre
où il y a une expertise à aller chercher, sur le plan pratique.
C'est davantage ça que j'avais compris. Si c'est ça, ça
voudrait dire quoi? Ça voudrait dire les infirmières, ça
voudrait dire quoi? Quel autre corps?
M. Corriveau: Du côté mésadaptation, on
reçoit des stagiaires en psychologie, en service social, en
orthopédagogie, en éducation spécialisée, en
criminologie, en psycho-éducation. On pourrait établir une liste
de peut-être 10 ou 12 professions différentes, soit de niveau
cégep, soit de niveau universitaire.
M. Côté (Charlesbourg): A ce moment-là, quel
est l'effort d'encadrement que ça vous demanderait? Parce que, dans la
mesure où vous les recevez, ce que sont venues nous dire les
infirmières universitaires, c'est qu'elles ont de la difficulté
à trouver des endroits pour les accueillir parce que ça demande
à chacun des établissements un niveau d'encadrement, donc des
rapports. Il y a donc une charge aussi pour l'établissement qui les
recevrait. Est-ce que je comprends que vous seriez capables de le faire
à même des ressources que vous avez maintenant?
M. Corriveau: On le fait déjà. M. le ministre. Le
problème, c'est que chacun le fait à sa façon et que ce
n'est pas concerté. Mais ça se fait déjà.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, c'est davantage de la
concertation que vous souhaitez, une meilleure organisation, finalement, de la
concertation et de la planification. Merci.
Je terminerai par la régie régionale, mais j'en ai une
autre petite. Vous avez parié de propriétaires de corporation. On
me dit qu'H y en a peut-être 200 ou 220 à l'intérieur de
tout le réseau. Mais d'après moi - dites-moi si Je me trompe -
c'est de deux ordres. Il y a des communautés religieuses qui sont des
corporations propriétaires et qui ont Investi beaucoup d'argent et de
temps. Par contre, II y a une série d'autres corporations
propriétaires qui sont bien plus des instruments légaux qui ont
permis... Le foyer de Charlesbourg, par exemple, H doit y en avoir une, si mon
souvenir est bon. C'est quoi la distinction que vous faites entre les deux? Et
quand vous demandez qu'est-ce qu'on fait avec les corporations
propriétaires, y a-t-il dans votre esprit à vous une distinction
très nette entre la vraie et la coquille juridique?
M. Perreault (Jocelyn): M. le ministre, je ne répondrai
pas sur la coquille. Je vais y aller sur le fond. Je pense qu'effectivement,
comme vous l'avez souligné, il y a deux genres de corporation mais une
d'entre elles... Entre autres, je pense que même celle dont vous parlez,
de Charlesbourg, elle est un peu le lien ou le courant, avec le temps, de la
continuité, du dynamisme de l'organisation; la tradition. C'est
peut-être à peu près le seul lien stable, actuellement,
dans la composition de nos conseils, qui est assuré par ces
membres-là, cette représentation-là. Quant à
l'autre, je laisserais peut-être la parole à mes collègues
qui ont ce type de corporation.
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être le
lien le plus stable. C'est peut-être le plus fort aussi, au conseil
d'administration.
M. Perreault (Jocelyn): Oui.
Le Président (M. Joly): M. Tremblay.
M. Proulx (Gilles): Effectivement, quand on regarde la
composition, en général, les gens des corporations sont là
depuis 10, 12 ans dans des conseils d'administration. Le changement ne vient
pas surtout de là. Effectivement, on se rend compte, quand on regarde
ça comme il faut, qu'H y a des corporations qui sont là... Ce qui
est plus problématique, ce sont les corporations religieuses.
M. Côté (Charlesbourg): Religieuses, oui.
M. Proulx: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'elles sont
véritablement propriétaires.
M. Proulx: Qui sont véritablement propriétaires et
qui apportent... Nous autres, la question qu'on se posait, c'est: Qu'est-ce que
le projet de loi va faire avec ces genres de corporations là? Parce que
ça apporte une certaine problématique dans la gestion courante de
nos établissements aussi, des corporations religieuses.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre cas
spécifique, oui.
M. Proulx: Dans mon cas très spécifique. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est un cas
d'actualité, même. Il y a une chose qui est certaine, c'est
qu'à partir du moment où on le dit on va maintenir les principes
de corporations propriétaires de communautés religieuses.
Ça m'apparaït extrêmement important. Ce sont leurs biens et
on ne peut pas en disposer, si on décide aujourd'hui qu'elles n'ont plus
d'affaire là. Ça a été des années, des
années et des milliers d'heures de bénévolat de la part
des communautés religieuses, beaucoup d'engagement, et on se doit de
respecter ça et on va continuer de le respecter. Quant à l'autre
série de corporations, c'est pour ça que l'interrogation est
bonne, ça va nous forcer à aller plus loin.
Je finis avec la régie régionale parce que je vous vois me
regarder avec vos gros yeux. Vous avez dit - j'ai pris une petite note - qu'il
ne faudrait pas que les régies régionales soient des
mini-ministères. Est-ce que vous craignez ça un peu?
M. Proulx: C'est-à-dire, ce qu'on craint, nous... À
partir du moment, dans le fond, où la régie régionale de
Québec serait l'image du CRSSS de Québec, ce n'est pas sûr
qu'on craindralt les régies régionales.
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'elle n'a pas de
pouvoir.
M. Proulx: Pas nécessairement. Ha, ha, ha!
C'est-à-dire que ça fait plusieurs années qu'on nous sert
à Québec que le CRSSS, c'est le réseau, et le
réseau, c'est le CRSSS. Il y a beaucoup de concertation, je pense On ne
le cachera pas. Dans la région de Québec, il y a beaucoup de
concertation avec le CRSSS. C'est rare qu'on a des sérieuses chicanes
que d'autres régions connaissent; on ne connaît pas ça
à Québec. Nous autres, on se disait: Si une régie devient
un mini-ministère, que l'impact de la décision s'en va sur la
permanence de la régie et qu'on vient annihiler la concertation qui
existe depuis que le CRSSS de Québec existe, c'est ça, notre
crainte, mais notre crainte régionale. Ce n'est peut-être pas la
crainte provinciale, mais c'est notre crainte, à partir du moment
où la régie deviendrait un mini-ministère et qu'on
abandonnerait les acquis qu'on a depuis 10 ans avec le CRSSS de Québec.
(17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): C'est un point de vue qui
est assez intéressant parce que, si je saisis bien, il y a
peut-être un danger de glissement si on donne plus de pouvoir à la
régie.
M. Proulx: C'est-à-dire que nous autres, on se pose la
question tout à fait directe: Est-ce qu'il va falloir établir des
bureaux de lobbying auprès du conseil d'administration de la
régie, maintenant?
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous ma
réponse?
M. Proulx: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est oui.
M. Proulx: C'est oui?
M. Côté (Charlesbourg): Ça me paraît
très clair.
M. Proulx: On commence.
M. Côté (Charlesbourg): ça me paraît
très clair parce que, évidemment, il y a du lobbying qui se fait
aussi au niveau du ministère. on dit: bon, c'est le ministère qui
est devenu l'arbitre pour 950 établissements à travers le
québec. ça n'a pas de maudit bon sens. on a passé quelques
responsabilités aux crsss, sans pouvoir. c'est pour ça que des
gens ont compris, ils passent pardessus. ils passent à côté
ou ils demandent un rendez-vous au bureau du ministre le lundi matin.
Donc, c'est vrai. Ce qu'on dit, c'est que c'est fini. Ça va
être clair, ça va être fini, l'arbitrage à
Québec. On va dire aux gens: Vous allez vous responsabiliser. Ça
va forcer une coordination et ça va effectivement donner plus de pouvoir
au niveau de la régie régionale. Mais ce que je comprends
maintenant, c'est que vous n'avez pas nécessairement peur de ça,
mais vous voulez savoir ce que va être le lobbying à faire.
M. Proulx: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Vous en avez une bonne
idée. Mais ce n'est pas encore un projet de loi, ne commencez pas tout
de suite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II reste encore un petit peu
de temps. Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Trudel.
M. Trudel: Cher président du club du lobbying des centres
d'accueil de la région 03, liés à tout cela, ces nouveaux
pouvoirs régionaux qui apparaîtraient dans le décor...
Vous, vous nous dites aussi: II va falloir que ce projet de loi augmente
l'imputabilité. C'est bien le pendant. À partir du moment
où tu inscris dans la loi qu'il va y avoir un véritable pouvoir
de décision, il faut que quelqu'un soit responsable de l'affectation, de
l'allocation des ressources, des répartitions des arbitrages, etc.
Comment va-ton s'assurer du maximum dïmputabilité à la
régie régionale, puisque vous dites dans votre mémoire: II
nous faut absolument augmenter l'imputabilité de cet éventuel
organisme?
M. Perreault (Jocelyn): Lorsqu'on parle d'imputabilitô,
dans notre mémoire, on en parle au sens large du terme s'appliquant bien
sûr à la région, mais aussi aux établissements qui
la composent. On parle de responsabilités qui sont données
à la région. On parle de responsabilités qui sont
confiées aussi aux établissements. Dans ce sens-là,
l'imputabilité nous apparaît importante pour justement que les
gens, ce soit leur propre dossier et qu'ils aient un sentiment d'appartenance
pour défendre leurs propres intérêts et mener à
bien, par rapport à l'ensemble des besoins de la population à
desservir... C'est dans ce sens-là surtout qu'on voudrait que ça
se fasse, pour être partie prenante et non tributaire de solutions ou de
mandats qui sont confiés comme ci comme ça, à gauche et
à droite.
