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(Dix heures huit minutes)
La Présidente (Mme Marois): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales va reprendre ses travaux dans
le cadre de la consultation générale et des auditions publiques
concernant l'étude de l'avant-projet de loi, Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
Est-ce qu'il y a des remplaçants ou remplaçantes, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Gautrin
(Verdun) sera remplacé par M. Poulin (Chauveau). C'est tout.
La Présidente (Mme Marois): Parfait II n'y a pas d'autres
remplacements? Merci. Alors, nous entendrons, ce matin, deux grands groupes:
d'une part, le Conseil de la santé et des services sociaux de la
région de Québec et, par la suite, la Fédération
des familles d'accueil du Québec. Je vais donc souhaiter la bienvenue
aux représentants et représentantes du Conseil de la santé
et des services sociaux de la région de Québec. Je vais demander
à la personne qui sera porte-parole de se présenter et de
présenter les gens qui l'accompagnent. Vous avez environ une vingtaine
de minutes pour présenter votre mémoire et, par la suite, il y
aura un échange entre les membres de la commission avec un temps qui
sera partagé également entre la formation ministérielle et
la formation des membres de l'Opposition. Bienvenue.
Conseil de la santé et des services sociaux de
la région de Québec
M. Fortin (Gilles): Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, permettez-moi, d'abord, de
vous remercier de nous recevoir dans le cadre des travaux de votre commission,
puis de me présenter, Gilles Fortin, président du Conseil
régional de la santé, et de vous présenter aussi les
personnes qui m'accompagnent: du milieu municipal, avec lequel notre
réseau est en voie de développer des liens de collaboration sur
une variété croissante de dossiers, M. Paul-Eugène Drolet,
maire de Neuville et président de la Conférence des
préfets de la région de Québec; M. Jacques Langlois, maire
de la ville de Beauport et représentant de la Communauté urbaine
de Québec; M. Pierre-Maurice Vachon, maire de la ville de Sainte-Marie
de Beauce et président de la Conférence des préfets de la
région Chaudiè-re-Appalaches. Du réseau des
établissements de santé et de services sociaux, M. Gilles Proulx,
président de la Commission régionale de la coordination et de la
planification; M. Marcel Racine, représentant du Regroupement des tables
de concertation de la région Chaud ière-Appala-ches, et M.
Gérard Roy, représentant du Regroupement des tables de
concertation de la région de Québec. Enfin, du Conseil
régional, Mme Aline Visser, vice-présidente, professeure et
bénévole impliquée dans la Fondation de l'Hôpital
général de la région de l'amiante, et, enfin, le directeur
général, M. Roger Bertrand.
Malgré une délégation aussi importante, soyez
assurés que nous respecterons le temps qui nous est imparti.
L'étendue de notre représentation vise, par ailleurs, à
refléter les forces sur lesquelles nous désirons continuer
à construire nos régions dans le domaine sociosanitaire: d'une
part, celles de notre réseau de santé et de services sociaux et,
d'autre part, les forces des autres réseaux et spécialement des
réseaux municipaux, étant donné notre proximité
sous plusieurs rapports. Ceux-ci se joignent à nous ce matin afin
d'appuyer l'essentiel de la position du Conseil régional, notamment sur
le principe de la décentralisation. Nous avons compris, cependant, que
leur appui ne saurait être, en aucune façon,
interprété comme une ouverture de ce milieu vers une plus grande
responsabilisation à l'égard du fonctionnement et, surtout, du
financement du secteur de la santé et des services sociaux sur leur
territoire.
Nous n'allons pas reprendre le contenu du mémoire dont vous avez
pu prendre connaissance préalablement, si ce n'est pour vous rappeler
quelques guides essentiels dans les ajustements à apporter au
système actuel. Notre présentation sera plutôt axée
sur les questions qui semblent le plus préoccuper la commission à
ce jour et qui constituent, effectivement, des enjeux importants pour les
prochaines années.
Dans un premier temps, nous tenons à réitérer notre
entière adhésion aux objectifs de fond énoncés dans
lavant-projet de loi. À cet égard, nous jugeons essentiel que le
gouvernement et le ministère fixent clairement dans la loi les grandes
balises, les grands objectifs, sans, toutefois, y enchâsser les
modalités opérationnelles, pour des raisons de respect de
l'autonomie des milieux, de clarté du texte législatif et de
fonctionnalité du système des services de santé et des
services sociaux. 1 el que proposé dans les orientations
gouvernementales, le fil conducteur des ajustements à apporter au
système de santé et de services sociaux n'est pas une quelconque
et assez large notion de clientèle, mais bien la personne qu'on doit
servir. De même, le lien
intégrateur des diverses interventions pour prévenir ou
pallier les difficultés qu'elle est susceptible de vivre au cours
de sa vie, c'est encore une fois la personne. Il faut intégrer dans
l'ensemble des gestes administratifs et professionnels cette logique où
la définition des programmes et l'organisation des services sont
résolument centrées autour et en fonction de la personne.
Le terme "accessibilité" selon nous, se réfère
à la possibilité pour une personne de recevoir le plus possible
dans son milieu les services de base ou spécialisés que son
état requiert.
L'accessibilité équitable aux services passe par la
répartition également équitable des ressources dans les
milieux; c'est le cas, notamment, des effectifs médicaux II s'agit d'un
point névralgique que des dispositions administratives seules ne
pourront régler. On devra compter aussi sur les incitatifs et même
Ies cultures II faudrait, en particulier, que les milieux médicaux
s'ouvrent davantage vers une nouvelle conception de la santé et de leur
rôle à cet égard, et qu'ils agissent davantage comme
partenaires dans l'articulation des solutions aux problèmes auxquels
nous sommes confrontés comme société, tant du
côté de la santé que du bien-être, d'ailleurs.
Outre ce cheminement qu'il faudrait arriver à faire ensemble, la
régionalisation des budgets de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec nous apparaît une formule à explorer et un levier
d'action intéressant pour générer une meilleure
répartition des effectifs médicaux sur le territoire.
L'accès aux services concerne non seulement les services
médicaux, mais aussi les services externes et les interventions
psychosociales. Aussi, l'organisation des services et l'allocation des
ressources devront faire une place plus grande à la consolidation, voire
au développement de services spécialisés externes,
notamment pour les clientèles particulièrement vulnérables
comme les personnes âgées et les personnes ayant des
problèmes de santé mentale ou des handicaps physiques. Il en sera
de même des services de support aux familles qui maintiennent à
domicile des personnes en perte d'autonomie ou vivant avec des handicaps.
La base essentielle d'une réorganisation optimale du
réseau de services sociosanitaires réside dans l'adoption d'une
politique nationale de santé et de bien-être qui précise la
philosophie d'action et les grands objectifs à atteindre. Il est
nécessaire qu'une telle politique gouvernementale interpelle non
seulement le ministère de la Santé et des Services sociaux, mais
également tous les milieux dont l'action a un impact sur la
qualité de vie des personnes et, de ce lait, sur leur état de
santé et de bien être
II faut modifier de manière fondamentale les valeurs et les
comportements individuels et collectifs, et miser sur le rôle actif des
personnes et des communautés face à leur propre santé.
Amélioration des niveaux de vie et d'instruction, politiques
sociales et politiques d'emploi, prise de conscience et engagement des
personnes et des collectivités, coordination de l'action de multiples
acteurs et mise en place de programmes de prévention orientés sur
des clientèles présentant un haut niveau de risque, tels
paraissent être les principaux vecteurs d'une stratégie de
promotion et de prévention de la santé.
Cette politique nationale de santé et de bien-être devrait
d'abord être axée sur des objectifs établis provincialement
et modulés régionalement en vue de réduire l'incidence de
problèmes majeurs auxquels sont confrontées les populations. Ces
objectifs deviendront la base d'une gestion centrée sur les
résultats et d'une allocation efficiente des ressources. Cette notion de
résultats nous apparaît fondamentale puis-qu'elle transforme la
dynamique de gestion des ressources un uno logique de gestion d'objectifs
à atteindre. Elle redonne tout leur sens à la
complémentarité et au partenariat qui ne se vivent plus comme des
palliatifs aux lacunes d'un système, mais comme des forces à
conjuguer pour réaliser pleinement le but ultime partagé: le
service à la personne.
Nous constatons aussi avec enthousiasme que vous partagez notre
confiance en la capacité des milieux de se définir et d'adapter
les réponses à leurs besoins en favorisant la
décentralisation sur une base régionale. Cette affirmation prend
toute sa valeur dans la mesure où l'instance régionale tirera sa
légitimité non seulement des pouvoirs que lui confiera
éventuellement le législateur, mais aussi du maillage qu'elle
aura su tisser, de la confiance qu'elle saura inspirer dans son milieu et de
l'implication de celui-ci dans les arbitrages à conduire.
D'autre part, la participation de la population et l'implication des
milieux dans le choix des priorités et des moyens d'action peuvent se
vivre non seulement au sein des conseils d'administration des instances
régionales et locales, mais aussi par le biais de réflexions
communes sur des questions de fond ou sur le choix de priorités, comme
le récent sommet socio-économique Chaudière-Appalaches
nous en a donné l'opportunité. Elles peuvent se vivre aussi par
l'implication de représentants de divers secteurs d'activité sur
des groupes de travail, tel que nous la vivons actuellement dans la
préparation des plans régionaux d'organisation de services en
santé mentale et en déficience intellectuelle.
La participation, c'est aussi l'implication et la responsabilisation des
personnes face à la prise en charge de leur propre santé. Or,
tout notre système est centré avant tout sur la dispensation do
soins et services Le réseau de services s'est ainsi accaparé
cotte responsabilité en s'obligeant à prodiguer toute la gamme
de
soins et en ignorant, par le fait même, la capacité du
citoyen d'assumer aussi ses responsabilités. Il faudra trouver le moyen
de réactiver la personne dans la gestion de sa santé, lorsque
c'est possible, et de l'amener à considérer celle-ci comme un
capital qu'on doit protéger et non pas comme une richesse qu'on peut
dilapider.
La mobilisation et le développement des ressources humaines nous
apparaissent également des assises essentielles pour réaliser
avec succès le virage majeur qui s'impose face à l'organisation
du système de santé et de services sociaux. En effet, pour que la
dynamique des pouvoirs puisse se recentrer sur l'organisation des services
à la personne, il faut non seulement adopter une logique
organisationnelle de résultats, mais aussi que les gestionnaires, les
professionnels de la santé et, du reste, l'ensemble des travailleurs et
travailleuses du réseau partagent cette philosophie d'action. Il faudra
développer, dans nos organisations, le réflexe de la
muliisectorialité, l'ouverture sur le milieu dans la définition
des priorités et des pistes d'intervention et l'habileté à
évaluer la conformité de leurs interventions par rapport aux
objectifs do santé et de bien-être que nous nous serons
donnés ensemble
Beaucoup se sont interrogés jusqu'à ce jour sur la valeur
de notre système et sur sa performance, sur les raisons, en particulier,
qui permettraient d'affirmer qu'il est l'un des meilleurs au monde, alors qu'on
y diagnostique tant d'imperfections. Pour voir clair dans toute cette question,
il devient nécessaire de jeter un regard d'ensemble sur notre situation.
À ce titre, qu'il nous soit permis de référer les membres
de cette commission à une étude remarquable, publiée l'an
dernier par un groupe de chercheurs de différentes universités
canadiennes dans le prestigieux New England Journal of Médecine.
L'étude démontre, sans entrer ici dans les détails,
que notre formule de financement au Canada a permis à notre
collectivité d'exercer un bien meilleur contrôle de ses
dépenses relatives à la santé comparativement à nos
voisins du Sud.
Cette performance relative du système québécois et
canadien de santé dans son ensemble est largement attribuable au fait
qu'un système universel financé par la taxation est tout
simplement moins cher à administrer à tous les niveaux. En fait,
les auteurs estiment que les coûts pour administrer et opérer le
système américain, indépendamment du coût des soins
aux patients eux-mêmes, peuvent représenter plus de la
moitié de la différence dans les coûts des systèmes
américain et canadien. Rappelons-nous que l'ensemble de nos citoyens
sont couverts par notre régime public, contrairement à la
situation prévalant aux États-Unis.
Ceci dit, il importe de ne pas associer uniquement la performance du
système à celle de son réseau de services ou
d'établissements. Il importe d'abord, du point de vue de la performance
d'un système, d'avoir une vision, des perspectives claires quant aux
finalités de celui-ci II faut savoir identifier, de la façon la
moins équivoque possible, les objectifs, les résultats
recherchés et s'assurer, ce faisant, que ces finalités, ces
objectifs, ces résultats correspondent bien aux valeurs fondamentales de
la majorité des intéressés. C'est à partir de
là qu'il devient possible de mobiliser, de voir s'agencer de
façon cohérente les forces vives d'un milieu en vue d'atteindre
les objectifs convenus.
Il est important, enfin, de pouvoir et de savoir évaluer les
résultats obtenus afin non seulement de gratifier ou de sanctionner,
mais aussi de se rajuster en fonction du nouveau portrait de la situation que
nos actions auront engendré ou que, de façon externe, notre
environnement aura su façonner.
Il est temps, après 20 années consacrées à
la construction et à l'amélioration du fonctionnement de nos
systèmos, de sortir de notre centration, de notre fixation sur les
moyens, sur les ressources, ceci afin d'adopter une gestion centrée
d'abord sur des résultats à atteindre en priorité, ceux ci
devant eux mêmes reposer sur une base scientifique
éprouvée. D'où l'importance, ici au Québec, par
exemple, de l'énoncé de politique santé et bien-être
à venir, des objectifs à clarifier, à "prioriser", des
systèmes d'information et d'évaluation à mettre en place
ou, dit plus simplement, de savoir d'abord où l'on veut aller et,
après, de décider de la façon dont on s'y prendra pour y
arriver.
On aura, par contre, réussi à développer une autre
vision ou une autre voie dans la solution des problèmes de santé:
celle des actions auprès de populations à risque, celle de la
prévention également, celle aussi des déterminants de la
santé et des actions que ceux-ci obligent à envisager bien en
amont du système de santé lui-même. Il faut se rappeler,
cependant, que nous serons restés bien trop collés à une
dynamique d'établissement, trop centrés sur une logique d'input,
de ressources et non de résultats. Le bilan que nous faisons de ce
dernier quart de siècle nous dit que nous sommes prêts maintenant
à tourner et à animer ce réseau en fonction d'objectifs de
résultats centrés sur la personne et à assurer ainsi sa
performance.
Il est généralement soutenu comme idée qu'une plus
grande imputabilité doit être rendue possible dans ce
système de santé et de services sociaux si l'on veut
réussir une meilleure performance dans nos organisations. Mais comment,
concrètement, y arrive-ton? Essentiellement, en orientant
résolument les programmes, les crédits, les ressources de
façon cohérente avec les objectifs convenus et les
résultats recherchés. Ce qui nous amène à parler de
la chaîne, recursive, qui part justement des résultats
recherchés, passe par les programmes et les crédits votés
pour ces programmes, les plans régionaux d'organisation de services,
l'allocation des ressources, la dispensation des services,
l'évaluation des résultats et, enfin, la mesure
révisée de l'état de santé de la population et la
reformulation de notre politique, des objectifs et des résultats.
À notre avis, cependant, le maillon le plus faible actuellement
est le programme ou la notion de programme. Celle-ci doit être
articulée et la nomenclature des programmes modifiée, afin de
permettre un lien, une correspondance directe avec les objectifs de
résultats. II est fondamental que, dans l'optique d'une nouvelle
dynamique à insuffler dans le réseau, on développe une
nomenclature de programmes qui permette une véritable
imputabilité à tous les niveaux de la chaîne
décisionnelle et de responsabilité, c'est à dire de
l'Assemblée nationale jusqu'à l'organisme ou au professionnel qui
dispense le service. Une véritable imputabilité, donc, parce que
le lien pourra être fait entre les ressources consenties et les
résultats obtenus. Une plus grande efficacité aussi grâce
à un lien qu'on sera capable de faire entre des objectifs de
résultats plus clairs, connus, convenus, disons même
négociés, et les ressources consenties, d'autre part.
Le fil conducteur des ajustements à apporter doit être
d'abord la personne à servir et cette personne, elle est susceptible de
vivre au cours de sa vie des périodes difficiles sur les plans physique,
mental, social, qui nécessitent l'intervention de tiers pour soit
prévenir, pallier ou contrer ces difficultés. À notre
avis, la notion de programme doit donc être revue et
réarticulée autour de cette réalité de la personne
à aider, que ce soit de façon préventive, curative ou
palliative.
Ces programmes, il y a moyen de les configurer en un maximum de sept ou
huit grands ensembles, par exemple: santé physique, santé
mentale, adaptation et réadaptation sur les plans intellectuel, physique
et social, intégration minimale et protection de la personne. Une fois
identifiés, il devient possible de mettre ceux ci en lien avec les
problèmes qu'on veut régler, les objectifs et les
résultats recherchés dans le domaine de la santé et du
bien être. Avec une telle nomenclature, le vote des crédits
à l'Assemblée nationale prend vraiment tout son sens. On
ne vote plus pour augmenter de X % les crédits de telle ou telle
catégorie de ressources ou d'établissements, mais on consacre
plutôt des crédits pour diminuer l'incidence de tel ou tel
problème, diminuer, par exemple, dans telle proportion, les
décès et la morbidité attribuables aux accidents de la
route sur telle portion du territoire. À noter que l'exemple est ici
choisi volontairement de façon à faire ressortir l'importance,
voire l'obligation d'une approche intersectorielle dans la recherche des
solutions au problème.
Nous insistons sur Ie fait qu'avec un tel vote une véritable
imputabilité devient possible tout au long de la chaîne des
responsabilités, du gouvernement jusqu'à l'établissement,
l'organisation et le dispensateur de services Les gratifications et les
sanctions ne se font plus sur l'aptitude à canaliser de plus en plus de
ressources, mais plutôt sur les résultats qui nous sont imputables
ou pas. Nous insistons aussi sur l'importance de l'évaluation et de
systèmes d'information appropriés dans un tel contexte.
À noter enfin que, contrairement à ce qu'on entend souvent
dire, l'imputabilité existe déjà dans notre
système. Le problème, c'est qu'elle s'exerce plutôt en
relation avec, par exemple, la quantité de ressources additionnelles
qu'un directeur général ou une directrice générale
d'établissement réussit à attirer chez lui ou chez elle,
année après année. C'est cela qu'il faut changer si on
veut accéder à plus d'efficacité dans le système de
santé et de services sociaux.
Nous avons insisté, il y a quelques instants, sur l'importance
d'une approche intersectorielle dans la recherche, l'identification et la mise
en oeuvre des solutions aux problèmes auxquels nous sommes
confrontés. L'intersectorialité, lorsqu'on en discute de
façon globale, peut avoir l'air davantage d'un concept, d'une vision
éthérée, parce qu'on est alors loin du terrain. Cependant,
nous pouvons dire, par expérience, qu'à l'échelle d'une
région ou d'une sous-région l'intersectorialité prend vite
une dimension très concrète, très palpable, très
pragmatique, très utile et pertinente. Qu'il s'agisse, par exemple, de
solutionner des problèmes d'insertion sociale chez certains de nos
concitoyens, du problème et de la disposition des produits dangereux ou
infectieux, de la gestion des eaux potables, des mesures à
prévoir dans d'éventuelles situations d'urgence
sévères ou majeures, de la mesure des effets reliés au
vieillissement de la population sur les services publics, des interventions sur
des problématiques jeunesse, de contrer la violence faite aux personnes,
d'implanter et de coordonner des systèmes d'appels d'urgence sur un
territoire, qu'il s'agisse même de transport en commun ou adapté,
on se retrouve de plus en plus souvent à la même table et en
relation de partenaires avec nos collègues de la Justice, de la
Sécurité publique, de l'Éducation, de l'Environnement, du
milieu municipal très souvent et parfois même du milieu
économique.
Nous devrons, en particulier, intensifier nos relations avec les milieux
municipaux au cours des prochaines années car le vieillissement de nos
populations, en particulier, rend de plus en plus impératives des
actions concertées entre nos deux secteurs. C'est pourquoi nous vous
recommandions, dans notre mémoire, qu une place plus grande soit faite
aux milieux municipaux au sein des conseils d'administration des futures
régies régionales. Nous avons compris, cependant, de nos
discussions avec les maires que les municipalités de notre région
souhaiteraient se rapprocher, mais sous réserve, dans l'optique d'une
décentralisation véritable que lu gouvernement ou
le ministère fixe les grandes balises, les grands objectifs et
s'y limite le plus possible; qu'on laisse vraiment les régions
décider, "prioriser" à l'intérieur de ces grandes balises
ou orientations; qu'il n'y ait pas de P.-D.G. nommé par lo gouvernement,
mais bion plutôt un président élu par le conseil
d'administration et un directeur général recruté selon la
formule habituelle; qu'on assure une représentation significative du
milieu municipal au conseil d'administration des régies, par exemple, le
tiers des sièges.
Nous comprenons également que le geste du milieu municipal, en
venant s'asseoir à la commission parlementaire, est un signe qu'il
appuie la position du Conseil régional sur l'essentiel, en particulier
sur le principe de la décentralisation, mais ce ne doit en aucune
façon être interprété comme un signe que le milieu
municipal prendrait un jour en charge le système et son financement, ne
serait-ce qu'en partie.
Beaucoup de questions fusent également sur l'évolution des
coûts du système et les moyens d'y faire face comme
société. On s'interroge sur les sources de financement, on
évoque les capacités limitées de l'État, on explore
certaines avenues, tel l'impôt à rebours. En ce qui concerne
l'évolution des coûts, est-il nécessaire de
répéter encore une fois qu'il n'y a rien de catastrophique dans
les tendances, en particulier au cours des dix dernières années.
(10 h 30)
En effet, au cours de la dernière décennie, les
dépenses totales du gouvernement du Québec, en proportion du PIB,
auront diminué. Quant aux dépenses de santé et
d'adaptation sociale, exprimées, cette fois, en pourcentage du budget
gouvernemental total, elles auront crû certes, mais d'à peine un
point en dix ans, passant de 29,3 % à 30,3 %. L'évolution des
coûts de notre système de santé et de services sociaux est
donc loin d'être débridée
Le vieillissement et la pression qu'il implique sur les coûts du
système ne doivent pas nous inquiéter outre mesure, pour qui
s'intéresse justement à la capacité de payer de
l'État. En effet, ce à quoi nous assisterons, c'est davantage
à un déplacement de l'effort gouvernemental vers ce secteur
qu'à une augmentation nette, dans l'ensemble, des dépenses
gouvernementales. Nous connaîtrons, en effet, un déplacement
progressif de l'effort financier de l'État vers ces programmes, un
mouvement qui ne sera que la conséquence du déplacement du poids
démographique des jeunes vers les personnes âgées
En ce qui concerne le mode de financement, maintenant, il nous faut en
protéger le caractère public dominant, et ce, pour plusieurs
raisons dont l'équité et l'égalité d'accès
à la santé et au bien-être, mais aussi pour une autre
très importante raison, très pratique, très mercantile, si
évidente qu'on a facilement tendance à l'oublier, c'est qu'un
système de financement public via la taxation générale est
tout simplement beaucoup plus simple et performant à opérer,
comme nous l'avons expliqué tout à l'heure.
Pourquoi, alors, s'intéresser, chez nous, autant à
d'autres formules ou sources de financement? On pourrait l'expliquer par un
inconfort inévitable généré par un système
public comme le nôtre, à la visibilité des enjeux qui rend
la critique du système plus facile, voire même destructive. Enfin,
quant à la question de la capacité de payer de l'État, on
invoque souvent ses limites pour avancer différentes formules
alternatives ou complémentaires de financement. En sus de la
démonstration faite quant à la performance indiscutable du
financement public sur le financement privé dans le cas d'un
système de santé, on peut se demander quel avantage l'on tirerait
d'une privatisation même partielle du financement du système.
Après tout, quelqu'un paiera de toute façon et, à cet
égard, la capacité de payer de l'État est-elle
différente de celle de la collectivité qu'il représente?
Nous croyons que non. Alors, que gagnerait-on avec une privatisation partielle
du financement, si nos concitoyens doivent payer de toute façon et, au
surplus, probablement plus cher, au total, par une formule mixte, privée
publique, et qui se révèle, à l'expérience, moins
efficace?
Quant aux moyens de dissuader la consommation abusive de services, il en
existe bien d'autres. Par exemple, on parle actuellement de la carte à
puce; c'est une avenue intéressante qu'on doit cependant gérer
dans le respect des personnes et des règles de confidentialité.
En même temps, tout le poids d'un tel contrôle ne doit pas porter
uniquement sur le consommateur. Finalement, les producteurs ont aussi leurs
devoirs à faire quant au choix des interventions qu'il est
approprié ou non de faire.
Pour en revenir au problème des sources de financement, nous
désirons attirer l'attention de la commission parlementaire sur les
effets possibles du retrait fédéral dans le financement des
programmes à frais partagés On se rappellera que la part du
gouvernement fédéral dans le financement des programmes de
santé au Canada est passée de 50 % qu'elle était en 1977
à 42 % en 1988-1989 et est toujours décroissante. Cette
érosion provoquera-t elle un jour la fin de ce programme
national-provincial de santé implanté depuis plus de 20 ans au
Canada et au Québec?
M. Wilson a annoncé, dans son dernier budget, un programme de
contrôle des dépenses sur deux ans qui aura pour effet de geler
les transferts aux provinces au titre du financement des programmes
établis, pour des économies de 870 000 000 $ en 1990-1991 et de 1
500 000 000 $ en 1991-1992. Bien que l'on puisse fort bien comprendre la
situation budgétaire difficile du gouvernement fédéral, le
déficit est un réel problème et il devra être
réglé. Ne pourrait-on pas discuter un peu plus en profondeur les
choix qui ont été faits pour solutionner
le problème? Y a-t-il eu une véritable discussion publique
sur ces choix et leurs conséquences? N'est-on pas en train, sans qu'il y
paraisse, de remettre en cause les fondements mêmes de notre
système? Quel serait l'effet d'un gel dans les budgets de la
défense plutôt que dans celui des transferts au titre du
financement des programmes établis? Réalise-ton, à titre
d'illustration, qu'une telle décision, plutôt qu'une augmentation
de 5 % des budgets de la défense en pleine période de
détente internationale, signifierait des économies de 560 000 000
$ en 1990-1991 et de 1 200 000 000 $ en 1991-1992? Il y a la, il nous semble,
une question de choix de société qui ne nous semble pas vouloir
être vraiment débattue.
Nous souhaiterions et nous suggérerions respectueusement que le
Québec, avec l'ensemble des autres provinces, fasse d'énergiques
représentations sur cet enjeu auprès du fédéral.
Nous croyons savoir, pour en avoir discuté avec les maires, que, pour
une raison de principe et en raison de l'impact que ce retrait progressif du
fédéral peut avoir dans le champ de taxation même des
municipalités, celles ci dans notre région seraient bien
prêtes à vous appuyer.
Au delà de tout cela et pour terminer, nous devrons apprendre
aussi à considérer les sommes consenties dans la santé et
le bien être sous l'angle d'un investissement, comme un outil de
développement do nos communautés À titre d'exemple, on
dépense publiquement pour la santé et le bien-être des
montants dépassant 1 000 000 000 $ annuellement dans les régions
de Québec et Chaudière Appalaches. La façon d'utiliser ces
sommes peut avoir plus ou moins d'impact sur le plan économique
également, tant au niveau régional que sous régional
Prenons l'exemple de ce qu'on investit en recherche et en développement,
ainsi qu'en évaluation des technologies dans nos grands centres
hospitaliers de la région de Québec. Nous avons
déjà des centres d'excellence. Nous devons encourager les
équipes existantes et stimuler l'émergence d'autres centres du
genre dans l'espoir, entre autres, de déboucher sur des
découvertes, des technologies, des applications, des produits qui
pourront être exportés et contribuer par leurs retombées au
développement économique de la région.
Dans le discours sur le budget de mai 1989, le ministre des Finances, M.
Gérard D Lévesque, soulignait l'importance d'investir dans les
nouvelles technologies, d'atteindre et de se maintenir à la fine pointe
des connaissances scientifiques, et de développer au maximum le capital
technologique du Québec. Vous serez d'accord, M. le ministre, pour faire
en sorte que notre région devienne, en tablant justement sur son
dynamisme, sur les chercheurs en place et sur d'autres à venir, le
centre privilégié au Québec pour la recherche, le
développement et l'évaluation dans le domaine des technologies de
la santé, et, ainsi, un véritable levier de develop- pement
économique de notre collectivité.
Parlant, incidemment, des centres universitaires de la région,
nous connaissons la réticence de certains milieux relativement au fait
que les centres hospitaliers universitaires soient sous la juridiction de
l'instance régionale. Nous croyons, au contraire, qu'il est
impératif pour la cohérence de notre réseau de services
que ces centres s'incrivent dans la même dynamique que leurs partenaires
du réseau. En effet, à titre d'exemple, dans la région de
Québec, les établissements universitaires gèrent 85 % des
lits de courte durée, à l'exclusion des lits de psychiatrie, et
85 % des budgets des centres hospitaliers iI serait alors d'autant plus
difficile d'assurer l'équité intrarégionale, la
complémentarité et l'intégration des services lorsqu'une
part aussi grande des ressources peut s'exclure des règles du jeu.
En conclusion et pour toutes les raisons évoquées
précédemment, nous sommes d'avis que le financement du
régime n'est pas le seul ni le plus important des enjeux de la
présente discussion publique D'une part, les coûts sont, dans
l'ensemble, sous contrôle, mais devront continuer à évoluer
de façon cohérente avec: les transformations
démographiques que nous connaîtrons au cours des prochaines
décennies En même temps, le contrôle de notre niveau
d'endettement et le caractère concurrentiel à préserver
quant à notre fiscalité nous obligeront à rechercher
également la source de l'impasse perçue actuellement dans des
gains de performance au moins équivalents aux sommes additionnelles que
les gouvernements devront accepter de consentir au secteur de la santé
et des services sociaux Autrement dit, la solution ne pourra venir que d'une
seule source, que d'une seule avenue, que d'un seul moyen. Accent sur la
personne et les résultats, croissance modérée des
coûts du secteur, contrôle de la consommation, mais aussi et
peut-être davantage de la production, association avec les secteurs
connexes, partenariat à développer avec les communautés
concernées, autant de moyens de passer au travers des défis des
prochaines décennies, tout en maintenant l'intégrité de ce
régime qui, jusqu'à ce jour, a su faire ses preuves
Nous terminerons en réexprimant l'importance d'une
véritable décentralisation, respectueuse de l'aspiration des
milieux envers une plus grande autonomie, ce qui implique une instance
régionale forte non seulement de par ses pouvoirs, mais aussi de par son
ouverture et son maillage avec les différentes forces de sa
région. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. Fortin J'inviterais
maintenant les membres de la commission a échanger avec vous M le
ministre.
M. Sirros: Merci beaucoup, Mme la Présidente
Également, merci, M. Fortin. J'aimerais
tout d'abord transmettre les salutations, si je peux, du ministre
Côté à l'ensemble des personnes ici. Il aurait bien voulu
être présent, n'eût été un
empêchement. On connaît l'intérêt qu'il porte à
la région et, du fait que c'est la région de Québec qui se
présente aujourd'hui, il est désolé, en quelque sorte, de
ne pas pouvoir être ici.
D'abord, j'aimerais souligner le fait que vous êtes le seul
conseil régional qui est arrivé ici, à la table, avec les
maires pour présenter le mémoire. Je pense que ça
mérite qu'on s'attarde un peu sur cette implication des maires avec le
Conseil régional dans l'administration des soins de santé et de
services sociaux dans l'optique d'une décentralisation. J'ai bien pris
note de toutes les "cautions" qui ont été mises de l'avant par
rapport à l'implication des municipalités, et surtout, j'imagine,
dans le contexte actuel par rapport au financement, entre autres, etc. Mais,
indépendamment de ça, j'aurais intérêt à ce
qu'on explore deux choses de façon plus poussée, si on peut, dans
les quelques minutes que nous avons. Ce serait, d'abord, au niveau de
l'imputabilité et, deuxièmement, au niveau de toute la
notion de programmes dont vous avez discuté.
L'imputabilité, vous l'abordez surtout au niveau de
l'administration des ressources, je pense, l'imputabilité qu'on peut
avoir vis-à-vis d'un D. G.; actuellement, de toute façon, on la
mesure en quelque sorte, comme vous le dites, a un moment donné, par les
sommes d'argent qu'il réussit aller chercher pour son
établissement. Mais vous ne parlez pas de façon très
précise par rapport aux structures qui pourraient assurer cette
imputabilité au niveau, par exemple, du conseil d'administration de la
régie, sauf pour dire: Un tiers des sièges pourrait être
réservé aux municipalités. Comment le verriez-vous, le
conseil d'administration? Quel serait le rôle véritable de la
présence des municipalités dans le conseil régional?
Est-ce, que ça se limite à une implication morale? Est-ce que
vous l'avez exploré plus à fond? Est-ce que vous pouvez
développer un peu cette notion de la structure
décentralisée, avec l'implication des municipalités, qui
pourrait être véritablement imputable aux citoyens de la
région?
M. Fortin: Pour débuter, je céderais la parole
à M. Bertrand.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Bertrand.
M. Bertrand (Roger): M. le ministre délégué,
Mme la Présidente, je pense que c'est une question qui effectivement est
vraiment fondamentale. Ce qui est proposé, c'est donc de réviser
la j composition des conseils d'administration pour les rendre, d'une part,
plus représentatifs des milieux, et essayer de faire en sorte que les
choix et les préférences un peu des milieux ressortent dans les
décisions. Lorsqu'on parle d'une plus grande place
réservée au milieu municipal, encore une fois, ce n'est
certainement pas pour faire en sorte que le milieu municipal devienne le grand
responsable des décisions qui se prennent dans le domaine de la
santé et des services sociaux. C'est pour essayer de faire en sorte que
les décisions qui sont prises quant aux priorités d'action et les
façons également d'intervenir peut-être tiennent davantage
compte de la dynamique des milieux.