M. Trudel: Est-ce que vous êtes en accord ou en
désaccord avec les membres administrateurs d'une régie
régionale qui seraient élus au suffrage universel? Je fais un
commentaire en même temps. On peut respecter la façon de faire les
choses dans les établissements, dans un réseau, dans une
régie, mais, quelque part, il faut que tu aies la capacité de
renvoyer celui ou celle qui prend la décision et qui ne t'aurait pas
respecté et majoritairement, dans la population concernée, qui
n'aurait pas respecté le sons que l'on veut donner à la
distribution de nos services. Si vous voulez qu'on aille au bout de
l'imputabilité, il faut avoir la possibilité, comme
établissement, on termes de réseau d'influence et comme personne,
avoir la capacité do renveyer les personnes. Ce n'est pas le sexe des
anges qui prend la décision. Ce sont des personnes assises à une
table et ça dépend de qui les nomme. Alors, le suffrage universel
là-dedans, est-ce que ça vous semble une formule que l'on devra
nécessairement adopter si on veut aller au maximum de la notion
d'imputabilité?
M. Proulx: Notre association provinciale, l'Association des
centres d'accueil, propose ça, elle, le suffrage universel pour les
administrateurs de la régie. Nous autres, compte tenu qu'on est un des
petits frères de cette grande association, on partage aussi cette
visée. Nous, ce qu'on voudrait, c'est que les administrateurs de la
régie soient les plus grands représentants de la population. On
blaguait, à un moment donné, et on disait: Ce seraient
peut-être les députés de la région qui devraient
être administrateurs de régie, avec les échevins et tes
commissaires des commissions scolaires. Ces gens-là sont vraiment
élus Au départ, on présuppose qu'ils sont
représentatifs de la population. S'il y a d'autres mécanismes sur
l'élection de l'administrateur, je pense qu'on devrait trouver les
moyens pour que ces gens-là soient les plus grands représentants
de la population et qu'ils soient redevables.
Vous avez posé une question, cette semaine, sur la
possibilité que les régies passent en commission parlementaire;
je pense qu'on partage ça aussi. A partir du moment où les
administrateurs ne sont pas des élus, ils devraient obligatoirement
être redevables vis-à-vis de la commission parlementaire.
M. Trudel: Sur le suffrage universel, c'est bien vrai qu'il faut
se rendre au bout de la définition. Je veux dire que, si on la veut, la
responsabilité, il y a aussi l'imputabilité qui va avec cela et
tout le jeu, au sens démocratique du terme, que l'on doit jouer et il
faut rendre ça universel. Dans la mesure où le monde municipal a
déjà indiqué très largement, ici, à cette
commission, que, pour sa part, il est éminemment prêt à
embarquer, à être de la partie, dans la mesure où le
ministre saisira ou installera de véritables régies
régionales, avec de véritables pouvoirs, comme il vient de le
réaffirmer, il va falloir se rendre au bout là-dessus, me
semble-t-il.
Une dernière question; vous y avez quasiment répondu, vous
êtes le premier organisme qui vient ici nous dire qu'il devrait - c'est
la conclusion de votre mémoire - mettre sur pied un mécanisme
permanent d'écoute et de consultation. C'est quoi, ça?
M. Perreault (Jocelyn): L'idée qui était
derrière ça, dans le fond, c'est qu'on se disait que tous les dix
ans il y a des commissions. On a l'impression qu'on rebrasse le monde et qu'on
repart à zéro On se disait: Est-ce qu'il n'y aurait pas
plutôt lieu de faire les ajustements en cours de route, tout au long du
temps, les besoins changeant, en adaptant au fur et à mesure, bien
sûr, à une fréquence raisonnable les ajustements qu'il faut
pour faire en sorte que les services correspondent le plus
précisément, et non tous les dix ans ou tous les quinze ans,
selon les commissions qui sont mises sur pied?
M. Trudel: Vous pensiez en particulier à ce
mécanisme lié à l'Assemblée nationale...
M. Perreau» (Jocelyn): Oui, c'est ça
M. Trudel: ...une commission parlementaire où en plus,
dans certains secteurs, d'écouter Hydro-Québec quant à
l'augmentation des tarifs d'électricité, on pourrait
s'intéresser à la santé publique aussi et aux services de
santé et aux services sociaux pour ce qui concerne 10 500 000 000 $ ou
le tiers de son budget?
M. Perreault (Jocelyn): C'est ça.
M. Trudel: Là-dessus, il y a la suggestion que nous avions
faite aussi et je pense que ça se rend jusqu'au bout de la notion
d'imputabilité et d'un enjeu que représente toute l'organisation
des services de santé et des services sociaux et, évidemment, on
ne peut que souscrire à votre suggestion aussi.
C'est tout pour ma part. En vous remerciant de votre
présentation, je note aussi les nombreuses ouvertures dans votre
mémoire sur les regroupements, la coordination, la
complémentarité. Vous avez plus présenté votre
façon de faire avec les autres que vous ne vous êtes
protégés vous autres mêmes. Vous protégez uniquement
votre mission et vos centres et vous avez même évité de
parler de vos propres mandats, MM. les directeurs généraux.
Le Président (M. Joly): Merci, M le député.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup Je n'ai pas
grand-chose à ajouter à ce qu'a dit mon recteur. C'est vrai que
ce que vous n'avez pas défendu, c'est votre propre chapeau ou votre
propre établissement, et on a senti qu'il y avait possibilité de
complémentarité et de regrouper certains services pour une
meilleure efficience, toujours au profit du bénéficiaire.
Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M le mi nistre. Au nom des
membres de cette commission, à mon tour de vous remercier pour votre
participation. Merci.
Je demanderais maintenant aux gens représentant le Regroupement
santé et services sociaux de la région
Chaudière-Appalaches, s'il vous plaît, de bien vouloir prendre
place.
regroupement santé et services sociaux de la
région chaudière-appalaches
Bonjour à vous tous et bienvenue à cette commission. Vous
avez une dizaino de minutes pour nous présenter votre mémoire,
qu'on a d'ailleurs déjà reçu, lu et
décortiqué, et, par après, le temps qu'il nous restera,
à loisir nous vous poserons quelques questions. Que la per- sonne
responsable veuille bien s'identifier et aussi nous présenter les gens
qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Nadeau (Normand): M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission, j'ai l'honneur de vous présenter le
mémoire préparé par le Regroupement santé et
services sociaux de la région Chaudière-Appalaches. Je suis
accompagné, dans ma présentation, de M. Marcel Racine,
président de la Table de concertation de Beauce Etchemin, de M. Michel
Langlais, président de la Table de concertation de Montmagny-L'Islet, de
M. Jean-Claude Gagné, président de la Table de concertation de
l'Amiante et de Mme Lise Roy, ressource-conseil de notre regroupement. Mon nom
est Normand Nadeau et je suis président de la Table de concertation de
Desjardins, Chutes-de-la-Chaudière, Bellechasse et
Lotbinière.
Riche de l'ardeur de sa jeunesse, le Regroupement santé et
services sociaux de la région Chaudière-Appalaches veut mieux
répondre aux besoins de la population en matière de santé
globale. Il vise à améliorer la qualité des services
sociaux et de santé et à favoriser le développement d'un
réseau intégré de services complémentaires,
continus et disponibles.
Ce réseau de la santé regroupe actuellement 4 tables de
concertation sous-régionales, 69 établissements et de nombreux
organismes communautaires qui desservent 357 000 personnes, soit toute la
population de la région Chaudière-Appalaches.
Nous nous présentons donc, aujourd'hui, devant cette commission
pour vous manifester jusqu'à quel point l'orientation, l'organisation de
même que l'amélioration des services de santé nous
préoccupent en ce qui a trait autant à l'ensemble du
réseau de la santé qu'à la dynamique régionale dont
notre région Chaudière-Appalaches fait partie.
Nous avons été très heureux de l'appui que le
ministre, M. Marc-Yvan Côté, nous a accordé à
l'occasion du sommet socio-économique de notre région, en janvier
dernier. Non seulement ce soutien a réjoui nos gens, mais il a
été un réel stimulant pour nous aider à parfaire ce
que nous avions déjà amorcé, c'est-à-dire bonifier
l'ensemble de nos services et les rendre davantage accessibles à notre
population en utilisant mieux les ressources dont nous disposons.
De plus, M. Côté nous a communiqué le goût
d'apprendre à . canaliser constamment nos efforts en nous concentrant
rigoureusement sur un même objectif. Nous aimerions profiter de
l'occasion [jour l'en remercier très sincèrement. Aussi, pour
bien poursuivre notre élan de gratitude, nous voulons mentionner tout
d'abord notre contentement face à l'intention du législateur de
décentraliser et de régionaliser davantage le système de
santé, élargissant ainsi le
mandat des régies régionales. Toutefois, nous nous devons
de vous faire part de nos réserves et de nos interrogations sur tes
risques d'une nouvelle centralisation des pouvoirs, précisément
au niveau des régies régionales.
La décentralisation telle que proposée clans lavant-projet
de loi ne devrait surtout pas entretenir des bureaucraties professionnelles,
mais plutôt favoriser le développement de la responsabilité
individuelle et collective face à la santé.