Ceci dit, dans un contexte semblable, quel pourrait être le
rôle du conseil d'administration? Je pense que ce serait vraiment de
statuer sur les objectifs prioritaires au cours de la ou des prochaines
années en ce qui concerne le règlement d'un certain nombre de
problèmes qu'on vit dans une région. Par exemple, dans la
région du Saguenay-Lac-Saint - Jean, il peut y avoir des
problèmes qui ont une acuité plus grande que dans la
région de Québec et inversement pour la région de
Québec. O. K. Alors, le conseil d'administration, je pense, doit pouvoir
porter un jugement d'opportunité sur: mettre plus d'accent pour essayer
de régler tel problème plutôt que tel autre, donc, arbitrer
au niveau des objectifs, d'une part. D'autre part, il doit pouvoir
également indiquer au réseau et à sa machine même
à l'intérieur de quelles balises, au niveau des moyens d'action,
on doit rester pour essayer quand même d'atteindre les objectifs qu'on
veut atteindre Par exemple, est ce qu'on doit cher cher a investir davantage
dans le maintien à domicile ou dans tel autre genre d'intervention pour
régler le problème qu'on veut régler et sur la base de ce
que le réseau lui-même aura pu indiquer comme étant les
moyens d'action les plus performants? Donc, le conseil d'administration statue
sur les priorités en termes de problèmes à régler
et également sur l'ordre des moyens d'action à prendre.
M. Sirros: II statue sur les priorités à
l'intérieur d'un programme qui serait établi au préalable.
Mais, avant d'entrer dans la discussion sur les programmes comme tels, je me
demande si on ne pourrait pas peut-être entendre un peu les maires qui
sont ici sur cette notion de leur implication dans un éventuel conseil
d'administration d'une régie régionale au niveau de la
santé et des services sociaux.
Une voix: M. Langlois.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Langlois.
M. Langlois (Jacques): Mme la Présidente, M. le ministre,
mesdames, messieurs, en fait, la question que vous soulevez, M. le ministre, il
faut peut-être la replacer également dans ce qu'on voit comme
structure. Quand on parle de décentralisation, on parle bien de
décentralisa-
tion. Quand on parie des pouvoirs du conseil d'administration, on pense
bien que les gens qui vont siéger au conseil d'administration auront le
pouvoir de décider ou d'élire parmi eux leur président ou
leur présidente, auront également le pouvoir d'engager leur
directeur général. (10 h 45)
À cet égard, il faut bien comprendre que les gens qui
composeront ce conseil ne seront pas là pour faire des actes de
présence, mais qu'ils seront bien là pour aider à la
gestion ou à l'administration de ces régies L'importance de la
présence du milieu municipal à cet égard-là, c'est
qu'on a, et de façon encore tout à fait récente dans notre
région, eu des problèmes un peu particuliers; qu'on pense, entre
autres, à la désinstitutionnalisation qui s'est faite à
partir de politiques établies par le gouvernement, mais qui n'a pas
été présentée et travaillée de concert avec
ceux qui vont la vivre quotidiennement. À cet égard là, la
présence du monde municipal sur les régies régionales est
peut-être un actif, un ajout ou une espèce de pouls du milieu qui
viendra supporter ces actions et peut être y participer ou, en tout cas,
les rendre plus compréhensibles ou plus acceptables au milieu C'est un
outil additionnel qui, s'il est bien utilisé, viendra
définitivement aider les partenaires dans le but de répondre aux
besoins particuliers de chacune des régions.
M. Sirros: Mais, si on veut vraiment qu'il y ait une
véritable décentralisation, ça implique aussi que des
décisions seront prises au niveau régional, et les gens qui
prendront ces décisions devront vivre avec elles sans que ça
remonte constamment à l'autre palier. C'est là la question. Par
exemple, est-ce que vous êtes prêts à participer à la
prise de décisions qui peuvent impliquer des pressions dans le sens que
les ressources manquent, par exemple, qu'il n'y en a pas assez pour faire face
à tout ça? Sur l'implication du niveau municipal à ce
genre de prise de décisions, est ce que vous être prêts
à prendre aussi la responsabilité de ce genre de prise de
décisions?
M. Langlois: Oui, mais ce qu'on vous dit, c'est partie! On est
prêts à collaborer On ne vous dit pas qu'on veut se faire pelleter
Vous savez, même si l'hiver achève, il y a encore des coups de
pelle qui circulent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Langlois: On ne veut pas se faire pelleter des
responsabilités, mais on veut bien aider. Si on dit qu'actuellement,
dans la distribution des services de santé et des services sociaux, il y
a différents niveaux d'intervention, on peut certainement aider. On
travaille actuellement avec des organismes du milieu et avec des institutions
du monde de la santé sur des dossiers particuliers. On le fait
déjà, mais on le fait de façon très ponctuelle. Il
y a peut-être un intérêt à ce que tout le monde le
fasse ensemble. dans la région de québec, on a vécu
dernièrement, et on en vit encore, des problèmes avec les
urgences. il y a peut-être une question de ligne d'intervention. si on
est dans le milieu pour, nous aussi... vous savez, le milieu est actuellement
trop laissé entre les mains des professionnels du milieu et on ne peut
pas demander aux personnes qui gèrent des établissements et qui
gèrent des petits rapports de forces, soit dit en passant, de se faire
hara-kiri; ce n'est pas élégant de le faire. mais 'i y a
peut-être moyen, si on ajoute des ressources externes qui ne sont pas
partie prenante, au départ, dans cette problématique-là,
d'aider à essayer d'améliorer la répartition sans que
personne, finalement, y perde au change, mais toujours dans
l'intérêt de mieux servir le citoyen qui est un contribuable
provincial, mais aussi un membre de la collectivité locale.
La Présidente (Mme Marois): Je pense que
M. Vachon voulait intervenir. Oui?
M. Vachon (Pierre-Maurice): Je voudrais tout simplement ajouter,
suite à ce que mon collègue vient de dire et pour répondre
pertinemment à la question que vous avez posée, M. le ministre,
que, oui, je pense qu'on est prêts à assumer des
responsabilités dans l'ordre de priorisation des objectifs qu'on devra
mettre de l'avant dans le système de santé. On l'a fait au niveau
de l'aménagement du territoire. Je me souviens que, dans le cadre des
grandes commissions d'étude qui ont eu lieu sur les
municipalités, à un moment donné, il y avait des
commissaires qui nous posaient des questions: Étes-vous rendus, entre
guillemets, matures pour prendre vos décisions chez vous, en
région? Moi, là-dessus, je vous réponds oui.
M. Sirros: Ce n'était pas le but de ma question. Je ne
doute pas de la maturité au niveau des municipalités,
honnêtement. La question était dans le but de vous dire: Vous me
surprenez si vous acceptez d'assumer des responsabilités pour les prises
de décisions, vous, comme élus, différents des autres qui
peuvent être sur le conseil d'administration, si vous acceptez, comme
vous dites, de prendre des responsabilités par rapport à des
décisions qui affecteront les citoyens de la région, donc aussi
vos électeurs, mais sans avoir - sans le réclamer, tout au moins
ici - accès à des sources de financement qui vous permettront de
prendre ce genre de décisions, selon l'ensemble. Donc, vous acceptez, en
quelque sorte, d'entrer, si je comprends bien, dans le conseil d'administration
pour participer à cette prise de décisions. Et vous acceptez de
vous mettre dans une position
où vous assumerez la pression pour des décisions qui
seront prises, même si vous n'avez pas accès à des sources
de financement autres que celles qui vous arrivent dans une enveloppe pour la
région. La réponse est oui.
La Présidente (Mme Marois): II y avait M Drolet ou M.
Vachon. M.Drolet.
M. Drolet (Paul-Eugène): Quand vous parlez des pressions
qu'on va sentir au sein des conseils auxquels on va participer, je dois dire
qu'on les sent, de toute façon, sans toujours participer à la
décision dans sa genèse, au départ. C'est presque
malgré nous qu'il faut participer. C'est pour mieux remplir notre
rôle d'élu municipal. Vous l'avez vu, l'ensemble du mémoire
traite d'envisager, dans une optique positive, la santé des gens, de
l'améliorer. Il y a un exemple qui est donné. Si les accidents
routiers augmentent dans un secteur, on peut évidemment ajouter des lits
aux hôpitaux de la région, augmenter le nombre des ressources
médicales pour soigner les accidentés, mais on peut
peut-être aussi se tourner vers des gens qui sont
préoccupés par les problèmes routiers, dont les
municipalités, et dire: Écoutez, tâchez donc
d'améliorer l'état de la circulation dans ce secteur-là.
Là, il faut que les élus municipaux soient présents. Vous
allez retrouver ça un peu partout. Moi, ce qui m'a le plus surpris quand
on a élaboré le schéma d'aménagement dans la MRC de
Portneuf, ça a été l'importance qu'a prise la santé
et les démarches qui ont été faites auprès de notre
MRC, en dépit du comité consultatif que nous avions formé,
qui a très bien travaillé, les mémoires qui nous ont
été présentés, le nombre d'heures qu'il a fallu
prendre pour discuter des problèmes de santé, du CLSC de
Saint-Marc, du centre hospitalier de Saint-Raymond, du Domaine du souvenir de
Donnacona. Je pourrais vous apporter énormément de documentation.
Je me suis dit: "Coudon", on n'avait pas pensé que le schéma
d'aménagement irait dans le domaine de la santé. Il y va
malgré nous parce que c'est une préoccupation de tout le monde.
Et c'est relié à tout l'aménagement du territoire et
à tout l'environnement. Alors, les élus municipaux ont une
responsabilité dans ça.
Pour ce qui est de "sans avoir accès à des sources* de
financement", là, on va peut être en prendre l'habitude,
évidemment, à moins qu'un conférence
Québec-municipalités fasse un nouveau partage, ce qu'on se
souhaite mutuellement.
La Présidente (Mme Marois): On change de commission
parlementaire, mais à chaque fois on y fait référence un
peu. Merci. Oui, M. Bertrand, je crois que vous vouliez intervenir.
M. Bertrand: Juste en complément, Mme la
Présidente, pour revenir sur l'importance que les instances
régionales assument leur rôle au niveau de "prioriser" les
problèmes qui devront être réglés, disons, au cours
des prochaines années. Pour faire cette "priorisation"-là, je
pense qu'il faut sortir du réseau actuel, continuer à coopter ce
réseau-là, mais également pouvoir s'appuyer sur des
personnes, des gens qui sont représentatifs aussi peut-être encore
davantage de la population. Pour faire ces choix difficiles, au fond, qui vont
vouloir dire: On va essayer au cours des prochaines années de faire
telle et telle chose plutôt que telle autre, quitte à ce qu'on
s'occupe de ce genre de chose là un peu plus tard parce qu'on pense,
chez nous, que le problème prioritaire est là, je pense que
ça prend, disons, une audience ou une compétence plus large que
celle qu'on possède actuellement au niveau du conseil
d'administration.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
ministre.
M. Sirros: J'aurais intérêt à poursuivre
cette discussion longuement, mais, le temps étant très
limité, j'aimerais, avant de passer la parole, au moins vous poser une
question sur un "item" concernant les DSC. Vous suggérez deux
façons de faire, finalement, par rapport à la santé
communautaire dans votre mémoire. Premièrement, ce serait (a
création d'une instance régionale spécifique à la
santé communautaire, si je comprends bien. Une autre, ce serait de
l'inclure à l'intérieur des fonctions de la régie. Mais
laquelle privilégiez-vous?
M. Bertrand: En fait, je vous avoue qu'au niveau même de
notre région on a eu des discussions assez vives là-dessus.
Ça nous a amenés à revenir au principe essentiel qui
était de donner, à la fonction de santé communautaire, un
encadrement correspondant à toute l'étendue de son mandat qui ne
concerne pas uniquement la santé au sens strict du terme, mais
également les problématiques sociales, éventuellement.
D'accord? Social et santé, le rapprochement est tellement fort qu'on
peut passer facilement d'un ensemble à l'autre. Et, pour tenir compte de
toute l'ampleur de ce mandat-là, je pense qu'on a besoin d'un
encadrement politique, au sens noble du terme, de cette fonction-là qui
soit beaucoup plus large que l'encadrement actuellement offert par les centres
hospitaliers, si vous voulez.
Il est bien sûr que, si la décision était de
rattacher la fonction de santé communautaire, dans sa partie qui n'est
pas directement des services à rendre à la population, O.K. dans
la partie planification, évaluation, à l'intérieur des
instances régionales, pour nous, ça nous apparaît
être tout à fait conforme à ce qu'on imagine être un
encadrement adéquat de cette fonction.
M. Sirros: D'accord. La présidence me fait signe que mon
temps est écoulé...
La Présidente (Mme Marois): Tout à fait Merci.
M. Sirros: ...par des petites notes qu'elle me passe.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Alors, merci, M. le
ministre. M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Je veux aussi
remercier les représentants du CRSSS, ici ce matin, accompagnés
des maires. C'est une prestation extrêmement intéressante, compte
tenu du moment où nous sommes rendus, en termes d'examen, dans cette
commission. D'abord, vous avez pris soin d'actualiser, en quelque sorte, la
présentation de votre mémoire. On est rendus à quelque
chose comme 175.. Bon, enfin, un très large paquet et on voit
très bien, d'après vos réflexions, que vous avez
très bien suivi les travaux de cette commission. Vous nous apportez un
certain nombre d'éclairages qui sont extrêmement
intéressants sur des questions fondamentales qui "confrontent" le
système. D'abord, un, il faut le souligner, vous dégonflez la
"balloune" de la question des coûts et de la question du financement du
réseau. Vous nous démontrez bien, chiffres à l'appui,
qu'il y a une espèce, entre guillemets, de "frame-up" dans cette
histoire, que les coûts du réseau, les coûts des services et
la limite de la capacité de payer ne sont peut-être pas rendus au
niveau aussi critique qu'on a bien voulu nous le décrire au cours des
dernières semaines.
Et c'est très important de rappeler ici publiquement, en cette
commission parlementaire, que le véritable drame au niveau des services,
il n'est pas peut-être essentiellement situé au niveau des
coûts puisque, en termes de performance, en termes d'activités, en
termes de services et de coûts de ces services, c'est tout à fait
comparable aux autres provinces, à d'autres régions et, d'autre
part, que la croissance des dépenses n'a pas été aussi
vertigineuse qu'on a bien voulu le décrire dans certains milieux, et
qu'il faut plus faire porter nos questions sur la performance à
l'intérieur du réseau, sur la concertation, sur la
complémentarité, sur l'augmentation de l'efficience que sur la
recherche de nouvelles sources de financement II faut noter aussi cette
analyse, cette conclusion au sujet de l'efficacité des formules de
financement. Belle démonstration que le financement public - et le
courage qui va avec aussi de l'établir - est encore la meilleure
garantie de services qu'on puisse se donner en termes de société
et que c'est beaucoup plus efficace à tout point de vue C'est une
très belle démonstration que vous nous faites ce matin
là-dessus et je pense qu'il faut le souligner
Troisième dimension, la présence massive du monde
municipal, c'est, comme l'a souligné le ministre, peu usuel devant cette
commission. Remarquez que vous avez quelques raisons supplémentaires
depuis quelques jours d'être aux aguets. Je relisais les premières
phrases de votre mémoire disant: Nous, on est prêts à la
collaboration, mais pas inconditionnellement. En somme, vous êtes
prêts à la collaboration, mais vous craignez beaucoup, parce que
chat échaudé craint l'eau froide. On le serait à moins ce
matin, compte tenu de ce que vous vous êtes fait faire dans les
dernières semaines!, mais c'est appréciable que vous soyez autour
de la table pour dire: C'est aussi notre problème à nous autres,
la santé et le bien-être de la population. On est aussi
responsables et on veut être autour de la table là-dessus. (11
heures)
Ma première question, c'est autour de cette notion que vous
remettez en cause, la notion de programmes qu'il faudrait adapter aux besoins
spécifiques d'une région, sociosanitaires, par exemple,
liée à la notion d'imputabilité que vous liez à la
notion de performance. Moi, j'aimerais ça vous interroger, M. le
directeur général, sur comment faire l'évaluation. On a
les objectifs: je reviendrai un peu tantôt là-dessus.
Lïmputabilité, vous la liez à la notion de
réalisation ou pas? Oui fait l'évaluation? Quels seraient les
mécanismes que nous devrions mettre en place, y compris... Essayez de
vous intéresser aussi à la question du mécanisme interne
ou externe. Le comment du mécanisme d'évaluation pour arriver,
quelque part, à définir pratiquement cette notion
d'imputabilité. Comment fait-on ça?
La Présidente (Mme Marois): M. Bertrand.
M. Bertrand: La question est très intéressante,
très pertinente et fondamentale, dans la mesure où c'est beau de
vouloir fonctionner en fonction de résultats, disons, de mettre de
l'avant des résultats, encore faut-il que ce soit, un, les bons et que,
deuxièmement, on soit capable de différencier la contribution de
chacun des milieux à l'atteinte ou non de l'objectif. Je vais vous
répondre en revirant le problème à l'envers Si on attend,
pour fonctionner selon une logique de résultats, d'avoir les
systèmes d'information et les outils d'évaluation en place, on va
en parler encore dans 10 et dans 15 ans. Le pari, entre autres, de la
commission Rochon, tel que j'ai pu le comprendre, et notre pari
également, c'est, en mettant d'abord ça comme étant la
règle du jeu, d'abord d'identifier les résultats et d'aller
chercher des "commitments" - excusez l'expression - de gens autour de
ça: ça va forcer le développement des outils
d'évaluation et ça va forcer le développement des bases
d'information.
M. Trudel: C'est en forgeant qu'on deviendrait forgeron,
là.
M. Bertrand: un peu. je peux peut-être prendre un exemple.
on a fait, l'automne dernier, et oh est en train de compléter
l'exercice, un exercice d'identification des problèmes prioritaires dans
la région de québec, dans la région de
chaudière-appalaches également, via un objectif d'essayer
d'identifier nos objectifs de santé et bien-être. ce qu'on a
découvert comme effet joint à cet exercice-là, c'est qu'on
possédait pas mal plus d'informations qu'on le présumait au
départ et, deuxièmement, on a commencé à pouvoir
qualifier l'information qu'on possédait, ce qui ne s'était jamais
fait jusqu'à présent. pourquoi? parce qu'on a eu cet exercice
à faire d'essayer d'identifier l'objectif de santé et
bien-être.
C'est la même chose au niveau des travaux qui se conduisent
parfois sur l'allocation interrégionale des ressources. Quand on
commence à vouloir traiter équitablement des régions au
niveau des allocations, au départ, on se dit. On n'a pas d'information.
Très rapidement, l'information commence à lever et aussi,
très rapidement, on commence à savoir de quelle information on va
avoir besoin, en plus, de quels outils de travail on va avoir besoin. Alors,
l'un appelle l'autre.
M. Trudel: Relié à cette question aussi de la
performance des services à rendre, de la quantité et de la
qualité des services, vous soulignez, à la page 14 de votre
mémoire, qu'en quelque sorte, dans l'établissement d'une
politique nationale, et ajoutons régionale, d'objectifs de santé
et de bien-être, il nous faut êtro capable d'orienter, en quelque
sorte, tout le système autour de la notion de prévention. Et
là, vous ajoutez une notion absolument fondamentale: la
prévention, en soi, mais liée aux "déterminants de la
santé et des actions que ceux-ci obligent à envisager bien en
amont du système de santé lui-même". Et la remarque de M.
le maire, tantôt, était tout à fait pertinente: Si j'ai
beaucoup plus d'accidents routiers, beaucoup plus de blessures sur mon
territoire, ça va amener une explosion de la consommation au curatif des
soins. Comment pourrait-on faire en sorte qu'au niveau non seulement de
l'établissement des objectifs de santé et de bien-être,
mais dans la façon de les atteindre, nous puissions, mais très
concrètement, en quelque sorte, obliger les partenaires dans les causes
à être impliqués dans la réduction? Comment
pourrait-on faire ça, très concrètement? Système
d'éducation, Régie de l'assurance automobile, ministère
des Transports, etc., vous les connaissez bien. Le comment de ça, parce
qu'il faut qu'un matin, ça s'articule, ça.
La Présidente (Mme Marois): M Bertrand, oui.
M. Bertrand: Je vais donner une illustration.
C'est essentiellement en essayant de créer le même genre de
dynamique que ce qui se passe dans le moment au niveau des comités
tripartite^ qui ont la tâche de développer des plans
d'organisation de services en santé mentale et en déficience
intellectuelle. C'est en assoyant autour de la table des gens non seulement du
réseau, avec toute l'expertise qu'ils possèdent, et je vous jure
qu'elle est très utile, mais également des représentants
d'autres secteurs d'activité impliqués directement et parfois
indirectement par les problèmes en question et leur solution. Quand il y
a, autour d'une table, 21 personnes - ça a peut-être l'air lourd,
mais je vous assure qu'on réussit à passer à travers - le
tiers qui vient du réseau, le tiers qui vient de la communauté et
le tiers d'organismes communautaires, les gens, premièrement, deviennent
capables d'identifier d'autres solutions que les solutions classiques et,
deuxièmement, ils deviennent capables aussi de comprendre qu'il y a une
partie de la solution qui est de leur bord.
Et plus loin que ça, si, par rapport à un problème
donné, on en vient à la solution suivante que 80 % de la solution
au problème qu'on veut régler vont venir du secteur de
l'habitation ou du secteur de l'environnement ou du secteur des transports, il
se pourrait très bien que la meilleure recommandation que peut faire un
comité tripartite semblable, serait de dire au gouvernement: Investissez
donc là-bas plutôt que d'investir dans des capacités
additionnelles, comme le suggérait tout à l'heure le maire de
Neuville.
M. Trudel: Et vous imaginez cette table, ce lieu de concertation,
d'abord au niveau régional, au niveau de l'action. Qu'est-ce que vous
pensez de l'idée, également... Et je pense que vous nous ouvrez
une porte là-dessus, à la page 15 de votre mémoire, au
niveau de la dynamique à insuffler dans le réseau à partir
même du premier maillon de la chaîne, de l'Assemblée
nationale, en termes d'approbation des budgets-programmes. Hier, dans cette
même salle, HydroQuébec, tout comme elle le fait, en vertu de la
réglementation de la loi, à tous les ans, est venue faire
état de là où elle est, de ses demandes
prévisionnelles. Là, largement, publiquement, avec les
élus de l'Assemblée nationale et les médias d'information,
nous confrontons en quelque sorte, au bon sens du terme, notre grande
entreprise d'État à ses performances, ses voies d'avenir, ses
intentions, ses orientations, ses objectifs. Compte tenu du fait que nous
sommes en matière ici de gestion du tiers du budget de l'État,
est-ce que vous ne pensez pas qu'on devrait institutionnaliser, dans la loi
même, l'obligation d'une commission parlementaire, quitte à
définir la réglementation précisément quant au
fonctionnement, de façon annuelle, de façon à regarder
justement, suite à vos travaux en région, l'atteinte des
objectifs et aussi la
contribution, au sens positif et au sens négatif, de ces autres
partenaires9 Qu'on puisse examiner ça et qu'on puisse
examiner, bien sûr, les orientations et les objectifs pour les
années à venir, pour qu'on ne soit pas pris à tous les 7
ans, à tous les 10 ans, à tous les 15 ans, à dire: Bon,
bien ce matin, on fart le grand exercice de révision et on se reverra
dans 15 ans. Est ce qu'il ne faudrait pas institutionnaliser ce grand
débat public, y compris la première partie qui serait des
débats publics dans chacune des régions du Québec?
La Présidente (Mme Marois): M. Fortin, je crois. Oui.
M. Fortin: La question est extrêmement pertinente. On en a
d'ailleurs débattu à plusieurs reprises depuis qu'on travaille
sur le dossier de la commission parlementaire. Il est bien certain que, d'un
côté, on demande des marges de manoeuvre additionnelles de
l'État. D'un autre côté, il reste qu'au-delà de
l'imputabilité qu'on peut avoir dans le réseau, dans le sens
où on vous l'a présenté tout à l'heure, il est bien
certain, on en est bien conscients, que l'imputabilité première,
c'est le ministère, parce que jusqu'à maintenant et dans ce qui
est proposé, encore là, il n'y a pas de niveau de taxation, il
n'y a pas de revenu autonome de la part de la régie. Alors, en ce
sens-là, l'imputabilité première, c'est le
ministère et il est bien évident qu'avec la marge de manoeuvre
que les régies pourraient avoir on est disposés, n'importe quand,
à rendre compte, quelle que soit la manière dont on pourrait le
faire, en fin d'année pour évaluer le rendement non seulement au
niveau des finances, mais aussi au niveau de toute notre organisation.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M Vachon, vous voulez
intervenir.
M. Vachon: Oui, c'est un peu dans le même sens. C'est en
autant qu'on reconnaît à la régie régionale des
compétences propres qui ne sont pas hiérarchiquement
subordonnées à l'État. Moi, je suis prêt à
venir ici pour défendre, pour demander de l'argent et expliquer les
résultats et les objectifs qu'on veut, mais en autant qu'il y ait une
certaine décentralisation. Si on ne fait que de la
déconcentration, qu'on transfère, comme on dit, la
compétence à quelqu'un qui est dans le milieu ou dans ma
région, "no way", je suis moins d'accord, mais si on veut
réellement jouer la décentralisation, moi, je peux vous dire: On
jouera le jeu jusqu'au bout et on viendra se défendre en commission.
La Présidente (Mme Marois): M. Fortin, je crois que vous
vouliez "réintervenir".
M. Fortin: Oui, bien rapidement Ce qu'on veut au niveau des
régies régionales, c'est que les contrôles ne viennent pas
avant qu'on ait à prendre des décisions sur les
éléments sur lesquels on souhaite travailler et décider en
région. Par contre, il est bien certain qu'on est capables de rendre
compte après coup. S'il faut rendre compte à mesure, en cours
d'année, on n'aura pas affaire à se rencontrer à la fin de
l'année pour rendre des comptes Alors, c'est pour ça qu'on
demande plus de flexibilité aussi au niveau du contenu de la loi.
La Présidente (Mme Marois): M. Bertrand.
M. Bertrand: Juste en terminant, peut-être, en ce qui me
concerne, sur ce point-là, il faut être cohérent: on ne
peut pas demander d'être imputable et refuser de rendre des comptes
à l'Assemblée nationale, via une commission parlementaire
possiblement; c'est une modalité qui me semble aller dans ce
sens-là. La commission trouvera peut-être d'autres avenues.
La Présidente (Mme Marois): Une toute petite
dernière, M. le député.
M. Trudel: En même temps que je ferai la conclusion, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Très certainement.
D'accord.
M. Trudel: En n'oubliant pas là-dessus que je ne posais
pas la question uniquement pour les organismes régionaux de gestion des
services de santé et des services sociaux, mais, également, pour
la responsabilité ministérielle, que le ministre puisse
échanger, que l'on puisse questionner celui qui a la
responsabilité au niveau de l'État, d'un secteur de
l'activité collective extrêmement important et que ce ministre,
lui aussi, soit en mesure suite aux échanges de dire à son
collègue des Transports: Tu vas me corriger telle courbe, à telle
place, qui m'a entraîné cette année tant de
dépenses, tant d'incapacité, tant de morbidité etc., pour
qu'on soit capables de "confronter" également la responsabilité
ministérielle vis-à-vis de l'appareil du gouvernement.
Une toute petite dernière - évidemment, je ne peux pas y
échapper - sur le niveau de services à assurer dans chaque
région ou chaque sous-région, en particulier au niveau des
effectifs médicaux Vous nous dites, dans la communication de ce matin,
que la décentralisation des budgets de la RAMQ vous apparaît
être quelque chose à examiner. Je me pose parfois la question si
décentraliser tout l'appareil de la RAMQ, les budgets de la RAMQ, ce
n'est pas un immense moyen, une immense carotte pour être sûrs
qu'on va être capables d'attirer les professionnels, en particulier dans
le domaine médical, vers telle ou telle région quand on pourrait,
de façon beau-
coup plus simple, obliger tout professionnel de la santé, en
particulier au niveau des effectifs médicaux, à obtenir un permis
ministériel pour ouvrir un cabinet de pratique dans telle ou telle
région; nous réglerions peut-être le problème de
façon un peu plus facile. Et, là-dessus, vous nous disiez, dans
le mémoire, que vous avez d'abord soumis à la commission, dans
les délais requis, que les objectifs d'une meilleure
équité dans la répartition des ressources, des effectifs
médicaux au Québec et le contrôle des plans d'effectifs,
somme toute, les CRSSS actuellement et les régies n'auront pas plus de
moyens de contrôler ça. Il n'y aura pas de poignée sur les
contrôles des plans d'effectifs. Est-ce que cette idée du permis,
l'obligation d'un permis de pratique, ça vous effraie, vous autres,
compte tenu de vos rapports quotidiens en termes de planification, d'offres de
service ou de répartition des effectifs sur votre territoire?
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Fortin ou M. Roy. Dr
Roy.
M. Roy (Gérard): Merci beaucoup, M. le Président.
Je pense que c'est une question qui n'est pas si simple que ça à
répondre. Je pense que ce n'est pas tout d'émettre des permis
restrictifs, ce n'est pas tout de dire actuellement aux gens: Tu t'en vas
complètement dans les régions, parce qu'on risque
évidemment, à ce moment-là, d'avoir des gens qui seront
là, qui ne seront pas intéressés et qui vont aller
là simplement pour faire un devoir, et ce n'est pas sûr qu'on va
avoir des soins de qualité. (11 h 15)
Je pense qu'il faut toute une série de mesures dans ce
cadre-là, y compris aussi des incitatifs, qui font que les gens seront
intéressés à aller en région. Et là,
ça m'amène à parier évidemment un peu de la
formation médicale. Quand on forme les médecins, on les forme
dans des hôpitaux universitaires qui, souvent, habituent les gens
à pratiquer dans un milieu comme ça. Il faudrait peut-être,
à un moment donné, au lieu de restreindre les milieux
universitaires comme on veut le faire et qu'on l'a recommandé, qu'on
adapte évidemment cette formation-là de façon à ce
que les professionnels de la santé soient formés dans des
institutions où ils peuvent travailler, être formés de
façon clinique et non pas simplement formés de façon
technique où on travaille avec des examens de laboratoire, de
radiologie, etc., très sophistiqués. Quand un professionnel est
formé avec ça, bien, il n'est pas intéressé
à aller en région. Alors, il faudrait diversifier un peu la
formation des professionnels pour que, dans ce cadre-là, ils soient
intéressés et ils soient préparés à aller
travailler en périphérie. Je pense qu'il faudrait rajouter ceci
évidemment à la formation actuellement qu'on donne. Je pense
qu'on se concentre trop dans des milieux surspécialisés où
souvent ils n'ont pas assez de contacts avec la clinique et trop de formation
théorique avec une technique très spécialisée.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci. M. le
député.
M. Trudel: Merci beaucoup. Quant à la contribution du
fédéral, il semble que collectivement on est en train de s'en
occuper. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre.
M. Sirros: II ne me reste qu'à vous remercier
également et à vous dire que je pense que les échanges ont
été très intéressants. L'implication et la
participation du milieu dans son ensemble, c'est une voie qui nous permettra
d'organiser nos services de façon à être vraiment beaucoup
plus près et on vise effectivement une décentralisation et non
pas une déconcentration.
La Présidente (Mme Marois): On vous remercie de votre
contribution à nos travaux. J'inviterais maintenant les personnes
représentant la Fédération des familles d'accueil du
Québec à bien vouloir venir prendre place, s'il vous plaît.
Si les membres de la commission veulent bien reprendre leur siège, nous
allons reprendre nos travaux.
Je vais souhaiter la bienvenue aux représentantes de la
Fédération des familles d'accueil. Vous connaissez un peu nos
règles du jeu: vous avez 15 à 20 minutes pour présenter
vos commentaires, votre mémoire. Si vous en prenez moins, ça
donne plus de temps pour échanger et, par la suite, le temps se
répartit entre les deux formations politiques.
Je vais inviter la personne qui va présenter le mémoire
à se présenter, à présenter les personnes qui
l'accompagnent et, ensuite, à procéder à la
présentation.
Fédération des familles d'accueil du
Québec
Mme Thériault (Huguette): Bonjour. Mon nom est Huguette
Thériault; je suis bénévole à la
Fédération et j'en suis la présidente. J'aimerais vous
présenter Mme Noëlla Gamache, qui est une permanente et notre
secrétaire générale.
Mme Gamache (Noëlla): Bonjour. La Présidente (Mme
Marois): Bonjour.
Mme Thériault: Mme Sonia Rioux, qui est une
bénévole et la secrétaire du conseil exécutif, et
Mme Marthe Rousseau, qui est une permanente et l'adjointe à la
secrétaire générale.
M. le ministre, Mme la Présidente, nous vous remercions d'avoir
accepté qu'on s'exprime devant cette commission. Les problèmes
majeurs
que les familles d'accueil vivent viennent de l'absence de droits et de
pouvoirs. Les familles d'accueil relèvent d'un établissement qui
les accrédite ou les désaccrédite. De façon
imagée, cet établissement a le droit de vie ou de mort sur nos
familles d'accueil sans qu'elles puissent se défendre. Ceci provoque le
désengagement des familles d'accueil et rend plus difficile le
recrutement des nouvelles familles d'accueil. Nos commentaires contenus dans ce
mémoire porteront donc uniquement sur les articles qui les concernent
directement ou indirectement. Nous voudrions que vous entendiez ces
commentaires en ayant à l'esprit la nécessité pour les
familles d'accueil d'obtenir des droits ou des pouvoirs légaux et
d'être reconnues dans la loi comme intervenant et non seulement comme
ressource intermédiaire n'ayant aucun droit légal.
Ici, nous nous exprimons pour les familles d'accueil à l'enfance.
Lors du dernier congrès de notre Fédération, en mai 1989,
les familles d'accueil à l'enfance ont réclamé avec
fermeté des droits et des pouvoirs que le réseau leur refuse.
Elles en ont assez du manque de respect qu'on leur témoigne. Elles ont
pris conscience que, pour obtenir des conditions acceptables - pas
idéales, simplement acceptables - pour accomplir leur mission sociale
auprès des enfants en besoin de protection, elles ont besoin que la Loi
sur les services de santé et les services sociaux soit modifiée.
Elles voient donc cet avant-projet de loi comme une occasion exceptionnelle
d'exprimer leurs besoins et d'obtenir les changements qu'elles
considèrent comme essentiels pour améliorer leurs conditions.
Nous vous présentons ci-dessous un résumé des
principales difficultés qu'elles rencontrent dans leur vécu
quotidien afin de vous permettre de connaître les raisons qui les
incitent à demander avec autant d'insistance de meilleures conditions de
vie et une considération plus importante du réseau en regard de
leurs services et de leurs responsabilités.
N'étant pas considérées à titre de
partenaires par les intervenants sociaux, il ne leur est pas permis de faire
valoir leur point de vue en regard des décisions qui concernent les
enfants qu'elles accueillent. Quand elles osent remettre en question certaines
décisions et attitudes de ces intervenants, elles se font tasser.
Lorsqu'un sujet touche la pratique professionnelle, les familles d'accueil font
face à une indignation stupéfiante de la part d'un grand nombre
d'intervenants. La frustration de ces derniers empêche toute
objectivité et bloque les échanges. Ici, j'aimerais apporter une
nuance. Vous comprendrez qu'on parle de frustration au niveau des situations et
non de tout le monde parce que, dans le réseau, il y a quand même
des intervenants de grande qualité.
Il nous est arrivé de constater, dans plusieurs situations, que
le développement de ces enfants était grandement compromis par
les personnes mêmes qui ont la responsabilité légale et
sociale de les protéger. Si la famille d'accueil avait pu être
entendue, consultée et considérée en raison de son
vécu quotidien avec l'enfant, nous croyons que plusieurs situations
inacceptables auraient pu être évitées dans le passé
et pourraient l'être dans l'avenir.
Seuls les centres de services sociaux ont le pouvoir d'accréditer
et de désaccréditer les familles d'accueil, et celles-ci sont
souvent victimes d'abus de pouvoir de leur part. Il n'existe aucun recours
légal extérieur au CSS pour leur permettre de se défendre.
Leurs contestations et leurs actions sont souvent mal
interprétées par les intervenants alors que ces familles
d'accueil agissent au meilleur de leurs connaissances, dans
l'intérêt des enfants.
De plus en plus de familles d'accueil font l'objet de signalements
à la Direction de la protection de la jeunesse, soit pour abus physiques
ou sexuels, et ce, sans évaluation approfondie du signalement. Souvent,
elles n'en sont pas informées et, du jour au lendemain, on ferme leur
ressource sans aucune autre explication ou pour de fausses raisons:
non-collaboration avec les parents naturels, prise d'initiatives non
acceptées par les intervenants, et le reste, et le reste.
Des familles d'accueil impliquées au niveau d'une association de
familles d'accueil ou de la Fédération subissent des attaques non
fondées à leur réputation ou, encore, du chantage et de la
manipulation. On tente injustement de les prendre en défaut pour quelque
raison que ce soit. Étant mieux informées sur tous les dossiers
qui concernent les familles d'accueil, ces personnes sont dérangeantes.
En général, les familles d'accueil ont peur de s'exprimer car
elles ont peur d'être jugées et
désaccréditées par le CSS.
Les politiques établies (catégorisation, plan
d'intervention, fonds spécial, temps de répit, protocole
d'entente, aide financière à l'adoption) ne sont pas
expliquées aux familles d'accueil par les CSS Elles ne sont donc pas
appliquées uniformément, ce qui amène certaines familles
d'accueil à bénéficier de plus d'avantages que
d'autres.
Le mécanisme de solution de litiges mis sur pied par le
ministère n'est pas respecté dans plusieurs
établissements. Un plan d'intervention n'étant pas
élaboré pour la majorité des enfants placés et les
familles d'accueil étant très peu informées de
l'orientation des enfants, ceci rend leur cheminement plus difficile et souvent
elles doivent affronter des revirements de situation imprévus. Ceci
amène des complications pour les enfants et pour les familles d'accueil,
tant aux niveaux moral, psychologique, affectif que physique. Très peu
de familles d'accueil participent à l'élaboration du plan
d'intervention et à sa révision.
Les familles d'accueil manquent de support
et de suivi; elles ont donc de la difficulté à poursuivre
leur engagement. Les familles d'accueil ne bénéficient pas de la
présomption du doute raisonnable. En conséquence, des
renseignements souvent biaisés sont contenus dans leur dossier et
portent atteinte à leur réputation. De plus, la famille d'accueil
reçoit difficilement l'autorisation de consulter son dossier
personnel.
Les familles d'accueil vous remercient d'être reçues et
entendues par votre commission et, ainsi, leur Fédération a
l'occasion de vous exprimer verbalement leur vécu et,
conséquemment, leurs attentes précises concernant les
modifications à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Si vous le permettez, nous avons choisi, pour ce qui est des
commentaires que nous avons apportés au niveau de la loi, de nous les
partager. À tour de rôle, on va les apporter, en commençant
par Mme Gamache.
Mme Gamache: Comme mentionné au tout début, Mme la
Présidente et M. le ministre, on a choisi d'y aller uniquement sur les
articles sur lesquels on considérait qu'on avait des choses à
apporter. Au niveau du chapitre I qui traite des objectifs du système de
services de santé et de services sociaux, à la page 6, à.
l'article 3, aux alinéas 2° et 3°, on parle d'intervenants sans
mentionner les familles d'accueil. Nous demandons que les familles d'accueil
soient identifiées comme telles dans la loi. Dans un objectif
d'amélioration des conditions de travail des familles d'accueil, des
changements de mentalité de la part des intervenants sociaux s'imposent.
C'est pourquoi nous demandons que les familles d'accueil soient
mentionnées chaque fois qu'il est question d'intervenants sociaux
auprès de bénéficiaires en famille d'accueil.
Au chapitre II, qui traite des droits à l'égard des
services de santé et des services sociaux, à la page 6, article
4, nous nous questionnons sur les raisons pour lesquelles il est indiqué
dans la loi que: Toute personne a le droit de recevoir des services de
santé et des services sociaux adéquats sur les plans à la
fois scientifique, humain etsocial, avoc continuité ot de façon
personnalisée", etc., alors qu'en réalité, à cause
justement de l'organisation des ressources humaines, matérielles et
financières des établissements qui dispensent ces services,
ceux-ci ne sont pas nécessairement disponibles. (11 h 30)
À la page 7, aux articles 5, 6, 7, 8 et 9, il est question des
droits des personnes: droit à l'information, droit à des soins
que requiert son état, droit de participer à l'élaboration
du plan d'intervention et droit à un plan de services
individualisé. Nous considérons qu'il y a une lacune à la
loi parce que aucun recours n'est prévu, sauf peut-être celui
à la régie régionale, et ils sont très peu
définis.
À la page 7, article 9, on parle du plan de services
individualisé. Nous demandons que la personne responsable de la
coordination de l'ensemble des services soit choisie par un comité de
personnes significatives pour le bénéficiaire,
c'est-à-dire l'intervenant responsable du suivi du
bénéficiaire, un proche parent ou ami du
bénéficiaire et la famille d'accueil, s'il y a lieu. Le
ministère décidera par décret le montant et les
modalités de rémunération de cette personne. La personne
ainsi nommée devra consacrer le temps et les énergies
nécessaires à une bonne coordination. La qualité des
services aux bénéficiaires s'en trouvera améliorée
et, dans certains cas, la durée du placement risque de diminuer.
Au chapitre III, la confidentialité du dossier médical ou
social, à la page 9, article 16, il est question de l'accès au
dossier médical ou social d'un bénéficiaire de 14 ans ou
plus. Cependant, il n'est mentionné nulle part quel professionnel
pourrait refuser à un bénéficiaire de 14 ans ou plus
l'accès à son dossier social. Dans la loi, on ne parle que du
médecin traitant; donc, selon nous, cela ne touche que le dossier
médical d'un individu.
Au chapitre III, les conseils d'administration des établissements
publics, à la section I, qui traite de l'organisation, au point 1,
formation, nous croyons que cette nouvelle formule de formation des conseils
d'administration des établissements est une nette amélioration.
Au point 2, composition du conseil et mode de désignation de ses
membres, à la page 18, article 50: "Le conseil d'administration des
établissements de chaque territoire de centre de services sociaux... "
Nous demandons que les familles d'accueil à l'enfance soient
représentées par deux personnes désignées par leur
regroupement provincial. Aux alinéas 2° et 3° de cet article, il
n'est pas précisé dans quel milieu et selon quels critères
les régies régionales et le ministre procéderont au choix
de ces personnes. Nous aimerions les connaître. au point 3, mandat et
qualification des membres, page 20, l'article 57 traite des raisons d'exclusion
d'une personne pour être membre d'un conseil d'administration à
l'alinéa ?" de cet article, nous nous questionnons sur le pourquoi do
l'exclusion systématique des employés du réseau. à
la page 21, à l'article 58, nous considérons que les
représentants des bénéficiaires devraient être
exclus de cet article car il y a danger d'un roulement trop important de ces
personnes.
Au chapitre IV, l'organisation des ressources humaines des
établissements, ce sera Mme Rioux qui en traitera. Merci.
Mme Rioux (Sonia): Alors, section II, les conseils et
comités de l'établissement. Le conseil consultatif du personnel
clinique, page 32, article 105. Les familles d'accueil devraient être
représentées sur ce conseil et, bien entendu, être exclues
de la nécessité d'être titulaires d'un
diplôme de niveau collégial ou universitaire. Pourquoi?
Parce que la famille d'accueil devrait avoir la possibilité d'exprimer
son vécu et de partager son expérience, et les difficultés
qu'elle rencontre dans son quotidien avec le personnel clinique du CSS. Nous
croyons que cela permettrait aux deux catégories d'intervenants,
intervenant du CSS et famille d'accueil, de mieux se connaître et de
mieux se comprendre.
Le comité consultatif à la direction
générale, page 35, article 113. Là aussi, les familles
d'accueil devraient être représentées. Elles ont du
vécu sur le terrain et elles sont en mesure d'apporter un point de vue
très particulier que le réseau aurait eu grand
intérêt à entendre, à écouter et à
respecter dans le passé. Quant à réviser une loi aussi
importante pour la qualité de vie des personnes en besoin de protection
dans la société, n'y aurait-il pas lieu de l'amender de
façon à améliorer la qualité de vie des personnes
pour lesquelles cette loi a été instituée?
Le comité de bénéficiaires, page 35, article 115.
Pourquoi les CSS ne devraient-ils pas, eux aussi, mettre sur pied un
comité de bénéficiaires? Ces gens-là ont aussi du
vécu à faire connaître afin d'améliorer la
qualité des services rendus par les CSS.
Chapitre V, fonctions et pouvoirs des établissements. Les
services, page 49, article 159. Nous demandons que les usagers, les ressources
intermédiaires et les organismes communautaires soient invités
à se prononcer sur la qualité des services rendus par les
établissements. De plus, nous considérons essentiel que soit
précisée la fréquence des évaluations que le
ministre ou les régies régionales auront à faire.
Chapitre VI, ressources intermédiaires. Section II, ressources de
type familial, page 60, article 204. Cette définition est inacceptable.
Une famille d'accueil ne peut être définie comme n'étant
qu'un domicile. En droit, le Petit Robert nous dit que la définition de
domicile est "un lieu où une personne a son principal
établissement, demeure légale et officielle." Une famille
d'accueil se doit d'abord et avant tout d'être un milieu de vie familiale
avec une présence stable et dont les adultes responsables ont des liens
affectifs préalables à la mise en place de la ressource. Je passe
la parole à Marthe.
Mme Rousseau (Marthe): Page 61, article 207. Les familles
d'accueil demandent un droit de recours autre que les régies
régionales. Précisons d'abord que les régies
régionales risqueraient à un moment donné de se trouver en
conflit d'intérêts entre un bénéficiaire et une
ressource de type familial. Les familles d'accueil veulent une instance
provinciale neutre, c'est-à-dire composée de personnes
extérieures aux CSS, pour recevoir et étudier leurs plaintes
concernant leur reconnaissance ou leur utilisation comme familles
d'accueil.
Pourquoi parle-ton de leur utilisation? C'est parce que souvent les CSS
ne les ferment pas officiellement, mais cessent plutôt de les utiliser
comme familles d'accueil sous prétexte qu'ils n'ont pas la
clientèle qui convient à la ressource (le pairage). Ces
situations se produisent surtout quand les familles d'accueil osent remettre en
question une ou des décisions prises par des intervenants.
Il est donc essentiel qu'au moins une personne (un président ou
un arbitre) puisse avoir le pouvoir légal non seulement de recommander
au CSS de maintenir l'accréditation d'une ressource, mais qu'elle puisse
avoir le pouvoir de l'obliger à le faire, après
l'évaluation de la situation, bien sûr. Dans l'évaluation
de la situation, ce président ou arbitre devrait être
supporté par des personnes ayant une expérience, d'une part,
auprès d'un établissement de même type, d'une personne
ayant de l'expérience comme famille d'accueil et d'une autre d'une
régie régionale. Ces personnes assisteraient Le Président
ou l'arbitre lors des auditions des personnes appelées à
émettre leur opinion ou leur version en regard de cette plainte. La
décision finale reviendrait uniquement au président ou à
l'arbitre. Toutes les personnes entendues par ce comité devraient
bénéficier du droit à l'immunité et à la
confidentialité la plus absolue.
Pourquoi? Simplement parce qu'il nous est souvent arrivé de
recevoir des commentaires d'intervenants des CSS favorables aux familles
d'accueil. Cependant, ceux-ci refusaient qu'on puisse utiliser leurs
commentaires par crainte de représailles de leur établissement.
Cette instance ne serait utilisée qu'après que le
mécanisme d'appel mentionné dans le contrat des familles
d'accueil aurait été utilisé et qu'un règlement
n'aurait pu être obtenu de façon satisfaisante pour la famille
d'accueil. À tout moment du processus d'appel d'une décision
prise par un centre de services sociaux concernant une famille d'accueil, la
loi devrait reconnaître aux familles d'accueil le droit d'être
représentées par une personne désignée par le
regroupement provincial de familles d'accueil, c'est-à-dire la
Fédération des familles d'accueil du Québec.
Titre IV, Institutions régionales. Chapitre I, les régies
régionales de la santé et des services sociaux. Section II,
fonctions et pouvoirs. De façon générale, nous
considérons que les régies régionales auront d'immenses
pouvoirs et responsabilités. L'efficacité de ce modèle de
fonctionnement est étroitement liée à la qualité
des personnes en place.
Fonctions et pouvoirs à l'égard de la population, page 68,
article 238, troisième aMnea. Nous sommes heureux de constater que l'on
reconnaît aux organismes communautaires le pouvoir d'aider et
d'accompagner les bénéficiaires qui désirent porter
plainte. De plus, nous croyons que les familles d'accueil devraient avoir le
droit
d'aider et d'accompagner les bénéficiaires qui
désirent porter plainte lorsque cette plainte ne les met pas en cause
évidemment. Donc, les familles d'accueil devraient être
mentionnées et bénéficier de ce droit au même titre
qu'un organisme communautaire.
Fonctions et pouvoirs reliés aux programmes, page 69, article
240. Nous croyons qu'une plus grande implication des organismes communautaires
permettra aux régies régionales d'être plus collées
sur la réalité du terrain. À notre avis, les
bénéficiaires de services sociaux ne s'en trouveront que mieux
servis. C'est une nette amélioration. Mme Thériault, la
présidente.
Mme Thériault: En conclusion, n'ayant pas les ressources
juridiques appropriées, nous avons présenté ce document
avec beaucoup de concision et de simplicité. Nous avons tenu à
vous exprimer nos commentaires afin que le vécu et les besoins des
familles d'accueil à l'enfance puissent être
considérés dans cet avant-projet de loi et
qu'éventuellement, la Loi sur les services de santé et les
services sociaux leur reconnaisse un minimum de droits. Nous comptons sur votre
intérêt à la cause des familles d'accueil et des enfants en
besoin de protection.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
présidente. J'inviterai maintenant le, ministre
délégué à la Santé à vous poser des
questions, à échanger avec vous.
M. Sirros: Merci, Mme la Présidente. Je pense qu'il y a
plusieurs choses qui nous amèneraient à avoir une longue
discussion parce qu'il y a beaucoup de choses auxquelles vous faites
référence qui pourraient amener des débats
intéressants; c'est le moins qu'on puisse dire. Mais je pense
qu'à travers tout votre mémoire ce sur quoi j'aimerais qu'on
échange un peu, c'est toute la notion... On peut essayer de reprendre
quelques points précis du mémoire par rapport aux recommandations
que vous faites et j'essaierai de vous poser une couple de questions sur des
"items" que j'ai décelés.
Mais, au préalable, j'aimerais vous entendre un peu sur: c'est
quoi, une famille d'accueil? Comment la percevez-vous? Parce que,
derrière votre mémoire, je trouve qu'il y a... Si je
résume, je pense que, finalement, vous dites... Une réclamation
majeure, c'est de dire: Quand on parle d'intervenants sociaux, on aimerait
qu'on mentionne les familles d'accueil. Donc, c'est la notion qu'une famille
d'accueil est, finalement, un intervenant social. Et vous allez jusqu'à
dire: On devrait aussi être présents au conseil consultatif du
personnel clinique. Donc, vous vous placez, selon le mémoire tout au
moins, sur l'échiquier, en quelque sorte, des intervenants
professionnels ou semi-professionnels, des intervenants sociaux par rapport
à des cas que vous avez. Moi, j'aimerais vous entendre un peu plus sur
cette notion de la perception d'une famille d'accueil, du rôle de la
famille d'accueil dans un continuum de services, dans une gamme de services qui
sont offerts. Où est-ce que vous vous situez là-dedans? Et
là, on pourrait, je pense, ouvrir la discussion.
La Présidente (Mme Marois): Mme Thériault.
Mme Thériault: Une famille d'accueil, c'est une personne
qui a un engagement social, qui accepte de donner d'elle-même et d'une
part de sa famille pour aider des bénéficiaires qui ont besoin de
protection; puisqu'on est des familles d'accueil à l'enfance, pour aider
des jeunes, des enfants. Je pense qu'on est un intervenant, on est des
professionnels dans le vécu, dans le quotidien de l'enfant. Quand on dit
qu'on veut être à ce niveau-là, on a des différences
d'intervention, O.K., et on ne veut pas remettre en question l'intervention que
les autres intervenants font. Mais je pense qu'on doit être là
parce que le quotidien de l'enfant, c'est nous qui le possédons, c'est
nous qui le vivons. Souvent, dans les grandes décisions, dans les
grandes orientations, cette partie-là, elle est oubliée ou elle
est grandement négligée. Et après, dans toutes les
politiques qui sont établies par rapport aux familles d'accueil, par
rapport aux bénéficiaires, on a à composer avec ces
manques-là. Je pense qu'on est des partenaires et que, si on s'assoyait
ensemble et que chacun jouait bien son rôle, ce serait un plus pour le
bénéficiaire. Quand on demande des choses comme ça, on ne
veut pas prendre la place des intervenants qui sont au CSS; on veut juste
être des partenaires au sens propre du mot. C'est ça, une famille
d'accueil.
Et quand on demande des choses comme celles-là, c'est pour que la
durée des familles d'accueil soit plus longue. La moyenne de vie,
actuellement, elle est très courte, chez les familles d'accueil parce
que c'est difficile d'être une famille d'accueil. C'est
déjà, au départ, quelque chose de difficile en soi
d'élever un enfant, nos enfants; on en a, pour la plupart, et c'est
déjà quelque chose de difficile Ce que la société
nous confie, ce sont des enfants qui ont vécu de grandes
difficultés et on n'a pas de support, on n'a pas de suivi. On a juste
à regarder ce qui se passe. C'est que la famille d'accueil arrive sans
formation, avec tout son bon vouloir, son amour, son intérêt, son
altruisme et on la laisse là, et on lui donne des cas souvent
très, très lourds. Si je recule, le premier enfant qu'on nous a
confié, c'était son quatrième transfert, dans ce
mois-là, de famille d'accueil. Je n'avais pas de notion afin
d'être une famille d'accueil et on n'a pas eu le support qui allait avec
ça. (11 h 45)
C'est dans ce sens-là qu'on le demande. Et on pense qu'on a
quelque chose à apporter dans
ça et on ne veut pas faire la job des autres, pas du tout. Mais
on voudrait faire ce bout-là dans notre engagement et dans notre
implication. Et si on était assis à la môme table à
des comités consultatifs, on pense que ça pourrait grandement
aider dans les décisions. C'est dans ce sens-là. Je ne sais pas
si j'ai répondu à votre question, M. le ministre:
M. Sirros: Oui, quoiqu'on pourrait continuer... Vous avez dit
deux choses que j'estime être excessivement importantes dans tout le
processus. Parce que, finalement, ce que vous dites, c'est: L'État nous
confie des enfants et nous laisse là après. Il n'y a pas de
support Et ce que je décèle derrière votre mémoire,
c'est le désir de pouvoir contribuer d'une façon concrète
au développement et à l'épanouissement de l'enfant qui
vous est confié, donc, de pouvoir contribuer, par les observations que
vous avez sur le vécu quotidien, par la connaissance affective que vous
pouvez développer avec l'enfant, à son cheminement pour qu'il
devienne plus autonome, finalement. Donc, vous dites: On aimerait beaucoup
ça pouvoir être supportés dans ce rôle.
Et vous avez mentionné aussi la nécessité dune
formation, de pouvoir faire effectivement la jonction entre le professionnel
qui a la garde légale, si vous voulez, de l'enfant comme
représentant de l'État et la famille d'accueil qui a la garde
physique au niveau du vécu quotidien pour que ce que vous voyez et ce
que vous vivez tous les jours soient pris en compte dans les décisions
qui vont affecter l'enfant et, en conséquence aussi, la famille
d'accueil qui a accepté de remplir ce rôle très important.
Donc, vous dites finalement - et je ne peux qu'être d'accord avec vous -
qu'il faudrait qu'on regarde, dans tout le processus de la réforme, plus
particulièrement, ce qu'on peut faire par rapport à une formation
aux familles d'accueil ou aux personnes qui acceptent de recevoir des enfants
chez eux et ce qu'on peut faire pour donner plus de support à ces
familles dans leur vécu quotidien. Parce que ça ne doit pas
être facile de recevoir des enfants qui ont déjà
vécu un certain nombre de choses très difficiles Vous...
La Présidente (Mme Marois): Mme Thériault...
Pardon. Oui, allez.
M. Sirros: Parce qu'il me semble que c'est ça que vous
dites, au fond. Et de là, vous faites un certain nombre de
recommandations qui ont une qualité plus technique lorsque vous dites,
finalement: On aimerait ça avoir deux représentants au niveau du
conseil d'administration du CSS. Et vous en avez beaucoup contre les CSS et le
fonctionnement quotidien, si je lis le mémoire, dans le sens que vous
dites: On voudrait être dans l'engrenage de cette boîte-là
pour qu'on puisse l'influencer et qu'ils tiennent compte de ça. Mais si
j'ai une question pour vous redonner la parole, c'est: Est-ce qu'on peut
véritablement inscrire dans la loi la place spécifique des
familles d'accueil par rapport à l'ensemble des services, ou la place
spécifique des familles d'accueil de façon séparée
ou indépendante de tous les autres intervenants ou ressources, etc.?
La Présidente (Mme Marois): Mme Thériault.
Mme Thériault: Quand vous me posez cette
question-là, je ne suis quand même pas une personne
compétente pour légiférer sur toutes ces choses-là.
Je pense que c'est plutôt vous qui êtes compétent dans
ça. Peut-être qu'on vous paraît en avoir beaucoup contre les
CSS. C'est sûr qu'il y a toute une partie qui est bonne en soi aussi.
Mais c'est parce que c'est l'accumulation d'être un partenaire dans le
réseau et de donner des services, et de ne pas être reconnu.
Aussi, quand ça va mal et qu'on n'a pas eu le support et le suivi, bien,
c'est la famille d'accueil qui devient incompétente; ce n'est pas
l'établissement et les intervenants. C'est probablement de là que
ça vient, qu'on en a tant, là. Et on est dans un tournant
où les familles d'accueil sont prêtes à donner des services
de qualité, mais elles ont des besoins.
Et, dans l'autre partie tantôt, j'ai apporté
évidemment le côté du bénéficiaire. Mais
aussi quand on demande des changements comme ça, c'est important parce
qu'on pense que, chaque fois qu'il y a eu des tables de concertation où
on s'est assis avec les CSS, avec les associations ou avec la
Fédération, à une instance provinciale, on a appris, je
pense, des intervenants les contraintes dans lesquelles ils travaillent et des
choses aussi qui ne sont pas faciles pour eux autres. Et je pense que, si on
arrivait à avoir ce réseau-là, au niveau du partenariat,
ça serait... Je pense que nos difficultés comme familles
d'accueil, ce sont les familles d'accuefl qui peuvent vraiment le sentir et le
vivre et c'est la même chose pour les intervenants. C'est dans ce
sens-là qu'on demande des changements importants. Et, à ce
moment-là, chacun pourrait donner les services qu'il doit donner.
La Présidente (Mme Marois): Mme Gamache, je crois que vous
vouliez ajouter quelque chose?
Mme Gamache: Oui. Dans le fond, quand M. le ministre disait tout
à l'heure quon demandait que les familles d'accueil soient
considérées comme des intervenants sociaux, je ne pense pas qu'on
ait qualifié la famille d'accueil d'intervenante sociale, mais ce qu'il
est important, pour nous, de faire reconnaître, c'est que la famille
d'accueil est une intervenante auprès du bénéficiaire.
Puis, ce qu'on trouve aussi qui est essentiel, c'est que les deux
catégories d'intervenants sont nécessaires pour, je pense,
atteindre les
objectifs d'un placement. D'une part, je pense qu'il faut
reconnaître que quand on vit quotidiennement avec une personne... Ce sont
les gens qui vivent ensemble qui se connaissent davantage. C'est pour ça
qu'on trouve que c'est une aberration quand on constate qu'il y a des gens qui
sont capables de prendre des décisions au niveau de l'orientation de la
vie d'un enfant, sans nécessairement avoir permis à la famille
d'accueil de s'exprimer et sans, non plus, s'être donné à
eux l'occasion d'échanger sur une base d'égal à
égal avec une famille d'accueil. Quand on dit que les intervenants
doivent, selon nous... en tout cas, qu'il doit se passer des changements de
mentalité dans le réseau, c'est un peu à ce
niveau-là. Quand tout le monde va comprendre qu'on est
complémentaires et qu'on n'est pas adversaires, on pense qu'il y a bien
des affaires qui vont changer dans le système de services sociaux au
Québec.
Quand on parle de changements de mentalité et qu'on veut profiter
de cet avant-projet de loi, c'est que, au fil des ans... Ça fait de
nombreuses années qu'on demande des changements de mentalité;
tout le monde est conscient que ça prend des changements de
mentalité, sauf que ces changements de mentalité ne se font pas.
Pourquoi ne se font-ils pas? C'est peut-être parce qu'on n'a pas de
droits reconnus. Quand on dit dans notre mémoire qu'on voudrait que les
familles d'accueil, par exemple, soient mentionnées, dès qu'il
s'agit d'un bénéficiaire placé en famille d'accueil, qu'on
demande que la famille d'accueil soit mentionnée aussi souvent que
l'intervenant social, on se dit que ça nous donnera un point
légal d'appui pour dire aux intervenants sur le terrain: Bien,
écoute bien, cher, dans la loi, tu es mentionné, mais moi aussi.
Et on est complémentaires.
M. Sirros: Oui, peut-être-La Présidente (Mme
Marois): Oui, M. le ministre, une petite dernière question.
M. Sirros: Une dernière question, peut-être en guise
de conclusion aussi, Mme la Présidente. Je pense que vous avez
touché quelque chose que je trouve extrêmement important. C'est
effectivement vrai que, si on ne réussit pas à développer
une approche qui voit les familles d'accueil en particulier comme une ressource
importante, pas seulement complémentaire, mais qui est partie
intégrante d'un ensemble de choses qu'on fait pour remettre des enfants,
dans ce cas-ci, sur la voie de l'autonomie et de la prise en charge
individuelle, on aura raté quelque chose. Si, actuellement, il y a une
perception que ce sont des adversaires, il me semble qu'il y a lieu qu'on
regarde, comme je le disais tout à l'heure, le support qu'on offre et la
formation qu'on peut offrir.
En terminant - parce que je n'ai pas de question, je passerai la parole
à mon collègue de l'autre côté - vous n'êtes
pas sans savoir qu'on devrait, dans les prochains jours, acheminer un
mémoire au Conseil des ministres qui définirait plus le cadre
conceptuel et financier des familles d'accueil, mémoire dans lequel vous
avez été impliqués. En tout cas... J'imagine que vous avez
hâte d'en entendre parler, mais c'est pour vous dire que ça
devrait venir dans les prochains jours.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Mentionnons au
départ que j'ai fait un petit oubli, lorsque vous m'avez passé la
parole pour la première fois, ce matin, soit de souligner
qu'aujourd'hui, c'est votre fête, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Mon Dieu! M. Trudel:
Comme famille d'accueil...
M. Sirros: c'est le genre de choses qu'on ne souligne pas
nécessairement de la même façon pour la présidente
qu'on l'a fait pour le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: On ne pose pas tout à fait les mêmes
questions et observations, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
Merci.
M. Trudel: Par ailleurs, faut-il le dire, Mme la
Présidente est très préoccupée aussi par la
question des familles et des familles d'accueil. Sa formation professionnelle
l'a amenée aussi à être très
intéressée par cette question et très
préoccupée, en particulier, par la question des familles
d'accueil. Et c'est un peu à cela que je voudrais peut-être me
raccrocher comme première question parce que, tout comme le ministre, je
dois vous dire que c'est sévère, c'est très
sévère, votre mémoire, dans le sens où vous faites
un diagnostic qui est difficile. Comme partenaires dans le réseau, c'est
assez clair que vous ne vous sentez pas respectés, que vous ne sentez
pas que vous êtes des intervenants qui sont partie intégrante du
système, et envers les institutions et envers les professionnels qui
oeuvrent à ce niveau. Là-dessus, je pense bien que le ministre
délégué et le ministre auront à se pencher
très concrètement sur votre diagnostic extrêmement lourd
parce que c'est... Juste une petite question: Combien y en a-t-il de familles
d'accueil au Québec? Vous devez avoir le chiffre, vous.
Mme Gamache: Est-ce que vous voulez savoir le nombre d'enfants et
d'adultes ensemble?
M. Trudel: Ensemble.
Mme Gamache: II y en a à peu près 12 000, aux
alentours de cela.
La Présidente (Mme Marois): Et chez les enfants, les
familles qui accueillent des enfants?
Mme Gamache: 9000 à 10 000.
M. Trudel: Alors, on ne parle pas d'un
épiphénomène. On ne parle pas de quelque chose qui est sur
la marge. C'est beaucoup d'intervenants. C'est majeur dans le système
comme lieu d'intervention. Vous dites, par exemple, à la première
page de votre mémoire - c'est ça qui me rend très inquiet
- "II nous est arrivé de constater, dans plusieurs situations, que le
développement de ces enfants était grandement compromis par les
personnes mêmes qui ont la responsabilité légale et sociale
de les protéger. " Avec vos signes de tête vous avez l'air de me
dire: Non, on ne l'a pas marqué au hasard et on y a pensé avant
de l'écrire. C'est ce que je voulais vérifier d'abord parce que
c'est très lourd. J'aimerais ça que vous me parliez un peu des
relations avec les professionnels, avec les personnes. M. le ministre vous a
questionnées sur les institutions, sur les organismes, sur les CSS, sur
les mécanismes d'encadrement. Moi, j'aimerais vous entendre sur votre
perception de la relation que vous avez avec les professionnels qui oeuvrent
dans le réseau en particulier des CSS.
La Présidente (Mme Marois): Mme Thériault.
Mme Thériault: Ce qui nous a amenés à
écrire ça, parce que c'est sûr que ça n'a pas
été écrit à tout hasard... Avec la structure qu'on
a à la Fédération, on a des conseils d'administration avec
des représentants de chaque région. Si ça avait
été juste une ou deux régions, on n'aurait pas pu se
permettre d'écrire des choses comme celles-là. Mais, ce qui
arrive c'est que, comme le respect n'est pas existant et qu'on n'est pas des
partenaires au sens propre du mot, c'est difficile pour des gens - et on n'a
pas de droits et on n'a pas de pouvoirs - d'avoir des relations
professionnelles ensemble. Donc, nous autres, notre professionnalisme, c'est le
quotidien de l'enfant, la qualité de vie. Souvent, dans des
décisions qui sont prises unilatéralement, les familles d'accueil
n'étant pas consultées, n'étant pas informées, il
arrive des choses...
Par exemple, je vais donner une situation concrète. Un enfant est
placé dans une famille d'accueil. On dit: Cet enfant a huit ans, est-ce
que vous acceptez de le garder jusqu'à sa majorité? C'est un
placement à long terme C'est tellement lourd, ce qui se vit. Il ne
pourra jamais être réinséré. La famille d'accueil,
avec tout son bon coeur et son bon vouloir, dit oui, mais elle ne
réalisait pas la lourdeur du cas de cet enfant là. En cours de
route, dans le quotidien du vécu, elle s'aperçoit qu'il y a des
choses qui devraient être changées. Elle les rapporte à
l'intervenant, elle les écrit et elle dit: Pour telle chose, je pense
que ce serait mieux que ce soit comme ça. La réponse qui vient,
c'est: Changez-le de famille d'accueil, mais ça va être sa
cinquième dans le même mois. C'est un exemple.
Quand une famille d'accueil parle avec un intervenant, elle va dire:
Ça va mal, j'ai de la misère. Es tu fatigué là?
Aimerais-tu te reposer? Bien, tu as une prime pour ça. Tu es payé
pour ça. C'est le genre de réponses qui viennent. La famille
d'accueil, ce n'est pas à ça qu'elle s'attend. Ça,
ça revient. Si c'étaient des exemples isolés, il n'y
aurait aucun problème. Il y a un plan d'intervention qui n'est pas fait.
On amène le jeune là. Il a été envoyé en
famille d'accueil et la famille d'accueil n'a même pas été
évaluée, elle n'a même pas été
accréditée. Il a deux ans, il est "shooté" au mois de mai
et ils vont voir à l'automne ce qui se passe, et ce petit
bonhomme-là de deux ans en est déjà à son
huitième déplacement. On trouve qu'il y a
énormément de déplacements d'enfants qui devraient
être évités. C'est à croire qu'on peut prendre plein
de rejets. Comme adultes, on a de la misère à prendre des rejets;
bien, ces enfants-là qui ont déjà un passé
chargé sont obligés de subir ça. On dit ça dans ce
sens-là. (12 heures)
Quand la famille d'accueil, avec son gros bon sens, son GBS - parce que
c'est souvent ça que la famille d'accueil a, elle, c'est sa formation et
son coeur - dit à l'intervenant: Ça n'a pas d'allure, là.
il lui dit: Pour qui tu le prends, toi? T'es bien juste une famille d'accueil.
Là, comme à tout hasard, elle va commencer à être
moins utilisée parce que ce CSS-là n'aura plus souvent de
pairage. Là, elle se dit: Pourquoi je ne suis plus famille d'accueil?
Pourquoi j'ai agrandi ma maison? Pourquoi j'ai des chambres? Pourquoi? As-tu
vu, j'ai trois salles -de bains? On a beaucoup de familles d'accueil qui ont
vécu cette dramatique-là. Là, ça tombe mal, il n'y
a plus de pairage. C'est difficile pour la famille d'accueil de se
défendre. C'est ce genre de...