Évidemment, lorsqu il est question de régionalisation, on
a forcément l'impression de se répéter en disant qu'une
région représente une réalité profonde pour ceux et
celles qui habitent ou oeuvrent sur ce territoire et qu'une dynamique
régionale se trouve définie par un sentiment d'appartenance
à cette même région, même lorsqu'il s'agit d'une
région nouvellement reconnue par les autorités
gouvernementales.
De fait, les réalités régionales ont nettement
évolue. Une volonté de plus en plus ferme et partagée du
milieu favorise son développement économique, culturel et social.
Cependant, au cours des années, s'est également
créée une conscience de plus en plus éclairée quant
à la ressource essentielle qu'est la santé pour le
développement de la région, l'accès à la
santé et au bien-être par des services appropriés et de
qualité, mais aussi par des actions préventives
multisectorielles, la dotation d'un système de santé et de bien
être qui tient compte des besoins spécifiques de la population,
l'organisa tion de services sociaux et de santé, incluant le partage de
responsabilités entre tous les secteurs de la collectivité et de
la région.
La décentralisation régionalisation est une perspective
qui nous est de plus en plus familière, puisque nous sommes en train de
ta vivre. C'est également pourquoi nous sommes convaincus que l'esprit
d'une décentralisation régionalisation est de responsabiliser
autant les personnes qui doivent prendre en charge leur propre santé que
les organismes ou établissements qui ont à assurer une gestion
saine, rationnelle et complémentaire des ressources.
Ces personnes et organismes ont à définir ensemble les
priorités en termes de développement de services devant
répondre aux besoins de santé et de bien-être de la
population. Ce sont eux qui doivent exploiter leur imagination, leur
capacité de concertation et leur sens de l'organisation pour utiliser de
façon optimale les ressources existantes, y compris celles de la
capacité individuelle des personnes à gerer leur propre
santé.
Le véritable défi d'une décentralisation sera de
former un réseau souple et efficace, respectant fondamentalement les
réalités et la dynamique régionales, c'est-à-dire
un réseau qui devra s'adapter aux besoins changeants des populations, un
réseau efficace dont la clé du succès repose sur la
concertation et la com- plémentarité a tous les niveaux. C'est
ainsi que nous réussirons à créer un véritable
réseau intégré de services.
Quant a la complémentarité requise avec tous les
partenaires du réseau pouvant influencer la santé des
populations, elle oblige que l'on tienne compte de l'évolution du
milieu, de ses valeurs, de ses orientations et de ses caractéristiques.
Par conséquent et en rapport toujours avec l'avant projet de loi, nous
recommandons fortement que; le ministère confère aux
régions l'entière responsabilité de la gestion de leurs
ressources, afin qu'elles puissent être pleinement à
l'écoute de leur population et y répondre équitablement
À partir d'objectifs clairs et precis découlent la valorisation
des actions et l'absence d ambiguïté dans la réalisation des
mandats des différentes instances du réseau. (17 h 45)
Grâce à la détermination et à la
générosité du ministre Côté, nous en sommes,
dans notre région Chaudière-Appalaches, à préparer
l'implantation de notre future instance régionale, ce qui nous permet de
mettre en lumière certains éléments à ne pas
négliger dans la réflexion actuelle. À la fois conscients
du problème grandissant du financement des services de santé et
de l'importance que chaque individu prenne sa santé en main, nous
suggérons que l'avant-projet de loi tienne compte, comme nous essayons
actuellement de le faire dans notre région, d'intégrer I approche
preventive et que cet avant pro|et de loi permette l'implantation de ressources
alternatives et qu'il oblige la prise en considération des
réalités et des besoins sous-régionaux Nous croyons que
tous les intervenants de la région devraient être les acteurs de
cette orientation et que les régies régionales devraient
être mandatées à cet effet pour la promouvoir et en assurer
la réalisation. Et, pourquoi pas. un plan de promotion obligatoire pour
tous les programmes sociaux et de santé? De plus, nous constatons que
l'intersectorialite. le partenariat et la concertation ne sont pas que des
thèmes vagues, mais une réalité quotidienne sans cesse
grandissante et qui se traduit de multiples façons dans notre
région. Nous pourrions d'ailleurs énumérer plusieurs
exemples, si le temps le permettait.
Notre caractéristique, dans nos sous-régions et au niveau
local, est de travailler avec les personnes, le milieu et les autres secteurs
d'activité pour résoudre des problèmes concrets. Nous
désirons non seulement préserver, mais également
consolider ce travail de collaboration qui est de multiplier l'impact de nos
interventions. Nous aspirons même à reproduire ces modèles
do collaboration au niveau régional tout en les maintenant et les
renforçant aux niveaux sous-régional et local.
Tout comme la région de Laval, nous souhaitons une structure
régionale souple et adaptée à notre dynamique
régionale. Cette même
souplesse devrait également se traduire dans l'allocation des
ressources qui, tout en permettant de développer ou de maintenir des
programmes sociaux et de santé pour l'ensemble de la population,
permettra également d'investir plus particulièrement, durant une
période de temps déterminée, dans certains programmes
visant à diminuer des problèmes spécifiques qui auront
à être identifiés par la région.
Représentant le plus précieux leitmotiv pouvant même
être l'ultime solution à bien des problèmes actuels du
réseau de la santé, bâtir ensemble une région en
santé équivaut pour nous au plus inestimable projet de
société. Mais, comme tous les projets collectifs, il implique le
pouvoir d'une pleine gérance des ressources financières, donc le
pouvoir d'allocation des ressources aux établissements et aux organismes
communautaires. Nous sommes cependant conscients qu'il faut en premier lieu
définir où nous voulons aller, ce que nous voulons devenir et,
par la suite, nous donner une organisation sociale pouvant offrir une
structure. ' au service des personnes et relevant justement ce défi de
se centrer sur la personne, sa santé et son bien-être.
Nous avons l'ambition de créer un esprit de solidarité et
de complicité qui va nous permettre de partager ce projet avec nos
concitoyens et concitoyennes, de nous respecter et surtout de les respecter
dans les choix que nous aurons à faire ensemble et, finalement, de nous
faire mutuellement confiance. Voilà l'esprit de la vraie concertation.
Nous arriverons à bâtir ensemble une région en santé
grâce, encore une fois, à votre appui et nous réussirons
parce que, malgré ou grâce à notre jeunesse, nous sommes
capables d'assumer pleinement nos responsabilités comme personnes, comme
organisation et comme région.
En terminant, nous aimerions vous remercier. M. le Président, et
tous les membres de la commission, d'avoir accepté de nous recevoir.
Nous espérons simplement que notre réflexion, vous faisant part
de nos commentaires et de nos désirs, saura être utile à la
vôtre, dont nous reconnaissons et appuyons l'importance.
Le Président (M. Joly): Merci. M. Nadeau. M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. J'aurais eu une "mosus" de bonne question à vous
poser, parce que vous serez éventuellement une régie - je
l'espère, je le souhaite - pour administrer la région
Chaudière-Appalaches et que vous avez plusieurs sous-territoires ou
territoires de MRC à l'intérieur de la région,
étant forcément de l'urbain et du rural. J'aurais eu une bonne
question. Vous étiez dans la salle, tantôt, et j'aurais presque eu
envie de vous demander de trancher le débat, mais ça n'aurait pas
été fin de vous demander ça au moment où vous
n'étiez pas encore installés. Donc, ça va vous donner du
temps pour savoir comment est-ce que vous pourriez le faire,
éventuellement, mais je ne vous la pose pas la question, je
résiste à la tentation.
Au-delà de tout cela, votre plus grand désir est, bien
sûr, d'organiser, en complémentarité, toute une
série de ressources qu'on devra offrir à la région
Chaudière-Appalaches, en termes de services de santé et de
bien-être. Ça, ça m'apparaît très important.
Vous avez ou vous aurez l'avantage, possiblement, de partir au moins votre
structure à peu près à zéro, avec des pouvoirs
mieux organisés ou, en tout cas, espérons-le, mieux
définis que ce que des CRSSS d'aujourd'hui ont eu à vivre comme
supplice, de se voir passer par-dessus puis à côté pour
venir régler leurs problèmes au niveau du ministère, puis
on a vu ça, tantôt, comme exemple.
Comment est-ce que vous allez faire pour concilier le communautaire et
des bien nantis du système: des centres d'accueil et
d'hébergement, des centres hospitaliers, tout le réseau des
services publics? Parce que le communautaire est un élément
extrêmement important dans le puzzle. Et ils sont venus nous dire: On
veut notre autonomie, on veut avoir la liberté de faire ce que l'on veut
et on veut être financés. Comment est-ce que vous pourriez faire,
comme nouvelle régie, donc, n'ayant pas de passé, pour faire en
sorte que les organismes communautaires ne se sentent pas accaparés par
le système, parce qu'il y a des places où ils se sentent comme
ça, puis qu'il n'y ait pas de méfiance vis-à-vis d'un
CRSSS qui s'implanterait? Comment est-ce que vous allez faire ça avec
les organismes communautaires?
Le Président (M. Joly): M. Gagné, M. Nadeau?