Ce qui nous a donné du courage - parce que je pense que ça
en prend pour aller à contre-courant d'une aussi grosse machine que sont
les établissements parce qu'on peut être taxés d'être
des "critiqueux" - c'est de penser qu'actuellement la ressource famille
d'accueil est en danger Si on regarde la désinstitutionnalisation, c'est
le contraire, ça a l'air que ça va en prendre plus dans les
années qui viennent Les familles d'accueil qui sont là sont
traitées durement; donc, elles ne peuvent pas refléter... Le
meilleur agent de recrutement, ce sont les
familles d'accueil. Si les familles d'accueil ont un engagement social
satisfaisant, elles vont apporter des familles d'accueil. Actuellement, il y a
de grosses sommes d'argent qui se dépensent pour en recruter et, en bout
de campagne de recrutement, peut-être de 50 000 $, il n'y en a pas eu
vraiment. C'est ce qui nous inquiète, la relève qui ne vient pas
et de plus en plus de familles d'accueil qui se désistent ou qui se
désengagent. C'est ce qui nous a fait le dire publiquement. Ça,
c'est l'expérience de dix ans. Mais, quand on dit ça, il faut
faire une nuance. Ça ne veut pas dire que tout le monde est mauvais et
que tous les CSS travaillent mal. Ce n'est pas ça qu'on dit. Mais, tu
sais, il faut toujours sortir l'élément...
La Présidente (Mme Marois): Parfois, la caricature permet
de bien expliquer ce que l'on veut dire.
M. Trudel: Oui. Est-ce qu'il y a une dame qui a quelque chose
à ajouter? Non. Ça va?
La Présidente (Mme Marois): Mme Gamache.
Mme Gamache: Je vous remercie. D'abord, je voudrais dire au
député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue que Mme Marois nous
a déjà honorées de sa présence à un
congrès de notre Fédération. Alors, je pense qu'elle est
bien sensibilisée. Quand vous dites qu'on est très
sévères dans notre mémoire, vous avez raison. Mais je ne
voudrais pas que vous pensiez que nos familles d'accueil et notre
Fédération sont des gens qui ont très peu de
tolérance. Imaginez-vous que, si on en arrive aujourd'hui à
écrire des choses aussi radicales et aussi dures, c'est que ça
fait longtemps qu'on les dit et qu'on n'est pas écoutées. Quand
on a commencé à faire des menaces, le réseau s'est assis
et il a commencé à nous écouter.
Cet avant-projet de loi, comme on le dit au début de notre
mémoire, c'est vraiment, pour nous autres, une occasion exceptionnelle,
parce qu'on comprendra que ce n'est pas à tous les cinq ans qu'il y a
des changements à une loi comme celle-là. Pour nous, c'est
sûr que le "timing" est bon et, comme on le dit toujours, nous autres:
Les choses arrivent quand elles ont besoin d'arriver et on croit, comme le
disait Mme Thériault, que la ressource famille d'accueil est en danger
et on croit à son "essentialité" dans le réseau, à
la qualité des services qu'elle est capable de rendre, mais, pour
ça, il faut que le réseau la regarde, la considère et lui
donne sa chance.
M. Trudel: Merci. La sévérité de votre
propos n'était pas quant à la qualification du geste en soi, mais
je pense bien, à vous entendre, que c'est parce que la situation a trop
duré. On vous a tellement peu écoutées ou encore vous vous
sentez - et on le sent très bien dans ce mémoire-là -
tellement négligées comme partenaires actifs au niveau de
l'accueil et de la protection des enfants en particulier qu'il y a une sorte
d'exaspération qui se dégage de vos propos et qui force à
l'analyse, à la réflexion 9000 familles d'accueil, ce n'est pas
mineur; c'est large et partout au Québec.
Quand vous dites que c'est le résultat de consultations dans
toutes les régions du Québec, c'est d'autant plus impressionnant.
D'ailleurs, votre degré d'exaspération, j'en ai l'impression
aussi, vous fait proposer un certain nombre de mécanismes un peu lourds,
mais on sent encore une fois très bien la base. Par exemple, la personne
qui serait à la coordination du plan de services individualisé,
vous recommandez qu'elle soit désignée par décret
ministériel. Ça m'ap-paraît un peu lourd comme
mécanique. Je fais juste traduire ça en disant que c'est
tellement inéquitable actuellement vis-à-vis de toutes sortes de
situations que vous voulez absolument sortir de cette situation d'absence
d'écoute, d'absence de voix au chapitre et vous dites: On voudrait qu'il
y ait un comité, mais on voudrait, par exemple, que ce soit par
décret ministériel. Je pense qu'il faut comprendre la
préoccupation. En terminant, il faut que je vous remercie en même
temps de ce signal d'alarme et je vous demanderais d'ajouter quelque chose au
niveau de la question que je vais vous poser.
Est-ce que vous pensez qu'on ne pourrait pas avoir un mécanisme
pour régler les litiges externes aux CRSSS ou aux régies
régionales, mais en région? Est-ce que vous avez une assez petite
dose de confiance pour dire: On pourrait se limiter aux régions au lieu
de centraliser ça? Probablement que ça demanderait une certaine
dose de confiance dans le système pour épouser cela, mais est-ce
que vous êtes prêtes à cela?
Mme Gamache: Je voudrais juste, si vous le permettez, revenir sur
ce que vous avez dit. Ce qu'on demande d'établir par décret,
c'est le montant et les modalités de rémunération de la
personne qui assumerait la coordination. Parce que la personne elle-même,
on demande qu'elle soit choisie par un comité de personnes qui sont
significatives pour le bénéficiaire, par exemple un proche
parent, un ami, l'intervenant qui s'en occupe et la famille d'accueil, quand le
bénéficiaire est placé en famille d'accueil. Actuellement,
il arrive que, oui, il y ait des plans. Us ne sont pas nécessairement
toujours écrits, mais au moins les gens s'en parlent, parce qu'il y en a
des intervenants qui travaillent bien, quand même. Alors, supposons qu'un
intervenant travaille bien avec une famille d'accueil, qu'il travaille bien
avec d'autres intervenants d'autres établissements, à ce
moment-là oui, il y a comme un plan où ils s'entendent sur les
grandes lignes. Sauf qu'à partir du moment où il n'y a personne
qui s'occupe de coordonner, de savoir et de
s'assurer que ce qui a été dit, ou pensé, ou
même écrit a effectivement été réalisé
ou effectué, c'est là qu'il y a une difficulté. S'il n'y a
pas une personne qui prend ça en charge, pour qui ça devient la
fonction prioritaire, on se dit qu'il arrive ce qui arrive actuellement, soit
que, souvent, on va tenter de réinsérer les
bénéficiaires dans leur milieu, mais que le milieu n'a pas
été supporté, personne n'a aidé le milieu à
apporter les améliorations nécessaires pour pouvoir recevoir
à nouveau l'enfant. Ça fait que, oui, l'enfant est
retourné dans son milieu; il est remis dans le système, il est
retourné et il est remis dans le système. Ce qui fait que nous
autres, les familles d'accueil, sur le principe du maintien dans le milieu
naturel, maintenant, on se dit: Est-ce que c'est vraiment une
amélioration au niveau des services sociaux de constater que les enfants
qui sont maintenant placés sont tellement difficiles à
récupérer que ça prend un éventail de psychologues,
puis de psychiatres, puis d'intervenants, alors que peut-être, s'ils
avaient été sortis de leur milieu au tout début.. En tout
cas, moi, je pense que ce serait à repenser, cette affaire-là. Il
y a quelque chose là. Est-ce que ça répond?
La Présidente (Mme Marois): Oui. Mme Thériault voulait
ajouter quelque chose brièvement.
Mme Thériault: Juste pour terminer, on nous demande si on
a encore un minimum de confiance. C'est difficile d'y répondre, mais ce
que je dirais là-dessus, c'est que, tant qu'il y a de la vie, il y a de
l'espoir. On s'est agrippé à ça. On a regardé, l'an
passé, ce qui pourrait faire que les gens changeraient. On a
arrêté et on a dit: On va leur donner la chance de changer.
Ça fait longtemps qu'on leur en donne des chances, mais ils ne les
poignent pas. On était même allé jusqu'à dire: On va
demander la privatisation du secteur ressources, parce qu'on pensait que
ça pouvait déstabiliser et que, si les familles d'accueil
étaient prises par l'entreprise privée, ils auraient moins de
chances de faire ce qui se passe. On a dit: On va leur donner la chance de leur
vie. Mais on n'a pas vu beaucoup de changements à cause de ça. On
s'est assis avec l'ACSSQ, en comité élargi, pour regarder comment
on pourrait en arriver à avoir une instance. On a fait des travaux
là-dessus Mais sur le terrain, c'est à croire que, pendant qu'on
est assis en haut, c'est comme s'il y avait encore plein de conneries qui se
passent en bas et que ça ne lâche pas. Ça nous fait dire
qu'en bout de ligne ils n'arrivent pas à comprendre Ça voudrait
dire bien des années encore avant que ça arrive à donner
des fruits On ne met pas en doute, parce qu'on regardait au niveau provincial
les rencontres qu'on a, la volonté des gens d'apporter des changements,
mais celle de les faire. C'est un petit peu comme le racisme. À moins
que je ne me trompe, quand ils ont voulu abolir l'esclavage, je pense qu'ils
ont été obligés de passer des lois. Ça se
"peut-u"?
La Présidente (Mme Marois): Oui. M. Trudel:
Oui.
Mme Thériault: Ça faisait longtemps qu'ils
voulaient enlever l'esclavage et ils l'ont enlevé quand ils ont
passé des lois. On s'est dit: Est-ce que ça serait la seule
façon de faire en sorte que, dans le réseau, on ne soit plus des
esclaves? En tout cas, c'est peut-être...
M. Trudel: Je ne sais pas.
Mme Thériault: C'est notre façon de penser. Alors,
oui, on est encore prêtes a cheminer en autant qu'il y aurait des choses
qui pourraient changer Mais à une instance régionale, on n'y
croit pas, par exemple. Ça, on n'a plus dé croyance en ça.
Une instance provinciale oui, mais pas régionale.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, M. le
député? Oui.
M. Trudel: Au nom de la loi du GBS, comme vous dites, merci
beaucoup de votre contribution.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Sirros: Je remercie le GBS, effectivement, et je vous remercie
également. Je veux réitérer tout simplement que nous
estimons et que nous croyons fermement que la ressource famille d'accueil est
une ressource importante. Je constate - comment les appeler? - les frustrations
que vous véhiculez, les difficultés que vous avez vécues
et que vous vivez, et il est de notre plus vif espoir qu'on puisse,
effectivement, voir ça dans un esprit de coopération plutôt
que dans un esprit de rivalité. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie. Je vous
réitère ma plus grande admiration pour le travail que vous faites
parce qu'il est effectivement très exigeant et qu'il concerne notre
avenir collectif, puisqu'il concerne les enfants. Merci beaucoup de votre
contribution à nos travaux. Nous suspendons les travaux de la commission
jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 12) (Reprisée 15 h
44)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Mesdames, messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît. Nous
allons reprendre nos travaux. Je demanderais aux groupes communautaires et
populaires des MRC des Chutes-de-la-Chaudière et de
Desjardins de se présenter à la table, s'il vous
plaît. Mmes et MM. les députés, je vous demanderais de
prendre place. Mme la députée de Saint-Henri, s'il vous
plaît, à l'ordre.
Mesdames, messieurs des groupes communautaires et populaires des MRC des
Chutes-de-la-Chaudière et de Desjardins, j'aimerais que le
président ou le responsable de votre groupe se présente et, en
même temps, présente les personnes qui l'accompagnent.
Monsieur.
Groupes communautaires et populaires
des MRC des Chutes-de-la-Chaudière
et de Desjardins
M. Vachon (Marco): Bonjour, mon nom est Marco Vachon, je suis un
des porte-parole du regroupement; à ma gauche, Anne Robitaille, de
l'organisme Contrevent; à gauche, toujours, Mme Thérèse
Richer, de l'ACEF; à ma droite, Mme Louise Gagnon, du CAR, qui est le
Centre d'aide et de référence.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Vous avez 30 minutes d'audience. On vous demanderait, dans les 10
premières minutes, si possible, d'exposer votre mémoire et,
après, il y aura des échanges entre les deux formations
politiques. Alors, vous y allez, monsieur.
M. Vachon: Merci. J'aimerais dire, en premier lieu, que le
regroupement des organismes communautaires de la rive sud est né le 11
décembre dernier. Bien que nous soyons un regroupement qui est jeune, il
nous importait beaucoup de faire valoir notre point de vue concernant le
présent avant-projet de loi, d'autant plus que nous représentons
une grande partie de la nouvelle région administrative 12, dont les
besoins, rappelons-le, méritent d'être mieux cernés,
d'être mieux connus, d'être mieux définis.
J'aimerais souligner à la commission la grande diversité
des membres de notre regroupement tant au point de vue des clientèles,
de la population rejointe que des territoires desservis. Mentionnons que les
municipalités régionales de comté de Beauce-Nprd, de
Lotbinière, des Chutes-de-la-Chaudière, de Bellechasse, de
Montmagny, de Desjardins, de L'Islet sont tous des territoires desservis par
plusieurs de nos membres.
De plus, sachez que de nombreuses personnes, telles des femmes, des
familles monoparentales, des mères, des personnes âgées,
des personnes démunies, des gens aux prises avec des problèmes
d'endettement et de consommation, des handicapés physiques, des parents
et des amis de personnes atteintes de maladie mentale, des toxicomanes, des
jeunes décrocheurs, ainsi que l'ensemble des gens impliqués dans
le milieu communautaire se font solidaires de notre démarche
aujourd'hui. C'est vous dire à quel point les membres de notre
regroupement ne sont aucunement standardisés, en ce sens que les
préoccupations de ces organismes diffèrent quant aux
clientèles. Par contre, nous sommes tous préoccupés quant
à la qualité de vie et à l'amélioration des
conditions de vie dans notre communauté.
Je termine cette brève présentation du regroupement en
vous disant simplement et en spécifiant que l'approche communautaire se
distingue parce que, dans la mise en place de solutions, elle fait appel
à la participation du principal concerné. Je cède la
parole à Mme Robitaille, qui élaborera sur les
considérations générales, puis Mme Richer élaborera
sur la réflexion même sur l'avant-projet de loi et, ensuite, on
pourra discuter.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Mme Robitaille.
Mme Robitaille (Anne): Merci. Permettez-moi de soumettre à
votre attention quatre concepts qui demeurent, pour les groupes communautaires,
les précieuses bases de toute action. Premièrement, la
reconnaissance. Les acteurs, le plus souvent bénévoles, des
organismes communautaires sont souvent perçus comme des
non-professionnels. Par contre, leurs services sont reconnus et
appréciés tant par les bénéficiaires que les
professionnels du réseau. Ils apportent complément et
continuité aux interventions des différents partenaires sociaux.
Alors, quand allons-nous dépasser cette reconnaissance théorique?
À quand la reconnaissance d'un statut officiel pour les organismes
communautaires, affichant publiquement le caractère indispensable de
leurs services et actions auprès de l'ensemble de la population? Dans
l'avant-projet de loi, aucun engagement de l'État ne figure.
Deuxièmement, l'autonomie. La force des organismes communautaires
réside dans leur autonomie. Celle-ci leur permet une meilleure
adaptation au milieu et une plus grande proximité avec la
communauté. Rappelons-nous que les organismes communautaires sont issus
et gérés par la communauté pour répondre à
des besoins spécifiques, non répondus par le réseau.
L'action communautaire s'est toujours située en marge du type de
planification étatique pour sauvegarder sa vitalité. De ce fait,
l'autonomie de fonctionnement des organismes communautaires est un
prérequis à la qualité des services. C'est ainsi qu'une
reconnaissance officielle et financière ne doit pas se faire au
détriment de l'autonomie. Encore une fois, cette notion est absente dans
l'avant-projet de loi.
Le troisième concept, le financement. Dans cet avant-projet de
loi, l'État, tout en accordant davantage de mandats aux organismes
communautaires, passe volontairement sous silence les principes du financement.
Une reconnaissance officielle des actions ne doit-elle pas être
suivie
dune reconnaissance financière? Quand viendra le moment d'un
financement triennal? Quand verra-t-on attribuée aux organismes
communautaires une enveloppe budgétaire adéquate,
déjà évaluée à 1 % du budget provincial?
Nous demandons également que l'approche administrative soit mieux
adaptée à la ressource communautaire - est-il nécessaire
de le redire - fort différente de la ressource du réseau.
Précisément, concernant le financement, le communautaire avait
beaucoup d'attentes
Finalement, le dernier concept, le partenariat. Un véritable
partenariat se fonde sur une reconnaissance formelle des parties, une
reconnaissance des identités propres, des spécificités et
des avantages positifs du travail en commun. La notion même de
partenariat nous ramène toutes les difficultés de collaboration
avec le réseau. Ce dernier impose son langage, sa structure, son mode de
fonctionnement, son modèle de collaboration et son processus
décisionnel.
Le principal reproche que nous pouvons faire à l'État est
de ne s'intéresser au développement du réseau
communautaire qu'en fonction des priorités des établissements et
de faire jouer aux organismes communautaires un rôle de
suppléance, d'où le danger que certains établissements
tentent de s'approprier les bons coups du communautaire.
En somme, les organismes communautaires n'accepteront jamais
d'être de simples exécutants au service du réseau. Selon
nous, aucune collaboration avec le réseau public n'est envisageable sans
le respect des conditions suivantes, le respect de l'autonomie, la
reconnaissance de l'égalité des partenaires, des ressources
financières et humaines suffisantes pour exercer un rôle
réel dans la concertation, la reconnaissance mutuelle d'une
compétence humaine et professionnelle, ainsi qu'un partage des
tâches, le partage du leadership et, bien entendu, un climat de confiance
mutuelle. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme Richer,
maintenant.
Mme Richer (Thérèse): Comme plusieurs, nous avions
mis beaucoup d'espoirs dans le rapport Rochon qui semblait reconnaître
l'apport et la particularité des organismes communautaires. Le livre
blanc de Mme Lavoie-Roux permettait aussi de rester positifs, mais notre
optimisme a été échaudé par cet lavant-projet de
loi.
Lorsqu'on regarde l'ensemble, il n'y a aucun doute que les institutions
publiques ont le rôle principal. Ce n'est pas cela que nous remettons en
cause, mais plutôt le fait que le domaine communautaire soit noyé
dans le flot institutionnel et qu'on ait tendance à minimiser notre
importance. Aussi, nous vivons beaucoup d'am-biguftés par rapport
à ce document. C'est comme si on avait voulu faire un pas très
intéressant pour intégrer les organismes communautaires, mais
sans vraiment nous accorder une place ou un rôle qui respecte ce que nous
sommes. Ainsi, on parie de partage adéquat entre les différents
acteurs, puis, plus loin, on nous affecte du personnel. C'est vraiment à
se demander s'il s'agit d'intégration ou de
récupération.
Nous appréhendons aussi certains dédoublements. Il y a les
institutions, les ressources intermédiaires et les organismes du milieu.
Il est souhaitable qu'il y ait une sérieuse concertation afin
d'éviter de gaspiller temps et argent. Il ne faut pas oublier que les
organismes communautaires ne sont pas des ressources de dernier recours ou de
substitution aux services du réseau. Nous sommes des ressources
alternatives, nées de la volonté des gens ordinaires, pour
répondre à des besoins non combles de la population, avec nos
propres buts, nos propres objectifs et notre propre mode de fonctionnement que
nous ne sommes d'ailleurs pas prêts à troquer contre de l'argent.
Par contre, nous sommes prêts à devenir des partenaires, et je
crois inutile de développer outre mesure sur le thème du
partenariat. En fait, nous souhaitons une consultation et un rôle actif
dans les structures décisionnelles. Notre expertise ne date pas d'hier
et nous en sommes d'ailleurs très fiers. Aussi, nous pouvons apporter
beaucoup sans pour autant nous départir de ce qui fait notre force,
soit, entre autres, notre vision critique et notre souplesse.
J'ajouterais, par contre, quant au partenariat, à
l'élément financier, qui se fait plutôt discret dans
l'avant-projet, que nous croyons tout à fait sensé de dire que,
pour être des partenaires et des partenaires efficaces, il est impossible
de passer à coté de la question d'argent, histoire d'être
assurés d'un minimum. On nous reproche de vouloir tout avoir, sans rien
avoir à justifier en retour. C'est vrai et faux à la fois. Non,
nous ne voulons pas subir les contrôles du réseau parce que
ça équivaudrait à tuer notre mode de fonctionnement et,
oui, H est nécessaire d'assurer une évaluation du travail des
groupes, afin de ne pas distribuer de l'argent pour distribuer de l'argent.
Cela veut dire, en fait, qu'il faudrait élaborer une approche
administrative propre au communautaire, qui tienne compte de nos
possibilités
Finalement, nous ne pouvions conclure sans souligner l'exercice
démocratique que représente la régionalisation. Par
exemple, sur la rive sud, nous y voyons un grand avantage avec la nouvelle
région 1? Jusqu'à présent, plusieurs organismes
prétendent couvrir la grande région de Québec, ce qui
inclut la région immédiate de la rive sud, mais on se rend
compte, en regardant leur plan d'action, qu'ils ne sa rendent pas sur la rive
sud. Cet argent, il faudrait le redistribuer eti conséquence. Il y a un
autre hic: l'avant projet ne mentionne pas d'enveloppe
protégée pour les organismes communautaires et il est
inconcevable que cette erreur ne soit pas rétablie à court terme.
La régionalisation semble être un moyen de démocratiser,
à condition qu'elle soit révisée. Nous souhaitons un
travail conjoint qui permettra de réviser l'ensemble du concept
"organisme communautaire". Nous voulons prendre le train à la gare,
parce qu'en route c'est très dangereux et on risque de perdre gros.
Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Richer. Est-ce qu'il y a une autre intervention? Mme Gagnon, oui.
Mme Gagnon (Louise): Non, je me joins au groupe pour la
période de questions.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Est-ce que, M. Vachon, vous voulez intervenir de nouveau?
M. Vachon: Ça va.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Ça va. Alors,
je vais demander inaintoruint au ministre délégué à
la Santé, M. Sirros.
M. Sirros: merci, m. le président. on pourrait
peut-être reprendre un certain nombre de choses qui nous
amèneraient sur de longs débats philosophiques, même par
rapport à certaines des positions que vous mettez de l'avant, qui ont
déjà été mises de l'avant et sur lesquelles on a
beaucoup échangé, avec beaucoup de groupes. il me semble quand
même important qu'on replace les choses dans un certain contexte, parce
qu'on ne peut pas les isoler puis regarder strictement une partie de tout
l'ensemble sans regarder l'ensemble. tout au moins, il faut regarder ce qu'on
fait actuellement par rapport au financement des organismes communautaires, et,
indépendamment du fait qu'on pourra dire que ce n'est pas assez, que ce
n'est pas suffisant, il faudrait quand même mettre sur la table que,
depuis quatre ans, il y a eu une augmentation de 77 % des budgets du
ministère alloués aux organismes communautaires à
l'intérieur du programme de soutien aux organismes communautaires. on
peut différer sur la façon dont ça a été
distribué, on peut différer à savoir si c'est suffisant ou
non, mais on ne peut pas différer sur un chiffre qui démontre
qu'à l'intérieur des difficultés qu'ont connues le
gouvernement et l'état il y a quand même eu un accroissement
considérable par rapport au budget consacré aux organismes
communautaires, et ça, pour démontrer qu'effectivement il y a un
point de vue qui reconnaît l'importance et le travail des organismes
communautaires. ça nous amène au point que vous mettez de
l'avant, qui est: oui, mais l'état ne veut financer les organismes
communautaires que dans la mesure où ça concorde avec des
priorités du gouvernement et du ministère.
Je renverserais la question et je vous demanderais: Si ce n'est pas
ça qui devrait guider l'État quant aux subventions qu'il peut
accorder aux organismes communautaires... Soyons plus précis; si, au
ministère de la Santé et des Services sociaux, ça ne
devrait pas être la mission du ministère qui devrait guider
l'octroi de subventions en termes d'un des critères, bien, à ce
moment-là, quel genre de balise, qui devrait être financé
et quel genre d'activité? Est-ce que c'est n'importe quoi, finalement,
pour autant qu'il y ait un volet qui dise: Nous sommes un groupe communautaire
qui oeuvre de façon générale en prévention ou en
promotion de la santé? Et qui va définir? Parce que vous savez
que les ressources ne sont pas illimitées. Vous réclamez 1 % du
budget de l'État pour les organismes communautaires, ça
représenterait 350 000 000 $. On a commencé, il y a cinq ans,
avec 25 000 000 $; on est rendus maintenant à 45 000 000 $. Vous
réclamez de passer de 45 000 000 $ à 350 000 000 $. J'imagine que
vous voulez l'étaler sur un certain nombre d'années et dans une
cortaino évolution dos choses, sinon, il me semblo que ça devient
l'évidence même que c'est quelque chose qui ne peut pas être
considéré de façon réaliste.
Alors, ma question est: De façon réaliste, de façon
objective aussi, quels critères, si ce n'est pas la mission du
ministère, devraient intervenir pour décider du financement des
groupes? C'est-à-dire comment est-ce qu'on choisirait, à ce
moment-là, quel groupe on financerait?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Gagnon. (16 heures)
Mme Gagnon: Je pense qu'on ne remet pas en question le fait que
ce soit à partir des orientations mêmes du ministère que
soient priorisées les subventions qui iront aux groupes. Ça va
plus loin que ça un peu, ce qu'on conteste. C'est davantage à
partir du moment où on subventionnera un groupe dans la mesure où
il donnera des services directs qui seront, eux, dispensés par des
bénévoles, et on coupera du côté du support à
ces bénévoles. Il y a une distinction dans ce que je dis, par
rapport aux sous qui arriveront dans l'organisme. À partir du moment
où l'organisme produit des services, on est prêts à le
subventionner, mais le jour où cet organisme-là demande un peu de
sous pour supporter cette main-d'oeuvre bénévole qui rend les
services, oups! là, il y a des résistances. Est-ce que vous
comprenez la distinction? Dans (a réalité des groupes
communautaires, c'est quelque chose de quotidien, ça. On nous demande de
produire des services. Et je pense aussi que - on l'a, d'ailleurs, dit dans les
propos - on est d'accord sur le fait qu'en traitant avec le
gouvernement... c'est-à-dire qu'on accepte une subvention, on
accepte d'être un contractuel de services, mais il faut que ce soit fait
décemment. Je ne pense pas qu'on n'ait qu'à produire des
services, et le plus possible d'une année à l'autre, un peu plus
pour avoir un peu plus de subventions. Ça veut dire, dans les faits:
plus de popotes roulantes, plus de personnes âgées qui vont les
recevoir, plus de transport. C'est là que ça cloche et que
ça ne va pas.
M. Sirros: Tenez. Pour connaître un peu comment ça
fonctionne au niveau du soutien aux organismes communautaires et des
subventions qui sont données.. En fait, si l'Opposition le voulait, elle
pourrait possiblement nous critiquer et dire qu'on donne l'argent sans exiger
quoi que ce soit et sans vraiment faire un contrôle des activités.
Oui, on demande des rapports d'évaluation à la fin de
l'année et, oui, c'est un financement annuel. Mais, de là
à dire qu'on exige des gens qu'ils produisent et qu'ils augmentent les
services, je pense qu'il y a un grand pas qui... En tout cas, je ne l'ai pas vu
souvent, parce que, effectivement, on connaît aussi les contraintes avec
lesquelles vivent les organismes communautaires.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Gagnon, oui.
Mme Gagnon: Je pense que la réponse qu'on nous dira, c'est
davantage: Vous êtes si nombreux à faire des demandes de
subventions qu'on ne peut pas répondre et donner des sous à tout
le monde, pour rendre les services que vous voulez rendre. Donc, c'est
là que vont s'opérer ces critères-là. On donnera
à celui qui est le plus productif, et le plus productif, c'est celui qui
donne le plus de services, en terme de quantité. C'est là que je
veux apporter une précision par rapport au doute que vous me dites.
M. Sirros: Un autre genre de question, si vous aviez à
choisir entre financer un éventail de groupes avec des budgets
limités et augmenter le nombre de groupes financés ou
réduire le nombre de groupes financés et augmenter les
subventions, qu'est ce que vous favoriseriez? Est-ce que, par exemple, vous
préférez qu'on finance moins de groupes mais qu'on donne des
subventions plus considérables, ou qu'on finance le plus de groupes avec
de moindres subventions et donc moins d'exigences ou de contrôle, un peu
comme ça fonctionne?
Mme Gagnon: Ha, ha, ha! Vous me demandez...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): C'est une question
très difficile.
M. Sirros: Oui, je vous demande de faire des choix.
M. Vachon: Je crois que ça prendrait un troisième
choix de réponse.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Vachon, est-ce
que vous voulez réagir à la question?
M. Vachon: Dans une question comme celle-là, vous ne
parlez pas d'augmenter le budget. On parle du même budget, alors, soit
qu'on réduise le nombre d'organismes subventionnés et que, si
j'ai bien compris, leur enveloppe soit plus grosse, ou qu'on diminue les
enveloppes de tous les organismes pour subventionner un plus grand nombre
d'organismes. Ce n'est pas du tout ça qu'on demande parce que...
M. Sirros: Oui, je sais que vous ne demandez pas ça. Vous
demandez 1 % du budget.
M. Vachon: 25 000 000 $ à 350 000 000 $...
M. Sirros: Ha, ha, ha! Vous demandez 350 000 000 $ mais... Je
sais que mon temps achève, M. le Président, mais comment
pourrais-je vous la poser d'une autre façon? L'accréditation...
Je m'excuse...
M. Philibert: Est-ce qu'on ne devrait pas établir, en
somme, des mécanismes d'accréditation des groupes communautaires,
justement pour prévenir qu'il y ait des chevauchements ou qu'on recoupe
les services, et faire un inventaire de là où les services
peuvent se recouper également? Personnellement, je pense que c'est un
exercice qu'on devrait faire mais je pense qu'il serait indispensable que cet
exercice-là soit fait avec les groupes communautaires, parce
qu'évidemment...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Un moment, s'il vous
plaît.
M. Philibert: ...vous n'avez pas nécessairement le mandat
de nous dire qu'il y a des chevauchements. Mais entre vous et moi et la
boîte à bois, on sait qu'il y a des chevauchements et une
duplication de services, môme au niveau des groupes communautaires.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Alors, la question
venait du...
M. Philibert: En tout cas, c'est comme ça que j'avais
compris la question.
M. Sirros: Ce n'est pas comme ça. Accepteriez-vous qu'il y
ait des critères pour accréditer les organismes
communautaires?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme Richer, s'il
vous plaît.
Mme Richer: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): L'intervention
précédente a été faite par le député
de Trois-Rivières. Maintenant la question vient du ministre
délégué, M. Sirros, parce...
M. Sirros: Juste pour la compléter...
M. Philibert: M. le Président, je vous remercie de m'avoir
accordé la parole. Merci!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: Juste pour la compléter, ces critères
d'accréditation là, est-ce que vous accepteriez qu'ils seraient
aussi établis en fonction de la mission du ministère?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Alors, qui
répond? Mme Richer.
Mme Richer: Je pense que ce sont des choses qui sont
demandées depuis déjà plusieurs années. Je pense,
entre autres, au niveau des maisons de jeunes. Ça fait des années
et des années que les maisons de jeunes demandent d'établir des
critères pour définir ce que c'est qu'une maison de jeunes et
quels sont les besoins d'une maison de jeunes. C'est la même chose au
niveau des maisons de femmes. Moi, je pense qu'effectivement on ne doit pas
distribuer de l'argent et c'est ce qu'on disait tantôt, on ne doit pas
distribuer de l'argent juste pour le "fun" d'en distribuer. Mais,
effectivement, il faut définir certains critères, oui, et c'est
à ce niveau-là qu'on demande de faire partie de la gang. On veut
embarquer dans le train avant qu'il parte à rouler trop vite. Et je
pense qu'on est quand même les mieux placés pour être
capables de dire ce que c'est que des organismes communautaires.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. M.
Sirros, M. le ministre délégué, je m'excuse, vous avez
encore une minute à votre disposition. Est-ce que, M. Vachon, vous
vouliez réagir?
M. Vachon: J'aurais complété la réponse de
ma collègue à M. Sirros, si vous me le permettez.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, allez-y.
M. Vachon: dans l'avant-projet de loi, on parle de créer
de nouvelles régies régionales à l'intérieur
desquelles la composante laisse place à deux... il y a deux
sièges sur une possibilité de quinze, aux organismes
communautaires. Alors, on parle de moyens pour s'asseoir ensemble, M. Philibert
en parlait, où on peut instaurer urt mécanisme, une structure qui
verra à la gestion du 1 % qui pourrait être accordé.
À l'intérieur même des régies régionales,
s'il y avait un peu plus de place pour les organismes communautaires, on
pourrait sûrement être en mesure de s'asseoir de façon
équitable avec les partenaires du réseau et de voir à la
répartition de cet argent-là. Nous, on est prêts à
le faire, qu'on nous donne la chance de le faire. Quand on parle de deux places
sur quinze, je me dis: C'est quoi la volonté de vouloir faire place au
communautaire dans une structure comme celle-là?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Vachon. M. le ministre délégué, à regret, je dois
vous interrompre parce que votre temps est écoulé. Je vais
maintenant reconnaître Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir d'accueillir des gens de chez nous, des gens de Lévis, des gens
des Chutes-de-la-Chaudière. Disons que je veux vous rassurer aussi tout
de suite en partant, c'est que, si l'Opposition officielle avait une critique
à faire, ça ne serait sûrement pas au niveau des
contrôles. Peut-être qu'on en ferait sur l'argent à mettre
en plus; ça, ça pourrait venir. Mais disons que ça ne
serait peut-être pas nécessairement au niveau des contrôles.
Moi, je voudrais vous poser... Il y a une question qui me venait à
l'esprit. On a rencontré ici beaucoup de groupes communautaires qui sont
venus nous dire qu'ils avaient une grosse peur bleue de la
régionalisation, la création de régies, puis ça les
inquiète beaucoup. Dans votre cas, ça semble quand même
assez... Vous trouvez ça quand même assez intéressant et
disons que j'aimerais ça que vous nous expliquiez pourquoi, vous autres,
vous trouvez ça intéressant.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, Mme Richer.
Mme Richer: Oui, effectivement, on a aussi une peur bleue, sauf
qu'on essaie d'être optimistes dans le sens où ça pourra
permettre peut-être de prendre plus la parole, étant donné
que les structures seront peut-être plus à notre mesure.
Cependant, tel que c'est présenté actuellement au niveau des
régies, etc.. Il n'y a pas d'enveloppes protégées au
niveau des organismes communautaires et il est évident que, quand on se
retrouve à la même table que des institutions, on fait bien petit
à côté d'eux autres et on risque de perdre beaucoup. Donc,
il faudra des enveloppes protégées pour les organismes
communautaires. Je pense que, de ce point de vue là, oui, la
régionalisation, ça nous
fait bien plaisir, et j'ajouterais aussi plus par rapport à la
rive sud où on est souvent les enfants pauvres de la grande
région de Québec. C'est ce qu'on disait dans notre
présentation, il y a beaucoup d'organismes qui ont une charte, qui
couvrent toute la grande région de Québec, y compris la rive sud,
mais, dans les faits, ils ne rendent pas les services jusque sur la rive sud.
Donc, pour nous autres, ça, c'est positif, au niveau de la
régionalisation, c'est qu'on pourra peut-être... en tout cas, je
l'espère, cet argent-là sera récupéré pour
les organismes de la rive sud.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Si j'ai bien compris, votre argumentation,
c'est par rapport à la nouvelle division des régions et disons
que ça. ça va être vrai à condition que los
enveloppes soient aussi selon les populations qui sont
représentées dans les.. D'accord.
Moi, j'avais une autre question aussi Dans votre mémoire,
à la page 9, vous dites qu'il y a une partie de l'énoncé
de l'article 157 qui vous insatisfait au plus haut point par rapport à
la reconnaissance, si l'on veut, de vos organismes. Disons qu'il y a quelques
exemples, comme ça, d'écrits, mais j'aimerais que vous nous en
parliez un petit peu plus.
Mme Richer: Un peu partout, on nous parachute ou bien du
personnel ou bien on nous attribue des tâches comme ça ou,
effectivement, dans d'autres articles, on vient quérir des informations
sur nos personnes, les gens qu'on reçoit dans nos services, mais nulle
part on ne peut, nous autres, être intégrés dans cette
démarche-là. Bon, il n'est pas dit que, nous autres, on peut
aller en demander, des informations au niveau des institutions sur les gens
qu'on reçoit. On ne peut pas non plus... C'est comme si on nous jetait
ça, pour essayer de nous rendre service, sauf que ce n'est
peut-être pas ça dont on a besoin, ce n'est peut-être pas
ça qu'on demande. On voudrait d'abord être consultés avant
de nous faire attribuer du personnel. On l'a, notre personnel, bien souvent. On
ne tient pas compte de ce qu'on est déjà.
Le Président (M. Joly): Voulez vous réagir, M.
Vachon?
M. Vachon: Ma collègue, Mme Gagnon...
Le Président (M. Joly): Madame... Mme Gagnon.
Mme Gagnon: Oui. Je voulais ajouter que, par rapport à
ça, le constat qu'on fait, c'est qu'il y a une... je pense qu'on
constate qu'il y a une rentabilité sociale et une rentabilité
également économique, à travailler de concert avec les
groupes communautaires. Je pense que ça, l'État le manifeste par
des subventions et de différentes façons. Par contre, une
reconnaissance officielle et formelle, ça, on ne volt jamais ça
apparaître nulle part. C'est comme si c'était bien, les groupes
communautaires, juste quand ça fait l'affaire C'est innovateur, les
groupes communautaires, de temps en temps, mais I ne faut pas que ce soit trop
dérangeant C'est-à-dire que, le jour où on les
reconnaît, on reconnaît aussi leur façon différente
de voir les choses, puis ça, c'est dérangeant.
Je pense que les groupes communautaires, on sera toujours quelque part
un peu dérangeants, puis, Dieu merci que ce soit comme ça, parce
que c'est là aussi notre rôle,, je pense, de voir les choses et de
les décrire de là où l'on se situe, parce qu'on n'est pas
à la même place que les établissements. Il me semble que
ça devrait être reconnu quelque part, ça, dit d'une
façon officielle et formelle. On a notre place, on ne pense pas pareil,
on ne voit pas les choses de la même façon, mais c'est salutaire,
c'est sain pour une société, aussi.
Mme Carrier-Perreault: Vous avez une approche qui est
différente, en fait, et, tout ça, c'est...
Mme Gagnon: Puis qui le sera toujours, je pense, qui sera
toujours différente. D'ailleurs, quand on parle de financement, on ne
veut pas être financés de la même façon. Je pense que
ce pour quoi on désire un financement qui vienne en partie de
l'État... C'est plus sage de ne pas avoir un financement qui ne vienne
que de l'État, pour les groupes communautaires; ça nous donne
davantage de marge de manoeuvre. C'est un moyen pour nous, le financement,
d'être un partenaire efficace, d'être un partenaire qui a un
certain nombre, un minimum de moyens pour être un Interlocuteur valable.
Je pense qu'H faut nous voir aussi de cette façon-là.
Reconnaissance, ça veut dire ça. Je pense que c'est... Puis
encore, dans lavant-projet de loi, on ne voit rien, II n'y a absolument aucun
engagement de l'État à ce titre-là.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci. Mme la
députée. M. le ministre.
M. Sirros: Simplement, pour remercier les représentants
des groupes et pour leur dire que je pense que toute la question... Je pense
qu'il est important de reconnaître qu'il y a une façon qu'il faut
trouver pour qu'il y ait un esprit, une collaboration entre les groupes
communautaires et ce qu'on appelle le réseau. Moi, je pense que c'est
normal que ce soit en fonction et en liaison avec la mission du
ministère; donc, dans ce sens-là, je ne vois pas comment on
peut
passer outre à un financement qui n'a aucun lien avec cette
mission-là. Si deux sur quinze n'est pas asse2, peut-être trois
sur quinze ou je ne sais pas trop quoi, mais, l'idée, c'est de pouvoir
associer directement, dans l'endroit de prise de décisions, les groupes
communautaires, et ça, c'est nouveau et il me semble que c'est quelque
chose qu'il faudrait souligner dans une perspective positive, à ce
moment-là. Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci. Donc, au nom des membres de
cette commission, je vous remercie, disons, d'avoir été
présents et d'avoir échangé avec nous. Je demanderais
maintenant aux représentants du groupe de parents de personnes adultes
déficientes intellectuelles du Centre d'apprentissage et de
développement individuel de Québec de bien vouloir prendre place,
s'il vous plaît. (16 h 15)
J'informe les membres de cette commission que nous sommes à
distribuer un document produit par les gens qui sont en avant de nous,
maintenant. Vous connaissez un peu la procédure. Mais, avant de vous
l'expliquer, je vous souhaite la bienvenue à cette commission, merci
d'être avec nous. Vous avez une dizaine de minutes pour nous
présenter le résumé de votre mémoire et, par
après, nous laisser un petit peu de temps pour échanger avec
vous. Que la personne responsable du groupement veuille bien s'identifier et
aussi nous présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Parents de personnes adultes déficientes
intellectuelles du CADIQ
M. Perreault (Gaston): M. le Président, mon nom est Gaston
Perreault. Permettez-moi, en tout premier lieu, de vous remercier d'avoir
accepté de nous entendre et de partager avec nous sur des sujets
qu'ensemble nous aurons à vivre au cours des prochaines années.
Présents à la table avec moi, à mon extrême
gauche... et peut-être que j'aimerais aussi... Il y a un document qui
vous a été donné où on mentionne finalement et nos
noms ainsi que nos titres, à titre de membres de conseil
d'administration du centre CADIQ. J'aimerais souligner que la
présentation de notre mémoire ainsi que la préparation ont
été faites non pas en fonction des rôles que nous pouvons
jouer au conseil d'administration d'un établissement, mais plutôt
en fonction de parents qui, ayant l'opportunité, la chance et la
possibilité de siéger à un conseil, y voient les avantages
pour que des parents continuent à le faire. Je vais y revenir dans mon
mémoire, tantôt.
Donc, à mon extrême gauche, mon ami, M. Robert
Côté, directeur général adjoint de
l'Hôtel-Dieu de Québec. M. Côté est un ami, je dis
bien un ami, parce qu'il a appris à connaître les personnes
déficientes intellectuelles depuis qu'il siège au conseil
d'administration d'un établissement au service des personnes
déficientes intellectuelles. Mme Imelda Lussier. Mme Lussier est la
tante dune personne déficiente intellectuelle. Mme Renée Moreau,
qui est la soeur d'une personne déficiente intellectuelle. À ma
droite, Mme Hélène Anctil, qui, elle, est responsable d'un foyer
de l'Arche, foyer qui est un mouvement fondé par Jean Vanier, que vous
connaissez très probablement. Elle vit avec cinq personnes adultes
déficientes intellectuelles, dans une résidence
intégrée dans le quartier Saint-Sacrement, de Québec.
La raison pour laquelle nous sommes devant vous, c'est que nous avons
voulu démontrer que le mémoire préparé par des
parents... Nous avons utilisé le terme très large de "parents",
parents étant des frères, des soeurs, des mères, des
pères, les voisins, les amis, les personnes qui se préoccupent du
bien-être des personnes déficientes intellectuelles. Il n'y a pas
de doute, M. le Président, que, depuis que la commission a
commencé à siéger, vous avez entendu de nombreux
commentaires et de multiples suggestions de la part de groupes prestigieux dont
les mémoires étaient très complets, sûrement
très fouillés et qui s'adressaient à l'ensemble du projet
de loi. Quant à nous, nous demandons votre indulgence. La
préparation de notre mémoire à nous a trouvé sa
force et ses racines dans le coeur que nous mettons, depuis cinq, dix, quinze
et vingt ans, à défendre les droits de nos fils et de nos filles.
Notre expérience, nous l'avons prise sur le terrain. En fait, nous
pourrions dire que nous sommes des autodidactes.
Dans l'histoire du développement des services aux personnes
déficientes intellectuelles, nous soumettons respectueusement au
comité que ce sont les parents qui ont été les agents de
changements. Au moment où le réseau scolaire refusait de prendre
ses responsabilités, en collaboration avec des amis, des voisins, des
proches, les parents ont ouvert les premières écoles. Face a la
problématique du travail, les parents, encore une fois, ont
développé les premiers ateliers protégés. Devant
l'absence de services de loisirs ou clubs de loisirs, les parents ont encore
été les premiers à mettre en place des camps de vacances
et des clubs de loisirs. Et encore aujourd'hui, lorsqu'on nie le droit de
résidence aux personnes déficientes intellectuelles dans tel ou
dans tel quartier, c'est encore nous qui négocions, apaisons et faisons
comprendre aux voisins le sens du droit commun. Vouloir nier ce rôle,
tout comme empêcher ou refuser de le jouer et de faire appel à la
dépendance, c'est confier à d'autres une responsabilité
qui revient aux parents, de premier chef, une responsabilité que nous
sommes capables d'assumer et que nous voulons assumer. Un tel point de vue peut
paraître arbitraire, mais l'histoire et l'expérience nous
enseignent que la présence active des parents est source d'avancement et
de déblocage.
nous ne voulons pas être évincés des organismes dont
la mission est dr- donner des services à nos fils et à nos
filles. quoi de plus normal, quoi de plus cohérent pour des parents que
de demeurer impliqués afin de défendre les intérêts
de nos fils et de nos filles déficients intellectuels!
Rien ni personne, diplôme et qualification spécifique en
tête, ne peut remplacer un parent concerné qui, en fait, est le
premier acteur et le principal levier du changement dans la vie d'une personne
déficiente intellectuelle. En ce sens, la solidarité est et
demeure la seule voie possible pour que les parents puissent continuer
d'assumer leur rôle et l'exercer pleinement. Bel exemple de cette
solidarité que sont les nombreuses signatures d'appui que nous avons
reçues en regard de notre mémoire! Plus de 1700 personnes ont
ainsi signifié que la responsabilité des parents en regard des
services distribués à leurs fils et à leurs filles
était primordiale et inaliénable. À nos voix se sont
joints des amis, des voisins, des élus, des représentants des
paroisses, des partenaires, des organismes communautaires et des clubs de
services qui ont apporté leur support et prêté leurs voix
aux propositions contenues dans le mémoire. En fait, nous avons fait
à travers notre mémoire une sensibilisation encore plus
poussée de notre milieu où 1700 personnes... Et je me permets de
vous souligner qu'il ne s'agissait pas d'une pétition. On ne demandait
pas aux gens de signer en quantité. On leur demandait: Avons-nous raison
de vouloir demeurer impliqués? Et on leur demandait, après avoir
expliqué notre mémoire. Si vous êtes d'accord, nous
aimerions que vous nous le signifiiez en signant vos nom et adresse de
façon individuelle.
Lors d'une séance de la commission, M. le Président,
à laquelle j'avais assisté le 15 février dernier, M. le
ministre Marc-Yvan Côté avait demandé alors à M.
Jean-Marie Poitras, personnalité bien connue au Québec qui,
à ce moment-là, présentait un mémoire au nom des
corporations religieuses propriétaires, M. Côté avait
demandé à M. Poitras. Qu'est-ce qui peut être fait pour que
les établissements soient plus près des
bénéficiaires? Je soumets respectueusement à la question
de M. Côté que soient maintenus des conseils d'administration
autonomes pour la dispensation des services par territoire aux personnes
déficientes intellectuelles, que la composition du conseil
d'administration se fasse de la façon suggérée dans notre
mémoire de façon à ce que les personnes directement
impliquées puissent travailler quotidiennement aux programmes et
à la qualité des services des personnes.
Là-dessus, j'ai terminé ma présentation, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre délégué à la
Santé et aux Services sociaux.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. Je pense que,
tout d'abord, j'aimerais beaucoup souligner la qualité du mémoire
et toute la mobilisation qui a entouré le mémoire. Je pense que
c'est effectivement extraordinaire de ramasser le nombre de signatures que vous
avez ramassées et de l'avoir fait dans le temps que vous l'avez fait. Il
est clair que vous mettez une grande emphase sur la participation des parents.
Non seulement c'est normal, mais c'est quelque chose qu'il faudrait qu'on
fasse... prendre des mesures afin de faciliter et encourager ce genre de
participation et l'implication continue et donner les appuis et le support
nécessaires pour que ça puisse continuer.
Dans ce sens-là, je sais qu'au départ vous étiez
très inquiets par rapport à la question des conseils
d'administration unifiés qui feraient en sorte, ni plus ni moins, que
les parents se sentiraient éloignés du centre qui les
concernerait. On sait que depuis ce temps-là ça a
été mis de côté. Donc, les établissements
gardent un conseil d'administration, quoiqu'il reste à définir un
peu la composition du conseil d'administration. Est-ce que vous auriez des
suggestions sur ça, qui iraient dans le sens de faciliter, encourager et
maintenir ce lien et la participation des parents?
M. Perreault: Très certainement, M. le ministre. Nous
avons une suggestion dans la recommandation de notre mémoire, mais
principalement nous croyons que les personnes qui devraient siéger au
sein- d'un conseil d'administration d'un établissement comme le
nôtre, par exemple, devraient être élues au moyen d'une
assemblée générale, qui serait appelée publiquement
Et les gens intéressés, finalement, à
rétablissement même auraient l'occasion de se présenter et
d'être élus par l'assemblée qui serait publique. Nous
suggérons aussi que les parents, à ce moment-là, auraient
l'occasion de se présenter et d'être élus par les gens,
dans le territoire servi par l'établissement. Par contre, nous croyons
aussi, nous l'avons aussi mis dans le mémoire, nous continuons de croire
que les usagers et usagères de ces établissements - et je prends
la peine de parler finalement de centres comme le nôtre - les
bénéficiaires, comme on les appelle dans la loi actuelle, nous
croyons que les bénéficiaires ont un rôle à jouer
dans un établissement comme le nôtre. Il est important de savoir
qu'un centre de réadaptation pour personnes déficientes, ce sont
des projets à long terme. Ce sont des projets de longue durée.
Très souvent, pour plusieurs, ce sont des projets de vie II est
important que les personnes qui y vont quotidiennement puissent participer
à leur conseil d'administration. Nous en avons chez nous, de par la loi,
au niveau des bénéficiaires, et nous aimerions que ceci demeure.
Nous croyons que c'est une des façons aussi de leur démontrer
qu'ils sont des membres à part
entière. Ce ne sont pas dès bénéficiaires
qui reçoivent des services, ce sont des personnes qui participent
à des services. Ils sont du côté de la réception,
mais ils participent à des services autant que ceux qui les donnent. Il
y a moyen... Et chez nous, je pense, dans notre centre, nous y avons mis
beaucoup d'efforts, à travers les années. De fait, je suis
heureux de mentionner que le comité des usagers et usagères, qui
est le comité des bénéficiaires, a reçu une mention
honorable du CRSSS de Québec, l'an dernier, par son implication
originale dans le milieu.
En ce qui regarde le conseil d'administration, je pense... Il est
important aussi, et je le suggère encore, qu'on puisse aussi avoir des
amis et des voisins. Nous croyons finalement que c'est un article dans le
projet de loi... où des amis comme M. Côté, qui est
à l'Hôtel-Dieu de Québec, puissent continuer à
fournir de son expérience, de ses connaissances, et à aider des
centres comme le nôtre.
M. Sirros: D'accord. J'avais une autre question aussi qui
était reliée un peu à la question des regroupements ou du
territoire. Vous mentionnez à un moment donné qu'il faudrait
regrouper les centres sur une base territoriale, que les conseils
d'administration soient regroupés pour la dispensation des services aux
personnes déficientes intellectuelles par territoire, mais vous ne
précisez pas quel territoire. Est-ce qu'on se limiterait au territoire
de CSLC, plusieurs... Est-ce que vous avez regardé un peu la question de
quel bassin territorial...
M. Perreault: Oui, nous avons regardé la question. Nous
croyons que, par une étude que nous avons faite, une étude
très primaire, ça pourrait être relié par territoire
de CLSC. Dans la région de Québec, nous avons regardé, si
vous voulez dans un certain sens, comment le territoire pourrait être
divisé. Dans notre région à nous, qui nous concerne un peu
plus, nous croyons qu'il pourrait y avoir la possibilité d'avoir deux
établissements en déficients intellectuels. ( 16 h 30)
La qualité des programmes, je crois, l'implication personnelle
qu'on veut y donner, se doivent d'avoir des établissements, je dirais,
à dimension humaine. Une des qualités du centre dans lequel nous
sommes et un des défauts, remarquez bien, parce que nous sommes
très petits et on passe notre temps à manquer d'argent, mais
j'entends de ce temps-là que les gros en manquent aussi... Mais je pense
qu'une des qualités c'est que tous les membres, finalement, à
l'intérieur du centre... Chez nous, nous n'avons pas de
bénéficiaires, nous avons Charles, Gisèle, Corinne; il y a
une interrelation qui existe. Il y a moyen, finalement, je pense,
d'améliorer encore ça, mais oui, un établissement qui
couvre un territoire de CLSC à grandeur humaine, dans des grandes
régions comme Montréal et Québec. Ne pas
réinstitutionnaliser de façon géographique ce que nous
avions dans l'ancien temps, une grande institution dans des murs. Il est
important de conserver la dimension humaine.
M. Sirros: Un autre point qui nous amène un peu à
la question de la médicalisation dans le domaine de la déficience
intellectuelle... Vous faites remarquer que le conseil des médecins et
dentistes et le conseil consultatif du personnel clinique, eux, ils ont un
accès direct au conseil d'administration, à l'heure actuelle, ils
ont des sièges au conseil d'administration. Vous dites que le
comité des bénéficiaires, lui, il a le droit de recevoir
la visite du directeur général, ce qui fait ressortir,
peut-être, toute cette notion qu'il y a peut-être lieu de
rééquilibrer, et surtout dans le domaine de la déficience
intellectuelle, la place réservée aux professionnels et surtout
du côté médical, vis-à-vis des parents, dans votre
cas, et d'autres intervenants. Est-ce que vous avez... Pouvez-vous
élaborer un peu sur ça, comment vous le verriez?
Mme Moreau (Renée): En fait, dans cet article-là,
ce qu'on essaie de faire ressortir c'est que, dépendamment du statut
qu'on a dans une société, l'accueil ou l'écoute qu'on a
est très différente. Ce qui est proposé dans le projet de
loi, c'est, si on fait partie du conseil des médecins et dentistes, on
est branchés directement sur le conseil d'administration, alors que,
quand on fait partie d'un comité de bénéficiaires, ou de
ce qu'on appelle chez nous un comité d'usagers et usagères, on
n'a pas ce canal de communication, et c'est essentiel, parce que les personnes
qui reçoivent les services, elles sont les mieux placées, dans
une certaine mesure, pour nous dire: II y a quelque chose qui ne marche pas. Il
faut, si on parle vraiment de valorisation du rôle social, qu'on arrive
à leur accorder une écoute qui soit aussi
intéressée que n'importe quel professionnel. Ils ont des choses
à nous dire et il faut les écouter. Il faut se doter de moyens
qui permettent de faire passer les messages, même s'ils n'ont pas le
vocabulaire technique auquel on est habitués. C'est fondamentalement
ça qu'on veut dire.
M. Sirros: Dans la loi actuelle, le CMDP et le comité
consultatif du personnel clinique ont des sièges au conseil. Dans
l'avant-projet de loi ils ont accès direct au conseil, dans le sens
qu'ils se font entendre au conseil, tandis que, pour le comité des
bénéficiaires, c'est sur invitation du directeur
général. Vous aimeriez, finalement, avoir le même genre
d'accès au conseil d'administration que le conseil des médecins
et dentistes ou le conseil de...
M. Perreault: Oui, parfaitement d'accord. Si
nous regardons l'exemple que nous avons dans notre centre, nous avons,
comme je le mentionnais tantôt, des usagers et usagères qui
siègent au conseil d'administration et qui sont élus par le
comité de bénéficiaires. Et nous avons eu tout
dernièrement, par exemple, de la part du comité des
bénéficiaires, une demande afin que, de façon
régulière, les bénéficiaires puissent venir
siéger et écouter les délibérations du conseil
d'administration. Cette connaissance-là au niveau du comité des
bénéficiaires leur est venue de la participation de leurs
membres, de l'intérêt qui en découle, et il s'est
développé un intérêt. Nous avons maintenant des gens
à qui nous devons donner de l'apprentissage et qui apprennent ce que
c'est, et qui y participent. Maintenant, j'ajouterais, aussi, dans l'industrie,
M. le ministre, M. le Président, dans l'industrie, aujourd'hui, ce qui
est à la mode, c'est ce qu'on appelle la qualité totale.
Aujourd'hui, à travers le monde, les gens ne parlent que de
qualité totale. Je pense que, dans le milieu dans lequel nous oeuvrons,
nous devons et nous pouvons aussi parler de qualité totale, encore plus,
parce que nous parlons, finalement, de services à des individus,
à des personnes. Et, à mon avis, dans les programmes qui sont
élaborés, dans la gestion quotidienne qui est faite, il est
important de parler de qualité totale. C'est quoi la qualité
totale? Bien, c'est la qualité de l'accueil des personnes, la
qualité de traitement et des services donnés aux personnes, la
qualité du dialogue avec les individus, la qualité du respect de
l'individu. Lorsqu'on respecte les gens avec lesquels on transige, je soumets
respectueusement qu'on ne les visite pas de temps à autre pour leur
expliquer des choses. On fait ça avec des gens, finalement, qui n'ont
pas réellement voix au chapitre.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
Perreault Je vais maintenant reconnaître Mme la députée des
Chutes^Je la Chau dière et critique de l'Opposition Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président.
Effectivement, c'est assez impressionnant de voir un mémoire comme
ça, avec autant de signatures, quand on sait, justement, le temps que
ça prend à aller rencontrer tout le monde puis discuter. De mon
côté, je m'excuse de mon ignorance à certains niveaux, mais
c'est un dossier que je prends pour une des premières fois. Je voudrais
savoir si le Centre d'apprentissage et de développement individuel de
Québec, est-ce que c'est une organisation qui est rat tachée au
réseau même?
M. Perreault: Oui
Mme Carrier-Perreault: Oui. Je voulais être sûre de
ça, parce que je me demandais, à un moment donné, est-ce
que ce sont des... Puis là, vous autres, vous êtes des parents
d'enfants qui sont dans ce centre d'intégration?
M. Perreault: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: II y a aussi, évidemment,
parallèlement à votre...
M. Perreault: Excusez. Quand vous dites "des enfants", ce sont
tous des adultes.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Des adultes. D'accord. Il y a aussi
des organismes communautaires qui oeuvrent dans le domaine de la
déficience et de la santé mentale. Comment est-ce que,
d'après vous autres, qui avez affaire au milieu comme tel, se fait
l'arrimage entre le communautaire et le réseau, présentement,
parce qu'on a des questions là-dessus?
M. Perreault: À mon avis, selon l'expérience que
j'en ai, il se fait très bien, dans le sens que nous collaborons,
finalement, ensemble à l'avancement de l'autonomie des personnes.
L'organisme communautaire qui. lui, représente, je dirais, l'ensemble
des personnes, des parents et du milieu travaille, si vous voulez, à
l'éducation, à la sensibilisation et à l'avancement des
programmes dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine de la
scolarisation, dans le domaine du travail, dans le domaine de la
sensibilisation, dans le domaine des soins et services, dans le domaine du
transport, etc. Finalement, lorsqu'on parle de l'intégration des
personnes, l'association ou le groupe communautaire qui s'appelle l'Association
pour l'intégration sociale, qui est représentée ici dans
la salle, travaille au Nous, dans le cas du Centre d'apprentissage dont nous
sommes, ce sont des adultes avec lesquels nous travaillons à
l'apprentissage de l'autonomie. Nous débordons un peu, si vous voulez,
le cadre de notre responsabilité, dans un sens, parce que, selon la loi,
nous sommes un centre d'apprentissage des habitudes de travail. Nous trouvons
qu'il est très important de montrer aux gens à savoir travailler,
mais, une fois qu'on leur a montré à travailler, I faut qu'ils
puissent se transporter, il faut qu'ils apprennent à se lever le matin,
M faut qu'ils apprennent à travailler d'une façon continue
pendant un certain nombre d'heures. Donc, nous faisons l'apprentissage de
l'autonomie, et ceci se fait dans le respect des individus. J'irais môme
jusqu'à dire qu'en plus de travailler avec les organismes communautaires
un organisme comme le nôtre travaille avec tous les établissements
dans le milieu. Nous travaillons avec les commissions scolaires, nous
travaillions avec les employeurs, nous travaillons avec d'autres institutions
qui sont des centres d'hébergement et tout ça, toujours dans le
but, finalement, de dire: Jean-Charles, qu'est-ce qu'on peut faire pour
lui?
Où, finalement, devrions-nous mettre nos efforts pour l'amener un
jour à aller plus loin? Et nous avons la conviction que tous peuvent
aller plus loin, à leur vitesse.
Je pense qu'en tant que parents ce que nous réussissons à
faire et ce que nous tentons de faire, c'est de maintenir chez les parents qui
ont arrêté de croire - il y en a un certain nombre - et chez les
professionnels aussi, un peu cette flamme qui fait qu'on y croit. Puis,
à la fin, on s'aperçoit qu'on réussit.
Mme Carrier-Perreault: O.K. C'est correct. Je comprends un peu
mieux ce que vous faites. Hier, il y a un groupe qui est venu en commission
parlementaire, qui s'appelle le groupe Auto-Psy, qui nous a expliqué
que, dans la région de Montréal, il y a des problèmes de
saturation par rapport à des centres d'intégration. Autrement
dit, on veut toujours les mettre à la même place, et il y a des
endroits où ils ne veulent pas vous accueillir; je pense que vous en
avez parié un peu au début. Est-ce qu'on vit la même chose,
ici, dans la région de Québec?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Moreau.
Mme Moreau: Je pense que, dans un premier temps, il faut faire
une, distinction entre ce que représente Auto-Psy et ce que peuvent
représenter les parents du Centre d'apprentissage. Auto-Psy s'occupe
principalement de personnes qui ont des problèmes de santé
mentale, alors que, dans le cas qui nous occupe, ce sont des gens qui vivent
avec un handicap intellectuel et ça ne se traite pas de façon
médicale. On peut investir pour que les gens développent leur
potentiel le plus possible. Mais, par ailleurs, ce n'est pas une maladie, c'est
un état, on vient au monde comme ça. C'est la première
nuance qu'il y a à apporter.
Il est très clair que les problèmes d'intégration
sociale ne sont pas réglés et ne seront pas réglés
demain matin. L'intolérance, on ne l'a pas inventée et on a
encore un grand bout à faire là-dessus, mais les
expériences qu'on mène... Par exemple, quand M. Perreault disait
que quand ça a été le temps d'ouvrir un point de service
à Sillery, si le milieu a été sensibilisé, a
été prêt à accueillir ce point de service, c'est
grâce au travail des parents. Ça veut dire qu'on a vaincu un bout
d'intolérance, que les gens apprennent à vivre, dans leur
environnement, avec des personnes qui sont différentes et qui leur
apportent des choses différentes qui sont tout aussi enrichissantes.
Mais l'intolérance, ce n'est pas réglé; on a encore plein
de travail à faire de ce côté-là.
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, on vit ça, ici
aussi, de l'intolérance à ce niveau-là.
Mme Moreau: Tout à fait.
Mme Carrier-Perreault: les gens nous ont dit hier qu'ils
aimeraient voir dans un projet de loi que les municipalités ne
pourraient pas refuser, par exemple... un article qui les empêcherait de
refuser l'installation, si on veut, d'un centre ou de choses comme ça.
qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Perreault: Je pense qu'il existe toujours un article quelque
part qui avait été... Remarquez, ça fait longtemps que je
n'ai pas fouillé là-dedans, mais il y a un article qui avait
été mis de l'avant, à un moment donné, où on
ne pouvait pas refuser un permis de résidence à un foyer de
groupe pour des raisons, justement, de foyer de groupe. Mais, dans le moment,
c'est encore très difficile dans le sens qu'il y a plusieurs
municipalités qui, dans le moment... On va appeler ça une maison
d'hébergement. On trouve des façons de contourner. Je ne crois
pas finalement... On pourrait prendre l'Arche dans le moment, qui a des
résidences de cinq, six personnes qui y demeurent. Ce sont des
résidences comme la vôtre, comme la mienne, excepté que les
personnes qui y demeurent sont des personnes non apparentées. Ce n'est
pas une institution, ce sont des gens qui décident de partager ensemble
et de vivre ensemble et avec des gens qui les aiment, des gens qui veulent
qu'ils aillent plus loin. Ils vont les encadrer et les aider. Il n'y a
absolument aucun hébergement dans le sens large du mot, ce n'est
absolument pas commercial, c'est une résidence qui ne se
différencie pas des autres. Les gens partent le matin pour aller au
travail, certains pour aller à l'école. Ils reviennent le soir
pour manger, c'est là qu'ils couchent. Et des villes disent:
Malheureusement, tu ne peux pas, il faudrait que tu sois dans une zone
industrielle parce que c'est une maison d'hébergement Je pense que ce
genre de difficultés là, on devrait trouver des solutions pour
que ça n'arrive pas.
Dans un certain sens, moi, je suis père d'une magnifique fille
déficiente intellectuelle, qui a 25 ans, et, à toutes les fois
que j'ai déménagé, je n'ai jamais demandé la
permission à la ville de demeurer dans une maison. Pourquoi, ces
personnes-là, si j'en avais quatre ou cinq qui ne seraient pas
apparentées, il faudrait que je demande la permission? Je pense que le
législateur, dont vous êtes, ne voudrait pas ça. Par
contre, l'intolérance et l'ignorance... C'est Fernand Seguin qui disait
dans son livre: L'obscurité fait peur, puis du moment qu'on voit un peu
de lumière, on apprend à connaître et on comprend.
L'éducation, la sensibilisation n'étant pas terminées,
plusieurs personnes ont peur un peu de gens qui sont différents. Il
faudrait s'assurer qu'on les aide en les empêchant d'ignorer ce qui se
passe et un jour elles n'auront plus peur.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la critique,
vous avez terminé. Alors, je demanderais maintenant au ministre
délégué de bien vouloir conclure, s'il vous
plaît.
M. Sirros: En conclusion, M. le Président, j'aimerais
d'abord remercier les représentants du CADIQ, les féliciter
encore une fois pour la qualité de leur mémoire. Mais il me
semble que c'est encore plus important de vous féliciter pour la
qualité de l'engagement que vous démontrez vis-à-vis non
pas des bénéficiaires mais des personnes qui
bénéficient de votre engagement et de vos services. Il faut que
nous trouvions effectivement des façons d'encourager et d'appuyer ce
genre d'implication et de souligner l'importance que ça peut avoir,
certainement autant que celle des professionnels et beaucoup plus sur le plan
du dévouement et du lien affectif qui existe et qui sert, pour
plusieurs, à maintenir les choses d'une façon très
positive par rapport à l'évolution de ces individus Merci
beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le
président, mesdames et messieurs, on vous remercie pour votre
mémoire et on vous souhaite un bon voyage de retour. Je demanderais
maintenant à la Fédération de la famille du Québec
de prendre place, s'il vous plaît. (16 h 45)
Fédération de la famille de
Québec
Alors, Mme la présidente, je vous demanderais de vous
présenter et de présenter les personnes qui vous accompagnent Je
m'excuse, vous êtes le groupe La Fédération de la famille
de Québec. J'avais dit "du Québec", et c'est "de
Québec".
Mme Pichet-Bédard (Johanne): C'est "de
Québec"...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame.
Mme Pichet-Bédard: c'est la région 03 Je suis
Johanne Pichet-Bédard, je suis coordonnatrice à la
Fédération de la famille de Québec Je vais maintenant
présenter les personnes qui m'accompagnent et qui vont défendre
le mémoire À ma droite, Mme Lorraine Gagnon, présidente de
la Fédération de la famille de Québec
Mme Gagnon (Lorraine): Bonjour.
Mme Pichet-Bédard: À ma gauche, Mme Madeleine
Dontigny, conseillère à Ia Fédération de la famille
de Québec, Mme Isabelle Mercier Dufour conseillère à la
fédération de la famille de Québec, et Mme Agathe
Gagné Collard, collaboratrice à la Fédération de la
famille de
Québec.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame. Vous avez une demi-heure pour vous faire entendre. On vous demande,
dans les 10 premières minutes, si c'est possible, de nous
présenter votre mémoire et, après, le parti
ministériel vous posera quelques questions et ainsi de suite pour le
parti de l'opposition. alors, madame, si vous voulez y aller, s'il vous
plaît.