M. Gagné (Jean-Claude): Je peux peut-être tenter un
début de réponse. Je vais y aller, peut-être, par des
exemples. À l'heure actuelle, dans certaines tables de concertation,
sont déjà embarqués avec nous autres des organismes
communautaires. Je pense que le premier problème qu'on avait à
régler, c'était de les informer. Assez souvent les gens ont
l'impression qu'on est extrêmement riches, des gros
établissements, parce qu'il y a des millions. Une fois qu'ils sont
informés, bien informés, je pense que le discours change
beaucoup. Dans ce sens-là, en tout cas chez nous, dans l'Amiante - je ne
peux pas parler pour les trois autres tables - on a embarqué avec nous
autres les organismes communautaires et on veut même les embarquer en
nombre plus grand dans l'avenir pour, justement, qu'ils soient très bien
informés. Une fois qu'ils connaissent nos problèmes, on peut au
moins partager notre pauvreté aussi, à certains moments, tout
comme la richesse, dans certains cas. Et peut-être qu'une régie,
si les organismes
sont présents.. En tout cas, je pense quo la base, c'est d'abord
l'information En tout cas, c'est l'expérience qu'on a eue chez nous
M. Nadeau: Moi, j'aimerais juste ajouter, avant de passer la
parole à mon collègue Michel, que pour avoir travaillé
personnellement huit ans dans les organismes communautaires, au début
de, appelons ça ma carrière, je pense que ce qui est important,
c'est de délimiter les champs respectifs, les responsabilités
respectives de chacun et de donner le mandat, de la latitude et aussi le
financement nécessaire pour qu'ils puissent accomplir pleinement leur
mission, au même titre que les établissements, dans le fond. Et
s'il y a un respect mutuel, à partir, bien sûr, d'une information
de base, s'il y a un respect mutuel de part et d'autre avec les mandats
respectifs, moi, je vois beaucoup moins de problèmes que ce qu'on a
actuellement, où les organismes communautaires sont toujours un petit
peu à courir après leur queue, si vous me passez l'expression,
pour leur survie. Je pense que, si on octroie des mandats et des avoirs pour le
réaliser, je pense que, déjà, il va y avoir une connivence
qui va s'installer Et il faut faire attention, aussi, pour qu'ils ne se sentent
pas juste utilisés, mais qu'ils sentent qu'ils ont vraiment leur place
pleine et entière à assumer et à jouer comme
rôle.
Le Président (M. Joly): M Langlais
M. Langlais (Michel): Oui Moi, M. le ministre, j'ai plus envie de
vous dire que j'ai hâte de pouvoir répondre à ce type de
question De fait, depuis deux mois et demi, on est venus au monde, on est en
train de s'organiser, et vous avez devant vous des directeurs
généraux qui, je dirais, s'occupent bénévolement de
la mise en place graduelle de la future régie régionale de la
rive sud. C'est justement ce type de question, celle-là et celle que
vous n'avez pas osé poser tout à l'heure, qui nous permettra
d'avoir, en bout de ligne et en cheminement, un avantage que je
considère, moi, comme certain vis-à vis des autres régies
régionales qui sont implantées, parce que nous avons l'avantage
de partir en même temps que le système de service social et de
santé est en train de se transformer Et, en cela, les réponses
qu'on peut dire, c'est qu'on est très près du fait que nous
sommes, comme administrateurs du réseau, des serviteurs pour la
population. Maintenant, quand on a dit ça, il faut le mettre en
application, et la création, la mise en place d'une entité
régionale comme celle-là, pour un, c'est ce que nous avons
à l'esprit.
M. Côté (Charlesbourg): On me signale qu'il me reste
une question Je demeure dans le môme domaine, parce qu'il me paraît
extrêmement important, cest un des points forts de la commission. les
groupes communautaires Si, demain matin, on décidait de
transférer l'enveloppe du communautaire aux régies
régionales, une enveloppe fermée pour le communautaire, est ce
que, dans votre esprit à vous, les projets qui pourraient être
reconnus ou les organismes subventionnés devraient être en
complémentarité avec ce que fait déjà le
réseau? Elle est collante la question, je vous le dis. Parce que c'est
un des éléments assez importants.
M. Nadeau: Moi, je risquerais une réponse et j'aimerais
dire que c'est une réponse personnelle, parce qu'on n'en a pas comme tel
discuté. Je me lance. Je pense qu'il doit y avoir une grosse partie,
appelons ça quelque part dans les deux tiers du budget, qui devrait
directement - ça c'est ma position personnelle - relier la
complémentarité de services avec des établissements du
réseau. Mais aussi je pense que tout ce qui s'appelle
développement de services, prise en charge, autonomie, même
certains groupes - ce n'est pas facile, sûrement, surtout lorsqu'on est
au gouvernement, où même on a nos petits pouvoirs nous aussi comme
directeurs d'établissement - mais même certains groupes, plus de
pressions ou de revendications, je pense qu'il faut laisser aussi une place
à ces groupes-là. Parce que, souvent, ils sont ceux qui vont
développer des alternatives pour le futur, 10 ans, 20 ans à
venir. Il faut aussi être assez démocrate et ouvert pour laisser
la chance à ces groupes-là de vivre et de faire leur travail Je
ne sais s'il y en a d'autres.
Le Président (M. Joly): Merci, monsieur. Est-ce que vous
aviez quelque chose à rajouter, M. Gagné? Non? Parfait.
M. Gagné: J'irais dans le même sens que M. Nadeau,
c'est que, pour moi, il est très clair qu'il y a une nécessaire
complémentarité. Il y a peut être même des
remplacements de certaines choses qui pourraient être faits par des
organismes communautaires. En termes d'opinion.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Gagné. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Trudel.
M. Trudel: Merci, M. le Président. C'est vrai qu'on sait
d'où ils viennent, les entrepreneurs au Québec. Vous prenez
déjà de l'avance sur ce que pourrait être l'organisation de
la gestion du système de santé et des services sociaux dans votre
région et on ne peut que vous féliciter de cela en termes de
déjà vous préparer à comment vous allez occuper
cette responsabilité Je constate bien que c'est avec dynamisme que vous
entendez relever ce défi de la responsabilisation régionale et de
la promotion do la santé et du bien être dans votre milieu. Comme
diraient les psychologues, vous voulez être sûrs do ne pas manquer
votre coup, vous
faites du renforcement positif pour êtro sûr que le
comportement du ministre ne changera pas d'ici à la fin de la commission
ol quo, quand il arrivera à son projet de loi, il y aura
véritable régionalisation. Vous autres, vous êtes
prêts à sauter là-dedans.
Comme futur membre de la régie, allez-vous être prêts
à vous soumettre aux élections au suffrage universel pour
être membres du conseil d'administration de cette régie?
Le Président (M. Joly): Excusez, M. Racine.
M. Racine (Marcel): On nous prête peut-être
l'intention d'être membres du futur conseil de la régie, mais,
actuellement, notre rôle, c'est de mettre en place une instance
régionale. Alors, on n'est pas rendu à l'étape, on ne
connaît pas les règles du jeu. Est-ce qu'on sera
intéressés à l'époque? On ne le sait pas.
Probablement que les gens du réseau aussi, d'après des
orientations qui avaient été données au niveau des
conseils d'administration, ne seraient pas nécessairement sur les
conseils d'administration.
M. Trudel: exprimé autrement, peut-être un peu plus
sérieusement, est-ce que vous êtes d'accord avec cette formule au
niveau de la responsabilisation et de l'imputabilité, avec la formule de
l'élection au suffrage universel des membres du conseil d'administration
des futures régies régionales responsabilisées et
véritablement régionalisées au sens de la capacité
de prendre des décisions, d'assumer les arbitrages, de faire la
répartition des ressources, etc.?
M. Racine: Effectivement, on est pour et, en même temps,
que ça se fasse aussi dans le respect de la concertation.
M. Trudel: Mais encore? Le respect de la concertation: vous
voulez dire quoi par là? (18 heures)
M. Racine: C'est parce qu'à un moment donné, comme
on l'exprimait dans un groupe précédent, ça peut
être conflictuel entre les deux, l'imputabilité et la
concertation. Mais la concertation, c'est ce qui fait notre force, comme on le
disait. C'était vrai à Québec, c'est encore aussi vrai,
peut-être plus même, en Chaudière-Appalaches. M. le ministre
pourrait se rappeler le dernier sommet à ce sujet-là; tous les
projets de santé et de services sociaux ont fait l'objet d'une
quelconque concertation. Alors, quand on sait qu'on a une force, on ne veut pas
la perdre non plus.
M. Nadeau: Moi, j'aimerais juste ajouter.. Je trouve
intéressant qu'il y ait une représentativité par, appelons
ça collège électoral, pour assurer une certaine
représentativité de différentes couches de la population
Parce que, quand vous parlez de représentativité par suf- frage
universel, il y a des mécaniques à établir, otc Sur le
principe, je pense que, moi, personnellement, je suis favorable, mais il
s'agirait de voir les modalités, comment ça s'actualiserait.
M. Trudel: Au niveau de ce même volet que les organismes
communautaires, sur lequel le ministre vous a questionnés, vous
êtes dans le réseau, c'est quoi, votre explication à vous,
du fait que les organismes communautaires soient venus nous dire assez
largement: Décentraliser, oui; une véritable
décentralisation de tout ce réseau, mais surtout pas le
communautaire; nous, on veut rester rattachés au ministre et au
ministère? Comment vous expliquez cette attitude que nous avons
reçue de la part des groupes communautaires?
M. Nadeau: Moi, je pense que c'est un réflexe normal, une
certaine peur de se faire, soit récupérer ou utiliser. Si c'est
fait dans des cadres et que les organismes communautaires ont un mot à
dire aussi, ce n'est pas juste, les décisions ne sont pas seulement
parachutées par, exemple, le conseil d'administration de la
régie, mais les organismes communautaires ont leur mot à dire
dans la répartition de l'argent, selon une façon quand même
qui fait en sorte de ne pas privilégier des traitements de faveur. J'ai
l'impression que les organismes communautaires embarqueraient, mais il s'agira
de leur vendre.
M. Trudel: Très bien. Merci beaucoup de cette
présentation. Je souhaite vivement que ce dynamisme qui vous anime
aujourd'hui puisse servir. Je n'ai pas de doute là-dessus. Les nouvelles
"bibites" régionales qui seront créées, nous, on est un
petit peu plus sceptiques, on va attendre le projet de loi et sa description
précise, mais je constate avec joie que vous êtes, comme
d'habitude dans cette région-là, extrêmement dynamiques et
vous êtes prêts à relever le défi de la
responsabilité et de tout ce que cela veut dire en termes
d'imputabilité et de difficultés, parfois. Merci beaucoup de
votre présentation.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup de votre
présentation et de votre ouverture d'esprit. Je pense que ce qu'on doit
souligner aussi, c'est qu'il y a une excellente collaboration avec 03 dans la
mise au monde et que d'avoir un parent proche qui se préoccupe de son
petit comme ça, c'est toujours très bon et très sain.
Évidemment, dans pas grand temps, vous pourrez voler de vos propres
ailes, en souhaitant qu'aucune des sous-régions de votre grande
région puisse éventuellement avoir le jugement occasionnel, mais
quand même qui est déjà arrivé, que
Chaudière-Appalaches avait vis-à-vis de la grande région
03,
quant à l'équité dans la répartition des
ressources, ce sera votre défi. Je ne serai probablement plus en
politique, mais je vous observerai de ce côté-ci du fleuve. Bonne
chance!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. À
mon tour et au nom des membres de cette commission, merci de votre
participation Je vais maintenant demander aux gens représentant les
centres hospitaliers ayant un département de santé communautaire
et les centres hospitaliers universitaires des régions de Québec
et Chaudière-Appalaches de bien vouloir s'avancer, s'il vous
plaît.
Centres hospitaliers ayant un DSC et
centres hospitaliers universitaires des
régions de Québec et
Chaudière-Appalaches
Madame et messieurs, bonjour et bienvenue à cette commission.
Nous retrouvons le Dr Brunei, qui connaît déjà les
règles du jeu: une dizaine de minutes, le plus concis possible et, par
après, les membres de cette commission vous poseront quelques questions
Si vous voulez bien, Dr Brunet, nous présenter les gens qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
M. Brunet: Merci, M. le Président. M. le ministre, MM. de
l'Opposition, MM les députés, je vous présente d'abord,
à mon extrême gauche, Mme Odette Laplante, chef du DSC de
Lévis; mon voisin de gauche, M. Jean-Yves Légaré, qui est
directeur général de l'hôpital du Saint-Sacrement; à
mon extrême droite, Jean-Paul Fortin, qui est au DSC du CHUL, et Dr
Réjean Paradis, qui est le chef du DSC de l'hôpital de
l'Enfant-Jésus. Il me fait plaisir, au nom de mes collègues
directeurs généraux et des chefs des DSC de la région 03,
d'avoir l'opportunité de vous présenter notre mémoire.
Nous voulions vous présenter sommairement les principaux
éléments qui ont été soulevés à
l'intérieur du mémoire que nous vous avons soumis. Nous profitons
également de l'occasion pour déposer un document
complémentaire, qui démontre quelques exemples de projets en
santé communautaire qui ont été réalisés par
les DSC de nos régions au cours des dernières années.
Nous avons aussi voulu souligner que nous sommes tout à fait
d'accord avec l'adoption d'une politique de santé et de bien-être
orientée vers des résultats à atteindre et rappeler, en
même temps, que les DSC de nos régions ont déjà, par
la mise sur pied d'équipes de travail en collaboration avec le CRSSS 03,
dressé un état de situation pour chacun des objectifs de
santé et de bien-être.
Nous avons été surpris des préoccupations
soulevées à date en commission parlementaire en regard du
changement on profondeur do la mission des DSC Ce n'est. en effet, que depuis
les années 1983 1984 que les DSC sont on mesure de répondre plus
efficacement à leur mandat de santé publique, suite au transfert
des effectifs de première ligne dans les CLSC au fur et à mesure
de leur création. Nous croyons donc que les DSC ont
développé, au cours des dernières années,
l'expertise nécesssaire à l'exercice du mandat qui leur est
dévolu.
De plus, nous croyons absolument essentiel, afin d'assurer le
développement de la santé publique à l'échelle
régionale et sous-régionale, de conserver les fonctions actuelles
des DSC, qui leur permettront de consolider et de développer l'expertise
et les compétences nécessaires. Il n'est toutefois pas de
l'intention des DSC de revendiquer le monopole des fonctions de planification
et de programmation qui, à notre avis, sont l'apanage de chacun des
établissements du réseau et des conseils régionaux.
Nous nous questionnons donc sur l'Intérêt de briser une
combinaison gagnante qui a permis des réalisations significatives et qui
possède plusieurs avantages. La situation actuelle permet aux DSC
d'être près de la population. Nous croyons qu'il est dangereux de
trop centraliser des fonctions qui nécessitent une souplesse et une
spécificité au niveau des interventions. En effet, il est
très difficile d'intervenir efficacement sur le terrain auprès
d'une population dispersée géographiquement ou de taille
Importante en tenant compte également de la multiplicité des
intervenants, partenaires et décideurs.
Quant aux interventions des CLSC, ces derniers constituent des
partenaires privilégiés à l'échelle locale,
notamment au niveau des activités de première ligne telles
l'administration de vaccins et des activités de promotion auprès
de groupes cibles.
La proximité du secteur hospitalier favorise le
développement de l'expertise qui nécessite des liens avec les
services cliniques, la recherche et l'enseignement. Le centre hospitalier
constitue, à notre avis, un environnement professionnel qui favorise
l'exercice de nos fonctions. La présence de services, tels que la
cardiologie, l'infectiolo-gie, la psychiatrie, la pédiatrie,
l'obstétrique-gynécologie, la gériatrie et autres,
facilite l'implication nécessaire de divers intervenants, tant au niveau
de la prévention des maladies cardiovasculaires, comme exemple, que du
contrôle des maladies infectieuses, de la promotion de la santé
mentale, de la santé de la mère et de l'enfant ou de l'autonomie
des personnes âgées.
Je demanderais au Dr Paradis de continuer la lecture du
mémoire.
M. Paradis (Réjean): M. le Président, M. le
ministre, j'ai la lourde tâche, dans les quelques minutes qui vont
suivre, de vous résumer les 10 autres pages qui restent. Alors, on va
essayer d'être très brefs. Je pense que notre Intérêt
important d'être ici, aujourd'hui, c'est d'échanger avec; vous,
d'écouter vos questions et de répon-
dre à certains éléments qui vous
préoccupent. Rapidement, on a déposé, pour les fins de
votre Information, un document qui, en fait, donne quelques exemples de
réalisation en santé communautaire. C'est la brique qu'on vous a
remise. Évidemment, on va vous faire grâce de les lire un par un.
Pour nous, ce qui est important, c'est que la plupart de ces dossiers-là
originent soit de préoccupations de groupes du milieu, soit
d'établissements publics ou privés, à l'échelle
locale. Ces dossiers sont le résultat d'une concertation entre les
intervenants du réseau de la santé ainsi que d'autres secteurs
d'activité et démontrent de quelle façon les DSC peuvent
appuyer concrètement les orientations du ministère.
Or, on a choisi, on vous a sorti quelques exemples un peu plus
particuliers. Alors, il y en a trois qu'on vous a mis au niveau de
l'allocution, du document au niveau de... Ces dossiers-là portent plus
spécifiquement sur l'alimentation en milieu scolaire, le sida et le
projet Villes et villages en santé. Encore là, je ne vous lirai
pas systématiquement le contenu, l'argumentation qu'on soulève au
niveau de ces pages-là. Mais vous savez comme nous, M. le ministre, que
point n'est besoin de souligner l'importance d'acquérir de saines
habitudes alimentaires dès le plus jeune âge. On sait que vous
avez de jeunes enfants. Je pense que, bientôt, ils vont être
exposés à des interventions de prévention et de promotion
de la santé, notamment au niveau de la politique alimentaire en milieu
scolaire.
Bref historique. C'est un dossier qui a débuté en 1984.
Ça a débuté par des besoins au niveau des commissions
scolaires, de concert avec les DSC de la région, pour entreprendre les
actions concrètes pour agir sur l'alimentation des jeunes à
l'école. Il y avait évidemment la préoccupation
d'amélioration des services alimentaires comme un élément
important pour promouvoir la saine alimentation. Il fallait évidemment
tenir compte du contexte socio-économique des écoles et offrir
une alimentation à un prix abordable pour atteindre les
clientèles les plus défavorisées. Peut-être,
l'élément important là-dedans, c'est que la mise à
contribution de l'expertise du DSC ait rendu possible cette expérience,
en collaboration avec les milieux scolaires et les CLSC concernés.
Aujourd'hui, les intervenants reconnaissent que ce projet a contribué
positivement à ce que le ministère de la Santé et des
Services sociaux, le ministère de l'Éducation et le MAPAQ
développent une orientation dans laquelle doivent se situer les actions
du milieu scolaire en matière d'alimentation et de nutrition. C'est
ainsi que c'est devenu une préoccupation commune et ça a requis,
dans ce contexte, une étroite collaboration avec les différents
partenaires de la santé, de l'éducation et de l'agro-aiimentaire,
tel que je viens de le soulever.