Mme Pichet-Bédard: Oui. La Fédération de la
famille de Québec présente donc son mémoire sur l'avant
projet de loi sur la santé et les services sociaux. La
Fédération de la famille de Québec regroupe une vingtaine
d'organismes communautaires familiaux de la région 03 et elle
représente 35 000 familles. Si nous tenons à prendre la parole
devant cette commission parlementaire, c'est parce que trois articles du
présent projet de loi - nous en avons retenu trois - suscitent beaucoup
d'inquiétudes dans notre secteur d'intervention Avant de les aborder,
nous tenons à préciser que les organismes familiaux font, depuis
plusieurs années, un constat général, c'est-à dire
qu'il y a une non reconnaissance des parents comme partenaires à part
entière dans le réseau de la santé et des services
sociaux. Il est fréquent que l'on doute de la qualité de
l'engagement des parents, de leurs ressources sur le plan humain et de leurs
compétences.
Nous allons maintenant vous présenter les trois propositions de
la Fédération de la famille de Québec. La première,
c'est que nous recommandons le maintien du financement des regroupements
régionaux et provinciaux au ministère de la Santé et des
Services sociaux. Il s'agit de l'article 231. En fait, nous nous
inquiétons de l'avenir des regroupements des organismes familiaux si
l'article 231 du projet était retenu. 11 est affirmé qu'un
regroupement d'organismes communautaires n'est pas admissible à une
subvention. de notre point de vue, il est uto-pique de croire que les
organismes communautaires familiaux à la base puissent subventionner
leurs regroupements régionaux et provinciaux, étant donné
qu'ils ne reçoivent que de l'argent de soutien et que développer
une polyvalence au niveau des subventions des organismes communautaires, c'est
un très grand défi. de plus, les organismes communautaires
familiaux ne reçoivent que 1 500 000 $ seulement sur le total des
subventions qui est de 45 000 000 $. nous nous interrogeons donc sur la
volonté du législateur de prendre le virage au niveau de la
prévention puis du renforcement des réseaux naturels, puisque les
familles et leurs regroupements constituent la base de ce réseau.
Notre deuxième proposition. On recommande que les organismes
familiaux soient reconnus à
l'intérieur des organismes communautaires comme faisant partie
d'une catégorie à part. Seuls les organismes familiaux
interviennent auprès de la famille, dans une perspective de
prévention et de soutien, et cela, au cours des nombreux cycles de la
vie familiale. En effet, les organismes familiaux interviennent au sujet de la
préparation à la vie familiale, à ses
responsabilités. Ils interviennent aussi lors de la naissance d'un
enfant, sur la relation parent-enfant, sur les relations de couple, sur la
redéfinition des rapports hommes-femmes, sur les nouveaux types de
familles, et aussi sur des problèmes spécifiques qui
découlent de situations de vie plus difficiles. Donc, seuls les
organismes familiaux et leurs regroupements permettent une transmission rapide
et non conventionnelle d'informations. C'est un lieu d'éducation
permanente en milieu populaire C'est un milieu où les familles se
retrouvent entre elles. Les organismes familiaux, c'est aussi le moyen qui
permet aux familles d'être des sujets de leur promotion et non pas
l'objet de préoccupations et de politiques. Les organismes familiaux
contribuent également à ce que les familles deviennent aptes
à prendre en charge la maîtrise de leur bien-être et
à éviter une trop grande professionnalisation. Les organismes
familiaux sont également la voix des familles qui permet de faire
connaître leurs besoins, leurs préoccupations et de
négocier avec les décideurs concernés les pressions
exercées par certaines politiques comme, par exemple, des politiques de
retrait du gouvernement en matière de santé et de services
sociaux.
Eu égard à l'importance évidente des fonctions
exercées par les organismes familiaux, à l'enrichissement
incroyable que constitue l'engagement bénévole dans une
société qui ne réussit plus à payer à l'acte
les services qu'elle se donne, il apparaît évident que les
organismes communautaires devraient être adéquatement reconnus
afin de leur permettre de poursuivre leur mission de soutien auprès des
familles et aussi leur rôle de conscience sociale.
La troisième proposition, nous recommandons qu'un
représentant d'un organisme communautaire familial siège au
collège régional. Nous faisons cette proposition parce que nous
croyons que les organismes familiaux représentent les forces vives de
notre société. Et aussi on constate qu'actuellement il y a peu ou
pas de structures permanentes qui permettent une consultation puis une
concertation où les communautaires familiaux et le réseau peuvent
se retrouver. Ensuite, parce que les organismes communautaires familiaux sont
nés de la volonté des familles' elles-mêmes et de leur
désir d'agir sur leur situation. Ça complète la
présentation.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame. Est-ce que vous avez terminé la présentation de votre
mémoire?
Mme Pichet-Bédard: Oui, M le Président
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce qu'il y a
d'autres personnes de votre groupe qui interviennent? Non? Pas à ce
stade* ci?
Mme Pichet-Bédard: Non. Je suis la principale...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien Je
vais maintenant reconnaître le ministre délégué
à la Santé. M. le ministre.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. Bienvenue,
d'abord. J'aimerais commencer avec une question d'ordre général
et peut-être, par la suite, revenir sur les trois points que vous
mentionnez. Vous commencez en disant que les familles sont unanimes à
constater la non-reconnaissance des parents comme partenaires à part
entière dans les services sociaux". Prenons ça pour acquis,
disons que c'est vrai. Comment est-ce qu'on pourrait... Qu'est-ce que vous
pourriez voir comme mesures qui feraient en sorte qu'on pourrait changer cette
perception des choses?
Mme Gagnon: J'ai le goût de répondre
immédiatement à ça. Ce que vous venez de dire, c'est que,
présentement, on ne regarde la famille qu'au niveau curatif, on la
regarde à la DPJ, on ne parle que très peu de soutien ou de
support aux parents. J'ai en main, ici, l'avis du Conseil des affaires sociales
qui prouve cette chose-là. Je pense que c'est essentiel qu'on regarde
les familles autrement et qu'on croie au moins à la compétence
parentalo et qu'on les soutienne dans ça II y a des familles de milieu
moyen, présentement, qui ont des difficultés dans les divers
organismes communautaires et qui, s'ils ont un support immédiatement,
sont capables de passer à travers; ils étaient de très
bons parents avant et ils sont de très bons parents après. Ce
n'est pas dans une période difficile qu'on peut décider que des
parents sont complètement inadéquats par rapport à leur
enfant. C'est juste ça.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme Gagnon. M. le ministre.
M. Sirros: Si je comprends bien ce que vous dites, finalement,
c'est que vous avez la perception que les services sociaux, et plus
particulièrement la DPJ, voient les familles avec lesquelles ils ont
à traiter, souvent, comme des entités sur lesquelles ils doivent
agir plutôt que les supporter.
Une voix: Dans leur rôle.
Mme Gagnon: Ce qui explique les nombreux placements qu'on a ici,
dans la province de
Québec.
M. Sirros: D'une façon plus concrète, comment
pourrait-on recréer le genre de lien qui ferait en sorte qu'il y aurait
des supports? Parce que j'imagine qu'on partage tous les mêmes objectifs,
qui sont, finalement, effectivement, de supporter les individus qui sont pris
dans un problème ou une crise, à un moment donné, dans
leur vie. Si on parle de la DPJ, finalement, d'essayer de rétablir une
situation qui, à un moment donné...
Mme Pichet-Bédard: Plus concrètement, comment
soutenir le rôle du parent? C'est d'abord de reconnaître, je le dis
dans le mémoire, les associations de parents, parce que les parents se
regroupent, les parents se donnent des services via les organismes
communautaires Actuellement, dans les organismes communautaires, les organismes
familiaux ne sont pas reconnus, et c'est la première partie de notre
mémoire qui fait la démonstration qu'ils font des choses au
niveau de la prévention Vous allez le voir dans la première
partie. Donc, d'abord reconnaître un cas spécifique concernant les
organismes communautaires familiaux C'est une catégorie à part
dans les organismes communautaires. Actuellement, on a beaucoup de
difficulté avec notre identité D'abord, reconnaître
ça, ce serait déjà apporter un appui aux parents dans leur
rôle. Lorsque c'est leurs regroupements...
M. Sirros: Les reconnaître comme étant à
part?
Mme Pichet-Bédard: Pardon?
M. Sirros: Les reconnaître comme à part à
l'intérieur des groupes communautaires?
Mme Pichet-Bédard: Oui. Les organismes familiaux devraient
être une catégorie à part dans les organismes
communautaires. Ensuite, au point de vue..
M. Sirros: En quoi ça vous aiderait plus, ça? Et
c'était une des questions que j'avais
Mme Pichet-Bédard: Oui.
M. Sirros: Pourquoi vous reconnaître à part? Donc,
je la reformule. En quoi cela vous aiderait-il d'avoir un sentiment que vous
êtes mieux vus, en terme d'un support qu'on offre aux familles,
plutôt qu'autre chose?
Mme Pichet-Bédard: On a l'impression que ce n'est pas bien
saisi, le travail qui se fait dans les organismes communautaires familiaux,
c'est à dire l'importance du curatif, par exemple. Aussi, supporter
financièrement des organismes qui s'occupent de curatif... de
préventif, je m'excuse, l'argumentation porte sur le préventif.
O. K. ? Les organismes communautaires familiaux font un grand travail en
prévention et ce n'est pas reconnu. On dit: On va attendre que ça
se détériore et, après, on interviendra. Il y a cet
aspect-là. Aussi, la reconnaissance de leurs regroupements, et j'en
parie aussi dans le mémoire. Actuellement, les organismes communautaires
familiaux peuvent difficilement participer à des structures de
consultation et de concertation via le réseau. On se sent un petit peu
à part. On a nos propres niveaux d'expression. Il y a le mouvement
familial, au Québec, avec la confédération à la
tête; c'est déjà un créneau mais c'est une voie
sociopolitique, c'est pour développer... on fait des pressions pour
développer des avenues vers une politique familiale, mais ça ne
règle pas les questions immédiates, ça.
M. Sirros: Les questions immédiates sont plus
liées, dans ce qui vous préoccupe, à la dispensation des
services au niveau...
Mme Pichet-Bédard: Communautaire.
M. Sirros:... communautaire et en liaison, aussi, avec les CSS,
dans ce cas-ci.
Mme Pichet-Bédard: Avec le réseau de la
santé et des services sociaux: les CLSC, les CSS, les conseils
régionaux et les différentes commissions où l'on peut
siéger et défendre le point de vue du parent Je pense aussi
à la question de la santé mentale où les parents ont
beaucoup de choses à dire.
M. Sirros: J'aimerais peut-être "adresser* la
préoccupation que vous avez par rapport au financement, qui est
l'article 231, le financement pour les regroupements.
Mme Pichet-Bédard: Oui
M. Sirros: Vous disiez, tout à l'heure: c'est
irréaliste de penser que les associations de base vont financer leurs
regroupements, quand ils n'en ont pas assez pour survivre. J'aimerais
simplement mettre sur la table le fait que la préocccupation n'est pas
de couper les vivres aux regroupements mais plutôt de donner les moyens
aux associations de base d'adhérer librement à un regroupement
Donc, il pourrait y avoir, par exemple, une formule où il y a un montant
qui est effectivement donné à l'association de base, mais
pour le regroupement, si l'association décide de le donner.
Mme Pichet-Bédard: Oui...
M. Sirros: Qui ne pourrait pas être utilisé pour du
fonctionnement normal. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux...
Mme Plchet-Bédard: Oui, je comprends.
M. Sirros: Le principe étant que c'est à la base
que la décision doit être prise quant à l'appartenance
à un regroupement. Donc, c'était dans ce sens-là que
ça avait été mis dans l'avant-projet de loi et non pas
dans le sens d'abolir le financement possible pour les regroupements. Alors,
s'il s'agit de trouver des modalités, ce que je veux dire, c'est qu'on
cherchera les modalités qui feront en sorte qu'on peut considérer
le principe avec la pratique.
Mme Pichet-Bédard: Oui. Ça m'apparaît
applicable, mais avec des limites. C'est-à-dire que ce dont on se rend
compte dans les regroupements d'organismes familiaux, c'est que ce n'est pas
spontané de la part d'une organisation familiale, à la base, de
faire partie d'un regrou pement. C'est lorsque, par exemple, elle est
interpellée de façon évidente dans un projet de loi
qu'elle va chercher des lieux d'appartenance où elle peut prendre la
parole. Donc, on y voit des limites, à ce point de vue là. C'est
comme si la mentalité de se regrouper au niveau des associations de
base, ce n'est pas premier. Il faut prendre le temps de développer des
solidarités pour, ensuite, travailler en regroupement. Il y a comme des
limites à l'application de partir du financement à la base. (17
heures)
M. Sirros: M. le Président me signale que mon temps est
écoulé, quoiqu'on aurait pu continuer. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Bien. Je vais
maintenant reconnaître la critique officielle de l'Opposition, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Je vais
avoir une couple de petites questions seulement. Par rapport à votre
demande du maintien de financement via le ministère de la Santé
et des Services sociaux, en fait, il y a beaucoup de groupes qui sont venus
nous exprimer des craintes qui ressemblaient beaucoup aux vôtres. Mais,
par ailleurs, le ministre de la Santé et des Services sociaux avait
écrit, à un moment donné, dans son petit carnet vert -
parce qu'habituellement il tient un petit carnet vert - qu'il y aurait
peut-être possibilité d'avoir des enveloppes
protégées pour les groupes communautaires. Vous êtes
probablement au courant, M. le ministre délégué. Alors,
j'aimerais savoir comment vous verriez ça si, à ce
moment-là, il y avait une enveloppe protégée justement
dans chacune des régies pour les organismes communautaires.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme Pichet.
Mme Pichet-Bédard: Une enveloppe protégée,
c'est déjà un pas de fait. Mais nous, nous revenons encore au cas
spécifique d'un organisme communautaire familial. Nous avons de la
difficulté à nous situer dans les organismes communautaires et
nous voudrions que ce cas spécifique soit reconnu. Les parents ont
beaucoup de difficulté à être aidés dans les
regroupements qu'ils mettent en place pour poursuivre leur engagement familial.
Une enveloppe protégée, ça peut assurer que les organismes
communautaires sont moins vulnérables, mais les organismes
communautaires familiaux devront aussi être l'objet d'une attention
particulière.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Autrement dit, c'est un pas de plus,
mais ce n'est pas tout à fait...
Mme Pichet-Bédard: Mais ce n'est pas complet.
Mme Carrier-Perreault: J'aurais une autre question à vous
poser. Vous n'en avez pas fait état nécessairement dans le
mémoire comme tel mais la majorité... en tout cas, des organismes
viennent nous dire que, bon, il y a des problèmes par rapport à
leur autonomie versus le contrôle que le ministère doit exercer
sur des sommes qu'il leur donne et tout ça. J'aimerais vous entendre
aussi là-dessus. J'ai seulement ces deux questions-là.
Mme Pichet-Bédard: Qu'est-ce que voulez dire par
"contrôle"?
Mme Carrier-Perreault: C'est que le ministère vous donne
des montants d'argent et il exige certains rapports et tout ça et
certains organismes craignaient justement des contrôles peut être
trop importants ou encore avec des objectifs, par exemple, si le
ministère vous définit des objectifs et tout ça.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme
Gagnon.
Mme Gagnon: Je vais répondre à ça en disant
justement que c'est vrai que le ministère peut décider, par
exemple, de ne s'occuper que du maintien à domicile ou s'occuper de la
désinstitutionnalisation. Familles en tête parlait, elle,
précisément juste de rupture d'unions, de violence conjugale ou
de naissance, ce qu'un organisme communautaire ne veut pas faire, dans le sens
d'entrer uniquement pour avoir des subventions dans ce qu'on demande, par
exemple, la violence conjugale, parce qu'un organisme communautaire a plus que
ça. La peur que les organismes communautaires ont, c'est ceci. Si on
nous demande des critères tellement grands qu'il faudrait presque avoir
des personnes qui ne font que ça, faire des demandes de subventions
et
remplir ça de façon adéquate comme ils le voulont,
etc, jo pense qu'on no pout pas rotrou ver ça dans un oryanismo
communautaire! On n'est pas un gouvernement. On est à la base, on est
actifs, mais on ne peut pas continuellement s'appliquer à
répondre aux demandes qu'on nous fait.
Mme Pichet-Bédard: J'aimerais peut-être...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce qu'il y a
d'autres... Mme Pichet, oui.
Mme Pichet-Bédard: Oui, je voudrais compléter. On a
des craintes concernant une augmentation de la normalisation, c'est bien
certain. On a aussi des craintes concernant, par exemple, le
développement d'une mentalité de type services aux familles. Les
organismes communautaires familiaux travaillent avec les familles sur plusieurs
années parce qu'un organisme familial peut donner des services sur
plusieurs aspects de la vie familiale parce que c'est une approche globale. Ce
n'est pas une personne malade à laquelle on offre tout de suite un
service. Nous, c'est une approche plus par un programme global et on a de la
difficulté à s'insérer dans des services très
très précis. Par exemple, une famille peut oeuvrer dans un
organisme familial pendant sept à huit ans, ce qui n'est pas le cas, par
exemple, lorsqu'on pense à un service, à une difficulté
où, ensuite, la personne ou la famille se dégage. Le mou vement
familial, c'est un processus. Ça peut se faire sur plusieurs
années. Ce n'est pas la même approche.
Mme Carrier-Perreault: Une dernière petite question. Le
ministre nous a laissé entendre qu'il pourrait y avoir des
différences, si on veut - toujours sur le même sujet - entre des
organismes qui recevraient 100 000 $, par exemple, et d'autres qui recevraient
3000 $, 4000 $, 5000 $; autrement dit, entre ceux qui reçoivent beaucoup
d'argent et ceux qui n'en reçoivent pas beaucoup. Il nous a
laissé entendre qu'il pourrait y avoir une discussion par rapport au
contrôle. Est-ce que vous pensez comme ça aussi?
Mme Pichet-Bédard: Oui. Le contrôle devrait
être en fonction de la quantité d'argent qui a été
investie. Mais il ne faudrait pas demander à des organismes
communautaires qui ont 6000 $ d'engager du personnel à temps plein pour
remplir des formulaires. On ne peut pas.
Mme Carrier-Perreault: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
députée de l'Opposition, je vous remercie pour vos questions.
Est-ce que, M. le ministre, vous avez d'autres questions, ou est-ce que
d'autres doputés voudraient intervenir? M. le ministre.
M. Sirros: J'aurais peut-être une question, s'il n'y a pas
d'objection. Vous mentionnez dans une de vos propositions que vous voulez avoir
un siège au conseil d'administration de la régie. Sans entrer
dans les détails techniques - H y a 15 sièges, il y en a 2 pour
les groupés communautaires - sans parler de ça. mais plutôt
du principe de la décentralisation et de l'implication des organismes
communautaires à l'intérieur d'un collège électoral
qui choisirait un conseil d'administration, j'imagine que vous devez voir
ça avec sympathie. Est-ce que j'ai raison? Est-ce que le rapprochement
des centres de décision dans les régions est quelque chose qui
vous donne espoir ou vous rend optimistes quant à l'implication et la
participation, l'Influence que peuvent avoir les groupes communautaires
à l'intérieur de la dispensation des services?
Mme Pichet-Bédard: Oui. C'est un pas pour rapprocher le
communautaire du réseau. Ça va devoir susciter des changements de
mentalité. Il va falloir qu'on apprenne à travailler ensemble. Il
va falloir multiplier les lieux pour prendre la parole ensemble. Il n'y a pas
juste au conseil d'administration qu'il va falloir s'apprivoiser les uns les
autres Ça m'apparaît un pas. mais il y a d'autres secteurs dans
lesquels ont doit développer des aptitudes à travailler
ensemble.
J'aimerais ajouter quelque chose. Lorsque nous, on se situe à la
Fédération de la famille de Québec au niveau
régional et qu'on défend la position que ce soit via le
ministère, c'est qu'on considère qu'un organisme régional
a un impact régional et non pas... On considère que, pour toutes
les régions de la province de Québec, il devrait y avoir une
équité au niveau des subventions. On considère que. eu
égard aux organismes régionaux, c'est important qu'il y ait une
vision provinciale, une équité des subventions au niveau
provincial. Donc, il y a cet aspect là qui entre en considération
également. Maintenant, c'est sûr que la décentralisation va
amener les gens d'une même région à apprendre à
travailler ensemble C'est le défi que tout le monde a à
relever.
M. Sirros: Merci beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le ministre. Mesdames, on vous remercie pour la présentation de votre
mémoire. On vous souhaite un bon voyage de retour. On va inviter
maintenant le Groupe social-santé Beau-Pré Orléans
à prendre place, s'il vous plaît.
Monsieur, madame, on vous demanderait, s'il vous plaît, de vous
présenter et de présenter les personnes qui vous
accompagnent.
Groupe social-santé Beau-Pré
Orléans
M. Simard (Jean-Yves): M le Président, if me fait plaisir
de vous présenter Mme Johanne King, directrice générale
par intérim des établissements du Groupe social-santé
Beau-Pré Orléans, c'est-à-dire l'hôpital
Sainte-Anne-de-Beaupré, l'accueil Notre-Dame-de-Beaupré et le
centre d'accueil Saint-Tite-des-Caps; a l'extrême gauche, M.
Clément Lacroix, directeur des services administratifs des quatre
établissements du groupe, ce qui inclut, en plus des trois que je viens
de nommer, le CLSC Orléans. Je suis moi-même président du
conseil d'administration interétablissements du groupe, et
président de l'hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré. Je m'excuse
si on a beaucoup de titres. En fonction de la loi actuelle, c'est l'une des
particularités de notre regroupement.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Et vous êtes
M. Jean-Yves Simard.
M. Simard: C'est bien ça.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Alors, M. Simard, vous avez 30 minutes pour faire vos représentations,
dont 10 minutes, si c'est possible, pour la présentation de votre
mémoire, et après des questions vous seront posées par
l'Opposition et par le parti ministériel.
M. Simard: Alors, M. le Président, notre mémoire
sera présenté, si vous le permettez, pour une partie par Mme King
et pour l'autre partie par moi-même.
M. le Président, membres de la commission, nous voulons d'abord
vous remercier de l'opportunité que vous nous donnez de vous entretenir
d'un aspect particulier de l'avant-projet de loi sur les services de
santé et les services sociaux. En effet, l'objet de notre
présentation portera essentiellement sur l'unification des conseils
d'administration pour l'ensemble des établissements ayant leur
siège social dans le territoire d'un CLSC. Forts d'une expérience
de près de 10 années dans l'édification sur notre
territoire d'un regroupement d'établissements que nous qualifions de
réussi, nous avons pensé vous faire partager nos
réflexions en regard des éléments que met de l'avant le
projet de loi à ce sujet.
Pour supporter nos affirmations, il nous apparaît cependant
opportun de vous situer d'abord brièvement quant au type d'association
que nous avons développé sur notre territoire Alors le
modèle que nous avons développé sur la
Côte-de-Beaupré consiste dans le fait que des
établissements de santé et de services sociaux, qui comprennent
un centre hospitalier, deux centres d'accueil d'hébergement et un CLSC,
vivent une expérience de regroupement volon taire, dont les
modalités sont définies dans une entente-cadre de mise en commun
de services, qui, est intervenue en novembre 1986, et dans laquelle on lit en
préambule, et je cite: "En vue d'assurer de meilleurs services en
qualité et en quantité et d'atteindre l'autosuffisance du
territoire en services de santé et services sociaux de première
et deuxième ligne, les établissements partenaires reconnaissent:
premièrement, qu'il est de leur intérêt mutuel et de
l'intérêt de la population du territoire que leurs ressources
respectives soient mises en commum dans divers domaines, afin d'en rendre
l'utilisation rationnelle et efficiente; deuxièmement, qu'ils sont
conjointement responsables de la planification et du contrôle de la
dispensation des services de santé et des services sociaux de
première et deuxième ligne à la population du territoire,
en conformité des paramètres établis par les
autorités ministérielles et régionales."
Pour ce faire, les établissements concernés recevaient
alors des quatres conseils d'administration le mandat suivant, qu'on pourrait
résumer en trois points: premièrement, de décloisonner au
maximum les établissements en ce qui touche les services à offrir
à la population; deuxièmement, de décloisonner
également la gestion des établissements afin de minimiser les
coûts inhérents au support administratif, donc d'implanter
progressivement une seule structure de gestion pour les quatre
établissements; troisièmement, de préserver, ce faisant,
la culture et la personnalité de chaque établissement, tout en
demeurant près du personnel, et, donc, d'éviter l'uniformisation.
Mme King va vous entretenir de façon un peu plus précise de la
structure et du fonctionnement du regroupement, et je reviendrai en
conclusion.
Le Président (M. Tremblay (Rimouski):
Allez, madame. Mme King, s'il vous plaît. (17 h 15)
Mme King (Johanne): Alors au niveau de la structure qui a
été mise en place pour soutenir le regroupement, d'une part, il y
a eu maintien des conseils d'administration dans chacun des
établissements concernés. Au-dessus de ces conseils
d'administration a été mis en place un conseil, un peu en termes
de supra de ces conseils-là, qui est le conseil d'administration du
Groupe social-santé Beau-Pré Orléans. Tout au long de la
mise en place de ce regroupement aussi, on a procédé à
l'unification de l'équipe de cadres supérieurs et à la
mise en place d'une direction générale unique pour le centre
hospitalier et les deux centres d'accueil. Il y a aussi un comité de
régie interétablissements qui est composé des cadres
supérieurs et du directeur général des
établissements pour procéder à la concertation
interétablissements. D'autre part, en bout de ligne, il y a un
comité interétablissements qui est constitué des
principaux responsables de la dispensation des services directs à la
clientèle, qui a pour but d'évaluer tant la quantité que
la qualité des services offerts à l'intérieur de ces
établissements.
Cette structure, qui est le fruit d'une évolution de sept
années de travail, n'a pu se concrétiser que par la bonne foi des
individus qui ont travaillé à la mettre en place Mais ce n'est
pas tant la structure elle même que l'esprit d'ouverture de ces
mêmes individus qui a fait de notre regroupement une réussite. En
termes d'impact direct, on peut affirmer aujourd'hui que le regroupement a
produit les effets désirés. D'une part, au niveau du
fonctionnement, on peut affirmer sans contredit que la structure mise en place
produit les effets désirés. Les cadres des établissements
ne sont plus des gestionnaires d'un seul établissement, mais
plutôt une équipe de gestionnaires de services à dispenser
à une population d'un territoire donné, utilisant comme moyen de
remplir ce mandat les quatre établissements mis à leur
disposition. Ces établissements, n'étant plus une
finalité, prennent leur place de véritable instrument au service
d'une population d'un territoire donné Par ailleurs, les cadres, tant au
niveau supérieur qu'intermédiaire, sont assurés d'une vue
d'ensemble des problématiques de santé de la population du
territoire à desservir.
La concertation des membres de conseils d'administration est chose bien
réelle, et tous les dossiers qui touchent l'aménagement des
services à offrir sur le territoire font l'objet d'une décision
commune et partagée Par ailleurs, un bon nombre de services furent mis
en commun, générant ainsi des économies financières
substantielles, mais aussi une économie des efforts
déployés à faire trop souvent, chacun de son
côté, les mêmes choses, d'où la possibilité
d'accroître tant la quantité que la qualité de ces
mêmes services.
Des bénéfices indirects découlent également
du regroupement. Il permet, dans un premier temps, à des petites
structures de profiter du poids politique et de l'influence propre à des
structures plus importantes Les gestionnaires parlent maintenant au nom de tous
les établissements du territoire Par ailleurs, chaque
établissement bénéficie, de par sa taille, d'une souplesse
de gestion avantageuse et d'une possibilité d'attirer un meilleur
calibre de professionnels et de gestionnaires, donc, un impact non
négligeable. Plus que tout, cependant, chaque organisation partenaire a,
à juste titre, le sentiment d'avoir édifié ce
modèle à l'intérieur duquel chacun a non seulement
reçu mais également contribué.
Il y a également des inconvénients qui sont
rattachés à ce type de regroupement La structure en soi
recèle un lot d'inconvénients dont le poids n'est pas à
négliger. C'est précisément sur cet aspect que nous
établirons des interrelations avec l'avant-projet de loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Il s'agit, d'une part, d'un modèle qui ne peut être que
transitoire, et il serait utopique de croire quo. sous le sceau do la
protection dos missions, sous le sceau de la protection de l'autonomie des
organisations, il faille maintenir en place une structure à quatre
conseils d'administration, et même cinq avec celui du Groupe
social-santé Beau-Pré Orléans. Il s'agit d'une structure
lourde et exigeante, qui aurait vite fait de limiter les
bénéfices d'efficacité et d'efficience devant
résulter de tels regroupements.
Sur ce point, nous sommes parfaitement d'accord avec lavant-projet de
loi qui prévoit un seul conseil d'administration pour un ensemble
d'établissements donné. Nous ne pouvons cependant souscrire au
principe des regroupements forcés et nous ne croyons pas qu'il faille
imposer, comme le fait l'avant-projet de loi, des structures et des modes de
fonctionnement trop rigides, non adaptables à des particularités
territoriales. Tout en admettant les principes de regroupement
d'établissements et d'unification des conseils d'administration, il ne
faudrait cependant pas créer pour autant des entraves à la pleine
réalisation de ceux-ci en imposant un seul cadre structurel de
référence. À notre avis, le critère fondamental
à la base d'un regroupement demeure encore les besoins des
clientèles à desservir sur un territoire donné, avec la
nécessité de les rendre continus et complémentaires. Il
faut donc laisser plus de place au sens créatif des gestionnaires qui
auront déjà beaucoup à vivre dans le seul fait de se
côtoyer et de s'apprivoiser.
Nous avons, pour notre part, mis huit années à tisser,
lentement mais combien solidement, ces interrelations avec nos partenaires et
à mettre en place ce climat de confiance si essentiel à la
réussite dune telle entreprise. Par ailleurs, notre expérience
nous a prouvé que plus nous franchissons des pas dans le sens de
l'unification de notre équipe de gestion, plus probants sont les
résultats. Nous allons donc plus loin en affirmant qu'il est primordial,
par souci de faire de la complémentarité une
réalité, de confier la gestion de ces ensembles
d'établissements à une seule et même équipe de
cadres supérieurs, dont une seule direction générale.
D'autre part, les règles de gestion financière du
ministère, déjà fort complexes, varient selon qu'il
s'agisse d'un centre hospitalier, d'un centre d'accueil ou d'un CLSC. Il y a
des exemples de cette affirmation. Par exemple, les hôpitaux ont un
coût de système pour supporter l'augmentation des volumes
d'activité alors que, pour les centres d'accueil, on parle de budget
d'alourdissement de clientèle. Les dépenses d' assurance-salaire
qui font l'objet de rectificatifs postbudgétaires dans les centres
d'accueil ne le font pas dans les hôpitaux. Alors, tout en demandant aux
établissements de s'inscrire de façon
généralisée dans la voie des regroupements, voire
même dans un processus d'unification tel que le propose l'avant projet de
loi, il nous apparaît essentiel que le ministère et ses or-
ganismes associés amorcent également des regroupements de
ses propres structures et qu'il unifie certains de ses processus de gestion
pour tirer le maximum de profit d'une telle entreprise. Je cède la
parole à M. Simard.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Allez, M.
Simard.
M. Simard: Merci. Alors en conclusion, gestion! de la
décroissance, pénurie, rareté de ressources sont autant de
mots qui font aujourd'hui partie du vécu des gestionnaires du
réseau. Ceux-ci se trouvent en effet confrontés quotidiennement
au défi de maintenir l'accessibilité des services sans que la
qualité n'en soit altérée. En ce sens, les regroupements
d'établissements, en autant qu'ils répondent à certains
critères spécifiques prouvant leur rentabilité,
constituent quant à nous une piste de solution non négligeable
pour des territoires, bien entendu, qui peuvent ressembler aux nôtres, si
on parle de ce qu'on connaît, tout en se rappelant qu'il n'y a pas qu'un
seul modèle mais bien plusieurs modèles possibles, selon les
particularités des sous-régions concernées et des
populations à desservir.
En ce sens, depuis la rédaction de notre texte nous avons eu des
nouvelles qui laissaient entendre que, possiblement, le modèle de
regroupement de conseils d'administration ne serait pas reconduit dans une loi
éventuelle. Quant à nous, il est possible... On a effectivement
certaines réserves sur le modèle tel que proposé dans
l'avant-projet de loi, mais il nous apparaît, d'une part, qu'on ne
devrait pas imposer un modèle unique pour tout le monde, mais qu'en
même temps on devrait laisser la possibilité, à tout le
moins, qu'on puisse procéder à un genre de regroupement
d'établissements de diverses catégories sur un territoire
donné.
Le plus grand défi quant à nous, au-delà de la
structure, c'est celui d'assurer une véritable
complémentarité et nous insistons, une
complémentarité qui va bien au-delà d'un principe ou d'un
discours, mais qui est transposée dans les modes de fonctionnement des
établissements et qu'il nous faudra sans cesse continuer de rechercher.
Notre projet nous apparaît être un pas concluant vers
l'édification d'un vrai réseau de la santé et des services
sociaux promis au début des années soixantedix. Mais ce
réseau véritable, loin d'être le fruit d'une mise en place
do structures étanches, sera plutôt la résultante, selon
nous, d'une réelle volonté des individus de collaborer
étroitement à son décloisonnement. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Madame, monsieur, on vous remercie pour la présentation de votre
mémoire. Je vais maintenant reconnaître le ministre
délégué à la Santé.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. M. Simard,
vous avez raison de dire que depuis l'impression de l'avant projet de loi il y
a eti des nouvelles qui faisaient en sorte qu'il est clair que l'idée
des conseils d'administration unifiés n'a pas été retenue
comme telle. Vous arrive/ ici non pas avec un conseil d'administration
unifié, mais quand même un regroupement assez spécial et
assez extraordinaire même, je dirais, à l'intérieur de
l'ensemble du réseau. Il n'y a pas beaucoup d'expériences comme
ça; il y en a eu peut-être une autre dans la région
de la Gaspésie, je pense.
Question de curiosité d'abord: Pourquoi, qu'est ce qui a
amené ce regroupement? Comment ça s'est passé, parce que
ce qu'on a vu finalement, c'est que tout le monde... Et une des raisons...
À part les difficultés que ça pourrait représenter
au niveau de l'administration, de la constitution des conseils
d'administration, il y a eu beaucoup de réactions quant à
l'idée d'unifier les conseils d'administration. Vous, vous avez fait le
pas inverse: Vous vous regroupez, vous êtes en quelque sorte dans un
stade intermédiaire entre des établissements totalement autonomes
et des établissements totalement intégrés. Mais il est
clair que vous cheminez éventuellement vers un conseil d'administration
unifié.