Or, il s'agit pour nous d'un exemple, d'une approche intersectorielle et
multidisciplinaire qui porte fruit, comme en témoigne la production de
divers guides qui ont été élaborés à date.
Alors, il y a plusieurs matériaux qui ont déjà
été produits. Il y a des sessions de formation qui vont
être en cours incessamment. Et tout le processus d'implantation, de
concert, évidemment, avec le ministère de l'Éducation et
le MAPAQ, se fait à compter de l'automne prochain.
Alors, je pense que c'est un bon élément d'exemple de
dossiers qui démontrent l'intersec-tbrialité, la
préoccupation des DSC au niveau de la promotion et de la
prévention et de leur intérêt à interagir avec une
foule d'intervenants à l'échelle locale pour amener une
sensibilisation régionale et provinciale.
L'autre exemple qu'on veut vous citer est peut-être un peu plus
spécifique, peut-être plus au niveau du volet santé,
malgré que la préoccupation sociale soit très forte, comme
vous le savez, dans le dossier du sida. C'est seulement en 1987, en fait, que
le sida a commencé à peine à poindre comme problème
majeur de santé publique. Les chefs de DSC de la région
répondaient positivement à une demande du ministère et
procédaient à la création d'une équipe
régionale d'intervention spécialisée. Dès le
départ, le mandat de cette équipe, c'était de voir
à une harmonisation des services médicaux et psychosociaux
offerts à la clientèle atteinte du sida ou porteuse du virus.
L'équipe d'intervention s'est associée à des organismes du
réseau et à un organisme communautaire, MIELS du Québec,
et a mis sur pied un réseau de médecins omniprati-ciens et
d'intervenants psychosociaux. Cette collaboration avec différents
intervenants des DSC, CLSC, cabinets de médecins et organismes
communautaires a permis le développement et l'implantation de programmes
de promotion et de prévention.
Je vous ferai grâce des autres chapitres. Je laisse ça
à votre lecture. Actuellement, on peut dire que le réseau
médical comporte plus de 50 médecins répartis dans les
CLSC, les polycliniques, les unités de médecine familiale et les
cliniques externes d'hôpitaux. Et le réseau psychosocial est
composé de travailleurs sociaux et de psychologues des CSS, des
hôpitaux et CLSC permettant d'assurer que le réseau médical
ait une approche globale et accessible auprès des personnes atteintes du
sida, alors, toute la question du "counseling", du support et de l'aide
à domicile. Alors, c'est un autre exemple donné au niveau de
l'intégration d'une approche, d'une préoccupation de santé
publique et d'interventions cohérentes et intersectorielles et ça
implique tant le secteur privé que le secteur public. Pour nous, la mise
en place de l'équipe et le développement de réseaux
intégrés ont permis des collaborations interprofessionnelles et
interétablissements les plus fructueuses. (18 h 15)
L'équipe s'est aussi associée avec des mi-
lieux de recherche et des cliniques spécialisées dans les
hôpitaux. Je pense que, pour cet exemple-là particulier,
l'affiliation hospitalière a sûrement été d'un
bénéfice probant.
Or, au niveau provincial, il y a évidemment des liens de
créés avec l'équipe provinciale. Et, encore là,
comme je l'ai dit tantôt, ceci est un exemple concret d'intervention
intégrée.
L'autre projet, le projet Villes et villages en santé...
Le Président (M. Joly): Excusez, Dr Paradis...
M. Paradis (Réjean): Pardon?
Le Président (M. Joly): de façon la plus concise
possible, s'il vous plaît.
M. Paradis (Réjean): Oui.
Le Président (M. Joly): Parce qu'on a déjà
débordé.
M. Paradis (Réjean): Bon, d'accord. Écoutez, Villes
en santé, c'est un autre exemple, je pense, d'une approche qui est en
train de lever de terre, qui est très populaire à l'heure
actuelle. Puis on considère qu'un support tangible d'un DSC de la
région, qui a hébergé le centre de coodination, a
sûrement été bénéfique. Il y a eu
différents mécanismes développés,
développement, promotion, diffusion de l'idée avec toutes les
municipalités. Aujourd'hui, simplement pour vous dire qu'il y a plus
d'une vingtaine de municipalités au Québec - du Québec,
pardon - dont plusieurs dans les régions 03 et 12.
C'est un autre exemple d'intersectorialité et do l'accentuation
mise sur la promotion de la santé, le lien entre le préventif et
le curatif, l'intégration santé sociale et intersectorielle. Il y
a un paquet d'autres exemples qu'on pourrait vous soulever. Vous connaissez
tous, je pense, la publication Mieux vivre avec son enfant C'est un
autre exemple d'une production d'un DSC de la région. C'a
été fait de concert avec les pédiatres d'un centre
hospitalier. Et, quand on considère que ce petit livret-là est
réédité à 100 000 exemplaires par année,
c'est un autre exemple de réalisation.
Pour aller rapidement au niveau des conditions de pratique - M. le
ministre, je suis à la page 11...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est important que vous me
rameniez à la page 11
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Réjean): Écoutez, rapidement, il y a
des conditions de pratique C'était dans notre mémoire. On l'a
détaillé. En y revenant rapidement, on considère que la
proximité de la population, des intervenants, des partenaires et
décideurs est un élément important. Et surtout en
santé publique, on doit agir concrètement sur les
problèmes de santé, les causes et les facteurs de risque qui leur
sont associés et agir rapidement dans les situations où la
protection de la santé publique l'exige et ce, sans devoir fournir
soi-même tous les services directs.
Or, ça, c'est un exemple où les partenaires - je pense que
ça vous a déjà été expliqué,
exposé à quelques reprises par d'autres partenaires - c'est un
élément important à tenir en considération, la
proximité du milieu et des intervenants.
L'autre corollaire à ça, évidemment, c'est le
territoire à couvrir. Je pense qu'on vous a dit qu'une population trop
dispersée géographiquement ou encore un terrain de taille trop
importante peut être préjudiciable pour les Interventions sur le
terrain, de concert évidemment avec tous les intervenants, partenaires
et décideurs. Alors, pour nous... Le milieu hospitalier, je pense, vous
a été exposé préalablement. De par sa
crédibilité, de par l'accessibilité de tous les services
cliniques disponibles, nous considérons que c'est un avantage, à
l'heure actuelle, pour l'exercice de fonction en santé publique.
La masse critique d'expertise. Je pense que les liens avec les milieux
cliniques de formation et de recherche le permettent...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Dr Paradis. J'ai
déjà débordé de 50 % votre temps, 15 minutes au
lieu de 10. Alors, s'il vous plaît, résumez.
M. Paradis (Réjean): M le
Le Président (M. Joly): Brièvement.
M. Paradis (Réjean):.. Président, en conclusion,
quoique le débat actuel ne doive pas être confiné à
une question de structure, on doit, je pense, définir les
éléments d'une meilleure coordination, toujours dans le cadre
d'une dynamique régionale, auxquels on est prêts à
s'inscrire, auxquels on veut s'inscrire. Et je pense que, pour nous, ce qui est
important, c'est que le devenir de la santé communautaire soit reconnu.
Je pense qu'il y a des éléments intéressants de ce
côté-là. L'approche objectif santé et
bien-être du ministère pour nous démontre l'importance de
la santé publique au Québec. Alors, je termine là-dessus.
Je m'excuse, M. le Président, j'avais dit au départ, je n'ai pas
tenu ma promesse, que j'allais être concis pourfavoriser
l'échange.
Le Président (M. Joly): L effort est louable. M.
Paradis (Réjean): Merci
Le Président (M. Joly): M. le ministre de la Santé
et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): merci, m le
président. évidemment, je pense qu'on pourrait avoir un
échange assez long. mais je vais commencer par la page 13. ce n'est pas
la page chanceuse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous m'avez rap pelé
à la page 11 tantôt et vous avez dit en conclusion: "Nous croyons
donc que le débat actuel ne dort pas être confiné à
une question de structure." Moi aussi je suis d'accord avec ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Des fois, on a l'impression
que plusieurs viennent défendre leurs structures au niveau des
départements de santé communautaire. Le débat a
changé depuis le début de la matinée parce qu'on arrive...
et le message est bon parce qu'il donne du fond sur le plan de rattachement
à la population. L'impact recherche, la masse critique me paraissent des
éléments qui, effectivement, sont des éléments dont
on doit tenir compte quant aux décisions à prendre.
Là-dessus, m'a-t-on dit, parce que mon expérience est très
limitée dans ce domaine-là aussi, alors je suis là pour
m'instruire... Vous êtes le 173e mémoire, mais ça s'en
vient. À Toronto, il y a un département de santé
communautaire, donc, pour beaucoup plus de monde. C'est quoi, la masse critique
pour un département de santé communautaire? Disons que, demain
matin, il y aurait un département de santé communautaire à
Québec avec une possibilité de rattachement à certains
centres hospitaliers, disons à trois, des satellites, qui auraient
chacun leur spécialité. Est-ce que, pour autant, la santé
communautaire s'en porterait plus mal et qu'on aurait à travailler
à l'intérieur d'un bassin de population qui est de quoi? 400 000,
500 000 personnes?
M. Brunet: M. le ministre, sur l'exemple de Toronto. Je pense que
la ville de Toronto a une structure de santé communautaire qui est
valable, qui est intéressante. Elle est, malgré tout,
divisée en trois sections presque autonomes, ou relativement autonomes.
C'est une structure qui est extrêmement lourde et extrêmement
difficile à faire fonctionner, qui est entièrement
différente de la nôtre. C'est une orientation vraiment
complètement différente, qui est beaucoup basée sur les
municipalités, sur une présence très considérable
de citoyens dans la structure, qui a sûrement des avantages et qui a
certains avantages, qui a des inconvénients. Je pense que le Dr
MacPherson qui a été chef de DSC à Montréal, au
montreal general, a été aussi chef du dsc de toronto. j'ai eu
l'occasion de discuter de ça avec lui déjà. il y a des
avantages et des désavantages dans les deux formules. le plus gros
désavantage de la formule de toronto ou de l'ontario, c'est qu'il semble
qu'en dehors de villes comme toronto, c'est extrêmement difficile d'avoir
du monde valable et c'a eu beaucoup moins d'impacts et c'est beaucoup moins'
dynamique. il y a presque uniquement à toronto où on a
réussi à développer des principes de santé
communautaire et, pour éviter la grosseur, on a dû diviser,
atomiser en trois parties différentes. c'est un concept vraiment
différent. ce n'est pas du tout une structure bureaucratique. ce n'est
pas une régie régionale, c'est un organisme communautaire qui est
composé en majorité, malgré tout, de citoyens et
d'élus municipaux, alors c'est totalement différent, c'est un
autre modèle.
M. Côté (Charlesbourg): Je laisse Toronto parce que
vous me donnez des explications qui sont intéressantes, donc il y a des
points positifs, il y a des points négatifs aussi. C'est une autre forme
d'organisation. Prenons la région que vous représentez, parce que
c'est quand même un vaste territoire où il y a six
départements de santé communautaire. Comment se fait la gestion
de la qualité? Est-ce qu'elle est différente dans un
département de santé communautaire comme dans un autre? Comment
se fait interrelation entre les différents départements de
santé communautaire quant à vos préoccupations, à
vos objectifs? Est-ce qu'il y a une communication? J'ai compris tantôt,
dans la présentation du Dr Brunet, que pour les objectifs de
santé il y avait une collaboration avec le CRSSS. Est-ce que c'est
nouveau? Est-ce que ce sont les objectifs de santé qui ont amené
cette nouvelle dynamique sur le plan de la concertation? Quelle était la
concertation auparavant? Quelle est la coordination ou la
complémentarité de chacun des départements de santé
communautaire? Parce que, aujourd'hui, c'est une belle manifestation de
solidarité de l'ensemble de la région. Elle est peut-être
plus visible aujourd'hui parce que c'est la commission qui la permet, mais
peut-être qu'elle était présente avant.
M. Brunet: Oui. Je pense qu'elle a toujours été
présente. Je dois dire qu'on a eu, depuis le début d'ailleurs et
pendant plusieurs années, une organisation qui fonctionnait, qui se
réunissait à peu près tous les deux ou trois mois
où on réunissait les directeurs généraux et les
chefs de DSC de l'ensemble de la région 03 pour s'entendre sur des...
Parce que ce n'est pas la première crise que vivent les DSC; je veux
dire le partage DSC-CLSC a été douloureux, M. le ministre. Ce
n'est pas très vieux, les plaies sont guéries, mais c'est
récent encore, c'est fragile. Et au niveau de la concertation, on
pourrait
peut-être parier un peu plus de la rive nord parce que ça
s'est fait plus au niveau de la rive nord. C'est sûr que les
dépôts du projet de loi de la ministre, du mémoire, ont
probablement eu un rôle, je dirais, enzymatique important, je veux dire,
pour favoriser là des rapprochements et il y a eu beaucoup d'efforts. Je
laisserais peut-être le Dr Fortin expliquer rapidement ce qui s'est fait
très brièvement depuis, je dirais, presque douze mois, dans la
région de Québec, pour faire la concertation.
M. Fortin (Jean-Paul): Alors, en gros, ce qu'on a fait, c'est
qu'on a regardé l'ensemble des dossiers qui étaient en force
actuellement au niveau du secteur nord. On a identifié quels
étaient les dossiers les plus forts selon les différents
départements de santé communautaire, on a mis ça ensemble
et on a commencé à regarder comment on pouvait se concerter et se
coordonner entre nous. On est arrivés à une proposition où
on s'est entendus pour, lorsqu'un dossier doit être géré ou
doit être mené sur une base régionale, identifier - et il y
a un accord là-dessus avec l'ensemble des chefs impliqués - une
personne responsable de cette partie de dossier-là sur le plan
régional et qui serait choisie en fonction de sa compétence et
aussi de sa capacité de motiver les gens. Les DSC ont accepté de
rendre disponibles les ressources qu'ils utilisent dans ces dossiers-là
pour qu'elles soient sous l'autorité fonctionnelle de ce
responsable-là qui, lui, a comme mandat premier de s'assurer qu'on a une
vision d'ensemble de la région par rapport à ces
problèmes-là, qu'on regarde les solutions qu'il faut trouver pour
ces problèmes-là, afin d'en arriver à proposer des gestes
et des actions concrètes sur le terrain. Alors, ça, ce sont des
choses qui sont non seulement dites mais écrites II y a un projet
d'organisation et de fonctionnement qui a été proposé de
ce côté-là, qui a été discuté
même avec les conseils régionaux et je crois qu'à cet
égard-là il y a eu un rapprochement extrêmement important
qui a permis la formation d'équipes avec une masse critique plus
importante, de diminuer l'édification qu'il pouvait y avoir et, à
mon avis, on a fait un bon bout de chemin pour atteindre des objectifs de
rationalisation
M. Brunet: Si vous le permettez, M. le ministre, la rive sud
voudrait s'exprimer aussi.
Mme La plante (Odette): Vous nous deman diez quelles
étaient les collaborations avec le conseil régional? Pour
compléter un petit peu, depuis l'année dernière, quand on
parlait de la nouvelle région Chaudière-Appalaches et de la
préparation du sommet socio-économique, les trois
départements de santé communautaire de la nouvelle région,
avec le conseil régional, se sont mis ensemble pour documenter la
région. Personne ne connaissait l'image de cette région là
et on n'avait jamais regardé les chiffres de cette
façon-là. On a décrit la population, ses problèmes
de santé et son réseau de services. Je pense que les occasions
étaient peut-être moins présentes avant parce que les
champs de préoccupations étaient moins communs entre les DSC et
le conseil régional, mais je pense qu'il y a beaucoup de collaboration
qui se fait sur les préoccupations qui sont communes aux deux.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme La-plante. M. le
ministre pour terminer.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va J'ai un Conseil
des ministres qui attend là, j'ai un dossier, vous m'excuserez si je
dois quitter en douce, mais je vous remercie de votre présentation et je
suis très heureux qu'il y ait une collaboration très
étroite avec le CRSSS qui deviendrait une régie régionale,
parce que ça va prendre de la complémentarité, ça
va prendre un regroupement des efforts de tout le monde et, si vous avez
déjà commencé à le faire, tant mieux pour les
bénéficiaires, parce que ce sont eux qu'on veut servir.
Quant aux choix finals, ils viendront éventuellement, en se
rappelant toujours qu'on va tenter de faire pour le mieux. Merci!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue, M. Trudel.
M. Trudel: Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie
les gens de cette présentation et de l'importante documentation qu'ils
ont déposée, avec des exemples de collaboration, de travaux, de
mandats, de réalisations qui ont été faites en
matière de santé publique pour l'ensemble des organismes ou des
établissements que vous représentez. Comme département de
santé communautaire, c'est particulièrement Impressionnant. Vous
soulignez deux exemples dans votre résumé, le
résumé de votre mémoire, en particulier ce projet Villes
et villages en santé. Rouyn-Noranda est l'un de ces centres urbains qui
font partie de ce réseau québécois et, effectivement, le
rôle déterminant du département de santé
communautaire et des ressources du département de santé
communautaire, il faut le souligner, est de prime importance dans la
réalisation de toute l'implantation de cette philosophie de la promotion
de la santé au coeur de la cité, si on retournait à la
philosophie grecque, en quelque sorte. (18 h 30)
En matière d'organisation, Dr Brunet, vous dites, à la
question du ministre par rapport à la comparaison avec Toronto. On a
été obligés, en quelque sorte, d'atomiser par secteur des
morceaux de cet unique département de santé communautaire Est-ce
que vous pensez qu'on pourrait arriver à cela à
l'intérieur des futures
régies régionales en matière de planification des
ressources, en respectant les critères - c'est vous autres, les
spécialistes de la santé communautaire et de la santé
publique - que vous nous avez donnés à la fin de votre
mémoire? Est-ce que ça vous paraît possible ou si vous
êtes carrément en train de nous dire: Écoutez, c'est une
question qui est tellement complexe, tellement difficile et tellement
importante que ce doit être une décision réservée au
ministère, à l'État.
M. Brunet: Je voudrais préciser - et je pense que c'est
extrêmement important de préciser certaines choses - qu'il y a,
dans la structure ontarienne, une organisation de santé publique qui est
autonome. Pour la ville de Toronto, c'est une organisation où les
comités consultatifs, l'équivalent de leurs conseils
régionaux, sont représentés, où les
municipalités sont représentées, et c'est une organisation
en soi qui répond au ministère pour ce qui concerne la
santé publique. Il existe en Ontario des conseils régionaux qui
s'appellent des conseils consultatifs quelconque - je ne pourrais pas vous en
préciser le nom - mais qui forment un organisme different.