M. Simard: Effectivement, ça aussi, ça s'est
passé depuis la rédaction de notre mémoire. Je peux vous
dire au départ, avant de répondre spécifiquement à
votre question, que notre modèle était effectivement un
modèle transitoire, comme on l'a dit, vers une plus grande
intégration et nous sommes actuellement... Les conseils d'administration
des deux centres d'accueil et du centre hospitalier ont voté, en
février, une résolution demandant de préparer un projet
d'intégration de ces trois établissements et, d'ici à deux
ou trois semaines, nous aurons à statuer sur cette intégration
des deux centres d'accueil au centre hospitalier, ce qui veut dire que pour le
regroupement, on aura fait un pas de plus et nous aurons... Les nouveaux
partenaires - si on peut utiliser ce langage - seront un centre hospitalier
avec un volet de soins prolongés et un volet d'hébergement pour
personnes âgées, et, de l'autre côté, un CLSC. Mais
la même philosophie que nous avions à quatre, quant à nous,
sera maintenue à deux établissements.
M. Sirros: Êtes vous en mesure d'identifier los
éléments qui ont fait en sorte que cela a pu se produire?
M. Simard: Ce cheminement?
M. Sirros: Ce cheminement, ce regroupement.
M. Simard: Je vous avouerai que, pour avoir été
l'un des principaux acteurs de ce regroupe-
ment, et ça a commencé au début des années
quatre-vingt.. D'abord, moi, je venais d'arriver. Je suis un
bénévole au conseil d'administration, j'arrivais du secteur
privé, et l'une des choses qui m'a frappé au départ, c'est
d'abord que, sur un territoire comme la Côte-de-Beaupré,
l'île d'Orléans, on parie d'une population d'à peu
près 26 000 personnes, d'une part D'autre part, on parie de petits
établissements qui, tous budgets réunis, constituent moins de 10
000 000 $ par année. Alors, ce que j'ai constaté d'abord, c'est
que, à l'époque, comme structure administrative, comme calibre de
professionnels pour assurer l'administration et le fonctionnement de ces
établissements, chacun fonctionnait séparément et avait
beaucoup de difficulté à avoir une capacité
d'attraction.
Deuxièmement, - moi, j'appelais ça ma naïveté
de l'époque - je trouvais difficilement concevable que les citoyens et
les citoyennes qui avaient besoin de nos services, autant à
l'hôpital que dans les contres d'accueil et par la suite au CLSC, ces
gens là aient des relations toujours parallèles alors que,
lorsqu'on considérait le type de besoins que beaucoup de gens avaient,
c'étaient des besoins qui étaient en continuité les uns
avec les autres. Par exemple, on prend le cas d'un individu en particulier, une
personne âgée, pour être plus précis, qui vit une
phase d'hospitalisation en soins de courte durée, retourne à
domicile, a besoin des services à domicile du CLSC. Son état se
détériorant davantage, elle revient pour un autre séjour
à l'hôpital et, après ce deuxième ou
troisième séjour à l'hôpital, a besoin d'aller, par
exemple, en centre d'accueil d'hébergement Alors, c'est toujours le
même individu, mais qui est traité par différentes
catégories d'établissements. Il nous apparaissait important,
à l'époque, de se placer du point de vue du citoyen ou de la
citoyenne, avec les gens qui le traitent, pour faire en sorte qu'il y ait des
portes ouvertes entre chacun des établissements et non pas des portes
qu'il faut débarrer à chaque fois J'espère que l'image
rend bien l'esprit Donc, c'est d'abord une question philosophique qu'on s'est
posée et, dans le quotidien des choses, en rencontrant nos
collègues dans les autres établissements et en discutant de
façon plus précise d'un certain nombre de problèmes que
nous vivions de notre côté, mais qu'eux aussi vivaient de leur
côté, on s'est rendu compte Je ne vous dis pas que ç'a
été facile, l'amour passion dès le départ;
ç'a été long ot pénible à certains moments
mais, à force de volonté et de ténacité, il y a des
gens qui se sont rendu compte qu'effectivement il y avait des choses qui
n'avaient pas de bon sens.
Un autre élément qui nous a convaincus davantage, toujours
compte tenu de la taille de nos établissements, c'est que nos budgets
sont très limités. C'a l'air gros de parler, par exemple, de 9
000 000 $ ou 10 000 000 $ par année de budget de fonctionnement pour des
établissements comme ceux de la Côte-de-Beaupré, mais quand
on sait que ces budgets de fonctionnement sont à plus de 95 %
engagés d'avance, quand ce n'est pas 100 %, 105 % ou 110 %, ça
veut dire que les seules marges de manoeuvre que nous avons, on les compte par
centaines de dollars et par quelques milliers de dollars, quand nous pouvons en
dégager. Et c'était la même chose pour chacun des
établissements partenaires. ( 17 h 30)
On s'est rendu compte, pas tout d'un coup, mais avec le temps, que, par
exemple, le fait que dans tel établissement... Je prends le plus petit
des quatre, qui est un centre d'accueil avec un budget de 800 000 $, 900 000 $
par année, qui avait un directeur général alors; quand on
évalue le coût du directeur général de ce petit
centre d'accueil selon les échelles gouvernementales, c'était
au-dela de 50 000 $, plus les bénéfices marginaux, plus ce que
ça coûte pour entretenir le travail d'un cadre supérieur.
Vous imaginez l'importance des sommes dégagées sur un budget de
900 000 $, et on multiplie. De sorte qu'on a évalué
qu'après... Ces dernières années, on a dû atteindre
- c'est difficile d'avoir une évaluation très précise en
dollars - mais les économies récurrentes sur les quatre budgets
de nos établissements pour l'ensemble des services qui sont actuellement
mis en commun, ça atteint une somme qu'on peut situer entre 150 000 $ et
200 000 $ par année.
M. Sirros: Vous êtes en train de faire la
démonstration des idées qui sont toujours là en termes de
la nécessité de trouver une façon de mieux coordonner les
établissements et les services qui sont dispensés par les
établissements. Si j'interprète un peu ou si je... pas
interprète, mais si je tire certaines conclusions de ce que vous dites,
d'une part, vous dites que ça risque de passer mieux avec des
établissements de petite taille.
M. Simard: Bien, je vous dis que ça... je ne vous dis pas
que ça passe mieux avec des établissements de petite taille, mais
je vous dis qu'on l'a fait...
M. Sirros: Ou qu'il y a plus d'arguments évidents.
M. Simard: Pardon?
M. Sirros: Que les arguments quant aux bienfaits d'une
coordination sont plus évidents.
M. Simard: Ça paraît peut être plus
évident, mais je ne suis pas sûr que ça ne se passerait pas
avec des établissements plus importants.
M. Sirros: O. K. Finalement, ce que je re-
tiens, parce que je sais que mon temps doit être à peu
près écoulé, ce que je retiens c'est que, finalement, ce
serait souhaitable, dans l'éventuel projet de loi, de ne pas exclure la
possibilité d'avoir ce genre de regroupements puis,
éventuellement, un conseil d'administration unifié, si ça
arrive à ça, mais d'éviter d'avoir un modèle
unique, finalement.
M. Simard: Tout à fait.
M. Sirros: Merci beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, la critique de l'Opposition.
Mme Carrier-Perreault: Disons que c'est très
intéressant, effectivement, c'est un modèle qui permet vraiment
une coopération et d'éviter aussi le dédoublement. C'est
souhaitable. Votre expérience nous permet de dire que c'est quelque
chose qui est réalisable. Mais comment peut-on inciter les
établissements à se regrouper comme ça? Est-ce qu'il y a
des incitatifs qu'on pourrait utiliser, d'après vous?
M. Simard: Je pense d'abord que, si, au niveau
ministériel, c'est une idée qui apparaît
intéressante, elle devrait être véhiculée de
façon concrète et on devrait avoir des incitatifs, entre autres,
financiers et plus de facilités de develop pement de services sur un
territoire, dans la mesure où, s'il n'y a pas de regroupement aussi
formel que le nôtre, les établissements ont des modes de
collaboration très étroits Ça, je parle pour les niveaux
gouvernemental ou minis tériel.
Il y a aussi des incitatifs qui peuvent être faits au niveau
régional et, à ce point de vue là, je peux vous dire que,
dans la région de Québec, il y a, depuis sept, huit ans au moins,
beaucoup d'incitatifs et, d'ailleurs, on assiste, dans les territoires
périphériques du Québec métropolitain, à
plusieurs intégrations d'établissements actuellement, plusieurs
projets d'intégration qui sont soit passés récemment, qui
sont soit maintenant sur la table du ministre et qui découlent de
cheminements du type du nôtre, qui origine des années 1982
à 1985.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Quand vous parlez d'incitatifs
financiers et de facilités de développement, à quoi
faites-vous référence? Facilités de développement,
entre autres.
M. Simard: Des possibilités de développement...
Mme Carrier-Perreault: Oui, des facilités au niveau du
développement quand vous dites que ça pourrait être un
incitatif pour...
M. Simard: Par exemple - je vais avoir de la difficulté
à vous donner quelque chose de très précis - je vais
tenter cette réponse, dans le sens que, lorsqu'on fait l'allocation de
ressources, par exemple, au niveau régional ou au niveau
ministériel, pour un territoire donné, un critère
d'allocation pourrait être le fait de voir si des établissements
du territoire ont des modes de collaboration concrets qui font que les
ressources qu'on va leur allouer vont être plus efficaces ou plus
efficientes, compte tenu qu'à chaque fois qu'on demande un budget de
développement par rapport au besoin c'est toujours en deçà
du besoin Autrement dit, essayer de rendre chacun des dollars qu'on alloue
comme ressources en développement... qu'on insiste ou qu'on en fasse une
espèce de critère d'allocation pour que le dollar qu'on donne
soit le plus efficace possible, compte tenu de la rareté des
ressources.
Mme Carrier-Perreault: Par rapport à la création de
régies régionales, disons que présentement vous
fonctionnez... Il y a un CRSSS, vous êtes dans la région 03.
Comment voyez-vous votre rôle dans une régie régionale?
Est-ce que c'est le regroupement qui fonctionnerait, ou les
établissements ou comment? Parce que là, votre conseil, ce n'est
pas vraiment... Je veux dire que vous ave/ chacun vos conseils
d'administration, ce n'est pas encore réglé.
M. Simard: Effectivement, notre regroupement, comme tel, n'a pas
d'assises légales. Autrement dit, si on parle du conseil
d'administration interétablissement, ou de mon titre de président
du conseil interétablissement, nous n'avons pas d'assises
légales, sauf que ce n'était pas illégal, non plus, de
procéder comme on a fait. Alors, on a pris une chance, d'une part, et
d'autre part, sur le plan pratique, je dois vous avouer qu'avec les
autorités du conseil régional de Québec, même si on
n'a pas d'assises légales sur le plan concret, les gens ont vite reconnu
comme interlocuteurs valables les porte-parole du regroupement
d'établissements ou du conseil inter.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Je vous remercie.
M. Simard: Sauf que souvent la communication doit être
à double sens, c'est-à-dire qu'on reconnaît les
interlocuteurs du regroupement mais, sur certains dossiers ou pour certaines
choses, on dort, de toute façon, parler aux gens des
établissements.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je vous remercie,
Mme la critique de l'Opposition. M le ministre, est ce que vous voulez
conclure, s'il vous plaît?
M. Sirros: Merci, M. le Président. C'était
pour remercier les représentants do ce regroupement. J'imagine
que beaucoup doit aussi reposer sur la ténacité des personnes,
comme vous l'avez dit tout à l'heure, et... Ça doit prendre aussi
des compétences un peu spéciales, au niveau de la direction
générale. Je ne peux que vous encourager dans la voie que vous
avez prise pour décloisonner les services, offrir des services de
façon plus cohérente et plus complète à la
population que vous desservez. Peut être servirez-vous de modèle
et d'exemple à d'autres qui peuvent suivre les mêmes traces.
Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Messieurs, on vous remercie pour la présentation de votre
mémoire J'appelle maintenant le CLSC de Bellechasse. On va suspendre
deux minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 39) (Reprise 17 h 42)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Nous allons
reprendre nos délibérations. Je demanderais maintenant aux
représentants du CLSC de Bellechasse de bien vouloir se présenter
s'il vous plaît.
CLSC de Bellechasse
M. Girard (Michel): m. le président, m. le ministre
délégué, députés membres de cette commission
parlementaire, à titre de directeur général du clsc de
bellechasse, petit établissement situé dans la belle
région chaudière -appalaches, nouvelle région
administrative no 12 présentement, je suis très fier d'être
avec vous et même ému d'être dans ces lieux
L'occasion qui nous est offerte; aujourd'hui d'exprimer le point de vue
d'un jeune établissement en milieu rural est tros
appréciée et dénote un sons profond de travailler de
concert avec l'ensemble des composantes du réseau. J' aurai l'honneur de
vous présenter brièvement nos réflexions sur la
réforme du système de santé et des services sociaux
décrite dans le mémoire que nous avons déposé J'ai
avec moi, à cette table, des membres du conseil d'administration du CLSC
de Bellechasse, Mme Rose Ouellet, représentante des organismes
bénévoles et administratrice de la première heure au CLSC,
et M. Claude Morissette, usager, membre du conseil d'administration.
La pensée qui a habité nos réflexions lors de nos
travaux a trait à la nécessité, voire même
l'obligation de recadrer une organisation de services centrés sur la
personne, le client et le bénéficiaire. Je pense qu'il est
important aujourd'hui de prendre conscience que, s'il y a un réseau,
c'est parce qu'il y a un client qui a un besoin quelque part. Nous n'avons pas
le choix si nous voulons faire face aux enjeux de l'an ?000 et desservir la
population du Québec qui vieillit
II est grand temps de prendre les décisions qui s'imposent pour
s'assurer d'un continuum de services à la personne, je dis bien d'un
continuum de services à la personne et pas nécessairement d'un
continuum d'établissements. Je pense qu'il y a une nuance fondamentale
à faire entre les deux. L'adoption d'objectifs de santé clairs
adaptés aux besoins d'une population, mesurables, tangibles et à
l'intérieur d'un échéancier bien défini est,
à mon point de vue, un moyen à exploiter Cependant, cette
démarche doit être supportée par un système
d'information, de même que par des données statistiques et
épidémiologiques, efficaces et efficients, dont nous ne disposons
pas actuellement dans le réseau Le système actuel ne nous permet
pas de s'assurer du succès, que ce soit à court terme, à
moyen ou à long terme de cette démarche. Il importe, à mon
point de vue, d'appuyer nos décisions, que ce soient des
décisions de gestionnaires, à mon niveau, ou que ce soient des
décisions d'administration ou des décisions de politiciens, sur
des données fiables et vérifiables.
À mon point de vue, on parle d'un système de
données plus performant dans le réseau depuis une dizaine
années Ça fait 13 ans que je suis dans le reseau comme directeur
général et j'espère, effectivement, qu'un jour on verra ce
système de données. Je pense que, si on veut prendre des
décisions objectives rationnelles, ça nous prend des mesures pour
mesurer cesdits objectifs qui sont louables.
L'orientation de centrer nos actions sur la personne, comme je le
soulignais, doit signifier que nous devons attacher une importance
significative sur l'autonomie des personnes en les aidant à
développer leurs potentialités, afin qu'elles soient responsables
de leur santé et de leur bien être Nous devons. comme
société, revenir sur des notions de responsabilité que la
gratuité du système de santé et de services sociaux tond a
nous fairo oublier facilement Cette responsabilisation ne signifie pas
d'imposer un ticket modérateur, ou une taxation supplémentaire
qui sont davantage des moyens coer-citifs que l'on doit éviter. On doit
porter davantage nos actions sur de l'information, de la sensibilisation et de
l'éducation afin que chaque Québécois et
Québécoise soit responsable de sa propre santé au lieu de
consommer ou de surconsommer.
Lorsqu'on a mis dans le réseau la gratuité dans les
années soixante, soixante-dix, c'est qu'on a oublié
peut-être une chose fondamentale, c'est de dire aux gens comment utiliser
les services Face à ça, ça a entraîné
peut-être ce qu'on voit aujourd'hui et pourquoi on est ici. Ce premier
moyen d'éducation doit être appuyé par des mesures
incitatives qui touchent l'ensemble de la population Lorsque je parle de
mesures incitatives, ça vient à partir du premier moyen
d'éducation dont je vous parlais. Des mesures
incitatives, ça peut être des déductibles
d'impôt pour certains, comme des primes do bon utilisateur pour d'autres.
Ces actions auprès des utilisateurs et non des consommateurs - je pense
qu'il va falloir faire la distinction dans le système - doivent
naturellement être supportées sur le terrain par les
dispensateurs.
L'imputabilité. On parle beaucoup dim putabitité dans ce
projet. L'imputabilité des gestes, des actes et des décisions des
dispensateurs doit faire partie de leur quotidien et on doit leur donner le
moyen de contrôler leurs actes. Le temps est révolu où le
bar - excusez moi l'expression - est ouvert aux visites abusives et
inopportunes autant en santé qu'en social, à prescrire
facilement, et ça ne nous coûte rien des fois de prescrire tel
prélèvement, tel rayon X, tel examen sous scanner, à
favoriser la consommation de médicaments - et je pense qu'il y en
d'autres qui étaient mieux placés que moi pour le dénoter
- à écouter indûment un client dont la thérapie ou
le traitement ost terminé, à prolonger la dispensation de
services de santé et de services sociaux, à prolonger
l'hospitalisation. Cette réalité m'incite à vous dire que
c'est un mode dépassé et qui avait sûrement ses
justifications dans le temps, mais les faits sont là et on ne doit pas
s'y soustraire si on veut réellement passer d'une ère de
consommation à une ère d'utilisation judicieuse de nos services
de santé et de services sociaux. à mon point de vue,
différents moyens peuvent être utilisés. je n'en citerai
que deux ici, cet après-midi, deux moyens qui peuvent favoriser cette
approche de responsabilisation. un moyen qui vient peut-être de notre gbs
dans notre coin de pays, le gbs c'est le gros bon sens, c'est le client
à la bonne place, de la bonne manière, au bon moment et avec les
bonnes ressources. et le deuxième aspect qui est aussi important, le
plan de services. comme nous le soulignons dans le mémoire qui vous a
été déposé, arrêtons d'apporter une solution
santé à un problème d'ordre psychosocial. le valium ne
règle pas un problème, il l'endort cette façon d'aborder,
par les deux moyens que je viens de soulever, la complémentarité
de services oblige à faire des liens plus étroits avec la
santé et le social où le médecin doit
référer à un intervenant social du clsc. exemple: le
client aux prises avec un problème psychosocial. elle sous-tend aussi
qu'un plan de services individualisé doit être automatiquement
élaboré pour une personne aux prises avec un problème
nécessis-tant l'intervention de plus d'une personne ou d'une ressource
ou d'une action à long terme je pense qu'une des clefs du succès
de la réforme est cette notion de plan de services. c'est à la
base que les intervenants, qu'ils soient d'un même établissement
ou qu'ils soient détablisse ments différents, vont pouvoir
s'entendre pour dire quel service qu'on offre à tel individu à an
moment donné. elle est le pont aussi entre les professionnels et les
différentes catégories d'établissements.
J'aborderai brièvement le pont que j'appelle institutionnel Le
pont institutionnel doit s'appuyer sur des assises solides, qui passent
obligatoirement par une définition précise de la mission, des
rôles, fonctions et responsabilités des catégories
d'établissements de la prochaine décennie afin de favoriser la
complémentarité des ressources, ne l'oublions pas, au profit de
la personne. Éliminons les zones grises, la duplication et l'absence de
continuité. Un fonctionnement en vase clos, dans une bulle
institutionnelle, est inconciliable avec l'objectif d'en faire plus avec des
disponibilités en ressources humaines ou financières
limitées. À titre d'exemple, on ne réglera pas la question
de l'engorgement des urgences en pensant uniquement à des solutions
dites hospitalières. L'approche continuum de services nous incite
à regarder avant et après l'hospitalisation. Les CLSC, à
mon point de vue, ont un rôle à jouer pour éviter que des
personnes se présentent inutilement à l'urgence et un autre
rôle pour supporter, par des services de maintien à domicile, la
sortie de la clientèle hospitalisée. Je pense que c'est une
solution globale, un problème d'ensemble, sinon nous serons en
perpétuel recommencement et c'est la clientèle qui est
prioritaire qui va probablement subir et qui va être malheureusement
affectée. Et ce sera peut-être vous et moi lorsqu'on sera
âgé
Donc, cette vision des services m'amène à vous souligner,
membres de cette commission, l'urgence de mettre en application les politiques
ministérielles des dernières années, prônant le
maintien en milieu naturel et permettant aux CLSC d'assumer l'entière
responsabilité de l'ensemble des services de base ou de première
ligne pour la population du Québec. Pour ce faire, il importe que le
gouvernement prenne les dispositions nécessaires pour rendre accessibles
et disponibles, en CLSC, des services de base, autant médicaux que
sociaux, pour répondre adéquatement et de façon
équitable aux besoins d'une communauté locale et de leur confier
les responsabilités de première ligne dévolues
actuellement à d'autres structures ou d'autres établissements et
d'augmenter les budgets de maintien à domicile pour maintenir les
personnes âgées le plus longtemps possible dans leur milieu de vie
naturel.
Étant de la génération de, pas 1990 mais 1980, le
CLSC de Bellechasse ressent quotidiennement les effets d'un financement
déficient quant aux services à offrir à sa population,
mais croit que l'heure est arrivée où le Bellechassois et la
Bellechassoise vont pouvoir recevoir les services auxquels ils ont droit. Notre
présence en ce lieu, de même que notre volonté d'assumer
les responsabilités que la réforme confiera aux CLSC sont une
preuve tangible de notre croyance ou de cette croyance. D'autre pays ont
déjà pris,
depuis quelques années, ce virage que, tôt ou tard, on
devra faire. L'institutionnalisation est, de par son coût, une solution
ultime au vieillissèment de la population du Québec Cette
responsabilité de société passe par l'imputabilité
des décisions prises par un établissement ou une instance
régionale, en autant que la décentralisation, et non la
déconcentration, des pouvoirs définis par une mission, des
responsabilités et des rôles soit clairement identifiée,
qu'il existe une capacité du réseau pour répondre aux
besoins d'une clientèle ou d'une population donnée, et qu'on
assure une équité interrégionale,
interétablissements et intercatégories
d'établissements. Dans ce contexte - et je termine - il est possible
d'envisager l'approche par programme pour objectiver et rationaliser
l'affectation, la réaffectation et la réorientation des
ressources, en regard des besoins d'une clientèle donnée
répartie dans différentes catégories
d'établissements.
Il est réaliste, sous cet angle, d'enclencher une
véritable décentralisation des pouvoirs à une instance
régionale, qu'elle s'appelle CRSSS ou régie, comme l'a
affirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux
Personnellement, je suis un régionaliste, en autant qu'on
décentralise et non qu'on déconcentre.
Sous cet angle, il serait peut être avantageux de
décentraliser l'enveloppe de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec dans les régions administratives, à la condition,
par contre, que les plans régionaux d'effectifs médicaux
intègrent les médecins en clinique privée. Je crois et je
termine - que la personne ne doit pas faire les frais, comme on l'a tant
souligné, que ce soit dans le document des orientations
ministérielles ou que ce soit dans les énoncés depuis que
la commission parlementaire siège, des débats corporatifs et
institutionnels, et que les acteurs doivent être des collaborateurs
à l'intérieur d'une approche de continuum de services La personne
est la raison d'être du système de services, comme le soulignait
très bien le document des orientations ministérielles. Merci
encore d'avoir pris le temps de nous entendre.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le
Président, M. Girard, nous vous remercions pour la présentation
de votre mémoire. Je vais demander maintenant au ministre
délégué à la Santé de commenter.
M. Sirros: Merci, M. le Président M. Girard, je
commencerais peut être on soulignant la passion que vous avez mise
à livrer un message où il est clair que vous avez passe un
certain temps à rédiger un mémoire assez substantiel qui
passe à travers presque l'ensemble de l'avant-projet de loi.
Malheureusement, le temps dont nous disposons ne nous permettra pas d'aller
dans tous les détails de tout ça, mais je crois comprendre que
vous êtes très préoccupé par la réforme,
telle qu'elle s'envisage. C'est avec beaucoup d'éloquence que vous avez
mis de l'avant vos positions. j'aurais une couple de questions qui se
rattachent peut-être plus précisément aux clsc. vous
signifiez dans le mémoire que les clsc devraient se voir confier des
responsabilités complémentaires au service de maintien à
domicile vous dites dans votre mémoire, par exemple, que. pour
coordonner certains services sociaux et sanitaires ambulatoires, on devrait
avoir ce qu'on peut appeler un hôpital à domicile. qu'est-ce que
vous entendez par ça?
M. Girard: Ce que je veux simplement dire là-dessus, c'est
que, si on regarde dans les régions 03 et 12 en partie, il y a eu des
services intensifs de maintien à domicile. Et, lorsqu'on regarde la
nature de certains services intensifs de maintien à domicile, ça
s'apparente au modèle qu'on est en train de vouloir exporter au niveau
des centres hospitaliers, qui s'appelle le modèle d'hôpital
à domicile. Lorsqu'on regarde l'expérience de Verdun - je ne
rentrerai pas dans le détail, étant donné que le temps est
limité - il faudrait prendre garde. C'est un peu sous cet angle qu'on
l'a mis là. Si, effectivement, on allait à des services plus
spécialisés à domicile, il faudrait voir jusqu'où
et comment le réseau pourrait s'organiser pour que tout le monde le
fasse de façon harmonieuse. C'est dans cet esprit que ça avait
été soulevé.
M. Sirros: Si vous regardez un peu les services des
hôpitaux vis-à-vis, par exemple, les cliniques externes, est-ce
que vous êtes allé jusqu'à envisager un partage quelconque
entre les services d'un hôpital et ceux d'un CLSC? Comment verriez-vous
ça? (18 heures)
M. Girard: j'aurais le goût de vous répondre par,
peut être, une réflexion que je me faisais moi même,
récemment, en disant: si les clsc avaient tous été
implantés en même temps - c'est peut être un peu utopique -
dans les années soixante-dix, est-ce que, effectivement, on aurait vu
des cliniques externes dans les centres hospitaliers? je pense que, si les clsc
avaient été implantés durant cette
période-là, les cliniques externes auraient été,
entre guillemets, des cliniques en clsc. maintenant, étant donné
que ces cliniques là existent, est-ce que, effectivement, c'est
judicieux qu'elles soient transférées, entre guillemets, au
niveau des services de première ligne? je pense que c'est une question
de fonds. il y a aussi une question de coûts associée à
ça, parce que, pour maintenir une clinique externe avec des
omnipraticiens en privé, il y a des coûts indirects, et ces
coûts indirects, si ma connaissance est juste, sont supportés par
le réseau public.
M. Sirros: On me faisait remarquer que,
dans le cas du CLSC de Bellechasse, il n'y a pas de services
médicaux comme tels, en termes de médecins. Est-ce que c'est
voulu? Est-ce à cause du manque de ressources, dû au fait que vous
avez de la difficulté à recruter des médecins?
M. Girard: À l'origine, ça a été
voulu, M. le ministre, parce que lorsque je suis arrivé en poste, fin
1984 début 1985, il y avait un débat dans le milieu, à
savoir si, effectivement, il devait y avoir des médecins en CLSC
compéti-tionnant avec les médecins en clinique privée.
Donc, à l'époque, on a fait une analyse situa-tionnelle et cette
analyse nous disait qu'il y avait des médecins en nombre suffisant, en
clinique privée, pour effectivement suffire à la tâche. Et,
sous cet angle-là, il a été décidé qu'il
n'était pas rentable socialement que le CLSC de Bellechasse ait des
effectifs médicaux faisant grimper, la facture sociale. Ça,
c'était la décision d'il y a quatre ou cinq ans. Entre-temps, il
y a eu des pourparlers, des discussions avec les médecins en clinique
privée et il y a toujours eu une réflexion du CLSC de Bellechasse
face à ces médecins, qui est la suivante: la journée
où, effectivement, dans une partie du territoire du CLSC, il y aura des
besoins de services médicaux et que vous, en clinique privée,
vous ne serez pas capables d'apporter ces services-là, le CLSC de
Bellechasse aura une responsabilité et il l'assumera. Mais pas en
duplication Et présentement, lorsqu'on regarde le scénario des
années quatre-vingt-dix, effectivement votre question est à
point, M. le ministre, et on s'en va avec des effectifs médicaux en
CLSC.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. Je
vais maintenant reconnaître la députée de Bellechasse, M.
le ministre, et vous reviendrez peut-être pour une question, à la
fin.
M. Sirros: Non, M. le Président, c'était pour
signaler que ma collègue, la députée de Bellechasse, avait
l'intention de vous signaler qu'elle voulait intervenir, mais vous êtes
plus vite que moi.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, je
vous demanderais, s'il vous plait, de ne pas vous substituer à mon
rôle. J'ai le rôle de président et je tiens bien à le
garder. Alors, je vais reconnaître Mme la députée de
Bellechasse.
Mme Bégin: M. Girard, à la page 40 de votre
mémoire, au paragraphe intitulé "Services
complémentaires", on peut y lire: "...la responsabilité des
services de centres de jour pourrait être assurée par les CLSC qui
offrent les services de maintien à la communauté." Or, vous savez
que, dans la MRC de Bellechasse comme telle, on a un service de centre
de jour. Je vous demanderais: Pourquoi le CLSC de Bellechasse demande-t-il que
ce soient eux, maintenant, qui offrent le centre de jour et non pas le CAH que
vous connaissez?
M. Girard: Lorsqu'on parle de services de première ligne
ou de services de base dans le réseau de la santé et des services
sociaux et que, normalement, ces services de santé de base et de
première ligne sont confiés au CLSC, le réseau de centres
de jour, normalement, devrait être sous la responsabilité d'un
CLSC. Effectivement, Mme la députée, dans Bellechasse, cette
responsabilité est sous un centre d'accueil d'hébergement. Et, si
je peux me permettre, c'est que, lorsqu'on aura à refaire les devoirs,
il faudrait s'assurer, lorsqu'on confiera les mandats, les
responsabilités, les rôles et les fonctions des différentes
catégories d'établissements, et ce, par rapport aux centres de
jour, à la santé au travail, par rapport à des services de
première ligne en santé mentale, des services de première
ligne dispensés par les centres de services sociaux par rapport aussi,
que le législateur va pouvoir clarifier ces notions de services de
première ligne et savoir qui les assumera. Donc, sous l'angle des
centres de jour, si le législateur décide de les clarifier, on
prendra effectivement ce mandat, s'il veut nous le confier. S'il ne veut pas
nous le confier et qu'il le laisse assumer, comme par le passé, au
niveau des centres d'accueil, nous allons, comme nous le faisons
présentement, continuer à travailler avec le centre d'accueil en
question. Je voudrais simplement soulever qu'effectivement, lorsqu'on regarde
ce qu'on fait, nous autres, par rapport au centre de jour de Bellechasse, que
ce soit en termes d'évaluation, que ce soit en termes d'admission, que
ce soit en termes de suivi de clientèles et même
d'admissibilité de clientèles... Parce que, si on regarde - et je
termine là dessus - le centre de jour de Bellechasse est
distribué dans cinq points de services et le transport est par rapport
à ces cinq points de services. Par contre, il y a des clients qui
proviennent d'autres territoires qui ont avantage à
bénéficier de ce service parce que leur condition le
nécessite. Donc, nous autres, ne voulant pas pénaliser un client,
dû à une question de transport, dû à une question
d'accessibilité à ce lieu ou à ce point de services, ce
qu'on fait, c'est que le CLSC assume le transport pour que le client, par
exemple, de Saint-Malachie puisse aller à un point de services de
Sainte-Claire, si effectivement c'est le cas, ou de Saint-Damien.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le président. Je vais reconnaître, pour une dernière courte
question...
Mme Bégin: Sous-question.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): ..Mme la
députée de Bellechasse, s'il vous plaît.
Mme Bégin: Vous demandez, en fin de compte, dans le
mémoire, que ce soient maintenant les CLSC qui soient détenteurs
des centres de jour ou qui s'occupent de voir à Mais vous ne trouvez pas
que les centres de jour, en fin de compte, la clientèle qui est
visée, c'est surtout les personnes âgées? Est-ce que ce ne
sont pas les CAH qui sont les mieux pourvus pour répondre aux besoins et
aux demandes des personnes âgées, au lieu des CLSC?
Peut-être que vous allez me dire: Oui, mais c'est nous qui offrons le
service de soins à domicile. Mais le service de soins à domicile,
que je sache, peut très bien répondre à des personnes qui
sortent de l'hôpital, qui ne sont pas nécessairement des personnes
âgées alors que la clientèle, elle, des CAH est
effectivement seulement des personnes âgées.
M. Girard: Sauf que...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Êtes-vous capable, M. le président, de répondre
brièvement à cette question?
M. Girard: M. le Président, je vais essayer de
répondre brièvement et, si je ne réponds pas
brièvement, je vous permets de me le traduire Si on regarde au niveau de
la clientèle personnes âgées, si on regarde au niveau des
services de maintien à domicile ou des services intensifs de maintien
à domicile, si on regarde par rapport à la clientèle du
centre de jour, la clientèle des personnes âgées du centre
de jour, ce sont des clients qui demeurent dans leur domicile, que le CLSC de
Bellechasse a évalués, qui nécessitaient des services
plus, entre guillemets, spécialisés pour leur permettre de
continuer à demeurer à domicile. Donc, lorsqu'on regarde
ça dans un ensemble, c'est une continuité, pour un client, que ce
soit sous le chapiteau - si je peux m'exprimer ainsi - des CLSC. Mais, comme je
le soulignais tantôt, je ne suis pas ici pour faire un débat
institutionnel, je venais simplement ici pour faire une clarification et dire:
Si le législateur veut effectivement clarifier les mandats, les
responsabilités et les devoirs et dire que les CLSC, ce sont des
services de première ligne qu'ils offrent, qu'on leur donne aussi
l'ensemble des services de première ligne ou, sinon, on va continuer
à travailler comme par le passé
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. Je
vais maintenant reconnaître la critique de l'Opposition, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M le Prési dent. Il me fait
plaisir, d'abord, de saluer les gens de la très belle région
Chaudière Appa-laches.