Ce qui m'inquiète, dans la proposition qui est discutée
parfois ou de ce qu'on peut entendre, c'est l'idée d'intégrer la
fonction santé publique à l'intérieur d'une régie
régionale dont les fonctions ne sont vraiment pas des fonctions de
santé publique, mais des fonctions de planification de services de
santé, de planification. Je pense que la régie régionale
prévoit avoir des pouvoirs sur les budgets, sur le financement des
hôpitaux, sur l'organisation des hôpitaux; en tout cas, ma
perception, c'est qu'elle va en avoir son voyage, je veux dire qu'elle va
être occupée en masse.
Je comprends difficilement ce désir d'obtenir un organisme qui
doit se préoccuper de santé publique, qui a une fonction
complètement différente, marginale. Qu'à
l'intérieur des DSC, il y ait une partie de planification, je pense que
ce n'est pas une raison pour les transférer à l'intérieur
de la régie. S'ils font trop de planification, peut-être qu'on
devrait les ramener à leur rôle de santé publique plus
spécifique. Mais je vois difficilement qu'on intègre deux
fonctions qui, à mon avis, vont se marier difficilement, et ça
n'a été fait dans aucun pays que je connais. Des pays qui sont
très régionalisés, comme la Suède ou les pays
scandinaves, n'ont jamais, à ma connaissance, intégré la
santé publique à l'intérieur de leur régie
régionale. Ce sont des organismes différents qui ont une
responsabilité et qui peuvent répondre, pour certaines choses,
à la régie, mais qui vont répondre au ministre pour
l'essentiel de la santé publique.
M. Trudel: Ce que vous dites, c'est: Ne mélangez pas les
genres...
M. Brunet: Ni les espèces.
M. Trudel:... au niveau... Ni les espèces.
M. Brunet: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ce que vous dites, c'est qu'administrativement, en
termes de coordination, c'est une bonne idée. Peut-être les
régies régionales, mais ne leur demandez pas de devenir des
dispensateurs de services, en particulier dans le domaine de la santé
communautaire. Vous nous dites ça: Soyez très prudents, parce que
vous nous énumérez des conditions qui doivent nous
apparaître essentielles pour un bon exercice de votre mandat. Si le
ministre donnait suite quand même, parce qu'il vous disait tantôt:
Oui, j'apprends assez vite et vous allez peut-être finir par me
convaincre - nous autres, on pense faire la même chose avec lui sur la
souveraineté; vous allez peut-être réussir à le
convaincre - et qu'il décidait d'y aller avec son intention
première de rattacher les départements de santé
communautaire aux futures régies régionales, est-ce que vous
pensez qu'on ne devrait pas s'assurer d'un curtain rapport do forcos si
l'État désignait une espèce de surveillant
général au Québec, responsable général, au
ministère, de la santé publique, de façon que les missions
fondamentales qui vous sont dévolues et la responsabilité de la
santé publique soient assurées en quelque sorte et que, si vous
étiez pris dans une mécanique administrative régionale -
j'essaie de refléter ce que vous m'avez dit jusqu'à maintenant -
il y ait quelqu'un, au niveau supérieur, pour surveiller
l'accomplissement du mandat dans des conditions adéquates, est-ce que
ça vous apparaîtrait assez important que l'on puisse
désigner, au niveau de l'État, une espèce de responsable
général de la question de la santé publique, avec mandat
de surveillance des organismes régionaux, en quelque sorte, en ce qui
concerne la réalisation de cette partie du mandat de la santé
publique?
M. Brunet: je répondrai que la présence d'un
responsable de la santé publique, de toute façon,
m'apparaît nécessaire. mais ça ne corrigerait pas l'erreur
de les intégrer à des régies régionales. m.
légaré?
M. Légaré (Jean-Yves): Écoutez, moi,
j'ajouterais peut-être ceci: en tant que témoin, comme
administrateur public, depuis quelques années, de tout ceci, avant les
DSC, dans un centre hospitalier, dans un centre hospitalier à la
naissance des DSC, dans un centre hospitalier pendant le vécu des DSC,
dans un conseil régional pendant que vivaient encore les DSC qui se
maintiennent très bien aujourd'hui, j'ai pu constater qu'en rattachant
une fonction de dispensateur de services à une fonction administrative
on fait en sorte que la fonction dispensatrice de services est
influencée par la
fonction administrative; c'est-à-dire que la dominante d'une
instance, si elle est administrative, influence, dans une certaine mesure, la
fonction dispensatrice de services. Et, dans l'autre cas où elle est
rattachée à un milieu dispensateur de services, on reste
influencés par les technologies et les approches nécessaires
à la dispensation des services.
Je pense aussi qu'il faut retenir qu'il est important d'être
près de la population, mais qu'il est aussi important d'influencer le
milieu hospitalier, qui est son corps médical, qui est son
administration, tout son personnel, en même temps qu'on peut influencer
une population face à une approche de population, pour des
problèmes de santé publique, et également des expertises
qui sont nécessaires pour permettre que cette fonction s'actualise
correctement. Alors, à la question que vous vous posez, j'ai fait un peu
un détour. Je pense, comme on l'a dit tout à l'heure, qu'on
verrait davantage la justification d'un surveillant si... Vous en faites une
proposition ou vous en avancez l'hypothèse... Le fait que ça soit
rattaché à une structure administrative, même si c'est
justifié, ça semble justifier davantage.
Le Président (M. Joly): Merci, M Légaré.
Avec la permission des membres de cette commission, nous allons
reconnaître M. le député de Lévis. D'accord? Il ne
fait pas partie de cette commission, mais je pense que ce sont des gens de sa
région, alors, M. le député de Lévis,
brièvement, nous avons déjà largement
dépassé.
Une voix: Ça ne sera pas sur les routes?
M. Garon: Non, ça ne sera pas sur les routes. C'est une
question très brève. Comme je vois que vous êtes les
centres hospitaliers ayant des départements de santé
communautaire et centres hospitaliers universitaires, j'aimerais savoir si vous
pensez qu'il ne serait pas utile que, dans les différentes
régions du Québec, on ne concentre pas... Quand on regarde le
rapport de Mme Lavoix-Roux, le livre rouge, présenté, je pense,
l'an dernier, au printemps 1989, on dit qu'il y aura cinq hôpitaux
universitaires à Québec, mais aucun sur la rive sud ou dans
Chaudière-Appalaches. Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne chose
qu'il y ait des hôpitaux universitaires, je ne dis pas tous les
hôpitaux, mais qu'il y ait au moins un hôpital universitaire par
région? Ce ne serait pas anormal qu'il y ait un hôpital
universitaire dans la région Chaudière-Appalaches, comme
l'Hôtel-Dieu de Lévis, par exemple?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, Dr Brunet,
très brièvement.
M. Garon: Ou si... Mais comme il y a 40 % de la population de la
région de Québec...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député. Je vais reconnaître le Dr Brunet, très
brièvement, s'il vous plaît.
M. Brunet: Alors, la question est plus politique
qu'administrative.
Le Président (M. Joly): Exactement. C'est pour ça
que...
M. Brunet: Je pense que ce qu'on peut dire, quant à nous,
au niveau des centres hospitaliers de la région de Québec, c'est
qu'on a toujours vécu avec l'hôpital de Lévis comme un
partenaire, comme centre hospitalier universitaire; et il a toujours
été participant à nos réunions, jusqu'à
maintenant, et il l'est encore, M. le député de Lévis, si
ça peut vous rassurer. Cette décision-là ne
dépendra pas de nous autres, à toutes fins pratiques. Mais,
jusqu'à maintenant et encore aujourd'hui, l'Hôtel-Dieu de
Lévis est invité à toutes nos réunions de
coordination et de concertation, au niveau des hôpitaux universitaires de
la région de Québec.
Le Président (M. Joly): Merci, Dr Brunet. M. le
député de Rouyn-Noranda-Tômiscamlngue.
M. Trudel: Merci beaucoup de votre présentation et surtout
de l'importante documentation que vous avez déposée devant cette
commission, en espérant que le ministre saura y tirer toutes les
informations nécessaires pour répondre à ce mandat
essentiel que vous exercez bien au Québec
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Dr Paradis, vous avez mentionné tantôt: Mieux vivre avec son
enfant. C'a été produit par quel DSC?
M. Paradis (Réjean): En toute objectivité, M. le
Président, c'est par le département de santé communautaire
de l'hôpital de l'Enfant-Jésus. C'est un document qui a
été produit en 1977. Alors, je pense...
Le Président (M. Joly): Toujours d'actualité.
M. Paradis (Réjean): ...qu'une bonne
génération de Québécois connaissent bien...
Le Président (M. Joly): Merci bien, ça
m'intéressait. Alors, je voudrais rappeler aux membres de cette
commission qua demain, le jeudi 5 avril, de 10 heures à 12 h 30, dans
cette même salle, la commission des affaires sociales procédera
à l'étude détaillée du projet de loi 22, qui est la
loi modifiant les allocations d'aide aux familles. Nous allons maintenant
ajourner au
mardi 10 avril, à 9 h 30, pour la poursuite de l'étude de
l'avant-projet de loi intitulé Loi sur les services de santé et
les services sociaux. Merci beaucoup.
(Fin de la séance À 18 h 41)