M. Girard: Merci
Mme Carrier-Perreault: Moi, j'ai trois petites questions, c'est
pour ça que ça me faisait plaisir de laisser aller Mme la
députée de Bellechasse Je veux dire, ce sont des questions qui,
en tout cas, sont dans des domaines... trois questions différentes.
Premièrement, est-ce que vous pensez qu'une politique de
prévention, une véritable politique de prévention
agressive pourrait être efficace et pourrait baisser les - comment
dirais-je? - les taux qu'on paie dans le domaine de la santé? On sait
que, présentement, le curatif prend une grosse partie des budgets, si on
veut, alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Girard: Toujours brièvement. Effectivement, je pense
que, si on veut essayer de limiter la dépense ou la facture sociale au
Québec, on n'a pas le choix. Il faut absolument miser sur de
l'information, de la sensibilisation et de l'éducation, comme je le
soulignais tantôt, à ce que les individus utilisent bien leurs
services. Ça, c'est par rapport à la clientèle dont on
parle présentement. Si on parle par rapport à une
clientèle jeune, qui est en train de pousser, et même une
clientèle de mon âge - je peux me le permettre - il faudrait aussi
les sensibiliser et les éduquer à une bonne santé et
à un bon bien-être Non pas les sensibiliser à dire: Oui, si
vous êtes malade demain matin, vous pouvez avoir des services
ultraspécialisés. S'il y a une bonne promotion au niveau de la
sensibilisation et de l'éducation de la population à leur propre
santé, leur propre bien être, je pense qu'on va diminuer la
facture sociale. Et ça, ça commence autant par rapport à
ma fille qui a huit ans, qui est en milieu scolaire, autant aussi par rapport
au jeune qui est au cégep et ainsi de suite. Et là on va la
diminuer, la facture.
Sous le même angle dont on parlait ce malin, au niveau des sites
dangereux, on a travaillé de concert avec le DSC ou le DSC a
travaillé de concert avec nous autres sur, effectivement, des sites
dangereux parce que, dans Bellechasse, il y a des problèmes d'accidents
et. après ça, on se ramasse avec des gens dans les services et
qui consomment des services. C'en est un exemple de prévention. Je pense
qu'une des clés du succès de la reforme... H va falloir qu'elle
mise là-dessus sinon, dans 10 ans, on va être encore ici, autour
de la table, à dire: Qu'est-ce qu'on fait pour réorganiser le
système''
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Dans un autre ordre d'idées
- comme je vous l'ai dit, j'avais trois questions dans trois domaines
très différents - par rapport au problème qu'on a,
des fois, d'avoir des médecins dans des régions... On
sait que, dans des coins, on a beaucoup de
difficulté à avoir les médecins dont on a besoin.
Par ailleurs, on sait aussi que les médecins peuvent s'ouvrir une
clinique privée... Ils peuvent s'ouvrir, trois ou quatre, en face d'un
CLSC, n'importe où, n'importe comment. Il y a des gens qui sont venus en
commission parlementaire, je ne me souviens plus de quel groupe, qui nous ont
dit que peut-être ce serait bon que ces gens-là, pour ouvrir, pour
qu'un médecin ouvre une clinique privée, il y ait un permis.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de ça.
M. Girard: Je disais tantôt, Mme la députée,
qu'effectivement on est d'accord pour décentraliser l'enveloppe de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, mais je soulevais la
question que des plans régionaux d'effectifs médicaux
intègrent les médecins en clinique privée.
Présentement, effectivement, ce n'est pas intégré dans les
plans d'effectifs médicaux. Donc, il peut s'ouvrir une clinique demain
matin au coin de la rue X, le lendemain matin au coin de la rue Y, et
là, à un moment donné, bien, ça peut créer
une surconsommation de services de santé et de services... Je dis bien
que ça peut créer une surconsommation de services de santé
et de services sociaux.
Si, effectivement, c'est intégré dans les plans
d'effectifs médicaux et, par la suite, qu'il y a une forme
d'accréditation par permis, comme vous le soulevez, et là on
pourrait essayer de bien répartir dans un territoire donné des
effectifs médicaux... Même dans Bellechasse, actuellement, on va
avoir des problèmes de recrutement parce que, lorsqu'on regarde à
Saint-Damien qui se trouve à être à peu près
à trois quarts d'heure de route d'ici, on est à 70 % de la
rémunération pour un médecin, en clinique privée.
Où est-ce qu'il va choisir, d'après vous? Il va rester à
Québec.
C'est sous cet angle-là que je pense que... Dans toute la
question de la régionalisation, je pense qu'il est bien important, au
niveau des plans d'effectifs médicaux, qu'on intègre
là-dedans les médecins en clinique privée.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): O. K.
Mme la députée, une autre question?
Mme Carrier-Perreault: Disons que.. D'après ce que j'en
comprends, c'est que la décentralisation pourrait vraiment
résoudre, quelque part, les iniquités régionales, à
votre point de vue. Si les enveloppes, évidemment, sont...
M. Girard: Ça va régler, en partie, la question des
iniquités régionales. C'est que là il faudrait prendre la
carte provinciale et regarder par rapport à chacune des régions
administratives ce qui en est. Pour être sur un dossier statistique par
rapport à la nouvelle région administrative
Chaudière-Appalaches, je peux vous dire qu'effectivement il y a des
devoirs à faire encore pour atteindre ce principe d'équité
là. Ce principe d'équité là, lorsqu'on parle d'une
région à l'autre, il y a déjà un problème
mais on peut parler aussi dans une même catégorie
d'établissements. Si je prends l'exemple du CLSC
Chutes-de-la-Chaudière-Desjardins, c'est un CLSC qui, effectivement, a
fait la manchette comme étant un CLSC sous-budgétisé. Le
CLSC de Bellechasse aussi, étant donné qu'il est de la
génération des années 80, est un CLSC qui a un besoin
évident de financement. Lorsqu'on a un manque à gagner dans les
services de maintien à domicile d'audelà de 150 000 $ par
année et qu'on consolide avec un déficit aux alentours de 20 000
$ par année, on a déjà fait notre gymnastique
d'imputabilité, si je puis me permettre. Sous cet angle là, je
pense que c'est pour ça qu'on était ici aujourd'hui, pour vous
dire: II est grand temps, peut-être, de refaire la carte de
l'équité.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
Mme la critique de l'Opposition. M. le ministre, est-ce que vous voulez
conclure, s'il vous plaît?
M. Sirros: Simplement pour remercier les représentants du
CLSC de Bellechasse, M. le Président. Merci.
M. Girard: Merci. (18 h 15)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Messieurs, mesdames, on vous remercie de votre présentation. J'invite
maintenant le centre Cardinal Villeneuve, le centre François-Charon, le
centre Louis-Hébert et l'Institut des sourds de Charlesbourg à
bien vouloir se présenter, s'il vous plaît.
Messieurs, on va vous entendre. On demanderait à celui qui est le
porte-parole de votre groupe de bien vouloir s'identifier et, en même
temps, de nous présenter les personnes qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Centre Cardinal-Villeneuve, centre
François-Charon, centre Louis-Hébert
et
Institut des sourds de Charlesbourg
M. Bernard (Louis): Je suis Louis Bernard, président du
conseil d'administration du centre François-Charon. J'ai le plaisir
d'être accompagné de mon collègue Jean Beauvais,
président du conseil d'administration du centre Louis-Hébert; de
M. Daniel Lavoie, membre du conseil d'administration du centre
Cardinal-Villeneuve; de M. Bernard Tremblay, directeur général du
centre Cardinal-Villeneuve; de M. Denis Carbonneau, directeur
général du centre Louis-Hébert; de Louis Champoux,
directeur général du centre François-Charon; de Mme
Claudette Gauvreau,
directrice générale de l'Institut des sourds, et de M. Guy
Poirier, président du conseil d'administration de l'Institut des
sourds.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Vous avez une demi-heure pour vos représentations et, en même
temps, pour être questionnés par les membres de la commission
Alors, je vous demanderais, s'il vous plaît, dans les dix
premières minutes, de nous faire part de votre mémoire, si c'est
possible. Merci
M. Bernard: M. le Président, distingués membres de
la commission, les quatre centres de réadaptation en déficience
physique (motrice et sensorielle) de la région 03 souscrivent aux
objectifs du ministre de la Santé et dos Services sociaux de regrouper
certains établissements par territoire de CLSC pour favoriser une
meilleure collaboration ot une meilleure continuité des services.
Toutefois, en raison môme de la spécificité de leurs
services en réadaptation et de leur mission régionale et
suprarégionale, ils ne croient pas que ce type de regroupement soit, en
ce qui les concerne, très fonctionnel. Ils croient plutôt qu'un
institut universitaire de réadaptation est la meilleure approche pour
favoriser le développement de la réadaptation globale, pour
stimuler la formation de professionnels rompus à cette approche et pour
créer un climat, et une masse critique suffisante pour susciter des
innovations dans le domaine de la réadaptation globale.
La réadaptation se définit ou peut se définir comme
un ensemble d'activités programmées, axées vers
l'intégration sociale et visant à développer, à
maintenir ou à restaurer l'autonomie fonctionnelle et sociale
d'individus qui, en raison de déficiences physiques, ne peuvent, seuls
ou avec le support de leur milieu, réaliser leur potentiel et
fonctionner de façon autonome en société.
Pour bien situer le rôle des centres de réadaptation dans
l'ensemble des services de santé, il importe de comprendre ce qu'il est
convenu d'appeler le processus d'apparition du handicap. Cette
compréhension permettra, nous le croyons, de mieux voir les raisons qui
motivent la proposition faite par les centres de réadaptation.
L'individu est d'abord frappé d'une maladie ou subit un accident
ou un traumatisme qui entraîne une déficience. On définit
la déficience comme l'altération d'une structure ou d'une
fonction anatomique, physiologique ou psychologique; c'est la pathologie
aiguë, la maladie, le patient qui est frappé subitement d'un
accident vasculaire cérébral, l'accidenté de la route
ayant une lésion de la moelle ou le nouveau né qui arrive dans ce
monde avec des cataractes.
L'intégrité physique ou fonctionnelle de la personne est
atteinte ou menacée Tout le système curatif lourd est mis en
branle: hôpital, spécialistes, technologies sophistiquées.
Il arrive heureusement que tout l'arsenal aide le patient à conserver ou
à rétablir rapidement son intégrité. Dans d'autres
cas, les dommages peuvent être irréversibles, les complications
peuvent survenir, l'évolution s'aggraver. Survient alors
l'incapacité.
L'incapacité ou limitation fonctionnelle est la réduction
partielle ou totale de la capacité d'accomplir une activité d'une
façon normale pour un être humain. L'incapacité peut
être légère ou de courte durée lors de la fracture
d'une jambe, par exemple, ou lors de l'ajustement d'appareils auditifs; les
services de réadaptation alors requis sont disponibles à
l'hôpital ou en clinique privée. La récupération est
habituellement cotnplète et rapide. Malheureusement, il arrive que
l'incapacité soit sévère et ne puisse être vaincue
que par une longue rééducation, par le développement
d'habiletés compensatoires et par l'utilisation d'aides: des
orthèses, prothèses, fauteuils roulants ou tout autre appareil.
La réadaptation se fait alors dans les centres
spécialisés, selon le type de l'incapacité:
l'incapacité motrice, visuelle ou auditive. Il s'agit de leur
spécificité, la spécificité des centres. En effet,
il n'est pas pensable, dans un même programme, de réadapter un
individu souffrant d'une incapacité visuelle et un autre souffrant d'une
incapacité motrice. De plus, les centres ont une spécialisation
par rapport aux autres établissements du réseau et, pour cette
raison, il n'est pas permis de croire que chaque CLSC puisse avoir des
programmes spécialisés de réadaptation. Le centre doit
servir une ou plusieurs régions.
La réadaptation fonctionnelle, dans le cas d'incapacité
sévère, suppose souvent un réaménagement de
l'environnement matériel et un réajustement de l'environnement
social sans lesquels l'individu souffrant d'incapacité va devenir un
individu handicapé. Le handicap, selon la définition de l'OMS,
est un désavantage social pour un individu qui résulte de sa
déficience ou de son incapacité et qui limite ou interdit
l'accomplissement d'un rôle considéré comme normal, compte
tenu de l'âge, du sexe et des facteurs socio culturels
Les centres de réadaptation doivent, de par leur mission, aider
à la réintégration sociale de l'individu, qui se fera de
pair avec la réadaptation fonctionnelle. Les activités de
réintégration sociale sont moins spécifiques à
l'incapacité et peuvent souvent être les mêmes, quelle que
soit l'incapacité. C'est cette approche globale de la
réadaptation et surtout de la réintégration sociale qui
réunit les centres. C'est donc en se redéfinissant par rapport au
processus d'apparition du handicap et en considérant leur mission
spécifique et spécialisée que les centres de
réadaptation motrice et sensorielle de la région 03 proposent la
création d'un institut universitaire qui garantirait leur
spécificité tout en favorisant leur complémentarité
pour une réadaptation globale de la personne handicapée et
pour
la formation de professionnels spécialisés, et pour la
recherche d'approches nouvelles en réadaptation. C'est aussi dans ce
cadre que mon collègue, Me Jean Beauvais, va vous faire part des points
particuliers qui touchent nos recommandations. Me Beauvais.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Me Beauvais.
M. Beauvais (Jean): Voici, M. le Président. À
partir de cette mise en situation de notre rôle à l'égard
de la personne handicapée, on aimerait simplement vous soulever cinq
points de façon très concrète. Premièrement, dans
i'avant-projet de loi, il existe une définition du centre de
réadaptation qui ne coiffe absolument pas notre réalité
d'aujourd'hui et même pas la définition utilisée depuis des
années dans le réseau, qui faisait partie d'un document, en 1984,
qui s'appelait: "À part... égale". Je vous lis l'article: "Le
centre de réadaptation est une installation où l'on offre en
interne, à l'externe ou à domicile, des services d'adaptation, de
réadaptation et de réintégration à des personnes
dont l'état, en raison de leurs déficiences physiques ou
intellectuelles, de leurs difficultés d'ordre caractériel,
psychosocial ou familial, est tel qu'elles doivent être
protégées, soignées ou gardées en résidence
protégée, à l'exception d'une installation, etc." Ce n'est
pas ça, notre rôle. La définition qu'on retrouvait dans le
document "À part... égale" - je ne la lis pas toute, elle est
à la page 7 de notre document - met l'accent sur notre rôle qui
consiste à rendre des gens autonomes, qui consiste à favoriser
l'intégration sociale et nous serions pris, si cet article de loi
là était adopté tel quel, avec une définition qui
ne correspond absolument plus à notre rôle. Nous trouvons que
c'est important. Nous ne sommes pas un centre hospitalier, nous ne sommes pas
un centre d'hébergement. Notre rôle consiste à prendre une
personne qui a besoin de support pour réintégrer la
société, soit au travail, soit pour rester à domicile,
soit dans son milieu d'études. C'est ça, notre rôle qui
apparaît bien dans les définitions qu'on avait eues dans le
document "À part... égale" et qu'on ne retrouve pas ici. C'est
très important de bien nous situer. C'est notre premier point.
Deuxième point: notre place dans le réseau. L'avant-projet
de loi, à l'article 43, prévoit des regroupements par territoire
de CLSÇ. Au sein d'un regroupement, on retrouverait le CLSC, un centre
hospitalier, un centre d'hébergement et un centre de
réadaptation. Pourquoi aller nous mettre dans cet engrenage-là?
Ça ne nous convient pas. Nos préoccupations ne sont pas celles du
centre hospitalier ni celles du CLSC comme tel. Nos préoccupations
concernent la réadaptation. Le regroupement proposé là ne
correspond pas à quoi que ce soit de naturel.
Autre écueil, c'est que nous faisons affaire avec beaucoup de
centres hospitaliers, de CLSC, de centres d'hébergement non seulement
dans notre région, mais dans d'autres régions. On sera mal pris,
si nous sommes regroupés au sein d'un conseil avec un hôpital,
lorsqu'on se présentera dans tous les autres hôpitaux puisque nous
devons desservir aussi bien leur clientèle que la nôtre, qui vient
à l'externe. Ça ne convient pas.
Pourquoi un centre universitaire, un institut universitaire? Si vous
allez à la définition, dans l'avant projet de loi, de l'institut
universitaire, à l'article 37, on dit: "..d'offrir les services propres
à un tel centre, dispense des services de pointe dans une discipline
particulière - c'est le cas de nos quatre centres - participe à
la formation de professionnels oeuvrant dans le domaine de la santé ou
des services sociaux - c'est notre cas - effectue de la recherche - c'est notre
cas - et évalue des technologies ou des modes d'intervention", ce qui
est également notre cas. Et je vous souligne que l'article dit: "peut
reconnaître institut universitaire un centre". Nous sommes quatre, ici
L'objet de la réforme consiste à faire des regroupements; alors
pourquoi ne pas en faire un de nos quatre centres au sein d'un institut
universitaire? Dans les "Orientations", le centre François-Charon est
mentionné comme devant normalement faire un institut. Le centre
François-Charon et nous participons depuis dix ans à un
consortium de recherche. C'est dans les faits Nous participons, depuis des
années, à des échanges pour la formation de
professionnels. Nous participons, au sein des comités d'aide technique,
à des politiques communes. Pourquoi ne pas regrouper ce qui,
déjà, de façon naturelle, par une force centrifuge
normale, est regroupé dans les faits sous plusieurs aspects? Maintenant,
nous sommes regroupés sous un aspect clinique et non pas administratif,
mais peut-être qu'éventuellement il y aura d'autres aspects que
nous pourrons mettre ensemble, ce qui serait un avantage sur le plan
administratif.
Donc, notre demande, c'est de modifier l'article 37 de l'avant-projet,
pour dire: un ou des centres, et de permettre que nos quatre centres forment un
institut. Nous sommes déjà regroupés pour fins de
subventions et nous faisons front commun auprès des organismes
subventionnâmes qui nous ont accrédités dans les faits.
Donc, c'est tout simplement un regroupement naturel, entre nous, mais pas avec
des gens qui ont des vocations différentes.
Troisième élément: notre rôle
suprarégional qui vient recouper un peu ce que je vous ai dit. Tous les
quatre, nous agissons dans la région 03 et nous sommes appelés
à aller à l'extérieur. Le regroupement nous rendrait plus
efficaces et plus économes, en allant à l'extérieur, et
confirmerait notre rôle suprarégional. Petite question
budgé-gaire: nous avons toujours la mission d'aller en région,
mais pas de budget pour le faire. Quand nous le faisons, nous le faisons au
détriment du
service dans 03 II y a donc là un immense problème.
Un mot sur la régionalisation. C'est fort bien d'aller donner les
services en région et nous sommes d'accord, mais il faut faire attention
aux surspécialités. Il faut aussi faire attention afin que le
bénéficiaire, lorsqu'il a besoin de services multidisciplinaires,
ait des services multidisciplinaires. Il y a des difficultés au niveau
des spécialités.
Quatrième point d'intervention: relations Est-Ouest. Notre
région n'est pas financée dans la même proportion que la
région de Montréal. Je ne le nommerai pas, mais, dans un des cas,
le programme, dans l'Est, touche 33,3 % de la clientèle et reçoit
20 % du budget, même si nous avons de grandes distances à couvrir.
Nous avons donc un immense problème, dans un contexte comme
celui-là, à assumer ce rôlo suprarégional.
Cinquième élément d'intervention - et j'aimerais
que vous l'entendiez parce que c'est une source d'inefficacité, de
problèmes et de mauvais services, dans certains cas - nous
considérons nos services accessoires, soit les laboratoires, comme on
considère les services accessoires, ailleurs, dans les hôpitaux
Administrer, géror et mettre en liaison un laboratoire
d'orthèses-prothèses, le traiter comme si c'était le
station nement dans un hôpital, nous crée de la difficulté.
Le concept d'autofinancement ne correspond pas à cette
réalité-là, c'est impossible, il n'y a pas de revenu. (18
h 30)
Notre réglementation en matière d'aide technique est
lourde, désuète, une source épou vantable de tracas depuis
dix ans; nous avons beaucoup de difficultés à régler nos
problèmes au point de donner les mauvais services à des
personnes. Je ne m'étendrai pas, étant donné le temps que
nous avons ici. mais nous essayons depuis des années de régler ce
problème là. Il y aurait de belles économies à
faire en plus d'une amélioration du service, si on pouvait moderniser la
réglementation, la faciliter et en réduire l'administration.
C'est un point extrêmement important pour nous. Je crois avoir couvert
les cinq points d'intervention concrète résultant de
l'énoncé de principe du Dr Bernard.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
MM. Bernard et Beauvais, est-ce que vous avez d'autres personnes qui doivent
intervenir? Ça va? Très bien On va reconnaître maintenant
M. le ministre délégué à la Santé
M. Sirros: Merci, M. le Président. Je vais commencer en
disant que je trouve votre démarche très intéressante.
Avant d'entrer dans des explications qu'on pourrait avoir quant au regroupement
que vous préconisez, deux choses: Premièrement, je pense qu'il
faudrait vous dire qu'on prend bonne note de ce que vous soulevez quant
à la nécessité de revoir la définition et,
deuxièmement, vous savez sans doute que la question des conseils
d'administration unifiés a été, effectivement, mise de
côté; donc, on revoit la question.
Ceci m'amène à regarder de plus près,
peut-être, l'idée que vous mettez de l'avant de regrouper des
centres selon non pas une base territoriale, mais, dans ce cas-ci, selon une
mission complémentaire. Vous avez déjà
procédé, vous, à la création d'un consortium, comme
vous l'appelez Pouvez-vous peut-être aller un peu plus loin dans la
définition de la composition des conseils d'administration de chacun des
établissements, dans une nouvelle réforme, faire la liaison avec
le conseil d'administration du consortium qui, lui, est constitué des
membres provenant de chacun des conseils d'administration, si je comprends
bien, et me dire s'il n'y a pas là un certain danger de conflit de
rôles? Comment allez-vous faire, au niveau du consortium, pour vous
assurer qu'il n'y aura pas de conflit de rôles, étant donné
que les membres du consortium proviennent de chacun des établissements?
Est ce qu'il n'y a pas une possibilité, tout au moins, pour ne pas dire
une tendance, que chacun essaie d'en avoir pour son établissement?
Comment peut-on éviter les conflits de rôles, au niveau du...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Tremblay,
peut-être?
M. Carbonneau (Denis): Actuellement, ce qu'on a prévu dans
notre projet, c'est vraiment un regroupement, mais en gardant chacun des
centres. Ou on va se regrouper ou on devient complémentaires. On a
déjà le Consortium de recherche en réadaptation de l'Est
du Québec qui existe. Au niveau de l'enseignement, actuellement, on se
regroupe pour travailler toute la question de l'enseignement avec les
universités, parce que, au niveau de la réadaptation, c'est quand
même assez faible présentement. Au niveau des aides
technologiques, c'est encore la même chose. Nous possédons chacun
un petit laboratoire, sauf qu'il y a des choses qui se font dans chacun des
laboratoires et, si on devient capables de mettre ensemble un peu toutes ces
ressources-là, ça sera beaucoup plus facile d'aller chercher un
ensemble de projets de subventions au niveau de l'aide technologique et ainsi
de suite.
La façon de le faire nous semblait assez simple II existe
déjà le consortium où H y a des représentants de
chacun des centres; donc, à ce moment la, c'est un peu un genre de grand
consortium qui va regrouper les quatre points majeurs, pas juste la recherche,
mais la recherche, l'enseignement, l'évaluation des technologies et,
dans certains cas, les services spécialisés,
supraspécialisés. On en a énuméré
quelques-uns, de ces services-là, sur lesquels on pourrait s'attarder
dans un premier temps. Vous voyez?
On ne craint pas la problématique que chacun tire la "couverte"
de son bord, parce qu'à venir jusqu'à date on a quand même
un passé On a un présent. Justement, si on vous présente
un dossier comme celui là, aujourd'hui, c'est un dossier où
vraiment on parle de complémentarité, mais de
complémentarité qui existe. On est allés chercher - et
nous sommes les premiers, au niveau du Québec, en réadaptation -
des subventions grâce à l'intermédiaire du FRSQ. Donc, vous
voyez, c'est ce principe-là qui va être mis de l'avant avec une
représentation de chacun des centres.
M. Beauvais: Si vous me permettez juste d'ajouter un point, nous
sommes en réflexion déjà. Il y a un document commun qui a
analysé chaque point de rencontre et ça fonctionne. Au niveau de
la recherche, ça fonctionne. Au niveau de l'enseignement, on se rejoint.
Alors, au lieu d'arriver et de dire: On regroupe tout et on met un conseil
d'administration, on commence par regarder les points, au niveau des programmes
et tout, où on peut se rejoindre et, petit à petit, on
bâtit l'union plutôt que de l'imposer par en haut.
M. Sirros: Vous m'amenez à ma deuxième question. Si
tout marche tellement bien et... Je ne veux pas la poser au conditionnel, mais,
je veux dire, advenant que vous êtes capables de trouver des liens
communs et de voir les bienfaits de la complémentarité, est-ce
que je dois comprendre que ceci, finalement, est le premier pas dans une
démarche qui peut amonor. à une unification au niveau même
d'un seul conseil d'administration?
M. Beauvais: L'hypothèse n'est pas écartée,
mais nous ne la discutons pas actuellement. Mais, dans
l'éventualité où le ministre, conformément à
la loi, nous déclarerait institut, ça deviendrait un
élément catalyseur additionnel dans l'atteinte des objectifs
mentionnés à l'article 37 et le phénomène est
déjà engagé. Au fur et à mesure, si ça
s'avère bénéfique sur le plan administratif, de gestion ou
autre, nous sommes prêts à aller de l'avant, mais on ne veut pas
le faire par principe. On le fait naturellement et par économie
d'échelle aussi. Chaque fois qu'on pourra en faire une, on va la faire.
C'est notre responsabilité, comme celle de tout le monde dans le
réseau, c'est bien évident. Mais c'est une union naturelle qui se
dégage petit à petit. En fait, c'est un mariage qui va se
concrétiser après un peu de cohabitation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Un mariage à quatre.
M. Sirros: II doit y avoir quelque chose de spécial dans
la culture de la région de Québec.
Vous êtes le deuxième groupe qui parle d'un regroupement
d'établissements. On a eu, il y a peu de temps, une autre
expérience de quatre établissements qui se sont mis en commun, un
peu dans le même sens. C'est à souligner parce que, finalement, le
courant général a été, jusqu'à maintenant,
à travers les 140 et quelques ou 150 groupes qu'on a entendus, de dire:
Non, chacun, on doit maintenir notre spécificité comme
établissement, etc. C'est donc intéressant de le souligner.
Oui.
M. Beauvais: Dans notre regroupement, nous maintenons la
spécificité au niveau des programmes
surspécialisés. Ça, il n'est pas question d'abandonner
notre autonomie. D'ailleurs, ce serait néfaste dans l'efficacité
et dans la qualité. Mais il y a tellement de choses qu'on peut mettre en
commun sans toucher à ça. Nous admettons les objectifs du
ministère de voir à ce qu'on soit efficaces, au meilleur prix
possible, avec la meilleure qualité possible. Qui est-ce qui peut
être contre ça? Mais nous, on a commencé à le mettre
en pratique.
Mme Gauvreau (Claudette): M. le ministre, moi, ce que j'aimerais
ajouter, c'est que tant et aussi longtemps que la réadaptation n'aura
pas sa place sur l'échiquier provincial, ça ne sert à rien
qu'on pense aussi à faire un mariage forcé ou un rapprochement.
Il faut qu'on reconnaisse, au même titre, la déficience auditive,
la déficience visuelle et la déficience motrice à tous les
niveaux et je pense, ensuite de ça, que, quand chacune des personnes qui
souffrent de ce handicap ou de cette incapacité sera assurée
d'avoir la même écoute, à ce moment-là, on pourra
peut-être penser à franchir une étape de plus, mais on
attend aussi un petit pas de votre part.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Sirros: Vous m'amenez peut-être à une autre
question qui est celle-ci: Est-ce qu'un seul institut de recherche peut
répondre, finalement, à la fois, aux trois
éléments, par exemple, par rapport à la recherche et
à l'enseignement au niveau de la déficience auditive, motrice et
visuelle?
M. Bernard: Oui.
M. Sirros: Vous dites oui.
M. Bernard: Oui, certainement.
M. Sirros: Pouvez vous élaborer un petit peu aussi sur la
question que vous avez mentionnée au départ quant à la
réglementation, la nécessité d'alléger les
règlements? Quel genre de...
M. Beauvais: Ça, c'est le fameux... M. Sirros:
Ah!
M. Beauvais:... dossier, M. le ministre, des aides techniques qui
est extrêmement complexe. Je peux vous le dire, moi. Je connais le
dossier depuis 10 ans et on a fait à peu près 22 mémoires,
37 réunions et ça ne se règle pas. Les prix sont
établis et figés pendant 4 ans ou 5 ans. Il y a des
règlements qui disent que... Vous connaissez le système "first
in, first out"? En d'autres termes, dans un inventaire qui est rendu dans un
ordinateur, dès qu'on reçoit un appareil qui revient, il faut le
donner au premier client qui vient, même si ce n'est pas l'appareil qui
lui convient. Alors, on peut avoir quelqu'un qui vient le lundi et on lui donne
quelque chose qui ne lui fait pas: le mardi, à un deuxième, on
donne quelque chose qui ne lui fait pas et on ne peut pas prendre celui du
mardi le lundi et vice versa. Ça fait quatre ans. Mot, personnellement,
j'ai fait 12 interventions, je pense, et ce n'est pas réglé. La
question de l'établissement des prix, ce n'est pas réglé.
II y a des efforts... On ne veut pas être critique là On ne vient
pas ici pour critiquer qui que ce soit, mais, mon Dieu, qu'il y aurait moyen de
simplifier ça! Ça, je pense que c'est
généralisé dans les quatre centres. Ça serait une
histoire d'horreur que d'écouter ça. Moi, je suis du
privé, M. le ministre, et je peux vous dire que, dans une grande
entreprise, c'est le genre de chose qu'on aurait réglée en trois
mois.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, une
dernière question, peut-être.
M. Sirros: Je reste bouche bée face à ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: Écoutez, il me semble qu'il y a quand
même... Tout au moins, on me dit qu'il y a des rencontres prévues
pour essayer de regarder ça.
M. Beauvais: Non, non. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas
d'efforts. Puis, on ne vient pas ici pour critiquer, on vient ici pour
solutionner.
M. Sirros: Merci. Une dernière question Est-ce que
l'obtention de nouveaux crédits est une condition préalable ou
essentielle, prérequise avant l'obtention d'un institut
universitaire?
M. Beauvais: Nous voulons les deux, M. le ministre.
M. Sirros: Mais je crois déceler une volonté de
vraiment se voir octroyer un peu le statut de consortium, d'institut
universitaire regroupé. même dans les conditions actuelles, si je
comprends bien.
M. Beauvais: Oui.
M. Sirros: C'est le principe qui importe pour vous.
M. Beauvais: Définitivement, oui. M. Sirros: Merci
beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. M.
le ministre, je vous remercie. Je vais maintenant reconnaître la
porte-parole officielle de l'Opposition, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. M. le
ministre a à peu près posé toutes les questions. J'en ai
seulement une autre à vous poser. Dans votre mémoire, vous parlez
du rôle un peu suprarégional que vous auriez à jouer. Par
ailleurs, le ministre de la Santé et des Services sociaux nous a dit,
à plusieurs reprises: Les régies, ça va exister, avec des
pouvoirs accrus, puis ça, on est sûr que ça va arriver, en
tout cas, d'après ce qu'il dit depuis un certain bout de temps. Comment
voyez-vous l'articulation entre les deux, entre votre rôle, qui est un
peu suprarégional et la régie régionale? Est-ce que
ça passerait par le ministre? Comment vous voyez-vous fonctionner dans
tout ça? C'est ma seule question, je vous le jure.
M. Lavoie (Daniel): Si vous le permettez, Mme la
députée, je pense qu'à ce niveau-là, de prime
abord, ça ne devrait pas causer de difficultés, parce que j'ose
croire qu'en délimitant le territoire des régies on
n'érigera pas des murs territoriaux et que les régies, entre
elles, vont coordonner certaines actions, au besoin certains programmes.
Partant de là, l'institut que nous demandons pourrait justement
s'associer à une coordination entre régies pour son rôle
suprarégional. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction entre les deux
concepts, c'est-à-dire, un institut qui a une vocation régionale
et qui a aussi une vocation suprarégionale, et un institut qui
relève, au premier chef, d'une régie particulière, d'une
région particulière, en l'occurrence la région 03.
Mme Carrier-Perreault: C'était ma seule question. Je vous
remercie.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, si
vous voulez ajouter quelque chose, peut-être.
M. Sirros: Oui. Juste une dernière question, avant de vous
remercier et de souligner l'intérêt que votre regroupement
représente En lien avec ça, est ce que vous avez pensé un
peu à comment vous formerez les conseils d'administration
de ce regroupement? Est-ce qu'il y aurait, par exemple, une
assemblée qui nommerait les quatre? Est-ce qu'il y aurait quatre
assemblées différentes? Avez-vous pensé un peu à
ça?
M. Beauvais: M. le ministre, nous avons commencé, il y a
environ un an, nos discussions et nous avons un document ça
d'épais qui regroupe tout ça. Nous avons décidé de
commencer par la base et d'identifier les besoins que nous pourrions mettre
ensemble: l'enseignement, la recherche et la technologie. Nous ne sommes pas
rendus à l'analyse du conseil d'administration. Comme madame le
soulignait tantôt, il y a encore des problèmes de reconnaissance
du rôle de la réadaptation. Il y aurait certains préalables
du ministère pour le regroupement de nos conseils d'administration;
là, je ne parle pas de l'institut. Mais, au moment où on se
parle, juridiquement, nous n'avons pas élaboré de structure pour
regrouper les conseils d'adminis tration. Tout ce que nous avons dit, c'est:
Nous n'excluons pas cette possibilité-là, mais nous n'avons pas
travaillé sur la structure.
M. Sirros: J'aimerais peut-être, en terminant, simplement
vous inviter, si vous avez des réflexions à ce sujet, dans les
jours ou les semaines qui viennent, si vous le pouvez, à nous les
acheminer, on l'apprécierait.
M. Beauvais: Nous prenons bonne note de votre observation et nous
nous rencontrerons à ce sujet.
M. Sirros: Merci beaucoup. Encore une fois, je pense que votre
initiative mérite d'être soulignée comme une initiative
heureuse et positive.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Madame, messieurs, on vous remercie de votre présentation. La
commission ajourne ses travaux au mardi 3 avril 1990, à 10 heures,
à la salle du Conseil législatif. Je vous remercie.
(Fin de la séance à 18 h 45)